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Gilles Azzopardi

SOYEZ VOUS-MÊME
(TOUS LES AUTRES SONT DÉJÀ PRIS)
Une partie des textes de cet ouvrage a fait l’objet d’une première
publication dans les titres suivants de la collection « Résiste ! » aux éditions
First : Y’en a marre de la pensée positive ! et Je suis une super chieuse au
boulot et ça marche !.

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ISBN : 978-2-7540-8661-5
ISBN Numérique : 9782412015124
Dépôt légal : mai 2016

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Introduction
« Soyez vous-même, tous les autres sont déjà pris ». Vous connaissez
peut-être cette phrase d’Oscar Wilde, elle peut sembler une boutade, mais
elle dit bien ce qu’elle veut dire : il y a soi et les autres. Sauf à se prendre
pour Napoléon, on fait tous la différence.
Quand on se regarde dans une glace, on se reconnaît. Les humains de
plus de 18 mois en sont capables, comme un certain nombre d’animaux, par
exemple nos cousins chimpanzés et bonobos, mais aussi les éléphants
d’Asie, certains dauphins, les orques, les corbeaux, les pies bavardes…
Là où cela se complique, c’est que soi-même, que l’on appelle
aujourd’hui le moi, ne tombe pas du ciel, il est intimement lié au regard de
l’autre. On est « moi » qu’en rapport à l’autre, que ce soit avec, contre ou
loin de lui.
On a besoin de l’autre pour se reconnaître, c’est par lui aussi que nous
nous définissons.
Par exemple, nous sommes tous enclins, sauf en cas d’épisode dépressif,
à nous surestimer par rapport aux autres et, inversement, à sous-estimer nos
faiblesses, ce que les psys appellent le biais de supériorité illusoire.
Et ce sentiment de supériorité intellectuelle, morale, etc., est renforcé par
deux autres croyances : nous avons tous plus ou moins tendance à penser
que ce qui ne va pas chez nous est largement partagé, mais que tout ce
qu’on a de bien l’est beaucoup moins : je brûle un feu rouge, tout le monde
le fait ; je marche sur les eaux, il n’y a que moi ! Jusque-là, tout va bien.
Mais ça coince quand, afin de coller aux attentes supposées des autres,
nous nous montrons très différents de ce que nous sommes en réalité. Cela
se fait souvent sans qu’on en ait conscience. Et au bout d’un moment, on ne
sait plus très bien qui on est, ce qu’on veut vraiment. De fait, cela ne va
jamais de soi d’être soi-même.
Pour différentes raisons qui relèvent du poids du conformisme, de
l’éducation, des pressions sociales, et le fait que « L’homme n’est pas
maître en sa propre demeure » (Freud). Ou pour le dire autrement, nous ne
sommes pas transparents à nous-mêmes. Il y a du caché en nous et ce caché
est parfois plus essentiel que la partie émergée de l’iceberg.
D’où la fameuse injonction socratique, « Connais-toi toi-même », qui n’a
rien de nombriliste. Elle n’a pas d’intérêt en soi, elle ne vaut que pour
l’action, faire que nos actes soient plus en accord avec nos aspirations
profondes et plus efficaces dans le réel.
Il est d’autant plus difficile d’être soi-même que notre moi n’est pas fixe,
donné une fois pour toutes : on est ce qu’on est, mais aussi ce que l’on
devient.
Et cela dépend de chacun de nous, de nos choix, à commencer par être
vrai au lieu de faire son malheur en faisant « comme tout le monde » et en
cherchant à se conformer à l’image que les autres voudraient avoir de nous,
parce qu’on veut leur plaire et s’en faire aimer.
Être soi-même, ça n’empêche pas les coups durs, bien entendu, mais ils
font moins mal et on s’en remet toujours plus vite.
Et puis, c’est plus fun. On se prend beaucoup moins la tête. Car au lieu
de se retrouver coincé dans un rôle, par exemple le « gentil », le « rebelle »,
la « victime », on gagne en souplesse dans ses réactions et tout devient
beaucoup plus facile.
Chapitre I

Le chemin vers soi


1. Tout ce qui empêche d’être soi
Comme le dit si bien Boris Cyrulnik dans Les Nourritures affectives, « Le
paradoxe de la condition humaine, c’est qu’on ne peut devenir soi-même
que sous l’influence des autres. »
Le problème est évidemment là une question d’équilibre. Sous
l’influence des autres, on peut par exemple devenir plus honnêtes. C’est ce
qu’ont montré des chercheurs de l’université de Newcastle (Grande-
Bretagne). Pendant des années, une « boîte de l’honnêteté », où, en
l’absence de vendeur, les gens étaient libres de mettre le montant qu’ils
voulaient, a été installée dans la salle commune de l’université pour le
paiement des boissons. La boîte était surmontée d’une affiche des prix et
d’une photo alternant chaque semaine une paire d’yeux ou des fleurs.
Le résultat est assez étonnant : les gens ont mis presque trois fois plus
d’argent dans la boîte lorsque l’affiche représentait une paire d’yeux fixés
sur eux plutôt que de simples fleurs. Mais, inversement, on peut aussi,
hélas, devenir moins que soi-même.
Cela tient à notre besoin d’appartenance : nous avons beau nous sentir
parfois très seuls, nous sommes néanmoins des êtres sociaux, dépendants du
regard, de l’approbation (ou de la désapprobation) des autres.
Nous avons aussi grandi avec des principes communs à toutes les
sociétés : obéissance, respect de l’autorité, des normes, des usages…
Cela tient aussi au type d’éducation que l’on a reçue de ses parents : nous
avons été élevés d’une certaine manière et en quelque sorte
« préprogrammés ».
Tout cela fait que nous sommes tous, les plus forts comme les plus
faibles (en matière d’autonomie, d’indépendance), vulnérables aux
influences des autres et qu’il est parfois difficile d’être soi-même ou de le
rester.

Le besoin d’appartenance
Dès notre petite enfance, nous sommes conditionnés pour être comme les
autres, à faire comme les autres. On sait bien que dans les cours d’école, il
ne fait pas bon trop se distinguer. Toutes les différences un peu trop
marquées, physiques, vestimentaires, culturelles, provoquent les rebuffades
et les persécutions. De fait, nous allons tous plus ou moins dans le sens du
vent. Quand tout le monde applaudit, on applaudit. Quand personne ne
bouge en cas d’agression dans le bus ou le métro, on ne bouge pas.
Ce besoin de conformisme est bien connu en psychologie sociale. Au
sens large, le conformisme, c’est l’influence de la majorité sur la minorité,
le fait pour un individu de se fondre dans la masse, quand bien même il doit
pour cela changer d’opinion, de comportement, voire de perception.
De nombreuses expériences ont mis en évidence le fait que nos
comportements sont directement influencés par ceux des autres.
La plus connue a été réalisée par Solomon E. Asch, un psychologue
américain. Au début des années 1950, il a demandé à un groupe d’étudiants
de participer à un prétendu test de vision. Tous les étudiants étaient dans la
combine, sauf un, le « cobaye ».
L’expérience avait en réalité pour objet d’observer comment une
personne donnée va réagir aux comportements des autres. Un groupe de
sept à neuf compères était installé dans une salle, l’étudiant « cobaye »
occupant l’avant-dernière position.
La tâche proposée était simple : comparer une série de segments témoins
à trois autres, parmi lesquels un seul a la même longueur que le segment
témoin et donner son avis à haute voix, un par un. Au début, tout se passe
normalement. Tous les étudiants fournissent la même et bonne réponse.
Mais au troisième essai, patatras, tous les « compères » donnent une
« mauvaise » réponse de manière unanime. Que font les « cobayes » dans
ce genre de situation ? Eh bien, 1 sur 3 se rallie systématiquement à l’avis
de la majorité et plus de 2 sur 3 s’y rallient une fois sur deux ou de temps en
temps, allant contre l’évidence et même leur propre perception.
Pour Asch, un tel conformisme de masse (seuls 25 % des sujets ne se
sont jamais ralliés aux fausses réponses de la majorité) s’expliquerait par
notre besoin d’éviter le conflit en cas d’opinions différentes et d’être
éventuellement rejeté par la majorité. Ce serait plus un suivisme de
complaisance qu’une véritable adhésion. Autrement dit, les « cobayes »
savent que leur opinion est bonne, mais disent comme la majorité.

Comment ça marche, le mimétisme social ?


De fait, les neurosciences ont montré que notre cerveau aime ceux qui sont
d’accord avec nous. Quand quelqu’un abonde dans notre sens, cela stimule
la zone de « récompense » du cerveau et nous fait le même effet qu’une
bonne bière fraîche ou une crème glacée en pleine canicule. Et, nous
préférons en conséquence souvent faire semblant d’être d’accord avec les
autres qu’avoir raison.
Les considérations sociales l’emportant sur les faits, la vérité, nous
sommes donc facilement influençables, encouragés à la bien-pensance pour
le meilleur ou pour le pire. Mais certaines cultures « formatent » aussi plus
que d’autres. Les Japonais, par exemple, seraient plus conformistes que les
Américains et les Français moins que les Norvégiens. Peut-on généraliser,
dire que les cultures collectivistes incitent plus à la discipline que les
cultures plus individualistes ? Peut-être. C’est vrai que les Allemands des
années 1930 ont montré plus d’enthousiasme pour le nazisme que les
Italiens n’en ont témoigné pour le fascisme.
Mais d’autres variables entrent également en jeu. Par exemple, les
stéréotypes du genre : les femmes se laissent plus volontiers influencer par
les hommes quand il est question de sujets ou de tâches supposés masculins.
Et inversement, les hommes reconnaissent l’autorité des femmes, et y
cèdent, dans les domaines censés être féminins.
L’âge aussi joue pour beaucoup. À l’adolescence, par exemple, quand
l’on est en recherche d’identité, on est nettement plus influençable, aux sens
positif et négatif du terme, que lorsqu’on est un adulte construit.
Quoi qu’il en soit, le mimétisme social est toujours sous-tendu par trois
types d’influences :

1. Un manque d’information : dans un groupe, l’unanimité plaide


toujours en faveur de l’exactitude de l’opinion majoritairement
exprimée (le groupe a raison contre l’individu). On le voit bien dans
les jeux télévisés où le candidat peut faire appel au public, il est bien
rare qu’il donne ensuite un avis contraire.
2. La pression normative : nous craignons tous, plus ou moins, la
désapprobation sociale. Il nous semble toujours plus coûteux de
subir la désapprobation du groupe que de nous mettre en conformité.
3. Et enfin, l’attractivité du groupe majoritaire : plus on est bien
intégré dans un groupe (social, amical…), plus on souhaite être
accepté par un groupe, plus on est enclin à modifier nos
comportements, nos attitudes, nos opinions, pour les faire coller à
ceux des autres.

Et, de fait, nous sommes toujours plus facilement influencés, voire


manipulés, par les gens qui nous ressemblent ou auxquels nous voulons
ressembler, comme nous sommes d’ailleurs souvent mieux disposés à aider
les gens qui sont « comme nous » et à rejeter les « autres ».

Le devoir d’obéissance
On ne se construit pas, dans tous les sens du terme, sans obéissance (se
laver les dents tous les jours, apprendre à lire et à écrire, ne pas mordre ses
petits camarades, apprendre à veiller sur les autres, etc.) Obéir, vient du
latin oboedire qui signifie « ouïr », donc écouter. Et exécuter. On se lave les
dents, on apprend à lire et à écrire, etc., parce que « c’est mieux comme
ça ». Et on le fait sans demander pourquoi, en tout cas pas tous les jours.
En psychologie sociale, on parle d’obéissance quand une personne fait
quelque chose qu’elle ne ferait pas spontanément parce qu’une autre
personne, perçue comme une source d’autorité, le lui demande. C’est la
base de tous nos apprentissages, dressages diraient d’autres parce que ce qui
marche avec les petits humains marche aussi avec nombre d’animaux.
Enfant, nous apprenons à obéir. A priori, nous partons du principe que
nos parents, et plus tard nos maîtres à l’école, savent mieux que nous ce qui
est bon pour nous. De toute façon, on ne peut pas faire autrement. On
dépend d’eux pour avoir le ventre plein, les fesses au sec et des câlins.
Partant de là, l’obéissance n’est pas un mal en soi. C’est la
reconnaissance d’une autorité légitime, fondée sur l’expérience, le savoir,
les compétences. Elle permet de progresser individuellement en profitant
des acquis des autres. Elle permet de s’intégrer plus ou moins
harmonieusement au sein d’une hiérarchie, famille, école, société. C’est
ainsi que l’on devient soi.
Quand est-ce que ça dérape, que l’on n’est plus soi ? Lorsque
l’obéissance à l’autorité devient de la soumission. On suit les ordres
aveuglément, en dégageant toute responsabilité personnelle. Comme Adolf
Eichmann qui, lors de son procès à Jérusalem, a justifié sa participation au
génocide nazi par son devoir de fonctionnaire. Ou, comme dans le cas de
Daech, on en appelle à une autorité supérieure pour pratiquer les pires
horreurs.
Des exceptions ? Pas vraiment. La règle veut, au contraire, que nous nous
soumettions un peu trop facilement à l’autorité.
De nombreuses expériences ont montré que nous sommes tous, ou
presque, susceptibles d’obéir à des ordres qui contreviennent au simple bon
sens, à nos valeurs morales habituelles, ou aux règles.

La soumission à l’autorité
L’expérience la plus connue dans ce domaine est due à un psychologue
américain de l’université de Yale, Stanley Milgram. Au début des
années 1960, il a montré à quel niveau d’obéissance peut aller un individu
dirigé par une autorité qu’il pense légitime.
Concrètement, il s’agissait d’amener des gens normaux à infliger des
décharges électriques de plus en plus fortes à un « patient » (en fait un
comédien), qui suppliait d’arrêter, puis criait de douleur et finissait par se
taire, apparemment victime d’un malaise. Le résultat a été assez terrifiant :
deux personnes sur trois ont accepté d’infliger des décharges électriques de
plus en plus intenses et une sur trois l’a fait jusqu’au bout tant que l’ordre
de continuer leur en était donné.
Toujours dans les années 1960, cette expérience, même si elle expliquait
pourquoi la peste du nazisme avait pu se répandre si vite et comment une
foule de braves gens, et pas des plus crétins, avaient pu du jour au
lendemain commettre toutes sortes d’horreurs, avait suscité de nombreuses
interrogations. Pouvait-on vraiment concevoir que dans la vie réelle, des
circonstances normales, sans les bouleversements de la guerre, tant de
personnes puissent obéir aveuglément, prendre la responsabilité de tuer
leurs semblables ?
En 2009, France 2 a diffusé une fausse émission de jeu reproduisant
l’expérience. Dans Zone Xtrême, l’autorité n’est plus la science, mais la
télévision, avec à la clé une somme d’argent à gagner. Et c’est pire !
Suivants à la lettre les injonctions de l’animatrice, en lieu et place d’une
autorité scientifique, 80 % des participants ont bien voulu infliger des chocs
électriques potentiellement mortels à un candidat (là aussi, un comédien) à
chaque mauvaise réponse.
Autant dire que nous sommes presque tous des tortionnaires en puissance
ou, pour le moins, susceptibles d’adopter des comportements parfois à
l’opposé de nos valeurs si la situation s’y prête.
C’est ce qu’a montré Philip G. Zimbardo, un psychologue américain,
avec l’Expérience de Stanford, en 1971. L’idée consistait à prendre des
étudiants, sélectionnés pour leur stabilité psychologique et leur maturité, à
les mettre dans des conditions carcérales et d’assigner (à pile ou face) aux
uns le rôle de gardiens, aux autres celui de prisonniers.
Ça a été catastrophique ! Zimbardo dû arrêter l’expérience au bout de six
jours, au lieu des deux semaines initialement prévues. Se prenant au jeu, un
tiers des « gardiens » firent preuve de comportements sadiques et de
nombreux prisonniers furent traumatisés émotionnellement.
Ça vous rappelle des émissions de téléréalité ? C’est normal. La
mécanique est la même. On donne un rôle à des gens, très rapidement ils ne
distinguent plus le réel, ils deviennent incapables de faire la différence entre
ce qu’ils sont et le rôle joué.
La soumission, c’est dans les gènes ?

Peut-être pas. Mais en tout cas, elle est durable. C’est ce qu’a
montré John Block, professeur de sociologie à Berkeley, qui a
suivi sur plusieurs décennies l’évolution de plus d’une centaine
d’élèves de maternelle. Il a constaté que les enfants très
obéissants d’hier, disciplinés et fayoteurs, étaient le plus souvent
devenus des adultes conservateurs, très attachés aux rôles
traditionnels de l’homme et de la femme. En revanche, la plupart
des enfants débrouillards, confiants et autonomes étudiés par
l’équipe avaient grossi les rangs de la gauche libérale.

Source : The Journal of Research into Personality.

Les conditionnements de l’éducation


On a tous aussi des difficultés à être soi en fonction de l’éducation que nous
avons reçue, la manière dont elle a gauchi notre personnalité.
Parents (trop ?) gentils, parents méchants, nous avons pioché (comme au
Loto) les parents que nous avons eus. La bonne nouvelle, c’est que sauf à
être tombé sur de dangereux psychopathes (rare), tous les parents sont
pareils : ils font tous des remontrances. Certains en rabâchant tous les jours
les mêmes choses et, parfois, en hurlant. D’autres, en silence (mais regards
éloquents), par leur attitude.
Ces injonctions « ressortent » à l’âge adulte, même quand on croit avoir
coupé le cordon depuis longtemps, et particulièrement chaque fois que nous
sommes confrontés à une situation nouvelle ou des gens que l’on ne connaît
pas.
Taibi Kahler, un psychologue américain, les appelle des « drivers »
(conducteurs) dans la mesure où elles conditionnent nos comportements
futurs, nos manières de vivre et de travailler aussi bien que nos rapports
avec les autres et nos chances de succès (amoureux, professionnel,
social…). Il distingue cinq types de « manipulations » parentales, qui
correspondent chacune à une remontrance dominante :
« Sois fort ! »
Autrement dit : ne fais pas le bébé, prends sur toi, ne te plains pas, ne
pleurniche pas sans arrêt. Mais aussi : fiche-nous la paix, ne pèse pas sur
nous trop longtemps, parce qu’on ne se sent pas très forts nous-mêmes…
Ici la manipulation a joué sur nos besoins d’autosatisfaction et un
manque de confiance sous-jacent : il faut être courageux, faire face en
toutes situations, faire mieux que les autres.
Plus tard, on devient une personne en apparence autonome, mais aussi
très seule, distante et arrogante (les autres étant souvent perçus comme des
« faibles »). On ne montre pas ses émotions, on révèle peu de ses
sentiments, on s’efforce de se débrouiller tout seul. On fait tout pour éviter
de se mettre dans une situation d’aveu de faiblesse. Et l’on est d’autant
moins soi-même quand on en appelle à notre orgueil, à nos sentiments de
supériorité. On est, par exemple, particulièrement sensible à la flatterie.
« Dépêche-toi ! »
Autrement dit : tu traînes, tu n’es pas assez rapide, efficace, tu ne grandis
pas assez vite, tu nous angoisses (parents hystériques), tu nous ralentis, tu
nous empêches de jouir…
Ici la manipulation s’est effectuée par le stress. Les parents ont fixé les
priorités, dicté le rythme, l’agréable a été sacrifié à l’utile. Nous avons été
convaincus que le temps est un bien précieux, qu’il convient de ne pas
gaspiller.
Plus tard, on « fuit en avant » dans sa vie et dans son travail, pour éviter
et l’ennui et les remises en question personnelles. C’est la culture du
résultat au détriment de la qualité (de vie, des relations…). On s’impose (et
on impose aux autres) une pression permanente pour en faire toujours plus.
Et l’on est d’autant moins soi-même que le « nez dans le guidon », soucieux
d’efficacité, on est souvent sans réel recul sur les vrais enjeux affectifs, les
rapports de force, les intentions des autres.
« Sois parfait ! »
Autrement dit : sois l’enfant merveilleux que nous avons rêvé d’avoir.
Répare toutes nos faiblesses, nos complexes (notamment sociaux), nos
lâchetés, nos laideurs.
Ici la manipulation a joué sur deux ressorts. D’un côté, le besoin que
nous avons de donner une bonne image de soi. De l’autre, la croyance que
nous pouvons contrôler durablement les choses à condition de « faire ce
qu’il faut ».
Plus tard, devenu un adulte perfectionniste, on s’enferme souvent dans
ses études, son travail (au détriment de l’amour, des amis, des loisirs) pour
éviter de remettre en question les critères d’exigence (et l’insatisfaction) qui
nous ont été inculqués. On s’efforce de se montrer irréprochable, de ne pas
être mis en défaut. Mais que l’on y réussisse ou pas, profondément, on ne se
sent jamais à la hauteur, on doute souvent de soi et de ses possibilités. Du
coup, on est très vulnérable aux manipulations qui en appellent au sens du
devoir et des responsabilités.
« Fais plaisir ! »
Autrement dit : sois gentil, obéissant (range ta chambre, rentre à l’heure, ne
fais pas de bruit…), ne sois pas égoïste, ne nous crée pas de problème,
garde les tiens pour toi…
Ici la manipulation fonctionne sur le besoin que nous avons tous (plus ou
moins) d’être aimé, apprécié, reconnu, la peur de perdre l’amour, d’être
rejeté.
Plus tard, on continue à chercher l’approbation, on devient un petit robot
gentil et malheureux, qui s’efforce d’être aimable avec tout le monde,
conciliant, qui prend sur lui pour aplanir les situations. Comme on craint de
décevoir, on acquiesce même quand ce n’est pas notre intérêt. On se laisse
facilement envahir par les autres (parents, amis, partenaires amoureux,
collègues…). Et on les laisse souvent décider à notre place pour éviter les
possibilités de conflits, de confrontations. De fait, on est aisément
manipulable parce qu’on ne sait pas dire « non », même quand on se sent
victime de son dévouement.
« Fais un effort ! »
Autrement dit : tu nous causes bien du souci, tu es imparfait, pas à la
hauteur, tu as beaucoup de chemin à parcourir avant de nous rattraper,
d’ailleurs ne nous rattrape pas (parce qu’on a trop peur de vieillir)…
Ici la manipulation joue sur la culpabilité. D’un côté, nos besoins
d’estime et de reconnaissance : être à la hauteur, ne pas décevoir, bien faire,
dépasser ses limites. De l’autre, un vieux fond de mentalité judéo-
chrétienne : on ne réussit vraiment que dans la souffrance (on gagne son
pain à la sueur de son front, on accouche dans la douleur…).
Plus tard, devenu un adulte timoré, on ne croit pas en soi, on a peur de
mal faire, on se décourage d’avance. Ou alors on en fait trop dans la bonne
volonté, la persévérance, l’entêtement. Dans les deux cas, on s’efforce de se
conformer aux attentes qu’on imagine que les autres ont de nous parce
qu’on a peur de déclencher des sanctions en cas d’échec. Là, on est d’autant
moins soi-même qu’on est sensible aux discours altruistes. On est prêt à
donner le meilleur sans espoir de retour et à aider les autres au détriment de
ses propres intérêts.

La pensée de groupe
Un groupe humain, une famille, une bande d’amis, une entreprise, une
association, un parti politique, une religion, etc., a toujours une dynamique
propre qui excède la volonté de chacun des membres qui le compose.
C’est ce qu’a montré Irving Janis, un psychologue américain, en
analysant les quelques grands fiascos politico-militaires du siècle dernier,
comme le débarquement de la baie des Cochons, à Cuba, par des exilés
cubains soutenus en sous-main par la CIA, en avril 1961.
Dans un groupe, dit Janis, les individus ont spontanément tendance à
rechercher le consensus plutôt qu’à appréhender de manière réaliste la
situation, ce qu’il a appelé le GroupThink, la pensée de groupe.
Le résultat, on a tous connu ça un jour ou l’autre : à plusieurs, on prend
souvent une décision qui ne satisfait personne, car il n’y a pas eu de réelle
concertation, les besoins des uns et des autres n’ont pas été exprimés. Ou,
bien pire, on finit par se mettre d’accord sur une action (irrationnelle,
mauvaise…) que chaque membre du groupe séparément réprouverait.
Bref, dans un groupe, au nom d’une sorte de consensus mou, on finit
souvent par oublier qui on est vraiment, ce que l’on croit ou l’on pense.
Comment savoir si vous êtes encore vous-même ou sous influence ?
Simple. Pour Janis, il y a des signes qui ne trompent pas, huit symptômes de
la pensée unique qui doivent alerter :

L’illusion d’invulnérabilité : on se croit intouchable et on croit


pouvoir agir impunément.
La rationalisation collective : on discrédite et on rejette les
signaux d’alerte.
L’illusion de moralité : on croit que ses décisions sont par
principe correctes et on ne s’interroge pas sur leurs conséquences.
La stéréotypie excessive : on enferme les opposants dans des
clichés.
La pression de la conformité : toutes les opinions qui ne vont pas
dans le sens du groupe sont dénoncées comme déloyales (« il y a
un traître dans l’équipe »).
L’autocensure : on garde ses opinions divergentes pour soi.
L’illusion de l’unanimité : on croit à tort que les décisions sont
consensuelles (qui ne dit mot consent).
L’existence de gardiens de la pensée : certains membres s’érigent
eux-mêmes comme défenseurs de l’orthodoxie pour réprimer
d’éventuelles dissidences.

2. S’accepter comme on est


La nature est injuste. Certains naissent avec des traits presque parfaits (2 %
de la population mondiale environ), un physique agréable ; d’autres, avec
de grandes oreilles décollées comme le prince Charles ou de courtes pattes.
Certains peuvent s’empiffrer sans prendre un gramme, d’autres font grimper
la balance simplement en regardant un éclair au chocolat. C’est comme ça.
Alors, bien sûr, on peut toujours bricoler, se faire recoller les oreilles,
refaire le nez ou s’offrir une paire de talonnettes. Mais souvent, ce n’est pas
possible. Par exemple, on ne peut pas peser le poids que l’on veut. Deux
raisons à cela. Comme l’a démontré une étude britannique, les influences
génétiques sont responsables de 70 % des différences dans l’indice de
masse corporelle et donc de nos prises de poids. Ce qui explique que dans
les mêmes conditions de vie et d’alimentation, certains grossissent et
d’autres pas. Une personne programmée génétiquement pour être « gros »
ne peut pas rentrer dans des normes de poids « standard » sans violer en
permanence son fonctionnement physiologique et risquer des contrecoups
métaboliques et psychologiques.
En réalité, le problème avec nos petits ou nos grands défauts physiques
vient moins, la plupart du temps, du défaut en lui-même que de l’idée qu’on
s’en fait, souvent une montagne. Et le plus souvent, il suffit de changer le
regard que l’on porte sur soi pour se ficher de ses défauts réels ou
imaginaires.

C’est quoi, l’image de soi ?


L’image de soi est la représentation mentale que l’on se fait de son propre
corps.
Cette représentation est intimement liée :

À la perception de notre corps : quand je me regarde, est-ce que,


d’une façon générale, j’aime ou je n’aime pas mon corps ?
À ce que l’on pense de la manière dont notre corps est perçu par
les autres : quand on me regarde, est-ce que, de façon générale, je
crois qu’on me trouve ou non attrayant ?

Évidemment, tout cela est très subjectif : notre image de soi a souvent
peu à voir avec la réalité. On sait par exemple que les femmes ont
systématiquement tendance à sous-estimer leur apparence physique et les
hommes, comme d’habitude trop sûrs d’eux, à la surestimer. C’est fou le
nombre d’hommes qui se trouvent beaux quand ils se regardent dans une
glace !
Notre image de soi n’est pas non plus nécessairement conforme au
jugement des autres. On peut se trouver très bien physiquement, les
hommes encore, et ne pas plaire pour autant. Ou, au contraire, se trouver
moche, les femmes plus souvent, alors que les autres nous trouvent
physiquement attirant.

Pourquoi se trouve-t-on de plus en plus moche ?


On sait que la beauté est d’abord une affaire de proportions et de symétrie.
Devendra Singh, un psychologue de l’université du Texas, a montré que
les hommes de tous les âges, ethnies et cultures, sur tous les continents
privilégient systématiquement un ratio taille/hanches voisin de 0,7 (la taille
mesurant 70 % de la largeur des hanches).
C’est si vrai que les aveugles de naissance sont capables au toucher de
faire la différence entre les jolies femmes et celles qui le sont moins.
La symétrie, corporelle et faciale, est toujours aussi un plus, notamment
chez les hommes, qui sont spontanément crédités d’une personnalité plus
dominante et d’un plus haut pouvoir d’attraction. Il est donc bien naturel
que l’on puisse être plus ou moins satisfait de son corps.
Et, éventuellement, d’autant moins satisfait qu’on a été durant son
enfance ou la puberté affûblé d’un petit défaut esthétique et/ou en butte à
des réflexions dévalorisantes en raison de sa taille, de son sexe, de la
couleur de sa peau, de ses capacités physiques, etc.
Mais, aujourd’hui, le niveau d’insatisfaction par rapport au corps
augmente à une vitesse jamais observée auparavant. Toutes les études
effectuées à travers le monde occidental vont dans le même sens : une
dégradation de l’image corporelle.
Ces trois dernières décennies, le nombre des gens insatisfaits de leur
apparence physique a plus que triplé. Notamment chez les femmes : trois
quarts des adultes et des jeunes filles ont une image corporelle négative.
Mais également chez les hommes, particulièrement les jeunes : plus d’un
sur deux voudrait changer quelque chose dans son corps.
Comment expliquer cette dégradation ?
On peut bien sûr accuser la pub, la mode et les médias qui nous
bombardent continuellement de messages idylliques sur le corps.
Par exemple, une étude du contenu du magazine Seventeen (la revue pour
adolescentes la plus largement distribuée aux États-Unis) des années 1945,
1955, 1975, 1985 et 1995, révèle que, dans toutes les éditions, le sujet dont
on traitait le plus était l’apparence physique.
Mais c’est un peu facile dans la mesure où les médias ne font en réalité
que relayer, en l’amplifiant, l’idéologie dominante : culte de la jeunesse, de
la forme, de la minceur…
Oui, c’est vrai, ils nous proposent des modèles féminins et masculins de
plus en plus loin de la réalité de la plupart des gens. On estime que 5 %
seulement de la population est conforme à ces modèles.
Mais rien ne nous oblige à nous conformer à ces modèles.

Sept bonnes raisons d’accepter son corps


Quand on est Houellebecq et qu’on a 15 ans, c’est dur de séduire les filles.
Avec la tête de Rosy de Palma, ce n’est pas facile de concurrencer Nabila.
Alors oui, un physique un peu ou très disgracieux, un petit détail qui
« tue », ce n’est pas l’idéal pour avoir une bonne image de soi.
Mais pour autant les moches peuvent quand même avoir du succès.
Comme dit le proverbe « on trouve toujours chaussure à son pied ». À
condition d’accepter sa laideur. Bien sûr, on peut toujours améliorer plus ou
moins les choses, mais si vous êtes obsédé par vos défauts, vous êtes mal
barré.
En revanche, en acceptant votre corps comme il est – tout le monde ne
peut pas être bâti comme un dieu du stade ou un top model de Victoria’s
Secret – vous vous faites moins de bile.
Les raisons vous manquent ? En voici quelques-unes :

Vous n’en avez pas d’autre.


Ça a l’air bête dit ainsi, mais au fond quel que soit notre corps,
nous n’avons pas trente-six solutions. Soit on passe sa vie à s’en
plaindre, soit on en tire le meilleur parti. C’est un peu comme le
pari de Pascal : on a tout à gagner à croire en Dieu, même s’il
n’existe pas, et rien à perdre. Avec votre corps, c’est un peu
pareil : vous n’êtes pas le plus beau ou la plus belle dans l’absolu,
mais vous trouverez toujours plus moche que vous.
Vous ne vous voyez jamais comme les autres vous voient.
Quand on se regarde en entier dans un miroir, on voit une image
inversée de notre corps en deux dimensions. Les autres nous
voient en 3D et ça change tout.
Au fond, on ne sait jamais comment les autres nous voient ni
d’ailleurs quel est, pour eux, le son de notre voix. Vous n’êtes
sans doute pas aussi moche que vous l’imaginez.
Vous tirez de mauvaises conclusions.
Nos complexes physiques sont souvent des illusions optiques. De
nombreux enfants, par exemple, focalisent sur leur nez : trop
grand, trop gros. Forcément. Le nez est central, saillant, au milieu
du visage. Il accroche le regard dans une glace.
Idem pour les fixations sur une oreille plus grande, un sein plus
gros, que l’autre. Le corps est dissymétrique : parties gauches
plus volumineuses chez les droitiers, droites pour les gauchers. Ça
attire l’œil qui en fait parfois toute une montagne.
Illusion d’optique aussi chez les hommes qui voient leur pénis
plus petit qu’il ne l’est en réalité. D’abord, ils le voient encore tel
qu’il était quand ils en ont pris conscience. Ensuite, ils le voient
de haut ou en 2D. Vu de face ou de côté, le pénis des autres
hommes leur paraît forcément toujours plus grand.
Bref, ce que vous prenez chez vous pour des défauts n’existe
peut-être même pas.
Vous surestimez la beauté.
Certes, la beauté offre de nombreux avantages, par exemple,
certaines personnes sont jugées plus intelligentes ou plus
compétentes que d’autres uniquement sur la base de leur seul
attrait physique. Et les gens beaux sont toujours mieux payés que
les autres pour le même travail (en moyenne 5 % de plus), alors
qu’ils ne sont pas spécialement plus performants.
Mais elle n’est pas non plus sans inconvénient. Par exemple, les
femmes les plus séduisantes sont en général jugées à tort par les
hommes, et aussi par les autres femmes, moins compétentes,
moins talentueuses et moins loyales. Victimes de « l’effet
bimbo » et considérées d’office comme superficielles, elles ont
plus de difficultés pour obtenir certains emplois à responsabilités
et des postes hiérarchiques jugés « masculins ».
Être moche, ce n’est pas une cata, c’est souvent un atout, même
quand on veut faire du cinéma. Vous imaginez un film où tout le
monde serait canon ?
Vous confondez apparence physique et séduction.
Quand on voit ce qui fait craquer les hommes et les femmes, c’est
la gentillesse et l’empathie qui arrivent en premier dans le monde
entier.
La beauté physique ne vient qu’en 3e position chez les hommes et
en 6e chez les femmes.
Le sourire, l’intelligence, l’humour, etc., font beaucoup plus pour
nous attirer les sympathies, les amitiés, l’amour.
On peut donc être moche et avoir du charme, tous les hommes ou
toutes les femmes à ses pieds. Rappelez-vous Gainsbourg.
Et puis comme le dit si bien la pub d’un site de rencontres : « si
vous n’aimez pas vos imperfections, quelqu’un les aimera pour
vous ».
Vous oubliez que nos différences physiques sont souvent de
puissants stimulants.
On sait, par exemple, que les petites personnes réussissent mieux
que les grandes : il y a deux à trois fois plus de 1,60 m, avec ou
sans talonnettes, chez les stars du show-biz et les PDG que dans
la population générale.
Les moches ont fourni des bataillons de leaders dans la
philosophie, la littérature, les sciences, la politique, et j’en passe.
Vous croyez à tort que la beauté est une promesse de bonheur.
Oui, c’est vrai, quand on compare niveau de bonheur et
d’attractivité physique, on constate que ceux qui sont dans les
15 % les plus désirables physiquement sont 10 % plus heureux en
moyenne que ceux qui ont un physique plus ingrat.
Mais 10 % de bonheur en plus, ce n’est pas grand-chose. Et si les
moches sont plus tristes que les beaux, c’est simplement que dans
une société qui privilégie de plus en plus l’apparence, ils ont plus
de mal à s’accepter.
Alors arrêtez de vous désespérer parce que vous ne ressemblez
pas aux modèles imposés par les médias, la pub (modèles souvent
retouchés par Photoshop) et éclatez-vous dans la bonne humeur.
Remodeler une image de soi positive
Quand on se sent moche, c’est d’abord dans la tête. Quel que soit notre
physique, on a tous, enfouie dans les neurones, une image virtuelle de notre
corps souvent déformée.
Quand cette image colle avec ce qu’on voit dans son miroir, on se sent
bien dans sa peau.
Mais s’il y a trop de décalage entre les deux, on se sent mal.
Insatisfait de notre corps, nous avons tous spontanément tendance à aller
au plus simple, par exemple en faisant un régime ou une chirurgie
esthétique. On se contente d’agir sur le corps. Et souvent ça ne marche pas,
car l’image qu’on a dans la tête résiste. En cas de régime, on maigrit mais,
un jour ou l’autre, on reprend tous les kilos perdus et quelques autres en
plus pour faire bon poids.
En revanche, en agissant plutôt sur son image corporelle pour la faire
coïncider autant que possible avec son image miroir, ça change tout. On
maigrit si c’est vraiment nécessaire ou, en tout cas, on vit bien mieux avec
ses kilos (pas superflus).
La bonne technique : celle de la visualisation. Mais d’abord, vous devez
commencer par vous relaxer. Allongez-vous sur le dos (dans un coin calme,
rideaux tirés), pieds joints, mains le long du corps, fermez les yeux et
suivez le programme :

Relâchez progressivement tous vos muscles de la tête aux pieds.


Concentrez votre attention sur une partie limitée de votre corps,
par exemple une jambe, répétez (dans votre tête) « ma jambe est
lourde », et ressentez son poids. Démarrez avec des séances
courtes (30 secondes à 1 minute), trois fois par jour pendant une
dizaine jours et faites durer chaque jour un peu plus longtemps.
Vous apprendrez ainsi à relâcher membre par membre, muscle par
muscle, tout votre corps.
Sentez la chaleur. Concentrez votre attention sur un membre après
l’autre (« ma jambe est chaude »), jusqu’à ce que vous sentiez que
votre corps est tout chaud partout.
Muscles relâchés et chauds, focalisez-vous sur votre rythme
cardiaque en répétant (en silence) « mon cœur bat calme et fort ».
Focalisez-vous sur votre respiration. Prenez conscience de vos
propres rythmes (sans tenter de les modifier), en vous répétant la
formule « ma respiration est tout à fait calme ».
Commencez par visualiser un point situé à environ 2 cm au-
dessus et au milieu d’une ligne qui relierait vos deux sourcils. Au
début, vous aurez toujours un peu de mal à vous concentrer sur ce
point. Mais, avec un peu d’assiduité (quelques minutes plusieurs
fois par jour), vous arriverez à le voir sous la forme d’un cercle
grand comme une pièce de 1 euro.
Visualisez ensuite dans ce cercle les sept couleurs du spectre, en
respectant l’ordre : violet, indigo, bleu, vert, jaune, orange et
rouge. Recommencez dans l’ordre inverse. Puis, imaginez que ce
cercle s’ouvre et se referme comme le diaphragme d’un appareil
photo.
Commencez à « travailler » sur votre image corporelle. Au début,
n’essayez pas de visualiser (idéalement) tout votre corps.
Focalisez-vous sur une zone qui pose problème, des grosses
cuisses, par exemple. Sentez leur poids, leur chaleur, apprenez à
les visualiser telles qu’elles sont. Ensuite, redessinez-les
mentalement comme vous aimeriez qu’elles soient. En restant
raisonnable : vous ne pouvez pas espérer des baguettes si vous
avez une base fortement musclée.
Procédez de la même manière pour toutes les parties de votre
corps. Représentez-les-vous une à une telles qu’elles sont,
redessinez-les une à une telles que vous aimeriez qu’elles soient.

