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Les premiers pas de l'IFORD

Book · January 2012

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Francis Gendreau
Institute of Research for Development
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ORGANISME INTERGOUVERNEMENTAL UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ II

IFORD
INSTITUT DE FORMATION ET DE RECHERCHE DÉMOGRAPHIQUES

LAUREAT DU PRIX DES NATIONS UNIES POUR LA POPULATION 2011

CELEBRATION DU 40e ANNIVERSAIRE DE L’IFORD


(1972-2012)

Yaoundé, 19-23 novembre 2012

LES PREMIERS PAS DE L'IFORD


par Francis GENDREAU, démographe,
premier directeur de l'IFORD

Quarante ans est un âge terrible. Car c’est l’âge où nous devenons ce que nous sommes."
Charles Péguy

Novembre 2012
2
3

LES PREMIERS PAS DE L'IFORD1


par Francis GENDREAU, démographe, premier directeur de l'IFORD

INTRODUCTION

Une gestation particulièrement longue


"Pourquoi l'enseignement de la démographie reste-t-il dans l'antichambre de l'université ?" Cette
interrogation était le titre d'un article d'Alfred Sauvy de 1966. Il y notait que "science sauvage sans
élèves et sans maîtres, la démographie a été longtemps ignorée de l'université" et que "lorsque l'INED
a été créé en 1945, il n'y avait à proprement parler aucun démographe en France" (Sauvy, 1966).
On pourrait étendre ces affirmations à l'Afrique au début des années 1970. À la création de l'IFORD,
on pouvait estimer à une quinzaine le nombre de démographes africains francophones : une dizaine
pour les trois pays du Maghreb, et la moitié de ce chiffre pour l'Afrique au sud du Sahara.
Pourtant, depuis les années cinquante, les questions de population retenaient l'attention des
gouvernements de nombreux pays. L'Organisation des Nations Unies avait été sollicitée pour
apporter son aide à l'étude de ces problèmes. C'est ainsi qu'avaient été créés successivement plusieurs
instituts régionaux de démographie : en Asie, l'Institut International d'Études Démographiques
(International Institute for Population Studies, IIPS) créé en 1956 à Bombay (Mumbai) ; en
Amérique latine, le Centre Latino-Américain de Démographie (Centro Latino-Américano de
Demografia, CELADE) créé en 1958 à Santiago du Chili ; et au Moyen Orient, le Centre
Démographique du Caire (Cairo Demographic Center, CDC) créé en 1962.
Si la création d'un centre de formation en démographie pour les pays africains francophones avait été
envisagée dès le début des années soixante, ce n'est qu'en 1968 qu'une mission des Nations Unies
pour la programmation démographique en Afrique recommandait de donner la première priorité à la
création d'un Institut de formation démographique à niveau élevé pour les pays africains d'expression
française. Le projet a commencé a se concrétiser avec une résolution du Conseil des ministres de la
Commission économique pour Afrique (CEA) qui, en février 1969, lors de sa 9e session, approuvait
cette proposition. En février 1971, lors de sa 10e session, elle recommandait d'accélérer sa mise en
place.
Sur la recommandation d'une mission qui s'était rendue dans les quatre villes candidates (Abidjan,
Dakar, Kinshasa et Yaoundé), c'est Yaoundé qui fut choisie en 1970 pour accueillir ce centre. Enfin
un accord fut signé le 9 novembre 1971 entre les Nations Unies et le gouvernement camerounais,
"relatif à la création d'un Institut de formation et de recherche démographiques établi à Yaoundé".
Cet accord définissait ainsi ses objectifs et activités :
a) Servir de centre de formation et de recherche en matière démographique et dans les domaines
connexes pour les pays… qui souhaiteraient bénéficier de ces services.
b) Effectuer, diriger et… publier des travaux de recherche fondamentale et de technique
appliquée sur les tendances démographiques et leurs rapports avec les facteurs économiques et
sociaux…, entreprendre des travaux de recherche sur le terrain dans les pays...
c) Organiser des cours de formation intensive et de recherche dirigée en matière démographique
ou dans les domaines connexes en langue française. Par ailleurs l'Institut pourra également
dispenser des cours spéciaux et une formation en cours d'emploi.
1
Ce texte développe celui que j'avais écrit il y a plus de trente ans pour le numéro 1 (et numéro unique…) du
"Démograf", bulletin de l'Association des anciens élèves de l'IFORD (AEDI) (Gendreau, 1979). Si je peux
fournir des détails sur cette période aujourd'hui, c'est grâce aux quelque 45 rapports (d'activité, de mission, etc.)
que j'ai rédigés durant ces années et que j'ai conservés. De plus, Françoise et Patrick Gubry, et Mohammed
Mazouz ont bien voulu relire ce texte, le corriger et l'enrichir de leurs propres souvenirs : qu'ils en soient
remerciés !
4

d) Fournir des renseignements ou des services consultatifs en matière démographique et dans les
domaines connexes à ceux des pays desservis par l'Institut qui en feront la demande, en
coordination avec les autres services consultatifs de l'Organisation des Nations Unies.
Tel était le cadre fixé, l'accent étant bien évidemment mis au début sur la formation,

La nomination du premier directeur


Se posa alors le problème du recrutement du directeur, problème qui ne fut résolu que
laborieusement avec mon recrutement le 2 mai 1972. Si j'ai accepté ce poste à l'IFORD, c'est en
grande partie parce qu'il me paraissait important, après cinq années passées sur le terrain (à
Madagascar et au Sénégal, avec des missions en Tunisie, en Haute-Volta et au Tchad) de me
consacrer à la formation des démographes des pays africains d'expression française : le
développement de la recherche et des études démographiques en Afrique passait bien évidemment
par la formation de démographes africains.
J'ai en fait été recruté comme "directeur par intérim" puisque mon âge, trop jeune, (et ma
nationalité ?) semblait empêcher les Nations Unies de me nommer officiellement directeur. J'ai
exercé ainsi pendant trois ans cette fonction en tant que directeur par intérim, directeur p.i. comme
j'ai toujours signé mes lettres, ou "directeur π" comme les collègues de l'époque se plaisaient à
m'appeler2. Lorsqu'elles se décidèrent à me nommer officiellement directeur (en octobre 1974), je
déclinai cette offre vu que je souhaitais être déchargé des tâches administratives pour me consacrer au
démarrage de la recherche à l'Institut. C'est ainsi qu'à la rentrée universitaire de l'année 1975-1976, j'ai
abandonné la direction de l'Institut pour prendre les fonctions de "responsable du département de la
recherche". Cette solution m'a paru très satisfaisante : en effet, ayant l'intention de quitter l'Institut en
juillet 1976, je pouvais d'une part assurer une transition avec mon successeur, d'autre part utiliser ces
derniers mois de présence à l'IFORD pour animer la réflexion devant précéder le démarrage de la
recherche.

Vue d'ensemble de ces quatre années


Le bilan que je peux dresser de ces années de démarrage de l'IFORD me paraît largement positif,
même s'il ne faut pas dissimuler les problèmes rencontrés : extrême lourdeur du système des Nations
Unies et de l'administration camerounaise ; difficulté pour un Français (même sous statut
international) d'exercer des fonctions de responsabilité en Afrique ; contraintes politiques avec
lesquelles on est obligé de composer quelles que soient ses opinions personnelles...
J'ai en second lieu, trouvé très satisfaisant de "créer" quelque chose avec finalement une marge de
manoeuvre relativement importante et des moyens financiers suffisants (la crise financière des
Nations Unies n'ayant touché 1'IFORD que bien plus tard). Si le métier de chercheur est passionnant,
il est aussi frustrant à certains égards car ne débouchant guère sur des réalisations concrètes (du moins
dans le domaine des sciences sociales), si ce n'est des publications. À l'IFORD, il s'agissait de mettre
sur pied un organisme, avec la possibilité d'imprimer ma marque personnelle à l'entreprise.
Enfin la multiplicité de mes tâches me mettait en contact professionnel permanent avec les élèves3,
l'équipe des enseignants, le personnel administratif, les responsables camerounais et ceux des autres
pays africains francophones, les responsables et les experts des Nations Unies, et j'ai pu découvrir et
expérimenter, au-delà de la pesanteur des structures et des procédures, la richesse des relations
personnelles et des possibilités qu'elles offrent de faciliter la résolution des problèmes.

2
C'est Rémy Clairin qui, lors d'une mission à Yaoundé, m'avait ainsi appelé, expression qui est restée.
3
À l'époque, comme de tradition dans les Grandes Écoles, on parlait d'élèves plutôt que d'étudiants comme on
le fait aujourd'hui. Dans ce texte, nous emploierons indifféremment les deux termes.
5

De multiples difficultés m'attendaient car tout était à faire et à mon arrivée à Yaoundé le 25 mai 19724
(après un "briefing" à New-York et à Addis-Abeba, ainsi qu'une visite au Cairo Demographic Centre),
j'avais a peine six mois devant moi puisque l'Institut devait ouvrir à la rentrée 1972. Tout est pourtant
allé très vite et l'IFORD accueillait sa première promotion le 15 novembre.
L'appellation de ce centre fut rapidement décidée : après avoir envisagé le sigle IDY (Institut de
Démographie de Yaoundé) par analogie avec le CDC ou l'IDP (Institut de Démographie de Paris), ce
fut finalement IFORD qui fut retenu (le sigle utilisé à l'époque était plutôt IFoRD).
Grâce à la bonne volonté de tous, les enseignants, le personnel de l'Institut, la première promotion,
l'IFORD a commencé à fonctionner dans des conditions à peu près satisfaisantes : première enquête
sur le terrain à Bafia en mars 1973, organisation du premier concours de recrutement en juin 1973,
mise en place de la bibliothèque, premier colloque organisé à Yaoundé en janvier 1974, premières
discussions au premier semestre 1974 avec l'université de Yaoundé en vue de l'établissement d'une
convention, premières publications avec les trois premiers numéros des Annales de l'IFORD en mai-
juin 1975, début d'élaboration d'un programme de recherche fin 1975, etc.
Nous reviendrons plus en détail ci-dessous sur certains de ces points. En effet, dans cet article, je
voudrais évoquer la création et les premières années de l'IFORD, en émaillant le récit de quelques
souvenirs personnels. Pour cela, j'aborderai successivement les aspects administratifs et budgétaires,
puis les questions académiques (enseignement, recherche, environnement et animation scientifique).
J'examinerai ensuite quelques questions de fond posées lors de ces premières années et ayant montré
par la suite leur importance pour l'avenir de l'Institut.

