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S' ¿ÉE .
VNN — N" I. 40 c e n t im e s le N u m é r o . janvier 1890

O R G A N E DE L ’UNION S P I R I T E F R A N Ç A I S E
N a ît r e , m o u r ir , r e n a ît r e e t p r o g r e s s e r sa n s c é ü t
te lle e st la lo t, A llah K ardec .

ABONNEMENTS RÉDACTION & ADMINISTRATION


L E JO U R N A L P A R A I T
Piri» et Départements S fr. par an. 3 8 , rue D alayrac, Parie
U.NE FOIS P A R MOIS
îirançer............... 8 —
Rédacteur en chef : G abriel D klannb

SOMMAIRE hommes de cœur, de courage et de loi, qui ont dai­


Avis à nos lecteurs............ Le Comité. gné répondre des quatre parties du monde à notre
appel pendent cette année à jamais mémorable par
Spiritisme, Spiritualisme,
le Congrès, qui nous a permis d’apprécier de visu
Occultisme...................... Pa p u s . le dévouement et la haute intelligence de nos délé­
Appréciations sur le Con- gués spirites.
grés................................... R ené C a i l l i ë . Mais par-dessus tout, ce qui a fortifié nos âmes
L'Obsession et la Folie. .. G. D elanne . et consolidé nos espérantes pour l’avenir de l’œuvre
Du Spiritisme et deses rap- à laquelle nous travaillons, c'est l'union et la con­
portsavecla Maçonnerie. B . .. corde, l’abrogation de toutes les idées personnelles
qui ont été immolées sur l’autel de la conciliation.
Chronique : Au Pays des
Cette entente a déjà porté ses fruits non seule­
Fées.................................. E. G a u t i e r . ment parmi les adeptes, mais encore elle semble
Almanach pour 1899 ........... (Messager de Liège). avoir apaisé dans la grande presse les préventions
Correspondance ................. R o u e x . que bien souvent elle affichait à notre égard.
En effet, un mouvement nouveau en avant s’ac­
centue partout. De justes appréciations remplacent
les plates railleries, et le spiritisme commence à être
A NOS LECTEURS pris au sérieux par les chroniqueurs.
On nous fait même l’honneur de la discussion.
On remarque chez les auteurs une tendance
Lu numéro que nous vous présentons est le pre­
marquée à s’appuyer sur nos croyances pour entrer
mier de la 8"1* année de l’existencedu journal. Qu’il
dans le domaine de l’au-de-là, comme dans « Ura­
j porte à nos chers lecteurs, qui sont des amis pour
nie », de Camille Flammarion « analyse des cho­
^ nous, l’assurance de nos fraternelles sympathies,
j runout pour le concours efficace qu’ils nous ont ses », au docteur Paul Gibier.
prêté dans l’année qui vient de s’écouler. Nous pouvons sans forfanterie supposer aussi que
Leurs souscriptions sont là, comme témoignage le Congrès magnétique de Paris a été en partie dû
* te leur participation à nos travaux. à l’initiative prise par les congressistes spiritualistes
{ Ou’ils reçoivent donc nos plus sincères remercie- car nous comptons bon nombre de nos frères dans
\ mentspour le soutien moral et matériel qu’ils n’ont l’école de Mesmer et consorts.
;essé de nous accorder jusqu’à ce jour. Nous espérons que l’année qui commence déve­
Nous adressons aussi à nos collaborateurs visibles loppera plus largement encore la semence si labo­
1 invisibles nos sentiments de profonde reconnais- rieusement jetée, sut tout si l'on remplit scrupu­
>»nce, et nous comptons plus que jamais sur leur leusement les engagements contractés pendant les
oncours. assises plénières du Congrès de 1889.
Nous sommes heureux d’être compris par les Le Comité.
, a :: LE SPIRITISME

C’est par ce procédé que William Crookes, de la


Le comité de propagande s’est réuni jeudi 26 dé­ Société royale de Londres, inaugura cette magni­
cembre. On s’y es occupé principalement de l’im­ fique série d’expériences qui, considérée dans son
pression du Livre du Congrès. Tout est prêt à ensemble, est le monument le plus pariait qui ait
remettre à l'imprimeur, qui a été désigné. Ce livre été jusqu’à présent élevé contre l’autel du matéria­
formera un fort volume qui coûtera cher. On a dé­ lisme néantiste. Devant ces faits indéniables les
cidé néanmoins qu’il serait remis gratuitement à matérialistes en sont réduits à jeter le livre avec
toute personne ayant souscrit isolément pour le rage en s’écriant : Je ne veux pas lire, cet homme
Congrès, à la seule condition d'envoyerces frais est fou !
d’envoi. Il sera aussi donné gratuiteuent, à ces En supposant que l’auteur de si belles décou­
mêmes conditions, aux groupes qui ont souscrit vertes positives soit fou, comme nous tous et les
collectivement. Dans ce cas, on délivrerait un nom­ quelques millions de frères qui partagent nos idées,
bre de volumes en proportion du montant de la il reste à prouver la folie des réactifs chimiques et
souscription en prenant pour base le prix de revient de l’enregistreur Marcy, chose, on l’avouera, un
du livre. peu plus difficile.
Il a été décidé que le comité depropagande se réu­ Aussi c’est avec joie que nous devons signaler
nirait, à l’avenir, le 15 de chaque mois. les tentatives de ce genre, et au premier rang celle
L. C. du capitaine Volpi, sur l’obtention des photo­
graphies spirites.
Nous savons tous qu'il est possible de tromper
l’individu inexpérimenté dans l’obtention de ces
photographies ; mais nous savons aussi combien il
Un grand nombre de nos lecteurs nous de­ est facile de découvrir la supercherie quand il y en
mandent directement des renseignements sur les a une.
travaux du Congrès. Nous reproduisons le rapport Or, dans ses expériences impartialement pour­
du secrétaire général afin de faire patienter le légi­ suivies depuis cinq ans, le capitaine Volpi a pris
time sentiment de curiosité que manifestent nos tautes les précautions nécessaires. De plus, il est
frères en attendant qu’ils puissent lire l’ouvrage arrivé à de lels résultats que la véritable photo­
très complet qui est en préparation sur toutes les graphie spirite est impossible à imiter par un des
matières qui ont été discutées pendant les réunions movens aujourd’hui connus. Ce fait est dû à l’ac­
plénières. tion d'une modification spéciale de la lumière par
CONSÉQUENCES DU CONGRÈS l’apparition, modification telle que le capitaine
La conséquence générale des travaux du Congrès Volpi a offert 500 francs au photographe qui réus­
est une tendance à asseoir la. philosophie sur des sirait à imiter une de sos photographies spirites
bases nouvelles, bases empruntant leurs éléments par un moyen frauduleux quelconque. Plusieurs
constituants à l’expérimentation au lieu de les photographes se sont présentés et ont faitdes essais,
emprunter, comme c’était le cas jusqu’à ce jour, à tous se sont retirés d’eux-mêmes, avouant le phé­
la métaphysique. nomène impossible à imiter. Ces photographies
Mais notre expérimentation ne s’arrête pas au spiritesont été présentées aux membres du Congrès.
monde visible; possédant, par les sujets et les M. Mac Nab de Paris a présenté égalemen
médiums, des instruments d’investigation entière­ d’intéressantes épreuves photographiques de mate
ment nou/eaux, nous faisons pénétrer le champ de rialisation, ainsi que deux clichés photographique:
nos expériences jusque dans le monde invisible et également de matérialisation.
nous rapportons de notre investigation des données M. Henri Lacroix, des Etats-Unis, possède égale
scientifiques, philosophiques et sociales vraiment ment une collection importante de photographie;
grogressives. obtenues, dit-il, en bouchant de toutes par:
Posons d’abord la base expérimentalepar l’énoncé l’appareil photographique.
desfa its obtenus. Cependant nous appelons particulièrement l’a’
LES FAITS tention des membres du Congrès sur les exp>
Depuis quelque temps une excellente mesure a riences du capitaine Volpi à ce sujet.
été prise par ceux qui s’occupent des phénomènes A ces faits dûment constatés s'ajoutent u
spirites au point de vue de leur stricte réalité scien­ foule de phénomènes particuliers représentés p
tifique. Cette mesure consiste à remplacer les leurs résultats, comme les dessins médianimiqu
organes humains par des enregistreurs mécaniques, présentés par MM. Leymarie, Delanne, les pei
toutes les fois que cela est possible. ' tures médianimiques présentées par M. Van Stra
LE SPIRITISME

ten (délégué de la Hollande) et une foule d’autres 4° Elles s’appuient d’autre part sur les données
faits mentionnés dans les procès-verbaux des sec- les plus larges et les plus progressives d’une philo­
nons. sophie raiionelle alliant la plus haute raison aux
LA PHILOSOPHIE aspirations les plus élevées de i’àme.
Au point Je vue pliilosophiq Je, la théorie: spirite 5° Le Spiritisme donne une base réellement sta­
ble à une morale des plus élevées, basée sur l'es­
ou les théories presque identiques avec elle dans
prit de solidarité, de responsabilité et de justice qui
leurs principes généraux des écoles d’occultisme
instaurent, sur ces bases expérimentales, un aperçu fait de tous les hommes les orgar.es d’un même
aussi large qu'intéressant de la destinée humaine corps constituant une Unité vivante.
avant la naissance, pendant la vie et après la mort. REIN CARN ATIO N
Le* expériences psychiques servent de point de
.iéi art et de preuves pour la plupart des théories iJ La grande majorité des écoles spirites affirme
philosaphiques de la nouvelle école. que l'évolution de l’homme ne peut s’effectuer qu’à
Kuhn je vous signale tout spécialement ¡es i’uiJe de r..incarnations successives ue son principe
supérieur : lame; .
CONSEQL*LNCES SOCIALES
2° Entre chaque incarnation, l’Ame, accompa-
auxquelles aboutissent les conclusions du Congrès : eneedu périsprit, conserve intacte la Personnal te
Solidarité universelle de tous les être humains ou désincarné. Cette «personnalité est entière,
considérés comme les organes d'un même corps ; c'est-à-dire dou e de mémoire, d'intelligence et de
Nécessité du rachat collectif; volonté ;
L'Amour et la Charité entre les hommes s'im­ 3 ‘ L ’incarnation suivante est déterminée par la
posant au lieu et place do la Haine et de l'Egoïsme somme des mérites acquis dans l'existence anté­
autuurd'hui tout-puissants. rieure sans rétrograda;ion possible;
Les spirites do tous les pays, tous nos frères et 4° L’âme incarnée conserve inconsciemment le
suraut toutes nos soeurs sont prêts à prêcher souvenirde ses acquisitions antérieures, acquisi­
d'exemple et à commencer pratiquement la réalisa­ tions dont l'ensemble (orme les idées innées;
tion de cet idéal social qui, i.s le montreront, est 5° Ces idées ou images constituant l’ensemble
une réalité et non pas une utopie ! des mérites et des démérites des existences anté­
Mais il est temps pour mol de terminer. Je vais rieures sont les facteurs de l'organisme matériel et
itre les rapports particuliers de chaque section. les sources directes de son devenir ;
’ e vous prie, mesdames et messie us, encore une 6° Cependant un grand nombre de spirites et de
: uc m'excuser si je vous ai lait perdre un temps spiritualistes constituant une école qui a droit à
j.ii eût été mieux rempli par les vaillantes paroles tous les respects de ses frères, nie la réincarnation,
te nos ¡reres, niais j'étais chargé d’un devoir dont ce qui ne change rien, du reste, à la doctrine géné­
la moindre qualité est d’être fort ennuyeux à rem- rale admise par les spirites;
pt.r, non pas pour celui qui l'écrit, mais bien pour
7° Il est utile pour tous de prendre connaissance
ceux qui l'écoutent.
des arguments réciproques présentés par les deux
Encore quelques instants et vous serez débar­
écoles,
rasses de ces communications indispensables.
La piemiare section, qui s'occupait du spiritisme M ÉDIUM NITÉ
il du spiritualisme, présentait les conclusions sui­ i» Le médium est l’étre intermédiaire'gràce au­
vantes : quel a lieu la communication entre le monde visi­
SPIRITISME ble et le mon le invisible; ¡jo*
i ’ La doctrine spirite est reconnue comme s'ai­ 2* Le médium, instrument fort délicat etj irres­
dant intimement à toutes les données scientifiques ponsable, doit être l’objet de la sollicitude des assis­
v. philosophiques aujourd’hui connues; tants, qui peuvent produire sur lui une influence
: Les investigations de tous les chercheurs bonne ou mauvaise ; .'■
’•en ¡en: à prouver surabondamment que le Spin­ y Le médium doit, par des études préalables et
tome fournit des preuves irrécusables de la perpé­ constantes, se préparer à sa mission. Plus l’ins­
tuité du moi conscient et des rapports entre les trument sera parfait, plus belles seront les mani­
vtvants et les morts ; festations obtenues ;
a* Ces altirmations s’appuient d’une part sur les 4- Les assistants influent fluniiqûemeu: sur les
«speriences poursuivies à l'aide des méthodes expé­ manifestations. Il est, par suite, indispensable a'ob-
rimentales de la science positive par les nommes tenir préalablement l’homogénéité de pensée des
'es plus éminents de tous les pays ; personnes présentes, qui forment un véritable mi-
4 LE SPIRITISME

lieu ambiant qui réagit, nous le répétons, bien ou 2* Le médium voyant est le lien vivant entre le
mal sur le résultat obtenu. Celte homogénité doit Spiritisme et le Magnétisme. Il démontre l’iden­
être conservée en prenant de grandes précautions tité des deux doctrines sur le terrain psychique.
pour ne ras introduire d’inlluence étrangère dans 3* Les Invisibles peuvent agir sur le Médium ou
le milieu ; sur les assistants comme le Magnétiseur visible
5 ° Tous les spirites savent que certains charla­ sur son sujet. Dans c î cas, les fluides produits
tans peuvent essayer d’imiter les vrais phénomènes sont analogues aux fluides magnétiques.
en se faisant passer pour.médiums. Nos frères ne 4° Le Spiritisme comme le Magnétisme procla­
doivent jamais hésiter à dévoiler ces imposteurs, ment l’existence réelle des fluides invisibles répan­
dans l’intérêt même de la cause. Les médiums opé­ dus dans l’ Univers.
rant pour de l’argent sont quelquefois poussés à La deuxième section envisageant le côté philoso­
produire artificiellement les phénomènes qu’ils ne phique et social présente les conclusions suivantes •'
peuvent obtenir par la faculté médianimique.
Proposition de la délégation espagnole et
Le médium n’étant qu’un instrument passif, ne italienne.
peut jamais être certain d’avance de la réussite des
Anti-Matérialisme. — Dieu. — Cause et raison
phénomènes.
PHÉNOMÈNES universelle, but final et bien absolu des êtres.
i° Les phénomènes obtenus dans les séances de Identité essentielle de l’esprit et de la matière.
spiritisme sont de trois ordres : Les écoles qui n’étudieront que l’un de ces
Physiques (déplacement d’objets matériels. Ap­ sujets n’auront jama:s la vérité complète.
Proposition de la délégation hollandaise.
ports).
Psychiques (incarnation). Dieu. — C’est l’esprit par excellence par lequel
vit tout ce qui vit.
Fluidiques (Matérialisation. Ecriture directe.
Dessins, etc ). Proposition de la délégation belge.
2* Des phénomènes physiques peuvent être L’existence d’une unité suprême et intellectuelle
scientifiquement contrôlés au moyen d’appareils de dans l’univers, force directrice des mondes, source
physiques ou de réactifs chimiques ordinaires. (Ex­ de toutes les lois morales, idéal suprême résumé
périences de W. Crookes.) dans ces mots :
3° La photographie spirite est un instrumeut de Bien. — Beau. — Vrai.
contrôle réel, à condition de prendre toutes les Bi e n . — M a l . — S o u f f r a n c e .
précautions nécessaires. Nous signalons au public Proposition des commissions italiennes
les nouvelles expériences poursuivies depuis cinq et espagnoles.
ans par le capitaine Volpi à ce sujet. Aucun pho- Il n’existe que le bien, le mal n’est qu’un bien
thographe n’a pu jusqu'à présent imiter ces pho­ atténué, en vue d’un progrès infini.
tographies, malgré la promesse par l’auteur d’une Proposition de la délégation belge.
forte prime. La loi du progrès qui veut que chaque être ne
4* Les empreintes et les moulages des formes jouisse seulement que du bonheur qu'il mérite,
matérialisées constituent aussi une excellente base grâce à ses efforts, fait disparaître la question du
d’observation, à condition di prendre les précau­ mal et de la responsabilité et la remplace par la loi
tions nécessaires et d’établir chaque fois un minu­ de nécessité et de justice.
tieux procès-verbal signé par les assistants. Proposition espagnole.
5* Nous recommandons à tous les spirites de La souff.anceest un moyen temporel du progrès.
faire chaque fois un procès-verbal en règle des La responsabilité est la conséquence naturelle des
phénomènes vraiment intéressants qu’ils pour­ actes volontaires.
raient obtenir. Proposition hollandaise.
L ’eusemble de ces procès-verbaux constituera
La responsabilité est relative au développement
Une base d’affirmation aussi solide qu’indéniable.
de l’âme. Les plus élevées ont plus de responsabi­
ô» Les écritures directes, les dessins, les apports
lité. Pourtant la responsabilité des actes des
doivent toujours être sérieusement contrôlés et,
hommes ne peut être conçue que par un pouvoir
après vérification de la réalité du résultat, il est de supérieur à l’homme.
toute importance d’y donner la plus large publi­
cité possible. Délégation italienne. — Vœux.
FLUIDES i° L’œuvre suciale de tous les spirites consiste à
i° Les médiums peuvent être et sont souvent formuler des institutions en accord avec la véritable
d’excellents sujets somnambuliques. morale, c’est- à-dire avec la loi du progrès univer-
LE SPIRITISME 5

*e) et celle de la vie humaine dans l’individu et Kabbale


dans les sociétés. Le corps (Nephesh).
a* Institution d’un arbitrage international entre Le corps astral (Ruach).
Us peuples. L’esprit (Neschâmah).
3* Unitkition universelle et législation de tous Théosophie
les droits humains. Le corps (Rupa).
4* Revendication des droits de la femme parce Le corps astral (Linga sharira).
que les questions générales dont le manque de L ’esprit (Atma).
solution menace de ruiner notre civilisation mo­ 2° La divergence entre les doctrines enseignées
derna ne peuvent être résolues qu’avec le concours par le Spiritisme et par les Occultistes porte sur la
de Is femme. transformation de ces principes après la mort,
h" Fédérjtion Universelle Spirite. l’Occultisme croyant à la dissolution totale du
Kn un mot : affirmation des conclusions adoptées périsprit au bout d’un certain temps.
à l'un-inimiié dans le Congrès de Barcelone. PHÉNOMÈNES SPIRITES
L t Délégation etpagnole fait des vœux pour 3° L’occultisme n’a jamais nié la possibilité ou
que ces conclusions soient également acceptées. la réalité de la communication des vivants et des
La Délégation belge a présenté les vœux sui­ morts. Les phénomènes obtenus dans les séance
vants et engage tous les spiritualistes à les défendre spirites sont cependant expliqués de plusieurs ma­
dans les luttes politiques de leurs pays. nières par les occultistes.
Considérant que la bonne éducation constitue le 4° L'affirmation que la vie humaine peut sortir
plus puissant moyen de moralisation et de progrès de l’être humain consciemment ou inconsciem­
pour la société, nous désirons : ment (sortie du corps astral) explique un grand
iJ De voir l’éducation des enfants de parents nombre de phénomènes dits mystérieux obtenus
conlamnés pour inconduite ou délits graves, dans les séances spirites ou par les Fakirts de l’Inde
contiée aux gouvernements dans tous les pays civi­ 5° L’alliance consciente ou inconsciente des
lisés. corps astraux du médium et des assistants avec ou
Considérant en outre que la vieille juridiction sans influence d’être psychiques extérieurs expli­
pousœ les malheureux atteints par les lois au que une autre partie de ces phénomènes,
vice et à l’ inconduite, nous désirons voir la justice 6° Enfin l’influence réelle des esprits est jusqu’à
et la pénalité humaine organisée de façon à rendre présent incontestable dans un grand nombre de
aux coupables la conscience de leur dignité et cas. Cependant toutes réserves doivent être faites
aboutir à leur amélioration morale. sur les précautions à prendre pour éviter les mau­
La Délégation espagnole demande qu’il soit
vaises influences tant pour les manifestations elles-
aussi céclaré :
mêmes que pour les médiums.
L'inrinité des mondes habités ; préexistence et
LE P ÉR ISPR IT
persistance de l’àme humaine; infinité des phases
7° La physiologie et l’embryologie moderne con­
dans la vie permanente de chaque être.
firment les données de l’occultisme en montrant
La communion et la solidarité universelle des
que le corps astral (fluide nerveux organique) pré­
êtres dans leur progrès essentiel ou infini. Il faut
cède l’âme et fabrique le corps matériel, physiolo­
que tout spirite montre par des vertus publiques
giquement parlant.
et privées la virtualité et la transcendance de la
doctrine. 8» De ces considérations on peut tirer une théo­
Les conclusions les plus intéressantes sont pré­ rie scientifique de l’incarnation de l’àme dans le
sentées par la troisième section qui comportait 1’ corps. D’après l’occultisme l’âme n’est jamais tota­
lement incarnée dans le corps. L’idéal de l’être
OCCULTISM E hu.r.ain est formé par la partie extérieure à son
corps. (Higher-Self des Anglais).
C O N S T IT U T IO N D E L ’H O M M E
LA RÉINCARNATION
i* La constitution de l’ Homme est enseignée
identiquement par toutes les écoles spirites et spi­ g» Les écoles d’occultisme qui enseigne la réin­
ritualistes quoique par des termes différents. carnation prétendent toutes que l’âme seule (partie
Voici ces noms : la plus élevée de l’être, Neschâmah, Atma) se
Spiritisme réincarne et que le périsprit se dissout avec le
Le corps. temps et passe à l’état d’image astrale.
Le périsprit. . La réincarnation est cependant contestée par
L’àme. quelques écoles (H, B. of L.).
6 LE SPIRITISME

io° Lecorps ei la partie du corps astral (péris- que chaque planète est un être réel et vivant possé
prit en rapport avec lui, peuvent être analysés par dant un corps, un périsprit ou médiateur et une
la sciei.ce matérialiste ; mais les fonctions intimes âme. Bien plus, que chaque planète ainsi consti
du corps astral et ses rapports avec l’âme échappent tuée, n'^st qu’un organe d’un être également vi­
à l’analyse dos seules méthodes du matérialisme et vant : l’ Univers.
lui échapperont toujours. tq° Enfin si nous considérons que l’homme es'
• ' L’HUMANITÉ formé d’une immense quantité de cellules de for­
i i . Le périsprit se renouvelle incessamment mes et de fonctions différentes sans que la sous­
quant à ses parties constituantes par l’action toute traction d’une partie quelconque de ces cellules
spéciale du nerf grand sympathique sur la vie ap­ (Ex. : l'amputation) enlève quoi que ce soit à l’in­
portée par le globule sanguin qui la puise lui- tégrité de la conscience de cet homme, nou« ver­
même dans l’air ambiant. rons que lecorps matériel ne peut pas agir sur
120 L’homme présente une véritable hiérarchie cette conscience intime, indépendante de lui e?
cellulaire couronnée par la cellule nerveuse. De immortelle, en rapport seulement avec le périsprit.
même la Terre présente une série hiérarchique corps astral des occultistes, médiateur plastique
d’êtres couronnée par 1 Humanité. de Paracelse et de Vau Helmont.
1 3° L’Humanité est le cerveau de la Terre. Chaque 20° De même l’ Univers matériel conçu dans sa
être humain est une cellule nerveuse de ta Terre ; totalité forme le corps de l’ Etre suprême nommé
chaque âme humaine est une idée delà Terre. Nous Dieu par les Religions. LTIumanité de toutes les
sommes tous solidaires comme les cellules d’un planètes, le grand Auarn-Eve de l’Esotérisme, est
même organe. L’évolution individuelle de l’être 'a vie ou l'âme de cet Etre Suprême. Enfin l’Esprit
humain est, par suite, liée A l’évolution collective de cet Etre des Etres est indépendant du reste de
de toute l’humanité. Le malheur des uns retombe la création, comme ia conscience de l’homme, son
sur le bonheur des autres. Tant qu’il y aura des âme, est indépendante de son organisme matériel.
humains malheureux il n'en peut exister aucun de L’ Occultisme définit ainsi Dieu :
complètement heureux. Synthèse des mondes visibles et invisibles
formé :
L ’ UNIVERS
Par l’ Univers comme Corps (objet de l’étude des
14.“ La vie est portée à tous les points de l’orga­
Matérialistes).
nisme humain par les globules sanguins (sous l’ac­
Par l’Humanité comme Vie (objet de. l’étude des
tion dirigeante du périsprit grand sympathique).
Panthéistes).
Chacun de ces globules sanguins est un être réel
Par Lui-même comme Esprit (objet de l’étude
constitué analogiquement comme l’organisme lui-
des Théistes.
même.
RÉSUMÉ
i 5° L ’étre hümain puise la force nécessaire à
vitaliser ces globules, et par suite à organiser le Pour résumer tous les enseignements en ce qui
périsprir, dans l’air ambiant. Les organes de regarde l’homme, nous dirons que la naissance et
l’homme puisent la force nécessaire à se vitaliser la mort, ces deux énigmes qui ont toujours arrêté
cux-mërnes dans le milieu sanguin ambiant. Le les matérialistes néantistes, sont les clefs de l’occul­
sang est donc pour les organes ce que l’air est pour tisme et du spiritisme.
l’être entier. La naissance nous apparaît comme la mort de
iô» La Terre pui'e les éléments nécessaires à l’âme au monde des causes et sa rentrée dans le
vitaliser tous les êtres qui sont à sa surface fê'res monde matériel ou des effets. La mort au contraire
qui sont ses véritables organes) dans la lumière nous apparaît comme la véritable nais:ance de
solaire au sein de laquelle elle baigne comme lâme au monde spirituel. A la rentrée de l’âme
toutes les planètes de notre système. dans le monde spirituel, se détache du corps maté­
iy° La lumière solaire agit vis-à-vis des planètes riel le périsprit qui servait à lier et à assujettir l’âme
comme le sang vis-à-vis des organes et, comme le à ce corps.
sang contient une foule d’êtres réels, sous le nom Telles sont les considérations qui ont conduit
de globules sanguins, Je même les flots de lumière les représentants de la science occulte dans toutes
contiennent une loule d’êtres perceptibles aux ses branches à venir s’unir fraternellement aux
vovants, êtres constituant des forces inconscientes spirites de toutes les écoles. Une même doctrine
(élémentals) ou être.; conscients et volontaires (élé­ nous unit tous coaire l'ennemi commun: le r.éan-
mentaires — esprits). tisme. Ne tenons pas compte des divergences de
13° Toutes ces considérations tendent à montrer details ou des mois qui peuvent uous séparer et
LE S P I R I T I S M E 7

affirmons notre union sur les deux principes fon­ tenant; il a dû se réjouir infiniment en assistant,
damentaux de la doctrine spiritualiste: esprit invisible au milieu de ses fidèles disciples,
résistance du Moi conscient après la mort-, aux grandes Assises de ce Congrès où tous les peu­
Rapports possibles entre les vivants et les morls. ples de l’Occident, et même de l’Australie, avaient
P apus . envoyé leurs mandataires. Son cœur a dû battre
d’un bonheur sans mélange à la vue de ces accolades
fraternelles, de ces manifestations sympathiques de
APPRÉCIATION SUR LE CONGRES tant de coeurs vibrant à l’unisson. Car ces Assises
solennelles ont posé les premiers fondements de la
Voici de quelle manière notre ancien collubora- Fraternité des peuples, les premiers jalons pour
borateur, M. René Caülié,apprécie le Congrès spi­ V Unité humaine.
rite spiritualiste ( 1) : Certes, c’était là un beau et grandiose spectacle,
portentum mirabite visu ! que ce Banquet spiri­
< Cette superbe manifestation spiritualiste est un
tuel où tous les solides penseurs venaient jeter un
:.iit d'une trop grande importance pour que nous
n'en parlions pas. C'est en définitive une éclatante éclatant et formel défi à l'inintelligence qui nie, à
Protestation de ceux qui croient et qui espèrent la sottise qui raille, à l’ignorance qui insulte, à
c mire ceux qui nient et qui ravalent toutes les plus l’orgueil qui fait chorus et au fanatisme persécu­
teur des Eglises et des Académies. Et c’est de la
nobles et les plus consolantes croyances de l’huma­
reconnaissance que nous devons tous aux brillants
nité, une bataille mortelle livrée contre les maté­
orateurs qui se sont distingués dans ce généreux
rialistes, au cerveau paralysé, qui se noient dans
tournoi : les Fauvety, les Léon Denis, les Chai-
un verre d'eau. Si notre époque est grande, ce n’est
gneau, les Delanne, les Roca, les Torrès Solanot,
pas surtout pour ses progrès dans l’ordre des cho­
les Miguel Vives, les Garcia Lopez, les Volpi, et
ses matérielles, e.t sciences physiques, en industrie
tant d’autres qu’il est impossible de nommer tant
et i n inventions de toutes sortes.
la nomenclature en est longue. L’ Italie, la Hollande,
Beaucoup admettent, et non sans raison, que ce
la Suède et la Norvège, la Russie, la Pologne, la
mouvement exagéré vers le luxe, le bien-être et les
Belgique, la Suisse, la Ravière, Berlin, le Portugal
jouissances matérielles entraîne tout simplement
et l’Espagne, l’Angleterre, l’Amérique et Mel­
la société vers unépouvantablecataclysme. Le fossé’
bourne, toute l’Europe enfin avait arboré là le dra­
l'abîme plutôt, creusé entre le pauvre et le riche
peau de la croyance en Dieu et de sa foi dans l’im­
s'élargit de plus en plus, et peut-être conduisons-
r.cus inintelligemment et aveuglement nos fiis à mortalité de l’âme humaine. •
Jules Lermina, le loyal président de ce Congrès,
une nouvelle jacquerie plus terrible que celle de
i 385.
et le sympathique Papus, tout le monde s’accorde
à le dire, ont bien méritéde l’ Humanité. Honneur
La raison d’une pareille débâcle possible, c’est
que le progrès matériel, pour être sage et bienfai­ à ces deux courageux défense«^ de la liberté de
sant, doit marcher de pair avec le progrès moral. pensée, à ces deux vaillants pionniers de la Civilir
Eh bien 1 Ne dirait-on pas que la main de la Pro­ sation 1
R en é Ca il l ié .
vidence est à point venue au secours de l’Humanité
emportée vers l'abime ? Le penseur, dans la froide
et sage méditation de sa demeure solitaire, voit
bien, lui, qu'une vague de vie nouvelle, qu’un flot ;; L’OBSESSION ET LA FOLIE (suite)
puissant d’effluves divins est venu tout à coup
transformer l’atmosphère de notre globe. Et ce fait, « Les voix lui donnaient des indications précises
destiné à devenir bientôt évident pour tous, sera la sur le caractère, sur le penchant des personnes ;
vraie gloire de notre siècle entré à pleines voiles elle aurait pu alors révéler des particularités fo r t
dans les eaux du Spiritualisme. curieuses. Par moment elle s’exprimait en termes
Cette vague, ce flot venu d’en Haut, c’est leSpi- plus choisis qu’elle n’était dans l'habitude de le
ritisrr,e qui en a été le véhicule et le ministre. Et faire. Cette abondance, cette facilité, cette richesse
Allan Kardec fut l’apôtre courageux en l’âme de qu; d’expression, elle les devait aux voix, car lorsque
s incarna ce grand mouvement religieux de notre c’était elle-même qui agissait, elle parlait beaucoup
époque. Certes, son grand coeur humanitaire a dû plus simplement. Souvent les voix s’entretenaient
exulter, dans le monde des Ames qu’il habite rnain- de sujets d’un ordre élevé ; leurs discours rou­
laient sur la géographie, la grammaire, l’art de
;1) Tiré du journal l' E t o i l e , 10 décembre 1889. Revue men-
..elle, à Avignon (Vaucluse,'. parler ; ils la reprenaient quand elle s’énonçait
8 LE SPIRITISME

mal, en lui faisant connaître 1« fautes qu’elle avait encouragements. On dirait deux Esprits, l'un
commis, méchant, Vautre bon qui la tiennent chacun de
« Les voix lui disaient les choses les plus étranges-. leur côté. »
Un jour elles lui firenl croire qu’elle était pos­ Evidemment il en est bien ainsi. Cette demoi­
sédée, ce qui était d’autant plus surprenant qu’elle selle est la proie d’esprits méchants qui lui font
n’avait pas été élevée dansjes idées superstitieuses. éprouver des hallucinations de tous les sens, et cet
Elle alla trouver un curé fort instruit pour se faire exemple complet d’obsession est bien (ait pour ins­
exorciser. Il lui est resté depuis cette époque des pirer de profondes réflexions. D’abord désordre de
idées fort pénibles sur l’éternité, les peines à toutes les sensations, puis désordre du Moi ; lutte
venir, qui la jettent par moment dans un profond de l'intelligence contre les sens révoltés; conscience
désespoir. Une fois les voix lui révèlent qu’elle momentanée des illusions, puis triomphe de ces
deviendrait reine, qu’elle jouerait un grand rôle mêmes illusions, entraînement de la volonté qui
dans le monde ; elle ne communiqua cette idée à se débat contre la force qui la pousse.
personne. Attendant les effets de la promesse, mais Est-il en effet de spectacle plus digne des médi­
rien ne se réalisant, elle s’aperçut que les voix tations du philosophe que la vue de cette femme
l’avaient trompée, ce qu’elles font presque toujours. qui reconnaît que ses sens sont abusés, quelle est
Le plus ordinairement elles lui tiennent les dis­ le jouet des chimères, et ne peut cependant
cours les plus singuliers. Elle les entend plaisanter, échapper à leur influence. Cent fois trompée, per*
se moquer ; puis elles la harcèlent plus violem­ suadée qu’il en sera toujours ainsi, elle n’en fait
ment que jamais, gâtant comme les harpies tout ce pas moins ce que les voix lui commandent et se
qu’elles touchent. rend dans tous les lieux qu’elles lui désignent.
i Les voix la poussent à se noyer, mais elle éprouve Celte annihilation de la volonté devant des sug­
une résistance intérieure qui l’empêche de leur gestions provenant d’êtres invisibles, tient à la fai­
céder; elle craint cependant de ne pas pouvoir blesse du système nerveux, et il est facile de repro­
toujours résister. duire artificiellement et temporairement un état
« Souvent elle a des visions singulières. Son ap­ semblable sur un sujet hypnotisable. On pourrait
partement se remplit de personnages ; ce sont des comparer les obsédés à des somnambules éveillés
figures de toute espèce. Les aliments qu’elle mange qui, tout en subissant l’action du magnétiseur,
ont des goûts infects; ils ont perdu leur saveur na­ ont conscience de leur état.
turelle. Met-elle la main à un plat, les voix lui M. Richet (i) montre par des exemples aujour­
communiquent un goût affreux qui l’empêche d’y d’hui bien connus, comment on peut procurer des
goûter. hallucinations de la vue et du goût à un somnam­
* Lorsqu’elle marche, elle se sent couverte d'eau, bule, — Il fait voir à des sujets, tour à tour, des
le froid du liquide lui pénètre le corps ; elle essuie tableaux gais ou horribles, et l’ impression halluci-
alors avec les mains ses vêtements mouillés. atoireest profonde lorsqu’il leur raconte des récits ;
«Cette dame dit que ces voix proviennent d’une ils y prennent un intérêt extraordinaire et s’appli­
affection nerveuse ; elles sont plus fortes que son quent les aventures des héros de l’histoire, de ma­
raisonnement ; elles la subjuguent, la dominent. nière à en être violemment impressionnés. — Ils
Leur pouvoir est si grand, qu’elles la font aller pleurent si ce sont des épisodes tristes, ils rient si
partout où elles veulent... Les voix ne veulent plus le récit est gai ; en un mot, le pouvoir de com­
qu’elle parle, elles lui troublent les idées ; elle ne mander aux idées est absolument aboli. Ils subis­
peut s’exprimer que difficilement. Elle s’aperçoit sent l’empire et sont incapables de résister aux
fréquemment que les voix lui font faire des choses impressions qui leur viennent du dehors ; ce sont
déraisonnables ; elle veut s’y opposer, mais elles des automates intellectuels. Ce qu’il y a de plus
l’entraînent, la forcent à obéir; elles ont un remarquable, c’est que certains sujets ont con­
pouvoir irrésistible. » science de leur état, bien qu’impuissants à le mo­
Brierre de Boismont fait les réflexions sui­ difier.
vantes : En voici un exemple emprunté encore à
« Un fait psychologique qui n’échappera point M. Richet (2) :
à l’attention des observateurs, c’est cette nouvelle « Alors qu’il n’y a aucun désordre dans l’intel-
manifestation du principe de dualité en vertu « ligence, il y a déjà par une sorte d’action élec-
duquel cette malade accablée par les railleries, les « tive, inhibition et paralysie de la volonté.
plaisanteries, les menaces, les horribles propos, « Chez Mme X ..., on suivait très bien ce phé-
prête à s’abandonner au désespoir, se trouve tout « nomène spécial. Ainsi comme elle conservait le
à coup consolée par des paroles bienveillantes, des 1 procédé de l’analyse lui-même, elle me disait : Je
LE SPIRITISME 9

< n'ai aucune idée, il m'est impossible de faire son ami Richet qui agit sur lu i; mais si l'opéra­
« attention à quoi que ce soit* J ai la tête vide et teur devenait invisible, la position de M,.. serait
. il me semble que tout est dans le brouillard. » identique à celle de la demoiselle dont parle
Cette sensation du viJe est de la même nature Brierre de Boismont. Elle n’était pas folle, elle se
que celle de la demoiselle dont parle Brierre de rendait compte de son état, puisqu’à part l’in­
Boismont, qui se figurait que sa tête et sa colonne fluence des voix qui était irrésistible, elle vaquait à
vertébrale étaient remplis d’air. — Continuons : # ses occupations ordinaires sans que rien décelât
.i Je prends alors un objet quelconque, je le lui les troubles mentaux auxquels elle était en
mets dans la main et je lui dis : « Il faut ne le proie.
laisser prendre à personne ». Il sait parfaitement 't Depuis dix ans que dure cet état pathologique,
que cela n'est qu’une expérience, que cela n’a dit l’auteur, la malade ne s’occupe pas moins à ses
aucune importance; il ne laisse pas prendre cet affaires ; elle dirige elle-même l’administration de
obiet. 1Juelques-uns de ses amis présents à la scène ses biens, remplit ses devoirs de la vie sociale, et,
lui disent alors : quoique depuis dix années les fausses sensations
« Donne-moi ce livre. » Il refuse, alléguant ne lui laissent pas un instant de. repos, rien n’est
toutes sortes de raisons, demandant pourquoi. changé dans ses habitudes ; seulement elle com­
« Vous n'avez pas besoin de ce livre, dit-il, je vous prend d’une manière intuitive que la raison va lui
le donnerai tout à l’heure, mais pas maintenant ». échapper et elle cherche, dans des conseils qu’elle
Comme on insiste en lui représentant que l'expé­ ne peut suivre, un soulagement à ses maux. »
rience consiste précisé ment à savoir s'il aura la Le spiritisme offre donc une explication logique
volonté de donner ce livre ; il dit qu'il peut le de certains états d’esprits que l’on c iractérise par
l'aire, mais il ne le fait pas. Pendant dix minutes et le nom de folie, et qui ne tiennent pas le moins du
plus longtemps encore, il résiste à toutes les solli­ monde à de fausses perceptions, à dev. troubies
citations, raisonnant sa résistance, trouvant des cérébraux, mais à une action certaine, analogue a
raisons pour expliquer pourquoi il ne cède pas. celle que produit l’hypnotique sur un incarné, et
« Réveillé brusquement par insufflation, il cède dont il faut chercher la cause dans le monde
immédiatement le livre, disant « qu’il peut mainte­ spirituel. Ce qui rend la distinction entre la folie
nant vouloir. » et l'obsession assez difficile, c’est que les sens sont
« Cette expérience est caractéristique. Je l'avais sujets à être hallucinés à la suite de certains désor­
faite sur beaucoup de somnambules, mais elle est dres du système nerveux, sans aucune intervention
pius intéressante chez ce dernier sujet, parce qu’il extérieure.
conserve la notion de lui-même et qu’il peut très 11 faut donc une grande pratique et un discer­
bi ,n analyser ses sensations.C’est l’inhibition de la nement très développé pour reconnaitr<%ÿi la ma­
volonté dans toute sa netteté et sa simplicité. ladie est d je à l’une ou a l’autre cause, et il serait
« Cette suspension de la volonté fait qu'il n’y a à souhaiter que des spécialistes ayant ¡’habitude
plus de réaction aux injonctions diverses qu'on de traiter les hallucinés voulussent bien envisager
fait aux somnambules. Je dis à M... de rire. Il me la quesiion à ce point de vue, car nous sommes
uit : « Pourquoi faire? Ce n'est pas sérieux, c’est persuadé qu’il en résulterait un progrès immense
pour la lorme, et je n’ai pas envie de rire »... Ce­ de cette branche de la médecine.
pendant il rit, où plutôt grimace quelque chose Dans lu subjugation appelée jadis < posses •
d'analogue au rire, et cela aussi longtemps qu’il sion», (i) la domination de l ’esprit cstcomplète.
me plaît. Je lui dis de pleurer. Il pousse d’abord Le subjugué est un instrument tout à fait docile
de protonds soupirs, il se cache les yeux avec les aux suggestions de l’esprit; il ne lutte mêiïic plus
mains et de grosses larmes roulent de ses joues. contre ce pouvoir occulte, soit physiquement, soit
< Dans ces expériences, il peut analyser ses sen­ moralement; il est tout à fait passif, car la volonté
sations, il est spectateur de lui-même, et cependant de l’obsesseur s’est substituée entièrement à la
U est automate, incapable de résister, pleurantquoi- sienne; encore un peu, et il perdrait la conscience
qu'il n’ait aucun sujet de larmes et tout en sachant de lui-même pour se croire un personnage célè­
;u':i n’a aucun sujet de pleurer. » bre, un rélormateur du monde; en un mot, il de­
Dans cct exemple, le sujet hypnotique sait com­ viendra fou, car ce n’est pas impunément que
prendre qu’il participe à une expérience, que c’est l’influence perturbatrice s’exerce pendant si long-
(t) Voir à ce sujet les récits sur les convulsionnaires de
lu * Richet. L’Homme et l'Intelligence. Du Somnanbu- Saint-Médar les trembieurs des Cévennes, les illuminés,
me provoqué. les prédicants de la Suède, etc., qu'on trouvera rapportés
P.® ^Richet. Ouvrage cilé. Nota III de l'Automatisme, dans ¡'Histoire des Sciences occultes, de Saiveste, et dans
l 'Histoire contemporaine du Merveilleux, paHL. Figuier.
0 LE SPIRITISME

temps, des lésions du cerveau s’ensuivant, et la direciion en ne faisant pas la part de l’esprit ob­
maladie sera incurable. sesseur, c’est-à-dire de l’hypnotiseur désincarné.
Le malade peut présenter différents genres de C'est lui qu’il faut d'abord chasser par tous les
subj ugations. Tantôt elle est seulement morale; le moyens que le spiritisme préconise. Ceci fait, la
sujet prendra les décisions les plus bizarres, les plus grosse difficulté est vaincue i il ne reste plus
plus contraires à son intérêt ou à la loi, avec la qu’à réparer le corps, ce qui rentre dans les attri­
ferme conviction que ses décisions sont sensées. butions ordinaires de la médecine, à la condition
Lorsque la subjugation est matérielle, elle peut to tcfois, comme nous le disions plus haut, que
présenter bien des caractères différents. les dégradations organiques ne soient pas trop con­
Allan Kardec a connu un homme, ni jeune, ni sidérables. G. D e l a n n e .
beau, qui, sous l’influence de son esprit obsesseur '.A suivre).
se mettait à genoux devant toutes les jeunes filles.
Un autre sentait, à certains moments, sur le dos et
les jarrets une pression énergique qui le faisait mal­ DU
gré lui se mettre à genoux et baiser la terre dans
les endroits publics et en présence de la foule. Cet
homme passait pour fou, mais il ne l’était pas en­
core, puisqu’il avait parfaitement conscience de {Suite),
son état et en souffrait horriblement.
L ’hypnotisme est venu nous donner ia clef de Nous sommes le nombre ; joignons-nous don.
ces phénomènes. Le sujet obéit passivement, à ceux qui combattent pour le triomphe de ce-
où à peu près, à celui qui l’a plongé clans cet état, idées, qui sont aussi les nôtres, et que l'on peu
il ne peut résister efficacement à Ja suggestion, traduire par le mot : Charité, pris dans sa plu
quelles qu’en puissent être pour lui les consé­ haute et noble acception.
quences. Travaillons de bonne foi M/. F .1, à voir si ur
Supposons que cette situation persiste pendant des plus obscurs d’entre vous n’a pas énoncé, pu
des semaines, des mois, des années, il en tésultera hasard, une vérité.
des désordres physiques que i’on aura de ia peine à Voyez que cette doc’rine, si elle est vraie, en
guérir, même après la disparition de la cause qui ferme en elle la certitude de l’au-delà, le vrai per
les a provoqués. sisiant après la mort, c’est-à-dire l’écroulement d
Jusqu’alors, on ne savait pas qu’ une cause pure­ toutes les religions, et un état social nouveau bas
ment spirituelle, indépendante de l’organisme, sur ln justice et la réciprocité des devoirs et de
pouvait produire la folie et consécutivement des droùs entre les hommes.
désordres encéphaliques, de sorte qu'en soignant Le règne du bien; la religion unique dans
seulement le corps, on négligeait i’esprit. science et par la science, sans autie dogme que
Le spiritisme montre qu'il faut faire suivre aussi vrai et sans autre prêtre que la conscience.
un traitement moral au malade, en même temps Dieu en haut et l’homme immortel et libr^
qu’on agit sur l’obsesseur et^jue, dans beaucoup cherchant le bonheur dans l’accomplissement d
de cas. si la lésion produite n’est Das irrémédiable, devoir.
il sera possible de rendre à l’aliéné son ancien Dans l’ombre où tu rampes, toi le prêtre, dont
pouvoir sur ses organes, c’est-à-dire de le ramen.r férocité égale l’ignorance, tu sens venir ces chose
à la raison. Les médecins ont le devoir d’étudier D’autres plus instruits que toi, et poui suivant
notre doctrine, car leur mission les oblige à recher­ même but que tu poursuis toi-même, t’ont dont
cher tous les moyens de rendre la santé à ceux qui l’ordre d’enseigner que l’enfer vomissait ses dan
souffrent, et plus tard, lorsque les phénomènes du nés pour tourmenter les vivants ; et fidèle à
spiritisme seront mieux connus, beaucoup de for­ consigne, tu as décrété que les esprits étaient d
mes delà folie réputées incurables pourront céder diables.
devant une médication qui ne sera plus systémati­ Toi qui seul ne changes pas, alors que to
quement matérialiste. C’est l'abandon voulu dans chan,e autour de toi, tu obéis toujours au mê~
lequel on laisse la cause psychique de la maladie, mot d’ordre ; et comme on ne t’a dit que la moi
qui lait que la science est aussi souvent impuis­ des vérités (ce qui est pire que d’enseigner 1’
sante. Nous ne disons pas que l’on n’aie pas essayé reur), tu n’as pas compris que c’est Je vous autr
de traiter la folie au point de vue intellectuel, ce qu’on voulait parler, et que c’est bien y û u s qui
serait faire preuve d’ignorance; mais ce que nous tout temps avez été I’éteignoir de toute lumicte
prétendons, c’est qu’on a cherché dans une fausse | les auteurs de tous les forfaits.
LE SPIRITISME ir

(ju’on plonge un livre dans le sang, votre his­ démontrer, heureux si j’ai un peu réussi dans ma'
toire s’y trouve écrite. Vous n’avez su que torturer tâche. •
et maudire ; nous, nous voulons pardonner, en Afin de mettre en pratique les idées émises plus
veillant à ce que vous ne mordiez plus. haut, je fais au R.’. A.*, la proposition suivante :
Mais pour cela, F .1. C .\ F.*., il faut trouver le Une commission de trois ou quatre F .’ , voulaht
défaut de la cuirasse de cet ennemi commun. et pouvant apprécier les faits qui pourront se préV
Il existe entre la maç.\ et la doctrine spirite semer, va être nommée pour-suivre pendant un
temps déterminé (six moisou un an), Inexpérien­
¿cientirtque une très grande corrélation.
ces auxquelles ils s’engagentdqrcs et déjà à assiste^
Vers lu fin du xn° siècle, quelques hommes in- tous les samedis, à moins de cas de force majeure .
dlqnés de l'ingnorance de la religion dans l’ Etat, se Ces expériences auront lieu dans un local par­
groupèrent et formèrent la tnaç.’ . ticulier assez restreint et nullement public, où se
Ils traversèrent tous le Moyen âge avec ses réunissent déjà quelques personnes en comité in-
juaue siècles d’inqu'sltion, en luttant contre ceüe tinje, pour s’exercer à ces expériences. S’il se pré-.'
pieuvre inissouvie de sang, puis contribuèrent au sente trop de F .’ ., ÎTI.-. votera pour quatre seule­
mouvement qui nous a conduits à 89, tt erfin, plus ment.
urd, ils réussirent à rendre l'Etat reia:iveinent libre. Je n’ai pas besoin d’ajouter que pour tout cala ,
Mais sa tache n’est pas terminée; ello a tort d'ou­ ii n’y a pas un centime à débourser. .v
blier son ennemi pour se lancer comme lui dans la La commission s’engagera à nommer un rap­
même voie : la politique. Elle a tort de ne plus porteur, lequel, après l’cpoque déterminée, viendra
lutter aujourd’hui contre le pouvoir occulte du vous donner par écrit l’appréciation de la Commis-. .'
prêtre ; elle a tort de ne pas voir dans ¡'être humain, sion sur-ces phénomènes. Comme promoteur de
surtout la femme, un besoin mystique irrésistible cetta idée,-js crois ne pas devoir faire partie de la<
Je l’au-delà de la vie. Elle a tort de ne pas observer Commission, à moins que vous en jugiez autre­
chez l’homme, quel qu’il soit, le doute existant au ment.
moment de la mort, et qui fait à lui seul lu force O q demande des F .’ , libres de tous préjugés et
Ju prêtre. . ne voulant admettre quedesaits démontrés, tout en
Les diverses religions ne fournissent aucune n’ayant aucun parti pris à l'avance.
I reuve certaine à l’appui de leur affirmation sur Un Franc-Maçon.
lau delà. Quoique ça, les prêtres n’en réussis­
sent pas moins à prendre nos enfants à leur nais-
ssnce, à nous matérialistes, libres-penseurs, etc.,
pour les posséder, dans une certaine mesure, jus­
qu'à la mort. CHROJNIQUE
Lorsque nous aurons détruit ce doute, enfant de
la crainte, d’où le prêtre tient son prestige, lorsque ■ AU PAYS DES FÉES
nous aurons dégagé de cer.e chose inconnue : le Parce que les phénomènes de l’hypnotisme et de
moi persistant après la mort, une assez grande la suggestion, quoique vieux comme le monde,
somme de vérité scientique pour commander la viennent à peine'de réussir à forcer les portes des
certitude, le prêtre aura vécu. Les spirites disent sanctuaires d’orthodoxie, on en avait conclu qu’ils
avec nous, M.\ F .\, que rien ne se fait par à- devaient marquer in s:cula seculorum l’extrême
coups, que tout se transforme lentement, mais sû­ limite du connaissable et du possible. Ah bien oui !
rement, l'esprit comme la matière, en donnant, derrière ces prétendues colonnes d’Hercule sur­
comme je v:ens de le dire, à ces deux mots, qu on gissent tout à coup d’autres phénomènes, singuliè­
dirait former l'antithèse, une seule et même si­ rement plus étranges, et, pour ainsi parler, plus
gnification.
anormaux encore : l'action des médicaments à dis-',
Ils ne disent pas comme le prêtre (je le répète) : tance, la transmission de la pensée et de la volonté,
« Croyez et ne vous rendez pas compte; de même la suggestion mentale, etc... Ces faits-là sont pouf
quo nous, ils n admettent pour rigoureusement embarrasser la science contemporaine qui, dans'
vrai que ce qui est démontré par la science. son impuissance à les expliquer, hésiteà les admet­
Cette similitude de croyance fera dans un temps tre Ils ne sont pas plus niables, cependant, que'
Flus ou moins long (¡a vérité a le temps), réunir ceux de l’attraction universelle, de la transmission
ces deux forces et alors la Mac.-, aura accompli sa delà force, de la vaccine, etc., qu’on admet géné­
tache en réduisant à néant noue ennemi commun. ralement sans les expliquer davantage, et, tout
voila, T.*. C .\ F.-, ce que je j’ai cherché à vous comme le magnétisme animal, il se pourrait bien'
12 LE SPIRITISME

qu’ils fussent appelés à figurer parmi les banalités même de laisser des traces persistantes de leur pas­
de demain. sage sur des plaques photographiques et des mou­
Mais ceci n’est rien encore. Plus loin, bien plus lages de terre glaise ou de cire. »
loin, par delà l’ultime portée de nos connaissances ***
héritées et acquises, voici poindre tout un monde Il s’agit là, sans doute, de choses, si fabuleuses,
ténébreux de phénomènes inconnus et inexpliqués, et qui ouvrent de si redoutables horizons sur l’a­
sinon inexplicables... bîme de la folie, que le premier mouvement est de
Ce sont des bruits, des vibrations, des chocs, les révoquer en doute pour n’y voir que des jongle­
produits en dehors de toute action musculaire ou ries de charlatans ou des divagations de malades...
mécanique. Sans compter que les vieilles histoires des frères
Çe sont des meubles qui tournent, s’agitent, se Davenport.du photographe Buguetet de tant d’au­
déplacent sponte sua et, par l’intermédiaire d’un tres farceurs pris en flagrant délit de supercherie,
code de signaux conventionnel, répondent d’une sont pour fortifier cette première impression et lé­
façon intelligente aux questions qu’on leur pose. gitimer les pires méfiances.
Mais voici que ces soi-disant chimères nous sont
Ce sont des corps pesants qui se soulèvent pro­ certifiées par une foule de témoins oculaires, tous
prio motu au-dessus du sol et vont se fixer aux gens parfaitement intelligents, honorables et dignes
murailles ou au plafond, en violation flagrante des de foi, sains de corps et d'esprit, et que nous som­
lois de la gravité ; des crayons qui écrivent tout mes accoutumés à croire sur parole.
seuls ; des instruments de musique qui jouent per Voici que le spiritisme — puisqu’il faut l’appeler
se les airs les plus variés, avec ou sans contact. par son nom — prétend obtenir droit de cité dans
Ce sont des objets matériels qui s’évanouissent, la science positive.
subitement <r démole'cularisés », pour reparaître Voici que les mythes sur lesquels il repose sont
ensuite, dans les mêmes conditions fantastiques, repris, analysés, passés au crible de la méthode ex­
sans avoir aucunement souffert de ce voyage dans périmentale et solennellement consacrés, non plus
l'autre monde. par des illuminés, des visionnaires ou des névro­
Ce sont deux personnes qui ne se connaissent pas, pathes, mais par les savants les plus autorisés et les
et qui, hypnotisées à part et à huis clos, échangent moins suspects, par l'illustre physicien anglais
tèlépathiquement, à distance, les images et les sen­ William Crookes, par le grand chimiste russe
sations qui leur sont respectivement suggérées, ab­ Boutlerow, par sir Alfred Russel Wallace, qui fut
solument comme une cartouche de dynamite fait l’émule de Darwin ; par Zœllner, professeur à Lep-
explosion quand éclate sa voisine — « par sym­ z'g et correspondant de l’Institut, par le docteur
pathie ». " Paul Gibier, enfin, l’un des meilleurs élèves de Pas­
Ce sont des individus doués d’une faculté excep- I teur, bien connu du monde savant et des lecteurs
tionnelle — mages, fakirs, médiums ou thauma­ du Figaro.
turges — qui, sous l’çmpire d’une extase sui gene­ Presque tous les faits relatés plus haut ont pré­
ris (« intransed »), s’enlèvent et planent en l'air cisément été empruntés au livre si suggestif et si
sans efforts,lisent à travers un bandeau, voire même troublant — Le Spiritisme et le Fakirisme occi ­
à traversunmur.avec les doigs,lanuque ouïe nom­ dental — sorte de procès-verbal des expéri ences
bril ; devinent les trésors cachés et les maladies se­ entreprises en collaboration avec le fameux mé­
crètes; parlent des langues qu’ils n’ont jamais ap­ dium américa’n Slade, dont la publication,en 1886,
prises et ratiocinent -sur des sujets qui leur sont faillit valoir à M. Gibier, en dépit de ses travaux,
étrangers ; se font enterrer vifs et ressuscitent, le de ses titres et de ses services, l'excommunication
troisième jour ou le troisième mois, sans paraître majeure des mandarins de la Sorbonne et de la Fa­
s’en porter plus mal; font pousser, à vue d'œil, des culté.
feuilles, des fleurs et des fruits sur une baguette Voilà qui est apparemment pour donner à réflé­
desséchée; évoquent les âmes défuntes et conver­ chir aux incrédules les plus intransigeants.
sent avec elles comme avec des personnes naturel­
les, etc.
Ce sont des pressentiments confus que l’avenir De quel droit, en fin de compte, nier — ou taire
justifie, des rêves qui correspondent à des réalités — à priori ce que nous sommes, jusqu’à nouvel
ignorées, des morts qui reviennent et se manifestent ordre, impuissants à expliquer ? De quel droit nou,
à leurs parents, amis et connaissances. inscrire en faux contre ce que nous ne comprenons
Ce sont des spectres,des fantômes, des esprits qu; pas ?
se matérialisent au point de pouvoir être perçus pai Si vaste que soit son empire, si merveilleuse que
les divers sens, y compris le toucher, < au poin soit son œuvre, la science contemporaine ne saurait,
LE SPIRITISME i3

**ns outrecuidance, se flatter d'avoir résolu, ni J raffiné, qu’il baptise l’ Intelligence, l’Esprit, le
»têtue posé, tous les problèmes, pe'nétré tous les Corps Astral, ou la Force Animique. Ce serait, à
mvstércs, institué le mouie définitif où devrons l’entendre, cet élémènt spirituel, ce pneuma, qui,
cire nécessairement coulées toutes les possibilités tantôt « commatérialisé » dans les choses réelles
futures. et les êtres vivants, auxquels il préexiste et aux­
De tout temps, sans doute, il s’est rencontré des quels il survit, tantôt « abmatcrialisé », existant
tardigrades pour dire (et peut-être pour croire) que et agissant per se, présiderait invisiblement à la
l'humanité avait atteint d’ores et déjà le summum genèse et à l’évolution du cosmos, à la pensée, à la
infranchissable de la science et de la civilisation, et volonté, à la vie universelle et qui mènerait le
pour opposer à VExcelsior des novateurs aventu­ monde. Ce serait cette force qui, en s’extériorisan1.
reux leur Nec plus ultra de satisfaits. Il n’a jamais engendrerait, à travers l’éther épandu, les phéno­
heureusement, manqué de « voyants » indisci­ mènes de double vue,de divination,de prophétie;
plines pour passer outre. Autrement, le Soleil qui, en s’incorporant plus ou moins de matière,
lournerait toujours autour de la Terre ; nous conti­ donnerait an corps perceptible aux fantômes, aux
nuerions de croire— quia absurdum — au phlo- rêves, aux visions de l’après-vie ; qui permettrait
gistique et à l’immutabilité des espèces ; l’hélice, au mort de saisir le vif et de nouer des correspon­
les microbes, le phonographe, etc., seraient irré­ dances d’outre-tombe.
médiablement ensevelis dans les limbes sourds où Ceci, par exemple, c'est du surnaturel, ou je ne
vont les rêves mort-nés. m’y connais plus.-Ce n’est plus article de science,
Au surplus, les faits sont là, et à moins d'accuser mais article de foi, dépassant les bornes ducognos«
d'imposture ou de folie Crookes, Zœllner, Boutle- cible et de l’inexpérimentable.
row, Paul Gibier, ces trois autres écrivains anglais M. Gibier a beau revêtir ses paradoxes d’une
qui, dans leur livre intitulé Phantasms of living, forme scientifique impeccable, il a beau invoquer
n’ont pas accumulé moins de sept cents observa­ je ne sais quelles lois naturelles « encore incon­
tions concordantes, etc.; à moins de supposer que nues », m’est avis que ces lois, si elles existaient,
chez ces observateurs l’hallucination a pu se pro­ seraient en contradiction formelle, non seulement
longer pendant des années, sans influencer les avec nos habitudes et nos traditions mentales, mais
autres déparlements de leur intelligence, demeurée encore avec les faits les plus solidement établis et
aussi vive, aussi lucide et aussi féconde ; à moins avec les autres lois de la nature, sur le compte des­
de croire que cette fascination incompréhensible a quelles nous avions la candeur de nous croire irré­
pu gagner jusqu’à des plaques photographiques et vocablement fixés. M’est avis qu’il n’y aurait plus
à des appareils enregistreurs, force est bien d’ad­ qu’à flamber nos bibliothèques, à démolir nos éco­
mettre, à tout le moins sous bénéfice d’inventaire, les et nos laboratoires, à déplisser nos cerveaux
leur authenticité documentée. mal orientés, et à faire table rase de . tout ce que
Qui oserait affirmer qu’il n’y a pas là le germe de nous savons, pour recommencer ab ovo, sous les
toute une floraison de connaissances insoupçon­ auspices de ces puissances mystérieuses pour qui
nées, en train d’épuiser cette phase de superstition plus n’existent ni temps, ni espace, ni pesanteur,
et de fantasmagorie à laquelle aucune science en ni attraction, ni rien, (.l’éducation intégrale de la
gestation ne saurait se soustraire? faillible humanité !
Qui oserait affirmer que les invraisemblances
qui nous révoltent ne tiennent pas tout bonnement
J la faiblesse (curable) de nos sens et de notre A quei saint devons-nous donc nous vouer?
raison ? Faut-il nous retrancher, à l’exemple de M. Paul
### Janet, dans son « Automatisme psychologique»,
Après avoir, au surplus, fait l’historique, la des­ derrière je ne sais quel dédoublement de la person­
cription et la critique des phénomènes de l’occul­ nalité, ou bien, à l’exemple de M. le commandant
tisme, le docteur Gibier a voulu aller plus loin, et de Rochas, dans ses <* Forces non définies », ima­
dans un second ouvrage, plus effarant encore que le giner une force psychique inédite, qui ne serait
premier 1 Analyse des choses — qui vient de qu’une modalité de l’éleciricité? Faut-il rééditer
paraître, il entreprend bravement d’en donner l'ex­ le médiateur plastique de Cudvvorth ? Faut-il met­
plication. tre en cause l’éther et la matière radiante, l’incons­
r lî’ ° ^ Va Pas Par fluatre chemins, le docteur cient ou l’auto-suggestion? Faut-il supposer l'in­
1 ter. Tout en se déclarant l'adversaire du surna­ tervention d’un sixième sens, susceptible de se dé­
turel et du miraculeux, il affirme l’existence objec­ velopper chez quelques privilégiés, sous l’c.npire
tive, à côté de la matière et de l’énergie, d’un troi­ d’un entrainement particulier, peut-être même
sième élément autonome, extrêmement subtil e1 d’ une diététique ascétique appropriée, analogue à
i4 LE SPIRITISME

certé faculté qu’ont certains ultra-sensitils de per­ vraient avoir. Afin de réagir contre cette indiffé­
cevoir la couleur des sons ? rence, nous avons pensé que pour vulgariser ces
livres et faire connaître la portée scientifique et
> La vérité est qu'aucune de ces hypothèses — et
morale de l'enseignement qu’ils renferment, il fal­
l’hypothèse du docteur Gibier, qui donne la sen- lait d'abord semer nos idées par un moyen prati­
sâtiôrt d’un gouffre brusquement ouvert sous nos que, à la portée de tous. C'est pourquoi nous vous
pas, moins encore que les autres — n’est de natüro recomma dons notre modeste travail de compila­
h satisfaire complètement l’esprit. C’est sans doute tion, qui réalise en partie le but que nous nous
sommes proposé d’atteindre.
que les faits observés, mal dégagés de leur gangue Afin de vous renseigner complètement sur la
de mystagogie, ne permettent pas encore d’aborder valeur de cette brochure, nous donnons ci-après sa
utilement la synthèse... Contentons-nous donc, à table des matière; :
l’exemple de l’auteur d’ Uranie, de poser un point Que sommes-nous? Notice. Citations de G.
Flammarion, Frédéric Passy de l’Institut, F.
d'interrogation.
Kant, Arth. Schopenhauer. Simple question de
M. Eug. Nus.
C ’est à nos maîtres que doit incomber l’honneur Idées sur Dieu. Notice. Citations de A. Bour
din, Baudet-Dulary, Ch. Fauvety, Voltaire.
■— avec le devoir — d’arrachtr au Sphinx ie mot Le spiritisme. Le Jour des Morts, d’Eugénie
de l’énigme et de jeter un pont entre la science Pierre. Citations de Garibaldi. C.-F. Varley de
d'hier et la science de demain. ia Société royale de Londres, Eug. Nus, Paul
Il ne saurait plus désormais être permis aux di­ Gibier, F. Zoellner, Maurice la Châtre, Victorien
Sardou, Godin, fondateur du familistère de Guise,
recteurs intellectuels de la conscience publique, G. Flammarion, Fontenelie, E. Bonnemère, Pierre
qui ont par situation charge d'esprits et charge L roux, Ed. Quinet. Vie antérieure, de François
d’âmes, d’éluder les difficultés ou les responsabi­ Coppse.
lités à la faveur d’un persiflage facile ou delà cons­ Le spiritisme à travers les âges. Citations des
piration du silence. Brahmes, Chassaing (Appclonius de Tnianes),
Plutarque, Hésiode, Jules César, Lamartine, Louis
L’heure est enfin venue de faire une enquête
Jaccoliot (Le Spiritisme dans le Monde).
scientifique et définitive sur des.faits assez sérieux Les dogmes et la raison. Citations de J. Fix,
• ou assez spécieux pour prendre tout entiers des po­ L. Cortembert rédacteur du Messager Franco-
sitifs de l’envergure de ceux que j’ai nommés. Américain, Ballanche.
L ’heure est venue de régler nos comptes avec le Questions sociales : Ernest Renan, Ür N.
Chauvet, J, Putsage, au Congrès spirite de Bar­
Merveilleux, de faire le procès de la psychologie
celone 1888.
transcendantale et de dire une fois pour toutes si, De-çide-là: Père Enfantin, Robespierre, Saint-
comme le proclame audacieusement M. Gibier, Just, Montesquieu, Paul Gibier, Arago, Laplace,
elle est vraiment l’embryon d’une science nouvelle Ed. Poë, professeur Lombroso, un Sermon, V.
et la première assise de la certitude future, ou s’il Hugo, A Léon X III, Saint-Paul, A ses fidèles,
Pelleian, Lamartine. Ce que Dieu ne veut pas
n’y faut voir, au contraire, qu’une mystification Thiers.
colossale et une truite sur Charenton. Quelques maximes de E. B..., C. Detnblon,
. . . En attendant, je m’en vais toujours relire Dr Tuckermann, V. Hugo, R. Bacon, Coppens,
l’étude magistrale que Lombroso consacrait na­ Bayle, abbé Donneau, Romieu, M. la Châtre.
guère aux hallucinations spécifiques des hommes Soit plus de soixante-six citations.
Nous devons ajouter que cette œuvre est pure­
de génie. ment désintéressée, la somme ayant couvert les
E mile G autier. frais de la première publication a été recueilli par
(Extrait du Figaro du lit novembre 1889.) souscription.
Si toutefois la vente des exemplaires exige plu­
sieurs éditions, nous en réduirons proportionnel­
lement le prix l’année suivante, afin d’accentuer
l’action de la propagande.
Union spiritualiste de Liège.
PRIX FRANCO D E PORTE EMBALLAGE :
œ uvres de propagande
1 exemplaire fr. 0.1 3
Liège, 1er décembre 1881). 23 » » 3.00
Monsieur, 5o » » 3.50
70 * M 8.00
Le comité de l’ Uni'on spiritualiste de Liège a 100 t > 10.00
l'honneur de vous informer qu’il vient de faire
paraître son Almanach pour i8go, a’ année. ün est prié d’adresser un mandat de l’import de
64 pages de texte. \ commande avec la lettre de demande, afin d’évi-
Les livres fondamentaux et autres de notre doc­ ter ies frais de correspondance, les retards, etc.
trine, en raison de leur caractère complètement P our le C omité :
étranger aux idées philosophiques et religieuses de Le Secrétaire, G. DU PARQUE.
l’époque, n’obtiennent pas la vogUe qu ils de­ 39, rue Bourdon, Chênée-lez-Liège.
LE SPIRITISME 15

dans le ventre de sa mère. Sur les lignes crayon­


CORRESPONDANCE nées figuraient deux fois 2, 6, 3 , le lendemain la
femme d’ un de ces messieurs accouchait d’un gros
Valence (Drôme), le 10 novembre 1889.
garçon. Nous n’avons pu nous expliquer ce que
Cher monsieur Delonne, voulaient dire ces nombres q 5 et 203 . Nous fîmes
Je vous envoie encore quelques reproductions de nouveau l'obscurité et les feux follets allaient,
photographiques de nies dessins spirites (quatre), vena'ent de tous côtés. Nous étions touchés par de
puisqu'el es paraissent vous intéresser, et vous en petites mains, et les différents objets qui se trou­
enverrai Je nouvelles à l’occasion. Je puis dessiner vaient sur ie marbre de la cheminée, boîtes,
,1e la main gauche et ù rebours. crayons, aimants, boussoles, etc., tombaient d’ici
U tJüt que je vous parie de mes s o i r é e s f a u t a s - de là. Je sentis quelque chose qui venait prendre
*itjut’s. Dernièrement,, trois jeunes gens vinrent place à mes côtés. J'allumai et je trouvai un rou­
knea mai pour me dire qu'ils avaient entendu par- leau de carto.i de la grosseur d’un tuyau de poêle,
.•r -lu spiritisme et qu'ils seraient bien aise de sur i mètre de hauteur, qui était dans un coin de
■ .oir tourner la table. Je leur dis que je n’étais que la pièce et qui était venu se mettre à côté do moi.
médium dessinateur et non médium de table. Les coussins d'un canapé et une gro>se couverture
<ijue faudrait-il faire, pour la faire tourner? tombèrent ensuite au milieu de nous.
— il n'y a qu’à essayer, appliquez vos mains sur Dans des séances suivantes où assistèrent des
!j table avec moi, soyez recueillis el je verrai bien­ curieux et des incrédules, la trble s’est mise de
tôt si vous êtes médiums de table. » Au bout de nouveau en mouvement à la lumière, a transporté
quelques instants des coups, des craquements, se les spectateurs dans la pièce et s'est souvent élevé.*
tirent entendre, puis la table se déplaça, se balança. en l’air, quand nous faisions le cercle autour, sous
Je montai dessus. « Mais vous êtes trop lourJ, le contact des mains.
iS5 kil. vous allez l’empêcher de marcher.— Te­ Dans l’obscurité des lueurs se sont produites de
nez toujours vos mains sur la table et vous allez tous côtés, nous avons été touchés tantôt par pe­
voir. »Un instant après la table me promenait dans tites, tantôt par de grosses mains.
la pièce à leur grand étonnement, puis elle se leva Les objets qui se trouvaient dans la pièce se dé­
sur deux jambes et se livra à des mouvements de plaçant constamment, nous les avons déposés
roulis et de tangage. Sentant que j'allais tom­ dans la chambre voisine fermée à clef, ne gardant
ber, je descendis. J’avais trois médiums de table. qu’un lourd canapé sur lequel étaient assis M. et
L idee me vint alors Je faire l'obscurité. « Tenor.s- MmeV **, photographes. Le canapé a transporté
nous par la main. » Au même instant une boule de M. et Mme Vernier au milieu delà pièce. Les chai­
:eu se dégagea de l’épigastre d'un de ces messieurs ses qui étaient dans l’autre pièce, sont entrées dans
et trois petits leux follets vinrent danser devant notre chambre et marchaient sur nos talons quand
ses yeux. nous faisions tourner la table.
« Je ne veux p'.us rester ici, me dit il, effrayé. Un sablier, un colf^| japonais, un couteau, un
Je r.e veux pas èire brù é. — Ne craignez rien, papier, une photographie qui se trouvaient dans
1-ii j is-je, rest z donc, ça méconnaît. J’ai vu ces une pièce du devant de la maison sont tombés
lueurs chez Mme B**', à Paris et je suis bien aise successivement dans no're pièce, toutes portes
de les revoir chez moi. » Je mis une feuille de pa­ fermées. Un gros paquet de cordes placé dans un
pier et un crayon sur le plancher. Nous nous te­ placard fermé à clef est tombé au milieu de nous.
nions par les mains et attendions silencieusement, Nous l'avons remis à sa place et il est de nouveau
lotit à coup de nouvelles lueurs se produisent sur tombé dans la chambre. J'avais mis la clef du
le plancher, nous entendons le cravon marcher placard dans ma pocha. Des chandeliers, des bou­
sur le papier, puis sauter en l ’air. J’allumai, et gies, des boites et différents objets étaient lancés
nous vîmes le nombre q.5 écrit sur le papier. Ne sur nous. Une boite à musique c". un violon ont
saehant ce qu il signifiait, nous replaçâmes la éié brisés. Ua porte-manteau vissé sur la porte a
leuille de papier et lt crayon sur le plancher. La été arraché et lancé sur la tète de l'un de nous, son
feuille et le crayon passèrent devant ma figure. crâne en porte la cicatrice !
J adumai, je ne trouvai que le crayon, le papier Nous avons entendus des sifflements sur nos
avait disparu. Impossible de le retrouver. Je mis tètes et de gros coups sur la porte, c’était sinistre!
une autre feuille de papier sur le plancher et nous Nous avons été irappés, piqués. J’ai reçu trois
limes le cercle. Des lueurs se produisirent bientôt petites incisions sur la main qui ont amené le
et le crayon marcha. Apres avoir cravonné pen­ sang. Mme V. a reçu un coup de règle sur la main
dant une minute, ii sauta dans la chambre. J al­ et M. M. sur le nez, cette règle venait ne lu-pièce
lumai et nous trouvâmes le croquis d’un enfant voisine. La main de Mme V. est restée entlée pen­
i6 LE SPIRITISME

dant une semaine, et le nez de M. M. est encore n’en parle pas. Je viens de lire dans l'Analyse des
meurti. Mme V. a reçu un coup de pied à la choses du docteur Paul Gibier, parue depuis quel­
jambe. Enfin le pied du canapé, solidement vissé, ques jours chez Dentu, que ces séances sont très
cloué et collé, a été violemment arraché de son dangereuses (pages 181, 184, 185 , 189, 19 ), sur­
entaille et a été lancé sur M. Tac..., emportant avec tout si l’on ne s’entoure pas des conditions vou­
lui la vis et les clous et une longue flèche prise en lues, si l’on n’use pas de certaines formes (pages
plein bois ; comme les choses prenaient une mau­ 189, 190), mais il ne dit pas en quoi consiste ces
vaise tournure, nous avons suspendu nos séances conditions et ces formes.
pour éviter d'autres accidents. On m’a invité à D'un autre côté, M.Mac Nab, ingénieur des arts
expérimenter à l’hôtel du Parc où je prends mes et manufactures, dit dans le dernier numéro du
repas. Les quatregarçons de l’hôtel, qui tombent à Lotus (page 782) : « Je pourrais en dire bien long
la renverse dès que jo les magnétise, ont fait im- sur ce sujet, mais l’expérience m’a prouvé qu’il y
méiiatemeni marcher une lourde table en a des choses qu’il faut garder pour soi et qu’il est
pleine lumière. Le maître d’hôtel et ta femme je inutile et dangereux de vulgariser. »
sont assis dessus et ont été transportés au milieu }' f Pourquoi cacher ce qu’il sait, lorsqu’il peut évi­
de la salle. Il en a été de même pour un spectateur , jr des dangers ? •
qui s’est mis debout sur la table. Il a été obligé de i (Il est certain que je ne tiendrais pas à recevoir
descendre quand la table s’est livrée a ses mouve­ dans les yeux les piqûres et les incisions que j'ai
ments de roulis et de tangage. Les spectalburs reçues à la main ! M. Mac Nab ne croit pas aux
ont lait tous leurs efforts pour la contenir, elle esprits. Il explique tout par l’ inconscient et les
s’est dressée sur deyx pieds et comme ils pesaient points matériels. C ’est très savant, mais je ne suis
sar elle pour la faire retomber, le pied de la table pas 'de force à comprendre sa théorie.
s’est cassé. Alors nous avons fait l'obscurité. J’ai J'oubliais de vous dire que nous avons eu dans
posé une feuille de papier et un crayon sur le notre soirée de l’hôtel du Parc, l’apparition d’un
plancher. Nous avons fait le cercle en nous tenant fantôme: c’était un cuisinier avec sa toque blanche,
par la main. Des lueurs se sont aussitôt produites sa veste et son tablier blanc. Il portait derrière
sur le papier et nous entendions lt crayon mar­ son dos une bougie allumée. Je me suis avancé
cher, puis sauter en l’air. En allumant la bougie vers lui, croyant que le maître d'hôtel venait nous
nous avons lu : faire une larce et je lui dis : « Je vous vois bien,
« Esprits invisibles, ou les esprits malheureux. M. M ., vous venez tricher avec votre bougie et
Je t’attends. ' vous direz ensuite que c’est vous qui avez fait les
Signé : « F e r ... » luçursque nous avons vues » et au moment où je
croyais le tenir il s’est glissé le long de la muraille
Nous avons fait l’obscurité et, en différentes fois,
derrière les tables, puis il s’est baissé sous une ta­
nousavons reçu, toutes portes fermées, trois racines
ble. Je vois encore remuer les bords de la nappe.
jaunes, un canif à quatre lames, un trousseau de
Je le suivais en allumant ma bougie et quand je
clefs, une grosse betterave, un navet, ùne rave, un
crus le sentir, il était évanoui !
dalhia, un panier en osier, une muselière de chien. Je serais bien aise d’avoir votre avis snr ses
Tous ces objets n’existaient pas dans la maison, séances obscures. Dois-je ou non les continuer?
ils venaient certainement du voisinage. Ils dispa­ Tout à vous, et au revoir, — cet hiver je pense.
raissaient quand nous faisions 1’.. bscurité. Le
R oulx .
canif que la maîtresse d’hôtel avait mis dans sa Ex commis principal au télégraphe.
poche, ne s’y trouvait plus un instant après.
Quand nous avons allumé le giz, il est tombé
sur nous une pluie de graines de choux et nous , AVIS
étions touchés par des mains invisibles, le cocher a L ’abondance des matières nous oblige à
eu le bras paralysé. J’ai lait cesser son indisposi­ remettre au prochain numéro :
tion en le magnétisant, un des garçons s'est levé L a suite de la Bibliographie;
pendant la nuit, il était assis sur les bords de la L’annonce des publications périodiques et
fenêtre, les jambes pendantes dans le vide. .
des ouvrages recommandés-,
Voilà des phénomènes qui frappent les incrédu­
La suite du feuilleton : « Mémoire d’un salon
les ! Les personnes qui ont assisté rt cette séance spirite ». . . . . .
croient aujourd'hui à l’existence d’un inonde invi­
sible.
Le Gérant : Gabriel Delannè. '• ' '
Maintenant je vous prierais de me dire ce que
vous pensez de ces séances obscures. Allô Kardec lm p, Alcan-Lévy, 24. rue Par 3
O R G A N E DE L ’UNION S P I R I T E F R A N Ç A I S E
Naître, mourir, renaître et progresser sans eêts*
telle est la loi. A llan K ardec .

ABONNEM ENTS RÉDACTION & ADMINISTRATION


L E JO U R N A L P A R A I T
Paris et Départements 5 fr. par an. 24, rue L abruyère, Paris
Étranger . . . . . . 6 — UNE FOIS PAR MOIS
Rédacteur en chef : Gabriel Dklanxe

A VIS I M P O R T A N T Etude sur la Folie et l’Hérédité


N ous avon s l’h on n eu r d’in ­
form er n os lecteu rs et nos 3 ° Article (suite)
corresp on dan ts que le bureau Pour en revenir à la folie considérée dans, ses
d e réd action du jou rn al « le rapports avec l’hérédité, il est incontestable que
S p iritism e » est transféré, à dans beaucoup de cas, la folie est due à une lésion
par ii* du 1 er février, 24, ru e du système nerveux, lésion qui se manifeste à une
L abruyère. P rière d’en voyer certaine époque de la vie, etqui provient des pa­
rents par voie héréditaire.
à cette a d resse les lettres et
d ocu m en ts con cern a n t la R é ­ D-ins ces conditions, il ne peutplus être question
d’esprits obsesseurs.
d action et l’A dm inistration de
n otre organ e. C ’est l’organisme lui-même qui est vicié, dété­
rioré, et qui ne répond plus à la volonté de l’àme
N ous p rion s en m êm e tem ps il peut se produire des hallucinations qui ont leur
n os am is de b ien v o u loir nous fondement dans le mécanisme cérébral faussé :
a d resser , par m a n d a t-p o ste, Souvent aussi on remarque une complication du
24, ru e L abruyère, le m ontant phénomène. L’hérédité peut présenter des méta­
d e leur ab on n em en t pour l’a n ­ morphoses; ainsi un alcoolique peut donner nais­
n é e 1890. sance à des enfants idiots; ceci tient à ce que l'en­
céphale, sous l’influence de l'alcool, est partiel­
SOMMAIRE ' lement détruit, de sorte que chez l ’enfant, le
Etude sur 1î Folie et l’Hé­
cerveau n'occupe pas toute la capacité de la boîte
rédité .............................. G. D e la n n e . osseuse. D’autrefois les convulsions des ascendants
C h ro n iq u e ....................... Réné L abrize . se ci- angent en hystérie ou épilepsie chez les des­
Notions élémentairas de cendants.
Spiritisme ...................... B ris s e . On cite un cas oü l hypéresthésie du père (déve­
Le bon Dieu en habit noir Arsène H o u s s a y e loppement maladif de la sensibilité) s’est irradi
Le progrès de l ’humanité, chez ses petits-enfants et a produit la monomanie
la perfectibilité hu^ la manie, l’hypocondrie, l’hystérie, les convulsions,
m a in e ............................... B ouvery . le spasme.... les faits de ce genre abondent (i) et
Conférences spisites à la
Faculté des Lettres de (1) Piorry. — De l’hérédité dans les maladies page 119 ;
Maudeley Pothology of mund, 244, 256. Lemoine. —L'aliéné,
Lyon............................... Un correspondant. page 105, 137. Brierre de Boismont, — Les hallucinations.
N écrologie . . N ozeran et Louis M a g n i e u x . — Moreau. — Psychologie morbide.
18 \L E SPIRITISME

sont explicables par la théorie d e là réincarnation raison (Lucas). Un négociant Suisse voit ses deux
et de l’expiation des fautes antérieures. Nous rap­ enfants mourir fous à 19 ans. Une dame est alié­
porterons quelques exemples : née a 25 ans après une couche. Sa fille devien
Un orfèvre,guéri d’ un premier accès d’aliénation folle à 25 ans à la suite de couches. Dans une
mentale causée par la révolution de 1788 s'empoi­ famille, le père, le fils, le petit-fils se sont suicidés
sonna. Plus tard sa fille aînée est prise d’une atta­ à bo ans (Esquirol).
que de manie qui se change en démence. Un de Malgré tous les faits que nous venons de citer
ses frères se donne un coup de couteau dans l'es­ l’hérédité intellectuelle n’est pas la règle, car on
tomac. Un second frère s’abandonne à l’ivresse et remarque que ce sont des maladies qui se trans­
finit par périr dans la rue. Un troisième “efuse mettent par voie séminale et non les facultés propre­
toute nourriture et finit par s’éteindre d’anémie. ment dites ; Pinnéité est de beaucoup plus fréquente
Une deuxième sœur, pleine de travers, se maria, encore, malgré le nombre des exceptions. C’est ce
eut un fils et une fille. Le premier meurt aliéné et qu’a soutenu le docteur P. Lucar, et nous sommes
épileptique ; la seconde perd la raison pen iant une de son avis, puisque nous savons que l ’Esprit qui
couche, devient hypocondriaque et veut se iaisser vient s’incarner apporte son individualité, le plus
mourir de faim. Deux des enfants de cette même souvent différente de celle des parents. Ne voit-on
dame meurent d’une fièvre cérébrale, un troisième pas quelquefois des hommes de génie naître
meurt sans avoir voulu prendre le sein, C’est dans dans une tamille dont aucun membre n’avait de
des cas semblables que l’on comprend le mieux faculté transcendante? Et d’autre part, l’onconstate
l’influence de ces gemmules dont parle Darwin qui parfois qu’ un scélérat est iscu au milieu d'une très
modifient, l’organisme d’ une manière pathologi­ honnête famille.
que et ne permettent plus à l’esprit incarné La loi de la réincarnation explique très bien ces
d'exercer son pouvoir. apparentes anomalies, car dans cette étude, comme
Le périsprit n’est pas créateur,il est simplement dans toutes celles qui touchent au physique et au
Vorganisateur de la machine, mais si l’hérédité ne moral, il ne faut jamais se placer à un point de',
lui donne que des matériaux viciés où incomplets, vue exclusif, sans quoi l’on est exposé à ne consi-1
il est incapable de les régénérer, et il reste des dérer toujours qu’un côté de la question. Le savant ,
parties du cerveau sur ïesquel'es il n’a pas d’ac­ qui ne voit que la matière se trompe aussi lour­
tion. Or la vie mentale est si compliquée, les dement que le spiritualiste qui n’envisage que
facultés : mémoire, idéalisme, imagination, juge- l’Esprit.
n.ent, etc., sont dans une liaison si étroite, que Le spiritisme a pour devoir d'éclairer la science
l'oblitération d’une seule entrave la manifestation en étendant son domaine au monde invisible.
des autres, do là, les désordres dont nous parlons. Nous dirons donc que si l’esprit qui vient sur la
Guitras à aussi rapporté le fait suivant : Un terre apporte incontestablement les acquis de ses
père atteint de folie a des enfants qui remplissent vies antérieures, il faut cependant tenir compte des
avec distinction des emplois publics. dispositions organiques qui peuvent êtres favora­
Leurs enfants semblent d’abord sensés ; mais a bles où nuisibles au développement de ses facultés
vingt ans deviennent fous; sur 22 cas d’hérédité de natives.
folie, Aubanelet Thoré ont noté des faits de ce Voici à ce sujet l ’avis (lu savant docteur Moreau
genre. (de Tours) (1) qui n’admet l’hérédité qu’au point
Il y a des familles dont les membres, à peu de vue physiologique, en ce sens qu’il dit que c’est
d’exceptions prés, sont tous atteints de folie et de la transmission héréditaire des défauts organiques
la même espèce. Trois parents entrèrent à la fois qui déterminent chez les descendants des maladies
dans l’hôpital des fous de Philadelphie. On a vu mentales. Nous ne disons pas autre chose, tout em
dans l'hôpital de connectient un fou qui était le différant absolument du docteur Moreau quant k<
onzième de sa famille, Lucas parle d’une dame l’appréciation de la nature du principe intelligent»
qui était la huitième; ce qui est le plus curieux, Pour les matérialistes, l’âme résultant de l'or­
c’est que le mal se développe au même âge dans les ganisme est malade, si l ’organisme est malade;
générations successives. pour nous qui croyons à l’indépendance constitu­
Toute la descendance d’une famille noble de tive de l’âme, nous disons qu’elle n’est jamais
Hambourg, remarquable depuis le bisaïeul par de malade, mais quelle ne peut manifester ses facultés
grands talents militaires, était à 40 ans frappée dans un corps mal construit auquel il manque
d’aliénation : Il n’en restait plus qu’un seul reje­ certaines parties indispensables pour le bon fonc­
ton,officier comme son père, à qui Je Sénat interdit tionnement intégral de l’Esprit. Le cas est le
de se marier : l’âge critique arrivée, il perdit la (1) Psycohologio morbide.
LE SPIRITISME 19

même que si l ’on voulait obliger un musicien à directement que l’i êrédité intellectuelle n’a pas
donner le sol avec un piano où manqueraient les J lieu et que partout et toujours il n’y a transmis­
cordes qui produisent ce son à toutes les octaves. sion que des caractères physiques. Etablissons
Nous sommes donc d’accord avec la science fortement ce point si important pour nous:
pour convenir que la folie résulte le plus souvent i 8 Ce qui prouve la réincarnation, c’est que sou­
d’une lésion ou d’ un trouble nerveux transmissible vent, dit Burdach, les parents ont des facultés in­
par hérédité,• mais notre explication de ce phéno­ tellectuelles très bornées etleurs enfants annoncent
mène en diffère absolument, l’âme étant une per­ cep endant les plus heureuses dispositions. C’est
sonnalité indépendante après la mort comme le fréquemment de parents simples que sortent les
démontre le spiritisme. hommes supérieur, ces esprits dont l’influence se
Une citation empruntée à M. Moreau fera voir fait sentir pendant des milliers d’années et donc la
en quoi nous différons. C'est mal comprendre la présence était un besoin pour l’humanité, au mo­
loi d'hérédité, dit-il, que d’attendre à chaquegéné- ment où ils sont entrés dans la vie. Les plus grands
ration nouvelle le retour de phénomènes iden­ hommes appartiennent à des families pauvres, vul­
tiques. gaires et inconnues. Témoins ; Le Christ, So­
Il y en a qui ont refusé de soum eltre les facultés crate, Jeanne d’Arc.
mentales à l’hérédité parce qu’ils voudraient que le 2° Des hommes illustres donnent le jour à des
caractère et l’intelligence des descendants fussent enfants indignes d’eux: Cicéron et son fils ; Ger-
exactement semblable à ceux des ascendants, manicus et Caltgula ; Vespasien et Domitien ;
qu’une génération fût la copie de la précédente, Marc-Aurele et Commode ; les fils de Henri IV,
que le père et le fils donnassent le spectacle d’une de Louis XIV, de Cromwell, de Pierre le Grand,
même créature naissant deux fois et parcourant de Lafontaine; de Grébillon, de Goethe, de Napo­
chaque fois la même vie dans les mêmes con­ léon.
ditions. Mais ce n’est point dans l’identité des 31 Des races inférieures produisent des grands
fonctions ou des faits organiques ou des facultés hommes : Chez les nègres : Toussaint Louver-
intellectuelles qu’il faut chercher l’application de ture.
la loi d’hérédité : c’est dans la source même de 4/ Il est d’obsenaiion vulgaire que très sou­
l’organisation, dans la Constitution intime. vent les enfants, tout en ayant une ressemblance
Une famille dont le chef est mort aliéné, épi­ physique très grande avec les parents peuvent en
leptique, ne se compose pas d’aliénés et depiiepti- différer beaucoup moralement.
ques, mais les enfants peuvent être idiots, paralysés, Le spiritisme, grâce à la loi bien démontrée de
scrofuleux. Cs que le père a transmis, ce n’est pas la réincarnation, explique ces anomalies de ’’héré­
la folie mais, c’est le vice de sa constitution qui se dité qui déconcertent ceux qui s’ entêtent à ne pas
manifestera sous des formes différentes par l’hys­ vouloir faire intervenir l’élément spirituel comme
térie, l’épilepsie, la scrorule, le rachitisme. C’est individualité bien définie dans les problèmes qui
ainsi que doit se comprendre la transmission exigent ce postulatum pour être résolus ; aussi ils
héréditaire. » en sont réduits à dire avec M. Ribot :
Voici un autre témoignage qui confirme celui du Quelles sont les causes de ces métamorphoses?
docteur Moreau. En parlant de jeunes détenus des Par quelle transmutation mystérieuse la nature
maisons de correction, le docteur Legrand du tire-t-elle le meilleur du pire, le pire du meilleur?
Saule nous montre toute une catégorie a d’êtres Nous n’avons rien à répondre. Celte question est
quinteux, irritables, violents, pas intelligents, ré­ en dehors de laportée actuelle delà science. Nous
fractaires à tout sentiment honnête, indisciplina­ ne pouvons dire pourquoi tel mode d’activité se
bles et incorrigibles » ; et de qui sont-ils nés? transforme en se trarsmettant, ni pourquoi il revêt
« Tantôt ils sont fils de vieillards, de consan­ telle forme, plutôt que telle autre. »
guins, d’alcoolisés, d’épileptiques et d’aliénés. Tan­ On voit donc en somme que pour bien compren­
tôt, et c’est lecas le plus fréquent, ils doivent la vie dre la nature de l’homme, il faut tenir compte de
à un père inconnu, et ils la reçoivent d’une mère l’hérédité qui s’exerce toujours au point de vue
rachitique, hystérique, prostituée ou fille. physiologique et que sans admettre que les facul­
Ces faits mettent parfaitement en évidence le tés de l’esprit soient transmissibles, ce qui est im­
rôle et l’importance du corps dans les cas anor­ possible suivant le spiritisme, il v a des disposi­
maux -, ils nous fo t parfaitement saisir pourquoi tions organiques des parents qui se montrent chez
un enfant pourra présenter des tendances à la fo­ leurs descendants.
lle, mais ils ne détruisent en rien la loi de la réin­ Il y a une lourde responsabilité ù encourir pour
carnation et l’identité substantielle de l’être qui ceux qui, se sachant atteints de maladies incura­
vient de t’incarner. Bailleurs, cYr*rvation établit bles, ou de vices qui ont laissé en eux des traces
20 LE SPIRITISME

Ineffaçable;, ne craignent cependant pas de donner en énergie actuelle pendant la durée de la vie
la vie à des êtres qui porteront fatalement '.e stig­ détermine le degré de longévité de l’individu.
mate indélébile de l’infamie de leurs proge'niteurs. Ce germe contient aussi des gemmules qui mo­
Ecoutons à ce propos le savant et consciencieux difient l ’organisme en vertu des lois de l'hérédité.
naturaliste M. de Quatrefages: C’est sous l’influence de la force vitale que le péris­
Depuis longtemps on a remarqué que les enfants prit développe ses propriétés fonctionnelles. L’évo •
engendrés pendant l’ivresse présentent souvent en lution vitale du germe reproduit d’une manière
permanence certains signes caractéristiques de rapide les formations ancestrales par lesquelles
cet état : des sens obtus et des facultés intellec­ la race a passé, et de même que le double flui-
tuelles presque nulles. Or à Toulouse, perdant dique renferme sous forme de mouvements la
une courte carrière médicale, j’ai eu l’occasion trace ineffaçable do tous les états de l’âme depuis
d’observer un fait de ce genre. « Deux artisans, le sa naissance, de même le germe matériel contient
mari et la femme, appartenant à des familles dont en lui l’empreinte indéfectible de tous les états
tous les membres avaient été sains de corps et d’es­ successifs du fluide vital.
prit, avaient quatre enfants. Les deux premiers L’idée directrice qui détermine la forme est donc
étaient vifs et intelligents; le troisième à demi- contenue dans le fluide vital, et le périspiit en
idiot et presque sourd, le dernier ressemblait aux s’imprégnant, en se mélangeant, en s'unissant
aînés. Des détails que me donna la mère, dont aet intimement à cette force, se matérialise suffisam­
enfant dénué d’intelligence faisait l’affliction, il ment pour devenir le directeur, le régulateur, le
résulta qu’il avait été conçu dans un moment où support de I’éner>ie vitale modifiée par l’hérédité.
son père était abruti par l’ivresse. Ce fait n’aurait C’est par lui que le type individuel se forme, se
que peu ou point de signification ; rapproché de développe, se conserve et se détruit.
ceux qu'ont fait connaître Lucas, Morel, etc., il C ’est par cette cause que le périsprit est le calque-
en a au contraiie une très grande. » idéal du corps, le réseau fluidique permanent à
Il n’y a pas que l’alcoolisme qui produise ces travers lequel passe le torrent de matière fluente
tristes résultats; et sans insister davantage sur ce qui détruit et reconstruit à chaque instant tout
sujet, on comprendra toute la gravité qui s’attache l’organisme vivant. C’est au périsprit que l’esprit
à ces questions si délicates. doit la conservation de son identité physique et
Les dispositions organiques dont on hérite des morale, car il est tout à fait impossible d’at'acher
parents sont donc avantageuses ou néfastes, et là le sentiment si profond et si persistant à la matière
l’esprit qui s’incarne, suivant son degré a’avance­ qui se renouvelle sans cesse.
ment subit ou choisit une famille (1) qui lui per­ Ce qui fait l’invincible force de la certitude que
mettra d’accomplir sur la terre le genre de progrès nous avons d’être toujours le même être depuis
qu’il désire réaliser. S’il doitcultiver les sciences, notre naissance jusqu’à notre mort, c’est la mé­
les arts ou les lettres, ses affinités périspritales le moire. Or les molécules du corps ont été renou­
conduiront de préférence dans les milieux où les velées pour chacun de nous des milliers de fois
sciences sont en honneur. Si, au contraire, il doit pendant la durée d’une existence ; donc la mé­
souffrir pour s’épurer, il sera attiré dans des moire, puisqu’elle persiste, ne peut être une pro­
familles où des tendances héréditaires se mani­ priété de ce qui est instable : la mémoire, elle
festent dans toute leur intensité et elles feront de appartient à ce qui ne varie pas dans l’homme, à
sa vie une douloureuse épreuve. l’enveloppe fluidique : au périsprit.
Ainsi s’expliquent les maladies redoutables qui Nous constatons aussi dans l’homme des ins­
semblent s’abattre arbitrairement sur certaines tincts spécifiques, c’est-à-dire appartenant à toute
familles et qui ieraient douter de la Justice divine
la race
si !e spiritisme ne nous faisait comprendre le Ceci n’a rien qui doive nous surprendre, puisque
pourquoi de celte apparente injustice. l ’âme et son enveloppe n’arrivent à la période
humaine que lorsqu’elles son aptesà diriger un corps
RÉSUMÉ humain; les instincts primordiaux sont donc les
mêmes pour tous, mais il en est d’autres indivi­
Au moment de l’incarnation, le périsprit s’unit
duels, qui dépendent des progrès particuliers
molécule à molécule à la matière du germe.. Ce­
réalisés par chacun de nous, de sorte que la réac­
lui-ci possède une force vitale potentielle dont
tion aux excitations extérieures varie suivant Ja
l’énergie plus oumotns grande, en se transformant
nature particulière de chacun.
(lj Les lois magnétiques le dirigent inconsciemment, s’il U a b r iel D elanne .
n’est pas assez avancé pour se rendre compte de ces phéno­
mènes. [A suivre).
LE SPIRITISME 21

donner ou de tester! Pourquoi? Parce qu’elle


CHRONIQUE croyait à la possibilité, pour elle, de s’entretenir
avec ses morts toujours aussi aimés. Avez-vous
donc oublié ce passage de la Confession de Saint-
Le procès relatif à la succession de Martres, dont
Augustin : « Je suis convaincu que ma mère
nous avons entretenu l’année dernière, nos lecteurs,
« reviendra me visiter et me donner des conseils,
se déroule aujourd’hui devant les tribunaux.
a en me révélant ce qui nous attend dans la vie
Hâtons-nous de dire que l’accusation romanesque
« future,»
portée par Mlle de Frileuse contre Thouard et
Nous répétons encore une fois que nous n’avons
Mme Chapitey — empoisonnement de M. et
pas à nous 'prononcer entre M. Thouard et les
Mme de Martres — a été abandonné. Tout l'in­
héritiers de Martres, mais nous tenons à rendre
térêt des débats porte aujourd’hui sur ce seul
hommage au beau panégyrique prononcé avec
point, de savoir si la donation faite par Mme de
talent par la bouche autorisée deM. Léon Renault.
Martres de sa propriété d’Andillon au médium
Chapitey, qui en a fait à son tour hériterle magné­ ★
* ¥
tiseur Thouard, est valable.
La plupart des quotidiens ont publié une note
Nous ne prenons aucunement position dans
relatant l’exclusion de M. le docteur Topinard c e
cette affaire ; depuis longtemps nous répétons à qui
l’école d’Anthropologie dont il fut le président et
veut l’entendre que le rôle du médium est sacré et
l’un des fondateurs. On disait même que les opi­
qu’il ne peut et ne doit pas tirer profit de sa
nions spiritualistes que professe ce savant n'au ­
faculté. Notre opinion n’a pas changé, et, quelle
raient pas été étrangères à cette mesure; néan­
que soit la décision du tribunal, nous maintien­
moins rien de précis n’avait été afhrmé à ce sujet.
drons toujours ce que les plus autorisés de nos
Or le Rappel recevait le 8 janvier une leure de
rédacteurs ont écrit dans ces colonnes au sujet de
M. Topinard don' nous extrayons les pasrages
la méiiumn'té rétribuée.
Si nous revenons aujourd'hui sur cette affaire suivants :
< ... Du vivant de Broca, tout alla bien. De sa
qui fournira encore une belle occasion aux spirito-
puissante main il maintint unis les éléments du
phobes de déverser leur fiel sur nous, c’est afin de
faisceau. Mais après sa mort, des symptômes de
parler de la remarquable plaidoirie de M* Léon
projets d’emriètement de la part de l’Ecole, qui
Renault.
déjà s’étaient manifestés, prirent plus d’intensité.
Délendant la cause de Thouard avec le talent
Mon dtvoir, comme secrétaire général de la
qu’on lui connaît, l’éloquent avocat déclare qu’il
met avant tout le spiritisme hors de cause, et nous Société, comme directeur adjoint du Laboratoire
tenons à mettre sous les yeux dè nos lecteurs, le (directeur de fait) et comme directeur de la Revue
danthropologie, suceèJant à Brcc i, était de m’y
passage de son plaidoyer où il rend justice à le
opposer e: de défendre, dans l’intérêt de tous et
philosophie spirite.
surtout de la science les conditions du contrat. Mais,
« Quelle influence le spiritisme a-t-il exercé sur
hélas! j’avais contre moi un groupe ardent, prépa­
la vie de Mme de Martres? s’écrie-t-ii. Eh bien!
rant tous ses actes de loin, obéissant à une disci­
évoquez par la pensée la lamentable aliénée que le
docteur Blanche nous a dépeinte, celle qu’ri a pline sévère (le Matérialisme scientifique).
..... La mesure prise contre moi n’est qu'un
soignée de la fin de i 858 au mois de juin 1861 ;
incident dans cette longue campagne...
puis transportez-vous en imagination auprès du
..... Le quatrième grief est le vrai : c’est bien le
foyer respecté qui a vu pendant vingt ans M. et
procès de tendance dont vous parlez. J’étais indé­
Mme de Martres pratiquer ensemble toutes les
pendant ...... Je ne m’inspirais que des intérêts
vertus domestiques et s’adorer avec une tendre
supérieurs de la science anthropologique et non
passion que rien n’a troublée et dont la mort n’a
pu interrompre ni le cours ni les ardeurs. Péné­ des visées d’une coterie : je fus sacrifié. *
trez dans ces humbles écoles de Saint-Segondin et *
* ¥
d’Orchaires, dans ces pauvres logis des environs
d’Andillon et des faubourgs de Paris où la baronne I/évêque de Verdun entreprend rne campagne
de Martres allait distribuant tour à tour les ensei­ pour faire élever à Vaucouleurs une statue à
gnements et les aumônes. Demandez-vous Jeanne Darc. Ce n” est que justice. L’Eglise, quia
ensuite ce qu’il faut penser d’une croyance et de fait brûler la Vierge de Domrémy, lui devait bien
pratiques qui sont parvenues à accomplir une si cela; mais ce qui est curieux, c’est que l’évêque de
admirable transformation. Verdun, successeur des évêques qui ont prononcé
« Mme de Martres aurait été folle, incapable de l’infâme sentence, prétend que ia statue qu’il rêve
22 LE SPIRITISME

sera « le pur et radieux symbole de l’idée catho­ son créateur a conçu pour lui et vers lequel il le
lique * ! guide pas à pas avec une sollicitude inaltérable.
Nous sommes de son avis : un bûcher garni de Et en tirant toutes les conséquences de sa puis­
sa victime est le plus parfait symbole de l’Église sance, de sa bonté, de sa justice, de son amour, en
catholique, et, d’ailleurs de toutes les Églises pas­ un mot de toutes les perfections infinies qui cons­
sées et à venir... s’il en vient. tituent son être, le spiritisme démontre l’impossi­
bilité de l’existence d’un lieu de punitions éter­
*• *
nelles, de même que d’un séjour spécial de
La jeune République brésilienne, rompant avec béatitude sans fin, où l’Esprit resterait station­
les traditions surannées du calendrier judaïco- naire, contrairement à son essence.
latino-chrétien, vient d’adopter officiellement Ie Cette connaissance raisonnée de Dieu détruira
calendrier positiviste dont les données sont huma­ nécessairement le matérialisme et l'athéisme* nés
nitaires. l’ un et l’autre des doctrines, inacceptables pour
A quand l’adoption chez nous du calendrier si l’homme intelligent et réfléchi, propagées par les
poétique et si scientifique à la fois de la première diverses religions qui se partagent les habitants de
République ? notre planète.
En nous faisant constater tout ce que ce père si
Echo des sacristies. prévoyant fait pour nous à tous les ins'ants de
Il a été décidé qu’ un grand pèlerinage serait notre vie, cette doctrine nous amène, à mesure
entrepris par la population cléricale de Paris à que nous nous en pénétrons, à aimer de plus en
Sainte-Geneviève, dans l’intention charitable de plus ce Dieu si bon, qui nous prodigue son amour,
faire cesser l’épidémie d’influenza qui sévit aujour­ et à le considérer, non plus comme un maître
d’hui sur notre pays. inflexible, irascible, aimant à se venger, exigeant
C’est bien dommage que les organisateurs de nos adorations sous telle ou telle forme, se réjouis­
cette pieuse mascarade aient attendu le moment où sant même des souffrances qu’il inflige à ses créa­
les bulletins médicaux annoncent la décroissance tures, mais, au contraire, comme le père le pius
de la maladie 1
tendre, le plus aimant, toujours prêt à relever ses
R ené L abrize . enfants lorsqu’ils tombent, et à les soutenir lors­
qu’ils marchent en avant dans la voie qu’il leur a
tracée.
Pour que ces pensées prennent place dans notre
humanité et deviennent la base de sa conduite, il
importe qu’elles soient enseignées aux enfants en
place des ouvrages ridicules et absurdes qu’on leur
met entre les mains, qui ont l’inconvénient grave
N ous avons la bonne fortune de pre'senter à de créer dans leur esprit des préjugés et des supers­
titions que plus sard ils ont bien de la peine à
nos lecteurs un excellent ouvrage dû à l’e x p é­
effacer complètement de leur pensée,
rience de notre ami M . B risse; nons espérons
que nos frères trouveront dans la lecture de
IN TR O D U CTIO N
ces pages autant de plaisir que nous en avons
éprouvé nous-mêmes. Notre but, mes chers enfants, étant de vous
L a R édaction. donner des notions élémentaires sur la doctrine ou
science spirite, nous devons d’abord vous donner
un aperçu succint, qui vous permette d’apprécier
PRÉFACE cette doctrine qu’on a appelée te spiritisme, parce
Le spiiilisme ayant pour mission et pour but de qu’elle a trait spécialement à tout ce qui se rattache
préparer l’humanité terrestre à une rénovation à l’ Esprit et qu’elle a été vulgarisée par les Esprits.
morale, les renseignements, aujourd’hui, tendent Nous allons répondre à cette question que vous
en général à grandir dans nos esprits l ’idée de ne manqueriez pas de nous adresser.
Dieu, en nous montrant sa puissance dans tous les D. — Qu’est-cè que le spiritisme ?
faits de la création, sa bonté toute paternelle dans le R. — Le spiritisme est l’ensemble des connais­
développement progressif de l’Esprit, ou Ame, et sances révélées aux incarnés ou êtres pourvus d’un
dans sa marche ininterrompue vers le bonheur que corps matériel et habitant votre planète par d’au-
LE S P I R I T I S M E 23

très êires de même nature, mais ayant quitté la vie les masses, quoique de tout temps des faits se rap­
matérielle et continuant, suivant les lois établies portant à cette science se soient produits et aient
par Dieu, à vivre spirituellement dans l’espace, été consignés dans les annales de votre monde,
et que, pour les distinguer des êtres encore soumis sans avoir été expliqués. Il en a été de même de
à la matière corporelle, on a désignés sous le nom toutes les sciences, ainsi de la physique, de la chi­
à'Esprits ou désincarnés. mie, de l’astronomie, etc.
Quant au mode de communication entre ces On a d’abord constaté des effets dont on a long­
Esprits, qui constituent le monde invisible, et les temps cherché, sans succès, les causes ; puis enfin,
incarnés, la suite de nos instructions vous le fera à force de travail et d’efforts accumulés, on est
comprendre. parvenu à découvrir quelques-unes des lois qui
L). — Les incarnés de notre globe seront donc régissent ces faits et à constituer peu à peu les
des Esprits lorsqu’ils auront quitté leur enveloppe bases de ces sciences qui iront toujours s'élargis­
terrestre ? sant et se rapprochant de plus en plus de la vérité
— Oui, mon cher enfant, car il n’y a pas d’autre absolue qui n’appartient qu’à Dieu, mais qui est
différence entre eux que ce corps matériel qui vous le phare resplendissant qui nous éclaire et guide
retient sur la terre. nos recherches.
Il en résulte que dans l’espace, ou dans Yerrati- D. — Voudriez-vous me donner la raison pour
cité, mot qui est employé pour désigner la situa­ laquelle le spiritisme a été enseigné aux hommes
tion des êtres après la mort du corps, il y a des par les Esprits, tandis que les autres sciences son
Esprits de toute nature, comme sur votre terre, le fruit du travail des incarnés ?
c’est-à-dire des bons et des méchants, des savants R . — Mon cher enfant la réponse à cette ques­
tt des ignorants. tion, pour vous satisfaire entièrement, nous entraî­
D. — Comment se fait-il qu’apres la mort du nerait à des développements que ne comporte pas
corps tous les Esprits ne soient pas égaux en bonté cette partie de notre travail ; je veux cependant
et en science? vous donner quelques explications à ce sujet, pour
R. — Par la même raison que tous les enfants contenier momentanément votre désir de vous
qui sont vos camarades d’école sont plus savants instruire : la suite de cet ouvrage devant du reste
les uns que les autres, soit qu'ils aient plus ou vous éclairer sur ce que vous me demandez.
moins travaillé ou qu’ils soient plus ou moins Je vous dirai d’abord que la différence que vous
anciens dans l’école. signalez dans votre question n’est qu’apparente, et
D. — Vous m’avez dit que le spiritisme est pour le moment je vous prie d ’accepter mon affir­
l’ensemble des connaissances révélées aux incarnés mation pour vraie, sauf à vous le démontrer plus
par les Esprits, c’est donc une science toute nou­ loin.
velle. Et comment se fait-il, si ellè est appelée à Les sciences que je vous ai citées, et en généia
instruire et à améliorer l’humanité, qu’elle n’ait toutes celles qui se rattachent aux choses physiques
pas été répandue plus tôt ? ou matérielles, peuvent, dans des temps plus ou
R. — Je vais répondre à votre double question. moins longs, progresser et se répandre par le tra­
Non, le spiritisme n’est pas une science nouvelle, vail et l’action des êtres incarnés, car elles sont du
car elle est aussi ancienne, non seulement que le ressort de la matière et par suite sous l’action di­
monde que vous habitez, mais même que la créa­ recte de l’intelligence humaine.
tion, En effet, toute science est, ou mieux, doit Le spiritisme est une science d’un ordre tout
être un ensemble de vérités ; or, la vérité, émanant, différent, car il se rapporte principalement aux
comme toute chose, de Dieu, doit être et est réelle­ choses morales, c’est -à-dire qui tiennent à la spiri­
ment éternelle et absolue, comme lui. Donc, le spi­ tualité de l’être et qui, par leur nature même, sont
ritisme, en tant que vérité, a existé de tous temps- moins à la portée des investigations des incarnés.
Mais comme vérité il n’a pu être connu des Or, il faut que vous sachiez que l’humanité est
hommes avant que leur intelligence ne fût apte à appelée à progresser dans deux modes différents
le comprendre et à en retirer tous les fruits. Et il qui doivent marcher parallèlement, mais qui ne
y a de même d’innombrables vérités qui ne sont sont pas toujours sur la même ligne, se devançant
pas même soupçonnées aujourd’hui et que les tour à tour l’un et l’autre, selon que l’humanité
hommes de l’avenir découvriront ou apprendront, dirige ses forces et ses tendances vers l’un ou
à. mesure que se développeront leurs facultés intel­ l’autre but.
lectuelles et morales. Ceci posé, lorsque le progrès intellectuel a pris
Vous comprenez maintenant, mon ami, pour­ le devant, entraînant toute l’humanité à sa suite, il
quoi le spiritisme n’a pas été répandu plus tôt dans se produit, comme après tout effort violent, un
24 LE SPIRITISME

temps d’arrêt pendant lequel le progrès moral, un le servent sans interruption et non sur ceux qui
instant distancé, accélère sa marche, pour se mettre blasphèment son nom et qui ne lui rendent pas
au niveau de son frère le progrès intellectuel et le leurs hommages?
dépasser à son tour, obéissant à la loi d'harmonie R. — Non, j’ai voulu dire sur toutes ses créa­
qui régit toute la création. tures sans exception, parce que toutes sont ses en­
L’humanité livrée à elle-même serait bien cer­ fants au même titre, toutes sont nées par sa volonté
tainement impuissante à accomplir seule cette et qu’en les créant il n’a pu avoir que’ le désir de
œuvre grandiose de progression vers la perfection ; lesscréer pour le bonheur.
mais Dieu dont la sagesse infinie ne peut être en S’il en était autrement, Dieu ne serait pas infini­
défaut, a placé auprès de chaque humanité des ment bon, ouinfiniment puissant: non infiniment
Esprits supérieurs qui la guident et dirigent sa puissant, puisqu’il n’aurait pu accomplir son désir
marche, en lui envoyant en mission des Esprits tel qu’il l’aurait conçu ; ou non infiniment bon,
dévoués, chargés de perfectionner telle ou telle puisqu’il aurait créé des êtres sans dïsir bien
science, de mettre à jour telle ou telle découverte arrêté de les créer pour le bonheur, et, par con­
qui amène une révolution dans les conditions séquent, avec un amour borné et incomplet.
d’exis'ence ou de bien être des habitants de la pla­ D . — Quelle pouvait être la pensée de Dieu
nète. Ce sont ces hommes que vous admirez, qui quand il a résolu de créer les univers?
pour vous sont des génies et que vous proclamez R . — Il nous est très facile, mon cher enfant,
les bienfaiteurs de l’humanité. de reconnaître cette pensée.
Il en est de même pour le progrès moral, et Reportons-nous aux perfections que nous recon­
vous avez vu, de loin en loin sur votre terre, des naissons indispensables à la nature d’un Dieu.
incarnés qui, par leurs vertus, semblaient appar­ Après avoir compris qu’étant la perfection même,
tenir à un autre monde, ou dont les renseigne­ il devait avoir une puissance illimitée et un amour
ments changeaient complètement les idées reçues, sans^bornes, nous devons penser que, ressentant la
pour les améliorer, en les rapprochant de la vérité puissance qui fait part e de sa nature même, il a
morale. laissé parler son amour infini et il a voulu, par
Je ne vous eu citerai qu’un seul, le plus grand suite de cet amour même, l’alimenter en se pro­
qui ait paru sur votre terre, Christ, dont la doc­ curant le moyen.de le dispenser sans mesure.
trine a réellement affranchi l’humanité, en lui fai­ A la preuve de cette pensée j’en ajouterai une
sant connaître la loi d’amour qui devait combattre autre dont le principe se trouve en vous-même.
sinon détruire l’égoïsme, plaie morale de votre Ne ressentez-vous pas le besoin d'aimer et ne
monde encore si peu avancé, concevez-vous pas l’isolement dans lequel vous
Vous voyez, mon cher enfant, que le progrès seriez’ si vous n’éprouviez aucun entraînement,
tant intellectuel que moral, tout en se développant soit vers une mère, un père, un frère ou une sœur,
par le travail individuel, est sollicité, provoqué dans ou envers un camarade ?
la collectivite humaine par l’influence latente des Donc, si vous, mon cher enfant, dont le besoin
Esprits préposés à cette fonction ou mieux à cette d'aimer ne peut se comparer à celui de Dieu, p r o ­
mission et que j’avais raison de vous dire que la fiteriez, si vous en aviez la puissance, du moyen
différence que vous supposiez n’était qu’apparente. de créer ou d’attirer à vous des êtreqafin de don­
Er.trons maintenant dans le vaste champ de nos ner satisfaction à ce besoin si naturel, pouvez-vous
explorations. douter que Dieu, qui ressent des millions de mil •
lions de fois plus l’effet de ce sentiment, n’ait pas,
DIEU
puisqu’il le pouvait, créé des êtres pour las aimer
D. Quelle pensée devons-nous atoir de et les [amener, par la persistance de son amour, à
Dieu? l’aimer lui aussi.
R. — Dieu, étant un être possédant toutes les $ •_D. Voulez-vous m’expliquer les conséquences
perfections d’une manière absolue, ne peut qu’être de cette pensée par rapport aux humanités?
infiniment puissant, infiniment bon, répandant R . — Oui, mon ami.
sans mesure sur toutes les créatures, qui sont ses D’après le développement que nous venons de
enfants, le désir et la volonté de les voir marcher doaner à la pensée créatrice de Dieu, celte pensée
sans arrêt vers le bonheur qu’il a conçu pour elles est facile à trouver.
en .les créant. Nous reconnaissons que Dieu a été entraîné par
D. — Vous dites que Dieu répand sans mesure lu puissance de son amour à créer les univers.
son amour sur toutes ses créatures ; vous voulez Mais s’il a conçu cette création par l’exubérance
sans doute dire sur tous ceux qui sont bons cl qui de son [amour, il n’a pu avoir la pensée que de
LE SPIRITISME 25

créer des êtres pour leur faire éprouver un bonheur Dieu, dans sa création, mû par son ardent amour,
toujours grandissant, car nous ne pourrions com­ a préconçu les choses de manière que rien ne fût
prendre que Dieu créant par amour, n’ait pas conçu livré au hasard.
la création lui,la puissance même, de manière que Les lois qu’il a créées, si admirables dans leur
son but lût certainement atteint. simplicité, portent en elles ce cachet d’ une bonté
Donc, Dieu nous a créés pour le bonheur et, pas si ardente, que nous verrons que Dieu arrive abso­
une seule de ses créatures ne peut manquer d’y lument aux fins qu’ils s’est proposées sans avoir
arriver, car, sins cela, la bonté ou la puissance de besoin de contrainfre et d'agir personnellement
Dieu pourrait être plus grande, ce qui n’est pas sur aucun de cette multitude d’Esprits créés pour
admissible. le bonheur.
D. — De l’explication que vous venez de nous Ces réflexions, mon cher enlant, se trouveront
donner des conséquences de la pensée créatrice de développées dans la suite de cet ouvrage, afin que,
Dieu, il ressort que Dieu a préparé le bonheur pour votre Esprit les comprenant, vous arriviez à re­
tous les êtres sans exception. connaître la paternelle bonté de Dieu.
Pouvez-vous me dire à quel moment l’être créé Oui, l’homme est forme de trois principes bien
goûtera ce bonheur, ou quelles sont les perfec­ distincts :
tions qu’il faut atteindre pour avoir un litre à sa 1 • Le corps matériel que vous connaissez :
possession ? 2 " Le Périsprit, corps matériel aussi, mais telle­
R . — Pour répondre à votre question, je suis ment fluidique qu’il échappe ordinairement à nos
obligé de vous expliquer certaines dioses dont sens.
vous trouverez la preuve dans la suite de cet ou­ 3" L’Esprit que vous appelez l’Ame, essence spi­
vrage. rituelle de l’être, en laquelle réside l’intelligence
L ’Esprit est créé par Dieu ignorant, n’ayant
et la volonté et qui est immortelle, puisqu’elle a
même aucun aperçu de sa destinée, ni de la été créée par Dieu pour jouir, toujours propor­
marche à suivre pour arriver au but qu’il doit at­
tionnelle Tient à son avancement, d’une partie du
teindre. bonheur que Dieu éprouve en faisant des heureux.
Mais comme Dieu savait que rien ne s’apprend
D. — De ce que vous venez de nous dire, il res­
que par l’expérience. 11 a voulu que les êtres qu’il
sort que l’Esprit seul est immortel; il est donc
désirait créer pour les faire jouir d’un bonheur
d’ une autre essence que les deux corps dont vous
dont nos intelligences ne peuvent concevoir qu’une
l’enveloppez et dont je ne comprends pas bien le
bien faible partie fussent préparés et outillés pour
recevoir et être capables de contenir ce bonheur rôle?
progressif et excessif. R. — Oui, mon cher enfant, l’Esprit est d’une
Pour cela, il a disposé les choses de manière que essence bien différente des deux corps, qui sont à
chaque être n’éprouvât que la somme de bonheur ses ordres comme des serviteurs fidèles.
en rapport avec son développement. Oui l’Esprit est supérieur au corps, il l’est même,
Donc, cet état heureux est progressif et non si j'ose le dire, à votre intelligence, encore arrêtée
absolu. L’ Esprit, à son début, trouve dans les aux portes de cette sublime science de l’avenir de
actes de charité ou d’amour le degré de bonheur l’Esprit, le seul être existant, puisque lui seul
qu’il peut contenir. pense, veut et fait exécuter.
De sorte que le bonheur prend naissance au Le corps que vous connaissez et son deuxième
ébut de l ’être et va en progressant, sans jamais corps fluidique n’étant que matière, ne peuvent
avoir que les propriétés de la matière.
rétrograder, et sans que jamais on puisse fixer son
Or aucun de vous n’oserait dire que la matière
arrêt, parce qu’ il n'y en a pas.
réfléchir, raisonne et émet une volonté.
H UM AN ITÉ D. — Puisque les deux corps de l’Esprit, le
L E S T R O I S P R IN C IP E S F O R M A N T périsprit et le corps matériel sont inertes et sans
l ’h o m m e SU R LA TERRE volonté, quel est leur rôle dans l’homme?
D. — L ’on nous a enseigné que l’homme était R. — Mon cher enfant, pour bien comprendre
composé de deux choses : le corps humain et l’âme, le rôle des deux corps au service de l’âme ou
et vous nous dites qu’il exi-.te en l’homme tiois Esprit, il faut entrer dans la pensée de Dieu et,
principes ; voulez-vous nous les faire connaître? par ce que nous en connaistons, faire ressortir le
R. — Avec plaisir, mon cher enfant, car sans rôle de ces deux corps.
ces trois principes, bien des choses seraient inex­ Dieu a voulu, en créant les univers, les peupler
plicables. J d’êtres qui devaient éprouver ou plutôt ressentir
26 le s p ir it is m e

une partie proportionnée à leur avancement, du pauvres et les faibles contre les riches et les forts.
bonheur qu’il éprouvait lui-même. Quoique Dieu ne se montrât pas, on sentait
Pour bien comprenlre sa pensée, cherchons à bien qu’il était là, partout, plus loin. Refuge de
reconnaître qu’elle peut être la source du bonheur toutes les souffrance- et de toutes les misères, il
de Dieu. donnait à ceux qui espéraient en lui une place de
Dieu peut-il trouver son bonheur dans sa puis­ son beau ciel par-delà le tombeau.
sance infinie? Selon les temps et selon tes climats, il était repré­
Non, certainement, car un tel bonheur aurait senté par des dieux symboliques. Ceux de l’Olympe
pour source l’orcueil. furent les pius radieux. Il s’arrêta un jour en Judée,
Or, Dieu, avant la création (permet'ez moi jugeant qu’ii fallait au monde un Dieu nouveau
d’ émettre cette pensée pour me faire mieux com ­ pour le ramènera l’esprit de la création; il mit
prendre), or, dis je, Dieu étant seul et par consé­ une part de son âme dans l’âme du pauvre enfant
quent sans rival et sans témoins, quelle satisfac­ qui fut aussi divinisé. Cet entant s’appelait Jésus.
tion aurait-il éprouvé en établissant et prouvant Il f liait un secrifice humain pour relever l’hu­
sa puissance? Je n’ai pas besoin d’approfondir cette manité de toute:- ses orgies et de toutes ses défail­
pensée, car vous êtes assez intelligent pour corn*' lances; Jésus fut crucifié ! Il fut crucifié pour avoir
prendie que l’on ne peut être enorgueilli de sa inspiré cet adorable livre du pauvre qui est encore
puissance que quand elle surpasse celle de tou- notre plus beau livre aujourd'hui ; l’Evangile!
ceux qui vous entourent. — Mais D.eu était seul, Tl était temps que Jésus fût cloué sur la c oix ;
au moment où nous établissons cette pensée, donc car il empêcha le mal d’être à jamais vainqueur du
pas de rival à surpasser, par conséquent pas d’or­ bien; il ramena l'homme au sentiment de ton ori­
gueil à avoir et pas de bonheur à éprouver. gine, il fit refleurir ces lis sublimes qui s’appellent
U faut donc chercher le bonheur de Dieu dans la Conscience et la Justice.
une autre de ses perfections. Par malheur, quand on eut bâti pour l’ Evangile
des millions d'églises,on y mit des pipes et des
piètre; qui se croyaient infaillibles et qui voulurent
LE B O N D IE U EN H A B IT N O IR enchaîner l’humanité dans una autre certitude.
Les dieux de l’Olympe avaient créé des athées, les
papes et les prêtres en créèrent d’autres. — Aujour­
i d’hui la France, fille aînée de l’Eglise, est gouver­
Il était une fois un brave homme qui s’appelait née non plus par l’Evangile, mais par l’athéisme. —
le bon Dieu. D’une main il débrouilla le chaos On brise les croix, on chasse les sœurs de charité,
des mondes, de l’autre il créa le ciel et la terre. on condamne à i’amende non pas seulement ceux
Comme il avait le génie théâtral, il constella le qui ne nient pas Dieu, mais ceux qui, pour le nier,
ciel de milliards d’étoiles. osent prononcer son nom.
Et comme il voulait que ce drame humain et Aussi, au lieu de frapper le pape, on frappe Dieu.
surhumain eût son clou, il mit au ciel le soleil, un Au lieu de frapper le prêtre qui se croise les bras,
clou d’or. on frappe la sœur de charité qui sauve les malades.
Ce ne fut pas tout, il y mit un second clou : la Voilà pourquoi celui qui s’appelle Dieu est descendu
lune, un clou d’argent. Ce fut un éblouissement. sur la terre dimanche passé.
Aussi la terre a été appelée le Paradis. Croyez-vousaux miracles ?— Non. — Pourquoi?
Pour ce Paradis, Dieu créa l’homme ella femme. puisque le monde est un miracle perpétuel. Vous
Quoique enfants de Dieu, ce ne furent pas des a >ez beau jeu de me parler de la nature immuable,
anges, parce que Dieu avait voulu que l’esprit du des forces vives qui consolident 1e monde, des lois
mal fut vaincu par l’esprit du bien. La femme s’en insondables dei’éternité. Pour moi, simpled’esprit,
laissa conter et mit au monde des entants qui re­ je me suis penché sur la science après des heures
présentèrent les deux esprits. II fallait bien que de rêveries ; je crois aux miracles, je crois que Dieu
Dieu s’amusât au spectacle des passions de son daigne venir çâ et là donner le mot d’ordre dans
théâtre, qui n’est pas l’école des mœurs. la bataille du bien et du mal. Écoutez cette his­
Le monde fut bientôt peuplé etrepeurlé. Et par­ toire d’hier :
tout le sentiment du bien et le sentiment du mal fu­ Dieu avait pris la figure d’un galant homme
rent en lutte; mais l’idée de Dieu soutenait les revenu de tout, mais sa fine moquerie n’empêchait
pas sa bonté de sourire sur ses lèvres. Il était vêtu
1. Tiré des Comédiens sans le sacoir, par Arsène Hous- à la mode da jour avec un pardessus de fourrure
saye, à la Librairie illustrée, 7, rue du Cro issant (Paris). qui lui avait bien coûté un billet de mille francs de
LE SPIRITISME 27

la Banque universelle. On ne saiten quel hôtel il — Je me nomme Dieu Je n'ai pas d’autre état
était descendu ; peut-être fut-ce chez V. Hugo. civil. J’ai créé le ciel et la terre...
Et maintenant seigneur, expliquons-nous tous — Ce n’est pas ce que vous avez fait de mieux,
deux. dit Schœlcher, qui est né critique. Mais je ne
Ce qui est hors de doute, c’est qu'ils se sont expli­ suis pas lâché de causer un peu avec vous, c:r je
qués au dîner du dimanche. Vacquerie voulut croyais que vous n'existiez plus.
battre le rappel des athées ; mais V. Hugo lui dit : Dieu sourit avec sa raillerie surhumaine.
« Vous savez bien que je crois en Dieu. » — Je crois.dit-il à Schœlcher, que j’en entet rerai
Vacquerie se tourna vers Lockroy : « Et toi, encore quelques-uns comme vous.
Lockroy, crois-tu en Dieu ? » Lockroy répondit : — Puisque vous existez, monsieur, pourquoi
« Oui, les jou.'s impairs. » permettez-vous tant de sottises sur la terre ?
Dieu, qui n’est pas in'ransigeant, eut bientôt en­ — Vous savez bien, monsieur le sénateur, que je
chanté tout le monde par son art de bien dire dans m’en lave les mans. Vous jouez tous ici-bas dans la
la plus belle langue française. comédie, du bien et du anal à vos risques et périls.
Ce soir-là, V. Hugo trouva son maître. Le dieu j ’ai donné un coup de pied pour imprimer le
et le demi-dieu se quittèrent contents l’un de l’au­ mouvement perpétuel, j’ai donné un battement de
tre. V. Hugo promità Jéhovah de lui rendre bien­ mon cœur pour que la bonté fût l’âme de la
tôt sa visite. terre ; c’était aux hommes à se bien tenir. Tant
— Eh bien, dit le ton Dieu, quand vous serez pis pour les méchants 1 Mais vous tous, ôsénateurs,
là-haut, nous parlerons de la comédie et des comé­ qui devriez faire le bien, vous n’empêchez pas le
diens. mal Plus les hommes sont doués par moi de la
suprême intelligence, plus ils fout de bêtises.
II — Je vous remercie, monsieur, dit Schœlcher.
Le lendemain, Dieu se présenta à l’ Elysée. Un Dieu le prit de plus haut.
ami de la maison lui dit du haut du perron : « On — Croyez-vous, monsieur Schœlcher, vous qui
ne vous connaît pas ; on ne peut rien pour vous. parlez de la liberté des noirs et qui oppri­
M. Grévy a bien assez de recevoir lesambassadeurs mez les blancs par une multitude de iois plus
accrédités des pays étrangers. Il n’aime pas beau­ fatales les unes que les autres ; croyez-vous que je
coup les rois ni les dieux. » L ’introducteur des sois tâché de votre athéisme? Quand un homme
ambassadeurs survint en disant : « Vous n’avez pas s’éloigne de moi, je m’éloigne de cet homme et je
d’ambassadeurs accrédités ici ; votre pays a disparu ne reviens plus.
de la carte. Adieu. » Quand c’est une nation, je ne lui dois plus rien,
— Ce n’est pasnotre derniermot, dit le général Pit- je la laisse tomber dans l’abime des choses. P lu­
tié. A l’Elysée, quand nous sommes entre nous, tarque ne vous a-t-il pas conté cette histoire grec­
nous osons croire à Dieu, mais il ne faut pas le que? Ecoulez bien :
dire dehors. « A Athènes, une pauvre femme élevait ses
Dieu promit le secret. Alors le général offrit au « douze entants dans l’amour des dieux qui la pro-
bon Dieu un beau livre de lui, une oeuvre de « tégeaient. Un jour, des hurleurs de carrefours
chrétien, de soldat et de poète. « apprirent à ses enfants que les dieux étaient
Dieu se présenta aussi devant le président du « morts, que Pluton lui-même, dieu des enfers, ne
Sénat et devant le président de la Chambre des « punirait plus les méchants. Les douze enfants,
députés; mais les deux personnages lui dirent à « que la mère avait jusque-là maintenus dans le
la porte de leur cabinet : « devoir en leur parlant des dieux, se moquèrent
— Nous ne pouvons vous recevoir, parce que vo­ « de la pauvre femme, la bravèrent et finirent par
tre présence nous compromettrait pour les élections « la frapper mortellement au cœur. »
prochaines. Dieu., qui ne s’étonne de rien, ne — Ét la moralité ? demanda Schœlcher.
s’étonna pas de se voir abandonner dans le tour­ La moralité ? C ’est l’histoire de toutes les na­
billon de la politique par de si grands hommes tions qui ont laissé mourir leurs dieux.
d’Etat. Est-ce que la Grèce a survécu aux dieux de
Il avait ouï parler d’un sénateur, un athée ferré l’Olympe ? Est-ce que Rome elle-même n’a pas vu
à glace, nommé Schœlcher, lequel vient d’écrire un tout tomber autour d’elle, faute des dieux sauveurs,
livre curieux sur suint Paul. O logique des après avoir crucifié Jésus-Christ.
athées! Schœlcher, qui est très courtois, offrit un Schœlcher se redressa.
fauteuil au bon Dieu, tout en lui demandant son — Est-ce que vous vous figurez, ¿iqnsieur, que
nom et ses qualités. la France va mourir faute de dieux?
28 LE SPIR ITISM E

