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A) Mutations culturelles
1 – Un monde en voie de christianisation
Conversion du chef (Clovis) n'entraîne pas celle du peuple. Que 3 critères pour mesurer la
christianisation :
• imprécations des réformateurs monastiques (Colomban)
• multiplication des lieux de cultes
• augmentation du nombre d'évêques
Les baptêmes se généralisent, mais christianisation encore inachevée dans les faits, car survie des
pratiques polythéistes.
a) la conversion du roi
Tradition chrétienne forte de puis le IVè, favorisé par l'armée. Severus (père de Ste Geneviève
morte en 502) converti précocement.
Vè, majorité adhère au paganisme germanique. Childéric Ier polythéiste mais respect à l'égard de
Sainte Geneviève (libère des captifs / accorde privilèges à l'Église catho), d'où enthousiasme de
Rémi de Reims dans sa lettre à Clovis pour la succession à la tête de Belgique 2nde (ton de "miroir
du prince"). Meilleure relation entre Église catho et Francs Saliens polythéistes car même opinion
sur l'hérésie arienne.
Selon Dumézil, événement déterminant est le mariage avec Clotilde en 493. Princesse burgonde
nicéenne, Clovis n'ose pas utiliser son droit de pater familias pour interdire le baptême de son fils.
(Aurait tendu les relations). Clotilde comparée à Sainte Hélène (femme de Constantin qui a
participé à sa converdion) et Brunehaut allié à GdeT.
Par son baptême, Clovis devient Nicéen, mais date mal connue. 3 sources :
- postérieure : GdeT, plus de 70 ans après le baptême. Serment de de faire baptiser après la victoire
sur les Alamans, dans la 15ème année du règne de Clovis (donc logiquement 496). Mais pas fiable
chronologiquement car trop centré religieusement. Et guerre contre les Alamans se finit en 505 donc
pas possible.
- postérieure : évêque Nizier de Trêves, lettre envoyée à petite fille de Clovis vers 565 qui
mentionne un vœu fait à Tours, donc forcément quand il y a séjourné (498/506)
- contemporaine : évêque Avit de Vienne qu'il adresse à Clovis au moment de son baptême, seul
témoignage direct de l'époque. Il s'excuse de son absence, mentionne les choix religieux de
l'empereur Anastase Ier donc pas 506 car il est déjà plus chrétien nicéen.
Donc 25 décembre 498 à Reims.
• Sens religieux du baptême de Clovis :
Jour de Noël donc inhabituel (normalement à Pâques) mais noël = "nouveau" donc nouvelle
naissance de Clovis dans la foi.
Il envoie au pape une couronne d'or (royauté du Christ)
Pas un tournant décisif à l'époque, pas vu ainsi avant GdeT, Clovis est rarement vu comme un
modèle politico-religieux par sa descendance.
• Sens socio-politique :
choix du parrain : filleul (Clovis), parrain (Rémi), relation filiale (obéissance et soumission par
rapport à la foi). Supplante la coutume romaine de l’adoption. Baptême joue un rôle de second rite
d’élévation à la royauté.
Soumission spirituelle au pape car souverain converti, missive envoyé au pape pour l’informer.
3000 guerriers baptisés le même jour (GdeT), sûrement un chiffre excessif. Mais aristos de la truste
l’ont sans doute suivi. Une profession de foi orale suffit jusqu’en 529
→ On connaît mal sa religion initiale : polythéisme germanique/romain/syncrétisme/arianisme…
b) le monachisme
Existe en Gaule depuis le 4è, au cours du 6 plus de 200 établissements fondés.
→ le monachisme en Gaule au 6è ←
• les fondations :
monachisme cénobique (en communauté) implanté en Occident à partir du 4è, ≠ de l’érétisme
(ermites ou anachorètes vivent seuls). Gaule du 6è, l’idéal se transforme : monde clos et
communautaire. Monachisme s’insère dans l’Église, de + en + des pépinières d’évêques. S’insère
dans la société car les grands multiplient les donations (foncières et mobilières) pour que les moines
prient pour leur salut, liens de réciprocité avec l’extérieur.
