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Foires aux bestiaux de La Teste au XIXème siècle

La commune de La Teste prétextant de l’importance du cheptel attaché i à son territoire et à la


proximité de la ville d’Arcachon et l’éloignement de la foire la plus proche (Labouheyre à 65 km)
décide la création de deux foires annuelles.

Le projet de création de deux foires aux bestiaux, l’une à l’approche de la pentecôte et l’autre
au mois de septembre, est adopté à l’unanimité le 10 août 18631. Par lettre du 10 septembre le préfet
demande aux élus testerins de fixer les dates de celles-ci ; après délibération le conseil du 3 octobre et
de longues discussions, un membre du conseil déclarant que ces foires ne sont que pertes de temps
pour l’agriculture, un autre démontrant que le lundi et le samedi sont les meilleurs jours pour faciliter
la présence des résidents qui ont leurs occupations éloignées de l’intérieur de la commune, malgré ces
déclarations le conseil arrête les dates du premier jeudi qui précède le deuxième lundi de juin et le
jeudi qui précède le troisième lundi de septembre (sic), elles ont été choisies pour ne pas entrer en
concurrence avec celles organisées par les villes situées dans un rayon relativement étendu,
particulièrement avec celle de Labouheyre, à laquelle doivent se rendre les acheteurs et vendeurs de
bestiaux ; l’importance du cheptel local3 et la proximité de la ville d’Arcachon en pleine croissance
justifie l’implantation de ces foires, par lettre du 10 novembre de la même année le préfet informe le
maire que ce projet est à l’étude. Le 3 décembre la mairie d’Arcachon donne un avis favorable à la
tenue de ces foires, suivies le 28 août 1864 de celui du conseil d’arrondissement. Le 24 août suivant le
conseil général de la Gironde donne avis favorable pour celles-ci aux dates proposées, sur les six
conseils municipaux situés dans un rayon de deux myriamètre2 consultés seul celui d’Arcachon a
répondu et favorablement, le dossier bouclé est transmit au préfet qui l’accepte par avis daté du 22
novembre 1864 et copie au ministère de l’agriculture et des subsistances. Il est convenu que ces foires
se tiendront pour l’année 1865 la première le huit du mois de juin et la deuxième le quatorze du mois
de septembre aux quartiers des places et du Saoubouna et qu’il ne sera perçu pour les bestiaux, aucun
droit de placage. La vente des bœufs et vaches se fera à partir de la rue Desbiey, sur la rue des Landes
jusqu’au pont de Caplande, les chevaux, mules et ânes du pont de Caplande jusqu’à l’embranchement
de la route de Contau, pour les moutons et cochons rue Jean de Grailly, les marchands et industriels de
toute espèce seront placé par l’administration dans la rue des Landes depuis la rue Desbiey, jusqu’à la
rue Neuve et place du Saoubouna. La municipalité prévoit donc une grande affluence de vendeurs, en
effet dans ses prévisions tout le sud de la commune est réquisitionné pour recevoir tout ce monde.

Lors de la séance du 21 décembre 1865, Monsieur Dumora, maire, préoccupé par le manque
d’ombre sur le foirail, fait voter par le conseil un crédit de deux cent francs pour y planter cent
platanes, pris à Bonneval, afin qu’hommes et bétails puissent se protéger de la très forte action du
soleil.

De 1866 à 1869 des avis municipaux donnent les dates des foires de juin et de septembre
conformément aux règles établies. En 1869, innovation, la mairie met en adjudication par bail è ferme
les droits de placage.

Le 5 août 1872 Mr Mouliets propose, en séance du conseil municipal, au nom d’un grand
nombre de concitoyens de substituer le jour de la foire aux bétails qui a lieu le jeudi qui précède
chaque lundi de juin au troisième jour des fêtes de la Pentecôte (soit le mardi suivant la Pentecôte) ;
proposition adoptée à l’unanimité du conseil. En réponse à une demande de renseignements datée du
17 août pour justifier le changement de date, Mr Mouliets, adjoint délégué en l’absence du maire,
explique que la principale source de revenu de la commune est l’agriculture, or celle-ci a besoin pour
avoir de bon résultat d’être amendée par de bons engrais, notamment ceux fournis par le gros bétail ;
l’industrie a également besoin pour ses transports locaux de chevaux et de mules, un autre point étant
que déplaçant la date au mardi de « Pentecôte »la foire profiterait de la présence de nombreux forains
qui se rendent à La Teste les jours de la fête de la Pentecôte. Consultés les conseils municipaux des
communes avoisinantes donnent leur accord, Lège le 4 mai, Audenge le 11 mai, Arcachon et Lanton
le 17 mai, Andernos et Mios le 18 mai, Le Teich le 25 mai et enfin Gujan Mestras le 22 juin. À la suite
de ces autorisations et à la vue d’un tableau montrant qu’il n’existe pas d’autres foires à cette date dans
un rayon de 20 kilomètres le conseil d’arrondissement émet le vœu que la foire du deuxième lundi de
juin soit reportée au mardi qui suit la fête de la Pentecôte. La préfecture des Landes consultée donne
son accord le 21 août 1873, il faudra attendre le 19 mai 1874 pour que la préfecture de la Gironde
émette l’arrêté autorisant cette mutation de date 4

En séance du conseil municipal du 8 décembre 1891, il est décidé la création d’une foire qui se
tiendrait le deuxième dimanche de juin en lieu et place de celle de Pentecôte, et déporte celle qui avait
lieu, chaque année, le premier samedi de septembre au deuxième dimanche d’octobre. Les dates de
tenue des foires ont donc été changées entre-temps sans avis du conseil.

