Vous êtes sur la page 1sur 13

La chanson que je chante fait partie d’un écho – Béatrice Bienville

BIOGRAPHIE

Béatrice Bienville est autrice et metteuse en scene de théatre. En 2012, lauréate du concours
d’écriture théatrale des jeunes de la Caraibe, elle quitte la Guadeloupe pour ses études. Apres une
classe préparatoire littéraire et une licence de philosophie, elle integre le département Ecrivain.e.s
Dramaturges de l’ENSATT dont elle sort diplomée en 2018. Elle entre alors a l’Académie de la
Comédie Francaise comme éleve metteuse en scene/dramaturge pour la saison 2018/2019.
La veritable histoire de la Gorgone Meduse, piece qu’elle écrit et met en scene pour le Lynceus
Festival 2021, est coup de coeur 2020 du Théatre de la Tete Noire a Sarran, du comité Collisions a
Toulouse, prix Scenic Youth des lycéens de la Comédie de Béthune et lauréat du DESC#1 du Quai
d’Angers qui l’édite dans sa nouvelle collection.
Sa derniere piece, C’est là que mon nombril est enterre, sur l’histoire intime et politique de la
Guadeloupe, est sélection Jeunes Textes en Liberté 2022, a recu les Encouragements d’Artcena
printemps 2022 et est lauréate du comité de lecture du Théatre des Quartiers d’Ivry, le QD2A.

RÉSUMÉ

Le texte propose plusieurs tableaux autour des femmes et de l’écologie, de la nature, dans la
lignée de textes écoféministes. On a ainsi un choeur de Greta, un choeur d’Amas
(plongeuses en apnée japonaises), Féfé qui pose une bombe, des femmes indiennes qui se
collent aux arbres etc. Les tableaux, les personnages, les pays et les genres se succedent,
pour créer une ronde, une chaîne a travers le monde de femmes en résistance pour et avec la
nature et le monde.

Nombre de personnages : 24 personnages


LA CHANSON QUE JE CHANTE FAIT PARTIE
D’UN ECHO

Enfin, tu vois, après les chaînes qui s'emmêlent


dans le gris de notre matière,
Après les barreaux qui restent plantes
dans le cœur des hommes et des femmes,
Qu'est-ce qu'il reste ?

Après les steaks haches à la mort et les hordes de gros bras


et les gaz lacrymo,
Après les flics et les enclos
et leurs conneries
Qu'est-ce qu'il reste ?

Enfin, tu vois, rien n'est fige


et rien n'est abstrait.
Le pied qui m'ecrase est une partie
d'un corps.
la chanson que je chante fait partie
d'un echo.
Qu'est-ce qu'il reste ?
Assata Shakur
Personnages :

Par ordre d’apparition a l’écran :

LE CHOEUR DES AMAS, des pecheuses en apnée japonaises (ama signifie « femme de la mer »),
elles pechent des ormeaux (gros coquillages), des oursins, des pieuvres, des homards

GAURA DEVI, militante populaire indienne, qui a joué un grand role dans le mouvement Chipko
AMRITA
UNE FEMME
UN BÛCHERON
UN DEUXIEME BÛCHERON
UN AUTRE BÛCHERON, mari d’Amrita
UN GROUPE DE FEMMES
UN GROUPE DE BÛCHERONS

LE CHOEUR DES GRETA, Greta Thunberg, militante suédoise pour le climat

FÉFÉ, Francoise d’Eaubonne, militante féministe francaise qui crée le mot « écoféminisme »
GÉGÉ
PÉPÉ
AL

UN GROUPE DE FEMMES MAZAHUAS


dont COMMANDANTE VICTORIA, leur cheffe

LE PRESIDENT MOI, président du Kenya pendant 24 ans


LES MINISTRES
LES ENTREPRENEURS
WANGARI MAATHAI, prix Nobel de la Paix, fondatrice du Green Belt Movement
LE PEUPLE
LES ONG
LA TÉLÉ

