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Bulletin de l'Association de

géographes français

Notes de géomorphologie congolaise


Jean Dresch

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Dresch Jean. Notes de géomorphologie congolaise. In: Bulletin de l'Association de géographes français, N°181-182, 23e
année, Novembre-décembre 1946. pp. 116-123;

doi : https://doi.org/10.3406/bagf.1946.7206

https://www.persee.fr/doc/bagf_0004-5322_1946_num_23_181_7206

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— 116 —

SEANCE, DU 7 DÉCEMBRE

Présidence de M. Emm. de Martonne

Le Président proclame membres de l'Association :

M. Delvert, assistant ù l'Institut de Géographie de Paris, 40,


rue Guynemer, Paris, 6e.

M. A. Façon, professeur au Lycée d'Angoulêmc (Charente).

M.* A. Journaux, professeur agrégé au lycée de Chartres,


161, bd du Montparnasse, Paris, 6e.

Mlle A Pasquier, diplômée d'Etudes supérieures, 214, bd


Raspail, Paris, 14e. .

M. de Planho-l, professeur agrégé au Prytanée militaire,


Hameau de Boulainvilliers, Paris, 16e.

M. J. Popot, diplômé d'Etudes supérieures, 9, rue Borghèse,


Neuilly-sur-Seine.

M. A. Rondeau, professeur, 61, rue Froidevaux, Paris, 14e.

Communication de M. J. Dresch

Notes de géomorphologie congolaise

Les traits généraux du relief africain sont si simples qu'on


a tendance à les schématiser : socle cristallin pénéplahé,
plateaux structuraux limités par des cuestas grandioses, bassins
remblayés, occupés par des lacs et généralement drainés par
des cours d'eau récents, encaissés dans les hauteurs qui isolent
ces bassins de l'Océan, à la suite de captures par érosion
régressive.
Schéma trop simple, même au Nord de la dorsale Guinée-
massif abyssin, où les dépôts continentaux pojsthercyniens sont
mal datés. Trop simple, surtout au Sud de cette dorsale où la
stratigraphie des séries composant le socle et la couverture est
différente et mieux précisée. Quelles sont les surfaces qui nivè-
lent le socle, car elles peuvent être multiples ? Les retrouve-t-on
dans les cuvettes ? Comment s'est établi le- drainage de ces
dernières ? Autant de questions qu'il convient de poser.
'
. ~- 117 —


.
II faut évidemment partir des régions les mieux connues, soit
qu'elles aient été mieux étudiées, soit qu'elles aient fourni une
documentation plus complète, et s'avancer de là vête les régions
les moins, connues. La massivité de l'Afrique légitime des inter*
polations, des hypothèses de travail qui, ailleurs, seraient
dangereuses. Or, de même que les géologues du Congo (belge,
surtout de la portion méridionale du pays, ont largement profité
des progrès de la géologie sud-africatne, de même il n'est pas
sans intérêt de tirer parti des connaissances acquises dans la
partie méridionale de la cuvette congolaise pour préciser la
géomorphologie de sa partie septentrionale.
Stratigraphie des formations de couverture et p né plaines au
Congo belge. — Les géologues ont pu, ces dernières années,
préciser la stratigraphie des formations de c overture en

.

