Masika et al., J. Appl. Biosci.

Vol: 176, 2022 Effet de la durée du rouissage des racines de manioc (Manihot esculenta
Crantz) à pulpe jaune sur la variation de leur teneur en β –carotène

Journal of Applied Biosciences 176: 18244 – 18254

ISSN 1997-5902

Effet de la durée du rouissage des racines de manioc

(Manihot esculenta Crantz) à pulpe jaune sur la
variation de leur teneur en β –carotène
Masika Tutondele Jethro1*, Kukwabantu Saburi Dorcas1, Nsombi Diambi Priscille1,
Bakelana Zeyimo Tony2, Mahungu Nzola Meso Timothée1
1
Université Kongo, Faculté des Sciences Agronomiques, BP 202 Mbanza-Ngungu, Kongo Central, R.D.
Congo
2
Institut National de Recherches et d’Études Agronomiques, Mvuazi, Kongo Central, BP 2037, R.D. Congo
Auteur correspondant : E-mail : jethromasika@gmail.com Tél : +243 898547645

Submitted on 14th June 2022. Published online at www.m.elewa.org/journals/ on 31st August 2022
https://doi.org/10.35759/JABs.176.4

RESUME
Objectifs : Le présent travail a été mené en 2021 au Centre de Recherches de l’INERA - Mvuazi
dans la province du Kongo Central (RDC) et porte sur l’effet de la durée du rouissage sur la
variation de la teneur en β-Carotène (TCC) de racines de manioc à pulpe jaune. L’objectif
poursuivi par ce travail était d’évaluer le comportement de quelques variétés de manioc à pulpe
jaune pendant le rouissage afin de définir une durée de rouissage complet convenable pour éviter
les pertes en β-Carotène liées au rouissage. Au total six (6) variétés de manioc à pulpe jaune ont
été utilisées dont les variétés GKA013/172, GKA015/042, VIMPI, KINDISA, LUMONU et
MUKOLESHI.
Méthodologie et résultats : Le rouissage était réalisé sur une période de 3 jours avec une
température ambiante moyenne d’environ 21°C et les analyses ont été effectuées dans le
laboratoire HarvestPlus du centre de recherches de l’INERA - Mvuazi. Les analyses ont portées
sur la variation de la teneur en TCC ainsi que sur la dégradation de la matière sèche. Les résultats
ainsi obtenus ont montré qu’il y a de pertes en β-Carotène au cours du rouissage. Cependant, les
quantités en β-Carotène perdues pendant le rouissage diffèrent selon les variétés et ne varient pas
de façon proportionnelle avec les jours du rouissage. Quant à la teneur en matière sèche, les
résultats obtenus ont montré que pendant le rouissage il y a une diminution de la quantité en
matière sèche. Cependant, la perte en matière sèche diffère selon les variétés, mais elle est
proportionnelle aux jours du rouissage, c’est-à-dire elle augmente avec les jours du rouissage.
Conclusion et Application des résultats : La teneur en β-Carotène dans les racines de manioc jaune
diminue avec la durée du rouissage, mais cette diminution de la teneur en β-Carotène dans les
racines de manioc jaune pendant le rouissage diffère selon les variétés. La détermination de la
durée du rouissage convenable pour une bonne rétention en TCC est donc difficile compte tenu de
variations qui ne sont pas proportionnelles à la durée du rouissage. La technique de fabrication de
la farine panifiable de manioc jaune serait peut-être la meilleure solution pour retenir une quantité
maximale de β-Carotène.
Mots-Clés : Manioc jaune, Rouissage, β-Carotène, Matière sèche, INERA – Mvuazi

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Crantz) à pulpe jaune sur la variation de leur teneur en β –carotène

