Vous êtes sur la page 1sur 20

n°22 / Août 2023

Le journal des Erables

AOÛT

Ô mes frères, voici le beau temps des vacances !


Le mois d'août, appelé par dix mois d'espérances !
De bien loin votre aîné ; je ne puis oublier
Août et ses jeux riants ; alors, pauvre écolier,
Je veux voir mon pays, notre petit domaine ;
Et toujours le mois d'août au logis nous ramène,
Tant un coeur qui nourrit un regret insensé,
Un coeur tendre s'abuse et vit dans le passé !
Voici le beau mois d'août : en courses, camarades !
La chasse le matin, et le soir les baignades !

Auguste Brizeux

–1–
Les anniversaires d'Août
12
16 28
1
Mr Van Den Bussche
Me Verdebout
Me Renglet

Me Le Jeune

Venez nombreux pour fêter ces anniversaires


le mercredi 30 août 2023 à 15h30

Sommaire
p.3 Août p.13 Les Congés Payés
p.4 L'Assomption p.17 Remue-méninges d'Août
p.5 Congés scolaires p.19 Solutions de Juillet
p.6 Aux Erables, on profite de p.20 Zen thérapie : à vos crayons!
l'été
p.21 Planning d'Août
p.9 Souvenirs d'une petite file :
Les vacances à la mer

–2–
Août
Ah, le mois d'août! Souvent le mois le plus chaud de l'été, le temps des
récoltes des fruits gorgés de soleil... mais cette année, rien n'est joué. Après un
mois de juin presque canicuaire, un mois de juillet bien sombre et pluvieux,
peut-être allons-nous continuer sur le mode "été pourri" ou peut-être la
canicule du Sud de l'Europe remontera un peu vers chez nous?

Notre pays est situé aux latitudes normalement par des étés relativement
moyennes de l’hémisphère nord, en frais et humides et des hivers
bordure ouest du continent européen. relativement doux et pluvieux. Avec des
Aux latitudes moyennes, les masses exceptions remarquables : un été
d'air froid d'origine polaire rencontrent particulièrement chaud comme celui de
les masses d'air chaud d'origine 1947 avec une température qui est
subtropicale ; la surface de séparation montée jusqu'à 38°C, ou celui de 1976,
de ces deux masses d'air est appelée au cours duquel les températures
le « front polaire ». La position précise maximales ont été supérieures à 30°C
de ce front va moduler notre temps : sa pendant seize jours consécutifs et qui
remontée vers le nord va permettre au ressemblait plus à un été de région
« beau temps » de s'installer, grâce à tropicale. Des hivers rigoureux, comme
l'arrivée des masses d'air chaud du celui de 1963 au cours duquel la mer a
sud, tandis que, lorsque le front gelé, feraient penser que la Belgique
descendra au sud de nos régions, il appartient aux régions polaires. Depuis
fera plus « froid ». le début des relevés, les températures
ont pu atteindre jusqu’aux environs de
Le front polaire est en principe situé au 40°C en Campine ou descendre
sud de nos régions en hiver et au nord jusqu'aux environs de –30°C dans la
en été, mais d'autres situations peuvent vallée de la Lomme.
fréquemment se présenter. Parfois, le
front peut presque disparaître pour faire Le régime des précipitations peut
place à une zone de haute pression également connaître des situations
persistante (comme en 1976) ; il peut remarquables. C'est ainsi que 1921, et
même se trouver au sud de nos plus récemment 1976, ont été des
régions en été (1980) ou au nord en années où la sécheresse fut sévère.
hiver (1989), amenant ainsi des types D'autre part, les zones de pluies
de temps qui ne sont pas « normaux » associées aux courants d'ouest
pour la saison. Ce ne sont toutefois pas peuvent être plus actives que la
tellement ces situations en elles- normale. Les fortes pluies de juin-juillet
mêmes, mais plutôt leur durée 1980 ont donné à Bruxelles un total de
anormalement longue, qui est à précipitations de 241,3 mm en 30 jours,
l'origine de temps exceptionnels. alors que la moyenne est de 74 mm, et
ont provoqué d'importantes inondations
Les dépressions vont le plus dans les vallées ardennaises.
fréquemment placer notre pays sous le
vent d’ouest. Les masses d'air nous Avec un mois de juin chaud et sec et
arrivent directement de l'océan, ce qui un mois de juillet sombre et pluvieux,
rend notre climat pluvieux. cet été finit par être dans la moyenne,
même si certains records sont bien
Notre climat « tempéré » se caractérise atteints...

