Recommandé par la Fédération Française des Échecs :

� 100 Fi NALES
QU'IL FAUT CONNAITRE
Jesus de la Villa
 Les 100 finales
qu'il faut connaître
Édition originale en langue espagnole par Esfera Editor�l, 2006, 2008.
La présente édition prend en compte les corrections et ajb-�nclus dans la 3e édition en
langue anglaise, publiée en 2012 par New in Chess.

Copyright© Olibris 2014

Traduction française© Olivier Letréguilly 2014
Éditeur : Olivier Letréguilly
Mise en page et couverture: Singleproduction / Fabrice Infré

ISBN: 978-2-916340-65-4

Olibris

Commandes:
570, rue Fra Angelico
34000 Montpellier

Siège social :
Islarun centre d'affaires
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97 460 St Paul

Diffusion GÉODIF

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 Jesus de la Villa Garcia

Les 100 finales

qu'il faut connaitre
Traduit de l'espagnol par Olivier Letréguilly
 SOMMAIRE
Symboles........................................................................................................................................................ 6
Introduction .................................................................................................................................................. 7

1. Les finales élémentaires......................................................................................................................... 27

2. Test élémentaire ...................................................................................................................................... 45
3. Cavalier contre pion............................................................................................................................... 55
4. Dame contre pion ................................................................................................................................... 63
5. Tour contre pion ..................................................................................................................................... 73
6. Tour contre deux pions ......................................................................................................................... 89
7. Fou et pion contre Fou de même couleur ........................................................................................... 95
8. Fou contre Cavalier, avec un pion ..................................................................................................... 101
9. Fou et deux pions contre Fou (Fous de couleurs opposées) .......................................................... 111
10. Tour et pion contre Tour ................................................................................................................... 131
11. Tour et deux pions contre Tour ....................................................................................................... 163
12. Finales de pions .................................................................................................................................. 179
13. Les autres rapports matériels ........................................................................................................... 213
14. Test final............................................................................................................................................... 239
15. Annexe ................................................................................................................................................. 259

Bibliographie ............................................................................................................................................. 267

Table des matières .................................................................................................................................... 269

5
 SYMBOLES
- - -·-
-- - - - - -
--------
� Roi
'il Dame
.i::t

-�-------
Tour
i.
�/
Fou
ltJ Cavalier
t!:, Pion
X Prise
+ Échec
# Échec et mat .

!! Coup brillant � � ��
Bon coup
!? Coup intéressant Diagramme principal
?! Coup douteux
? Mauvais coup
?? Gaffe
D Coup forcé
+- les Blancs ont un avantage
± décisif les Blancs ont un clair
;t avantage les Blancs ont un léger
avantage la position est
+ équilibrée
+ les Noirs ont un léger avantage
-+ les Noirs ont un clair avantage
0 les Noirs ont uri avantage décisif
Zugzwang

Diagramme d'analyse

prendre p

6
 INTRODUCTION
L'importance relative des finales
À mes débuts de joueur d'échecs, j'ai
souvent lu qu'il était important de bien
connaître les finales alors qu'il était futile
d'étudier les ouvertures. Je rencontrai
cette thèse non seulement dans les livres
de Capablanca, mais aussi dans beaucoup
d'articles de revues de l'époque; par
exemple, des phrases comme « la
supériorité de la compréhension des
maîtres se manifeste en finale», entre
autres du même acabit. La stratégie
recevait le même traitement par rapport à la
tactique, du genre « les grands maîtres
passent beaucoup plus de temps à élaborer
des plans qu'à calculer des variantes», etc.
C'était sans doute pour cela que je ne
pouvais même pas imaginer que je
deviendrais un jour grand maître, moi qui
passais pratiquement tout mon temps
pendant les parties à calculer précisément
les variantes et consacrais beaucoup plus
de temps à étudier les ouvertures que les
finales.
Il m'a fallu du temps pour me rendre
compte que ces conseils étaient exagé­
rés, mais peut-être leur suis-je redevable,
car, sans eux, je ne sais pas si j'aurais
prêté à cette phase de la partie l'attention
qu'elle mérite. Alerté par les allégations
des experts, j'ai consacré quelque temps à
l'étude des finales, et j'ai même fini par y
prendre plaisir.
Il est vrai qu'une fois prise l'une de mes
pre mière s me sure s, asse z drastique il est
vrai- celle d'acheter le livre Finales de Tours
de Levenfish et Smyslov, aussi excellent que
rasoir-, il m'a fallu en recommencer la lec­
ture à plusieurs reprises car il était rare que
je dépasse le de uxième ou troisième cha­
pitre. Il en restait néanmoins quelque chose.
Ce s de rnie rs te mps, la prédominance
de s ouve rture s e st de ve nue écrasante.
Tous le s grands joue urs passe nt la plus
grande partie de le ur te mps à rechercher
de s variante s nouve lle s ave c lesquelles
surpre ndre le urs rivaux e t comme nce r le
combat devant l'échiquier dans la position
la plus avantageuse (ou la moins mauvaise,
se lon le point de vue ) possible . Mais ne
vous y trompe z pas, ce n'e st pas que l'on
ait découvert que les finales ne servent à
rie n, c'e st que ce s joue urs ont déjà « fait
le urs devoirs » e t qu'à tout le moins, ils
connaissent bien les finales les plus impor­
tantes. Il est vrai qu'il existe des exceptions
illustre s, comme ce la transparaît à l' occa­
sion dans quelques parties et comme on le
verra dans quelques exemples de ce livre,
mais en général, les joueurs d'élite sont bien
préparés dans les finale s. Ce qui se passe,
c'e st que le champ de s finale s théoriques
connues, et plus encore celui de celles vrai­
me nt importante s e n pratique , e st beau­
coup plus étroit que celui des ouvertures.
Ils le s ont déjà étudiée s e n le ur te mps et
pe uve nt mainte nant dirige r l'e sse ntie l de
7
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
leurs efforts dans d'autres directions sans
craindre de faire cadeau de quelques demi­
points à chaque tournoi.
Ainsi, si l' on souhaite atteindre un niveau
Elo donné, une bonne connaissance des
finales, sans être forcément indispensable,
est indiscutablement très utile. À défaut, il
arrivera tout simplement que l'on perde de
temps à autre quelques demi-points, par­
fois même des points entiers, et ces cadeaux
ne seront que rarement compensés par les
points glanés dans les ouvertures car de
nos jours, dans ce domaine, jusqu'au plus
sot est réglé comme du papier à musique.
Pour le dire clairement : si un joueur atteint
un niveau de jeu donné sur les plans théo­
rique, stratégique et tactique, il perdra de
nombreux points si ses connaissances en
finale ne correspondent pas à ce niveau,
auquel cas l'étude de quelques finales sera
le moyen le plus économique d'augmenter
son Elo. Si ses connaissances en finales sont
déjà au niveau de ses autres capacités, alors
les efforts consentis pour les améliorer ne
seront déjà plus si rentables. Mais, par expé­
rience, je peux vous assurer que, dans l'écra­
sante majorité des cas, il n'en va pas ainsi.
Pourquoi cela? Eh bien, tout joueur
d'échecs qui a quelques années de pra­
tique derrière lui, même s'il a moins de
2000 Elo, vous le dira :« l'étude des finales
est ennuyeuse», et, de plus« on en oublie
la moitié (voire 90 %) », « il n'y a pas de
livres qui les expliquent bien » et le plus
ingénieux « il n'y en a jamais dans mes
parties! » (ce dernier point étant particu­
lièrement vrai des parties des joueurs qui
évitent systématiquement les finales, par­
fois au prix de coups excessivement ris-
8
qués qui leur valent de perdre bêtement
en milieu de partie - des défaites bien
entendu justifiées a posteriori par des
erreurs tac­ti3/s-), ou encore toute une
série de rai­s0ns du même tonneau.
La tendance à ignorer les finales a été
encore aggravée par l'accélération du
rythme de jeu et la disparition des parties
ajournées. Dans le temps, les
ajournements permettaient d'analyser en
profondeur quelques positions (souvent
des finales) et aidaient à en goûter la
«saveur». De plus, avec du temps à la
pendule, il était possible de jouer avec
précision les phases simples et cela valait
la peine de les analy­ser ensuite, parce
qu'il s'agissait d'œuvres soignées où l'on
pouvait puiser de quoi affiner notre
compréhension globale du jeu.
Aujourd'hui, il est rare que l'on joue une
finale en disposant d'un temps raison­
nable, et cela tourne parfois véritablement
au bêtisier. En conséquence, il est plus
utile de voir les finales des parties
contempo­raines dans le cadre de sessions
de gélo­thérapie que lors d'un cours
d'échecs. Mais c'est précisément à cause
du manque de temps que la connaissance
des finales élé­mentaires est plus
importante que jamais; avec peu de temps
à la pendule et un jeu désorienté, on
multiplie les probabilités de désastre.
C'est ainsi que j'ai écrit ce livre avec
l'intention d'aider les joueurs disposés à
faire un effort pour corriger cette situa­
tion quasi endémique. Ce livre peut vous
y aider, mais ne vous faites pas d'illusions
: il n'y a ni formules magiques, ni potions
de sagesse, et il vous faudra y mettre du
vôtre. J'ai beaucoup réfléchi à la façon

d'aborder l'étude des. finales, parce qu'un
grand nombre des excellents livres écrits
à ce jour ont échoué à atteindre leur but.
Mon hypothèse principale est que la plus
grande partie des livres de finales ont été
écrits pour devenir des ouvrages de réfé­
rence, que l'on consulte à l'occasion et où
sont compilées et exposées des connais­
sances, mais où on ne cherche pas vraiment
à les expliquer. La plupart d'entre eux vont
très vite et, par contagion, les lecteurs les
lisent aussi très vite. C'est pourquoi j'ai
l'intention de les expliquer en prenant mon
temps, et je recommande de les étudier de
la même façon.
Comment étudier les
finales
En premier lieu, je crois que l'étude des
finales doit être abordée par étapes et rester
en harmonie avec le niveau de jeu global.
En conséquence, si besoin est, les diffé­
rentes étapes peuvent être espacées dans le
temps.
À la première étape, il suffit de connaître
les mats élémentaires, la finale Roi et pion
contre Roi et si l'on gagne ou non avec
tel ou tel rapport de matériel, ainsi que
quelques exceptions que l'on rencontre
fréquemment, comme la finale avec Fou et
mauvais pion-tour.
Au deuxième échelon de cette première
phase, il faudrait connaître les positions de
Philidor et de Lucena dans la finale Tour et
pion contre Tour, ainsi que quelques idées
Introduction •
supplémentaires sur les finales de pions
et de/Fous de couleurs opposées (dans ce
1� cela correspond à peu près au pre­
/ritie; chapitre plus les finales 41, 42, 44, 45,
46, 65, 79, 80, 82, 86, 89, 90, 91 et 92).
Tant bien que mal, tous les passionnés
tenaces y parviennent (le problème étant
d'y arriver avec de nombreuses années de
retard), et cela suffit réellement jusqu'à
ce que l'on atteigne le niveau, disons, de
joueur de deuxième catégorie ( encore que
ce barème varie d'une fédération à l'autre).
Si un joueur démontre une habileté tac­
tique qui lui permet d'approcher les 1900
ou 2000 Elo FIDE, et plus encore s'il est déjà
mieux classé, alors il lui faut impérative­
ment étendre sa connaissance des finales,
et c'est en général là que les difficultés com­
mencent. Le bon côté des choses, c'est que
cette étude lui servira au moins jusqu'à
ce qu'il atteigne 2400 et devienne maître
international ( que l'on ne s'y trompe pas,
cela ne veut pas dire que tous les maîtres
internationaux l'aient fait, ni que tous ceux
qui le feront deviendront maîtres interna­
tionaux).
Arrivé à ce point (2000 FIDE), on doit
passer à la deuxième phase, et en premier
lieu il faut connaître avec exactitude cer­
taines finales théoriques. Sinon, même des
joueurs qui apprécient les positions simples
et en connaissent bien les thèmes les plus
fréquents seront souvent en prise au doute
au moment de transposer dans une finale
plus simple et gâcheront leur travail anté­
rieur. En outre, à ce stade, il faudra se fami­
liariser avec quelques thèmes typiques des
finales, même si la majorité d'entre eux est
9
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
abordée dès l'étude des positions élémen­
taires.
Les« finales exactes» dont il faut se sou­
venir sont peu nombreuses. De plus, cer­
taines d'entre elles sont faciles à mémoriser,
tandis que d'autres pourraient être tenues
pour marginales parce qu'elles ne se pré­
sentent pas très souvent. Mais ces quelques
finales, il faut bien les connaître. Ce n'est
que sur cette base et avec la confiance qu'elle
confère que l'on pourra aborder l'étude
d'autres positions plus complexes et la réa­
lisation d'un avantage technique.
Une fois bien connues les finales de base,
dans une troisième phase, il faut approfon­
dir l'étude de certains thèmes des finales
- ce qui est plus agréable dans la mesure
où cela ne nécessite pas de mémorisation
précise. Ce n'est que lorsque l'on connaît
bien les finales essentielles et que l' on s'est
familiarisé avec les thèmes les plus impor­
tants (en raison de leur fréquence) que l'on
peut avancer dans de bonnes conditions et
étudier la stratégie des finales à plusieurs
pièces, que l'on appelle parfois les finales
pratiques (même si elles le sont toutes),
sur lesquelles on a écrit d'excellents livres,
par exemple La stratégie dans les finales de
Shereshevsky, et où se sont distingués cer­
tains joueurs au fil de l'histoire (Lasker,
Rubinstein, Capablanca, Smyslov, Kortch­
noi, Karpov, Andersson et bien d'autres),
dont les parties sont le meilleur des ensei­
gnements. Naturellement, ces étapes
ne s'excluent pas les unes des autres, et
l'expérience de la partie fait que les joueurs
avancent simultanément dans toutes les
directions.
10
Ce que vous trouverez dans ce
livre
Même si je suis conscient que c'est une
tâche difficile, j'ai souhaité dédier ce livre
à la deuxième étape, l'étude des « finales
exactes », qui est à mon avis la plus négli­
gée, peut-être parce que la plus ennuyeuse.
J'ai tâché de faire la synthèse des finales
connues les plus utiles et de les ramener à
un nombre et à un volume raisonnables, tant
pour le joueur de tournoi que pour l'entraî­
neur ou animateur, ce qui s'est finalement
cristallisé sous la forme de 100 finales. Peut­
être s'en trouve-t-il quelques-unes qui ont
été écartées alors qu'elles auraient mérité
d'être retenues, ou inversement - chacun
aura sa propre opinion sur la question, quoi
qu'il en soit, j'ai fait mon choix.
Comme le dit déjà le titre, j'ai souhaité
n'inclure dans le livre que« les finales qu'il
faut connaître» et il est logique que le lec­
teur se demande desquelles il s'agit. La
réponse est matière à discussion et pour­
rait être diversement nuancée, mais les
finales choisies l'ont été pour les raisons
suivantes, par ordre d'importance:
1) on les rencont re souvent en pra­
tique;
2) leur analyse est claire (ce qui en
facilite la mémorisation);
3) elles cont iennent des idées que
l'on peut appliquer dans des posi­
t ions similaires, voire même dans
d'autres plus complexes.
De la sorte, ce livre ne prétend pas être
une encyclopédie qui englobe toutes les

finales connues et serve de référence, mais
un outil pratique qui permette
d'améliorer la connaissance des finales
théoriques qui se produisent le plus
souvent en partie.
Quand on joue une finale simple, nos
réflexions tendent à la ramener à une
posi­tion connue. Aussi longtemps que
nous n'y serons pas parvenus, nous serons
dans le doute. Le facteur clé de la
sélection des finales du livre était
d'inclure les positions connues auxquelles
il est le plus facile et le plus fréquent de
parvenir, de sorte qu'elles puissent guider
notre réflexion au cours d'une partie. Si
nous connaissons bien ces positions, nous
jouerons avec assurance et nous
commettrons moins d'erreurs. En
poursuivant cet objectif, j'ai laissé de côté
les mats élémentaires ( que je tiens pour
connus) et certaines finales comme celle
de Dame et pion contre Dame, ou de
Cava­lier et pion contre Cavalier, qu'il
est peu utile d'étudier car elles sont assez
rares et la tactique y est prédominante par
rapport aux idées générales. Au contraire,
j'ai mis l'accent sur les finales de Tours et
les finales de Fous de couleurs opposées,
parce que les premières sont les plus
fréquentes et les secondes les plus claires.
En de rares occasions seulement, j'ai
inclus des finales dont l'analyse est com­
plexe et qu'il est pr_atiquement impossible
d� mémoriser. C'est que je les considère
importantes, en raison de leurs répercus­
sions pratiques ou de leur influence sur la
compréhension des autres finales. Dans
chaque chapitre, les cas concernés sont
signalés comme particulièrement diffi­
ciles et il convient de les étudier
différem­ment des autres.
Introduction •
Une fois les finales choisies, j'ai tâché
de les expliquer clairement, de sorte que
le joueur de tournoi les apprenne et les
garde longtemps en mémoire, ou encore
de sorte que ce soit utile à un animateur
pour ses cours. J'explique dans la section
suivante de quelle façon j'ai essayé
d'atteindre cet objectif.
Comment utiliser ce livre
En réalité, la réponse devrait dépendre
du niveau de chacun, tant en ce qui
concerne sa force globale que sa
connaissance anté­rieure des finales,
mais comme il serait interminable de
donner des indications pour chaque cas,
je m'en tiendrai au cas que je considère le
plus général, étant entendu que le lecteur
l'adaptera à sa situation· et que, une fois
qu'il a acheté le livre, il est tou­jours libre
d'en faire ce que bon lui semble.
Une longue expérience d'entraîneur,
confortée par les avis d'autres entraîneurs
de mes amis, m'a convaincu d'inclure une
section préliminaire avec un chapitre sur
les finales élémentaires. Bien qu'elles
soient très connues, j'ai détecté chez
certains joueurs des erreurs conceptuelles
à propos de ces finales. Cela permettra à
ceux qui ont quelques doutes concernant
ces finales de revenir un peu en arrière,
tandis que ceux qui pensent déjà les
maîtriser - c'est­à-dire, je suppose, la
majorité des lecteurs de ce livre -
pourront sauter cette section.
Vient alors un premier test, que nous
appellerons « Test élémentaire». Les posi-
11
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
tions sont très simples, avec très peu de
pièces, et un joueur de deuxième catégorie
devrait être capable de toutes les résoudre.
Elles n'exigent pas de longs calculs et, si vous
éprouvez la moindre difficulté, c'est un pro­
blème de connaissance de la théorie élémen­
taire des finales. Il est intéressant de faire cet
exercice avant de lire le livre pour diverses
raisons, sur lesquelles je vais m'étendre dans
les lignes qui suivent: en premier lieu, l'effort
consacré à la résolution de ces positions sera
un entraînement utile pour le joueur de tour­
noi, parce qu'il ne suffit pas de connaître
la thé ·e, mais il faut savoir l'appliquer en
; de jeu. De plus, certaines positions
situatio
semble1 nt plus difficiles (ou impossibles) à
résoudre que d'autres, et cela nous donnera
une idée de nos points faibles et nous aidera
à faire plus attention quand nous étudierons
ces positions.
Enfin, je suis un partisan convaincu du
proverbe japonais (ou chinois, selon les
sources) qui dit « Si j'entends, j'oublie. Si
je vois, je me souviens. Si je fais, je com­
prends », selon lequel ce n'est que lorsqu'on
a fait quelque chose par soi-même que l' on
atteint le niveau de maîtrise du domaine
qui nous permet de répéter la même tâche
sans difficulté.
Au risque d'insister lourdement sur
cette idée, je donnerai un autre exemple
: imaginez que vous soyez dans une ville
inconnue et que vous deviez faire un
chemin pour la première fois, par exemple
vous rendre de l'hôtel à la salle du tournoi.
Si vous vous laissez conduire par un ami
(ou par un GPS), il est possible que vous
ne sachiez pas retrouver le même chemin
(tout dépend de sa difficulté), mais si vous
le parcourez seul, il restera à jamais gravé
dans votre mémoire. Il convient d'appli­
quer aussi cette idée à l'étude de la théorie
de chaque finale, ainsi que nous le répéte­
rons le moment venu. Ensuite, à partir du
chapitre 3, commence l'étude des positions
théoriques importantes, regroupées en
chapitres en fonction du matériel, et par­
fois, au sein de chaque chapitre, en sections
en fonction des idées essentielles.
Mise en route
Avant de commencer l'étude de chaque
chapitre, il convient d'avoir quelques idées
bien claires. Chacune des positions que
nous allons apprendre nous servira toute
la vie (c'est en tout cas l'objectif), son statut
théorique ne changera pas (contrairement à
ce qui se passe dans les ouvertures) et il n'y
aura pas de nouveautés. Il est tout au plus
possible que dans certains cas l'on découvre
une nouvelle façon, plus claire, de jouer la
position, mais le résultat final sera le même.
Avec cela à l'esprit, il vaut la peine d'étudier
chaque exemple de façon à le comprendre à
fond. Comment procéder ?
En premier lieu, il faut observer la posi­
tion sans idées préconçues, en partant du
seul fait que le but de l'un des deux camps
est de l'emporter, en général grâce à la
promotion d'un pion, tandis que celui de
l'autre camp est de faire nulle.
En second lieu, avant de regarder les
coups théoriques, il est très utile d' obser­
ver le diagramme en se demandant ce que

l'on ferait dans cette position. Si l'on opère
ainsi, on met en application la grande
sagesse contenue dans le proverbe japo­
nais que nous avons cité plus haut et, selon
toute probabilité, on en tirera les bénéfices.
Une fois que nous sommes dans les
meilleures dispositions possibles, nous
commençons à reproduire les coups de
l'analyse. Il faut le faire sur un échiquier,
en tenant compte de ce qu'il s'agit d'un
apprentissage pour la vie, et ne pas avoir
la flemme de disposer les pièces. Naturel­
lement, certains joueurs peuvent parfaite­
ment suivre l'analyse « à l'aveugle», mais
je leur recommande de ne pas tenter le sort
ic
: il y a certaines finales qu'il faudra néces-
i rement revoi r même si on les examine
a ec la plus grande attention, et ce serait
ommage de multiplier le nombre de celles
que l'on « oublie » par simple négligence.
Vous voilà prêt à apprendre une finale le
mieux possible. Avançons un peu. À
chaque fois qu'un coup est joué, il faut
essayer de comprendre « pourquoi on le
joue». Cela peut sembler contraignant,
mais n'oubliez pas que de nombreuses
finales ne com­portent que peu de coups
et que le but de certains d'entre eux est
tout à fait évident. Je le répète : « il est
fondamental de savoir pourquoi on joue
chaque coup», si l'on ne procède pas ainsi,
l'oubli ou une application incorrecte dans
une position ressemblante mais distincte
nous attendent au tournant. Si vous pouvez
analyser les finales avec un ami ou en club,
cela n'en sera que mieux, car de cette façon
vous pourrez discuter des coups et cela
renforcera votre compréhension. Si vous
ne le pouvez pas, il sera d'autant plus
nécessaire de comprendre chaque coup.
Introduction •
La mémorisation des règles
J'essaie d'expliquer chaque exemple
d'une façon claire et que l'on puisse mémo­
riser durablement. Pour cela, je tâche de
me focaliser sur des idées-forces et tente
de réaliser quelles sont les idées qui m'ont
permis de retenir l'exemple en question,
ou pourquoi je l'ai oublié (parfois à plu­
sieurs reprises). Il arrive qu'un même pro­
cédé puisse être appliqué à beaucoup de
positions initiales différentes mais que le
résultat dépende de la position d'une pièce
(parfois de plusieurs). Dans ce cas, je ne me
fie pas aux lignes géométriques qui défi­
nissent une zone irrégulière de l'échiquier.
Elles peuvent être à leur place dans un
traité théorique de référence ou dans une
thèse scientifique, mais c'est de sport qu'il
est ici question, et en pratique il est difficile
de se souvenir de certaines de ces figures.
Je crois qu'il vaut bien mieux découvrir
pour quelle raison dans un cas on gagne et
dans l'autre non. Cette raison doit ensuite
servir à élaborer une règle. La règle doit
être le plus simple possible. Si on découvre
cette règle et si on la comprend, on retien­
dra facilement la finale, tandis que si on ne
la trouve pas, on aura sans doute une idée
approximative qui pourra orienter utile­
ment le calcul, mais pas une connaissance
parfaite. C'est pourquoi j'ai essayé de tirer
des conclusions de chaque finale étudiée et
d'en extraire la quintessence qui permet de
la retenir. Le même phénomène se produit
pour les exceptions que pour les règles : s'il
y a une exception, il y a une raison, et si
nous comprenons celle-ci, nous n'aurons
pas de problème, tandis que le si nous ne
13
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
la comprenons pas, l'exception se produira
sans qu'on s'en rende compte.
Quand Kortchnoi dit que dans les
finales, les exceptions l'intéressent plus que
les règles, je crois que c'est une boutade
de joueur pratique, ce qu'il est au plus
haut point. En réalité, les exceptions sont
aussi des règles, mais avec un champ
d'applica­tion moindre. La raison pour
laquelle les exceptions doivent
l'intéresser davantage que les règles,
c'est qu'elles sont moins connues ... de
ses rivaux.
Un moyen de se souvenir d'une
manœuvre ou d'une règle, c'est de lui
donner un nom, même s'il s'agit d'un nom
abstrait. Mais bi�ûr, il est nettement
pré­férable que le nom soit en rapport avec
la situation, auquel cas il sera réellement
utile.
C'est pourquoi je tâche de donner un
nom à chaque position étudiée ou de lui
associer une idée. Ainsi, presque toutes
les positions ont un titre. À cet effet, j'ai
tâché de compiler tous les noms connus
des manœuvres étudiées et d'en inventer
quelques-uns. Il est utile de faire attention
à ces noms, il se peut qu'ils ne veuillent
rien dire, mais ils peuvent aider les
simples mortels que nous sommes à tout
retenir.
Les positions limites
Dans quelques finales, j'ai tâché de
mettre l'accent sur des positions détermi­
nées que j'appelle des positions limites.
Comme leur nom l'indique, ce sont des
positions qui sont à la limite entre le gain
et la nulle, où il suffirait de déplacer une
14
pièce ou un pion d'une case pour que
le résultat change.
La mémorisation des positions limites
est très utile, parce que l'on saura que si
l'on obtient une position plus favorable,
le résultat sera en notre faveur (ou inver­
sement si l'on obtient position moins
favo­rable), et normalement, dans
toutes ces positions, une fois le résultat
connu, le calcul est très facile.
Si, au contraire, nous avons des doutes
quant à la position que devrait occuper une
pièce pour gagner (ou pour faire nulle), le
manque de temps, la fatigue ou l'anxiété
causés par ces doutes pourront facilement
nous conduire à commettre des erreurs.
En certaines occasions, je présente côte
à côte des diagrammes ressemblants dont
le résultat est distinct ; en général, il suffit
d'analyser l'une des positions pour com­
prendre pourquoi une petite modification
change le résultat. Mais il est utile d'
obser­ver les différents diagrammes à
des fins de mémorisation. On pourrait
dire que les « positions limites» sont
comme des phares qui orientent notre
analyse dans les positions obscures.
Sans ces repères intermédiaires, nous
ne pourrions nous orienter qu'à partir de
positions clairement définies, ce qui
multiplierait les risques d'erreur de
calcul.
De temps à autre, à peine une position
analysée, le texte entame d'un même mou­
vement l'étude d'une position similaire,
mais où varie une circonstance. Observer
comment une légère variation influe sur
le résultat est un moyen efficace de com­
prendre la position. En d'autres occasions,
le texte suggère d'analyser une variante

comme exercice complémentaire. Résoudre
cet exercice, ce qui devrait s'avérer simple
une fois la finale principale étudiée, est un
moyen divertissant et économique de véri­
fier que les idées sont bien comprises. Mais
c'est aussi important pour une autre raison :
si nous comparons l'effet que produisent
de légères variations sur le résultat, nous
prendrons conscience des limites des règles
apprises et, quand nous aurons re position
similaire sur l'échiquier, il nors sera plus
facile d'estimer si elles s'appliquent ou non,
ou dans quelle mesure il faut les ajuster.
Avancer pas à pas
Même si vous appliquez tous ces
conseils sur la façon d'étudier les finales et
si vous y consacrez toute votre attention,
certaines finales (rares) vous résisteront.
Elles sont trop abstraites et il est impossible
de les comprendre dans toute leur enver­
gure dès la première fois. Quelle que soit
votre application, vous oublierez quelques
finales au bout d'un certain temps, en
particulier les finales de Tours, et il vous
faudra les revoir après quelques mois, mais
ne vous inquiétez pas pour autant : vous ne
serez pas le seul à qui cela arrivera et, après
une ou deux révisions et un peu d'expé­
rience pratique, les choses seront beaucoup
plus claires et vos connaissances se cristal­
liseront définitivement.
Il faut bien reconnaître que les finales
sont un peu ennuyeuses et abstraites. Les
combinaisons y sont rares, même si, quand
il y a quelque astuce tactique, il faut la
connaître, car elle servira de point de réfé-
Introduction •
rence. C'est pourquoi il vaut mieux éviter
une indigestion et se garder de lire le livre
d'un trait, jusqu'à ce que toutes les finales
soient apprises. Une administration à
petite dose est préférable. N'étudiez pas
plus d'un chapitre à la fois, laissez ensuite
passer au moins quelques jours avant
d'entamer le suivant et, au risque de me
répéter exagé­rément, quand vous vous
penchez sur un exemple, faites-le avec
l'intention de bien le comprendre.
Une fois un type de finale compris,
vous pouvez passer à un autre. Tout
dépend du temps dont vous disposez,
de l'attention que vous y mettez et de vos
connaissances antérieures, qui pourront
souvent faire une partie du travail. Il
vous faudra peut-être diviser les
chapitres dédiés aux finales de Tours en
deux ou trois parties, et ce seront bien
entendu les chapitres que vous serez
sûrement obligés de réviser au bout d'un
certain temps. N'ayez pas peur de faire
ces révisions, tout le monde doit en passer
par là, mais après deux ou trois fois les
choses devraient s'imprimer clairement
dans votre esprit.
Le second test
Une fois les chapitres théoriques ter­
minés, il y a un autre test. Je crois qu'il
convient de le faire quand on a lu tout le
livre, ou mieux encore quand quelques
semaines se sont passées depuis lors, mais
chacun peut bien sûr faire comme bon lui
semble.
Ce second test est un peu plus difficile que le
premier, même si certaines positions sont
15
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
du même niveau. Dans la plupart des posi­
tions, il faudra réaliser quelques calculs préli­
minaires avant de ramener la position à une
position connue, mais, avec un peu de calcul,
la solution sera toujours basée sur l'une des
finales analysées dans ce livre. Faire ce test
vous servira à détecter les positions qui vous
résistent, o d oins, si vous trouvez toutes
les solutio if::, à vous exercer un peu et à conso­
lider vos c nnaissances. Le plus probable est
que passer le test et consulter ensuite les solu­
tions là où vous aurez des doutes se traduira
par une élévation de votre niveau de jeu, et
il est bien possible que faire ce test et réviser
vos connaissances vous soit aussi profitable
que la lecture de tout le reste du livre.
En plus des deux tests, vous rencontre­
rez à plusieurs reprises dans le livre une
référence à des exercices recommandés.
Dans la plupart des cas, il s'agit d'analyser
des positions similaires à celles que l'on
vient d'étudier, avec un léger changement
dans la position d'une pièce. Faire ces exer­
cices (qui, au contraire de ce que l'on trouve
dans les autres livres, sont tous faciles)
aidera à comprendre les finales étudiées, et
donc à les garder en mémoire. Dans tous les
cas, aussi antipathique que vous soit le mot
exercice, à chaque fois qu'il vous en est pro­
posé un, posez-vous la question suivante
« ai-je le moindre doute quant à cette posi­
tion?». Si la réponse est non, vous pouvez
sauter l'exercice, mais dans le cas contraire,
il vaut mieux le faire, car ce doute se tra­
duira un jour par un demi-point perdu.
16
« Sur des épaules de géants »
On connaît la formule d'Isaac Newton,
« si j'ai vu si loin, c'est que j'étais monté sur
des épaules de géants ». Rien ne convient
mieux à l'élaboration et à l'étude d'un livre
sur la théorie des finales.
Sans le travail, quelquefois impression­
nant, de certains joueurs et analystes du
passé, la théorie des finales serait arrivée
encore embryonnaire au temps des « tables
de Nalimov ».
Je crois qu'il faut absolument en citer
quelques-uns, même si leurs noms vont
resurgir au fil du livre, attachés à certaines
manœuvres fondamentales.
Philidor occupe une place particulière
dans cette galerie des géants. Ses analyses
exactes de positions de base des finales
Tour et pion contre Tour, de la finale Tour
et Fou contre Tour, de la manœuvre fon­
damentale du mat avec Fou et Cavalier et
bien d'autres encore, sont tout simplement
incroyables à une époque où l'on ne
pouvait s'appuyer ni sur des livres
antérieurs, ni sur la critique d'autres
analystes pour peaufi­ner son travail.
Ensuite, les noms de Centu­rini, Chéron,
Euwe, Grigoriev, Levenfish et Averbakh
sont incontournables.
De nos jours, on peut vérifier de nom­
breuses finales grâce aux bases de données
dites tables de Nalimov (Turbo Endgame), un
excellent instrument qui a permis de corriger
quelques erreurs de la théorie antérieure.
Mais l'effort des analystes du passé n'est
guère comparable à nos rapides vérifica­
tions, et la rareté des erreurs découvertes
par les ordinateurs est à mettre entière­
ment à leur crédit.
 Introduction •

Introduction à l'étude des nombre de parties, la troisième le pourcentage

finales par rapport à la base complète, la quatrième
le nombre de parties nulles et la cinquième le
pourcentage de parties nulles.
Avant de commencer l'étude des posi­
tions concrètes, je crois qu'il existe une série Type de finale Nombre % Nulles %

de données et de concepts qu'il convient de Tours 320548 8,01 12061 37,63

connaître. Certains nous aideront à prendre Dames 6934 1,73 28766 41,49
nos décisions en pratique, d'autres facilite­ Cavaliers 57578 1,44 21751 37,78
ront notre compréhension de la logique de Fousde même couleur 60639 1,52 23128 38,14
certaines finales, et d'autres nous aideront Fousde coul. opposées 42759 1,07 24813 58,03
simplement avoir une vision plus globale li:ivs.lÎ 123791 3,09 42308 34,18
de cet univers. Pions 120136 3,00 32279 26,87
Total 1 794791 19,87 293655 36,95
Les statistiques l:[+/1, vsl:t 26065 0,65 13989 53,67
l:[+2/1, vsl:[ 21486 0,54 4216 19,62
Aujourd'hui, avec les bases de don­ 'li,'+/1, vs'ilf 3749 0,09 2077 55,40
nées, il est facile d'établir des statistiques. liJ+/1, VS liJ 227 0,06 1575 69,38
Je me souviens que dans ma jeunesse, un .IÎ+/1, vs.IÎ de même coul. 1299 0,03 694 53,43
livre disait que 10 % des parties se termi­ .IÎ+/1, vs.lt de coul. opp. 369 0,01 332 89,97
naient en finale de Tours. Cela me semblait .lt+2/I. vs.IÎ de coul. opp. 1698 0,04 730 42,99
exagéré, mais ça ne l'est pas tant que ça. .IÎ+/1,VS liJ 1346 0,03 930 69,09
(Récemment, j'ai lu que 20 % (!) des parties liJ+/1, VS .IÎ 2184 0,05 1656 75,82

arrivaient en finale de Tours, mais, bon, �+/1,vs� 12257 0,31 6141 50,10

c'était dans une publicité pour un livre de �+2/1, vs�+/1, 18263 0,46 4837 26,49

finales et nous savons de quoi il retourne.) �+2/1.vs� 4098 0,10 216 5,27
�+/1, vs�+/1, 10809 0,27 5954 55,08

Le tableau suivant présente la proportion Total 2 105893 2,64 43347 40,93

de parties qui arrivent dans chaque type de l:[+,t VS l:[ 1846 0,02 104 56,34
.lt+li:ivs� 712 0,04 135 18,96
finale et le pourcentage de parties nulles. Les
li:i vs/1. 1698 0,04 1488 87,63
statistiques sont réalisées sur une base de don­
'ilfvs/1. 432 0,10 475 11,00
nées de 4 millions de parties (il y a bien sûr des
l:[ vs/1. 5704 0,14 279 48,91
doubles et des parties au résultat erroné, mais
l:[ VS 2/1, 5226 0,13 2007 38,40
je ne crois pas que ça affecte l'idée générale).
'ill'vsl:t/1, 1237 0,03 367 29,67
La première colonne indique le matériel de la
finale : « Tours » désigne les finales où chaque Ce qui attire d'abord l'attention, c'est
camp a une Tour avec un nombre indifférent effectivement les finales de Tours, qui sont
de pions, "l::f.+l:l vs �" désigne Tour et pion de très loin les plus fréquentes. 8 % des
contre Tour. La deuxième colonne donne le parties arrivent en finale de Tours ! Si on

17
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
y ajoute celles de deux Tours ou de Tour
contre pièce mineure, on atteint certaine­
ment l�s 10 %. Si on ne les joue pas bien,
il y a dè'Quoi s'inquiéter. Ce qui est moins
sûr, c'est l:è fameux « toutes les finales de
Tours sont nulles! ». Celui qui a dit ça
était un farceur, ou en tout cas quelqu'un
qui ne l'a pas vérifié. Comme on pouvait
s'y attendre, les finales les plus annulantes
sont celles de Fous de couleurs opposées
(58 %), mais les finales de Tours ne le sont
pas plus que les autres. Et les moins annu­
lantes sont les finales de pions ; prenez-en
bien note! Ce n'est pas toujours en échan­
geant des pièces que l'on est le plus certain
de s'approcher de la nulle.
Mais il devait bien y avoir quelque
chose de vrai dans cette phrase sur les
finales de Tours et la nulle! Je crois que
oui. L'impression que les finales de Tours
tendent à la nulle vient de ce que dans les
autres finales, le joueur expérimenté voit
si elles sont nulles ou non, continue sim­
plement à jouer et n'est pas surpris quand
il fait nulle, tandis que dans les finales de
Tours, il est fréquent que l'on croie avoir
un avantage suffisant pour gagner mais
que l'on n'y parvienne pas. Ainsi; « toutes
les finales de Tours sont nulles ! » signifie
en réalité que les finales de Tours sont très
difficiles et que le camp en infériorité peut
toujours créer des problèmes à son adver­
saire, surtout s'il active ses pièces.
Et en ce qui concerne les finales théo­
riques, avec au plus un ou deux pions de
chaque côté, la réputation annulante des
finales de Tours n'est pas non plus justifiée.
Serait-ce en partie parce que beaucoup de
joueurs ne les connaissent pas? Quoi qu'il
en soit, après les finales de Fous de couleurs
opposées, les plus annulantes, avec un seul
pion, sont celles de Cavalier et pion contre
Fou ; ce qui est logique, vu que le Cavalier
est une pièce inférieure sur un échiquier
vide.
On trouve les plus grandes surprises
dans les finales de pièces différentes, sur­
tout avec un impressionnant 19 % des
finales de Fou et Cavalier contre Roi qui
s'achèvent par la nulle (et je vous assure
que certaines étaient jouées par des grands
maîtres!) et aussi avec les finales de Tour
et Fou contre Tour, qui, quoiqu'en principe
nulles, sont gagnées dans 44 % des cas.
Mais je reviendrai en temps voulu sur les
statistiques des finales de cette catégorie.
En tout cas, le fait que 20 % des parties
s'achèvent en une finale d'une pièce contre
une autre de même valeur ( en comptant
les finales de pions, que certains appellent
finales de Rois) suffit à nous montrer clai­
rement l'importance de cette phase de la
partie et nous laisse imaginer le nombre de
demi-points qui se perdent, même si les sta­
tistiques ne peuvent nous renseigner sur ces
derniers car il y faudrait une recherche ana­
lytique digne des singes de Shakespeare.
La mobilité des pièces
Avant d'étudier les finales avec une
pièce, il vaut la peine d'observer cer­
taines des qualités spécifiques des pièces
et surtout leurs limitations. Dans les dia­
grammes qui suivent, un pour chaque
pièce, le nombre écrit sur chaque case
indique le nombre de cases que contrôle la
 Introduction •

pièce en question à partir de cette case, sur La Tour

u chiquier
' vide.
� Une simple observation nous montre 14 14 14 14 14 14 14 14
déjà es choses intéressantes. 14 14 14 14 14 14 14 14
La Tour contrôle le même nombre de
14 14 14 14 14 14 14 14
cases au centre que dans le coin, raison
de plus pour qu'elle se déplace souvent 14 14 14 14 14 14 14 14
à la bande, où elle est moins exposée aux 14 14 14 14 14 14 14 14
attaques des autres pièces. 14 14 14 14 14 14 14 14
L'activité du Fou diminue à mesure qu'il
14 14 14 14 14 14 14 14
s'éloigne du centre, mais pas de façon dras­
tique, bien qu'à la bande il ne soit à peu 14 14 14 14 14 14 14 14
près qu'à 50 % de son potentiel d'activité.
Ainsi qu'il est logique, la Dame contrôle Le Fou
sur chaque case la somme des cases contrô­
lées par la Tour et par le Fou, ce qui fait 7 7 7 7 7 7 7 7
que son pourcentage de perte d'activité en 7 9 9 9 9 9 9 7
approchant de la bande est faible.
7 9 11 11 11 11 9 7
La pièce qui souffre d'une grave perte
de valeur quand elle s'éloigne du centre, 7 9 11 13 13 11 9 7
c'est le Cavalier : de huit cases contrôlées 7 9 11 13 13 11 9 7
au centre, il passe à seulement deux cases 7 9 11 11 11 11 9 7
contrôlées dans un coin (il perd 75 % de sa
7 9 9 9 9 9 9 7
force) et à 50 % sur la majorité des cases
de la bande. Les cases contiguës aux coins 7 7 7 7 7 7 7 7
en diagonale (g2, 62, g7 et 67), où le Cava­
lier ne contrôle que quatre cases et où il lui La Dame
arrive bien des malheurs comme nous le
verrons au fil du livre, méritent une atten­ 21 21 21 21 21 21 21 21
tion particulière, et nous les appellerons 21 23 23 23 23 23 23 21
« les cases idiotes du Cavalier».
21 23 25 25 25 25 23 21

r;î 23 25 27 27 25 23 21
21 23 25 27 27 25 23 21
21 23 25 25 25 25 23 21
21 23 23 23 23 23 23 21
21 21 21 21 21 21 21 21

19
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître

Le Cavalier Cela donne lieu à ce que l'on appelle

\. les circuits du Cavalier: les parcours« effi­
2 3 � 4 ,t 4 3 .2'. caces » suivant lesquels il arrive aux cases
3
correctes, mais qu'il lui faut absolument
4 6 6 6 6 �i 3 atteindre au risque de rester hors-jeu.
4 6 8 8 8 lt 6 , . ,i
4 6 8 8 8 8 ii 4 Le cheminement tortueux du Cavalier
4 6 8 8 8 8 6 4
4 6 8 8 8 8 1,., 4
Sur le diagramme suivant, les chiffres
en italique indiquent le nombre de coups
3 4 6 6 6 6 4 3:·
que prend le Cavalier pour se rendre sur
2 3 4 4 ·4 4 "'if· 2 cette case depuis g2, et les autres chiffres
le nombre de coups qu'il faut depuis al.
Les chiffres plus petits donnent le nombre
L'itinéraire des pièces de chemins différents que peut suivre le
Cavalier.
Un autre facteur qui nous dit quelque
chose sur l'activité des pièces, c'est le 4
nombre de coups qu'illeur faut pour arriver
à une case donnée. Sur un échiquier vide, 4
une Dame, une Tour ou un Fou mettent
toujours un maximum de deux coups pour 4
atteindre une case donnée (à cela près que
le Fou ne peut atteindre que les cases de
sa couleur). Cette rapidité est une caracté­
ristique très importante quand il faut arrê­
2 3 2
ter des pions passés. Ces trois pièces sont
des pièces à longue portée. Au contraire, le
Roi et le Cavalier sont des pièces à courte
3 êtJ 3

portée, il leur faut beaucoup de coups pour 2 3 4

traverser l'échiquier, ce qui fait qu'un pion
passé sera souvent hors de leur portée.
Mais il existe certaines différences entre
la faible portée du Roi et celle du Cavalier.
Si l'on regarde les diagrammes suivants,
on verra que le Cavalier tarde parfois
moins à se rendre sur des cases situées de
l'autre côté de l'échiquier que sur des cases
voisines.
Le fait que le Cavalier prenne quatre
coups pour aller de al en b2 (sa case
idiote), alors qu'il ne lui en faut pas plus
pour se rendre sur le bord opposé de l'échi­
quier, attire l'attention. Nous voyons aussi
que le Cavalier prend toujours un nombre
impair de coups pour se rendre sur une
case de couleur opposée et un nombre pair

20

de coups pour se rendre sur une case de
même couleur. C'est une conséquence du
fait que le cavalier change de couleur à
chaque fois qu'il bouge. C'est une caracté­
ristique importante, car le cavalier est sou­
vent incapable de « perdre un coup», une
qualité que possèdent les autres pièces, et
cela lui fait perdre en efficacité et tomber
facilement en Zugzwang (le chapitre 7 en
montre plusieurs exemples).
Les multiples routes du Roi
Au contraire, le Roi est une pièce plus
constante. Il lui faut sept coups pour se
rendre d'un côté à l'autre de l'échiquier
(ou d'un coin à l'autre), une lenteur
affligeante en comparaison avec les autres
pièces, qui le rend très vulnérable
contre les pions passés éloignés.
Cependant, à la différence du Cavalier, il La domination du Cavalier
lui faut toujours plus de coups pour se
rendre sur une case éloignée que sur une
case voisine. à la mobilité des pièces, qui affecte sur­
Mais une d es caractéristiques les plus tout le Cavalier, est le concept de domina-
Introduction •
intéressantes du cheminement du Roi, c'est
qu'il dispose normalement d'un très grand
nombre de façons différentes de se rendre
sur une case éloignée. Concrètement, dans
le cas du diagramme, supposons que le
Roi situé en a4 doive se rendre en h4 ; on
a montré ses trajectoires les plus excentrées
et la plus directe, mais le Roi peut prendre
de très nombreux autres chemins, jusqu'à
atteindre un total de 393 chemins possibles !
Naturellement, plus la case visée est « en
diagonale», moins nombreuses sont les
options pour l'atteindre, ce que reflète le
cas extrême du Roi en al auquel il faut se
rendre en sept coups en h8, qui ne dispose
que d'un seul chemin (par la grande
diagonale noire).
Cette caractéristique du mouvement
du Roi (que partage le Cavalier, mais avec
moins d'incidence en pratique) a d'impor­
tantes applications pratiques : quand le
Roi a un objectif clair, comme arriver à
une case donnée, il peut profiter de sa
capacité à suivre des chemins différents
pour faire des coups qui remplissent un
« objectif secondaire », le plus fréquent
desquels étant de se mettre sur le chemin
du Roi adverse, comme on le voit dans de
nombreuses finales du chapitre 5, puis du
chapitre 11. C'est la raison pour laquelle
la capacité de « charger à l'épaule » est si
importante dans les finales où le Roi joue
un rôle actif.
Un autre aspect important relativement
21
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
tion. Il s'agit d'une situation où une pièce
«domine» tous les mouvements d'une
autre et limite ainsi efficacement ses possi­
bilités de jeu.
Avec l'échiquier plus ou moins vide (ce
qui arrive presque toujours en finale), la
pièce qui est dominée est habituellement
un Cavalier, mais sur un échiquier davan­
t�_reuplé, cela peut arriver à toutes les
p1e s.
\
Sur le diagramme divisé en quatre
zones, nous voyons comment le Roi b7
domine le Cavalier a8, la Tour d4 domine
le Cavalier b2 et la Tour f5 le Cavalier h7
(une aptitude importante pour le capturer
en finale de Tour contre Cavalier) et, dans
la dernière zone, comment le Fou domine
le Cavalier h3. Ce dernier cas, la domina­
tion du Cavalier par le Fou, est souvent
importante, parce que si le Cavalier réus­
sit à sortir (avec l'aide de son Roi, par
exemple), il faudra toujours compter avec
un échange qui peut s'avérer décisif.
22
Le concept de forteresse.
Quelques exemples simples
Un autre concept essentiel des finales
élémentaires est celui de forteresse.
On entend par forteresse une position
dans laquelle un camp a un grand avan­
tage matériel, mais où le camp adverse
peut malgré tout tenir la nulle à l'aide de
simples coups d'attente, même s'ils doivent
parfois être précis.
Des cas de forteresse peuvent se pro­
duire avec beaucoup de pièces, même s'il
s'agit toujours de positions complètement
bloquées, ou presque.
Quoi qu'il en soit, la fin de partie consti­
tue le terrain d'expression privilégié de la
forteresse, dont certaines des caractéris­
tiques les plus fréquentes (mais pas obliga­
toires) sont les suivantes
1) il n'existe pas de ruptures de pions
(ou les rares qui sont possibles sont
inefficaces);
2) les pions passés du camp fort, quand
il s'en trouve, sont fermement blo­
qués;
3) le Roi du camp fort ne peut pas passer
(parce qu'il est coupé par une ou plu­
sieurs pièces ou à cause de la proxi­
mité de la bande);
4) il est impossible d'arriver à une posi­
tion de Zugzwang (ce qui implique
une position de défense avec des
coups d'attente adéquats).
Dans les finales analysées dans ce
livre, plusieurs pourraient être considé­
rés comme des forteresses, et d'autres le
 Introduction •

sont indiscutablement, même si on ne les

appelle pas toujours ainsi. Dans le chapitre
15 surtout, il y a différentes positions que
l'on pourrait considérer comme des for­
teresses. Ce n'est pas pour rien que c'est
la méthode de défense la plus naturelle
quand on a un gros retard matériel.
Je dirais qu'il est caractéristique d'une
forteresse que la défense soit facile, et par

1
conséquent que l'analyse des variantes soit
quasi évidente. Si ce n'est pas le cas, nous
pouvons nous trouver dans une situation
dont les conséquences pratiques sont les
�mes, mais avec une perspective diffé­
te pour l'intuition humaine. Diagramme 1.1
Il n'est pas nécessaire de connaître toutes Nulle, mais les Blancs doivent éviter
les forteresses théoriques que l'on a décou­ l .@h l??. On pourrait ajouter des pions
vertes, vu que beaucoup d'entre elles sont bloqués, blancs sur la diagonale h2-b8,
assez rares, mais il est vraiment utile d'en noirs sur la diagonale h3-c8, sans chan-
connaître certaines qui décident du résul­ ger le résultat.
tat dans des finales à matériel hétérogène.
Pour cette raison, en plus des exemples
à venir, je donne une petite annexe gra­
phique qu'il sera profitable d'observer.
Mais le plus utile est encore de s'empa­
rer de ce concept et d'être capable d'ima­
giner soi-même dans quelles positions on
peut l'appliquer.
Voici un ensemble de positions voisines,
sans analyse. Si l'énoncé vous donne le
moindre doute, n'hésitez pas à le vérifier
par une analyse personnelle. N'oubliez pas
que ce n'est que lorsqu'on a vérifié quelque
chose qu'on le comprend vraiment.
Diagramme 1.2
Nulle en restant dans le coin.

23
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

Diagramme 1.3 Diagramme 1.5

Nulle en restant dans le coin. Nulle en restant dans le coin, et on peut
ajouter des pions.

Diagramme 1.4 Diagramme 1.6

Nulle en restant dans le coin. Les Noirs gagnent (un bon exercice est
de le prouver).

24
 Introduction •

Nous retrouverons ces concepts au cours du livre, et je vous recommande de ne pas

hésiter à revenir à l'introduction chaque fois que le besoin s'en fait sentir.
À présent, il est temps de commencer l'étude des 100 positions théoriques que nous
avons sélectionnées comme les plus utiles en pratique.

25
 1. LES FINALES ÉLÉMENTAIRES
Ce chapitre est un petit bonus dans ce livre. Au départ, l'idée était de commencer à travail­
ler à partir du niveau suivant, les finales élémentaires étant supposées suffisamment connues.
Cependant, il arrive que certaines d'entre elles soit ne soient en fait pas connues, soit le soient de
façon superficielle. C'est pourquoi j'ai décidé d'inclure un chapitre préliminaire qui traiterait de
celles qui, de l'avis unanime des quelques entraîneurs que j'ai consultés, posent le plus de pro­
blèmes. Je me suis dit, aussi, que cela pourrait aider de nombreux animateurs pour leurs cours
les plus simples. Bien entendu, les joueurs expérimentés peuvent sauter ce chapitre.
Le gros du chapitre est constitué des finales de Roi et pion contre Roi. La plupart des
joueurs conduisent ces finales avec assurance, mais certains ont du mal avec quelques
positions rares. La plupart des difficultés découlent de l'utilisation erronée de la théorie
de l'opposition. Comme l'opposition est un concept très utile dont les finales de pions
sont le champ d'application privilégié, il arrive qu'on en exagère la valeur.
C'est avec la théorie des cases clés que l'on explique le plus clairement les finales de
Roi et pion contre pion, en faisant y.ppel à l'opposition quand la situation s'y prête et en
lui conférant la valeur adéq�On considère comme connus les mats contre un Roi
dépouillé et la finale de Fou contre mauvais pion-tour, que l'on trouvera de toute façon
parfaitement expliqués dans de nombreux livres.

Finale 1 La première question à laquelle on doit

- - -·-
répondre dans les finales de Roi et pion
La règle du carré

--------
contre Roi est la suivante : peut-on pro­
mouvoir le pion sans l'aide de son Roi ?
Pour obtenir la réponse à cette ques­

--------
tion, il suffit de calculer la course du Roi
et du pion. Ce n'est jamais bien compliqué,

-�-------
mais, de toute façon, l'expérience a permis
d'établir une méthode facile qui permet de
résoudre le problème en un coup d' œil,

- - - -�
à l'aide de ce que l'on appelle la règle
du carré. Cette règle facilite les calculs et
s'applique dans toutes les autres finales où
l'on retrouve la même course-poursuite.
1.a4! (D)

Diagramme 1.1

27
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

Il est clair que dans cet exemple le Roi

n'est pas entré dans le carré du pion et que
les Blancs gagnent.
2...@e6 3.a6@d6 4.a7@c7 5.aS"iV 1-0

Interposer le Roi et soutenir

l'avance du pion

Regardons le diagramme suivant. Le

Diagramme 1.2
Après l'avance du pion, on imagine un
carré qui va jusqu'au bord de l'échiquier.
Dans cet exemple, les coins du carré sont
les cases a4-a8-e8-e4.
1...@f7
Bien entendu, le Roi s'efforce d'empê­
cher la promotion du pion. Et c'est là que
nous énonçons la règle principale.
Règle du carré : si le Roi peut rentrer dans
le carré du pion, alors il peut l'arrêter ;
sinon, le pion va à Dame.
Roi noir est clairement dans le carré. Dans
ce cas, le pion ne pourra être promu qu'avec
l;aide de son Roi. La manière la plus simple
d'aider son pion est de« s'interposer» sur
le passage du Roi adverse.
Ce concept d'interposition se produit
souvent les finales de pions, mais aussi dans
beaucoup d'autres, et c'est une idée essen­
tielle dans les finales de Tour contre pion.
Énonçons la seconde règle, valable pour
tous les pions à l'exception des pions-tours:
Quand c'est possible, le Roi du camp fort
doit e mpêcher son rival de se placer devant
le pion. S'il y parvient, le pion fera Dame.

Si, quand on se souvient de la règle, on

ne se rappelle pas si le Roi doit entrer dans
le carré quand c'est à lui de jouer ou s'il
doit déjà être dedans, demandons-nous
une chose : si le Roi poursuivait le pion par
l'arrière (dans ce cas, par exemple, depuis
b3), aurait-il besoin d'être dans le carré avant
de jouer ? Évidemment, la réponse est non,
et c'est la même chose si le Roi arrive de plus
loin, que ce soit par l'arrière ou par le côté.
2.a5 Diagramme 1.3

28

1.�c7!
Empêchant 1...�d8 suivi de 2 ... �c8 �t
3 ...�b8, se plaçant sur le chemin du pi6n.
De plus, depuis cette case, le Roi assure
l'avance du pion sur les trois dernières
cases.
1...�e6
Comme il ne peut pas se mettre devant
le pion, le Roi noir essaie de l'attaquer avant
qu'il ait atteint la zone protégée (b6-b7-b8).
Profitons de cet exemple pour remar­
quer que si le Roi du camp fort a pris I' oppo­
sition latérale sur la septième rangée, le Roi
adverse n'aura jamais le temps de gêner le
pion.
2.b4 �ds 3.bs t-o
Finale 2
Le pion en sixième rangée
Nous avons vu ce qui se passe dans les
deux cas les plus simples
1) quand le Roi ne soutient pas son pion ;
2) quand l'aide du Roi consiste à empê­
cher le Roi adverse de se placer devant le
pion.
Mais la situation la plus intéressante,
dans les finales Roi et pion contre Roi, se
produit quand le Roi dépouillé réussit à
se placer, à un moment ou l'autre, sur le
chemin du pion. Dans ce cas, tout dépend
de la position relative des Rois.
La première position importante à
retenir arrive quand le pion a atteint la
sixième rangée et qu'il ne lui reste plus
qu'à franchir deux cases pour être promu.
Malgré la proximité de la dernière rangée,
Les finales élémentaires D
il nous faudra plusieurs diagrammes pour
passer en revue tous les détails signifi­
catifs de cette situation. Dans la position
du diagramme 1.4, les deux derniers pas
du pion se font pratiquement en pilotage
automatique.
Diagramme 1.4
1.f7!
Le pion avance et le Roi noir doit s'écar­
ter, permettant au Roi blanc d'appuyer le
dernier pas.
1...�e7 2.�g7! 1-0
Cependant, le résultat change radicale­
ment si c'est aux Noirs de jouer dans le dia­
gramme 1.4. La raison en est que le pion
n'arrive pas à faire Dame si, au moment
d'avancer sur la septième rangée, les deux
Rois sont face à face. On dit dans ce cas
que les Rois sont en opposition, ainsi que
cela se produit après le premier coup des
Noirs:
1..�g8! (D)
29
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Diagramme 1.5
À présent, les Rois sont en opposition, et
cette situation est presque toujours favo­
rable à celui qui l'instaure et défavorable à
celui qui doit jouer.
Ainsi que nous l'avons déjà dit, l' oppo­
sition a acquis un prestige exagéré et n'est
pas utile dans toutes les positions. Pour
utiliser correctement l'opposition et ne pas
la laisser nous induire en erreur, il nous
suffit de bien observer à quoi elle sert dans
chaque cas.
Dans la finale de Roi et pion contre Roi,
l'opposition des Rois est décisive quand le
pion est en sixième rangée.
C'est la première image importante que
nous devons graver en mémoire.
2.f7+
Le pion avance et désormais il ne pourra
pas faire Dame, mais de toute façon, les autres
coups ne gagnent pas non plus contre une
défense correcte. Par exemple : 2.�g5 �f7!
(2 ... �f8 est bon aussi). Les deux cases devant
30
le pion sont une f6rteresse imprenable, et la
défense la plus sûre consiste à y rester.
Si vous ne l'avez encore jamais fait, il vaut
la peine d'observer la séquence suivante et
de l'analyser par vous-même : 3.�f5 �f8!
(quand éest possible, le plus simple est tou­
jours de rester devant le pion) 4.�f4 �f7!
5.@f5 @f8 6.@e6 (si l'on est resté à attendre
devant le pion, c'est précisément au moment
que l'on ne peut plus rester sur la colonne de
ce dernier qu'il est temps de prendre l'oppo­
sition) 6 ...@e8! 7.f7+ @f8 8.@f6 pat, comme
dans la variante principale.
2...�f8!
Au contraire de ce qui se passait dans le
diagramme 1.4, c'est aux Blancs de jouer et,
pour ne pas perdre le pion, ils sont forcés
de mettre le Roi noir pat.
3.@f6 et partie nulle pour cause de pat.
Dans cette finale, nous avons vu que si
le Roi dépouillé prend l'opposition quand
le pion est sur la sixième rangée, le pion
ne peut aller à Dame. Si l'on y réfléchit, on
se rend compte que c'est le pion lui-même
qui empêche son Roi de manœuvrer en
sixième rangée. Nous pouvons en tirer les
conclusions suivantes :
1) Le camp fort ne doit pas se hâter d'avan­
cer le pion;
2) Le pion ne doit être avancé en sixième
rangée que dans l'une des deux situations
suivantes:
a) quand la voie est libre pour la promotion,
ou
b) quand son avancé permet de prendre
l'opposition (mais, normalement, cela ne
pe�t se produire que si le Roi est arrivé en
sixième rangée avant le pion).

Nous allons encore consacrer deux dia­
grammes à l'opposition avec le pion en
sixième rangée, puis, dans les prochaines
finales, nous étudierons comment manœu­
vrer quand le pion n'a pas encore atteint
celle-ci.
Diagramme 1.6
Même si les Rois occupent d'autres
positions initiales, avec le pion en sixième
rangée, leurs manœuvres sont dictées par
l'opposition, comme nous allons le voir
dans l'analyse de ce diagramme et du sui­
vant.
1.@a6!
Prenons l'opposition. Mais pas 1.@b6??
�b8! et c'est le Roi noir qui prend l'oppo­
sition.
1...'it>bs 2.�b6! �es
2...�a8 peut s'avérer un essai ingénieux
de provoquer une erreur en utilisant la
proximité du bord de l'échiquier, mais cela
ne marche pas si l'on fait attention : 3.�c7!
(la faute serait 3.c7?? pat) 3 ...�a7 4.�d7 et
le pion fait Dame.
3.c7 �d7 4.�b7 et le pion est promu.
Les finales élémentaires n
On peut perdre l'opposition
Diagramme 1. 7
La situation du diagramme est l'une
de celles qui provoquent le plus grand
nombre d'erreurs dans les finales de Roi
et pion contre pion. Ceci est dû au fait que
l'opposition est provisoire, car le Roi noir
ne peut la maintenir à cause du contrôle
de la case f7 par pion blanc. Comme nous
l'avons déjà dit et répété, les meilleures
cases du Roi dépouillé sont celles situées
devant le pion. S'il n'est pas sur celle-ci, il
ne pourra peut-être pas les atteindre dans
de bonnes conditions. C'est ce qui arrive
dans cet exemple, qui nous enseigne aussi
que l'opposition n'est pas toujours utile.
Les Noirs perdent, que ce soit à eux de
jouer ou non. S'ils ont le trait, le Roi blanc
prendra immédiatement l'opposition sur
la sixième rangée, et si le trait aux Blancs...
1.�f5!
Ce coup place le Roi noir dans une posi­
tion critique, car où qu'il aille il perdra
l'opposition. Nous pouvons en tirer une
conclusion importante
31
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
On peut avoir pris l'opposition et la perdre
si l'une des cases nécessaires pour la garder
est inaccessible.
1...@g8 (1... @f8 2. @f6) 2. @g6! @f8 3.@f6
Le Roi blanc a pris l'opposition en
sixième rangée et les Blancs gagnent.
3 ...@e8 4.e7 @d7 5.@f71-0
Voici un dernier exemple, pour nous
assurer d'avoir bien pris en compte toutes
les subtilités de ce type de finale. Les pions
ne sont pas tous les mêmes. Les plus proches
de la bande ont souvent leurs caprices - c'est
pour cette raison que nous traiterons des
pions-tours dans une section séparée. Les
pions-cavaliers ne sont pas aussi exception­
nels que les pions-tours, mais ils présentent
quelques singularités, également du fait de
leur proximité du bord de l'échiquier.
Le pion-cavalier
Diagramme 1.8
Voyons ce diagramme: c'est au Roi
blanc de jouer et il ne peut pas prendre
l'opposition; comme nous le savons, s'il se
place devant le pion, il devra abandonner
sa position de bloqueur au coup suivant.
Avec un pion central, cette position serait
perdante, mais avec un pion-cavalier,
les Blancs peuvent se sauver en profitant
d'une particularité.
1.<�hl!
C'est le bon coup. La position relative
des Rois ainsi instaurée s'appelle opposi­
tion diagonale et ne sert généralement pas à
grand-chose, mais dans ce cas, elle marche.
1...@f2
Ce coup assurerait la promotion du
pion s'il ne s'agissait pas d'un pion-cava­
lier, mais ici, le Roi blanc est pat et la partie
est nulle. Les autres coups ne permettent
pas non plus de promouvoir le pion, car ils
laissent le Roi blanc reprendre une position
de blocage inexpugnable: 1...@g4 2.@g2!=.
Finale 3
Les cases clés
Diagramme 1.9

Quand le pion n'a pas encore atteint
la sixième rangée, l'analyse est plus com­
plexe, mais il existe quelques règles très
claires qui, une fois connues, permettent de
jouer correctement cette finale et de savoir
facilement si le pion sera promu ou pas. Le
concept important est celui de cases clés.
Mais quelles sont les cases clés, et quel est
leur effet?
--- . . .. .......... . ... .
Si le Roi du camp fort occupe une des cases
clés, le pion sera promu.Avec le pion en cin­
q.uième rangée, les cases clés sont les trois
cases situées devant lui (e6, f6 et g6 sur le
diagramme).
Les finales élémentaires Il
dans la situation clé: l'arrivée du pion en
sixième rangée. Si, dans chacune de ces
trois positions, c'était aux Noirs de jouer,
les Blancs gagneraient par l'une des deux
manœuvres: soit en assurant la promo­
tion en avançant le Roi en septième rangée,
soit en prenant l'opposition. Ainsi, nous
voyons que les Blancs gagnent si leur Roi
atteint une des cases clés, quelle qu'elle soit,
. ....... _
et cela guidera désormais nos manœuvres.
Le pion-cavalier

Dans notre exemple, comme le Roi se

trouve déjà sur une case clé, les Blancs
gagnent.
1.@f6!
Fautif serait 1.f6?? @e8!, où les Noirs
prennent l'opposition et font nulle. Comme
nous l'avons déjà dit, il ne faut pas se hâter
d'avancer le pion, il faut d'abord lui ouvrir
la route avec le Roi.
1...@e8
Le Roi noir s'est écarté des cases par Diagramme 1.10
lesquelles le pion doit passer. Quel coup
doit-on maintenant jouer pour assurer la Une fois encore, le pion-cavalier pré­
promotion du pion? sente des difficultés supplémentaires, mais
2.@g7! la règle des cases clés s'applique toujours. Il
À présent, la voie est libre et le pion sera faut seulement faire un peu plus attention.
promu en trois coups. 1.@g6!
2...@e7 3.f6+ @e6 4.f71-0 Le Roi doit passer de l'autre côté pour
éviter les problèmes de pat. Voyons les
Si, dans la position initiale, le Roi blanc alternatives : 1.g6? pat; ou 1.@f6 - ce coup
s'était trouvé en g6, on serait arrivé à la ne laisse pas échapper la victoire, mais
même position par 1.@f6, et s'il était en contre une défense correcte, les Blancs
f6, 1.@e6 @e8 2.e6 aurait pris l'opposition devront revenir au point de départ - 1...

33
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
'i!,h7! (l...'i!,g8 2.'i!,g6 'i!,h8 3.@f7 'i!,h7 4.g6+
@h8 5.g7++-) 2.g6+?? - cette fois, la vic­
toire s'envole, comme nous l'avons vu au
diagramme 1.8 (correct est 2.@f7! pour
rétablir la position initiale) - 2...@h8! et il
n'y a plus moyen de promouvoir le pion.
1...@gs 2.@h6 @hS 3.g6
Avec le Roi de ce côté-là, on peut avan­
cer le pion en toute tranquillité, comme
nous l'avons vu au diagramme 1.4.
3...@g8 4.g7 @f7 5.@h71-0
Les cases clés quand le pion n'a
pas encore atteint la cinquième
rangée
Diagramme 1.11
6.d6@b7 7.d71-0
Quand le pion est en deçà de la cinquième
· rangée, les cases dés sont situées deux ran­
gées devant lui.
Par exemple, pour le pion en quatrième
rangée, elles sont sur la sixième rangée :
sur le diagramme, en c6, d6 et e6. Mais la
34
règle s'applique toujours : si le Roi blanc
occupe l'une de ces cases, le pion va à
Dame. Pour un pion en quatrième rangée,
les cases clés sont les mêmes que pour un
pion en cinquième rangée. Pour les pions
en deuxième ou troisième rangée, la règle
selon laquelle les cases clés sont situées
deux rangées devant le pion reste valable.
Par exemple, les cases clés du pion d3 sont
e5, d5 et c5, et celles du pion d2 sont e4, d4
et c4.
Dans la position du diagramme, le Roi
blanc atteint facilement l'une des cases
clés, mais il arrive que celles-ci soient
l'objet d'une lutte plus serrée, dans laquelle
l'opposition joue un rôle important.
1.@d5!
Se dirigeant vers la case critique c6.
1.@e5?? serait mauvais à cause de 1... @e7
où nous retrouvons une situation dans
laquelle l'opposition est utile, et cela de
la manière la plus· courante puisqu'elle
empêche le Roi adverse d'avancer et, dans
ce cas, d'atteindre les cases clés.
1...We7 2.@c6
Une fois atteinte une case critique, le
procédé pour couronner le pion est celui
que nous connaissons déjà.
2...@d8 3.@d6 @es 4.@e7 @c7 5.d5 @c8
Un exercice simple et intéressant
consiste à analyser ce qui se serait passé si,
dans la position de départ, le trait avait été
aux Noirs.

L'opposition distante
Diagramme 1.12
Dans la position du diagramme, la lutte
pour les cases clés est plus acharnée. Nous
savons déjà que les cases clés du pion en
quatrième rangée (la quatrième rangée des
Noirs est la cinquième rangée de l'échi­
quier) sont situées deux rangées devant lui
: dans ce cas, b3, c3 et d3 (marquées d'une
croix sur le diagramme).
Nous savons aussi que l'opposition
empêche le Roi adverse d'avancer. Ainsi,
si le Roi noir atteint sa cinquième rangée
(la quatrième de l'échiquier) et qu'à ce
moment-là son rival prend l'opposition en
seconde rangée, il ne pourra plus avancer
et pénétrer sur une case critique. Mais si
c'est le Roi blanc qui avance maintenant
en seconde rangée, alors les Noirs pren­
dront l'opposition. Comment s'en sortir
dans cette situation ? Parfois, on y parvient
grâce à ce que l'on appelle l'opposition à
distance.
1.@bl!
Quand les Rois sont situés sur une
Les finales élémentaires Il
même colonne, séparés par un nombre
impair de cases (trois ou cinq), on dit
qu'ils sont en opposition distante. C'est
un moyen d'efficace de limiter l'avance du
Roi adverse.
Dans notre exemple, le Roi noir pourra
avancer d'une rangée mais pas davantage,
car quand il le fera le Roi blanc se placera
devant lui, avec l'opposition directe. De
cette manière, il empêche que le Roi noir
avance de deux rangées et atteigne les
cases clés.
Mais il est intéressant d'observer que
les Noirs ne pourraient pas gagner même
si les Blancs devaient jouer de nouveau. De
la même façon que ce que nous avons vu
pour l'opposition directe au diagramme
1.7, on peut perdre l'opposition distante
quand une case est inaccessible. Ainsi,
les Blancs joueraient @cl et les Noirs per­
draient l'opposition car ils ne pourraient
pas jouer ... @c5.
1...@b4
En cas de l...@c4, il suivrait 2.@c2, gar­
dant toujours l'opposition et empêchant
toute progression.
2. @b2!
Prenant tout de suite l'opposition directe
et évitant que le Roi arrive aux cases clés.
2...c4 3.@ c2 c3 4.@cl @b3 5.@bl c2+
6.@c1 @c3=
35
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître

L'utilité du temps de réserve 2...@h8

2...@h6 3.g5+ @h7 4.@f7; 2... @g8 3.@g6
@f8 4.@h7 et la voie du pion est libre.
3.@ g6 @g8
Le Roi noir prend de nouveau l'oppo­
sition, mais les Blancs utilisent encore le
temps de réserve.
4.g5! @h8 5.@f7 et le pion file à Darne:
5...@h7 6.g6+@h6 7.g7 l-O

Finale 4
Le pion-tour. Le Roi de la défense
Diagramme 1.13
est devant le pion.

