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forêt
entreprise
N° 175
sommaire
Institut pour
le développement forestier
Service d’utilité forestière
du Centre national professionnel
de la propriété forestière
23, av. Bosquet, 75007 Paris
Tél. 01 40 62 22 80
idf@cnppf.fr
2 51 61
Directeur de la publication
Roland Martin
Directeur de la rédaction agenda matériel matériel végétal
Thomas Formery
Bialtis, une nouvelle Ameline, Gardeline, et
Rédacteur
Samuel Six protection individuelle Monteil : trois nouveaux
Conception graphique contre les dégâts de lapin merisiers très performants
Jean-Éric Ridonat (High’com)
Ph. Van Lerberghe C. Soltysiak, F. Santi, J. Dufour
Maquettiste
Sophie Saint-Jore 3
Responsable Édition-Diffusion
Pascale Maurin éditorial
Diffusion - abonnements
François Kuczynski
Publicité
9
Helium Régie
dossier
22, rue Drouot - 75009 Paris
Tél. 01 48 01 86 86
Fax 01 48 01 86 82
Impression 4
Centre Impression
BP 218 - 87220 Feytiat
actualité
Tél. 05 55 71 39 29
Numéro d’imprimeur 00094 L’orme :
Tous droits de reproduction ou
de traduction réservés pour tous
pays, sauf autorisation de
nouveaux espoirs ?
l'éditeur.
Périodicité : 6 numéros par an
Abonnement 2007
France : 46 € étranger : 60 € 5
édité par le CNPPF
Commission paritair e des
publications et agences de
parution Photo de couverture :
presse : n° 0412 B 08072 Un orme lisse adulte
ISSN : 0752-5974 accompagne une jeune
Siret : 180 092 355 00015
56 plantation de cultivars
Les études présentées dans Forêt-
entreprise ne donnent que des indi-
d’ormes résistants à la
cations générales. Nous attirons arbre hors forêt graphiose.
l'attention du lecteur sur la nécessi-
6 S. Girard, IDF
té d'un avis ou d'une étude éma- Innover en associant arbres
nant d'une personne ou d'un orga-
et cultures : les atouts de
nisme compétent avant toute appli-
cation à son cas particulier. En
cetef l’agroforesterie moderne
aucun cas l'IDF ne pourrait être tenu
Les journées nationales
responsable des conséquences - Ch. Dupraz, F. Liagre
quelles qu'elles soient - résultant de Intercetef : rencontres et
l'utilisation des méthodes ou maté-
riels préconisés.
échanges
Cette publication peut être utilisée dans A. Colinot
le cadre de la formation permanente.
agenda
Festival des forêts Ma maison naturellement !
Jusqu’au 21 juillet 2007, les forêts de Le Salon "Ma maison, naturellement !" se déroulera
Laigue et de Compiègne proposent des dans le cadre de la Foire internationale de Cler-
concerts-randonnées. La promenade est mont-Ferrand au parc technologique La Pardieu, du
commentée et donne aux randonneurs 8 au 17 septembre 2007, et s’articulera autour de
des notions de botanique, de sylviculture deux pôles : le Salon de la Forêt et du Bois, qui est
et quelques références historiques sur organisé depuis 200 4 en collab oration avec
les lieux parcourus. Les musiciens atten- Auvergne Promobois (interprofession de la filière
dent les randonneurs en forêt, « la bois) et accueille sur près de 1 200 m2 des repré-
musique jaillit, se mélange aux cimes sentants de la forêt privée, de la forêt publique, des
des arbres, pour un spectacle constructeurs, des fabricants de chalets, parquets,
grandiose ». La journée se termine par et meubles, des organismes de formation… ; et le
un concert d’exception dans une église. Salon de l’Eco Construction, qui va être développé
Renseignements et réservations sur 1 000 m2.
au bureau du Festival des Forêts, Renseignements au 04 73 69 36 00 ou par courriel : foire-clermont-cournon@wana-
6 promenade Saint Pierre des Minimes, doo.fr, site : www.foire-de-clermont.com
60200 Compiègne de 9h00 à 19h00,
tél. : 03 44 40 28 99, fax : 03 44 40 28 99, ■■■
courriel : festivaldesforets@wanadoo.fr,
site internet : www.festivaldesforets.com
Salon Habitat et Bois
À l'occasion de sa 26e édition, le salon habitat et bois d’Épinal se déroulera du 20 au
24 septembre 2007, au cœur des Vosges où l’usage du bois est de plus en plus
répandu. Prés de 400 exposants se tiendront la disposition des visiteurs pour leur
expliquer comment construire, rénover, réaménager, modifier le décor de leur habitat
à l’aide du bois, mais aussi pour conseiller sur les solutions existantes de chauffage
au bois. Preuve de l’engouement pour le bois dans l’habitat, ce sont plus de 40 000
visiteurs motivés qui l'an passé ont profité de ce carrefour d'échanges unique entre
particuliers et professionnels.
Renseignement auprès de Promotex, BP 30002, 57600 Forbach, tél. : 03 87 88 68 45,
fax : 03 87 88 59 02, courriel : info@salon-habitat-bois.com
site : www.salon-habitat-bois.com
Formations IDF
Désignation des stages Animateur Lieu Date
Le châtaignier, un feuillu très précieux J. Lemaire Bretagne 18-20 sept. 2007 (3 jours)
Le traitement irrégulier des résineux J. Becquey Auvergne 18-21 sept. (3,5 jrs)
Sylviculture des résineux : les diversifier pour
P. Riou-Nivert Orléans (45) 26-27 sept. (2 jrs)
mieux s'adapter à un avenir incertain
Forêt et qualité de l'eau F. Charnet Saint Léger des Prés (35) 02-04 oct. (3 jrs)
Comprendre
E. Lacombe, ONF Velaine en Haye (54) 09-12 oct. (3 jrs)
et appliquer le mode de traitement irrégulier
La cartographie appliquée à la forêt M. Chartier Orléans (45) 16-17 oct. (2 jrs)
Aspects fiscaux et juridiques liés à la gestion
O. Picard Paris 23-24 oct. (2 jrs)
économique des forêts
éditorial
Depuis 2002, l’IDF a repris De leurs travaux sont nées de
l’habitude, abandonnée dans nombreuses techniques
les années 70, de réunir réguliè- forestières, adaptées aux
rement les groupements de conditions économiques du
développement et Cetef à l’occa- moment, des vocations de
sion de “journées nationales du sylviculteurs et finalement, un
développement”. Alain grand élan d’extension
Colinot, en charge de cette ques- qualitative et quantitative de la
tion au CNPPF, en retrace dans forêt privée française au cours
le présent numéro les dernières des 40 dernières années.
propositions et conclusions, Avec des hauts et des bas, sous
avant les prochaines journées des formes diverses et
des 4 et 5 octobre prochains, changeantes, la plupart ont
dans la région du Mans. maintenu leur activité avec,
généralement, l’appui de CRPF
ou de Chambres d’Agriculture
Développement forestier qui mettent à leur disposition du
temps de personnel technique
et transfert des connaissances salarié ; l’ensemble constitue
l’actuel réseau du
développement forestier, actif,
Que signifie, au fait, cette original, indépendant. Plus de
appellation de “développement”, 5 000 personnes aujourd’hui !
trop souvent utilisée en agri-
culture et, par contagion, en Nous souhaitons maintenant aller
forêt privée ? Le dictionnaire plus loin et c’était l’objet de la
nous rappelle qu’il s’agit tout “journée nationale du transfert”,
simplement du progrès en organisée le 22 mai dernier.
quantité et en qualité d’une Mettre scientifiques et
personne ou d’un objet. Tel est chercheurs d’un côté,
bien le cas pour la forêt privée ; sylviculteurs et gestionnaires de
dans l’élan de l’après-guerre, l’autre, face à face, pour
après la période de améliorer et développer les
reconstruction, des groupes de méthodes du transfert des
propriétaires forestiers, appelés connaissances, telle était notre
d’ailleurs souvent “groupes de ambition. Transformer la
progrès”, se réunissent passerelle du transfert en un
spontanément, avec ou sans large pont ! Les scientifiques,
l’appui d’opérateurs extérieurs. désireux de justifier la finalité et
Se constituent ainsi, sur le l’opérationnalité de leurs travaux,
modèle agricole, des centres les gestionnaires, soucieux de
d’études techniques, des faire connaître leurs observations,
groupements de productivité, de conclusions et préoccupations de
vulgarisation, de dévelop- terrain, se rencontrent et mettent
pement… Ces groupes, selon au point de nouvelles méthodes
leur spécificité, leur composition, d’échanges de la forêt vers le
leur champ d’activités, vont labo et vice versa ; pour le bien
mettre en place des outils divers de la forêt française, publique et
et de nombreuses privée.
expérimentations pour concourir
au développement de la forêt Vous trouverez les conclusions
privée : vulgarisation des de cette journée dans le prochain
techniques, information générale, numéro de Forêt-entreprise.
formation des membres des
groupes… Thomas Formery
actualité
parutions
Fiches Informations- des différents aspects de la Claire Bigeault, 34 rue Princi-
biodiversité forestière auprès pale, 3 118 0 Saint Geniès,
Forêt de l’AFOCEL
des sylviculteurs et leur appor- courriel : claire.bigeault@free.fr
Dans la série 2/2007 : ter des connaissances néces-
– Eucalyptus : 35 ans d'expéri- saires pour favoriser des pra- ■■■
mentation dans le sud de la tiques sylvicoles de gestion
France (fiche 747). durable. Les saveurs des arbres
– Diversifier la production de C R PF Nord-Pas-de-Calais- Jean-Luc Ansel, auteur des
pin maritime dans les Landes Picardie, 96 rue Jean Moulin, « Arbres guérisseurs », « Arbres
de Gascogne (fiche 748). 80000 Amiens, tél. : 03 22 33 parfumeurs » et « Arbres bâtis-
– Bioénergies : des actions de 52 00, fax : 03 22 95 01 36, seurs » aurait pu titrer son nou-
recherche pour donner sa juste courriel : nordpicardie@crpf.fr vel ouvrage « Arbres nourri-
place au bois (fiche 749). ciers » mais a préféré un titre
– Traçabilité et échanges élec- ■■■ plus suggestif : « Les saveurs
troniques pour la filière forêt- des arbres » dans lequel il
bois-papier (fiche 750). Aigoual, la forêt renoue le « lien oublié entre
– L'industrie du sciage de pin retrouvée l’Homme et l’arbre » et invite
ce critère simple mais efficace
maritime d'Aquitaine, à l'épreu- qui est choisi dans ce guide
les lecteurs à découvrir mille et
ve du modèle allemand (fiche pour facilement déterminer,
une manière de se nourrir
751). sans connaissances b ot a-
grâce aux arbres dont on
L’ab onnement annuel, soit niques préalables, 1 150 espè-
mange les graines, les racines,
20 fiches (4 séries de 5) est au ces de fleurs, graminées,
les feuilles, les fleurs et même
prix de 44 € TTC + frais d’em- arbres et arbustes. Par son
le tronc… L’auteur présente
ballage et de port (8 € TTC texte et ses illustrations de
plus de quarante essences de
pour la France et les pays de la grande qualité, ce guide est le
tous les continents et raconte
Communauté européenne ; compagnon indispensable
les pratiques culinaires inso-
12 € TTC pour les autres). pour qui veut identifier les
lites sublimées par les « notes
Service publications de l’AFO- plantes.
gourmandes » du chef Jacques
CE L, Domaine de l’Étançon, Format 12,5 x 19,5, 496 p., en
Le Divellec. Editions Eyrolles.
77370 Nangis, tél. : 01 60 67 00 vente à IDF Diffusion, 23 ave-
Format 22,5 x 31,5 cm, 152
38, courriel : publi@afocel.fr, nue Bosquet, 75007 Paris au
pages, 32,90 € + 5 € de frais
site : www.afocel.fr prix de 29 € + 7 € de frais d’ex-
de port, disponible auprès de
pédition, tél. : 01 40 62 22 81,
Au milieu du XIX e siècle, la DLivres, 61 boulevard Saint-
■■■ forêt de l’Aigoual dans les Germain, 75240 Paris Cedex
fax : 01 40 62 22 87 ou sur
www.foretpriveefrancaise.com
05, tél. : 0 8 2 0 3 6 3 6 3 6,
La biodiversité Cévennes se réduit comme
peau de chagrin et de graves fax : 01 44 41 41 87. ■■■
forestière
inondations se multiplient dans
Le CRPF Nord-Pas-de-Calais- les vallées. Grâce à un engage-
Actes du congrès euro-
Picardie vient d’éditer une bro- ment exceptionnel, le forestier
péen d’arboriculture
chure sur la connaissance et la Georges Fabre et le botaniste Les actes du congrès européen
gestion de la biodiversité Charles Flahaut ont réussi à d’arboriculture ornementale de
forestière. Le but de cette bro- faire repousser 68 millions Nantes 2006 sont disponibles
chure de 24 pages est de d’arbres. Marc Khanne, avec en CD-Rom. Le support resti-
mieux faire prendre conscience l’aide des habit ants des tue de manière conviviale l’in-
Cévennes et des collectivités tégralité des interventions et
territoriales, a tourné un film des diaporamas. Le congrès a
sur le sujet et a réussi à retra- tourné autour de deux axes : la
cer les étapes du reboisement reconnaissance des arbres
du massif de l’Aigoual entre comme indispensables à la
1860 et 1914 : les causes du ville du futur et les démarches
déboisement, les oppositions ■■■ pratiques.
entre agriculteurs et forestiers, CD-Rom, 25 € (ou 20 € pour
Guide Delachaux des
les lois, les rachats de terrain, les adhérents SFA). Renseigne-
l’exode rural, jusqu’à la recons-
plantes par la couleur ments auprès de la SFA, Che-
titution d’un chantier de reboi- Les fleurs nous interpellent min du Mas, 26780 Château-
sement… d’abord par leur couleur. Elles neuf-du-Rhône, tél. : 04 75 90
Pour commander le DVD (20 € sont blanches, jaunes, rouges, 81 49, courriel : arbre@wana-
+ 3 € de frais de port) : Artis, roses, bleues ou vertes. C’est doo.fr, site : www.sfa-asso.fr
cetef
À lire
Les Cetef et GDF (2) sont des acteurs majeurs du réseau national du dévelop-
aise.c
sur
le web
.fo
om
www pement de la Forêt privée française. Depuis quatre ans, ils ont recommencé à se
réunir régulièrement (3) à l’occasion des journées nationales du développement.
Cet article présente une première synthèse des discussions, qui traduisent la volonté des
Cetef d’adapter leurs pratiques et méthodes aux nouveaux besoins du développement.
cetef
Répartition des participations par types d’organismes groupes « Formation-Action » du
Participation des organismes du réseau Cetef du Berry (journées de Châ-
Cetef Nombre teauroux, 2003), où les sessions
Année Région Thème Nombre
d’accueil Nombre CRPF,
Cetef
GDF, GVF,
Fogefor,
Total d’apprentissages « Éclaircies de
etc.
etc. taillis », ont permis de valoriser
2003 Centre
Cetef de Formation-
19 10 10 39
80 ha de peuplements, avec un
l’Indre Action
débouché commercial en bois de
Reconstitu-
2004 Limousin
Cetef
tion après 10 7 4 21
feu,
limousin
tempête – la mutualisation des moyens,
2005 Midi-Pyrénées
Cetef Expérimen-
12 3 11 26
avec un regroupement des orga-
garonnais tation
nismes plus ou moins poussé à
Change-
2006 Picardie
Cetef de
ment 12 10 9 31
l’échelle régionale. Cette option
l’Oise
global est en cours en région Centre où
Un noyau dur d’une dizaine de Cetef et GDF a assisté à toutes les éditions. On remarque un Fogefor régional, regroupant
que l’expérimentation, activité traditionnelle des Cetef, a peu mobilisé les GDF. les anciens Fogefor départemen-
taux, fonctionne depuis peu. Il
(changement climatique, mondiali- breux cycles associés ? La multipli- reste à en tirer les enseigne-
sation, montée en puissance du cité et la similitude des offres d’in- ments et voir dans quelle mesure
bois-énergie, coût de la main- formation et de formation propo- elle peut s’appliquer aux Cetef et
d’œuvre, etc.), les organismes doi- sées par les organismes, déroutent GDF, sans compromettre leur
vent faire l’effort de clarifier et har- le sylviculteur non initié, tout en enracinement et leur proximité
moniser leur discours technique diluant les financements dispo- aux adhérents.
aux sylviculteurs : quels types de nibles. Il est souhaitable de (re)clari-
productions, dans quels endroits, fier et re(positionner) les missions Expérimentation : devoir de
avec quelles sylvicultures, quelles et attributions des uns et des concertation, exigence de qualité
essences, quels itinéraires tech- autres, en recherchant toutes les Les jour nées de Montauban, en
niques... ? synergies possibles. 2005, consacrées au thème de l’ex-
– Comment amener les « jeunes – Comment faire face à la réduction périmentation, ont dégagé un cer-
propriétaires » à s’intéresser à la des moyens, c’est-à-dire à la baisse tain nombre d’orientations, visant à
forêt et à rejoindre les structures de des aides financières traditionnelles améliorer l’harmonisation et la qua-
développement ? L’enjeu est de et à la diminution des temps de lité des dispositifs.
capter un public pressé, peu dispo- mise à disposition des animateurs ? Concernant l’harmonisation
nible, exigeant, soucieux d’assimi- Plusieurs stratégies sont évoquées – stockage des informations expéri-
ler rapidement l’essentiel de la syl- dans les différents témoignages : mentales dans Ilex, la base de don-
vicultur e. Cela passe par la – la prise en charge des activités nées expérimentation de la Forêt
recherche d’adaptation et d’innova- par les adhérents eux-mêmes. privée française, gérée par l’anten-
tion. Certains organismes s’y Une réflexion préalable s’avère ne IDF de Bordeaux. L’objectif est,
emploient (témoignages des jour- nécessaire pour recentrer les qu’à terme, chaque organisme du
nées de Senlis, 2006) : organisa- pr ogrammes sur quelques réseau puisse accéder directement,
tion de séminaires d’été (trois à actions jugées prioritaires. C’est en ligne, à l’ensemble des disposi-
quatre jours de formation intensive, l’exemple du Cetef garonnais tifs des autres organismes ;
en regroupement sur un même (journées de Montauban, 2005), – concertation régionale, voir e
site) ; offre de formation continue où un petit groupe de volon- nationale, avant toute nouvelle
en « cours du soir » ; recours à la taires, assume seul la totalité de mise en place, de manière à har-
« e-formation » (formation à distan- l’activité expérimentale, depuis moniser les protocoles d’installa-
ce, assistée par ordinateur) ; mes- le départ de l’animateur, tion et de suivi, et faciliter ensuite
sages moins techniques, moins – l’assurance d’une valorisation la comparaison des résultats. Ne
orientés « sylviculture »... économique, contribuant à l’auto- pas hésiter à contacter le Service
– Quelle articulation entre Cetef, financement du projet de déve- expérimentation de la Forêt privée
GDF, CRPF, Fogefor et leurs nom- loppement. C’est l’exemple des (antenne IDF de Bordeaux) qui peut
cetef
aider à conduire cette réflexion
préalable.