I. ASPECTS ADMINISTRATIFS ET BUDGÉTAIRES

Mes tâches administratives furent très lourdes au cours de cette période de lancement de l'Institut où
tout était à mettre en place. Il ne s'agit pas ici de s'étendre sur cet aspect qui pourtant a occupé la
majeure partie de mon temps au cours des trois premières années. Je me contenterai d'en donner un
aperçu par quelques points saillants.

Les tutelles de l'IFORD


Tout d'abord il faut souligner les difficultés liées à la tutelle de l'Institut :
 du côté des Nations Unies, la concurrence entre New-York (Division de la Population et Bureau
de la Coopération Technique) et Addis-Abeba (Centre des Programmes de Population et Bureau
de l'Assistance Technique) ne facilitait guère la prise de décision5.
 du côté du gouvernement camerounais, la tutelle fut initialement assurée par la Direction de la
Statistique et de la Comptabilité Nationale (DSCN), très engagée dans ce peoiet avec son directeur
Ndédi Mouoyébé. En 1974, la réorganisation de la recherche camerounaise au sein de
l'ONAREST (Office National de la Recherche Scientifique et Technique6) qui initialement
4
Je suis donc arrivé à Yaoundé quelques jours après le référendum du 20 mai 1972 qui a établi la "République
Unie du Cameroun" et mis fin au système fédéral en vigueur jusqu'alors. Le 20 mai est maintenant la fête
nationale du Cameroun.
5
Je n'ai pas eu à l'époque de relation avec le Fonds des Nations Unies pour les activités en matière de
population (FNUAP, aujourd'hui Fonds des Nations Unies pour la population, INFPA), créé en 1969, et qui
n'était encore qu'un "fonds" n'intervenant pas pour l'IFORD (à moins que les crédits des Nations Unies n'aient
transité par le FNUAP ? Je ne me rappelle plus…).
6
Il semble que l'ONAREST a été créé en 1965 pour centraliser les activités de la recherche agricole autrefois
dispersées dans plusieurs structures nationales, ou confiées par contrat à des organismes étrangers de
recherche. Cela ne concernait donc que la recherche agronomique. Le mandat de l'ONAREST aurait alors été
étendu en 1974 à l'ensemble de la recherche (source Patrick Gubry, d'après le site Internet e l'IRAD).
6

"intégrait les activités de l'IFORD'' a posé quelques problèmes pour le fonctionnement de l'Institut.
Ces problèmes purent être à peu près résolus grâce aux bonnes relations entretenues avec les
responsables de l'ONAREST, avec l'instauration d'une double tutelle ONAREST-DSCN.
Finalement, à la suite d'une réorganisation de l'ONAREST, l'IFORD n'en a plus fait partie et la
tutelle est revenue à la seule DSCN.
Les relations avec ces tutelles se faisaient non seulement au quotidien, mais aussi au cours des
réunions des instances statutaires de direction : Conseil d'Administration (où ne siégeaient que des
représentants des Nations Unies et du gouvernement camerounais) et Comité Consultatif ; pour le
premier, quatre réunions, et pour le second, deux eurent lieu au cours des trois premières années7.
C'est à ces organes que je devais rendre compte de ma gestion, présenter tous les dossiers importants
pour recevoir les instructions nécessaires et soumettre aussi les projets de budget et les comptes
financiers.

Le budget
Les problèmes budgétaires retinrent, bien sûr, constamment mon attention, puisqu'il fallait préparer
les projets de budget, les "négocier", les faire approuver par le Conseil d'Administration, les gérer,
tenir les comptes et les présenter pour quitus au Conseil.
À titre d'information, voici les budgets gérés au cours de cette période (notons en passant que la
différence des années budgétaires pour les deux sources de financement, du 1er janvier au 31
décembre pour les Nations Unies, et du 1er juillet au 30 juin pour le Cameroun, ne facilitait pas la
gestion…) :
 Cameroun8 : 9 750 000 FCFA en 1972-1973 ; 8 600 000 FCFA en 1973-1974 ; 10 000 000 CFA en
1974-1975 ;
 Nations Unies : 270 100 US $ en 1973 ; 347 000 US $ en 1974 ; 433 500 US $ en 1975.
Je gérais directement la totalité des fonds camerounais (je disposais d'un compte en banque que j'avais
ouvert au nom de l'IFORD), mais seulement une partie des fonds des Nations Unies (qui transitaient
par le Bureau du PNUD), le reste étant géré en partie à New York, en partie à Addis-Abeba. Dans
cette tâche de gestion budgétaire, je n'étais assisté que d'un aide-comptable (qui, je crois, s'est enfui
avec la caisse quelques années après mon départ…) et je n'ai vu arriver le "chef du Service
administratif" que je réclamais depuis le début aux Nations Unies, qu'au moment où je passais le relais
à mon successeur (octobre 1975).
Au début, l'achat du matériel (mobilier de bureau, etc.) et des véhicules demanda du temps, de
l'énergie et des crédits. À titre d'exemple, l'Institut, à une époque qui ne connaissait pas encore les
micro-ordinateurs, était équipé des machines à calculer suivantes en octobre 1975 : 3 machines
manuelles (pour les enquêtes), 3 machines électromécaniques (des O1ivetti Divisumma 24, qui
faisaient un vacarme de tracteur quand elles calculaient…), 4 machines électroniques à cadran
lumineux, et 6 machines électroniques imprimantes. Quant aux véhicules, l'IFORD a disposé les
premières années d'une Peugeot 404 (voiture du directeur), d'un mini-bus Combi Volkswagen (9
places) et d'un car Saviem Renault super Goélette (une quinzaine de places).
L'installation du téléphone à l'Institut fut un véritable casse-tête : les PTT exigeaient que je paie
d'avance, le PNUD ne pouvait payer qu'une fois "le service fait". Après de multiples va-et-vient, je fus
obligé de faire un faux et de certifier le service fait pour que le PNUD puisse payer et que le
téléphone soit installé ! Notons en passant que le numéro de l'IFORD n'a pas changé depuis 40 ans
(22.24.71) !

7
Réunions du Conseil d’administration les 4 et 5 décembre 1972 ; 28 et 29 septembre 1973 ; 17, 18 et 19 avril
1974 à Yaoundé ; 10 octobre 1974 à Douala ; réunions du Comité consultatif les 30 juillet et 1er août 1973 à
Yaoundé ; et les 8 et 9 octobre 1974 à Douala.
8
Rappelons qu'outre sa participation au budget, le gouvernement apportait une importante contribution en
nature, notamment le bâtiment et le salaire d'enseignants.
7

Les questions de personnel


Les questions de personnel furent souvent délicates :
 recrutement très long, selon des procédures très complexes et des critères incohérents, des experts
de l'équipe enseignante9, et interventions constantes auprès des Nations Unies pour que leurs droits
élémentaires (salaire, congés…) soient respectés ; c'est ainsi qu'on se heurtait au problème récurrent
des congés qui devaient normalement être pris à la fin des contrats et non durant les vacances
scolaires ; autre exemple, le logement de Mohammed Mazouz fut un casse-tête qui dura plus de 5
mois (durant lesquels son épouse a accouché !) ; je me souviens d'une visite avec M. Bertin Borna,
le Représentant résident su PNUDn d'un des logements qui lui avaient été proposés, situé sur un
terrain complètement inondé, la maison elle-même baignant dans 20 cm d'eau.
Signalons enfin que l'équipe "internationale", financée par les Nations Unies, a été complétée par
un enseignant camerounais10, puis par un coopérant français au cours de l'année 1974-197511.
 recrutement, classement (et reclassement), gestion du personnel administratif, problème de leur
statut, relations avec le délégué du personnel, etc. ; durant les trois premières années de l'IFORD,
aucun incident notable n'est à signaler en ce qui concerne les relations avec le personnel
administratif et technique de l'Institut ; la première grève de ce personnel (avec séquestration de
mon successeur) a eu lieu le 4 juin 1976 (peu avant mon départ définitif donc, et alors que j'étais en
mission aux États-Unis) pour protester contre le fait que les salaires de mai n'avaient pas encore été
payés12 ;

Les étudiants
L'accueil des étudiants fut une tâche ardue : logement13, transport, gestion de leur bourse, conditions
de vie sur le terrain lors des enquêtes, négociations sur leurs revendications matérielles, etc. Il fallait
aussi gérer le quotidien, par exemple :
 en mars 1973, un individu armé d'un fusil a fait irruption dans le logement occupé par deux élèves
9
À l'ouverture des cours le 15 novembre 1972, j'étais encore le seul "expert" international. M'ont rejoint
successivement Santo Koesoebjono (Pays-Bas) le 14 décembre 1972, resté en poste jusqu'au 21 septembre
1974 et remplacé alors par Philippe Fargues (France), arrivé le 27 mars 1975) ; Julien Amegandjin (Togo) le 12
janvier 1973, qui prendra ma succession à la direction de l'IFORD jusqu'en 1986 ; et Mohammed Mazouz
(Algérie) le 31 janvier 1973, resté en poste jusqu'en décembre 1977. Dans l'attente de leur arrivée, les cours ont
été assurés par des consultants locaux provenant de divers organismes de Yaoundé (Université, IFS, OCAM).
Je voudrais ici en citer deux, décédés : Henri Ngoa (Université) et Sylvère Looky (OCAM).
10
Benedicta Ondoa a été affectée à l'IFORD par le gouvernement camerounais en octobre 1972, mais a été
nommée sous-directeur des Études de population à la DSCN en janvier 1973 ; elle a toutefois continué à
assurer quelques cours durant l'année 1973-1974.
11
Ce poste a été occupé à l'origine (depuis le 17 janvier 1975) et jusqu'en 1984 par Françoise Gubry ; plusieurs
autres coopérants s'y sont succédé jusqu'en 2010, date à laquelle le poste fut fermé.
12
Je voudrais citer ici les noms de ces agents, "les petits, les obscurs, les sans-grade" sans lesquels l'IFORD
n'aurait pu exister. L'équipe initiale (10 agents), constituée en octobre et novembre 1972, comprenait, par
ordre d'ancienneté de recrutement : Marie-Claire Ema-Otu, secrétaire (qui a démissionné en mai 1976) ;
Maurice Momo, ronéotypiste (et aide bibliothécaire jusqu'au recrutement de Judith Mbappe) ; Jonathan Fenju
Kouamekeu, planton ; Pierre Mbgiwat, chauffeur de la voiture du directeur puis de bus ; Oumarou, gardien de
nuit du bâtiment ; Jacqueline Tchamo, dactylographe ; Joseph Tchahatchie, gardien de nuit des logements des
étudiants ; Jean-Baptiste Owona, comptable ; Christiane Bouh-Mana, secrétaire ; Tchofom, chauffeur de bus.
Cette équipe fut complétée progressivement (et trois départs remplacés) jusqu'en septembre 1975 par : Tobie
Beyene, chauffeur de bus ; Paul Essombe, chauffeur de bus puis de la voiture du directeur ; Boulama Mamadi,
gardien de nuit du bâtiment ; Daniel Kembeu, adjoint technique ; Michel Kedi Atok, enquêteur ; Nicolas
Adegbola, chauffeur de la voiture du directeur ; Bouba Yaro, agent d'entretien ; Joachim Nkama, enquêteur ;
Célestin Mentong, employé de bureau ; Judith Mbappe, aide-bibliothécaire ; Hadj Goigoi, deuxième gardien
de nuit du bâtiment ; Neimé Ndeng, dactylographe.
13
Les premiers logements des étudiants, situés au Camp SIC de Nlongkak, ont été obtenus dès le mois d'août
1972.
8