Rappelons que les cases clés du pion en

troisième rangée sont celles situées deux
rangées devant lui, donc, dans ce cas, f5, g5
et h5. Le Roi blanc est donc déjà sur l'une
d'entre elles, et par conséquent les Blancs
doivent gagner, mais comment avancer
encore malgré l'opposition du Roi adverse ?
C'est précisément à cela que sert le
temps de réserve d'un pion.
1.g4
Comme les Rois sont en opposition, le
pion avance et cède le trait à l'adversaire.
De la sorte, le Roi atteindra au prochain Diagramme 1.14
coup une nouvelle case critique.
1...@h7 Tout ce que nous avons dit jusqu'ici est
Ou 1...@f7 2.c;ifü6 avec une situation valable pour tous les pions, hormis le pion­
équivalente. tour, qu'il faut considérer séparément.
2.@f6 En finale de pion, le pion-tour est le
Maintenant, le Roi occupe déjà une case plus difficile à promouvoir et l'on n'y par­
critique du pion en quatrième rangée, et vient que si tout son chemin est dégagé.
même du pion en cinquième rangée, si bien La raison en est qu'il y a un pat quand le
que l'on pourrait avancer le pion, mais il y pion arrive en septième rangée soutenu par
a plus simple. son Roi, que le Roi adverse se trouve déjà

36

sur la case de promotion ou qu'il ait accès à
celle-ci. Cela rend caduques toutes les règles
d'opposition et de cases clés que nous avons
énoncées dans les finales précédentes.
Dans ce diagramme, peu importe qui a
le trait, la partie est nulle.
1.�hl
Les Blancs perdent l'opposition, mais
c'est sans importance car il y a pat de toute
façon.
1...h2 pat.
Conclusion : avec un pion-tour, si le Roi de la
défense peut se placer devant le pion, c'est
partie nulle.
Le nombre de pions ne change
rien
Diagramme 1.15
Bien que nous soyons en train d'ana­
lyser les finales avec un seul pion, nous
ferons une exception avec ce diagramme
pour illustrer à quel point il est difficile de
couronner un pion-tour.
Ainsi, nous verrons que si le Roi de la
Les finales élémentaires D
défense se place devant les pions, on ne
peut pas gagner, même avec six pions­
tours !
1.�hl �f3 2.�xh2 �g4 3.�hl � g3
4.�glh2+
Quoi d'autre?
5.�hl � g4 6.�xh2 h3 7.�hl� g3 8.�gl
h4 9.�hlhS10.�glh611.�hl�f312.�h2
� g413.�hl �g314.�glh2+ 15.�hl
Et de nouveau il faut perdre le pion
avancé pour éviter le pat et ainsi de suite
jusqu'à les avoir tous perdus, à moins de
ne jamais avancer.
Finale 5
L'enfermement du Roi du camp
fort
Malheureusement pour le camp qui a le
pion, se placer devant ce dernier n'est pas
la seule façon de faire nulle contre un pion­
tour. La proximité de la bande peut aussi
restreindre de façon dramatique la mobi­
lité du Roi du camp fort.
Diagramme 1.16
37
Jesûs de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

Dans la position du diagramme, certaines positions le camp faible doit faire

les Noirs menacent 1...@b2, dégageant attention si son Roi est confiné à la bande.
jusqu'au bout la route de leur pion, mais Il est particulièrement dangereux d'ame­
c'est aux Blancs de jouer. ner le Roi dans le mauvais coin.
1.'.t>cl!
Empêche 1...@b2, et menace 2.@bl. En finale de Tour contre Fou, le mauvais
1...@a2 coin est celui de la couleur du Fou.
C'est le seul moyen d'empêcher que le
Roi blanc ne se place devant le pion, mais
après ce coup le Roi noir perd toute mobi­
lité et il ne pourra pas laisser passer le pion.
1...a4 2.�bl a3 3.@al conduit à la nulle que
nous connaissons déjà.
2.@c2!
Maintenant, les Blancs ne laissent pas le Roi
noir sortir du coin. L'analyse est très simple.
2... a4
2... @a3 3.@bl=.
3.@cl a3 4.@c2 @al 5.@cl
Et il n'y a rien à faire. Le Roi ne peut pas
partir, et si le pion avance, c'est lui qui se Diagramme 1.17
retrouve pat.
La chose est si claire que nous pourrions Dans la position du diagramme, le Roi
ajouter plusieurs pions doublés sur ce dia­ noir ne peut pas s'éloigner du coin et il
gramme sans que les Noirs puissent gagner. perd quelle que soit la position du Fou.
1..�.fl
Conclusion : pour faire nulle contre un Le procédé consiste à obliger le Fou de
pion-tour, il suffit de placer le Roi devant lui, sortir de sa cachette derrière le Roi blanc
ou bien d'occuper une des deux premières pour menacer mat sur la huitième rangée
cases de la colonne fou la plus proche (ici. avec gain de temps. Menacer mat tout de
c l ou cl).
suite par 1..i::tb7?? serait une grave erreur
parce qu'après 1...@f8 on ne pourrait pas
forcer le Roi noir à retourner dans le mau­
Finale 6 vais coin.
1...i.h2
Tour contre Fou. Le mauvais coin
Essayant de rester en zone sûre, mais
il n'y a pas assez de cases, comme nous le
En général, l'affrontement d'une Tour et verrons trois coups plus loin. Les autres
d'un Fou s'achève par la nulle, mais dans coups perdent plus vite. Par exemple : 1...

38
 Les finales élémentaires Il
.td4 2.l:.dl .tb6 3.l:.bl .tc7 4.l:.cl et on ne d'échec. Les Blancs devront alors laisser
peut pas continuer à empêcher l'échec en le Fou jouer pour ·éviter le pat et la situa­
huitième rangée. tion se répétera. Il n'y a aucun essai de gain
2.l:.hl .tg3 3Jig1 .th2 4..l:g2 vraiment sérieux.
La Tour prend deux des cases sûres et 1 ..l:a8+ ii.g8
la découverte par le Roi interdit l'accès à À présent, la Tour ou le Roi doivent allé­
la troisième (f4), si bien que le Fou se voit ger la pression pour éviter le pat.
forcé de s'aventurer dans la zone où la Tour 2..l:a7
blanche pourra gagner un tempo décisif. 2.@gS @g7 3. .l:a7+ @h8 4.@g6 il.c4
4....td6 [4....tf4 5.@fS++-] 5.l:.d2 .te7 5.l:.a3 ii.dS 6..l:h3+ @g8 7..l:e3 @h8 est une
6..l:c2 ii.f8 7..l:c8 et le Roi noir va se fairevariante similaire.
mater. 2....tb3 3.@g6
3..l:h7+ @g8 4..l:b7 ii.dS : le Fou a tou­
jours assez de cases sur la diagonale.
Finale 7 3....tc4
La seule précaution que doit prendre le
Tour contre Fou. Le bon coin
camp avec le Fou est de placer celui-ci à une
distance suffisante pour donner échec sur
Dans l'autre coin, c'est tout le contraire. la diagonale b1-h7 en cas de besoin. C'est­
La défense y est si facile qu' il est parfaite­ à-dire que 3...ii.e6?? serait fautif à cause
ment raisonnable de se diriger vers ce coin de 4..l:h7 @g8 5..l:e7 et les Blancs gagnent.
dès le début de la finale. Hormis ce risque, la défense est solide.
4.l:.h7 @g8 5.l:.c7 ii.d3+ 6.@h6 ii.e4=.

Finale 8
Tour contre Cavalier. Roi et
Cavalier à la bande

Dans la lutte contre la Tour, le Cavalier

Diagramme 1.18
Le Roi noir se trouve dans le coin et
le Fou est prêt à le couvrir en g8 en cas
peut éprouver davantage de difficultés que
le Fou, même si la majorité des positions
sont nulles. Dans cette finale, il est haute­
ment recommandé de garder le Cavalier
près du Roi. Quand le Cavalier s'écarte de
son Roi, on peut perdre.

39
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Diagramme 1.19
On ne risque rien bien que les pièces
soient reléguées à la bande (mais pas
dans le coin). De plus, cette position est de
grande importance théorique, parce qu'elle
provient souvent de la lutte Tour contre
pion, ainsi que nous le verrons dans le cha­
pitre correspondant.
Quand le Cavalier et le Roi sont tous les
deux à la bande, on doit souvent jouer des
coups forcés, mais ainsi on risque moins de
se tromper. Il ne faut en aucun cas éloigner
le Cavalier du Roi, même si ça ne perd pas
toujours. Ici, le premier coup est claire­
ment forcé.
1.èbf2+�e3
Le second l'est aussi, si l'on s'en tient
au principe de maintenir côte à côte le Roi
et le Cavalier, même si dans le cas présent
l'échec en g4 ne perd pas.
2.èbdl+�f3
A leur troisième coup, les Blancs ont
deux options qui peuvent mener à la même
position quelques coups plus tard.
3.èbc3
40
3.�fl :e2 4.êbc3 et au coup suivant le
Roi ou le Cavalier reviendront. C'est le seul
moment où le Roi et le Cavalier se séparent
temporairement.
3 ...:c2 4.èbdl
Voyons ce qui se passe si le Cavalier
••• •
préfère s'aventurer à découvert: 4.èbdS??
(D)
•• •• •• ••
• • •
• •••
••••
• • lb • •
•
••
•%% �-- %Vsi •
- � %,,,,,, -
Diagramme d'analyse 1.20
Une fois que le Cavalier s'est éloigné
de son Roi, le plus probable est qu'il sera
perdu - et c'est bien ce qui va se produire
dans ce cas - même si le processus tac­
tique de sa capture est souvent difficile. Le
camp fort doit restreindre les mouvements
du Cavalier, mais il doit aussi profiter des
attaques doubles et des clouages pour com­
pléter la manœuvre d'enfermement: 4...
:c4 (empêchant un repli par b4; le Cava­
lier doit encore s'éloigner) 5.èbb6 (si 5.èbf6,
alors 5...:d4 prend presque toutes les cases
du Cavalier: 6.èbh7 �f4 7.èbf8 �f5-+) 5...
:b4 6.èbc8 (on ne peut pas revenir à cause
de 6.èbdS :e4+ 7.Wfl :d4 8.èbc3 :d3-+)
6...:b7! (tous les coups de Cavalier sont
empêchés directement ou indirectement)

7.@d2 (7.êt:ld6 lîe7+ 8.@fl l:i.d7-+) 7... @f4
et le Roi noir se dirige vers sa proie. 8.@e2
�e5-+. Comme nous l'avons vu, l'analyse
concrète est compliquée, mais il suffit de
savoir qu'il faut toujours éviter d'éloigner
le Cavalier quand c'est possible.
4..J�.e2+
C'est le seul moyen de séparer le Roi
du Cavalier, mais seulement momentané­
ment.
5.@fl �h2 6.@el
Le Roi revient tout de suite.
6...lîc2 7.@fl=.
Finale 9
Tour contre Cavalier. Roi et
Cavalier dans le coin
Mais tout change si le Roi et le Cava­
lier sont dans le coin de l'échiquier, peu
importe lequel occupe la case d'angle. La
mobilité des deux pièces diminue et on
Diagramme 1.21 Diagramme 1.22
Les finales élémentaires Il
perd immédiatement. Même si le Cavalier
occupe la case g2 (une case particulière­
ment malheureuse pour un Cavalier), il
perd dans de nombreuses positions.
Pas besoin d'analyse, ni de se préoc­
cuper du trait : les Blancs perdent tout de
suite le Cavalier dans les trois diagrammes
ci-dessous.
Le cas du troisième diagramme, où l'on
perd le Cavalier bien qu'il ne soit même
pas à la bande de l'échiquier, est particu­
lièrement frappant. C'est la première fois
que nous rencontrons les effets de la « case
idiote du Cavalier», comme on l'appelle,
mais ce ne sera pas la dernière.
! Conclusion : dans l'affrontement entre Tour i
i et Cavalier; il y a deux situations que le 1
camp du Cavalier doit éviter:
1) Séparer le Cavalier de son Roi.
2)Avoir Jes deux pièces dans te coin (y com­
pris avec le Cavalier en g2, b2, b7 ou g7).
Diagramme 1.23
41
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Tour contre Cavalier dans une
partie récente
Nous avons présenté la finale Tour contre
Cavalier dans ce chapitre parce que les idées
essentielles sont
1) simples et
2) indispensables à connaître.
Mais il est vrai que la phase de capture du
Cavalier peut être compliquée. Il existe aussi
quelques positions avec le Roi et le Cavalier
à la bande qui exigent une certaine précision
en défense, bien qu'elles ne fassent pas excep­
tion à la règle qui veut que l'on ne perde que
quand une des pièces est dans le coin.
Diagramme 1.24
Kamsky - Bacrot
Sofia 2006
Quand j'étais en train de terminer ce
livre, une partie étonnante s'est jouée entre
deux joueurs d'élite et son résultat a laissé
perplexes tous les observateurs (du moins,
c'est ce que je croyais). Comme elle est par-
ticulièrement intéressante, en ce qu'elle
associe très bien les idées des deux dèr-
42
nières finales et illustre les problèmes qui
se posent dans certaines positions avec le
Roi et le Cavalier à la bande, je me suis dit
qu'il valait la peine de l'inclure, même si,
vu sa complexité, je ne recommande pas de
la mémoriser au même titre que celles qui
précèdent. Pour la même raison, je ne com­
menterai pas toutes les variantes en détail.
Bacrot est arrivé à cette position après
avoir défendu avec précision une finale
Tour et pion contre Tour et piort, puis Tour
contre pion (voir la question 28 du test
final). Il vient de faire une promotion en
Cavalier, ce qui, comme nous le verrons
à la finale 23, est la méthode de sauvetage
typique dans de telles positions, et il est
parvenu à une finale nulle a priori bien
connue. Il s'est sûrement relâché et il lui
restait probablement peu de temps.
Mais il y a une circonstance spéciale qui
nous intéresse du point de vue théorique:
le Cavalier est « à portée » de sa case idiote
{g2) et le Roi et à côté du Cavalier près de
la case en question. Dans ce cas, la défense
est quelque peu plus difficile.
1.�g3 lbd3 2.�d2 lbe1 3.�f2+ @gl 4.l:as
lbg2
Jusque-là, tout était forcé, et c'est main­
tenant que l'on ressent la première gêne.
Le Cavalier doit se rendre sur sa case
idiote ou bien s'éloigner du Roi. Des deux
alternatives, la plus naturelle est 4...lbd3?,
qui perd sur 5.'�f3 lbel+ 6.@e2+-. 4...lbc2
mène au contraire à la nulle, et c'est à mon
avis le chemin le plus facile, mais on a du
mal à éloigner autant le Cavalier. 5.@f3
@fl= et il n'y a pas vraiment de problème.
Ici, il est logique de se poser quelques
questions : peut-être que quand on fait
 Les finales élémentaires n
promotion sur cette case et que le Roi se cuité de cette phase que nous avons obser­
trouve de ce côté, le Cavalier est obligé de vée au diagramme 1.20. 14.@e3!+-.
se rendre sur sa case idiote et perd ? Il n'en 14...@g2! 15.:e4 tbf7?
est rien, mais certaines difficultés méritent 15...liJd7!=.
d'être notées. 16.:e7 liJd6 17.:g7+ @h3 18.@f3 @h4
5.@f3 @fl? 19.@f4 @h5 20.:e7 tbc4 21.:e6 liJd2 22.:c6
C'est ce coup qui est perdant. Il n'y a là lbb3 23.@e3 @g4 24.:c4+ @g3 25.:c3 tba5
rien d'étonnant, puisqu'avec le Cavalier sur 26.@e4+ @f2 27.@dS liJb7 28J:tb3 ltJdS
cette case, on perd pratiquement toujours. 29.:bS 1-0
Le chemin de la défense est étroit: 5...tbh4+
6.@e3 @g2 7..:gs+ @h3 8.@f2 @h2= et les
Noirs ont réussi à revenir à la position ini­
tiale.
6.@g3+?
Kamsky ne trouve pas le gain du pre-
mier coup: 6.:f7!.
6...@g1 7.@f3 @fl? s.:f7!
Une étonnante position de Zugzwang.
8....�Jel+ 9.@e3+@gl
9.. .'ïtig2 10.@e2+-.
10.@e2 ltJg2 11.:h7 (D)

Diagramme 1.25

11...liJf4+ 12.@f3 liJd3 13.:h4 tbe5+

14.@e2?
Un exemple supplémentaire de la diffi-

43
 2.TEST ÉLÉMENTAIRE

2.01 • Trait aux Blancs 2.02 • Trait aux Blancs

Nulle? Nulle?

2.03 • Trait aux Blancs 2.04 • Trait aux Noirs

Nulle? Que faut-il jouer et quel sera le résultat?

45
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

2.05 •Trait aux Blancs 2.06 •Trait aux Noirs

Que faut-il jouer et quel sera le résultat ? Nulle?

2.07 •Trait aux Blancs 2.08 •Trait aux Noirs

Nulle? 1.. .i.c4 est bon, mauvais ou ne fait pas
de différence?

46
 Test élémentaire IJ

2.09 • Trait aux Blancs 2.10 • Trait aux Noirs

Nulle? Nulle?

2.11 • Trait aux Blancs 2.12 • Trait aux Noirs

Que faut-il jouer et quel sera le résultat? Nulle?

47
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaitre

2.13 •Trait aux Blancs 2.14 •Trait aux Blancs

Le gain est-il possible? Cela vaut-il la peine de continuer ?

2.16 •Trait aux Blancs

Que doivent-ils faire et quel sera le
résultat?

48
 Test élémentaire Il

2.17 • Trait aux Blancs 2 .18 • Trait aux Blancs

Nulle? Le gain est-il possible?

2.19 • Trait aux Blancs 2.20 • Trait aux Blancs

Quel est le résultat correct? Le gain est-il possible?

49
 - - - -
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

--------
---·-
- -- -
--------
a a@a a
2.21 •Trait aux Blancs 2.22 •Trait aux Blancs
Quel est le résultat correct ? Le gain est-il possible?

2.23 •Trait aux Blancs 2.24 •Trait aux Blancs

Supposez que vous ayez déjà pris 30 de Nulle?
vos 50 coups pour arriver là. C'est le
moment de s'appliquer.
Que faut-il faire?

50
 Il

- - - -
Test élémentaire

m�-m-m:a
- -
------·-
-
--------
----2.25 • Trait aux Noirs 2.26 • Trait aux Noirs
Nulle? L'échange des Dames en cS gagne-t-il?

Solutions @d2 3.@e5 @e2 4.lbhl @f3 5.@d4! @g2

6.@e3 @xhl 7.@f2"'.
2.01 Oui: 1.lbc4! @g22.l2:'ie3+@f23.l2:'ig4+=.
le Cavalier blanc atteint le circuit correct. 2.06 Oui, parce que le Roi noir obtient
l'opposition par derrière. 4 ...@d3! 5.i.b6
2.02 Non. 1.l2:'if3+ @g2 2.lbel+ @g3-+ et i.g5 6.i.c7 i.e3 7.i.d6 [7.@b7!? @c4 8.@a6
le pion fait Dame. @b3! 9.i.b6 i.g5 10.i.f2 i.dS 11.i.el @a4!=]
7...@c4! =.
2.03 Non, parce que le Roi est dans la
zone de gain. 1.�d4+ l@e2 2.�c3 @dl 2.07 Ça gagne parce que la diagonale
3.Yi"d3+@cl4.@c4! @b25.ifb3+@al 6.�c3+ h6-f8 ne fait que trois cases. 1.i.h6 @h5
�bl 7.@b3 clv.i' 8.Vi°d3+ @al 9.Vi°a6+ @bl 2.i.g7 i.d2 3.i.d4 i.h6 4.i.e3 i.f8 5.i.d2
10.�a2#. @g4 6.i.h6+-.

2.04 1.. J::î.el!. Comme ils ne peuvent pas 2.08 l...i.c4 n'est pas bon, le bon coup
atteindre la position de Philidor, les Noirs est 1...i.d7. 1...i.d7! [l...i.c4? 2.i.gS i.b3
prennent celle de Kling et Horwitz. Voir la 3.@d4 i.a2 4.@cS i.b3 5.@d6 i.c4 6.e6++-]
finale 56. 2.i.g5 i.c8!= 3.@f4 i.d7=.

2.05 1.l2:'if2! érige une barrière.1 ...@c3 2.09 C'est partie nulle parce que le Fou
[l...@e3 2.lbg4+; l...@eS 2.lbg4+] 2.@d6 contrôle les deux pions sur la même dia-

51
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

gonale et on ne peut pas lever le blocage.
l.i.cs i.h2 2.�ds �f6 3.�c6 �e7 4.�b6
i.b8! S.i.g4 �d6 6.i.h3 @e7 7.@c6 i.f4 =.
2.10 Non. Ça gagne parce que les deux
pions sont très éloignés l'un de l'autre.
Par exemple : l...@f6 2.@g4 @e5 3.i.c2
g5 4.i.d3 as 5.i.c2 @d4 6.@f3 @c3 7.i.dl
@b4 8.@e2 i.f4 9.@d3 a410.@c2 a311.�bl
@c3 12.@a2 i.d6 13.i.g4 �d2 14.�bl @e3
1S.@a2 @f416.i.dl g4, etc.
les cases critiques. l...�d7 2.@g3 @e6
3.@h4 @f6 4.@h5 @g7 5.@g5 @f7 6.@h6+-.
2.19 Nulle: l.gS°iV+ �fl! [1...�f2 2.°iVa2+
�fl 3.°iVbl + @g2 4.°iVc2+ �h3 5.°iVd3+ �g2
6.°iVe2+ @gl 7.@g3+-] 2.°iVc4+ @gl! 3.°iVcl+
@h2!=.
2.20 Oui, grâce à la coupure horizontale
l.l:i.hS!. Voir la finale 62 [1.l:i.cl @dS=, voir
la finale 59].

2.11 On gagne avec le contournement 2.21 Nulle: l.@el!= �e4 2.@e2.

l.�d6! d3 2.@cS �e3 3.�c4 d2 4.@c3+-.
2.221.hS!+-. Voir la finale 83 [1.@c4 h5=].
2.12 Oui, 1...@b2! [1...a2? 2Jib8+
@a3 3.@c2 altl:l+ 4.@c3+-] 2.l:i.b8+ @cl! 2.23 l.êl:ld7! [1.i.c2 et 1.@d5 gagnent
3.l:i.a8 �b2 4.�d2 a2 5.l:i.b8+ �al! [5 ...@a3 aussi en moins de 20 coups, mais c'est la
6.�c2+-] 6.@c2=. bonne méthode dans sa forme la plus
pure] l...@c6 [1...@b7 2.i.d3] 2.i.d3 [cou-
2.13 l.a7!@f7 [1...@d62.l:i.d8+-] 2.l:i.h8+-. pant la sortie] 2...@c7 3.i.bS! �d8 4.êl:lf6
�c7 5.êl:ldS+ [la cage est construite] 5...@d8
2.14 Oui, d'autant plus que ça fait nulle. 6.@d6 @es 7.@e7 @b7 8.@d7 @b8 9.i.a6
1.c4 e2 2.c5 el°iV 3.c6 et comme il n'y a pas @a7 10.i.cS @b8 11.êl:lb4 �a7 12.�c7 @a8
d'échec, le pion atteint la septième rangée. 13.i.b7+ @a7 l4.tl:lc6#. Voir la finale 93.

2.15 Oui.1.@c6!@d8 2.@d5 @xd7 3.f6+- .
2.16 l.d4! [1.@d2?? d4 2.@e2 @g3 3.@d2
@f3 4.@c2 @e2 5.@cl @xd3 6.@dl @c3
7.@cl d3-+] l...@e4 2.@c2 @xd4 3.@d2!=.
2.24 Oui, parce que le Roi noir est en
dehors de la zone de gain, mais le seul
coup salvateur est un peu paradoxal :
l.@f6!= [1.@e8? @dS 2.fS°iV @e6-+; 1.@e6?
°iVg7 2.@e7 @e5-+].

2.17 Oui, mais il faut jouer le bon coup
de Cavalier. l.èbf4! [1.êl:lf2?? c2 2.êl:ld3+@d2
3.êl:lcS @c3 4.tl:le4+ @b4 5.êl:lf2 @c4-+] l...c2
2.êl:le2+! @d2 [2...@dl 3.êl:lc3+ @d2 4.êl:la2]
3.êl:ld4=.
2.18 l.@f2! est le seul coup qui atteigne
2.25 Oui, si les Noirs connaissent l'idée
de charger le Roi adverse à l'épaule (finale
24) : 1...@f3!! (1..f3? perd: 2.@b5 @g3 3.@c4
f2 4.@d3 �g2 5.@e2 et le Roi blanc arrive à
temps selon la règle que nous verrons à la
finale 21) 2.@b5 @e3 3.@c4 f3 4.l:i.e7 @d2!=.

52
 Test élémentaire Il
2.26 Non. Les Blancs peuvent mainte­
nir l'opposition. 1 ...iVcS?? (1... iVc4 gagne)
2:-li'cs @c5 3. @d2 @d6 4.@e3! @e5 5.@d2!
(1' opposition est plus importante que le
pion) 5...@d6 6.@e3 @dS 7.@d3=, $uba­
Huerga, Benidorm, 2007.

53
 3. CAVALIER CONTRE PION
Commençons en douceur. Une fois les finales les plus basiques connues, le premier
groupe de finales que l'on doit dominer, sans laisser place à la moindre lacune, est celui
des finales où une pièce affronte un pion. Parmi elles, le cas du Fou est trivial, puisqu'il
suffit d'examiner si le Fou peut contrôler une des cases par lesquelles le pion doit passer.
A l'inverse, le cas de la Tour est le plus complexe. Enfin, un Cavalier ou une Dame consti­
tuent des cas intermédiaires.
Nous commencerons par le Cavalier. On peut dire que ce chapitre est le plus facile de
tout le livre. Il n'en est pas moins aussi important que les autres. La connaissance précise
d'une série de positions clés du duel Cavalier contre pion va nous conférer deux avan­
tages:
1) Calculer rapidement les conséquences d'une liquidation à partir d'une finale plus
compliquée.
2) « Sentir » avec justesse les positions plus complexes où un Cavalier est opposé à un
pion passé, mais avec davantage de pièces sur l'échiquier.
Sans compter avec les avantages habituels de la confiance (état inverse du doute) qui
nous permet d'éviter beaucoup d'erreurs.

Finale 10 1.lbdl
Ce coup est forcé mais, comme nous
Cava.lier contre pion en septième
allons le voir, il est aussi idéal. Une fois le
rangée Cavalier situé devant le pion, ses chances
de le contrôler augmentent, dans la mesure
où il peut manœuvrer des deux côtés du
pion. Il est facile de vérifier que les Noirs
ne peuvent pas créer de difficultés.
1...�c2 2.lbf2!
Le plus simple est d'éloigner le Cava­
lier du Roi adverse, même si 2.lbe3 annule
aussi.
2...�c3
Le Roi noir doit entamer un long voyage
pour pouvoir attaquer encore le Cavalier.
3.�a6 �d4 4.�b5 �e3 5.'Lldl+ �e2
6.'Llb2! et l'on retrouve la situation du 2e
Diagramme 3.1 coup, côté opposé. La nulle est évidente.

55
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Si l'on analyse cette situation avec le
pion moins avancé ou sur une colonne adja­
cente, on verra facilement que le résultat
et les manœuvres sont identiques. D'ores
et déjà, nous pouvons en conclure que si
le Cavalier parvient à se mettre devant le
pion, il fera nulle contre n'importe quel
pion des 4 colonnes centrales, même s1
celui-ci a atteint la septième rangée.
Mais nous allons maintenant amplifier
et préciser cette règle.
Le contrôle latéral
La question se pose naturellement: que
se passe-t-il quand le Cavalier ne peut pas
se placer devant le pion mais contrôle la
case de promotion ?
Diagramme 3.2
Comme le prouve l'analyse, il vaut
mieux, dans ce cas - et si l'on peut choi­
sir - contrôler le pion depuis la rangée sur
laquelle il se situe ou, pour l'exprimer de
56
façon plus graphique, « le contrôler latéra­
lement» plutôt que « le contrôler par-der­
rière».
Dans la position du diagramme, il faut
mettre le Cavalier sur la deuxième rangée,
car cela lui donne accès à deux circuits :
l'un permet d'arrêter le pion, l'autre de le
capturer. Dans le cas présent, ces circuits
sont e2-c3-a2 ou bien e2-d4-b3-cl.
l.èbe2+!
Le coup juste, qui met le Cavalier sur le
côté, comme nous l'avons dit. Nous allons
voir que l'autre possibilité perd: 1.èbd3+??
c;t>d2! (le Cavalier est chassé du bon circuit
et le pion ira à Dame) 2.èbc5!? (la dernière
chance, qui est aussi une cause typique
d'erreur de calcul dans cette finale : ce
coup a pu faire penser que la nulle était
acquise, mais c'est une fausse impression)
2...c;t>c3! (évitant le piège, menaçant Dame
et contrôlant les deux« bonnes» cases du
Cavalier, d3 et b3) 3.èbe4+ c;t>d3 (ici, tous les
coups légaux étaient gagnants, mais celui­
ci abrège les soubresauts du Cavalier)
4.èbc5+ c;t>c4 et le pion va faire Dame.
1...c;t>d2
Ce coup autorise une nulle immédiate,
mais 1...c;t>dl permet au Cavalier d'attein­
dre la case idéale de contrôle sur le côté
opposé (a2 dans le cas présent: 2.èbc3+!
c;t>d2 3.èba2=) et les autres coups de Roi ne
sont pas gênants.
2.èbd4! cl'iY 3.èbb3+=.

Conclusion : contre un pion d'une des 4
colonnes centrales en septième rangée :
1) Si le Cavalier peut se mettre devant le
pion, la partie est nulle.
2) S'il ne peut pas se mettre devant le pion,
alors il doit contrôler la case de promotion
«latéralement» et c'est partie nulle.
3) S'il ne peut ni se mettre devant le pion,
ni contrôler la case de promotion «latéra­
lement » en se plaçant sur la même rangée
que le pion, ce dernier sera promu.
Finale 11
Le pion-cavalier
Le lecteur attentif aura observé que
iusqu' à présent, nous avons toujours fait
référence à un pion de l'une des 4 colonnes
centrales. C'est parce qu'avec les autres
pions, il existe quelques exceptions. La
raison en est la proximité du bord de l'échi­
quier, qui empêche le Cavalier de manœu­
ner librement des deux côtés du pion.
Diagramme 3.3
Cavalier contre pion Il
1...b2!
Un excellent coup, très facile à trouver
quand on sait que dans le cas d' un pion­
cavalier en septième rangée, si le Cavalier
ne peut pas se placer devant le pion, alors
il ne peut pas l'arrêter.
1...@c2?, avec l'idée logique d'empêcher le
Cavalier de se rapprocher, est une faute qui
nous permettra d'analyser ce qui se passe si le
Cavalier peut se mettre devant le pion. 2.'2:-id6!
Un détail tactique important qui empêche
l'avance immédiate du pion. Cet éloignement
temporaire du Cavalier est très fréquent dans
sa lutte contre un pion. 2...@c3 (2...b2 3.'2:-ic4=;
2...@d3 3.'2:-ibS suivi de '2:-ia3, nulle) 3.'2:-ie4+
@d4 (3...@d3 autorise l'échange immédiat
du Cavalier contre le pion et 3...@c2 répète
la position) 4.'2:-id2 b2 5.'2:-ibl. Le Cavalier est
maintenant parvenu devant le pion, et nous
allons voir que la partie est nulle, bien qu'il ne
soit pas aussi mobile que contre un pion cen­
tral. 5...@d3 6.@g2 @c2 7.lba3 @b3 8.'2:-ibl=. Il
n'est pas possible de lever le blocage.
2.'2:-id2+
2.'2:-ic3+ perd de la même façon que
contre un pion central: 2 ...@c2 3.'2:-ibS @b3
4.'2:-id4+@c3 s.'2:-ib5+@b4-+.
2...@cl!
Voilà la différence avec un pion central.
Maintenant, le Cavalier n'a pas de « bonne
case» de l'autre côté du pion.
3.'2:-ib3+ @dl et le pion fait Dame.
Conclusion : avec un pion-cavalier en sep-
tième rangée :
1) Si le Cavalier peut se mettre devant le
pion, c'est partie nulle.
2) S'il ne peut pas se mettre devant le pion,
alors celui-ci sera promu.
57
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Finale 12
Le pion-tour en sixième rangée
Ainsi que c'est presque toujours le cas,
les règles avec un pion-tour sont diffé­
rentes. Dans la lutte contre un Cavalier, le
pion-tour est le pion le plus dangereux. La
raison en est que la Cavalier a plus de mal
à manœuvrer, du fait de la proximité du
bord de l'échiquier. Nous allons commen­
cer l'étude du pion-tour quand celui-ci est
en sixième rangée. Dans ce cas, les probabi­
lités de nulle sont du même ordre qu'avec
un pion central en septième rangée.
Le Cavalier n'a pas de problème s'il peut
se placer sur la case devant le pion, mais s'il
ne peut pas, et ne fait que contrôler cette case,
il lui faut trouver le bon circuit pour faire
nulle. Dans le cas d'un pion h, ce circuit est
composé des quatre cases g4-e3-fl-h2.
Diagramme 3.4
V:t:'lg4+!
Le Cavalier prend le bon circuit.
l.lbc4 fait nulle aussi, grâce à une pointe
58
tactique qu'il est intéressant d'observer, car il
est assez paradoxal que, dans la position ini­
tiale, avec le Cavalier en a5 (loin du pion), les
Blancs fassent nulle, mais qu'avec le Cavalier
en h4 (près du pion), ils perdent. Grâce aux
échecs, le Cavalier peut traverser rapide­
ment l'échiquier, mais il lui faut atteindre le
bon circuit, ce qu'il ne peut pas faire depuis
h4. 1...@g2 (1...@gl 2/beS! - c'est la pointe
tactique dont je parlais : le pion ne peut pas
avancer et le Cavalier atteint g4 - 2...@fl
3.êt::ig4!=; 1...@g3 2.êt::ie3=) 2.êt::ie3t.
Par contre, le tentant 1.êt::if3+? ne marche
pas. Le Cavalier choisit là un mauvais cir­
cuit, parce qu'il finira par se faire expulser.
1...@g2 2.êt::ih4+ (2.êt::iel+ @g3-+) 2...@f2-+
et le pion va à Dame.
1 ...@g3 2.êt::ie3 @f3 3.êt::ifl @f2 4.êt::ih2
Le Cavalier se déplace sur le circuit
formé par les cases h2-fl-e3-g4, dont le Roi
noir ne peut le chasser, et la partie est nulle.
Conclusion : le Cavalier fait nulle contre le
pion-tour s'il peut se mettre devant lui. S'il
ne fait que contrôler la case devant le pion,
il peut faire nulle depuis le circuit g4-e3-fl
(quand la case de promotion est h 1 ), mais
pas depuis f3.
· ······-····'"" · -····-···,.····--
Finale 13
Le pion-Tour en septième rangée
La barrière
Il ne nous reste plus qu'à analyser la lutte
du Cavalier contre le pion-tour en septième
rangée. Dans ce cas, le Cavalier peut toujours
être délogé ou capturé par le Roi adverse. Les
 Cavalier contre pion Il
espoirs de nulle reposent sur la participation Le Roi noir semble très proche, mais

- - -
de son propre Roi, mais ils sont beaucoup plus nous allons vite voir qu'il ne lui est pas

�-
--------
importants que ce qu'il semble à première vue. facile de s'approcher davantage. Le Cava­
lier a érigé une barricade constituée des
cases marquées d'une croix. Le Roi noir ne

-----itJ---
peut s'y aventurer sans perdre le pion. Pour
la contourner, il doit emprunter la route

---·- -·
d4-e5-f4 ou bien c2-dl-el-f2 et toutes les
deux permettent au Roi blanc de s'appro­

- - -
cher. Il est intéressant d'observer que la

----
partie essentielle (et solide) de la barrière,
les cases d2-e2-e3-e4, est en forme de L.
2...@d4
L'autre chemin est très long aussi : 2...
@c2 3.@c6 @dl 4.@d5 @el 5.@e4 @f2
6.@f4=.
Diagramme 3.5 3.@c6 @e5 4.@c5 [4.CtJhl @e4 5.@c5=] 4...
@f4 5.CtJhl @f3 6.@d4 @g2 7.@e3!
Le pion va avancer sur la septième Le Roi blanc arrive juste à temps pour
rangée, et le Roi blanc est très éloigné. La occuper la case f2.
situation semble critique pour le camp du 7...@xhl 8.@f2=
Cavalier, et pourtant la position est nulle.
1.ê2:'ig3! h2 L'autre barrière
1...@e3 2.CtJfl et le Cavalier arrive en h2.
2.@b7

Diagramme 3.7

Diagramme 3.6 Cette position est la fin d'une étude de

59
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
Grigoriev, mais elle peut facilement surve­
nir en pratique.
Depuis e4, le Cavalier peut arrêter le
pion - et construire des barrières ! - aussi
bien en f2 qu'en g3, et il peut choisir entre
ces deux cases en fonction de la position
du Roi adverse.
1...@c2
Le Roi anticipe la construction de la
barrière et s'apprête à la contourner, mais
dans ce cas c'est insuffisant parce que le
Roi blanc va pouvoir défendre le Cavalier
depuis f4.
1...@d3?! 2.tbg3!= (revoilà la barrière
que nous connaissons depuis la position
précédente) 2...@c2 3.@d6 @dl 4.@e5 @el
5.@f4=.
1...@d4?!2.e'.bf2! (D)
Diagramme d'analyse 3.8
Et voici qu'apparaît une autre barrière,
qui est précisément la plus gênante pour
le Roi noir dans sa position actuelle. De
nouveau, la partie importante de la bar­
rière est en forme de L (cases e5, e4, e3 et
d3). (Ici, 2.e'.bg3? perd : 2...@e5! 3.@c6 @f4
4.e'.bhl @f3-+ 5.@d5 @g2 6.@e4 et le Roi
60
blanc n'arrive pas en f2) 2...c;t>c3 (le Roi
commence à contourner la barrière) 3.@d6
@d2 4.@e5 @e2 5.e'.bhl @f3 6.@d4 @g2
7.@e3 @xhl 8.@f2=.
2.e'.bg3! [2.e'.bf2? c;t>d2-+] 2.., c;t>d1 3.@d6
@el 4,c;t>es @f2 5.@f4=.
Conclusion : seul, le Cavalier ne peut pas
arrêter un pion-tour en septième rangée,
mais sa capacité à construire des barrières
est une ressource qui peut lui permettre
de résister jusqu'à ce que son Roi arrive à
l'aide.
Positions exceptionnelles
Dans la lutte Cavalier contre pion,
il existe au moins deux dispositions de
pièces exceptionnelles, qu'il est nécessaire
de connaître. L'une favorise le Cavalier,
l'autre le handicape.
Finale 14
Le Cavalier fait mat
Il existe une situation tout à fait excep­
tionnelle dans laquelle le Cavalier, aidé par
son Roi, peut mater le Roi adverse. Ce cas
se présente avec un pion-tour en sixième ou
septième rangée lorsque le Roi est coincé
devant son pion. La manœuvre est toujours
rapide et requiert une certaine précision
à cause de la possibilité de pat. Connaître
cette finale servira surtout à éviter au camp
avec le pion de se retrouver dans cette situa-

tion, aveuglé par l'envie de gagner.
Je n'ai jamais rencontré cette position
dans la pratique, et il semble difficile qu'elle
se produise sans une faute grave du camp
avec le pion. Un jour, Sergio Estremera1
m'a dit qu'il y était arrivé dans une partie
rapide sur ICC (Internet Chess Club), mais
son rival a laissé s'écouler le temps jusqu'à
ce que son drapeau tombe - ceux qui
sont familiers des règles de blitz sur ICC
connaissent le résultat de la partie.
Cavalier contre pion Il
Finale 15
La case idiote du Cavalier
On peut appeler la deuxième case de la
grande diagonale (dans ce cas b7, sinon g7,
b2 ou g2) « case idiote du Cavalier». Bien
qu'il ne soit pas à la bande, sa mobilité est
sensiblement réduite ; nous avons déjà vu
dans la finale 9 qu'il a toutes les chances de
perdre contre une Tour, et le voilà main­
tenant impuissant à se défendre contre un
pion qui l'attaque.

Diagramme 3.9

l.'llcl! a2 (le seul coup légal) 2.'llb3#. Diagramme 3.10

La manœuvre peut être un peu plus
..:ompliquée si le Cavalier se trouve sur une Dans le cas limite du diagramme, le
autre case, mais en connaissant l' objec­ Cavalier est situé sur la pire case imagi­
:if, il est toujours facile de la découvrir nable. Non seulement il n'arrête pas le
lorsqu'elle existe. pion, mais en plus il empêche son propre
Roi de le faire.

1.a6 �c8 2.a7+-.

l. Sergio Estremera est un maître international espagnol.

61
 4. DAME CONTRE PION
Le matériel étudié dans ce chapitre est relativement simple. Si vous l'étudiez attentive­
ment et en comprenez tous les détails, vous serez en mesure de calculer rapidement les
simplifications à partir de positions plus compliquées et vous pourrez en extrapoler des
idées aux positions avec davantage de pions. La plupart des joueurs pensent maîtriser ces
finales, mais c'est souvent une fausse impression: ils connaissent quelques idées élémen­
taires mais ignorent des détails très importants.
J'ai vu beaucoup de joueurs de première force, et même quelques grands maîtres,
perdre des demi-points dans les finales qui font l'objet de ce chapitre.
Avez-vous résolu sans difficulté les exercices 3, 14 et 24 du premier test? Si c'est le
.:as, peut-être maîtrisez-vous ce chapitre. Sinon, vous allez sûrement pouvoir améliorer
quelques petites choses.
Dame et pion s'affrontent relativement souvent. Cela arrive en général à l'issue d'une
course en finale de pions. Le calcul paraît simple, mais les subtilités ne manquent pas.
Heureusement, elles sont toutes faciles à retenir, parce qu'elles sont très marquantes.

Finale 16 La tâche des Blancs est relativement

simple. Dans l'immédiat, la Dame doit
Dame contre pion en septième
donner un échec pour éviter la promotion
rangée
du pion.
1.°iVf4+
La méthode de gain La Dame s'approche.
1...'�e2 2.°iVg3!
Une manœuvre indispensable: la répé­
tition des échecs ne conduit à aucun pro­
grès si le Roi noir oscille entre e2 et f2.
2...<.tifl 3.°iVf3+
L'échec clé. Maintenant, le Roi est obligé
de se mettre devant le pion.
3...<.tigl 4.<.tig7
À présent, le Roi blanc s'approche.
4...<.tih2 5.°iVf2
On répète le processus pour continuer à
approcher le Roi.
5...<.tihl 6.°iVh4+ <.tigl 7.<.tig6 <.tifl 8.°iVf4+
Diagramme 4.1 <.tie2 9.°iVg3!

63
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Encore une fois.
9 ...�f110.iff 3+ �g111.�g5 �h2
Et une fois que le Roi est proche, il est
aisé de découvrir un schéma de mat -
d'autant plus, ici, que le bord de l'échiquier
facilite les choses.
12.�h4! glif 13.i½'h3#.
Comme nous l'avons vu, dans une posi­
tion normale la Dame gagne contre un pion
en septième rangée (et a fortiori contre
pion moins avancé), mais nous verrons
dans les exemples suivants qu'il existe des
exceptions, pour deux raisons
a) les ressources de pat;
b) la Dame peut être empêchée de faire
échec par son propre Roi.
Quand le Roi du camp fort est une
gêne
Diagramme 4.2
Ce diagramme illustre la première excep­
tion. Parfois, la Dame est gênée par son propre
Roi. Bien que ce soit à eux de jouer, les Blancs
64
ne peuvent pas gagner parce qu'ils n'ont pas
le moindre échec. Cette situation est typique
du dénouement d'une course de pions.
- -
- ---
- -----�--------��-�--�
i Conclusion : la Dame gagne contre un pion
i ordinaire (colonnes b, d, e et g) en septième
· rangée si elle peut donner échec.
Finale 17
Dame contre pion-tour en
septième rangée
La ressource de pat
Diagramme 4.3
Nous allons voir la seconde exception
la ressource de pat, qui se produit avec un
pion-tour ou un pion-fou. Commençons
par le pion-tour. La Dame a beau pouvoir
faire échec, il ne sert à rien d'obliger le Roi
à se situer devant son pion, puisqu'il est
alors en situation de pat est que le camp
fort n'a pas le temps d'approcher son Roi.
1.�g8 ifdB+ 2.�g7 i½'gS+ 3.�f7 i½'h6

-1.@gS �g6+ 5.@h8!
C'est la différence. La Dame noire doit
s.e retirer et le Roi blanc quittera h8, mena­
çant à nouveau de promouvoir le pion.
5...@d2 pat.
Et maintenant, nous allons voir l'exception
.:le l'exception. Comme nous l'avons vu dans
:.a finale 16, la Dame ne peut pas gagner toute
:;eu.le. Elle a besoin de l'aide de son Roi pour
.::réer un réseau de mat. Son Roi doit donc être
5Uffisamment proche. Mais à quel point ?
Le Roi du camp fort est proche
Vous trouverez dans de nombreux
livres la ligne qui sépare la zone de gain de
la zone de nulle, mais allez-vous en souve­
nir? D'expérience, je peux vous dire que
non. Oubliez les vilaines figures géomé­
triques irrégulières. Tâchez de comprendre
l'essence de cette finale en analysant les
deux variantes exemple que voici. Nous
formulerons ensuite nos conclusions.
Diagramme 4.4
Dame contre pion Il
J'ai choisi cette position parce que le Roi
noir occupe une case depuis laquelle il peut
gagner avec chacune des deux manœuvres
typiques que nous allons observer à présent.
1 ...�d7+ 2.@g6 �e6+ 3.@g7 �e7+
Préparant l'une des deux manœuvres
de gain. L'autre est celle de la variante que
voici - étudiez-la également parce que,
avec le Roi sur une autre case (par exemple
en d6), ce serait la seule façon de gagner :
3 ...�f6+ 4.@g8 @e6!-+. Le Roi se met à
portée de la case clé f7, et les Noirs doivent
faire promotion en Cavalier pour ne pas se
faire mater en un coup. Nous voyons que
dans cette ligne de la case clé pour mater
est f7.
4.@g8 [4.@g6 �f8-+] 4...@f6!
Dans cette variante, le Roi s'approche
de la seconde case critique, g6, qu'il doit
occuper tout de suite après la promotion
du pion adverse.
5.h8�+ 'î.t>g6-+ (D)
Diagramme 4.5
Une position qu'il faut connaître. Bien
qu'ils aient une Dame et que ce soit à eux
65
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
de jouer, les Blancs ne peuvent empêcher
le mat à cause de la mauvaise position de
leurs deux pièces.
Conclusion : pour gagner contre un pion-
tour en septième rangée, le Roi du camp
fort doit être à deux pas de l'une des deux
1 cases clés (f7 ou g6 dans le cas présent).
Finale 18
Dame contre pion-fou en
septième rangée
Avec un pion-fou, le pat peut aussi
constituer une échappatoire, mais la situa­
tion est un peu plus complexe parce que le
Roi de du camp faible peut se trouver d'un
côté ou de l'autre de son pion et les chances
de nulle en dépendent.
Dans le premier exemple, nous allons
voir les principales ressources de la défense
dans une position où le Roi adverse est
éloigné.
Diagramme 4.6
66
1.'it>e7!
Le Roi vient en soutien du pion pour la
promotion. Il est utile de remarquer qu'il
ne faut pas toujours se précipiter sur la
promotion, puisque l.fS'iV?? échoue sur 1...
'iVa3+-+.
1...'iVeS+
La Dame commence la manœuvre
d'approche que nous connaissons déjà.
2.'it>d7 'iVf6 3.'it>e8 'iVe6+ 4.'it>f8
Cela permet au Roi noir de s'approcher
d'une case.
4...'it>c4 5.'it>g7!
Mais à présent, le Roi blanc est passé
de l'autre côté de son pion. Comme nous
allons le voir, c'est le bon côté, il ne sera
plus possible aux Noirs de gagner du
temps pour approcher davantage leur Roi.
5...'iVe7 6.'it>g8 'iVgS+ 7.'it>h8 'iVf6+ 8.'it>g8
'i'g6+ 9.@h8!
C'est la pointe. On menace de faire
Dame et 9...'i'xf7 fait pat.
Conclusion : de même que contre un pion­
tour, pour gagner contre un pion-fou en
septième rangée, la Dame besoin de la
proximité de son Roi.
Dans ce cas, et sans qu'il soit besoin
de nouveau diagramme, on peut faire
quelques extrapolations intéressantes
La première est que si, dans la position
initiale, la Dame ne peut pas faire échec,
un pion-tour ou un pion-fou peut faire
nulle même s'il ne se trouve qu'en sixième
rangée (mais en pratique, sur un échiquier
vide, cela ne sert qu'au pion-fou).
La seconde, qui a une grande importance
pratique, est que, comme les chances de
 Dame contre pion Il
nulle reposent sur le pat, elles disparaissent n'est pas confinée au coin de l'échiquier. Le
si le camp de la défense a un autre pion. Roi attaquant ne dispose donc que d'un seul
temps pour atteindre la case critique g6.
L'autre cas de position gagnante est
La zone de gain du Roi attaquant. celui dans lequel le Roi du camp fort peut
Le Roi de la défense est du bon en un seul coup contrôler la case de promo­
côté. tion du pion (ici, depuis e7).
3 ...�7#
La question est la même que dans le cas
du pion-tour. À quelle distance doit se trou­ ' Conclusion : contre un pion-fou en septième
\'er le Roi ? Mais, dans ce cas, la réponse rangée, si le Roi de la défense est du « bon
dépend du côté du pion sur lequel se trouve côté » (celui du coin), pour gagner, il faut que
le Roi de la défense. Avec le Roi du bon côté, 1 le Roi du camp fort soit à une seule case de
la zone de gain est plus petite que contre un ·L_l'une des deux cases critiques (g6 ou e7).
_ _ _ _ __ _ _ _ _
pion-tour. La raison en est qu'il n'est pas
possible de gagner avec un coup tranquille
de Roi après la promotion du pion. Le Roi de la défense est du
Examinons les procédés possibles et mauvais côté
tâchons d'en extraire une règle

Diagramme 4.8
Diagramme 4. 7
Avec le pion-fou en septième rangée et
1...�a7! 2.@h8 le Roi du mauvais côté du pion, la zone
2.@g8 revient au même. de gain est beaucoup plus grande, plus
2...@g63.f8� grande même que contre un pion-tour.
La Dame noire va faire mat, mais éestmain­ Comme l'analyse va nous montrer, il existe
tenant ou jamais, puisque la Dame blanche deux images de mat. Dans l'une, le Roi

67
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

défend la Dame qui mate depuis la case d7. Avec le Roi dans la zone de gain, mais
Dans l'autre, où le Roi adverse est obligé à deux cases de d7, il faut jouer avec pré­
de passer de l'autre côté du pion, le Roi du cision pour éviter que le Roi adverse passe
camp fort va en g6, comme nous l'avons vu du bon côté sans perdre de temps.
au diagramme précédent. 1...°iVa3+!
Voici la procédure de gain où l'on En réalité, les autres échecs gagnent
amène Roi en g6. La première phase est aussi, mais ils obligent à faire preuve de
facile à comprendre, il s'agit d'obliger le finesse au coup suivant.
Roi à passer de l'autre côté du pion. Par exemple : 1...°iVa7+ 2.@f8 (2.@f6
l...'i1Va7+ 2.@e8 ebs+ 3.@e7°iYe5+ 4.@d7 °iVd4+!) et le seul coup est ici 2...°iYgl.
°iVf6 5.@e8 'i1Ve6+ 6.@f8 @g5! 2.@e8
Le Roi met à profit le temps gagné pour 2.@f6 °iVf8-+ serait trop facile.
s'approcher de g6. 2...°iVa8+3.@e7°iYe4+! 4.@f8
7.@g7 'i1Ve7! Essayant de passer de l'autre côté. 4.@f6
7...'i1Vd7?! 8.@h8!? obligerait à reculer, °iVd4+ 5.@e7 'i1Vg7 6.@e8 @c6-+.
parce que le Roi du camp fort ne peut pas 4... 'iVh7!
s'approcher. Même si le Roi adverse s'est mis devant
8.@g8 @g6-+ son pion, il faut éviter de jouer automa­
Et après la promotion, vient le mat. tiquement et approcher son propre Roi,
parce que pour l'instant l'objectif est d'évi­
Voyons ce qui se passe si le Roi du camp ter que le Roi adverse ne passe du « bon
fort est de l'autre côté de l'échiquier. côté». 4...@c6? 5.@g7 et, comme il est facile
de vérifier, le Roi noir n'est ni à une case
de e7, ni à une case de g6, si bien que c'est
Lematend7 partie nulle.
5.@e8
Le Roi blanc est sur la case fatidique,
la Dame peut atteindre d7 en un coup: le
moment est venu de rapprocher le Roi.
5...@c6! 6.f8°iV °iVd7#.

Conclusion : dans la lutte contre un pion

en septième rangée et avec le Roi de la
défense du mauvais côté du pion, le camp
fort gagne si son Roi se trouve à deux cases
de l'une des deux cases critiques (dans le
cas présent, d7 et g6).

Diagramme 4.9

68
 Dame contre pion Il
Finale 19 4.°iVe2 (D)
Un piège qui marche trop souvent

Nous pourrions arrêter ici ce chapitre

Dame contre pion parce que nous avons
envisagé toutes les circonstances essen­
tielles et qu'il ne reste plus d'exception,
mais j'ai vu trop de joueurs tomber dans le
piège suivant. Aussi allons-nous lui consa­
crer encore quelques diagrammes.

Diagramme 4.11

Diagramme 4.10
Le diagramme montre un pion-fou en
septième rangée avec le Roi adverse en
dehors de la zone de gain (quoique proche
de celle-ci). C'est donc partie nulle, mais
il y a quelques pièges qu'il vaut mieux
connaître.
Si le conducteur des Blancs a de l'expé­
rience, il va probablement essayer d'ame­
ner la position critique après quelques
coups pour nous endormir, par exemple
1.'iVb3+ 'it>al! 2.°iYe3 'it>bl 3.°iYe4 'it>b2
Et maintenant que l'on a fait un peu
mariner, on pose le piège !
4...'it>al!
C'est le bon coup. 4...'it>bl?? est la faute
typique qui tombe dans le piège principal.
5.'it>c4!! cl°iY+ 6.'it>b3+- et malgré la position
de la Dame noire, bien plus confortable
qu'en al, il n'y a pas de coup pour éviter
le mat.
4...'it>c3?? ne fait pas nulle non plus,
parce qu'après 5.°iYe5+! le Roi noir est forcé
de passer du mauvais côté du pion et le Roi
blanc se retrouve automatiquement dans la
« nouvelle » zone de gain.
5.'it>c4 cl°iV+ 6.'it>b3 'iYhl+. Forcé, mais
suffisant pour faire nulle.

69
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Le même piège de l'autre côté
Diagramme 4.12
On peut essayer de même piège depuis
l'autre côté, et il a même davantage de
succès en pratique, parce que la défense
est plus difficile. Le Roi est en dehors de la
zone de gain et la position est donc nulle.
1.�2
Une première phase pour endormir,
comme nous l'avons déjà vu.
1...@dl 2.�3 @d2 3.'ifa2!?
Et maintenant, on appâte.
3...@c3!
Un coup forcé, mais bien étrange,
qu'ont du mal à trouver tous ceux qui ne
connaissent pas la position à fond.
3...@dl?? est le coup naturel et la faute
qui conduit à une fin bien connue: 4.@d4!
cl'if 5.@d3+-; 3...@d3?? ne suffit pas à
cause de 4.'ifh2 et, pour éviter 'ifcl, les
Noirs sont forcés de se mettre dans un
clouage par 4...@d2, ce dont le Roi blanc
profite pour entrer dans la zone de gain
avec 5.@e4+-.
4.'ifa1+ @d2=.
70
Finale 20
Dame contre Dame
Même s'il ne s'agit pas d'un combat
Dame contre pion, nous allons étudier une
position très utile qui a sa place dans ce
chapitre parce qu'elle résulte habituelle­
ment d'une course de pions.
Diagramme 4.13
La première chose à noter est que ce n'est
pas parce que les deux joueurs font Dame
que la partie est nécessairement nulle. Il y a
surtout des chances de perdre si une Dame
est promue dans un angle. Il peut arriver
que la Dame à la bande soit gênée par son
Roi et capturée. Ou un réseau de mat peut
survenir. Quand c'est le cas, les variantes
sont généralement simples. Nous en avons
déjà vu des exemples variés dans ce cha­
pitre.
Quand le Roi du camp fort est relative­
ment proche, et précisément comme sur le
diagramme (en d3 ou c4 quand la Dame
adverse est dans ce coin, en f4 ou e3 si elle
 Dame contre pion Il
a été promue en hl), il existe quelques pos­ 1) Le gain dépend de la position initiale
sibilités supplémentaires. de la Dame blanche.
Il convient de bien étudier cet exemple, 2) Le camp faible doit rechercher autant
que l'on peut considérer standard pour ce que possible cette position relative de la
genre de positions. Dame et du Roi.
1.°iVc5+! @a2 2...@a3
C'est le plus tenace. 1...@a4?! 2.�a7++-; 2 ...@b2 3.�4+.
l...@b3 2.�5+ @a3 3.�a5+ @b2 4.�4+ 3.�a6+ @b2 4.�5+ @a3
conduit aussi à la position de la variante 4...@cl 5.�c4+ @b2 6.�4+ donne
principale; l...@b2 2.�4+ raccourcit la encore la même position.
variante de plusieurs coups. 5.�a5+ @b2 6.�4+ @a2
2.�c4+! 6...@cl 7.�d2+ @bl 8.�c2#
Après 2.�a7+? @bl=, on ne peut plus 7.@c2!
revenir à la manœuvre correcte. Les Blancs ont atteint une position de
Cette variante est très importante, parce gain que nous connaissons déjà.
qu'elle nous apprend deux choses:

71
 S. TOUR CONTRE PION
C'est le chapitre le plus important de cette section pièce contre pion et l'un des chapitres les
plus importants du livre. L'expérience montre que les finales de Tours sont les plus fréquentes
et les plus complexes, c'est pourquoi le chapitre sur les finales de Tours est le plus long. Et le
fait est qu'il y a beaucoup de finales de Tours qui finissent par se transformer en une finale
Tour contre pion(s), quand l'un des joueurs se voit obliger à donner la Tour contre pion passé.
Par ailleurs, la lutte Tour contre pion est beaucoup plus complexe que celles de Dame
contre pion et Cavalier contre pion que nous avons vues dans les chapitres précédents,
parce que celles-ci se limitaient au cas d'un pion en septième rangée, ou exceptionnelle­
ment en sixième, tandis qu'avec une Tour il nous faudra considérer tout l'échiquier.
Avec de l'expérience, si l' on connaît les thèmes caractéristiques et que l' on a du temps
à la pendule, il est possible de calculer toutes les variantes avec précision, mais c'est
quelquefois difficile. Dans tous les cas, si l' on ne s'est pas familiarisé avec les nombreuses
subtilités de cette finale, c'est mission impossible.

Finale 21
Les Rois ne se gênent pas

Un simple décompte

La première approche pour résoudre ces

finales est de compter les temps : combien il
en faut à la Tour et à son Roi pour contrôler
la case de promotion, et combien il en faut
au pion pour atteindre la case de promotion
et à son Roi pour contrôler celle-ci.
Malheureusement, cette méthode Diagramme 5.1
simple ne fonctionne que quand aucune
circonstance particulière ne vient l'altérer, Dans la position du diagramme, les Rois
ce qui est rare. ne peuvent pas se gêner l'un l'autre, les
La situation typique où elle marche échecs de la Tour ne gagnent pas de temps
bien, c'est quand chaque Roi est d'un côté et il n'y a aucune autre circonstance particu­
différent du pion, mais même dans ce cas il lière. En conséquence, un simple décompte
faut faire attention. suffit. Il faudra cinq temps aux Blancs pour
contrôler la case de promotion avec leurs

73
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
deux pièces, et cinq temps aux Noirs pour
que le pion arrive en Dame soutenu par
son Roi. La conclusion est simple : si le trait
est aux Blancs,ils gagnent, si le trait est aux
Noirs, la partie est nulle.
1.@g5!
Si le trait est aux Noirs,la nulle s'obtient
par 1...c3 2.@g5 c2 3Jk8 <.tib3 4.@f4 <.tib2=.
1...c3 2.<.tif4 c2 3..l:ks @b3 4.@e3 @b2 5.@d2
et les Blancs sont arrivés à temps, ainsi que
nous l'avions prévu en comptant les temps.
Tout paraît simple, mais même dans
cette position,si les Blancs changent l'ordre
de coups et commencent par l.llc8?, les
Noirs peuvent court-circuiter leur plan et
faire nulle grâce au brillant 1...@c3!, selon
les principes que nous verrons plus loin.
En pratique, les choses ne sont pratique­
ment jamais aussi simples,et nous découvri­
rons dans les exemples suivants les différents
moyens dont dispose chaque camp pour
perturber « le cours naturel » des choses.
Les Rois se gênent ... un peu
Diagramme 5.2
Euwe, 1934
74
La position du diagramme 5.2 a une
solution très facile, fondée sur les mêmes
principes que celle du 5.1, mais elle nous
donne une vue d'ensemble sur le thème.
Euwe a étudié ce geme de positions dans
les années 1930 et a établi que dans la situa­
tion du diagramme 5.2, la partie est nulle si
le Roi blanc se trouve sur une des cases mar­
quées d'une croix,sinon les Blancs gagnent.
Par exemple, s'il se trouve en f7 comme
sur le diagramme, le Roi a besoin de cinq
coups pour contrôler la case de promotion
du pion et il en faut quatre aux Noirs pour
faire Dame, ce qui veut dire que si c'est aux
Blancs de jouer, ils arrivent à temps.
Ce diagramme nous donne à penser
qu'il existe une vaste zone dans laquelle
un simple décompte fonctionne. Même
quand le Roi est sur la même colonne que
son homologue, cela peut marcher pour
peu qu'il n'y ait pas d'obstacle sur sa route,
comme c'est ici le cas.
1.<.tie6 e3 2.<.tid5 e2 3.@d4 @f3 4.@d3
@f2 5.@d2 1-0.
Finale 22
Roi de la défense en troisième
rangée. La coupure horizontale.
Quand le pion et son Roi sont encore peu
avancés (en général, s'ils n'ont pas encore
franchi la moitié de l'échiquier), il est utile
d'envisager la coupure horizontale, parce
que si cet expédient marche, tout le reste
est superflu.
La coupure horizontale est efficace
quand le Roi du camp faible se trouve sur
 Tour contre pion Il
sa troisième rangée, et elle est complètement c'est la seule méthode de gain.
gagnante quand il s'agit d'un pion-tour ou 1.Mg5!
que le Roi et le pion sont séparés (dans le Il est facile de voir que le Roi blanc
cas contraire, le Roi peut passer de l'autre côté n'arrive pas à temps : 1.Mg8? @cS! (l...@bS
du pion, même si cela lui vaut de perdre du marche aussi, mais pas 1...a4? 2.Mg5!) 2.@g7
temps, et presque toujours la partie). a4 3.<;t>f6 a3 4.@eS @c4 5.@e4 a2 6J:ta8 @b3
7.@d3 @b2 et nulle - nous reviendrons
cette position plus loin, finale 28.
1 ... a4
Le Roi ne peut pas passer, il ne reste
qu'à vérifier que l'avance du pion est égale­
ment sans espoir.
2.<;t>g7 a3 3.i::tg3!
Et le pion tombe. En observant la
manœuvre, on comprend pourquoi la cou­
pure horizontale serait complètement inu­
tile une rangée plus bas.
3 ... a2 4.Ma3+-.

Diagramme 5.3 Pour bien fixer les idées, il est utile de

regarder les trois diagrammes suivants et
Dans la position du diagramme, on leurs énoncés. Si vous avez le moindre doute,
retrouve les deux circonstances voulues faites l'exercice suivant : réfléchissez jusqu'à
et, étant donné l'éloignement du Roi blanc, ce qu'il soit clair que les énoncés sont corrects.

Série de coupures horizontales

La coupure est absolue. La coupure est relative, mais La coupure est inutile.
1.Mg5 est le seul coup gagnant. même ainsi 1.Mg5 est le seul Même au trait, les Blancs ne
coup gagnant. gagnent pas.

75
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Maintenant que nous avons vu la situa­
tion où les Rois ne se gênent pas et celle où
la Tour se suffit à elle-même grâce à la cou­
pure horizontale, nous allons nous pen­
cher sur l'étude du cas le plus complexe et
le plus fréquent : celui où les Rois se gênent
l'un l'autre.
Finale 23
Le Roi du camp fort est derrière
le pion
La promotion en Cavalier
Dans cette finale, nous allons assister à
une lutte très serrée et nous allons en tirer
une série de conclusions très importantes.
Le Roi du camp fort fait pression sur son
homologue par l'arrière et la Tour occupe
une position latérale (c'est le plus fré­
quent). Dans cette situation, la principale
ressource défensive du camp faible est la
promotion en Cavalier, et la principale
méthode de gain pour le camp fort est le
contournement.
Commençons par observer le dia­
gramme 5.4, avec le trait aux Blancs. Le Roi
blanc pousse le Roi noir par derrière, mais
en même temps le Roi noir lui coupe la
route. Comme le Roi blanc n'a pas le temps
d'opérer un contournement (méthode que
nous verrons à l'exemple suivant), il ne
semble pas y avoir d'autres moyens de
progresser que de donner des échecs avec
la Tour et d'avancer avec le Roi.
76
Diagramme 5.4
1..S.h4+@c3 2.@c5
2.@bS est un essai de contournement
qui n'arrive pas à temps : 2...b3 3.@a4 b2
et il manque un temps au Roi blanc pour
faire le Tour.
2...b3 3..S.h3+@c2 4.@c4 b2 5..S.h2+@c1
Avec un pion central, le coup de la
variante prinèipale serait forcé, mais dans le
cas d'un pion-cavalier, les Noirs disposent
d'une autre ressource basée sur le pat.
Dans la position prése1!-te, c'est même la
façon la plus simple de faire nulle: 5...@bl!
6.@b3 @al! 7..S.xb2 pat. Il importe de bien
prendre note de ce motif.
6.@c3
La menace de mat empêche la promo­
tion en Dame. Nombreux sont les joueurs
qui pensent ici qu'ils vont gagner, et la
réponse des Noirs est alors un choc.
6... bll'b+!
Ce coup est forcé, mais tout à fait suf­
fisant. Ensuite, le plus facile, pour ne pas
perdre le Cavalier, est de le garder le plus
près possible du Roi, ce qui implique ·

presque toujours un coup forcé. Nous avons
déjà étudié cette situation à la finale 8 et
nous savons donc que si c'était un pion-tour
qui était promu, le Cavalier serait perdu.
Cette ressource est efficace avec tous
les autres pions, ce qui a une conséquence
importante : il est inutile pour le Roi du
camp fort de pousser son homologue par
derrière pour l'amener à la bande. C'est
pourquoi, comme nous le verrons dans les
exemples suivants, il est plus efficace de
charger le Roi adverse sur le côté (par la
droite ou par la gauche).
7.@d3 'Lla3 8.@c3 êt'ibl+ 9.@b3 êt'id2+
10.@c3 êt'ibl+ 11.@d3 êt'ia3 12.lfa2 êt'ibl
13.l:rc2+@dl 14.l:rg2 @c1=.
Le contournement
Nous avons vu qu'il ne suffisait pas de
repousser le Roi adverse à la bande. En
conséquence, quand le Roi du camp fort
se trouve derrière le pion, il est nécessaire
d'effectuer un contournement.
a a a a
- - - -
- -�- a:
---·- -
- - -
--------
- - - -*
Diagramme 5.5
Tour contre pion a
Sur ce diagramme, le Roi et le pion noirs
sont moins avancés d'une rangée que sur
le précédent, et le Roi blanc a le temps
d'appliquer une nouvelle manœuvre : le
contournement.
1.l:rh5+
Vérifions que, trait aux Noirs, le temps
manque aux Blancs pour effectuer leur
manœuvre : l...c4! 2.l:rh5+ @d4 3.@c6 (il
revient au même d'essayer de repousser le
Roi noir - on ne peut même pas forcer une
promotion en Cavalier - que de tenter de le
contourner, puisque la manœuvre échoue)
3...c3 4.l:rh4+ (4.@b5 c2 5.l:rhl @c3 6.@a4
@b2=) 4...@d3 5.@d5 c2=. Cependant, avec
la Tour dans une position plus favorable,
les Blancs pourraient l'emporter même si
c'était aux Noirs de jouer. Les cases idéales
pour appuyer le contournement sont
celles qui se trouvent aux extrémités de la
colonne. Un bon exercice est de vérifier que
les Blancs gagnent, même trait aux Noirs,
quand la Tour est située sur l'une des cases
marquées d'un point.
1 ...@d4 2.@c6!
« Le contournement», une méthode
nouvelle, qui permet Roi du camp fort de
s'affranchir de «l'interposition» de son
homologue. Il s'agit de faire le tour pour
aller de l'autre côté du pion.
2...c4 3.@bS
D'autres coups gagnent, mais celui-ci
illustre le mieux le procédé choisi.
3...c3 4.@b4 c2 5.l:rcS
5.l:rhl gagne aussi.
5...@d3 6.@b3 et le pion tombe.
77
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître

Résumé des idées intéressantes :
1) La pression du Roi du camp fort par
l'arrière est inefficace contre les pions des
colonnes b, c, d, e, f et g, à cause de la pro­
motion en Cavalier.
2) Le procédé efficace est le contourne­
ment.
3) Le Roi n'a pas le temps d'effectuer un
contournement quand le pion est en cin-
tians dans lesquelles le Roi du camp fort
se trouve derrière le pion. Mais pour bien
fixer les choses en mémoire, il sera à la fois
agréable et utile d'observer la série de dia­
grammes suivante. Nous y comparons les
résultats en fonction de l'état d'avancement
du pion et de la position de la Tour. Conten­
tez-vous d'observer de réfléchir. Si vous

�J'
quième rangée (sauf si la Tour se trouve i
. déjà derrière le pion).
4) Avec un pion-cavalier, un thème de pat
peut survenir.
h---��---·-�---------,�-----m
L'étude des positions précédentes
nous a permis de bien connaître les posi-
avez le moindre doute quant à l'énoncé,
alors il vous sera très utile, en guise d' exer­
cice, de calculer de tête les variantes. Si le
doute persiste, faites-le en bougeant les
pièces. Mais n'allez pas plus loin tant que
vos doutes ne seront pas levés.

