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Extrait à lire –Situation d’évaluation de lecture

6e année -CSHBO

Situation d’évaluation en lecture élaborée par Kathia Trottier, Sylvie Crytes et Karine Munger, 2018
Présentation de l’auteure et de l’illustrateur

Carine Paquin est enseignante au primaire, professeure


d'art dramatique et auteure de plusieurs livres et pièces
de théâtre. Croyant fermement que l'apprentissage et le
jeu vont de pair, elle insuffle beaucoup d'humour et de
rocambolesque dans tout ce qu'elle fait. Elle ne rate pas
une occasion de se déplacer pour des animations dans les
écoles ou pour des ateliers littéraires et est également
très impliquée dans le milieu de l'édition scolaire, participant
à la création de trousses pédagogiques axées sur la
littérature jeunesse.

Freg est graphiste, bédéiste et farceur à temps plein. C'est


par la bande dessinée que le petit garçon qu'il était a
découvert le plaisir de lire. Aujourd'hui, il partage avec les
jeunes sa passion pour le neuviève art en réalisant des
pour les romans BD Léo P., détective
illustrations colorées pour
privé et pour la ssé
érie BD « La bande à Smikee » dont il
cosigne également les scéscénarios. Trè
Très impliqué
impliqué dans les
écoles, il a fait connaî
connaître l'univers cocasse de Smikee à pas
moins de 200 classes du QuéQuébec.

Situation d’évaluation en lecture élaborée par Kathia Trottier, Sylvie Crytes et Karine Munger, 2018
Description du livre

Le premier jour des vacances d'été


ressemble plutôt au début d'un
cauchemar pour Léo. Son père a
disparu! Et on lui demande de rester
chez lui, les bras croisés, pas plus
utile qu'un épouvantail à moineaux!

Pourtant, Léo a l'intuition que les


policiers sont sur la mauvaise piste
et que son père lui a laissé des
indices pour qu'il parte à sa
recherche. Il n'y a pas de temps à
perdre. En moins de temps que ça ne
prend pour dire «Léo P.», le jeune
garçon se retrouve dans la peau d'un
détective privé!

Situation d’évaluation en lecture élaborée par Kathia Trottier, Sylvie Crytes et Karine Munger, 2018
-Le vendredi 22 juin,
sept heures après la disparition –

Assis au bout de la table, je tape du pied en me disant que je ne veux pas


rester là, à ne rien faire. Tout le monde le sait, les premières vingt-quatre heures
d’une disparition sont cruciales. Après ce temps, les chances de retrouver la
personne disparaissent, elles aussi. Je demande aux policiers si je peux les aider, car
je connais bien mon père, ses restaurants préférés, ses activités, et tout ça.

L’un des deux policiers, l’air occupé et sur un ton des plus sérieux, me répond
sans même quitter son calepin des yeux.

- Ne te mêle pas de ça, petit. L’agent Bonsecours et moi-même ferons tout


pour retrouver ton père.
(Petit, toi-même)

Je décide d’aller dans ma chambre ; ici, impossible de réfléchir.

Situation d’évaluation en lecture élaborée par Kathia Trottier, Sylvie Crytes et Karine Munger, 2018
Qu’ils le veuillent ou non, je vais tout faire pour retrouver mon père. Réfléchis,
Léo, réfléchis ! Qu’est-ce que papa a dit ce matin avant de partir ? Il m’a rappelé qu’il
passerait après l’école, qu’il avait hâte d’aller à la pêche… Il a aussi insisté sur
l’importance de ne pas oublier ma veste de flottaison : « Léo, n’oublie pas ta veste de
flottaison, elle peut sauver une vie. Tu me comprends ? » Je le trouvais étrange ce
matin, à me répéter ce que je sais déjà. Trop étrange justement… Voulait-il me
passer un message ? Il essayait peut-être de me dire que je pouvais sauver sa vie ?

Je cours à la porte d’entrée où se trouve encore notre équipement de pêche. Je


saisis la veste de flottaison, sans me faire remarquer par les policiers, et je reviens
aussitôt dans ma chambre.

Je m’assois sur mon lit pour inspecter la veste. Je ne vois rien d’anormal. Pas
de double poche ni de message à l’intérieur. Il n’y a que l’étiquette avec la taille, le
numéro de série… rien qui puisse me dire où est mon père. Et s’il avait eu un
accident, tout simplement ? et s’il était MORT ?

