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MPSI 1

- Corrigé du DS n◦ 6

Exercice 1. Une famille de polynômes réels et l’identité binomiale d’Abel


1
On note A0 = 1 et, pour tout entier k de IN*, Ak = X(X − k)k−1 .
k!
1) Montrons que pour tout n de IN, Vect(A0 , A1 , . . . , An ) = IRn [X].
Notons d’abord que pour chaque k de IN, Ak est degré k et de coefficient dominant 1 ·
k!
Il est donc immédiat que pour tout n de IN, toute combinaison linéaire de A0 , A1 , . . . , An est de degré 6 n,
autrement dit que Vect(A0 , A1 , . . . , An ) ⊂ IRn [X].
Montrons maintenant par récurrence que, pour tout n de IN, IRn [X] ⊂ Vect(A0 , A1 , . . . , An ), autrement dit
tout polynôme de IRn [X] est combinaison linéaire de A0 , A1 , . . . , An .
• C’est vrai pour k = 0 car vu que A0 = 1, toute constante s’écrit λA0 .
• Soit n dans IN*, on suppose que le résultat est vrai pour n − 1.
On se donne P dans IRn [X]. Il s’écrit P = an X n + Q, où Q est dans IRn−1 [X].
Alors P − an n!An est dans IRn−1 [X] donc est combinaison linéaire de A0 , A1 , . . . , An−1 , et par suite P
est combinaison linéaire de A0 , A1 , . . . , An−1 , An , ce qui achève la récurrence.

2) a) Soit k dans IN*.


Si k = 1, Ak = X et Ak−1 = 1 donc l’égalité A′k = Ak−1 (X − 1) est immédiatement vérifiée.
Supposons maintenant k > 2. On a alors :
  
1 1
A′k = (X − k)k−1 + (k − 1)X(X − k)k−2 = (X − k)k−2 X − k + (k − 1)X
k! k!
1 1
= k(X − 1)(X − k)k−2 = (X − 1)(X − k)k−2 = Ak−1 (X − 1)
k! (k − 1)!
(q)
b) Il en résulte immédiatement que pour tous entiers k et q tels que 0 6 q 6 k, on a Ak = Ak−q (X − q).
(q)
Plus précisément, montrons par récurrence que ∀q ∈ IN, ∀k > q, Ak = Ak−q (X − q).
(0)
• On a bien ∀k > 0, Ak = Ak = Ak−0 (X − 0).
(q)
• Soit q dans IN, supposons que pour tout k > q, Ak = Ak−q (X − q).
(q+1) 
(q) ′ ′
Alors pour tout k > q + 1 on a Ak = Ak = Ak−q (X − q) = A′k−q (X − q) = Ak−q−1 (X − q − 1).
↑ ↑
HR a)
Ce qui achève la récurrence.
c ) Soit (k, q) un couple d’entiers naturels. 
(q) (q) 0 si q < k
• Si q 6 k alors Ak = Ak−q (X − q) donc Ak (q) = Ak−q (0) =
1 si q = k
(q) (k) (q)
• Si q > k alors Ak est le polynôme nul (puisque Ak = 1), donc Ak (q) = 0.
n
(q) 1 si q = k
En résumé : Ak (q) =
0 sinon
3) Soit maintenant n dans IN*.
a) Soit P dans IRn [X]. Pn
Puisque (A0 , A1 , . . . , An ) engendre IRn [X], on dispose de réels α0 , α1 , . . . , αn tels que P = αk Ak .
k=0
Pn
(q)
Pour tout entier q de [[0, n]], on a P (q) (q) = αk Ak (q) = αq , donc αq = P (q) (q).
k=0
P
n
(k)
On a donc établi que P = P (k)Ak .
k=0

4) Soit y un réel quelconque. En appliquant au polynôme P = (X + y)n le résultat précédent, on obtient


P n
n!
(X + y)n = αk Ak avec, pour tout entier k de [[0, n]], αk = P (k) (k) = (k + y)n−k ,
k=0 (n − k)!
Pn  
n
d’où l’égalité : (X + y)n = y n + (y + k)n−k X(X − k)k−1 .
k=1 k
P
n
 
n n n
Par conséquent : ∀x ∈ IR, (x + y) = y + x (x − k)k−1 (y + k)n−k , et c’est vrai pour tout y de IR.
k=1 k

