Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
SOUS LA DIRECTION DE
CLAUDETTE DÉROZIER
SOMMAIRE
Avant-propos • p. 1
Introduction - p. 3
Un vocabulaire moralisateur
Un critère de jugement p. 6
Conclusion p. 30
Bibliographie p 31
Si, pour des raisons diverses et encore mal définies, on cherche à pro-
clamer l'existence de la région en soutenant l'identité culturelle régionale,
il semble que cela se fasse en affermissant les caractères de la "Tradition".
Un c r i t è r e de jugement
1*1 nous faut réellement parler d'un consensus, certes ambigu, mais
dont l ' i n c e r t i t u d e a bien une commodité : celle de créer, d'affermir et
de véhiculer dans l'opinion publique une certaine image de l'architecture
de la Franche-Comté.
- 7 -
L'ensemble exhaustif des publicités n'a pas été retenu ; le choix s'est
porté exclusivement sur celles qui,soit au travers du discoursssoit par les
représentations proposées,faisaient appel à la nécessité de l'identité cul-
turelle ou répondaient à son désir.
Pour la région franc-comtoise n'ont été sélectionnées que celles qui»
par la forme des modèles, par l'environnement choisi pour ce modèle, par
le discours explicatif ou par le titre même de l'entreprise»présentaient
une relation quelconque mais effective avec cette notion d'identité cultu-
relle.
- 9 -
On peut donc penser qu'il existe une clientèle bien spécifique de ces
constructeurs qui cherchent au travers de cette idée comtoise à retrouver
des racines culturelles ; mais on doit aussi penser à l'existence d'un pu-
blic autre qui, à l'image des constructeurs "modernistes", tente de se
différencier de la masse, de se démarquer des classes sociales inférieures,
ou plus simplement de satisfaire des besoins autres que ceux de la reconnais-
sance sociale par l'intermédiaire d'un cadre de vie â T'aspect comtois. Il nous
semble donc important de faire remarquer que ces publicités vantent des
maisons qui s'adressent à la classe moyenne de la population vivant ou dé-
sirant vivre "à la campagne", là où les traditions et le sentiment comtois
sont théoriquement plus vivaces.
Le discours et les modèles proposés par les publicités ne sont pas les
seuls intérêts de celles-ci.
Le texte sur "le rêve impossible" exprime déjà l'idée qu'une maison
dont on est propriétaire a un rapport profond à l'être que nous sommes et
qu'elle devient, du fait de la dégradation économique actuelle, le seul
refuge possible pour nos valeurs menacées :
Cet environnement est aussi constitué par notre culture, nos traditions
que la vie moderne semble vouloir menacer de destruction, d'anéantissement.
L'idée qu'une maison aux aspects régionaux est un moyen fiable de dé-
fendre ces valeurs éternelles, celle de notre culture régionale notamment,
est déjà implicite :
Nous serions donc animés par "un besoin d'enracinement et "de retour
à des traditions"... lorsque l'inflation joue avec • nos nerfs et que
les placements financiers dissimulent mal notre ' impuissance à sauve-
garder notre patrimoine.....
Plus loin encore, dans la rubrique "Le rêve réalisé", la maison est
aussi présentée comme un lieu de dépôt des souvenirs familiaux, comme un
emblème de la famille, comme un symbole des traditions qui s'y rattachent.
"Provincial depuis toujours, M. V. (monsieur V.est médecin) est
sensible au charme des anciennes maisons familiales, à cet atta-
chement sentimental qu'avaient pour elles-nos ancêtres.
Mais leurs descendants aussi, rectifie un couple d'ouvriers,pro-
priétaires près d'Orange d'une"Verdon" une des maisons provençales
de Phénix."
Et pour finir5ayant défini préalablement la "maison régionale" comme
"le paysage dans lequel on s'épanouit", ou toute une population régionale
peut se retrouver -indépendamment de la classe sociale à laquelle on appar-
tient- on peut penser que la maison sera bien l'expression de la.personnalité
et,mieux encore, le marqueur spécifique de l'identité culturelle propre à
chaque individu puisque :
"Chacun a dans la tête ses paysages choisis."
