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Par : Dr HAFFAR Hichem

Maître de conférences classe ‘B’


Université Mohamed Boudiaf M’sila
E-mail haffarh@yahoo.fr
2018/2019
Avant-Propos

Dr HAFFAR Hichem
Maitre de Conférences ‘B’ Université Mohamed Boudiaf De M’sila-Laboratoire
des Matériaux Inorganiques LMI
haffarh@yahoo.fr

Ce polycopié de cours ‘PHOTOCHIMIE’, est destiné à priori aux étudiants en 2ème année

Master, Chimie organique pour se familia


Table Des Matières

Avant-Propos I
Table Des Matières II
Introduction 01
Introduction
INTRODUCTION

Introduction
Chapitre I
Nomenclature

I-1 Règles de HANTZSCH-WIDMAN

a- Préfixes et Suffixes
b- Monocycles (totalement insaturés, partiellement insaturés ou saturés)
c- Bicycles (hétérocycles accolés à un cycle benzénique)
d- Hétérocycles identiques liés entre eux

I-2 Nomenclature de remplacement ou nomenclature ‘a’

I-3 Dénomination semi-triviale (spécifique ou semi-systématique)


Chapitre I Nomenclature

Nomenclature

I-1 Règles de HANTZSCH-WIDMAN

La nomenclature des hétérocycles est régie par les règles de l’IUPAC (International
Union Of Pure and Applied Chemistry). Il existe deux types de règles IUPAC ; celles de
HANTZSCH-WIDMAN et celles dites de remplacement.

Celles de HANTZSCH-WIDMAN s’appliquent à la majorité des hétérocycles dont le


nombre d’atomes du cycle est inférieur à dix. Pour les hétérocycles ayant un nombre d’atomes
cycliques supérieurs à dix, plus rares, une autre nomenclature s’est proposée.

a- Préfixes et Suffixes

Chaque hétérocycle doit contenir dans son nom un préfixe et un suffixe. Les préfixes
concernent la nature de l’hétéroatome existant alors que, le suffixe indique le nombre de
chaînons constituants le cycle. Le tableau I-1 résume les préfixes attribués à chaque hétéro-
élément par ordre de priorité.

Tableau I-1 : Préfixes attribués à chaque hétéroatome par ordre de préséance (ordre de
priorité décroissant).
Hétéroatome Préfixe Hétéroatome Préfixe
Oxygène (O) Oxa Bismuth (Bi) Bisma
Soufre (S) Thia Silicium (Si) Sila
Sélénium (Se) Selena Germanium (Ge) Germa
Azote (N) Aza Etain (Sn) Stanna
Phosphore (P) Phospha Plomb (Pb) Plomba
Arsenic (As) Arsa Bore (B) Bora
Antimoine (Sb) Stiba Mercure (Hg) Mercura

Exemple : si un hétérocycle comporte dans sa structure; l’azote et le soufre, les préfixes


seront successivement : ‘thia’ pour le soufre et ‘aza’ pour l’azote et on écrira ‘thiaza’.

La taille de l’hétérocycle (nombre de chaînons) peut être indiquée par deux types de
suffixes ; pour les cycles saturés et les insaturés (tableau I-2).

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Chapitre I Nomenclature

Remarque : Pour les cycles à six chaînons avec plusieurs hétéroatomes, on prend le suffixe de
l’hétéroatome le moins prioritaire et la position 1 doit être réservée à l’hétéroatome de
préséance élevée. Par exemple l’hétérocycle ci-dessous à six atomes et contient trois
hétéroatomes ; O > S > N et le N se situe dans la série (2) donc le nom sera 1,4,3-oxathiazine.

O
S
N
1

1,4,3-oxathiazine

Tableau I-2 : Suffixes par nombre de chaînons de l’hétérocycle et degré


d’insaturation.
Cycle saturé
Nombre de chaînons du cycle Cycle insaturé
Non azoté Azoté ≥ 1
3 irène, irine (1N) irane iridine
4 ète étane étidine
5 ole olane olidine
6 Série (1) ine ane
6 Série (2) ine inane
6 Série (3) inine inane
7 épine epane
8 ocine ocane
9 onine onane
10 écine écane

Série (1): O,S,Se,Te,Bi,Hg. Série (2): N,Si,Ge,Sn,Pb. Série (3) : B,F,Cl,Br,I,P,As,Sb.

Une autre nomenclature est bien largement adoptée dite dénomination triviale, elle est
généralement préférable dans le cas des composés suivants :

H H
O S N N
Hétérocyles à 5 chaînons
oxole thiole azole azolidine
(Furanne) (thiophène) (pyrrole) (pyrrolidine)
N
N
Hétérocyles à 6 chaînons
N N N N
H
azinane azine 1,3-diazine 1,4-diazine
(pipéridine) (pyridine) (pyrimidine) (pyrazine)

Figure I-2 : Exemples d’Hétérocycles à nomenclature triviale.