Visualisez en global votre corps de rêve (idéal mais réaliste quand


même). Prenez-en conscience, faites-le bouger, voyez-le bouger. Et sentez-
vous comme il se sent : plus léger, plus fort, plus dynamique, plus
confiant…

3. Se débarrasser de ses complexes


Ils ne nous empêchent pas forcément d’aimer et de travailler, de faire des
bébés, des familles, des carrières…
Mais, souvent, on se dit que sans eux la vie serait deux fois plus belle. En
tout cas, plus facile.
À cause d’eux, on imagine mille occasions ratées. Si je n’avais pas été
affligée de cet immense nez, peut-être que Benoît m’aurait épousée ? Si
j’avais pu m’arracher un seul mot, au lieu d’afficher un sourire idiot, quand
on m’a présentée au grand patron, peut-être…?
Évidemment, on se trompe. Qui se souviendrait de Cléopâtre sans son
nez ou de Berthe (la mère de Charlemagne) sans son grand pied ?
Quand on pense à nos complexes, on pense à la honte mille fois bue et à
toutes nos petites lâchetés. On oublie que les sentiments de honte ou
d’infériorité sont aussi de puissants stimulants. On sait bien que les nuls en
sports fournissent des bataillons de geeks. Par exemple, dans The Big Bang
Theory, tous les garçons sont des mauviettes, mais des têtes pointues.
Pourtant, nos complexes contribuent souvent à nous miner le moral et
nous pourrissent parfois l’existence.
D’autant que si parfois ils sont justifiés, le plus souvent ils ne le sont pas.
Au prétexte qu’il faudrait être parfait, notre société fabrique à tour de bras
des complexés.

« Quand je me compare, je me sens inférieur »


La plupart de nos complexes, notamment les complexes d’infériorité,
« poussent » pendant la période sensible des 6-7 ans, au moment où on se
perçoit petit et où on prend conscience de sa faiblesse ou de ses différences.
Autres périodes sensibles : la puberté et l’adolescence quand l’image de
soi se constitue définitivement.
Le problème avec nos complexes, c’est qu’ils s’appuient souvent sur le
constat d’une différence personnelle vécue comme dévalorisante,
infériorisante. Parfois, un défaut esthétique : strabisme, taches de rousseur,
fesses trop fortes, oreilles décollées, etc.
Parfois aussi, une différence culturelle dans les manières de vivre, de
penser ou de s’habiller.
Des difficultés scolaires, l’appartenance à une minorité socioculturelle ou
à un milieu défavorisé déclenchent fréquemment aussi des sentiments
d’infériorité.
La peur du ridicule et des moqueries se niche dans le petit détail « qui
tue », mais parfois elle devient une obsession. L’infériorité, réelle ou
supposée, se généralise à toute la personnalité.
On commence à douter de son intelligence, de sa séduction, de ses
compétences. On finit par douter de ses chances de réussite, on grossit les
problèmes, les difficultés, et même de ses succès, qu’on attribue au hasard
ou à l’indulgence des autres.
D’où la difficulté des confrontations, la peur de participer à un groupe, de
parler en public, de s’adresser à des inconnus. Et l’envie de se faire tout
petit, de rester dans son coin. On a tous connu un jour ou l’autre les
malaises de la timidité, la gorge qui se noue, les lèvres qui tremblent, la
gêne, la confusion, la gaucherie…
Même si on n’a jamais eu peur de s’étrangler en mangeant devant
quelqu’un, d’arriver à uriner dans des toilettes publiques, d’être paralysé
par le tract, 51 % des Français avouent être timides, 7 % très timides (Ifop).
Une étude réalisée sur trois échantillons de 10 000 personnes évalue le
nombre de timides à 60 % au Japon, 50 % aux États-Unis et 30 % en Israël.
C’est plutôt rassurant de savoir qu’on n’est pas seul avec ses complexes.
Complexé, on vit dans la peur du ridicule, mais aussi parfois de la
sanction. En plus des sentiments d’infériorité, nos complexes
s’accompagnent souvent de sentiments de culpabilité plus ou moins
conscients. Crainte de mal faire, doute après coup d’avoir bien fait, auto-
reproches, on vit dans la peur du faux pas et que les autres découvrent nos
insuffisances et nos fautes.

Se décomplexer
Nos complexes sont parfois justifiés, mais le plus souvent ils ne reposent
sur rien et sont irrationnels. Ce sont seulement des idées que l’on se fait.
Reste qu’ils peuvent parfois nous pourrir la vie un peu ou beaucoup et nous
empêcher d’aimer et/ou de travailler.
Que faire dans ce cas, lorsque tout paraît souvent trop compliqué ?
Soit on les cache. Ou plutôt, on croit les cacher parce qu’en fait on attire
au contraire l’attention sur eux. Ça fait quand même louche de ne faire
l’amour que dans le noir, de jamais se mettre en robe, de bronzer à moitié
habillée sur les plages, de porter des écharpes par + 30°, des lunettes de
soleil la nuit ou de parler en gardant tout le temps une main devant la
bouche.
Soit on les compense. On a honte de ses fesses, alors on exhibe ses seins
pour détourner les regards. Les séductions ingrates deviennent des intellos
de choc. Les défavorisées du neurone se transforment en sportives de haut
niveau ou développent des dons artistiques.
Ou encore on les surcompense. Par exemple, on s’habille d’autant plus
« moulante » qu’on a honte de ses fesses. On s’écoute d’autant plus parler
qu’on n’a rien à dire. On affecte plus de confiance, jusqu’à l’arrogance,
qu’on en a vraiment.
À cause de nos complexes, on en fait toujours trop ou pas assez. On ne se
sent jamais tout à fait en phase, tout à fait à l’aise. Alors, comment mieux
vivre avec nos complexes, les petits et les grands ? Comment ne plus voir
ses défauts grossis à la loupe, faire avec sans les cacher (on ne peut pas
toujours) ?
Et, au fond, complètement s’en ficher.

Ce qui ne marche pas


Dans la catégorie des efforts inutiles : les « conseils d’amis ». Ça ne sert à
rien d’essayer. Ça ne marche pas sinon vous le sauriez déjà. On vous a dit
cent fois que vous avez des cuisses superbes, mais pour vous elles sont juste
grosses. C’est comme ça. Vous ne pouvez pas les voir autrement. Quand on
se focalise sur tel ou tel défaut, souvent les gens, qui en disent du bien,
renforcent au contraire nos préjugés. Ils le disent parce qu’ils nous aiment
(et Dieu sait que l’amour est aveugle) ou parce qu’ils sont indulgents, polis,
ils ne veulent pas nous faire de la peine. Donc, inutile de faire appel à
l’évidence, au bon sens ou à la vérité.
Pas plus qu’à la volonté. « Réagis », « Surmonte », « Assure », disent nos
amis bien intentionnés. Comme si nos complexes physiques ou
psychologiques pouvaient céder à l’injonction. « C’est plus fort que moi »,
on a envie de leur répondre, sinon on ne serait pas complexés.
Inutile aussi, l’appel au naturel : « Accepte-toi comme tu es, tu es très
bien comme ça ! » Ou à la spontanéité : « Sois pas coincée, laisse-toi
aller ! » Comme si nos inhibitions se laissaient faire. C’est pareil que de
conseiller à quelqu’un qui souffre : « Arrête d’avoir mal ! »
Inutile encore, le recours à la raison : « C’est ton imagination qui te joue
des tours, tu vois bien qu’on t’aime, que tu as du succès ! » Cela, on le sait
déjà. On n’est pas tarte à ce point-là. On n’a pas l’indécence de prendre nos
complexes pour des infirmités. Et puis, il ne faut pas exagérer. On ne se
prend pas pour des monstres parce qu’on a honte de ses seins, de ses fesses
ou de son QI. Alors !

Ce qui marche
La méthode Coué parfois. À condition de se répéter inlassablement, pour se
reconditionner, une contre-proposition positive, par exemple : « J’ai un très
beau nez » ou « Je suis très intelligente ». Mais c’est fastidieux et forcément
trop long. On n’efface pas du jour au lendemain une perception souvent
ancrée depuis la petite enfance. Non, le mieux avec nos complexes, c’est de
les socialiser, d’oser en parler et d’encourager les autres à parler des leurs.
Pas pour être rassuré, approuvé ou conseillé. On a vu que ça ne marchait
pas. Mais, dans un complexe, même très localisé, il y a toujours une forte
charge dramatique, affective et émotionnelle. Le simple fait d’en parler, pas
seulement avec ses amis proches, mais vous pouvez commencer par eux,
libère automatiquement une partie de cette charge, des tensions accumulées
par le complexe. Petit à petit, cette décharge émotionnelle redonne aux
choses de plus justes proportions. Le détail « qui tue » redevient un simple
détail. Un complexe, c’est toujours une perception fausse. C’est cela qu’il
faut arriver à changer. La plupart de nos complexes deviennent d’ailleurs
tout à fait vivables dès qu’on arrive à en parler librement.

Que faire en cas de timidité maladive ?


« Je ne savais pas encore ce que c’était que la timidité, cette souffrance
intérieure qui nous poursuit jusqu’à l’âge le plus avancé, qui refoule sur
notre cœur les impressions les plus profondes, qui glace nos paroles, qui
dénature dans notre bouche tout ce que nous essayons de dire et ne nous
permet de nous exprimer que par des mots vagues ou une ironie plus ou
moins amère, comme si nous voulions nous venger sur nos sentiments
mêmes de la douleur que nous éprouvons à ne pouvoir les faire connaître. »
(Adolphe, Benjamin Constant)
La timidité, cela peut être parfois l’enfer. On avance prudemment dans la
vie, on fuit au moindre signe de désapprobation, de reproche ou de critique.
Et plus souvent, on reste paralysé, incapable.
Karen Horney, une psychanalyste allemande, a bien montré ce qui est au
cœur de la personnalité timide.
La perception de soi est faussée, systématiquement dévalorisée : « je suis
nul », « je suis moche », « je n’ai rien d’intéressant » et donc « les gens
vont me rejeter », « je vais les ennuyer », « s’ils me connaissent davantage,
ils verront que je suis sans intérêt »…
Et les autres sont vus comme des êtres supérieurs : « elle est trop bien
pour moi », « je ne lui arrive pas à la cheville » ; condescendants : « il ne
s’intéresse à moi que par pitié », « il me parle comme à une idiote »), ou
encore naïfs : « il s’intéresse à moi parce que je l’ai trompé sur mon
compte », « ils vont tous s’apercevoir que je suis nul ».
Tout concourt donc, quand on est timide, à vivre à l’écart autant que
possible : « pour vivre heureux vivons cachés », « « il vaut mieux être seul
que mal accompagné ».
D’autant si les premières amitiés et amours de l’enfance et de
l’adolescence ont été désastreuses ; l’indifférence, les moqueries, les rejets
renforçant le timide dans ses convictions négatives : « je dois être vraiment
sans intérêt pour que les autres ne veuillent pas de moi », « je dois être
réellement nulle pour qu’on me traite si mal »…
Quand on en est là, il est indispensable de retrouver un minimum de
confiance en soi.
La bonne méthode, celle de l’entraînement assertif, une technique simple
utilisée dans les thérapies comportementales. Elle est très efficace pour tous
les complexes psychologiques, la timidité, mais aussi les complexes
d’infériorité, les inhibitions et même les phobies. Cela consiste à faire une
liste la plus complète possible de toutes les situations où l’on se sent
vraiment mal à l’aise.
Par exemple : accepter un rendez-vous d’un homme qui me plaît,
répondre à des critiques de mon patron, prendre la parole dans une réunion,
aller dans une soirée très habillée, répondre aux moqueries de mes
amis, etc.
Puis on classe ces situations de la moins pénible à la plus pénible.
Ensuite, on commence par la situation la moins pénible. On arrête de la fuir,
on la recherche, on la provoque même, jusqu’à ce qu’on soit capable de
bien la vivre, en tout cas d’une manière beaucoup plus détendue.
Et l’on consacre à chaque situation le temps qu’il faut avant de passer à
la suivante.
Au tout début, cela peut être un petit peu stressant, mais vous verrez que
très vite le simple fait d’oser rend les choses de plus en plus faciles.

Vingt trucs anti-trac


Le trac, on n’y échappe pas, mais il y a des trucs, bien connus des acteurs
ou de tous ceux qui ont l’habitude de parler en public, qui permettent d’en
neutraliser les effets.
La veille :

Organisez une diversion : repas fin, cinéma, nuit sexy…


Endormez-vous avec une bonne fatigue physique.
Visualisez la situation, l’événement que vous appréhendez,
imaginez son déroulement avec, pour vous, une fin heureuse
(compliments, félicitations…)
Rappelez-vous votre Sénèque et dites-vous qu’il y a des choses
contre lesquelles on ne peut rien.
Allez au hammam, au sauna, prenez un bain brûlant : la chaleur
libère des endorphines qui restaurent le plaisir et la confiance en
soi.
Anticipez l’action, répétez-la si c’est possible, préparez
soigneusement les détails techniques.
Prévoyez des solutions de rechange (« si je n’ai pas mon permis,
j’achète un scooter », « si je ne décroche pas le job, je pars en
vacances »).
Fuyez l’anxiété des autres.
Supprimez le café surtout à haute dose, l’alcool et tous les
stimulants chimiques.
Buvez du lait chaud avant de vous endormir : il contient du L-
trytophane, l’un des meilleurs remèdes contre l’insomnie. Cet
élément réactive les sentiments de sécurité de la petite enfance.

Le jour J :

Mangez du chocolat : la thiamine qu’il contient est un régulateur


de l’affectivité, un dopant de l’énergie. Moins efficace qu’un
bêtabloquant, mais c’est mieux que rien.
Répétez-vous que tout se passera bien (méthode Coué). Ou
pensez à tout ce qui pourrait tourner mal : ça marche aussi !
Dégagez votre plexus et respirez profondément
Fermez les yeux et évadez-vous une fraction de seconde.
Ouvrez la bouche pour décompresser et retrouver votre équilibre
intérieur.
Asseyez-vous pour éviter la sensation jambes molles et retrouver
votre tonus musculaire.
Assis, penchez le corps en avant, mettez votre tête entre vos
genoux pour stopper les vertiges.
Bâillez ou éternuez pour débloquer votre gorge. Pas facile de le
faire sur commande ? Du tout, il suffit de mimer l’action pour la
produire.
Pincez-vous le gras du bras pour provoquer une diversion.
Fixez votre interlocuteur entre les sourcils pour éviter d’être
intimidé par son regard.

4. S’équilibrer émotionnellement
On a tous un jour ou l’autre été submergé par une émotion incontrôlable.
Crise de colère ou de larmes, fou rire, trac… dans tous les cas, nos émotions
fonctionnent comme des soupapes : ce sont des « décharges d’urgence » qui
nous permettent de nous libérer de nos tensions ; et de nous adapter
physiquement et socialement.
Dans leurs formes les plus intenses et brèves, du type grande frayeur ou
grosse colère, nos émotions se réduisent à des réactions instinctives de
défense (fuite ou agression) ou d’approche (repliement sur soi, soumission).
Grâce à elles, nous sommes capables d’agir d’instinct, très vite, sans
réfléchir, et donc de mieux faire face à des dangers potentiels.
Plus subtiles, complexes, discrètes, nos émotions sont aussi essentielles à
la communication avec l’autre, les autres, dans toutes nos relations
affectives, intellectuelles, quotidiennes ; elles nous permettent d’ajuster nos
comportements.
Plus que de simples manifestations de sensibilité, nos émotions jouent
ainsi un rôle important pour notre bien-être, notre équilibre physique et
moral. Même les plus « négatives », la colère ou la peur, même quand elles
nous bouleversent physiquement et moralement, elles ne le font jamais
inutilement.
Et l’on ne peut vraiment être soi sans un bon équilibre émotionnel. Pas si
simple parce que nous avons d’une part tous tendance à réprimer plus ou
moins nos émotions, notamment les plus négatives comme la peur ou la
colère. Et d’autre part, parce que dans nos émotions, il ne s’agit jamais
seulement de soi, mais aussi des autres : nos émotions présentes sont
toujours plus ou moins liées à nos émotions passées, à notre histoire
personnelle, et emmêlées.
Pourtant on peut s’en dépatouiller.

Pourquoi réprimons-nous nos émotions ?


Au début d’une émotion, il y a toujours une surprise, un choc
physiologique, qui provoque des modifications brutales : accélération du
pouls, palpitations cardiaques, pâleur, rougissement, tremblement…
Alors, forcément, nous avons peur d’être débordé et avons tendance à les
réprimer (surtout les émotions négatives).
On pleure devant les images de la Shoah, on crie de colère devant son
poste de télé quand la France encaisse un but non mérité, on loue des films
d’horreur pour se faire peur, mais paradoxalement, on s’interdit souvent de
vivre ces mêmes émotions dans notre vie quotidienne.
La règle étant : « je ne veux pas éprouver de sensation pénible. » C’est
bien plus facile par procuration. Elles font moins mal : elles nous troublent,
mais ne nous ébranlent pas comme le feraient nos propres émotions. Car
une vraie émotion, ça secoue toujours un peu physiquement et moralement.
On réprime aussi nos émotions en songeant aux conséquences qu’elles
pourraient avoir pour les autres ou dans notre relation avec eux.
Et cela pour une multitude de raisons :

Pour nous conformer aux normes sociales, par exemple nous


avons appris à ne pas rire pendant un enterrement, fut-il d’une
tante particulièrement détestable, à modérer notre joie en cas de
succès, à sourire vaillamment quand on a perdu, etc. Tout cela
afin de ne pas risquer de désapprobation, encourir les foudres de
la bien-pensance.
Pour coller aux attentes, les femmes peuvent par exemple
exprimer la tristesse, la peur et d’autres signes de vulnérabilité ;
les hommes, la colère, l’animosité et d’autres signes d’hostilité.
Le contraire fait désordre, est très mal perçu (femmes hystériques,
harpies ; hommes faibles, lâches).
Pour protéger les sentiments des autres, par exemple, on cache
notre déception quand on reçoit un cadeau tout pourri, pour ne
pas faire de la peine à la personne qui nous l’a offert, ou alors on
dit que tout va très bien quand ça va très mal pour ne pas
inquiéter quelqu’un qu’on aime.
Pour se protéger, éviter d’être jugé négativement, on ne montre
pas sa jalousie par crainte de reproches, voire de représailles, ou
nous ne manifestons pas qu’on est très envieux des autres parce
que cela donnerait une mauvaise image de soi.
Mais tout cela ne va pas sans un certain nombre d’inconvénients. Quand
on bloque nos émotions, elles retentissent à l’intérieur. Cela affecte nos
sentiments de bonheur, mais aussi notre santé.
De nombreuses observations cliniques ont montré que notre niveau de
défenses immunitaires dépendait pour beaucoup de nos émotions.
Même si on connaît encore assez mal le mécanisme de ces influences, on
sait que les émotions négatives (la peur, la colère, la tristesse), quand elles
ne sont pas exprimées, occasionnent de nombreux bobos : allergies, asthme,
colites, maladies infectieuses. Et constituent un important facteur de risque
dans différentes maladies, nettement plus antipathiques : affections cardio-
vasculaires, cancers, etc.
Les effets négatifs de nos émotions sur notre santé sont d’autant plus
importants qu’en bloquant nos émotions « moins », on bloque
automatiquement nos émotions « plus ». On s’interdit de pleurer,
d’exprimer sa colère et finalement, on ne rit plus, on a de moins en moins
de joies, de plaisirs. Ce qui affaiblit d’autant nos défenses immunitaires et
diminue notre espérance de vie.
Bref, tout un engrenage toxique dont on ne peut sortir qu’en apprenant à
réguler ses émotions, de manière à la fois plus confortable pour soi et
socialement acceptable, au lieu de les étouffer.

Pourquoi est-ce bien de se sentir mal ?

Autre raison de ne pas étouffer nos émotions, de nombreux travaux


ont montré que nos émotions négatives peuvent avoir des
conséquences positives. Par exemple, en nous poussant dans nos
retranchements, elles favorisent les remises en question profondes,
une bien meilleure compréhension de soi, et des changements de vie
profitables. Et, de fait, modifier nos relations aux autres : plus
d’écoute, d’attention, de considérations morales, d’empathie…

Source : Psychology Today


Comment bricole-t-on avec ses émotions ?
Spontanément, nous avons tous recours à différentes méthodes, c’est selon
notre citrouille, pour zapper les émotions pénibles.
Certains ont besoin de parler (recherche de soulagement et de réconfort)
ou d’être seuls (pour s’apitoyer ou se ressourcer).
D’autres tentent d’oublier dans le sommeil, l’alcool, la marche ou le
sport.
D’autres, encore, s’échappent dans le travail, la lecture ou en se
consacrant à leur passion.
Plus souvent, nous nous efforçons de combattre nos pensées négatives ou
bien de fuir ce qui provoque le problème, par exemple on ne va pas dans
une soirée d’amis où on risque de rencontrer son ex, ce qui
immanquablement nous rendrait plus ou moins malheureux.
Tout cela marche en cas d’émotions « faibles », par exemple pour ne pas
se laisser aller à la colère quand on est contrarié ou à la tristesse quand on
est fatigué.
En revanche, quand nos émotions sont liées à des événements « forts »,
comme la trahison d’un ami, une rupture professionnelle, affective, etc., qui
demandent une réponse appropriée, cela ne fonctionne pas du tout ou alors,
seulement, à très court terme.
Après coup, il y a toujours un « effet rebond » des pensées négatives
associées à l’émotion et notre état mental s’aggrave. D’où la nécessité
d’apprendre d’autres stratégies de régulation des émotions que celles que
nous utilisons spontanément.

Les émotions négatives plus contagieuses que les positives ?

De nombreux travaux ont montré que les émotions sont


contagieuses. Inconsciemment, nous avons tendance à
synchroniser nos émotions avec celles autres. Les émotions
positives comme l’enthousiasme et la joie, et négatives comme la
tristesse, la peur et la colère, passent facilement d’une personne à
l’autre. Cette contagion émotionnelle se produit même à toute
vitesse, en quelques millisecondes selon Elaine Hatfield de
l’université d’Hawaii. Et les émotions négatives seraient encore
plus contagieuses parce que plus essentielles à la survie
collective.

Source : www.washingtonpost.com

Cinq stratégies efficaces pour se rééquilibrer émotionnellement


L’émotion est innée, universelle, communicative, mais elle est aussi
particulière et propre à chaque individu.
Autant dire que la question de sa régulation n’a pas, aujourd’hui, de
réponse définitive. Néanmoins, certaines stratégies semblent plus efficaces
que d’autres.

La réévaluation cognitive
Beaucoup de nos émotions négatives sont dues à des tricotages de
notre imagination. Pensez à votre patron qui vous jette un œil noir
ou à votre ado qui oublie de vous souhaiter votre anniversaire. Si
vous interprétez ces comportements comme intentionnels, vous
risquez de ressentir de la peur (mon patron m’a dans le
collimateur) ou de la tristesse (mon fils n’en a rien à faire de
moi).
En revanche, en attribuant ces mêmes comportements à un trait de
caractère (votre patron est un grand taciturne, votre fils, très
souvent dans la lune) ou à un problème personnel (votre patron
est harcelé par le fisc, votre fils, par son acné…), vous vous
sentez nettement moins anxieux ou attristé.
La mise en mots
On disait (voir ci-dessus) que certaines personnes ont besoin de
trouver quelqu’un à qui parler en cas d’émotions négatives.
De fait, de nombreuses études montrent que presque tout
événement émotionnel, la naissance d’un enfant comme le dernier
attentat terroriste, positif comme négatif, fait l’objet d’un partage
social.
On en parle le jour même (à 90 %) et souvent à plusieurs reprises
à différentes personnes : famille, amis, conjoints… Et plus
l’émotion est intense, plus elle est partagée.
Des expériences utilisant l’imagerie cérébrale (images de
l’activité du cerveau) semblent confirmer que mettre les émotions
négatives en mots réduit effectivement la détresse. À condition
cependant de bien choisir ses interlocuteurs, disponibles, à
l’écoute, bienveillants, compréhensifs…, et surtout de ne pas
ressasser.
Parler continuellement de sa tristesse, par exemple, ça ne fait que
la renforcer en soi et c’est dissuasif pour les autres. Au début, vos
proches sont sensibles à vos problèmes, à votre détresse, mais au
bout d’un certain temps, ils finissent par se lasser (ils se rendent
compte qu’ils ne peuvent rien pour vous) et par s’écarter. C’est ce
qui arrive très fréquemment avec les déprimés : leur entourage se
met peu à peu à les éviter.
Vous ne pouvez vous empêcher de ressasser ? Écrivez plutôt !
Jeter ses émotions négatives sur du papier est connu pour faciliter
la récupération émotionnelle.
La suppression expressive
C’est la méthode recommandée par Darwin, qui pensait que « La
libre expression d’une émotion quelconque par des signes
extérieurs la rend plus intense. Inversement, les efforts faits pour
réprimer toute manifestation extérieure modèrent l’émotion elle-
même. L’homme qui se laisse aller à des gestes violents augmente
sa fureur, celui qui n’exerce aucun contrôle sur les marques de sa
peur ressent une peur bien plus grande, et celui qui reste inerte
sous le coup d’une grande douleur perd sa meilleure chance de
réagir contre elle. »
Qu’en dire ? Il n’est pas certain que ne pas montrer ce qu’on
ressent diminue la charge émotionnelle. En revanche, cela peut
éviter bien des débordements et des conflits avec les autres.
D’autant que, comme on l’a vu, les émotions négatives sont plus
contagieuses que les positives.
La confrontation volontaire
Face à une émotion dérangeante, une situation anxiogène, nous
avons tous automatiquement tendance à penser à nos soucis et nos
inquiétudes de manière très générale sans rentrer dans les détails.
Par exemple, quand on se sent triste, on pense à toutes les fois où
on a été triste, à sa tristesse, se dire qu’on s’est souvent senti
malheureux.
Ou si on doit parler en public ou se présenter à un concours, on va
penser au tract et aux difficultés qu’on a d’habitude dans ce genre
de situation. On croit qu’en procédant ainsi, en prenant les choses
avec du recul, on diminuera la charge émotionnelle et anxiogène.
Mais en fait, c’est tout le contraire qui se passe : l’émotion et
l’anxiété sont accrues.
En revanche, en se focalisant sur ce qui est spécifique à l’émotion
(pourquoi je me sens triste maintenant, ce qui a provoqué ça, etc.)
ou à la situation (concrètement, comment ça va se passer, je
risque de réagir, au mieux, au pire…), avec le plus de détails
possible, on les dédramatise efficacement.
Ce qui explique sans doute pourquoi on a toujours moins le trac
quand on s’imagine les autres tout nus.
De fait, plus on arrive à comprendre ce qui provoque une
situation émotionnelle, plus on est susceptible de lui donner la
meilleure réponse.
La respiration à 4 temps
C’est bête à dire, mais notre équilibre émotionnel dépend avant
tout d’une bonne oxygénation du cerveau.
En Orient, la régulation des émotions est souvent considérée,
notamment sous l’influence de la philosophie bouddhiste et des
pratiques du yoga, comme un problème plus technique que
psychologique.
Dès la maternelle, on apprend aux enfants à respirer en quatre
temps (contre deux pour nous en Occident). L’inspiration et
l’expiration étant chacune suivie d’une pause où on reste
poumons pleins ou vides d’air. Chaque phase est associée à une
émotion fondamentale : l’inspiration à la tristesse, la phase
poumons pleins à la colère, l’expiration au rire, la phase poumons
vides à la peur.
S’entraîner à respirer de cette manière-là, quelques minutes par
jour, permet de mieux comprendre et moduler ses émotions. Et on
développe rapidement de bons réflexes pour les réguler,
notamment les plus négatives (peur, tristesse, etc.) ou en cas de
crise de colère ou de panique.

5. Se détoxiquer la tête
Tous les soirs, les cotons à démaquiller et les cols de chemise sont noirs de
la crasse des villes. C’est pareil pour notre cerveau. Tous les jours, il
s’encrasse un peu plus. Surmenage, stress, problèmes de toutes sortes, la
pollution est d’abord mentale, psychologique.
Au bout d’un moment, nos neurones ressemblent à de grands oiseaux
englués dans le mazout, nos humeurs virent au poisseux. On a du mal à voir
plus loin que le bout de notre nez. On croit vivre, mais on se contente de
survivre et cela consomme l’essentiel de nos énergies. On avance dans la
vie comme des automates, on s’encroûte dans la routine, nos plaisirs
deviennent des cache-misère. Au lieu de nous stimuler, ils nous permettent
à peine de supporter le reste.
Quand le moral s’encrasse, le moteur de la passion se grippe. Les
motivations, les désirs, la volonté s’effilochent. Le pire, c’est que c’est
insidieux, on ne s’en rend même pas compte.
Nous prenons soin de notre peau, de notre corps. Mais que fait-on pour
notre mental ? Rien ou presque. Il est temps de vous y mettre. Surtout si
votre moral est plus souvent proche du zéro que du beau fixe.

Nettoyer ses petites cellules (trop) grises


Le problème avec le moral, c’est que ça va, ça vient. Ça change avec le
temps, la lune et les humeurs. On a des jours « avec » et des jours « sans ».
C’est difficile de savoir où on en est vraiment de ce côté-là quand on passe
d’une heure, d’un jour à l’autre, du 7e ciel au 36e dessous.
Mais il y a des signes qui ne trompent pas. Vos batteries sont à plat si
vous avez du mal à prendre les bonnes décisions, à passer à l’acte, à établir
un contact avec les autres. Pire, si vous vous sentez souvent sur la
défensive. Un bon moral, c’est toujours plus d’optimisme, de confiance en
soi, de dynamisme, d’ouverture.
Autre façon de faire votre bilan « moral », regardez autour de vous. Nos
états d’âme se projettent inconsciemment sur notre environnement. Si vous
trouvez que votre « chez vous », votre appart ou votre bureau, est trop en
désordre ou assez déprimant, c’est que vous n’êtes pas « net », pas
« rangé » dans votre tête. Vos petites cellules grises ont besoin d’être lavées
plus blanc.
Pour se refaire un rafraîchissement mental, le premier moyen, c’est
justement un grand ménage en profondeur de votre appart ; toujours selon
la vieille équivalence symbolique « âme-maison ». En passant la serpillière
au propre (c’est le mot), vous la passez au figuré, vous vous nettoyez la
citrouille.
Mais ne vous contentez pas d’un coup de lavette en surface. Faites les
choses à fond. Ouvrez vos placards, vos vieilles malles, videz vos fonds de
tiroir. Et surtout jetez. Jetez tout ce qui vous encombre. Les vieux bouts de
ficelle (ou équivalents) qui pourrait un jour servir, les vaisselles ébréchées,
les objets usés, tout ce que vous avez accumulé et qui n’a pas de valeur, pas
même sentimentale.
En bazardant les ruines de votre passé, vous vous débarrassez des
souvenirs qui vous tirent en arrière, qui vous plombent la tête sans même
que vous en ayez conscience. Normalement, si vous faites vraiment bien les
choses, vous devriez virer de chez vous au moins une dizaine de sacs-
poubelles de 50 litres. Après ça, vous pouvez faire du « propre », remettre
vraiment de l’ordre dans vos affaires et, par là même, dans vos idées.

Nettoyer, dépoussiérer, laver… les tâches ménagères sont


bonnes pour le moral !
C’est la conclusion de chercheurs anglais de l’University College
London, qui ont effectué une étude sur près de 20 000 hommes et
femmes, dont 3 200 souffraient de stress ou d’anxiété.
Vingt minutes de ménage par semaine suffiraient à réduire le
stress et les risques de déprime. 30 minutes par jour et c’est
quasiment l’euphorie.
Alors, à vos plumeaux !

Source : British Journal of Sports Medicine.

Diminuer son « temps d’exposition »


Autre grand pollueur du mental : l’information. Nous sommes saturés
d’informations. Notre univers visuel et sonore (surtout dans les grandes
villes) est trop « riche ».
En plus, les nouvelles sont souvent mauvaises et les informations
contradictoires. C’est plus qu’une personne normale ne peut assimiler. Des
rats placés dans le même type d’environnement deviennent fous en
quelques heures. Nous, on supporte, on croit le supporter. Il y a quelques
années, des chercheurs de Princeton (États-Unis) avaient décidé de se
couper du monde, de faire le black-out. Plus d’infos qui ne concernent pas
directement leur spécialité, leurs travaux. Plus de télé, plus de radio, plus de
journaux, de cinéma, etc.
Évidemment, c’était un peu excessif. Au bout d’un moment, ils se sont
rendu compte qu’ils ne pouvaient pas fonctionner en circuit fermé. Le
cerveau a aussi besoin d’être irrigué par du futile, de l’inutile, des bêtises. Il
ne s’agit pas de vous couper de tout, mais de diminuer votre « temps
d’exposition », de ne plus être hyperconnecté en permanence.
L’idéal c’est de faire « maigre » un jour par semaine. Jean-Paul II
recommandait, il y a quelques années, de faire un jeûne numérique pour le
carême. Ce n’était pas bête. Rester chez soi ou partir à la campagne, mais
débrancher écrans et smartphones, se fermer ne serait-ce que pour quelques
heures au monde extérieur pour se recentrer sur soi, le proche, l’immédiat.
Faire le tri dans ses relations
Bizarrement, nous avons de moins en moins d’amis, mais de plus en plus de
relations. Le cercle des personnes à qui l’on peut se confier ou avec qui on
peut parler de choses importantes pour nous s’est réduit de moitié. Celui de
nos relations a plus que triplé.
On connaît tous des gens qu’on continue de fréquenter par habitude ou
par faiblesse. Rien ne nous y oblige. Rien ne nous y encourage. Chaque
fois, on se dit : « celui-ci ou celle-là ne m’apporte rien de bon, il m’a encore
pris la tête avec ses jérémiades, ses récriminations », et puis on oublie.
À la fin, on est intoxiqué sans même s’en rendre compte. C’est, chaque
fois, un peu de négatif qui entre dans nos pensées et mine insidieusement
notre bonne humeur. Éliminer les esprits négatifs, les pessimistes, les
mauvaises langues, les éternels plaintifs, les cyniques, les critiqueurs, les
prophètes de malheur…, ou en tout cas les tenir plus à l’écart, c’est toujours
bon pour le moral.
Non seulement on se désintoxique, mais en plus on s’ouvre. On fait de la
place, on se rend disponible pour d’autres personnes, d’autres expériences.

Éliminer les faux problèmes


Nous avons tous des problèmes, de manière chronique ou ponctuelle, et ces
problèmes pour peu qu’on ne les règle pas ou qu’on ne puisse pas les régler
peuvent ruiner notre bonne humeur. De fait, ce ne sont pas les problèmes en
soi qui polluent notre moral, mais le souci qu’on s’en fait.
Bien sûr, c’est embêtant quand on a du travail ou des factures en retard,
des doutes sur son couple, un patron et un banquier pas très patients ou un
conjoint assez absent. Mais ce qui mine vraiment, ce sont les soucis. On
culpabilise parce qu’on ne peut rien y faire dans l’immédiat (il n’y a pas de
solution miracle) ou qu’on ne sait pas quoi faire, par exemple si on veut ou
non mettre une croix sur une relation.
Nos problèmes réels sont d’autant plus pesants qu’ils se doublent presque
toujours d’un faux problème : on se persuade qu’on peut et on le laisse
croire aux autres alors qu’on ne peut pas.
Reconnaissons que certains de nos problèmes ne sont pas réglables dans
l’immédiat, ou même dans l’absolu, on n’a pas les moyens, le temps, on ne
sait pas vraiment ce qu’on veut, annonçons clairement la couleur aux autres,
« pour le moment, je ne peux pas », on allège la pression.
On ne règle peut-être pas le problème réel, le travail et les factures en
retard ou le couple qui bat de l’aile, mais au moins on évacue la partie faux
problème. Et, en retrouvant plus de tranquillité d’esprit, on est plus à même
de trouver des solutions.

Se débarrasser des fausses obligations


Nous avons tous ce que les spécialistes appellent des « programmations
d’échecs ». Elles ont été fabriquées par les messages négatifs accumulés
durant l’enfance : les réflexions défavorables, voire humiliantes, des
parents, des autres enfants (frères, sœurs, condisciples…), des profs et de
l’entourage en général.
Elles sont réactivées dans notre vie d’adulte par les reproches et les
critiques, justifiés ou non, qu’on supporte plus ou moins dans sa vie privée
et son travail. Elles sont aussi renforcées par le propre regard que l’on porte
sur soi. On vit dans une civilisation de l’image et de la performance où il est
facile de se sentir toujours un peu nul en regard des modèles idylliques
proposés par les médias ou la pub.
Tout cela fait que nous avons tous plus ou moins tendance à nous créer de
fausses contraintes. On se dit : « Je dois…/Je ne devrais pas… », « Je suis
obligé de…/Il faudrait que… », etc.
En procédant de cette manière, automatiquement on se met sur une
position défensive : on agit en fonction de contraintes imposées par
l’extérieur. En pestant parce qu’on nous en demande trop ou en
culpabilisant parce qu’on a peur de ne pas y arriver.
Remplacez les formules précédentes par « Je peux…/Je pourrais… »,
« Je veux…/J’ai décidé que… », « Est-ce que j’en ai vraiment envie… ? »,
« Ça changerait quoi au fond si je ne fais pas ceci ou cela ? ». Ça change
tout !
Vous faites les choses de bon cœur, en fonction de vos propres envies et
de vos réelles possibilités. Vous agissez conformément à vos valeurs, vos
aspirations profondes, sans ressentir de remords ou de regrets excessifs
quand vous vous trompez ou que ça échoue.
Apprendre à décompresser
Trop d’activité, d’urgences, de stress, et notre cerveau se met
automatiquement en position de sous ou d’hyperactivité. La machine
s’enraye : on se met à tourner à vide, on se sent un peu triste, moins motivé.
Ou s’emballe : mille pensées se pressent dans la tête, tout va trop vite, on se
sent débordé par les événements, etc.
Pour revenir à l’équilibre, ni trop endormi ni trop vigilant, il est bon de
décompresser régulièrement. Cela afin de différer vos réactions pour laisser
le temps à votre cerveau raisonnable de « lire » vos sentiments et prendre la
situation en main. Ce sont des techniques bien connues des acteurs
professionnels, des sportifs de haut niveau ou des démineurs.

