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Problèmes de Mathématiques

Dérivations d’un anneau


Énoncé

Dérivations d’un anneau

Soit (A, +, .) un anneau (qui n’est pas supposé commutatif).


On note 1 le neutre multiplicatif, et 0 le neutre additif.
Une application δ : A → A est appelée une dérivation si :
(
δ(a + b) = δ(a) + δ(b) (H1 )
∀ a, b ∈ A,
δ(ab) = δ(a)b + aδ(b) (H2 )

Première partie
Soit δ une dérivation de A.
1. Calculer δ(0) et δ(1). [ S ]
2. a étant supposé inversible dans A, exprimer δ(a−1 ) en fonction de a−1 et de δ(a). [ S ]
3. Soit Dδ = {a ∈ A, δ(a) = 0}.
(a) Montrer que Dδ est un sous-anneau de A. [ S ]
(b) Montrer que si A est un corps, alors Dδ est un sous-corps de A. [ S ]
4. Soient a1 , a2 , . . . , an des éléments de A, avec n ≥ 2.
Calculer δ(a1 a2 · · · an ) en fonction des ak et des δ(ak ). [ S ]
5. En déduire δ(an ) pour tout a de A et tout n ≥ 2.
Que devient cette formule si A est commutatif ? [ S ]
6. On pose δ 0 = IdA , δ 1 = δ, et ∀ n ≥ 1, δ n = δ◦δ n−1 .  
n
n
Montrer par récurrence que : ∀ a, b ∈ A, ∀ n ∈ N, δ n (ab) = δ p (a) δ n−p (b) [ S ]
P
p=0
p

Deuxième partie
Dans cette partie, δ1 , δ2 , δ3 désignent des dérivations quelconques de A.
1. δ1 + δ2 et δ1 ◦δ2 sont-elles des dérivations de A ? [ S ]
2. On note [δ1 , δ2 ] = δ1 ◦δ2 − δ2 ◦δ1 .
Montrer que [δ1 , δ2 ] est une dérivation de A. [ S ]
3. Montrer que : [δ1 , [δ2 , δ3 ]] + [δ2 , [δ3 , δ1 ]] + [δ3 , [δ1 , δ2 ]] = 0A (application nulle de A). [ S ]

Troisième partie
Pour tout a ∈ A, on note : ∀ x ∈ A, da (x) = ax − xa.
1. Montrer que da est une dérivation de A. [ S ]
n  
n
2. Montrer que : ∀ n ∈ N, ∀ a ∈ A, dna (x) = (−1)p an−p x ap . [ S ]
P
p=0
p

3. En déduire que si a est nilpotent, alors il existe un entier m tel que dm


a = 0A . [ S ]
4. Vérifier les égalités, pour tous a, b de A :
(a) Pour toute dérivation δ de A : [δ, da ] = dδ(a) . [ S ]
(b) En posant [b, a] = ba − ab, alors [db , da ] = d[b,a] . [ S ]

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Dérivations d’un anneau
Corrigé

Corrigé du problème

Première partie
 
δ(0) = 2δ(0) δ(0) = 0
1. Avec a = b = 0 ou a = b = 1, (H1 ) et (H2 ) donnent donc [Q]
δ(1) = 2δ(1) δ(1) = 0
2. Avec b = a−1 , (H2 ) donne 0 = δ(aa−1 ) = δ(a)a−1 + aδ(a−1 ) donc aδ(a−1 ) = −δ(a)a−1 .
On en tire l’égalité δ(a−1 ) = −a−1 δ(a)a−1 . [ Q ]
3. (a) L’hypothèse (H1 ) signifie que δ est un endomorphisme du groupe (A, +).
L’ensemble Dδ (qui n’est autre que ker δ) est donc un sous-groupe de (A, +).
Il reste à vérifier que 1 est dans Dδ (mais on le sait) et que Dδ est stable pour le produit.
Or si a, b sont dans Dδ , alors δ(ab) = δ(a)b + aδ(b) = 0b + a0 = 0. [ Q ]
(b) Si A est un corps, soit a un élément non nul de Dδ , c’est-à-dire tel que δ(a) = 0.
Alors a est inversible dans A et δ(a−1 ) = −a−1 δ(a)a−1 = 0 donc a−1 est dans Dδ .
Ainsi Dδ est stable pour le passage à l’inverse des éléments non nuls.
En plus d’être un sous-anneau, Dδ est donc un sous-corps de A. [ Q ]