VOUS, un choeur

1
JAPON – 2003

– Il est 4h30
– Je me leve
– Il fait presque nuit
– J’ai froid
– Je vais au littoral
– Il y a mes amies
– Elles font le meme métier que moi
– Je met ma combinaison
– Elle est blanche
– Je met mon masque a la vitre ronde
– Je prends mes palmes
– Nous prenons le bateau
– Nous parlons
– Parfois on ne s’entend pas
– Alors on parle plus fort
– On est un peu sourdes
– Quoi ?
– Oui un peu sourdes
– C’est a cause de l’eau
– Et de la profondeur
– Le bateau s’ancre
– Je mets mes longues palmes souples
– Je plonge
– L’eau est froide
– Je suis gelée
– J’ai envie de crier
– Puis mon corps réchauffe la couche d’eau prise entre ma peau et la combinaison
– Je descend
– 1 metre
– 2 metres
– 4 metres
– 10 metres
– J’attrape les gros ormeaux
– Les homards
– Je n’ai plus d’oxygene
– Je remonte
– J’inspire
– Et
– Je replonge
– 1 metre
– 2 metres
– 8 metres
– Je remonte
– J’inspire
– Et
– Je repars
– Encore et encore
– Pendant plus de cinq heures
– Aujourd’hui j’ai trouvé 3 ormeaux
– Avant j’en trouvais plus
– Beaucoup plus
– Mais c’était avant
– Aujourd’hui la mer est chaude
– Plus chaude que hier
– Moins que demain
– Elle est de plus en plus chaude
– Alors il y a moins d’algues
– Alors il y a moins de coquillages
– Et d’ormeaux
– Et d’homards
– Et d’ama
– Il y a moins de moi
– Moins de pecheuses
– De plongeuses
– Et nos filles partent a la ville
– Et la ville dit qu’on ne sert plus a rien
– Quand la mer sera trop chaude
– Est-ce que je pourrais encore plonger
– Quand la mer aura mangé mon village
– Où est-ce que j’irais
– Quand il n’y aura plus d’ormeaux
– Qu’est-ce que je ferais
– J’inspire
– Je plonge
– 1 metre
– 4 metres
– 10 metres
– L’eau glisse sur ma peau
– Je retiens ma respiration
– Un grand calme m’envahit
– L’eau est une lumiere liquide
– Les rayons du soleil la transperce
– Les algues ondulent
– Je n’ai plus de corps
– Je m’enfonce
– 11 metres
– 12 metres
– 20 metres

2
FRANCE – 1975

Un groupe s’introduit de nuit sur le chantier de la centrale nucleaire de Fessenheim, vêtues et