–3–
L'Assomption
Ce Mardi 15 août, les chrétiens du monde entier fêtent l’Assomption de la
Vierge Marie. Il s’agit de l’une des plus importantes fêtes catholiques, tout
comme la Toussaint, Noël ou Pâques. Mais quelle est l’origine de cette fête ?

Ce mardi 15 août est férie en Belgique. Si pour certains il s'agit simplement d'un
week-end prolongé comme un autre, pour les catholiques, c'est une des fêtes les
plus importantes : l'Assomption.
Les croyants y célèbrent à la fois la mort, la résurrection, l’entrée au paradis et le
couronnement de la Vierge Marie, qui, selon la religion catholique, n’avait
commis aucun péché. C’est aussi un jour férié, qui permet aux croyants de se
rendre à l’église pour la prier. Attention toutefois à bien faire la différence entre
l’Assomption et l’Ascension, qui célèbre elle l'a montée au ciel de Jésus Christ, et
qui se fête quarante jours après Pâques.
L’Assomption est souvent l’occasion pour de nombreux pèlerins catholiques de
se rendre au sanctuaire de Lourdes, où la Vierge Marie est apparue à la bergère
Bernadette en 1858 dans la grotte de Massabielle. Des millions de pèlerins se
rendent chaque année au sanctuaire, dont des milliers de malades et invalides.
LES ORIGINES DE L'ASSOMPTION
C’est le roi Louis XIII (1601-1643) qui a popularisé cette célébration du 15 août.
Lui et son épouse, Anne d’Autriche, ne parvenant pas à avoir d’enfant, se sont
mis à prier la Vierge Marie et l'ont supplié de leur donner un fils. Il demanda alors
au peuple d’organiser des processions en son honneur. Un an plus tard, en 1638,
ses vœux se sont exaucés, et son fils Louis XIV est né. Les processions du 15
août deviennent alors une tradition en France.
Par ailleurs, jusqu’en 1880, le 15 août est également le jour de la fête nationale. A
la proclamation de la République, la date du 14 juillet est alors choisie comme
fête nationale, et le 15 août devient férié.
Le 1er novembre 1950, le Pape PI XII proclame la définition dogmatique de cette
célébration, officialisant ainsi la montée au ciel de la Vierge.

–4–
Les grandes vacances ont débuté :
les congés scolaires en 2023­2024
Quand tombent les congés scolaires en 2023-2024 ? Voici le
nouveau calendrier scolaire.
Un grand bouleversement ! Depuis le 29 août 2022, la réforme des rythmes
scolaires est entrée en application en Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce
décret, voté le 30 mars 2022 après des décennies de discussions politiques,
modifie fortement le calendrier des 861 000 élèves de maternelle, primaire et
secondaire que compte la partie francophone du pays. Alors, comment
s’organisent les congés de cette année scolaire 2022-2023 ? Et ceux de 2023-
2024 ?
Vacances scolaires de l’enseignement 2022-2023
Vacances d’été : à partir du 7 juillet jusqu’au 27 août 2023.
Rentrée des classes 2023: le lundi 28 août 2023
Jour férié (scolaire): le mercredi 27 septembre 2023 (fête de la Fédération
Wallonie-Bruxelles)
Vacances de Toussaint 2023: du lundi 23 octobre au vendredi 3 novembre 2023
Vacances de Noël 2023-2024: du lundi 25 décembre 2023 au dimanche 7 janvier
2024
Mardi gras : le mardi 13 février 2024
Vacances de carnaval 2024: du lundi 26 février au dimanche 10 mars 2024
Lundi de Pâques (jour férie): le lundi 1er avril 2024
Vacances de Pâques 2024: du lundi 29 avril au dimanche 12 mai 2024
Lundi de Pentecôte (jour férié) 2024: le lundi 20 mai 2024
Dernier jour de l’année scolaires 2023-2024: le vendredi 5 juillet 2024
Vacances d’été: à partir du lundi 8 juillet 2024 au 25 août 2024
Rentrée des classes 2024: le lundi 26 août 2024