Avant même l'exposé de l'argumentation en faveur du choix d'une maison
de style régional, cette maison est déjà présentée comme l'expression d'une
recherche, d'un besoin, celui de retrouver ses racines culturelles régionales,
même si paradoxalement celle qui est présentée est une construction neuve,
aux méthodes de construction autres,n'ayant qu'une vague relation avec les
modèles traditionnels vantés.
Le style même du discours permet l'évocation des souvenirs et des rêves
suscités par la vue de sa propre maison. Les nombreux points de suspension
expriment bien cette évocation rêveuse. Mais placés après des termes tels que
"patrimoine"... "retour à des traditions" ils insistent sur l'immensité se-
crète, sur la délicatesse, l'indicible du domaine auquel on fait appel.
Nous sommes ici au coeur même de l'être, dans l'antre secret de la for-
mation, celle de notre patrimoine, de nos racines, de nos gênes culturels,
de notre identité.
- 15 -
Ainsi, après avoir suggéré dans les rubriques précédant celle du ré-
gionalisme l'idée que la maison est l'expression de notre personnalité,
l'émanation de notre identité, la question même du régionalisme se pose
par rapport à l'histoire dont on magnifie le rôle.
C'est dire mieux son importance, son rôle social ; c'est accuser aussi
la gravité du lien qui nous y rattache.
L'histoire nous apprend la diversité des cultures et des modes de
vie ; elle nous apprend aussi que nous -les Franc-comtois- sommes différents
des autres Français et qu'à ce titre nous pouvons et nous devons revendiquer
le droit à une architecture originale, à l'image de notre mode de vie spéci-
fique, en accord avec la représentation mentale que nous avons de notre cul-
ture.
" . . . c a r de même que l'on se sent chez soi dans une maison qui nous
ressemble, on se sent bien dans sa région, si e l l e continue de
vivre son histoire p a r t i c u l i è r e . "
- 17 -
A charge donc pour notre maison de ne pas trahir notre région car elle
est considérée comme l'expression directe, évidente,de la culture régionale,
symbole d'une identité dont on ne discute pas le bien-fondé.
On peut.remarquer que si pour un mieux être, un mieux vivre, l'histoire
de notre région doit porter la marque de notre identité culturelle, nous de-
vons délimiter notre territoire de marqueurs architecturaux dont la princi-
pale qualité serait l'authenticité historique du vocabulaire utilisé.
La connaissance de l'histoire architecturale locale et celle du
savoir-faire artisanal sont, avec le sérieux qu'elles apportent, les deux points
essentiels de cette redécouverte des vertus de la tradition.
Gage de sérieux, la référence historique l ' e s t , certes, lorsque ce re-
tour à la tradition se situant dans un contexte combatif et se définissant
en quelque sorte comme une lutte pour l'affirmation de l'identité, est le
fait de connaisseurs, d'hommes avertis des dangers inhérents à ce phénomène..
On prend donc soin d'exprimer l'idée que si "cette bataille est tout
sauf une régression" c'est parce qu'une tradition méconnue ou incomprise
pourrait ne devenir que du folklore :
"Et puis l'uniformisation des cultures, la standardisation des ar-
chitectures nous ont appris la tristesse de la monotonie, la pitié
qu'inspirent les traditions quand elles ne sont plus que du fol-
klore."
La tradition au nom de laquelle, et pour laquelle, il nous faut lutter
comme d'authentiques partisans de notre région; n'est donc pas une affaire
de recette architecturale : elle est issue en réalité d'une connaissance
spécifique, car appronfondie, de la région.
L'histoire locale offre des modèles dont le désir d'identité culturelle
va s'emparer, va s'inspirer, pour la réalisation de maisons.
