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ROYAUME DU MAROC

OFPPT
Office de la Formation Professionnelle et de la Promotion du Travail
DIRECTION RECHERCHE ET INGENIERIE DE FORMATION

RESUME THEORIQUE

MODULE N°:02 ARCHEOLOGIE ET PATRIMOINE.

SECTEUR : BTP

SPECIALITE : TECHNICIEN EN REHABILITATION


DU BATIMENT TRADITONNEL

NIVEAU : TECHNICIEN
Résum é de théorie Module N° 02 « ARCHEOL OGIE ET PAT RIMOINE »

REMERCIEMENT

La DRIF remercie les personnes qui ont contribué à l’élaboration du


présent document.

Pour la supervision :

M. Khalid BAROUTI Chef projet BTP


Mme Najat IGGOUT Directeur du CDC
M. Abdelaziz EL AD AOUI Chef de Pôle Bâtiment

Pour la conception :

Préparé par : MOHAMMED MOUHCINE EL IDRISSI EL OMARI


Vacataire à l’ISMTB Fès -Medina

Les utilisateurs de ce document sont


invités à communiquer à la DRIF toutes
les remarques et suggestions afin de les
prendre en considération pour
l’enrichissement et l’amélioration de ce
programme.

DRIF

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Résum é de théorie Module N° 02 « ARCHEOL OGIE ET PAT RIMOINE »

Sommaire
Module « ARCHEOLOGIE ET PATRIMOINE»
► Archéologie : Définitions, Buts et Limites.
► De quelques notions du patrimoine
- Définitions
- Les territoires du patrimoine
- Patrimoine, monument, et monument historique.
► Disciplines et sciences auxiliaires de l’archéologie
- Les sciences historiques
- Les sciences techniques
- Les sciences historiques
► Tissus urbains historiques : protection et sauvegarde des médinas
- La médina de Fès
- Autres médinas du Maroc
► Caractéristiques générales de l’architecture domestique marocaine
- Les maisons traditionnelles.
- Les maisons Riyad.
► Caractéristiques générales de l’architecture des mosquées au
Maroc
► Les medersas au Maroc : étude d’histoire et d’architecture
► Le fondouk : disposition de plan et typologie dans les médinas du Maroc.
► Les bains traditionnels (hammam): origines et disposition du plan
► Villes traditionnelles et monuments : quelques procédés essentiels de
conservation, de protection et de réhabilitation.
- La conservation et la restauration des monuments et des sites
- La Sauvegarde des Villes Historiques
► Principes pour l’analyse, la conservation et la restauration des structures
du patrimoine architectural.
- Critères généraux
- Recherche et diagnostic
- Remèdes et contrôle

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Résum é de théorie Module N° 02 « ARCHEOL OGIE ET PAT RIMOINE »

MODULE : 02 ARCHEOLOGIE ET PATRIMOINE

Partie théorique : 110 heures = 85 %


Evaluation : 20 heures = 15 %
Durée totale d’élaborer du module :
130 heures = 100%

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Résum é de théorie Module N° 02 « ARCHEOL OGIE ET PAT RIMOINE »

Présentation du module :
Le Module "Archéologie et Patrimoine" se développe suivant un canevas bien
déterminé. Il comprend en phase préliminaire des énoncés essentiels sur les notions
des sciences de l’Archéologie et du Patrimoine pour permettre aux stagiaires
d’appréhender leur importance et rôle dans l’étude des monuments historiques et des
sites, la restauration de ces derniers et leur réhabilitation.
Il y a lieu ensuite de m ettre le point sur l’aspect et la consistance des espaces
sur lesquels porte l’essentiel du travail des stagiaires, au cours de leur formation, mais
aussi dans leur future vie professionnelle ; il s’agit du tissu urbain ancien (les médinas
du Maroc), et des principaux types de monuments dont il se compose : m osquées et
medersas (architecture religieuse), maisons traditionnelles (architecture domestique),
fondouks et hammams (architecture d’utilités publiques), ainsi que quelques éléments
de l’architecture défensive (les remparts, les bastions et casbahs).
Le Module s’achève, en première année de formation, par une approche
méthodologique des principes de base et des techniques auxquels on fait appel pour la
res tauration des monuments historiques et des sites, et leur mise en valeur et
réhabilitation.
Le Module se déroule ainsi sous forme d’un cours théorique à 80 % ; avec un
essai d’évaluation de 20 %.
Des travaux pratiques et des visites de terrain susceptibles de renforcer les
capacités d’analyse et de perfectionnement des stagiaires.
Buts recherchés :
L’archéologie est la science qui se propose d’étudier tout document pouvant
apporter quelques lumières sur le passé de l’homme. De là, s on but principal est de
rechercher l’homme et non l’objet. Retracer un tableau de l’évolution de l’homme dans
son environnement et l’ensemble de ses activités même les plus quotidiennes, voilà
donc bien l’objectif de la recherche archéologique.
Savoir les sciences qui aident l’archéologue.
Savoir la charte internationale de la conservation de patrimoine.
Savoir le lexique et les termes techniques des composants de sites
archéologiques et patrimoniaux.

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Résum é de théorie Module N° 02 « ARCHEOL OGIE ET PAT RIMOINE »

Module 02
ARCHEOLOGIE ET PATRIM OINE

RESUME THEORIQUE

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ARCHEOLOGIE
DEFINITIONS, BUTS, LIMITES.

I. DEFINITIONS :

Il n’est pas facile de définir la science dite archéologie. Etymologiquement, le


terme « archéologie »veut dire : »la science de l’antiquité » (archaios : antique, logos :
science), au sens où l’entendaient les historiens grecs. Aux siècles modernes, c’est-à-
dire à partir du XVIIème s, l’archéologie ne concernait que l’étude des monuments de
l’antiquité classique. On ne sait dans le grand public, où commence et où s’arrête
l’archéologie. On confond souvent histoire, histoire de l’art, et archéologie…
L’histoire, en bref, es t la science du passé, récent ou ancien. Ce passé est
multiple : géologique, botanique, juridique, s ocial, artistique...etc. Elle touche un grand
nombre de sujets qui peuvent être vu sur deux aspects différents : d’abord ils ont
disparu ne laissant que des traces, ou bien ils continuent. L’archéologie s’intéresse à la
partie d’histoire qui a disparu. Elle en cherchera les traces, les observera et en tirera les
conclusions. Les traces en question sont artistiques ou monumentales.
Quant à l’histoire de l’art, elle ne s’intéresse qu’à l’évolution morphologique,
stylistique, ou contenu esthétique de l’œuvre d’art dans le but de découvrir la
ps ychologie, la pensée de l’architecte ou de l’artiste, ainsi que les influences qui ont
déterminé telle ou telle forme.
Cependant, l’archéologie tiendra ces objets pour témoin de l’activité humaine,
d’une pensée sociale, les étudiera non seulement parce que ce sont des objets d’art,
mais surtout parce que ce sont des documents. L’histoire de l’art d’ailleurs est en
quelque sorte dépendante de l’archéologie, car il est nécessaire de découvrir avant
d’étudier.

II. LES BUTS DE L’ARCHEOLOGIE :


L’archéologie est la science qui se propose d’étudier tout document pouvant
apporter quelques lumières sur le passé de l’homme. De là, s on but principal est de
rechercher l’homme et non l’objet. Retracer un tableau de l’évolution de l’homme dans
son environnement et l’ensemble de ses activités même les plus quotidiennes, voilà
donc bien l’objectif de la recherche archéologique.

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Résum é de théorie Module N° 02 « ARCHEOL OGIE ET PAT RIMOINE »

III. LES LIMITES DE L’ARCHEOLOGIE :


En réalité, l’archéologie ne peut avoir de date limite tant qu’il y aura une
présence de l’homme (tous les jours naissent et disparaissent les hommes, tous
les jours naissent et disparaissent des façons de vivre, des pensées, des lois, des
œuvres d’art…etc.), on ne peut donc raisonnablement faire de distinction, assigner des
limites dans le temps ou dans l’espace pour effectuer une recherche archéologique.
Tout de même, on a eu recours à une division essentiellement m éthodologique
vis ant une étude plus spécifiée des civilisations humaines connues ou découvertes
dans l’histoire.

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DE QUELQUES NOTIONS DU PATRIMOINE

I. DEFINITIONS :

Le patrimoine désigne à l’origine certains biens que le père transmet à ses


enfants et qui sont destinés à être transmis de générations en générations.
La notion de patrimoine exis te lorsqu’il y a menace de disparition de certains
biens : c’est le cas lors d’une succession au sein d’une famille, c’est aussi la cas lors de
la succession des générations au sein d’une société.
Le « Petit Larousse » (Larousse, 1999) définit le patrimoine comme suit : « nom
masculin (latin patrimonium ; de pater, père). 1. Ensemble des biens hérités du père et
de la mère ; ensemble des b iens de famille. 2. Bien, héritage commun d’une collectivité,
d’un groupe humain. 3. (Génétique) Patrimoine génétique, héréditaire : génome ».
Ces définitions rejoignent celle fournies par le Dictionnaire de la langue française
de E. Littré, qui désigne le patrimoine comme étant un « Bien d’héritage qui descend
suivant les lois, des pères et des mères aux enfants ».
Etymologiquement, le mot patrimoine vient de patrimonium (en latin), apparaît au
ème
XII s. pour désigner « l’ensemble des biens appartenant au père ». Père implique ici
d’avantage une valeur sociale que physique : c’est l’homme représentant la suite des
générations, le chef de famille, le propriétaire des biens.
Cette notion d’héritage d’un type particulier se retrouve dans la traduction
anglaise de patrimoine qui vient de l’ancien français « héritage » d’où le nom de
« cultural héritage » et d’administrations ou d’organisations comme English Heritage, ou
le World Héritage de l’UNESCO (Patrimoine mondial).
Le mot patrimoine est donc issu du vocabulaire juridique et son acception
actuelle est récente datant des années 1970. A la fin des années 1970, il était entendu
qu’en adoptant le mot « patrimoine », on insistait sur la dimension collective de
l’héritage : on parla progressivement de « patrimoine européen », puis de « patrimoine
mondial » pour désigner les monuments, des objets et des lieux.. Le mot « patrimoine »
s’est alors vite avéré d’un usage commode : désignant les productions humaines les
plus variées, il possède un caractère englobant qui permet une compréhension
pluridisciplinaire ; plaçant sous un même regard les beaux arts et toutes sortes
d’artefacts, il a permis d’éviter l’écueil d’une vision hiérarchisante qui se limiterait aux
seuls chefs-d’œuvre de l’art.