de la première promotion, les a menacés puis s'est retiré après avoir causé quelques dommages
matériels ; une enquête a été ouverte, mais n'a pas abouti... ; cet évènement a marqué la vie de cette
première promotion ;
 un élève de cette promotion n'a pas compris que je refuse que l'IFORD lui rembourse les factures
de l'eau minérale qu'il buvait sur les conseils de son médecin ;
 un élève de la 3e promotion fut gravement malade et j'ai fait personnellement le nécessaire pour
qu'il soit opéré et soigné dans les meilleures conditions.
La première grève des élèves a eu lieu du 27 au 31 mai 1974. Son motif était la question (lancinante !)
du montant de la bourse versée par les Nations Unies. J'avais moi-même posé ce problème depuis 18
mois, tant auprès des Nations Unies que devant le Conseil d'administration. Mais je n'avais obtenu
que des réponses (positives) vagues qui ne me permettaient pas d'agir. De plus, au cours de ces 18
mois, lors de missions à Yaoundé de responsables des Nations Unies, trois d'entre eux s'étaient
successivement avancés un peu légèrement auprès des élèves, l'un d'eux allant jusqu'à annoncer des
décisions prises concernant un montant de bourse plus élevé que celui en discussion ! Par ailleurs,
certains éléments contextuels avaient sans doute favorisé cette grève (la question de la reconnaissance
du diplôme, le départ de deux étudiants, certains problèmes rencontrés lors de l'enquête sur le terrain
de la 2e promotion, le boycott d'un professeur par les élèves), sans compter probablement une
certaine "rigidité" de ma part… J'ai été personnellement très éprouvé par cette grève, guère préparé à
ce type de problème, cela d'autant plus que de graves accusations ont été alors lancées contre moi
(racisme, détournement de fonds). La bourse a été enfin revalorisée, les cours ont repris et une
bonne ambiance est progressivement revenue à l'Institut. Mes relations personnelles avec les élèves
des deux promotions concernées furent d'ailleurs par la suite (et jusqu'à aujourd'hui) excellentes.

Le bâtiment de l'Institut
Un point plus intéressant fut la conception des plans du bâtiment que le gouvernement s'était engagé
à construire pour l'Institut. L'IFORD était alors installé dans le centre ville, à la place de la Direction
des impôts, à deux pas du cinéma Abbia, dans un petit bâtiment "provisoire". Ce bâtiment était
occupé jusqu'en mars 1972 par l'Institut de formation statistique (l'IFS, ancêtre de l'ISSEA). Il avait
une surface utile de 400 m² et comprenait 11 pièces aménagées en : 2 salles de cours, 7 bureaux, 1
bibliothèque et 1 magasin. Du fait des délais de déblocage du budget camerounais pour la remise en
état des locaux, puis de la durée de ces travaux (qui se sont poursuivis jusqu'à la mi-octobre), je n'ai pu
m'y installer que le 21 septembre 1972. Jusqu'à cette date, j'ai été hébergé dans un bureau du PNUD
grâce à l'obligeance du Représentant Résident du PNUD. Outre les travaux que j'y ai fait faire, le
propriétaire a bien voulu repeindre l'extérieur et la Mairie de Yaoundé aménager les abords. C'est
donc dans un bâtiment petit, peu fonctionnel, mais relativement coquet que les cours ont pu
commencer.
Mais la construction d'un bâtiment pour l'IFORD était à l'ordre du jour dès le début. Un travail
d'équipe avec l'architecte camerounais chargé du dossier et un expert de l'UNESCO permit d'aboutir
à un projet prenant en compte les diverses fonctions exercées au sein de l'Institut (enseignement,
recherche, administration) et traduisant au niveau architectural les relations devant exister entre ces
fonctions, le tout dans une perspective de développement de l'Institut à moyen et long termes. Cet
exercice nécessita une réflexion approfondie de ma part sur ce qu'était vraiment l'IFORD et ce qu'il
pouvait devenir : cela me permit de bien clarifier ma "vision" de l'IFORD.
Un "cahier d'instructions et d'informations" fut rédigé pour le concours pour la sélection du cabinet
qui serait chargé d'élaborer les plans. Un terrain était affecté. Le concours a eu lieu, le jury s'est réuni
(septembre 1973) et a désigné un lauréat. Le terrain a fait l'objet d'une étude topographique. Le
gouvernement camerounais avait même inscrit à son budget d'équipement 1974-1975 la somme de
65 millions FCFA pour la construction. Un premier projet de plans fut élaboré en janvier 1975 par
l'architecte retenu. Puis l'opération s'est enlisée, à ma connaissance pour la raison que sur le terrain se
trouvaient des occupants illégaux que les autorités ont hésité à expulser...
9

C'est sans doute l'un de mes plus grands regrets de n'avoir pas réussi à faire aboutir ce projet. Cela
d’autant plus que mes successeurs n'ont pas eu plus de chance que moi et que ce dossier n'a guère
progressé depuis, malgré son importance cruciale pour la vie de l'Institut : il y a là encore aujourd'hui
un vrai point noir pour le développement de l'IFORD, et le déménagement de l'Institut en 1982 dans
son bâtiment actuel n'a pas vraiment résolu le problème.

L'information sur l'IFORD


Au cours de ces premières années, la nécessité de faire connaître l'Institut était fondamentale. Cela pu
être réalisé au moyen :
 de missions d'information qui me virent transformé (ainsi que mes collègues) en commis voyageur
de la démographie pour aller "placer" le produit IFORD auprès des candidats potentiels (étudiants
des universités et des écoles de statistique) et d'une multitude de responsables de haut niveau
(Ministres, Directeurs, Recteurs, Doyens, etc.) de la plupart des pays d'Afrique d'expression
française14 ; sans entrer dans le détail de ces missions, j'évoquerai deux souvenirs :
 les conditions du transport aérien à l'époque étaient moins aléatoires qu'aujourd'hui ; à titre
d'exemple, je citerai ma première mission "circulaire" en février 1973, qui m'a conduit en 20
jours dans 8 pays : Algérie (Alger et Oran), Bénin, Côte d'Ivoire, Ghana, Mali, Maroc, Sénégal et
Tunisie ; le seul incident de parcours que j'ai rencontré fut l'annulation de ma mission au Togo,
initialement prévue ; je ne suis pas sûr qu'une telle mission soit possible aujourd'hui ;
 ma mission à Lubumbashi en avril 1974 fut perturbée par une coïncidence malheureuse : j'avais
eu la malencontreuse idée d'y venir en même temps que le Citoyen Président Mobutu Cesse
Seko ! Tous les hôtels de la ville étant pleins, j'ai logé dans la communauté des Jésuites…
 d'émissions à la radio ;
 d'articles et de communiqués de presse ; les premiers ne sont pas toujours informatifs : qu'a pu
penser le lecteur du "Matin" à Rabat le 17/02/1973 devant le titre "M. Gendreau dans la capitale" ?
 de plaquettes et dépliants largement diffusés (cf. à l'annexe 2 le premier dépliant) ;
 de conférences d'information.

III. QUESTIONS ACADÉMIQUES

Malgré la lourdeur des tâches de direction, j'ai cependant pu assurer certains enseignements. Je tenais
beaucoup à cette activité qui me permettait de ne pas me laisser absorber complètement par les
tâches administratives et qui me mettait en contact direct avec les étudiants. De même, l'encadrement
d'études de cas ou de mémoires, la participation à des conférences et à quelques travaux scientifiques,
l'élaboration du programme de recherche de l'Institut me permirent de conserver toujours un volet
scientifique à mes activités. De plus, au-delà des tâches souvent ingrates d'administration
"administrante", ma fonction de direction comportait heureusement de nombreux aspects plus
scientifiques, dont les principaux sont rappelés ci-après.

Le concours d'entrée
Le principe d'un concours d'entrée avait été retenu dès le début par le Conseil d'Administration.
Seule la première promotion a été recrutée sur dossier, faute de temps pour organiser le concours.

14
Durant mon séjour à l'IFORD, j'ai visité les 16 pays suivants : Algérie (Alger et Oran) (2 fois), Bénin (1),
Burkina Faso (2), Burundi (1), Centrafrique (1), Congo (1), Congo (RD) (Kinshasa, Lubumbashi) (2), Côte
d'Ivoire (5), Gabon (1), Madagascar (1), Mali (2), Maroc (1), Rwanda (Kigali, Butare) (1), Sénégal (2), Togo (1),
Tunisie (1).
10

Cette organisation demandait de multiples tâches : la publicité évoquée précédemment, mais aussi la
préparation des épreuves, la liaison avec les gouvernements pour la préparation matérielle (date,
lieux, convocations, etc.), la supervision des corrections et la tenue des jurys. Les principaux chiffres
relatifs aux quatre premiers concours figurent au tableau ci-dessous.

Tableau 1 - Les quatre premiers concours d’entrée à l’IFORD


Catégories 1973 1974 1975 1976
Dossiers reçus … 105 111 70
Candidats s’étant effectivement présentés 21 50 53 55
Reçus 6 27 18 22
Admis 6 20 15 15

Le premier concours a ainsi été organisé dès juin 1973, mais n'a guère connu de succès, l'IFORD
n'étant pas encore suffisamment connu ; d'où le faible nombre de candidats (21) et le faible effectif de
la 2e promotion (6). Dès le recrutement de la 3e promotion en mai 1974, la situation a commencé à
évoluer favorablement. Ce diagnostic a été confirmé par le concours de 1975, même si le jury a
considéré le niveau des candidats comme décevant, ce qui explique le faible nombre de reçus. Le
concours de 1976 a connu des chiffres assez similaires (sauf pour le nombre de dossiers reçus, plus
faible). On était loin des quelque 850 candidats qui se présentent aujourd'hui chaque année !

La scolarité
Je m'appuierai pour examiner les questions de scolarité sur le tableau ci-dessous fournissant quelques
données sur les quatre années universitaires que j'ai passées à l'IFORD, les trois premières comme
directeur pi, la dernière comme responsable du département de la recherche.

