MPSI 3 Devoir surveillé 2022-2023

DS 9 de mathématiques

Durée : 4 heures. Tout appareil électronique est interdit.

Le sujet se compose de 4 exercices indépendants, pouvant être traités dans un ordre

quelconque. Pour les exercices 3 et 4, n ≥ 2 est un entier et on désigne par Sn le groupe des
permutations de J1, nK, qu’on munit de la probabilité uniforme. Par commodité, on pourra

identifier une permutation σ ∈ Sn à la n-liste sans répétition de ses valeurs σ(1), . . . , σ(n) .

1 Échauffement
1. On dispose de n urnes et de m boules. Chacune des boules est disposée dans une
urne, de façon équiprobable et indépendamment des autres.
a) Pour tout k ∈ J1, mK, déterminer la probabilité pm,n,k que la première urne
contienne exactement k boules.
b) On suppose que m = cn, où c ∈ N∗ est fixé. Montrer que, pour tout k ∈ N,
e−c ck
lim pcn,n,k = .
n→+∞ k!
Z 1
dx
2. Pour tout n ∈ N, on pose un = .
0 1 + xn
a) Justifier que (un ) est croissante.
b) Montrer que, pour tout n ∈ N∗ ,
Z 1
xn ln 2 1 1
Z
n
dx = − ln(1 + xn )dx.
0 1 + x n n 0
 
1
c) En déduire un développement asymptotique de un à la précision o .
n

2 La series mirabili de Johann Bernoulli

Le but de l’exercice est de démontrer l’identité admirable suivante :
Z 1 +∞
x
X (−1)n+1
x dx = n
.
0 n=1
n

1
 1. On justifie d’abord que les deux membres de l’égalité sont bien définis.

a) Rappeler la définition de f : x 7→ xx sur ]0, 1] et montrer que f se prolonge par

continuité en 0. Z 1
Par abus de notation, on note xx dx l’intégrale de ce prolongement sur [0, 1].
0
X (−1)n+1
b) Montrer que la série est absolument convergente.
n≥1
nn

2. Un calcul d’intégrales. Soient p ∈ N et n ∈ N∗ . La fonction Z x 7→ xn lnp x se

1
prolonge en une fonction continue sur [0, 1] et on note In,p = xn lnp x dx son
0
intégrale.

a) Établir soigneusement une relation entre In,p et In,p−1 .

n!
b) En déduire que In,n = (−1)n , pour tout n ∈ N∗ .
(n + 1)n+1
N
X xn
3. Pour tout N ∈ N, on définit fN sur R par fN (x) = .
n! n=0
On fixe un segment [a, b] de R. Montrer que la suite de fonctions (fN )N ∈N converge
uniformément vers exp sur [a, b].
+∞ Z
1 1
xn lnn x
Z X
x
4. En déduire que x dx = dx et conclure.
0 n=0 0 n!

3 Longueur maximale d’une suite extraite croissante

On note Cn la variable aléatoire à valeurs dans J1, nK, définie sur Sn comme la longueur
maximale d’une suite croissante extraite de σ ∈ Sn . Formellement :

Cn (σ) = max{k ∈ J1, nK | ∃i1 < · · · < ik ∈ J1, nK : σ(i1 ) < · · · < σ(ik )}.

De même, Dn est la longueur maximale d’une suite extraite décroissante.

3.1 Majoration de E(Cn )

1. Donner la loi et l’espérance de Cn pour n = 2, 3, 4.

2. Soit k ∈ J1, nK. Soit s = (i1 , . . . , ik ) une liste strictement croissante d’entiers de
J1, nK. On note As l’évènement : la liste (σ(i1 ), . . . , σ(ik )) est croissante.
1
Montrer que P (As ) = .
k!