ABSTRACT
Effect of yellow cassava pulp retting time on the variation of β-carotene content of yellow
pulp cassava (Manihot esculenta Crantz)
Objective: The present work was carried out in 2021 at the Research Center of INERA - Mvuazi
in the province of Kongo Central (DRC) and focuses on the effect of the duration of retting on the
variation of β-Carotene (TCC) content of yellow pulp cassava.
The objective pursued by this work was to evaluate the behaviour of some yellow pulp cassava
varieties during retting in order to define a suitable retting duration to avoid β-Carotene losses
linked to retting. Six (6) yellow cassava varieties (GKA013/172, GKA015/042, VIMPI,
KINDISA, LUMONU and MUKOLESHI) were used for this study.
Methodology and results: The retting was carried out over a period of 3 days with an average
ambient temperature of around 21°C and the analyses were carried out in the HarvestPlus
laboratory of the Research Center of INERA - Mvuazi. The analyses focused on the variation of
the TCC content as well as on the degradation of the dry matter. The results obtained showed that
there are losses in β-Carotene during retting. However, the quantities of β-Carotene lost during
retting differ according to the varieties and do not vary proportionally with the days of retting.
Concerning the rate of dry matter, the results obtained showed that during retting there is a decrease
in the amount of dry matter. However, the loss in dry matter differs according to the varieties, but
it is proportional to the days of retting, i.e. it increases with the days of retting.
Conclusion and Application of results: The β-Carotene content in yellow cassava roots decreases
with duration of retting, but this decrease in β-Carotene content in yellow cassava roots during
retting differs among varieties. Determining the appropriate retting time for good TCC retention
is therefore difficult since those variations are not proportional to the retting time. The technique
of manufacturing unfermented yellow cassava flour might be the best solution to retain a maximum
amount of β-Carotene.
Keywords: Yellow cassava, Retting, β-Carotene, Dry matter, INERA – Mvuazi

INTRODUCTION
Le manioc joue un rôle prépondérant dans
l’alimentation de 650 millions d’êtres
humains, dont 200 millions d’africains, soit le
quart de la population africaine. Il est cultivé
pour ses racines et représente une source
importante de calories pour les populations
dans les régions tropicales (INRAB, 2016).
Les racines de manioc constituent l’aliment de
base de la plus grande population congolaise,
tandis que ses feuilles représentent le légume
le plus consommé en République
Démocratique du Congo (RDC). Outre son
importance en alimentation humaine et
animale, le manioc se prête à des nombreux
usages industriels notamment la fabrication
d’amidon, de la farine et de l’alcool éthylique.
(Minengu, 2018). La RDC fait partie des pays
d’Afrique qui font la recherche pour le
développement du manioc à pulpe jaune, selon
HarvestPlus, la RDC est classée septième des
septante-huit pays éligibles à un
investissement dans la culture du manioc bio
fortifié en vitamine A. En RDC, la carence en
vitamine A représenté un problème de santé
publique (PRONANUT, 2015). Le taux des
personnes carencées en vitamine A en RDC est
de 61 % chez les enfants de moins de 3 ans
avec un taux de rétinol sérique inférieur à 20%.
La vitamine A est une des quatre vitamines
solubles dans les corps gras, elle est dite
liposoluble et est stockée dans le foie. A l’état
naturel, la vitamine A est trouvée sous deux
formes (notamment les carotènes alpha et bêta)
que le foie transforme par oxydation en
vitamine A, afin qu’il soit utilisé par
l’organisme, et que les reins éliminent et la

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vitamine A ou le rétinol qui est sa forme libre.
La provitamine A est donc le précurseur de la
vitamine A et le rétinol est la forme active de
de la vitamine A, directement assimilable par
l’organisme. Elle se trouve sous forme de
rétinol dans les aliments d’origine animale
(foie, jaune d’œuf, beure) est sous forme de
bêta-carotène dans les aliments d’origine
végétale (carotte, huile de palme, manioc
jaune, patate douce orange) (Claire et al.,
2001). La provitamine A présente dans le
manioc à pulpe jaune, joue un rôle
prépondérant dans la vision, dans la croissance
des os, dans la protection de la peau et dans le
fonctionnement du système immunitaire.
Cependant les opérations de transformation de
racines de manioc en général et celles de
manioc jaune en particulier influencent la
composition chimique de racines et par
conséquent la teneur en béta carotène de
racines de manioc jaune. Le rouissage par
exemple, qui est la première étape de la quasi-
totalité des différents types de transformation
du manioc réalisés au Congo, intervient juste
après la récolte des racines (Trèche et
Massamba, 1993). Le rouissage permet la
désintoxication des racines et leur
ramollissement facilitant ainsi la réalisation
MATERIEL ET METHODES
Zone d’étude : Localisation du milieu
d’étude : L’étude était conduite dans le Kongo
Central au Centre de Recherches de l’Institut
National pour l’Étude et des Recherches
Agronomiques (INERA) de Mvuazi. Ce centre
est situé à 14° 54’ de longitude Est et 5° 214’de
latitude Sud, et à une altitude de 470 m (Crabe,
1978).
Le laboratoire d'analyse : Les analyses sur le
bêta-carotène étaient réalisées dans le
laboratoire de HarvestPlus du Centre de
Recherches l’INERA - Mvuazi avec les
matériels et produits appropriés permettant
d'analyser les échantillons.
Matériels : Matériel végétal : Les racines
tubéreuses de manioc à pulpe jaune ont
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des opérations qui succèdent au
ramollissement (Trèche et Massamba, 1995).
La fermentation ou le rouissage est plus rapide
dans l’eau stagnante et si la température de
l’eau de rouissage est relativement variée. Les
pertes de nutriments concernent
essentiellement les vitamines et les sels
minéraux et, dans une moindre mesure, les
protéines solubles. Cependant le séjour
prolongé des racines dans l’eau entraine une
fuite des éléments nutritifs par dissolution. La
détermination d’une meilleure durée de
rouissage s’avère donc importante pour réduire
les pertes liées au rouissage et disponibiliser
une très bonne quantité de bêta-carotène aux
consommateurs. L’objectif poursuivi par ce
travail est de pouvoir définir une durée de
rouissage convenable pour certaines variétés
de manioc à pulpe jaune afin d’éviter ou sinon
de réduire les pertes en bêta-carotène liées au
rouissage. Ce travail revêt d’un grand intérêt
sur le fait de faire connaitre aux paysans,
transformateurs, producteurs, consommateurs
dont les ménages, la durée nécessaire que doit
prendre le rouissage de manioc à pulpe jaune
pour maintenir une teneur élevée résiduelle en
bêta-carotène de ces racines.
constitué le matériel végétal utilisé dans ce
travail. Ces racines tubéreuses étaient issues de
6 clones et variétés de manioc à pulpe jaune.
Ces racines provenaient de plantes de manioc
âgé de 10 mois et se trouvaient dans les essais
d’amélioration et de sélection du Programme
National Manioc. Les six (6) clones et variétés
qui ont constituées la source des racines
tubéreuses sont :
 GKA015/042 ;
 GKA013/172 ;
 VIMPI ;
 KINDISA ;
 LUMONU et ;
 MUKOLESHI.
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Le tableau 1 ci-dessous illustre les dont les variétés sont déjà répertoriées et
caractéristiques des quelques clones et variétés homologuées.