Tableau 2 – Les quatre premières années universitaires de l’IFORD


Année universitaire 1972-1973 1973-1974 1974-1975 1975-1976
Année de cours 1ère 1ère 2e 1ère 2e 3e 1ère 2e 3e
Nombre d'élèves 9 7 (1) 6 (2) 20 5 6 15 19 3 (3)
Calendrier début 15/11/72 5/11/73 8/10/73 4/11/74 15/10/74 3/11/75 6/10/75
fin 29/07/73 6/07/74 12/07/75 24/06/76
Nombre de Cours (4) 26 26 35 28 35 33 23 31 -
semaines Enquête 4 4 - 4 - - 4 - -
Vacances 5 4 4 4
Autre 2 (5) - - - 2 (6) 3 (7) -
Total 37 34 39 36 39 39 34 38
Nombre d'heures (8) 450 525/450 600 515/450 530 165 495/430 580 -
(1) Sur les 7 élèves ayant commencé l'année (6 admis au concours et un redoublant), 2 ont abandonné en
cours d'année
(2) L'effectif a été réduit de 9 à 6 du fait d'un abandon à la fin de la 1 ère année, d'une exclusion et d'un
redoublement
(3) L'effectif a été réduit de 5 à 3 du fait d'une exclusion et d'un élève ayant obtenu son diplôme en 2e année,
mais non admis à effectuer la 3e année
(4) Et préparation du terrain (1ère année), de l'étude de cas (2e année) et du mémoire (3e année), et examens
(5) Séminaire sur les méthodes d'évaluation des données démographiques de base (Accra, 16-29/07/73)
(6) Groupe de travail sur les projections démographiques en Afrique (Le Caire, 25-30/11/74) et Quatrième
Colloque de démographie africaine (Ouagadougou, 20-25/01/75)
(7) Grève
(8) Lorsque 2 volumes horaires sont indiqués pour une année, il s'agir des volumes pour les groupes A
(littéraires) et B (scientifiques)
11

La question de la durée de la scolarité s'est posée dès le début. Par analogie avec la formation des
Ingénieurs Statisticiens dans les écoles de statistique, cette durée a été fixée à 3 ans et débouchait sur
le diplôme d'Ingénieur Démographe. Cette durée de 3 ans était un élément essentiel à l'époque pour
la reconnaissance du diplôme de l'IFORD par les différentes Fonctions publiques.
Mais très vite, sur l'insistance des Nations Unies, la durée a été ramenée à 2 ans, avec une possibilité
d'une année supplémentaire conduisant à un second diplôme (promotion 1973). Ces diplômes
étaient le diplôme d'Études Démographiques (2e année) et le diplôme de Démographie Approfondie
(3e année).
Les élèves de 1ère et de 2e année avaient d'ailleurs observé une grève (la seconde depuis la création de
l'Institut) du 22 janvier au 8 février 1976 (3 semaines) pour le maintien de la 3e année et pour son
ouverture à tous les élèves ayant réussi leurs examens de 2e année. Mais cette troisième année a été
supprimée par le Conseil d'administration des 4-5 février 1976 pour la promotion 1974 et les
suivantes. L'IFORD ne délivrait donc plus que le diplôme (unique) d'Études Démographiques à
l'issue de la seconde année. Par contre, une année d'initiation à la recherche a été ouverte pour
certains des diplômés.
Les effectifs des premières promotions ont été les suivants :
 première promotion (1972) : 9 élèves en première année, 7 admis en seconde année (1 admis à
redoubler, 1 exclu) ; du fait d'un abandon, seuls 6 sont entrés en deuxième année ; tous ont été
admis en troisième année et ont obtenu leur diplôme ;
 deuxième promotion (1973) : 7 élèves en première année au début (6 admis au concours plus un
redoublant) ; effectif réduit à 5 en cours d'année du fait du départ de deux d'entre eux ; les 5
étudiants ont été admis en seconde année ; quatre ont obtenu le premier diplôme, un a été exclu ;
sur les quatre diplômés, trois ont été admis en troisième année et ont obtenu le second diplôme ;
 troisième promotion (1974) : 20 élèves en première année, 19 admis en seconde année (1 exclu),
tous diplômés ;
 quatrième promotion (1975) : 15 élèves en première année ; 1 abandon en cours d'année ; 14
admis en 2e année ; à nouveau 1 abandon en cours d'année ; 13 diplômés.
La rentrée s'est toujours faite entre le 6 octobre et le 5 novembre, sauf pour la rentrée de la première
année de la première promotion (1972), intervenue un peu plus tard (le 15 novembre). En général, la
rentrée en 2e et 3e années s'est faite un peu avant celle de la 1ère année du fait des délais d'obtention des
bourses des nouveaux élèves. Les années se sont terminées entre le 24 juin et le 12 juillet, sauf encore
pour la première année de la première promotion en 1973 qui s'est terminée plus tard (le 29 juillet).
À ces calendriers ont correspondu entre 30 et 35 semaines de cours (dont l'enquête pour la première
année), sauf pour l'année 1975-1976, réduite à 27 semaines en 1ère année du fait de la grève.
Le nombre annuel d'heures de cours a varié entre 450 et 600, chiffre "raisonnable". À partir de la
rentrée 1973, les élèves de formation "littéraire" (groupe A) ont eu environ 70 heures de plus que
leurs collègues "scientifiques" (groupe B) du fait d'un enseignement plus important des matières
quantitatives. Pour la 3e année qui n'a fonctionné, rappelons-le, que pour les deux premières
promotions, il y a eu encore 165 heures de cours en 1974-1975, mais aucune en 1975-1976, l'année
étant alors entièrement consacrée au mémoire. La première promotion est ainsi celle qui a eu le plus
de cours : 1 215, volume total encore inférieur au volume actuel, comme on le verra plus bas.

Le programme de cours
L'élaboration du programme de cours fut l'une de mes premières activités à mon arrivée à Yaoundé.
En fait il s'agissait d'une tâche permanente puisque le programme devait être constamment adapté en
tenant compte des circonstances et notamment de la disponibilité en enseignants15. J'ai ainsi élaboré

15
Malgré la lourdeur des taches de direction de l'Institut, j'ai cependant pu assurer certains enseignements : 50
heures en 1972-1973, puis une centaine d'heures pour les trois années suivantes.
12

seul le programme de la première promotion en m'inspirant des programmes de centres analogues


(CDC, CELADE, IDP, RIPS). Dès juillet 1972, j'ai soumis par courrier une première mouture de ce
programme pour avis à des collègues. À partir de leurs observations, j'ai élaboré le projet qui m'a
permis de démarrer les cours à la rentrée 1972 et de préparer le dépliant de présentation de l'Institut.
Une fois les premiers collègues arrivés, ce programme a été revu et complété pour la deuxième
année, et a été formellement adopté par le Comité consultatif de l'Institut lors de sa première réunion
(30/07-02/08/1973). Ce programme a ensuite été un peu retouché et à peu près stabilisé à partir de
l'année 1974-1975, programme qu'on trouvera ci-dessous16.

Tableau 3 - Programme des cours


ère
1 année Volume 2e année Volume
horaire horaire
Démographie Démographie
Introduction à la démographie 15 Perspectives de population 25
Collecte et exploitation des données 35 Évaluation et ajustement des données 60
démographiques démographiques
État de la population 15 Population active, population scolaire 35
Mortalité, morbidité 40 Théories de population 10
Nuptialité, fécondité 60 Politiques de population 15
Migrations, urbanisation 20 Démographie mathématique 15
Mouvements et modèles de population 25
Méthodes quantitatives Méthodes quantitatives
Tableaux et calculs numériques 15 Mathématiques 25/-
Mathématiques 60/40 Probabilités 20/-
Probabilités 40 Statistique mathématique 35
Statistique descriptive 25/- Sondages 35
Économie et Sociologie Économie et Sociologie
Anthropologie sociale 30 Économie du développement 30
Économie générale 40/- Méthodes de recherche en sciences sociales 20
Formation, emploi 20
Divers Divers
Informatique 15 Exploitation des données sur ordinateur 40
Techniques de l'expression 15 Écologie générale et humaine 20
Génétique des populations 10
Autres Autres
Anglais pm(l) Anglais pm(l)
Sport pm(l) Sport pm(l)
Enquête Enquête
Préparation 40 Analyse du dépouillement manuel 25
Exécution pm(2) Préparation de l'exploitation informatique 15
Exploitation et analyse 20
Étude de cas pm(3)
TOTAL GENERAL 510/425 455/410
(1) Environ 2h par semaine
(2) Environ 4 semaines
(3) Environ une demi-journée par semaine.

Ce programme, s'adressant à des étudiants ayant déjà reçu une formation universitaire, avait pour
objectif :
16
Il s'agit du programme "théorique", dont le volume horaire total est un peu différent des chiffres figurant au
tableau 2 (cours effectivement dispensés).
13

 qu'à l'issue de la première année, ils soient familiarisés avec les phénomènes démographiques de
base et leur analyse, et capables d'organiser et de diriger une enquête ou un recensement
démographique (conception, collecte, exploitation, analyse) ; dans cet esprit, la première année
comprenait des cours et travaux dirigés et la réalisation d'une enquête sur le terrain ;
 qu'à l'issue de la deuxième année, les élèves aient approfondi leurs connaissances acquises en 1ère
année grâce à des cours plus spécialisés (certains à option) et qu'ils soient capables de mener une
étude (individuellement ou en groupe) par la réalisation d'une "étude de cas".
Si, bien évidemment, la discipline démographie constitue l'ossature de ce programme (notamment
l'analyse démographique), on peut noter plusieurs caractéristiques :
 l'accent mis sur la collecte des données démographiques, avec l'enquête sur le terrain d'un mois en
première année, caractère original de la formation dispensée à l'IFORD (voir ci-après),
 la place relativement importante accordée aux méthodes quantitatives (mathématiques, statistique,
probabilités, sondages), surtout pour les élèves d'origine "littéraire",
 le souci de dépasser l'analyse descriptive des phénomènes par l'inclusion de disciplines connexes
susceptibles de permettre une analyse causale (économie, sociologie, écologie, etc.),
 la faible place occupée par les programmes et politiques de population, symptomatique de cette
époque où les interventions en la matière étaient peu répandues du fait de la méfiance des
responsables vis-à-vis de la planification familiale ; je peux rappeler à ce propos le refus opposé par
les étudiants à ma proposition d'organiser une conférence sur ce sujet à l'occasion du passage à
Yaoundé de Daniel Pierotti, expert des Nations Unies dans ce domaine.