Cette égalité s’appelle l’identité binomiale d’Abel. Elle peut prendre des formes encore plus surprenantes et a
de nombreuses applications en mathématiques discrètes et probabilités.
Exercice 2. Recherche des polynômes complexes laissant stable ou invariant U
P
n
1) Soit P = ak X k un polynôme complexe non nul, de degré n. On suppose que ∀u ∈ U, P (u) ∈ U.
k=0
P
n
On note Q le polynôme Q = ak X n−k .
k=0
Soit θ un réel. Comme eiθ est de module 1, P (eiθ ) l’est aussi, donc P (eiθ )P (eiθ ) = 1.
Pn P
n
Or P (eiθ ) = ak e−ikθ = e−inθ ak ei(n−k)θ = e−inθ Q(eiθ )
k=0 k=0
On a donc l’égalité P (e )Q(e ) = einθ .
iθ iθ

Cette égalité est vraie pour tout θ de IR, donc les polynômes P Q et X n coı̈ncident en une infinité de valeurs
(les complexes de module 1), donc ils sont égaux. Comme P est de degré n, Q est de degré 0, donc P s’écrit
λX n où λ est un complexe non nul. Ce complexe λ n’est autre que P (1), donc est de module 1.
2) Si un polynôme complexe P vérifie l’inclusion {P (u), u ∈ U} ⊂ U, alors il n’est évidemment pas le polynôme
nul, et selon la question précédente, s’il est de degré n, il est du type λX n où λ est de module 1.
Inversement il est immédiat que les polynômes λX n avec λ ∈ U et n ∈ IN sont tels que {P (u), u ∈ U} ⊂ U.
Donc les polynômes complexes vérifiant l’inclusion {P (u), u ∈ U} ⊂ U sont exactement ces polynômes.
D’évidence ils vérifient l’égalité {P (u), u ∈ U} = U si et seulement si n > 1. En effet, si λ est dans U alors
si n = 0 le polynôme λX n est constant, et si n > 1, tout complexe y de U s’écrit λxn avec x dans U : il
y
suffit de prendre pour x une racine n-ième de ·
λ

2
Exercice 3. L’indicateur d’Euler et la fonction de Möbius
Pour tout entier naturel non nul n, on note Dn l’ensemble des diviseurs positifs de n, et on note ϕ(n) le nombre
d’entiers k de [[1, n]] tels que k ∧ n = 1.
La fonction ϕ est appelée l’indicatrice d’Euler.
1) Aisément, ϕ(1) = 1, ϕ(4) = 2 et ϕ(6) = 2.
Lorsque p est un nombre premier, tous les entiers de [[1, p]], sauf p, sont premiers avec p, donc ϕ(p) vaut
p − 1 et tous les entiers de [[1, p2 ]], sauf les multiples de p qui s’y trouvent, c’est-à-dire les kp avec 1 6 k 6 p,
sont premiers avec p2 , donc ϕ(p2 ) vaut p2 − p.
2) a) On se donne un entier n de IN*, et on considère f : [[1, n]] → Dn définie par ∀k ∈ [[1, n]] , f (k) = n ∧ k.
Soit δ dans Dn . En notant n′ = n , n s’écrit δn′ , et les entiers k tels que n ∧ k = δ sont exactement les
δ
entiers s’écrivant δk ′ avec k ′ ∧ n′ = 1. Et un tel entier k est dans [[1, n]] si et seulement si 1 6 k ′ 6 n′ .
Ainsi le nombre d’entiers k de [[1, n]] tels que n ∧ k = δ est le nombre d’entiers k ′ de [[1, n′ ]] tels que
n′ ∧ k ′ = 1, autrement dit ϕ(n′ ). 
On a montré que chaque élément δ de Dn possède exactement ϕ n antécédents par f .
δ
b) Soit encore n de IN*, reprenons la fonction f . L’ensemble [[1, n]] est la réunion des ensembles f −1 ({δ}),
δ décrivant Dn , et ces ensembles sont disjoints deux à deux (puisqu’il faut bien que pour chaque k de
[[1, n]], f (k) ait une valeur δ dans Dn , et pas deux valeurs à la fois!).
P  P  P
Donc card([[1, n]]) = card f −1 ({δ}) = ϕ n = ϕ(d).
δ∈Dn δ∈Dn δ d∈Dn
La dernière égalité est bien sûr le changement de variable « d = n », justifié puisque l’application δ 7→ n
δ δ
réalise une bijection de Dn sur lui-même (c’est une involution).
P
Ainsi on a montré que pour tout n de IN*, on a l’égalité ϕ(d) = n.
d∈Dn

