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Lycée Clemenceau MP*

MATHÉMATIQUES

DEVOIR SURVEILLÉ 6
30 Janvier 2012 – Durée 4h

Les calculatrices sont interdites.


Sujet 1 : X 1992 MP* – Première épreuve (4h) : pages 1 à 3
Sujet 2 : CCP 2004 MP – Première épreuve (4h) : pages 4 à 7
Vous pouvez au choix traiter l’un ou l’autre des deux sujets, mais pas les deux !

Merci d’indiquer votre nom sur chacune des copies (de préférence doubles).

Correction et barème tiennent compte de la qualité de la rédaction et du soin apporté à la copie.

UNE COPIE NON RÉDIGÉE NE SERA PAS CORRIGÉE.


Première composition de mathématiques
X 1992 M’
Le but de ce problème est d’étudier les sommes de séries trigonométriques de la forme

X
f (x) = bn sin(nx) ,
n=1

où la suite (bn )n∈N∗ est strictement positive, décroissante et de limite nulle. La première partie est
consacrée à des propriétés générales ; la seconde à l’étude de la convergence uniforme de la série sur
Z π
l’intervalle [0, π] ; la troisième à l’étude de l’intégrale f (x) dx ; enfin, dans la quatrième, on examine
0
un exemple particulier.

PARTIE I

Pour tout entier n > 0 on définit des fonctions En , An , fn sur [0, π] par :
n
X
En (x) = sin(kx)
k=1
Xn
An (x) = (bk − bk+1 )Ek (x)
k=1
Xn
fn (x) = bk sin(kx) .
k=1

x x 1
      
1. 1.a. Vérifier que l’on a 2 sin En (x) = cos − cos n+ x .
2 2 2
1.b. Montrer fn = An + bn+1 En .
1.c. Établir les inégalités suivantes, lorsque n < p :
x
 
sin |An (x)| ≤ b1 − bn+1
2
x
 
sin |Ap (x) − An (x)| ≤ bn+1 − bp+1
2
x
 
sin |fp (x) − fn (x)| ≤ 2bn+1 .
2

2. Montrer que (fn ) converge simplement sur l’intervalle [0, π], et que la convergence est uniforme
sur tout intervalle [α, π], où 0 < α < π. Que peut-on dire de la fonction f , limite simple de la
suite (fn ) ?
3. 3.a. Établir que, pour tout t ∈ [0, π2 ], on a sin(t) ≥ π2 t.
3.b. Montrer que, pour tout entier m > 0, la fonction x 7→ sin(mx)f (x) est continue sur [0, π],
et calculer son intégrale sur cet intervalle.
PARTIE II
4. On suppose que la suite (nbn )n∈N∗ tend vers 0, et on pose εn = sup(kbk ). Pour tout x ∈]0, π] on
k≥n
π π
note p la partie entière de , de sorte que l’on a p ≤ < p + 1.
x x

1
4.a. Vérifier les inégalités suivantes :
n+p−1
X
bk sin(kx) ≤ πεn
k=n

X
bk sin(kx) ≤ 2εn
k=n+p

4.b. Déduire de ce qui précède que la suite (fn ) converge uniformément sur [0, π].
5. Montrer que, réciproquement, si la suite (fn ) converge uniformément sur [0, π], la suite (nbn )
tend vers 0.
On pourra établir qu’il existe une constante C telle que, pour tout n,
2n

X  
bk sin ≥ Cnb2n .
k=n+1
4n

PARTIE III
On se propose ici d’établir l’équivalence des conditions :
(i) f est intégrable sur ]0, π[
X bn
(ii) < +∞.
n≥1
n
n
X
On pose sn = bk .
k=1
6. 6.a. Vérifier que l’on a :
π
1 1 2π
Z  
n
|f (x)| dx ≤ π − sn + bn+1 .
π
n+1
n n+1 n

On pourra écrire f (x) = fn (x) + f (x) − fn (x) et utiliser la question 1c.