Tableau 1 : Caractéristiques des variétés

Variétés Caractéristiques
Couleur TCC MS(%) Rdt Durée à la Teneur en
pulpe (µg/g) (t/ha) maturité HCN
LUMONU Jaune 8-10 35 15-20 12 mois Faible
VIMPI Jaune - 35-39 10-15 12 mois Faible
KINDISA Jaune - 25-27 15-20 12 mois Moyenne
MUKOLESHI Jaune 7 35-40 15-20 12 mois Faible
GKA015/042 Jaune - - - - -
GKA013/172 Jaune - - - - -
Source : Catalogue national variétal des cultures vivrières, SENASEM (Edition 2019).
Légende : TCC (Total caroténoïde content), MS (Matière sèche), Rdt. (Rendement), HCN (Acide
cyanhydrique).

Matériels de laboratoire :Parmi les matériels
utilisés au laboratoire, on peut citer balance de
précision, fioles de 25ml, mortiers et pilons,
papiers serviettes, pissettes du
spectrophotomètre, cuves de lecture, ballons à
décantation, erlenmeyers à filtration,
entonnoirs, pompes à filtration, statifs, etc.
Produits chimiques : Différents produits
chimiques ont été utilisés pour les analyses
parmi lesquels nous citons :
 L’acétone
 L’ether de pétrole
 Célite
Méthodes : Les racines de 6 clones et variétés
à pulpe jaune récoltées dans les essais
d’amélioration et de sélection du PRONAM
ont été épluchées et lavées avant d’être placé
dans des bocaux en plastique (6 bols, donc 1
bol/variété) de 27 litres pour le rouissage. La
quantité en racines était de 5 kg par variété. Les
bols étaient installés à l’extérieur dans les
conditions naturelles. Les analyses ont portés
sur le dosage de bêta-carotène et l’évaluation
de la teneur en matière sèche. Ces paramètres
ont été prélevés dès le premier jour, juste après
la récolte et avant le rouissage pour disposer de
données de départ. Les racines ont été ensuite
placées dans de bols pour rouissage. Les
analyses (extraction bêta-carotène et teneur en
MS) se sont étalées durant une période de
quatre jours c’est-à-dire jusqu’à l’obtention
des racines complètement rouies.
Extraction du bêta-carotène : Elle s’était
faite par la méthode quantitative du
spectrophotomètre. Les racines fraiches de
manioc récemment récoltées ont été lavées à
l'eau. L'épluchage avait donné l'accès au
découpage des racines. Nous avions prélevé les
échantillons de manioc frais (à raison de 10.00
g/échantillon) qui étaient ensuite transférés
dans un mortier. On y avait ajouté 25mg de
célite. Les échantillons étaient broyés dans un
mortier avec un pilon et 20 ml d'acétone
congelé étaient ajoutés afin d’obtenir une patte
à transférer dans un entonnoir fritté (5
microgramme). Les suspensions transférées
dans un entonnoir en verre fritté couplé à
erlenmeyer de 25 ml avec un aspirateur se
trouvant sur la hotte à flux laminaire, le bêta-
carotène était filtré sous vide de l'échantillon
vers l’erlenmeyer. Cette procédure était
répétée quatre fois (en ajoutant l'acétone)
jusqu’à ce que l'échantillon devienne incolore.
L'extrait de bêta-carotène (en acétone) était
transféré dans une ampoule à décanter de 500
ml contenant 20 ml d'éther de pétrole.
L'acétone était retirée par l'ajout lent de l’eau
ultra pure et sel pour prévenir la formation