–5–
Aux Erables, on profite de l'été

–6–
–7–
–8–
SOUVENIRS D’UNE PETITE FILLE
Un tout petit monde :
les vacances à la mer
Je suis née en 1948 et longtemps, j’ai été le bébé de notre tout petit monde,
la petite dernière des trois sœurs.
D'aussi loin que je me souvienne, les vacances, c'était la Mer du Nord. La
mer, c'était bon pour nous, disait Maman. Nous allions faire le plein d'iode,
de bon air et de soleil.
On partait loin de la ville un mois complet, le vrai dépaysement. Et cela ne
s’improvisait pas. Maman préparait la grosse malle à l’avance pour pouvoir
l’envoyer par chemin de fer à notre lieu de villégiature. Tout était prévu,
vêtements d’été et vêtements de pluie, maillots et bottes, seaux de plage et
jeux de société, pharmacie, nécessaire de couture, couteaux de cuisine…
Le camion des chemins de fer venait la prendre à la maison car elle était
bien lourde. Nous quittions la maison tôt le matin pour prendre le train pour
Ostende. De là, le tram de la côte nous acheminerait à bon port. Les
vacances commençaient et elles seraient belles, comme chaque année !

En ces années d’après-guerre, nos grands-parents maternels disposaient d’une


grande maison à Middelkerke, la Villa Jean-Pierre, où nous retrouvions nos
cousines.
Mais je n’en ai guère de souvenirs, j’étais trop petite. Images fugaces de la rue
blanche sous le soleil d’été, de la barrière en fer forgée, d’une petite fille sur un
vélo trop grand pour elle... Je me souviens pourtant de la panique provoquée par
des avions de l'aéroport tout proche. Ils sont passés si bas, avec leurs lourds

–9–
moteurs rugissants, que nous nous sommes précipitées la tête la première dans
le sable, une de mes soeurs crachant avec fureur son goûter involontairement
assaisonné à la mode de la plage.
Quelques années plus tard, nous
passons au sud de la côte et nous
voici à La Panne, chez la vieille
Augustine. Elle avait été employée
des parents de mon père quand il
était enfant et avait depuis pris sa
retraite à la villa "Les Oyats" dans
le sentier des Dunes. Pendant
l'été, elle et son mari, "son as"
comme elle l'appelait, s'installaient
dans le sous-sol et louait les
étages aux plus jeunes de la
fratrie : mon père, oncle Louis et
Tante Annie. C'était un sous-sol
agréable dont les baies vitrées
donnaient sur le jardin en
contrebas car la maison avait été
bâtie sur une dune. On imagine
toujours que la mer, c'est plat
comme le dos de la main mais
c'est oublier l'étonnant relief des
dunes. Et à La Panne
particulièrement, les lotissements
pour villas au début du 20e siècle ont scrupuleusement respecté ce relief.
Avec une famille à chaque étage, l'espace
était compté. Au premier étage, nous
disposions de deux chambres, un coin
cuisine dans la pièce qui servait de salon et
pas de salle de bains. Celle-ci était au rez-
de-chaussée, occupé par Oncle Louis. Au
deuxième, la famille de Tante Annie était sans
doute la plus à l'étroit. Mais qu'importe, nous
avions la mer, la plage, les dunes pour un
mois entier, et les cousins et cousines pour
partager nos jeux.
Le jardin restait généralement le domaine
exclusif d'Augustine. Une année, Oncle Louis
avait ramené de Dieu seul sait où un canot
démontable de bois et de toile. Peint en vert
kaki, peut-être était-ce un surplus militaire, ou
alors un produit destiné à la colonie?
Toujours est-il que le montage posait
problème. Tous les hommes de la famille
étaient accroupis autour de l'objet, en grand conciliabule. Augustine, qui les

