Vous êtes sur la page 1sur 3

1

Les Grands Mythes – L’Iliade


04 Le Sang de la Déesse

L’armée des Grecs déferle sur les remparts de Troie. Agamemnon, le roi des rois, l’a vu en rêve, la cité de Priam sera prise
aujourd’hui. Ce rêve est un message des dieux et il a ranimé le courage de ces hommes. Qu’il importe si le plus puissant des
Grecs, Achille, s’est retiré sur sa tente. Zeus et les Olympiens ont décidé d’offrir la victoire à Agamemnon. En face, les Troyens,
commandés par Héctor et Paris, s’apprêtent à lancer l’assaut contre ces Grecs dont ils savent qu’ils sont désormais privés de
celui qu’ils considèrent comme leur fléau. Achille était pour Troie le désastre suprême. Les deux armées s’élancent l’une contre
l’autre, toutes sont certaines d’emporter la victoire. Le choc est terrible. Les javelots fendent l’air, les épées se fracassent contre
les boucliers, les corps roulent dans la poussière, des cris d’une sauvagerie inouïe montent jusqu’au ciel.

(phénomène dévastateur) curse;


fléau nm [fleo]
plague, scourge

se fracasser v pron (éclater violemment) smash [fʀakase]

(particule de terre) dust, dirt;


poussière nf [pusjɛʀ]
speck of dust

(incroyable) unheard of;


inouï adj [inwi]
(informal) incredible, amazing

Sur l’Olympe, les dieux n’ont rien perdu de la scène qui se joue au pied des murailles de Troie. Héra et Athéna sont sidérées.
Agamemnon a-t-il perdu la tête ? Il court à sa perte. Quelle folie l’a fait se précipiter contre les troupes ennemies alors que
depuis des jours, les Grecs sont affaiblis par les flèches d’Apollon et que leur principal guerrier, Achille, s’est calfeutré sous sa
tente. Héra et Athéna s’apprêtent à quitter l’Olympe, à s’élancer au secours de leurs héros, les Grecs. Apollon, Artémis et
Aphrodite bandent leurs arcs, prêts à secourir les Troyens. Mais Zeus, les arrête d’un geste impérieux, il interdit désormais aux
dieux de se mêler du combat des hommes. Mieux, il leur recommande d’assister depuis des hauteurs de l’Olympe à cette joute
qui pour le moment voit Grecs et Troyens s’anéantir les uns les autres, sans qu’aucun des deux camps ne l’emporte.

(très étonné) staggered,


sidéré adj [sideʀe]
astonished, astounded, stunned

(qui a perdu de ses forces)


affaibli adj [afebli]
weakened, weak, feeble

se calfeutrer v (s'enfermer dans une pièce) shut


[kalføtʀe]
pron yourself up, shut yourself away

(tendre) bend; draw [sth] back;


bander vtr [bɑ̃de]
stretch, tauten, tense

littéraire (rivalité) (figurative)


joute nf [ʒut]
spar, sparring match

(exterminer : [qch]) destroy, wipe


anéantir vtr [aneɑ̃tiʀ]
[sth] out, annihilate

Mais soudain, Zeus lui même marque un mouvement de surprise. Car deux hommes viennent de se reconnaître au cœur du
combat. Autour d’eux, le silence se fait, tout comme les dieux les guerriers regardent ces deux là, se défient. Ménélas fait face à
Paris. Ménélas ne dit rien, la rage monte à son cœur. Il avance d’un pas lourd vers ce jeune homme qui vient vers lui sans
trembler, peau de panthère jetée sur l’épaule, arcane bandoulière, épée à la main. Alors Héctor s’interpose, face au redoutable
Ménélas, élevé pour la guerre, son jeune frère n'a aucune chance. Mais Paris ne laisse pas parler, il désigne les cadavres autour
d’eux, les blessés qui agonisent, la terre de Troie gorgée de sang. Afin d’épargner des vies innocentes, il affrontera Ménélas en
combat singulier. Après tout, c’est une querelle entre dieux : l’époux délaissé et l’amant choisie. Celui qui remportera la victoire,
remportera tous les trésors et conduira Hélène chez lui. Héctor lève les yeux au ciel, encore Hélène. Son frère n’a-t-il donc pas
compris qu’Hélène n’est qu’un prétexte ? Il accable Paris, il ne voit qu’Hélène, ne pense qu’à Hélène, ne vit que pour Hélène.
Alors que c’est la cité troyenne qui est la cible de l’assaut des Grecs.

(provoquer) defy, challenge,


défier vtr [defje]
stand up to [sb]

délaissé adj (abandonné) abandoned [delese]


2

(désigner sans doute possible)


accabler [qqn] vtr [akɑble]
condemn, damn

(objectif) objective, aim, goal,


cible nf [sibl]
(figurative)target

Mais déjà Agamemnon les a rejoint, il sourit et accepte la proposition de Paris. Si Paris vient à tuer Ménélas, qu’il garde la
belle Hélène et tous les trésors des Grecs, ceux-ci reprendront la mer et rentreront chez eux. Mais si Ménélas triomphe et tue
Paris, alors les Troyens devront rendre Hélène et payer de tous leurs trésors les âmes des guerriers grecs venus venger l’honneur
du vainqueur. Paris et Ménélas acceptent. Héctor et Ulysse lancent les dés vers le ciel. Le résultat décidera lequel du Grec ou du
Troyen portera le premier coup de javelot. C’est Paris que le sort favorise. Dans les deux camps règne un silence absolu. D’un
côté l’armée troyenne, veillée depuis les hautes murailles par le roi Priam. De l’autre, l’armée grecque, laquelle se tient le roi de
rois, Agamemnon. Les dieux sur l’Olympe retiennent leur souffle. Paris vise son adversaire et lance son javelot. Ménélas est
calme, il tient sa proie. À son tour, il lance sa pique. Ménélas, déchaîné, se rue sur son ennemi. Paris est vaincu. Les Grecs, unis
dans la même ferveur, acclament Ménélas. Ils exultent car avec la mort de Paris, la guerre de Troie est terminée. Ils vont enfin
pouvoir rentrer chez eux.