• • • ••-�-
• • • • •
Le Roi du camp fort est derrière le pion

•••m•u••u ?,i
��,,,,,�

• • •:su u.,�-• �•••u

�

•.,�-• �•••u •••,--u

•• •
�0: ::\,,,,�

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1/,,,,," �

u • • •
u••••••*
- u • • •u
• • u* u u . u
� ½,,,," �

� � �

Nulle, quel que soit le trait. Au trait, les Blancs gagnent. Les Blancs gagnent quel que
Promotion en Cavalier. Avec Trait aux Noirs, c'est nulle. soit le trait.
la Tour en hl, les Blancs Contournement. Contournement.
gagnent s'ils ont le trait Le meilleur emplacement
(simple décompte). pour la Tour est aux exb:êmes
et si elle s'y trouve les Blancs
gagnent, même trait aux Noirs.

78

Finale 24
Le Roi du camp fort est sur le côté
La charge à l'épaule
Ainsi que nous l'avons vu, la Tour a
besoin de la participation de son Roi pour
contrôler et capturer le pion. C'est pré­
cisément pour cela qu'il est utile au Roi
adverse de se mettre sur la route de son
homologue, faisant obstacle à son entrée
dans la zone du pion. Cette ressource est
- - - -
toujours utile, et elle devient essentielle
--------
quand le Roi adverse approche par le côté.
a-a-·-
a a@-
--------
a a:a a
Diagramme 5.6
Dans de nombreuses positions, le seul
moyen d'aider la Tour est de placer les
Rois en opposition de façon à faire échec et
repousser le Roi adverse d'une colonne (ou
d' une rangée) afin de
1) Approcher son propre Roi.
2) Limiter la mobilité du Roi et/ou du
pion adverses.
Nous appellerons «charge à l'épaule»
Tour contre pion Il
ce procédé de lutte pour une zone «clé».
Inutile de dire que toutes les chances de
gain sont pour la Tour, mais seulement à
la longue. Parfois, le temps manque pour
exploiter l'avantage.
1.@g4!
C'est la forme la plus pure de la charge
à l'épaule (même si ce n'est pas le seul
coup gagnant), parce que la clé de la posi­
tion est d'arriver en g3 au coup suivant et
de repousser le Roi adverse à ce moment­
là. Maintenant, les Blancs menacent 2..l::ï.el+.
L'autre possibilité est l.@h4!. Si vous avez
vu que c'est l'autre coup gagnant, vous avez
bien compris l'essence de la lutte des Rois.
L'important est d'arriver à temps pour que
les Rois soient en opposition en e3 et g3,
parce que le Roi noir ne pourra alors pas
s'abriter de l'échec. Après l.@h4!, 1...@e3
2.@g3 rejoint la position de la partie.
1...@e3
1...d3?! autoriserait les Blancs à repous­
ser tout de suite le Roi noir : 2..l::ï.el+ @d4
3.@f3 d2 4..l::ï.dl @d3 5.@f2+-.
2.@g3!
Maintient l'opposition pour une charge
efficace, que les Noirs ne peuvent plus
esquiver parce qu'il leur faut rester au
contact de leur pion. Faire échec tout de
suite ne serait guère utile : 2..l::ï.el+?! @f2!? et
il faut revenir sur le bon chemin par 3..l::ï.dl!
@e3 4.@g3.
4... d3 5 ..l::ï.el+@d2 6.@f2+-.
Le Roi blanc a atteint la zone clé et peut
assister la Tour.
79
Jesus de la Villa Garcia j Les 100 finales qu'il faut connaître
Un échec qui gagne un temps
Dans le combat féroce qui oppose les
Rois dans les finales de Tour contre pion,
la Tour n'intervient souvent que ponctuel­
lement, mais avec beaucoup d'effet. En
plus de repousser le Roi adverse comme
nous l'avons vu dans l'exemple précédent,
un échec opportun peut servir à gagner un
temps important, qui permettra à la Tour
de se placer en situation de contrôler le
pion. C'est un procédé typique quand le
Roi du camp fort arrive par le côté.
Diagramme 5. 7
Ce diagramme présente un cas typique.
Le Roi noir est idéalement placé pour
appuyer l'avance de son pion jusqu'en hui­
tième rangée, et la Tour doit se placer der­
rière le pion en gagnant du temps. Atten­
tion à ne pas donner échec quand le Roi
adverse peut améliorer sa position! Et, du
point de vue de l'autre camp, attention à
ne pas avancer le Roi devant le pion !
1..�f8+!
Les autres coups font nulle. Par exemple,
80
1.Wd3 g3 2.Mf8+ (2.Wd2 g2 3.Mf8+ Wg3!=)
2...Wel!=, évitant de se mettre devant le
pion.
1...We2 2.Mg8! Wf3 3.Wd3
Charge à l'épaule.
3...g3 4.Mf8+ Wg2 5.We2+-.
Charge à l'épaule et échec qui
gagne un temps
Diagramme 5.8
Cet exemple simple combine à la perfec­
tion les deux principaux procédés caracté­
ristiques des positions où les deux Rois se
trouvent du même côté du pion.
1. Ma2+!
Le Roi noir était à nouveau idéalement
situé par rapport à son pion et cet échec est
très dérangeant.
Les autres coups ne gagnent pas: 1. Ma8
e3 2. Mf8+ Wgl! 3. Me8 Wf2 4. Wh2 e2 5. Mf8+
We3=; 1. Wg4 e3 2. Mhl e2 3. Mh2+ We3=.
1...Wf3
Si 1...Wfl, 2. Wg3 et le pion tombe. Main­
tenant, les Rois sont face à face, ce qui est la
 Tour contre pion Il
situation la plus favorable pour repousser
le Roi noir à l'aide d'un échec vertical.
2. Z:Ïa8 e3 3. Zïf8+ <;.t,e2 4.<;.t,g2+-.

Résumé des idées intéressantes :

1) Avec les Rois du même côté du pion,
les principaux procédés d'attaque sont la
charge à l'épaule et les échecs de la Tour.
2) Quand la Tour occupe une position nol"­
male, le camp fort gagne s'il obtient l'oppo­
sition latérale avant que le pion n'atteigne
la sixième rangée (voir la série de charges à
l'épaule après la finale 28).

Diagramme 5.9
Réti, 1928
Finale 25
La Tour devant le pion Cette fameuse étude de Réti illustre une
position de Zugzwang d'importance théo­
Le contournement. L'importance rique.
duZugzwang l.Z:Ïe2!
Ou 1.z:îe3. Mais pour commencer, inté­
Au contraire de ce qui se passe en finale ressons-nous au coup naturel l.Zïel?. Après
de pions ou avec des pièces moins puis­ 1...e4! (D), se produit la position de Zug­
santes, il est rare de trouver des positions zwang qui sera l'objet de notre discussion.
de Zugzwang avec une Tour sur l'échiquier,
car la Tour dispose en général de beaucoup
de coups et il est difficile qu'ils soient tous
préjudiciables à son camp. Cependant, le
Zugzwang joue un rôle essentiel dans la
finale Tour contre pion lorsque la Tour se
situe devant le pion.

Diagramme d'analyse 5.10

L'opposition des Rois empêche le Roi
blanc de s'approcher, un coup de Tour

81
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
quelconque sur la première rangée laisse
avancer le pion, et les coups de Tour en
e2 ou e3, comme l'échec en fl, permettront
aux Noirs de gagner du temps. 2.@e7 est
l'essai le plus logique: le Roi blanc tente
un contournement (2.�fl+ @g4! 3.@e6 e3
4.@eS e2 - c'est ici que les Noirs gagnent
un temps - 5..U.al @f3 6.@d4 @f2=) 2...
@e5! (il est essentiel de maintenir l' oppo­
sition des Rois pour restaurer la situation
de Zugzwang; les autres coups autorisent
le contournement, par 2... @f4? 3.@e6 e3
4.@d5 @f3 5.@d4 e2 6.@d3 et la manœuvre
des Blancs a réussi) 3.@d7 @dS!=. Les
Noirs maintiennent l'opposition et le Zug­
zwang. Les Blancs n'ont aucun moyen de
progresser.
1 ...e4 2.�el!
Si vous avez bien suivi les commen­
taires et les variantes ci-dessus, tout est
désormais facile à comprendre. Les Noirs
ne peuvent pas garder l'opposition et il se
confirme que le Zugzwang est mutuel.
2...@e53.@e7!
À présent, le Roi noir doit céder
le passage à son rival, autorisant le
contournement.
3...@f44.@d6 @f35.@d5 e36.@d4+-.
Finale 26
Les thèmes cal'actéristiques du
pion-cavalier
On le sait, les pions du bord de l'échi­
quier ont leur caractère propre. Le plus
« capricieux » est presque toujours le pion­
tour, auquel nous consacrerons une section
82
spéciale. Mais le pion-cavalier a aussi ses
particularités. Outre quelques positions de
pat qui favorisent le camp du pion, il existe
une circonstance importante en faveur du
camp de la Tour: si le Roi du camp faible
se voit forcé à se mettre devant son pion
et s'écarte ensuite sur la colonne Tour,
on peut facilement l'obliger à retourner
devant le pion.
La position suivante est une étude de
Kopaev, qui, en plus d'illustrer les thèmes
caractéristiques du pion-cavalier, nous
permettra de réviser presque tous les pro­
cédés des finales de Tour contre pion.
Diagramme 5.11
Kopaev, 1954
1 ..U.c7+!
Un échec qui gagne un temps. Remar­
quez que la position relative du Roi et du
pion noirs est la même qu'au diagramme
5.6, la plus favorable à l'avance du pion,
et cet échec sera donc particulièrement
gênant.
1 ...@b3
C'est la variante qui nous permettra

d'étudier les problèmes liés au pion-cava­
lier. Si 1...�d3, 2Jfü7 (gain de temps)
2...@c4 3.�c7 b4 4.@b6! (contournement)
-t ..b3 5.@a5 @c3 6.@a4 b2 7.@a3 et le
contournement aboutit.
2 ..�d7
Le sens du coup 1...�b3 se voit dans
la variante 2.Mb7? b4 3.@c7 @c3! et les
:'\oirs ont gagné un temps par rapport à la
,·ariante 1...�d3 2.l:i.b7.
2...b4 3.@d6!
Un détail important. Le Roi blanc conti­
nue son approche, mais en évitant que le
Roi noir ne ressorte« du bon côté du pion­
.::avalier ». Une faute typique serait 3.�c6?
�c4! (charge à l'épaule) 4.@b6+ @d3 et
maintenant que toutes les interférences se
sont évanouies, il n'y a plus qu'à compter :
il faut 4 coups aux Noirs pour faire Dame et
3 coups aux Blancs pour contrôler bl avec
leurs deux pièces, si bien que c'est nulle.
5.�a5 b3 6.l:i.b7 �c2 7.�a4 b2=.
3...@a2
Voilà le désastre. Le Roi noir doit bien
sûr s'écarter du chemin du pion, mais la
colonne Tour est un côté très étroit.
4.@c5!
La colonne c n'a plus d'importance.
-!.�d5 gagne aussi. Même 4.l:i.a7+?! gagne;
éest un peu maladroit, mais ça nous per­
mettra de montrer à quel point il est gênant
d'avoir le Roi devant le pion-cavalier:
-!...�b2 5.l:i.c7! (c'est maintenant le seul
coup gagnant, qui empêche que le Roi res­
sorte du « bon côté » - 5.@c5? @c3!=) 5...b3
6.@d5 @al 7.�c4 b2 8. l:i.a7+! et le Roi doit
de nouveau obstruer la route de son pion,
ce qui cause sa défaite.
4...b3 5.@b4!
Tour contre pion Il
Le Roi blanc profite, et même abuse, de
la position maladroite de son homologue.
6.l:i.a7 ou 6.�c4 gagnent aussi.
5...b2 6.l:i.a7+
Avec n'importe quel autre pion, le Roi
pourrait s'écarter sur la gauche, mais ici il
doit revenir devant son pion.
6...�bl 7.�b3! �cl 8.l:i.c7+ @bl
Nous voyons ici un autre thème spéci­
fique du pion-cavalier, cette fois en faveur
de la défense : la possibilité de pat. Mais,
dans ce cas, on peut l'éviter.
9.Mb7
Il faut rester attentif: 9.Mc2?? @al!=.
9 ...�cl 10.�a2+-.
J Conclusion: si l'on peut obliger le Roi à se J
1 placer devant son pion-cavalier (ou pion-
J tour), ses chances chutent considérable-
1
! ment.
Finale 27
Pion-tour. La charge par l'arrière
Le Cavalier au coin perd
En étudiant la finale 9, nous avons vu
qu'un Cavalier dans un coin perd. C'est
pourquoi la position du diagramme 5.4,
avec un pion-tour, n'a pas le même dénoue­
ment qu'avec un autre pion. Dans ce cas, la
pression du Roi par l'arrière devient très
efficace.
83
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

avec un pion-tour, mais c'est exagéré.

Diagramme 5 .12
Diagramme 5.13
Les Blancs gagnent en ligne ; il n'y a
aucune complication. 1.l:i.b8+Wal!

l
1.J:i.h4+! Wb3 2. Wb5 a3 3.l:i.h3+ Wb2 Le Roi se cache devant son pion et se met
4. Wb4 a2 5.J:i.h2+Wbl 6.Wb3! alt"b+ [6...al1iV en situation de pat, si bien que le Roi blanc
7.l:i.hl#] 7.Wc3+-. n'a pas le temps de s'approcher et que la
Le Cavalier est immédiatement perdu. position est nulle. Mais ce serait nulle aussi
avec un autre pion. 1 ...Wa3? serait le bon
on clus ion : la charge du Roi par l'arrière choix avec un autre pion, mais ici la bande
r.avec des
.
échecs de Tour) est efficace de l'échiquier empêche de promouvoir
.
contre un pion-tour. Rappelons qu'elle ne dans de bonnes conditions: 2.Wc2!+- et la
•est pas contre les autres pions. pièce qui sera promue sera prise.
_, ------,------- . ·---- �
2.J:i.a8 [2.Wc2 pat] 2...Wb2 3.J:i.b8+ Wall
4.l:i.c8 Wb2=.
Finale 28
Pion-tour. La charge latérale Voyons maintenant ce qui se passe avec
la charge latérale quand les Rois sont une
rangée plus haut.
Pat dans le coin

Si le pion-tour ne peut trouver le salut

dans une promotion en Cavalier, il a au
moins la compensation de pouvoir amener
un pat. Pour cette raison, certains joueurs
pensent avoir plus de chances de nulle

84
 Tour contre pion 11
La position limite case b8).
l ...�b2!
Esquivant la charge à l'épaule du Roi
adverse. l...a2? 2..l::rb8+ �a3 3.�c2! et les
Blancs gagnent parce que le Cavalier dans
l'angle est perdu: 3 ...al'L'l+ 4.�c3+-.
2 ..l::rb8+
Les autres coups n'ont pas plus de
succès : 2.�d2 a2! (finale 28) 3..l::rb8+ �al!
mène au pat ; 2..l::rh2+ �b3!= est typique du
cas où la Tour n'est pas bien placée pour un
échec vertical - le mieux est alors de faire
obstacle au Roi adverse (2... �bl? 3.�c3+- ;
2...�cl? 3.�c3).
Diagramme 5.14 2 ...�cl!
Cela n'aurait bien sûr aucun sens de se
Pour le pion-tour, c'est une position mettre devant le pion, puisqu'on n'a pas le
clé qu'il faut retenir. La plupart des posi­ temps de préparer un pat.
tions qui ne sont pas clairement en faveur 3.�c3 [3..l::ra8 �b2] 3...a2 4..l::ra8 �bl
de l'un ou de l'autre camp aboutissent à 5 ..l::rb8+ �cl!=.
celle-ci. C'est un cas limite parce que, trait Attention à ne pas trop se fier au pat :
aux Noirs, c'est partie nulle, et trait aux cette idée marchait avec le Roi blanc en d2,
Blancs, les Blancs gagnent (simplement par mais maintenant 5... �al?? 6..l::rf8 est suivi
1..l::rb8+). du mat.
De plus, comme le montre la série de
diagrammes qui va suivre, la situation : Conclusion : grâce au pat, le pion-tour n'est
change si l'on déplace les pièces d'une pas moins bon qu'un autre contre la charge
rangée vers le haut ou vers le bas. La posi­ latérale.
tion de la Tour est indifférente (hormis la

85
Jesûs de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître

Série de charges latérales

Nulle quel que soit le trait Les Blancs au trait gagnent Les Blancs gagnent quel que
Pat Les Noirs au trait font nulle soit le trait

En guise d'exercice, vérifiez mentale­ un exemple de l'application des idées des

ment les trois énoncés. Ces derniers reste­ finales théoriques à des positions plus
raient inchangés si l'on déplaçait les Rois complexes.
et le pion d'une colonne vers la droite, bien La position suivante illustre notre thème
que quelques coups de défense ne soient de la façon la plus simple.
pas les mêmes. Un autre exercice intéres­
sant est de le vérifier de tête.

Finale 29
Le pion gagne contre la Tour

Jusqu'à présent, nous avons étudié des

exemples dans lesquels la Tour tentait de
l'emporter contre un pion, mais il existe un
cas où la Tour a du mal à arrêter le pion
et peut perdre. L'exemple le plus connu
est la position dite de Barbier et Saavedra, Diagramme 5.15
qui inclut les thèmes du pat et de la sous­
promotion, mais cela peut se présenter Vu la position des Rois et du pion, trait
sous une forme plus banale, comme dans aux Noirs, il n'y a sur l'échiquier que deux
la partie Svidler-Topalov, Morelia 2006, cases perdantes pour la Tour. Ce sont
que je recommande de regarder pour voir celles marquées sur le diagramme, fS et bS.

86

La manœuvre est longue, mais très claire.
Pour commencer, la Tour doit donner échec
pour éviter une promotion immédiate.
1..J�f6+ 2.�d5!
La première subtilité : il faut éviter
2.�d7 :S:fl!=.
2...:S:f5+ 3.�d4
Et maintenant il faut éviter 3.�c4 â:fl=.
On peut avoir l'impression que le Roi blanc
ne pourra pas éviter les échecs, mais il y a
une case où se cacher : b7. Il ne reste qu'à
trouver le moyen de traverser la colonne c.
Tour contre pion n
3...:S:f4+ 4.�d3 :S:f3+ 5.�c2 :S:f2+ 6.�b3!
C'est ainsi qu'il faut procéder. Mainte­
nant, le Roi va se cacher en b7 sans pro­
blème.
6...:S:f3+ 7.�b4 :S:f4+ 8.�b5 :S:f5+ 9.�b6
�f6+10.�b71-0.
Comme exercice, il est recommandé
de vérifier que les Noirs perdent aussi si
leur Tour se trouve au départ en b5. La
manœuvre est similaire.
87
 6. TOUR CONTRE DEUX PIONS
Le combat d'une Tour contre plus d'un pion est aussi très fréquent, mais les cas de
figure se multiplient. Le plus intéressant est celui de la lutte contre deux pions liés, et il
est très utile de connaître quelques positions où se présentent des procédés typiques.
En général, la majorité des joueurs tend à surestimer la force des pions, et pour cette
raison à mal évaluer certaines positions. Les ressources de la Tour sont moins évidentes
que celles des pions (qui n'ont qu'à avancer), mais elles sont nombreuses, et il vaut la
peine de bien les observer. Dans la lutte d'une Tour contre deux pions liés, nous pouvons
distinguer trois scénarios différents :
1) Les Rois ne participent pas.
2) Les deux Rois participent.
3) Seul le Roi du camp des pions participe.
Chacun de ces cas possède ses propres caractéristiques. Le dernier cas possible (seul
le Roi du camp de la Tour participe) est excessivement simple.

Finale 30
Les Rois ne participent pas

Position limite. La Tour est der­

rière les pions

Quand les Rois ne participent pas, la

Tour capture généralement les pions, sauf
s'ils sont très avancés tous les deux.
Voici la position limite. Les Blancs
gagnent s'ils sont au trait, sinon, ils
Diagramme 6.1
perdent. Il n'y a pas de moyen terme. Le
jeu est simple dans les deux cas. 1.b6
l.a7 Mal 2.66+- permet aussi d'amener
un pion à Dame.
Si le trait est aux Noirs, ils gagnent en
appliquant le plan suivant
1) placer la Tour derrière le pion le plus
avancé.

89
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

2) attaquer l'autre pion et prendre les
deux. Concrètement: 1.. Jfal 2.�g3 Ma5 et
les pions tombent.
1...Mbl [1...Mf6 2.b7+-] 2.a7+-.
Et l'un des pions fait Dame.
l'exemple du diagramme est très facile
1.�eS Mal 2.�dS Mel 3.d7+ �e7 et les
pions tombent.

Conclusion : deux pions liés en sixième l

rangée l'emportent contre une Tour, de 1
même qu'un pion en septième rangée j
et l'autre en cinquième. Si les pions sont
moins avancés et que la Tour est placée
derrière le plus avancé d'entre eux, alors ils 1
seront capturés.
m-----mm-- ,,,,,______________

La Tour est devant les pions

Si la Tour et devant les pions (par exemple, Diagramme 6.2

en g8 sur le diagramme), il y a quelques
différences qu'il faut noter. Si le trait est au
camp des pions, le résultat est le même. Mais
si c'est au camp de la Tour, celle-ci peut arrê­
ter les pions (par 1...Ma8 dans le cas présent),
mais elle ne peut pas les capturer, et tout
dépend alors de la course des Rois.
Le Roi du camp fort est sur le côté
La situation est un peu plus compliquée si
le Roi du camp fort n'arrive à se situer que sur
un côté des cases de promotion, tandis que
son homologue est en soutien de ses pions.

Finale 31
Les deux Rois participent

Le Roi du camp fort fait face aux

pions

Quand le Roi du camp fort aide la Tour à

arrêter les pions, le gain est presque toujours
assuré. En particulier, si le Roi parvient à se
placer devant les pions, même la position
la plus favorable ne sauvera pas ceux-ci
(sauf promotion immédiate). L'analyse de Diagramme 6.3

90

Dans la position du diagramme, les
Blancs doivent recourir plusieurs fois au
Zugzwang. Ils commencent par un coup
d'attente.
1.1:tal! �c3 2.�e3 �c2 3.1:thl
Nouveau Zugzwang.
Tour contre deux pions Il
3...�c3 4.1:tcl+ �b2 5.�d2+­
Les pions tombent.
Les choses changent si l'on décale la
position de plus d'une colonne sur la
gauche.

Série de positions avec Tour contre deux pions liés

Les Blancs gagnent Nulle pour cause de pat Nulle pour cause de pat
Exercice : vérifiez-le

Finale 32
Seul le Roi du camp des pions
participe

Le Roi va au contact du pion le

moins avancé (la capture par la
queue)

Quand le Roi soutient ses pions tandis

que son homologue est éloigné, le camp
des pions peut l'emporter, mais les res­
sources de la Tour sont bien supérieures à Diagramme 6.4
ce que l'on croit habituellement, ainsi que Kopaev, 1958
nous le verrons dans les exemples suivants.

91
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
Dans cette finale, les plans des deux
joueurs sont clairs
Le camp des pions essaie d'avancer l'un
d'eux jusqu'à gagner la Tour pour ensuite
couronner l'autre.
Le camp de la Tour essaie d'approcher
assez son Roi pour pouvoir sacrifier la
Tour contre un pion et prendre l'autre pion
avec le Roi.
Mais il ne s'agit pas d'une simple course
ou d'un décompte de temps: la Tour dispose
de nombreux moyens pour ralentir l'avance
des pions. Dans la position du diagramme,
je pense que peu nombreux seraient les
joueurs à prendre intuitivement parti pour la
Tour. Un simple décompte justifierait cette
méfiance, mais une analyse plus pointue
réfute les impressions superficielles.
1.. JH3!
Une solution très efficace, qu'il faut
noter: la Tour empêche Roi adverse de se
rendre en g7 dans le but d'avancer ensuite
le pion le plus proche du Roi noir, qui est
trop loin de l'autre pion.
Examinons les alternatives : 1 ...Mg3
2.�g7!. C'est le coup clé et un procédé
très courant dans cette finale - Dvoretsky
appelle cette manœuvre « remplacement
du meneur » - le Roi appuie l'avance du
pion f et assure le gain, ce qui n'est pas le
cas des autres options (2.g7 �d4 3.�f7 �eS
annule très facilement) 2...�d4 3.f6 �es
4.f7 Mf3 S.f8Vi : le pion est promu sans que
le Roi noir attaque l'autre pion.
Par conséquent, 1 ...Mg3 apparaît comme
une perte de temps, et 1...�d4 doit être meil­
leur, mais même ce coup se heurte à 2.�g7!.
L'idée est la même que dans la variante pré­
cédente, mais sous une forme plus élaborée.
92
Les autres coups conduisent à la nulle. 2...
�es 3.f6 Mf3 (3.. ste6 4.f7) 4.f7+-. On voit
ici le problème: les Noirs ont un temps de
plus, mais ils ne peuvent pas s'en servir
pour attaquer le pion le moins avancé (g6)
avec leur Roi, si bien qu'ils perdent.
2.g7
2.�e6 Mg3! et aucun pion ne peut avan­
cer. En comparaison, 2.�eS semble absurde,
mais ce coup a son idée, que l'on voit après
2...Mg3! 3.f6!? : maintenant, si la Tour prend
le pion g, l'autre pion avance et on se retrouve
dans le cas de la finale 29, où la Tour est
perdue. C'est pourquoi il importe de prendre
bonne note de la ressource suivante, qui est
très fréquente dans la lutte d'une Tour contre
plusieurs pions : 3... MgS+!=. À présent, la
Tour sera échangée contre les deux pions (3...
Mxg6?? 4.f7+-, finale 29).
2...Mg3
La Tour a perdu un temps, mais le Roi
est resté plus près du pion le moins avancé.
3.�f7 �d4 4.f6
4.g8Vi Mxg8 S.�xg8 �eS=.
4...�e5=.
Diagramme 6.5

Même s'il est inutile d'aller plus loin dans
l'analyse, il faut bien observer ce diagramme,
parce qu'il présente le cas limite le plus
caractéristique de cette finale, et c'est la posi­
tion que recherchaient les Blancs avec leur
premier coup paradoxal: la Tour contrôle
la promotion du pion le plus avancé et le
Roi est au contact du pion le moins avancé.
Dvoretsky donne à cette méthode un nom
assez parlant: la capture par la queue.
La série d'échecs
Diagramme 6.6
Larino - Picazo
La Roda, 2006
La position du diagramme, trait aux
>Joirs, s'est produite dans une partie réelle.
Une fois encore, elle illustre les nom­
breuses ressources dont dispose le camp de
la Tour, dans la mesure où l'on part d'une
position qui paraît désespérée, avec le Roi
si loin des cases de promotion des pions.
Elle montre en particulier l'utilité d'une
série d'échecs pour ouvrir la voie à une
capture par la queue.
Tour contre deux pions Il
1...g3
1...h4, autre avance logique, conduit
également à la nulle :
a) 2.l:Ig7+. Approcher le Roi permet
aussi de faire nulle, mais ce coup (qui
semble moins intuitif) illustre plus clai­
rement l'idée: il s'agit d'approcher le Roi
sur les colonnes g et h jusqu'à arriver au
contact du pion le moins avancé. 2...@f4
3J:H7+ @g3 4.@g7 h3 5.@g6! (ict il importe
de laisser la colonne h · disponible pour le
cas où il faudrait jouer l:Ih7) 5 ...@h2 (5...
h2 6.l:Ih7 @g2 7.@g5 g3 8.@g4=) 6.@g5 g3
7.@h4 g2 8.l:Ig7=.
b) 2.@e7 h3 3.@e6 @f4 4.@d5 @g3 (4... g3
5.l:Ih4t) 5.@e4 @h2 6.l:Ig7 g3 7.@f3 g2 8.@f2
@hl 9.l:Ig6 h2 10.l:Ixg2=.
2.@e7
Le Roi s'approche, ce qui est logique, mais
le plan de faire d'abord une série d'échecs
pour lui libérer le chemin est encore une fois
plus clair : 2..l::i.g7+ @f4 3..l::i.f7+ @g4 4..l::i.g7+
@f3 (4...@h3 5.@f7 g2 6..l::i.g5! h4 7.@g6 @h2
- - - -
8.@h5 h3 9.@h4) 5.l:If7+ @g2 6.l:Ih7.
2...h4 3.@e6 @g4
a-a-�-
a m:s-
------·-
-
--------
----
Diagramme 6.7
93
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
C'est la position qui fait tout le sel de
l'étude de cette finale.
4.�e5?
Les Blancs jouent un coup logique,
continuant à approcher le Roi, et arrivent à
une position perdue. Il était indispensable
de passer au plan de la série d'échecs suivie
de la recherche de contact entre le Roi et le
pion le moins avancé.
4J1g7+! �f3 (4... �f4 5.lfü7 g2 6.Mxh4t;
7 ...�h3 8.�f5 �h2 9.�g4=) 5.Mf7+ @g2 (5...
�e3 6.Mg7! - empêchant les pions d'avan­
cer - 6...@f2 7J:!.f7+ �gl 8.Mh7!) 6.�f5 h3
7.�g4 (le Roi est au contact et c'est partie
nulle) 7 ... h2 8.Mh7 @f2 9.@f4=.
94
4... g2?
Les Noirs retournent tout de suite le
compliment, parce que le calcul est com­
plexe. Mettre les deux pions en sixième
rangée donnait la victoire, même s'il res­
tait quelques thèmes de mat à éviter. 4...h3!
5.@e4 (5.Mg7+ �f3 6.Mf7+ �e2! et les pions
n'ont besoin de personne pour faire Dame)
5... h2 6.Mh8 (6.Mg7+ @h5! 7.@f4 g2-+) 6... g2
7.Mg8+ @h5! et le Roi échappe aux menaces
de mat (7 ...�h3? 8.�f3 gllb+!=): 8.�f5 @h6
9.�f6 �h7-+.
5.@e4 @h3 6.Mg7 @h2 7.@f4?
7.@f3! h3 8.�f2 @h1=.
7...h3 8.�f3 gle' 0-1.
 7. FOU ET PION CONTRE FOU DE
MÊME COULEUR
Nous arrivons de nouveau à un chapitre simple, mais non sans importance. Les finales
de Fous de même couleur ne sont pas rares, et la technique pour les jouer quand il y a
beaucoup de pions est simple et assez connue - en particulier le concept de mauvais Fou.
Cependant, quand il ne reste qu'un seul pion, une connaissance essentielle fait défaut
à beaucoup de joueurs. Il s'agit du cas où le Roi de la défense prend l'opposition arrière,
que nous verrons aux finales 34 et 35. Comme c'est une idée peu intuitive, rares sont ceux
qui la découvrent sur l'échiquier s'ils ne la connaissent pas, et l'on connaît même des
exemples célèbres d'abandon dans des positions nulles.
Dans ce cas particulier, il nous faut rendre hommage au travail d' Averbakh et de Cen­
turini, qui ont étudié en détail pratiquement toutes les positions possibles, à une époque
où il n'existait ni ordinateur ni tables de Nalimov.
Grâce aux efforts de ces immenses analystes, nous pouvons identifier une série de posi­
tions très claires qui nous permettent de nous orienter à la perfection, ou presque. Nous
pourrions parler de quatre cas fondamentaux et de fait, dans les commentaires qui suivent,
j'y ferai parfois référence ainsi, mais je préfère les titres descriptifs à ceux du geme « pre­
mier cas, deuxième cas, etc.», même si certains lecteurs sont peut-être d'avis inverse.
Ainsi qu'il est facile de s'en rendre compte, si le Roi du camp faible se situe devant
le pion sur une case de couleur différente de celle des Fous, la nulle est évidente. Il n'y
a guère besoin d'analyse, et nous pourrions appeler cela le cas zéro. Cette finale devient
intéressante quand le Roi de la défense ne peut s'établir fermement devant le pion.

Finale 33
L'expulsion des diagonales

Ce diagramme illustre ce que l'on pour­

rait appeler le premier cas: le Roi du camp
fort et à côté de son pion, prêt à proposer
un échange de Fou, le Roi du camp faible
est éloigné. Dans ce cas, le gain est le plus
fréquent, à l'aide d'une manœuvre typique
qui consiste à expulser le Fou adverse des
diagonales qui contrôlent l'avance du pion.
Diagramme 7 .1

95
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

L.tf3
Les Blancs se préparent à interposer
le Fou en c6, la case idéale. La manœuvre
consistant à proposer l'échange en d7 gagne
aussi, mais elle permettrait au Fou noir de
se redéployer et de résister depuis l'autre
diagonale, si bien que le processus d'expul­
sion serait plus long. Il est facile de vérifier
dans cet exemple que, pour expulser le Fou
de la défense, il faut proposer l'échange sur
une case qui ne bloque pas le pion. C'est
une évidence, mais qui a des conséquences
importantes pour la théorie de cette finale.
1....ta4 2• .tc6 Diagramme 7 .2
Le Fou est soit expulsé, soit échangé.
2 ....txc6 3.'it>xc6 'it>e8 4.'it>c7 et le pion fait Ainsi placé, il empêche quelque chose
Dame. La manœuvre était facile. d'essentiel : que l'attaquant puisse propo­
ser l'échange des Fous sans faire obstacle
Conclusion : si le Roi du camp faible ne 1 au pion! Dès lors, la manœuvre d'expul­
peut aider son Fou, il est toujours pos­ sion ne marche pas.
sible d'expulser celui-ci des diagonales qui 1 ..td7
contrôlent l'avance du pion. Ceci implique C'est la seule case sur laquelle les Blancs
bien sûr que si le pion passe la dernière
peuvent inviter à l'échange (en c8, ils per­
case de blocage, la partie est gagnée.
draient le pion). Le Fou noir doit s'en aller,
mais il se prépare à occuper l'autre diago­
Alors, où résident les espoirs de la nale de contrôle du pion (a4-e8).
défense? Le Fou a besoin de l'aide de son 1....tf1 2..tg4 .tbs
Roi, mais comment au juste ce dernier Nous voyons maintenant que si le Roi
peut-il intervenir? noir ne contrôlait pas c6, les Blancs dispo­
seraient d'une manœuvre gagnante: .tf3-
c6, mais ici elle est impossible.
Finale 34 3..td7 .te2 4..tc6 .tg4
Et la nulle est évidente.
L'opposition arrière
j Conclusion : le placement idéal du Roi de
La position du diagramme montre ce que 1 la défensè, quand il ne peut pas se mettre

l'on pourrait appeler le deuxième cas : le J devant le pion, est de se situer derrière lui

Roi du camp faible a obtenu l'opposition 1 en opposition au Roi adverse.

arrière.

96

Ainsi que nous allons le voir tout de
suite, il serait prématuré d'en conclure que
ce système de défense garantit toujours la
nulle.
Finale 35
Les petites diagonales
Diagramme 7 .3
La position du diagramme correspond
au troisième cas : le Roi est en opposition
arrière (ce qui semble nous placer dans le
deuxième cas, mais il y a une circonstance
spéciale qui nous fait distinguer celui-ci) et
l'une des diagonales est très courte. Courte
a quel point ? Elle a moins de quatre cases.
C'est la clé. Voyons pourquoi, et en plus
d'apprendre la règle, nous pouvons devi­
ner les exceptions.
_J.La·i.ill
première phase du plan de gain
consiste à déloger le Fou de la grande dia-
go� �
.F1....t�2..tb7 .td3Î
Fou et pion contre Fou de même couleur IJ
2...ff5 ci.if3/
même: Zugzwang.
l�s 4..te2 revient au
3 ..tf3 .ta6 4. .tg4! Zugzwang.
Le Roi n'a pas de bon coup et les trois
cases de la diagonale du Fou sont contrô­
lées, deux par le Roi et l'autre par le Fou.
Observons-le bien. Le Fou ne pourra jamais
confisquer plus d'une case à son rival, et il
est donc nécessaire que le Roi lui en prenne
deux.
Nous pouvons maintenant dégager
d'importantes conclusions.
Conclusion : avec le Roi en opposition
arrière, le camp faible obtient la nulle si les
deux diagonales de contrôle d u pion ont au
moins quatre cases. Si l'une des diagonales
est plus petite, on perd chaque fois que l e
Roi e t l e Fou adverse peuvent en contrôler
1
toutes les cases.
i
Bien sûr, nous faisons ici référence au
franchissement de la dernière case de blo­
cage du pion. Si le pion est moins avancé
et qu'il se trouve une autre case de blo­
cage, ce que l'attaquant obtient dans ce
cas de figure, c'est de franchir le premier
obstacle, et le gain dépend de la possibilité
pour l'adversaire d'obtenir la position de
défense correcte par rapport à l'obstacle
suivant.
Prenant en compte cette règle de la lon­
gueur des diagonales, certains traités théo­
riques montrent une ligne brisée qui cor­
respond au degré d'avancement du pion
nécessaire pour l'emporter. Je ne suis pas
partisan de tels schémas, même s'ils ont un
intérêt théorique. Il vaut mieux se souvenir
pourquoi les choses arrivent.
97
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Corollaire. Diagonale de trois cases, le
Roi du camp fort n'en contrôle qu'une.
Diagramme 7 .4
La position du diagramme 7.4 se com­
prend facilement si l'on applique nos
conclusions antérieures. De quel côté doit
se rendre le Roi blanc ? La réponse logique:
du côté où il contrôle le plus grand nombre
de cases de la petite diagonale.
1.�e8?
Nous allons analyser la continuation
erronée pour vérifier qu'ainsi on ne peut
pas gagner. 1.�g8! �g6 2.iH8 gagne de
façon analogue au diagramme précédent.
1 ... �e6
Appliquant d'emblée le principe bien
connu et facile à mettre en œuvre de
l'opposition arrière. Dans le cas présent,
on peut d'abord jouer 1 ...�g6 ou 1...�f5,
parce que les temps ne manquent pas,
mais au moment clé, quand le Fou blanc se
dirige vers e7, la case e6 doit toujours être
à portée du Roi noir.
2..if8 .if4 3 ..ib4 .ih6 4 . .id2 .ig7
Le Fou a une autre case.
98
5..ie3
Demi-Zugzwang. Les Noirs doivent
jouer leur Roi, mais il ne leur arrivera rien.
5 ...�d6 6. .id2 �e6
Il faut revenir. Il est intéressant de noter
que les autres coups de Roi perdraient
parce qu'ils laisseraient le Roi blanc passer
de l'autre côté du pion: 6...�d5 7. �e7
�c6 (ou bien 7....ie5 8. �f8!) 8. �e6 et une
fois le Roi passé de l'autre côté, les Blancs
gagnent.
Il est facile de le vérifier et c'est un bon
exercice.
7. .ic3 .ih6
Nulle. Il n'y a pas moyen de progresser.
Les Blancs ne gagnent pas, parce que
leur Roi ne contrôle qu'une seule case de la
petite diagonale.
Finale 36
La défense frontale
Cette situation n'a pas beaucoup été
étudiée, mais j'ai trouvé quelques erreurs
dans des cas où elle s'est présentée. On
pourrait l'appeler quatrième cas.
Profitant de ce que nous connaissons
déjà les situations élémentaires, nous parti­
rons d'une position où l'on est encore loin
du moment clé
 Fou et pion contre Fou de même couleur Il
devaient jouer 3...@f8! 4..ih6+ @g8! et avec
le Roi sur cette case, proposer un échange
de Fous en g5 ne mènerait qu'à une finale
de pions nulle : 5..ig5 .id4 6..if6 (comme
toujours, la proposition d'échange des
Fous sur la case devant le p�on ne sert qu'à
obliger le Fou du camp faible à changer de
diagonale) 6 ....if2 7..ie5 .ih4 8..if4 .id8
9..ig5 (accélère la nulle, mais de toute
façon il n'y a pas moyen de progresser) 9...
.ixg5 10.@xgS @f7=.
4 ..ih6!+-.
Les Noirs ont abandonné, peut-être
Diagramme 7 .5 parce que la partie a été ajournée. Dans tous
Kurajica - Markland les cas, la suite est simple : 4...@e7 5..ig7
Hastings, 1971 .ic5 6.f6+-; 4... .ic3 5. .ig7 .ib4 6.f6+-.

1...@d7?! Conclusion : prendre l'opposition frontale à

Le conducteur des Noirs montre qu'il ne côté de la case de promotion est efficace
connaît pas la méthode de nulle basique, si le pion ne peut pas franchir la sixième
et il se complique la vie. 1...@d5! 2.@g6 rangée.
�e4 3. .ic7 @f3 4..id8 @g4= et le Roi noir a
réussi à prendre l'opposition arrière.
2.@g6@e8! Révision de divers thèmes
Maintenant, le temps manque pour arri­
wr en g4, mais la position est encore nulle.
Les Noirs peuvent appliquer une autre
méthode de défense moins connue et plus
délicate, qu'il convient de connaître dans
les positions similaires. Le Roi se dirige
yers la case g8.
3 ..if4
Il ne servirait pas à grand-chose d'éviter
le passage du Roi noir en f8 avec le Fou,
parce qu'il suffirait aux Noirs d'attendre
3. .id6 .id4=.
3... .id4?
Mais les Noirs échouent à mettre en Diagramme 7 .6
ceuvre le second procédé défensif. Ils Averbakh, 1972
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
C'est une position intéressante. Elle
nous servira à réviser certains des thèmes
des exemples antérieurs et nous permettra
de voir quelques pièges bien connus.
1.i.h5!?
La seule tentative de gain. Si l'on auto­
rise 1...r.t>e8, le Roi noir arrive en d8 et la
nulle est immédiate.
1...i.h3
Maintenant, les Blancs ont deux essais
de gain. Dans les deux cas, les Noirs
doivent être vigilants.
2.<.t>e5!?
Cette tentative est la plus dangereuse.
Les Noirs feront nulle s'ils comprennent
le plan des Blancs et s'ils connaissent la
méthode de défense de l' opposition arrière.
Le plan des Blancs est d'amener leur Roi
en c7. La seule mesure défensive efficace
pour les Noirs est d'amener le leur en c5.
Ils en ont largement le temps, mais ils ne
le feront pas à moins d'en comprendre la
nécessité.
2.i..g6!? est l'autre essai de gain, dans
lequel les Blancs cherchent à échanger les
Fous sur la case f5. En dépit de son aspect
menaçant, il est facile de le neutraliser :
2...i.d7!. Le seul coup (2...i.g4? 3.i.fS! et
la finale de pions est gagnante : 3...i.xf5
4.<.t>xf5 <.t>f7 5.<.t>eS <.t>f8 6.<.t>f6+-). Remar­
quez que cette position serait plus <lange-
100
reuse avec un pion-cavalier, parce qu'il y
aurait un Zugzwang du fait de l'impossi­
bilité pour le Fou de se rendre sur la petite
diagonale. Maintenant, par contre, le Fou
peut se diriger vers l'autre diagonale.
Après 3.i.f5 (les Blancs brûlent leurs vais­
seaux) 3...<.t>e8!=, le Roi arrive sur la case
noire et la nulle est évidente.
3...i.c6 ne perdrait pas non plus, mais
il est important de noter qu'avec un pion­
cavalier, le coup correspondant (c'est-à­
dire ...i.a6) serait perdant. Le vérifier est
un exercice très intéressant.
2...i.d7?!
S'ils attendent, les Noirs perdent,
même si ce coup ne mène pas encore au
désastre. En connaissant les finales 33 et
34, on comprendra que 2...<.t>g7! inaugure
la manœuvre défensive correcte pour les
Noirs.
3.<.t>ds .ta4?
Il n'était pas encore trop tard pour
amener le Roi : 3...<.t>g7! (maintenant, c'est
forcé) 4.<.t>c5 <.t>f6 5.<.t>b6 <.tes 6.<.t>c7 i.h3
(contrôler le pion par l'autre diagonale
au moyen de 6...i.a4? perd un temps et la
partie : 7.i.f3! <.t>d4 8.i.c6+-) 7.i.e8 <.t>d4!
8.i.d7 i.fl 9.i.g4 i.bS 10.i.f3 <.t>cS=. Juste
à temps !
4.<.t>cs i.d7 s.<.t>b6 i.a4 6.<.t>c7+-.
Voir la finale 33.
 8. FOU CONTRE CAVALIER, AVEC
UN PION
Les finales de Fou contre Cavalier sont les plus fréquentes après les finales de Tours
(voir les statistiques). Du point de vue stratégique, elles sont très intéressantes ... quand
il y a beaucoup de pions.
Mais quand il n'y a qu'un seul pion sur l'échiquier, les finales théoriques de Fou contre
Cavalier ont une valeur pratique assez réduite, et par conséquent ce chapitre sera l'un des
plus courts du livre.
La raison de ce faible intérêt théorique est que la solution de la plupart des positions
est simple, et que, quand ce n'est pas le cas, il est difficile de trouver des caractéristiques
qui reviennent souvent. Nous pourrions dire que ces finales sont essentiellement tac­
tiques, ce qui est sans doute l'effet de la présence d'un Cavalier ou de l'affrontement de
deux pièces de natures différentes.

Section 1. Cavalier et pion contre Fou

Nous nous pencherons d'abord sur le cas le plus intéressant: Cavalier et pion contre
Fou. En comparaison avec le chapitre précédent, on remarquera avec quelle facilité le Fou
parvient à faire nulle. Les statistiques confirment l'impression que donne l'étude de la
théorie: dans les finales Fou et pion contre Fou, le camp fort l'emporte dans 47 % des cas,
tandis qu'ici le gain ne s'obtient qu'une fois sur quatre. Ceci est cohérent avec l'idée que
le Fou est une pièce plus forte que le Cavalier sur un échiquier presque vide. C'est surtout
quand il lutte contre un pion-tour que le Fou a des problèmes, en particulier quand l'une
des diagonales de contrôle est très courte.

Finale 37 les plus importantes d'entre elles.

Le pion central
Comme nous l'avons déjà dit, ces finales
sont très tactiques et le résultat final tient
parfois à des détails ténus. Il n'y a pas beau­
coup de conclusions théoriques et l'analyse
d'un seul exemple nous suffira à formuler
Dans cette finale, il y a beaucoup de
chances de nulle, même quand le Roi du
camp faible est éloigné, surtout si les deux
diagonales de contrôle du pion sont assez
longues. En règle générale, si les deux dia­
gonales dont dispose le Fou font cinq cases
ou plus, alors le Fou n'a pas besoin de l'aide
de son Roi et au contraire il ne peut perdre

101
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
que s'il est gêné par son Roi. La raison en
est que, comme nous allons le voir dans
cette finale, le Cavalier est assez maladroit
quand il s'agit de faire obstruction, et cela
donne au Fou le temps de choisir tranquil­
lement sa diagonale.
Diagramme 8.1
Chéron
Quand l'une des diagonales fait quatre
cases ou moins, le Roi et le Cavalier peuvent
manœuvrer pour la dominer. Dans ce cas,
le Fou a besoin du soutien de son Roi,
mais, comme nous allons le voir dans cet
exemple, ce soutien peut arriver à temps,
même si le Roi part de très loin. Plus l'une
des diagonales est courte, plus les chances
du Cavalier sont grandes.
Le diagramme montre un cas limite. Les
Blancs font nulle, mais si leur Roi était en
a8, ils perdraient.
1.i.c5+!
L'option prise par le Fou est parfaite­
ment logique: il se place d'emblée sur la
diagonale de contrôle la plus longue.
1.i.h4+?, mettant tout de suite le Fou sur
102
la petite diagonale (de quatre cases), perd
pour les Blancs parce que le Fou sera délogé
avant qu'ils n'aient eu le temps d'amener
leur Roi : l...'�g2 2.�c7 tt::le4 (menaçant 3...
tt::lg3) 3.i.el tt::lc5 4.�d6 tt::ld3 5.i.h4 �h3!.
Le Cavalier contrôle deux cases, le Roi les
deux autres (le mieux qu'ils puissent faire
sur une même diagonale), et le Fou doit se
retirer. Le camp fort ne pourrait pas obte­
nir ce résultat sur une diagonale de cinq
cases.
1...�e2 2.i.gl!
Un coup très difficile à trouver dont
la justification n'apparaît qu'à l'analyse.
L'objectif est d'approcher rapidement le
Roi via la case c7, ce qui n'était pas possible
tout de suite à cause de la possibilité tac­
tique de la manœuvre tt::ld5-tt::le3. Vérifions­
le: 2.�c7? tt::ld5+ 3.�d6 tt::le3-+. Si 2.�c8?
tt::ldl! 3.i.gl tt::lf2 4.�d7 et le Roi n'arrivera
pas à temps : 4...�fl 5.i.h2 it::lg4 6.i.g3
(6.i.d6 tt::le3-+) 6...�g2 7.i.h4 �h3! 8.i.el
tt::le5+ 9.�e6 tt::ld3 et le Roi et le Cavalier
noirs couvrent les quatre cases de la petite
diagonale.
2...tt::ldl
Il faut en passer par cette manœuvre si
l'on veut expulser le Fou de la diagonale
la plus longue. Le Cavalier se dirige vers
la case f2.
3.�c7!
Les variantes qui viennent montreront
que cette approche du Roi est nécessaire.
3...tt::lf2 4.i.h2!
Ce coup est absolument indispensable
pour choisir sur quelle diagonale orien­
ter le Fou en fonction du saut de Cava­
lier. 4.�d6? �fl 5.i.h2 tt::ld3 6.i.g3 �g2
7.i.h4 �h3 permet de nouveau aux Noirs
 Fou contre Cavalier, avec un pion Il
de contrôler les quatre cases de la petite Un coup curieux, mais logique et forcé.
diagonale; 4.@d7? @fl 5. .i.h2 Lbg4 6..i.g3 Maintenant que le Roi noir a abandonné le
(6..i.d6 tbe3 7. .i.g3 ébfS-+) 6...@g2 7..i.e 1 contrôle de e3, le Fou s'apprête à rejoindre
éZ:JeS+! 8.@e6 Lbd3 9..i.h4 �h3-+ : au risque la plus longue diagonale par l'autre côté.
de me répéter exagérément, je souligne Contre tout autre coup, les Noirs parvien­
encore que les Noirs contrôlent les quatre draient à déloger le Fou. Voici une variante
cases de la petite diagonale. en exemple : 5.@c6 Lbg4 6..i.d6 @e2 (pour
4...@fl couvrir e3) 7..i.g3 Lbe3 suivi de ...ébfS
Il est logique de transférer le Roi de expulsant le Fou.
l'autre côté du pion. Les autres coups ne Un exercice intéressant et utile consiste
suffisent pas non plus pour l'emporter, à vérifier toute autre variante où il subsiste
même s'il reste nécessaire d'être très atten­ un doute.
tif: 4...Lbg4 S..i.gl! (c'est l'un des coups 5...Lbg4 6..i.d4 @e2 7.�g1! ½-½
dés: si le Cavalier saute en g4, le Fou peut
revenir sur la diagonale la plus longue), ou Cette superbe étude nous permet de
-t ..Lbh3 5.�g3! (c'est l'autre coup clé: avec dégager quelques idées intéressantes. Il
le Cavalier mal placé en h3, il manque un serait peut-être exagéré de les qualifier de
temps aux Blancs pour confisquer au Fou concluantes sur la base d'un seul exemple,
toutes les cases de la petite diagonale) 5... mais elles sont confirmées par l'étude de
::if4 6.�d6 LbhS 7.�h4 Lbg7 8.@eS!= et le positions similaires.
Roi blanc est arrivé juste à temps pour
; ,. ,.,.,,j
empêcher le fatal ... ébfS. 1 Conclusions :
1 1) Si le Fou dispose de deux diagonales d'au 1
i moins cinq cases pour arrêter le pion, il n'a i
1 pas besoin de l'aide de son Roi.

' 2) Si la diagonale la plus courte fait quatre

cases, on peut déloger le Fou des diagonales
de contrôle du pion. Cela demande beau­
coup de temps, si bien que le Roi du camp
faible doit être très éloigné pour que le gain
soit possible.
3) Si la diagonale la plus courte a moins de
! quatre cases, les chances de gain augmen­
l tent.

Diagramme 8.2

5 ..i.eS!

103
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Finale 38
Le pion-tour
Diagramme 8.3
Lloyd, 1860
Le Fou à la lutte avec un pion-tour a
davantage de problèmes, ce qui est logique
dans la mesure où l'une des diagonales de
contrôle du pion peut être très courte - et
peut même disparaître si le pion arrive en
septième rangée. De plus, la finale avec un
pion-tour se produit souvent en pratique,
et elle recèle une ressource inattendue qu'il
convient de connaître.
Dans la position du diagramme, les
Noirs menacent de mettre le Roi en gl et le
Cavalier en g2, fermant l'unique diagonale
de contrôle. La position blanche semble
désespérée, mais il existe un recours caché.
l ..id7!
Il faut obliger le pion à avancer le pion
en septième rangée pour pouvoir appli­
quer la méthode de sauvetage classique
de cette finale. Après l ..ic6+ �gl 2..id5
lbg2++-, le pion fait Dame.
104
1...h2 2..ic6+ �gl
2...lbf3+ 3.�e2=.
3..ihl!
Forcé, au vu de la menace 3...lbg2.
Diagramme 8.4
3...�xhl
3...lbg2+ 4.�e2 lbf4+ 5.�el= ne donne
rien non plus. Le Roi noir ne pourra pas
quitter le coin à cause de l'incapacité du
Cavalier à perdre un temps. Mais où mettre
le Roi blanc ? Pour simplifier le calcul, on
peut se fier à la règle qui veut que l'on
place le Roi sur une case de même couleur
que celle du Cavalier : de la sorte, le Cava­
lier s'approchera en faisant échec, mais il
ne pourra jamais contrôler la case de l'autre
couleur.
4.�f2!
Maintenant, le Roi noir ne ressortira
pas. À l'inverse, 4.�fl? lbf5 5.�f2 lbg3-+
conduit rapidement au Zugzwang.
4...lbf3 5.�fl lbd2+ 6.�f2 lbe4+ 7.�fl
½-½.
Brillant. Sur la foi de cette spectaculaire

étude de Lloyd, on pourrait facilement
commettre l'erreur de croire que la finale
avec un pion-tour est toujours nulle, mais
ce n'est le cas que si le Roi de la défense
est suffisamment près. Voyons l'exemple
suivant.
Quand le Roi de la défense est
- - - -
plus éloigné
-a-a-m-a
--------
-·-·-�-
- - --
----
Diagramme 8.5
Stein - Dorfman
URSS, 1970
En choisissant une position extraite
d'une partie réelle, nous voulons aussi
montrer combien cette finale est peu
connue, malgré son importance théorique.
La différence entre ce diagramme et le pré­
cédent tient à la position plus éloignée du
Roi du camp faible. Ceci permet aux Noirs
de manœuvrer pour attraper le Fou sans
laisser le Roi blanc atteindre la position sal­
vatrice.
1 ...êtld3
Menace 2...êtlb2.
Fou contre Cavalier, avec un pion IJ
2.�alD l2:\b2
Si l'on regarde le diagramme de
l'exemple précédent, on a l' impression
d' être dans la même position ... mais ce
n'est pas tout à fait le cas. Le Roi blanc est
un petit peu plus loin et, par un jeu précis,
les Noirs peuvent l'empêcher de coincer
leur propre Roi.
3.�el
À 3.�e3, doit suivre 3...l2:\a4! 4.�d4
(4.�e2 �cl arrive à la position du qua­
trième coup de la variante principale)
4...�bl 5.�d3D l2:\c5+ (5...�xal? 6.�c2=)
6.�c3 (6.�d2 l2:\b3+) 6...�xal et comme
on le voit, le Roi ne peut atteindre la case
de blocage de la même couleur que celle
occupée maintenant par le Cavalier: 7.�c2
l2:\b3-+.
3 ...l2:\a4!
La partie s'est poursuivie par 3...�bl?
4.�d20 et, comme nous l'a appris l'étude
de Lloyd, la position est maintenant nulle:
4...�xal 5.�cl! l2:\c4 6.�c2.
4.�e2 �cl
Avec cette perte de temps, les Noirs
maintiennent leurs pièces sur les cases
idéales (le Roi au contact de bl, et le
Cavalier à la fois à un pas de b2 et prêt à
rejoindre b3 en faisant échec en chemin).
Le problème pour les Blancs et que le Roi
doit abandonner sa case la plus souple, e2,
et que toutes les autres ont leurs inconvé­
nients.
5.�el
Après d'autres coups, les variantes sont
plus courtes: 5.�d3 �bl 6.�d2 (le Roi
blanc aurait bien voulu jouer 6.�dl) 6...
l2:\b20 rejoint la position après le huitième
coup de la variante principale; 5.�e3 �bl
105
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

6.�d3 (6.�d2 'llb20) 6...'llc5+! et l'on Toutes les manœuvres précédentes des
retrouve la variante analysée au troisième Noirs visaient à obtenir cette position de
coup. Zugzwang.
5...'llc5! 6.�e2 9.<.tic3 <.tixal 10.<.tic2 'lld3-+.
Si le Fou sort par 6.i.g7, alors le Cava­
lier ferme la diagonale avec gain de temps Conclusion : avec un pion-tour, le Cavalier
6... èbd3+ 7.c-tJe2 'llb2-+. a de bonnes chances de gain, mais si le Roi
6... �bl adverse est proche, il ne faut pas chercher
Il s'avère très important que le Roi ne à expulser précipitamment le Fou du coin
de l'échiquier.
puisse pas se rendre sur la case d2, plus
souple.
7.�dl
7.i.g7 'lla4-+.
7•..lZ:id3 s.<.tid2 lZ:ib20

Diagramme 8.6

106
 Fou contre Cavalier, avec un pion IJ
Section 2. Fou et pion contre Cavalier

Si c'est le Cavalier qui lutte contre un pion, la défense est beaucoup plus difficile. De
nouveau, la différence de mobilité entre les deux pièces sur un échiquier vide se fait
sentir. Nous pouvons distinguer trois cas:

Premier cas : le Roi du camp faible réussit à se placer devant le pion, sur une case
de couleur opposée à celle du Fou. Dans ce cas, la nulle est pratiquement assurée (la
seule exception, c'est quand le Cavalier se fait piéger). Cette situation ne nécessite aucun
exemple.
Si le Roi ne peut pas se mettre devant le pion, alors c'est le Cavalier qui doit le bloquer.
Il lui faut être aidé par son Roi. Si le Roi de la défense est éloigné, le Cavalier sera expulsé
de la case de blocage (à quelques exceptions près, liées à des possibilités de fourchette).

Deuxième cas : le Roi et le Cavalier contrôlent tous deux une case de passage du
pion, de couleur opposée à celle du Fou. Cela semble une situation assez sûre pour la
défense, mais il existe de nombreuses positions de Zugzwang quand le pion est en sep­
tième rangée, et quelques-unes quand il est en sixième.

Troisième cas: le Cavalier contrôle une case de passage du pion et son Roi l'aide d'une
façon ou d'une autre, mais sans occuper une position de blocage ferme. Dans ce cas, tout
dépend de la possibilité d'expulser le Cavalier par des moyens purement tactiques, qui sont
parfois assez compliqués. Normalement, pour y parvenir, il faut recourir au Zugzwang.

Finale 39
Pion en septième rangée

Zugzwang, pat ou échec perpétuel

Dans la position du diagramme, les

Noirs semblent avoir une bonne défense
grâce au contrôle simultané de la case d8
par le Roi le Cavalier, mais c'est une fausse
impression. En réalité, leur meilleure
chance de nulle tient à la menace d'échec
en d6.
Diagramme 8.7

107
Jesus de la Villa Garcia \ Les 100 finales qu'il faut connaître

1.c;t>c7! En guise d'exercice, je vous propose

Pare la menace. d'observer attentivement la série de dia­
L'immédiat Lid5?, attaquant le Cava­ grammes suivante, ou le Cavalier bloque
lier, serait une grave erreur à cause de 1... le pion, et d'en vérifier les énoncés. De
èbd6+ 2.c;t>c7 èbe8+ 3.c;t>c8 èbd6±. la sorte, vous pourrez consolider votre
Le seul autre coup qui gagne est 1..ic6!, connaissance de ce type de positions.
qui évite les échecs en e8 et b5.
1...èbd8 2..tdS+-.
Le Zugzwang conduit à la perte immé­
diate du Cavalier.

Série de blocages par le Cavalier

Les Blancs gagnent, quel que Nulle, quel que soit le trait Les Blancs gagnent, quel que
soit le trait soit le trait

Conclusion : avec le pion en septième i type de positions où le seul cas intéressant

rangée, une défense passive échoue en 1 est celui ou le Cavalier contrôle le pion
général à cause du Zugzwang. Deux res­ depuis une position précaire. Ici, le Zug­
sources peuvent mener à la nulle : zwang peut aider à s'orienter, mais il est
1) L'échec perpétuel.
impossible d'établir une règle générale et il
2) Le pat si le pion est proche de la bande.
1 ····-····· ·····--· ---···--·······-- faut calculer chaque situation concrète.
C'est pourquoi nous ne donnerons qu'un
Avec le pion moins avancé, si le Roi et seul exemple qui nous donnera quelques
le Cavalier contrôlent la case située devant orientations générales, sans que l'on puisse
lui et que celle-ci est de couleur opposée à en déduire des conclusions théoriques.
celle du Fou, il n'est pas possible d'obtenir
un Zugzwang. Nous arrivons donc à un

108
 Fou contre Cavalier, avec un pion Il
Finale 40 mais 2.@e6? permet au Cavalier de chan­
ger de position et le Zugzwang ne sera plus
Le Cavalier contrôle le pion depuis
possible: 2...t2:lh7! 3.@e7 t2:lf8= (maintenant,
une position précaire
le Roi noir va bouger autour du pion) 4.i.c2
@c6 et ici:
A) 5.i.bl @d5! (5...@c5? 6.i.e40) 6.i.d3
@c6!=.
B) 5.i.a4+ @c5 6.i.e8 @d5 7.i.f7+ @c6
8.i.h5 @c5!= (mais pas 8...@d5? 9.i.f3+@e5
10.i.e40+-).
2...@c6
2...t2:lg4 3.i.bl t2:lf6 4.i.e4+- t2:lg8+5.@d7
t2:lf6+ 6.@e6 rejoint la position finale.
3.@e6 t2:lh7
3... @c5 4.i.bl (ou 4.i.d5 t2:lh7 5.@e7).
4.i.dS+@cS 5.@e7 t2:lf6
5...t2:lf8 6.i.e40+- est une autre position
Diagramme 8.7 de Zugzwang qui gagne aussi.
Bron, V. 1955 6.i.f3 t2:lg8+ 7.@e6 t2:lf6 8.i.e4!+­
Zugzwang !
1...lflb3+@c5 Dans ce genre de situation, la seule
1...@e5 2.i.e6 conduit tout de suite au conclusion pratique est que l'on ne peut
Zugzwang. établir de règles théoriques. L'essentiel est
2.i.a2 de bien calculer, et il est très utile de penser
D'autres coups de Fou gagnent aussi, à rechercher des positions de Zugzwang.

109
9. FOU ET DEUX PIONS CONTRE FOU
(FOUS DE COULEURS OPPOSÉES)
Avec celui sur les finales de Tours, ce chapitre est l'un des deux plus importants du
livre. Les finales de Fous de couleurs opposées se produisent relativement souvent en
pratique, sans doute à cause de la tendance du joueur en infériorité à chercher son salut
dans un type de finale considéré comme annulant. Mais dans le cas présent, l'étude de ces
finales est recommandée pour des raisons plus importantes encore que leur fréquence :
a) En premier lieu, il est possible de les analyser très en profondeur et par conséquent
leur étude théorique est très développée.
b) Elles font appel à une technique très particulière, avec laquelle il faut se familiariser,
et nous pourrions dire que dans de nombreuses positions les décisions correctes ne
sont guère intuitives. Naturellement, c'est là une appréciation que l'on peut consi­
dérer subjective, mais je veux dire qu'il est pour le moins difficile d'y faire preuve
d'une bonne intuition quand on n'en connaît pas les idées fondamentales.
c) Étant donné que les ressources de la défense sont bien connues et que les possibilités
de contre-attaque sont quasi inexistantes, on peut y concevoir des plans très clairs
et très profonds, ce qui, en plus de nous aider à faire de bons choix au moment de
simplifier, fait de ces finales un bon terrain d'entraînement.
d) Enfin, l'étude des positions théoriques nous permettra de connaître des idées qui
s'appliquent aussi dans les finales avec de nombreux pions.

En résumé, ce serait une grave erreur de sauter ce chapitre ou de ne lui prêter que
peu d'attention, parce que c'est l'un de ceux qui peuvent rapporter le plus de points en
pratique.
Dans les finales de Fous de couleur différente, nous passerons directement à l'étude
des positions avec un avantage de deux pions. Les finales avec un seul pion sont très
simples, tout revient à la possibilité ou non, pour le Fou du camp faible, de contrôler
l'une des cases sur lesquelles le pion doit passer.
Nous distinguerons les positions où les pions sont liés de celles où ils ne le sont pas.
Le cas des pions doublés est excessivement simple : si le Fou et le Roi contrôlent une case
devant le pion, ils obtiendront la nulle, si ce n'est pas le cas, le premier pion coûtera le
Fou et le second sera promu.

111
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître

Section 1. Pions liés

Au contraire des finales avec n'importe quelle autre pièce - où deux pions liés consti­
tuent une force écrasante - dans les finales de Fous de couleurs opposées, les chances
de nulle sont élevées à cause de la possibilité ,de bloquer les pions ou de les éliminer en
échange du Fou. Nous commencerons notre étude avec les pions très avancés et nous les
ferons reculer progressivement.

Finale 41 marques de fabrique des finales de Fous

Les pions en sixième rangée
1-:? c C. �. (., f i
Diagramme 9.1
Normalement, les pions en sixième
rangée gagnent, et le procédé est assez
simple. Mais il vaut la peine de bien l'obser­
ver pour commencer à se familiariser avec
la technique de cette finale.
Le Fou noir empêche l'avance du pion
en e7 (il se sacrifierait contre les deux
pions), et, si l'on avance en f7, les pions
seront bloqués sur des cases de même cou­
leur que celle de leur Fou- un blocage qu'il
est impossible de lever et qui est l'une des
de couleurs opposées. Il ne faut même pas
songer à cette avance. Les Blancs doivent
donc maintenir les pions sur la sixième
rangée et préparer l'avance e7 au moment
opportun.
L�b5+
On peut diviser le plan en deux étapes
bien distinctes
1) On fait échec avec le Fou pour obli­
ger le Roi à prendre position...
1 ...@d8
Dans le cas de 1... @f8, les Blancs
appliquent le même plan sur l'autre flanc :
2.@d5 ka3 3.@c6 .tq4 4.@d7 kc5 5.e7+.
2.@f5
...et
2) le Roi du camp fort fait le Tour du
côté contraire à celui choisi par le Roi
adverse.
On ne pourrait pas appliquer ce plan
tout de suite si le Roi noir occupait f8 avec
le Fou noir en d8, mais il suffirait dans ce
cas de perdre un temps et les Noirs seraient
en Zugzwang, comme nous le verrons au
diagramme suivant.
2...kcs 3.@g6 kb4 4.@f7 kc5 5.e7+ 1-0.

112

Fou et deux pions contre Fou (Fous de couleurs opposées)
Le Fou est devant les pions
Diagramme 9.2
Comme nous allons le voir bientôt, il est
:itile de placer le Fou devant les pions en
attaquant l'un d'entre eux quand les pions
sont en cinquième rangée, mais ici ça ne
;uffit pas à cause du Zugzwang.
1 ..tbs+ @fs 2.@fs!.
Zugzwang. Au prochain coup, le pion
ayancera en e7, puisque l'une des deux
:'lièces noires aura dû abandonner le
.::ontrôle de cette case.
Peut-on en déduire que deux pions liés
en sixième rangée l'emportent toujours ?
Pas encore. Il existe une exception.
Pion-tour avec pion-cavalier
Voici le seul cas où deux pions 1iés en
sixième rangée ne gagnent pas. Notons ses
particularités : les pions sont un pion-tour
et un pion-cavalier et le Fou de la défense pions n'ont pas atteint la sixième rangée.
occupe la grande diagonale.
IJ
- - -·-
-a-a-a�o
-
--il-
- -�-
- -
--------
---- Diagramme 9.3
1 ...@f8!
Cette fois, il ne s'agit pas des thèmes de
pat si fréquents avec les pions de la bande. Le
Roi noir choisit ce côté parce que le Roi blanc
ne peut pas faire le Tour par l'autre côté.
Sur l ...�h8??, les Blancs gagneraient avec la
manœuvre habituelle: 2.@e6 .tb2 3.@f7+-.
2.@e6 .tb2
Il suffit d'attendre. C'est d�nc partie nulle.
Conclusion: deux pions -liés en sixième
rangée l'emportent toujours, sauf quand un
pion-tour et un pion-cavalier sont opposés
à un Fou qui contrôle la grande diagonale.
Finale 42
Les pions sont en cinquième
rangée ou moins avancés
Le verdict de cette finale change si les
Dans ce cas, le camp faible obtient la nulle
113
Jesus de la Villa Garda \ Les 100 finales qu'il faut connaître
s'il atteint la formation défensive correcte.
Mais voyons d'abord comment on peut
gagner dans le cas contraire.
La méthode de gain
Diagramme 9.4
Dans la position du diagramme, le Fou
est situé sur la mauvaise diagonale. Bien
qu'il contrôle e6, il ne peut pas empê­
cher une manœuvre similaire à celle que
nous avons vue avec les pions en sixième
rangée. Dans l'exemple suivant, nous ver­
rons le bon système de défense.
1..tgS+!
La première phase du plan consiste
à donner échec pour forcer le Roi noir à
choisir un côté, mais l'échec pour lequel
on opte n'est pas indifférent. Il convient de
faire échec de ce côté-là pour que le Fou
contrôle les cases situées devant chacun
des deux pions une fois le pion-roi avancé.
1 ..tb4+?! est une erreur qui, si les Blancs
persistent, conduit à la nulle: l... @f7!
2.@d4? (il était encore possible de revenir
au plan correct: 2. .tel! suivi de .th4) 2...
114
i.c2! (les Noirs doivent profiter de l'occa­
sion de désorganiser les pions blancs
tandis que les conditions de leur avance
ne sont pas encore réunies) 3.e6+ (3.f6 @e6
conduit à un blocage inexpugnable) 3 ... @f6
(les pions blancs sont attaqués) 4.e7 @f7
5.@e5 i.a4 et l'on ne peut chasser les pièces
noires de leurs positions de blocage.
1...@d7
Ou l...@f72.@d4 (le Roi blanc fait le Tour
par la gauche afin de contrôler la case e6
depuis d6) 2... i.a2 (il faut attendre, parce que
2 ...i.c2?! se heurte à 3.e6+!, et le Roi ne peut
rester au contact des pions - c'est pourquoi les
Blancs ont placé le Fou en g5 - 3...@e8 4.f6+-)
3.@c5 i.b3 4.@d6 i.a2 5.e6+@e8 6.f6+-.
2.@f4
Ici, le Roi fait le Tour par la droite pour
contrôler la case e6 depuis f6.
2...i.a2 3.i.h4 i.f7 4.@g5 @e7 5.@h6+
@d7 6.@g7 .tds 7.@f6 .tb3 8.e6+ @e8
9.@e5 suivi de f6 et nous savons déjà que
les deux pions en sixième rangée gagnent.
Le système de défense
I>iagramme 9. 5
 Fou et deux pions contre Fou (Fous de couleurs opposées) IJ
Le Fou est ici sur la diagonale correcte.
Depuis c8 (ou d7), il attaque f5 et empêche
tant e5-e6, qui serait suivi d'un sacrifice,
que les manœuvres de contournement du
Roi.
J.j,gS+ @f7!
Maintenant un double contrôle de e6.
2.@f4 j,d7
Les Blancs ne peuvent pas progresser.
C'est donc partie nulle.