— Peut-être, monsieur le sénateur. Je suis bi n l’Etat, mais parce que l’ Etat l’a opprimée. L ’Etat
désintéressé dans la question, car j ’ai jeté dans le a bien fait de reconnaître tous les cultes, mais fl
monde des millions de théâtres comme le théâtre ne fallait pas soumettre l’Eglise, dont il se séparait,
de la terre. à la Constitution civile; de là un schismedangereux.
Qu’une des nations de ce grain de sable dispa­ On ne soumet jamais les croyances à la Loi. C’est
raisse, c’est un bien petit évènement pour celui qui là qu’est venu se briser le vaisseau des destinées
voit de haut ; mais enfin, je me suis souvent penché révolutionnaires. Les philosophes ont manqué à
de votre côté avec une sympathie profonde, non l’œuvre sainte de l’humanité. N’oubliez pas ceci :
pas pour l’encens de vos églises, mais parce que les cultes ne se détruisent pas, ils se remplacent.
des hommes presque dieux, comme Lamartine et Vos philosophies ne sont que des dénéga­
Hugo, ont prouvé la grandeur de mon infini et de tions. Or, les peuples ne vivent point de négations,
mon idéal. Je sais que vous dînerez vendredi chez il leur faut une foi. Vous ne ferez jamais un peuple
Victor Hugo; celui-là, le plus grand d’entre les vi­ sans moi. Quand le Progrès aura renié Dieu, il ne
vants, ne m’a jamais nié, parce qu’ il pressentait ses sera plus un grand peuple.
destinées futures. — Nous verrons bien, dit Schœlcher.
— C:est mon ami, j’ai tout fait pour lui arra­ — Ce que vous verrez, continua Dieu, c’est que
cher Ju cœur cette vieille idée du bon Dieu. la croix que vous abattrez se relèvera toute seule,
— Oui, oui, c’est Lui qui vous a dit : « Si vous parce qu’elle est le symbole du sacrifice.
ne croyez pas à l'immortalité de l’âme, c’est que Est- on logique ? On abat les croix et l’on <onne
votre âme est morte. Si je crois à l’immortalité de la croix aux missionnaires.
l’âme, c’est que mon âme est immortelle ». Eh Et après un silence :
bien, Victor Hugo a peut-être raison. — Vous avez donc oublié le mot de Camille Des­
moulins, un des vôtres et un des miens : « Je meurs
III à trente-trois ans pour l’humanité, comme le sans-
Schœlcher médita cette philosophie hugolienne. culotte Jésus ».
— Ce sont là des enfantillages, reprit-il. Mais, — Je vois avec plaisir, dit Schœlcher, que vous
puisque aussi bien vous êtes au coin de mon leu n’êtes pas barricadé dans tous les préjugés de
par ce temps de neige, dites-moi, monsieur, votre l'Eglise.
opinion sur notre troisième République. — Pas.du tout; j’aime l’Eglise quand elle chante,
— Je ne suis pa% répondit Dieu, un homme de bien moins quand elle parle; j’aime l’ EglLe parce
parti ; j’assiste à toutes les évolutions en spectateur qu’elle est le musée de tous les arts, c’est-à-dire de
sympathique, je ne siffle jamais, quoiqu’on m'ac­ tout ce qui est beau. Un peu plus, je citerais
cuse d’avoir entre les mains la clef du Paradis et la M. de Voltaire, qui a dit : < L’Eglise, c’est l’Opéra
clef de l’Enfer, seulement, je vous avertis que des gueux ».
votre République, qui croit avoir tout fait, n’a Schœlcher sourit et salua Dieu en lui disant ;
rier. tait, sinon de nier Dieu, ce qui n’est pas un « Vous êtes un bon dijble, et vous avez peut être
pas en avant. raison. »
Elle ferait mieux de marcher dans mon esprit
IV
ve s les régions de la Terre promise, avec l’amour
d;s pauvres, sinon avec l’amour de Dieu. Ce ne fut pas la dernière visite du bon Dieu aux
Car, ce que j’en dis, ce n’est pas pour qu’elle Parisiens. Il alla au Collège de France pour voir
aille à la messe, ni pour qu’elle fasse ses pâques. Renan.
Je ne m’inquiète pas non plus des billets de confes­ — Qui ête;-vous? demanda le philosophe.
sion ; ce que j’en dis, c’est pour qu’elle ait le res­ — Un curieux, répondit Dieu ; mais je suis digne
pect des symboles, c’est pour qu’elle aime les sœurs de vous parler, cir j’ai fait mes humanités comme
de charité, qui sont mes anges, comme les petites vous, à cela près que ce n’était pas dans un sémi­
sœurs des pauvres. naire.
— Sur ma foi, dit Schœlcher, s’il n’y avait que Renan, content de tout, fut content du bon Dieu.
des anges comme ceux-là, je les aimerais, mais ne — Dites, monsieur Renan, pourquoi avez» vous
me parlez pas des anges qui battent des ailes dans lait l’histoire de Jésus-Christ puisque vous n’êtes
l’azur. pas bien sûr que Jésus-Christ, ait existé?
Dieu continua : — Que voulez-vous ? on fait toujours l’hïstone
— Vous voyez, monsieur le sénateur, la première d’après la légende Vous devriez faire l’histoire de
Révolution areçu par la religion son premier coup Dieu, puisque vous ne croyez pas à Dieu.
mortel, nôit pas parce que l'Eglise s’est séparée de — Non, je ne crois pas à Dieu !
LE SPIRITISME 29

— Êtes-vous bien sûr de ce que vous dites là ? Jéhovah et le Dieu des chrétiens, nous ne pouvons
— Oui. pas nous attarder aux dieux de l’Olympe. — Ni
Renan leva doucement au ciel ses doux yeux de n:, c’est fini.
bénédictin. — Pas tant fini que cela, dit Dieu, la vie hu­
— Et pourtant, reprit-il, le monde est si beau 1 maine ne peut p is se passer de symboles.
Dieu se contenta du mot de Renan comme d’ un M. Vollon peint admirablement 'es casseroles
acte de foi. C’est sur ce mot que Dieu songea à et leschaudrons, oubliant que Chardin, son maître,
reprendre le irain express du ciel. peignait tout aussi admirablement des portraits
— Voilà deux athées à la mode du jour : Schœl- d’hommes, de femmes et d’enfants. A force de
cher et Renan ; ils ne m’ont pas convaincu que je supprimer les figures des dieux, vous arriverez
n’existais pas. Ils jouent leur rôle sans conviction, bientôt à supprimer les figures humaines. Déjà
comme tous ceux que j’ai vus aujourd’hui. Ils vous avez cent paysagistes pour un peintre de
me reviendront un jour ; si ce n’est en ce monde, figures, vous n’aurez bientôt plus aux expositions
ça sera da*>s l'autre. que des images inanimées. La matière morte
V achèvera de détrôner la nature vivante.
Le bon Dieu ne voulait pas être venu à Paris — Qu’est-ce que ça fait, si un chaudron ou une
pour si peu. Que lui importait le beau raisonne­ casserole peinte se vend plus cher qu’une Vénus et
ment des athées et les injures de tous ceux qui se une Madeleine I
croient nés de rien et qui croient retourner à rien ? — Alors monsieur, vous n’êtes pas un artiste et
Il voulut au moins sauver une âme qui allait j’ai l’honneur de vous saluer. Et, pourtant j ’avais
mourir, car il y a des âmes qui meurent avec le reconnu qu’il y avait quelque chose sur votre pa­
corps, si elles n’ont pas le sentiment de l’immor­ lette.
talité. — Ah loui, il y avaitquelquechose sur ma palette
Cette âme était celle d’un jeune peintre qui et dans mon esprit. Mais que voulez-vous ? la
avait débuté avec éclat et qui allait retomber dans blague a tout tué ; c’est la mode d’être idiot, je me
les ténèbre«, parce qu’au lieu de devenir un sublime suis mis à la mode.
ouvrier, il tombait dans les théories de tous ceux — Eh 1 bien, monsieur, redevenez un homme
qui se contentent d’un à peu près en déclarant pour redevenir un peintre.
que Raphaël est un polisson. Ne croyez pas aux dieuj. si vous voulez, mais
« Les vierges de Raphaël, oh 1la la 1c’est moi qui faites des dieux, des déesses. Ce sera si original
ne voudrait pas les signer ! » que tout le monde se tournera de votre côté.
C'était l’école d’André (îill et autres fous sans Commencez par les deux figures que vous avez
génie qui affirment que les grands maîtres ont abandonnées, je vous les achète cent mille francs
perverti le sentiment de l’art. chacune.
Dieu entra dans l’atelier du jeune artiste. Le jeune artiste faillit sauter au coup du bon
— Monsieur, je suis un Américain, j’ai quelques Dieu.
millions dans ma poche,je cherche un beau tableau — Est-ce pour vous moquer de moi monsieur ?
et je ne le trouve pas. —-Je n’en sais rien, mais ceque je sais bien, c’est
- - U n beau tableau, dit le peintre tristement. que je paye d’avance.
E n voilà un. Sur ce mot, Dieu donna deux cent mille flancs
Il montra son chevalet. en cinquante billets bleus de la Banquede Fiance.
Dieu regarda ; il n’y avait point de tableau, il y — Comptez monsieur.
avait un revolver. Le prêtre ébloui par de si belles gravures, prit
— Oui, un revolver, dit le peintre ; puisque l’art sans compter et salua profondément son protec­
est mort, je n’ai plus qu’à me tuer. Via dolorosa 1 teur.
— Monsieur, accordez-moicinq minutes de grâce. Dieu allait sortir de l’atelier, quand il revint
Et Dieu, faisant le tour de l’atelier, iarrêta devant sur ses pas.
deux figures ébauchées avec beaucoup de maestria. — J’oubliais, dit-il en souriant, )’ai le droit
C’étaient une Vénus et une Madeleine. d’emporter ce bijou-là.
— Pourquoi n’avez-vous pas terminéces figures-là? Et il prit sur le chevalet le revolver tout armé.
— Pourquoi ? Vous revenez donc de Charer.ton,
Le peintre désespéré avait dit:
monsieur. Ces figures là ,c’est le vieux jeu, c’est le
_C’est mon dernier ami.
démodage, c’est l’art tombé en enfance. Puisque la
lumière s’est faite et que nous avons supprimé Il avait compté sans Dieu.
3o LE SPIRITISME

morale dont fourmillent leurs livres, n’ont été sur­


Le progrès de l’humanité passés. Us avaient donc pénétré très avant dans la
connaissance de l’univers et de l’homme, comme
ils avaient eu une vision magnifique du beau, du
L A P E R F E C T IB IL IT É HUMAINE vrai, du bien.
Nous le répétons, ces choses et beaucoup d’autres
A en croire certaine école, le progrès ne serait qu’il est inutile de rappeler, prouvent de la ma­
qu’un éternel recommencement ; en d’autres ter­ nière la plus évidente que l'intelligence, en tant
mes, le progrès ne serait pas. qu’in telligcnce, était, il y a trente, quarante, cin­
Suivant une autre école, l’ humanité subirait la quante siècles, davantage peut-être, ce qu’elle est
même loi que l’homme. Après une enfance, qui a aujourd'hui
été fort longue, nous entrerions aujourd’hui dans Mais ce fait général constaté, il reste une diffi­
l ’âge de la maturité dont la conclusion logique serait culté très grande à résoudre. Comment expliquer
une décrépitude qui, elle même aurait pour terme l’apparition dans l’humanité dos hommes extraor­
fatal la réversion de tout ce qui constituerait l’hu­ dinaires à qui sont dues toutes les grandes œuvres
manité dans le grand tourbillon cosmique. dont l ’humanité dans tous les domaines, à jalonné
Le progrès, nous dit une troisième école, est sa route? Dira-t-on que c’est l’atavisme ou le
continu. Point de rétrogradation, mais une ascen­ milieu qui les a produits ? L ’atavisme, le milieu
sion indéfinie. L ’humanité monte, s’élève sans pour faire comprendre ces phares lumineux :
cesse, et dans un perpétuel « devenir », elle suit Jésus, Cakia-Mouni, Jeanned’Arc, et tant d’autres
l’évolution de la matière d’où elle sort, et poursui­ « esprits d’élite comme l’a très bien démontré
vra sa marche progressive jusqu’au jour où quel­ M. Sage, qui, devançant leurs siècles, voyant la
que cataclysme viendra réduire à néant la vie avec lumière pure, là où leurs contemporains se per­
tout ce qu’elle contient. daient dans les brumes et la nuit. » Les actes, les
Il suffit de ces quelques phrases pour montrer enseignements de ces esprits d’élite prouvent
combien sont grandes les divergences d’idées quj j aussi que la conscience humaine n’a jamais varié
s’agitent autour de cegraveet intéressant problème : sur le bien et le mal, ce fait à lui seul réduit à
le progrès, la perfectibilité humaine. Et, qu’on néant bien des théories dites scientifiques...
veuille bien le remarquer, chacune de ces théories Est-ce que dans ces cas que je viens de rappeler,
peut revendiquer comme siens des savants, des l’effet ne dépasse pas infiniment la cause ? N’y a t-il
philosophes de grand mérite. Dès lors suspendre pas là comme un abîme qui vient soudainement
son jugement, avouer son ignorance quanta la ré­ couper cette prétendue évolution lente, incessante
ponse qu’ il convient de donner à la question qui et progressive dont on nous parle sans cesse ? N’en
nous occupe, ce serait peut-être faire preuve d’une est-il pas de même des enfants prodiges, d’un
sage réserve. Nous répéterions volontiers avec Tyn- Mozart, d’un Pascal? Et bien pics encore de
dail. a Inclinons nos têtes et reconnaissons notre grands hommes qui, issus de parents pauvres et
ignorance une fois pour toutes. Peut-être qu’un ignorants, loin de tout foyer scientifique et artis­
jour à venir le mystère se résoudra en connaissan­ tique ne s’expliquent d’aucune manière, ni par
ces acquises. l’atavisme, ni par le milieu, ni par aucune des
Pourtant comme la question est à l’étude, chacun causes purement matérielles auxquelles on s’adresse
à le droit de faire connaître les réflexions qu’elle pour en rendre compte? Telle par exemple la théorie
lui a suggérées. qui essaye de prouver que « le génie n’est qu’un
Or en interrogeant l’histoire, on trouve que dans problème de psychologie morbide » théorie qui
un passé qui est bien loin de nous, il a existé des entraîne avec elle l'irresponsabilité du bien,
sociétés très avancées, sous le rapport des arts, de comme du mal 1 Le hasard deviendrait le grand
la philosophie, des institutions, en un mot de tout dispensateur du monde, heureusement que «le
ce qui contribue à la civilisation. hasard est un mot qu’inventa l’ignorance. *
Certains monuments de l’ Inde et de l’Egypte, et Aussi je me demande s’il ne faudrait pas pour
plus près Je nous, de la Grèce et de Rome, sont la expliquer la venue dans notre monde de certains
preuve incontestable de ce fait : que déjà alors l’in., homises extraordinaires, recourir plutôt à la théorie
tclligence de l’homme avait une puissance qui ne^le généralement répandue dans l’antiquité du retour
cédait en rien-à celle dont nous sommes si juste, sur la terre des hommes qui y avaient déjà vécu,
ment fiers. théorie qui, on le sait a été reprise de nos jours
D’autre part, jamais les spéculations abstraites par les spirites. Il y a là en tout cas, matière à
des métaphysiciens indous, jamais les préceptes de réflexion. Si l’on me disait que le spiritisme n'existe
LE SPIRITISME 3i

pas, que les faits sur lesquels il s’appuie sont V oici la réponse que lui a.adressée un de nos
réprouvés, niés, démontrés faux par la science, je am is.
répondrais: la science, pendant un siècle, a con­ Monsieur,
testé tous les phénomènes du magnétisme et aujour­
Il est peut-être bien téméraire à un pauvre vieux
d’hui, sous le nom d’hypnotisme, ces phénomènes
qui ne prend pas souvent une plume, de se per­
ont tout envahi. Les négations scientifiques ne
mettre quelques observations sur la conférenceque
prouvent donc rien. J'ajouterai que les savants qui
vous avez faite jeuai soir au palais Saint-Pierre.
se sont donné la peine de regarder sont arrivés à
Il y a certaines choses que j’ai bien comprises,
conclure à la réilité des faits spirites, comme il
d’autres ont laissé ma pauvre cervelle perplexe.
a hier: fallu, conclure à la réalité des faits magné­
Quand je dis que j’ai bien compris, c’est peut-être
tiques. Quant à ceux qui sans voir ni examiner
une témérité de ma part. Enfin, voici la chose.
affirment que tien de pareil ne saurait exister, il
Vous avez dit, monsieur, que les plaques photo­
ne vaut vraiment pas la peine de discuter leurs
graphiques de M. William Crookes ne pouvaient
opinions.
pas selaisser influencer comme un cerveau humain.
•-..Quoiqu’il en soit, une chose demeure certaine :
Je l’ai cru comme vous, et votre savante parole est
c’est que les théories, par cela même qu’elles sont-
venu confirmer la simplicité de mon esprit. Mais
contraoictoires, qui ont été émises jusqu’à ce jour,
où je n’ai plus compris, c’est lorsque vous avez dit
soit pour affirmer le progrès, soit pour le nier, soit
que M. Crookes était halluciné ; lesplaques l’ont
pour faire avancer tantôt, et tantôt rsculer l’hum a­ donc été aussi, puisqu’elles ont reproduit l’appari­
nité, — toutes ces théories sont insulfisantes et ne tion de Katie King? J’ai chez moi une de ces
rendent que très imparfaitement compte des faits. photographies; tile va me paraître bien plus mer­
Ma conclusion, dans ces conditions, c’est que le
veilleuse encore, maintenant que vous m’avez
moment n’e^t pas venu encore pour se prononcer appris qu’on photographie des hallucinations.
définiti vement sur la question qui fait 1’. bjet de Cependant permettez, monsieur, à un pauvre igno­
nos discussions. Elle est aussi, qu’il faut reprendre, ra: t de vous dire qu’il a été tant scit peu scanda­
l’étude suivie de l’humanité à travers les âges, mais lisé de la façon peu respectueuse dont vous avez
en ayant soin, si l’on ne veut pas, encore une fois, traité le grand savant anglais, Ce pauvre ignorant
faire fausse route, d’élargir les bases sur lesquelles s’était habitué à révérer les chercheurs, et particu­
on a édifié les théories antérieures. La solution lièrement ceux qui sont de bonne foi, sans parti
vraie ne peut être trouvée que si on ne laisse en pris, et il lui avait semblé que M. Crookes était de
dehors de cet examen rien de ce qui nuche à ceux-là. Avec ses bésicies sur son nez, il a lu et
l’homme ou à ses facultés ; je dis rien, pis même relu l’ouvrage que vous avez cité, et il n’avait rien
surtout c.s phénomènes dont nous venons dire un trouvé d’irrévérencieux dans la manière dont
mot en passant. .1. B ouvÉrY. M. Crookes s’est conduit envers l’apparition. Et
puis, il me parait que vous avez oublié certains
détails, oh ! bien involontairement sans doute,
vous aviez tant de choses à dire ; par exemple, q ae
A LA FACULTE DES LETTRES DE LYON M. Crookes avait convoqué pour ses séances pas
mal de savants et de gens respectables. Etaient-ils
D eux conférences sur le spiritisme viennent donc hallucinés aussi et juste de la même manière ?
d’être faites à la Faculté des lettres de Lyon par Tout cela se brouille dans ma pauvre tête, et y
un professeur de philosophie. fait une contusion bien étrange.
Dans la première conférence et la première Puis il m’a été dit que lundi, vous avez parlé des
partie de la seconde, l’orateur s’est attaché avec tables tournantes avec détails ; jeudi, vous en avez
une grande exactitude et une rare habileté à faire dit peu de chose ; mais ce peu renferme quelques
l’exposé de la doctrine spirite, des faits sur les­ lacunes que je vous prierai de vouloir bien com­
bler si l'occasion s’en présente pour vous. Voici ce
quelle elle repose, puisant ses renseignem ents
que j’ai vu de mes yeux tout grands ouverts, mais
dans M . Crookes, G ibier, Flam m arion, Z o e l-
probablement hallucinés, puisqu’il y a de l’hallu-
ner et les grands spiritualistes am éricains ; dans cina1ion partout ; j’ai, vu dis-je, et cela bien sou­
la seconde m oitié de la deuxième conférence il vent, une personne amie mettre le tout petit bout
a conclu à la ....... négation de tous ces faits et a du doigt sur le bord d’un guéridon de dimensions
l ’hallucination des observateurs. O n ne saurait moyennes, causer et rire avec d’autres personnes
être plus logique ! 11 de la société, tandis que l’une d’elles inscrivait les
3z LE SPIRITISME

lettres au fur et à mesure qu'elles étaient indiquées. passer pour trop grincheux, et ayant le désir, si
Qui était halluciné, du médium, de l’écrivain ou du l’occasion s’en présente, de faire encore avec vous
guéridon ? l'ous les trois, n’est-ce pas ? si j'entends un brin de correspondance.
bien votre réponse. Je me demande, alors, quand . En terminant, le vieux va vous donner un con­
nous ne sommes pas hallucinés; et je commence seil d’ami. N’abordez pas le public avant de con­
à avoir peur, et vraiment peur, Ah ! messieurs les naître à fond votre sujet ; il est humiliant de dire
savants, vous êtes parfois e 'rayants ! devant tant de monde qu’on ne sait pas tout, qu’on
Je voudrais vous dire encore un mot à pro/os n’a pas vu tout, et qu’un ignorant puisse ensuite
des tables. Dans cette même maison, le médium venir vous dire : « Cher monsieur, retournez
cité plus haut et une autre personne venaient de encore un. peu à vos livres » ; n’ayez pas d’idées
subir leur petit moment d’halllucination et discu- préconçues, ne cherchez pas de conclusions baro •
aient tranquillement sur ce que la table venait de ques, et surtout, ne faites pas de professions de foi,
dicter, et qui était, ma foi, un fort beau morceau quand on ne vous en demande point. Ma vieille
de philosophie ; ils étaient là tons deux, les coudes expérience ajoute que si vous vous étiez contenté
sur la table, et sans penser à mal ; voilà que tout à d'exposer les faits avec sincérité, laissant à chacun
coup la table se soulève en faisant demi-tour et le soin de tirer ses conclusions, vous auriez été
retombe lourdement sur le plancher. Gomment autrement'applaudi que par les quelques faioles
expliquez vous ça, monsieur? Non seulement la mains qui paraissaient tout étonnées du bruit
table est hallucinée, mais aussi les deux personnes qu’elles faisaient. Les deux'miehnes, monsieur, et
qui, honnêtement, et on peut les croire, ont afSrmé elles sont solides, auraient mieux fait toutes seules,
ne pas penser cependant le moins du monde que mais elles s’y sont refusées. C’est un malheur
la table pût se bouleverser, tout absorbées qu’elles dont vous vous consolerez facilement, j’en suis sûr
étaient par la discussion? C ’est bien cela que vous et heureux, car je ne vous veux point de mal.
médités? Vous êtes jeune.et vous avez le temps d’apprendre.
Passons à autre chose. Mon esprit était troublé, Un rural, citadin par circonstance.
fatigué peut-être; mais je me suis tout à faitperdu
à la fin de votre belle conférence. Je n’ai plus saisi
du tout, à ma grande honte et confusion, la diffé­ NÉCROLOGIE
rence qu’il y a entre les apparitions au moment de
la mort et celles qui se produisent après un certain Le 4 novembre 188g, s’est désin.amé à Dijon
temps. Vous avez dit, d’après Allan Kardec, que (Côte-d’Or), dans sa quatre-vingt-deuxième année,
l’esprit de M. François B.lloux, sculpteur sur
vous avez persiflé plus ou moins heureusement,
ivoire. Chef de groupes depuis de longues années,
soit dit en passant, qu’il y a en l’homme quelque médium écrivain très distingué, et spirite delà pre­
chose d’aérien qui fait comme un corps à l’esprit mière heure, sa fin terrestre a été pour sa famille
quand il n’a plus son corps charnel. J’ai cru com­ et ses nombreux amis une perle cruelle. Sa mort
prendre que c’était ce qu’on voyait dans le récit a été celle réservée aux justes, il s’est éteint sans
agonie. L ’infortune a souvent troublé la vie de
tiré des deux gros in-octavo dont vous nous avez M. François Biiloux, homme très intelligent et
parlé, dont le titré anglais ne m’est point resté trop très sérieux, mais chrétien et spirite convaincu ;
clair dans la mémoire, et dont j’ai lu aussi pas mal jamais il ne s’est plaint, ayant appris à supporter
de fragments au coin de mon feu. Pourquoi ne sans murmurer, les décrets immuables de la Pro­
serait ce pas la même chose que l ’on voit après la vidence. Il a vécu honnête homme ; serviable dans
les limites de ses facultés, jamais ces nobles quali­
mort? Pour ma part, je n’y fais pas opposition tés ne se sont affaiblies en lui ; M. Billoux a tou­
mais vous, monsieur, j ’aurais bien voulu connaître jours compris que l’on pouvait être en même
votre opinon là-dessus, et vous avez oublié de temps très bon chrétienetexcellent spirit ;. Pénétré
nous la dire. C ’eût été cependant instructif et in­ de cette haute vérité, son enterrement a eu lieu
chrétiennement.
téressant.
Comme médium écrivain, M. Billoux a reçu de
Et puis, au milieu de nos conclusions, qu'est nombreuses communications spirites d’un ordre
venue faire l’histoire du rêve qui n'explique pas, ce très élevé. Il y en a, j’tn suis cerlain, qui ont un
me semble, ce que vous voulez aussi clairement grand intérêt scie.•tifiqce, et qui pourraient être
très précieuses pour les chercheurs de toutes véri­
que vous paraissez le croire? Que sont venus faire tés. J’engage sa famille à les conserver très soi­
aussi ces deux malheureux escargots, qui n’en gneusement
pouvaient mais, et leur exploiteur? Vrai, je n’y Un ami du défunt.
étais plus.
Ii y avait encore jeudi d’autres petites choses' à Le Gérant : Gabriel Delanne,
redire, /nais je vous en fais grâce, ne voulant pas Imprimerie Alcan Lévy 24’ rue Chauchat, Paris,
83 A N N É E . — N° 3. 40 rrntiium le Wum^ro. MARS 1890

LË SPIRITISME O R G A N E DE L’UNION SPIRITE FRANÇAISE


Naître, mourir, renaître et progresser sans eéim
telle est la loi. A llan K ardec .

ABONNEM ENTS RÉDACTION & ADMINISTRATION


L E JO U R N A L P A R A IT
Paris et Départements 5 fr. par an. 24, rue Labruyère, Paris
UNE FOIS PAR MOI.*
É tra n g e r.................. 6 — Rédacteur en chef : G a d r ie l D elanne
— --------------------------

AVIS MP DRT A NT Voyage au pays des souvenirs


(Suite)
Nous avons l’h o n n eu r d’in ­
form er n os lecteu rs et nos
UN GROUPE A R ISTO CR A TIQ U E
corresp on d an ts q ue le bureau
de réd action du journal « le En écrivant aujourd’hui, après bien des années,
S p iritism e » est transféré, à les quelques pages détachées des souvenirs de nott e
passé, au point de vue de nos impressions spirites,
par ir du 1 er février, 24, rue nous retrouvons, à les remuer, une indicible Irai-,
L abruyère. P rière d’en voyer cheur.
à cette a d resse le s lettres et Ils évoquent, comme en un miroir magique, la
d ocu m en ts co n cern an t la R é ­ jeunesse envolée, les solides amitiés contractées,
daction et l’A dm iuistration de les faits qui ont le plus frappé le cœur, et ravi la
notre organ e. raison.
Nous p rion s en m êm e tem ps C’est en quelque sorte un reliquaire intime que
nos am is de b ien vou loir nous l'on consulte, comme si l’on puisait à pleines
ad resser , par m a n d a t-p o ste, mains dans une bibliothèque précieuse dont on a
24, ru e L abruyère, le m ontant seul la clef et que l’on livre aux indifférems !...
Permettez-nous, chers lecteurs, de vous pré­
de leu r ab on n em en t pour l’an ­ senter aujourd’hui, d’une manière un peu humo­
n ée 1890. ristique, M. et Mme Dozon, des amis de trente ans,
qui ont joué un rôle important dans les premières
SOMMAIRE annales du spiritisme. Vous saisirez mieux le ca­
ractère aimable et élevé de cette excellente famille,
Voyage au pays des Sou­
ven irs.............................. Al. D elan n e . leur dévouement absolu à la cause et les précieuses
Le « Pater » de Coppée . . E. de R e y l e . facultés de leur esprit et de leur cœur.
L’automatisme. A l’éclosion de la philosophie spirite à Paris, un
La D iphtérie.......................H. S àusse. des groupes des plus en vue et des mieux fré­
Compte rendu de l ’assem- .
blé gén. de la so. Frater­ quentés, était assurément celui tenu par M. et
nelle de Lyon. Conférence Claudius C h a po t . Mme Dozon, situé rue Vineuse, sur les hauteurs de
Correspondance................Claudius C hapot . Passy.
Spiritisme expérimental. . F. P. D ubreu il . Cette réunion était composée d’éléments dispa­
Nécrologie....................... ... Ch; N ozeran . rates en apparence. Les visiteurs qui se coudoyaient
Mémoires d'un salon spirite H. Huet.
Publications périodiques. dans les riches salons de cette demeure hospitalière,
Ouvrages recommandés. appartenaient un peu à toutes les classes de la
Note Bibliographique. société. On y rencontrait aussi bien de simples
•34 <l ,e sp ^ jI T íI S m e

ar;t¡isa¡tis, dç ¡modestes J^o.yr'repj^ que de .ha u,ts Der- temps encore, conserveries idées qu’ils ont pro­
sÇW jfes, ÿjpp^enafit » l’a^to^r«^ des a.obl#i fessées pendant leur vie terrestre.
tauJ?W^gs, ¡aj¡n.sj .que des membres dirigeants du L'évolution spirituelle est subordonnée à la vo­
clergé niétrqpojjtain, lonté de l’esprit, il ne peut et ne doit progresser
$dççi£ Dqzçn était la J ^ le ^ marquis de Som- qu’en se débarrassant librement des préjugés de s i
mery, petite-fille du duc Valmy-l(ellerman, vi­ race ou de son éducation, contractés souvent dans
comtesse de Léry. Cette grande dame était un des des existences antérieures.
meilleurs médium de cette époque. C ’est cette Lorsque Mme Dozon entra dans la lice du spiri­
aimable femme qui écrivit sous la dictée des esprits tisme, sa santé était déjà chancelante, sa nourriture
les commun-cations reoiermées dans les quatre habituelle se composait uniquement de aita ge et
volumes : Révélations d’outre-tombe, plus seize légers consommés. Malgré ses souffrances physi­
mois d‘,une Revue spirite. ques, elle possédait la grâce souveraine que donne
C’est à sa plume aussi que nous devons Politique le rang et l’habitude du monde. Sa beauté morale
et Religion. Puis le Spiritisme aux enfants. égalait son dévouement et la charité de son cœur.
M. Henri Dozon, son mari, avait été officier de Ces bons et vaillants amis eurent de grandes
cavalerie, chevalier de la Légion d’hpnneur, dirpp- Juttes à supporter et des combats à soutenir même
teur de la Remie d’outre .tombe, président de son Contre le mécontentement de leurs catholiques et
groupe. aristocratiques familles. Les menaces sourdes, les
C’était le type de la bonté, du déyouement et de railleries publiques, rien ne put ébranler leur
la foi raisonnée. conviction, ni interrompre un seul instant leur
Notre but n’est pas, dans cet article, d’analyser les mission, leur apostolat.
productions médianimiques de ces ouvrages. Les Nous fîmes leur connaissance d’ une manière
spirites de la première heure les ont entre les mains assez originale : qu’on en juge.
et ils ont su apprécier les enseignements, vrai­ Une après-midi pn frapoe à la porte de notre
ment intéressants, qu’ils renferment, malgré les modeste logis de la rue Saint-Denis.
critiques de certaines personnes qui les ont jugés Entrez... Et nous voyons se présenter un mon­
d’une nuance par trop catholique. Est-ce bien sieur d'une taille élevée, d’ une distinction nadve,
l’expression qu’ils méritent réellement? .Nous ne figure sympathique, le ruban rouge à la bouton­
le croyons pas. Ils ne sont que religieux. nière, une badine à la main.
Dans ces dictées, souvent supérieures de style et — Monsieur Dçlanne. s’il vous plaît?
de pensée, les esprits inspirateurs combattent tous .— C’est votre serviteur!
les dogmes de l’Eglise. Ne sont pas catholiques du Le visiteur était M. Dozon, que nous ne con­
tout, ceux qui n’admettent pas les enseignements naissions vaguement que de nom, comme spirite
de Rome I 11 est vrai de dite que ces mêmes esprits militant. Il venait nous inviter.de la part des
ne tendent pas à détruire les dogmes dans leur Esprits qui dirigeaient son groupe, à faire partie
essence, ils en donnent une explication rationnelle de sa société de la rue Vineuse à Passy, dont il était
d’après eux et certainement plps en rapport avec le président. « Ce sont eux, nos chtrs guides, qui
l’esprit de notre siècle, qui ne manqqe pas de a vous ont désignés pour partager nos études et
valeur. , <, nos travaux spirituels. Voici vos noms et
Reste la question de l’existence de Dieu. En ceci, « l’adresse de votre demeure qu’ils or.t inscrits sur
nos amis s'honoraient, ainsi, que nous le faisons « cette carte.» Et en effet,il nous présenta la feuille
nous-même, de croire en une. cause première créa sur laquelle les invisibles avaient tracé médiani-
trice. miquement ces indications curieuses.
Hier, nous lisions à ce sujet, toujours vibrant, Tout cela fut dit simplement en nous tendant
la fipre déclaration d’Edison, ce médium par excel­ les mains, qui scélèrent depuis ce jour des relations
lence des temps modernes, au sommet de la tour si affectueuses entre nous qu’elles ne devaient plus
Eiffel : se rompre jamais: car les liens de nos cœurs et de
«Je bois à la santé de tous les ingénieurs du nos âmes furent tressés par une si profonde amitié
monde et du premier des ingénieurs, le bon qu’elle survit au-delà de la tombe. Nous avons eu
Dieu. » maintes fois la preuve que nos chers disparus pen­
sent aux exilés d’ici-bas, en leur envoyant leurs
N’est-il pas réellement grand celui qui reconnaît
cartes de visite, accompagnées de leurs effluves
« qu'il-y a encore plus grand que lui. »
spirituelles...
Nous admettons, le droit de critique, mais ne Nous avons dit que Mme Dozon était un excel­
savons-nous pas aujourd’hui, mieux qu’à cette lent interprète des esprits. Elle était aussi bon me­
époque, que les êtres dans Perraticité, peuvent long­ dium écrivain mécanique qu’appropriée aux effets
LC ¿ U i'in T lS M C 35

physiques. Voici quelques laits qui attestent de ses' C ’est à ce point que les desservânts'se regardaient
facultés fluidiques. les uns les autres d’un air ébahi; ils semblaient
Un soir, nous causions' avec notre amie’ dans'Ifc se demander ce qùè1ce' singulier' nom’ pouvait bien
petit salon où elle se tenait habituellement; elle dire?
semblait plus souffrante que d'habitude ; elle était A l . D élàn n e .
étendue sur une chaise’ longue au coin du feu. Il
lui prit fantaisie tout à coup d’écrire une commu­
nication. A peine avait-elle formulé ce désir, qu’à
Pinsta.nt même, la petite table de hêtre, sur la­
Le » PATER », de eê
quelle elle écrivait habituellement, glissa d'élle-
même, de l’angle de l'appartement où elle se trou­ On a fait beaucoup de bruit autour de cette pièce,
vait placée, jusque vers le médium, qui fut, comme que M. Coppée comptait voir jouer aux Français et
nous, très surpris de la mar.he spontanés du petit dont le gouvernement a interdit la représentation
meuble. Sans doute qu’un esprit !ami ier • ou’.ut afin de ne pas donner occasion aux haines politi­
nous donner une preuve matérielle de sa présence ques dese réveiller, sur cette simple anecdote où
vers nous. les jours de guerre civile sont'évoqués avec leurs
U ne autre fois, Mme Dozon se disposait à fair': plus mauvais souvenirs.
ure évocation mais elle s’attardait, en causant Au point de vue littéraire, nous n’avons rien à
avec nous, à prendre son crayon pour écrire, le dire du Pater, car ce n’est pas ici lu place ; qu’on
porte-min : se dressa droit, de1 lui-même et vola nous permette seulement d’en retracer en quelques
en quelque sorte dans la main de notre amie', lignes1 l’iutfigue!
comme si 1 invisible avait hâte de se manifester. Ün biavfr homme de vicairè' — il y en a’ —
Une autre fois encore, notre amie passant de son devient une des victimes de la gùerre civile : pris
boudoir au grand salon, où elle allait chercher un comme otage, il est fusille par là Commune. Sa
livre, les deux hauts battants des portes de l’appar­ sœur, qui l'a élevé comme s’il eût été son enfant,
tement s’ouvrirent spontanément to Jtes grandes, perd, dans son désespoir, les sentiments pieux qui
d'elles-mêmes, pour lui livrer passage. la veille encore étaient les siens et jurahaineaux
On eût dit qu’un laquais complaisant lui faisait fédérés et blasphéma Dieu. R en ne peut changer
les honneurs de chez elle. Ce devait être un hom­ ses idées,- ni les cmseils-du curé, ni ses réflèrionS
mage postume d’un esprit qui tenait sans doute à silencieuses, ni même le fiater qu’elle veut réciier
lui donner une marque de respect. et ns peut achever... Un fédéré poursuivi par les
Versaillais, se réfugie chez elle. Elle veut le livrer
Maintenant pour bien faire comprendre à nos
et venger son frère, quand enfin la lumière se fait
lecteurs, combien ceue grande dame n’avait aucun
•dans son âme et, le couvrant de la propre soutane
préjugé de race et Je qu’elle amitié elle honorait
du mort, elle le fait échapper. Puis son acte chari­
notre famille, cette noble vicomtesse, nous pro­
table ayant rendu la paix à son âme, elle reprend
posa de tenir un de nos tils sur les ‘fonds baptis­
sa prière interromp e et la termine avec le calme
maux, Elle n’y mit qu’une smle condition, c’est
du devoir accompli.
que l'enfant porterait son nom patronimique.
D’après ce simple expose, on pourrait croire que
C ’était encore une marque de délicatesse et d’alfec-
le drame de M. Coppée est un panégyrique des
Lion.
j idées religieuses et que cette âme en qui se passe
A ce propos, on se rappellera longtemps dans
toute l’acticn, revi.nt à sa: foi lorsque la grâce l’a
notre quartier, le souvenir de ce biptême curieux
touchée, on croirait que les- sentiments de ven­
dans son genre.
geance et de haine, que la' mort de l’abbé Jean
Plus de vingt personnes, parents et amis des Morel a allumé en elle, ne s’éteignent que lorsque
deux sexes, deux à deux, bras dessus, bras dessous, la foi religieuse à soufflé sur eux. C’est dû moi'fis
suivaient en file jusqu’à l’Église, comme dans une persuadé qu il en dévait ètrè ainsi, que j’ai, moi-
noce, le parrain et la marraine qui ouvraient la même commencé la lecture dù Pater. Eh bien? je
marche étaient précédés eux-mêmes, d’une superbe ne sais pis et je n’ai pas à savoir qu’elle a été l’in­
matrone spirite, portant triomphalement le pou­ tention de l’auteur, mais ce que j’ai trouvé dans
pon, le héros du jour. ses vers le voici :
Encore aujourd'hui on peut lire sur les registres Mlle Rose, la sœur du prêtre fusillé, com m ent
des naissances les signatures des témoins, qui tous par renier sa roi, en voyant combien elle était vaine
ajoutèrent le titre honorifique «'de-spirite » expres­ et sentant bien que?cette foi ne peut consoler qùe
sion peu connue alors. ceux qui n’ont pas souffert et ne sait apaiser que
36 LE S P I R I T I S M E

les haines qu’on oublie. Aussi quand sa servante Quand tu visiteras mes pauvres, si l’on presse
lui annonce la visite du curé, répond-elle : Ta charitable main s’ouvrant pour leur détresse,
Ma sœur, tu sentiras l’étreinte de ma main.
« ............... et ce prêtre lui-même O chrétienne, fais donc jusqu’au bout le chemin.
N’osera pas alors qu’un pareil crime a lieu; Sans doute, la douleur est un fardeau terrible!
Me vanter la justice et la bonté de Dieu !... » Mais je te soutiendrai, moi, ton guide invisible... »
Et quelques vers plus loin, lorsqu’elle est seule :
Je n’ai pu me défendre de citer presque entière
* Puisqu’il prend le parti des démons contre l'ange
cette belle tirade ota le vieux curé, abandonnant ses
Et qu'il ne souffre pas même que je me venge,
rubriques orthodoxes se sert des arguments qu'il
Lui, ce bon Dieu que j’ai sottement adoré,
Je n’y crois plus... qu’il vienne â présent, le c ré. » emprunte au spiritisme, à la philosophie libre, qui,
malgré tout, a pénétré toutes les croyances, sentant
lia toi vient de donner son premter assaut sans
bien, lui aussi, quoiqu’il ne l’avoue pas, combien
pouvoir vaincre l’âme révoltée; mais elle ménage
ses premières consolations étaient vaines. Rose
des troupes fraîches, car voici le vi«ux curé lui-
faiblit et s’est presque rendue à merci, quand on
même. Il use le viel arsenal des consolations ano­
entend des coups de feu : ce sont les fédérés qu’on
dines :
immole, par milliers au Père-Lachaise!... La sœur
« , . . . . . . Votre frère est au ciel. » du prêtre sent s’agiter en elle ses colères mal étouf­
dit-il, mais Rose avec une explosion d’indignation, fées et, avec des accents d’une férocité inouïe elle
lui répond : célèbre le carnage, la haine et la vengeance. Le
« Le ciel ! ah ! j ’attendais la banale réponse, curé s’éloigne en flétrissant ces sentiments mauvais
Le mot creux que toujours l’égoïsme prononce. et lui déclarant que si son frère eût été appelé à
Ah 1 mon frère est au ciel 1 soit ! mais il est aussi juger, il aurait pardonné.
Rue Kaxo, dans l’affreux charnier, tout près d’ici, Rose, seule, veut essayer de prier. Mais la prière
Sanglant, défiguré, percé de vingt blessures. est plus vaine que le reste, elle jette son chapelet,
« ce chapelet damné » comme elle l’appelle. Sou­
Le ciel ! toujours le ciel ! Mais quand ces cannibales
Ont pris mon pauvre Jean et l’ont criblé de balles, dain la porte s’ouvre et Jacques Leroux, membre
Il brillait votre ciel, il était calme et bleu, de la commune, traqué comme une bête fauve par
Il ne se trouble plus maintenant pour si peu, les Versaillais, demande asile ! Ah ! Rose le tient et
Et c’était bon du temps de Gomorrhe et Sodome. celui-ci va payer le sang de son Irère, elle va le
Le ciel ! mais voyez donc comme il est pur, brave livrer à la cour martiale, elle va elle-même aid=r à
[homme! »] son exécution ! Elle lui crie toutes ces choses dans
Une seconde t'ois, la Religion est vaincue, mal­ un accès de fureur, mais lui froidement, l'inter­
gré les larmes que Rose verse et les doutes qu’elle rompit :
exprime. Aussi, maintenant une nouvelle force « ... Mais je sais à présent ce que vaut
moins fictive, plus humaine, va monter à l’assaut’ L’hypocrite bonté du prêtre et du dévot :
Eeoutez le vieux curé lui-même et je souligne se^ Femme sans cœur, il faut qu’au moins je vous le dise :
premières paroles qui sont d’une imporiauce capi­ Ceux-là qui font semblant d’adorer dans l’église
tale. L’innocent mis en croix qu’ils nomment Jésus-Christ
Ignorent le pardon et livrent un proscrit ! »
« Ce n'est pas le curé qui vous parle aujourd'hui
C'est l'ami, le vieillard, et je vous dis : O femme, Cette parole jette encore une fois le trouble dans
Autour de nous ici, je sens flotter une âme. l’âme de Mlle Rose et lorsque le fédéré envoie un
Votre frère nous voit, vous dis je, il est ici. dernier adieii à sa femme et à ses enfants, c’en est
Je l’entends murmurer : .ua pauvre sœur, merci. fait, l’humanité a vaincu sous ses flots d’amour
De m’aimer tant. Mais plus de blasphème et de rage. cette haine vivace et puissante que la religion
Pleure (les pleurs sont doux) mais pleure avec cou- n’avait fait qu’exciter d’avantage et qu’un spiritua­
[rage,] lisme plus pur avait seulement un instant contre­
Calme-toi. Je suis là, présent pour te bénir
balancée.
Et vivant dans ton cœur et dans ton souvenir.
Jacques Leroux est parti, couvert de la soutane
Nous serons réunis un jour. Consens à vivre,
Je veillerai sur toi. Lis tout haut le Saint Livre de l’abbé Jean, et Rose, parlant à l'officier chargé,
Et, dans les mots divins prononcés quelque fois de rec ercher le fugitif a trouvé un mot sublime;
Tu croiras que résonne un écho de ma voix. elle montre le lédéré qui se retite lentement •
Devant mon crucifix chaque jour prosternée, « J’habite seule avec mon frère que voici. »
Prie avec tout ton cœur, ma pauvre sœur aînée, Son frère! oui, malgré tout, son frère en h u m a­
Et tu croiras, à moi t’unissant en esprit, nité et son frère en Dieu. Rose peut maintenant
Voir mon sourire errer sur les lèvres du Christ. achever son Pater'. Pour celui qui a pnilosophi-
LE SPIRITISME 37

quement suivi les batailles livrées dans l’ombre des sommeils. Le reflet d’une glace frappant ses re­
de celte conscience, ce ne sera plus la vieille prière gards lui produit absolument le même effet. Ge
balbutiée sur les genoux de l’église, ce sera dans fait s’est produit une fois, entre autres, au café de
cette âme régénérée, le Pater de la fraternité uni­ la Bourse. On dut conduire M. Emile X... à l’hô­
verselle et de l’innocente et infinie mansuétude, pital de la Charité, où il se réveilla.
c’est la sublime prière, non plus prononcée du Une autre fois, X . . ., plaidait une cause quelcon­
bout des lèvres, mais vraie et sincère parce qu’elle que, lorsque le président du tribunal l’arrêta court
s’appuie sur des actes; c’est la prière vraiment d i-: et l’endormit simplement en fixant ses regards sur
vine où, dans la sérénité qui accompagne toutes lui.
les grandes actions, le cœur de l'homme se réunit Lorsqu’il est dans cet état, M. X... présente sou­
à celui de Dieu au-dessus de toutes les idoles, de vent le phénomène très curieux de la double per­
tous les temples et de tous les cultes. sonnalité. Il perd toute conscience, oublie le passé,
Reste à savoir, si, ce qui est peu probable, entre comme dans un autre lui-même. Il marche,
c’était là la conclusion voulue par M. Coppée. à droite, à gauche, monteen wagon, fait des achats,
E. de Reyle. visite ses amis, s’assied à une table de jeu, — le
tout automatiquement... Subitement, quand U
revient à lui-même, quand il rentre dans son pre-
mier lui-même, il perd toute notion des actes aux-
L’AUTOMATISME qu:ls il vient de se livrer.
La seconde individualité est carrément suppri­
UNE D O U B L E PERSONNALITÉ mée par le première. On dirait qu’il se dédouble et
qu’il existe de fait deux Emile X... dan» Paris et
L ’hypnotisme et ses aspects divers.— Un curieux ailleurs, car par suite de son état spécial, notre
cas d’automatisme. — Un touriste inconscient. homme va souvent faire des courses, — ou des
— Le « moi » humain.
excursions, comme on voudra — en province.
De nombreux et récents travaux sur l’hypno­ Un iour, — en septembre 1888, M. Emile X ...a
tisme ont amené les hommes de l’art à examiner eu. une altercation avec son beau-père. Il n’en faut
de près les divers aspects de celte délicate question. pas plus pour que sa seconde personnalité surgisse
C'est ainsi qu’on a pu étudier de nombreux cas aussitôt : il disparaît pendant longtemps sans qu’on
d’automatisme, ou action inconsciente. sache ce qu’il est devenu. Trois semaines plus tard
Dans sa d.rnière revue scientifique, M. Henry on retrouve le sujet dans un village de... la Haute-
de Parville examine avec sa compétence ordinaire Marne?
le très curieux cas d’un sujet chez lequel M. le X... ignorait absolument comment il avait vécu
docteur Proust a reconnu l’existence de la double ainsi, de septembre au milieu d’octobre.
personnalité.
On dirait d’un véritable roman, et, sans entrer • Voyage en province.
dans aucune discussion spéciale, nous allons résu­
mer ce bizarre cas mental, en nous en référant à. On apprit par la suite, qu’il avait rendu visite à
la savante autorité citée plus haut. u de se s parents, dans la Haute-Marne : que là,
•M. Emile X ..., — le sujet en question, — est en pleine crise, il avait cassé des objets, lacéré des
avocat au barreau de Paris. Son intelligence est livres, etc. On apprit aussi qu’il avait fait pour
très vive. Lauiéat dans les concours académiques, 500 fr. d’achats divers, et qu’ayant disparu, le tri­
il a commencé sa médecine, à laquelle il a préféré bunal de Vassy l’avait condamné par défaut, pour
*e droit. Il a trente-trois ans. escroquerie.
M. X ... est fils d’un homme aimable, original Il va sans dire que M. X ... est un homme par­
et quelque peu disciple de Bacchus, et d’une mère faitement honorable, et que les juges de Vassy ont
nerveuse. Voilà pour l’origine. annulé cette condamnation quand ils ont su dans
quelles conditions morales le délit avait été com­
Sommeil hypnotique mis.
Les médecins ont constaté que cet homme est Mais,plongé dans le sommeil hypnotique,M.X..
presque instantanément hypnotisable. De plus, il retrouve toute la mémoire de ce qu’il a fait pen­
est sujet à des attaques, à des troubles de la sensi­ dant la période d’ < automatisme. »
bilité, Endormi, il se rendit compte des moindres in­
Un coup de sifflet, de grosse caisse ou de cym­ cidents de sa fugue dans la Haute-Marne avec une
bale suffit à le plonger dans le plus hypnotique extraordinaire précision et une grande c'arté de
38 LE S P I R I T I S M E

parole. Vérification faite par les médecins, tout ce Le remède est des plus simples, et à la portée de
qu’il avait dit fut reconnu exact à la lettre. tout le monde: pour prévenirce mal, jusqu’à ce jour
Voilà donc un cas mental excessivement rare, et implacable, il suffit, en effet, de meure dans un vase
où la double personnalité, l’automatisme ambula*^ quelconque, bouteille, cruche, carafe, — pour i 5
toire, s’affirment nettement, et ce, sans la moindre à 20 centim es de goudron naturel dent on en­
suggestion. duira les parois, lorsqu’il sera bien adhérent, rem­
Gomme on le pense bien, ces faits, qui tiennent plir ce vase d’eau et la boire ensuite, soit au repas,
du prodige et du roman, ont provoqué une grande soit dans la journée. Le goudron naturel— et non
émotion dans le monde scientifique. Ils vont être pas telle ou telle spécialité pharmaceutique, plus
le point de départ d’interminables discussions sur ou moins triturée, — le goudron naturel contient
l’intégralité ou la non intégralité du moi humain. des principes très favorables pour les voies respira­
Nous étudierons dans le prochain numéro ce cas toires, et est assez actif pour les cautériser si elles
curieux, q u ia besoin d’être méüité ; nous prions venaient à être contaminées,, et empêcher sûrement
nos amis de nous donner leur avis sur ce phéno­ le mal de s’implanter et de se développer.
mène peu connu. Ce remède, aussi simple que peu coûteux, ne pou­
vant jamais faire de mal, je me fais un plaisir et un
devoir de le signaler, heureux, si, grâce à liti, le
somnambulisme magnétique peut arracher à la
LA D IP H T H É R IE diphthérie ses innocentes et charmantes victimes.
H enri S a u s s e .
Chacun connaît ce mal terrible — le croup, —
et redoute à juste titre ses ravages aussi meurtriers
que soudains. Jusqu’à ce jour, malgré les progrès
de la chirurgie, malgré l’habileté des opérateurs,
Société Spirite Lyonnaise
malgré le dévouement des médecins, il n’a été pos­ GROUPE DE PERRACHE
sible de lui arracher qu’un bien petit nombre de
ces innocentes victimes qu’il étreint, étouffe, em­ Dans l’assemblée générale du 2 février, la
poisonne, et, chaque année, parmi nos enfants les Société a renouvelé son comité; elle entre dans sa
plus robustes, les p'us gais, les plus insouciants, il trentième année d’existence sans aucune interrup-
renouvelle ses épouvantables hécatombes. ion dans ses séances ,
En attendant que la science médicale officielle M. Alexandre Delanne, de Paris, et M. G***, un
ait découvert des moyens rapides et sûrs pour com­ des spirites lyonnais qui ont ic plus contribué au
battre la diphthérie avec succès et triompher deses développement du spiritisme dans notre ville, ont
attaques, nous avons le droit et le devoir de cher­ été élus présidents d’honneur.
cher à nous préserver de ses envahissements, par Le Comité est ainsi constitué :
des mesures préventives, même si l’indication nous Président : M. Chevallier.
en est fournie par une science encore hérétique. Secrétaire : M. Laurent.
Nous causions hier avec une institutrice com­ Trésorier : M. Girente.
munale, dont l’école vient d’étre fermée à cause de Vice-présidents: MM. Brun et Truquemann.
la diphthérie, et, tout émue, elle nous narrait les Sous-secrétaires : MM. Chacot et Reignier fils.
scènes donloureuses dont elle est journellement Trésorier-adjoint : M. Pradel fils.
témoin. Archiviste-bibliothécaire : M. Deprele.
Si encore, nous disait-elle, on connaissait quel­ Adjoints : MM. Baiarello et Genoud.
ques remèdes préventifs, on pourrait essayer de les Membres du Comité : MM. Badet, Bigea, Dim-
opposer à ses ravages, mais pour le moment il n’y net, Ollaguier, Pradel père et Reignier fils.
en a point. On est réduit à l’expectative et presque La séance est terminée par une causerie de
chaque jour, je vois conduire au cimetière des M. Chapot sur YArnée Spirile dont nous donnons
enfants qui, la veille, étaient pleins de force et de un résumé.
santé. l ’a n n é e s p i r i t e
Que faire I... Mon Dieu que faire? Que faire L’année qui vient de s’écouler laissera des pages
pour prévenir la diphthérie ?... J’avais sous la ineffaçables dans les annales de l’humanité : i 889
main un sujet d’ordinaire fort lucide, et, sur le est l’apothéose de la science et de l’industrie fécon­
champ je lui ai posé la question en le priant de dées par le génie de l’homme. L’intelligence reste
chercher à la résoudre. vraiment confondue devant les prodigieuses accu-
Voici sa réponse : - mutations de merveilles que présente cette expo­
LE SPIRITISME 39

sition universelle et il semble que l’homme est dé­ de ces phénomènes étranges et troublants au su­
sormais le souverain absolu de sa planète. prême degré, et, quand bien même la doctrine
Les forces de la nature se rangent à sa voix, : spirite serait absolument erronée, les spirites au­
s’assouplissent,s'harmonisent comme par enchan­ raient réal sé un progrès en mettant à l’étude une
tement sous l’influence de sa volonté, et là où il n’y nouvelle branche de la science.
avait jadis que le chaos informe, on voit naître et Le congrès spirite, par le succès qu’il a obtenu,
grandir des mécanismes intelligents, des machines nous a montré que l’opinion, loin d’être foncière­
admirables d'éxécution et de fonctionnement. ment hostile à nos idées, ies tolère d’une façon qui
On comprend maintenant, en présence de ces va chaque jour s’élargissant davantage. Aujourd’hui
splendides résultats, que bientôt la science humain e qu’il a terminé ses travaux, il serait oiseux de reve­
ne connaîtra plus de limites et que renversant nir sur l’historique de sa formation; néanmoins il
toutes les barrières opposées à sa marche progres­ est bon de se souvenir des difficultés qu’ont eues
sive par les ennemis de la lumière, elle ira chercher à vaincre les hommes dévoués qui avaient pris
jusque dans la tombe le secret de la vie et les l’initiative de ce mouvement spiritualiste, car il y a
moyens de la perpétuer. Les plus incrédules, les là un grand enseignement; étant données les divi­
plus sceptiques se demandent où vont s’arrêter sions de certains groupes, les rivalités de certains
toutes ces découvertes qui viennent chaque jour personnages, la divergence profonde entre les spi­
réa liser un progrès et jeter une espérance à la foule rites américains, qui repoussent la réincarnation,et
attentive; tous se sentent ébranlés jusqu’au fond les kardécistes, qui l’udmettent, il est permis de se
de leur être quand on leur affirme la réalité des demander si l’union aurait été possible avec des
phénomènes si étranges de l’hypnotisme, et on ne hommes intolérants, avec des sectaires.
songe plus à railler lorsque Crookes, Zoel- Si le spiritisme était une religion comme beau­
lorer, Gibier viennent, eux aussi, apporter leur coup le pensent, il est certain que l’entente n’au­
contingent d’observations à la liste déjà si longue rait pu se faire, car toute religion a des dogmes
des phénomènes bien plus étranges encore du spi­ auxquels on ne doit pas toucher. Mais les spirites
ritisme expérimental. Malheureusement, il restera ont su montrer une fois de plus qu’ils étaient des
toujours des hommes qui mettront la science au- h ommes de progrès, qu’ils n’avaient rien de com­
dessous de leurs intérêts, qui donneront des mun avec ces fanatiques qui disent:« Hors mon
entorses à la vérité peur éviter le froissement de église pas de salut, » et, pour arriver à un résultat,
quelques misérables préjugés. A ceux-là, nous chacun a su immoler ses préférences où ses ran­
conseillons de méditer ces nobles paroles d’Augus­ cunes sur l’autel de la concorde.
tin Thierry. « Il y a au monde quelque chose qui La formule commune, dont la discussion ne
vaut mieux que les jouissances matérielles, mieux pouvait entraîner aucune scission entre les congres­
que la forture, mieux que la santé elle-même, sistes, a été trouvée,et, grâce à la sagessedetous,on
c’est Je dévouement. Le savant a charge d’âmes, a pu arriver au but que l’on seproposaitd’atteindre;
c’est le directeur des intelligences, le guide des à la croyance néfaste du matérialisme, au flot tou-
sociétés ; remplit-il sa mission, s’il s’obstine à ) ours montant du néanlisme, à la négation de tout
regarder sans cesse du même côté, alors qu’on lui ^ e qu’ il y a de véritablement grand dans l’homme,
signale dans une autre direction des choses vrai­ . 1 importait d’opposer un frein.
ment dignes de son attention, mais qui dérange­ A ceux qui vivent dans l’opulence en se renfer-
raient p:ut-être son système d’idées préconçues?
m ant dans leur égoïsme cupide, il fallait montrer
Non, sans doute, au lieu d’eclairerles consciences,
1 a solidarité qui relie tous les êtres et la terrible
il les opprime ; au lieu de pousser en avant le char
responsabilité qui pèse sur l’homme dont l’exis­
du progrès, il s’applique à ralentir sa marche. » tence se passe dans l’inacticn et l’oubli de ses
On ne peut plus se dissimuler aujourd’hui l’im­ devoirs. A ceux qui se désespèrent et qui gémissent
portance croissante que prend l’étude de la psycho­ sur leur destinée, à ceux .qui blasphèment et se
logie expérimentale, et,dans quelques années, tout révoltent sous la main de fer de la misère et de la
ce que la science compte d’hommes remarquables douleur, il fallait donner l’espoir, cette lueur
s’occupera de ce; questions pour arriver à la for­ t remblante et vague qui adoucit l’amertume des
mule des lois inconnues qui semblent parfois en s ouffrances et qui élève les cœurs dans l’adversité.
contradiction avec celles que nous connaissons 1789, se basant sur l’inviolabilité de la personne
actuellement. morale et sur la justice, avait proclamé la liberté
Nous aurons tout au moins la gloire d’avoir, les et l’égalité des citoyens; 1889, se basant sur la rai-
premiers, signalé à l’attention publique l’existence I son,surla science expérimentale, a proclamé cette
'4° LE SPIR ITISM E

vérité cent fois plus féconde en applications socia­ évolution, le même mouvement de jour en jour
les et en résultats utiles, l’immortalité de l'âme. plus accentué.
On sent qu’un grand mouvement se prépare; M. Eugène Deloir présente à la Faculté de théo­
une sorte de renaissance vient élargir le cercle des logie protestante de Montauban une thèse sur le
conceptions humaines; un souffle puissant balaye spiritisme.
les derniers vestiges de toutes les croyances suran­ M.Yveling Ram-Baud, un rédacteur du Gaulois,
nées et de tous les dogmes monstrueux. publie un ouvrage important sur la Force Psy­
La jeunesse française, l’espoir del’avenir, semble chique avec une préface de Victorien Sardou.
tourner ses regards vers de nouveaux horiz ns; ce Léon Tolstoï, le grand philosophe russe dans
sont les maîtres les plus autorisés qui nous l’affir­ son livre De la Vie défend le principe de l’immor­
ment : M. Lavisse. en présentant les étudiants pari- talité et de l’âme.
■ siens à Emilio Cascelar, ne disait-il pas qu’un grand MM. Eugène Nus, Arthur d’Anglemont nous
nombre d’entre eux, ont la curiosité des mystères pré-entent des vues remarquables sur la Genèse de
l’àme? l’humanité, sur la divinité et l’anatomie de l’âme
Et M. de Vovué, n’écrivait-il pas récemment, humaine.
dans une étude consacré« à la jeunesse : « Ce qui L ’abbé Rocca fait un appel puissant à l’union
maîtrise le plus fortement ces jeunes intelligences, de l’occultisme avec le spiritisme, et M. Pierre
c’est l’instinct de la relation entre les choses et les Janet, professeur au lycée du Havre, publie les ré­
racines profondes qu’elles ont dans l ’invisible? ». sultats de ses recherches sur la suggestion du som­
Et à ceux qui douteraient de la réforme qui nambulisme.
commence à s’opéier dans les idées du peuple, nous M. Léon Hennique introduit encore ie spiri­
dirons : «consultez l’opinion publique ou, plutôt, ses tisme dans le roman en poétisant d’une façon char­
porte parole, les journaux. A chaque page vous mante l’idée de la réincarnation. Parmi les autres
trouverez des allusions aux doctrines que nous évènements spirites de l’année, on a fort remarqué
défendons, aux faits que nous affirmons ». la polémique qui a pris naissance entre MM. Léon
MM. Flammarion, Hugues le Roux, Emile Gau­ Denis et Marius Georges, relativement à h concep­
tier, Victor Meunier, Paul Fauche et le Vol­ tion de la Divinité. En face du positivisme par trop
taire, le Soir, le Temps, le Figaro, le Rappel, le outré des rédacteurs de la Vie Posthume, M. Léon
Gaulois, le Gil Bios viennent les uns signaler les Denis a su placer l’idéalisme, c’est-à-dire l’appel
faits extraordinaires du spiritisme et du magné­ de toutes les âmes vers la perfection, vers la lumière
tisme, les autres louer, discrètement il est vrai, les absolue en quelque sorte, et il nous a montré Dieu,,
principes de la doctrine spirite, d’autres encore, comme la raison consciente qui domine l’immense
critiquer malicieusement les docteurs qui font république des mondes.
entier dans le giron académique l’hypnotisme Il est aussi un fait qui a pu passer inaperçu aux
condamné par leurs âmes dans la personne de yeux de beaucoup de personnes et qui cependant
Mesmer. Le temps est passé où Pierre Larousse est pour nous d’une importance capitale; il s’agi1
déclarait que les médiums étaient tous des fous ou de conférences contradictoires que M. Léon Denis
des charlatans, où Littré définissait le spiritisme : a faites en Belgique. Nous souhaitons qu’il con­
superstition des spirites et où M. Gaston Tissan- tinue sa tournée de propagande dans toute la
dier expliquait le mouvement des tab'es par l’emploi Fran.e, car le temps ejt venu pour les spirites
d’un ingénieux mécanisme fonctionnant à l’aide d’affirmer hautement leur foi dans l’avenir et leur
d’un électro-aimant. espérance Hans la vie éternelle.
On reconnaît enfin aujourd’hui que ce n’est ni ’ Enfin nous avons assisté à Lyon à un bien eu
en raillant les spirites, ni même en les envoyant rieux spectacle; un professeur de la Faculté des
au bagne comme le proposait jadis ce charmant Lettres, M. Hennequin, après avoir exposé dans
M. Pierre Véron qu’on étouffera le spiritisme. Les une conférence p.iblique les faits obtenus par
plus outrecuidants baissent le ton; ils demandent Crookes Zoelner et Gibier avec l’aide de Home et
une enquête, ils veulent savoir à leur tour; nous Slade en insistant sur leurs caractères d’authenti­
les attendons de pied ferme. cité, a conclu très logiquement dans une deuxième
Qu’ils ouvient les journaux spirites ; les médiums conférence, en n’expliquant pas du tout les phéno­
qui obtiennent des faits remarquables ne dissi­ mènes les plus surprenants qu’il avait cités, ei en
mulent ni leur nom ni leur adresse; qu’ils se invoquant pour les autres l’auto-suggestion et
rendent auprès d’eux, et ils pourront se convaincre l’hallucination.
de la réalité des phénomènes que nous leur citons. Les contradictions flagrantes que présentent ces
Les livres nous permettent de constater la même deux conférences nous ont profondément étonné
LE SPIRITISME 4'
r.'a

de la part d’un homme de talent et d’esprit comme éviter ce danger et arriver ainsi à des résulta s re­
M. Hcnnequin, et elles nous ont permis de sup­ marquables.
poser qu’ une intervention quelconque est venue, C’est là le moyen de propagande le plus puissant
durant l’intervalle qui les a séparées, modifier ses dont nous disposons et, je crois qu’il est bon de
bonnes dispositions en faveur du spiritisme. Mal­ suivre, dans une certaine mesure, la méthode amé­
gré tout, nous remercions sincèrement l’homme de ricaine, au lieu de s’en tenir à la médiumnité ins­
progrès, qui a pris l’initiative courageuse d’abor­ pirée oü intuitive, car si l’on n’obtienr pas par cette
der une question tenue jusqu’ici dans l’obscurité méthode des enseignements d’une haute portée
par les savants officiels. Nous ne demandons que morale, on peut receuillir des indications très
la discussion impartiale de nos idées devant le utiles sur la manipulation des fluides et sur la
public, et c’est certainement un grand pas que matière perispriîale.
M. Hennequin nous a permis de faire,en nous ac­ D’ailleurs, nous devons chercher à éclairer toutes
cordant, en quelque sorte, droit de cité dans l’Uni­ les intelligences, à élever tous les cœurs ; la solida­
versité lyonnaise. rité qui relie les êtres par une chaîne indïstructible
En somme, si l’on examine dans leur ensemble nous y oblige et,pour arriver à ce but, il nous faut
les évènements de l’année, il est aisé de Constater le répandre nos doctrines avec prudence, il est vrai,
progrès sensible et rapide du spiritisme. mais avec persévérance, avec ténacité.
C’est en vain que les prêtres l’ont foudroyé de Ne disons pas, comme beaucoup de spirites,
leurs anathèmes; il s’élève à la lumière du jour en égoistes en cette circonstance: (Je possède la vé­
les repoussant dans les ténèbres de leurs dogmes ; rité, il m’importe bien peu que les autres hommes
c’est en vain que les journaux l’ont ridiculisé : partagent ou non mes opinions, tant pis pour eux
voilà maintenant des journalistes, des guides de s’ils s’obstineit à rester dans les ténèbres, je monte
l'opinion qui s’en constituent les défenseurs. C ’est vers la lumière,cela me suffit).
en vain que des savants l’ont traité avec mépris, Parler ainsi, c’est oublier que l’on est spi­
aujourd’hui quelques-uns des plus illustres s’en rites, c’est faillir au plus sacré de tous lee devoirs,
rapprochent avec franchise. Et, par-dessus tout celui d’améliorer des âmes.
cela, le peuple, la masse considérée dans son en­ Il est nécessaire de savoir quelquefois sacrifier un
semble, s’achemine vers le spiritisme où il trou­ peu de sa tranquillité d’esprit pour amener quel­
vera ses aspirations réalisées ; toutes les âmes qui ques hommes à se rendre à l’évidence des faits ;
s’éloignent avec autant d’horreur du matérialiste il faut lutter contre autrui pour son propre bien et
égoiste et blasé que du mystique fanatique des pour celui de l’humanité tout entière.
religions l’acceptent avec joie ; elles puisent dans ses Le progrès est constitué par une accumulation
renseignements tous les principes qui font de de petits efforts personnels qui arrivent ainsi à
dhomme un être vraiment supérieur dans la créa­ faire mouvoir l’édifice social dans son ensemble.
tion et elles s’élèvent ainsi en se mettant à l’abri Que chacun de nous apporte son impulsion, si
des épreuves de la vie terrestre. petite soit-elle, et il aura la conscience d’avoir été
Mais nous ne devons pas nous contenter des utile à une grande cause pendant les quelques an­
adeptes qui viennent ainsi à nous : il faut en créer nées d’existence qu’il aura passées sur cette terre.
nous-mêmes ; c’est notre devoir de forcer en quel­ C la u d iu s G h a p o t .
que sorte nos semblables à partager notre croyance.
Il entre beaucoup de positivisme dans les mœurs
(c’est incontestablement un progrès) et, à cause de
cela,précisément, toute doctrine qui ne s’appuie que
CORRESPONDANCE
sur la métaphysique pure nous apparaît comme
un archaïsme.
Tandis que si, à côté de la théorie, on expose le S o c ié té s p ir i t e ly o n n a is e
fait dans toute sa brutalité, l’impression est plus
GROUPE DE PERRACHE
profonde et la conviction commence à s’impianter.
Les spirites français négligent, en général, ce
Monsieur Alexandre Delaune,
qu’on appelle ies manifestations physiques, alors
que les américains s’y adonnent complètement. Il J’ai l’honneur de vous informer que, dans son
est certain que la mé Jiumnité qui produit ces effets, Assemblée générale du 2 février 1890, la Société
est tort exposée aux tentatives d’obsession des es­ spirite lyonnaise, sur la proposition de M. Cheva­
prits méchants où seulement légers. Mais on peut lier, sou président, vous a élu président honoraire
42 LE S P I R I T I S M E

pour l’année 1890, témoignant ainsi son admira­


que l’on demande des choses amusantes : mais c’est
tion pour l’un des plus fermes soutiens du spiri­
tisme. tout, et, mon mari, cela l’agace. »
Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de mon Enfin, bref, elle le fit pour moi, et je vis bien qu
.respectueux dévouement. réellement tout n’était pas fini et que l’esprit de
Pour la Société spirite lyonnaise mon père n’était pas mort.
L'un des secrétaires : Cela m’ouvrait des horizons nouveaux. Nous
C l a u d iu s C h a p o t . eûmes de petites réunions ou l’on s'amusait
beaucoup, car nous avions toujours des esprits
folâtres qui nous distrayaient.
SPIRITISME EXPÉRIMENTAL Un soir, je revenais de faire des visites ; il était
sept heures, c’était vers décembre i 887 ou janvier
1888; ma fille Charlotte, âgée alors de qua’orzeans
Chère madame, moins trois mois, me dit avoir vu en revenant de
Je vous avais promis un résumé de ce qui nous son cours (il était alors cinq heures du soir) un
st arrivé depuis près de deux ans. Je.vous l’envoie rond lumineux.
et vous prie d’excuser et d’être indulgente pour Croyant que c’était un effet de ses yreux, elle se
mon style. Je vous adresse les faits brutaux tels leva, alla boire et revint dans la cuisine, se rassit,
qu’ils se sont produits. et le rond lumineux vint se placer devant-elle.
C’était au mois d’octobre et novembre i 887,j’étais Elle prit une brosse qui était à sa portée, et le rond
en visite chez une dame de mes amies, du nom de vint se placer au bout ; elle fit tourner la brosse en
Berthe, qui habitait alors rue deTClignancourt et différents sens, et ie rond suivit ; elle leva le pied et
qui demeure aujourd’hui rue de Flandre,60 ; nous il vint se placer au bout puis il allait toujours
causions de différentes choses et la conversation vers la porte, comme pour aller du côté de ma
tomba sur les tables tournantes. Comme je lui chambre.
montrais mon scepticisme à cet égard: «N e riez Ce manège dura bien vingt minutes au moins.
pas me dit-elle, c’est qùeje les fais tourner ». Je la Elle me raconta cela. « Tiens, luidis-je, serais-tu
suppliai de me faire voir cela pour vaincre mon médium?Ce serait drôle, ne croire à rien et avoir
incrédulité, si cela était possible. un médium chez soi. »
Elle me pria de nommer la personne que je vou­ Quelque temps apres, le même phénomène se
lais faire venir. L’esprit de Jean--Baptiste Benja­ renouvela, mais il prit une forme dccharure lum i­
min Gadobért, mon père. . neux, se dirigeant toujours vers mes appartements,
A peine eût elle fait son évocation que la table toujours vers cinq heures ; enfin il apparut encore
se mit à se mouvoir d’une façon extraordinaire, et, ma fille lui ayant demandé si c’était bien l’es­
se jetant sur moi,se dressant, fuyant, puis revenant prit de son grand-père, de s’élever et de s’abaisser
sur moi,comme si elle voulait entrer en moi, cher­ trois f.is devant elle ; il le fit.
chant en somme à se faire comprendre, comme Tout le printemps, tout l’été nous n’eûmes rien.
quelqu’un ou de fort en colère ou de fort joyeux. Mais voilàqu’en novembre, ma fille, quiéiait dans
Elle me dit d’interroger, ce que je fis, et cela me la cuisine avec sa jeune sœur (il était cinq heures),
répondit par des coups frappés. J’étais dans l’éton­ vit et» dehors de la fenêtre, dans la petite cour,
nement, mais n'étais point convaincue. Je parlai apparaître le rond lumineux ; elle chercha à le
de ce phénomène à des personnes qui m’avaient faire apercevoir à l’enfant qui ne vit rien. Le rond
l’air d’être au courant de cela et l’on me dit de prier rentra dans la cuisine et Charlotte le fit promener
la dame de bien vouloir prendre un crayon et du sur sa sœur ; elle allait et venait, toujours précédée
papier et d’évoquer, qu’elle écrirait peut-être sous du rond lumineux.
l’influence de l’esprit. La bonne étant absente ; ma fille voulut allumer
Cela devenait déplus en plus fort. J’allai la voir, le feu ; prenant une planchette, elleessaya de la bri­
je lui fis part de cela. « Mais certainement, me dit- ser elle n’y réussit pas ; l’ayant placée sur le rebord
elle je l’ai déjà lait pour un docteur (je ne me sou­ de la plinthe, elle essaya de la briser avec, le pied
viens plus de son nom) et pour le colonel (iden­ mais ne réussit pas mieux. Alors elle dit en
tique) (mais je pourrai les lui redemander), qui manière de plaisanterie: « Grand-père, si tu étais
venait me chercher en voiture pour des séances, gentil, tu me casserais ma planche. » A peine eût
mais cela m’ennuie, car cela me prend mon temps, elle formulé cette demande que. le pied en l’air,
et puis j’ai toujours ma maison pleine d’esprits, et elle entendit la planche craquer et se casser (vous
je ne veux pas être ennuyée par tous ces gens-là. voyez d’ici son saississement). Elle prend les mor­
Je veux bien faire un petit comité avec vous,parce- ceaux et,dans l’un deux,il y avait un clou..Prenant
LE ; SPIRITISME 43

/
une tenaille,elle essaie de l’arracher. Vains efforts. bouton de la porte, je me suis levée pour voir ce
Alors elle sent une main invisible saisir la sienne que c’était, quelqu’un m’a repoussée et j’ai parfai­
et arracher le clou. tement vu grand-père, tel qu’il était à Surgères; il
Prenant les morceaux, elle allume le feu, mais est allé s’asseoir entre vous deux, il avait sa petite
aussitôt qu'il flambe, elle sent un souille le longde casquette de maison et était appuyé sur sa canne,
sa figure qui l’éteint, cela se reproduit plusieurs il souriait à l’ an et à l’autre en vous regardant tour
fois, comme pour la taquiner. à tour.
Lorsque je rentrai, ma fille me raconta cela. Je — J’ai eu une telle impression, m’a-t-elle dit,
trouvai la chose extraordinaire. que je suis allée le dire à la bonne. A mon retour
— Tu dois être réellement médium, lui dis-je, il était parti.
il faudra essayer d’écrire. Je racontai cela à mon frère aîné, quelques jours
Le soir, assises l’unedevant l ’autre, nous priâmes après. Il voulut en faire l’expérience.
papa de se communiquer par l’écriture. Pendant Un soir que nous allions dîner chez lui (c’était
prés d’une heure, ma fille fut remuée, secouée de le jour de l’an même de cette année), il pria ma fille
toutes les façons, je commençais à avoir peur, mais d’évoquer notre père: puis il pria mon père de
elle me dit qu’elle ne souffrait pas. Enfin, je le répoodre par écrit à sa pensée. Mon père le fit et
suppliai de tracer des lettres au lieu de toutes mon frère vit le crayon que ma fille tenait être lancé
sortes de zigzags qu’il faisait. Enfin, il commence au milieu de la chambre sans q Je sa main eut
à tracer le mot oui, puis il répondit à mes ques­ remué. Cela l’a bien impressionné!
tions par ces seuls mots : oui et non. ! Un soir à son cours, ma fille aperçut le rond
Tout d’un coup ma fille me dit qu’elle le sentait luminenx.
jusque dans ses pieds; et, à partir de ce moment il — Tiens, dit-elle, grand-père est là.
prit complètement possession de l’enfant et put Tout d’ un coup la porte de la classe s’ouvrit.
écrire plusieurs choses, qu il me rappela, pour me — Fermez la porte, dit la maîtresse à une élève;
bien prouver que c’était lui, des faits passés. Pour celle-ci obéit, et, comme elle revenait à sa place,
la première fois, nous causâmes jusqu’à minuit. Je la porte de se rouvrir.
demandai à ma fille si elle se sentait fatiguée, elle — Faites donc attention, vous ne la fermez pas
me dit que non, et nous passâmes une bonne soirée bien.
en souvenirs de toutes sortes; car mon père était — Mais si, Mademoiselle.
très gai. Et la jeune fille referma la porte qui se rouvrit
Depuis lors, il n’a cessé de nous visiter. encore. Peur des élèves, éclat de rire de ma fille.
Plusieurs fois, la nuit, ma fille trouvait sa La maîtresse se lève à son tour et va fermer la
lumière réallumée. porte après avoir bien regardé dans le couloir ;
Une nuit elle se réveille, voyant de la lumière mais comme elle la fermait, la fenêtre s’ouvrit
sur sa table de nuit et entendant causer. Elle n’osa toute grande.
remuer, elle entendit, très distinctement, les voix Ma fille s’esclaffait,ainsi qu’une de ses amies qui
de plusieurs personnes ; elles étaient au moins trois ; est somnambule et qui savait quelle en était la
mais elle reconnut très bien la voix de son grand- cause; mais toute la classe était apeurée.
père, qui même lui fit une recomjjnandation dont La maîtresse ne riait pas, elle ferma la fenêtre
elle ne s’est plus souvenue, Mon père est mort le et, comme elle s’avançait pour prendre place à son
27 janvier I882, à 4 heures du soir, d’un abcès dans bureau, celui ci fit le simulacre de s’ouvrir et de se
les intestins. feimer fortement.
Un soir, toujours vers 5 heures, mon frère et ma La maîtresse était toute pà’e, les élèves attérées,
belle-sœur étaient venus me voir, c’était quelques sauf ma fille et son amie.
jours avant le jour de l’an de cette année, c’est-à- La jeune sous-maîtresse pria ces demoiselles de
dire vers la fin de décembre 1888 ; nous causions garder cette chose secrète et de ne point en parler
dans la salle à manger, lorsque tout à coup j’en­ à la directrice, Mme Larnaud. Ce qui eut lieu.
tends moi-même du bruit à la porte qui commu­ Je fus présentée par une de mes amies à Mme:
nique dans lachambrede mon mari. Je vois ma fille Delanne. J’y allai un soir avec ma fille, elle la pria
se lever, venir se rasseoir, et regarder fixement de regarder dans un verre d’eau.
Quand mon frère fut parti, ma fille me demanda Au bout d’un instant ma fille dit qu’elle voyait:
si j’avais remarqué que la porte s’ouvrait, un navite.
— Oui, lui dis-je, je croyais même que c’était ton A partir de ce moment, ma fille vit bien des.
frère qui venait par lâ. choses qui nous sont arrivées. En écrivant, je de­
— Non, me répondit-elle, entendant remuer le mandais à papa si je serais médium, il m’engagea.
44 LE S P I R I T I S M E

à regarder souvent dans le verre d’eau, ce que je Moi, je le voulais, pour être plus à même d’être
fis, et je vis des personnages connus. avec mes réflexions. Je couchai donc dans la cham­
Je remarquai principalement une femme ma­ bre de la bonne avec ma fille la plus jeune, que
lade. j’avais avec moi, puis une dame de mes amies, qui
Après avoir demandé à papa quelle était cette resta avec nous. De sorte que nous étions trois
personne, il me dit qu’il ne pouvait pas me le grandes personnes et une enfant de sept ans.
dire, que cela lui était défendu. — Je reçus, le 28 Je dormais profondément, lorsque, tout à coup,
février de cette année, une dépêche me disant que je sentis sur ma jambe droite un souffle très fort;
ma mère était très malade. Je partis ie samedi ceci me réveilla, j ’écoutai sans remuer, et ce souffle
2 mars, j’arrivai au soir et je fus frappée de la res­ s’accentuait. C'était le même que lorsque ma mère
semblance en reconnaissant ma mère dans l’image dormait en souffrant. Je m'assis sur mon séant,
qui m’avait tant frappée dans le verre d’eau. avec une angoisse au cœur. — Est-ce toi, me bonne
Je soignai ma mère et je me rappelai tous les mère? dis-je. Prouve-moi bien que c’est toi. Le
avertissements que mon père nous avait donnés à souffle vint à gauche, puis tout près de mon oreille.
mots couverts. Cette fois il n’y avait plus de doute. — Dormez-
Le 17 avril, c’était un mercredi, ma mère eut vous? dis-je aux darnes qui étaient avec moi.
une grande crise et je crus la perdre. Huit jours — Non, me répondirent-elles ensemble. Je leur
après, ma mère, ne se sentant pas bien, ne voulut racontai ce qui se passait près de moi. — Cela n’a
pas se lever. Il était à peu près 3 ou 4 heures; elle rien d’étonnant, me dit Mme Blanchard, qui est
avait témoigné le désir de manger des œufs au lait. médium, qui a eu plusieurs visions, et
— Ma chambre communiquait directement avec qui guérit au toucher. J’ai entendu monter tout
la sienne par une porte que l’on ne fermait jamais à l’heure l’escalier. — Et moi, dit la vieille bonne,
De plus, tout était fermé hermétiquement. Je la j’ai parfaitement senti marcher sur mes pieds.
quittai pour venir prendre les œufs au lait qui J'entendis ce souffle jusque vers 4 heures du
étaient dans ma chambre, près du feu, pour les lui matin.
porter, lorsque, me retournant pour rentrer dans sa La seconde nuit, même chose ; seulement les
chambre, je vis la porte de communication qui soupirs étaieut si forts qu’on aurait plutôt die une
était tout à fait fermée. Je restai là avec ma tasse, personne souffrant horriblement. — J'eus peur.
regardant cette porte et comprenant que mon père — Puis ¡’entendis une des caisses qui étaient dans
me prévenait de veiller ma bonne mère. sa chambre, bien que nous soyons séparées par un
. Je rouvris la porte et je dis à maman : — La escalier, tomber lourdement, car je me préparais à
porte s’est donc fermée ? — Mais oui, me dit-elle, partir.
elle vient de se fermer. — Tu l’as entendue? — Ces dames entendirent, l’une du bruit dans l’es­
Mais oui, elle a fait paf. — Ah ! lui dis-je, moi je calier et dans notre chambre, et la bonne sentit
n’ai rien entendu. encore qu’on lui marchait sur les pieds.
Elle voulut m’éloigner pour reposer, mais je ne Le lendemain de cette nuit-là, j ’allai, ou du
la quittai pas, et elle eut encore une crise très forte. moins nous allâmes au cimetière et, après avoir
Je la crus perdue. fait remettre la grille, installé les fleurs et prié
Je la perdis le i 3 mai, un lundi, à 2 heures du pour elle, nous n’entendîmes plus rien.
matin. J’avais prié mon père de me montrer s’il Je suis revenue le ior juin dans ma famille. Huit
était là et le rideau remua au chevet de ma mèœ jours avant mon arrivée, ma fille, qui lisait tran­
par troi3 fois. quillement dans son lit (il était 9 heures du soir),
. Du reste, mon lève s’était réalisé. sentit sur les couvertures une grande résistance ;
^Après avoir rendu à ma mère les derniers de­ cherchant à les ramener sur son épaule, elle sentit
voirs que je lui devais, elle passa un jour et une le poids d’un corps, elle eut peur.
nuit morte dans son lit. Grand-père, si c'est toi, dit-elle, fais-toi voir.
Nous nous couchâmes, et rien d’anormal ne se Aus .'iôt le corps fit comme s’il se retournait du
passa. L’enterrement civil eut lieu le 1 5 mai, à côté du mur et se mit à frapper trois coups.
4 heures du soir. Elle se sentit rassurée, mais il revint à sa place.
Nous conduisîmes ma bonne mère; moi seule Grand-père, lui dii-elle, va-t’èn, cela me fait
commeenfant suivais le cercueil, mes frères n’ayant peur, tu sais que je ne suis pas brave, quand ma­
pu venir. man n’y est pas. Es-tu avec grand’mère? Trois
Le soir, la bonne ne voulut pas que je couchasse coups répondirent.
dans ma chambre, attenant à celle de la pauvre Es-tu content? Trois petits coup s.— Grand-
morte. père, dis-moi adieu et va-t’en. Le bruit d’un corps
LE S PI RI TISME 45

qui frappe le long d’une cloison, puis plusieurs


petits coups qui s’éloignaient.
N É C R O LO G IE
Voici, chère madame Delanne,les manifestations
Nice, le i 3 janvier i 89j .
que nous avons eues depuis près de deux ans ; ce
sont les principales, car je vous passe bien des petits Cher monsieur Delan.ne F. E. S.
détails sous silence; ce serait trop long et peu inté­ Je vous annonce la dématérialisation de notre
ressant pour d’autres que pour nous, sœur en croyance, Mme Olympe Audouard, la­
De plus, nous certifions et jurons qu’il n’/ a rien quelle a été assez prompte pourque sa seule parente
d’exagéré et que nous disons la plus grande vé­ venue de Marseille, ait négligé d’informer ses
rité. amis et connaissances de l’heure des obsèques.
Veuillez agréer, chère madame, toutes nos sym­ J’ai donc regretté, malgré mon désir, de ne pou­
pathies voir lire sur sa tombe les paroles que je vous
S. C hailloux, adresse, en vous priant de les publier dans notre
42, rue de Clignancourt. numéro du journal le Spiritisme, si vous les
croyez utiles à la propagande de notre sublime
philosophie. ;
Madame, En attendant de vous revoir avec plaisir, à Nice,
Vous avez semblé désireuse de connaître les le mois prochain, je vous serre affectueusement la
phénomènes qui se sont produits chez moi, et je main.
m’empresse de satisfaire à votre demande: Nous C h . N ozkran .
finissions de déjeuner ; ma fille était placée devant 9, rue P aganini.
moi, lorsque je sentis un oiseau qui voltigeait au­ Voici les paroles qui étaient destinées à être
tour de ma tête et me tapait le visage de son aile, lues sur la tombe de Mme Olympe Audouard, par
mais semant instinctivement quec’était surnaturel, M. Nozeran, payeur en retraite, à Nice.
je ne dis rien et ne fis pas un mouvement.
« Mesdames, Messieurs,
A la même m nuie, ma fille s'écria en se levant:
ah ! il y a un ciseau ici. . il y a un oiseau qui a « Réunis autour de cette tombe, nous ne pou­
voltigé sur ma figure I et nous voilà tous persuadés vons qu’ouvrir nos cœurs à la douleur et aux re­
que le pinson que j’ai en cage, s’est échappé ; mais grets, car celle qui vient d’y descendre mérite à
notre pinson était bien dans sa cage et il n’y avait juste titre ce dernier et funèbre hommage.
pas le moindre oiseau dans la salle à manger. u Mme Olympe Audouard était non seulement
J’aurais été seule à éprouver cette impression, que une âme d’élite, portant sur son noble front la
j’aurais pu accuser mon imagination, mais toutes double auréole des lettres et de la philosophie
les deux ressentant si fortement la même sensation, spiritualiste, mais encore sympathique, expansive
nous ce pouvions la mettre en doute. à l’égard de tout le monde, par l’aménité de son
Le lendemain, encore à déjeuner, nous ne pen­ caractère, le charme de sa conversation, en un
sions même pas à l'impression de la veille^ lorsque mot, par ses hautes qualités d’esprit et de cœur,
la sonnerte intérieure, non pas le timbre de l’es elle s’était, depuis environ quinze mois qu’elle
calier, se mit à sonner avec une étrange persistance; habitait Nice, concilié l’estime et l’affection géné-
comme le ressort était cassé depuis quelques jt urs, iales.
notre surprise fut telle, que nous courons à l’anti­ « Qui d’ailleurs, plus qu’elle, avait été richement
chambre voir que. farceur s’amuse ainsi; il n’y doué pur la nature de cette physionomie gra­
avait personne et la sonnette tintait toujours !... cieuse, attractive, plus encore de cette modestie,
bien d’autres choses aussi étranges sont arrivées qui sont la preuve la plus évidente de cette éduca­
ehez moi et m’ont alors donné le désir d’appro­ tion exquise, distinguée, qui font l’ornement et
fondir le spiritisme; mais je comprends si bien la le charme de la vie sociale, et peuvent servir
réalité indiscutable de ces relations avec le monde d’exemple à notre jeunesse moderne.
supérieur, que j'en suis encore trop impressionnée « Mme Olympe Audouard, avait encore à nos
pour oser parcourircette route si attrayante. Je vou- yeux un grand mérite : celui de posséder au plus
d:ais assister à des réunions, oit je puisse me fami­ haut degré cette foi profonde, inaltér-a"1 -, de l’im-
liariser avec ces phénomènes et ensuite je serais moitatité de l'âme. Dons tous s s voyages, en
plus apte à les chercher moi-même. Russie, en Amérique, en Angleterre, en Italie, en
Veuillez, madame, agréer mes remerciements et Espagne, etc., dans diverses con érences. sans
mes salutations empressées. s’être un seul instant démentie, elle s’eta t livrée
F. D. Qu b r e u i l . avec des convictions profondes à cette sublime et
4 6' LE SPIIIIT'ISMK

cousolante philosophie basée* sur là science des


faits, laquelle, malgré les sarcasmes et les railleries PUBLICATIONS PÉRIODMUES
du néantisme- matérialiste, siétend, se propage,
prescrivant l;ampur; et la charitév ouvrant Jes yeux Le Messager,, journal bi-mensuel. Liège' (Bel­
aux aveugles, répandant, la consolation et. l’espé­ gique), Rrix: 5 francs, p a r an p o u r la France...
rance pour devenir un.jour la,religion universelle Librairie-spirite.
de l’ayenir, Le Spiritisme ; organe: mensuel, 5 francs :par an;
6 -francs pour l’étranger. RueidlAllayrac.
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n’est qu’un passage rapide.et que les épreuves que numéro.
nous subissons, conséquence de nos propres fautes, Lux, bulletin de l’Académie internationale pour
sont, dans.cet exil.de larmes, nécessaires à notre les études spirites et magnétiques. Directeur
progrés¡moral. D. Hoffmann G. p. 142 Roma (ltalia) mensuel,
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tions, brisées su r la terre, se ren o u en t dans l’im ­ L t Religion de l'avenir.— Union spirite Reims.
m ortalité. » Tiimestriel un an, 10 exempl. 10 francs.

LES MEMOIRES — Est-ce que vous n'y croyez pas? me de


manda-t-on.
D’UN SALON SPIRITE
Par Mademoiselle H U E T
— Je ne sais pas, répondis-je, — je n’ai rien
vu ; — mais je ne m’aviserai pas de déclarer une
(Suite) chose impossible parce qu’elle est ridicnle, absurde,
monstrueuse.
m a g n é t is m e e t t a b l e r tournantes — Voulez-vous essayer ? me dit-on.
Nous empruntons à,un journal.illustré le récit — Très-volontiers.
instructif suivant que nous devons à la vaillante Pendant que l’on débarrassait une table ronde
plume d’Alphonse Karr : chacun raconta les prodiges qu’il avait vus, les
Je dinais un jour cb.ez.Gudin, cUnsi,cette splen­ miracles des tables fatidiques auxquels il avait pris
dide demeure où l’on aime i :voir ce grand artiste part.
donner une preuve que le luxe n’.est pasjait seule,- La table prête, on décida que l’on allait m’assor
ment pour les voleurs et.les;goujats, et. qu’il, sied cier, pour l’expérience, à quatre croyants fermes,
très bien au talent. pour compenser, sinon mon incrédulité, du moins
ma neutralité expectante. — Nous entourâmes la

I
Après dîner — on me. demanda. si je m’étais
occupé des tables tournantes, des.tables parlantes, table, nos petits doigts superposés conformément
etc, — J’excusai mon ignorance à ce sujet en allé­ au rit.de cette nouvelle religion,
guant mon séjour en Italie. j Au bout de quelques minutes, la table s’ébranla,
LE S P I R I T I S M fc. 47

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del-Sur-Porto-Rico. Les Aventures dù docteur Von dér Bader, par
La Perseverancia, H. de Villars Guipacha 85 . Evariste Carrance, i volumes a o fri 25

oscilla, fit un auart de tour de droite à gauche, un doigt de mes deux voisins, sans touchef autrement
quart de tour de gauche à droite, oscilla encore la table, — puis au moment oh la tablé tournait
hésita un instant ; puis, prenant résolûment son le plus fort, je me retirai brusquement trois pas en
parti, se mit à tourner avec une rapidité toujours arrière, et elle continua à tourner, ce qui me justi­
croissante, de telle façon qu’il fallut nous l.'ver pour fia du soupçon de fabriquer moi-même le miracle
la suivre. Nous nous arrêtâmes au premier essouf­ auquel on Voulait me faire croire.
flé ; mais quel ne fut pas mon étonnement lorsque
les quatre croyants, les quatre dévots, se réunirent Dans une autre expérience, je fis retirer à son
pour m’accuser d'avoir triché, d’avoir fait tourner tour un des dévôts les plus fervents, — je soup­
la table tout simplement avec mes mains, et non çonne facilement ces gens-là d’irréligion pour les
pas avec mon fluide, ou du moins avec mon y avoir pris souvent, et — et la table tourna.,. Et
appoint de fluide ! jnoi, je n’y comprends rien. — J’ai vu une table
tourner comme tout le monde, mais je n’ai pas
Je me défendis, et j’avais le droit de me défendre, encore entendu de tabl^parler et prédire l’avenir.
car sérieusement j’avais fait l’expérience de très Ce n’est pas, du reste, là première lois que l’esprit
bonne foi, et je pris ce reproche pour un moyen de prophétique se manifeste dans le bois, — que le
prévenir celui que j’aurais pu faire dans le même bois à le. diable.au corps ;.les dryades et les hama-
sens. dryades parlaient dans .l’écorce des afbrçs. Les
On recommença ; j’eus soin de ne faire que poser chênes d.e la forêt de Dodone ont. longtemps rendu
mes deux petits doigts l’un sur l’autre sous le petit des oracles ; pourquoi le mérisier, le noyer, l’acâ-
48 LE SPIRITISME

Pharaon Menephta, par l’Esprit de Roches- 5° Secours dans les cas d’urgence ;
ter. 3 fr. 5o 60 Fondation d’une bibliothèque spirite ;
La Vie éternelle et le salut collectif, par Ch. Fau- 7 Journaux gratuits dans les groupes ; *.
vcty. o fr. 5o 8° Tirages gratuits de livtes et journaux ; '
La Chaîne magnétique, rue du Four-Saint-Ger­ 9° Remise obtenue chez les éditeurs.
main. i 5. Paran 9 fr. Tous nous devons comprendre, dit M. Monclin.
Espérance et courage, brochure de propagande. l’importance de la tâcheque nous avons entreprise ;
Groupe fraternel de Lyon. o fr. 10 il faut donc nous unir dans un esprit de solidarité
L'Education dans la fam ille et par l'Etat, par et montrer à nos adversaires ce que peut une poi­
E. Collignon. 1 fr. gnée d’hommes résolus, animés du désir légitime
Fables et poésies diverses, par l’Esprit frappeur. de faire régner l’accord et la fraternité pour les­
M. Joubert. 2 fr. quels les peuples et les sociétés ne peuvent vivre en
Thérapeutique magnétique, par A. Coha- paix.
guet. 4fr. 5o ... Le jour où nous pourrons établir un point
La Délivrance certaine des prolétaires, par le central à Reims, où tous seront à même de trouver
Messie consolateur. 1 fr. les renseignements nécessaires à l'enseignement
A brûler, conte Astral, par J. Lermina. 3 Ir. spirite, bibliothèque, salon de lecture et de séances
Les Sept principes de l'homme, par Passus. 1 fr. expérimentales, ce jour-là nous aurons accompli la
C lef absolue delà science occulte. r'9 f r . . première partie de notre programme.
La Princesse Violette, pour les enfants, pâr ' : Ljg, Société de l’Union spiri e de Reims est ap­
Paul Grendel. 2 fr;- prouvée pt (e préfet de la Marne.
Enseignement populaire de l'existence univer- .
sel, 14, rue Halévy, Paris. 2 fr. 5 o NOTE BIBLIOGRAPH IQUE
La Religion de l’avenir, libre-pensée religieuse,
revue d’études, organe de l’ Union spirite de: : ‘Noùs avons le plaisir d’annoncer à nos lecteurs
Reims, paraissant tous les trois mois (1). la fondation d’un nouvel organe défendant notre
Tel est le nom du journal nouveau que font cause. ’C ’est à Reims que la vaillante société
paraître nos amis spirites de Reims. Nous souhai­ YUnion Spirite a pris l’initiative de cette publi­
tons bonne venue au nouveau-né. cation intitulée: Journal spirite di l’E st. (Jet
organe complètement adonné à la propagande
Voici en quelques lignes les résultats obtenus
rendra les plus grands services dans ces contrées
depuis la réorganisation de l’ Union de Reims,
encore un peu arriérées au point de vue de nos
laque'le date de 1886 (qui fait paraître le journal) : idées.
i° Fonctionnement régulier par les cotisations ;
Ecrire pour l’abonnement : rue Gambetta, 28, à
2» Création des livrets de sociétaires ; Reims.
3* Un matériel funéraire complet; Nous souhaitons longue vie et prospérité à ce
4® Inhumation (voir Règlement) ; nouveau confrère qui prend vaillammènt sa place
(1) Un exemplaire, 1 fr. 50. dans la phalange des Géfenseurs de la vér:té.
. Abonnement d’un an pour 10 exemplaires, 10 fr.
— — 20 — 15 fr. Le Gerant : Gabriel Bèlanne.
S’adresser à M. Monclin, U. sp., Reims (Marne). Imprimerie Alcan-Lévy 241 rue Chauchat, Paris.

jou, ne jouiraient-ils pas des mêmes privilèges que tacles, et même de briser ses pieds si on l’arrête
le chêr.e ?... violemment.
M. Babinet est un savant dont même les igno­ Je ne crois altérer en rien l’aveu de M. Babinet.
rants comme moi connaissaient les travaux estima­ — Eh bien ! dit M. Babinet, c’est tout simple :
bles. On a dit à M. Babinet : La volonté agit an moyen des nerfs sur le»
« Monsieur Babinet, expliquez-nous les tables muscles et produit des petits mouvements insen­
tournantes. » sibles;— or, c’est au moment ou un mouvement se
M. Babinet n’a pas osé dire: — Je n’y com­ détermine qu’il a h plus d’énergie et de. vitesse.
prends rien, et M. Babinet vient d’expliquer les Je ne crois pas changer non plus ici le raisonne­
tables tournantes. Entre nous, il valait autant ment de M. Babinet.
dire : — Je n’y comprends rien — que de le prou­ Or, M. Babinet prétend-il que lui-même, avec
ver. — M. Babinet a choisi le dernier parti ; il a les superbes biceps dont je dois le supposer pourvu,
probablement ses raisons. fera mouvoir aussi facilement une tabie pesante
Voici le résumé de l’explication de M, Babinet: avec le mouvement insensible de ses muscles, que
M. Babinet a vu des tables tourner, et il admet si, mettant son habit bas, empoignant la table des
que plusieurs personnes imposant leurs mains sur deux mains, se penchant jusqu’à un certain angle,
une table, la table, au bout d’un certain temps, se il employait visiblement toutes ses forces à la faire
met à tourner avec une telle rapidité que ce mou­ tourner ?
vement est capable de vaincre de puissante obs­ (^4 suivre).
8* ANNÉE. — N° 4 . 4(1 centimes le Numéro. AVRIL 1890

SPIRITISME
O R G A N E DE L’UNION SP IR ITE FRANÇAISE
N a î t r e , m o u r ir , r e n a ît r e e t p r o g r e s s e r sa n s cMm
te lle e s t la lo i. A llan K ardkc .

ABONNEM ENTS RÉDACTION & ADMINISTRATION


L E JO U R N A L P A R A T I
Paris et Départements S fr. par an. £4, rue L a b r u y è r e , Parie
UNE FOIS PAR MOIS
é tr a n g e r ...................6 — R é d a c t e u r en c h e f : G a b r i e l D r l a n n e
' ■" ....