– 10 –
avaient tous connus en culottes courtes si pas en
couches lavables et n'avait pas sa langue dans sa
poche, nous prenait à parti. "Regardez­les, ils font
caca dans mes rosiers!".
La plage occupait une grande partie de notre temps.
Patauger, chercher des coquillages, construire des
chateaux de sable... Quand Papa était là, on fabriquait
un fort de sable sur lequel on se juchait à la marée
montante. Grand frisson garanti lorsque les premières
vaguelettes venaient lécher le pied de notre perchoir.
Mais il fallait être très prudent, pas question de se
laisser encercler par la mer. Avant que l'eau ne nous
coupe la voie, nous abandonnions le fort même s'il ne
s'était pas encore effondré pour retrouver le sable sec
plus haut sur la plage. Et Papa n'était pas toujours là,
bien sûr. Passés les premiers jours de vacances en
commun, il retournait à Bruxelles la semaine pour
travailler et nous revenait chaque week-end.
Et puis, tradition belge oblige, nous tenions boutique
de fleurs. D'abord, il fallait fabriquer une belle brassée
de fleurs en papier crêpon. Ma soeur aînée était très
douée et je m'appliquais de mon mieux à l'imiter.
C'était moins du goût de la deuxième dont les mains
étaient bien plus habiles à rattraper une balle qu'à
enrouler délicatement de frêles rubans de papier
coloré. Mais elle reconnaissait volontiers que nos
fleurs étaient les plus belles de la plage. Elle n'avait
guère de patience non plus pour rester assise derrière
notre modeste étalage. Elle trouvait d'ailleurs que
nous manquions d'esprit commerçant en comparant
les prix exhorbitants, - en coquillages, précisons-le, -
que pratiquaient d'autres fillettes.
Sa grande passion, c'était le jokari et elle préférait se
déchaîner sur la balle pendant que nous écoulions
tranquillement notre stock.
Sur la digue, nous pouvions louer pour une heure un
vélo ou un cuistax. Au début, nous nous contentions
de tricycles mais en grandissant, nous avons toutes
appris à rouler à deux roues à la mer. Pour moi, j'étais
trop jeune, j'ai appris plus tard, à Coxyde ou à
Nieuwport, je ne me rappelle pas.
A Bruxelles, Maman ne voulait pas que nous ayons
des vélos, elle trouvait cela trop dangereux. Ce n'est qu'arrivées à l'adolescence
qu'elle nous a laissé emprunter son vélo, une relique d'avant-guerre, lourde et
plutôt dangereuse, avec ses freins à barre dont le frein arrière était cassé depuis
longtemps...

