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F.

HECHNER, ÉCÉ 2, Collège Épiscopal Saint Étienne Année 2014-2015

Fiche méthode 3 :

Montrer qu’une famille est libre


Dans toute la suite, E désigne un espace vectoriel (pas forcément de dimension finie).

1 La méthode générale
Soient (u~1 , u~2 , · · · , u~n ) une famille de n vecteurs de E. On aimerait montrer que cette famille
est libre. Pour cela, on suppose que λ1 , . . . , λn sont n réels tels que λ1 u~1 + · · · + λn u~n = ~0E ,
et on montre que λ1 = · · · = λn = 0 (ce qui revient à résoudre un système).

Exemple 1 : dans R3 .
Dans E = R3 , on considère les vecteurs ~u := (1, 1, 3), ~v := (2, 2, 4) et w ~ := (0, 1, 2).
Montrons que la famille (~u, ~v , w)
~ est libre.
Soient a, b, c trois réels tels que a~u + b~v + cw
~ = ~0.
Comme a~u + b~v + cw ~ = (a, a, 3a) + (2b, 2b, 4b) + (0, c, 2c) = (a + 2b, a + 2b + c, 3a + 4b + 2c),
on en déduit que

a + 2b = 0

a~u + b~v + cw~ = ~0 ⇐⇒ a + 2b + c = 0

3a + 4b + 2c = 0


a = −2b

⇐⇒ c = 0 ⇐⇒ a = b = c = 0.

−6b + 4b = 0

La famille (~u, ~v , w)
~ est donc libre.

Exemple 2 : dans M2 (R).      


1 1 1 2 0 0
Dans E = M2 (R), on considère les matrices A := , B := et C := .
1 0 1 2 1 0
Montrons que la famille (A, B, C) est libre.
Soient a, b, c trois réels tels que aA + bB + cC  = O où O est la matrice nulle de M2 (R).
a+b a + 2b
Comme aA + bB + cC = , on en déduit que
a+b+c 2b


 a+b=0

a + 2b = 0
aA + bB + cC = O ⇐⇒ ⇐⇒ a = b = c = 0.


 a + b + c = 0

2b = 0
Ainsi, la famille (A, B, C) est libre.

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F. HECHNER, ÉCÉ 2, Collège Épiscopal Saint Étienne Année 2014-2015

2 Premier cas particulier : la famille est formée d’un unique


vecteur
Dans ce cas, rien de plus simple : la famille est libre si et seulement si le vecteur est non nul.

Exemple 3 : avec un seul vecteur.


Montrer que la famille e1 où e1 (x) = x est libre dans l’ensemble des fonctions polynomiales
de degré au plus 1 (R1 [X]).
La fonction e1 n’est pas identiquement nulle (car par exemple e1 (1) = 1), donc e1 n’est pas la
fonction polynomiale nulle (i.e. le vecteur nul de R1 [X]. Ainsi, la famille formée d’un vecteur
(e1 ) est libre.

3 Deuxième cas particulier : la famille est formée de deux


vecteurs
Dans ce cas, la famille est libre si et seulement si les deux vecteurs sont non colinéaires (non
proportionnels).

Exemple 4 : avec deux vecteurs.


Montrer que la famille (e~1 , e~2 ) où e~1 := (1, 2, 3, 4) et e~2 = (−1, −2, −3, −5) est libre dans R4 .
Les coordonnées de e~1 et e~2 ne sont pas proportionnelles, donc e~1 et e~2 ne sont pas colinéaires :
la famille de deux vecteurs (e~1 , e~2 ) est libre.

Exemple 5 : encore avec deux vecteurs.   


1 2 3 6 5 4
Montrer que la famille (A, B) où A := et B := est libre dans R4 .
4 5 6 3 2 1
Les deux matrices A et B n’ont pas leurs coordonnées proportionnelles, donc la famille de
deux vecteurs (A, B) est libre.

4 Autres cas particuliers


• Si e~1 , . . . , e~n sont des vecteurs propres associés à des valeurs propres deux à deux distinctes,
la famille (e~1 , . . . , e~n ) est libre.
• Bien sûr, si vous arrivez à montrer que la famille (e~1 , . . . , e~n ) est une base, elle est en
particulier libre (on peut donc parfois travailler avec la matrice de la famille de vecteur).
• Si vous avez la matrice de la famille (e~1 , . . . , e~n ), la famille est libre si et seulement si la
matrice est de rang n.
• Enfin, si vous êtes dans un espace vectoriel de dimension p et que vous avez n > p vecteurs
dans votre famille, elle ne peut pas être libre (elle est automatiquement liée).

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