Mais si la tradition régionale constitue une source authentique et sûre
pour le propriétaire, seule la connaissance de la subtilité régionale, du
rapport des modèles à la technologie, donne l'assurance à l'identité cultu-
relle de ne pas être trompée dans son désir de vérité du retour aux sources :
"Restait à ne pas tomber dans la régionalisation à tout prix qui,
à la hâte, maquille une demeure d'Ile de France en mas provençal!...
Pour éviter ce piège, un travail approfondi d'étude des différents
pays architecturaux a été mené dans toute la France."'
- 18 -
On peut donc dire que l'identitié culturelle régionale joue comme support
économique de la région dans la mesure où son inexistence ou sa timidité
agiraient comme un laisser passer vis-à-vis des technologies autres, dont
les traditions locales ne sont pas issues.
Une t r a d i t i o n régionale-
Les discours dans leur ensemble font donc une très large référence à
la t r a d i t i o n régionale, q u ' i l faut respecter et perpétuer.
Dans les cas d'une plus grande réalité historique, les enduits à la
chaux grasse sont des revêtements typiques fortement préconisés d'ailleurs
les administrations contrôlant l'image finale de la maison (type C.A.U.E ;
Architectes des Bâtiments de France ; Architectes consultants des D.D.E.).
Cependant une démarche quelque peu nouvelle se remarque dans les propo-
sitions des constructeurs : l'aspect comtois de la maison tend désormais à
s'affirmer par un système d'ouverture plus "typique" de la tradition. Le per-
cement de la façade tend à intégrer le système des portes de grange comme
système d'entrée principale. En ce sens, l'effort des modèles SAFC est très
net : une ouverture large en arc de cercle surbaissé rappelle les portes de
granges des fernes comtoises.
mais obéissent à l'impact d'une image, reprise par les médias et l'opinion
publique, tendant à d é f i n i r une représentation unique de l'architecture
comtoise :
Bibliographie spécifique
- Découvrir la France région par région . Ed. Larousse,n° 50, fëv. 1973
(n° spécial : la Franche-Comté).
Catalogues et Publicités
IHM
53 a» I2l -s .g
s
Süll
J2 H S3
•^H le <^ t/l
~
I! i ilslt
o~ « 5 ^
r; e e - •MÏH 1',
3 3 í-Süe: •™ 'Sa S
T> H3 T3 *-*
Ö >
a> .a-a
O ¿j •ü S ¡•¡•Sí* •31.3
.2 </>
» u t Osa;
(0 'S
X _d>-•
511
al. »•si
2 .S 3
I ° * ' C t í *•»
•o oi « - s
ílf I1ÎÎ1
3 >-i
O 3
JIIII1ÎÏ IJ mi
.il ^ ä t:ä ä s - •SI-I
1
.(4
I k« • * C*
* 3 "* £:
4/)
i.ä f."
tí O
O (X
•^4
w
"3 "2:2 c
o y '
Íííí CL.«
IM T3
=¡ s;
ES.? eu ti
TSSB'
2 - 5 a,
" .tí ^ ti »1 Sil!
•Si 2 f s
rlîll
lililí
D) <a> 2 B
fill Hill
"5.S ¡2
•d) »-H
I i L5 I « S 3«3"M 3AÏ5.S* Sc/5
t - l CL. U & á«sJ3ÍÍl
ANNEXE 2
NUITS-ST-GEORGES
21. rue du Général-da-Gaulle
21700 NUITS-ST-GEORGES - Tél. : (80) 61.25.26
CHALÓN
11. me da Beifort
71100 CHALÓN - Tél. : (85) 41.65.28
FERNEY-VOLTABŒ
nFernim» 28. Grande-Rue
01210 FERNET-VOLTAIRE - Tél. : (50) 40.52.97
ST-LAURENT-EN-GRANDVAUX
1. rue de Paris
Vous envisagez, dans un pioche avenir, la construction de 391S0ST-LAURENT-EN-GRANDVAUX- Tél. :(34)34.80.24
votre maison, et vous désirez faire appel à une Société connue
pour son sérieux.