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d'émulsion. On a assisté à la formation de deux d'un entonnoir contenant l’ouate, 15 grammes

phases : (1) éther du pétrole + bêta-carotène
(en haut) et (2) de l'eau + de l'acétone en bas.
On avait agité et éliminé la phase aqueuse
inférieure, et cette procédure était répétée
quatre à cinq fois jusqu'à ce qu'il ne reste plus
que de solvant résiduel. L'extrait était transféré
dans une fiole jaugée de 25 ml, ambre, à l'aide
de sulfate de sodium anhydre et constitué d’un
volume de 25 ml d'éther de pétrole. Les
échantillons étaient lus à l’aide d’un
spectrophotomètre d’absorption de marque
GENESYS 10 UV-VIS à une longueur d’onde
de 450 nm avec l’ether de pétrole comme
blanc. Nous avions effectué trois lectures.

Source : PRONAM, 2021

Figure 1 : Processus de quantification de bêta-carotène (a) bêta-carotène filtrée sous vide ; (b)
élimination de la phase aqueuse ; (c) échantillons bêta-carotène près à analyser.

La quantification de la teneur totale en 𝑃𝑠

caroténoïde a été faite à l’aide de la formule
suivante :
𝐴𝑥𝑉(𝑚𝐿)𝑥104
𝐶𝑎𝑟𝑜𝑡é𝑛𝑜𝑖𝑑𝑒𝑠 (µ𝑔/𝑔) =
𝐴1%
1𝑐𝑚 x P(g)
Où A = absorbance, V= volume total de l’extrait,
𝐴1%
1𝑐𝑚 = coefficient d’absorptivité molaire du bêta-
carotène dans l’Ether du pétrole (2592), P = poids
de l’échantillon.
Détermination de la teneur en matière
sèche : La matière sèche (MS) était déterminée
par la méthode d’étuvage qui consiste à
prélever et peser au moins des échantillons de
racines tubéreuses fraiches de poids variant
entre 300 et 500 g (Pf) et ensuite les placer dans
l’étuve à une température de 105° C pendant
24 heures et après les peser jusqu'au poids
constant (Ps). La teneur en matière sèche est
calculée en utilisant la formule suivante :
𝑀𝑆 (%)= 𝑝𝑓 × 100 avec MS = Matière sèche,
Ps= Poids sec après étuvage jusqu’au poids
constant et Pf = Poids frais avant étuvage.
Variables observées : Les variables observées
avaient porté sur la variation de la teneur en
bêta-carotène ainsi que l’évaluation de la
dégradation de la matière sèche.
Analyse statistique des données : L’entrée de
données a été faite à l’aide de Microsoft Excel
version 2010. Les graphiques ont été réalisées
sur Excel et l’analyse statistique des données a
ensuite été effectuée à l’aide du logiciel
Statistix 8.0. L’analyse de la variance
(ANOVA) a en effet été conduite pour la
comparaison des moyennes et les moyennes
étaient enfin séparées à l’aide du test de PPDS
(Plus Petite Différence Significative) au seuil
de probabilité de 5% à chaque fois qu’il y avait
des différences significatives.

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RESULTATS
L’évolution de la teneur en β-Carotène
pendant le rouissage : Les résultats relatifs à
la variation de la teneur en bêtacarotène durant
les 3 jours du rouissage sont présentés dans le
tableau 2. En ce qui concerne la variation de la
teneur en β-Carotène pendant le rouissage,
l’analyse de la variance au seuil de probabilité
de 5% a montré des différences significatives
entre les variétés de façon générale.