Concernant la qualité
– conventionnement clair avec le
propriétaire (rôles et obligations
des parties, modalités techniques et
financières d’implantation et de
suivi, durée de vie de l’essai…) ;
– protocoles d’installation et de
suivi bien déterminés ;
– site facilement accessible, notam-
ment en vue des réunions de
groupes ;
– station homogène et bien définie ;
– chiffrage économique obligatoire,
régulièrement mis à jour, pour tout
© S. Six
essai.
Conclusion Un groupe du réseau de développement lors des journées InterCetef à Montauban en 2005.
Les journées nationales « InterCetef » ditionnels de subsistance des orga- ment climatique ouvre un nouveau
réunissent régulièrement une trentai- nismes. Certains Cetef cherchent à chantier considérable, où les Cetef
ne d’organismes en les invitant à s’adapter en se réorganisant et en et GDF ont un rôle prépondérant à
réfléchir ensemble aux aspects tech- modifiant leurs pratiques habituelles ; jouer. Leur connaissance du terrain,
niques et méthodologiques qui les tous éprouvent des difficultés à cap- des sylviculteurs, constituent de
préoccupent. Les discussions des ter de nouveaux adhérents. Les ren- précieux atouts pour aider à obser-
premières rencontres confirment la contres à venir, vont permettre d’ap- ver, comprendre, expliquer, le phé-
tendance à la baisse des moyens tra- profondir les réflexions et de voir si nomène et ses impacts sur la forêt.
des solutions communes peuvent Le réseau du développement parti-
Edition 2007 des journées Intercetef : être proposées. cipera à la mobilisation des éner-
« Valoriser et commercialiser Au plan plus technique, le change- gies dans ce sens. ■
ses produits forestiers »
Les jour nées InterCetef 2007 se
dérouleront les 4 et 5 octobre, sur le
Présidents et animateurs des organismes du réseau de développement de la
thème de la commercialisation des
forêt privée retrouveront dans l’Espace Cetef en ligne sur le site Intranet de Forêt
produits forestiers, sous la conduite
Privée Française une présentation et l’annuaire du réseau, des actualités, etc.
du Cetef de la Sarthe.
www.foret-privee.net/cetef
L’objectif est de responsabiliser le syl-
viculteur dans son rôle de producteur
forestier, capable de maîtriser la mise
en vente de ses produits, en déga-
(1) Alain Colinot, CNPPF bureau d’Orléans. Tél. : 02 38 71 90 62 / Courriel :
geant, autant que possible, des
alain.colinot@cnppf.fr
marges bénéficiaires satisfaisantes. (2) Cetef et GDF : Centre d’études techniques et économiques forestier et Groupement de dévelop-
Au programme : pement forestier. Dans la suite du texte, le terme générique « Cetef » désigne toutes les structures
– Visites de chantiers : bois vendus associatives de développement.
abattus bord de route, production de (3) Des réunions analogues se sont déroulées régulièrement pendant une dizaine d’années après la
plaquettes, de bois bûche, de piquets, création de l’ATVF/IDF et jusqu’au début des années 1970. Elles bénéficiaient des apports de per-
atelier de sciage mobile, etc. sonnalités diverses extérieures au milieu forestier ; elles permettaient de bien connaître les pro-
– Exposés et débats : perspectives du blèmes et besoins ressentis par les gestionnaires de forêts. L’ ATVF/IDF s’en inspirait pour adapter
marché des bois, dans le contexte de son programme. Elles ont cessé vers 1970 et leur reprise est une excellente chose pour les forestiers de
la mondialisation et des nouvelles terrain.
(4) IDF : Institut pour le développement forestier, devenu depuis janvier 2006, le Service
donnes bois-énergie, biocarburants,
recherche et développement du Centre national professionnel de la propriété forestière.
chimie verte, etc.
(5) Lire le Forêt-entreprise n°173, page 64 pour plus de détails sur le contrat d’objectifs.
dossier
dossier
sommaire
Dossier coordonné
espoirs ?
L’ or me occupait une
place particulière parmi
les espèces indigènes
françaises. Arbre des
la graphiose et aux ormes sont plus
éparses et il nous semblait judi-
cieux, au moment où de nouvelles
variétés résistantes arrivent sur le
Jean Pinon et Alain Cadic (INRA)
retraceront les principales étapes
des programmes d’amélioration
menés à l’étranger et, à partir des
champs, des villes et des bois, sa marché, de faire un point sur la tests réalisés en France, préciseront
complicité avec l’homme s’est bru- situation et dif fuser les der niers quels sont les cultivars résistants les
talement interr ompue dans les résultats scientifiques. mieux adaptés à nos conditions cli-
années 70 lorsque la deuxième épi- Dans un premier article, Eric Collin matiques. Ces cultivars, ainsi que
démie de graphiose a décimé la (Cemagr ef) présentera les tr ois d’autres hybrides non encore com-
quasi-totalité de la ressource fran- espèces d’ormes que l’on peut ren- mercialisés sont en cours d’évalua-
çaise. Plus de trente ans après cet contrer en France. Jean Pinon et tion en haies bocagères et en forêt.
épisode, où en est-on ? Dominique Piou de l’INRA feront Sabine Girard (IDF) présentera les
C’est en 1971 que la deuxième épi- ensuite le point sur les connais- premiers résultats issus de ces dis-
démie de graphiose a débuté en sances relatives au champignon positifs dans lesquels sont égale-
France. Particulièrement meurtrière, r esponsable de la graphiose : ment évalués des clones issus de la
elle a profondément modifié le pay- Ophiostoma novo-ulmi (6) et aux Collection nationale. Nous donne-
sage rural, en particulier dans les scolytes qui le disséminent. Nous rons la parole à Michel Lemonnier,
régions bocagères. Ainsi, le Calva- suivrons également l’évolution de un pépiniériste normand associé
dos, dont la ressource était quasi la situation en Basse-Normandie depuis très longtemps à la sauve-
exclusivement localisée dans les ces vingt dernières années. garde des ormes et seul pépiniériste
haies, a perdu 99 % du volume sur Depuis 1986, le Cemagref coordon- forestier ayant la licence de distribu-
pied en une douzaine d’années (1). ne le réseau national de conserva- tion des deux nouveaux cultivars.
Même si la progression de l’épidé- tion des ressources génétiques de Enfin, pour mieux comprendre l’at-
mie a été particulièrement rapide l’orme. Eric Collin nous le présente- tachement que nous portons à ces
dans les alignements (2), les dépar- ra et reviendra sur les méthodes de espèces, Samuel Six (IDF) reviendra
tements plus forestiers n’ont pas conservations et sur les possibles sur quelques anecdotes historiques.
été épargnés. En Haute-Saône, par valorisations de la Collection natio- En complément de ce dossier, des
exemple, 40 % du volume sur pied nale. Nous verrons comment l’asso- liens internet sur le sujet sont dispo-
aurait disparu en 10 ans ; il est ciation Solagro en Midi-Pyrénées nible sur www.foretprivee.com/
aujourd’hui estimé à 2,3 millions conserve les ressources régionales foret-entreprise/ ■
de m3 (1). en organisant notamment la récolte
Au début des années 90, à la suite de graines et des campagnes de
(1) Sources : www.ifn.fr et Pinon, 1993.
de « la plus grande catastrophe plantation.
(2) La contamination se fait dans ce cas à la
écologique subie par un arbr e Pour pr oduire du bois d’œuvre fois par les scolytes mais aussi par les greffes
depuis des siècles en France et en d’orme, il est nécessaire de dispo- racinaires.
Europe » (3), des synthèses ainsi ser de variétés ou cultivars résistant (3) Jean Pinon, 1994.
que des travaux de recherche ont à la maladie. Or, en France, l’orme (4) Service de la recherche, des études et du
été entrepris sous l’égide du minis- n’a pu bénéficier d’un programme traitement de l’information sur l’environne-
ment (SRETIE).
tère de l’Environnement (4). Les d’amélioration génétique. Pour
(5) Pinon J. (Ed.) 1993 - La graphiose de
résultats ont été publiés dans un cette raison, les chercheurs français l’orme, Doss. Env. INRA n°7, 60 p.
ouvrage aujourd’hui épuisé (5). se sont intéressés aux travaux de (6) Champignon nommé auparavant : Cera-
Depuis, les publications relatives à sélection conduits aux Pays-Bas. tocystis ulmi.
dossier
■ 1 cm
L’orme lisse,
le mal nommé
Lorsqu’un informateur plein d’en-
thousiasme déclare avoir découvert
un vieil « orme champêtre résistant
à la graphiose », il est prudent de
lui demander d’envoyer un rameau
ou une photo numérique d’un
rameau de cet arbre. Très souvent,
il s’agit d’un orme lisse (ou orme
diffus) et la survie de cet arbre ne Les dessins sont tirés de la Flore forestière française, tome 2 « montagnes », disponible à
résulte probablement pas d’une la librairie de l’IDF, 23 avenue Bosquet, 75007 Paris, tél. : 01 40 62 22 80,
réelle résistance à l’agent pathogè- fax : 01 40 62 22 87, courriel : idf-librairie@cnppf.fr
confondu avec l’orme champêtre, et se recroisent entre elles partout définitivement Ulmus nitens , U.
c’est en partie parce qu’il se trouve où elles cohabitent, à tel point qu’il suberosa et plusieurs dizaines
parfois là où on ne l’attend pas. M. devient très difficile, voire illusoire, d’autr es vieux noms latins qui
Bournérias et M. Jacamon notaient d’attribuer un nom d’espèce à cer- apportent plus de confusion que de
déjà, dans la préface de la Flore tains ormes associant des carac- clarté à chaque fois qu’ils refont
for estièr e française (2), que la tères issus de chacune des espèces surface, exhumés de telle ou telle
répartition précise de l’orme lisse parentes. Flore régionale ancienne.
était encore largement ignorée. Sa Dans le cas d’un hybride de pre- U. campestris – attribué par Linné et
réputation d’espèce rare, inféodée mièr e génération entr e deux encore très utilisé en France de nos
aux forêts alluviales du quart Nord- espèces pures, l’af faire est fort jours – aurait dû s’imposer définiti-
Est de la France n’incite pas à le simple et le binôme Ulmus x hol- vement. Malheureusement, depuis
rechercher ni à le reconnaître dans landica Mill. peut être employé près de 75 ans, il a perdu sa légiti-
d’autr es régions ou d’autr es commodément. En revanche, la mité aux yeux de nombreux bota-
milieux. On le rencontre pourtant situation échappe à toute tentative nistes (Melville, 1938) puisque le
assez fréquemment dans l’Ouest et « d’étiquetage » dès lors que le grand Linné lui-même a malencon-
le Sud-Ouest de notre pays, en par- sujet présente très majoritairement treusement réuni sous cette appel-
ticulier dans les vallées de la Loire, les caractères d’une espèce parente lation unique des échantillons d’or-
de la Garonne, et de leurs affluents et seulement quelques indices d’un me champêtre et d’orme de mon-
majeurs (Timbal et Collin, 1999). De apparentement avec l’autre espèce. tagne !
nombreux arbres vénérables subsis- Pour les généticiens, qui considèrent Deux solutions ont dès lors été uti-
tent également au long des routes qu’ormes champêtres et ormes de lisées pour nommer l’orme cham-
(Midi-Pyrénées, Picardie...) et dans montagne forment un « complexe pêtre en latin botanique de bon
les parcs urbains où il a naguère été d’espèces » au sein duquel les aloi. La première, celle de la Flore
abondamment planté. échanges de gènes se produisent forestière française (Rameau et al.,
en permanence, ces questions de 1989), consiste à regrouper l’en-
■ détermination et de pureté spéci- semble des formes (variétés géo-
fiques sont un faux problème. Pour graphiques) de l’orme champêtre,
L’orme champêtre le gestionnaire de ressources géné- y compris l’orme anglais, en une
et l’orme de montagne : tiques, il n’est cependant pas indif- vaste espèce unique sous l’appella-
un complexe d’espèces férent de présenter tel ou tel clone tion d’ U. minor Mill. au sens le
comme hybride plutôt que comme plus large. La seconde, préconisée
Tout ou presque oppose l’orme de champêtre ; dans la pratique, il est par Hans Heybr oek, part des
montagne et l’orme champêtre. Le préférable de parler d’orme cham- mêmes prémices mais propose de
premier, avec ses grandes feuilles pêtre ou assimilé (3). reconnaître deux espèces : d’une
se ter minant par une ou tr ois part, le vaste groupe des ormes
longues dents, est manifestement ■ champêtres autochtones en Europe
adapté aux climats froids et plu- ( U. carpinifolia Gled.) et d’autre
vieux et aux forêts de montagne où Pour en finir part l’or me anglais ( U. procera
il forme de petites populations se avec quelques vieux noms Salisb.), qui serait une variété intro-
régénérant exclusivement par latins de l’orme
voie sexuée. Le second, avec ses
champêtre
petites feuilles coriaces, est plus à
l’aise dans les plaines du sud de Bien que l’orme champêtre, avec
© S. Gaudin, CRPF
dossier
duite et cultivée depuis l’antiquité terranéen par les Grecs puis propa- moléculaires n’auront pas clarifié la
gréco-romaine (Heybroek, 2000). gée par les Romains (qui utilisaient nature réelle de ce qu’elles recou-
l’orme comme tuteur vivant pour la vrent, considérer avec méfiance les
■ vigne, voir article page 49) et in sous-espèces et variétés décrites
fine par les Anglais jusqu’en Amé- par les auteurs anciens. ■
L’orme anglais : rique et dans l’hémisphère sud
espèce ou variété ? (Heybroek, 2000). En raison de ses
particularités morphologiques et Remerciements
Le cas d’U. procera Salisb. évoqué biologiques qui le distinguent des Valery Malécot (Institut national d’Hor-
ci-dessus nous conduit à poser la autr es or mes champêtr es, et à ticulture, Angers) pour ses remarques
pertinentes sur le manuscrit.
question du rang taxonomique que cause de la singularité de son des-
l’on doit accor der aux for mes tin agronomique, l’orme anglais
locales particulières que l’on peut mérite, selon Heybr oek, d’êtr e Les noms latins des ormes :
distinguer au sein d’une espèce. Sur reconnu comme une espèce à part orme de montagne =
ce cas précis comme sur ceux de entière. En tous cas, la présence Ulmus glabra Huds.
l’or me de Cor nouailles et d’une actuelle sur le sol français de sujets orme lisse =
autre forme locale d’orme cham- adultes de cette espèce – par Ulmus laevis Pall.
pêtre anglais, l’orme de Plot, deux ailleurs fort sensible à la graphiose – orme champêtre =
botanistes britanniques spécialistes semble hautement improbable. Ulmus minor Mill.
de l’orme se sont vigoureusement
affrontés vers le milieu du siècle ■
dernier. L’un (R. Melvile) attribuait à Bibliographie
chacune le rang d’espèce à part Les recommandations
entière, l’autre (R. Richens) ne leur ■ Coleman (M.), Hollingsworth
(M.L.), Hollingsworth (P.M.) 2000.
reconnaissait qu’un statut de variété Au terme de cette courte présenta-
Application of RAPDs to the critical
au sein de la grande espèce tion de la diversité taxonomique taxonomy of the English endemic
U. minor Mill. Ces querelles pour- des ormes de France telle qu’elle elm Ulmus plotii Druce . Botanical
raient paraître byzantines si elles nous apparaît aujourd’hui, voici Journal of the Linnean Society, 133:
n’avaient de conséquences sur la quelques r ecommandations en 241-262.
représentation symbolique de leur guise de conclusion. ■ Gil (L.), Fuentes-Utrilla (P.), Soto
(A.), Cervera (M.T.), Collada (C.),
valeur patrimoniale. Ainsi, du fait Tout d’abord, veiller à n’exclure
2004. English elm is a 2,000-year-
de sa rareté et de sa qualité d’espè- aucune hypothèse a priori, même si old Roman clone . Natur e(431) :
ce endémique, on a accordé à l’or- celle-ci semble en contradiction 1053.
me de Plot un statut de protection avec ce que l’on suppose de la ■ Heybroek (H.M.), 2000. Ulmus
élevé, du moins jusqu’à ce que des répartition des espèces. Certaines procera. In Forestry Compendium.