AVIS IM P O R T A N T
N ous avon s l’h on n eu r d’in ­
31 MARS 1890
form er n os lecteu rs et nos 21e anniversaire de la mort d’Allan Kardec
corresp on dan ts q ue le bureau
A celte occasion, les groupes spirites de Paris se
de réd action du journal « le réuniront au cimetière du Père-Lachaise, le lundi
S p iritism e » est transféré, à 31 mars, à une heure et demie, près le dolmen
partir du 1 er février, 24, rue d’Allan Kardec.
L abruyère. P rière d’en voyer Nous prions tous les spirites présents à Paris de
se joindre à nous.
à cette a d resse le s lettres et Des discours seront prononcés.
d ocu m en ts co n cern an t la R é ­
daction et l’A dm inistration de
n otre organ e. BANQUET
N ous p rion s en m ôm e tem ps Le soir du même jour, lundi 3 t mars, un ban­
quet sera donné au restaurant Catelain, galerie de
nos am is d e b ien vou loir nous
Montpensier 23 , et 18, rue de Montpensier (Palais­
a d resser , par m a n d a t-p o ste, Royal).
24, ru e L abruyère, le m ontant Prix : 3 fr. 5o par personne.
d e leur ab on n em en t pour l’an ­ Nous informons nos amis que, la salle du ban­
n é e 1890. quet ne contenant que i 5o places, il ne sera délivré
que i 5o cartes. S’il y a un plusgrand nombre de con­
SOMMAIRE vives, ceux qui se présenteront sans carte seront
admis néanmoins, mais ils sont prévenus qu’on
Avis important. les placera dans une salle à part.
31 Mars 1890.
Examen critique des com- On a donc intérêt à se faire inscrire le plus tôt
munications de l’Esprit. Jean N è g r e . possible.
Uranie.............................. G. D e l a ^n n k . On trouvera des cartes :
Ni dupes, n i c o m p lic e s . . . H. S a u ss e . 41, passage Cboiseul ;
Léontine et Marie...............Victor M eunier .
Spiritisme expérimental . H. B aricer. 1, rue deChabanais (Librairie spirite).
Discours au Congrès spirite Al. D elanne . On est convoqué pour 6 heures et demie au plus
C orrespondauce............... A . Bo u sier . tard. Le service commencera à 7 heures précises.
Congrès du Spiritisme. . . N o zera n . Une petite soirée musicale suivra ce banquet.
Nécrologie. Nous y accueillerons volontiers les personnes qui
Faits D iv e r s ....................... L abrize .
Bibliographie. n’auronl.pu assister au repas.
Petite Correspondance.. Cette soirée commencera à 9 heures.
5o LE SPIRITISME

EXAMEN CRITIQUE opposé aux principes logiques de la taison. Ce


critère, recommandé par les Esprits eux-mêmes
DES COMMUNICATIONS DE L’ESPRIT JEAN
quand ils sont dignes de conseiller les hommes, est
le seul flambeau qui permette de nous guider dans
I le dédale des faits el des conséquences quelquefois
L'Esprit qui signe Jean, dans les communica­ trop hâtives qu’on en tire, que ces faits soient de
tions de la Vie posthume, a été un des collabora­ l’ordre spirituel ou matériel.
teurs les plus autorisés de cette publication. Si Les Esprits sont communément doctrinaires ; ils
nous n’avions qu’à juger la forme de l’œuvre spi­ procèdent par voie d’affirmation ou de négation,
rituelle, nous n’ aurions que des éloges à exprimer. comme s'ils n’étaient plus sujets à l’erreur. J’avoue
Telle n’est pas la tâche que nous avons entreprise : que ce ton doctrinal, qui n’est pas celui de Jean,
nous désirons soumettre les idées de l’auteur au j ’ai hâte de le dire, m’a souvent offusqué et m'a
contrôle rigoureux de la logique et de la raison, remis en mémoire ces paroles de Montaigne : « Qui
et rechercher si la forme très philosophique de ses établit son discours par braverie et commandement
écrits ne cache pas des hérésies dangereuses pour montre que la raison y est faible. » Lorsque j’ai
la doctrine spirite. vou’ u en faire la remarque, il n’a pas manqué de
A première vue, il paraît étrange de vouloir con­ gens pour me fermer la bouche, en disant que les
trôler des déclarations d’un Esprit qui est censé Esprits en savaient plus long que nous. Cela est
connaître beaucoup mieux que nous la matière qui vrai, je le répète, pour une inünité de choses. Il
nous occupe, ce qui est certainement vrai pour est toutefois malaisé de supposer que la mort fasse
toutes les choses de l ’autre monde qu’ils connais­ d’un ignorant un être familier avec toules les
sent et que nous ne faisons que soupçonner. Mais sciences. Si cela étair, il ne vaudrait pas la peine
une longue expérience nous a prouvé que l’Esprit de se donner tant de mal pour les acquérir, sûrs
dématérialisé conserve ses idées personnelles, sa que nous serions de les posséder dans un avenir
manière de comprendre, de vouloir et de sentir, et prochain sans travail. Les mêmes gens opposent
il n’est pas rare de constater qu’après la lt ort,il nese que telle ou telle communication est signée d’un
détache pas facilement des doctrines qu’il professait nom qui offre toute garantie. Je répondrai que ie
de son vivant, que son savoir dans l’espace est peu nom ne fait rien à la chose, et que c’est la chose, au
supérieur, à bien des égards, à celui qu’il possédait contraire, qui donne la garantie au nom.
sur la terre. Si donc, dans sa nouvelle existence, Un de mes amis a même insinué que la cen­
l’Esprit acquiert, parle seul fait de sa dématériali­ sure que j’allais entreprendre des idées de Jean
sation, des connaissances plus étendues, il demeure sera d’un mauva's exemple. Je suis d’un avis dia­
assujetti, quant au progrès des idées, aux condi­ métralement opposé. Le spiritisme ne doit pas être
tions généralement très lentes du développement une école de variations et de discors.
propre aux être imparfaits de nctre humanité. Il fourmille déjà de doctrines parasites qu’on a
A un autre point de vue, l’étude générale de la négligé de soumettre à l’épreuve d’ une discussion
médiumnité présente de grandes difficultés, quand rigoureuse ; il est grand temps, ce nous semble, de
il s’agit de faire la part de ce qui appartient en les examiner et de rejeter l’ivraie qui menace
propre à l’Esprit avec ce qui appartient au d’étouffer le froment. On déserte de plus en plus la
médium. Il est rare que les communications spiri­ voie première qui semblait ri’avoir pour but que
tuelles soient absolument pures, s'il est vrai qu’el­ ladémonsiration expérimentale de la spiritualité de
les le soient jamais. Quiconque a pratiqué long­ Fâme. On a trouvé que c’était trop peu, et l ’on fait
temps les médiums dans leur rôle de réflecteur des voile sur la mer sans limite des hypothèses, en dé­
pensées de l’Esprit, n’ignore pas la participation laissant la psychologie pour l’ontologie,et l’on érige
inconsciente qu’ils prennent aux phénomènes. Ce sans fondement assuré des systèmes confus où trou­
fait tient à des conditions physiologiques et psycho­ vent place, à côté des théories les plus hasardées
logiques qui ne peuvent trouver place que dans les erreurs scientifiques et même les superstitions
une étude sur la médiumnité. les plus grossières.
Le meilleur, sinon l’unique critérium dans le Pour tous ces motifs, pour d’autres encore, je
contrôle des révélations spirituelles est la raison me détermine à discuter aujourd'hui les opinions
humaine. Ce qu’elle ne peut comprendre ni expli- philosophiques d’ un Esprit qui a obtenu quelque*
quer ne doit être accepté qu’avec une extrême ré­ crédit sur ses lecteurs. Quand les intérêts de la
serve, et sous bénéfice d’inventaire ; mais on a le vérité sont en jeu, rien ne doit nous soustraLe à la
droit de rejeter tout ce qui est contradictoire ou charge de la faire prévaloir. Or nous croyons ces
LE S P I RI T I S ME 51

intérêts compromis par les communications dont Si la défin tion du troisième principe n’est pas
nous a'ions suivre fidèlement le texte. Le médium claire, du moins sa distinction de sa matière est
L ‘ • • est un éditeur irresponsable, nous n’avons pas clairement exprimée. Une note de la communica­
à nous en occuper. La vraie responsabilité remonte tion de Jean rappelle la célèbre expérience de
à l’esprit Jean et, par suite, au chef du groupe qui Crookes. On a donc oublié que celte expérience,
a publié ses dissertations. Nous laissons juges de aux yeux de tous et de l’auteur lui-même, a pour
la discussion les lecteurs de ce journal, et toutes objet de démon rer l’existence d’un quatrième état
les personnes réfléchies qu’intéresse le sort de de la matière, et non l’état de quelque chose d’im­
noire philosophie. matériel. Ce rappel n’tst pas heureux. Le rôle ef­
II fectif que le troisième principe est appelé à jouer
Quand on examine le système de l’esprit Jean dans l’organisation humaine ne paraît pas avoir
et qu’on en rapproche les parties, on s’aperçoit l’importance des deux premiers, car, dit Jean, « il
qu’il repose en entier sur trois principes : l’ Esprit, n’y a ch z 1 homme ni causes ni effets, ni principe
la Matière, le Fluide universel, dont il donne la supérieur ou inférieur, mais simplement union de
définition qui suit : deux principes : l'esprit et la matière réagissant in­
« Esprit force où âme ; cessamment l’ un sur l’autre au moyen d’un troi­
« Matière, forme ou corps; . sième principe, le Fluide universel, qui les lie tous
« Fluide universel, mouvement ou vitalité. » deux indissolublement. * CVst un rôle média­
C ’est la théorie de ces trois principes que nous teur.
allons analyser. Remarquez à quelle équivoque conduit la con­
Premier principe. — Nous n’avons rien à dire fusion des mots, l’impropriété des expressions. Le
pour le moment de ce pi incipe, sinon que, dans la fluide universel de Jean n’est pas le fluide univer­
pensée ce Jean, comme pour nous, il est spirituel. sel soupçonné par la science, néanmoins il se sert
Second principe. — Le mot forme doit être pris des mêmes termes pour le désigner. Il faut une
dans le sens vulgaire de configuration des corps et certaine attention pour se préserver de l’erreur, et
non dans le sens mé’.aphysique. quand on saura que l'équivoque règne dans toutes
Troisième princ pe. — Il n’y a p..s de synonymie les communications, on ne pourra s’empêcher de
entre les termes fluide universel, mouvement et regretter que le lecteur y soit si longtemps exposé.
vitalité. Le fluide peut être mis en mouvement,' Pour détromper les lecteurs qui pourraient
mais il n’est pas le mouvement; il n’est pas d’a­ prendre le fluide universel de Jean pour celui des
vantage la vitalité. Le fluide en tant qu’objet de physiciens, ii ne sera pas inutile de rappeler ce
science est la matière à un certain degré d’élasticité, qu’est ce dernier. La chaleur, la lumière, l’électri­
d’expansion ou de subtilité. Le mouvement est cité ne sont pas des substances, mais le résul'at de
quelque chose d’extérieur; c’est la modification mouvements vibratoires d’un fluide qu’on appelle
d ’une chose étendue située dans ¡’espace. uni versel, parce qu’il est tépandu dans tout l’es­
Le Fluide universel, d’après Jean, n’est ni esprit pace jusque dans le vide le plus parfaii. C’est dans
ni matière « il se manifeste par eux de diverses la propagation de la lumière dans le vide, surtout,
manières; de meute que, par son influence, il mo­ qu’on a cru pouvoir constater sa présence. Pour
difie plus ou moins leur nature. » Vous entendez bien des savants, le fluide universel est encore une
bien, il modifie leur nature. Qu’est-il donc ce hypothèse, mais une hypothèse si simple qui
fluide ? « Quant à sa nature intime, on peut la re­ , explique si facilement la plupart des phénomènes
présenter à la pensée en supposant une substance dans laquelle existe toujouis l’accord le plus satis­
très subtile composée de molécules excessivement faisant entre les déductions théoriques etlesrésul-
ténues ayant chacune un centre d’attraction parti­ tats de l’expérience, qu’elle prend la valeur d’un
culier, quoique se mouvant toutes dans un sens dé­ fait positif. Ce fluide universel est Véther, mot
terminé. » Mais ce n’est là qu'une comparaison emprunté aux anciens, dont Orphée se servait
faite à l’usage de ceux qui seraient tentés d’identi­ pour désigner le premier élément du monde,
fier le Fluide universel avec la matière fluidique. Anaxagore le principe du feu, et Platon la matière
« Si peu dente que l’on puisse se figurer la matière, plus pure et plus légère que l’air ; mais il est con­
c’est toujours de la matière, ajoute Jean, on aurait sidéré comme substance matérielle. Ainsi admis,
tort de confondre ce qui n’est qu’ une de ses ma­ nous le croyons appelé à avoir dans l’ordre des
nières d’être avec le fluide proprement dit, troi­ manifestations spirituelles et dans la solution de
sième élément constitutif de l’univers et toujours certains problèmes physiologiques des conséquen-
parfaitement distinct des deux autres, * j ces aussi importantes que celles qu’il a eues dans
52 LE S P I R I T I S M E

les sciences physiques, ce qui n’est pas peu dire. Je précédente. » Jean se préoccupe de l’individualité
craindrais, en développant les raisons que je crois de l’esprit et, en cela, il a bien raison : « Nous ne
avoir de parler ainsi, d’anticiper sur la savante et pouvons admettre l’individualité que comme une
profonde thèse que publiera bientôt sur ce sujet résultante de la combinaison des trois principes...
notre ami M. Gabriel Delanne, thèse nouvelle qui Sans l’union intime de ces trois principes, on ne
ne peut manquer de réveiller les savants de leur saurait concevoir l’individualité, car car elle ne
indifférence trop systématique à l’endroit des ma­ peut exister qu’à la condition d’être parfaitement
nifestations spirites. circonscrite en forme et en volume. » Qu’entend-il
Revenons à l’esprit Jean. Après nous avoir ap­ par ce mot individualité? S’agit-il de l’état corpo­
pris que le mot fl ai de vient du latin fluere, ce dont rel propre à chaque individu? Il est évident que
on se doutait quelque peu, il nous ap rend, ce que celui-ci est déterminé en forrr e et en volume ; c’est
nous ne savions pas encore, que « le Fluide uni­ même puéril de le faire remarquer. S !, au con­
versel est le principe du mouvement ». Il nous traire, il est question de l'individualité psycholo­
avait dit piécédemment que c’était le mouvement gique, la seule qui mérite d’être considérée en
lui-même. Cette rétractation inattendue nous en philosophie, nous soutenons que le volume et la
fait présager d’autres. En effet, « considéré comme forme n’o t rien à voir avec elle. Ce qui consti­
espace, dit Jean, il communique le mouvement tue notre individualité, c’est ce qui mesure l'impu­
aux mendes qu’il recèle; d’un monde à l’autre il tabilité Chorale de nos actes: la conscience, la
est attraction... Nous l’appelons Fluide universel volonté, la mémoire ; c’est 1 identité et ¡’unité du
ou espace dans ton ensemble, mouvement dans les . moi que nous n e . confondons jamais avec le moi
corps planétaires, tt vitalité dans les corps organi­ des autres. La forme et le volume déterminant la
ques ». Voilà maintenant le troisième principe de matière n'ont rien à voir avec la vraie personnalité.
plus en plus élastique qui devient espace et attrac­ L’être • ensant que nous sommes aujourd’hui est le
tion, après être devenu mouvement et vitalité. même que celui qui était h er et qui sera demain.
Comme l’on voit, c’est un protée qui revêt tou es La mémoire le prou re, car se souvenir c’est re­
les formes, au gré de l’imagination de l’Esprit. connaître que i’or. a été.
A l’explication stymalogique du mot fluide suc­ C’esc maintenant que les erreurs psychologiques
cède la définition de la vie de Bichat, ce qui prouve, commencent.
par parenthèse, que le livre des recherches
« Ce que vous appelez, raison, sentiment, juge­
physiologiques sur la vie et la mort est encore 1 1 ■
ment, intelligence ou autres facultés, dit Jeau, ne
avec intérêt derrière la tombe, ou bien que l’esprit
sont, à notre point de vue, que des modifications
Jean en a gardé le souvenir, ce qui rendrait son
diverses de la force se manifestant et se qualifiant
existence terrestre tout à fait contemporaine. Il se
par son union avec certains organes spéciaux. La
donne même la peine de compléter la définition,
raison est une force se manifestant par le cerveau,
ce qui est beaucoup oser, car donner une juste défi­
nition de la vie n’est pjs choseffacile, de l’aveu de le sentiment est une force se manifestant par le
tous les physiologistes. cœur ; mais sans organes, ni raison, ni sentiment
Danslemanascr.it de Bichst, Flourens en a lu n’existeraient, et la force n’agissant plus, devien­
drait un principe inutile, puisqu’il serait sans effet.
trois rédactions différentes, et nous nous souve­
Nous ne considérons pas l’àme comme un être
nons que l’éminer.t professeur de la Faculté des
immateriel jouissant de facultés qui lui sont pro­
sciences de Toulouse, M. Joly, employait à l’exa- |
men raisonné des définitions les plus célèbres la pres et qu’elle manifeste par un instrument charnel
premièie leçon de son cours. Voici d’ai leurs celle oufluidique, mais uniquement comme une force
de Jean, que nous donnons pour ce qu’elle vaut : prenant diverses facultés par le lait même de sa
« La vie est l’ensemble des phénomènes qui, dans manifestation au moyen d’organes déterminés...
chaque être individuel s’opposent à la mort, et y Les facultés de iVsprit ne sont que des é nanations
conduisent durant la période de décroissance. » résultant de l’intime combinaison de trois causes
et se produisant plus particulièremen. dans un
III certain sens, seion que l’une deces trois causes est,
Les trois principes de Jean qui régissent l’exis­ à c; moment, plus active. » Ces trois causes contles
tence de tous les êtres doivent nécessairement se trois principes.
rencontrer dans l’être décorporé. En effet, il y au­ Ainsi, sans organes, r.i raison ni sentiment
rait chez lu: esprit, périsprit et fluide universel. n’existeraient, d’après Jean. C’est dire que la rai­
« Le périsprit est formé par la cohésion d’atomes son et le sentiment sont des fonctions de l’orga­
matériels quintessenciés dans l'existence charnelle nisme. Cabanis nous avait bien dit cela, mais nous
LE SPIR1TISML f 53

ne l’avions pas cru. Qui soutient cette théoriematé


rialiste? Un esprit qui n’a plus d’organes ou donj U R A.NIEI
les organes sont tels que les anciens en supposaient
aux trépassés dans le royaume des ombres. Nos lecteurs connaissent déjà l’éminent écrivain
Mais pardon, pourra dire Jean, j’ai un corps Camille Flammarion,dont le nom faitépoque dans
subtil, le périsprit qui a son cerveau, son cœur, l’astronomie contemporaine, et je n’ai pas à leur
ses poumons, son foie, sa rate, etc., etc., tous les présenter le penseur puis'ant qui a su dégager de
organes correspondant à ceux du corps humain. l’arioité des chiffre* cette science qui semblait
Si cela est vrai, si le périsprit, auquel je crois fer­ inaccessib e au vulgaire, pour lui prêter le charme
mement, possède une organisation calmée sur des plus attachantes fictions des romanciers et des
l’organisation corporelle, ce qui paraît fort inutile, poètes. Mais ici de combien la nature dépasse l’ima­
puisque les fonctions sont différentes, je demande* gination humaine ! Le savant nous ouvre les ho­
rai comment il peut se faire que l’esprit apparaisse rizons infinis de l’étendue; à sa voix les abîmes
aux voyants jeune ou vieux, beau ou laid, vêtu de s’entr’ouŸrent et nous les voyons peuplés de mil­
telle ou telle façon, qu’il puisse prendre toutes les liards de soleils et de planètes. Son merveilleux
formes. Ces transformations, dont la possibilité est
génie nous entraîne dans les profondeurs du vide
démontrée expérimentalement chaque jour, parais­
et nous fait contempler dans sa sévère majesté la
sent incompatibles avec des organes fixes d’où
vie éternelle agissant sans trêve et sans fin, à tra­
Jean fait dépendre l’existence de la pensée Qu’est-
vers les univers s déraux. Son style magique cha
ce qu’ un cerveau d’esprit, un cœur d’esprit, etc.,
toie comme les étoiles rutilantes qu’ -l décrit avec
je vous le demande ? Le périsprit ou corps fluidique
tant de charme, et l’on se sent, en le lisant, emporté
peut exercer des fonctions mystérieuses sous le
bien loin de ce petit grain de sabie dont les agita­
gouvernement de l'âme qui lui donne la vie; mais
tions tumultueu.es semblent bien vaines en face de
dire que l’âme n’existerait pas sans organes, c’est
cet univers immuable, impassible et cependant sans
absurde de la part d’un esprit.
cesse emporté vers une destinée inconnue av:c
Ces réserves faites, j’accorde que l’étude du pé­
une vitesse vertigineuse. Qu’il peigne la tranquil­
risprit est possible et même désirable, qu’elle est
lité auguste des espaces interplanétaires, ou qu’il
expérimentale, positive; mais je la tiens pour décrive les tumultueuses agitations de la g nèse
hérissée d'écueils ou tout au moins dî d fficultés. des mondes, ce qui donne un attrait si grand à ses
La physiologie du corps humain a encore bien des descriptions c’e>t que l’hypothèse n’a nulle prise
problèmes à résoudre, je ne sais que penser de la sur son esprit, et qu’il a su comprendre et faire
physiologie du périsprit. J’ai parlé d’écueils, il en aimer la nature en restant dans les limites de la
existera toujours un : le danger de confondre les science positive, mais en 1 habillant des brillantes
propriétés de la matière avec les facuités de l’âme. couleurs de son style, tantôt gracieux et poétique,
Quant à expliquer l'union des deux substances, je tantôt sévère et grandiose, mais toujours pénétrant
tiens cette explication pour impossible.
et pur.
Si nous voulions nous attarder sor les erreurs
Le nouveau volume de Camille Flammarion
de Jean, nous en aurions beaucoup à relever. Nous
n’est pas un ouvrage didactique, c’est, dans une
voyons notamment, dans la dernière citation que
nous avons faite, que l’esprit peut devenir pensée, forme ravissante, l’exposé des grands problèmes de
la vie future. Nos lecteurs sont familiarisés avec les
intelligence, raison et sentiment par le fait des
idées des vies successives se développant sur Jes
organes, et de plus que ces organes entretiennent
mondes qui peuplent l’infini ; nous savons que la
l’esprit. Confondre l’âme avec ses facultés, c’est
vie de l’espri: est éternelle, que la mort n’est
confondre la cause avec l’effet, les attributs avec
qu’une transformation de l’être, que rien de ce
leur sujet d’inhérence. Dire que l’esprit est entre­
qui constitue la personnalité ne se perd dans ces
tenu par les organes revient à dire que leur dispa­
évolutions perpétuelles qui ont pour but le progrès
rition entraîne celle de l’esprit. Il n’y a pas un
de l’âme, mais nous sommes heureux de voir ces
philosophe, je ne dis pas spirite, mais purement
nobhs idées exposées avec talent et défendues par
spiritualiste, qui voudrait se contenter de pareilles
un écrivain de la valeur de Camille Flammarion.
assertions.
L’auteur nous fait assister à l’évocation des
F irmin N è g r e .
esprits, et dans une scène pleine de poésie, il fait
(A suivre.)
décrire par l’esprit de Spiro les sensations nou­
velles qui succèdent à la désincarnation.
Dans un voyage rapide comme la pensée, il nous
54 LE S P I R I T I S M E

montre la vie se développant sons les formes les bon vin parce qu’il a semblé lucratif à des indus­
plus diverses à la surface des différents mondes, et triels peu scrupuleux d’en fabriquer de toutes piè •
dans d’autres chapitres, il cit e des exemples curieux ces; il est tout aussi ridicule d’affirmer que les
de dédoublement de la personnalité qui établissent phénomènes spirites sont faux parce que les rasta-
avec évidence la dualité de l’homme. quouères se sont laissé prendre en cherchant à les
Dans cet ouvrage, les idées, bien que présentées simuler.
encore sous une forme un peu hypothétique, ac­ Je ne réclamerai pas de votre équité. Monsieur le
quièrent cependant un grand degré de probabilité directeur, la publication de cette réponse à votre
par l’art avec lequel l’écrivain a su grouper les article « Les Esprists ». La loyauté la plus élémen­
phénomènes sur lesquels il s’appuie pour étayer sa taire devrait lui assurer la même publicité, mais ce
thèse ; on sent que là doit être la vérité, car là se serait mal connaître les procédés de la politique
trouve le plus grand dégré de probabilité. défendue par le Salut Public que de compter sur
Nous ne pouvons qu’applaudir à la courageuse son impartialité. Je ne me fais donc aucune illu­
initiative de M.Camille Flammaiion, qui ne craint sion sur le sort réservé à cette lettre, mais qu’elle
pas de se compromettre en pensant librement, et je aille au feu ou au panier, cela ne nous empêchera
sais plus d’une vénérable perruque qui se héris­ pas de poursuivre notre œuvre de propagmde
sera à la h cture de ce charmant ouvrage ; mais la spirite et de continuer à faire dans vos rangs despro-
vérité finira par percer en dépit de toutes les oppo­ sélytesànotredo:trine,soit parl’authenticitédes phé­
sitions systématiques. Uranie fera beaucoup pour nomènes spirites soit par la grandeur de notre con­
répandre nos idées, parmi les esprits impartiaux et solante philosophie.
restera comme un des plus précieux joyaux de la Henri S a u s s e .
couronne littéraire, déjà si bien garnie, du grand Président de la Société Fraternelle
écrivain scientifique. 'pour l’étude scientifique et morale
G a b r ie l D e l a n n e . du spiritisme.
Lyon, 7, rue Ten aille.
Voici l’article qui visait ma lettre :
Ni dupes ni complices LES « ESPRITS »
Les journaux de New-York racontent une
aventure qui a le double mérite d’être amusante et
A Monsieur le directeur du Salut Public, à Lvon. de jeter un peu de jour sur les pratiques spirites
On me communique le numéro du n mars de qui ont fait tant d’adeptes et en font encore trop.
C ’est pour éclairer les personnes qui se sont laissé
votre journal,dans lequel vous taxez les phénomè­ prendre à ces fumisteries grotesques.
nes spirites de fumisteries grotesques. Plusieurs reporters et détectives assistaient, la
Après les expériences si concluantes des Crookes, semaine dernière, à une représentât on publique
des Zoellner, des Gibier et de tant ü’autres savants de spiritisme donnée dans une salle obscure par un-
éminents, parler de la sorte est tout simplement nommé Frank Burk.
Au moment le plus intéressant de la représenta­
berner vos lecteurs ou vous récuser en face de tion, un des assistants a allumé une lumière. Il
l’évidence. Malheureusement pour la cause que sert s’en est suivi une confusion épouvantable daus la
le Salut Public, la négation des phénomènes spiri­ salle, et les deux prétendus esprits que Butk venait
tes ne détruira pas plus leur réalité que les super­ d’évoquer ont été appréhen lés au corps. C’é aient
deux jeunes lemmes nomméesCarrieSawyer et Kil-
cheries les jongleurs, souvent achetés d’avance
tie Ranger.
par nos adversaires, ne sauraient les infirmer. Quelques instants après,une voiture de ia police
Lés spirites, et ils sont nombreux à Lyon comme emportait au poste Baik et ses deux « esprits »,sous
ailleurs, sont avant tout sincères,aussi n’hésitent-ils l’accusation d’escroquerie.
jamais à démasquer les imposteurs, ne voulant Ce court entrefilet, sans prétention apparente,,
avoir avec eux aucune connivence.il est donc aussi glissé comme par mégarde au milieu des faits di­
perfide de chercher à les taxer d’escroquerie parce vers d’une chronique, n’en est pas moins perfide
que des malandrins simulant leurs phénomènes se pour cela. Il secrète contre nous la bave et ia ca­
sent fait pincer en fraude, qu’il serait absurde de lomnie dont ce journal bien pensant est si prodi­
soutenir que tous les prêtres et les religieux sont gue pour ses adversaire#. Heureusement pour le
des gredins parce que certains d’entre eux traînent spiritisme, il est en dehors des atteintes du venin-
de temps à autre leur froc sur les bancs de la cour clérical, sans quoi, depuis longtemps, il n ’en serait
d’assises. Ce n’est pas vous, Monsieur le directeur, plus questionnant les jésuites de tout acabit ont
qui prétendriez que la vigne n’a jamais produit de cherché à en déverser sur K i.
LE S P I R I T I 5M Ë 55

11 semble au contraire que chaque nouvelle at­ mieux: le nombre et l ’intensité de. ses attaques
taque de ses ennemis le rende plus fort, plus pros­ sont notablement diminuées.
père; c’est pourquoi, si nous relevons leur petite Maintenant reportons-nous au 12 novembre,
vilenie, nous ne saurions nous en émouvoir. premier jour du tnitem ent; voici ce qui s’;st
Allons, messieurs les cléricaux, entrez en liesse ; passé :
rira bien qui rira le dernier. Marie, éveillée, est assise sur une chaise à côté de
Henri S a u s s E, Léontine. La main droite do celle-ci est sur la
main paralysée (la droite également) de celle-là*
M. Luys met Léontine en léthargie, puis s’armant
d’un gros aimant à cinq branches il le présente
LÉONTINE ET MARIE d’abord au-dessus des mains superposées des deux
femmes et ensuite le promène le long du bras jus­
qu’à l'épaule. Le tout dure à peu près deux mi­
Une jeune fille de seize ans, Mlle Marie Th. ., nutes. C’en est assez pour déterminer des mouve­
hystérique, adressée au mois de novembre der­ ments fibrillaires dans les doigtsetdes décharges...
nier par M. le docteur Morer, professeur à l’Ecole dans la jambe gauche qui, cependant, rt’a pas été
•de médecine de Reims, à M. le .docteur Luys, est influencée par l’aimant — phénomène inexpliqué
entrée à cette époque dans le service de ce savant de sympathie nerveuse.
-médecin pour une paralysie croisée, et fut traitée Marie alors se retire et Léontine est réveillée
pendant qua'orze mois par tous les moyens de la suivant les procédés habituels par la latitude de
médecine usuelle sansauc n résultat. Paris, c’est-à-Jire qu’elle passe de léthargie en
L’état de souffrance a été, depuis son jeune âge, catalepsie, en somnambulisme lucide... Arrivée là,
la condition de cette enfant. Au moment où elle e.le parle, et c’est pour se plaindre.
entre à la Charité, elle est atieinte de paralysie du De quoi se plaint-elle? Soyez aiten ifs. Elle se
b-as droit et de la jambe gauche, le bras est flasque plaint d'être atteinte de paralysie croisée du bras
et pendant, la marche est celle d’ une hémiplégique droit et de la jambe gauche. Son bras, en effet, est
on entend par hémiplégie la paralysie d’un côté flasque et elle ne marche qu’en traînant la jambe.
du corps). C’est la maladie même de Marie! L’état nerveux de
Marie T h ... avait été envoyée à la Charité dans Marie s’est communiqué à Léontine.
la pensée quVlle y serait soumise au traitement M. Luys suggère à Léontine de se réveiller, il
de la fascination par les miroirs rotatifs. Il n’en a lui suggère également de ne point se ressentir au
rien été, et c’est une thérapeutique plus neuve réveil de sa paralysie croisée. Et, en effet, le som­
encore et plus extraordinaire, où triomphe une meil et l’hémiplégie tout prend fin en même temps.
fois de plus le fameux principe : de plus fort en Le lendemain, seconde séance. Eile répète celle
p k s tort, qui aétéappliquée. La malade n'a pas été de la veille avec dis résultats plus accusés témoi­
hypnotisée. gnant du rétablissement partiel des courants ner­
.En revanche une autre l'a été. veux. Pour Léontine, les effets sont exactement les
Quelle autre? mêmes que la veille. À la visite suivante, M. Luys'
Celle qui devait prendre le mal de Marie. a la surprise de voir Marie, toute joyeuse, s’avan­
Nous sommes sur un terrain tout nouveau, non cer vêts lui d’un pas assuré et la main tendue.
défr ché cependant par M. Luys. C’est M. le doc­ Elle se proclame guérie. Sa cure demandait néan­
teur Babinski, chef de clinique des miladies n?r~ moins à ê're complétée; quelques muscles res­
veu:es à la Salpêtrière, qu;, le premier, y a mis le taient en retard : ce fut l’aflaire d'une troisième et
soc de la charrue. Mais le médecin de la Charité d'une quatrième séance suivies, l’une et l'autre, par
avait é é des plus empressés à le cuit,ver. l ’inévitab’e scène delà plaignante Léontine, juste­
On donne le nom de sujet transfèrent à celui ment attristée de cette paralysie subite dont elle
ou à celle qui prend le mal d’autrui. perdait non moins instantanément le sentiment et
Dans le cas présent, le transfèrent est une jeune le souvenir.
femme hystérique et sujette à des attaques fré­ Au c >urs de cette quatrième séance, la main ci-
quentes qui a nom Léontine et se prête volontiers devant paralysée de la jeune Marie déployait à la
■ à des opérations de ce genre, parce que... pression une force de 12 kilogrammes. Quatre jours
On ne le devinerait point — nous allons de m.r- après, cette force s’élevait à 19 kilogrammes. Eu
veille en merveille — parce que, lorsqu’elle s’est même temps, la main gauche avait monté de
chargée du mal de son prochain elle se porte 12 kilogrammes à t5. D’autre part, la jambe conti-
56 LE S P IR IT IS M E

nuait de faire un excellent service. I e retour des une très grande table et des chaises à fond dé bots,
fonctions sen-itives et mo'rices des deux membres placées autour. Nous ne vîmes rien de différent
étant confirmé, l’ex-malafe, impatiente de ren­ de toute chambre ordinaire garnie de sièges.
trer dans sa famille, ne tarda guère à quitter le M Williams commença par rendre la chambre
servie3. obscure, après quot nous prîmes nos places à table,
L ’influenza vint l’y trouver et ne la ménagea il y aT,ait plusieurs choses à l’ usage des esprits,
point, mais sa guérison n’en fut pas ébranlée et parmi lesquelles une boîte à musique. Mon mari
l’intéi estante jeune fille put reprendre ses occupa­ et moi, nous nous asîîmes avec M. Williams à ma
tions gauche et M. Husk à la droite de mon mari, lais­
« Ainsi, en résumé— c’est M. Loys qui parle et sant ainsi les deux médiums se joindre la main, à
il est juste que le cri de victoire soit poussé par le l'extrémité de la table. Après avoir éteint la lu­
vainqueur — voilà une jeune fille hystérique oui, mière, nous nous assîmes un moment. De- chocs
frappée subitement d’une attaque de paralysie vinrent alors demander la musique Après cela,
croisée, est soum'se aux méthodes les plus variées nous nous assîmes sans qu’il arrivât rien d’extra­
de la thérapeutique usue lement employée en pa­ ordinaire.
thologie nerveuse ; la maladie résiste à tous les M. W ill ams remarqua qu’il devait y avoir quel­
traitements pendant quatorze mois. Et il suffit de que chose de mal. Jed isq u e ce n’était pas mon
l’emploi méthodique du transfert pour obten:r les avis. Il n’y avait pas longtemps que nous étions
résultats aussi subits qu’inattendus qui se sont dé­ assis (je dois déclarer que je s:is moi-même mé-
roulés sous nos yeux. » cium). Je fus bi -môt sous le pouvoir de quelqu’un
Nous ne pouvons déposer la plume sans avoir que nous avions connu sous le nom de John King.
fait observer qu’il n’y a d’extraordinaire dans le lait Cet esorit s’était iéjà manifesté à nous, il v a que •
précédent que l’extension qu’y reçoit le phénomène quesannées, et dit à mon mari que si jamais il était
du transfert étudié et établi par la commission de en sort pouvoir de lair,3. quelque chose pour nous,
la Société de biologie q ticor.t’ôla les découvertes il ne le voudrait pas. Il se montrerait à nous et
metallothérai'iques du doceur B rq, commiss on lerait tout son possible pour m's convaincre.
composée de MM. Charcot, Dumontpallier et J’avais tout à fait oublié ces circonstances lors­
Luys. Un sujet hypnotique frappé de cmtracture, qu’il parla, et quand M. Williams entend.t sa voix
d’ane thisie, de paralysie de tout un côté du corps par devant moi ; il dit : € Ce doit être John King,
étant donné, il fut alors démon»re, en effet, qu’à c’est sa manière. »
l’aide d’ un aimant on peut transférer cet é at John désira que nous nous assîmes de
morbide de l’autre côté du même corps. Dans le man è e à ce que je pusse tenir deux mains des
développement inattendu donné par M. Bibin?ki médiums, au lieu d’ une, et mon mari les deux
à.ce curieux phénomène, un: relation telle s’éta­ autres mains de manière à ce que j’etuse toute sa­
blit entre deux individus,dont un hypnotisé, qu’ils tisfaction, sachant que nous tenions à nous deux
se comportent ensemble exactement comme les toutes les m lins des médiums. Nous avions été
deux moitiés d’un même individu : c’est tout le trompés par certaines personnes qui parcouraient
nouveau, mais le résultat n’est-il pas bien sug­ le pays disant qu’e les donnaient des séances de phy­
gestif?
sique, et j’étais tout à fait sceptique. M. W ill ams
Vic t o r M e u n ie r .
alluma la chandelle, nous cbang:âmes a ors de
tièges, de sorte que je m’assis à un bout de la
table, et mm mari à l’autre, M. Williams à ma
SPIRITISME EXPÉRIMENTAL gauche, et M. Husk à ma droite. De cetie façon,
nous avions les médiums des côtés opposés de la
M ATÉRIALISATION S RECONNUES table et nous tenions toutes leurs mains.
On éteignit de nouveau la lumière, et nous com­
Séance avec MM. Williams et Husk. mençâmes à entendre directement-les voix des
Dans la matinée du iqaoùt i88q, nous allâmes, esprits demandant que la boîte a musique fut ran­
mon mari et'moi, 61 Lamb’s conduct street, sur gée, une nous dit son nom : « l'Oncle ». Bientôt
invitation, cour avoir une séance privée avec MM. l'ardoise lumineuse fut enlevée, et je vis une partie
Williams et Husk. d’une figure tout prè> de la mienne.
M. Williams nous demanda d’examiner la salle Un esprit me demanda si je le voyais. Je répon­
avant qu’on la rendît obscure, ce que nous limes. dis que je voyais seulement la partie supérieure
La chambre n'était pas grande, mais contenait d’une figure. Une autre fois la figure se présenta
LE SPIRITISME 57
— ■—

de nouveau, et je vis distinctement John King. Enfin, ils accédèrent à sa requête d’une façon
Ses yeux regardaient dans les miens, et d’une voix telle que nous craignîmes de voir briser le méca­
directe il.dit : « Me voyez vous, maintenant? * Je nisme de la boîte.
sus tout de suite qui il était, car nous avions son « Christopher * semblait être très occupé en par­
portrait accroché dans notre maison à Sheffield. Il lant et en travaillant. Quelquefois il y avait trois
alla alors vers mon mari qui le vit comme en réa­ voix directes parlant à U fois avec le médium qui
lité. s’y joignait. Des tubes de parier étaient apportés
Il nous dit alors qu’il avait fait cela pour moi près de la sonnette, se jouaient et flottaient au-
spécialement; mais que nous devions maintenant dessus de nos têtes, puis disparaissaient à travers
nous asseo r comme nous l’avions fait d ’abord, car la porte fermée, jouant tout Je temps jusqu’à ce
étant trois médiums assis ensemble, j’ôtais le pour­ que nous pussions entendre les sons affaiblis, puis
voir. revenant à travers la porte de nouveau, sur nos
Nous nous assîmes dors comme primitivement, têtes et enfin avec deux ou trois coups finals ils
avec la différence que nous étions très satisfaits tombaient sur la table, les esprits pendant ce
d’avoir entendu et vu un esprit, sans aucune tri­ temps, nous semblant chez eux, avec leur manière
cherie de la part des deux messieurs médiums, affectée de parler, et nous demandant s’ils avaient
qui semblait s’asseoir avec nous, tout à fait à l’aise. bien fair, et ainsi de suite.
Nous sen îmes que c’était véritablement une réa­ A la fin, ils nous dirent bonsoir, et nous par­
lité quand John King nous eut réitéré ses pro­ tîmes très satisfaits de la manière dont nous avions
messes, et eut parlé a’une voix directe, nous disant passé notre apiès-midi et nullement fâchés tous
qu’ il nous avait visités, et le ferait encore, car il d’avoir fait le chemin de Sheffield à Londres, pour
désirait nous aider. Vous pouvez être sûrs après voir un esprit. Cela peut paraître étrange d’énon­
cela que nous donnâmes les ineil eures conditions ; cer cela, sans explication. Le fait est que j'étais
comme s’il y avait quelque sentiment de soupçon, médium depuis neuf ans environ, q .e j’avais pu
John King avait disparu. donner de la lumière à pl isieurs, mais que je ne
Il est impossible de constater toutes les petites la voyais pas moi-même. Rien ne pouvait me con­
choses qui se produisirent, mais j’en rapporterai tenter, ou sati.-f.iire mon insatiable désir de savoir
quelques-unes des plus saillantes. Une de nos et de vérité, excepté la vue d’un esprjl dans des
tantes se montra deux (ois Nous ne pensions pas conditions telles qu’elles ne puissent me laisser le
à elle, et nous ne nous attendions pas à la voir. moindre doute.
Nous vîmes aussi plusieurs personnes que nous ne
UNE AUTRE SÉ A N CE
connaissions pas, et deux vinrent à moi, deux fois
ensemble. Nous nous rendîmes de nouveau à Lmrib’s con-
L’une semblait avoir une très pttite figure d’en­ duct Street le 20 août matin. Cette fois, quatre
fant, mais je ne pus la reconnaître; l’autre, d’après messieurs et une dame qui nous étaient étrangers
mon propre contrôle semblait ê re une be le figure étaient assis, avec MM. Williams, Husk et nous.
de femme. Elle était déterminée à ce que je visse Nous nous assîmes dans les mêmes conditions que
bien, et vint si près de moi qu’en avançant un peu précédemment et il arriva des choses similaires ;
ma tête, j’aurais pu la to.cher. Je vis ses yeux très seulement les manifestations commencèrent très
doux, et j entendis la voix la plus suave me dire : promptement et furent très variées.
<t Me voyez-vous? » Nous eûmes les mêmes esprits amis de temps à
Mon mari vit et dit la même chose. Alors nous autre. Il semblait qu’ils se fossent déteiminés à se
vîmes l’Oncle médisant qu’il venait donner à Mme faire voir tout à fait. Notre tante ne nous parla
Barker (moi-même) une épreuve. Il frappa l’anneau pas d’abord, la première fois que nous fûmes assis ;
de 1er trois fois sur la table, comptant ainsi : mais ensuite elle me parla une minute environ.
une, deux, trois, et avant que nous eussions pu Ce qu’elle dit, je ne pourrais le dire ; sa voix était
parler, il était sur mon bras. Je ne pourrais dire basse et faible, et ne ressemblât ni à la voix de
comment cela arriva. Je sais que je tenais la main John King, ni à cellî de la belle femme, sa figure
de M. Williams en ce moment, et l’anneeau fut ne leur ressemblait pas et elle n’était pas si bril­
sur mon bras après la fin de la séance. Un lante. Sa figure avait une couleur grise et triste ;
des esprits réclama de M. William? de ranger la cela était dû peut-être au peu de temps qui s’était .
boîte à musique et suggéra qu’ils devaient îe faire écoulé depuis qu’elle avait disparu.
eux-mêmes, car il était très difficile pour lui de le L’esprit féminin qui est un de mes contrôles
faire, sa main étant jointe à celle de M. Barker. : rapporta avec elle un petit esprit. Je fus très
58 LE S P I R I T I S M E

a'tristéede ne pouvoir le voir distinctement comme par le son et pouviez supposer seulement que
s’.l n’avait pas d’ardoise lumineuse pour se mon­ c’était un étui de matière passant à travers la ma­
trer, et l’autre esprit tenait son ardoise comme tière.
pour se montrer lui-même, tenant ainsi le petit Le jour après la séance, mon mari avait à
dans l’ombre. Ce pouvait être un de mes chers passer un examen par un docteur avant de rejoin­
petits bébé*, mais je ne pouvais en être sû e. J’au­ dre une réunion de malades. Je suis heureuse
rais voulu le pouvoir. d’établir que le docteur le reconnut sain d’esprit ;
L ’Oncle dit qu’il donnerait à M. Barker l’épreuve il est donc certain que nous ne sommes pas un
"d e l’anneau, ce qu’il fit. La dame assise avait couple de lunatiques.
apporté un bouquet de fleurs. Il y avait de très H. B a r k e r .
jolies roses, et l’Oncle demanda qu’on les lui ap­ 3 septembre 1889.
portât. La dame répondit oui. Il dit alors qu’il 40, Drrvent Street, Cricket road Sheffield.
voulait me les donner pour les porter chez moi à
ma fille malade, en même temps il le poussa dans
nia main. Mon mari portait une rose rouge à son A Messieurs les membres du congrès spirite,
habit, j’en avais une autre, je la retini de ma robe théosophique, k .batiste, spiritualiste à Paris.
et la tins entre mes doigts, aussi bien que je le pus, Messieurs,
tenant en même temps la main de M. Husk. Je L’œavre du congrès spirite, dont les assises vont
demandai mentalement que ma rose fût prise se tenir pour la première fois à Paris, doit avoir
pour mon mari. Bientôt après, un des esprits m: un grand retentissement dans toutes les nations
la pritdans les doigts, et la lui porta, lui deman­ civilisées.
dant s’il désirait une rose; il répondit qu’il en Secouons sur le monde, nous, spiritualistes mo­
avait une. L’e-prit lui dit alors : « L’échange n’est dernes et convaincus de notre immortalité, comme
paB un val », prit celle de son habit, et attacha la le dit si bien le grand poète Victor Hugo, « l’iné­
mienne à sa place ; il m’apporta alors la sienne. puisable poignée de vérités que nous possédons.
L’ une de ces roses avait une tige, l’autre n’en Paris est un semeur, il sème des étincelles de lu­
avait pas ; nous vîmes donc bien qu’elles avaient mière. Le magnifique incendie du progrès, c’est
été changées. La table était agitée. Je vis un esprit Paria qui l’atlise ».
venir près de la dame assise derrière moi, et j’en­ Nous, Parisiens, combattons donc en pleine lu­
tendis sa conversation avec lui. Les tubes de pa­ mière les idées du matérialisme, du néantisme qui
pier venaient librement sur nos têtes, un esprit s’étalent de toute part. Enseignons au public nos
me demanda de l’écouter. 11 donna alors un coup études spéciales concernant « l’âme » et les desti­
à m oi mari sur la tête avec un tube, et nous en- nées Immortelles !
t:ndlmts frapper au bout de la chambre. Alors il Montrons lui les laits irrécusables dont nous
tomba sur la table en nous disant qu’il ne la ferait sommes les témoins et desquels nous avons conclu
par, tomber. la survivance du moi pensant et responsable mo­
Nous eûmes une séance très satisfaisante, mais ralement après la mort du corps périssable.
il m’est presque impossible de lui rendre justice. Traçons avec méthode Je tableau merveilleux
Je puis seulement dire qu’ayant goûté, moi-même, de nos expériences personnelles typtologiques et
les bonnes choses, j'aimerais que tous ceux qui psychologiques dont il ignore les résultats saisis­
sont désireux de se prouver à eux-mêmes la certi­ sants et qu’il ne nie que par ignorance.
tude d’une vie future, goûtassent aussi les bonnes Personne, jusqu alors ne lui a soumis une théorie
choses, c’est-à-dire lorsqu’ils ont appris l’a, b, c, rationnelle basée sur le fait expérimental. C’est à
et que leur nature spirituelle est prête à recevoir la nous les chercheurs, sans parti pris, qu’ont été dé­
grande vérité de la vie après ce qui est appelé la volus cet honneur et cette gloire.
mort. Nous trouverons certainement des hommes pré­
Quelques observations pour les sceptiques. Vous parés, même inconsciemment, à connaî re le mys­
ne teniez pas un gant à la place des mains des. mé­ térieux et profond problème « de la .survivance
diums. éternelle » et que les superstitions, les fanatismes,
Personne ne pouvait être sur une chaise pour les sottises, les préjugés ont arrêtés sur le bord des
agiter la s.nnette, pour une très bonne raison, recherches de < l'absolu ».
qu’il n’y avait pas de chaise extra dans la cham­ Disons à tous que la philosophie spiritualisme
b re.. moderne que nous émettons aujourd'hui, est basée
Vous pouviez juger si l’anneau de fer était solide sur des idées de progrès, de liberté, de foi raisonnée,
LE SPIRITISME 5g

d’ idées sames, qui fortifient et donnent à un peuple ; La deuxième partie de votre mandat est sans con­
l’amour de tout ce qui est gra-d, de tout ce qui est tredit d’étudier d’une manière impartiale les voies
beau et généreux, enfin pardessus tout la paix du , et moyens de donner plus d’activité au dévelop­
cœur et de là conscience! pement de la propagande de nos doctrines spiritua­
Retraçons devant la multitude sceptique les prr- ' listes, plus de cohésion, plus de régularité plus
grès de tout genre du spiritisme, dans toutes les d’homogénité phylosophique dans la marche de
classes de la société, et tout cela à une période d’une uns travaux.
trentaine d’années seulement. Nous profiterons donc de la réunion plénière des
Etalons devant lui, comme un exemple salutaire | membres élus pour le congrès, afin d’exposer les
ce qu’a fait parmi les masses la force d’une idée j vœux et les souhaits que nous avons à vous sou­
vraie et juste. ¡ mettre, tant au nom de l’ Union spirite française
Désignons lui les nombreux groupes, les sociétés ¡ qu’au nom des membres des groupes suivants
publiques autorisées par l’Etat dues à l’initiative , dont nous sommes chargé d’être l’interprète:
privée et désintéressée de la famille spirite, nais- :
Paris, l’ Union spirite française et ses groupes
santé. auxiliaires :
Citons les principaux ouvrages écrits sur la ma­ Paris, le groupe Saint-Antoine, président M..
tière et revêtus quelquefois de la signature d’il­ Michel. — Paris, le groupe rue Fontaine-au-Roi,
lustres savants. président M. Tarlay. — Lyon, les groupes Bouvier
Enonçons lui les conférences publiques qui ont et Parriaud.— Bordeaux, groupe Krel, président
été faites en France, dans les principales villes du M. Caron. —.Bordeaux, groupe, rue Sainte-Cathe­
roÿaume, dues encore à l’initiative privée des adeptes rine, président M. E. Brisse. — Marseille, groupe
de notre foi. Phocéen, président M. Gamondés. — Grasse,
Nommons lui le nombre déjà très respectable groupe, président Mme Jup.— Lille, groupe de l’A­
des revues, des journaux, des brochures qui ont vu mitié, président M. Bécourt. — Nice, groupe, pré­
le jour un peu partout, à travers le monde. sident M. Nozeran. — Bar-le-Duc, groupe, pré­
N’oublions par surtout les œuvres de chaulé sident M. Becker. — Le Havre, groupe Jeanne-
créées par quelques-uns de nos frères, des biblio­ d’Arc, président M. Grellé. — Rouen, groupe, prési­
thèques populaires en voie de formation, comme dent M. Perrier. — Orléans, groupe, président M.
celles établies à Lyon, Reims, etc. Boutet de Monvel. — Orléans, groupe, président
Mais surtout n’oublions pas de leur citer les ré­ M.Gavotpère. — Agen,deux groupes, présidentM.
sultats immenses obtenus dans l’ordre moral grâce Thomas.— Vichy, groupe, présidentM. Rehaut.
à la doctrine d’Allan-Kardec, son véritable fonda­ — Blois, groupe, président M. Ed. Bourdain. —
teur. Moulins,groupe, président M. Héraut. — Nantes,
Et le public, en écoutant et en apprenant le ré­ groupe, président M. le capitaine Mendy. — Cler­
sultat denos efforts, ne pourra avoir que du res­ mont-Ferrand, groupe, président M. Filtz. —
pect, peut-être même de l’admiration pour des Fontaine-Française, groupe, président M. Ma-
hommes qui s’efforcent de l'initier à tous ces salu­ gnieux. = Valence, groupe, président M. Roux.
taires enseignements, et simplement pour l’amour Arras, groupe, président M. Chrétien. — Chauny,
du bien qu’ils veulent à leur prochain. groupe, président M. W iltz. — Ham, groupe, pré­
N’obtiendrions-nous comme résultat immédiat sident M. X. — Bruxelles, groupe Moniteur Jiel.q,
que de vaincre ses dédains ou son antipathie irrai­ président M. Martin. — Bruxelles, groupe les
sonnée vis-à-vis le monde spirite, dont il s’est Seraing mystérieuses, président M. X. — Liège,
fait une fausse idée, que nos efforts seraient loin un groupe d'Amis, président M. X. — Seraing,
d’être stériles I Car il viendra grossir ncs rangs. groupe, président M. X. — Buenos Ayres, groupe,
Voilà, messieurs, déjà une partie de la tâche qui présidmt M. Rastoul. — Buenôs-Ayres, groupe
vous incombe — EUe ne manque pas d’ampleur, : le journal la Constation, président M. X. — Lieu-
comme vous le voyez, et d’une certaine crânerie I fuégo, groupe le jourral la Ainistoot, président
d’oser affirmer notre foi raisonnée, étant donné ' M. Mano Combra <ly Rodaguès.
l’état mental de nos concitoyens, qui cherchent ^
plus à faire prévaloir, il faut en convenir, en ces i
temps troublés, leurs tendances politiques et d’a- . Nous proposons, disons-nous, les vœux suivants :
giotage qu’à se livrer, comme nous le faisons, aux > i°. Que tous le6. spirites forment entre eux une
études métaphysiques et psychologiques dont vous 1 caisse spéciale « dite'^e propagande ». Cette caisse
avez mission de leur parler, I serait alimentée par des cotisations annuelles,
6o LE S P I R I T I S M E

comme celles qui existent dans tous les genres de


sociétés qui ont le désir et l'amour c’est même un
CORRESPONDANCE
devoir, de voir activer la propagation de leurs idées.
Les chefs de groupes seraient chargés des sous­ Lyon, le i o mars 1890.
criptions, qui seraient en principe minimes et Monsieur Delanne,
centralisées à Paris sous le contrôle du commis-
Comme vous en exprimez le désir dans le dernier
0 saire.
numéro du journal le Spiritisme, je viens vous
2°. Les fonds recueillis serviraient à couvrir lesfaire connaître mes idées au sujet de cette question
frais nécessaires à l’élaboration de brochure« qu’on vraiment troublante de l’automatisme ambulatoire.
répan irait gratuitement dans les groupes qui en fe­ Permet'ez-moi de vous dire, que depuis plusieurs
raient la demande et seraient distribuées au public, années, j’observe avec persévérance ce gente de
soii aux réunions des anniversaires de nos chers phénomènes que je considère comme de véritables
disparus, aux funérailles des spirites, les jours de possessions; il y a bien là, en effet, un change­
conférences, aux banquets, etc. ment réel de personnalité, un moi disparaît pour
Les nouvelles brochures pourraient, par exemple, faire place à un autre moi, qui peut agir selon sa
citer les noms et lis rapports scientifiques de tous propre volonté; toutefois, ces phénomènes ne se
les savants qui ont écrit sur la matière où qui produisent que dans certaines circonstances et
sont sympathiques à nos idées. suivant l'impressionnabilité des sujets, soit sous
Ces hommes pourraient aidér à créer une e'di- l’action d’une cause étrangère, soit sous l’empire
tion populad e des principaux ouvrages écrits sur de leur simple volonté, de telle sorte que le moi
la doctrine, à commencer p-r ceux du maître, afin incarné quitte son enveloppe matérielle au profit
d’en rendre la lectur.-. plus accessible à toutes lesd’un moi désincarné quelconque, et cela pour un
bourses. temps plus ou moins long, de même qu’ un pro­
Le livre est de nos jours un des meilleurs priétaire quitte sa maison au profit d’un locataire
moyens de vulgarisation, aussi bien que les confé­ pour un temps déterminé; mais comme ce n’est
rences publiques. ni le lieu ni le moment d’entrer dans des théories
J°. Nous voudrions voir lea spirites s’occuper au sujet des causes et des effets qui produisent ces
d’œuvres ph'lan'hropiqu“s. phénomènes, appelés à bouleverser les idées en
Nous soumettons donc l'idée de la création d’une faveur de notre cause, et que l’accumulation des
maison de refuge pour abriter nos frères les plus faits sont d’abord préférables pour arriver à une
nécessiteux et les p'us méritants. Car nous croyons conclusion, je me contenterai seulement de vous
sincèrement qu’une philosophie, aussi bien qu’ une fournir quelques exemples sur des centaines de
œuvre populaire quelconque, n’affirme sa vitalité faits bien observés.
que par les bienfaits qu’elle produit. En 1887, j’avais à mon service un jeune homme
Nous surtout, qui prêchons la charité, la solida­ ne possédant aucune instruction, qui, à certains
rité et la fraternité, n’tst-ce pas un devoir que de moments, me révélait des choses bien en dehors de
tenter par tous les moyens possibles de réaliser des son savoir, sans pour ccl 1 changer en quoi que ce
fondations humanitaires, comme celles des écoles, fût dans ses manières de faire; l’examinant de près
des asiles, des bibliothèques, une caisse deretraife,ses yeux avaient une toute autre expression, sa
etc. physionomie devenait plus sérieuse; il buvait,
4°. On demande aussi que )es éditeurs des ou« mangeait, travaillait exactement comme s’il eût
vrages spirites soient très prudents et très circons­été lui-même ; revenu à son état normal, il ne se
rappelait rien.
pects sur le choix des publications, afin d'éviter les
critiques de nos adversaires, qui, rousun apparent Un jour, se trouvant avec des amis, il les quitte
silence dédaigneux, surveillent nos écrits et pour­ brusquement pour venir me retrouver avec ma
raient d’un jour à l’autre s'en faire une arme contre famille, au groupe de Perrache, et il ne s’en aper­
nous, dans l’espoir de nuire au développement de çoit que près de nous; troublé par ce fait, son moi
notre splendide philosophie. disparaît de nouveau pour faire place à une autre
personnalité avec laquelle nous rentrons à la mai­
Daignez, messieurs, agréer nos salutations les
pius cordiales et les plus fraternelles. son pour dîner. Chemin faisant, nous nous entre­
tenons de différentes choses concernant notre
A l . D elanne père. chère dociine et sur lesquelles nous discutons cha­
Président honoraire de l’ Union cun selon nos idées; sur le point de nous mettre à
spirite française à Pari-. table, cette personnalité disparaît pour faire placé
LE S P I R I T I S M E 61

à la première ; rien de plus surpris que le sujet voulu me parler; il est bien entendu qu'il n’y avait
ayant seulement conscience d’avoir éié près des personne près de moi, cinq minutes après j ’étais
Terraux avec des amis, sans souvenir aucun de les auprès des sujets qui ne .'avaient que dire, se trou­
avoir quitté-, sî retrouvant à Perrachesans savoir vant au café en fjee d’un reu d’absinthe qui res­
ni comment, ni pourquoi, perdant de nouveau la tait dans les vtrres qui étaient devant eux, au lieu
notion des choses et se retrouvant ensuite au logis ; d’être à la maison qu’ils ne savaient pas avoir
il y avait vraiment de quoi faire perdre la tête à quittée ; décrire leur stupéiaction serait impossible,
plus d’un, cependant il n’en fut rien. et, chosedigne derema’ quc, il y avaiteinj minutes
Voulant connaître la cause d’aussi étranges phé­ seulement qu’ils étaient dans leur état n rrmal ; ce
nomènes; je profitai de la prc'sence du second état simple lait prouve encore que c’était b:en mes
pour interroger le sujet, et j’acquis bien vite la amis eux-mêmes qui m’avaient frappé sur l’épa de.
preuve que j’étais en face d’ une possession réelle Ces phénomènes sont bien moins rares q l’on ne
dans toute l’acception du mot ; c’était tout simple­ serait renté de le croire tout i’abor.1, et, quoique
ment un ami désincarné qui profitait du médium depuis plusieurs années j’eus l’occasion d’èn pro­
pour venir se manifester vers moi; ce mêtne esprit voquer chaque jour, je puis dire ’ que, depuis un
tenant à me donner des preuves d’identité s’est eia- mois seulement, j’ai la satisfaction de les étuJier
festé plusieurs fois de la sorte par différents sujets tout à mon aise sur onze sujets différents; comme
qui ne le connaissaient nullement, et cela toujours résultat, je lus toujours amené à crui.e à de véri­
en dehors les uns des autres ; il reprenait av.c l’un tables possessions, tant par les preuves de leurs
une conversation commencée par d’autres, me relations spontanées que p.ir les preuves maté­
donnant toujours, dans quelque circonstance que rielles qui m’étaient rrurnics pour le contrôle de
ce soit, des preuves évidentes de la réalité. la vérité.
Plusieurs autres esprits se sont manifestés de la Il est évident que, d’après ce qui précède, la
sorte, et souvent des journées entières, sans que les question du libre arbitre pourra encore se soulever
sujets en aient le moindre doute, que ce soit en bien des fois, quoique en apparence, il doive rester
chemin de fer, en voiture, à pied, à la ville ou à la le plus beau joyau de l’é re ; il y a là, je crois, ma­
campagne, etc. tière à sérieuses réflexion'.
Ne pouvant énumérer tous les phénomènes de Prochainement, je me propose de vous soumettre
ce genre, vu que la liste en serait beaucoup trop mes idées à ce sujet afin que vous puissiez les faire
longue, je me contenterai de vous donner un autre connaître aux intéressés, si toutefois vous les jugez
exemple observé sur deux sujets il la fois. dignes de cette faveur.
En octobre 1888, sur le'point d’aller faire une Recevez, Monsieur et frère en humanité, mes
course, deux esprits, le père et le fi’s, l'un désin­ bien sincères salutations.
A. B o u s ie r .
carné il y a une douzaine d‘anné;s, à Charopignÿ-
sur-Yonne, l’autre de'sincamé le 2 juin 1887, au Pa­ y, Cours Gambetta, Lyon.
lais-Bourbon, vinrent ensemble prendre possession
de deux jeunes gens qui étaient avec moi et me
demandèrent la permission de leur faire une farce> Le Congrès du Spiritisme
chose à laquelle je consentis, séchant à qui j’avais (Septembre 1839.)
à faire ; nous partîmes donc de chez m >i et après
un quart d’heure de marche, nous nous arrêtant s Quelle est celte assemblée où s’agite et se presse
sur l’avenue de Saxe, au café du Cirque, oü je fis Tout un concours illustre en savants orateurs?
servir de l’absinthe, sachant que les sujets l’avaient On dirait, rappelantles grands jours delà Grèce,
en horreur, je les laissai ensuite savourer cette Siégeant au Parthénpn, tribuns de la Sagesse,
liqueur tout à leur aise, et les quittai après avoir Les philosophes, les penseurs !
prévenu la dame de l’établissement de leur dire C’est, en un libre élan, l’un et l'autre hémisphère
de m’attendre, si toutefois elle les voyait inquiets, Réunis en congrès par la fraternité
car mes amis devaient les quitter sitôt que je serais Des aspirations de foi vers la lumiéie;
sur le point de revenir de ma course, ils devaient C’est le baiser du ciel que Dieu donne à la terre,
également ms prévenir de leur départ, par une Dans son ineffable bonté!
preuve matérielle de leur présence auprès de moi. Sublime apostolat des plus grandes assises
Je restai absent environ ure demi-hture et me Du vrai, du bien, du juste, imposant tribunal
Ordonnant le procès de toutes les Eglises.
disposais à les rejoindre, lorsque tout à c-up je me
Pour l'affranchissement des nations soumises,
semis frapper sur l’épaule comme si quelqu’un eut
Au vieux pouvoir sacerdotal.
6~ LE SPIRITISME

C’est le tournoi sacré du Spiritualisme,


Chercheur de vérité, pionnier du progrès, nécrologie
Oui vient livrer bataille à l’obscuranticisme,
l'jnr détruire à jamais l’horreur du néantisme, La grande famille spirite vi;nt de perdre un de
La routine et les préjugés ! ses membres les plus fervents, les plus dévoués, en
De Vienne à Pélerslourg, de Londres à Goleonde, la personne de Mlle Marie-Louise Vzn-den-Berg,
Des rives de VEspagne au sol américain désincarnée le 14 'évrier; cette mort, venant après
Accourent les croyants de tous îles points du monde, de longues et cruelles souffran:es, a été une véri-
Pour répandre au sillon la semence féconde table délivrance pour 1 1 vaillante spirite qui laisse
Qui doit nourrir le genre humain.
parmi ses frères en croyances de profondes sympa­
Ecoulons Fauvety, Dénis, Tapus, Belanne ; thies et d’unanimes regrets.
Leur voix pénètre et vibre, en captivant les cœurs;
Dans de brillants discours qui n'ont rien de profane ;
Le savant termina, dont l’éloquent organe
Charme et séduit les auditeurs. FAITS DIVERS
On seotde l’infini le grand souffle qui passe;
Harmonieux écho de l’immortalité. Le procès relatif à la succession de Martres vient
Les messagers divins, nos frères de l’espace. de se terminer, après les conclusions de M. le
Laissent sur tous les fronts la lumineuse trace substitut ?ulot. Les héritiers de M. et Mme de
De l’éternelle vérité! Martres ont été déboutés de leur demande, et le
Non ! Depuis Christ mourant sur un gibet immonde, testament a été déclaré valable.
Jamais ne s’assembla Congrès plus solennel I
Jamais plus grande idée è la flamme féconde,
Ne s’était révélée, illuminant le monde Le journaliste Lepelletier vient de marier sa fille
D’un éclat plus universel ! à la mairie du 170 arrondissement. Intolérant
a-hée, il a mangé du spiritisme et du spirite au
C’est le grand temple ouvert au sein de la nature,
Où doit ótre invoqué l’esprit de vérité; temps jadis ; aussi a-t-il dû être agréablement sur­
Qui nous dit: «Aimez-vous, combattez l’imposture pris en recevant la leçon suivante, dans l’allocution
» Pardonnez aux railleurs, à l'offense, à l'injure, que le maire du i 7* a adressée aux jeunes époux :
» Par l’amour et la charité! » « ..... Que tous les Français, sans distinction
C’est le progrès chassant de la famille humaine, d’origine ou de culte, s’unissent contre le fanatisme,
Les superstitions, les dogmes ténébreux! et que notre pays ne cesse jamais d’étre la patrie de
C’est la fraternité sublime et souveraine la tolérance. »
Des peuples délivrés des luttes delà haine, • •

Des faux prêtres et des faux dieux ! M. Levallois a donné à la Société des Etudes
Esprits révélateurs! Prophètes d'un autre âge! philosophiques et sociales une remarquable confé-
De vos dignes vertus rallumez le flambeau! 1 rence sur le spiritisme. L’auditoire, assez étranger
Ravivez les élans de force et de courage ! à cette question, a prêté à l’crateur une attention
Affirmez-nous que l’âme, après des jours d’orage,
soutenue. Une controverse intéressante a été pré-
Revit au-delà du tombeau !
j sentée par M. Musani, et l’assemblée a témoigné, à
Marche! marche toujours, sublime spiritisme !
I l'un et à l’autre orateur, la satisfaction qu’elle
Combats les détracteurs désormais impuissants !
trouve à ces luttes courtoises. A ce moment seule­
Dresse, oppose une digue au matérialisme;
Dans les cœurs endurcis par l'orgueil, l’égoïsme ment, deux messieurs, qu’on nous a dit être digni-
Verse les rayons bienfaisants! ! taires de la Société, se sont 1 issé aller à une polé-
Ta cause est à nos yeux le divin sanctuaire, ' mique un peu trop...... mettons exagérée, pour
Où brille le flambeau sacré de l’idéal. | éviter les mots blessants.
De l’erreur et du mal pour délivrer la terre, ' M. Levallois doit les reuercierde l’avoir fait
Aux génératious tu portes la lumière, ressortir par le contras'e, qui n’a échappé à per­
Le baume du progrès moral ! sonne.
De notre humanité sois le guide et l'exemple! * *
Triomphant des abus, des persécutions, Du Journal des Débats, un passage d’un article
Nouveau Christ viens chasser tous les vendeurs du relatif au Congrès spirite ;
[temple
Et que dans l’avenir l’univers te contemple « L’abbé Roca déclare qu’il ne faut pus con-
En bienfaiteur des nations ! ■ fondre le Christ medium avec le Christ du Vatican.
Ch. NOZERAN. | A ces mots, le public, qui semblait un peu ahuri
Nice, le 8 février 1890. ; par le judéo-christianisme de M. l'abbé Roca, se re-
LE S P I R I T I S M E 63

" ~ .'A

trouve et trépigne d’enthousiasme. C’est du délire comme les coupables repentants, que vous devriez
lorsque l’orateur dit leur fait aux ultramontains, et, entreprendre votre tour de France 1
appelant à la rescousse saint Paul, saint Luc et
• •
Isaïe, ce « grand médium », injurie le clergé ca­
tholique avec les gestes, les formules et la rhéto­ Signalons deux nouveaux journaux spirites
rique que lui-même tient de l'Eglise. Qui croirait la Evolucion, qui paraît à La Havane et Luz y
Verdad, à la Plata.
qu'il pût entrer tant d’anticléricalisme dans l'âme
René I. a b r iz e .
d’un spirite? Il est vrai que nous sommes au
Grand-Orient et que la franc-maçonnerie a montré
dans ce Congrès le bout de l’oreille. »
Cet exposé ne manque pas d’esprit, mais son BIBLIOGRAPHIE
auteur n’a pas dû souvent lire d'écrits spirites, pour
croire que nous ayons besoin de la franc-maçon­ Application de l’aimant (Magnétisme minéral)
nerie pour être les adversaires de toutes les
au traitement des maladies, avec 12 fig. dans le
Eglises. texte, par H. Durvixjle , in 16 de 64 pages. Prix,
1 fr., à la Librairie du Magnétisme, 23 , rue Saint-
Notre dévoué collaborateur M. Léon Denis Merri.
vient de faire trois remarquables conférences en
Ouvrage très intéressant, tant au point de vue
Belgique : à Seraing, à Liège et à Yerviers. Inutile ;
physique qu’au point de vue physiologique et
de parler du succès qu’a eu M. Denis. Là, comme j
thérapeutique. Il contient tn historique de l’appli­
•partout, sa chaude et vibrante parole a soulevé
cation de l’aimant en médecine, depuis les temps
l ’enthousiasme et porté la conviction.
les plus reculés jusqu’à nos jours ; une étude sur la
physique de l'aimant, où la polarité du corps
Mme Olympe Audouard, la conférencière et \ humain et sen analogie avec l’aimant est démon­
femme de lettres bien connue, vient de mourir. trée ; une description des pièces aimantées à em­
Ecrivain de fdent, son éloge n’est plus à faire; 1 ployer dans un traitement et une thérapeutique
spirite convaincue, nous n’avons pas à la faire j qui permet au malade de se traiter lui-même, dans
connaître à nos lecteurs. Elle prit sou vend: notre ' le plus grand nombre des cas.
cause en main et écrivit mêmè un livre intitulé : ; Cet ouvrage est l'application des principes que
les Mondes des Esprits, aux données un peu fan­ l’auteur a exposés dans son remarquable Traité
taisistes, mais oit perce partout la sincérité de expérimental et thérapeutique de magnétisme.
l’auteur. Que nos vœux accompagnent notre sœur Le magnétisme humain considéré comme agent
dans ces mondes nouveaux, entrevus par elle dans I physique par H. DURVILLE, ir.-lS de 36 pag-s.
ses. heures de médiumnité ! I Prix : 60 centimes, à la même librairie.
• ••

1 L ’auteur démontre d’une façon claire et précise
Le Petit Français illustré, dans son numéro 5o, l'existence de l’agent dédgné vulgairement sous le
nom de fluide magnétique. Comme l’électricité,
reni un hommage posthume à notre sœur Amélie
Gex, l'auteur de Tout le long de l’an, de Vieilles la chaleur, la lumière, c’est un mode vibratoire de
l'éther. L’agent magnétique n’est donc pas une
choses et vieilles gens, et de ce splendide poème,
conception de l’imagination pour expliquer les
acte de loi spirite, intitulé : A une âme sincère, '
effets que l’on observe, car, dans certaines condi­
en publiant, à titre de supplément, sa romance :
tions, on peut le percevoir par les organ.s des
Il neige ! avec musique de A. Dupaigne.
sens.

M. Pagis, l’évêque qui a entrepris une campagne


P E T IT E CORRESPONDANCE
en faveur d’un monument à élever à Jeanne Darc,
a débuté par Paris, où, à la suite d’un discours
panégyrique, il a quêté et récolté de fortes sommes. Je prie l’auteur de l’article signé Elie de bien
M. Pagis poursuit là une œuvre sainte, et ce n’est vouloir faire connaître son adresse, 24, rue La-
pas nous qui trouverons mauvais les sentiments de bruyère, afin que je puisse lui répondre.
la Frunce pour sa grande martyre nationale; mais, , Note. — L’ouvrage sur le Congrès ne pourra
par pudeur, monsieur l’évêque, vous, le successeur paraître que dans deux mois au plus tôt. Nous
de ceux qui ont brûlé :1a bonne Lorraine, c’est, | prions nos amis d'attendre patiemment, car le tra­
cjLtcr- d’un sac, la corde au cou et pieds nus, ! vail qu’il nécessite es'considérable.
64 LE SPIRITISME'

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6 pesetas. — Prance, 10 francs, une fois par mois. depuis au moins cinq ans.
Reformador, Rio-de-Janeiro. 3 Cette retraite ne sera délivrée que sur la pré­
Lux de l’Alma, à Buenos-Ayres. sentation de l’extrait de naissance.
La Révélation, calle de Castaños, 35 , 2°, à A li­ 4° Chaque groupe enverra un délégué à la
cante (Espagne). Société fraternelle, considérée comme groupe cen­
Le Spiling, à Leipzig (Allemagne) Cari de Prell, tral, 7 , rue Terraille, afin de présenter ses candidats
mensuel, 1 fr. 5o le numéro.
et de désigner la somme résulunt de la cotisation
* E l Spiritismo, à Chaléhuapa, república de Sal­
vador. . de ses membres et de déterminer le nombre des
La L ux, périodico libre-pensador, calle Lateral- titulaires, le dernier dimanche de novembre, à
del-S jr-Porto-Rico. 2 heures très précises, à.partir de i 89o.
La Perseverancia, H. de Villars Guipacha 85 . 5° Aucun groupe n’aura le droit de se faire
représenter, s’il ne cotise au minimum pour la
somme de trois francs. J
OUVRAGESRECOMMANDES 6° A chaque chef de groupe incombe le soin de
juger l’opportunité des demandes qui lui seront
Le Spiritisme devant la science, par G. Delame adre<sées, avant de les présenter à la réunion des
• Prix. 3 fr. délégués.
La Médiumnité au verre d'eau, par Mme A n­ 7* Les retraites des titulaires désignés dans la
toinette Bourdin. 3 fr. 5o réunion du dernier dimanche de novembre seront
Essai sur le spiritisme, par Miss] Anna Black-
wel. 1 fr. délivrées, le premier dimanche oe décembre, 7, rue
L’Ame et ses manifesations à travers l'histoire, Terraille, à 2 heures précises, contre leurs reçus res­
par Eugène Bonnemère. 3 fr. 5o pectifs. .
Dieu et la création, par Réné Caillié, 2 vol. 3 fr. 8° Chaque délégué recevra un reçu de la somme
La Pluralité des mondes habités, par Camille
qu’il aura versée avec la désigna'ion de son affecta­
Flammarion. '
Uranie, ouvrage illustré, par C. Flammarion, tion ; ce reçu sera signé du président de la Société
Prix. io fr. fraternelle, considérée comme groupe central.
Dieu dans la nature, parÇ. Flammarion. 3 lr. 5o
Alpha, rornan d’une libre-penseuse, par Paul Le Gérant : Gabriel Delanne.
Grendel. 2 fr. Imp. Alcan-Lévy 24, rue Chauchat. Patis
8J ANNÉE. -- N" 5 . 40 c e n tim e « le RFuméro, Mai 1890

LE SPIRITISME O R G A N E DE L’UNION SPIR ITE FRANÇAISE


Naître, mourir, renaître et progresser sans c*>m
telle est la loi. A llan K ardec .

ABONNEM ENTS RÉDACTION & ADMINISTRATION


L E JO U R N A L P A R A I T
Paris et Départements 5 fr. par an. 2 4 , rue L abruyère, Paris
UNE PO IS P A R MOIS
É tra n g e r.................. 6 — Rédacteur en chef : G a b r i e l D elanne
■ "— — ----------- - —- ■ ■

AVIS IM P O R T A N T C O M P T E RENDU
DE L’ANNIVERSAIRE DE LA MORT
N ous avons l’h o n n eu r d’in ­
form er n os lecteu rs et nos d ’A lla n K a rd e c
corresp on dan ts q ue le bureau
de réd action du journal « le Cette année li réunion au cimetière a été favori­
S p iritism e » est transféré, à sée par un temps splendide. Plusieurs spirites de
p a riir du 1 er février, 24, ru e li Province y assistaient. Tous les groupes de
L abruyère. P rière d’en voyer Paris étaient représentés. Comme d’habitude, des
à cette a d resse le s lettres et discours ont été prononcés.
d ocu m en ts con cern a n t la R é ­
Nous avons reçu un télégramme du groupe
d action et l’A dm inistration de
Carrier, de Grenoble, ainsi conçu :
n otre org a n e.
N ous p rion s en m êm e tem ps « Le groupe Carrier, réuni hors séance, envoie
nos am is d e b ien vo u lo ir n ou s à ses frères de Paris ses témoignages de sympathie,
a d resser , par m a n d a t-p o ste, les remerciant du zèle qu’ils apportent à la ciuse
24, ru e L abruyère, le m ontant spirite. Il s’associe de lout cœ ir à leur réunion et
d e leu r ab on n em en t pour l’an ­ âleur banquet pour la glorification d’Allan Kardec.
n ée 1890. Il prie que Dieu inspire ou réincarne un Es­
prit pour continuer l’œuvre si bien commencée
par l’Esprit d’Allan Kardec;
SOMMAIRE
« Signé : Bil l o u x ,
Compte rendu de la cérémonie
du 31 mars : Discours de MM. « Hôtel Bayard. »
A uzan n eau , A.. Delanne, Saussc,
Bouvery ; Communication d’Al­ Il a été ensuite donné connaissance d’ une lettre
lan Kardtc, médium Mme de M. Delanne père, s’excusant de ne pouvoir as­
Delanne; Discours de M.Chai- sister à la cérémonie, retenu qu’il était en province
gneau et de Mme Arnaud . . par ses affaires. Cette lettre, adressée à M. Auzan­
Union spiritualiste de Rouen. neau, vice-président de l’Union, a été lue par lui.
Correspondance............................... LAssAUT.Havre MM. Sausseet Chevalier, de Lyon, nous avaient
— .............................. B ouvie r , L yo n
— ................................ PONCET, Moalceiel. envoyé un discours fait en collaboration qui a été
Nécrologie. lu par M. Bouvery.
Errata. M. Gabriel Delanne, empêché au dernier mo-
6û LE SPIRITISME

ment de venir au cimetière, a fait parvenir son dis­ nos cerveaux et nous imprecsionne, selon nos con­
cours. victions religieuses ou philosophiques. L.a mort,
M. Leymariea prononcé quelques paroles pour terrifiante pour les uns, est consolante pour les
démontrer que le spiritisme, sous des apparences autres. Elle est grave pour tous. Ceux qui croient à
de calme, était plus vivace que jamais. la vie future en mesurent les conséquences, sachant
Mme Delanne a donné connaissance d’une re­ que notre situation, dans le monde spirituel, dé­
marquable communication d’Allan Kardec qu’elle pend de la manière dont nous avons accompli notre
avait obtenue la veille, en présence de M. Auzan- vie terrestre. Nous y serons relativement heureux
neau. ou malheureux, suivant la loi de justice. Ce sort
D’autres discours ont été prononcés. Nous en là les peines et les récompenses dont parlent les
publions plus loin quelques-uns. religions. Le spiritisme les accepte également, avec
Le soir, au banquet, en outre de l’absence de cette différence capita'e, admise par quelques-uns
M. Delanne père, qui a été hautement regrettée, et d’entre nous, que le juge suprême n’est autre que
de quelques autres de nos amis qui ont été empê­ notre propre conscience, soumise el!e-même à une
chés d’assister à la réunion, pour des causes diver­ lni.
ses indépendantes de leur volonté, on a remarqué Les spirites ne sont pas d’accord entre eux sur
tvec étonnement certaines abstentions volontaires. cette question. Les uns pensent que Dieu,.ne pou­
On sait que d’habitude, depuis quelques années vant être ni vengeur ni arbitraire, n’intervient pas ;
du moins, la date de la visite au cimetière était d’autres croient qu’un jugement divin est conci­
fixée, pour les uns, au dimanche le plus rapproché liable avec la bonté infinie.
du 3 1 mars ; pour les autres, cette date du 3 i était Quoi qu'il en soit, la raison nous dit que les
respectée, tan née dernière, le 3 t mars tombant peines et les récompenses ne sont pas de vains
un dimanche, tous les groupes se sont trouvés réu­ mots. Donc, que notre situation dansl’Au delà —
nis et se sont fort bien entendus. Cette circons­ de même que dans l’incarnation — soit le résultat
tance, on peut le dire, a même particulièrement fa­ d’une loi naturelle ou d’ un jugement, il n'en est
vorisé la formation du congrès international déjà pas moins vrai que cet état, déterminé par nos ac­
projeté. Ce congrès ayant accentué l’union des tions antérieures, est bon ou mauvais, agréable ou
spirites parisiens, quelques-uns d’entre nous ont pénible; ce qui doit être pris dans le sens de récom­
pensé qu’une réunion en commun, au cimetière, pense ou de punition. Partout et toujours subsis­
aurait l’agrément de tout le monde. Ils ont alors tent le mérite et le démérite, avec leurs consé­
pris l’initiative d’accepter la date anniversaire pri­ quences.
mitivement fixée au 31 mars. Mon ami Bouvéry agitait encore cette question
Le soir il y a eu beaucoup d’animation et de cor­ dans l’un des dernieis numéros du Moniteur
dialité. Plusieurs toasts ont été portés. On a bu, Belge, en critiquant certains passages du Livre des
naturellement, au triomphe de nos idées. M. Pa- Esprits ayant trait à ce sujet.
pus, représentant l’occultisme, a bu à l’ union des Je n’ai point l’intention de lui répondre, encore
deux doctrines spirite et occultiste. moins de le blâmer. Cela d’ailleurs nous entraîne­
Une charmante soirée musicale et dansante a rait trop loin. Je dirai seulement, ici, qu’à mon
suivi. A minuit, les mains se sont cordialement avis, on ne doit pas toujours prendre à la lettre le
serrées et on s’est quitté en se donnant rendez-vous texte du Livre des Esprits. Et si on trouve, avec
pour l’année prochaine. raison, cet ouvrage empreint de mysticisme, il
faut considérer qu’au temps où il a été publié,
DISCOU RS DE M. AUZANNEA.U l’auteur avait des ménagements à garder envers
Mesdames, messieurs, ceux auxquels ils s’adressait, qui ne pouvaient
Ainsi que nous le faisons chaque année, nous être, évidemment, que des spiritualistes, et qui
venons aujourd’hui, sur cette tombe, rendre hon­ étaient en réalité, pour la plupart, des chrétiens
neur à la mémoire du philosophe qui a fondé la indépendants, mais encore imbus de préjugés reli­
doctrine spirite. gieux. Il a donc cru bon de s’appuyer sur leur
Nous savons bien que les paroles adressées au propre morale pour les amener, sans secousse, à
Maître n’ont nul besoin de partir d’un point déter­ étudier1la nouvelle-doctrine; ■
miné pour arriver jusqu’à lui, car l’Esprit esc par­ Allan Kardec s’est montré circonspect dans toutes
tout où l’appelle notre pensée. Mais le lieu spécial ses actions. Il savait alors beaucoup de choses
ou nous nous trouvons nous porte au recueille­ qu’il conservait, pot r ne les révéler qu’au mo­
ment. L’idée de Ja mort qui nous entoure frappe ment opportun. C ’était incontestablement un pro­
LE SPIRITISME 67

gressiste. La Genèse, notamment, en fait foi. U y pendant d’études ésotériques. La libre discus­
est dit, page 19 : sion qui y est admise ne pouvant qu'être profita­
« Le spiritisme marchant avec le progrès, ne ble aux idées spirites, nous devons, il me semble,
« sera jamais débordé, parce que, si de nouvelles y prendre part Kabbale et Magie, qu’on y étudie,
« découvertes lui démontraient qu'il est dans Ter- sont des branches de la théosophie, ces doctrines
« reur sur un point, il se modifierait sur ce point ; sont aussi, d’ailleurs, sœurs du spiritisme Leurs
< si une nouvelle vérité se révèle, il l'accepte. » principes ont la même origine; el.es poursuivent
C'est aux continuateurs de l’œuvre à s’inspirer un but analogue.
de ces sages paroles. Gomme nous,l’occultisme étudie les lois psychi­
A ceux qui croient à la vérité de la doctrine spi­ ques, et cherche à sonder le troublant inconnu des
rite, incombe la tâche de la soutenir et de repous­ choses d’outre-tombe. Nous nous en rapprochons
ser les théories qui paraîtraient de nature à l’amoin­ encore sur ce point que les occultistes croient,
drir dans ses principes II ne faudrait pas ea infé­ avec nous au perfectionnement de l’âme par les
rer que ceux qu’on appelle Kardécistes veulent réincarnations.
rester stationnaires. Pour mon compte, je m’èn Quant aux questions qui nous divisent, la tolé­
défends. Jecrois qu'on peut être de l’école d'Allan rance et l’intérêt de nos études veulent que nous
Kardec sans accepter ses enseignements sur tous
les laissions momentanément de côté.
les ’points, et qu’on ne lui manque aucunement
Ayons, du reste, la franchise d’avouer, les uns et
d’égards en discutant ses affirmations ; en le fai­
les autres, que nous avons à peine entrevu la vé­
sant, on entre, au contraire, dans sa pensée, puis­
rité que nous cherchons, .et qu’elle est encore,
que lui-même s’est toujours défendu des idées d’ab­
hélasI bien loin de nous.
solutisme qu’on lui attribuait parfois. Je suis donc
En attendant qu’elle nous apparaisse tout entière
avec interêt.le nouveau courant spiritualisme, qui
et qu’elle nous unisse tout à fait, suivons rchacun
grossit de plus en plus, espérant qu’il nous .con­
la voie que nous croyons la plus sûre ; continuons
duira à des découvertes utiles.
séparément nos recherches. Mais n’oublions pas
Le congrès international qui vient d’a> oir lieu
que nos travaux seront d’autant plus fructueux que
a ïamené l’attention sur les diverses écoles spiri­
nous nous éclairerons mutuellement. Dans cette
tualistes et sur leurs systèmes philosophiques ; sur
étude profonde, en présence de ces grands pro»
le magnétisme, qui, également, a eu son congrès
blêmes, il n’est jamais trop de lumière.
retentissant ; et particulièrement sur la théosophie
orientale, qui depuis quelques années cherche à se Et puisque ensemble nous voulons le progrès
répandre en Europe. Mais l’étude de cette science moral de l’humanité, serrons ncs rangs pour com­
est longue et difficile, et d’une pratique plus diffi­ battre le néantisme. Luttons, sans trêve, contre
cile encore; aussi nos chercheurs d’Occident ne l’égoïsme envahissant. Tâchons, par la diffusion
l’abordent pas volontiers. Ils préfèrent l'occultisme et surtout par la mise en pratique de nos doctrines,
qui, cependant, n’est au fond que la même philo­ d’avancer sur la terre le règne de la fraternité
sophie quelque peu modifiée, mais dont l’étude universelle.
est dirigée dans un sens plus libéral. Courage à tous, et gloire aux apôtres d’ une
Le spiritisme peut rationnellement résoudre science qui nous donne la certitude de notre im­
les problèmes que la théosophie résout; et il a mortalité.
l’avantage sur celle-ci de présenter un exposé de
doctrine plus simple, plus clair, et, de ce fait, plus LETTRE DE M. DELANNE
accessible à toutes les intelligences. Il répond plus Nantes le 29 mars 1890
directement à nos aspirations. Par sa théorie jointe A M. Auzanneau, vice-président de l'Union
à ses preuves expérimentales, il parle en même Spirite française.
temps à nos sens, à nos cœurs et à notre raison.
Sa partie morale, facilement comprise, est une Mon cher ami,
source de consolation pour les nombreux affligés Vous ne sauriez croire combien il m’est pénible
de cette terre. d’être empêché par mes affaires de me trouver au
.11 faut descendre des hauteurs de la mètaphysi» rendez-vous du Père-Lachaise, qui me rappelle
que si on veut examiner de près la souffrance mo­ le souvenir toujours vivant du grand penseur
rale et apporter un remède as.x plaies sociales. dont on célèbre en ce joui l’anniversaire.
- Parmi les sociétés créées à Paris pour l ’étude de Veuillez donc être, cher ami, envers nos collè-
Loccultisme,je n’hésite pas à citer le Groupe indé­ j gués l’interprète de mes regrets de ne pouvoir
68 l.E ï - PI Rl TI S ME

vous envoyer un discours au sujet de cette impo­ Je crois dore remplir un sirp le devoir envers
sante manifestation. ce chef vénéré en lui payant une dette de cœur.
Mais pour faire preuve de bonne volonté, ¡’au Je sais bien qu'ii y en a qui peuvent prendre
rai affirmé, une fois de plus, que depuis trente cette monnaie comme futile, et d’autres qualifier
ans j’ai puisé lorce et courage dans la pratique du ce tribut d’admiration d’ une fanatique adulation.
spiritisme. Peu importe, mais, vous savez, mon vieil ami, le
C ’est en m’inspirant de ses pages révélatrices et son d’un instrument quelconque vibre avec plus
dans l’examen attentif des faits que j’ai conquis la ou moins d’intensité, en raison de la construction
foi inébranlable qui donne aux travailleurs de délicate de ses organes.
toute classe l’énerg'e morale nécessaire pour résis N’ct-ce pas grâ.e à ce regretté précurseur, que
ter à tous les aisauts de la lutte pour la vie. les sentiments de paix, de concorde, d’harmonie
C’est loin d’être pour nous la foi aveugle, impo­ que nous avons contractes tons ensemble, en lace
sée per le dogme et qui peut sombrer d’un jour à de sa tombe, se sont pleinement réalisis dans cette
l’autre devant les arguments philosophiques de mémorable assemblée du Congrès international de
quelque école qu’ils sor'ent. 1889, où son nom a été acclamé avec enthou­
I orsque l’on possè de cette puissance spirituelle, siasme par ses fidèles et nombreux adeptes.
si difficile à acquérir, lorsqu’elle nous envahit, elle 11 est vrai que chaque chose vient en son temps
devient en nuelque sorte, une dualité constante, et que pour l’humanité comme pour la terre, lors­
un autre soi-même. qu’une race est épuisée oar son cortège d’erreurs,
C ’est l’esprit déployant ses ailes et volant sans de supcrsiitlons, il Lut en changer la culture.
crainte et avec aSfurance vers cet inconnu mysté­ Karaec est venu à son heure semer les idées
rieux qui, de loin en loin, laisse apercevoir des régénératrices et nouvelles. C’est à nous, ses disci­
traînées lumineuses qui tiennent l'âme enchaînéej ples, à les faiiegermer et fructifier le plus que nous
subjuguée, et la font marcher sans crainte à la con­ pourrons.
quête de tous les progrès. Croyez, mon cher Auzanneau, que, quoique
éloigné de Paris, ma pensée se dirigera vers vous,
C'est de cette foi, fans doute, que Jésus parlait en unissant mon cœur aux cœurs de nos frères et
lorsqu’il disait qu’ « avec elle on soulèverait des sœurs qui pensent comme nous pour répéter :
montagnes. > Ce ne sont pas seulement des monta­
Gloire et respect à Allan Kardec, et souvenir
gnes d’erreurs de toute nature, qui tiennent une
sympathique à sa compagne dévouée.
si grande part dans notre monde sceptique et avide
Et à vous mes plus affectueuses salutations avec
de jouissances matérielles,que l’on peut soulever;
mo amitié sincère.
mais ce sont aussi les lourds fardeaux de la vie qui A l . De l a n n e .
sont allégés par elle, lorsque cette foi sert de
guide à la raison et l’éclaire.
Les épreuves ne nous apparaissent plus comme DISCOURS DE M. SAUSSE
un châtiment sous lequel nous devons rester cour­ Mesdames, messieurs,
bés, mais bien comme un mauvais pas qu’il faut L’unr.ée qui vient de s’écouler, depuis notre der­
iranchir victorieusement tt au-delà duquel on nier pèlerinage auprès de ce dolmen, a été tout
trouve le calme de la conscience et une sécurité part’c jlièremebt fertile en évènements heureux au
absolue pour l'avenir. point de vue de notre grande cause, celle du spiri­
Oui, c’ëst aux ouvrages du'Maître que j ’attribue tisme, qui sera toujours, quoi qu’on en dise, quoi
le peu de bien que j’ai pu faire en propageant de tout qu’on f isse, une marche incessante et sûre vers le
mon pouvoir les principes de justice, de progrès, progrès par l'étude scrupuleuse, attentive, raisonnée
de fraternité qu'ils proclament avec autant de de nos destinées passées, présentes et futures et par
simplicité que de grandeur. la libre recherche de la vérité, sous quelque forme
C’est à eux que je dois une des plus grandes quelle se présente, pourvu qu’il nous soit permis
joies de ma vie : « Celle d’avoir pu implanter à de ia saisir.
mon tour mes convictions dans le cœur de ceux A l’occasion de cette même cérémonie, le 3 1
que le Destin m’a cor fiés >. Car j’ai la faiblesse de mars 1889, quelques-uns se faisant, enc:la les in­
placer, bien avant les jouissances et l’adoration du terprètes des sentiments de paix et de concorde
veau d’or, l’assurance inappréciable du moi im­ dont nous sentions tous l’absolue nécessité, vinrent
mortel progressant sans cesse et toujours respon­ nous convier d’abjurer sur ce nouvel autel, le tom­
sable. beau d’Allan Kardec, et nos ressentiments anté-
LE SPIR1TISML 69

rieurs et nos préférences personnelles, en vue de la Paris, à la préparation du futur congrès de Bru­
tâche commune à remplir, du progrès à réaliser et, xelles et au triomphe définitif du spiritisme.
ici même, avec la plus cordiale franchise, fut Ce sera le meilleur et le plus sûr moyen de nous
scellée pour toujours, nous l’espérons du moins, acquitter envers le fondateur de notre philosophie,
cette union qui sera notre plus sûr appui tant que envers sa digne épouse, du tribut de reconnais­
nous saurons lui rester fidè’es. Déjà elle nous a sance que chaque année nous nous plaisons à leur
permis de grouper en r.n seul faisceau toutes les rendre dans cette fête de l’espérance et du souve­
forces vives du spiritualisme indépendant et de nir.
mener heureusement à bien l’entreprise si délicate Lyon le 28 mars 1890.
du congrès spirite et spiritualiste international. Pour la Société fraternelle pour l'étude s.ienti-
Ce congrès dé Paris restera, nous ne craignons pas fique et morale du Spiritisme :
de Paifirirer, non seulement comme une des plus Le Président,
imposantes manifestations de la pensée libre pen­ Henri Sa u s s e .
dant le cours de notre splendide Exposition, mais Le Secrétaire :
cncojecomme un témoin irrécusable delà puissance M. M o is s o n n ie r .
et de la vitalité de notre philosophie et, pardessus Pour la Société Spirite Lyonnaise,
tout, comme réel triomphe des grands principes
Le President,
qui sont la base même et la ra’son d’être du spiri­
J. C h evallier .
tisme :
L ’existence et l'immortalité de l’âme.
DISCOURS DE M. BOUVÉRY
La réalité de la communication entre les incar-
nés et les désincarnés. Mesdames, Messieurs,
La tâche remplie est déjà belle, mais elle n’cst Il y a deux ans, à cette même place, fut exprimé
rien auprès de celle inüniment plus vaste et plus le vœu de réunir toutes les écoles spirites et spiri­
fructueuse qu’il nous reste à accomplir et à la­ tualistes dans un même groupe supérieur ayant
quelle pas un d’entre nous ne voudra se soustraire. comme principes communs ces deux points de
Nous avons fait l’union, nous avons fraternisé doctrine :
au congrès avec des délégués de nos amis de tous L’immoitalité de l’âme et les communications
les points du globe, mais ce n’est là qu’un premier entre les vivants et ceux qu’on appelle les morts.
pas dans la route à parcourir ; il faut maintenant — L’idée germa, grandit, porta ses fruits.
nous mettre résolument à l’œuvie pour que les Le congrès qui nous réunissait en septembre
vœux formulés pendant ces grandes assises de la dernier en est la preuve la plus éclatante ; l’éton­
pensée ne restent pas lettres mortes, mais devien­ nement, la siupéfaction qu’il produisit dans le
nent au contraire le plus tôt possible de bienfai­ monde de la philosophie et de la science en est un
santes réalités, de puissants moyens de propagande, autre.
des vérités dont nous voulons toujours être le3 Il fallut bien que nos adversaires vinssent à rési­
apôtres. piscence, reconnussent que nous n’étions pas plus
Avant de nous disperser à tous les vents du cîei, une quantité négligeable qu’une bande de charla­
en septembre dernier, nous avons adopté de sages tans ou de déséquilibrés. Nous traiter plus long­
résolutions auxquelles il importe pour l'ronneur temps comme on avait coutume de le faire, c’eût
de notre cause que tous nous restions fidèles. A été gravement exposer ce prestige qu’on fait si vo*
chacun de nous dans sa sphère d’action incombe lontiers miroiter aux yeux du public naïf.
aujourd'hui le devoir d’employer toute son éner­ Des résolutions sages et pratiques ont été prises
gie à 'es faire appliquer et fructifier, afin que au congrès, pour faciliter la diffusion de nos idées,
lorsque nous nous retrouverons au prochain con­ comme aussi pour augmenter la somme de nos
grès de Bruxelles, ce ne soit pas les mains vides, lumières, le spiritisme étant par essence perfec­
mais avec la satisfaction, la fierté même d’avoir tible et progressif.
accompli dans son entier la tâche que nous nous Un grand mouvement s’est produit en notre
étions imposée. laveur. Le livre, le journal s'occupent des ques­
Avant de nous séparer aujourd’hui, et sur ce tions auxquelles nous nous intéressons. La cons­
même autel, le tombeau de notre maître aimé piration du silence a disparu, le9 railleries aussi,
Allan Kardec, faisons à nouveau le serment solen­ ün commence à comprendre que nous sommes
nel de rester toujours unis, de consacrer tous nos quelque chose. D’autre partj les occultistes s'orga­
efforts à la réalisation des vœux du congrès de nisent, se constituent en société pour l'étude pra-
7.® LE SPIRITISME

tique, pour k propagation par la parole de leurs carné, et dont les hommes, au dire de certaine de
idées. Et nous spirites? Certes le moment est nos amis, peuvent se servir pour la magie noire.
propice. Le veut enfle nos voiles. Mais où sont Mais les choses sont-elles réellement ainsi ? -Nos
les pilotes? Laisserons-nous passer le ¡temps favo­ amis, n’ont pas la prétention .d’être infaillibles, iis
rable? cherchent comme nous et ne veulent que la vérité.
Attendrons-nous que notre œuvre s’accomplisse Quoi qu’il en soit, il y a là une question à éclair­
tooi/te seule ? Les occultistes nous offrent des con- . cir. C r, douteuse comme elle l’est, par suite d'­
férences familières où ils répondent de leur mieux affirmations de certains occultistes, elle pourrai*
aux questions qui leur sont posées. Avons-nous devenir une arme sérieuse entre les mains de nos
quelque organisation analogue? Et cependant, q.ue adversaires religieux, eu justifiant l’aacusation
de questions auxquelles il nous faudrait pouvoir q.u’ils ont toujours portée contre nous... qui est
donner satisfaction i Le nombre des hommes de de pactiser avec le principe du mal. D’autre part, les
bonne voionté est considérable. Ils voudraient voir, ma térialistes y trouveraient de puissants argumen ts
ils voudraient croire. Mais où sont les faits, les . soit pour nous combattre, soit pour étayer leurs
preuves scientifiques que nous pouvons offrir à théories.
leur légitime curiosité? Les médiums nous man­ Il se peut que nous spirites, nous soyons parfois
quent. Et si l’on veut nous réclamer des éclaircis­ trop crédules, que nous voyions trop facilement les
sements sur les divergences qui nous séparent des âmes de nos morts partout. Mais ne vouloir les
occultistes, qui sont ceux d’entre nous qui les donne­ voir presque nulle part, ainsi que font certains de
ront ? nos amis les tbeosophes, est naine autre ¡erreur non
Nous voyons des esprits partout, dans les faits moins grande. Ici comme ailleurs, la vérité n’est
médianimiques. Certains théospphes, ancon.traire, pas dans un extrême ni dans l'autre, mais dans un
tels,, que M. Mac-Nab, enseignent que le perisprit juste milieu.
sans l ’esprit est la cause unique de presque tontes La dilficuhé, C’est d’établir ce milieu, c ’est de
les .manifestations. «Il est, nous dit-on, conscient, faire le départ entre les .erreurs et la vérité. Un
capable de volutions, de raisonnements, de j uge- seul moyen s’offre, c ’est l’expérimentation.. Q.uelle
ments, et même de faire des opérations dlarithmé- est la part qui revient à l’esprit, qu’elle est celle
tique, comme dans les deux cas de Mondeux et qui revient au corps astral ou au perisprit ? G’est
d’inaudi. » Et non seulement le perisprit, ou corps ce qu’il importe de chercher, .c'esteeque nous trou­
astral, cet « Inconscient », aidé parfois de ce que verons, car Th éusophes, Occultistes, Swe.denbor-
nos amis appellent l'émental, ou partie inférieure giens, Spirites, etc , nous sommes tous unis pour
de l’esprit évoqué;, « veut, raisonne, calcule, mais, la conquête de toute la virhé.
à l ’occasion, il se dégage du médium, se condense Mais ce n’est :pas en nous endorman t que nous
et sa matérialise ». réaliserons ce progrès. Les occultistes ont fondé
Si celu était, toutes nos expériences se rédui­ un centre d ’études. Il est indispensable que nous
raient à bien peu de chose,, nos espérances seraient imitions leur exemple. Les hommes de valeur, si
des illusions. Le monde des esprits dont nous nous nombreux dans nos rangs, devront se grouper
croyons entourés, serait tout, si triplement le monde dans un but supérieur de propagande et .de recher­
des élémentaires, enveloppes ou forces perispri- ches, nous n’avancerons à rien sans cela. Ai je
tales, formées des acquisitions incarnatives et dont besoin de dire que pour entreprendre une étude
l’esprit se serait dépouillé pour s’élever dans lu sérieuse, ¡un point des plus importants, .c’est de se
E mpyrée... inaccessible à l’esprit désincarné. préoccuper du développement régulier, normal
Dans ces conditions, no6 cher,s absents ne des médiums qui nous font si grandement défaut
seraient-ils pas de véritables morts pour nous? à l ’heure actuelle ?
puisque les deux mandes seraient séparés l’un de , Non seulement il convient de former des mé­
l’autre par je ne sais quelle barrière infranchis­ diums; il faut encore les mettre.en garde contre les
sable. écueils où leur médiumnité pourrait venir se bri­
Vouloir les faire redescendre sur la terre de la ser. Les dangers sont de deux sortes : physiques
sphère supérieure vers laquelle ils auraient pris et moraux. Il faut les faire connaître si l’o n veut
leur vol serait une impossibilité, et à supposer q,ue qu’ils soient évités.
cette impossibilité n’existe pas, ce serait presque Les premiers disparaîtront par une sage inter­
un crime, étant donné Le danger qu’ils courraient vention du magné.t'sme., qui, en même ¡temps,
au milieu des élémentaires qui sans cesse flottent hâtera et aohèvera ledéveloppement.de la médium­
autour de nous, yrais vampires pour l ’esprit désin­ nité, et aussi par l'observation des règles qui ont
LE SPIRITISME 7 1,

été si sagement indiquées par notre ami Papus Les hom mes qui- sont à la tête de ce mou versent
dans sa conférence à la librairie spirite. Mais pour ont tout notre respect. Leurs actes ressemblent d
faire pénétrer toutes ces idées dans tous les milieux leurs paroles, chose peu commune sur notre terre.. 4
spirites, ce ne sera pas trop de toute la bonne vo­ Et leur but : c’est l’altruisme dans ce qu’il a de
lonté des; hommes compétents en ces matières. plus élevé. Mais persuadé qu’ils font fausse route,
Les dangers moraux sont moins faciles à vaincre. je n’hésite pas.
C’est que l’ennemi à combattre est des plus | Ah ! certes, je comprends que les excès du maté­
puissants. C ’est l’amour-propre malentendu. Or- ; rialisme à outrance aient révolté leur délicatesse
geuil, suffisance ! Que de médiums se sont perdus que écœurés du spectacle de « la bêie humaine» qui
par là 1On se figure être dans le vrai, parce qu’on étale cyniquement ses hideurs, dans nos rues, dans
obtient des signatures de personnages éminents. le journal, dans le livre, sur les théâtres, ils aient
On ne voit pas qu’on est dupe de soi, ou des senti le besoin de réagir contre cet abaissement de
autres.. Ecouter un bon conseil, apprendre la dé­ l’homme.
fiance,, être en garde ! c’est trop leur demander. Je le comprends, sans approuver toutesfois l’ex­
N'ont ils pas saint Louis, Allan-Kardec et autres cès en sens contraire. Les théories qu’ils nous ap­
grands esprits 1.Et tout va de travers. Et l’on ne sait portent ne sont pas pour notre monde actuel.
à.qui s’adresser pour une expérience sérieuse. A quoi pourraient-elles aboutir, sinon à laire de
La médiumnité e.t le plus enviable, et sera un l’humanité une société de mystiques? Mépriser
jour le plus envié des sacerdoces. Mais à condition tout ce qui fait le prix de la vie, ce serait nous ra
que le médium se prête à des expériences réelle'1 mener par une autre voie vers l’ignorance, les té­
ment scientifiques et qu’il soit à l’abri de tout re­ nèbres, les abus qu’on prétend corriger.
proche : noblesse oblige. Apôtres convaincus, ces chers amis voudraient
Voici comment s’exprime M. Lermina à ce nous laire prendre en haine la matière et le corps.
sujet : (Ces paroles ont été reproduites par M. Metz- Ils oublient que mépriser le^corps, pour n’exalter
gerdans son article ;«MédiumetMédiumnité » dans que l’esprit est aussi faux que rabaisser l’esprit
le Moniteur spirite du i ,5 février 1890): «Son acqui­ pour n’adorer que la matière.
sition, nous dit-il, en paclan-t de la médiumnité des Nous sommes de par les lois divines composés
Mahatmas, a pour condition première, la concep­ de corps et d'âme : l’un et l’autre ont droit à notre
tion de la charité, de l’amour d’autrui, du sacri­ sollicitude. C ’est (auxzèleetfaussecompréhensipn
fice, en leurs acceptions les plus profondes. Toute de vouloir trop mater la partie dite inférieure le
science donne puissance, ceci est un axiome. La notre être.
nôtre ne donne puissance que pour le bien... le Racpelons-nous que : qui veut faire l’ange fait
bien de l’humanité tout entière. S’il pouvait a r­ la bête.
river, ce qui est-impossible,, qu’un de ceux qui la L’idéal, ce n’est pas d’annéantir le corps, mais
possèdent conservât unepenséed’intérêtpersonnel, d’élever assez haut l’esprit pour qu’il puisse di­
parce seul fait il ne serait qu’ un ignorant, et il riger librement et avec sagesse les instincts,, les
retomberait plus bas que le plus bas des parias et passions qui sont en nous vers le bien qui nous
(Les esclaves. » est proposé.
Impossible de tracer un portrait plus beau de L’homme ayant, comme l’âme de Platon, deux
ce que devrait être le médium ; souhaitons qu’il se ailes, celle de l’esprit et celle du corps, s’il n’y en a
réalise en un grand nombre d’exemplaires. qu’une qui bat, il ne pourra jamais s’élever jusqu’à
, ;Mais le centre d’études n’aurait pas que cette la pleine connaissance de la vérité. Il y aura dés.
seule tâche à remplir. Il y en- a une autre plus dé­ harmonie en lui,: aussi longtemps qu’un des deux
licate peut-être. Car il sagii de combattre certaines principes composants exercera son em,pire au dé­
théories fausses et dangereuses auxquelles com­ triment de l’autre.
mencent à sacrifier quelques-uns de nos meilleurs Mesdames et messieurs, il est de notre devoir
d lu I S . de réagir.contre de pareils entraînements, de dire
g l c i et là, en France comme à l’étranger, on s'ap­ à ces frères vicrimes d’une fausse idéalité, qu’ils se
plique à des pratiques qui ont pour but d’anni­ trompent, qu’en voulant s’élever au dessus de l'h u­
hiler Je détruire l’aomme en tuant ,en lui ses meil­ manité, ils risquent de tomber au dessous d’elle. .
leurs. instinqts et les passions qui le poussent à . Ils veulent la perfection; montrons— leur qu’elle
l’action et au progrès. Tels les fakirs dans lTnde. ne se trouve pas là où ils la cherchent, mais dans
. OrjC’ëst là une tendance funeste contre, laquelle l’accomplissement de tous les devoirs que nnus
nous nous élevons de toute notre énergie, ( impose notre organisation actuelle.
LE S P I RI T I S ME
7"-

A l'œuvre, afin que l'harmonieux concert de l’es­ mune, cet état retarde forcément la mise en pra­
prit, du cœur, et des sens établisse définitivement tique des vœux exprimés pour aider à la vieillesse
son règne dans l'humanité terrestre. et secourir l’enfance.
Là est le devoir, là est la véité. J’approuve de toutes mes forces la fondation
Je forme donc le vœu suivant : du comité de piopagande. En spiritisme il faut
Pour honorer non pas seulement par des paroles une véritable communauté d’idées, et non une
mais aussi psr des actes, notre cher AWan-Kardec, primauté.
fondons à Paris, avec tous les hommes marquants Pour atteindre ce résultat par une entente sage
du spiritisme, qui n’ont qu’un but, la lumière : et modérée, guidez votre inarche vers le vrai, le
la lumière par tout et pour tous, une société d'é­ beau, le bien, l’utile, et vous serez suivis.
tudes pour défendre, pour purifier, pour améliorer Le congrès a eu une importance capitale, celle
notre belle philosophie, pour la rendre de plus en d'établir ur. lien fraternel entre les adepies de
plus scientifique, pour en faire en un mot, le mo­ différentes écoles, qui, il y a peu du temps encore,
nument achevé et sublime rêvé et entrevu par considéraient les enseignements du spiritisme
notre grand initiateur. comme bien inférieurs à 1ceux qu’ils possèdent.
L’étude leur a prouvé que, la vérité ayant mille
COMMUNICATION D’ALLAN KARDKC facettes différentes, on peut s’occuper de l’une
AU S U JE T UE SON A N N IV E R S A IR E o’elles, sans que pour cela elle soit inférieure à
Obtenue par Mm° Delanne son aînée.
Je désirais depuis longtemps pouvoir remercier C’est par l’union de toutes les écoles et en étu­
mes frères et mes sœurs pour le zèle qu’ils déploient diant les faiis dans leur souveraineté que vous
chaque jour afin de répandre nos idées et faire arriverez à un résuitn sérieux et sûr.
triompher la cause qui m’est si chère. C ’est en employant la méthode d’analyse que
J’applaudis h tous leurs efforts et je suis 1eu- vous icrmerez votre trésor scientifique. Acceptez
reux de leur exprimer publiquement et universel­ la lumière, qu’elle vienne de l'Orient oü de l’Oc­
lement ma gratitude et ma reconnaissance pro­ cident; qu’importe, pourvu qu’elle éclaire un des
fonde pour l’affection sincère qu’ils me témoignent problèmes que vous cherchez à résoudre.
et plus particulièrement en ce jour. Le spiritisme aujourd’hui est assez tort, il pos­
C ’est une preuve que la foi raisonnée déve­ sède des intelligences capables de le faire respec­
loppe l’amour, Ce lien mystérieux qui nous rend ter. Loin de rejeter la discussion, provoquez-là,
tous solidaires et tait d’une collectivité active une afin de montrer à vos adversaires que vous com­
même famille. prenez ce que vous enseignez.
Chaque année à pareille époque, tout jo;eux Vous n’avez plus à redouter les attaques calom­
nous récapitulons avec vous le chemin parcouru, nieuses. Le spiritisme à fait ses preuves morale­
le travail accompli. ment et je dirai scientifiquement. Rien ne peut
Depuis deux ans surtout, nos idées ont marché plus reculer sa marche ascendante vers le progrès.
à pas de géant, elles ont pris un nouvel essor. Je lus jadis et je suis encore traité de dogmatiste
Nos frères Belges et particuliérement nos vail­ et de mystique par quelques-uns; à celà )e n’ai
lants frères d’Espagne, dans leurs assises solen­ qu’une chose à répondre :
nelles de 1888, ont précipité la marche de notre Lisez, sans parti-pris l’œuvre des Esprits, et
chère doctrine aans leur pays encore si finatioue comme généralement on juge l’arbre à ses fruits :
et si sup.rstitieux. Us ont brisé avec le respect voyez et comparez les résultats obtenus depuis
humain; ils se sont posés en hommes sérieux 35 ans seulement et ceux des religions et des mys­
et convaincus. On les observe et chaque jour leurs tères.
rangs grossissent, car ils auront raison de l’intolé­ Le spiritisme, depuis cette époque, a fait le tour
rance par leur conduite sage et prudente. du monde; il est accepté partout. On aura beau
Le congrès de Paris s’est occupé, comme il vouloir lui contester son point de départ, les faits
devait le faire, d’une façon sérieuse et intelligent:. sur lesquels ils s’appuie datent de l’origine de
Les vœux et les résolutions qui onr été formulés la création assurément. Les manifestations ont été
sont en voie d’exécution. Ce sont des sujets déli­ observées dès la plus haute antiquité, je le répète,
cats qu’il ne faut pas précipiter. La majeure partie mais par qui? Elles l'étaient précisément par les
des spirites français étant des travailleurs et de­ hommes placés à la tête des religions et qui s’en
vant bien souvent prendre sur leur temps et leur sont servis pour effrayer les peuples et les soumet­
nécessaire pour aider de leur obole l’œuvre com­ tre plus facilement à leur dominat on.
LE S P I R I T I S M E 7*
----------- 1----------- :---------------------
Le spiritisme n’a rien de semblable ; les révéla­ d'en donner l’explication, qui serait trop longue;
tions ont été données aux ignorants comme aux je le ferai en temps opportun.
savants. Chaccun peut porter la coupe à ses lèvres Recueillez donc avec soin tous les faits quels
et en déguster la saveur selon son degré d’avan­ qu’ils soient, coordonnez-!es elrendez-les publics,
cement, ses habitudes et son intelligence. aussitôt que la raison peut les accepter, afin qu’un
Je répète donc ici ce que j’ai publié ailleurs : jour la science matérialiste ne puisse vous les con­
J’ai été le coordonnateur chargé de mettre en lu­ tester, comme étant de son domaine.
mière et de publier les révé'ations qui nous furent Qu’ils sachent bien, ces messieurs, que le Spiri­
donrTs, qui sont bien des révélations et non des tisme n’est pas un mirage chatoyant, une illusion
conceptions personnelles. Je m’en glorifierais si qui ne dure qu’un instant, mais qu’il renferme
elles m’appartenaient, car elles sont sanctifiées par dans son sein toutes les sciences et que son flam­
la raison et la certitude absolue des faits. beau les éclai.-e d’un jour tout nouveau.
Lorsqu’on est chargé d’une mission aussi déli­ Vous avez beaucoup à faire pour conquérir
cate, il faut savoir être de son époque et marcher votre personnalité spirituelle (scientifiquement
sans heurter les idées reçues. 1 par’ant). L’esprit eu toujours incomplet, car il a
Du reste, ce turent les Espri’s eux-mêmes qui toujours à apprendre.
me dictèrent ma règle de conduite; la jugeant très Si vous pouviez voir quelle activité incessante
sage, je m’y conformai absolument. J’aurais pu no js déployons pour tâcher de saisir les lois les
être scientifique, si j’avais suivi ma propre impres­ plus élémentaires de la vie, quel mouvement ver­
sion, et enlever au Spiritisme son caractère de ré- tigineux nous entraîne, quelle subtilité il faut dé­
ligiosité. ployer pour saisir l’enchaînement merveilleux des
lois de la créatioD. Quelle splendide harmonie
Mais telle n’était pas la volonté de mes guides,
règne dans ce tourbillon sans fin des causes et des
car souvent ¡'s réduisaient à néant certaines théo­
effets.
ries que je croyais invulnérables.
Poursuivez donc vos recherches sans crainte, et
Je compris alors que le spiritisme devait être, à soyez assurés qu’elles seront couronnées de succès.
son début, plutôt une philosophie de raison, de Et que, l’année prochaine, attiré par vos cœurs
cœur et de sentiment qu’ure science abstraite. Il et votre affection vers ce dolmen, emblème du
faillait attirer à lui les chercheurs de bonne foi, passé, je puisse comme aujourd’hui vous dire :
ceux qui souffraient et pour lesquels la souflrance bravo, bravo, metci !
semblait être une injustice du destin ; ceux qui Montez, montez toujours plus haut, nous assu­
pleuraient et regrettaient un être aimé, dont ils se rons vos pas ; la Vérité est votre égide, vous triom­
croyaient séparés pour toujours. pherez.
C ’est avec cette prudence constante que je pus Que l’amour et la fraternité dont vous donnez
implanter d’une manière indéracinable la foi spi l’exemple fassent dî tous les hommes sincères un
rite des premier adeptes,car ils furent presque tous faisceau puissant. L’humanité, un jour, bénira vos
des chrétiens pratiquants, je me sers de cette dési­ noms et vous pourrez contempler avec satisfaction
gnation afin de généraliser la nuance. le chemin parcouru.
Ai-je bien fait? J’en ai la certitude absolue et je Signé : A llan K ardeg .
suis convaincu que si j’avais débuté par le côté
scientifique, je ne serais pas arrivé au même ré­
DISCOURS DE M. J.-C. CHAIGNEAU
sultat.
Le spiritisme peut déployer ses ailes et voler en Mesdames, Messieurs,
1 plein nouveau ; c’est du reste la voie dans laquelle Il est difficile de nous trouver réunis entre spi­
I il est entré actuellement. Guidez son vol vers les rites, en cette occasion solennelle, sans nous repor*
recherches nouvelles, sans pour cela négliger l’é- ter par le souvenir vers le fait saillant de l’année
1 tude fondamentale que j’ai enseignée. Noubli z passée : le congrès international spirite et spiritua­
pas que dans son envolée A la recherche de la vérité, liste.
il peut monter si haut er vous révéler des choses si De toutes les contrées du monde, comme de
étranges que vous aurez de la peine à les accepter. 1 toutes les nuances du moderne immortalisme, il
C’est ce qui m’arriva à propos du déioublement de s'est produic un afflux vers un point de concentra*
l’Esprit, mot impropre, car l'Esprit nese dédouble tion ; et de toutes les forces en instant rasierublées
pas', mais se manifeste d’ une façon diflérente. que il est résulté une empreinte qui tait époque.
vous connaîtrez plus tard. Ce n’est pas le moment Le mouvement nouveau qui arrache la pensée
74 LE SPIRITISME

Bumaine au courant transitoire du néantisme s’est [ véments, spirite et occultiste, et si l’on sait main tenir
vigoureusement accentué, d’autant plus que pour ■ les proportions où leur alliance est équlibrée et
ee;coup de collier d’une importance toute spéciale, ! honorable pour l’ un comme pour 'l’autre.
parmi les (êtes de notregrandcentenaire,il avait été ' Beaucoup de spirites, — et, je l’avoue, je suis
lai.t'aDpd à tous les groupements qui luttent pour du nombre, — ont longtemps pris ombrage des
feucause de l’immortalité, en s’appuyant plus o» ten lances autoritaires que manifesta la théosophie,
moins sur le témoignage des-phénomènes. | lorsqu’elle fit son apparition parmi nous. Depuis
L’alliance que nous avons vu.se réaliser eri cette ce moment, de nouvelles écoles occultistes ont pris
circonstance constitue un des principaux caractères ; rang • et c’est peut-être de leur contrepoids qu’est
de cette grande manifestation; et il n’est peut-être ( résulté un élément mixte beaucoup plus conci-
p3‘S! inutile, — aujourd’hui que nous sommes ; liant.
entre spirites, spirites, des différents groupes, — de Quoi qu’il en soit, ce qui est certain, c’est que,
considérer, d'une part, le bien qui résulte de cette ! de tous côtés, particulièrement dans les milieux
alliance, et, d’autre part, le soin qui nous incombe d’une culture raffinée, on se préoccupe {d’exhumer
de nettement sauvegarder l’autonomie et le rang ! les secrets de la science antique et de lever les voiles
du spiritisme dans le mouvement contemporain. | des mystérieuses initiations. C’est là un travail qui
Parmi 1rs alliés qui partagent avec nous l’hon­ peut devenir des plus féconds s’il sait se borner
neur du Congrès de 1889, il faut compter tout dans son rôle ; mais, — qu’on me permette toute
particulièrement les modernes-spiritualistes (qui ma pensée, — c’est un travail qui serait peut-être
n’admettent pas la réincarnation), et les occultistes quelque peu dangereux pour le progrès moderne
dé toutes écoles (théosophes, kabbalistes, etc.). s’il venait à submerger les jeunes pousses de
Entre les modernes-spiritualistes et les spirites, | celui ci.
il s'est produit un rapprochement de fait, qui ne Toute la question est donc une question d’équi-
peut avoir que d’heureuses conséquences, lin cha­ I libre ; et pour le spiritism*, conçu de la manière
leureux échange de sympathies s’est manifesté ; et, la plus large, il importe de déterminer nettement
malgré les pronostics pessimistes de personnes ho­ sa position, pour que l’essentiel de ce qui le carac­
norables qui malheureusement n’ont pu suivre les térise ne puisse être compromis en aucun cas par
évènements que ae loin , trop loin dès ma­ l'influence des îciences similaires.
gnétismes assimilateurs,— on peut affirmer que Eh bien, ce qui caractérise essentiellement le
les bonnes paroles et les cordiales poignées de | spiritisme, â quelque nuance qu’il appartienne,
mains ne seront pas perdues, et que, de part et c’est la certitude de I’immortal.té, basée sur le
d’autre, on pourra attendre en frères le moment sur le phénomène ; c’est le fait de causer familière­
oti de nouvelles lumières dissiperont les ombres ment avec les Esprits, par l’intermédiaire de la
des divergences. D’ailleurs n’avons-nous pas, les médiumnité ; c’est la communication pratique et
uns ecles autres, une communauté de préoccupa­ fraternelle entre les incarnés et les désincarnés;
tions et de pratiques qui nous unit suffisamment c’est la collaboration de l’invisible avec le visible ;
iJêjà, puisque, de part et d’autre, nous avons à c’est la resconstitution des liens brisés par la tom­
cœur de démontrer /immortalité par le fait, puis­ be ; c’est la consolation par la correspondance
que, de part et d'antre aussi, nous sommes con­ réelle ; c’est la solidarité des vivants et des morts
vaincus d’avoir bien affaire à nos morts aimés dans par la mise en œuvre d’une force naturelle enfin
le phénomène de la médiumnité ? Spirites et spi­ dévoilée.
ritual stes ont trop de points qui les rapprochent, Pour le spirite, le fait est primordial. La- con­
pour ne pas marcher côte à côte, en amis, en atten­ ception ne vient qu’après. Le spirite, n’accepte pas
dant de se comprendre plus parfaitement. qu’on lui dise a priori ; « Les învisioles qui com-
Quant aux occultistes, la question est plus com • » muniquent avec-toi sont des êtres inférieurs, ou
plexe et demande un peu plus de développements. I h de vaines dépouilles dépourvues d’intelleciualité-
Nous devons tout d’abord rendre hommage au ' » Quant à ceux qui seraient dignes de tou évoca-
concours dévoué qu’ils ont apporté à l’œuvre com- : » tion, ils sont trop haut pour descendre jusqu’à
rhùnè. Je reste dans les termes généraux, et je » toi. ». L.e spirite expérimente, il observe, il fait
késirt nepas faire de personnalités. Le spiritisme appel à son jugement, et il se dit: « G^ci est bon
à'été de leur part l’objet d’ un respect et d’un sou­ <» et beau ; ce ne peut être une âme méchante et
tien auxquels il n’avait pas toujours été habitué. . » grossière, ce ne peut être non plus une coque
Ceci' esrid’ un bon augure si nous savons bien- ’ » vide qui parle ainsi ; donc les grandes et bonnes
déterminer la situaiion réciproque dés Jeux mou- ,> intelligences peuvent venir jusqu'à moi, er. il y
LE SPIRITISME 73