3) On note µ la fonction définie sur IN* par µ(1) = 1 et pour tout k de IN*, tous nombres premiers p1 , p2 , . . . pk
distincts deux à deux et tous α1 , α2 , . . . αk de IN* :

α1 α2 αk 0 si l’un au moins des αi est supérieur ou égal à 2
µ(p1 p2 . . . pk ) =
(−1)k sinon (càd quand tous les αi valent 1)
La fonction µ est appelée la fonction de Möbius. .
a) Soit n un entier au moins égal à 2. Il s’écrit pα 1 α2 αk
1 p2 . . . pk où p1 , p2 , . . . pk sont k nombres premiers
distincts deux à deux (avec k > 1) et α1 , α2 , . . . αk sont des entiers naturels non nuls. Les diviseurs
positifs de n sont exactement les pβ1 1 pβ2 2 . . . pβk k où pour chaque i de [[1, k]], 0 6 βi 6 αi . Parmi eux, ceux
en lesquels µ ne prend pas la valeur 0 sont ceux pour lesquels les βi valent 0 ou 1.
Q
En d’autres termes, les d de Dn pour lesquels µ(d) 6= 0 sont les pj où J est une partie de [[1, k]].
j∈J
Et pour un tel nombre d, µ(d) vaut (−1)card(J) (y compris lorsque J est vide). Il en résulte :
P P car on sait bien que dans un ensemble de cardinal k > 1, il y a autant
µ(d) = (−1)card(J) = 0
d∈Dn J∈P([[1,k]])
de parties de cardinal pair que de parties de cardinal impair.
P P
Ainsi on a montré que ∀n > 2, µ(d) = 0. Mais attention, pour n = 1, µ(d) = 1.
d∈Dn d∈Dn
b) Soit n un élément de IN*.
On laisse le lecteur suivre cette succession d’inégalités qui résulte, dans l’ordre, de 2.b), de manipulation
de sommes doubles et enfin de 3.a) :
P P  P  P  P 
µ(d) n = µ(d) ϕ(d′ ) = ϕ(d′ ) µ(d) = ϕ(n).
d∈Dn d d∈Dn d′ ∈Dn d′ ∈Dn d∈D n
d d′

Détaillons quand même la « manipulation de somme double », autrement dit la deuxième égalité :
P  P  P  P  P
En « mettant en vrac » : µ(d) ϕ(d′ ) = µ(d)ϕ(d′ ) = µ(d)ϕ(d′ )
d∈Dn d′ ∈Dn d∈Dn d′ ∈Dn (d,d′ )∈E
d d

où E est l’ensemble des couples (d, d ) de (IN*) tels que d divise n et d divise n , autrement dit l’ensemble
′ 2 ′
d
des couples (d, d′ ) de (IN*)2 tels que n s’écrive kdd′ .
Et on voit que E est aussi bien l’ensemble des couples (d, d ) de (IN*) tels que d′ divise n et d divise n′ ·
′ 2
d
P ′
P  P ′
 P  ′
P 
Donc en réassemblant : µ(d)ϕ(d ) = µ(d)ϕ(d ) = ϕ(d ) µ(d) .
(d,d′ )∈E d′ ∈Dn d∈D n d′ ∈Dn d∈D n
d′ d′

Voilà, la deuxième égalité est bien expliquée, le lecteur comprendra tout seul la troisième.
P
Bref on a montré : ϕ(n) = µ(d) n ·
d∈D(n)
d

3
Exercice supplémentaire 1 : polynômes cyclotomiques et théorème de Dirichlet faible
Pour tout entier naturel non nul n, on note :
– Dn l’ensemble des diviseurs positifs de n, et ϕ(n) le nombre d’entiers k de [[1, n]] tels que k ∧ n = 1,
Q
– Ωn l’ensemble des éléments d’ordre n de Un , et Φn le polynôme (X − α).
α∈Ωn