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Chapitre I Nomenclature

a- Monocycles (totalement insaturés, partiellement insaturés ou saturés)


- La dénomination d’un hétérocycle totalement insaturé (comportant le maximum de
doubles liaisons) est la même que celle d’un hétérocycle comportant le minimum
d’insaturation, bien sûr, en suivant les tableaux I-1, I-2 des préfixes et des suffixes.
- Les monocycles partiellement insaturés sont nommés en ajoutant les préfixes dihydro,
tétrahydro….. au nom du monocycle totalement insaturé correspondant, précédé par des
chiffres indiquant la position de l’insaturation.
- La numérotation, pour les hétérocycles à un seul hétéroatome, débute toujours par
celui-ci, dont la rotation autour du cycle soit en fonction des substituants (le sens de rotation
soit de telle façon d’avoir la somme des chiffres la plus faible possible).
- Les monocycles saturés sont nommés en utilisant la colonne des cycles saturés du
tableau I-2, s’il n’existe pas une dénomination triviale.
- Concernant les hétérocycles ayant plusieurs hétéroatomes de même nature, ils sont
dénommés en indiquant leurs positions par des chiffres dont la somme est la plus faible
possible, suivies par les préfixes di, tri, tétra……
- Si les hétéroatomes sont de nature différente, l’hétérocycle est nommé en indiquant le
préfixe de chaque hétéroatome par ordre de préséance, en indiquant, bien sûr, la position de
chacun d’eux, dont la position 1 soit réservée au plus prioritaire.
- Il est possible que deux isomères ou plus, n’aient entre eux comme différence, que la
position d’un hydrogène dans le cycle. dans ce cas il est indiqué par un ‘H’ précédé par sa
position dans le cycle.

Monocycles totalement insaturés


O S
O S N

N
oxirène thirène azète furane (oxole) thiophène pyridine (azine)

Monocycles partiellement insaturés


O
Br
5-Bromo, 3-méthyle 2,3-dihydrofurane
O S et non pas
2-Bromo, 4-méthyle 4,5-dihydrofurane
N
H
2,3-dihydrofurane 2,5-dihydrothiophène 1,4-dihydropyridine

Monocycles saturés H
H N NO 2
H H
N N
H O N
N NH
Cl
5-chloro, 2-nitropipéridine
aziridine azétidine pyrrolidine tétrahydrofurane pipéridine azépane et non pas
(azolidine) (azinane) 3-chloro, 6-nitropipéridine

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Chapitre I Nomenclature

Monocycles à plusieurs hétéroatomes

H N
N N N N N

N N N N

1H 1,2,4-triazole pyrimidine (1,3-diazine) pyrazine(1,4-diazine) 1,3,5-triazine

N N S N N

S O O O
1,3-thiazole 1,3-oxazole 1,3-oxathiolane 1,3,4-oxadiazole
CH3
N N 3-Chloro, 1-méthyle, 1,2,4-triazole
O O
et non pas
S S Cl 5-Chloro, 2-méthyle, 1,2,4-triazole
N
N

1,4,3-oxathiazine 6-méthyle 2,3-dihydro 1,4-oxathine

Les isomères

S S S
NH N N

N N N
H
2H 1,2,4-thiadiazine 4H 1,2,4-thiadiazine 6H 1,2,4-thiadiazine

Figure I-3 : Exemples de quelques monocycles hétérocycliques.

b- Bicycles (hétérocycles accolés à un cycle benzénique)

Les plus connus des hétérocycles bicycliques sont ceux dont l’hétérocycle est accolé à un
cycle benzénique (figure I-4). La majorité d’entre eux possèdent une dénomination triviale.

H H H
N N O N O N O
NH O

O
1H-indole oxindole isatine 2H-Isoindole 3H-indole benzofurane isobenzofurane

N N N
N N
N N
N
Quinoline isoquinoline quinoxaline phthalazine quinazoline

Figure I-4 : Quelques hétérocycles bicycliques.

Le nom d’un hétérocycle accolé à un cycle benzénique est, tout d’abord, précédé par le
préfixe ‘benzo’ (le O peut être exclu devant une voyelle), suivi par une lettre ‘a, b, c, …..’,

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Chapitre I Nomenclature

mise entre deux crochets, désignant la position de la liaison commune entre les deux cycles et
définie en partant de la liaison C-hétéroatome la plus proche du cycle.

Dans le cas des hétérocycles à plusieurs hétéroatomes, tout d’abord, on nomme


l’hétérocycle par les règles des monocycles, puis on ajoute les lettres a, b, c, ….. aux liaisons,
en partant de l’hétéroatome le plus prioritaire (figure I-5) et le nom sera donc :

Benzo [lettre] [positions des hétéroatomes] nom du mono hétérocycle.

Pour pouvoir désigner les postions des hétéroatomes et les substituants, il est
impérativement nécessaire de numéroter le composé entier. La numérotation doit être
effectuée comme suit :

- On découpe la molécule par deux lignes perpendiculaires l’une sur l’autre au centre du
noyau benzénique (figure I-5).

4 2

c
b d b
a O e a O
X
Benzo [b] furane 3 1

Figure I-5 : Etapes de numérotation d’un hétérocycle bicyclique.

- Lorsqu’on aura 4 parties (4 quadrants), on notera la partie principale celle contenant


l’hétéroatome de préséance supérieure ainsi que le maximum d’hétéroatomes (voir la figure I-
6).
- La numérotation débute de l’atome (carbone ou hétéroatome) de cette partie, attaché à
la jonction des deux cycles (la règle de préséance dans ce cas n’est pas nécessaire), et on
continue la numérotation des atomes de l’hétérocycle puis ceux du cycle benzénique sauf les
deux atomes de la jonction.
- Ces deux atomes (de jonction) portent les numéros de ceux qui les précèdent, suivi par
la lettre ‘a’.