» a chez les morts une force intrinsèque de direc- q.ue Je présent, même avec Le cortège des ¡plus pro-
> lion qui domine Ioutes les.forces ascensionnelles ches années qui le précèdent ; c’est bien peu de
» de l'esprit : cette forcej c’est l’amour, — que ce j chose, presque rien, à côté de toute l ’accumulaDinu
» soit l’amour d’un être, l’amour d’nn groupe, du passé. Mais il faut dire que.ce « presque rien *-
» d’ üne famille, d’ un pays, ou que ce soit l’amour dégage une virtualitéextraordinaire, car ce presque
> de l’ Humanité. > rien c’est de la vie à l’état de réalisation, tandis que
Pour le spirite, entre une doctrine ancienne, le passé c’est de La vie déjà réalisée. Une métaphore,
— si imposante qu’elle soit dans sa synthèse, — empruntée à La chimie me fera mieux comprendre,.
et un fait d’expérience vivante, il n’y a pas à hési­ On connaît L’activité toute, particulière des corps à
ter: s’il arrive que la concordance n’existe pas, l’état naissant. Eh bien, on pourrait dire que ils
c’est la doctrine qui est erronée par quelque point. présent, c’est de la vie à L’état naissant ; et c'est
Que les occultistes nous concèdent que leurs dams cette virtualité' »pédale, prodigieuse, qu’il,
enseignements ne sont pas infa'llîbl»s et que le puise la force de contrôler Le passé, de Le marquer
phénomène prime la théorie, c’est tout ce que nous de son empreinte, de le modifier pour l'accroître;
leur demandons pourêtie d’accord avec eux. c’est là qu’est le secret des idées qu’on.saine sous,
Dès lors, sur cette hase, il y a lieu de considérer le nom d’idées nouvelles ; c’estià,.— dansla virtua-i
ce que signifie le mouvement occultiste, qoel rôle [ité de l’état naissant des époques succesàves — ,
il remplit dans l’évolution actuelle des idées, et ; qu’est lè secret de cette puissance, qui déborde tous-
quel est son rapport avec le mouvement spirite. j les ahsolus et qu’on appelle le progrès.
Pour cela, regardons l’Humanité comme un Oui, tout notre passé .est parti de notre indivi­
être. NI les Humanités, ni les hommes ne sont dualité'; mais Le point & action, c’est Je présent. L e
chose d’ un moment. De même qu’ un être humain passé est vaste, mais immobile, — tandis que le,
se compose de la série de ses âges ; de même qu’un présent, actif, détermine la combinaison ¡nouvelles,
Esprit se compose de la série de ses existences ; — la création, — en un mot -.leprogrès. .
de même une Humanité, à quelque moment qu’on Voilà pourquoi est si puissant ce qiui est mo-
la prenne, se compose de la série entière de ses ! denne bien que, comme mass?, ce soit si peu de.
époques. Le présent est chose si fugitive que pour chose en comparaison de toutes Les anci;nnes réali ­
une Humanité, de même que pour un homme, sations accumullées par les âges.
être ne serait rien, si la vie se bornait su présent • Par ces considérations d’ordre général, je crois
sans embrasser le passé et aspirer à l’avenir. Donc, avoir envisagé implicitement ce que signifie Le
nous sommes d’autant plus en pusses ion.de notre mouvement occultiste, quel rôle il remplit dans
être que nous retrouvons davantage notre passé et i [’évolution actuelle des idées, et quel est son rap­
que nous pouvons mieux prévoir notre avenir, 13 port avec le mouvement spirite.
importe donc à l’Humanité, pour accomplir Le travail dès occultistes signifie une reconsti­
le pas décisif qiui doit en faire un: être tution des connaissances antiques. Relativement à
adulte, un être collectif conscient, — de re­ l’évolution actuelle, ce travail a comme portée de
trouver sa science antique jusque dans ses rentre à. l’ humanité cette partie de La plénitude de
secrets les plu s profonds ; il lui importe de recons­ son êce, qui comporte toutes ses phases passées^
tituer tout son passé pour en faire la hase de son Enfin, le spiritisme qui, lù>, est chose modemej
nouvel effort, mais seulement autant que l’examen chose à l’état naissant, possède, de par l’expérience
du présent lui permet d’en consacrer les matériaux* récente et multiple, de par le, fait vivace et spon­
Le présent doit nécessairement apporter quelque tané, une virtualité iniense contre qui nulle parole
chose de plus ; s'il consacre les matériaux du passé, ancienne ne saurait prévaloir. L ’occultisme, slil
il doit les perfectionner ; s’il en trouve qu’il recon­ nenonce. à l’absolu, peu! devenir la base des travaux
naisse entachés d’erreur, ildoit ies rejeter ; enfin le du progrès ¿.quant à la force vive de ce progrès,
présent a se> matériaux à ¡Lui, formés de son propre c’est le spiritisme qui lu porte en lui, car dest lui
travail ; et, pour que l'ensemble de l’œuvre soit qui marche de L’avant, c’est lui qui découvre quel­
bon, il faut que tout cela s’harmonise sans que que chose ¡ue nouveau en ne faisant plus, des. vi­
rien des modernes découvertes; soit sacrifié au vants et des maris qu’une, seule elmêrne humanité
prestige du passé. Dans le contrôle de l’aujourd’hui solidaire, en embrasant La terre et l’espace de 1’,au­
et de l’autrelois, c’est le présent qui a le pas s.ur rore d’un même et immense amour. >
l’antiquité, pourvu qju’il s’avance, avec l'argument Mesdames et Messieurs, j’ai voulu m’inspirer.des
dü fait.. sentiments, amicaux que nous devons à nos allié*
Pourtant, objectera-t-on, c'est bien peu de chose du congrès, en cherchant, le plus fraternellement
75 LF. SPIRITISME

possible, le rapport qui peut exister entre leurs dans la méthode expérimentale des temps nou veaux,
iravaux et les nôtres. Je ne sais si j'aurai réussi à dans la méthode positive qu’Allan Kardec lui-
rendre ma pensée assez claire ; mais j’ai fait de mon même à proclamée, surtout dans ses dernières
mieux, et je crois avoir obéi à un devoir en cher­ œuvres; et, pour moi, je tiens à honneur de ne pas
chant ce rapport. Je me suis efforcé de voir la l’oublier, au moment où je me joins à vous pour
question avec le p us sincère esprit de rapproche­ apporter à ce vaillant pionnier ma part de vénéra­
ment, en sondant le rythme et l’harmonie qui pré­ tion et de reconnaissance.
sident aux travaux complexes de l’humanité. Je
me suis pénétré de la Ici des antinomies, des anti­
thèses se résolvant en synthèse, pour entrevoir le DISCOURS DE M”‘° ARNAUD
vrai point de contact et de fécondation de deux
Mesdames, Messieurs, frères et sœurs en
œuvres différentes : l’ une le spiritisme, ayan- pour
croyance,
point de départ li collaboration avec les désincar­
nés et la libre recherche expérimentale ; l’autre, Les années s’écoulent, et de grands évènements
l’occultisme, remettant à l’ordre du jour les résul­ s’accomplissent, — apportant avec eux de nou­
tats acquis depuis de nombreux siècles dans des velles lumières et d’autres horizons à l’avenir du
sanctuaires mystérieux, mais se préoccupant fort spiritisme — poursuivant sa marche lente et so­
peu de modifier ce qu’il pourrait contenir d’impar- lennelle à travers les agitations sociales et les trou­
fait. L’œuvre spirite, ai-je pensé, part du fait, elle bles politiques en jetant partout de nouvelles se­
est ascendante, ta direction est dans le sens de ce mences de l’immortelle vérité.
que les occultistes appellent l’évolution. L’œuvre Et sa force se déploie chaque jour, entraînant
de ces derniers, au contraire, part du principe, elle avec elle les opinions les plus variées et les intelli­
est descendante, sa direction est dans le sens de ce gences parfois les plus rebelles à sa voix, par
qu’ils appellent l'involution. De ces deux œuvres, l’impulsion d’une souveraine puissance qu’aucune
de ces deux antithèses, peut résulter une synthèse autre force ni volonté humaine, ne saurait arrêter.
féconde, si kurs autonomies respectives sont suffi­ En effet, quel plus éclatant triomphe peur notre
samment sauvegardées. Voi'à pourquoi, apparte­ cause que ce grand évènement, accompli en l’an
nant au spiritisme, il m’a paru utile d’envisager la 1889, d’un congrès international composé de spi­
situation réciproque du mouvement spirite et du rites et spiritualistes de toutes nuances et de tous
mouvement occultiste, et de faire ressortir com­ pays; intelligences Us plus élevées et représentants
bien le spiritisme, avec son génie particulier, est de toutes les nations, ils sont venus se ranger
nécessaire, comme élément autonome, au progrès tous, sous le même étendard, afin de proclamer
de l’humanité. d’une seule et même voir, retentissant dans le
Ce faisant, je crois avoir implicitement rendu monde entier, que le grand problème de l'immor­
hommage à Allan Kardec, à ce grand travailleur, talité de 1 âme était désormais bien résolu, et uni­
toujours en progrès sur lui-même ; er, en m’expri. versellement prouvé, par la communication cons­
mant comme je viens de le faire, je suis persuadé tante des morts avec les vivants. Que la date de
d’être en conformité d’idées avec l’auteur de la cette mémorable victoire, remportée sur le scepti­
Genèse lorsqu’il écrit : cisme, se grave bien profondément dans notre mé­
« Comme moyen d’élaboration, le spiritisme pro­ moire, el qu’elle nous donne à tous, chers frères et
cède exactement de la même manière que les sœurs, une iecrudescence d’activité et d’énergie
sciences positives, c’est-à-dire qu’il applique la pour lutter encore et poursuivre sans cesse certe
mé.hode expérimentale. Des faits d’un ordre nou­ belle tâche commencée ; afin de briser tous les
veau se présentent qui ne peuvent s’expliquer par obstacles, et de conquérir de plus en plus cette
les lois connues ; il les observe, les compare, les force mystérieuse, et parfois si imposante, se mani­
analyse, et, des effets, remontant aux causes, il festant par des preuves irrécusables, renversant de
arrive à la loi qui les régit. » C’est ce que j’ai essayé fond en comble tout l’échafaudage de lado trine
de répéter en d’autres termes, en disant : « L’œuvre des hypothèses, et dè l’inepte principe du néant :
spirite part du fait, ¿lie est ascendante. » mais il nous faut pour celà créer une véritable
Ce n’est donc point sans raison que j’ai envisagé, source à phénomènes, féconds en éléments pré­
en cette réunion de famille consacrée à Allah Kar­ cieux à manifestations de toutès sortes, et qui ne
dec, la situation du spiritisme vis-à-vis de sciences tarisse jamais ; il faut que, spirites isolés, spirites
similaires qui procèdent d'une méthode inverse; pratiquants, et investigateurs sérieux puissent avoir
car le spirit;sme a sa caractéristique essentielle à ieur disposition dés instruments toujours dispos
LE SPIRITISME 77

et bien perfectionnés, afin qu’on ne se trouve pas donc réfléchir à celi, et chercher tous les moyens
pris au dépourvu devant les exigences toujours pour donner une nouvelle orientation auspiritisme
croissantes de l’expérimentation, fait que nouscons- expérimental, afin qu’il puisse marcher toujours
tatons chaoue jour, et qui apporte dans la pratique de front avec l’enseignement philosophique, à qui,
d us piritismeexpérimentédegrandesdéceptions, car il doit constamment servir de guide et de point d’ap­
nous voyons des frères bien intentionnés, de'sireux pui, seul moyen de remporter toutes les victoires,
de former des groures, et qui sont empêchés dans sur ce terrain, déjà conquis, de certaines sciences
leur projet par l’absence et l’insuffisarce des mé­ expérimentales, et de la morale philosophique.
diums non développés; nous voyons encore qtan-
tité d : personnes à la recherche de ces intermé­
diaires indispensables pourcotnmuniq«“.r avec leurs
chers invisioles, et qui ne parviennent pas tou­
UNION SPIRITUALISTE DE ROUEN
jours à satisfaire ce désir ; et d’astres encore qui
Les membres de 1’ Un;on Spiritualiste de Rouen
ne demanderaient pas mieux que de nous croire et
regrettent de ne pouvoir prendre part à 'a pieuse
de >e ranger sous notre bannière, si elles pou­
manifestttion qui a lieu ce jour même sur la
vaient assister à des réunions composées de beau­
tombe d’Allan Kardec. Ils se joignent du moins de
coup de médiums aptes à fournir une grande va­
cœur à leurs Irères de Paris pour rendre un corn
riété de phénomènes portant dans leur espiit une
mun hommage à la mémoire du maître. Et ils le
pleine et entière conviction.
font avec cette conviction profonde qu’Allan Kar-'
Si nous analysons en ce moment les souffrances dec est le véritable fondateur du spiritisme D’au­
du spiritisme, c’est afin qu’on s’efforce d’y appor- tres avant lui ont pu découvrir les relations des
t r le remède salutaire, et pour obtenir le complet vivants et des morts, mais il est le premier qui les
épanou ssement de la doctrine. Or, nous avons ait étudiées dans leurs rapports «vec la science et la
déjà proposé aux réunions du congrèc, d’ouvrir raison, et qui en ait fait un corps de doctrine. Sem­
une souscription permanente pour la formation blable à un collectionneur qui prendrait sur une
d’une œ ¡vre devenue obligatoire, et de nommer à route magnifique toutes les beautés qu'il rencontre,
cet effet, une commission chargée d’organiser dans Alian Kardec, inspiré par ses guides, a cherché
les villes et les centres spirites, une école composée avec une ardeur infatigable, et a déversé ses tré
de médiums et de personnes aptes à le devenir — de sors dans ses livres si simples et si vrais. U a eu
les diviser ensuite, en classes et catégories suivant sut tout le génie de voir en Jésus un médium, de
le degré des foi ces et facultés acquises sous la deviner l’alliance du spiritisme et de l’Evangile, de
direction d’une méthode essentiellement progres­ comprendre la corrélation qu'offrent les enseigne­
sive et scientifique, développant graduellement et ments paraboliques du Christ et les révélations
perfectionnant toutes les médiumnités, afin qu à d’outre-tombe, de même que les miracles de Jésus
lavenir, le spiritualisms expérimental soit tou- et les manifestations spirites.
jouis à la hauteur de sa mission, et qu’il puisse Tel est le caractère sous lequel apparaît aux
constamment lournir de t.ouveaux éléments à con­ membres de I Union spiritualiste touennaise
viction, non seu'er.ent aux groupes qui en fero.it l’œuvre immortelle de celui dont on célèbre au>
la demande, mais et core aux chercheurs conscien­ jourd’hui le retour dans la vraie Patrie.
cieux désireux de pénétrer, de plus en plus, dans Rouen, le 3 t mars 1890.
les sentiers mystérieux du monds des esprits :
Getteidée, essentiellement réformatrice, que nous
espérons cévelopper plus largement un jour, nous CORRESPONDANCE
la soumetû ns à l’attention de tous les spirites sin­
cères et dévoués à la cause ; afin qu’ils fassent un
Le Havre, 25 février 1890.
pressant appel aux bourses et bannes volontés
réunies, pour activer la réalisation de cet impor­ Monsieur Delanne,
tant projet. Ctr la lutte est engagée, la propagande Depuis le mois d’octobre 1888 , nous avons au
philosophique étend partout ses rameaux bienfai­ Havre un magnétiseur, cordonnier de son état,
sants, et la quest on expérimentale, sans laquelle on doué d’une puissance extraordinaire et aussi d’une
ne peut rien prouver, continue à rester station­ faculté bien raie, celle delà seconde vue à l’état
naire. Est-;ebien logique et conforme à la marche normal et suivant l'impulsion de sa volonté. Cette
toujours progressive que nous devons imprimer à faculté lui permet de dire à chaque malade qui
la doctrinei? Nous] ne le pensons ¿pas. 11 faudrait vient le voir, et cela sans aucune erreur, la maladie
?8 LE SPI RI TI SME

réelle, son siège, la cause, s'il peut le guérir, et individuel en pareille circonstance ; voyons d’abord,
pour ce, le temps approximatif qu’il lui faudra, par à l’état normal, si ce moi n’est jamais influencé,
ses procédés magnétiques, très différents de ceux tout en restant bien lui-même, très peu de per­
pratiqués par les magnétiseurs. sonnes, je crois, peuvent répondre de ne jamais mo­
Je connais plusieurs personnes, atteintes de can­ difier leurs idées ou leurs désirs selon que se pré­
cers, tumeurs cancéreuses, polypes, etc., qui ont été sentera telle ou telle circonstance, les preuves
radicalement guéries dans l’espace de vingt-cinq à abondent chaque jour sous nos yeux, soit par ies
soixante jours. Je lui ai vu guérir des congestions conseils que nous puisois, consciemment ou in­
eérébrales et pulmonaires en cinquante minutes, consciemment, dans les milieux ou nous nous
et un commencement d’influenza en quatre m i­ trouvons, soit après une libre discussion de nos
nutes. propres idées; un exemple entre mille : que nous
80 à ioo personnes vont chez lui en traitement allions assister à une conférence, quelle qu’elle soit,
journalier. avec des idées bien atrêtées de contredire l’orateur
En ce moment, il y a, chez moi, une personne ou, tout au moins, de ne rien accepter du suiet qu’il
qui, en décembre dernier, était Uana un hôpital de iraitera ; neuf fois sur dix, si le conférencier y met
Paris. Un des premiers chirurgiens voulait lui un peu de chaleur d’âme, il enlèvera son auditoire,
couper la jambe, disant, après sondage du genou, finalement nos idées seront complètement modi­
que l’os en était pourri, et que dans ces conditions fiées, et cela, après avoir nous-meme raisonné sur
elle ne pourrait aller bien longtemps. Cette per­ la matière, voilà déjà un cas ou, conservant cepen­
sonne a quitté l’hôpital, ne voulant pas y laisser sa dant notre libre arbitre, notre moi ne paraîtra plus
jambe. Elle est venue ici, se faire soigner par notre le même en face des personnes qui nous auront
magnétiseur qui, lui, a déclaré pouvoir la guérir, entendus traiter le même sujet, avant la conférence,
qu’ii n’y avait aucune carie, que le genou, anky­ d’une toute autre façon qu’après avoir écouté l’ora­
losé depuis plus de vingt-sept ans, pourrait refonc­ teur, est-ce là une raison pour dire que nous ne
tionner sous trois mois. Voilà cinq semaines que sommes plus nous?
cette personne esLen traitement, et je crois, d'après Si maintenant, faisant la part des choses, nous
ce que j’en vois, qu’elle pourra parfaitement mar­ admettons que les désincarnés aient une certaine
cher d’ici deux mois au plus. influence sur nous, nous pourrons de même
Veuillez agréer, Monsieur, avec l’assurance de admettre que, ne les voyant pas, ils pourront agir
mes meilleurs sentiments, mes salutations empres­ beaucoup plus facilement par l’inspiration que ceux
sées. que nous voyons peuvent le faire par l’audition,
La s s a u t . dans ce cas nous analyserons également la quantité
de pensées qui nous traversent le cerveau, et, fina­
Lyon, le 2 avril 1890. lement, nous nous arrêterons peut-être à celles qui
Monsieur Delanne, nous viennent des invisibles, ce qui n’empêche, en
D'après le/ait brutal qui s’impose à tous les cher­ aucune façon, notre libre volonté.
cheur de la vérité, il en est un qui passionne les Ceci étant le fait de monsieur tout le monde, il
masses et surtout les savants, et ce fait, tant petit n’y a pas à s’y arrêter bien longtemps ; je m’atta­
soit-il, met au défi la science positive ou se don­ cherai davantage aux actes accomplis, en toute
nant comme telle, d’en donner une explication liberté d’action, par des sujets spécialement doués
satisfaisante ; trop routinière, elle préfère conserver à cet effet, je veux parler des médiums et surtout
ses théories que d’en admettre de nouvelles pou­ des médiums à incarnation, très souvent ces der­
vant seules satisfaire la raison d’une façon tout au niers. pour servir aux manifestations spirites, sont
moins acceptable. d’une passivité qui démontre clairement que le
Je veux parler ici de la psychologie, mais ne même corps n’est plus uni par la même intelli -
pouvant énumérer les faits passés et présents qui gence et cela à un tel point qu’il est complètement
son: de son domaine, il serait bon cependant de impossible de ne pas reconnaître de véritables
s’arrêter un instant en face de certains d’entre-eux possessions ; dans ce cas la possession peut durer
qui semblent se poser comme point d’interroga­ plus ou moins longtemps, suivant et la nature de
tion, d’en faire l’analyse aussi succincte que pos­ l’esprit et la nature du médium, quelquefois plus
sible et de juger ensuite si, par ces phénomènes, le longtemps que le médium ne l'aurait voulu, mais
libre arbitre de l’homme est entravé. là encore il y avait bon vouloir du sujet, ce n’est
Etudions un peu ces singuliers cas d’automa­ qu’avec connaissance de cause qu’il se prêtait pour
tisme ambulatoire èt voyons ce que dévient le moi la manifestation du phénomène, exactement
LE SPIRITISME 79

comtre si un homme prêtait son habit à un au're que je n'oserais en parler si je ne me sentais fort
pour un temps limité et que, malgré la promesse de la vérité.
faite, l’habit ne lui soit pas rendu à heure fite, dans Il y a deux ans, j’nabitais la République Argen­
l’un comme dans l'autre cas, les choses se sont pas­ tine, où j’eus l’occasion de lire les œuvres d’Allan
sées volontairement, avec cette différence que tous Kardec, dans lesquelles j’admirais une profonde
deux comptaient sans l’irnprévu. philosophie ; mais j’éprouvais du dépit en voyant
Jusqu’ici les choses semblent se passer tout natu­ que cette philosophie s’appuyait sur des démons-
rellement et dans les meilleures conditions po:- { trations invraisemblables ; je le fis observer à la
sibles, mais il n’en est plus de même quand ces ( personne qui m’avait procuré ces livres; elle voulut
po'sessions ont lieu brusquement, soit 'ous le coup '■ se servir de la table pour me convaincre, ma:s elle
d’une frayeur, soit par la vue d’un objet brillant, ne put réussir.
miroir aux alouettes ou toute autre cause involon­ , Néanmoins je dus bientôt me ren re à l’évidence;
taire ; ici le libre arbitre paraît ne plus exister. peu de jours après j’entendais un bruit insolite,
N’y aurait-il pas là un moyen de retenir, ou comme une voix gutturale et rauque, se produisant
plutôt de ramener l’esprit au corps pour continuer par intervalles de dix minutes en dix minutes en­
sa mission ou son épreuve, car il pourrait se faire viron ; j’y fis peu d’attention, pensant que c’était
qu’une commotion que'conque le détachât assez 1 quelque animal gêné de la gorge. Pourtant, quand
de la matière pour qu’il n’ait plus la force d’y j j’étais dans ma maison, il me semblait que c’était
revenir, le fiit s’est déjà vu et la médecine ne peut ! tout près; je sortis pour examiner, il me semblait
définir ce genre de mort, ne trouvant aucune lésion ! alors qu'il se produisait à plus d’un kilomètre de
organique, ainsi une trop gnnde joie, comme une distance. J’examinais t'tes animaux, les uns après
trop grande douleur morale, peuvent tuer sans ' les autres, sans résultat; enfin, las de chercher, il
!j me vint• à In pensée que peut-être c’était une ma- ’
laisser de traces; dans ce cas certains esprits ne
pourraient-ils continuer d’entretenir la vie en se I nife.tation. Je demandai avec instance que, si ma-
servant du corps avant que le lien fluidique ne I nifestation il y avait , elle fût plus concluante
soit complètement coupé, jusqu’au moment où ou plus palpable, afin de ne me laisser aucun
celui auquel il appartient vient reprendre sa p'ace I doute. Ce fut en vain.
par l’appel sympathique du milieu où il doit conti. Me rappelant qu’il est établi dans le livre des Es­
nuer sa vie corporelle ; d’un autre côté, si nous prits que les Esprits n’ont pas la faculté de se ma­
admettons ta pluralité des existences, ne pourraii-il nifester selon leur volonté ou celle des médiums ;
se faire que, librement, l’esprit acceptât en se réin­ ' je demandai que le bruit cessât, me promettant
carnant, la mission de servir de sujet dans nn b en de rester convaincu. A cette demande le bruit
milieu quelconque pour pousser à la recherche de ! cessa. J’en fus tout ébahi.
la vérité et forcer les idées à s’agrandir sans se Le lendemain, réfléchissant sur cet évènement,
soucier des dangers apportés par son existence ma­ 1 je me disais tout bas que, par coïncidence, le bruit
térielle, tout en les prévoyant, de même que le avait bien pu cesser au moment que j’en avais fait
marin qui s’engage peut prévoir les dangers de la l’évocation; mas au moment où le doute s’e n pa­
mer, sans savoir s’il succombera sous la fureur des rait de moi-même, le bruit recommençait tout
flots. 1 comme auparavant.
I! est bien évident, d’après ce qui précède, et si les I Un jour ou deux après, je recommençais la
choses se passent ainsi, que l’être, dans quelle que même évocation (promettant de croire), j’obtins les
soit la circons ance, doit toujours agir en v;rtu mêmas résultats.
d’une détermination prise librement après avoir Quelques jours après, il me prit fantaisie d’en­
modifié ses idées au contact de ceux qui l’entourent; tendre de nouveau ; j’étais au lit, dans un moment
donc son libre arbitre ne saurait être atteint dans d insomnie. J’en fis donc mentalement la demande,
son évolution progressive quoique retenu plus ou et quasi aussitôt j'entendis ce même bruit au pied
moins longtemps par les langes de la matière où tl de mon lit, mais d’une manière si colère que j'en
doit puiser de nouvelles forces pour monter tou­ tremblais d'effroi; mais ce bruit ne se produisitque
jours plus haut- deux ou trois fois suc. essivemem.
A. B o u v ier . Depuis ce temps (avant de quitter l’Amcrique)
.’ai entendu ce bruit sans m’émouvoir. Depuis que
Montreval (Isère), 20 février 1890.
je suis en France, il mJa encore semblé l’entendre,
Monsieur, mais d’une-manière si fugitive qu’il me serai* im­
J’ai à vous faire le récit d'un fait si surprenant possible de l’affirmer.
8) LE SPIRITISME ’

J'aurais encore quelques particularités à retracer moins convaincu que toutes les religions, ou du
ici : moins la plupart des cérémonies religieuses, n’é ­
Un jour, ayant été à la forêt avec un charretier, taient qu’ une comédie inventée par les hommes et
et au moment où nous étions occupés à charger le dont le principal but était de faire vivre les dupeurs
char, il survint entre le charretier et moi une assez aux dépens des dupes. »
vive discussion, et, au moment où nous étions le Enfin, après beaucoup de si et de mais, il me
plus animés, j ’entendis ce bruit se reproduire tout d it: « Êtes-vous catholique?— Oui. — Eh bien, la j;
près de nous, et simultanément à plusieurs endroits religion catholique est une société ; si vous voulez jj
à la lois, d’une telle manière que je crus que les être admis, soumettez-vous aux règlements et ne ;
trois bûcherons qui nous aidaient se moquaient de lisez pas de mauvais livres. !
nous, mais ayant levé las yeux sur eux, je m'aper­ Je lui répondis à peu prés dans ces termes : !
çus que ce bruit avait été fait par un ou plusieurs «Je ne puis admettre qu’ un homme qui a reçu la !■
êtres invisibles. raison pour se conduire, se soumette aveuglément, i
Quant aux quatre hommes présents, je crois en tout et partout, à un autre homme qui souvent '
qu'aucun d’eux ne s’en aperçut. lui est inférieur en intelligence. (Je ne parle pas (j
J'avais, à mon retour d’Amérique, l’intention de ici de moi-même, mais bien de la généralité des J
passer à Paris, espérant y consulter un médium hommes). j
capable de me renseigner; mais ayant éprouve « Quant aux mauvais livres, je les trouve très ra­
quelques difficultés, je résolusde me rendre à Lyon^ res, et dans la lecture spirite je trouve, il est vrai, n
dans une réunion spirite, où une personne d’une un peu de tout, mais je trouve des principes fort t{
vingtaine a années, du sexe féminin, fut magnéti­ sages et des pensées très profondes sur lesquelles je i
sée et endormie par un homme à peu près du même suis heureux de méditer. 11 est donc impossible, |j
âge; cette somnambule manifesta une colère assez Monsieur le curé,d’accéder àvos désirs ». •'
violente, et le médium lui ayant fait quelques ob­ Et voilà pourquoi, Monsieur le Directeur, je vous •
servations, elle répondit par des mots sans suite, envoie mojrabonnement pour l’année 1890, ainsi j;
tels que : je l'écraserai ! 1 !... je le briserai 1 ! !... Le que les six-mois qui sontécoulés. j
médium lui ayant demandé pourquoi, R . Je me II me reste à y joindre mes très humbles respects
vengerai ! ! 1... avec lesquels je suis votre dévoué serviteur.
J'étais naturellement un peu surpris, mais assez P . PONCET. îj
calme, espérant, après avoir obtenu une manifesta­
tion, obtenir aussi d’être délivré d’un Esprit qui
paraissait si acharné contre moi. J’ai, depais ce
N É C R O -O G IE
temps-!à, prié Dieu de me délivrer de mes ennemis ün nous apprend à l’instant la mort de M. A l#
visibles et invisibles. fred Véron, âgé de so xante-quatorze ans. C ’était
le croyais, au moment du fait, et j’en ai gardé non seulement un spirite de cœur et d'une grande
un soupçon, que cette jeune personne avait été en­ intelligence, mais encore un zélé propagateur des
doctrines d’AUan Kardec, dont il eut lY.onneur
dormie à mon occasion, quoique le magnétiseur d’être un des amis.
m’ait dit : Nous avons consulté pour un enfant ma­ Qu’il trouve dans l’Au-de là la récompense du
lade... et il paraît que ce soir nous n’avons que de bien qu’il a su faire ici-bas, malgré l'infirmité qui
mauvais esprits, ou quelque chose de semblable. paralysait son corps, et qu’il daigne venir nous
inspirer dans nos travaux, dont il comprenait si
Ma visite à la réunion spirite ne m’ayant pas sa­ bien le côté moral et civilisateur.
tisfait, j’en causai au curé de mon village, qui ne
fit aucune difficulté pour le croire ; mais, lui ayant
ERRATA
demandé ce qu’il en pensait et ce qui pouvait avoir
produit ce bruit, il hésita un moment et finit par Au lieu de discours au congrès spirite mettre
rapport.
me dire; Mais est-ce que les spirites ne disent Page 59,ligne 41», au lieu de « groupe les seraing
pas que les Esprits peuvent se roaniester? Je ré­ mystérieuses », lire : « groupe des sciences mys­
pondis : Si. térieuses ».
Il me donna alors à entendre que ce ne pouvait Page 60, 6" ligne; «sous le contrôle du commis­
saire », lire ; « sous le contrôle de la commis­
être que de mauvais Esprits; ce à quoi je lui fis ab- sion.
server que je ne pouvais comprendre l’avantage 19* ligne : « ces hommes », lire : « Ces sommes. »
que les mauvais Esprits avaient à se manifester à.
un homme tel que moi qui, tout en étant d’avis de Le Gérant : Gabriel Delanne.
l’existence d’un È re suprême, n’en restau pas Imp. Alcan-Lévy 24, rue Chauchat. Paris
83 A N N ÉE. — N° 6 . 40 ce n tim e « le N u m éro. J uin 1890
at

LË SPIRITISME O R G A N E DE L’UNION SP IR ITE FRANÇAISE


Naître, mourir, renaître et progresser sans eétn
telle est la loi. A llan K a r d ic .

ABONNEMENTS RÉDACTION & ADMINISTRATION


L E JO U R N A L P A R A I T
Paris et Départements 5 fr. par an. 8 4 , rue L abruyère, Parie
UNE FO IS P A R MOIS
É tr a n g e r ................... 6 — R é d a c te u r en c h e l : G a d r ie l D elanne

AVIS IM P O R T A N T Les Esprits avant le Spiritism e F. M ey n et .


B ib lio gra p h ie................................ J. M é r a c .
— ..............................L e B ibliographe
N ous avon s l’h on n eu r d’in- Nécrologie.
form er n os lecteu rs et nos
corresp on d an ts q ue le bureau
de réd action du journal « le
S p iritism e » est transféré, à LE CONGRÈS
par:ir du 1 er février, 24, rue
L abruyère. P rière d’en voyer Nous avons le plaisir d’annoncer à nos lecteurs
à cette a d resse le s lettres et que le compte rendu du Congrès spirite et spiri-
d ocu m en ts co n cern a n t la R é ­ tualiite international de 1889 vient de paraître.
d action et l’A dm inistration de C’est un beau et lort volume de quatre cent cin­
n otre org a n e. quante-quatre pages, qui contient un historique
N ous p rion s en m êm e tem ps des travaux préliminaires du Congrès ; il relate les
n os am is de b ien vo u lo ir nous discours prononcés dans les séances publiques, il
ad resser , par m a n d a t-p o ste, retr’ee les travaux faits dans les sections, et il
expose les mémoire! envoyés par les spirites du
24, ru e L abruyère, le m ontant monde entier au sujet de ces grandes assises de
d e leu r ab on n em en t pour l’an ­ notre doctrine. — La lecture de ce volume est des
n ée 1890. plus attrayantes ; on constate l’admirable élan de
fraternité qui a réuni, l'année passée,40,000 adhé­
SOMMAIRE rents à nos idées, et, plus que toutes les affirmations
Le Congrès .................................... ce volume montre tangiblement l’extension for­
Examen critique des com m uni­ midable de nos idées à travers le monde entier.
cations de l ’Esprit Jean (Suite) N è g r e .
Juste r é p a r a tio n ........................ E. de R e y l e . C’est non seulement uncompte rendu repro lui­
Un comité d’é t u d e s .................... B o u v éry . sant fidèlement la physionomie du Congrès, c’est
P aulsen . aussi un livre dans lequel tous puiseront des en-
Réflexions d’un Esprit après la seignemems. — La commission de propagande
lecture du L ivre de Flamma­ doit les plus grands remerciements aux collabora
rion « Dieu dans la N ature > . A ubénas .
Projet d’un centre de re traite , teurs dévoués qui ont mené à biencegrand travail,
pension internationale pour car c’est une véritable œuvre à laquelle leur nom
les S p irite s ................................ A . B ourdin restera attaché.
De ci, de l à ...................................... R ené L abrize
Les L ib e llu le s ................................ P. N è g r e . Nous signalons aux lecteurs deux planches de
Echos d’outre-tom be.................... E d . B ourdain gravures reproduisant des photographies d’esprits,
82 LE SPIRITISME

qui sont uniques en leur genre, ce sont des docu­ meraient le périsprif, je demanderai ce qu’ils de-
ments que chacun voudra conserver. v’ennent, ces atomes qui fuient le corps, puisqu’il
Afin de bien montrer son désintéressement, la est certain que celui-ci se renouvelle totalement
commission a décidé que ce magnifique volume plusieurs fois dans la vie. SonU-ce les atomes rem­
serait donné à toute personne ayant souscrit au plaçants ou les atomes remplacés qui atteignent la
Congrès, et contre la modique somme de un franc quintescence? Enfin, à l’heure de la décomposi­
qu’il faudra adresser à M. L ey m a rie , administra­ tion finale, qu’est-ce qui distinguera les atomes
teur delà Revue Spirite, i, rue de Chabanais. retardataires ou de progrès, quand ils ne seront
LE COMITÉ plus soumis qu’à l’act'on des affinités chimiques,
qu’il ne reste plus de notre corps qu’un certain
nombre de combinaisons binaires, tertiaires, etc.,
EXAMEN CRITIOUE soustraites aux lois de la vie?
DES COMMUNICATIONS DE L’ESPRIT JEAN Les spirites admettent généralemen la pluralité
des existences ou la réincarnation. & S’incarner,
[Suite). écrit Jean, c’est enfermer dans l’écrin charnel le
joyau précieux de l’individualité afin d’assurer sa
IV conservation ». Mais cette individualité avait déjà
Nous sommes loin d’en avoir fini avec la fa- J’écrin périsprital, plus précieux encore. Faut-il
meus» 'héorie des trois principes. Suivons l’auteur donc que sa conservation dépende de la prise de
dans exposé des modifications dont il les déclare possession d’ un deuxième corps? Dans ce cas, l’in­
susceptibles. dividualité de l’esprit est bien précaire. On s’ima­
Les transformations multiples de l’être, dit Jean, ginait volontiers que les esprits pouvaient, sans
peuvent être divisées en trois classes qui sont : la déchoir, la conserver dans l’espace, et que cet
Vie, le Somtneil et la Mort, chacune ayant un but habitat leur était même naturel. C’est là, du reste,
particulier. La Vie a pour but le progrès de la ce qu’ils nous avaient appris. Cependant Jean nous
matière ; le Sommeil, le progrès du fluide univer­ fait l’effet de la posséder tout entière. Il se calom­
sel ; la Mort, le progrès de l’esprit. nie certainement lui-même, car il argumente d’une
Je crois comprendre en quoi consiste le progrès manière très personnelle, à ce point personnelle
de l’esprit, quoique je ne juge pas que la mort soit qu’on pourrait croire que l’auteur ces communica­
indispensable à ce progrès ; mais j’ignore en quoi tions est encore de ce monde. Son langage rélute
consiste le progrès de la matière, même après mieux que le nôtre sa fausse théorie de la person­
cette explication obscure de Jean ; « Faire pro­ nalité.
gresser la matière, c’est-à-dire donner au principe Au point de vue psychologique, le seul que je
de forme (corps) une harmonie suffisante pour veuille examiner dans ce moment, il résulte de la
permettre au principe de force ’âme) d’exercer son définition des trois principes de Jean que l'âme est
activité à venir d’après les lois naturelles. » Cette immatérielle, le fluide universel immatériel et le
harmonie suffisante comporte-t-elle la fluidité de périsprit matériel ; deux principes immatériels
la matière? Je ne sais. Dans tous les cas, le mot pour un matériel. Je ne parle pas du corps, puis­
progrès est absolument impropre, car il répugne qu’il est de même nature que le troisième prin­
d'admettre, par exemple, que l’eau soit en progrès cipe.
sur la glace et la vapeur sur l’eau. Si la fluidité L’âme, quoique immatérielle, n’a aucune faculté
constitue le progrès, et si la théorie astronomique de propre; ce que l’on appelle de ce nom n’est que le
Laplace est vraie, je me permets de faire remar­ résultat de la combinaison des trois principes.
quer à mon honorable contradicteur invisible que Le fluide universel est le fluide uriversel ou bien
la matière, au lieu de progresser depuis l’origine le troisième principe. Son.rôle, s’il est permis a’ac-
des choses, où tout était à l ’état fluide, va au con­ corder un rôle à quelque chose d’indéfini, est de
traire en rétrogradant, car les mondes de notre maintenir l’union entre les deux Irères ennemis,
système se sont solidifiés et se refroidissent de l'âme et le corps.
plus en plus chaque jour. D’aulre part, je ne me La matière, elle, est assez connue. Le périsprit
serais jamais douté que, quand je dors, je favorise n’etant que matière, on peut connaître ses pro­
le progrès du. fluide universel, troisième principe priétés sans révélation spirite, puisqu’il est objet
de Jean. de science expérimentale."
A propos de la cohésion d’atomes matériels Mais, pour sortir du matérialisme, il suffit d’un
quintescenciés dans l’existence charnelle qui for­ principe spirituel. Pour y rentrer, il suffit de faire

LE SPIRITISME S3

de ce principe un être purement nominal, n’ayant ceux qui ne veulent voir, dans les attributs de
de réalité que par sa combinaison avec d’autres l’âme, que des fonctions de l’organisme. J’occupe,
principes. Je n’aime pas ce mot de combinaison, certes, une bien modeste place parmi ces défen­
qui exprime l'union intime des corps ; la combi- seurs, mais ce n’est pas Jean qui me la fera déser­
naison de plusieurs principes n’est compréhensible ter, avec ses propositions identiques, ses tantalo-
qu’à un point de vue logiq je. Elle laisse subsister gies, ses contradictions et ses rêves. Du jour où
tout entière la difficulté d’expliquer les rapports de l’on supprimerait les facultés de l’âme, qui la font
l’âme avec la matière. Ne vaudrait-il pas mieux ce qu'elle est, c'est-à-dire un être spirituel, volon­
confesser tout uniment notre ignorance ? Mais il taire et sensible, au nom d’ une cosmogonie athée,
en coûte tant aux hommes et aux Esprits, paraît-il, c’en serait fait du spiritisme. Nous veillerons, s’il
de l’avouer ! plaît à Dieu, pout le défendre des théories fantai­
Ah! si Jean, au lieu d’opérer la combinaison sistes de certains de ses adeptes, aussi bien que des
abstraite de ses trois principes, afin d’expliquer assertions de ceux qui prétendent que la mort n’a
l ’homme et l’univers, se fût borné à faire voir que pas de lendemain.
dans les conditions subjectives de notre entende­ V
ment, aussi bien que de notre sensibilité, nous ne
pouvions concevoir l’âme pure dégagée de tout Puisque, dans la doctrine de Jean le but de lavie
lien avec la matière, nous aurions été le premier à est le progrès de la matière, il est aisé de prévoir le
souscrire à une argumentation qui aurrit pu être rôle effacé que jouera l’esprit ; c’est ce qui résulie
très solide contre le mécanisme cartésien, aujour­ explicitement de la déclaration suivante : « L’étude
d’hui d’ailleurs abandonné. Mais non, il lui fallait de la vie ne peut dont être qu’une étude purement
trois principes, coûte que coûte. La matière, il physiologique, la matière y jouant le rôle prin­
n'avait qu’à mettre la main dessus et palper son cipal, et l’esprit et le fluide universel n’y figurant
périsprit, comme nous palpons notre corps; l’âme, pour ainsi dire qu’à titre de comparses, indispen­
il pouvait la trouver dans la conscience, qui est sa sables, il est vrai, mais uniquement voués, durant
grande révélatrice ; mais le fluide universel, qui cette phase de l’existence, au progrès particulier
n’est en quelque sorte ni esprit ni matière, est-il du principe matériel ». La vie est donc pour la
bien vrai qu’il l’ait trouvé? Ne serait-il pas plus matière ; que le progrès de l’esprit attende! 11
exact de dire qu’il l’a imiginé comme Barthez a progressera seulement par la mort.
imaginé.son Principe vital, Cudworth sa Nature Envisageant spécialement les difformités du
plastique, Van Helmont son Archée ? corps humain, — 11 n’y a pas que celles-là —
Nous craignons que tout cela ne soit qu’une Jean en impute la responsabilité à l’esprit quand
seule et même chose, une nécessité logique, une elles sont conséquentes de sa conduite avant et
hypothèse facilitant l’explication de certains phé­ après la naissance. Rien déplus juste. Quand elles
nomènes biologiques, dont la cause est inconnue. proviennent de causes extérieures, étrangères à
Qu’est-ce qui prouve-que l’âme, qui est une force, son libre arbitre, elles ne lui seraie.it pas impu­
n’a pas la puissance naturelle d’attirer autour tables. Cependant il en pâlit ; là est la difficulté.
d’elle les atomes matériels, qui formeraient comme Jean la résout par la promesse d’un état futur
une atmosphère, un corps spirituel, selon la juste plus conforme aux lois harmoniques de la nature.
et belle expression paulinienne, dont la subtilité Ce n’est pss une solution. Dans tous les cas, il
serait dans un rapport constant avec la supériorité paraît plus juste de considérer l’état présent, quel
morale de l’Esprit. Ce mot d’atmosphère, que qu’il soi:, de l’ homme comme étant la conséquence
j’emploie d’ailleurs sans y attacher un sens rigou­ de ce qn’jl a fait et le prix de ce qu’tl a mérité sans
reusement scientifique, ne saurait choquer ceux en excepter le cas où sa responsabilité n’est pas, à
qui savent les modifications de forme que la vo­ nos yeux, évidente. Il n'y a pas injustice à être
lonté de l’Esprit fait subir à la matière fluidique puni par tel ou tel moyen, même pour des fautes
dans le phénomène des apparitions. dont nous aurions perdu le souvenir; il n’y en
Pour cioire que l ’âme 11’est pas dénuée d'un tel aurait qu’à être puni sans l’avoir mérité. Ce rai­
pouvoir, il faut lui reconnaître des facultés que sonnement ne peut gêner que ceux qui nient les
Jean ne lui reconnaît pas en propre. Toute psy­ causes providentielles, et l’esprit Jean les nie. Il
chologie se brise dans ses mains, si je puis ainsi parle bien quelque part dans ses communi­
parler, et disparaît dans ses communications. Heu­ cations de l’ingérence de causes étrangères à l’indi­
reusement qu’elle trouvera toujours de zélés défen­ vidu lui-même, qui témoigneraient d’une raison
seurs pour la venger des entreprises téméraires de consciente, mais c’est incidemment, et il se garde
84 LE SPIRITISME

bien de nous dire si ces causes ont leur principe en l’accord harmonique désiré existait ici-bas, nous
Dieu, auteur de la création, ou si elles ne sont que perdrions le bénéfice de ces deux preuves. Je suis
les lois de l’ univers physique auquel il recon­ loin de dire par là que le désaccord n’ait pour
naîtrait une certaine conscience. but que de les établir; il tient nécessairement à des
L’esprit Jean repousse la théorie de l’expiation racines qui plongent dans le passé. L’homme ver­
consistantdans la considération des souffrances pré­ tueux peut ne pas être exempt d’infirmités ou de
sentas comme une punition des actes répréhen­ difformités corporelles, les seules qui semblent
sibles du passé, pour les trois motifs suivants : intéresser Jean, cela ne prouve pas que, ce qu’il
1° Parce qu’elle conduit à considérer la solida­ souffre, il n’a pas mérité de le souffrir. On peut
rité comme une offense et un obstacle à la justice aussi se tromper sur sa vertu.
naturelle ; 3° motif. — De ce que les difformités dont parle
2° Parce qu’elle est contredite par des faits qui Jean sont produites par l’ingérence de causes
montrent l’élévation morale alliée aux discordances étrangères à celui qui les supporte, il ne s’en suit
organiques, à côté de l’harmonie organique alliée à nullement qu’il faille nier le libre arbitre pour
l’infériorité morale ; croire à la fatalité.
3° Parce que les difformités physiques prove­ Ce qui est fatal, c’est-à-dire nécessaire, c’est l’ac­
nant de causes étrangères à l’individu devraient tion d’une justice supérieure qui s’exerce par des
être considérées comme fatales et impliquant la voies dont nous pouvons ignorer le secret. Il
négation du libre arbitre. importe peu que nos infirmités soient produites
Examinons rapidement ces motifs. par des causes étrangères à nous-mêmes ; ces
i " motif. — Que signifient ces mots : justice causes ne sont qu’occasionnelles; la vraie cause,
naturelle dans la communication de Jean ? Est-ce c’est nous qui ne recevons que ce que nous avons
à dire qu'il ne reconnaît pas de justice divine ? S'il mérité. Voilà l’iaée mère de la justice.
en était ainsi, nous nous bornerions à dire que la Les objections de Jean n’attaquent donc pas la
justice naturelle — la nôtre — s’accommode très bien doctrine rationnelle de l'expiation sans laquelle il
de la solidarité, de la charité. La solidarité est si n’y aurait ni bien ni mal ; elle ne gêne, nous le
loin de lui faire obstacle que c’est toujours pour répétons, que ceux qui repoussent l’ingérence
avoir violé les droits d’autrui que l’homme est divine dans le gouvernement du monde. On oourra
puni par la justice des hommes. La charité, cette se méprendre sur les idées de Jean au sujet de cette
noble vertu toute chrétienne, peut adoucir le sort ingérence ; l’auteur de cette critique ne s'y trom
du condamné; mais qui oserait soutenir que la fera pas.
peine encourue ne fut jamais trop sévère ? L’in­ J e ne dirai qu’un mot de la théorie du choix do s
faillibilité de la justice humaine n’est pas un épreuves que Jean n’accepte pas plus que celle de
dogme, que je sache, et l’histoire des jugements l’expiation. En niant l’expiation, on niait le mérite
iniques est trop connue pour direque la pitié pour et le démérite; en niant le choix des épreuves, on
le condamné est une offense envers le juge. nie que l’esprit puisse se déterminer par son libre
Admettons qu’il s’agisse de la justice divine, arbitre. Reste à savoir, il est vrai, si le choix des
aveu qui eût trop coûté à l’esprit Jean. Là, nul ne épreuves peut légitimement lui être accordé. Pour
peut dire que l’amendement apporté au sort du qu’il lui fût refusé, il faudrait qu’ il fût contraire
coupable n'entre pas dans les arrêts mêmes du à la justice dont la notion pure est gravée dans
juge suprême. Par conséquent, l’exercice de la notre âme. Cette contradiction n’existe pas .Enten­
charité, qui est une des formes de la solidarité, ne dons-nous bien. On a tort de dire que l’esprit à
prouve pas contre la doctrine de l’expiation. le choix des épreuves ; il serait plus exact de dire
2 * motif. — La théorie de l’expiation n’exige qu’il a le choix entre plusieurs épreuves, c’est-à-
pas qu’il y ait sur la terre équation entre la vertu dire entre plusieurs moyens de réparer le mal qu’il
et le bonheur, le vice et le malheur. Si cet accord a fait. La différence entre les deux sens est pro­
n’existe pas dans cette vie, il existera forcément dans fonde. Dans le premier sens, la liberté de choix
une autre, parce qu’il fautquece qui est juste et néces­ serait absolue, ce qui ne peut pas être, car, alors,
saire arrive. Or, il n’y a qu’un être tout-puissant l’esprit en portant sa propre sentence, s’applique­
qui ait le pouvoir de changer la condition actuelle rait à lui-même l’imputabilité d’actes répréhen­
des êtres qui sont sous sa dépendance. De là une sibles dans une mesure qui serait rarement juste.
double preuve de ia vie future et de l’existence de Dans le second, le choix entre plusieurs moyens
Dieu, non d’un Dieu issu de la métaphysique, mais lui serait accordé, et il est à présumer qu’il ne
tiré de l’élément moral de la nature humaine. Si serait pas sans rapport avec la nature des fautes
LE SPIRITISME 85

commises. Si ce sens est lo vrai, ce que nous identique à celui de la mort violente par accident,
croyons, la justice divine s’exercerait sans porter sans qu'il soit besoin d’évoquer Vidée miraculeuse
aucune atteinte à la liberté de l’esprit, ainsi qu’elle d'une Providence justicière.
s’ exerce, au cours de cette vie, sans porter atteinte P. N è g r e .
à la liberté de l’homme. (A suivre).
Ce que Jean dit des épreuves volontaires l’amène
à parler de Jésus qui entrevit Di u « à travers le
prisme idéal d’ une imagination plus enfantine que JUSTE RÉPARATION
profonde. » Il pense qu’il y a un abîme enire le
Jésus miraculeux des Evangiles et la Jésus simple Dans une de ses dernières chroniques, notre
et doux de la réalité qu’il place à côté et même collaborateur René Labrize parlait de la tournée
au dessous d’autres martyrs de la libre pensée au entreprise par l’évêque Pagis pour édifier une
sujet desquels il écrit : a Nous sommes convaincu église à celle que l’on a nommée la Bonne Lor­
que c’est les grandir encore que de laisser à leurs raine. Aujourd’hui, c'est un comité républicain,
actes le mérite d'une libre et consciente sponta­ formé sous la présidence de M. Méline, qui se
néité >. Qu’est-ce à dire? E stce que les actes des propose d’élever à Domrémy un monument expia­
grands réformateurs ou bienfaiteurs de l’humanité toire à la victime de la Cour de Rouen et qui
dont l’histoire conserve orgueilleusement les noms adresse à la France l’appel suivant :
n’auraient pas été libres et conscients? Quel im­ « Le conseil général des Vosges vient de s’ins­
prudent langage! crire en tête d’ une souscription destinée à élever
En jetant un douloureux regard sur les misères un monument national à Jeanne d’Arc, divant la
humaines, Jean se dit que l’existence terrestre serait maison même ou est née l’héroïne vosgienne.
réellemsnt continuatrice de i’existence périspritale « Les statues ne lui manquent pas; elles sur­
si les lois sociales étaient calquées sur les lois gissent partout comme le cri instinctif du patrio­
n.turelles. Nous pourrions lui répondre ironique­ tisme français. Ce magnifique mouvement n’ira
ment par son aphorisme : « La vie a pour but le jamais trop loin et on ne saurait trop l’encoura­
progrès de la matière » et non celui de l’esprit; ger ; car il est pour la France une incomparable
« les facultés de l’être s’annihilent progressivement école de grandeur morale.
en raison delà compression du périsprit ». Comme c Dans cet élan général, le département des
cette compression atteint son maximum d'effet Vosges devait être au premier rang. N’est-ce pas
quand le corps charnel l’opère, l’absence des facul­ de lui qu’est partie l’étincelle sacrée qui a sauvé
tés de l’être uniquement due à cette compression la patrie française? N’est-ce pas lui encore qui en
est, dirions-nous, la seulecause du trouble social. est devenu, par le malheur des temps, le rempart
Cette façon originale d’expliquer son existence et la sentinelle avancée ? Aussi le culfe de Jeanne
n’apporte pas une consolation plus douce à notre d’Arc y est-il plus profond, plus vivace que par­
état ; aussi n'ai-je qu’une fraternelle pitié pour les tout ailleurs.
souffrances morales d’un esprit tel que Jean, que « C’est le département qui possède et entretient
la vie charnelle peut enchaîner d’un moment à pieusement la maison où est née, où a grandi, où
l’autre et qui a la convjction que la compression s’est inspirée cette sublime croyante qui, dans la
du corps qu’il est susceptible de revêtir va annihi­ simplicité de son coeur, découvrit la première et
ler les facultés de son âme. Heureusement, — je proclama l’ unité indivisible de la France.
dis heureusement pour la thèse opposée à c:11e de * A tous ces titres, c’est au département des
Jean — qu’il n’est pas le seul à connaître les tor­ Vosges, plus qu’à tout autre, qu’il appartient
tures de l’être gêné dans ses nobles aspirations, car d’adresser un pressant appel non seulement aux
l’être terrestre les éprouve comme l’esprit, peut- Vosgiens, mais encore à tous les enfants de cette
être plus que l’esprit. France que Jeanne d’Arc a contribué à fonder plus
Dans le phénomène de la mort volontaire ou du que personne, afin d’élever avec leur concours, au
suicide, j’ai eu la naïveté de croire que Jean allait seuil de cette modeste chaumière où elle a passé
traiter le côté moral de la question. Je me suis les seules années heureuses de sa vie, un monu­
ab.;se Nous apprenons seulement que la mort ment digne d’elle, digne du grand pays dont elle
volontaire place le fluide « dans une situation est la gloire la plus pure.
relative d’infériorité ». Il y a trouble, et ce trouble « C’est au milieu de cette belle nature qu’elle a
û’est en réalité que la conséquence d’une situation si souvent contemplée, près de ce bois sacré ou
organiqae imparfaitement équilibrée. C ’est un cas elle se livrait à l’extate de son patriotisme, qu’elle
86 LE S P I R I T I S M E

mérite de revivre pour la postérité. C’est là qu’est fatale entraîne à cette croisade en faveur du sou­
la véritable place d’un monument national tel venir de Jeanne, ma foi en la pluralité des exis­
qu’elle l’aurait rêvé. tences de l’âme m’amène à croire que vous êtes
«Pour un monument d’ un tel caractère,tous les sous une nouvelle forme cet évêque Cauchon qui
bons França:s peuvent se réunir sans distinction présida le tribunal infâme et que vous avez ac -
d’opinion ni de doctrine. La Jeanne d’Arc qu’il cepté la lâche honorable de réhabiliter votre vic­
s’agit d’y placer échappe aux controverses de l’his­ time. Buvez donc le calice jusqu à la lie ! Adhérez,
toire et aux polémiques des partis. C ’est l’humble au nom de votre Eglise, au projet national d’un
et modeste paysanne des Vosges qu’il s’agit d’y souveiiir à la Vierge de Domrémy dont la venue
représenter, comme l’image la plus parlait» de ce avait été prédite par Merlin l’enchanteur ; cessez
peuple généreux qui recèle dans ses couches pro­ de vouloir faire passer pour l’une des vôtres la
fondes ces trésors d’énergie et de vaillance qui font victime de votre abominable intolérance ; ne cher­
les patriotes et les héros. chez pas à faire entrer notre sainte populaire dans
« Quand un régiment français traverse les le paradis des Ignace de Loyola et des saint Domi-
Vosges et passe devant la maison de la Pucelle, les niiue; ne placez pas Jeanne !a Lorraine à côté de
tambours battent aux champs et les troupes pré­ Marie Alacoque ! Avouez et humiliez-vous !
sentent les armes, l’émotion est générale dans les Évêque, j’ai peut-être soulevé le voile qui couvre
rangs, soldats et officiers sentent battre leur cœur vos pensées les plus secrètes plus que vous ne l’au­
d’une invincible espérance. riez fait vous-même, et peut-être pensez-vous tout
a Ils battront plus haut et plus fort quand la bas ce que je viens de dire tout haut 1 ..
France sera là. représentée par un monument, vé­ Si cependant l’Eglise s’obstine dans cette répa­
ritable incarnation de la patrie elle-même. » ration incomplète qui n’est qu’un outrage de plus,
Eh bienl oui, en élevant une simple et modeste je lui adresse une dernière prière. Sur le socle du
statue, grande cependant par son symbole, le monument triomphal qui doit être « le pur et ra­
peuple affirmera une fois de plus qu’il n’a jamais dieux symbole de l’ idée catholique », je demande,
oublié celle que lis prêtres ont condamnée à mort au nom de la libre p.nsée universelle, l’ inscription
et qu’un roi lâche et avili n’a pas cherché à dé­ des dernières paroles que Jeanne, condamnée au
fendre; il affirmera avec une énergie nouvelle bûcher, jeta au visage de son bourreau :
non seulement son amour pour cette patrie que « Evêque, c’est par vous que je meurs ! »
Jeanne a créée, mais encore sa foi aux voix célestes E. de R eyle .
qui l’ont guidée dans sa mission.
Peu nous importe le nom qu’on donne à ces
messages mystérieux de l’infini I Que ce soient les
fées de l’arbre sacré sous lequel s’asseyait la ber«-
UN COMITÉ D’ÉTUDES
gère de Domrémy, que ce soient les morts aimés
que nous révèle le spiritisme, que ce soit le démon Nous recevons de notre ami M. Bouvery la let­
tré suivante, que nous nous faisons un véritable
familier de Socrate ou les discours intimos de la plaisir d’insérer. Le but poursuivi par notre (rére
conscience, c’est toujours une voix qui n’est pas nous parait être de la plus grande utilité et nous
d’ici, que rien ne fait taire, qui suscite des ven­ convions tous les spirites à lui prêter leur concours.
geurs à l’humanité martyre et que les suppôts des Paris, 115 mai 1890
ténèbres cherchent sans cesse, à bâillonner. Mon cher Directeur,
C ’est en vain que l’Eglise voudrait nous donner Dans mon discours du 3 i mars dernier, publié
le change en faisant une sainte de la dernière drui ­ par Le Spiritisme, dans son numéro de mai, je
desse, c’est en vain qu’elle croit réparer son crime demandais la formation d’un comité d’études. Il
par l’édification d’une basilique, les esprits vrai­ s’agissait dans ma pensée de rechercher, de con­
ment libres ne r'y tromperont pas et feront entrer cert, par quels moyens pratiques on pouriaix
Jeanne d’Arc dans l’auguste pléiade de martys donner au spiritisme l’impulsion féconde et scien­
dont Jésus, Jean Huss, Giordans Bruno, Urbain tifique dont nous attendons de si grands résultats,
Grandier, Etienne Dolet et tant d’autres, tous et qui favoriserait à un si haut point le mouve­
victimes des prêtres, sont les astres les plus bril­ ment considérable qui se produit autour de nos
lants. idées, tant dans le monde de la science que dans
Cependant l’Eglise peut encore quelque chose: celui de la philosophie.
avouer sincèrement sa faute et pactiser avec le Inclus une lettre de M. Paulsen, délégué par nos
monde nouveau. Evêque Pagis, vous qu’ une force irères de Belgique au congrès de Paris. Vous vous
LE SPIRITISME »7

rappelez ses ide'es, si logiques, si nettes, si prati­une fois, je vous approuve entièrement, et si mes
faibles lum ères peuvent vous être utiles, je sous­
ques : elles ont été remarquées de tous.
Nos frères de Belgique pensent comme nous, cris des deux mains.
comme vos nombreux lecteurs, que ce comité Depuis longtemps j’ai vu la nécessité d’avoir à
d’études s’impose. Gomment, sans une concen­ notre disposition de bons médiums et des faits
tration a’efforts et de lumières, ferions-nous du irréfutables. Ces faits ne sont pas plus difficiles à
spiritisme le monument durable et bienfaisant qui obtenir en France ou en Belgique qu’en Angle­
était dans le cœur et la volonté d’Allan Kardec? terre, en Amérique; mais l’esprit pratique nous
Rocommandez donc l’œuvre â vos lecteurs I fait défaut, tandis que les Anglais et les Américains
Puissions-nous la voir bientôt éclore, grandir, sont extrêmement positifs.
s’étendre pour arriver au triomphe de la vérité et Je suis persuadé que le moment est venu d’étu -
dier ce côté du spiritisme plus spécialement que
de la science.
Votre bien dévoué. tout autre, et je suis certain qu’avec un peu d’ef­
E. B ouvery forts et de persévérance, si les hommes sérieux du
spiritisme daignent s’en préoccuper activement
Liège, le 13 mai 1890.
nous arriverons a obtenir des phénomènes absolu­
Mon bien cher Monsieur Bouvery,
ment probants et devant lesquels les athées seront
Je réponds aujourd’hui seulement à votre de
bien forcés de s’incliner.
mande d’il y a huit jours, et je vous prie de bien
Perso nnellement j’ai poussé mes recherches dans
vouloir m’excuser de ce retard ; ay <nt été dérangé
ce sens et je suis arrivé déjà en très peu de temps à
pendant plusieurs jours, il m’a été impossible de
obtenir des choses absolument probantes pour un
m’exécuter plus tôt. homme de bonne foi.
Comme vous le dites fort bien dans votre bel et
Je ne parlerai que de la typtologie; mes études,
bon discouis du 3t mars dernier (relaté par le
dans le sens des manifestations purement physi­
Moniteur spirite du i 5 avril écoulé), le moment
ques, étant incomplètes. Eh bien! à chaque séanre,
est venu d’agir et d’agir énergiquement. Ce qu’il
je constate davantage que c’est bien réellement un
faut maintenant au Spiritisme, ce sont des hommes
être extérieur aux assistants, en pleine conscience
non seulement d'études, mais d’action; ne négli­
de lui-même, qui vient nous dicter les choses les
geant rien pour mener à bonne lin l’œuvre que vous
plus en dehors de nos idées, des mots auxquels
préconisez.
Vous avez à Paris un comité de propagande personne ne pense, qui même partois nous donne
une leçon d’orthographe] Qu’il y ait après cela des
dont nous attendons beaucoup. A ce propos, je
gens qui prétendent expliquer par un inconscient
vous prierai de faire savoir à nos frères parisiens
incompréhensible, ou par les périsprits en voyage,
qu’ils ne s’étonnent pas si des demandes de car­ _____ __ r\/-\ooi V\lA mate ri». cr\nt là« Ht» V
* J ■
P>ÎnAe fantattmse
c’est possible, mais ce sont de veines tentatives
nets à souches ne leur ont pas été adressées; en
d’explication, plus nuageuses, plus étranges mille
voici la raison en deux mots.
fois que la version spirite si simple et si ration­
Il existe chez nous, comme vous le (savez, une
nelle, tentatives qui d’ailleurs ne résistent pas à
Fédération régionale dont la cotisation e t de
l’examen impartial du plus simple des phénomènes,
un lranc ; les personnes qui la composent font
aussi paniede sociétés et groupes divers dont les la table tournante.
Mais il ne suffit pas d’avoir raison pour être cru,
cotisations sont beaucoup plus élevées; or, nous
il faut encore proclamer bien haut la vérité, en lui
comptons beaucoup d’ouvriers dans nos rangs; il
donnant le plus d’autorité possible; voilà pourquoi
serait donc pénible de devoir s'adresser de nouveau
aux mêmes personnes pour le Comité de propa­ votre proposition vient au bon moment, c’est à
gande. En présence de cette situation, la Fédéra­ ceux qui sont sur place que revient le pénible
honneur d’organiser tout cela, nous ne pouvons
tion fait circuler des listes de souscriptions dans
tous les groupes, afin que chacun puisse donner vous aider que de notre encouragement et de notre
selon ses moyens; ces listes se couvrent très ra­ concours intellectuel, qui vous est tout acquis.
Nous travaillons dès à présent au Congrès de
pidement et, en y ajoutant les petites sommes que
voleront certainement les sociétés, nous pourrons Bruxelles de 18q 2 , dont tous doivent se préoccu­
espérer envoyer à Paris une somme de beaucoup per dès à présent.
supérieure k ce qu’aurait produit les carnets à Je vous autorise à faire de la présente tel usage
souches; à chaque milieu sa méthode; vous voyez que vous jugerez utile à la cause du Spiritisme et
reste votre tout dévoué fr. en C,
que nous n’oublions rien.
Mais je reviens à votre groupe d’études; encore { F élix P aulsen ,
\
88 LE SPI RI TI SME

R É F L E X IO N S D'UN E S P R IT traire, del’or^ueil, de l’ ignorance; mais, pour nous,


Après la lecture du livre : « Dieu dans la Nature », la plus détestable philosophie, c’est celle qui pro­
par Camille Flammarion clame l’athéisme ; si les faux cultes ont allumé les
bûchers, l’athéisme éteint le bon sens et tue le cœur
et le sentiment de la justice.
O Dieu ! des hommes à qui tu as donné le bon
Le faux dévot est le plus cinique |des athées. Un
sens, l’intelligence, le jugement, la mémoire, et peuple qui ne croirait à rien, ne pouvant rien créer,
qui par leur avancement spirituel ont pu fouiller
ne pourrait vivre.
la science, soulever un coin du voile de la nature,
Tandis que l’idée d'un Etre créateur, d’un Dieu
assister au développement de la vie que tu jettes
juste et bon, c’e t le pivot du monde, c’est l’éternel
partout à flots, comprendre la structure des corps,
problème qui passionne les intelligences. La
leurs combinaisons, ces hommes n’ont pas su voir
croyance en une autre vie, c’est la source même de
que cet arrangement magnifique était un plan di­
la vie; elle donne à l’âme tout son essor. Sans elle,
vin ! que c’est l’Esprit qui est la source de toute
à quoi servent la vertu,le progrès? à quoi bon souf­
vie intelligente, le moteur des idées de progiès
frir patiemment ? Recourons au suicide, puisque
que les matérialistes s’attribuent à eux*mêmes.
dans quelques lustres le corps sera poussière, de
C ’est pourtant l’Esprit qui rend l’homme roi, c’est
lui personne ne se souviendra, et rien après lui ne
l’Esprit qui prouve l'Immortalité, et non la ma­
restera.
tière. De quel droit cherchent-ils, ces négateurs, à
intervertir les rôles? Lorsque j’écris, est-ce ma Eh bien non, notre corps est l’instrument et
main qui commande à mon esprit, ou mon esprit notre esprit est la flamme, le souffle qui l’anime et
qui commande à ma main. Et si mon esprit se re ■ le fait vibrer. Notre corps est une machine péris-
tirait de moi, ma main pourrait-elle écrire I C’est sab’e, notre âme appartient à l’Immortalité. Elle
donc bien l’esprit qui ordonne, qui est souverain, jouitdulibre arbitre, elle a une conscience pour le
la main n’est que son humble servante. contrôler et des myriades de monde de globes, de
Si l’homme était un composé de malière seule­ soleils comme demeure. Partout c’est la vie pour
ment, pourquoi son intelligence, formée de mollé- elle, partout l’Etre puissant créateur lui commu­
cules,serait-elle montée si haut chez quelques hu nique la vie et la force.
mains et tombée si bas chez d’autres. Tous ces prodiges subissent des îo s mathémati­
Pourquoi cette différent intellectuelle entre les ques et immuables, c’est dans les régions ethérées
temps de la barbarie et ceux de nos jours. que les esprits reconquièrent une jeunesse éternelle
L’homme, corporellement, n’a pas changé ; il est et leur éternelle fécondité.
exactement conformé comme au commencement Et c’est Celui qui régit en maître tous les mon­
des siècles. Si l’homme n’est qu’un composé de des que les siècle? des siècles ne suffiraient pas à
matière, tous les êtres seraient égaux en intelli­ contempler, Celui qui est le créateur de tous les
gence. il ne peut en être ainsi, puisque l’on cons­ êtres qui les peuplent, le législateur, le maître sou­
tate qu’il progresse tellement, par périodes, qu’on verain qui donne à tous la vie, Celui qui règle les
se demande à quelle limite il pourra s’élever. Nous destinées de chacun, depuis l’insecte minuscule
qui lisons dans les pensées, pour la plupart du qui ne vivra q.u’un jour ou une heure jusqu’à
temps, ceux qui se disent athées, ne croient pas celles des soleils immenses qui tourbillonnent sans
complètement à leur négation. Ils ont ce qu’ils ap­ fin dans l’infini, c’est Celui-là que des insensés
pellent leur heure de faiblesse. nient 1 O orgueil suprême d’un vermisseau !
Et souvent ils se demandent avec perplexité Mais tu ne comprends donc pasque celui q li t’a
comment il peut se faire que quelques grammes de donné le pouvoir de raisonner, le jugement qui
de matière, quelques molécules quelqnes fibres, conçoit, qui pense, qui analyte, Celui-là est le
quelques nerfs, quelques ',membranes puissent même qui fait parcourir à la planète qui te porte
donner des résultats si merveilleux I Mais l’or­ 65 o,ooo lieues par jour. C'est le même qui
gueil leur clôt la bouche. Quelle anomalie ! iis ordonne la gravitation à des milliers de mondes,
honorent le Dieu néant en créant le Dieu phos­ des milliers plus grands que le tien qui se per­
phore, le Dieu albumine, le Dieu potasse. Et dent dans les profondeurs de l’Univers.
pourtant, ils assistent à la dissolution de ces chers C ’est ià l’œuvre du Dieu que nous proclamons,
Dieux. devant lequel tous nous nous inclinons, et que
Certes, nous blâmons le fanatisme, nous com­ tous nous sommes heureux d’aimer et de bénir,
battons les fausses religions; les fruits qu’elles pro­ car il est la vérité, l’éternelle vérité ! L’harmonie
duisent sont mauvais ; ce sont les fruits de l’arbi­ des harrnonies.
LE SPIRITISME 89

O harmonie! toi qui proclames avec tant de ma­ pourraient trouver à bon compte, avec une vie
gnificence le créateur, toi qui charmes tout notre relativement large, un milieu sympathique qui
être, tu es la poésie de nos âmes, et l’on ose dire leur permettrait de poursuivre leurs études en toute
que tes lois sont l’effet d’un hasard aveugle et d’une tranquillité d’esprit.
combinaison inconsciente. Mais si tu n’avais pas On commencerait mod.stement et, si la réussite
réglé la note suive du rossignol, y trouverions- survient, on augmenterait progressivent l'impor-
nous cet éclat, ce charme qui ravit lésâmes tendres? tance de Ja maison jusqu’à ce que, le nombre de
Mais si tu ne savais pas grouper sur ta palette fée­ pensionnaires aidant, on puisse réaliser le but
rique les nuances savamment combinées, nos suprême de l’œuvre : l'admission des spirites
prairies, nos montagnes, nos lacs, nos vallons, nos pauvres.
bois, seraient-ils le sanctuaire de la couleur écla­ C’est dire qu’aucune pensée de lucre ou de
tante, de la forme gracieuse de la poésie grandiose, spéculation n’existe dans cette question.
majestueuse, sublime, seraient-ils le temple de la Il y a là une initiative généreuse, que nous
symphonie des êtres, depuis l’insecte qui vole, de recommandons chaleureusement. Du reste, nous
l’abeille qui bourdonne, le petit de l’alouette qui y reviendrons.
essaie sa première chanson, la prière du pâtre au P. S . — Adresser les lettres à Mme Antoinette
lever de l'aurore jusqu’à la grande voix de la tem ­ Bourdin, 5 , chemin du Vieux-Pont, Plainpaîais,
pête, la colère terrible du tonnerre ou de la brisé Genève, et joindre un timbre de o25 c. pour la
légère ; seraient-ils encore le palais des encens, des réponse.
parfums, des aromes ou la fleur viginale qui ouvre
son calice embaumé?
O harmonie, tu es donc le peintre sublime, le D e c i d e là
grand sculpteur, le grand poète de la nature, le
chef d’orchestre de l'Univers sidéral? T u e s la
C irculaire nu ministre de la m arine . —
graceja force, la poésie, la beauté, la symphonie, M. le président du conseil supérieur de la ma­
tout à la fois, et si tu nous charmes c’est parce que
rine a appelé mon attention sur ce fait que,
tu obéis à la grande vo’x du Maître, dont tu re»
dans certains hôpitaux maritimes, des recherches
connais la puissance, et qu’avec sagesse et amour
ayant pour but l’étude de l’hypnotisme étaient
tu salues !
parfois pratiquées, et que ces expériences, pour
Signé : Au b é n a s .
(A suivre): lesquelles on allègue ,’ a nécessité de suivre les
progrès de la science, avaient plus ou moins dé­
tourné l’enseigne nent et la pratique du service
médical de la clinique vraiment rationnelle.
PROJET DTJN CENTRE DE RETRAITE D’un autre côté, l’hypnotisme pouvant, même
de l’aveu de ceux qui gle préconisent, faire courir
PENSION INTERNATIONALE POUR LES SPIRITES des dangers aux malades qui y sont soumis, j’ai
Depuis le magnifique congrès spirite de i 889 et accueilli les observations de M. le docteur Be'ren-
dans la « Revue » de janvier, février et mars 1890 ger-Féraud.
nous avons pris connaissance d’ un projet présenté En cor séquence, j’ai l’honneur de vous infor­
par Mme Antoinette Bourdin et ayant pour objet mer que j’interdis d’ une manière absolue la pra­
la création d’un centre de retraite pour les tique de l’hypnotisme dans la marine. Vous vou­
spirites. drez bien prescrire aux officiers du corps de santé,
Si nous n’avons pas parlé plus tôt de cette oeuvre placés sous vos ordres, de n’y avoir recours pour
intéressante, c’est que nous désirions la présenter quelque motif que ce soit.
à nos amis avec des détails sur ses moyens d'exé­ Recevez, etc.
cution. E. B a r b e y . •
*
Les efforts tentés par Mme Bourdin semblent * *
sur le point d'aboutir. Nous n’hisitons pas à lui C ’est dimanche i 3 avril qu’a eu lieu au cime­
prêter le concours de notre publicité et de nos en­ tière Montparnasse le pèlerinage annuel des disci­
couragements ; nous engageons tous ceux de nos ples du philosophe réincarnationniste et socialiste
frères qui sont en mesure de le faire, de lai accor­ Pierre Leroux. Deux orateurs, MM. Wilman et
der leur concours. Desmoulins, ont pris la parole.
*
Le but poursuivi est celui-ci : fonder, à Genève, **
une maison dans laquelle de petits rentiers spirites Signalons l’apparition d’un nouveau journal,
go LE SPIRITISME

défendant la science psychologique : la Revue des regret de le constater, aussi de filles de brasserie,
Sciences psychologiques, 2, rue Duperré, Paris. était déjà houleuse avant l’entréeMe l’orateur; mais
Quoique ce ne soit pas à proprement parler un à son apparition des huées, indignes d’un public
journal spirite, notre philosophie y tient aussi sa civilisé, s’élèvent de toutes parts.
place. Les noms de M. A. Taire, administrateur, Impossible à Mlle Huot de placer une parole.
et, parmi les principaux collaborateurs, de M. de Des querelles ayant surgi dans la salle, on en
Reyle, ne sont pas nouveaux pour les lecteurs du est venu aux coups et des projectiles variés ont
Spiritisme. Nous y relevons encore certains noms été lancés des galeries. La Bataille y a reconnu des
bien connus : Clovis Hugues, Jacolliot, Jules sacs d’ami Ion, des poireaux, des peaux de lapin,
Lermina, Papus xMoulin, etc. etc., etc ..
Salut à ce nouveau champion de la vérité ! A la sortie, une dame — vice-présidente, à ce
### qu’on nous a dit, de la 1 gue anti-vivisectionniste
Pour mémoire seulement, nommons le titre du — a été suivie par une bande d’étudiar.ts (ou de
nouvel ouvrage de Vacquerie : Futura. soi-disant tels) qui l’ont violemment interpellée.
Vers splendides, larges idées, espoir indompta­ Si ce n’est pas là de la libre discussion, c’est que
je ne m’y connais plus.
ble, telles sont les qualités maîtresses de cette
*
œuvre que le penseur a mûrie pendant trente ans. ¥*
Il faudrait un article entier et une lecture moins L’archevêque de Paris à cru devoir mettre son
passionnée que celle que je viens a’en faire, pour grain de sel dans l’affaire de la crémation. Il en
analy er le développement de Futura. Disons seu­ défend l’usage aux catholiques,sous prétexte qu’elle
lement que sous une forme impeccable, Vacquerie tend à répandre des idées matérialistes.
a développé la marche en avant de l’Humanité et Matérialistes ? il me semble que le culte rendu à
dépeint la Fraternité de l’Avenir, le tout rempli un corps d'où l'âme est partie est autrement
des idées du plus pur spiritualisme. matérialiste que le bûcher antique modernisé dans
le four crématoire. On ne devrait pas parler de
*** corde dans la maison du pendu ; comment une
On parle beaucoup en Russie d’une pièce de Egüsa qui a pendant si longtemps brûlé les corps
théâtre que Léon Tolstoï a fait jouer dans sa vivants des hérétiques, peut elle trouver mauvais
maison de campagne et dont il est l’auteur. que la société fasse disparaître les nécropoles en
Le lin mot de la pièce est line critique des abus brûlant des cadavres?
que peut taire commettre le spiritisme à ',des adep­ *
¥*
tes peu éclairés. Son héros, Léonid Feodorovitch, Signalons une intéressante brochure : Du Clé­
ne fait rien sans consulter les esprits et naturelle­ ricalisme et des moyens de le terrasser, par Pierre
ment ne fait pas un acte sensé. Les domestiques des Pilliers, ancien prêtre et vicaire de Clairvauz,
le raillent et, dans une séance obscure, lui en font jadis bénédictin de Solesmes, fondateur et premier
voir de toutes les couleurs. Mè ne devant l'aveu supérieur de l’abbaye d’Acey.
des imposteurs, il reste inébranlable et les accuse René L ebrize ,
de mentir sous l'influence d'esprits mauvais.
La Rcvué Suisse, à laquelle nous empruntons
ces renseignements, croit que la pièce e.t écrite LES LIBELLULES
contre le Spiritisme. Les opinions de Tolstoï ne
nous permettent pas de partager cet avis et nous A mon ami Alexandre Delanne.
y voyons au contraire une mise au point des Je vous revois, enfin, 6 belles demoiselles,
gens crédules, malheureusement trop nombreux Ouvrir vos éventails tout poudrés d’étincelles
parmi les spirites — et même autre part — et qui Où frissonne l’air pur.
sont uns proie facile pour des charlatans plus Depuis que le printemps a déchiré vos langes,
dangereux que les domestiques de Feodorovitch. Vous courez sur les Heurs avec vos ailes d’anges,
D’éméraude et d’azur.
***
Seus vos habits moirés, nul ne peut reconnaître
Mlle Marie Huot a donné, ou plutôt a voulu
Le ver rampant au fond des eaux qui l’ont vu naître,
donner, dimanche 13 avril, une conférence contre Couvert de ses haillons,
les vivisections, à la salle du-Paradis-Latin. Qu’une métamorphose a soudain, fait éclore
Des scèues déplorables se sont produites. Pour vivre une saison, confondu dans la flore
La salle, pleine d étudiants et, nous avons le Des prés et des sillons.
I,K SPIRITISME 9

Votre corps gracieux effleurant les calices, nication des désincarnés avec les vivants ; les
Gomme le gouvernail d’un navire aux hélices preuves, objet de leur dé'ir, ne tarderont pas à
De voiles aériens,
leur être données et à se multiplier.
Cingle, à travers le vol des papillons célestes,
Les rameaux murmurants des rivages agrestes Les phénomènes spirites sont plus ou moins
Pleins d’accords éoliens. concluants, suivant les sujets ou médiums servant ^
d'intermédiaires. Un général, dans l’intérêt de notre ^
Lorsque vous vous posez sur les tiges brisees
cause, nous engageuns nos coreligionnaires à ne ^
Sur la cime des joncs, sur les fleurs irisées
Qui se mirent dans l’eau, se servir que de sujets pouvant donner des preuves
Les insectes ailés dans leurs courses légères, convaincantes, c’est-à-dire révéler des choses <
Vous prennent en passant pour des fleurs étrangères, ignorées d’eux et des personnes présentes. Il faut
Pilles du renouveau. que la preuve de la communication soit incontes- '
table, surtout pour les néophytes. s
Pour vos amants du lac, quand le soleil flamboie,
Vous avez le reflet des corsages de soie En généial, ce sont les sujets somnambules,
Teints de vives couleurs, dirigés d’une certaine façon, tout autre que celle
Pour l’espace embaumé des élytres de gaze, employée par messieurs les docteurs de*, différentes
Pour les flots transparents de grands yeux de topaze, éco’es de médecine, qui satisfont le mieux à ces
Étranges et rêveurs. conditions ; leurs relations sont d’autant plus inté -
Les lieux où vous passez, l’homme les poétise. re¡santés que le sujet est plus instruit et plus intel­
Vous aimez les roseaux balancés par la brise ligent.
Sur les étangs fleuris,
Les saules attristés aux longues chevelures, Nous en possédons un en ce moment réunissant
Les algues et les joncs et les fines ramures ces précieuses conditions. No're magnétiseur, mon
Des jeunes tamaris. ami Paul Gauthier et moi, avons h; plus vif désir
de voir nos travaux servir à l’élucidation des ques­
De l’immo'talité vous ôtes le symbole,
Le brillant scarabée est l’âme qui s’envole, tions qui intéresrent et passionnent ceux qui se
Pour les fils de Brahma ; livrent aux études psychologiques, et, à cet effet,
Son aile d’or rappelle, auprès de la momie nous avons pour chaque séance un certain nom
Dans le tombeau depuis des siècles endormie, bre de questions toutes prêtes à poser aux invisi­
L'Esprit qui l’anima. bles qui nous visitent.
O reines du soleil et des longs crépuscules, Je vais résumer quelques-uns des phénomènes
Volez, volez encore, aimables libellules, les plus intéressants obtenus à nos premières
Sur des flots argentés ! séances.
La lyre du poète amant des Méonides, Le frère d'une des personnes présentes, appelé
S’éveille aux doux frissons de vos ailes rapides
par elle, s’incarna dans le corps de notre médium.
Par la bise apportés.
Triste comme presque tous les nouveaux désincar­
Firmin Nèore .
nés, il manifestait ses regrets d’avoirquitté la terre
24 Mars 1890.
d’un air malheureux qui affligeait sa sœur. Elle
essaya de réagir contre cette tristesse qui l’envahis­
ÉCHOS H OLTHE-IOMBE sait. Voyons, mon petit Eu..... . lui dit-elle, égaie-
toi ! Si tu nous chantais une de ces chansons que tu
i aimais tant et que tu chantais si bien de ton
vivant.
L’œuvre d’Allan Kardec est en train de révolu­
tionner le monde. Scs ennemis se rendent à merci. La figure du sujet s’illumina soudain, et il se^
Nous voyons arriver à nous les personnalités les mit à entonner, d’un ton un peu, mélancolique, une <
plus marquantes du matérialisme contemporain. romance qu’il aimait tout particulièrement, et
Nous faisons brèche dans le monde des savants et qu’il avait chantée deux ans auparavant à un dîner,
des sceptiques. Nous ne demandons pas mieux devant une partie des personnes présentes.
que de croire, nous disent-ils, seulement, prouvez- Ce qu’il y a d’intéressant, c’est que le sujet igno­
nous. Ceux qui raisonnent ainsi nous appartien­ rait ce fait, qu’il n’a jamais connu celui qui se
nent. Nous approuvons leur doute, qui honore leur manifestait, et ne connaît poinc non plus la Chan*
caractère et prouve la supériorité de leur intelli­ son des Peupliers, qu’il nous a dite tout entière,
gence. Nous leur demandons seulement de vouloir avec un accent qui rappelait à s’y méprendre celui
bien se mettre dans les conditions nécessaires à du disparu.
l’obtention des phénomènes prouvant la commu­ Inutile d’essayer de peindre l’émotion profonde
92 LE S P I R I T I S M E

produite sur tous les assistants par cette in'éres- ce pas déraisonnable, de négliger de se servir d’ une
sante communication. aussi précieuse faculté.
Nous faisons faire à notre sujet les opérations Il serait donc à désirer que tous les médecins
les plus difficiles de l'arithmétique, en lai suggé­ fussent assistés d’un somnambule. Je dis : Le méde­
rant l’idée qu’il a à sa disposition un tableau noir cin assisté d’un somnambule, et non pas le som­
pour écrire et à la main un morceau de craie nambule assisté d'un docteur auquel on fait signer
blanche. L ’obtention de ce phénomène paraît au les ordonnances pour se conformer à la loi.
premier abord n’avoir rien de commun avec le Le médecin, c’est le savant, c’est celui qui sait;
spiritisme ; il nous sert cependant à expliquer ça doit être lui qui, aidé des indications de la som­
d’autres effets exclusivement spirites, nambule, dirige et ordonne; tandisque dans le ca­
Chacun des esprits appelés par nous à donner binet de nos somnambules en renom, c’est la som­
son nom le fait toujours avec assez de facilité, non nambule qui trône en maîtresse, et le médecin,
pas en le disant au médium, mais en traçant dans celui qui signe les ordonnances, est relégué au rôle
l’espace des lettres visibles pour lui, et avec les­ d’auxiliaire, et n’a même pas voix délibérative dans
quelles il compose le mot. Ces lettres, au dire du la consultation.
sujet, apparaissent et disparaissent, quelquefois se E dm ond B o u r d a in .
placent les unes devant les autres, ce qui lui rend
parfois la lecture difficile, mais jamais impossible.
Les lettres se traçant dans l’espace, n’est-ce pas Les Esprits avant le Spiritisme
l’effet d’une suggestion des esprits sur notre sujet,
comme le tableau noir est une création due à la Mémoires de M. L. C. D. R. (Le comte de Roche-
suggestion do notre magnétiseur. fort), publiés à La Haye, en 1696.
Nous avons essayé la lucidité de notre mé­ Page 425 :
dium pour trouver les maladies. Il fait l’inspection ..................................................... ....
du corps humain d’ un façon remarquable, ressent Beaucoup de gens de qualité y demeuraient
les maladies et les décrit avec beaucoup d’exacti­ ausii (chez Dupin, baigneur, rue Saint-Antoine),
tude, indique les substances pouvant soulager ou et pendant que j’y étais, il y arriva une aventure,
guérir avec beaucoup d’à-propos, chose que nous laquelle surprit bien du monde, et qui, à mon
pouvons vérifier à l’aide d’un dictionnaire de mé­ avis, surprendra tellement le lecteur qu’il aura
decine. piene à y ajouter foi. Mais, je le prie, avant que
Nous devons cependant à la vérité de dire noire de juger témérairement, de vouloir s’informer de la
opinion sut les ordonnances des somnambules, vérité.
opinion résultant de nombreuses observations. Dupin est encore en vie, et les gens dont j'ai à
S’ils décrivent d’une façon exacte les maladies et parler appartenoient à des personnes de si grande
leurs symntômes, leur façon de diagnostiquer ne considération que leur nom n’est pas inconnu,
dépasse cependant pas leurs connaissances médi­ même aux étrangers. Ainsi, l'on peut sçavoir
cales à l’é'at de veille. S’ils ne connaissent pas le d’eux, si j ’aurai rien dit que de véritable. Cepen­
nom d un organe ou d’une lésion interne étant dant je ne blâmerai point leur incrédulité jusques-
éveillés, ils le décriront d’une façon inexacte à lâ, et la chose me paiaît, à moi, si extraordinaire
l’état somnambulique. que, quoique j’en aie été témoin, j’en démentirais
Les somnambules ignorants ont une pharma- mes yeux, s’il étoit possible. Il y avait deux per­
copie des plus réduites. Si, dans leur état normal, sonnes de condition qui èîoient extrêmement
vous les instruisez des propriétés de certaines pré­ amis ; l’un était le marquis de Ramboliillet, frere
parations médicales, ils les ordonneront lorsqu’un aîné de madame la duchessede Montausier; l’autre
cas se présentela qui les réclamera. le marquis de Preci, aîné de la maison de Nan-
L ’idéal serait donc le somnambule docteur, mais toüillet, dont il y a eu un chancelier, lequel était
comme la chose est excessivement rare, j’en con­ en si grande faveur sous le règne d'un de nos rois
clus que le somnabule devrait être la pierre de qu’il obligea son maître, :ont il gouvernait l'E ’.at
touche dont tous les médecins soucieux de guérir, avec une autorité absolue, de demander pour lui
faisant de l’art et non du métier, se serviraient le chapeau de cardinal. Ces deux hommes qui al-
pour savoir s’ils ont bien diagnostiqué. loient à la guerre, comme y vont en France toutes
Si les médecins pouvaient lire dans l’intérieur du les personnes de qualité, s’étant mis une fuis à
corps humain, ils guériraient presque toutes les f parler des affaires de l’autre monde, après plusieurs
maladies. Un bon somnambule y lit poureux, n’est- I discours qui témoignoiènt assez qu’ils n’étoient
LE S P I R I T I S M E 93

pas trop prévenus de tout ce qui s’en dit, se pro­ à ce que la poste de Flandres fut arrivée. Mais la
mirent l’un à l’autre que le premier qui mourroit nouvelle étant venue de la mort de ce seigneur,
en viendrait apporter des nouvelles à son compa­ lesquelles se rapportoient à ce que nous en avions
gnon. Et, s’étant touchés dans la main pour signe ouï, nous commençâmes à nous regarder et à
qu’ils se ressouviendroient de leur parole, ils ces­ croire qu’il en pouvait bien être quelque chose.
sèrent cet entretien, pour en commencer un autre Cette nouvelle s’étant répanduë dans Paris, en
qui étoit sans doute moins sérieux. Deux ou trois crut que c’était un conte que l’on faisoit à plaisir,
mois se passèrent sans qu'ils songeassent ni l’un et chacun étant bien aise de s’en éclaircir, je reçus
ni l’autre à ce qu’ils avoient dit : cependant, le plus de cent billets et autant de visites de mes
temps qu’on va à l’armée étant venu, le marquis amis, qui, me sçaehant logé dans la meme maison,
de Ramboüillet partit pour la Flandres, pendant s’imaginoient que je serais plus capable qu’un
que Preci, arrêté par une fièvre maligne, demeura autre de les tirer de peine. Mais quoi que je leur
chez Dupin, où il logeait. Au bout d’un mois ou puisse dire, il leur resta toujours un certain
cinq semaines sur les six heures du matin, voilà soupçon, qui devait néanmoins se dissiper avec le
tout d’un coup qu’on vient tirer les rideaux du lit temps. Cela dépendoit de ce qui arriverait à Preci,
de Preci et, s’étant tourné pour voir qui ce pouvait lequel était menacé, comme je viens de dire, de
être, il aperçût le marquis de Ramboüillet en périràla première occasion. Ainsi chacun regardait
t butfe et en bottes. Il lui voulut sauter au cou son sort comme le denoüement de toute la pièce,
pour lui témoigner la joie qu’il avait de son re­ et, si je l’ose dire, comme une preuve convaincante
tour ; mais le marquis de Ramboü lier, reculant que nos prédicateurs ne nous prêchent pas ici des
deux pas, lui dit que ces catesses n’étoient plus de fadaises, comme il y a beaucoup d’Athées qui
saison ; qu’il ne venait que pour s’acquitter de la nous le voudroient persuader : mais le succès con­
parole qu’il lui avait donnée ; qu’il avait été tué la firma bientôt tout ce qui se disoit. Les guerres
veille, en telle et telle occasion : qu’il n’y avait rien civiles étant survenues, il voulut aller au combat
de plus vrai que ce que l’on disait ici de l’autre de Saint-Antoine, quoique son père et sa mère
monde, c’est pourquoi il devait scnger à vivre qui appréhendoient la prophétie, se jettassent, s’il
d’une autre manière qu’il ne faisait ; qu’il serait faut ainsi dire, à ses piés pour l’en empêcher. Il y
tué à la première occasion, ainsi qu’il n’y avoit fut tué au grand regret de toute sa famille, qui le
point de temps à perdre pour lui. Je n’ai que faire croioit plus propre à soutenir l’honneur de sa mai­
de dire qur ce di cours surprit le marquis de Preci; son que celui qui lui devait succéder.
il est aisé de se l’imaginer sans que je le die ; ce­
pendant, ne pouvant croire encore ce qu’il enten-
doit, il s’élança hors du lit potr embrasser son BIBLIOGRAPHIE
ami, qu’il croioit le vouloir abuser. Mais H n’em-
brassa que du vent, et Ramboüillet voient qu’il
était incrédule, lui montra l'endroit où il avait FUTURA
reçu le coup, qui était dans les reins, et d'où le P ai* Auguste Vacquerie
sang parobsoit encore c iuler. Après cela il dis­ Nous savions tous depuis longtemps qu’Auguste
parut, et laissa Preci dans une fraieur plus aisée Yacquerie, mettant à profit les recueillements de
à s’imaginer qu’à décrire. Il se jeta en même l’âge mûr, préparait, avec la lenteur et la réflexion
I temps en bas de son lit, et non content d’appeler du sage, un livre où serait renfermée toute la phi­
son valet de chambre, qui était couché dans une losophie de sa grande âme. Que serait ce livre et
garderobe, il reveilla toute la maison par ses cris, quelle en serait la forme? Ami du Maître, je l’ai
L ’aiant entendu comme les autres, je me levai plusieurs fois questionné sur l’œuvre dont on pres­
i pour voir ce que c’était, et, étant monté dans sa sentait le retemissement, étant donné la valeur
1 chambre avec Dupin, il nous dit ce qu’il venait de littéraire de l’auteur.
Voir, et nous atribuâmes cette vision à l’ardeur de Modeste, le grand écrivain ne répondait que va­
1 sa fièvre qui lui durait toujours. Nous le priâmes guement à mes indiscrètes demandes. Agissant à
I donc de se recoucher, lui disant qu'il fallait qu’il l’inverse de tant d’autres qui chantent leur gloire à
t eût révé cela. Mais il fut au desespoir de voir que venir, il rappelle à peine les titres de son passé. A
nous le prenions pur un visionnaire, et pour nous plus forte raison, u’est-il pas de ceux qui se jugent
1 désabuser il, nous conta toutes les circonstances que avec complaisance et fixent l’admiration d’autrui
j’ai rapportées. II eut beau nous dire ce qu’il vou- avant qu’elle ait à s’exercer. Voilà pourquoi il res­
I lut, nous demeurâmes dans notre pensée jusques tait quelque peu muet sur cette Futura que l’on
!
94 LE SPIRITISME

peur, à moins de surprises nouvelles, considérer doit célébrer sa naissance et qui, devant les tor­
comme son testament intellectuel. tures des sacrifiés, 'refuse de s’y asseoir, disant :
A présent nous l’avons; nous savons qu’il em­ ........Je prends pour ma fête le jour
prunte la forme prosodique la plus magistrale et Où la dernière larme enfin sera séchée !
que, sous ce titre forgé par le poète, qui l’approprie Et .je ne mangerai de bon cœur ma bouchée
Et ^e n’aurai de joie à dire aux quatre vents
admirablement, apparaît une merveilleuse concep­ Qu a la table où seront assis tous les vivants.
tion de l’avenir. Vacquerie fait de son sujet un Ecoutez-la encore défendant la vie de l’Empe­
dnme. Mais quel drame ! Colossal, débordant, va­ reur que la populace conspue, attirée sadiquement
rié d’aspects, il ne saurait tenir dans le cadre limité par le spectacle de son supplice :
du théâtre. Il lui faut la scène immense que lui
O vil ramas, qu’es-tu le plus, cruel ou lâche ?
donne l’esprit. Il ne peut être joué que dans l’ima, Cet homme, au moins, risquait sa vie. Et c'est le cœur
gination humaine; là seulement il conservera ses Troublé d’ambition, d’orgueil et de fureur
Qu’il a tué. Vous, c’est a froid que vous le laites,
incommensurables proportions. Noir tas Et pour les uns les meurtres sont des fêtes.
Le poète, au sens antique du mot, est un pro­ Et les autres, sans haine et ssns férocité.
Viennent assassiner par curiosité.
phète. Quelle prophétie que celle de la paix et de la
clarté universelles, établie sur l'affranchissement FutüTa sauve l’Empereur, dont les fautes n’é­
complet de l’être ! Mais aussi, que de questions à taient, après tout, que celles de la foule qui le con­
soulever touchant les croyances, les erreurs, les lois damne. Elle ira plus lo;n. Par une téméiité su­
barbares, les traditions despotiques ! Est-il rien ce­ blime, le poète fera délivrer le Christ de sa croix
pendant, qui résiste au formidable choc du talent par l’Empereur et, devant cet acte de double réhabi­
lorsqu’il se consacre à une entreprise sublitre? litation, condensant l'idée générale de l’œuvre, der­
Or, qu’entreprend Vacquerie dans Futura? De nier mot qu’elle prononce,Futura dira : « Merci! *
montrer la marche invincible de l’homrne vers un Le drame se termine par un banquet oit la foule
idéal de progrès infini. est assise à une table dont on n’aprrrçoit pas les
Magnifique synthèse,en vérité,que cette héroïne bouts. C’est la fête que F 'tura donne au monde.
à qui le poète donne pour père Faust, c’est-à-dire Tous les êtres y figurent, mais elle s’abstient d’y
la recherche scientifique et philosophique, e: pour paraître. O , la réclame. Nous n’avons oublié per­
mère Hélène, c’est-à-dire la beauté parfaite. Nous sonne, disent les convives ; alors deux vo’x se font
naviguons, si vous le voulez, en plein symbolisme; entendre. « Et nous? » rép, ndent les astres. » Et
n’estil pas, en somme, préférab e d’inventer une moi? répond l’infini.
fiction resplendissante pour traduire le pressenti­ N’esr-ce pas dire que, si haut que monte lepro-
ment de l’avenir que d’amoindrir son rêve en vou­ grès, son but n’a pas de limites ? Cest, d’ailleurs,
lant trop le matérialiser ? la conviction de beaucoup de penseurs que, pour
Et puis, quel précédé peut ouvrir le champ aux obéir à l'éternelle loi du perteciionnement, l’hu­
méditations austères mieux que celui qui consiste manité dont les destinées ne peuvent être que
à montrer dans une convention grandiose le but cù lumineuses, gravira tous les sommets intellectuels
doivent tendre nos efforts ? On doit admirer dans qui la raoprocheront du principe divin dont elle
Futura la supériorité de la facture ; mais qui donc émane.
ne se sentirait impressionné par l’émancipation Est-ce bien là la pensée d'Auguste Vacquerie,
suprême qui s’en dégage et la souveraine mansué­ ou ne fait-il qu’indiquer une solution satisfaisante,
tude dont le poète ’ait bénéficier les plus nuisibles sans être trop certain de sa possibilité? On peut,
représentants de l'erreur. Tout, là dedans, n’est cependant croire qu’il n’admet pas la mort terres­
qu’un cri de pitié ; tout rime à la clémence, tout tre comme terme de nos épreuves et de nos joies.
rime à l’harmonie définitive. Il proteste contre le néant et rien ne fortifie comme
les strophes superbes oü il parle de la succession
Même dans les pièces de vers qui empruntent
des existences.
une tournure familière,— car il en est d’une espiè­
glerie charmante,— on sent la constante préoccu­ Après cette existence aux faims inassouvies
line autre nous attend, que plus d’une autre suit
pation de celui qui écrivit le Brin d'herbe, celle Et l’Ame trouvera dans la mort plus de vies
cPàflirmer la nécessité du savoir. Et toujours, dans Que le regard ne voit d’étoiles dans le -nuit.
les morceaux nombreux qui composent ce drame, ¡Pour moi, qui sais que le Maître écrit ce qu’ il
dont le diàlogue n’est qu’un prétexte à la savante pense et se refuseaux compromissions, j’applaudis
variation des effets, le plus noble ôbjeetif déter­ à sa théorie consolante. Elle me ranime; et puisque
mine les plus éloquents appéis à la générosité. Futura, devant la Toule devenue généreuse, ¿fit
Écoutez Tutura, qu’on invite au banquet qui « Merci 1 * je dirai à l’écrivain qui m'a procuré des
LE S P I R IT I S M E 93

heures inoubliables : Grâce à vous, je me sens cependaut la plus scrupuleuse vérité, ce rapport ne
meilleur. lui fut remis qui’une demi-heure avant la dernière
Jean M ERA C séance du Congrès hypnotique, alors qu’il lui était
de toute impossibilité dele réfuter. M. Delbœuf
Vient de paraître chez Georges Carré, 5 8 , rue protesta néanmoins contre de tels agissements;
Saint-André - Jes - Ar's : L e P r o b l è m e , n o u v e l l e s mais, ne voulant pas rester sous les coups desatta-
h y p o th è s e s s u r la d e s l i n e è '- 's ^ ê t r e s , par le Dr
qses de nos implacables aiversai.-es, résolut de
Antoine G ros . publier ledit rapport de M. le; D1' Ladame ce qui
Dans ce livre (comme le titre l’indique) sont était à ses yeux le meillepi;rnoyen de s’en venger.
directement abordées et traitées les questions géné­ M. Delbœuf a fait à ce rapport des annotations
ralement réputées insolubles de la génération, de qui en montrent toute la perfidie, et, après sa lec­
la vie, de la consti utinp de la matière-, de la créa­ ture, chacun sera édifié sur la façon d’agjr de nos
tion, de la mort, de l'immortalité de l’âme, lin ad versait es,
ensemble d’hypothèses scientifiques rigoureuse­ Comme il fallait s’y attendre, le rapporteur a
ment concordantes entre elles, et basées sur ce que répondu dans la R e v u e d e V H y p n o t is m e à cette
les sciences modernes, physiques, mécamques et volée de bois vert si légitimement mériiée.Par mal­
biologiques ont le mieux établi, fournit à l'auteur heur pour lui, ii t?e répond que par des arguties aux
des solutions c la ir e s e t m a t h é m a t i q u e m e n t a c c e p ­ arguments de son adversaire et plaide sa cause non
ta b le s. Le temps seul jugera définitivement ces en savant,, mais. en. arvocat cherchant par la rondeur
solutions hypothétiques véritablement nouvelles de ses périphrases à masquer le vide de sa thèse.
et d» plus grand intérêrncnj t'eu es les personnes La cause est entendue et l’estime des amis de la
douées de cette vertu qu'on nomme la bonne v é r i t é restera à M. le professeur Delbœul, qui la
curiosité scientifique. mérite à tous égards.
Qu’étions-nous avant de naître, que serons-nous Henri SAUSSE.
après la mort ? M. Antoine Cros nous dit ce que
les données actuelles de la science peuvent nous
permettre d'en penser et d’en croire, et résout ainsi
à sa manière le formidable problème. NOTE
Nous donnerons dans le prochain numéro une
étude détail ée de cet ouvrage; il noqs suffit dès à A l'appui de la lettre que nous publions signée
présent de dire que les matières qui y sont traitées Paulsen et adressée à notre collaborateur îvï. Bou-
intéressent tous les spiritualistes car l’auteur, sans very, nous appelons l’attention de d o s lecteurs sur
employer la phraséologie spirite, se sert de toutes ces quelques lignes, extraites de la « Revue Spirite n
nos idées mais les expose avec talent et originalité. de juin 1890 ;
Le style est attrayant et clai ; aussi nous revien­ M. Boavery rappelle qu’il a été question de créer
drons avec plaisir sur les doctrines qui y sont à Paris un groupe spirite central établissant des
exposées. rapports tous les groupes de la capitale, autant
Le B i b l i o g r a p h e
pour réunir les hommes compétents, en vue de la
plus grande diffusion de nos doctiines, que pour
expérimenter le spiritisme, le plus scientifique­
MÉDECINS ET MAGNÉTISEURS ment possible, au moyen de bons médiums formés
ou à former.
T el est le titre du dernier ouvrage
n deM. Delbœuf 1 I Une lettre convoquant tous les chefs de groupe
le savant professeur de l’ Université de Liège, ie de Paris à notre réunion du 16 juin sera adressée,
dévoué champion de la cause du magn tiseur. à cet effet, par 1 4 . Legmarie, à toutes les person­
Plein d’une verve endiablée et) d’une impitoyable nes dont ie nom et l’adresse lui parviendront avant
logique, l’auteur relève le gant, qui lui fut jeté au la fin de mai.
Congrès desHypnotiseurs par le Rapporteur, M. le
Dr Ladame, de Genève, et fustige de main de maître
¡’adversaire peu scrupuleux qiui avait escompté son N È C R O l OGIE
absence afin de pouvoir plus sûrement l’ecraser.
Prévenu par des amis de cette incroyable con­ Le vendredi 2 courant,,nous avons accompagné
duite, M. Delbœuf demanda communicaûon du à sa dernière demeure no re sœur Julienne-José­
rapports qui l’attaquait avec la dernière violence, et, phine Yard, née Viollat, désincarnée dans sa 28e
chose qu’on ura peine à admettre, mais qui es1 année.
96 LE SPIRITISME

C’esr du fond du cœur que nous nous associons T h e H a r b i n g e r o f li g h t , mensuel à Melbourn


à la douleur que cause à nos bons amis M. et (Australie). 8 francs par an.
Mme Viollat,ses père et mère, spirite, de la première R e n sta E s p ir ita . Barcelone, Capellanes, 1 3 ,
heure, militants et convaincus, la séparation mo­ par trimestre 6. rs. Etranger et pays d’outre-mer.
mentanée, mais toujours cruelle, occasionnée par par an 46 rs.
R e v is t a e s p i r i t a . Buenos-Ayres.
ce départ prématuré.
Le 2 1 avril dernier ont eu lieu également les C o n s t a n c ia à Buenos-Ayres, 40 pesos.

obsèques de M, Emile Blin, décédé dans sa La. F r a t e r n i d a d , à Buenos-Ayres, par trimestre,

5 i e année, chef de bureau à la compagnie des che­


20 cts.
mins de fer de l'Est. La V é r i t é , à Buenos-Ayres, un an s mjm.,
i fr. 60.
A n a l i d e llo S p i r i t i s m o in Italia, 12 livraisons

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Bibliographie...............................
N o u s a v o n s l'h o n n e u r d'in­
fo r m e r n o s le c te u r s et n os EXAMEN CRITIOUE
c o r r e s p o n d a n ts q u e le b u reau DES COMMUNICATIONS DE L 'E SP R IT JEAN
d e r é d a c tio n du jou rn al <r le
S p ir itis m e » e st tra n sféré, à
p a r tir du 1 er fév rier, 24, ru e (Suite et fin).
L a b r u y è r e . P r iè r e d’e n v o y e r VI
à c e tte a d r e s s e le s le ttre s et L es c o m m u n ic a tio n s q u e j ’a i e x a m in é e s se te r ­
d o c u m e n ts c o n c e r n a n t la R é ­ m in e n t par un c h a p itr e de p h y s io lo g ie o r g a n iq u e
d a c tio n et l’A d m in istra tio n d e r ù je ne lis rien d e n o u v e a u q u i ne se tr o u v e d éjà
n o tr e o r q a n e . m ie u x é c rit et p iu s c la ir d a n s les tr a ité s c la s s iq u e s
N o u s p r io n s e n m ê m e tem p s d es sim p le s m o rte ls , s in o n q u e la n u tr itio n e m re -
n o s a m is d e b ie n v o u lo ir n o u s tient ie co rp s, ce q u i n ’ est p as u n e d é c o u v e r te ; q u e
a d r e s s e r , p a r m a n d a t-p o ste , X in s tr u c tio n e n tr e tie n t l’ e s p rit, ce q u i ne l ’est pas
2 4 , r u e L a b r u y è r e , le m o n ta n t d a v a n t a g e ; q u e la r e s p ir a tio n e n tr e tie n t ie flu id e
d e leu r a b o n n e m e n t p o u r l’a n ­ u n iv e r s e l, c h o s e , p a r e x e m p le , q u e n o u s ig n o r io n s
née 1890. a b s o lu m e n t.
C o m m e l ’ e n tr e tie n n ’est p a s la r e p r o d u c tio n ,
J ea n a la b o n té de n o u s a p p r e n d r e q u e la r e p r o ­
SOMMAIRE d u c tio n de la m a tiè re se fa it p a r la g é n é r a tio n ,

Examen critique des communi­ c e lle de l’ e s p r it par la c o n c e p tio n (in te lle c tu e lle ),

cations de l’Esprit Jean (Fin). F. Nègre. c e lle d u flu id e u n iv e r s e l p ar la lo c o m o tio n . V o ilà

L’Anthropologie « de combat » . R ené L abrize d e la p h y s io lo g ie o r g a n iq u e é tr a n g e , o u je ne suis

Voyage au pays des Souvenirs q u ’ u n s o t.