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Le patrimoine, tel que nous l’entendons, est bien un legs, le produit d’une histoire
que nous recueillons chaque jour et que nous tentons de conserver et de protéger, afin
de le transmettre à nos successeurs.
II. LES TERRITOIRES DU PATRIM OINE :
Le patrimoine se distingue aussi par une notion d’utilité différente des autres
biens. La représentation du patrimoine est aujourd’hui marquée par le double abandon
de l’ancrage patriotique et de l’exclusivité d’une grande culture. Elle englobe désormais,
bien au-delà de l’héritage monumental, un ensemble de figures et d’activités tenues
pour significatives du passé. D’autre part, sa définition n’est plus étroitement nationale,
mais tend à s’identifier à un espace culturel plus large, européen, arabe, africain ou
autre.
" Désignant d'abord les ves tiges les plus monumentaux des cultures, la notion de
patrimoine s'est progressivement enrichie de nouvelles catégories issues de secteurs
d'activités non artistiques, comme le patrimoine industriel, ou de contextes particuliers,
comme le patrimoine subaquatique. Aujourd'hui, la notion de patrimoine est une notion
ouverte, qui peut développer de nouveaux objets et de nouveaux sens car elle reflète la
culture vivante plutôt qu'une image figée du passé. Nous savons depuis une trentaine
d'années que nature et culture ne peuvent être séparées dans notre approche du
patrimoine afin de rendre compte de la diversité des formes culturelles et
particulièrement de celles où s'exprime un lien étroit de l'être humain avec son
environnement naturel. […]
Plus récemment, un effort particulier a été porté sur la conceptualisation et la
désignation d'une dimension complémentaire du patrimoine […] Le patrimoine
immatériel regroupe d'ores et déjà, les actes de création et de représentation (arts du
spectacle, rites, évènements festifs, arts plastiques), les processus de transmission
(pratiques sociales, savoirs et savoirs-faire traditionnels, croyances et pratiques
relatives à la nature) ainsi que les contenus non pérennisés de la créativité (langues et
traditions orales). "

In " Qu'es t-ce que le patrimoine culturel aujourd'hui ? Les composantes du patrimoine
culturel ", Site internet de l'UNESCO.

La notion de patrimoine naturel, réfère comme le patrimoine culturel et


architectural, à un bien commun, encore relativement épargné par l'empreinte de
l'Homme, à gérer et à

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léguer aux générations futures. Mais au lieu d'avoir été construit par l'Homme il résulte
de l'évolution et parfois des interactions entre l'homme et la nature. Elle s'est
principalement formalisée autour d'une volonté de conserver les grands paysages et
ème
espaces nord américains et leur caractère sauvage (wilderness) au 19 s. puis au
ème
XX siècle".

La notion de patrimoine naturel associe principalement deux notions :

1. la notion de patrimonialité qui évoque une notion de valeur intrinsèque et un


besoin de conservation, voire de gestion restauratoire.
2. la notion de Nature, vi vante ou morte (sous forme de patrimoine géologique,
paléontologique, etc.) et donc un principe de naturalité.

Le patrimoine naturel est un des éléments de plus en plus pris en compte pour le
classement en patrimoine mondial de l'UNESCO.

Sauf exception, les composantes environnementales externes à la nature, telles


que l’environnement urbain (bruit, urbanisme), ou industriel (déchets, pollution de l’air)
ne sont donc pas intégrées dans le patrimoine naturel, même s'ils le modifient fortem ent
et ont parfois aussi une composante patrimoniale (friches industrielles par exemple).
Qu'il s'agisse de monuments, de musées, d'archives , de parcs régionaux, de sites
archéologiques, m ais aussi de friches industrielles, de lieux de mémoire locale ou plus
universelle, de tous les reflets de l'histoire proche ou lointaine, le patrimoine incarne
l'héritage commun d'une collectivité. "

Les territoires du patrimoine peuvent en effet être définis comme suit :


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LES TERRITOIRES DU PATRIMOINE

PATRIMOINE
PATRIMOINE CULTUREL
NATUREL

Patrimoin Parc
Patrimoin e s
e matériel immatérie natu
l rels
Rivières et cours
Patrimoine ethnologique
Patrimoine immobilier d'eau
Patrimoine mobilier et Réserves de
Patrimoine linguistique
arti stique biosphère
Patrimoine scientifique et
Patrimoine archéologique
technique Patrimoine génétique
: faune et flore

Patrimoine archivistique Patrimoine audiovisuel et


arti stique

Patrimoine documentaire

III. PATRIMOINE, MONUMENT ET M ONUMENT HISTORIQUE :


L’expression de « patrimoine historique » est utilisée pour désigner un fonds
destiné à la jouissance d’une communauté élargie aux dimensions planétaires et
constitué par l’accumulation continue d’une divers ité d’objets que rassemble leur
commune appartenance au passé : œuvres et chefs-d’œuvre des beaux - arts et des
arts appliqués, travaux et produits de tous les savoirs et savoir-faire des humains.
Parmi le fonds immense et hétérogène du patrimoine historique, on choisira
comme catégorie exemplaire celle qui concerne le plus directement le cadre de vie de
tous et de chacun, le patrimoine bâti. On eût dit hier les monuments historiques, mais
les deux expressions ne sont plus synonymes. Les monuments historiques ne
constituent plus qu’une part d’un héritage qui ne cesse de s’accroître par l’annexion de
nouveaux types de biens et par l’élargissement du cadre chronologique et des aires
géographiques à l’intérieur desquels ces biens s’inscrivent.
Lors de la création par exemple en France de la première Commission des
monuments historiques, en 1837, les trois grandes catégories de monuments
historiques étaient constituées par les restes de l’Antiquité, les édifices religieux du
Mo yen Age, et quelques châteaux. Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, le
nombre des biens inventoriés avait été multiplié par dix, m ais leur nature n’avait guère
changé. Ils relevaient essentiellement de l’archéologie et de l’histoire de l’architecture
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savante. Depuis, toutes les formes de l’art de bâtir, savantes et populaires, urbaines et
rurales, toutes les catégories d’édifices, publics et privés , s omptuaires et utilitaires ont
été annexées, sous des dénominations nouvelles : architecture mineure, venue d’Italie,
pour désigner les constructions privées non monumentales, souvent érigées sans le
secours d’architectes ; architecture vernaculaire, venue d’Angleterre pour distinguer les
édifices marqués par les terroirs ; architecture industrielle des usines et des gares par
exem ple, reconnue d’abord par les Anglais. Enfin, le domaine patrimonial n’est plus
limité aux édifices individuels, il comprend désormais les ensembles bâtis et le tissu
urbain : îlots et quartiers urbains, villages, villes entières et même ensembles de villes,
comme le montre « la liste » du Patrimoine Mondial établie par l’UNESCO.
Jusqu’aux années 1960, le cadre chronologique dans lequel s’inscrivaient les
monuments historiques était comme aujourd’hui quasiment illimité en amont, où il
coïncide avec celui de la recherche archéologique. En aval, il ne franchissait pas les
ème
bornes de la seconde moitié du XIX s. Aujourd’hui, les Bruxellois regrettent la
maison du peuple (1896), chef-d’œuvre de Horta, démoli en 1968.
ème
En fait, le XX s. lui même a forcé les portes du domaine patrimonial. Seraient
sans doute classés et protégés à l’heure actuelle l’hôtel Impérial de Tokyo, chef-
d’œuvre de F. L. Wright (1915), qui avait résisté aux séismes naturels, démoli en 1968,
mais aussi, à titre d’exemple également le dispensaire de Luis Kahn à Philadelphie
(1954), démoli en 1973. En France, une Commission, a été chargée aux années 1990
du « patrimoine du XXème s. », pour élaborer des critères et une typologie, pour ne
laisser échapper aucun témoignage historiquement signifiant.
La notion de monument historique et les pratiques conservatoires qui lui sont
associées se sont répandues hors de l’Europe où elles étaient nées et qui était
longtemps demeurée leur territoire exclusif.
Il est important de préciser le contenu et la différence des deux termes qui sous-
tendent l’ensemble des pratiques patrimoniales : monument et monument historiques.
En français, le sens originel du terme est celui du latin monumentum, lui-même
dérivé de monere (avertir, rappeler), ce qui interpelle la mémoire. La nature affective de
la destination est essentielle : il ne s’agit pas de faire constater, de livrer une information
neutre, mais d’ébranler, par émotion, une mémoire vivante. En ce sens premier, on
appellera monument tout artefact (‫ )ﺣﺎدث ﻣﺼﻄﻨﻊ أو ﻋﺎرض‬édifié par une communauté
d’individus pour se remémorer ou faire remémorer à d’autres générations des
personnes, des événements, des sacrifices, des rites ou des croyances. La spécificité
du monument tient alors précisément à son mode d’action sur la mémoire. Le passé

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auquel fait rappeler le monument peut ainsi directement contribuer à maintenir et
préserver l’identité d’une communauté, ethnique ou religieuse, nationale, tribale, ou
familiale. Son rapport avec le temps vécu et avec la mémoire, autrement dit sa fonction
philosophique, constitue l’essence du monument.

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DISCIPLINES ET SCIENCES AUXILIAIRES


DE L’ARCHEOLOGIE

Les sciences qui aident l’archéologie peuvent être classées en trois groupes :
historique, technique, et artis tique. Exam inons celles-ci, et voyons comm ent elles
peuvent être d’un grand secours au travail de restauration et réhabilitation.

I. LES SCIENCES HISTORIQUES :


1. La paléographie : C’es t la science des anciens textes sur actes, parchemins ou
manuscrits. Elle permet de déchiffrer ces textes de façon que l’archéologue puisse y
puiser des renseignements, des dates et établir certaines corrélations ou parallèles
entre des faits et des témoins de ces faits. Elle permet aussi d’étudier les modifications
apportées par le temps et les hommes aux form es de l’écriture manuscrite.
2. L’épigraphie : C’es t la science des inscriptions sur pierres, métaux , et autres objets.
Elle donne la possibilité au chercheur de comprendre la raison d’être d’une œuvre (nom
de l’auteur, titre donné, dédicace, date, souvenir, …etc), et très souvent de placer celle-
ci dans un contexte géographique ou chronologique donné. Elle permet de déduire de
certaines inscriptions des rites, des coutumes, des lois, des pensées qui permettent de
situer un être humain, une société, ou une religion, et parfois de les définir. En outre,
l’épigraphie donne à certains chercheurs la possibilité de découvrir les secrets d’un
langage, ceux d’une écriture, en effectuant des comparaisons.
3. La toponymie : C’es t la science des noms de lieux. Elle ouvre parfois au chercheur
des horizons nouveaux dans sa recherche par la remontée à l’origine même des noms
des lieux. L’origine de ces noms peut aussi indiquer un établissement disparu (puits,
forêt, château..etc). Elle es t surtout utile lors de la recherche d’un site.
4. L’onomastique : Recherche de même l’origine des noms de personnes. Ceux-ci
peuvent fournir au chercheur des données précises concernant l’ascendance et l’origine
probable d’une famille ou d’une dynastie et, par là, l’explication de certains faits
particuliers.
5. La numismatique : Ou science des monnaies, négligeant l valeur d’échange de
celles-ci, aide l’archéologue à situer chronologiquement des objets associés,, c’est –à-
dire appartenant au même niveau archéologique, et parfois à identifier certains d’entre
eux.