Angola et au Congo belge. D'après les mises au oint les plus


récentes (1), elle peut être résumée de la façon sr vante :
Le Karroo fossilise une surface irrégulière, rabotée en
dernière analyse par un inlandsis et des langues glaciaires, la
pénéplaine antekarroo. Il se compose de formations d'eau saumâtre
et non pas continentales comme en Afrique australe ; elles ont
au maximum 700 jn, d'épaisseur dans les parties les plus
creuses de la dépression congolaise, fort inégale, et vont du Per-
mien au Trias supérieur, et -peut-être au Rhétien.
Le socle et tous les termes du Karroo sont nivelés par une
surface d'érosion. Elle serait contemporaine de celle qui, en
Union Sud-Africaine, est fossilisée jsqjis des couches infracréta-
cées à Dinosauriens. C'est la pénéplaine jurassique. Elle est
fossilisée par la série dite de Kamina du Kalahari, considérée p'a^r
comparaison comme datant du Crétacé inférieur. Mais la
sédimentation a été interrompue par une nouvelle période d'érosion
qui a abouti à la formation d'une pénéplaine crétacée, peu
distincte de la pénéplaine jurassique dont les buttes résiduelles à
Kamina ne .domineraient la nouvelle surface que de 30' m. Cette
dernière a été fossilisée à son tour par les conglomérats et
« grès polymorphes » du Kalahari moyen, datés du Crétacé
moyen à l'Oligocène, par comparaison avec les faits observés
dans la plaine côtière atlantique.
Survient une nouvelle période d'érosion, fort longue, puisque
la carapace siliciflée qui protège le Kalahari moyen a pu
être partiellement détruite. C'est la pénéplaine miocène, la
pénéplaine ancienne de Robert, la plus importante et la plus
évoluée. Dans les régions où le socle affleure, en bordure de la
cuvette, elle recoupe les surfaces antérieures, sans qu'il y ait
entre elles une grande différence d'altitude. Elle est signalée à
1.40*0 et 1.500 m. sur les plateaux sans relief qui séparent les
bassins du Kassai et du Zambèze, à plus de 2.000 m. à l'Ouest du
Tanganiika, puis sous la cuvette du lac Victoria, aussi bien

(1) Voir notamment : L. Cahen, A. Jamotte, J. Lepieirsonne, G. Mortel-


Mans
systèmes
géol ogique du
: du
«Congo
Etat
Kalahari
belge
actueletetdes
du
du Karroo
Connaissances
RuandaauUrundi,
Congo
relatives
belge
n° 2, 1946.
Ȉ . la
Bull,
stratigraphie
du Service des
— 118 —

qu'en Angola et dans le Congo occidental où elle n'est plus qu'à


700 m., beaucoup plus bas encore sur la côte.
Elle a donp été déformée : elle l'a été une -première fois au
cours de mouvements assez faibles, puis a été fossilisée, dans
la cuvette, sous les dépôts du Kalahari supérieur, limons
sableux et p^ir endroits calcaires lacustres, sans doute du
Pliocène inférieur. Les déformations les plus importantes sont
postérieures, car les dépôts du Kalahari sont très réguliers et
peu épais, une centaine de mètres, au maximum 200 dans le
Kwango. Ces déformations majeures ont provoqué une reprise
d'érosion vigoureuse et la formation d'une dernière surface
d'érosion; nettement emboîtée dans la surface miocène, sous la
forme de vallées très larges et mûres, à versants raides, souvent
150 à 200 n> en contrebas. C'est la surface pliocène, la surface
seconde de , lo'bert, dans laquelle s'emboîtent à leur tour les
terrasses trèv régulières des vallées quaternaires.
Ainsi conviendrait-il de reconnaître au Congo belge, une
série de surfaces dont_on peut contrôler l'existence par l'étude
des formations de la" côte atlantique. La surface antekarroo
est dégagée par les rivières qui atteignent le socle, et,
théoriquement, au contact du Karroo et du socle ; les surfaces plus
récentes, Jurassique, ou Jurassico-Crétacée et Miocène, qui
s'étagent les unes au-dessus des autres, de la plus ancienne à la
plus récente, dans la zone la plus déprimée de la cuvette où
elles ne jouent aucun rôle dans la topographie, doivent se
recouper en biseau et s'emboîter dans les plateaux de bordure,
surtout dans le socle, où la surface antekarroo a dû disparaître
et où la surface jurassique inachevée ne subsiste qu'à l'état de
témoins peu élevés au-dessus de la surface miocène
démesurément étendue. La surface pliocène s'emboîte aussi bien dans
les formations de remblaiement de la cuvette que dans les
surfaces antérieures. L'importance des mouvements pliocenes et
les variations d'altitude de la surface miocène laissent à penser
que l'emboîtement de la surface pliocène est fort inégal d'une
région à l'autre.
Le relief du bas-Congo. — Ces précisions permettent
d'interpréter le relief des régions plus septentrionales où les
formations de couverture ont souvent disparu, si elles ont jamais
existé, et où leur stratigraphie est encore mystérieuse.
Le ibas-Congo, entre la cuvette remblayée et l'Océan, est un
pays de collines, ou de montagnes peu élevées, parfois
vigoureusement entaillées par les rivières. On y distingue une bande
côtière de terrains sédimentaires marins, crétacés et éocènes,
nivelés par une su.rface d'abrasion recouverte de formations
rappelant les grès polymorphes et leur carapace silicifiée ;
il s'agirait donc de la surface miocène, ici vers 150 m.,
fossilisée par des sables eux-mêmes recoupés par la surface de
base de la « série des cirques » (surface pliocène?). Cette
bande est dominée par la chaîne du Mayom'bc qui s'étend du
bas-Moyen Congo français, à travers Cabinda, jusqu'au bas-
Congo belge, chaîne très complexe constituée par des granites
et gneiss à l'Ouest, puis par des roches métamorphiques très
— 119 —