(Une soirée chezPiérart). . . A l . D ela n n e . Q u e fa u t-il de p lu s p o u r r u in e r le s y s tè m e de
L'Esprit, et la m atière................ J e a n ? N o u s a v o n s m o n ré les c o n tr a d ic tio n s q u i
Matérialisme extraordinaire. . (L igh t ). ja illis s e n t de ce sy s tè m e san s u n ité, o b s c u r , e ffle u ­
Correspondance. . ................... B ouvéry. ra n t le s p lu s g ra v e s s u je ts et les p lu s m u ltip le s ,
N ozeran . l’ im p r o p rié té d es te rm e s, la fau sse s y n o n y m ie des
E. P a y e n . m o ts t o u r à to u r e m p lo y é s p o u r d é s ig n e r u n e
A . B o u v ie r . se u le et m êm e ch o se, sans p a rle r d an s q u e lle s i ­
P otoniè Pierre tu a tio n d ’a p p o s itio n g é n é r a le se p la c e 1 a u to u r à
* ' ' i
le SPIRITISME
q8

lui suopose, est susceptible d’entretien, de progrès


l’égard des communications des autres esprits I a
et de reproduction. Il est entretenu par W r e s p i r a ,
le droit, je le reconnais, de n'en tenir au.un
l i o n , il progresse par le s o m m e i l et se reproduit
compte, s’il les juge fausses ; mais il est tenu de
par la l o c o m o t i o n . Je n'invente tien. On con­
prouver la vérité et l'exactitude des siennes que
n’édai>-ent même pas les figures graphiques dont viendra que tout cela est plus fait pour nous arnu-
elles sont illustrées. Cette preuve, les esprits righu- ser que pour nous instruire.
reui trouveront qu’il ne l’a pas donnée. Si l’univers est gouverné par les trois principes
Deux principes soat vrais dans ce système, le de Jean, si ces principes sont véritablem ent fonda--
troisième est imaginaire, savoir le F l u i d e u n i - mentaux et donnent naissances aux autres prin­
v e r s e / , celui de ,Iean. L’éther est une matière sub­ cipes secondaires, le doute le plus grave envahit
tile, le Fluide de Jean est un pur principe, sans alors mon esprit, et je me demande avec anxiété si
substantialité. Supprimez ce troisième principe, ou Jean croit en Dieu. C.et Esprit parle constam­
cette ttoisième base de système, et 1 édifice tout ment des lois naturelles, il ne parle jamais des
entier s ' é c r o u l e . lois divines; la nature est pour lui un livre fermé
Nous ferons honneur, je pense, à l’esprit Jean à tout problème de théodicée. Sur ses communica­
en comparant son système à celui de Barthez. Ce tions passe un vent froid qui semble venir de !a
célèbre pbys ologiste personnifiait le principe vi­ philosophie allemande ; mais on y chercherait en
tal, mais ce n’était, comme il le déclare lui-même vain une trace positive et sûre d ’un système uéter-
que pour pouvoir en parler d’une manière plus miné. Le sien est flottant et mal défini ; les déduc­
commode. « Rien n’empêchera, écrit-il, que dans tions n’en sont pas logiques. Malgré cela il a des
mes expressions qui présenteront ce principe hardiesses qui suffiraient seules à me justifier
comme un être distinct de tous les autres, et d’avoir pris la plume pour le réfuter.
existant par lui-même, on ne substitue la notion
abstraite qu’ou peut s’en faire comme d’une simple VII
faculté vitale du corps humain, qui nous est incon­ Pour se permettre la critique, il faut savoir l’en­
nue dans son essence, mais qui est douée de forces courir et la censure des travaux des autres nous
motrices sensitives. » 11 revient à cette déclaration ob.ige à faire connaître au moins sommairement
plusieurs fois. « Je n ’ai jamais pu penser, dit-il, nos idées.
quoique plusieurs personnes me l'aient raussemcnt La raison, par ses propres lorces, peut s'élever
attribué, que le nom de principe vital, introduit à la certitude de l’existence de Dieu, au principe
dans la science ie l'homme, donne la del ou l’ex­ des causes; car l’harmonie de l’univers révèle un
plication d'aucun phénomène... La chose qui se art souverain et, par conséquent, un ordonnateur
trouve dans les êtres vivants et qui ne se trouve suprême. Cette notion de Dieu, pour ne parler
pas dans les morts, nous l’appellerons âme, archée, que de celle-U, est simple, Caire, populaire, sans
principe vital, x , y , z , comme les quantités incon­ cesser d ’être philosophique. Pour la rejeter il faut
nues d.s géoméites. . Ailleurs, il dit encore : « U soutenir que l’ordre du monde est l’ouvrage de la
ne m'importe qu’on attribue ou qu’on refuse une nécessité ou du hasard. La dernière supposition
existence particulière et propre à cet être que j’ap est absurde, car le hasard, s’il n ’est pas un mot,
pelle principe vital. » est la négation de l’ordre, de la permanence et de
Cuvier parlant de Barthez disait: «Son prin­ ' la stabilité. La première est contradictoire, car la
cipe vital, qui n est ni matériel, ni mécanique, ni nécessité, pour mériter ce nom, doit être aveugle
intelligent, est précisément ce qu’il fallait expli­ et elle est alors incompatible avec la variation et la
quer.» Flourens dit, à son tour, que le péril cons­ succession des phénom ènes; c’est N ewton lui-
tant auquel Barthez expose son lecteur est de même qui l ’a dit. Si, enfin, la nécessité n’est pas
prendre un lait r a p p o r t é au principe vital pour un aveugle, elle n’est en réalité que l ’ordre divin.
fa:t e x p l i q u é , tandis que ce n’est qu’un fait é n o n c é Dieu est ie seul être nécessaire.
en d’auirts larmes.
L ’univers tout entier est lié par des rapports.
Ces remarques critiques sont justement appli­ Nous ne pouvons pas plus nier les rapports qui
cables au troisième principe de Jean, à cette re­
nous unissent à ce qui nous environne que ceux
marque prés que Barthez ne se faisait aucune
qui nous lient avec le tout et avec le principe supé­
illusion su. U nature du principe introduit par lui
dans la science physiologique. rieur qui le gouverne. La difficulté n’est pas dans
l’existence de ces rapports, elle est dans leu r déter­
Je prie mes lecteurs de se rappeler, au cas où ils
mination. Il en est un, au m oins, le rapport de
1auraient oublié, que ie troisième principe de Jean
fils à père, qui est dans la croyance générale du
indépendamment de la valeur intrinsèque qu’il
genre humain, quelque soit la nature incompré-
LE SPIRITISME
99

hensible de l’Etre infini. Voilà pourquoi nous le prement dite dès qu on a, comme les défunts phi­
prions. Ce besoin de la nature humaine a été traité losophes allemands de la Nature le don d’inventer
ici même avec trop d’autorité par M. Léon Denis la vérité, ce qui est bien plus commode que de la
pour que je m’y arrête. Je me bornerai à dire qu’il trouver ? Or, ils l’ont. Inventant la vérité, il ne
répond à un concept rationnel (le concept de cause) leur reste plus qu’à faire les faits à sen image.
aussi bien qu’à la constitution de notre sensibilité. Ainsi traitent-ils l’anthropologie. Ils se servent
A ce dernier point de vue, la prière est d'uù usage d'elle dans l’intérêt de leurs systèmes bien plus
pratique et, par conséquent, expérimental. Je lui qu'ils ne la servent, comme une science doit être
accorde, sans doute, un autre prix que le bien servie, pour elle-même. * L’anthropologie est une
qu'elle fait ; mais j’aime à m’en référer sur ses effets science de combat ! ».
utiles à ceux qui n’ont pas désappris l’acte de prier. Une science de combat, destinée à prouver le
L’idée de Dieu est dans l’humanité sous la forme matérialisme et à qui on défendra de prouver autre
concrète d’un sentiment de profonde dépendance chose ; quelque chose comme une science mise au
envers un être souverain, bien plus vivante que service d'une secte ! Comme si la science ne pla­
parles principes de la raison pure. Aussi, ce senti­ nait pas au dessus de toutes les sectes et comme si,
ment nous porte vers la perlection morale bien nous ne devions pas accepter ses vérités, même
plus que vers la perfection de la connaissance. si elles détruisent nos désirs "s plus légitimes ?
Nous sortirions de notre rôle si nous nous enga­ Voici d ’adleurs comment M. Victor Meunier
gions plus avant sur un domaine où l ’esprit Jean relève ce mot dans les colonnes du R a p p e l :
ne nous aurait pas précédé. Ses communications, « Ce mot absurde et atro.e est d’ua de leurs
nous a t-il dit, font partie d’un ouvrage en prépa­ coryphées. Celui qui l’a dit, ceux qui y ont ap­
ration. Nous attendrons qu’il soit publié pour plaudi, ceux qui en font leur règle se soucient de
juger sur texte des opinions que nous ne pouvons l’anthropologie comme les candidats du franc-
aujourd'hui que soupçonner. luyeur de Jersey au conseil municipal se soucient
F. N è g r e . des intérêts de la ville de Paris Ce ne sont pas des
savants: ce sont des sectaires. Quel vrai savant a
jamais traité sa science de science de combat ? Duel
L ’ ANTHROPOLOGIE RE COMBAT astronome a dit cela de l’astronom ie? Quel chi­
miste de la chimie ? Quel géologue de la géologie ?
Nos lecteurs n’ont pas oublié l ’exclusion du Quoique, assurément, la géologie, la chimie et l’as-
docteur Tcpinard de la chaire qu’il occupait depuis trono.nie aient fourni au bon combat de la libre
quatorze ans à l’Ecolea’Anthropologie. Ses col­ pensés des armes qui ne le cèdent p o in ta celles
lègues avaient d ’abord prétendu qu’il n’oserait q u ’on lire de l’anthropologie 1 Mais quoi 1 Elles
dire lui-même les motifs de son expulsion ; mais ses n’ont pu les fournir ces armes, qui sont propre­
affirmations et leur s i k n .t prouvent aujourd'hui ment des vérités, qu’en s’absorbant dans 1a re­
que cette mesure inouïe prise contre un savant cherche de celles-ci, sans préoccupation aucune de
honnête et sincère n’est motivée que par ses o p i­ 1’etnploi qui en serait fuir. Ce sont des sectaires I
nions spiritualistes et son am ourde la science pour l’anthropologiste, selon ieur formule, doit croire
elle-même sans souci de ce qu’on en tirera. ceci, enseigner cela ; hors de Ja pas de salut ; qui
Voici du reste quelques extraits d’une lettre qu'il ne se soum et est un taux frère, un o p p o r t u n i s t e ,
a adressée à plusieurs journaux quotidiens. un modéré. Si leur esprit pouvait prévaloir, l'an­
D'abord l’affirmation du motif qui a causé son thropologie serait vouée à l'avortement et au dési
expulsion. honneur ».
« Ces Messieurs ne m’ont point répondu, ils ont M. Topinard a depuis écrit une brochure défen­
bien fait, n’ayant rien à dire, ne pouvant alléguer dant des droits de la science contre les savants ; il
que de mauvais prétextes, et ne voulant pas avouer a intitulé ce petit travail quasi historique, l a S o
c ie t é , l'E c o le , le L a b o r a to ir e et le m u s é e B roca.
que c’est au fond un procès de tendance qu’il me
font i>. Nous em pruntons a cette brochure sa conclusion
Et plus loin, une description du groupe qui a qui synthitèse tout l’opuscule.
accaparé la Société et qui en a exclu M. Topinard, « Mon expulsion n ’est qu’un incident d ’une
< Dans ce groupe-là, on ne travaille guère au lutte commencée par Broca et que j al continuée.
sens scientifique du m ot : en échange on discute La véritable question est plus haut. Il s’agit de
beaucoup. Les ouvrages qui en sortent ne sont, en savoir si l’anthropologie appartiendra aux anthro­
général, que machines de guerre, échasses et pologistes n’ayant d’autre objectif que sa prospé­
grosses caisses. A quoi rimerait la rec herche pro- rité, ou sera aux mains d’un groupe pour lequel
le SPIRITISME
TOO

mière heure et les deux chefs d'écoles différentes,


ellen’e<v qu’un moyen. Il s'agit de savoir si toutes
je n’ai qu’à inviter les lecteurs à lire attentivement
les parties de l’œuvre de Broca survivront dans les
les travaux du Congrès de i88y. S ur cette ques­
conditions où il les a créées, ou si elles se dislo­
tion, dans l’ouvrage qui vient de paraître derniè­
queront. » rement, les idées kardécistes, c’est-à-dite celles
Noos pensons que maintenant 1affaire est en­
qui concernent « la réincarnation », ont été dé­
tendue et que tout le monde saura apprécier le
fendues avec une grande autorité par nos orateurs,
rôle courageux de M. Topinard dans sa lutte, au
nom d; lîScicnce sereine et une, contre les sectes qui, s’appuyant sur le progrès scientifique de nos
et les chapelles.
jours, c’est-à-dire sur l’évolution de ia transfor­
Rene Labrize . mation des formes même materielles, ont remporté
un éclatant succès.
Au physique, M. Z. Piérart avait une belle cor­
YOYAGE pulence, la tête était expressive ; sa barbe, d’un
AU PAYS DES SOUVENIRS noir a ’ébèue, tom bant sur sa poitrine, le faisait
ressembler à un grand prêtre égyptien. Sa parole
U n e soirée ch ez M . Z . P i é r a r t , d ir e c te u r était vibrante, le débit facile, un peu magistral.
de la Revue spiritualiste, à, P a r i s . Aussi, lorsqu’il faisait les évocations à voix haute,
Un des écrivains les plus connus de la période les bras tendus en l’air comme les mages antiques,
originaire du spiritisme est, rans contredit, M. Z. la tête renversée, les yeux portés en haut, attirant
Piérart, le fondateur et le directeur de la R e v u e à lui, des quatre coins de l’horizon, les forces spi­
s p i r i t u a l i s t e , qui se publiait à Paris il y a une rituelles, il produisait réellement un grand effet
trentaine d’années M . Piérard s’est signale à l’at­ sur les profanes, qu’il préparait, à leur insu, à re­
tention publique pendant quelques années seule­ cevoir les manifestations qu’il sollicitait.
ment, car il est mort jeune encore. On peut assurer Le premier soir où je fus présenté à M. Piérart.
qu’après la R e v u e s p i r i t e , fondée et dirigée par il y avait une assez importante réunion chez lui.
Allan Kardec, qui lui était antérieure, la if e v i c e Au centre d’un salon assez spacieux était placé
s p i r i t u a l i s t e tenait le premier rang. une vaste table ronde, en chêne massif, autour de
Cet homme remarquable avait été rédacteur en laquelle se tenaient des adeptes prêts à recevoir des
chef, pendant un certain temps, du journal le communications. Je reconnus, dans les assistants,
M a g n é t i s m e , qui, à cette époque, avait peu de
Mlle H uet, médium puissant à effets physiques,
partisans. I! était aussi membre de diversessoeiétés l’auteur d ' U n S a l o n s p i r i t e , en voie de publication
savantes. II fut, comme on le voit, un véritable dans le S p i r i t i s m e , que j’appris être une amie
pionnier du progrès.
assidue de la maison.
On suppose que ce sont ces études préparatoires
qui l’ont appelé au spiritisme, qu’il appelait <« le Après une évocation très digne, le maître de la
nouveau spiritualisme comme les Américains. maison, d’un air inspiré, commanda avec autorité
Ce qui distinguait sa polémique, c’était un senti­ aux Esprits de soulever la table, un vrai bloc de
ment profond de conviction. L’attaque et Ja riposte bois. Et, à sa voix, 1 énorme meuble se balança
étaient vives. En un mot, il intéressait ses lec­ d’abord de droite à gauche, et nous le vîmes
teurs par l’ampleur de ses vues philosophiques et plusieurs fois de suite quitter complètement le sol,
sociales. Mais, pour tout dire, son jugement était-il puis retomber avec un fracas tel qu’il ébranlait le
aussi profond que son érudition? parquet et qu’il devait se répercuter dans toute la
J’en doute fort pour ma part, car, malgré ses maison. Heureusem ent que l’appartem ent au -
théories contre les lois de la réincarnation, la dessous du salon n’était pas habité, car, me d it
grande majorité des spirites est restée froide à ses M. Piérart, il y aurait longtemps que j’aurais reçu
arguments. l'ordre de déguerpir d’ici, et il ajoutait avec son
Si j ’écr is ces souvenirs, ce n’est pas précisément tin sourire : il y a vraiment des grâces d ’E tat pour
pour faire la critique de cet auteur à ce point de les Esprits !...
vue, mais bien pour mettre en relief les silhouettes Je vois encore un jeune étranger, revêtu de
et les carjctères des hommes de cette époque déjà riches habits orientaux, qui n’en pouvait croire ses
lointaine, qui ont pris part au plus grand mouve­
yeux, en face de ce phénomène qu’il ne pouvait
ment philosophique de notre siècle.
s’expliquer. Il supposait être le jouet d’un fait
Quant aux débats de la palpitante question de
d'optique ou d’une adroite jonglerie euro­
la réincarnation, qui a iailh diviser pour long
péenne im itant l’enlèvement de M ahom et. Il Pr'a
temps U s s p i r i t e s e t l e s s p i r i t u a l i s t e s de la pre­
le maître da la maison de lui perm ettre de m onter
LE SPIRITISME IOI

lui-même sur la table, croyant sans doute, par ce


vons donc conclure que c e t t e i n t e l l i g e n c e s p i r i ­
moyen, paralyser les maléfices et rompre le charme t u e l l e a fait partie de notre monde et qu'un jour
qu'il croyait exister. nous pourrons, à notre tour, vivre de la meme vie
Cette proposition bizarre fut immédiatement uranique? La survivance de l'âme est donc i p s o
acceptée. f a c t o démontrée !
Le prince indien, car c’en était un authentique, Que deviennent alors les théories de nos adver­
posé debout sur ce trépied original comme un saires concernant les cas de transmission de pen­
jeune Dieu païen, couvert d ’oripeaux brillants, sées, de suggestion ? Sont-elles suffisantes pour
perdit l’équilibre sous les soubresauts réitérés de expliquer les phénomènes purement spirites et
la table, qui semblant indignée d'une telle profa­ celles des théosophes kabalistes, etc. ?
nation, l’envoya tomber, comme un simple mortel, N on, mille fois non I
sur un robuste monsieur, qui le reçut heureuse­ Le moment approche à grands pas où ces mes­
ment dans ses bras, au milieu des rires moqueurs sieurs seront débordés complètement par les faits,
de toute l'assemblée. qui se chargeront eux-mêmes deleur faire la leçon,
Il semblait enfin comprendre, cet exotique en leur montrant la vérité.
incrédule, qu'une force surhumaine, une puis­ Al. D ela n n e .
sance fluidique inconnue se manifestait en ce — Nous recevons à l’instant une lettre
P .- S .
moment. d’un ami, M. Nozeran, spirite éclairé, qui combat
Il paraissait terrifié... avec beaucoup de bon sens les idées émises par
La deuxième partie de cette mémorable soirée Mac-Nab dans différents passages singuliers de ses
fut non moins intéressante que la première, car articles, au sujet de la médiumnité en général et
les Esprits, abandonnant les démonstrations pure­ des médiums en particulier, voyants, extatiques,
ment physiques, nous montrèrent l e c ô t é i n t e l l i ­ typtologues, inspirés ou intuitifs. Les guéris­
g e n t de leur intervention.
seurs, les somnambules, etc., seraient tous le jouet
M. Piérart eut l’heureuse idée de s’emparer d’un de choses innommées, inintelligentes, et les mé­
livre qu’il prit au hasard dans sa bibliothèque; il diums illettrés, des défroques périsprttales.
pria le noble étranger, pour compléter sa convic­
tion, de s’armer d'un couteau en bois à découper « ... Eh quoi ! nous déserterions nos sublimes
qu’il lui présenta et de le plonger entre les feuillets traditions philosophiques, d'amour, de charité, de
du volume fermé, en lui affirmant que les Esprits consolation et a’espérance, pour épouser l'occul­
allaient, au moyen de la table, frapper les lettres tism e, puisé dans les antiques religions de l’Inde,
de la première ligne de la page à droite dn livre préconisant la métempsycose et la fusion de
entr’ouvert par lui. l'Esprit dans le N i r v a n a , après deux cent mille
L’évocateur renouvela son évocation à ses ans de pérégrinations. Mais ces théories ne tiennent
guides avec autant de majesté que la première lois pas debout, car où serait alors l’excitation au pro­
et l’expérience réussit merveilleusement, non seu­ grès et la responsabilité des actes?
lement une fois, mais plusieurs autres fois encore, Laissons donc nos dissidents dans leurs pagodes
avec autant de bonheut. se regarder cinq fois le nombril pour contempler
Q u’on ne vienne pas objecter qu’un compérage Brahma dans sa gloire.
quelconque ait pu exister; on changeait chaque M. Sardou père, qu'on ne peut suspecter d’igno­
fois le livre, qu’un des assistants allait à sa guise rance, me disait dernièrem ent, au sujet du théoso­
prendre dans la bibliothèque. phisme : « J’aime mieux la clarté pure et sereine
Si les manifestations matérielles attirent l'atten­ du soled dans l’azur que voilée de nuages ».
tion des curieux, combien celles où brillent l e Les théosophes-occultistes, en voulant taire de la
p r in c ip e i n t e l l i g e n t , le discernement, la clair­ rénovation, montrent plus de vanité que de vraie
voyance développée au point de lire à travers les science, laquelle a toujours pour guide la raison.
corps opaques, ne sont-elles pas supérieures, plus Je vous demande si l’admirable dictée qu'a obtenue
captantes et surtout plus instructives pour les Mme Del, signée Al. Kardec, comme la plupart
chercheurs du grand problème de l'au-delà? de celles que j'ai obtenues spontanément, sont le
Ne prouvent-elles pas, ces manifestations, d’une produit d ’un é l é m e n t a l i n c o n s c i e n t o u d e q u e l q u e s
manière irréfutable, l’intervention d ' u n ê t r e p e n ­ lo q u e s de le u r corps a u str a l ?

s a n t , o c c u l t e , qui voit, qui comprend, qui exécute La matérialisation de Katie King durant trois
on désir exprimé par un hum ain. 11 est donc en ans, sous les yeux de William Crockes, ü l aide du
rapport avec nous par un moyen quelconque, médium Florence Cooki émanait-elle de a meme
•fue nous appelons « médiumnité ». Nous pou­ source ?
le s p ir it ism e
02

part? Hélas ! taisez-vous, car votre dém onstration


Mme B ..., que vous connaissez, auditive et
est une insulte à la vie, une insulte à cette force
voyante, dont les preuves sont authentiques, est-
que Dieu dans sa bonté laisse en vous m algré votre
elle dirigée par un éléments!, je le répète ? Que les
grands génies occultistes nous le prouvent! ingrate sottise.
Sans doute que ces rhéteurs veulent faire revivre Mais non, son cœ ur et ses yeux voient mieux
l’ésotérisme aniique des brahmanes ou des prêtres que vous, supplianteePe vous crie: s’il est vivant,
égyptiens d'Isis. Sakia-Mouni, préconisant la- si voi s dites qu’il n’y a pas de différence entre a u ­
neantissemem de l’Etre, les inspira mal, conve- jourd’hui et les années écoulées, pourquoi est-il
nons-en. raidi et froid ; pourquoi ses yeux ne me regardent-
Quant à notre cause, elle n'a rien à craindre de ils plu s; pourquoi sa bouche n’a-t-el!e plus ce
l’attaque de ces messieurs. Elle a ses défenseurs. sourire où je puisais l’existence; pourquoi sa voix
Restons donc fidèles au spiritisme moderne, il n'a-t-elle plu» les accents auxquels m on cœur s’as­
est à Ja portée de rintcliigence de toutes res classes. sociait.
N’svoos-nous pas pour nous Je fait scientifique, S’il est vivant, pourquoi ne m arche-il pas;
tangible, irrécusable, indéniable. Voilà no:re vraie pourquoi ne m entend-il plus ; p o u rq jo i ne sèche-
force l 1-il pas mes pleurs ; pourquoi me- laisse-t-il dans
Ce n ’est pas d'aujourd’hui que le spiritisme ce désespoir immense, lu: qui, pour m'épargner
livre bataille aux Elémentaires et à l’Elémental. une douleur, se fût précipité dans les abîm es ?
(Voir Ja R e v u e s p i r i t e de mai iSS 5 , page 263, la Non, votre science est fausse; il est m ort, bien
lettre de Mme Guérin à M .R ené Caillé. m ort! D’ailleurs, ce corps inerte me fait peur, une
La lumière pour nous est faite, elle se fera bien­ terreur secrète m’entoure, cette bouche noircit, le
tôt pour tous.> marbre devient cire, les h orreurs du tom beau se
Ch. N o z e b a n .
cram ponnent à lu i... h o rreu r !
O âme superbe, âme chérie dégagée de celte en­
veloppe de chair, âme oui est auprès de cette affli­
L’ ESPRIT E T J .A MATIERE gée, que ne t’est-il donné de lui m ontrer ta splen­
L’homme n’a pas le droit de mettre en doute le deur, de lui dévoiler ta sollicitude et ton affection.
mystère de la vie, attendu que s’il ne le connaît Que ne t’est-il donné de pouvoir lui dire : Non,
pas. il ;e voit, il le palpe chaque jour. Ce qui de­ non, je ne suis pas m ort, je rentre dans la vraie
vrait l'arrêter dans son atoéisme sacrilège, c’est la vie, la vie de l'im m ortalité. J ’ai recouvré routes
grande harmonie qui préside en toute chose créée, mes énergies, toutes mrs libertés, je plane heu­
harmonie fiîled’une conception supérieure et diri­ reux ; mon enveloppe de chair ne me re.ienr plus;
gée par la cause des causes. mes chaîaes »ont brisées.
Quand vous niez, 0 matérialistes, l ’esprit et la Va, laisse ce corps, laisse ce lim on et regarde
force, ces puissances suprêmes qui rendent la plus haut. Regarde la lueur qui brille auprès de
matière animée et consciente ; quand vous niez toi. Viens, celui qui t’aime est radieux. Le cœ ur
cette essence créatrice, vous niez votre propre in ­ qui battait hier dans un engrenage étroit resplendit,
telligence, vos capacités. Quand vousos^z d i r e que délivré de toute entrave. Cette intelligence qui
vous ne voyez aucune différence entre l a matière lisait dans ta pensée est plus étendue et plus subtile
organique et la nature inorganique, entre la vie et que jamais. Que ne t'est-il donaé de me voir et de
la mort, vous commettez u d non-sens évident. me comprendre. Alors tes larm es se changeraient
Mais dites donc à cette jeune amante, si joyeuse en chants d’allégresse.
eocore il y a quelques jouis, alors qu’elle s’aban­ Mais viendra l’heure où nos deux êtres seront
donnait à l’affection de son am i, alors qu elle s’ap­ unis ; et cette heure viendra vite, car les quelque*
puyait avec confiance sur son bras protecteur, haltes du triste monde que je viens de quitter sont
alors qu’elle voulait vivre de la pensée de cet être un éclair dans l’éternité des siècles.
chéri ci q u ’elle puisait dans le radieux printemps Mais la désolée ne connaît point la vérité' su­
toutes les joies pures et idéales, dites-lui donc blime et elle se lamente, tandis que les doctes
qu’il est fou de sa part de se désoler aujourd’hui ; savants secouent la tête et continuent leurs dé­
aujourd’hui, que sur ce lit funèbre I I d o r t et que monstrations matérialistes soutenant pies q ue
celte moitié de son cœur ne battra plus pour elle, jamais que l'idée de la force vitale es*, une utop}C
que ccue moitié de sa vie em portée* so y e u x ne aussi peu fondée que celle de la croyance audiable,
lui laisse qu’un crêpe lugubre, osez lui dire qu’elle
qu’il n ’y a, en effet, pas de différence entre le
»e trompe, que c'est une grossière illusion de sa
cadavre et l'être vivant, car les principes én l’un et
LE SPIRITISME io3

l’autre cas sont les memes ; l’ammoniaque, l’oxigène. furent invités, et une consultation eut lieu pour
l'azote, etc., n ’en sont point sortis. Les cellules savoir quel parti pourrait être pris pour le déve­
sont habitées, les mollécules sont vivantes, la chi­ loppement de la néophyte spiritualiste. Mme Bri-
mie et son scalpel le prouvent!!!... ghan conseilla des séances avec quelques per­
sonnes jouissant de forts pouvoirs magnétiques.
Les séances devaient être tranquilles, le nouveau
MATÉRIALISATION EXTRAORDINAIRE médium ne devant être ni interrompu, ni ques­
tionné. Les parents, qui étaient des dévots catho­
Le M e r c u r y de New-York est responsable de cc liques pratiquant, n’en voulurent pas entendre
qui suit. Nous le donnons sous toute réserve, dé­ parler, et dirent que si pareille chose devait arri­
sirant offrir à nos lecteurs, un récit de ce que ver, Miss O ’ Nell devait quitter la maison. On
-l’on nous dit arrivé ailleurs. Le récit est fait lé­ menaça même des procédés légaux, qui n’eurent
gèrement, mais pas un point im portant n’est omis. pas Ueu, Miss O ’ Nell alla chez Mme Kelly, où
En vue de l’attention que nous avons accordée elle demeura donnant des séances deux fois par
aux médiumnités diverses, le récit est intéressant. semaine.
Une nouvelle étoile s’est levée à l’horizon du
PA R L A N T EN LANGUE ÉTRANGÈRE
spiritualism e,dans cette ville tNew York). Le nom
de cetie lumière est cvîiss Maggie J . O ’Nell, jolie Dans la première matinée, Miss O’ Nell fut sous
femme de 25 ans environ, Miss O’Nell a exibé le contrôle avant que les sièges eussent été arran­
quelques phénomènes remarquables, et parmi les gés en rond, et, à la surprise de tous, elle com­
droits mis en avant sur 1a sincérité de ses pou­ mença à parler couramment en plusieurs langues
voirs de médium, c’estq u ’elle n’est pas ce que l’on étrangères.
peut appeler une femme instruite, et pas du Cette femme n ’avait qu'une instruction ordi­
tout versée dans les ruses oü de vieux mé­ naire anglaise, telles qu’on en donne aux écoles
diums de profession ont été attrapés. Depuis quatre publiques de la Providence, et n’avait aucune con-
mois environ, elle consacrait to a t son temps à la naissancedes langues étrangères. T andis que ceux
lingerie, et n’avait jamais peut-être entendu parler qui étaient présents ne pouvaient pas comprendre ce
du spiritisme. qu’elle disait, ils pouvaient facilement dire d’après
Pendant quelques années, e’.ie vécut avec des l’intonation, la contenance de celle qui parlait, les
cousins dansEasi.rifty second Street,et personne ne gestes et le flux doux des paroles, qu’elle parlait
remarqua à cette époque qu’elle eut rien d’extra­ quelque langue régulière. Elle dit aussi, ce qui
ordinaire et ne fut pas en pleine possession d'elle- parut être un poème avec un effet d ’élocution, et
même. une grande vivacité.
Mais comme ces sortilèges ne durèrent pas plus Le matin suivant, plusieurs linguistes vinrent
•d’un jour ou deux à la lois, ces particularités lu ­ sur invitation, et reconnurent deux ou trois lan­
rent attribuées à différentes causes d'u n genre gues parmi celles qu’elle parlait. Elle conversait
naturel. Dernièrement, ces indications singulières librement avec ceux connaissant le langage dont
devinrent plus fréquentes et leur durée plus lon­ elle usait. Dans une de ses conversations, le Dr Coi-
gue. Il y a quatre mois, elle eût une de ses atta­ tooski, étudiant espagnol reconnut le vieux dia­
ques, ainsi les nom m ait-on, qui durèrent quatre lecte castillan, et conversa avec elle dans ce dia­
jours, Pendant ce temps, elle ne mangea, ne but, lecte.
ni ne dorm it, et ses cousins crurent que la jeune Elle dit qu’elle était sous le contrôle d'une
femme était devenue folle. dame castillane qui avait qutté la vie, il y avait
Parmi les personnes pour lesquelles Miss O Nell 3 oo ans.
travaillait comme lingère, était Mme S. C. Kelly, Cet esprit raconta quelques évènements histori­
du. n° 990, 6« avenue, adepte du spiritualisme. ques qui s’égaient passés pendant sa vie sur la terre,
Tandis que les parents prenaient leurs dispositions et le Dr Cottinski reconnut que ce qu’il disait
pour faire entrer Miss O ’ Nell à l’hôpital, Mme était exact d’après l’histoire d’Espagne.Le médium
Kelly vint la voir et eut avec elle une conversation, passa alors sous le contrôle de quelqu’un qui avait
dont le résultat fut que Mme Kelly crut la été évidemment grand orateur. Elle prit ses atti­
jeune femme sous le contrôle puissant d’un esprit. tudes et ses gestes oratoires.et mettait de l’emphase
Un nombre de spiritualistes éminents fureDt con­ dans ses sentences d'une manière très impression­
sultés, et Miss O ’Nell fut conduite à la résidence nable.
Dans la vie ordinaire, Miss O’ Nell est tran
de M . I-Ienry J . N ew ton. Plusieurs médiums cé­
lèbres de cette ville, de Boston et d’autres villes
J quille, et même maladroite, mais dans ces occa-
sions eïle devient impéiaiive, « trè s gracieuse dans i d’expression. Alors elle se posa devant la boîte de
f peinture, et fit des passes et des gestes avec les
ses altitudes et ses gestes.
Après ceci le cercle fut envahi par des investiga­ mains, comme si elle était agitée par quelque c o q .
teurs les plus savants dans les manifestations spi­ Irôle puissant. Ceci dura presque i 5 minutes,
rites, qui, dans leur impatience, importunaient le puis elle ressentit une impulsion soudaine n u Une
me'diumde questions. Ceci, évidemment, avait un inspiration, lava un morceau de peinture et îe
mauvais effet, en retardant le développement. On plaça derrière la boîte.
fit observer qne si elle était laissée à elle-mcme, Par une autre inspiration, elle saisit la brosse,
ellesedévelopperait plus vite, et on revint aux séan­ «comm ença son ouvrage de p einturesur la large
ces privées. Le Dr Sykes, qui avait suivi toutes les surface blanche.
réunions, etqui prenait un vif intérêt à ce remar­ Les coups étaient très rapides er le mouvement
quable nouveau médium, dit que, d'après ses obser­ de sa main et de son bras au-delà du contrôle. Elle
vations, elle devaitavoir au moins vingt contrôles. tenait la brosse entre ses doigts, et la main allait
ESPRIT DESSINANT avec une vitesse que nulle im pulsion naturelle ne
11 y a deux mois environ, le médium, dans ses pouvait garder. Mais beaucoup de temps lut'oerdu
transes, commença à parler de peinture qu’elle vou­ dans de longues pauses, durant lesquelles le mé­
lait faire, tt demanda qu’une plaque ou pan­ dium semblait être en transe, et attendre un autre
neau lut préparé. M. Demming, (acteur de pianos, signal d’inspiration. Elle semblait avoir tout à fait
qui était un des assistants dans le développement oublié la présence de qui que ce fût, et c’était seu­
de Miss O* Nell, entreprit de faire un cadre et lement quand la brosse courait à pas effroyables
prépara le canevas pour la peinture. Ceci fut fait sur le panneau, que l’on pouvait voir quelqu’in-
sous la direction des contrôles, aussi loin que l’on telligence naturelle Jans ses yeux. Chaque fois
pouvait interpréter leurs instructions. qu’elle tem ettait de la peinture sur sa brosse, elle
Une part remarquable de cette occupation était retournait au canevas avec entrain de ses bras et
que bien que l’on mit cinq habits blancs sur le de ses mains, et si la brosse frappait, elle reprenait
papier, la surface était très lisse, et ne montrait pas son ouvrjge.C e n’était pas assurém ent une appli­
une boursouflure. Je mis cinq nuit» pour faire cation de talent humain se traînant sur l’ouvrage.
cela, et on ne permit pas de laver l’éponge avec Cela semblait être la plus mauvaise cha ce, et
laquelle cela avait été fair, et elle resta toujours quand, après un travail de deux heures, des scènes
très douce et propre jusqu’à la fin. tropicales, des figures, des oiseaux etc., commen­
D'après les indications précédemment données, cèrent à se m ontrer, sur ce grand canevas d’une
la peinture devait être faite le jeudi m atin. manière distincte et frappante, il y eut lieu de
Une grande réunion d’éminents spiritualistes s’étonner de ce qui était arrivé, jugeant la chose
étaient dans le salon de Mme Kdly à 8 heures, su rIa b a se d e riD te llig e .e e hum aine, et certaine­
avant que l’ouvrage de l’artiste fut emporté. Df Si- ment le plus sceptique devait être émerveillé de ce
kes exhibait le panneau, sur lequel la peinture récit. Etait-il possible qu’ur e jeune femme de force
devait être faite. Il était â i formeovale, et sa taille ordinaire eût pu garder son bras, allant d'une telle
était de six piedssur quatre. vitesse pendant cinq heures consécutives sans l’aide
Vers 9 heures, le médium émergea de la cham­ d’un pouvoir inconnu, si elle ne le faisait pas de
bre à côté, et sous le contrôle, apparemment, de­ sa propre volonté et de sa propre force, elle devait
manda à M. DemmÎDg d’apporter quelques objets être une jeune femme d ’une endurance physique
daos la chambre. extraordinaire. La peinture devait être reprise et
Ily avait Un grand cadre ovaleque l’on apporta, complétée le lendemain matin à deux heures,
et que l'on plaça sur un chevalet. Une boîte quand les esprits crièrent : halte, elle sortit de sa
d'aquarelle fu: ouverte,« une brosse et une couple transe. Elle dit ne pis savoir Je temps, ni quoi
de vases pleins d’eau placés sur un pupitre. Les que ce lut auteur d’elle. Elle était exténuée.
portes du bail et du salon en avant étaient ouver- (T raduit du L i g h t . )
tes et chacun po ivait voir. Le médium était de­
bout devant le canevas en transe pendant plus de
lo minutes. CORRESPONDANCE
Pendant ce temps, eile remuait ses bras « les fai­
sait passer sur La plaque d’une manière très rapide Paris, 26 m?i 1890 .
Mon cher Directeur,
et très gracieuse. Elle paraissait endormie, ou en
transe les yeux vides de lumière natur lie ou Ci-inclus une lettre que M. Jules LevaUois, si
hautement apprécié dans le monde phi!osopbiqueet
LE SPIRITISME io 5

littéraire, a bien voulu m’écrire, en réponse aux


Un bien qui se ferait par contrainte ne serait plus
differentes questions discutées, soit dans ma lettre
un bien, le devoir s’accomplit librement, et ne
à Sylvain ( M o n i t e u r s p i r i t e du i 5 février dernier),
s’effectue pas sur la menace de châtiments affreux
soit dans men discours du 3 i mars ( M o n i t e u r d u
et infin s. Le Dieu gendarme, le Dieu geôlier, le
i 5 avril dernier ; S p i r i t i s m e du ior juin dernier).
Dieu bourreau pour l’éternité, le tyran capricieux
La haute sanction donnée par J. Levallois aux et féroce auquel ont cru ou essayé de croire le
idées que j’ai émises, m’est un précieux encourage­ Moyen-Age, Bossuet (hélas!) et Joseph de Maistre,
m ent à persévérer dans la voie où je suis entré. ce Dieu tourmenteur et non pas juge, a été défini­
L'alliance que préconise M. Jules Levallois est tivement répudié par la conscience humaine.
extrêmement désirable. Puisse sa voix autorisée Avec lui, et du même coup, a dû être congédiée
être entendue de tous ceux qui souscrivent au toute idée de jugement antérieur, detribunal d’ou­
m o d u s v i v e n d i qui a servi de base et de règle au tre tombe.
congrès de Paris en 1889 ! Cette élimination implique-t-elle l'élimination
Comme moyen pratique d : réalisation du sou­ de l’ordonnateur, de l’orgaoisateur, du démiurge
hait de M. J. Levallois, je ne vois qu’un m oyen: de l’Univers, du grand chef de l'immense et impé­
c’est la formation d’un groupe général et i n d é p e n ­ rissable atelier? Je ne le crois nullement ; affran­
d a n t , dans lequel seraient étudiées tcuies les ques­ chie d’une fausse et dangereuse conception de
tions se rapportant à la vie de l’âme, et cù tous Dieu, l’hum anité n’est poiDt, pour cela, dispensée
n ’auraient qu’un désir, qu’une volonté : l a v é r i t é d’en chercher une autre.
p a r to u s, p o u r ¿ou st
La transition est dure, je l’avoue, et nous y
Je ne crois pas me tromper en affirmant que, si sommes en plein.
nous avions tous le courage et le désintéressement Le problème est d’autant plus grave et d’autant
nécessaires pour former ce groupe avec l’unique plus délicat qu’il ne saurait demeurer exciusive-
préoccupation de la vérité, de toute la vérité, menr confiné dans la métaphysique, il s'étend né­
quelle qu’elle soit, nous attirerions à nous le cessairement à la discipline sociale.
monde scientifique et le monde philosophique Ce droit de punir, éenappé des mains d’an Dieu
dont le scepticisme, depuis quelque temps, est si arbitraire, il répugne à l’homme de s’en ressaisir.
tort ébranlé ! Voyez les hésitations des jurés ! cotez les incertitu­
On ne demanderait pas mieux que de venir à des, les fluctuations de l’opinion publique! tout le
nous, mais on veut — n’est-ce pas juste? — que monde sent la débilité, la caducité du frein exté­
nous prouvions, s c i e n t i f i q u e m e n t , nos affirma­ rieur, il faut que la sanction ou, à mieux parler,
tions. la force préventive (laquelle héritera de la force
Le temps est favorable à nos idées, n’attendons répressive) vienne du d e d a n s... et pour cela il
pas pour agir qu’il soit trop tard.
faut q u ’il y ait un d e d a n s , c’est-à-dire ua m o i ; il
V o tr e b ie n d é v o u é ,
faur, de plus, que ce m o i ne soit pas un accident
E. B oüvéry.
moléculaire particulier, destiné i passer et à se
Paris, 16 mai 1890 . perdre dans le vaste accident moléculaire du monde,
Cher monsieur, mais qu’il soit assu-é de sa persistance, car la sanc­
J ’ai lu avec le plus grand m térêtles derniers nu ­ tion de sa responsabilité est, justement, daps les
méros du M o n i t e u r s p i r i t e , et, particulièrement, la évolutions et dans les péripéties de sa durée.
livraison du i 5 avril qui contient votre beau dis«- C’est ce qui me fait penser, ainsi que je l’ai dit
cours-programme du 3 1 mars (1), ainsi que U lettre dans une de mes récentes conférences à X H e r m è s *
i'g n é e : F é l i x . que le mouvement théosophique et le mouvement
Ai-je besoin de vous dire à vous, qui m'avez spirite sont étroitement solidaires et se doivent
entendu à la S o c i é t é d ' E t u d e s p h i l o s o p h i q u e s et à prêter assistance l’un à l’autre.
Y H e r m e s — que je suis entièrement de votre avis Le but serieux de la théosophie est la mise en
en cc qui touche ta non-existence d’une sanction valeur des forces latentes de l'homme, le résultat de
pénale, ultra-terrestre, exercée par un être quel­ la manifestation spirite doit être la preuve indénia­
conque ? ble de la durée et de l’accroissement de ces forces
Un philosophe, trop peu connu, Landur, a au delà du tombeau, dans les sphères de l’activité
écrit: « L a crainte de Dieu est une conception indéfinie.
que les gens éclairés ne discutent plus : elle cor­ La corrélation est évidente.
respond à une moralité trop inférieure ». L ’utilité d’une doctrine, son efficacité possible,
(t) Voir le Spfriiwme du l*r juin dernier. son mérite, son excellence même, ne sont pas des
LE SPIRIT*s m e

garantes Je succès, au moins de succès imme'diat, « jamais été incarnés, ne possédant aucune intellU
î’ignore quel avenir m o n d a i n et s o c i a l est reserve « gence propre et subissant l’mfluence de toutes
à la ihéosoph'e et au spiritisme, mais sans tomber
« les volontés hum aines; ces ¿1res agissant dans
dans l’excès des stctoires et des dévots, qui ne a les éléments.
croient qu’à la vertu de leur formule, j’ai la ferme « L e s i d é e s d e s h o m m e s . — A u to u r de chaque
conviction que, de ces deux mouvements, il doit t homme ses idées se irouvent,constituant par la
sortir, pour l’humanité, de grands avantages. < fusion de chacune d’elles avec un élémentat, Un
En ce moment-ci les esprits sont découragés, in ­ « être réel, qui reste là plus ou moins longtemps
certains, passant de l’inquiétude il 1indifférence, (c suivant la tension cérébrale qui lui a donné nais-
de l’abatrementà l’exaltation. 11 n'est pas rare d en- « sancc et qui agit bien ou mal su r l'hom m e sui-
répéter que la situation est sans issue, eh « vant que l’idée est bonne (enthousiasme) ou
bien, la iheosophie et le spiritisme me paraissent « mauvaise (remords). »
deux issues ou pluiôt une mime route d .n t les Ne trouvez-vous pas q u ’il y a là une complica­
deux branchesse rejoignent ; nul n’a le droit d: les tion qui d’aberd, peu accessible à bien des ir.teU
dédaigner, car, 'e premier devoir pour les sociétés ligences, n’aurait pour conséquence, non la ré­
comme pour les individus, est de ne peint s'étioler forme mais la ruine de la doctrine d'Allan Kardec,
sur place, dans l’impuissance et dans le vide. en annulant, le livre des E sprits ce chef-d'œuvre
Croyez, cher moDsieur Bouvéry, à mes v;fs sen­ d’où s’échappe une pbilcsophiesimple, rationnelle
timents de sympathie et de bonne coniraternité. comprise Ides masses et portant dans les cœurs
J dles L e v a l l o is . condamnés ici-bas aux rudes épreuves de la vie, la
consolation et l ' e s p é r a n c e ?
Et plus loin : « Q u’est-ce que le m édium ? S p i -
Nice, le 4 mai 1890. « r i t i s m e . — Intermédiaire entre les vivants elles
Mon cher Monsieur Deianne, F . Ê. S. « esprits ; I n s t r u m e n t d e s e s p r i t s d a n s l e u r s c l i v e r -
Je lis dans le numéro du 7 avril 1890, sous le titre « ses m a n i f e s t a t i o n s . — O c c u l t i s m e : Etre dont le
P h é n o m è n e s m a g i q u e s , dans la Revus philoso- a système nerveux présente une constitution parti­

p h i q u t M I n i t i a t i o n , un artiele extrait du volume: el culière qui permet au c o r p s a s t r a l de sortir très


du congrès spirite et spiritualiste(i 8 8 9 ,,,par lequel « facilement.
M. p?pus cherche dans un but de conciliation, je « Agissant inconsciem ment sous l'influence des
le conçois, à établir un parallèle entre le spiritisme « assistants ou du milieu am biant (physique ou
et l’occultisme, qu’il présente comme identiques; 1 astral). »
ce qui ne saurait être, selon moi, vous n ’êtes pas Je cite encore :
sans vous en être rendu compte, en lisant l’admi­ a S p i r i t i s m e . — Les Esprits enlèvent la table.
rable discours de notre F. E. G. M. Bouvéry sur la « O c c u l t i s m e . — Le corps astral du medium uni
tombe d’AJlan Kardec. « aux corps astraux de» assistants produit ces phé-
Je m’adresse dcnc à vous, l’infatigable apôtre de « nomènes.
la propagande spirite, pour vous communiquer <r Des Elémentaux peuvent y participer. »
sur ce point toute ma pensée, à i ’aopui de mes Voilà par exemple une croyance à donner raison
convictionsdansie domaine psychologique, n’agis­ aux matérialistes, qui attribuent les phénomènes
sant que dans un but de diffusion de nos chères spirites à la pensée du médium er des assistants.
croyances. E t plus loin :
Je eue au hasard textuellement, page i 2 du n u ­ « De petites l u m i è r e s a p p a r a i s s e n t autour du
méro précité de V I n i t i a t i o n . « m-dium . S p i r i t i s m e . — Ce sont les esprits qui se
« D'après le S p i r i t i s m e , le monde invisible est « rendent visibles à l ’iide de ces lum ières phos-
« peuplé seulement d’esprits et de fluides. c phorescenres.
«D'Après l O c c u l t U m e , d’autres é lém en t s’y « O c c u l t i s m e . — La vie du m édium sort par la
« trouvent; ce sont les :
« rate eu le plexus sym pathique et devient vi-
« E l é m e n t a i r e s , principes inférieurs des êtres « sible. >
« décédés à la vie terrestre, puis :
Est-ce assez jo b ... cher M onsieur D eianne? et
« l e s c o r p s a s t r a u x . — Des êtres vivants péris-
ne trouvez-vous qu’un système philosophique,
« prits des médiums sortis inconsciemment hors
» de l’être ou périsprits des adeptes sortis cons- quel qu’il soit, n a chance de se répandre q u ’à con­
« déminent des corps dans un but déterminé dition d’avoir pour appui la science et la raison ;
« L e s E l i m e n t a u x , — Etres inférieurs n'ayant cest-à-dire d'étre clair, logique, pour être acces­
sible à toutes les intelligences? non que je veuille
LE SPIRITISME i°7

dire que le vieux culte aryen des Mages et les


anciennes croyances de l'Inde, dont M. Papus se avec évidence, que le spiritisme ne peut pas plus
s'accorder avec l'occultisme, qu’il n’est facile de
fait le vulgarisateur, ne renferment leur côté mo-aj,
concilier ce qui est inconciliable.
mais combieji iis diffèrent des principes de notre
F aut-il le dire? Nos savants modernes, avides
maître dont la simplicité fa:t la force et h gran~
de connaître, en voulant trop approfondir, nuisent
deur.
plus au spiritisme qu’ils n’en provoquent l’exten­
Je sais que vous allez me répondre : Nous allons
sion. Cert s, j ’admets ce'ts granie poussée spiri­
tous au même but mais par des routes différentes. tualiste vers le progrès, dont parle M. Chaigneau,
J'en conviens, mais faut-d encore q u ’une de ses mais Dieu a mis une hom e infranchissable à l'es­
routes, ne soit point broussailleuse, rocailleuse, prit humain ; nous allons tous d’hypothèse en
pour qu’on puisse y marcher librement et sans hypothèse, l’imperfection de ¡nos organes matériels
difficulté, car M. Papus l’avoue : « L ' O c c u l t i s m e , s’oppose aux découvertes de l'au-delà, susceptibles
« ne peut cire réservé qu’à certains cerveaux pliés de répondre à nos aspirations vers le beau, le
aux difficultés des conceptions abstraites. » bien, le juste et le vrai. Nos plus grands érujits
Qu’cst-ce ensuite que ces trois éléments de ressemblent à des faveugles qui veulent juger des
l’Esprit : â m e h u m a i n e , â m e a n g é l i q u e , â m e d i ­ couleurs d'un tableau; à des sourds qui parlent
v i n e ? alors que l'occultisme, en opposition avec le
des mélodies d’un concert. Notre nature finie n
spiritisme annule la conscience du m o i en disant : peut juger de l’infini, le relatif de l’absolu.
« La foi de l’homme, c’est la fusion en Dieu dans Bornons-nous, pour le moment, au contrôle du
« la totale conscience et la totale puissance ou fait scientifique, le seul critérium que nous puis­
« n ir v â n â . » sions opposer à ceux qui tout en se disant nos
Les questions theoiophiqurs ont certainem ent amis, prétendent être le flambeau qui doit éclairer
leur valeur, mais il est à craindre que les dissi • l’Occident.
dences et divergences d ’idées, de croyances, Profitons des bienfaits que nous ont donnés jus­
n ’ouvrent plus tard une arène au* discordes, aa qu’ici le magnétisme et le somnambulisme, en
lieu ü’étabiir la fusion soiritualiste désirable; car attendant le jour où transformés, régéuérés-par de
il y a ici, quoi qu’on en dise, bien autre chose nouveaux organes élargissant l'horizon de la vé­
qu’une dispute de mots; il y a, à l'égard des spi­ rité; nous comprendrons mieux le vide de nos
rites, opposition complète de doctrine et de rêves humains par suite de l’élévation progressive
croyance. de notre esprit vers de plus hautes destinées.
Laissons parler M. Bouvery : L’Occultisme prétend q u el’esprit va se fusionner
« Certains théosophes tel que M . M a c - N a ô , en Dieu ; alors q u ’Allan Kardec dit dans son livre
a enseignent que le périsprit sans l'esprit est la Le c i e l [ e l V e n f e r . — « Que l’homme soit plongé
« cause unique de presque toutes les manifestations. « dans le néant ou dans le réservoir commun c’est
« Il est dit-on conscient, capable de volivions, de « tout un pour lu i; si dans le premier cas, il est
« raisonnements, de jugements e' même de faire « anéanti, dans le second, il perd son individua-
« des opérations d’arithm étique, comme dans les « lité, c’est comme s’il n’existait pas; les rapports
a deux cas de M o n t o u x et d ' i n a n d i . « sociaux n*en sont pas moins a tout jamais rom-
« Ec non seulement l’esprit ou corps astal, cet « pus. L ’essentiel pour lui c’est la conservation du
< I n c o n s c i e n t aidé parfois par ce que nos amis ap- a m o i. »
« pellent V ê l è m e n l a l , ou partie inférieure de l’es- Veuillez maintenant lire dans le nouveau livre
« prit évoqué « veut, raisonne, calcule, mais à du Dp G:bier, l’Artatyse d e s c h o s e s , la manière peu
« l'occasion, ü se dégage du médium, se condense bienveillante dont il traite les médiums, page 16 1 :
« et se matérialise. « Bref, le medium spirite ordinaire est au passif,
« Si cela était, toutes nos espérances se rédui­ c un impulsif, et souvent un être incomplet ; j ’ai
te raient à bien peu de chose, nos espérances seraient « connu un impuissant et un hermaphrodite parmi
« des illusions.Le monde des esprits dontnousnous « les médiums que j ’aî étudiés. »
c croyons entourés serait tout simplement le monde Plus loin, page 180.
« des élémentaires, enveloppes ou forces périspri- « Je ne pense pas qu’on doivent blâmer 1 itives—
« taies formées des acquisitions incarnatives, et * tigateur qui étudie les phénomènes détermines
« dont l’esprit se serait dépouillé pour s'élever « par ces hommes qu’on appelle yoghis, fakirs,
€ médiums, etc., lesquels, usant de leur part de
«d an s un E m pyrée... inaccessible à l’esprit
« incarné. » « libre arbitre, ont soumis volontairement leur
Ce langage est logique et rationnel. Cela prouve « corps et leur esprit à des traitements parfois
le SPIRITISM E
io8

catholiques. Us jettent en effet, par .eurs théories


« cruels dans un but dont une fois encore, je n’ai à
étranges la honte et le ridicule sur les médiums
s discuter ici, ni la légitimité ni la valeur. Il me
spirites; or les médiums constituent la base du
« semble, au contraire, que c’est bien A tort qu’on
« négligerait l'étude de ces d i s l o q u é s d e l e s p t i t (je spiritisme.
« souligne) plutôt que celle des sujets de la dislo- Pour ma part, je connais d’excellents et non-
« cation physique, à qui parfois, paralt-il au nêtes médiums, qui, après avoir prisjconnaissance
« moyen d’une opération financière qu’on pourrait de ces théories injurieuses, se sont retirés du camp
« appeler macabre, on escompte leur squelette A spirite pour ne pas s’exposer à donner à leur répu­
« condition qu’ils l’abandonneront aux musées des tation une sorte de souillure.
« facultés de médecine. Je trouve donc qu’il serait naïf de faire de la
Plus loin encore, page 239. propagande pour les occultistes.,, qu il serait plus
« Au Moyen Age, on a observé également sage de ne pas enfermer le loup dans la bergerie.
« nombre de fairs curieux que ces chroniqueurs et Veuillez excuser, je vous prie, ma lettre un peu
« les procès de sorcellerie nous ont transmis. En longue, mais j’ai eu à cœur le devoir de me
« taisant la part qui doit, sans aucun doute, être joindre à MM. Bouvery et Auguste Vincent nos
< réservée à l’erreur, l’exagérai ion, et les bafluci- F. E. C. pour défendre la cause sacrée du spiri­
c nations dues à la superstition, il reste encore bon tisme.
« nombre de phénomènes inexplicables pouvant M. Sardoupère, ayant honoré cette lettre de son
«être mis sur le compte de la vie miséiable que approbation, je fais appel à votre impartialité et à
4 menaient dans ce temps-là toutes ces mallieu- vos convictions spirites pour la publier dans votre
« reuses victimes de l'ignorance et du fanatisme journal l e S p i r i t i s m e .
«apeurés. Cet état de misère physique et morale Recevez, mon cher Monsieur Delanne, en atten­
« avait une grande influence sur la constitution de dant le plaisir de vous revoir, l’expression de mes
« ces êtres dégradés et les rendait presque tous sentiments fraternellement dévoués.
«plus ou moins aptes à la médiumr.iié. C h . N ozeran
« 11 y a un fait historique qu’on ne saurait 9, r u e P a g a n i n i , à N i c e .
« rr.eitre complètement à p jrt des précédents et
« qui demande encore une explication de la science Lorient le 3 ju in 1890.
« vulgaire; c’est l’épopée touchante de la « Pu-
Monsieur et F. E. C.
• celle d Orléans », l’héroïque Jeanne d’Arc. »
Je lisais il y a quelque temps dans lî traité de
Est-ce assez édifiant à l ’endroit des médiums!...
et ne trouvez-vous pas qu'il incombe le devoir Calebrooke sur la philosophie des indous que la
à M. votre fils, de répondre à un semblable lan­ doctrine du S’ânkhya admet comme troisième
gage ? lui qui, dans son livre admirable, L e S p i ­ espèce d’induction, la tradition et la vraie révéla­
r i t i s m e d e v a n t l a s c i e n c e , a si bien démontré les
tion qui doit s’entendre des Véùas « y compris les
diverses facultés médianimiques. Le moment souvenirs de ces mortels privilégiés qui se rap­
même me semb'e opportun pour qu’il nous pellent les circonstances de leurs premières vies
donne une étude complète du périsprit, afin de et les événements qui leur sont arrivés dans d ’au ­
rendre service aux spirites et au spiritisme, tres mondes » Et je me rappelai à ce sujet que
Pythagore disait se souvenir de ses existences
Autre part le docteur Gibier dit : 4 Le spiri­
passées, d’avoir été pêcheur, porté le nom d’Eu-
tisme a deux ennemis déclarés : les spirites reli­
gieux et les spiritualistes scientifiques. » Mais pharbe et assisté au siège de Troie. J ’ai connu
lui donc, qu’est il, en injuriant les médiums ins­ encore d autres exemples de ce phénomène extra­
truments providentiels sur lesquels repose la ordinaire dont parlent Platon et plusieurs autres
croyance spirite?... philosophes anciens, mais je ne m'en remets pas
les détails.
Veuillez lire encore dans les revues spirites des
mois de mars, avril et mai 1890, L a T h é o r i e d e Il y a déjà un peu plus d’un an, j'avais essayé
l I n c o n s c i e n t , où par des arguments logiques, décrire pour moi-même l’analyse d ’impressions
M. Auguste Vincent combat l'occultisme de étranges dont je suis encore parfois affecté, im­
M. Mac-Nab; ce dernier n’ayant qu'un but : tuer pressions analogues à des réminiscences et dont
le spiritisme. 1 origine extra-terrestre me semble évidente. Je dis
En résumé, je le répète : M M . G i b i e r , P a p u s . réminiscence, car le mot souvenir ne pourrait
ci t u t t i q u a n t i , nuisent plus à la doc-
M a c - N a / j,
s’appliquer qu'aux exemples cités plus h aut, qui
tnne spirite, que tous les sermons des pré lie/ nts présentent un caractère de précision et de netteté
qui va jusqu’à la mémoire des faits.
LE SPIRITISME 109

Pour ce qui est de moi, je n’ai jamais eu que


des impressions. J'essaierai de les décrire, y réus­ Néanmoins, j ai trouvé une chose qui mettra
sirai-je? peut-être sur la voie : certains rêves bizarres et
inexplicables en approchent, chacun a eu de ces
C’est une sorte de vue extra humaine, ou étran­
rêves et ne trouvait non plus pour les expliquer
gère à la connaissance des choses terrestres, une aucun terme.
sublimation des concepts, leur transport dans une
Mes impressions sont-elles des réminiscences
autre sphère, plus vive, lumineuse luxuriante et
d'existences antérieures? Ne suis-je pas en droit
aussi comme chantante et rayonnante, imprégnée de me le demander i Puisque je ne trouve aucune
d’un grand je ne sais quoi de puissant et grandiose explication et qu’en le faisant, j’entre dans le sys­
comme l’idée de l'espace infini. tème philosophique le plus admissible et le plus
Les termes que je trouve sont tous insuffisants grandiose: la croyance aux existences auccessives.
pour m’exprimer, pour faire sentir ce que j'ai Ce souvenir, d’après mon hypothèse, n’ayant
senti. Mais je supplie le lecteur de ne pas essayer point été fixé en mon esprit par l'intermédiaire des
d'interpréter cela simplement et selon le sens vul­ sens humains que je possède depuis cette vie ne
gaire du mot n a t u r e l ; on me dira que c’est là une rencontre point dans mon cerveau des éléments
chose comme la plus ou moins bonne disposition de comparaison et d’actuelle perception comme il
de l’esprit à tout voir en beau. N on, je connais arrive pour les faits vécus ici et les images terres­
aussi cette impression d’allégresse que l’on éprouve tres, et il est caractérisé par une fugitivité vague
souvent sans raisons appréciables, où l'on hume à mais que néanmoins je distingue parfaitement de
la lois tous les parfums de la nature, où l’on vibre ce qui est terrestre, ne pouvant, comme toujours,
de tous les rayons du ciel. J ’ai beaucoup cherché le comparer à rien d’ici-bas. Je distingue plus
une explication simple, mon esprit positif, exigeait ou moins bien, suivant sans doute que je m’abs­
d’abord la recherche d’une cause naturelle, du trais plus ou moins des lourdeurs de la matière.
domaine des choses explorées ; certaines particu­ Dans certains moments où ces sortes de rêves
larités du phénomène me l’ont fait déclarer im ­ s’emparaient de moi, j’ai fait souvent des efforts
possible.! pour percer la nue, pour saisir quelque chose. Et
Ces impressions particulières que j’éprouve par­ je me sentais approcher davantage, mais sans
fois sont distinctes de tout ce que j ’ai ressenti sur atteindre au souvenir.
la terre, je ne puis les rapporter à rien i.i-bas , pas Comme une poésie dont on cherche les paroles
de comparaison possible à rien de ce que m ’ont ou une musique dont on cherche 1a première
lait connaître mes sens, aussi est-ce pourquoi je phrase, déjà on s’est remis l’idée de la poésie, l’âme
ne trouve point de termes pour en rien expliquer. de 1a musique, mais il manque l’expression
Pour exprimer une impression hum aine, on employée par l’auteur, le détail de l’œuvre. 11 en
rappellera le souvenir de sensations ou de passions est ainsi de mes réminiscences, je perçois bien les
inhérentes à notre nature et que chacun de nous a différentes qualités de la symphonie sans arriver
éprouvées ; on dispose alors de termes convenus a m’en remettre la plus faible partie.
et habituels et l’on peut se (aire comprendre. Mais Parfois néanmoins j ’ai des exemples curieux où
que l’on suppose être seul à avoir le sens de l’odo­ en cherchant, j'ai soudain vu, entrevu ou aperçu,
rat (pour varier l’exemple classique des troglo­ quoi ’.’... je me le demandais vainement apres. Une
dytes). Ne disposant d’aucun terme comment sorte de vision reconnue dans un éblouissement,
retracera-t-on les parfums? Comment décrira- dont le souvenir s’évanouit avec elle, puis retour
t-on l’odeur de la rose, ou la différence entre celle- complet à. l’état normal. Et cependant je sais que
ci et le parfum de la violette, à ceux qui ne peu­ tout cela est subjectif, c'est-à-dire tout se passe en
vent même se faire une idée de ce que c’est que m oi. dans mon esprit et n'a pas de réalité extérieure
l’odeur? On dira bien que cela a de l’analogie avec reste à savoir si le monde subjectif et le monde
le goût, on essaiera d’employer des im ages; mats objectif sont bien distincts, s’ils ont des fron­
on risquera beaucoup d’entendre ses auditeurs tières bien délimitées. Mais je nie toujours que la
déclarer que ce n’est là autre chose que le goût science officielle puisse trouveren elle aucunee xpli-
mais un gottt perverti, un état pathologique au­ cation de ces choses, parce que, je le répète, elles
quel on adoptera sans doute une dénomination sont tellement en dehors de ce qui est connu que
rébarbative. Bienheureux si l’on n’entend pas les les n o s humains ne les expriment pas.
gens donner cette explication que j’ai toujours Tout cela n’a pas peu contribué à me faire
trouvée particulièrement claire et concluante : admettre le spiritisme,l’exisience de l’occulte en un
« Cela vient de l'imagination ». J mot. Mais après plusieurs essais j'ai compris l’inii*
5
le SPIRITISME
I 10

jusqu’ici je ne gardais mes expériences que pour


tilité d’en parler à personne; mes amis intimes
même, dans l’impossibilité où j’étais de les mettre moi et les malades qui veulent bien se soumettre
à ma place, de leur faire sentir par !a narration ce à nies soins, il'n’y a donc que l’article du P e t i t
J o u r n a l , que j’ai encore sous les yeux qui me fait
que je sentais, trouvaient des explications tirées de
leur expérience et que j’eusse sans doute aussi vous livter ces quelques téflexions en même temps
avancées à leur place, mais que je sentais insuffi­ que ma façon d’opérer qui est encore plus simple
santes en même temps que j'avais conscience de que celle de M. Luys comme vous pourrez vous en
mon impuissance à les persuader. convaincre par ce qui suit :
Si donc je décris aujourd’hui ces particularités Après avoir magnétisé bon nombre de malades
psvchologiques, c’est avec la pensée de rencontrer par mes moyens habituels, quelquefois plus d’un
peut-être quelqu’un éprouvant ou connaissant cent dans une demi-journée, et cela trois fois par
quelque chose de semblable et de lui donner ainsi semaine, je prends les plus affligés que j'ai gardés à
le courage de ’a conviction en lui montrant qu il cet effet pour être soumis à mes expériences avec
n ’est pas seul et espérant qu’il me retournera sem­ ces sujets qui viennent me prêter leur concours
blable appui en décrivant son cas. après leur travail journalier autant par désir de
Daignez agréer, cher Monsieur Delanne,mes fra­ soulager lnur semûlable que par reconnaissance
ternelles salutations, ainsi que celles de nos amis pour moi et je procède de la sorte.
lorientais. Le malade est assis dans un fauteuil aussi com­
E m ile P a y e n . modément que possible, un sujet est sur une
chaise en face ou à côté de lui, à une distance pins
Monsieur G. Delanne, ou moins grande, suivent que l’on est plus ou
Comme il n'y a rien de nouveau sous le soleil moins gêné par la présence des intéressés, vu
et que MM. les savants ont besoin d’en créer, atin l’exiguité de la pièce où ¡’expérimenta ; alors j'im­
de faire ressortir leur personnalité, soit au son du pose une main sur fa tête du patient; il va sans
tambour ou du clairon, soit au moyen de la grande dire que le sujet n'est pas endormi ; à cet instant ce
presse qui se fait leur porte-parole, je viens de voir dernier ressent tous les symptômes du mal et
sur le P e t i t J o u r n a l , numéro du 25 avril, un ar­ tombe en crise en disant que je le fais souffrir, et,
ticle où il est parlé d’une découverte merveilleuse, chose curieuse, pendant qu’il dit sentir la douleur,
faite par M. le docteur Luys ; il est vrai que le le malade ne sent rien ou tout au moins est n oti-
journal l e S p i r i t i s m e en avait déjà parlé sous ce blement soulagé ; j'ai vu et vois encore chaque
titre: L é o n t i n e e t M a r i e , e t que je connaissais la jo u r un même sujet soutirer de la sorte le mal de
chose; mais comme elle vient d’une sommiié scien­ plus de dix malades différents et trouver à ce tra­
tifique et qu'elle parait nouvelle du moment vail une satisfaction et .une santé que ne peut pro­
qu'elle sort de toute pièce revêtue de la marque duire aucune autre gymnastique, je dis gymnas­
de fabrique, il serait bon cependant de faire re­ tique, parce que très souvent les sujets se tordent
marquer que bon nombre de magnétiseurs ont dans de véritables convulsions sans jamais pour
reconnus les mêmes effets, sans pour cela avoir cela avoir de fatigue une fois revenus à leur état
recours aux aimants ; pour ma part, il y a déjà normal; chose également remarquable : p'usieurs
environ six années que je soigne certaines mala­ sujets différents, séparés les uns des autres, pren­
dies rebelles à toutes médications par ce simple dront toujours les mêmes crises suivant qu'ils se
moyen, de nombreux témoins et les malades eux- trouveront en face d’un même malade, sans pour
mêmes peuvent l’attester; j’eus même l’occasion de cela avoir été prévenus, ce qui écarte toute idée de
démontrer ce phénomène à M. Léon Denis, le con­ suggestion et même d’auto-suggesiion et qui, au
férencier b;en connu, à la suite d'une conférence contraire, démontrerait non seulement une action
qu’il est venu faire à Ljon en octobre 18 8 7 et ou fluidique, mais en certains cas, quelque chose de
lui-même se chargea d’une partie du travail en conscient comme je le démontrerai bientôt par des
agissant sur le sujet par sa parole toute persuasive, faits palpables si toutefois vous voul°z bien confier
au moment ou ce dernier était en crise. aux colonnes de voire journal ce que je me propose
lies termes dont nous nous servons pour parler d'écrire à ce sujet.
du phénomène ne sont sans doute pas les mêmes, , A. B o u v ie r .
pour cette simple raison, c’est que M. Luys est un Lyon, le 8 mai I890.
»avant médecin hypnotiseur et qu'il possède un
N .- B . Dans le numéro du journal l e S p i r i ~
vocabulaire que ne peut avoir un simple ma­
t i s m e , mai 1890, page 78, deuxième colonne, troi-
gnétiseur spirite ignorant tel que moi, aussi
■s‘ème paragraphe, lire : (le même corps n’est plus
LE SPIRITISME 111

mû par la même intelligence) et non uni par la


Je livre le fait à l’examen des chercheurs. Y a-t-il
meme intelligence ; 1 incarné seul est réellement
eu là hallucination, comme ne manq eraient pas
uni par son lien fluidîque quoique séparé du corps.
de le prétendre es matérialistes? Ma mère m’est-elle
Vincenne», 7 mai 1890. réellement apparue rajeunie, comme pour me con­
Chemin du Luat. soler de l avoir vue en si triste état les derniers
M . G a b r ie l , r é d a c te u r
D e la n n e en chef temps de sa vie, et surtout pour m’ouvrir une
du Spiritisme. éclaircie sur l’au-delà de tna pensée? je ne saurais
Moosieur, le dire. Mais ce qui est certain, c’est que si la chère
femme a voulu et pu, en nous quittant, jeter en
Il y a aujourd'hui six ans que ma mère est morte
moi une lueur d’espérance, elle y a réussi. Je
chez moi ; je crois que les dé ails qui suivent inté­
vivrais cent ans, que jamais je n’oublierais ce qui
resseront les lecteurs du S p i r i t i s m e .
précède.
J ’habiiais alors un pavillon, rue de la Marseil­
A la recherche d e l ' x du grand problème, x qui
laise, à Vincennes; après avoir passé la grille du
nous donnerait la force et le courage dans nos tra­
petit jardin d'entrée o n montait quelques marches vaux en vue du progrès, x qui éloignerait à tout
et l’on se trouvait au rez-de-chaussée, composé amais le paralysant « à quoi bon? », nous devrions
seulement de la chambre de ma mère et de la salle tous faire (chacun en ce qui le concernerait) une
à manger, la première ayant deux fenêtres sur le ’ vaste enquête et en publier les résultats, en mettant
petit jardin de devant, la seconde pièce donnant j de côté toute question d’amour-propre.
sur le jardin de derrière. La salle à manger avait 1 Combien se taisent par crainte du ridicule, qui,
deux portes, l’une ouvrant près de l'escalier me­ sans être spirites convaincus, auraient à raconter
nant au premier, l’autre donnant dans la chambre des faits semblables à celui-ci !
à coucher de ma mère. Et pourtant, ce serait un devoir à remplir! La
Pour ce qui va Suivre on verra qu’il était néces­ vérité est la grande rédemptrice; on doit avoir le
saire de se rendre compte des lieux. courage de la dire.
Ma pauvre mère était malade depuis deux ans et Bien que ce qui précède ressemble à beaucoup
très âgée; depuis longtemps j’étais préparé à la de récits analogues, j’ai cru utile, cher monsieur
perdre, car, depuis seize mois, disait notre médecin, Delanne, de vous écrire la présente lettre que vous
nous avions prolongé sa vie à force de soins. publierez si vous le croyez bon.
Quoique bien affecté, j ’étais, on le comprendra, re­ Agréez, je vous prie, cher monsieur, l’assurance
lativement calme et de grand sang-froid. de ma considérauon très distinguée.
Le médecin des morts avait constaté le décès et E. POTONiÈ-Pierre .
l’on allait, une heure après, procéder à la mise en
bière.
Il n’y avait chez nous, au moment dont je vais
parler, absolument que ma femme et moi, et il ne L’ HOPITAL DE LA FAIM
peut s’élever aucun doute à cet égard, puisque
notre pavillon n'était habité que par nous et psr L ’ I n i t i a t i o n publie, dans son numéro du i 5 juin,
ma mère. l’appel suivant, que nous reproduisons avec grand
Je venais de descendre du premier, lorsque, ou­ plaisir, en souhaitant que l’œuvre humanitaire
vrant la porte de la salle à manger, je vis une femme dont il y est parlé puisse être mise en pratique:
^sortir de la chambre de ma mère et se diriger vers la : Chaque jour les journaux enregistrent le suicide
fenêtre: — Eugénie, pensai-je, mais quel lut mon de désespérés qui, mourant de taim malgré leur
étonnement lorsque, me détournant, je vis la dite volonté de travailler, ne peuvent résister plus long­
Eugénie, ma femme, derrière moi, arrivant du temps à leurs souffrances et piélèrenten finir de
lardin ! suite avec la vie. Parfois des malheureux s’affaissent
J'avais poussé un cri de surprise, et je racontai tout à coup sur la voie publique — morts de faim.
ce qui venait de se passer. Il y a là un véritable crime social auquel les
Alors, regardant ensemble dans la pièce, nous ne citoyens doivent porter remède eux-mêmes, si le
vîmes plus rien. gouvernement est impuissant à le faiie. Cependant
Ma mère, âgée de 83 ans, grosse, tenant à peine l’Assistance publique a tout intérêt à bien consi­
sur ses jambes, avait, on le pense, une démarche dérer la question. L’on se plaint, en effet, que les
hôpitaux sont chaque jour plus encombrés et de­
Courbée et pesante, tandis que l’apparition qui
viennent de plus en plus insuffisants. Cet encom­
avait traversé la salle à manger était droite, jeune,
brement est causé par les malades chroniques qu’on
alerte.
t I2 .M«; S PI I U T ISM K

ne peut renvoyer, mais qu'on ne peut pas non plu» pain, repus qui revient A i 5 centimes et demi à
guérir; h phtisie pulmonaire, i|iti fait A Paris plus l’udministratiuri de l’hôpital, à condition bien en­
de 20.000 victimes par an, est un 11es^ laetenrs les tendu, que personne 11c veuille réaliser »les béné­
plus importants de cet encombrement. Or. l’homme fices ; car il s’agit là d’une œuvre humanitaire, et
qui n'est plus soutenu par une nourriture suffi­ non d’une entreprise industrielle.
sante est en état constant de réceptivité, suivunt On pourru dire que cet hôpital entretiendrait ]a
une expression devenue classique, et prend très paresse : muis ne vaut-il pas mieux dix paresseux
facilement les germes de toutes les maladies cou­ que cent malades et vingt malfaiteurs? Lesquels
rantes. Si l’on avait pu soutenir A temps ces rou­ coûtent le plus cher? De plus, les tribunaux pour­
lades, iis auraient pu résister facilement A l'infec­ ront condamner avec la dernière rigueur ceux qui
tion tuberculeuse, et quelques grammes de viande auront commis des délits graves, car alors il n’y
donnés alors auraient empêché l’envahissement aura pas l’excuse de la faim.
d’une maladie chronique que des kilos de médica­ Fai t-il demander au gouvernement une loterie
ments et des sirops sont impuissants A guérir, pour réaliser cette idée? Faut-il s’adresser aux per­
i D’autre part, l’homme qui a la fièvre n’a besoin sonnes toujours prêtes d nider les grandes œuvres
que d’un lit pour se reposer; mais l’homme qui humanitaires? Nous n’avons pas à traiter cett;
n’a aucune affection, qui est encore robuste et à question ici. Nous avons voulu appeler l’attention
qui sa famille demande d i pain,alors qu’il n’en a pas de nos lecteurs sur une idée que nous croyons pra­
pour lui-même, que peut-il faire? Il ne peut que se tique : nous serons reconnaissants à nos confrères
révolter contre une société qui le condamne à mort de la Presse de la répandre, et noue engageons les
ainsi que les siens, et souvent il va grossir le nom­ lecteurs qui voudraient de plus amples renseigne­
bre des malfaiteurs, résolu à tout plutôt qu’à voir ments à s’adresser au promoteur de l’œuvre: M. L.
ses enfants mourir de faim — Prisonnier, il coû­ Encausse, 16, rue Rodier, Paris.
tera bien plus à l’Etat qu’il n’aurait coûté à satis­
faire avant son désespoir.
En supprimant la cause, on supprime tous les
effets. Supprimez la possibilité de mourir de faim,
BIBLIOGRAPHIE
et vous supprimerez de ce fait la moitié et même
L ’éditeur Carré nous donne une nouvelle édi­
plus des malades hospitalisés et des malfaiteurs. tion, triplée de texte et remaniée de fond en comble,
Il existe un hôpital de convalescents pour ceux du 101 fi icule de ces Essais de sciences maudites
qui sortent des hôpitaux, non encore guéris com­ auxquels le public parisien fit un si chaleureux ac­
plètement ; il n’existe pas un hôpital deprévoyance cueil en 1886 {Axe seuil du mystère, par Stanislas
pour empêcher l’éclosion des maladies ou des vices. de Guaita, 1 vol. in-8°, de 200 pages, avec plan­
ches, prix 6 francs).
C ’est pourquoi nous venons soumettre à nos lec­ La pnofuièra édition de cette brochure, qui sert
teurs l’idée vraiment humanitaire d’un chimiste en quertjiHWÊfci/rte d’introduction à la série d’ou­
contemporain déjà connu honorablement pour ses vrages q A n o ' i s promet M. de Guaita (sur la Kab­
travaux scientifiques : M. Louis Encausse. Cette bale, la, w ? et derie, la Haute Magie et le Plato­
idée appuyée sur les motifs que nous avons énu­ nisme oct^Au ) souleva dans la presse une émotion
que la cJjji^.ilé du public justifia d’ailleurs. L’ou­
mérés ci-dessus, consiste à créer avec des ressources
vrage fqjfrprb.nptement épuisé.
qu’il faudra trouver, un Disor' en quoi cette édition nouvelle diffère de
l’ancienne. Outre deux étonnantes et très artisti­
HÔPITAL DE LA FAIM
ques eaux-fortes d’après Khunrath, elle renferme
Cet hôpital serait organisé de telle sorte que les un Appendice entièrement inédit, plus considé- J
pauvres honteux, comme les malheureux en gé­ rable que le texte même: car le poète Kabbalisie I
néral, n’auraient pas à rougir de l’assistance qu’ils y entre dans le détail de problèmes que le caractère ]
élémentaire du texte primitif lui avait détendu j
recevraient et pourraient être secourus discrètement. d’aborder. ;
Au point de vue pratique, M. L. Encausse pos­ Si condensé que soit cet A p p e n d i c e , il donnera un
sède des modèles et des plans complets d’installa- avant-goût des Arcanes abordés de iront et. brave­
lion, permettant de supprimer en grande partie le ment élucidés dans le grand ouvrage historique,
personnel et de réduire les irais au minimum. Le magique et théosophique actuellement sous presse :
l e Serpent d e l a Genèse.
service se fait presque mécaniquement et toujours
Le B i b l i o i ’ hile
d’une l'a;on invisible. C ’est ainsi qu’on peut arriver
à donner un repas composé de 125 grammes de
Le G érant : Gabriel Delanne.
nain — 100 grammes de viande — 100 grammes
de légumes et 175 grammes de soupe grasse au lmp. A lc a n - L é v y 24, rue Chauchat. Varis
8* ANNÉE. — N° 8 40 eiMitimtg le Nwraer». A oû t 1890

LE SPIRITISME O R G A N E DE L ’UNION S P I R I T E F R A N Ç A I S E
Naître, mourir, renaître et progresser sans ettie
telle est la loi. A llan K ardbc .

ABONNEM ENTS RÉDACTION & ADMINISTRATION


L E JO U R N A L P A R A IT
Pari* et Départements 5 f r . p a ra n . 24, rue Labruyère, P a ris
U N E P O IS P A R M O IS
É tr a n g e r ............... ... 6 — Rédacteur en chef : G abr ie l D klanne

A V IS I M P O R T A N T

N ous avon s l’h o n n eu r d’in ­ Nous sommes heureux de pouvoir mettre sous
form er n os lecteu rs et nos les yeux de nos lecteurs la conférence faite par
corresp on dan ts q ue le bureau notre ami M etzgerau g r o u p e in d é p e n d a n t d 'é tu d e s
é s o té r iq u e s , 29 rue de Trévise. Nos amis appré­
de réd action du journal <( le cieront avec quel talent le conférencier a su mettre
S p iritism e » est transféré, à en relief les contradictions qui fourmillent dans
partir du 1 er février, 24, ru e l’enseignement occulte; il a montré que ces doc­
L abruyère. P rière d’en voyer trines n’ont entre elles aucune cohésion et que cet
amas de vieilles théories qui ne s’appuient sur
à cette a d resse le s lettres et aucun fait positif ne peuvent infirmer en rien les
d ocu m en ts co n cern a n t la R é ­ vérités spirites si rigoureusement déduites de
d action et l’A dm inistration de l’examen impartial des faits.
n otre org a n e.
OCCULTISME E T SPIRITISM E fl)
N ous p rion s en m êm e tem ps
n os am is d e b ien v o u loir nous Parmi les explications qu’on a données des phé­
ad resser , par m a n d a t-p o ste, nomènes spirites, il en est qui sont franchement
24, ru e L abruyère, le m ontant absurdes. Il me suffira, pour vous en convaincre,
de vous rappeler la fameuse invention du non
d e leu r ab on n em en t pour l’a n ­ moins fameux Schiff qui prétendait rendre compte
n é e 1890. des faits médianimiques à l’aide des craquements
des muscles du péroné, — ou les imaginations dé­
raisonnables et grotesques de M . de Formelle qui
SOMMAIRE ne voyait partout, qui, aujourd’hui encore, ne
voit partout que trucs et que fraudes, et affirme,
Occulisme ef Spiritisme . . . . M etzger
sérieusement que, si les tables marchent, c’est
Projet de rédaction d'une bro­
parce que les soi-disant médiums se sont préala­
chure destinée àla Propagande C. C h aig n eau
blement badigeonné les mains de confiture, ou
Création d’un nouveau centre
portent des crochets dissimulés sous ou dans leürs
d’Êtudes ................... ... . . .
manchettes.
Correspondance. Plutarque Spi­
D’autres sont insuffisantes : telles sont les théo­
r ite ............................................. S a r d o u .
ries du D r Carpenter, qui réduisait les phénomènes1
Un incident au Congrès spirite
et spiritualiste de Paris . . . E. VoLPi. (1 ) Conférence faite le 27 juin 1890 , & la salle du « Groupe
indépendant d’études ésotériqùes », 2 9 , rue de Trévise,
Bibliographie............................... Paris.
114 LE S P I R I T I S M E

à une »impleiSuggestion; de M. Chevreul, qui par­ tions: « Vous êtes orfèvre, M. Josse», et passon»-
lait des mouvements inconscients; de M. Babinet, aux occultistes.
qui s’était fait le patron de l’intégration des petits
mouvements; de M. le comte A . de Gasparin, qui Les occultistes, kabbalistes et théosophes, — du
reconnaissait l’existence, en l’homme, d’une force moins quelques-uns d’entre eux — regardent vo­
ou d’ un fluide capable d agir en dehors de lui, à lontiers les autres hommes du haut de l’immense
distance, d’animer en quelque sorte la matière ; du piédestal qu’ils se sont dressé. Leur science est à ce
professeur Chevillard, des Beaux-Arts, dont l’at­ point transcendante que les simples mortels — que
tention avait été surtouta'.tirée par les trépidations nous sommes — n’y peuvent guère atteindre. E lle
ou vibrations, électriques ou autres, qui émanaient est si fort élevée et si loin, un voile quasi impé­
du sujet, etc. nétrable, — le voile du symbolisme — la dérobe
Ces différentes théories ne nous sortent pas de si bien aux yeux du vulgaire que, sauf de rares e f
l’homme, de l’homme qui, seul, serait l’auteur très honorables exceptions, les livres écrits cepen •
conscient ou inconscient, volontaire ou involon­ dant pour son instruction lui sont lettre dose,,
taire des phénomènes. langue étrangère et incompréhensible. Même des
hommes d’une certaine valeur intellectuelle
Avec l’ Eglise et les occultistes, les choses chan­ échouent dans la tentative ardue de soulever un
gent. L ’homme, sans doute, intervient toujours peu l’épais rideau tendu entre eux et l’objet de leurs
dans le phénomène comme acteur, mais il n’en est recherches : tellement que, désespérant de s’ élever
plus le seul agent producteur. D’autres causes jamais aux hauteurs, abstraites où planent les
extérieures à lui y jouent leur rôle, et souvent un auteurs dont la science les attire et les rebute tout
rôle capital. à la fois, ils retombent découragés et lassés sur là’
L ’Eglise, conséquente avec elle-même, logique terre d'igrorance qui est h nôtre. Sans doute
avec ses enseignements séculaires, voit, dans les appartiennent-ils à la classe des n o n in itia b le s , —
manifestations physiques et intellectuelles que Je dis ces choses, croyez-le bien, sans esprit de
ncus provoquons dans nos réunions, la main du critique ni ironie, étant précisément de ceux qui>
grand séducteur, de celui qui, depuis Adam, «rôde regrettent très sincèrement de ne pouvoir pas s’ap­
autour de nous, cherchant qui il pourra dévorer. proprier, faire leur, des (.héories et des doctrines-
Nous avons beau lui faire observer que cette intel. I qui leur paraissent très savantes, mais dont le sens-
ligence, quelle qu’elle soit, qui nous parle par la 1caché leur échappe en très grande partie.
table, par l’écriture ou par tel autre moyen qui lui ' Ce qui augmente mon embarras, et celui des
convient, ne nous donne guère que de bons con­ ¡hommes qui sont dans mon cas, c’est que si kab-
seils, recommande la prière, la charité, le pardon ibalistes et théosophes s’attribuent, les uns et les
des offenses, la pratique de toutes les vertus. Elle ¡autres, une science aussi profonde que mysté­
ne veut rien entendre. Satan se déguise en ange rieuse, ils sont loin, sem ble-t-il, d’être d’accord
de lumière, il nous prêche le bien, la morale pour entre eux. O r, division suppose science incertaine,
mieux nous séduire. La preuve, du reste, en est (théories hypothétiques. De quel côté chercher cette;
facile à faire, au dire de l’Eglise. vérité qui est notre besoin, notre tourment, notre
Les esprits supposés qui viennent à vous vous honneur? Est-ce du côté des kabbalistes? est-ce
prêchent-ils l’obéissance et la soumission à l’Église? du côté des théosophes? Mme Blavatsky, qui est,
vous disent-ils d’aller régulièrement à la messe ? incontestablement, qualifiée pour parler au nom’
de vous confesser au prêtre au moins une (ois de ceux-ci, dit que les kabbalisies « sont des
l’an ? de croire à l’autorité souveraine du pape en égoïstes qui poussent l'orgueil jusqu’au délires
matière de morale et de dogme? de reconnaître apôtre d’ un individualisme risible et gravement
que l’Église seule possède la vérité une, absolue, naïf, chacun d’eux se divinise en dénigrant son
infaillible? que s’opposer au successeur de saint voisin » ; — à quoi M. S. de Guaïta, qui est un
Pierre, qui en est comme l’incarnation vivante, éminent kabbaliste, répond que ce sont peut-
c’est s’opposer à Dieu même ? que ne pas observer être « les théosophes qui ont offert et offrent
les commandements de l’Eglise, au même titre que encore aux kabbalistes le spectacle écœurant des-
ceux de Dieu, c’est la damnation certaine? petites guerres, des petits schismes, des petites cha-
•Non. Donc, ce sont les esprits des ténèbres, de pelles... ¡ÜeTTntolérance sans conviction, (des riva-
l’ignorance, du mal qui communiquent avec vous. IjTt^s’sans' pudeu if et des polémiques sans courtoi­
D odc, vous courez à la perdition 1... N’insistons sies. »
pas et ne réfutons pas. Disons simplement A ceux
qui, en son nom. veulent arrêter nos investiga­ Quant à nous spirites, nous sommes aux yeux:
LE SPI RI TISME il?

■ des uns et des autres dans la plus complète erreur fluidique, reflet coloré du rêve de mon cerveau,
qui se puisse imaginer. Nous croyons avoir trouvé création azothique du verbe de ma volonté......»
— ou plutôt retrouvé — non pas, certes, la vérité
intégrale, dont la conquête, hélas I est rejetée dans
N ’avais-je pas raison de dire que nos « esprits»
un lointain incommensurable, mais quelques lam­
n’existent plus ? On nous les subtilise, ils se désa­
beaux, au moins, quelques parcelles de la vérité
grègent, s’évaporent, s’évanouissent au souille de
totale : nous nous étions, paraît-il, fourvoyés, du
l’occultisme... Nous n’avons plus devant nous que
tout au tout. Dupes de nous-mêmes et des forces
des êtres éphémères, sans existence propre, des
invisibles qui nous entourent et nous guettent,
ballons gonflés, des apparences trompeuses et fugi­
nous sommes tombés dans le piège grossier enfanté
tives qui naissent et qui meurent dans le même
par notre pensée renforcée de je ne sais quels êtres
instant.
fantastiques qui font de nous leur jouet. Nous
Et qu’on ne croie pas que M . de Guaïta soit
nous figurions que nos chers disparus accouraient
seul à penser ainsi. A peu d’exceptions près, tous
à notre appel... Gomme nous nous trompions!
les occultistes partagent sa manière de v o ir. Pre­
Les phénomènes dont nous sommes les té noins
nons, par exemple, M. Papus, qui a pris une part
journaliers avaient ravivé nos espérances et notre
si active et si utile au congrès de l’année dernière.
foi en un au-delà impérissable et indéfiniment
Sa conclusion — ou plutôt celle de l’occultisme —
progressif: faisons notre deuil de ce beau rêve, il
sous une forme plus modérée, est, en somme, à peu
ne se réalisera pas. T o u t au moins nos expériences
de chose près, la même. Ecoutons-le, rendant
les plus transcendantes ne prouvent-elles pas beau­
compte d’une séance spirite, au point de vue occul­
coup en sa faveur. Une seule chose ressort avec
tiste :
évidence de nos travaux, c’est que nous ne savons
La table se soulève, des coups y sont frappés :
pas observer, c’est que nous sommes des naïfs, fa­
ciles à la conviction et à l’enthousiasme, mais cherchez la cause de ce phénomène, non pas dans
incapables do peser sérieusement la valeur réelle l’intervention d’ un esprit, mais dans le corps astral
•d’une manifestation. du médium. C ’est ce corps, en effet, qui, incons­
ciemment sorti du sujet auquel il appartient, agit
Voilà ce que nous disent, en termes plus ou sur le guéridon ou la table, tantôt seul, tantôt avec
moins galants, la grande majorité de nos excellents le concours du corps astral dos assistants ou celui
amis, les occultistes. Je d is: en termes plus ou d’ un élémental.
moins galants. C ’est que, selon le tempérament des Mais la table fait plus. Aux questions qui lui sont
auteuts, ces choses nous sont dites ou brutalement adressées, elle donne des réponses intelligentes.
ou avec de certains ménagements M. S. de Guaïia, Que se passe-t-il dans ce cas? C ’est toujours le
par exemple, n'y va pas par qua're chemins : « Le corps astral ou l’inconscient du méd'um qui est à
spiritisme, qui est par lui-m ême une aberration l’œuvre. Comm e tout à l’heure, il soulevait la
•et une folie », ainsi s’exprime-t-il, page i 7 de son table et y Irappait des coups ; ainsi, présentement,
ouvrage : A u s e u i l d u m y s t è r e . Ailleurs encore, il il lit directement dans l’iriconscient de celui qui
parle de la cause efficiente et des modes de pro­ l’interroge, et qui, sans s’en douter, lui suggère
duction « des phénomènes extraordinaires où nos les réponses attendues et obtenues. Nous avons
hommes d’esprit n 'o n t p a s e u h o n t e d e v o i r « la donc affaire à deux inconscients, qui, mis en con­
.m a in d e s d é s in c a r n é s , n Et puis: « Nul n’avait tact, et sans cesser un seul instant d’être incons­
jam ais eu la fantaisie de supputer les soubresauts cients, donnent lieu à des manifestations intelli­
d'un gibus ou d’ un guéridon, à cette fin d’obtenir gentes et conscientes.
des révélations d’outre-tombe! On parlait de ma­ S ’agit-iî de l’ enlèvement d’un objet matériel,
noirs hantés ; mais quel sot se fût avisé de croire à d’ une table, d’ un instrument de musique, qui flot-,
la hantise d’ une table ou d'un chapeau ? De pa­ tent dansla chambre, soutenus par des forces invi­
reilles convictions étaient réservées au xtxa siècle... sibles, c’est le corps astral encore, le corps astral
A quoi bon nous appesantir sur les songes creux du médium renforcé des corps astraux des assis­
d’ un Allan Kardec? » — Une dernière citation: tants, — et peut-être de quelques élémentals, qui
« L’expérimentateur qui se dit avec calme : — « Mon produit le phénomène.
cœur n’a que faire de battre plus vite: la force Si, dans certains cas, l’obscurité est nécessaire,
invisible qui déplace ces meubles avec fracas est c'est que « la lumière jaune dissout les aggloméra­
un courant odique soumis à mon vo u lo ir, la tions astrales plus compactes », et que « la lurcrêre
forme humaine qui se condense et se masse dans ( vitale invisiblq à la lumière devient visible dans
la fumée dé cès parfums n’est qu’une coagulation' l’obscurité. »
116 LE S P I R I T I S M E

Si le médium s’endort, c’est parce qu’ « à l’état donne M. Papus, mais j ’avoue que je ne vois pas
caialeptique la sortie du corrs astral est beaucoup très bien le moyen de concilier son affirmation
plus complète» et peut se manifester avec une plus avec les assertions contraires de MM. de Guaïla et
grande force. Donald Mac Nab, pour ne nommer que ceux-là. Il
Mais voici de petites lumières qui apparaissent semble qu’il y ait là une contradiction irréductible.
autour du médium. C ’est « la vie de celui-ci qui Mais n’insistons pas, et voyons quels sont, de
fort par la rate ouïe plexus sympathique et devient l’avis de notre savant ami, les différentes causes
visible. » qui interviennent dans le phénomène spirite. Elles
Voyez-vous des mains bien matérielles qui vont sont de divers ordres :
d’un assistant à l’autre, suivant qu’on les appelle i° Les fraudes, qui sont tantôt conscientes et tan­
mentalement? Ne croyez pas que nous nous trou­ tôt inconscientes. Dans le premier cas, elles s’ap­
vions en présence d’ un esprit. Ce sont « les mains pellent supercherie, dans le second, hallucina­
du corps astral du médium qui agissent hors de lui, tion.
et produisent ces phénomènes. 2° Les causes déterminables qui sont : A , les
On explique de même par le jeu ou l’action du forces physiques connues, comme le son, la cha­
corps astral les apports, les dessins et les pages leur, la lumière, l’électricité, le magnétisme mi­
d’écriture instantanés. « L’Inconscient du m é­ néral, etc.; B. les forces physiologiques (incons­
dium écrit ou dessine les images qui flottent dans cientes) comme l’inconscient, le périsprit, la vie
lui ou dans le cerveau dt.s assistants, dette action organique, la force psychique, etc.; C. les forces
s’opère au moyen du sang même du médium qui psychiques (conscientes) comme la volonté, l’ima­
se matérialise en noir sur le papier. » gination, etc.
Lorsque, à côté des assistants ou du médium 3 ” Les causes occultes, inintelligentes et intelli­
paraît un être matériel qu’on peut toucher, qui gentes : ainsi les forces inconnues c o m m e la lu­
parle, qui peut être photographié, dans ce cas : mière astrale, l’aoûr, la force. Substance univer­
i° « Le corps astral du médium s’unit à un élé- selle, etc. ; ainsi l’action d’êtres inférieurs comme
mental et aux corps astraux des assistants; 2° Cet les esprits farceurs, les élémentaux ; ainsi enfin
agglomérat prend la forme de l’idée qui domine le l’action d’êtres conscients comme les esprits véri­
médium ou l’un des assistants. La suggestion men­ tables, les élémentaires.
tale détermine la (orme de l’apparition ; 3 ° Cet Faisons observer, en passant, que, suivant
agglomérat a toutes les propriétés du corps maté­ M . Papus, « il est rare qu’un phénomène spirite
riel * usuel dépasse les causes du second ordre », ce qui
Voici enfin une apparition, le médium éveillé. réduit de nouveau, dans une très forte mesur?, la
Cette apparition cause avec l’observateur, cause valeur de l’immense majorité de nos expériences,
avec le sujet. Est-ce un esprit, cette fois? L ’occul­ en en excluant toute cause occulte.
tisme, qui explique tous les phénomènes spirites
sans l’intervention spirituelle que nous admettons Mais où il me semble qu’ il existe un étr ange abus
préfère ici avouer son ignorance. Il ne semble pas de mots, et, par suite, un immense malentendu,
que l’idée de l’espiit lui soit accessible, même dans
c’est dans l’emploi de ces expressions : élém en tcil
ce cas. Ce qui est certain, c’est qu’il n’en parle pas. et é lé m e n t a ir e , qu’on voudrait identifier avec
celles d 'e s p r i t s f a r c e u r s et d 'e s p r i t s v é r i t a b le s .
Est-ce donc qu’un abîme infranchissable sépare Qu’est-ce que les occultistes entendent par é lé -
les occultistes et les spirites? Les paroles très sé­ ■ mental et par é lé m e n t a ir e . Q u ’est-ce que les spi­

vères d’hommes comme MM. de Guaira et Donald rites entendent par e s p r it s f a r c e u r s et par e s p r it s
Mac Nab, ainsique l’exposition de la théorie occul­ v é r i t a b l e s ? — Notons que cette dernière expres­

tiste par M. Papus, porteraient à le croire. M. P a ­ sion : e s p r it s v é r i t a b le s , n’est jamais employés par
pua, cependant, n’accepte pas cette conclusion. «Un les spirites.
fait indiscutable, dit-il, qui a servi de base même Les élémentals, ou éléments des choses, ne sont
à la réunion du congrès, c’est qu’on peut commu­ pas, qu’on le sache bien, de simples entités méta­
niquer avec les morts. * E t encore : « La science physiques. Ce sont d es ê t r e s , inférieurs, sans
occulte, dans toutes ses branches orientales et occi­ doute, mais réels pourtant, ayant une vie, des
dentales, est unanime sur cette idée de communi­ formes, une volonté propres. Us n’ont jamaia été
cation possible avec les morts. » Initiation, juin incarnés, et subissent l’influence de toutes les vo­
1890. lontés humaines, bonnes et mauvaises, Entraînés
J’accepte bien volontiers l’assurance que nous par l’instinct sur le chemin de l’évolution, ils peu-
LE SPIRI' 11 SMLJ n7

vent, par des modalités de vie diverses et succes­ L’évolution humaine ascendante lui est en hor­
sives, se rapprocher de l’hominalité. reur. Elle le « rejette plus bas dans la brutalité »,
La partie la plus grossière du corps humain elle « paralyse son action. * Aussi se fait-il volon­
serait elle-même formée d’élémentals qui, tout en tiers l ’allié du magicien noir, son complice, sinon
étant très intimement incorporés à noire personna­ son maître, pour toutes les œuvres de ténèbres qui
lité, n’cn conserveraient pas moins leur potentia­ retardent « l’accession au plan psychique. »
lité propre. Vous le retrouvez dans certaines apparitions ter-
Si l’cn préfère une autre explication : les éléiren­ rifiantes qui leur deviennent possibles grâce aux
tais sont les âmes des choses et des êtres inférieurs corps astraux dont ils se sont emparés. Ils sont
â. l’humanité, depuis le minéral jusqu’au végétal capables de galvaniser le cadavre d’un animal, de
et à l’animal. Ils tendent à s’élever graduellement se rendre maîtres « du moule qui a abandonné son
des stades inférieurs vers les stades plus élevés, à corps matériel », de réunir « des débris épars » et
passer du minéral au végétal et du végétal à l’ani­ de constituer « des formes monstrueuses qui res­
m al. I.eurs efforts, parfois, sont couronnés de tent pendant de longues années dans l’imagination
succès: Mais que d’avortements pour quelques des peuples. » En un mot, « ils constituent le
réussites ! mon le du mal et des vices. »
Att-.ignent-ils j usqu’à Manas ou l’âme humaine ? Cependant, ne l’oublions pas, à côté des élémen-
M. J. Lermina affirme que non, l’homme rejetant tals malraisants, il y a ceux du bien, forces d ’en
« avant son évolution spirituelle, tout ce qui lut haut, dont se sert le mage pour l’accomplissement
reste de l’élément purement matériel. » des œuvres de sagesse et de bonté que lui oictint
En attendant, nous sommes comme imbibés son cœur et sa raison (i).
d’élé.nentals. Nous en absorbons par la nourri­ En résume, je le répète, les élémentals sont les
ture que nous prenons, par l’air que nous r.spi- âmes des choses.
rons. En sorte qu’à certains égards il existe entre
nous et eux une connexion des p ljs étroites. Mais
Et les élémentaires ? Dans l’Initiation du 9 de
« désagrégés ou sublimés, désintégrés' même », ils
ce mois, M. P ap u sd it: « Les spirites qui veulent
n’en demeurent pas moins distincts avec leur
opposer les termes d'é lé m e n t a ir e et d 'e s p r i t comme
« énergie conservée. » Faut-il dire qu’ils gai dent
différents ne pourront jamais sortir de ee dilemme;
leur individualité ?
i- Ou ce sont des ignorants qui n’ont jamais lu
/ Voyageurs infatigables, ils courent— si je puis
un livre d’occultisme et qui ne savent pas qu 'élé­
m’exprimer ainsi — le monde à la recherche d’ un
m e n t a ir e et élém en tctl sont absolument différents,
emploi à leurs facultés. Leur nature les pousse à
l’un correspondant au mot e s p r i t , l’autre au mot
l’action. Ils tendent incessamment à animer le
e s p r it f a r c e u r ; 2° Ou ce sont des écrivains qui
minéral, le végétal, l’animal, à s’incorporer à eux.
tiennent à se rendre ridicules en attaquant la même
Tous n’ont pas les mêmes propriétés. Les uns
idée écrite en deux langues différentes. *
sont bons, les autres, neutres, d’autres encore,
Je ne sais si les spirites dont il est ici question
mauvais. Us existent dans tous les corps. « Il n’est
sont aussi ignoiants ou aussi ridicules qu’il le sem­
rien au monde, dit la kabbale, même un brin
blerait d’après les paroles de notre très savant pré­
d’herbe, sur qui un esprit ne règne. »
sident. Mais j ’ouvre le volume de M. S. de Guaïia, et
J’ai dit que l'élémental fait en quelque sorte
je vois qu’il y est question de créatures semi-intel­
partie intégrante de l’homme qui, partout, se trouve
ligentes qui, en magie, prennent le nom d 'E s p r i t s
en contact avec lui, et partout aussi exerce sur lui
é lé m e n t a ir e s et d 'é lé m e n t a u x , — avec cette note :
une action coercitive. Il en fait son esclave, sa
chose ; il 1'utilise au mieux de ses intérêts sans « Plusieurs magisîes distinguent l’Elémental, es­
souci des conséquences qui en résulteront pour prit des éléments (sylphe, gnome, endin, salaman­
« l’esprit opprimé. » Par le fait, nous sommes ses dre) de l’ Esprit élémentaire, être humain désin­
ennemis, nous gênons, nous entravons son évo. carné. Mais la plupart des mahres emploient ces
lution normale. Aussi, comme il se venge à l’oc­ deux vocables indifféremment et toujours dans le
casion I Dans la foudre qui éclate, dans la mer qui premier sens ». Il n’est donc pas si extraordinaire
q u e certains spirites confon dent éiémental et élé­
fait rage, dans le cyclone qui hurle et qui broie,
dans la m ichine qui fait explosion, dans la mine mentaire, puisque la plupart des maîtres emploient
qui tue, l’élémental prend sa revanche de la domi­ indifféremment l’ un et l’autre.
nation de l ’homme de son intervention dans sa vie Mais qu’est-ce qu’ un elémenta re ? Pour répon­
et son action. Il n’est impuissant que contre la dre à cette question, il faut dire ce qu'est l’homme,
force psychique, ( 1 ) V oir J. Lerm ina, M a g ie p r a t iq u e , p. 2 05 -2 -2 0 .
118 LE SPIRITISME

au point de vue occultiste. Les principes dont se de nous dire que nous ne savons pas ce que nous-
compose l’homme, terrestre sont les suivants : faisons rééllement, et de nous promettre « que, avec
i° le corps, Rupa ; 2° la force vitale, Jiva; 3 ° le le temps, le résultat de nos investigations sera de­
corps astral, Linga S h arira, 40 l’âme animale. là sorcellerie noire ou la ruine spirituelle complète
Kama R upa; 5 - 6 ° l’âme humaine, Manas ; 7 -8 ° de milliers d’hommes et de femmes. » Mais, peut-
la force spirituelle, Buddhi ; 90 l’essence spiri­ être, après tout, les rédacteurs du L o t u s , fussent-
tuelle, Atma. ils des brahmanes indiens, s’appelassent-ils M™ Bla-
Que deviennent, à la mort, ces divers principes? vatsky ou M. Gaboriau, ne sont-ils pas infaillibles,
Inutile de parler du corps. On sait ce qui l’attend. et notre situation est-elle moins désespérée qu’il
Jiva, la forcevitale, et LingaSharira, le corps asirah ne le semblerait d’après ce qui précède. Tournons-
le moule de la forme, subissent un sort qui n’est nous donc d’un autre côté, écoutons ce que nous-
guère plus enviable, qui ne vaut guère mieux que dit à ce sujet M. Lermina : * A Linga Sharira, le
celui de Rupa. Rejetés comme des loques inutiles corps astral, et Kama Rupa, le corps du désir, co ­
ou embarrassantes, ils retournent dans le monde q u i l le a s t r a le , restent attachés les principes infé­
des élémentaux qui, ravis de retrouver une subs«- rieurs de Manas, une fausse ressemblance de la
tance dont on les avait frustrés, s’en emparent avi­ Conscience, sorte d’instinct moral, incapable de
dement et « l’entraînent dans leur évolution, le générer une idée, de s’en assimiler de nouvelles et
monde d’en bas. » a’accomplir dans le sens spirituel aucun progrès.
Kama Rupa, dont la nature est double, point de C ’est un r é s i d u en lequel subsiste un souvenir
contact ou de jonction entre les principes inférieurs actif des impulsions reçues pendant la vie. K a m a
que l'être humain abandonne eu moment de la R u p a n e p e u t p a s s 'a d a p t e r a u x c o n d itio n s d 'u n e
mort, et les principes supérieurs dont nous v e r ­ e x is t e n c e p e r m a n e n te -, le s apparen ces de con s­
rons tout à l’heure la destinée, — Kama Rupa, c ie n c e q u 'i l p e u t e n c o r e p r é s e n te r so n t n é c e s s a ir e ­
siège de la volonté ou du désir, s’élève d’ un degré m e n t p a s s a g è r e s . Mais le Kama Lokiste, le corps
avec ce qui constitue véritablement l’homme, et astral encore soumis aux dernières impulsions ou
entre dans le Kama Loka. Mais ce n’est que pour pulsasions du Désir et aux lointaines influences
un temps. Tandis que les affinités supérieures, d’uns consc enca dor.t le principe est désormais
attirées en haut, montent sans cesse, traversent hors de lui, n’en existe pas moins pendant un cer­
peu à peu le Kama Loka, Kama Rupa s’en sépare tain temps à Y é ta t é lé m e n ta ir e . » Il se désagrège a
à mesure. « Les quatre principes inférieurs, dit le d’autant plus rapidement, qu’il sera né d’un hom­
Lotus Rouge, n° 1, le p é r is p r it, la fa u s s e p e r s o n ­ me qui a donné en lui la prédominance à l'état
n a lit é ou les restes du décédé sous leur forme spirituel. « La partie spirituelle d’un tel hom m e
astrale s 'e ffa c e n t et d is p a r a is s e n t avec le temps. emporte avec elle la majeure partie de Manas, n’en
Atma et Bouddhi, ayant cueilli le Manas, l’arôme laissant dans le corps astral qu’ une parcelle sans-
de la personnalité ou âme humaine, vont dans le importance. »
dévakhan, tandis que les principes au-dessous, le Au fond la théorie que nous expose M. J. Ler
s i m u la c r u m astral ou fausse personnalité, v id e s mina ne diffère guère de celle que nous exam i­
de leur divine nomade ou Esprit, demeurent dans nions tout-à-l’heure. Corps astral, Kuma Rupa,
le Kama Loka », où ils doivent se dissoudre après Manas inférieur môme, vides des principes supé­
un temps plus ou moins long. rieurs qui ont émigré en Dévakhan d’ou ils ne peu­
Il est donc bien vrai que dans aucun des quatre vent revenir, disparaissent, se fondent, ne sont
principes inférieurs ne se rencontre ce que nous plus que des résidus, des loques sans consistance
appelons l ’esp rit. « Les corps astraux, les résidus, ni valeur réelle. Et, remarquez-le, ce n’est pas
les drêches d'un mortel désincorporé, lorsqu’ils même avec ces restes, en état de dissolution pro­
apparaissent, ne sont pas les individus qu’ils pré­ chaine, d hommes ayant bien vécu que nous com­
tendent être; ils n’en sont que les simulacres. » muniquons. Non, le Linga Sharira, le troisième
Ce n’est pas à eux que nous voudrions avoir affaire. élément, de ceux dont la vie a été grossière, qui
Mais comme « après la mort, les meilleures, les ont sacrifié à la matière plus qu’à l’esprit, c'est ce
plus nobles, les plus pures qualités de M a n a s ou Linga Sharira qui reste« soumis aux forces hu­
âme humaine, s’élèvent, avec la Monade divine, maines dont il ne s’est pas dégagé et qui peuvent
dans le Dévakhan, d’où l’on n’émerge ni ne revient le contraindre à se rapprocher encore plus à l’état
plus, excepté au moment de la réincarnation », de revenant, de matérialisation, voire même, com­
c’est, que nous le voulions ou non, à ces loques, me Katie-King, d’êlre quasi-vivant et provisoire­
et à ces loques seules que nous avons affaire dans ment réincarné. » C ’est là l’élémentaire auquel
nos expériences. On a, par conséquent, bien raison nous avons affaire, l’élémentaire impur qui, s’em—
LE SPIRITISME 119

g ara n t des corps astraux du Kama Loka inférieur, pauvres spirites ! — en présence de loques, loques
parvient à une sorte de réincarnation apparente, plus ou moins brillantes, plus ou moins bien con­
■ sous forme de ¡fantômes matérialisés. » G’est lui servées, mais dépouillées de ce qui nous eu ferait
q u i produit les « bruits, les mouvements provo­ le prix.
qués par les imprudents qui, faisant tourner des ta­ Q aant aux principes supérieurs de l’être, il n’est
bles, ignorent quels étranges êtres ils provoquent. » pas impossible, d’après l’occultisme, de les évo­
Et pour que nous soyons complètement édifiés quer. Mais ce serait courir « le risque de perpétrer
sur la valeur de nos expériences et des êtres qui le plus gran 1 des crimes. On fait perdre en effet
viennent à nous, on a bien soin d’ajouter que la à l’être ainsi rappelé dans ce monde le bénéfice de
Théosophie est le seul système de philosophie qui tous ses efforts pour s’en éloigner spirituellement. »
donne une explication satisfaisante de « la vraie Ainsi, nou» aurions le choix entrer êire criminels
nature des phénomènes du spiritisme. » ou être dupes. Or, nous ne voulons être ni l’un ni
On voit combien nous sommes loin, avec l'Elé- l’autre.
mentaire de M -J. Lermina, de M. S. d e Guaïta, Je serai très bref sur ce que les spirites entendent
de Mme Blavatsky et autres, de ce que nous dit de par e s p r it v é r i t a b le , pour garder l’expression de
ce même Elémentaire M . Papus : « Ce que les M. Papus, et par e s p r it f a r c e u r . On a voulu assi­
spirites appellent un « E sp rit» , c’est-à-dire une miler e s p r it f a r c e u r et é lé m e n t a l. A u point de
manifestation douée de m é m o ir e , d 'i n t e ll ig e n c e et vue spirite, c’est une erreur complète. L ’esprit
de v o lo n t é , le tout renfermé dans une c o n s c ie n c e j farceur est un esprit au même sens que l’autre,
complète de son i n d i v i d u a l i t é , voilà ce que les 11 ayant vécu, comme lui, en un corps charnel, et
•occultistes appellent un E l é m e n ta ir e » De quel maintenant composé d'esprit et de périsprit, possé­
côté est la vérité ? J e ne veux pas pour le moment dant en lui les principes d’immortalité, de vie spi­
le rechercher. Je ferai seulement observer que rituelle, tout, en un mot, ce qui fait pour nous ia
M. Papus ici ne spécifie pas quels sont les prin­ valeur de l’existence et nous donne l’espérance d’un
cipes qui constituent l’Elémentaire. Ailleurs, il est développement et de progrès ultérieurs indéfinis.
vrai, il précise davantage. L ’âme angélique et l’âme Il n’n donc rien, absolument rien de commun
divine qui correspondent, sauf erreur, à Buddhi avec l ’élémental tel que nous i’avons défini d’après
•et à Aim a, se détachent de l’être après la mort, et la théorie occultiste. O.n pourrait presque dire qu’il
forment, dans les races actuelles, 1 Inconscient su­ est le gavroche du monde des esprits. Et, comme
périeur. L e s principes inférieurs restent dans le gavroche de nos villes a tout ce qui fait l’homme,
l ’atmosphère occulte de la terre. Ce sont : l’homme de même lui, l’esprit farceur a tout ce qui cons­
conscient, le moi, l’âme humaine qui forment le titue l’esprit, au sens véritable du mot, tel que les
lien fluidique avec les principes supérieurs, comme spirites l’ont toujours entendu.
l’âme animale : instincts grossiers, passions in­ Ce que M. Papus exprime par é lé m e n t a ir e ou
conscient inférieur, forment le lien fluidique e s p r it v é r i t a b le , nous l’appelons un e s p r it , pure­
<le l ’âme humaine. « Les principes inférieurs ment et simplement, sans adjonction d’aucun qua­
illuminés par l’intelligence de l’âme humaine for­ lificatif : un esprit, c’est à dire un être qui, sorti de
ment ce que les occultistes appellent u n é lé ­ l’humanité terrestre, ayant rejeté son grossiervê-
m e n t a i r e , et flottent autour de la terre, dans le tement de chair et d’os, vit actuellement de la vie
m onde invisible, tandis que les principes supé­ spirituelle, dans une sphère ou un plan différents
rieurs évoluent sur un autre plan. » de la sphère ou du plan où nous vivons nous-
. Entre M. Papus et les autres occultistes, laditfé- mêmes, —- ayant gardé et devant garder à jamais
rence, en somme, se réduit à ceci : savoir si l’àme tout ce qui fait l’homme grand et la vie digne
'humaine, Manas, reste ou ne reste pas tour entière d’être vécue : ses affections, son dévouement, son
dans l’atmosphère occulte terrestre, avec la possi­ intelligence, toutes ses facultés morales, tout l’en­
bilité de répondre à notre appel. M. Papus dit oui, semble du bien réalisé, des victoires remportées
d'autres disent non. Et encore, quand je dis que sur la matière, avec des virtualités pour les luttes
M . Papus est pour l’affirmative, j’exagère peut-être et les triomphes à venir. En un mot, l’esprit, pour
sa pensée, car, en exposant la théorie occultiste, il nous, c'est l’être complet, l’être surtout avec ses
nous dit que « dans la plupart des cas, l’esprit qui facultés et sa substance la plus transcendante, et
vient dans une séance est l’élémentaire de la per­ non ce quelque chose de plus ou moins vague,
sonne invoquée, c'est-à-dire u n être q u i n e p o s ­ éphémère et parcellaire, un septième ou un neu­
s è d e d u d é f u n t cpae le s in s tin c ts e t l a m é m o ir e d e s vième d’être si nous nous en tenons au nombre des
c h o s e s te r r e str e s . * De quelque façon que nous éléments dont est composé l’homme, d’après la
envisagions la question, nous sommes toujours — théorie occultiste, u n r ie n , si, au lieu du nombre,
120 S PI RI TI SMI !

nous considérons la qualité intrinsèque, la valeur à notre cher et vaillent pré»i ,'ent mes pics cha­
fondamentale de ces mêmes cléments. leureux remerciements pour m’avoir permis de
prendre la parole au milieu de vous, de vous expo­
Voilà, pour autant que je comprends la chose, ser en toute simplicité et en toute franchise mes
ce qu’il laut entendre par é lé m e n t a l et é l é m e n t a ir e , doutes et mes incertitudes qui sont les doutes et
par e s p r it f a r c e u r et e sp r it v e i'ila b le . Je ne me les incertitudes d’ un grand nombre de spirites.
dissimule pas tout ce qu’il y a d'incomplet dans Il nous donne un exemple, qui, je l’espère, sera
cette exposition. J’ai dû forcément éliminer une suivi ailleurs. Sa largeur d’esprit, la lib. rté de
foule de détails, de considérations particulières, pensée, comme il l’entecd et la pratique, méritent,
de vues plus ou moins divergentes qui se sont pro­ d’être imitées dans tous les milieux. Tout discuter
duites, même en occultisme, sur ces diverses ques­ sans arrière-pensée et avec courtoisie, faire du
tions ; depuis ceux qui nient abrokm ent l ’esprit véritable enseignement mutuel, examiner toutes
dans nos phénomènes jusqu’à ceux qui, avec M. les questions qui nous divisent dans un esprit de
Papus, admettent leur intervention dans certains lraternité, de sincérité, de vérité, quel meilleur
cas, — comme j’ai, de parti-pris, laissé dans moyen d’acquérir la science, de conquérir les in .
l’ombre les larves et autres êtres fantastiques dont telligences et les cœurs ? Vous le faites M. le Pré­
l’existence et l’action, si elles étaient ce que ceriains sident, vous nous permettez de le taire. Vous nous
nous en laissent entrevoir, rendraient la vie pres­ avez ouvert une voie excellente, la seule bonne.
que impossible, nous exposeraient à tout instant à Merci ; merci au nom de la pensée libre, merci au
des dangers terribles non pas seulement pour la nom des progrès que nous réaliserons grâce à elle ;
vie présente, mais aussi pour la vie à venir. Je n’ai merci au nom de la tolérance mutuelle qui pénè •
rien dit non plus de l’immortalité conditionnelle trera les esprits en attendant qu’elle lie les fi nes.
de l’homme qui n’est pas, mais qui devient im ­ M etzger.
mortel. Le champ était immense, j’ai dû me
restreindre.
Mon but, du reste, était avant te ut de donner
occasion à nos savants amis, les occultistes, de
PROJET DE RÉDACTION
D’UNE BROCHURE D ESTIN ÉE A LA PROPAGANDE
préciser certaines choses un peu vagues, de mon­
trer en quoi leurs idées et leurs théories au sujet
Dans l’avant dernière séance du comité de pro­
des êtres qui communiquent avec nous diflèreni pagande, on s’est occupé d’un projet de rédaction
denos idées et de nos théories. Letemps me manque d’une brochure destinée à la propagande. Notre
pour discuter actuellement la valeur respective d:s frère M . Chaigneau a fort bien défini dans quel
deux doctrines. L ’une est plus savante, plus com­ esprit cet opuscule devait être conçu. Nous publions
aujourd’hui le rapport de notre ami, en engageant
pliquée ; l’autre, plus simple, et, dans ma pensée, nos lecteurs à prendre part à ce concours.
plus vraie, au moins dans ses grandes lignes, dans M. Chaigneau demande la parole pour sou­
le fait capital qui fiit le tond de nos recherches. mettre un projet de pla t. Il s’est effoicé, dit-:l, de
Si les occultistes avaient raison, si réellement s’inspirer, d’une part, de la siluation actuelle, et
nous ne devons communiquer qu’avec les fan­ d’autre part de rattach r ce plan à la méthode dont
A llan Kardec, lui-méme, se rapproche de plus en
tômes posthumes dont parle M. d’Assier, avec les plus dans ses derniers ouvrages, c ’est-à-dire, à une
loques et les résidus que laissent après eux les méthode à la fois positive et progressive, comme
principes supérieurs de l’êtie, dans ce cas, il vau­ en pourraient témoigner de nombreux extraits de
drait mieux, évidemment, renoncer à nos recher­ L a G e n è s e et de la brochure Q u ’e s t -c e q u e le s p i ­
r i t i s m e ? — « Le spiritisme n’établit aucune
ches dont les dangers seraient, sans comparai­ « théorie préconçue... Ce ne sont point les faits
son, plus grands que les avantages. L ’.mmortakté « qui sont venus après coup confirmer la théorie,
que nous croyions pouvoir prouver par nos com • « mais la théorie qui est venue subséquemment
munications nous échapperait une fois de plus, « expliquer et résumer les faiis. Il est donc rigou-
tous ces revenants devant, avec le temps, se désa­ « reusement exact de dire que le spiritisme est une
* science d’observation. » { L a G e n è s e , page 10).
gréger et rentrer dans le laboratoire universel où — « Je vais plus loin, et je dis que c'est précisé-
se meuvent, s’associent et se dissocient, se orment « ment le positivisme du siècle qui fait adopter le
et se transforment, naissent et meurent les choses « spiiitisme, et que c’est à lui qu’il doit en partie
et les êtres transitoires. Je n’insiste pas en ce mo­ <i sa rapide propagation... 11 appuie sa théoiie de
< l’avenir sur des bases positives ei rationnelles,
ment sur ces grands problèmes qui devront être < cest pour cela qu’il convient à l’esprit positif du
discutés en temps et lieu. Il est temps de finir ce siècle. » ( Q u 'e s t - c e q u e le s p i r i t i s m e ? p a g e s 28
trop long travail. et 20). — Le spiritisme a pour but la constata-
Mais qu'on me permette, auparavant, d’adresser « lion et l’étude de la manifestation des esprits, de
LE SPIRITISME I2 I

« leurs facultés, de leur situation, de leur ave- à la participation d’êtres invisibles et que ces êtres
< nir... » (Même ouvrage, p. 116). invisibles sont les esprits des morts.
M. Chaigneau c 'o it donc qu’il peut s’établir un
accord sur un plan du genre de celui qu’il soumet, Réfuter l’objection delà transmission de pinsée.
et qui comprend trois subdivisions principales : Discuter la table parlant1, l’écriture directe, l’écri­
i° Les faits ; 2 ° L ’interprétation ; 3 ° Les consé­ ture mécanique, les faits de bicorporéiré, d’incar-
quences (conséquences théoriques : au p-.intdevue nttion, de matérialisation, etc. Rattacher l\xp li
de l’élargissement des idées ; conséquences prati­
que- : au point de vue du progrès humanitaire). cation des apports à celle de la m.térialisation.
V o ici ce plan qui, dit-il, n’a d’autre but que Etablir le caractère objectif des phénomènes de
d’offrir une indication générale et qui contient cet - voyance, etc.
tainement des lacunes que chaque concurrent serait Déduire des faits observés la théorie du périsprit,
amené à combler de lui-même. et conséquemment expliquer ce que c’e t nue li
P L A N D’ U N E B R O C H U R E A M E T T R E AU mort. Faire remarquer la substaniialité des esprits.
C O N CO U R S Parler, d’après expériences multiples, du ¡rouble
I. — L es F aits post mortem (qui a peut-être donné naissance à
la théorie théosophique des élémentaires). — Q u e l­
Quadruple assise de leur authenticité : i° Attes­
ques aperçus de la vie d’outre tombe, d’après
tations tirées de l’histoire ; a’ La multiplicité des
observations médianimique--. Communica ion des
témoignages contemporains; 3 ° Les travaux des
vivants et des morts.
savants modernes les plus éminents; 40 La possi­
Tout ce qui précède e:t commun au s p i r i t i s m e
bilité du contrôle par l’expérience personnelle de
proprement dit (spiritisme réincarnattonist-) et
chacun. — Quelques mots surces différents points.
aux écoles de m o d e r n e s p i r i t u a l i s m e .
Insister sur les travaux des hommes de science.
Décrire les principaux faits dans leurs gran les III. — L es C onséq u en ces
lignes, en adoptant une certaine classification, par Comme transition entre cette troisième partie et
exemple la su vante, établie par rapport au carac­ les deux précédentes, établir les arguments en fa*
tère des phénomènes, sans préjuger de la cause : veur de la réincarnation: i° Arguments tirés de
Faits mécaniques, avec contact : mouvement l’attestation spontanée d’ un grand nombre de dé­
d’une table; faits mécaniques intelligents : la table sincarnés, qui pour la plupart sont étrangers à tout
parlante. système philosophique; 20 arguments rationnels.
Faits mécaniques, sans contact : déplacent.nts Montrer la vie éternelle dans la sériation des exis­
d'objets à distance ; faits mécaniques intelligents, tences.
sans contact : écritüre directe, musique jouée par Considérations générales sur les cor.sé juences
des instruments, etc. des données établies par l’étude spirite.
Faits physiques : Coups fiappés (les demoiselles Vue d’ensemble sur la destinée des êtres. Justice,
Fox), coups frappés in eüigent', typtologie par amour, harmonie. Ici laisser une très grande lati­
coups frappés. tude aux concurrents, pourvu que h u r philosophie
Faits mécano-physiologiques : Ecriture méca tende au plus grand élargissement dans les con­
nique, dessin mé;anique. ceptions et à la plus grande conquête de solidarité
Faits physiologiques analytiques : Dédouble­ dans lu conséquence pratique. Quant aux idées
ment du vivant, manifestations des bicorporeité. sur l’infini, on ne saurait assigner de programme,
Apparitions spontanées. personne n’ayant, en ces matières, de contrôle suffi­
Faits hypno-physiologiques : Possession, mé­ sant pour juger avec pleine assurance.
diumnité d'incjrnation. (Conjonction de ia série En somme, ce plan, qui réserve le notions les
des phénomènes magnétiques avec la série des phé­ plus hautes pour le cadre de la troisième partie,
nomènes médianimiques). laisse les deux premières complètement indemnes
Faits hypno-physiologiques transcendants : de toute controverse possible entre p - lisans du
phosphorescences, matérialisations, phénomènes spiritualisme expérimental; déplus, j; c immen-
auxquels se rattachent expérimentalement les cernent de la troisième partie est un domaine com­
apports. mun à tous les spirites; et si, la près ; c totalité
Faits psychiques : Intuition, inspiration, pres­ d’un manuscrit étant jugée digne de fa préfé­
sentiments. rence et capable de servir avantageusement la
Faits physio-psychiques : Auditivité, voyance. cause commune, les quelques pages terminales se
trouvaient ne pas réunir l’unanimité des suffrages,
II. — L’interprétation
il serait encore possible de publier ce travail, le
Démontrer que les phénomènes décrits sont dûs comité de propa jan le dût-il faire quelque réserve.
1 22 LE SPIRITISME