(petit cube avec des points) die,


dé nm [dɛ]
dice

figuré (cible) victim, target ;


proie nf [pʀwɑ]
(figurative) prey

(très agité) hyperactive,


déchaîné adj [deʃene]
overexcited ; out of control

se ruer sur [qqn] (se précipiter) rush at [sb], rush


[ʀɥe]
v pron towards [sb], rush toward [sb]

Paris est en sang, Ménélas le laboure de coups. Rien n’entrave sa colère, mais soudain, une brume venue de nulle part
enveloppe les deux combattants. Pendant quelques instants, Paris et Ménélas disparaissent à la vue de tous et lorsque le nuage
se dissipe, Paris n’est plus là. Abasourdi, Ménélas frappe dans le vide. Tout le monde cherche le fils de Priam, nul ne comprend
comment il a pu s’échapper. Ménélas va, vient, bouscule les soldats des deux camps… Aucune trace de Paris. Nul ne comprend,
sauf les dieux. Héra et Athéna ont tout de suite saisi, il manque un dieu sur l’Olympe: Aphrodite. La déesse s’est éclipsée et c’est
elle qui a fait naître cette brume autour des deux guerriers. Dérobant Paris aux yeux de son meurtrier, elle s’est interposée entre
les deux hommes, a soulevé le jeune troyen et l'a emporté jusqu’à son lit dans son palais à Troie. Héra et Athéna écument de
rage. Elles désignent la chambre parfumée de Paris où tous les dieux peuvent le découvrir, sain et sauf, allongé sur son lit.
Hélène, prévenue par la déesse l’a déjà rejoint.

(marteler) pound, batter, buffet,


labourer vtr [labuʀe]
beat

(étonné, interloqué) stunned,


abasourdi adj [abazuʀdi]
taken aback

(choquer et renverser [qqn])


bousculer vtr [buskyle]
shove, push, knock [sb] over

figuré (s'en aller discrètement)


s'éclipser v pron [eklipse]
slip away, slip out, disappear

(montrer) show, point [sb/sth]


désigner vtr [dizajnœʀ]
out

Zeus ne bouge pas. L'affaire est claire, tranche-t-il: la victoire revient à Ménélas, la guerre est donc terminée. Aphrodite lui a
désobéit en intervenant en faveur des Troyens. Et si Paris a la vie sauve, il a perdu le combat qui l’opposait au roi de Sparte. Ainsi
s’achève une guerre de dix ans. Et ainsi jubile Zeus car il a réglé tous ses problèmes sans désavantagé aucun des dieux
ombrageux sur lesquels il règne, pense-t-il. Héra et Athéna soutenaient les Grecs, qu’elles soient heureuses, puisque leur héro
l’emporte. Apollon et Artémis défendaient les Troyens qu’ils s’en prennent à leur alliée, la déesse Aphrodite, puisque en
dérobant à l’épée de Ménélas, elle est cause de leur défaite. Et que Thétis soit heureuse aussi, puisque son fils Achille ne mourra
pas au combat qui s’achève sans qu’il ait besoin d’y prendre part. C’est alors que Héra se dresse face à Zeus, en proie à une rage
sauvage. Derrière elle se place Athéna et aussi Poséidon, le dieu des océans, qui a compris que Thétis a poussé Zeus à prendre le
parti des Troyens et ne supporte pas que son autorité puisse être bafouée par une nymphe; et Arès, le dieu de la guerre, qui
3

jusque là ne soutenait que ceux à qui la force des muscles offrait la victoire. En face d’eux, Apollon et Artémis, les jumeaux de
l'Olympe, font bloc. Héra invective Zeus, ce n’est pas la victoire des Grecs qu’elle désire, c’est la ruine de Troie; qu’il ne demeure
plus une seule pierre de la cité qui a lui a préféré à Aphrodite.

(décider) (legal) judge, decide;


trancher vtr [tʀɑ̃ʃe]
(problem, question) solve, settle

(hargneux, méfiant) oversensitive,


ombrageux adj [ɔ̃bʀaʒø]
irritable, bad-tempered

(outrager, ridiculiser) ridicule,


bafouer vtr [bafwe]
(honor) besmirch, taint, stain

(tous adopter la même position)


faire bloc loc v stand together with, stand -
together against

(injurier, insulter) curse, insult;


invectiver [qqn]
heap abuse on [sb], hurl abuse at [ɛ̃vɛktive]
vtr
[sb]

Tous les dieux se mettent à accabler le maître de l’Olympe. Héra adresse alors un signe à Athéna. Discrètement, la fille de
Zeus quitte l’Olympe. Elle descend vers la plaine et se faufile dans les rangs des Troyens. Athéna est la déesse de la guerre, mais
c’est aussi la déesse de la ruse, puisque Zeus les a tous dupé, alors elle dupera Zeus, les dieux et les hommes. Athéna se met en
quête d’un archer, du meilleur archer parmi les soldats de Troie. Le voici, la déesse lui murmure à l’oreille: « Pense à ce que sera
ta gloire si tu tues Ménélas, là, maintenant ». Envoûté, l’archer n’hésite pas, camouflé derrière les boucliers de ses compagnons
il vise le roi de Sparte.

se faufiler v pron (s'introduire) sneak, slip in [fofile]

Vous aimerez peut-être aussi