Lors de la séance du conseil municipal du 20 juin 1892, Mr Mouliets, maire, appuyé par Mr
Lutzy émet le vœu de création d’une foire indépendamment de celle de Pentecôte (ce qui laisse
supposer que la foire d’automne a disparue depuis quelques années), le conseil en accepte le principe.
Il ne se passe plus rien jusqu’au 10 juin 1900 où sur proposition de Mr Lutzy, maire, et celle de Mr
Bal, adjoint spécial de Cazeaux, le conseil décide qu’une foire nouvelle sera tenue sur la place Jean-
Jacques Rousseau, elle aura lieu chaque année le premier samedi de septembre, et une autre pour la
section de Cazeaux qui se tiendra le premier mardi qui suit le premier dimanche d’août. Afin de
favoriser ces créations il est prescrit que tous les éleveurs de la commune sont tenus de mener leurs
vaches, brebis, chevaux et ânes sur le champ de foire où le pacage sera totalement gratuit pour les
propriétaires ainsi que pour les marchands. Sur deux notices à l’attention de la préfecture la mairie
informe, celle du 21/07/1900,) que la commune de La Teste élève bon nombre d’animaux de races
bovines, ovine, chevaline pouvant être l’objet de nombreuses opérations commerciales entre elles et
ses voisines, celle du 22juillet 1900, pour la section de Cazeaux reprend les mêmes arguments en y
ajoutant la production d’une importante quantité de volailles. Dans leurs conseils du mois d’août 1900
les communes de Gujan Mestras, Audenge, Le Teich, Arcachon donnent leurs accords ainsi que le
conseil général des Landes après les avis favorables de Sanguinet et de Parentis en Born (Biscarrosse
n’a pas répondu).
Les délibérations du 7 août 1893 nous apprennent que l’implantation des foires a migré des
places au champ sis face à l’église5 - M Gassian demande à ce qu’il soit placé une chaine sur le
champ de foire de l’église afin d’attacher le bétail. Cette chaine sera placée entre la fontaine et la rue
Brémontier et fixée aux arbres. Un passage sera réservé à l’introduction des voitures et charrettes qui
auront à transporter des matériaux destinés à la construction des caveaux dans le cimetière. A
l’unanimité le conseil adopte le vœu de M Gassian -. Ainsi donc le foirail se trouvait placé entre
l’église, la fontaine et le cimetière.

Le premier août 1902 n’ayant aucune nouvelle le maire relance la préfecture en demandant si
les foires pourraient se tenir dès cette année, le préfet lui répond favorablement le 5 et charge Mr
Pardiac, vétérinaire à Arcachon, de l’inspection sanitaire des animaux amenés aux dites foires.
Auparavant le 6 juillet, pour en assurer le succès, il avait fait voter un crédit de 70 francs par son
conseil dans le but d’instituer une prime destinée à récompenser les éleveurs qui présenteront le plus
grand nombre et les plus beaux bestiaux.
Mais cela ne s’arrête pas là deux ans plus tard exactement le 20 août 1904, le conseil
municipal demande l’autorisation d’avancer d’un jour la date de la foire tenue à Cazeaux arguant du
fait que les fêtes de Cazeaux se tiennent le premier dimanche d’août et que la foire se trouvant séparée
de celle-ci par un jour non férié elle est désertée par grand nombre de visiteurs et de marchands
étalagistes qui ne peuvent rester sur place pendant trois jours pour un faible rapport ;

Les communes voisines n’y voyant aucune gêne donnent leurs accords, validés par la
préfecture de la Gironde le 31 août 1905.

Mais rien n’est figé, en effet en séance du conseil municipal du 11 juin 1907, Mr Eyraud
demande que la foire qui à lieu les premiers samedi et dimanche de septembre et qui se tiens à la
même date que des foires organisées dans des villes voisines soit avancée ou reculée d’une semaine ;
le conseil donne son accord. Le 12 septembre 1913 nouvelle volonté de changer la date, en effet ce
jour là le conseil municipal sur proposition de M. Duport décide que la foire annuelle sera rapprochée
du marché de Pentecôte. In fine la grande guerre a eu raison de cette activité, le 3 juin 1916 le conseil
municipal décide au vue des événements qu’il est indécent de maintenir les festivités de Pentecôte ;
seule persiste la foire aux plaisirs malgré les interruptions dues aux guerres mondiales.