Ouvrez votre plexus (à la jonction des côtes, en bas de votre cage


thoracique) en basculant les épaules en arrière et en poussant avec
votre ventre. Respirez profondément et gardez l’air pendant deux
secondes. Ensuite, soufflez complètement et attendez deux
secondes avant d’inspirer à nouveau.
Fermez les yeux deux-trois secondes de temps en temps. En
« coupant l’image », vous allégez la pression extérieure sur votre
cerveau émotionnel et vous laissez le temps aux informations de
s’installer dans votre cerveau logique. Vous pouvez le faire dans
la rue en marchant, au bureau en réunion (personne ne s’en rendra
compte), mais évitez au volant.
Ouvrez la bouche une ou deux secondes de temps en temps. Ça
fait jouer des muscles qui massent les nerfs crâniens et permettent
de « décompresser » le cerveau.
Massez vos points antistress : entre les deux sourcils, au milieu de
la poitrine (plexus solaire), au milieu du poignet et en dessous du
gros orteil (le gros machin trop serré dans les escarpins), sur le
côté interne. Appuyez avec votre pouce et pressez doucement, en
faisant des mouvements tournants.

Recliquer sur « optimisme »


L’optimisme est une caractéristique commune à 80 % de la population
humaine. Nous avons presque tous tendance à surestimer la probabilité des
événements positifs et sous-estimer celle des événements négatifs. C’est ce
que les spécialistes appellent le « biais d’optimisme ». Et c’est très bien
ainsi, car trop de réalisme bloquerait tout esprit d’initiative.
Normalement, notre cerveau fonctionne en courant alternatif :
l’information passe en permanence d’un hémisphère à l’autre, et tout va
bien.
Mais quand on rumine, on se sent maussade, pas content de soi, c’est
qu’on est « bloqué » sur son cerveau droit, qui est plus activé par des
sentiments irrationnels et des émotions négatives (peur, tristesse…).
Pour retrouver tout son optimisme, il faut recliquer sur son cerveau
gauche. Comment ? En se mettant dans un léger état d’hypnose. C’est le
vieux truc qui consiste à compter des moutons quand on n’arrive pas à
s’endormir, mais en plus efficace :

Isolez-vous dans un lieu calme et silencieux. Adoptez une


position aussi confortable que possible (pour diminuer les
tensions musculaires).
Fixez votre attention sur un objet (la lumière d’une bougie, un
clou dans le mur…) ou une surface de couleur claire, en comptant
très lentement jusqu’à vingt.
À vingt, fermez les yeux et visualisez pendant dix minutes ce que
vous regardiez, en vous disant qu’il vous est impossible durant
tout ce temps d’ouvrir les yeux.
Au bout de dix minutes, ouvrez les yeux : vous vous sentez
automatiquement plus apaisé.

Évidemment, au début cela demande un petit effort de volonté, le


scepticisme est un sentiment déclenché par l’hémisphère droit. Mais, avec
un peu d’entraînement, il vous sera de plus en plus facile de vous
reconnecter sur votre cerveau optimiste.

Se faire plaisir tous les jours


La bonne humeur doit s’entretenir tous les jours. Quand on se fait plaisir, le
cerveau sécrète des endorphines dans l’organisme. On a la « drogue » sans
les risques et cela contribue beaucoup à notre équilibre moral.
Réinjectez quotidiennement du plaisir dans votre réalité, au moins une
fois d’une manière ou d’une autre, vous lutterez efficacement (et
durablement) contre les agressions du monde extérieur, le poids de la
routine, des contraintes, l’ennui.
Au palmarès des petits plaisirs les plus euphorisants :

Les bains brûlants. Au bout de 15 minutes, la chaleur déclenche


une grosse production d’endorphines. Et, en soi, le rituel du bain
est déjà relaxant. Idéalement, il faut le pratiquer à la japonaise :
d’abord se laver tout le corps, ensuite plonger dans un bain chaud
et rajouter de l’eau de plus en plus brûlante.
Le chocolat (en particulier le chocolat noir). Plus chargé en cacao,
il est riche en phényléthylamine, le précurseur de la sérotonine, la
fameuse « molécule du bonheur ». Il est même considéré par
beaucoup de médecins comme un antidépresseur (léger) naturel.
D’autant qu’il est également très riche en magnésium, qui a lui
aussi a des effets apaisants et anxiolytiques.
Le sourire. Depuis que la science s’y intéresse, on a la preuve
qu’il déclenche des modifications biochimiques dans le cerveau
qui libèrent du stress, de l’inquiétude et des tensions que l’on peut
accumuler tout au long d’une journée. Le plus : le sourire
intérieur, un vieux truc oriental, qui consiste à visualiser une
personne ou une image « attendrissante » et à laisser venir
doucement un sourire sur ses lèvres.
Le rire. Contrairement à une idée reçue, le rire n’exprime pas la
joie, mais il rend joyeux, même les rats. Nous sommes accros au
rire et son manque favorise la déprime. Des chercheurs
américains ont d’ailleurs montré que l’humour avait le même
effet qu’une drogue. Il active lui aussi les « centres de
récompense », situés dans la partie gauche du cerveau, impliqués
dans la libération de dopamine, qui contribue grandement à nos
sensations de plaisir. Ce qui pourrait, d’ailleurs, expliquer
pourquoi la marijuana fait rire.
La musique. On n’ignore pas que la musique adoucit les mœurs.
Mais elle a bien d’autres effets positifs sur notre corps et notre
esprit. De nombreux chercheurs ont ainsi mis en évidence qu’elle
avait des effets bénéfiques sur les performances sportives, sans
parler qu’elle améliore la bonne humeur.

Rien que la musique !

Toutes les musiques ont un effet sur notre état


psychologique. Mais certaines, comme la musique
classique, New Age, ou ce qu’on appelle la musique
« designer » (spécialement conçue pour élever et
améliorer les états émotionnels positifs) ont plus
d’impact en termes de bonne humeur. En revanche, les
musiques de type rock ou hard rock, si elles ont
tendance à réduire nettement la tristesse, les tensions et
la fatigue, augmentent aussi très considérablement (de
60 %) l’hostilité.

Le plus : ce sont les musiques qui ont un tempo proche


de notre rythme cardiaque (65-70 battements par
minute) qui nous font le plus de bien.

Source : Alternative therapies in Health and Medicine.

S’endormir sur un petit nuage


On sait qu’il est important de se lever du pied droit pour passer une bonne
journée. Il l’est encore plus de s’endormir de bonne humeur. Des chercheurs
américains et allemands ont en effet montré que quand on se sent seul, triste
ou envahi par des pensées négatives au coucher, on produit plus
d’hormones de stress (cortisol) le lendemain.
Idem si l’on passe la journée en colère : notre niveau de cortisol est plus
élevé au coucher.
Ce surplus d’hormones aurait pour fonction de fournir de l’énergie pour
vous face aux problèmes ou aux expériences négatives.
À court terme, il est adaptatif et utile, car il permet de mieux réagir aux
situations de stress. Par exemple, quelqu’un qui a un bas niveau de cortisol
le matin se sent plus fatigué dans la journée. Mais une élévation chronique
du niveau de cortisol est associée à la dépression, l’obésité et à bien
d’autres problèmes de santé. D’où l’intérêt de s’organiser un minimum pour
dormir autant que possible comme un bébé.

Ritualiser son coucher. Répéter les mêmes gestes chaque soir


facilite un endormissement rapide.
Boire des tisanes. Camomille, millepertuis, tilleul… sont toutes
d’excellents inducteurs du sommeil.
Arrêter le sport, les jeux vidéo ou la résolution d’équations du
deuxième degré ٣ heures avant de se coucher. Ces activités sont
très excitantes pour les neurones, après on a du mal à s’endormir.
Régler les problèmes avant de se coucher. Si trop de choses vous
trottent dans la tête, faites une liste pour vous en débarrasser. On
ne dira jamais assez la vertu des listes.
S’allonger d’abord sur le plancher pour se relaxer avant de se
mettre au lit. C’est une vieille technique connue des apnéistes.
Chapitre II

L’affirmation de soi
1. Renforcer sa confiance en soi
Pourquoi certains s’imposent-ils sans difficulté, de manière naturelle et cela
en toutes circonstances, et d’autres pas ? Pourquoi certains osent-ils tout et
d’autres, rien ou presque ?
C’est évidemment une question de confiance en soi. Certains en ont plus
que d’autres et parfois trop. Et d’autres moins et souvent pas assez.
Un tiers innée, un tiers conditionnée par l’éducation reçue, un tiers
influencée par les expériences, la confiance en soi est généralement plus
facile à décourager qu’à encourager. La règle : le succès l’augmente,
l’échec la diminue.
C’est vrai qu’une confiance en soi élevée permet d’aborder la vie avec
plus d’assurance et d’optimisme. Mais elle n’est pas sans inconvénients. Ne
serait-ce que lorsqu’on se croit trop fort, on finit toujours par commettre des
erreurs.
Vrai aussi qu’une plus faible assurance fait plus souvent voir le verre à
moitié vide (on est pessimiste à propos de tout, à commencer par soi). Mais
d’un autre côté, on est aussi plus prudent, on prend moins de risque et on
fait moins de bêtises.
Pour autant, même quand on manque de « bravitude », rien n’est joué.
Oh, bien sûr, on ne fera pas d’un Bisounours un chien de guerre, mais il
suffit souvent de modifier légèrement son attitude, de changer quelques
mauvaises habitudes, pour gagner très nettement en assurance.

Le courage, c’est dans les gènes ?


Un peu. Comme la plupart de nos traits de personnalité, la confiance en soi
découle en partie de nos gènes. C’est ce qu’ont montré des chercheurs de
l’université de médecine de Virginie, en étudiant près de 4 000 paires de
vrais et faux jumeaux. Ils ont d’abord évalué le niveau de confiance en soi
de chaque personne, et ensuite comparé les jumeaux de chaque paire entre
eux pour voir si ceux qui disposaient d’un patrimoine génétique semblable
(les vrais jumeaux) avaient un niveau de confiance en soi similaire.
Résultat : les chercheurs ont constaté que la confiance en soi était
héréditaire chez 32 % des jumelles et 29 % des jumeaux.
Pour autant, même si l’on naît avec plus ou moins de confiance en soi,
celle-ci est avant tout liée à notre éducation. L’influence des parents,
notamment des mères, est cruciale.
Aujourd’hui, il est désormais clair que le caractère d’un enfant façonne
son développement. En partie parce qu’il détermine sa façon de réagir : un
enfant naturellement plus agressif réagira de manière plus irritable ; un
enfant timide, de manière plus craintive.
Mais aussi parce qu’il détermine les réactions des autres : ses réactions
négatives suscitant des réactions parentales négatives. Par exemple, les
mères de bébés irritables sont moins confiantes et plus dépressives que
celles de bébés dont le tempérament est plus paisible.
Ou encore, comme l’a montré une équipe de chercheurs en
neuropsychologie de l’université du Maryland (États-Unis), plus un enfant a
un tempérament craintif, moins sa mère va adopter avec lui un
comportement rassurant. Et moins la mère est rassurante, plus l’enfant
devient craintif. Un véritable cercle vicieux…

Le poids de l’éducation et des événements


Autre moment essentiel dans la constitution de la confiance en soi : la
période dite du « non » qui se situe entre 18 mois et 2 ans, en fonction des
bambins.
À ce moment-là, un enfant prend conscience de son individualité et
cherche à l’affirmer : il dit systématiquement « non » pour marquer sa
différence. Quand ça se passe bien, nos parents nous encouragent à faire
preuve d’autonomie tout en posant des limites. Quand ça se passe mal, ils
« cassent » la confiance en soi.
C’est le cas quand nos parents ont été trop stricts, nous ont laissé trop peu
de liberté d’initiative, d’action. Plus tard, on a une confiance en soi
médiocre ; on n’ose plus rien sans rechercher au préalable l’approbation des
autres.
Mais c’est le cas aussi, quand ils se sont montrés trop protecteurs en
voulant bien faire. On se met à croire qu’il est dangereux d’agir (on peut se
faire mal, échouer), qu’on en est incapable.
Les circonstances, les expériences vécues dans l’enfance ou pendant
l’adolescence comptent aussi pour beaucoup. Notre degré de confiance en
soi dépend aussi de tout ce qu’on a vu et entendu de nos proches : frères,
sœurs, cousins, cousines, grands-parents, profs, « camarades » de classe…
On gagne en assurance quand on se sent apprécié, respecté par les autres.
En revanche, des réflexions humiliantes – le monde de l’enfance,
notamment à l’école, est impitoyable – pour un nom dur à porter, un défaut
physique, une faiblesse de caractère, etc., peuvent miner pendant longtemps
(jusqu’à ce qu’on fasse ses preuves) l’image que l’on a de soi.
Notre confiance en soi est aussi sujette à variations. Elle est plus
vulnérable, instable, à certaines périodes de la vie : l’adolescence avec ses
doutes existentiels, la naissance d’un enfant qui bouleverse l’image de soi et
les habitudes, la ménopause (ne plus pouvoir enfanter peut être ressenti
comme une perte), la vieillesse quand elle est perçue comme une mise à
l’écart.
De fait, tous les grands et petits événements qui entraînent une
humiliation sociale (harcèlement moral, licenciement, revers de fortune…),
une blessure narcissique (rupture sentimentale, divorce, maladie…) peuvent
diminuer plus ou moins profondément, durablement, la confiance que l’on a
en soi.

Les « faux sûrs d’eux »

Celui qui sait tout


Il compense son sentiment d’infériorité en faisant étalage de ses
connaissances réelles ou imaginaires. Il ne s’intéresse pas à ce
que les autres racontent ou alors il montre peu d’enthousiasme. Il
passe souvent pour quelqu’un de distant, d’insensible ; il se voit
comme le détenteur de l’objectivité ou de la vérité.

Celui qui distrait

Il n’écoute pas vraiment, termine les phrases de ceux qui parlent,


les interrompt continuellement. Il répond souvent à côté de la
question, fait des déclarations inopportunes, « entretient »
plusieurs conversations à la fois. Il passe souvent pour quelqu’un
de farfelu, puéril, incapable de fixer son attention.

Celui qui parle pour ne rien dire

Il parle pour retenir l’attention, pour éviter qu’on s’aperçoive


qu’il n’a rien à dire d’intéressant, ou qu’il est confus, pas clair
dans sa tête et ses propos. Il se répète d’ailleurs beaucoup.

Celui qui parle tout seul

Il parle sans arrêt, fait les questions et les réponses, rit de ses
propres plaisanteries pendant qu’il les raconte, avant même de
finir ses phrases.

Celui qui ramène tout à lui


Il dit tout le temps « je », « moi, je » ; il cherche à susciter
l’admiration pour masquer son manque de confiance en soi et
provoque souvent le résultat contraire.

Celui qui esquive

Il fait semblant de ne pas comprendre, s’excuse tout le temps,


joue les distraits, les étourdis. Ou alors il est d’accord avec tout,
se défend mollement, s’efforce d’aplanir les différences. Il passe
souvent pour faible, réservé, incohérent alors qu’il se croit
supérieur.

Celui qui malmène

Il n’est jamais d’accord, il accuse, il juge, il condamne. Ou alors


il se moque des autres présents et absents, se plaint tout le temps,
rien n’est jamais assez bien, agresse. Il peut passer pour
quelqu’un de fort, tyrannique, mais en fait, il se sent insignifiant.

L’effet « deuxième sexe »


Chez les homo sapiens, comme chez tous les mammifères, le niveau de
confiance en soi est lié aux contacts physiques. Plus un enfant est câliné,
plus il se sent en sécurité et sûr de lui. Ce qui pour beaucoup de psys
expliquerait que globalement les hommes sont plus sûrs d’eux que les
femmes et qu’ils font plus de bêtises par imprudence. De nombreuses
études montrent en effet que les mères ont plus d’intimité physique avec les
bébés garçons.
Dans les pays pauvres, les nouveau-nés de sexe féminin sont souvent
nourris après les garçons, avec des aliments à faible valeur nutritionnelle et
reçoivent moins de soins.
Et dans les pays riches, les mères allaitent plus longtemps les fils, elles
les tiennent plus serrés contre leur corps, les nourrissent plus volontiers « à
la demande », leur parlent moins, mais les caressent davantage.
Du coup, même quand les femmes font jeu égal avec les hommes, voire
mieux qu’eux, elles ont souvent tendance à se montrer moins audacieuses.
D’autant que notre niveau de confiance en soi est aussi lié à notre
production hormonale. La testostérone, l’hormone sexuelle, celle aussi de
l’agressivité, joue un rôle clé de ce point de vue. Plus on en a (les hommes
en général), plus on manifeste d’assurance et plus souvent d’ailleurs on fait
des bêtises : entre 11 et 16 ans, les garçons ont deux fois plus d’accidents
domestiques, scolaires, sportifs…, entre 15 et 24 ans, ils font six fois plus
de chutes mortelles et ont quatre fois plus d’accidents de la route.
En revanche, avec un taux de testostérone sensiblement moins élevé, les
femmes sont peut-être moins sûres d’elles, mais nettement plus conscientes
des réalités.

Peut-on réussir quand on n’a pas très confiance en soi ?


Sûrement. Toutes les recherches montrent que le niveau idéal de confiance
en soi est un peu au-dessus ou au-dessous de nos capacités réelles.
Quand on se croit un peu plus fort qu’on ne l’est vraiment, on s’attaque à
plus difficile, on se fixe des objectifs plus ambitieux. Ça encourage à faire
plus d’efforts et à persévérer davantage.
Tandis qu’avec trop peu de confiance en soi, évidemment on se fixe des
objectifs très en dessous de ses capacités et on renonce souvent en
imaginant les difficultés réelles ou supposées. On se dit « je n’y arriverai
pas » et on ne tente même pas.
En revanche, quand on a trop confiance en soi, on se croit trop fort, on
surestime ses capacités réelles et on échoue souvent par manque de
préparation ou parce qu’on n’a pas assez tenu compte des difficultés.
Tandis qu’un sentiment de confiance en soi juste au-dessous de ses
capacités réelles donne souvent une meilleure appréciation des situations.
On se fixe des objectifs accessibles, on se prépare mieux, par exemple en
s’informant, en apprenant davantage, parce qu’on ne mésestime pas les
difficultés. Et on minimise d’autant les risques d’échec.
C’est quoi, une vraie confiance en soi ?
Le sentiment de sa valeur personnelle est un truc hérité de l’enfance. Quand
on n’a pas été élevé dans le respect de soi et des autres, on se montre
souvent trop coincé ou trop arrogant. Mais elle peut se gagner, à force de
travail sur soi.

1. Ne pas avoir honte d’avoir honte. C’est normal quand on a fait une
connerie ou qu’on s’est fait dépasser (pas parce qu’on n’a pas la
dernière godasse à la mode…) : ça veut dire qu’on a un surmoi fort,
qui résiste à l’échec.
2. Soigner son look, mais sans exagération (talons, silicone, tatouage,
marques…). Quand on est sûr de soi, on n’a pas besoin d’en
rajouter. Et on assume ses éventuels défauts avec réalisme et
humour.
3. Être capable de demander pardon, de reconnaître ses torts, ses
erreurs et même ses fautes ! Ça veut dire qu’on a une morale. Ceux
qui nient toujours leurs responsabilités sont des immatures ou des
pervers.
4. Rester combatif dans la difficulté, voire être stimulé par l’adversité.
Ne pas se poser systématiquement en « victime » : demander des
comptes, accuser, faire des procès d’intention, des chantages
affectifs, mais rebondir en prenant les « épreuves » comme des
occasions de se renforcer.
5. Reconnaître qu’on est moins bon qu’un autre (pour cette fois). Les
vrais champions quand ils se plantent disent : « Machin était plus
fort ce jour-là », et pas : « Les juges ont triché… » C’est comme ça
qu’on s’améliore pour la prochaine fois.
6. Être capable d’admiration quand ça en vaut la peine, pas des
imposteurs du show-biz ou des escrocs affairistes. Avoir des
« modèles » d’exigence, ça donne envie de se surpasser.
7. Se mettre à la place des autres (même d’un chat !). Un moi fort est
capable d’empathie, de ressentir ce que ressentent les autres et
d’intimité. On n’a pas peur de perdre son identité à la différence des
xénophobes, racistes ou psychopathes.
8. Ne pas être hystérique pour autant : on ne confond pas son désir
avec le désir de l’autre, on n’est pas ce que l’autre attend qu’on soit,
on garde quoi qu’il se passe sa personnalité.
9. Savoir écouter sans interrompre parce qu’on ne se sent pas menacé
par la parole de l’autre.
10. Ne pas (trop) parler de soi en bien ou en mal. C’est un truc de
vantards qui en rajoutent parce qu’ils imaginent qu’on les sous-
estime ou de geignards qui cherchent à inspirer la « pitié » pour
éviter l’affrontement.
11. Ne pas dénigrer les autres, les amis comme les rivaux. Ce n’est pas
parce que quelqu’un est « faible » que ça nous rend
automatiquement plus fort.
12. Rester humble dans le succès. Sinon on se croit trop fort et on finit
par faire des erreurs en sous-estimant les difficultés, ses adversaires,
la contribution des autres, la chance…

Comment prendre facilement de l’assurance ?


C’est bête à dire, mais quand on tend le bâton pour se faire battre, on est
battu. Ce qui nous arrive, le bon comme le moins bon, dépend aussi, et la
plupart du temps, de notre attitude face à la vie. Et, surtout, de la première
impression que l’on donne aux autres.
Tout se joue dès les premiers regards, à l’instinct. Pour les
anthropologues et les psys, cette immédiateté de la première impression est
génétiquement programmée. C’est un réflexe de survie. Ami ou ennemi,
fort ou faible, dangereux ou pas, durant des millénaires, être capable de
faire la différence au premier coup d’œil a été une question de vie ou de
mort.
Aujourd’hui, même si le risque est moindre, on est jugé dans les trois
premières secondes, catalogué ou non comme une proie possible.
Le plus étonnant, c’est que l’impression que l’on donne aux autres est
aussi celle que l’on donne à soi-même. Si on adopte une attitude de victime,
notre cerveau part du principe qu’on en est une. En revanche, plus on a une
attitude dominante, plus on se montre sûr de soi et on donne une image
positive aux gens que l’on croise ou que l’on rencontre.
Est-ce difficile ? Pas du tout, bien au contraire, cela tient à quelques
règles de base.
Soignez votre look
Vêtements, coiffure, maquillage… On se sent toujours mieux dans sa peau
et plus sûr de soi quand l’image que nous renvoie notre miroir est
satisfaisante. Alors, n’hésitez pas à investir dans le beau et le luxueux.
Marchez plus vite
Vous traînez des pieds, vous avancez à reculons ou en crabe…
Automatiquement, cela vous donne le ­sentiment d’être une pauvre chose.
Accélérez votre allure de 25 %, vous aurez tout de suite l’impression d’être
plus tonique et important.
Tenez-vous droit
Vous courbez le dos, vous baissez la tête, vous fuyez les regards… Vous
provoquez chez les autres ce que vous craignez le plus : un jugement
négatif. Au contraire, tenez-vous bien droit (dos, épaules, tête), regardez les
autres, souriez… Vous vous sentirez plus confiant. Toutes études montrent
que nos attitudes corporelles ont un effet immédiat sur nos contenus
mentaux.
Débarrassez-vous de vos manies
Triturer vos cheveux, votre moustache, vous ronger les ongles, vous tordre
les mains… Loin d’être innocentes, toutes ces petites manies sapent
inconsciemment votre confiance en soi. Et puis les autres voient bien que
vous n’êtes pas à l’aise. En adoptant une gestuelle plus sobre, vous gagnez
en autorité.
Ne restez pas dans votre coin
Quand vous attendez qu’on vienne vers vous, qu’on vous parle, vous vous
focalisez sur vos peurs, vos insuffisances réelles ou supposées. En prenant
l’initiative du contact, vous la dépassez. L’astuce : ne jamais oublier que les
autres sont souvent aussi anxieux que vous, voire plus, à l’idée de
rencontrer quelqu’un, de devoir s’exprimer ou répondre à des questions.
Mettez-vous en avant
Vous avez peur d’être jugé défavorablement, alors comme la majorité des
gens à l’école, au bureau ou dans les réunions publiques, vous rasez les
murs ou vous disparaissez dans les coins, au fond des pièces… Vous avez
tort. Toutes les études montrent au contraire que plus on se met en avant, en
vue, mieux on est perçu et jugé par les autres, aussi bien en termes d’attrait
physique que de sociabilité.
Faites-vous un pitch
« Bonjour, je m’appelle, je suis, je fais… », préparez un petit speech
d’introduction. Cela vous évitera d’avoir peur d’être paralysé par le trac, de
rester muet, de bafouiller ou de dire des bêtises… Notez quelques idées
pour aborder les gens, vous présenter et capter leur attention. Répétez-les à
voix haute devant votre miroir ou dans votre tête si vous préférez.
Profitez de votre timidité
Quand on essaie de cacher sa peur, on stresse et les autres le sentent bien.
En revanche, en avouant d’entrée de jeu votre manque d’assurance (par
exemple : « Vous savez, au début d’une conversation, je suis toujours un
peu timide, nerveuse, mais au bout d’un moment, ça passe »), vous
« désarmez » votre interlocuteur (en général, les timides inspirent la
bienveillance). En plus, ça vous relaxe.
Ne faites pas de supposition
Quand on manque de confiance en soi, on est très vulnérable au regard des
autres. Et on interprète mal les signaux. Le moindre froncement de sourcil
peut être pris pour un reproche, une critique, voire un rejet. Concentrez-
vous plutôt sur votre propre attitude, cela vous permettra de vous libérer de
vos mauvais réflexes émotionnels et d’agir de manière plus juste.
Prenez soin de vous
Comme l’apparence personnelle, notre forme physique, nos humeurs
affectent terriblement notre confiance en soi. Fatigué, stressé, déprimé, on
se sent encore plus vulnérable, moins sûr de soi. Prenez l’habitude
d’entretenir votre forme (alimentation saine, sommeil, gym…), vous gagnez
en efficacité et en impact sur les autres.

2. Apprendre à s’aimer
On passe souvent son temps à tricher pour se montrer aux autres sous le
meilleur jour. On fait un paquet d’efforts pour cacher ses défauts, ses petites
mesquineries, ses mauvaises pensées, en espérant que l’on sera ainsi plus
accepté, plus aimé.
C’est idiot parce que quand on ne s’aime pas, on ne nous aime pas.
Normal. Si vous, qui êtes censé bien vous connaître, vous vous trouvez nul,
pas intéressant, avec plein de défauts, pourquoi voulez-vous que les autres
vous trouvent attirant, sympathique. Si vous pensez que vous n’êtes pas un
cadeau, il n’y a franchement aucune raison pour qu’on vous prenne pour un
cadeau.
Même quand vous vous aimez « plutôt bien », vous ne vous aimez jamais
assez, jamais vraiment, jamais complètement. Et, inconsciemment, les
autres le ressentent. Ils ne s’intéressent pas à vous ou décrochent
rapidement sans chercher à vous connaître vraiment. Ils ont du mal à vous
aimer comme vous avez envie qu’on vous aime. Ils ont du mal à vous dire
qu’ils vous aiment ou vous apprécient et vous ne les croyez qu’à moitié
quand ils vous le disent. Forcément, cela crée souvent des frustrations, des
malentendus dans vos amours ou dans votre job et des complications avec
vos proches ou dans votre couple. Prenez-vous pour un cadeau, ça change
tout. S’aimer plus, s’aimer vraiment, ce n’est pas si difficile. Ça ne consiste
pas à être zéro défauts, à ne jamais faire de faux pas : simplement à vous
voir comme « aimable », digne d’intérêt, d’estime, de respect. Et surtout, le
plus important, de vous comporter toujours comme si vous l’étiez
effectivement, même quand votre amour pour vous varie à la baisse.

Arrêter de se dévaloriser
Quand vous servez des brocolis, ne les présentez pas en disant « Je crois
que je les ai ratés », « Ils sont moins bons que d’habitude », ou, plus
subtilement dégradant : « Ma maman les fait gratiner en béchamel. C’est
autrement bon. » Votre compagnon se demande s’il n’aurait pas mieux fait
d’épouser votre mère. Vos invités se disent qu’ils se sont trompés d’adresse.
Pareil quand on vous fait un compliment : « Oh ! C’est joli ce que tu as
aujourd’hui ! » Ne répondez pas : « Oh ! C’est pas cher » même (et surtout)
si vous avez acheté votre tailleur chez Tati ou « Oh ! J’ai fait une folie. Je
ne recommencerai plus » si vous vous êtes ruinée chez Lagerfeld.
Et quand vous rendez un travail, ne dites pas « J’ai fait ce que j’ai pu. »
En vous dévalorisant, vous dévalorisez les autres. Vous faites passer un
message négatif qui consiste à dire : « Vous êtes vraiment nuls de choisir un
nul comme moi. » Inconsciemment, vous laissez entendre que vous ne
gagnez pas à être connu, qu’on a tort de vous aimer ou de vous faire
confiance. Et vous faites le vide autour de vous. Au contraire, en vous
prenant pour un cadeau, vous valorisez tous ceux qui vous approchent de
loin ou de près. Vous faites passer un message positif : « Vous avez du flair
de m’avoir trouvé. »
Croyez en votre valeur, les autres y croiront aussi. Ils vous écouteront
plus attentivement, vous prendront au sérieux. Vous aurez moins besoin de
ramer dans les dîners pour que votre voisin s’intéresse plus à ce que vous
lui racontez sur Kusturica qu’à votre Wonderbra ; ou dans votre job, quand
vous avez un message important ou une idée à faire passer. Vous deviendrez
automatiquement plus crédible.
Et quand vous demanderez quelque chose, une augmentation, une promo,
un bébé, un coup de main ou qu’on vous fiche tout simplement la paix
pendant une demi-heure, vous l’obtiendrez plus facilement, plus
rapidement.
Respectez-vous, les autres vous respecteront. Votre mec ne vous serinera
plus à longueur d’année « Tu vois, je te l’avais bien dit ! » à chaque fois que
vous faites une gaffe. Et votre patron se déplacera quand il voudra vous
parler. Il ne hurlera plus votre prénom à travers les bureaux.

Pourquoi, quand on ne s’aime pas, se sent-on moins aimé ?

Une étude en psychologie sociale a montré que plus on a une


faible estime de soi et moins on perçoit bien l’amour de son
partenaire. Dans cette recherche, les participants, 150 couples,
rapportaient quotidiennement dans un journal leurs succès et
échecs professionnels et le degré auquel ils se sentaient acceptés,
supportés et aimés par leur partenaire.

Les hommes et les femmes avec une bonne estime de soi se


sentaient inconditionnellement aimés. Les femmes se sentaient
même encore plus aimées les jours où elles rapportaient des
échecs au travail.

En revanche, ceux et celles qui avaient une faible estime de soi


croyaient qu’on les aimait (à la hausse ou à la baisse) en fonction
de leur réussite professionnelle. Ils se sentaient mieux aimés les
jours où ils obtenaient du succès dans leur job et moins les jours
où ils subissaient des échecs au travail.

Source : Personality and Social Psychology Bulletin

Accepter ses défauts et ses faiblesses


Comme tout le monde, vous n’êtes pas parfait, alors relativisez. Ne
gaspillez pas votre énergie, n’épuisez pas votre moral pour être top niveau
ou pour « réparer » vos défauts. Vous n’avez pas l’oreille musicale ?
Laissez tomber les cours de piano. Vous n’êtes pas doué pour le sport et ça
vous gave ? Ne vous forcez pas à en faire sous prétexte que c’est bon pour
la santé ou que tous vos copains en font.
Et si vous n’êtes pas très ambitieux, ne tentez pas de le devenir.
Quand on s’efforce de réparer un défaut, de développer une capacité pour
laquelle on n’est pas doué, on peut bien sûr s’améliorer, mais on fait
beaucoup d’efforts pour des résultats qui n’en valent pas la peine.
En « vivant » sur vos faiblesses, vous mettez systématiquement à mal
votre amour-propre. Vous stressez parce que vous vous focalisez sur ce qui
ne va pas chez vous. Et vous perdez un temps précieux que vous pouvez
utiliser plus efficacement en exploitant vos vrais talents.
En revanche, en vous focalisant sur vos seules qualités, en jouant
uniquement sur vos points forts, vous brossez votre ego dans le bon sens du
poil. Vous entrez dans une dynamique de succès. Vous obtenez de meilleurs
résultats et vous avez de plus grandes satisfactions.
Non seulement vous gagnez en assurance parce que vous confortez votre
ego, mais vous avez de plus grandes satisfactions. D’autant que vous ne
perdez plus votre temps à vous tracasser pour vos erreurs, à être contrarié
par ce qui vous arrive, ni à vous inquiéter du lendemain.
Vous ne vous prenez plus la tête parce que votre mec vous appelle trop
rarement ou votre banquier, trop souvent. Et vous ne réagissez plus
émotionnellement chaque fois que quelqu’un vous fait une réflexion ou un
reproche. Car au fond de vous, vous savez que vous êtes capable de
résoudre les problèmes et de pouvoir toujours rebondir en cas de revers ou
d’échec, même si le compagnon de vos nuits part avec la baby-sitter ou si
votre banquier vous refuse un crédit.

S’apprécier tous les jours


Notre tête, c’est comme la télé. Quand on se fait son petit JT perso en fin de
journée, on se repasse automatiquement les mauvaises nouvelles. Les
réflexions désagréables que les autres nous ont faites aussi bien que les
remarques qu’on s’est faites à soi-même. Les critiques, les reproches, que
vous avez encaissés dans la journée sont plus « accrocheurs », vous
marquent durablement si vous ne faites rien pour compenser.
Chaque soir, avant de vous endormir, vous devez vous décrasser l’amour-
propre exactement comme vous vous nettoyez le visage. Pour cela,
repassez-vous volontairement le film de vos succès. Remettez-vous en
mémoire tous les événements positifs de la journée. Pensez à tout ce que
vous avez de bien, les choses importantes comme les petites. Revivez tous
les moments où vous vous êtes sentie séduisante, aimée, estimée. En
prenant l’habitude de vous apprécier tous les jours, vous devenez moins
susceptible. Vos relations avec les autres deviennent rapidement plus
franches et plus détendues

Célébrer ses succès


C’est vrai que la discrétion est une vertu et la vanité, un défaut. Ce n’est pas
une raison pour vous sentir coupable quand vous avez du succès ou pour en
rajouter dans la modestie. On a tous besoin de voir que nos efforts, nos
mérites, sont reconnus et appréciés.
Et il serait orgueilleux de penser : « Je suis tellement formidable, les
autres finiront bien par s’en apercevoir un jour. » Les autres ont leurs
propres problèmes, ils ne passent pas leur temps à vous observer pour
savoir si vous avez bien fait ou pas. Ils n’ont pas forcément les moyens de
s’en rendre compte.
Aussi, quand vous êtes formidable (vraiment), faites-le savoir. Obligez-
vous à parler de vos succès. N’en faites pas une montagne. Mais ne les
diminuez pas non plus. Dites : « Depuis que je suis arrivé dans la société,
on a fait 40 % de mieux » au lieu de « Le marché est en pleine croissance »,
« J’ai trouvé un merveilleux canapé » au lieu de « C’était soldé », « J’ai été
bonne sur ce coup-là » au lieu de « La concurrence était nulle », etc.
Et récompensez-vous chaque fois que vous réussissez un joli coup.
Offrez-vous la totale chez un grand coiffeur, le mobile qui vous a tapé dans
l’œil et donnez une petite fête pour partager votre satisfaction.
Idem chaque fois que votre ego est malmené pour une raison ou une
autre. Un creux de forme, des problèmes dans son couple, dans son travail,
et l’on s’aime moins que d’habitude. On devient plus vulnérable. On se
tracasse pour les erreurs que l’on a pu commettre et la moindre réflexion
désagréable, le plus petit reproche, prend des proportions considérables.
Résultat : un amour-propre est en chute libre. Dans ce cas, vous devez
ouvrir un parachute ascensionnel. Cela consiste à vous remémorer vos
succès des dernières semaines ou des derniers mois. Rappelez-vous votre
fierté, combien il est bon de s’aimer et de se sentir aimé, reconnu. Et
célébrez-les à nouveau. Revivre ses succès, se faire plaisir, faire plaisir
autour de soi, c’est le meilleur moyen pour remonter rapidement dans son
amour-propre et dans l’amour des autres.

Douze commandements d’amour-propre


On est plus fort quand on s’accepte inconditionnellement au lieu de se juger
en fonction du regard des autres. Mais, bien évidemment, on est aussi
confronté tous les jours au regard des autres. Et parfois, cela peut être un
peu (ou très) déstabilisant. Comment se protéger, préserver son amour-
propre en toutes circonstances ?
En adoptant les bons réflexes :

1. Se considérer comme l’égal des autres, plutôt que supérieur ou


inférieur, tout en acceptant les différences : apparence physique,
talents, compétences, situation financière, etc.
2. Tenir pour acquis qu’on est digne d’intérêt, d’estime, de
considération, du moins pour les personnes qui nous importent.
3. Se comporter toujours comme tel, même quand on ne se sent pas au
plus haut de son audimat personnel.
4. Admettre et accepter ses défauts – personne n’est parfait –, et miser
sur ses seules qualités plutôt que gaspiller son énergie et son temps à
tenter de se « réparer » ou de les cacher aux autres.
5. Être pleinement confiant dans sa capacité à résoudre les problèmes
et rester combatif dans la difficulté, malgré les échecs. Et ne pas
hésiter à demander aux autres de l’aide quand on en a besoin.
6. Agir en fonction de ce qu’on pense être le meilleur choix, faire
confiance à son propre jugement, et ne pas se sentir coupable quand
d’autres n’aiment pas ces choix.
7. Ne pas avoir peur de commettre des erreurs – c’est ainsi qu’on
apprend et qu’on s’améliore –, et ne pas avoir honte de les
reconnaître ; cela veut dire qu’on a une morale, le sens des
responsabilités.
8. Ne pas perdre son temps à s’inquiéter excessivement des
événements passés, ni de ceux qui pourraient arriver dans le futur,
mais apprendre du passé et préparer l’avenir, en vivant
complètement le présent.
9. Croire fermement à certains principes et valeurs, avoir des partis
pris, des convictions fortes, et être prêt à les défendre, même en cas
d’opposition, mais être assez confiant en soi pour modifier sa façon
de penser à la lumière de l’expérience.
10. Se montrer bienveillant a priori, et coopérer avec les autres aussi
longtemps qu’ils coopèrent, mais résister aux manipulations.
11. Avoir un comportement clairement identifiable, plutôt que chercher
à ruser, pour que les autres sachent à quoi s’en tenir et comprennent
tout l’intérêt de coopérer.
12. Être sensible aux sentiments et aux besoins des autres. Ne pas
chercher à prospérer à leur détriment et, encore moins, à profiter de
leurs faiblesses.

