D'importantes mutations se produisent de nos jours dans
l'agriculture européenne. Elles portent sur les structures agricoles, les systèmes de culture et d'élevage et les techniques de production. Elles affectent l'ensemble du secteur d'une manière profonde et certainement irréversible. Elles n'ont pas comme seul incitant la recherche du profit maximum, mais procèdent plus profondémentde une politique concertée des pouvoirs publics, à savoir le souci de fournir aux populations un appro- visionnement abondant et varié en denrées alimentaires, au meilleur prix possible, tout en sauvegardant la parité des revenus du monde agricole avec les autres professions. Les deux objectifs ne pouvaient être atteints de façon simultanée sans une valorisation optimale du sol et de la main- d'oeuvre et une intensification des procédés de production.
Si ces mutations technologiques sont à la fois inévita-
bles et justifiées sur le plan socio-économique, il n'en demeure pas moins qu'elles pourraient affecter la qualité de l'environnement et de ses res- sources, à court, moyen ou long terme. Du fait qu'elles concernent des surfaces considérables de l'espace agricole, elles confèrent aussi à ce problème une dimension exceptionnelle. Il est donc important de s'inter- roger à cet égard et d'analyser les faits et les mécanismes en cause dans une réflexion prospective. Cette nécessité est d'autant plus impérieuse que les mutations de l'agriculture moderne se produisent au moment où la société contemporaine assigne aux campagnes des fonctions nouvelles et multiples, à savoir une fonction hydrologique (sauvegarde des ressources aquifères), une fonction biologique (conservation de la vie sauvage),