L’histoire des foires de La Teste semble faite de nombreux soubresauts, de créations en


disparitions ; comme le dit Alain Contis dans son article « Naissance des foires et marchés en Pays de
Buch, la foire de La Teste présente peu d’intérêt, la lecture de la presse locale confirme cette version,
« l’avenir d’Arcachon » ne fait que confirmer cette impression en effet il ne fait jamais relation de
l’existence de celles -ci. La volonté politique n’aura pas suffit, le faible empressement des
maquignons, le peu d’empressement des éleveurs locaux, la qualité des animaux proposés auront eu
raison de celles-ci

Alain Espinasseau
i
1.-Le maire propose l’achat d’un terrain pour sa tenue ; proposition repoussée par le conseil.
2.-10 000 mètres.
3.-610 vaches, 230 chevaux, 34 attelages de mules, sans compter les troupeaux d’ovins.
4.-Le rapport des comptes de l’octroi de février 1875 concernant les taxes sur le commerce dit qu’il s’est vendu à La Teste 271
bœufs, 31 vaches adultes, 905 têtes de veaux et velles, 2822 têtes de moutons, brebis et chèvres 481 agneaux et chevreaux, 820
porcs et truies.
5-Emplacement de l’actuel marché

Sources :

Les documents collectés par Jean-Pierre Caule aux archives départementales.

Archives municipales de La Teste – délibérations du conseil municipal de 1860 à 1905

Se souvenir de La Teste de Buch :Michel Boyé

Annexe
Règlement de la Foire d’après l’avis préfectoral du 22 novembre 1864 qui établit deux foires annuelles à La
Teste
Vu la loi du 16-24 août 1790, la loi du 18 juillet 1837 et l’art 484 du code pénal ;
Considérant qu’il importe dans l’intérêt de l’ordre et de la bonne tenue des foires d’en réglementer les
dispositions de manière à prévenir les accidents et les difficultés qui pourraient s’y élever ;
Arrêtons ce qui suit :
Article premier
Les foires seront ouvertes pour la réception des bestiaux du lever au coucher du soleil.

Art.2
Á leur entrée dans la commune les marchands feront au préposé de la recette du droit d’entrée, la déclaration
des objets soumis aux droits et en consigneront au cautionnement le montant conformément à l’art 15 du
règlement, de laquelle consignation il leur en sera délivré récépissé.
Art 3
Le bétail sera placé par groupes de chaque qualité et à la suite les uns des autres au fur et à mesure de leur
arrivée en foire ; ceux reconnus dangereux devront être attachés par des doubles longes aux poteaux qui
seront placés dans ce but.
Jusqu’à décision contraire il ne sera exigé pour les bestiaux aucun droit de place.
Art 4
Les voitures servant au transport des bestiaux seront retirées après leur déchargement. Il est défendu de les
laisser stationner sur aucun point du marché.
Art 5
Tous les bestiaux vendus devront être immédiatement marqués d’achat et retirés du marché.
Art 6
L’entrée au marché aux bestiaux est interdite aux industriels de toute sorte, ainsi qu’aux colporteurs de
marchandises ; des places spéciales leurs étant réservées.
Art 7
Les marchands et les industriels qui viendront à la foire devront déposer leurs passeports à la mairie ; ils
recevront en échange une carte de sureté qu’ils garderont pendant toute la durée de leurs séjours, il
exhiberont leurs patentes ou soit leurs permis d’exercer.
Art 8
La distribution des places aux industriels et aux colporteurs sera faite par les soins de l’autorité municipale à
la suite les uns des autres sans aucune préférence
Art 9
Les voitures des marchands forains servant à la vente, ainsi que celles servant aux industriels seront rangées
sur une ligne qui leur sera assignée. Du reste des arrêtés municipaux ultérieurs fixeront les emplacements de
chaque espèce d’industriel.
Art 10
Les carioles, pataches, cabriolets et autres voitures qui ne servent pas à la vente ni aux industries ne pourront
être remisées dans l’enceinte du marché
Art 11
Il est défendu aux voituriers de quitter leurs chevaux sans les avoirs attachés et dans tous les cas confiés à la
garde d’une personne de capable.
Art 12
Les jeux de hasard sont complétement défendus
Art 13
Au cas au quelque contestation s’élèverait sur l’origine des marchandises exposées en vente et si la
possession ne pouvait être justifiée, les marchands sont prévenus qu’il y aura lieu à leur égard, à la
revendication autorisée par l’art 2279 du code Napoléon, indépendamment des dommages et intérêts.

Art 14
Les contraventions au présent arrêté seront constatées par des procès-verbaux, et les contrevenants seront
poursuivis devant les tribunaux compétents.

Fait à la Teste le 15 mars 1865


Le Maire

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