Avec cet exemple, nous avons appris

une ressource défensive très importante,
que l'on peut appliquer avec les pions en Diagramme 9.6
cinquième rangée mais aussi quand ils sont Tarrasch, 1921
moins avancés. Notez que le Fou arrête les
pions, mais que cela implique qu'il soit prêt 1...j,c4!
à se sacrifier pour eux, ce qui peut avoir son Le seul coup. Les Noirs ne peuvent pas
importance dans les finales avec davantage obtenir la bonne formation défensive avec
de pions. les pions en quatrième rangée, parce que
celle-ci suppose que le Fou soit en b7 ou en
c6 et qu'il n'a pas le temps d'y arriver, aussi
Les pions en quatrième rangée ils doivent se préparer à atteindre la posi­
tion de défense avec les pions en cinquième
Avec les pions en quatrième rangée, la rangée, c'est-à-dire avec le Fou en f7 ou g8.
façon d'annuler est la même qu'avec les Seul ce coup y parvient. Si l...j,bS? 2.j,b4+!
pions en cinquième : placer le Roi devant et le Roi noir va faire obstacle à son Fou:
les pions et le Fou aussi devant eux, en évi­ 2...@d7 3.d5+-.
tant l'avance de l'un et en attaquant l'autre. 2.j,g3+ @c6!
Ce qui augmente les chances du camp Il faut empêcher d5 jusqu'à ce que le Fou
faible, c'est qu'il peut rechercher la for­ soit en f7. Voyons comment les alternatives
mation défensive correcte contre les pions échouent: 2...@d7? 3.d5+- ; 2...@e6? 3.j,f4!
en quatrième rangée, ou à défaut en cin­ (d'autres coups de Fou gagnent aussi, mais
quième. Mais ce n'est pas toujours possible pas 3.@d2? j,bS! 4.d5+ @e7 5.@e3 j,e8!
de l'atteindre, ou bien, comme dans le cas suivi de j,f7 et le Fou arrive à la position
présent, il faut être très précis pour y par­ de défense idéale) 3...j,b3 (3...j,a2 4.@d2)
venir. 4.@d3 j,a2 5.@c30 suivi de @b4, @c5 et d5.
3.@f4 j,f7 4.@e5 @d7 5.dS j,g6
Ce n'est pas forcé, mais le plus simple

115
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

est d'attaquer le pion pour compliquer les

manœuvres des Blancs.
6.�d4 i.h7 7.eS i.gS et les Noirs arrivent
enfin à la position de défense voulue.

Conclusions :
1) Avec les deux pions en cinquième rangée
ou moins avancés, le camp faible obtient la
nulle s'il atteint la formation défensive cor­
recte.
2) Ladite formation consiste à avoir le Roi
devant les pions, le Fou étant aussi face à
eux, attaquant l'un et contrôlant la case
située devant l'autre.
3) L'avantage pour la défense, si les pions
sont moins avancés, est qu'il y a plus de
chances d'atteindre le schéma de défense
correct.
Finale 43
Un duo de pions très spécial.
La cage
Dans l'exemple précédent, nous avons
vu qu'il était parfois difficile d'atteindre
la bonne formation défensive, et nous
sommes aussi passés par des positions où
les deux pions sur des rangées différentes
s'avéraient compliquer la défense quand
ils se trouvaient sur des cases de même
couleur que celle du Fou adverse et empê­
chaient le blocage.
Mais ce que peu de joueurs savent, c'est
qu'il existe un duo de pions qui peut poser
d'énormes problèmes s'il n'est pas sous
contrôle dès le départ.
Diagramme 9. 7
Bien qu'elle soit peu fréquente, il vaut la
peine d'analyser cette position qui consti­
tue une exception extraordinaire et nous
permettra de découvrir de nouvelles idées.
Les Blancs gagnent de manière forcée bien
que leurs pions soient sur la deuxième
rangée. Comment est-ce possible?
D'abord, il importe de remarquer que la
paire de pions e-f (ou bien c-d) peut mettre
hors-jeu le Fou sur la grande diagonale, en
se disposant en f4 et e5. Si nous laissions
les pions sur les cases du diagramme et
changions la couleur des Fous, les Noirs
feraient nulle dans pratiquement n'im­
porte quelle position.
En second lieu, les pièces noires sont mal
placées et n'ont pas le temps d'atteindre la
formation défensive idéale contre les pions
en quatrième rangée, c'est-à-dire le Roi en
f6 et le Fou en d6, c7 ou b8 (concrètement,
il leur manque un temps).
Dès lors, il faut se préparer à adopter la
position de défense contre les pions en cin­
quième rangée, ce qui est bel et bien possible,

116
 Fou et deux pions contre Fou (Fous de couleurs opposées) Il
mais nous allons voir ce qui se passe ensuite. un peu l'avance du Roi blanc.
1.f4 ..tfs 2.e4 @e7 5..tb30 (5.f5?? .tg7=) 5 ....tg7 (5...@f8
2.....td6 3.e5. 6.fs+-) 6.@gs .ths 7.@g6 @fs s.@h7 .tg7
3...tc4 .tg7 4.e5 9...tc40
Les Noirs ont atteint le schéma de défense
standard contre des pions en cinquième
rangée, mais les pions n'ont pas encore
l'intention de se porter tous deux sur cette
rangée. Notez bien la position maladroite
du Fou noir. Il se trouve que cette structure
est toujours gagnante, peu importe le trait
et la position des Fous. Il suffit que le Roi
défende les pions. L'idée est que les pions
ont construit une sorte de cage qui restreint
gravement la mobilité du Fou, et que ce der­
nier est condamné à rester dans la cage faute
de quoi les Noirs n'obtiendraient pas la for­
mation de défense qui permet de neutraliser Diagramme 9.8
des pions en cinquième rangée. Une position mémorable. Le Fou est
4....th6 perdu.
C'est le plus résistant, parce que ça gêne

Section 2. Pions isolés. Les trois cas de nulle

Dans le cas des pions isolés, le travail d'analyse d'André Chéron et celui de Jonathan
Speelman (dans son livre Analysing the endgame) se sont avérés particulièrement utiles.
La finale avec des pions isolés est plus fréquente et sensiblement plus complexe que
celle avec les pions liés. Il existe une règle très connue : les chances de gain augmentent
en même temps que la distance entre les pions. Cependant, il est difficile de systémati­
ser toutes les situations et de s'en souvenir.
À l'aide des exemples suivants, nous allons essayer de dresser une carte du territoire,
qui nous servira à nous orienter, pourvu que l'on prête toujours une grande attention aux
particularités de la position.
Dans la première partie, nous allons nous occuper des trois cas où la nulle est claire.
Si une position donnée ne correspond à aucun de ces cas, une évaluation plus fine est
requise, et il faut s'appuyer sur des règles plus particulières que nous aborderons dans la
seconde partie.
Le premier cas de nulle est évident, même s'il n'est pas automatique: il s'agit de la

117
Jesus de la Villa Garda \ Les 100 finales qu'il faut connaître

situation dans laquelle l' un des pions est le mauvais pion-tour (relativement au Fou).
Dans ce cas, la distance entre les pions est sans importance, de même que leur degré
d'avancement, la nulle dépend uniquement de la possibilité pour le camp faible d'ame­
ner son Roi sur la case de promotion du pion-tour et de donner son Fou pour l'autre
pion. Aux diagrammes suivants, nous examinerons les deux autres cas plus en détail.

Finale 44 9.@f7 i.b4!.

Maintenant, il faut rester sur l'autre dia­
Les pions sont séparés par une gonale. La nulle est évidente.
seule colonne
Deuxième cas de nulle : quand les pions ne
sont séparés que par une seule colonne,
la position est toujours nulle, sitôt que les
deux pièces de la défense occupent la posi­
tion de blocage correcte.

Finale 45
Les deux pions sont bloqués sur la
même diagonale

La méthode de défense est également

très simple :
Diagramme 9.9

Le système de défense est simple: le Roi

attend et le Fou bouge en maintenant dans
le viseur la case d'avance contrôlée par le
Roi adverse.
1.i.b3 i.f4
Ou 1...i.e5, ou 1...i.g3, ou 1...i.h2.
2.@b6
2.c7+ i.xc7 3.e7+ @xe7 4.@xc7= gagne le
Fou, mais pas la partie. Il est intéressant de
le remarquer pour le cas où il reste d'autres
pions sur l'échiquier.
2...i.d6 3.@b5 i.c7 4.@c4 i.d6 5.@d5 Diagramme 9.10
i.c7 6.@e4 i.d6 7.@f5 i.c7 8.@f6 i.d6 Averbakh, 1972

118
 Fou et deux pions contre Fou (Fous de couleurs opposées) IJI
1.@d5 Pour s'assurer que ce mécanisme de
Il vaut la peine de remarquer que la défense fonctionne bien, il suffit d'observer la
même position, en inversant les positions coordination entre le Roi et le Fou et de véri­
du Roi et du Fou noirs, gagnerait facile­ fier que, sitôt que le Roi adverse est prêt à sou­
ment en commençant par f4 et @f5. Mais tenir l'avance d'un pion, ils peuvent contrôler
ici, la tentative de contournement du Roi simultanément la case située devant celui-ci.
blanc est facilement neutralisée.
1...@f6! Troisième cas de nulle: la distance entre
Empêchant le Roi de passer en e6. les pions est sans importance si le Fou les
2.@c5 @e7 3.@b5 .if4 4.@b6 @d8 ½-½. . arrête sur la même diagonale avec le sou-
tien de son Roi.

Section 3. Les pions sont séparés par deux colonnes

Si un joueur connaît bien ce qui précède, il dispose déjà d'une bonne base pour jouer
raisonnablement les finales de Fous de couleurs opposées. Il est même possible qu'il
joue correctement les positions des deux dernières sections. Cependant, avec quelques
connaissances supplémentaires, il le fera bien plus en confiance et fourbira ses armes en
vue des finales avec beaucoup de pions. Comme nous allons le voir, certains procédés
techniques sont mémorables.
Bien entendu, nous allons nous occuper maintenant de positions qui ne rentrent pas
dans les cas de nulle étudiés dans la section antérieure. Comme nous l'avons déjà dit, les
chances de gain augmentent en même temps que la distance entre les pions, et nous allons
précisément organiser notre étude en fonction du nombre de colonnes qui les séparent.
La section présente traite des pions séparés par deux colonnes et la suivante s'intéresse
aux pions séparés par trois colonnes.

119
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
Finale 46
La méthode de gain
Diagramme 9.11
Dans toutes les finales de cette section,
la méthode de gain est la même. C'est pour­
quoi nous l'illustrerons d'abord à l'aide de
ce cas très simple.
La méthode s'énonce ainsi : tandis que
le Fou s'occupe de défendre les pions,
le Roi tâche de s'infiltrer pour appuyer
l'avance du pion bloqué par le Fou
adverse. Par conséquent, les possibilités de
la défense se fondent sur deux ressources
empêcher le Roi adverse de passer ou bien
amener le Roi à la rescousse du Fou pour
maintenir le blocage.
La position ci-dessus est la même que
celle du diagramme 9.10, en permutant les
positions du Roi et du Fou noirs. Elle nous
permet d'illustrer la méthode de gain.
1.f4
Franchissant la diagonale de blocage
commune aux deux pions. Ici, le blocage
est fictif et peut être rompu quand on veut.
120
D'autres coups comme Ut>f5 gagnent
aussi. Il est caractéristique des finales de
Fous de couleurs opposées que le temps
n'influe pas sur le résultat.
1...i.h4 2.'it>d5
Les Blancs lancent la deuxième phase
du plan, qui est l'essence même de ce type
de situations : ils infiltrent le Roi pour sou­
tenir l'avance du pion que contrôle le Fou
adverse - ici, le pion f.
2...i.d8 3.@e6
Le Roi se place en soutien des pro­
chaines avancées du pion f.
3...i.h4 4.f5 @d8 5.f6 i.g5 6.@f5 i.h6
7.@g6 i.f8 8.@f7 i.h6 9.@g8 1-0.
Maintenant, le Roi assure le contrôle de
la case f8. Si les deux pièces noires étaient
mobilisées pour la défendre, c'est l'autre
pion qui resterait sans surveillance.
Conclusion : avec deux pions-fous (colonnes
c et f), on gagne si l'on n'est pas dans le troi­
sième cas de nulle.
Finale 47
Pion-cavalier et pion central
Le Fou de la défense contrôle la
case de promotion
L'exemple précédent pourrait laisser
penser que si les pions sont séparés par
deux colonnes sans que le Fou les bloque
sur la même diagonale, on gagne à coup
sûr. Mais il n'en est rien. Avec un pion-cava­
lier ou un pion-tour, la proximité du bord
de l'échiquier peut compliquer la tâche du
 Fou et deux pions contre Fou (Fous de couleurs opposées) Il
Roi qui vient appuyer la promotion. Cette 5.Ji.bl! @b3 6.@e2= avec une forteresse
finale s'est souvent produite en pratique, et imprenable. Cette position illustre parfai­
n'a pas toujours donné le résultat attendu. tement la particularité du pion-cavalier. Si
4...@a2 5.Ji.f7!, le pion est cloué et ne peut
pas avancer pour l'instant. Mais à présent,
il faut faire bien attention, car j'ai vu plus
d'un joueur perdre un demi-point dans les
positions des deux prochains diagrammes.

Diagramme 9.12
Berger - Kotlerman
.Arkhangelsk 1948

1.@e2!
Il faut éviter que le Roi adverse appuie
l'avance du pion central. Comme on le
verra, le soutien du pion-cavalier présente
quelques problèmes.
1...b3
Vu qu'il n'y a pas moyen de contourner
par l'est, c'est le seul plan.
2.@dl!
Il faut contrôler la case cl, pour que le
Roi noir soit plus à l'étroit. Dans la variante
2.Ji.g6? @b2 3.Ji.f7 @c2 4.J.g6+ @cl-+, le
pion b sera promu et le Fou sera perdu;
2.Ji.h7? @b2 3.@dl (trop tard) 3...@al!-+.
2...@b4 3.Ji.h7
Le Fou blanc attend jusqu'à ce que le Roi
noir menace d'arriver en al.
3... @a3 4.Ji.g6@b2 (D)
Sur 4... b2, menaçant 5...@a2, il suit
Diagramme 9.13
5.J.f7!
Maintenant, il faut attaquer le pion pour
éviter que le Roi n'arrive en al et protège
son avance depuis cette case. 5.J.h7??
@al!-+ suivi de l'avance b2-bl est gagnant
pour les Noirs.
5...@a2 6.Ji.e6@a3 (D)
La menace est maintenant 6...b2, for­
çant 7.J.fS, qui autoriserait 7...@a2 suivi de
.. . bl. C'est l'autre moment critique de cette
finale.

121
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
Diagramme 9.14
7..ifS!
Les Blancs restent vigilants et parent de
nouveau la menace des Noirs.
7...b2 8..ibl! ½-½.
Je crois que cet exemple, tiré d'une
partie réelle, illustre de façon très convain­
cante les problèmes du pion-cavalier.
Conclusion :avec les pions séparés par deux
colonnes, si l'un d'eux est un pion-cavalier
dont le Fou adverse contrôle la case de pro­
motion et si le Roi adverse surveille le pion
central, la partie est nulle.
Si le Fou de la défense ne contrôle pas
la case de promotion du pion-cavalier, en
général la partie est quand même nulle,
mais il existe quelques exceptions, ainsi
que nous le verrons dans les exemples sui­
vants.
122
Le Fou du camp fort contrôle la
case de promotion
Diagramme 9.15
Chéron, 1957
Cette position, analysée par Chéron,
montre que quand le Fou du camp faible
ne contrôle pas la case de promotion du
pion-cavalier il y a plus de chances de gain,
mais il faut dire que la position est ici très
favorable aux Blancs dans la mesure où
leur Roi est déjà parvenu en f6.
Même ainsi, il reste beaucoup de travail.
1....ifl 2..icS
Il importe de retirer le Fou de la case d6
avant d'avancer le pion b, parce que ce ne
sera plus possible ensuite.
2....ic4 3..ie30
Zugzwang. Les Noirs doivent autori­
ser l'avance de l'un des pions. Peu importe
lequel avance le premier, ce qui compte,
c'est de noter que si le Roi noir se trou­
vait en e6, il serait possible d'empêcher les
pions d'avancer et la position serait nulle.
3....ib5
Le gain est plus rapide après 3....idS,
 Fou et deux pions contre Fou (Fous de couleurs opposées) IJ
mais la variante est sûrement plus ins­ Finale 48
tructive : 4.bS i.c4 5.b6 i.dS 6.i.d2! (la
manœuvre décisive: pour gagner, le Fou Pion central et pion-tour
doit aller en a5 - s'il était maintenant en d6,
les Noirs joueraient ... �c6 et répondraient Avec les pions séparés par deux
à i.c7 par ...@d7, rendant impossible le colonnes, il nous reste à étudier le cas où
transfert du Fou) 6...@c6 7.i.aS! �d7 (il l'un des pions est un pion-tour. Les pièces
semble encore que les deux pions soient de la défense ont alors un front beaucoup
sous contrôle) 8.e6+!+-. On voit mainte­ plus étroit à défendre et, avec un peu
nant pourquoi il importe de placer le Fou d'attention, la nulle est à leur portée.
en a5.
4.e6+ �es 5.�e5
Menaçant 6.�d6.
5...@e7 6.i.g5+ �es 7.�d6 i.c4 S.e7 i.d3
9.�c5 �d710.b5 i.e211.b6 i.f312.@d4
Une fois les deux pions avancés au maxi­
mum, le Roi blanc se dirige vers f8 ou d6.
12...�es13.�e5
Un moment critique : le Roi blanc
menace d'entrer en d6.
13...�d714.�f6 i.h5
14...@e815.�e6+-.
15.�g7 @c6 16.i.e3 @d7 17.@fS i.g6
1S.i.d2! Diagramme 9.16
Une manœuvre similaire à celle de la
variante antéri.eure. Le Roi blanc voudrait arriver en b7. Il ne
1S...�c619.i.a5 �d7 20.b7+- peut pas passer par la gauche, et comme le
passage entre les pions est trop étroit, il ne
Il serait optimiste de tirer des conclu­ reste qu'un chemin possible.
sions définitives à partir de cette finale. 1.�f5 �e7!
La seule chose qui soit sûre, c'est qu'il y Mieux vaut empêcher le Roi blanc d'arri­
a davantage de chances de gain quand la ver en e8, même si la défense tient encore
case de promotion du pion-cavalier est dans ce cas. Le vérifier constitue un exer­
de même couleur que les cases du Fou cice utile pour s'entraîner à la technique de
du camp fort. Quant à l'utilité pratique ces finales.
de cette finale, il suffit de bien observer 2.�e5 i.b8+ 3.�d4 i.a7+ 4.�c4@d6
les idées et les manœuvres qui la caracté­ Il est très clair que le Roi blanc ne peut
risent. pas passer.

123
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître

Si le pion-tour est plus en arrière, le Roi Conclusion : avec la paire de pions a-d (h-e),
a un petit peu plus de chances d'arriver en il n'est pas possible de gagner si les pièces
b7, mais ça ne suffit pas contre une défense de la défense sont correctement placées.
attentive.

Section 4. Les pions sont séparés par trois colonnes

Quand les pions sont séparés par trois colonnes, les chances de gain augmentent, mais
seulement dans une certaine mesure. Expliquons-le : nous avons déjà vu que si l'un des
pions était un pion-cavalier, il était difficile de manœuvrer, et nous pouvons supposer
la même chose pour le pion-tour. Mais quand les pions sont séparés par trois colonnes,
l'un des deux est nécessairement un pion-cavalier ou un pion-tour, circonstance qui com­
plique les manœuvres d'infiltration du Roi du camp fort sur un côté.
Étonnamment, si l'un des pions est un pion-tour (et n'est pas le mauvais pion-tour
relativement aux Fou de l'attaquant), le camp fort parvient toujours à lever le blocage et
à l'emporter. Mais si l'un des pions et un pion-cavalier, il existe de multiples positions de
nulle où la forteresse est imprenable.

Finale 49
Pion-fou et pion-cavalier

La manœuvre de contournement
parla bande

Nous allons commencer par la paire de

pion-cavalier et pion-fou. La circonstance
la plus défavorable pour le camp fort est
d'avoir le pion-cavalier très avancé, parce
qu'il empêche alors le passage de son Roi.
Cependant, si les deux pions sont en sep­ Diagramme 9.17
tième rangée, le gain est assuré (et l'analyse Speelman, 1981
est facile). Avec le pion-cavalier en septième
rangée et l'autre en cinquième, il existe une
position de blocage inexpugnable, comme 1.'it>f3
nous allons le voir dans cet exemple. Les pièces noires se sont bien réparti
les tâches. Le Roi doit arrêter le pion-fou

124
 Fou et deux pions contre Fou (Fous de couleurs opposées)
et le Fou le pion-cavalier. Cependant, il est
indispensable d'empêcher le Roi blanc de
faire le tour par la bande.
l...@g5!
Pour empêcher un contournement par
la bande. 1.. .tc7?
. perd, mais introduit une
analyse beaucoup plus intéressante que la
variante principale: 2.@g4 .tb8 3.@h5.tf4
4.tc80
. (premier Zugzwang) 4....tb8 (4...
@g7 échoue sur un détail tactique : 5.@g4
.tb8 6.'�g5 .tes 7.f6+! .txf6+ 8.@f5+-)
5.@h6.tf4+ 6.@h7.tbs 7.@g8.td6 s.te60 .
(second Zugzwang) 8....tb8 9.@f8 .td6+
10.@e8.te5 11.@d7.tf4 12.@c8+-.
Une course hallucinante du Roi blanc,
qui a parcouru tout le bord de l'échiquier.
Il s'avère que ce procédé est assez fré­
quent. Nous l'appellerons « manœuvre
de contournement par la bande » et nous
devrons toujours le prendre en compte
dans ce type de finale.
2.@e4@f6 3.@dS.tg3 4.@c6@e7 5.@b6
.tb8! ½-½
Il n'y a pas moyen de progresser. Le
Fou et le Roi noirs parviennent à maintenir
le blocage avec une économie de moyens
quasi miraculeuse. La position du pion­
cavalier en septième rangée se révèle
naturellement néfaste.
Finale 50
Le Fou du camp fort contrôle la
case de promotion du pion-cavalier
Si c'est la case de la septième rangée du
pion-cavalier et non la case de promotion
que contrôle le Fou du camp faible, les
IJ
choses sont un petit peu différentes, mais
les données essentielles sont les mêmes: la
plupart des positions sont gagnantes, mais
il existe une situation de blocage impre­
nable si le pion-cavalier a trop avancé
(jusqu'à la sixième rangée).
C'est le cas dans la position du dia­
gramme, qui d'ailleurs s'est produite (avec
les couleurs inversées) dans une partie
Miller-Saidy que le joueur privé de pions a
abandonnée sans chercher plus loin.
Diagramme 9.18
Chéron
1.. .tb7
.
Les Noirs peuvent maintenir le blocage
bien que le Roi blanc arrive en g3.
2.@g3@f5 3.@h4@g6!
Comme de coutume, on ne peut auto­
riser le contournement par la bande : 3...
.tf3 4..tc7 .tb7? (4...@g6 fait encore nulle)
5.@h5 .tc6 6.@h6 .tb7 7.@g7 @e6 8.@f8
.tc6 9..te50 .tb7 10.@eS+- et le Roi blanc
arrive à la rescousse du pion b.
4.@g4.tcS+! 5.@f3
5.f5+, reprenant l'idée du diagramme
125
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
précédent, marche pas ici: 5 ...il.xf5+ 6.@f4
il.cS=.
5 ...il.b7+ 6.@e3 @f5
Il n'y a pas non plus de passage par le
centre.
7.@d4 @e68.il.e5 @f5 9.@c5 @e6 ½-½
Les Noirs maintiennent un blocage
miraculeux avec la même économie de res­
sources que dans le diagramme précédent.
Le pion-cavalier est moins avancé
Nous avons vu que le passage du Roi
pouvait se voir obstrué par son propre
pion-cavalier, et par conséquent les
chances de gain augmentent si ce dernier
est moins avancé.
Diagramme 9.19
Speelman, 1981
Le Roi blanc est prêt à s'infiltrer en d4. Le
Roi noir doit l'en empêcher, mais du coup
il est plus difficile d'éviter un contourne­
ment par la bande. En combinant les deux
menaces, les Blancs vont briser la résis-
126
tance des Noirs.
D'abord, les Blancs améliorent la posi­
tion de leur Fou.
1.il.e7 il.d7
Les autres coups n'empêchent pas non
plus l'infiltration du Roi blanc, mais leur
analyse est instructive :
1...@e6 2.il.dS @d5 3.b5 il.es (3...il.d7
4.b6 il.es 5.f5 et avec les deux pions en
sixième rangée, on gagne facilement)
4.il.c7 @e6(4...il.d7 5.b6 il.es 6.f5+-) 5.@d4
et le Roi blanc passe par le centre pour aller
soutenir le pion b, depuis la case a7 s'il le
faut - on voit dans cette variante l'avantage
qu'il y a à avoir retardé l'avance du pion
b, puisque cela facilite le passage du Roi
blanc.
1...il.fS 2.b5! il.es 3.il.dS (la menace est
@f3-g3-h4, qui assurerait un contourne­
ment par la bande) 3... @e6 (empêche le
contournement ... ) 4.@d4 ( ... mais permet
l'infiltration au centre) 4... @d6 (empêche
d'aller en a7) 5.@e4+-. Les Blancs menacent
maintenant f5(en plus de @f3-g3-h4).
2.il.d8
Un coup étrange dont l'idée est de
conduire le Roi en h5 sans que les Noirs ne
gagnent un temps par ...@e6.
2...@c43.il.a5! @dS 4.@f3
Les Blancs préparent un contournement
par la bande auquel le Roi noir n'a pas le
temps de s'opposer par des moyens nor­
maux, mais les Noirs espèrent gagner un
temps en s'en prenant au pion f.
4 ...il.c8
4...@e6 13.@g4+- assure le contourne-
ment.
5.@g3 @e4
Voilà l'idée des Noirs : le Roi blanc ne
 Fou et deux pions contre Fou (Fous de couleurs opposées)
peut ni passer par g4, ni abandonner le
pion.
6 ..ic7 @f5
Forcé pour empêcher le contournement.
Si 6...ii.d7, 7.@h4 @fS 8.@h5+-.
7.@f3!
Le Roi blanc change maintenant de direc­
tion et atteint d4, ce qui, comme nous l'avons
vu dans les variantes qui précèdent, garantit
une infiltration par le centre et assure la vic­
toire. 7.@h4 se heurte à 7...@g6!.
7...ii.b7+ 8.@e3 ii.c6 9.@d41-0
Finale 51
Pion central et pion-tour
Après avoir étudié les exemples pré­
cédents, nous ne serons pas surpris de
constater que les choses sont plus simples
pour le camp fort avec un pion-tour, car le
- - - -
Roi a beaucoup plus d'espace pour passer
-�-------
de l'autre côté.
--�-�-
-il- --
--------
----
Diagramme 9.20
Chéron
Il
Cet exemple est l'illustration par excel­
lence du plan que nous connaissons bien,
mais toujours spectaculaire, de contourne­
ment par la bande. Le Roi blanc peut aussi
envisager de passer entre les pions, mais
les Noirs ont les moyens de s'y opposer.
Le seul plan gagnant est le contour­
nement par la bande, dont l'abondance
d'espace à l'aile roi garantit le succès.
l@ . d3 @f4
Un jeu d'attente avec par exemple 1...
.ib6 ne donne rien non plus : 2.@e2 ii.a7
3.@f3 .ib6 4.@g4 etc.
2.@e2 ii.b6 3.@fl! ii.a74.@g2 ii.b6
4 ...@g4 5.e5+-.
5.@h3 .if2
Les Noirs dressent un premier barrage,
mais le Zugzwang en viendra facilement à
bout.
6 ..ib70@g5
Profitant de ce que 7.e5 n'est pas pos­
sible. 6...ii.b6 7.@h4 facilite la tâche des
Blancs.
7..ic6 @f4 8.ii.d5
Cette triangulation parachève opportu­
nément le Zugzwang. Maintenant, 8...@gS
est impossible, à cause de 9.e5.
8....ie3 9.@h4 @e510.@h5 @f6
Le deuxième barrage.
11.ii.b70
Le deuxième Zugzwang.
11 ....ia7 12.@h6 i.b6 13.@h7 i.d4
14.@gS .icS
Le troisième barrage.
15.i.dSO
... et le troisième Zugzwang.
15...@e516.@f7@d6
16...ii.a7 17.@e7 et il n'y a déjà plus de
barrage possible, le Roi arrive en b7.
127
Jesus de la Villa Garcia Les 100 finales qu'il faut connaître

17.'.i'f6 20...il.b6 21.eS+ @e7 22.e6 il.d4 23.il.cS

Et maintenant, c'est le blocage du pion
e qui est levé. 17.@eS compléterait le
contournement par la bande et gagnerait
aussi.
17...il.d4+ 18.@fS il.b6 19.il.aS il.d4
20.il.b7
Le quatrième Zugzwang.
@d8 24.il.d7 @e7 25.@e4 il.b6 26.@dS 1-0
Le Roi parvient en b7.
1 Conclusion : un pion-tour et un pion cen-
1 tral séparés par trois colonnes l'emportent
1 toujours.

Résumé
Les dernières sections ont été très denses, mais elles ont permis d'illustrer une série de
procédés techniques très fréquents. Bien que les variables soient nombreuses, nous allons
tenter de résumer quelques-unes des conclusions les plus utiles.

Règles générales

A) Pour le camp de la défense, le Roi doit se charger de bloquer le pion central et le Fou
le pion de l'aile. De cette façon, on peut compliquer l'infiltration du Roi adverse.
B) Pour l'emporter, le Roi du camp fort doit pénétrer dans la position ennemie. Il peut le
faire par l'un ou l'autre flanc ou bien entre les deux pions, et il doit parfois combiner
plusieurs tentatives pour que l'une d'elles soit couronnée de succès.
C) Le plan le plus courant est le contournement par l'aile où il y a le plus d'espace,
manœuvre qui s'appuie généralement sur:
1) Diverses positions de Zugzwang.
2) Un long parcours sur la bande de l'échiquier.
D) La pénétration du Roi du camp fort ne garantit pas toujours la victoire (notamment
dans le cas du pion-cavalier, qu'il peut être problématique de promouvoir), mais elle
est gagnante la plupart du temps.
E) Plus le pion de l'aile est avancé, plus le camp fort a du mal à l'emporter, car son Roi
perd la possibilité de s'infiltrer entre les pions.
F) Plus le pion central est avancé, mieux ça vaut pour le camp fort, car le Roi de la défense
est moins bien centralisé et il devient plus facile de passer par le centre.

128
 Fou et deux pions contre Fou {Fous de couleurs opposées) Il
Conclusions :

Quand les pions sont séparés par DEUX colonnes :

A) Normalement, deux pions Fous l'emportent.
B) Avec un pion-cavalier et un pion centrat la partie est généralement nulle, mais il y a
des chances de gain si
1) Le pion-cavalier n'est pas trop avancé.
2) Le Fou de l'attaquant contrôle la case de promotion.
C) Avec un pion-tour et un pion centrat la partie est nulle.

Quand les pions sont séparés par TROIS colonnes :

A) Avec un pion-cavalier, il y a des chances de nulle si le pion-cavalier est très avancé.
B) Avec un pion-tour, normalement ça gagne.

Quand les pions sont séparés par QUATRE colonnes :

On gagne. Le Roi peut toujours s'infiltrer entre les deux pions.

129
 10. TOUR ET PION CONTRE TOUR
Les finales de Tours sont sans aucun doute, et de loin, les plus importantes. Il y a à cela
Je multiples raisons. En premier lieu, comme nous l'avons vu dans les statistiques, elles
se produisent beaucoup plus souvent que les autres. De plus, elles sont beaucoup plus
.::omplexes et leur théorie est aussi plus abstraite et donc plus aride. En outre, le nombre
Je positions théoriques importantes est très supérieur à celui des autres finales.

Aspects pratiques
Aussi peu expérimenté soit le lecteur, il aura sûrement déjà observé à quel point il est
tréquent que ses parties s'achèvent par une finale de Tours (dans 8 % des cas, d'après les
;;tatistiques), et il aura déjà eu plusieurs fois l'occasion de regretter un demi-point perdu
iaute de technique ou par manque de connaissances élémentaires. Bien jouer les finales
de Tours est un aspect très important de la force d'un joueur. Je ne dirai pas, comme
Kortchnoi dans son intéressant Practical Rook Endings, qu'après avoir lu ce chapitre votre
Elo va grimper de 100 points. Les choses ne sont pas si faciles, et de plus un joueur ne se
résume pas à son Elo, qui ne rend d'ailleurs pas parfaitement compte de son niveau de
feu, tandis que les points ne se gagnent pas seulement en finales de Tours. Néanmoins,
i,e peux vous assurer que si vous travaillez les finales de Tours, vos résultats vont s'amé­
:iorer sensiblement.

Naturellement, la plupart des finales de Tours qui se produisent en pratique com­

:nencent avec beaucoup de pions, mais il n'y a rien d'étonnant à ce qu'elles débouchent
parfois sur la finale élémentaire de Tour et pion contre Tour (voir le tableau des statis­
tiques) et, dans ce cas, à ce que l'on atteigne très souvent les positions de base étudiées
ici, en particulier la position de Philidor et la position de Lucena. En outre, l'étude des
finales de Tour et pion contre Tour constitue un premier pas indispensable dans la com­
préhension des finales avec davantage de pions. Pour toutes ces raisons, je ne peux faire
autrement que vous recommander de lire ce chapitre (et le suivant) avec la plus grande
attention.

Du fait de sa grande complexité, j'ai divisé ce chapitre en plusieurs sections. Je recom­

mande d'aller doucement, d'étudier chaque section séparément et d'être bien sûr d'en
maîtriser une avant de passer à la suivante - encore que la dernière, sur le pion-tour, soit
relativement indépendante et puisse être abordée en premier.

Aspects techniques
Comme dans les autres finales, le pion-tour est très particulier, mais il présente ici tant

131
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître

de spécificités que nous allons lui dédier une section spéciale (la sixième). Nous com­
mencerons notre étude par les autres pions. Je vous préviens dès le début que les règles
que nous allons énoncer pour ces pions ne s'appliquent pas nécessairement au pion-tour,
même si, bien sûr, une extrapolation raisonnée est toujours possible.

Comme dans toutes les finales avec un seul pion, le camp fort cherche à promouvoir le
pion (il existe quelques exceptions où le jeu pour le mat est possible), mais le camp faible
dispose de différentes ressources, beaucoup plus variées que dans les finales que nous
avons vues jusqu'à présent.
Je crois qu'un des moyens les plus pertinents de structurer notre connaissance des
finales de Tours est de nous concentrer sur les ressources de la défense et de voir dans
quelles positions elles s'appliquent avec succès, et dans quelles positions elles ne marchent
pas. C'est pourquoi les exemples qui suivent se verront attacher, en plus d'un titre, une
référence à la principale méthode de défense associée, introduite par l'abréviation« RD»
(pour « ressource défensive »). Si l'on comprend bien la technique en question, il sera
plus facile d'extrapoler et de trouver les exceptions.

Section 1. Les positions fondamentales

Les deux positions étudiées dans cette section sont les plus importantes de toute la
théorie des finales. Il est tout bonnement inexcusable de ne pas les connaître la perfection,
et de plus, cela coûte des points !

Finale 52
La position de Philidor
RD: échecs distants (par derrière), Roi
coupé

Le premier critère de classification de ces

finales est la position du Roi de la défense.
S'il se trouve sur la route du pion passé, on
est déjà à mi-chemin de la nulle. Une fois
le Roi dans cette position, les méthodes
de défense sont nombreuses, mais la plus
facile, qui marche contre tous les pions, est Diagramme 10.1
celle que l'on appelle la position de Phili­
dor, illustrée dans l'exemple que voici: 1...î:i.g6!

132
 Tour et pion contre Tour l!!1
C'est la position de base de la défense perd la possibilité de s'abriter des échecs
quand le Roi se trouve devant le pion verticaux et la Tour noire s'apprête à les
adverse. La Tour se place sur sa troisième administrer.
rangée et se contente d'attendre. Le but 3.@d6 Mdl+! 4.@e5 Mel+ 5.@f6 Mfl+
de la manœuvre est d'éviter l'avance du Le Roi blanc n'a pas de refuge contre les
Roi adverse. Comme nous allons le voir, échecs et c'est donc partie nulle. Cette finale
l'avance du pion est beaucoup moins dan­ très simple, connue depuis le XVIIJe siècle,
gereuse. est sans doute la plus importante de toute
Voyons ce qui se passe si les Noirs la théorie des finales. Un grand nombre de
écartent de la stratégie correcte, ou jouent finales de Tours arrivent à cette position et
sans plan. Par exemple : 1..J�gl ?! 2.@d6 cela suffit normalement à faire nulle.
,:dl+? 3.@e6 (les Blancs menacent déjà de
faire mat) 3...Md8? (mieux vaut jouer le Roi, Récapitulons un peu:
mais cela perd aussi parce que ça conduit à
la position de Lucena que nous allons étu­ La position de Philidor consiste à placer le
dier ensuite) 4.Mh7 et le gain est immédiat. Roi de la défense devant le pion (sur la pre­
2.e6 mière ou la deuxième rangée, en fonction
Après ce coup, la défense des Noirs est de la position de la Tour adverse) et la Tour
sur la troisième rangée, où elle attend que
très simple, mais les Blancs n'ont aucun
le pion avance pour se mettre aussitôt en
autre moyen de progresser. Il est facile position de donner des échecs verticaux
de répondre à tout autre coup pour peu dont le Roi du camp fort ne pourra pas
que l'on respecte cette seule condition : « s'abriter.
maintenir la Tour sur la troisième rangée
jusqu'à ce que le pion avance».
Certains joueurs redoutent un possible On peut se demander si la position de
échange de Tours, mais il est facile de véri­ Philidor fonctionne sur la quatrième ou
fier que cela conduit toujours à une finale la cinquième rangée. La réponse est affir­
Roi et pion contre Roi nulle: si les Tours mative, mais on la montre toujours sur la
sont échangées en c6, le Roi noir joue en e7 troisième rangée parce qu'il s'agit de la
et c'est nulle, et la Tour blanche n'a aucun situation limite. Mais ne vous compliquez
moyen de venir s'échanger en d6 ou e6 pas la vie, la position de Philidor est sûre
(comment donc pourrait-elle arriver à une et facile à jouer, si bien que si vous vous
de ces cases ?). retrouvez dans une finale avec Tour contre
Après le coup de la variante principale, Tour et pion, vous devez toujours chercher
les Blancs menacent de l'emporter par à l'atteindre.
3.@d6, mais... Cependant, on ne peut pas toujours
2...Mgl! l'obtenir, et c'est pourquoi il importe de
C'est le coup clé. Dès que les Blancs connaître les autres méthodes de défense.
avancent le pion en sixième rangée, le Roi

133
Jesus de la Villa Garda \ Les 100 finales qu'il faut connaître
Finale 53
Position de Lu.cena. Le pont
RD : échecs distants (par derrière)
De même que nous avons vu dans le
premier exemple la méthode la plus cou­
rante pour faire nulle, nous verrons dans le
second le procédé de gain le plus fréquent.
Quand le Roi de la défense ne réussit
pas à se placer devant le pion, on arrive
presque toujours à la position de Lucena,
que nous allons étudier maintenant.
Lorsque je dis à mes élèves que dans la
finale de Tour et pion contre Tour, si l'on
joue correctement, on arrive en général
à la position de Philidor ou à la position
de Lucena, ils sont d'abord étonnés, mais
après avoir analysé de nombreuses posi­
tions (comme nous allons le faire dans
ce chapitre), ils parviennent à la même
conclusion. C'est pourquoi ces deux posi­
tions sont les plus importantes de ce type
de finale, et par extension de toute la théo­
rie des finales, et il faut donc les connaître
sur le bout des doigts.
Au fil de votre carrière de joueur
d'échecs, vous rencontrerez ou non les
autres positions présentées dans ce livre,
mais je vous garantis que vous retrouverez
souvent ces deux-là.
134
Diagramme 10.2
Dans la position du diagramme, le pion
est déjà en septième rangée et nous allons
étudier la dernière phase du procédé de
Lucena, dont la grande importance vient
du fait que le camp fort sera toujours en
mesure d'obtenir cette position si le joueur
en infériorité ne réussit pas à appliquer
plus tôt une bonne méthode de défense
(principalement celle de Philidor).
Avec le Roi du camp fort en huitième
rangée et le pion en septième, la seule
défense efficace est celle du grand côté
(que nous étudierons dans l'exemple sui­
vant). Si la Tour du camp faible n'est pas
du grand côté et en mesure de donner des
échecs, la partie est perdue.
Cette position a reçu le nom de Lucena,
et nous respecterons cet usage car les noms
s'avèrent utiles pour transmettre et conser­
ver l'information, mais cette finale n'appa­
raît pas dans le fameux traité de Lucena
de 1497, qui est le plus ancien livre sur les
échecs modernes dont nous soient parve­
nus des manuscrits.

1 .. Jk2
Empêche le Roi blanc de sortir, mais c'est
insuffisant en fin de compte. À ce stade, les
Blancs ont trois façons de gagner, mais le
mieux est de bien observer la variante prin­
cipale, parce qu'elle peut s'appliquer avec
tous les pions (à l'exception, bien sûr, du
pion-tour) et qu'elle est la plus instructive.
2.Mfl+
Première étape : éloigner le Roi noir
d'une colonne supplémentaire.
2...@g7
2 ...@e6 3.@e8+-.
3.Mf4! (D)
Diagramme 10.3
Tour et pion contre Tour E!!J
C'est la méthode principale. La Tour
s'apprête à abriter son Roi des échecs de
la Tour adverse. On dit qu'elle prépare le
pont de Lucena.
Plus encore qu'une image très parlante, le
pont est un procédé très courant, y compris
dans les finales avec davantage de pions.
Deuxième méthode : 3.Mal
Les Blancs transfèrent la Tour en c8.
Remarquez que cela ne marche pas avec un
pion-cavalier. 3...@f7 4.Ma8 Mel 5.Mc8 Mdl
6.@c7 Mel+ 7.@b6 Mbl+ 8.@a5+-.
Troisième méthode : 3.Mf5
C'est une espèce de pont rudimentaire.
3...@g6 4.@e7?! (4.Mf8 @g7; 4.Mf4! revient
au pont correct) 4...@xf5! (remarquez que
contre cette méthode de gain, le camp
faible peut opter pour l'embêtante finale
de Tour contre Dame; perdant est 4...Me2+
5.@f8 Md2 6.Mf7+-) 5.d8�+-. La position
est gagnante, mais il y a du travail.
3...Mcl 4.@e7
Le pion menace déjà de faire Dame et
les Noirs ne peuvent le retarder qu'en don­
nant des échecs.
4...Mel+ 5.@d6 Mdl+ 6.@e6 �el+ 7.@d5
Mdl+ 8.Md4+-.
Ainsi se termine la manœuvre : on ne
peut pas empêcher la promotion du pion.

Section 2. Le pion a déjà franchi la moitié de l'échiquier

Le chapitre des finales de Tours est très dense et il vaut la peine de le diviser en plu­
sieurs parties. Les finales avec le pion en cinquième rangée ou plus avant sont claire­
ment liées entre elles dans une relation à quatre composantes: Philidor, Kling et Horwitz
(K&H), grand côté et Lucena. On peut en résumer ainsi la logique
Si le défenseur n'obtient pas la position de Philidor ou de K&H, le pion parviendra
dans tous les cas en septième rangée et l'attaquant l'emportera en obtenant la position

135
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
de Lucena, sauf si l'on réussit à mettre en œuvre la défense par le grand côté.
Cela peut sembler un peu abscons, mais si vous ne le comprenez pas clairement après
avoir lu cette section, je vous recommande de laisser passer un peu de temps et de recom­
mencer votre lecture.
Finale 54
Le grand côté
RD : échecs distants (latéraux)
Nous allons maintenant étudier
quelques positions avec des méthodes de
défense et d'attaque qui remplacent ou
complètent celles de Philidor et Lucena.
Nous pourrions dire que nous sommes
dans le voisinage de ces deux méthodes
capitales. Bien que nettement moins impor­
tantes que les précédentes, les positions
qui viennent restent fondamentales pour
être performant dans ce type de finales.
Diagramme 10.4
Cette position clairement liée à la posi­
tion de Lucena (voyez le diagramme 10.2)
136
est pratiquement la seule position de nulle
quand le pion du camp fort a atteint la sep­
tième rangée avec le soutien de son Roi. Si les
Blancs étaient au trait, ils donneraient échec
en gl et n'auraient pas de mal à faire Dame. Il
faut donc que les Noirs aient la main et com­
mencent à donner des échecs latéraux. Mais
pour que ceux-ci servent à quelque chose, il
faut que la Tour et le pion soient séparés par
trois colonnes. Vérifions-le
1... ::!.a8+! 2.�d7 ::!.a7+! 3.�d8 ::!.a8+ 4.�c7
::!.a7+
À ce stade, on voit clairement que s'il y
avait une colonne de moins entre la Tour et
le pion, la Tour ne pourrait pas donner cet
échec. C'est ici qu'entre en ligne de compte
le fait que pour que la distance soit de trois
colonnes, il est nécessaire que la Tour soit
sur le grand côté de l'échiquier (remarquez
que le pion partage toujours l'échiquier
en deux côtés inégaux), et il faut en outre
que le Roi de la défense soit de l'autre côté,
c'est-à-dire sur le petit côté.
C'est le fameux grand côté des finales de
Tours. On dit aussi que, séparée du pion
par trois colonnes, la Tour est à« distance
efficace » du pion, un concept qui fait sens
puisque cette distance efficace se manifeste
aussi, de façon similaire, pour des échecs
verticaux, par derrière ou, comme nous
allons le voir dans la finale 59, par devant.
La règle du grand côté a une grande
importance pratique, parce que très sou-

vent, quelques coups plus tôt, le défenseur
a eu à choisir vers quel côté diriger son
Roi. Il est presque toujours avantageux
de mettre le Roi sur le petit côté, de façon
à laisser le grand côté libre pour la Tour.
Dans notre exemple, c'est indispensable.
Nous pouvons aussi énoncer une autre
règle très importante : « le seul procédé
assez efficace pour éviter de tomber dans
la position de Lucena, c'est le grand côté».
5.�d6 .Ua6+ 6.'it>c5 .Ue6!=.
Quand le Roi s'éloigne trop de son pion,
il le perd. Un autre détail essentiel qu'il
faut absolument remarquer, c'est que le Roi
des Noirs ne doit pas se trouver sur leur
première rangée, parce que sinon ils per­
draient ici après 7. .Uf8+.
Finale 55
Pion-cavalier. Défense sur la
première rangée
Diagramme 10.5
Et que se passe-t-il si ce n'est pas un
Nous allons maintenant étudier quelques pion-cavalier? Ne reste-t-il alors au défen-
Tour et pion contre Tour m
méthodes de défense qui complètent celle
de Philidor. Nous commencerons par le cas
du pion-cavalier. Contre ce pion (et aussi
contre le pion-tour), il existe une méthode
alternative à la défense de Philidor, qui est
même encore plus facile à appliquer.
1.�a6
On le voit, il est ici impossible d'attein­
dre la position de Philidor.
1 ....Uc8!
C'est l'alternative, et dans le cas présent
la seule méthode de défense. Il suffit de
rester avec le Roi devant le pion, la Tour
sur sa première rangée, et d'attendre. Il
importe de remarquer que contre un pion
Fou ou un pion central, cela ne marche pas
parce que le camp fort a plus d'espace sur le
petit côté du pion. Avec cet indice, le lecteur
doit être en mesure de trouver comment on
gagne avec un pion Fou, et résoudre l'exer­
cice qui consiste à le vérifier.
2.b6 .Uf8 3..Ub7+ �a8!
Il n'est jamais trop tard pour s'emmêler
les pinceaux. 3 ...�c8? perd sur 4.�a7+-.
4..Ua7+ �b8 5..Uh7 .Ug8
On voit facilement que les Blancs ne
peuvent pas créer le moindre problème.
Finale 56
Pion-fou ou pion central. Défense
de IOing et Horwitz (X&H)
RD : la Tour derrière le pion. Échecs
latéraux
137
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
seur que la position de Philidor et la partie
est-elle perdue s'il ne l'atteint pas? Non,
mais la défense alternative est un peu plus
difficile que celle contre un pion-cavalier.
Contre un pion-fou ou un pion central, il
reste au camp faible une ressource impor­
tante qui consiste à placer la Tour derrière
le pion.
Ce procédé est d'une efficacité parfaite
contre les pions centraux, même si le Roi a
déjà été expulsé du grand côté. Dans le cas
d'un pion Fou, il faut en outre avoir le Roi
du petit côté (ou l'y conduire). Enfin, chose
très importante (mais nous le répéterons
dans le résumé), ce système de défense ne
fonctionne pas contre un pion-cavalier.
J'ai vu beaucoup de joueurs, y com­
pris des titrés, confondre les dispositifs de
- -·- -
défense. Si vous faites bien attention, cela
ne vous arrivera pas.
a-a-a-a:-
a-a@Bxa
- - -
-- - - - - - -
----
Diagramme 10.6
Comme on peut le voir sur le dia­
gramme, les Noirs ne pourront pas obtenir
la position de Philidor. Nous avons choisi
une position particulièrement malheu-
138
reuse de la Tour de la défense pour illustrer
tous les problèmes qu'elle doit surmonter.
Mais ce n'est pas la pire des positions pos­
sibles (avec la Tour en d5 et le Roi blanc en
f5, les Noirs perdraient - si vous souhaitez
le vérifier, faites-le après avoir étudié cet
exemple).
1..J:rf1
Quand on ne peut pas atteindre la posi­
tion de Philidor, la Tour doit être prête à
venir se placer derrière le pion. Nous ver­
rons rapidement pourquoi. Ce coup n'est
pas forcé, mais il n'y a pas de méthode
alternative. Les autres coups qui font nulle
(par exemple 1..Jif2) sont ceux qui per­
mettent à la Tour de se placer derrière le
pion au prochain coup. Le calcul est com­
pliqué, mais le coup est évident pour qui
connaît les méthodes de défense en finale
de Tours : si on ne peut pas obtenir la posi­
tion de Philidor, alors on cherche celle de
K&H. Et si ce n'est pas possible non plus?
Parfois, la vie est difficile !
2.@d6
Le coup le plus difficile à parer, parce
qu'il laisse le plus d'options à la défense.
Les Blancs menacent de faire échec et
d'avancer irrésistiblement le pion.
2.@e6!? est une alternative assez gênante,
mais moins efficace en pratique parce que
la défense est clairement forcée : 2 ...@f8!
(mais pas 2 ...@d8? 3 ..Sh8+ @c7 4.@e7 et la
Tour n'a pas le temps de se placer derrière
le pion, comme dans la variante principale)
3..Sa7 .Sel! et nous sommes dans la même
situation que dans la variante principale.
2....Sel!
Un coup forcé, difficile à trouver si on
ne connaît pas la position et la « marque de
 Tour et pion contre Tour l!!J
fabrique» de la méthode de défense imagi­ a), les Noirs sont perdus.
née par Kling et Horwitz. La Tour se place Nous verrons cela dans la finale 58, mais
derrière le pion et entrave son avance. pour le moment, l'important est de savoir
2....l:i.dl +? est une faute « très logique » que nous devons nous placer derrière le
dont l'analyse est très intéressante : 3.@e6 pion quand c'est possible.
@f8 (D) 3.@e6@d8
Nous choisissons ce coup pour illustrer
la méthode de défense avec la Tour sur le
petit côté, afin de pouvoir comparer avec
ce qui se passerait avec un pion-fou. Mais
quand on a le choix, il est toujours préfé­
rable de conduire le Roi sur le petit côté,
aussi pourrait-on dire que ce coup est
fautif; 3...@f8! est le coup exact.
4..l:i.h8+
Si les Blancs attendent, les Noirs doivent
aussi attendre en gardant la Tour derrière
le pion, et contre des coups de Roi, ils
Diagramme d'analyse 10.7
peuvent soit faire échec soit attendre, mais
le plus simple est de revenir à la position
Il n'est pas facile de percevoir la diffé­ antérieure: 4..l:i.a7 .l:i.e2!; 4.@f6 @e8.
rence entre cette position et celle qui résulte 4...@c7
de la variante 2.@e6 @f8!. Dans ce dernier C'est ici que l'on voit pourquoi il est
cas, la position de la Tour en f1 empêche la important d'avoir la Tour derrière le pion:
manœuvre qui va suivre à présent, ce qui les Blancs ne peuvent pas jouer 5.@e7, pré­
donne le temps de mettre la Tour derrière le parant l'avance du pion. Nous allons main­
pion: 4..l:i.f7+! @e8 (4...@g8 5..l:i.d7 .l:i.el 6.@f6 tenant analyser les différentes tentatives
et le pion avance, encore que cette finale reste des Blancs pour progresser.
compliquée - il est sans doute plus facile de 5.@f6
la comprendre après avoir vu les finales qui Le coup du texte est logique parce qu'il
vont suivre, mais n'oublions pas qu'en sui­ menace d'avancer le pion, mais les Noirs
vant la méthode de défense correcte on évite n'ont pas de mal à obliger les Blancs à reve­
de se retrouver dans cette position) 5..l:i.a7 nir à une position antérieure. 5.�h7+ @d8
(avec ce gain de temps, les Blancs vont per­ répète la position; contre 5.�a8, les Noirs
mettre à leur pion de ne pas rester englué attendent par 5...�e2; 5.�e8 saute au neu­
sur la cinquième rangée) 5...@f8 6..l:i.a8+ @g7 vième coup de la variante principale.
7.@e7 suivi de l'avance du pion. Comme 5...@d7!
leur Tour ne peut pas atteindre la distance Empêchant simplement l'avance du
efficace (la Tour blanche occupe la colonne pion.

139
Jesûs de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
6..l:.h7+ @e8 7.@e6
Nous retrouvons la position du troi-
sième coup de la variante.
7...@d8
7...@f8!=.
8..l:.h8+ @c7 9 ..l:.e8!?
Le seul essai vraiment seneux. Les
Blancs menacent 10.@f7 suivi de l'avance
du pion.
9....l:.hl
Ce coup, qui prépare des échecs sur le
petit côté (!) est forcé et marche grâce à la
position maladroite de la Tour blanche.
Naturellement, la défense serait plus aisée
sur le grand côté. Contre un pion-fou, cette
méthode ne permettrait pas de faire nulle.
Par conséquent, contre un pion-fou, le Roi
du camp faible doit s'écarter sur le petit
côté, et s'il ne peut pas le faire la partie est
perdue.
Mais ici, il importe d'analyser ce qui se
passerait si les Noirs adoptaient une straté­
gie d'attente: 9....l:.e2? (D)
Diagramme d'analyse 10.8
10.@f7! (la position de la Tour blanche
permet ce coup qui menace d'avancer le
140
pion) 10... .l:.h2 (il est déjà trop tard pour cette
manœuvre; 10....l:.f2+ 11.@e7 .l:.h2 12..l:.f8+­
- évitant les échecs latéraux, les Blancs
menacent e6 et finissent par atteindre la
position de Lucena) 11..l:.g8! (11.e6? .l:.h7+
12.@g6 .l:.hl 13.e7 @d7=) 11....l:.h7+ 12..l:.g7
.l:.h8 13.@e7 (13.e6? @d6 14.e7 @d7=) 13...
@c6 14.e6 @c7 15.@f6+ (il y a maintenant
plusieurs coups gagnants) 15...@dS (15...
@c6 16..l:.d7+-débouche aussi sur la posi­
tion de Lucena, comme on peut le véri­
fier par un petit calcul: 15...@d6 16..l:.d7+
@c6 17..l:.dl .l:.h6+ 18.@f7 .l:.h7+ 19.@g6 .l:.h2
20.e7 .l:.e2 21.@f7 .l:.f2+ 22.@e8 et la position
de Lucena est atteinte) 16.@f7 @c7 17..l:.gl
.l:.h7+ 18.@g6 z:î.h8 19..l:.dl conduit encore à
la position de Lucena.
10 ..l:.fS
Essayant de neutraliser les échecs,
mais...
10...z:î.el!
Les Noirs reviennent à leur système de
défense. Il n'y a pas moyen de progresser,
c'est donc partie nulle.
Finale 57
Pion central sur la sixième
rangée. La Tour est à la distance
efficace
RD : échecs latéraux
Cette finale et la suivante sont les plus
difficiles de ce chapitre et je recommande
de ne pas les étudier avant d'avoir bien
compris toutes celles qui précèdent. À la
première lecture, vous pouvez les sauter
 Tour et pion contre Tour rm
ou juste leur jeter un coup d' œil. défend est celle du diagramme, où sont
Pour faire court, nous pouvons poser réunies deux circonstances essentielles :
la règle générale suivante : une fois que le a) Elle est sur la colonne la plus éloi­
pion a atteint la cinquième, sixième ou sep­ gnée (ce qui lui permet de maintenir la
tième rangée, si le Roi du camp faible ne distance efficace).
peut pas se placer devant lui (pour obtenir b) Elle est sur la huitième rangée (ce
la position de Philidor ou la défense sur la qui empêche le Roi blanc de s'y mettre).
première rangée t la seule ressource est de C'est pourquoi la Tour blanche tente de
prendre le grand côté avec la Tour. Moins l'expulser. 1.@d6+?! faciliterait beaucoup
le pion est avancé, plus grandes sont les les choses : l...@f8! et le Roi vient devant
possibilités de nulk mais d'autres facteurs le pion. Nous verrons les autres essais au
interviennent, comme par exemple la posi­ troisième coup.
tion des Tours. 1 .. Jb7+!
Empêche les Blancs de progresser par
des moyens tactiques. 1..J::i.al? leur permet­
trait d'obtenir une variante de la position
de Lucena: 2.@eS @f6 3.e7+-. 1...Ma6! est
le seul autre coup qui fasse nulle, la logique
en étant d'empêcher le Roi blanc de se
rendre sur la huitième rangée.
2.Md7
Le souhaitable 2.@e8?! perd le pion
après 2...@f6=. Si 2.@d6, suivent des échecs:
2...Ma6+ 3.@e5 Ma5+ 4.Md5 Ma8 5.@d6 @f8
(Philidor).
2...Ma8
Diagramme 10.9 Les autres coups sur la colonne a font
nulle aussi, mais en défense il vaut mieux
Contre un pion en sixième rangée, il y ne pas changer de méthode. Je ne citerai
a plus de chances de nulle que contre un que l'une des alternatives pour son inté­
pion en septième, mais la seule méthode rêt théorique, mais en pratique je recom­
valable est toujours la même : la Tour du mande de ne pas s'embrouiller et d'aller
camp faible doit être du grand côté. Si la au plus simple. 2...Mal 3.@e8+ @f6! 4.e7
Tour du camp fort est prête à couvrir les @e6!=. C'est une position de nulle avec le
échecs, il faut que le Roi et la Tour de la pion en septième rangée intéressante et
défense soient idéalement placés pour faire peu connue.
nulle. 3.Md6! (D)
1..�d8
La meilleure position de la Tour qui

141
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

reviennent au point de départ. 4.@d7 @f6

5.e7+ @f7=.
4...@g7 5 ..l::i.c7
Un troisième essai, qui cette fois laisse
beaucoup de liberté aux Noirs. L'alterna­
tive 3 ..l::i.b7 revient au même.
5 ...'.Î,'g6=
Le plus simple, même si ce n'est pas
forcé. Voyons quelques alternatives par
curiosité théorique :
5....l::i.al 6..l::i.d7 .l::i.a2 (6....l::i.a8! est le plus
simple) 7.'.Î,'e8+ '.Î,'f6 8.e7 '.Î,'e6!=.
5....l::i.b8? (c'est une grave erreur d'aban­
Diagramme 10.10 donner la colonne a) 6..l::i.a7 obtient une
position où la Tour de la défense est privée
Un essai assez venimeux. Les Noirs de la distance efficace (ce qui nous amène à
sont presque en Zugzwang, parce qu'avec l'exemple suivant).
la Tour blanche sur cette case, ils ne
peuvent pas permettre que le Roi blanc
arrive à la huitième rangée et par ailleurs Finale 58
ils ne peuvent pas non plus abandonner la
colonne a, parce que leur Tour perdrait la Pion central en sixième rangée.
distance efficace. La Tour n'est pas à la distance
3 ..l::i.b7 ne pose pas de problème particu­ efficace
lier, par exemple : 3 ...@g6 4.'�d7 @f6 5.e7
@f7= et les Blancs n'avancent plus.
3...@g 6!
Le seul coup. Le Roi noir attend, le
plus près possible du pion. 3 ....l::i.al? 4.@e8!
(nous avons déjà dit que si le Roi arrive
sur la huitième rangée, ça gagne) 4....l::i.a8+
5..l::i.d8 .l::i.a6 6.e7 @f6 7.@f8+- ; 3 ....l::i.a7+?
4.@e8! ; 3 ...@g8?? 4..l::i.d8++- ; 3 ....l::i.b8? 4.
.l::i.a7 et nous arrivons à la finale 58, où la
Tour noire a perdu la distance efficace et
où son camp s'incline.
4J:td7
Contre une défense précise des Noirs, Diagramme 10 .11
les Blancs ne peuvent pas progresser et ils

142

Avec un pion central en sixième rangée,
si la Tour de la défense n'est pas à la dis­
tance efficace, le camp fort l'emporte. La
manœuvre demande une telle précision
qu'il serait très difficile de la trouver devant
l'échiquier. Cette complexité nous indique
par ailleurs que nous sommes dans une
position limite entre le gain et la nulle.
1.@d6+!
En premier lieu, les Blancs doivent céder
le trait à l'adversaire, parce que les pièces
noires sont aussi bien placées que possible
Tour et pion contre Tour m
partie : 4.1:a8! 1:b7+ (4...1:b2 5.@e8 1:h2
6.l:a7+ rJ;;,f6 7.e7 1:h8+ s.rJ;;>d7+-) s.rJ;;>d6
l:b6+ (5...@f6 6.1:f8+ @g7 7.e7+-) 6.@d7
l:b7+ 7.@c6 l:e7 8.@d6 1:b7 9.e7+-.
4.1:al! l:rb7+ s.rJ;;>ds
En pratique, je recommande 5.@d6 1:b6
6. @d7 l:rb7 7.@c6 1:b8 8.@c7, qui retrouve la
variante principale en prenant un peu plus
de temps mais qui est plus facile. Cependant,
le coup du texte illustre une autre variante
possible qu'il vaut la peine de montrer.
5...1:b8+

�-••• •�-�•.
(en l'absence de distance efficace). Après 5...rJ;;,f6 (D), les Blancs ont une
manœuvre de gain riche en pointes tac­
L'essai d'éloigner le Roi noir (par Mgl)
tiques qu'il faut connaître.
et d'obtenir la position de Lucena échoue
de peu : 1.Mal? Mb7+! 2.@d8 1:b8+! 3.@c7

•.•.•.•-
�b2 (avec l'idée ... @f8 ou ...@f6) 4.Mfl (cou- � �:�
,':i,,,,.,., � �

pant le Roi) 4...1:a2! (profitant du temps

• -8�_'-� •

•.•.•.•-
dont le pion a besoin pour arriver en sep­
tième rangée, les Noirs récupèrent la dis­

...
tance efficace et obtiennent la nulle comme
nous l'avons vu dans la finale 54) 5.e7 Ma7+
6.rJ;;>d6 1:a6+ 7.rJ;;>cs :e6. 1.@d7? @f60 2.e7
:;t>f7= ne marche pas non plus.
1...@f6 �:]
1...@f8 2.@d7 @g7 3.@e7 revient au même.
2.rJ;;>d7orJ;;>g7 Diagramme d'analyse 10.12
Les Noirs n'ont pas de coups utiles.
Par exemple : 2 ...Mbl 3.e7 Mdl+ 4.rJ;;>eS 6.e7! 1:b8+ (6...1:xe7?! 7.1:fl+) 7.rJ;;,c7 1:e8
(Lucena) ; 2 ...rJ;;>g6 (une continuation pré­ 8.@d6! 1:b8 9.1:f1 + @g710.@c7 1:a811.1:a1!
cise montre que le Roi est moins bien placé 1:e812.@d7+-.
ici) 3.Mal! 1:b7+ 4.rJ;;>c6 1:b2 5.1:el! comme 6.rJ;;>c71:b2 7.1:el!
dans la variante principale. Et le pion va à Dame, ce qui n'arriverait
3.@e70 pas avec le Roi noir en g7.
Nous sommes revenus à la position ini­ 7...1:c2+ 8.@d71:d2+ 9.@e8 1:a2
tiale, mais trait aux Noirs, qui n'ont pas de 9... @g710.e7 (Lucena).
coups utiles. 10.e7+-
3..,rJ;;>g6 Les Blancs gagnent comme dans la posi­
3...Mb1 perd la huitième rangée et la tion de Lucena.

143
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître

Résumé de la section 2
Cette section regroupe des positions dans lesquelles le pion a déjà franchi la ligne
médiane et dans lesquelles le camp de la défense ne peut pas atteindre la position de
Philidor.

A) Si le Roi du camp faible est devant le pion, même s'il ne peut pas atteindre la position
de Philidor, il reste un moyen de se défendre, mais il ne faut pas oublier que ce n'est
pas le même contre un pion-cavalier que contre un pion des quatre colonnes centrales.
Contre le pion-cavalier, il faut opter pour la défense sur la première rangée. Contre un
pion central, il faut appliquer le système de défense de K&H.
B) Si le Roi du camp faible n'est pas devant le pion, la seule ressource réellement efficace
(si l' on ne compte pas quelques positions exceptionnelles) est de prendre le grand côté
avec la Tour à la distance efficace.
La seule chose que change alors le degré d'avancement du pion, c'est le temps dont
dispose le défenseur pour placer ses pièces en position idéale:
1) Si le pion est en septième rangée, il faut que la Tour du camp faible commence tout
de suite à donner des échecs et que la Tour adverse ne puisse pas les couvrir.
2) Si le pion est en sixième rangée, il suffit à la Tour du camp faible d'être à la distance
efficace (dans certains cas, la Tour ne doit pas quitter la dernière rangée).
3) Si le pion est en cinquième rangée, le défenseur a davantage de chances de mettre
sa Tour à la distance efficace, mais si la Tour adverse contrôle la colonne clé, cela
peut être difficile.

Vous pouvez maintenant retourner lire la phrase du début de cette section, qui résume
de façon très condensée toutes ces positions. Cette idée suffit à elle seule à s'orienter dans
ces finales, et savoir quoi faire est le premier pas vers le succès.

144
 Tour et pion contre Tour E!:J
Section 3. La coupure verticale
Avec cette section, nous commençons à étudier les positions avec le pion en deçà de la
cinquième rangée. Bien que le pion soit plus loin de la promotion, elles sont plus faciles
à comprendre.
Les espoirs de la défense ne se résument plus à mettre la Tour du grand côté. En fait,
pour gagner, le camp fort a besoin d'atouts supplémentaires, et il est indispensable de
couper le Roi verticalement ou horizontalement.
Dans cette section, nous allons analyser la coupure verticale, et dans la prochaine la
coupure horizontale.