études génétiques montrent que ce rencontres sont pour le moins sur- CAB International.
■ Melville (R.), 1938. Is Ulmus cam-
taxon n’était pas une véritable prenantes, tel cet orme lisse décou-
pestris L. a nomen ambiguum ? J.
espèce mais plus vraisemblable- vert dans les Landes, près du cours Bot. (76) : 261-265.
ment un clone anciennement pro- d’eau de Mimizan... ■ Rameau (J.C.), Mansion (D.),
pagé par les habitants des Midlands Ensuite, ne pas céder à la tentation Dumé (G.), 1989. Flore forestière
(Coleman et al., 2000). de vouloir à tout prix « classer » française: guide écologique illustré.
Selon les conclusions de nos col- chaque orme dans une espèce bien IDF, Paris.
■ Richens (R.H.), 1983. Elm. Cam-
lègues espagnols (Gil et al., 2004), précise. Il arrive que la nature résis-
bridge University Press, Cambridge,
l’orme anglais serait une variété te à un tel enfermement, comme 347 p.
clonale d’U. minor transportée par on peut le constater au sein du ■ Timbal (J.), Collin (E.), 1999. L’or-
mer d’Italie en Espagne au début complexe d’espèces réunissant les me lisse (Ulmus laevis Pallas) dans le
du premier siècle de notre ère. Ces ormes champêtres et les ormes de sud de la France : répartition et stra-
travaux confortent l’hypothèse montagne. tégie de conservation des ressources
génétiques. Revue forestière françai-
selon laquelle U. procera a été Enfin, tant que des études associant
se, 51(5) : 593-604.
importée de l’est du Bassin médi- biométrie foliair e et marqueurs
* Hybridation possible et très courante entre U. glabra et U. minor donnant des individus aux caractères intermédiaires.
(1) Sensibilité évaluée après inoculation directe du champignon Ophiostoma novo-ulmi sur des plants d’au moins 2 m (Pinon et coll.,
2005).
(2) Attractivité évaluée à partir de comptage de morsures de scolytes. Une fois l’arbre atteint, il ne semble pas y avoir de différence entre espèces
dans la réussite de nidification sous l’écorce (Piou, 2007, dans ce dossier, page 22).
(3) D’après la « Flore forestière française » tome 1.
(1) Cemagref, UR ‘Écosystèmes Forestiers’, Domaine des Barres, 45290 Nogent-sur-Vernisson, Résumé
Tél. : 02 38 95 09 68, fax : 02 38 95 03 46, courriel : eric.collin@cemagref.fr La reconnaissance des espèces euro-
(2) Flore forestière française, tome 1 « Plaines et Collines ». péennes d’orme est délicate car l’or-
(3) Le binôme Ulmus x hollandica Mill. est principalement utilisé pour désigner les hybrides me champêtre et l’orme de mon-
naturels propagés et cultivés autrefois aux Pays-Bas, en Belgique, en Angleterre et dans le nord de la tagne s’hybrident naturellement. De
France. Parmi ces cultivars, ‘Hollandica’ est un hybride morphologiquement proche de l’orme plus, la diversité des noms latins
champêtre et des Ypréaux de Picardie. En revanche, les feuilles de ‘Belgica’ et de ‘Vegeta’ rappellent donnés à l’orme champêtre et à ses
davantage celles de l’orme de montagne, mais avec une seule pointe et un pétiole plus long. Les variétés apporte souvent plus de
ormes présumés hybrides que l’on rencontre à l’état spontané dans de nombreuses régions de France, confusion que de clarté. L’orme lisse,
en Basse-Normandie par exemple, sont très polymorphes, souvent morphologiquement proches de moins rare qu’on ne le pense, est en
l’orme champêtre. On peut les ranger sous l’appellation Ulmus x hollandica mais en se gardant de revanche facile à identifier grâce à
porter à confusion avec les vieux cultivars précédemment cités ou avec les hybrides récemment obte- ses fruits longuement pédonculés et
nus en Hollande. ses bourgeons caractéristiques.
Mots-clés : ormes, taxonomie.
dossier
Comme tous les êtres vivants, l’orme a de tout temps souffert de problèmes sanitaires. Selon
toute vraisemblance, la graphiose n’affecte l’orme en Europe que depuis la première guerre
mondiale. Toutefois, et sans prétendre à l’exhaustivité, nous présentons ici des extraits de
quelques textes anciens relatant des problèmes sanitaires. Le but initial de cette recherche
était de vérifier que dans ces textes, aucune description de symptôme n’évoquait la graphio-
se. Effectivement, nous n’avons pas trouvé de mention des caractéristiques « houlettes de
berger » ni des brunissements des derniers cernes de l’aubier.
La sécheresse et ■
la galéruque
Apoplexie séveuse
© DR
où, par un trop long séjour, elle degré de la maladie. Nous leur don- Les Annales politiques et littéraires,
s’était corrompue, et avait fait périr nâmes 5 à 6 centimètres de largeur 1902.
les arbres. » en ayant soin de tailler en biseau les
H.-L. Duhamel de Monceau, Phy- lèvres des plaies, afin, d’une part, de ■
sique des arbres (voir couverture faciliter la formation de bourrelets, et
page précédente), 1758. d’une autre part, d’empêcher les Le trésor des templiers ?
individus malintentionnés et les
■ ruminants de pouvoir saisir l’écorce « Un chercheur français, Laurent
béante pour l’arracher. » Daillef a découvert dans de vieilles
Des savants qui ne E. Robert, vers 1860. archives sur les Templiers conser-
reculent devant rien pour vées dans une église à Trujillo, en
connaître l’ennemi contre ■ Espagne, une « recette » d’engrais
que les Templiers utilisaient et qui a
lequel ils vont lutter...
Des méthodes préventives la vertu de sauver les or mes
« Nous résolûmes donc, malgré les malades. À la différence des com-
« Nous avons indiqué, pour mettre
occupations dont nous sommes posts ordinaires, l’engrais des Tem-
les arbres à l’abri des ravages des
chargés pour soutenir nos diverses pliers ne contient que des matières
insectes, un procédé très usité en
publications pur ement scienti- végétales vivantes. Et un essai de
Amérique, mais aussi connu en
fiques, de faire encore le sacrifice cet « engrais » sur un orme planté,
France. Il consiste dans l’applica-
de notre temps dans cette circons- l’an dernier, à Scharbeek, un quar-
tion, à hauteur d’homme, tout
tance. Le 1er août, nous nous ren- tier de Bruxelles, s’est avéré tout à
autour du tronc de l’arbre, d’une
dîmes pour la troisième fois, et de fait concluant. Alors que les ormes
ceinture de ouate de vingt centi-
bonne heure, à Bellevue, en priant sont en voie de disparition aujour-
mètr es envir on de hauteur sur
M. Robert de nous accompagner, d’hui dans toute l’Europe, atteints
quelques centimètres d’épaisseur.
afin de continuer nos recherches de la graphiose, l’orme de Schar-
L’insecte recule devant cette barriè-
sur ces insectes et de tâcher de sur- beek n’en semble nullement affec-
r e. Nous espérions que cette
prendre leur accouplement ; chose té. Enfin un trésor des Templiers
méthode pourrait être employée
que nous avions tentée en vain en découvert... »
avec succès contre l’invasion désas-
montant sur ces arbres à l’aide
treuse de la galéruque de l’orme. »
Sciences et Avenir, mars 1985. ■
d’une bonne échelle, et en restant
longtemps ainsi en observation,
avec une patience digne d’un
meilleur succès. »
Revue zoologique, 1846.
■
Des solutions chirurgicales
« Lors de la première application de
notr e pr océdé opératoir e, qui
remonte à l’année 1846 pour le trai-
tement des arbres ravagés par les
scolytes, nous nous bornâmes à faire
de larges incisions sur les ormes
attaqués : depuis l’origine des
grosses branches jusqu’au pied de
l’arbre, nous en pratiquâmes deux,
© Jean Pinon
dossier
La graphiose est aussi appelée « maladie hollandaise de l’orme », ce qui est injuste, les Hol-
landais n’ayant aucune responsabilité dans l’introduction de cette maladie en Europe.
Grâce à des travaux assez remarquables de plusieurs chercheurs, ils ont en revanche été les
premiers à la signaler sur le continent et à mettre en évidence le champignon responsable.
© J. Pinon
perturbe la circulation de la sève et se recourber pour donner un aspect
émet des toxines. Il en résulte le caractéristique dit en houlette de
flétrissement du feuillage, soit de berger.
Coupe transversale d’un rameau infecté
l’ensemble d’une branche si la La coupe transversale d’un rameau mais encore vivant. Les vaisseaux de
contamination a eu lieu par voie infecté mais encore vivant montre printemps sont bruns car obstrués par de
aérienne, soit de toutes les le plus souvent un brunissement la gomme.
branches si le champignon a péné- net des vaisseaux de printemps du
tré via le système racinaire. Le para- dernier cerne (Photo 2). En écorçant 3
site pr ogresse plus rapidement
dans les vaisseaux vers la cime que
vers le collet. Dès lors, si la conta-
mination aérienne conduit à la mort
du sujet sensible en quelques © J. Pinon
années, la contamination via le col-
let peut conduire à la mort d’un Coupe longitudinale d’un rameau infecté.
arbre adulte l’année même de sa Les stries brunes longitudinales correspon-
contamination. dent aux groupes de vaisseaux obstrués.
■
ce rameau puis en grattant le cam-
Des symptômes bium, la mise à nu du xylème (bois)
caractéristiques révèle des stries brunes longitudi-
nales en correspondance avec les
Les symptômes de la maladie sont brunissements observés en coupe
© J. Pinon
dossier
probable que, sous ces latitudes, les fragmentaires et se rapportent pour rence. Il convient d’être prudent sur
scolytes ne puissent voler qu’un la plupart à des arbres de haies. La cette ultime tendance qui peut pro-
nombre restreint de jours. graphiose est suspectée dans 185 venir des méthodes employées.
Cette seconde épidémie fut dévas- fiches (2) parmi lesquelles seules Elle méritera d’être confir mée à
tatrice. Ainsi, des 30 000 ormes de 10 % se rapportent à l’orme lisse ou l’occasion des nouvelles méthodes
Paris (dont la moitié au Bois de Vin- l’orme de montagne. Cela pourrait d’inventaires mise en place par
cennes) il ne subsiste guère qu’un signifier une plus faible sensibilité l’IFN. Il n’empêche qu’entre deux
millier en alignement dans des de ces deux essences, ce qui serait inventaires successifs, le volume
zones mieux surveillées et sou- cohér ent avec les observations d’ormes vivants a progressé dans
mises à abattage précoce des faites lors de la première épidémie plusieurs départements (plus de
arbres malades. Le bocage nor- et celles réalisées en Angleterre au 150 000 m 3 en Seine-et-Mar ne,
mand a perdu plus de 99 % de ses début de la seconde épidémie. plus de 60 000 m3 en Côte-d’Or par
ormes. Très peu d’arbres adultes En forêt, les données disponibles de exemple). Une étude plus poussée
subsistent, le plus souvent isolés l’Inventaire forestier national (IFN) de ces premiers résultats s’avère
des foyers de scolytes. Ceux tués montrent une chute spectaculaire nécessaire.
par la graphiose donnent naissance des volumes d’orme vivant (arbre Par ailleurs et en dépit de dégâts
à des rejets ou à des drageons, qui de plus de 7,5 cm de diamètre) majeurs, il ne semble pas que les
constituent des clones des arbres entre les années de référence 1985 ormes aient subi de lourdes pertes
tués. Ils sont donc tout aussi sen- et 1995 (Figure ci-dessous). En en matière de ressources géné-
sibles et après quelques années de 1990, on observe le maximum de tiques. Même si la graphiose a éli-
croissance sans symptôme, ils sont volume « annuel » d’arbres morts. miné les grands ormes, beaucoup
à leur tour atteints par la maladie. Ce volume a, depuis, largement se sont maintenus dans les haies
En pratique, la maladie a réduit régressé et il semble se stabiliser grâce aux rejets ou drageons, ce
l’orme à l’état d’arbuste, l’empê- actuellement autour de 200 000 m3. qui n’a pas totalement réduit leur
chant de devenir adulte. On peut estimer que cette mortalité capacité à fructifier car les fruits
est essentiellement le fait de la gra- apparaissent dès les pr emièr es
■ phiose. Cette régression du volume années sur de jeunes tiges.
de mortalité ne semble pas due à
Aujourd’hui : une diminution du volume de bois ■
une situation stable ? vivant qui, à partir de l’année de
référence 1995, reste stable autour Des méthodes de lutte
Les données acquises par le Dépar- de 2 millions de m3 (principalement limitées
tement de la santé des forêts dans les haies) et a même tendance
depuis 1990 sur cette maladie sont à croître la dernière année de réfé- Pour contrer cette maladie, il faut
intervenir sur au moins l’un des
Évolution du volume d’orme en France par année de référence* trois protagonistes : le champi-
gnon, la vection (scolytes et greffes
de racines) et l’hôte.
de végétal à traiter, l’application du des injecteurs à la bonne profon- insecticide à la fois efficace et res-
produit exige son injection dans le deur. L’injection doit avoir lieu mi- pectueux des autres insectes. Seul
tr onc ou à l’empattement des mai en région parisienne et la durée l’abattage précoce des arbres
racines avec pour objectif d’imbiber de l’injection est très variable selon malades, avant qu’ils ne devien-
de fongicide le dernier cerne formé. l’arbre, l’heure et les conditions nent le siège de la multiplication
Les essais conduits en collaboration météorologiques. Si le traitement de ces insectes peut être envisa-
avec les villes de Paris et de Mala- est bien conduit, la protection est gé pour éviter cette multipli-
koff, le Service de la protection des réelle mais les concentrations de cation. Cette méthode ne vaut que
végétaux et des firmes de produits matière active détectées dans les si elle est pratiquée avec une gran-
phytosanitaires dans les années arbres suggèrent une action fongi- de rigueur sur une surface assez
soixante-dix et la mise au point de statique (4) et non fongicide (une vaste. Un exemple intéressant est
méthodes biologiques pour tracer autre raison pour ne conduire que celui de l’île de Guernesey, qui mit
le fongicide dans les troncs et les des traitements préventifs) et le à profit trois paramètres favorables :
rameaux des arbres infectés, nous traitement doit être renouvelé au insularité, climat frais et venté (sou-
ont permis de cerner les limites de moins tous les deux ans, le fongici- vent contraire aux vols de scolytes)
ces traitements. Tout d’abord, ils ne de migrant tout au plus vers le et plan de prophylaxie très rigou-
concernent que des arbres sains ou cerne formé l’année suivant le trai- reux. Dans les premières années, la
très peu malades afin que le fongi- tement. Ce traitement, compte tenu lutte fut assez efficace dans cette île
cide puisse circuler dans des vais- des limites de son champ d’applica- dont 80 % des arbres étaient des
seaux non bouchés (moins de 10 % tion, des contraintes et des coûts ormes. Pourtant un début d’épidé-
de feuillage symptomatique, envi- n’est envisageable que pour des mie se fit jour et les moyens maté-
ron) et non adjacents d’arbres déjà arbres (de préférence isolés) ayant riels et financiers devant être mis en
bien atteints, l’injection ne semblant une grande valeur patrimoniale. De œuvre devinrent hors de portée. La
pas protéger des contaminations ce fait, il est pratiqué par peu de lutte fut abandonnée et les ormes
par voie racinaire. Le traitement communes. disparurent. Le basculement ainsi
requiert un équipement difficile à observé dans cette île présente une
trouver dans le commerce actuelle- Contre les scolytes, aucun similitude avec notre suivi de deux
ment (photo 4). L’application est insecticide enclos expérimentaux d’ormes du
délicate, car l’irrégularité de l’écor- Envers les scolytes vecteurs de bois de Vincennes et suggère que
ce rend difficile le positionnement l’agent pathogène, il n’existe aucun le moteur de l’épidémie a été la
transmission racinaire. Pour empê-
cher la transmission racinaire, il
faut creuser des tranchées qui
cassent ces liaisons entre arbres.