3. S’accepter pleinement
L’estime de soi est aujourd’hui à la mode. On ne compte plus le nombre de
psychothérapeutes en tous genres, gourous, coaches, etc., qui nous
promettent des lendemains meilleurs si l’on veut bien se donner la peine et
les moyens (par ici la monnaie) de renforcer notre estime de soi.
Car il en faudrait une bonne grosse pour tout réussir, son travail, ses
amours et même le gratin dauphinois. Trop faible, on serait un loser, on
risquerait de pointer très longtemps à Pôle Emploi et sur les sites de
rencontres.
Mais l’estime de soi, c’est d’abord un truc inventé par le système pour
nous forcer à bosser et à consommer plus : la carotte qui fait avancer l’âne.
Et nous, bonne poire, on plonge. Affaire de nombrilisme : ça nous permet
de pleurnicher, « Mais pourtant, je le vaux bien ! » quand on n’obtient pas
ce qu’on veut. Et cela nous sert aussi très souvent à excuser nos mauvais
comportements.
D’ailleurs, les criminels les plus odieux justifient ainsi leurs actes, au
nom d’une cause, d’un engagement, ou bien de la nécessité (l’autre l’a bien
cherché, je n’ai pas pu faire autrement, etc.) pour préserver leur amour-
propre.
De même, on sait que les gens qui ont une haute estime de soi deviennent
souvent très désagréables et sont plus fréquemment susceptibles
d’agressivité ou d’actes de violence, quand les autres ou les événements
menacent leur ego, remettent en question leurs opinions, croyances ou
valeurs, autrement dit en cas d’atteinte à l’amour-propre.
Et, paradoxalement, ce sont d’ailleurs ceux qui paraissent ne jamais
douter d’eux-mêmes, à qui tout semble réussir, qui s’effondrent (dépression,
alcool, drogue…) souvent après un échec particulièrement cuisant ou une
simple mise à la retraite.
Alors qu’en revanche, une estime de soi plus faible permet fréquemment
d’avoir une meilleure appréciation des situations. On se fixe des objectifs
accessibles, on se prépare mieux parce qu’on ne mésestime pas les
difficultés. Et l’on minimise d’autant les risques d’échec.

C’est quoi l’estime de soi ?


Pour le dire rapidement, l’estime de soi est le sentiment que l’on a de sa
propre valeur, le fait de s’aimer ou pas.
Si on accomplit quelque chose qu’on pense bien, selon nos propres
critères, on grimpe en amour-propre ; au contraire, si on fait quelque chose
qu’on pense mal, toujours en fonction de nos propres critères, on réagit en
baissant dans notre propre estime. On voit bien ce que cela a de
complètement subjectif : nous sommes à la fois juge et partie. Ou, pour le
dire autrement, l’estime de soi est le rapport entre ce que nous sommes
(notre Moi réel) et ce que nous voudrions être (notre idéal du Moi). Plus
l’écart entre le soi réel et l’idéal de soi est important, plus l’estime de soi est
faible.
En cela, l’estime de soi se distingue de la confiance en soi, qui relève du
sentiment d’efficacité personnelle (on croit ou non à nos capacités, qu’on
les ait ou pas).
Par exemple, on peut constater qu’on est nul dans un domaine ou un
autre (le tennis, les maths, le bricolage) sans pour autant en tirer de
conclusion négative sur soi parce qu’on accorde peu ou pas de valeur à ces
activités.
Et inversement, on peut s’estimer très compétent professionnellement,
mais en retirer une mauvaise estime de soi parce qu’on exerce un métier qui
est, à nos yeux, peu valorisant, par exemple huissier, call-girl, agent
immobilier…

Pourquoi on s’aime ? Ou pas.


Le degré de notre propre estime dépend donc de nombreux facteurs.
Certains sont objectifs : les gènes, l’âge, le sexe, l’éducation, etc. On sait,
par exemple, aujourd’hui, que l’estime de soi est en partie innée, pour un
tiers environ. Quand on compare vrais et faux jumeaux, on constate que les
vrais jumeaux (au patrimoine génétique semblable) possèdent la même
estime de soi (32 % des jumelles et 29 % des jumeaux).
Elle est aussi plus faible chez les jeunes adultes et elle augmente
régulièrement au cours de la vie (en moyenne), jusqu’à atteindre un sommet
à l’âge de 60 ans, où elle commence à décliner. À mesure que la vie avance,
on prend du galon, nos relations sont plus satisfaisantes (en principe), ce qui
favorise l’estime de soi.
Mais l’estime de soi est aussi plus vulnérable, instable, à certaines
périodes de la vie : l’adolescence avec ses doutes existentiels, à la naissance
d’un enfant qui bouleverse l’image de soi, au moment de la ménopause (ne
plus pouvoir enfanter peut être ressenti comme une perte), ou de la
vieillesse quand elle est perçue comme une mise à l’écart.
On sait, encore, que les femmes se déprécient généralement un peu plus
que les hommes. Cela vient du fait que depuis toujours la préférence pour
les fils est la règle. Dans les pays pauvres, les nouveau-nés de sexe féminin
sont souvent nourris après les garçons, avec des aliments à faible valeur
nutritionnelle, et reçoivent moins de soins. Dans les pays riches, on a vu
(page 92) que les mères sont plus « physiques » avec les garçons qu’avec
les filles. Pour de nombreux psys, cette plus grande intimité physique
expliquerait pourquoi les garçons s’estiment davantage.
Selon d’autres chercheurs, le rang de naissance jouerait également un
rôle. Une étude montre, par exemple, que les cadets sont moins satisfaits
d’eux que les aînés, mais d’un autre côté, sont plus populaires et plus à
l’aise que ces derniers en société. Une autre, que les aînés connaissent, en
général, une meilleure réussite scolaire, car leur estime d’eux-mêmes repose
plus sur leurs performances.
Les événements jouent aussi un rôle. Quand on vit dans son enfance des
expériences personnelles ou familiales traumatiques – maladie ou accident
grave, agression sexuelle, décès ou emprisonnement d’un parent,
changement brutal de situation économique (faillite), géographique (exil) –,
l’amour-propre s’en ressent toujours.

Ça se construit comment, l’estime de soi ?


Normalement, l’estime de soi se construit un peu comme un immeuble en
briques : une brique en plus chaque fois que l’on est fier de soi, une brique
en moins, et souvent plus, chaque fois qu’on ne l’est pas.
Dès notre plus jeune âge, nous faisons toutes sortes d’expériences : nous
apprenons à marcher, à parler, à manier une cuillère, à nouer nos lacets, etc.
Notre estime de nous-mêmes en sort renforcée ou diminuée selon que
l’expérience a été ressentie comme positive ou négative.
Ce qui fait la différence : la qualité de la relation avec les parents. On
peut se montrer maladroit dans le maniement de la cuillère, mais si les
parents sont encourageants, l’estime de soi est intacte. À l’inverse, un
bambin peut nouer ses lacets comme un vieux loup de mer, mais si les
parents sont critiques, l’estime de soi est mise à mal.
L’approbation des parents est vitale pour la propre estime d’un enfant. Il
s’agit d’encourager certains comportements, mais aussi de valider ses
performances, lui permettre de s’évaluer d’une manière positive en regard
de ce que les autres attendent de lui et l’amener à gagner en indépendance
et maîtrise de soi.
On pourrait penser que le milieu social est déterminant. Une enfance
passée dans des conditions difficiles (argent, environnement familial,
culturel, etc.) pénaliserait notre propre estime. Ce n’est pas le cas. Il n’y a
aucun lien de cause à effet entre la fortune, l’éducation ou la profession des
parents et le jugement d’un enfant sur lui-même. Le seul facteur qui
influence fortement l’amour-propre d’un enfant, c’est l’amour reçu. On peut
très bien grandir dans une HLM, un quartier particulièrement défavorisé,
avec des parents qui connaissent des fins de mois difficiles et néanmoins
jouir d’une bonne estime de soi. Inversement, la vie et l’éducation dans les
« beaux quartiers » de Neuilly, auprès de parents de la haute société, ne
garantit en rien une estime de soi plus élevée.

Ça fait quoi, le regard des autres ?


Notre estime de soi dépend ainsi du regard des autres. On recherche d’abord
l’approbation, et la reconnaissance, des parents. Si la période entre 18 mois
et 2 ans dite du « non » est cruciale (voir page 88), à partir de 3 ans, peu à
peu, on accorde de plus en plus d’importance à l’approbation de ses pairs
(frères et sœurs, camarades d’école). Avec un paroxysme à ­l’adolescence,
où l’on se moque complètement de l’avis de ses parents, du moment que
l’on se sent approuvé par ceux que l’on considère comme ses semblables,
ou à qui l’on veut ressembler.
Quand on s’est senti aimé dans son enfance, cela donne pour plus tard
une formidable estime de soi. En revanche, le manque d’amour et
d’attention auprès de parents indifférents, absents ou laxistes, les propos
systématiquement dévalorisants (« J’ai honte de toi », « Tu es ridicule,
idiote, incapable, bonne à rien… », « On ne peut pas te faire confiance,
compter sur toi… »), les critiques incessantes de parents animés de
principes éducatifs très rigides, sans indulgence, ou trop punitifs minent
l’estime qu’on a de soi. Car l’on ne se dit pas : « Mon père est un salaud »,
« Maman a un cœur de pierre », « Ce sont des fous furieux de fanatiques ».
On pense que c’est sa faute. Cette idée se grave dans l’inconscient : « Ils ne
m’aiment pas, ne font pas attention à moi, etc., parce que je ne vaux rien, je
ne le mérite pas… »
D’autres parents nuisent à l’estime de soi : les parents surprotecteurs, qui
grossissent tous les petits dangers de la vie quotidienne et empêchent la
prise d’initiatives (« Ne fais pas ça, tu vas tomber ! »), sous prétexte que le
monde extérieur est trop menaçant. Lâché dans la vie sans filet parental, on
n’ose rien de peur de commettre une erreur ou d’échouer.
Pour peu que l’on subisse aussi des moqueries excessives de la part des
frères et sœurs ou des petits camarades à l’école, notamment parce qu’on
n’est pas « comme les autres » à cause d’oreilles décollées, d’un tic de
langage, d’un excès de kilos, d’un style démodé, etc., notre propre estime
est durablement lézardée.

S’accepter sans condition


L’estime de soi serait-elle pour autant la clef du bonheur ? Pas sûr. Elle
n’est pas sans de nombreux inconvénients ; elle pourrait très bien même
faire plus de mal que de bien et s’avérer finalement très destructrice.
Prenons, par exemple, l’idée communément admise que l’estime de soi
se mérite, soit par des succès personnels, qu’il faille atteindre un objectif
particulier pour s’autoriser une fierté personnelle, soit par un comportement
exemplaire. On voit bien que cela ne marche pas. Souvenez-vous seulement
de trois occasions de votre vie où vous avez été particulièrement fier de
vous. Combien de temps cela a-t-il duré ? Pas très longtemps, non ? Une
fois passée l’euphorie de la « victoire », on en revient vite à son état et ses
problèmes d’avant, voire à d’autres problèmes.
Le succès n’apporte pas le bonheur, à peine une satisfaction, un sentiment
de confort, éphémère. Avec, de surcroît, de nombreux effets pervers. Le
succès agissant comme une drogue, on en réclame toujours plus. On ne se
contente pas de devenir calife à la place du calife, on veut devenir Dieu.
C’est ce qu’on appelle le « complexe de Jéhovah » : on réalise une bonne
performance dans une situation donnée, on en tire une conclusion erronée :
« J’ai obtenu un bon résultat, je prends de la valeur, je suis supérieur aux
autres ». Mais il suffit d’une contre-performance, ce jour-là on a été moins
bon, la concurrence était plus forte, etc., pour que le « complexe de
Jéhovah » se transforme rapidement en « complexe du ver de terre ». Notre
confiance en soi s’effondre. Parce qu’on a raté un examen, par exemple, on
en conclut qu’on n’est pas doué et, donc, on rate l’examen suivant, ce qui
vient confirmer, par le biais des prophéties auto-réalisatrices (l’appréciation
fausse d’une situation provoque un comportement qui fait que cette
appréciation initialement fausse devient vraie), notre sentiment de nullité.
La notion d’estime de soi n’existe pas, par exemple, dans le bouddhisme.
Le Moi étant une illusion (sociale), l’estime de soi l’est aussi. Du coup, on
ne passe pas son temps à se comparer aux autres, à se juger inférieur ou
supérieur.
De nombreux psys vont d’ailleurs dans le même sens. Quand ils
constatent les dégâts causés par l’exigence de « Je le vaux bien » : stress,
anxiété permanente, auto-sabotage, dépression, etc., ils dénoncent
l’idéologie sous-jacente. L’estime de soi est liée au libéralisme, au culte de
la performance individuelle, à la surconsommation : c’est le nouvel opium
du peuple, qui promet un bonheur illusoire parce qu’il est construit sur des
artifices : réussite sociale, sexuelle, argent, pouvoir, etc.
Par exemple, Albert Ellis, un psychologue américain (il est plus influent
là-bas que Freud), est opposé à toute évaluation interne de soi qu’il estime
névrotique. L’alternative selon lui : l’acceptation inconditionnelle de soi
(Unconditional Self-Acceptance), l’arrêt pur et simple de toute évaluation
interne au profit d’une évaluation de ses comportements et de sa satisfaction
personnelle.

Prendre soin de soi


Pas facile, me direz-vous, quand on n’y est pas habitué, qu’on trimballe
derrière soi des valises de culpabilités et des casseroles (échecs, cicatrices
du passé…) ou que, cédant au narcissisme des temps, on se croit le roi du
monde. Mais c’est loin d’être impossible. Voici quelques pistes pour
s’aimer malgré tout.
Soyez indulgent avec vous-même
Vous avez eu l’enfance que vous avez eue, la vie que vous avez eue, mais
aujourd’hui est un autre jour. Partez du principe que, compte tenu des cartes
que vous aviez en main, l’inné (votre personnalité de base) comme les
acquis (milieu social, parents, éducation, événements, expériences
vécues, etc.), vous avez fait du mieux qu’il était possible, vous auriez pu
difficilement faire autrement. Alors arrêtez de vous sentir coupable, n’ayez
pas honte de vos péchés, réels ou imaginaires, oubliez les regrets et les
remords, focalisez-vous sur ce que vous pouvez faire maintenant pour vous
sentir plus satisfait de vous.
Arrêtez de confondre la carte et le territoire
Vos comportements (la carte) ne sont pas vous (le territoire). Par exemple,
vous pouvez faire quelque chose de stupide sans être stupide pour autant.
Ou inversement, vous pouvez vous montrer un jour généreux, sans que cela
fasse spécialement de vous quelqu’un de bien. De la même manière, vous
pouvez avoir des pensées négatives, envieuses, mesquines, haineuses, ou
tout ce que vous voulez, du moment qu’elles n’ont aucune conséquence sur
vos actes. L’acceptation de soi passe aussi par la reconnaissance et la
compréhension de notre part d’ombre.
Jugez vos actes (et leurs conséquences) plutôt que vous
L’idée est d’arrêter de vous auto-évaluer. Sur quels critères, de toute façon,
définir votre valeur ? En fonction de vos exigences internes ? Vous ne
pouvez pas être certain qu’elles sont justes, en accord avec vos capacités
réelles. En vous comparant aux autres ? Vous trouverez toujours mieux ou
moins bien. Alors, n’évaluez plus vos actions, sur le thème « Est-ce que je
fais bien ou mal ? » Vous ne pouvez pas savoir d’avance (les fameuses
voies impénétrables du Seigneur ou du Destin). Demandez-vous plutôt
« Est-ce que c’est bon pour moi, ma satisfaction personnelle, et juste vis-à-
vis des autres ? ».
Ne jetez pas le bébé avec l’eau du bain
Même avec les meilleures résolutions du monde, ou animé de très bonnes
intentions, il arrive assez fréquemment que nos actes ne soient pas à la
hauteur de nos espoirs ou de l’image que l’on voudrait avoir (et donner) de
soi. Quand vous trouvez que votre conduite laisse à désirer, elle n’est pas
efficace et vous n’obtenez pas de résultat ; morale, elle a des effets
malheureux, etc., vous avez deux options. Soit vous vous autoflagellez,
vous vous accablez et, au final, vous jetez le bébé (vous) avec l’eau du bain
(le mauvais comportement). Soit vous corrigez, vous tirez une croix et vous
cherchez à améliorer les choses, vous changez de cap, d’habitude, vous
vous faites pardonner, etc.
Relativisez vos succès et vos échecs
Le fait de réussir quelque chose ne fait pas de vous un être supérieur ; celui
d’échouer, un ver de terre. Cela ne justifie pas de vous sentir plus haut ou
plus bas que les autres, de vous montrer arrogant ou, au contraire, de raser
les murs. Cela ne prédit pas non plus l’avenir, de croire que le « coup
suivant » vous allez automatiquement réussir ou échouer. Trop confiant
dans le succès, on en vient vite à surestimer ses capacités réelles et on
échoue souvent par manque de préparation ou parce qu’on n’a pas assez
tenu compte des difficultés. Et, focalisé sur un échec, à renoncer trop
rapidement, en imaginant plus de difficultés qu’il n’y en a.

4. Se recentrer sur soi


L’Homme est un animal social mais, à la différence des abeilles ou des
fourmis, il a aussi un ego très fort. Et cet ego entre fréquemment en
compétition avec les autres, même quand les relations sont a priori
harmonieuses.
Égocentriques, on a plutôt tendance d’un côté à en rajouter : « Sans moi,
on n’y serait pas arrivé ! », « Mon équipe aurait perdu, ma boîte aurait
coulé », etc. Quand on se souvient de la part qu’on a pris dans un
événement, un projet, une affaire, quand on fait le récit de nos aventures, on
surestime toujours notre contribution.
De l’autre, on est aussi soucieux de donner une bonne image de soi aux
autres. On s’efforce de coller à leurs attentes supposées, quitte à nous
montrer très différent de ce que nous sommes en réalité. Et, parfois, à
perdre de vue la personne que l’on est vraiment.
Au bout du compte, on n’agit plus pour soi, mais en fonction du regard
des autres, de ce qu’ils vont en penser. Au fond, cela revient à laisser les
autres décider de notre vie, de ce qui est bien ou non pour nous.
Mais, ce qui est bien ou non pour nous, la plupart du temps, ils n’en
savent rien. Ils ont, tout comme vous, déjà du mal à savoir ce qui est bien
ou non pour eux.
Bien sûr, c’est tout à fait naturel de s’entraider. D’ailleurs, dans la nature,
les prédateurs qui ont le plus haut taux de réussite sont ceux qui se montrent
solidaires : les chiens de prairie, par exemple, qui s’occupent des blessés
(vont les chercher, les nourrissent…) sont une fois et demie plus
performants que les hyènes, qui travaillent pourtant elles aussi en meute, et
trois fois plus que les lions, bien trop individualistes même quand ils
chassent en nombre.
Mais on ne saurait mieux dire que le proverbe : « Aide-toi et le ciel
t’aidera ».

Compter d’abord sur soi


Sauf si on a été particulièrement maltraité dans son enfance, on a
spontanément tous tendance à croire que l’on peut compter sur les autres.
Partant du principe que la nature humaine est bonne, on imagine qu’ils
feront tout leur possible pour nous aider. Et qu’en cas de coup dur, notre
famille, nos amis se mettront en quatre pour nous sortir du pétrin. Ce qu’ils
font souvent, parce que les gens ne sont pas des chiens, pas tous en tout cas,
ni même tout le temps.
Mais souvenez-vous de la dernière fois où vous avez eu un gros, gros,
problème. Ne vous êtes-vous pas dit « c’est dans l’adversité que l’on
compte ses amis » en constatant que la plupart se défilaient ?
Partir du principe que l’on peut compter sur les autres en toutes
circonstances, c’est idiot pour plusieurs raisons. D’abord, les gens, même
s’ils vous aiment bien, ne peuvent faire que ce qu’ils peuvent, autrement dit
la plupart du temps pas grand-chose. Ensuite, ils ont leurs propres
problèmes, pas franchement le temps de s’occuper de vous. Et puis, quand
on compte trop sur les autres, on ne fait jamais tout ce qu’il faut pour soi.
C’est par exemple le cas lors d’une rencontre amoureuse. On imagine
souvent que l’autre, l’amour, va pouvoir combler toutes nos attentes,
cicatriser toutes nos blessures, comme une solution magique à notre
solitude et notre mal de vivre. Mais si vous êtes malheureux célibataire,
vous serez probablement malheureux une fois en couple. Et souvent, ce sera
pire. Car si, au début, votre partenaire sera sensible à vos problèmes, il se
rendra très vite compte qu’il ne peut rien pour vous. Et, de votre côté, vous
lui en voudrez de ne pas avoir fait votre bonheur.
Au contraire, quand on n’attend pas tout de l’autre, on se bouge d’autant
les fesses, on règle soi-même ses problèmes et l’on s’épargne bien des
déceptions.

Prendre ses responsabilités


C’est un vieux réflexe enfantin. On a fait une bêtise, on se sent en faute,
alors on accuse pour se défendre. On cherche un coupable, on désigne un
bouc émissaire. On dit à sa maman : « J’ai pas fait mes devoirs parce
qu’Antoine (le petit frère) m’a embêté » ou à son patron : « Le dossier n’est
pas prêt parce que Deschamps a bourré la photocopieuse ».
C’est ce que les psys appellent le « biais d’autocomplaisance ». Quand on
réussit, c’est grâce à nos capacités, nos efforts, nos performances, mais
quand on échoue, c’est la faute des autres. L’ennui avec ce type de
raisonnement est double.
En cas de succès, comme on néglige les facteurs externes dans la vie, il y
a aussi des circonstances qui jouent en notre faveur, des gens qui sont là au
bon moment pour nous, etc., on pèche vite par orgueil, on ne voit pas les
difficultés, l’obstacle, et nos moments de bonheur sont souvent suivis de
déceptions amères.
Inversement, en cas d’échec, comme on ne reconnaît pas ses
responsabilités, on a tendance à reproduire les mêmes erreurs et faire
perdurer nos états malheureux. En revanche, quand on perd cette habitude
qui consiste à reporter le blâme sur les autres, cela change tout. Quand
quelque chose ne se passe pas bien, on ne gaspille plus son énergie et son
temps en critiques, reproches et condamnations inutiles. Au lieu d’attendre
une solution magique à nos problèmes, on se demande au contraire :
« Qu’est ce que je peux faire, moi, pour améliorer la situation ou mes
relations ? ».

Ne pas penser à la place des autres


Nous prêtons tout le temps toutes sortes d’intentions aux autres et ces
suppositions nous pourrissent souvent la vie.
Par exemple, votre patron ou votre mère fait sa tête des mauvais jours.
Au lieu de lui demander « Il y a quelque chose qui ne va pas ? », on préfère
supposer : « J’ai dû faire ou dire quelque chose qui ne lui plaît pas. Il/elle,
m’en veut. »
Pourquoi le faisons-nous ? La plupart du temps pour rester dans le flou,
parce qu’on a peur des réponses. Qui sait, peut-être que notre patron ou
notre mère nous en veut vraiment et on n’a pas envie d’être confronté à la
vérité toute crue.
Et puis, en laissant les choses dans le flou, on peut en cas de problème
s’en sortir en jouant les imbéciles. Exemple : « Mais, maman, tu m’as dit
prend ta douche ou fait tes devoirs. J’ai pris ma douche ! » ou « Je suis
désolé. J’avais compris que vous vouliez personnellement présenter le
dossier Y, je n’ai rien préparé. »
De leur côté, votre patron ou votre mère, ça les arrange aussi. Ça leur
permet souvent de se défiler quand ils ont pris des engagements : « Je vous
avais promis une prime si vous dépassiez vos objectifs mais, bon, le marché
est en pleine croissance en ce moment pour tout le monde, alors… », « Je
t’avais dit qu’on irait au cinéma, si tu faisais tes devoirs, mais bon, tu as
pris ta douche… »
Pourtant, la vérité, si désagréable qu’elle puisse être, est presque toujours
plus profitable. Elle permet de régler les problèmes au lieu de les
envenimer. Ne serait-ce qu’en s’épargnant des désillusions et le paquet de
stress qui va avec.
Alors quand on ne sait pas, quand on doute des intentions de l’autre, il
vaut toujours mieux demander.
Ce faisant, on s’aperçoit le plus souvent qu’on a mal interprété ou que
leurs états d’âme, leurs préoccupations ou leurs problèmes n’ont rien à voir
avec nous, ce qu’on a pu dire ou faire.

S’exprimer en clair
Chaque fois que vous attendez que votre conjoint ou vos amis vous
devinent en partant du principe « S’ils m’aiment vraiment, je n’ai pas
besoin de dire les choses pour qu’ils comprennent », vous êtes mal barré.
Comme tout le monde ou presque en fait autant de son côté, cela peut très
vite se traduire en attentes déçues, voire dégénérer en mini drame
domestique.
Il vaut toujours mieux ne pas mesurer l’amour ou l’affection des autres à
leur capacité de jouer les Madame Irma. Vous avez envie de faire l’amour :
demandez. Vous êtes fatigué, vous voulez qu’on vous fiche la paix : dites-
le. Vous avez besoin de sortir pour vous changer les idées : proposez. Lundi
prochain, c’est votre anniversaire : rappelez-le.
Il est toujours préférable de dire en clair aux autres ce qu’on attend
d’eux, quitte à s’entendre dire non. Plus on s’exprime, plus on réduit les
risques d’incompréhensions, de malentendus, voire de conflits avec les
gens. Cela est vrai dans son couple, sa famille, mais aussi avec ses amis ou
dans son job.
Par exemple, avec votre patron. Vous avez des exigences. C’est normal.
Il vous apprécie (espérons-le !), il veut les satisfaire. C’est normal aussi.
Mais, forcément, si vous ne demandez rien, il peut imaginer que vous avez
des exigences dont il n’a pas les moyens. Et que vous allez lui en vouloir
terriblement s’il ne vous accorde pas vos mercredis en vous gardant au
même salaire, s’il ne vous offre un mois de vacances pieds dans l’eau dans
un palace aux Bahamas pour vous récompenser de vos bons résultats ou s’il
ne vous augmente pas d’emblée de 20 % alors que vous le méritez. D’un
autre côté, certaines exigences qui vous semblent tout à fait raisonnables
peuvent lui paraître tout à fait irréalistes. En abordant franchement le
problème avec lui, vous désamorcez les a priori négatifs et vous multipliez
vos chances de trouver un terrain d’entente (et des avantages conséquents).

Arrêter de se comparer
Quand on vit en société, on se compare forcément.
Parfois, cette comparaison est en notre faveur. Par exemple, nous avons,
plus ou moins tous, tendance à penser que ce qui ne va pas chez nous est
largement partagé, mais que tout ce qu’on a de bien l’est beaucoup moins.
Ça nous sert souvent de justification morale quand on fait des bêtises ou
en cas de comportements déviants : on fume des pétards, on brûle les feux
rouges, on touche des pots-de-vin, etc., on croit que tout le monde en fait
autant. Ou à expliquer nos petites bizarreries : on adore manger des fruits à
moitié pourris, parler à son ordinateur ou porter des lunettes de soleil la
nuit.
Inversement, dès qu’on est doué pour quelque chose, le poker ou le golf,
le dessin ou la guitare, si on marche sur les eaux, on a tendance à imaginer
que peu de personnes ont le même talent, alors qu’en réalité, elles sont cent,
mille, dix mille fois plus nombreuses.
Mais souvent aussi, on n’en ressort pas grandi, la comparaison se fait à
notre désavantage. On se sent un peu minable ou l’on éprouve de la
jalousie. Qui ne s’est jamais dit « Pourquoi lui et pas moi ? » en regardant
un jeune crétin au volant d’une grosse voiture ou « Pétasse ! », en voyant
une plus jolie femme que soi monopoliser l’attention dans une soirée ?
Et ces sentiments de jalousie nous font casser du sucre sur les dos ! On
rabaisse, on dénigre, on diffame, on calomnie : « C’est l’argent de papa, la
promotion canapé, il n’est pas très net, elle est prête à tout… ».
Pourquoi il ne faut pas se croire trop fort

Vous vous croyez très fort ? Vous ne l’êtes sans doute pas
vraiment. Car nous avons tous tendance à surestimer nos
capacités. C’est le Better-than-Average-effect (littéralement,
l’effet meilleur que la moyenne), un biais cognitif qui nous
pousse à nous croire supérieur aux autres, et inversement à sous-
estimer nos défauts. Une étude menée par David A.
Dunnigmontre montre en effet que plus les gens sont compétents
et performants, moins ils la ramènent. Ils ont spontanément
tendance à minimiser leurs réussites, à leurs yeux et à ceux des
autres. Les moins bons ou plus mauvais ne réalisant pas leurs
erreurs (ils ne sont justement pas assez compétents pour les
reconnaître) ont, au contraire, tendance à se vanter. Bref, la vraie
loi du plus fort, c’est la modestie. Et ainsi, on est plus à même
d’apprécier nos succès et digérer nos échecs.

Source : Université de Cornell, État de New York.

Sept trucs pour lutter contre la jalousie


Répréhensible socialement dans la plupart des cultures, la jalousie fait
partie de la nature humaine, de l’avis de la plupart des psychologues.
Sauf à être extrêmement évolué d’un point de vue moral ou spirituel, on
ne se libère jamais tout à fait de nos sentiments envieux. En revanche, nous
pouvons les minimiser.
Voir au-delà des apparences
Quand on envie quelqu’un, on se focalise sur une « qualité » évidente : il
est plus beau, plus intelligent, plus riche, etc.
On ne se raconte qu’une partie de l’histoire, celle qui nous dérange, nous
fait nous sentir plus ou moins minables.
Ajoutez « Oui, mais… », ça change tout. Il est beau, mais d’une bêtise
hallucinante ; elle est intelligente, mais elle rentre tous les soirs dans une
maison froide, sans homme ; il est riche, mais il voit un psy trois fois par
semaine…
« Renarder »
« Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau ! » Je sais, c’est dur quand
on envie quelqu’un d’y aller de son compliment, mais forcez-vous, ça en
vaut la peine. Flatter les corbeaux qu’on envie permet souvent d’établir un
contact, de nouer une relation, et de fil en aiguille, la personne se confie à
vous (elle lâche son fromage) et vous voyez que sa vie n’est pas si rose.
Alors, oui, bien sûr, elle a un plus gros salaire, mais elle avoue aussi qu’elle
a souvent la peur au ventre à l’idée de perdre son job.
Rester sur son propre terrain
L’idée, simple mais très efficace, consiste à focaliser votre attention sur
quelque chose d’évident que vous faites mieux que la personne que vous
enviez : vous, au moins, vous savez vous habiller, faire rire les autres,
concocter un tiramisu qui fait baver, etc.
Ou, encore plus efficace pour l’ego, inviter le responsable de votre
grande honte à participer à des jeux ou des compétitions où vous êtes sûr de
vous montrer le meilleur : à un triathlon si c’est un fumeur, un Pictionnary
si elle est expert comptable, et autres activités où vous êtes susceptible de
prendre (sans gloire, il est vrai) une revanche.

L’amitié est toujours menacée par l’envie !

Avec un ami, on est en principe au même niveau. Mais si l’ami en


question vous dépasse dans un domaine qui est important pour
vous, cette égalité disparaît et l’envie se manifeste. De fait, Tesser
et Smith, deux psys américains, ont montré que nous faisons
souvent davantage de croche-pieds à nos amis qu’à des étrangers,
par exemple en sabotant leurs efforts, en dénigrant leur réussite
ou en nuisant à leur réputation.

Source : Journal of Experimental Social Psychology


Ne pas entrer en compétition
Envieux, on imagine toujours que le succès de quelqu’un nous enlève
quelque chose. C’est un peu comme à table quand on a un frère glouton. On
se dit « Il va rafler les meilleurs morceaux et moi, je n’aurai plus que les os
pour pleurer ». Mais, c’est idiot. Dans la vie, les fromages sont plus gros !
Alors, changez de schéma mental : la réussite de quelqu’un n’empêche en
rien la vôtre. Mieux, même, le succès entraîne souvent le succès. La réussite
d’Apple, par exemple, tient beaucoup au fait que dans un monde
informatique peuplé de machines grisâtres, Steve Jobs a voulu faire mieux
et plus beau.
Apprendre des succès des autres
Quand on envie quelqu’un, on ressent toujours un sentiment d’injustice :
l’autre devrait être notre égal, mais il a tout et nous rien, il réussit et nous
pas. Ça ressemble un peu à une commotion cérébrale : on se sent assommé.
Reprenez vos esprits ! L’autre n’est peut-être pas tout à fait votre égal, mais
il y a peut-être de bonnes raisons à son succès. Alors pourquoi ne pas les
décortiquer : « Comment il s’y prend, qu’est-ce qu’il fait que je ne fais
pas ? », etc., voire lui poser la question : « Elle a un corps de rêve, oui, mais
qu’est-ce qu’elle fait pour ça : un régime particulier, des séances
d’entraînement… ? » Vous avez peut-être quelque chose à apprendre. Bon,
mais si votre 90/60/90 vous répond : « Rien d’autre que manger des glaces
et boire du champagne », oubliez.
Revenir aux fondamentaux
On envie toujours ce qu’on considère important, ce qui nous intéresse
davantage. Les femmes envient aux autres femmes leur beauté, un succès
amoureux, ou une robe… Les hommes envient aux autres hommes leur
carrière ou leur pouvoir…
Mais, au fond, est-ce que ça compte vraiment le succès, les honneurs,
l’argent, la réussite, le pouvoir ou les jolies chaussures ? C’est vrai que cela
peut procurer du plaisir, une existence plus agréable, mais ça ne rend pas
spécialement heureux. A-t-on déjà vu quelqu’un s’arrêter en disant « Je suis
content avec ce que j’ai, ma beauté, mon argent, mon travail, je ne veux rien
de plus » ? Non, pas vraiment.
Dans le principe, on n’est jamais satisfait de nos succès, dès qu’on atteint
un objectif (par exemple, gravir le Mont-Blanc), on a besoin de se fixer un
but plus élevé (gravir l’Éverest…).

Vous vous sentez malheureux ? Vous n’êtes pas le seul !

Qui ne s’est jamais senti encore plus misérable en voyant ses


amis afficher tous les signes du bonheur sur Facebook ou la joie
des gens pour les fêtes de fin d’année ?

Alexander H. Jordan, un psy de l’Université Stanford, a montré


que nous avons tous tendance à imaginer les autres beaucoup plus
heureux qu’ils ne le sont et, en conséquence, à nous sentir
d’autant plus malheureux.

Mais se rendre compte que les autres ont aussi des moments
difficiles aide heureusement à atténuer sa propre mélancolie.

Source : Personality and Social Psychology Bulletin

Trouver son propre moteur de réussite


En se comparant aux autres, on définit sa propre identité et on s’apprécie
soi-même. On est content de nous à chaque fois qu’on se compare à
quelqu’un et qu’on se trouve à peu près pareil. En revanche, on perd sa
confiance en soi si l’autre nous dépasse d’une manière ou d’une autre.
Devant quelqu’un de mieux que vous, vous pouvez réagir de deux
façons. Soit vous essayez de le tirer vers le bas, de le dénigrer, de le
calomnier : c’est l’envie. Soit vous cherchez à l’imiter, à vous améliorer
vous-même ; vous vous tirez vers le haut : c’est l’émulation.

5. Se montrer comme on est


– Allô ? Ma chérie, c’est maman, comment ça va ?
– Oh, bonjour maman, ça va très bien, c’est super !
– Je me fais du souci pour toi, tu t’en sors toute seule avec les enfants ?
– Oh ! Ça va, j’ai le moral. Ne t’inquiète pas. Écoute, je suis en ligne là,
je te rappelle.
Laurence raccroche. Plus de mec, des problèmes de boulot, de fric, le
plus petit qui fait pipi au lit depuis que son papa est parti, mais bon, ce n’est
pas le Nigeria. Laurence est une grande fille. Elle garde ses doutes, ses
craintes, ses angoisses pour elle. Elle ne dit plus qu’elle est fragile. La nuit,
quand les enfants sont couchés, elle se sent abandonnée de Dieu, perdue
dans un univers immense.
Mais devant les autres, elle se montre forte, elle « positive ». « Ne
craquez pas sous la pression », disait une pub (pas pour des préservatifs,
mais pour des montres… étanches). Un slogan passé dans l’air du temps.

Arrêter de tricher
Aujourd’hui, il faut assurer. Pas question de se laisser aller dans son boulot
ou sa vie privée. Les états d’âme, les coups de blues, de déprime, les petites
mines, sont mal vus. Dans une France frileuse, le moindre signe de faiblesse
fait peur. Ça vous déstabilise une équipe, une famille, un couple.
En quelques années, les grandes peurs économiques, communautaires, la
recherche de la performance à n’importe quel prix, ont contaminé
l’ensemble des rapports sociaux et affectifs. « Le monde est cruel pour les
faibles », prophétisait Mitterrand au début des années 1980. Presque
quarante ans plus tard, les choses se sont aggravées.
On se veut fort, solide, compétitif et on veut que les autres le soient.
Quitte à faire semblant, à encaisser plus qu’on ne peut supporter. On se dit
que si on montre ses défaillances, on ne sera plus aimé. Nos amis, nos
amours, nos chefs nous retireront leur crédit, leur confiance. Alors, on
triche, on prend sur soi, on se dope comme on peut, pour tenir le coup.
Les Français sont souvent sur le podium mondial des « pilules du
bonheur » et du pessimisme. Le prix à payer pour assurer, continuer à
donner de soi une image forte.
Aujourd’hui, heureusement, tout le monde fatigue. On en a marre
d’afficher le sourire du succès, de faire comme si on était indestructible, de
jouer les blindés. Avec la fin des années « bling bling », le retour aux
valeurs, on se rend bien compte que le bonheur passe par un peu plus de
simplicité et d’authenticité. On a envie de pouvoir craquer quand ça ne va
pas sans que ça fasse un drame. On a envie de pouvoir faire des erreurs sans
se sentir affreusement coupable, avant ou après, parce que pour une fois on
a raté son coup ou on n’a pas été à la hauteur.

S’accorder le droit d’être « mal »


Difficile de se montrer tel que l’on est avec ses peines, ses faiblesses. Il y a
peu de gens avec qui c’est possible. Vous appelez quelqu’un, il vous
demande comment ça va. Vous lui répondez « Pas très bien », la
conversation dure trois minutes. On n’ose pas assez, ou trop rarement, se
montrer fragile. Problème d’éducation (les hommes en particulier), de
manque d’habitude (les femmes l’ont perdu).
Surtout, parce qu’on a peur. Dans une société qui fonctionne sur des
modèles de performance, les signes de fragilité sont fréquemment compris,
ressentis, comme des marques de faiblesse. On n’y échappe difficilement
parce qu’on a tous en nous des failles. Il est plus facile de dire de quelqu’un
qu’il est faible, cela nous donne de faux sentiments de puissance. Sentir la
faiblesse chez l’autre, ça rassure parfois aussi de façon malsaine. On se dit
qu’on n’est pas le seul à avoir des problèmes. Alors que, normalement,
lorsqu’on aime bien quelqu’un, on devrait souhaiter que tout aille bien pour
lui.
De nombreuses études ont d’ailleurs montré que le malheur des autres
avait souvent quelque chose de réjouissant. Il y a même un mot pour le dire
en allemand : Schadenfreude, se réjouir du malheur des autres (de shaden,
« dommage » et freunde, « joie »).
Le spectacle du malheur des grands de ce monde doperait terriblement
nos hormones du plaisir, mais même les déconfitures de nos proches et de
nos amis ne seraient pas sans nous procurer de petites joies inavouables.
Rien d’étonnant, donc, si on a le plus souvent tendance à cacher nos
petites et grandes peines.