1 H 1 1
8 9 2 8
8a S a 8 aN
1 7 8a S a
7 1 2
9a
b 1 O
3 2
e b b 5a c
6 d N 7 6 3
4a c 3 4a N
6 4 5
5 4 5 4
2H-benzo[e][1,3]-thiazine 1H-benz[b][1]-azepine benz[c][2,1,4]-oxathiazine

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Chapitre I Nomenclature

1 4 9
8 1 3 2 b N c
5 3a 1
7 8a a 9a 8
S O
d 2 c NH 5a d
a 3
c N 6 b a2 1
4 7
6 4a 7a
3 1
5 4
b 7 5 6
O 1 Cl

1H-benzo[d][2,3]-thiazine 2,3-dihydro-1H-benz[c]-azol-1-one 4-chloro-8-methyl--benz[d][3,1]-oxazepine


2,3-dihydro-1H-isoindol-1-one

6 7
O
4
a 5 8
6a
b
O 10a f
2 9
3c e
1 d N
1
10

Cl 3C
2-(trichloromethyl)-4H,6H-benzo[f][3,5,1]-dioxazocine

Figure I-6 : Exemples de dénomination des hétérocycles bicycliques.

c- Hétérocycles identiques liés entre eux

Si plusieurs hétérocycles sont liés entre eux, par une liaison ou plus, l’hétérocycle est
nommé en indiquant les positions des atomes qui tiennent les deux cycles. Le premier
hétérocycle est numéroté par des chiffres normaux, le deuxième par des chiffres primés et le
troisième par des chiffres double primés, etc. Le nombre des hétérocycles est indiqué par ; bi,
ter, quater…
5'
4 3 4' 5' 3'' 4'' 4 3 3' 4' 2
S
1' 4''
4'
2 5''
5 3' 6' 5'' 5 2 5' S 3
2'
3''
2'' 2' 1
3'
N N N N N S
6 1 2' 1' 1'' 6'' 6 1 1' 6' 5 4 2'' 1''

2,3'-6',2''-terpyridine 2,2'-bipyridine 3,2'-4',3''-terthiophène

Figure I-7 : Hétérocycles identiques liés entre eux.

I-2 Nomenclature de remplacement ou nomenclature ‘a’

Cette nomenclature, considère l’hétérocycle comme un produit de remplacement d’un ou


plusieurs atomes de carbone d’un carbocycle par un ou plusieurs hétéroatomes.

Tout d’abord, on identifie le nom du carbocycle, précédé par le ou les préfixes des
hétéroatomes, par ordre de préséance ainsi que leurs positions.

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Chapitre I Nomenclature

H2
Si

N O O
Silacyclopenta azabenzène 2H-oxabenzène 4H-oxabenzène
2,4-diène (pyridine) (2H-pyran) (4H-pyran)
H
S O Si
SiH2

N O
H
4-aza,2-sila naphthalène 1,4-dioxanaphthalène 1-silanaphthalène
thiacyclohexane (1,4-benzodioxine)

Figure I-8 : Dénomination par remplacement de quelques hétérocycles.

I-3 Dénomination semi-triviale (spécifique ou semi-systématique)

Plusieurs composés naturels ont été connus avant l’apparition des règles de l’IUPAC, ont
déjà une nomenclature spécifique (reste souvent utile), dite nomenclature triviale (pyrrole,
thiophène, furane,…..) et des produits naturels dont la plupart sont des alcaloïdes (morphine,
quinine, cocaïne, …..). D’autres composés ont une dénomination dite semi-systématique ou
semi-triviale dont une partie du nom fait référence à un suffixe systématique ; pyrrolidine,
morphinane, tropane, tropanol, tropanone……).

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Chapitre II
HETEROCYCLES A TROIS CHAINONS
(Oxiranes,Thiiranes et Aziridines)
II-1 Aziridines
II-1-1 Synthèses
a- Réaction de Gabriel (cyclisation des  -hydroxylamines ou -chloroamines)
b- Réaction des azides avec les alcènes
II-1-2 Réactivité
a- Réaction de N-substitution
b- Ouverture du cycle
II-2 Oxiranes
II-2-1 Synthèses
II-2-2 Réactivitée
II-3 Thiiranes
II-3-1 Synthèses
II-3-2 Réactivitée
Chapitre II Hétérocycles à trois chainons

Hétérocycles A Trois Chainons

II-1 Aziridines

Aziridine (éthylène imine) (C2H5N) M= 43,07 g/mole. Liquide Teb = 56 °C

RMN 1H : 1,48 ppm (DCCl3). RMN 13C : 16,0 ppm (DCCl3)

II-1-1 Synthèses

c- Réaction de Gabriel (cyclisation des  -hydroxylamines ou -chloroamines)

Dans cette réaction, les -hydroxylamines ou -chloroamines sont cyclisés en dérivés


aziridiniques, par simple élimination (H2O, HCl successivement), en présence du KOH ou
NaOH. A noter que les -chloroamines sont facilement obtenus à partir des-hydroxylamines,
par action du chlorure de thionyle (figure II-1).

HO R3 R4 Cl R3 R4 R3
SOCl2 2KOH R2 R4

-SO2 , -HCl + R1
R1 R2 NHR R1 R2 N H2R NR

HO R3 R4 R3
Réactif de Mitsunobu R2 R4

Ph3 P, EtCO2N=NEtCO2 R1
R1 R2 NHR NR

H2 SO4 KOH
-
O 3 SO R3 R4

+
R1 R2 N H2 R

Figure II-1 : Réaction de Gabriel.

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Chapitre II Hétérocycles à trois chainons

L’action du Réactif de Mitsunobu sur les -hydroxylamines, permet le passage aux


aziridines correspondants selon le mécanisme de la figure II-2 :

O
R1 R2 NHR
HO R3 R4
HN OEt
O O
P (P h)3 +
+ (Ph)3 P O R3 R4 EtO NH
P (Ph)3 R1 R2 NHR
EtO
EtO N EtO N + +(Ph)3P =O
R3 +
O
O
N OEt N OEt -
NH N R2 R4
-
O
O O R1 NR
OEt

Figure II-2 : Mécanisme d’action du réactif de Mitsunobu sur les -hydroxylamines

Cependant, il est possible d’obtenir les -hydroxylamines (-chloroamines) (figure II-3),


par action de l’ammoniac ou des amines primaires sur des dérivés d’oxirane.