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6. La chronologie : C’es t la science des dates. Les ères débutant à des dates
différentes suivant régions, peuples ou époques, le temps étant divisé de même en
sections de longueurs inégales (par exem ple : mois s olaire et mois lunaire), il s’ensuit
que la correspondance des divers calendriers pose parfois, pour la situation exacte
d’une date inscrite, des problèmes ardus. C’est de la correspondance entre ces dates
particulières et de leur situation absolue par rapport à notre calendrier actuel que
s’occupe la science de la chronologie.

7. La sigillographie : S’occupe des sceaux, que ceux-ci soient universitaires, religieux,


administratifs, royaux ou privés. Généralement décorés et inscrits, ces seaux peuvent
apporter de précieux témoignages quant aux dates, locations, m onuments, costumes
d’une époque.

8. La généalogie : Sert à établir les filiations exis tant entre des groupes d’individus ou
des individus isolés et à retrouver une souche commune à un certain nombre de ceux-
ci.

9. Les autres disciplines : Se rattachant à l’étude de l’histoire, parmi lesquelles nous


devons ranger en premier lieu l’ethnologie qui, ces dernières années, est devenue une
science complète en elle-même, l’étude de l’homme appartenant à une culture
archaïque étant indispensable à l’archéologie.
Chacune de ces sciences divers es possède ses propres disciplines, ses propres
techniques. Il nous suffisait de les énumérer ici sans plus les préciser.

II. LES SCIENCES TECHNIQUES :


Dans l’état actuel d’avancement de l’archéologie, et vu la précision toujours plus
grande avec laquelle elle tend à cerner son sujet, on peut dire qu’il y à très peu de
techniques scientifiques qu’elle n’est pas (ou ne sera pas) amenée à utiliser. Bien sûr,
le technicien de réhabilitation sera amené à demander, au cours de ses travaux la
collaboration de nombreux spécialistes en sciences techniques auxiliaires pour qu’il
puisse réaliser des synthèses et tirer des conclusions acceptables.
Les principales sciences techniques auxquelles le chercheur en archéologie aura
recours sont :

1. La photographie : Terres tre, aérienne, simple, en noir et blanc, en couleurs,


souterraine, sous-marine, avec tous ses procédés d’analyses : ultra-violet,

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infrarouge..Etc. Elle servira à l’archéologue, comme au s pécialiste en réhabilitation de
mémoire de témoignage, de fiche d’étude, de moyen de détection, d’analyse et de
res titution.

2. La géologie : Science indispensable pour l’étude des sols, des variations de ceux-ci,
et de la provenance de certains matériaux ou métaux.

3. Les mathématiques : Lorsqu’il s’agit d’appliquer à la recherche des méthodes


qualitatives , quantitatives , et de dresser des tableaux de fonction.

4. La chimie : En ce qui concerne tous les travaux d’analyse (sols et matériaux divers )
ou de restauration. Par exemple lorsqu’il s’agit de faire l’analyse de l’état de
conservation du bois ancien.

III. LES SCIENCES ARTISTIQUES :


Celles-ci sont nombreuses ; leur énoncé seul fera comprendre combien leur
connaissance peut apporter à celle d’une société disparue. Les techniques de
l’architecture, de la sculpture, de la peinture, de la gravure, du dessin, celle de la
parure…etc., doivent être évidemment accompagnées de connaissances esthétiques,
des lois de celles-ci, du sens de leur développement.

CONCLUSION : L’archéologie est la science la moins isolée qui soit, car, concernant
l’homme et ses achèvem ents, elle doit être associée à toutes ses activités afin de
pouvoir avec vérité retracer celles-ci, et retrouver toutes les évidences de l’ingéniosité
humaine, technique et culturelle.

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TISSUS URBAINS HISTORIQUES :


PROTECTION ET SAUVEGARDE DES MEDINAS

Le Maroc compte actuellement plus de trente villes disposant d’une médina ou


d’un centre historique, sans compter l’architecture rurale avec ses casbahs et ses
villages. Certaines médinas sont classées sites historiques, d’autres sont s oumises à
une réglementation de protection urbanistique et artistique. Six médinas figurent sur la
liste du patrimoine mondial : celles de Fès, Marrakech, Meknès, Tétouan, El Jadida, et
Essaouira.
On trouve, au Maroc, des médinas de grande importance (Fès et Marrakech),
et des médinas moyennes (Safi, El-Jadida, Rabat).
Les petites médinas telles Sefrou, Demnat, Bejaâd, etc., comptent parmi les
plus nombreuses, mais aussi les plus négligées.
Les médinas et les centres historiques marocains sont les mieux conservés du
Maghreb, voire du monde arabe. Cela est essentiellement dû à la politique consistant,
au début du Protectorat, à la séparation complète des agglomérations « modernes » et
anciennes que concrétisait l’instauration d’une zone non-aedificandie entre les deux
agglomérations en question.

I. LA M ÉDINA DE FÈS :
La médina de Fès est la ville historique la mieux conservée du monde
islamique. C’est une ville autonome, et le centre historique de toute l’agglomération
urbaine. Elle possède l’un des tissus urbains historiques les plus vas tes. Ce dernier
couvre, en effet, 130 hectares, et renferme env. 150 000 habitants. Il remonte en
grande partie au XIIIème s., époque de l’édification des remparts. On estime à plus de
8000, les édifices ayant une valeur artistique et historiques. Certains inventaires établis
font état de plusieurs centaines de monuments :
- 184 lieux de cultes ;
- 130 fondouks ;
- 110 palais et demeures de grande valeur historique et architecturale.
Trois traits essentiels distinguent Fès des autres villes maghrébines : la situation
stratégique privilégiée du site, l’abondance des eaux de l’oued et des sources qui
l’alimentent, enfin, l’ingéniosité de ses commerçants et artisans.

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Le site de Fès se trouve au cœur d’une riche région agricole. Des ressources
variées fournies par le sol de la ville et des environs (sel, argile, pierre à bâtir, chaux,
sable…etc), auxquelles on peut joindre le bois de cèdre des forêts environnantes du
Mo yen Atlas , permettent d’assurer la croissance de la ville et l’essor de l’artisanat. De
plus, c’est par sa position de carrefour à la croisée de routes commerciales, celle nord-
sud reliant les côtes méditerranéennes à l’Afrique noir, et celle ouest-est faisant
communiquer les plaines atlantiques avec le Maghreb central et oriental, que Fès est
appelée à un avenir durable.
La présence de l’oued Fès, admirablement canalisé par la nature, mais aussi
domestiqué, et de nombreuses sources donnera un urbanisme de qualité et favorisera
différentes industries, notamment les tanneries.

Fès, cité millénaire, fut fondée par les Idrissides entre 172H/ 789 J.-C et 193H/
809 J.-C. Elle a abrité des immigrants en provenance de Cordoue en 199/ 818 (env.
300 familles), et d’autres de Kairouan (env. 800 familles), qui ont donné leur nom
respectifs aux deux rives constituant la ville, que vient à peine séparer l’oued Fès :
Adouate al-Karaouiyine, et Adouat al-Andaloussiyine.
Cette double composante, issue des principaux foyers de civilisation de
l’Occident musulman –Cordoue et Kairouan - confère à Fès son caractère cosmopolite,
et une physionomie particulière qu’elle a su conserver jusqu’à nos jours.
ème
Dés le début du XI s., le sultan almoravide Youssef Ben Tachfine, ayant
conquis la ville en 1069, unifie les deux Adouas jadis chacune entourée d’un rempart
autonome, et fait de Fès, sinon sa capitale, du moins la base logistique de ses
expéditions militaires en

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Andalousie. Il multiplie les oratoires, aménage le réseau de canalisation, construit
moulins, bains, fontaines, hôtelleries et organise les marchés.
En 1145 – 46, le premier calife almohade - Abdelmoumen - conquiert Fès à son
tour. Cette dynastie redressera les remparts et les principales portes de Fès (el-Bali), et
édifiera, si l’on en croit les sources historiques, 785 mosquées dont celle de Boujloud,
42 salles d’ablutions, 80 fontaines, 93 bains publics, 89 236 maisons, 19 041 pièces
indépendantes, 467 fondouks, 9082 boutiques, 02 qisariya..etc.
La dynastie mérinide fera de Fès sa capitale pendant trois siècles. Abou Youssef
fondera, en 1276, Fès jedid, cité administrative et militaire de la dynastie. Les sultans y
élèveront un palais, des ouvrages militaires, des mosquées, s ans pour autant oublier
Fès el-Bali où ils fonderont de belles madrasas pour loger et former des étudiants
venant de différentes régions du Maroc ou de l’étranger.

II. AUTRES CITES :


1. Marrakech : En fondant le premier noyau de la ville de Marrakech, les
Alm oravides nous lèguent l’une des cités les plus prestigieuses. Cette oasis créée
artificiellement, en dehors du désert, située au pied de la montagne de l’Atlas, n’a
jamais perdu la puissance de fascination qu’elle a exercée durant toute son histoire.
ème
Déjà, au XII s., Ali Ben Youssef dresse les remparts de l’enceinte, alimente la ville en
eau, en réalisant l’un des systèmes d’adduction de l’eau (khettara) les plus
sophistiqués. Seule la Kobba (coupole) subsiste comme témoin du degré de
raffinement atteint par cette dynastie.
Les Alm ohades la dotent de prestigieux monuments tels bab Agnaou, la
Mos quée de Koutoubia, celle de la Casbah, qui portent l’emprunte de leur puissance et
sobriété. Marrakech, sous cette dynastie, n’est pas seulement la capitale politique de
l’Occident m usulman, mais aussi son principal centre intellectuel : les savants les plus
réputés de l’époque, comme Ibn Rochd ou Ibn Tofaïl y affluent.
Les Mérinides bouderont la capitale de leurs ennemis et prédécesseurs. Il faut
ème
attendre le règne de la dynastie saâdienne au XVI s. pour que la ville « rouge »
retrouve sa place de capitale impériale. De très belle réalisations démontrent l’intérêt
que la dynastie chérifienne porte à sa capitale : la nécropole des tombeaux saâdiens,
ou encore la madrasa Ben Youssef.
Les Alaouites, ensuite, lui accorderont un intérêt s ans égal ; de nombreuses
réalisations le confirment. Sidi Mohamed Ben Abdallah, élève des palais, construit
de nombreuses mosquées, aménage des jardins ; Sidi Mohamed Ben Abderrahmane
crée un environnement agréable en plantant de vas tes jardins agrémentés de très
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beaux pavillons. Des palais telle la Bahia, et des grandes demeures comme dar Si Saïd
er
(actuel Musée de la ville) verront le jour sous le règne de Moulay Hassan I . Marrakech
se développera considérablement pendant ce siècle, et surtout durant les deux
dernières décennies.