"Sans enquête, pas de droit à la parole" (Mao Tsé Toung)17


La situation des connaissances démographiques sur le continent africain se caractérisant par
d'importants problèmes au niveau de la collecte, il est apparu nécessaire que le programme de
formation de l'Institut accorde une large place à ces questions pour que les démographes africains
formés à l'IFORD ne soient pas uniquement des "analystes" mais soient aussi sensibilisés et formés
aux problèmes de collecte. Ceci d'autant plus que la plupart des diplômés de l'IFORD étaient à
l'époque appelés à travailler dans les instituts de statistique et à participer à des opérations de collecte
(recensements, enquêtes fécondité, amélioration de l'état civil, etc.).
Cette initiation aux problèmes de collecte passe bien entendu d'abord par un cours. Mais si l'on peut
concevoir éventuellement un enseignement de la collecte hors du terrain (Cantrelle, Rozat, 1977), il
est évident que lorsque cela apparaît possible, une opération de terrain est l'instrument irremplaçable
d'une telle formation. Aussi, dès sa première année de fonctionnement, le programme de l'IFORD
en a-t-il prévu une. Cette expérience est apparue largement positive et a été poursuivie jusqu'à
aujourd'hui. Car l'intérêt pédagogique de ce type d'exercice, que l'on pouvait aisément imaginer à
priori, s'est révélé effectivement très grand : les problèmes du terrain ne peuvent être valablement
appréhendés qu'expérimentalement. C'est là un marqueur fort de la formation dispensée à l'IFORD,
dont peu de centres de formation démographique bénéficient.
La réalisation de toutes les phases de l'opération était confiée aux étudiants : conception et
élaboration des questionnaires et des instructions aux enquêteurs à Yaoundé dans les deux mois
précédant le départ sur le terrain ; recrutement, formation et contrôle des enquêteurs (du fait du
problème de la langue de communication, l'élève ne pouvait être lui-même enquêteur et remplissait
sur le terrain la tâche de contrôleur, à raison de deux ou trois enquêteurs par étudiant), cartographie
et découpage de la ville en zones de dénombrement, pré-dépouillement manuel léger ; tout ceci lors
du déplacement sur le terrain qui durait environ un mois ; de retour à Yaoundé, exploitation, analyse,
et rédaction du rapport (en deuxième année). À chaque étape, les enseignants se contentaient de
guider les étudiants lors des séances de travail en groupe prévues à cet effet.

17
Ce paragraphe est largement inspiré de (Gendreau, 1977).
14

Pour des raisons évidentes de commodité logistique, ces opérations ont porté sur de petits centres
urbains (de 10 000 à 20 000 habitants) pas trop éloignés de Yaoundé.
Les opérations suivantes ont ainsi été réalisées : recensements de Bafia (21 125 habitants, février-mars
1973), Manjo (14 162 habitants, février-mars 1974) et Sangmélima (13 140 habitants, février-mars
1975) ; une enquête complémentaire (2e passage) fut organisée ensuite à Sangmélima en septembre
1975 ; l'enquête de 1976 (avril) constitua un nouveau recensement (dans le cadre du recensement
général du Cameroun) et un 3e passage à Sangmélima.
La réalisation de ces opérations pose certains problèmes dont la résolution n'est pas toujours aisée :
conséquences importantes dans le contenu et le déroulement de la scolarité, difficultés pédagogiques
(nécessité de laisser la plus large initiative aux étudiants, mais obligation d'assurer le succès de
l'opération), coût de tels exercices (à l'époque, de l'ordre de 6 000 à 10 000 dollars, soit de 1 500 000
à 2 500 000 FCFA). J'ai d'ailleurs réussi (sans trop de difficulté) à faire passer cette opération dans le
budget des Nations Unies qui l'ont financée (sans trop s'en rendre compte ?).
Bien évidemment, ces opérations ont été émaillées d'incidents (heureux ou non) dont je rappellerai
ici quelques uns :
 un étudiant (trop) consciencieux interrogeait une vieille femme à Bafia sur son histoire génésique,
la pressait de questions pour obtenir des informations précises ; la femme, ayant eu de nombreux
enfants dont un certain nombre décédés en bas âge, s'embrouillait dans ses réponses et l'interview
(auquel j'ai dû mettre fin) se termina dans les larmes…
 à Manjo, il y avait deux gargotes avec les deux mêmes et seuls menus : "chèvre-riz" et "riz-chèvre" !
Mais la différence était que l’une avait deux bassines pour plonger les assiettes avant de les remettre
à table contre une pour l’autre… ; nous avons donc choisi la première ; l'un des enseignants ayant
avalé un morceau de verre (dans le riz ou dans la chèvre ?) a d'ailleurs dû être rapatrié d'urgence
sur Yaoundé…
 dans l'hôtel de Sangmélima qui hébergeait les étudiants, l’aide-cuisinier sautait à pieds joints dans la
marmite de leur repas pour mieux la remplir ;
 pratiquement chaque année, les étudiants demandaient pour l'enquête que l’IFORD leur procure
des condoms, voire "des antibiotiques à titre préventif", pour les travaux pratiques…
 lors d'une de ces opérations, un étudiant poursuivi par un mari furieux d'avoir trouvé sa femme
avec lui18 s'est réfugié en petite tenue chez un enseignant qui a dû le tirer d'affaire…

Le démarrage des activités de recherche


L'IFORD a, en plus de sa mission de formation, une mission de recherche. Au cours des trois
premières années de fonctionnement de l'Institut, les activités se sont concentrées, à la demande des
pays africains, presque exclusivement sur la formation. À côté des aspects "administration" et
"enseignement" de mes activités, le chapitre "recherche" peut sembler modeste durant cette période : il
n'en a heureusement pas été tout à fait ainsi. En effet, d'une part dans le cadre de certains éléments de
la formation (enquête sur le terrain, étude de cas, mémoire), d'autre part dans l'optique de la mise sur
pied du programme de recherche de l'Institut, j'ai pu superviser certains travaux, participer à d'autres
et animer la réflexion sur les orientations des recherches à mener à l'Institut.
Une fois l'enseignement stabilisé et les premiers diplômés sortis, les responsables de l'Institut purent
réfléchir au démarrage des activités de recherche. La réflexion sur le programme de recherche de
l'IFORD (et le cadre général dans lequel il devrait se dérouler) et sur le rôle de l'IFORD dans ce
domaine sur le continent (quelles priorités ? quelle intervention de l'IFORD par rapport aux
organismes nationaux ? quelle coordination entre les organismes intéressés ?) s'est vraiment engagée
au cours de l'année 1975-1976. Dès juin 1975 un premier document était élaboré (IFORD, 1975),
puis remanié pour aboutir aux suggestions proposées au Séminaire sur la recherche démographique
qui s'est tenu à Yaoundé du 22 au 25 novembre 1976 (Fargues, 1976).
18
Dans le parler populaire camerounais, le mari disait que l'étudiant "acrionnait" sa femme…
15

Au cours de ce séminaire, les participants de l'extérieur présentèrent leurs activités de recherche et


leurs attentes vis-à-vis de l'IFORD, les chercheurs de l'IFORD exposèrent la façon dont ils
envisageaient le rôle de l'Institut en matière de recherche, et les débats permirent de définir les
grandes orientations et priorités de recherche pour l'IFORD (IFORD, 1976).
Les pays africains attendaient clairement que l'IFORD joue un triple rôle :
 d'animation par l'envoi de missions de consultation dans les pays et l'organisation de séminaires
techniques,
 de réalisation d'études comparatives, en liaison avec les pays,
 de réalisation d'études de synthèse.
Concrètement, ce rôle devait pouvoir se réaliser à travers les programmes de recherche de l'IFORD
pour lesquels le séminaire a considéré les six thèmes suivants comme prioritaires : étude de la
mortalité infantile en milieu urbain, définition de concepts adaptés à la réalité africaine, évaluation des
résultats des recensements, étude comparative des structures par sexe et par âge, étude de l'état civil,
études en liaison avec l'enquête mondiale fécondité (qui devait démarrer ultérieurement).
Soulignons ici trois points :
 les thématiques mises en avant reflètent la situation de l'IFORD et de la recherche démographique
africaine à l'époque ; les participants au séminaire provenaient d'ailleurs pour l'essentiel des
directions de la statistique du fait du peu de centres de recherche existant alors ;
 le projet d'enquête sur la mortalité infantile et juvénile en milieu urbain, sur lequel l'IFORD
travaillait depuis quelques mois19 a été très vivement encouragé par le séminaire : ce fut un projet-
phare de l'IFORD réalisé entre 1978 et 1983 dans cinq capitales africaines (Brazzaville, Cotonou,
Lomé, Ouagadougou, Yaoundé20) ;
 une recommandation du séminaire est d'une actualité étonnante aujourd'hui : celle relative à la
conservation, "dans l'intérêt de la recherche", des documents de base des travaux effectués, tant par
l'IFORD que par les pays : il aura fallu attendre près de 40 ans pour que l'IFORD mette en
pratique cette recommandation avec les projets IREDA et IREDIF21.

L'environnement de l'enseignement et de la recherche

Les relations avec l'Université du Cameroun


L'Institut avait à faire face à une situation délicate, sa création s'étant faite en dehors de l'Université de
Yaoundé. Il en résultait certains avantages : indépendance, non soumission aux règles universitaires,
etc. Mais le souci d'accepter à l'Institut des étudiants d'origine universitaire (et non seulement des
Ingénieurs des Travaux Statistiques) nécessitait que ceux-ci y trouvent un prolongement normal de
leur cursus antérieur. De plus, il était fondamental que le diplôme de l'IFORD ait une reconnaissance
et une équivalence universitaires. Aussi très vite (j'ai eu mon premier rendez-vous avec le Secrétaire
général de l'Université deux mois après mon arrivée à Yaoundé) s'engagèrent des discussions avec les
autorités universitaires afin de régler au mieux ce problème tout en préservant l'indépendance de
l'Institut. L'idée d'une convention fut adoptée par le Conseil d'administration d'avril 1974, mais son

19
L'idée de cette enquête était née lors d'une discussion que j'avais eue avec Pierre Maes, chargé de mission au
Ministère de la coopération, ancien expert de l'UNESCO, au cours d'un de ses passages à Yaoundé fin 1974
ou début 1975.
20
Lors d'une mission à l'IFORD en janvier 1980, j'ai été sur le terrain dans un quartier de Yaoundé avec un
enquêteur pour y rechercher des femmes ayant été enregistrées à l'accouchement et qu'on avait du mal à
retrouver à l'adresse de leur domicile qu'elles avaient indiquée. Après quelques dizaines de minutes passées à
interroger les habitants du quartier, j'ai été vite repéré : "Le blanc, là, il cherche la femme !"…
21
Inventaire des recensements et enquêtes démographiques en Afrique (www.ceped/ireda) et Inventaire des
recensements et enquêtes démographiques de l'IFORD (www.iford-cm.org/iredif).
16

contenu souleva maints problèmes, d'autant plus que la période des discussions coïncida avec une
réforme des deuxième et troisième cycles de l'Université. Un projet a été finalisé en octobre 1974,
prévoyant que l'Université serait associée aux décisions relatives aux aspects académiques de la vie de
l'IFORD, qu'elle examinerait les candidatures des enseignants de l'Institut et qu'elle cautionnerait les
diplômes délivrés par l'Institut. Le texte a finalement été signé le 30 septembre 1975.
La bibliothèque de l'Institut
Ce fut une question à laquelle j'ai consacré beaucoup de temps dès mon arrivée au Cameroun. La
bibliothèque commença à être constituée dès le début : achats et dons de livres, abonnements,
échanges, règlements des prêts, fichiers, etc. En septembre 1973, 2 000 titres étaient déjà enregistrés
et à mon départ, la bibliothèque en comptait quelque 5 000. À partir de 1975, l'organisation de la
bibliothèque a bénéficié de la présence à l'IFORD de Françoise Gubry qui, en plus de ses tâches
d'enseignement, avait accepté de s'en occuper.