O HO R3 R4
R4 NH2 R

R1 R3
R2 R1 R2 NHR

Figure II-3 : Réaction des oxiranes en -hydroxylamines.

d- Réaction des azides avec les alcènes

L’action thermique (thermolyse), sur l’azidoformiate d’éthyle (A), conduit à l’éthoxy-


carbonylnitrène (B), qui par addition sur des alcènes conduit à l’aziridine correspondant.

R2 R3
R1 R3

EtOCON3 EtOCON + EtOCON
R4
-N2
(A) (B)
R2 R4
R1

Figure II-4 : Action des azides sur les alcènes

La cycloaddition 1,3 dipolaire des azides sur les alcènes, mène en premier lieu à un 4,5
dihydro 1,2,3 triazole, qui par photolyse ou thermolyse (rayonnement Uv ou chaleur) perd une
molécule de diazote, en conduisant à un N-aryl aziridine (figure II-5).

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Chapitre II Hétérocycles à trois chainons

Ph Ph
N
PH-N--N=N+ Ph
R2 R1 N N N R1 N R3
-N2
R1
R2
+
R3 R4 R1
h ou 
R4 R3 R4 R2 R3 R4 R2

Figure II-5 : Cycloaddition 1,3 dipolaire des azides sur les alcènes.

II-1-2 Réactivité

Les Aziridines sont des composés moins basiques (pKa aziridine = 4,62) que les amines
primaires et secondaires (pKa diméthylamine = 10,87). Ils présentent des propriétés similaires
aux amines tertiaires, que se soient N-substitués ou non. Ces composés sont facilement
protonables (figure II-6), conduisant aux sels d’aziridinium (très instables) ce qui fragilise le
cycle, en conduisant à des réactions d’ouverture de ce dernier en chaine et de polymérisation.
Il faut faire attention, si l’acide est fort, cette réaction peut être explosive.

H
+ - + -
NH + H ,X N H ,X

Figure II-6 : Protonisation des aziridines en milieu acide.

c- Réaction de N-substitution

NCH 2CH 2OH NCH 2CH 2CN


O
CH2 CHCN

Et3 N ETN3
NR NH NCOR
RX R-CO-Cl
NaOCl CH2 =C=O

NCl NCOCH 3

Figure II-7 : Réactions de N-substitution sur les aziridines.

Les aziridines non substitués sur l’azote peuvent subir une N-substitution, comme toutes
les amines secondaires (figure II-7).

- L’action des aziridines, comme nucléophiles, sur les oxiranes, provoque l’ouverture du
cycle époxyde.

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Chapitre II Hétérocycles à trois chainons

- Les aziridines réagissent facilement avec l’hypochlorite du sodium pour conduire à des
N-chloro aziridines.
- L’alkylation et l’acylation des aziridines peuvent avoir lieu, par les haloalcanes et les
chlorures d’acyles respectivement, en présence du triéthylamine, afin d’éviter l’ouverture du
cycle en empêchant la formation des sels d’aziridinium. L’addition des cétènes donne aussi
des dérivés acylés.
- Selon une réaction de type Mickaël, les aziridines réagissent facilement avec les
acrylonitriles et les acrylates d’éthyles.
d- Ouverture du cycle

L’ouverture du cycle aziridinique est favorisée en présence des nucléophiles de forte


densité électronique (figure II-8a), dont les aziridines sont de bons agents alkylants (site
électrophile).
+ -
H - N RH 2 ,X
,X
+
H2O N R Ethanolamine
HO CH3
H3C

RNH2
NH 1,2 Diamine
RHN NH2

SO3H2 + NH + - Taurine
NH SO 3
3

Figure II-9 : Quelques réactions d’ouverture du cycle aziridinique.

Si les deux carbones cycliques sont non symétriques, on procède à deux prédictions
régiochimiques possibles (figure II-8b) :

- En présence de la catalyse acide (formation du sel aziridinium), l’attaque nucléophile


se fait sur le carbone le plus substitué.
- Cependant, en absence de la catalyse acide, l’attaque nucléophile se fait sur le carbone
le moins substitué en raison du gène (encombrement) stérique exercé sur le carbone le plus
encombré.

L’action de l’eau en milieu acide conduit à un éthanolamine. Avec l’acide sulfureux, cette
réaction mène à l’acide 2-aminoéthansulfonique (ou Taurine, molécule très importante et qui
existe dans la bile humaine). Avec l’ammoniac ou les amines primaires, la réaction conduit à
un 1,2-diamine (figure II-9).

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Chapitre II Hétérocycles à trois chainons

H
+ - NHR
R
N ,X
a
Nu R
Nu
H R -
Nu NHR + -
Nu NR
R + - H ,X
N ,X N Nu
b Nu
R R
R R

Figure II-8 : Ouverture du cycle aziridinique par attaque nucléophile avec et sans catalyse
acide.

e- Réaction avec le chlorure de nitrosyle (Désamination et formation des alcènes)

La réaction des aziridines non N-substitués avec le chlorure de nitrosyle, conduit dans un
premier lieu à un dérivé N-nitroso, qui perd facilement N2O donnant un alcène (figure II-10).

H3 C H H3 C H
H3C H

NH N-N=O
Cl-N=O -N2 O
H3C H
H3 C H H3 C H

Figure II-10 : Action du chlorure de nitrosyle.