2
 n


k
3. En déduire que pour tout k ∈ J1, nK, P (Cn ≥ k) ≤ .
k!
√
4. Soit α un réel strictement plus grand que 1. On pose k = ⌈αe n⌉. Montrer que
√ nk
P (Cn ≥ αe n) ≤ .
(k!)2

kk √ 1 2αe√n
5. Montrer que ek ≥ . En déduire que P (Cn ≥ αe n) ≤ ) .
k! α
 2αe√n
E(Cn ) √ 1
6. Montrer que √ ≤ αe + n .
n α
7. Montrer qu’il existe une suite (εn ), de limite nulle, telle que :
E(Cn )
√ ≤ (1 + n−1/4 )e + εn .
n

3.2 Minoration de E(Cn )

8. Soient p et q deux entiers naturels. On note N = (p − 1)(q − 1) + 1. Soit (uk )k∈J1,N K
une suite de N nombres réels. On cherche à établir le théorème d’Erdös-Szekeres,
affirmant qu’il existe ou bien une suite extraite de u croissante de longueur p, ou bien
une suite extraite de u décroissante de longueur q.
On suppose qu’il n’existe pas de suite extraite de u croissante de longueur p.

a) Pour tout k ∈ J1, N K, on note α(k) la longueur maximale d’une suite extraite
de u croissante, de premier terme uk . Montrer que

∃i1 < · · · < iq ∈ J1, N K : ∀j, j ′ ∈ J1, qK, α(ij ) = α(ij ′ ).

b) On considère de tels indices. Montrer que la suite (ui1 , . . . , uiq ) est décroissante
et conclure.
√ √
9. En déduire que Sn est égal à l’union des évènements (Cn ≥ n) et (Dn ≥ n).

10. Montrer que Cn et Dn ont la même loi.

E(Cn )
11. En déduire que √ ≥ 1/2.
n

Pour la culture. L’asymptotique suivante est connue :

√
E(Cn ) = 2 n + cn1/6 + o(n1/6 ),

où c ∼
= −1, 77 est une constante.

3
4 Nombres de records
Un record d’une permutation σ ∈ Sn est un entier i ∈ J1, nK tel que

∀j ∈ J1, i − 1K, σ(j) < σ(i).

En particulier, 1 est toujours un record de σ.

On note Rn la variable aléatoire à valeurs dans J1, nK, donnant le nombre de records d’une
permutation σ ∈ Sn . Pour tout i ∈ J1, nK, on note Ai l’évènement i est un record de σ et
Xi = 1Ai sa fonction indicatrice.
1
1. Montrer que, pour tout i ∈ J1, nK, Xi suit une loi de Bernoulli de paramètre .
i
2. Montrer que X1 , . . . , Xn sont des variables aléatoires indépendantes.
n
X
3. Montrer que Rn = Xk . En déduire E(Rn ) et V (Rn ), puis déterminer un équivalent
k=1
de ces quantités quand n tend vers +∞.

4. Soit k ∈ J1, nK. Soient i1 < · · · < ik ∈ J1, nK, avec i1 = 1. Calculer la probabilité de
l’évènement Ai1 ,...,ik : Les records de σ sont exactement i1 , . . . , ik .

5. En déduire que :
 
X  1 Y 1 
P (Rn = k) = 1− .
1=i1 <···<ik ≤n
i1 . . . ik j
j ∈{i
/ 1 ,...,ik }

Dans le produit, j ∈ / {i1 , . . . , ik } signifie que j varie dans le complémentaire de

{i1 , . . . , ik } dans J1, nK.
2n
6. En déduire la majoration P (Rn = k) ≤ .
k!
(n − k)!
7. Par un raisonnement combinatoire, montrer la minoration P (Rn = k) ≥ .
n!
8. On considère p ∈]0, 1[ un nombre rationnel.

a) Montrer que ln(n!) ∼ n ln n quand n → +∞.

On n’utilisera pas la formule de Stirling.
b) En déduire que, quand n → +∞,

ln P (Rn = pn) ∼ −pn ln n.

L’équivalent porte sur les valeurs n telles que pn ∈ N, quand → +∞.