Le plan inverse exigerait, au contraire, dans le brisées de personne. Nous avions en vue une
comité-jury une unité absolue de vue méta­ œuvre essentiellement i m p e r s o n n e lle , capable de
physique. réunir tous les hommes de bonne volonté et de
Une brochure conçue d’après les indications qui talent, tous les médiums qui voudraient bien nous
précèdent présentera cette particularité, que sa prêter leur concours ; nous ferons de l’enseigne^
i'« partie poutra être appuyée à la fois par les ment mutuel; nous essaierons de développer les
spirites, psr les spiritualistes (modernes), et aussi facultés médianimiques qui aujourd’hui n’existent
par les occultistes ; la 2* partie, par les spirites et peut-être qu’à l’état latent, d’agrandir celles qui
les spiritualistes ; et la première sous-partie de la sont déjà formées, de réaliser des groupements qui
3 ° partie, par les spirites de toutes nuances. — On leur donnent à toutes leur maximum d’intensité,
pourrait donc, au besoin, la scinder en trois fasci­ et ainsi, d’obtenir des phénomènes qui soient pro­
cules : le i ar qui pourrait avoir cours chez les bants, qui témoignent invinciblement en Lveur de
spirites, les spiritualistes et 1er occultistes, (et qui nos théories.
aussi pourrait spécialement servir à la propagande Nous n’ignorons pas — er c’est une objection
parmi les hommes de science) ; le 2°, qui pourrait qui a été faite — que des froissements se produi­
avoir cours chez les spirites et les spiritualistes ; le sent facilement entre les médiums, si on les met en
3 e, qui aurait cours surtout chez les spirites contact pour des expériences communes. Nous
Ce projet de plan est appuyé dans son ensemble savons que l’amour-propre mal entendu des uns
par plusieurs des membres présents, particulière­ et des autres a donné lieu h bien des divisions.
ment par MM. Gabriel Delanne, B du véry, Ley ma­ Nous ne sommes pas découragés cependant. Nous
rie, etc. On fait seulement observer que ce pro­ comptons sur leur abnégation, d’une part, et, de
gramme étant assez chargé et exigeant un grand l’autre, sur leur intérêt : nous avons, en effet, l’in­
talent de concision, les concurrents devraient avoir time conviction que de l’action et de l’union des
le droit de le remanier dans les détails et d’y pra­ fluides concordants d’ un certain nombre de mé­
tiquer dts coupures. diums convenablement assortis, il sortirait un bien
Il ne faudrait pas que la brochure complète immense, des faits transcendants qui trop souvent
dépassât 90 pages. nous ont fait défaut. En tout cas, le devoir nous a
paru être là.
D ’ailleurs, les médiums, ce sera plus ou moins
Création d’an Nouvean Centre d’Etnde tout le monde ; nous expérimenterons ensemble ;
tous se prêteront à l’œuvre commune pour l’étude
des fl ides et de leurs effets, po ir le développe­
Paris, 3 juillet 1890.
ment de toutes les facultés qui sont en nous. Nous
Mon cher Directeur, serons collaborateurs les uns des autres, nous ins­
Il y a quelque temps, nous proposions la créa­ truisant mutuellement, et travaillant d’ un com­
tion, à Paris, d’une société scientifique i n d é p e n ­ mun accord à la diffusion de la vérité, devant
d a n te pour l’étude du spiritisme et de tout ce qui
entraîner après elle la pratique du bien.
s’y raltache. Le but est grand, l ’œuvre difficile. Mais nous
La commission de propagande — dont vous êtes comptons sur l’appui des hommes de cœur et de
un dès vice-présidents — à laquelle s’étaient joints dévouement. Déjà nous avons reçu une lettre de
un certain nombre de nos amis, spirites mili­ précieux encouragement. Nous la publions telle
tants, chefs de groupes, médiums, etc., a fait bon quelle; on verra mieux encore, par les réflexions
accueil à cette proposition. Mais, certaines per­ et les observations qu’elle contient, ce que nous
sonnes, que la question intéresse, n’ayant pu sommes, et ce que nous voulons. La voici :
assister aux séances où nous avons débattu le
pour et le contre de cette création, nous croyons « Paris, 2 5 janvier 1890.
utile de faire connaître à tous les intéressés, par la
« Cher Monsieur,
voie de la presse s p i r i t e e t s p i r i t u a l i s t e , le but et
les motifs qui nous ont fait désirer la formation de « Vous voudriez provoquer à Paris la formation
ce nouveau groupe. d’un centra d’étude où le rpiritisme serait étudié,
Nous voulions un centre d’étude qui nous expérimentalement, tant au point de vue scien­
permît de travailler avec plus de succès et d’en­ tifique qu’au point de vue philosophique. Le
semble à la grande cause de la vérité. Il ne s’agit groupement que vous rêvez serait aussi large que
pas, — les personnes qui pourraient le craindre, possible et se tiendrait en dehors des passions
peuvent se rassurer à cet égard, — de marcher sur les mesquines qui trop souvent ont séparé et divisé les
LE SPIRITISME 123

chercheurs de vérité. Votre idée me paraît absolu­ « Ces efforts successifs qui se tiennent et s’en­
ment juste. chaînent, prouveront aux sceptiques q te vous vou­
« 11 est temps, grand temps que les spirites se lez marcher et agir. Leur 1 éfiance faiblira peu à
réveillent. L ’anémie, l’éparpillement qui rongent peu en attendant qu’elle s’évanouisse tout-à-fait
et annihilent les forces dont ils disposent, doivent et qu’ils vous prêtent l’appui effectif de leur in­
être combattus, doivent disparaître sous la vigou­ fluence et de leur science.
reuse poussée concordante de tous les hommes de « Mais pour aboutir, avez-vous dir : « il nous
bonne volonté et de talent qu’iis comptent parmi laut non seulement b e a u c o u p d e d é v o u e m e n t b e a u ­
eu x. c o u p d 'h o n n ê t e té et b e a u c o u p d e s a v o i r ; il nous
« Aujourd’hui, plus que jamais, vous l’avez dit aut aussi de l’argent, beaucoup d’argent. Nous
avec infiniment déraison, on veut une philosophie
avons besjin que ceux qui ont à cœur de nous
qui repose sur les faits beaucoup plus que sur de
aider dans cette rénovation d’ une si grande portée
vaines spéculations. sociale, qui, pour une raison ou pour une autre, ne
« Or, le spiritisme peut répondre admirablement veulent pas dès maintenant prendre rang parmi les
à ce desideratum. N ’est-il pas, en effet, sorti d’expé­ militants, nous ouvrent leur bourse: car faute
riences fréquemment répétées et patiemment com­ d’argent, nous n’irons pas loin.
parées ? Malheureusement, on s’est laissé griser par
« Ce n’est que justice. Aussi je n : dome pas que
l’enthousiasme. On a quelque peu négligé l’ob­
lorsqu’on verra une c o lle c t iv it é intelligente et res­
servation rigoureuse des phénomènes et surtout
ponsable, comme le sera le centre d’études expé­
les conditions dans lesquelles ils se produisaient.
rimentales, vous ne trouverez le nerf de la guerre
La crédulité, une crédulité souvent excessive, s’en
qui, dans le cas présent, sera essentiellement le
est mêlée. En bien des cas, le spiritisme a prêté le
nerf de la paix.
flanc à la raillerie de ses adversaires. De là cette
« Tous ceux qui, à mon exemple, s’intéressent à
conséquence que bien des hommes dans la littéra­
vos efforts scientifiques et humanitaires, auront à.
ture comme dans la science, se sont éloignés de
cœur d’agir en conséquence.
vous, ne voulant pas paraître ridicules... Certes,
« Dès à présent, je tiens à votre disposition la
ils sont convaincus de la réalité de vos phéno­
somme de deux cents francs, ma quote-part, pour
mènes ; ils ne craignent pas à l’occasion d’en affir­
aider au paiement du local, dont le comité aura
mer l’authenticité.
besoin pour son installation et pour ses études.
« Et, cependant, ils se tiennent à l’écart. Les
« Recevez, cher monsieur Bouvéry, mes cordiales
groupes ne leur paraissent pas assez sérieusement
salutations.
constitués, ni les expériences conduites avec une
« P .- S . — Pour les raisons que vous connais­
rigueur scientifique suffisante.
sez, je vous prie de me garder l’anonymat. »
«Que faudrait-il pour que ces hommes,dont quel­
ques-uns occupent de hautes situations scienti­
fiques et littéraires, consentissent à vous prêter Nous n'ajouterons rien à cette lettre. Avec les
l’appui de leur nom et de leur talent, à meure fin quelques observations qui précèdent, elle rend bien
à la quarantaine où ils vous tiennent en observa­ compte de la pensée qui a dirigée nos efforts.
tion ? Qu’on vienne donc à nous et qu’on nous aide à la
« Une chose bien simple. Rentrez dans la vérité réussite d’une œuvre q.ui est celle de tous.
scientifique, foniez un groupe où l’on fasse des Votre bien dévoué,
études sérieuses et suivies, renoncez à des iormes E. B o u ve r y .
vieillies ; en un mot, améliorez vos conditions
expérimentales, soumettez les faits à une critique
approfondie et méthodique : et vous serez étonnés CORRESPONDANCE
des encouragements et des concours qui vous arri­
veront. Nice, le 21 juin 1890 .
« Déjà le oongrèi de I889 a marqué un premier Mon cher monsieur Delanne, F. E. S.,
pas en avant. Le mouvement de la presse spirite, M. Sardou père, notre illustre et vénéré doyen
qui agite les diverses questions se rapportant au du Spili isme, est venu chez moi, il y a quelques
spiritisme, en est un autre. Un troisième, et peut- jours, pour me remettre le document indus, me
être le plus important, ce sera le centre d’étude priant de vous l’adresser et, s’il n’y a p is d’incon­
in d é p e n d a n t que vous préconisez et dont le prin­ vénient, dp le publier dans votre journal le S p i r i ­
cipe a été voté dans la dernière séance du comité tis m e , .
de propagande. Je suis allé chez lui dimanche pour le prier de
12 . LE SPIRITISME

nouveau de bien vouloir nous do in er se? souve­ * encore acquis les facultés de sociabilité, de rai-
nirs sur les origines du Spiritisme à Paris, en » son, de conscience, de paro'e, de progrès et de
r 8 5 8 . Il m’a promis de s’exécuter, après en avoir » liberté morale qui caractérise l’espèce, le genre,
préalablement causé avec vous, au mois d’août, :1 » le règne humain. »
Nice, se trouvant, en ce moment, occupé à réunir Quelle logique dans ce langage ! Laissons donc
en volume tousses articles publiés dans le journal Lermina, Mac-Nab, Papus et tous les théosophes
P U n i o n a r t i s t i q u e e t l i t t é r a i r e de N i c e , car, il ne
dans leurs sophismes hypothétiques puisés dans
faut pas se le dissimuler, ce vieillard de quatre les antiques traditions du bouddhisme indien. Op­
vingt-huit ans est un savant logicien dont l’érudi­ posons à leur vanité la conspiration du silence : ce
tion ne le cède en rien à celle de bien d’autres, sera la preuve de la raison, de la sagesse. Ils veu­
aussi, travailleur infatigable, défenseur dévoué lent le passé, nous voulons l’avenir.
de la vérité morale et scientifique ; il mourra sur Bornons-nous à chercher le progrès de la vérité
la brèche. dans le résultat des conquêtes de la science, sous
11 y a quelques jours qu’il me fit prendre lec­ le contrôle et l’examen du fait ; c’est là notre tâche.
ture d’une copie d’articli de M. Eu?è 1e Burnouf, Je dis cela en voyant le parti-pris des théosophes
publié dans la R e v u e d e s D e u x M o n d e s du i 5 dans leurs écrits ou discours, de ne jamais parler
juillet 1888, renfermant une critique aussi juste d’Allan Kardec; est-ce assez prouver leur hostilité
que savante, par laquelle il fait le procès du Théo­ déclarée contre notre doctrine?... c’est, ce me
sophisme bouddhiste, critique qui serait, je crois, semble, assez clair I
en ce moment, d'une grande actualité aux yeux C h. N o z e r a n .
des lecteurs de vetre journal. P . S . — J’ai eu soin de faire observer à M. Sar-
Vous n’ignorez point que M. Burnouf, ayant dou que, se trouvant le seul survivant des fonda­
habité longtemps l’ Inde, est d’ une grande autorité teurs du Spiritisme en France, son oeuvre serait
dans les lettres, connaît le sanscrit et sait le tr a ­ lue avec un grand intérêt.
duire.
Ainsi que je vous le disais dans ma dernière
lettre, ce n’est pas d’aujourd’hui que la lutte est P L U T A R Q U E S P IR ITE
ouverte entre la Théosophie et le Spiritisme ; il
N. B. — T o u t ce qui suit est ex trait de ses œuvres mo­
n’y a qu’à lire, peur s’en convaincre, dans, le B u l ­ rale s: F r a g m e n t s , traduits p ar M. Victor Bétoland, profes­
le t i n m e n s u e l ¿ 'o c i o b t e le remarquable ar­ seur de TUniversité.
ticle : E x p o s i t i o n c r i t i q u e d u B o u d d h i s m e s e lo n le I. — Croyance à une existence antérieure. Appren dre,
C a t é c h i s m e d u S u d , par lequel M. Ch Fauvcty c'est se souvenir.
fait avec autorité, justice de cette fausse croyance Le mot grec a lè t h e ia (vérité) montre à lui seul
de l’anéantissement de l’esprit, en citant ce pas­ que la science est un souvenir, puisque ce mot est
sage : composé de a privatif et de lé th è (oubli). C ’est ce
« Eugène [.Burnouf, dans son introduction à que prouve encore le nom donné à la rrère des
» l 'H i s t o i r e d u B o u d d h i s m e , a décrit avec élo- Muses : on l’appelle Mnémosyne, c’es-à-d ire
» quence cette fausse conception pessimiste de la « art de se souvenir ». Les Muses font que l ’on
» vie qui régnait alors dans l’ Inde et qui tourcu cherche ; Mnémosyne fait que l’o.i trouve.
* la ête au p:ince Sak'a-Mouni. Platon rapporte tout savoir et toute ignorance à
» J’insis:e sur ce point, car ce n’est pas assez ce la mémoire et" à l’oubli.
* croire à la persistance du m o i et à ses réincar- On raconte quelques souvenirs antérieurs à la
» nations, il faut chasser des esprits cette fausse vie actuelle, ceux de Myron, par exemple.
» idée de la trammigration, en prouvant que l’c- Prenons pour preuve aussi tous ceux qui ont
» volutiou progressive des êtres s’oppose absolu- peur d’ un cha%ou d’ un lézard, ou d’une tortu?. J’ai
» ment à la rétrogradation de la vie et à l’incarna- vu plusieurs de ces gens-là. Le neveu de Bérius
» tion d’ une personne humaine en des espèces in- était chasseur d’ours et de lions, et cependant il ne
» férieures. La loi de la conservation de l’énergie pouvait pas même regarder un coq. J’ai c^nnu un
» ne permet pas que rien de ce qui est acquis à pharmacien sur qui les dragons et les aspics ne fai­
» l’être soit perdu pour l’être, et la balance n us saient rien, mais qui fuyait, criant et hors de lui,
» prouve que rien ne se perd dans le minde- devant un taon... Evidemment, la cause en pareil
» Quelle perte n’y durait-il pas, si la jynthèsj h î- cas, tient au souvenir d’ un état semb able éprouvé
» malne pouvait se résoudre en une synthèse ap- autrefois,
» partenant à des espèces animales, ’n’ayant pas Les petits enfants nouveau-nés ne rient point, et
LE SPIRITI5ME 125

leur regard a quelque chose de farouche .jusqu’à après et Antiochus raconta que Julius Canus lui
trois semaine environ. La plus grande partie du avait apparu Comme il le lui avait promis, qu’il
temps ils sont endormis. Mais cependant il leur avait discouru avec lui de l’ immortalité de l’âme et
arrive souvent de rire et d’avoir le viiaga épanoui de la lumière éminemment pure dans laquelle
en dormant. Or, comment ce fait se produit-il, si celle-ci se trouve après sa sortie du corps ( M o r ­
ce n’est parce que, dans ces moments-là, leur âme se c e a u x d iv e r s ) ».
dégagé du gouffre où la matière est plongée, et « L ’ Italien Euthynolis avait pour père le T éri-
qu’elle se meut par suite d’affect'>ons éprouvées an­ nien Elysius, le premier de son pays par sa vertu,
térieurement ? par ses richesses, par la considération dont il était
A celte cause encore doivent être attribuées les entouré. Le jeune homme mourut subitement et
attitudes naturelles que l’on a pour tel ou tel exer­ la cause de sa mort était restée un mystère. Elysius
cice. vint à penser, ce qu’ un autre eût peut-être cru pa­
Dire que cela vient de ce que l ’on est né ainsi, reillement, que son fils avait été empoisonné, parce
serait une explication grossière, une explication qu’il était l’héritier unique d’une lortune et de ri­
d’ignorant, laquelle s’accommo lerait à toute es­ chesses considérables. Ne sachant par quel moyeu
pèce de réponse (1). Cependant il faut chercher co connaître la vérité, il se rendit dans un certain
que signifie cette expression : « naître de telle ou lieu où l’on invoquait les âmes. Il fit avant tout
telle manière, * Elle tient à ce que les uns ont un sacrifice suivant la loi religieuse. Il s’endormit
certaines dispositions, les autres certaines autres, ensuite et il vit lui apparaî're son propre père, à
parce que l’âme raisonnante se reconnaît elle- qui il raconta la mort de son fils et qu’-l supplia
même aux choses présentes d'après ce qu’elle a instamment de l’aider à découvrir le meurtrier.
connu précédemment. « C ’est pour cela que je suis v nu, dit l’aïeul ; re­
Nous ne pourrions pas déduire une idée d’ure çois de celui-ci ce qu’il t’apporte : tu y verras l’ex­
autre, s’il n’y avait pas chez nous de connaissance plication de tout ce qui cause ta douleur. » Or,
antérieure. C’est ce que Platon a démontré. celui qu’il désignait était un jeune homme, placé
Les enfants ont plus de facilité pour apprendre derrière lui, tout à fait semblable à ce fils et se rap­
comme étant plus rapprochés de cdte vie anté­ prochant de lui par l'âge ainsi que par la taille.
rieure dans laquelle la mémoire se conservait in ­ Elysius lui demanda qui il était: «Je suis, répon­
tacte. d it-il, le Génie (i) de ton fils », et-, en même temps
Les uns sont plus aptes à telle science, les autres il lui présenta un petit écrit, Elysius le déroula et
à telle autre. y lut les vers suivants :
Plusieurs apprennent l’ensemble des sciences, » Imprudente demanda ! ô mortels ignorants,
sans avoir d’autres maîtres qu’eux-mêmes. Les arrêts du destin sont pour vous un mystère.
Il n’y a pas moyen d’expliquer autrement q u e Il eût été mauva's pour lui, pour ses parents.
Qu’Euthynoüs restât plus longtemps sur la terre.
p a r le s o u v e n i r nos découvertes. En effet , on ne
(Consolation à Apolloniim). »
cherche ni ce que l’on sait, ni ce que l’on ignorait
auparavant; et, d’autre pari, on ne pourrait trou­
ver ce que l ’on ne sait point.. *
I I . — Apparitions, évocation, d'esprits, apports d'objets
UN INCIDENT
matériels, écriture directe. au Congrès Spirite et Spiritualiste
Voici deux curieux récits fait par Plutarque : DE PARIS
a Caligula fit mourir Julius Canus, philosophe
stoïcien, de qui les Grecs racontent une chose in­ A u nom des délégués italiens et espagnols, j’ai
croyable. . . On rapporte qu’en allant au supplice, présenté dans la séance générale privée du 14 sep­
de l’air le plus tranquille, il dit à Antiochus de Sé- tembre les déclarations suivantes qui ont été votées
leucie, un de ses amis qui l’acconipagnair, qu’il à très grande majorité par l ’assemblée, malgré l’op- .
viendrait lui parler la nuit prochaine et qu’il lui position de M. Lacroix, qui représentait lej Etats-
révélerait des choses importantes. 11 ajouta que Unis.
Rectus, un autre de leurs amis, serait trois jou:s CONCLUSIONS
plus tard mis à mort par Caligula. Cette double Les soussignés présentent à l’approbation du
prédiction se réalisa ; car Rectus fut tué trois jours Congrès les déclarations suivantes ;
(t) Et de même force que celle-ci : « Pourquoi l’opium î ” T ou t en acceptant les conclusions du Congrès(I)
fait-il dormir î — Parce qu’il a en lui la vertu dormitoire.» (I) àxlfiav, génie. Amiot a traduit ce mot par ange. Rap­
Voir Molière: Cérémonie du Malade imaginaire. pelons, à ce propos, le démon de Socrate.
126 LE SPIRITISME'

les conclusions du Congrès de Barcelone, ils a f f i r ­


« En conséquence les spirites, spiritualistes, etc.,
m e n t la Doctrine spirite recueillie par AUan Kardec
doivent s'empresser de nous adresser leurs études
comme base du Spiritisme, en ajoutant qu’elle peut que pendant s i x j o u r s ils pourront défendre lib re­
être développée indéfiniment, mais non pas être ment dans les séances du 9 au 14 septembre. »
ébranlée dans ses principes fondamentaux; Dans cette invitation que j ’ ai sous les yeux, je
20 La doctrine spirite ne peut se lier exclusive­ ne vois nulle part que dans la séance p r i v é e g é n é ­
ment à aucun culte, système social ou politique r a le du 14 septembre, je n’eusse pas le droit de
tout en admettant que, par son essence même, émi­ laire ce que j’ai fait. Je le déclare : si j’avais cru
nemment philosophique et morale, elle nous con­ ne pas avoir ce droit, je n’aurais pas pris part au
duira à la solution de la question sociale. congrès ; car j’aurais retenu une ingratitude
Des affaires urgentes m’ayant empêché de m’ar­ énorme de ne pas provoquer un hommage à la
rêter à Paris pour assister aux séances publiques du doctrine recueillie par Allan Kardec et d’en faire
14 et du i 5 septembre, je viens de lire dans le jaillir l’importance.
compte rendu du Congrès, page 3 6 g, que dans
A ce propos M. Lacroix, en répondant à une
cette dernière séance, M. Lacroix souleva de nou­
lettre publiée par Miss Anne Blackwell dans le
veau la question.
G a l l i g n a n i 's M e s s e n g e r , explique son opposition
En outre il écrivit à ce sujet un article publié
en disant qu’Allan Kardec n’est pas le fondateur
dans le B a n n e r o f L i g h i du 17 7 octobre 1889 qui
du Spiritisme, parce q ue avant lui Andrew Jackson.
a été rapporté par le M e s s a g e r d e L i è g e du Ier dé­
D ivis avait écrit le livre : N a t u r e 's D i v i n e R é v é ­
cembre 1889.
l a t i o n , dicte par les esprits ; il ajoute, en plus, que
Dans cet article il affirme encore que je n’avais
Cahagnet publia presqu’ en même temps L e s a r ­
pas le droit de présenter à Y a ss e m b lé e les déclara­
c a n e s d e la v ie f u t u r e d é v o ilé s .
tions susdites et que cette dernière n'avait pas
celui de les voter (1). Or je réponds : Les fondateurs du Spiritisme
Il est en erreur (2). sont les esprits qui, toujours et en tous les temps,
En effet, dans l’invitation au Congrès en date se sont manifestés. D ’autre part, c’est utile de faire
du 12 juillet 1889 que l’on m’a envoyée et que observer que je n’ai p is parlé d’ Alian Kardec seu­
l’on peut voir à la page 418 du C o m p t e r e n d u , on lement, mais de la doctrine qu’il a recueillie.
inséra ce qui suit : Celle-ci est plus au compiet que les précédentes,
« Les orateurs qui parleront le 15 et le 16 trai­ précisément parce que son sage coordonateur a pu
teront des deux points fondamentaux suivants : puiser aussi à ces dernières sources. A Dawis et à
« i° La pe'sistance du moi conscient après la Câhagnet la gloire d’avoir, Us premiers, recueillis
mort, autrement dit : L’immortalité de l’âme; les matériaux pour fabriquer la base du Spititisme
« 2° Les rapports entre les vivants et les morts. moderne, à Allan Kardec celle de l’avoir solide­
« Il est convenu que p e n d a n t c e s d e u x j o u r s d e ment posée.
sé a n c e , et devant les invités non initiés, les ques­ Je suis libre-penseur et je n’accepte la doctrine
tions sur lesquelles l’er.tente commune n’est pas spirite que parce que, quatorze années presque dè
faite seront écartées. libre examen expérimental, m’ont donné la preuve
« Les adhérents au congrès sont conviés à en­ que dans cette doctrine est contenue la vérité.
voyer avant le 1 5 aotït prochain au bureau de la
Pourtant je suis ennemi d î l’intolérance et des
commission exécutive, rue Chabanais (chez M. Ley-
dogmes imposés qui sont, au contraire, en oppo­
marie), des mémoires sur les sujets dont ils vou­
sition avec l ’essence même de la doctrine.
dront saisir le congrès ; la commission les classera
Donc, en présentant les déclarations ci-dessus à
dans la section à laquelle seront attribués les tra­
l’assemblée du 14 septembre tant moi que mes
vaux similaires. Chacun sera libre d’en discuter
largement dans ces sections. amis, nous n’avons pas voulu faire sanctionner un
dogme, ce que, d’autre part, le congrès n’aurait
(t) Puisque, quoi qu’on eu dise, elles ont été volées. En pas eu le droit de faire.
cela je rends justice à la franchise de M. Lacroix, qui main­ De plus nous n’avons pas cherché à diminuer les
tint cela dans L séance publique du 16 septembre et dans
l’article au Banner ofLxght. mérites du Spiritisme américain (pour lequel nous
(2) Selon l’article rapporté par le Messager d e L i è g e du avons déclaré avoir le plus profond respect), mais,
1" décembre 1887, les déclarations présentées par moi
auraient été «¡nsi conçues : 1» Tout en acceptant les con­ il est bon de le répéter, nous n'avons voulu que
clusions du Congrès de Barcelone, il (le Congrès de Paris) faire jaillir l’importance de la doctrine kardéciste
affirme la doctrine, été.
Or ces mots : « le Congrès de Paris », substitués aux dans le Spiritisme moderne; aussi bien que provo­
autres : « ils (les soussignés) at/lrment », déplace tant soit
peu la question, il mè semble. quer en sa faveur un solennel hommage pendant
CE SPIRITISME

le congrès spirite, .que, pour la première fois, on a simple [journaliste ressassant des banalités usées
tenu dans la ville où elle est née. juSqu’à la corde. N es’avlse-t-il pas de dire : « Nul
' Ernest V O L P I. n’avait eu la fantaisie dé supputer les soubresauts
d’un gibus ou d’un guéridon, à cette fin d’obtenir
des révélations d’outre tombe. »
B IB U O G R Û P H IE Il est vrai que M. Stanislas de Guaïta re con­
naissait pas très bien encore le sujet qu’il a entre­
AU SEUIL DU MYSTÈRE pris de traiter, lorsqu’il fit paraître la première
édition de son livre, car il a émis sur le philosophe
par S tam slas de G uaïta
de Saint-Martin des appréciations aussi aimables
Nous ne connaissions pas,- il y a quelques années que sur Allan Kard«.c, mais quelqu’un lui ayant
seulement, les occultistes, les Kabbalistes, les Théo- charitablement fait lire les ouvrages de ce théo-
sophes, l:s mystiques judéo-chreiiens, pas plus raph e.il ne craint pas aujourd’hui de se déjuger.
d'ailleurs que les Bouddhistes et autres secies se Peut être dans une prochaine édition — hélas !
réclamant du passé. Si je dis que nous ne les con­ bien problématique — il aura lu l’œuvre d’Allan
naissions pas, c’est simplement en ce sens que les Kardec, alors, espérons-ie, il écrira en connaissance
rêveries magico-mysliques qui font le fond de ces de cause.
doctrines, n’étaient pas répandues dans la foule,
Ce livre n’est qu’unelongueaffirmation, énoncée
mais nous n’étions pas sans ignorer les travaux
avec orgueil de l’ignorance de nos contemporains
d’Eliphas Lévy et de Dupotêt, aussi bien que
et de la haute valeur intellectuelle de l’auteur.
ceux de Fabre d’Olivet, réédités par le marquis
Donne-t-il au moins une explication des phéno­
Saint-Yves d’Alveydre, mais personne n’y atta­
mènes spirites ? entre-t-il dans la discussion de
chait d’autre importance que celle que l’on accorde
nos théories? Oh! non, il considère que. ce serait
à une reconstruction archéologique et à un phé­
faire trop d'honneur à nos divagations, il pontifie
nomène d’atavisme curieux par sa rareté.
à son aise en restant dans le vague d’ une critique
Les choses n’en sont plus ainsi. Aujourd’hui
aussi acerbe que peu justifiée.
une école s’e¿t fondée pour remettre au jour les
Cependant nous aurions souhaité que cette gran­
divagations des alchimistes du moyen-âge et les
dissime intelligence daignât s’abaisser jusqu’à la
croyances enfantines des civilisations à leur ber­
faiblesse de notre compréhension et qu’elle nous
ceau. M. Stanislas de Guaïta appartient à cette
fit entrevoir un rayon de sa clarté éblouissante.
école et son livre est le plus bizarre mélange d’em­
Hélas nous en sommes réduits à nous contenter
phase creuse et de naïveté qui s’y puisse ren­
de savoir que ce que nous prenons pour des es­
contrer.
prits n’est que : « La raison ultime de ces créa­
Sans s’appuyer sur aucun document positif, en
tions anormales d’un fluide c o a g u lé à h a u t e t e n ­
ne prenant pour base que des théories soigneuse­
s i o n », et que la cause de ces coagulations « réside
ment enveloppées de brumes et de mystères, il
en un arcane plus terrible en lui-même, que les
proclame hautement sa science infuse, sa connais­
fanlasmagories diaboliques dont s’effarouche la
sance approlondie de la nature et de ses lois et
naïveté de nos pères. »
s’épuise à nous affirmer que le progrès scientifique
Voilà donc le terrible secret 1 C ’est du f l u i d e
de notre époque n’est qu’une pâle lueur, un reflet
c o a g u l é à h a u t e t e n s io n 11
affaibli de la science suprême des anciens mages.
Faisant fi du savoir laborieusement acquis par les Quelle admirable propriété dans les termes.
expérimentateurs spirites, du haut de sa vanité Vous figurez-vous un fluide comme la lumière, fa
délicieusement chatouillée par le mystère dans le­ chaleur ou l’électricité qui se coagule, si par fluide
quel il s’enveloppe, il tegtrde dédaigneusement on entend un liquide, ce qu* dans l’espèce est ab­
les petits songe-creux comme Allan-Kardec qui solument impropre, qué devient la haute ten­
ont la suprême sottise d’ étudier scrupuleusement sion?
les faits et de parler en connaissance de cause de Pour nous, simples d'esprit qui n’avons pas
ce qu’ils connaissent bien. Aussi les traite-t-il de commerce avec les mages, cette explication nous
songe-creux et de pauvres. semble du pathos et sans recourir à aucun arcane
J’avoue que j ’ai rarement vu l’infatuation de mystérieux, nous déclarons simplement que l’écri-
soi-même et l’ignorance présomptueuse se mé­ vaiu aurait mieux fait de parler de ce qu’il con­
langer à dose aussi forte chez un écrivain et c’est naissait au lieu de s’attaquer au Spiritisme, science
véritablement avec stupéfaction que je constate positive qui reste pour lui inaccessible, simple-
qu’il cause-du spiritisme avec l ’ignorance d’un ment à cause de sa limpide simplicité.
1 28 LE S P I R I T I S M E

Nous somm s de c&ittf^avec les hommes con­ de France et sur les résultats* obtenus par les mé­
sciencieux qui cherchent de bonne foi la vérité. decins et les magnétiseurs de cette Société à la
Nous sommes heureux de saluer les efforts des c lin i q u e qu’ils ont ouverte, 2 3 , rue Saint-Merri, à
investigateurs sans parti pris, et nous applaudis­ Paris.
sons aux travaux qui, pour ne pas être faits dans Fondée depuis deux ans à peine, cette soci té
le champ spirite, tendent à éclairer le do naine de compte 171 membres, au nombre desquels on
la vie d’outre-tombe. C ’est pourqui nous marchons remarque une trentaine de médecins. Citons au
de concert avec les vaillants rédacteurs de l ' I n i t i a ­ hasard: Ochorowicz, Liebeault, Maggiorani, Z i-
t i o n , mais nous repoussons énergiquement ceux
raduc, Pertonnet, dont les travaux sur cette ques­
qui n’ont que l’injure à la bouche et qui, pour tion sont bien connus. On y remarque aussi d es sa­
nous combattre, ne s'appuient que sur leur or­ vants, des lit érateurs, dei théosophes, tels que :
gueil et leur ignorance. Crooke*, E. Yung, D elbœ jf, E. Nus, Bonnemère.,
A. B:lot, Pefadan, Mme Blavatslcy, Sinnett, Papus
Œ u vre p o s th u m e et les praticiens du magnétisme les plus distingués', ’
D’ALLAN KARDEC La clinique, où les malades sont reçus gratuite­
Éditée par la Société psychologique de Paris, I, ree Cliabanais ment deux fois par semaine, a éié organisée il y a
un an ; cent et un malades ont été ad rnis au traitement.
Nous venons de lire les pages qui datent des ori­ Sut- ce nombre, 25 ont été guéris complètement ;
gines du spiritisme, puisque l’auteur lui-même 22, très sensiblement améliorés; 18 plus ou moins
raconte de quelle manière il fut amené à s’occuper soulagés.
de la doctrine, à laquelle il sacrifia sa vie. Le rapport annuel contient le-compte rendu
L ’ouvrage est divisé en deux parties assez dis­ nominatif de 17 cas considérés comme incurables,
tinctes : ou tout au moins traités depuis de longues années
La première se compose de pages inédites pour par la médecine classique, sans aucun résultat, qui
la plupart. ’. ' ont été guéris radicalement.
Quelques-unes ont été déjà reproduites par la
Les cas les plus communs sont les névroses, les
R e v u e s p ir ite .
migraines, les affections du cœur, de la rate, une '
La deuxième partie est consacrée à des révéla­
mélrite, une gastrite, etc., dont certains ont été
tions intimes qui furent données à Allan-KurJec
guéris en une seule séance.
par différents médiums, qui se confirment les unes
les autres. Le magnétisme humain a été employé à l’exclu­
C ’est certainement la chose la plus saillante de sion de tout autre médicament, sans chercher à
< ces souvenirs », car les communications ont trait endormir le malade et sans exercer sur lui aucune
à la haute mission du maître. suggestion.
Oes reproductions sont des plus intére:santts Ce sont là des résultats qui doivent encourager
pour ses adeptes qui seront charmés de connaître les médecins et les malades à avoir recours au ma­
les curieux détails concernant « l ’Initiation» du gnétisme dans le plus grand n mbre des cas, sur­
créateur de notre belle philosophie. tout dans ces maladies sans nom où les moyens
Ensuite l’affirmation catégorique du maître ordinaires de la médecine restent sans effet.
d’avoir été guidé, inspiré p a r le s e s p r it s e u x - La société est une école professionnelle où le
m ê m e s dans son apostolat, tùçra h légende que magnétisme est enseigné dans des cours spéciaux
ses adversaires semblaient accréditer, à savoir que et des conférences mensuelles initient les amateurs
ses ouvrages étaient le fruit de son propre travail, aux bienfaits de cette médication trop long emps
de sa propre intelligence. délaissée.
On peut regretter que l’éditeur nous ait fait atten­ Souhaitons que cette société parvienne à faire
dre le volume si longtemps, car il n’aura pas.pour comprendre à tous l’importance du magnétisme
beaucoup la même saveur que s’il eût paru quelque qui présente beaucoup plus d’avantages que l’hyp­
temps après la mort du maître, ou tout de suite notisme et n’en a pas les inconvénients et les dan­
après celle de sa digne compagne. Mais vaut mieux gers. .
ard que jamais. L e Bib l io p h il e

L E M AGN ETISM E T H E R A P E U T IQ U E
Le G éran t : Gabriel Delanné.
Le J o u r n a l d u m a g n é t is m e fournit de curieux
renseignements sur l’état de la S o c ié té m a g n é t iq u e tmp. Alcan-Lévy 2 4 , rue Ghauchat. Paris
8* ANNÉE. — N® q.
4 0 e,!l>»ln»M I« IVuintr».
i«r S e p t e m b b e

ORGANE DE L’UNION SPIRITE FRANÇAISE


N a îtr e , m o u r ir , r e n a îtr e e t p ro g resser sans eét »«
telle est la loi. A lla n K a r d ec .

ABONNEM ENTS R É D A C T IO N & A D M IN IS T R A T IO N


LE JOURNAL PA R A IT
Paris et D é p a rte m e n ts 6 f r. p a r a n . S 4 , r u .e La b ru yè re , P a r is
É t r a n g e r ...................... g _ UNE FOIS PAR MOIS
Rédacteur en chef : G a b r ie l D ela nn e

SOMMAIRE d ra p a r ii ni p o u r u n e é c o l e , n i p o u r u n e a u t r e ,

De la lu m iè r e ? ........................... so n u n iq u e b u t étant de d é m o n tr e r c o m m e n t le s
B ouvéry .
Causerie du D o c te u r ................ c h o s e s s e p a s s e n t , s a n s s ’o c c u p e r d e s c a u s e s i n t i m e s
D r A ugagneur
des p h én o m èn es.
Échos d’outre-tombe................... E. B ourdain .
A so n a v is , les p h a se s par lesq u elles passe u n
Influence de la lum ière sur la
s u j e t h y p n o t i q u e s e r e t r o u v e n t c h e z le s u j e t m é ­
m atérialisation des esprits. . M. F id l e r .
d i u m , a v e c cette d iffé r e n c e to u te fo is q u e le p r e m ie r
Discours d’ouverture de M. le
a b eso in de q u elq u u n p o u r le m e t t r e d a n s l’é t a t
comte de Constantin au Con­
h y p n o t i q u e , t a n d i s q u e l ' a u t r e s 'en d o rt et ré a lise
grès m a g n é tiq u e ....................
seu l le p h én o m èn e sou s u n e in flu en ce que n o u s ne
Correspondance........................... E. B ouchet .
c o n n a isso n s p a s , o u q u 'o n ne p e u t p a s e x p liq u er
Com m unication........................... A ubenas . scien tifiq u em en t. C e p e n d a n t {'o ccu ltism e e n s e i g n e ,
Bibliographie............................ n o u s d i t P a p u s , q u e le co rp s a s tr a l d u m é d iu m
Nécrologie ................................... e s t le D e u s e x m a c h in a d e s f a it s d it s s p i r i i e s .
C ’e s t - à - d i r e q u ’il n ’y a p a s d ' i n t e r v e n t i o n s p i r i ­
t u e l l e . L ’o c c u l t i s m e a - t - i l r a i s o n ? L e c o n f é r e n c i e r
l a i s s e la q u e s t i o n e n s u s p e n s . P o u r q u o i ? A i l l e u r s ,

DE LA LUMIÈRE? il a a f f i r m é q u e Y esp rit i n t e r v i e n t d a n s c e r t a i n s a u


m o i n s d e n o s p h é n o m è n e s . P o u r q u o i a u j o u r d ’h u i
cette réserve e x c e s s iv e ? E st-ce d o n c q u ’i l au ra it,
A v a n t d e p r e n d r e d e s v a c a n c e s b i e n g a g n é e s , la d e u x p o id s et d eu x m e s u r e s ? Ici p ara issa n t d o n ­
so ciété é so té r iq u e a r é u n i, dans une d ern ière n e r r a i s o n a u x s p i r i t e s , là , n ’o s a n t p i s p r o n o n c e r
séan ce, un a u d ito ir e n o m b r e u x et ch o isi. J a m a is le m o t q u i est su r le u r s lè v r e s d e to u s .
l ’e m p r e s s e m e n t n ’a v a i t é t é a u s s i g r a n d . O n é ta it V o y o n s — e t e n c e m o m e n t , je n e m ' a d r e s s e p a s

l i t t é r a l e m e n t e n t a s s é le s u n s s u r les a u tr e s. sp é c ia le m e n t k P a p u s, m a is à to u s c e u x q u i, à so n

Une se u le p l a i n t e s ’e s t f a it e n t e n d r e . L e m a g e e x e m p le , se m b le n t terg iv erser q u a n d il s ’a g i t de

n e p o u r r a it-il p a s, m e d is a it u n s c h a r m a n t e fe m m e , ^ Drendre fr a n c n e m e n t p arti p o u r o u co n tr e — p o u r ­


d ’u n c o u p d e s a b a g u e t t e , i a i r e r e c u l e r l e s m u r s d e q u o i ce la n g a g e à d o u b le se n s , p o u r q u o i ce s cir­
c o n lo c u tio n s , h a b iles p e u t-ê tr e , m a is p eu nettes,
c e t t e s a l i e o u l ’o n s ’é c r a s e ? C a r e n f i n a j o u t a - t - e l l e
en présence d ’un p u b lic, qui vous récla m e la
e n m e v o y a n t s o u r i r e d ’u n a i r i n c r é d u l e , o n est
lu m iè r e et la v érité te lle s que vous les con­
m a g e o u o n n e l ’e s t p a s 1 M a i s p a s s o n s a u x c h o s e s
n a issez?
sérieu ses.
V o u s n ’o s e z d o n c p a s p r o n o n c e r l e m o t e s p r it
L a c o n f é r e n c e a v a i t p o u r t i t r e : R a p p o r t s des
d a n s c e r ta in s m i l i e u x ? C r a i g n e z - v o u s d e f f a r o u ­
Phénom ènes de l'h y p n o t is m e et du s p ir it is m e
c h er tels d e vos au d iteu rs, q u i on t d es attaches
(avec ex p é rie n c e s ).
scie n tifiq u e s o fficielles? V o u s im a g in e z -v o u s q u e
Le sa v a n t co n fé r e n c ie r P a p u s , d i t q u ’il n e p r e n -
i ( • ' i
LK S P I K I T I S M E
»*0
. sieur, de la science officielle, vous ne croyez qu’à
»--rf qui vous fait proscrire le mot esprit, , ctHe du « fait, * eh bien! nous allons vous
le, . miner, plu. ùcilement à s’occuper ne» phe- * »rracher des mains ce flambeau Je la science
»oménes. ei qu’aimi votre prudence sert «» P , que «ou* prétendez accaparer, et à sa lumière,
gre» de notre e u « T , nous allons vous montrer une apparition laissant
J« l'.voue u n s détour. MM de =agesse et de pro-
„ la trace de son passage sur un enregistreur mé-
I. odeur ne me disent rien qui vaille.
« camque gravant sa réalité sur une plaque sen,
Quoi I en présence du matérialisme néautisie
q . ronce le» «ocie és modernes, nous n'oserions < siblect vous n’aurez même plus le prétexte de
afficher nos idées cl nos croyances, Is vérité qui « crier à des millions d’êtres raisonnables : vous
nous esi échue en p rfage T . . . « êtes des hallucinés I II laudra chercher autre
Mais Papus lui-méme, alors qu’il remplissait si
brillamment les fonctions de secrétaire général du On ne pouvait mieux dire.
co ne res spirite, n'a-l-il pas dit que ic» négations Comment donc après une profession de foi si
de la science poussent de plus en plus I humanité franche, si, explicite, faite devant un public nom­
os. vieille et ois vol. Et devant de pareils fait*, breux, imprimée dans un volume qui vient de oa-
nour hésiterions i nous prononcer 1 Cela n’est pas raîire. c o n n u p a r c o n s é q u e n t , d e s s a v a n t s q u a u ­
poatib'e. j o u r d ' h u i v o u s v o u l e z m é n a g e r . . . com-rient ne
Tous le. hommes de bonne volonté et de foi comprenez-vous pas le tort que vous vous faites,
avaient un devoir immédiat a remplir : mon cher Papus, en tenant dans certaines de vos
i* Se grouper en phalange serrée pour, la science conférences — comme celle dont |e parlais en co n-
en mains, faire face hardiment i l’ennemi connu : mençant — un langage si différent si plein de ré­
ic ncan'isme. ticences, et de sous-entendus ?
s. l-a cohésion étant une condition sinequa non Voulez-vous qu’on dise que vous changez d’opi­
de succès, il fallait n’accepte* comme adhér nts nions et de langage, selon les circonstances et les
uu-c-us qui avec nous et comme nous croient à milieux ‘I
Texistence dr l’âme, à la possibilité et à la réalité Je suis oiseau, voyez mes ailes.
des. oanmunications entre les vivants et ceux Je suis souris, vivent les rats!
gu on appelle les morts. Ne craignez-vous pas de perdre à ce jeu une
Tous Jes autres sujets devaient être réservés et partie du presiigequt s’est attaché à votre nom et
laisses i ia libre appréciation de chacun. — Compte- h vos travuuxî
rendu du congrès page 7 t. — Ce modus vivendi, Vous avez eu des flatteurs, vous en avez encore.
que farais proposé le 3 t mars i888sur le tombeau Prenez garda au poison que distillent les paroles
d’AJim KirJec, lorsq je j’émis le voeu d'un Congrès mielleuses. Ne vous laissez pas séduire. Nous le
int.matiooal. lu- débattu, discuté, et adopté cnlin regretterions prolondément, pour vous d’abord,
le * 3 avril 1889, dans une prtmié e réunion géné­ pour notre cause ensuite.
rale de spirites et spiritualistes lormee de tous les Le congrès répètons-le, s’est réuni autour de ce
délègues oes divers groupes de Paris » (compte­ programme court et net :
rendu du congrès page 7 3 j. / “« L a p e r s i s t a n c e d u M o i c o n s c i e n t a p r è s l a
Ksppellerai'je que parmi ces délégués se trou­ m o r t , a u t r e m e n t d i t l'i m m o r t a l it é d e l'â m e ;
vaient Mu. Arnould (ou Jean ilaithéus) et Cami- a» L e s r a p p o r t s e n t r e l e s v i v a n t s e t l e s m o r t s . »
nade, l’un directeur et l’autre secrétaire du Lotus Pas moyen d'équivoquer : t o u s c e u x q u i s e
B l e u , P.pu» directeur de lTniuation 1
s o n t f a i t i n s c r i r e m e m b r e s du congrès sans être
li semblait donc que I œuvre de concentration a p p e l é s , comme ce fut le cas pour M. Jules Ler-
s'accomplissait, que nous allions pouvoir ollrirà
mina, tous ceux là ont par ce fait même, affirmé
IV.ocmi un Iront re loutable le bataille. I.c con­
leur croyance à /a r é a l i t é d e s c o m m u n i c a t i o n s e n ­
ter*» 1Ut lieu. Nous eûmes la joie d’entendre Papus
t r e U s v iv a n ts d e la te r r e e t c e u x d e L e s p a c e .
adresser aul savants ces parole, et ce défi vigou-
La base du spiritisme « vieux comme le
r»c— Tient applaudit : s Oai nous croyons à
« l’b -,.ar alite de l ime, nous croyons qu’on peut monde », avait donc été acreptée sans conteste.
. cornu-niquer avec ceui que vous appelez les Comment donc depuis lors les choses ont-elles
• e-ô.u. ci pour le démontrer nous n’allons pas changé à ce point, que MM. Arnould (Jean Mat.
« perare mure temps en discussion s métaphysiques theus)et Caminadedans le L o t u s B l e u , impriment
• -v. prouvent rieo, nous n’allons p i. „oui q u’il n'y a pat d’esprits dans les fait» ait spirites;
• itpstM, en arguments plu. ou motns logiques - que les spirites sont des hallucinés, des pauvres
*' “*U du raisonnement, Mes- J «spnt, et que sais-je encore ? C omm ent notre
ami apus, qui tout i l’heure affirmait si haut sa
LE SPIRITISME 131

croyance, — sa certitude appuyée aur des faits, — Cette société dans un intérêt qui nous échappe a
à nos rapports avec le monde extra-terrestre, — été fort mal accueillie, encore plug mal comprise...
comment vient-il dire à U société Esotérique, q u ' i l On lui a suscité desdifficultés avant même sa cons­
n e c o n n a î t p a s l ' i n f l u e n c e qui a i d e e t r é a l i s e les titution définitive.
phénomènes dits spirites? Pourquoi? nous l’ignorons. Ce que nous savons
Ne serait-ce pas le cas de reprendre le titre d’uu bien, en revanche, c’est que les hommes qui ont
des proverbes d’A de Musset. I l f a u t q u ’ u n e p o r t e assumé 1a tâche ardue et délicate de la mener à
s o it o u v e r te o u fe r m é e . bien, de lui faire mériter son beau nom, n se
Il est temps vraiment que la lumière se fasse, laisseront arrêter ni par les critiques acerbes, ni
qu'on sache ou sont nos amis et oti sont nos adver­ par les obstacles dont on sèmera leur route. Ils ont
saires. à coeur de réaliser une oeuvre de progrès et de
Ayant été parmi les premiers initiateurs et or­ science. Leur foi, leur volonté, leur dévouement,
ganisateurs du congrès de 1889, je crois de mon leur talent joints à la volonrc, au dévouement, au
devoir et de mon droit de provoquer des explica­ talent ou a la science des hommes de coeur qui
tions nécessaires. iront à eux. contribueront s lui assurer le succès.
Déjà on va répétant que, sans le vouloir, — as­ La société sous leur direction, grandira, prospé­
surément on veut encore bien l’admettre I I nous rera, pour le tri omphe de la véritéet du bien.
avons été sur le point de faire jouer au spiritisme, J. Bol véb y .
le rôle peu enviable et passablement ridicule, du
per.-onnage de la labié, qui retire du feu les m ar­ Nous avons tenu a soumetue nos observations à
n o tr e ami Papus, pour qu’il pût y faire telle ré-
rons que Bertrand croque à mesure (t).
Donc que ceux qui ont souscrit au m o d u s v i ­ fionse que sa grande intelligence et son sm s droit
ui inspireraient. Voici la note qu’il nous a com­
v e n d i d u c o n g r è s affirment au jo u rd ’hui, comme muniquée. On ingéra si elle répond à ce que nous
ils l'ont fait, alors, toujours et partout leur attendions de lui :
croyance à la présence des esprits dans les faits Mon cber Bouvéry,
médianimiques. S ’ils s'y refusaient, nous serions
Je ne sais ouelle importance peuvent avoir mes
en droit de leur dire: ou q u ’ils ne se sontassociés à
avis a u sujet de l’avancement du spiritisme; mais
nous spirites, que pour confisquer à leur profit
depuis quelque temps, il n’y a pas un article de
l’attention du public que nos travaux nous avaient
presse spirite qui ne me fasse l'honneur de me
conquise ; ou que, croyants, il y a quelques mois,
ils ne le sont plus aujourd’hui : ce qui ne prouve­ mettre en demeure de croire ou de ne pas croire
rait pas beaucoup en faveur de leur caractère, ni aux * esprits ». Si j’avais la vérité totale j ’aurais le
de leur sérieux scientifique. Kicn, en effet, n ’est droit d ’avoir un avis arrêté ; mais comme je ne la
survenu dans le monde de la science, qui justifie possède pas, je suis obligé de vous répondre ce que
un tel changement de Iront. Et quel fonds faire sur j’ai déjà répondu à M. Vincent et ce que je
des hommes dont les opinions varieraient à tout répondrai à tocs ceux qui me feront la mime
bout de champ, comme tourne la girouette au question.
moindre souffle qui l'effleure 1 t* J ’ai affirmé en séance générale du congrès,
Mais nous espérons encore q u ’il n’y a éu en tout j’ai affirmé dans mes écrits, et encore tout derniè­
cela qu’u a oubli passager, des formes de langage rement dans le n° 8 de V I n i t i a t i o n , que non seu­
obscures, que nos amis sont aujourd’hui ce q u ’ils lement te croyais à l’existeuce des « Esprits » mais
étaient hier, et qu’ils nous en donneront des preu­ encore qu ’il y avait deux façons da se mettre en
ves que personne ne puisse mettre en doute. rapjKJrt avec eux.
Les malentendus que nous venons de signaler 2* J’ai atfirmé aussi qu’étudient impartialement
dissipés, il reste tien entendu, que nous sommes, les phénomènes et les théories, je ne saurais frire
comme nous l’avons toujours été les adversaires adhésion absolue a aucune école particuliérement.
décidés des sectaires étroits, des mystiques à o u ­ Ainri si vous pensez voir en mot, un homme qui
trance, des vendeurs d u temple, qui ont tant fait croit que Victor Hugo vient faire des vers dr t J et
de mal au spiritisme. 14 pieds après sa mort, ou que Saint-Luuis vient
parler sur la politique contemporaine, je vous
Nous voulons l’étude sérieuse, l’observation de
prie de vous détromper. C ’est là un phénomène
plus en plus rigoureuse des faits. De là la for-
dont il (sut à mon avis chercher l’origiae dans les
Btation de la S o c i é t é d u s p i r i t i s m e s c i e n t i f i q u e . 1
cerveaux des assistants et non dans le monde sur­
(1) t oie aussi la lettre de M.. Noxentu publiée d&na le naturel.
o p i r i l i t m e du t»' juillet dernier. D’autre part, si vous croyez voir en moi un sec-
le spiritisme
T ? 2

jaire anti-spirite qui nie a p r i o r i l'existence des


,
possibilité de c o m m u n i q u e r a v e c d e s m o r t s et sur
ce point aucun de nous n’a jamais varié; mais les
, Esprits »comme certains théosophes qui n o n t membres du congrès ne se sont jamais reunis Sur
comme excuse que leur ignorance totale de nos l’idée que t o u s l e s p h é n o m è n e s é t a i e n t p r o d u i t s
sciences exactes, détrom pez-vous encore. p a r des e s p r i t s , car dans ce cas aucune ecoie d’oc­
J’étudie comme vous tous les phénomènes spi-
cultisme ne nous aurait suivis.
rires; mais quand je puis assigner des causes phy­
Laissez donc les écoles travailler chacune sépa­
siques ou physiologiques à ces phénomènes, je le
rément dans son idée ; — ne cherchez pas à faire
fais de préférence à des causes dérivant de l’action
des spirites sectaires des partisans de l’occultisme,
des « esprits ».
ni des occultismes sectaires des partisans du spiri­
Je considère de plus que les discussions n’ont
jamais servi à rien ; voilà pourquoi je n ’ai pas tisme.
Le but que nous poursuivons tous, ce n ’est pas
voulu répondre un saul mot à l’intéressant article
l’affirmation de l’action universelle partout et tou­
de Merzzer paru dans le M o n i t e u r ( 1 ) .
jours des « Esprits » c’est la lutte contre le maté­
J‘ai montré par une expérience publique que la
rialisme : sur ce point nous serons toujours unis ;
Personnalité humaine p o u v a i t s e s c i n d e r , que
l’état physique et une partie inférieure de l'état l'expérimentation seule, et non la discussion, nous
psychique d ' u n v i v a n t pouvait s’incarner dans un mettra d’accord entre nous sur les autres points.
autre être servant de sujet; je pense avoir ptotivé Voilà, mon cher Bouvéry, l’état actuel de mes
plus par cetie expérience que par toutes les discus­ idées ; elles n’ontjamais changé depuis le congrès,
sions possibles et je continuerai toujours ainsi. j’espère qu'elles ne changeront pas après.
Tout à vous,
Ma posiiion, retenez-le, est absolument indé-
Papus
pendantejje suis lout aussi ennemi des spirites Directeur de V / n i t i a t i o n , président
quand ils voient des « esprits » partout, que des du groupe indépendant ésoté­
théosophes sectaires quand ils n?en voient nulle rique, officier d’Acadéxnie.
part. De grâce éviiez-moi loute étiquette; laissez-
moi libre de ires opinions basées sur des expé­ N . B . — On voit par les observations de notre
riences journalières. ami Papus qu'il croit toujours à la possibilité de
La conférence que j’ai faite au groupe parait en communiquer avec les morts ; qu’il admet l’inter­
brochure ce jour même; l i s e z ^ l à avant de juger et vention des Esprits, sinon dans tous les phéno­
vous verrez que, comme toujours, je rends justice mènes spirites, au moins dans un certain nombre.
au spiritisme sans vouloir partager ¿es erreurs Un seul douie nous reste, et c’esî là-dessus prin­
nombreuses qui, à mon avis, encombrent sa doc­ cipalement que nous aurions voulu être édifiés:
trine. qu’est-ce que l ' e s p r i t pour Papus ? Est-ce l’élémen­
Si les savants préfèrent les théories présentées taire ? Mais M. Meizger, dans sa conférence, a
dans Y I n i t i a t i o n par les occultistes à celles des prouvé qué l’élémentaire, au point de vue occul­
spirites cela tient uniquement à la réserve dont tiste, n’est qu’une loque. L’esprit est-il au con­
.nous faisons preuve. traire Manas, Budhi et Atma, c’est-à-aire les prin­
Pourquoi voulez-vous que j ’affirme l ’action des cipes sqpérieurs et seuls permanents de l’être?
«esprits * quand d’autres actions sont possibles? Dans ce cas, l’appeler à nous, ce serait être crimi­
laissez-moi Je droit de faire des réserves sur nels, puisque, au dire de l’occultisme, ce serait
l’explication totale du phénomène, ne me forcez courir « le risque de perpétuer le plus grand des
pas à exprimer une opinion pour le moins préma­ crimes. On fait ptrdre en effet à l ’être rappelé
turée. dans ce monde le bénéfice de tous ses efforis pour
Vous savez bien, n’est-ce pas, que je suis tout s’en éloigner spirituellement». <t Ainsi, nous dit
le premier à défendre l’action réelle d’un esprit avec raison, M. Meizger, nous aurions le choix
quand cette action est pour moi évidente comme entre : être criminels ou être dupes. Or, nous ne
dans le cas de Katie King, causant avec son mé­ voulons être ni l’un ni loutre ».
dium éveillé et avec l'opérateur. Mais vous savez
En attendant cette explication supplémentaire
aussi que je cherche toutes les actions possibles
avant d’admettre celle de l’esprit. (f), nous remercions notre ami de sa communica- 1
En résumé;
(1) J ai cherché, mais en vain, dans la brochure dont me
Les membre» du congrès se sont réunis sur la parle Papus, un éclaircissement à ce su jet; je ne l’ai pas
trouvé.
(1) Ce même article a été publié dans le S p i r it is m e du t t e me contente de faire observer à mon am i Papus que
i»r août deroier.
l'occultisme, ou certains occultistes de m arque donnent aux
LE SPIRITISME i*3

tion, et nous adressant aux autres théosophes, qui l le devoir d’empêcher qu’un spectacle, annoncé à
ont pris part au congrès, et dont les écrits parfois grand renfort de publicité, ne devienne une cause
s e m b le n t exclure complètement l’action des esprits, <le troubles* pour la santé publique.
nous leur demandons *i oui ou non ils acceptent Les publications, les représentations ayant trait
l'intervention des esprits des désincarnés — dans à l’hypnotisme et à la suggestion se soni tellement
certains au moins des phénomènes sur lesquels mu tipliées, depuis quelques années, que tous mes
est basé le spiritisme? La loyauté leur fait un de­ lecteurs savent, au moins approximativement, ce
voir de répondre à cette question loyalement posée. qu’il f»ut entendre par ces mot*.
J. B. Connu-» depuis longtemps, sans doute, exploités
habilement au siècle dernier par Mesmer, 1-s phé­
nomènes du magnétisme animal ne sont entrés

CAUSERIE DU DOCTEUR dans le domaine scientifique que depuis une tren­


taine d’années.
C ’est l’hypnotisme qui a ouvert la scène.
En 18 5 3 , un chirurgien très connude Bordeaux,
U n m a g n é t i s e u r . — L ’h y p n o t i s m e . — L a s u g ­
g e s t io n . — D a n g e r s p o u r le s y s tè m e n e r v e u x .
Axam, publia des recherches fort intéressantes sur
t - N é c e s s it é d e l'i n t e r d ic t io n . un procédé nouveau pour obtenir le sommeil et
l'insensibilité. Le sommeil et l’insensibilité étaient
Les murs de Lyon sont couverts d’affiches mul-
assez profonds et assez persistants pour permettre
t'colores, conviant les passants aux représ marions
l’exécution d ’opérations cnirurgicales rapides, relies
d’un magnétiseur en renom. Le magnétiseur étale
qu’une amputation de doigt, une ouverture d’ab­
jes titres pompeux qui le recommandent à 1atten­
cès, etc. Azam préconisait sa découverte comme
tion de nos concitoyens: il est président d'une
capable de remplacer, dans certaines circonstances,
société d ’hypnotisme, directeur o’un journal spé­
cial < ce genre d’industrie. Jadis il opérait seul. le chloroforme ou l’éiher dont l’emploi ofire tou­
Aujourd’hui il est escorté par une troupe de huit jours quelques dangers.
jeunes femmes répondant aux noms les plus gra­ Le sommeil hypnotique s'obtenait parle pro­
cédé suivant: Le sujet étant assis ou couché, le
cieux, et d r ss :cs, comme d’excellents chev ux de
chirurgien tenait à tiois ou quatre centimètres au
cirque, en haute école de suggestion et d’h y p n o ­
tisme. Dernière et puissante attraction ; il annonce dessus de la racine du n t z du patbnt, à un centi­
qu; toutes ses expériences seront répétées sur les mètre en avant du front, un objet métallique bril­
spectateurs de bonne volonté. Et chaque soir la lant : lame de bhtouri, bague, Irdgmentde verre, etc.
salle est pleine de curieux des deux sexes, a lant Le sujet ét lit invité à fixer constamment et atten­
chercher des émotions d’un nouveau genre. tivement le point brillant. Pour y réussir, il fallait
Si la police des salles de spectacles m ’était con­ en raison de la place o:cupée par l’objet en ques­
fiée, j ’aurais, dès l’annonce de son arrivée, fait tion, l o u c h e r fortement en haut et ea dedaas.
parvenir à l irnpressario de Mlle Florian une Chez Us individus prédisposés par leur état ner­
leuille de papier ornée d’un portrait de U R épu ­ veux, cette position anormale et forcée des globes
oculaires déterminait un léger vertige, e au bout
blique française, et dans laquelle je l’aurais prié,
d’un temps variable, quelques secondes à deux mi­
dans Iss formes polies et douces usitées par l’ad-
nutes, les yeux devenaient fixes, la p a u p i è r e retom­
tninistraüon, de vouloir bien réserver son fiuid.
pour d’autres que les Lyonnais. bait en parlie, le visage perûait toute expression,
la sensibilité disparaissiir, le sommeil hypnotique
En agissant de la sorte, j ’aurais cru rendre un
était produit. Cet état durait plus ou moins long­
grand service à plus d’un de mes concitoyens, et
temps. quelques minutes à peine; le sujîtse réveil­
surtout à plus d’une de mes concitoyennes, et je
lait, regardant autour de lui comme s il sortait
n ’aurais fait que suivre les très sages décisions
d’un songe, et ne conservant aucun sou fenir de ce
prises par plusieurs municipalités, soit de France
soit de l’étranger. qui s’éiait passé. Si le réveil tardait, on le produi­
sait en souifianc sur Us paupières.
Les séances d’hypnotismeetdesugges ionoffrent, Tel est le fait fondamental d’où sont dérivés tous
pour beaucoup de ceux qui en sont les témoins, de
les procédés accessoires employés par Jes magnéti­
réels dangers, et, à ce titre, l’autorité a le droit et
seurs
La s u g g e s t i o n est une découverte de date plus
« influences invisibles » q u i actionnent le médium spirite
les noms d ’ é l é m e n t a l s , é émenlaireSt et leur attribuent le récente. Quand un sujet est en état de sommeil
ternaire» : Mémoire — intelligence — volonté, que dans hypnotique, il peut, dans certains cas, perdre la
fia brochure, il appelle â m e . conscience et b volonté. Il ne lui arrive, par l'in-
LK S P IR IT IS M E
1*4

avez subi une altération au moins momentanée


terméJiaire de * . sens, aucun rense^neme. t u dans la texture de voire substance cérébrale, aucun
le monde extérieur. U ne voit, " * n,end’ “ “ "_ changement dans la fonction ne pouvant se pro.
plus, son cerveau n’est cependant pas complète duire sans un changement correspondant dans |a
ment anesthésié II peut recevotr des *dees clu constitution de l’organe incriminé.
personne qui lui parle, et. c:mme .1 est tncapabU:
Or, l’autorité n'hésiterait pas à défendre des re-
de vérifier, A l'aide de ses sens q u e 1 état hspno-
présentations dans lesquelles on procurerait an
tique frapp e d’impuissance, 'a réalité des idees qui
spectateur les sensations résultant de l’usage de |a
lui sont juggérées, U devient un objet passif. La
morphine ou du chloroforme. L’autorité ne peN
suggestion est une forme du rêve : l’idée fausse, au
lieu i'*être ie fait de la mémoire mise en jeu par mettrait pas d’étaler des affiches annonçant q Ue
une cause nui nous échappe, est le fait de h me- des injections de morphine seraient faites aux
mu re excitée par le nng-nétiseur. Le magnétiseu r spectateurs, que des pipes pleines de haschich
en plein hiver, dit à l’individu endormi qu'il doit seraient distribuées, qu'on anesthésierait au chlo­
se jeter dans l’eau ; ce dernier éprouve 1i sensation roforme des spectatrices de bonne volonté.
de chaleur et se déshabille. Ces expériences peuvent Le limonadier qui mettrait sur son enseigne:
être var ées A l’infini, mais reposent toutes sur la S a m e d i s o i r , à S h e u r e s , l e p r o f e s s e u r .Y... p r ^

condition spéciale que nous venons de décrire. s e n t e r a h u i t j e u n e s f e m m e s g r i s é e s ri l ’a i d e d u

Tous les individus ne sont pas de bons sujets k a v a -k a v a ; V iv r e s s e s e r a p r o d u i t e s u r te s sp ee.


pour Fhypnotisme et la suggesrion. Les gens ner­ t a t e u r s , ce limonadier tomberait sous le coup de
veux, les femmes névropathes, íes détraqués, les la loi sur l’ivresse publique.
excités de tout genre sont généralement des ter- Entre les dangers de l'ivresse, du sommeil pro­
lains de chcix pour le magnétiseur. duit pap la morphine ou des rêves dus au haschich
L’habitude est, dans ces circonstances, une se­ et les périls résultant de l’hypnotisme, le choix
conde nature: qui a dormi, dormira. Telle qui, serait vite fait par le premier médecin venu : il
une première fois, n'a été hypnotisée qu’avec dif­ choisirait l’ivresse, la morphine ou le haschich.
ficulté, s’endort plus tard avec une déplorable faci­ Les spectacles de magnétisme t t surtout les expé •
lité. Je connais cettaine iemme qui après avoir été riences sur les spectateurs, doivent rentrer dans la
témoin, puis spectatrice de représentations de ma­ catégorie des spectacles malsains.
gnétisme, en est arrivée à dormir sous la moindre Pour Dieu ! il y a assez de gens détraqués spon­
influence : le regard fixe du premier venu l’hypno- tanément à notre époque, sans qu ’on laisse s’ou­
tise; elle s’endort partour, au ihéàtre, même en vrir des écoles de déséquilibration nerveuse. Que
tramway. les toques se grisent et s’hypnotisent à domicile,
Les journaux de médecine renferment, depuis c’est leur droit : le domicile ayant le privilège de
que le magnét sme est à la mode, de nombreuses couvrir tous les actes malpropres ; mais qu’ils oe
observa ions d'accidents nerveux imputables à ses s’étalent pas en public.
pratiques. Tantôt le sommeil se produit presque Dr V ic to r A ugagneur .
sans cause: on se trouve en présence de véritables
crises du sommeil. 1an tôt une séance d’hypnotis me
fait apparalire des paralysies du mouvement et de
la sensibilité, des désordres de l'intelligence.
Echos d’Outre-Tombe
Le professeur Charcot a, dans son service de la
Salpétrière, plusieurs femmes qui y ont été ame­ h
nées par l’hypnotisme. Des hommes, même, sont
Ceux qui s'occupent de spiritisme ont dû cons­
restés excitab'es, sensibles ou, au contraire, ont été
tater la présence d’un guide à toutes les séances;
jetés dans un état de faiblesse nerveuse qui les rend
incapables de tout travail et qu’on désigne en mé­ même lorsque les médiumsne le voient pas, lors­
decine sous le nom de n e u r a s t h é n i e . que nous soupçonnons le moins sa présence, Ie
guide est là, facilitant ou entravant la produc­
Les phénomènes de l'hypnotisme ne s’obtiennent
tion des phénomènes, suivant que le but pou^sui
qu’en mettant le système nerveux dans une condi-
vi par les personnes réunies est reconnu pins ou
tion anormale, et en réalité maladive. Que vous
moins utile. N ’en pourrait-on pas conclure qu aU
soyez insensibilisé par la morphine, l’éther le
chloroforme ou l’hypnotisme, quel que soit le mé cun phénomène spirite ne peut se produire sans
un emprunt HuiJique fait à un esprit d’une cer
“ “iS" * 1.D!l“ e, de CeUe modifi« ' i o n subie par le
plus délicat et le plus noble de taine élévation. Nous avons vu se développer che
vos organes, vous
notre sujet la faculté de se transporter à distance,
LE SPIRITISME T35
— —?T-*.-Ts a
et de décrire avec une grande exactitude les lieux
se fait très-vite, H m’est souvent difficile de déter­
où nous l’envoyions ; nous avons vu cette facul­
miner 1 ordre dans lequel elles se sont présentées.
té décroître et disparaître presque complètement.
Pourquoi jamais deux lettres à 1a fois, pourquoi
Pourquoi, avons-nous demandé ? Parce que,
toutes au même endroit, il y a certainement là une
nous lut-il répondu, ces sortes d'exercices ne sont loi qu’il serait intéressant de connaître.
d'aucune utilité pour votre instruction, et que les U n i des personnes assistant à l’une de nos der­
esprits avancés, dont l'intervention est nécessaire nières séances désirait avoir de l’esprit de son
pour la production de ce phénomène refusent de père qui se manifestait une preuve d’ideute. il
s’y prêter constamment. avait donné son nom, son prénom, cela ne'lui suf­
Nous sommes donc absolument convaincus fisait pas encore, elle veut connaître le surnom
qu’une main invisible expérimentée, guide et di­ qu’il portait pendant sa vie. Notre sujet vit l’es­
rige les séances spirites. Le fait que je vais racon­ prit qui ¡enait à la main une po g ée de tabatières,
ter le prouve surabondamment. son surnom était, ppraic-il : P i e r r e l a t a b a t i è r e .
Il prît fantaisie l’autre jour à notre magnétiseur On n'a pas toujours Je bonheurd’avoirdes preu-
d envoyer notre sujet au Caire, s’enquérir d’un d’identité aussi bien caractérisées, je vous assure
ami dont il n’a pas eu de nouvelles depuis un que notre curieux visiteur a été entière.ne.u sa­
an. tisfait.
Je ne connais pas son adresse, me dit-il, pour­ Edmond B o u r d a in .
tant je voudrais bien ne pas dire le nom au sujet
pour avoir une preuve d’identité. Je prévoyais des
difficultés pour la réussite de cette expérience.
Mais j’y suis au Caire nous dit notre médium, Influence de la Lumière
et je le vois votre ami. IJ sort en ce moment, et si
SUR LA. MATÉRIALISATION DES ESPRITS
vous voulez, je vais vous l’amener.
Le voilà, nous dit-il quelques instants après, il
demande un crayon. Le sujet prit le crayon que Depuis quelques années, je m’étais livré, avec
nous lui présentâmes, et écrivit : une grande ardeur, à l’étu îe des phénomènes spiri­
Ton vieil ami : R u ....... tualistes, persuadé que l’on réussirait à obtenir des
Interrogé, il conversa avec notre magnétiseur, résultats et qu’on parviendrait, en se plaçant dans
lui raconta certaines choses d’ordre purement les conditions voulues, t prouver Sa réalité de
privé, nous promit de faire des efforts à son réveil l’immortalité de Pâme. Il n’y a toutefois que les
pour se rappeler l'incroyable voyage qu1il venait esprits eux-mêmes qui peuvent vous fournir les
de laire, puis disparut instantanément. moyens de faire cette démonstration. Assez heu­
Qui a pu conduire notre sujet, sans adresse, reux dans une première tentative, je ne pus cepen­
sans nom, et lui faire trouver d’une façpn presque dant poursuivre le but que je me pioposais, parce
immédiate l’ami désiré. Un esprit supérieur nous que je fus contraint par naes affaires à partir poor
a certainement aidé dans la production de ce phé­ le continent, où je ne pus rencontrer le; éléments
nomène. nécessaires au succès de mes recherches ulté­
Notre sujet conserve un sonvenir assez précis rieures.
des apparitions q u ’il a eu pendant son sommeil Je donnais sartout la préférence à ces phéno­
pour les reconnaître à son réveil. Voîci la photo­ mènes qu’on appelle d’ordre supérieur; mais je
graphie de l'esprit que j’ai vu hier soir nous a-t-il reconnaissais en même temps la nécessité d’etre à
dit à différentes fois lorsque intentionnellement même de donner la preuve des phénomènes phy­
nous lui mettions le lenaemain un album sous les siques à ceux qui n ’en admettaient pas encore la
yeux. réalité. Tel lut le but auquel je visai au commen­
Lorsque l’esprit trace dans l'espace les lettres de cement de mes idées, et j’ai l’espoir qu un jour ou
son nom à notre sujet, celui-ci les lit toujours dif­ l’autre me fournira l’occasion de poursuivre et de
ficilement. Voici l’explication logique de la diffi­ conduire à bonne fin l’œuvre à peine ébauchée,
culté qu’il éprouve, q u’il nous adonnée à notre quoique en bonne voie.
dernière séance. Celui qui ne connaît pas la théorie du spiritisme
Les esprits, nous dit-il, ne tracent pas les lettres ne peut absolument concevoir comment un esprit
côte à côte ; elles apparaissent toutes au même en­ peut avoir la faculté de se rendre visible et de faire
droit ; il n’en apparaît une autre que lorsque h mouvoir des objets matériels ; et quand les esprits
précédènte est disparue, et comme cette opération se manifestent réellement, il s étonne qu ils ne
LE spiritisme
136

cules invisibles la matière que l’esprit tente de


puissent ss produire en pleine lumière aussi bien
réunir.
que tiens l'obscurité. Il est facile de répondre à
En effet, un morceau de glace exposé à la chaleur
cette objeci n : les esprits n’ont pas la toute puis­
perd son état solide ; si la chaleur produit cet
sance. Tous les êtres humains, y compris moi,
effet sur une substance, pourquoi la lumière ne le
nous ne sommes que des esprits incarnés. Quand
ce que nous appelons la mort survient c est-à- produirait el'e pas sur une autre ? Nous savons
dirc lorsque l'esprit incarné en un être humain que la lumière est une cause de mouvement ; le ra.
dépose son enveloppe de chair - il reste un esprit drïométre, qui se met en mouvement aussitôt qu'un
qui est l’homme véritable, celui d ’avant 1 incarna­ rayon de lumière vient à le frapper, en fournit la
tion. Ce n’était pas sa demeure terrestre ou sa preuve. De plus, l'expérience, de l’hydrogène et du
dépouille mortelle qui faisait de lui un cire hu­ chlore, qui, mêlés dans l’obscnrité, ne subissent
main, pas plus que ce n est sa disparition de la aucune altération, tandis q u ’aussitôt exposes à la
surface de ia teire ou la perte de son vêtement lumière ils produisent une explosion soudaine a
corporel qui fait de lui un esprit. se transforment en acide chlorhydrique, fournit un
L homme ou esprit qui subsiste après la trans- nouvel exemple à l'appui de notre thèse et dé­
•o-mation morale est le même esprit ou homme montre, d ’une façon évidente, la puissance de la
qui vivait a-ant, et si l'esprit, après sa délivrance, lumière.
acquiert quelque nouve le aptitude, il en perd Par suite du fait que la lumière peut agir sur
d’autres, et particulièrement la faculté de se mettre les substances matérielles, je fus amené à croire
naturellement, ci sans un concours étranger, en q u ’à cause do cela les spirites auraient à combattre
contact avec les substances materielles. une difficulté qui pourrait cire atténuée, si, dans
Pour reprendre le pouvoir, il lui faut donc se ] les expériences, on se serrait d’une lumière colorée
placer ans ues conditions d ‘terminées. L’esprit a à dessein; c’est pourquoi j ’entrepris des expé­
besoin de matière, et, celle-là lui manquant, il la riences en me servant isolément des principales
p'end d’êtres humains vivants, ou, en d autres couleurs de l’iris.
termes, d’esprits incarnés. Pour cet effet, il est J'eus alors des séances pour obtenir des maté­
nécessaire qu’un certain nombre de personnes, rialisations, et M. William Armstrong, de New-
mutuellement sympath'ques, une demi-douzaine, Castlcon-Tynt-, s'offrit gracieusement de m’assis-
p.r exemple, se réunissent : l’esprit désincarné teren se soumettant aux conditions suggérées par
concentre alors et travaille l’exhalaison ou émana­ les esprits comme indispensables.
tion de la matière vivante qui se détache de leur Je commençai avec une lumière de couleur vio­
corps, s’en revêt momentanément et réussit ainsi à lette ; mais je dus la rejeter aussitôt, car je la
se rendre visible sous son ancienne forme ter­ trouvai moins favorable que la lumière blanche
restre. même. La lumière iouge eus été préférable, nuis
Dans cet état, il peut parle.', écrire, faire mou­ dans la pratique elle avait un défaut : elle était
voir des objets, jouer d’instruments de musique, trop vive pour que l’on pût bien voir.
se faire photographie-, et ne diffère en rien des J'essayai une lampe immense en faisant l’expé­
esprits incarnés. rience avec différentes autres couleurs, nuis je
Ceux qui ne sont pas au courant de semblables n’obtins aucun bon résultat; c'os' pourquoi je
questions m’ub/ecieront peut-être que nous n'avons songeai à colorer les vitres des fenêtres, et alors
aucune preuve que les esprits empruntent réelle­ nous eûmes des effets variés et plus ou moins satis­
ment cette matière aux assistants. Mais, quoique faisants.
nos \ eux ne soient pas témoins de cette opération, Réglant la lumière à notre fantaisie, nous dis­
beaucoup d'expériences radicalet, qu'il serait trop posions d’une clarté tel e, que nous pouvions sté ■
long d'exposer, démontrent que nous sommes dans
nographicr et lire; quand les conditions étaien
le vrsi. Il n’y a plus de doute sur cette question,
les pius favorables, il m’était possible déliré même
ni parmi les spirites, ni parmi les savants qui étu
un livre placé sur mes genoux et de voir l’heure à
dient nos phénomènes.
ma montre, a la distance de mon bras étendu dans
11 est certain aussi que les esprits libres ren­ toute sa longueur.
contrent de fortes difficultés pour opérer cette
Nos expériences nous amenèrent à cette conclu­
concemiation de matière empruntée, pour me
sion, que après la condensation de la matière en­
servir de ce terme, et affirment que la lumière
produit sur eux. l'effet d’un dissolvant et leur nuit levée aux assistants par les esprits, lu lumière
en ce sens quelle désorganise et divise en parti­ orange était la seule qui leur permit de maintenir
cette matière dans un état suffisant de cohésion.
LE SPIRITISME . 37

Cette lumière cependant doit être autant que pos­


lon qui sort de la chrysalide, — si l’on veut, dis-je,
sible diffuse et uniforme, de façon qu’on ne pui-se
accepter ces faiis, on reconnikra qu’il est pour
dis'inguer les rayons qui parient de la source lu­
nous de la plus haute importance, de bien compren­
mineuse Ces c nditionsune fois admises, M. Sam- dre les conditions qui leur permettent de se revê­
bourg fit placer le gaz tout autour de h chambre, tir d’une enveloppe matérielle, et de s'entretenir
¿1 une hauteur de quatre ou cinq pieds au-dessus avec nous sous la même forme que nous leur
dn parquet. avons connue. C’est pourquoi j’ai pensé que mes
Un écran de papier orangé transparent fut placé [tavaux pouvaient devenir utiles et êtra poursui­
devant le gaz depuis le plancher jusqu’au plafond. vis avec avantage par d’auires qui les repren­
Ces dispositions prises, la lumière qui s’échappait draient au point où j’ai été forcé de les interrom­
de plusieurs trous de petite dimension était telle­ pre.
ment diffuse que, bien que la salle fut entièrement
Il serait nécessaire pour cela de pouvoir disposer
éclairée, il n’était pas possible de distinguer à tra­
d’un bon médium à effets physiques qui consentit
vers le diaphragme la situytion des differents becs.
à accorder une ou deux séances par semaine pen­
Les photographes savent bien que celle qui a le
dant plusieurs mois, et s’obligeât à n’en pas don­
moins d’action sur le verre sensible est 1r lumière ner d’autres pendant tout ce temps.
orangée ; il en est de même pour 11 matière dont
Il faudrait s’associer au moins une douzaine de
se lorme n les apparitions, matière qui doit être de
personnes capables de poursuivre convenablement
sa nature superlativement sensitive, afin de pouvoir
les expériences, et qui promettraient, sauf le cas de
être mampule'e p a rl a seule force d: volonté des
force majeure, d ’être assidues à toutes 'es séar.cts.
esprits opérateurs.
Quoique la musique ne so t pas absolument né­
Quand nous fûmes arrivés à des résultats pour
cessaire, oit aurait néanmoins une plus grande
cequi a rapport aux conditions de lumière, l ’effet
certitude de succès si parmi lesassoc.és, il se trou­
que nous obtenions le plus souvent était de voir
vait deux ou trois musiciens.
surgir du parquet, après quelques minutes d’a t­
tente, quelque chose de blanc assez semblable à un Quand on a le bonheur de réunir touies ces con­
mouchoir. ditions, on P"ut être à peu prêt certain d’une
En quelques moments cet objet blanc grandis­ bon.ic réussite et de faire progresser la question
sait, et semblait tantôt s’élever, t mtOt s’abaisser ; d ’une laçon décisive.
mais chaque fois q u ’il s’élevait, il croissait de Les spirites qui ont étudié les phénomènes
deux ou trois pouces, et à la ûn atteignait h hau­ comme je les ai étudiés ne peuvent avoir d’autre
teur de quatre à cinq pieds ; a’ors il prenait l’as­ sentiment que celui-ci : que les deux mondes,
pect du bonhomme de neige, avec cette différence notre monde et celui qui est au-delà du nôtre,
toutefois q u’il donnait des signes de vie évidente. seront avec le temps tellement fondus l’un dans
Cette masse animée, quelque peu Informe, prenait l’autre, que leurs frontières ne seront marquées
ensuitetoutdouceme.nl une lorme distincte jus­ que par l'enveloppe corporelle plus matérielle de
qu’au moment oh nous trouvions devant nous un ceux qui ne sont pas encore passés à l’autre vie,
être humain aux formes parfaitement détermi­ et que les amis d’outre-tombe et ceux qui vivent
nées. encore sur la terre ne seront plus tout à fait sépa­
En assista t aux apparitions de ces ëtrea h u­ rés comme ils le sont aujourd'hui par l’état de tran­
mains ou esprits, il m’est arrivé souvent de voir sition auquel on a donné le nom de mort.
les assistants reconnaître en eux des parents ou C’est pour cela, dans ce but précisément, que j’a
amis, qui avaient abandonné leur dépouille mor­ cru devoir appeler l’attention des spirites sur la né-
telle; de ces amis que la m o r t , pour parler vulgti- ces ité de coopérer à la recherche des moyens ap •
reirent, avait lavis, et i’un était M. Hedley, l’autre tes à hâter l’beureux événement.
M. Ricliffe. Ces deux âmes ne furent pas recon­ Les conditions de lumière bien comprises et
nues par moi seubment, mais par ma femme et bien appliquées faciliteront infailliblement, et
quatre auires personnes étrangères à ma famille. bea coup la tâche que nous indiquons à c.ux qui
Si l'on veul me croire sur ma parole d’homme voudront l’entreprendre.
d’honneur et admettre que réellement, j’ai vu,
Mathieu F id ler .
revêtues d’un corps matériel, deux personnes que
( T h e m e d iu m a n d D a y b r e a k .)
je savais dans la tombe — non pas mortes, car les
hommes ne meurent pas, c’est-à-dire, ne s’anéan­
Traduction de M. Horace Pelletier.
tissent pas, mais se transforment comme le papil­
leur ont parfois manqué, il est impossible de
DISCOURS D’OUVERTURE mettre en doute leur bonne (oi, leur honorabilité
DE leur sincérité.
Depuis quelque temps, on est moins réservé
M. le comte de CONSTANTIN Dans le monde savant, on use et on abuse des
AU CONGRÈS MAGNÉTIQUE (21 OCTOBRE 1890) expériences. On semble même chercher par prédi.
lection les plus dangereuses, les plus malfaisantes.
Des procédés divers sont mis en pratique, des
Mesdames, Messieurs, néologismes vides de sens sont souvent émis par
Les études magnétiques ont pris depuis quelque. ceux qui niaient, hier encore, jusqu’à la rédité
temps une extension considérable. des effets, et qui ne les connaissent guère aujour-
Aujourd'hui, les médecins, les philosophes, quii d’hui que par ouï dire.
pendant plus d’un siècle ont nié jusqu’à la réalité Parmi ceux qui soumettent la théorie au creuset
même des effets du magnétisme, tournant en r id i­• de l’expérimentation, quelques-uns emploient
cule les personnes qui y croyaient, et repoussant exclusivement la méthode de Braid, d’autres font
ceux de leurs confrères qui le pratiquaient dans du magnétisme pu r; d’autres enfin, c’est le plus
un but d humanité, se sont enfin décidés, au nom grand nombre, joignent aux procédés braidiques
de la science, disent-tis, à commencer l’étude du les procédés magnétiques, mais presque tous sont
sommeil provoqué, qui n’est que l’un des plus cu­ d’accord pour désigner sous le nom à . ' h y p n o t i s m e
rieux effets du magnétisme sans être le plus impor­ et les effets qu’ils obtiennent, et l’ensemble des
tant. procédés qu’ils mettent en usage.
Afin de ne pas revenir sur leurs jugements anté­ Les effets n’étant pas identiquement les mêmes
rieurs, ou pour s’attribuer le mérite d’une décou­ dans le sommeil obtenu par la méthode de Braid
verte, ils ont préconisé des procédés qui semblent et dans le sommeil obtenu p t r le magnétisme hu­
différents des procédés magnétiques et obtenu main. ¡1 en résuite une confusion regrettable que
ainsi des effets analogues qu'ils ont désignés sous nous voulons faire cesser.
le nom ^ ' h y p n o t i s m e . Le sommeil est indispensable à l’hypnotiseur
Faut-il s’en réjouir ou s’en attrister? Ce qu'il y pour obtenir les effets q u ’il désire, et comme ce
a de certain, c’est qu’aujourd’hui l’opinion pu­ sommeil ne se produit que sur un petit nombre
blique placée entre deux écoles rivales, presque de malades prédisposés, il en résulte que la théra­
ennemies, est plus divisée que jamais sur la na­ peutique de l'hypnotisme est fatalement limitée,
ture des phénomènes, sur leur explication, leurs non seulement à une catégorie de maladies, mais
applications et sur les conséquences bonnes ou aussi à une catégorie de malades.
mauvaises qui peuvent en dériver. Le magnétisme, au contraire, agit sur tous les
Cette diversité n'est point un mal tant qu’on tempéraments sans distinction d ’âge et de sexe et
reste sur le terrain de la science, c'est-à-dire, tant dans le plus grand nombre des maladies, sans qu’il
qu'on se borne à l’expérimentation, à l’observa­ soit nécessaire de plonger le malade dans un som­
tion, et qu’on se livre à dis tentatives d ’explica­ meil parfois dangereux, ou d'exercer sur lui le
tion par les lois de la nature. Mais quand on veut moindre acte suggestif. C’est une force physique
sortir de ce domaine pour en déduire des appi ca­ qui, en pénétrant dans l’organisme, devient une
tions, on ne saurait us;r de trop de prudence. force physiologique, vitale, capable de calmer ou
A cet égard, les magnétiseurs, nous devons le d’exciter les fonctions organiques selon les besoins,
dire à leur louange, ont toujours été très réservés. et, par conséquent de rétablir, dans bien des cas,
Jusqu’ici, le plus grand nombre d’entre eux se l’équilibre qui constitue U santé.
sont bornés, ou du moins principalement attachés L’antagonisme, la rivalité d’école serviraient au
à appliquer le magnétisme dans le but de guétir développement de cette science, qui est loin d’être
ou de soulaget leurs semblables. Faire le bien, connue dans tous ses effets, si les radicaux de l’nyp-
telle était leur devise. Quelques-uns poussaient notisme ne voulaient pas poser des conclusions et
même si loin la prudence, la charité et le respect formuler l’application de leurs principes. Ainsi
de la personnalité humaine, qu'ils s’interdisaient quelques-uns proposent d’appliquer officiellement,
toute expérience inutile.
systématiquement, les procédés trop peu connus et
C’était peut-être une réserve exagérée, mais souvent dangereux de la suggestion hypnotique à
cette exagération louable plaide en laveur de ceux l’éducation de la jeunesse; d'autres demandent que
qui se 1a sont imposée. Si les lumières delà science
l étude et la pratique du magnétisme ou de l’hyp­
LE SPIRITISME^
i39

notisme (ce qui, pour eux, est la même chos?), soit


absolument interdite ; d’autres enfin, et c’cs; le plus Nous comptons sur le bon vouloir des médecins
et des savants libres et indépendants, sur les par­
grand nombre, réclament avec insistance des lois
tisans du magnétisme de toutes les écoles, comme
pour en régler la pratique, c’est-à-dire créer un
sur toutes les bonnes volontés, pour nous aider à
monopole, à la condition que ce monopole soit
faire la lumière sur le magnétisme, de sorte qua
établi à leur profit.
cette science, si féconde en applications unies,
Ces conclusions sont aussi exagérées que pré­
trouve enfin la place qu’elle devrait occuoer depuis
maturées.
long e nps dans le répertoire des sciences natu­
Les avantages du magnétisme humain sont con­ relles.
nus depuis la plus haute antiquité, et l’histoire ne Le traitement par le magnétisme ne présente pas
cite que fort peu de cas où cette action ait eu pour les dangers de la médecine hypnotique et offre des
conséquence des suites fâcheuses. L’ypnotisme cet ressources incomparablement plus grandes, puis­
enfant rebelle, insurgé du magnétisme, est consi­ qu’il agit sur tous les tempéraments.
déré par les savants eux-mêmes qui l’emploient Dans les effets du magnéi'sme humain que nous
comme pouvant rendre de grands services dans étudierons davantage, nous obse-vons deux causes
certains cas, mais comme pouvant aussi être n u i­ distinctes : i° une cause physique physiologique
sible dans bien des circonstances. vitale, régie par des lois physiques ; 2° une cause
Avant de faireappel à l’intervention du législateur, psychique dont les lois nous sont complètement
il est donc indispensable que la science officielle inconnues. Ces deux causes peuvent être isolées
étudie le magnétisme q u’elle s'obstine encore à J’une de l’autre et étudiées séparément.
nier, et qu ’elle connaisse mieux l’hypnotisme Voulant asseoir le magnétisme sur dei bases
qu’elle voulait lui substituer. exclusivement scientifiques, c’est la première cause
Le magnétisme a frappé longtemps et presque que nous étudierons d’abord ; puis, quand nous
toujours en vain à la porte des académies ; et ce connaîtrons à fond le mécanisme de son action,
n’est que forcés par l'évidence des laits nombreux nous nous mettrons à la recherche des lois qui
observés partout, autant que par l’opinion publique régissent la seconde, en procédant toujours du
justement émue, que les savants officiels ont con­ simple au composé du connu à l’inconnu.
senti à étudier les manifestations du sommeil pro­ Néanmoins, dans la mesure du possible, nous
voqué. Mais comme plusieurs causes concourent ne négligerons pas l’étude des diverses phases du
à la production de ce sommeil, les mêmes savams sommeil magnétique et du somnambulisme lucide
se relusent et re refuseront peut-être longtemps qui met si bien en évidence les prodigieuses facul­
s’ils n’y sont contraints, à admettre la réalité de la tés de l’àme humaine.
cause, qui est certainement la plus importante, Mesdames, Messieurs,
c’est à-dire l’action magnétique. Nous n'abuserons pas plus longtemps de la bien
La tâche des magnétiseurs est donc bien loin veilla me attention que vous nous accordez. En
d’étre terminée. S’ils sont parvenus à faire cons­ laissant à notre secrétaire général le soin de résu­
tater la réalité de quelques-uns des (fiels qu’ils mer la question historique et la partie technique,
peuvem obienir, ils doivent les la;re constater tous nous allons terminer par un court résumé définis­
et démontrer j tsau’à l'évidence que le magnétisme sant le but que veut atteindre le congrès inauguré
humain et les différentes forces magnétiques de la aujourd’hui.
nature sont soumises à des lois connues, dont Nous voulons resserrer plus étroitement les liens
l’existence est aussi réelle q u ’elle a été contestée de confraternité qui existent déjà entre les magné­
jusqu’à présent. tiseurs et les partisans du magnétisme de t o u t e s l e s
l-’our atteindre ce but, les efforts individuels é c o le s e t d e t o u s le s p a y s .

sont insufflants. Il est nécessaire que les décou­ Comme les savants officiels, nous affirmons que
vertes magnétiques éparses un peu partout et con­ les pratiques hypnotique« basées sur la méthode de
nues d'un petit nombre seulement, soient centra­ Braid sont parfois dangereuses et souvent insuffi­
lisées, afin d'être soumises encore à l'épreuve de santes pour un grand nombre de malades.
l’expérience et du raisonnement eide recevoir en­ Nous proclamons hautement l’avantage du ma­
gnétisme humain; et en raison de l’analogie entre
suite la publicité q u’elles mériteni.
C’est dans le but d’arriver à ccite union chei chée les lois qui régissent son aciion et celles qui régis­
depuis longtemps que nous avons lésolu de lo.nder sent les actions des aimants, nous voulons comme
nos prédécesseurs Lafontaine, baron du Potet,
notre congrès pour y discuter la valeur du magné­
| Deleuze. marquis de Puységur, Mesmer, Maxwel,
tisme.
LE SPIRITISME
140

J ’ai donc la même pensée que vous ; créer Un


jusqu’à Van Helmont, conserver son nom, peut
être insuffisant mais suifisamment consacré par un groupe impartial, pour étudier le spiriiisme dans
empioi trois fois séculaire. ses phénomènes, et les prouver à nos savants d’Une
Aussi, nous voulons en populariser l'étude, le manière, d’une iaçon toute matérielle, à eeule fjn
mettre à la porte'e de toutes les intelligences, le q u’il re nous mettent pas sur le dos le cas des
placer dans toutes les mains. La tâche sera certaine­ hallucina ions.
ment longue et difficile, mais avec le concours des Je propose, comme moyen le propagande, ]a
hommes de bonne volonté qui nous secondent ici, fondation d’un juu rm l populaire du prix de
nous espérons l’accomplir. o .io cent , car vous savez que ceux sous par
(Applaudissements prolongés). semaine sont bien moins que 0 ,2 5 c., o , 5 o c. t i
1 fr. par mois, prix que coûtent nos principaux
journaux. C: journal, format du S p i r i t i s m e , com­
CORRESPONDANCE prendrait huit pages de texte et aurait un stuj
inconvénient momentané, mais voulu par l’éco­
Lyon, le 16 août 1890. nomie, c’est qu’tl serait imprimé en auiographie.
M o n s ie u r B o u v é r y . Je travaille au centre des moyens qui pourraient le
Cher monsieur, faire vivre, et, par la note ci-jointe, vous pourrez
Les derniers articles que vous avez écrits dans le vous rendre compte que cela ne serait pis impos­
journal l e S p i r i t i s m e m’engagent à vous commu­ sible.
niquer quelques-uns de mes proj ts concernant la Je vous saurais donc gré, monsieur Bouvéry, si
région lyonnaise. — C’est donc pour mes frères de cela était en votie pouvoir, de laire publier la
Lyon que j’écris ces quelques lignes que je vous présente dans le prochain numéro du S p i r i t i s m e à
adresse. l’aJresse des spirites lyonnais.
La lettre de votre généreux collaborateur, impri­ E n terminant, recevez mes plus fraternelles
mée dans te dernier neméro du S p i r i t i s m e , est amitiés.
empreinte entièrement des idées que je possède, Votre fr. en c.
et que je tiendrais à mettre à exécution, ici à Lyor., E. Bo u c h et ,
pour le plus g, aD d bien de notre cause. Hélas! je Rue de Sully, 17, Lyon.
voudrais que mes moyens me permettent d’agir
aussi généreusement que i’a fait ce cher et déroué
frère; malheureusement, je ne le puis pas, ayant LE MONDE FUTUR
autour de moi une petite fnmille et juste les a p ­ R evue ly o n n a is e
pointements d’un modeste emploi, pour subvenir d e s g r o u p e s d é tu d e s p s y c h o lo g iq u e s
à ses besoins. Mais je puis leur donner, de hon
(Suit le nom des diverses sciences traitées.]
cœur, mec veillées, mes dimanches et fûtes, ainsi
que les facilites que je puis fournir dans l’exécution Prix du numéro : 0,10 centime;. — Parait le 1“
de divers projets. et le t 5 de chaque mois.
Il y a à Lyon — dit-on — des milliers de spirites. Voici la note des frais pour tr o is c e n ts n u m é ­
H y a entre autres deux Sociétés, dont l’une a pour ros :
président M. Sausse et l’autre M. Che relier. Mais
Impression autographique... 8 fr. »
â part cela existe-t-il dans notte ville, la seconde
Papier (prix du g ro s )............ 3 »
de France, un seul moyen de propagtnde sérieux,
Remise aux vendeurs............ 7 5o
capable, de faire faire un pas à la doctrine que nous
enseignons! Non, et je ne crains pas de le dire, 18 fr. 5 o
l’on tenterait plutô’, par les moyens dont on s:
sert, à faire reculer tes gens qu’à les inviter à une Il suffirait donc de vendre 3 oo numéros pour
étude vraiment féconde et surtout vraiment scien­ que ledit journal vive. Je ne vois là rien d'impos­
tifique. Certes, je n’attaque personne, je constaie sible; il fiudrait seulement un peu de courage de
seulement. Bref, à Lyon comme ailleurs, je dois la part de quelques bons spirites.
le dire, rjen n’est fait pour forcer le savant à so :- Je me chargerais de toute la composition du
cuper de nous, et, sur ce point, je dis comme vous : journal.
Si noua ne créons pas des centres d'études sérieuses Si nous dépassions ces 3 oo eiemplairas, je
et scientifiques, nous risquons de toujours rester pourrais alors trouver à le faire imprimer à fr. 3 o
en arrière.
en caractères d ’imprimerie.
LE SPIRITISME)
141

COMMUNICATION On dirait que son esprit après plusieurs courses


LES JU ST ES LOIS DE LA RÉINCARNATION ici bas, ou ailleurs a, dans diverses situations et
O Esprit magnifique, lueur qui constelle le diverses études, acheté cet enthousiasme, et que
front de l’homme. Flamme immortelle qui est la pour mieux le développer il a choisi pour s’incar­
ner, le pays du soleil, dans la patrie des arts et des
•puissance de la vie même, pourquoi oublier que
oeuvres sublimes.
si tu as été envoyé sur les mondes divers, c'est
Quand l’enthousiasme est bien dirigé, c’est une
dans le but suprême de devenir esprit supérieur et
vertu de l’âme, les entraves ne lui sont rien, il
de te rapprocher toujours plus près de Dieu.
toucheau sublime; mais c’est justement là aussi,
Tous les globes, toutes les sphères, toutes les
que les passions des ennemis du progrès et de 1a
étoiles, n’ont été construits par le grand ouvrier civilisation se sont le plus déchaînés. Là, qu’ils
que dans ce seul but.
ont enchaîné les peuples dans l’ignorance et la
Oui, c’est pour toi esprit immortel qne toutes superstition.
ces demeures sont bâties, que toutes ces aurores On dirait que jaloux de ce ciel lumineux qui
brillent, que toute cette abondance divine est jetée renferme toutes les splendeurs, on dirait que
à foison. jaloux de cette poésie sainte, ils l’ont voulu anéan­
C’est pour que tu puisses cueillir et récolter, dans
tir, où ils l’ont si mal dirigée qu’ils l’ont défigurée.
chacune de tes existences, d is fleurons qui forme­
En regard de ce pays des fleurs et des mirages
ront la couronne que ton front doit ceindre dans la
éblouissants de l'air, on opprime une race belle et
vie ries siècles.
virile, qu'on laisse dans les classes obscures crou­
Dans chacun de ces mo.ides, dans chacune de
pir dans la misère, l’indigence et souvent dans
ces situations variées à l'infini, tu prendras une
l'opprobre.
parcelle de progrès, tu cueilleras un fruit de la
Malheur à ceux qui agissent contre la grande
science, tu cultiveras, si tu le veux, une vertu, où
loi du Maître en s'opposant à la marche du beau,
peut-être briseras-tu un vice où maîtriseras-tu une
du bien, de la liberté et du progrès.
faiblesse. L’expérience s’imprégnera surtout en toi
Malheur à eux, si dans ces âmes préparées pour
et tu la rapporteras tout entière pour c’en servir
la bonne semence, ils poussent ces pauvres déshé­
dans une autre incarnation, et si par malheur, dans rités à l’hypocrisie, en les couvrant de chapelets
une vie inuiile, tu es resté stationnaire, cette expé - qui engendre la supersiition, fille de l'ignorance.
rience dédaignée sera cruelle à ta conscience. Malheur à eux s'ils apprennent à ces mains,
Cependant, vas-tu m’observer : si je n’ai aucun
faites pour le travail et la pression de l’amitié, à se
Souvenir de ces vies passées, si je n’ai aucune idée de
souillerde rapines, à s’emparer du couteau et à de­
ce progrès acquis, comment cette expérience pourra-
venir criminel.
t-elle m'être utile ?
De tout cela il faudra rendre compte au Juge
Ouvre les yeux et regarde autour de toi : d’où
viennent toutes ces diflérences dans les intelli­ suprême.
gences ; tous les degrés dans la vertu ou l'ignomi­ N’ayez craint:, les prêtres, les directeurs du
nie, tous les échelons dans les situations humaines. peuple, les législateurs de ces faux enseignements
de la loi de ces coutumes funestes tomberont à
D'où vient le plus ou moins de valeur des
hommes sinon de cette expérience affermie en eux? leur tour sous la Lrule de la déchéance et de
Crois-tu qu’un organe de chair, une boule de l’abrutissement.
graisse, des paquets de fibres et de nerfs sautaient Certes, souvent le lazaroni crasseux qui grouille
s'imprégner de cette expérience et suivre un pro­ à la porte de ce palais, se contentant d’un verre
grès quelconque? Crois-tu qu’ils auraient pu sous d’eau, d'un maigre poisson, d’un peu de maca­
l’influence de tel climat être plus exubérant que roni pour vivre, n’est autre que 1ancien proprié­
taire de ce même palais, n’est autre que cet ancien
sous tel autre ?
cardinal fastueux et sensuel, que cet ancien mon-
L, Le Hongrois et l’Italien sont conformés exacte­
ment de même. Leur crâne et leur cerveau sont signori orgueilleux et cupide.
Où serait la justice de Dieu s’il en était autre­
composés des mêmes matières. D’où vient que l'un
ment, et comment cette vérité n'est-elle pas venue
est sérieux, froid, coucentré, et l’autre adonné à
dans votre esprit des milliers de lois ? Pourquoi
tous les enthousiasmes? cet homme qui méprise ses frèns, qui piétiné sur
Non seulement l'Italien s’adonne à toutes les eux pour s’en taire un marchepied, pourquoi
ardeurs, mais encore â lidéal, il s’enivre de so­ renaltrait-il encore dans toutes les somptuosités ;
leil, de musique, de poésie, d’extase, d ’amour et de pourquoi aurait-il cent laquais à son service, cet
bruit.
le s p i r i t i s m e
143

crgucilleux qui se figure que pour lui seul la ticisme contradictions, fables et légendes nihilistes
nature a été créée, qu'elle doit lui donner son et autres excès de la fantaisie. Ce sensualisme
miel et son froment, ou bien encore que toutes les n’aura pas plus de vie que celui des épicuriens de
apothéoses du ciel l'attendent dans l’au-delà. tous les temps, parce que nous ne devons pas nos
En vérité, son égoïsme féroce mérite bien cela, connaissances à l’emploi direct des sens corporels.
n’est-ce pas ? Comment se sont découverts les microbes, le
Allons, place à la justice du maître, à l’équité phyloxérs, les êtres microscopiques en général
suprême. Q u’à son tour, celui-là vienne subir les gaz invisibles de la chimie, l'électricité et au­
l’humiliation, l’ignorance, l’opprobre. Qu’à son tres choses ?
tour il soit le mendiant assis sur son escalier de Comment sut Colomb qu'il y avait un continent
marbre. américain, si ses sens ne l’avaient pas perçu avant
Qu’à son tour, on lui fasse une aumône misé­ de s'embarquer? Comment sut Pallissy q u ’il ob­
rable avec les richesses immenses qu’il a laissées à tiendrait par ses essais l’émail de porcelaine? Com­
ses héritiers. Et cela, jusqu’au jour où la misère, ment Fulton et Stephenson inventèrent-ils le
l'ignorance, la dégradation soient abolies de la bateau à vapeur et la locomotive, q u ’ils n’avaient
terre, jusqu’au jour où la fraternité aura triom­ jamais vus? Comment le prophète prédit-il l’ave,
phé. nir?
Au b e n a s . par les sens, nous ne percevons pas le mouve­
(A suivre). ment de la terre, et nous ne sentons pas que comme
antipodes, nous avons la tête en bas, relativement
à nos voisins de l’autre côté de la terre; cependant
BIBLIOGRAPHIE nous admettons la vérité de ces deux choses, et la
connaissance rationnelle rectifie l'illusion des sens.
En algèbre nous étudions les lois générales de la
Le positivisme reière l’origine de toutes les idées quantité avec indépendance du temps, de la forme,
aux sens et aux sensations. Suivant cette doctrine du lieu, du nombre, et nous trouvons li vérité
nous ne pouvons connaître que ce qui est suscep­ rationnelle, sans sensation empirique, c'est-à-dire
tible de représentation imaginative et ce qui peut que nous faisons des calculs complètement abs­
être perçu par observation empirique. Il mécon­ traits. Par les fossiles nous déterminons les âges
naît la relation entre la connaissance rationnelle et la coupe des montagnes. Par les monuments
et expérimentale. — Il identifie la raison avec la archéologiques, nous reconstituons les âges histo­
fantaisie. Il sort de la réalité, relègue le rôle de riques. Nous mesurons les planètes et trouvoos
l’indiscernible et avec une transcendance éloignée leur poids, leur densité, leur vitesse et autres
ou presque nulle pour la via, le sentiment subjectif détails, et même nous employons la photographie
et tout ee que nous acquérons par sensation due à pour décrire leur configuration, sans avoir besoin
nos sens extérieurs. d'être sur elles pour les voir ou les toucher. C’est
Cela limite notablement la sphère des connais- à l’analogie, la déduction, le calcul et autres élé­
san Cf s. Il d é c a d e l’intelligible et réduit à l’imagi­ ments que nous devons de si précieuses décou­
nation impuissante pour concevoir le rationnel. vertes.
Il fait du spiritualisme une b o u g i e capricieuse Convenons qu’ils nous feront quelques objec­
qui prend des formes mystiques comme dans tions à quelques-uns de nos exemples, sinon à
Y é g l i s e athée ou des formes tragiques de révolu­ tous. Ils nous diront que les aéroiithes furent le
tionner les autres. De ces erreurs capitales de premier indice de la composition des astres; que
l’école de prendre pour fontaine unique des con­ les fragments de briques hiéroglifiques, taillés en
naissances la sensation empirique, de confondre la pierre, sépulcres et autres détails, furent la pre­
fantaisie avec la raison, d’apprécier seulement la mière résurrection de l’empire des Assyriens et
mutation des phénomènes; de ne pas s’arrêter des Babyloniens; que tout cela fut l'observation
as sez dans la fixité des lois et de recourir à la fausse empirique constituant la science. Cela est vrai»
hypothèse de l’indiscernible dérivent toutes les mais il est vrai aussi que sur ces petits fragments
autres erreurs, comme la négative de l’absolu, de et derrière eux, il y eut une idée neuve, un juge­
l’invisible, de l'immortalité ou de l’idée reli­ ment étendu une impulsion subjective qui déter­
gieuse.
mina la découverte. D'un autre côté, il y a des
De là naissent ces sophismes en antropologie,
exemples de découvertes dans lesquelles les sens
sociologie, paradoxes, arbitraires, terrorisme, mys*
du corps n intervinrent pour rien. Nous pénétrons
LE SPIRITÍSME'

dans les connaissances qui s’acquièrent par diverses Ni par dédains insociaux.
émancipations de l’âme, le somnambulisme, la Ni par des moqueries immorales,
double vue, l'extase, la catalepsie, la léthargie, le
Ni par des haines ami-fraternelles et anti-scien-
magnétisme, l’hypnotisme, et dans lesquels les tifiques.
sens, comme véhicules exclusifs de sensation sont L e Bibliophile
nuis.
Touchons à la porte de la conscience invio­ n é c r o l o g ie
lable, aux sentiments, aux labeurs internes, aux
pensées secrètes, aux expédients subjectifs, les Lyon le 13 août 189O,
procès du jugement, la liberté, les volontés in­ Cher Monsieur Delanne.
domptables, les héroïsmes des martyres. Quel La société spirite Lyonnaise a la douleur de
sensualisme empirique nous donne la connaissance vous informer de h perte matérielle qu’elle vient
de ces réalités ! Aucun, absolument. Pénétrons de faire en la personne d ’un de ses membres, le
plus avant et nous verrons que dans l’idée esthé­ dévoué et sympathique Deprê e désincarné le 4
tique, si la fantaisie créée, augmentant ou dimi­ août dans sa quatre-vingtième année; ce frère en
nuant les formes comme les cristaux d’une lanterne spiritisme avait demandé d’êire enterré civilement
magique, la raison, au contraire, corrige, propor­ t x que son cercueil lût recouvert du drap de la
tionne, mesure, pèse, juge, équilibre, approuve ou société spirite de Lyon; ses souhaits ont été accom­
désapprouve notre création. Ainsi agissent l’ingé­ pli le 6 courant a 4 heures malgrès un temps in­
nieur, l’architecte et l'artiste. Quand apparaît une certain une foule de spirites se masse devant la
chose supérieure, d’où sort-elle? On dira que nous maison mortuairè, rue Félix Jacquet, 0 , pour
la confectionnons par le choix de nos observa­ rendre le dernier devoir à notre vieil ami ; à 4
tions, ou bien que nous généralisons en nous éle­ heures précises le convoi se mettait en marche
vant à l’infiniment beau, bon ou vrai. Mais alors pour le cimetière de la Guillotière, le cercueil
l’infini, loin d’être indiscernible est une aspiration était recouvert du drap bleu marine parsemé
géniale abordable et peut être conquis par un tra- ■ d’é'oiles brodées d’argent portant â deux angles un
vail successif et constitue notre plus choisi patri­ soleil et (aux deux autres angles) une grappe de
moine. raisin. Une magnifique couronne de fleurs natu­
Les sens sont A la raison ce qu’est l’ombre à la' relles ornait le cercueil ainsique plusieurs adirés
lumière. offertes par les amis du défunt; la sociétéFraternelle
Il y a beaucoup de connaissances qui hê se doi­ et la société spirite Lyonnaise se sont également
vent pas à la sensation. Les idées de justice, de acquitées de ce devoir.
collection, d’humanité se trouvent dans ce cas. Surla tombe malgré une pluie torrentielle, trois
En morale, les faits se subordonnent à la loi de discours ont été prononcés parM. Chevallier au aom
devoir et d’obligation. On dira que nous confec­ de la société spirite ^yonnaise auquel appartenait
tionnons l’idéal moral par le choix d’observations notre ami Deprèle, M. Sausse au nom de la société
qui nous plaît le mieux. Mais et le nouveau? D’où fraternelles M. de Reyle que nous avions le plaisir
vient-il ? Le remords, la douleur de conscience a de posséder a pris la parole au nom des spirites
d’autres mobiles que les connaissances sensueiUs ae Paris de France et de l’univers entier, M, Guy
parce que d’une autre manière, il y aurait un conseiller municipal a du renoncer à prononcer
cercle vicieux de reproduction d’actes et il n’y son discours a cause du mauvais temps, nous le
aurait paa de progrès. Nous ne serions qu’une ma­ remercions de sa bonne intention et nous regret'
tons de n’avoir pu l’entendre. On lira les discours
chine d’iniation et d’hérédité.
Le progrès rectifie les fantaisies troubles des âges de M. Sausst et de M. Dereyle dans le moniteur et
de l’enfance humaine et l’esprit arrive à com** la revue Spiriie.
Recevez, cher monsieur Delanne, l’assurance de
prendre l’inverse et l’abstrait et agrandit le senti­
ma parfaite considération.
ment religieux. Chevallier
CONSEQUENCES: Ci joint les quelques paroles que j ’ai prononcées
Le sentiment et la raison philosophiques ne sur la tombe de M. Dcpréle au nom de la société
spirite Lyonnaise.
peuvent se vaincre :
Mesdames, Messieurs.
Ni par des négations stériles.
Nous venons d’accompagner à sa dernière de­
Ni par des déclamations puériies.
meure le corps d’un ami. Permettez-moi de vous
Ni par des m e n a c e s insensées et contreprodui-
dire en quelques mots ce qu il était.
santes.
le s p ir it is m e

ferm ée d a n s ce ce r c u e il? E s t - c e que t o u t va d is -


N o ë l D ep rêle, est n é à M a rch a n p , ca n to n d e V i l “
p a r a ît r e à j a m a i s s o u s q u e l q u e s p e l l e t é e s d e terre?
le f r a n c h e ( R h ô n e ) , le 8 a v r il 1 8 1 1 . I l e n t r a à 1 é c o le
N o n c e tte â m e e s t là q u i n o u s écou te. A e l l e je
n o rm a le d e V illefra n ch e en 1834 et fu t nom m é
d is : S o u v i e n s - t o i q u a n d t u n o u s p a r l a i s d e la m ort,
i n s t i t u t e u r d a n s sa c o m m u n e n a t a le en 1836; il
e t d e la v i e f u t u r e , t u n o u s d i s a i s : l a m o r t c ’e st |a
exerça pendant q u in ze ans. D ep réle é t a it un
v i e la d ésin ca rn a tio n est le lien de la m a t iè r e
h o m m e de progrès, d éjà i l était t o u c h é d e v oir
b r i s é c ’e s t la l i b e r t é r e n d u e à l ’e s p r i t : a u j o u r d ’hui
ta n t d e m isères sur notre p a u v r e t e r r e d ’o r g u e i l
t e s l i e n s s o n t b r i s e s , la l i o e r t é e s t r e n d u e N e reste
d ’a m b i t i o n , d ’i n g r a t i t u d e et d ’i n j u s t i c e et d e v o i r
pas d a n s c e lie u in fe c t, é lèv e-to i a u t a n t q u e tes
tan t de p au vreté à côté de tant de rich esse. Il
a c t e s te l e p erm ettront, nous t ’a i d e r o n s par nos
v o u l u t c h e r c h e r d a n s la p o l i t i q u e l e r é s u l t 3 t d e c e
p r o b l è m e , i l y t r o u v a le s v e r r o u s . A r r ê t é îo d é ­ b o n n es p en sées, va te r e p o s e r d e te s f a t i g u e s ter­

cem b re i 8 5 i ,i l t u t e i n m e n é à l a p riso n d e V iiefra n ch e r e s t r e s a p r è s q u o i tu p o u r r a s l e v e r le r i d e a u q u i te

o ù il resta v in g t jours. N 'a y a n t pu prouver son ten a it cach é b ien des c h o s e s , ia lo r s tu v ie n d r a s


a f f i l i a t i o n a u x s o c i é t é s s e c r è t e s , il fut m is en li­ n o u s le s d i c t e r , n o u s i n s p i r e r le c o u r a g e p o u r c o n ­
berté le 3 o d u m ê m e m o is m a is il fu t d e s titu é de tin u er ton oeuvre d e p r o p a g e r cette b e l l e d o c t r in e
s o n m o d e s t e p o s t e d ’i n s t i t u t e u r e n 1 8 5 5 . I l v i n t se q u i a n o m l e s p i r i t i s m e . E n a t t e n d a n t c e t t e j o ie a u -
fix e r à L y o n , e t e m b r a s s a la p r o f e s s i o n de m a- n o m d e la s o c i é t é s p i r i t e L y o n n a i s e d o n t t u f u s le
n o u v r i e r a f in ’, d e s u b v e n i r a u x b e s o i n s d e sa f a m i l l e . ] f o n d a t e u r e t e n m o n n o m j e t e d i s a u r e v o i r .
L à e n c o r e il c h e r c h a à r é so u d r e son p ro b lèm e et j
en 1 8 6 0 u n e n o u v e lle lu m iè r e se m o n tra à lu i t o u - t N o tr e frère, M . B e r n é s , c o n t r ô l e u r d e s c o n t r i b u ­
t i o n s in d ir e c te s e n r e tr a ite , v ie n t d e s e d ésin ca r-
jou rs p o u ssé vers le progrès par un sen tim en t
n e r à T o u l o u s e . D e p u i s d i x - h u i t m o i s , la m a l a d i e
i n c o n s c i e n t , i l se m i t à l a r e c h e r c h e d e la v é r i t é . Il
q u i ,?a e m p o r t é le t e n a i t é l o i g n é d e n o s r é u n i o n s
v o u lu t v o ir et m êm e so n d er les p ro fo n d e u r s des d u C e r c le de la m o r a le s p i r i t e q u ’i l a i m a i t tant.
m y s è r e s; i l t r o u v a d a n s le s p i r i t i s m e l a so lu tio n P e n d a n t les tr o is d e r n i e r s m o i s d e c r u e lle s so u f­
de son p ro b lèm e. A p a r t ir d e c e t t e é p o q u e n otre f r a n c e s q u ’i l a s u p p o r t é e s d ’a i l l e u r s a v e c u n e r é s i ­
a m i (D ep rêle fut u n p rop agateur in fa tig a b le de g n a t i o n t o u t e s p i r i t e , l’o n t t e n u c l o u é d a n s s o n lit
Où i l n e c e s s a i t d e s ’e n t r e t e n i r a v e c s e s i n v i s i b l e s
cette n o u v elle d o ctrin e. 11 d ev in t chef d ’u n
a m i s , il a s p i r a i t , l u i a u s s i , à s a d é l i v r a n c e trop
groupe q u ’il c r é a d e s e s proores fo r c e s e t q u ’i l len te à v e n ir .
d irig ea a d m i r a b l e m e n t p e n d a n t t r e n t e ^ans. E l l e s ’e s t e n f i n a c c o m p l i e , e t s o n e s p r i t d é g a g é
d ’a v a n c e d e s e s f a i b l e s l i e n s m a t é r i e l s , a p u se
M a lg ré son peu d ’a i s a n c e i l c r é a une b ib lio ­
c o m m u n i q u e r à la c o m p a g o e a i m a n t e e t d é v o u é e
t h è q u e q u i a u j o u r d ’h u i p o s s è d e p l u s d e d e u x c e n t s d e t o u t e sa v ie et à q u e l q u e s u n s d e n o s a m i s .
v o lu m e s . T o u j o u r s p o u ssé par le s e n t im e n t d u b ie n , T o u s l e s s p i r i t e s p r é v e n u s d e s o n d é c è s e t ses
d e c h a r i t é et d e l u m i è r e , i n s u p p o r t a i t la critiq u e n o m b r e u x a m i s o n t a c c o m p a g n é sa d é p o u i l l e m o r ­
telle a u c im e t iè r e .
a v e c c a l m e ; p a r t o u t i l p r ê c h a i t p a r la p a r o le e t l e s
E s p r i t t r è s a v a n c é , il e m b r a s s a i t a v e c u n e é g a l e
a c t e s . N o u s l ' a v o n s l a i s s é s o u y e n t ta r d d a n s sa b i b l i o ­
fa c ilité , to u te s les b r a n c h e s d e s c o n n a issa n c e s
t h è q u e e t n o u s l ’a v o n s t r o u v e l e m a t i n e n r e g i s t r a n t h u m a i n e s ; r i e ^ n e l u i é ta it in d if f é r e n t n i étranger;
le sïp rêts d e ses liv r e s e t tr a v a illa n t à l e u r r é p a r a tio n il f u t s u r t o u t u§i s p i r i t e d é v o u é e t c o n v a i n c u , un
n o u s l'a v o n s vu après u n e jo u r n é e de p é n ib le la ­ c œ u r b o n e t g t l i é r e u x q u i , t o u t e s a v i e r e m p lie
d é p r e u v e s , c e p e n d a n t , a p r a t i q u é l a f r a t e r n i t é par
b e u r se d ir ig e r vers le s q u a tr e p o in ts c a r d in a u x de
l ’e x e m p l e .
n o tr e v ille p orter des liv r e s e n échange, de ceux
j e 1 a v o u e , v. e s t a v e c é m o t i o n q u e je m e r a p p e lle
q u i é t a i e n t l u s . A l ’a t e l i e r c o m m e à l ’é t u d e , à l ’i n ­ s e s b o n n e s l e c t u r e s , l e s d o u c e s e t a m i c a l e s cause*
té rieu r c o m m e a l ’e x t é r i e u r p a r t o u t il s ’e s t fa it r i e s q u i l f a i s a i t à n o s r é u n i o n s m e n s u e l l e s et dans
a im er par so n ca ractère d o u x et s y m p a t h iq u e . Q u e l e s q u e l l e s , a v e c t o u t e s o n â m e , il n o u s f a i s a i t c o m ­
p r e n d r e e t a i m e r l e s v e r t u s f r a t e r n e l l e s o e l a b o n té ,
d i r e d e c e t h o m m e d e b i e n s i n o n q u ’il a s u m o u r i r
d u d é v o u e m e n t , d e la c h a r i t é e t d e la j u s t i c e .
c r m m e il a v é c u . M e s d a m e s et M e s s ie u r s respec­
E s p r i t r a a i e u x e t l i b r e d a n s l ’e s p a c e , il s e r a avec
t o n s c e u x q u i o n t le c o u r a g e d e l e u r s o p i n i o n s ; q u e n o s a î n é s q u i 1 o n t p r é c é d é , p u i s s a n t s z é l a t e u r s de
la fr a y e u r d es p e in e s d ’u n e n fe r étern el n e les d é ­ l a p h i l o s o p h i e s p i r i t e : i! v i e n d r a p o u r r é c o n f o r t e r
t o u r n e p a s d e la v é r i t é . H o n n e u r à n otre a m i D e­ sa c o m p a g n e s i s y m p a t h i q u e , s t i m u l e r n o t r e zèle»
r a fe r m ir n o s c œ u r s et n o u s i n s p i r e r sa b o n té ^
p rêle q u i e st d a n s c e c e r c u e il et s a l u o n s - l e pour
1 a i d e d e la c o n f i a n c e a b s o l u e a u p r o g r è s e t à l ’ave*
l a d e r n i è r e f o i s . O u i , M e s d a m e s et M e s s i e u r s , à c e n ir in te lle c tu e l et m o ra l de l'h u m a n ité .
c o r p s i n e r t e r e n f e r m é d a n s c e c e r c u i l je d i s a d i e u .
L. C adeux.
M a is c e tte â m e ( q u i a n im a it ce c o r p s , le m oteu r
q u i a t a it m o u v o i r c e t t e m a c h i n e p e n d a n t qu atre- L e G érant : Gabriel Delanne.
v i n g t s a n s , q u ’e s t - e l l e d e v e n u e . E s t - e l l e aussi ren ­
1mP- Alcau-Lévy24,rue Ghauchat. Paris
8' HNNÉK. --- N r 1 0 . 40 «rn tfm rN lr Num éro. i»r O c tobre

O R G A N E DE L ’U N IO N S P IR IT E F R A N Ç A IS E
Naître, m o u r ir , r e n a îtr e e t p ro g resse r sans eé t\
telle est la lo i. Alun Kardec.