– 11 –
J'adorais le vélo. Une année, j'ai convaincu Maman de me louer un vélo à la
quinzaine, ce qui revenait moins cher qu'une location d'1h chaque jour. C'était
génial. J'avais le vélo à domicile plutôt que de devoir chaque fois me rendre
jusqu'à la digue. Avec mes cousins, on se promenait partout à deux roues.
La digue était aussi idéale pour le patin à
roulettes, une autre activité que Maman ne
nous laissait pas pratiquer dans les rues de
Bruxelles. Et puis, il y avait les cerfs-volants...
Les jours de pluie, nous sortions le plus souvent
aussi. Comme le répétait Maman : "A la mer,
dès que la pluie cesse, c'est déjà sec". Une trop
brusque averse était l'occasion rêvée pour aller
déguster une gaufre. Ou si le vent était vraiment
trop fort, nous passions la journée dans les
dunes. En dernier recours, il nous restait les
jeux de société, lire ou écouter la radio en
attendant un temps plus clément. Nous avions
"la Clé", une sorte de précurseur du Scrabble.
Et puis divers jeux de cartes, des dominos, le
Jeu de l'Oie et les Petits Chevaux... Et les
puzzles ont toujours été une tradition familiale
des vacances à la mer.
Il y avait aussi les tâches du quotidien. Nous
accompagnions Maman au marché, chez le
poissonnier, avec l'éventuelle incursion dans
l'un des nombreux bazars qui vendaient
absolument tout, des pelles de plage aux
allumettes. Ma préférence allait toujours aux
petits moulins à vent en papier fort.
A l'occasion, nos parents profitaient de la
présence d'autres membres de la famille pour
s'offrir une sortie entre adultes. Nous étions
sensées dormir mais comme chacun sait, la
chat parti, les souris dansent. Je me souviens
en particulier du soir où l'aînée nous a démontré
sa capacité à réaliser des sauts périlleux sur le
grand lit d'Augustine, le lit s'est effondré... Et
Tante Annie est venue nous menacer de nous
battre à l'aide de sa pantoufle!
Au fil des années, nous avons exploré d'autres
lieux de la côte : Coxyde, Saint-Idesbald et
surtout, Nieuwport où nous louions un étage de
la maison de vacances de la famille Mansart,
devenus des amis, avec qui nous partagions de
nombreuses expéditions de pêche. Souvent, nous pêchions au carrelet dans le
chenal du port... mais cela, c'était bien plus tard, déjà dans les années 60.

– 12 –
Les congés payés et la révolution des
vacances
le 27 juin 1936, la loi instituant les congés payés en Belgique est votée à
l’unanimité par la Chambre des Représentants (1). Les premiers congés payés
marquent une étape décisive dans la conquête du temps libéré.
Cette conquête extrêmement importante est obtenue dans une période
troublée par la montée des totalitarismes, la dérégularisation des systèmes
démocratiques et des marchés économiques. Elle est également à resituer
dans l’histoire de la réduction du temps de travail.
Jusqu’alors réservée à la noblesse puis,
à la fin du XIXème siècle, à la
bourgeoisie commerciale et industrielle,
la quête de loisirs et de divertissements,
de voyages touristiques va s’élargir
progressivement à de nouveaux publics
alors que l’idée que tous les travailleurs
ont droit à un temps de repos fait
également son chemin.

Éviter l'usure des jours de labeur


Une première étape est franchie en 1905, lorsqu’est promulguée la loi du 26
juillet portant sur le repos dominical. En 1921, c’est au tour de la loi limitant le
travail à 8 heures par jour et à 48 heures semaines d’être votée. Les
organisations ouvrières vont tout faire pour valoriser ce temps libéré : «Il ne suffit
pas de donner des vacances aux travailleurs : il importe qu'il sache s’en servir. Qu'il
ne trouve pas des contingences économiques telles, que toute utilisation pratique
de la réforme lui soit impossible. Certes, en réclamant les vacances, comme en
exigeant les huit heures, nous avons songé à la santé physique des laborieux ; nous
avons voulu du repos après la journée, pour éviter l’usure des jours de labeur se
succédant sans interruption pour qu’ils puissent profiter de la vie familiale, y
goûter toutes les joies en même temps qu’en remplissant tous leurs devoirs. Nous
voulons aujourd’hui les vacances, pour que se produise une détente de l’organisme
qui retarde l’usure dûe à l’accumulation de la fatigue. Nous voulons que ces loisirs
profitent tant au corps qu’à l’esprit» défend M. Decourcelles dans son rapport sur
la santé des travailleurs et les congés payés présenté au congrès de la CSC en
1930.
Mouvement de grève des travailleurs
Le 2 juin 1936, les dockers du port d’Anvers arrêtent le travail et réclament une
augmentation alors que le patronat qualifiant la grève d’illégale refuse toute
négociation. Cette grève déclenchée spontanément met le feu aux poudres dans
les milieux ouvriers qui au cours des années 30’ ont été particulièrement frappés
par la crise économique. Chômage en hausse, fermetures d’entreprises, blocage
des salaires, diminution du pouvoir d’achat… rien n’aura été épargné aux