cagoulees de noir, à la queue leu leu. Elles chuchotent. Il fait noir.
Pépé : Chhhhh
Gégé : Chhhut !
Féfé : Avance !
Al : Mais j’y vois rien !
Féfé : Avance ! Vite !
Pépé : Chut !
Al : Aie !
Féfé : Ouille !
Gégé : Aie !
Féfé : Mais qu’est-ce que tu fais !
Al : Je me prends un mur voila ce que je fais !
Gégé : Fais attention !
Al : Mais je vois rien !
Pépé :Mais fais attention ! Mets tes mains devant toi !
Gégé : Imagine !
Féfé : Si dans mon sac !
Pépé :Oui je sais ! Chut !
Gégé : Allez avance !
Al : Ok !
La première tâtonnes.
Gégé : Ferme la porte.
Pépé : Ok. C’est bon.
Elle allume une petite lampe.
Gégé : On y est.
Pépé : C’est ici !
Féfé : Je regarde sur le plan.
Pépé : Oui c’est ici.
Al : Wahhh c’est grand !
Gégé : Bon.
Pépé : Bon.
Féfé : Bon. Ok.
Fefe sort la bombe de son sac.
Al : (pousse un cri) Ah !
Gégé : Chut ! Quoi ?
Al : Mais c’est une bombe !
Féfé : Ben oui !
Al : Mais ! Mais ! Je croyais qu’on allait juste taguer le chantier de la centrale ! Pour sensibiliser a
la cause !
Féfé : Mais on sensibilise la. Quand ca va péter tout le monde sera tres sensibilisé.
Al : Gégé !
Gégé : On a changé d’avis.
Pépé : On t’a pas dit. On avait peur que t’ai peur.
Al : Mais j’ai peur !
Pépé : T’inquietes !
Al : Mais c’est dangereux !
Féfé : Non ! Le nucléaire c’est dangereux ! La, c’est de la prévention des risques ! Prévenir plutot
que guérir !
Al : Mais on devait écrire des messages ! Pour faire changer les gens d’avis ! Arreter le chantier de
la centrale ! Pas tout faire sauter !
Gégé : On a décidé de sensibiliser de facon plus radicale ! D’arreter le chantier pour de bon !
Al : Mais Féfé ! T’as cinquante ans ! C’est pas le moment de commencer a poser des bombes !
Féfé : Et alors, faut bien commencer un jour.
Al : Mais t’es écrivaine ! Pas ingénieure !
Féfé : Oui mais j’en ai marre des mots ! Ça suffit les mots ! Des mots, des mots, des mots, je veux
agir !
Pépé : Gégé a volé un livre chez Gibert au rayon Sciences Physiques.
Gégé : T’inquietes on est prets !
Al : Et les gens ?
Gégé : Quoi les gens ?
Al : Ben je veux pas tuer des gens moi !
Pépé : On a tout prévu. On appellera pour faire évacuer le chantier.
Al : Et mes slogans !
Féfé : Quoi tes slogans ?
Al : Mais j’avais des supers slogans ! Pas de pollution on veut des solutions ! Détruire le patriarcat,
pas le climat !
Gégé : Ah oui c’est bien !
Al : (Elle se met à parler plus fort avec enthousiasme) EPR C’EST L’ENFER! CATASTROPHE
PROGRAMMÉE !
Pépé : Oui ! Mais parle moins fort !
Al : ÉLECTRICITÉ NUCLÉAIRE POLLUTION MILLÉNAIRE !
Gégé : Chuuuut !
Al : (Elle se met à crier) ÉCLAIRÉ UN JOUR, IRRADIÉ TOUJOURS !
Féfé : CHUT! T’es folle! On va nous repérer !
Elle lui met la main sur la bouche. Silence. Temps.
Féfé : Ok. Bon ben finissons en.
Elle pose la bombe et l’active.
Gégé : Bon
Pépé : Bon
Al : Bon
Féfé : On y va?
Al : Je peux au moins taguer un petit slogan ?
Féfé : Oui vas-y.
Elles s’en vont. Al reste. Elle tague en grand :
TENDRESSE GENERALE
Elle dessine de grands arbres.
L’alarme sonne.
Elle s’enfuit.

3
ONU – 2019

Le choeur des Greta, à la tribune de l’ONU, derrière un pupitre. Elles ont par exemple toutes deux
tresses, ou le même t-shirt marque Greta Thunberg, ou de la même couleur.

Greta : Tout ca ce n’est pas bien


Greta : Je ne devrai pas etre la
Greta : Je devrais etre a l’école
Greta : De l’autre coté de l’océan
Greta : Pourtant, tu viens a nous, les jeunes, pour de l’espoir
Greta : Comment oses-tu
Greta : Tu as volé mes reves
Greta : Et mon enfance
Greta : Avec tes mots vides
Greta : Comment oses-tu
Greta : Les gens souffrent les gens meurent
Greta : Des écosystemes entiers s’effondrent
Greta : On est au début d’une extinction de masse
Greta : Et tout ce dont tu peux parler c’est d’argent
Greta : Comment oses-tu
Greta : D’un conte de fée d’éternelle croissance économique
Greta : Comment oses-tu
Greta : Pendant plus de trente ans la science a été claire comme du cristal
Greta : Comment oses-tu
Greta : Continuer a regarder ailleurs
Greta : Comment oses-tu
Greta : Venir ici dire que tu en fais assez
Greta : Comment oses-tu
Greta : Prétendre que cela peut etre résolu
Greta : Par quelques solutions technologiques
Greta : Comment oses-tu
Greta : Dire que les affaires continuent
Greta : Comment oses-tu
Greta : Tu nous as trahis
Greta : Mais les jeunes savent que tu nous as trahis
Greta : Les yeux de toutes les générations futures sont sur toi
Greta : Et si tu choisis de nous laisser tomber
Greta : Nous ne te pardonnerons jamais
Greta : Ici, et maintenant, c’est la que nous tracons la ligne
Greta : Le monde se réveille
Greta : Et le changement arrive
Greta : Que tu le veuilles ou non
Greta : Merci.

