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En 1963, dans l’État de New York, une femme écrivain, Jane Roberts,
commença à recevoir des messages de « l’essence d’une personnalité non
incarnée » se nommant Seth. Ces messages prenaient la forme de paroles
qu’elle prononçait, toujours en présence de son mari, Robert F. Butts, qui
les notait soigneusement.
Alors que ces sessions avaient lieu depuis près de dix ans, Seth proposa
d’en tenir spécifiquement dans le but de dicter des livres. Ainsi naquit le
texte qui se trouve entre vos mains.
Michka Seeliger-Chatelain
À PROPOS DE L’AUTRICE
Jane Roberts (1929-1984) est née et a vécu dans l’État de New York.
Autrice d’une trentaine d’ouvrages (poèmes, nouvelles et essais), elle a,
pendant vingt ans, reçu le « matériau » de Seth, ouvrant la voie au
phénomène moderne du channeling.
Elle a donc canalisé Seth, un sage enseignant. Mais pas un sage de la
planète Terre. Un sage de l’univers. Et surtout, des univers…
Multidimensionnel, concret, métaphysique et pratique à la fois, Seth
peut changer notre histoire spirituelle comme notre vie quotidienne.
Du channeling à une nouvelle spiritualité, de la psychologie à la
philosophie, de la santé à l’alimentation, de la famille au travail, des
végétaux aux animaux, ou encore du sexe à l’amour, Seth nous ouvre grand
les portes de la perception – et de sa compréhension –, nous stimule et nous
fait un bien rare, dont l’énergie subtile monte crescendo au fil de ses livres
initiatiques.
Traduits en 20 langues pour plus de 20 millions de lecteurs, la pensée et
les messages de Seth sont aujourd’hui repris de par le monde dans les plus
grands scénarios de films, œuvres avant-gardistes, et méthodes de soin ou
de mieux-être.
Ce livre est dédié à Seth,
et à Rob, mon mari.
PRÉFACE À L’ÉDITION ORIGINALE
PAR RAYMOND VAN OVER
Les circonstances qui ont conduit aux sessions avec Seth me surprennent
encore. Je n’étais pas à la dérive, comme on peut l’être par exemple quand
on cherche un but dans la vie. Mon premier roman venait juste d’être
publié, et toute mon énergie était canalisée vers mon objectif, qui consistait
à devenir une bonne romancière et poétesse. Je considérais que tout ce qui
n’était pas de la fiction concernait les journalistes, pas les écrivains
créatifs. Je pensais que ma vie et mon travail étaient planifiés, ma
trajectoire tracée. Et pourtant me voici en train d’écrire mon troisième livre
qui n’est pas de la fiction.
L’année 1963 n’avait cependant pas été très bonne pour nous. Rob
souffrait de fortes douleurs de dos et se sentait rarement assez bien pour
peindre lorsqu’il rentrait à la maison après le travail. J’avais du mal à
choisir une idée pour un autre livre. Notre vieux chien Mischa était mort.
Peut-être ces circonstances me rendaient-elles plus consciente qu’à
l’ordinaire de notre vulnérabilité d’être humain, mais il est clair que
beaucoup de personnes ont vécu des années difficiles sans que cela
débouche sur l’apparition de phénomènes médiumniques. Peut-être étais-je
parvenue, sans le savoir, à un état de crise, et mes facultés dans ce domaine
s’éveillaient-elles en réponse à un besoin intérieur.
En tout cas, ce genre de choses était loin de mon esprit. À ma
connaissance, je n’avais jamais eu d’expérience médiumnique, et je ne
connaissais personne qui en ait eu. Rien, dans mon passé, ne me préparait
à cette stupéfiante soirée du 9 septembre 1963 ; c’est pourtant cet
évènement, j’en suis sûre, qui est à l’origine des sessions et de ma rencontre
avec Seth.
C’était une belle soirée d’automne. Après le dîner, je me suis assise à ma
vieille table dans le salon, comme je le faisais toujours pour composer mes
poèmes. Rob peignait dans son atelier situé à l’arrière, trois pièces plus
loin. J’ai pris mon stylo et mon papier, et je me suis installée avec ma
neuvième ou dixième tasse de café de la journée, et mes cigarettes. Willie,
notre chat, somnolait sur le petit tapis bleu.