– 13 –
travailleurs victimes de mesures antisociales
prises par le gouvernement. Même si la
conjoncture s’améliore et qu’un nouveau
gouvernement, cette fois tripartite, se met en
place afin de redresser la situation, il faut
aussi faire face à la montée de l’extrême
droite dont le Parti Rex, mené par Léon
Degrelle, obtient 21 sièges au Parlement .
La victoire du Front Populaire en France et
l’obtention d’une semaine de congés payés et
des 40 heures en mai 1936 stimulent le
mouvement de revendications en Belgique.
Rapidement la grève va se propager à
l’ensemble du pays et mobiliser 600.000
travailleurs (ouvriers et employés) en grève.
Les organisations socialistes et chrétiennes
revendiquent «la réadaptation générale des
salaires, avec fixation d’un minimum de 32
francs par jour et un relèvement important des
allocations familiales ; la semaine des 40
heures; l’instauration de mesures légales pour
garantir le plein exercice de la liberté ouvrière
des vacances payées».
Le 15 juin, un accord de principe garantit
l’introduction de la semaine de 40 heures,
l’augmentation du minimum de salaires ainsi
que six jours de congés annuels.
Pour les socialistes «tous les salariés ont le
droit de jouir d’un congé annuel avec salaire
payé, droit qui se justifie d’autant plus que la
plupart des travailleurs intellectuels jouissent,
depuis longtemps déjà, de vacances annuelles»
tandis que, du côté chrétien, «la revendication
des vacances pour les ouvriers d’industries et
de commerce n’a rien de déraisonnable ni
d’impossible, et peut être réalisée sans
entraîner pour les industriels le moindre
danger».
En vertu de la loi du 8 juillet 1936, la grande
majorité des salariés bénéficieront d’un
minimum de six jours de congés annuels
payéset institue la Caisse auxiliaire nationale
des congés payés afin d’assurer le paiement
des allocations.
L’obtention de cette première semaine de

– 14 –
congé va bouleverser la vie quotidienne des familles ouvrières. Une seconde
semaine sera obtenue en 1952, une troisième en 1967, une quatrième en 1975.
Comment les travailleurs vont-ils occuper leur temps?
Mais comment organiser les congés payés? Comment l’ouvrier va-t-il s’occuper?
Cette question n’est pas seulement posée par les industriels dans leur «Bulletin
social» dans lequel on peut lire : «Certains ouvriers pourront faire coïncider leurs
vacances avec des périodes de fêtes et de
kermesses; ils les passeront dans ce cas «Je me rappelle de ma première
souvent au café. D’autres songeront à semaine de vacances, quand je me suis
utiliser ce temps pour travailler à leur jardin marié. On avait conquis cette semaine
ou à leur maison» mais également par les de vacances à la grève de 36' et
organisations qui s’inquiètent que c'étaient mes premiers six jours. Nous
«l’utilisation des vacances ouvrières ne doit sommes allés à la mer du Nord à
pas être laissée au hasard. Le mouvement Blankenberghe, chez des
éducatif n’a pas assez de ressources pour connaissances de mes beaux-parents.
faire tout. Ce n’est ni un dénigrement, ni Ces personnes nous avaient offert
une faiblesse de le reconnaître». l'appartement gratuitement, pour
notre voyage de noces. Et nous
«A notre sens, peut-on également lire dans sommes partis. C'était extraordinaire.
le journal La Wallonie, (…) la création des
vacances ouvrières payées peut aussi perdre En général, les ouvriers ne partaient
de sa valeur. Il ne faut pas que le travailleur pas même quand ils se mariaient.
soit astreint à passer son congé dans le Encore maintenant d'ailleurs, il y a un
fond des cours, le long des murs des grand pourcentage de gens qui ne
impasses ou au pied des terrils. Il faut qu’il partent pas.»
puisse, avec sa famille, quitter son horizon Maurice Jaminou, sidérurgiste à
habituel et gagner d’autres paysages. Il Seraing
faut qu’on l’entraîne et qu’on le guide».