Une pelleteuse dédiée à la pose de
câbles convient.
dossier
des cultivars hollandais et de paren- dont la résistance à la graphiose a
Résumé
té asiatique réputés résistants. Bien été démontrée sous nos conditions
La graphiose est le champignon res-
qu’une variabilité entre espèces, et écologiques peuvent être plantés ponsable du dépérissement des
surtout entre individus, ait été mise en vue de constituer des peuple- or mes. À l’heure actuelle, aucun
en évidence, aucun orme n’a résisté ments capables de devenir adultes fongicide à la fois efficace, sélectif et
correctement (mortalité partielle ou en restant sains (lire l’article page peu toxique n’est disponible pour
totale du houppier) ce qui nous 37). ■ lutter à grande échelle contre ce
fléau. De même, il n’existe pas d’in-
conduit à déconseiller la culture des
secticide efficace contre le scolyte,
individus jugés les moins sensibles. insecte vecteur de la graphiose.
De plus, contrairement aux condi- Mots-clés : graphiose, scolyte,
Remerciements
tions naturelles, la récupération a eu Les auteurs tiennent à remercier l’IFN orme.
lieu une année sans contamination. pour la mise à disposition des don-
Il en résulte que seuls des cultivars nées. Bibliographie
■ Pinon (J), 1993. Graphiose de l’Or-
me. Dossier de l’Environnement de
(1) Notamment les Annales du Service des Epiphyties. l’INRA n°7, ISSN 1244-7986, 60 p.
(2) NDLR : il s’agit des fiches d’observation remplies par les correspondants observateurs. ■ Pinon (J), Husson (C), Collin (E.),
(3) La législation relative à l’usage des produits phytosanitaires évoluant régulièrement, il est néces- 2005. Susceptibility of native French
saire avant d’envisager la lutte chimique, de vérifier usages et produits autorisés sur le site http://e- clones to Ophiostoma novo-ulmi.
phy.agriculture.gouv.fr/ An. For. Sci. 62, 689-696.
(4) qui empêche le développement du champignon mais ne le tue pas.
© H. de Grandmaison
La transmission de la graphiose de
l’orme par les scolytes Dominique Piou, DSF Bordeaux
Si en Europe de l’Ouest, moins d’une dizaine d’espèces de scolytes est susceptible de conta-
miner les ormes par voie aérienne, seules quatre ou cinq espèces sont bien représentées en
France. Contre toute attente, il reste encore beaucoup à découvrir sur ces vecteurs de la
maladie. Dominique Piou apporte ici quelques pistes intéressantes.
dossier
3 Sa détection pourrait être le simple En France, grand et petit scolyte
fait du hasard. Le scolyte se pose- produisent sans problème au moins
rait puis le « goûterait » et/ou le deux générations dans l’année et
« sentirait » pour tester son appar- l’on a coutume de distinguer la
tenance à la bonne espèce et son génération de printemps qui vole
état physiologique. Une autr e fin mai-début juin et celle d’été.
hypothèse est qu’il serait capable Des auteurs allemands ont calculé
de détecter à plusieurs mètres les qu’un orme adulte pouvait «libérer»
composés volatils émis par un plus de 400 000 adultes au prin-
orme affaibli. temps.
La phase d’agrégation ■
Dès l’arrivée du « pionnier » et le
© L.-M. Nageleisen, DSF
conditions habituelles, il est pro- Après une trentaine de jours, les de grumes contaminées, expliquent
bable que la grande majorité des larves creusent une chambre nym- en grande partie la rapidité de pro-
adultes meurent à la fin du vol, phale à l’extrémité de leur galerie pagation d’O. ulmi puis d’O. novo-
faute d’avoir trouvé l’arbre adéquat. d’où émergera un jeune adulte. ulmi en Europe. Par la suite, faute
d’arbres dépérissants, les popula- asexuées dans un premiers temps, d’observations et d’expérimenta-
tions de scolytes ont fortement puis sexuées, apparaissent dans les tions montrent que les scolytes ont
diminué. Aujourd’hui, les vieux différentes galeries de scolytes, et nettement plus de chance d’atterrir
ormes, à écorce épaisse, ont quasi- en abondance dans les chambres et de s’alimenter sur certains types
ment tous disparu à la différence nymphales des scolytes (4). Juste d’ormes.
des rejets de souche, à écorce fine. avant l’émergence, le jeune adulte, Les ormes adultes à la silhouette
Le grand scolyte est devenu moins à l’occasion de ses mouvements, se massive constituent un signal visuel
fréquent que les espèces nidifiant charge de spor es par simple fort qui attire probablement les sco-
dans les écorces fines et il n’est pas contact. Les scolytes sont les lytes durant leur vol. Dans des
exclu qu’il soit rare dans certaines seuls vecteurs du champignon car enceintes fermées où les insectes
régions. ses spores apparaissent dans des n’ont le choix qu’entre des plants
gouttelettes de mucilage collant et de moins de 2,5 m, on observe une
■ non soluble dans l’eau. bonne corrélation entre la hauteur
En fonction des conditions environ- des arbres et le taux de morsures.
La transmission de la nementales, de la position de la Ce comportement explique en par-
graphiose : une succession chambre nymphale dans l’écorce, tie le fait que certains jeunes ormes
complexe d’étapes et de la rapidité du développement isolés ne présentent pas de symp-
post nymphal, la quantité d’inocu- tômes de graphiose avant plusieurs
lum accumulée par les adultes peut années. En fait, ils ne sont suscep-
La contamination des scolytes varier énormément ; certains ne tibles d’être contaminés par les sco-
L’apparition des symptômes de la portent aucune spore, d’autres peu- lytes qu’après avoir dépassé une
graphiose dans le houppier d’un vent en transporter plus de certaine hauteur. Cette particularité
orme correspond au développe- 300 000. Pour le grand scolyte, les est utilisée dans les conservatoires
ment généralisé du champignon deux tiers des insectes peuvent être in situ, comme celui du Cemagref à
dans les vaisseaux conducteurs. Ce potentiellement vecteurs au Nogent-sur-Vernisson, où les ormes
n’est qu’après cette phase que le moment de l’émergence. sont régulièrement rabattus à 1 m,
champignon colonise l’écorce. Ce Les spores n’étant pas protégées au début du printemps, pour
passage dans les tissus les plus dans des organes spécialisés, elles échapper à la « dent des scolytes ».
externes coïncide à peu près au sont sujettes durant le vol à la des- Lors de leur repas de complément,
moment où l’arbre devient sensible siccation et à l’action des ultravio- petit et grand scolytes montrent de
à la nidification des scolytes. lets. nettes préférences lorsqu’ils ont le
Quelques jours après la pénétration choix entr e plusieurs espèces
de la femelle, on voit apparaître des L’inoculation par les scolytes d’ormes. En enceintes fermées, ils
lésions brunâtres le long de la gale- Compte tenu des différents facteurs consomment préférentiellement
rie maternelle. Le phloème meurt évoqués ci-dessus, le taux d’insectes des rameaux d’ormes champêtres
progressivement en trois à quatre réellement vecteurs au moment du ou d’hydrides naturels et délaissent
semaines. Pour le champignon, « repas de complément » est très ceux d’ormes de montagne ou lisse
cette période correspond à une variable. Ce repas représente le (Piou, 2002 ; Webber, 2004). Ceci
transition entre la phase pathogène moment clé où les scolytes inocu- pourrait être lié à la composition
et la phase saprophyte au cours de lent le champignon. Cependant, chimique de leur écorce. Toujours
laquelle il envahit tout le phloème. seules les morsures de printemps en enceintes fermées et s’ils n’ont
Durant cette phase, les souches les sont synonymes d’inoculations le choix que d’une seule espèce, on
plus invasives s’étendent aux réussie. Elles coïncident en effet au observe 6 à 10 fois moins de mor-
dépens des moins invasives. C’est maximum de sensibilité des ormes, sures sur les ormes lisses ou de
ce qui explique que le champignon laquelle diminue très rapidement au montagne, en comparaison d’or-
Ophiostoma ulmi détecté au début cours de l’année au point que les mes champêtres (Piou, 2002). Dès
du XXe siècle ait été supplanté par morsures d’été sont sans effet. lors, il est logique de penser que la
O. novo-ulmi plus puissant coloni- Même si leur arrivée sur un orme plus faible mortalité des ormes de
sateur des tissus corticaux. Dans les sain est un évènement largement montagne et lisse, observée en
mois qui suivent, des fructifications lié au hasard, un certain nombre nature par de nombreux auteurs,
dossier
provienne en grande partie de leur qu’il soit aisé de le relier à un seul
faible appétence lors du vol des facteur (comme la sécheresse par
Bibliographie
scolytes. Ceci est d’autant plus exemple). Ces variations, associées à ■ Piou (D.), 2002 - Attractive-
plausible que ces deux essences des différences interannuelles de sen- ness for Scolytus. Final report
apparaissent tout aussi sensibles sibilité de l’hôte, permettent de com- Project RESGEN CT96-78: 15-16
sinon plus sensibles que l’or me prendre pourquoi certains printemps ■ Pinon (J.), Husson (C.), Collin
champêtre aux inoculations artifi- sont plus spectaculaires que d’autres (E.), 2005 - Susceptibility of
natve French elm clones to
cielles d’O. novo-ulmi (Solla et al., en symptômes de graphiose.
Ophiostoma novo-ulmi. Annals
2005 ; Pinon et al., 2005). Il n’est Des recherches sur des clones d’or- of Forest Science 62 (7) : 689-
pas exclu que d’autres facteurs, me champêtre «résistant» au repas 696.
comme la rugosité de l’écor ce, de complément des scolytes sont ■ Solla (A.), Bohnens (J.), Collin
puissent également jouer un rôle. en cours. Associées à celles sur la (E.), Diamandis (S.), Franke (A.),
Les conditions environnementales tolérance au champignon, elles Gil (L.), Buron (M.), Santini (A.),
Mittempergher (L.), Pinon (J.),
influent également sur le taux de pourraient permettre d’augmenter
Van den Broeck (A.), 2005 -
réussite des inoculations. Au rapidement le nombre de clones Screening European elms for resis-
moment de l’essaimage de prin- proposés aux sylviculteurs. ■ tance to Ophiostoma novo-ulmi.
temps, toute augmentation de tem- Forest Science 51 (2), 134-141.
pérature entre 20 et 30 °C se tra- ■ Webber (J.-F.), 2004 - Experi-
duit par un accroissement significa- mental studies on factors influen-
cing the transmission of Dutch
tif du nombre de morsures (Web-
elm disease. Second Internatio-
ber, 2004). Au-dessus de 25 °C, les nal Elm Confer ence, Valsain,
scolytes deviennent plus actifs. Ils Spain, 20-23 May 2003. Investi-
(1) La longueur et la largeur de ces galeries
réalisent leurs repas plus rapide- gacion Agraria, Sistemas y
dépendent de l’épaisseur de l’écorce et de la
ment et forent souvent plus en pro- Recursos Forestales 13 (1): 197-
grosseur des insectes. Elles font 15-90 mm de
fondeur dans les tissus corticaux. 205
long et 1,5-2,3 mm de large chez S. scolytus,
■ Webber (J.-F.), Brasier (C.-
Dès lors, il est probable qu’ils ino- 15-70 mm et 1-2 mm chez S. multistriatus et
M.), 1984 - The transmission of
culent une quantité plus importante 11-33 mm et 0,7-1,3 mm chez S. pygmaeus
Dutch elm disease: a study of the
de spores (5). Par ailleurs, plus le (2) La femelle du grand scolyte dépose 60 à
process involved. In Anderson,
110 œufs par galerie, celle du petit scolyte de
taux d’humidité de l’air est élevé au J.M.; Rayner, A.D.M.; Walton,
100 à 150.
moment de l’inoculation, plus celle- D.W.H – Invertebrate microbial
(3) Les hypothèses et les premiers travaux sur
ci à des chances de réussir. La réus- interactions: Cambridge Universi-
la vection d’Ophiostoma ulmi par les scolytes
ty Press, Cambridge, UK: 271-
site de la transmission du champi- sont apparus dès le milieu des années 20. Ce
306
gnon à l’or me apparaît donc sont cependant les travaux conduits pas J.-J.
comme une équation complexe et Fransen, pour sa thèse de doctorat dans les
années 30, qui ont véritablement permis Résumé
les rares chiffres qui existent dans la
d’élucider le cycle de la maladie et le rôle des Les scolytes se propagent d’orme en
littérature sont assez variables mais scolytes dans celui-ci. orme en transmettant la maladie de
dépassent rarement quelques pour (4) Les chambres nymphales, situées dans le la graphiose par voie aérienne sous
cent. phloème, offrent à la fois un taux élevé d’hu- forme de spores qu’ils véhiculent.
Cela peut paraître contradictoire midité et une forte concentration en nutri- Plus les adultes sont nombreux et se
avec la quasi-disparition des ormes ments. En comparaison, celles situées dans dispersent, plus la graphiose se dif-
l’aubier ou dans les couches externes de l’écorce fuse. Le nombre d’arbres dépéris-
adultes en Europe mais il convient
offrent des conditions beaucoup moins favo- sants augmente alors rapidement ce
de mettre en relation ce faible taux rables. qui crée des conditions particulière-
avec le nombre parfois considérable (5) Des études conduites en Angleterre indi- ment favorables aux générations
d’insectes libérés par chaque arbre, quent qu’un minimum de 500 à 1000 coni- successives de scolytes, à leur tour à
qui constitue au final un potentiel dies est nécessaire à la réussite d’une inocula- l’origine de la disparition des ormes.
d’inoculum non négligeable. Comp- tion. En Italie, sur d’autres espèces d’orme, La températur e, le nombr e de
d’autres auteurs ont obtenu des taux de trans- spores et l’humidité influencent la
te tenu de l’interaction des nom-
mission compris entre 3,3 et 22,5 % avec des transmission de la graphiose.
breux facteurs en cause, il est pro- adultes de S. multistriatus contaminés artifi- Mots-clés : orme, graphiose, sco-
bable que ce potentiel varie forte- ciellement de 130 spores en moyenne par lytes.
ment d’une année à l’autre sans insecte.
La graphiose en Basse-Normandie
depuis 20 ans Julien Rousseau et Claudine Joly, Crepan (1)
En 1986, après la phase aiguë de l’épidémie de graphiose, le Crepan avait recensé les ormes
sains en Basse-Normandie. Vingt ans après, les arbres repérés sont-ils toujours vivants ?
Comment l’état sanitaire des ormes normands a-t-il évolué ?
dossier
pour but de :
– four nir un inventair e le plus
exhaustif possible des or mes
adultes sains de la région ;
– caractériser et conserver par bou-
turage les individus situés dans des
zones fortement contaminées (ceux
ayant survécu alors que tous leurs
voisins succombaient) ;
– étudier des gr oupes d’or mes
ayant résisté pour comprendre si
cet état est lié à leur patrimoine
génétique ou bien à un ou plusieurs
facteurs du milieu qu’il faudrait
alors identifier, voire à la synergie
de facteurs génétiques et environ-
© Crepan
nementaux.
La démarche utilisée pour le second
inventaire a été la même que pour Haie de jeunes ormes à Sassy (14).
le premier, mais, alors qu’en 85/86,
tous les arbres sains de diamètre ■ ment liée au fait que, lors du pre-
supérieur à 10 cm à 1,30 m du sol mier recensement, des arbres sains
étaient retenus, le seuil a été porté … 10 % de rescapés de petits diamètres ont été recen-
à 30 cm en 2005/06. L’expérience seulement sés alors qu’ils n’avaient pas encore
a montré en effet que des arbres atteint les dimensions favorables au
d’un diamètre inférieur à 30 cm Retrouver les arbres repérés en développement de la graphiose.
avaient succombé dans les années 85/86 n’a pas été chose facile (l’uti- Seuls 11 arbres, repérés il y a 20
qui avaient suivi le premier inven- lisation du GPS n’était pas encore ans, sont encore vivants et sains
taire. Pour accroître la probabilité répandue à l’époque !) et 46 arbres aujourd’hui.
qu’un orme ait subi une attaque de (soit 29 % de l’effectif initial) n’ont
graphiose durant sa croissance et pu être retrouvés ou identifiés avec ■
ait donc résisté à cette attaque, le certitude (Figure ci-dessous). Dans
recensement actuel ne prend en la plupart des cas (63 %), les arbres De nouveaux individus
compte que les arbres sains de plus repérés lors du premier inventaire à sains repérés
de 30 cm de diamètre. ces emplacements sont morts.