II-1-3 Biochimie des aziridines

Les aziridines sont des anticancéreux puissants, mais présentants de nombreux effets
secondaires. Comme nous l’avons déjà vu, les aziridines sont de bons alkylants en présence
des nucléophiles. Les acides nucléiques (ADN et ARN) sont des nucléophiles facilement
alkylés par les aziridines, qui s’intercalent dans l’empilement des nucléotides constitutifs de la
double hélice d'ADN, par pontage intra et interbrins des chaines d'ADN, en particulier au
niveau des atomes d’azote de la guanine et de la protéine, ce qui bloque ou altère l’ADN. Ces
effets peuvent, retarder ou empêcher la division cellulaire (cytostatique), induire la formation
des cellules ayant des propriétés génétiques altérées (mutagène) et enfin entrainer la mort
cellulaire (cytotoxique). Cependant, les aziridines présentent un effet cytotoxique important
sur les tissus à développement rapide tels que; la moelle osseuse, la muqueuse intestinale, les
embryons, les tumeurs et le système lymphatique.

Parmi les dérivés d’aziridines très utilisés en cancérologie ; les Mitomycines A, B et C


(figure II-11), la première est produite par Streptomyces ceaspitosus, alors que les deux autres
sont facilement synthétisées de la Mitomycine A. La Mitomycine C est l’antibiotique le plus

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Chapitre II Hétérocycles à trois chainons

utilisé contre une très grande variété de cancers. C'est un bio-réducteur alkylant et intercalant
qui peut inhiber la synthèse de I'ADN dans les bactéries et peut même conduire à sa
dégradation.

O OCONH2 X Y Z
Mitomycine A OCH3 CH3 H
X OY Mitomycine B OCH3 H CH3
Mitomycine C NH2 CH3 H

H3 C N NZ

Figure II-11 : Structure des Mitomycine A, B et C

L’alkylation de l’ADN par la Mitomycine C n’est pas une ouverture classique du cycle
aziridinique. Il y a tout d’abord, formation d’un système diénique, puis l’addition des deux
brins d’ADN (figure II-12) (la 2ème possibilité ‘a’ est l’action directe sur l’aziridine et le
carbamate).
O OCONH2 OH OCONH2

H 2N OCH3 H 2N OCH3

H 3C N NH H3 C N NH

O OH
-CH3 OH

OH OCONH2 O OCONH2

H 2N H 2N

H3 C N NH H3C N

OH O
NH2
ADN1......ADN2 (a) H
-HCONH2

OH ADN1 O

H2N H2 N
ADN2 ADN1......ADN2

H 3C N N
H 3C

OH O NH2
NH2

Figure II-12 : Alkylation de l’ADN par la Mitomycine C.

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Chapitre II Hétérocycles à trois chainons

II-2 Thiiranes

Thiirane (sulfure d’éthylène) (C2H4S) M= 60,11 g/mole liquide Teb = 55-60 °C.

RMN 1H : 2,27 ppm (DCCl3) RMN 13C : 18,9 ppm (DCCl3)

II-2-1 Synthèses.

a- Cyclisation des thiols -substitués

En présence de COCl2 (phosgène), les -hydroxythiols se cyclisent facilement (figure II-


13.a) en 1,3-oxathiolan-2one, qui par décarboxylation interne, à 200°C, mène à un thiirane.

A leurs tours, les -halogénothiols, se cyclisent aussi en présence de la soude ou la potasse


(Figure II-13.b) donnant directement le thiirane.

OH O
COCl3 
a) O S
-2HCl -CO2
SH S
X
KOH
+ -
b) S + K , Cl +H0
2
HS

Figure II-13 : Synthèse des thiiranes, a : à partir des-hydroxythiols et b : à partir des


halogénothiols

b- Réactions des oxiranes :

La thiocyanate de potassium (K+,-SCN), peut facilement réagir avec un oxirane, conduisant


à un thiirane (Figure II-14). Dont en premier lieu il y a la formation d’un 2-imino, 1,3-
oxathiolane.
- +
O ,K O
- +
O N N ,K
+ -
K ,SCN S S

O
- +
S + NCO ,K - +
N

S ,K
Figure II-14 : Synthèse des thiiranes à partir des oxiranes avec la thiocyanate de potassium.

La thiourée (H2N-CS-NH2) peut aussi réagir sur un trans 2,3 diméthyloxirane conduisant à
un Cis 2,3 thiirane (Figure II-15). Cette interconversion est due à la rotation de 180° du

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Chapitre II Hétérocycles à trois chainons

carbone portant l’alcoolate, afin de pouvoir attaquer celui de la thiourée. C’est une réaction
stéréospécifique : un trans oxirane mène à un Cis thiirane et vice versa.
-
H 3C O H H3C O H H3C H3C H

-
H CH3 H S CH3 H S O
S
H2 N H2N
+ +
H2N NH2 N H2 N H2

H3C CH3
O H3C S CH3
H H
+ S O
H2 N NH2
H H
NH2
NH2

Figure II-15 : Synthèse des thiiranes à partir des oxiranes avec la thiourée.