2. Tétouan : Cette ville fut fondée par le sultan mérinide Abou al-Hassan au
début du XIVème s. Détruite par le Roi de Castille Henri III en 1339, elle est reconstruite
par des réfugiés andalous au XVI ème s. La fortification de la cité est due au Sultan
alaouite Moulay Ismaïl.

3. Essaouira : Elle est fondée en 1760 par le Sultan Sidi Mohamed Ben
Abdallah. Cette ville est édifiée d’après les plans dessinés par un captif français,
Théodore Cornut. C’est l’une des rares villes marocaines construite selon un plan
préétabli.

4. Salé : La fondation de Salé remonte à l’époque idrisside. Salé atteint son


apogée au XIVème s. La dynastie mérinide construit une école de médecine, la medersa
d’Abou al-Hassan, la Grande Mosquée Jamie al-Marini, la Zaouiyate an-Nossak, et la
belle porte Bab Lamrissa. La ville de Salé sera le port marchand le plus important de la
côte atlantique, pendant plusieurs siècles. Sa médina est la plus grande et la mieux
organisée des villes côtières.

5. Rabat : Rabat est fondée par le Calife almohade Abou Youssef Yaâcoub. La
ville ancienne se compose de la médina, de la célèbre Casbah, des remparts avec leurs
portes, de la mosquée de la Tour Hassan et de Chellah. Aux portes urbaines de la
Casbah des Oudaïas, telles bab Rouah, Bab Lakbir, se lit la partie de sobriété reconnue
à la dynastie almohade. La médina aussi bien que la Casbah, compte parmi les tissus
urbains historiques les m ieux entretenus et les moins affectés par les aléas du temps
(la Tour Hassan et Chellah).

6. Taroudant : Taroudant est l’un des centres les plus anciens de la région du
Souss. Au XI ème s., la ville est la capitale d’une principauté chiite. Elle connaîtra la
souveraineté almoravide, almohade, et mérinide. Cette dernière dynastie reconstruira
au XIVème s. les fortifications de la ville. Dès le XVIème s., elle sera un centre de
résistance, animé par les Saâdiens, à l’occupation portugaise, des côtes marocaines,

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notamment à Agadir. Cette ville est célèbre par ses industries du métal : la bijouterie et
la dinanderie.

7. Meknès : La tribu des Miknassa est installée dans cette région fertile et
arrosée par l’Oued Boufekrane, occupée par Meknès, depuis au moins le XIème s. Les
Alm oravides fondent la ville, défendue par les remparts. Les Almohades la dotent de sa
grande mosquée. La dynastie mérinide, pour sa part, édifie la Casbah, crée la medersa
et réalise le système d’adduction d’eau. Moulay Ismaïl qui en fera sa capitale, l’élève au
rang de ville impériale. Meknès connaît alors un développement sans précédent. Ce
souverain alaouite contribue à son développement urbanistique : Mos quées, palais,
fontaines, etc. Il en fera la ville la plus fortifiée du Maroc (plus de 40 Km de remparts).
La majestueuse bab El Mansour al-Alej compte parmi les plus belles portes de la
médina.

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CARACTERISTIQUES GENERALES DE
L’ARCHITECTURE DOMESTIQUE MAROCAINE
(L’exemple de Fès)
Si l’on fait une comparaison entre l’ensemble des maisons traditionnelles de la
médina de Fès, on constatera qu’au sol, ces demeures ne répondent pas à une sorte
de plan type, mais qu’elles ont su adapter des principes communs à des conditions
topographiques différentes.
Tout de même, à travers des études réalisées essentiellement sur l’espace
central des demeures en question, ou ce que nous avons souvent appelé la « dar
Kbira », on a pu relever les caractéristiques qui suivent.

I. LES MAISON TRADITIONNELLES :


1. Le rez-de-chaussée :
On y rencontre généralement une cour-patio entourée de galeries. Celles-ci peuvent
être au nombre de quatre ; cependant, plusieurs maisons ne comptent que deux
galeries en vis -à-vis , et il n’est pas rare de rencontrer des patios qui en sont totalement
dépourvus ; il s’agit là, la plupart du temps de petits immeubles à cour centrale très
réduite, mais, il convient quant même de rester prudent car on peut trouver de grandes
maisons à vas te cour centrale entièrement dépourvues de galeries (dar Maqri en est
l’exemple).
Par ailleurs, des chambres latérales (entre deux et quatre en principe) donnent s ur
la cour centrale par de grandes portes percée chacune sur le milieu de la façade qui la
dessert.
Sur l’une des façades de la cour encore apparaît le plus souvent une fontaine
murale (sqaya) ornée de zellij. Sur une autre, c’est une niche médiane dite « bortal »
qui prend jour. Cette chambre, largement ouverte sur le patio est l’une des particularités
les plus frappantes de la maison fessie.
Le terme « bortal » par lequel on le désigne au Maroc exis te à Tunis, mais il
s’applique aux galeries sur la cour, à Fès appelées « nbah ». On n’a pas constaté qu’on
ait donné une orientation systématique à ces pièces qui peuvent certainement évoquer
les « iwans » orientaux.

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Un autre élément du rez-de-chaussée c’est la cuisine (dwiriya). Celle-ci était souvent
rejetée hors du patio. Elle s’aère grâce à un puit de lumière qui travers e verticalement
toute la maison (menqach). C’est là qu’on trouve des latrines (mirhad).
Sur le patio des maisons traditionnelles donnent encore des escaliers conduisant
aux niveaux supérieurs. Ils sont généralement au nombre de deux : l’un principal, allant
jusqu’aux terrasses, l’autre s’arrêtant à l’étage.
Dans les grands immeubles, il peut y a voir plus de deux es caliers, et le nombre de
ces praticables est presque invariable dans les vas tes ensembles tels que dar Maqri ou
dar al-Bacha Tazi. La même chose pour les placards et annexes réservées aux
provis ions alimentaires (bniqa, doukkana..etc).

Exemple d’une maison traditionnelle à Fès


Les entrées quant à elles (satwan) sont toujours en chicane, et ouvrent parfois aussi
sur une impasse (derb) privée aménagée intentionnellement à l’origine pour renforcer le
système défensif et les valeurs d’intimité des habitants d’une même famille.
Ajoutons, pour en finir avec les rez-de-chaussée, que les cours, les chambres, les
galeries, voir les dépendances (sauf les écuries) étaient pavées de carreaux de zellij
polychromes, lesquels couraient en plinthes au bas des murs. Quant aux piliers, ils
étaient nus à la base polygonale, et ornés de stucs plus haut, là où ils se présentaient
en sections carrés.

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Tel se présente l’espace ouvert central, le cœur de la maison, autour duquel
s’articulent des dépendances : écuries, riyads, magasins...etc.
2. L’entresol :
On peut dire que la maison de Fès n’est pratiquement jamais conçue sur un seul
plan ; elle se dresse à la verticale sur plusieurs niveaux d’importance variable qui, en
fait, ne cons tituent qu’un seul étage avec des entresols plus ou moins complets.
On remarque que, les entresols sont occupés surtout par la « masriya » et, ou le cas
échéant, par des magasins réserves -alimentaires.
La « masriya » constitue l’une des dépendances les plus caractéristiques de Fès. Il
s’agit d’une entité quasi indépendante de la dar Kbira, pouvant parfois être très
coquette et qui était réservée aux hôtes de passage ou au (x) fils adulte (s) non encore
marié (s). On pouvait trouver parfois dans les grands immeubles deux et même trois
masriya n’ayant aucun rapport entre elles. En général, on les trouvait à l’étage au-
dessus des écuries, mais on en rencontrait aussi surmontant les entrées des demeures.

ème
Dar Zouiten (XIV s. J.-C)

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3. Niveaux supérieurs:
L’étage proprement dit reproduit le plus souvent le schéma des chambres du rez-de-
chaussée et parfois même de ses galeries. Néanmoins, si la circulation au rez-de-
chaussée s’effectue librement à travers le patio, elle est naturellement restreinte à
l’étage par une balustrade (darbouz) en bois tourné ou en fer forgé.

4. Terrasses :
Le dernier niveau de la maison fassie révèle l’arrivée de l’escalier et les puits de
lumière.
Les murs qui séparent les différentes pièces étaient marqués par de faibles reliefs
exécutés chacun par un alignement de briques cuites.
La délimitation de l’ensemble est effectuée par des murs de protection plus élevés
mais qui laissent parfois contempler le voisinage.

CONCLUSION :
La principale remarque dans l’architecture domestique de Fès, c’est l’existence
d’une pérennité des principes régissant l’organisation de l’espace bâti depuis la période
ème
mérinide (XIV s. J.-C) Cette longue fidélité qui paraît toutefois avoir atteint son

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terme de nos jours, donne à l’architecture domestique traditionnelle fessie ses lettres de
noblesse, et une identité affirmée par une longue filiation dans le temps.

II. LA M AISON RIYAD :


Parler des grandes demeures de Fès de la fin du XIXèm e s. nécessite d’aborder
cet es pace particulier : le « riyad », attribut dont devait disposer toute grande demeure
ou palais, élevé à la périphérie de la ville, intramuros.
A Fès, le riyad est un jardin clos, entouré de hauts murs, même lorsqh’il est situé
en périphérie de la ville. Le terme riyad est appliqué à l’architecture du jardin. Ceytte
architecture est régie par un certain nombre de dispositions communes, par exem ple :
les allées maçonnées, découpent habituellement le jardin en des parterres disposés en
contrebas.
Les allées maçonnées recouvertes de zellij, au même niveau (de plein –pied)
avec les pièces d’habitation, en sont un prolongement. Les plantations sont d’une très
grande variété ; on y trouve des arbres d’essences diverses (orangers, lauriers,
jasmin..etc). Le plus souvent, aucune rigueur géométrique ne vient régler l’implantation
des espèces florales et des arbres.
Les variations observées dans le plan des riyads permettent de distinguer trois
types principaux :
1. Le jardin dans la demeure :
La seule présence d’un jardin, à la place d’une cour intérieure justifie pour
l’habitation la dénomination de riyad. Dans ce cas, le riyad est essentiellement un grand
patio planté, un jardin intérieur. Généralement de plan rectangulaire, il est encadré de
bâtiments sur ses quatre faces.