Finale 59 n'y a pas de Zugzwang et les deux pièces

peuvent maintenir une défense efficace,
Le Roi est coupé verticalement
mais les erreurs sont très fréquentes dans
d'une colonne ce genre de positions et des joueurs de tous
les niveaux en ont commis. Comme nous le
RD: échecs frontaux, échange de Tours montrera l'analyse, il faut garder la Tour
sur sa première rangée et le Roi sur sa
Dans cette nouvelle section, nous trai­ troisième ou quatrième rangée.
tons des cas où le pion n'a pas encore
atteint la cinquième rangée. Avec le pion
si peu avancé, le Roi du camp faible dis­
pose de beaucoup de temps pour se placer
devant le pion et obtenir la position de
Philidor. Pour cette raison, pour qu'il y ait
la moindre chance de gain, il est indispen­
sable que la Tour de l'attaquant coupe le
passage du Roi du défenseur vers la zone
de promotion.
Il y a deux façons de couper le Roi, ver­
ticalement et horizontalement. Nous com­
mençons notre étude par la coupure verti­
cale. Diagramme 10.13
Voyons ce qui se passe quand le Roi
est coupé d'une seule colonne. Dans la l ..J�.c8
position du diagramme suivant, la Tour Depuis cette case, la Tour évite l'avance
et le Roi noirs sont bien placés pour empê­ du pion blanc et c'est le moyen le plus clair
cher les pièces blanches de progresser. Il de faire nulle, même si ce n'est pas le seul. Il

145
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
est important de savoir pourquoi échouent
d'autres coups apparemment logiques, et
pourquoi d'autres marchent:
1....î::!.g8- Tous les coups de la Tour sur la
dernière rangée (sauf ceux qui permettent
son échange ou sa capture) font nulle: 2.c5
(sinon, le jeu se poursuit comme dans la
partie) 2...@e7! (pour jouer ....î::!.d8 - il est
curieux que ce coup perde dans la posi­
tion initiale et soit ici l'un des deux seuls
coups qui fassent nulle, parce que le Roi
blanc n'atteint pas les cases critiques dans
la finale de pions; 2...l:l:g4! annule aussi
parce que le Roi blanc se retrouve empê­
ché d'aider son pion et parce que celui-ci
ne peut pas avancer sans se faire capturer,
même s'il y faut une certaine précision
3.c6 �e7! 4.c7 l:l:g8=) 3.@c4 .î::!.d8=.
1... @e7? - Ce coup, qui prépare (et, de
fait, menace) l'échange des Tours - une
ressource qu'il faut toujours prendre en
compte et qui marche dans certaines posi­
tions - est ici fautif. C'est précisément la
possibilité de menacer de faire nulle en
échangeant les Tours qui provoque très
souvent cette erreur en pratique. Le Roi noir
se met ici sur une case perdante : 2.@b4!
(le Roi blanc commence une manœuvre
typique : il se prépare à venir en a6, deux
rangées devant le pion et à deux colonnes
de distance ; mais il faut éviter 2.c5? .î::!.d8!=
et 2..î::!.d2? .î::!.d8! 3..î::!.xd8 @xd8 4.@b4 �c8!=)
2....î::!.b8+ (il est clair que ce n'est déjà plus
une bonne affaire d'échanger des Tours,
parce que le Roi blanc atteint les cases cri­
tiques) 3.@c5 .î::!.c8+ 4.@bS .î::!.b8+ 5.@a6 l:l:c8
6.l:l:d4! (D)
146
Diagramme d'analyse 10.14
C'est la pointe. Le Roi noir s'est éloigné
de la case eS et il va lui manquer un temps
pour gêner la Tour blanche: 6 ...@e6 7.@b7
.î::!.cS 8.@b6 .î::!.c8 9.cS et avec le pion en cin­
quième rangée, les Noirs vont perdre faute
de pouvoir donner des échecs sur le grand
côté.
1....î::!.b8?! - Ce coup n'est pas logique
puisqu'il permet au pion d'avancer, mais
il suffit aussi à faire nulle : 2.cS!? @e7! (les
Noirs arrivent à temps pour offrir l'échange
des Tours) 3.@c4 .î::!.d8!.
1...@e5? - Quand le Roi est sur cette case,
la coupure horizontale du Roi adverse ne
suffit pas (cependant, ce coup est correct si
la Tour noire est en c8) : 2.cS .î::l.h4 3..î::!.d8 .î::l.g4
4.@b3 (pour éviter un échec sur la colonne
c ; après ces deux coups de préparation, le
pion est inarrêtable) 4....î::l.h4 5.c6 .î::l.h6 (5...
.î::!.h7 6.@c4) 6.c7+-.
2.@b4 l:l:b8+!
C'est ici qu'apparaît une nouvelle res­
source, les échecs frontaux, qui tiennent le
pion en respect. Remarquez que pour que
les échecs frontaux de la Tour soient effi-
 Tour et pion contre Tour lm
caces, il doit y avoir la même distance entre Finale 60
la Tour et le pion que dans le cas d'échecs
Le Roi est coupé de deux colonnes.
latéraux sur le grand côté. Ainsi, comme il
La méthode de Grigoriev
y a trois rangées entre celle de la Tour de
celle du pion, la Tour est à la fameuse dis­
tance efficace. RD : échecs frontaux
3.�c5 :es+ 4.�b5 :bS+! 5.�a6
5.�a5!? est un piège dans lequel on Dans l'exemple précédent, nous avons
peut tomber. Les Noirs doivent faire atten­ vu que quand le Roi était coupé d'une
tion à ne pas faire trop d'échecs. En règle colonne, le camp faible obtient la nulle en
générale, avec les échecs frontaux, il vaut plaçant correctement ses pièces. Se pose
mieux attaquer le pion dès qu'il n'est plus dès lors la question de savoir ce qui se
défendu que de continuer à faire échec : 5... passe si le Roi est coupé de deux colonnes.
:as+? (5...McS!, empêchant le pion d'avan­
cer et le Roi de progresser, est le seul coup)
6.�b6! (la Tour n'est plus en mesure de
profiter de la distance efficace) 6...Mb8+ (6 ...
:es 7.c5+-) 7.�c7 et le pion avance.
5...:cs!
5...Ma8+? (il ne faut pas abuser des
échecs, ce coup est perdant) 6.�b7 :a2
7.c5+-.
6.Md4 �e5!
Le coup clé qui permet de faire nulle.
La Tour blanche ne peut pas continuer à
défendre le pion tout en maintenant la cou­
pure verticale du Roi adverse. Diagramme 10.15
7.Md5+ [7.Mh4 :bS=] 7...�e6 8.�b5
Mb8+! 9.@a4 î:c8 10.@b4 î:b8+ 11.î:bS î:h8 Quand le Roi du camp faible est coupé
Les Noirs s'apprêtent à amener leur Roi de deux colonnes, avec un pion central ou
dans la zone de nulle et à prendre la posi­ un pion Fou, le camp fort l'emporte grâce à
tion de Philidor. une manœuvre imaginée par Grigoriev. En
12.î:b7!? décrivant ce procédé, on comprendra faci­
Essaye de couper le Roi horizontale­ lement pourquoi on ne gagne pas avec un
ment. 12.î:d5 :bst. pion-cavalier, mais c'est de toute façon un
12...@d6 13.@bS î:hS+ 14.@b6 î:c5! exercice utile que de le vérifier.
15.î:d7+@xd716.@xc5 @c7 ½-½ Il vaut la peine de bien étudier et bien
comprendre cette manœuvre, car ainsi elle
restera en mémoire et il ne restera plus,

147
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
dans les positions de ce type, qu'à voir
si on peut l'appliquer ou non. C'est bien
mieux que d'essayer de se rappeler avec
quel pion et avec une coupure de combien
de colonnes on gagne, parce que c'est si
compliqué que je peux presque vous assu­
rer qu'avec le temps vous allez l'oublier.
V�b4 .l:îb8+ 2.@a5.l:îc8!?
Nous avons déjà appris, à la finale pré­
cédente, qu'il vaut mieux attaquer le pion
que se gaver d'échecs. 2....l:îa8+?! 3.@b6
.l:îb8+ 4.@c7+- perd facilement.
3.@b5.l:îb8+ 4.@a6!
Le Roi blanc atteint la case idéale. De
là, il est prêt à la fois à défendre le pion
sur n'importe quelle case depuis la qua­
trième jusqu'à la huitième rangée, et à
gêner la Tour noire depuis b7. C'est la pre­
mière phase de la méthode de Grigoriev.
Notez bien qu'avec un pion-cavalier, le Roi
n'aurait pas de case équivalente à celle-ci.
4...:cs
4... 1:îaS+?! 5.@b7 et le pion avance.
5.1:îcl!
Une fois le Roi avancé sur la sixième
rangée, la Tour soutient le pion par der­
rière. C'est la seconde phase de la méthode
de Grigoriev. Il manque un temps au Roi
noir pour venir à la rescousse de sa Tour.
s.:e4 gagne aussi, mais la manœuvre est
quelque peu étrange et je ne la recom­
mande pas dans ce cas, même s'il est utile
de savoir qu'elle constitue une solution
possible : 5...@f5 6.:h4 @e6 7.@b7 .l:îc5
8.@b6 .l:îc8 9.c5+-.
s...@e7 6.@b7.l:îc5 7.@b6 :hs
7...:cs 8.c5+- : une fois de plus, avec le
pion en cinquième rangée et le Roi qui ne
peut pas se mettre devant lui à cause de
148
la mauvaise position de sa Tour, les Noirs
perdent car les Blancs obtiennent la posi­
tion de Lucena.
8.c5@d8
Un essai logique mais infructueux
d'atteindre la position de Philidor.
9.lîdl+ @c810.lîgl!
La Tour noire ne peut atteindre ni la
position de K&H ni celle de Philidor, et la
finale est donc perdue.
10....l:îh8
10...:h6+ 11.c6+-.
11.c6 :fs
Dans cet exemple, nous voyons pour­
quoi la défense en première rangée ne
marche pas contre un pion-fou.
12.:al!
Un coup simple qui serait impossible si
l'on décalait la position vers la gauche.
12...@b813.c7+@c814..:.as+1-0
Finale 61
Coupure verticale de deux
colonnes contre grand côté.
Thèmes de mat
Il est logique de se demander si le grand
côté a de l'importance quand le Roi est
coupé verticalement. La réponse est affir­
mative quant au procédé, mais le grand
côté n'a pas d'influence sur le résultat. En
effet, une coupure verticale d'une colonne
ne suffit pas à gagner, mais si la coupure
est de deux colonnes, il existe un seul cas
de défense par le grand côté qui échoue
à cause de thèmes de mat, comme nous
allons le voir.

Diagramme l 0.16
Le Roi est coupé de deux colonnes, mais
la Tour noire pourra prendre le grand côté.
La méthode de Grigoriev ne marche pas ici,
mais les Blancs gagnent toujours grâce au
mat. Un exercice très utile, qui renforcera
en outre votre compréhension de la défense
par le grand côté, est de vérifier pourquoi la
méthode de Grigoriev (l.'it>e4, etc.) échoue.
1.'it>c4!
Il ne s'agit pas d'appliquer la méthode
de Grigoriev, mais de parvenir un jour en
c6. Nous allons voir que les Noirs perdent
quelle que soit la position de leur Roi.
Imaginons que, dans la position du dia­
gramme, ce soit aux Noirs de jouer, ce qui
leur donne la possibilité de choisir où ils
vont mettre leur Roi
1...'it>a5! (c'est la meilleure position pour
le Roi; il faut perdre un temps pour lui
donner le trait) 2.Mb2 'it>a4 (pour 2...'it>a6,
voir la ligne principale) 3. Mb7 'it>a5 4. Mbl
(ça y est, on a perdu un temps) et si mainte­
nant de nouveau 4...'it>a4, alors 5.d5!;
l...'.t>a7 2.@c4 :es+ 3.'it>d5 :ds+ 4.@c5
Tour et pion contre Tour m
Mc8+ 5.'it>d6! Md8+ 6.@c7.
1...:cs+ 2.'it>ds :ds+ 3. 'it>c6!
Grâce à cette petite astuce, on réussit
à avancer le pion. Appliquer la méthode
de Grigoriev avec 3.'it>e5?! ne suffit pas à
gagner, parce qu'une fois que le Roi noir
s'est rapproché d'une colonne, la défense
par le grand côté suffit : 3...:es+ 4.@f6
Md8 5.Mdl?? (comme il est logique, il était
encore possible de revenir à l'autre plan
par 5.'it>e5) 5 ...'it>b6 6.'it>e7 Mh8! 7.d5 Mh7+!=.
3...:cs+ 4. 'it>d7 Mc2 5.d5 et le pion ira au
bout.
Quelques idées sur la coupure
verticale
Des règles ont été établies pour définir
de combien de colonnes le Roi doit être
coupé pour que la position soit gagnante,
mais elles sont pleines de raccrocs et
d'exceptions. À mon avis, il vaut mieux en
rester aux idées : les méthodes de défense
et d'attaque.
Si l'on comprend bien la méthode de
Grigoriev, on en déduira le résultat cor­
rect dans la plupart des cas. Nous n'avons
pas analysé les positions où les pions sont
en deçà de la quatrième rangée, mais elles
sont peu fréquentes et les méthodes de
jeu sont les mêmes, encore que dans le cas
d'un pion en seconde rangée, les variantes
puissent être extrêmement complexes.
149
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître

Résumé sur la coupure verticale

1) Le camp fort coupe le Roi adverse d'une colonne : c'est utile, mais si les pièces de la
défense sont correctement placées, ça ne gagne pas.

2) Le Roi est coupé de deux colonnes :

A) Si le pion est en quatrième rangée : avec un pion de l'une des quatre colonnes cen­
trales, on applique la méthode de Grigoriev et on gagne (dans le seul cas où la Tour
de la défense peut prendre le grand côté, on gagne grâce aux menaces de mat) ;
avec un pion-cavalier, on ne peut pas appliquer cette méthode et c'est nulle.
B) Si le pion est en troisième rangée: la méthode de Grigoriev ne suffit pas, parce que
le Roi du camp faible a le temps de se mettre devant le pion. Donc, si les pièces de
la défense sont correctement placées, c'est partie nulle.

3) Le Roi est coupé de trois colonnes : on applique la méthode de Grigoriev et on gagne

avec n'importe quel pion en troisième ou quatrième rangée, mais pas en deuxième
rangée.

4) Le Roi est coupé de quatre colonnes : normalement, on gagne même avec un pion en
seconde rangée, mais il y a d'autres thèmes que la méthode de Grigoriev qui entrent
en jeu.

Section 4. La coupure horizontale

Des deux façons de couper le Roi, la verticale et l'horizontale, la seconde est à la fois la
plus efficace et la plus simple à mettre en œuvre. On peut l'appliquer de la même façon
quand le pion est dans le camp adverse, mais nous n'étudierons que des positions avec le
pion dans son propre camp, parce que leur analyse inclut les autres cas.

Finale 62 rendre dans la zone de promotion du pion.

Il est important de remarquer d'emblée
La coupure horizontale parfaite que la coupure horizontale survient tou­
jours quand le Roi du camp faible est sur
Pion-cavalier le grand côté. S'il était sur le petit côté, sa
Tour pourrait prendre le grand côté et com­
La position du diagramme illustre la mencer à donner des échecs en se moquant
coupure horizontale. Elle consiste à empê­ de la coupure horizontale.
cher le Roi de traverser des rangées pour se On peut couper horizontalement le

150

Roi de la défense sur la même rangée que
le pion ou sur la rangée suivante. Quand
le Roi (comme ici) est coupé sur la même
rangée que le pion, nous parlerons d'une
coupure horizontale parfaite. L'étude
de ces quelques exemples nous montrera
pourquoi.
Diagramme 10.17
1 ....:as
Évitant 2.@a4.
2.MC6
Menaçant 3.b5 et 4.@b4. Il y a beaucoup
d'autres façons de progresser, par exemple,
2.Mh5 suivi de bS et @b4 gagne aussi : 2...
l:.b8 3.b5 l:.b7 4.@b4 ::(b8 5.Mh6 @dS 6.b6
etc.
2...l:.b8 3.l:.a6
Il est maintenant impossible d'éviter
@a4 et b5.
3...@d5 4.@a4! @c4 5.l:.c6+! @d5 6.b5
:as+ 7.@b4
Et l'on constate que l'on a reproduit la
position initiale une rangée plus loin. On
répète maintenant le procédé.
7...l:.b8 8.l:.c7 @d6 9.l:.a7 @d5 10.@aS
Tour et pion contre Tour lm
@c511 .l:.c7+ @d612.b6 l:.as+13.@b5 l:.al
Confrontés à la menace 14.l:.h7, 15.b7 et
16.@b6, les Noirs optent pour des échecs
par derrière, mais cela débouche inévita­
blement sur l'omniprésente position de
Lucena.
En guise d'exercice, le lecteur peut véri­
fier que la coupure horizontale parfaite
marche aussi avec un pion-cavalier sur la
troisième rangée ou même sur la deuxième.
Le procédé est le même.
Pion-fou
Diagramme 10.18
Même au trait, les Noirs perdent, comme
contre un pion-cavalier.
1 ...l:.bS 2.l:.hS @f4 3.cs :es 4.@c4 @e4
5.l:.h6 @e5 6.c6
Nous pouvons donc dire que la
coupure horizontale parfaite marche aussi
avec un pion-fou en quatrième rangée et,
sans qu'il soit besoin de nouveau dia­
gramme, que c'est la même chose avec un
pion central.
151
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
De nouveau, un exercice possible
est de vérifier que la coupure horizontale
parfaite marche aussi avec le pion en troi­
sième ou en deuxième rangée, le procédé
étant le même.
Là où les choses changent, c'est avec un
pion central en troisième ou en deuxième
rangée, comme nous allons le voir dans
l'exemple suivant.
Coupure horizontale parfaite
avec un pion central en troisième
rangée
Diagramme 10.19
Nous avons ici une coupure horizontale
parfaite avec un pion troisième rangée.
Dans cette situation, un nouveau système
de défense apparaît.
1...:as! 2.d4
Si 2.<;tic3, 2...Ma3+ empêche d'avancer
3_<;tic2 :as=.
2...@g3 3.Mh5
Avec l'intention de continuer par @d3
ou <;tic3 et une coupure horizontale parfaite
152
avec le pion en quatrième rangée, mais les
Noirs ne se démontent pas. D'autres coups
ne suffisent pas non plus : 3.Mh7 @f4 4.Me7
@fS 5.@d3 <;tif6 arrive à la finale 59; 3.Mh6
Ma3 (coupe le Roi; 3...<;t,f4 fait nulle aussi:
4.<;tid3 <;tifs S.@c4 :a4+ 6.@cS �as+ 7.@b4)
4.�e6 @f4= annule de façon analogue à la
variante principale.
3...<;tig4 4.�e5 �a3!
Forcé, mais bon. Le Roi se retrouve
empêché d'aider son pion. Curieusement,
c'est maintenant le défenseur qui opère
une coupure horizontale.
5.d5 <;tif4! 6.�e8
Avec le pion une rangée plus avant
cette méthode échouerait, parce que le
pion avancerait maintenant en septième
rangée (6.d7!).
6... �a5=.
Finale 63
La coupure horizontale imparfaite
Diagramme 10.20

Nous appelons coupure horizontale
imparfaite le cas où le Roi de la défense
est coupé horizontalement mais est situé
sur la rangée devant le pion (comme dans
le diagramme 10.19). Ici, l'avantage des
Blancs n'est plus aussi grand, même si les
procédés d'attaque de défense restent très
simples. Au trait, les Noirs font nulle.
1....l;;IbS!
Empêchant les Blancs de jouer le vic­
torieux 2.!;Ib6. Il est maintenant facile de
voir qu'il n'y a pas de moyen de progres­
ser, mais pour comprendre pourquoi tout
autre coup perd, plutôt que de donner des
variantes, supposons que dans la position
du diagramme le trait soit aux Blancs
l.!;Ib6! (en prenant cette colonne, les Blancs
s'assurent de l'avance du pion sur la cin­
quième rangée) 1..J:î.c7 2.<.t>b4! (c'est ici le
seul coup gagnant) 2..Jk8 (2...@d4 3.lîd6+
We5 4.c5 donne une coupure parfaite) 5.c5
@d5 6.lîd6+ We5 (de fait, nous voici avec
une coupure horizontale parfaite) 7.Wb5
l:.b8+ 8.l:.b6+-.
2.!;Ig6 lîb7!
Il faut attendre sur la colonne b.
3.c5@d5=.
Le contraste avec la position précédente
est clair. C'est pour cela que nous appe­
lons cette situation la coupure horizontale
imparfaite.
La coupure imparfaite produit les
mêmes effets contre un pion-cavalier (le
camp faible doit prendre tout de suite la
colonne adjacente au pion, du petit côté) et
laisse plus de latitude la défense contre un
pion central, mais il suffit de savoir que la
même méthode de défense marche.
Tour et pion contre Tour l!!J
Finale 64
La coupure horizontale imparfaite
Nous ajoutons ici cette position qui·
est en fait un exemple de défense par le
grand côté, parce que beaucoup de joueurs
tendent à confondre les deux situations.
Nous allons illustrer concrètement le fait
que nous avons déjà énoncé d'un point
de vue théorique, à savoir que la coupure
horizontale est inutile contre le grand côté.
Diagramme 10.21
On peut avoir l'impression que c'est la
même chose que dans les exemples anté­
rieurs, mais ce n'est pas le cas. La Tour
noire peut donner des échecs par le grand
côté et la coupure horizontale est inoffen­
sive.
1 ...lîa8 2.1:.cS
Les autres coups ne permettent pas non
plus de progresser: 2.@d4 l:.a4+ 3.@e5 lîa5+
4.@f6 l:.a6+ 5.@f7 l:.a4=; 2JH7 l:.a3+ 3.@d4
lîa4+ 4.Wd5 lîa5+ 5.Wd6 lîa6+ 6.Wc5 lîa5=.
2...lid8 3.lïd5 lîa8 4.Wd4 <.t>f4
153
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

Le plus simple est de se rapprocher du Et maintenant, la Tour blanche devra

pion. soit permettre au Roi de revenir en f4, soit
5.IUS+ g,ig4= autoriser les échecs de la Tour noire.

Résumé sur la coupure horizontale

La coupure horizontale implique que le Roi du camp faible soit sur le grand côté.
Sinon, elle est inoffensive à cause des échecs de la Tour adverse sur le grand côté.

On dit que la coupure horizontale est parfaite si le Roi de la défense est sur la même
rangée que le pion et imparfaite s'il est situé sur la rangée devant le pion.

Avec un pion-cavalier ou un pion-fou, la coupure horizontale parfaite gagne toujours

(même si le pion est sur la deuxième rangée). Avec un pion central, elle ne gagne qu'à
partir de la quatrième rangée.

Avec la coupure horizontale imparfaite, le défenseur peut faire nulle en plaçant sa

Tour sur la colonne adjacente au pion (contre un pion central, il y a en plus d'autres
défenses).

Section 5. Le pion-tour
Dans ce type de finales, le pion-tour est tellement particulier qu'il a sa propre théorie.
C'est de plus une situation très fréquente, car les pions-tours ont tendance à beaucoup
s'attarder sur l'échiquier.
Avec ce pion, il y a beaucoup plus de chances de nulle, et le camp fort a besoin pour
gagner de positions très favorables.
Nous allons classer ces finales en fonction de la pièce qui se met devant le pion, parce
que sur un jeu logique il est quasiment inévitable que l'on se retrouve dans l'un des cas
suivants:
A) si c'est le Roi de la défense qui se trouve devant le pion, la nulle est assurée.
B) si c'est la Tour du camp faible qui se trouve devant le pion, tout dépend de quel
Roi arrive le premier, même s'il existe quelques subtilités tactiques quand les deux Rois
arrivent à peu près au même moment.
Il nous reste donc à étudier les situations où c'est la Tour ou le Roi du camp fort qui
se trouve devant le pion. Nous y verrons plus clair en illustrant chaque cas de quelques
exemples.

154
 Tour et pion contre Tour l!J
Finale 65 1...@e6?? 2.�e8++-;
1...@e7?? 2.�h8++-.
Pion en septième rangée. La Tour Maintenant, la Tour ne peut pas bouger,
du camp fort est devant lui le seul plan des Blancs est donc d'amener
leur Roi soutenir leur pion, et c'est ce qu'ils
RD : échecs par derrière. Tour derrière entreprennent.
le pion 2.'it>f3 @h7 3.@e4 @g7 4.@d5 @h7 5.@c6
@g7 6.@b6 �bl+!
Quand le Roi blanc arrive en soutien de
son pion, les Noirs commencent à donner
des échecs par derrière et le Roi blanc n'a
nulle part où se réfugier.
7.@a6 �al+ 8.@b5 @h7
On ne peut pas progresser, la nulle
est facile. Il est intéressant de vérifier que
quand le pion est déjà en septième rangée,
même un pion de plus ne suffit pas pour
gagner, s'il est situé sur une des colonnes h
et g. Nous le verrons dans le chapitre sui­
vant.
Diagramme 10.22

La position du diagramme est l'une des Finale 66

plus connues des finales de Tours. Quand
la Tour du camp fort est devant son pion,
Pion en sixième rangée.
ce dernier peut toujours avancer jusqu'à
La défense de Vancura
la septième rangée, et ou bien cela gagne,
ou bien cela facilite au contraire la défense. RD : échecs lointains (latéraux)
Le camp faible dispose de deux stratégies
opposées: quand il a le temps, il amène son Nous savons maintenant qu'il ne faut
Roi vers le pion pour le capturer ; sinon, avancer le pion en septième rangée que
il doit diriger son Roi dans la direction si le Roi noir ne peut pas se mettre en g7
inverse et le conduire sur les cases g7 et h7. ou h7. Mais alors, que faire de ce pion ? Si
l .. .'�g7! on le laisse en arrière, le Roi de la défense
Il est ici nécessaire de mettre le Roi sur viendra l'attaquer, si bien que le mieux est
l'une des deux cases g7 et h7. Cela fait, les de l'avancer jusqu'à la sixième rangée, où il
Blancs ne peuvent pas progresser. Véri­ atteint une certaine sécurité.
fions que toutes les alternatives échouent:
1..Jfa3?? 2.�h8!+-;

155
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Diagramme 10.23
Le Roi est proche de la zone de sûreté
g7-h7 et il peut l'atteindre si le pion avance
en septième rangée. Commençons par
nous demander s'il peut aussi aller s'en
prendre au pion.
1...'�g7
La réponse est non! Si 1...'�e7? 2.a7! et
le Roi noir se fait surprendre en chemin : il
ne peut pas revenir en arrière parce qu'il
n'arrive pas à temps dans le coin sûr et il
n'a pas non plus le temps de s'approcher
du pion, par exemple 2... @d7 3.Mh8. Nous
pouvons donc dire qu'avec le pion en
sixième rangée, si le Roi noir n'a pas encore
franchi la colonne e, celle-ci est minée et il
ne pourra plus le faire.
Comme le Roi noir ne peut pas s'appro­
cher du pion, il reste dans la zone de sûreté.
Et maintenant ? Nous savons que les
Blancs ne doivent pas avancer le pion, mais
peuvent-ils faire autre chose ? Oui, tant et
si bien que même les meilleurs joueurs du
monde ont très longtemps considéré cette
position comme gagnante pour les Blancs,
156
jusqu'à ce qu'en 1924 un joueur nommé
Vancura trouve une étonnante méthode de
défense.
Mais parlons d'abord du plan des
Blancs. Maintenant, le pion peut servir
d'abri contre les échecs et les Blancs ont
donc un plan de gain : amener le Roi en
a7, retirer la Tour et ensuite promouvoir le
pion. Et la défense des Noirs est plutôt dif­
ficile pour qui ne connaît pas la position,
comme le démontre le fait qu'elle a long­
temps échappé même aux meilleurs mon­
diaux.
2.@f3
Les Blancs essayent d'exécuter leur plan
de la façon la plus directe. Si les Noirs se
contentent d'attendre, ils vont perdre la
partie. D'autres coups sont aussi possibles
et l'analyse de toutes les variantes est com­
pliquée, mais pour le moment nous allons
voir quelle est l'idée.
2...Mfl+
Le début de la défense de Vancura. C'est
un moment très important et il nous faut
envisager d'autres possibilités que l'on
peut très bien rencontrer en pratique, ce
que nous ferons pour l'essentiel dans le
prochain exemple.
2...@h7? illustre l'option de simple­
ment attendre, comme on le fait avec le
pion en septième rangée. En termes de
plan, cela résume toutes les alternatives à
la défense de Vancura : 3.@e4 @g7 4.@d5
@h7 5.@c6 @g7 6.@b6 (maintenant, le Roi
défend le pion et la Tour blanche menace
de sortir) 6...Mbl 7.@a7 (voilà la différence
: le Roi blanc dispose d'un refuge contre
les échecs; maintenant, la Tour va ressortir
et le pion sera promu) 7...@h7 8.Mb8 Mal

9.Mb6 suivi de @b7, a7 et aS'iY.
3.'ibe4 Mf6!!
C'est la clé de la défense de Vancura: la
Tour attaque le pion latéralement tant qu'il
est sur la sixième rangée, de sorte que si le
Roi s'approche du pion elle puisse donner
des échecs sans que le Roi s'abrite derrière
son pion. De plus, si le pion avance (mena­
çant Mg8), la Tour noire reviendra immé­
diatement derrière le pion, retrouvant une
position que nous savons nulle. Une fois
le mécanisme connu, son application est
si simple qu'il suffit d'un peu d'attention
pour éviter des erreurs grossières. Voyons
quelques variantes.
4.@d5
4.@e5 (menace 5.Mg8) 4...Mb6 5.@d5
Mf6= ; 4.a7 Ma6!=.
4...Mb6 s.'ibcs Mf6 6.'ibbs
Menaçant de libérer la Tour.
6...Mf5+
C'est maintenant que commence la série
d'échecs.
7.@b6 Mf6+ 8.@a7 Mf7+ 9.'ibb6 Mf6+
10.@cS Mf5+ 11.@d4 Mf6
La nulle est évidente.
Défense de Vancura (2)
Une fois connue la méthode de Vancura,
il est facile de l'appliquer, mais une rapide
recherche dans les bases de données vous
permettra sans doute de découvrir que
nombre de joueurs titrés ont perdu cette
position nulle. C'est clairement un de ces
cas où, si l'on ne connaît pas la défense, on
ne la trouvera pas sur l'échiquier.
Tour et pion contre Tour m
Diagramme 10.24
Mais revenons à l'intéressante position
consécutive au deuxième coup des Blancs.
Que se passerait-il s'ils avaient encore le
trait? Ou si le Roi blanc était sur une autre
case (par exemple, si les Blancs avaient joué
2.@f2, qui empêche de ramener la Tour sur
sa troisième rangée à l'aide d'un échec)?
Ou si les Noirs se relâchaient un peu et ne
ramenaient pas tout de suite leur Tour sur
la troisième rangée? Ou tout simplement
si la finale partait d'une autre position?
En résumé, comment peut-on facilement
savoir si la position est gagnante ou nulle?
En supposant que les pièces noires sont
en al et g7, Romanovsky, en 1950, a mené
une analyse exhaustive de toutes les posi­
tions du Roi blanc et, comme de coutume,
il a établi une zone de nulle : celle que l'on
voit sur le diagramme. Mais comme je l'ai
déjà dit, je ne suis pas partisan de la mémo­
risation de zones irrégulières, parce qu'elle
n'est généralement pas durable. C'est pour­
quoi je recommande de bien observer les
méthodes de jeu, car cela vous permettra
157
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
de répondre correctement dans chaque cas
particulier.
2..Jfa5!?
Ce coup, qui fait encore nulle, est le plus
intéressant à analyser, même s'il n'est pas
le plus simple
2...l:!.fl+! 3.<�e4 l:i.f6 est la variante que
nous avons analysée dans l'exemple précé­
dent et constitue le moyen le plus sûr de
faire nulle.
2.. Jfa4!?, qui empêche de rentrer dans
la zone de gain, fait nulle aussi, plus faci­
lement que dans la variante principale du
présent exemple puisque le Roi blanc ne
peut pas «monter»: 3.@e3 l:!.b4 4.l:!.a7+
@g6 5.l:!.b7 l:!.a4 6.a7 @fS et le Roi noir gagne
la course vers le pion.
En dernier lieu, nous allons voir ce qui se
passe si les Noirs perdent un temps«bête­
ment»: 2...l:!.a2? 3.@e4! (le Roi pénètre
dans la zone de gain; voyons ce qu'il en
est si les Noirs« se réveillent» maintenant
et essayent d'amener leur Tour sur la troi­
sième rangée) 3...l:i.aS (3...l:i.e2+?! - par là,
ça ne marche pas : 4.@d5+-) 4.@d4 (le Roi
blanc s'approche de b4; il est maintenant
urgent de jouer la Tour le long de la qua­
trième rangée pour la glisser ensuite sur la
troisième) 4...l:!.b5 5.l:!.a7+ @f6!? (5...@f8?! -
le Roi en huitième rangée facilite les choses
: 6.l:!.b7 l:!.a5 7.a7+-; 5...@g6 6.l:!.b7 l:!.a5 7.a7
- comme on l'a dit en introduction de cette
section, tout se résume maintenant à une
course entre les Rois et ce sont les Blancs
qui l'emportent -7...@f6 8.@c4 @e6 9.@b4
l:!.a110.@c5+- et le Roi arrive en b8) 6.Mh7!
(6.Mb7? -ici, le Roi noir remporte la course
parce qu'il gagne un temps en attaquant la
Tour blanche -6... MaS 7.a7 @e6 8.@c4 @d6
158
9.@b4 @c6=) 6...Ma5 7.a7 @e6 8.@c4 @d6
9.@b4 l:!.al 10.@b5!+-.
3.@e4
3.Ma7+ (maintenant, cet échec autorise
différentes options, mais ...@g6 est presque
toujours la plus saine) 3 ...@g6 4.@e4 Mb5=.
3... :bs
La Tour noire est sur le point d'arriver
sur la rangée salvatrice.
4.l:!.a7+ @g6!
C'est ici le seul coup, parce que ...@f6
permet à la Tour blanche de menacer une
enfilade en h6 et la huitième rangée est
minée par la manœuvre Mb7 et a7. 4...@f6
5.@d4 Mb6 6. Mh7+-.
5.Mb7
Quelle que soit la case de la septième
rangée où se met la Tour, le Roi noir gagne
un temps dans sa course vers l'aile Dame. En
outre, 5. @d4 Mb6! 6. @c5 Mf6= permet aux
Noirs d'obtenir la position défensive correcte.
5...:as 6.a7 @f6! 7.l:!.h7!? (D)
Un essai dangereux pour les Noirs.
7.@d4 donne une course dont l'issue est
connue: 7...@e6 8.@c4 @d6 9.@b4 @c6=.
Diagramme 10.26
 Tour et pion contre Tour m
7...Wg6!! Finale 67
Vraiment paradoxal (comme toujours,
à première vue). La raison de ce coup est Pion-tour en septième rangée,
que la Tour noire ne doit pas quitter la qua­ son Roi devant lui
trième rangée (à cause de Wd5-c6, etc.) et
que le Roi s'expose à un contretemps tac­ RD : encerclement du Roi, échecs dis­
tique s'il veut aller trop vite à l'aile Dame tants
7...We6? 8.l:i.h6+! Wd7 9.l:i.h8!+- - un thème
bien connu, mais joliment amené. Nous allons maintenant étudier la posi­
8Jk7 Wf6 9.Wd4 We6 10.Wc4 Wd6=. tion dans laquelle le Roi de l'attaquant est
devant le pion. Nous commencerons par le
Ces variantes ne sont pas exhaustives, cas du pion en septième rangée, parce que
mais je crois qu'elles montrent assez bien s'il est plus en arrière il peut continuer à
ce qui se passe et elles nous aident à déga­ avancer sans l'aide de la Tour, dont la tâche
ger quelques idées de nature à nous guider la plus utile est de couper le Roi adverse.
en pratique. Par ailleurs, si le Roi du camp fort essaie
En connaissant bien ces thèmes et en d'appuyer la marche de son pion sans se
calculant avec précision, on peut jouer cette mettre devant lui, la Tour adverse fera des
finale correctement. échecs qui l'obligeront à revenir se cacher
devant le pion.
1 Rêsumons les principales idées, du point de C'est la position la plus importante de
1 vue du défenseur : la finale de Tour et pion-tour contre Tour.
1 1) La Tour doit être transférée sur sa troi­ Pour l'emporter, le camp fort doit avoir
sième rangée. Sinon. on perd, parce que le coupé le Roi adverse sur la colonne fou de
Roi du camp fort se réfugie en a7.
l'aile opposée (la colonne f pour un pion
2) Si la Tour peut se rendre sur sa troisième
rangée à l'aide d'un échec, il n'y a pratique­
a, ou la colonne c pour un pion h). S'il y
ment rien à calculer. parvient et que le pion est moins avancé, il
3) Si elle doit y arriver sans donner échec, pourra toujours avancer commodément le
cela ne suffit pas. L'attaquant disposera pion par la suite. S'il ne peut pas couper le
d'un temps pendant son transfert, et le Roi sur cette colonne, le mieux qu'il puisse
défenseur aura deux choses à calculer : a)
faire est de se servir de sa Tour comme rem­
quelques pièges tactiques et b) la course
des Rois vers l'aile Dame.
part avant que n'approche le Roi adverse.
4) Si la Tour ne peut pas faire échec en La manœuvre de gain est longue et com­
chemin, elle doit au moins limiter autant plexe, mais si l'on sait que cette position est
· que possible l'avance du Roi blanc. gagnante, il est relativement facile de la
trouver devant l'échiquier (pourvu que la
pendule le permette).

159
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
Diagramme 10.26
1..�h2!
Une fois le pion amené en septième
rangée, la Tour se dirige vers la case b8,
ce qui lui prend trois coups quel que soit
le chemin qu'elle prenne. C'est pourquoi
le Roi du camp faible doit rester sur la
seconde rangée. S'il était sur la troisième,
la Tour adverse arriverait en b8 en deux
coups et pourrait gagner même contre un
Roi plus près d'une colonne.
1..Sî.i'e7 2.l:.h8 @d6!?
Un bon coup qui tente de compliquer la
sortie du Roi blanc sur les colonnes b et a.
2...@d7 perd plus facilement: 3.l:.b8 l:.al
4.@b7! (4.l:.b7+? @c8= et le Roi blanc ne sor­
tira déjà plus du coin; quand on ne connaît
pas cette position, ça vaut la peine de le
vérifier, parce qu'elle se produit souvent en
partie rapide - et parfois dans d'autres cir­
constances - 5.l:.b2 @c7 6.l:.c2+ @d7 7.@b7
l:.bl+ 8.@a6 l:.al+ 9.@b6 l:.bl+ 10.@c5 l:.al=)
4...l:.bl+ 5.@a6 l:.al+ 6.@b6 l:.bl+ 7.@c5+-.
3.l:.b8
La Tour blanche arrive juste à temps
160
pour proposer l'échange et permettre à son
Roi de ressortir, ce qui ne serait impossible
si le Roi noir était en c6 ou c7.
3...l:.al 4.@b7 l:.bl+ 5.@c8!
5.@a6 l:.al+ 6.@b6 l:.bl+ 7.@a5 l:.al+ et
les Blancs ne peuvent pas progresser de ce
côté.
5...l:.cl+ 6.@d8 l:.h1!
Une ressource qui complique le gain au
maximum. 6...l:.gl (cette distance ne suffit
pas) 7.@e8! l:.g8+ 8.@f7+-.
7.l:.b6+!
La seule manœuvre gagnante. 7.@e8?
l:.h8+ 8.@f7 l:.h7+ = et le pion tombe; 7.@c8
l:.cl+ répète la position.
7...@c5 8.l:.c6+!!
Il est nécessaire de jouer cet échec pour
obliger le Roi noir à choisir un côté. 8.l:.a6?
Mh8+ 9.@c7 :h7+ 10.@d8 Mh8+ 11.@e7 l:.h7+
12.@fS Mh8+ 13.@f7 l:.a8! 14.@e7 @b5 15.l:.al
@b6= ; 8.l:.b8? l:.h8+ 9.@c7 :h7;l; ; 8.l:.bl!?
gagne aussi, mais il faut en passer par la
finale Dame contre Tour: 8...:Xbl 9.aS'iV+.
8...@b5
8...@d5 9.l:.a6 (9.l:.c8 @d6) 9 ...l:.h8+
10.@c7! (10.@e7?! l:.h7+! 11.@fS l:.h8+
12.@g7? l:.a8=) 10...l:.h7+ ll.@b6+-.
9.l:.c8! l:.h8+ 10.@c7 l:.h7+ 11.@b8
Le pion fait Dame.
1 Résumé des idées de cette finale :
1 l)Avec le Roi devant le pion, le plus impor­
j tant est de couper le Roi adverse le plus
i loin possible.
2) Si le Roi adverse est coupé sur la colonne
fou de l'aile opposée, alors on amène le
pion en septième rangée et l'on gagne en
, permettant à son propre Roi de ressortir
i! avec l'aide de sa Tour.

Finale 68
Le Roi et la Tour en soutien du
pion
Si le Roi est coupé plus près, nous avons
déjà vu qu'il ne suffit pas d'amener le pion
en septième rangée pour ensuite sortir le
Roi du coin. Mais dans cette situation, il
existe tout de même des chances de gain
quand se produit une configuration favo­
rable des pièces qui permet d'abriter le Roi
avant le pion n'atteigne la septième rangée,
- - - -
comme nous allons le voir dans l'exemple
-�--- -
suivant.
a:sa a
D-a-a-m-a
--------
a a a a.1
Diagramme 10.27
Tour et pion contre Tour m
Le diagramme montre la position cri­
tique avec le Roi et la Tour en soutien du
pion. Au trait, les Blancs gagnent en jouant
1.a6 et le pion ne peut plus être arrêté
l...Mbl+ 2.Mb6 Mel 3.a7 Mc7+ 4.@a6 Mc8
5.Mb8+-.
Si le trait est aux Noirs, un jeu précis leur
permet d'annuler. Ainsi qu'il est logique, si
le Roi noir est plus éloigné ou si le pion est
plus avancé, le gain blanc est plus facile.
En ayant à l'esprit ce cas limite, il est
possible de jouer correctement ce genre de
finales, bien qu'il y ait de nombreuses sub­
tilités.
1 ...Mbl+! 2.Mb6 Mel!
C'est la disposition idéale de la Tour
pour donner des échecs.
3.a6
3.Mb2, qui libère des cases pour le Roi et
menace 4.Md2, est une option sérieuse. 3...
Mc7+ 4.@b6 @c8!= et le Roi noir va se mettre
devant le pion ou empêcher le Roi blanc de
ressortir.
3 ...Mc7+ 4.@a8 Mc8+ 5.@a7
5.Mb8 Mel (mais pas 5...@c7? 6.a7+­
avec un Zugzwang réciproque) 6.a7@c7!=.
s...Mc7+ 6.Mb7 @c8! 7.@b6 Mel 8.Mh7
Mbl+ 9.@a7 Mal=.
Il n'y a pas moyen de progresser.
161
 11. TOUR ET DEUX PIONS CONTRE
TOUR
Dans les finales de Tours, il existe un certain nombre de positions dans lesquelles deux
pions de plus ne suffisent pas pour gagner. Seuls les Fous de couleurs opposées ont une
plus grande propension à la nulle.
Les positions dans lesquelles Tour et deux pions ne gagnent pas contre une Tour seule
ont un grand intérêt, à la fois théorique et pratique, pour diverses raisons
a) Elles se produisent relativement souvent.
b) Certaines d'entre elles sont difficiles à jouer si l' on n'en connaît pas les idées de base.
c) Elles sont une introduction très utile pour comprendre les thèmes des finales de
Tours avec davantage de pions, notamment le concept très important de la Tour passive
du camp fort et de la Tour active du camp faible.

Nous allons identifier cinq cas intéressants pour l'étude de ces finales, qui présentent
de fortes probabilités de nulle. Les voici
1) Les pions doublés.
2) Pion-tour et pion-fou sur la même aile.
3) Les pions liés bloqués par le Roi.
4) La Tour de l'attaquant devant son pion en septième rangée.
5) Les pions arrêtés par la défense de Vancura.

Cette classification ne prend pas en compte toutes les positions de nulle possibles, mais
envisage les cas les plus importants et les plus fréquents. De toute façon, il convient de ne
jamais tenir pour gagnées les positions dans lesquelles les pièces du camp fort sont passives.

Premier cas
Finale 69
Pions centraux
Avec des pions doublés, c'est presque
toujours partie nulle, mais la première
chose à savoir c'est que les méthodes qui
font nulle contre un seul pion ne marchent
pas toutes.
Le principal danger qu'il y a à ne pas
connaître cette finale, ou à ne pas être sûr
d'obtenir la nulle, c'est que l'on risque de
prendre une décision erronée plus tôt dans
la finale, au moment de simplifier. C'est
pourquoi il est important d'être sûr que
c'est nulle, de savoir que, dans une position
normale, la nulle est facile à atteindre, et de
savoir comment le faire.

163
Jesus de la Villa Garda j Les 100 finales qu'il faut connaître

La meilleure méthode de défense consiste 2...Mgl?! - Dvoretsky qualifie ce coup

à commencer par la position de Philidor et
de changer pour celle de Kling & Horwitz au
moment opportun et de la façon adéquate.
de perdant, au vu de la ligne 3.@c6! Mel+
4.@d6+-, où il suivrait 4 ...:cs 5.Ma6 Mb8
6.@e6 Mc8 7.d6 Mb8 8.Mal :es 9.Mhl, mais
dans cette variante 3...@c8! tient bon.
2...:g7?!2 (également perdant, selon
Dvoretsky) 3.Mb8+! @c7 4.Ma8 (D)

Diagramme 11.1

Diagramme d'analyse 11.2

1.:b7 :g6 2.:b6
C'est la différence par rapport au cas avec
un seul pion. Les Blancs peuvent propo­ 4 ...Mgl! (4 ...Mg6? serait véritablement
ser un échange de Tours et «rompre» la une erreur: 5.d6+ @d7 6.Ma7+ @d8 7.@c6+-)
défense de Philidor. Quand on ne connaît 5.Ma7+ @c8 6.@c6 Mel+ 7.@d6 Mc4! (la Tour
pas la théorie, on tend à s'en effrayer, surtout noire atteint de nouveau la position défen­
si l' on a étudié cette position« de loin ». Cette sive correcte, mais ce n'est pas la fin des pro­
inquiétude peut conduire à de mauvaises blèmes) 8.@eS Mb4! (le naturel 8...@d8 perd
décisions de simplification. C'est pourquoi il encore: 9.Ma6! Mb410.@d6 @c8 ll.Ma8 @b7
est important de bien observer la suite et de 12.@cS! - un coup intermédiaire impor­
faire disparaître ces fantômes à jamais. tant et difficile à trouver; maintenant, les
2...:g4! Noirs ne peuvent pas rétablir la position de
Maintenant, ce coup est important. La défense correcte -12...Mb4 13. Mh8 @c714.
seule méthode que l'on puisse appliquer Mh7 @c815. @c6 Mel16. @d6 et la présence
est celle de Kling & Horwitz, mais c'est du second pion rend inopérante la défense
en capturant le second pion que la Tour de Kling & Horwitz; il n'est pas nécessaire
doit arriver derrière le pion de tête. Bien de vous souvenir de cette variante longue et
sûr, la finale de pions est perdue, et s'il y complexe, ni même de l'analyser, mais elle
a d'autres coups qui font nulle, ils ne font
2. L'édition française du Manuel des finales est exempte de
qu'embrouiller la situation: ces erreurs (N.D.T.).

164

est instructive) 9.lîa6 �d7.
Donc, d'autres coups sont possibles,
mais dans ces finales il importe de ne pas
se compliquer la vie. Quand il existe une
méthode claire, le mieux est de l'adopter et
de ne pas s'en écarter.
3.d6
3.�c6 est le coup le plus logique, mais
il conduit à des situations étudiées dans le
chapitre précédent: 3....lîxd4 4..lîb8+ (4.�d6
�c8 s . .:c6+ @d8 6..:a6 @c8 7..:as+ @b7
8.lîd8 lîh4!= Grand côté) 4... @e7= K&H.
3.lîh6 (avec l'idée �d6) 3...�d7! 4..lîh7+
@d8= et maintenant l'avance du Roi en d6
permet de revenir à la position de Philidor,
tandis que s'il va en c6 il autorise la posi­
tion de K&H.
3 ....:gt!
Maintenant, la Tour peut avancer pour
donner des échecs par derrière, et si le pion
d4 offre un petit coin d'abri, il ne permet
aucune réelle tentative de gain.
4.@c6 .:c1+ 5.@d5 .:ht 6..:bs+ @d7
7..lîb7+ @d8 8.d7 .:hs+ (8...�e7=) 9.@c6
lîh6+ 10.�cS .lîhS+ 11.d5 lîh612.d6 lîxd6!=.
Finale 70
Pions-cavaliers
La défense en deuxième rangée
Après avoir vu l'exemple précédent, un
doute terrible doit automatiquement nous
saisir. Si la méthode de K&H est la seule effi­
cace, et compte tenu de ce qu'elle ne marche
pas contre un pion-cavalier, que se passe+il
si les pions doublés sont des pions-cavaliers ?
Tour et deux pions contre Tour m
La défense sur la première rangée marchera­
t-elle? N'ayez pas d'inquiétude: nous allons
comparer les procédures, examiner ce qui
change et élaborer nos conclusions.
En premier lieu, la défense en première
rangée est inopérante contre deux pions
parce que le camp fort peut échanger les
Tours dans des conditions favorables (dans
la situation du diagramme suivant, ce serait
par la manœuvre g2-lîf3-.lîfl).
En second lieu, et cela est déjà plus ras­
surant, avec des pions-cavaliers le camp fort
ne peut pas rompre la position de Philidor,
parce qu'il manque d'espace sur le petit côté.
En troisième lieu, si l'on n'atteint pas la
position de Philidor (ainsi que cela arrive
dans notre premier exemple), il existe des
méthodes alternatives à celle de K&H, qui
de fait marchent aussi contre d'autres pions.
Dans le cas de deux pions-cavaliers, il
faut être très attentif et utiliser un autre
système de défense que l'on pourrait appe­
ler« défense en deuxième rangée».
Diagramme 11.3
Kolesnikov - Bocharov
Sotchi 2004
165
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître

La suite de cette partie nous met en
garde contre un jeu insouciant.
1.:bs?
Après ce coup, le Roi blanc est repoussé
sur la première rangée et le deuxième
pion permet le gain. Il est donc nécessaire
d'éviter que le Roi soit repoussé au bord
de l'échiquier. Cela peut s'obtenir ainsi
l..I;i.b2! - Grâce au manque d'espace sur
le petit côté, ce dispositif est inexpugnable,
mais attention, parce que s'il marche aussi
contre un pion-fou ou un pion central,
il est alors peu recommandable. 1...Ma4
2.Mc2 (ici, les Blancs peuvent sans crainte
passer par 2.Mb3 à la position de Philidor,
imprenable: si 2...Ma2 3.�bl g3 4 ...Mb8
suivi d'échecs par l'arrière) 2...g5 3.Mb2 g3
(les Noirs visent ...Mf4-f2 avec une finale de
pions gagnante et cette menace perturbe le
système de défense des Blancs, mais nous
savons qu'en principe le pion ne doit arri­
ver à la sixième rangée qu'après le Roi, et
nous passons maintenant à la méthode bien
connue des échecs par derrière) 4.I;i.b8=.
l.I;i.b7? - Les Blancs vont prendre le
pion, mais perdre d'une façon que nous
connaissons déjà : 1...Ma2+ 2.�gl �h3
<liée dans le chapitre précédent) 4.�fl
Mal+ 5.�e2 Mgl!-+.
1...:a2+ 2.�g1 �h3 3.Mb3+ g3 4.I;i.bl
C'est la seule option qui reste, mais
nous allons voir maintenant que la défense
en première rangée ne marche pas contre
des pions doublés.
4...:a3 5.I;i.cl g5 6.I;i.bl g4 7.I;i.cl g2 8.I;i.bl
I;i.f3 9.Mal Mfl+ 10.I;i.xfl gxfl'iV+ 11.�xfl
�h2 et le deuxième pion va à Dame.
i Conclusion du premier cas, les pions dou­
: blés:
1) Avec des pions centraux, il faut corn­
. mencer par la défense de Philidor et, quand
[ celle-ci est contrée par la proposition
· d'échanger les Tours, appliquer la défense
; de K&H, mais en mettant la Tour sur la
1 rangée du pion de derrière pour le captu­
: rer.
i 2)Avec des pions-cavaliers, il faut éviter que
! le Roi soit repoussé sur la première rangéè.
; On y arrive avec la position de Philidor,
/ imprenable, ou par la défense en deuxième
· rangée, qui consiste à maintenir le Roi et la
Tour sur cette rangée jusqu'à ce que le pion
avance en sixième rangée.
i 3) Contre des pions-tours, la défense est
1 facile.

3.I;i.xg7 �g3 (arrivant à une position étu-

Deuxième cas
Le deuxième cas de nulle est très fameux ... mais mal connu. Presque tous les joueurs
savent que la finale avec un pion-fou et un pion-tour sur la même aile est nulle, mais la
majorité ont peur de l'affronter, et avec raison.
Il est vrai que pour sauver cette finale, il ne suffit pas de savoir qu'elle est nulle, ni
même de connaître les meilleurs schémas de défense ou de bien connaître les finales de
Tour et pion contre Tour dans lesquelles on peut transposer à n'importe quel moment.
Tout cela est nécessaire, mais pas suffisant; il faut aussi être patient, tenace, et rester
toujours en alerte.

166
 Tour et deux pions contre Tour m
En tout cas, c'est une finale que vous rencontrerez parfois dans vos parties et il est très
utile de connaître la technique de défense. Du point de vue de l'attaquant, elle est plus
facile à jouer.
Nous commençons par une situation difficile pour le camp faible, dont le Roi est
confiné à la bande. Nous verrons ensuite la méthode de défense normale.

Finale 71 1...Mgl+ 2.@f5 Mfl+ 3.@e6!

Le Roi coupé à la bande
L'expérience de nombreuses parties et
les analyses compilées dans de multiples
ouvrages, en particulier dans le classique
Finales de Tours de Levenfish et Smyslov,
montre qu'avec le Roi coupé à la bande,
on perd presque toujours. Les variantes ne
sont pas simples, mais, comme de coutume,
la défense est plus difficile que l'attaque.
Vérifions d'abord qu'avec les deux pions
en sixième rangée, la position est perdante.
La menace persiste et le Roi se dirige
vers e8. Il peut sembler que l'on gagne sans
l'aide du Roi, mais les Noirs ont une res­
source diabolique.
Quand le Roi est au bord de l'échiquier,
il ne faut jamais oublier le pat: 3.@eS Mel+
4.@d4 Mdl+ 5.@c3 :n 6.h7+ (6.Mg7+ @h8
7.f7 Mel+ 8.@d4 Mc4+ avec une Tour folle)
6...@h8 7.f7 Mxf7! et nulle.
4...:e1+ 5.Wd6
5.Wd7? Wf7=.
5...Mdl+ 6.We7 Mel+ 7.Wd8 Mdl+
Si les Noirs arrêtent de donner des
échecs pour attaquer le pion-fou, on voit
que l' intervention du pion-tour est décisive
: 7...Mfl 8.h7+! Wh8 9.Mb8! Wxh7 10.We7
Mel+ ll.Wf8. Comme nous l'avons vu dans
la Finale 58, avec le Roi déjà en huitième
rangée, il n'est pas possible d'empêcher
l'avance du pion.
8.We8 Mel+ 9.Me7 Mfl 10.f7+ Wh8
ll.Me6!+- suivi de f8Vi.
Erroné serait 11.fSVi+ Mxf8+ 12.Wxf8,
avec de nouveau un pat.

Maintenant que nous savons que les

Diagramme 11.4 deux pions en sixième rangée gagnent faci­
lement, voyons ce que le défenseur peut
Les Blancs menacent 1.h7+ suivi de faire pour l'éviter. Nous nous appuyons
2.Mb8+ et 3.f7. C'est pourquoi les Noirs pour cela sur les analyses du livre de
doivent donner échec. Levenfish et Smyslov.

167
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Finale 72
Pion-fou en cinquième rangée
Diagramme 11.5
Les Blancs menacent l.f6, arrivant à la
position précédente, si bien que ...
1...Ïtgl+ 2.@f6
Maintenant, les Noirs disposent de trois
plans différents : se placer derrière le pion
h, se mettre derrière le pion f, ou attendre,
et tous sont résistants, mais tous perdent.
2...Ithl
2...nn 3.ng7+ @hs (3...@fs 4.ngs nh1
5.@g6+-) 4.Ïte7 @g8 5.Ïte8+! @h7 6.@e6
@xh6 (6...Ïtal 7.f6 Ïta6+ 8.@f5 Ïta5+ 9.ÏteS
Ita8 10.f7+-) 7.f6 et on ne peut pas éviter f7
suivi de f8°ie parce que l'échec mène à une
finale perdante.
2...Ïtal 3.Ïte7 Ita2 4.@eS (le Roi cède le
passage au pion - mais attention à 4.@e6?
Ita6t) 4...Ite2+ (4...Ita5+ 5.@f4 Ita4+ 6.@gS
ÏtaS 7.@g6) 5.@d6 Itf2 6.@e6 Ïte2+ 7.@d7 et
maintenant:
A) 7...Itf2 8.z:l.e8+ @h7 (8...@f7 9.h7+-)
9.@e6 Ïte2+ 10.@f7 Ita2 11.f6 Ita7+ 12.@e6
168
z:!.a6+ 13.@fS z:!.aS+ 14.z:!.eS+- et on ne peut
pas empêcher f7 puis f8°ie.
B) 7...Itd2+ 8.@e8 Itf2 9.ÏteS @h7 10.@f7
@xh6 1 L�.e6+ @h7 12.f6 Ita2 et il manque
un temps à la Tour noire pour atteindre la
huitième rangée et faire nulle comme nous
l'avons vu dans la finale 58: 13.@f8!+-.
Avec le Roi de l'attaquant en huitième
rangée, c'est gagnant.
3.z:l.g7+@f8
3...@h8 4.Ite7 Itxh6+ 5.@f7 Ïta6 (de
nouveau, la Tour ne peut pas atteindre la
huitième rangée, cette fois à cause de la
position de son Roi) 6.f6 @h7 7.@f8+ (le
Roi du camp fort arrive encore en huitième
rangée) 7...@g6 8.f7 @f6 9.@g8!+-.
4.@g6z:!.gl+ 5.@h7 z:!.fl 6.z:l.a7 z:!.gl
6...ItxfS 7.@g6! Itfl 8.z:l.a8+ @e7 9.h7+-.
7.f6 Itg2 8.Itg7 Itf2 9.@g6+-
Quand les échecs seront épuisés, on ne
pourra plus empêcher h7 suivi de Itg8.
Nous avons vu qu'avec les deux pions
en sixième rangée on gagne facilement,
et qu'avec le pion-fou en cinquième (et le
pion-tour en sixième) on gagne au moyen
d'une manœuvre très précise et complexe.
Un des objectifs du livre est d'atteindre un
maximum de connaissances avec un mini­
mum d'analyse (voir l'introduction), mais
dans certaines positions des analyses com­
pliquées sont inévitables.
Avec ces deux exemples, nous avons vu
les manœuvres les plus complexes, et si
nous n'en voyons pas d'autres nous aurons
sûrement une fausse impression de ce type
de positions, parce qu'en dépit des appa­
rences - et de ce qui se dit dans de nom­
breux livres - on ne perd pas toujours avec
 Tour et deux pions contre Tour m
le Roi coupé en dernière rangée. lyse est simple quand on connaît les posi­
Nous allons donc compléter le tableau tions précédentes.
par trois séries de diagrammes dont l'ana-

Série sur le pion-tour et le pion-fou.

Roi coupé à la bande, pion-fou en sixième rangée.

Les Blancs gagnent quel que Trait aux Noirs, nulle Nulle
soit le trait échecs par l'arrière quel que soit le trait

Pour se convaincre de la nulle aux 'l:' et 3• �------------ ''" '*,..,,. ,

Conclusion :
diagrammes de cette série, il suffit de revoir
if ne faut pas avancer le pion-fou en sixième
la méthode de gain sur le premier avec la rangée avant que le pion-tour ait atteint 1
variante après le sixième coup. Si le pion h 1 cette même rangée.
est moins avancé, la partie est nulle aussi.

• • . • • . .• .. •
Série sur le pion-tour et le pion-fou.

. . .�- . . .
Roi coupé à la bande, pion-fou en cinquième rangée.

• • ••
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-••••••••••f:•. .
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Les Blancs gagnent Les Blancs gagnent Les Blancs gagnent

voir le diagramme 11.5 même méthode même méthode

169
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

Dans cette série, il est intéressant 3) attaquer le pion-tour échoue parce

d' observer que les méthodes de défense
classique échouent
1) La position de Philidor, parce que
c'est une tactique d'attente et les Blancs
avancent tranquillement leur pion h en
sixième rangée avant d'y pousser aussi le
pion f.
2) La défense de K&H, pour la même
raison.
que les Noirs n'ont pas le temps de le
prendre et d'atteindre à temps la distance
efficace sur le grand côté.
Nous pouvons en tirer une conclusion
intéressante
Conclusion : avec le Roi coupé à la bande,
un pion-fou en cinquième rangée est la
meileure garantie de gain.
l

Série sur le pion-tour et le pion-fou.

Roi coupé à la bande, pion-fou en quatrième rangée.
Dans toutes ces positions, le trait est aux Noirs

Nulle Les Blancs gagnent Nulle

Avec le pion-fou en quatrième rangée, la peuvent ignorer l'attaque sur leur pion
position du pion-tour est un facteur décisif. h par 3.f5 (ou 3.h5) grâce à la pointe Wg6
La première position est très intéres­ menaçant mat, mais elle est également effi­
sante, parce qu'elle peut se produire à cace si le pion est en h2 ou h3.
la suite d'une séquence de jeu normale,
comme nous le verrons dans l'exemple
suivant. Les Noirs font nulle simplement Finale 73
en donnant des échecs ou en attaquant le
La méthode de défense
pion h (1...Mgl+ 2.çt>f6 Mhl). Cette méthode
ne marche pas avec le pion h en quatrième
ou cinquième rangée, parce que les Blancs Quand les pions sont moins avancés et,

170

surtout, quand le Roi du camp faible n'est
pas coupé à la bande, les chances de nulle
sont bien meilleures.
L'exemple du diagramme suivant,
que reprennent plusieurs livres, est celui
de la partie Gligorié-Smyslov. Il offre un
véritable compendium de toutes les idées
défensives. Étudier attentivement cet
exemple doit suffire pour affronter cette
situation en pratique. Au fil de notre ana­
lyse, j'attirerai l'attention sur les détails les
plus importants.
Diagramme 11.6
Gligorié - Smyslov
Moscou, 1947
Premier point à observer: la Tour noire
est bien placée sur la cinquième rangée,
ou elle empêche le Roi adverse d'avan­
cer tranquillement. Si les deux pions
atteignent la cinquième rangée, alors la
meilleure position de la Tour est dans le
coin (bl ou al).
1..�g6+ [l.f5 .S.bl!] 1...�f7!
Deuxième détail important : toutes suivi du confinement du Roi noir sur la
choses égales par ailleurs, le Roi doit pré- huitième rangée. La clé des coups suivants,
Tour et deux pions contre Tour m
férer la colonne f à la colonne h. Même si
1 ...�h7?! ne perd pas.
2..S.gS
Expulsant la Tour noire de la cinquième
rangée. Avancer directement les pions lais­
serait le Roi blanc sans refuge sûr.
La variante 2.f5 .S.bl! illustre le troi­
sième point : quand les deux pions
arrivent sur la cinquième rangée, la Tour
doit se préparer à donner des échecs par
derrière. 3.�g5 .S.gl+ 4.�h6 .S.fl 5..S.g7+
�f6 6..S.g8 �f7=. Les Blancs ne peuvent
pas progresser.
2....S.bl! (D)
Quatrième point: La Tour se maintient
dans l'angle opposé, prête à donner des
échecs distants verticaux ou horizontaux.
Nous sommes arrivés au moment cri­
tique:
Diagramme 11. 7
3 ..S.cS
La Tour blanche reprend une position
plus confortable et crée la menace 4.�g5,
171
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
c'est la lutte pour ne pas laisser repousser
le Roi à la bande.
Rappelons que, comme nous l'avons vu
à la finale précédente, avec les pions ainsi
avancés, le Roi la bande perd. L'avance du
pion h est l'autre tentative intéressante de
progresser. L'analyse en est assez complexe
pour que nous l'étudiions indépendam­
ment, ce que nous ferons au diagramme
11.9.
3...�f6
Le coup le plus logique, qui s'oppose
aux intentions adverses.
4Jîc6+
Maintenant, la Tour ne couvre plus les
échecs sur la cinquième rangée.
4...�g7!
La logique de ce coup est de rendre plus
difficile l'opposition des Rois qui pourrait
envoyer le Roi noir sur la huitième rangée.
Par exemple : 4...�f7? 5.�gS! (menaçant
6J'k7) 5...Mgl+ 6.�fS et le Roi va se retrou­
ver à la bande parce que 6...�g7? n'est pas
possible au vu de 7.Mg6++-.
5.�g5 Mgl+! (forcé) 6.�f5 Mal 7.Mc7+
(7.Mg6+ �f7=) 7...�h6 (il ne faut jamais
aller à la bande) 8.Me7 (8.�f6 �xhS=) 8...
Mbl
Les Noirs attendent dans le coin opposé.
Pour le moment, ils ne peuvent pas prendre
de pion, mais les Blancs ne peuvent pas
manœuvrer librement non plus.
9.Me8 (9.�f6 �xhS=) 9...�g7
Il était aussi possible de continuer la
politique d'attente par 9...Mal.
10.Me5 Mal 11.Md5 Mfl
Le seul coup bizarre de Smyslov dans
cette finale. Ce n'est pas une faute, mais le
procédé naturel est de rester dans le coin
172
par 11...Mbl!.
12.Md4 Mal
Retour à la base.
13..l:.d6 .l:.a5+ 14.�g4 .l:.al
Remarquons que les Noirs pouvaient
revenir à la position initiale par 14...MbS.
15.Me6 Mgl+ 16.�f5 Mal 17.h6+ (D)
Diagramme 11.8
Les Blancs se décident enfin à tenter
quelque chose. Nous allons arriver en
quelques coups à une finale théorique
Tour et pion contre Tour nulle.
17...�h7!
Encore un détail important : quand un
pion avance en sixième rangée, le Roi se
met devant lui.
17...�f7?! est possible aussi, parce
qu'avec les pions disposés ainsi, le Roi à la
bande ne perd pas (comme nous l'avons vu
dans la finale précédente) : 18.Mb6 (pour
donner échec) 18...MaS+ 19.�g4 .l:.al 20.�gS
.l:.gl+ 21.�fS et le Roi noir est repoussé à la
bande, mais après 21...Mal (pour donner
des échecs latéraux) 22. Mb7 �g8 23. �g6
.l:.gl 24. �f6 Mhl!, c'est partie nulle.
 Tour et deux pions contre Tour m
18Jîd6 .l:I.a2 (attendre) 19.Wg5 .l:I.g2+ pion-tour est logique parce que c'est celui
(empêcher que le Roi ne soit repoussé) dont le Roi de la défense est coupé.
20.@f6
Les Blancs rentrent dans une finale théo­
rique nulle. 20.@hS .l:I.h2=; 20.WfS .l:I.a2=.
20...@xh6! 21.@e7+ @h7
21...@g7 annule aussi, mais il faut en
passer par une pointe tactique : 2.f5 .l:I.e2+
23..l:I.e6 .l:I.f2! (mais pas 23....l:I.a2?? 24.f6+ Wh7
25.f7+-) 24.f6+ @g6 25..l:I.el .l:I.a2!= (grand
côté).
22.f5 .l:I.e2+ 23..l:I.e6 .Ua2 (grand côté) 24.f6
Nous avons étudié une position simi­
laire avec le pion-roi (voir la finale 57). Les
Blancs menacent de l'emporter par 25.@f8.
Il est nécessaire de prendre la huitième Diagramme 11.9
rangée.
24.. Jîa8! 25.@f7 @h6! 3....l:I.al!
Par analogie avec la position similaire La Tour garde l'option de donner échec
de la finale 57, c'est le coup correct. Mais si le Roi passe en f5. Les Noirs doivent rester
dans le cas présent, comme la Tour noire a patients et attendre que le pion arrive en
beaucoup d'espace, 25....UbS fait nulle aussi septième rangée. Voyons pourquoi : 3...
parce que la Tour reste à distance efficace. ..l:I.gl+? 4.@f5 .Uhl 5 ...l:I.g7+! (la pointe) 5 ...@f8
26..Uel .Ua7+ 27..Ue7 .Ua8 28..Ud7 Wh7 6.Wg6 (comme nous le savons, presque
29..l:I.dl .l:I.a7+ 30.'i.t>e6 .Ua6+ 31..Ud6 .Ua8 toutes les positions où le Roi est confiné à la
32..Sd4 @g8 33..Sg4+ @f8 ½-½ bande sont perdantes) 6....l:I.gl+ 7.Wh7! .l:I.fl
Et enfin, nulle. Une impressionnante 8...l:I.a7! (8Jîg4 @f7) 8....l:I.xf4 (la Tour prend
démonstration de technique de la part de un pion, mais se retrouve momentanément
Smyslov, dont nous tirerons les multiples mal placée et cela permet aux Blancs de
conclusions après avoir étudié le dia­ couronner l'autre pion) 9.@g6 .l:I.g4+ 10.@f6!
gramme suivant. .l:I.f4+ (10...@g8 1Ll:îg7+!+-) ll.@g5 .l:I.fl
12..l:I.aS+ Wf7 13.h7+-.
4 ..l:I.g7+
Une variante importante. C'est la tentative la plus intéressante.
L'avance du pion-tour 4.@f5 ..l:I.a5;/; ne fait aucun progrès et
après 4.h7 .Ugl+! (maintenant !) 5.Wf5
Nous retrouvons ici la position qui .l:I.hl=, le pion h tombe sans que les Blancs
résulte de l'intéressante alternative 3.h6 n'atteignent une finale Tour et pion contre
dans la finale précédente. L'avance du Tour gagnante.

173
Jesüs de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
4.l;IhS est l'autre coup qui demande de
la précision aux Noirs. L'avantage pour
eux, c'est que la réponse est forcée : il faut
bloquer avec le Roi le dangereux pion h. 4...
@gS 5.fS @h7 (le Roi noir est contraint de
se mettre devant ce pion, mais il l'attaque
et cela réduit l'activité des pièces blanches)
6.Mh3 Mgl+ 7.@hS Mfl 8.@gS Mgl+ 9.@f6
Mal! 10.Me3 Ma2 ll.Me6 @xh6! et nous arri­
vons à une position que nous avons déjà
étudiée dans une finale antérieure.
4...@f6 5.Mc7
Menaçant Mc6 et @gS, qui repousserait
le Roi noir à la bande.
5...@g6
On peut aussi jouer 5...Mgl +!? 6.@f3
Mhl=; et même 5... Mhl?! 6.Mc6+ @f7 7.@gS
et bien que le Roi se voie forcé de reculer
sur la huitième rangée, c'est nulle, ainsi
que nous l'avons vu à l'analyse du 17e coup
de l'exemple précédent.
6.h7 l;Ihl!
On pensait que 6...l:ï:.gl+? 7.@f3 .:hl fai­
sait nulle aussi, mais les tables de Nalimov
montrent que les Blancs gagnent par une
variante très précise, qu'il n'est pas nécessaire
de connaître, mais qui est néanmoins très ins­
tructive : 8.@e4 .l:ï:.hS 9.l;Ia7 .:hl 10.Md7 (10.
@dS l;Idl+ 11.@e6 l;Iel+ 12.@d6 Mdl+ 13.@e7
Wxh7=) 10....:hS 11.l:ï:.c7 .:hl 12.@dS l:ï:.dl+
l3.@c6 l:ï:.cl+ 14.@d7 l:ï:.dl+ 15.@e8 l:ï:.al 16.l:ï:.d7
Mel+ 17.Me7 Mal 18.@f8 l:ï:.hl 19.@g8+-.
7.@f3
Onne voit pas d'autre façon de progresser.
Bien que les Noirs n'attaquent pas le pion h7,
la Tour blanche reste attachée à sa défense.
7.fS+ @f6= ou bien 7.l;IcS l;Igl + sont très
faciles à défendre.
Mais si les Blancs attendent par 7.l:ï:.b7,
174
les Noirs doivent dégrader la position de
leur Tour par 7...l;Ih2, et maintenant, après
8.l:ï:.bS, ils ne peuvent pas prendre le pion,
mais ils ont encore 8...@g7! et les Blancs ne
peuvent pas progresser. Toute tentative de
progression des pièces blanches est parée
par la prise du pion h7 : 9.l:ï:.gS+ (9.@g3
Mxh7=; 9.f5 l:ï:.xh7=) 9... @h8! 10.l;IbS l:ï:.hl=.
7...@f5!
Le Roi noir vient au contact du pion
blanc et la nulle est maintenant évidente.
Les Blancs ne peuvent rompre le statu quo
qu'en sacrifiant un pion et on arrive tou­
jours à une finale nulle.
8.l:ï:.f7+ @g6 9.l:ï:.b7 @f5 10.@g3 @f6
11.@g4@g6
Il n'y a pas moyen de progresser.
Comme nous l'avons vu, les variantes
sont compliquées et les exemples que nous
avons étudiés n'épuisent pas la question,
loin de là. Nous nous sommes simplement
armés de quelques idées pour affronter ces
finales en pratique.
En voici le résumé :
1) Il faut éviter que le Roi soit coupé à la
bande, ce qui perd souvent.
2) La Tour est bien placée en cinquième
rangée pour gêner l'avance du Roi, mais
elle doit normalement attendre dans le
coin opposé de l'échiquier, prête à donner
des échecs distants verticaux ou horizon­
taux.
3) Le Roi doit attendre en g7 ou f7, ne pas se
laisser repousser sur la huitième rangée et,
contre un échec vertical et toutes choses
égales par ailleurs, il doit aller du côté du
pion-fou.
4) Quand un pion atteint la sixième rangée,
le Roi de la défense se met devant lui.