4
INDE – 1970

Un groupe de femmes d’un côte, devant des arbres (peut-être ceux dessines par Al à la scène 2). De
l’autre les bûcherons, ils ont des fusils et des tronçonneuses (qui peuvent être symbolises par des
bâtons, des manches de balais, du carton decoupe, etc).

Un bûcheron : Qu’est-ce que tu fais la ?


Gaura Devi : Qu’est-ce que toi tu fais la ?
Cette foret c’est ma maison. C’était la maison de ma mere.
C’est la maison de mes enfants.
Pourquoi tu entres avec ton fusil dans ma maison ?
Un bûcheron : Cette foret est a la compagnie. C’est leur propriété. Ils veulent la couper. Et je suis
payé pour le faire. Va-t-en !
Une femme : Qu’est-ce qu’ils font avec ce bois ?
Un deuxième bûcheron : Des skis, pour Décathlon. Pour les francais.
Gaura Devi : Comment tu t’appelles ?
Un bûcheron : Qu’est-ce que ca peut te foutre ? Allez va-t-en
Gaura Devi : Moi je suis Gaura Devi. Tu vis où ?
Un bûcheron : Au village de Mandal, pres de Chamoli.
Gaura Devi : Moi je viens du village de Lata, a coté de cette foret. Pres de chez toi. L’année
derniere, l’année d’avant, et celle d’avant aussi, il y a eu beaucoup de pluie, l’eau a débordé, et
inondé ton village, et le mien.
Une femme : Et le mien aussi.
Un bûcheron : Oui, et alors ?
Gaura Devi : La terre s’est effondré a cause des pluies. Beaucoup d’hommes, de femmes,
d’enfants, d’animaux de mon village sont morts.
Une autre femme : Dans le mien aussi. On est dans la misere.
Un deuxième bûcheron : Oui, nous aussi. Et alors ? C’est pour ca, j’ai besoin d’argent, et la
compagnie francaise paie bien pour couper ce bois.
Gaura Devi : Mais c’est parce qu’ils enlevent les arbres des montagnes que les montagnes
s’effondrent. Les racines des arbres gardent la terre ensemble. Maintenant, a cause de tout le bois
qu’ils coupent, la terre s’effondre sous nous des qu’il pleut.
Une autre femme : Beaucoup meurent.
Un autre bûcheron reconnaît une des femmes.
Un autre bûcheron : Amrita ? Pourquoi tu es la ? Rentre au village !
Amrita : Non.
Un autre bûcheron : Rentre ! Obéis !
Amrita : Non ! Cet arbre, c’est ma vie. Coupe-le, coupe-moi aussi.
Un autre bûcheron : Tu es folle ?
Amrita : Toi tu es fou ! Tu veux couper le pilier qui tient le toit sur ta tete.
Un autre bûcheron : Si tu ne me laisses pas couper l’arbre, je ne serai pas payé ! J’ai besoin de cet
argent ! Pour toi ! Pour les enfants ! Pour nourrir notre famille !
Amrita : Avec l’argent tu donnes a manger a ton fils aujourd’hui, mais demain ? Et ta fille te
demandera pourquoi tu as laissé la terre s’effondrer sous moi ? Pourquoi tu as détruit le ciel ?
Gaura Devi : Je ne peux pas te laisser couper ces arbres qui gardent la terre sous mes pieds.
Elles se tiennent par la main et se collent aux arbres. Faisant barrage.
Un autre bûcheron : Mais a quoi tu joue ?
Un bûcheron : Tu veux etre coupée avec les arbres ?
Gaura Devi : Dans la foret, je trouve les plantes qui me soigne.
Une autre femme : Je trouve ce que je donne a manger a mes enfants. Je trouve le bois mort pour
me chauffer.
Amrita : La foret me nourrit et me protege. La foret c’est ma vie. Si tu la coupes, je meurs aussi.
Gaura Devi : Mourir lentement, ou maintenant, aujourd’hui ou demain, c’est pareil. Je ne bougerai
pas.
Un bûcheron : Bon allez ca suffit, vous partez maintenant !
Le bûcheron braque son fusil. Gaura s’avance, prend le canon du fusil qu’elle met sur son front.
Gaura Devi : Tire. Vas-y tire. Tire-moi dessus. Tire avec la balle de ton fusil. L’arbre c’est ma vie.
Alors tire c’est plus rapide. Tire je te dis. TIRE !
La scène se fige. Puis l’homme recule. Ils s’en vont. Avant de partir, il se retourne.
Un bûcheron : On reviendra !
Gaura Devi : On sera la.