Réapprendre à parler vrai


Dans un monde où chacun cherche à se montrer sous son meilleur jour en
permanence, c’est toute une rééducation à faire. Car aujourd’hui, on n’a pas
le droit aux états d’âme. On manque d’indulgence, de compréhension pour
ceux qui ont un immense chagrin dans la tête. On voudrait qu’il n’y ait
toujours que des hauts. Mais personne ne peut être tous les jours à son top
niveau.
On doit donc réapprendre à exprimer sa fragilité. Mais cela n’est
vraiment possible que si la fragilité est acceptée. Sinon, on bascule dans les
rapports de force, dans des relations dominant/dominé.
On le voit bien dans les couples. Les femmes voudraient, mais elles
n’osent pas trop. De nombreux hommes l’ont compris, mais ils ne savent
pas faire. Ils s’imaginent devoir porter un masque. Ils n’osent pas exprimer
leur côté vulnérable ou alors ils se font dominer en permanence.
Pourtant, oser se montrer fragile, ce n’est pas être faible mais accessible,
humain. Imaginons, par exemple, un père qui, dans la journée, a appris la
mort d’un très bon ami à lui. Il rentre chez lui le soir et il pleure devant ses
enfants en expliquant pourquoi il est triste, qu’il y a un temps pour rire et un
temps pour pleurer. Il ne se montre pas faible, mais vrai, authentique. Il
montre à ses enfants qu’ils peuvent en faire autant sans qu’on se moque
d’eux, qu’on les juge ou qu’on les exclue.
On peut avoir des faiblesses sans pour autant être un faible. Cela passe
par la parole, l’échange, le dialogue. Le simple fait d’en parler, d’ailleurs,
résout beaucoup de conflits, de tensions internes. Car ce qu’on conserve
dans le silence, le non-dit, les craintes, les doutes, les inquiétudes, vous
ronge de l’intérieur. Avant, on avait recours à la confession, aujourd’hui,
aux psys. Des pis allers quand on ne peut vraiment pas faire autrement.
L’idéal est de pouvoir parler en toute liberté avec les gens que l’on aime et
qui nous aiment.
De parler, pas de bavarder. La parole est à elle seule un acte efficace
quand elle est vraie, pleine, animée par l’émotion. Encore faut-il que ce soit
possible. Ça peut l’être dans les couples et les familles, à condition que ne
règne pas un climat « politiquement correct ». Quand on a en face de soi un
partenaire ou des parents tellement parfaits, même dans leur sollicitude, on
n’ose pas parler vraiment. On veut paraître fort, même si on ne l’est pas tout
à fait.

Cinq bonnes raisons de montrer sa fragilité


Montrer sa fragilité présente de nombreux avantages. Et, de fait, cela peut
devenir une force fabuleuse.
On est mieux dans sa peau
On peut se demander pourquoi la fragilité n’est pas acceptée au même titre
qu’une défaillance physique. Vous pouvez téléphoner à votre patron pour
lui dire : « Je me suis cassé la jambe, j’ai la grippe, je ne viens pas
demain ». Mais vous êtes obligé de camoufler une défaillance affective, de
cacher une déprime. C’est bête. Quand on comprend les problèmes de
l’autre, quand on lui laisse le temps de pleurer, d’avoir mal, on lui donne le
moyen de revenir plus fort. Sinon, son mal-être (et ses moindres
performances) dure plus longtemps. La preuve : les femmes ont la larme
plus facile au bureau, devant leurs collègues de travail ou avec leur
supérieur hiérarchique en cas de conflit. Résultat : une meilleure résistance
au stress que les hommes et, souvent, une plus grande régularité dans les
performances.
On attire la sympathie
Bien sûr, quand on se montre fragile, quelques personnes peuvent essayer
d’exploiter ce moment de « faiblesse » Au moins vous êtes fixé et vous ne
perdez pas votre temps à fréquenter des gens qui n’en valent pas la peine.
Mille autres, en revanche, se montreront bienveillantes, indulgentes. Les
timides le savent bien. Gauches, maladroits, gênés, ils profitent souvent
d’un capital de sympathie immédiat chez les autres.
On a des relations plus vraies
L’aveu de soi, la sincérité permet aussi de faire un tri dans ses relations. On
voit très vite ceux qui ne sont là que pour de mauvaises raisons, par intérêts
purement égoïstes. Les frimeurs, les superficiels, les tricheurs, les parasites.
Tous ceux qui prennent beaucoup mais qui sont incapables de donner, qui se
défilent dès qu’on a vraiment besoin d’eux.
On a moins de déceptions
En se montrant vrai, on ne passe pas pour quelqu’un qu’on n’est pas. On
évite ainsi de se retrouver dans des situations fausses, des relations dont, à
terme, un jour ou l’autre, on souffrira. Tout le monde a des attentes, des
fantasmes, c’est normal. Quand on fait semblant, on installe un malentendu.
Souvent, parce qu’on a envie de plaire à quelqu’un ou pour se vendre
professionnellement, on épouse plus ou moins consciemment la demande
de l’autre.
On lui laisse penser, sans même s’en rendre compte, qu’on répondra à
son attente, à son fantasme. On laisse croire à un homme, par exemple,
qu’on va le materner, alors qu’on n’a pas la moindre fibre maternelle. On se
fait passer pour une bête de sexe alors qu’on ne rêve que de câlins tendres.
On fait croire à un patron qu’on peut aussi s’occuper de la comptabilité
alors qu’on a une sainte horreur des chiffres. Ou qu’on est complètement
disponible quand on a trois enfants à charge dont on adore s’occuper.
Tôt ou tard viennent les désillusions, la déception, les reproches. Tôt ou
tard, la situation, la relation deviennent conflictuelles, avec leurs
conséquences, leurs nuisances, affectives, psychologiques, financières. On
gagne toujours en crédibilité et en confiance auprès des gens biens.
On gagne en tranquillité
Quand on ose se montrer fragile, on est mieux à sa place, dans ses marques.
On mène sa propre vie, pas celle des autres. Cela suppose évidemment de
mettre des limites. Le droit à l’erreur, à la défaillance, le droit de craquer, il
ne faut pas en faire une habitude, un style de vie. Les moments de fragilité
sont des moments fugitifs, transitoires. Sinon, c’est la porte ouverte à toutes
les pleurnicheries, tous les caprices, toutes les démissions.
Autrement dit, on joue de sa fragilité mais on ne triche pas. On ne s’en
sert pas pour manipuler les autres et exploiter leurs bons sentiments. C’est
un devoir de réciprocité. Ce qu’on accepte pour soi, on doit l’accepter pour
l’autre. Pas seulement en se montrant tolérant dans les moments de fragilité
d’un compagnon, d’une amie ou d’un collaborateur, mais en l’aidant aussi à
l’exprimer.

Comment être fragile sans se casser ?


Comme tous les droits, la fragilité a aussi ses devoirs. C’est une exigence de
responsabilité vis-à-vis de soi-même. Mais aussi un plus grand souci de
l’autre, plus d’attentions, de disponibilité, d’écoute, de respect.
Trois grands principes :
Réaffirmer ses droits (ce sont aussi ceux des autres)
Chacun a le droit :

D’avoir des émotions et des sentiments contradictoires et de les


exprimer, pourvu que le moment et le lieu s’y prêtent.
De ne pas apprécier ou approuver l’attitude ou le comportement
de l’autre et d’exprimer ses propres opinions et valeurs pourvu
qu’en le faisant on ne blesse ou ne rabaisse personne.
De parler de ses propres problèmes, quelles que soient les
priorités ou les attentes de l’autres. Quand vous demandez à votre
partenaire de vous écouter (vous vous sentez vulnérable), précisez
que vous n’attendez pas qu’il résolve vos problèmes à votre place.
De penser, et de dire « oui » ou « non ». Ne dites pas « oui » juste
pour faire plaisir, si vous n’êtes pas d’accord, si vous n’avez pas
envie, si cela ne vous fait pas plaisir d’abord à vous.
D’être faillible. Ne vous répandez pas en excuses quand vous
avez fait une erreur ou si vous avez une défaillance. Ne vous
traînez pas dans la boue.
De changer d’avis. Il n’y a que les imbéciles qui…

Poser des limites


La fragilité, ça se protège. Pour cela, il faut poser des limites :
N’acceptez pas tout de l’autre. Apprenez à dire « non », « je ne
sais pas », « je n’ai pas compris », « je ne suis pas d’accord »…
Quand vous vous sentez mal à l’aise avec votre partenaire, quand
quelque chose vous déplaît, dites-le-lui. Ne restez jamais sur une
impression désagréable, ne gardez pas vos mauvais sentiments
(doutes, craintes, agressivité…) pour vous.
Gardez de l’espace et du temps pour vous. Même si on partage
tout, comme dans un couple, il faut toujours avoir un territoire à
soi. Le droit à la fragilité, c’est aussi le droit d’être seul, au
silence, à la tranquillité. La plupart des scènes dans les couples se
passent au moment où on se retrouve après le travail. On arrive
avec ses problèmes et on les jette à la figure de l’autre sans se
douter qu’il a peut-être aussi les siens. Prenez le temps de
décompresser. N’envahissez pas l’autre et ne le laissez pas vous
envahir.

Apprendre à écouter l’autre


La fragilité, c’est… fragile. Il y a des phrases qui la cassent, à éviter :

« Débrouille-toi tout seul. », « Tu m’embêtes avec tes


problèmes. »
« Tu devrais aller voir un psy… » (Ça finit automatiquement par
un divorce)
« Arrête de pleurer, ça me gêne… », « Je ne supporte pas quand
tu te mets en colère. »
« Encore, tes problèmes ! », « Tu as trop de problèmes ! »
« Fais un effort. », « Si tu faisais plus d’efforts aussi… »
« C’est de ta faute. », « Bien fait pour toi. »
« Je te l’avais bien dit… », « Je t’avais prévenu… »

Écouter vraiment, c’est écouter sans critiquer, ni juger ou condamner


(surtout quand on n’est pas d’accord), s’intéresser aux sentiments, aux
problèmes de l’autre avec sympathie…
Est-ce si simple ? Pas vraiment. On croit tous qu’on sait écouter, pourtant
de nombreuses études ont démontré que la plupart des gens n’entendent que
25 % environ de ce qu’on leur dit.
L’accélération des échanges, la surcharge en informations, une certaine
culture « zapping », mais aussi l’accroissement du stress font que nous
sommes de plus en plus inattentifs. Avec pour résultat de nombreux
malentendus quotidiens.
Et puis notre esprit a spontanément tendance à dériver, car techniquement
nous écoutons trois à dix fois plus rapidement que nous parlons.
Bref, écouter vraiment demande un effort conscient et cela commence
d’abord par apprendre à se taire.
Chapitre III

Le désir de l’autre
1. Rester soi à deux
Quand on aime, on est forcément dépendant, on a besoin de l’autre : c’est
normal, sinon à quoi bon vivre ensemble ? Là où ça se gâte, c’est quand il y
a un trop grand décalage entre les partenaires. Quand l’un, par manque de
confiance en soi ou par crainte de l’abandon (les deux principales causes de
la dépendance), vit complètement suspendu au désir et à la volonté de
l’autre.
Pour autant, plus ou moins inévitable, plus ou moins grave, la
dépendance n’est cependant pas une fatalité. On peut rester soi-même
quand on est deux. C’est bête à dire, mais le moyen le plus sûr pour ne pas
être dépendant ou l’être moins est d’être indépendant et de le rester, ou en
tout cas de faire comme si.

Pourquoi et comment devient-on accro ?


Certains ne peuvent pas se passer de leur drogue favorite : cigarettes, bière,
pétards, Lexomil, ils s’accrochent à des substances.
Pour d’autres, la drogue s’appelle Karim, Rachel, papa-maman (plus
souvent maman), les études, le travail, les amis, la mode (option fashion
victim), la foi (versions radicales), le sexe…
Ils peuvent tout faire (la serpillière, le sale boulot, l’esclave, etc.) pour se
la procurer et ils dépriment, tombent malades physiquement ou deviennent
agressifs quand ils n’ont pas leur dose, sont en manque d’amour, d’amitié,
d’approbation.
Nous sommes des animaux sociaux et par là même dépendants des
autres, quitte à s’oublier soi-même et ce que l’on veut vraiment.
Cette dépendance est parfois légère. On n’a pas besoin qu’on nous tienne
tout le temps la main. En amour, en amitié, on ne vit pas suspendu au regard
ou au coup de fil de l’autre. On ne se retrouve pas en état semi-comateux
quand il n’est pas là. Et, quand il est là, on garde ses propres centres
d’intérêt, ses copains, etc. Pour être en phase, on est capable de faire des
concessions, d’accepter des compromis, de rendre des comptes, mais on
n’abandonne pas toute ­personnalité pour autant. On garde ses goûts, ses
idées et ses envies bien à soi.
Mais parfois, la dépendance est plus lourde. On a le sentiment que sa
survie dans le couple, le groupe, la société, etc., dépend de sa soumission
aux autres. D’où le renoncement à toute forme d’opposition. On acquiesce
même quand on pense que les autres ont tort ou qu’ils se trompent. On dit
oui à tout, même quand ce n’est pas notre intérêt ou qu’on n’en a pas envie.
Et au pire, on peut se montrer capable des plus lâches complaisances et
accepter parfois l’insupportable, d’être maltraité.
Pourquoi devient-on accro (ça peut arriver à presque tout le monde) ?
Peut-on tout sacrifier (dignité, intérêts et goûts perso, vie…) pour un
homme, une femme, un job, une passion ?
Au départ, c’est biologique. Toutes nos attitudes de dépendance viennent
du fait que nous sommes des mammifères et que, bébé, nous avons besoin
(plus que les petits des autres mammifères) des adultes pour subsister. Au
fond de nous, il y a toujours le souvenir d’êtres tout-puissants qui nous
fournissaient nourriture, bien-être et protection. Plus tard, quand on se
retrouve dans des situations affectives ou matérielles où nous sommes aussi
impuissants que lorsque nous étions bébé, et cela arrive forcément un jour
ou l’autre, on cherche automatiquement à retrouver la protection infaillible
et le bien-être que nous avons connus dans notre enfance.
Bref, on régresse. On recherche chez les autres une surprotection, une
domination et l’on recrée souvent, sans même s’en rendre compte, des
rapports de soumission.

Pourquoi certains sont-ils plus vulnérables que d’autres ?


D’abord, pour des raisons psychologiques. Les deux grandes causes de
dépendance sont le manque de confiance en soi ou la peur de perdre
l’amour (cela va souvent avec une mère « indifférente » ou, au contraire,
trop fusionnelle).
Mais aussi, pour des raisons sociologiques. La plupart des grandes
institutions sociales, familles, écoles, entreprises, religions… nous incitent à
la soumission. Elles jouent sur notre désir biologique initial : être bien
nourri, au chaud, en sécurité, et nous promettent le bien-être au prix de
certaines conditions : adopter un profil bas, se montrer docile.
Au fond, malgré toutes les différences entre un Dieu tout-puissant, une
mère, un prof, un patron, un mari ou une bande d’amis, le discours plus ou
moins implicite est toujours le même : « Si tu fais ça (obéir, bien travailler,
penser, parler, consommer, pareil que les autres…), tu seras protégé ». La
formule varie beaucoup selon les cultures, le milieu social, mais elle est
universelle. Et comme on a tous besoin d’amour, d’appartenir à une famille,
une communauté, un groupe, il est souvent préférable (c’est plus facile et
plus rassurant) de se soumettre plutôt que d’affirmer sa différence, son
originalité. Car, dans le cas contraire, on risque d’être rejeté, de se retrouver
seul, sans partenaire, amis, job…

Comment aimer en restant soi ?


Plus on a de liens affectifs forts et plus on est naturellement dépendants,
notamment dans nos relations affectives. « L’amour, c’est faire passer
l’autre avant soi », disait Léautaud et ce n’est pas faux.
Dans un couple, la dépendance est souvent partagée, renforcée par
l’histoire, les habitudes communes. Comment la vivre bien (éviter que cela
devienne pathologique) ? Voici quelques principes à respecter.
Être autonome ou le devenir
La dépendance psychologique s’appuie toujours sur une dépendance
matérielle. Cela vient de la petite enfance. Initialement, nous avons tous été
dépendants de nos parents d’abord, des adultes en général. Le petit enfant
sait intuitivement qu’il a besoin de sa mère pour satisfaire ses besoins
fondamentaux : nourriture, confort, sécurité. Les gens les plus dépendants
sont d’ailleurs toujours ceux qui ont été brutalement sevrés, qui ont subi
dans leur enfance trop de frustration à cause du manque de soin ou de
l’absence de l’un ou des deux parents.
L’inverse, trop de satisfactions, une enfance surprotégée, rend également
dépendant. L’enfant n’est pas armé pour supporter les frustrations et les
difficultés du monde réel.
Dans les deux cas, le désir de dépendance est un désir régressif. Être
dépendant, c’est vouloir revenir à l’état de satisfaction initial, avant la
frustration. Du coup, à l’âge adulte, tout ce qui contribue à une dépendance
matérielle, le fait par exemple de ne pas être indépendant économiquement,
de ne pas avoir de permis de conduire, etc., entraîne nécessairement une
dépendance psychologique.
L’idéal consiste donc à avoir et garder dans tous les cas de figure une
indépendance économique. On ne quitte pas un job pour aller vivre aux
crochets d’un homme à l’autre bout du monde. Ou si on arrête de travailler,
par exemple pour faire un enfant, on s’organise pour que cela soit
provisoire.
Respecter les territoires
Un petit chez soi vaut mieux qu’un grand chez les autres, disaient nos
grands-mères. Cela reste vrai surtout en cas de rencontre, petite ou grande.
On ne rend pas les clefs de son studio tant qu’on ne sait pas si c’est pour
quelques nuits ou pour la vie et, en règle générale, on réfléchit à deux fois
avant d’aller s’installer chez l’autre.
Ça n’a l’air de rien ces histoires de territoire, mais c’est pourtant capital.
On ne refait pas ses marques à la légère sur un coup de passion, même avec
beaucoup de bonne volonté de part et d’autre. Il y a en chacun de nous un
animal sédentaire qui se refuse à des changements trop brutaux de territoire.
Dans ces cas-là, il y en a toujours un pour se sentir envahi (la puissance
invitante), l’autre pour se sentir déplacé, un peu perdu, hors cadre. Quand
on décide de vivre ensemble, l’idéal est de chercher et de prendre un nouvel
appartement ou alors de complètement réaménager l’ancien pour construire
sur des bases neuves. Car même si c’est pratiquement plus commode d’aller
vivre chez l’un ou chez l’autre, à terme on s’en mord souvent les doigts.
Garder ses amis
Dans la vie, on a tous ou presque des soutiens. Des gens qui nous
connaissent depuis longtemps (parents, ami(e)s d’enfance, etc.), avec qui on
a des relations de confiance et de respect mutuel. Avec eux, on a partagé des
épreuves et des joies. Ils nous acceptent tels que l’on est, nous comprennent
et nous aident quand c’est nécessaire.
Ces relations sont précieuses à notre équilibre émotionnel, affectif,
mental. On ne les rompt pas sous prétexte que plus rien n’existe au monde
quand on aime ou parce que l’un ou l’autre est trop exclusif, jaloux, ou plus
bêtement un ours mal léché ou un agoraphobe.
Il faut éviter de s’isoler quand on vit à deux, garder ses relations
personnelles, même si on ne continue pas à voir tout le monde comme
avant. Tout ne doit pas passer par le couple. Et tant pis si l’autre le prend
mal. Ce sont des mini batailles à livrer dès le début, pour éviter les tempêtes
futures (le fameux cap des deux ans, des sept ans…). Et notamment pour ne
pas devenir la chose d’un pervers narcissique qui n’a de cesse de vous
couper de vos relations habituelles pour mieux vous tenir.
Continuer à prendre ses propres décisions
Bien sûr, quand on vit à deux, il y a des décisions qu’on prend ensemble :
où habiter, où partir en vacances, quand faire des enfants, comment les
élever, etc. Mais ce n’est pas une raison pour abandonner toute personnalité,
demander à l’autre son avis chaque matin avant de s’habiller ou le laisser
organiser sa vie.
Être soi, ce qui fait d’ailleurs que l’autre vous a choisi ou que vous l’avez
choisi, c’est d’abord une multitude de décisions a priori pas très
importantes : les mini options quotidiennes, les goûts, les couleurs, les
partis pris sur les choses, les gens, les événements. Ne plus les prendre, ne
pas pouvoir se passer de l’approbation de l’autre, c’est ne plus s’appartenir.
Le piège, c’est qu’en voulant plaire à l’autre, on est souvent prêt à
devenir conforme à l’image qu’il se fait de nous. Mais dans un couple, on
gagne toujours plus à rester soi-même, quitte à déplaire et se disputer de
temps en temps. Une vraie relation s’accommode de ces désaccords sans
importance, des problèmes d’esthétique ou d’opinion. Alors inutile de
changer de garde-robe ou d’idées, sauf si elles sont trop en loques.
Conserver ses propres centres d’intérêt
Si vous avez un hobby, gardez-le. On n’arrête pas de faire du ski ou du saut
en parachute sous prétexte que Thomas ou Charlotte fait des otites au-
dessus de 1 200 m d’altitude. On n’interrompt pas un journal intime ou une
passion pour la peinture parce que Léa ou Karim trouve que ça fait ado
attardé ou qu’ils ne supportent pas les odeurs de térébenthine. Quand
Thomas, Karim, Charlotte ou Léa vous auront plaqué pour une pianiste ou
un lanceur de poids, qu’est-ce qui vous restera ? On ne sacrifie pas ses
passions, surtout quand elles sont talentueuses, pour l’homme ou la femme
de sa vie. D’ailleurs, quelqu’un qui vous aime vraiment ne vous demande
jamais une chose pareille, il vous veut tel que vous êtes.
Faire la part du feu
Aujourd’hui, une relation, à moins d’un miracle, c’est rarement pour la vie.
Et une relation est d’autant plus durable (c’est statistique) qu’on ne vit pas
dans la crainte qu’elle finisse. Si vous pensez tous les jours à une rupture
possible, finalement elle viendra à l’idée de l’autre, elle s’imposera à lui-
même s’il n’y avait jamais pensé. Dans un couple, on accepte souvent des
choses inacceptables pour soi parce qu’on a peur d’une rupture. On ferme
les yeux sur les faiblesses de l’autre, ses mensonges, voire ses infidélités,
parce qu’on a peur de le perdre. On cède pour éviter les conflits, la casse.
Toutes ces complaisances, les petites et les grandes, alimentent la
dépendance. Un vrai couple, une vraie relation supporte pourtant les
disputes ; il dure en surmontant les crises. Là aussi, il faut être soi-même,
poser ses limites entre l’acceptable et l’inacceptable, les indiquer clairement
à l’autre et s’y tenir.
Accommoder sa dépendance
Parfois, on ne peut pas faire autrement. On est dépendant et on le sait (ça
vaut mieux). Que faire quand on a une personnalité réellement dépendante,
à part consulter un psy ? Après tout, pourquoi ne pas vivre dans l’ombre de
l’autre, se laisser prendre complètement en charge ? On connaît tous des
femmes-enfants ou des hommes-pantins qui coulent des jours tranquilles
sous une autorité bienveillante. Alors, pourquoi pas ? Cela est possible à
deux conditions. D’abord, être sûr d’être vraiment dépendant et de
s’accepter comme tel. Pas question d’avoir des velléités d’indépendance, de
se réveiller un jour en pleine crise d’autonomie. Ensuite, il faut beaucoup de
discernement. Les hommes ou les femmes qui adorent vivre avec quelqu’un
de dépendant, ça ne manque pas. Mais, là encore, il s’agit de ne pas se
tromper, de faire le bon choix. Il faut être sûr que votre divinité tutélaire le
restera dans dix ou vingt ans, qu’elle aura toujours les moyens et le goût de
s’occuper de vous, de régler votre vie sur la sienne.

2. S’affirmer dans son couple


S’affirmer dans son couple ne dépend évidemment pas seulement de soi.
Cela dépend aussi de la personnalité de l’autre. Avec un grand narcissique,
par exemple, il ne sert souvent à rien d’essayer, il vaut mieux fuir.
Et d’autres facteurs entrent également en jeu, le style d’attachement
comme le mode de relation plus ou moins fusionnel.
Toutes choses à prendre en compte pour aimer sans se perdre de vue.

Comment on s’attache ou pas ?


Comment expliquer qu’il est parfois si difficile de vivre seul ou, au
contraire, de s’engager dans un couple à développement durable ou encore
de rompre même quand on sait qu’une relation ne nous convient pas ?
Par la théorie de l’attachement. Selon celle-ci, les premières relations
nouées dans la petite enfance avec les parents, notamment la figure
maternelle, fournissent le schéma de nos relations amoureuses adultes. De
fait, on pourrait prévoir que l’un ou l’autre dans un couple sera
probablement infidèle en fonction de son style d’attachement : sécurisant,
évitant ou anxieux
L’attachement « sécurisant » (56 % des personnes)
Dans ce cas, on n’a pas peur de s’engager, on ne craint ni de dépendre de
l’autre, ni de voir l’autre dépendre de soi. Dans la vie à deux, on est le plus
habile à décoder les sentiments de son partenaire et à leur donner la bonne
réponse ; on sait être encourageant et consolateur. Les hommes et les
femmes de cette catégorie se disent plus souvent satisfaits de leurs relations,
ils font davantage confiance à leur partenaire et ont beaucoup moins de
tentations d’infidélité.
L’attachement « évitant » (25 %)
Où l’on est en revanche plus indépendant. Moins impliqué dans ses
relations, on est plus ouvert que les autres à des expériences sexuelles et des
rencontres sans lendemain. Mal à l’aise dans l’intimité, on a souvent le
sentiment d’être pris au piège lorsqu’on est en couple, notamment les
hommes. Et on est parfois tenté d’aller rassurer sa liberté dans d’autres bras.
L’attachement « anxieux » (19 %)
C’est le cas des dépendants affectifs. En couple, on recherche des relations
fusionnelles, on se montre possessif, jaloux (les femmes plus que les
hommes). Et on reproche souvent à l’autre de ne pas s’investir autant que
soi dans la relation. Craignant plus que tout l’abandon, on provoque de
nombreux conflits (revendications incessantes, reproches, colère plus ou
moins contenue). C’est dans ce cadre-là que l’on est le plus susceptible
d’être infidèle et/ou trompé.

Pourquoi on peut se disputer tout le temps et durer quand


même !

Des chercheurs de l’université de Washington ont mis au point un


modèle mathématique capable de prédire l’avenir du couple avec
94 % de précision. Ils ont épluché dix ans de recherches
effectuées sur plus de 700 couples mariés. Les équations
permettent de classer la relation autour de différents modèles de
couples, dont trois sont jugés potentiellement stables sur une
longue période :

* Les peace and peace. Ces derniers évitent à tout prix les
conflits et ne se disputeront jamais. Face à une divergence,
l’écoute ne sera jamais suivie d’un effort de persuasion de l’autre.

* Les conflictuels. Comme des boxeurs sur un ring, ces couples


peuvent se disputer pour un rien, mais ils ont tendance à durer
malgré des échanges passionnés.

* Les casques bleus. Chacun écoute l’autre, respecte son opinion


et le couple ne se dispute ainsi que très rarement.

Source : The Gottman Institute

Quel couple êtes-vous ?


Comment fonctionne votre couple aujourd’hui ? Plus sur le mode du
« Nous » (fusionnel) ou celui du « Je » (« fissionnel ») ? Est-il replié sur
lui-même ou ouvert sur le monde qui l’entoure ?
Comment trouver la bonne distance à deux (et par rapport aux enfants),
ni pas ni trop dépendants l’un avec l’autre pour éviter l’implosion, ni trop
libres l’un contre l’autre pour ne pas se perdre ? Cela dépend de votre type
de relation.*
* Les profils-types de couple ont été établis suite à une enquête menée par une équipe de sociologues
suisses (Jean Kellerhals, Éric Widmer et René Levy) et dont les résultats ont été publiés sous le
titre « Couples contemporains, cohésion, régulation et conflits. »

Les fusionnels

Nous > Je, 55 % des couples


Le mode Bastion (16 % des couples)
Valeurs dominantes : solidarité, stabilité et sécurité
Le couple insiste sur son unité plutôt que sur la singularité de ses
membres et privilégie le consensus pour tenter d’éviter les conflits ouverts.
Il rassemble d’ailleurs souvent des gens qui se ressemblent : mêmes goûts,
même métier, mêmes hobbies… Les rôles de chacun (sexuels,
économiques, domestiques…) y sont clairement différenciés et répartis
d’une manière assez traditionnelle (« Papa est en bas, il coupe du bois,
maman est en haut, elle fait des gâteaux »). C’est un couple assez fermé vis-
à-vis des contacts extérieurs, considérés comme un danger. Pas dans les
mieux lotis économiquement.
Le problème dans ce cas
Comme le monde qui vous entoure, vos familles, vos amis, passent au
second plan, vous avez tendance à fonctionner beaucoup en circuit fermé :
vous recevez peu, vous sortez peu, vous voyez toujours les mêmes têtes,
vous faites toujours les mêmes choses… Si vous avez un enfant, ça n’est
pas bon pour lui. À part l’école, il vit trop en vase clos, d’où un risque de
désocialisation.
La bonne solution pour vous
Luttez contre votre tendance à l’isolement. Renouez avec les gens qui
vous connaissent depuis longtemps, parents, amis d’enfance, etc. Ces
relations sont précieuses aussi bien à votre équilibre de couple qu’à
l’épanouissement de votre enfant. Et ouvrez votre relationnel vers des
personnes différentes au lieu de vous sentir menacé quand vous ne
connaissez pas les gens.
Le mode Cocon (15 % des couples)
Valeurs dominantes : confort, intimisme
C’est le couple le plus fusionnel car il est complètement fermé au monde
extérieur. Son principal objectif : construire son nid et le protéger autant que
possible des contraintes professionnelles, économiques, familiales et
sociales. Chacun, d’ailleurs, s’intéresse ou pas à la vie extérieure de l’autre
(son travail, sa famille, etc.). À l’intérieur de cette bulle, les territoires et les
rythmes sont bien définis et accentuent le sentiment de sécurité. Proche du
style Bastion, le couple Cocon a une conception plus égalitaire des rôles
sexuels et économiques. De nombreux jeunes couples appartiennent à ce
type.
Le problème dans ce cas
Vous êtes beaucoup trop fermés au monde extérieur. Il peut suffire que
des événements surgissent (naissance, séparation, maladie…) pour que ce
fragile équilibre soit en danger. Ça arrive fréquemment, par exemple, pour
les jeunes couples : la naissance du premier enfant est souvent très
déstabilisante et, parfois, destructrice.
La bonne solution pour vous
S’encourager l’un l’autre à faire preuve d’un peu plus d’autonomie dans la
vie quotidienne. Vous pouvez ­continuer à faire beaucoup de choses
ensemble, mais vous pouvez aussi vivre un peu de votre côté, par exemple
aller au cinéma ou dîner de temps en temps avec des amis l’un sans l’autre.
Vous n’êtes pas non plus obligés de faire toutes les corvées à deux. De cette
façon, vous gagnez chacun en temps perso et en sérénité.
Le mode Compagnonnage (24 % des couples)
Valeurs dominantes : communauté, solidarité, intégration sociale
Fusionnel comme dans les styles Bastion et Cocon, mais très ouvert sur
le monde. Les échanges avec l’extérieur sont perçus comme une condition
indispensable au bon fonctionnement et le moyen de se ressourcer. C’est le
plus souple en matière d’organisation conjugale : volonté affirmée d’égalité,
partage des responsabilités et des tâches équitable, refus de la routine,
dialogue… Et le plus sûr semble-t-il : il totalise le plus faible taux de
conflits et de séparations. De nombreux couples des classes moyennes
appartiennent à cette catégorie.
Le problème dans ce cas
En réalité, il y en a peu. Vous avez moins de risques d’être trop scotchés
(et trop dépendants l’un de l’autre) ou trop distants : instinctivement vous
avez su trouver le bon rapport entre vous et, c’est encore plus essentiel,
avec vos enfants. Et vous savez corriger le tir quand c’est nécessaire.
La bonne solution pour vous
Continuer à faire ce que vous faites plutôt bien : partager les
responsabilités et les tâches de manière équitable, refuser la routine,
dialoguer…

Votre relation de couple est-elle aussi égalitaire qu’elle en a


l’air ?

L’égalité dans le couple, cela n’a rien de naturel ! Cela demande


de la volonté et des efforts. Là où les choses se compliquent, c’est
que les rôles traditionnels sont ancrés si profondément qu’il ne
suffit pas de vouloir pour pouvoir.

De nombreux couples, par exemple, parlent de leur relation avec


un langage égalitaire, utilisant des termes comme « 50-50 »,
« respect mutuel », « équipe » et « donnant-donnant », mais dans
les faits leurs choix sont préprogrammés : les femmes se
décrivent, et sont décrites par leurs maris, comme étant plus « en
harmonie » avec les besoins de la famille. (« Je sais qu’elle sait
comment s’occuper d’un bébé ») ou de la maison (ce sont elles et
pas eux qui s’organisent pour y passer plus de temps et y faire
plus de choses).

Même dans les couples dits post-traditionnels où il y a une


volonté affirmée de partage égal des responsabilités et du pouvoir
dans tous les aspects de la vie familiale, les choses ne vont pas de
soi : les désirs et les attentes d’égalité sont sans cesse contrariés
par les automatismes de comportement. Bref, une relation
égalitaire, cela n’est jamais donné, acquis : cela suppose de
discuter et de négocier en permanence pour initier de nouvelles
façons de faire tourner le couple et la vie familiale.

Source : Journal of Marital and Family Therapy

Les « fissionnels »

Je > Nous, 45 % des couples


Le mode Association (29 % des couples)
Valeurs dominantes : échange, négociation et communication
Le plus individualiste et ouvert sur le monde extérieur. Il rejette la
répartition des rôles traditionnels masculin-féminin pour privilégier des
relations construites sur l’autonomie et la liberté de chacun. Au fond, le
couple n’est qu’un moyen parmi d’autres de se réaliser individuellement : il
est plus basé sur des intérêts communs que sur un réel désir de partage.
C’est celui, avec le couple Parallèle, où la conjugalité va le moins de soi. Il
répugne aux routines et les problèmes relationnels, les disputes ou les
séparations y sont bien supérieures à la moyenne. De nombreux couples
aisés appartiennent à cette catégorie.
Le problème dans ce cas
Comme vous ne partagez pas forcément les mêmes amis, les mêmes
vacances, les mêmes loisirs, c’est enrichissant quand tout va bien : vous
vous nourrissez l’un l’autre de vos expériences différentes. Mais c’est aussi
une source de disputes et de conflits : statistiquement, les problèmes
relationnels et les séparations sont très fréquents dans ce genre de couple.
La bonne solution pour vous
Vous devez apprendre à vous montrer beaucoup plus attentifs l’un à
l’autre pour concilier au mieux vos envies, vos intérêts, vos priorités. En
faisant un effort pour être moins individualiste et vous mettre plus souvent à
la place de l’autre, mais aussi en dialoguant systématiquement pour trouver
des terrains d’entente. Notamment dès qu’il s’agit de vos enfants : vous
devez parler d’une seule voix au lieu de faire sonner chacun votre son de
cloche.
Le mode Parallèle (17 % des couples)
Valeurs dominantes : ordre et sécurité
Aussi peu fusionnel que le couple Association, mais à la différence de
celui-ci plus fermé au monde extérieur et extrêmement routinier dans son
mode de vie. Les rôles (sexuels, économiques, domestiques…) y sont très
différenciés et particulièrement hiérarchisés. L’unité du couple est bâtie sur
la complémentarité plutôt que sur une communauté des esprits ou des
cœurs. Les conjoints, le plus souvent, ne partagent pas les mêmes activités
ni les mêmes goûts. Les conflits, fréquents comme dans le couple
Association, sont, en revanche, plus vécus comme un symptôme de crise
conjugale, un facteur de risque.
Le problème dans ce cas
Vous avez peu de possibilités de recul, de moyens de relativiser,
d’échappatoires dans la vie quotidienne. Du coup, les désaccords, les
conflits sont vécus d’autant plus intensément (le syndrome « Cocotte-
Minute ») et, même minimes, ils peuvent virer à la crise conjugale.
La bonne solution pour vous
Efforcez-vous de faire un peu plus de choses ensemble. Dans la vie
quotidienne en partageant les tâches familiales : faire les courses, la cuisine,
accompagner les enfants chez le médecin, à la piscine, etc. Et dans vos
loisirs aussi : en partageant une passion commune tout en continuant à avoir
chacun vos propres hobbies ; mieux, en y associant vos enfants, vous
« cimenterez » d’autant plus votre couple, votre famille.

3. Fluidifier le quotidien
Au moment d’une rencontre, on projette énormément sur l’autre, on le pare
de toutes les vertus et c’est bien normal. Quand on désire, on aime, on a une
image d’autant plus valorisante de la splendeur venue illuminer notre vie
qu’elle nous valorise. On se raconte toujours une histoire dont l’autre est le
héros. Et chacun se raconte sa propre histoire, celle qui lui est indispensable
pour aimer. On ne se trompe pas forcément sur ce que l’autre peut nous
apporter, surtout quand l’amour est réciproque.
Mais souvent, en se racontant une histoire, on se met à se raconter des
histoires sur l’autre, pour le faire coller à notre propre histoire. Et
régulièrement, on oublie que celui ou celle qu’on aime est réel. Avec des
besoins, des habitudes, des désirs et des priorités qui ne collent pas
nécessairement avec les nôtres et qui sont potentiellement des sources de
conflit.
En effet, lorsque l’on vit en couple, les motifs d’agacement ne manquent
pas, même quand le quotidien ronronne. Et ils sont encore plus nombreux
en cas d’événements. Mais parfois, les tensions s’accumulant, on perd
chaque jour un peu plus de sa bonne humeur. Comment ménager ses nerfs
sur le moment et sa relation à long terme ? En prenant les bons réflexes
pour désamorcer le conflit dans l’œuf ; ils valent dans son couple comme
dans la plupart des relations affectives.

On se remet en cause
Vous étiez charmant, facile à vivre, et puis, au fil des mois, des années,
votre bonne humeur s’est émoussée. Tout ce que l’autre fait, ou ne fait pas,
vous énerve prodigieusement. Vous ne supportez même plus, parfois, le voir
tourner benoîtement sa cuillère dans son café. Forcément, vous surréagissez
souvent et vous avez de plus en plus l’impression de virer à l’horrible
mégère ou tyran domestique. Êtes-vous trop perfectionniste (il n’y a qu’une
bonne manière de faire les choses : la vôtre) ? Trop exigeant (tout ce que
fait l’autre n’est jamais assez bien) ? Que cachent tous ces énervements ?
Vous devez d’abord prendre le temps de faire votre autocritique. Ensuite,
efforcez-vous d’être toujours positif pour avancer. Chaque fois que vous
êtes agacé, demandez-vous « Qu’est-ce que je peux faire ? » au lieu de
critiquer (« Il est vraiment insupportable »), d’accuser (« C’est de sa
faute »), ou de regretter (« C’était mieux avant »).