Cette forte proportion est certaine- Le recensement d’ormes adultes
sains se poursuit en 2007. D’ores et
Évolution de l’état sanitaire des ormes sains repérés il y a 20 ans déjà, des arbres non mentionnés en
85/86, ont été localisés dans le Cal-
vados, la Manche et l’Orne. Cer-
tains d’entre eux, sont très âgés ce
qui confir me que les pr emiers
inventair es n’avaient pas été
exhaustifs et montre l’intérêt de la
poursuite de ce travail.
Au total, le bilan d’évolution des
or mes en Basse-Nor mandie est
mitigé. Peu d’ormes de 1985/86
sont encore en vie, ce qui confère à
ces rescapés une valeur d’autant
dossier
être aggravée par le phénomène « pollution » ou se réjouir de l’op- D’autres « copies » des clones
de « dérive génétique » qui s’exer- portunité d’évolution qu’elle autori- bouturés sont plantées pour des
ce dans les petites populations se ? En tous cas, il est prudent tests pathologiques où leur résis-
où le nombr e de pèr es et de d’éviter l’introduction massive de tance éventuelle à la graphiose est
mères participant à la régénéra- plants d’origine allochtone. Les évaluée à la suite d’inoculations
tion de la population est trop or mes n’étant pas soumis à la artificielles réalisées en partenariat
faible. réglementation française sur le avec l’INRA. Cette méthode de
Le risque de perte de diversité commerce des matériels forestiers conservation permet donc à la fois
génétique semble également de reproduction, c’est aux utilisa- de sauvegar der rapidement un
important dans le cas de l’orme teurs français eux-mêmes d’y grand nombre de clones originaires
lisse (U. laevis) peu attractif pour les veiller. de diverses régions et de sélection-
scolytes vecteurs de la graphiose ner les moins sensibles à la mala-
mais durement touché par le défri- ■ die. Elle convient bien à l’or me
chement des ripisylves au profit de champêtre, espèce facile à boutu-
l’agriculture et de la populiculture. Imiter Noé r er, mais est plus dif ficilement
Inversement, qu’en est-il des ou suivre Darwin ? applicable à l’orme de montagne,
risques de « pollution génétique » qui ne se reproduit bien que par
causés par l’importation de prove- En France comme dans de nom- voie sexuée.
nances étrangères ou l’introduction breux autres pays européens, les En revanche, pour les émules de
d’espèces asiatiques résistantes à la premières mesures de sauvegarde Charles Darwin, la préservation de
graphiose ? Ce problème ne se de la diversité biologique des la capacité d’adaptation d’une
pose pas actuellement avec acuité ormes ont consisté à prendre des espèce dans son environnement
en France, où l’on plante peu boutures sur de vieux ormes avant naturel importe plus que la conser-
d’ormes. Certains cultivars hybrides que tous ne disparaissent. Le vation du génotype d’individus
d’espèces asiatiques, Resista ® réflexe de Noé en quelque sorte… remarquablement âgés ou résis-
Sapporo Gold en particulier, ont été à ceci près que l’Arche n’est pas un tants. La conservation dynamique
plantés dans les campagnes fran- navire mais une plantation conser- in situ de populations naturelles
çaises mais, pour l’instant, rien n’in- vatoire de clones où les jeunes d’or me lisse ou de montagne
dique que de tels cultivars produi- arbres issus des bouturages sont semble encore possible dès lors
ront de grandes quantités de pol- taillés à 1,5 m de haut de façon à que le nombre d’arbres en âge de
len, ni que leur floraison coïncidera ne pas attirer les scolytes, ces der- fleurir est suffisant pour assurer une
avec celle des ormes indigènes. En niers ne s’alimentant que sur des nouvelle génération génétiquement
Espagne et en Italie, où l’espèce arbr es de plus grande taille. diverse, au sein de laquelle la sélec-
asiatique Ulmus pumila L. a été
anciennement et très largement
introduite, on assiste en revanche à
l’hybridation spontanée de l’orme
champêtre Ulmus minor et de son
homologue asiatique ; pour l’ins-
tant, les croisements s’effectuent
principalement de manière asymé-
trique (U. pumila pollinisé par l’or-
me champêtre) mais il est vraisem-
blable que les individus hybrides
seront de plus en plus fréquents et
que des gènes de l’espèce asia-
© E. Collin
dossier
graines à large base génétique. ces clones est également conservée
Cette solution est particulièrement à long terme par l’AFOCEL sous
appréciable quand les populations forme de bourgeons maintenus à
naturelles sont trop petites ou trop -196 °C dans l’azote liquide. Après
morcelées pour se maintenir dura- décongélation, certaines cellules de
blement sans risque d’ér osion ces bourgeons pourront être culti-
génétique et de consanguinité. vées in vitro pour reconstituer des
plantes entières.
■ En matière de conservation dyna-
mique, le Cemagr ef collabor e
Agir à différentes échelles depuis 1998 à des actions de ges-
tion in situ de populations d’orme
C’est d’abord au niveau régional, en lisse dans le bassin de la Garonne et
Basse-Normandie, que des initia- dans celui de la Loire. De telles
tives d’urgence ont été prises pour actions sont menées en étroite col-
assur er le bouturage d’or mes laboration avec les naturalistes ges-
champêtres survivants (voir l’article tionnaires des sites concernés. Un
page 26). Plus de 60 clones ont programme similaire a été récem-
© I. Bilger, Cemagref
alors été conservés par le Crepan ment engagé par le Cemagref, avec
en collaboration avec les pépinières l’appui de l’ONF, dans plusieurs
Lemonnier. Peu après, en 1987, le populations d’orme de montagne
programme national de conserva- des Pyrénées.
La sauvegarde des ressources génétique de tion ex situ des ormes champêtres Au niveau de l’Union européenne,
l’orme de montagne passe avant tout par a été défini par le ministère de le pr ojet eur opéen Resgen 78
la régénération naturelle et la protection l’Agriculture et confié au Cemagref. (1997- 2001) coor donné par le
des semis de la dent du gibier. Ce programme, initialement focalisé Cemagref, a permis de rationaliser
sur l’orme champêtre, a été pro- la conservation de clones d’ormes
tion naturelle conservera les semis gr essivement étendu aux deux dans neuf pays de l’UE. Une base
les plus adaptés aux nouvelles autres espèces indigènes en France. de données commune a été créée,
conditions de leur environnement Actuellement, plus de 400 clones et le travail de conservation et
(pathologie, climat…). Dans cette (300 ormes champêtres ou hybri- d’évaluation des clones a été parta-
approche dynamique, il est essen- des d’orme champêtre, 80 ormes gé. Des études génétiques à l’aide
tiel de favoriser la floraison et la lisses, 30 or mes de montagne), de marqueurs moléculaires ont per-
fructification des arbr es de dont les clones du Crepan, sont mis de clarifier la taxonomie des
manière à faciliter les échanges réunis dans la Collection nationale ormes (lire l’article page 11) et de
de pollen et la recombinaison des gérée par le Cemagref. Ce matériel lever un coin du voile sur les routes
gènes présents dans la popula- a été obtenu par bouturage de suivies par les ormes pour recoloni-
tion. Peu importe que des ormes pousses herbacées prélevées sur ser l’Europe occidentale après les
succombent à la graphiose s’ils ont des ormes adultes apparemment glaciations. Les clones les plus
transmis à leur descendance une indemnes de graphiose. Une dizai- résistants à la graphiose permet-
diversité génétique suffisante pour ne de régions, surtout dans la moi- tront de contribuer, en mélange
que la population perdure et conti- tié nord de la France et la région avec d’autres espèces d’arbres et
nue à évoluer, à s’adapter ! Poitou-Charentes, ont été prospec- d’arbustes, à la reconstitution du
Pour réconcilier Noé et Darwin, on tées en collaboration avec les ser- paysage bocager ainsi qu’à la diver-
peut r ecourir à une tr oisième vices forestiers locaux et diverses sification des espèces et variétés
méthode, appelée conservation associations. La Collection nationale mises sur le marché. L’effort doit
© E. Collin
dynamique ex situ. Elle consiste à est conservée à Nogent-sur-Vernis- maintenant porter sur la conserva-
favoriser la production de graines et son (Loiret) et à Guémené-Penfao tion dynamique in situ des ormes à
de semis au sein de plantations (Loire-Atlantique) sous forme de l’échelle de leur aire de répartition.
conservatoir es ou de vergers à haies basses. Une soixantaine de Dans ce but, une stratégie paneuro-
dossier
■
De l’inventaire à la
création du Conservatoire
En 1995, grâce à la mobilisation du
© Solagro
dossier
été retenus. Soit 68 arbres au total.
Après discussion avec nos parte-
nair es scientifiques (Cemagr ef,
Conservatoire botanique pyrénéen),
nous avons opté pour la production
de plants par semis. Le bouturage
est envisagé sur une quinzaine
d’arbres remarquables et sains. Il
peut également être déclenché en
urgence si un individu remarquable
est frappé par la graphiose, sous
réserve que l’alerte soit donnée à
temps par un « conservateur local ».
■
© Solagro
© Solagro
De la collecte
à la plantation Récolte de graines sur un orme champêtre Planche d’ormes lisses, 5 mois après le
avec un échenilloir. semis.
Les samares doivent être collectées
dans l’arbre, et non au sol, pour Un échenilloir monté sur un Un programme de plantation plu-
deux raisons. On est assuré du manche télescopique de 5 m (voir riannuel permet d’établir avec le
pied-mère, essentiel à l’évaluation photo) permet d’atteindre l’extré- pépiniériste un accord de culture
de l’expérimentation. L’autre raison mité des rameaux porteurs des qui fixe les engagements des deux
est pratique : les samares ramas- samares. Sur les arbres hauts bran- parties : identification des lots,
sées au sol sont souvent dépour- chus, l’intervention d’un grimpeur nombre de plants produits (achetés)
vues de leur graine. Leur récolte est élagueur est indispensable, mais par lots, coût de production... Ce
aussi plus fastidieuse. La collecte chère à cause de la dispersion des partenariat étroit a été conclu avec
intervient lorsque les samares com- arbres. la pépinière forestière Vitali (aujour-
mencent à jaunir. Avant les graines d’hui Pépinières Roumagnac).
ne sont pas complètement formées Les lots de graines (on parle de
(non fertiles). Plus tard, les samares familles, puisqu’il s’agit de demi-
risquent de se détacher sous l’effet frères) sont apportés à la pépinière.
du vent. En Midi-Pyrénées, la Stockée en chambre froide, chaque
bonne maturité intervient entre mi- famille est semée sur une planche
avril et mi-mai selon l’espèce. vers la fin juin. Vers la mi-juillet, les
Pour préparer la collecte, le réseau plantules sont repiquées individuel-
des « conservateurs locaux » est lement dans des plaques de godets
très précieux, souvent déterminant. forestiers de 400 cm 3 , jusqu’au
© Solagro
orme adulte isolé et sain afin de 7 familles d’ormes lisses issus de Bibliographie
ne pas lui transmettre la maladie. forêts alluviales (1 000 arbres) et
L’or me champêtre, a priori plus 7 familles d’ormes lisses hors forêt ■ Collin (E.), Segonds (J.), Coulon
sensible à la graphiose, convient alluviale (800 arbres). (F.), Demesure (B.), Black-Samuels-
son (S.), 2000. Étude et conserva-
mieux en haies ou en bosquets Les ormes champêtres ont été plan-
tion de la diversité génétique de
(mélange d’espèces locales). Toute- tés dans les projets de création de l’orme lisse (Ulmus laevis) en région
fois, il est souhaitable de planter haies champêtres (agriculteurs), dont Midi-Pyrénées. Cemagref, Nature
moins de 5 % d’ormes pour éviter certains animés par des associations Midi-Pyrénées, Solagro, ONF, Swedi-
la destructuration de la haie en locales de planteurs de haies. Des sh University of Uppsala. Colloque
cas de graphiose (même si les communes et des intercommunalités du Bureau des ressources géné-
tiques, Toulouse.
ormes rejettent abondamment de ont implanté des ormes lisses en
■ Coulon (F.), Meiffren (I.), 2005.
souches). Les plantations en aligne- milieu naturel. La participation des Tant qu’il y aura des ormes. Conser-
ment sont déconseillées pour la particuliers est forte. vatoire in situ de l’orme en Midi-
même raison. Les jeunes or mes Pyrénées. Brochure de 13 fiches
lisses issus de forêts alluviales sont ■ techniques.
intéressants pour créer de nou-
veaux peuplements. On doit alors Suivi des plantations
veiller à y intr oduir e plusieurs
familles pour enrichir sa diversité Le suivi des plantations révèle la
génétique. Ces jeunes ormes peu- bonne reprise des ormes (supérieu-
vent aussi être réintroduits dans re à 95 %) malgré des étés particu- Résumé
Un inventaire bénévole des ormes
leur site originel pour conforter la lièrement secs et chauds.
ayant survécu à la maladie de la gra-
population existante. Quant aux L’évaluation de leur « résistance » phiose a donné naissance en 1995
ormes lisses d’origine non allu- éventuelle à la graphiose nécessite au Conservatoire régional in situ de
viale, ils sont exclus des planta- un suivi sur une longue période (15 l’orme en Midi-Pyrénées. Le suivi
tions en ripisylve pour préserver à 20 ans), avec un pas de temps de réalisé tous les 5 à 7 ans sur près de
la dynamique des populations 4 à 5 ans, en faisant appel au béné- 1 700 ormes met en évidence une
stabilisation de l’état sanitaire des
naturelles éventuellement pré- volat associatif et à la participation
ormes dans la région. Depuis 2002,
sentes. des « conservateurs locaux ». le Conservatoire a lancé une cam-
Le choix du lot se fait selon un cri- L’action de plantation du Conserva- pagne de plantations d’ormes à par-
tère de proximité : le jeune orme toire sera poursuivie, mais dans un tir d’individus sélectionnés au sein
sera implanté dans la même unité cadre restreint. Elles seront concen- de la population naturelle, pour éva-
géographique (région forestière) trées sur des sites d’enjeux écolo- luer leur capacité de résistance.
Mots-clés : ormes, Midi-Pyrénées,
que l’arbre-mère, et si possible à un giques majeurs, comme les milieux
conservatoire in situ, inventaire sani-
rayon de 50-60 km. alluviaux ou for estiers (Natura taire.
Au total, 3 000 or mes ont été 2000…). ■
plantés en 3 ans. Ils appartiennent
à 21 lots dif férents : 7 familles (1) Solagro, 75 Voie du Toec, 31076 Toulouse cedex 3, tél. 05 67 69 69 00, site :
d’ormes champêtres (1 200 arbres), www.solagro.org
dossier
À lire
aise.c
sur
le web Compte tenu de la faible résistance des ormes indigènes, le recours à des culti-
.fo
om
www
vars constitue la seule approche réaliste pour le moment si l’on veut planter du
matériel résistant à la maladie. En théorie, il existe une gamme assez large mais l’examen
des informations et expériences disponibles en Europe montre que le choix est plus restreint.
la suite de la première chaque variété. Nous avons alors soixantaine d’hybrides conçus par
■
Les cultivars italiens
© J. Pinon
ché et ‘Arno’ et ‘Fiorente’ le seront
prochainement. Nous n’avons pas
testé ces cultivars mais nous avons Plantation installée au Bois de Vincennes pour observer l’état sanitaire d’une soixantaine
de bonnes raisons de penser que d’hybrides conçus aux Pays-Bas dans des conditions réelles de contamination.
leur réputation de résistance est
justifiée. En revanche, la proportion recoupent ou non celles fournies lation en pépinière le bon niveau
de parenté européenne est plus par la littérature (Tableau 1). De de résistance de Resista ® ‘New
faible que chez les hybrides hollan- plus, rien ne renseigne sur leur Horizon’ (1).
dais. adaptation à nos milieux et il ne
semble pas exister de publication ■
■ relative à l’essai de ces cultivars en
Europe, à l’exception d’une étude Quatre cultivars
Les cultivars américains britannique. S’ajoute à ces man- recommandés en France
ques d’information une difficulté,
De nombreux cultivars ont été pro- voire une impossibilité de trouver Au final, quatre cultivars peuvent
posés en Amérique du Nord mais nombre de ces cultivars sur le mar- être recommandés actuellement :
la littérature les concernant est sou- ché européen. Seul Resista® ‘Sap- Resista®‘Sapporo Autumn Gold’ et
vent pauvre et les réputations de poro Autumn Gold’ a été souvent Resista®‘New Horizon’ (de parenté
résistance seraient à vérifier systé- utilisé en France. Des infections totalement asiatique) ainsi que
matiquement sous nos conditions naturelles par la graphiose ont été Lutèce ®‘Nanguen’ et Vada ®‘Wa-
écologiques. Nous en avons testé observées mais les arbres guéris- noux’ (essentiellement européens).
quelques-uns et nos notations sent. Nous avons vérifié par inocu- Il résulte de l’origine de ces variétés
dossier
La résistance à la graphiose peut-elle être contournée ?