ABONNEM ENTS RÉDACTION & ADMINISTRATION


L E JO U R N A L P A R A IT
Pari* et Départements 5 fr. par an. S 4 , rue L abruyère, Parie
UNE FOIS PAH MOIS
Étranger . . . . . . . 6 — Rédacteur en chef : G a b r ie l D elanne

SOMMAIRE Cependant il est grand temps délaisser à chaque


chose ce qui lui revient, tout en l’examinant de
A la recherche des causes . . . A . B o u v i e r . plus près ; la vapeur nous fait iranchir les dis­
Voyage au pays des Souvenirs . AI. D e l a n n e . tances avec une rapidité vertigineuse, elle creuse
les montagnes, rapproche les continents, l’électri­
La m ort des D ieu x ................... .... E . de R e y l e .
cité fait éclore des merveilles et relie les mondes,
Le spiritisme à L y o n ...............H. Sa u s s e . le magnétisme se fait panacée et nous montre la
Faits et Propos.............................. À . A u z a n n e a u vie sous d’autres aspects, la vaccine sauve des
Correspondance.......................... B o u v é r y . milliers d’exsténees d’une mort affreuse. Pasteur
Néciologie . . . . . . . . . . nous montre les infiniments petits dont la puis­
sance de destruction est en raison des milieux où
Bibliographie...................... ... . Le Bibliophile.
ils se trouvent, les combat victorieusement et arra­
che à leurs coups des êtres voués à une morl. hor­
rible entre toutes ; le spiritisme unit ie monde
visible au monde invisible d’ une façon incontes­
A LA RECHERCHE DES CAUSES table et montre comment ces deux mondes réagis­
sent l’un sur l’autre ; l’on ne saurait donc dire
maintenant qu’un; chose est impossible à moins de
parti-pris ou de profonde ignorance ce qui n’empê­
Parmi la quantité de maux qui assiègent notre chera nullement la chose d’exister ; il est vrai que
pauvre humanité, il en est certains dont la science certains esprits forts nient non pas parce qu’ils
officielle ne s’occupe que d’une façon toute super­ doutent, mais plutôt parce qu’en face de la vérité,
ficielle, et pour cela encore faiit-11 qu’elle soit leurs doctrines ne tiennent plus debout et, partant
poussée de l’avant par la force des choses ; long­ de là, leurs intérêts sont en jeu.
temps d’abord elle niera a priori; ce n’est que vain­
cue par l’évidence des faits qu'elle leur accordera Or, comme l’intérêt ne doit pas guider le cher­
un petit crédit et qu’elle consentira à dire que la cheur et que la vérité avant tout doit paraîire
dans toute sa nudité afin de ne pas trop éblouir
chose existe, en ayant soin toutefois de la défigurer
par de trop grandes parures scientifiques, je me
autant que ses moyens d’investigation le lui per­
propose de démontrer les expériences que je fus
mettront. De même que Salomon de Cans passait
chaque jour dans toute leur simplicité, afin que
pour un fou, Galvani pour maître de danse des
grenouilles, Mesmer pour imposteur, Jenner pour tous ceux qui me liront puissent se rendre compte
par eux-mêmes au moyen du contrôle de la raison,
charlatan et que, plus près de nous, - Pasteur fut
en se mettant en présence des faits.
bafoué, le spiritisme passe de même pour une
utopie en face de ceux qui craignant les fatigues de De même qu’en magnétisme un être peut agir
la recherche. sur un autre et projeter par sa se .île force de vo-
146 —E S P I R I T I S M E

lonté ou par des passes ou gestes quelconques qui fut soumis aux lois de désincarnation et de réincar­
viennent toujours d’un acte volontaire, des fluides nation et qu’alors comme aujourd’hui, soit corpo­
qui mettent en vibration les atomes composant l’or­ rellement, soit spirituellement, il jouissait des fa­
ganisme pour y rétablir l’équilibre et finalement cultés qui sont inhérentes à sa nature, c’est à-dire
ramener la santé, l’on est forcé de reconnaître éga­ qu’il pouvait se manifester suivant les milieux où
lement que le spiritisme tient une large place dans il se trouvait, soit par la force brutale de la ma­
le traitement des maladies aux mille noms qui nous tière agissant sur la matière, soit par la force in­
assiègent sans cesse. Il est vrai que la science po­ telligente agissant sur l’intelligence quoiqu’il soit
sitive ne voit partout que suggestion, auto-sugges­ bien compris que la force brutale de la matière
tion. hystériques ou névropathes, sans vouloir se n'est mise en jeu que suivant les besoins de la
rendre compte qu’il y a quelque chose de plus que force intelligente dans ses différentes manifes­
ce qu’elle veut bien comprendre ou admettre; tations.
cependant le moment arrive ou cette fille qui a Partant de là, il est donc facile de voir que si le
nom Vérité va, sans forfanterie, se mettre en tra­ monde invisible agit sur le monde visible et réci­
vers de notre. routine pour la faire sortir de proquement, les faits dont je veux parler ne sem­
l’ornière où elle se trouva encore et lui dire : Halte bleront nullement en dehors des lois établies
là ! tu n’iras pas plus loin, ton absolutisme te tue, pour l’harmonie universelle, quoique imparfaite­
il faut laisser tes dogmes de côté, si tu veux vivre ment connues des habitants de notre petite patrie
encore, je suis bonne fille, lui dira-t-elle, je laisse
terrestre.
facilement tomber mon voile aux pieds de celui
Or, puisque tout effet a une cause, je vou­
qui veut m’admirer, mais rappelle-toi que pour
lus-savoir d'où provenaient les nombreux phéno­
mériter mon amour il me faut ta sagesse et te lais­
mènes qui se présentaient à mes yeux en remontant
ser guider par les formes esthétiques que ma
à ceite source cachée d’où ils découlent, afin de
beauté te découvrira à chaque instant; surtout
sonder les mystérieuses profondeurs de cet inconnu
prends garde si, par malheur, tu comptes sur ma
pour en faire jaillir une parcelle de lumière, afin
tendresse pour satisfaire ton orgueil, je te laisse
d’éclairer ceux qui' doutent encore ; toutefois, ne
sans pitié, de nouveau tu retomberas dans les erre­
voulant émettre aucune théorie je laisserai les faits
ments du passé et, au lieu de t’appeler science, tu
parler d’eux-mêmes afin que le lecteur soit juge en
pourrais t’appeler erreur.
attendant que le_ chercheur puisse se rendre
Voilà le langage de la vérité, source féconde pour
compte de ma bonne foi par ce qu’il obtiendra lui-
ceux qui veulent se faire ses admirateurs et qui
même, persuadé qu’il ne fera que confirmer ce que
sans arrière-pensées acceptent ce qu’elle leur dé­
j’avance.
voile pour être soumis au creuset de leur raison
Il est bon de dire que tout d’abord je fus sceptique
sans préjudice de l’analyse du laboratoire.
et que ce n’est que vaincu par l'évidence même
Je sais bien qu’en parlant ainsi je passerai pour un
que je voulus savoir davantage ; c’est donc avec
utopiste; mais peu m’importe, cela n’empêchera
pas les faits d’exister et de même que Galilée sou­ une foi raisonnée et non avec la foi de l’Eglise que
tenait le mouvement de la terre, je soutiendrai je peux parler.
l’ existence de cts faits jusqu’à ce que d’autres Les premiers phénomènes qui me surprirent,
aient prouvé le contraire ou que la conscience tout en en surprenant d’autres, furent des cures
publique en ait pris son parti ; sans cesse, môme à spontanées sur des personnes soumises depuis
la face des plus sceptiques je dirai : J’ai vu,analysé, longtemps aux différents traitements des médecines .■
contrôlé, et cela pendant six années consécutives, ordinaires, allopathie ou homéopathie, etc.,
avant de faire connaître le résultat de mes sans obtenir de soulagement; malgré moi et par
expériences, tant au point de vue de la thérapeu­ ce seul fait, je fus obligé de m’occuper sérieuse­
tique qu’au point de vue purement expérimental ; ment des nombreux malades qui venaient réclamer
donc nulle force humaine ne me fera nier leur des soins que j’étais heureux de leur donner sans
existence ; ce que je dis aujourd’hui sera répété par cependant m’en occuper d’une façon toute particu­
d’autres plus tard. Peu à peu chacun comprendra, lière, ayant mes occupations ailleurs.
alors ce qui semble encore du domaine de l’im­ A ce moment je ne connaissais le magnétisme
possible ou delà folie sera accepté par tous comme que de nom; mais voyant des effets, j’en cherchais
étant une parcelle de l’éternelle vérité. les causes, persuadé qu'il y avait là une force que
L ’existence et la manifestation des esprits lurent je ne pouvais encore définir; aussi je me procurai
connues de tous temps pour cette raison bien simple parmi les ouvrages traitant la question, le « Manuel
que c’est du jour où l’homme fut sur la terre qu’il de l’étudiant magnétiseur » du baron du Potet, où
LE SPIRITISME •47

je pas puiser certaines idées qui m’aidèrent plus que ses 3 heures sont écoulées et qu’il va s’éveiller;
tard dans mon travail de recherche. pour cela il referme les yeux, sa figure reprend son
Comme la plupart de ceux qui débutent dans expression habituelle, denouveau, il les ouvreetcette
l’étude du magnétisme, je provoquai sur des sujets fois il est parfaitement éveillé sans se rappeler en
les différents phénomènes de léthargie, catalepsie, aucune façon de ce qu’il a fait dans sa soirée ; il y
somnambulisme, extase, etc., et cela plutôt pour avait déjà là je crois, matière à sérieuses réflexions.
être agréable à ceux qui m’entouraient que pour A quelques jours de là. je l’endors de nouveau et lui
expérimenter dans un but réellement sérieux ; ce demande de m’expliquer sa conduite au sujet de
n’est que peu à peu et .après des leçons acquises notre dernière soirée, lorsqu’il me dit qu’il voyait
par l’expérience que je me sais réellement mis à très bien tout ce qui s’y était passé, mais qu’ il n’y
cette recherche qui depuis me passionne toujours était pour rien, que ces phénomènes étaient en
de plus en plus. somme très naturels et que l’avenir m’en réservait
Il arriva donc un moment où après avoir obtenu bien d’autres afin de m’habituer à mieux com­
tout ce que je désirais sur mes sujets, je ne pou­ prendre les mystères de l’occulte.
vais plus rien faire de bon, étant données certaines Il est facile de voir que pareille réponse ne pou­
circanstances où cependant j’aurais voulu con­ vait entièrement me satisfaire, aussi j’insistai pour
vaincre des sceptiques ; mon désir de faire était qu’il fut plus clair, puisqu’il trouvait très naturel
le même, rien n’é'ait changé à mes habitudes, ce que tout d’abord je ne pouvais m’expliquer, et
les sujets eux-mêmes ne présentaient absolu­ il continua en me donnant les raisons suivantes :
ment rien d’anormal ; cependant la fatalité « rappelez-vous, me dit-il, que nous sommes tous
semblait se mettre en travers de mon vouloir pour entourés par des êtres qui cherchent constamment
me narguer et me dire : « si tu comptes sur tes pro­ à nous influencer soit en bien, soit en mal suivant
pres forces elles sont peu, tu fais fausse route; de la nature de nos passions ou de nos penchants et
telle sorte qu'un jour, ayant endormi un sujet je ces êtres invisibles pour vous, sont pour moi dans
ne pouvais plus l’éveiller, tout devenait inutile l’état où je me trouve, aussi tangibles que la matière
dégagement, suggestion, etc , enfin tous les moyens inerte l’est pour vous dans votre état de veille, je
employés en pareille circonstance ne servaient à ne sais quel nom vous pourrez leur donner mais
rien, au contraire il semblait se rire de mes efforts, pour moi ce sont des hommes, des femmes et des
il n’était ni en léthargie ni en catalepsie, il me enfanls qui ont déjà vécu comme nous et qui ont
parlait très tranquillement et répondait mieux à quitté leur corps matériel tout en eu conservant la
mes questions qu’il ne l’eût fait à l’état de veille; forme, en passant par ce qu’on appelle la mort pour
quand j’arrivais à lui dire : il faut vous éveiller, il vivre d’une toute autre façon. » J’avouerai que ce
me répondait imperturbablement : je ne m’éveillerai langage de la part de mon sujet avait tout lieu de
que dans trois heures; alors je lui demandais ce me surprendre et commençait à me troubler, mais
qu'il voulait faire pendant ce temps et voici sa ré­ n’étant pas encore satisfait de ce raisonnement,
ponse : «je suis dans une prairie où il y a de jolies puisqu’en réalité il ne donnait aucune définition
violettes, je prends plaisir à en respirer le parfum. des phénomènes qui m’intéressaient, j ’insistais
J’ai bien envie d’en faire un bouquet.» A ce mo­ de nouveau pour obtenir quelque chose de plus
ment ne connaissant absolument rien des faits précis; sur quoi il me ht une théorie détaillée au
spirites ni de la loi des apports, je l’engageai à sujet des fluides et de leurs différentes combinai"
laisser les fleurs de côté pour faire une partie de sons, comment ces vivants invisibles s’en servent
cartes où il trouverait sans doute autant de plaisir dans leurs différentes manifestations et termina en
qu’à ramasser des violettes dans une saison où il me faisant comprendre que, dans certaines circons­
était difficile d’en trouver (nous étions en plein tances ces êtres pénètrent les corps jusqu’à entière
hiver et la neige couvrait la campagne) ; il accepta possession et agissent ensuite comme s’ils étaient
néanmoins de faire une partie de piquet, chose réellement eux-mêmes à l’état incarné, chose qui
d'autant plus surprenante qû’ordinairemer.t il ne était arrivée pour lui dans le phénomène qui me
savait pas y jouer ; à ma grande surprise il se mit préoccupait, il me dit qu'étant à l’état de sommeil
à table, ouvrit les yeux, son regard et sa physiono­ magnétique dans un moment où je ne m’occupais
mie n’étaient plus les mêmes, il semblait complète­ plus de lui, attiré en dehors par des choses qui
ment transfiguré; nous commençons la partie qu’il l’intéressaient, un de ces êtres dont il me parlait,
gagne, nous en faisons une seconde puis une troi­ obéissant à mon guide prenait son lieu et place en
sième qu’il gagne également, L’on aurait dit qu’il pénétrant tout son organisme naturel au moyen
connaissait nos cartes avant même que d’avoir les du corpsfluidique formant ce moi indépendant, et
siennes en mains, finalement il nous fait remarquer manifestait ainsi sa présence pour me faire voir
148 LE S P I RI T I S ME

qu’il y avait souvent autre chose que l’action d’un accomplies ; que d’espérances déçues et renais­
être corporel sur un être corporel dans les diffé­ santes se trouvent enfouies pêle-mêle dans les dé­
rents phénomènes provoqués par les chercheurs et combres de cette période déjà ancienne 1
comme démonstration matérielle, il me ht la com­ Quelle est donc la singulière puissance qui re­
paraison suivante : « Nos corps, dit-il, sont comme trace en nous, d’une manière aussi claire, nos
des éponges, ils absorbent plus ou moins vite les souvenirs sous mille facettes di.îérentes ? quel est
fluides des milieux où nous nous trouvons, ils le foyer magique où s’emmagasinent les choses
peuvent être possédés plus ou moins complète­ vécues, les impressions inoubliables pour survivre
ment étant données les circonstances ; par tel ou à la désagrégation des organes périssables?
tel être incorporel qui se manifestera suivant ce N’est-ce pas dans l’esprit ?
qu’il est, sans pour cela que le corps soit changéau Oui, sans nul doute, c’est l’esprit qui engendre
point de vue matériel, il ne subira que quelques la volonté, qui développe la mémoire, qui recèle
modifications dans ses principales lignes, de même toutes les vertus acquises et qui appartiennent
que l’éponge peutab3orber en plus ou moins grande seules au domaine de l’Immatière.
partie les différents liquides dont on l’imbibera, La science moderne nous l’enseigne à son insu,
soit eau, vin, alcool, etc., elle n’en restera pas en affirmant que le corps humain est un composé
moins une éponge, à part les quelques modifica­ d’atomes, qui se remplacent chaque jour dans la
tions apportées par ces liquides. flux incessant delà vie, car dit-elle, dans une pé-
A . B o u v ie r . rioJe de très courte durée, les part cules nutritives
5, Cours Gambetta, Lyon. ne sont plus les mêmes; d’où vient alors comme le
[A suivre). dit si bien le grand physiologist; Claude Bernard,
que le souvenir, la mémoire, les impressions prin­
cipales survivent à toutes les transformations pas­
VOYAGE AU PAYS DES SOUVENIRS sagères, si elles n’étaient gravées dans l’esprit
même I mais passons, car rien ne gêne plus les
LE GROUPE PIERRE PATET corps savants que d’admettre ce qu’ils ne veulent
comprendre.
Ce groupe prit nom de l’esprit de charité,Carita,
car ils fit du bien de i 865 à 1870 avec les quel­ J’ai raconté de quelle manière Mme Del. devint
ques membres qui le composaient et au moyen de médium, voici comment je le devins moi-même
petites cotisations, bien des misères furent soula­ ptndant quelque temps, c’est une petite étude qui
gées ; un membre M. Vannet se dévouait pour se lie à ce que j'ai à raconter sur la formation du
aller porter chaque mois les petites sommes qu’on groupe Patet.
avait votées.M. Allan Kardec lui-même.qui assista Depuis mon initiation au spiritisme, mon idée
au début de leur petite société, les approuva etlcs fixe était de devenir médium. Je m’exerçais sou-
les encouragea à continuer, disant, que c’était un vent dans la solitude ou en réunion pour y arri­
commencement de ce qu’il espérait faire plus tard ver, mais hélas, je ne sentais pas vibrer en moi la
avec plus d’étendue. Tous les procès-verbaux et fibre fluidique, malgré mes exhortations, que dis-
les faits qu’ils obtenaient sont encore conservés je, mes supplications aux esprits. Ils restaient
et à notre disposition pour prouver ce que sourds à mes p ières. Je remarquai pourtant quel,
j’avance. que chose d’insolite en moi : comme de me lever
Mme Patec nous permet de fouiller dans ces subitement tout a fait inconsciemment, de me di­
bienheureux souvenirs qui furent les meilleurs riger automatiquement, en quelque sorte, vers
qu'elle ait goûtés ici-bas. une personne dont la pensée traversait mon cer­
Plus je m’engage dans la voie que je me suis veau, de lui poser simplement mes mains sur les
tracée,c’est-à-dire à revivre par la pensée les évène­ bras et la voir elle-même écrire spontanément à
ments spirites que j ’ai constatés dans les groupes l'étonnement général, une communication, qui ne
que j’ai parcourus, plus je suis obligé de reconnaî­ manquait ni de style, ni d’élévation de pensées.
tre avec quelle rapidité marche le temps ; on pei^ Je formai de la sorte, dans l’espace de deux ans
dire qu’il fuit à tire d’ailes. plusieurs bons médiums, sans le devenir moi-
Et pourtant il me semble, (ô douce illusion) que même.
ce que j’écris est d’hier, quoique nos fils d’alors Les amis Patet étaient des fidèles de nos soirées.
soient des hommes aujourd’hui, et les hommes La cousine, comme nous appelions Mme Patet,
de ce temps presque des vieillards. devint un excellent interprète des esprits. Mais
Que de choses heureuses et malheureuses se sont son mari se trouvait dans mon cas, ses efforts
LE S P I R I T I S M E '41

constants étaient loin d’être couronnés de succès. du papier grand format, des crayons tendres et
De guerre lasse, le découragement s’emparait de nouscommencerons ensemble uneséried’études...»
lut, il paralysait certainement sa volonté. On m indiqua ensuite une heure poiir nous livrer
Un soir pourtant, (pourquoi plutôt ce soir îû à des exercices indispensables, et pendant une tren­
qu’un autre) la force occulte qui m’envahissait me taine de jours, en travaillant une heure tous les
guida vers lui. soirs, mon invisible maître me fit exécuter la façade
« Ecris lui dis-je » en lui plaçant mes mains sur d’un temple quelconque, assez bien réussie pour
les épaules, et, voilà mon ami, qui, après l’évoca­ un si mauvais apprenti. Ce dessin, comme toutes
tion d’usage, écrit, écrit longuement sans désem­ les productions de ce genre, ne ressemble en rien
parer. à ceux enfantés par le cerveau des humains.
Cette agréable surprise étonna, comme on le On a pu en juger par la collection qui a été mise
pense, tout noire monde. En reconnaissance de par nous et par d’autres de nos amis, sous les yeux
ce qu’il appelait « ce don * (mot tout à fait impro­ des congressistes de l’année dernière.
pre),qui comblait le plus cher de ses vœux, il prit Mon dessin est malheureusement le seul spéci­
la résolution de nous imiter en créant lui même men que je possède, car après ce travail terminé,
un groupe dans le quartier Saint-Denis où il ha­ jamais, au grand jamais je n'ai plus ressenti la
bitait. douce et tenace pression dont j ’étais si fier et si
On peut voir par cet exemple, qu’en spiritisme, heureux.
comme en toute autre chose, il ne faut jamais dé­ Cent fois depuis, j ’ai essayé, avec toute l’énergie
sespérer de rien. Que faut-il pour aboutir à la de ma volonté a ressaisir et à reconstituer cette illu­
médiumnité? Souvent qu’un milieu fluidique sion, comme on a qualifié ce fait dans le camp des
favoiablc, c’est-à-dire en harmonie avec notre ner­ matérialistes, lorsque je le cite.
vosité, un alliage périsprital exact entre l'incarné Objectern-t-on, côté des occultistes, aue j’étais
et Je désincarné qui tient à se communiquer. sous l’influence de leur malin corps astrall Pour­
Ce point n’est pas encore suKisamment élucidé. quoi alors, ce courant si intelligent s’est-il arrêté
C’ist une question qui devrait pourtant primer en si bon chemin ? Eh bien ! n’en déplaise à tou»
toutes les autres, car elle est capitale. C’est la clef ces beaux discoureurs mon bon sens; mon juge­
qui ouvrira la porte à bien des esprits qui brûlent ment acceptent l’explication suivante que m’a
du désir de venir se mêler à nos travaux et qui ne donné mon guide en guise de consolation; lorsque
le peuvent encore en raison de notre inexpérience je lui exprimai mes plaintes et mes regrets de me
en ces matières. laisser en si beau chemin :
Ne vaudrait-il pas mieux diriger nos études sur « J’ai fait, mon ami, un grand effort pour ma-
ce point que de nous passionner pour des querelles « lier mes fluides périspritaux aux tiens, afin de
futiles. C’est nous inquiéter souvent pour des chi­ a te donner une preuve tangible de notre pouvoir.
mères. Et pendant ce temps, comme lorsque By­ « Je crams en continuant ce travail de fatiguer
zance cernée s’occupait de théologie transcendante « ton organisme. Pour réussir ce genre de phéno-
au Beu de se défendre, les luttes formidables de « mène il nous faut une grande dose de ton fluide
l’athéisme et de l’ultramontanisme envahissent le « vital. Il ne faut pas en abuser, cela pourrait nuire
monde et le préparent à une catastrophe terrible et c i ta santé. J’ai tenu pourtant à te montrer de
peut-être prochaine 1 « quelle manière les esprits agissent dans le genre
Quoi qu’il en soit, cette manifestation eut une « de médiumnité, dite mécanique.
heureuse influence sur moi, elle ranima mon es­ « Tu es appelé, dans tes voyages, à constater de
poir. Bien m’en a pris ; car quelques semaines plus « semblables manifestations. Il est donc utile que
tard, dans une assemblée publique les esprits dic­ « tu aies éprouvé toi-même l’impressionnabilité,
tèrent à P erre Patet. < e lle aiguisera ton discernement ; c’est un ensei-
« Dis à ton cousin (.noi) de prendre un crayon, « gnement qui a son utilité ».
le moment est venu de nous servir de lui ». Mais revenons pour en finir au groupe P. Patet.
Je ne me rts pas prier; ma main fut saisie im­ Il eut son heure de succès, car il fut dirigé avec
médiatement, emprisonnée en quelque sorte par autant de zèle qne d’intelligence et toujours avec
une force semi-matérielle. L ’effet que j ’éprouvais le plus absolu désintéressement. Ces bons amis
est difficile à rondre, c’était comme si un fort cou­ eurent la satisfaction de faire de bons et sincères
rant d’air déplaçait ma main que je laissais »lier. adeptes. Ils conquirent l’estime et la reconnaissance
Voici la première phrase que l’intelligence qui du monde spirite militant. Pierre Patet fut enlevé
guidait ma main me fil tracer : trop tôt à l’affection des siens, il mouiut il y a
- Mon fils, tu es médium dessinateur; prends quelques années. Nous voyons souvent sa veuve,
i5o LE SPIRITISM E

dont la santé est ébranlée par les secousses morales prêtres, maîtres de l’ordre social et détenteurs de
quelle a subi. Néanmoins elle a conservé sa pré­ la loi, intermédiaires entre l’homme et Dieu et re­
cieuse faculté qui lui permet d’avoir de temps à présentants visibles de ce dernier sur terre .
autre des nouvelles de son cher disparu. Je ne veux que rapidement reprocher aux divi­
Rendons honneur à ces humbles, à ces vaillants nités antiques leurs crimes sans nombre, pour arri­
vulgarisateurs, pour le bien qu’ils ont lait, sans ver d I us vite au dieu des Juifs, dont procède direc­
crainte de s’aliéner l’estime des chefs dont ils dé­ tement celui qui dirige aujourd’hui les destins de
pendaient, en défendant la philosophie, qui à son 1 humanité civilisée.
début, a soulevé contre elle tant d’adversaires dif­ Quel est celui- ci, monstre de fer grimaçant dont
férents et qui ne lui ont épargné ni les insinuations les mains se lèvent et s’abaissent d’un mouvement
les plus malveillantes, ni les injures de toute sorte continu et régulier ? C’est Baal-Moloch, dieu
et de grossières railleries. solaire auquel le peuple de Carthage offre en holo­
A l . De l a n n e . causte la chair de sa chair, ses propres enfants 1
Dressé au milieu d'une place publique, le monstre,
dans l’intérieur duquel les prêtres ont allumé un
LA MORT DES DIEUX " feu de bois d’aloôs, tendait ses larges mains sur
lesquelles on plaçait l’un après l’autre les enfants
(Résumé d’une conférence prononcée le jeudi destinés au sacrifice; alors les bras s’élevaient et la
7 août 1890 à la Société fraternelle de Lyon. victime tombait dans le brasier au milieu
— Présidence de M. Henri Sausse.)
des chants des prêtres, mêlés aux accords
Désireuse d’ expliquer les phénomènes mysté­ des harpes et aux éclats des cymbales; « les v ic­
rieux de la nature, ces énigmes dont elle se sen­ times, comme dit Flaubert dans son immortelle
tait de toutes parts entourée, l’humanité a de tout Salammbô, à peine au bord de l’ouverture, dispa­
temps représenté la cause supposée de ces phéno­ raissaient comme une goutte d’eau sur une plaque
mènes sous des formes symboliques, qui furent rougie, et une fumée blanche montait dans la
ses premiers dieux ; plus tard, les castes sacerdo­ grande couleur écarlate. *
tales, directrices de la conscience des peuples et N ’est-il pas vrai que la simple idée de semblables
intermédiaires sacrés entre eux et le monde occulte, sacrifices éveille en nous tout ce que notre âme
ont revêtu ces dieux de toute l’horreur qu’ils ont peut contenir d’horreur ? Et cette monographie
pu puiser dans les ténèbres de leur âme. du Baal-Moloch pourrait être celle de tous les
Depuis longtemps le procès des dieux a été autres dieux. Est-ce que Jéhovah ne demande pas
commencé, et depuis qu’il a su faire un dieu> à Abraham la mort de son fils? Est-ce que les di-
l’homme a appris à le défaire et, appelant à la vinités impudiques de la Grèce n’exigent pas la
barre de son tribunal ses propres créatures dont il mort d’ Iphigénie? Est-ce que les Baalim de la
avait fait ses maîtres, il les a invariablement con­ Ghaldée ne recevaient pas en place d’encens la
damnées à mort. Evoquons quelques-uns de ces vapeur qui montait du sang de mille créatures
condamnés et dressons leur réquisitoire avec sévé­ égorgées? Est-ce que l’épouvantable déesse Kâli,
rité, mais aussi avec justice; faisons défiler ces le cou orné d’un collier de crânes humains, assise
dieux entourés de leur cortège de prêtres et inter- sur un trône d’ossements, ne s’abreuvait pas du
rogeons-les tous, les Dèvas de l’Inde, les Baalim sang des parias immolés?,.. Je n’en finirais pas, si
de Babylone et de Ninive, les Néters de l’Egypte je voulais continuer.
et les Theoï de la Grèce. Il serait impossible d’énu­ Mais voici Jéhovah Adonaï, entouré de tes
mérer toutes ces vagues de la mer olympienne, car, archanges, dieu des Juifs et seul dieu, dieu unique
sans compter ceux dont le nom n’est point parvenu qui avait, à la vérité, succédé aux Elohim et qui
jusqu’à nous, ils sont aussi innombrables que les régna longtemps conjointement avec Moloch le
passions humaines qu’ils ont d’ailleurs presque dévastateur, avec Aschéra l’impudique qui prési­
toujours symbolisées. dait aux prostitutions sacrées et avec Baal qui ne
Nous avons vu il y a un instant la naissance différait pas essentiellement de Jéhovah lui-même,
probable du fétichisme; il ne devait point tarder à et qui finit par se confondre avec lui, tandis que
être réglementé par des hommes supérieurs à la les autres divinités disparaissaient devant le dieu
masse, qui firent naître divers cultes, d’ailleurs national des Béni-Israël, dieu particulièrement
semblables entre eux. Au haut de l’échelle nous féroce, car il voulait avoir sans cesse ses autels
trouvons un dieu, dieu national et jaloux, ayant couverts du sang de ses victimes, et ce n’éiaient.pas
sous lui une série de génies, de fonctions et d’im­ toujours des animaux, comme les 22,000 taureaux
portance diverses, aboutissant eux-mêmes aux que Salomon lui immola en un seul jour, mais
LE SPIRITiS 'iE r5i-

c’étaient aussi parfois des victimes humaines, cœur de l’univers, où la même affection paternelle
comme la fille dejephté, tuée de la propre main de englobe l’ange qui flotte dans l’éther ra lieux, et
son père., comme Agag que Samuel fit écorcher le ver de terre rampant péniblement dans la boue.
vif à Ghilgal devant l’autel de l’Eternel. Toutes Nous avons tous présentes à l’esprit les paroles
les prescriptions que ce dieu farouche rend par la charmantes que le charpentier de Nazireth contait
bouche de ses prophè'es, respirent la violence et à ses fidèles, soit dans les plaines verdoyantes de
la haine : « œil pour œil, dent pour dent » dit sa Beth-El à l’ombre des orangers en fleurs, soit par
Loi ; et plus loin : « Quand tu entreras dans une une claire nuit d’étoiles au bord du lac de Tibé­
ville, tu feras passer les habitants au fil de l’épée riade. Oh ! qui n’a pas senti que la vérité coulait
et tu les détruiras avec tout ce qui .y sera, faisant de ses lèvres, et qui n’a pas déviné les joies que
même passer les bêtes au fil de l’épée. > devaient ressentir les humbles, les pauvres, les
Qu’ un enfant rie de ses prophètes et les ours souffrants, dont Jésus faisait son entourage ordi­
viennent le dévorer; que son propre peuple ou­ naire, lorsqu’ils écoutaient la touchante histoire
blie un instant sa Loi et il le livre pendant des du bon Samaritain, oü la terrible parabole du
années à la domination étrangère ; que les Beth- mauvais riche, lorsqu’ils voyaient le maître rele­
samites regardent l’Arche sainte et 5o,ooo d’entre ver la femme adultère ou dévoiler les hypocrites
eux sont exterminés : qu’Oza touche à cette même menées des Pharisiens !
Arche pour la soutenir et il tombe foudroyé. Aussi Mais le jour où Jésus affirme clairement quelle
dans la prétendue histoire sainte, ne trouve-t-on était cette religion universelle qu’il rêvait, c’esr
nulle part une trace d’amour réciproque entre le lorsqu’il rencontra la Samaritaine au bord du puits
peuple juif et son dieu rrïen que la colère en haut de Jacob. Pendant que ses disciples étaient allés à
et la terreur en bas. Sichem pour acheter quelques vivres, Jésus, fati­
Combien vraie cette exclamation que ne peut gué, s’assit sur le rebord d’un puits, où un arbre
retenir Le Bon dans son livre Les premières civ i­ l'abritait des rayons trop ardents du soleil ; il rê­
lisations : « ... et c’est pourtant cetle effroyable vait en contemplant la masse imposante du Gari-
idole, devant laquelle les tendres femmes chré- zim, se détachant sur le ciel de midi. Une femme
iennes font depuis tant de siècles joindre les mains vint pour puiser de l’eau, et Jésus, se tournant
de leurs petits enfants! » vers elle, la pria de le laisser boire à sa cruche,-
De quelque côté que nous jetions les yeux, nous elle en fut surprise, sachant bien que les juifs s’abs­
ne voyons que des divinités-vampires, accroupies tiennent de toute relation avec les Samaritains,
sur l'Hummité qu’elles rongent et des peuples in­ mais elle dit néanmoins : « Maître, nous adorons
capable'. de secouer ce joug effrayant comprimant sur cette montagne, et vous, vous adorez dans le
leurs fronts et leurs consciences. Par moments une temple de Jérusalem. » — « Femme, répondit Jé­
lueur jaillit dans ces ténèbres : c’est quelque grande sus, le temps viendra où l’on n’adorera plus ni
àme qui vient de se lever dans la nuit générale; sur cette montagne, ni dans le temple, mais oùies
semblables à des phares dressés sur la mer hou­ vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en
leuse, c’est Bouddha qui vient consoler l'Inde, vérité o. Cette parole est la base de l’édifice de
c’est Kong-fu-tseu qui apporte la lumière à la Jésus ; le jour où il la prononça, il a fonlé le culte
Chine, c’est Socrate qui pour la Vérité vient boire sans patrie, sans castes, sans prêtres, la religion de
la ciguë en Grèce. Mais leur enseignement, ou bien toutes les grandes âmes et de tous les nobles cœurs.
passe inaperçu devant des foules qui ne sont pas Inutile de dire que les prêtres ne pouvaient lais­
prêtes encore, ou bien continue, défiguré par des ser impuni un agitateur aussi terrible, et le pro­
disciples ignorants ou exploité par d’éhontés létaire Jésus fut traîné devant un sanhédrin
imposteurs. composé des représentants de toutes les tyrannies
Devons-nous donc désespérer de voir les nou­ et là, presque sans appel, il fut condamné à périr
veaux dieux suivre dans le néant les dieux anciens ? sur la croix.
— Non, car voici que dans une bourgade obscure Mais il laissait des disciples ardents et actifs.
de la Judée, se lève un homme au front calme et Aussi voyons-nous bientôt le nombre des chré­
au cœur pur, qui, devant l’acumiïlatioh sinistre tiens s’accroître dans des proportions telles que
des dieux bourreaux que chaque peuole dres­ l’un d’eux, l’apôtre Paul, pût s’écrier avec raison :
sait contre les dieux voisins, vient proclamer « Nous ne sommes que d’hier, et déjà nous rem­
le dieu vivant, père de tous les hommes de plissons vos villes, vos palais, vos places publiques
bonne volonté; car le dieu de Jésus n’était pas et vos cité? ! « Mais, de même que le Jéhovah juif
le féroce maître de Moïse, mais le grand avait demandé Jésus pour victime, de même le
Si
152 LE S P I R I T I S M E

Jupiter romain demanda'des milliers de chrétiens des my hfs étranges ou de hardis géants escala­
à dévorer, et trouva dans les Domitien et les Né­ dent le ciel pour aller renverser les dieux de ieuis
ron, de zélés serviteurs qui jetèrent ces martyrs de stalles de rubis. C’étaient les mystérieux vengeurs
l’idée nouvelle aux bêtes de l’amphithéâtre, qui les qui venaien hâter le crépuscule des dieux, c’é­
précipitaient dans le cloacn maxima, ou dans les taient les fils des hommes échafaudant les spirales
flots du Tibre, qui les enduisaient de poix et les fantastiques de Babel, c’étaient les Darvands mon­
brûlaient, flambeaux vivants, éclairant de leur ter­ tant à l’assaut du paradis d’Ormuz, c’étaient les
rible lueur, les orgies n cturnes de la Rome Titans jetant Ossa sur Pélion, pour détruire l’O ­
pourrie des Césars !... lympe, les Titans dont Thalès Bernard disait :
Enfin, la nouvelle secte triomphe. Le paganisme, La terre les cuçha dans ses vastes entrailles,
vaincu sous les coups du jeune christianisme, Pleurant ses fils virils tombés sans funérailles
expira, et ses dieux, qui ont tant brillé grâce aux Sous l’inique pouvoir d’un tyran odieux ;
Un frisson de fureur, remuant ses mamelles,
arts de la Grèce, se sont évanouis comme une fumée
Ebranla des monts noirs les hautes citadelles
chassée par le vent ; au loin une aurore se lève, il E t dans leur palais d’or fit pûlir qous les dieux.
fait jour dans l’obscurité du vieux monde défunt,
Oui, les dieux dûrent pâlir dans leur palais d’or,
c’est le monde nouveau, sans doute, qui, débar­
car ils savaient que les Titans vaincus n’étaient
rassé de ses dieux, rayonne au soleil de l’avenir ?...
pas disparus à jamais, qu’ib reviendraient de siècle
Erreur ! Ceux qui avaient foi en Jésuset qui espé­ en siècle reprendre la lutte commencée et saper la
raient voir naître la grande fraternité divine sur citadelle où, défendus par les prêtres, s’abritent les
terre, ne sont plus ; ils ont arrosé de leur sang le dieux ; ils savaient que ces Titans auraient nom
sable du cirque, et ce qui se lève sur leurs cadavres, Bouddha, Socrate, Jésus, Jean Huss, Voltaire et
c’est une nouvelle église, aussi intolérante que ses Lamennais ; ils savaient qu’un jour doit venir, le
aînées, aussi féroce que les cultes anciens ; cette jour funèbre dont nous parle VEdda des Scandi­
lueur que nous prenions pour l’aurore d’un jonr naves, où tous les dieux seront morts, où tous les
nouveau ce sont les bûchers que l’inquisition al­ cultes seront disparus dans le néant d’où l’on ne
lume pour y jeter tout ce qui peut entraver la revient plus ; ils savaient qu’il viendra un jour,
domination de l’église. Jésus, on l’a cloué sur sa où les peuples libres, ayant chassé toutes leurs op­
croix, de peur qu’il n’en descende, et Jéhovah presseurs, après avoir passé par la crise fatale de l’a­
Adonaï, le frère de Moloch et de K âli, continue à théisme, renaîtront A la vie de l’esprit et rendront
dévorer la chair humaine qui pétille sur les auto- réelle la parole que prononça Jésus sur la margelle
dci-fé, qui saigne sur la roue et sur le chevalet, qui du puits de Jacob, et, au-dessus de toutes les
pourrit dans l’ombre visqueuse des in-pace. idoles à jamais humiliées, au dessus de tous les
Ah ! les dieux défunts peuvent frémir d’aise, car temples à jamais fermés, ils adoreront en esprit et
leur culte continue sous un nom nouveau I Tànit, en vérité, le vrai D i e u , le dieu de Platon, de Jésus
déesse aux prêtres ennuques, que dis-tu du vœu et de Lamennais, la sereine et pure diviniié de la
de chasteté? Dieux de l’Olympe, en l’honneur de science et de la philosophie.
qui tant de chrétiens furent torturés, que dites-vo j s E. de R eyle.
des jeux de Torquemada, sont-ils à la hauteur de
ceux de Caligula et de Domitien ? Moloch, que
penses-tu de la très sainte inquisition et de ses bû­
chers, où elle entasse à la plus grande gloire de LE SPIRITISME A LYON
Dieu des centaines de philosophes, des milliers
d’hérétiques et des millions de sorciers?... A côté QUI TROP EMBRASSE MAL ÉTREINT
du terrible, l’ignoble: des ascètes apparaissent dont Je viens de lire dans le journal le Spiritisme l i
les uns se nourrissent d’excréments, dont les autres
lettre si intéressante de notre F. E . C. M. Bou­
se laissent dévorer par la vermine ou s’enseve­
chet et je rend d’autant plus volontiers hommageau
lissent dans un fumier; sainte Elisabeth de H on­
sentiment qui i’animait que comme lui jô déplore
grie, n’osant immoler ses enfants à son dieu, les
le peu de zèle das Spirites en général de ceux de
laisse gémir à sa porte « heureuse d’avoir éloigné
Lyon en particulier.
pour toujours ce dernier vestige d’amour ter­
Propager le spiritisme pourfaireconnaîire, aimer
restre ! »
et respecter de tous sa consolante philosophie est
Mais, si nous revenons vers le passé, nous trou­ une de mes préocupations constantes, je ne pour­
vons,imaginéssans doute, par lésâmes libres quele rais donc qu’applaudir des deux mains aux projets
joug des dieux monstrueux ou immondes irritait, de M-. E. Bouchet, si la connaissance des hommes
LE SPIRITISME

et l’expérience des choses ne mettaient un frein peau mais même au-dessus de lui et plus haut
bien puissant à mon enthousiasme. encore que le Maître que nous aimons, Allan Kar-
J’ai commencé en 1869 à m’occuper de spiri­ dec, nous plaçons le culte de la justice, delà logique,
tisme ; depuis 1884 je suis président de la Société de la vérité. Nous sommes les hommes de tous
Fraternelle; la part que j’ai prise dans le mouve­ les progrès réels mais aussi les adversaires résolus
ment de la presse spirite a été assez active je crois de tous les casse-cou. Nous rie voulons plus courir
pour qu’on ne me classe pas parmi les indéfférents. d’aventurés qui se dénouent toujours au détriment
On m’accordera donc que je ne ne suis ni le der­ de notre cause. Pourquoi dès lors deman­
nier venu à notre philosophie ni le plus tilde de der la création d’un nouveau groupe impartial,
de ses adeptes. Au début comme M. E. Bouchet cette dernière qualité étant celle que nousavons
j’ai connu les mêmes ardeurs les mêmes enthou­ leplusà cœurde faire prédominer dans notre or­
siasme, et lorsque mainenant je regarde dans ganisation ? si notre organisation est défectueuse
le passé ce qu'ils sont devenus ces rêves d’au­ qu’on nous le démontre et nous la modifierons. Si
trefois, je ne les aperçois même plus disséminés ce sont nos personnalités qui portent ombrage, si
aux buissons de la route; le vent, d’automne l’on nons croit trop liés pir notre passé pour être
Jes a balayés comme des feuilles depuis long­ les hommes de l’avenir, nos amis n’ont qu’à parler
temps. et ceux qui sont à la tête de nos sociétés céderont
Que de projets qui paraissaient des plus simples leur place et rentreront dans le rang, mais pour
qui semblaient les mieux mûris n’ont fait que Dieu, pour le bien du spiritisme, ne disséminons
naîire pour mourir sans profit pour la cause qu’ils pas davantage et inutilement nos forces. Créer un
devaient faire triompher. Pour ceux de notre ami nouveau groupr, mais vous ne comprenez donc pas
je ne voudrais pas être un prophète de malheur, que c’est vouloir égrener à nouveau la petite pha­
mais je crains bien qu’ils n'aient le même sort, en lange des spirites militants qui seule reste sur la
voici les raisons. brèche cherchant à rallier autour d’elle toutes les
Il n’y a dans notre viile, dit M, Bouchet, pas forces vives dn spiritisme. Croyez vous que les in­
un seul moyen sérieux de faire de la propagande différents assisteront davantage à vos réunions,
et ceux dont nous nous servons tendraient plutôt que les tièdes seront r.chautfés par la création
à laire reculer les gens qu'à les inviter à une o’une société nouvelle ! Non, vous aurez éparpillé
étude vraiment féconde et rurtout vraiment scien­ sans résultat, si tant est qu’on vous suive, le petit
tifique. noyeau de spirites convaincus et dévoués dont les
M. Bouchet me pardonnera de constater que deniers font vivre nos sociétés mais vous n’amène­
presque jamais il ne nous seconde dans nos efforts, rez à nous aucun des riches indifférents sur les­
son désintéressement trop complet de notre tâche quels vous sembiez trop compter. Entre le devoir
parfois ardue est certainement la seule caus: du que vous espérez leur montrer, et leur conduite
peu de cas qu'il fait de nos travaux et de nos réelle, il y aura toujours un gouffre qu’ un égoïsme
moyens d’action ; s'il les connaissait mieux et y bien compris, bien caressé, ne vous permettra pas
participait davantage, il les traiterait peut être avec de combler vous pourrez leur laire des avances,
moins de désinvolture. comme messieurs les savants iis feront semblant
Pour remédier aux vices de notre organisation de ne. pas vous entendre et comme devant, c’est aux
actuelle que nous propose M. Boucher? spirites pauvies, aux travailleurs que restera la be­
i° La ciéation d’un nouveau groupe impartial sace.
pour étudier le spiritisme dans ses phénomènes Je voudrais bien savoir ce qu’on entend par des
et les prouver à nos savants d’une façon toute expériences scientifiques de spiritisme. Est-ce que
matérielle. 20 II préconiseen outre la création d’un les rares savants qui se sont occupés de nos phéno­
journal spirite populaire à o 10 centimes le nu­ mènes ont employé d’autres moyens que les nôtres
méro. pour les produire. Ont-ils apporté aux évocations
Examinons séparément chacune de ces deux une seule modification utile facilitant les re •
questions. cherches, les expériences ? Je n’en ai pas connais­
Je ne me suisjamais douté que nos sociétés spi­ sance. Comme le commun des spirites sérieux, les
rites lyonnaises fussent des loyers d’intolérance, savants qui ont bien voulu de leur propre chef
nousavons nos idées, nos principes et nous les dé­ étudier nos phénomènes se sont armés surtout de
fendons avec conviction, avec chaleur et ténacité. patience et de bonne foi, et se sont procu é de
Nous savons même au besoin imposer silence à nos bons médiums, ils ont ensuite constaté les phéno­
sentiments d’amitié po.tr la défense de notte dra­ mènes qui se réalisaient sous leurs yeux mais au-
154 LE SPIRITISM E

cun d’eux n’a la prétention de les produire à ses séances, c’est l’assiduité à les suivre, c’est la téna­
heures et sur son ordre. Or, ce sont ces deux der­ cité qui nous fait triompher des obstacles, c’est la
nières conditions que vous imposeront d’abord persévérance qni nous permet de conduire a
tous les savants officiels auxquels vous vous bien les entreprises commencées, ce qui nous
adresserez. manque encore, ce qui nous manque Surtout, ce
On se souvient des articles que j’ai écrit dans ce sont, je ne dirai pas les médiums, mais bien les
joirnalà propos d s conférences faites par M. Hen- bons médiums et je doute que la création d’ une
nequin sur le spiritisme à la faculté des lettres de société nouvelle les fasse jamais sortir de dessous
Lyon. Dans une des lettres que nous avons terre. Au lieu d’un nouveau groupe, ce qu’il fau­
échangées à ce sujet, l’éminent professeur 3e drait, ce serait répandre à profusion, dans le monde
notre Faculté m édisait : « Lorsque vous photo- spirite, les conseils donnés aux médiums dans le
graaliterez des fantômes à la Société Fraternelle Moniteur spirite et magnétique de Bruxelles, par
je serai très heureux d’aller le constater.». J’ai mis notre ami de Metzger, ainsi que ceux détaillés dans
alors le conférencier à même de se rendre compte la Remie spirite et qui avaient fait l’objet de
de visu des phénomènes absolument probants, no 1 l'instructive conférence de M. Papus dans les sa­
pis à la Société Fraternelle, mais dans un groupe lons de la rue Chabanais.
intime; placé ainsi au pied da mur croyez-vous
Ce qu’il faudrait, c’est faire comprendre à tous
qu’il s’est rendu à mon invitation? Il n’a pas les chercheurs, la justesse des appréciations de ces
mêrrte pris la peine de la refuser et ma l.ttreest
deux écrivains, ce qu’il faud.ait surtout, ce serait
restée sans réponse. Ainsi agissant tous nos sa­
les mettre rigoureusement en pratique.
vants officiels par crainte du qu’en dira-t-on, par
Quelques mots seulement, avant de terminer, au
intérêt, par lâcheté morale, 99 0/0 ne veulent
sujet delà revue lyonnaise le Monde fu tu r dont
même pas nous entendre et celui qui sembla.t
M. Bouchet demande la création.
nous écouter s’empresse, au moment psychologi­
que, de nous tourner les talons. Il y a bien des années, nous avons eu à Lyon le
Laissons donc, croyez-moi, les savants à leurs journal La Vérité réligé par des hommes de
diplômes, à leur infatuaiion et adressons notre cœur et de talent, par des spirites dévoués qui
propagande aux masses qui ont besoin d’être sou­ tenaient haut et ferme le drapeau du spiritisme.
tenues, conso'ées, à ceux qui peinent et à ce ix qui Pourquoi a-t-il dû suspendre sa publication? A
souffrent, à ceux qui pleurent, ceux-là seuls pour­ cause de l’indifférence des spirites qui n'ont pas
ront nous écouter sans raillerie, ceux-là seuls com­ voulu le soutenir. Plus tard sous la direction du
prendront que nous avons peut-être raison et dévoué père Finet que j ’ai bien connu et beaucoup
viendront franchement à nous. regretté : le Spiritisme à Lyon a subi le même
Pour arriver à ce résultat est-ce que ce sont, les sort après avoir coûté à ses rédacteurs 4 à 5 mille
séances qui nous manquent? Pour ma part avec francs. Je ne parle pas du Spirite et de plusieurs
deux groupes seulement, j’ai quatre soirées de autres feuil’es éphémères, qui n’ont fait que naître
prises par semaine, si je pouvais, comme j’en ai eu , ou mourir après un ou deux numéros.
bien souvent le désir, donner un concours actif à Ces derniers cependant, étaient dans les condi-
la Société spirite lyonnaise, que préside mon ami ions où l’on veut placer le Monde fu tu r, ils ne
Chevallier, j’aurais encore quatre autres séances, coûtaient que 10 centimes, mais 10 centimes par
soit huit pour sept jours. Il n’est donc pas possi­ semaine font 40 centimes par mois, c’est pourquoi
ble de suivre assidûment toutes les séances de trois ils n’ont pu vivre, tués par l'indifférence, l’apathie
groupes et nous en comptons une vingtaine à des lecteurs et surtout des spirites;car ne l'oublions
Lyon. Que deviendrait la vie de fimille de celui pas, pour quelques-uns qui se dévouent corps et
qui s’astieindrait à suivre toutes les séances des âme à la propagande de notre philosophie, la
trois groupes cités plus haut, que deviendrait aussi masse reste inerte, elle e3t convaincue tant bien
sa lucidité d’appréciation. Il délaisserait son inté­ que mal, et son égoïsme trouve que c’est suffisant
rieur pour courir au fanatisme, ce n’est pas là, je pour elle que les autres cherchent et demandent à
crois, votre bat, ce 112 sont pas d’ailleurs les cour- s’instruire, ce n’est pas son affaire, elle est satisfaite
reurs de séances qui sont dans les meilleurs condi­ c’est suffisant.
tions d'observatious, mais ceux qui accordent à Au lieu de cré;r un nouvel organe Userait,à
chaque chose, à chaque travail, à chaque occupa­ mon avis, plus sage de faire vivre ceux qui existent,
tion le temps normalement nécessaire, sans laisser le Spiritisme est veniu à Lyon 25 centimes, le Mo-
souffrir les autres parties de leur tâche. Ce qui nous ; niteur Spirite et magnétique en coûte o, 3o et non
manque donc, ce n’est pas la multiplicité des 0,40 par mois, en donnant le même texte que le
LE jj SPI RI TISME -'55

Monde fu tu r , procurez à ces deux journaux de questions que nous traitons, de m’envoyer, à
-nombreux lecteurs nouveaux et ils diminueront l’adresse du journal, leurs informations, avec ou
leur prix de vente, car ni l’un, ni l’autre ne sont sans commentaires et, de plus, leurs réflexions sur
des entreprises financières, mais des œuvres de' les sujets de notre ressort* Non pas que je m’en­
propagande dont les rédacteurs et les directeurs gage à oublier leurs communications, à résoudre
loin d’être rétribués pour leurs peines et leurs arti­ leurs questions ni à rendre compte de leurs propo­
cles en paient souvent de leurs deniers la note sitions. A part l’impossibilité mctérielle d’un pa­
d’impression. reil travail, je serais incapable de (remplir ce rôle.
Je me résume. La création d’en nouveau groupe J’ai l’intention néanmo ns d’utiliser les rensei­
me paraît inutile et dangereuse ; c’est la seule rai­ gnements qui me seront fournis en vue des intérêts
son pour laquelle je la repousse; la publication de notre cause, mais c’est à la condition qu’on
d’un journal spirite lyonnais est pour le moment voudra bien me laisser sur ce point toute liberté
un beau rêve, mais ce n’est malheureusement d’appréciation. En outre, il faut qu’on sache que
qu’un rêve, attendons pour le mettre à exécution je suis sous la dépendance du comité de lecture du
qu’il puisse devenir une réalité ; cette heure n’a journal. J’agirai donc pour le mieux, demandant,à
pas encore sonné. l’avance l’indulgence de tous.
Au lieu de nous émietter à nouveau, serrons nos Ce premier article manquera peut-être de faits
rangs et nous serons plus forts; la propagande du d’actualité. Rentré à Paris depuis quelques jours
spiritisme ne pourra qu’y gagner ; nous aussi. seulement, je n’ai vu presque personne encore.
H enri Sa u sse . D’autre part, les divers groupes oit j’ai accès, sont
fermés par suite des vacances,
P . S. — Je pense que si vous avez publié sans A défaut de séances spirites, j’ai eu le plaisir
commentaires la caustrie du Lr Augagneur, sur d’aisister aux expériences d’hypnotisme du doc­
le magnétisme, c’est pour montre1- de quelle façon teur Luys, à la clinique de la Charité.
les nourrissons des facultés de médecine appré­ Les expériences que j’ai vues sont celles du
cient nos efforts et pour imiter les Spartiates mon­ transfert. Cette méthode consiste à transporte^
trant à leurs enfants des Ilotes ivres, afin de les au moyen des aimants, une maladie quelconque
détourner des abus alcooliques. sur un sujet endormi. On enlève ensuite la mala­
Pendant le cours du mois d’août, M. de Reyle a die au sujet par ¡impie suggestion.
fait deux conférences à Lyon ; le texte devant être Voici comment on procède. Le sujet est assis
adressé au journal le Spiri'isme, je ne les men­ dans un fauteuil. En face de lui se place le ma­
tionne ici que pour remercier l’éloquent orateur lade. I s établissent la communica ion entr’eux en
de son dévouement et lui témoigner notre satisfac­ se donnant la main. A ce moment l’hypnotiseur
tion pour le plaisir qu’il nous a causé, bien que agit sur son sujet. Il l’endort. Puis, au moyen
sur tousles points de son discours nous ne soyons d’ un gros aimant, il tait sur le malade des passes
pas absolument du même avis. Avec de la bonne . dirigées sur le sujet. 11 transfère la maladie.
volonté de part et d’autre, nous arriverons cepen­ Cette opération occasionne chez le sujet des se­
dant à nous mettre complètement d’accord, j ’en cousses plus ou moins fortes suivant la nature du
garde la ferme assurance dans l’intérêt de notre mal transmis. Quand le transfert est jugé suffi­
cause. sant le malade se détache du sujet qui, de l’état
P. S. léthargiqueioù il se trouve, est amené à l’état
somnambulique. C’est alors qu’il décrit les sensa­
tions qu’il éprouve, qu’il indique le siège du mal
FAITS ET PROPOS qu’il ressent, qu’il donne des explications sur sa
situation.
11 est exact de dire sa situation, c a r — et c'est
J’ai promis à quelques personnes, dé leur com­ . là un phénomène remarquable, — le malade a
muniquer, par la voie de ce journal, les faits et transmis au sujet, en même temps que sa mala-
nouvelles se rattachant au spiritisme, qui arrive­ sa personnalité. Le sujet s’en est complètement
ront à ma connaissance. A cet effet j’ai vu Gabriel emparé. Les rôles sont intervertis. Il y a échange
Delanne qui consent à réserver, chaque mois, une de personnalité par rapport au sujet. Ce dernier
petite, place à mes articles. est momentanément devenu le malade lui-même,
Afin de me faciliter la tâche, de donner plus de dont il prend les allures, les gestes familiers, jus­
variété et plus d’importance à ces chroniques, je qu’à l’intonation de la voix, l’accent de la parole.
prie mes amis, ainsi que ceux qui s’intéressent aux Il se voit tellement dans le malade que quand
156 LK S P IR IT IS M E

en désignant ce’ui-ci, on lui demande quelle est sède pas moins de cent mille adeptes, dont une
c-itte personne ? il répond : c’est un sujet qui s'ap­ partie notable appartient à classe éclairée de la so­
pelle... un tel, et il cite son propre nom. ciété.
U Initiation, affirme que des résultats théra­ « Le spiritisme est né vers i8i>o. 11 a donc, en
peutiques viaiment surprenants sont obtenus par quarante ans, convaincu vingt millions d’intelli­
la méthode du transfert. gences, parmi lesquelles les cas d’aliénation men­
Laissant de côté les résultats thérapeutiques tales ne sont pas plus fréquents qu’ailleurs.
dont je ne conteste nullement la valeur, j’envisage « Nous coudoyons chaque jour des gens de
ces faits sous un autre aspect, et je me demande grand sens, des hommes pratiques, des industriels,
s’il n’y a, dans leur production, qu’une action des administrateurs, des savants. Ils sont spirites,
physique comme le prétendent généralement 1 es ils conversent avec les esprits, le crayon en main.
hypnotiseurs? « Ce fait doublé d’un tel chiffre force l’attention.
Quelques-uns, au nombre desquels je me trouve, « Rien n’ impressionne comme une multitude
voient une certaine analogie entre ces faits et les qu’habite une foi unique, que soulève une aspira­
phénomènes à'incarnation, tout en leur attri­ tion commune.
buant une cause différente ( i ). « La mort, cette vilaine chose à laquelle, de nos
Quoiqu’il en soit, on se trouve là en présence jours, nous nous efforçons, faute de loisirs, de ne
de questions fort intéressantes qui méritent d’ètre jamais penser, est un trou noir qui détermine un
sérieusement étudiées parles spirites auxquels le furieux appel d’air. Bon gré, mal gré, nous levons
progrès s’impose. la tête plus souvent qu’il ne nous plaît. Nous al­
Le spiritisme entre définitivement dans une lons nous accouder à l’énigmatique lucarne, et
phase nouvelle ; période scientifique qui viendra nous regardons les ténèbres. Nous frissonnons,
consolider la sublime morale de ses enseignements. l’air qui souffle là est glacial, et nous ne voyons
L ’impulsion donnée par le Congrès ne se ralentit rien que le noir. Nous n’en restons pas moins obs­
pas. Le Comité de propagande continue son œu­ tinément accotés, les yeux fixes et aveugles,,
vre, on cherche de plus en plus les moyens de mar­ cherchant dans cette nuit, nos bien aimés, ceux
cher en avant en faisant pénétrer la doctrine dans qui nous ont si souvent souri, ceux dont les lèvres
un milieu nouveau jusqu’alors réfractaire ou in­ nous ont été si douces. Nous les appelons, nous
différent. Des groupes spéciaux vont se créer dans les redemandons à l’ombre opaque. Ne sont-ils
ce but. J’en puis citer deux : l ’un, dirigé par Mme réellement plus? Nous n’avons pjurtant pas cessé
Fropo quia beaucoup de relations dans le monde; de les voir, et de les entendre. Nous n’avons ja­
l’autre par Mlle de WoLka, qui est en rapport avec mais vécu si étroitement avec eux, que depuis que
la haute société étrangère. leur place familière est vide ; c’est le son de leur
Papus fait actuellement une série de conférences voix éteinte qui souvent nous réveille le matin ;
sur le spiritualisme, à la Salie des Capucines. La ce sont leurs bonnes mains absentes qui nous
conférencedu lundi 13,octobre ira itéra du spiritisme. touchent et nous caressent. Nous les sentons joyeux
Gabriel De anne donne la dernière main à un ou­ quand nous agissons bien, affligés quand nous
vrage scientifique important, où sont exposées de sommes en faute. Cette illusion, dont nous sommes
grandes et nouvelles idées sur le spiritisme. assez grossiers pour douter, serait-elle la réalit ?
Le Figaro du 16 septembre, sous la signature: « Etdans cette nuit où nous irons aussi, nous nous
Jules Case, publie un article intitulé : L ’homme à cherchons nous-mêmes, nous cherchons noire moi
la découverte de l'âme. J’en extrais les passages futur, ce moi si intense que nous disputons à la
suivants : pourriture des choses.
« On sait par quels moyens les spirites firent « Oh I si la moindre forme se dégageait de ces
cette découverte... ténèbres, si le moindre son sortait de ce silence, si
« ... Or, il y a un an environ, le Congrès spiri'e l’horrible muette consentait un jour à parler 1
se réunissait. 11 comptait quarante mille adhérents, « Et Voici qu’elle se met à parler, non pas aux
ce qui, paraît-il, représente une vingtaine de mil­ spirites seulement, aux instinctifs, aux blessés, à
lions de coreligionnaires répandus sur le globe... ceux qui, réunis pour pleurer ensemble, s’exercent
Paris, l’incréJule Paris, la patrie de Voltaire et de à croire ensemble, irais au savanr, au douteur de
Gavrcche, nos deux grands philosophes, ne pos-1 métier, à l’investigateur méthodique et ce sang-
froid, qui ne v.us présente jamais la vérité qu’au
(1 ) Dans une récente brochure de P a p u s ■ C o n s i d é r a t i o n s bout d'un scalpel ou au fond d’une cornue.
su r l e s p h é n o m è n e s d u s p i r i t i s m e , il est établi un parallèle
entre le sujet hypnotique et le médium spirite. J’ai puisé, « Le docteur Gibier, dans {’Analyse des choses,
dans cette brochure d’excellents renseignements. essai sur la science future, écrit cette phrase :
LE SPIRITISME 157

« On peut avoir des preuves matérielles de l’exis­ La première séance aura lieu, au siège social,
tence de l’âme....................... . i 83 , rue Saint-Denis, le mardi 7 octobre prochain,
pour continuer tous les mardis suivants.
« La science ofdcielle se refuse à contrôler des Si, comme nous l’espérons, des faits intéressants
expériences auxquelles on la prie d’assister, et se produisent dans cette société, nous nous em­
qu’elle prétend sans résultat possible ; que risque­ presserons de les faire connaîire. Nous ne saurions
rait-elle, pourtant, à se déranger? son temps pré­ donner trop de preuves de la réalité des phéno­
cieux serait-il vraiment perdu ? mènes spirites.
« Oa il y a erreur, les tables ne se meuvent pas, En attendant, je vais dès aujourd’hui publier
les objets ne se transportent pas à travers l’espace, une note que M. Mongin vient de me communi­
le crayon n’écrit pas sur l’ardoise : M. Gibier, (ainsi quer, où il est question d’un fait remarquable dont
que les vingt millions de spirites), devient alors il garantit l’authenticité:
l’objet d’ une étude des plus intéressante, il affirme PHÉNOMÈNE SPIRITE
comme réels des faits qui lui semb ent tels, et qui
(Écriture automatique prouvant l'existence de
ne le sont pas ; sa propre aberration se change en
l’âme, la persistance de l’individualité et du
une réalité qu’il serait curieux d’analyser.
moi conscient après la mort.)
« Ou il n’y a pas erreur.
« Les deux cas valent la peine qu'on les exa­ Les deux communications spirites relatées ci-
mine. après ont été obtenues, à Châlons-sur-Marne, au
« Il s’indiquerait même qu’on soumît enfin le moyen de l’écriture automatique et au domicile du
spiritisme à une enquête compléta et définitive, commandant Balencie, lui présent, par l’entremise
qu’on accueillit toutes les dépositions, qu’on pro­ de Mlle Balencie, sa fille, alors médium écrivain
voquât les confidences, qu’on reco urût aux débats mécanique.
contradictoires et aux confrontations, qu’on re­ La première de ces communications est en patois
tournât les médiums, les cr oyants et les convaincus languedocien ; elle a trait à une poésie de Jasmin,
dans tous les sens. Il y a assez de fumée pour dont l’esprii, qui s’est révélé da ,s cette communi­
qu’on s’inquiète du feu dont elle émane. On enri­ cation, avait sans doute conservé la mémoire
chirait sans doute le savoir humain de quelque acquise de son vivant.
chose, quand ce ne serait que d’un chapitre docu­ Le commandant Balencie, bien qu’originaire du
menté sur la psychologie de la crédulité etdela foi. département des Hautes-Pyrénées, qu’il a cessé
d’habiter depuis plus de 40 ans, ne connaissait pas
« Nous avons absolument besoin d’une âme cette poésie. Le médium, né dans le département
immortelle, dont la réalité nous permettre d’expli­ de la Marne, n’a jamais habité le pays de son père
quer ce que nous ne saisissons pas, et d'espérer ce et ne connaît pas le moindre mot de patois langue­
que nous n’avons pas. docien
« Elle est le legs que nous ont transmis des mil­ La deuxième communication est la traduction
liers de générations, eî sur lequel, par sagesse et en français de la poésie dont il s’agit ; elle a été
amour de nous-mêmes, nous devons veiller pré­ obtenue également par l’écriture mécanique.
cieusement. Nous lui devons tout. Voici, recopiées fidèlement, ces deux communi­
« Lorsque, par affaiblissement moral et ingrati­ cations :
tude nonchalante, nous venons à l’égarer, ce sont (Il y a cinq strophes dans cette poésie, nous n’en
de véritables amisde l’humanité, ceux qui,s’aidant citerons que la première en patois, et en français.)
de la religion ou de la science, se mettent coura­ LA CAMPANO
geusement à sa recherche, et tendent au moins, de Tout és bél dins la gléyso. Aymi l’encen, las luts,
nous en rendre l’illusion bienfaisante et féconde ». L’orgo dans sa grando muzico,
Lou sermou, lou cantico,
C’est dans le but de prouver l’existence de cette L'esquiro dan sous pilchous truts.
âme et de ses manifestations, qu’une nouvelle so­ Aymri las Rougazous é sous pélerinatges
ciété d’études, née d . comité Je propagande, vient Lou sen-sacrouien é la crouts.
Aymi quan à gînouls ensemble canton touts,
de se former sous le titre de : Société du spiri­ E qué las bouès de cent maynatges,
tisme scientifique. Ban en parsan la bolto esquissa lous nuatges,
Mai co qu’aymi lou may, et toujour aymerey,
Voici la composition actuelle du bureau : Del dimeche, al dimeche et toute la sennnâno
Président, Laurent Je Faget ; vice-président, Acôs la bouès de la campâoo
Que linde lou jour et la néy.
Auzanneau ; secrétaire, Lecomte ; trésorier, Ca­ AUGUSTA,
mille Chaigneau, trésorier-adjoint, Mongin. (Poésie de Jasmin)
i 58 LE SPIRITISME

Traduction en français de la strophe qui précède ; cheurs des vérités si consolantes de l’au-delà: Salut
. cette traduction a été également donnée en vers et Fraternité !
libres, ainsique je l’ai dit, par l’écriture mécanique, Signé : A. M o n g i n .
le médium ne se rendant aucun compte, si ce n’esc Le laits de cette nature, prouvant la réalité de la
après lecture, de caractère qu’il traçait involontai­ communication entre les vivants et les morts, ne
rement : sont pas rares. Le spiritisme est une vérité. Bientôt
LA CLOCHE
personne ne l’ignorera. Déjà on en parle couram­
T out est beau dans l’église. J’aime 'encens, les Lumière« ment sans crainte d’être ridicule dans les salons,
L’orgue avec sa grande harmonie.
dans les familles, dans les établissements publics,
J'aime le sermon, les cantiques,
La clochette avec ses petits coups. dans la rue, dans les journaux, dans les livres;
J ’aime les rogations et ses pèlerinages, partout enfin, même au palais où il s’est rencontré
Le saint sacrement et la croix. • un magistrat pour en faire l’éloge. Voici en quelle
J’aime quand, à genoux, nous chantons tous, circonstance :
E t que les voix de cents enfants,
Vont, perçant la voûte, déchirer les nuages,
Quelques-uns de nos lecteurs se rappellent sans
Mais ce que j’aime le plus et toujours aimerai, doute un procès en captation d'héritage intenté
Du diir.ancfte au dimanche, et toute la semaine, par une héritière de Mme de Martres contre des
G est la voix de la cloche ! spirites : Mme Chapitey et M . Thouard. Ce pro­
Qu’elle-tinte le jour et la nuit.
cès qui durait depuis cinq ans, vient de se termi­
J’appelie tour particu'ièrement l'attention des ner devant le Tribunal civil de la Saine à la satis­
lecteurs, des observateurs consciencieux, en met­ faction de ces derniers.
tant de côté toute question de prose ou de poésie, . Le Ministère public a conclu au rejet de la
sur ce fait, le seul à retenir : demande de l’héritière, Mlle de Frileuse, qui a cté
C ’est que, pour l’obtention des deux communi­ condamnée aux dépens.
cations qui font l’objet du présent article, la per­ La Revue Spirite, publie in extenso le réquisi­
sonnalité du méiium y est demeurée parfaitement toire de M°Bulot substitut du Procureur de la
étrangère, quoique éveillée dans l’instant où il République. Je n’en citerai que quelques passages
transmettait automatiquement le message, et que ayant trait au spiritisme, pour l’édification de nos
la théorie de l’inconscient, tant employée pour contradicteurs :
expliquer les phénomènes spirites, ne peut être
invoquée, attendu que le médium ne connaît nulle’
ment le patois languedocien et, par suite, il ne « La croyance aux doctrines, aux théories spi­
pouvait pas davantage connaître la traduction de la rites, — jointe aux faits de tester en faveur d’un
poésie obtenue dans cet idiome. coreligionnaire, — sulfit-elle à démontrer la dé­
De plus, l’intelligence extra-terrestre, qui a fait mence, l’insanité, l’absence de liberté chez le do­
agir le bras et la main du médium et qui signe : nateur ou le testateur, et à permettre de supposer ‘
Augusta, — s'est révélée, dans des communications la suggestion, la captation, de la part dit donataire,
intimes, comme étant réellement la personnalité de du légataire? »
la sœur du commandant Balencie ; elle a, à de
nombreuses reprises, donné des preuves de son « Ou donc puiserait-on le droit de qualifier de
identité en rappelant au commandant des faits manie, de folie, une croyance à des théories que
remontant à trente et quarante ans, auxquels il ne l’on juge absurdes? Et qui ne voit jusqu’où on
pensait nullement dans le moment, et qui ne pou­ pourrait aller avec de semblables et si imprudentes
vaient être connus que de lui et de sa sœur, décé­ diffamations ?
dée depuis environ onze ans, à l’époque où ces « Desemblables décisions ne sauraient émaner de
communications ont été oblenues. nos tribunaux et ne peuvent être que l’œuvre d’un
Ceci établi, le fait en lui-même n’a pas besoin de tribunal d’inquisition, s’arrogeant, au nom de la
commentaires. Conséquemment, je suis eu droit vérité qu’il croit détenir, le droit de décréter d’ hé­
d’atfirmer que le commandant Balencie, et le mé­ résie détestable toute croyance contraire à celles de
dium, sa fille (aujourd’hui Mme Mongin), ont la ces membres, toute doctrine même qui, sans y être
conviction absolue, je dirai plus, la certitude, d’a­ absolument oppposée; s’en écarte dans une mesure
voir été en communication : l’un, avec sa sœur quelconque.
Augusta Balencie, et l’autre, avec le même esprit, «Allons nous, juges civils entrer dans cette voie,
autrefois sa tante. qui nous le permettrait, en vertu de quel principe
L A bons entendeurs et à tous les amis et cher- le ferions-nous ?
a Reiuseriez-vous. à un Indien, à un Chinois celle-ci : < Tous ceux qui se sont fait inscrire
membres du Congrès sans être appelés comme ce
vivant à Paris, pratiquant avec quelques compa­ fut le cas de M. J. Lermina, etc. »
triotes les cérémonies de leur culte, le droit de La lecture de ces lignes a fait croire à M. J
tester pour un de leurs coreligionnaires sous pré­ Lermina que je voulais insinuer qu'il s’était intro­
texte que Bouddha vous semble' grotesque et que duit comme « un intrus > dans notre Congrès. Ma
les préceptes de la religion vous échappent ou que phrase n avait pas des intentions si méchantes.
Elle signifiait, dans ma peosee, tout le contraire
vous ignorez la philosophie dont Confucius a été de ce que notrë éminent président y a vu.
le zélé propagateur ? Je voulais direr ni plus ni moins, que ceci:
« Evidemment non 1 « Parmi les membres du Congrès, il yen avait qui
étaient venus à nous de leur plein gré, sans en
a Pourquoi donc le spiritisme serait-il traité
è avoir été sollicités par personne, et qui, après une
moins favorablement en France que le boudd­ libre discussion, avaient accepté les deux points
hisme ? qui devaient former ia base de nos discasstons.
D’autres, au contraire, que leurs opinions ou leur
situation tenaient éloignés de nous, ont été appelés
« En matière de croyances philosophiques ou par la commission exécutive. M. J. Lermina était
religieuses, la plus grande prudence s’impose. de ces derniers ». Voilà le sens exact de ma phrase.
€ Pourquoi donc condamner cette croyance que Il me semble que la lecture de l’article tout entier
nous ne comprenons pas, qui nous échappe? l’indiquait, à supposer que la phrase elle-même,
détachée du reste, pût paraître douteuse.
« Serait-elle immorale ? Elle ne parait easeigner
que l’amour du prochain et la charité ? c’est elle, Notre honorable président a donc eu bien tort
de s’offusquer d^une expression qui, justement,
semble-t-il, qui a sauvé Mme' de Martres de sa avait pour objet de le mettre hors ide<cause dans le
folie et a transformé son avarice sordide de jadis débat soulevé p^r l’article : De la lumière! Et,
en une bienfaisance inépuisable. d’ailleurs, n’ai-je pas plus d'une fois, dans le
c Quant à ses théories mystérieuses sur ses rela­ Moniteur, rendu hommage à la correction par­
faite, au tact et au dévouement dont il a fait preuve
tions entre les vivants et les morts, entre les esprits pendant les travaux du Congrès? Il ne pouvait
incarnés et nous, je ne sais, pour ma- part, rien de me venir à l’esprit de le prendre à partie mai à
plus consolant. propos.
Bien que sa protestation n’aie pas été adressée
« En vertn de quoi décréterions-nous Terreur de au Spiritisme, j’ai tenu, par excès de scrupule, à
ces.doctrines ? La communication des esprits, le faire cette rectification. Quant à la petite note,
sciemment désobligeante, dont la direction de la
côté mystérieux de ces choses sont inacceptables, Revue a fait suivre* la lettre de M. J. Lermina, on
dit-on ; certes oui, et pourtant c’est* la, base même trouvera bon que je n’en dise rien. Je ne veux ni
des religions révélées, de celle même dans laquelle susciter, ni entretenir de vainef querelles d’amour-
nous avons été élevés, que'nous- avons ou oublier, propre.
mais que nous respectons, comme toutes les Tout vôtre.
j. B ouvéry.
croyances sincères méritent le respect.
■ y .u ro
« Disons1 donc, n’est-ce pas, que pour étranges ».

qu’elles nous semblent, les doctrines spirites mé­ n é c r o l o g ie


ritent ce respect au même titre que toutes les autres
croyances philosophiques et religieuses. » Alger, le 24 août 1390.
* • » • • • a « • • • • •
Cher monsieur,
Les paroles sensées de M. le substitut du procu­
J’ai la douleur de vous faire part de la perte
reur de la République termineront cet article cruelle que je viens d’éprouver par la m onde ma
mieux que je n’aurais pule faire moi-même. j pauvre mère, décédée, le i3 août, à l’âge de 85 ans.
A uzanneau . Soyez assez bon. cher monsieur, de ne pas l’ou­
blier dans vos prières. Je vous serai très reconnais
sanie d’en faire part aux hères et aux sœurs spi
rites, afin qu’elle ne soit pas abandonnée dans
correspondance l’erraticité, sa nouvelle patrie. J'ai déjà eu le bon­
heur d’en recevoir quelques communications.
Veuillez agréer, cher monsieur, mes salutations
* Mon cher directeur, affectueuses.
M. J. Lermina, le sympathique, et courageux Votre sœur en croyance,
président du Congrès spirite et spiritualiste, a écrit Veuve F lasseliere.
à la Revue spirite , pour protester contre “ n,® P ..S. — Voici ses noms Mme veuve Emilie
phrase de Tarticîe : De la lumière /• Paru ® ■ t Perriollat.
0

spiritisme du mois de septembre. La p ra


IGo I,K S P I R I T I S M K

Nous «vont 1c regret d’annontcr k nos lecteur* C'est pourquoi nous faisons appel à la généro­
U perte Joulouicuse qu« vienoent de fair« no« sité du public ea ouvrant au siège de la Société
Itère cincur en croyance, M. et Mmé Cochet, en la une souscription pour aider à rembourser à ‘M. et
yeraonne de leur tils Maurice. Mme Anullana l’avance' qu'ils font' des Irais de’
Noua nous associonrde
*. tout cœur à leur cfiagri*^
— -
_ ^ ^

nvts nous avons l'espoir ou plutôt la conviction


« *
cette'édition. - -
«

que et cher petit être viendra L*s réconforter, leur Qu'ils reçoivent ici le témoignage de notre pro
donner le courage de aupporter le viJe qu*a causé
v ^ B fonde reconnaissance,et aussi pour les démarches
mjudépari. UT^signation pour accepter cette dure
épreuve etTcspcrancc de le rejoindre «Jan$ un sé­ qu'a faites Mme Agullana et, qui ont abouti à
jour meilleur. trouver un éditeur qui a offert spontanément
d'imprimer ce livre en-ne voulant retenir que le
M. le docteur, Delmas, vice-président de l'Union coût du papier et des journées d’ouvrier.
spirite phoceennc, vient de mourir A Marseille. — « •

C'était un homme de bien et Je science, autre­ Bordeaux le 2 3 avril 1890.


fois medium, et toujours spirite lervcm. Le vice-président,
B l a c k m an .

BIBLIOGRAPHIE Nous ne pouvons que recommander chaléureu-


rement la lecture de.ee petit livreron t la collabo­
ration est due comme on le voit à, nos cher; e -
NOTIONS ¿LEMESTAIRKS I)E SPIRITISME prits, mais, encore à la réunion fraternelle des
DICTÉES PAU LES braves cœ ursqui s'associent pour faite le bien.^
Le mari de M m e Agullana est connu^de no;
Ceuc brochure, comme l'indique son titre, est
lecteurs, c'est le médium guérisseur et dessinateur
bien, le résultat des communications données raé-
dont nous avons parlé, plusieurs (ois.
dîuaniquem em à un de nos frères les plus,dévoués
Collaborons donc, nous. aussi,-à leur oeuvre de
et les trieo x assistés. ¿ J B ' ' " j n r f n

propagande et de charité. m H
Ce ^eiit recueil a pour but de donner des no-
tjgmj élémentaires sur la doctrine spirite et tout rce
qui a trait x;»édâlcment à l'esprit et à ses tnanifes- La ReznteUles Sciences PsycholQgjÆTes illustrée
talions. dont nous recevons le premier numéro,, va vulga­
En roici le préambule. riser les faits qui passio nent tous les esprits'ch:r,-J
Ce livre est l'oeuvré médianimique de M. E. eheurs, désireux de s'instruire et’d'apprpfondir les
.phénomènes si captivants du ¿Vlagnctisme du
Br;sse. le dévoué président de notre Société. Il a l’Hypnotisme, dulSpintiame, etc.
t'é écrit dans l'Aînée 1 8 8 1 , alors que, se féunis-
Elle mettra à la portée* de tous ses lecteurs les
Lant avec M. Thibaud%ils passaient de nombreu- moyens pratiques pour obtenir lesi effets connus,
k " soi rte s à évoquer les esprits pour s'entretenir elle étudiera et recherchera les causes des plus'
iü*ec eux, ci c est dans une de ces réunions qu'ils, étranges phénomènes.
ûceeptérem U proposition que leur ht un groupe* La Revue des Sciences Psychologiques est
d'esprits de leur dicter plusieurs ouvrages qui placée sous la direction du célèbre processeur
devaient srrvir i développer la doctrine spirite. Moutin, avec un praticien aussi consommé et des
collaborateurs comme MM. Luuis< Jacolliot, C lo­
Ûwas cz±oti\£*$c* se icouve ce petit apetçu de la vis Hugues, Edouard Philippe, Papes-, Auguste
dû'tr présentée par demande* et réponses, de Germain, Let mina, Emile,Gobudeau, Georges Mon-
l5Çt>n à en Tendre le sens plus intelligible A Pesprit torgueil, les docteurs Haks, Victor d’Auzon, no­
de* prrsunnea désireuses d'aborder l'étude du sp i- tre collaborateur de Reyle, etc., etc., elle ne peut
r iT iM a e .
que prospérer rapidement. ■ u»
Ro préface du pris toujours très élevé qu'attei­ T out ceux qui s’intéressent à ces questions
liront cette Revue. Le prix de l’abonneme t est de
gnent les o* ivres d'Allan K irJcc.ce petit livre 12 francs par an.Un numéro spédmen est envoyé
sffâve i son brute pour permettre de propager gratuitement à toutes les personnes qui en feront
Pc t*r*gncmc!lt de cette doctrine philosophique, ia demandé, à M. Mo^utin, directeur,"j 2, rue D j
sous une (orme élémentaire, il est vrai, mais sai­ perré, Paris.
L e B ib l io p h il e
sissante et don* le prix reluit (75 centimes) le rend
accessible à toutes les bourses.
Notre président, qui ne veut pas spéculer sur sa Ij 6 G é ra n t : Gabriel Delanne.
me lânimué, oiîrc au groupe les bénéfices pou­
vant résulter de la vente de ce livre. ’wp. Alcau-Lévy 24, rue Cbauchat. Vari*
8* ANNÉE. — N° II. 40 c e n tim e s le N u m éro. i°r N ovembre

LE SPIRITISME ORGANE DE L'UNION SPIRITE FRANÇAISE


Naître, mourir, renaître et progresser sans t ü i
telle est la loi. A llan K ardec .

ABONNEMENTS RÉDACTION & ADMINISTRATION


L E JO U R N A L P A R A I T
Paris et Départements 5 fr. par an. 84, rue L abruyère, Paris
UNE f o is p a r m o is
É tra n g e r.................. 6 — Rédacteur en chef : Gabriel Dklanxf.
- — ..... ....... — ^ — — — ■ 1 1 1 't» r u 7 i i i« i n B

SOMMAIRE par les ignorants aussi bien que par les savants les
plus autorisés. Ce résultat n’est plus aujourd’hui
Spiritisme et Occultisme . . rj G. D e l a n n e . sérieusement contestable, mais il rencontre encore
Société du Spiritisme scienti­ bien des incrédules ; les uns nient de parti-pris
fique ......................................... L. de F a g e t . sans vouloir contrôler les preuves que nous appor­
A la recherchedes causes (fuite). A.IB o u v ie r . tons, les autres admettent la possibilité des faits,
mais nous dénient le droit d’en tirer des conclu­
Faits et Propos............... Au z a n n e a u .
sions aussi formelles. Parmi les négateurs, nous
Bibliographie: Uu mariage fabu­ laisserons de côté Jes premiers, nous contentant de
leux ..........................................Le Bibliophile. leur recommander l’étude ; quant aux seconds, il
Feuilleton : Mémoiresd’un salon est utile de discuter leurs théories, et de leur
s p ir ite ..............................A. H u et montrer que nous n’affirmons pas à la légère, et
que, si nous sommes arrivés à la certitude de l’im­
mortalité, c’est qu’elle résulte, avec évidence, de
nos études comciencteuses et impartiales.

SPIRITISME OCCULTISME h
Laissons de côté les religions qui attribuent les
phénomènes spirites au démon. Depuis longtemps,
nos écrivains ont montré l’illogisme de cette hypo­
thèse, car avant d’admettre que l’esprit du mal soit
l’auteur de ces manifestations, il faudrait en pre­
Le mouvement spirituah'ste qui va en s’accen- mier lieu démontrer son existence, et, en admettant
luant, à mesure que l’on s’approche de la tin du même qu’il fût, il serait en contradiction avec lu
siècle, est la réaction inévitable de l’esprit humain même, en prêchant la vertu et l’amour de nos
contre les théories matérialistes qui ont régné, de­ semblab'es, ce qui se constate journellement dans
puis cinquante ans, dans les écoles et parmi le les réunions spirites. Arrivons directement aux
public. Le spiritisme a été le précurseur d’un écoles occultistes, qui en admettant les faits, les
retour aux saines traditions de l’immortalité, car attribuent à d’autres causes que les spirites. — ici
il a démontré expérimentalement que le moi hu­ nous sommeî quelque peu embarrassés, car sous
main survit à la décomposition du corps, que ce la dénomination générale, d’occultistes, nous nous
qui constitue la personnalité ne se détruit pas trouvons en présence d’une quantité de sectes diffé­
après la mort, et que l’être qui a quitté son enve­ rentes, bien que marchant sous le même drapeau.
loppe terrestre a conservé intactes la sensibilité, Nous voyons des philosophes, qui, sous le nom de
l’intelligence et la volonté ; au rement dit, il est théosophes, se réclament de la science secrète des
identique à lui-même, bien qu’il ait revêtu une temples indous ; ils prétendent la tenir directement
forme nouvelle. — Cette constatation résulte des des seuls dépositaires de la sagesse antique des Ma­
millions d’expériences faites dans le monde entier, ? hatmas de l’Himalaya, et ils traitent d’ignorants
ÏÔ2 LE SPIRITISME

et de présomptueux non seulement les spiritualistes Caillé et l’abbé Rocca sont, dans leurs spécialités
et les spirites en général, mais même, et;j c’est là le diverses, les représentants autorisés de ces nou­
côté piquant, ceux qui en admettant leurs théories, velles doctrines. L’humanité leur apparaît comme
ne veulent pas s’ inféoder à la société théoscphique ; un coi ps constitué, dont les destinées sont inscrites
ils prétendent que pour connaître l'univers et ses dans les livres sacrés, troisième source de la vérité ;
destinées, ce n’est pasen avant qu’il faut regarder, mais il faut que ces livres divins soient lus
mais en arrière, que la science contemporaine ne avec des lumières spéciales ; Il faut savoir discer­
fait qu’entrevoir confusément les premières lois ner le vrai sens des mots, qui sevoile pour le com­
de la nature,qui n’ontplus de mystères pour eux, mun des hommes, et c’est par une savante ana­
mais ils se gardent bien d’ouvrir leurs mains pleines lyse que l’on peut en extraire la vérité, sem­
de vérités, de peur d’aveugler le monde, et ils pré­ blable à un diamant caché par sa gangue ; elle ne
tendent que de même qu’il serait imprudent de con­ se révèle qu’aux yeux exercés des chercheurs pa­
fier une machine à vapeur à un enfant, de même, tients et érudits.
s’ils divulguaient leurs secrets, le monde actuel se­ C’est d’ailleurs un caractère commun à toutes les
rait bouleversé de fond en comble ¡aussi ils évitent écoles occultes de croire quels nuit du passé recèle
soigneusement de nous faire même soupçonner toutes les connaissances, à leur sorrimum, que rien
leur science infuse n’était mystérieux pour les hiérophantes des Tem­
A côté de ces illustres inconnus, se rangent les ples de l’Inde et de l’ Egypte, et que la plus sûre
Kabbalistes, admirateurs, eux aussi, d’une autre et la plus prompte manière d’arriver à la connais­
sagesse antique contenue, cette fois, dans le Zohar sance parfaite des lois de la nature consiste à dé­
et dans les œuvres des alchimistes, Pour eux, tout chiffrer les emblèmes dans lesquels nos ancêtres
est matière à symbole ; ils attachent une importance ont gravé, en traits indélébiles, les plus hauts en­
extraordinaire à synthétiser, dans les pentaclcs, seignements, les envolées les plus sublimes de la
(figure t allégoriques) les points principaux de leurs pensée humaine. '
théories ; ils en arrivent à croire que ces représen­ Sur quoi se base-t-on pour affirmer avec autant,
tations schématiques ont, par elles-mêmes, une d’assurance que le progrès n.’est qu’un vain mot?
puissance secrète ; ils sont partisans des talismans, Comment concilier ces déclarations avec la science
de la pierre philosophale et autres croyances su­ contemporaine, nous munirant, dans le passé, la
rannées ; ils déchiffrent, sur les monuments du longue et lente évolution de l’espèce humaine,
moyen âge, les hiérogly^es des vieux tailleurs de depuis l’époque quaternaire jusqu’à nos jours?
pierres, et croient aœsi que notre époque est en Ne savons-nous pas, par l’histoire, que ces temps
décadence sur le passé. Grands amateurs d’Albert- éloignés, au lieu de représenter les époques bénies
le-Grand, ne Paracelce, de Val Helmont, ils se récla- que l’on veut nous peindre, étaient le théâtre des
mentdeJacob Bœhm,de Saint-Martin,deFabred'O- guerres sans pitié pour le vaincu, mis à mort ou
iivet, de W. om?k', d. Pierre Li cas, it, plus récem­ traîné en esclavage ; que ies peuples, aussi bien
ment, d’Eliphas Lévy, qui est leur grand maître, ceux de l’ Inde que de l’ Egypte, ou de l’Assyrie,
c’est lui qui a codifié là doctrine; mais il faut, pour croupissaient sous la tyrannie toute puissante des
le comprendre, avoir l’esprit préparé, savoir inter­ prêtres et des rcis, et les ossements des millions
préter le sens caché de ses écrits ; c’est probable­ de victimes immolées au farouche orgueil des pha­
ment pourquoi tant do pauvres diables, comme raons, mourant d'épuisement et de misère, for­
vous ou moi, ne voyons dans ces livres que des meraient îles pyramides plus hautes« t plus ternb'es
rêveries mystiques et des conceptions bizarres, no que ces géants de pierre, immobiles et sinistres
s appuyant sur aucun fait positif. témoins de l’exécrableainocratie d; ces temps bar­
Ils se donnent aussi le nom d’hermétistes, en bares. Où voyez-vous la pitié pour le faible? quelle
souvenir d’Hermès Trismégiste, qui est lesanctum institution pourrez-vous citer qui représentera la
sanctorum, l’alpha et l’oméga des connaissances charité dans les temps antiques. Vous ne trouvez
ésotériques. partout que le terrible droit de la force s exeiçanl
Voici venir ensuite une pléïade de penseurs qui brutalement, et, comme unique loi, celle du talior,
forment la transition entre les kabbalistes et les exigeant implacablement œil pour œil, dent pour
spirites, empruntant aux uns et aux autres une dent.
partie de leurs doctrines ; ils les amalgament Comment voir le piogrès, quand on compare
avec les croyances du christianisme primitif, et en le tort de nos paysans à celui des innombrables
composent une mixture étrange, pour quiconque rois qui se sont succédé en Asie et en Europe,
n’est pas initié à leurs recherches et à leurs procé­ depuis les temps historiques. — Toujours et par­
dés d’investigation. — Alber Jouhney, René tout nous voyons les multitudes asservies arroser de
LE SPIRITISME] 63

leur sueur et de leur sang les sillons dont les dans des conditions infimes, lesquelles ont été en
riches moissons appartiennent aux nobles, aux s’améliorant au fur et à mesure que l’intelligence
prêtres, aux rois. — C ’est uneimmense clameur de a progressé. C’est vers l’avenir qu’il faut tourner
souffrance que poussent vers nous, à travers les les yeux, et la splendide efflorescence des sciences
siècles, les parias de l’Inde, les peuples de l’É ­ actuelles nous montre assez que l’âge d’or est
gypte et de l’Assyrie, les compagnons de Serto- dans l’avenir et non dans ce passé sanglant et
rius et nos ancêtres les Gaulois, râlant sous l’op­ barbare vers lequel on veut sans cesse nous ra­
pression romaine. Non ces temps ne représentent mener comme à Valma parens de toute science et
pas l’idéal et ils ne nous font pas voir que l’assou • de toute vertu.
vissement des plus basses passions, et le sang des Mais, quoi qu’il en soit des croyances des occul­
Gracques a vainement coulé pour la défense des tistes, il ne nous plaît pas de faire un procès de
principes de vérité et de justice, universellement tendances ; nous voulons les juger avec impartia­
méprisés. — Athènes, avec ses merveilleux phi­ lité, en discutant soigneusement leurs doctrines.
losophes, punissait avec la dernière cruauté, les Il est fort difficile de trouver clairement et simple­
colonies rebellées contre son despoti me, et, malgré ment exposés .’es enseignements occultes en ce qui
l’éclat pompeux des discours de ses rhéteurs, mal­ concerne les phénomènes spirites ; cependant nous
gré le prodigieux talent de ses statuaires, je reste considérons lo résumé fait par notre ami Papus, au
insensible à ses fastes, en songeant q te la torture, Congrès spirite comme i’expression la plus claire
l’esclavage et la débauche déshonoraient le radieux et la plus simple des théories occultistes et théoso-
diadème des 3o,ooo citoyens d’Athènes, opprimant piiiques ; c’est lui que no js allons mettre à contri­
des millions d’hommes. bution dans notre examen comparatif.
D’ailleurs, que peuvent nous faire les méditations G. D e l a n n e .
plus ou moins profondes des prê'res, jouissant
(A suivre).
égoïstement au fond de leurs temples d honneurs
et de pouvoirs presque divins. Les voyons-
nous s’adresser au peuple pour lui élever l’âme et
le cœur, en lui prêchant la vérité? Non, alliés aux
rois, ils gardent jalousement les quelques lueurs
qui ont percé les épaisses ténèbres de l’ignorance Siège social : rue Saint-Denis, 183, à Taris
générale et laissent s’accréditer les superstitions
les p'us ridicules, car ils savent bien que plus un
EXTRAITS DES STATUTS ET RÉGLEMENT
peup'e est ignorant, plus il est faci'e à dominer. —
Mats victimes eux-mêmes de l’éducation corruptive Article premier des statuts. — La Société du spi­
qu’ils ont semée, nous les voyons, à l’heure du ritisme scientifique a pour but :
danger, abandonnés de leurs sujets, livrés sans io L’étude des phénomènes spirites et des lois
défense à l’envjhiseur.
qui les régissent.
L ’âge d’or n’est pas dans le passé. L’humanité,
2° La discussion des causts qui interviennent
sortie par un long et patient effort des langes de
dans les phénomènes, et des conséquences philoso­
la bestialité, s’élève lentement vers des conceptions
phiques et morales qui en découlent.
de plus en plus hautes de la nature et de l’univers.
— A masure que l’esprit se développe, le panu- 3° Le développement rationnel de la médiumnité.
rama se déroule. La fraternité, qui n’était qu’ un Article 5 . — Toute personne désirant faire par­
vain mot à l’origine, s’affirme, à notre époque, rar tie de la Société devra être présentée par deux de
des actes ; notre parenté spirituelle s’étend non- ses membres et connaître les éléments principaux
seulement à la terre, mais aux humanités sidé­ du spiriiisme.
rales ; nous sentons de plus en plus que nous fai­
DES SÉANCES
sons partie intégrante et solidaire de l’infini et
que le bonheur est et sera toujours proportionnel Article premier du règlement. — Une séance
aux efforts que nous ferons pour en doter les ouverte à tous les sociétaires a lieu le premier
auties. — Tout dans la nature nous fait voir que mardi de chaque mois, de 8 h. 1/2 à 10 h. 1/2 du
rien n’apparaît à l’état parfait, qu’il faut une ge­ soir.
nèse évolutive pour amener un être à son entier Elle est consacrée aux conférences contradic­
développement;l’humanité, encorps, évolue comme toires, causeries, discussions et lectures.
un individu, et loin d’avoir joui à son aurore d’un Les personnes étrangères pourront y être admi­
bonheur parlait, nous croyons qu’elle a débuté ses sur invitation.
u
164 LE SPIRITISM E

Article 2. — Une séance fermée a lieu le troi­ voltant qui voudrait envahir successivement toutes
sième mardi de chaque mois, au* mènes heures. les couches de la société, — laissez-moi vous dire,
Elle a pour but la formation des médiums, l’é­ non sans une légitime fierté, que nous avons pour
tude des phénomènes courants du spiritisme, tels mission de planter le drapeau du spiritualisme
que la typtologie, l’écriture intuitive et mécanique, fraternel, du spiritualisme expérimental, qui abrite
les incorporations d’esprits et autres manifestations dans ses plis la science, c’est-à-dire la vérité !
du même genre. Je ne prétends pas que nous soyons les seuls,
Article 5. — Les séances des deuxième et qua­ nous spirites, à posséder cette vérité précieuse qui
trième mardis sont consacrées à l ’étude scientifique est le pain des forts. Peut-être ne sommes-nous
des phénomènes les plus probants, tels que les dépositaires que de quelques-unes de ses parcelles
matérialisations d’esprits, les apports, l’écriture lumineuses. Mais nous avons le désir et la volonté
directe, etc. d’étendre nos conquêtes scientifiques, dans le do­
Ces genres de manifestations demandant des maine que nous nous sommes tracé, avec l’e pair
milieux restreints et homogènes, nul ne sera admis d’approcher de plus en plus de cette vérité absolue
à ces séances s’il n’est déjà sociétaire, et les mem­ que nul ne peut atteindra, mais dont nous devons
bres de la Société eux-mêmes n ’ y assisteront qu’à successivement embrasser tous les relatifs qu’il
tour de rôle, lorsque des résulta's positifs auront nous est permis d’aborder ici-bas.
été constatés. De tous côtés, vous le savez, la société, dont les
institutions s’améliorent, doit combattre dans son
Article 6 . — Cependant, on pourra y admettre, sein l’égoïsme individuel et les honteuses passions
exceptionnellement, des hommes d’étude, des de l'homme ; la littérature actuelle, il faut bien le
savants sans partipris, qui, dans l’intérêt de la ; reconnaître, n’est pas faite pour améliorer les
science ou de la vérité, voudront s’éclairer sur la mœurs : elle est, trop souvent, une école de dépra­
réalité des phénomènes spirites. vation où l’on voit les appétits les plus grossiers
L ’expérience ayant démontré que l’obtention des conduire fatalement aux crimes las plus atroces.
phénomènes est soumise à des intermittences, ces Les religions s’effondrent, parce qu’elles ne pré­
personnes étrangères voudront bien s’engager à sentent plus au rationalisme de notre époque,
suivre plusieurs séances d’expérimentation, avant qu'un amas confus de doctrines surannées, ineptes
de se croire fondées à rejeter comme insoutenables pour la plupart, jointes à des principes élevés dans
ou erronées les manifestations des Esprits. l’ordre moral, mais insuffisants pour guider les
Ces personnes seront tenues de signer les procès- hommes sans le concours de la science.
verbaux des séances. C’est l’heure que nous choisissons pour dire à
Article 7. — Des groupes fermés seront organisés ceux qui doutent, à ceux dont l’âme est ulcérée :
chez les sociétaires qui accepteront cette tâche, confiance et courage ! vos maux sont temporaires et
dans le but d’aider à la formation des médiums. — nous en sommes absolument convaincus — un
avenir éternel attend vos âmes ; non cet avenir
Article 13. — Les membres de la Société versent
heureux qu’on nous a peint dans un ciel circons­
une cotisation annuelle minimum de six francs.
crit, en dehors de l'univers visible, au sein d’une
béatitude inactive et contemplative; non cet avenir
malheureux qui nous fait résider dans un Enfer
Discours de M. A. Laurent de Faget, président, à après la mort ; mais un avenir de travail, de lutte?,
la séance d’ouverture de la Société du spiritisme de devoirs mieux accomplis, de progrès et de
scientifique, le 7 octobre 1890. bonheurs plas grands, dans une succession d’exis­
tences qui nous permettront de nous élever peu à
Mesdames, Messieurs,
peu vers l’idéal supérieur de l’humanité.
C’est avec une vive joie que nous ouvrons cette C ’est à notre époque transitoire, où le souffle de
première séance de la Société du spiritisme scien­ la Libre-pensée court parmi les hommes, leur
tifique. inspirant la volonté d’agir par eux-mêmes, mais
A cette heure où, même en France, l’esprit de où, en même temps, la prise de possession de leur
coterie, le fatanisme des uns, l’incrédulité systé­ libre-arbitre, encore peu éclairé, les entraîne à
matique des autres, et l’indifférence de la plupart, tant d’écarts que l’avenir modifiera ; c’est à cette
en matière philosophico-religieuse, faussent le ju- heure critique de relèvement, au milieu des tâton­
gementde la nation, et font perdre au cœur humain nements inévitables d’ une société qui ne sait pas
quelque chose de sa spontanéité et de la fraîcheur encore où elle tend et qui se sent mal à l’aise dans
de ses sentiments ; en face d’ un ’ matérialisme ré­ les langes qui l’enveloppent ; c’est à cette heure
LE SPIRITISME 165

qu’il nous a paru naturel d’ouvrir notre école de gnifiques congrès de Barcelonne et de Paris, nos
spiritualisme expérimental. idées ont fait quelque chemin parmi les hommes.
N’obéissant à aucun parti pris, sans autre ambi­ Le spiritisme n’est pas encore reconnu officielle­
tion que celle d’être vraiment utiles en nous ment par la science, mais nous avons lieu d’espérer
appuyant sur le fait pour édifier la théorie, nous qu’il forcera les portes des Académies. Pour cela,
voulons étudier les phénomènes spirites, analyser notre Société doit viser à le dégager de son admi­
leurs causes, rechercher leurs conséquèuces philo­ rable mais trop important bagage de doctrines
sophiques et morales, travailler — en un mot — à philosophiques, pour le ramener à quelques idées
constituer les bases d’une viaie science de l’âme. claires et pratiques, et surtout à l’expérimentation
On nous trouvera peut-être bien prétentieux, de ses phénomènes d’ordre physique, considérés
mais, sans puérile vanité, nous osons dire que comme les plus probants.
nous avons l’intention de ne copier personne dans Chacun de nous est libre de ses opinions philoso­
la marche que nous voulons suivre. phiques ou religieuses. Notre société, n’épousant
Certes ! le spiritisme s’est affirmé par des mani­ les querelles d’aucune école — spirite, matérialiste,
festations extraordinaires d’où il a fait découler athée ou cléricale — entend-ss placer en dehors de
tout un enseignement philosophique'digne d’attirer toutes les influences personnelles, de tous les partis
l’attention et d’imprimerie respect. pris orgueilleux, de toutes les tendances déraison­
Cependant, nous ne saurions nous courber dévo­ nables, pour consacrer son temps, ses efforts et
tement devant aucun article de foi. Nous voudrions tout ci qu’elle possédera d’intelligence et de cœur,
presque nous placer au point de vue exclusif de à la recherche patiente et suivie de ce qui peut
celui qui, plein de sympathie pourles enseigne­ prouver â l’homme qu’il a une âme et que cette
ments spirites, désire expérimenter par lui-même âme ne peut périr !
les faits du spiritisme, pour être absolument cer­ Si nous sommes dans le vrai, et mus en avons
tain de la réalité des communications entre le la conviction profonde, ne sentez-vous pas que
monde visible et le monde invisible, et en tirer les notre action constante, dévouée, désintéressée, doit
conséquences qu’il croira justes et naturelles. produire les meilleurs résultats, soutenir l’homme
Pourquoi nous plaçens-nous dans cette condi­ dans ses malheurs, dans ses luttes, dans ses dé­
tion primitive, nous qu’une longue expérience faillances ! Qui est-ce qui ne voudra étudier avec
semble avoir depuis longtemps éclairés ? — Pour nous les problèmes de ¡a vie future ? Qui est-ce qui
plusieurs raisons : La première, c’est qu’il est bon ne voudra savoir ce qu’ il y a de vrai dans les ma­
de se retremper dans les origines spirites, comme nifestations spirites? C’est aux savants surtout que
il est bon de relire parfois sa grammaire, quand nous nous adresserons : pourquoi? Pour qu’ils puis­
on croit avoir acquis beaucoup de style et qu’on sent expérimenter des faits qui sont la base d’une
s’aperçoit qu’on a oublié certaines règles élémen­ nouvelle science, plus belle et plus féconde que les
taires. La deuxième raison, c’est que plusieurs plus utiles de celles dont l’humanité est fière à si
interprétations de l’enseignement des Esprits, telles juste titre !
qu'elles sont formulées dans les ouvrages fonda­ Murés dans des dogmes, pour si imposantes
mentaux de la doctrine, ont été combattues, même qu’eussent été ces forteresses religieuses, nous
dans nos rangs, et parfois avec une certaine âpreté n’avions nul espoir d’attirer à nous les esprits qui
peu compatible avec les principes de fraternité qui pensent, travaillent et agissent sous le souffle de
découlent naturellement du spiritisme. Des pen­ cette grande émancipation humaine qui nous vient
seurs, dont nous ne partageons pas toutes les opi­ de-178g 1.
nions, mais qui se rapprochent de nous sur cer­ Ne vous semble-t-il pas qu’il est temps d’ouvrir
tains points, ne comprennent pas comme les spi­ toutes grandes les portes du Temple de la Vérité?
rites la nature des Esprits et leur mode d’action sur Tous les hommes, sans distinction de culte, peuvent
la matière. Nous ouvrons cette école de spiritisme sc prosterner devant cette déesse à la nudité chaste
pour y entendre nos contradicteurs, éclairer nos et au front rayonnant 1 Les dieux créés par l’igno­
convictions réciproques en les mettant en contact, rance et adorés par le fanatisme, à qui on prête
e>, d’ un débat sérieux et fraternel, faire ressortir, tous les vices de l’humanité, ne nous inspirent que
nous l’espérons, la vérité sans alliage qui est lé but le mépris auquel ils ont droit. La religion du vrai
de nos efforts. est la seule dont le culte ne soit pas dérisoire et
La troisième raison que nous voulons invoquer, dont la foi ait des racines profondes.
c’est que, grâce aux publications spirites si nom­ Dans notre amour de la. vérité, scientifiquement
breuses aujourd’hui, grâce à la multiplication des démontrée, devons-nous aller jusqu’à répudier les
sociétés et groupes spirites, et surtout aux deux ma­ auteurs qai ont écrit sous la seule inspiration de
i6 6 LE SPIRITISME

leur conscience ? Pouvons-nous rayer d’un trait de éternel sur le seuil d’ un monde meilleur que le
pluine les ouvrages spirites basés sur le raisonne­ nôtrel
ment, et, en particulier, ceux d’Allan-Kardec dont, Médiums! la tâche qui vous incombe est bien
la logique et le bon sens ont été nos premiers gui­ importante. Elle exige de vous un grand dévoue­
des dans l’étude du Spiritisme ? ment, et nous comptons sur le vôtre. Vous êtes les
Nous honorons et nous aimons tous ceux qui natures choisies pour faire triompher le vrai spiri­
ont servi l’humanité d’un cœur sincère. Qu’im­ tualisme ; nous vous serons reconnaissants de ce
porte que quelques-unes de nos conclusions s’éloi­ que vous voudrez bien faire pour atteindre ce
gnent de celles qui ont été formulées par nos pre­ but.
miers initiateurs! C’est vers l’avenir que nous Vous serez, parmi nous, au milieu de frères qui
marchons : pourquoi nous montrer toujours le vous aideront de leurs conseils affectueux, vous
passé? Rendons justice aux intentions et aux tra­ soutiendront de leur confiance et vous remercieront
vaux de nos illustres devanciers, mais développons d’employer vos facultés au service de notre grande
sans cesse leur œuvre et ajoutons-y autant que cause. Ne laissez jamais se glisser entre vous la
possible, sans nous laisser arrêter par les lamenta­ jalousie, qui fait perdre la notion du vrai et du juste
tions de ceux que toute nouveauté effarouche et et ulcère le cœur, l'orgueil qui plonge dans l'âme
qui redoutent toute marche en avant. scs dards empoisonnés.
Ceci dit, Mesdames et Messieurs, permettez-mo Nous devons être des rationalistes et non des
de me préoccuper un instant des travaux que notre mystiques : vous serez donc conviés à Li.ser pren­
Société doit accomplir. dre à ceux qui dirigeront nos travaux, toutes les
Avant tout, il faut appeler à nous des médiums, garanties désirables pour que nul ne puissse ré­
ou en former avec les éléments dont nous disposons, voquer en doute l ’authenticité des laits obtenus
Qu’ils sachent bien à l’avance, ces médiums, que par votre intermédiaire. Sachez.accepter ces condi­
dans notre Paris, qu’on a coutume de représenter tions pour rendre plus éclatante la vérité qui doit
comme absolument sceptique et railleur, ils trouve­ sortirde nos expériences. Votre abnégation, la fra­
ront de nombreuses et profondes sympathies. Nous ternité de votre dévouement, vous rendront dignes
aurons soin, du reste, de ne les mettre en contact de la considération universelle, et vous aurez de
qu’avec des personnes honorables et sérieuses, afin plus la joie a’avoir contribué à démolir le vieil
qu’ils puissent remplir, dans le calme et la sécurité, édifice de haine, d’obscurantisme et de troublantes
la miasion qui leur sera confiée. Aucune épigramme erreurs qui a trop souvent abrité l’humanité.
ne peut atteindre, aucune attaque injuste nesaurait Haut les cœurs et en avant ! Tenons les yeux
•blesser, d’ailleurs, ceux dont l’esprit s’élève au- fixés sur le monde spirituel qui nous avoisine et
dessus delà sottise humaine pour contempler l’idéal d’où nous verrons jaillir la lumière nécessaire au

personnes habitant mon beau pays battu par les


1ËM0IRES D'UjUALON bPIRITE vagues.
D. — Qui êtes-vous ?
DEUXIÈME PARTIE R. — Un malheureux capitaine d'un petit na­
Ceci est un petit recueil de communications qui vire de pêcheurs qui a péri dans les flots, il y a
ont été obtenues par des coups frappés et, les plus 17 ans. (Aujourd’hui 46 ans).
longues, par l’écriture. Ces messieurs, que j’ai — Comment vous nommait-on ?
cités dès le commencement, venaient régulièrement R. — Valois.
chaque semaine, et la conversation s’animait entre D. — Comment peut-on savoir si ce que vous
esprits et vivants comme dans un salon plein de
dites est vrai?
savants. Ainsi qu on le verra, il y avait souvent
R. _ Vous trouverez dans votre église de Saint-
“des phraœs très intéressantes dictées par l’Esprit
Jacques un tableau que mon pauvre Louis a fait
d’une personne qui, sur la terre, a été remarquée
faire pour ses hommes sauvés , il a bien prié pour
pour avoir une intelligence supérieure, comme
moi, le pauvre homme, tuais je voudrais encore
es Rabelais, les Channing, les Pascal, Fénélon,
une petite prière.
Mme Swetchine, Galilée, Mo.ière, et autres.
D. — Pourquoi venez-vous à nous?
COMMUNICATION FRAPPÉE LE 5 JANVIER 1861 R. — Parce que vous êtes de mon pays.
D. — Qui vous a dit que nous pouvions vous
Permettez à un pauvre Esprit encore errant, de
demander une prière à des compatriotes, à des être utiles ?
LE SPIRITISME 6?

bonheur de l’homme, à ses progrès intellectuels et de l’âme, de sa survivance au corps, de son immor­
moraux l talité 1
Si quelques personnes, amies des solutions im­ Et alors, avec le concours de tous ceux qut tra­
médiates, nous demandent plus que nous pouvons vaillent à une même œuvre que la nôtre, nous
actuellement donner; si elles veulent que nous verrons tomber peu à peu les barrières qui séparent
nous prononcions catégoriquement sur certains les hommes : ceux-ci comprendront enfin le but
points contestés encore dans le spiritisme, nous de leur passage ici-bas; ils comprendront qu’ils
répondrons que rien n'arrive à maturité avant sont issus de la même origine et qu’il tendent vers
l’heure. la même fin; que les obstacles accumulés sur leur
Nous ne nous sommes pas lermé l’accès des ques­ route individuelle et sociale, sont les moyens que
tions de haute philosophie, d’économie sociale, de choisit la destinée pour les élever moralement et
science absiraite et de morale élevée. Lé Spiritisme intellectuellement par l’étude, le travail et la souf­
est un vaste champ où, quelque soit le nombre france.
des miissonneurs, on trouve toujours des épit à Alors, la grande fraternité des peuples pourra se
glaner. Mais, nous le répétons en terminant, notre greffer sut la fraternité des hommes devenue réelle
premier but est et doit être de constater et de et toujours plus effective; et les ombres du mal,
taire constater par la science la réalité des phéno­ chassées par les rayons de la pure lumière spirite,
mènes spirites. disparaîtront de l’humanité. Ce sera l’ère de l’har­
Quand nous aurons prouvé aux hommes d’étude monie sociale, entrevue par tous les penseurs de
sans parti pris, qu’il y a des intelligences qui se com- génie. Préparons-la, Mesdames et Messieurs, et
muniquent à nous de l’autre côté de la tombe, nous soyons sûrs que l’avenir bénira nos efforts !
estimons que nous aurons fait faire un grand pa">
à la philosophie moderne. Joignez-vous donc à
nous, philosophes libr:s-penseurs, spiriualhtes ou
matérialistes, qui, sincèrement, voulez demander A LA RECHERCHE DES CAUSES
à la nature les secrets de la vie! Que notre objectif
devienne ie vôtre! Nous nous joindrons à vous, à
(Suite)
notre tour, peur donner satisfaction â vos justes
revendications ou à vos aspirations idéales ! Mais Je trouvai déjà la ample matière à méditer, mais
s.'chez attendre et travaillons ensemble avec esprit j ’avais soif de savoir, et ce guide, dont il m’av.it
de suite, constance, dévouement et bonne entente. parlé, m’interressait au plus haut pjint, je voulais
De nos efforts communs sortira plus grande la cer­ stveir ce qu’il éta't et pourquoi il était avec moi,
titude que tous recherchent, la preuve de l’existence comme la plupart des h >mmes je me croyais assez