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Les divers éléments qui composent la décoration d’un Riyad sont très similaires à
ceux d’une maison. Dans cette configuration, les axes de symétrie transversale et
longitudinale, régissent simultanément l’ordonnancement du Riyad et de la dar.

2. La demeure dans le jardin :


Dar el-Batha en est une des illustrations la plus aboutie. La construction apparaît
comme divisée (scindée) en deux parties, implantées au pourtour d’une cour qu’on
aurait étirée pour y disposer un jardin.
Chacun des deux corps du logis reproduit à peu près un des quatre côtés d’un
maison du type dar.

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3. La demeure et le jardin :
Dans ce troisième type (que représente d’ailleurs le dar el-Makri, siège de
l’ISMTB), le jardin constitue une enclave de plus ou moins de grande taille. Sa forme
es t souvent irrégulière pour s’adapter à la géométrie des parcelles voisines. Sur un
des côtés, le riyad est contigü à la grande demeure. Un accès simple, très souvent
dérobé, les relie.
Parfois, la forte déclivité du terrain permet d’aménager le riyad en une
succession de terrasses d’où l’on peut jouir d’une magnifique vue panoramique sur
la ville.

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CARACTERISTIQUES GENERALES DE
L’ARCHITECTURE DES MOSQUEES AU MAROC

Les études contemporaines menées au Nord du Maroc, et à la médina de Fès en


particulier ont conduit à relever les caractéristiques majeures de ce types de monument
que nous tâcherons de présenter comme aux développements qui suivent.
En effet, les mosquées sont constituées par un ensemble d’éléments dont la
disposition est caractéristique ; la partie essentielle constitue un oratoire où les fidèles
se réunissent pour la prière devant le mihrab, situé dans le mur de qibla (côté est) qui
détermine l’orientation de l’édifice.
Une cour intérieure (Sahn), un minaret et une salle d’ablutions complètent le
dispositif de l’oratoire.
Dans les mosquées importantes on trouve divers es pièces annexes , parmi
lesquelles on peut citer : la chambre de l’Imam, le logement du Muezzzin, la chambre
du Minbar (chaire à prêcher), la mosquée des morts (Jamie Lagnaïz), la Bibliothèque et
l’école coranique (msid).
Le plan de l’ensemble des m osquées varie avec les dispositions du terrain, les
pentes, les facilités d’accès ; mais on peut toujours constater que le principal souci du
constructeur a été un axe de symétrie, dont l’extrémité Est est couronné par le mihrab,
tandis qu’à l’extrémité Ouest s e trouve l’entrée principale donnant accès sur le sahn,
puis dans l’oratoire.
En fait, la direction Ouest –Est n’a pas toujours été rigoureusement observée,
l’axe de symétrie et par suite le mihrab ont une direction comprise entre l’Est et le Sud-
Est dans de nombreux monuments, le mur de la qibla étant toujours perpendiculaire à
cet axe.

1. L’oratoire et le mihrab :
La partie principale d’une mosquée, l’oratoire, est composée d’une ou plusieurs nefs
trans versales dans les petits édifices, et longitudianles dans les édifices plus
importants ; toutefois une nef transversale, sur laquelle viennent buter les nefs
longitudinales, se trouvent toujours le long du mur de la qibla.
Au milieu du mur de qibla, est situé le mihrab, niche pentagonale, recouverte
d’une coupôle à base octogonale. La niche s’ouvre dans le mur de qibla par un arc
brisé et outrepassé supporté, soit par des piédroits, soit par des colonnes.
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Dans le même mur, au Nord du mihrab, s’ouvre la porte de l’Imam, au Sud la porte
du Minbar symétrique à la porte de l’Imam.
Des bibliothèques, fermées par des portes en bois sculpté et peint, sont parfois
aménagées dans l’épaisseur de ce mur.

Les nefs de l’oratoire sont séparées par des arcades à arcs brisés et outrepassés,
retombant sur des piliers de section carrée ou octogonale. Les nefs latérales se
prolongent le long du sahn, qui peut être entouré de nefs sur ses quatre côtés.

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2. La cour ou le « sahn » :
Il s’agit d’une cour intérieure à ciel ouvert. Il peut être carré ou recta,ngulaire. Son
sol est surbaissé d’une ou plusieurs marches par rapport au sol de l’oratoire, pour éviter
que l’édifice soit inondé lors d’une averse.
Une vas que, généralement en marbre, se trouve au milieu du sahn et sert pour les
ablutions des fidèles. Dans les mosquées moins importantes, la vasque est remplacée
par une fontaine adossée à l’un des murs du sahn.
Le sahn est souvent considéré comme une annexe de l’oratoire ; les fidèles s’y
rangent pour la prière lorsqu’il y a affluence. La direction de la mecque leur est alors
indiquée par l’Anza. Celle-ci est tantôt représentée par l’arcade d’entrée de la nef
médiane, aveuglée par une clôture en bois et recouverte d’un riche décor, tantôt par
une découpure de forme pentagonale, dans la marche qui donne accès à la nef
médiane de l’oratoire.
Lorsque la situation du terrain a empêché de bien orienter l’édifice, l’imam indique la
qibla exacte en se plaçant plus ou moins en oblique par rapport au mihrab.
Pour simplifier nous admettrons que le mur de qibla est à l’Est de l’édifice.

3. Le Minaret :
Il n’a pas d’emplacement déterminé dans la composition du plan. Plus rarement le
minaret est placé sur le mur de qibla. Exceptionnellement il peut s e trouver englobé
dans l’ensemble de l’édifice.
Le minaret signale de loin la mosquée, et permet au muezzin de lancer de haut
l’appel à la prière.
Les minarets du Nord du Maroc, sauf de très rares exceptions, sont construits sur
plan carré. Ils sont couronnés par une plate forme contournée d’un parapet avec
merlons dentés (cheraffa) ; au centre de la plateforme s’élève un lanternon.
La plupart de ces minarets sont construit en briques. Le minaret comprend un noyau
central autour duquel se développe l’escalier qui donne accès aux terrass es de la
mosquée au logement du muezzin et à la plate forme supérieure. L’escalier débouche
sous le lanternon.
Le lanternon est construit lui aussi sur un plan carré, et correspond au noyau central
du minaret. Il est parfois coiffé d’une toiture pyramidale en tuiles vertes , m ais le plus
souvent, il est recouvert d’une coupole surmontée d’une ou plusieurs sphères en cuivre
ou en bronze.

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Le noyau central de certains minarets est évidé et comporte de petites pièces
superposées ouvertes sur l’escalier.
Dans les minarets de Fès le rapport entre la hauteur et le côté de la base n’est
presque jamais le même.
L’accès à l’escalier du minaret se fait presque toujours de l’intérieur de l’édifice. Un
logement destiné au muezzin es t parfois construit à l’étage au-dessus d’une nef contre
le minaret ; dans ce cas l’escalier du minaret dessert en même temps cette pièce.

4. Salle d’ablutions :
Une grande importance est attachée à la s alle d’ablutions (dar Loudou). Il est très
rare qu’une mosquée n’en comprenne pas.
Dans les édifices les plus importants, la salle d’ablutions est située en dehors de la
mosquée elle-même. Plus souvent, la salle d’ablutions est contiguë à la mosquée, mais
possède son entrée propre sur la rue ; elle communique avec la mosquée, soit
directement par une porte, s oit par un couloir. Si la salle d’ablutions ne possède pas
une entrée sur la rue, elle s’ouvre sur une des entrées de la mosquée.
Quelques grandes salles d’ablutions ont de magnifiques plafonds, en bois sculpté,
mais ordinairement elles sont recouvertes en terrasses, avec une large découpure dans
le plafond pour la lumière et l’aération (manqach).
Une salle d’ablutions comprend toujours au centre un bassin d’eau courante, et sur
les côtés, une série de latrines accolées aux murs extérieures. Lorsque cette
dépendance est en communication directe avec la mosquée, le seuil de la porte qui les
sépare contient un caniveau d’eau courante ; cette porte es t alors dénommée « bab
Lahfa ». Dans les salles d’ablutions de moindre importance, le bassin est remplacé par
une fontaine adossée au mur. L’eau est toujours amenée en abondance dans la salle
d’ablutions, dans son bassin ou sa fontaine comme dans ses latrines.

5. Les entrées :
L’entrée principale d’une mosquée est ordinairement s ituée dans le mur ouest et
dans l’axe du mihrab de telle sorte que la porte s’ouvre sur la perspective du sahn avec
sa vasque, de l’ânza, de la nef médiane et du mihrab. Mais souvent la situation du
terrain empêche de m énager une entrée du côté ouest ; d’autres solutions sont alors
adoptées.

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6 . Le minbar, la pièce de l’Imam, et la bibliothèque :


Lorsque la mosquée possède un minbar (chaire à prêcher), celui-ci est logé dans
une pièce spéciale située derrière le mur de la qibla, à droite du mihrab. Une porte à la
dimension du minbar permet de le faire avancer dans l’oratoire sur deux rails en bois.
Une ou plusieurs pièces réservées à l’Imam se trouvent derrière le mur de qibla au
Nord du mihrab. On y accède de l’oratoire par une porte symétrique à celle du minbar.
Une des pièces de l’imam peut servir de bibliothèque. Dans s’autres cas, une
bibliothèque spéciale est construite en dehors de l’oratoire (Mos quées Kbir et
Karaouiyine à Fès par exemple). Dans les mosquées plus modestes, les corans et les
autres livres religieux sont rangés dans des armoires aménagées dans l’épaisseur du
mur de la qibla.

7. Jamie al-Janaïz :
La mosquée des morts, lorsqu’elle existe, se trouve derrière le mur de la qibla.
Souvent, elle n’est qu’un simple dégagement derrière le mihrab. Parfois, elle forme un
vas te ensemble derrière le mur de la qibla comme à la Karaouiyine à Fès.

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LA M EDERSA AU M AROC
HISTOIRE ET ARCHITECTURE

Comme toutes les institutions islamiques que nous voyons fleurir au Maghreb et en
Espagne, la medersa est née en Orient. Apparue au Khorasan vers l’an 1000, elle
s’installe vers l’an 1064 à Bagdad. En 1097, elle est à Damas et, au milieu du XIIème s.
J.-C, elle aborde l’Egypte avec Saladin et les Ayyoubides. Un siècle plus tard, elle arrive
en Afrique du Nord.
Quelle soit orientale ou occidentale, la medersa répond à des besoins de même
nature. Elle est une école de sciences religieuses et en particulier de droit m usulman,
de jurisprudence canonique (fiqh) représentant la sonna.