6.b. Montrer que (ii) implique (i).
sn
7. Déterminer la limite de .
n Z π
8. On veut prouver que (i) implique (ii). On pose, pour tout x ∈]0, π] : F (x) = f (t) dt, et
x
n ∞
X bk bk
X
σn = , ainsi que λ = (−1)k .
k=1
k k=1
k
8.a. Vérifier que pour tout x ∈]0, π] l’on a :
n Z x ∞
X X bk
σn = λ + F (x) + bk sin(kt) dt − cos(kx) .
k=1 0 k=n+1
k

n Z 1
X n
8.b. Montrer que bk sin(kt) dt tend vers 0 lorsque n tend vers l’infini.
k=1 0

2

bk k
X  
8.c. Montrer que cos tend vers 0 lorsque n tend vers l’infini.
k=n+1
k n
1 k
   
On pourra écrire sin cos comme demi-différence de deux sinus.
2n n
8.d. Conclure.
PARTIE IV
Cette partie est consacrée à l’étude du comportement de f au voisinage de 0 dans le cas où
ln(n)
bn = .
n
9. On note ψ une fonction continue, positive, décroissante et intégrable sur ]0, a]. Vérifier
Z a X
ψ(x) dx = lim xψ(nx) .
0 x→0
1≤n≤a/x

∗ , à valeurs réelles, telle qu’il existe a > 0 et b > 0 vérifiant :


10. Soit ϕ une fonction continue sur R+
(i) la fonction x 7→ ϕ(x) sin x est positive, décroissante et intégrable sur ]0, a].
(ii) la fonction ϕ est positive, décroissante sur [b, +∞[ et de limite nulle à l’infini.
10.a. Soit ε > 0. Déterminer un nombre A > 0 tel que l’on ait pour tout x ∈]0, π] :

X
xϕ(kx) sin(kx) ≤ ε .
A
k≥
x

On n’oubliera pas d’établir la convergence de cette série.


10.b. Montrer que les limites suivantes existent et ont la même valeur :
Z X ∞
X
lim ϕ(x) sin(x) dx = lim xϕ(nx) sin(nx) .
X→+∞ 0 x→0
n=1


X ln(n)
11. On pose f (x) = sin(nx).
n=2
n
∗ ?
11.a. La fonction f est-elle intégrable sur R+
11.b. Montrer que f tend vers +∞ lorsque x tend vers 0, et trouver une constante c telle que
f (x) − c ln(x) admette une limite finie en 0.
ln(n) ln(nx) ln(x)
On pourra écrire =x −x et développer en série de Fourier la fonction g
n nx nx
π−x
impaire, périodique de période 2π et telle que g(x) = sur ]0, π[.
2
11.c. La fonction f est-elle de carré intégrable ?

Fin de l’énoncé

3
Première composition de mathématiques
CCP 2004 MP
À propos de l’hypothèse « de classe C 1 par morceaux » du théorème de convergence
normale d’une série de Fourier . . .
Pour toute fonction f : R → R, continue par morceaux et de période 2π, on associe ses coeffi-
1 2π
Z
cients de Fourier exponentiels définis, pour n ∈ Z, par cn (f ) = f (t)e−int dt et ses coef-
2π 0
1 2π
Z
ficients de Fourier trigonométriques définis par : an (f ) = f (t) cos (nt) dt (pour n ∈ N) et
Z 2π π 0
1
bn (f ) = f (t) sin (nt) dt (pour n ∈ N∗ ).
π 0
On pose, pour tout entier naturel p et tout réel x :
p p
X a0 X
Sp (f )(x) = cn (f )einx = + (an (f ) cos(nx) + bn (f ) sin(nx)).
n=−p
2 n=1
On rappelle le théorème de convergence normale :
Si f : R → R est une fonction continue de période 2π et de classe C 1 par morceaux, la série de Fourier
de f converge normalement vers la fonction f sur R.
Ainsi, la fonction f est limite uniforme de la suite de polynômes trigonométriques (Sp (f ))p∈N .
Nous allons étudier ce qui peut se produire si on enlève à ce théorème l’hypothèse « de classe C 1 par
morceaux ».
Une première partie démontre des résultats préliminaires.
Une deuxième partie traite d’un exemple où, sans l’hypothèse « de classe C 1 par morceaux », la série
de Fourier peut diverger.
Une troisième partie recherche une condition plus faible pour que, sans l’hypothèse « de classe C 1
par morceaux », on puisse quand même assurer que la série de Fourier de f converge uniformément
vers la fonction f sur R.