1) Soit n dans IN*.


a) Le degré de Φn est le cardinal de Ωn , or ce cardinal vaut ϕ(n), où ϕ est la fonction vue précédemment.
2iπ
En effet, notons ω = e n . On sait que ω est un générateur du groupe Un , qui est de cardinal n, autrement
dit que Un = {ω 1 , ω 2 , . . . , ω n }, les ω k pour k de 1 à n étant distincts deux à deux (avec ω n = 1).
Or pour k dans [[1, n]], ω k est d’ordre n si et seulement si k ∧ n = 1.
En effet, en notant d = k ∧ n, et k′ et n′ les entiers premiers entre eux tels que k = k′ d et n = n′ d, on a
2ikℓπ
pour tout ℓ de Z (ω k )ℓ = ω kℓ = e n , qui est égal à 1 ssi n divise kℓ, autrement dit ssi n′ divise k′ ℓ, ou
encore ssi n′ divise ℓ (selon Gauss). Bref (ω k )ℓ est égal à 1 ssi ℓ est multiple de n′ , donc ω k est d’ordre n′ .
Et n′ est égal à n ssi d = 1.
Ainsi les éléments d’ordre n de Un sont les ω k pour lesquels k ∈ [[1, n]] et k ∧ n = 1, il y en a ϕ(n), ce
qui prouve que Φn est de degré ϕ(n).
Q
b) Montrons que X n − 1 = Φd .
d∈Dn
Q
Puisque X n − 1 = (X − α), il suffit de prouver que les Ωd , pour d ∈ Dn , sont disjoints deux à deux
α∈Un
et de réunion égale à Un .
Déjà les Ωd , pour d ∈ Dn , sont inclus dans Un , car si d divise n, alors Ωd ⊂ Ud ⊂ Un .
(car si xd = 1 et d divise n, alors xn = 1).
Ensuite ils sont disjoints deux à deux, car un élément de Un ne peut être de deux ordres à la fois!
Enfin leur réunion est égale à Un , car si x est un élément de Un , son ordre est un diviseur de n.
En effet, cela résulte si on veut du théorème de Lagrange, mais on peut parfaitement se passer ici de ce
théorème : si x ∈ Un , on a (par définition de Un ) xn = 1, donc n est un multiple de l’ordre de x.
On a doncPprouvé le résultat annoncé, et remarquons que cela donne, au passage, une autre preuve du
fait que ϕ(d) = n.
d∈Dn

2) Montrons que pour tout n de IN*, Φn est à coefficients entiers.


Montrons d’abord (même si ce n’est pas demandé) que si A et B sont deux polynômes à coefficients entiers,
et si B est unitaire, alors le quotient et le reste de la division euclidienne de A par B sont à coefficients entiers.
Il suffit de raisonner par récurrence sur le degré de A, en suivant l’algorithme de la division euclidienne.
Précisons. Fixons B, unitaire et à coefficients entiers et de degré p ∈ IN et montrons par récurrence que
pour tout n de IN, pour tout polynôme A à coefficients entiers de degré < n, le quotient et le reste de la
division euclidienne de A par B sont à coefficients entiers.
• La propriété est évidemment vraie pour n = 0, n = 1,. . . , n = p car si A est de degré < p, le quotient et
le reste de la division euclidienne de A par B sont 0 et A.
• Soit n > p, supposons la propriété vraie pour n.
Soit alors A de degré < n + 1 et à coefficients entiers, notons an celui de X n . Comme B est unitaire,
le polynôme A1 = A − an X n−p B (« reste intermédiaire ») est de degré < n et se retrouve à coefficients
entiers. Par hypothèse de récurrence, on dispose de Q et R, à coefficients entiers, tels que A1 = BQ + R,
avec deg(R) < p. Alors A = (an X n−p + Q)B + R, donc le quotient et le reste de la division euclidienne
de A par B sont an X n−p + Q et R, à coefficients entiers. Ce qui achève la récurrence.
(Attention, l’hypothèse que B est unitaire est indispensable, par exemple le quotient de la division de 3X 2 +1
par 2X + 1 n’est pas du tout à coefficients entiers!)
Q
Avec ce résultat (concernant le quotient, le reste, on s’en fiche), la formule X n − 1 = Φd permet de
montrer, par récurrence (forte) que pour tout n de IN*, Φn est à coefficients entiers : d∈Dn
• La propriété est évidemment vraie pour n = 1, car Φ1 = X − 1 (et tant qu’on y est, il n’est pas fatigant
de dire que Φ2 = X + 1, Φ3 = (X − j)(X − j) = X 2 + X + 1, Φ3 = (X − i)(X + i) = X 2 + 1, etc.).
• Soit n > 2, supposons la propriété vraie pour tout entier k tel que 1 6 k < n.
Alors elle est en particulier vraie pour les éléments de Dn \{n}, c’est-à-dire que les Φd , pour d ∈ Dn \{n},
sont à coefficients entiers. Q
Mais alors Φn , étant le quotient (exact) de la division de X n − 1 par Φd , qui est bien unitaire,
est à coefficients entiers, ce qui achève la récurrence. d∈Dn\{n}