Tableau 2. Variation de la teneur en TCC durant les trois jours du rouissage

Variétés TCC (µg/g)/jour du rouissage
0 1 2 3
GKA015/042 3,81±0,01 f 3,80±0,01e 2,89±0,006 f 2,88±0,006 f
GKA013/172 3,87±0,006 e 3,86±0,02 e 3,28±0,02 e 3,25±0,006 e
VIMPI 6,30±0,03 d 6,22±0,11 d 5,49±0,006 d 5,45±0,17d
KINDISA 7,41±0,01 c 7,39±0,03 b 6,55±0,01 c 5,58±0,006 c
LUMONU 9,55±0,04 a 8,30±0,06 a 7,62±0,03 a 6,63±0,01 a
MUKOLESHI 7,58±0,006 b 6,82±0,02 c 6,69±0,006 b 6,24±0,006 b
Les résultats sont présentés sous forme de moyenne ± écarts types des moyennes. Les valeurs affectées
d’une même lettre sur la colonne ne sont pas significativement différentes au seuil de probabilité de 5 %.

Les résultats consignés dans le tableau 2
montrent qu’à 10 mois de plantation, toutes les
variétés utilisées n’ont pas la même teneur en
TCC. La variété LUMONU a montré une
teneur en TCC élevée (9,55±0,04 µg/g), suivi
des variétés MUKOLESHI et KINDISA qui
ont donné respectivement 7,58±0,006 µg/g et
7,41±0,01 µg/g de TCC. La variété VIMPI a
donné une teneur moyenne en TCC (de
6,30±0,03 µg/g). Tandis que les variétés
GKA013/172 et GKA015/042 ont présenté
une teneur relativement faible en TCC,
3,87±0,006 µg/g et 3,81±0,01 µg/g de TCC
respectivement. Pour ce qui est de la variation
de la teneur en TCC au cours du rouissage, les
résultats consignés dans le tableau 2 montrent
que pendant le rouissage il y a une réduction
progressive de la teneur en TCC. La perte en
β-Carotène n’est pas proportionnelle à la durée
du rouissage et la quantité perdue diffère selon
les variétés. Les résultats du jour 1 présentés
dans la colonne 3 du tableau 2 montrent qu’à
un (jour) du rouissage la variété LUMONU
reste en tête avec une teneur en TCC élevée
8,30±0,06 µg/g, cette fois si suivi de la variété
KINDISA 7,39±0,03 µg/g qui n’a perdu que
0,02 µg/g de TCC. La variété MUKOLESHI
qui a perdu que 0,76 µg/g de TCC vient en
troisième position avec une teneur moyenne en
TCC de 6,82±0,02 µg/g. La variété VIMPI a
montré une teneur en TCC de 6,22±0,11 µg/g
avec donc une réduction de 0,08 µg/g. Les
variétés GKA013/172 et GKA015/042 ont
montré une faible teneur respectivement de
3,86±0,02 µg/g et 3,80±0,01 µg/g (soit une
réduction de 0,01 µg/g). Presqu’une même
tendance est observée à deux (2) jours du
rouissage avec échange de position entre la
variété KINDISA et la variété MUKOLESHI,
la variété KINDISA a perdu 0,84 µg/g de TCC
et a donné une teneur en TCC légèrement
inférieur (6,55±0,01 µg/g) à la variété
MUKOLESHI qui n’a perdu que 0,13 µg/g de
TCC par rapport au jour 1. La variété
LUMONU a perdu 0,68 µg/g de TCC avec une
rétention de 7,62±0,03 µg/g. La quantité perdu
était de 0,73 µg/g pour une rétention de
5,49±0,006 pour la variété VIMPI ; tandis que
les variétés GKA013/172 et GKA015/042 ont
perdu respectivement 0,58 µg/g et 0,91 µg/g de
TCC pour des retentions de 3,28±0,02 µg/g et
2,89±0,006 µg/g de TCC. Les résultats du
troisième jour de rouissage obtenus montrent
que les pertes en TCC sont de l’ordre de 0,01