Troisième cas
Finale 74
Pions liés et bloqués
Le troisième cas de nulle surprend
quand on le rencontre pour la première
fois. Passe encore que des pions doublés
ne gagnent pas, et il peut arriver que l'on
se défende avec succès contre des pions
isolés et trop proches l'un de l'autre, mais
que deux pions liés ne gagnent pas ! Cela
semble absurde.
Pourtant, il en va ainsi dans de nom­
breuses positions, quand le Roi du camp
faible s'incruste entre les pions et les bloque.
La position avec pion-cavalier et pion­
tour a été étudiée par Kling et Horwitz dès
1851. En réalité, une fois la position de blo­
cage atteinte, il ne peut pas arriver grand­
chose. Dans cette position, les pions liés
posent beaucoup moins de problèmes que
la paire annulante pion-tour et pion-fou.
Diagramme 11.10
Tour et deux pions contre Tour m
1Jîd4 Mb6 2.Md8!
La première chose à faire est d'expulser
le Roi noir de sa position de blocage et c'est
ce à quoi s'attelle la Tour blanche.
2..�b4+ 3.�e5
Si le Roi recule, les Noirs pourront jouer
comme dans la partie ou donner d'autres
échecs.
3...Mb7!
Ici aussi, on peut donner quelques
échecs de plus, mais le plus clair est de
menacer tout de suite de prendre le pion g,
tandis que la Tour noire couvre les impor­
tantes cases g7 et h7.
3...�xg5?? perd immédiatement, bien
sûr: 4.h7+-.
3...Mg4? est un peu plus difficile mais
perd aussi: 4.Mg8+ �h7 5.�f5!+-.
3...Mb5+?! ne fait que se compliquer la
vie : 4.Md5 Mb7 5.�e6 et, bien que le Roi
blanc ait progressé, on peut encore forcer
la nulle par 5 ...Mb6+ 6.�e7 Mb7+ 7.Md7 Mb5
(menaçant ngs) 8.h7 Mb8!=.
4.Mg8+ (4.�f4 répète la position) 4...�h7
5.Me8 �g6
Et revoilà le blocage, même si les Noirs
ont en fait ici une petite astuce qui force la
nulle: 5...Mb5+ 6.�f6 Mxg5!=.
6.�f4 Mb4+ 7.�e5 Mb7=.
Cependant, si l'on décale les deux pions
et le Roi de la défense vers le centre, le blo­
cage peut être levé.
175
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Pions centraux liés
Diagramme 11.11
Dans cet exemple, les Blancs peuvent
forcer une finale de pions gagnante.
1..:i.e4 .l:.b6 2 •.l:.e6+!
C'est assez simple, il faut juste faire
attention où on a le Roi (par exemple, avec
le Roi en g4, ce serait nulle).
2....l:.xe6 3.fxe6 Wxe6 4.Wg5+-.
Cela pourrait nous faire croire que le
blocage de deux pions liés ne marche qu'en
présence d'un pion-tour, mais il n'en va
pas ainsi.
176
Autre exemple de pions centraux
liés
Nous finissons avec un exemple où le
blocage des pions centraux réussit, mais
seulement parce que le Roi du camp fort
est coupé.
Diagramme 11.12
1.Wf6 .l::i.el 2 ..l::i.g3 .l::i.e2=.
Il est tout à fait clair qu'il n'y a aucun
moyen de progresser.
Cet exemple est très simple, mais il peut
déjà nous donner une image assez globale
Normalement, deux pions liés gagnent. Les
difficultés apparaissent quand le Roi de la
défense se place entre lès pions, mais pour
que la partie soit nulle, il faut une difficulté
supplémentaire, comme la présence d'un
pion-tour ou la passivité d'une des pièces
blanches.
 Tour et deux pions contre Tour m
Quatrième cas

Finale 75 le Roi blanc va défendre le pion a que la

Tour doit se mettre à donner des échecs.
· La Tour coincée devant son pion
La présence du deuxième pion, le pion
en septième rangée
g dans le cas présent, ne change rien au
résultat parce qu'on ne peut pas s'en servir
Le quatrième cas de nulle est sans doute pour sortir le Roi noir de sa zone de sûreté.
le plus connu, et nous l'avons presque tous V�f3 Ma2 2.'�e4 Mal 3.'�dS Ma2 4.�c6
rencontré un jour ou l'autre, mais il ne Mal 5.�b6 .i:.bl+ 6.�c6 Mal 7.g4 Ma2 8.gS
manque pas de surprendre. Si un pion s'est �al 9.g6�a2
avancé en septième rangée avec la Tour Les Noirs n'ont bien sûr aucune inten­
devant lui, cette dernière perd toute acti­ tion de prendre le pion.
vité et cela peut empêcher de profiter d'un 10.�b7 Mb2+=.
avantage aussi grand que deux pions.
Une simple comparaison nous permet
d'établir que si le deuxième pion blanc
était sur la colonne h, on ne pourrait pas
non plus forcer le gain (et cela même s'il
se trouvait d'autres pions doublés sur cette
colonne). Que le pion avancé en septième
rangée soit sur une autre colonne n'y chan­
gerait rien non plus.
Enfin, la finale serait bel et bien gagnante
si le deuxième pion des Blancs se trou­
vait sur une autre colonne, par exemple
la colonne f (pour gagner, il suffirait de
l'avancer).
Diagramme 11.13
Conclusion : il faut bien réfléchir avant
Même si la situation la plus connue est d'avancer un pion en septième rangée
celle avec le pion-tour en septième rangée, quand on a la Tour devant lui. Même dans
cela peut se produire aussi avec d'autres des finales où l'on a d'autres pions,cela peut
faire perdre l'avantage.
pions.
L'analyse est vraiment simple: les pièces
noires se contentent d'attendre dans leurs
positions idéales (la Tour sur la colonne a
et le Roi en g7 ou h7) et ce n'est que quand

177
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
Cinquième cas
Finale 76
La défense de Vanèura contre
2 pions
Le cinquième cas de nulle est sûrement
le moins connu, mais il est aussi assez fré­
quent.
Diagramme 11.14
Avec les pions sur les colonnes a et h
il existe quelques positions de nulle. La
plus importante est un prolongement de la
défense de Vancura.
1...:e4!
Par leur premier coup, très important
est le seul à faire nulle, les Noirs prennent
la position de défense de Vancura et
empêchent que la Tour blanche quitte sa
position passive devant le pion.
À partir de là, la défense est facile parce
que les Blancs ne peuvent vraiment faire
aucun progrès. Mais à l'inverse, si les
178
Noirs adoptent une disposition défensive
erronée, les Blancs gagnent sans problème.
Une petite vérification dans les bases de
données montre que c'est ce qui se produit
le plus souvent.
1...1:l,al? 2.@f4 @h7 3.@e5 @g7 4.a5 @h7
5.a6 et, comme le savons depuis l'étude de
la finale 66, les Blancs n'ont ici pas besoin
du pion h pour gagner.
2.aS
Si 2.h5 @h7 3.@f3 l:l,h4 4.@e3 l:l,xh5, les
Noirs prennent le pion en ayant suffisam­
ment de temps pour atteindre une bonne
position de défense : 5.@d4 l:l,g5 6.@c4
l:l,g4+! (forcé) 7.@b5 l:l,g5+ 8.@b4 l:l,g4+ 9.@c5
l:l,f4- Vancura.
2...:es!
Maintient la position de Vancura.
3.@f3 Mh5 4.@g3 :es 5.a6 MC6! 6.@f4
Si le pion blanc allait en septième rangée
(6.a7), maintenant ou à un moment quel­
conque, la Tour noire se mettrait derrière
lui et nous serions dans la finale 75.
6...@h7 7.@e5 l:l,b6 8.@d5 l:l,g6 9.@c5 l:l,f6
10.@bS :fs+! 11.@b6 :f6+!.
Et quand le Roi s'éloignera du pion a, les
échecs pourront cesser. Les Blancs ne pro­
gressent pas.
 12. FINALES DE PIONS
De nombreux chapitres plus tard, nous revenons aux finales de pions, cette fois pour
traiter les positions dans lesquelles il y a plus d'un pion sur l'échiquier.
Malgré un matériel très limité, les finales de pions sont généralement très complexes
et exigent beaucoup de calcul. Au point que certains joueurs recommandent de réaliser
son avantage, si possible, sans passer dans une finale de pions, où il est assez facile de
passer à côté d'une subtilité tactique. Un conseil de vieux renard, qui se justifie quand
on regarde les statistiques et constate que les finales de pions sont celles qui finissent le
moins souvent par la nulle.
Il est aussi assez curieux qu'il n'y ait pas tellement de positions théoriques impor­
tantes. Mais par contre, il existe de nombreux thèmes qu'il faut connaître. C'est pourquoi
ce chapitre sera le seul dans lequel nous analyserons quelques positions avec un grand
nombre de pions, parce que c'est le seul moyen de bien illustrer certains thèmes que je
considère essentiels.

Section 1. Roi et deux pions contre Roi

Nous avons déjà ce qui se passe avec un seul pion. Logiquement, avec Roi et deux
pions contre Roi, on gagne presque toujours (dans 95 % des cas selon nos statistiques),
et si l'on ne comptait pas le cas dans lesquels un des deux pions sera forcément pris, le
pourcentage serait encore plus élevé.
Nous pouvons distinguer trois cas:
1) Les pions liés. Dans ce cas, les pions se défendent l'un l'autre et le Roi vient ensuite
appuyer leur avance. À moins que l'un des pions puisse être pris, le gain est certain.
Mais il faut encore savoir que si l'un des deux pions est un pion-tour en septième
rangée, il faut le sacrifier pour promouvoir le pion-cavalier.
2) Les pions doublés (finale 77).
3) Les pions isolés (finale 78).

179
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Finale 77
Pions doublés
Diagramme 12 .1
C'est le cas le plus intéressant de cette sec­
tion. S'il s'agit de pions-tours, nous savons
déjà que leur nombre est sans importance,
la seule chose qui compte est la position du
Roi de la défense. Voyons maintenant ce
qu'il en est s'il ne s'agit pas de pions-tours.
1.<.t>c3!
Le procédé habituel, (et facile à mettre
en œuvre) consiste à utiliser le pion de der­
rière pour perdre un temps au moment où
l'on atteint la position critique, c'est-à-dire
l' opposition des Rois avec le Roi de l'atta­
quant en sixième rangée. C'est ce que les
Blancs font ici, mais il leur faut faire un peu
attention, à cause de deux circonstances
qu'il convient de bien noter:
1) Il s'agit de pions-cavaliers, ce qui
donne toujours des thèmes de pat.
2) les pions sont collés l'un à l'autre, ce
qui complique toujours la défense du pion
de devant. Cette idée est illustrée par la
180
variante suivante : 1.@c4?? @b6!=.
1...@c7 2.@d4 @b6 3.@c4 @c7 4.@c5
@b7 5.b6 @a6!
Essayant de poser le maximum de pro­
blèmes. La suite directe serait: 5...@b8 6.@c6
@c8 7.b7+ @b8 8.@c5! (il faut sacrifier le pre­
mier pion pour gagner les cases critiques du
second ; 8.b5 semble la continuation logique
et gagnerait facilement avec n'importe quels
autres pions plus centraux, mais pas avec
des pions-cavaliers : 8...@a7 et il faut de
toute façon sacrifier maintenant le pion le
plus avancé parce que 9.@c7?? fait pat) 8...
@c7! 9.bS'iV+ @xb8 10.@b6 et avec le Roi sur
une case critique on gagne selon la méthode
connue.
6.b7! (6.@c6?? pat) 6... @xb7 7.@b5 1-0
Il est facile d'en déduire que si le pion de
derrière ne peut pas perdre un temps, il est
impossible de gagner. Cela arrive quand le
pion en question est sur la cinquième rangée.
Si vous avez le moindre doute, je vous
recommande de faire l'exercice de le vérifier.
Conclusion : deux pions doublés gagnent
toujours, à l'exception des deux cas sui­
vants:
1 ) Il s'agit de pions-tours.
2) Le pion de derrière est en cinquième
rangée.
Finale 78
Pions isolés
Avec deux pions isolés, les chances de gain
sont également très élevées. La seule situation
tendue est celle où les pions sont menacés par

le Roi adverse. Mais normalement, on peut
alors utiliser l'une de ces deux ressources
1) les pions se défendent entre eux, évi­
tant la prise de l'un par la menace de pro­
motion de l'autre.
2) retarder la capture du premier pion
jusqu'à ce que le Roi du camp fort arrive
sur les cases critiques du second.
Les pions se défendent entre eux
Diagramme 12. 2
Nous voyons ici la première ressource
deux pions séparés par une colonne peuvent
toujours se défendre l'un l'autre, pourvu que
le Roi n'attaque pas le plus avancé des deux.
1.h5!
À cette avance, le pion h empêche la
prise de son homologue, ce qui donne le
temps d'approcher le Roi.
1...@f6
Si le Roi mange le pion le moins avancé,
il sort du carré de l'autre pion.
2.@b2@g7
le Roi s'apprête à capturer le pion le plus
Finales de pions m
avancé, mais ...
3.f5 @h6 4.f6! 1-0
On retrouve la situation du premier
coup. Le pion f6 empêche la prise de son
collè gue. Il suffit d'approcher le Roi et
de couronner l'un des deux pions. Nous
venons de voir un procédé très utile, et qui
surtout peut s'appliquer dans les finales
avec un plus grand nombre de pions.
Si les deux pions sont plus éloignés l'un
de l'autre, la situation devient plus inté­
ressante, surtout s' il y a d'autres pions sur
l'échiquier, parce que dans le cas contraire
il est presque impossible que le Roi du
camp fort ne parvienne pas à appuyer la
promotion de l'un des pions.
Retarder la prise
Dans la position du diagramme suivant, le
trait est aux Noirs. Pourtant, il n'y a pas une
case sur l'échiquier depuis laquelle le Roi
- - - -
blanc n'arriverait pas à assurer la promotion
--·-
- ----
de l'un de ses pions. Regardons une variante
-Ba-B-a-a
--------
- - - -�
Diagramme 12.3
181
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

l...@d5 2.a5! C'est pourquoi le cas le plus important

Évitant la capture du pion central.
2•••@c6 3.'�g2 @b5 4.@f3 @xa5 5.@e4
<;t,b6 6. <;t,ds <;t,c7 7.<;t,e6+-.
Le Roi blanc a atteint les cases critiques
du pion d4.
est celui où il y a plus de pions et nous
reviendrons sur ce thème dans la finale sur
le carré mobile (finale 88).

Section 2. Roi et pion contre Roi et pion

Quand les deux joueurs ont chacun un pion, la situation est plus compliquée, mais ne
tend pas autant à la nulle que l'on pourrait le croire. Un coup d' œil à la section des statis­
tiques nous apprendrait que 45 % des parties ont un résultat décisif. Nous allons scinder
notre étude en trois situations aux caractéristiques très différentes : les pions bloqués, les
pions sur des colonnes adjacentes et les pions passés.

Finale 79 de pions. Avec les pions bloqués, il existe

Pions bloqués. Les cases critiques
Diagramme 12.4
Théoriquement, le cas le plus intéressant
est celui des pions bloqués parce qu'il est
régi par des règles utiles et qu'en outre, les­
dites règles peuvent s'appliquer (avec pré­
caution) dans des finales avec davantage
des cases critiques. Le Roi qui atteindra
l'une d'entre elles mangera le pion adverse
(ce qui ne veut pas dire qu'il gagnera la
partie). Les cases critiques sont celles qui
se trouvent sur la rangée du pion et ce sont
les trois cases à droite et les trois cases à
gauche de celui-ci.
Sur le diagramme, les cases critiques du
pion noir sont c6, d6 et e6 (nous ne tien­
drons pas compte de a6 car il n'existe aucun
accès à cette case). Celles du pion blanc sont
c5, d5 et e5. À votre avis, quel Roi arrivera
le premier sur les cases critiques du pion
adverse? Il suffit de compter, les deux Rois
allant de l'avant.
1.<;t,g3! <;t,b7 2.<;t,f4 <;t,c7 3.<;t,es <;t,d7 4.<;t,ds
Une fois de plus, l'opposition garantit
le passage sur la rangée suivante et donc
l'occupation des cases critiques.
4•••<;t,c7 s.<;t,e6
Le Roi blanc est déjà sur les cases cri­
tiques. Nous allons voir maintenant que

182
 Finales de pions m
le procédé pour prendre le pion est impa­ <luire une situation de Zugzwang mutuel
rable et très facile à appliquer. qu'il est intéressant de connaître. Le pre­
s...@c8 6.@d6@b77.@d7 mier Roi à attaquer le pion adverse doit
Le Roi blanc va prendre le pion, et en garder en réserve (s'il le peut) la case qui
même temps de se retrouver sur une des combine attaque et défense, c'est-à-dire,
cases clés pour la promotion, si bien que les dans le cas suivant, d6 pour les Blancs et f5
Blancs vont faire Dame. pour les Noirs.
7...@b8 8.@c6@a7 9.@c7@a810.@xb6
Et les Blancs gagnent, comme nous 1.@d7!
l'avons déjà vu dans des exemples anté­ 1.@d6?? @f5!0-+ et les Noirs l'empor­
rieurs. tent.
1 ...@f5 2.@d6!
Ce concept des cases critiques pour la cap­ Maintenant, le Zugzwang favorise les
ture d'un pion bloqué est très important parce Blancs.
qu'il peut s'appliquer en présence d'autres 2...@g6 3.@xe61-0
pions. À chaque fois que la base d'une chaîne
de pions est bloquée par un pion adverse, le
Roi s'assure de prendre ce dernier s'il occupe Exemple d'application avec plus
l'une de ses cases critiques. de pions

L'attaque avec une case réservée

Diagramme 12.6

Nous avons souvent dit que l'un des

Diagramme 12.5 avantages de connaître ces finales est que
l'on peut appliquer leurs principes dans
Quand les deux Rois ont accès aux cases des positions plus complexes. Dans ce
critiques du pion adverse, il peut se pro- cas précis (les cases critiques des pions

183
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
bloqués), cette application aux situations
avec un plus grand nombre de pions est
sûrement plus importante que la finale
théorique en elle-même. C'est pourquoi
nous allons l'illustrer à l'aide d'un cas très
simple.
Au trait, les Blancs feraient nulle parce
qu'ils pourraient empêcher le Roi noir
d'arriver en h3.
Mais si le trait est aux Noirs, leur Roi
atteint une position dominatrice, d'où il
force un échange avantageux des pions
qui ne sont pas bloqués pour aller capturer
l'autre pion et l'emporter. Le procédé est
très simple.
1...'�h4 2.c.tif2 @h3 3.@gl g3 4.hxg3
4.@hl est une tentative ingénieuse, mais
revient au même après 4...@g4.
4...<.t>xg3
Le Roi noir est sur les cases critiques du
pion d3, si bien qu'il va le prendre et assu­
rer la promotion de son propre pion.
Finale 80
Pions bloqués moins avancés (ou
pions-tours)
Mais on n'arrive pas toujours à une case
critique gagnante. Rappelons que ce que
garantit l'occupation d'une case critique,
c'est la prise d'un pion, mais on ne gagnera
pas pour autant quand cela transposera
dans une finale Roi et pion contre Roi nulle.
Naturellement, c'est avec des pions­
tours que cela est le plus fréquent, mais
cela se produit aussi avec les autres pions
184
s'ils n'ont pas encore franchi la moitié de
l'échiquier.
L'exemple qui suit est simple, mais il
donne lieu à de nombreuses erreurs chez
les joueurs qui connaissent mal les finales.
Diagramme 12.7
Les pions ne sont pas encore bloqués,
mais ils le seront très vite. Étant donné la
position dominante du Roi noir, le pion
blanc est perdu. Mais comme nous l'avons
déjà dit, perdre le pion ne veut pas dire
perdre la partie. Nous allons maintenant
voir pourquoi : une fois le pion blanc cap­
turé, il reste aux Noirs à promouvoir leur
propre pion.
1.f4!
C'est le seul coup qui sauve la partie.
Maintenant, le Roi noir doit aller prendre
le pion en f4, qui n'est pas une case clé
assurant la promotion de son propre pion,
si bien que les Blancs peuvent forcer une
finale Roi et pion contre Roi nulle.
1.<.t>f2??, au contraire, serait une erreur
gravissime, que l'on rencontre très souvent
 Finales de pions m
car on a le réflexe de vouloir défendre son rieures à la capture. Dans ce cas, chaque
pion. Mais le pion adverse avance immé­ Roi tente de perturber le trajet de l'autre, en
diatement en cinquième rangée : l...f4!. profitant de ce que nous avons appelé dès
Maintenant, quand le Roi noir va prendre l'introduction les multiples routes du Roi.
le pion blanc, il sera déjà sur l'une des cases
clés pour la promotion : 2.@e2 @c3 (le Roi
atteint les cases critiques qui assurent la
capture du pion) 3.'�f2 @d3 4.r,1.ig2 @e3
5.@gl @xf3 (et il prend sur une case clé
pour la promotion) 6.@fl @e3 7.@el f3
8.@fl f2-+.
1 ...@e4 2.@g2!
Un coup d'attente pour prendre l'oppo­
sition quand le Roi noir prendra en f4.
2.@f2?? serait une grave erreur: 2...@xf4 et
le Roi noir va atteindre les cases clés.
2... @xf4
2...@e3 3.@fl revient au même. Diagramme 12.8
3.@f2
Les Noirs ont mangé le pion blanc, mais Dans la position du diagramme, les
ils ne pourront pas promouvoir le leur. Blancs n'ont pas le temps d'aller chercher
3...@e4 4.@e2 f4 5.@f2 f3 6.@fl @e3 le pion noir, si bien qu'il leur faut penser à
7.@el f2+ 8.@fl @f3 ½-½ se défendre. Cela revient à atteindre la case
Dans ce cas (quand le Roi qui prend un clé b4 au moment où les Noirs prennent en
pion n'obtient pas automatiquement une b6.
finale gagnante), les manœuvres précé­ Vu qu'il faut cinq coups aux Noirs pour
dentes des Rois peuvent atteindre une cer­ prendre le pion et qu'il en faut six aux
taine complexité et être très intéressantes. Blancs pour arriver à b4, nous pourrions
Mais si l'on a bien compris les multiples conclure que si c'est aux Blancs de jouer,
routes du Roi (voir l'introduction), tout est ils vont y arriver, mais cela serait peut-être
clair. une conclusion un peu rapide, parce que
toutes les routes n'arrivent pas au même
résultat.
Les manoeuvres avant la prise. Ainsi que nous le savons depuis l'intro­
Les multiples routes du Roi duction, le Roi blanc a 141 moyens de se
rendre de h4 à b4, mais, dans ce cas précis,
Ainsi, quand les pions sont moins avan­ un seul est correct ! Ainsi qu'il est logique,
cés ou qu'il s'agit de pions-tours, l'intérêt c'est celui qui s'écarte le plus de la trajec­
du jeu se reporte sur les manœuvres anté- toire du Roi noir.

185
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
1.<�î'g3!
1.'ii?g4? 'ii?c2! (le Roi noir aussi dispose
de nombreux chemins pour arriver en b6
et il doit choisir celui qui perturbe la route
du Roi blanc) 2.'ii?f3 'ii?d3! (obligeant le Roi
blanc à perdre un temps) 3.'ii?f2 @c4 4.We2
<itib5 5.<itid3 <îtixb6 6.<itic3 <îtib5-+.
1...@c2 2.@f2! @d3 3.@el �c4 4.'ît>d2
�b5 5.�c3 �xb6 6.�b4=.
L'objectif est atteint.
Il est maintenant facile de se rendre
compte que si le Roi blanc était en h5 dans
la position initiale, celle-ci serait perdante :
même s'il y a encore plein de façon de se
rendre en b4 en six coups, aucune n'est effi­
cace. Au contraire, depuis hl (et bien qu'il
y ait moins de routes possibles), l'objectif
serait commodément atteint. Enfin, si le
Roi noir était en fl, les Blancs perdraient.
Si vous voyez tout cela clairement, votre
compréhension des routes des Rois et de
leur capacité mutuelle d'obstruction est
excellente.
Si vous avez des doutes, en guise d'exer­
cice, il vaut vraiment la peine de vérifier
tout cela.
Le pion-tour
Dans le cas du pion-tour, il est plus
facile au défenseur d'arriver sur les cases
adéquates, parce qu'il lui suffit d'enfermer
le Roi adverse à la bande.
Dans le diagramme suivant, ne vous
effrayez pas de voir deux Rois noirs. Il
s'agit d'établir une comparaison. Considé­
rez d'abord la position avec le Roi en b2. Il
186
faut cinq temps aux Blancs pour capturer
le pion a7 et les Noirs doivent arriver en c7
au même moment. Eux aussi ont besoin de
cinq coups, mais si les Blancs utilisent une
charge à l'épaule, ils ne peuvent y arriver.
Diagramme 12.9
1.<itie6
Fautif serait 1.�e7? @c3 2.�d7 �d4
3.�c7 �d5 4.'ît>b7 Wd6 5.�xa7 Wc7= et le
Roi noir atteint son objectif.
1...<îtic3 2.<îtid5!
C'est ici que le Roi noir doit perdre un
temps.
2_,<îtid3 3.Wc6 @d4 4.@b7 Wd5 5.Wxa7
<îtic6 s.<îtib8+-.
La fin est élémentaire.
Envisagez maintenant la position avec
le Roi noir en h2, où il semble plus éloigné
et où il ne dispose que d'un seul chemin
pour arriver en c7 en cinq coups, et faites
l'exercice de vérifier que, malgré tout, les
Noirs font nulle. Mieux vaut un chemin
bien dégagé que beaucoup de routes par­
semées d'obstacles !

1. Conclusion (des finales 79 et 80) :
! 1) Avec des pions bloqués, le premier Roi
à arriver sur les cases critiques du pion
adverse le prendra. les cases critiques sont
les trois cases à droite et les trois cases à
gauche du pion.
2) Si le pion du camp fort est sur la cin­
quième rangée (ou la sixième) et n'est pas
un pion-tour, la capture du pion adverse
garantit la victoire. Quand les pions bloqués
:sont moins avancés (ou quand il s'agit de
pions-tours), le camp faible peut faire nulle
1 si son Roi atteint la case adéquate.
Finale 81
Pions sur des colonnes adjacentes
Le sacrifice de pion pour modifier
les cases critiques
Diagramme 12.10
Dans le cas de pions sur des colonnes
adjacentes, il est facile de calculer les consé­
quences de la capture ou de la défense des
pions. Il y a juste une ressource intéres-
Finales de pions m
sante à connaître.
Dans cette position, le pion blanc est
perdu et quand le Roi noir va le prendre, il
sera sur l'une des cases clés qui garantissent
la promotion. Y a-t-il quelque chose que les
Blancs puissent faire pour se sauver ?
1.e5!
La réponse est oui. En sacrifiant le pion,
les Blancs changent les cases clés, qui, de
e4, f4 et g4, passent à d3, e3 et f3, et mainte­
nant le Roi noir ne pourra pas les atteindre.
Tous les autres coups perdent.
1.@g2? @f4 2.@f2 (maintenant, 2.eS
est inutile parce que les Noirs peuvent
prendre avec le Roi: 2 ...@xeS 3.@f3 @fS-+)
2... @xe4 et les Noirs gagnent parce que leur
Roi occupe les cases critiques du pion en
cinquième rangée.
1...fxe5 2.@g2 @f4 3.@f2
Maintenant, le Roi noir ne peut pas
occuper les cases critiques et la position est
donc nulle.
Finale 82
Pions passés. Les Rois courent
deux lièvres à la fois
Quand il y a deux pions passés, la plu­
part des positions sont simples, parce qu'il
s'agit simplement d'une course. Cepen­
dant, il existe une série de situations très
intéressantes où les Rois doivent manœu­
vrer pour appuyer leur propre pion et faire
obstacle pion adverse, et le jeu est alors loin
d'être évident.
Nous rencontrons dans ces finales un
thème très important, que l'on retrouve
187
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
dans les positions avec beaucoup de pions,
et qui consiste en des coups de Roi qui
combinent deux objectifs. Une fois cette
idée connue, si l'on prête bien attention
aux objectifs de chaque camp, il doit être
facile de calculer ces finales avec précision.
Diagramme 12 .11
Duras, 1905
Observons cette célèbre étude de Duras,
où surviennent de nombreux coups dont
l'objectif est double.
1.�c5!
Le coup clé, auquel on ne peut parve­
nir qu'en analysant les alternatives et en
ayant clairement en tête les deux objectifs
suivants:
1) le Roi blanc se maintient dans le carré
du pion noir, mais en même temps ...
2) il se prépare à empêcher le Roi noir
de se mettre devant le pion blanc.
Les autres coups sont insuffisants
1.�c4? �g6 2.b4 �f7 3.b5 �e7=.
1...�g6
Un coup regrettable, puisque le Roi noir
obstrue son propre pion, mais nécessaire
188
pour éviter la promotion du pion blanc.
Les alternatives échouent: 1...g5 2.b4 g4
3.�d4+- et, alors que le Roi blanc est dans
le carré du pion noir, le Roi noir ne peut
pas entrer dans le carré du pion blanc.
2.b4 �f7 3.b5 �e7
Le Roi noir reste dans le carré du pion
blanc et menace de se placer devant lut ce
qui assurerait la nulle.
4.�c6!
Le coup juste, que préparait 1.�c5 : le
Roi blanc empêche le Roi noir de se mettre
devant le pion.
4...�d8
Compliquant au maximum la tâche des
Blancs. 4...g5 5.b6+- est élémentaire.
5.�b7!
Indispensable pour empêcher le Roi
noir de se placer devant le pion. Les Blancs
bloquent leur propre pion et il leur faudra
prendre encore un temps pour lui ouvrir
la route, mais un des deux temps perdus
sera rattrapé parce que le pion sera promu
avec échec.
Cela demandait un calcul précis depuis
le début. Tout se résume maintenant à la
course.
5...g5 6.b6 g4 7.�a7 g3 8.b7 g2 9.b8'iF+
Et les Blancs gagnent.
La finale de Réti
Même si Réti a composé de nombreuses
finales surprenantes, son nom est resté
dans l'histoire associé à l'étude du dia­
gramme ci-dessus, qui combine merveil­
leusement économie de moyens et résultat
surprenant. Ses qualités en ont également
 Finales de pions m
fait l'exemple incontournable pour illus­ menace, ce qui est juste ce qu'il manque
trer deux idées fortement corrélées : 1) au Roi blanc pour rentrer dans le carré du
« les manœuvres de Roi avec un double pion noir. Mais il reste encore à trouver le
objectif» et 2) « les multiples routes du bon itinéraire. Les multiples routes du Roi
Roi». J'ai vu beaucoup de joueurs, qui ne vont nous y aider
connaissaient pas cette étude, demander
si l'énoncé ou la position étaient corrects.
Mais une fois l'idée comprise, il est facile
de l'appliquer dans de nombreuses autres
positions.

Sur ce graphique, les chiffres représentent

Diagramme 12. 12
Réti, 1921
Le Roi blanc est clairement en dehors du
carré du pion h4, tandis que le pion blanc
est au contraire tout aussi clairement sous
contrôle du Roi noir. Cependant, les Blancs
font nulle grâce à une manœuvre de Roi
qui combine deux objectifs. Ces derniers
sont clairs: l'un est d'entrer dans le carré du
pion noir, l'autre est d'appuyer son propre
pion. Remarquons un détail important. La
case clé pour appuyer le pion blanc est d6.
Si le Roi blanc parvient sur cette case, le
pion fera Dame. Le Roi noir n'évitera cela
qu'en consacrant deux temps à parer cette
le nombre de chemins différents dont dis­
pose le Roi pour parvenir à la case en ques­
tion en un minimum de coups. On voit
que le Roi blanc peut arriver en d6 de neuf
façons différentes, mais une seule d'entre
elles (indiquée en gras) le mène le plus près
possible du carré du pion noir. En toute
logique, c'est la bonne route.
V�g7! h4 2.<�f6 �b6
Il faut déjà prendre un temps pour arrê­
ter le pion, si 2...h3 3.�e7 h2 4.c7= et les
deux pions sont promus.
3.�eS! �xc6
Et il faut en prendre un second pour ne
pas que le pion blanc reçoive le secours de
son Roi. Le Roi blanc change maintenant
de direction et rentre dans le carré.
4.�f4=

189
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
L'attraction du Roi sur une case
donnée
L'une des idées les plus courantes des
manœuvres qui poursuivent deux lièvres
à la fois, c'est d'attirer le Roi adverse sur
une case bien précise. La promotion avec
échec est typique de ces finales. Souvent,
cette promotion survient naturellement et
est une circonstance de plus à prendre en
compte dans le calcul, mais parfois, elle est
préparée par un jeu habile.
Diagramme 12.13
Ljubojevié - Browne
Amsterdam 1972
Dans la position du diagramme, les
Noirs n'ont pas noté de circonstance par­
ticulière dans la course de pions et se
sont satisfaits de la nulle. Pourtant, par
un jeu précis fondé sur les idées des deux
exemples précédents, ils pouvaient forcer
le gain.
1 ..,c;t>d5!
Le Roi se place hors de portée des échecs
190
tout en empêchant le Roi blanc de rentrer
dans le carré du pion noir. Tout se résume
à présent à une course dans laquelle le pion
blanc semble plus avancé, mais la position
infortunée de son Roi à la bande est un fac­
teur.
La partie s'est poursuivie par l...f5?
2.c;t>b4 f4 3.c;t>c4 et nulle.
2.b4
2.c;t>b4 c;t>d4! et le Roi blanc ne passe pas:
3.@a5 f5 4.b4 f4 5.b5 @c5! 6.b6 c;t>c6 ramène
à la variante principale.
2.. .f5 3.b5 f4 4.b6
Diagramme 12.14
Jusqu'ici, le pion blanc est allé de l'avant,
mais voici qu'arrive une surprise ...
5 ...@c6!
Attirant le Roi blanc sur la case fati­
dique.
6.@a6 f3 7.b7 f2 8.bS'iV fl'i'V+
Et la Dame blanche est perdue.
 Finales de pions m
Section 3. Deux pions contre un
En finale de pions, l'avantage d'un pion est d'autant plus important que le nombre
de pions est grand. Avec deux pions contre un, les chances de gain sont grandes (75 %
au lieu de 50 % dans Roi et pion contre Roi), mais elles diminuent sensiblement si une
colonne tour est occupée par des pions des deux couleurs.
Il y a un grand nombre de configurations possibles et bien qu'elles soient très étudiées,
ce n'est pas l'objet de ce livre de les analyser toutes. Nous ne nous occuperons que des
quelques situations que nous considérons les plus utiles en pratique.
Une finale très fréquentée très intéressante est celle avec des pions-tours bloqués avec
un pion passé. En général, quand le pion bloqué n'est pas un pion-tour, on gagne et le
plan est très simple : il s'agit de sacrifier le pion passé pour prendre le pion adverse et
arriver à une finale Roi et pion contre Roi gagnante. Si les pions bloqués sont des pions­
tours, ce procédé ne suffit pas toujours. Pour faciliter notre étude, nous diviserons cette
situation en trois groupes : pion passé éloigné, pion-fou sur la même aile, et pion central
du même côté.

Finale 83 pas des pions-tours, le Roi du camp faible

n'atteindrait jamais la zone de nulle.
Pions-tours et pion passé éloigné
En premier lieu, nous allons voir un cas
dans lequel le pion-tour du camp fort a
Le résultat de cette finale dépend de atteint la cinquième rangée.
multiples facteurs :
a) La case de blocage des pions-tours.
b) Le degré d'avancement du pion passé.
c) La position des Rois.
Cependant, tout se ramène à quelques
règles.
Nous ne nous occuperons pas des posi­
tions dans lesquelles le Roi du camp fort
peut forcer la promotion du pion passé ni
celles où le Roi du camp faible peut mener
une contre-attaque réussie. Dans les posi­
tions qui restent, le plan de gain est tou­
jours le même : sacrifier le pion passé pour
prendre le pion-tour éviter que le Roi de la Diagramme 12.15
défense n'arrive à la zone de nulle. Logi­
quement, si les pions bloqués n'étaient 1.@d4@d7 2.@e5

191
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
Il est nécessaire de garder le Roi noir
éloigné du pion passé. 2.�e4 �d6 3.�fS
conduirait à la nulle, ainsi qu'il est facile
de le vérifier.
2...�e7 3.�f5 �d6
C'est ici que commence vraiment la
course des Rois.
4.�g6 @d5 5.@xh6 �e6 6.�g7
Et il est clair que le Roi noir n'a pas le
temps de revenir poser des problèmes.
Cette finale, que l'on peut facilement
analyser avec le pion passé n'importe où
sur les colonnes a, b, c, d et, avec quelques
exceptions que nous étudierons plus tard,
aussi sur la colonne e, nous permet de
dégager la conclusion suivante
Conclusion : si le pion-tour du camp fort a
�int la cinquième (ou sixième) rangée, le
gain est certain.
À partir de là, il est facile d'arriver à
une autre conclusion : les deux joueurs ont
intérêt à avancer autant que possible leur
pion-tour et, s'ils ne sont pas déjà bloqués,
cela constituera les premiers coups de la
finale.
Un autre point intéressant est la
manœuvre du Roi blanc, qui, une fois cap­
turé le pion adverse, joue en diagonale
pour éviter l'arrivée de son homologue
sur la colonne f (où commence la zone de
nulle).
192
Le pion bloqué du camp fort n'a
pas atteint la cinquième rangée
Diagramme 12 .16
Nous avons déjà dit que la première
chose à faire dans cette finale était d'avancer
le pion-tour le plus loin possible. Si le pion
du camp fort atteint la cinquième rangée,
la partie est d'ores et déjà gagnée. Si le pion
n'a pas encore atteint la cinquième rangée
(qu'il se situe en quatrième, troisième ou
deuxième rangée), il existe une règle à
caractère géométrique permettant de cal­
culer rapidement s'il gagne ou non (de fait,
cette règle s'applique aussi avec le pion en
cinquième ou sixième rangée). Le premier
à la formuler a été W. Bahr. Comme toutes
les règles qui supposent de se souvenir de
figures géométriques sur l'échiquier, on
risque fort de finir par l'oublier.
C'est sans doute pourquoi différents
auteurs ont essayé de la reformuler de la
façon à la rendre plus simple et plus générale.
Cette fois, j'ai moi aussi cédé à la tentation.
Quelle que soit la règle que vous sui­
vrez, il convient de comprendre pourquoi

elle marche et de bien noter ce qui peut
aider à s'en souvenir. Dans le cas pré­
sent, il s'agit d'observer avec attention les
manœuvres des Rois, qui sont d'ailleurs ce
qui permet de la déterminer.
1.�d4!
Après avoir pris le pion blanc, le Roi noir
doit se diriger vers la zone de nulle, dont
les cases les plus proches sont f7 et f8. C'est
pourquoi les Blancs doivent laisser le pion
passé le moins avancé possible, de façon à
ce que le Roi noir prenne plus de temps à le
capturer et à revenir dans la zone sensible.
1.b4? serait ici une grave erreur qui faci­
literait le retour du Roi noir et conduirait
à la nulle: l...�b6 2.�c4 �c6 3.�d4 �b5
4.�e5 �xb4 5.�f5 �es (le Roi noir se dirige
vers les cases de nulle f7 et f8, ce qui fait
que la colonne f est la ligne de front pour
les Rois et constitue la clé du dessin de la
ligne de nulle que nous allons voir un peu
plus loin) 6.�g5 �d6 7.�xh5 �e7 8.�g6
�f8 et le Roi noir atteint la colonne dé.
1...�b4 2.�e5 �xb3 3.�f5 �c4 4.�g5
�ds 5.�xhS �e6 6.�g6! (D)
Diagramme 12.17
Finales de pions m
Au contraire de ce qui se passe dans
la variante l.b4?, le Roi blanc, en passant
devant, arrive juste à temps pour empêcher
le Roi noir d'occuper la colonne f. Il vaut
la peine de le signaler par un nouveau dia­
gramme.
6...�e7 7.�g7 1-0
Les Rois sont face à face et le Roi noir ne
peut se mettre sur la colonne f. Nous appel­
lerons ligne de front la colonne f.
Nous retiendrons encore une idée de cet
exemple, tout en gardant pour le suivant
les conclusions définitives : le camp fort
a intérêt à ce que son pion passé soit le
moins avancé possible.
Les lignes de nulle
Enfin, sur le diagramme suivant, qui
représente Ja position consécutive à 1.b4?
dans le diagramme 12.16, nous allons des­
siner et expliquer les lignes qui permettent
de savoir si la finale est gagnante ou non.
Diagramme 12.18
193
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

Les lignes sont basées sur les trajectoires Finale 84

des Rois : la colonne f est la ligne de front (où
s'affrontent les Rois). Le Roi noir doit captu­
rer le pion b4 et se diriger ensuite en diago­
nale vers la ligne de front (de b4 à f8). Le Roi
blanc doit prendre le pion h5 et aller ensuite
en diagonale vers la même ligne (même s'il
n'arrive qu'à la colonne g). Si la trajectoire
du Roi noir croise la colonne f plus haut que
celle du Roi blanc (dans le sens figuré sur le
diagramme), alors il pourra l'occuper et la
partie sera nulle. S'il la croise sur la même
case ou plus bas, il se heurtera au Roi blanc,
ne pourra pas passer et les Noirs perdront.
Pions-tours et pion central du
même côté
Si le pion passé est sur la colonne cen­
trale la plus proche des pions-tours blo­
qués, il est plus facile au Roi de la défense
de lancer une contre-attaque sur les pions,
et en outre le Roi du camp fort a moins
d'espace pour attaquer le pion adverse.
Ces deux circonstances changent gran­
dement le déroulement de la finale.

Après cette longue explication de la Le pion-tour du camp fort est

règle et de ses fondements, vous pouvez bloqué en sixième rangée
réduire le procédé à un simple coup d' œil
: tracez visuellement des diagonales qui
partent des deux pions qui vont être pris
jusqu'à la colonne Fou, et voyez laquelle
arrive le plus haut.

Cette règle est valable pour toutes les

positions avec des pions-tours bloqués
(même si le pion du camp fort est en cin­
quième ou sixième rangée, auquel cas il n'y
a pas de passage possible pour le Roi noir)
et pour toutes les positions normales des
Rois par rapport à l'autre pion. Il est facile
d'extrapoler quand les positions des Rois Diagramme 12 .19
s'écartent de la norme.
Dans le cas du diagramme, d'après le Commençons par le cas d'un pion
dessin des flèches, les Noirs doivent faire bloqué très avancé, qui est le moins favo­
nulle. Voyons la variante: rable au camp fort (contrairement à ce qui
1.'�b3@b62.@c4@c63.@d4@b54.@e4 se passait dans la finale précédente).
@b4 5.@f5 @c5 6.@g5 @d6 7.@h5 @e7 l.@cl@d42.@c2@c43.d3+@d4
8.@g6 @f8 et le Roi noir a atteint la zone La contre-attaque immédiate par 4...
de nulle. @b5 fait nulle facilement, mais nous conti-

194

nuons cette variante pour vérifier que le
résultat serait le même quel que soit le
degré d'avancement du pion passé.
4.s�d2 'it>dS 5.'it>c3 @c5!
C'est le seul moment où la contre-attaque
marche pas et où il est nécessaire de tenir les
cases critiques hors de portée du Roi blanc :
5...@c6 6.'it>c4! @b6 7.@d5! @a6 8.@c6 enferme
le Roi noir et gagne d'une manière que nous
verrons plus en détail dans les prochains dia­
grammes. Les autres coups tels que 5...@d6
6.'it>d4 perdent parce que les Blancs peuvent
forcer la promotion du pion d.
6.d4+ @d5 7.@d3 @d6 8.@c4 'it>c6 9.dS+
'it>d6 10.@d4 @d7 11.@c5 @c7 12.d6+ 'it>d7
13.@d5 @d8 14.'it>c6 @c8
C'est la position que nous voulions
voir. Quand le pion-tour de l'attaquant
est bloqué en sixième rangée, son Roi
manque d'espace pour attaquer le pion
adverse et la partie est nulle.
15.d7+ @d8=.
Le pion-tour du camp fort est
bloqué en cinquième rangée
Diagramme 12.20
Finales de pions m
Avec le pion bloqué en septième rangée,
les chances du camp fort s'améliorent.
Ici, si le pion central était moins avancé
d'une rangée, la contre-attaque ferait nulle
tout de suite. Voyons ce qu'il en est main­
tenant:
1.@e2! @es 2.@e3 @b5
Lançant la contre-attaque. La défense
passive ne marche pas : 2...@d5 3.d4 @d6
4.@e4 @e6 5.dS+ @d6 6.@d4 @d7 7.@cS
'it>c7 8.d6+ @d7 9.@dS 'it>d8 10.'it>c6 @c8 (le
Roi blanc a ici assez d'espace pour prendre
le pion a) 11.@b6 'it>d7 12.@xa6 @xd6
13.@b7+-.
3.@d4! @xa5 4.'it>c5! (D)
Diagramme 12.21
Observez bien : la manœuvre est ins­
tructive. Le Roi blanc complique la tâche
du Roi noir qui voudrait quitter la bande,
et les Blancs font Dame les premiers.
4•••<Jta4 5.d4 a5 6.dS @b3 7.d6 a4 8.d7 a3
9.d8"j/U a2 10.1lid4+-.
195
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Le pion-tour du camp fort est
bloqué en quatrième rangée
Diagramme 12.22
Avec le pion bloqué de l'attaquant en qua­
trième rangée, la contre-attaque ne marchera
qu'avec des positions particulières des Rois.
1.c.t>el c.t>c4 2.c.t>e2! c.t>b4
De nouveau, la défense passive échoue
2...c.t>d4 3.d3 c;t,cs 4.c.t>e3! (surveillant
toujours la contre-attaque) 4...c.t>d5 5.d4
c;t,d6 6.c.t>e4 c.t>e6 7.d5 c;t,d6 (nous sommes
désormais dans le domaine de définition
de la règle de Bahr, qui donne les Blancs
gagnants) s.c;t,d4 c.t>d7 9.c.t>c5 c.t>c710.c.t>b5+-.
3.c.t>d3! c.t>xa4 4.c.t>c4!
Encore la même technique que dans la
finale précédente. Cette fois, elle permet seu­
lement la promotion simultanée des deux
pions, mais la position des Rois fait que l'on
arrive dans une exception de la finale Dame
contre Dame, et les Blancs gagnent.
4...c.t>a3 5.d4 a4 6.d5 c.t>b2 7.d6 a3 8.d7 a2
9.dS°iV al.. 10.°iVd2+!+- (finale 20).
Nous ne verrons pas d'exemple avec le
pion moins avancé, mais puisque la contre-
196
attaque est impossible, la règle de Bahr
reste valable.
Résumé de la finale 84 :
Avec le pion-tour de l'attaquant bloqué en
sixième rangée.c'est nulle.
Avec le pion bloqué en cinquième rangée,
une contre-attaque n'est possible que si le
pion central est très peu avancé ; par consé­
quent, c'est généralement gagnant
Quand le pion est moins avancé, la règle de
Bahr s'applique.
Finale 85
Pions-tours et pion-fou sur la
même aile
Une autre finale, intéressante par sa fré­
quence et du fait qu'elle recèle quelques
subtilités, est celle de la paire pion-fou et
pion-tour contre pion-tour. La proximité
du pion passé fait que le jeu n'a rien à voir
avec celui des finales précédentes.
Dans ce cas, il est avantageux (pour les
deux joueurs) d'avoir son pion-tour sur
sa case d'origine. Le camp faible pourra
mieux l'y défendre, le camp fort pourra
choisir de l'avancer de deux cases ou d'une
seule au moment critique.
Le pion du camp faible est sur sa
case d'origine
Comme nous le verrons dans cet
exemple, si le pion-tour du camp fort n'a
pas bougé non plus, le gain est assuré. Il
 Finales de pions m
suffit d'avancer le pion-fou en septième adversaire en ait fait de même. Seul le cas où
rangée et de forcer un coup de pion adverse. le pion-tour de l'attaquant est avancé tandis
que celui du défenseur est encore sur sa case
d'origine exige une analyse détaillée, que
nous n'aborderons pas dans ce livre.

À partir du diagramme 12.24, nous

montrerons la méthode de gain quand
le pion du camp faible a avancé, et
introduirons un thème très important des
finales de pions, ce qui justifie qu'on lui
prête une attention particulière.
Il s'agit du concept des cases conjuguées,
qui, bien que clair en théorie, peut s'avérer
très complexe à manier.
Diagramme 12.23 Comme je le considère comme peu
intéressant du point de vue de la pra­
1.@f6h5 tique, nous n'allons pas trop approfondir
1...h6 2.h4! h5 3.@g6+-. la question. Au lecteur que le thème inté­
2.h3 h4 3.�g6 1-0 resse, je recommande les livres suivants
Finales de pions de Maizelis, Secrets of Pawns
Il est facile de voir qu'avec le pion blanc Endings de Lamprecht et Müller et The Final
en h3, cette position serait nulle, un exer­ Countdown de Hajenius et Van Riemsdijk.
cice étant de trouver sur quelle case les
Noirs doivent jouer leur pion contre le
coup normal l.@f6.

Conclusion : quand son pion-tour est sur sa

case initiale,. le camp fort remporte tou­
jours

Finale 86
Le pion du camp faible a déjàjoué.
La triangulation
Diagramme 12.24
Quand le camp fort a déjà avancé son
pion-tour, il gagne aussi, pour peu que son Cependant, nous avons ici le cas le plus

197
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
simple et le plus fréquent des cases conju­
guées, la triangulation, que l'on rencontre
si souvent qu'il faut le connaître. C'est
pourquoi nous allons expliquer en détail la
méthode de jeu dans cette finale.
De prime abord, il saute aux yeux que les
Blancs ne peuvent pas promouvoir le pion
c et qu'ils doivent par conséquent prendre
le pion noir. Leur Roi doit donc atteindre la
case b6, c'est le cœur du problème.
Si les Blancs jouent 1.@c5, les Noirs
doivent répondre 1...@c7 pour empêcher
le Roi blanc d'arriver en b6. Par ailleurs, si
les Blancs menacent de promouvoir le pion
c en jouant 1.@d6, les Noirs doivent répli­
quer 1...@d8 ; ce sont les deux positions
clés pour le défenseur.
Bien qu'il semble que les Noirs soient
toujours en mesure de parer les menaces
des Blancs, le fait qu'ils soient obligés
d'occuper une case précise en fonction de
la position du Roi blanc doit nous mettre
la puce à l'oreille. Que se passe-t-il, par
exemple, si le Roi blanc va sur une case
d'où il peut se rendre sur les deux cases
clés c5 et d6 - c'est-à-dire en d5, la case
qu'il occupe maintenant? La réponse évi­
dente est que le Roi noir doit aller sur une
case qui lui permet de s'opposer aux deux
menaces, c'est-à-dire d'où il surveille d8 et
c7, donc forcément en c8.
Les Noirs ont donc trouvé une case
pour répondre à @d5, mais encore une fois
c'est la seule, et le fait que cette troisième
case s'avère une troisième position critique
pour la défense doit nous alerter.
Il s'agit de continuer à chercher les cases
depuis lesquelles on peut arriver sur deux
198
(ou, si c'était possible, trois) cases critiques
et de voir si le Roi adverse peut à chaque
fois répondre de façon adéquate. Sans
qu'il soit besoin d'approfondir la théorie,
on peut découvrir la triangulation par les
cases d4 et c4 (toutes deux sont au contact
de c5 et d5). Les Noirs ne peuvent rien
faire d'équivalent, si bien qu'ils perdent la
conjugaison et la partie.
Le raisonnement et l'analyse sont plus
faciles à suivre si l'on numérote chaque
case d'attaque du Roi blanc et attribue le
même numéro à la case de défense corres­
pondante pour le Roi noir. On dit que l'on
établit ainsi des paires de cases conjuguées
(ou correspondantes). En regardant bien
ces cases conjuguées, on peut voir s'il est
possible de rompre la défense ou non.
Le principe des cases conjuguées va un
peu plus loin que l'opposition. L'idée est la
même, mais on comprend facilement l'oppo­
sition à cause de son aspect géométrique,
tandis que la distribution des paires de cases
conjuguées est moins évidente, ce qui com­
plique l'analyse. Cependant, le cas de trian­
gulation illustré par le diagramme, outre
qu'il est le plus fréquent, est assez facile à
traiter.
Une fois l'objectif établi, le jeu correct ne
pose pas de difficulté.
1.@d4!
Les Blancs passent tout de suite à la
triangulation. Naturellement, n'importe
quel coup gagne pourvu que l'on revienne
ensuite au plan correct. Les Blancs
menacent les cases c5 et d5.
1...@d8
Les Noirs surveillent donc les cases cor­
respondantes, c7 et c8.
 Finales de pions m
2.@c4 Finale 87
Zugzwang. Les Blancs menacent de
Pion-cavalier et pion-tour contre
nouveau c5 et d5. Les Noirs ne peuvent
pion-tour
déjà plus rester en même temps au contact
de c7 et c8.
2...@c8 La finale de pion-tour et pion-cavalier
Ainsi que c'était le cas pour l'opposition, contre pion-tour sur la même aile mérite
une fois que l'adversaire a perdu la conju­ l'attention pour plusieurs raisons : la pre­
gaison, nous devons la prendre. Le Roi noir mière est qu'elle se produit assez souvent
occupe c8, dont la case conjuguée (ou cor­ (et, là encore, on trouve quelques grands
respondantes) est d5, et donc ... maîtres qui se font malencontreusement
3.@d5@c7 remarquer), et la seconde, plus importante,
La case correspondante est maintenant est qu'elle constitue une bonne introduc­
c5, et donc ... tion à un très grand nombre d'idées inté­
4.@c5 ressantes et utiles dans les finales avec plus
Et le Roi blanc va pénétrer en b6 et de pions. Pour en résumer quelques-unes
prendre le pion. : la planification, les temps de réserve, la
règle de Steinitz (l'utilité de garder un pion
On peut appliquer ce genre de sur sa case d'origine), l'opposition, l'anti­
manœuvre à de nombreuses positions avec opposition, les ressources de pat, les cases
davantage de pions. critiques et le contournement.
En ce qui concerne la lutte entre pion­ Si le pion du camp faible est toujours
fou et pion-tour contre pion-tour, si le pion sur sa case origine, le défenseur dispose
du défenseur est plus avancé, il n'y a pas d'un plan très tenace qui consiste à compli­
besoin d'autant de finesse pour gagner : quer l'approche du Roi blanc sans bouger
il suffit au camp fort d'avancer son pion le pion. Ce plan suffit à faire nulle pour peu
passé et d'envahir la case adjacente au pion qu'aucun des deux pions de l'attaquant ne
adverse pour le prendre. soit encore sur sa case de départ (nous ver­
Cette finale nous permet par ailleurs de rons plus loin pourquoi).
tirer une conclusion relative à ce genre de Mais si les pions du camp fort sont
positions.Avant de l'énoncer, répétons que, toujours sur leur case origine, ce plan ne
ici, l'idée de triangulation importe plus que marche pas et les chances de la défense
le résultat de la position en lui-même. consistent à avancer le pion, avoir le Roi
au minimum sur sa quatrième rangée et
Conclusion : dans la finale de pion-tour 1 rechercher un échange de pions ou une
et pion-fou contre pion-tour, si le pion du 1 contre-attaque sur les pions blancs.
�amp faible n'est. plus sur sa case origine,
avec une position normale des Rois, le camp
fort l'emporte toujours.

199
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Tous les pions sont en deuxième
rangée
Diagramme 12.25
Sur le diagramme, les Blancs ont déjà
le Roi en quatrième rangée et leurs pions
sont encore sur leur case de départ, ce qui
constitue une position très favorable qu'il
convient de mémoriser. Nous allons voir
dans un instant que les Blancs gagnent
quand le trait aux Noirs, mais ils l'empor­
teraient aussi si c'était à eux de jouer grâce
à un de leurs temps de réserve, comme
nous le verrons au diagramme 12.29.
1.. si,g6
Nous avons déjà dit que si les Blancs
gardent leurs pions en seconde rangée et
que leur Roi a atteint la quatrième, une tac­
tique d'attente est sans espoir. La variante
1...h6 est donc très importante et instruc­
tive. Les Blancs gagnent en utilisant leurs
temps de réserve : 2.g4! (il est intéressant
de voir que si les pions blancs étaient en
g3 et h3, la position serait nulle, comme le
démontre la variante 2.g3 @g6 3.h3? @f6
4.g4 @g6 5.h4 @f6, où les Noirs ont l' oppo-
200
sition et les Blancs ne peuvent pas progres­
ser: 6.@e4 @e6 7.@d4 @d6=) 2... @g6 (D)
Diagramme d'analyse 12.26
Nous sommes arrivés à un moment très
intéressant où il est opportun de rappeler
ce que l'on appelle la règle de Steinitz « en
finale de pions, il est utile d'avoir un pion
sur sa case de départ pour avoir le choix
entre l'avancer d'une ou de deux cases le
moment venu ».
Ici, les Blancs gagnent en jouant 3.h3
mais pas s'ils jouent 3.h4, et ils ne gagne­
raient pas si leur pion était en h3. La règle
de Steinitz est bien sûr un cas particulier
de la théorie plus générale selon laquelle :
« en finale de pions, il est utile d'avoir des
temps de réserve en vue des situations de
Zugzwang ».
3.h3! @f6 4.h4 (D)
Un autre moment intéressant, déci­
sif pour l'évaluation de cette finale. Les
Blancs gagnent grâce à l'opposition qui
leur permet d'opérer un contournement,
de pénétrer sur les cases critiques du pion
h6 et de le prendre. Il est vrai que le pion
h n'est pas bloqué, mais s'il avance les

Blancs joueront g5 et gagneront grâce à
leur pion passé protégé, même si ce n'est
pas sans un peu de mal. Si, au contraire, les
Noirs résistent en ne jouant que leur Roi, la
manœuvre de contournement est très ins­
tructive.
Diagramme d'analyse 12.27
Voyons les deux variantes :
A) 4...hS 5.gS+ @f7 amène un autre
moment instructif, qui est un bon exemple
de ce que l'opposition n'est qu'un cas par­
ticulier des cases conjuguées (même si c'est
l'un des plus efficaces) et donc de la lutte
· des Rois pour gagner les cases clés qui
caractérisent chaque situation. Dans le cas
présent, les Blancs doivent rejeter l' opposi­
tion pour des raisons concrètes, mais on ne
peut pas en tirer de règle générale, sinon
qu'il faut prêter une grande attention aux
idiosyncrasies de chaque position. L' oppo­
sition marche souvent et l'anti-opposition
marche quelquefois (beaucoup plus rare­
ment) : 6.@f5 @g7 7.g6? @h6! et grâce au
pat, les Noirs font nulle. La bonne conti­
nuation est 6.@eS! @g7 7.@fS @f7 8.g6+
@g7 9_çt,gs+-.
Finales de pions l!J
B) 4...@e6 s.çt,e4 @f6 6.@dS! (entame la
manœuvre de contournement) 6...@e7 (le
plus tenace) 7.@eS @f7 8.@fS @g7 9.@e6!
(la deuxième phase du contournement) 9...
çt,g6 10.hS+! (un moment important : c'est
le seul moyen de rompre la résistance du
Roi noir ; le pion h6 est maintenant bloqué
et le Roi blanc est sur une des cases qui
assurent sa capture, mais cela permet une
contre-attaque qui échoue de justesse) 10...
@gS (10...@g7 11.çt,e7 @h7 12.@f6 çt,gs
13.çt,g6 et le pion tombe) 11.@f7 çt,xg4
12.çt,g6 çt,f4 13_çt,xh6 çt,fs 14.çt,g7+- et le
pion va à Dame.
2.@g4
Le plan des Blancs est d'amener le Roi
en h6 et d'avancer ensuite les pions pour
arriver à une finale de pions gagnante.
Voyons comment ils l'exécutent.
2,.,çt,f6
2...çt,h6 barre la route vers h6, mais
permet un nouveau contournement: 3.çt,fS!
@hS (3...@g7 4.çt,gs ramène à la variante
principale) 4.g3. Maintenant, le Roi blanc
ne laisse plus son homologue de sortir de la
bande et il ne reste plus qu'à calculer com­
ment prendre le pion h7 (ou h6 s'il avance),
passant dans une finale gagnante: 4...@h6
s.çt,f6 çt,hs 6.çt,g7 h6 7.h4+-.
3.@h5@g7
Nous arrivons encore à une position
instructive. Les Blancs veulent occuper
h6 et ils peuvent le faire de nombreuses
manières, mais l'une d'elles est erronée et
il faut y faire attention.
4.g3
4.@gS ou bien 4.h3 ou 4.h4 gagnent
aussi, mais pas 4.g4? h6!=. Il convient de
bien observer cette position. Pour gagner,
201
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
les Blancs doivent faire passer leur Roi en
f4 et leur propre pion g4 les gêne. Il est
intéressant de noter que, avec le pion en g4
(et même si l'autre est en h2), il est prati­
quement impossible de gagner parce que
l'on n'arrive pas à la case h6 à cause de la
ressource suivante: 5.@h4 @g6 6.@g3 h5!,
forçant la nulle.
4...@f7
Sur 4... h6, le Roi blanc peut se rendre
en f4 sans problème : 5.@g4! @g6 6.@f4
et, grâce au temps de réserve, les Blancs
sont assurés d'atteindre la position du dia­
gramme 12.27.
5.@h6@g8 (D)
Diagramme 12.28
Le Roi blanc est enfin arrivé en h6.
Maintenant, les Blancs gagnent grâce au
pion h en deuxième rangée. Si les Blancs
n'avaient eu aucun pion sur sa case de
départ, les Noirs auraient dû compter les
coups de pions des Blancs pour choisir la
case d'attente.
6.g4 @h8 7.g5 @g8
Maintenant, les Blancs ont le choix et il
202
leur faut compter les temps pour pouvoir
jouer g6 quand le Roi noir est en h8. Bien
sûr, il suffit de compter et cela ne devrait
poser aucun problème, mais parfois on
peut s'emmêler les pinceaux en se deman­
dant si l'on doit compter le coup que l'on
joue ou pas, ou le dernier coup, ou si l'on
a joué une fois de plus parce qu'on a com­
mencé, etc.
Pour faire une faveur aux paresseux ou
à ceux qui sont toujours en Zeitnot, voici la
règle des couleurs de Bird, qui est utile aux
deux camps : si les Rois sont sur des cases
de même couleur, les pions doivent aussi
être sur des cases de cette même couleur,
et vice versa. Comme les Rois sont ici sur
des cases de couleurs différentes, le pion
doit aller en h3.
8.h3!
8.h4?? @h8 9.h5 @g810.g6 hxg611.hxg6
@h8=.
8 ...@h8 9.h4 @g8 10.hS @h8 11.g6 hxg6
12.hxg6@g8 13.g7+-.
C'était une finale très intéressante dans
laquelle nous avons vu un grand nombre
d'idées et où tout semble clair, mais je crois
que l'on fixera plus facilement les idées en
mémoire si l'on analyse encore une paire
de positions similaires.
La même position, trait aux
Blancs
Pour une fois, nous allons répéter un
diagramme. Nous allons analyser de nou­
veau la position 12.25, mais cette fois trait
aux Blancs.

Diagramme 12.29
Comme nous l'avons déjà dit, les Blancs
gagnent bien qu'il leur faille jouer en pre­
mier. Trois des quatre coups de pions pos­
sibles sont gagnants. Un seul est une erreur.
1.h3
C'est le plus simple. Dans cette posi­
tion, les Blancs gagneraient même si c'était
encore à eux de jouer.
1.h4 gagne aussi : l...'�g6 2.@g4+- et
le Roi atteindra la case h6 sans qu'il soit
besoin de jouer le pion g.
1.g3 gagne aussi, bien que cela mène à
une position où les Blancs n'ont plus de
temps de réserve pour conquérir la case
h6. 1.g4? serait une faute parce que le Roi
n'arrivera plus en h6.
1...@g6
1...h6 2.g3! @g6 3.g4 @f6 4.h4+-, comme
nous le savons.
2.@g4 @h6 3.@f5 @h5 (3...@g7 4.@g5+-)
4.g3 @h6
4... h6 5.@f4 @g6 6.g4 @f6 7.h4+-.
5.@f6 @h5 6.@g7 h6 7.h4+-.
Finales de pions lfJ
Un pion a déjà avancé
Si l'un des pions blancs a déjà bougé, les
chances de gain diminuent, et dans ce cas il
vaut mieux que ce soit un pion-cavalier qui
soit resté sur sa case d'origine.
Diagramme 12.30
Nous avons ici la position du dia­
gramme précédent, avec le pion déjà en g3
et trait aux Blancs. Gagnent-ils encore ? La
réponse est non, ils manquent de temps de
réserves utiles puisque g4 ne va pas et qu'il
ne faut pas bouger le pion de la deuxième
rangée avant que le Roi ne soit en h6.
Voyons comment les Noirs se défendent.
1.h3
Quoi d'autre ? 1.g4 fait nulle, comme
nous le savons déjà. 1.@g4 @g6 2.@h4 @h6
ne fait pas avancer les choses, puisque g4
reste sans effet : 3.g4 @g6! (mais pas 3...
@g7 4.@g5! et le Roi atteint h6) 4.h3 @g7=
(maintenant, ce n'est plus un problème).
1...@g6
1...h6 marche aussi dans cette position,
mais quand il n'y a plus de pions blancs en
203
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

deuxième rangée, le plus simple et le plus

sûr est d'attendre.
2.'�g4 @f6 3.@h5 @g7 4.@g5
C'est maintenant le moment clé pour les
Noirs. Les Blancs vont jouer 5.@h6 au pro­
chain coup puis ils avanceront leurs pions.
Il faut compter les coups de façon à se
mettre en h8 quand les Blancs joueront g6.
Cela fera six coups blancs, si bien qu'au
septième coup noir à partir de maintenant
on doit arriver sur une case noire - et donc,
il faut aussi se mettre sur une case noire au
premier coup. L'autre méthode est d'appli­
quer la règle de Bird : comme les pions
seront sur des cases de couleurs différentes
quand le Roi blanc arrivera en h6, le Roi
noir devra répondre en se mettant sur la
couleur opposée, donc en g8, qui est par
conséquent la seule case sur laquelle il ne
doit pas se rendre maintenant.
4...@h8!
4... @g8?? 5.@h6+-.
5.@h6 @g8 6.g4 @h8 7.g5 @g8 8.h4 @h8
9.h5 @g8 10.g6 hxg6 11.hxg6 @h8=.
Une importante position de
défense
Cependant, même quand les pions
blancs sont encore sur leurs cases de
départ, les Noirs ont quelques chances de
nulle, pour peu que leur Roi soit en qua­
trième rangée.
On voit sur le diagramme une importante
position de défense, qu'il ne faut pas oublier.
Les Noirs ne peuvent pas laisser le Roi blanc
avancer, mais ils font nulle avec un coup que
l'on a mis très longtemps à découvrir.
Diagramme 12.31
1...h5!
De la sorte, les Noirs peuvent se mainte­
nir en quatrième rangée et toujours garder
le contrôle des cases critiques de leur pion.
Les autres coups perdent : l...h6 2.g4+ 'ît g5
3.@g3! h5 (3... @f6 4.@f4 - nous connais-­
sons déjà cette position) 4.h4+ @g6 5.g5-­
(c'est une position théorique connue) 1._
@g5 2.@e4 h5 3.@e5 h4 4.h3+-.
2.@e3
2.h3 h4= et l'opposition permet de
défendre les cases critiques du pion
bloqué ; 2.h4 @e5 et là encore on défend les
cases critiques.
2...@e5 3.g3 @f5 4.h3
4.@f3 @g5 5.h3 @f5=.
4...@e5=
Il n'y a pas moyen de progresser.
Même si l'on ne peut pas dire que nous
ayons fait une analyse exhaustive de toutes
les positions, nous sommes tout de même
en mesure de dégager quelques conclu­
sions utiles.

204

Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
deuxième rangée, le plus simple et le plus
sûr est d'attendre.
2.@g4 @f6 3.@h5 @g7 4.@g5
C'est maintenant le moment clé pour les
Noirs. Les Blancs vont jouer 5.@h6 au pro­
chain coup puis ils avanceront leurs pions.
Il faut compter les coups de façon à se
mettre en h8 quand les Blancs joueront g6.
Cela fera six coups blancs, si bien qu'au
septième coup noir à partir de maintenant
on doit arriver sur une case noire - et donc,
il faut aussi se mettre sur une case noire au
premier coup. L'autre méthode est d'appli­
quer la règle de Bird : comme les pions
seront sur des cases de couleurs différentes
quand le Roi blanc arrivera en h6, le Roi
noir devra répondre en se mettant sur la
couleur opposée, donc en g8, qui est par
conséquent la seule case sur laquelle il ne
doit pas se rendre maintenant.
4...@h8!
4...@g8?? 5.@h6+-.
5.@h6 @g8 6.g4 @h8 7.g5 @g8 8.h4 @h8
9.h5 @g8 10.g6 hxg6 11.hxg6 @h8=.
Une importante position de
défense
Cependant, même quand les pions
blancs sont encore sur leurs cases de
départ, les Noirs ont quelques chances de
nulle, pour peu que leur Roi soit en qua­
trième rangée.
On voit sur le diagramme une importante
position de défense, qu'il ne faut pas oublier.
Les Noirs ne peuvent pas laisser le Roi blanc
avancer, mais ils font nulle avec un coup que
l'on a mis très longtemps à découvrir.
204
- - - -
-------·-
-----·-
- -
- - -�-
----
- a -80
Diagramme 12. 31
1...h5!
De la sorte, les Noirs peuvent se mainte­
nir en quatrième rangée et toujours garder
le contrôle des cases critiques de leur pion.
Les autres coups perdent : l...h6 2.g4+ @g5
3.@g3! h5 (3...@f6 4.@f4 - nous connais­
sons déjà cette position) 4.h4+ @g6 5.g5+­
(c'est une position théorique connue) 1...
@gS 2.@e4 hS 3.@eS h4 4.h3+-.
2.@e3
2.h3 h4= et l'opposition permet de
défendre les cases critiques du pion
bloqué ; 2.h4 @e5 et là encore on défend les
cases critiques.
2...@e5 3.g3 @f5 4.h3
4.@f3 @g5 5.h3 @f5=.
4...@e5=
Il n'y a pas moyen de progresser.
Même si l'on ne peut pas dire que nous
ayons fait une analyse exhaustive de toutes
les positions, nous sommes tout de même
en mesure de dégager quelques conclu­
sions utiles.
 Finales de pions m
Conclusions :
f) Il est avantageux pour le camp fort de garder les pions sur leur case initiale (au moins l'un
g'entre eux) et d'avancer avec le Roi.
2) Si l'attaquant amène son Roi en h6 tout en gardant un pion sur sa case origine, il gagne.
,'3) Un pion en g4 peut compliquer l'accès à la case h6, parce que les Noirs ont la ressource de
jouer h6 le moment voulu. C'est pourquoi le camp fort a davantage intérêt à garder le pion
g que le pion h en seconde rangée.
4) Si les deux pions du camp fort ont déjà joué, le camp faible peut annuler en gardant son
pion sur la case d'origine.
5) Mais si les deux pions adverses sont en deuxième rangée, il ne sert à rien au défenseur
d'attendre avec son pion sur la case origine ; dans ce cas, la meilleure défense consiste à avan­
cer avec le Roi et, s'il atteint la quatrième rangée, on peut tenir en avançant aussi le pion en
quatrième rangée.