II-2-2 Réactivité

Comme tous les cycles à trois chainons, les Thiiranes sont des cycles tendus (théorie de
Baeyer), en raison des angles dièdres proches de 60° (très éloignés de 109°, l’angle du carbone
hybridé sp3), dont la plupart des réactions sont d’ouverture du cycle. Cette propriété donne lieu
à une grande réactivité vis-à-vis les acides, les bases, ou en général avec les nucléophiles. La
réactivité des thiiranes est beaucoup moins apparentée à celle des oxiranes et des aziridines, en
raison de la compétition avec la polymérisation de l’hétérocycle. Cependant la réactivité des
Thiiranes substitués avec les nucléophiles est plus facile à celle avec les électrophiles, vue la
faible densité électronique du soufre comparativement à l’oxygène et l’azote.

a- Réactions d’ouverture du cycle thiiranique

Par les nucléophiles :

La substitution nucléophile des thiiranes est une réaction stéréospécifique :

- Si le milieu réactionnel est apolaire, l’attaque nucléophile se fait sur le carbone le moins
substitué (en raison de l’encombrement stérique exercé sur le carbone le plus substitué), avec
l’inversion de la configuration du carbone attaqué (figure II-16 b).

- Si le milieu est polaire, l’ion carbonium formé par ouverture du cycle est stabilisé par un
ou plusieurs substituants sur le même carbone (figure II-16 a).

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-
S H S H SH
Solvant polaire + NuH
a) C C
Ph
H Ph Ph Nu
-
S

-
S CN - H
S R
CN
b) - +
Nu ,H H ROH SH
R
H R
Nu
H
R : alkyl R
OR

Figure II-16 : Attaque nucléophile sur un thiirane : a) en milieu polaire, b) en milieu


apolaire.

Par l’ion hydrure H- (LiAlH4)

Le réducteur LiAlH4 (l’hydrure de lithium aluminium) libère l’ion hydrure H-, de caractère
nucléophile et ouvre facilement un cycle thiiranique par une réaction stéréospécifique
(démontrée par le Deuterure de LiAlD4), conduisant à un thiol (Figure II-17).

R S H R SH H
puis H2 O
-
D (LiAlD4 ) D
H R' H R'

Figure II-17 : Attaque de l’hydrure sur un thiirane.

Par les acides halohydriques (HX)

A son tour, cette réaction est aussi stéréosélective. L’acide halohydrique concentré (milieu
fortement polaire) protonise tout d’abord le soufre du thiirane avant l’attaque de l’ion de
l’halogène, qui sera dans ce cas sur le carbone le plus substitué (Figure II-18).

+
R S R S H R X SH
H+

X-
H H H
 -halogénothiol

Figure II-18 : Attaque par l’acide halohydrique sur un thiirane

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Par les chlorures et les anhydrides d’acides

L’addition des chlorures d’acide donne lieu à un mélange de produits d’attaque sur les
deux atomes de carbones (Figure II-19 a). Cependant, l’action des anhydrides d’acides
(comme RCOO- + RCO+) conduit tout d’abord à un ion thiolate, lors de l’attaque de l’ion
carboxylate, suivie de l’addition du RC+O (Figure II-19 b).
O
R X SCOCH 3 R' X SCOCH 3
R 1 2 R'
a) Cl CH3 1) + 2)

S H R' H R

-
S S ROCS
+
Pyridine RC O
b) + R(CO)2 O
+
R'
R' OCOR R' OCOR

Figure II-19 : a) Attaque par le chlorure d’acide, b) par l’anhydride.

b- Réactions d’oxydation

L’oxydation du thiirane peut être partielle ou complète. L’oxydation partielle donne lieu à
un monoxyde qui, par chauffage, donne un alcène et le monoxyde du soufre, cette réaction
peut avoir lieu en présence des oxydants comme les peroxyacides ou le periodate du sodium.
L’oxydation totale d’un thiirane, en présence d’un oxydant fort à savoir la KMnO4
concentrée, mène à un dioxyde (Figure II-20).
S

[O]
O O
O
S S
[O] 
S O + H2 C CH2

Figure II-20 : Oxydation du thiirane.

c- Action photochimique du tétracyanoéthylène

C’est une réaction de cyclo addition 1,3 dipolaire du tétra cyanoéthylène sous une
radiation Uv conduisant à un dérivé du tétrahydrothiophène (Figure II-21).

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Ph Ph
Ph NC
Ph NC CN Ph CN
h +
Ph
S HS - + S CN
Ph
NC CN CN
Ph Ph
Ph Ph
Ph

Figure II-21 : L’action photochimique du tétracyanoéthylène.

d- Désulfuration

Les thiiranes peuvent subir une désulfuration conduisant à un alcène :

- Les thiiranes substitués par un groupement aromatique ou éthylénique conjugué avec le


cycle se désulfurisent facilement thermiquement.

- Le triphénylphosphorine désulfurise les thiiranes selon la réaction de la figure II-22 a. A


noter que dans le cas des oxiranes, l’attaque du PPh3 se fait sur le carbone.

- La désulfuration des thiiranes peut avoir lieu aussi en présence du n-butyllithium (n


BuLi) (Figure II-22 b). Cette réaction s’effectue à -78°C dans le THF.

H3 C H H3 C H Ph H3 C H Ph
+ -
a) S + P P h3 S P
Ph +S P
Ph
H3 C H H3 C H Ph H3 C H Ph

n-BuLi -
b) S S + n-Bu
, Li

Figure II-22 : Désulfurisation du thiirane : a) par le PPh3, b) par n-BuLi.

II-2-3 Biochimie des Thiiranes

Ces composés, dans leurs structures, n’ont présentés aucun intérêt biochimique ou
biologique.

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II-3 Oxiranes

Oxirane (oxyde d’éthylène) (C2H4O) M= 44,05 g/mole liquide Teb = 10,6 °C

RMN 1H : 2,54 ppm (DCCl3) RMN 13C : 39,7 ppm (DCCl3)

II-3-1 Synthèses des oxiranes

a- Cyclisation des -halogénoalcools:

Dans un milieu fortement basique, un -halogénoalcool se déprotonise facilement en sa


base conjuguée, qui par substitution nucléophile intramoléculaire conduit à un oxirane (figure
II-23).