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µg/g ; 0,03 µg/g ; 0,04 µg/g ; 0,45 µg/g ; 0,97
µg/g et 0,99 µg/g de TCC respectivement pour
les variétés GKA015/042, GKA013/172,
VIMPI, MUKOLESHI, KINDISA et
LUMONU.
La perte en β-Carotène pendant le rouissage
et selon les variétés : Au cours du rouissage la
quantité en β-Carotène perdu est variable selon
les variétés. Pour certaines variétés telles que
(GKA015/042, GKA013/172 et VIMPI) la
perte est très faible après 1 jour du rouissage
(0,01 µg/g ; 0,01 µg/g et 0,02 µg/g de TCC
respectivement) et a tendance à augmenter
après deux jours du rouissage (0,91 µg/g ; 0,58
µg/g et 0,73 µg/g de TCC respectivement).
Cependant, après 3 jours du rouissage cette
quantité a tendance à diminué (0,01 µg/g ; 0,03
µg/g et 0,04 µg/g de TCC respectivement. La
variété KINDISA suit la même logique que les
précédentes, à 1 jour du rouissage la quantité
perdue est faible (0,02 µg/g), elle augmente
après 2 jours du rouissage (0,84 µg/g) et
l’augmentation continue au troisième jour
(0,97 µg/g). Une observation contraire à celle
faite pour les variétés précédentes
(GKA015/042, GKA013/172 et VIMPI) a été
faite pour les variétés LUMONU et
MUKOLESHI. A 1 jour du rouissage, la perte
en β-Carotène pour ces variétés est élevé (1,25
µg/g et 0,76 µg/g de TCC respectivement).
Cette quantité diminue au deuxième jour (0,68
µg/g et 0,13 µg/g de TCC respectivement) et
augmente au troisième jour du rouissage (0,99
µg/g et 0,45 µg/g respectivement).

Figure 2. La variation de la teneur en TCC pendant le rouissage et en fonction des variétés

L’évolution de la teneur en MS pendant le selon les variétés. A 10 mois de plantation les

rouissage : La figue 3 montre que la matière
sèche diminue progressivement avec le
rouissage. Moins les racines restent dans l’eau,
moins elles perdent une certaine quantité en
matière sèche et plus les racines restent dans
l’eau, plus elles perdent en terme de matière
sèche. La quantité en matière sèche diffère
% en matière sèche sont de l’ordre de 36,6 ;
37,9 ; 35 ; 27,9 ; 34,4 et 35% respectivement
pour les variétés GKA015/042, GKA013/172,
VIMPI, KINDISA, LUMONU et
MUKOLESHI. On observe une réduction de la
teneur en MS pendant tous les jours du
rouissage. Cependant la quantité perdue n’est