La medersa Attarine de Fès


En Orient comme en Occident, le même programme architectural s’impose aux
constructeurs des medersas : maisons d’hébergement, de vie religieuse commune et
d’enseignement, toutes comporteront, alentour d’une cour centrale, des chambres y
prenant jour pour les étudiants, et une salle de prière pouvant servir de salle de cours.
Parfois le collège apparaît comme l’annexe d’une mosquée dont il est voisin. Les
étudiants qu’on y loge suivent les leçons professées à la mosquée. Mais la medersa fait
aussi figure d’oratoire indépendant. Elle a son mihrab et parfois son minaret. Nous
en trouverons même une qui possède son minbar pour le prône du vendredi et prend
ainsi rang parmi les grandes mosquées (la medersa Bouinaniaya de Fès ).
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Les medersas marocaines sont très différentes comme ordonnance des medersas
d’Orient (Irak ou Egypte par exem ple). Le plan cruciforme, très répandu en Orient, n’a
pas pénétré au Maroc (voir même au Maghreb) et nous n’aurons à signaler qu’un
souvenir des iwans latéraux de la medersa Bou Inania de Fès.

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LE FONDOUK : DISPOSITION ARCHITECTURALE


ET TYPOLOGIE DANS LES MEDINAS DU MAROC

Fondouk, terme d’origine grecque employé, particulièrement en Afrique du Nord,


pour désigner des hôtelleries où peuvent loger bêtes et gens, analogues aux
caravansérails ou aux khans de l’Orient musulman. Les hôtelleries comprennent une
cour entourée sur ses quatre côtés de bâtiments. Ceux du Rez-de-chaussée servent en
général à abriter les animaux des caravanes où des campagnards de passage et, le
cas échéant, les marchandises entreposées là en attendant que le destinataire en
prenant livraison. A l’étage, un seul en général, de petites chambres donnent sur une
galerie qui fait tout le tour du bâtiment ; c’est là que logent les gens. La porte donnant
sur la rue est de dimensions suffisantes pour qu’y passent les animaux avec leurs
charges. Il est souvent arrivé au Moyen Age que, dans les villes ouvertes au commerce
international, des fondouks soient mis à la disposition des commerçants en provenance
d’autres cités comme le fondouk « Staouniyine de Fès, par référence aux commerçants
de Tétouan (voir plan).

Ces hôtelleries étaient très souvent fréquentées par les pauvres gens ; les autres
s’efforçaient d’éviter l’inconfort, la promiscuité avec les animaux et, dans bien des cas,
le mauvais voisinage.

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Au Maroc, le même type de bâtiment est souvent employé par un groupe de


personnes pour y entreposer des marchandises, et/ ou pour y exercer une activité
artisanale. Il s’agit là du fondouk dit de commerce. La cour y es t commune, et chaque
participant loue une ou plusieurs pièces ; dans ce genre de fondouks il n’y a pas
d’étable pour les animaux. Il arrive aussi que des groupes d’artisans, souvent du même
métier, louent les diverses pièces d’un fondouk et en fassent un atelier collectif où
chaque patron conserve toute son indépendance.
En général, les fondouks appartiennent à l’administration des biens religieux
(ahbas ou awkaf) qui les loue aux différents occupants, quand il s’agit de commerçants
ou d’artisans, ou à un concessionnaire, quand il s’agit d’hôtellerie.
Certains de ces bâtiments ont une valeur artistique, tels le fondouk Nejjarine et
Staouniyine de Fès. Les fondouks entrepôts ou ateliers se rencontrent dans les
quartiers artisanaux ou commerçants, tandis que les fondouks-hôtelleries sont le plus
souvent situés près des portes principales des villes.

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LES BAINS TRADITIONNELS :


ORIGINES ET DISPOSITION DU PLAN

Hammam ou bain à étuve, souvent désigné encore sous le nom de « bain


maure », qui apparaît comme un édifice typique du monde de l’Islam où des vestiges
archéologiques en attestent l’existence dès l’époque omeyyade.
Le hammam a toujours été compté parmi les organes essentiels de la ville
musulmanes, assimilé peu à peu à une manière d’annexe de la mosquée, au même
temps qu’autour de lui gravitait jadis la vie de tout un quartier.
La faveur dont jouissait la pratique du hammam avait également entraîné
l’aménagement de bains privé dans l’enceinte des palais où à l’intérieure des demeures
urbaines de quelque importance.
Le hammam comporte en principe un certain nombre de salle à la destination et à
l’organisation précises : d’abord une salle de déshabillage et de repos, portant
généralement le nom de " maslakh" ou "guelsa " au Maroc ; puis une salle de transition
sans dispositif de chauffage, mais comprenant parfois des latrines et un point d’eau ;
elle peut être qualifiée d’ « extérieur » , "berrani" comme à Fès ; puis une première
salle chauffée, ou salle tiède, que l’on appelle à Fès « moyenne », "ousta". Enfin, une
deuxième salle chauffée, s alle chaude ou étuve qui peut porter le seul qualificatif de
"dakhli" à Fès. Cette étuve es t généralement pourvue d’un certain nombre de réduits, et
où l’on trouve des arrivées d’eau chaude contenue dans des bassins maçonnés (auge).
Ni fenêtres ni orifices de ventilation ne sont usuellement prévus dans la partie
centrale où une bonne conservation de la chaleur et de la vapeur est assurée au moyen
de murs épais, couronnés de voûtes ou de coupoles non moins épaisses, avec des
revêtem ents étanches de marbres ou d’enduits polis au-dessus de sols dallés, pourvus
parfois de rigoles pour le ruissellement de l’eau.
A l’ensemble des locaux accessibles au public, s’ajoutent les indispensables
annexes de la chaufferie et de ses services, qu’aucun passage ne relie au hammam
proprement dit, mais qui possèdent leur propre sortie sur la rue, utilisée notamment
pour la livraison de combustible. La chaufferie n’est séparée de la salle chaude que par
une mince cloison.

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Enfin, l’approvisionnement extérieur en eau est assuré, dans la médina de Fès,


par exemple, par des canalisations de l’eau de l’oued Fès, ou l’eau de sources, et
parfois toutes les deux étaient disponible.
Les rapports possibles entre les bains traditionnels du Maroc bien connus et leurs
modèles orientaux plus ou moins lointains n’ont pas encore été étudiés ni même
signalés.

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VILLES TRADITIONNELLES ET MONUMENTS : QUELQUES


PROCEDES ESSENTIELS DE CONSERVATION, DE
PROTECTION, ET DE REHABILITATION

I. LA CONSERVATION ET LA RESTAURATION DES M ONUMENTS ET


DES SITES :
1. Définitions :
La notion de Monument Historique comprend la création architecturale isolé aussi
bien que le site urbain ou rural qui porte témoignage d’une civilisation particulière, d’une
évolution significative ou d’un événement historique. Elle s’étend non seulement aux
grandes créations mais aussi aux œuvres modestes qui ont acquis avec le temps une
signification culturelle.
La Conservation et la Restauration des monuments constituent une discipline qui
fait appel à toutes les sciences et à toutes les techniques qui peuvent contribuer à
l’étude et à la sauvegarde du patrimoine monumental.
La Conservation et la Restauration des monuments vis ent à sauvegarder tout
autant l’œuvre d’art que le témoin d’histoire.

2. La Conservation :
La Conservation des monuments impose d’abord la permanence de leur entretien.
La Conservation des monuments est toujours favorisée par l’affectation de ceux-ci
à une fonction utile à une société ; une telle affectation est donc souhaitable mais elle
ne peut altérer l’ordonnance ou le décor des édifices. C’est dans ces limites qu’il faut
concevoir et que l’on peut autoriser les aménagements exigés par l’évolution des
usages et des coutumes.
La conservation d’un monument implique celle d’un cadre à son échelle. Lorsque
le cadre traditionnel subsiste, celui-ci sera conservé, et toute construction et tout
aménagement qui pourrait altérer les rapports de volumes et de couleurs seront
proscrits.
Le monument est inséparable de l’histoire dont il est le témoin et du milieu où il se
situe. En conséquence, le déplacement de tout ou partie d’un monument ne peut être
toléré que lorsque la sauvegarde du monument l’exige, ou que des raisons d’un grand
intérêt national ou international le justifient.

OFPPT/CDC/BTP 41
Résum é de théorie Module N° 02 « ARCHEOL OGIE ET PAT RIMOINE »
Les éléments de sculpture, de peinture ou de décoration qui font partie intégrante
du monument ne peuvent en être séparés que lorsque cette mesure est la seule
susceptible d’assurer leur conservation.

3. La Restauration :
La restauration est une opération qui doit garder un caractère exceptionnel. Elle a
pour but de conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du
monument, et se fonde
sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques. Elle s’arrête là
où commence l’hypothèse, sur le plan des reconstitutions conjecturales, tout travail de
complément reconnu indispensable pour raisons esthétiques ou techniques relève de la
composition architecturale et portera la marque de notre temps. La restauration sera
toujours précédée et accompagnée d’une étude archéologique et historique du
monument.
Lorsque les techniques traditionnelles se révèlent inadéquates, la consolidation
d’un monument peut être assurée en faisant appel à toutes les techniques modernes de
conservation et de construction dont l’efficacité aura été démontrée par des données
scientifiques et garantie par l’expérience.
Les apports valables de toutes les époques à l’édification d’un monument doivent
être respectés, l’unité de style n’étant pas un but à atteindre au cours d’une
res tauration. Lorsqu’un édifice comporte plusieurs état superposés, le dégagement d’un
état sous-jacent ne se justifie qu’exceptionnellement et à condition que les éléments
enlevés ne présentent que peu d’intérêt, que la composition mise au jour constitue un
témoignage de haute valeur historique, archéologique ou esthétique, et que son état de
conservation soit jugé suffisant. Le jugement sur la valeur des éléments en question et
la décision sur les éliminations à opérer ne peuvent dépendre du seul auteur du projet.
Les éléments destinés à remplacer les parties manquantes doivent s’intégrer
harmonieusement à l’ensemble, tout en se distinguant des parties originales, afin que la
res tauration ne falsifie pas le document d’art et d’histoire.
Les adjonctions ne peuvent être tolérées que pour autant qu’elles respectent
toutes les parties intéressantes de l’édifice, son cadre traditionnel, l’équilibre de sa
composition, et ses relations avec le milieu environnant.

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Résum é de théorie Module N° 02 « ARCHEOL OGIE ET PAT RIMOINE »
3. Les Sites monumentaux :
Les sites monumentaux doivent faire l’objet de soins spéciaux afin de sauvegarder
leur intégrité, et d’assurer leur assainissement, leur aménagement et leur mise en
valeur. Les travaux de conservation et de restauration qui y sont exécutés doivent
s’inspirer des principes énoncés aux articles précédents.

