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géographes français
Dresch Jean. Notes de géomorphologie congolaise. In: Bulletin de l'Association de géographes français, N°181-182, 23e
année, Novembre-décembre 1946. pp. 116-123;
doi : https://doi.org/10.3406/bagf.1946.7206
https://www.persee.fr/doc/bagf_0004-5322_1946_num_23_181_7206
SEANCE, DU 7 DÉCEMBRE
Communication de M. J. Dresch
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II faut évidemment partir des régions les mieux connues, soit
qu'elles aient été mieux étudiées, soit qu'elles aient fourni une
documentation plus complète, et s'avancer de là vête les régions
les moins, connues. La massivité de l'Afrique légitime des inter*
polations, des hypothèses de travail qui, ailleurs, seraient
dangereuses. Or, de même que les géologues du Congo (belge,
surtout de la portion méridionale du pays, ont largement profité
des progrès de la géologie sud-africatne, de même il n'est pas
sans intérêt de tirer parti des connaissances acquises dans la
partie méridionale de la cuvette congolaise pour préciser la
géomorphologie de sa partie septentrionale.
Stratigraphie des formations de couverture et p né plaines au
Congo belge. — Les géologues ont pu, ces dernières années,
préciser la stratigraphie des formations de c overture en
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MONTS DU
ÇHAILLU
Sibiti
Çon.
Fig. 1.
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comme dans le massif du Chaillu, par des témoins de surfaces
antérieures.
Dans ces conditions, il conviendrait de réviser l'opinion
communément admise selon la-guelle le cours inférieur du
Congo résulterait d'une capture, opinion soutenue notamment
par F. Delhaye et adoptée par Robert. 'Le fleuve creuse sa
-vallée dans les grès du plateau des cataractes, conservés dans un
ensellement entre les monts du Ghaillu et les montagnes de
l'Angola. Mais où sont les preuves de capture ? Les rapides ont
une, origine structurale évidente. Le fleuve traverse de part en
part toutes les crêtes appalachiennes de roches dures apparues
sur les flancs de synclinaux successifs et ne s'adapte que dans
le détail; il s'encaisse dans les grès du plateau des cataractes
alors que, de part et d'autre, ses affluents de gauche ou le
Niari étalent leurs vallées dans la série schisto-calcaire
beaucoup plus tendre. Une. rivière conquérante aurait progressé par
les zones de moindre résistance, et son cours, s'adapterait à la
structure. Comme le pense Fourmarier, le cours dû Congo est
surimposé. Nous pouvons ajouter qu'il coulait sur la surface
miocène, et peut-être aussi sur la surface jurassique dont la
formation correspond à une période de climat humide. Jl est
donc également antécédent. Et les déformations' de la .
pénéplaine miocène, beaucoup plus basse sur la côte, pourraient
permettre de tenter d'expliquer la grande vallée sous?marine
du fleuve. Est-il même antérieur ? S'est-il constitué par
déversement ? Simples questions.
MASSIF DE
Fig. 2
Bangui, les mônis Karré, au- noi% de Bozoum, des hauteurs de
l'Oubangui oriental. Surface immense, si régulière que la ligne
de partage des eaux entre bassin de l'Oubangui et bassin du
Tchad est indécise, que les rivières divaguent dans des vallées
séniles ou se perdent dans les marécages. De loin en loin,
quelques buttes résiduelles, très gourdes. Elle est recouverte dans
l'Oubangui occidental par les sables du Kalahari supérieur
(fig. 2).
Il s'agirait donc bien de la surface miocène qui constitue
ainsi le soubassement de la cuvette du Tchad comme de celle
du tac Victoria. Mais, tandis qu'aucun autre cycle d'érosion
n'est visible dans la cuvette tchadienne, on observe, sur le
versant Oubangui, une nouvelle surface emboîtée, larges vallées très
mûres, élargies parfois en vraies plaines dans les schistes
tendres, comme la plaine de Bangui. Le contact est souvent
brutal, surtout lorsque la reprise d'érosion est arrêtée par des
roches dures qui provoquent des chutes, comme celles de la
Bouali, au Nord-Ouest de Bangui; si brutal qu'on y a parfois
vu des failles multiples^ peu vraisemblables. Ce sont là les
caractéristiques de la surface plipcène. Tandis que certains
cours d'eau secondaires se perdaient sur les plateaux de sable
du Kalahari supérieur, où se suivent des traînées de graviers
roulés qui rappellent les high level gravels d'Afrique australe,
les rivières Importantes, au cours d'une phase humide,
parvenaient à s'encaisser puis à régulariser leur cours, et à élargir
leurs vallées. L'assèchement du climat explique la raideur des
versants et la formation d'une cuirasse limonitique sur les
argiles latéritiques. C'est dans ces larges vallées que^se sont
emboîtées les terrasses quaternaires.
Ainsi, l'évolution du relief serait remarquablement uniforme
dans iout l'ensemble du bassin congolais. Mais 1$ rigidité de
l'Afrique apparaît toute relative, même à l'écart des grandes
cassures orientales, et la multiplicité des surfaces d'érosion
révèle la complexité de son évolution récente. Quant aux
grandes captures par érosion régressive provoquant la vidange
d'immenses lac» intérieurs^ il faudrait y renoncer dans le bassin du
Congo* comme probablement ailleurs.