On garde du temps pour soi


Quand on vit ensemble, on a a priori tous les mêmes désirs, les mêmes
aspirations. Mais les priorités, les exigences, ne sont pas nécessairement en
phase : vous n’avez pas forcément les mêmes envies aux mêmes moments.
Votre partenaire peut avoir envie d’un câlin alors que vous n’avez qu’une
hâte, retrouver votre bouquin. Vous pouvez avoir envie de sortir alors qu’il
ne rêve que de pantoufler devant la télé (ou l’inverse, peu importe). Le fait
est que, souvent, quand les désirs ne collent pas, on a tendance à faire
passer les siens en priorité (plus souvent les hommes) ou à les mettre en
veilleuse, voire à les sacrifier (plus souvent les femmes). Et on accumule les
petites frustrations. Ensuite, le moindre incident peut nous taper sur les
nerfs. Même, et surtout, quand on partage tout, il faut toujours garder un
minimum de temps pour soi. Alors n’hésitez pas à avoir une vie à vous, qui
ne doit rien à l’autre. Vous céderez moins souvent à l’énervement.

Ménages à deux

Les hommes qui partagent les tâches ménagères ont une


meilleure vie sexuelle. Ils ont plus souvent envie de faire des gros
câlins (leurs femmes aussi) et ça se passe mieux. C’est ce que
révèle une étude américaine effectuée par l’université de
Riverside, en Californie. « En gros, plus les hommes font de
tâches domestiques, plus les femmes sont heureuses », a conclu
Scott Coltrane, l’un des sociologues en charge de ces travaux
(non domestiques).
Source : University of California - Riverside, 2003

On ne cherche pas sans cesse la petite bête


Beaucoup de nos sources d’agacement sont dues au fait qu’on se fait parfois
tout un petit cinéma dans sa tête, on rationalise : « Il va penser que… »,
« S’il fait ou dit ça, ça veut dire ça, ça, ça… ». Classique : on demande à un
homme de descendre les poubelles, alors qu’il est déjà occupé. Alors, il
grogne (plus il est concentré, plus il râle), et vous concluez qu’il se défile et
vous partez, énervée, les descendre vous-même.
En réalité, quand un homme ronchonne, c’est que, comme tous les
hommes, il répugne à interrompre son « travail » en cours. Cela ne veut pas
dire qu’il ne veut pas rendre service. Bien au contraire, c’est plutôt bon
signe : « Oui, je t’ai entendu, je finis ça et je m’en occupe ». Bref, il vaut
toujours mieux aller au plus simple plutôt que passer son temps à interpréter
l’autre ou à lui faire des procès d’intention. On gagne automatiquement en
sérénité.

On ne cherche pas à avoir le dernier mot


C’est tout à fait normal et plutôt sain d’être agacé par l’autre quand on
partage le même toit. Cela montre que chacun a sa personnalité et fait ce
qu’il peut pour la concilier avec celle de l’autre. Quelqu’un qui ne vous
énerve pas, c’est quelqu’un qui ne vous touche pas, une non-relation. Mais,
en cas de désaccord, persuadé de son bon droit, sa vérité ou du simple bon
sens, on s’accroche souvent à son idée, on campe sur ses positions. Du
coup, la discussion vire à l’hostilité : « Qu’est-ce que tu peux être stupide
parfois », « Tu es tellement négatif tout le temps ». Ou alors l’un des deux
se soumet : « D’accord, on fera comme tu voudras ». Non seulement, ça ne
règle pas les problèmes, ça les aggrave plutôt, mais en plus on y perd
beaucoup de joie de vivre. Lâcher plus souvent du lest : « Tu sais, au fond,
je m’en fiche, tu as peut-être raison » au lieu de chercher à avoir le dernier
mot, vous verrez, ça change tout !
2,9 compliments pour une critique !

Idéalement, il vaudrait mieux éviter les critiques. Mais bon,


personne n’étant parfait, elles sont souvent inévitables quand on
vit à deux. L’embêtant, c’est que même quand on est plutôt bonne
pâte, on a tous tendance à accumuler dans notre citrouille les
critiques que l’autre nous fait et, forcément, à la longue, ça
provoque des aigreurs et du ressentiment. Comment éviter cela ?
Simple : chaque fois qu’on critique, il faut compenser ! Pas une,
mais trois fois ! C’est le minimum pour qu’une relation soit
« florissante », car les événements négatifs affectent davantage le
bien-être que les événements positifs. C’est ce qu’ont montré
Waugh et Fredrickson, deux psys américains : « Ceux qui se
situent au-dessus du ratio s’épanouissent (flourish) et ceux qui se
situent en bas languissent (languish). »

Source : Psychological Inquiry

On laisse l’autre « libre de… »


Souvent dans un couple sûr de ses convictions, on tente d’imposer plus ou
moins consciemment à l’autre sa manière de voir. Ou l’autre se braque, fait
tout le contraire de ce qui lui est demandé et ça vire au conflit ouvert, ou il
cède, mais il vous en veut, et un jour ou l’autre, il finit toujours par vous le
reprocher. Exemple : vous harcelez votre partenaire pour qu’il arrête de
fumer. Même si, au départ, il trouve que l’idée est plutôt bonne (c’est mieux
pour son teint, son haleine, sa forme…), plus vous insistez, plus il bloque.
Au contraire, de nombreuses expériences ont montré qu’on obtient toujours
plus de quelqu’un en lui disant « Tu es libre de… » ou « Tu fais comme tu
veux », « C’est toi qui vois » : le taux d’acceptation est multiplié par trois.

On s’accorde (l’un l’autre) le droit à la mauvaise humeur


« Elle pleure encore ! » (votre petite dernière), il vous lance en rentrant.
Non, elle ne pleure pas ENCORE, elle fait seulement une poussée de dents
et vous êtes en train de lui préparer un biberon. C’est injuste et ça vous
énerve : « Il me dit quoi là, que je ne suis pas une bonne mère ! ». Un
regard, une réflexion, un reproche, qui nous semblent déplacés, injustifiés,
et on se sent vite visé. On n’imagine pas un seul instant que l’autre a ses
propres états d’âme, qu’il a peut-être eu des problèmes au bureau, qu’il est
déjà à cran.
Au contraire, quand on accorde à son partenaire (et il vous accorde à
vous) le droit à la mauvaise humeur, aux petits « dérapages » (du moment
qu’il ne pète pas les plombs), on ne fait pas de tout un problème personnel,
on se sent moins remis en cause. On se concentre sur sa propre attitude au
lieu de se focaliser sur le comportement de l’autre. En ne renvoyant pas la
balle, en restant émotionnellement distant, on désamorce la tension.

Vous m’en direz des nouvelles !

Selon Shelly Gable, une psy de l’université de Californie (Los


Angeles), la façon de répondre à son partenaire à l’annonce d’une
bonne nouvelle permet de mesurer le bonheur à deux. Par
exemple, vous dites « Chéri, j’ai décroché le contrat du siècle ! ».
S’il s’exclame « Wow ! Quelle bonne nouvelle ! Et j’imagine que
ce n’est qu’un début ! », c’est tout bon. C’est une réponse dite
active-constructive. Ça va encore s’il se contente d’un « C’est
super ! », une réponse dite passive-constructive : il n’en fait pas
un plat, mais il est quand même content pour vous. En revanche,
c’est mal parti s’il vous déclare :

« Es-tu sûre que tu peux faire face aux responsabilités


supplémentaires ? ». Au lieu de vous féliciter, il cherche la petite
bête, vous rappelle que les bonnes choses ont aussi leurs mauvais
aspects (réponse dite active-destructive). Et, carrément
catastrophique, s’il vous répond : « Ah oui. As-tu vu la météo
pour demain ? » Ça montre qu’il ne fait pas tellement attention à
vous et qu’il s’en fiche complètement (réponse passive-
destructrice).

Sources : Journal of Personality and Social Psychology

On fait le dos rond


Dans la vie à deux, il y a aussi parfois des conflits « sacs de nœuds ». On se
heurte sans trop savoir pourquoi, parce qu’un mot, un geste de l’autre a
réactivé des blessures anciennes. Les motifs habituels de dispute (les
enfants, la famille, l’argent, les amis…) cachent en fait d’autres problèmes,
sont le signe de frustrations ou de mal-être affectifs plus profonds. Comme
l’autre se sent « attaqué », il amplifie, il dramatise et c’est l’escalade. Dans
ce type de situation, il faut éviter de riposter. La bonne attitude : se boucher
les oreilles, tirer le rideau, décrocher pour ne pas envenimer, en attendant
que les esprits se calment, les rapports évoluent, les choses se relativisent.
La plupart des problèmes de couple se règlent d’eux-mêmes, quand on n’en
fait pas un fromage.

On se méfie des effets rebonds


On se dispute et puis on se réconcilie, sur l’oreiller ou pas. On décide de
repartir sur de nouvelles bases, chacun promet monts et merveilles à l’autre,
plus d’écoute, d’attention, moins de reproches, de critiques, et plus encore.
On enterre la hache de guerre, mais cela ne dure qu’une poignée de jours.
Très vite, la crise réapparaît, les reproches reviennent avec encore plus de
virulence que lors des précédentes disputes.
Pourquoi tant d’hostilité alors qu’on avait pris de si bonnes résolutions ?
Simplement parce qu’il est toujours extrêmement difficile de tirer un trait
volontairement sur les pensées négatives que l’on a eues. Paradoxalement,
plus on tente de les chasser, « Non, je ne penserai plus que mon mec est un
nul, ma copine une idiote… », plus elles reviennent en force. Donc, autant
que possible, il faut éviter de porter des jugements catégoriques sur l’autre,
les « jamais » et les « toujours » (même quand on les garde pour soi), et si
on l’a fait, quand on l’a dit, ne pas chercher à les oublier, à faire comme si
ça n’avait pas été. Au contraire, il vaut mieux en parler sereinement pour
éviter les effets rebonds.

Le silence est d’or… Ou pas !

À rebrousse poil de toutes les idées reçues, car tous les psys de
couple sont pour le dialogue, Yvon Dallaire, un thérapeute du
Québec, estime comme La Rochefoucauld qu’ « on est souvent
plus heureux par les choses qu’on ignore que par celles que l’on
sait ». Selon lui, les couples heureux : (1) Ne croient pas en la
toute-puissance de la communication. (2) Ne mettent pas en
doute la bonne foi de leur partenaire. (3) Respectent la
susceptibilité et les sentiments de leur partenaire. (4) Acceptent
d’être incompris par l’autre. (5) Ne cherchent pas à trouver le
coupable. (6) Ne forcent pas la communication. (7) Attendent le
moment propice pour échanger. (8) Respectent les différences.
(9) Communiquent souvent en silence. (10) Communiquent leurs
besoins plutôt que leurs griefs. (11) Expriment leurs émotions de
façon positive. (12) Ne critiquent jamais, même
« constructivement ».
Tout cela est plutôt bien vu, mais reste que le manque de
communication est tout de même le principal motif de rupture
dans les couples, bien avant l’incompatibilité des partenaires et
les priorités qui changent en cours de route.

Source : Université du Québec

On apprend à s’excuser
Pas facile de revenir à son niveau de bonheur initial après un clash ! On a
dépassé les bornes, on se sent coupable ou victime, et souvent on en fait
trop, trop vite, ou pas assez. Savoir se réconcilier est tout un art. Cynthia
Frantz et Courtney Bennigson, deux psychologues de l’Université
d’Amherst dans le Massachusetts, ont montré que : (1) Il ne faut pas
s’excuser trop tôt après une dispute. Des excuses faites trop rapidement
laissent un sentiment de frustration, en revanche, celles qui viennent plus
tard sont plus réconciliatrices. (2) Il faut d’abord laisser le temps à l’autre
d’exprimer sa colère, son ressentiment et sa frustration. Les excuses ne sont
vraiment efficaces (réparent, réconcilient) que si l’on reconnaît ses torts ou
ses erreurs. Mais il faut d’abord « encaisser » les remarques hostiles de la
« victime » pendant tout le temps nécessaire, plus ou moins long en
fonction du degré de l’offense ressentie, avant de présenter ses excuses.

4. Se soucier de soi
Socialement, ça la fiche mal d’être égoïste. Cela ne fait pas « gentil ». On se
dit que ce n’est pas moral, pas sympa. Moi d’abord, cela va à l’encontre de
tout ce qu’on a appris à la maison ou à l’école. « Il n’y a pas que toi »,
« Pense aux autres », « Sois gentil avec ton petit frère ». Ce n’est pas très
flatteur pour son image perso.
Même quand on ne fait pas grand-chose pour les autres, on aime tous
s’imaginer qu’on est capable de désintéressement, de dévouement. Égoïste,
on ne s’en vante pas, sauf pour signer un parfum des années 1980, les
années de naissance de l’individualisme forcené et de la course au fric.
En plus, l’égoïsme, c’est contraire à tout ce qui fait que la vie n’est pas
une jungle, au terrorisme de la nature (la survie, la loi du plus fort) : la
civilisation, la culture, la démocratie, l’humanisme…
Du coup, au prétexte de gentillesse, de solidarité, on n’ose pas, on n’ose
plus dire « je ». On met une croix sur ses envies. Ou on se culpabilise à
chaque fois qu’on se fait un plaisir solo. Et on se laisse souvent marcher sur
les pieds pour ne pas être montré du doigt dans son job ou son milieu social,
se retrouver étiqueté égoïste par les gens que l’on fréquente si on la joue
trop perso.
Pourtant, quoi de plus normal que d’être attaché à soi-même et de
rechercher son plaisir et son intérêt personnels ? Mieux, même si l’égoïsme
n’est pas une grande vertu comme l’amour, la générosité, la tolérance ou la
bonne foi, il n’est pas sans vertu. Pas seulement pour soi. Pour les autres
aussi.
Vous pouvez vous dire « Ah, mais c’est vilain d’être égoïste. L’ego, c’est
pas bien, voyez dans le bouddhisme, les philosophies indiennes, on nous
apprend à abandonner notre ego ». Mais bon, vous avez tout faux. Vrai,
selon eux il s’agit de sacrifier son ego. Sauf que si l’ego est un tout petit
truc riquiqui, le sacrifice vaut des clopinettes. Avant de perdre son ego, il
faut d’abord en avoir un.
Car c’est tout bête, pour pouvoir donner, il faut avoir quelque chose à
donner. Vous avez déjà vu un grand dépressif s’investir dans une œuvre
humanitaire ? Non, évidemment. Quand on est mal dans sa peau, noyé dans
ses problèmes, quand on ne peut pas grand-chose pour soi, on ne peut rien
pour les autres.
Au contraire, la générosité est la contagion du bonheur. Osez l’égoïsme,
vous verrez que le bonheur des uns ne fait pas forcément le malheur des
autres. Ce qui est bon pour vous peut être un bien pour les autres.
L’égoïsme, non seulement vous en avez le droit, mais c’est souvent aussi un
devoir.
Bien sûr, il ne s’agit pas d’en faire un mode de vie du matin au soir, de
pratiquer le chacun pour soi en écrasant les autres. Non, l’égoïsme est
quelque chose qui se dose, une générosité bien ordonnée qui commence par
soi-même.

Réapprendre à dire « Je »
Avec sa maman, quand on veut quelque chose, on emploie naturellement le
mode « Tu » parce que c’est elle qui décide et qui fait les choses. On dit :
« Maman, tu peux me donner un verre de Yop ? » ou « Maman, tu veux
bien m’acheter la Barbie avec le gros ventre qui a un bébé ? ».
Mais votre conjoint, votre patron, vos collègues ou votre banquier ne sont
pas votre mère. Avec eux, le moyen le plus rapide d’améliorer les relations,
d’obtenir ou de dire les choses, surtout quand elles peuvent être
désagréables à entendre, c’est d’employer le « Je » au lieu du « Tu » ou du
« Vous ».
Cela passe mieux, par exemple, quand on dit à quelqu’un : « J’ai toujours
eu du mal à être à l’heure » ou « Je pense que le moment est venu de
reparler de mon augmentation » ou encore « Je sais que je t’agace,
j’aimerais bien qu’on s’entende mieux ». L’autre ne se sent pas, en tout cas
moins, mis en cause ou menacé dans son autorité.
En revanche, vous réactivez tous ses instincts défensifs quand vous lui
dites : « Vous êtes vraiment trop strict avec les horaires » ou « Vous m’aviez
promis une augmentation, vous avez oublié » ou encore « Tu t’énerves
facilement avec moi, tu pourrais être plus patient, ça irait mieux. »
Le « Je » est aussi un bon moyen pour vous assurer que vous êtes sur la
même longueur d’onde. Par exemple : « Ai-je raison de penser que vous ne
voulez pas parler de ma promo pour le moment ? » ou « Je t’ai bien entendu
dire que tu t’en occuperais ? »
Prenez l’habitude de parler de vos problèmes en disant « Je ». Cela vous
aidera à penser les situations du point de vue de vos propres responsabilités
et à trouver vos propres solutions. Et cela encouragera les autres à trouver
les leurs.
Attention tout de même. Certains « Je » sont trompeurs. Ils cachent des
« Vous » ou des « Tu » et déclenchent presque toujours des réactions
défensives. Si vous dites à votre patron : « J’ai l’impression que vous ne me
dites pas tout sur le projet X », forcément, il vous reproche de ne pas lui
faire confiance. Pour en faire une véritable affirmation, vous devez dire :
« Je me sens mal à l’aise parce que je ne connais pas vos intentions sur le
projet X. »

Cesser de se sacrifier
Tous les jours, au nom de l’autre, vous faites des sacrifices. Vous renoncez à
des plaisirs. Vous oubliez vos intérêts personnels. La plupart du temps, ce
n’est pas très important. Cela n’a rien de dramatique si vous n’achetez pas
le petit-ensemble-Prada-qui-vous-va-à-ravir en pensant que votre gamine a
besoin d’un manteau neuf. Si vous ne prenez pas une semaine de vacances
pour ne pas abandonner votre conjoint bloqué par son job. Ou si vous
acceptez de partir en thalasso avec votre maman alors que vous savez
pertinemment qu’au bout de trois jours elle vous tape sur les nerfs. Mais,
parfois, vous renoncez à des choses plus essentielles. C’est le cas quand
vous abandonnez votre personnalité pour être plus conforme à l’image que
les autres ont de vous. Quand vous mettez une croix sur vos propres
passions, vos projets et vos aspirations pour mieux correspondre aux
attentes de votre conjoint. Ou quand vous restez avec quelqu’un que vous
n’aimez plus parce que vous avez des enfants avec lui et qu’une illusion de
famille vaut mieux qu’un divorce.
Dans ce genre de situation, vous pensez que le sacrifice en vaut la peine.
Vous le justifiez, vous le supportez, en faisant appel à vos bons sentiments.
Vous devez bien ça à votre maman, votre conjoint, ou à vos enfants. Vous
vous trompez. Pour plusieurs raisons. D’abord, ce qui est bien pour les
autres, vous n’en savez rien. Peut-être que votre gamin a moins besoin d’un
manteau neuf que d’une maman bien dans sa peau. Peut-être que si votre
maman partait seule en thalasso, elle rencontrerait un monsieur pour égayer
ses longues soirées d’hiver. Peut-être que quelques jours sans vous feraient
le plus grand bien à votre compagnon ou compagne.
Ensuite, un égoïsme bien dosé consiste aussi à renvoyer chacun à ses
problèmes. Surtout qu’à moins d’être un saint, à chaque fois que vous faites
preuve d’abnégation, vous culpabilisez toujours un peu ou beaucoup les
autres.
On ne peut pas tricher avec les frustrations. Quand on est malheureux,
nos proches le sentent même si on fait tout pour le leur cacher. En plus,
c’est humain, on a tous plus ou moins tendance à reprocher à ceux qu’on
aime tout ce qu’on fait pour eux et qui nous coûte trop. De fait, chaque fois
que vous vous sacrifiez, vous négligez aussi ce qui fait le déclic de
l’altruisme et de la générosité. « Aime ton prochain comme toi-même »,
c’est d’abord une injonction à l’amour de soi. Parce ce qu’on ne peut pas
vraiment aimer les autres sans d’abord s’aimer soi-même.
Alors, arrêtez de vous sacrifier sur le thème « sois gentil ». Penser à soi,
c’est le premier pas à faire pour pouvoir vraiment penser aux autres.
N’oubliez jamais que le plus beau cadeau que l’on puisse faire à ceux que
l’on aime, c’est d’abord d’être heureux et de leur montrer. Même si parfois,
sur le moment, ils râlent parce que cela leur crée des problèmes. À terme,
c’est de toute façon toujours plus avantageux pour tout le monde.

Passer en premier
Nombre de nos difficultés personnelles et relationnelles viennent du fait
que, spontanément, on imagine que les autres, surtout ceux qui nous sont
proches, sont comme nous. On a toujours du mal à admettre qu’ils ne
pensent pas ou n’agissent pas comme on le fait, que les plaisirs ou les
intérêts puissent être différents.
Le fait est que quand nos désirs ne collent pas, on a souvent tendance à
faire passer ceux des autres en priorité. On se dit : « Je les aime, je veux les
rendre heureux. »
Chez les femmes, c’est un vieux réflexe « deuxième sexe ». Vous avez
été conditionnée par quelques siècles d’éducation patriarcale pour passer
après les autres. Les cinquante dernières années de féminisme n’ont pas
changé grand-chose à ce niveau. Au nom de l’amour, vous continuez la
plupart du temps à vous effacer. Vous pensez que c’est mieux pour votre
couple, que de cette manière vous faites le plus grand bien à l’homme que
vous aimez. Vous avez tort. À chaque fois que vous faites passer votre
plaisir ou votre intérêt après les siens, vous lui donnez automatiquement le
mauvais rôle. Vous faites peser sur lui une responsabilité ­insupportable
(surtout s’il n’est pas très égoïste). Si vous n’êtes pas heureuse, cela devient
de sa faute. Et, forcément, heureuse, vous ne l’êtes jamais complètement.
Parce que même si c’est un homme merveilleux, il ne peut pas mieux savoir
que vous ce qui est bon ou plus important pour vous. Même s’il vous donne
beaucoup, il ne peut vous donner que ce qu’il a.
Au contraire, en vous faisant passer en premier, quand vous prenez en
main vos plaisirs et vos intérêts, vous lui évitez de culpabiliser ou de
s’angoisser sur le thème « Si ça ne va pas, elle va me quitter. » Vous ne lui
reprochez plus, ou beaucoup moins, de manquer d’attention, de ne pas
s’occuper assez de vous. En somme, vous le rendez plus heureux et donc
plus amoureux.
Pour les hommes, c’est un peu plus complexe. C’est vrai, la plupart s’en
fichent, ne sont pas très attentifs aux besoins, à la demande et aux priorités
de leur partenaire. La plupart tracent leur route, « qui m’aime me suive »,
mais de plus en plus d’hommes veulent néanmoins bien faire (pas juste être
beauf). L’embêtant, c’est qu’ils ne savent pas comment et leur bonne
volonté tombe souvent à plat. Du coup, les femmes leur reprochent de ne
pas faire leur job d’homme. On n’entend souvent « Il n’y a plus
d’hommes ! ».
Là, à nouveau, c’est assez simple. Il faut juste être soi et ne pas se
prendre la tête sur le thème « Ah, si je fais ça, qu’est-ce qu’elle va
penser ? ». La règle est de se focaliser sur soi, ses propres sentiments,
comportements, et ne pas fabuler sur ce qu’il y a dans la tête de la femme
que l’on a en face de soi. Vous n’en savez rien, alors faites ce que vous
pensez être juste, ce qui colle à la personne que vous êtes (en vrai). Ensuite,
vous verrez bien.

Stopper les corvées


Vous aimez les gens, vous êtes plutôt bonne pâte, vous avez votre petit côté
scout toujours prêt. A priori, c’est plutôt sympa. C’est bien de faire des
B.A. Mais, la nature humaine étant ce qu’elle est, votre gentillesse devient
vite une faiblesse. Pas assez égoïste, vous servez de béquille à tout le
monde, vous passez votre temps à rendre service, à vous taper toutes les
corvées. Normal. C’est plus facile de vous demander à vous qu’à ceux qui
disent toujours non. Résultat, dès qu’il s’agit de dépanner, vous êtes
toujours en tête de liste, le premier à qui on fait appel. Vous avez droit à
tout.
Vous gardez le chat de la voisine, un monstre qui fait ses griffes sur votre
canapé tout neuf et pipi sur votre oreiller en mesure de représailles quand
vous ne lui renouvelez pas assez vite ses croquettes. Vous renoncez à
Haneke pour amener votre neveu voir le dernier Star Trek, l’horreur dans le
mauvais goût. Votre appart est tout le temps squatté par des ex ou de vagues
copains de passage ou en rupture de domicile fixe et vous faites le chauffeur
pour un oui ou pour un non.
Vous ne comptez plus les heures perdues dans les embouteillages pour
accompagner une bonne copine chez le dentiste parce qu’elle a peur d’y
aller seule, ni les dimanches après-midi passés à tenir des mains et à
remonter le moral, ni les fringues, les livres ou les DVD que vous avez
prêtés et que vous ne reverrez plus.
Au fond, pourquoi faites-vous tout cela ? Pour penser positif ? Parce que
vous croyez leur faire du bien ? Faux. Bien sûr, vous dépannez sur le
moment. Bien sûr on peut, on doit s’entraider dans la vie. Mais en habituant
les autres à compter sur vous, en répondant toujours présent, vous ne leur
rendez pas vraiment service, vous ne leur faites pas du bien. Vous
entretenez chez eux leurs plus mauvais penchants : l’opportunisme, le côté
profiteur. Vous contribuez à en faire au mieux des assistés, au pire des
parasites.
En plus, à moins d’avoir la patience d’une mère Teresa, à la longue vous
vous sentez exploité, frustré, car forcément, ils vous renvoient rarement
l’ascenseur, et vous finissez par leur en vouloir.
Alors, soyez égoïste, faites-vous violence, dites non à chaque fois que
vous êtes tenté de dire oui. Mieux même, mettez systématiquement votre
entourage à ­contribution. Déchargez-vous sur eux autant que possible de
vos corvées. Non seulement vous vous épargnerez de nombreux
désagréments, vous économiserez votre temps, votre énergie, mais vous
ferez aussi une bonne action. En les obligeant à s’assumer, vous les aiderez
à grandir. Et en les encourageant au dévouement et au désintéressement,
vous leur permettrez de devenir meilleurs.
Chapitre IV

Les rapports de force


1. Savoir se préserver
« Non mais, vous pouvez pas faire la queue comme tout le monde ! », « Oh,
c’est bon, ça va. » « Non, ça va pas, vous vous croyez tout permis… » La
situation s’envenime. Vous n’en venez pas aux mains, ni même à échanger
des noms d’oiseaux, mais votre sang fait un tour. Vous êtes contrarié. Votre
soirée ciné est gâchée. Tout ça parce que vous vouliez défendre votre droit
(vous étiez là le premier), ou parce que vous ne supportez pas le sans-gêne.
Tous les jours aussi, à moins de vivre comme un ermite, nous sommes
confrontés au sans-gêne, à la mauvaise foi ou à l’agressivité des autres.
C’est l’automobiliste qui vous grille la politesse et votre place de parking, le
contrôleur des impôts ou l’employé de la Sécu qui vous soupçonne a priori
de mauvaise foi, le petit chef qui croit tout savoir, la brute épaisse qui ne
veut rien comprendre. Le compagnon de vos jours s’y met parfois aussi
quand il soutient dur comme fer que sa maman sait mieux que vous ce qui
est bon pour votre gamin. Souvent, dans ces cas-là, vous bloquez, vous
défendez pied à pied vos positions. Vous avez le droit pour vous, la morale,
l’expérience ou le simple bon sens. Vous avez tort. La plupart des batailles
menées au quotidien n’en valent pas la peine. Elles sont inutiles. Elles
pourrissent l’existence et les relations. Vous entrez dans l’engrenage
tensions-stress, stress-tensions. Vous supportez jusqu’au jour où vous
craquez. Mieux vaut fuir, plier plutôt que casser. Cela ne veut pas dire pour
autant consentir à tout et n’importe quoi, céder devant l’injustice ou
l’immonde. Pas question d’accepter des propos racistes, de se taire devant
les horreurs du monde. Mais reculer devant tout ce qui n’en vaut pas la
peine ou qui est sans espoir. Préserver l’essentiel, garder intacts son
enthousiasme, ses énergies, pour mener les combats qui vous tiennent
vraiment à cœur.

Se montrer plus réaliste


Souvent, par idéalisme, on croit pouvoir, on veut, changer les gens ou les
choses. Mais les appels au sentiment ou à la raison ne marchent pas
toujours. Soyez plus réaliste. Ne péchez pas par orgueil. Ne surestimez pas
votre pouvoir sur les gens ou les événements. Dans la vie, il y a des murs,
des situations dans ou contre lesquelles on ne peut rien. Dans une situation
verrouillée, avec quelqu’un de fermé, peu importe d’ailleurs pourquoi il
l’est, toute votre bonne volonté et vos encouragements sont inefficaces. On
perd son temps à essayer de convaincre un raciste dans l’âme qu’une
société multicolore, c’est joli, ou un grand dépressif qu’il peut s’en sortir en
faisant simplement un effort. On finit par se décourager soi-même, par
désespérer d’être compréhensif, tolérant. Et on se met à douter de
l’humanité toute entière et de sa propre patience. Renoncez, vous
ménagerez vos nerfs (sur le moment), votre moral (à long terme) et vous
éviterez les ruptures. Vous faites qu’une relation peut se poursuivre malgré
les incompatibilités objectives, les différences ou les désaccords.

Ne pas se battre contre les préjugés


Tout le monde ne pense pas pareil (heureusement). Les croyances, c’est
comme les goûts et les couleurs, cela ne se discute pas. Un préjugé
(Hollande est mou, le café au lait est bon pour la santé, etc.), a toujours une
dimension émotionnelle et très irrationnelle. Essayez de prouver par A plus
B à quelqu’un qu’il est dans l’erreur, vous ne faites que le renforcer,
l’ancrer dans son opinion.
Regardez, par exemple, le succès des thèses conspirationnistes à propos
des attentats du 11 septembre. Toutes les tentatives de réfutation, les
preuves du contraire, sont interprétées comme des faux, des montages et des
trucages, réalisés par les conspirateurs, et discréditent d’autant plus donc les
explications officielles. Rien d’étonnant donc si l’on trouve encore partout
dans le monde des gens qui croient que la Terre est plate ou que l’on n’a
jamais marché sur la Lune !
Devant un préjugé, il faut céder, faire un pas vers l’autre pour ouvrir le
dialogue ou l’entretenir. C’est ce que nous faisons avec nos amis. On
s’accommode de leurs préjugés comme ils s’accommodent des nôtres. Ou
fuir quand il est insupportable. Ça n’a jamais servi à rien d’argumenter avec
les fanatiques, les petits nazillons de service ou les intégristes de tous poils.

Refuser les rapports de force


Il ne vous viendrait pas à l’idée d’accepter et encore moins de proposer un
combat à poings nus au champion du monde de boxe, catégorie poids
lourds. Dans votre boulot, dans la rue ou chez vous, c’est pareil. Vous devez
refuser autant que possible les rapports de force.
Dans un rapport de force, on est toujours perdant. Même quand on gagne,
cela n’est jamais que provisoire. Vous remportez une victoire, mais ne
réglez pas le problème de fond. Un jour ou l’autre, celui-ci resurgit sous une
forme ou une autre, et souvent plus virulent. Vous le voyez bien quand un
rapport de force est en votre défaveur. Vous cédez en dernier recours,
contraint et forcé, avec l’impression amère de capituler et de subir une
injustice. Vous vous résignez en ruminant plus ou moins de rancœur et vous
rêvez de pouvoir prendre une revanche.

Ignorer les agressions


Directe (insultes, menaces) ou indirecte (insinuations, réflexions
blessantes), une agression est par nature toujours plus ou moins
déstabilisante. On est pris par surprise, on reste sans voix ou, au contraire,
on réagit nous aussi d’une manière agressive. Là, évidemment, c’est
l’escalade.
Passe encore quand cela est occasionnel avec un automobiliste qui nous
crie dessus ou un employé qui fait son chefaillon. Mais dans le travail ou en
famille, c’est une vraie plaie ! À moins d’être un drogué de l’adrénaline, on
finit par se rendre tous les matins au bureau en traînant les pieds parce
qu’on sait que l’on va retrouver un conflit ouvert. Et dans un couple, c’est
encore pire.
Ignorer une agression est toujours préférable. Cela vous laisse le temps
de retrouver vos esprits, d’en comprendre les raisons, de préparer une
éventuelle riposte. Défilez-vous si l’agression est trop insupportable. En
rompant le contact, vous coupez court à l’agressivité (définitivement si vous
voulez et si vous pouvez), vous évitez de l’alimenter. Aux yeux des autres,
cela peut passer pour de la lâcheté, mais seulement auprès des imbéciles.

Fuir la mauvaise foi


Quelqu’un de mauvaise foi, c’est quelqu’un qui vous piège. En vous
mentant délibérément ou en se mentant à lui-même. Dans ce cas-là aussi,
l’échange, la relation est impossible (définitivement ou momentanément),
faussée dès le départ. Vos arguments sont voués à l’échec ou, pire, se
retournent contre vous. Et vous vous usez en vain à vendre une idée, un
projet, à défendre de bonne foi votre point de vue, vos convictions.
Déceler la mauvaise foi, c’est facile. Un patron qui affiche son cynisme,
une collègue qui manie trop bien l’ironie, c’est mauvais signe. La « bonne
copine » qui passe son temps à dire du mal de tout le monde ou le type qui
critique tout et son contraire, idem. Tous ceux qui ne voient que les
obstacles, les méfiants, les pessimistes, les psychorigides, etc., tous ceux
qui se plaignent tout le temps de la malchance, de la fatalité, de
l’incompréhension ou de la méchanceté des autres, sont en puissance de
mauvaise foi.

Apprendre à décrocher
Comme tout le monde, vous avez le sentiment de faire des concessions, des
compromis, d’avaler votre part de couleuvres. Pourtant, vous ne cédez ni
aussi souvent que vous le devriez ni, surtout, assez tôt. On a tous tendance à
« s’accrocher ». C’est un réflexe animal. On protège instinctivement son
territoire, ses acquis, ses privilèges. Certains sont prêts à se faire tuer pour
défendre leurs racines, leurs traditions ou leur lopin de terre. Plutôt mourir
qu’accepter de perdre, s’adapter à des réalités nouvelles.
Ce réflexe joue à tous les niveaux dans notre vie quotidienne. Il joue pour
des choses essentielles, quand on est émotionnellement très impliqué. On se
cramponne à un amour, même s’il est déjà mort. On s’accroche à un job,
même s’il n’est pas fait pour soi. Mais aussi pour des riens, alors qu’on
n’est pas vraiment concerné.
Dans une discussion, par exemple, il suffit souvent que quelqu’un ne soit
pas d’accord pour qu’on s’obstine. Parfois on préfère se fâcher plutôt que
lâcher du lest, reconnaître : « Tu sais, au fond je m’en fiche, tu as peut-être
raison. » On s’accroche par réflexe, mais aussi par amour-propre. Fort de sa
vérité ou de ses droits, on met souvent à mal sa tranquillité d’esprit ou
l’harmonie de ses relations.
Bien sûr, il est contrariant de se faire doubler dans une file d’attente.
Mais ça l’est moins quand on laisse filer, quand on évite l’altercation. Bien
sûr, c’est agaçant que la personne qui partage votre vie fasse sans cesse des
caprices d’enfant gâté. Mais ça l’est toujours moins si vous n’en faites pas à
chaque fois une occasion de reproche.
Apprenez à décrocher, à lâcher prise. C’est un art de vivre qui demande
de respecter quelques règles.
Faire seulement ce pourquoi on est fait
Si vous n’êtes pas « vie à deux », « jardin d’enfants », évitez. Vous n’êtes
pas obligé de faire « comme tout le monde ». Quand vous devez faire
quelque chose, faites-le pour vous, pas en fonction du regard ou des
pressions des autres. Idem si vous n’êtes pas doué pour le piano ou le
jogging. Laissez tomber. Ne vous butez pas au prétexte que ça fait chic, que
c’est à la mode ou bon pour la santé. Vous avez sans doute d’autres talents
ailleurs, moins laborieux, plus naturels.
Les choix, les choses, doivent se faire avec affection, avec passion, sinon
ils sont mauvais et mal faits. Laissez parler vos sentiments et vos intuitions.
Soyez souple, fluide. En amour ou dans le travail, rien de ce qui s’obtient à
l’arraché n’est tenable, durable. Une affection, une position, un avantage
conquis par la force de la volonté ou de la séduction au prix d’une
compétition acharnée, ne sont jamais garantis dans la durée. Ils demandent
encore plus d’énergie et d’efforts pour être gardés que pour se gagner. Ils
sont générateurs d’angoisses à l’idée de les perdre et de stress pour les
préserver. Plus le temps passe et plus ils sont difficiles à gérer et à défendre.
Décrocher systématiquement en cas de problème
D’abord, limitez les sources de conflits. On a tous suffisamment de
problèmes comme ça pour ne pas s’en créer d’autres. Cela signifie fuir
autant que possible les relations problématiques, bien choisir ses
fréquentations, s’entourer de gens dont on partage les mêmes valeurs, les
mêmes idéaux ou le même style de vie ; cela facilite les choses. Les motifs
de désaccord sont plus rares, moins durables.
Mais, même avec ses proches (surtout avec eux), il faut esquiver, refuser
les affrontements. Comme disaient nos grands-mères : « On ne parle pas
politique ou religion à table. » Ne défendez pas à n’importe quel prix votre
territoire ou votre point de vue. Si vos idées, vos projets ne conviennent
pas, laissez tomber. Au moins provisoirement. Si votre style, vos manières
ne plaisent pas, allez les « vendre » ailleurs. En amour ou en amitié, les
choses doivent se faire naturellement. Si vous devez ramer en permanence,
ça n’en vaut pas la peine.
À l’extérieur, dans votre job, souvent vous ne pouvez pas faire autrement,
vous êtes obligé de « faire avec ». Mais le principe reste le même :
décrocher pour ne pas envenimer les situations, les relations. Louvoyer avec
le vent en gardant en tête son objectif, sa terre promise.
La plupart des problèmes qu’on peut avoir les uns avec les autres se
règlent d’eux-mêmes quand on n’en fait pas un fromage. D’un jour à
l’autre, les esprits se calment, les rapports évoluent, les choses se
relativisent.
Ne pas faire de tout un problème personnel
Quand on s’accroche avec quelqu’un, on ne sait pas faire la part des choses.
Une réflexion, une critique, un reproche, qui nous semblent déplacés,
injustifiés, et on part au quart de tour. On n’imagine pas un seul instant que
la personne qui nous « agresse » a ses propres difficultés, ses états d’âme.
La plupart du temps, quand vous êtes « accroché », au bureau ou à la
maison, vous n’y êtes pour rien. Vous écopez simplement parce que vous
avez la malchance d’être là au mauvais moment. C’est toujours désagréable
de servir d’exutoire, mais c’est difficile de reprocher aux autres ce qu’on
fait parfois aussi soi-même. Accordez-leur et accordez-vous le droit à la
mauvaise humeur, aux dérapages. Ne vous sentez pas systématiquement
concerné. Prenez du recul. Entraînez-vous à ignorer, à concentrer votre
attention sur autre chose. En ne renvoyant pas la balle, en restant
émotionnellement distant, vous désamorcez.
Résister à la tentation de jouer les justiciers
C’est une tentation qu’on ressent tous à un moment ou un autre. Parce
qu’on a raison ou parce qu’on est dans son droit, on se croit obligé ou on se
permet de pousser l’autre qui a tort dans ses derniers retranchements. On
prend un malin plaisir à dénoncer ses faiblesses, ses fautes ou ses
aveuglements. Au nom de la vérité, de la morale, on oublie le droit à
l’erreur ou à la défaillance.
Lâcher prise, c’est aussi apprendre à se montrer plus tolérant. On oublie
que la tolérance consiste d’abord à admettre chez les autres des manières de
penser ou d’agir différentes de celles que l’on a, à ne pas interdire ou exiger
alors qu’on le pourrait.