Ce qui s’est passé ensuite ressemble à un trip, mais sans drogue. Si
quelqu’un m’avait glissé en cachette une dose de LSD, l’expérience
n’aurait pas été plus étrange. En l’espace d’une minute normale, une
avalanche fantastique d’idées radicalement nouvelles a déferlé dans ma
tête avec une force immense, comme si mon crâne était une sorte de station
réceptrice dont le son était au-delà du supportable. Non seulement des
idées m’arrivaient à travers ce canal, mais aussi des sensations intenses, en
pulsations. J’étais branchée sur, à l’écoute de — appelez cela comme vous
voulez —, connectée à une incroyable source d’énergie. Je n’ai même pas
eu le temps d’appeler Rob.
C’était comme si le monde physique était vraiment fin comme du papier
de soie, cachant des dimensions infinies de réalité, et j’étais d’un seul coup
projetée à travers ce papier de soie qui se déchirait avec un bruit énorme.
Mon corps était assis à ma table, mes mains mettaient furieusement par
écrit les mots et les idées qui traversaient ma tête comme des éclairs.
J’avais pourtant l’impression d’être ailleurs en même temps, de voyager à
travers les choses. J’ai plongé à travers une feuille et découvert un univers
entier qui s’ouvrait à moi ; puis j’en suis ressortie, attirée par des
perspectives nouvelles.
J’avais l’impression qu’un savoir était implanté dans les cellules mêmes
de mon corps afin que je ne puisse pas l’oublier — un savoir viscéral, une
spiritualité biologique. Au lieu d’une connaissance intellectuelle, c’était
sentir, connaître. Je me suis souvenue en même temps d’avoir fait un rêve la
nuit précédente, un rêve que j’avais oublié et dans lequel une expérience du
même type s’était produite. Et je savais que les deux étaient reliés.
Quand je suis revenue à moi, je me suis retrouvée en train de griffonner
ce qui, à l’évidence, était destiné à être le titre de cet étrange tas de notes :
The Physical Universe as Idea Construction [5]. Le matériau de Seth devait
par la suite développer ces idées, mais je l’ignorais à l’époque. Au cours de
l’une des premières sessions, Seth a expliqué que cela avait été sa première
tentative pour me contacter. Je sais seulement que si j’avais commencé à
parler pour Seth ce soir-là, j’aurais été terrifiée.
Au stade où j’en étais à l’époque, je ne savais pas ce qui se passait, mais
j’avais malgré tout le sentiment que ma vie avait soudain changé. Le mot
« révélation » m’est venu à l’esprit ; j’ai tenté de le rejeter, mais le terme
était juste. Avec ses implications mystiques, il me faisait peur. L’inspiration
m’était familière dans mon travail, mais cela était aussi différent de
l’inspiration ordinaire que peut l’être un oiseau d’un ver de terre !
Les idées que je venais de « recevoir » étaient tout aussi surprenantes.
Elles renversaient tous mes concepts de la réalité. Ce matin-là, et tous ceux
qui l’avaient précédé, j’avais une certitude : on pouvait faire confiance à la
réalité physique. On pouvait ne pas l’aimer par moments, mais on pouvait
compter sur elle. Si l’on voulait, on pouvait changer d’idée la concernant,
mais cela ne modifiait en rien ce qu’était cette réalité. Désormais, je
n’allais plus pouvoir percevoir les choses ainsi.
Au cours de cette expérience, j’ai su que nous formions la matière
physique, et non pas l’inverse ; que nos facultés sensorielles nous
montraient seulement une réalité tridimensionnelle, parmi une infinité
d’autres que nous ne pouvions percevoir d’ordinaire ; que nous ne pouvions
nous fier à nos sens que dans la mesure où — et aussi longtemps que —
nous ne nous posions pas de questions sortant de leur domaine limité de
connaissance.
Mais plus encore : j’ignorais tout simplement, par exemple, que tout
avait sa propre conscience. À présent, je sentais soudain la vitalité
fantastique qui était présente, même dans des choses que j’avais
auparavant considérées comme inanimées. Il y avait un clou planté dans le
rebord de la fenêtre et, l’espace d’un instant, j’ai fait l’expérience de la
conscience des atomes et des molécules qui le composaient.