L’actualité récente relative au peuplier a rappelé que certains champignons pouvaient contourner les résistances. La ques-
tion mérite donc d’être posée à propos de l’orme. Les mécanismes mis en jeu pour résister (barrières histologiques, compo-
sés fongitoxiques) sont probablement gouvernés par plusieurs gènes, et donc a priori difficiles à contourner. Actuellement,
aucune piste sérieuse ne permet de faire un pronostic. L’apparition de souches de l’agent pathogène encore plus agressives
serait probablement fatale pour le champignon, qui disparaîtrait s’il anéantissait son espèce hôte. En Asie, plusieurs espèces
d’orme expriment durablement leur résistance. Le risque nul étant exclu des activités humaines, la sagesse consiste à
diversifier les cultivars utilisés. De plus, les nouveaux peuplements peuvent impliquer des mélanges d’essences et être
conçus de manière à empêcher la greffe des racines d’orme, mode sévère de contamination, en intercalant d’autres
essences non hôtes.
Quels sont les mécanismes qu’elles sont distinctes pour la racinair e enr oulé sur lui-même
impliqués dans la résistance forme et l’aspect du feuillage. Un néfaste à sa reprise.
à la graphiose ? choix d’aspect est donc possible.
Les hybrides résistants (qui dévelop- En zone méditerranéenne, on pour- Resista®‘New Horizon’
pent très peu ou pas de symptômes
ra également essayer des cultivars Cet hybride de type Ulmus japonica
foliaires après inoculation) dévelop-
pent, au sein du cerne infecté, une italiens. x pumila offre une forme plus com-
barrière histologique (constituée de pacte que le précédent et sa
fibres et de vaisseaux) entre le bois de Resista®‘Sapporo Autumn conduite est plus aisée en aligne-
printemps et le bois d’été. Cette bar- Gold’ ment. Sa croissance est soutenue
rière est généralement complète et De type Ulmus japonica x pumila, il mais pr obablement inférieure à
s’oppose à la migration du champi-
est morphologiquement distinct celle de Resista®‘Sapporo Autumn
gnon vers les vaisseaux d’été. La limi-
te des cernes constitue une barrière des ormes indigènes. Sa cime est Gold’ et son feuillage est dense.
supplémentaire. Le faible nombre de ample et son port un peu buisson- Plus récemment introduit sur le
rameaux dont de rares feuilles peu- nant peut justifier des tailles de for- mar ché il est l’exclusivité d’un
vent présenter un flétrissement, tra- mation. Sa croissance soutenue et pépiniériste en France.
duit aussi une difficulté pour le cham- la couleur de son feuillage varie
© J. Pinon
Pour évaluer la résistance d’un orme, un liquide contenant les spores du champignon Pour en savoir plus
O. novo-ulmi est déposé au niveau d’une blessure. Brookes (A), 2005. An evaluation of
disease-resistant hybrid and exotic
eur opéens, résistance au vent dération. Quelques autres clones elms as larval host plants for the
(Tableau 2). présents à l’INRA d’Angers ont été White-letter Hairstreak butterfly Saty-
rium w-album. Part 1: adaptation to
éprouvés pour leur résistance à la the south Hampshire environment.
Vada®‘Wanoux’ graphiose et constituent donc un Butterfly Conservation, Lulworth, UK,
Ce cultivar est le fruit d’une pollini- réservoir de diversité. 38 p.
Pinon (J.), Husson (C.), and Collin
sation libre de ‘Plantijn’, cultivar qui En usage ornemental, les planta-
(E.), 2005. Susceptibility of native
comporte dans ses ancêtr es un tions sont généralement conçues French clones to Ophiostoma novo-
quart d’Ulmus wallichiana, un quart comme des réalisations nouvelles ulmi. An. For. Sci. 62, 689-696.
d’orme de montagne et une moitié ou des remplacements. Dans ce Pinon (J.), Lohou (C.) and Cadic (A.),
1998. Hybrid elms, adaptability in
d’orme champêtre. Il se distingue cas, le nouveau peuplement ne Paris and behaviour towards Dutch
de Lutèce® ‘Nanguen’ par un port comporte a priori que des cultivars Elm Disease. Proceedings of the Inter-
plus élancé et une croissance un résistants. À l’inverse dans le boca- national Symposium on Urban Tree
peu supérieure : 14 mètres de hau- ge ces cultivars peuvent parfois être Health, 22-26 septembre 1997, Paris,
Acta Hortic. 496, 107-114.
teur et 24 cm de circonférence à implantés en mélange avec des www.dutchelmdisease.org/start.html
4 x 4 m d’espacement à 20 ans. ormes indigènes (sensibles) ce qui
Son feuillage est également d’un soulève la question de la transmis- Résumé
vert soutenu et conforme à celui sion racinaire de l’agent pathogène Comme il n’est pas possible actuel-
des ormes indigènes. Son boutura- des ormes indigènes vers les culti- lement de lutter efficacement contre
la graphiose en s’opposant à l’agent
ge est facile. vars. La résistance de ceux-ci a été pathogène (le champignon) ou à son
éprouvée par des inoculations de mode de dissémination (les sco-
■ tige. Un petit essai conduit récem- lytes), la seule voie pour obtenir des
ormes adultes et sains réside dans la
ment à Nancy a permis d’inoculer plantation d’arbres résistant à la
Le besoin des ormes champêtres très sen- maladie.
de diversification sibles plantés au sein de nos sélec- Actuellement, quatre cultivars sont
r ecommandés: Resista ® ‘Sappor o
tions. Ces dernières n’ont pas été
Autumn Gold’ et ‘New Horizon’ (de
Il est important d’utiliser tous les contaminées jusqu’à présent. Tou- parenté totalement asiatique) ainsi
clones disponibles à la fois pour tefois la dimension modeste de cet que Lutèce ® ‘Nanguen’ et Vada ®
mettre en valeur leurs propriétés et essai ne permet pas de conclure ‘Wanoux’ (de parenté essentielle-
ment européen).
aussi pour assurer une diversifica- définitivement. Les essais conduits Mots-clés : ormes, cultivars, résis-
tion. En effet, nul ne peut prévoir par l’IDF dans les bocages de tance.
toutes les évolutions futures dont l’Ouest de la France permettront
des adversités, mineures actuelle- dans les pr ochaines années de (1) Le cultivar Resista® Rebona, également
ment, qui devraient éventuellement conclure sur cette question. Par distribué en France n’a pas été testé dans les
être prises ultérieurement en consi- prudence, en attendant ces résul- conditions pédoclimatiques françaises.
dossier
Tableau 1 : Résistance à la graphiose de différents cultivars inoculés par l’INRA (1)
Résistance selon Test de résistance
Cultivar Obtention Année
la littérature par l’INRA
‘Cathedral’ États-Unis 1994 + +
Resista® ‘New Horizon’ États-Unis 1994 ++ ++
‘Recerta’ États-Unis 1993 + +
‘Regal’ États-Unis 1983 ++ _
®
Resista ‘Sapporo
États-Unis 1973 ++ ++
Autumn Gold’
‘Clusius’ Pays-Bas 1983 + _
‘Commelin’ Pays-Bas 1960 _ _
‘Dodoens’ Pays-Bas 1973 + _
‘Groeneveld’ Pays-Bas 1963 + _
‘Lobel’ Pays-Bas 1973 + _
‘Plantijn’ Pays-Bas 1973 + +
®
Lutèce ‘Nanguen’ Pays-Bas et France 2002 ++
®
Vada ‘Wanoux’ Pays-Bas et France 2006 ++
Lutèce®
5 13 **** ***** **** ***** ****
‘Nanguen’
Resista®
3 5 ** ***** *** **** **
‘New Horizon’
‘Plinio’ 4 9 *** ***** *** **** ***
‘San Zanobi’ 4 15 * *** * **** *
mail@pepinieres-
x x Lemonnier Les Ecoulouettes 61250 Forges 02 33 27 05 01
lemonnier.com
N.B : seule la pépinière Lemonnier vend aux particuliers, les autres vendent en gros à des collectivités, des pépiniéristes, paysagistes…
Qu’il s’agisse des derniers hybrides obtenus à l’étranger ou bien des boutures de certains
ormes français appartenant à la Collection nationale, leur comportement doit être évalué
dans différents milieux pour que soient définies les conditions d’installation et de suivi les
plus favorables à leur développement. Premier bilan d’un réseau installé par l’IDF dans le
Nord-Ouest du pays.
dossier
tiques (U. pumila et U. wallichiana).
Graphique 1 : Croissance en hauteur des différents clones testés dans
Les 4 souches françaises que nous deux dispositifs du réseau
avons testées (FRA.US.032, 83, 203
et 250 que nous désignerons ici : Boisement
P 032, P 083, P 203 et P 250), qua- d’Esnes (59)
lifiées de « clones patrimoniaux », a réalisé sur une
ab ancienne prairie,
Hauteur ( cm)
sont issues de la Collection nationa- bc
situé en haut de
cd
le et originaires du Grand-Ouest plateau sur un
d
(Tab.1). Elles ont été proposées par sol profond, acide
Eric Collin suite aux résultats obte- (pH 4,5 à 5,5),
à dominante
nus dans des études préliminaires. limoneuse (limon
Les plants des « hybrides » ont été non compacté) et
produits en godet par Agri-Obten- à bonne richesse
chimique.
tions à Dijon à l’exception des
Les lettres traduisent les résultats de la comparaison statistique des hauteurs moyennes des clones testés la 4e année de
Resista ® Sappor o Autumn Gold croissance (H4). Les clones affectés de lettres différentes ont des moyennes significativement différentes.
produits racines nues par les pépi-
nières Lemonnier. Les plants des
« clones patrimoniaux » ont été Haie bocagère
Hauteur ( cm)
Total = 74
* Les clones P 083 et P 203 n’ont pas été pris en compte dans l’analyse car ils ont été plantés une année après les autres.
dossier
ces premières expériences. Néan- année, un passage annuel en taille/ 1
moins, compte tenu de la vigueur élagage. En contrepartie, et compte
des arbres et du grossissement tenu de la très forte croissance de
rapide des fourches, il nous semble l’espèce, la bille de pied pourrait
important de les supprimer le plus être formée rapidement (en moins
tôt possible. Pour la même raison, d’une dizaine d’années par exem-
l’élagage doit commencer très tôt, ple sur le site d’Esnes).
en particulier lorsque les arbres ne Pour juger de la facilité de conduite
sont pas « gainés » latéralement. En en haut jet des différents clones, nous
attendant de pouvoir cer ner la avons enregistré sur plusieurs dispo-
meilleur e façon d’élaguer des sitifs, la durée des interventions en
ormes, nous conseillons de suppri- taille et élagage et/ou le nombre de
mer progressivement et sélective- coups de sécateurs donnés pour cha-
ment les plus grosses branches cun d’entre eux. Il ressort nettement
latérales en veillant à ne pas désé- que le clone Resista ® Sapporo
quilibrer le houppier. Compte tenu Autumn Gold est le plus difficile à for-
de ces observations, les personnes mer : comparativement aux autres
désireuses d’installer des ormes ormes, il faut 2 à 3 fois plus de temps
pour produire du bois d’œuvre doi- pour le tailler. Quant aux autres
vent êtr e conscientes que leur hybrides et aux ormes « patrimo-
© S. Girard
conduite nécessite, dès la première niaux » testés, tous semblent nécessi-
2
La présence de fourches récurrentes et de
très nombreuses branches latérales est
caractéristique du développement aérien
de l’orme. Certains clones individualisent
néanmoins rapidement un axe principal
bien vertical. Ici Lutèce ®Nangen âgé de
4 ans sur le site de Mellé (Ille et Vilaine).
ter, pour le moment du moins, le
même temps d’intervention.
■
Un état sanitaire
à surveiller
Les plants installés font également
l’objet d’observations de leur état
sanitaire, en portant une attention
particulière à l’apparition éventuelle
de symptômes de graphiose. Ces
dispositifs permettent en effet de
compléter les travaux d’inoculations
© S. Girard
lité « suspecte » de trois individus Concernant les souches « patrimo- nale de façon à ce qu’elles fleuris-
du clone P 250. L’origine n’a pas niales » que nous avons testées, les sent et se croisent naturellement.
encore été scientifiquement établie principales réserves que nous Les graines obtenues puis les plants
mais les symptômes (dessèchement ferons concernent leur tolérance à issus de ces graines participeraient
brutal du feuillage au printemps la graphiose. Elle doit avoir été éva- à la diversification des espèces
2006) correspondent à ceux obser- luée scientifiquement avec des plantées en milieu rural tout en
vés lors d’attaques de graphiose témoins résistants – comme peu- conservant de façon dynamique le
(lire l’article page 17). vent l’être certains hybrides – pour patrimoine génétique des ormes
que l’utilisation de telles souches à indigènes. ■
■ des fins de production de bois
d’œuvre puisse être conseillée sans
En conclusion crainte. Qui voudrait investir (1) Tous les plants d’un même cultivar ont le
même patrimoine génétique et donc la même
(plants, protections gibier, taille/éla-
sensibilité à divers facteurs (gelées, sècheresse,
Concer nant les deux hybrides gage…) sur des arbres qui risquent pathogènes, pollutions, etc.) ce qui est un fac-
récemment mis sur le marché (Lutè- de se dessécher en quelques teur de risque lorsque ce cultivar est très
ce® Nangen et Vada® Wanoux), nos semaines une fois atteintes les répandu (encart de Jean Pinon sur ce sujet,
page 39).
observations montrent que, dans dimensions les rendant attractifs
les premières années qui suivent la aux scolytes ? Ce travail d’évalua-
plantation, leur croissance est très tion, ébauché au travers d’études Remerciements
vigour euse et leur ar chitectur e visant à explorer la variabilité géné- L’auteur tient à remercier les pro-
priétaires des parcelles sur lesquelles
aérienne assez pr oche de celle tique de ce caractère au sein de la les dispositifs ont été installés ainsi
d’ormes champêtres. Ils possèdent Collection nationale ( Pinon et al., que toutes les personnes qui ont
notamment un tronc bien individua- 2005), devra se poursuivre si l’ob- participé à ce travail : MM. Catry et
Poulain (CRPF Nord-Pas-de-Calais-
lisé et bien vertical. Les opérations jectif de production de bois d’œu- Picardie), Mme Le Ferrec et M. Bon-
de taille et d’élagage qui doivent vre est recherché. net (CRPF Pays de la Loire), Mme
Sénégas (CA35), MM. Coïc (CA29),
être pratiquées en vue de la forma- Néanmoins les souches tolérantes à Le Port (CA56), Rondouin (Pépinière
tion d’une bille de pied semblent la graphiose, c’est-à-dire pouvant Guéméné-Penfao), Cotto (Mairie de
aussi contraignantes que dans le exprimer des symptômes sans pour Mellé), Jubault et le Corvaisier (INRA
Rennes).
cas des clones « patrimoniaux » tes- autant dépérir entièrement, peu-
tés. Le recul manque néanmoins et vent tout à fait remplir d’autres
le nombre de dispositifs analysés objectifs comme la conservation
Résumé
est insuffisant pour préciser à la fois des r essour ces génétiques des La cr oissance de cinq clones
les modalités de suivi les mieux ormes indigènes, la conservation d’or mes hybrides et de quatr e
adaptées et les conditions station- de la biodiversité qui leur est asso- clones d’ormes indigènes a été éva-
nelles les plus favorables à leur utili- ciée, la restauration de paysages luée dans onze dispositifs installés
sation. bocagers… À ceci prêt que, pour en haie bocagère, en forêt et sur
ancienne terre agricole. Trois ou
S’agissant de matériel clonal (1), il convenir à de tels usages, quatre
quatre ans après plantation, les deux
convient de veiller à les introduire souches « patrimoniales » ne suffi- nouveaux hybrides Lutèce® Nangen
avec parcimonie dans le milieu rural sent pas. Il faut pouvoir en propo- et Vada ® Wanoux présentent une
(quelques individus dans les haies ser un grand nombre pour que soit croissance très vigoureuse et un
ou en enrichissement en forêt). Le utilisée une large diversité géné- tronc bien individualisé et vertical.
prochain clone proposé à la com- tique. On peut imaginer ne mettre Leur conduite en vue de la formation
d’une bille de pied est, pour le
mercialisation sera le H 702 qui sur le marché qu’un nombre res-
moment, aussi contraignante que
présente, dans nos dispositifs, un treint de cultivars patrimoniaux à dans le cas des ormes indigènes tes-
tr onc bien individualisé et une condition toutefois de limiter dans tés. En revanche, le cultivar Resista®
croissance plus faible que Lutèce® le temps leur commercialisation et Sapporo Autumn Gold nécessite un
Nangen et Vada® Wanoux. Il vien- d’en proposer régulièrement de travail de taille beaucoup plus
dra compléter l’offre de cultivars nouveaux. Une autre solution, plus important.