Section 4. Les finales avec un plus grand nombre de

pions. Quelques thèmes des finales de pions

Dans cette dernière section, nous allons examiner quelques exemples avec plus de
pions, chose que nous n'avons pas faite pour les finales avec des pièces.
La raison en est que, dans les finales de pions, il existe un certain nombre de situations
typiques (ou thèmes) qui ne sont pas seulement un facteur positionne! plus ou moins
important mais constituent un avantage très concret, souvent décisif, que l'on peut tou­
jours exploiter au moyen de procédés connus.
De plus, ces thèmes peuvent aussi se rencontrer dans des positions avec davantage de
pièces, bien que dans ce cas leur application soit généralement plus complexe. Ainsi, leur
étude dans les finales de pions - les plus dépouillées qui soient - représente un premier
pas indispensable pour bien en comprendre la nature et être capable de les appliquer à
bon escient.
Pour les illustrer, nous allons utiliser les positions avec le plus petit nombre de pions
possibles, mais ces thèmes restent souvent décisifs dans des positions avec davantage de
pions.

205
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Finale 88
La lutte du Roi contre deux pions
passés
Le carré mobile
La lutte du Roi contre plusieurs pions
passés est plus fréquente quand il y a beau­
coup de pions sur l'échiquier, mais, pour
en comprendre les principes, il est préfé­
rable d'étudier quelques exemples sché­
matiques, même s'ils sont improbables en
pratique.
Diagramme 12.32
Dans la position que nous avons prise
pour exemple, le Roi noir ne peut pas par­
ticiper à la bataille, puisqu' il doit surveil­
ler la paire de pions des Blancs. Par contre,
il peut perdre des temps, ce qui est sans
importance ici mais pourrait être décisif
dans d'autres situations.
Le véritable combat se déroule entre le
Roi blanc et les deux pions noirs. Il existe
une règle pour nous aider dans les cas où
206
le Roi affronte des pions isolés
-- - - -
du carré mobile :
pions, séparés par plusieurs colonnes,
sont sur la même rangée et si le carré qu'ils
dessinent en direction du camp adverse
atteint le bord de l'échiquier, alors un des
pions sera promu. Sinon, il est impossible
de forcer la promotion.
Dans le cas où on ne peut pas faire
Dame, le résultat dépend de la distance
entre les pions, comme nous allons le voir
dans nos exemples. Quand les pions sont
séparés par deux colonnes, le Roi peut les
capturer et gagner la partie.
C'est ce qui se passe ici, peu importe qui
joue le premier.
1...a4
Avec le trait aux Blancs : 1.@c3 @h6
2.@d4 a4 3.@c3 et les Blancs gagnent
comme dans la variante principale.
2.@c3!
Il peut être erroné de s'en prendre fron­
talement au pion le plus avancé : 2.@b2?
d4-+ et maintenant, le carré mobile atteint
le bord de l'échiquier et un pion fera Dame.
Il est facile de le vérifier.
2...@h6 3.@b4+- d4 4.@xa4
Le Roi est toujours dans le carré du pion
d, il va donc le capturer et l'emporter.
Trois colonnes entre les pions
Quand les pions sont séparés par trois
colonnes, si le carré mobile n'atteint pas le
bord de l'échiquier, le Roi peut contrôler
les pions mais pas les capturer.

Diagramme 12.33
1.�c4!
Pour garder les pions sous contrôle, le
Roi dispose de trois cases sur la colonne à
égale distance des deux pions. Tant qu'il
reste sur ces cases, les pions ne peuvent pas
avancer. S'il les quitte, les pions avancent,
le carré mobile atteint le bord de l'échiquier
et l'un des pions sera promu.
l.�d4? serait une faute terrible à cause
de l...a5! 2.�c4 e5 et le carré mobile va
jusqu'au bord de l'échiquier. Un pion va
faire Dame: 3.�b5 e4 4.�c4 a4-+.
1...�h8!
Nous voyons ici que dans le cas présent
il est fondamental pour le Roi noir de pou­
voir perdre des temps. Si un pion avance
tandis que le Roi blanc est sur une des
cases de contrôle, les pions seront perdus
l...a5? 2.�b5 e5 3.�xa5+- et le Roi est dans
le carré du pion e.
2.�c5
Forcé.
2...�h7 3.�c4 �h8
La nulle est évidente.
Finales de pions m
Les pions ne sont séparés que par
une colonne
Diagramme 12.34
Quand il n'y a qu'une seule colonne
entre les pions, ils peuvent se défendre
entre eux, même si leur carré mobile
n'atteint pas le bord de l'échiquier. Quand
il l'atteint, il leur faudra bénéficier d'un
Zugzwang pour forcer la promotion de
l'un d'entre eux sans aide extérieure (ce qui
n'était pas le cas pour des pions séparés par
plusieurs colonnes).
1...�h8
Le Roi noir ne peut pas faire plus que
de perdre des temps, mais dans le cas pré­
sent cela suffit pour gagner. Maintenant, le
Roi blanc doit laisser passer l'un des pions,
car il ne dispose que d'une seule case de
défense.
2.�c2 a2-+
207
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
Finale 89
Le pion passé protégé
En finale de pions, un pion passé pro­
tégé est toujours un grand avantage, sur­
tout s'il y a d'autres pions sur les deux
ailes. La raison en est que le Roi adverse est
obligé de rester dans son carré pour éviter
qu'il ne soit promu, tandis que l'autre Roi
est libre de ses mouvements.
Moins il y a de pions sur l'échiquier,
moins l'avantage est important, et il ne
suffit pas toujours pour gagner.
Nous allons voir quelques exemples
dans lesquels le camp faible dispose d'un
pion éloigné. Cette situation a une certaine
importance théorique, mais, ainsi qu'il en
va de tous les exemples de cette section, le
plus important est que l'on peut extrapoler
dans des positions plus complexes.
Diagramme 12.35
Dans cette position, le Roi noir s'efforce
de maintenir la zone et de défendre le pion
éloigné.
208
Naturellement, les Blancs gagneraient si
leur Roi atteignait la quatrième rangée.
1...'�d5! 2.@d3
L'opposition ne sert pas à grand-chose
dans ce cas, puisque le Roi blanc ne peut
pas atteindre la rangée suivante.
2...@e5!
2...@c5? serait une faute: 3.@e4+-; 2...
@c6? 3.@e4+-.
3.@c3 @d5 4.@b4 @c6!
Le Roi noir défend le pion juste à temps
en se maintenant dans le carré. Il est utile
de vérifier par soi-même que les essais de
triangulation échouent.
5.@a5 @c5
Et les Blancs se voient forcés de jouer f6
et d'échanger les pions.
6.f6 @d6 7.@xb5 @e6 8.@c5 @xf6 9.@d5
Les Blancs gagnent le pion g5 mais,
comme nous le savons déjà (Finale 80),
la partie est nulle. Ce serait différent si le
pion noir était en sixième rangée.
Nous pouvons en déduire la conclusion
suivante:
1 Conclusion : le Roi de la défense peut pro­
! téger un pion qui se trouve dans le carré du
pion passé protégé adverse ou une colonne
plus loin, mais seulement dans des circons­
tances favorables.
Le pion passé adverse est à deux
colonnes du carré du pion passé
protégé
Ici, le carré du pion blanc ne permet pas
au Roi noir de défendre son pion éloigné.
Par conséquent, les Noirs perdent.

1.@d3 @d5 2.@c3 @es 3.@b3 @d5
4.@a4+-.
Diagramme 12.36
Le pion passé protégé est en
sixième rangée
Diagramme 12.37
Quand le pion bloqué du défenseur est
en sixième rangée, il ne sert pas à grand­
chose que l'on puisse défendre le pion éloi­
gné tout en restant dans le carré du pion
Finales de pions E!J
passé protégé.
l.@d4 @d6 2.@c4 @e6 3.@c5 @d7 4.f7!
Les Blancs forcent l'échange de leur pion
passé pour les deux pions noirs et arrivent
à une finale théorique gagnante.
Conclusion : avec un pion passé protégé en
sixième rangée, on gagne toujours (sauf si
les pions bloqués sont des pions-tours).
Finale 90
Le pion passé éloigné
Un autre avantage important en finale
de pions est un pion passé éloigné. La
raison en est que l'on peut se servir du
pion en question pour « éloigner » le Roi
adverse de l'aire de combat, simplement en
l'avançant. Ainsi, il importe que le pion ne
soit pas seulement éloigné des Rois, mais
aussi du champ de bataille où se trouvent
d'autres pions qui peuvent tomber.
Ce thème est particulièrement impor­
tant dans les finales avec de nombreux
pions, mais aussi dans certaines finales
de pièces (là encore avec plusieurs pions),
notamment en finale de Cavaliers, de Fou
contre Cavalier, de Fous de même couleur
et, à un degré moindrf, en finale de Tours.
Si l'idée sous-jacente au principe du pion
passé éloigné est bien comprise, nous ver­
rons clairement dans quel cas il peut s'agir
d'un avantage.
209
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
Diagramme 12.38
Dans cet exemple schématique, les
Blancs gagnent grâce à la stratégie typique :
1) Ils avancent le pion passé éloigné.
2) Le Roi noir doit« aller le chercher».
3) Le Roi blanc prend tout de l'autre
côté.
Normalement, le processus est un peu
plus compliqué, mais l'idée de base est
toujours la même.
1.h4 We6 2.h5 Wf6 3.h6 Wg6 4.Wxe5
Wxh6 5.Wd5+-Wg6 6.Wcs Wf6 7.Wxbs We7
8/J?c6 et les Blancs gagnent.
Finale 91
Les pions doublés
Sur l'aile où leur camp a une
majorité
Normalement, les pions doublés sont
un désavantage à n'importe quel moment
de la partie, bien que beaucoup dépende
210
de la situation concrète. En finale de pions,
le principal inconvénient réside dans la
difficulté de créer un pion passé.
Diagramme 12.39
Parfois, les pions doublés rendent même
impossible la création d'un pion passé,
comme c'est le cas ici. Cela revient à dire
que si les pions doublés sont du côté où
leur camp a une majorité de pions, leur
camp joue pratiquement avec un pion de
moins.
Une fois encore, nous prenons l'exemple
d'une situation simplifiée à l'extrême. Le
plan typique du camp fort est le suivant :
1) Créer un pion passé.
2) Avancer le pion passé pour attirer le
Roi adverse.
3) Au moment opportun, envahir l'aile
opposée et prendre les pions de l'adver­
saire.
1.f5+ gxfS+ 2.gxf5+ @f6 3.@f4
3.@d5? serait prématuré, car il y a deux
pions à prendre et cela prend du temps : 3...
@xf5 4.@c5 @e5 5.@xb5 @d4 6.@b6 @c4=.
3...@f7 4.@e5 We7 5.f6+ @f7 6.@f5 @e8

7.\Îfe6 \Îff88.\Îfd6 \Îff7 9.\Îfc7\Îfxf6 10.\Îfxb7
\Îfe711.'�b6 @d812.@xb5+-.
Sur l'aile où leur camp n'a pas de
majorité
Si, au contraire, les pions doublés sont
dans une zone où leur camp n'a pas de
majorité de pions, ils peuvent remplir
sans problème leur rôle défensif, même si
leur manque de souplesse est toujours un
inconvénient à prendre en compte.
Diagramme 12.40
Les Noirs font nulle quel que soit le
trait. Si c'est à eux de jouer, par 1...f5!+. Si
c'est aux Blancs...
1.@d4
1.g5 f5+! (forcé ; 1...fxg5 perd à cause de
la position dominante du Roi blanc : 2.fxg5
@d6 3.@f5 \Îfe7 4.\Îfe5 \Îfd7 5.\Îfd5+- et le
Roi blanc va prendre le pion b5 et gagner la
course) 2.\Îfd4 \Îfd6 et les Blancs n'ont pas
moyen de passer.
3...\Îfd6 4.f5 @c6=.
Il est impossible de progresser.
Finales de pions m
Finale 92
Les percées loin du Roi
Quand il y a beaucoup de pions mobiles
et que les Rois sont éloignés, il faut faire
attention à d'éventuelles ruptures qui per­
mettraient de forcer une promotion, même
si cela implique le sacrifice de nombreux
pions.
C'est un thème évident pour qui le
connaît, mais nombreux sont les joueurs
qui en ont été victimes. On ne peut pas
établir de règle générale pour les ruptures,
mais c'est sans importance: il suffit de sur­
veiller toutes les ruptures possibles.
En analysant quelques cas, on déve­
loppe un certain sens du danger, mais il ne
faut jamais pécher par excès de confiance.
Diagramme 12.41
Le cas de ce diagramme est l'un des plus
connus. Si le trait aux Blancs, ils peuvent
forcer la promotion d'un pion. Si c'est aux
Noirs de jouer, ils ne doivent pas ramener
leur Roi, qui n'arrivera pas à temps, mais
211
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

jouer 1...b6!, évitant toutes les ruptures.

l.b6!
Et de quelque façon que les Noirs
prennent, un pion blanc va atteindre la hui­
tième rangée. 1.c;tidl? b6= (1...c;tid4? 2.b6!+-).
1...axb6
l...cxb6 2.a6!+-.
2.c6 bxc6 3.a6+-

Préparation d'une rupture.

Une paire de pions bien innocente

Diagramme 12.42

Ce cas est intéressant, parce que la paire

de pions des Blancs paraît bien innocente
et parce qu'il nous enseigne une nou­
velle technique. Parfois, il est plus effi­
cace d'avancer d'abord le pion qui n'a pas
d'homologue sur sa colonne.
Cette paire de pions apparemment inof­
fensive a fait bien des victimes, dont Capa­
blanca.
1.h6!
Et les Blancs gagnent. Les Noirs ne
peuvent pas arrêter le futur pion passé h.
1•••<;tie6 2.g6+-.

212
 13. LES AUTRES RAPPORTS r
MATERIELS
Dans ce dernier chapitre de théorie, nous incluons diverses finales dont l'importance
tient à des raisons variées, même si le rapport matériel est plutôt inhabituel.
Finale 93
Le mat avec Fou et Cavalier
La première de ces finales est le mouton
noir des mats contre le Roi dépouillé.
Depuis toujours, le mat avec Fou et Cava­
lier inspire une certaine crainte aux ama­
teurs, parce que, même s'il est expliqué
dans de nombreux livres, il n'est pas facile
à exécuter en pratique. Plus d'un maître a
eu à rougir de ne pas avoir réussi à mater,
ou de n'y être parvenu qu'avec une tech­
nique très perfectible.
Ce qui est sûr, c'est d'une part que c'est
une situation qui se présente rarement,
sans doute parce que le joueur avec l'avan­
tage matériel tâche de l'éviter, et d'autre
part qu'elle n'a pas d'application pratique
dans les autres finales, sauf si l'on veut
bien admettre que son étude peut amélio­
rer la compréhension de la complémenta­
rité entre Fou et Cavalier. Mais il faut la
connaître! Que ce soit parce qu'il serait
difficile à avaler de ne pas réussir à mater
dans un tournoi, ou parce qu'un bon joueur
d'échecs se doit d'avoir un minimum de
culture échiquéenne, le fait est qu'il faut la
connaître. Et nous allons nous y employer.
Avant de nous pencher sur des positions
concrètes, voici quelques considérations
préliminaires :
A) L'erreur la plus fréquente est proba­
blement de vouloir apprendre à mater de
façon totalement mécanique, comme pour
le mat avec la Darne ou une Tour. Il faut
s'enlever cette idée de la tête; le mat avec
Fou et Cavalier est facile, mais pas auto­
matique, il demande un peu de réflexion
aux moments clés. Il vaut mieux ne pas
l'oublier. Après tout, le jeu d'échecs est un
jeu de réflexion, oui ou non ?
B) On ne peut donner le mat que dans
un coin de la couleur du Fou. Dans les
coins de l'autre couleur, c'est tout simple­
ment impossible.
C) Il importe aussi de savoir qu'il existe
des schémas de mat à la bande, et même si
le mat ne peut pas être forcé ailleurs que
dans un coin, ces configurations peuvent se
présenter dans certaines variantes, ce qui
permet d'empêcher le Roi de s'enfuir.
D) Dans la position initiale la moins
favorable, on peut forcer le mat en 33
coups. Cela semble très proche de la limite
légale de 50 coups et paraît ne laisser
qu'une faible marge d'erreur, mais cela est
trompeur. Avec une bonne technique, il est
difficile de perdre beaucoup de coups par
une imprécision. Les moments où il faut
213
 Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître

être vraiment précis, pour ne pas se retrou­ Avant d'examiner la technique pour
ver à la case départ, sont rares et, comme il mater à l'aide d'un exemple, il est utile
est logique, ce sont ceux sur lesquels nous d'observer la série de diagrammes sui­
allons insister. vante:

Diagramme 13.1 Diagramme 13.2 Diagramme 13.3

Une barrière Une barrière La cage

214

Comme on le voit sur ces diagrammes,
qui peuvent se produire sur le chemin du
mat (et se rencontrent de fait souvent),
le Fou et le Cavalier, bien coordonnés et
situés sur des cases de même couleur, ont
la capacité de créer des barrières pour faire
obstacle au Roi adverse - et il y a beaucoup
plus de barrières que les trois illustrés par
ces diagrammes. De la sorte, ils empêchent
le Roi de s'échapper aux moments clés.
Au diagramme 13.1, ils ont besoin de
l'aide de leur Roi pour colmater les brèches
dans le haut du diagramme, mais nous sup­
poserons qu'elle est acquise. Si le Roi noir
est par exemple en b5, il lui faudra faire un
grand détour pour s'enfuir, et le Roi blanc
n'aura pas de mal à verrouiller la sortie.
Au diagramme 13.2, qui se produit dans
une variante très importante de l'étape
décisive de la finale, les Blancs ont besoin
que leur Roi se trouve en d6 (et c'est pré­
cisément la case qu'il occupe habituelle­
ment).
Mais le troisième diagramme, où la bar­
rière formée par les deux pièces mineures
est infranchissable et où le Roi noir se
trouve enfermé dans une véritable cage,
est particulièrement important. Le conduc­
teur des Blancs peut jouer les coups res­
tants plus sereinement. Le plus intéressant
est que cette position peut se produire en
appliquant la méthode de mat la plus com­
mune et, mieux encore, qu'elle arrive sans
perte de temps au cours de la manœuvre
de mat la plus rapide !
Les autres rapports matériels l!J
Il n'est pas nécessaire de mémoriser ces
positions, il suffit que vous ayez lu les com­
mentaires et que vous y jetiez de nouveau
un coup d' œil chaque fois que l'on fait
référence à l'une d'entre elles. Nous allons
maintenant passer à un exemple concret.
Nous emploierons la méthode classique,
même si la méthode des triangles de Delé­
tang est aussi très valable.
D'ailleurs, les diagrammes 1 et 3 de la
série ci-dessus montrent des étapes de la
méthode des triangles, plus précisément
le grand triangle et le triangle médian.
Bien que je ne recommande pas d'étudier
les deux méthodes, il est vraiment utile
d'observer attentivement le diagramme
13.1 et il faut savoir que cette disposition de
pièces mineures peut servir dans les étapes
initiales du confinement du Roi adverse.
Diagramme 13.4
Cette position de départ est l'une des
pires pour les Blancs, dont toutes les pièces
sont loin du centre. En jouant parfaitement,
les Blancs font mat en 30 coups. Cepen­
dant, nous ne chercherons pas la perfection
215
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
et nous contenterons d'une continuation
logique, ce qui nous fera perdre quatre
coups en chemin.
De toute façon, je vous préviendrai
chaque fois que nous perdrons un coup, et
si le coup le plus précis vous semble aussi
le plus logique, je n'aurai rien à y objecter.
Ceux que l'on fera jouer à la perfection
et qui choisiront toujours le coup le plus
résistant (dans la variante principale), ce
sont les Noirs. Commençons par définir
notre plan:
1) Amener le Roi au centre pour en
chasser le Roi adverse.
2) Centraliser à son Tour le Cavalier,
parce que c'est une pièce à courte portée.
3) Repousser le Roi adverse à la bande,
où il choisira de se diriger vers le coin de
couleur opposée au Fou (s'il ne le fait pas,
la solution sera beaucoup plus courte).
Nous appellerons ce coin le coin sûr. Dans
le cas présent, il s'agit de a8.
4) Placer notre Roi sur la case de la
grande diagonale opposée au coin (dans ce
cas, c6), que nous appellerons case pivot.
5) Déloger le Roi du coin sûr avec le
Cavalier (depuis c7 ou b6).
6) Déloger le Roi de la case adjacente au
coin sûr avec le Fou (depuis a7 ou b8).
7) Amener le Roi adverse dans le coin
de couleur opposée (coin du mat) par une
manœuvre très précise que nous détaille­
rons le moment venu.
8) Enfermer le Roi dans la cage. Voir le
diagramme 13.3.
9) Amener notre Roi à distance de Cava­
lier du coin, f7 ou g6, sur une case que nous
appellerons la case de mat.
10) Se préparer à mater, ce qui se pro-
216
<luira en donnant deux échecs consécutifs,
un de chaque pièce.
Je recommande de faire particulière­
ment attention à l'exécution de la septième
partie du plan.
1.@g3
1) Amener le Roi au centre
1...@eS 2.@f3
2.4Jf2! économise un temps, mais j'en
reste au plan d'amener le Roi au centre.
2...@dS 3.@f4 @d6 4.@e4 @c6 5.4Jg3
Une fois que le Roi blanc occupe l'une
des quatre cases centrales, nous passons à
la phase 2, centraliser le Cavalier.
5...@d6 6.4Jf5+ @c6 7.@eS @d7 8.@dS
@c7 9.�cs
3) Repousser le Roi adverse à la bande.
C'est le moment où il est le plus facile
de perdre quelques coups, parce que les
coups qui mènent au dénouement le plus
rapide ne mettent pas l'accent sur l'idée de
conduire le Roi à la bande. Je pense que
c'est un critère simple et clair. Le Fou se
prépare à répondre à ... @d7 par �d6, qui
conduirait tout de suite le Roi à la bande.
9.4Jd6! @d7 10.4Jb5 économise un temps,
mais je ne vois pas comment en exprimer
la logique dans un plan clair.
9...@b7 10.@d6
Ce coup conduit le Roi à la bande.
10.4Jd6+! gagne à nouveau un temps.
10...@bS
10...@a6 représente un essai un petit peu
illogique de s'échapper en direction du coin
de mat, mais il faut l'analyser: 11.@c6 @a5
12.�d4 @b4 13.4Je3 et les pièces mineures
créent une barrière qui, avec l'aide de leur

Roi, enferme définitivement le Roi adverse
dans les parages du coin de mat.
11.'�c6
4) Le Roi prend la case pivot. À partir
de là, le reste de la finale est complètement
automatique.
11... @a812.l2Jd6
5) Le Cavalier se rend sur la case c7 pour
déloger le Roi du coin.
12 ...@bS 13.'LJbS @a8 14.l2Jc7+ @b8
15. i.d4 @c816.i.a7
6) Le Roi est expulsé de la case adjacente
au coin sûr.
Diagramme 13.5
(la trajectoire du Cavalier)
C'est ici que commence la phase la
plus délicate en pratique. Il convient de la
mémoriser, mais ce n'est pas difficile, une
fois qu'on l'a analysée, si l'on en suit le fil
logique.
Il faut conduire le Roi du coin sûr au
coin de mat, et il y a une variante où le Roi
quitte la bande et semble s'échapper à toute
vitesse - mais si l'on est attentif, il n'y arri­
vera pas : il existe un coup très facile pour
Les autres rapports matériels m
l'empêcher et c'est toujours le même.
Pour le moment, mémorisons la méthode
suivante : le Cavalier (qui se trouve néces­
sairement en c7 pour déloger le Roi du
coin) suivra désormais la route signalée
sur le diagramme, allant au moins une
fois de la septième à la cinquième rangée
puis de la cinquième à la septième (en
dessinant un V), après quoi tout dépend
de la décision du Roi noir au moment clé
- s'il s'obstine et reste à la bande, le Cava­
lier répétera la manœuvre, de la septième
à la cinquième rangée et de la cinquième
à la septième (achevant le dessin d'un W),
mais si le Roi tente de s'échapper, on com­
mencera par former une barrière avec les
deux pièces mineures et c'est ensuite que le
Cavalier viendra construire la cage.
Qui, à votre avis, a découvert toute cette
manœuvre? Exact, c'est Philidor!
16...@d817.'LJd5 @e818.@d6
C'est le moment de la décision cruciale
pour le Roi noir. En pratique, il tente plus
souvent de s'échapper, et c'est aussi la ligne
la plus longue.
18...@f7
18...@d8 est une variante plus faible, où
le Cavalier va répéter sa manœuvre de la
septième à la cinquième rangée puis de la
cinquième à la septième. D'abord, il faut
compléter le premier cycle : 19.l2Je7 @e8
20.@e6 @d8 2Lii.b6+ (de nouveau, le Fou
confisque la case noire) 21...@e8 22.i.c7
(encore un Zugzwang) 22...@f8 23.l2Jf5 (le
Cavalier répète la manœuvre) 23...@e8
24.l2Jg7+ @f8 25.@f6 @g8 26.@g6 (26.l2Je6
@h7 27.i.f4 @g8 28.@g6 @h8 29.@f7 @h7
30.l2Jf8+ @h8 31.i.eS#) 26...@f8 27.i.d6+ (et
le Fou s'occupe encore des cases noires)
217
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
27...Wg8. Au passage, le Roi blanc est
arrivé sur la case de mat. Il n'y a plus qu'à
préparer les deux échecs successifs qui
conduisent au mat : 28.ébfS @h8 (tiens, si
nous donnons maintenant deux échecs, le
Roi s'échappe? Perdons donc un temps !)
29..icS @g8 30.ébh6+ @h8 31..id4#.
19.ébe7@f6 (D)
Diagramme 13.6
Il semble que le Roi se soit échappé, mais
c'est une illusion d'optique. Observez les
deux cases que contrôle le Cavalier. Vous
avez sûrement deviné quelle case le Fou doit
contrôler (g5), et donc quel est le coup qui
s'impose. Si le Roi noir s'était rendu en g7, le
même coup de Fou aurait permis de contrô­
ler aussi la case par laquelle il aurait menacé
de s'échapper (h6) (diagramme 13.2).
20..ie3!
C'est le coup relativement difficile de
la finale, mais seulement quand on ne le
connaît pas. Le Cavalier et le Fou forment
une barrière qui empêche le Roi noir de
s'échapper par la droite, tandis que sur la
gauche se trouve le Roi blanc.
218
20...@f721..tgs
Le Fou commence maintenant à
construire la cage.
21...@eS
21...@g7 facilite les choses : 22.@e6.
22.ébc6
Le Cavalier participe à son Tour à la
construction de la cage.
22...@f7 23.ébeS+@eS 24.@e6
La cage est faite. Regardez de nouveau
le diagramme 13.3.
24... @fS 25.@d7@g8 26.@e8
26..ih6! économise un temps et fait sens
parce que cela crée une cage plus étroite,
mais il me semble plus naturel de rappro­
cher le Roi.
26...@g7 27.@e7 @g8 28..ih6 @h7
29..tfs Wg8 30.WeS @h8 31.@f7
Le Roi prend la case de mat.
31...@h7 32.ébg4
On prépare le mat.
32...@hS 33..ig7+ Wh734.ébf6#
Maintenant, observez calmement les dia­
grammes 13.5, 13.6 et 13.3. Ne cherchez pas à
les mémoriser. Réfléchissez à ce que chacun
représente. Il s'agit de trois moments clés
dans l'exécution du mat selon la méthode
classique, et ils sont pratiquement incon­
tournables quelle que soit la méthode.
Tour et Fou contre Tour
La finale de Tour et Fou contre Tour se
rencontre assez souvent. Même si la nulle
est le résultat théorique de la plupart des
positions, le camp fort l'emporte souvent
en pratique.

En effet, la défense est difficile et, sur­
tout, ennuyeuse, et la fatigue peut aider à
tomber dans l'une des positions perdantes
ou même à faire une gaffe.
Le mode de jeu actuel, avec des par­
ties au finish et un rythme assez rapide,
rend presque indispensable de connaître
les méthodes de défense pour avoir une
chance de tenir la finale en pratique. Les
méthodes d'attaque dans les positions
gagnantes sont également difficiles, c'est
pourquoi il est utile de les avoir étudiées
au moins une fois, mais comme il est rare
que le défenseur trouve les coups les plus
tenaces, on peut les exécuter si l'on a une
idée de ce qu'on recherche, et il n'est pas
nécessaire de les mémoriser aussi précisé­
ment.
Finale 94
Le Roi à la bande
La position de Philidor
Le camp fort ne peut pas forcer le gain
contre une défense correcte. Quoi qu'il
en soit, si l'on ne compte pas les possibi­
lités de gaffe, on peut essayer de gagner
en amenant le Roi adverse à la bande et
en mettant le sien en opposition. Dans les
positions similaires à celle du diagramme
ci-dessous, les Blancs gagnent par une
manœuvre très précise déjà analysée par
Philidor au XVIIIe siècle.
Une fois que l'on en a analysé toutes les
subtilités, on ne peut pas faire autrement
que tirer son chapeau au génial Français
Les autres rapports matériels El
pour l'exactitude de ses analyses et son
énorme talent. C'est encore un exemple de
ce dont l'esprit humain était capable avant
que l'on découvre les modules d'analyse.
La position du diagramme suivant est
connue comme position de Philidor. Elle
est caractérisée par le placement des deux
Rois et du Fou. Si, dans la position initiale,
le trait est aux Noirs, ils peuvent faire nulle,
mais seulement moyen de 1...�d7+, et par
conséquent, si leur Tour ne peut donner cet
échec (par exemple si elle se trouve en e2),
ils perdent même si c'est à eux de jouer.
Diagramme 13.7
Au trait, les Blancs gagnent. La
manœuvre est longue et compliquée, si
bien qu'il est difficile de la mémoriser en
entier, d'autant plus qu'il peut se passer
des années avant que l'on ne rencontre
cette position dans une partie de tournoi.
Par conséquent, il vaut mieux bien l'ana­
lyser une fois et en retenir les idées essen­
tielles. Si l'on procède ainsi, il se peut que
devant l'échiquier, si l' on a assez de temps,
219
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître
on puisse reconstituer la manœuvre. Pour
commencer, observons combien le Roi et le
Fou blancs confinent le Roi noir à la bande.
1..�f8+!
Le premier coup est évident : il faut
forcer la Tour noire à quitter la seconde
rangée.
1...:es 2.:f7
Maintenant, les Noirs doivent se déci­
der. Face à la menace Ma7-l:fa8, la Tour
noire doit abandonner la première rangée,
mais il est difficile de deviner quelle case
est la meilleure entre e3, e2 et el.
2...Me2!
C'est le choix le plus résistant, la raison
en étant que la case d'échec sur la colonne
du Roi blanc est de couleur noire, et donc
ne peut être contrôlée par le Fou (voilà qui
est susceptible d'orienter notre mémoire à
l'avenir). Maintenant, les Blancs devront
perdre un temps pour forcer la Tour noire
à quitter la position idéale. D'autres coups
perdraient plus rapidement mais il est
intéressant de suivre les variantes, parce
que les manœuvres de l'attaquant sont
récurrentes.
2.. /J.,c8?! 3.Ma7 Md8+ 4.@c6 @b8 5.Mb7+
@a8 (5...@c8 6.i.e6+) 6.:bs @a7 7.Ma5+
@b8 8.'.tib6+- et le mat est inévitable ; 2...
Mh8?! 3.Ma7 Mh6+ 4.i.e6 conduit à un
dénouement rapide.
3.:h7! Mel!
Il est évident que les coups de Roi
perdent et la défense serait moins tenace
depuis e3. Vérifions-le : 3...:e3 4.Md7+
- cet échec, qui vise à gagner du temps
pour amener la Tour en quatrième rangée
et menacer mat avec i.c6+, est l'un des
procédés typiques de cette position ; les
220
Noirs sont sur la corde raide - 4...@e8 (4...
@c8 5.Ma7+- suivi du mat puisque Mb3
est impossible) 5.Ma7 @f8 6.:f7+ (tou-
jours pour gagner du temps) 6...@e8 7.Mf4!
(menaçant 8..tc6+) 7...@d8 (7...Md3 8.:g4)
8.i.e4!+- - c'est le coup clé: la Tour noire
est maintenant inutile, puisqu'elle ne peut
ni faire échec ni revenir sur la première
rangée, et il n'y a plus de défense contre la
menace de mat.
4.:b7
Le transfert de la Tour d'une aile à
l'autre est un autre procédé caractéristique
de cette finale. La Tour noire aura ici moins
de cases que dans la variante 4.il.b3 :e2!,
où elle retrouverait la deuxième rangée,
plus résistante.
4...Mcl (D)
4...@c8 5.Ma7 :bl 6.Mf7! (de nouveau un
changement d'aile) 6...@b8 (6...Mb6+ 7..tc6)
7.Mf8+ @a7 8Jfa8+ @b6 9.Mb8++- et les
Blancs gagnent la Tour.
Diagramme 13.8
5.i.b3!!
La véritable pointe de la finale. Le Fou

contrôle la case dl (évitant l'échec) ainsi que
la case c2 (empêchant la Tour de retourner
sur la seconde rangée tout en créant une
position de Zugzwang: le Roi ne peut pas
bouger et la Tour doit dégrader sa position.
5 ...Î:Îc3
5...@c8 6.î:îb4 (menaçant 7.�e6+) 6...
Wd8 7.1.:i'.h4 1.:i'.el (7...@c8 8.�dS @b8 9.î:îa4
suivi du mat) 8.�a4! (encore un joli coup,
qui menace mat tout en contrôlant dl) 8...
@c8 9.î:îb4 et il n'y a pas de défense contre
10.�d7+.
6.�e6 (menace mat) 6...1.:i'.d3+ 7.�d5
La menace de mat empêche la Tour de
reprendre la meilleure position de défense.
7...1.:i'.c3
Maintenant, la manœuvre des Blancs est
similaire à celle que nous avons vue contre
la défense 3...î:îe3.
8.1.:i'.d7+
De nouveau, cet échec pour gagner du
temps.
8 ...@c8
8...We8 9.1.:i'.g7+- suivi du mat puisque
1.:i'.f3 est impossible.
9.î:îh7 @b8 10.î:îb7+
Encore un gain de temps.
10...c;.tics n.1.:i'.b4
On menace12.�e6+ tout en préparant le
coup suivant.
11...WdS
ll...1.:i'.d312.1.:i'.a4+-.
12.�c4!+-
La position est presque la même qu'à la
fin de la variante 3...î:îe3.
Maintenant, si vous avez suivi ces ana­
lyses avec attention, vous êtes sûrement
capable de retrouver la manœuvre de gain
Les autres rapports matériels m
sans regarder le livre, mais vous avez dû
aussi vous rendre compte de sa complexité,
qui la rend impossible à garder en mémoire
sur le long terme.
Nombreux sont les grands maîtres
qui ont obtenu la position de Philidor
puis se sont égarés en chemin. Pire, il y a
des années, à l'ajournement d'une partie
du Championnat d'Espagne par équipe
(Celaya-San Claudio, Ponferrada 1992),
j'ai vu plusieurs grands maîtres essayer en
vain de reconstituer la manœuvre de gain.
C'est pourquoi je crois qu'il vaut la peine
d'en résumer les idées essentielles. Avoir
ces idées bien en tête, être concentré et
disposer de suffisamment de temps nous
permettra de retrouver les coups sur l'échi­
quier, si l'on est confronté un jour à cette
finale.
::.,::-�::.:::pour la défe::::-1
la deuxième et la première (du point de vue
du défenseur, la septième et la huitième).
La deuxième est la plus tenace (parce qu'on
peut donner échec sur une case de couleur
opposée au Fou).
Pour chasser la Tour du défenseur de la
deuxième rangée, il faut recourir au Zug­
zwang.
Une fois la Tour chassée de la deuxième
rangée, il faut combiner des échecs pour
gagner du temps avec des changements
d'aile (pour affaiblir la position de la Tour du
défenseur), de manière à préparer le coup
de Fou qui constitue la pointe de la finale.
Le coup de Fou décisif doit contrôler la case
d'échec de la Tour adverse.
221
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Les Rois sur une colonne fou
(Lolli)
La manœuvre de Philidor marche sur
les quatre colonnes centrales, même si
c'est Lolli qui a analysé celles où les Rois
sont sur une colonne fou et si quelques
variantes sont différentes. Les voici sans
commentaires.
Diagramme 13.9
1..l:.e8+ .l:.d8 2..l:.e7 .l:.d2
2....l:.h8 est une autre défense qui n'est
pas possible sur les colonnes centrales,
mais elle ne marche pas : 3..l:.a7 �b8
4....l:.b7+ �as (4...�c8 5.i.d6+-) 5.i.d6.l:.hl
6....l:.g7 .l:.cl+ 7.i.cS .l:.bl 8..l:.g4 et on ne
pourra pas parer le mat qui commence par
.l:.a4.
3..l:.f7 .l:.dl 4 ..l:.a7 .l:.bl 5.i.a3 .l:.b3 6.i.d6
.l:.c3+ 7.i.c5 .l:.b3 8 ..l:.c7+ @b8 9..l:.h7 @as
10..l:.a7+
10..l:.h4 gagne plus vite.
10...@b811..l:.a4 @c812.i.b4+-.
222
Les Rois sur une colonne cavalier
(Lolli)
Diagramme 13 .10
Par contre, quand les Rois sont sur une
colonne cavalier, la manœuvre de Philidor
ne marche pas. Cette position, connue sous
le nom de position de Lolli, est nulle. Étant
donné que la défense est forcée, et que cela
la rend parfois plus facile, on peut s'en
servir comme méthode de défense si l'on
manque de temps.
Il est très important d'observer que,
dans ce cas, le défenseur doit conduire le
Roi dans un coin de la couleur du Fou. On
pourrait penser qu'il s'agit d'une méthode
de défense sûre (et c'est bien le cas si vous
êtes un ordinateur), mais elle ne tient qu'à
un fil et je ne la recommande pas. En prin­
cipe, il n'est pas nécessaire de l'étudier. Je
ne donnerai que quelques variantes avec
peu de commentaires.
1..l:.d8+ .l:.c8 2..l:.d7 .l:.cl 3 ..l:.f7 .l:.c2 4 ..l:.g7
La tactique d'attente ne mène à rien
puisqu'il n'y a pas de Zugzwang.
4 ....l:.cl 5.i.a4!
 Les autres rapports matériels m
C'est le coup le plus dangereux.
5..J!c3 6.i.c6 l!b3+! 7.i.b5 l!c3! 8.i.c6
l!b3+ 9.�c5
Le Roi se dirige vers d6 et les Noirs ne
peuvent pas l'empêcher.
9...l!bl
D'autres coups peuvent aussi faire nulle,
mais comme nous l'avons dit, il vaut mieux
avoir des repères clairs et le bord de l'échi­
quier en est un.
10.i.dS
10.�d6 l:tf1! (forcé).
10...l!fl!
Il faut être prêt à donner échec sur la Diagramme 13.11
sixième rangée.
11.�d6 1.l:th2
Construisant une sorte de position de 1.l:tc8+ l:tb8 2.l:tc7 l:tb7!.
Philidor, mais avec le Roi noir en b8 au 1...l!bl
lieu de d8. Un autre essai est 11.l!b7+!? 1...l!a7+ 2.@b6 l!b7+ 3.�c6 l!bl 4.i.c3!
�c8 12.l:te7 �b8! 13.�b6 ..:tel! 14..te6 l:tb 1 + l!b7 5.l!g2!+-.
15.�c6 l!cl + 16.�d6 l!hl 17.i.d5 l:th6=. 2.l!h6
ll...l!f6+! 12.i.e6 l!fl 13.l!g8+ @a7! 2.l!h3 l!b7 3.i.b6?? l!a7+!=.
14.i.d5 l:tdl 15.l:ta8+ �b6 16.l:tb8+ @a7 2...l!b7 3.i.b6 l!a7+ 4.�b5 l!f7 5.�c6
17.l:ta8+ @b6 18.l:ta2 l:tbl l!f8 6..tc7 l!g8 7.i.d6 l!e8 8.l!hl+-.
Arrivant à la défense en seconde rangée.

Finale 95
Les Rois sur une colonne tour
Le Roi est loin de la bande.
Quand les Rois sont sur une colonne La défense de Cochrane
tour, le camp fort gagne. Nous donnerons
les variantes sans commentaires. Le pro­ La plupart des finales l!+i. contre l!
cédé est similaire à celui que nous avons commencent alors que le Roi du camp
rencontré dans l'une des variantes avec les faible se trouve éloigné du bord de l'échi­
Rois sur une colonne fou. quier. Les possibilités sont nombreuses, et
l'on ne peut donc analyser toute la finale.
Cependant, si l' on veut la jouer avec succès,
il est nécessaire de bien connaître une série
de manœuvres modèles. Nous les étudie-

223
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

rons du point de vue du défenseur, qui, et le Roi devra se trouver complètement

avec un jeu correct, doit réussir à mainte­ sur l'aile opposée.
nir l'équilibre. La première à distinguer est
celle qui consiste à maintenir le Roi près du
centre de l'échiquier. Tôt ou tard, le Roi du
camp faible sera contraint de s'approcher
de la bande, et quand cela arrivera, il devra
le faire dans les conditions idoines.
Il existe deux systèmes de défense bien
connus, appelés
1) La défense en deuxième rangée.
2) La défense de Cochrane.
Les deux sont correctes, mais le camp
fort dispose d'assez de ressources pour
semer le trouble contre chacune d'elles.
Dans une position normale, la défense Diagramme 13.12
la plus simple en pratique est celle de Budnikov - Novik
Cochrane. Moscou 1991
Dans cet exemple, nous allons voir en
quoi elle consiste et essayer de poser les 1..Jib5
jalons qui permettent de parvenir au type Pour le moment, les Noirs peuvent
de position voulu et d'y rester. attendre. La meilleure façon de le faire est
de couper le passage au Roi blanc avec leur
La défense de Cochrane consiste à clouer Tour pour obliger l'adversaire à se servir
le fou sur l'une des colonnes (ou rangées) du Fou comme abri.
centrales,mais de façon que le Roi du camp 2 •.l::!.h6+ cJ;e7
fort reste plus éloigné d'une rangée (ou Pour l'instant, on reste le plus possible
colonne) du Roi du camp faible que dans la
au centre.
position de Philidor, ainsi qu'on le voit sur
3 •.l::!.a6 .l::!.c5
1 tes diagrammes 13.14 ou 13.15.
Continuant à attendre.
4.i,d3 .l::!.c7 s.cJ;es .l::!.c5+ 6.cJ;d4 .l::!.g5
Pour commencer, le défenseur doit se La tactique d'attente avec la Tour en cin­
concentrer sur les quatre lignes du centre quième rangée continue.
(les colonnes e et d, les quatrième et cin­ 7.i,e4 .l::!.h5 8•.l::!.g6 .l::!.a5 9.i,d5!? (D)
quième rangées) et savoir de quel côté Les Blancs n'ont pas d'autre moyen
placer sa Tour et son Roi au moment cri­ de progresser. C'est le premier signal
tique. Les trois cases marquées d'une étoile d'alarme. Le Roi va passer en cinquième
(en plus de celle qu'elle occupe déjà) repré­ rangée. Les Noirs doivent tout de suite
sentent les bonnes positions pour la Tour, observer les cases idéales de leur Tour et

224
 Les autres rapports matériels m
mener celle-ci vers la seule qui soit du côté Tous les coups font nulle, mais le plus
opposé à leur Roi. simple est de rester face au Roi adverse
jusqu'à ce que le clouage soit levé.
C'est la position typique de la défense
de Cochrane. Il vaut la peine de bien la
regarder, parce qu'elle peut rapporter
beaucoup de demi-points. La Tour cloue le
Fou sans permettre d'atteindre la position
de Philidor tandis que le Roi attend la suite
des événements de l'autre côté de la même
colonne.
13.îia7 îiel (coup d'attente) 14.@dS!?
Les Blancs doivent briser la position
d'attente des Noirs et ils jouent leur Roi.
C'est le moment pour les Noirs de jouer
Diagramme 13.13 leur Roi dans la direction contraire. Si
14.@fS @d8 (le plus simple est d'aller vers
9..Jfal! le côté opposé) 15.i.d5 lie716.lia8+ @c7 et
Pratiquement tous les coups font nulle, le Roi peut sortir de la bande.
mais celui-ci est conforme au plan de 14... @fS!
défense choisi. Il est important de noter que 14 ...@dS?
10.@eS îiel+ ll..te4 îie2 perd: 15.@d6!+- et les Blancs atteignent la
Tant que le Fou blanc est cloué, la tac­ position de Philidor.
tique d'attente est la meilleure. 1s..tfs
12.lig7+ @e8 (D) Nous arrivons à une étape intermé­
diaire. Il faudra encore beaucoup de coups
pour que le Roi blanc puisse menacer de
se placer face au Roi noir, mais cette phase
« neutre » peut être dangereuse. Il convient
de ne pas perdre le fil, et le plus simple
est d'appliquer désormais la défense en
deuxième rangée, ce qui permettra en outre
de sortir le Roi de la bande.
15...l!e716.l!aS+ @f717.l!al �f618..tcS
Comparons cette position avec la posi­
tion initiale. Le Roi noir est sur la même
case. Le Roi blanc est coupé (maintenant,
sur la colonne e, au départ, sur la cinquième
Diagramme 13.14 rangée). Pendant quelques coups, les Noirs

225
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
vont garder le Roi blanc coupé.
18..JieS+ 19.@d6 Me2 20.Mfl+ @g5
21.il.b7 Me3 22.@dS Me2 23.@d4 Me7
24.il.dS Me8 25.Mf7 Mb8
La Tour se prépare à nouveau à clouer
le Fou et à se mettre du côté opposé à son
Roi.
Une autre façon, peut-être plus natu­
relle, de le faire serait 25 ...Mel 26.il.e4 Mal
27.@e5 Ma5+ 28.il.d5 Mb5, arrivant à la
même position que le 26e coup de la partie.
26.@e5 Mb5 27.Mfl Ma5 28.Mgl+ @h5 (D)
Diagramme 13.15
Et nous voilà de nouveau dans la posi­
tion de base de la défense de Cochrane.
29.Mhl+ @g5 30.Mbl
Les Blancs tâtonnent un peu, mais les
Noirs restent attentifs et attendent.
30...@hS 31.Mgl Mb5 32.@d4
Une fois encore, le Roi décloue le Fou,
et une fois encore les Noirs réagissent en
bougeant leur Roi dans la direction oppo­
sée.
32...@h633.il.e4 Mg5
Et à nouveau, on interpose la Tour, sor-
226
tant le Roi de la bande.
34.Mfl @g7 35.il.fs @f6 36.@e4 @e7
37.Mdl l::i.g2 38.l::i.d7+ @f6 39.l::i.d6+ @e7
40.Me6+ @f7 41.Ma6 Me2+ 42.@d5 @e7
La Tour et le Roi sont sur les extrémités
opposées de la même colonne.
43.il.e4 l::i.d2+ 44.@e5 l::i.e2
Pour la troisième fois, nous avons la
position de base de la défense de Cochrane.
Ici, la position est presque identique à celle
du 12e coup, diagramme 13.14.
45.l::i.e6+ @d7 46.l::i.h6 @e7 47.Mh7+ @e8
48.Ma7 Mel 49.@dS (rompant le clouage)
49...@fS
Le Roi noir va du côté opposé et tout
recommence ...
so.il.fs
50.Mb7 @e8.
50...Me7 ½-½
Finale 96
La défense en deuxième rangée
Comme nous l'avons déjà dit, la défense
de Cochrane marche à la perfection sur les
colonnes centrales et il est facile de l'attein­
dre à partir d'une position normale.
Quand on arrive dans cette finale avec
une position délicate pour le Roi du camp
faible, ou quand, suite à une inattention,
on ne peut pas appliquer la méthode de
défense principale, il reste parfois le temps
de recourir à ce que l'on appelle la défense
en deuxième rangée.
C'est un système de défense simple et
fiable, même si les apparences sont quel­
quefois contraires.

fi s•agît de placer la Tour et fe Roi sur
la deuxième rangée. Quand le Roi est
repoussé sur la première rangée au moyen
d•un échec, on le ramène aussitôt en
/
1 seconde rangée grâce à la menace d•échan-
1 ger les Tours.
11 existe un moyen de repousser le Roi en
j première rangée par le Zugzwang, mai
1
'.
1 dans ce cas la défense tient grâce à une res-j
1 source de pat.
Dans la position du diagramme suivant,
le Roi noir est confiné à la bande, et même
s'il n'y a pas encore de menaces concrètes,
il plane le danger de tomber dans une posi­
tion de Philidor. C'est le moment de recou­
rir à la défense en deuxième rangée.
Diagramme 13.16
Garcia Gonzalez - Balashov
Leningrad 1977
1 ...�h3!
Plutôt que de jouer des coups neutres
qui pourraient les conduire dans une posi­
tion délicate, les Noirs cherchent tout de
suite un bon système de défense. Ils pré­
parent 2...Mg2.
Les autres rapports matériels m
2.i.f4 Mg2 3.Mh7+ �g4 4.�e4 (D)
C'est l'une des positions de base de la
défense en deuxième rangée. Malgré la
position quelque peu empruntée des pièces
noires, qui semblent être en Zugzwang, il
existe un moyen simple de tenir la position.
Le fait qu'il soit forcé peut être un avan­
tage, parce qu'il est plus facile de s'orien­
ter, mais même les joueurs les plus experts
doivent être attentifs dans cette finale.
Diagramme 13.17
4...Mc2?
Une erreur étonnante qui permet aux
Blancs de construire la position de Philidor.
La défense correcte correspond au coup
évident 4...Me2+! - 5.i.e3 Mg2 et les Noirs
tiennent. Par exemple : 6.Mg7+ �h3 7.ilg5
�g4 8.Mg8 �g3 9.ilf4+ �h3 10.Mh8+ �g4 et
nous sommes revenus à la même position
sauf que le trait est aux Blancs, mais ils ne
peuvent rien en faire.
5.i.e3?
Les Blancs ratent l'occasion de construire
la position de Philidor. 5.Mg7+ �h4 6.�f5
Mc5+ 7.ile5 et la machinerie létale est en
227
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
place.
5 .. J�.g2
Les Noirs retrouvent le bon chemin.
6.1::rhl
Un autre essai ingénieux de Zugzwang,
mais il est bien connu. Une fois encore,
malgré la position inconfortable des pièces
noires, les deux coups qui maintiennent
les pièces en seconde rangée, et qui sont
forcés, font nulle.
6...�g3!
6....l::rg3!=.
7.iH4+�f2
Les Noirs échangent la colonne g pour
la véritable« deuxième rangée», peut-être
pour que la notation soit plus simple. 7...
�g4=.
8.Mcl �e2 9.Mc3 �f2 10..i::ra3 �e2
11..i.g3!?
La position de Zugzwang dont nous
avons parlé en introduction. Les Noirs
n'ont encore qu'une seule porte de sortie,
mais elle est facile à trouver et tout à fait
sûre.
11...@fl!
11...@dl!=.
12..i::rf3+
12.�f3 .i::rf2+!= est la ressource de pat
bien connue, que les Blancs ne veulent
même pas tester.
12...�e213..i::re3+ �d2!
Ce n'est pas le moment d'aller en f1:
13...@fl?? 14..l::rel# mat. On menace 14...
Me2 avec une nulle immédiate.
14.@d4
14.�f3?l Mxg3t.
14 ...@dl
On peut faire une petite visite à la pre­
mière rangée, aussi longtemps que l'on a
228
la garantie de revenir rapidement sur la
seconde.
Quoi qu'il en soit, ce n'était pas indis­
pensable: 14...Me2! 15.Ma3 @c2=.
15.Ma3 @e216.@e4 @fl 17.@f3
Les Blancs se décident enfin à tester le
thème de pat.
Diagramme 13.18
17... Mf2+!
Forcé, mais efficace.
18.@g4
18.�e4 répéterait la position.
18...Mc2
La Tour passe de l'autre côté; presque
tous les coups de Tours en deuxième
rangée font nulle : 18...Me2= ; 18...Md2= -
mais pas 18...Mg2? 19.Mal+ @e2 20.@h3 et
la Tour est enfermée.
19.Me3 Me2 20.Mf3+ �g2 21.Mf4 Ma2
22.Me4 Mc2
La Tour noire ne se laisse pas distraire
de son rôle de surveillance de la deuxième
rangée. Les Blancs arrivent à court d'idées.
23.ild6 �fl
Se préparant à donner des échecs sur la

deuxième rangée. La tactique d'attente res­
tait possible: 23.. Jh2=.
24.Jib4 I:Ig2+ 25.@h3 I:Ic2 26.JiaS I:Ia2
27.Jib6?!
Les Blancs créent un thème de pat dont
profitent les Noirs pour repousser le Roi
blanc et gagner quelques coups.
27...I:Ia3+ 28.@g4 I:Ig3+ 29.@f4 I:If3+
30.@e5 @g2 3L�e2+ @g3 ½-½
Finale 97
Tour et pion-fou en sixième
rangée contre Fou
Malgré l'ampleur du déséquilibre maté­
riel, il y a plusieurs positions dans les­
quelles une Tour et un pion ne gagnent pas
contre un Fou. Si l'on ne compte pas les
positions dans lesquelles le défenseur peut
forcer le gain du pion (ni les rares situa­
tions où, sans le gagner, il oblige les pièces
adverses à le défendre passivement), nor­
malement, une Tour et un pion l'emportent
contre une pièce mineure.
Cependant, si la pièce mineure est un
Fou, il existe quelques positions dans les­
quelles la défense est imprenable. Toutes
se situent à proximité du « bon » coin du
Fou (voir la finale 7).
La première position de nulle est celle
avec un pion ·Fou en sixième rangée.
Voyons le diagramme suivant:
Les autres rapports matériels m
Diagramme 13.19
1.f6?
Une grosse erreur. En faisant passer le
Roi devant (ce qui est une règle bien connue
dans beaucoup de finales), les Blancs
gagnent facilement: 1.@f6 @g8 2.@e7 @g7
3.f6+@g6 4.I:Ibl Jid5 5.I:Igl+ suivi de f7.
Après le coup du texte, les Noirs font
nulle assez commodément en suivant la
règle suivante : « maintenir le Fou sur la
diagonale a2-g8, en évitant les cases g8 et
f7 et en restant en mesure de donner échec
si le Roi blanc va en g6 ».
Voyons comment cela se passe en pra­
tique:
1...Jia2
1...Jig8? - comme nous l'avons dit, c'est
une case interdite - 2.f7! i.xf7 3.@f6+-.
2.@f4
2.f7 est un essai intéressant, mais ici les
Noirs ne sont pas obligés de prendre immé­
diatement: 2...@g7!, suivi de 3...i.xf7=.
2...i.c4
Ce coup ne paraît pas très important,
mais il faut éviter de faire des bêtises
229
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 ,ina
f"
,.
1es qu LI faut connaître

comme 2 ·· �g87 · ·' qm perd de façon instruc- 7....ic4=.

.
tive : 3.�f5 .ic4 4.�g6 .id3+ 5.w c<hh6 et 1es Il n'y a pas moyen de progresser.
., .
p1eces nmres sont maintenant mal P1acees,
, ,
si b'ien qu 1 1 n y a p as le temps d'éviter f7
- 5...�f8 (5 ... .ic4 6.f7+l+-) 6.f7 .ie4 7 .MC ,.,,, 7
Finale 98
Jlb1 8 M · c11 · (8.wg5?
c-0-, autorise 8...�g7=) 8...
Tour et pion-tour contre Fou
.ia2 9.�g6 .ixf7+ 10.�f6+-
Cett� variante montre q�e si les pièces
�e,la defense ne restent pas sur leurs cases Pion en sixième rangée
ideales, il, y a de bonnes chance s de poser
des problemes. Contre un pion-tour, la de'fense est
3.� g5 .id5! encore plus simple. Il suffit de garder le
C'e�t ici le seul coup pour pouvoir Fou sur la diagonale qui contrôle la case
.
faire echec au Roi en g6, mais les Blancs sur laquelle le pion peut avancer (h7, dans
e peu:ent pas contrôler toutes le s cases 1e �as pre, sent) et de le prendre aussitôt
� ,
e la diagonale. Le Fou reste toujours sur qu Il avance, arrivant à la finale 7.
,
1 une des cases marquées d'une étoile' sauf
quand il fait échec.

Diagramme 13.21

Diagramme 13.20 1.Mc7 .id3!

1....ib3? perd après la suite élémentaire
4.M�7 .ia2! 5.�g6 .ibl+! 6.�h6 .ia2! 2.h7 .id5 3.�h6+-
Mamtenant, le Fou a le temps de retour­ 2-�f6 .ie4 3.h7 .ixh7=.
ner sur la bonne diagonale.
7.Ma7
·
Si 7.f7 .ixf7l=. Avec le Ro1 en h6, on peut
prendre le pion.

230

Conclusion :Tour et pion en sixième rangée
ne gagnent pas contre un Fou du bon coin
si le pion est un pion-tour ou un pion-fou.
Les autres pions gagnent, mais un pion cen­
tral pose aussi quelques problèmes.
C'est pourquoi il convient, si possible,
d'avancer le Roi devant te pion.
Pion en cinquième rangée
Avec un pion-tour en cinquième rangée,
la partie reste nulle, mais la défense est sen­
siblement plus délicate, ce qui a valu à de
nombreux forts joueurs de se tromper.
Diagramme 13.22
La première chose à savoir, et que l'on
peut déduire de l'exemple antérieur, c'est
que « le Fou doit occuper la diagonale
qui contrôle la case d'avance du pion en
septième rangée».
l.Ma7 i.d3
1...i.b3? - Quitter la bonne diagonale
est une frivolité qui conduit à la défaite.
C'est cependant une erreur fréquente, sans
Les autres rapports matériels m
doute à cause de la similitude avec la posi­
tion Tour contre Fou, qui donne la sensa­
tion fausse qu'on est en sécurité en main­
tenant le Fou sur la diagonale qui couvre
l'échec. Après 2.@h6, le Fou ne trouvera
pas le temps de revenir sur la diagonale
salvatrice:
A) 2...@g8 3.Mg7+ @h8 (3...@f8 4.@g6
suivi de @f6, h6, h7 et h8) 4.Mc7 (contrô­
lant l'échec en c2 et menaçant @g6) 4...i.a2
5.Mc8+ conduit au même genre de positions
que la variante 2...i.c4.
B) 2...i.c4 3.Ma8+ i.g8 4.@g5 @h7 (4...
@g7 5.h6+ revient au même) 5.h6 i.d5
6.Ma7+ @h8 7.Me7! (empêchant le Fou de
reprendre la bonne diagonale et évitant un
piège connu, qui ne marche qu'avec la Tour
en a7, mais qui s'est produit quelquefois en
pratique: 7.h7? i.e4 8.@h6 i.b7!!= et grâce
au pat, il n'y a pas moyen de gagner: 9.Ma4
i.e4!) 7...i.g8 8.@g6 i.c4 9.h7+- suivi du
mat en huitième rangée.
2.@h6@g8!
Quand on sait que le Fou ne doit pas
quitter la diagonale b1-h7, il est facile de
jouer ce coup, malgré son allure suspecte.
Quand on l'ignore, il est tout aussi facile
de tomber dans le semblant de défense du
commentaire précédent.
3.Mg7+ (D)
Ou 3.Ma8+ @f7 et, bien que le Roi soit
sorti du coin, les Blancs ne peuvent pas
passer: 4.@g5 i.c2 5.h6 - même avec cette
disposition de pièces, les Noirs font nulle,
ce qui est bon à savoir.
231
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Diagramme 13.23
3...�f8!
Ce coup aussi est facile à trouver quand
on voit que 3...�h8 4 J ïd7+- perd tout de
suite. Le Roi noir est maintenant hors du
coin, mais les Blancs ne peuvent pas pro­
gresser sans lui permettre d'y revenir.
4.Mg3
Pour tenter ensuite de sortir leur propre
Roi de la colonne h tout en empêchant le
Roi noir de revenir en h8, mais contre une
défense soigneuse, c'est impossible.
4...i.c2!
La case b 1 est bonne aussi, mais c'est
la seule autre possibilité, parce qu'il faut
éviter le faux pas 4 ...i.e4? qui permet au
Roi blanc de quitter la colonne h : 5.�g5! +­
�g8?! 6.�f4+.
s.:g6
Un autre petit piège, mais il n'y a pas de
raison de prendre la Tour.
5...i.d3 6.�h7
Les Blancs menacent de gagner par
7.c�h8 et on ne peut toujours pas prendre
la Tour, mais...
232
6...@f7!
Forcé, mais suffisant.
7.�h6 @f8 s.:g1
Ou 8.�g5 i.xg6=. Cette fois, la Tour est
prenable.
8...i.c2 9.@g5 @g8=.
Les Blancs ont tout essayé.
Pion en quatrième rangée
Diagramme 13.24
Avec le pion en quatrième rangée (ou
moins avancé), le camp fort l'emporte. La
manœuvre est trop longue pour qu'on
l'apprenne par cœur, mais si l'on a bien
étudié les finales qui précèdent, on peut la
trouver sur l'échiquier. Voici une analyse
sans commentaires.
1.�h6 �g8 2.:g7+ �f8 3.Mg3 �f7 4.�h5
�f6 [4 ...i.bl s.:gs i.c2 6.�g4+-; 4 ...@f8
s.:gs i.dl+ 6.�g6 �g8 7.:cs+-] s.:gs
i.dl+ [5...i.f5 6.�h6 i.d3 7.:g3 i.e4 8.Me3
i.d5 9.Me2 �f7 10st>h7+-] 6.�h6 �f7
7.Mg7+ �f8 [7...�f6 8.:gl i.e2 9.Mg2 i.dl
10JH2++-] 8.�g6 i.h5+ 9.�f6+-.

Finale 99
Dame contre Tour et pion
La lutte entre une Darne et une Tour et
un pion représente l'une des finales à maté­
riel hétérogène les plus indécises et les plus
fréquentes. En dépit du grand écart de
matériel, il existe de nombreuses positions
de nulle. En pratique, 367 des 1237 parties
que l'on trouve dans ma base de données
se sont achevées par la nulle, ce qui repré­
sente presque 30 % de nulles.
La théorie de cette finale et complexe.
Nous ne nous occuperons ici que des
quelques positions les plus importantes, et
nous donnerons ensuite des conseils utiles
sur la manière de conduire cette finale
dans différents cas de figure. On trouve
une étude détaillée de cette finale dans
l'excellent Fundamental Chess Endings de
Müller et Larnprecht.
Le camp avec le pion a des chances de
nulle dans deux cas :
1) Quand la Tour appuie le pion par
derrière ; dans ce cas - que nous n'étudie­
rons pas - il faut que le pion soit au moins
en sixième rangée.
2) Quand on peut construire une forte­
resse, de la façon que nous allons voir dans
les diagrammes suivants.
Si les pièces de la défense ne parviennent
pas à se coordonner de l'une de ces deux
manières, elles perdent presque toujours.
Les autres rapports matériels m
La manœuvre de gain
Diagramme 13.25
Dans ce premier exemple, nous allons
voir la rnanœuvre de gain dans une posi­
tion normale, avec le Roi blanc coupé et les
pièces noires regroupées qui offrent une
certaine résistance.
1.@f4
Le Roi s'écarte pour que la Tour ne soit
plus tard pas en mesure de gagner du
temps par des échecs. On pourrait aussi
commencer la rnanœuvre par la phase
des échecs de Darne et on arriverait à la
même position après quelques coups, par
exemple : 1.'iYh.7+ @f6 2.ifg8 @e7 3.ifg7+
@d6 4.iff8+ @d7 5.iff7+ @d6 6.ife8 �es+
7.@f4 �fS+ 8.@g4+-.
1...�f5+2.@g4 �d5
Les Noirs n'ont rien de mieux à faire
que d'attendre.
3.ifh.7+@f6
3...@e8 conduit exactement à la même
position après le sixième coup : 4.ifg8+
@e7 5.ifg7+ @e8 6.iff6+-.
4.ifg8! (D)
233
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Diagramme 13.26
La première position importante. La
Dame cesse de donner des échecs mais
menace 5.'iVf8+. Comme on le voit, la Dame
a besoin de manœuvrer deux rangées der­
rière le pion, ce qui suggère déjà qu'avec
le pion en seconde rangée, la position est
nulle. Il faut aussi pouvoir manœuvrer à
une distance de deux colonnes du pion, ce
qui permet encore de deviner qu'avec un
pion-cavalier, c'est partie nulle.
4... @e7 5.'iYg7+ @e8 6.'iYf6 @d7 7.'iVf7+
@d6 8.'iVe8!
Encore une fois, un coup tranquille sur
la huitième rangée qui prépare l'échec en
d8.
8..J:Hs 9.'iVd8+ @c610.'iVe7
Attaque le pion et oblige le Roi noir à
gêner sa Tour.10.@g3! est plus rapide grâce
au Zugzwang, mais il est plus cohérent de
continuer la manœuvre de la Dame.
10...@d511.'iYc7! (D)
Zugzwang, les pièces noires perdent de
plus en plus de coordination.
Diagramme 13.27
11.. .'.t>e4
ll...Ï!e5 12.'iVd7+ @e4 13.'iVd6 conduit,
plus vite, à la position du commentaire du
13e coup.
12.'iYd6!
La Dame blanche poursuit son harcèle­
ment.
12...:es
La position des pièces noires est tragico­
mique et il suffit aux Blancs de leur passer
le trait pour en profiter.
13.�g3 @f5
Au vu de l'alternative 13...Ï!g5+ 14.@h4
Ï!e515.@g4!+-, avec un Zugzwang total, le
Roi noir essaie de passer de l'autre côté.
14.@f3 Ï!d515.'iVfS+
Les Blancs parviennent enfin à écarter le
Roi noir de son pion, ce qui leur permet de
capturer celui-ci en quelques coups.
15...@g6
15... @e5? 16.'iVf4#.
16.@e4 Ï!f517.'iVe7 Ï!f618.@e5+-.
Et le pion tombe.
 Les autres rapports matériels m
La position de défense 8.'ik'g4 l:tf8 9.'ik'd4+ @e610.@c7 l:tf611.'ik'c4+!
@e5 12.@d7+-.
Comme nous l'avons vu à l'exemple 5.'ik'a8 l:td6 6.'iVb7+ @d8=.
précédent, la Dame besoin de manœuvrer Il n'y a pas moyen de progresser.
deux colonnes derrière le pion pour gagner.
Dans le cas du diagramme ci-dessous,
elle ne peut rien faire pour forcer la for­ Résumé de la finale Dame et
teresse noire. La Tour peut bouger sur les contre Tour et pion (pion sur les
cases f6 et d6 et il suffit au Roi de s'échap­ colonnes b à g)
per chaque fois qu'on lui fait échec.