Les larmes aux yeux, le cœur à la dérive, je vais dans la chambre de mes
parents. Couché sur leur lit, je craque sous la pression et je pleure. Tout à coup, je
vois dans le coin de la chambre la mallette de travail de mon père. J’ai comme une
intuition : et si c’était l’indice que j’attendais ? Comme mon père ne va jamais
travailler sans sa mallette, cela signifie… qu’il n’est donc pas allé au travail ce matin !

Situation d’évaluation en lecture élaborée par Kathia Trottier, Sylvie Crytes et Karine Munger, 2018
J’examine la mallette. Elle est verrouillée. Il y a une petite roulette sur laquelle
on peut composer un code pour l’ouvrir. Je suis presque certain qu’elle renferme
quelque chose d’important. Je dois trouver ce code secret ! Je tente notre numéro de
téléphone, nos dates d’anniversaire, 123456,000000,654321, mais rien à faire.

Je retourne la mallette dans tous les sens, à la recherche d’une piste… Il y a une
petite étiquette au-dessous, sur laquelle on peut lire : « cuir de qualité, éviter tout
contact avec de l’eau. » Et si… Je cours dans ma chambre. Je regarde le numéro de
série de la veste qui a exactement six chiffres. Eurêka1 ! La veste de flottaison
protège de l’eau ! J’utilise le numéro de série de la veste sur la roulette et la mallette
s’ouvre !

Il est trop fort, mon père (et moi aussi, par le fait même !) : il savait donc qu’il
pouvait disparaître ! Mais pourquoi ? Je regarde dans la mallette. Il y a une
enveloppe sur laquelle on peut lire : « si le pire devait arriver. » J’imagine que sa
disparition, ça peut entrer dans la définition du « pire ». J’entends les policiers qui
parlent derrière la porte. Je prends l’enveloppe et je me cache dans ma garde-robe2.
Je lis la lettre.

1
Toi qui veux toujours être de plus en plus intelligent, savais-tu que le mot « eurêka « vient du grec heurêka, qui signifie « j’ai trouvé »? Il a été
popularisé par le savant grec Archimède. Il est un jour sorti du bain en criant ce mot, car il venait de découvrir le lien entre la masse de son
corps et l’augmentation du niveau de l’eau dans la baignoire…
2
Garde-ROBE!? Vraiment, Léo, tu portes des robes?

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Si je ne connaissais pas si bien mon père, je croirais qu’il est fou. Et c’est
probablement ce qu’il veut que les autres pensent. J’ouvre mon ordinateur, je
cherche la liste des dentistes de ma ville. Mais qu’est-ce que mon père voulait me
faire comprendre ? Voilà ! J’ai trouvé… sous « Dentiste Adam Brochu » on trouve le
slogan : « Pour mordre dans la vie à pleines dents ! »

Je note soigneusement l’adresse et je sors adroitement par la fenêtre de ma


chambre. J’enfourche mon vélo pour me rendre chez ce dentiste. Il y a certainement
un deuxième indice là-bas !

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- Le vendredi 22 juin,
neuf heures après la disparition –

Devant le cabinet du dentiste, tout me semble normal. Je décide d’entrer. Une


dame derrière un comptoir m’accueille :
- Bonjour jeune homme. Tu as un rendez-vous ?
Incertain de la raison de ma présence, je ne trouve rien de plus intelligent à
répondre que :
- Euh… je ne sais pas trop.
- Dis-moi ton nom
- Léo P…

Je n’ai pas le temps de dire mon nom de famille qu’elle ajoute :


- Bien sûr, Léo ! Le dentiste Brochu t’attendait. Mais tu as un peu d’avance.
Elle se lève. Elle semble nerveuse.
- Laisse-moi le prévenir de ta visite, ajoute-t-elle.

Le dentiste m’attendait ? J’ai de l’avance ? Est-ce que c’est normal si je ne


comprends rien à ce qui m’arrive ? Dans quoi est-ce que je viens de m’embarquer ?

Le dentiste se présente et m’invite à entrer dans son bureau. Je le suis, un peu


méfiant, même si c’est mon père qui m’envoie ici.