Mots-clés : ormes hybrides, crois-
aux candidats planteurs (Pinon et simple à nos yeux, serait d’installer
sance, évaluation.
Cadic, page 37). des souches de la Collection natio-
dossier
Situées à quelques kilomètres d’Alençon, dans l’Orne, les pépinières Lemonnier sont impli-
quées depuis fort longtemps dans la sauvegarde des ormes locaux et la diffusion d’hybrides
résistants à la graphiose. Retour avec Michel Lemonnier, son directeur, sur l’histoire d’une
passion.
Forêt-entreprise : Pourquoi cet de Basse-Normandie, relayée par le ces souches font partie de celles
attachement à l’orme ? Conseil général de l’Orne a lancé que les scientifiques ont identifiées
l’opération « Sauvons l’orme » qui comme les plus tolérantes à la gra-
Michel Lemonnier : Nous sommes rassemblait toutes les bonnes phiose.
situés dans une région bocagère, la volontés locales pour repérer ces
Basse-Normandie et l’orme occupait arbres et tenter de les sauver. À FE : Parallèlement, vous avez éga-
une place très importante dans nos cette époque, nous n’avions encore lement produit et commercialisé
haies : c’était l’arbre « de base », le que peu d’expériences dans le des hybrides résistants, que pou-
pilier de notre paysage traditionnel. domaine de la multiplication végé- vez-vous nous en dire ?
Quand la maladie est arrivée dans tative d’arbres, mais nous nous
les années 70, des haies entières sommes quand même lancés. Et au M. L. : Lorsque le cultivar Resista®
ont disparu. Comme beaucoup, final, ça a bien marché puisque Sapporo Autumn Gold est arrivé sur
nous avons été très émus par ces 80 % des boutures réalisées se sont le marché, il a connu un véritable
dépérissements massifs et lorsque enracinées, ce qui a permis de sau- engouement parce qu’il était résis-
des actions ont été entreprises en ver la plupart des 60 arbres repé- tant à la graphiose, on croyait avoir
vue de la sauvegarde des survi- rés. enfin trouvé celui qui allait redon-
vants, nous avons bien évidemment ner à notre bocage son visage tradi-
répondu présent. Cela était d’autant Une partie de ces boutures a per- tionnel. Nous avons donc vendu ce
plus évident pour nous que nous mis de constituer un conservatoire cultivar et le proposons encore
avions depuis 1982, orienté une sur l’île Chausey (2), une autre a été aujour d’hui. La plupart de nos
partie de la production de la pépi- donnée au Cemagref de Nogent- clients ont été déçus car sa forme
nière vers la fourniture de plants sur-Vernisson pour intégrer la Col- se rapproche plutôt de celle d’un
pour les haies champêtres. lection nationale. Quelques plants buisson que d’un arbre. Il est très
ont également été installés par-ci dif ficile de for mer un tr onc.
FE : Quel a été votre implica- par-la en haies bocagères, mais Quelques clients y sont néanmoins
tion dans la sauvegarde des aucun n’a survécu. Quant à la haie parvenus mais au prix de tailles très
ormes ? d’ormes que j’avais plantée devant nombreuses, de tuteurages, c’est-à-
chez moi, elle n’a pas été entière- dire d’un travail énorme. Comme,
M. L. : Malgré l’ampleur de la catas- ment décimée par la graphiose et dans la majorité des cas, rien n’a
trophe, un certain nombre d’infor- trois individus sur la vingtaine ins- été fait, aujour d’hui, lorsqu’on
mations faisaient état de survivants, tallés sont aujourd’hui magnifiques l’aperçoit dans une haie, c’est
dans une haie ou un parc. Aussi, au (110 cm de circonférence à 26 ans). presque toujours sous la forme d’un
début des années 80, la DRAE (1) Je cherche aujourd’hui à savoir si gros buisson.
Prix des cultivars hybrides vendus par les pépinières Lemonnier (prix 2006/07
à l’unité pour plus de 5 unités achetées)
NB : ce prix comprend notamment la part qui est versée par le pépiniériste à l’obtenteur,
part qui s’élève à 0,66 euros par plant pour Lutèce® Nangen et 0,26 euros pour Resista®
Sapporo Autumn Gold.
dossier
L’histoire des ormes en Europe prend ses racines en Grèce antique : l’orme est l’arbre de
Morphée, dédié également à Hermès, ses fruits ailés accompagnent les âmes des défunts. Au
VIIIe siècle, les Celtes voient en l’orme la représentation de la première femme, créée à par-
tir d’un tronc apporté par l’océan. Au Moyen Âge, il est courant de planter un orme sur la
place située devant l’église ou le manoir féodal pour y rendre justice.
L es anecdotes historiques
qui mettent en scène l’orme
sont légion tant nos
ancêtres lui vouaient un
qui en fait, à l’occasion, le « signe
des dieux », comme en témoigne
Pline : « dans le bois sacré de
Junon, à Nucérie, un orme écimé
d’une discorde entre Philippe II de
France et Henry II d’Angleterre –
non pour la valeur de son bois, mal-
gré ses dimensions (« il fallait neuf
intérêt quasi dévotionnel. Ne sont par ce qu’il penchait sur l’autel hommes pour en faire le tour »),
donc citées ici que les plus embléma- même se redressa tout seul et fleu- mais pour ce qu’il représente. Phi-
tiques de ce témoin de l’Histoire. rit aussitôt ; depuis lors, la majesté lippe II fit part de son souhait de
du peuple romain, ruinée aupara- couper l’orme à son adversaire qui
■ vant, se releva » (1). l’aurait alors protégé en entourant
À Rome, du temps de l’empire le tronc de lames de fer. La journée
L’orme antique romain, l’orme est une essence de suivante, les escadrons français pri-
prédilection pour le mobilier, les r ent le dessus sur les soldats
En Grèce antique, l’or me est la tuyaux de canalisations enterrés anglais… et l’orme fut coupé.
représentation de Morphée, dieu (étanches et durables), ou comme Devant les manoirs seigneuriaux,
du sommeil et des songes. Il lui est support de la vigne… les « juges de dessous l’orme » ren-
associé la nymphe Ptéléa, qui, L’usage de l’orme s’étend ensuite daient leurs sentences sous l’orme.
aujourd’hui, prête encore son nom au Nord : avant le XVe siècle, les Cause ou conséquence, l’or me
à l’orme de Samarie (P. trifoliata). pilotis de Venise – qui en consti- semble même doté d’un jugement
L’orme est souvent cité dans l’Ilia- tuent les fondations – sont d’orme propre. C’est ce que révèlent de
de, c’est l’arbre choisi par Achille sur lesquels reposent des planches, nombreuses histoires ou légendes
pour former un pont et échapper à elles-mêmes d’orme ou de mélèze. telles que celle de l’orme de Bisca-
la mort que lui promet le fleuve rosse : une jeune bergère landaise
Scamandre. C’est le même arbre ■ fut accusée à tort et condamnée sur
planté par les nymphes pour revêtir une estrade placée contre le tronc
le tombeau érigé par Achille en L’orme médiéval de l’orme de Biscarosse. En répon-
hommage à la bravoure du père se à cette mort injuste, l’or me
d’Andromaque. Par ailleurs, des En France, à la veille de l’An Mil, confectionna à l’emplacement où sa
accords de la lyre d’Orphée – pleu- Hugues Capet, pour symboliser la tête se posa, une cour onne de
rant la mort de son épouse – naît force de la nouvelle dynastie des feuilles blanches, sorte d’auréole.
une forêt d’ormes. L’orme est alors Capétiens, choisit l’orme et en par- Au Moyen Âge, les or mes sont
considéré à la frontière des songes sème son domaine royal. ainsi nommés « arbres de justice »
et de la mort (Morphée est le fils Au Moyen Âge, l’orme reste por- – justice parfois expéditive, puisque
d’Hypnos, lui-même frère jumeau teur de grands enjeux : en 1188, l’or me a servi par la suite à la
de Thanatos, dieu de la mort), ce l’or me de Gisors est au centr e construction des affûts de canons.
matériel
Bialtis est une gamme de protections contre les dégâts de gibier tout à fait innovante puis-
qu’il s’agit de protections individuelles élaborées à base de papier sulfurisé, matériau biodé-
gradable. En particulier, le modèle Bialtis 50, commercialisé pour le lapin, devrait intéres-
ser non seulement les forestiers mais aussi les paysagistes (arbres d’ornement) et les viticul-
teurs soucieux de ne plus utiliser des matériaux plastiques polluants.
matériel
Il s’agit d’une gaine rigide, à simple Jusqu’à présent, le fabricant n’a pas ■
paroi constituée de 4 couches de établi la conformité de son produit
papier sulfurisé. Le produit fini pèse aux principales exigences de biodé- Une protection
130 g environ (± 10 %), pour une gradabilité et l’absence d’écotoxici- contre le lapin
hauteur utile de 50 cm (± 0,5 cm), un té (substances présentant un danger
diamètre moyen de 12,5 cm connu ou supposé pour l’environ- Bialtis 50 est une protection méca-
(± 1 %) ; l’épaisseur de paroi est de nement). nique individuelle, c’est-à-dir e
0,4 mm ; sa transparence est de 17 %. Le tout nouveau marché des pro- qu’elle vise à protéger la totalité
La protection actuellement com- duits biodégradables à usage fores- d’un plant contre les dégâts du
mercialisée est la version « stan- tier est en expansion mais il est peu lapin (Encadré ci-dessous). Contrai-
dard ». Suivant l’usage demandé, le rentable actuellement, ce qui n’incite rement à la protection globale qui
produit peut aussi être fabriqué en pas les industriels à investir dans vise à exclure totalement le gibier
3 couches (version « légère ») ou l’obtention d’un certificat coûteux de de la zone plantée. Ce type de pro-
5 couches (version « renforcée »), à conformité. Les marques (4) les plus tection interdit l’accès aux plants
la hauteur et au diamètre souhaités. connues sont « OK compost » et ligneux tout en assurant la libre cir-
Si le nom et la composition précise « OK biodégradable ». Le premier culation du gibier dans le (re)boise-
de l’adhésif ne sont pas mentionnés label est apposé sur des produits qui ment.
avec précision, il s’agit d’une pré- peuvent être compostés dans une Connaissant les hauteurs maximales
paration aqueuse à base d’acétate installation industrielle ou dans un des blessures du lapin sur végétaux
polyvinylique (75 %). Après évapo- compost privé ; il garantit la complè- ligneux, on comprend pourquoi
ration de l’eau, la pr otection te biodégradation et l’absence d’in- Bialtis est commercialisé avec une
contient de 6,5 à 9,5 % de colle, le fluence négative sur la qualité du
reste étant du papier sulfurisé. Cou- compost. Le deuxième label est Les dégâts du lapin
leur terre à la pose, cette protection apposé sur des produits et maté- Les dégâts du lapin peuvent être de
blanchit en vieillissant. riaux qui se dégradent naturellement deux types : abroutissement et ronge-
dans l’environnement : dans le sol, ment d’écorce.
■ l’eau ou la mer (environnement spé-
L’abroutissement est un acte d’ali-
mentation tendant à compléter le
cifié sur l’étiquette) ; il garantit la régime herbacé et semi-ligneux des
Une protection complète biodégradation dans le léporidés (lapin et lièvre). Il corres-
pond à la consommation de bour-
respectueuse milieu spécifié, sans aucun autre trai- geons, feuilles, pousses et parties de
de l’environnement ? tement, en une durée déterminée. pousses ligneuses ou semi-ligneuses
qui se trouvent à portée de la dent
Ces marques garantissent également
des animaux, mais aussi, le prélève-
Parce que le composant majoritaire la non-toxicité des produits. ment de semis ou plantules qui peu-
de Bialtis est réputé bio-assimilable, À défaut de l’un de ces certificats vent être arrachés ou sectionnés. Chez
ce produit est présenté comme un de confor mité, l’utilisateur peut le lapin, la blessure présente une sec-
tion nette et oblique par rapport à
« produit biodégradable » (Encadré réclamer à l’industriel une attesta- l’axe du plant ligneux. Un lapin peut
ci-dessous) par son fabricant. tion sur l’honneur. atteindre des rameaux jusqu’à 50 cm
et un lièvre jusqu’à 70 cm au-dessus
du sol.
Le rongement d’écorce est aussi un
acte d’alimentation (Photo p.53). Il est
Qu’est-ce qu’un matériau biodégradable ? souvent imputable aux lapins et
lièvres et consiste en des morsures de
La dégradation d’un matériau est un processus plus ou moins complexe, caractéri- l’écorce. Ceux-ci laissent sur le bois
sé par une perte progressive des propriétés physico-chimiques initiales du maté- des marques d’incisives très obliques
riau concerné. Lorsqu’au stade ultime de la dégradation, on vérifie l’utilisation par rapport à l’axe du plant. Ils s’atta-
effective par les micro-organismes (la microfaune et la microflore du sol) des rési- quent à des plants de 5 à 6 cm de dia-
mètre en moyenne, par fois à des
dus du matériau comme nutriment, on parle alors de « bio-assimilation » et le
branches latérales basses. Chez le
matériau peut être qualifié de « biodégradable ». lapin, la blessure correspondant à la
Le résultat de la biodégradation doit être de l’eau, du gaz carbonique et/ou du largeur cumulée des deux incisives est
méthane, avec éventuellement production d’une nouvelle biomasse non toxique d’environ 5 mm. La zone d’attaque
pour l’environnement, c’est-à-dire pour l’eau, l’air et le sol. dépasse rarement 50 cm au sol pour
le lapin et 60 cm pour le lièvre.
matériel
L’opérateur doit respecter le sens
de pose du produit : les flèches
imprimées sur la face interne de la
gaine (photo ci-dessous à gauche)
doivent être orientées « pointe vers
le ciel » ; de cette façon, la superpo-
sition des spires de papier sulfurisé
© Ph. Van Lerberghe
plant.
Les tuteurs recourbés en métal sont
conseillés car ils contribuent à une
meilleure tenue de la protection. En
fer à béton torsadé (Ø de 4 ou La flèche doit être orientée « pointe vers le ciel ». Poser les tuteurs à 17 ou 18 cm de distance.
matériel
vente de Bialtis avec l’évolution de
la demande.
Bien conçu, Bialtis 50 est un pro-
duit prometteur et qui présente des
qualités intéressantes pour les pro-
fessionnels de l’arbre. Peu encom-
brant, son transport est aisé ; léger,
il est facile à distribuer et à mettre
en place ; ses quatre plis assurent
sa mise en forme rapide. Sa paroi
simple évite aux jeunes plants de
subir des projections d’herbicides
en cas d’entretien chimique de la
matériel
sont de plus en plus mis en avant, en constant développement, le pro-
ce produit original est déjà une fessionnel devrait pouvoir mieux Résumé
Bialtis 50 est une nouvelle pro-
grande évolution en soi car il est cer ner sa composition dans un
tection mécanique individuelle
issu du bois, matièr e pr emièr e proche avenir et voir apparaître sur contre les dégâts de lapin ; ce
abondante et r enouvelable ; il le marché un produit écologique- pr oduit innovant à base de
apparaît comme une alter native ment performant, économiquement papier sulfurisé est caractérisé
intéressante à l’emploi du plastique plus intéressant et suite à l’évolu- par sa grande résistance ther-
non biodégradable et fabriqué à tion constante de sa formulation et mique et mécanique. Sa durée
de vie, vérifiée par des essais in
partir de matières premières fos- l’augmentation de sa durée de vie,
situ , est d’au moins 24 mois
siles en voie d’épuisement. adapté à la lutte contre les dégâts dans les conditions stationnelles
Parce que la protection Bialtis est du chevreuil. ■ sèches du sud de la France ;
d’autr es expérimentations
Renseignements devraient permettre de préciser
Bialtis est une protection conçue par le centre de recherche ARCC (Ahlstrom sa durabilité en climat humide.
Research Corporate Center, basé en région lyonnaise) de la société Ahlstrom, fon-
Facile à transporter et à poser,
dée en Finlande et leader dans le développement, la fabrication et la commerciali-
son principal intérêt réside dans
sation de papiers spéciaux et non-tissés haute performance. Sa fabrication et sa
commercialisation sont assurées par le groupe Sonoco-Alcore qui exploite la natur e de ses matériaux
31 usines de tubes en carton pour l’enroulage de tissus, de films, etc., ainsi que constitutifs majoritaires, réputés
7 papeteries en Europe. biodégradables.