La parution des premières publications


La publication des travaux effectués à l'IFORD (cours, mémoires, etc.) avait été envisagée très tôt et a
trouvé un début de réalisation avec la publication en 1975, dans les trois premiers numéros des
"Annales de l'IFORD", des trois "études de cas" réalisées en 1973-1974 par les étudiants de la
première promotion22. La numéro 4 des Annales a été publié en 197623.
*
**
Tout n'a pas été sans mal au cours de cette période de lancement de l'IFORD, tous les problèmes
n'ont pas été toujours résolus de façon satisfaisante, certains sont encore en suspens, mais je crois que
l'on peut dire que grâce aux efforts de tous, les premiers objectifs de l'IFORD ont été en grande partie
atteints et les anciens élèves de l'Institut se sont imposés dans la communauté tant africaine
qu'internationale des démographes.
Le rapide survol historique auquel il vient d'être procédé montre le chemin parcouru et les progrès
accomplis : avec la promotion qui quittait l'IFORD en juillet 1976, c'étaient 29 démographes africains
qui avaient été formés dans les trois premières promotions, en provenance de huit pays24 ; celle qui
achevait alors sa première année comprenait 14 élèves en provenance de sept pays25. Cet effort s'est
poursuivi et amplifié depuis : lors du 20e anniversaire de l'Institut, près de 300 démographes avaient
été formés ; aujourd'hui, à ce 40e anniversaire, ils sont plus de 700 ! Chaque promotion a effectué une
enquête sur le terrain, ce qui me parait fondamental et ce qui constitue une grande originalité de
l'enseignement de l'IFORD. Les démographes formés par l'IFORD ont participé à de nombreuses
activités en matière de population au sens large. Les relations avec l'université se sont renforcées et
l'IFORD a été rattaché sur le plan académique à l'Université de Yaoundé II. Ayant eu la chance de
participer au démarrage de l'IFORD, je ne puis qu'être très satisfait en constatant les résultats obtenus.
Mais tout ceci est le passé. Il me paraissait important de le rappeler. Je l'ai fait jusqu'ici sans aborder
les questions de fond. Nous allons maintenant y venir en nous tournant vers le présent et vers l'avenir.

22
Ces trois premières publications sont :
- Diawara, Bibi; Traoré, Sékou, 1975, Population et activité économique dans la transformation du secteur
rural au Mali, Annales de l'IFORD, n° 1, 81 p.
- Fokom, Pierre; Houssou, Grégoire, 1975, Mortalité et fécondité en Afrique Centrale, Annales de l'IFORD,
n° 2, 66 p.
- Ngoungourou Abel; Diallo, Balla, 1975, La scolarisation au Cameroun, Annales de l'IFORD, n° 3, 73 p.
23
La population de Sangmélima. I. Résultats du recensement de base (mars 1975), Annales de l'IFORD, N° 4,
217 p.
24
Bénin (5), Burkina Faso (1), Cameroun (8), Congo (1), Madagascar (4), Mali (4), Sénégal (3), Togo (3).
25
Algérie (1), Cameroun (5), Madagascar (1), Mali (3), Mauritanie (1), Tchad (1), Togo (2).
17

III. D'HIER À AUJOURD'HUI ET À DEMAIN

Après le rappel factuel des premières années de l'IFORD, il me paraît intéressant de revenir à
l'actualité et de voir où en est l'Institut quarante ans après. Cela d'autant plus que l'environnement de
l'IFORD a considérablement changé et que l'IFORD lui-même a changé, mais que sa mission, ses
objectifs (rappelés au début) se sont certes adaptés, mais sont restés fondamentalement les mêmes.
On le voit bien dans le constat formulé dans le Plan stratégique à moyen terme (PSMT) 2007-2011 :
"Après 34 ans d'activités, il y a un consensus unanime pour reconnaître la pertinence des trois
missions de base de l'IFORD, telles que définies depuis sa création, et actualisées pour tenir
compte du contexte qui prévaut aujourd'hui :
a) la formation (de longue et de courte durées) de cadres supérieurs africains en population et
développement ;
b) la définition et la réalisation de travaux de recherche dans les pays membres ;
c) l'appui technique aux pays (États membres et partenaires) dans le champ de compétence de
l'IFORD." (IFORD, 2006)
Dans cette partie, nous reprendrons les deux aspects, académiques et institutionnels, étudiés
précédemment.

Aspects académiques

Quelle vision de la démographie ?


La première question que l'on doit se poser concerne la vision qu'a l'IFORD de la discipline
démographie. Celle-ci est complexe et a des frontières floues. On peut mettre l'accent sur
l'importance de ses aspects quantitatifs et donc sur les méthodes de collecte et d'analyse statistique des
données, ou privilégier sa dimension "science sociale" et mettre alors l'accent sur les relations entre les
dynamiques démographiques et les changements économiques et sociaux et donc sur l'explication et
l'interprétation des phénomènes démographiques considérés comme des phénomènes sociaux.
À ses débuts, l'IFORD se situait clairement dans le premier courant de pensée et son premier objectif
était de former des statisticiens-démographes destinés à travailler au sein des directions de la
statistique (l'IFORD, avait d'ailleurs été créé en liaison étroite avec elles). Ce choix correspondait bien
aux besoins de l'époque où les données démographiques de base étaient peu nombreuses et
incertaines. Même si une conception plus large de la démographie était présente (voir les cours
dispensés), l'enseignement mettait ainsi initialement l'accent sur les méthodes d'observation et sur
l'analyse descriptive des phénomènes et incluait des disciplines instrumentales (mathématiques,
statistique, informatique). Une grande partie des démographes diplômés de l'IFORD a ainsi peuplé
les directions de la statistique et s'est engagée dans la collecte et l'analyse des données
démographiques. Sur ce plan, l'IFORD a rempli sa mission : même si des progrès restent encore à
accomplir pour obtenir des données de meilleure qualité et mieux adaptées aux besoins, il n'y a rien
de commun entre l'information démographique disponible aujourd'hui et celle sur laquelle on
pouvait s'appuyer il y a quarante ans.
Progressivement, et dans la mesure où ce premier besoin commençait à être satisfait, la formation
s'est peu a peu orientée vers celle de spécialistes en sciences de la population : "l'objectif principal qui
était la formation des démographes jusqu'à la fin des années 1980 devient la formation de spécialistes
en sciences de la population dès 1992" (Évina Akam, 1999). Car un nouveau besoin est apparu
progressivement, celui d'une analyse socio-économico-démographique dans le domaine des relations
entre la population et le développement. De plus, la nécessité de l'émergence d'une recherche
nationale sur ces questions est devenue de plus en plus évidente. D'où l'évolution de l'enseignement
dispensé à IFORD en vue de préparer les futurs diplômés à des tâches plus ambitieuses touchant à la
fois à la recherche démographique menée selon des problématiques pluridisciplinaires et à une
participation plus "engagée" dans les politiques de développement cela dans de nombreux domaines :
18

programmes de population, politiques urbaines, aménagement du territoire, action en direction des


femmes, politiques d'éducation, d'emploi, de santé, etc.
J'approuve pleinement cette orientation et je pense qu'elle doit être poursuivie et amplifiée. D'ailleurs,
"les divergences s'atténuent entre partisans d'une discipline purement formelle et ceux qui entendent
comprendre la diversité des populations et leur évolution" (Roussel, in Chasteland et al., 2004).
Cette vision plus globale de la démographie aurait dû se concrétiser (IFORD, 2007) par la création de
deux filières en seconde année : l'une de "démographie", l'autre en "population et développement".
Pour différentes raisons, notamment de budget et d'insuffisance numérique du corps enseignant, la
deuxième filière n'a pu encore ouvrir, et j'estime que ceci est vraiment regrettable compte tenu de la
mission de l'IFORD.

Quelle vision de l'enseignement ?


Compte tenu de ce qui précède, je pense que l'IFORD doit former des démographes ayant une
bonne réflexion, une grande capacité d'analyse, d'où une formation qui ne se fasse pas uniquement
par transmission de connaissances. Il faut non seulement apprendre, mais aussi apprendre à
apprendre (acquérir des méthodes de travail) et surtout apprendre à désapprendre, c'est-à-dire savoir
porter un regard critique sur les savoirs enseignés.
Je ne suis pas sûr que l'enseignement dispensé à l'IFORD réponde pleinement à ce besoin. Mon
interrogation provient tout d'abord d'un constat relatif au nombre d'heures de cours. Nous avons vu
ci-dessus qu'il était de 510 (425) en première année et de 455 (410) en seconde année, selon l'origine
littéraire ou non des élèves. Ces volumes horaires, "raisonnables", ont été à peu près conservés
jusqu'au début des années quatre-vingt, puis ont augmenté jusqu'à 860 heures en première année et
816 en seconde année en 2004-2005. La mission de révision des programmes de 2007, s'appuyant sur
les textes relatifs au système LMD, préconisait 705 heures en première année et 610 ou 635 en
seconde année selon l'option. Pour la dernière année universitaire dont j'ai les données (2008-2009),
on a toutefois 775 heures en première année et 725 en seconde année. De tels volumes sont
beaucoup trop importants et ne permettent pas aux élèves d'avoir suffisamment de temps pour lire et
prendre un peu de recul par rapport aux enseignements.
Certes, en quarante ans, il est normal que de nouvelles matières soient enseignées pour s'adapter à
l'évolution de la discipline, à l'apparition de techniques nouvelles (la micro-informatique n'existait pas
en 1972 !) et aux changements dans l'environnement socio-économique, dans les priorités politiques
et dans les approches des questions de société. Le programme de l'IFORD s'est donc naturellement
enrichi comme on peut le voir à l'annexe 1 où sont comparés les programmes de 1974-1975 et de
2008-2009. Mais il est regrettable que cet enrichissement se soit fait uniquement par ajouts et non par
rééquilibrages, aboutissant à une multiplication du volume de cours par plus de 1,5 !
D'un autre point de vue, on peut s'interroger sur la conception de certains enseignements. Par
exemple, j'ai peur que l'accent mis sur les méthodes de collecte ait été fait en se référant à des
conceptions "classiques" de la collecte (recensement, état civil, enquêtes de type EDS, etc.) sans
qu'une réflexion critique sur ces méthodes ne soit développée (par exemple la remise en cause du
recensement "lourd" comme base de l'investigation), que de nouvelles approches ne soient envisagées
(notamment pour mieux s'adapter à l'évolution des besoins) et que la qualité des données ne soit
restée une préoccupation centrale. On le voit tout simplement en constatant le très grand
conservatisme dans la collecte : si le nombre d'opérations s'est multiplié par rapport aux années
soixante-dix, où sont les innovations ? La qualité des données s'est-elle améliorée ?
Car "il faut noter dans la plupart des pays l'absence d'une réflexion endogène sur les besoins à
satisfaire, sur l'articulation des différentes sources ou sur les choix méthodologiques… Cette réflexion
endogène doit se développer d'urgence afin de favoriser l'émergence d'une vision globale de
l'observation démographique à moyen terme, capable d'élaborer une alternative mieux adaptée aux
réalités nationales" (Gendreau ; Gubry, 2009). Pourquoi les démographes formés à l'IFORD ne sont-
ils pas plus présents sur ce terrain ?
19