2. S’entourer des bonnes personnes


Parce que l’Homme est un être influençable, on devient donc un peu (ou
beaucoup) semblable aux gens que l’on fréquente. Qui se ressemble
s’assemble, mais aussi qui s’assemble se ressemble. Ce qui explique que les
générations d’avant veillaient à ce que leurs rejetons aient de bonnes
fréquentations. D’où l’importance de faire le tri entre ses vrais et faux amis.
Qui vous veut du bien, qui s’en fiche, qui attend (pour ricaner) que vous
vous cassiez la figure (au propre et au figuré) ? Sur qui pouvez-vous
compter, qui va vous laisser tomber, voire vous planter un couteau dans le
dos ? Pas forcément ceux que vous croyez.

Comment repérer vos amis (les vrais) ?


« Je suis fort, je n’ai besoin de personne, je m’en sors tout seul », voire seul
contre tous. Archifaux ! Vous connaissez l’expression : « l’union fait la
force ». Toutes les études psychosociologiques le montrent : les gens les
plus heureux dans leur vie, les plus performants dans leur travail, sont
toujours ceux qui bénéficient d’un réseau. D’où l’importance d’avoir de
bonnes relations de soutien et de ne pas mélanger les torchons et les
serviettes. En général, on distingue trois sortes de relations de soutien.

Les soutiens émotionnels : ce sont les personnes qui ont avec


vous des liens empathiques. Ils sont capables de ressentir ce que
vous ressentez, de partager, ils vous comprennent sans que vous
ayez besoin de tout expliquer.
Les soutiens d’estime : les personnes qui vous apprécient, vous
font des compliments, vous remontent l’ego et, parfois, les
bretelles, pour votre bien.
Les soutiens matériels et informatifs : les personnes qui vous
aident, vous donnent du temps, des conseils, des plans.

Pour être au mieux avec soi-même et le monde, il est essentiel d’avoir de


bons soutiens dans ces trois domaines. C’est plutôt facile quand on a eu une
enfance heureuse (parents aimants) : on recrée spontanément autour de soi
de bons réseaux.
Moins évident dans le cas contraire. On rejoue souvent la relation
parentale : parents salauds = soutiens salauds. C’est d’ailleurs à ça qu’on
reconnaît un maso (personnalité à conduite d’échec en langage
politiquement correct). Symptômes : ne pas apprécier les personnes qui
nous veulent du bien ou les repousser, choisir des personnes qui nous
déçoivent ou nous maltraitent corps et âme, repousser les tentatives des
autres pour nous aider ou les saboter.
Comment ne pas faire de mauvais choix quand on n’a pas les bonnes
références que procurent des parents bien ? Pas simple.
La vie étant ce qu’elle est, avec son lot d’hypocrisie et de faux-
semblants, il n’est pas toujours évident de savoir qui nous veut vraiment du
bien. Mais en faisant preuve d’un peu de jugeote au lieu de se fier aux
seules apparences, on peut apprendre à repérer vite fait les bons et les
méchants et à faire le tri entre vrais soutiens et planches pourries.

Profil du bon soutien : quelqu’un qui se sent concerné par vos


difficultés et qui est content de vos succès, à la différence du
simple voyeur qui se repaît de vos malheurs ou du faux-cul qui
fait semblant d’être content, il s’agit de quelqu’un de plus ou
moins expansif. Ne le jugez pas à ses réactions. Ce n’est pas
parce qu’il ne sanglote pas comme une madeleine quand vous
versez des larmes de crocodile parce que vous avez été largué ou
que votre patron vous a refusé une promo qu’il ne partage pas
votre douleur. S’il ne pleure pas, ou en tout cas moins, c’est pour
mieux vous soutenir. À l’inverse, l’« ami » qui est trois mille fois
plus effondré que vous parce que vous venez d’écoper d’une
mission à risque (vendre des réfrigérateurs à des Inuits par
exemple) ne fait pas son boulot (vous montrer que c’est du gâteau
parce que zéro concurrence), même si ce n’est pas un mauvais
bougre.
Profil du mauvais soutien : tous les petits camarades qui
compatissent ou se réjouissent en surface, mais qui, au fond, sont
envieux et en compétition avec vous. Vos succès les crispent et
vos échecs les rassurent. Par exemple, le RH ou le chef des ventes
à qui vous annoncez qu’untel vous a planté et qui vous dit :
« Pourquoi il t’a fait ça à toi ? », sous-entendu « C’est un pote, tu
l’as bien cherché. »

Bons à garder…
Sur le plan affectif

La mère qui relativise : « Ce n’est pas grave, ma petite chérie, ça


arrive à tout le monde », qui compense : « Viens, allons faire un
peu de shopping, ça te changera les idées ! », qui positive : « Vois
le bon côté, maintenant tu vas pouvoir… ».
Le père solide qui rassure : « Ne t’inquiète pas, mon fils, ça va
s’arranger », « Tu sais que tu pourras toujours compter sur moi ».
Le père qui questionne, cherche à savoir les raisons de votre
désarroi, vous permet d’exprimer vos émotions.
La grande sœur qui vous accueille sans vous poser de questions,
car elle ressent ce que vous ressentez, et qui vous fait une bonne
bouffe pour vous remonter le moral.
La bonne copine chez qui vous pouvez débarquer à n’importe
quelle heure du jour ou de la nuit pour vider votre sac (elle vous
écoute sans se mettre en avant) ou, plus simplement, ne pas
dormir seule.
Le petit ami qui vous ment : « Mais non, tu te fais des idées ! »
quand vous lui demandez : « Tu ne trouves pas que j’ai grossi des
fesses ? »
Le copain d’enfance qui vous invite au resto et vous fait rire en
vous racontant sur le mode cocasse ses propres déboires
sentimentaux.

Sur le plan de l’ego

La mère-amie qui vous traite d’égal à égal, qui sait être présente
quand il faut, mais aussi vous remonter les bretelles, sans pour
autant chercher à s’immiscer dans votre vie privée.
Le père valorisant qui vous dit fréquemment combien il est fier
d’avoir un enfant comme vous (intelligent, drôle, astucieux,
sérieux, responsable), qui s’aperçoit et apprécie chaque fois que
vous faites quelque chose de bien. Celui qui célèbre vos succès
(scolaires, professionnels) et qui vous les rappelle chaque fois que
vous vous plantez.
L’ami de vos parents qui ne vous prend ni pour une
demeurée (« Alors, on a bien joué avec Barbie aujourd’hui ! ») ni
pour un ovni – objet violent non interné (« Ta pauvre mère, je me
demande comment elle arrive à te supporter ? ») et vous traite en
adulte.
Le conjoint qui vous apprécie tous les jours et pas seulement pour
votre physique, vos petits plats ou vos performances sexuelles,
qui vante vos qualités (intelligence, humour, tolérance,
générosité, etc.) et vous redore l’ego chaque fois qu’il s’écaille.
Le prof qui vous convoque en privé pour savoir ce qui se passe
quand vous avez une baisse de régime, celui qui vous encourage à
faire des choix ambitieux : « C’est de la graine de concours, ça,
Madame ! ».
Le patron exigeant qui montre qu’il a confiance en vous (sinon,
pourquoi vous avoir engagé ?) et vous confie des tâches à la
hauteur de vos c­ ompétences. Celui qui n’est pas toujours sur votre
dos, qui vous félicite devant tout le monde quand vous faites bien
et vous prend entre quatre yeux quand il a des reproches à vous
faire.

Sur le plan matériel

La grand-mère avare et bougonne qui dit toujours du mal de tout


le monde, mais qui vous prête trois mille euros (« Surtout ne dis
rien aux autres ! ») pour prendre un studio.
Le copain qui vous fait parfois rire, mais souvent honte (plaisante
lourdingue, vomit partout) quand vous sortez en bande, mais qui
répond toujours présent avec sa caisse à outils quand vous avez
un joint à changer ou un clou à planter.
La copine qui vous refile ses bons plans (petits restos sympas,
ventes privées), qui pense à vous quand elle entend que…, qui
vous met sur des coups (boulots, invits).
Le prince charmant qui partage les corvées ménagères, qui pense
à venir vous chercher en voiture quand vous êtes trop crevée pour
prendre le métro, qui vous laisse dormir parce que vous avez
besoin de récupérer (bien qu’il ait très envie de vous sauter
dessus).
Le patron qui vous donne les tenants et les aboutissants de votre
travail, le pourquoi et à quoi ça va servir, qui ne vous confie
jamais de tâches ennuyeuses sans les justifier et trouve des
solutions quand vous avez un problème personnel au lieu de se
retrancher derrière les procédures de l’entreprise.

Bons à jeter…
Sur le plan affectif

La mère qui dramatise : « Oh ! Mon pauvre chéri, que va dire ton


père… » ou qui s’effondre en larmes : « Un jour, tu me tueras, ma
fille » chaque fois que vous avez un problème. Dans un autre
registre, la mère rivale qui se réjouit secrètement de vos petites
misères : « Tu vois, je te l’avais bien dit ! », « C’est pas à moi que
ça serait arrivé ! », ou la mère punitive : « Tu l’as bien cherché,
maintenant ne viens pas te plaindre ».
Le père insensible qui ne se rend même pas compte que vous êtes
malheureuse ou qui n’en a rien à faire : « Celle-là, de toute façon,
elle est toujours en train de pleurnicher ! ». Celui qui vous
sermonne ou qui se met tout de suite en colère et vous empêche
par là de sortir vos émotions, de décharger votre peine. Cela vous
braque, vous rend autiste.
La grande sœur qui n’a jamais le temps, pas question qu’elle se
gâche une soirée avec son nouveau chéri, sous prétexte que le
vôtre vous a larguée quand vous lui avez annoncé que vous étiez
enceinte. Celle qui vous écoute trois minutes pour vous infliger
ensuite pendant trois heures le récit de ses propres malheurs.
Le boy friend qui n’arrête pas de vous faire des réflexions
désavantageuses sur votre physique sous prétexte de se soucier de
vous.
La bonne copine voyeuse qui se repaît parce que Roméo vous a
trompée ; elle vous demande des détails croustillants sur l’autre
fille, vous oblige à revivre cent fois en imagination la scène. Ou
la faux-cul qui compatit à vos problèmes : « Ah ! Les mecs, tous
pareils ! » sans vous dire qu’elle aussi s’est fait dans votre dos
votre Roméo.
L’ami de toujours qui profite de votre état de faiblesse
émotionnelle, de vulnérabilité, pour coucher avec vous. Ou celui
qui croit bêtement qu’il va soulager votre peine en vous racontant
qu’il y a pire dans le monde : la famine, le sida, les tournantes,
Daech… et finit par complètement vous déprimer.

Sur le plan de l’ego

La mère narcissique pour qui vous n’êtes bien qu’à condition


d’être parfaite et qui vous reproche (fait votre procès pendant des
heures) le moindre manquement. L’insatisfaite permanente : tout
ce que vous êtes, vous faites, n’est jamais assez bien ; elle ne vous
félicite jamais, vous fait rarement de compliments, mais vous
exhorte à toujours faire mieux.
Le père indifférent qui ne vous voit pas et ne vous fait jamais de
compliments, qui vous enfonce insidieusement : « Tu n’as jamais
été très doué pour les choses compliquées, mon pauvre ! » ou qui
vous compare toujours à mieux : « Ton frère, lui, c’est une
flèche ! ». Ou le père séducteur qui vous fait sans arrêt des
réflexions sur votre physique : « Ouahh ! Les seins, heureusement
que je suis ton père ! », vos tenues vestimentaires ; « Attifé
comme ça, moi je serais une fille, je te regarderais même pas ! »
Le jaloux : « Tu t’habilles comme une pute ! »
Le copain de vos parents qui croit toujours depuis des années que
vous êtes la jeune fille au pair, qui ne vous demande jamais votre
avis sur rien et parle de vous, à table, à la troisième personne
comme si vous n’étiez pas là : « Elle va faire quoi maintenant
qu’elle est grande la petite ? »
Le petit ami envieux qui fait la tronche ou vous fait une scène en
rentrant chaque fois que vous remportez un petit succès. Et qui,
au contraire, devient très protecteur, très tendre, quand vous avez
fait un bide.
Le prof qui vous met minable devant les autres : « Vous ne ferez
jamais rien dans votre vie ! », qui vous pousse à renoncer : « Une
grande école, vous rêvez mon petit ? »
Le patron hystérique qui vous hurle dessus devant tout le monde
chaque fois que vous faites une bêtise et ne reconnaît jamais vos
mérites. Celui qui ne vous confie que des tâches ennuyeuses sans
les justifier au lieu d’essayer de tirer le meilleur parti de vos
compétences.

Sur le plan matériel

La grand-mère dithyrambique : « Tu as toujours été ma petite-fille


préférée », qui dilapide allègrement le patrimoine familial, mais
qui refuse de vous prêter cent euros pour vous offrir une petite
robe du soir : « Moi, à ton âge, je faisais des ménages pour
manger ! »
Le copain qui est toujours là pour faire la fête, qui tape l’incruste
chaque fois que vous faites à dîner, mais qui se défile à coup sûr
quand vous avez besoin d’une paire de bras pour vider votre cave
ou de sa voiture pour aller chercher un matelas chez Ikea.
La copine qui vous informe après coup : « Je t’ai pas vue à la fête
de Martin, t’as raté quelque chose, c’était fantastique ! », « Cinq
cents euros le sac Prada, tu crois ça ? Mais c’était jusqu’à hier ! »
Ou qui décide pour vous : « Oui, ils avaient besoin de quelqu’un,
mais j’ai pensé que ça ne t’intéresserait pas, alors je leur ai donné
les coordonnées de Martine. »
Le gros bêta qui vous laisse tout faire à la maison, part en virée
avec ses potes quand vous êtes clouée au lit avec 40 °C de fièvre
ou insiste pour faire un câlin, se défile systématiquement quand
vous avez besoin d’un coup de main (argent, piston) :
« Débrouille-toi toute seule ! »
Le patron qui ne tient pas compte de votre emploi du temps, qui
vous balance, par exemple, des tâches au dernier moment sans
vous concerter, donc vous empêche de vous organiser, ou qui ne
vous donne pas les informations nécessaires pour bien faire votre
travail. Ensuite, ça lui est d’autant plus facile de vous critiquer.

Mais qui dit soutien dit aussi minimum de réciprocité, renvoi


d’ascenseur, sauf grande différence d’âge, par exemple, un vieux de la
vieille qui vous coache ou un aîné qui vous donne un coup de pouce, sinon
c’est du parasitisme.
Qui dit aussi se prendre en charge. Pleurnicher ou vider sa bile avec son
grand copain de la machine à café, c’est un moyen pour aller mieux, mais
après il faut résoudre les problèmes en vrai, sinon c’est du béquillage.
Et enfin, les soutiens, ça s’entretient. Ça suppose de réactiver les contacts
régulièrement, ne pas appeler ou voir les gens seulement quand on a besoin
d’eux et ne pas en abuser, car même les personnes les plus compatissantes
ont leurs limites.
3. Avoir des ennemis
Oser être soi, c’est accepter de ne pas être aimé. Les affinités existent mais
on ne peut pas plaire, être sympathique, à tout le monde. À moins d’être
sans caractère, passe-partout. Et encore. Ceux qui ont du caractère détestent
ceux qui en manquent.
Souvent, on est trop gentil. On se dit qu’on ne veut pas faire de peine, de
vague. On laisse filer. On se montre compréhensif, conciliant. On
s’accommode de nos antipathies. On passe sur les comportements et les
réflexions désagréables ou odieux. Votre patron se cure le nez avec
délectation une fois sur deux quand vous êtes en entretien. Votre chéri vous
fait poireauter tout un week-end sur le thème « On se voit demain, je
t’appelle. » Votre binôme vous fait attendre trois jours sur un dossier urgent
du genre « Je m’en occupe tout de suite, j’en ai pour une heure. » Vous
laissez faire. Après tout, chacun a droit de régresser ou de faire des
caprices.
À la longue, cependant, ça porte sur les nerfs. C’est vrai que l’amabilité,
la politesse arrondissent bien des angles, rendent en apparence les choses
plus faciles. Mais faut-il vraiment pousser le tact, l’indulgence, jusqu’à
l’hypocrisie ? On croit que ça rend la vie avec les autres plus agréable.
C’est faux. En surface seulement les rapports sont plus détendus. Au fond,
c’est souvent la haine. On rumine ses mauvaises humeurs, des
ressentiments, des jalousies, des rivalités. Un vrai chaudron de sorcière qui
finit un jour par exploser ou qui nous empoisonne à petit feu.
D’autant qu’une amabilité de chaque instant cache généralement son
contraire. C’est souvent le signe d’une agressivité refoulée. Méfiez-vous
des trop doux et des trop calmes. Leur agressivité s’exprime d’autant plus
brutalement qu’elle se manifeste rarement.
Vouloir être aimé par tout le monde, c’est de la vanité, mais aussi de la
faiblesse. On a peur d’être rejeté si on montre son désaccord ou une
hostilité de principe. On a peur que les autres disent du mal de nous ou
qu’ils nous compliquent l’existence. Alors, on ne se fâche pas. On la joue à
l’américaine. Le monde est une caméra : souriez, s’il vous plaît ! En
espérant ainsi ne pas se faire d’ennemis ni se créer des problèmes. Mais, là
encore, on se trompe. Les antipathies, les incompatibilités objectives ou les
rivalités d’intérêts, cela existe aussi. C’est tarte de jouer les trop gentils.
Cela n’empêche pas qu’on dise du mal de vous dans votre dos ou qu’on
vous mette des bâtons dans vos jolies roues.
Alors autant avouer vos préférences et affirmer vos différences. Faites-
vous des ennemis ! C’est utile et c’est plus sûr.

Dix bonnes raisons de se faire des ennemis


1/ Ne plus se faire avoir
Quand on est prêt à se faire des ennemis, on devient beaucoup plus
exigeant. On ne laisse plus, à la cantine, le serveur nous refiler un vieux
steak à peine décongelé ou Dugenoux récupérer son dimanche dans la
semaine sous prétexte que ce jour-là il a emporté du travail à la maison.
Avec une réputation de coriace, on est toujours mieux servi. Votre patron
(votre coiffeur, votre dentiste) ne vous donne plus des soi-disant rendez-
vous où il vous fait poireauter une demi-heure et plus.
2/ Être respecté
Plus vous avalez de couleuvres sur le thème « tout le monde, il est beau, il
est gentil, ne faisons pas de vague », plus on vous en donnera à avaler. Se
faire des ennemis, c’est poser des limites. Avouer en avoir, c’est affirmer
des valeurs, des principes. Dans votre job ou dans votre vie, les autres y
regardent à deux fois. Quelqu’un qui a le courage d’avoir des ennemis
inspire toujours le respect, mérite plus d’estime et d’attention. On ne vous
raconte plus, on ne vous demande plus n’importe quoi (enfin, moins). On a
plus d’égards pour vous, on prend plus de gants. À la longue, votre patron
ne pense plus à vous dès qu’il y a un sale boulot ou une corvée à faire et vos
collègues se défilent moins, etc.
3/ Limiter les clashs
Mieux vaux un vrai ennemi qu’un faux ami. À force d’être toujours aimable
avec quelqu’un, on finit par ne plus le supporter et ne plus se supporter.
Forcément, un jour ça pète. Et ça pète d’autant plus fort qu’on a supporté
trop longtemps. Quand on passe son temps à aplanir les situations, à se
montrer agréable avec tout le monde, souvent on ne règle pas les vrais
problèmes. On évite de confronter ses principes, ses idées, ses méthodes,
avec ceux des autres. On laisse pourrir et c’est ensuite trop tard. La situation
dépasse un point de non-retour. Quand ça explose, plus rien n’est possible,
plus rien n’est récupérable.
4/ Gagner du temps
Les faux amis sont toujours de redoutables chronophages. Ils vous bouffent
votre temps. Raison de plus d’en faire des ennemis. Un ennemi, il ne lui
vient pas à l’idée de s’incruster. Il n’envahit pas votre bureau ou votre
téléphone sous prétexte de vous aider. Il ne vous inonde pas d’invitations à
des soirées, des week-ends, voire des vacances, où vous n’avez aucune
envie d’aller. Moins vous avez de gens qui vous « aiment », plus vous avez
de temps pour vos loisirs ou à consacrer aux personnes que vous aimez
vraiment.
5/ Garder la forme
Avoir des ennemis, c’est bon pour la forme physique comme morale. Cela
nous oblige à être vigilant, lucide, à avoir des réflexes, de la repartie. Quand
on sait qu’on a des ennemis, on fait plus attention (ils nous veulent souvent
du mal) à ce qu’on fait ou ce qu’on dit. C’est également bon pour la
confiance en soi car cela oblige à faire face, à oser. Oser dire non, être
contre, oser les confrontations. Le courage croît en osant comme la peur en
hésitant. L’emporter sur ses ennemis, même pour un mince avantage,
procure toujours des satisfactions d’amour-propre. Sans doute parce qu’à
vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Et perdre (on ne peut pas gagner
à tous les coups) forge le caractère.
6/ Canaliser son agressivité
Les ennemis peuvent aussi servir de têtes de Turc. Avoir quelques ennemis
sous la main vous permet de décharger votre animosité quand vous en avez
besoin. Une soupape de sécurité en cas d’humeur de « chien » ou envie
d’exploser. Des cibles toutes prêtes, vous savez à qui vous en prendre.
Comme ça, vous ne débordez pas sur votre famille ou sur vos amis. Vous ne
faites pas de la peine à ceux qui vous aiment ou qui ne vous ont rien fait.
Vous n’agressez plus votre conjoint qui-n’y-est-pour-rien ou vos amis
d’enfance simplement parce que vous avez besoin de vous défouler de tout
ce que vous avez encaissé au bureau.
7/ Découvrir des choses sur soi
« De leurs ennemis, les sages apprennent bien des choses », disait
Aristophane. Surveillez vos ennemis. Ils voient les premiers vos défauts.
Cela vous permet de les corriger et de donner moins prise aux critiques.
Souvent, en plus, nos ennemis sont les premiers informés de tout ce qui
peut nous faire du tort, tourner mal pour nous (forcément, ça les démange et
les arrange). En étant attentif à vos ennemis, vous pouvez anticiper les
événements désagréables, les éviter ou les minimiser.
8/ Savoir sur qui compter
Qui trop embrasse mal étreint. Quand on n’a que des amis, on n’aime pas
vraiment. Avec des ennemis, nos amours, nos amitiés deviennent plus
précieuses. On connaît mieux ses amis, on apprécie plus ses réelles amours
quand on se connaît des ennemis. Non seulement parce qu’on a plus de
temps pour en profiter ou parce qu’on en a plus besoin (pour se protéger ou
se consoler de ses ennemis), mais également pour la tranquillité d’esprit. On
sait (presque) une fois pour toutes à qui on peut faire confiance. Quand ce
n’est pas clair dans notre tête, quand on ne sait pas ou plus qui est qui, on
doute parfois de ses vrais amis et on s’illusionne souvent sur les faux.
9/ Faire parler de soi
Nos ennemis font beaucoup pour notre pub. Grâce à eux, notre réputation
dépasse les frontières naturelles du groupe familial, du quartier ou de
l’entreprise. En disant du mal de nous, ils égratignent notre image de
marque mais, surtout, ils nous font gagner en notoriété d’une manière
incomparable. On prête toujours plus d’attention aux bad boys et aux bad
girls qu’aux good. Pour se faire connaître, tout le bien que peuvent dire nos
amis ne vaut pas le mal dit par un ennemi. Autrement dit, de vos amis dites
du bien, mais de vos ennemis ne dites rien (sauf à vos amis). Ne contribuez
pas à leur propre notoriété.
10/ Se faire de nouveaux amis
Selon le principe : les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Rien de
mieux que quelques ennemis pour se faire de nouveaux amis. Vos ennemis
travaillent pour vous. En se répandant sur votre compte, non seulement ils
vous font connaître mais, en plus, ils vous attirent des sympathies. Tous
ceux qui les détestent (ils sont nombreux) ont automatiquement des
préjugés favorables sur vous. On s’entend toujours mieux sur le dos d’un
tiers. C’est bien connu en politique où l’on désigne toujours un ennemi pour
mieux rassembler ses amis.

Désamorcer l’hostilité

Vous êtes « susceptible et autoritaire », vous traitez durement


votre entourage ? N’essayez pas de vous faire passer pour un
ange de délicatesse (pas crédible), mais prenez le temps
d’expliquer vos valeurs, vos principes, votre façon de
fonctionner, vos coups de gueule ; cela n’empêche pas la
coopération. Et serrez la main de vos ennemis. Essayez, vous
verrez. Thomas Mussweiler, un psychologue de l’université de
Cologne, a montré que cela peut susciter, même chez votre pire
ennemi, des dispositions plus aimables à votre égard.

Source : Cerveau et Psycho

Qui sont vos ennemis naturels ?


Cherchez-les d’abord dans vos « amis ». Comme disait Chamfort, « Vous
avez trois sortes d’amis : vos amis qui vous aiment, vos amis qui ne se
soucient pas de vous, et vos amis qui vous haïssent. »
Sans le savoir, vous avez déjà beaucoup d’ennemis (on vous le souhaite).
Sachez les reconnaître.

Les flatteurs
Ce sont tous ceux qui passent leur temps à vous dire combien
vous êtes exceptionnel ou merveilleux. Ils ne vous contrarient
jamais, ils se montrent toujours d’accord même quand ils pensent
que vous avez tort. C’est un signe qui ne trompe pas. Devant
vous, c’est « Ma petite chérie, tu as une mine superbe ! »
Derrière : « Tu as vu sa gueule de déterrée, elle ferait mieux
d’arrêter l’alcool ! »
Les débiteurs
Ennemis potentiels aussi, tous ceux qui vous doivent quelque
chose. Vous leur avez rendu service, vous les avez aidés quand ils
étaient en panne d’idées, hors délais ou en pleine déconfiture
morale. Ils sont rarement reconnaissants. Neuf fois sur dix, ils ont
une dent contre vous. Vous les avez connus sous un mauvais jour,
en état de faiblesse. Leur ego ne s’en remet pas.
Les faux jetons
Il y a aussi tous ceux qui vous ont déjà lésé dans vos droits ou vos
intérêts, blessé dans votre amour-propre. Il est dans la nature
humaine de haïr ceux à qui l’on a fait du tort. Cela permet de
garder bonne conscience. Tous ceux qui vous ont fait du tort
d’une manière ou d’une autre ne sauraient vous le pardonner.
Autant en faire des ennemis. Même si ce n’est souvent pas facile,
car vos futures ennemis ou ceux qui vous détestent déjà n’ont pas
envie que ce soit dit. Comme vous, ils répugnent à déclarer les
hostilités. Ils préfèrent en rester à une inimitié larvée, à continuer
à jouer les faux jetons.
Les « biens intentionnés »
Parfois, certains se leurrent sur les sentiments qu’ils ont pour
vous. Ils sont persuadés d’être de vrais amis. Lorsqu’ils vous font
du mal (vous sapent auprès du patron, « égarent » un dossier
important), c’est « sans faire exprès », ils vous veulent du bien.
Ça aussi, c’est dans la nature humaine. En général, quand on fait
une crasse à quelqu’un, c’est toujours avec de bonnes raisons.
Pour son bien ou par légitime défense (il l’a bien cherché !).
Personne n’a envie de se regarder dans une glace et de se dire :
« Toi, ma vieille, tu es une hyène, un franc salaud ». C’est
toujours plus confortable, moralement et socialement, de se dire
qu’on aime les gens plutôt que le contraire. On se préfère victime
que bourreau.
Les ex
Quand ce sont eux qui nous quittent, on ne veut plus en entendre
parler. Notre amour-propre en prend un coup. Quand c’est nous
qui les quittons, on s’acharne à les conserver comme amis. La
grandeur d’âme, l’amour voudraient pourtant le contraire.
Pardonner quand on est plaqué, pour déculpabiliser l’autre.
Condamner (comme on condamne une porte) quand on plaque
pour ne pas entretenir l’autre dans la nostalgie de ce qu’il a perdu
ou l’illusion d’un come-back possible. Tous ceux qu’on a
abandonnés peuvent ainsi faire de bons ennemis.
Les « bien pensants »
On peut aussi se faire efficacement des ennemis en parlant vrai.
Le beauf qui vous bassine tous les jours au bureau avec ses
plaisanteries sexistes, à la limite du graveleux, ou la « bonne
copine » qui vous sape en faisant des commentaires insidieux sur
votre façon de vous habiller ou de travailler, on n’en tire rien en
se montrant compréhensif. Dites-leur leurs quatre vérités. La
plupart des gens, particulièrement les grands hypocrites, n’en
supportent même pas une. Une inimitié déclarée vaut toujours
mieux qu’une fausse amabilité. Au moins, les rapports sont clairs.
Les parasites
Vous pouvez aussi vous faire facilement de nouveaux ennemis en
disant simplement « non » (chaque fois que vous le pensez) au
lieu de « oui, avec grand plaisir » ou « oui, c’est une bonne
idée ». La plupart des gens non plus ne supportent pas d’être
frustrés dans leurs bonnes, ou leurs mauvaises, intentions. Dire la
vérité, savoir dire non ou se fâcher nécessite évidemment un
minimum de courage que vous n’avez peut-être pas. On ne se fait
pas des ennemis du jour au lendemain quand on a pris l’habitude
d’être aimable, charmant, accommodant avec tout le monde. Vous
ne pouvez pas tout d’un coup, du jour au lendemain, muer en
dragon. Les autres n’y croiront pas. Ils diront : « Elle/il a sa crise,
ça va lui passer. »
Les opportunistes
Si vous avez donné l’habitude aux autres de ne jamais dire non et
d’abuser de votre bonne volonté ou de votre docilité, dans ce cas,
il faut la jouer plus sournoise. Dire « oui » à tout et ne jamais
donner suite. Faire tout plein de promesses que vous ne tiendrez
pas. Dans votre job par exemple, vous pouvez tout remettre au
lendemain de telle sorte que les délais ne soient jamais respectés.
Ou vous faites avec une lenteur délibérée ou mal tout ce que vous
n’avez pas vraiment envie de faire (ça marche aussi à la maison).
En salopant le travail, en vous défilant sur le thème « Oups, j’ai
oublié », vous vous ferez vite quelques ennemis tenaces.
Les chronophages
Autre moyen également pour qu’on vous fiche la paix, arriver
systématiquement en retard avec un grand sourire. Ça finit par
agacer les plus indulgents. Terriblement efficaces les rencontres
proposées en fin de journée ou le samedi au prétexte de boucler
un dossier, régler un problème. « Ça t’ennuie pas de rester un peu
ce soir (ou de passer samedi), je serai là vers 18 h 30 - 19 h au
plus tard (11 h - 11 h 30 le samedi), on en aura pour une petite
demi-heure. » Et vous arrivez vers 22 h (14 h le samedi) ou,
mieux, vous appelez pour dire que finalement ce n’est pas
possible, vous êtes bloqué, vous ne pouvez pas passer. Quand on
dira de vous : « le nombre de soirées ou de week-ends qu’elle
(qu’il) m’a pourris », vous aurez gagné un nouvel ennemi.
Idem pour les dîners de boulot. Acceptez toutes les invitations et
décommandez à la dernière minute (avec une excuse béton)
quand tout le monde est sur le point de passer à table.

Cela dit, ce n’est pas tout de se faire des ennemis, encore faut-il les
garder. Alors soyez fidèle à vos ennemis, ils vous serviront longtemps.
Soyez clément aussi. Il suffit de l’emporter sur ses ennemis, c’est trop
dommage de les perdre.

4. Répondre aux provocations


Toujours de mauvaise foi ou de mauvaise volonté, mauvaise humeur ou
mauvaise langue, ils nous prennent la tête et nous compliquent le boulot et
l’existence. Devant eux, on se sent désarmé, impuissant. On a envie de
baisser les bras ou de leur voler dans les plumes.
Eux, c’est les relous de tout poil, autrement dit des emmerdeurs. Tous
ceux qui nous agressent ou nous manipulent, nous collent ou se défilent. Le
patron qui fait son ayatollah, le client qui fait son roi, les collègues qui
jouent les stars ou les victimes, le comptable qui fait semblant de ne rien
comprendre, l’informaticien qui fait semblant de tout comprendre, etc.
Avec eux, il n’y a que des problèmes, rarement des solutions. Rien
n’avance, rien ne se fait, tout accouche dans la douleur. Ils ont le pouvoir de
dire « non » et ils en abusent. Leurs « ou » cachent toujours des « mais » ou
des « si », des « peut-être » et des « jamais ». Grâce à eux, l’enfer est pavé
de bonnes intentions et la vie ressemble à un chemin de croix. On ferait
bien sans eux mais, hélas, ils sont incontournables. On ne choisit pas
forcément ses interlocuteurs. À moins d’aller vivre de ses rentes sur une île
semi-déserte du Pacifique ou comme un anachorète dans les grottes de
l’Himalaya.
Alors, comment faire ? Comment ne plus se sentir malmené, dévalorisé,
submergé, frustré ? Comment rester positif, constructif ? Comment garder
sa bonne humeur et son efficacité ? Pas simple tant nos congénères peuvent
parfois être tordus.
Pourtant, il existe des méthodes inspirées des techniques de vente ou de
management. Parce que tout cela se résume finalement à des problèmes de
comportement et de communication. Les caractériels, c’est comme
(presque) tout le reste, ça se gère. Pour cela, vous devez respecter quelques
règles élémentaires (elles valent dans la vie sociale et professionnelle) et
apprendre certaines stratégies pour faire face à tel ou tel comportement
difficile.
Règle 1 : Éviter les réactions négatives
Devant un comportement difficile, une agression directe ou voilée, une
tentative d’intimidation ou de manipulation, une obstruction ou une
dérobade, la première chose à faire consiste à éviter les réactions négatives.
Chaque fois que ça dérape, nos sentiments d’impuissance et
d’incompréhension sont déclenchés. En général, dans ce type de situation,
on a tendance à devenir soi-même agressif ou alors à renoncer et à se
résigner. Mais ni la fuite, ni la soumission ne sont de réelles solutions. En
réagissant ainsi, on peut sans doute éviter (momentanément) les conflits.
Après tout, pourquoi ne pas se la jouer blanche colombe que la bave du
crapaud n’atteint pas ? Mais, à terme, la plupart du temps, la situation
s’aggrave. Les bêtises que l’on entend beaucoup ces temps-ci sur le thème
« ne jetons pas de l’huile sur le feu » n’ont jamais fonctionné. La dernière
fois qu’on a essayé, on a eu une Seconde Guerre mondiale.
Au bureau, c’est pareil, quand on cède : on est mort.
Alors quoi ? Juste balancer un coup de pelle quand on prend une claque ?
Ben, non. Ce type de réaction compromet toute coopération future. Délicat
quand on est condamné à des relations suivies. Une réaction autoritaire
(agressive) peut bien sûr obtenir des résultats à court terme. Votre nuisible
de bureau peut, lui aussi, se laisser intimider et céder à la pression. Mais
bon, vous pouvez être sûr qu’il reviendra à la charge (les crétins n’ont pas
de mémoire) et qu’à long terme, le travail sera bousillé, vos projets retardés,
vos efforts sabotés.
Pareil si vous vous soumettez. À court terme, votre vainqueur se frottera
les mains, se réjouira de l’avoir emporté. Mais ça ne lui suffira pas. Il vous
respectera encore moins et se fera un malin plaisir d’exploiter vos
faiblesses, vos complaisances et de profiter de votre lâcheté.
D’autant plus qu’une attitude de soumission encourage encore plus chez
les autres les mauvais penchants. Inutile donc de tendre le bâton pour vous
faire battre.

Règle 2 : Comprendre les causes


En fait, les vrais sadiques sont rares. Bien sûr, on trouve partout des gros
beaufs sexistes et racistes, des pervers et des petits chefs tyranniques. Mais,
en général, ce n’est pas la personne qui est mauvaise – quoique l’homme est
un loup pour l’homme et pour peu que les circonstances s’y prêtent, votre
gentil voisin vous découpera à coup de machette – c’est son comportement.
Souvent, on croit que ce comportement est délibéré, mais de fait c’est
juste du spontanément « bête et méchant ». Cela s’explique plutôt
simplement, par des raisons objectives, divergence des personnalités, des
valeurs, des intérêts ; différence d’appréciation des situations, des enjeux,
des urgences. Les difficultés naissent généralement d’un désaccord sur les
faits, les objectifs, les priorités, ou alors de malentendus, d’une mauvaise
interprétation des motivations et des intentions.
Souvent, ce que l’on prend aussi pour de l’entêtement chez l’autre, de
l’hostilité ou de la mollesse, n’est en fait que l’expression de ses peurs ou
de ses angoisses, d’un désarroi. Les comportements difficiles sont d’abord
des manifestations défensives, autoprotectrices ou compensatoires. Ils
cherchent à masquer, aux autres mais surtout à eux-mêmes, leurs sentiments
de faiblesse ou d’insécurité personnels. De là, les coups volent parfois très
bas, sarcasmes ou humiliations, marques d’insensibilité ou perfidies.
Face à ce type d’attitudes, il faut toujours aller au-delà des apparences,
tenter de se mettre à la place de l’autre pour comprendre ce qui est en jeu
dans son comportement. Et puis aussi, remettre en question ses propres
attitudes. Réfléchissez aux personnes qui vous pourrissent la vie ou que
vous trouvez difficiles. Pourquoi est-ce que c’est souvent les mêmes dans
les mêmes situations ? Pourquoi certains comportements vous affectent-ils
plus que d’autres ?