5
MEXIQUE – 2004

L’image se forme progressivement. Un groupe de 300 femmes amerindiennes bloquent la station


d’epuration de Los Beros. Elles sont vêtues de robes avec des longs jupons colores, rose, violet,
bleu, jaune, rouge, et de ceinture de couleurs assorties sur des corsages blancs. Elles ont des
foulards colores qui leur couvre la moitie du visage. Dans les mains elles ont des fusils en carton
ou en bois, avec du gros scotch noir, des machettes emoussees, des houes. Une banderole avec
marque AGUA PARA TODOS, AGUA COMO DERECHO HUMANO.
Commandante Victoria : « Nous, armée zapatiste des femmes Mazahuas pour la défense de l’eau,
sommes pretes a mourir pour obtenir un plan de développement durable de l’eau de la vallée de
Mexico. Nous demandons aux habitants de la Capitale de cesser de gaspiller de l’eau. L’eau est un
bien précieux. Nous les Mazahuas, dont les terres recelent le précieux breuvage, prenons
aujourd’hui les armes pour protéger ce bien. Nous ne sommes pas sacrifiables. »

6
KENYA – 1989

Le président Moi : Ici nous allons construire un immense building


Les entrepreneurs : Un immense building !
Les ministres: Oh quelle belle idée président Moi !
Les entrepreneurs : Superbe idée président Moi !
Wangari : Non.
Le président Moi : Un projet de 200 millions de dollars
Les ministres: Oh oui !
Les entrepreneurs : Un projet de 200 millions de dollars !
Wangari : Non.
Le président Moi : Ce sera le plus haut building d’Afrique
Les ministres: Génial ! On t’aime Président Moi !
Les entrepreneurs : Tu es beau président Moi !
Wangari : Non.
Le président Moi : Comment non ? C’est qui celle-la ?
Wangari : Je suis Wangari Maathai
Le président Moi : Mais
Je suis le président Moi
Je veux un building
Les entrepreneurs : Il veut un building !
Wangari : Non.
Les ministres: Oh !
Wangari : Ici c’est le parc national Uhuru. Tu n’as pas le droit de construire des buildings sur les
arbres.
Le président Moi : Mais ! Mais je suis le président Moi ! J’ai tout les droits !
Wangari : Non.
Les entrepreneurs : Ne te laisse pas faire président Moi !
Le président Moi : Envoyez les bulldozers !
Les bulldozers arrivent. Wangari se couche sur la route des bulldozers. Elle est rejointe par le
peuple.
Les bulldozers repartent. (Les bulldozers peuvent être des elèves imitant les bulldozers avec des
bruits, ou on peut jouer ces scènes comme un theâtre de marionnettes).

KENYA – 1991
Le président Moi : Nous allons construire un centre commercial ici !
Les ministres : Oh oui !
Wangari : Non.
Le président Moi : Nous allons construire un tres gros centre commercial ici !
Les ministres: C’est génial ! C’est super ! Vive le président Moi !
Les entrepreneurs : On va gagner plein d’argent !
Wangari : Non.
Le président Moi : Comment non ?
Les ministres: Mais c’est encore elle !
Le président Moi : Je veux construire un centre commercial ici ! Avec des boutiques, des restaus,
des
Wangari : Non. Ici, c’est le jardin public Jeevanjee. Tu ne construiras pas ton centre commercial
ici.
Le président Moi : Je le veux !
Wangari : Non.
Le président Moi : Envoyez l’armée !
L’armee arrive. Ils se mettent en cercle autour de Wangari et la tapent.
Le président Moi : Bon alors je peux construire mon centre commercial ?
Wangari : Non. Toujours pas.
Le président Moi : Tu es une sorciere ! Une traître !
Les ministres: Meme ton mari ne veut pas de toi !
Le président Moi : Comment le Pays deviendra-t-il un grand pays si on ne construit pas de centre
commercial ?
Wangari : On va planter des arbres.
Les ministres: Planter ?
Les entrepreneurs : Un ?
Le président Moi : Arbre ?
Tous : Mouhahahaha
Ils eclatent de rire.
Wangari : On va planter des arbres. On va planter pleins d’arbres.
Les ministres: Quelle folle.
Wangari plante des arbres (elle peut emmener des plantes en pots ou des fausses fleurs sur scène
ou dessiner à la craie des arbres sur le mur.)