4. On trouve δ(a1 a2 a3 ) = δ(a1 a2 )a3 + a1 a2 δ(a3 ) = (δ(a1 )a2 + a1 δ(a2 ))a3 + a1 a2 δ(a3 ).
Ainsi δ(a1 a2 a3 ) = δ(a1 )a2 a3 + a1 δ(a2 )a3 + a1 a2 δ(a3 ).
 Q n  P n h k−1
Q  n
 Q i
Par récurrence, on prouve que δ ak = aj δ(ak ) aj .
k=1 k=1 j=1 j=k+1
La propriété est en effet vraie au rang n = 2. Supposons qu’elle le soit au rang n.
On trouve successivement :
 n+1
Q   Qn   n
 Q  n
 Q 
δ ak =δ ak an+1 = δ ak an+1 + ak δ(an+1 )
k=1 k=1 k=1 k=1
n h k−1
P Q  n
 Q i n
 Q 
= aj δ(ak ) aj an+1 + ak δ(an+1 )
k=1 j=1 j=k+1 k=1
n h k−1
P Q   n+1
Q n
i  Q 
= aj δ(ak ) aj + ak δ(an+1 )
k=1 j=1 j=k+1 k=1
n+1
P h k−1
Q   n+1
Q i
= aj δ(ak ) aj ce qui établit la propriété au rang n + 1
k=1 j=1 j=k+1

On a ainsi prouvé la propriété pour tout n ≥ 2. [ Q ]


n  
5. Pour a ∈ A et n ≥ 2, la formule précédente donne δ(an ) = ak−1 δ(ak )an−k
P
j j .
k=1
En particulier, si A est commutatif : δ(an ) = nδ(a)an−1 .
Remarque : le résultat obtenu rappelle la formule (f n )0 = nf 0 f n−1 . Rien d’étonnant car si
(A, +, ·) est l’anneau des applications de classe C ∞ de R dans R, alors l’application δ : A → A
définie par δ(f ) = f 0 est une ...dérivation.
La formule δ(a−1 ) = −a−1 δ(a)a−1 trouvée en (3b) rappelle bien sûr (1/f )0 = −f 0 /f 2 .
Quant à la question suivante, il s’agit ni plus ni moins de redémontrer la formule de Leibniz. [ Q ]

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Corrigé

6. Pour n = 1 la formule à démontrer n’est autre que δ(ab) = δ(a)b + aδ(b).


On suppose donc que la propriété est vraie au rang n ≥ 1, et on va la prouver au rang n + 1.
n  
P  Pn  
n n
On trouve δ n+1 (ab) = δ(δ n (ab)) = δ δ p (a) δ n−p (b) = δ(δ p (a) δ n−p (b)).
p=0
p p=0
p

Pour cette dernière égalité, on a utilisé le fait que δ est un endormorphisme du groupe (A, +).
L’image d’une somme par δ est donc la “somme des images”, ce qui permet aussi de “sortir” les
coefficients entiers np . Rappelons que lorsqu’on écrit δ(mx), avec m dans N et x dans A, alors
“mx” n’est pas le produit de deux éléments de A, mais une notation pour représenter la somme
de m exemplaires de x.
À la suite du calcul précédent, on écrit δ(δ p (a) δ n−p (b)) = δ p+1 (a) δ n−p (b) + δ p (a) δ n+1−p (b).
On en déduit :
n   
n
δ n+1 (ab) = δ p+1 (a) δ n−p (b) + δ p (a) δ n+1−p (b)
P
p=0
p
n   n  
n n
δ p+1 (a) δ n−p (b) + δ p (a) δ n+1−p (b)
P P
=
p=0
p p=0
p

(on fait un changement d’indice dans la première somme)


P n  p
n+1 n  
n
δ (a) δ n+1−p (b) + δ p (a) δ n+1−p (b)
P
=
p=1
p−1 p=0
p

(on regroupe sur l’intervalle 1 ≤ p ≤ n en isolant les termes p = 0 et p = n + 1)


  n      
n n n n
δ 0 (a) δ n+1 (b) + δ p (a) δ n+1−p (b) + δ n+1 (a) δ 0 (b)
P
= +
0 p=1
p−1 p n
n n n+1
  