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Crantz) à pulpe jaune sur la variation de leur teneur en β –carotène
pas la même pour toute les variétés. Elle diffère
selon les variétés et selon le nombre de jours
du rouissage. A 1 jour du rouissage, les pertes
étaient de l’ordre de 0,5% ; 0,6% ; 0,7% ;
1,3% ; 4,2% et 6,4% de la matière sèche
respectivement pour les variétés KINDISA,
LUMONU, GKA013/172, GKA015/042,
MUKOLESHI et VIMPI. La variété VIMPI a
perdu une grande quantité de la matière sèche
après 1 jour du rouissage (6,4%) comparée aux
autres variétés. Elle est suivie par la variété
MUKOLESHI qui a perdu 4,2%. La variété
KINDISA n’a perdu que 0,5%. Le deuxième
jour du rouissage, les pertes étaient de l’ordre
Figure 3. L’évolution de la matière sèche au cours du rouissage
DISCUSSION
Les résultats obtenus dans cette étude montrent
que la teneur en TCC varie en fonction des
variétés. Les valeurs en TCC obtenues des
analyses des racines avant rouissage sont de
3,81±0,01 µg/g ; 3,87±0,006 µg/g ; 6,30±0,03
µg/g ; 7,41±0,01 µg/g ; 7,58±0,006 µg/g et
9,55±0,04 µg/g respectivement pour les
variétés GKA015/042, GKA013/172, VIMPI,
KINDISA, MUKOLESHI et LUMONU. En
comparant les valeurs moyennes en TCC
obtenues avec les moyennes en caroténoïdes
18251
de 0,2% ; 0,9% ; 1,1% ; 1,3% ; 2,2% et 2,5%
de la matière sèche respectivement pour les
variétés KINDISA, GKA013/172, VIMPI,
MUKOLESHI, LUMONU et GKA015/042.
Comme au jour 1, la variété KINDISA a perdu
une très faible quantité en matière sèche le jour
2 (0,2%) comparé aux autres variétés. Les
variétés LUMONU et GKA015/042 ont
montré une réduction importante (2,2% et
2,5% respectivement). Importantes pertes en
matière sèche sont également observées au
jour 3, les pertes sont de 0,2% ; 1,8% ; 2,1% ;
2,2% ; 4,6% et 4, 7%.
totales du catalogue national (SENASEM,
2019), les variétés LUMONU et
MUKOLESHI dont les intervalles standards
en TCC sont connus, ont donné de valeurs en
TCC correspondant à leur intervalle standard
qui est de 8-10 µg/g de TCC pour la variété
LUMONU et 7 µg/g de TCC pour la variété
MUKOLESHI. Les moyennes obtenues dans
notre travail pour ses deux variétés sont de 7,58
µg/g et 9,55 µg/g de TCC respectivement pour
MUKOLESHI et LUMONU à 10 mois de
Masika et al., J. Appl. Biosci. Vol: 176, 2022 Effet de la durée du rouissage des racines de manioc (Manihot esculenta
Crantz) à pulpe jaune sur la variation de leur teneur en β –carotène
plantation. NSANGU (2020) a enregistré dans
une étude d’évaluation de capacité de source et
stockage en caroténoïdes totaux des génotypes
de manioc à pulpe jaune les moyennes de
l’ordre de 7,16 µg/g pour la variété
MUKOLESHI et 10,25 µg/g de TCC pour la
variété LUMONU à 12 mois de plantation. A
10 mois de plantation ces variétés peuvent
donc déjà atteindre la quantité limite en TCC.
Cependant, au cours du rouissage les résultats
obtenus montrent une réduction progressive de
la teneur en β-carotène. Cette perte augmente
avec le rouissage et varie selon les variétés. A
un (1) jour du rouissage, les pertes observées
sont de 0,01 µg/g ; 0,01 µg/g ; 0,08 µg/g ; 0,02
µg/g ; 1,25 µg/g et de 0,76 µg/g de TCC
respectivement pour les variétés GKA015/042,
GKA013/172, VIMPI, KINDISA, LUMONU
et MUKOLESHI comparé aux teneurs en TCC
de ces variétés avant le rouissage. Le deuxième
jour du rouissage les pertes étaient de 0,13
µg/g ; 0,58 µg/g ; 0,68 µg/g ; 0,73 µg/g ; 0,84
µg/g et 0,91 µg/g de TCC respectivement pour
les variétés MUKOLESHI, GKA013/172,
LUMONU, VIMPI, KINDISA et
GKA015/042.Et le troisième jour ces pertes
étaient de 0,01 µg/g ; 0,03 µg/g ; 0,04 µg/g ;
0,45 µg/g ; 0,97 µg/g et 0,99 µg/g de TCC pour
les variétés GKA015/042, GKA013/172,
VIMPI, MUKOLESHI, KINDISA et
LUMONU respectivement. Globalement les
pertes en β-Carotène sont de l’ordre de 0,62
µg/g ; 0,85 µg/g ; 0,93 µg/g ; 1,34 µg/g ; 1,83
µg/g et 2,92 µg/g de TCC respectivement pour
les variétés GKA013/172, VIMPI,
GKA015/042, MUKOLESHI, KINDISA et
LUMONU (soit 16% ; 13% ; 24% ; 17,7% ;
24,7% et 30,6% de pertes respectivement). En
comparant ces résultats à ceux obtenus par
Taleon et al., (2017) dans une étude de
rétention des caroténoïdes dans le manioc
CONCLUSION ET APPLICATION DES RESULTATS
Le présent travail traite sur l’effet de la durée pouvoir définir une durée de rouissage
du rouissage sur la variation de la teneur en β- convenable pour certaines variétés de manioc
Carotène de manioc jaune. Son objectif était de
jaune biofortifié traité avec des méthodes
traditionnelles, ces pertes en TCC obtenues
dans notre étude sont insignifiantes (%)
comparées à celles des produits finis comme le
fufu et la chikwangue reportés par ces auteurs,
perte qui était comprise entre 96,9% à 99,2%
pour le fufu et entre 81,9% à 96% pour la
chikwangue. S’agissant de la matière sèche, la
teneur en matière sèche varie selon les variétés.
Ceci est en accord avec les travaux d’Abéga et
Lambot (2000) qui ont observé des différences
hautement significatives entre les taux de
matière sèche de plusieurs clones améliorés.
Ces différences pourraient s’expliquer par les
propriétés génotypiques de ces variétés (El-