-
OH -
O O
OH -
+ X
-H2 O
X X

Figure II-23 : Cyclisation des halogénoalcools en milieu basique.

A noter qu’il est possible d’obtenir des halogénoalcools par addition des hypochlorites
HOCl (ou hypobromites, HOBr) sur une oléfine, ou par réduction des -halocétones.

b- Réaction de PRILESCHAJAEW

C’est une réaction d’addition d’un peroxyacide sur une oléfine (Réaction de
PRILESCHAJAEW). Les peroxyacides plus utilisés dans cette réaction sont les acides: m-
perchlorobenzoique, 3,5 dinitro-peroxybenzoique et l’acide peroxytrifluoroacétique (ce dernier
est très utilisé surtout avec les oléfines les moins réactifs) (figure II-24).

Cette réaction est stéréospécifique (une oléfine cis ou trans conduit respectivement à un
oxirane cis ou trans).

O O O
H H
H
H
O
H +R OH
H3C CH3

R1 R2

Figure II-24 : Synthèse d’oxirane par la réaction de PRILESCHAJAEW.

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c- Réaction de Darzens (Addition des -haloesters sur les carbonyles)

Dans un premier lieu, on a la déprotonation de l’-haloester en présence de l’éthanolate de


sodium, qui par addition sur un carbonyle conduit à un 2-ethoxycarbonyl oxirane, dite aussi
ester glucidique.

- O
COOEt COOEt R H O H R
- -
EtO
H C + O
R
H X H X R' EtOOC X R' EtOOC R'

Figure II-25 : Synthèse d’oxirane par la réaction de PRILESCHAJAEW.

d- Synthèse de Corey (réaction des S ylures sur les carbonyles)


Les S-ylures obtenues à partir des trialkysulfoniums, réagissent facilement avec les
composés carbonylés conduisant à un oxirane (figure II-26).
O O O O
CH3I +
- NaH + -
S ,I
S H3C S CH2 H3 C S CH2
CH3
H3C CH3 -NaI, -H2 +
H3 C
CH3 CH CH3
Iiodure de trialkyle S-ylure
sulfonium

O -
O O O CH3 O O
R1
+
H3 C S CH2
+ CH2 S + S
R1 R2 R2 H3 C CH3
CH3 R1 R2 CH3

Figure II-26 : Synthèse d’oxirane par la réaction de COREY.

A noter aussi que dans l’industrie, l’oxirane est facilement préparé à partir de l’éthylène et
l’air sous pression à 200-400°C en utilisant un catalyseur à base d’argent.

II-3-2 Réactivité

Les oxiranes présentent une forte réactivité. Les produits de leurs réactions dépendent du
milieu réactionnel (solvant et pH), des substituants et de la stéréochimie de la molécule. La
majorité de ces réactions sont d’ouverture du cycle dont elles sont souvent stéréo et
régiosélectives, ce qui leur donne un intérêt d’origine naturel. Généralement, l’attaque
nucléophile se fait sur le carbone le moins substitué selon un mécanisme SN2, alors que, si
l’oxirane possède un carbone diméthylé ou un groupement benzyle, l’attaque nucléophile en
présence d’un acide se fait sur le carbone le plus substitué selon un mécanisme SN2
(stéréospécifique).

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a- Réaction avec l’ammoniac et les amines primaires ou secondaires

Avec l’ammoniac ou une amine, cette réaction conduit à un amino-alcool, c’est une
réaction stéréospécifique. A titre d’exemple, la réaction de l’ammoniac avec le 2-3 diméthyl
oxirane (figure II-27).
CH3 NH2 CH
3
H
CH3 H NH2 CH3 H
HO CH3 H
O CH3 O
NH3 NH3
H H HO
CH3 H CH3 H
Cis Thréo Cis Thréo

CH3 H
H CH3
H CH3 H CH3
NH2
HO
O NH2 HO
O CH3
NH3 NH3
CH3 H
CH3 H CH3 H H

Trans Erythro Trans Erythro

Figure II-27 : Réaction des Oxiranes avec l’ammoniac.

b- Réaction avec les acides :


Milieu acide dilué :
Dans un milieu faiblement acide, l’oxirane mène à un 1,2 diol (ou glycol), avec une
réaction stéréospécifique, dont il y a tout d’abord la protonation de l’oxygène de l’oxirane,
puis l’attaque d’une molécule d’eau (figure II-28).

H3C H H3C H

+ +
O + H3 O O H + H2O

H3C H H3C H

CH3 CH3
+
H3 C H H2O H HO H
-H+
+
H 2O O H H3C OH H3C OH

H3 C H H
H
et son inverse optique et son inverse optique

Figure II-28 : Ouverture du cycle en milieu acide dilué.

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- Si l’oxirane est cis, on a un racémique thréo.

- Si c’est un trans, le composé méso qui est formé.

Lorsque le solvant n’est pas l’eau, remplacé par le méthanol, la réaction conduit à un
mono-éthylène de glycol (méthyl cellusolve). De même avec l’éthanol et l’éthylène glycol, on
obtient respectivement l’éthyl cellusolve et la diéthylène glycol (figure II-29).

HO-CH2 -CH2 -O-CH2-CH2-OH


diéthylène glycol

CH3 CH2OH CH3 OH  H+

CH3 -CH2 -O-CH2 -CH2 -OH CH3 -O-CH2 -CH2 -OH


éthyl Cellusolve méthyl Cellusolve

Figure II-29 : Ouverture du cycle en milieu acide dilué sans H2O.