Quelle vision de la recherche ?


L'IFORD a mis l'accent au début sur sa mission de formation. Comme je l'ai rappelé ci-dessus, très
vite ses responsables se sont préoccupés de sa mission recherche. Elle est aujourd'hui primordiale :
même si la formation reste la mission prioritaire, l'accent doit être mis maintenant sur cette fonction.
Aujourd'hui, dans les tourmentes que traverse le continent, la recherche africaine se porte mal. Il faut
pourtant qu'existe et que se développe une recherche africaine, notamment en démographie. Pas
n'importe quelle recherche sans doute. Dès 1974 j'écrivais "toute recherche entreprise à l'IFORD doit
être imprégnée dans ses finalités des préoccupations liées aux processus du développement
économique et social tout en évitant le double écueil de l'utilitarisme qui la stériliserait et de
l'académisme qui la rendrait inopérante". Je crois que l'IFORD en est conscient et que la plupart des
recherches menées répondent à ce souci qui se traduit de différentes façons, en particulier :
 la prise en compte de "la crise" (ou des crises, sociale, économique, politique) et de ses
conséquences sur les comportements et dynamiques démographiques,
 des recherches explicatives pour mettre en évidence, au-delà des déterminants intermédiaires, le
rôle des variables communautaires, contextuelles et institutionnelles parmi les variables sociales,
culturelles et économiques, ce qui nécessite des approches pluridisciplinaires.
Cette fonction recherche de l'IFORD, elle est multiple : bien sûr les enseignants-chercheurs de
l'Institut doivent mener des recherches (non seulement des recherches individuelles, mais aussi et
surtout des recherches collectives s'inscrivant dans le cadre d'un programme de recherche de
l'Institut) ; de plus, l'IFORD a un rôle d'animation et de promotion de la recherche sur le continent.
Comme il l'a fait avec les enquêtes sur la mortalité infantile et juvénile dans les années quatre-vingt, il
doit impulser des programmes de recherche et doit apporter son appui aux chercheurs et aux centres
de recherche du continent pour qu'ils réalisent ces programmes. Ce fonctionnement en réseau est
indispensable, surtout en ces temps de crise où les échanges d'idées et la conjugaison des efforts sont
des conditions de survie.
Mais dans les années quatre-vingt-dix et avec la crise dans laquelle il s'est enfoncé, l'IFORD n'a guère
fait preuve de dynamisme dans ses activités de recherche et n'a pas préservé sa visibilité scientifique.
Dans le cadre de sa refondation, le PSMT demandait en 2006 l'élaboration d'un programme novateur
répondant aux besoins des pays et proposait quatre maîtres mots pour guider cette élaboration :
 "Interdisciplinarité" : l'IFORD doit oser le défi de l’interdisciplinarité, seul moyen de parvenir à une
meilleure explication des faits de population ;
 "Questions émergentes" : les thèmes de recherche ne doivent pas reprendre uniquement les
grandes tendances ou les grands courants de pensées en la matière, mais prendre également en
compte les questions émergentes ;
 "Interrelations" : les deux points précédents conduisent à accorder une place importante aux études
des interrelations entre phénomènes : population, développement et environnement ; population
et éducation ; population et santé ; migration et développement ; etc. ;
 "Recherches comparatives" : l'IFORD doit utiliser et valoriser son statut régional en privilégiant des
recherches comparatives, notamment pour la prise en compte des diversités contextuelles (en
particulier culturelles).
Je crois que ces mots clés sont plus que jamais d'actualité car je ne suis pas sûr que l'IFORD ait
beaucoup progressé depuis 2006. Notamment, à ma connaissance, une dynamique nouvelle en
matière de publications n'est pas encore apparue (même s'il est normal et souhaitable de publier dans
des revues internationales à l’extérieur). Or, comme je l'écrivais dans mon rapport d'évaluation du
PSMT à mi-parcours, "un institut de recherche qui ne publie pas n'existe pas" (en majuscules dans le
texte, Gendreau, 2010). Dans ce domaine, un travail considérable doit être mené par la direction et
les enseignants-chercheurs de l'Institut.
20

Aspects institutionnels

La question du financement
L'IFORD n'est pas encore sorti de la crise financière dans laquelle il s'est enfoncé depuis les années
1990 et surtout depuis 2000, après que le FNUAP, jusqu'alors principal bailleur de fonds de l'Institut,
ait entériné son retrait annoncé fin 1997. Les instances dirigeantes de l'IFORD n'ont alors ni anticipé
les difficultés financières pourtant annoncées, ni pris aucune mesure pour y faire face. Cela jusqu'au
processus de refondation engagé en 2004.
Le schéma de financement (en régime de croisière après la refondation) proposé dans le PSMT était
le suivant :
 Autofinancement du fonctionnement, assuré par la formation (50 %), la recherche (15 %) et l'appui
aux États et aux organismes partenaires (35 %), c'est-à-dire par les frais de scolarité prélevés sur les
bourses et par les contrats de recherche et d'appui technique,
 Financement des investissements (matériels et humains) par les États membres (50 %) et les
partenaires (50 %).
Ce schéma vertueux ne semble pas, pour diverses raisons (notamment le départ un peu trop rapide
d'Élie Ouédraogo en 2007 et le décès d'Élisabeth Annan-Yao en 2011), avoir été mis en place26.
L'IFORD est donc resté dépendant des contributions des États.
Comme la plupart de ces derniers ne paient leur contribution que de façon très irrégulière et le plus
souvent avec retard, l'Institut reste dans une situation fragile (Gendreau, 2010).
Pourtant, avec une douzaine d'enseignants-chercheurs et environ 1 200 heures de cours à assurer
(compte tenu des cours assurés par des enseignants extérieurs), je ne pense pas que l'on puisse dire
que ces derniers soient surchargés, même si d'autres tâches que l'enseignement les occupent, dont
l'appui aux États. Ils devraient pouvoir faire face à la situation, comme le font leurs collègues des
autres institutions de recherche dans la plupart des pays du monde, où les financements récurrents
ont pratiquement disparu et où les chercheurs doivent consacrer une part non négligeable de leur
temps à la recherche de financement et à la réponse à des appels d’offres.
Il n'y a pas de raison pour que l'IFORD ne puisse pas s'adapter à ce contexte, pour peu que
l'institution s'engage résolument dans cette voie grâce à :
 une équipe scientifique efficace, volontariste et dynamique, mobilisée sur une vision partagée de
l'avenir de l'Institut ;
 une direction forte, dotée d'un leadership incontesté et assurant une gouvernance énergique.
Une fois cette dynamique engagée, le plan de charge de l'IFORD devrait pouvoir se remplir
régulièrement et le financement ordinaire de l'Institut devrait pouvoir être assuré en régime de croisière.

Le campus de l'IFORD
L’un des problèmes récurrents auxquels l’Institut est confronté depuis sa création est celui des locaux,
problème toujours pas résolu.
Le bâtiment actuel, dans lequel l'IFORD a emménagé en 1982, situé au centre ville, est relativement
spacieux, mais pas du tout fonctionnel et voué, à terme, à être démoli. L’IFORD dispose aussi d'un
bâtiment au sein du campus de Ngoa Ekellé, où se déroulent les enseignements. Si l'on prend en
compte aussi les multiples lieux de résidence des étudiants, ce schéma éclaté n'est guère propice à un
fonctionnement harmonieux de l'Institut et à l'accomplissement de ses missions.
Le PSMT proposait de construire un "campus de l’IFORD" au sein de l’Université sur le grand
26
À l'époque, une mise de fonds initiale semblait nécessaire pour amorcer ce schéma. Elle semblait pouvoir
être assurée par une convention importante avec la Banque Africaine de Développement (BAD) pour la mise
en place d'un système africain de statistiques sociales. Ce contrat n'a finalement pas abouti.
21

terrain alloué à l’IFORD derrière le bâtiment déjà attribué. À ma connaissance, ce dossier n'a guère
évolué depuis lors malgré son urgence et son importance.

CONCLUSION

"La calebasse se met elle-même sa corde au cou" (proverbe Mossi, Burkina Faso)

Il y a quarante ans, j'avoue ne jamais m'être posé la question de la durée de vie de l'IFORD. Attaché à
cet Institut à la création duquel j'avais contribué, je suis toujours resté en contact avec lui. J'avais craint
sa disparition au début des années 2000 lorsqu'il paraissait devoir être emporté par sa crise financière.
Aussi, lorsque sa refondation a été décidée, j'ai été très heureux d'y participer. Je suis convaincu que
le travail de réflexion et de prospection alors réalisé fournissait à l'IFORD tous les éléments pour
aborder avec confiance son avenir. Il semble cependant que l'IFORD n'a pas tiré suffisamment profit
de ces acquis pour "rebondir" et que les difficultés de survie restent grandes. Mais l'IFORD est
toujours là, son existence reste pleinement justifiée aujourd'hui. L'Institut a montré sa capacité à
évoluer et à s'adapter. Espérons qu'il saura poursuivre sa route et remplir ses missions avec efficacité
et en toute responsabilité.