En dépit de toutes mes idées antérieures et de mon bon sens, je savais
que le temps n’était pas une succession d’instants, dont chacun serait posé
sur une ligne comme une épingle à linge, mais que toute expérience existait
dans une sorte d’éternel présent. Tout cela avait été griffonné à toute
vitesse — j’ai toujours ce manuscrit. Aujourd’hui encore, il m’emplit du
même sentiment de découverte et de révélation.
Voici quelques citations qui en sont tirées.
« Nous sommes des portions d’énergie individualisées, matérialisées au
sein de l’existence physique pour apprendre à former des idées à partir de
l’énergie et à les rendre physiques (c’est la construction d’idée). Nous
projetons les idées dans un objet, de manière à pouvoir interagir avec lui.
Mais l’objet est la pensée, matérialisée. Cette représentation physique
d’une idée nous permet d’apprendre la différence entre le moi qui pense et
la pensée. La construction d’idée enseigne au moi ce qu’il est, en lui
montrant de façon physique sa propre production. En d’autres termes, nous
apprenons en voyant nos propres créations. Nous apprenons le pouvoir et
l’effet des idées en les transformant en réalités physiques ; et nous
apprenons à être responsables dans l’utilisation de l’énergie créatrice…
« L’entité est l’être essentiel, immortel, non physique. Elle communique à
un niveau énergétique avec d’autres entités et dispose d’une réserve
pratiquement inépuisable d’énergie. L’individu est la portion de l’être
global que nous parvenons à exprimer physiquement…
« De même que, au cinéma, un appareil de projection transfère une
image sur un écran, l’œil projette l’image intérieure (idée) sur le monde
physique et se focalise dessus. La bouche crée les mots. Les oreilles créent
les sons. Si nous avons des difficultés à comprendre ce principe, c’est parce
que nous avons pris comme allant de soi le fait que l’image et le son
existent d’abord et que les sens les interprètent. En réalité, les sens sont les
canaux de création par lesquels l’idée est projetée en une expression
matérielle.
« L’idée fondamentale est que les facultés sensorielles sont développées
non pas pour permettre de se rendre compte d’un monde matériel déjà
existant, mais pour le créer… »
Ces idées n’étaient qu’une pierre de touche pour ce qui allait suivre plus
tard. Au final, le manuscrit comportait une centaine de pages environ,
incluant de nouvelles définitions de vieux termes. Par exemple : « Le
subconscient est le seuil de l’émergence d’une idée dans l’esprit conscient
individuel. Il relie l’entité et l’individu… Le corps physique est la
construction matérielle de l’idée que l’entité se fait d’elle-même, vu les
propriétés de la matière… L’instinct est l’aptitude minimum nécessaire à la
construction d’idée pour une survie physique… Le présent est le point
apparent de toute émergence d’idée dans la matière physique. »
Je pense que cette expérience et le manuscrit étaient des extensions des
processus créateurs subconscients qui se trouvent derrière chaque acte
créateur : une créativité normale s’est soudain « allumée », ou intensifiée,
jusqu’à un degré pratiquement incroyable. Ce soir-là, suffisamment
d’énergie a été générée pour changer l’orientation de ma vie et celle de
mon mari. Je crois donc que de telles expériences sont psychologiquement
d’une extrême importance. Je suis convaincue que cet évènement a
déclenché l’émergence de mes propres facultés « médiumniques »
insoupçonnées, et a servi de déclic pour la production du matériau de Seth.
Apparemment, j’étais parvenue à un point où ces facultés étaient prêtes à
se révéler, et c’est ce qu’elles ont fait. Comme j’étais écrivain depuis
longtemps, elles se sont manifestées par des mots, au lieu de visions par
exemple, et dans une expérience qui n’allait pas trop m’effrayer.
J’aimerais aussi mentionner ici que, selon moi, la faculté médiumnique
elle-même est un rejeton, ou une extension, de l’aptitude à la création, et
qu’elle est inhérente à chacun de nous, et par conséquent normale plutôt
que supranormale. Toutefois, comme vous le verrez par la suite, je pense
que ces facultés sont des attributs d’une autre portion de nos personnalités
qui nous est relativement peu familière. Je crois donc que les aptitudes
normales de créativité, intensifiées, nous mettent en phase avec d’autres
dimensions de réalité.