KENYA – 1998
Le président Moi : Je veux un palais immense ici
Les ministres: Oh quelle formidable idée président Moi
Wangari : Non.
Le président Moi : Un palais pour Moi
Les ministres: Oui !
Wangari : Non.
Le président Moi : Un tres tres grand palais avec une piscine
Les ministres: Tu nous inviteras président Moi ?
Le président Moi : Un tres beau palais avec des draps en diamants !
Wangari : Non.
Le président Moi : Comment non ? Qui oses dire non au président Moi ?
Wangari : Moi.
Les ministres: Oh non, encore celle-la.
Le président Moi : Je veux un palais !
Wangari : Tu as déja un palais.
Le président Moi : Je veux un nouveau palais ! Ici !
Wangari : Non, pas ici, ici c’est la foret de Karura.
On ne construit pas des palais sur la foret de Karura.
Le président Moi : Envoyez-la en prison !
Ils la mettent en prison.
Le président Moi : Bon alors, je peux construire mon palais ?
Wangari : Non.
Le peuple : Libérez Wangari ! Libérez Wangari !
Les ONG: Libérez Wangari ! Libérez Wangari !
La télé : Libérez Wangari !
Le président Moi : Mais pourquoi elle ?
Le peuple : C’est Wangari ! La femme qui plante des arbres !
La femme qui a planté 40 millions d’arbres !
Grace a elle on a gagné un peu d’argent !
Grace a elle le sol ne s’est pas érodé !
Grace a elle j’ai un travail !
Grace a elle je trouve du bois pour me chauffer !
Grace a elle l’eau est a nouveau pure a coté de mon village !
Grace a elle les forets du Kenya se dressent a nouveau !

7
ICI – MAINTENANT
Vous

Comment on fait
Pour changer le monde
Je veux dire
Comment on fait ?
Pour changer le monde ?
On le fuit ?
Ou on résiste?
On s’en va ?
Dans la foret ?
On reste ?
On prie ?
On crée ?
On joue ?
Ou on pose une bombe ?
On manifeste ?
On plante un arbre ?
Deux ?
Trente ?
Je veux dire
Comment on fait ?
Pour changer le monde ?
Est-ce qu’on le change ?
Comment tu fais ?
Je veux dire
On s’énerve ?
On crie ?
On crie tres fort ?
On écrit ?
On parle aux animaux ?
On les écoute ?
On les regarde ?
Qu’est-ce qu’on fait ?
Comment on fait ?
Je veux dire ?
Comment ?
On dit non au nucléaire ?
On cultive des légumes en permaculture ?
On enseigne ?
On est végan ?
On fait des actions en justice ?
On brûle un supermarché ?
On brûle un président ?
Je veux dire
Comment on fait ?
Jour apres jour ?
Comment ?
Année apres année ?
Comment on se met debout ?
On se souvient ?
On se raconte ?
On en parle ?
Ou on le vit ?
On le dit ?
On le fait ?
Je veux dire
Comment tu ?
Toi ?
Jour apres jour ?
Siecle apres siecle ?
Tu abandonnes ?
Tu as peur ?
Tu n’as plus d’espoir ?
Tu es réaliste ?
Tu es cynique ?
Tu es naif ?
Tu es un maillon d’une histoire ?
Un maillon dans une chaîne ?
Comment on ?
Tu vois ce que je veux dire ?

Vous aimerez peut-être aussi