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- Bonjour, Léo. Ton père m’a dit que tu passerais, mais je n’imaginais pas que
ce serait si tôt. Je suis désolé pour tout ce qui t’arrive.

Surpris, je lui demande :


- Comment pouvez-vous savoir ce qui est arrivé ?
- Je ne sais rien et je ne veux rien savoir non plus.

Tout ce que je comprends, c’est que si tu es ici, c’est qu’il est


arrivé quelque chose. Voici une clef, elle ouvre la porte de
l’appartement situé en haut de mon cabinet. En me tendant la clef,
il me dévisage comme si j’allais me battre contre un lion affamé.
- Bonne chance, mon garçon !

Je sors de la clinique, encore abasourdi par cette rencontre.


Mon père avait donc tout prévu… et depuis longtemps ? Et qui
habite dans cet appartement où je dois me rendre ?

Derrière le bâtiment, je trouve un escalier de fer noir. Je monte et, les mains
tremblantes, je déverrouille la porte. J’entre tout en restant sur mes gardes. Je
demande avec une voix hésitante3 :
- Il y a quelqu’un ?

Je referme derrière moi. L’appartement est petit et sombre. À gauche, il y a la


cuisine, sans table ni chaise, et à droite, le salon, sans fauteuil ni télé. Un bureau qui
ressemble à celui de mon enseignante est au fond de la pièce. Deux chaises sont
placées devant. Je m’approche. Sur le mur, je vois un insigne : « Léo P., détective
privé. »

Léo P., mais …c’est moi !? Je comprends de moins en


moins cette affaire ! Un poisson dans le désert se sentirait plus
en maîtrise de ses nageoires que moi présentement.

3
Moi, Léo, j’aurais plutôt dit : « avec une infime voix tremblotante de peur. » Mais bon, ce n’est pas moi qui
raconte l’histoire…

Situation d’évaluation en lecture élaborée par Kathia Trottier, Sylvie Crytes et Karine Munger, 2018
Sur le bureau, j’aperçois une autre enveloppe portant simplement la mention
« Léo ». Je m’empresse de l’ouvrir.

Quand ce n’est pas de mon hygiène buccale qu’il est question, mon père me
parle de ménage ! C’est n’importe quoi ! Pourquoi il ne me précise pas où il est ?
Pourquoi il ne me révèle pas s’il est en danger ? Pourquoi il savait qu’il partirait ?
Pourquoi la police ne peut pas nous aider ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

Je m’assois sur la chaise de mon père. J’allume la lampe sur le bureau. Un


drôle de sentiment m’envahit. Je vois comme dans ses yeux. Je referme la lumière.
J’ouvre une fois de plus la lumière. Je suis le fils d’un détective privé ! Je revois
ma vie entre deux clics de lumière. Elle ne semble plus la même. Où allait mon père

Situation d’évaluation en lecture élaborée par Kathia Trottier, Sylvie Crytes et Karine Munger, 2018
chaque matin ? Sortait-il le soir quand nous dormions, ma mère et moi ? M’a-t-il déjà
sauvé d’un danger sans même que je le sache ? Et ses congrès à Montréal, c’était vrai
ou pas ?

J’aurais tant de questions à lui poser !


Malheureusement, il n’est plus là. Je prends une grande
inspiration, ce n’est pas le temps de me noyer dans les
sentiments4. Déjà que j’ai le souffle court depuis un bon
moment. Je commence le ménage sur le bureau, car après
tout, c’est ce que mon père m’a demandé. Je mets la main
sur une pile de dossiers classés « Enquêtes non résolues ».
Je la place sur le côté du bureau, puis je range les crayons,
je jette des vieux bouts de pa…

Je m’arrête : « Enquêtes non résolues » ? Eurêka ! La


disparition de mon père, c’est justement une enquête non
résolue ! C’est un message ! Le destin de mon père doit se
trouver dans un de ces dossiers. C’est évident qu’une de ces
enquêtes va me permettre de le retrouver… mais laquelle ?
Mon père me dit toujours : « Un problème à la fois, mon
Léo, un problème à la fois. » Alors, je commence par la
première sur la pile et je vais finir par retrouver mon père, parole de Léo P.,
détective privé !

4
Surtout que la veste de flottaison est restée à la maison

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