(on regroupe + p en et on note différemment les termes isolés)
     
p−1 p
n
n+1 n+1 n+1
δ 0 (a) δ n+1 (b) + δ p (a) δ n+1−p (b) + δ n+1 (a) δ 0 (b)
P
=
0 p=1
p n+1

(on regroupe tout, et ça démontre la propriété au rang n + 1)


P n + 1 p
n+1
= δ (a) δ n+1−p (b)
p=0
p

n  
n
L’égalité δ n (ab) = δ p (a) δ n−p (b) est donc établie pour tout n de N∗ . [ Q ]
P
p=0
p

Deuxième partie

1. Pour tous éléments a, b de A, on trouve :


(δ1 + δ2 )(a + b) = δ1 (a + b) + δ2 (a + b) = δ1 (a) + δ1 (b) + δ2 (a) + δ2 (b)
= δ1 (a) + δ2 (a) + δ1 (b) + δ2 (b) = (δ1 + δ2 )(a) + (δ1 + δ2 )(b)
(δ1 + δ2 )(ab) = δ1 (ab) + δ2 (ab) = δ1 (a)b + aδ1 (b) + δ2 (a)b + aδ2 (b)
= (δ1 (a) + δ2 (a))b + a(δ1 (b) + δ2 (b)) = (δ1 + δ2 )(a)b + a(δ1 + δ2 )(b)
Ainsi δ1 + δ2 est une dérivation. Ce n’est pas le cas pour δ1 ◦δ2 car :
(δ1 ◦δ2 )(ab) = δ1 (δ2 (ab)) = δ1 (δ2 (a)b + aδ2 (b)) = δ1 (δ2 (a)b) + δ1 (aδ2 (b))
= (δ1 ◦δ2 )(a)b + δ2 (a)δ1 (b) + δ1 (a)δ2 (b) + a(δ1 ◦δ2 )(b) [Q]
6= (δ1 ◦δ2 )(a)b + a(δ1 ◦δ2 )(b) en général

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Corrigé

2. Posons δ = δ1 ◦δ2 − δ2 ◦δ1 .


D’abord (δ1 ◦δ2 )(a + b) = δ1 (δ2 (a + b)) = δ1 (δ2 (a) + δ2 (b)) = (δ1 ◦δ2 )(a) + (δ1 ◦δ2 )(b).
De même (δ2 ◦δ1 )(a + b) = (δ2 ◦δ1 )(a) + (δ2 ◦δ1 )(b).
Par différence, il vient : δ(a + b) = δ(a) + δ(b).
Ensuite on sait que (δ1 ◦δ2 )(ab) = (δ1 ◦δ2 )(a)b + δ2 (a)δ1 (b) + δ1 (a)δ2 (b) + a(δ1 ◦δ2 )(b).
On échange les indices : (δ2 ◦δ1 )(ab) = (δ2 ◦δ1 )(a)b + δ1 (a)δ2 (b) + δ2 (a)δ1 (b) + a(δ2 ◦δ1 )(b).
Par différence, on trouve : δ(ab) = δ(a)b + aδ(b).
Ainsi l’application δ = δ1 ◦δ2 − δ2 ◦δ1 est une dérivation de l’anneau A. [ Q ]
3. On a tout d’abord [δ1 , [δ2 , δ3 ]] = δ1 ◦[δ2 , δ3 ] − [δ2 , δ3 ]◦δ1 .
Mais δ1 ◦[δ2 , δ3 ] = δ1 ◦(δ2 ◦δ3 − δ3 ◦δ2 ) = δ1 ◦δ2 ◦δ3 − δ1 ◦δ3 ◦δ2
(on a utilisé pour cela le fait que δ1 est un morphisme de (A, +)).
De même [δ2 , δ3 ]◦δ1 = (δ2 ◦δ3 − δ3 ◦δ2 )◦δ1 = δ2 ◦δ3 ◦δ1 − δ3 ◦δ2 ◦δ1 .
Par différence, on trouve : [δ1 , [δ2 , δ3 ]] = δ1 ◦δ2 ◦δ3 − δ1 ◦δ3 ◦δ2 − δ2 ◦δ3 ◦δ1 + δ3 ◦δ2 ◦δ1 .
Par permutation sur les indices, on obtient :
[δ2 , [δ3 , δ1 ]] = δ2 ◦δ3 ◦δ1 − δ2 ◦δ1 ◦δ3 − δ3 ◦δ1 ◦δ2 + δ1 ◦δ3 ◦δ2 .
De même : [δ3 , [δ1 , δ2 ]] = δ3 ◦δ1 ◦δ2 − δ3 ◦δ2 ◦δ1 − δ1 ◦δ2 ◦δ3 + δ2 ◦δ1 ◦δ3 .
Quand on additionne les trois expressions obtenues, on obtient une simplification générale.
On trouve donc [δ1 , [δ2 , δ3 ]] + [δ2 , [δ3 , δ1 ]] + [δ3 , [δ1 , δ2 ]] = 0A . [ Q ]