Vous serez intéressés par notre formule clés en mains LONS-LE-SAUNIER
10. place de l'Ancien-Collège
PARCE QUE 39000 LONS-LE-SAUNIER - Tél. : (84) 24.42.70
• Nous dessinons avec vous votre plan personnalisé.
S.A.B. vous PROPOSE votre AVANT-PROJET GRATUITE- DOLE
MENT. 74, rue des Arènes
• Nous étudions avec vous le descriptif de l'ensemble des 39100 DOLE - Tél. : (84) 79.14.79
matériaux qui entreront dans la composition de votre maison.
S.A.B. CONSTRUrr en TRADITIONNEL - C'EST du SOLIDE à
VOTRE PORTÉE.
• Nous réalisons votre maison en version "Clés en mains", ou
"prêt à finir" si vous le désirez.
S.A.B. vous LAISSE TRAVAILLER DANS VOTRE MAISON.
• Nous vous proposons une assistance gratuite et complète
pour l'ensemble de vos dossiers (prêts et permis de cons-
truire).
S.A.B. C'EST un SERVICE ADMINISTRATIF COMPÉTENT.
• Nous construisons votre maison au prix et dans le délai
convenus.
S.A.B. SOUHAITE AVANT TOUT vous APPORTER un MAXI-'
MUM de SATISFACTION.
En résumé, S.A.B. c'est une Entreprise régionale qui. de par
son expérience, saura vous conseiller au mieux de vos intérêts.
Nous vous remercions vivement de l'accueil que vous voudrez
bien réserver à notre Attaché Commercial.
La Société S.A.B.
ANNEXE 4
.* Une ENTREPRISE
# Des AGENCES
* Des MAISONS,
régionales
70
CO
tu
ü
"1
LLJ
Û.
CO
to. £98- o
CO
ço si I
CO
O
H
O
O
CD CD ¿ 'CB ä
C >-• 3 c ¿o •o « 3
« . -§8 3 M .2.
T3
tt "3 5 • S ® oi Ü..2 °
O) fi g 13 gl 6 CD * J
« . H 03
. O m o » J S >CD c
S -u - S=3
Ul
CO U
Q. 03 01
0 ) «—•
- tí
2 o C H v, • ° fi
CD CD 3
•s*
01
I
01
•* ta
01
> > 03
• M ca w
u 73 s-« £ KD 03 a
a-03 3 Ol •*
s g 3 O
« " tn
°.2
.2 5H
5 ca JO 5€
S oi
>.T3
** .s
01
CD
kl
D« 3
O)
in a u CD en co a • 03 fi
>0j il a c S fi
5
S ?3
CD
«03
O M O CD cd
«•s c S
" i ß Xi "U a CD fi 03 ca
01
o
o cñ"° .figo
cd « co uT ca m
.3" § 8 03
O) • * . CD a tj
2 03 - u
t i . PH S 2 oí 3 3 '-'.-< fi
03 c¡3 ca 2. o <H
3 03 Sí D) c « ra 3 ^
o S« 2 > .3. (U -S C S * 03
m x Ö CD Q) CD 33 U •CD ca 2 O 3- 01
O Ü.-CD 3 3 o 03
Sa s O c? a - a
La grande vague du que du folklore... fait partie d'un paysage. Qu'elle
Alors, on a réapprivoisé notre passé, l'enlaidisse ou l'enrichisse, elle
régionalisme touche reconquis de haute lutte les langues participe à l'image d'une région, au
aussi la construction. mourantes, les us et coutumes
déclinants. Dans cette nouvelle
bien être de l'habitant, mais aussi du
passant. Car de même que l'on se
La maison standard bataille qui est tout sauf une sent « chez soi » dans une maison qui
est morte. Les modèles régression, l'architecture tient une nous ressemble, on se sent bien dans
sa région, si elle continue de vivre son
place prépondérante. Toute maison
régionaux sont-ils
prêts pour la relève ?
SjMRff#<t»fekjf*»ii^j9»!ll»