variée^, alternativement tendres et très résistantes


correspondant à la série dite quartzo-schisteuse par les géologues
français. Cette série est violemment plissée, charriée peut-être vers
le Sud-Ouest ; parmi des collines dominées par de lourds
massifs résiduels, on voit affleurer en synclinaux pinces les
couches les plus dures, notamment des quartzites, en crêtes appa-
lachiennes monoclinales qui saillent jusqu'au milieu du fleuve,
provoquant coudes brusques et rapides fantastiques. Cette zone
tourmentée est suivie par une zone de croupes beaucoup plus
calmes, aux surfaces horizontales, où l'écoulement est difficile,
parfois interrompu par des dépressions fermées, où les vallées
s'encaissent entre des versants concaves, où le grand fleuve
s'assagit en un bief paisible entre Isangila et Manyanga. Elle
correspond à l'affleurement de la série schisto-calcaire. Puis,
entre Manyanga et le Pool, le Congo1 s'encaisse dans 1& plateau
gréseux des cataractes constitué par les grès du Kundelungu
sensu stricto dont les bancs durs, doucement inclinés vers
l'Est, déterminent des falaises sur ses rives et des rapides dans
son lit (fig. 1).

MONTS DU
ÇHAILLU
Sibiti

Çon.

Fig. 1.

Ce plateau est limité à l'Ouest, au Nord et au Sud, par une


cuesta très régulière à l'Ouest et au Sud, beaucoup plus
festonnée au Nord, et précédée de buttes et massifs témoins : de ce
côté, la cuesta et ses accidents sont déterminés par des plis
brusques, accompagnés de failles et de minéralisations qui se
suivent depuis Bocosongo jusqu'à Mindouli. La zone des
croupes, adoucies dans la série schisto-calcaire, se poursuit du pied
du plateau, au Nord et au Sud, comme à l'Ouest. De larges
vallées s'y creusent, celles du Eouilou et de l'Inkisi au Sud, de part
et d'autre de la crête de Thysville, celle du Niari au Nprd. Ces
_ 120 —

vallées ne sont pas sans Tessemiblances : elles sont très larges


et d'aspect très mûr, bien que le Kouilou doive s'encaisser
avant de se jeter dans le Congo et le Kouilou-Niarî à travers le
Mayombe. La vallée du Kouilou-Niari s'étale même
démesurément en une vraie plaine de piémont que suit le chemin de
fer du Congo-Océan : elle est recouverte d'alluvions latériti-
sées, et accidentée par quelques croupes calcaires ; c'est une
sorte de dépression subséquente au pied de la cuesta consti*
tuée par les grès et, à la base, par des calcaires ; elle est
dissymétrique parce que le fleuve a été repoussé vers le Nord et
s'encaisse au pied des premiers ressauts du massif du Chaillu,
en contrebas de la plaine et de deux terrasses.
Au-dessus de ces vallées mûres, les plateaux d'érosion qui
recoupent les formations schisto-calcaires en aval se
poursuivent, extrêmement réguliers, notamment ceux de Lukuga
au-dessus du Kouilou, ou ceux qui s'élèvent sur le flanc Sud
du Chaillu, recoupant les séries schisto-calcaires, quartzo-
schisteuses, granites et gneiss, dans les régions de Sibiti et de
Mouyondzi. Tous ces plateaux sont découpés encore par des
vallées très mûres ; ils sont partout surmontés par des reliefs
résiduels lourds qui prennent de l'importance dans le massif
du Chaillu. Le plateau des cataractes lui-même n'est pas un
plateau structural. On n'y voit que collines aux formes douces
pu il semble, qu'on puisse distinguer au moins deux niveaux.
Comment interpréter ces formes du relief ? La surface
antekarroo ne doit pas subsister au contact du socle et des
formations dé remblaiement de la cuvette à l'Ouest du Stanley-
Pool. En effet, les sables blancs, conservés en plaquages qui
empâtent les formes très douces des collines entre Brazzaville
et Kinkala, et des limons sableux à l'Ouest de Kinkala doivent
être rapportés au Kalahari et non au Karroo. Les faciès sont
comparables à ceux du Kahalari étudiés au Congo belge dans
la région de Léopoldville. Le Kalahari est nettement transgres-
sif sur le Karroo et ses témoins sont beaucoup plus étendus. La
surface miocène monte donc doucement sur le flanc oriental
des collines et montagnes qui séparent la cuvette de l'Océan.
On est en outre surpris de constater combien les
caractéristiques des surfaces d'érosion observées rappellent celles qui sont
datées plus au Sud. *I1 semble que les immenses plateaux
d'érosion dans lesquels sont emboîtées les vallées mûres se
rattachent à la pénéplaine miocène et que, comme l'ont indiqué les
géologues belges pour la vallée de l'Inkisj, les vallées mûres
se rapportent à la surface pliocène. Au surplus, ce n'est pas là
une simple hypothèse. Sur la crête de Thysville sont
conservés des meulières et sables, témoins fossilifères du Kalahari,
vers 700 m., plus ou moins au niveau du plateau des cataractes
(plateau du Bamgu) sur lequel d'autres témoins subsistent (1). Le
plateau des cataractes serait donc au moins pro parte à
rapporter lui aussi à la surface miocène, dominée peut-être,