PARTIE I

Résultats préliminaires
1. Si, dans le théorème de convergence normale ci-dessus, on suppose que la fonction f n’est pas
continue mais seulement continue par morceaux sur R :
1.a. Rappeler le théorème de Dirichlet en précisant de quel type de convergence il s’agit.
1.b. Cette convergence pourrait-elle être uniforme sur R ?
2. On considère la fonction continue ϕ : R → R, de période 2π , paire et définie pour x ∈ [0; π],

par ϕ(x) = x.
Donner l’allure de la courbe de cette fonction et expliquer pourquoi elle n’est pas de classe C 1
par morceaux sur R.
3. Théorème de Cesàro
Soit (un )n∈N une suite de complexes qui converge vers le complexe `.
3.a. Justifier, simplement, en utilisant un théorème de sommation de relations de comparaison,
n
X
qu’on a : (uk − `) = o(n + 1) au voisinage de +∞.
k=0

4
u0 + u1 + . . . + un
 
3.b. En déduire que la suite converge vers `.
n+1
4. Soit une fonction f : R → R continue et de période 2π dont la somme de Fourier de rang n est
notée Sn (f ). Pour n entier naturel non nul, on définit la somme de Fejér de f de rang n, notée
σn (f ) comme la moyenne de Cesàro des sommes de Fourier :
1
σn (f ) = (S0 (f ) + S1 (f ) + · · · + Sn (f )).
n+1
On démontre, et nous l’admettrons, le théorème de Fejér :
« La suite de polynômes trigonométriques (σn (f )) converge uniformément sur R vers la fonction
f ».
Une application :
Si f : R → R est une fonction continue et de période 2π telle que la suite (Sn (f )) converge
simplement sur R, montrer que la suite (Sn (f )) converge vers la fonction f .
5. Si (un ) est une suite de réels positifs qui converge vers 0, montrer qu’il existe une suite de réels
(dn ) décroissante et de limite nulle telle que, pour tout entier naturel n, 0 ≤ un ≤ dn (on pourra,
par exemple, vérifier que la suite (sup{uk | k ≥ n}) convient).
PARTIE II
Un exemple de Série de Fourier divergente (en un point)
On considère la suite de fonctions (fn ) définies sur l’intervalle [0; π] pour tout entier naturel non
1
  x
n3
nul n par : fn (x) = 2 sin 2 + 1 .
n 2
X
6. Montrer que la série de fonctions fn converge normalement sur [0; π].
n≥1

On définit alors la fonction f paire, continue, de période 2π sur R et telle que pour tout réel
+∞
X
x ∈ [0; π], f (x) = fn (x).
n=1
Z π
2k + 1
 
7. On pose, pour p et k entiers naturels, Ip,k = cos(pt) sin t dt et, pour q entier naturel,
0 2
q
X
Tq,k = Ip,k .
p=0
7.a. Calculer, pour p et k entiers naturels, l’intégrale Ip,k .
k+q
X 1
7.b. Pour q et k entiers naturels, déterminer un réel positif ck tel que Tq,k = ck + ,
j=k−q
2j + 1
et en déduire, pour tout couple (q, k) d’entiers naturels, Tq,k ≥ 0.
N
X 1
7.c. Déterminer, pour N au voisinage de +∞ , un équivalent simple de .
k=0
2k + 1
1
7.d. En déduire, pour k au voisinage de +∞ , Tk,k ∼ ln(k).
2
2 +∞
X 1
8. Montrer, pour p entier naturel non nul, ap (f ) = I n3 −1 .
π n=1 n2 p,2

5
−a0 (f ) 2
9. Montrer, pour p entier naturel non nul, S2p3 −1 (f )(0) ≥ + 2 T2p3 −1 ,2p3 −1
2 πp
N N
a0 X a0 X
(on remarquera : + ai = − + ai ).
2 i=1
2 i=0
Conclure que la suite (Sn (f )(0)) diverge.
PARTIE III
Fonctions à variation bornée, Théorème de Jordan
Pour deux réels a < b on note S[a;b] l’ensemble des subdivisions de l’intervalle [a; b].
Si f est une fonction de [a; b] → R et σ = (x0 , x1 , . . . , xn ) ∈ S[a;b] , on note :
n−1
X
V (σ, f ) = |f (xi+1 ) − f (xi )|.
i=0
On dira que la fonction f est à variation bornée s’il existe un réel positif M tel que pour toute
σ ∈ S[a;b] , l’on ait : V (σ, f ) ≤ M .
On appelle alors variation totale de f sur [a; b] le réel positif noté :
V ([a; b], f ) = supσ∈S[a;b] V (σ, f ).
π
 