R. — Croyez-vous que noua ne savons pas que tous, du moins, quel est ce mal qu’on nomme : le
de bonnes âmes prient pour nous. mal du pays. C ’est l’amour incessant du sol n ital,
D. — Quel est ce Louis dont vous parlez? c’est une idée fixe tournée sans cesse vers les 11 ux
R. — C ’était mon second à bord. témoins de nos jeux d’ enfants ; rien ne saurait dis­
D. — Où se trouve le tableau? traire de cette pensée; on en meurt si l’on ne peut
R. — Dans la chapelle de Notre-Dame-Je-Bon- aller respirer l’air que respirent nos pères. Eh !
Secours. bien, il est a .ssi un mal analogue à celui-ci, quoi­
D. — Qui vous a dit de venir à nous ? que tout à fait opposé: c'est le im l du Ciel. Les
R. — C’est un bon esprit supérieur qui me l’a âmes qui en sont atteintes sont de pauvres exilées
dit. qui languissent sur cette terre. Les p’aisirs, les
D. — Comment se nommait votre bateau? joies de ce monde se traduisent chez elles par des
R. — Il se nommait l’Automne. larmes. Le cri de l’oiseau célébrant le lever de
D. — Et votre second ? l’aurore, l’hymne de la nature en honneur de la
R. — Louis Coûteux. Cherchez, vous le trou­ bonté divine, toutes les harmonieuses poésies les
verez à Dieppe. inondent de trop de bonheur; elles étouffant, elles
P . S . Des personnes habitant Dieppe ont fait se flétrissent, elles meurent; rien ne saurait le?
des recherches dans le pays, tout s'est trouvé très retenir à la terre ; tous leurs vœux, tous leurs dé­
juste. Fait curieux d’identité.
sirs sont pour la patrie céleste dont elles sont éloi­
COMMUNICATION, 2 MARS 1801 gnées ; elles ont la nostalgie du ciel.
Mes amis, si vous ne l’avez éprouvé, vous savez A ces pauvres anges jetés sur ce globe, il faut la
168 LE SPIRITISM E

fort pour me conduire dans la vie sans avoir besoin de même pour tous ceux qui se livrent à la recher­
de ciceronne, ceci me semblait encore un non sens che des causes.
ou une mystification de la part de mon sujet, je Après avoir voulu combattre les théories spiri­
me réservais donc d’étudier de ce côté quand l’oc­ tes, je suis pour ainsi dire forcé de les accepter,
casion se présenterait et elle ne se fit pas attendre, étant données les nombreuses preuves tant intel­
a quelques jours de là, une dame de connaissance ligentes que matérielles qui tombèrent chaque
me proposa d’aller à une réunion despintes, chose jour sous le scapel de ma raison et qu’il m’était
que j’acceptais volontier mais avec l ’idée bien impossible d’expliquer autrement que par la vo­
arretée de me rire de ces morts parlant aussi bien lonté agissante d’une puissance occulte en dehors
que des vivants les faisaient parler, mais quelle ne de nous.
fut pas ma surprise quand au lieu de voir des phé­ Mais revenons aux faits pour nous convaincre
nomènes de ventriloquie ou des tours de passe- encore que dans la plupart des actes de la vie, soit
passe je me trouvai dans un milieu sérieux et dans l'état de santé, soit dans l’état de maladie,
recueilli où chacun semblait heureux d’écouter les nous subissons très souvent à notre insu, l’action
paroles du président qui engageait les incrédules à des invisibles qui nous entourent; j’en citerai quel­
se rendre compte par eux-mêmes, après avoir pré­ ques uns au hasard parmi ceux bien contrôlés sur
alablement pris connaissance des ouvrages traitant certains malades venus réclamer mes soins, pour
la question, afin de réfléchir avant que de rire; libre adoucir leur maux dans la mesure du possible.
d’accepter ou de rejeter ensuite tout ce qui paraî­ Depuis longtemps déjà je faisais le transfert en
trait logique ou illogique, profitant de la leçon, je me servant pour cela de sujets qui tombent en crise
me procurai aussitôt les ouvrages signés Allan- en face de personnes affectées de certaines maladies,
Kardec, Crookes, Gibier, Delanne et autres, ainsi dites d 1 domaine de l’hysterie ou de la névrosé, sans
que ceux de divers critiques bien connus, afin de pour cela pouvoir définir sûrement quel était le
voir le pour et le contre, et je pus ensuite me con- pourquoi de ces crises et du soulagement éprouvé
vàincre par le raisonnement beaucoup mieux que par Jes malades après chaque expériences, je ne
par les faits que la moit n’est pas la fin de la vie’ pouvais encore admettre la théorie émire par le su­
Je sais bien que le raisonnement ne peut satisfaire jet dont il est parlé plus haut, c’est-à-dire qu’en
complètement la nature humaine et que l’homme certaines circonstances des esprits ou êtres invisi­
de science ne saurait se contenir d’une simple bles quelconque peuvent manifester leur prc:ence
hypothèse; mais les faits eux-mêmes et ils sont en prenant possession du corps de sujets spéciale­
nombreux, sont venus appuyer mon raisonnement, ment doués à cet effet. Quand, dans le courant de
confirmer mes hypothèses et me donner entière ! l’année 1886 j’eus l’occasion de soigner une dame re­
satisfaction. Je désire de grand cœur qu’il en soit belle à toutes les médicationssuiviesjusqu’alors; de-

vue de Dieu, il faut le monde où nous vivons actuel­


COMMUNICATION, 6 AVRIL 1 8 0 1
lement. Aussi, parents et amis, consolez-vous ;
pour celui qui vous quitte, la mort n’est pas un Permettez mes frères, de venir à vous ; je me
malheur, c’est souvent un bonheur bien grand, ferai un plaisir de vous servir de guide, je serai
c’est le comble de tous ses vœux, et vous l’en­ un de vos bons esprits familiers, et je me ferai un
vieriez si vous pouviez vous élever à la hauteur devoir de vous aider à avancer dans la voie du
de ses sublimes aspirations. Que cette idée fasse bien. Mon premier conseil est qu’il faut pratiquer
cesser vos larmes ; ne nous plaignez pas ; gardez- la charité ef surtout le pardon des injures. Dieu
nous seulement un souvenir jusqu’à votre der­ a pardonné à tous. Il ne faut jamais juger et con­
nière heure. — Gérard de Nerval. damner son frère. Que celui qui est sans péché
Pauvre Gérard de Nerval, homme d’un esprit lui jette la première pierre, dit Jésus à ceux qui
supérieur qui s’est laissé entraîner par des folies ; allaient lapider la pauvre pécheresse. Vous êtes
il a tout vendu, tout dissipé, il s’est trouvé dans la tous fautifs, et comme guide, je vous dirai à mon
misère, il allait coucher dans les asiles des pauvres. tour: que celui qui n’a rien à se reprocher con­
Un so:r il ne trouva pas de place, tout était pris ; damne son frère. S’il est coupable aux yeux de
de honte et de désespoir il s’est pendu. Quel mal­ Dieu, ce père si bon et si juste se chargera de sa
heur ! Un esprit aussi élevé quitter la terre de punition. Loin de vous haïr, comme vous le faites,
cette manière, dans sa triste position, ne voulant tâchez de vous aimer, cette pratique sera douce à
rien demander, il a quitté le monde. Que Dieu lui votre cœur.
pardonne. Celle qui veut être votre guide devrait être une
LE SPIRITISME 169

puis quinze ans elle avait destroub'escérébraux qui titudeque je suis bien en face d’une intelligence
obligèrent sa famille à l’interner dans un établis­ autre que celle du sujet lui-même ; il me donne
sement spécial d’où cependant elle était sortie pour des détails très circonstanciés concernantJa malade
restera la garde des siens, qui,.lassés de tout, vou- et cela tout à fait en dehors des connaissances que
lurentenfin essayer du magnétisme; après quelques nous pouvions avoir aussi bien l’ un que l’autre,
séances elle avait retrouvé son calme d’esprit, 1es détails qui me furenr confirmés plus tard par les
idées de suicide qui l’obeédaient sans cesse avaient intéressés.
disparues s 1 santé paraissait florissante, quand de Quand je voulus connaître quelles étaient les
nouveau elle retomba plus fatiguée que jamais, raisons, pour lesquelles cet être invisible mais
alors j’eus recours à mon sujet pour en connaître intelligent, s’attachait à cette malheureuse, il me
la cause que je pus facilement supprimer dit je suis son beau-frère un tel ; il y a seize ans
Une fois le sujet endormi, je le priais de voir que je suis mort pour les terriens mais en réalité
uuuoaqcette malade était ainsi retombé eo it je vis, pendant mon existence matérielle nous
voici ce qu’il me dit : cette dame est obeédée, en n’avions aucune sympathie l’un pour l’autre sans
la magnétisant régulièrement vous la guérirez cer­ savoir pourquoi, aujourd’hui que j’ai quitté mon
tainement, peu à peu vous la dégagerez des fluides corps j ’en connais la cause et je veux me venger
impurs qui l’encombrent, par li vous : ouperez les du mal qu’elle m’a fait, ce disant il paraissait fu­
forces de l’obcesseur qui, finalement se retirera rieux ; je m’efforçais de le ramener à de meilleurs
vaincu, alors, ce stra la santé pour elle et la tran­ sentiments, je l’exhortais à revenir dans une autre
quillité pour sa famille, mais si vous voulez, vous voie, par tous les moyens en mon pouvoir, lui fai­
pourrez la débarrasser encore plus vite, en faisant sant entrevoir le but de l’existence, quelles sont
communiquer l’esprit qui la tient ainsi. Je lui les douleurs causées par nos mauvaises actions et
demandais par quel moyen ? Il me dit la chose est quelles sont le s joies apportées par les bonnes, je
très simple, je vais l’appeler ayez vous même le cherchais en un mot a faire pénétrer dans cette
désir qu’tl prenne possession de mon corps, après âme endurcie un peu de repentir au sujet de sa
quoi vous pourrez lui faire comprendre plus facile- conduite présente, lui faisant entrevoir un avenir
, ment ses torts, vous le moraliserez avec fermeté et meilleur s’il voulait oublier les choses du passé,
douceur, je crois que vous en aurez bientôt raison. puis, nous lais-âmes là cet entretien avec promes­
En effet après un instant de recueillement le su­ ses réciproque de causer plus longtemps une autre
jet tombe en crise, menaçant de tout casser si je ne fois; le sujet éprouve aussitôt une sorte de convul­
le laisse tranquille, je lui ordonne d’être calme sion puis revient à son état normal sans se souve­
afin de me taire connaître les raisons qui le font nir de rien.
agir ainri, et d’après son langage j’acquiers la cer- Deux jours après nouvel entretien, où il me
M » » a a a M J lU l-IU l-.JlU.LI:llJLJJll».'I. U l. .^ l ll L I I LIL .lll . l | ll l l l l.l . . . . . I. a....... . l . . . .—

des protectrices avouées de votre pays, et cependant D. — Etes-vous plus heureuse que les habitants
on la laisse dans l’oubli ; mais je le pardonne aisé­ de Jupiter?
ment, h.ode-hilde, R . — Quelqu’heureuse que soit une réincarna­
D. — Vo¿lez-vous nous dire qui vous êtes? tion, un bon esprit est toujours plus heureux.
R . — Vous ne me reconnaissez pas sous ce nom D. — Les habitants de Jupiter sont-ils réelle­
germanique que vous avez traduit en Clotilde. ment supérieurs ?
D. — Etes-vous la reine de France? R. — Oui, les habitants de ce monde vous sont
en tout supérieurs, physiquement et moralement.
R. — Oui ; c’est moi qui vous ai apporté le bien­
fait de la religion chrétienne. D. — Y a-t-il des mondes supérieurs à Jupiter ?
R . — Oui, mais des mondes qui vous sont
D. — Avez-vous eu d’autres existences depuis
inconnus.
celle-là ?
D. — Avez-vous revu votre époux Clovis ?
t R. — Oui, j’ai eu une autre existence, mais
R. — Oui, j ’ai revu le fier sicambre, klodoxvig;
inconnue à l'histoire ; c’est pour cela que je viens
il a eu à progresser, car son âme a été dans un état
à vous, sous mon nom de Clotilde.
peu avancé à cette époque.
D. — Cette existsnce a-t-elle été belle? D. — Posrriez-vous nous dire quelle sera la
R. — Belle devant Dieu, mais humble parmi marche du spiritisme?
les hommes. R. — Question sérieuse; il poursuivra sa marche
D. — Comme esprit où êtes-vous? à travers les ditficultés, à travers bien des épreuve?,
R . — Je suis dans le chœur des bons esprits. mais il arrivera. Quand j’ai app.rté le catholicisme
170 LE SPIRITISME

donne les raisons suivantes comme motif de sa manifestations, en face desquelles elle aurait pût se
haine, (il va sans dire que je n’en garanti nulle­ trouver, les expériences ayant toujours lieu à son
ment la véracité n’ayant aucun moyen decontrôle), insu.
dans une précédente existence me dit-il, nous Autre exemple :
étions trois enfants d’une même famille dont deux D arsle courant de juin 1883, j’eus l’occasion de
sœurs et un frère, nous faisions partie de la soigner un jeune homme de dix-huit ans du nom
noblesse et comme le désir de posséder et de jouir de Benoisi R., qui après avoir pass; plusieurs
est U lot ici-bas, mes sœurs s’y prirent de telle mois dans les hôpitaux ou il était traité comme
sorte que je fus enfermé la plus grande partie de épileptique, fut envoyé dans une maison d’inaura-
cette existence sans pouvoir jouir de la vie, je blts ou il continuait de tomber régulièrement
mourus donc avec une haine profonde pour les quatre et cinq fois par jour; les docteurs qui le
auteurs de mon trop long martyr ; depuis cette soignaient avaient tout essayé même l’hypnotisme
époque il y a longtemps de cela, nous avons vécu au moyen d’objets brillants, et par le regard mais
les uns et les autres d’une toute a .tre vie, jusqu'au inutilement, lorsqu’il entendit parler des merveil­
jour ou par une cause qui m’est inconnue, nous leux effets du magnétisme dans le traitement des
prîmes tous trois de nouveaux corps dans un autre maladies du genre de la sienne, aussitôt il de­
milieu, et cela de telle façon que nous puissions mande à sortir et vient me trouver ; il arriva un
éteindra nos haines passées par ce rapprochement des premiers, il était le quatorzième il ne devait
qui doit se taire dans les familles entre beau-frère donc pas aitendie bien longtemps vu que je prends
et belle-sœur. toujours deux personnes à la fois, et que chaque
Après d vers autres détails qu’il est inutile de magnétisation ne dure que de cinq à huit minutes.
rapporter ici, ou je l’engage iis déplus en plus â J'avais à peine commencé que les personnes au
entrer dans une nouvelle voie, il ma fit la promesse milieu desquelles il se trouvait vinrent me prier
formellede ne plus tourmenter la malade. de m’occuper de lui, il venait de prendre une crise
Maintenant dans tout ceci qu’y a-t-il de vrai? effrayante, je !a:ssai donc momentanément les
était-ce le sujet qui voulait se jouer de moi en de­ autres malades pour m’en occuper et l’apportai
venant tout-à-coup supérieur à lui-même, étais-je dans la pièce ou je magnétise habituellement,
réellement en face d’un esprit qui poursuivait une après lui avoir fait quelques passes de dégagement,
vengeance? Dieu seul lésait, ce qu'il y a de posi­ il revint à un calme relatif et me demanda ce qua
tivement certain c’est que depuis la promesse faite je lui voulais, pourquoi je m’occupais de lui puis­
de ne plus la tourmenter, cette dîme se porte à que jusqu’ici personne ne voulait répondre a son
merveille, et il ne peut non plus être question de désir, ce qui tout d’abord me surprit, puisque de
suggestion faite à cettedernière par le simple lait des puis de longs mois il recevait les soins d’hommes

en France, que d’épreuves n’a-t-il pas eu à s-bir. COMMUNICATION, 22 JUIN 1861


Malgré tout il a marché victorieusement, il a tra­
versé les siècles, car c’était l’ouvrage d’ un Dieu, Après la communication de quelques Espriis,
sa parole qui était annoncée aux populations à un nous dicta ce qui suit :
demi-sauvages. Le spiritisme est une branche du Oui, nous sommes la pensée et vous êtes l’ins­
catholicisme, une branche qui fleurit; mais il faut trument; quand nous avions un corps nous fai­
que vous, les apôtres de cette croyance, vous le sions comme vous, nous nous en servions, et plu­
fassiez fleurir avec honneur pour qu’ un jour il sieurs d'entre nous ont pu tracer sur le papier les
porte des fruits d’une agréable saveur. pensées utiles que Dieu leur envoyait. Aujourd’hui
nous venons vers vous très volontiers quand vous
Ces communications et les suivantes ont été nous évoquez, et nous vous suggérons nos idées
obtenues en présence de M. Mathieu Oourtépée, qui se mêlent quelquefois avec celles du médium ;
Didier éditeur, Sârdou, Flammarion, Emile de une luûon est immanquable; cependant elle es.
Bonnechose, Lacordaire, le comte d’Ourc’ies, et plus ou moins forte selon le genre de médiumnité,
bien d’ autres messieurs qui causaient avec l’ Esprit parfois n.êne elle est nulle. Nous sommes les
qui s’était présenté, et souvent, selon ce qu’ils di plus forts cependant, car on voit des médiums
saient, l’Esprit frappait pour leur répondre ; alors écrire des maximes religieuses alors qu’ils ne le
commençait une conversation. sont pas, et des pensées les plus opposées à leur
croyance. — W . Gbanning.
D. — Le diable existe-t-il ?
LE S P I R I T l b M h 171

plus compétents et plus autorises que moi, sur vérité et se réa’ise de point en point, est-ce sugges­
quoi il me dit de nouveau que ce n’était pas de tion, auto-suggestion, hallucination etc. ? toujours
cette façon qu’il fallait agir avec lui, et que tous est il, résultat, guérison du malade, changement
les soins apportés pour faire cesser ses crises ne d’idées dans la famille.
serviraient absolument à rien, tant qu’il ne se Maintenant une question ? pourquoi ce phéno­
serait pas mis en rapport d’ une façon plus directe mène eût-il lieu vers moi, quand depuis longtemps
avec son frère Benoist,afin delui faire comprendre des savants étaient à même de le constater, et lu-
le but de la vie, et amener ainsi sa famille à se donner une définition scientifique ! mystère.
pénétrer de cette i iée, que malgré la mort des
corps l’esprit n'en continue pas moins de vivre, et Je pourrais multiplier les exemples de ce genre,
de manifester sa présence par des moyens qui lui ayant l’occision de les étudier chaque jour soné
sont fournis suivant que l’occasion s’en présente. différentes formes. J’ai vu ainsi des ulcérés réptisis
Après un entretien assez long, il termina en me incurables ou de longues magnétisations neu'a-
disant de bien répéter à Benoist que les crises qu’il saient presque rien, se guérir très rapidement
preoait à chaque instant, étaient causées par lui n’étant plus entretenus par les mauvais fluides,
son frère Auguste désincarné depuis plusieurs apportés par des intelligences qui savaient recon­
années, simplement dans le but de lui faire pren­ naître Dur tort ; mais n’anticipons pis, il y a de ce
dre une autre marche dans son existence terrestre- côté des choses tellement incroyables, que souvent
il médit également que dorénavant il serait tran­ il m’arrive de douter malgré l’évidence des faits
quille, et qu’il n’aurait plus à craindre que pareille qui s'imposent,des preuves qu’il en reste; bornons-
chose lui arrive. nous simplement a constater d’abord l’action
Depuis lors, il y a plus de deux ans de cela, il n’est occulte d’êtres qui nous entourent, et une fois
pas retombé une seule fois, non-seulement la gué cette action bien définie, nous marcherons plus
tison lût complète, mais à son tour il devint ma­ sûrement d ms la voie qui nous est ouverte.
gnétiseur, et eût la satisfaction d’opérer plusieurs
cures. Actuellement il est en garnison à Chambéry A. B o u v ier .
où il lie peut s’occuper des malades étant empêché
par son service militaire. 5, Cours Gambetta, L yon.
Chose digne de remarque, nous assistons à une
(A suivre).
manifestation spontanée, une communication orale
est donnée par le malade lui-même, sans qu’il ait
aucune connaissance des doctrines spirites; tout se
qui est dit pendant cette manifestation est l’exacte

H. — Le diable est la création des âmes timorées version. Voyez ce que dit le Seigneur dans l’évan­
qui ont plus de peur que de foi. gile : «Jeûmz, faiies pénitence, mais aussi mettez
D. — Si vous reveniez sur terre, quelle religion- « du rouge sur votre visage, que la joie éclaire vos
prêcheriez-vous ? « yeux, afin que l’on ne croie pas que ceux qui
R. — Je vous prêcherais toujours la tolérance et « m’aiment sont tristes et langoureux. » Suivez ce
l’amour de Dieu et des hommes. précepte, et votre vertu tout aimable amènera vers
vous plus d’adeptes quel» sévérité de vos paroles.
Cbanning voulut créer une religion unique, Voilà un bon conseil que nous a danné cet
mais il ne réussit pas. esprit.
Jolie communication de Clotilde, le 20 juil­ Un jour, 10 septembre,-un Esprit vint nous
let 1861. frapper la phrase suivante : ie suis ung ioyeuz
Un bon Esprit vient de vous souhaiter que compaignon qui vous esmerveillaeray avecques
l’amour fraternel remplisse votre cœur; c’est la mes discours, non paz les esperietz mathéologiens
meilleure prière qu’il puisse adresser pour votre (rêves creux.) le vestiray mon liripipion et ie di-
bonheur; vous chasseriez loin de vous l’envie et ray : beuver l’eau de la cave, pay plus, pay moins
l’égoïsme, ce serait l’âge d’or. Pour être bons et serez contenz.
aimants il ne faut pas être tristes ; faites en sorte Cette phrase étant peu comprise, nous priâmes
que l’ennui ne s’empare pas de votre âme ; la gaîté l’esprit de nous la dicter en bon lrançais, et de
est la compagne de la bonté. Quand un Esprit nous dire son nom.
jovial Vient à vous, ne le repou: sez pas, il fait di­ (A suivre). A. Hu e Tc
172 LE SPIRITISM E

FAITS ET PROPOS être vivant, tondis que 1e médium subit l’influence


d’actions entièrement invisibles.
Examinant ensuite les pratiques du spiritisme,
Avec le mois d’octobre a recommencé le mou­ le conférencier en signale les dangers au nombre
vement spiritualiste, desquels il met l ’exagération. Des gens de bonne
Les divers groupes et sociétés qui s’occupent de foi, trop crédule?, se laissent facilement mystifier,
ces éludes ont repris leurs travaux.
11 faut se mettre en garde contre les noms illustres
La Société du spiritisme scientifique a tenu sa qui s’étalent au bas de certaines communications
première séance le mardi 7, en présence do nom­ absurdes, sans forme ni tond, et de même n’accep­
breux assistants. ter qu’avec la plus grande circonspection ce qui
On trouvera dans ce journal un extrait des sta- émane ou paraît émaner des esprits. Autrement on
tuisde cetle nouvelle société, ainsi que le discours risque de tomber dans le ridicule ou de s’engager
d’ouverture prononcé par son président, M. Lau­ dans une mauvaise voie.
rent de Faget.
Il sera fait une conférence au siège de cette So­ Voilà certes d’excellentes observations qu’il est
ciété, : 83 , rue Saint-Denis, le mardi 4 novembre, bon d'adresser aux personnes non initiées, mais
par M. Mongin, sur les phénomènes spirites. Cita­ que tous les spirites un peu éclairés connaissent
tion de nombreux frits constatés par le conféren­ depuis l’apparition [du « Livre des Médiums »
cier. d’Allan Kardec.
La séance de réouverture du Groupe indépen­ Papus aurait pu hautement affirmer, sans crainie
dant d’études ésotériques a eu lieu le vendredi 17, d’être démenti, qu’il existait parmi les spirites des
rue de Trévise, 29, siège de la Librairie du Mer­ mystiques et des obsédés et même des simples
veilleux. d’esprit; il aurait pu ajouter que dans presque tous
Cette Société d'occultisme a créé des groupes les groupes commençants, des esprits farceurs
spéciaux chargés d'étudier le spiritisme et le ma­ s’ introduisaient qui trouvaient toujours parmi ies
gnétisme. assistants des complices inconscients les prenant
Le groupe spirite La Mutualité a repris ses réu­ au sérieux ; personne n’aurait encore protesté.
nions du samedi pour les évocations et le dévelop­ Alors à quoi bon remonter jusqu’en mai 1887,
pement de la médiumnité, rue de la Collégiale, 7, pour découvrir un article qu'on croirait plutôt
chez M. Bruvry. extrait du Charivari ou de quelqu’autre journal
Notre conirère, le professeur H. Durville, direc­ hostile au spiritisme que de la Vie posthume
teur du Journal du Magnétisme rouvtira son organe réputé spirite, mais qui, en réalité, a émis
cours pratique de magnétisme appliqué à la phy­ et soutenu des théories contraires à la doctrine
siologie et à la thérapeutique, le jeudi 6 novembre, telle qu’elle est généralement acceptée ; lesquelles
à YInstitut magnétique, ¿ 3, rue Saint-Méry, à théories ont soulevé dans le monde spirite de
Paris. nombreuses polémiques.
Je ne cite aujourd'hui que les groupes qui me « La Vie posthume » n’a donc qu’une autorité
sont connus. Je rne ferai un plaisir d’ indiquer par très relative en ces questions.
la suite ceux qui me demanderont de lés faire Dans l’article cité : Une séance de spiritisme
connaître. piétiste on raconte que de braves gens trop cré­
Le lundi i 3 octobre, Papus a fait une conférence dules se sont cru en communication avec le Christ
à la salle des Capucines sous ces titres et sous-titres : et la vierge Marie qui leur ont dicté des vers
Les Revenants et la Magie. « Le spiritisme. Preu­ ineptes de vingt pieds ; d’autres esprits de marque
ves rigoureuses des phénomènes. Différents pro­ ont débité des lieux communs offensant à la fois
cédés d’évocation. $ la grammaire et la raison ; des scènes bouffonnes
Je n’ai pas l’intention d’en faire un compte­ se sont produites.
rendu complet; j’en veux seulement marquer Eh bien, qu’est-ce que toutes ces vielles his­
quelques passages. toires sur les toquéa du spiritisme prouvent contre
Après avoir présenté un exposé général du spi­ la vérité ?
ritisme et rendu hommage à son fondateur Celui-là même qui a fait le compte-rendu de
Allan Kardec, le conférencier a reconnu une ana­ ce'te séance s’écrie avec raison : « Si c’est-lâ le
logie entre ies phénomènes hypnotiques et les vrai spiritisme, vite qu’on nous ramène au catho­
phénomènes spirites, avec cette distinction entre licisme. »
le sujet à l’état somnambulique et le médium, Je sais bien au fond ce que l’auteur — qui se
c’est que la suggestion est donnée au sujet par un dit : libre-spirite — entend par vrai spiritisme. Le
LE SPIRITISME 173

Irrai spiritisme, pour lui, c’esî celui qui exclut les comme constatation de l’iJe otite d’un esprit avec
¡trières et Dieu lui-même. L’épithète de piétiste, lequel il était entré en communication,
selon la vie posthume, est synonyme de déiste et iw»Très désireux d’obtenir des détails précis sur le
phénomène en question, je me rendis auprès de
hnême parfois de Kardéciste,parce queces derniers M. Btissac, avec qui je suis e.i rapports sympathi­
Dût la naïveté de ne pas comprendre le spiritisme ques, et sur ma prière, il voulut bien me donner
sans Dieu, et de croire que la prière n'est pas une lès renseignements suivants et m’autoriser à ies
aberration propre à déconsidérer le spiritisme. faire insérer dans l?s Revues spirites :
« Le 7 mai de cette année (1890), on a en l’idée,
(Voir : Revue posthume. — Mai 1887,page 24$.) à la maison, de faire mouvoir et parler la grosse
Mais pardon de cette digression. table de mon cabinet de travail. Il ôtait huit heu­
Je reviens à l’article cité. Papus a cru devoir en res et demie du soir ; on venait de dîner, et l’on ne
lire plusieurs passages à son auditoire, montrant voulait guère qu’occuper les quelques moments
ainsi sans raison majeure, à mon sens, une face qu’on avait à res'er en société.
Nous nous sommes donc rangés en cercle autour
ridicule du spiritisme, quand il avait d’autres de la table; ma femme, un de mes fils, un petit
moyens à sa disposition tout aussi favorables à si cousin de dix-septans, deux dames de nos amies,
thèse. Qu’il me permette de lui dire franchement habituées de notre foyer, et moi.
que je ne puis l’approuver en cette occasion. Après une application de nos mains, qui a été
de moins de cinq minutes, la table a d'abord
Cette remarque faite, j’avoue sans peine que j’ai
frémi, puis fortement craqué, et finalement s’est
suivi avec intérêt le conférencier, dans la suite de levée à plusieurs reprises sur un seul de ses pieds,
sa conférence. elle en a quatre.
De savants expérimentateurs, ' dont §i l cíteles Mon fils lui a posé alors quelques questions, par
noms, craignant d’être abusés par leurs organes, épellation des lettres de l'alphabet et des nombres,
et de ses réponses, conformément à ce qui a été
se sont servis d’appareils mécaniques enregis­ convenu, suivant le nombre de coups bien accen­
treurs. Ils ont pu, de la sorte, obtenir des faits tués et marqués, à frapper par oui ou par non, il
¡probants. Ils peuvent dès lors affirmer et j’affirme est résulté que nous aurions eu affaire, aveccett;
¡personnellement, dit Papus, que les phénomènes même table, à une personne décédée qui s’est q îa-
lifiée comme suit :
[spirites se produisent réellement sans cause surna­ « Louis Constant, originaire du département de
turelle, le surnaturel n’existint pas. Oue cette « la Charente, mais non loin de Limoges, soldat
¡cause soit : Esprit, corps astral, entité psychique, a mobilisé,'mort pendant la guerre,à l’âge de vingt-
qu’importe, ies faits sont là, incontestables. « sept ans, en un combat des prem'ers jours de dé-
Puis, le conférencier fait circuler dans la salle le «ceiïibre 1870. »
Chacun de ces mots, obtenu par l’épellation que
¡volume’: Compte rendu du 'congrès spirite et j’ai dite, a été répété et confirmé trois fois.
Spiritualiste, où sont intercalés différents dessins Or, comme j’ai, au Ministère de la guerre, mon
représentant quelques-uns des instruments d’oa- bureau à côté des archivrs administratives, mes
[servation dont il vient de parler, et en outre des enfants m’ont demandé de rechercher, dans les car­
tons des soldats décédés en 1870, s’il n’y en aurait
photographies d’esprits et des phases diverses de point par hasard, quelqu’un qui répondît au si­
matérialisation. gnalement ci-Jessus.
i La séance s’est terminée par quelques expérien­ Comme je n’attachais, moi, aucune importance
ces d’incorporation par suggestion, à la manifestation, bien que ne m’expliquant pas
j Des applaudissements se sont fait enten Ire aux ■ des réponses aussi précises, aussi intelligemment
faites à des questions comme celles de mon fils,
quels j ’ai mêlé les miens. Il ne faut pas oublier que non plus que des mouvements de taoie aussi
Papus est occultiste et non spirite. conscients, dans lesquels je puis jurer que nous
1 En conclusion, à part le hors-d’œuvre de la n’avions aucune part voulue, je laissai passer huit
séance p étiste, j’estime quecette/remarquablecon- jours avant de songer à cette recherche.
Au bout de ces huit jours, sur les instances de
lérence est un profit pour la cause spirite.Il ma famille, je priai l’employc chargé du service,
aux archives de la guerre, de me montrer le carton
Il est utile d’appeler l’attention sur les] faits. des nommés Constant, décédés pendant la guerre
de 1870, et voici le texte même de l'acte que j’y ai
Nous eh publions ci-après un très remarquable trouvé et lu de mes propres yeux :
qui nous est communiqué par M. Mongin : <t Constant Louis, né à Saint-Co ¡tant, canton
« de Champagne Mouton, département de la Cha-
CONSTATATION DE l ’ i DENTITÉ ü ’ UN ESPRIT .•;* « rente, le 3 août 1843, mobilisé en novembre
« 1870, dans le bi* de marche, tué le 8 décembre
Dans le courant de mai dernier, un de mes amis 1870 au combat de Josnes. *
me fit connaître que M. Baissac, savant philosophe Aucun de nous n’avait jamais entend u parler de
« polyglotte, officier de la Légion d’honneur, in- ce Constant, ni ne se doutait qu’il eût jamais exlslé
lerprète-juré, attaché au Ministère de la guerre, un mobilisé de ce nom et dans ces con Etions en
fcvaiî été témoin d’un fait spirite remarquable, 1870.
»74 LE SPIR ITISM E

Je dois ajouter que le Constant de ma table nous l’a-t-il fait exprès? Vous en jugerez vous-même
dit qu’il était actuellement « heureux, très heureux
même ». quand vous en serez au P . S ., qui constitue un
Eu égard au caractère, et à la haute honorabilité véritable mot Je la fin.
de M. Baissac, observateur froid et conscencieux, UN CONGRÈS SPIRITE
ardent apôtre de la vérité, aucun doute ne saurait
s’élever au sujet de l’authenticité du phénomène On nous informe de Paris, que le congrès spi­
qui vient d’être relaté, rite a été tenu avec un grand éclat. Il comptait
Je profite de la circonstance pour remercier M. cinq cents membres. Les seuls initiés ont été ad­
Baissac en mon nom et au nom de nos F. E. S., mis à ces séances mystérieuses* c’est donc à peine
de m'avoir permis de revêtir de l'autori'é de son si quelques échos très vagues de cette délibération
nom, sa constatation d’un fait dont l’imDortance, iecrèteont pu sot tir du temple maçonnique que
au point de vue de la démonstration de la survi - les spirites avaient loué pour la circonstance.
vance de la personnalité et du moi conscient, après Nous savons cependanrquc le congrès a formulé
la mort, ne saurait échapper à tout lecteur impar­ d’ une façon définitive trois dogmes dans lesquels
tial et de bonne foi. l'orthodoxie c!e la secte— car le spiritisme devient
A. M ongin . de plus en plus une secte — a été résumA
Ces dogmes sont : « l'immortalité de l'âme, la
N. D, L. P . — Ce fait met en défaut les théories perpétuité du Moi-Constant, et les relations entre
de l'inconcient et celles de la suggestion que nous les morts et nous, absolument démontrées par de
oppose l’école hypnotique, nombreux fa u scientifiquement constatés. »
Si le spiritisme n’a fourni à l’instinct mystique
Voilà du vrai spiritisme, où lr mysticisme de l’humanité aucune révélation qui lui soit im­
n’entre pour l ien. C’est en de îors de nous qu’il portante, on ne peut méconnaître qu’il existe déjà
faut chercher les mystiques. On les trouvera dans depuis près de 5o ans et qu’il fait chaque jour des
les rangs du clergé: ce que nous ne devons pas prosélytes ardents et nombreux.
oublier, ne serait-ce que par reconnaissance, ccr S ’appuyant tour à tour sur la plus haute méta­
physique de Platon et sur les croyances supers­
ces messieurs ne nous oublient pas, eux. Il est vrai titieuses de nos villageois aux revenants, le spiri­
que ce n’est pas précisément pour nous être tisme touche de trè; près à la théologie morale et
agréables qu’ils s’occupent de nous, mais bien à la théologie dogmatique.
parce que nous les gênons un peu. L ’invasion de Nous croyons que ceux de nos confrères qui ont
pour cette science sacrée des goûts et des aptitudes
nos idées dans leur domaine n’est pas faite pour le ne sauraient employer mieux leur temps qu’à
consolider; aussi prennent-ils leurs précautions. suivre pas à pas, dans leurs principaux organes de
Je vais, à ce propos, vous citer un extrait d’une publicité, les mouvements du spiritisme.
lettre particulière adressée à M me Delanne, qui Ce serait intéressint pour les travailleurs et
me l’a communiquée : grandement utile pour les destinataires. O Pres­
bytère, que ne peux-tu tout savoir et tout dire.
« E... (Côtes-du-Nord), 27 septembre 1x90. P. 5 . — On dit que le ministre de l’intérieur a
« ... Notre maison u’habitation est fort agréable. adressé au président du congrès spirite une lettre
La seule chose qui nous chagrine, c’est qu’elle soit de remerciements pour awoir décidé l'existence du
placée dans un pays si arriéié, si cagot surtout. On Moi-Constant.
a refusé de louer une maison à une dame très Le député de la Haute-G ironne a vu là-dedans
honorable, mais protestante, ei personne ne veut un présage pour sa réélection, ei une croix d’hon­
la servir. J’ai dû, pour n’être pas mise à l'index, neur pourrait bien s'ensuivre.
aller taus les dimanches A la messe. On raconte
déjà, dans le pays, que je reçois un journal dit Vous voyez qu’au presbytère on n’est pas enne­
diable, et que, si ie curé le savait, il me mettrait à mi d’une douce et spirituelle gaîté. On y écrit
l’index. Il défend de lire le Petit Journal et refuse, Constans avec, un t final au lieu d'un s. Evidem­
pour ce fait, l'absolution. ment le presbytère a pris l’s de Constans pour
< L’évêque Freppal fait faire la quête dans tout
notre département, pour créer un nouveau cercle faire remarquer sqn esprit.
A u zan n eau .
catholique à Angers, afin de combarre, dans cette
ville, les cercles spirites. »
J’appelle également votre attention sur l’article
suivant, tiré d’une revue intitulée : le Presbytère,
BIBLIOGRAPHIE
dont on vient de me remettre une feuille détachée. UN M A R IA G E FABULEUX
Quoique la nouvelle ait un peu vieilli, elle n’a . par P aul G ren d sl ( i )
rien perdu de son cachet. Lisez-là. Quand vous
Nous venons de lire avec la plus grand intérêt
arriverez au troisième paragraphe et que ves yeux
1œuvre nouvelle de notre ami Paul Grendel ;(I)
se porteront sur les mots : Moi-constant, vous
serez sans doute porté à lire : Moi-conscient .Eh ! (I) En vente A Lille, librairie Tallandier, rue Faidherbe,
auteur de: La Famille Deequiens, Eglantine, Elpha,
bien, non, c’est constant qu’il faut lire. L’auteur Blidé, etc. u
LE SP1FUT1SMK i? 5

jamais ce charmant auteur n’a poussé plus loin le armée innombrable se masse en cohortes pressées,
rêve dans l’inconnu. C’est un grand vulgarisateur pour obéir à un ordre occulte; un amas de formes
romantique de notre doctrine; on peut lui donner vagues, d’ombres, se dressent, et, comme une
ce titre, il sait faire revivre les théories spirites irombe à laquelle rien ne résiste, traversent la mu-
avec leur cortège de phénomènes surprenants raillecomme la lumière traverse le cristal, courent,
dans le « Mariage fabuleux v. C’est un livre tombent, se bâtant avec une vertigineuse vélocité...
attrayant et instructif où, sous les apparences d’ un — Loyal se soulève, voit quelques phospho­
conte des Mille-et-une-Nuits, la philosophie, la rescentes lueurs, et murmure : Amis, êtes-vous là ?
morale, les idées de progrès sont exposées d’une Une voix lui répond: Nous te veillons, dors un
m a i n terme et avec une élévation de pensée qui peu... Maintenant, autour des jeunes mariés, se
font le talent de M. Paul CrenJel. Le fond de meuvent des esprits qui achèvent leur œuvre, et
l’ouvrage est dans le genre de celui d’ Uranie, par procèdent à la désagrégation des deux mortels.
Camille-Flammarion. Rien ne restait de Saphire, ni de Loyal.
Un de nos opulents ministres français a une hile Saphiie s’éveille d’un long sommeil et son
charmante, instruite, bien élevée, belle comme le époux lui apprend qu’ils sont dans sa patrie, dans
jour ; elle se nomme Saphire, a vingt ans; ses parents son royaume de Beaurève :
lui présentent en vain des partis dignes d’elle et de Ici des descriptions sur les mœurs, les habitants
sa noble famille. de la planète, où l’imagination tègne absolue, où
Mais l’aimable enfant refuse obstinément les les tabjeauxles plus ravissants sont peints de ruain
futurs maris, pourtant trillés sui le volet ; elle ne de maître.
les trouve nullement de son goût.
Voici h discours que Loyal adressa à ses com­
Un jeune Apollon étranger, venant de l’Indous-
patriotes à son retour parmi eux:
tan, recommmdé au ministre, se faitagréer comme
ami de la famille qu’il comble de riches présents, « Mes Frères, pour obéir à nos lois, j’ai visité
« un des astres faisant partie de noire système
de diamants, de pierres précieuses. On lui offre
« planétaire. Chaque roi avant de prendre le pou-
l’hospitalité : « voir, doit aller dans un monde inférieur empor-
— Je me nomme Loyal, dit-il, et je suis roi du « tant avec lui les moyens d’y vivre.
royaume de Beaurève. C’est un jeune fou, pense le « J’ai choisi la terre ; depuis des siècles, aucun
Ministre. Le beau Loyal tient pourtant les discours « des nôtres n’avait tenté ce dangereux voyage.
« Je dis dangereux par ce qu’il faut s’assimiler un
d’un sage, il est modeste. Mlle Saphire aime le « corps dont la composition organique et chimique
monde et ses fêtes enivrantes. L’ Indien finit par «soit identique à celle de l’homme, et l’hoinme
se faire aimer de i'altière Saphire. Le goût du ma­ « est soumis aux sollicitations du mal ; en y cédant
riage lui est venu subitement ; elle veut épouser le « j’aurais perdu tout droit de retour parmi vous.
« En approchant de cette planète je rencontrai
superbe étranger. Mais ce dernier lui pose ses con­ « une foule d’esprits, gardant encore les défauts
ditions : «Il me faut, ma bien aimée Saphire, votre « et faiblesies des terriens.
amour; est-il si profond qu’il puisse tout supporter : i L s moins avances moralement attendaient
changement de costume, de pays, séparation des « leur incarnation, comptant orgueilleusement ne
vôtres, et, enfin, auriez-vous en moi une foi absolue « plus faiblir, d’autres payant une dernière dette à
que rien n’étonne ni n’ébranle? « la matière, se lamentaient de devoir subir cette
« épreuve ; enfin une cohorte d'êtres plus élevés, â
— Je vous aime! murmura Saphire, nageant en « tout aillais délivrés de la terre, restai, nt là pour
pleines délices, et j’aimerai et ferai ce que vous « guider, protéger ceux qui leur avaient été chers
aimez. « dar s une sérié d’existences passées et qui s’é-
Les parents, malgré les idées catholiques de i laie nt attardés.
« Ces esprits m’indiquèrent par quel moyen je
Mme Denoizeuille, la mère de Saphire, accordent « pourrais parler aux hommes et ne me quittèrent
la main de ieur fille à ce mécréant, à ce boudhiste, « point durant le temps de mon épreuve.
à cet hérétique. — Voici où le côté fantastique « Je pris forme humaine dans l’Hindoustan, le
commence. Loyal part avec sa fiancée. Il révèle à « berceau des sciences occultes et j'acquis bientôt
« la conviction que ce peuple, un des plus anciens
sa femme qu’il n’est jas judéen ; j ’hbbite une pla­
« du globe terrestre, s’est endormi dar,s la com-
nète oü tu devras me suivre. « tcmplulion du passé,
— Me proposes-tu la mort, mon bien aimé ? — « J’ai appris que la civilisation est plus avancée
Ce n’est point h mort, c’est une autre vie plus heu­ « en Europe, que la France porte le drapeau du
reuse, lui affirme Loyal. Alors je suis tout à toi, « progrès, et je résolus de la visiter. Mes gardes et
« amis de i’erraticiié me conseillèrent de ne point
murmura la jeune femme ; mon corps et mon àme « révéler ma nature extra-terrestre. Je leur obéis.
l’appartiennent à jamais !... « j ’avais comme moyen de transport la desagré-
... Alors un mystérieux travail s’accomplit. Une « galion. J’en usai souvent et j’entrai, grâce à
176 LE SPIKITISM h

«'quelques stratagèmes indispensables en Europe, lance plus que de fugaces lueurs aussitôt éteintes.
« cù les hommes vivent les uns et les autres dans a Ce peuple aimabl.ï, bon, sociable entre tous,
« une grande famille puissante ; sans cela, ma <» gai, généreux, entreprenant, voit s’étendre sur
« façon de vivre, mes allures eussent [entravé mes « lui le souille empoisonné de l’ennemi, du dé-
« études. « goût de la vie. Fouillant la matière, il nie l’esprit,
« J’étudiai la forme gouvernementale du peuple « et ravalant l’homme au niveau de la bête, il
« Français, ses lois, ses habitudes. Je dis aux « mène grande vie et bruyant ttain, pour échapper
« français que j’arrivais de l ’Inde, que je pou- « à sa propre pensée, à l’inquiétude de l’au-delà.
« vais le; éclairrr sur les questions les plus « Mais beaucoup d’amis souffrent ; je voulais
« ardues, les plus inconnues de la philosophie et « leur enseigner cette consolante croyance, de la
« et de la psychologie, mais ils m’observèrent avec « progression des âmes, dont nous sommes une
« défiance, me répondirent que nul n’en savait « des preuves, mais elles [tremblent de pénétrer
« pl js qu’eux, me montrèrent des titres, me de­ « dans l’inconnu...
« mandèrent les miens et me conseillèrent de con- « Si les terriens le voulaient, nous pourrions
« sulter un médecin traitant les aberrations men- « échanger nos pensées, les faire bénéficier de
«"taies. « notre avancement, de notre expérience, mais la
« J’allai dans les réunions, dans les ceicles po­ « vérité simple n’a point de chances d’être enten­
« polaires, et je vis le peuple s’agiter dans une « due, et presque tous les promoteurs d’idées nou-
« fièvre continuelle. Il s’engoue d’une idée, cherche « velles ont été persécutés ou méconnus.
« la solution d’un problème, se lasse vite et re­ a Mais ayant contracté envers les Français une
« tombe dans la lutte de l’existence quotidienne. « dette de reconnaissance, je retournerai parmi
« Il a parfois du jugement, mais, en certains cas, « eux, et je vous prie de chercher avec moi,
« son jugement se plie au caprice de celui qui sait « le moyen de les éclairer, de leur donner l’espoi
« le flatter, il se passionne pour un fourbe, s’é - « d’une vie mt.»!eure, la consolation de savoir
« tonne d’avoir été trompé, et se faitencore tromper a qu’autour d’eux, survivent ceux qu’ils ont aimés,
« le lendemain. « ceux qu’ils pleurent, croyant les avoir à jamais
« Il veut jouir à outrance et achète des plaisirs « per fus.
« factices par la perte de sa santé et les souffrances « Vous le savez, en me nommant votre roi, je
« d’autrui. La majorité patit piur donner le « vivais seul, nulle femme n’ayant éveillé en moi
« supeiflu à la minorité. L ’amour y est souvent « cette soif d’amour, qui complète l’existence. En
« vénal. « France, j’ai ressenti les troubles de l ’amour, et
« Les lois conservent des articles des temps bar- « j ’ai amené dans uue planète la jeune femme qui
ci bares, elles infliger t la mort et châtient le cou- « m’a assez aimé, pour s’ endormir confiante,
« pable, pour venger la société et non pour corriger « après que je lui eus dit qu’elle 11e se réveillerait
« le misérable, qu’une éducation défectueuse a « point sur la terre. Elle est digne de s’associer à
« souvent conduit au mal. « nos travaux, et de nous inspirer l’estime et
« Les hommes se détruisent entre eux, comme si « l’affection. *
« les maladies, les privations, les bouleversements
« naturels, la rudesse de leur climat ne les décL Arrêton.-nous là ; nous laissons à nos lecteurs
a maiènt pas suffisamment. Ils se battent avec le plaisir de la conclusion vraiment bien réussie de
« férocité, se blessent cruellement, saccagent les ce conte fantastique qui renferme une saine et
« villes et les campagnes fécondes, pour laisser sur belle morale, ils verront de quelle manière Saphire
« uji champ.de carnage des morts, des blessés, et veut revoir la terre et les auteurs de ses jours et de
« pour aboutir de part et d’autre à la ruine. quelle manière elle le fir.
« La iemme, condamnée par sa conformation à L e B ib l io p h il e
« des tortutes physiques, n’est point protégée;
« jeune ou adulte, elle sert à un fugitif plaisir ;
« vieille, on l’abandonne; laide, on l’a méprise...
« Elle ne jouit point des mêmes droitsque l’homme ; PUBLICATIONS PERIODinUES
* traitée en m.ineure, elle n'est pourtant pas
« secourue quand elle est veuve, fille-mère, où Le Messager, journal bi-mensuel. Liège (Bel­
« abandonnée. gique), prix : 5 francs par an pour la France. L i­
« Et les hommes, les Français ont une intelli- brairie spirite.
« gence vive, un coecr chaud, une bravoure
« héroïque. Ils consacrent souvent leur vie à la Le Spiritisme, organe mensuel, 5 francs par an,
« recherche d’ une découverte scientifique, à l’éla- 6 francs pour l’étranger. Rue d’Allayrac.
« boration d’une loi progressiste, à l’amélioration Le Moniteur spirite et magnétique, bi-men-
' du sort des générations à venir. Ils ont l’intérêt sue1, rue de Mércde, 100, à Bruxelles (Belgique),
_ du beau. Ils le cherchent et trouvent dans les 2 fr. pour la Belgique, 2 fr. 5o pour la France.
« arts la source d’ une jouissance élevée.
« Quelques-uns, dévorés d’idéals désirs, sonffrent Les Sciences mystérieuses, rue des Fabriques,
et vivent malheureux. Des êtres faibles, des 17, à Bruxelles ; 2 fr. 60, revue mensuelle. Ecrire
« femmes, des jeunes filles, vouent leur existence à M. Léonard de Sellier, rue des Fabriques 17.
«taux ¡oins de9 malades, au soulagement des
t misères, à la régénération des âmes chancelantes Le Gérant : Gabriel Delanne.
« ou perdues dans l’abjection.
Et pourtant le phare de la foi va s’éteignan' ; il ne Tuip. Alcan-Lévy 24, rue Chauchat. Paris
8* ANNÉE. — N" 12. 4 0 c e n t i m e s le i \ u m ^ r n . i®
r Décembre

LE SPIRITISME ORGANE DE L’UNION SPIRITE FRANÇAISE


Naître, mourir, renaître et progresser sans eü*
telle est la loi, A llan K ardec .

ABONNEM ENTS RÉDACTION & ADMINISTRATION


L E JO U R N A L P A R A I T
F trii «t Départements 5 fr. par an, 2 4 , rue L abruyère, Paris
UNIS POIS PAR MOIS
Étranger . . . . . . 6 — Rédacteur en chef : G abriel D elanne
1,M
JL — - ----

E R R A T À . — Lire dans « Spiritisme et Occul­ « L ’homme est composé de 3 principes fonda-


tisme », N ° ir , (iir novembre), page 162, co­ « mentaux : .
lonne 2: «des innombrables r a c e s » et non: « i° Le corps matériel.
« r o is » ; — 2° ; page 1 63 , première colonne : « les « 20 Le corps astral ou médiateur plastique (la
compagnons de S p a r ia e u s », et non: « S e r to - « vit), le pêrisprii des spirites.
r iu s » ; — 3° : même page et même colonne :
« 3° L’âme (["esprit des spirites).
« l’éducation c o r r u p t r ic e », et non; « co r r up *
fiv e » ; — 4o: page 1 62, première colonne t « Pa­
« Mais ce sont là les principes vus dans Jeür
racelse, Van Helmont, Wronski ». « généralité. Chacun d’eux est composé de plu-
« sieurs éléments distincts. La connaissance de ces
« éléments est indispensable pour bien comprendre
q SOMMAIRE « ce qui se passe à la mort.
« Le corps est formé d’une foule de cellules
Spiritisme et Occultisme . . G. D e l a n n e .
« matérielles, Mais chacune de ces cellules a une
F aits'et Propos. / . . . . . . au zan n eau .
« utilité propre, est vivante, bette vie spéciale de
Le Spiritism e à L yo n ................ B o u c h et * « chaqiie cellule est indépendante de la vie géné-
Réponse à M. Bouchet . . . . H . Sa u s s e . « ra’e de l'être.
Le Spiritiime en province . . ld. « Les périsprit ou corps astral se présente ainsi
Communication. . . . . . . . « composé :
Un exem ple à suivre. . . . . A l . De l a n n e . « LaWe purement matérielle de l’homme, qui hit
N écro lo g ie.................. « croître ses organes à mesure qu'ils s’usent. Cette
Av s .................................. ... or vie charriée incessamment dans l ’organisme par
« les globules du sang est localisée comme centre
Bibliographie. . . . . . . . .
« de réserve dans les ganglions du nerf grand sym-
Feuilleton : Mémoires d’un salon « paihique.
k spirite . . . . . . . . . . . H. H uet . « C’est cette partie du pérsiprit ainsi localisée
« qui peut sortir hors de l’homme à l'état somnam-
« bulique ou à l’état de médiumnité et qui contri-
« bue beaucoup à la production des phénomènes.

SPIRITISME OCCULTISME &


« Cet élément est le siège même de Vinstinct
« de l’inconscient et de toutes ses actions. ,
« Enfin le pfrisprit dans sa combinaison supé-*
Voici d’après les occultistes la constitution de « rieure avec l’ànae produitVintelligence 4 'où dé-
Thomme : je cite textuellement le compte rendu « rive la faculté d’apprendre pour l'homme (inteU
du congrès spirite et spiritualiste à la page 61 : t a lectualitè), '
178 LE SPIR ITISM E
5!5

« Pour résumer, voilà comment les écoles d’oc- « Un dieu tout despotique n’a pas à in:ervenir
« cultisme analysentle périsprit. * ¿ans l’état de notre vie future. Nous sommes
Elément localisé dans les cel­ « nous-mêmes nos seuls juges et l’ensemble des
lules du corps matériel et qui ne « mérites et des démérites ( K a r m a ) de notre der-
s o r t j a m a i s hors du corps — V i ­
« nière existent détermine seul notre avenir,
ta lité .
« d'après les lois de la réaction toujours équiva-*
(Combinaison du périsprit avec t ienle à l’action.
- le corps matériel). « À la mort, le c o r p s m a t é r i e l reste attaché à la
« terre d’oü il provient. La v i t a l i t é des cellules de
Elément localisé dans les gan­
« ce corps se répand dans fia nature où elle devient
« Périspiit 5 glions du nerf grand sympathique,
« la vie des êtres sans cesse générés (plantes, vers
« ou Vie élément qui p e u t s o r t i r hors du
« etc),
« composé de corps matériel, dan s certaines con-
« Un être fluidîque se détache peu à peu de
« trois dirions — C o r p s a s t r a l , â m e a n i ­
« l ’être matériel, maintenant inerte; cet être flui-
« éléments m a le »
« dique est formé des éléments suivants *
Elément localisé en partie dans « Le c o r p s a s t r a l comme corps.
le cerveau, qui peut diriger le « U â m e a n i m a l e comme vie (instinci).
précédent consciemment (magie). « Les p r i n c i p e s s u p é r i e u r s , âme humaine, âme
Siège de la science de l'homme — « spirituelle, comme esprit, âme divine,
A m e h u m a in e . « Cet être fl ui dique est saisi par les courants
(Combinaison du périsprit avec « d’attraction de la terre. Les principes supérieurs
l'esprit). « cherchent à IVttirer en haut, les principes infé-
« On voit de suite à quel raffinement analytique « rieurs (instinct et corp astral), cherchent à l’at-
« les écoles d’occultisme ont poussé leurs enseigne- « tirer en bas.
« ments* Voyons de même ïPautre principe, « L ’être franchit ’es. courants d’autant plus vite
« Ce que les spirites appellent l ' e s p r i t et certains « que les principes supérieurs sont plus puissants,
« occultistes l ' â m e est ainsi analysé par ces der- « C ’est la souffrance particulière qui accompagne
« ni ers. « cette lutte que toutes les religions exotériques
i° Partie inférieure de l’esprit, « ont symbolisée par le purgatoire.
siège de la mémoire des choses « Cependant la séparation ries principes s’effec-
terrestres et de leur intelligence — « tue progressivement, les principes inférieurs res-
Am e lim ít a m e . « îtem dans ¡’atmosphère'occulte de la terre et ¡les
« Esprit « principes supérieurs se détachent des inférieurs
Partie moyenne de l'esprit,
« composé de » auxquels ils ne sont plus liés que par tin lien
siège de l'inspiration, de la dou­
« trois « üuidique. A ce moment Hêtre est ainsi constitué ;
ble vue consciente et de la mora­
« éléments
lité — A m e a n g é l i q u e . Principes ( Ame angélique ) Inconscient supé-
3° Partie supérieure de l'esprit, supérieurs \ Ame divine. *. ) rieur,
siège de la prévision consciente de
LIEN FLUIDJQUE
Ta venir — A m e d i v i n e .
Science.
« Phomme conscient Mémoire des choses ter-7
■i Ame
<t Les deux derniers éléments de l'esprit ne sont
<
H (Le moi) rostres. ( humain»
« pas développés dans les races aètuelles. Ils pren­ K
m Iuleiligence inférieure.I
ne dront (progressivement naissance dans les races %
« futures de ¡’humanité terrestre, LIEN FLUIDIQUE
« Connaissant ces données indispensables, il 'S !
Ame animale} ^ ^ i^ jM jig s s ie is Jinconscients inférieur
« nous est très-facile de voir ce que devient
« l’homme après la mort. CORPS A S T R A L
E t a t d e l 'h o m m e a p r è s l a m o r t PERISPRIT
« La f i n de l’homme, c-est la fusion en Bleu * Les prineipes,inîérienrs Sllunfinés parSlîirttél-
« dans la totale conscience ef la totale puissance ou « ligence de l’âme humaine forment ce que les oc-
« Nirvana. Le moyen d’atteindre cette fin, c’est « cubistes appellent u n é l é m e n t a i r e , et flottent au-
* F¿volutimi,maraie^il’évolution libre et consciente * tour de la terre dans le monde invisible, tandis
« des principes supérieurs latents en chacun de •« que les principes supérieurs évoluent sur un
« nous,

¡ « autre plan.
LE SPIRITISME 179

» Voilà la première différence qui sépare les oc- » pelle un élémentaire. Ce sont des mots différents
» cuhistes des spirites*, Les spirites admettant que » pour désigner la même chose,
» l'esprit reste toujours enveloppé du périsprit, » L ’occuhisme enseigne aussi que, d a n s c e r t a i n s
» les occultistes enseignant que l’esprit se sépare » c a s , on peut évoquer les principes supérieurs de
» progressivement du périsprit. » letre•mais qu'alors on court le risque de per-
» D ’après les cccullistes, dans la plupart des » pétrer le plus grand des crimes. On fait perdre
» cas, l ’esprit qui vient dans une séance est Pelé- » en effet à l’être ainsi rappelé dans ce monde le
» mentaire de la p:rsonne évoquée, c'est-à-dire » bénéfice de tous ses efforts p o jr s’en éloigner
» un être qui ne posséde r a défunt que les in s- » spirituellement. L ’ expérience seule p^rmeit a
» tincts et la mémoire des choses terrestres (v o y e z » d’infirmer ou de confirmer cette observation.
» c i - d e s s u s ) . Mais même cet esprit éléme ri taire ne » En terminant cette étude sur le monde in v i-
» vient pas dans tous les cas et d’autres influences » siblc, rappelons qu'entre les êtres dont nops
» agissent. Ceci nous amène à étudier la façon » avons parlé, on rencontre des c o u r a n t s f l u i -
> dont l’occultisme conçoit le monde invisible. » d i g u e s de lumière astra’e, courants non percep-
» D ’après le spiritisme* le monde invisible est » tibles à notre être physique, mais qui devien-
» peuplé seulement d 'e s p r i t s et de f l u i d e s . » nent immédiatement perceptible* a l’être qui par
» Ce sont d'abord les : b la sortie de son corps astral, a acquis le s i x i è m e
1 » s e n s humain, sens encore inconnu à la plupart
» É l é m e n t a i r e s , principes inférieurs des êires
» des hommes actuels.
; décédés à la vie terrestre, puis :
» Cette l u m i è r e a s t r a l e est la f o r c e s u b s t a n c e
: » Les c o r p s a s t r a u x d e s ê t r e s v i v a n t s ^ péris-
» u n i v e r s e l l e dont toutes les autres forces et toutes
» prits d;s médiums sortis inconsciemment hors
» les autres substances sont des modalités. Elle suit
» de l’être, ou périsprits des adeptes sortis cons-
» à très peu de choses près les mêmes lois que l’é-
» demmcnt du corps dans un but déterminé ;
» lectrxcité, une de ses manifestarions supérieures,
» Les É lé m e y i t a lS ) êtres inférieurs, n’ayant ja -
» Pour tout résumer, voici ce quJon rencontre
» mais été incarnés, ne possédant aucune intellU
» dans le monde invisible aux yeux matériels, v i-
» gence propre et subissant l’influence de toutes
» sible à l ’état médianimique.
» les volontés humaines, bonnes ou mauvaises ;
» ces êtres agissent dans les é l é m e n t s ? » i° L e s c o u r a n t s f l u i d i q u e s de lumière astrale
» Les I d é e s d e s h o m m e s . Autour de chaque
» charriant:
» homme ses idées se trouvent, constituant, par la » 20 Les E l ê m e n t a l s , forces^conseîentés des clé-
» fusion de chacune d’elles avec un élé mental, un
» ments.
» être réel qui reste là plus ou moins longtemps » 3 0 E l é m e n t a i r e s } restes des défunts. E s p r i t s des
» suivant la tension cérébrale qui lui a donné nais-• « spirites.
» 4 ° I d é e s d e v e n u e s d e s ê t r e s , êtres collectifs (E u -
» sance et qui agit bien ou mal sur l'homme,
» gène Nus).
» suivant que l’idée est bonne (enthousiasme)
» ou mauvaise (remords). )> 6° Corps fl indiques des médiums ou des
» adeptes. »
» Expliquer en détail la constitution de tons
» ces êtres,, le moyen de les distinguer et de mon-
» t\ er la réalité de leur existence, ce serait faire un Nous avons exposé consciencieusement les doc­
* traité complet de magie pratique. Nous n’en trines occultistes, il nous reste maintenant à discu­
» avons pas le loisir ici. ter leur valeur et à les mettre en parallèle avec ce
Le spiritisme, comme le magnétisme forment que les données positives du spiritisme nous ensei­
? en effet, d’après les occultistes, deux branches de gnent.
3 L’anitque magie,, science profonde, enseignée Avant de pénétrer dans le détail, il nous suffit de
» dans les temples; antiques après de terribles signaler d’une manière générale le procédé em­
» épreuves, ployé. Il consiste à fragmenter ce que les spirites
» U n point important à noter tout d'abord1, c’est appellent corps, périsprit, esprit; mais cette seg­
» que la querelle entre les occultistes et les spiri- mentation qui, d’ailleurs ne repose sur aucune
» tes à propos des esprits et des élémentaires est expérience, qu’on nous donne comme un dogme,
» une pure querelle de mots. au lieu d’éclaircir le problème de l’âme humaine
* L e spiritisme n’ayant pas établi l’existence des ne fait que le rendre inintelligible.
» principes supérieurs admis par l'occultisme, il Que le lecteur se reporte aux Jeux tableaux
» s’bnsuit que ce que le spirite appelle un esprit, dressés par Papas, il pourra voir que ce que les
» correspond absolument à ce que l’occultiste ap- “ occultistes appellent, lés principes supérieurs c’eit-
i 8o ~E S P 1 K I T 1 S M E

à-cire Vâme divine et l’âme angélique sont tantôt lequel ce moi s'exerce, c'est-à-dire le périsprit.
conscientes et tantôt inconscientes. Nous allons voir de suite en développant cette
On nous dit : la partie de l’Esprit qui est le théorie que c’est à l’absence de cette distinction
siège rie l'inspiration, de la double vue consciente que sont dus les erreurs et les malentendus qui
et de lu moralité est l’âme angélique. Bien, mais plus divisent aujourd'hui les écoles philosophiques.
loin, je vois au contraire que cette âme angélique G. De l a n n e .
constitue l’inconscient supérieur. (A suivre).
De même ils appellent âme divine la partie supé­
rieure de l’Esprit q i est le siège de la prévision
consciente de l’avenir et plus loin cette âme divine
fait aussi partie de l’inconscient.
FAITS ET PROPOS
Or, ces âme.1, en supposant au’elles ne soient pas Un certain nombre de spirites ont l’habitude de
développées encore dans la race humaine, ce qui se réunir le 1“ novembre en commémoration des
est fort conte.table, sont appelées à prendre un morts. J'approuve cet usage d’adresser en commun
jour leur essor, et lorsqu’elles se manifestent pleine­ des paroles de bon souvenir ou d’encouragement
ment comme elles le font déjà, elles cesseront par le à ’a grande fa ; ille des disparus.
tait même, d’être inconscientes, donc, il y a là cer- J’ai assisté à la réunion de cette année, qui a eu
ainement, une erreur de classification qui n’est lieu au siège de la c Librairie des sciences psycho­
pas faite pour jeter une grande clarté sur ce ditfi- logiques », i, rue de Chabanais.
cile sujet. M. Leymarie a ouvert li séance par la lecture
C’est un mot bien à la mode que celui de l’in­ d’une prière d’Allan Kardec spéciale à cette céré­
conscience et il ne serait peut être pas superflu de monie et a, ensuite, prononcé une allocution de
s’arrêter un instant pour fixer le sens que nous de­ circonstance se terminant ainsi :
vons attribuer à ce vocable si employé de nos k Nous sommes à cette réunion pour appeler
jours. D’après les recherches des philosophes con­ « de tous nos vœux h s esprits de nos morts.de ces
temporains, il est certain que l’ancienne psycho­ « bons amis qui ont emporté, comme partie la
logie, en se cantonnant dans le champ de la cons­ « plus précieuse de leur bagage intellectuel, les
cience et en se servant uniquement du sens in. « images recueillies dans la famille. Se souvenir,
time comme instrument d’observation, a laissé sys­ « c’est vivre, appeler les morts c’est communier
tématiquement de côté le domaine le plus vaste de « avec eux dans la vie universelle et infinie... »
l’Esprit. Un exemple fera mieux comprendre « Que ces âmes sœurs, continuant leurs relations
notre pensée. — Nous lisons un livre, et à chaque « avec nous, apportent la preuve de leur survi-
instant notre moi peut se définir une succession de
« vance aux âmes attristées pour les convier à
moments, se reliant les uns aux autres par la
« l’étude du monde invisible, »
mémoire. Les idées que la lecture a fait naître dé- Mme Colin a donné connaissance d’une dis­
fileht en quelque sorte devant l'esprit pour faire sertation remarquable, ayant pour titre : Mission
place à d’autres, auxquelles elles s’enchaî tent,
du spiritisme.
bien que la mémoire en ait pris note, bien que
Laurent de Faget a lu une pièce devers qu’il
nous puissions les rappeler en fixant sur elles notre
venait de composer, intitulée « Fraternité, » qui a
attention, il n’en est pas moins vrai qu’elles ne
été très goûtée. Je regrette que la place qui m’est
sont pas toutes présentes en même temps devant le
réservée dans ce journal ne me permette pas de la
moi, et que, par conséquent, elles deviennent in­
citer tout entière ; mais en voici quelques
conscientes, sauf à redevenir conscientes par l’ef­
strophes :
fort de la volonté.
Mais pour voir un Eden sur la terre.des hommes,
L’Esprit peut se comparer à une bibliothèque
Pour devenir, un jour, meilleurs que nousDe sommes,
contenant un grand nombre de volumes, si l’ins­
Pour comprendre le but de notre humanité,
truction et l'étude ont enrichi ses casiers intellec­ Spirites I suffit-il d’une froide science ?
tuels, cet esprit contient à l’état latent les connais­ Non, il faut de nos cœurs chasser l’indifférence 1
sances qu’il y a accumulées, mais il ne se sert Dans les ombres du mal, l'amour, c’est la clarté I
pas de toutes en même temps, de sorte que la plus
Si je vois le printemps en évoquant l’automne,
grande partie de son bagage cérébral est toujours C’est qu’à l’heure où nos bois dépouillent leur couronna,
inconsciente au sens propre du mot. Nous célébrons nos morts, nos absents bien-aimés ;
11 résulte de ces considérations qu’il faut distin­ C’est que nous revenons, lorsque la feuille tombe,
guer dans l’Esprit entre ce qui se connaît, qui sent, Rappeler aux humains ce que c’est que la tombe,
et qui veut, c’est à dire le moi et l’instrument sur Foyer de vie où, tous, nous serons ranimés 1
LE SPIRITISME 18 r

Et c’est pourquoi, venus de l’école nouvelle, I M. Delatre, ancien vice-président, Lefils, père et
Qui cherche la science et ne veut rien voir qu’elle, fils ; Vve Deveaux et Frtyou ; Albert Charpentier,
Nous qui fuyons le dogme et crions : Liberté ! membres du Comité et ehefs de groupes ; plusieurs
Nous voulons cependant avec vous faire éclore, spirites adhérents de « l’Union », ainsi que leurs
Gomme un fruit merveilleux qu’un doux soleil colore, invités.
Le principe sauveur de la fraternité 1
Puis : •
M. Leymarie a cité le nom des spirites décé­ MM. Leymarie, administrateur de la librairie
dés pendant l’année qui vient de s’écouler, en fai­ des sciences psychologiques ; Alexandre Delanne,
sant sur chacun d’eux des commentaires de nature président d’honneur de « l’ Union spirite fran­
k rappeler leur valeur personnelle. çaise » ; Auzanneau, vice-président de la « Société
Puis, nous avons lu diverses prières : Pour les du spiritisme scientifique » ; Reybet, de Saint-
enfants pauvres, pour nos ennemis, sur l’espé­ Dizier ; Trithot, de Bar-!e-Duc.
rance, sur la justice éternelle, etc. Les villes de Mizières, Charleville et Epernay
J’ai prié pour mon compte, écartant momenta­ étaient également représentées, mais je n’ai pu me
nément la question de savoir si la prière est ou procurer le nom de leurs délégués.
non| efficace, et tout en n'ignorant pasqu’un mot de Plusieurs chefs de groupes ont écrit pour s’excu­
la créature ne peut modifier les lois immuables du ser de ne pouvoir assister à la réunion, notamment
Créateur; mais sachant fort bien, en revanche, MM. Wydts et Granier, de Cbauny ; C. Ferey de
que la voix du coeur allège les souffrances de nos Ham ; Becker-Noël, de Bar-le-Duc ; Henry Alexis,
amis d’ouire-tombe, et, leur donnant l’espérance, de Denain.
aide souvent à leur amélioration ; convaincu aussi M. Martin, de Bruxelles, a écrit qu’il approuvait
que l’émanation de notre pensée, à l’adresse de le bal de cette réunion.
ceux que nous aimons, les rend heureux en leur Le président de l’Union spirite de Reims,
prouvant que les liens d’affection qui nous unis­ M. Christophe, ouvre la séance.
sent à eux ne sont pas brisés par cette séparation Après avoir adressé de bonnes paroles de remer­
momentanée. ciements aux divers délégués, il annonce que la
La séance s’est terminée par une évocation géné­ séance sera divisée en deux parties ; la première
rale. Des communications ont été obtenues par présidée parM. Delanne, la seconde, par M. Leyma­
Mme Bonot, MM. Leymarie et Laurent de Faget. rie.
Il cède alors le fauteuil présidentiel à Delanne.
Le secrétaire, M. Monclin, souhaite la bienve­
Le dimanche, 9 novembre, a eu lieu, à Reims,
nue aux étiangers, en termes flatteurs pour les
une Réunion générale des spirites de l'Est ; e t
délégués et particulièrement pour les conféren­
voici le compte rendu :
ciers venus de Paris. Il assure de son dévouement
M. Monclin, secrétaire, et l’un des fondateurs
absolu à la cause spirite qu’il dit, avec raison,
de l’ CJnion spirite de Reims, a fait le beau rêve
« être une œuvre de régénération sociale et huma­
d’une fédération spirite par région en attendant
nitaire »; fait un historique de la Société spirite
mieux. A cet effet, il a commencé par convoquer
de Reims, depuis 1886 ; cite Je dévouement désin­
les spirites de la contrée de l’Est.
téressé de M. Jules Sohier, ancien président ; puis
Et afin de rehausser cette petite solennité, il a
entre dans le détail des résultats obtenus,
fait appel au concours de deux hommes marquants
entr’autres : la fondation d’une bibliothèque qui
en spiritisme : Alexandre Delanne et Leymarie,
compte aujourd'hui 3oo volumes, et la création
en les priant d’assister à cette réunion, ce qui a
d’un journal trimestriel deviné à la propagande.
été accepté par eux. Je me suis également rendu
La parole est ensuite donnée à M. Leymarie.
à Reims en qualité de délégué de la Société du
L’orateur parle d’abord des travaux qui se sont
spiritisme scientifique.
accomplis « entre le point de départ du spiri­
Nous avons trouvé, dans un milieu très sympa­
tualisme moderne et celui de l’arrivée de nos doc­
thique, plusieurs de nos frères de la contrée, venus,
trines en 1890. >
comme nous, te joindre à ceux de Reims.
Il cite le nom de qudques vaillants pionniers
L’assemblée se composait :
de la cause : Aux Etats-Unis : Jackson Davis et
Des membres de l’Union spirite de Reims, la famille Fox. En France : Cahagnet, l’éditeur
MM. Lucien Christophe, président, Didier, Sardou père et Sardou fils ; enfin, Allan-
Lassaut, vice-président Kardec qui fit paraître la première édition du
Rouy, vice-président u Livre des Esprits » en 1855, et qui en est à sa
Paul Monclin. secrétaire-trésorier. trente-sixième édition.
182 LE SPIRITISM E

Parlant des savants qui combattent chacun à sa comme citoyens du monde et comme élèves
manière les idées spirites, il cite les docteurs Ber­ d’Ailan-Kardec. »
nheim et Liégeois de la faculté de Nancy, qui Enfin, il cite l’exemple de Jeanne d’Arc, mé­
attribuent les phénomènes à la suggestion et à la dium inspiré, venue à Reims, en 1430, et brûlée
transmission de pensée, Charcot, dit-il, inventa à Rouen, comme on sait.
l’hypnotisme; c’est l’ancien système de l’abbé « Souvenez-vous, dit-il, de cette sainte de la
Fa ri a. patrie et, comme elle, répétons-nous qu’un Labeur
La Société dialectique de Londres a étudié et opiniâtre vient à bout de tout. Rappelons-nous ces
constaté les phénomènes spirites. Les savants de paroles et qu’elles soient notre devise. »
l’Allemagne, de la Russie, des Etats-Unis ont Après une suspension de quelques minutes la
déclaré, avec William Crookes et Russell-Wallace, séance est reprise, présidée par M. Leymarie qui à
qu’il y avait un quatrième état de la matière.
son tour, donne la parole à M. Delanne.
L’orateur continue en donnant un résumé scien­ Le conférencier commence par remercier les spi­
tifique des expériences de William Crookes sur rites de Reims de l’avoir convoqué à cette réunion,
cette question de la matière radiante ; entre dans il félicite tout particulièrement M. Monclin de
de longs et intéressants développements sur la sort zèle et de son initiative, ajoutant qu’il y a là
destinée de l'âme et sur Dieu qui est un état et un exemple à suivre. Il présente à l’assemblée ses
non un être fer sonnet et circonscrit. salutations fraternelles au nom de « l’Union spirite
Revenanïà Aïïan-Kardec il dit : — Il a fait une française » dont il est le représentant.
œuvre supérieurement grande. C’est en vain que Il fait un rapide examen de l’état des esprits en
les écoles nouvelles, tablant sur ses travaux, vou­ i 85o, mettant en comparaison les matérialistes et
draient les amoindrir et en faire une branche bien les cléricaux. Les voies sont préparées, dit-il, par
faible du tronc dont elles prétendent être la repré­ les philosophes Ballanche, Pierre Leroux, Jean
sentation vivante. Reynaud, Flammarion, etc. comme précurseurs
Le conférencier termine ce substantiel et remar­ des idées de la réincarnation à introduire dans les
quable discours en rappelant « que nous devons masses.
travailler avec ardeur a illuminer notre esprit en. Il examine ensuite les conditions dans lesquelles
augmentant ses acquis intellectuels pour être à la les esprits se manifestent, et parle de la composé
hauteur de nos destinées sur la^terre et dans les tion du périsprit. Après quoi, il nous conduit par
mondes sidéraux, lorsque nous serons dignes d’y la pensée dans différentes villes de la France et de
émigrer. — Unissons-nous pour accomplir des l’étranger et raconte à l’assemblée le détail des
œuvres durables sagement mûries; c’est notre but, nombreux faits remarquables dont il a été témoin,
c’est notre devoir, notre droit, comme spirites, ce qui a paru vivement intéresser l’auditoire.

Rabelais fut un des premiers prosateurs de


MÉMOIRES SALON SPIRITE France ; né à Chinon en Touraine vers 1 q.83, mort
à Paris en 1553 ; à 10 ans il fût mis chez les béné­
DEUXIÈME PARTIE dictins de l’Abaye de Seully pour faire ses pre­
mières études, et comme il n’y apprenait rien, on
l'envoya au couvent de la Ëaumette, près d’An­
(S u ite )
gers. Jeune encore, par la volonté de son père, il
Voici ce qu’il répondit : prit l’habit des Cordeliers à Fontenay-le-Gomte, en
Je suis Rabelais, ne me reconnaissez-vous pas. bas Poitou. Son ardeur fût pour les sciences pro­
J’ai dit: je suis un joyeux compagnon qui vous fanes, ce qui lui attira l’inimitié de ses confrères.
émerveillerai avec mes discours et non pas vos Plus tara, il jeta le iroc aux orties pour courir le
esprits (rêves creux). Je vêtirai mon liripipion ou monde en habit de prêtre séculier. Il travailla à la
bonnet de docteur, et je dirai : buvez l’eau de la faculté de médecine de Montpellier.
cave, un peu plus, un peu moins, vous serez con­ Au milieu des événements du XVIe siècle, au
tents. moment oit la grande scission religieuse préparai1
Quelques jours après une discussion assez vive les guerres civiles et allumait les bûchers les sail­
ayant eu lieu, l'Esprit de Rabelais frappa ce qui lies de Rabelais firent une diversion aux luttes
suit : Bonz en fanes estes de vous esgausiller à ceste. aciarnées des partis; les bûchers pétillent, le sang
besterie ; mîeulx vault que beuvier fraiz que parlez ruisselle et au milieu de ces antagonismes, on
chaud. entend Féclat de rrre de es Démocrite gaulois, de
LE SPIRITISME i83

Afin d’encourager les spirites de Reims à persis­ Ces trois discours seront publiés in extenso dans
ter dans l’œuvre de fédération entreprise par eux, le journal spirite de Reims, siège : 28, rue Gam­
Delanne rappelle comment « l’Union spirite fran­ betta.
çaise » s’est créée, et cite le nom de ses fondateurs.
Sans nous dissimuler les difficultés d’exécution
Les résultats, depuis huit ans qu’elle existe, ont
été excellents : production ce livres, brochures, d'un projet de fédération, nous devons encourager
cet essai, soutenir cette idée pour nous-mêmes et
journaux, formation de groupes nombreux en di­
vers endroits. surtout pour le bien de la cause que nous défen­
Après avoir rappelé le succès du récent congrès, dons.
A dz anneau .
qui est un commencement de fédération générale,
il conclut à une poussée en avant, disant que Gu­
tenberg, avec le livre, avait ouvert l’intelligence.
La Révolution française, ajoute-t-il, a fait naître la
liberté et la fraternité. LE SPIRITISME A LYON
Il termine cette importante et intéressante confé­ RÉPONSE A M. SAUSSE
rence, par les paroles suivantes :
« Le spiritisme sera l’alliance des hommes et des Etant violemment pris à parti par M. Sausse,
âmes dans le grand mouvement du xx' siècle qui président de la Société Fraternelle pour l étude
doit conduire l’humanité au progrès et consé­ scientifique et morale du spiritisme, je prends la
quemment au bonheur. » liberté de lui répondre par la voix du jourual où il
me critique et cela le plus brièvement possible
Aorès Delanne, j’ai moi-même prononcé quel­
pour clore une discussion oiseuse qui ne sert ab­
ques paroles au nom de la Société du spiritisme
scientifique; puis en mon nom personnel j'ai fait solument à rien.
Il est bon que le lecteur sache à quoi s’en tenir
quelques réflexions sur Ja philosophie et sur la
sur le travail parfois ardu de la société Fraternelle
morale du spiritisme, à l’adresse des incrédules,
et qu’il sache enfin pourquoi le spiritisme ne fait
des mystiques et des néantistes.
pas plus de progrès à Lycn. On sera fixé alors sur
En somme l’impression générale de l’assemblée Je compte de ceux qui ne veulent point, comme le
m’a para excellente. Les trois discours qui ont été dit M. Sausse, se mêler aux études de son groupe.
prononcés ont formé un ensemble en ce sens que On saura qre si les savants évoluent plutôt vers le
Leymarie a envisagé le spiritisme sous le côté champ occultiste que vars les spirites, c’est que
scientifique, Delanne au point de vue expérimen­ ces derniers n’ont aucune méthode dans leurs tra­
tal et moi sous la face philosophique et morale. vaux et que les chercheurs sérieux ont parfaite-

cet Homère bouffon, dont ¡’œuvre monumentale ne repose sur cette pierre, rien ne prévaudra contre
périra pas, parce que derrière le scepticisme et les elle, ni la persécution des faux dévots, ni la mau­
folles imaginations, on y sent une critique supé­ vaise foi de ceux qui, de parti pris, réjètent tout
rieure. ce qui peut ressembler à la vérité.
Sa robe de docteur a été conservée à la faculté de Marchez enfants élus de cette vérité', allez dans
médecine de Montpellier. Rabelais est mort en le chemin qui vous est ouvert, le courage et la foi
fidèle chrétien ; on voit que son Esprit, quoi vous soutiennent. Vous arriverez infailliblement
qu’ayant quitté la terre depuis plus de trois siècles, un jour au lieu sacré où cette divine vérité brille
est encore gai ; « il vaut mieux boire frais que dans tout son éclat. Ne vous laissez point abattre
parler chaud. » pour les injustices des hommes; c’est un temps
Le I7 octobre, un Esprit supérieur vint nous d’épreuves, mais qui assurera davantage le triomphe
dicter ce qui suit : du spiritualisme. — S. Swetchine.
€ Pierre tu es pierre ; sur cette pierre je bâtirai Cette dame russe a été supérieure ici-bas par ses
« mon église ; les portes de l’enfer ne prévaudront écrits et ses croyances. J’ai connu un de ses neveux
« pas contre elle. » Ainsi s’exprima le Christ. Oui le prince Gagarine lequel était très croyant spirite
certainement, l’église du Christ ou la réunion des et aussi magnétiseur. Quand elle a été malade,
vrais et bons fidèles ne peut être détruite par l’es­ près de mourir, il a voulu la magnétiser, elle a
prit du mal. Ainsi, rien ne peut atteindre la toujours refusé. Maintenant son esprit libre de son
croyance nouvelle, elle repose sur une vérité infail­ corps pense mieux.
lible, aussi solide que la pierre. La nouvelle église Le 22 octobre nous eûmes une communication
184 LE SPIRITISME

ment raison de reporter ailleurs leurs idées de re­ Je porte donc à la connaissance de tous les spi­
cherches qui sont tout à fait contraires au plan rites lyonnais,que la « Loge * a son siège, 5, cours
d’immobilité où se confinent nos sociétés. Gambetta, chez son président M. Bouvier. Les
Les phénomènes que l’on essaie d’étudier ne séances du groupe fermé ont lieu tous les lundis
sont point du to A obtenus dans les rigueurs exi­ de 8 h à 10 h. du soir et tous les i°r et 3™' diman­
gées par une société sérieuse. On accepte sans cri­ ches de chaque mois de 3 h. à 5 h. du soir.
tique ce qui vient par le canal du médium et la E. Bouch et.
plupart des personnes qui assistent aux séances ne
viennent là qu’en simples spectateurs guidés par la
curiosité plutôt que par l’étude d’une morale éle­
vée. REPONSE A M. BOUCHET
En somme, si pécuniairement et moralement,
je n’aide pas le dit groupe, c'est que l’accès de son Par le fait d’explications insuffisantes, j’ai dû
sanctuaire n’est pas facile à celui qui n’es* pas so m’élever contre les projets de M. Bouchet, que
ciétaire et surtout f ncore quand le dit profane veut j’entrevoyais pleins de dangers pour la marche du
émettre des idées nouvelles. Dans ce cas, tel que M. spiritisme dans notre ville.
Sausse cherche encore à le fairedans laprosequ’il me Or, il résulte des renseignements qui m’ont été
dédie, il sait mettre en action toute son impartiale donnés ultérieurement, que l’annonce de la publi­
logique, pour démontrer ce que l’on sait d’avance, cation le Monde futur n’était qu’un ballon d’essai
c’est que les idées émises par le nouveau néophyte dont le projet est abandonné, et que, loin de vou­
sont tout à fait contraires à celles de son groupe. loir ciéer à Lyon une nouvelle société spirite,
Pas d’éparpillement, ce travail n’est plus à laite, M. Bouchet et ses amis n’avaient ûLutre but que
pas de sectes nous sommes indépendants ; pas de d’organiser un groupe intime et fermé a’études
casse-cou, nous sommes méthodiques et nous spiriœs.
marcherons avec les savants qui veulent imprimer Je ne puis qu’applaudir au programme, dont
une nouvelle direction aux travaux spirites. nos amis m’ont soumis les grandes lignes, et sou­
Quoi qu’en dise M.Sausse, l’idée émise est exé­ haiter, pour eux et pour notre doctrine, que le
cutée et la « Loge des Indépendants Lyonnais » succès réponde à leurs espérances; en attendant
est fondée avec l’appui de M. Papus, ce travailleur qu’il en soit ainsi, la Société Fraternelle poursuit,
à qui le spiritisme doit une belle heure de succès. par tous les moyens, son oeuvre de propagande,
Suivant les enseignements du groupe d’études eso. cherchant à faire connaître et à répandre, par la
tériques de Pari«, nous profiterons des conseils distribution gratuite des brochures spirites, par les
qu’il« nous donneront tout en méritant notre titre. expériences et par la parole, les grandes lois rao-
^ — muMMuiin'iiMiim» ,

d’un esprit très supérieur, car la sœur Rosalie a manquent. Ne dites pas que vous ne le pouvez pas;
été très connue et très révérée par sa charité. on le peut toujours. Si vous n’avez pas le superflu,
Chers et bons frères, vous entrez dans uneépoque donnez une parcelle de votre nécessaire; quelque
de l’année où vous avez besoin de fondre votre petite qu’elle soit elle vous sera rendue au cen­
cœur au feu brûlant de la charité Que n’avais- tuple. Le denier de la veuve dont parle le Christ a
je le don de changer les pierres en pain, alors que été plus a; précié que le superflu jeté machinale­
j étais sur la terre au milieu d’un peuple de mal­ ment par le riche, üh ! mes bons amis croyez à la
heureux qui souffraient cbaque our la faim et le parole d’outre-tombe de celle qui a eu le bo heur
froid. Comme mon cœur souffrait, comme vous de se dévouer au soulagement des malheureux,
souffririez aussi si vous étiez les témoins de pa­ suivez le conseil que je vous donne ; ce que vous
reilles misères. Mais aussi comme votre âme serait laisserez tomber dans la main de celui qui la tend
inondée d’amour, comme elle s’élèverait v.rs vers vous, vous fera mériter une bonne place dans
Dieu ! nos sphères célestes.
La charité, mes frères, n'est pas toujours l’au­
mône ; la plus utile pour quelques-uns de vous,
COMMUNICATION UE P a ISCAI., 29 OCTOBRE l8 6 t
c'est l’aumône du cœur,
O femmes! laissez de côté quelques-unes de vos De tous les êtres qui sont sur la terre le plus
parures ; hommes, privez-vous d’un plaisir I que malheureux est l’homm; intelligent. Voyez-le per­
cet argent soit employé à donner dupain à votre cer le ciel de son regaid d’aigle, étudier la marche
frère malheureux ; vous le savez, il y en a qui en des étoiles, réunir toutes les forces de son esprit
LE S PI RI TISME »85

raies qui sont la base de notre philosophie. Dans ce aussi nombreux que sympathique, régnait une
but, notre séance du dimanche 23 octobre a été des atmosphère de plaisir, d'allégresse. Mais il est
mieux remplies par la charmante causerie de notre quatre heures, c’est l’instant solennel, chacun se
dtvoué secrétaire, M. M. Moissonnier. tait et dans un speech à peu près conçu en ces
L’orateur, qui avait pris pour texte la Métemp­ termes, s’ouvre la séance :
sycose et la Réincarnation, s’est fait chaleureuse­
ment applaudir psr ses nombreux auditeurs. Mesdames, Messieurs,
H enri S ausse . « A tort ou à raison, peut être à tort et à raison,
on s’est plu à regarder les spirites comme des sec­
taires sceptiques constamment absorbés par des
LE SPIRITISME EN PROVINCE rêves macabres et passant leurs journées et leurs
veilles à évoquer les morts. C’est contre cette
prévention, heureusement souvent en défaut, que
Mon cher ami, nous tenons à réagir à la Société Fraternelle, et
Une nouvelle importante et que vous connais­ vous »errez dans un instant, Mes lames. Mes­
sez peut-être est la formation du nouveau groupe sieurs, que les spirites ne sont pas ce qu’un vain
d’études les Indépendants Lyonnais ; le pro­ monde pense, c'est-à-dire les ennemis de la douce
gramme de nos amis est des plus complets et je joie, de la franche gaîté.
ne puis que former des vœux ardents pour sa réa­ « Le but qui nous rassemble aujourd’hui n'a
lisation ; malheureusement, en ce monde, il y a sou­ rien de funèbre, au contraire, la joie va, ja l’espère,
vent fort loin de la coupe aux lèvres ; puissent ses présidera celte réunion, charmante fête de famille,
promoteurs être longtemps à s’en apercevoir et au profit de nos vieillards nécessiteux.
ne pas trouver sous leurs pas, au début, trop de « On a taillé l’an dernier notre manière d’agir,
ronces et d’épines dissimulées sous les roses de mais que nous importe, le succès a dépassé nos
leurs illusions. espérances ; nous ne pouvons donc que nous en
L’avenir est à Dieu, a dit notre grand poète féliciter et continuer à faire du bien en nous
Victor Hugo, espérons qu’il leur sera favorable amusant, les malheureux seront ccrtjinement les
ainsi qu’à notre sœur Mme veuve Second, dont derniers à s’eu plaindre.
les funérailles spirites ont eu lieu au milieu d'une Après (cette courte allocution la soirée a com­
nombreuse assistance. mencé par la Fête de Bohème, brillamment exé­
C’était jour de fê'e l’autre soir, mon cher ami, cutée au piano par une jeune artiste pleine île ta­
à la Société'-fraternelle e t, dans notre salle trop lent et d'avenir, Mile P. C., qui s est ensuite tirée
étroite de ia rue Terraille, où s’entassait un public, ave: non moins de brio et aux applaudissements

pour deviner Dieu, et sans y arriver. Oil I bien­ ses idées : quoique ayant quitté la terre depuis
heureux ¡es pauvres d’esprit le royaume des cieux eoo ans, il a encore ses indécisions; il faut fermer
leur appartient et aussi celui de la terre; ils y ont les jeux et marcher sans chercher.
la paix et la tranquillité de l’àme. Quelle souf­
france pour celui qui cherche la vérité et qui ne Biaise Pascal né à Clermont (Puy-de-Dôme), le
peut la trouver ; pour celui qui, d’apres ses prin­ 19 juin 1023, mort à Paris le 19 août 1662, lût
cipes, croit et qui est obligé de combattre la raison géomètre, philosophe et écrivain français.
qui s’oppose à sa foi. Il avait une grande intelligence ; à l’âge de
Il ne sait plus de quel côté il doit pencher. Sa 16 ans il composa un traité des sections coniques.
vie entière est un enter anticipé ; c’est une torture Après la géométrie, Pascal étudia la physique,
morale et même physique qui brise son existence, puis vint le temps où il montra un grand dédaiu
qui attaque souvent son cerveau. Aussi ne cher­ pour les sciences humaines; dès i 650 il connais­
chez pas à étudier ce que votre cœur comprend, ne sait plusieurs jansénistes; en 16b5 il était très lié
veus créez pas des raisons qui combattent vos avec MM. du Pot t-Royal.
croyances, et qui vous porteront à nier ce que vous En 1654, Pascal n’avait pas encore renoncé a la
voyez, ce que votre âme aspire avec joie, la bonté vie mondaine, quand, en traversant la beine au
même et la grandeur dsDieu. Soyez bons, humbles pont de Neuilly, ses chevaux s'emportèrent et
de cœur, croyez, aimez, mais ne raisonnez pas. faillirent le jeter dans la rivière, ce qui le résolut
La communication de cet esprit n’étonne pas, de quitter le monde; ce fût donc à cette époque
quand on connaît la fin de sa vie, tourmentée par qu’il se convertit définitivement. L’accident de la
186 LE S P I R I T I S M E

de la salle entière d’une charmante valse de sion une fantaisie pour violon sur Marthà et une
Godard. autre sur Sémiramis. Comme tous nos artistes
Bonjour Suxon, ravissante bluette, a été dite de bonne volonté, il a recieilli une ample moisson
avec conviction par Mlle C., suivie bientôt de la de bravos.
chanson de Fortunio : J’ai réservé pour îa tin de vous parler des deux
étoiles de nos concerts de fa mille, Mlle L. et M. V.
Si vous croyez que je vais dire De sa voix si fraîche et si forte Mlle L. nous a
Qui j’ose aimer....
charmés par la romance de Mignon : « Connais-tu
détaillée avec une justesse exquise par M. M. S., le pays... » qu’elle a chantée avec une délicatesse et
l’eniant chéri de l’assistance qui lui a fait bisser le une précision de véritable artiste. Elève d'un de
morceau. Pendant la seconde partie, de sa fraîche nos meilleurs professeurs de chant elle fait honneur
vois de ténor léger, notre frère en croyance s’est à son maître quelle surpassera bientôt dans l’art de
de nouveau fait vivement applaudir dans : Ce bien dire ; nul doute pour nous, et ce sont les sou­
que je vois dans mon verre. haits les plus ardents de toute l’assistance, qu’elle
Miles P. et M., qui étaient chargées de la part'e atteigne avant peu les sommets de l’art musical,
dramatique se sont acquittées avec un tel feu, une que rien ne peut l’empêcher de franchir, étant
telle conviction de leur tâche que bien des données les précieuses qualités de cantatrice dont
larmes ont perlé dans les yeux au récit des Pauvres elle est douée et le talent avec lequel elle sait le
gens de Victor Hugo ainsi qu’à celui du Porte­ mettre en relief.
feuille. C’est avec non moins d’élégance et de sûreté
Mais si naturelle et si profonde que fût notre dans la voix que la prima dona de nos concerts de
émotion, nous ne pouvions'restersous une impres­ famille s’est tirée d’un morceau difficile de Sam-
sion aussi pénible ; Mme G. s’est chargée de nous son et Dalila.
en tirer. Avec elle la gaîté la pins franche, la plus De son côté M. V ., une basse profonde a fait
communicative à de nouveau envahi la salle, son ressortir toute l’ampleur de son organe dans un
Sentier fleuri et surtout la Prière à Sainte-Ca­ morceau de la Juive, mais il s’est fait surtout ap-
therine ont déridé les plus émus et notre aimable plau lir dans le Roi des régates par la souplesse de
sociétaire, aux applaudissements de la salle entière sa voix et l’autorité avec laquelle il la sait con­
a dû répéter ses derniers couplets. duire.
Monsieur H. D. un jeune artiste plein de talent En somme pour tous, succès complet, succès
et qui vient d’êlre admis à notre Conservatoire, a pour les artistes, succès pour les malheureux.
exécuté avec beaucoup de délicatesse et de préci- Notre soirée, avec des applaudissements que je ne

voiture l’avait jeté dans une véritable hallucina­ ture humaine. 'Qu’est-elle devant la majestueuse
tion. Voué à Dieu corps et âme, il ne s’occupa plus grandeur de la création ?
que de mortifier sa chair ; il portait une ceinture ç « Elle est bie petite, en effet, et pourtant l’intel­
pointes de fer, il réprimait par des coups de coude ligence humaine est sublime, c’est [le chef-d’œuvre
qui faisaient couler le sang, toutes les vaines pen­ de l’Ouvrier divin ; il doit le remercier dans son
sées qui se présentaient à son esprit. csur, le bénir et s'humilier devant les merveilles
Nous avions souvent la visite de bons esprits de l’univers. Le seule vertu qui relève réellement
supérieurs qui venaient nous donner de bons con­ l’homme, c est la charité, l'amour de son prochain.
seils; souvent ces messieurs les interrogeaient et ils Celui qui la possède dans son cœur peut élever son
répondaient. Un soir, il en vint un, qui nous dicta âme jusqu'au pied de’ la divinité, qui est elle-même
ce qui suit : tout [amour, toute charité. Aimez-vous, cela sera
« Mes amis, pour nous mettre d’accord, je viens votre farce contre l’esprit du mal. — Fénelon.
vous parler sur une vertu, quelle qu’elle soit ; D. — Que ptnsez-vous encore du cardinal Du­
prenons la modestie et l'humilité, ce sont les ver­ bois ?
tus les plus agréables à Dieu et à vos semblables, R. —• Vous mettez ma charité à l'épreuve, car
car ce qu’il y a de plus laid en ce inonde c’est vous me torcez à vous dire que c’était un homme
l’homme vain et orgueilleux. méchant, fin et très adroit ; s’il a fait un peu de
L’homme vraiment supérieur est le plus humble bien, il a fait beaucoup de mal.
devant son divin Maître; plus son âme est élevée, D. — Qu’est devenu le duc de Bourgogne.
plus il comprend le néant et la petitesse de la na­ R. — II a une p’ace élevée, car c’était un esprit
LE SPIRITISME 187

saurais compter, a rapporté soixante-huit francs Pour nous, la solidarité nous montre un nom­
qui seront attribués à nos vieillards déshérités. bre consi iérable de délaissés avec lesquels nous
Le piano était tenu tour à tour par Mlles L-, P. les partageons ; il ne faut pas que l’oubli les acca­
C ., et D., à qui nous ne pouvons qu’adresser nqs ble, ils souffrent assez de leur isolement.
plus vives lélicitations. Merci non seulement pour ce» gages matériels,
Cette charmante soirée qui n’a rien de commun mais surtout pour cette affection puissante, indes­
avec la fameose séance de spiritisme piètiste dont tructible, qui nous unit à vous et nous aide à
on s’tst occupé beaucoup plus qu’elle ne le méri­ répan ire dans ces milieux désolés le calme, l’es­
tait, a laissé, p: rmi nous une charriante impression poir et la résignation ; ce sont vos prières qui
et c’est en nous disant au revoir que nous nous nous pénètrent et doublent notre énergie]'; ce sont
sommes séparés. vos pensée» ardentes qui nous soutiennent et nous
Et maintenant, mon cher ami, il me reste tout ai lent à remplir notre tâche.
juste la place dévots adresser, ainsi qu’à votre Ah ! combien plus heureux nous serions si, au
famille et nos amis, mes salutations les plus lieu de voir couler vos larmes de regret, nous
cordiales vous voyions remercier et bénir la main libératrice
Henri Sauseb. qui nous a affranchis un peu plus tôt de notre prison
•. - ------------------ » ------------------------- tenes tre.
Chasses de votre esprit l’image de la mort telle
COMMUNICATION qu’on vous la montre; loin d’être hideuse, loin
(icr Novembre i8ço) d’être un spectre épouvantable qui vient nous
séparer à jamais de vous, elle est l’ange libérateur
Oh ! jour mille fois béni que celui consacré au qui nous ouvre les portes du Céleste Empire, où
culte des morrsl comme ce pèlerinage de vos les peines sont changée» en joie, oü la siuffrance
cœurs nous est agréable ; avec quelle avidité nous disparaît lorsqu’elle est comprise, ou nous retrou­
cueillons cette fleur précieuse du souvenir que vons nos ailes qui nous portent vers vous en un
nous offre votre amour ; quel empressement nous instant et au gré de vos désirs ; tile a entrouvert
mettons à nous rendre au lieu où fut déposée pour nous, cette amie bienfaisante, le livre de vie
notre dépouille mortelle et que votre affection dans lequel nous lisons: solidarité entre tous,
pieuse cherche encore à parer et à embellir. amour, paix et harmonie.
Merci mes chers aimés pour ces fleurs et ccs Ah 1quel repos salutaire et fortifiant goûte l’es-
couronnes, chers présents de votre attachement piit qui ayant souffert et lutté pour la vie d’ici-bas, a
malgré notre absence ; merci, soyez-en prodigues I néanmoins consacré ce» quelques instants deliberté
en ces jouis de joie. à instruire te» semblables ! Quel exemple pfus

bon et supérieur. Dieu lui a tenu compte de la pri­ comme rivaux en poésie. Frédéric détestait d’au­
vation ce cette belle vie fauchée au printemps. tant plus Voltaire qu’il lui était inférieur. Frédé­
D. — Pouvez-vous dite quelque chose sur J. ric n’a été ni injuste ni méchant, il a fait la guerre
Jacques ? il le fallait ; il a été sévère ; c’était nécessaire; il l’a
R. — Homme moitié matière et moitié esprit, été d’une manière moins brutde que ne l’a été son
car il avait le cœur aussi matériel que son âme père. Dieu, qui dirige tous les évènements et qui
était idéaliste. Sa place n’est pas très élevée encore, en tient tous les fils dans samain ne saurait le punir
mais Dieu le prend en pitié et son intelligence des circonstances qui étaient inévitables.
épurée peu à peu k fera progresser. Là s’est arrêtée cette interrogation qui eut lieu
D. — Et de Voltaire, qu’en dites-vous ? le 19 novembre 18Ó1.
R. — Celui-ci était encore matérialiste, il a tout Fénelan a été un homme supérieur sur la terre,
nié pour séduire son siècle et l’cnt.aîner avec lui non seulement comme science et talent, mai»
en haine de tout ce qui était bon et grand ; mais comme bonté et charité.
son esprit était trop élevé pour croire à la matière. Fénelon, né dans le Périgord en i 6 5 i . Il com­
Il écrivait ce qu’il ne croyait pas.)Hommes vrai­ mença ses études à l’Université de Cahors, il vint
ment dangereux, car leurs discours séduisent les les achever à Paris; à l’âge de quinie ans il fit
misses, quoique n’entraînant pas les cœurs. une prédication pubdque; mais son once, le
D. — Dites nous quelque chose sur Frédéric. marquis de Fénelon, le fit entrer dans la congré­
R. — Vous voulez donc mettre en regard ces gation de Saint-Sulpice. 11 reçut les Ordres ea
deux esprits qui se sont tant haïs sur la terre 1675; en 1689 il fut nommé précepteur du duc de
188 LE SPIRITISME

salutaire que celui du dévouement et de l’abnéga­ dir l’amour pur, le dévouement, l’oubli de soi-
tion, cet oubli de soi-même qui est la base de même au piofit de son prochain. Quelle douce
l’apostolat sur la terre ! Quelle joie inonle l’âme satisfaction on éprouve lorsque l’on a pu guérir le
aimante, lorsquelle est parvenue à faire pénétrer cœur ulcéré d’un ami, quel bonheur plus grand
dans le cœur de celui qui souffre l’espérance, cette que celui de vereer le baume consolateur de la foi
divine flamme de la vénté, qui éclaire d’un jour sur celui que ronge le doute ! Avec elle renaissent la
tout nouveau nos destinées extra-terrestres, quelle santé et l’énergie ; alors plus de larmes, plus de
reconnaissance infinie monte vers l’autear de faib’esse; le pain de vie redonne force et courage,
toutes choses lorsque l’on voit que l’espoir conç i il ouvre les yeux de l’intelligence, qai comprend
sur la terre d’une vie meilleure malgré les tableaux alors les vérités éternelles qui lui sont révélées.Plus
merveilleux' que l’on a imaginés, ne sont qu’un de récriminations sur son passage ici-bas, sachant
bien faible mirage de la réalité ! Quelle force vive qu’il n’est que transitoire et que, la lutte terminée,
vous envahit et comme on bénit le jour de la déli­ il rentrera triomphant au camp fraternel où tout
vrance I est à chacun et chacun pour tous.
Vous vous réjouissez, mes chers amis, à la nais­
Vous v. yez que j ’avais raison ; bénissez donc la
sance d’un nouveau-nc. C'est à ce moment plutôt
que vous devriez pleurer et le plaindre, car l’image souffrance, car sans elle pas de combit spirituel;
sans combat, pas de dévouement et, par conséquent,
du destin terrestre cache pour tous des larmes
pas de mérite ; sans mérite, pas d’avancement !
amères, des jours sombres, des désespérances.
bénissez-le cet auxiliaire puissant qui vous force à
Vous avez raison d’aimer et de chérir ces chers
gravir les sommets escarpés du haut desquels ici-
petits; trop tôt, hélas! ils sentiront le iouet de la
bas vous apercevez les horizons de l’inépuisable
nature cingler leurs reins, et vous serez impuissants
malgré votre grand amour pour eux, votre dévoue­ vie. Continuez-nous votre amour, ce chant éternel
de vos cœurs, ce lien indestructible que nulle
ment inépuisable, votre tendre sollicitude, vous ne
torce ne peut briser, magnétisme magique qui nous
pourrez les empêcher de souffrir. Nul sur la teire
pénètre et nous tient puissamment liés les uns aux
n’échappe à cette loi du progrès, comprenez-’,e bien
autres, échange constant de mutuels effluves par
et sachez les préparer à boire à cette coupe sans
lesquels ie fort soutient le faibte de vie en vie,
dégoût; son breuvage est amer, mais il est S3in et
ne fait que croître et grandir.
fortifiant, H vous r.nd fotts.
Ce que je vous dis peut paraître paradoxal, et Unissons-nous donc par la pensée ; plus nous
cependant c’est la vérité ; loin de redouter ou de serons unis, plus nous serons inaccessibles et
maudire la souffrance, tout en la combattant vous rebelles aux fluides impurs. Aimons-nous, soute­
devez la bénir, car c’est elle qui fait éclore et gran- nons-nous, défendons-nous contra les passions,
W aeJr-ttM — — — M — IM — 3a—

Bourgogne, il ne se trouva pas bien auprès de la du règne de Louis XIV, ses richesses, sa vaiselle
famille royale, quoiqu’il eût séduit Mme de Main- d’argent furent employées pour le service de la
enon ; mais le célèbre livre de Télémaque lut patrie; son palais épiscopal fut transformé en
publie malgré lui; la haine de Louis XIV pour hôpital, et lui-même séjournait au milieu de ces
l’archevêque de Cambrai avait voulu l’empêcher, infortunés, son palais était le rendez-vous d’une
car les personnages de l’époque y étaient dépeints; foule de gens distingués de tous pays.
aussi ce livre fut lu par toute l’Europe. Le roi, Un soir, le 20 novembre, M. Flammarion étant
exaspéré, l’exila, li fonda un séminaire où il faisait présent demanda à un Esprit s’il pouvait lui dire
lui-même le catéchisme aux enfants. quelle a été sa dernière incarnation. L'Esprit ré­
pondit :
Le duc de Bourgogne, qu’il avait élevé, mourut II. — Vous supposez peut-être déjà avoir été un
jeune. Fénelon perdit encore, à de courts inter­ Esprit incarné aimant alors les études que vous
valles presque tous ceux qu’il aimait, et il écrivit aimez aujourd’hui. Loin de là, vous les avez pros­
à ce sujet : « Je ne vis plus que par l’amitié, et c’est crites, au contraire, vous faisiez partie du tribunal
l’amitié qui me tuera ». En effet, peu de temps sacré qui les repoussait, car il ne voulait pas que
après, il suivit ses amis dans la tombe, en 1715. Il la lumière brillât aux yeux du vulgaire ; par ce
était très chariubls, cet épisode populaire de la moyen, il pouvait mieux maîtriser la pauvre huma­
vache égarée le prouve : dans ses tournées pasto­ nité enlacée dans les réseaux de l’ignorance. Au­
rales, it ne dédaignait pas de s’asseoir à la table du jourd’hui, par contraste, vous êtes appelé à devenir
plus pauvre paysan. Pendant les dernières guerres
un des flambeaux qui doivent éclairer ces mêmes
LE SPIRITISME 1S9

nos ennemis terribles, et prions ensemble pour femmes, des enfants des infirmes de tout genre.
tous. Tous venaient chercher dans cette enceinte un
Ernestine D ozon, remède à leurs douleurs ou à leurs infirmités.
(médium Mme Delanne) . ' Assise sur un siège, à la droite du président,
je reconnus Mlle Louise, le médium si dévoué
et si intéressant, dont nous avons signalé plu­
sieurs fois à nos lecteurs les remarquables phé­
UN EXEMPLE A SUIVRE nomènes obtenus par lui; elle-même magnétisait
les personnes de son sexe ; plus loin, un des élèves
Arrivé à Lyon un jeudi soir, et me rappelant sou­ du prés dent, qui, à l’exemple de son maître ne
dain que le groupe de la rue Terraille devait être perdait pas une minute. Ces vaillants, se parta­
en séance, je m’y rendis sans êtie annoncé. geaient la besogne, comme en famille. Quelle soli­
C’était au mois de juillet dernier. La soirée était darité dans la pratique! de sorte qu’au bout d’una
chaude, pas un souffle d’air, on pressentait un grande heure seulement, je pus serrer les mains
orage. La salle e t spacieuse, simplement ornée et donner l’accolade fraternelle à ces braves cœurs
d’un bureau, de dessins spirites sur les murs ; un qui se dévouent de si bonne grâce à soulage:1 leurs
tableau noir posé sur un chevalet, sur lequel on semblables, ¡ans autre récompense que la joie de
écrit ¡’ordre du jour. Ce soir là, comme d’habitude, faire le bi: n.
la salle était comble. Le frère de M. Sausse présidait la séance et
Eh bien, malgré une atmosphère pareille (tous l’infatigable M. Moissonnier remplissait les fonc •
les fronts ruisselaient), les membres du Comité tions de secrétaire.
étaient à lejr poste, je ne dhai pas de combat, On ne saurait croire combian je fus ému à la
mais d’un pénible travail qu’ils s’imposent volon­ vue de ce tableau si simple et pourtant si grand.
tairement. Ch ique malade, sans phrase, sans démonstra­
La soirée était, en effet, consacrée spécialement, tion extérieure, en se retirant, saluait respectueuse­
comme tous les jeudis à une séance de magnétisme ment les magnétiseurs, mais on lisait dans leurs
curatif. yeux leur reconnaissance.
J’aperçus de loin le président, M. Henri Sausse, Les cures que l’on obtient dans ces milieux
revêtu d’une simple blouse blanche, légère (tenue fluidiques et sympathiques sont superbes. Elles
de travail), en train de faire des passes énergiques laissent dans le souvenir et dans le cœur une douce
sur un patient ; puis un autre lui succéda, puis satisfaction d’ an devoir accompli par des hom­
cinq autres, puis dix, puis tniïn la salle entière y mes dévoués, en plus des sentiments de respect et
passa. Dans le nombre il y avait des hommes, des d’admiration qu’on ne peut qu'éprouver en face

hommes que vous avez voulu plonger dans l’ob­ D. — Ai-je eu d’autres existences avant cette
scurité. dernière?
Vous viviez, il y a près de trois siècles, et depuis R. — Oui, vous avez été un guerrier nomade
ce temps vous avez promis à Dieu de réparer vos qui habitait la Chaldée, il y a 2,000 ans ; vous
torts par le travail le plus assidu. Ayez du courage, vous nommiez Nubius.
ceci servira à votre avancement. Telles sont les réponses qu’eut M. Camille Flam­
D. — Qui étais-je, et où étais-je ? marion, alors âgé de dix-neuf ans ; l’Esprit ne
R. — Vous habitiez l’Espagne et vous avez pros­ s’est pas trompé en lui disant qu’il éclairerait le
crit toute science en général. Vous vous nommiez monde par son travail assidu.
Don Alonzo d’Arcilla ; vous avez condamné tout Le soir du 17 décembre, M. Mathieu apporta
ce qui était beau, grand et utile, vous avez été un une lettre autographe de Grimod de la Reynière.
adversaire acharné de celui qui a donné un monde Pendant la lecture, il a manifesté une grande joie
à votre patrie. dans la table, puis il nous a dicté ce qui suit:
D. — Comment suis-je mort ? Je prends la place ce soir ; je laisse de côté tous
R- — Vous êtes mort comme les grands de la les esprits qui sont ici en nombreuse société ; si
terre, mais vous êtes mort misérable devant Dieu. vos yeux pouvaient nous voir, vous jouiriez du
D. — Oit suis-je enterré? spectacle pittoresque que nous offrons. Il y a des
R. — Dans une église de Madrid ; mais, le nom, esprits sérieux, comme parmi les vivants, mais il
vous le chercheriez vainement, il n’en reste plus y en a d’auttes qui ne le sont guère. Ce sont des
aucun vestige. esprits légers, il faut les prendre en pitié.
igo LE SPIRITISM E

d'une telle œuvre de charité. C ’est la vraie charité leur initiative exemplaire et le grand bien qu’ils
celle-là, elle plane au-dessus du respect humain» produisent si généreusement. C’est un bel exemple
et n’a qu’ un but, le soulagement des misères hu­ à suivre. A l . D elànne.
maines.
Du reste, leur dévouement porte ses fruits, car
leurs soirées sont suivies par une foule de malades
venint des quatre coins de la ville et même dé la NÉCROLOGIE
banlieue.
Un jour, Henri Sausse, sollicité par plusieurs
de ses amis, publiera, nous l’espérons, les princi­ Lyon, 18 septembre 1890.
pales guérisons, dont quelques-unes sont merveil­ Cher Monsieur Delanne,
leuses, obtenues dans Le groupe Terraille- Sa mo­
destie seule, jusqu’alors, lui a fait garder le silence. Un de nos fervents et sympathiques spirites
Ces documents seront justement appréciés ; ils ser­ vient de perdre sa compagne, Mme Parriaud, née-
viront à l'édification de tous. Louise Gallion, dés n:arnée dans sa soixante-
deuxième année, à la suite d’une longue et crudlë
L ’on peut être fier, sans orgueil,,de voir des spi­
maladie, pour elle et pour ceux qui fentouraienu
rites donner un tel exemple de dévouement et de
La mort a été une véritable délivrance. Ses funé­
désintéressement, et se contenter, pour toute
railles purement civiles ont eu lieu le 10 septembre.
récompense, de hu joie qu’ils éprouvent en soular
Cette sœur en croyance a été accompagnée au
géant leurs semblables.
cimetière de la Guilloiière par une foule considé-
Ces réunions du jeudi n’empêchent pas ces vail­ pérable de spirites et d’amis de la famille. Nos>
lants d’avoir, dans la même salle, leurséanee habi­ vœux pour cet esprit; qu’il so:t promptement dé­
tuelle de spiritisme tous lès dimanches. Tantôt, ce livré des liens matériels; que ses épreuves lui
sont des conférences fai es par un membre du soient comptées; qu’il soit plus heureux qu’il ne
groupe ou par un vidteur, tantôt des expériences l'a été dans les derniers moments de son incar­
d’effets physiques; on va même jusqu’à organiser nation.
dès concerts entre les membres de la Société, pour Grâce à las noble doctrine spirite que pratique
alimenter la caisse dès pauvres et celle de la propa­ notre frère en croyance Parriaud, il supporte celte
gande. séparatioa matérielle avec résignation.
Que ces chers propagateurs reçoivent nos félici­ Pour la Société spirite lyonnaise.
tations les plus sincères, et les p’us méritées pour C h e v a l l ie r .

Vous me classez toujours parmi les rai leurs et tout; aimez à rire, à boire et à manger, mais faites
les plaisants ; vous avez tort; je suis plutôt un aussi manger ves frères. B althasaiid .
esprit spirituel, car pour vous plaire,, pour me D„ — .Comment aviez-vous les mains ?
rendre agréable, je prends votre côté faible ; R. — Pas comme les vôtres, aussi je Les ca­
hommes, vous êtes des enfants qu il faut amuser . drais sous des gants.
sans cesse ; la morale vous, ennuie ; sans moi, D. — Comment .étaient-elles?
et ceux qui font comme moi, vous nous laisseriez, R. — C’étaient des pattes d’oie ; mes doigts
et Ja plupart de vous irait à ses plaisirs. Croyez- étaientUenus comme les pattes des oiseaux ; j’étais
vous sérieusement que je tienne encore tant à un palmipède.
rosbeaf que je veux bien le dire ? Que peut D; — Gomment corrigiez-vous cetse infirmité?
me faire l’objet matériel ? Un peu de parfum, l’a­ R,.*— J’avais des doigts de cire, aussi je portais
rôme d’une liqueur peut me ramener un instant toujours des» gants.
vers ht terre et m’égayer, comme l’odeur de la fleur D. — Vos doigts étaient-ils tenus jusqu’au,
ég3ye votre odorat, et les sons harmonieux votre baut?
oreille. C ’est tout. Mes pensées, mon Moi sont plus R* — Non, la peau allait jusqu’au tiers à peu
haut ; je me suis élevé, j’ai laissé mon corps sur la prèst,
terre, mon intelligence plane dans l’espace, Donc, D. — A quel âge êtes-vous mort ?
je nerveux pas vous prêcher sérieusement ;,c’est.en R. — A quatre-vingts ans.
iûanr que je. vous dirai de faire le bien. Aimez
(A- s u iv r e .) H. H uet
LE S P I R I T I S M I 191

La mort vient de ravir à Alger une des notabi­ Cette scène, véritablement attendrissante, avait
lités, une des colonnes les plus solides du spiri­ vivement ému ceux qui en avaient été témoins,
tisme militant]* Aucun n’avait pu retenir ses larmes.
M. Carbonndl, instituteur honoraire, officier de Le lendemain, 8, son enterrement spirite avait
l'instruction publique, doyen des instituteurs de réuni ¡une affluence immense de personnes de tous
l'Algérie, a quitté le monde terrestre le 7 août les rangs et de toutes les conditions. Chacun avait
1890, dans sa soixante-quatorzième année. ten 1 à accompagner à sa dernière demeure ce
La charité si douces, si bienfaisante, le zè’.e .ar­ maître vénéré de lia jeunesse qui avait élevé deux
dent peur les œuvres généreuses de cet homme de générations.
bien n'avaient pas de bornes. Son incessante acti­ Sur sa tombe, le sympathique M. Verdier, direcl-
vité îfimbrassait tous .les besoins de .l'humanité. reur d'une des principales écoles communales d;À~
Spirite fortement convaincu, apôtre zélé de celte gse, membre du conseil départemental de l’ensei­
sublime croyance, il répandait ¡à profusion la gnement primaire, a prononcé en termes vivement
lumière éternelle ; il éclairait les intelligences affli­ sentis le discours suivant, fortement pensé :
gées d'une cécité spirituelle. Lisant dans le grand
livre des vérités spirites, il aimait à montrer la Mesdames,
clef de la création et la chaîne des siècles qui unit Messieurs,
la terre au monde universel par la renaissance
Indéfinie des êtres et des mondes, Je viens, au nom de la grande famille ensei­
M. Carbonnel avait compris que l'horizon de gnante, au nom des instituteurs des enfants du
l ’existence humaine est borné sur notre pauvre peuple, dire au revoir au collègue, si bon e: si
terre et que ce monde n'est qu'un séjour éphémère, sympathique, qui a lutté pendant de longues a n ­
rempli de peines et d’ennuis. nées dans la carrière ardue de l’enseignement.
Sous le poids de rudes épreuve-, il supportait Carbonnel André, instituteur honoraire, officier
la douleur qui l'étraignait sans faiblesse et sans de rinsîruction publique, habitait T Algérie depuis
défaillance. Alité depuis de longs mois, il voyait cinquante ans et Alger depuis quarante-sept ans.
arriver avec confiance l'heure bénie de la déli­ Après avuir exercé pendant trois ans en France
vrance. les fonctions d'instkuteur, il fut nommé à Bône,
Trois ou quatre jours avant son décès,xesiorces en i 84o, aux mêmes fonctions, puis peu après, à
étaient complètement anéanties; on sentait qu'il Bougie.
touchait à l'extrême période de son existence ter­ Il tut appelé, trois ans plus tard, à la direction
restre. Ne parlant plus, ne prenant aucune nour­ de l'enseignement mutuel à Alger.
riture. il était dans une prostration complète. La capacité du jeune maître, sa méthode intelli­
La 7 août, vers trois heures du ma in, tout à gente, son incessante activité, le signalèrent rapi­
coup, sa figure se ranimant, il ouvrit de grands dement à l'attention de ses supérieurs. Sa nature
yeux et regarda fixement toutes les personnes qui bienveillante, ses manières affables, ses sentiments
entouraient son lit de douleur. Puis, sa figure élevés lui avaient mérité la confiance et les sympa­
s'épanouissant dans une vision, un radieux sou­ thies des familles et l'affection et la vénération de
rire inonda son visage. Mais, retombant de suite ses nombreux élèves.
dans son état de profonde pâleur, Carbonnel avait Gtfbonnel,après avoir obtenu plusieurs distinc­
rejoint le monde des Esprits sans donner aucun tions honorifiques, telles que médailles de mérite,
signe de son passage d'un monde dans l ’autre. Il fut nommé officier d’Académie et plus tard oificier
s’était endormi paisiblement du sommeil du juste. de l'Instruction publique.
Dans l'après-midi du même j^ur, Mme Klein, Carbonnel avait parcouru avec courage et per­
le médium somnambule si connu, voulut bien se sévérance sa longue et pénible carrière de Rensei­
prêter à lia communication de M. Carbonnel, dans gnement jusqu'à sa retraite où l'ava.t suivi l'estime
un petit salon touchant à la chambre mortuaire. publique; car il avait toujours conservé les res­
Mme Klein, après avoir pris le crayon, écrivit fré­ pectueuses sympathies de la génération qu'il avait
nétiquement ; « Fermez la porte à clef t. Un ins- élevée.
tatit après le crayon lui tombant dos doigts, elle La perte de cet homme de bien, de cet esprit
était endormie. A l'instant M. Carbonnel était in­ élevj, de cette Ame tendre et généreuse se fera vive­
corporé. Alors prenant les mains de trois de ses ment sentir parmî'les hommés qui scrutent les faits
amis seuls présents, les portait sur son cœur et à et qui envisagent Ta venir Æans favhlesse et sans
ses lèvres avec une effusion de paroles des plus défaillance.
affectueuses. Marchant avec le progrès, il avait, lui aussi,
Les personnes présentes firent venir sa veuve, sondé les destinées de l'homme dans le monde .uni­
affaissée sous le poids de la plus vive douleur, . versel ; il s'était convaincu que tout ne finit pas &
Dans des paroles brûlantes dtémotion et de ten- la tombe et que la mort n’est pas l’anéantissement
dreese, M#Carbonnel la rassura et lui promit son de l’être humain, mais une simple transformation,
concours le plus actif. Il fit remarquer qu’il n'était une jffiasedans son existence générale.
pas mort, puisqu'il éjait présent, bien présent Victor Hugo, dans son sublime langage, disait
Alors il raconta son arrivée heureuse et sans à'Guernesey, sur une tombe prémituróment ou­
trouble dans le monde des esprits. Il nomma les verte :
personnes qui étaient venues le recevoir. Toutes c Le prodige de ce grand départ céleste qu’on aç-
ses paroles étaient vibrantes de tendresse et do pelle la mort, d’est que ceux qui partent ne s’éloi­
bonheur. Il nous quitta en nous p omettant de gnent point...Lies moussont les invisibles, maisils
revenir souvent. me sont pas les ábsents. La tombe est un iieu de
192 LE SPIRITISME

restitution. Ici Pâme ressaisit -l'infini ; ici elle France, dont l’abonnement est de 7 francs par an,
rentre en possession de toute sa mystérieuse na* pour que cet intéressant journal soit servi à litre
?ure... La mort est la plus grande des libertés ; elle de ;
est aussi le plus grand des progrès; la mort c'est la Prime entièrement gratuite .
montée de tout ce qui a vécu au#degré supérieur. à tous nos abonn és nouveaux et à nos réabonnés,
Tout se transfigure dans la lumière et par la iu- pendant la durée de leur abonnement
mièra. » # Pour recevoir cette prime, en faire la demande à
Carbonnel partageait les idées de ce profond pen­ la Librairie du Magnétisme, 23, rue Saint-Merri,
seur, de ce sublime poète. Paris, en ÿ joignant sa quittance d’abonnement.
Quant à nous, ses amis et ses collègues dans ’a
lutte ardente contre l'ignorance, nous avons la
certitude que celui dont nous confions les restes à
la terre vit d'une vie qui ne doit jamais finir.
Loin donc de lui dire un adieu désespérant et BIBLIOGRAPHIE
éternel, nous lui disons, dans toute l'effusion de
notrè cœur : Au revoir.
Au revoir, Carbonnel, au revoir, vénéré ami et II vient de paraître un volume fortin-douze:
collègue I . .
OMNITHEISME
M. Carbonnel a quitté la terre en véritable spi­ le fractionnement de l ’infini (synthèse de l’Etre)
rite, son arrivée dans le monde des esprits a été un Cet ouvrage est le i«r volume d’autres livres
véritable triomphe pour cette âme élevée et épu
dort voici l’énuméraüon :
rée. Sa vie si digne, si dévouée au bien de l’hu­ II Les, Harmonies universelles,
manité l'avait préparé à ce passage tant redouté des III L ’Ame humaine.
hommes qui ne voient que la terre dans leurs as­ IV Les Règnes antropoïdes.
pirations. V L ’ Etre astral-soleil. *
Une telle mort atteste de la manière la plus VI Dieu et les Etres déitaires.
formelle que la véritable, vie n’existe qu’au-delà
de la tombe,
; L’espoir en la vie future, qui est l’âme de la vie
présente, faisait le bonheur de cet homme éclairé NOTA
et charitable. l .b riante espérance, cette fille aimée, L’abondance des matières nous oblige à remet­
que le ciel envoie à la terre pour soutenir et con­ tre au prochain numéro l’analyse d’ une char­
soler les humains, ne l’abandonnait j »mais.
Ah ! que la vie si bien remplie de cet homme de mante brochure de notre ami René Caillé, ainsi
bien serve de:modèle à ses frères de la terre 1 que celle du livre si profond de M. Gard y.
:. M. Carbonnel, absent de ce monde, vit dans Nous rappellerons en même temps que l’ouvrage
l’immortalité des régions heureuses de l’espace. Il si intéressant du Dr Cros, intitulé Le Problème,
s’est uni à l’harmonie universelle, synthèse de
totisîes progrès et objet de ses aspirations et de ses sera longuement discuté dans un des prochains
plus vifs désirs. numéros, le temps nous ayant manqué pour pu­
Une 1 ensée fraternelle, un souvenir pieux à blier cette étude.
cette à me élevée et dévouée, à cet esprit si sage et
am ie du droit de h patrie.

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Le Messagerf journal bi-mensuel. Liège (Bel­
Tournai < LE M A G N É T I S M E » gique), prix : 5 francs par an pour la France. Li«*
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c’est l’entrainement de la suggestion ou la vue à Le Moniteur spirite et magnétique, bi-men-
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aujourd’hui par les savants et tout le monde veut à M. Léonard de Sellier, rue des Fabriques 17.
Itre renseigné sur sa valeur.
Ne reculant devant aucun sacrifice quand il
s’agit d être agréable à n s lecteurs, nous venons Le Gérant : Gabriel Delanne.
de nou$ entendre avec le Journal du Magnètistne,
organe mensuel de la Société magnétique de Imp. Alcau-Lévy i i , rue Ghauchat. Pads

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