4
3) On fixe à nouveau n dans IN*.
a) Soit p un nombre premier et soit a un entier.
On suppose que p divise Φn (a) mais ne divise aucun des Φd (a) lorsque d est un élément de Dn \{n}.
Q
On a l’égalité an − 1 = Φd (a), les Φd (a) sont des entiers dont l’un (à savoir Φn (a)) est divisible par p,
d∈Dn
donc an − 1 est divisible par p.
Q
En revanche, lorsque d est élément de Dn\{n}, on a l’égalité ad − 1 = Φd′ (a), et aucun des Φd′ (a)
n’est divisible par p (car les diviseurs de d sont des diviseurs stricts de n). d′ ∈Dd
Et puisque p est premier, ad − 1 n’est donc pas divisible par p.
Ainsi an est congru à 1 modulo p, mais pour d dans Dn \{n}, ad ne l’est pas.
Montrons que p ≡ 1 [n].
Argument 1, hors programme, mais utilisant des choses expliquées en classe
En notant a la classe de a modulo p, qui est élément de Z/pZ, on a donc a n = 1 (et donc a 6= 0), mais
quand d est un diviseur strict de n, on n’a pas a d = 1.
Cela implique que a est un élément d’ordre n du groupe multiplicatif du corps Z/pZ (c’est un corps
puisque p est premier).
Or ce groupe est de cardinal p − 1, donc (selon le théorème de Lagrange) l’ordre de a divise p − 1,
c’est-à-dire que n divise p − 1, ou encore que p ≡ 1 [n].
Argument 2 utilisant exclusivement le cours de sup (mais pas fondamentalement différent)
Soit M l’ensemble des k de IN* tels que ak ≡ 1 [p]. C’est une partie non vide de IN* (elle contient n),
notons µ son plus petit élément.
Alors M est l’ensemble des multiples (dans IN*) de µ.
En effet, soit k dans M .
La division euclidienne de k par µ donne q dans IN et r dans [[0, µ − 1]] tels que k = µq + r.
Comme aµ ≡ 1 [p], la compatibilité avec × de la relation de congruence modulo p donne ak = aµq ar ≡ ar [p],
donc par transitivité ar ≡ 1 [p], ce qui impose r = 0 sinon la définition de µ serait contredite.
Ainsi, n s’écrit µq, avec q dans IN*. Mais alors q = 1, sinon µ serait un diviseur strict de n, et donc,
comme vu plus haut, aµ ne serait pas congru à 1 modulo p, ce qui contredirait encore la définition de µ.
Bref, µ = n.
Mais a n’est pas multiple de p (vu que an ≡ 1 [p]), donc le petit théorème de Fermat (vu que p est
premier), nous dit que ap−1 ≡ 1 [p].
Ainsi p − 1 est aussi élément de M , donc est multiple de µ, c’est-à-dire de n, donc p ≡ 1 [n].
b) Montrons que pour tous entiers m et b, Φn (bm) ∧ m = 1.
Ça c’est facile, quand on a remarqué que le coefficient constant de Φn est ±1.
Remarquons le donc : de part la définition de Φn , son Q coefficient constant est ± le produit de certaines
racines de l’unité (pour être précis, c’est (−1)ϕ(n) α), donc il est de module 1. Mais c’est aussi un
élément de Z, donc il vaut ±1. α∈Ωn