Sur notre liste d’expériences à tenter pour mon livre, la suivante était une
séance expérimentale de spiritisme. N’y ayant jamais assisté, nous n’avions
qu’une idée très vague de ce en quoi cela consistait. Nous pensions
cependant qu’il fallait qu’il y ait plus de deux participants, et avons donc
décidé de demander à Bill Macdonell de se joindre à nous, vu qu’il était le
seul à être au courant de nos expériences. Il est passé chez nous un soir —
le 2 janvier 1964 —, et, sous l’impulsion du moment, j’ai suggéré que nous
fassions tous les trois une tentative.
Les résultats ont été si surprenants qu’au lieu de paraphraser les notes
de Rob je vais les reproduire ici exactement telles qu’il les a écrites. Il y a
une bonne raison à cela : Rob était un observateur plus objectif que moi. La
façon même dont ses notes sont prises montre aussi son état d’esprit, son
attitude minutieuse et son œil critique. Bill Macdonell, qui les a lues, les a
par ailleurs validées.
« Nous avons commencé par nous asseoir dans notre salon autour d’une
petite table. Nous l’avons recouverte d’un tissu sombre. Comme la cuisine
ouvre directement sur le salon, nous avons baissé les stores dans les deux
pièces et fermé les rideaux.
« Ne sachant pas comment on procède lors d’une séance de spiritisme,
nous avons allumé une petite bougie électrique de Noël à la lumière rouge.
Nos murs sont blancs et, une fois nos yeux accoutumés, nous pouvions y
voir assez bien.
« J’ai demandé à Jane de poser son alliance sur la table. Tous les trois,
nous avons joint nos mains autour. Tranquillement assis à fixer l’alliance
dans la faible lumière, j’ai compris qu’il ne doit pas être très difficile pour
un observateur crédule de voir tout ce qu’il veut.
« Un petit point de lumière est apparu sur le bord de l’alliance, mais, en
bougeant mon bras, je me suis aperçu que je pouvais le faire apparaître et
disparaître. C’était simplement le reflet rouge de la bougie ; j’ai alors placé
celle-ci derrière les rideaux, pour que la lumière soit diffuse. Il ne s’est rien
passé quand nous avons regardé l’alliance à nouveau. J’ai commencé à
poser des questions à voix haute, au hasard, mais je ne les adressais pas à
Seth.
« Et puis, soudain, Jane a déclaré d’une voix ferme et claire : “Regardez
la main !” C’était un ordre, et j’ai su que Seth était avec nous. Jane a senti
sa main devenir froide. Avec grande délectation, Seth a décrit en détail, à
travers la voix de Jane, chaque phase de ce qui a suivi — de manière à ce
que, a-t-il dit, il n’y ait aucun doute quant à ce qui se passait.
« Il a commencé par nous inviter à regarder le pouce de Jane. Le bout de
son pouce s’est mis à briller. On aurait dit qu’une petite lumière blanche et
froide était diffusée depuis l’intérieur de la chair. Il n’y avait pas d’effet de
rayonnement, juste un changement de couleur de la chair elle-même.
Comme la main se trouvait dans l’obscurité, il était impossible de se
méprendre sur ce changement.
« La lueur s’est répandue le long du pouce jusqu’à l’éminence de chair
qui est à sa base, près de la paume de la main. “Regardez la bosse ! a dit
Seth avec satisfaction. Est-ce que vous voyez le changement de couleur et
la disparition des ombres dans la paume ? Si vous voulez une manifestation,
en voilà une, si bête soit-elle… Et maintenant, le poignet. Le voyez-vous
s’épaissir et devenir blanc ?” »
« Le poignet de Jane a enflé. Elle était assise, le poignet gauche appuyé
sur le dessus de la table. Elle portait un pull noir aux manches remontées
jusqu’aux coudes et la froide lumière blanche s’est étendue le long de
l’avant-bras, du poignet enflé jusqu’au pull.
« Ensuite, la main a commencé à changer de proportions et à prendre la
forme d’une patte. J’ai eu le sentiment étrange qu’il s’agissait de la patte
avant d’un animal. Les doigts de Jane, habituellement longs et gracieux,
étaient réduits à des appendices boudinés, du moins semblait-il. La lueur se
diffusait dans la paume, éliminant les ombres qui auraient dû normalement
être visibles, de telle sorte qu’on avait l’impression que les doigts n’étaient
pas simplement repliés.