Naissance du tourisme social


Une véritable politique de tourisme social se met en place. Une Commission des
Vacances ouvrières est créée en novembre 1936 et donnera naissance à l’Office
national des vacances ouvrières. De leur côté, les organisations développent
leurs propres infrastructures comme, par exemple, “les Vacances ouvrières” du
côté socialiste, ou “l’Office central des
Vacances”, qui deviendra “Loisirs et
Vacances” du côté chrétien.
Excursions d’un jour, séjours à la mer,
en Ardenne, sont proposés à des prix
démocratiques. Car en effet lors des
premiers congés, une grande partie
des travailleurs sont restés chez eux
faute de moyens.

Les vacances à la mer


Au début, les congés payés ont été l’occasion pour les travailleurs de rejoindre
leurs familles à la campagne afin d’aider aux récoltes. Après la guerre, on a

– 15 –
assisté à un véritable essor du
tourisme de masse. En effet, dans
les années 50, les vacanciers
semblaient préférer la mer à la
montagne ou à la campagne. Le
caravaning et le camping rendaient
les vacances plus accessibles,
même si elles restaient encore
chères.
Les villages du bord de mer, si
paisibles en hiver, ont vu quadrupler
voire quintupler leur population
«On s'est tant battus, on les a enfin ! Avec mon
notamment au mois d’août. Les pécule, on a acheté de la toile. Et nous avons fait
vacances sont devenues une une tente qui avait trois mètres sur deux. Nous ne
véritable manne financière pour les nous sommes jamais si bien amusés en vacances.
territoires. Ils prospèrent et en Je campais dans le bois ou dans une ferme. J'avais
profitent pour s’équiper en emporté du lard et des mange-tout. J'adore les
mange-tout. Nous avons fait les sept jours des
infrastructures sportives, culturelles mange-tout. Nous étions à Bohan-sur-Semois. On
ou encore de loisirs. Un grand passait la frontière, on allait en France, boire
nombre des complexes hôteliers, des quelques bonnes bouteilles de vin. Les plus belles
résidences de vacances, des vacances que j'ai passées. Et chaque année, on est
campings se sont construits pour parti comme ça tant qu'on a pu. J'étais avec mon
frère qui était gendarme. Il aimait bien aller
faire face aux arrivées estivales. pêcher. Quand la tente était trop petite, eux, ils
dormaient dans la voiture et nous dans la tente.
Mais on avait une vie indépendante, on ne
Une véritable révolution qui souhaitait pas beaucoup, on était heureux.»
marque le début de la société François Nizet, ouvrier métallurgiste à Cockerill
de consommation
Ne plus devoir se lever pour aller au
boulot, ne serait-ce que quelques jours, tout en étant payé, voilà qui a changé le
visage de la société. "Les pères prenant leurs vacances avec leurs enfants, les
relations familiales se sont renforcées. Les loisirs, la redistribution des revenus et le
temps libéré, améliorent non seulement le bien être, mais ne sont pas défavorables
à une société de croissance", dit le professeur
Reman. C’est le début de la société de
consommation d’après guerre.
Très vite, après la seconde guerre mondiale,
le tourisme social avec des villages de
vacances, gérés par les mutuelles, les
syndicats et d'autres organismes, jettera les
bases d'une importante économie du tourisme
et des loisirs.

– 16 –
Remue­méninges d'Août
Mots croisés

Vu d'en haut

– 17 –
Mot mystère

Anagrammes

– 18 –
Mots en rond

Solutions du mois de Juillet


Mots croisés Mots fléchés Scrabble

– 19 –
Zen Thérapie : à vos crayons !

– 20 –

Vous aimerez peut-être aussi