Fondations qui répondent à une initiative royale : Childebert Ier fonde un monastère à Arles (550) /
Radégonde fonde un monastère à Poitiers en 557…
Charisme du monastère dépend de la protection divine : reliques et patronage des Saints.
Rayonnement du monastère dépend des donations effectuées (potentiel éco important).
Attirent des convoitises, donc leur puissance dépend de leur immunité (rend indépendant de
l’évêque et agents du roi).
Moines doivent suivre des règles de vie : monastère fondé par Radégonde reprend les règles de
Césaire (insiste sur la pauvreté et stabilité au cœur de la vie monastique)
Richesse n’est ni un bien ni un mal en soi, ça dépend de l’usage. Recommandé de favoriser la
redistribution aux pauvres, tant que c’est pas la thésaurisation (garder sa richesse pour soi). Bonne
richesse = communautaire. Retrouvée dans le monachisme cénobitique bénédictin (abbé contrôle
biens et moines, redistribue équitablement dans la communauté = « acteur économique rationnel »
Valentina Toneatto)
• les règles monastiques :
communauté se forme autour d’un maître qui définit les règles de vie commune. r_gle de Benoît de
Nursie joue un rôle important (pénètre en Gaule dans la 2nde moitié du 6è) : rôle dans la vie
communautaire, condition d’accomplissement du salut individuel, abbé occupe une place
particulière (choisi par les moines qui lui doivent obéissance), Règle insiste sur l’équilibre
nécessaire entre 3 activités :
- travail manuel (agricole) + copie de la Bible dans le scriptorium
- lectio divia (« lecture divine »)
- opus Dei, prière communautaire sous forme d’offices
Règle qui parvient à se diffuser largement au 7è.
→ les mutations du 7è ←
Séjour de Colomban (591-615) modifie la physionomie du monachisme franc + insertion dans la
société globale. Monachisme irlandais particulier au 6è, Irlande pas romanisée :
- chrétienté irlandaise se structure autour de monastères ruraux tenus par clans aristos de la ville, à
la tête de tribus. Donc christianisme monastique et clanique (aristo), évêques jouent un rôle 2ndaire
par rapport aux abbés.
- spiritualité caractérisée par traits particuliers (ascétisme rigoureux, mortifications sévères)
- livres pénitentiels contiennent des tarifications très précises
- liens étroits avec le surnaturel, magie et miraculeux pour convertir
- érétisme continue à jouer le rôle d’idéal, s’éloigne de la stabilité prônée par Benoît de Nursie
(peregrinatio des moines pour fonder d’autres établissements).
Pérégrination de Colomban : accueilli par le roi Gontran de Burgondie, puis par son successeur sous
Childebert II, fonde le monastère de Luxeuil (succès). Reste attaché aux coutumes irlandaises
(pénitence) critique le faible investissement de l’épiscopat franc et le statut des éêques (peuvent
intervenir dans les fondations monastiques). Donc expulsé de Luxeuil par ordre de Brunehaut en
609. Séjourne à la cour de Clotaire II en Neustrie, puis celle de Théodebert II à Metz (petit-fils de
Brunehaut)…
Deux conséquences sur le monachisme franc :
→ vagues de nouvelles fondations : 7è, 300 nouveaux établissements, donations importantes
constituées dans des domaines fiscaux. Fondateurs en lien avec l’abbaye de Luxeuil : Solignac en
632 où Dagobert aide Éloi à établir une communauté / monastères de Corbie et de Chelles fondés
par Bathilde à la fin des années 650.
→ monachisme d’un type nouveau : iro-franc. Règles sont bénédictines, monastères en lien
privilégié avec leurs fondateurs, conséquences sociales (monastère familial, Bathilde nomme sa fille
abbesse dans le monastère de femmes fondé par elle) / + grande indépendance à l’égard des
autorités politiques et religieuses (privilèges d’immunité, évêques renoncent à une partie des
prérogatives temporelles et spirituelles).
Sébastien Bully : moines ne fondent pas toujours leurs monastères dans des déserts, plutôt le
contraire selon l’archéologie (proche d’importants complexes culturels). Quête du désert = topos de
la littérature hagiographique occidental.
Succès du colombanisme souligne la mutation culturelle eschatologique des 6-7è avec une société
en mutation, de + en + tournée vers la recherche du salut après la mort.