BIBLIOGRAPHIE

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démographique dans les pays à statistiques déficientes - Chaire Quételet 1976, Ordina Ed., Liège, p. 101-107.
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Communication au Congrès général de l'UIESP (Mexico, 8-13 août 1977), 8 p. multigr.
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IFORD, 1976, Séminaire sur la recherche démographique (Yaoundé, 22-25 novembre 1976). Rapport final,
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IFORD, 2006, Programme de refondation de l'IFORD. Plan stratégique à moyen terme (PSMT) 2007-2011,
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Sauvy Alfred, 1975, L'Institut de formation et de recherche démographiques de Yaoundé (I.F.O.R.D.),
Population, vol. 30, n° 6, p. 1166-1173.
22

ANNEXE 1
PROGRAMME DES COURS (Année 1974-1975 et 2008-09)
1ÈRE ANNÉE27
Domaine/Matière V. H. Coeff. V. H. Crédits
1974/75 2008/2009 1974-75 2008-09
1. Introduction
Introduction à la démographie Introduction à l'étude des populations 15 - 10 1
2. Analyse démographique
Principes de base d'analyse démographique 45 3
État de 1a population État et structure de la population 15 4 30 2
Morta1ité, Morbidité Analyse de la mortalité et de la morbidité 40 8 40 4
Analyse de la nuptialité 30 2
Fécondité, Nuptialité 60 11
Analyse de la fécondité 30 2
Migration, Urbanisation Mobilité spatiale et migrations 20 4 40 4
Mouvements et modèles de
Théories de la transition démographique 25 5 15 1
population
3. Collecte
Collecte et exploitation des Collecte et analyse des données quantitatives 40 2
35 7
données Collecte et analyse des données qualitatives 30 2
4. Population
Théories de population Doctrines et éthiques de population 15 1
Économie et population 30 2
Sociologie de la population 30 3
Démographie de la famille et des ménages 25 2
Aspects géographiques des phénomènes
10 1
démographiques
5. Méthodes quantitatives
Tableaux et calcul numériques 15 3
Mathématiques 60/40 10
Probabilités 40 7
Statistique descriptive28 Statistique descriptive 25/- 5/- 30 2
Statistique mathématique 20 2
Théorie et pratique des sondages 40 3
6. Sciences sociales
Économie générale3 40/- 8/-
Anthropologie sociale 30 6
Méthodes de recherche en sciences sociales 20 2
Séminaire d'initiation à la recherche en sciences
20 2
sociales
7. Disciplines connexes
Informatique Informatique 15 3 45 3
Techniques de rédaction administrative 20 2
Techniques de l'expression 15 -
Initiation aux techniques de communication 20 1
Gestion basée sur les résultats 20 2
Anglais Anglais pm29 5 30 2
Sport Sport pm4 - pm -
8. Enquête sur le terrain
Préparation Pratique des enquêtes et des recensements l 40 - 90 7
Exécution terrain pm30 10
Exécution rapport - 4
Exploitation 20 -

27
Certains cours diffèrent selon le recrutement : littéraire (A)/scientifique (B).
28
Pour le groupe A et les étudiants de formation mathématique pure du groupe B.
29
2 h par semaine
30
Environ un mois
23

TOTAL 510/425 100/87 775 60


2ÈME ANNÉE
Domaine/Matière V. H. Coeff. V. H. Crédits
1974/75 2008/2009 1974-75 2008-09
2. Analyse démographique
Fécondité, Nuptialité (40)31 (9)
Migration, Urbanisation (10)32 -
Théorie des populations stables 30 2
Perspectives de population Perspectives et prospectives démographiques 25 5 35 3
Analyse indirecte des phénomènes
Évaluation et ajustement 60 13 50 4
démographiques
Démographie mathématique 15 3
Population active, population Analyse de la population active 25 1
35 7
scolaire Analyse de la population scolaire 25 1
Analyse des biographies 20 1
3. Collecte
Initiation à l'exploitation des
Initiation à l'exploitation des données 40 6 45 3
données
33
Séminaire Cents pm
Analyse des données d'un recensement 25 2
Valorisation des données d'enquête et de
20 1
recensement
Analyse des disparités selon le genre 25 2
Collecte et analyse des données sur les populations
25 2
vulnérables
4. Population
Théories de population Doctrines et éthiques de population 10 2
Politiques de population Politiques de population 15 3 15 1
Population et développement 25 1
Population et Environnement 10 1
Population et aménagement du territoire 15 1
Population et santé en Afrique 25 2
Santé de la reproduction : mesure et analyse 25 2
Communication en matière de population 40 2
5. Méthodes quantitatives
Mathématiques 255 5
Probabilités 205 4
Statistique mathématique 35 7
Sondages 35 7
Méthodes d'analyse statistique multivariée 45 3
6. Sciences sociales
Économie du développement 30 6
Méthodes de recherche en
20 4
sciences sociales
Formation, emploi Économie des ressources humaines 20 4 30 2
7. Disciplines connexes
Écologie générale et humaine 20 -
Génétique des populations 10 -
Séminaires méthodologiques 15 1
Initiation à la gestion des projets 25 2
Recherche opérationnelle et analyse situationnelle 30 2
Anglais pm4 5
31
Ce cours n'avait pas pu être dispensé en 1ère année en 1973-74 du fait de la défaillance de l'enseignant, d'où
son report en 2ème année (mais juste pour cette promotion).
32
Compléments
33
Trois semaines
24

Sport Sport pm4 - pm -


8. Enquête sur le terrain
Exploitation des données de l'enquête étudiants 40 2
Analyse du dépouillement
Analyse des données de l'enquête étudiants 25 - 40 3
manuel
Préparation de l'exploitation
15 -
sur ordinateur
9. Autres activités
Étude de cas Mémoire de fin d'études pm34 10 pm 6
Élaboration d'un projet de recherche 20 1
Stage découverte pm 6
TOTAL 455/410 91 725 60

34
Environ une matinée (4h) par semaine pendant 24 semaines
[ANNEXE 2]
[format d'origine : A4, paysage, recto-verso, 3 colonnes]

ORGANISATION DES REPUBLIQUE UNIE


NATIONS UNIES DU CAMEROUN
----------- ------------

POURQUOI L’IFORD ?
Les problèmes de population ont pris au cours
des dernières années une importance de plus' en
plus grande pour les gouvernements de nombreux
pays. Les Nations Unies ont été sollicitées pour
apporter leur aide à l'étude de ces problèmes. C'est
ainsi qu'ont été créés successivement plusieurs
instituts régionaux de démographie: à Bombay en
1956, à Santiago du Chili en 1958, au Caire en 1962.
Enfin deux nouveaux instituts ont été créés pour
l'Afrique: le "Regional Institute for Population
Studies" à Accra, qui dessert les pays africains
d'expression anglaise, et l'Institut de Formation et
de Recherche démographiques, qui dessert priori-
tairement les pays africains d'expression française.
L'IFORD a ainsi été créé à la suite d'un accord
conclu entre l'Organisation des Nations Unies et la
République Unie du Cameroun en novembre 1971. Il
a ouvert ses portes le 15 novembre 1972.
L’IFORD, POURQUOI FAIRE ?
L'IFORD dessert prioritairement les 22 pays
INSTITUT DE FORMATION africains d'expression française :
Algérie, Bénin, Burundi, Cameroun, Centrafrique,
Congo, Côte-d'Ivoire, Gabon, Guinée, Haute-Volta,
ET DE Madagascar, Mali, Maroc, Maurice, Mauritanie,
Niger, Ruanda, Sénégal. Tchad, Togo, Tunisie, Zaïre.
Les objectifs et activités de l'IFORD sont les
RECHERCHE DEMOGRAPHIQUES suivants :
1° Formation.
L'Institut a pour vocation de servir de centre de
formation en matière démographique et dans les
domaines connexes pour les pays mentionnés ci-
dessus et qui souhaiteraient bénéficier de ses
services. Il peut aussi accueillir des étudiants
d'expression française en provenance des pays
n'appartenant pas au continent africain.
B. p, 1556 – YAOUNDE 2° Recherche.
CAMEROUN L'Institut effectue, dirige et publie des travaux de
Tél. : 22-24-71 recherche fondamentale et de technique appliquée
sur les tendances démographiques et leurs rapports
avec les facteurs économiques et sociaux.
26

3° Services consultatifs. – économie et sociologie ;


L'Institut fournit des renseignements ou des – divers (informatique. Anglais, ...).
services consultatifs, en matière démographique et
dans les domaines connexes, à ceux des pays
desservis par l'Institut qui en font la demande.
LA FORMATION À L’IFORD
Pour l'instant, le cycle d'enseignement organisé à
l'Institut a pour but la formation de cadres
supérieurs en démographie. La durée de la scolarité
est de deux ans.
Conditions d'admission.
L'admission se fait par voie de concours. Peuvent
être admis à concourir :
1° Les ingénieurs des travaux statistiques ;
2° Les titulaires d'une licence de géographie, de
sociologie, de sciences économiques, ou de
mathématiques ;
3° Les titulaires d'un diplôme équivalent ; la
direction de l'Institut est seule habilitée à juger de
cette équivalence. Bourses.
La nature des épreuves, leurs programmes et les Seuls les étudiants boursiers sont admis à
détails sur l'organisation de ce concours figurent l'Institut. Les candidats reçus au concours peuvent
dans une brochure que les intéressés pourront obtenir une bourse des Nations Unies ou.
utilement consulter. éventuellement une bourse d'un autre organisme.
Les bourses des Nations Unies ne sont offertes
qu'aux candidats nommés par leur gouvernement.
Débouchés.
Les besoins actuels de l'Afrique en démographes
sont immenses et se font même particulièrement
pressants dans certains services. comme ceux de :
– La statistique (enquêtes, recensements) ;
– La planification (études des ressources
humaines) ;
– L'emploi et la main-d'œuvre ;
– La planification scolaire ;
Programme. – La santé.
Les éléments de la formation sont les suivants : Enfin l'enseignement et la recherche sont des
– cours théoriques et travaux dirigés ; secteurs en plein développement susceptibles
– enquête sur le terrain (dont les étudiants d'accueillir utilement des démographes.
assurent la conception, la réalisation, le
dépouillement et l'analyse ;
Pour tous renseignements complémentaires, veuillez
– étude de cas (petit travail de groupe sur un
vous adresser :
sujet particulier de démographie africaine,
aboutissant à la rédaction d'un rapport. – À l’Institut directement ;
Les cours théoriques et travaux dirigés sont de – Au bureau du PNUD ;
quatre sortes :
– À la Direction de le Statistique ;
– démographie proprement dite (collecte,
exploitation, analyse, perspectives, théories et – À l’Université.
politiques de population) ;
– méthodes quantitatives (mathématiques.
probabilités. statistiques, sondages) ; Imprimerie Nationale - Yaoundé - OFF. – 8951

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