En France, le produit est disponible auprès des distributeurs suivants : Mots-clés : biodégradabilité,
– Celloplast : 13, route de Préaux - BP 26 - 53340 Ballée. Contact : Arnaud Lesa- dégâts du gibier, pr otection
ge - tél. : 06 08 90 97 99 ; courriel : a.lesage@celloplast.fr ; contre le gibier, lapin, sulfurisa-
– Sotextho : Avenue du Moulin - BP 2 - 81240 Saint Amans Valtoret. Contact : tion.
Alain Recoules - tél. : 06 24 94 66 69 ; courriel : contact@thorenap.com
(1) L’acide sulfurique, anciennement appelé « vitriol », est un acide minéral fort, sous forme d’un liquide visqueux, incolore et inodore.
(2) La cellulose est un glucide, polymère de glucose (ou polysaccharide de glucose) et principal constituant du bois.
(3) La vapeur d’eau peut néanmoins diffuser, ce qui permet au végétal, positionné au centre de cette protection, de respirer.
(4) Ce sont des labels dits « privés individuels (ou marques de conformité) », c’est-à-dire des labels de qualité écologique utilisés par un fabricant ou un
distributeur mais contrôlés par un organisme externe et indépendant, généralement accrédité (ici, AIB Vinçotte - http://www.vincotte.com). L’accrédi-
tation garantit la fiabilité et la qualité des contrôles.
(5) Cf. Van Lerberghe Ph. (2002). Eco Protect Plant, une protection individuelle biodégradable contre les dégâts du gibier. Forêt entreprise n°148,
pp. 59 - 62.
La fin des années 80 a vu le lancement des premiers travaux de recherche sur des systèmes
agroforestiers modernes en Europe, en Angleterre et en France. Vingt ans plus tard, il est
possible de faire un bilan, en s’appuyant notamment sur les résultats d’un programme euro-
péen de recherche sur l’agroforesterie achevé en 2005 (2).
■
30 à 100 arbres par hec-
tare, pas plus
Obtenir 30 à 100 arbres adultes de
qualité par hectare peut nécessiter
d’en planter un peu plus, afin de
© Agroof
pouvoir sélectionner par éclaircie
les plus beaux arbres. C’est particu-
lièrement important quand le maté-
riel génétique est hétér ogène vigour eux, en supprimant les (comme les tilleuls ou certains
(semis de populations, hybrides fourches. Cet axe sera progressive- érables). Pour la production de bois
obtenus par pollinisation libre). ment élagué sur la hauteur de la de qualité, le faible taux d’éclaircie
Avec des clones sélectionnés, on future bille. Il faut pour cela suppri- (on récolte au moins un arbre pour
peut cependant choisir de planter à mer toutes les branches qui dépas- deux arbres plantés) conduit à une
espacements définitifs, en rempla- sent 3 cm de diamètre à la base. remarquable productivité de la par-
çant systématiquement les arbres Les petites branches seront conser- celle : seuls les arbres qui ont de la
qui ne donnent pas satisfaction. Ces vées, elles évitent des rejets sur les valeur font concurrence aux cul-
faibles densités de plantation rédui- plaies de taille. Elles ne seront sup- tures, les autres sont enlevés très
sent le coût de l’investissement. primées que lorsqu’elles atteindront rapidement, et permettent ainsi aux
Les essences envisagées sont des 3 cm de diamètre. cultures de rester productives. Cela
fruitiers non greffés (cormiers, poi- explique que certaines associations
riers, noyers, merisiers, amandiers, ■ présentent des productivités glo-
oliviers), des essences améliorées à bales fortes, très supérieures à celle
croissance rapide (peupliers, pau- L’agroforesterie n’est pas d’un assolement où arbres et cul-
lownias, mélèzes hybrides), des un reboisement de terres tures seraient cultivés séparément.
essences rares en forêt et appré- agricoles Le succès des systèmes agrofores-
ciées (sorbiers, alisiers), mais des tiers réside dans la complémentari-
essences traditionnelles peuvent L’agroforesterie est une culture té des arbres et des cultures pour
aussi êtr e r etenues (érables, d’arbres espacés, en croissance leurs besoins. On cherche à associer
chênes). La taille de formation des libre. Cela signifie que la compéti- des espèces aux cycles décalés, aux
arbres agroforestiers est une phase tion entre arbres est très faible. La enracinements contrastés et aux
critique pour l’obtention d’un arbre plupart des essences d’arbr es besoins complémentaires. L’idéal
de valeur. L’objectif est d’obtenir s’adaptent très bien à la pleine est d’associer un arbre à feuilles
une bille de pied courte (2 à 5 m lumière car en agroforesterie elle ne caduques, ayant un débourrement
selon les essences et les sites), mais résulte pas d’un changement brutal tardif, avec une culture d’hiver, qui
de qualité. Pour cela, il faut interve- lié à une éclaircie, mais on évitera va s’implanter pendant la phase où
© Solagro
nir une à deux fois par an. L’essen- les essences fragiles qui supportent l’arbre n’a pas de feuilles. C’est par
tiel est d’abord d’obtenir un axe mal le plein vent à l’état adulte exemple le cas des associations
© Agroof
arbres et l’arrachage des souches, la
parcelle redevient entièrement agri-
cole.
compétition souterraine pour l’eau gique dans les parcelles cultivées. ment agroforestier de 100 arbres
et les éléments nutritifs est plus Cela peut avoir un intérêt pour la par hectare pourrait induire une
délicate à identifier. Bien gérées, les lutte contre les ravageurs des cul- fixation supplémentaire de carbone
cultures d’hiver obligent les arbres tures. Mais en soi, cette hétérogé- uniquement par sa mortalité raci-
à s’ancrer davantage dans le sol. En néité des parcelles a surtout un naire de l’ordre de 400 kg/ha/an. À
asséchant le sol au printemps, les impact favorable sur la faune sauva- ce titre, les parcelles agrofores-
cultures d’hiver obligent les arbres ge qui apprécie les refuges appor- tières sont qualifiées par le proto-
à développer un enracinement pro- tés par les arbr es. Les oiseaux cole de Kyoto, et comptent pour
fond, ce qui aura plusieurs avan- insectivores qui ont besoin de per- l’accomplissement des engage-
tages : meilleure croissance estiva- choirs, les chauves-souris insecti- ments des pays signataires. Par
le des arbres, compétition réduite vores qui ont besoin d’échos radars ailleurs, en contribuant à réduire les
avec la culture, récupération en sont des exemples d’auxiliaires importations de bois tropicaux, les
profondeur de l’azote drainé sous la utiles favorisés par les arbres agro- parcelles agroforestières pourront
culture. Cet effet a été observé sur forestiers. diminuer la pression sur les forêts
plusieurs parcelles expérimentales. tropicales, et donc contribuer éga-
Avec des cultures d’été, les arbres ■ lement à limiter la déforestation.
développer ont au contrair e un
enracinement de surface très com- Les parcelles ■
pétitif des cultures. Pour ces situa- agroforestières qualifiées
tions, le cernage racinaire (destruc- par le protocole de Kyoto Concilier rentabilité
tion des racines des arbres avec et protection
une sous-soleuse de 1 m de pro- La fixation durable de carbone de l’environnement
fondeur, pratiqué en général à 1 m atmosphérique dans les écosys-
de la ligne de plantation) peut être tèmes terrestres est un des moyens Concilier protection de l’environne-
préconisé, à condition qu’il soit de lutter contre le réchauffement ment et production rentable est
effectué régulièrement (au moins climatique. Quelle pourrait être la une équation difficile à résoudre.
tous les 2 ans). C’est une opération contribution des parcelles agrofo- Très souvent, l’adoption de
simple mais qui n’empêchera pas à restières à cet objectif ? L’introduc- mesures de protection environne-
terme la remontée des racines des tion d’arbres dans une parcelle mentale subventionnées est vécue
arbres à partir des racines pro- agricole se traduit par un stockage comme une contrainte. Les craintes
fondes qui échappent au cernage. additionnel de carbone. Ce stocka- sur la pérennité de ces finance-
Mieux vaut donc adopter des rota- ge s’ef fectue d’une part dans le ments agro-environnementaux sont
tions avec au moins deux cultures bois de l’arbre, mais aussi dans la réelles. La gestion de ces mesures
d’hiver pour une culture d’été : les matière organique incorporée dans coûte cher aux collectivités natio-
cultures d’hiver cantonneront les le sol. Celle-ci résulte essentielle- nales ou territoriales, tant par le
racines des arbres en profondeur, et ment de la mortalité annuelle des montant des aides que par le dis-
Résumé
L’agroforesterie consiste à associer sur la même parcelle des arbres et des cultures ou des pâtures. Depuis une vingtaine
d’années, plusieurs équipes de recherche explorent la faisabilité de pratiques agroforestières modernes en Europe. Ces tra-
vaux montrent que des systèmes agroforestiers modernes sont possibles et compatibles avec la mécanisation des cultures.
Ils imposent de disposer les arbres en alignement, de les tailler et de les élaguer. Les densités d’arbres optimales de 30 à
100 arbres/ha garantissent des croissances rapides et une bonne productivité des cultures. La productivité globale des par-
celles agroforestières est souvent supérieure à celle de l’assolement arbres/cultures (jusqu’à 30 % de plus en biomasse, et
60 % de plus en produits vendus).
Mots-clés : Agroforesterie, sylviculture dynamique, fixation de carbone, biodiversité.
matériel végétal
Depuis près de vingt ans, l’INRA teste de nombreux merisiers. Trois se démarquent nette-
ment par leur vigueur, leur rectitude, leur résistance aux maladies et leur croissance. Ils
sont d’ores et déjà disponibles en pépinière.
■
© CRPF Franche-Comté
matériel végétal
écologiques locales. Un plant ayant – la proportion de bois de cœur a L’inscription des cinq autres culti-
une bonne vigueur juvénile se pu être mesurée pour certains indi- vars n’a pas été confirmée car il a
« dégage » plus vite du r ecrû vidus à la faveur des premières été possible de sélectionner sept
ligneux ce qui permet une écono- éclaircies dans trois plantations nouveaux cultivars qui les rempla-
mie sur les entretiens ; comparatives ; ceront avantageusement sur la liste
– la tolérance à la cylindrosporiose : – la stabilité des performances dans des clones inscrits. Ces derniers ne
cette maladie causée par un champi- tous les sites : ce caractère est très seront pas disponibles en pépinière
gnon provoque l’apparition sur les important car il est le garant pour avant au moins deux ans.
feuilles de taches de couleur « lie de une variété donnée d’un bon
vin », puis une défeuillaison plus ou potentiel d’adaptation à des condi- ■
moins importante qui pénalise la tions écologiques variées et donc
croissance en diamètre ; d’une grande rusticité. Ameline, Gardeline,
– la rectitude du fût hors accident L’analyse des résultats de huit plan- Monteil : trois cultivars
de cime ; tations comparatives avait permis performants
– la finesse des branches par rap- en 1994 d’inscrire provisoirement
port au tronc : le grossissement huit cultivars au catalogue des Gardeline est très vigoureux, avec
plantes cultivées (Pierval, Coulonge, une croissance en hauteur et sur-
Beauvoir, Hautmesnil, Ameline, tout en diamètre tout à fait excep-
Monteil, Gardeline et Bonvent). tionnelle. Sa résistance à la cylin-
Aujour d’hui, les résultats de drosporiose est également excel-
24 dispositifs expérimentaux lente. La rectitude du tronc est
confirment nettement la valeur bonne à très bonne. C’est un arbre
d’Ameline, Monteil et Gardeline. assez « trapu » mais le rapport dia-
mètre des branches sur diamètre du
tronc est favorable. La proportion
de bois de cœur présente un gain
de 44 % par rapport à la moyenne.
© C. Soltysiack, INRA
Monteil ++ ++ ++ + ++ 8
Gardeline ++ ++ ++ ++ + 21
++ : excellentes performances très au-dessus de la moyenne. + : bonnes performances nettement au-dessus de la moyenne.
0 : Performances moyennes.
matériel végétal
au tronc. Monteil produit nette- cultivar, un élagage précoce et pour ce matériel performant, toute
ment plus de bois de cœur que la intensif. erreur dans le choix de la station se
moyenne des individus testés (gain Ces trois cultivars sont indéniable- traduira par un échec de la planta-
de 52 %). ment supérieurs pour les caractères tion.
pris en compte dans la sélection. Le
mode de reproduction par voie Mélange de cultivars
végétative leur permet de conser- Au-delà de 0,5 ha environ, on pré-
ver l’intégralité du gain génétique férera la plantation en mélange. En
réalisé : chaque plant d’un cultivar effet, le mélange de plusieurs culti-
présentera la même supériorité vars, en augmentant la diversité
pour chacun des caractères consi- génétique, reste la meilleure garan-
dérés, d’où une grande homogé- tie de rusticité et de résistance face
néité des per for mances. Cette aux maladies et aux divers para-
homogénéité permettra de baisser sites. Pour faciliter la gestion, le
les densités de plantation et peut mélange sera réalisé par placeaux
également constituer un argument constitués d’un seul cultivar. Dans
de vente auprès des industriels quelques années, la multiplication
pour lesquels l’homogénéité d’un des nouveaux cultivars permettra
lot de bois est un avantage certain. de diversifier les possibilités de
J. Weber, INRA
matériel végétal
Le suivi de la plantation
Si l’on veut produire du bois de
qualité, toute plantation de merisier
nécessite un suivi régulier en taille
de formation et élagage. Ces culti-
vars n’échappent pas à cette règle,
mais les interventions seront plus
fréquentes et plus intensives.
En effet, ces variétés ne sont pas à
l’abri de divers accidents (bris de
cimes par la grêle, le vent ou les
oiseaux, attaques de pucerons,
etc.) et la faible densité de planta-
© C. Soltysiack, INRA
tion ne permet pas de perdre beau-
coup de plants. Les tailles de for-
mation devront donc débuter très
tôt, dès la première ou la deuxième
année de plantation et cela jusqu’à
Plantation de cultivars à Sandricourt (Oise), bien suivie.
obtenir la hauteur de bille de pied
recherchée. part, compte tenu de la faible den-
Les élagages seront menés comme sité de plantation, le nombr e Résumé
pour une plantation « ordinaire », d’arbres à former sera nettement Fruits de nombreuses années de
par élimination sélective des plus faible. Globalement, le temps recherche, trois cultivars (variétés
sélectionnées reproduites par voie
grosses branches (5) dont l’appari- passé à l’hectare pour ces travaux
végétative) Gardeline, Monteil et
tion sera un peu plus précoce sera donc inférieur, pour une plan- Ameline, se démarquent nettement
compte tenu de la grande vigueur tation de cultivars que pour une des autres merisiers par leur vigueur,
de ces variétés. Un passage annuel plantation classique. leur rectitude, leur adaptation à de
en élagage permet d’obtenir les Les cultivars de merisiers représen- nombreuses stations et leur résistan-
meilleurs résultats, quel que soit le tent un avantage certain (au niveau ce aux maladies. Il est conseillé de
leur appliquer une sylviculture dyna-
matériel végétal utilisé. Il permet qualité, prix, rendement) par rapport
mique et de les planter à faible den-
un élagage très progressif, moins aux merisiers en provenance des sité.
traumatisant pour les arbres que vergers à graine et sont d’ores et Mots-clés : Merisier, cultivar, sélec-
des interventions plus espacées déjà disponibles, notamment auprès tion, qualité, économie.
dans le temps (moins de branches des pépinières Lemonnier (6). ■
enlevées, cicatrices d’élagage
moins importantes). De plus, la
quantité de travail à four nir par
intervention est plus réduite. En (1) INRA, UAGPF, Avenue de la Pomme de Pin, BP 20619, OLIVET cedex, courriel :
résumé, pour une telle plantation, santi@orleans.inra.fr
les travaux de taille de formation et (2) À noter qu’en cas de pénurie de ces trois types de matériel, on peut utiliser en dérogation, des
plants issus de graines récoltées en catégorie identifiée et dont on connaît uniquement le lieu de
d’élagage seront entrepris plus tôt
récolte sans garantie complémentaire.
et seront plus intensifs pour chaque (3) La sélection d’arbres remarquables en forêt ainsi que l’installation du réseau de plantations
arbre que dans le cas d’une planta- comparatives n’ont été possibles que grâce à la collaboration active et efficace, des organismes de ges-
tion traditionnelle. Le temps passé tion et de vulgarisation de la forêt privée (IDF, FVFE, CRPF), puis publique (ONF), ainsi que
par arbre sera plus important pour des propriétaires forestiers eux-mêmes.
chaque passage en élagage compte (4) Au cours des dernières années (2001 à 2004) ce surcoût était d’environ 50 % par rapport au
plant issu de semis.
tenu de la croissance rapide de ces
(5) Pour le merisier, une branche est considérée « grosse » si son diamètre à l’insertion sur le tronc
arbres, mais la bille de pied sera dépasse 3 cm.
for mée plus rapidement et le (6) Pépinières Lemonnier, « Les Écoulouettes », 61250 Forges. Tél. : 02 33 27 05 01, site :
nombre de passages réduit. D’autre www.pepinieres-lemonnier.com