Milieu acide concentré :

Dans ce cas, le mécanisme est le même; l’attaque nucléophile est assurée par l’action de
l’acide (Cl-, CN- …). L’acide chlorhydrique mène à un -chloroalcool et l’acide cyanhydrique
HCN à une cyanhydrine (figure II-30).

OH OH
HCl O HCN

Cl NC

Figure II-30 : Ouverture du cycle en milieu acide concentré.

c- Réaction avec les halogénures (issus des triphénylphosphines et les halogènes)


La mise en évidence d’une molécule d’halogène avec un triphénylphosphine, conduit à la
libération d’un halogénure qui, par SN2 sur le carbone le moins substitué puis un hydrolyse
mène à -halogénoalcool (figure II-31).

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- + -
(P h)3P + X X (P h)3P , X + X
-
O HO
- HO
X O R R
2
-
R -OH
X R X R
R

Figure II-31 : Ouverture du cycle par l’halogénure issu du triphénylphosphine et l’halogène.

d- Elimination avec les bases (diisopropyle amide de lithium : Li+,-N(isoprop)2)

La présence d’un groupement méthylène ou méthyne en position (par rapport à


l’oxygène de cycle) permet, en présence d’une base, l’extraction d’un proton en conduisant à
un composé éthylénique (dite élimination de Hoffmann) (figure II-32).

O -
O
CH3
H
CH B
- CH3 + BH
H CH3
CH3
CH3
CH3

Figure II-32 : Ouverture du cycle par élimination avec des bases.

Si on a deux possibilités d’élimination, l’extraction se fait sur le substituant du carbone


cyclique le moins substitué (l’hydrogène le plus acide).

e- Désoxygénation et formation des alcènes :

A 200°C, en présence du triphénylphosphine, un oxirane conduit à un alcène (figure II-


33), c’est une cette réaction stéréospécifique (un oxirane cis donne lieu à un alcène trans et
vice versa).
H
H R R + R H H
H (ph3 )P R
R
P (ph)3
O
P (ph)3 + + (ph)3 P =O
- O
R' O
R' H H R' R' H
H R' H

alcène trans bétaine alcène cis

Figure II-33 : Désoxygénation d’un oxirane et formation d’un alcène.

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Cependant, il est possible qu’une voie secondaire puisse avoir lieu. La bétaïne formée peut
libérer une molécule de composé carbonylé qui par une réaction de Wittig conduit à un
mélange d’alcène cis et trans (figure II-34).

ph H
+ -
H P C
+ R
(ph3)P ph ph R H H H R'
Réaction de Wittig
H + +
-
O O R R' R H
R' cis trans
H R'

Figure II-34 : 2ème voie de désoxygénation d’un oxirane (réaction de Wittig).

a) Réduction des oxiranes :

Il est possible de réduire les oxiranes en alcools correspondants en présence du


borohydrure de sodium NaBH4 ou LiAlH4. Si l’oxirane est substitué (figure II-35), on aura un
mélange d’isomère dont l’alcool le plus substitué est majoritaire (en raison de l’attaque
privilégié de l’hydrure sur le carbone le moins substitué).

HO
-
H
O + HO
1) EtOH
+
2) H , H O majoritaire

Figure II-35 : Réduction des Oxiranes par l’hydrure.

II-3-3 Biochimie des oxiranes

Les oxiranes sont figurés dans plusieurs biosynthèse, présentant un rôle important comme
intermédiaire, en vue la formation d’un carbonium très réactif (ou un 1,2 diol), en milieu acide
(ou avec l’eau), lors de leurs ouverture. Plusieurs exemples de composés comportant des
cycles époxydes sont à citer, comme le cas de certaines oxydases et les cytochromes P450, qui
peuvent produire des oxiranes avec l’oxygène moléculaire, dont, l’un est fixé sur un substrat
éthylénique formant un oxirane et l’autre est utilisé pour former l’eau.

 Il est possible aussi de trouver les époxydes, lors de la biosynthèse du cholestérol à


partir de l’époxysqualène (figure II-36).

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+
[O] H

+
C

O HO
Squalène 2-3 époxy Squalène
H H Me Me
+
C

Me Me Me
Me -H

H Me Me

HO HO HO
Me Me H Me Me H
Lanostérol Cholestérol

Figure II-36 : Ouverture de l’oxirane dans la biosynthèse du cholestérol.

Le squalène, qui peut être formé à partir de deux molécules de pyrophosphate de


farnésyle, est époxydé en époxy 2,3-squalène, l’époxyde de ce dernier peut être ouvert en
milieu acide, conduisant à un carbonium, qui permet avec une succession de cyclisations et
transposition des groupements CH3 et H, à donner une molécule de cholestérol, qui est un
précurseur principal à la biosynthèse des hormones stéroïdienne.

 La fosfomycine (figure II-37) est un antibactérien de la famille des phosphonates


(caractère acide), isolé des Streptomyces.

H H
O
CH3 P HO
O
HO
Fosfomycine

Figure II-37 : Structure de la Fosfomycine.

 L’oléandomycine (figure II-38), est aussi un bactéricide synthétisé par la Streptomyces


antibioticus sous forme triacétique, il a aussi la propriété d’induire la biosynthèse d’enzymes à
cytochrome P450 dans le foie.

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H3 C
O
OH
OR
OH CH3
CH3
O
O O
R: H Oléandomycine H3 C
CH3 OR N(CH3 ) 2
R: COCH3 Triacétyloléandomycine
O O
CH3 OCH3

OR
O
CH3

Figure II-38 : Structure de l’Oléandomycine.

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