4. Fouilles :
Les travaux de fouilles doivent s’exécuter conformément à des normes
scientifiques précises.
L’aménagement des ruines et les mesures nécessaires à la conservation et à la
protection permanente des éléments architecturaux et des objets découverts seront
assurés. En outre, toutes initiatives seront prises en vue de faciliter la compréhension
du monument mis au jour sans jamais en dénaturer la signification.
Tout travail de reconstruction devra cependant être exclu à priori, seul
l’analystilose peut être envis agée, c’est-à-dire, la recomposition des parties exis tantes
mais démembrées. Les éléments d’intégration seront toujours reconnaissables et
représenteront le m inimum nécessaire pour assurer les conditions de conservation du
monument et rétablir la continuité de ses formes.

5. Documentation et publication :
Les travaux de conservation, de restauration et de fouilles seront toujours
accompagnés de la constitution d’une documentation précise sous forme de rapports
analytiques et critiques illustrés de dessins et de photographies. Toutes les phases de
travaux de dégagement, de consolidation, de recomposition et d’intégration, ainsi que
les éléments techniques et form els identifiés au cours des travaux y seront consignés.
Cette documentation sera déposée dans les archives d’un organisme public et mise à la
disposition des chercheurs ; sa publication est recommandée.

II. LA SAUVEGARDE DES VILLES HISTORIQUES :


1. Préambule et Définitions :
Résultant d’un développement plus ou moins spontané ou d’un projet délibéré,
toutes les villes du monde sont les expressions matérielles de la diversité des sociétés
à travers l’histoire et sont de ce fait toutes historiques.

OFPPT/CDC/BTP 43
Résum é de théorie Module N° 02 « ARCHEOL OGIE ET PAT RIMOINE »
Il y a lieu de prendre en considération toutes les villes, grandes ou petites, ainsi
que les centres et quartiers historiques, avec leur environnement naturel ou bâti, qui,
outre leur qualité de document historique, expriment les valeurs propres aux
civilisations urbaines traditionnelles. Or, celles-ci sont menacées de dégradation, de
déstructuration voire de destruction, sous l’effet d’un mode d’urbanisation né à l’ère
industrielle et qui atteint aujourd’hui univers ellement toutes les sociétés.
Face à cette situation dramatique qui provoque des pertes irrévers ibles de
caractère culturel et social et même économique, le Conseil International des
Monum ents et des Sites (ICOMOS) a es timé nécessaire de rédiger une "Charte
Internationale pour la Sauvegarde des Villes Historiques".
Complétant la Charte Internationale sur la Conservation et la Restauration des
Monum ents et des Sites, ce nouveau texte définit les principes et les objectifs, les
méthodes et les instruments de l’action propre à sauvegarder la qualité des villes
historiques, à favoriser l’harmonie de la vie individuelle et sociale et à perpétuer
l’ensemble des biens, même modestes, qui constituent la mémoire de l’humanité.
Comme dans le texte de la recommandation de l’UNESCO "concernant la
sauvegarde des ensembles historiques ou traditionnels et leur rôle dans la vie
contemporaine", ainsi que dans différents autres instruments internationaux, on entend
ici par "sauvegarde des villes historiques", les mesures nécessaires à leur protection, à
leur conservation, et à leur restauration ainsi qu’à leur développement cohérent et à leur
adaptation harmonieuse à la vie contemporaine.

2. Principes et Objectifs :
- La sauvegarde des villes et quartiers historiques doit, pour être efficace, faire partie
intégrante d’une politique cohérente de développement économique et social et être
prise en compte dans les plans d’aménagement et d’urbanisme à tous les niveaux.
- Les valeurs à préserver sont le caractère historique de la ville et l’ensemble des
éléments matériels et spirituels qui en exprime l’image, en particulier :
a) La forme urbaine définie par la trame et le parcellaire ;
b) Les relations entre les divers espaces urbains : espaces bâtis, espaces libres,
espaces plantés ;
c) La forme et l’aspect des édifices (intérieur et extérieur), tels qu’ils sont définis par leur
structure, volume, style, échelle, matériaux, couleur et décoration ;

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d) Les relations de la ville avec son environnement naturel ou créé par l’homme ;
e) Les vocations diverses de la ville acquises au cours de son histoire.
Toute atteinte à ces valeurs compromettrait l’authenticité de la ville historique.
- La participation et l’implication des habitants de toute la ville sont indispensables au
succès de la sauvegarde. Elles doivent donc être recherchées en toutes circonstances
et favorisées par la nécessaire prise de conscience de toutes les générations. Il ne faut
jamais oublier que la sauvegarde des villes et quartiers historiques concerne en premier
leurs habitants.
- Les interventions sur un quartier ou une ville historique doivent être menées avec
prudence, méthode et rigueur, en évitant tout dogmatisme, mais en tenant compte des
problèmes spécifiques à chaque cas particulier.

3. Méthodes et Instruments :
- La planification de la sauvegarde des villes et quartiers historiques doit être précédée
d’études pluridisciplinaires. Le plan de sauvegarde doit comprendre une analyse des
données, notamment archéologiques, historiques, architecturales, techniques,
sociologiques et économiques, et doit définir les principales orientations et les modalités
des actions à entreprendre au plan juridique, administratif et financier. Le plan de
sauvegarde devra s’attacher à définir une articulation harmonieuse des quartiers
historiques dans l’ensemble de la ville.
Le plan de sauvegarde doit déterminer les bâtiments ou groupes de bâtiments à
protéger particulièrement, à conserver dans certaines conditions et, dans des
circonstances exceptionnelles à détruire. L’état des lieux avant toute intervention s era
rigoureusement documenté. Le plan devrait bénéficier de l’adhésion des habitants.
- Dans l’attente de l’adoption d’un plan de sauvegarde, les actions nécessaires à la
conservation doivent être prises, comme bien entendu pour la suite, dans le respect des
principes et méthodes de la présente Charte et de la Charte de Venise.
- La conservation des villes et des quartiers historiques implique un entretien permanent
du bâti.
- Les fonctions nouvelles et les réseaux d’infrastructure exigés par la vie contemporaine
doivent être adaptés aux spécificités des villes historiques.
- L’amélioration de l’habitat doit constituer un des objectifs fondamentaux de la
sauvegarde.
- Au cas où il serait nécessaire d’effectuer des transformations d’immeubles ou d’en
construire des nouveaux, toute adjonction devra respecter l’organisation spatiale

OFPPT/CDC/BTP 45
Résum é de théorie Module N° 02 « ARCHEOL OGIE ET PAT RIMOINE »
exis tante, notamment son parcellaire et son échelle, ainsi que l’imposent la qualité et la
valeur d’ensemble des constructions existantes. L’introduction d’éléments de caractère
contemporain, sous réserve de ne pas nuire à l’harmonie de l’ensemble, peut contribuer
à son enrichissement.
- Il im porte de concourir à une meilleure connaissance du passé des villes historiques
en favorisant les recherches de l’archéologie urbaine, et la présentation appropriée de
ses découvertes sans nuire à l’organisation générale du tissu urbain.
- La circulation des véhicules doit être strictement réglementée à l’intérieur des villes ou
des quartiers historiques ; les aires de stationnement devront être aménagées de
manière à ne pas dégrader leur aspect ni celui de leur environnement.
- Les grands réseaux routiers, prévus dans le cadre de l’aménagement du territoire, ne
doivent pas pénétrer dans les villes historiques, mais seulement faciliter le trafic à
l’approche de ces villes, et en permettre un accès facile.
- Des mesures préventives contre les catastrophes naturelles, et contre toutes les
nuisances (notamment les pollutions et les vibrations) doivent être prises en faveur des
villes historiques, tout aussi bien pour assurer la sauvegarde de leur patrimoine que la
sécurité et le bien être de leurs habitants. Les moyens mis en œuvre pour prévenir ou
réparer les effets de toutes calamités doivent être adaptés au caractère spécifique des
biens à sauvegarder.
- En vue d’assurer la participation et l’implication des habitants, une information
générale commençant dès l’âge scolaire doit être mise en œuvre. L’action des
associations de sauvegarde doit être favorisée, et des mesures financières de nature à
faciliter la conservation et la restauration du bâti doivent être prises.
- La sauvegarde exige que soit organisée une formation spécialisée à l’intention de
toutes les professions concernées.

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LA CHARTE INTERNATIONALE SUR LA CONSERVATION


ET LA RESTAURATION DES MONUMENTS ET DES SITES
I. Définitions :
Art. 1. La notion de Monument Historique comprend la création architecturale
isolé aussi bien que le site urbain ou rural qui porte témoignage d’une civilisation
particulière, d’une évolution significative ou d’un événement historique. Elle s’étend non
seulement aux grandes créations mais aussi aux œuvres modestes qui ont acquis avec
le temps une signification culturelle.
Art. 2. La Conservation et la Restauration des monuments constituent une
discipline qui fait appel à toutes les sciences et à toutes les techniques qui peuvent
contribuer à l’étude et à la sauvegarde du patrimoine monumental.
Art. 3. La Conservation et la Restauration des monuments visent à sauvegarder
tout autant l’œuvre d’art que le témoin d’histoire.

II. Conservation :
Art.4. La Conservation des monuments impose d’abord la permanence de leur
entretien.
Art. 5. La Cons ervation des monuments est toujours favorisée par l’affectation de
ceux-ci à une fonction utile à une société ; une telle affectation est donc souhaitable
mais elle ne peut altérer l’ordonnance ou le décor des édifices. C’est dans ces limites
qu’il faut concevoir et que l’on peut autoriser les aménagements exigés par l’évolution
des usages et des coutumes.
Art. 6. La conservation d’un monument implique celle d’un cadre à son échelle.
Lorsque le cadre traditionnel subsiste, celui-ci sera conservé, et toute construction et
tout aménagement qui pourrait altérer les rapports de volumes et de couleurs seront
proscrits.
Art.7. Le monument est inséparable de l’histoire dont il est le témoin et du milieu
où il se situe. En conséquence, le déplacement de tout ou partie d’un monument ne
peut être toléré que lorsque la sauvegarde du monument l’exige, ou que des raisons
d’un grand intérêt national ou international le justifient.
Art.8. Les éléments de sculpture, de peinture ou de décoration qui font partie
intégrante du monument ne peuvent en être séparés que lorsque cette mesure est la
seule susceptible d’assurer leur conservation.