Ainsi, en se figurant Φn sous forme développée, on voit que, pour tous entiers m et b, Φn (bm) s’écrit
comme un multiple de m plus le coefficient ±1. Il est donc premier avec m.
Q
c ) Notons Ψn = Φd .
d∈Dn\{n}
Vu leur forme factorisée dans C[X] sans racine commune, les polynômes Φn et Ψn sont premiers entre eux.
Et ils sont à coefficients dans Z, donc dans le corps Q. Le théorème de Bézout dans Q[X], assure
l’existence de deux polynômes P et Q, à coefficients dans Q, tels que P Φn + QΨn = 1.
En notant m un dénominateur commun à tous les coefficients de P et de Q, on obtient deux polynômes
U et V à coefficients entiers (à savoir mP et mQ) tels que U Φn + V Ψn = m.
d) Déduisons de a), b), c) l’existence de p premier tel que p ≡ 1 [n], en assemblant le puzzle :
Prenons l’entier non nul m qu’on vient d’introduire.
On peut trouver un entier b tel que Φn (bm), qui est entier, soit de valeur absolue au moins 2 (sinon, sur
l’ensemble infini {bm, b ∈ IN*} le polynôme Φn ne pourrait prendre que les valeurs 0, −1 et 1, ce qui
imposerait qu’il prenne une infinité de fois une au moins de ces trois valeurs, et sa nature de polynôme
l’obligerait à être constant, ce qu’il n’est pas).
Pour un tel entier b, Φn (bm) admet un diviseur premier, prenons-en un, et notons-le p.
Comme Φn (bm) ∧ m = 1, p ne divise pas m.
Notons a = bm, si bien que p divise Φn (a) mais pas m.
Et selon l’égalité du c) prise en a, c’est-à-dire avec nos notations l’égalité U (a)Φn (a) + V (a)Ψn (a) = m,
p ne divise donc pas Ψn (a), et donc ne divise aucun des Φd (a) pour d ∈ Dn \{n}.
Voilà, en appliquant le a) à notre nombre premier p et à notre entier a, on obtient le fait que p ≡ 1 [n].

5
4) Soit k dans IN*, on suppose que p1 , p2 , . . . , pk sont des nombres premiers congrus à 1 modulo n.
En appliquant le résultat obtenu à l’entier N = np1 p2 . . . pk dans le rôle de n, on obtient l’existence d’un
nombre premier p tel que p ≡ 1 [N ].
Ce nombre premier p est congru à 1 modulo n’importe quel diviseur de N , en particulier les pi et n, donc il
est différent de tous les pi , et est tel que p ≡ 1 [n].
Il existe donc une infinité de nombre premiers congrus à 1 modulo n (puisqu’on en a un, et si on en a k, on
peut toujours en trouver un de plus).
Tout cela est passionnant, et est raconté dans les premiers tomes de tout bon manga sur l’arithmétique. Les
éléments de Ωn s’appellent les racines primitives n-ièmes de l’unité, les Φn sont les polynômes cyclotomiques,
et le résultat qu’on a prouvé est une version faible du théorème de la progression arithmétique de Dirichlet :
Pour tout entier non nul n et tout entier r premier avec n, il existe une infinité de nombres premiers congrus
à r modulo n.
Ici on a traité le cas n quelconque et r = 1, c’est déjà pas mal...