(1) J. Lepersonne : « La stratigraphie du système du Kalahari et du


système du Karroo au* Congo occidental » . Bull, du Service géologique du Congo
belge et du Ruajida Vrundi, n° 1, 1945, p. 411.
— 1.21 —

.
comme dans le massif du Chaillu, par des témoins de surfaces
antérieures.
Dans ces conditions, il conviendrait de réviser l'opinion
communément admise selon la-guelle le cours inférieur du
Congo résulterait d'une capture, opinion soutenue notamment
par F. Delhaye et adoptée par Robert. 'Le fleuve creuse sa
-vallée dans les grès du plateau des cataractes, conservés dans un
ensellement entre les monts du Ghaillu et les montagnes de
l'Angola. Mais où sont les preuves de capture ? Les rapides ont
une, origine structurale évidente. Le fleuve traverse de part en
part toutes les crêtes appalachiennes de roches dures apparues
sur les flancs de synclinaux successifs et ne s'adapte que dans
le détail; il s'encaisse dans les grès du plateau des cataractes
alors que, de part et d'autre, ses affluents de gauche ou le
Niari étalent leurs vallées dans la série schisto-calcaire
beaucoup plus tendre. Une. rivière conquérante aurait progressé par
les zones de moindre résistance, et son cours, s'adapterait à la
structure. Comme le pense Fourmarier, le cours dû Congo est
surimposé. Nous pouvons ajouter qu'il coulait sur la surface
miocène, et peut-être aussi sur la surface jurassique dont la
formation correspond à une période de climat humide. Jl est
donc également antécédent. Et les déformations' de la .
pénéplaine miocène, beaucoup plus basse sur la côte, pourraient
permettre de tenter d'expliquer la grande vallée sous?marine
du fleuve. Est-il même antérieur ? S'est-il constitué par
déversement ? Simples questions.

Le relief de VOubangui occidental. +- A l'Ouest de Bangui,


le relief de l'Oubangui occidental se compose de plateaux
monotones recoupant les séries quartzo-sehisteuses. fortement
plissées, le complexe granito-gneissique et des intrusions
granitiques. Mais ces formations du socle sont recouvertes, eatre
Berberati, Bouar, Bozoum, Boda, par des grès peu épais (une
cinquantaine de mètres en moyenne) dont Babet a relevé la
coupe : des conglomérats, ferrugineux à la base, considérés
comme une ancienne carapace limonitique, sont surmontés
par des , grès blancs kaolineux à stratification entrecroisée et
des grès et argiles ferrugineux. Ce ne sont pas des grès de
Kundelùngu, malgré certaines notations de la carte géologique
de l'A.E.F. de 1942, unanimement considérées comme très
douteuses. Karroo, ou Kalahari ? Dans leur synthèse, les géologues
belges admettent que la série supérieure du Karroo, la série du
Kwango, se retrouverait vers TOubângui, au Congo belge,,
comme à la base des plateaux Batèké au Moyen-Congo. Sans
doute, la coupe est-elle, partout dans cette portion
septentrionale du bassin, assez régulière/ Mais elle est caractérisée
partout par la disparition des séries inférieures, du Karr.oo et
le caractère nettement transgressif, du Kalahari. On peut dou- -
ter qu'en Otebangui les conglomérats ferrugineux de basé
représentent la série de Kwaqgo. Avec les grès bariolés qui leur
sont les
que' associés,
grès blancs
ils rappellent
qui vies surmontent,
plutôt le Kalahari
analogues
moyen,
aux tandis
sables
du plateau Batéké, «Pont partout considérés comme représentant
ioo