Dans la finale Dame contre Tour et pion,

Diagramme 13.28
1.'ik'h8+ @d7 2.'ik'f8 l:te6+ 3.@d5 l:td6+
4.@c5 l:tf6
Il est impossible de faire quoi que ce
soit. Les Blancs gagneraient si leur Roi
pouvait arriver sur la septième ou la hui­
tième rangée, mais seulement si c'était sur
le côté où se trouve le Roi noir. Vérifions­
le : 4...l:td2?! 5.@b6l:td6+? (5...l:tb2+! annule
encore) 6.@67 (menace 7.'ik'c8+ et, de façon
similaire à ce que nous avons vu dans
l'exemple précédent, fait perdre leur coor­
dination aux pièces noires - mais, si, au lieu
de 67, le Roi s'était infiltré sur la case g7,
cela serait inoffensif) 6...l:tf6 7.'ik'c8+ @d6
il n'est pas nécessaire de connaître de nom­
breuses manœuvres, parce que tout dépend
de la possibilité pour les pièces de la défense
de se coordonner afin de construire une
forteresse, et du fait que celle-ci soit pre­
nable ou non. Les manœuvres de défense
sont quasi évidentes. Celles qui visent à
briser la forteresse peuvent être très com­
pliquées, mais toutes sont basées sur la
même idée : rompre la coordination des
pièces adverses, à l'aide de l' infiltration de
la Dame et du Zugzwang.
C'est pourquoi je ne pense pas qu'il
vaille la peine d'étudier chaque position.
Par contre, il est très utile de savoir dans
quelles positions la forteresse tient ou non.
Sans tenir compte du cas d'un pion-tour,
que nous allons traiter dans la finale sui­
vante, et en considérant que le camp faible
peut construire une forteresse du type vu
aux diagrammes 13.27 ou 13.28 :

235
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
1) Avec un pion sur sa deuxième rangée,
c'est partie nulle (sauf si le Roi du camp fort
a traversé la sixième rangée et se trouve
du même côté du pion que le Roi de la
, défense).
1
2) Avec un pion-cavalier, c'est nulle sur
quelque rangée que se trouve le pion (mais
s'il est en troisième rangée, il faut faire
attention à garder le Roi derrière le pion).
Dans les autres cas, la Dame gagne.
Finale 100
Dame contre Tour et pion-tour
Dans le cas d'un pion-tour, la forte­
resse avec le pion en deuxième rangée ne
marche pas. C'est logique, car la Tour n'a
plus qu'un seul point d'appui au lieu de
deux et le Roi a moins d'espace.
Il pourrait sembler qu'avec un pion­
tour, on perde toujours, mais il n'en va pas
ainsi. Il existe une position tenable avec le
pion en troisième rangée, mais il faut la
connaître précisément. Dans la pratique,
c'est une des finales qui présentent le pour­
centage d'erreur le plus élevé, y compris
entre joueurs à plus de2600 .
La position du diagramme suivant pré­
sente l'un des principaux dilemmes de cette
finale, que peu de joueurs savent résoudre
correctement. Que vaut-il mieux? Aller
sur la colonne tour ou sur la colonne fou?
Intuitivement, on préférera sans doute
éviter de s'enfermer, et pourtant...
236
Diagramme 13.29
1.@c4?
Nous prendrons la continuation erro­
née pour variante principale, parce que
c'est celle qui recèle le plus grand nombre
de subtilités. l.@a4! gagne très facilement,
parce qu'après un inévitable Zugzwang,
le Roi atteint la case a5 : 1 ...@a7 2.°iVc6
!îb7 3.°iVc5+ @a8 4.°iVd6 @a7 5.°iVd4+ @a8
6.@a5+-.
Après l.@c4, la position est nulle, mais
la plupart des joueurs la perdent.
1...@a7 2.°iVf7+ !îb7!
Presque tout le monde préfère garder la
Tour en b5 aussi longtemps que possible, et
c'est correct, mais le moment venu la Tour
doit se rendre en b7. Je propose de toujours
se défendre avec la Tour en b7, sauf quand
on est obligé de la bouger, auquel cas il est
facile de trouver les coups qui font nulle.
Regardons les variantes de la défense
qui semble la plus naturelle: 2... @a8 3.°iVc7
!îb7 4.°iVc6 @a7 5.°iVc5+ @a8 6.°iVd6 @a7
7.'t1Vd4+ @a8 8.@c5. Le Roi de l'attaquant
parvient toujours à passer en cinquième

rangée, grâce au Zugzwang, mais ce n'est
pas encore dangereux. Ce qu'il faut éviter,
c'est qu'il atteigne la huitième rangée,
concrètement c8, et qu'on ne puisse l'en
chasser immédiatement. 8...Mb5+ 9.@c6
Mb8 10.�d6(D) (après 10.@c7, le Roi attein­
dra la huitième rangée mais ne pourra pas
y rester: 10...Mb7+ 11.@cS Mb8t).
Diagramme d'analyse 13.30
C'est un moment important. Quand la
Dame contrôle b8, et donc évite l'échec de
la Tour qui pourrait expulser le Roi de c8,
les Noirs doivent empêcher le Roi blanc de
passer, et ils doivent donc mettre leur Tour
sur la case de défense clé:
10...Mb7! (en cas de 10...@a7? 11.@c7
Mb7+ 12.@c8 Mb5 13.�d7+ @a8 14.�c7+-,
les Noirs perdent; c'est la même chose avec
10...Mb5 ll.@c7 ou un autre coup) 11.�dS+
@a7 12.�d4+ @a8= comme dans la variante
principale.
3.�f2+ @a8 4.�e3 @b8 5.@cS @a7
6.@c6+ @a8 7.�e8+ @a7
Tant que c'est possible, les Noirs laissent
la Tour en b7 et jouent le Roi sur les cases
a8, b8 et a7.
Les autres rapports matériels m
8.�e3+ @a8 9.�d4 @b8 10.�8+ @a7
11.�d8
Les Blancs se décident enfin à obliger les
Noirs à sortir la Tour de b7. Ils ne peuvent
y parvenir qu'avec la Dame en huitième
rangée, et dans ce cas, ils ne peuvent
garder le Roi dans la zone de gain. 11.�cS
Mb5 12.@d7 Mb7+ revient au même que la
variante principale.
Maintenant, les Noirs doivent jouer la
Tour sur sa case la plus naturelle (même si
ce n'est pas la seule qui permette d'annu­
ler) et ils annulent facilement.
11...:bs 12.�c8 Mb6+ 13.@c7 Mb5=.
Si la Dame s'en va, le Roi reçoit des
échecs depuis b7 et b8 jusqu'à ce qu'il
quitte les deux dernières rangées. Sinon, le
Roi ne peut atteindre la huitième rangée.
Résumé:
Avec un pion-tour, on ne peut construire
une forteresse efficace que quand le pion
est en troisième rangée.
Si le Roi du camp fort peut se mettre sur la
colonne du pion, le gain est facile.
Si le Roi du camp fort est de l'autre côté, il
peut aller sur la sixième rangée, mais il faut
éviter qu'il atteigne la huitième rangée et
puisse y rester, parce que la position serait
gagnante.
On peut empêcher le Roi d'aller sur la hui­
tième rangée en plaçant la Tour sur la case
b7 au bon moment.
237
 14. TEST FINAL

14.01 • Trait aux Blancs 14.02 • Trait aux Blancs

Quel est le résultat correct? Quel est le résultat correct?

14.03 14.04 • Trait aux Noirs

Trouver une case sur laquelle placer un Peuvent-ils faire nulle?
Cavalier noir de façon que la position
soit nulle trait aux Blancs.

239
 - - - - - - -
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître

-�------ ----- -·-

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14.05 • Trait aux Noirs 14.06 • Trait aux Blancs

Peuvent-ils faire nulle? Quel est le résultat correct?

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14.07 • Trait aux Noirs 14.08 • Trait aux Blancs

Peuvent-ils faire nulle? Gain ou nulle?
 Testfinal m

14.09 •Trait aux Blancs 14.10 •Trait aux Blancs

Peuvent-ils faire nulle ? Peuvent-ils gagner ?

14.11 •Trait aux Blancs 14.12 •Trait aux Noirs

Peuvent-ils gagner ? Peuvent-ils faire nulle ?

241
 - - - - - -
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

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14.13 14.14 •Trait aux Noirs.

Sur quelle case de l'échiquier placer le Larsen n'a pas trouvé la façon de faire
Roi blanc de sorte que, trait aux Noirs, la nulle. Ferez-vous mieux?
position soit nulle ?

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14.15 • Trait aux Blancs 14.16 •Trait aux Blancs

Peuvent-ils gagner ? Nulle?

242
 m
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Testfinal

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14.17 •Trait aux Noirs.
----
14.18 •Trait aux Noirs
D'après les commentaires dans Chess­ Peuvent-ils faire nulle?
Base Magazine, cette position est
complètement nulle. Mais avec la

- - - -
qualité et un pion de plus, c'est difficile

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- ---
à croire, n'est-ce pas?

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-
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14.19 • Trait aux Blancs

- -·- -
14.20 •Trait aux Blancs
Quel sera le résultat ? Peuvent-ils faire nulle?

243
 - - - -
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

a-a1.a
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----
14.21 • Trait aux Blancs 14.22 • Trait aux Noirs
A quel résultat conduisent Peuvent-ils gagner?
1.<;t>c6, 1.<;t>c4 et 1.<;t>e6?

14.23 • Trait aux Noirs 14.24 • Trait aux Noirs

Peuvent-ils gagner ? Peuvent-ils faire nulle?

244
 Test final m

14.25 • Trait aux Blancs 14.26 • Trait aux Noirs

Peuvent-ils gagner ? Les coups suivants contiennent-ils des
erreurs?
90...'it>h7 91.'iVe4+ �h8 92.'iVc4 'it>h7
93.'iVf7+ �ha 94.'iVd7 :gs 95.'iVb7 :ga
96.'iVb3 'it>h7 97.'it>f7 :gs 98.'iVe6 :g7+
99.'it>f8 :gs 100.'iVts :ga+ 101.<t>n :gs
102.'iVd4 :f5+ 103.�e6 :gs 104.'it>f6 :ga
105.iVd7++-

14.27 • Trait aux Blancs

C'est une partie bien connue parce que
Janowski a abandonné dans une position
de nulle, mais on sait moins que Capa­
blanca avait un gain forcé. Que joueriez­
vous dans cette position, où Capablanca
s'est trompé? 14.28 • Trait aux Noirs
Les Noirs vont perdre leur Tour.
Peuvent-ils faire nulle malgré tout ?

245
-
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître

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14.29 • Trait aux Blancs 14.30 • Trait aux Noirs
Peuvent-ils faire nulle ? Peuvent-ils faire nulle ?

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14.31 • Trait aux Blancs 14.32 • Trait aux Noirs

Quel est le résultat correct ? Quel est le résultat correct ?

246
 Testfinal m

14.33 • Trait aux Noirs 14.34 • Trait aux Blancs

Peuvent-ils gagner? Peuvent-ils gagner?

14.35 • Trait aux Blancs 14.36 • Trait aux Blancs

Choisissez entre l .gxf3+ et 1.g3. Peuvent-ils gagner?

247
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

14.37 • Trait aux Blancs 14.38 • • Trait aux Blancs

Peuvent-ils gagner ? Cet exercice en vaut quatre. À leurs
deux prochains coups, les Blancs vont
prendre deux pions, mais ils peuvent
le faire de quatre façons différentes.
Laquelle conduit à la nulle ?

14.39 • Trait aux Blancs 14.40 • Trait aux Blancs

Les Blancs peuvent-ils forcer une finale Peuvent-ils gagner ?
théoriquement gagnante ? .

248
 Testfinal m

14.41 • Trait aux Noirs

Les Noirs ont deux pions de moins, mais
ils peuvent les récupérer. Cela suffit-il à
les sauver?

Solutions

14.01 Les Blancs gagnent. 1.b7 ttJe5 79.@h4 .sas 80.gS .Sh8+ 81.@g4 @e7
2.@b8!! C'est la clé. Voir la finale 11. 82.g6 Mf8 83..SfS .Sh8 84.@gS .Shl 85..Sf2
.Sh3 86.g7 .Sg3+ 87.@h6 .Sh3+ 88.@g6 .Sg3+
14.02 Kamsky-Karpov, Linares 1994. 89.@h7 .Sh3+ 90.@gS 1-0
62.Mg4! a3 63.Mg3+ @e4 64.Mb3 Ma2+
65.@g3 @d4 66.Mf3 Mal 67.@g2 ½-½ 14.05 Medina-De la Villa, Calella 1981.
43...@c6!
14.03 Il n'y a que deux cases valables: 43 ....Sxa6 44..ShS+! @d4 (44...@c6
e8 et hS. Avec le Cavalier en e8, la partie 45.bS++-) 45.bS .Sa8 46.@b4 .Sb8 47..Sh6
pourrait continuer par 1.@g8 (1.@g6 êt:Jd6=) @dS 48.b6+-.
1...êt:Jf6 2.@g7 lt:Jes. 44..ShS @b6 45.bS .Sbl+ 46.@c2 .Sal
47..SdS .Sa3 48.@b2 .Sg3 49.@c2 .Sh3 50..SdS
14.04 Fischer-Sherwin, Portoroz 1958. .Sh7! 51..SdS .Sh3 52.@d2 .Sa3 53.@e2 .Sb3
78...@e6? 54.@f2 Ma3 55..SfS .Sb3 56..SeS .Sa3 57..Se3
78.. Jfa8! 79.@h4 (79.gS .Sf8=) 79 ....Sh8+! .Sa2+ 58..Se2 .Sa3 59..Sb2 .Sh3 60..Se2 ½-½
(79....Sf8? 80..Sxf8 @xf8 81.@hS!+-) 80.@gS
.Sg8+ 81.@h4 .Sh8+ 82.@g3 .Sf8!= 83..Sxf8 14.06 Stefânsson-Lutz, Manille (ol) 1992.
@xf8 84.@f4 @g8!. 59.g4?

249
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
59.h4 @g6 60.@g4 @f6 61.@hS @g7
62.@gS @g8 63.@h6 @h8 64.hS @g8 et
maintenant, si l'on applique la règle des
couleurs de Bird, le pion doit se rendre sur
la case de couleur opposée: 65.g3l+-.
59...@g6 60.h4 @f6 61.g5+ @g6 62.@g4
h6 63.hS+ @g7 64.g6 @g8 ½-½
14.07 Dutreeuw-Hovhanisian, Aalst 2005.
76...@c3?
76 ...@a3 77.lbb7 i.b6=;
76...@a2 77.lt'ib7 j,,c7 78.lt'icS @a3!=.
77.lt'ib7 j,,c7 78.lt'icS j,,bS
78...@b2 79.lt'ie6!+-.
79.aS i.a7 80.a6 @d4 81.lt'id7 @d5
82.lt'ib6+ @d6
82...@e6 83.@c6+-.
83.êbcS+ 1-0
14.08 Moreno-Vi:fial, Pampelune op 2005.
C'est partie nulle, mais ...
73.@a6 i.e3?? [73...i.eS=] 74.b7 i.f4
75.@a7 1-0
14.09 Levitt 1997.
Oui. 1.lt'ig6!
1.lt'if3? @g2 2.lt'iel+ @g3-+;
l.lt'if5 @gl!-+;
l.@h7 @gl! 2.lt'if3+ @g2 3.lt'ih4+ @f2-+.
1...@gl!?
1...h2 2.lt'ih4! @gl 3.lt'if3;t ;
l...@g2 2.lt'if4+.
2.lt'ie5! @g2
2...h2 3.lt'if3+
3.lt'ig4!
14.10 Kok 1935.
Oui, 53.@h4! @b3 54.bS @xc3 55.b6 @d2
56.b7 c3 57.bS'if c2 58.'ifb4+ @e2 59.'ife4+
250
@d2 60.'ifd4+ @cl 61.@g3 @bl 62.'ifb4+
@al 63.'ifc3+ @bl 64.'ifb3+ @cl 65.@f2 h4
66.@e2 h3 67.@d3 1-0
14.11 Oui, ils gagnent par 1. .i:.h4, obte­
nant une coupure horizontale parfaite,
mais pas par l..i:.d7 parce que, avec un
pion-cavalier en 3e rangée, deux colonnes
ne suffisent pas. Si vous n'en êtes pas tout
à fait sûr, revoyez les sections sur les cou­
pures horizontales et verticales du cha­
pitre 10.
14.12 Najdorf-Vinuesa, 1941
Oui, 1...@h3!
1...@g3 2.b5+- ;
1...f4 2.@e2-+.
2.b5
2.@e3 @g3! ;
2.@e2 @g2!.
2...f4 3.@e4 @g3! 4.b6 f3 5.b7 f2 6.b8'if+
@g2=½-½
14.13 Seulement sur la case al.
1...WaS 2.@b2!
2.d5 Wb6 3. @b2 Wc5=.
2...Wxa4 3.Wc3 Wb5 4.@d3 @c6 5.@e4
Wd6=
14.14 Taimanov-Larsen, Majorque 1970.
63...WeS??
63....i:.hS+ 64.@g3 @e5! 65..i:.a6 .i:.h7!= ;
63...@f4! 64..i:.a4+ @f3!= (64...WeS
65..i:.a6+-).
64..i:.a6! @f4
64....i:.h8+ 65.@gS .i:.g8+ 66.@hS .i:.h8+
67..i:.h6 .i:.g8 68.gS Wf5 69..i:.f6+ We5
70..i:.f2+-].
65..i:.f6+ @e5 66.gS 1-0

14.15 Lerner-Dorfman, Tashkent 1980.
Oui. 71..�f2!
71.@b7? ne marche pas: 71...@f6!
72.@c6 @e5! 73.@cS g4 74.@c4 g3 75.:g2
@f4 76.@d3 @f3=.
L'essai de coupure horizontale par
71.l:!'.a2? échoue sur 71...@g6!, la seule
défense qui évite la coupure tout en se
mettant sur le chemin du Roi blanc (71...
@f6? 72.:a5!+-; 71...@h6? 72.@b7 et le
Roi arrive, il suffit de compter) 72.@b7 @f5
73.@c6 g4 74.@d5 @f4 75.@d4 g3! (75...
@f3? 76.:a3+ - gagne un temps - 76...@f2
77.@e4 g3 78.:f3+!) 76.@d3 @f3=.
71...@h6 72.@b7 g4 73.@c6 @g5 74.@dS
g3 75JU8 @g4 76.@e4 1-0
14.16 Oui, mais il faut éviter la charge
par derrière, qui gagne contre un pion-tour.
1.@g4!
l.@g6 @f4 2.h6 l:!:a6+ 3.@g7 @g5 4.h7
l:!:a7+ 5.@g8 @g6 6.h8tb+ @f6-+.
1...@e4 2.h6 :al 3.@g5 @e5 4.@g6 @e6
5.@g7!=
14.17 Miladinovié-Beliavsky, Ohrid 2001.
99...gxf3?
99 ...l:!:xf3+! 100.@g2 l:!:d3 10Lic7 @g5
(avec l'idée @h4 et :d2) 102..te5 l:!:d5
103..tc7 (103..tg3 :d2+ ; 103..th2 l:!'.d2+
104.@g3 l:!:a2 105..tgl :a3+ 106.@g2 @f4)
103....Ud2+ 104.@g3 l:!:d3+ 105.@g2 @h4!-+
et le Roi blanc est délogé de sa position de
blocage.
100..tcS @e4 101.@f2 et maintenant, oui,
la position est complètement nulle. Voir la
finale 97. Les Noirs ont encore essayé pen­
dant 30 coups. ½-½
Test final m
14.18 Oui. 1...@c5!! est le seul coup qui
fasse nulle. Il ne suffit pas d'empêcher la
coupure du Roi sur la 3e rangée (qui sur­
viendrait après l'avance du pion). Il faut
aussi empêcher le Roi blanc de s'appro­
cher, comme le démontrent les variantes
suivantes:
l...a5?? perd sur-le-champ à cause de
2..Uh5!;
l...@b5? laisse le Roi blanc arriver:
2.@f7 a5 3.@e6 a4 4.@d5! et voilà, le Roi
blanc commence à pousser sur le côté
avant que le pion n'arrive en 6e rangée, et,
du coup, les Blancs gagnent. 4...@b4 (4...a3
5..Ub8++- @a4 6.@c4) 5.@d4! (encore) 5...
@b3 (5...a3 6..Ub8++-) 6.@d3 (et encore !)
6...@b2 (6...a3 arrive à l' importante posi­
tion du diagramme 5.14 ... trait aux Blancs !
- 7..Ub8++-) 7.l:!:b8+ @a2 8.@c2+-
2.@f7 a5! 3.@e6 a4!
Le pion avance tandis que le Roi tient la
position.
4.@e5 a3 5.@e4
5..Ua8 est un autre essai : 5...@b4 6.@d4
@b3! 7.@d3 (voir la finale 28) 7...@b2! (7 ...
a2 8.l:!:b8+ @a3 9.@c2! altb+ 10.@c3+-)
8.C.iî'd2 a2 9..Ub8+ @al!=.
5...@c4
5...a2?? 6..Ua8.
6.l:!'.c8+ @b3 7.@d3 (voir la finale 28) 7...
@b2!
7...a2 8..Ub8+ @a3 9.@c2+-.
s.:bs+ @cl! 9.@c3 a2 10..Uas @bl
11..UbS+ @cl!=
11...@al?? 12..UeS+-.
14.19 1.@f5! et les Noirs ne peuvent
appliquer aucun système de défense, pas
plus celui de Philidor que celui de K&H.
251
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître

Nous arriverons donc à la position de propre Roi quand celui-ci s'approchera;

Lucena. l....i:.dl? 2.e5 @c3 (2...@d3 3.@d5! - charge
1..J1dl à l'épaule - 3...@e3+ 4.@c6! @f4 et une fois
1...:as 2.'�f6+-. que les Rois sont sur des ailes opposées, le
2.@e6 @f8 3.:f7+! @g8 décompte, 4 temps pour les Noirs contre 3
3...';tie8 4.l:.a7! - les Blancs s'emparent pour les Blancs, favorise ces derniers : 5.e6
de la colonne dont a besoin la Tour noire :el 6.@d7 @f5 7.e7=) 3.@f7 :fl+ 4.@e7
pour être à la distance efficace - 4...@f8 (4.<.t>g7? :el 5.@f6 <.t>d4-+) 4...<.t>d4 5.@d6!
s.:as++-. - une nouvelle charge à l'épaule; comme
4.l:.d7 l:.al 5.<.t>e7 <.t>g7 nous le savons, la charge adverse par
5...:as 6.l:.d8+! - mais pas 6.:a7? à l'arrière conduit à une promotion en Cava­
cause de 6...:el!. lier et à la nulle - 5....l:.al 6.e6 .l:.a6+ 7.<.t>d7
6.<.t>eS+! <.t>d5 8.e7 .l:.a7+ 9.<.t>d8 <.t>d6 10.e8'Ll±.
6.e6 l:.a8=. 2.e5 <.t>d3 3.@f7.l:.f4+ 4.@e7 @e4 5.e6
6...'.Î.Jg6 7.:d6+! 5.@d6 @f5.
7.e6 @f6=. s...<.t>es 6.@d7 .l:.d4+-+ 0-1
7...<.t>g7 8.e6 .l:.a8+ 9..i:.d8 .l:.a6 10.e7 .l:.a7
11..l:.cB+-. 14.22 54...@e4! 55.@h6 @f4 56.gS il.g6!
57.h5 @f5-+ 0-1
14.20 Oui, mais seulement avec un jeu
correct: 14.23 Berkvens-Van Beek, Dieren 2000.
1. <.t>f2! <.t>d2 Oui, 55....l:.g3+!! 56.@h6
l...c5 2.@e3 @c2 3.@e2! @c3 4.@dl @xc4 56.il.xg3 cl'¼!f 57.h8'¼i' '¼!fg5+ 58.@h7
5.@c2=. @f7-+;
56.@h8 @f7-+;
2.c5 <.t>d3 3.<.t>el <.t>c4 4.<.t>d2 <.t>xc5 5.<.t>c3=.
56.@f8 :f3!-+.
14.21 Volke-Kovalev, Minsk 1994. 56... @f7! 57.il.cl
1.@e6? est la continuation de la partie, 57.hS'Li+ @f6 58.@h7 .l:.g7+ 59.@h6
particulièrement intéressante dans la .l:.g4-+.
mesure où son analyse permet de réviser 57...:h3+ 0-1
tous les thèmes de la finale Tour contre
pion. 1.<.t>c4 et 1.@c6 font nulle, tandis que 14.24 Dominguez-Bruzôn, La Havane
1.<.t>e6 perd. 2005.
1.@c4!.l:.e7 (l...@d2 2.e5 @e3 3.@c5! @e4 Oui, par 89...il.e4! 90.'Lle7 @b7= - le Roi
4.e6 :a7 5.@d6=)2.@d5 @d3 3.e5=. noir prend le pion a7 et le Fou peut arrê­
1.@c6.l:.e7 2.@d5 <.t>d3 3.e5=. ter le pion f, parce que les deux diagonales
1.<.t>e6? .l:.d4! font plus de 4 cases.
La Tour se met derrière le pion, mais sur Au lieu de cela, la partie continua par
une case où elle ne sera pas gênée par son 89...@b6? 90.fS.

252
 Test final Ill
Maintenant, une des diagonales ne fait 104....s'.g7=.
que 4 cases et c'est perdant de toute façon, 105.'iYd7++- 1-0
mais en outre le Fou n'arrive même pas à Pour des explications, voir la finale 100.
embêter le pion.
90...@xa7?! 91.èt:le7! 1-0 14.27 Capablanca-Janowski, New York
1916.
14.25 Negulescu-Szuhanek, Bucarest 81..ic3+?
1998. 81..iel! - sur le principe, il est difficile
Oui, à cause de la mauvaise position du de voir la différence entre ce coup et celui
Roi noir. 77.g4!! de la partie, mais ici le Fou empêche que
77..ixfS+? permet aux Noirs d'obtenir le Roi noir ne gagne un temps - 81...@xg6
les positions de défense correctes : 77 ... (81....ie7 82 ..if2 @xg6 83 ..icS+-) 82.b4 @f5
@h6 78.g4 (78..ic2 .ie3 79.@f6 .id2 80.@fS 83.@dS @f4 84.bS @e3 85.@c6 @d3 86.@b7!
@g7=) 78....if6!= 79..ic2 .id8 80.@e6 @g7=]. @c4 87.@a6 @b3 88..iaS+- ;
77...@hS?! 81..id2! gagne aussi, parce qu'il com­
77...@h6 est plus tenace : 78.gS+ @hS plique l' infiltration du Roi noir dans l'arriè­
79..txfS @h4 80..te6! @hS 81.g6 @h6 re-garde des Blancs : 81...@xg6 82.b4+- @fS
82.fS+-. 83.@dS @g4 84.bS @f3 85.@c6 @e4 86..iel
78.gS .ie3 79.g6 .id4 80..ixfS .tes 1-0 @d3 87.@b7! @c4 88.@a6.
(81..id3 .id4 82.fS .ieS 83.f6+-) 81...@xg6 82.b4 @f5 83.@dS 1-0
Janowski a abandonné ici.
14.26 Krarnnik-Polgar, Monaco 1994. 83...@f4 84..td4 [84.b5 @e3 85.@c6 @d3!
90...@h7?? (ce gain de temps permet au Roi noir d'arri­
90.. Jig7!. ver à temps en c4) 86..teS @c4=] 84... @f3!
91.'iVe4+?? 85.bS @e2!=.
91.@f7.s'.g7+ 92.@f8+-.
91...@hS 92.'iYc4 @h7?? 14.28 Kamsky-Bacrot, Sofia 2006.
92....s'.g7=. Oui, bien que la défense soit très difficile.
93.'iVf7+?? 63...@e4!!
93.@f7+-. 63...e4 64..s'.fS++- ;
93...@hS 94.'iVd7 .s'.gS 95.'iVb7 .s'.g8 63...@d4 64..s'.fS+-;
96.'iVb3 @h7?? 63....s'.hl+ 64.@g7 .s'.xh7+ 65.@xh7 (les
96....s'.g7=. Rois sont sur des ailes opposées ; un simple
97.@f7 .s'.g5 98.'iVe6 .s'.g7+ 99.@fS .s'.g5 décompte donne 6 à 6, et du coup les Noirs
100.'iYf6 .s'.g8+ 101.@f7 .s'.g5 102.'iVd4 .s'.f5+ perdent, ce qui se vérifie effectivement) 65...
103.@e6.s'.g5 104.@f6?? e4 66.@g6 @d4 (66...@eS 67..s'.f8 e3 68.@gS
104.@f7 .s'.f5+ 105.@e7 .s'.gS 106.'iVe4+ @e4 69.@g4 e2 70.s'.eS+ . @d3 71.@f3+-)
@h8 107.'iVe6+-. 67.@fS e3 68.@f4 e2 69..s'.e6 @d3 70.@f3+-.
104....s'.gS?? 64..s'.fS.s'.hl+! 65.@g6.s'.xh7!

253
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

Il importe d'éloigner le Roi: 65...'it>d3? 14.30 Urbanec-Hora, Prague 1964.

66.J:.d8+! @c3 (66...@e3 67.h8'i' J:.xh8 Oui, le pion cS est perdu et leur Roi
68.l:Ixh8 e4 69.@f5-+) 67.h8'i' l:Ixh8 68.l:Ixh8 arrive à prendre l'opposition arrière, mais
e4 69..l::!.e8 @d3. ils doivent jouer le Fou avec précision.
66.@xh7 @d3! 67.:l:.dS+ @e3! 89...i.b3?
67...@c3 68..l::!.e8 @d4 69.@g6+-. De là, le Fou ne pourra pas prendre la
68.@g6 e4 69.@f5 @f3! 70..l::!.hS e3 diagonale c8-h3. 89...i.a4! 90.i.f3+ @xcS
7 1..l::!.h3+ @f2 72.@f4 e2 73..l::!.h2+ @fl74.@f3 91.g4 (91.@eS i.d7! 92.i.e4 i.g4! 93.@f4
el'Ll+= et la partie devrait être nulle, mais la i.d7 94.i.fS i.e8 95.g4 @d4 96.gS i.hS
suite est analysée dans le complément de la 97.i.bl i.e8 98.@fS @e3! 99.@f6 @f4!=) 91...
finale 9 - 75.@g3 tbd3 76..l::!.d2 tbel 77..l::!.f2+ @d4 92.gS i.c2 93.i.g4 i.g6 94.i.fS i.e8
@gl 78..l::!.f8 tbg2 79.@f3 @fl 80.@g3+ @gl 9S.i.c2 i.f7 96.@fS @e3 97.@f6 @f4=].
81.@f3 �fl 82.J:.f7 'Llel+ 83.@e3+ @gl 90.i.f3+ @xc5 91.@eS!+- i.f7 92.g4 i.g6
84.@e2 tbg2 85..l::!.h7 tbf4+ 86. @f3 'Lld3 92...@c4 93.gS @d3 94.@f6 i.e8
87.l:Ih4 tbeS+ 88.@e2 @g2 89..l::!.e4 'Llf7 9S.i.dS+- et i.f7.
90..l::!.e7 êbd6 91..l::!.g7+ @h3 92.@f3 @h4 93.i.ds i.c2 94.i.f7 @c6 95.i.eS+ @c7
93.@f4 �h5 94..l::!.e7 tbc4 95..l::!.e6 tbd2 96.J:.c6 96.@f6 @d6 97.gS i.d3 98.i.g6 i.c4 99.i.c2
tbb3 97.@e3 @g4 98.lk4+ @g3 99..l::!.c3 tbaS @d7100.g6 @e8101.g7 i.g8102.J.g6+ @d7
100.@e4+ @f2 101.@dS tbb7 102..l::!.b3 êbd8 103.i.f7 i.h7104.i.b31-0
103.l:Ib8 1-0
14.31 Le résultat correct est la nulle.
14.29Arencibia-Vladimirov, Leôn 1991. Mal placées, les pièces noires ne peuvent
Oui, mais ils n'ont pour cela qu'un seul arrêter le pion blanc, mais la Dame ne
coup. pourra pas l'emporter contre les Cavaliers:
69..l::!.cS? 1.a6 'Llc5 2.a7 'Lle6 3.a8'i' et les Noirs ont
69..l::!.a6? @c3!O 70.l:Ib6 (70.@el @b4-+ une forteresse bien connue (voir l'annexe).
71.@e2 @bS 72..l::!.al cS-+; 70.@e3 .l::!.e6+-+)
70....l::!.d2+ 71.@el cS 72..l::!.c6 .l::!.d5-+. 14.32 Andrés-De la Villa, Mondariz 2000.
Le bon coup est 69.�e3!, qui conduit Le résultat correct est la nulle :
le Roi vers la case de nulle en anticipant la 50...f6!
position de défense frontale à venir : 69...@b4 Le bon coup, même s'il n'est pas aussi
70.J:.al cS 71..l::!.bl+ @a3 72.J:.cl .l::!.dS 73.@e4=. forcé qu'il y paraît (50...@e7 fait nulle aussi).
69...@b4-+ 70..l::!.cl c5 et avec le pion en 5 1.gxf6 g5 S2.f7!
4 rangée et une coupure d'une colonne,
e La partie a continué par 52.fxgS f4 53.f7
les Blancs devaient avoir le Roi en e3 ou e4 @e7 54.g6 f3-+.
pour faire nulle. 52...@e7 53.@xcS g4 54.@d4 @xf7 et la
71..l::!.bl+ @a3 72..l::!.cl .l::!.d5 0-1 (73.@e3 finale est nulle, parce que le Roi blanc peut
@b2-+). défendre le pion c4 sans sortir du carré.
Voir la finale 89.

254

14.33 Oui, mais ils ne doivent pas
prendre le pion blanc
1...f4!
Ne gagnent ni l. .. @g4 2.Me3, arrivant à
la position de Philidor, ni 1...fxg4 2.Mel!,
arrivant à la défense sur la première rangée.
2.gS
2.Mb8 @g3! et le Roi se cache derrière le
pion blanc, gagnant facilement.
2...@g3 3.@fl f3 4.g6 Mh2 5.@el f2 6.@e2
@g2 7.Mf8 @gl 8.@e3 Mg2!, évitant le der­
nier piège, et les Noirs gagnent.
14.34 Oui, par 1.b4!
Mais pas l.i.c3 a5! 2.@b7 @a2 3.@b6 a4
4.@b5 @b3 suivi de a3, échangeant le der­
nier pion blanc.
1...bxaS 2.bxa5 bS! 3.axb6 a5 4.b7 a4
5.@c7 a2 6.b8°ii
Ou bien 6.@c6!, attendant de faire Dame
avec échec.
6...a2 7.@b6!
Gagnant deux temps dans l'approche
du Roi.
7...@b2 8.@cS et le Roi est rentré dans la
zone de gain- voir la finale 17.
14.35 Winants-Hansen, Wijkaanzee, 1994 i.h4 5.i.b4 @e6=;
Avec le coup correct, les Blancs auraient
fait nulle.
1.gxf3+?
l.g3! f4 2.gxf4 @xf4 et c'est nulle selon la
règle de Bahr- finale 83.
1...@h3! 2.f4
2.@e2 f4 3.@f2 @h2 4.@e2 @g3 et le pion 8.i.d6+-.
f des Noirs fait Dame.
2...@g4 3.@e3 @g3 et maintenant, le
pion f des Blancs tombe et la règle de Bahr
donne le gain aux Noirs.
Testfinal Ill
14.36 Landenbergue-Salgado, Elgoibar,
2006
Toutes les finales de Tours sont nulles ...
parce qu'on les joue mal.
64.Mxa6?
Les Blancs pouvaient gagner par une
manœuvre qui n'a rien de facile: 64.Me6!
Md4 65.@xa6 Mxd5 66.Mel+-, coupant le
Roi sur la colonne f et arrivant par force à
la finale 67 ;
64.Mh6 doit gagner aussi.
64...@eS! 65.d6 @e6 66.@bS Mel 67.a4
@d7 68.Mb6 Mbl+?
68...Mdl! 69.@a6 Md5 70.a5 @c8!= et dans
cette curieuse position, malgré les deux
pions de plus, les pièces blanches sont très
passives et ne peuvent progresser.
69.@a6 Mal 70.aS Ma2 71.Mbl @xd6
72.@b6 @d7 73.a6 @c8 74.@a7? @c7 75.Mcl+
@d7 76.McS @d6 77.MhS @c7 78.Mh6 Mal
79.Mh7+ @c6 ½-½
14.37 Halberstadt, 1939
1.@e4!
Un cas de contournement tout à fait
remarquable.
l.@e6 @d3 2.@f7 @e4 3.@e8 @d5 4.i.a5
1.@d4 @f3=;
l.@d6 @d3 2.@c7 @c4 3.@c8 @d5 4.i.g5
i.a5 5.i.f4 @c6=.
1...i.g3
1...i.c3 2.@f5 i.el 3.@g5 ii.d2+ 4.@g6
i.el 5.@f7 @f3 6.@e8 @e4 7.i.c7 i.h4
2.@d5! @d3 3.@c6 i.el 4.@b5!
Encore un curieux coup en arrière, qui
empêche ... i.a5- 4.@b7? @c4 5.@c8 @d5=.
4...i.g3 5.@b6
255
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Empêche ...i.c7.
5...i.f2+ 6. @b7 .tel 7.@c8 @c4 8..ie7
.tas 9..td6 @d5 10..tc7+-.
14.38 D'après une étude de Riihima,
1942. Dans l'étude originale, le Roi était en
d2, ce qui donnait aux Blancs deux solutions.
Option n ° 1: Après 1.i.xb5? @e6 2.dxe5
@xe5, les Noirs gagnent parce qu'ils
avancent le pion f jusqu'en f2 et brisent
ensuite la défense en zone en conduisant
leur Roi en gl.
Option n° 2 : 1.i.xb5? @e6 2.dxc5 e4! (il
faut trois coups aux Blancs pour amener la
bonne position défensive, avec le Fou en
g2 et le Roi en e2, et maintenant les Noirs
peuvent toujours placer ...f4-f3 avant qu'ils
n'y parviennent) 3..tfl [3..ie2 f4 4 ..tg4+
(4..th5 f3) 4 ...@d5 5.@e2 @xc5 6.i.h3 (le
Fou tente d'atteindre g2) 6...f3+! 7.@f3 @d5
8.i.g4 i.b6+-+] 3...f4! 4.@e2 (il ne reste
plus qu'à mettre le Fou en g2, mais ...) 4...
f3+! 5.@e3 @e5 6.i.a6 i.e7 7.c6 i.c5 8.@d2
i.b6-+ et les Blancs n'arrivent pas à donner
le Fou pour les deux pions.
Option n ° 3: Après l.i.xf5+! @c6!
(l...@d6 2.dxe5+ @xe5 3.i.d7 fait nulle)
2.dxe5?, les Blancs perdent parce qu'ils
n'arrivent pas à la position de défense cor­
recte contre ces deux pions (le Fou sur la
diagonale fl-d3 et le Roi en b3) : 2...c4!-+
3.'�c2 (3.i.h3 @c5-+) 3...@c5 4.i.e4 i.c7
5.e6 i.d6 6.@b2 i.e7 7..ibl i.f6+ 8.@c2 b4
9..ia2 @b5-+.
Option n ° 4 : 1.i.xf5+! @c6 2.dxc5! est
le seul moyen de faire nulle. La présence
d'un pion-cavalier facilite la défense - voir
la finale 47.
2...@xc5 3.@d2 @b4
256
L'avance du pion-roi suite à 3...@d4
conduirait à la position 9.12 après 4.i.g6 e4
5..tfS b4 6.i.g6 e3+ 7.@e2.
4.i.g6 @a3 5.@c2 b4 6.Îi.e4 b3+ 7.@d2
Ji.as+ 8.@dl @a2 9. .id5! @a3 10.i.e4! b2
11..tbl=.
14.39 Anand-Gelfand, Moscou 2012.
Oui. 72.étJe6+! @c8 73.étJd4 Mf8 74.étJxf3
Mxf3 75.@b6!
Empêchant la défense en première
rangée (voir la finale 55).
75...Mb3
75... Mf8 76.@a7! Mf7+ 77.@a8 Mfl 78.Mc6+
@d7 79.@b7 et on ne peut éviter la position
de Lucena (finale 53).
76.Mg8+ @d7 77.Mb8+- 1-0
14.40 Gelfand-Anand, Moscou 2012
61.Mh7?
Une terrible erreur, qui permet au Roi
noir de s'approcher du pion. Par 61.@g3!,
on empêche les Noirs d'atteindre la posi­
tion de Vancura, et les Blancs gagnent faci­
lement: 61...@b7 62.@g4 Mhl 63.@fS+-,
amenant le Roi en g6 pour libérer la Tour.
61...@d6! 62.@g3 @e6 63.@g4 '.â'.hl ½-½.
Les deux dernières positions ont décidé
du résultat du championnat du monde
2012 !
14.41 Kariakin-Volokitin, Istanbul 2012
44...'.â'.xb4+?
Les Noirs ne récupèrent leurs pions que
pour tomber dans une finale perdante ; il
était bien meilleur de rapprocher le Roi :
44...@d6! 45.'.â'.a7 (45.'.â'.f7 @e6=; 45.'.â'.h7
@e6=) 45... '.â'.xb4+ 46.@fS '.â'.xh4 47.f4 Mh6!
 Test final EIJ
48. .l:If7 .l:Ih4 49..l:Ixf6+ @e7= - avec la Tour
noire en h4, les Blancs ne peuvent pas pro­
gresser.
45.@fS llxh4 46.lle4 llh8 47.lld4 �c5
48..l:Id3 :tas 49.f4 lla4 50.lld7 @c6 51.llf7
�d6 52Jhf6+ �e7 (D)

53.@g6!
La mauvaise position des pièces noires
les empêche d'atteindre tant une position
de Philidor (finale 52) qu'une position de
Kling & Horwitz (finale 56).
53...llal 54.llf7+! @e8 55.f5 llg1+ 56.@f6
.l:Ifl
La position est similaire à celle de Kling
& Horwitz, mais nous avons vu dans le
texte de la finale 56 que, contre un pion­
fou, le Roi doit être sur le petit côté - ce qui
est ici impossible.
57.lla7 .l:If2 58..l:IaS+ �d7 59J�f8! llh2
60.�g7 .l:Ig2+ 61.�f7 .l:Ia2 62.f6 .l:Ia7 63.lle8
.l:Ia6 64..l:Iel et on va arriver à la position de
Lucena (finale 53).
Les Noirs ont abandonné, ce qui a
permis à la Russie de battre l'Ukraine aux
Olympiades de 2012.

257
 15.ANNEXE
1. Les forteresses Dame contre deux pièces
mineures
Nous avons expliqué le concept de for­
teresse dès l'introduction, et au fil du livre
nous avons rencontré diverses situations
qui lui correspondent. Cependant, il y a
encore un certain nombre de forteresses
d'intérêt théorique.
Dans les diagrammes suivants, nous
présentons des positions qui ne demandent
pas beaucoup d'analyse, mais qu'il convient
de connaître. Dans certains cas, elles repré­
sentent le seul moyen d'obtenir la nulle
avec le rapport matériel en question ; dans
d'autres, il s'agit de situations relativement
FI. Karstedt, 1903
normales, que l'on peut rechercher comme
Nulle (seulement dans le coin)
une ultime planche de salut.
Il suffit de les observer et d'en com­
prendre la logique. Bien sûr, si vous n'êtes
pas convaincu par un énoncé, il est judi­
cieux de le vérifier. Si vous vous retrouvez
dans une finale avec un handicap matériel,
n'hésitez pas à chercher votre salut dans
ces positions, vous trouverez comment
vous défendre devant l'échiquier.

F2. Lolli, 1763

Nulle (seulement dans le coin)

259
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

F3 F4
Nulle. Cette configuration de pièces Nulle. Mais ça ne marche pas avec le Roi
noires fait nulle sur tout l'échiquier. blanc en e2.
Même avec les deux Cavaliers collés à la
bande, la position est en général nulle.

Dame contre Tour (avec des

pions)

Une Tour près d'un coin peut bâtir une

forteresse contre une Dame, parfois même
si celle-ci est accompagnée d'un pion. Les
diagrammes suivants illustrent les cas les
plus connus avec un pion, mais il peut
aussi exister des forteresses avec davan­
tage de pions de part et d'autre.

FS. Salvioli, 1896

Nulle. Mais pas avec le Roi noir en b7.

260

F6
Nulle. C'est l'une des forteresses les
plus inattendues. Elle exige une défense
assez précise, par rapport à la plupart
des autres.
F7. Grigoriev, 1917
Nulle (mais seulement avec le Roi blanc
confiné à la bande)
Annexe m
Tour contre Fou
Près d'un coin, un Fou peut parfois
résister à une Tour. Une condition mérite
d'être observée: le Fou doit presque tou­
jours être sur une case de couleur opposée
à celles de ses pions - s'il défend ses pions,
le Roi adverse s'infiltre par les cases de
l'autre couleur et l'emporte.
F8
Cela ressemble à une forteresse, mais ...
Si le Fou surveille f3 sans se mettre ni en
g2 ni en hl, il n'est pas facile de voir com­
ment les Noirs peuvent gagner. Cepen­
dant, Noam Elkies a découvert en 1993 un
plan brillant: d'abord, le Roi noir se rend
en h4 de façon à menacer ...'�h3. Pour
l'empêcher, le Fou doit se rendre sur la
diagonale fl-a6, mais les cases g2 et f1 sont
indisponibles à cause de ...g4-g3. La Tour
noire se rend alors en b4, d'où elle contrôle
des cases importantes, et le Roi noir passe
en f3.
261
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître

F9 Fll
Nulle. Le Fou doit surveiller f3 et le Roi Nulle.Le Fou doit surveiller g4.
f2.

FlO Fl2
Nulle. À cause du pat. Nulle. Le Fou surveille g3 et le Roi attend,
même contre .. .f4-f3.

262
 Annexe m

Fl3 FlS
Pseudo-forteresse. Les Noirs gagnent en Pseudo-forteresse. Les Noirs peuvent
forçant l'avance de l'un des pions en h3. gagner en transposant dans la position
du diagramme F8.

Fl4 Fl6
Nulle. Le Fou surveille continuellement Nulle. Le Fou doit empêcher h3-h4 ainsi
f3. Mais avec le pion blanc en h2, ça ne que@f6.
suffirait pas.

263
Jesus de la Villa Garcia I Les 100 finales qu'il faut connaître
Fl7.Averbakh, 1962
Nulle, mais pas si le Roi blanc est coupé
sur la première rangée.
Un pion-tour en deuxième rangée fait
des miracles
Fl8
Nulle. Nous avons vu dès l'introduc­
tion plusieurs forteresses fondées sur
la solidité défensive d'un pion-tour en
deuxième rangée. Ici, on pourrait ajouter
d'autres pions sur la colonne h, sans rien
changer au résultat.
264
Fl9
Nulle. Malgré l'écrasant avantage
d'un Fou et d'un pion en septième
rangée, les Blancs ne gagnent pas. On
pourrait ajouter des pions noirs sur la
diagonale b l -h7 et des pions blancs sur
la diagonale c l-h6.
2. Le résultat correct de
certains rapports
matériels
Voici une liste des résultats que doivent
théoriquement donner certains rapports
matériels peu fréquents mais qui se pré­
sentent à l'occasion. Je ne pense pas qu'il
soit utile d'étudier ces finales de près,
mais il est bel et bien préférable de savoir
ce qu'elles donnent si on les rencontre un
jour.
On trouve une liste beaucoup plus
complète dans le livre Fundamental Chess
Endings, de Lamprecht et Müller, que
 Annexe m
l'on peut considérer comme une encyclo- (pour leur valeur pratique, mais aussi parce
pédie moderne des finales. J'en ai extrait que je pense que les choses seront ainsi
quelques-unes des conclusions de la liste beaucoup plus faciles à retenir).
que voici.

• Deux Cavaliers contre Roi dépouillé.

Nulle.

• Deux Cavaliers contre Roi et pion.

C'est la seule finale de cette liste que
nous allons illustrer par quelques dia­
grammes. Les deux Cavaliers gagnent
quelquefois parce que le pion supprime les
thèmes de pat.

Seconde Ligne de Troitzky

(ou Ligne de Müller)

Dans de nombreuses positions, le gain

le plus rapide requiert plus de 50 coups
(et la partie doit donc être nulle en vertu
de la règle des 50 coups). Karsten Müller a
construit une nouvelle ligne qu'il a appe­
lée Seconde Ligne de Troitzky, qui illustre
les situations dans lesquelles les Cavaliers
l'emportent dans 99 % des cas sans dépas­
Ligne de Troitzky ser la limite des 50 coups (le nombre de
coups requis est toujours fonction de la
Si les Blancs ont les Cavaliers, ils peuvent position des Rois et du Cavalier qui ne
toujours forcer le mat du Roi adverse bloque pas le pion).
pourvu que le pion noir soit fermement
bloqué sur une des cases marquées d'une En pratique, la plupart des positions
croix (ou derrière celles-ci). avec un pion-fou sont gagnées même quand
Cette ligne de Troitzky -Alexey Troitzky le pion n'est bloqué que sur sa cinquième
est le premier à l'avoir décrite - est correcte rangée. La seule ressource de la défense est
d'un point de vue théorique, mais elle pré­ la configuration de pat suivante
sente deux problèmes pratiques; c'est pour­
quoi je donnerai encore deux autres lignes

265
Jesus de la Villa Garda I Les 100 finales qu'il faut connaître

• Dame contre deux Fous.

Gain, sauf si l'on arrive à la position
F2.

• Dame contre deux Cavaliers.

Il y a plus de positions de nulle qu'avec
les autres paires de pièces mineures.
VoirF3.

• Dame et Fou contre Dame.

Nulle, en général.

• Dame et Cavalier contre Dame.

Les Noirs font nulle en gardant le Roi Nulle, en général.
en g2 ou hl. La position de l'autre Cavalier
est sans importance. Cela nous conduit à la • Tour et Fou contre Tour.
ligne suivante Nulle, en général.

• Tour et Cavalier contre Tour.

Nulle, en général.

• Deux Fous contre Cavalier.

Gain. L'évaluation de cette finale a
changé en 1983 grâce à l'apport de
l'ordinateur.

Ligne de Troitzky sans l'exception de

pat dans le coin avec un pion-fou

• Dame contre Tour.

Cela gagne, mais ce n'est pas facile
en pratique.

• Dame contre Fou et Cavalier.

Gain, sauf si l' on arrive à la positionFl.

266
 BIBLIOGRAPHIE
Il existe beaucoup de bons livres de finales, et cette bibliographie ne vise en rien
à l'exhaustivité ! Il s'agit juste de donner au lecteur quelques conseils susceptibles de
l'aider à approfondir sa connaissance de la théorie des finales. Les livres qui traitent
exclusivement des finales avec plusieurs pièces ou plusieurs pions comme ceux de
stratégie des finales sont très intéressants pour qui veut améliorer sa technique, mais
je ne les ai pas inclus dans cette sélection. Il en va de même des livres d'exercices sur
les finales. Ils sont également utiles pour s'entraîner et vérifier ses connaissances,
mais ils n'apparaîtront pas dans cette liste.

Rey Ardid (livres en espagnol)

L' œuvre du docteur espagnol Ramôn Rey Ardid remplit 5 volumes. Les volumes
1 et 2 couvrent les finales de pions sous le titre général Finales de Ajedrez (finales
d'échecs). Les autres sont Finales de Piezas Menores (finales de pièces mineures),
Finales de Torres (finales de Tours) et Finales de Damas (finales de Dames). Cette œuvre
constitue l'une des collections de finales théoriques et pratiques les plus complètes,
mais certains de ces livres sont difficiles à trouver - seuls les volumes consacrés aux
finales de Tours et de pièces mineures, publiés par les éditions Club de Ajedrez, sont
relativement bien distribués.

Averbakh
Yuri Averbakh aussi a publié plusieurs livres sur les finales théoriques, couvrant
tous les types de finales. Sa série Comprehensive Chess Endings (finales complètes),
disponible en anglais et en russe, est une autre belle collection de finales théoriques
et pratiques.

JohnNunn
Le grand maître anglais John Nunn a entrepris une série d'ouvrages couvrant
toutes les positions possibles avec un matériel très réduit, en s'appuyant sur des
analyses d'ordinateurs. Le premier titre à paraître fut Secrets of Rook Endings (les
secrets des finales de Tours), où Nunn étudiait la finale de Tour et pion contre Tour
dans les moindres détails. Vinrent ensuite Secrets of Pawnless Endings (les secrets des
finales sans pions) et Secrets of Minor-Piece Endings (les secrets des finales de pièces
mineures). L'ensemble de la collection constitue un excellent travail de référence qui
aide le lecteur à résoudre tout type de problème en finale, même si l'on peut aussi
s'appuyer, aujourd'hui, sur les tables de Nalimov.

267
 Paul Keres: Finales d'échecs pratiques (Grasset/Europe Échecs)
Un classique qui inclut les finales théoriques les plus importantes ainsi que des
finales pratiques.

Levenfish & Smyslov: Finales de Tours (Hatier)

Ce livre resta longtemps l'ouvrage de référence pour les finales de Tours, et il
reste encore aujourd'hui l'un des meilleurs outils pour améliorer sa technique dans
ce genre de positions.
N.D.T. : ce livre est aujourd'hui très difficile à trouver en français.

llya Maizelis: Finales de pions (Hatier)

Ce livre a subi beaucoup plus de critiques que le précédent, et il est aussi plus
difficile à suivre.
N.D.T. : ce livre est aujourd'hui très difficile à trouver en français.

Müller & Lamprecht: Secrets of Pawn Endings (les secrets des finales de pions, Eve­
ryman)
En l'an 2000, Everyman Chess a publié le premier livre de ces deux auteurs alle­
mands, dont la profondeur et la clarté surprirent l'ensemble de la communauté
échiquéenne. C'est à l'heure actuelle le meilleur livre pour améliorer sa technique
des finales de pions.

Müller & Lamprecht : Fundamental Chess Endings (les finales d'échecs fondamen­
tales, Gambit)
Après Secrets of Pawn Endings, Müller & Lamprecht ont publié chez Gambit un
projet beaucoup plus ambitieux. On peut considérer cet ouvrage comme une ency­
clopédie moderne des finales, car il couvre tous les thèmes importants et s'appuie sur
des analyses d'ordinateurs. C'est donc un livre de référence essentiel et il est égale­
ment très utile comme matériel d'étude.

Mark Dvoretsky: Le manuel des finales (FFE)

Mark Dvoretsky est le plus célèbre entraîneur d'échecs contemporain, et il a beau­
coup travaillé sur les finales. Ce livre remarquable présente plus de mille exemples
qui illustrent presque toute la théorie moderne de cette phase de la partie. Les expli­
cations de Dvoretsky sont longues et didactiques, si bien que ce livre se prête très
bien à l'étude, même s'il est aussi un outil de référence. Beaucoup considèrent Le
manuel des finales comme le meilleur livre de finales à ce jour.
N.D.T. : Publié en français par la Fédération Française des Échecs, ce livre est aujourd'hui
très difficile à trouver.

268
 TABLES DES MATIÈRES
Sommaire ...................................................................................................................................................... 5
Symboles....................................................................................................................................................... 6

Introduction ................................................................................................................................................. 7
L'importance relative des finales ........................................................................................................... 7
Comment étudier les finales ..................................................................................................................9
Ce que vous trouverez dans ce livre ....................................................................................................10
Comment utiliser ce livre ....................................................................................................................11
Mise en route.......................................................................................................................................12
La mémorisation des règles .................................................................................................................13
Les positions limites ............................................................................................................................14
Avancer pas à pas ................................................................................................................................15
Le second test.......................................................................................................................................15
(( Sur des épaules de géants » ..............................................................................................................16
Introduction à l'étude des finales ........................................................................................................17
Les statistiques ....................................................................................................................................17
La mobilité des pièces .......................................................................................................................... 18
La Tour ..........................................................................................................................................19
Le Fou ............................................................................................................................................19
La Dame ........................................................................................................................................ 19
Le Cavalier ....................................................................................................................................20
L'itinéraire des pièces ..........................................................................................................................20
Le cheminement tortueux du Cavalier ..................................................................................... 20
Les multiples routes du Roi ....................................................................................................... 21
La domination du Cavalier .................................................................................................................. 21
Le concept de forteresse. Quelques exemples simples ..........................................................................22

1. Les finales élémentaires ....................................................................................................................... 27

Finale 1. La règle du carré .................................................................................................................... 27
Interposer le Roi et soutenir l'avance du pion .....................................................................................28
Finale 2. Le pion en sixième rangée .................................................................................................... 29
L'opposition .........................................................................................................................................29
On peut perdre l'opposition ......................................................................................................31
Le pion-cavalier............................................................................................................................32
Finale 3. Les cases clés ..........................................................................................................................32
Le pion-cavalier ...................................................................................................................................33

269
 Les cases clés quand le pion n'a pas encore atteint la cinquième rangée ............................................. 34
L'opposition distante .................................................................................................................. 35
L'utilité du temps de réserve ..................................................................................................... 36
Finale 4. Le pion-tour. Le Roi de la défense est devant le pion. ..................................................... 36
Le nombre de pions ne change rien ..................................................................................................... 37
Finale 5. L'enfermement du Roi du camp fort .................................................................................. 37
Finale 6. Tour contre Fou. Le mauvais coin....................................................................................... 38
Finale 7. Tour contre Fou. Le bon coin ...............................................................................................39
Finale 8. Tour contre Cavalier. Roi et Cavalier à la bande ..............................................................39
Finale 9. Tour contre Cavalier. Roi et Cavalier dans le coin ...........................................................41
Tour contre Cavalier dans une partie récente ......................... ............................................................42

2. Test élémentaire ....................................................................................................................................45

Solutions ................................................................................................................................................. 51

3. Cavaliercontre pion..............................................................................................................................55
Finale 10. Cavalier contre pion en septième rangée ......................................................................... 55
Le contrôle latéral ................................................................................................................................ 56
Finale 11. Le pion-cavalier ................................................................................................................... 57
Finale 12. Le pion-tour en sixième rangée ......................................................................................... 58
Finale 13. Le pion-Tour en septième rangée ..................................................................................... 58
La barrière ........................................................................................................................................... 58
L'autre barrière ............................................................................................................................. 59
Positions exceptionnelles ..................................................................................................................... 60
Finale 14. Le Cavalier fait mat ............................................................................................................. 60
Finale 15. La case idiote du Cavalier .................................................................................................. 61

4. Dame contre pion .................................................................................................................................. 63

Finale 16. Dame contre pion en septième rangée .............................................................................63
La méthode de gain .............................................................................................................................. 63
Quand le Roi du camp fort est une gêne ............................................................................................. 64
Finale 17. Dame contre pion-tour en septième rangée ....................................................................64
La ressource de pat .............................................................................................................................. 64
Le Roi du camp fort est proche ............................................................................................................ 65
Finale 18. Dame contre pion-fou en septième rangée ...................................................................... 66
La zone de gain du Roi attaquant. Le Roi de la défense est du bon côté.............................................. 67
Le Roi de la défense est du mauvais côté ............................................................................................. 67
Le mat en d7 ........................................................................................................................................ 68
Finale 19. Un piège qui marche trop souvent ...................................................................................69

270
 Le même piège de l'autre côté .............................................................................................................. 70
Finale 20. Dame contre Dame .............................................................................................................. 70

5. Tour contre pion .................................................................................................................................... 73

Finale 21. Les Rois ne se gênent pas ...................................................................................................73
Un simple décompte ............................................................................................................................ 73
Les Rois se gênent... un peu ............................................................................................................... 74
Finale 22. Roi de la défense en troisième rangée. La coupure horizontale. ..................................74
Finale 23. Le Roi du camp fort est derrière le pion ..........................................................................76
La promotion en Cavalier .................................................................................................................... 76
Le contournement................................................................................................................................ 77
Finale 24. Le Roi du camp fort est sur le côté ....................................................................................79
La charge à l'épaule.............................................................................................................................. 79
Un échec qui gagne un temps ............................................................................................................. 80
Charge à l'épaule et échec qui gagne un temps ................................................................................... 80
Finale 25. La Tour devant le pion........................................................................................................81
Le contournement. L'importance du Zugzwang................................................................................. 81
Finale 26. Les thèmes caractéristiques du pion-cavalier..................................................................82
Finale 27. Pion-tour. La charge par l'arrière ......................................................................................83
Le Cavalier au coin perd ...................................................................................................................... 83
Finale 28. Pion-tour. La charge latérale ..............................................................................................84
Pat dans le coin.................................................................................................................................... 84
La position limite................................................................................................................................. 85
Finale 29. Le pion gagne contre la Tour .............................................................................................86

6. Tour contre deux pions ........................................................................................................................ 89

Finale 30. Les Rois ne participent pas ................................................................................................89
Position limite. La Tour est derrière les pions .................................................................................... 89
La Tour est devant les pions................................................................................................................ 90
Finale 31. Les deux Rois participent ...................................................................................................90
Le Roi du camp fortfaitface aux pions ............................................................................................... 90
Le Roi du camp fort est sur le côté ...................................................................................................... 90
Finale 32. Seul le Roi du camp des pions participe .......................................................................... 91
Le Roi va au contact du pion le moins avancé (la capture par la queue) ............................................91
La série d'échecs ................................................................................................................................... 93

7. Fou et pion contre Fou de même couleur ......................................................................................... 95

Finale 33. L'expulsion des diagonales ................................................................................................95
Finale 34. L'opposition arrière .............................................................................................................96

271
 Finale 35. Les petites diagonales .........................................................................................................97
Finale 36. La défense frontale .............................................................................................................. 98
Révision de divers thèmes.................................................................................................................... 99

8. Fou contre Cavalier, avec un pion ....................................................................................................101

Section 1. Cavalier et pion contre Fou .............................................................................................. 101
Finale 37. Le pion central ................................................................................................................... 101
Finale 38. Le pion-tour........................................................................................................................ 104
Quand le Roi de la défense est plus éloigné.......................................................................................105
Section 2. Fou et pion contre Cavalier .............................................................................................. 107
Finale 39. Pion en septième rangée ................................................................................................... 107
Zugzwang, pat ou échec perpétuel .......................................................................... ..........................107
Finale 40. Le Cavalier contrôle le pion depuis une position précaire .......................................... 109

9. Fou et deux pions contre Fou (Fous de couleurs opposées) ........................................................ 111
Section 1. Pions liés ............................................................................................................................. 112
Finale 41. Les pions en sixième rangée ............................................................................................112
Le Fou est devant les pions ................................................................................................................ 113
Pion-tour avec pion-cavalier ............................................................................................................. 113
Finale 42. Les pions sont en cinquième rangée ou moins avancés ............................................... 113
La méthode de gain ............................................................................................................................ 114
Le système de défense ........................................................................................................................ 114
Les pions en quatrième rangée .......................................................................................................... 115
Finale 43. Un duo de pions très spécial. La cage ............................................................................ 116
Section 2. Pions isolés. Les trois cas de nulle................................................................................... 117
Finale 44. Les pions sont séparés par une seule colonne ............................................................... 118
Finale 45. Les deux pions sont bloqués sur la même diagonale ................................................... 118
Section 3. Les pions sont séparés par deux colonnes ..................................................................... 119
Finale 46. La méthode de gain ........................................................................................................... 120
Finale 47. Pion-cavalier et pion central ............................................................................................ 120
Le Fou de la défense contrôle la case de promotion............................................................................ 120
Le Fou du camp fort contrôle la case de promotion .................................................................... .......122
Finale 48. Pion central et pion-tour ................................................................................................... 123
Section 4. Les pions sont séparés par trois colonnes ...................................................................... 124
Finale 49. Pion-fou et pion-cavalier .................................................................................................. 124
La manœuvre de contournement par la bande .................................................................................. 124
Finale 50. Le Fou du camp fort contrôle la case de promotion du pion-cavalier....................... 125
Le pion-cavalier est moins avancé .....................................................................................................126
Finale 51. Pion central et pion-tour................................................................................................... 127

272
 Résumé .................................................................................................................................................. 128
Règles générales : ....................................................................................................................... 128
Conclusions : ............................................................................................................................. 129

10. Tour et pion contre Tour..................................................................................................................131

Section 1. Les positions fondamentales............................................................................................ 132
Finale 52. La position de Philidor ..................................................................................................... 132
Finale 53. Position de Lucena. Le pont.. ........................................................................................... 134
Section 2. Le pion a déjà franchi la moitié de l'échiquier .............................................................. 135
Finale 54. Le grand côté ...................................................................................................................... 136
Finale 55. Pion-cavalier. Défense sur la première rangée .............................................................. 137
Finale 56. Pion-fou ou pion central. Défense de Kling et Horwitz (K&H) .................................. 137
Finale 57. Pion central sur la sixième rangée. La Tour est à la distance efficace........................ 140
Finale 58. Pion central en sixième rangée. La Tour n'est pas à la distance efficace ...................142
Résumé de la section 2........................................................................................................................ 144
Section 3. La coupure verticale .......................................................................................................... 145
Finale 59. Le Roi est coupé verticalement d'une colonne .............................................................. 145
Finale 60. Le Roi est coupé de deux colonnes. La méthode de Grigoriev ................................... 147
Finale 61. Coupure verticale de deux colonnes contre grand côté. Thèmes de mat..................148
Quelques idées sur la coupure verticale ............................................................................................ 149
Résumé sur la coupure verticale........................................................................................................ 150
Section 4. La coupure horizontale ..................................................................................................... 150
Finale 62. La coupure horizontale parfaite ...................................................................................... 150
Pion-cavalier...................................................................................................................................... 150
Pion-fou ............................................................................................................................................. 151
Coupure horizontale parfaite avec un pion central en troisième rangée ........................................... 152
Finale 63. La coupure horizontale imparfaite ................................................................................. 152
Finale 64. La coupure horizontale apparente .................................................................................. 153
Résumé sur la coupure horizontale ................................................................................................... 154
Section 5. Le pion-tour ........................................................................................................................ 154
Finale 65. Pion en septième rangée. La Tour du camp fort est devant lui .................................. 155
Finale 66. Pion en sixième rangée. La défense Vancura................................................................. 155
Défense de Vancura (2)...................................................................................................................... 157
Finale 67. Pion-tour en septième rangée, son Roi devant lui.. ...................................................... 159
Finale 68. Le Roi et la Tour en soutien du pion .............................................................................. 161

11. Tour et deux pions contre Tour ...................................................................................................... 163

Premier cas ........................................................................................................................................... 163
Finale 69. Pions centraux .................................................................................................................... 163

273
 Finale 70. Pions-cavaliers ................................................................................................................... 165
La défense en deuxième rangée .......................................................................................................... 165
Deuxième cas ..................................................................................................................... '. .................166
Finale 71. Le Roi coupé à la bande .................................................................................................... 167
Finale 72. Pion-fou en cinquième rangée ......................................................................................... 168
Finale 73. La méthode de défense ..................................................................................................... 170
Une variante importante. L'avance du pion-tour.............................................................................. 173
Troisième cas ........................................................................................................................................175
Finale 74. Pions liés et bloqués .......................................................................................................... 175
Pions centraux liés ............................................................................................................................ 176
Autre exemple de pions centraux liés ................................................................................................ 176
Quatrième cas ...................................................................................................................................... 177
Finale 75. La Tour coincée devant son pion en septième rangée ................................................. 177
Cinquième cas ......................................................................................................................................178
Finale 76. La défense de Vancura contre 2 pions ............................................................................ 178

12. Finales de pions ................................................................................................................................. 179

Section 1. Roi et deux pions contre Roi ............................................................................................179
Finale 77. Pions doublés ..................................................................................................................... 180
Finale 78. Pions isolés ......................................................................................................................... 180
Les pions se défendent entre eux ....................................................................................................... 181
Retarder la prise ................................................................................................................................ 181
Section 2. Roi et pion contre Roi et pion ..........................................................................................182
Finale 79. Pions bloqués. Les cases critiques ...................................................................................182
L'attaque avec une case réservée ........................................................................................................ 183
Exemple d'application avec plus de pions.......................................................................................... 183
Finale 80. Pions bloqués moins avancés (ou pions-tours) ............................................................. 184
Les manœuvres avant la prise. Les multiples routes du Roi ............................................................. 185
Le pion-tour ....................................................................................................................................... 186
Finale 81. Pions sur des colonnes adjacentes................................................................................... 187
Le sacrifice de pion pour modifier les cases critiques......................................................................... 187
Finale 82. Pions passés. Les Rois courent deux lièvres à la fois ...................................................187
La finale de Réti ........................................................................................ ......................................... 188
L'attraction du Roi sur une case donnée ........................................................................................... 190
Section 3. Deux pions contre un ........................................................................................................191
Finale 83. Pions-tours et pion passé éloigné....................................................................................191
Le pion bloqué du camp fort n'a pas atteint la cinquième rangée...................................................... 192
Les lignes de nulle ............................................................................................................................. 193
Finale 84. Pions-tours et pion central du même côté ..................................................................... 194

274
 Le pion-tour du camp fort est bloqué en sixième rangée ................................................................... 194
Le pion-tour du camp fort est bloqué en cinquième rangée ............................................................... 195
Le pion-tour du camp fort est bloqué en quatrième rangée ............................................................... 196
Finale 85. Pions-tours et pion-fou sur la même aile ....................................................................... 196
Le pion du camp faible est sur sa case d'origine ................................................................................196
Finale 86. Le pion du camp faible a déjà joué. La triangulation................................................... 197
Finale 87. Pion-cavalier et pion-tour contre pion-tour...................................................................199
Tous les pions sont en deuxième rangée ............................................................................................200
La même position, trait aux Blancs ................................................................................................... 202
Un pion a déjà avancé .......................................................................................................................203
Une importante position de défense .................................................................................................. 204
Section 4. Les finales avec un plus grand nombre de pions. Quelques thèmes des finales de pions 205
Finale 88. La lutte du Roi contre deux pions passés.......................................................................206
Le carré mobile...................................................................................................................................206
Trois colonnes entre les pions............................................................................................................ 206
Les pions ne sont séparés que par une colonne ................................................................................. 207
Finale 89. Le pion passé protégé .......................................................................................................208
Le pion passé adverse est à deux colonnes du carré du pion passé protégé ....................................... 208
Le pion passé protégé est en sixième rangée ...................................................................................... 209
Finale 90. Le pion passé éloigné ........................................................................................................209
Finale 91. Les pions doublés ..............................................................................................................210
Sur l'aile où leur camp a une majorité .............................................................................................. 210
Sur l'aile où leur camp n'a pas de majorité........................................................................................ 211
Finale 92. Les percées loin du Roi .....................................................................................................211
Préparation d'une rupture. Une paire de pions bien innocente........................................................ 212

13. Les autres rapports matériels .......................................................................................................... 213

Finale 93. Le mat avec Fou et Cavalier ............................................................................................. 213
Tour et Fou contre Tour .....................................................................................................................218
Finale 94. Le Roi à la bande ...............................................................................................................219
La position de Philidor ...................................................................................................................... 219
Les Rois sur une colonne fou (Lolli) .................................................................................................. 222
Les Rois sur une colonne cavalier (Lolli) .......................................................................................... 222
Les Rois sur une colonne tour ........................................................................................................... 223
Finale 95. Le Roi est loin de la bande. La défense de Cochrane ................................................... 223
Finale 96. La défense en deuxième rangée ...................................................................................... 226
Finale 97. Tour et pion-fou en sixième rangée contre Fou ............................................................229
Finale 98. Tour et pion-tour contre Fou ........................................................................................... 230
Pion en sixième rangée ...................................................................................................................... 230

275
 Pion en cinquième rangée.................................................................................................................. 231
Pion en quatrième rangée .................................................................................................................. 232
Finale 99. Dame contre Tour et pion ................................................................................................ 233
La manœuvre de gain ........................................................................................................................233
La position de défense ........................................................................................................................235
Résumé de la finale Dame et contre Tour et pion (pion sur les colonnes b à g)................................ 235
Finale 100. Dame contre Tour et pion-tour......................................................................................236

14. Test final .............................................................................................................................................. 239

Solutions ...............................................................................................................................................249

15. Annexe ................................................................................................................................................. 259

1. Les forteresses ..................................................................................................................................259
Dame contre deux pièces mineures ................................................................................................... 259
Dame contre Tour (avec des pions) ................................................................................................... 260
Tour contre Fou................................................................................................................................. 261
Un pion-tour en deuxième rangée fait des miracles.............................................................264
2. Le résultat correct de certains rapports matériels ......................................................................264

Bibliographie ............................................................................................................................................. 267

Tables des matières................................................................................................................................... 269

276
 � 100 FINALES
�

QU'IL FAUT CONNAÎTRE

Tout le monde s'accorde sur les bénéfices d'une bonne connaissance de la théorie des fins de parties.
Entre autres
• il est très satisfaisant de savoir conclure à son avantage une partie que l'on a dominée - ou
d'obtenir la partie nulle après une âpre défense ;
• en sachant où l'on va, on traite bien mieux la phase délicate de transition entre milieu de
partie et finale - on sait quelles pièces échanger ou non, et où placer ses pions ;
• contrairement à la théorie des ouvertures, la théorie des finales évolue très lentement - à de
rares exceptions près, les connaissances acquises restent toujours valables.

Pourtant, la plupart des amateurs font l'impasse sur l'étude des finales - ce qui permettra aux lecteurs
de ce livre de glaner de nombreux points. C'est que la théorie des finales semble quelque peu aride
et impressionne par son ampleur.

En réalité, le nombre de positions et méthodes de jeu qu'il faut vraiment connaître est
restreint. Ce livre les contient toutes.

L'auteur a sélectionné pour vous les 100 positions les plus importantes à connaître. Convaincu de ce
qu'on ne les retiendra vraiment que si on les comprend bien, il en a décortiqué la logique et résumé les
conclusions. Il a élaboré des tests permettant de vérifier et consolider vos connaissances. En suivant
ses conseils, vous gagnerez un temps considérable pour une étude efficace des finales, qui vous ouvrira
les portes d'une profonde compréhension du jeu d'échecs.

Le grand maître Jesus de la Villa Garda, deux fois champion d'Espagne, est maintenant entraîneur.
Ses ouvrages sur les finales et sur la défense Sicilienne ont établi sa réputation au niveau international.

EWIM·id·iltlf
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• Grands débutants Bernd Rosen, Entraînement aux finales
• Débutants avancés
• Joueurs occasionnels Glenn Flear, En finale (2 volumes)
• Joueurs de club John Nunn, L'art des finales
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