6
Exercice supplémentaire 2

1) a) Soit P un polynôme
P de C[X] tel que P (X) = P (jX).
Notons P = ak X k , où les ak sont les coefficients (complexes) de P (nuls à partir d’un certain rang).
k∈IN
De l’hypothèse P (X) = P (jX), on tire, par unicité des coefficients, que pour tout k de IN, ak = j k ak , et
comme j k n’est pas égal à 1 quand
P k n’est pas divisible par 3, il en résulte
P que dans ce cas, ak est nul.
Mais alors, P s’écrit aussi P = a3p X 3p , donc P = Q(X 3 ) avec Q = a3p X p .
p∈IN p∈IN
Bien sûr, nul autre polynôme que Q ne peut vérifier cela : si T est un polynôme vérifiant P = T (X 3 ),
alors Q(X 3 ) = T (X 3 ), donc Q − T admet une infinité de racines (tous les complexes, vu qu’ils peuvent
tous s’écrire comme des cubes), donc Q − T est nul.
b) Soit A dans C[X].
Le polynôme P = A(X)A(jX)A(j 2 X) vérifie P (X) = P (jX) puisque P (jX) = A(jX)A(j 2 X)A(j 3 X) et
j 3 = 1. Donc il existe un unique B de C[X] tel que P = B(X 3 ), c’est-à-dire A(X)A(jX)A(j 2 X) = B(X 3 ).
Si A est nul, B est nul, et si A est de degré n dans IN, le polynôme A(X)A(jX)A(j 2 X) est de degré 3n,
donc B est de degré n. Bref, A et B sont de même degré.
On note dorénavant Φ l’application de C[X] dans C[X] qui au polynôme A associe le polynôme B tel
que B(X 3 ) = A(X)A(jX)A(j 2 X).
2) a) Si A est le polynôme constant λ, alors A(X)A(jX)A(j 2 X) = λ3 , donc Φ(A) = λ3 (ce polynôme convient,
donc c’est lui par unicité).
b) Si A s’écrit X − a, avec a dans C, alors :
A(X)A(jX)A(j 2 X)= (X − a)(jX − a)(j 2 X − a) = j 3 (X − a)(X − j −1 a)(X − j −2 a)
= (X − a)(X − j 2 a)(X − ja) (j 3 = 1, qu’on se le dise)
= X 3 − a3
(dernière égalité sans vrai calcul, puisque a, ja et j 2 a sont les trois racines (distinctes ou non, penser au
cas a = 0) du polynôme unitaire X 3 − a3 ).
Donc Φ(A) = X − a3 .
c ) Si A s’écrit X n − a, avec a dans C et n dans IN*, alors le même calcul donne :
A(X)A(jX)A(j 2 X)= (X n − a)(j n X n − a)(j 2n X n − a) = j 3n (X n − a)(X n − j −n a)(X n − j −2n a)
= (X n − a)(X n − j 2n a)(X n − j n a)
• Si n est multiple de 3, cela donne A(X)A(jX)A(j 2 X) = (X n − a)3 (puisque j n = 1), et dans ce cas,
n s’écrivant 3p, on a A(X)A(jX)A(j 2 X) = (X 3p − a)3 , donc Φ(A) = (X p − a)3 .
• Sinon, l’ensemble {j n , j 2n } est égal à l’ensemble {j, j 2 } (c’est immédiat), et dans ce cas :
A(X)A(jX)A(j 2 X) = (X n − a)(X n − ja)(X n − j 2 a) = X 3n − a3 , donc Φ(A) = X n − a3 .
(Et on retrouve le b).)

3) Soient P et Q dans C[X]. On a d’évidence, en notant Φ(P ) = Pb et Φ(Q) = Q


b pour alléger :
P Q(X)P Q(jX)P Q(j 2X) = P (X)P (jX)P (j 2 X)Q(X)Q(jX)Q(j 2 X) = Pb (X 3 )Q(X
b 3 ) = PbQ(X
b 3)
Donc, selon la caractérisation de Φ(P Q), on a Φ(P Q) = Pb Q
b = Φ(P )Φ(Q).
P
n−1
4) Soit A = X k , n étant un élément de IN*.
k=0
On sait que X n − 1 = (X − 1)A, donc, selon la question précédente, Φ(X n − 1) = Φ(X − 1)Φ(A) (⋆) .
Or la question 2 donne Φ(X − 1) = X − 1, mais demande de distinguer pour Φ(X n − 1).
• Si n est multiple de 3, disons n = 3p (avec p dans IN*), l’égalité (⋆) s’écrit (X p − 1)3 = (X − 1)Φ(A),
P k
p−1 P k
p−1
et comme X p − 1 = (X − 1) X , elle s’écrit aussi (X − 1)(X p − 1)2 X = (X − 1)Φ(A), donc
k=0 k=0
(avec l’intégrité de l’anneau C[X], qui permet de simplifier par le polynôme non nul X − 1) on obtient
p−1
P k
Φ(A) = (X p − 1)2 X .
k=0
P
n−1
• Et si n n’est pas multiple de 3, l’égalité (⋆) donne X n − 1 = (X − 1)Φ(A), d’où on tire Φ(A) = X k.
Bref, dans ce cas, Φ(A) = A. k=0

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