10. Montrer que la fonction f : [0; 1] → R définie par f (0) = 0 et f (x) = x cos si x 6= 0 est
2x
continue et n’est pas à variation bornée sur [0; 1].
(on pourra choisir σ = (xk )0≤k≤n+1 subdivision de [0; 1] : x0 = 0, xn+1 = 1 et ∀k ∈ {1, . . . , n},
1
xk = ).
2 (n + 1 − k)
11. Exemples généraux
11.a. Montrer qu’une fonction f : [a; b] → R qui est monotone est à variation bornée sur [a; b],
et préciser V ([a; b], f ).
11.b. Montrer qu’une fonction f : [a; b] → R qui est somme de deux fonctions monotones est à
variation bornée sur [a; b].
11.c. Montrer qu’une fonction f : [a; b] → R qui est continue et de classe C 1 par morceaux est à
variation bornée.
12. Soit une fonction f : [a; b] → R à variation bornée sur [a; b], et soit a < c < b.
Montrer que chacune des restrictions de f aux intervalles [a; c] et [c; b] est à variation bornée et
qu’on a : V ([a; c], f ) + V ([c; b], f ) ≤ V ([a; b], f ).
Remarque : on peut même montrer qu’il y a égalité mais ce ne sera pas utile pour ce problème.
13. Soit f : R → R une fonction continue et de période 2π telle que la restriction de f à l’intervalle
[0; 2π] soit à variation bornée.
Pour n entier relatif et N entier naturel, tous deux non nuls, on utilisera la subdivision σ =
2πk
(xk )0≤k≤|n|N de [0; 2π] définie, pour k entier compris entre 0 et |n|N , par : xk = .
|n|N
Pour k entier compris entre 1 et |n|N , on notera Vk (f ) la variation totale de f sur l’intervalle
[xk−1 ; xk ].
|n|N |n|N
X Z xk
(f (t) − f (xk )) e−int dt ≤
X
13.a. Vérifier : Vk (f ) (xk − xk−1 ).
k=1 xk−1 k=1

6
|n|N
X Z xk 1
13.b. Montrer : f (xk )e−int dt ≤ V ([0; 2π], f ).
k=1 xk−1 |n|
V ([0; 2π], f )
13.c. En déduire que pour tout entier n non nul, |cn (f )| ≤ .
2|n|π
14. Soit (un ) une suite de complexes, on pose, pour tout entier naturel n,
n
X S0 + S1 + · · · + Sn
Sn = uj et σn = .
j=0
n+1
On suppose que la suite (σn ) converge vers un complexe L et on suppose qu’il existe une constante
A
réelle A non nulle telle que, pour tout entier naturel k, |uk | ≤ .
k+1
14.a. Pour n et k entiers naturels non nuls, exprimer, à l’aide des termes de la suite (ui ), l’ex-
pression : k (Sn − L) − (n + k) (σn+k−1 − L) + n (σn−1 − L).
14.b. Soit une suite de réels (dn ) décroissante et de limite nulle telle que, pour tout entier naturel
n, |σn − L| ≤ dn , montrer, pourn et k entiers naturels non nuls :
2n k−1

|Sn − L| ≤ 1 + dn−1 + A .
k 2(n + 2)
14.c. L’entier naturel non nul n étant donné, on choisit
p k tel que (k − 1)2 ≤ 4n2 dn−1 < k 2 ,
(autrement dit k − 1 est la partie entière de 2n dn−1 ).
Montrer que, pour tout entier naturel n non nul, on a :
p
|Sn − L| ≤ dn−1 + (1 + A) dn−1 .
Que peut-on en déduire ?
15. Montrer que la série de Fourier d’une fonction f : R → R continue et de période 2π telle que
la restriction de f à l’intervalle [0; 2π] soit à variation bornée converge uniformément vers la
fonction f .
16. Montrer que la série de Fourier de la fonction ϕ de la question 2 converge uniformément sur R
vers la fonction f .
17. Application
Montrer que la série de Fourier d’une fonction f : R → R, de période 2π et lipschitzienne
converge uniformément sur R vers la fonction f .

Fin de l’énoncé

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