Troisième partie

1. Soit a un élément de A. Pour tout x de A, on a :


da (x + y) = a(x + y) − (x + y)a = (ax − xa) + (ay − ya) = da (x) + da (y)


da (xy) = axy − xya = (ax − xa)y + x(ay − ya) = da (x)y + x da (y)


On en déduit que da est une dérivation de l’anneau A. [ Q ]
2. Pour n = 0, c’est évident. Si la propriété est vraie au rang n, alors :
n   n  
dn+1 n (d (x)) = p n an−p d (x) ap = p n an−p (ax − xa) ap
P P
a (x) = d a a (−1) a (−1)
p=0
p p=0
p
n   n  
n n
(−1)p an+1−p xap − (−1)p an−p xap+1
P P
=
p=0
p p=0
p
n   n+1  
n n
(−1)p an+1−p xap − (−1)p−1 an+1−p xap
P P
=
p=0
p p=1
p−1
  n      
n n n n
an+1 xa0 + (−1)p an+1−p xap + (−1)n+1 xan+1
P
= +
0 p=1
p p−1 n
  n    
n+1 n+1 n+1
an+1 xa0 + (−1)p an+1−p xap + (−1)n+1 xan+1
P
=
0 p=1
p n+1
n+1  
n+1
(−1)p an+1−p xap (ce qui prouve la propriété au rang n + 1)
P
=
p=0
p
n  
n
L’égalité dna (x) = (−1)p an−p x ap est donc vraie pour tout n de N. [ Q ]
P
p=0
p

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3. Par hypothèse, il existe un entier q tel que aq = 0.


Dans ces conditions, on va montrer que da2q−1 est l’application nulle.
2q−1  
2q − 1
Pour tout x de A, on sait que d2q−1 (−1)p a2q−1−p x ap .
P
a (x) =
p=0
p
Dans cette somme, si p ≥ q alors ap = 0.
Mais si p ≤ q − 1 alors 2q − 1 − p ≥ q donc a2q−1−p = 0.
Tous les termes de la somme précédente sont donc nuls, ce qui prouve que d2q−1
a = 0. [ Q ]
4. Dans cette question, a et b sont deux éléments quelconques de A.
(a) Soit δ une dérivation de A.
Pour tout x de A, on a successivement :
[δ, da ](x) = δ(da (x)) − da (δ(x)) = δ(ax − xa) − (aδ(x) − δ(x)a)
= δ(ax) − δ(xa) − aδ(x) + δ(x)a
= (δ(a)x + aδ(x)) − (δ(x)a + xδ(a)) − aδ(x) + δ(x)a
= δ(a)x − xδ(a) = dδ(a) (x)
On a donc obtenu l’égalité [δ, da ] = dδ(a) . [ Q ]
(b) Pour tout x de A, on a successivement :
[db , da ](x) = db (da (x)) − da (db (x)) = db (ax − xa) − da (bx − xb)
= db (ax) − db (xa) − da (bx) + da (xb)
= (bax − axb) − (bxa − xab) − (abx − bxa) + (axb − xba)
= bax + xab − abx − xba = (ba − ab)x − x(ba − ab)
= [b, a]x − x[b, a] = d[b,a] (x)
On a donc obtenu l’égalité [db , da ] = d[b,a] . [ Q ]

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