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Résum é de théorie Module N° 02 « ARCHEOL OGIE ET PAT RIMOINE »

III. Restauration :
Art. 9. La restauration est une opération qui doit garder un caractère
exceptionnel. Elle a pour but de conserver et de révéler les valeurs esthétiques et
historiques du monument, et se fonde sur le respect de la substance ancienne et de
documents authentiques. Elle s’arrête là où commence l’hypothèse, sur le plan des
reconstitutions conjecturales, tout travail de complément reconnu indispensable pour
raisons esthétiques ou techniques relève de la composition architecturale et portera la
marque de notre temps. La restauration sera toujours précédé et accompagnée d’une
étude archéologique et historique du monument.
Art. 10. Lorsque les techniques traditionnelles se révèlent inadéquates, la
consolidation d’un monument peut être assurée en faisant appel à toutes les techniques
modernes de conservation et de construction dont l’efficacité aura été démontrée par
des données scientifiques et garantie par l’expérience.
Art. 11. Les apports valables de toutes les époques à l’édification d’un
monument doivent être respectés, l’unité de style n’étant pas un but à atteindre au
cours d’une restauration. Lorsqu’un édifice comporte plusieurs état superposés, le
dégagement d’un état sous-jacent ne se justifie qu’exceptionnellement et à condition
que les éléments enlevés ne présentent que peu d’intérêt, que la composition mise au
jour constitue un témoignage de haute valeur historique, archéologique ou esthétique,
et que son état de conservation soit jugé suffisant. Le jugement sur la valeur des
éléments en question et la décision sur les éliminations à opérer ne peuvent dépendre
du seul auteur du projet.
Art. 12. Les éléments destinés à remplacer les parties manquantes doivent
s’intégrer harmonieusement à l’ensemble, tout en se distinguant des parties originales,
afin que la restauration ne falsifie pas le document d’art et d’histoire.
Art. 13. Les adjonctions ne peuvent être tolérées que pour autant qu’elles respectent
toutes les parties intéressantes de l’édifice, son cadre traditionnel, l’équilibre de sa
composition, et ses relations avec le milieu environnant.

IV. Sites monumentaux :


Les sites monumentaux doivent faire l’objet de soins spéciaux afin de sauvegarder leur
intégrité, et d’assurer leur assainissement, leur aménagement et leur mise en valeur.
Les travaux de conservation et de restauration qui y sont exécutés doivent s’inspirer
des principes énoncés aux articles précédents.

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V. Fouilles :
Art. 15. Les travaux de fouilles doivent s ’exécuter conformément à des normes
scientifiques précises.
L’aménagement des ruines et les mesures nécessaires à la conservation et à la
protection permanente des éléments architecturaux et des objets découverts seront
assurés. En outre, toutes initiatives seront prises en vue de faciliter la compréhension
du monument mis au jour sans jamais en dénaturer la signification.
Tout travail de recons truction devra cependant être exclu à priori, seul
l’analystilose peut être envis agée, c’est-à-dire, la recomposition des parties exis tantes
mais démembrées. Les éléments d’intégration seront toujours reconnaissables et
représenteront le m inimum nécessaire pour assurer les conditions de conservation du
monument et rétablir la continuité de ses formes.

VI. Documentation et publication :


Art. 16. Les travaux de conservation, de restauration et de fouilles seront
toujours accompagnés de la constitution d’une documentation précise sous forme de
rapports analytiques et critiques illustrés de dessins et de photographies. Toutes les
phases de travaux de dégagement, de consolidation, de recomposition et d’intégration,
ainsi que les éléments techniques et formels identifiés au cours des travaux y seront
consignées. Cette documentation sera déposée dans les archives d’un organisme
public et mise à la disposition des chercheurs ; sa publication est recommandée.

OFPPT/CDC/BTP 49
Résum é de théorie Module N° 02 « ARCHEOL OGIE ET PAT RIMOINE »

PRINCIPES POUR L’ANALYSE, LA CONSERVATION


ET LA RESTAURATION DES STRUCTURES
DU PATRIMOINE ARCHITECTURAL

Principes de base :
Les édifices anciens par leur nature (matériaux et mise en œuvre) imposent des
démarches particulières pour le diagnostic et la restauration qui limitent l’application des
normes légales de la construction applicables.
Des recommandations ne sont pas seulement souhaitables, elles sont
nécessaires afin de garantir que les procédures relatives à la restauration des
structures soient adaptées au contexte rationnel, scientifique et culturel.
Les principes présentés dans ce document, qui seront suivis de directives ,
constituent la première étape vers la préparation des recommandations, instrument
indispensable pour tous les intervenants de la conservation et de la restauration des
structures.

I. Critères Généraux :
1.1. La conservation, le renforcement et la restauration des structures du
patrimoine architectural requièrent une approche pluridisciplinaire.

1.2. Par res pect envers chaque culture ; le patrimoine doit être étudié dans son
contexte culturel, par conséquent la valeur et le niveau d’authenticité ne sont pas
déterminés par des critères universels.

1.3. La valeur d’un édifice historique n’est pas limitée à la perception que l’on a
de celui-ci. Elle dépend de l’intégrité de toutes les parties qui le composent. Par
conséquent la suppression de structures internes pour ne maintenir que les façades
devra toujours être évitée.

1.4. Si des changements d’usage ou de fonction sont garants d’une meilleure


conservation et de l’entretien du patrimoine, les exigences de la conservation et les
conditions de sécurité doivent être soigneusement prises en compte.

OFPPT/CDC/BTP 50
Résum é de théorie Module N° 02 « ARCHEOL OGIE ET PAT RIMOINE »
1.5. La conservation ou la restauration des structures du patrimoine architectural
n’est pas une fin en soi, c’est un moyen au service d’un objectif plus large : la pérennité
de l’édifice dans sa globalité.

1.6. Les structures historiques, en raison de leur histoire souvent complexe,


nécessitent la mise en œuvre d’études et de projets suivant des phases précises,
comme dans la médecine : l’anamnèse, la thérapie et le contrôle. A chaque phase
correspond la recherche appropriée pour la collecte des données et des informations
pour identifier les causes des désordres, pour déterminer le choix des mesures à
prendre, et pour contrôler ensuite leur efficacité. Afin que l’impact sur le patrimoine soit
minimal, il faut employer les ressources disponibles d’une manière rationnelle. Il est
généralement nécessaire que ces étapes se succèdent dans un processus itératif.

1.7. Aucune action ne doit être entreprise sans avoir préalablement évalué les
effets négatifs sur l’édifice historique, excepté dans le cas où des mesures urgentes de
sauvegarde sont nécessaires pour empêcher un écroulement éminent de la structure
(p.exp. après des dommages sismiques) ; néanmoins, ces mesures ne doivent pas
changer la structure d’une manière irréversible.

II. Recherche et diagnostic :


2.1. En général, une équipe pluridisciplinaire, composée selon le type et l’échelle
du problème, devrait être constituée dès la première phase de l’étude – comme dans le
relevé préalable du site et dans la préparation du programme d’inves tigations.

2.2. Les données et les informations peuvent être étudiées une première fois
d’une manière approximative afin d’établir un plan d’action approprié au problème réel
de la structure.

2.3. Une compréhension claire de la typologie, du comportement, des


performances des structures et des caractéristiques des matériaux est nécessaire dans
l’exercice de la conservation. La connaissance de la conception originelle des
structures, des techniques employées lors de la construction, des transformations, des
phénomènes vécus, et de leur état actuel est essentielle.

OFPPT/CDC/BTP 51
Résum é de théorie Module N° 02 « ARCHEOL OGIE ET PAT RIMOINE »
2.4. Les structures des ves tiges archéologiques posent des problèmes
particuliers, car elles nécessitent des interventions de stabilisation pendant les phases
de fouille quand la connaissance est encore incomplète. Le comportement s tructurel
d’une construction en cours de fouille peut être complètement différent d’une
construction exposée. Ainsi, les projets d’interventions et les solutions adoptées
peuvent être différents afin de ne pas compromettre l’aspect, l’apparence et l’usage de
la construction.

2.5. La conservation des structures du_ patrimoine bâti requiert s imultanément


des analyses qualitatives et quantitatives. Les premières sont fondées sur l’observation
directe des désordres et de la dégradation des matériaux. Elles s’appuient sur les
recherches historiques et archéologiques. Les secondes concernent essentiellement les
tests spécifiques, le suivi des données et l’analyse des structures.

2.6. Avant de prendre une décision concernant une intervention sur des
structures, il est indispensable de déterminer les causes des désordres, et ensuite
d’évaluer le niveau de sécurité de la structure.

2.7. L’évaluation du niveau de sécurité (qui est la dernière étape dans le


diagnostic ou le besoin de traitement est effectivem ent déterminé) doit tenir compte des
analyses quantitatives et qualitatives, et de l’observation directe, des recherches
historiques, de la modélisation mathématique le cas échéant et, en tant que besoin des
résultat expérimentaux.

III. Les remèdes et le contrôle :


3.1. La thérapie représente le champ des actions exercées sur les causes
profondes des désordres, et non sur les symptômes.

3.2. La meilleure thérapie pour la conservation est l’entretien préventif.

3.3. La compréhension de la s ignification de la structure, et l’évaluation de son


niveau de sécurité conditionnent les mesures de conservation et de renforcement.

3.4. Aucune action ne doit être entreprise sans que son caractère indispensable
n’ait été démontré.

OFPPT/CDC/BTP 52
Résum é de théorie Module N° 02 « ARCHEOL OGIE ET PAT RIMOINE »

3.5. Les interventions doivent être proportionnées aux objectifs de sécurité, et


être maintenues au niveau minimal garantissant s tabilité et durabilité avec le minimum
d’effets négatifs sur la valeur du bien considéré.

3.6. La conception du projet d’intervention sera toujours fondée sur une bonne
connaissance des causes des désordres et de la dégradation.

3.7. Le choix entre les techniques « traditionnelles » et les techniques


« innovantes » doit être fait au cas par cas, en donnant la préférence aux techniques
les moins envahissantes et les plus respectueuses des valeurs patrimoniales, tenant en
compte les exigences de sécurité et de durabilité.

3.8. Les qualités intrinsèques d’une structure et de son environnement, dans son
état premier ou modifié à son avantage par l’histoire, doivent être conservées.

3.9. Chaque intervention doit autant que possible respecter le concept originel,
les techniques et la valeur historiques des état précédents de la structure et en laisser
des traces reconnaissables pour l’avenir.

3.10. La dépose ou l’altération de matériaux historiques ou de caractéristiques de


l’architecture doivent être évités autant que possibles.

3.11. On choisira toujours de réparer plutôt que de remplacer les parties


détériorées des structures anciennes.

3.12. Les imperfections et altérations non réversibles devenues parties


intégrantes de l’histoire de la structure doivent être maintenues lorsqu’elles ne
compromettent pas les exigences de sécurité.

3.13. Le démontage et la reconstruction doivent être considérés comme des


interventions exceptionnelles résultant de la nature des matériaux et de la structure,
dans le cas où la conservation avec d’autres moyens est im possible ou nuisible.

3.14. Chaque proposition d’intervention doit être accompagnée d’un programme


de contrôle à mettre en œuvre, autant que possible, quand les travaux sont en cours
d’exécution.

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