Règle 3 : Adapter sa réponse


Les agressions auxquelles nous sommes le plus souvent confrontés prennent
généralement trois formes : l’agression directe, le harcèlement systématique
et la résistance passive.
Pour contrer chacune de ces attitudes, il existe un certain nombre de
techniques appropriées. Bien sûr, cela suppose dans un premier temps
d’identifier d’une manière précise le comportement en question.
Évident quand l’agression est directe, si l’autre vous traite de nullos, vous
menace ou vous humilie. Beaucoup moins quand l’attaque est ambiguë
(« Finalement, ça ne vous va pas si mal que ça, les minis », sous-entendu
« Qu’est-ce que vous faites ce soir ? » ou « Tu crois que tu peux avec tes
fesses ? »), la critique voilée : « J’ai l’impression que ça n’avance pas bien
vite, non ? », sous-entendu « C’est de votre faute » ou « Vous ne foutez
rien. »
Encore moins évident quand votre interlocuteur est en apparence bien
disposé à votre égard, vous donne l’impression d’être compréhensif et
coopératif. « Écoutez, voilà ce qu’on va faire. Je vous fais un branchement
provisoire, comme ça, vous allez pouvoir en profiter tout de suite (de votre
ordinateur mais sans son disque dur, du photocopieur mais sans la
couleur, etc.) et dès que je rentre (à l’atelier, au bureau, au magasin…) je
m’occupe de vous (trouver le câble, la pièce, le chaînon… manquant) ».
Trois semaines plus tard, vous êtes toujours sans disque dur, sans couleur.
Pire, les nuisibles de bureau ne se contentent pas de faire des promesses
qu’ils ne tiennent pas (Ça fait combien de temps que vous attendez votre
augmentation ?) ou de diminuer l’estime que l’on a de soi en s’attaquant à
notre amour-propre ou à nos compétences. Souvent, ils déclenchent aussi
des émotions et des réactions fortes, de colère ou de détresse. Et
fréquemment, leur influence est plus sournoise, plus minante pour le moral.
Ils sèment le doute, la confusion, ils affaiblissent notre assurance et nous
font perdre nos repères. Au bout d’un moment, on ne sait plus à quoi s’en
tenir, on ne comprend plus ce qui se passe, on ne sait plus sur qui compter, à
quoi s’attendre.
D’où la nécessité de ne pas se tromper sur ce type d’attitude, de les
identifier clairement afin de rendre coup pour coup.

Comment ça va bien ?
La vie ressemble parfois à une mauvaise réalité. Tous les jours, nous
sommes aussi confrontés aux petites et grandes mauvaises humeurs des uns
et des autres. En prenant les bons réflexes, vous pouvez les désamorcer
dans l’œuf. Ce ne sera peut-être pas le Paradis, mais vous ferez des heureux
(à commencer par vous).
« Bonjour », « Comment ça va ? », « Alors, la forme ? », « Je ne
vous dérange pas ? », « Merci, au revoir »… Respectez les
convenances, les règles de politesse, les rituels sociaux. Nos
petites phrases rituelles, loin d’être inoffensives, ont un effet
positif. Par exemple, quelqu’un qui répond qu’il se sent bien, se
sent obligé de se montrer « bien ».
Prenez des nouvelles (surtout le lundi ou au retour des vacances) :
« Alors, ce week-end s’est bien passé ? », « Votre fils a eu son
bac ? », « Et le chien, il n’est plus constipé ? » Demandez à
quelqu’un comment ça va et enchaînez : « Ah, je suis heureux de
l’apprendre » si c’est positif ou « Oh, je suis désolé de
l’apprendre » si c’est négatif, cela renforce la sympathie.
Respectez scrupuleusement les hiérarchies (ne posez pas vos
fesses sur les bureaux de vos chefs) et les territoires (n’entrez pas
dans un bureau, même ouvert, sans un signe), et n’interrompez
pas les conversations (par exemple, en commençant à parler alors
que votre interlocuteur est déjà au téléphone), même si cela doit
faire violence à votre sensibilité trop « démocratique ».
Regardez les gens dans les yeux quand vous leur parlez. Plus on
regarde quelqu’un, plus il nous trouve sociable, généreux,
honnête, digne de confiance et, pour tout dire, aimable.
Parlez avec les gens des sujets qui les intéressent. Du Mondial de
foot avec un fan, même si vous trouvez que courir derrière un
ballon est fondamentalement idiot, de tauromachie avec un
aficionado, même si vous pensez que c’est très cruel d’aller
asticoter un monstre de 500 kilos qui a la bave aux lèvres. Et
montrez-vous bon public, surtout quand ça n’est pas drôle.
Hochez la tête quand on vous parle. Vos interlocuteurs se
livreront davantage, se sentiront plus satisfaits de la conversation
et vous trouveront nettement plus sympathique.
Laissez croire aux autres que c’est vous qui pensez comme eux et
pas eux qui pensent comme vous. Employez systématiquement le
« nous » plutôt que le « je ». Et, quand vous avez de mauvaises
pensées, gardez-les pour vous, ne dénigrez pas les gens qui vous
insupportent, surtout en public.
Soyez souriant autant que possible, sauf avec les paranos qui
peuvent mal le prendre. Une personne souriante est toujours
perçue comme plus amicale, plus gentille, plus sincère, et,
curieusement, plus intelligente et compétente.
Montrez-vous aimable avec tout le monde, votre boulanger, mais
aussi votre banquière, l’homme de ménage, les employés ou les
patrons. Et encore plus sympa avec les seniors (surtout les
grincheux). Souvent, ce sont des « chefs » et même quand ils ne
le sont pas, ils ont toujours un gros « pouvoir d’ambiance ».
Créez du « lien tactile ». Poignées de mains, grandes claques dans
le dos, contacts de quelques secondes sur l’épaule ou sur l’avant-
bras, toucher et être touché, c’est la première forme de
communication chez les êtres vivants. Cela procure un sentiment
de sécurité (sauf chez les paranos) et entretient la confiance.
Ne dites jamais « non » quand on vous demande un service, mais
défilez-vous gentiment si ça vous gave : vous avez trop de boulot,
un travail urgent à finir, un supérieur qui vous demande de lui
rendre service, qui vous attend.
Calquez vos comportements sur ceux de votre entourage et
adoptez leur langage, par exemple en repérant les mots qu’ils
utilisent le plus souvent et en les ressortant dans la conversation.
Gestes, jeux de physionomie, intonations, tics de langage,
attitudes, façons de s’habiller… Nous préférons tous les gens qui
nous ressemblent. On se sent plus à l’aise, plus en sécurité et dans
de meilleures dispositions d’esprit avec eux.
Félicitez les gens chaque fois qu’ils font quelque chose bien,
même une toute petite. Et minimisez quand ils se plantent,
trouvez-leur des excuses : « C’était vraiment compliqué… », « Je
n’aurai pas mieux fait », « La prochaine fois, ça se passera
mieux »…
Ne soulignez jamais les désaccords, cela ne fait que renforcer les
gens sur leurs positions, leurs préjugés. Efforcez-vous toujours de
rapprocher les points de vue, de trouver un terrain d’entente,
quitte à faire preuve de beaucoup de mauvaise foi.
Évitez les mouvements d’humeur et ignorez ceux des autres.
Relativiser les réflexions, les critiques, les reproches au lieu d’en
faire un problème personnel et de répondre du tac au tac en cas
d’attaque.

5. Renforcer son self-control


On s’emporte pour des queues de cerise, une place de parking, un regard ou
un mot malheureux, une baby-sitter très en retard… Mais on s’indigne
mollement quand on voit une mamy en train de mendier dans la rue ou des
moines tibétains s’immoler par le feu.
On engueule volontiers ses gamins, son conjoint, sa femme de ménage,
son assistante. Mais on la ferme devant les petits chefs, un patron odieux ou
un policier raciste.
Passons. La colère en soi n’est ni bonne ni mauvaise, ce qui compte, c’est
ce qu’on en fait. Imaginons que vous prenez toujours sur vous ; jamais
contrarié en apparence, jamais contrariant, vous acceptez tout, vous avalez
tout avec énormément de gentillesse. Au bout d’un moment, forcément, ça
vous ronge. Vous vous aigrissez sous la bile (colère vient de choléra, bile en
latin) et vous somatisez (ulcère, eczémas…). Une récente étude a montré
que l’amertume chronique fait des ravages en termes de santé
psychologique et physique.
Inversement, vous passez votre temps à bougonner, pester, rager,
fulminer, jurer. Vous êtes sans cesse irrité, vindicatif, agressif, le monde
entier est contre vous et un rien vous fait sortir de vos gonds. Sans compter
les dégâts occasionnés dans vos relations avec les autres et dans votre
carrière, ce n’est pas terrible non plus du point de vue de la qualité de vie.

Ça marche comment, le self-control ?


On imagine souvent que le self-control, qu’on appelle aussi maîtrise de soi,
consiste à réprimer ses émotions. On se trompe. Maîtriser ses émotions,
cela n’interdit pas, par exemple, de piquer une colère. Au contraire. Sauf
qu’on ne le fait pas avec n’importe qui, pour n’importe quoi et n’importe
comment, mais avec la bonne personne, au bon moment, pour de bonnes
raisons et au bon degré.
Le self-control, c’est d’abord un problème de dosage. Si c’est souvent si
difficile de bien doser ses réactions, c’est parce que nous avons deux
cerveaux : un cerveau émotionnel et un cerveau logique. Les informations
que l’on reçoit de l’extérieur, les déclarations d’amour, les compliments
comme les critiques, la petite robe ou le regard bleu du moniteur de ski qui
donnent envie de faire des folies transitent d’abord par notre cerveau
« émotionnel » avant d’aller dans notre cerveau « raisonnable ». Cela
provoque parfois des courts-circuits, par exemple si vous craquez pour une
boîte de chocolats alors que vous savez que ça va vous coller une migraine
d’enfer ou si vous giflez votre compagnon parce qu’il vous a traité de
menteuse.
Le problème, c’est que le self-control est une fonction involontaire,
comme la respiration. On ne fait pas exprès de respirer, on ne peut pas faire
exprès de s’autoréguler. De fait, certaines personnes ont moins de capacités
de self-control que d’autres et sont, en conséquence, plus impulsives, elles
ont plus de mal à garder leur calme.
Mais, même quand nos capacités de self-control laissent à désirer, le
combat est bien loin d’être perdu d’avance. Car, parallèlement, nous avons
tous une fonction supérieure, appelée contrôle cognitif ou contrôle exécutif,
pour le dire plus simplement, c’est la force de notre volonté. C’est elle qui
nous permet, par exemple, de nous concentrer sur une tâche ou un objectif
difficile en ignorant les distractions. C’est elle aussi qui peut nous aider à
nous maîtriser, notamment quand on a tendance à prendre les choses un peu
trop personnellement et à s’énerver pour un rien.

Six moyens de garder son sang-froid


La colère, c’est d’abord une question de qualité de fusibles. Si les vôtres ont
tendance à sauter un peu trop facilement, vous ne pouvez espérer être un
modèle de douceur. On n’a jamais vu les tigres devenir des agneaux.
En revanche, vous pouvez dompter la bête. Cela demande un minimum
de travail sur soi, mais c’est plus facile que vous ne pourriez le penser : on
obtient des résultats rapidement.
Détecter les signes avant-coureurs
Contrairement aux idées reçues, la colère n’explose pas soudainement. Pas
plus que les volcans ou les centrales nucléaires. Il y a toujours des signes
d’alerte physique : respiration plus rapide, sensation de chaleur
envahissante, augmentation de la pression dans la tête (« voyant rouge » qui
s’allume), tension dans les épaules, crispation de la mâchoire, des
mains, etc.
Il est, évidemment, plus simple de se contrôler quand on en est encore au
stade « je commence à bouillir ». Cela donne le temps d’évaluer les options
(fuite ou combat) et, même si cela n’évite pas de surréagir, cela a cependant
un effet modérateur.
Apprendre à refroidir
Dès que vous repérez des signes avant-coureurs, lancez des procédures
d’urgence :

Concentrez-vous sur vos sensations physiques. Cela va contre le


sens commun, spontanément on a tous tendance à faire le
contraire, mais en fait plus on se focalise sur le « corps de la
colère », plus on diminue l’intensité émotionnelle de la colère.
Respirez profondément (en gonflant le ventre). On a vu
(chapitre I) que la colère correspondait à la phase « poumons
pleins » qui suit l’inspiration. La colère est toujours aussi un
« trop plein » dans la tête. En respirant profondément et
lentement, vous réduisez la pression et le sentiment que votre tête
va exploser.
Comptez lentement jusqu’à 10. Cela laisse le temps à votre esprit
rationnel de rattraper vos émotions et donc de reprendre le
contrôle. Comptez à nouveau si cela ne suffit pas.
Massez les zones à risques : cou, épaules, crâne, tempes… Cela
occupe vos mains, elles sont moins tentées par des gestes
violents, et cela vous aide à relaxer votre corps.
Répétez-vous mentalement une phrase apaisante : « Je me
calme », « Tout va bien »… La répétition mentale a des vertus
hypnotiques.

Se mettre sur pause


En pleine ébullition, on tient souvent des propos qui dépassent notre pensée
ou, au contraire, l’expriment trop bien. Des propos que l’on regrette plus
tard, soit parce qu’ils ont été injustement blessants, soit parce qu’ils laissent
des traces qui nuisent aux relations futures.
Se taire, écouter l’autre, c’est se donner le temps de reprendre ses esprits,
de réfléchir à la situation et de trouver des réponses plus appropriées.
Notamment quand un problème n’a pas de solution, en tout cas pas
immédiate. Dans la vie, face à certaines injustices, par exemple votre patron
vous licencie sur le thème « dernier arrivé, premier parti », on est parfois
aussi impuissant. Dans ce genre de situation, la meilleure attitude consiste à
se concentrer sur la façon de gérer au mieux sa frustration plutôt que sur la
recherche d’une impossible solution.
Réévaluer la situation
Chauds bouillants, nous avons tous tendance à soupçonner les autres du
pire : « Elle a dit ça pour m’humilier », « Il cherche à m’arnaquer », « Ils
me prennent pour un c… », etc.
On saute souvent et un peu trop rapidement sur des conclusions fausses,
d’autant plus quand on est d’un naturel méfiant, voire un tantinet
paranoïaque.
Alors, la prochaine fois que vous sentez la moutarde vous monter au nez,
posez-vous les questions suivantes : « Qu’est-ce qui me prouve que j’ai
raison de penser au pire, sur quoi est-ce que je me base, n’y a-t-il pas une
autre interprétation possible (et tout aussi crédible), si mon meilleur ami
était dans cette situation, quels conseils est-ce que je lui donnerais ? »
S’exprimer « calmement »
Si, malgré tout, vous pensez que vous avez de bonnes raisons d’être en
colère et que cela peut résoudre un problème, vous pouvez et vous devez
même l’exprimer.
Il y a toutes sortes d’astuces pour le faire sainement et efficacement :
Évitez tout ce qui envenime : reproches (dites plutôt : « Je suis en
colère parce que… »), accusations (partagez plutôt les
responsabilités), rappel des griefs passés (concentrez-vous plutôt
sur ce que vous pouvez faire dans le présent pour résoudre le
problème), généralisations abusives (« Avec toi, c’est toujours
pareil », « Je ne peux jamais compter sur toi », etc.).
Utilisez des formulations acceptables. En colère, on a tous
tendance à exiger un peu trop au nom de la justice, du bon droit,
de la vérité, etc. Et quand ces exigences ne sont pas satisfaites, on
le prend mal. Traduisez vos exigences en attentes : « J’aimerais
que… », « Je souhaite que… » plutôt que « Je demande que… »,
« Je mérite que… ». Vous évitez les blocages et vous obtenez plus
sûrement ce que vous voulez.
Parlez doucement : l’effort que vous faites en ce sens consomme
de l’énergie et baisse d’autant votre niveau d’irritation. Le plus :
les autres nous écoutent mieux et nous entendent plus quand ils
sont obligés de tendre l’oreille.

Ne pas appuyer sur la gâchette !


Vous vous sentez incapable de vous contrôler, la situation a dépassé le seuil
critique (même si vous vous contrôlez, ça explosera), ça n’en vaut pas la
peine (vous allez perdre beaucoup de temps et d’énergie pour pas grand-
chose), les jeux sont faits (il n’y a pas d’accord, de compromis ou de
solution possible)…
Dans ces cas-là, le plus simple est de se désengager et de passer à autre
chose : allez faire un tour, écoutez de la musique (celle qui apaise les
mœurs), laissez s’écouler quelques heures, ou quelques jours, le temps de
vous calmer ou que la situation s’apaise. Ou évitez, autant que possible, les
situations ou les gens qui déclenchent systématiquement l’agacement ou les
sentiments de colère. Par exemple, si chaque fois que vous jetez un œil sur
la chambre de votre ado, le spectacle vous met hors de vous (vous avez
perdu toutes les batailles), contentez-vous de fermer la porte.

La colère, parfois bonne conseillère !


Vous avez un gros problème à régler ? Piquer d’abord une colère,
mais contre quelque chose qui n’a rien à voir avec le problème en
question. C’est la recommandation de chercheurs de l’université
de Californie à Santa Barbara. Ils ont montré que la colère aide à
se concentrer : elle provoque une posture « analytique » face aux
problèmes. On analyse mieux, plus en détail, les arguments d’une
conversation ou d’un dossier si on a été contrarié par autre chose
quelques minutes auparavant.

Source : Personality and Social Psychology Bulletin

Changer ses schémas de pensée


Pour diminuer de manière durable son animosité, il faut aussi changer un
minimum sa manière de penser.
À commencer par lutter contre un certain nombre d’idées reçues :

« Je ne peux pas m’en empêcher. »


Faux. Comme toutes les émotions, la colère nous tombe dessus.
On ne peut évidemment pas contrôler la situation qui la déclenche
ni ce qu’on éprouve quand ça arrive, mais on peut contrôler la
façon dont on exprime sa colère. Même si quelqu’un appuie sur le
mauvais bouton, vous avez toujours le choix, vous n’êtes pas
obligé d’être violent verbalement ou physiquement.
« Ça fait du bien de se lâcher. »
Faux. Contrairement à l’opinion populaire, piquer une grosse
colère n’apporte pas de soulagement durable. La plupart du
temps, on se sent ensuite coupable de ne pas avoir su se maîtriser,
honteux d’avoir donné aux autres une image lamentable
(haineuse, grossière…) et de leur avoir fait du tort (injures,
coups…).
Piquer des crises ne réduit pas l’agressivité, bien au contraire,
cela ne fait que la renforcer. Et la haine nourrit la haine.
« J’ai de bonnes raisons de me mettre en colère. »
Faux. Dans la plupart des situations, notre colère n’est pas
justifiée. C’est juste un mode de réaction plus ou moins inné et/ou
acquis dans l’enfance. Elle cache souvent d’autres sentiments plus
pénibles à vivre : insécurité, gêne, vulnérabilité, peur, culpabilité,
honte…
Et nos colères actuelles ont très peu à voir avec les situations qui
les déclenchent (la preuve, on explose pour des riens) : c’est plus
souvent la réactivation d’anciennes déceptions, frustrations ou
blessures du passé.
« Si je ne me mets pas en colère, on ne me respectera pas. »
Faux. Bien sûr, on peut se faire obéir en criant (quand on a le
pouvoir), l’intimidation est reconnue comme une stratégie
efficace de manipulation. On accorde même plus en crédibilité,
statut social, avantages…, à ceux qui manifestent de la colère.
Mais, à terme, la colère est toujours contre-productive : elle
nourrit les ressentiments, déclenche des processus d’obstruction,
d’escalade, qui peuvent s’avérer très coûteux, occasionner plus de
stress, de rivalités, d’inimitiés, de problèmes insurmontables, etc.

Trois plus pour s’autoréguler


Sceptique sur le fait qu’en changeant simplement nos schémas de pensée,
on puisse diminuer son niveau d’animosité ? Vous avez tort !
C’est vrai que notre capital bien-être est prédéterminé par les gènes et
l’éducation. Vrai aussi que même s’il peut varier en fonction des
événements positifs ou négatifs ou des changements de vie, il a toujours
tendance à revenir à son niveau initial. Par exemple, on gagne au loto ou on
a un gros coup dur, passé l’euphorie ou le choc, on en revient plus ou moins
vite à peu près au même niveau de bonheur qu’on avait précédemment.
Mais ces dernières années, de nombreuses expériences ont montré que
certains exercices, très simples, sont remarquablement efficaces, les
résultats sont visibles en quinze jours, et pour diminuer l’animosité
personnelle (de 50 % en moyenne) et pour accroître durablement son niveau
de bien-être.
Par exemple :

Noter chaque jour trois choses qui ont été bénéfiques dans la
journée et se demander pourquoi, quelle a été notre propre
contribution pour que cela se produise. On se rend très vite
compte, notamment quand on est un peu déprimé, que le tableau
est rarement si noir qu’on l’imagine et qu’on peut avoir des
initiatives positives.
Écrire un témoignage de gratitude et le remettre personnellement
à quelqu’un. Ou au moins se poser trois bonnes questions :
« Qu’ai-je reçu de… ? », « Qu’ai-je donné à… ? », « Quels
ennuis et difficultés ai-je causé à… ? »
Des études récentes démontrent que la gratitude augmente le
niveau de satisfaction et de bonheur au quotidien. Notamment, en
focalisant notre attention sur les aspects positifs de la vie et en
améliorant l’image que l’on a de soi.
Utiliser ses qualités personnelles afin de passer des moments
agréables : aller passer une heure ou deux dans un musée quand
on apprécie l’art, découvrir des nouveaux lieux quand on est
curieux, etc. Les expériences de vie procurent plus de plaisir
durable et de satisfactions que l’achat de biens matériels et
contribuent à notre équilibre émotionnel.

6. Rendre coup pour coup


Dans la vie, on rencontre de temps en temps des gens bien, mais le reste du
temps, on doit se farcir un ramassis d’ego plus ou moins épouvantables,
notamment au boulot. Petits cons agressifs, vieux cons qui font de
l’obstruction, crétins prétentieux, gros beaufs réacs, sexistes, pervers
narcissiques…
Personnalités différentes, promiscuité quotidienne, compétition, rivalités,
intérêts opposés, rapports de pouvoirs… Les relations quotidiennes, c’est
parfois l’enfer. Tous les jours, on se trouve confronté à toutes sortes
d’agressions plus ou moins déclarées.
Et si l’on ne fait rien, avec le temps, ça ne s’arrange pas, et même ça
s’aggrave. Comment renvoyer au néant tous ces méchants zombies qui nous
pourrissent la vie ? Suivez le guide !

Le petit con agressif


Jamais content, il trouve à redire à tout ce que vous faites, il accuse (« Je
t’avais prévenu, c’est de ta faute »), il menace (« Pas de ce petit jeu-là avec
moi, je peux te créer des problèmes »), il pique des crises pour des riens et
vous accable devant tout le monde.
Comment riposter ?
La technique consiste à désamorcer l’agression en misant sur le temps,
l’écoute.

Ne répondez pas du tac au tac, laissez-le vider son sac, cracher


son venin, en ouvrant de grands yeux très étonnés.
Ne vous défendez pas, car vous n’êtes pas coupable, et ne contre-
attaquez pas, même si vous êtes en mesure de le faire parce qu’il
n’est pas votre supérieur. Gardez votre calme. Rompez le contact
si vous êtes trop en colère, si vous n’arrivez pas à maîtriser vos
émotions et vos réactions.
Demandez des explications, par exemple : « Vous voulez dire
que… », « C’est vraiment ce que tu penses… », « Tu peux m’en
dire plus … » En général, le fait d’être écouté sans être contredit
est désarmant. Et ça vous laisse en plus le temps de réfléchir pour
avoir une meilleure idée du problème.
Prenez acte de ses propos, mais affirmez votre propre point de
vue : « Je comprends bien que vous soyez mécontent…, mais je
pense que… »
S’il continue, vous pouvez soit réaffirmer en bloc votre position
(« Je continue à penser que… »), soit attirer l’attention sur un :
« Tu as peut-être raison, mais là on a quand même avancé,
non ? »
Autre option : encouragez votre agresseur à parler de ses propres
sentiments pour expliquer la violence de son attaque : « Je
comprends que vous ne m’aimiez pas mais… », « Nous avons
déjà fait du bon travail ensemble » ou « J’ai toujours fait tout mon
possible pour que tu aies une meilleure opinion de moi. »
Rompez le contact, voire mettez fin à la relation, si vous
n’obtenez toujours pas de résultat, si le petit con est un malade
récidiviste.

Le gros beauf réac


Il fait souvent devant tout le monde des réflexions désobligeantes sur votre
physique, vos origines, votre look ou vos compétences. Et il vous enfonce
systématiquement : « Pour votre anniversaire, on vous offrira des
neurones ! » ou fait des comparaisons en votre défaveur : « Martin, lui,
c’était une flèche. »
Il emploie un ton condescendant en insistant lourdement sur certains
mots, ou lève les yeux au ciel, hausse les épaules et soupire en prenant
(silencieusement) les autres à témoin (genre : « Celle-là, il n’y a rien à en
tirer »). Devant ce type de réflexions racistes, sexistes ou humiliantes à un
titre ou à un autre, on craint souvent de mal interpréter le message (et de
passer pour parano) ou de réagir de façon excessive (et de passer pour
hystérique). Alors, on laisse filer. Et on a tort.
Comment riposter ?
Souvent, on ne répond pas immédiatement à ce type de remarque (elles
nous coupent le souffle, il y a plus urgent…). Mais jouer les grands
indifférents, cela revient souvent à encourager les récidives et même les
surenchères.

Ne rien laisser passer : railleries, humiliations, insultes, menaces,


chantage, harcèlement sexuel… pour bien lui montrer que vous
n’êtes pas une victime ni une proie. Et répondre autant que
possible du tac au tac, en faisant preuve d’humour. Sinon…
1er cas : l’attaque est directe, en clair (pour vous et les autres).
Première chose à faire, lui dire ce que vous ressentez : « Je me
sens blessée par vos réflexions (votre attitude). Que voulez-vous
dire exactement ? » Le plus souvent, le gros beauf s’en sort par
une pirouette (il plaisantait) ou alors il confirme et ça devient une
attaque personnelle. S’il « plaisante », prenez acte et répétez ce
que vous ressentez : « Pour vous, c’est peut-être une plaisanterie,
mais pour moi… » En principe, cela devrait suffire.
2e cas : l’attaque est indirecte, ambiguë ou sous-entendue, genre
« Ça n’avance pas bien vite, non ! », sous-entendu, « Tu fiches
vraiment rien ». Dans ce cas, prêchez le faux pour savoir le vrai :
« Tu veux dire que je ne travaille pas assez (ou assez vite) ? ». Du
coup, soit il fait une véritable critique (constructive), soit il
confirme son hostilité et vous vous retrouvez devant un petit con
agressif.
Si tout ça ne suffit pas, rappelez-lui que la diffamation, la
calomnie, le harcèlement, etc., sont aussi punis par la loi.

Le manipulateur de service
Entre ceux qui disent oui à tout, mais qui n’en pensent pas moins et n’en
font pas plus, plutôt moins ; ceux qui font croire qu’ils n’ont jamais le
temps : « Tu comprends, Machin m’a demandé un mémo pour midi, c’est
prioritaire » ou les moyens : « Mon disque dur est planté, le temps de
retrouver les fichiers, j’en ai bien pour la journée. » ; ceux qui passent leur
temps à se défiler en jouant les distraits : ils oublient les rendez-vous, les
engagements, arrivent continuellement en retard, « perdent » des dossiers…
ou les imbéciles : « Ah bon, on avait dit ça ? », « Je n’ai pas été
informé », etc. ; ou encore ceux qui font toujours de la résistance passive,
de l’obstruction, voire parfois du sabotage en sous-main, sapent la
créativité, les idées nouvelles, les changements… On n’est pas vraiment pas
aidé.
Comment riposter ?
Pas simple, d’autant qu’un vrai manipulateur évite autant que faire se peut
les confrontations directes, prétendra toujours que ses propos ou ses actes
auront été mal interprétés et niera toute arrière-pensée.
Ne pas tomber dans le piège qui consiste à le démasquer, car il
bloque d’autant plus qu’on lui met le nez dans son caca.
Ne pas faire son procès, par exemple en jouant les adultes qui
sermonnent un enfant sur le thème « On ne peut jamais compter
sur toi ! » Ça ne sert à rien. Sur le moment, il vous promettra tout
ce que vous voudrez, mais une fois la porte passée, il continuera à
n’en faire qu’à sa tête.
Ensuite, une seule technique simple, mais terriblement efficace :
la technique du « disque usé », qui consiste à répéter
inlassablement votre demande en gardant le même ton monotone
(ni énervé ni découragé). Exemple : « Je comprends très bien que
vous soyez occupé, que votre disque dur est fragmenté…, que je
vous demande beaucoup, mais nous avons absolument besoin
de… » Fastidieux, bien sûr, c’est comme répéter sans cesse à son
gamin de se laver les dents deux fois par jour, mais un fainéant
finit toujours par céder à l’usure, ne serait-ce que pour qu’on lui
fiche la paix.
Formulez toujours vos demandes de manière précise et limitée,
par exemple : « Occupe-toi de ce dossier, s’il te plaît » et pas :
« Ça serait bien qu’un jour tu t’occupes de ce dossier. »
Et, inversement, vos critiques en termes généraux : « Qu’est-ce
qui ne va pas ? », « Comment on peut faire avancer les choses ? »
plutôt que sous la forme de reproches personnels : « Pourquoi tu
n’as pas fait ton boulot ? »
Ne le laissez pas non plus se poser en victime, ou reporter la faute
sur les autres, pour justifier son incapacité et ses résultats
médiocres. Renvoyez-le systématiquement à ses propres
responsabilités.

Le crétin prétentieux
Petit chef tyrannique, client despotique, créatif « génial »… La « je-me-la-
pète » attitude est un travers fréquent chez tous ceux qui détiennent, ou
croient détenir, un pouvoir, un savoir ou un talent incontournable. Il vous
regarde de haut, vous traite plus ou moins délibérément avec mépris et, en
général, ne vous adresse la parole que lorsqu’il a quelque chose à vous
demander. Il se vexe ou s’énerve chaque fois que vous soulevez une
objection ou que vous lui reprochez son attitude. Évidemment, il se montre
aussi très jaloux de vos succès, même les petits (il ne peut y avoir qu’une
star, lui !) et les déprécie systématiquement (vous avez eu de la chance).
Comment riposter ?

Respectez scrupuleusement les usages et les formes, même quand


lui ne les respecte pas. Évitez donc les familiarités, même quand
il en prend avec vous. Par exemple, utilisez le vouvoiement, sauf
s’il vous demande expressément de le tutoyer.
Ne vous laissez pas impressionner, ne jouez pas les humbles ou
les groupies. Plus vous êtes coulant et bonne pâte plus il vous
prendra de haut.
Rentrez-lui dans le chou. En prenant les formes bien sûr, surtout
si c’est votre patron direct ou un gros client. Pas d’attaque
personnelle, mais une saine confrontation, franche, directe.
Exemple : « Vous êtes sans doute un super pro dans votre
domaine, mais ce n’est pas une raison pour… » Principe : une star
(ou quelqu’un qui pète plus haut que son derrière) n’a de respect
que pour ceux qui s’opposent, lui résistent tout en reconnaissant
son statut de star.
Rappelez-lui que s’il descendait de son petit nuage, il
s’apercevrait vite fait que vous êtes moins con qu’il ne l’imagine.
Réaffirmez chaque fois que possible votre propre expertise :
« Pour autant, j’ai moi aussi du talent… ».

La langue de vipère
Il prêche le faux pour savoir le vrai, il vous donne de fausses informations
pour vous pousser à la faute, fait courir des rumeurs, Untel est alcoolique,
Unetelle a eu sa promo parce qu’elle a couché… En face, il peut se montrer
tout gentil : « C’est formidable de bosser avec une fille comme toi ! C’est
fou ce que tu apportes à l’équipe ! », se soucie de vous : « Ce n’est pas
sympa ce qu’ils t’obligent à faire… » Dans votre dos, il se répand, il
déforme tout ce que vous lui dites et l’utilise contre vous. Par exemple, il
vous dit que Martin va partir, vous demande si vous êtes éventuellement
intéressé par son poste et, ensuite, va raconter à Martin, qui n’a jamais eu le
projet de lâcher son fauteuil, que vous voulez prendre sa place. Au fond,
c’est une espèce de pervers narcissique qui essaie de cacher tant bien que
mal son jeu.
Comment riposter ?

N’entrez pas dans son jeu. Prenez les confidences, les


avertissements, les anodins comme les plus monstrueux, en
haussant les sourcils et en disant : « Ah bon ? », « Tu es sûr ? »
Ce ne sont que des ragots (même quand c’est vrai), pas des infos.
Restez neutre. Dubois est peut-être un salaud, mais cette langue
de vipère l’est encore plus. Et tout ce qu’il vous raconte ne
l’empêchera pas de sauter au cou de Dubois cinq minutes plus
tard avec une joie non feinte.
Éludez les questions personnelles autant que possible, donnez-lui
un minimum d’infos, gardez vos opinions (vous pensez que votre
chef est un crétin) et vos ambitions pour vous (le poste de Martin
vous intéresse).
Jouez les imbéciles heureux quand vous ne pouvez pas vous
défiler. Par exemple, en faisant valoir systématiquement le bon
côté des gens et des choses avec des formules vagues du genre :
votre patron gagne à être connu, Martin se débrouille pas mal…
Calquez votre attitude sur la sienne. Par exemple, il vous dit
qu’Untel a dit du mal de vous, répondez-lui « Il m’en a dit aussi
de vous. » Le procédé est bas, mais très efficace.

Le parano de service
Il vous regarde tout le temps comme si vous aviez l’intention de lui piquer
son fauteuil, son assistante, sa place de parking ou de partir avec le fichier
clients. Il imagine toujours des significations cachées, des intentions
menaçantes, dans les moindres de vos propos et vos actes les plus anodins.
Quand son ordinateur bugue, il vous soupçonne d’avoir balancé un virus sur
son disque dur ou s’il n’y a plus de chocolat, que vous l’avez planqué. Et si
vous oubliez de le mettre en copie d’un mail, c’est que vous lui cachez des
informations et que vous cherchez à le piéger.
Comment riposter ?

Ne pas faire d’humour. C’est tout ce qu’il déteste : l’aisance qu’il


n’a pas dans les relations sociales, et il prend ça pour des
moqueries. Et ne vous montrez ni trop aimable, ni trop
sympathique. Plus vous l’êtes, plus il vous soupçonne
d’intentions tortueuses, de vouloir lui planter un couteau dans le
dos.
Calquez votre attitude sur la sienne. Par exemple, en gardant un
air sérieux en toutes circonstances (la bonne humeur, c’est
louche), en parlant carré (tout ce qui est au conditionnel est
menaçant), ou en cherchant, comme lui le fait, sans cesse la petite
bête, le défaut caché, pour le rassurer.
Abondez dans son sens. Bien sûr, il a des ennemis, des gens qui
disent du mal de lui, qui lui en veulent, des concurrents ou des
rivaux qui attendent qu’il commette une faute pour prendre sa
place. Mais comme tout le monde : ni plus ni moins.

7. Jouer « gagnant-gagnant »
On peut difficilement être soi, vrai, dans un monde où les autres ne le sont
pas ou si peu. D’où l’intérêt de s’entourer de bonnes personnes (voir
page 210).
Sauf que l’on ne choisit pas les gens qu’on rencontre ni ceux que l’on
doit fréquenter pour diverses raisons, notamment professionnelles.
On a vu comment il fallait s’y prendre dans un certain nombre de
situations et avec différents types d’interlocuteur, mais quelles sont les
règles de base ? Comment s’y prendre avec les autres dans un monde
d’égoïstes où chacun ne pense qu’à ses intérêts personnels en se fichant
souvent de toute considération morale, d’honnêteté, de générosité ou de
respect ? Cela peut sembler mission impossible lorsqu’on ne s’entend pas a
priori et qu’on ne veut pas les mêmes choses.
Pourtant, même quand les intérêts et les objectifs sont incompatibles,
voire éventuellement conflictuels, rien n’est perdu. La solution consiste à
considérer les autres comme des nations souveraines et à leur montrer qu’ils
ont tout intérêt, autant que soi-même, à miser sur la coopération et la
réciprocité plutôt que sur le chacun pour soi.
C’est ce qu’a démontré Robert Axelrod, un chercheur en sciences
politiques de l’université du Michigan. Il a demandé à des spécialistes,
psychologues, sociologues, mathématiciens, etc., de définir toutes les
stratégies possibles dans les différentes situations qui peuvent se présenter.
Par exemple, l’agressivité est une stratégie, la soumission en est une
autre, comme « seul contre tous », « aléatoire », etc. En tout, soixante-trois
stratégies différentes, certaines très complexes, ont été caractérisées.
Axelrod a ensuite organisé un tournoi informatique où chacune de ces
stratégies jouait contre toutes les autres, et aussi contre elle-même. Au bout
du compte, c’est la stratégie « gagnant gagnant », qui consiste à coopérer au
premier coup puis à imiter le comportement de l’autre joueur au coup
précédent, qui l’a emporté haut la main.
La stratégie « gagnant-gagnant » privilégie quatre comportements
individuels :

Ne pas être jaloux de la réussite de l’autre


On a intérêt à chercher à gagner plus, plutôt qu’à battre l’autre.
Quand on cherche à battre l’autre, on risque de perdre beaucoup.
En revanche, en cherchant à gagner plus, parfois on perd, mais
globalement sur la longueur, on est toujours gagnant.
Ne pas être le premier à faire cavalier seul
Se montrer bienveillant. Donc éviter les conflits inutiles en
coopérant aussi longtemps que l’autre coopère. Les stratégies
malveillantes entraînent de fortes vengeances, avec des conflits
coûtant cher.
Pratiquer la réciprocité dans tous les cas
On coopère, mais on riposte aussi chaque fois que l’autre ne joue
pas ou plus la coopération, par exemple piétine vos plates-bandes,
outrepasse vos droits ou se montre injuste. Une riposte ni trop
forte pour ne pas provoquer une escalade ni trop faible (ou pas du
tout), ce qui vous fait passer pour une poire ou une proie.
Ne pas jouer au plus malin
Autrement dit avoir un comportement clairement identifiable,
autant que possible transparent, pour que les autres sachent à quoi
s’en tenir. En étant simple, le « gagnant-gagnant » est facilement
repérable et les autres comprennent alors plus rapidement tout
l’intérêt de coopérer.

La stratégie « gagnant-gagnant » n’est sans doute pas infaillible,


notamment quand le rapport de force est trop déséquilibré (par exemple,
vous vous faites virer par votre patron), mais elle est suffisamment efficace
pour être de plus en plus utilisée dans les relations entre les États et les
négociations de haut niveau.
On ne fait pas mieux pour être soi-même et encourager ceux qui ne le
sont pas à le devenir.
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