le Kalahari supérieur. Ils viennent mourir sur le socle au


point qu'aucune coupure topographique ne sépare la zone de
couverture sableuse de la zone du socle ; l'amincissement de
la formation de couverture, la disparition des couches
résistantes explique l'absence de cuesta, comme à l'Ouest de
Brazzaville.
Au surplus, les formes de relief ne sont pas moins
suggestives. On distingue dans le massif de Yadé, sur la dorsale
Congo-Nil, deux hautes surfaces emboîtées. La plus haute
nivèle granite et gneiss à environ 1.000 m., est sillonnée par
les vallées séniles à fond marécageux de l'Ouahani et de la
Pende, têtes du Logone, et est surmontée par quelques buttes
résiduelles isolées ou des crêtes allongées d'Ouest en Est ;
crêtes de granites desquames, hérissées de blocs en boule qui
portent à plus de 1.200 m., au-dessus de Bocaranga, lés points
culminants du massif de Yadé, prolongé vers l'Est par le
massif Karré. Cette surface est disséquée sur le pourtour du massif
en crêtes ty buttes résiduelles posées sur une surface qui
s'étend uniformément sur tout le seuil séparant, au Nord de

MASSIF DE

Fig. 2
Bangui, les mônis Karré, au- noi% de Bozoum, des hauteurs de
l'Oubangui oriental. Surface immense, si régulière que la ligne
de partage des eaux entre bassin de l'Oubangui et bassin du
Tchad est indécise, que les rivières divaguent dans des vallées
séniles ou se perdent dans les marécages. De loin en loin,
quelques buttes résiduelles, très gourdes. Elle est recouverte dans
l'Oubangui occidental par les sables du Kalahari supérieur
(fig. 2).
Il s'agirait donc bien de la surface miocène qui constitue
ainsi le soubassement de la cuvette du Tchad comme de celle
du tac Victoria. Mais, tandis qu'aucun autre cycle d'érosion
n'est visible dans la cuvette tchadienne, on observe, sur le
versant Oubangui, une nouvelle surface emboîtée, larges vallées très
mûres, élargies parfois en vraies plaines dans les schistes
tendres, comme la plaine de Bangui. Le contact est souvent
brutal, surtout lorsque la reprise d'érosion est arrêtée par des
roches dures qui provoquent des chutes, comme celles de la
Bouali, au Nord-Ouest de Bangui; si brutal qu'on y a parfois
vu des failles multiples^ peu vraisemblables. Ce sont là les
caractéristiques de la surface plipcène. Tandis que certains
cours d'eau secondaires se perdaient sur les plateaux de sable
du Kalahari supérieur, où se suivent des traînées de graviers
roulés qui rappellent les high level gravels d'Afrique australe,
les rivières Importantes, au cours d'une phase humide,
parvenaient à s'encaisser puis à régulariser leur cours, et à élargir
leurs vallées. L'assèchement du climat explique la raideur des
versants et la formation d'une cuirasse limonitique sur les
argiles latéritiques. C'est dans ces larges vallées que^se sont
emboîtées les terrasses quaternaires.
Ainsi, l'évolution du relief serait remarquablement uniforme
dans iout l'ensemble du bassin congolais. Mais 1$ rigidité de
l'Afrique apparaît toute relative, même à l'écart des grandes
cassures orientales, et la multiplicité des surfaces d'érosion
révèle la complexité de son évolution récente. Quant aux
grandes captures par érosion régressive provoquant la vidange
d'immenses lac» intérieurs^ il faudrait y renoncer dans le bassin du
Congo* comme probablement ailleurs.

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