Sharkawy, 2003). Les teneurs en matière sèche
obtenus dans notre étude sont de 36,6% ;
37,9% ; 35% ; 27,9% ; 34,4% et 35%
respectivement pour les variétés GKA015/042,
GKA013/172, VIMPI, KINDISA, LUMONU
et MUKOLESHI. En comparant les teneurs en
MS obtenus avec quatre (4) de nos variétés
déjà cataloguées par SENASEM (à savoir les
variétés LUMONU, VIMPI, KINDISA et
MUKOLESHI) avec les teneurs moyennes en
matière sèche du catalogue national
(SENASEM, 2019), les teneurs obtenues avec
nos échantillons de 10 mois correspondent à
leur intervalle standard qui est de 35% pour la
variété LUMONU, 35-39% pour la variété
VIMPI, 25-27% pour la variété KINDISA et
35-40% pour la variété MUKOLESHI.
Cependant, au cours du rouissage, nous avons
assisté à une dégradation de la matière sèche.
Cette dégradation est proportionnelle à la
durée du rouissage. Les pertes globales en
matière sèche enregistrées dans cette étude
étaient de 4,9% ; 5,4% ; 5,7% ; 6% ; 6,2% et
9,3% pour les variétés LUMONU, KINDISA,
MUKOLESHI, GKA015/042, GKA013/172 et
VIMPI respectivement.
à pulpe jaune enfin d’éviter ou sinon de réduire
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Masika et al., J. Appl. Biosci. Vol: 176, 2022 Effet de la durée du rouissage des racines de manioc (Manihot esculenta
Crantz) à pulpe jaune sur la variation de leur teneur en β –carotène
les pertes en β-carotène liées à l’opération du
rouissage. Pour ce faire, 6 clones et variétés à
pulpe jaune (GKA013/172, GKA015/042,
VIMPI, KINDISA, LUMONU et
MUKOLESHI) ont été utilisées. Les analyses
ont portées sur la variation en TCC et sur la
dégradation de la matière sèche. Les résultats
ainsi obtenus ont montré que lors du rouissage,
il y a des pertes en β-Carotène. Cependant, ces
pertes en β-Carotène diffèrent selon les
variétés. La perte la plus faible a été obtenue
avec la variété GKA013/172 (0,62 µg/g de
TCC) et la perte la plus élevée a été obtenu
avec la variété LUMONU (2,92 µg/g de TCC).
Quant ’à la teneur en matière sèche, les
résultats obtenus dans cette étude ont montré
que la teneur en matière sèche se dégrade
progressivement avec le rouissage. Cependant,
cette dégradation de la matière sèche varie
selon les variétés. La variété LUMONU qui a
perdu la grande quantité en β-Carotène a perdu
une faible quantité en matière sèche (4,9%)
comparé aux autres variétés. La variété VIMPI
qui était parmi les variétés qui ont perdu une
faible quantité en β-carotène a perdu une
grande quantité de la matière sèche. Cette
REMERCIEMENTS
Cette étude a été conduite grâce au concours
scientifique du staff du Programme National
Manioc du Centre de Recherches de
REFERENCES
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technologique de clones améliorés de
manioc, rapport intermédiaire No 2.
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d'Ivoire), 24 pp.
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l’usage des Pays sahéliens. IRD, OMS,
40 p.
Crabbe 1978. Recueil d’instructions
climatiques INERA, Yangambi 263p.
18253
étude a cependant permis de comprendre que
la teneur en β-Carotène dans les racines de
manioc jaune diminue avec la durée du
rouissage, et que cette diminution de la teneur
en β-Carotène dans les racines de manioc jaune
pendant le rouissage diffère selon les variétés.
La détermination de la durée du rouissage
convenable pour une bonne rétention en TCC
est donc difficile compte tenu de variations qui
ne sont pas proportionnelles à la durée du
rouissage. La technique de fabrication de la
farine panifiable de manioc jaune serait peut-
être la meilleure solution pour retenir une
quantité maximale de β-Carotène. Les études
ultérieures sont cependant nécessaires. Il est
donc opportun de poursuivre ultérieurement
les études sur la rétention en β-Carotène
pendant les autres étapes de la transformation
de racines de manioc jaune afin d’établir un
bilan réel entre les quantités réellement
perdues et les quantités qui arrivent dans les
assiettes de consommateurs ; mais également
chercher à bien identifier les facteurs à la base
de la diminution de la teneur en β-Carotène sur
les produits obtenus.
l’INERA-Mvuazi. Nous tenons à remercier le
projet HarvestPlus pour le soutien financier
sans lequel cette étude ne serait pas réalisée.
El-Sharkawy MA : 2003.Cassavabiology and
physiology. Plant Molecular Biology
53: 621- 641.
INRAB, 2016. Préférences et facteurs de choix
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Minengu J. D. D. 2018. Cours de phytotechnie
spéciale des plantes, cours dispensé en
Ir 1 phytotechnie, inédit Université
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Nsangu M., 2020. Évaluation de capacité de
source et de stockage en caroténoïdes
totaux des génotypes de manioc
(Manihot esculanta Crantz). Mémoire
Masika et al., J. Appl. Biosci. Vol: 176, 2022 Effet de la durée du rouissage des racines de manioc (Manihot esculenta
Crantz) à pulpe jaune sur la variation de leur teneur en β –carotène

de fin d’études, Université Kongo,

Version inédit, 55pp.
PRONAM., (2021)., Procédé d’extraction de
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