« Lentement, la main a retrouvé sa forme normale. Jane était toujours
assise, la paume tournée vers le haut. Là, Seth s’est vraiment dépassé. Les
doigts ont commencé à nettement s’allonger et à blanchir. Puis, un second
ensemble de doigts s’est mis à croître au-dessus de ceux de Jane. Elle
aurait pu assez facilement plier ses propres doigts pour les mettre dans
cette position, mais tous les trois, nous avons vu à ce moment-là le second
ensemble de doigts se dresser, longs et blancs. En outre, les ongles de ces
doigts-là se trouvaient sur le dessus. S’ils avaient été ceux de Jane, ces
ongles se seraient trouvés de l’autre côté, invisibles.
« “Pour une première tentative, je m’en sors à merveille, a dit Seth. Que
pensez-vous de cela ? Regardez bien !” Pendant quelques minutes, nous
avons soigneusement observé les faits qui se déroulaient sous nos yeux. Les
doigts supplémentaires, repliés de façon grotesque, me donnaient
l’impression d’être en cire, presque mous, comme si on venait juste de les
modeler. Jane n’avait pas l’air effrayée. Ensuite, graduellement, ce second
jeu de doigts a disparu.
« “À présent, la main se transforme à nouveau, a dit Seth. Elle devient
courte et boudinée. Frank Withers avait une main comme cela, exactement.
Frank Withers était un gros plein de soupe”, a poursuivi Seth avec
satisfaction, même si, selon lui, Frank était une personnalité-fragment de sa
propre entité.
« Pendant quelques instants, la main est devenue courte et boudinée.
Puis elle a repris la forme d’une patte. “À présent, m’a dit Seth, approchez-
vous doucement et touchez la main. Je veux que vous la touchiez pour que
vous puissiez la sentir.” Avec précaution, j’ai touché du bout des doigts la
paume de Jane. La main-patte semblait très froide, humide et moite ; la
peau donnait l’impression d’être bosselée, chose à laquelle je n’étais pas
habitué avec la main de Jane.
« Seth a ensuite fait diffuser dans le poignet et la paume de Jane cette
lumière froide intérieure, jusqu’à une intensité encore plus remarquable. À
la jointure de la main et du poignet, la chair a gonflé en une protubérance
de la grosseur d’un œuf. La blancheur est remontée du bras de Jane
jusqu’au pull et elle est descendue dans ses doigts, jusqu’à ce que toute
apparence d’ombre ait disparu du bras et de la paume. Puis, pour conclure
cette partie de la démonstration, Seth a demandé à Jane qu’elle place ses
mains côte à côte sur la table, pour que nous puissions clairement voir la
différence entre les deux. Petit à petit, la main est redevenue normale, et
Seth nous a dit de faire une pause.
« Après la pause, il nous a dit de fermer la porte menant à la salle de
bains. Sur la face de cette porte, côté salon, est accroché un miroir en pied
dans lequel Seth nous a demandé de regarder. Comme le miroir est haut et
étroit, nous avons dû nous serrer autour de trois côtés de la petite table
pour voir nos reflets. Jane était assise au milieu. Ses lèvres étaient très
proches de mon oreille tandis qu’elle parlait. Je pouvais entendre et sentir
chacune de ses respirations, chaque déglutition. Sa voix a
considérablement baissé de volume, et j’ai réellement eu la sensation
qu’elle parlait pour quelqu’un d’autre (plutôt que, par exemple, pour une
personnalité subconsciente qui disait simplement s’appeler Seth).
“Maintenant, vous voyez tous les trois clairement vos reflets dans le
miroir, comme il se doit. Observez bien, car je vais changer l’image de Jane
et la remplacer par une autre” », a dit Seth. Et l’image de Jane a commencé
à changer. Sa tête est descendue plus bas. En même temps, la forme de son
crâne s’est transformée, ses cheveux sont devenus plus courts et la coupe,
beaucoup plus plaquée. Dans l’image reflétée par le miroir, les épaules
étaient voûtées et plus étroites. Puis la tête s’est inclinée et a regardé vers le
bas, alors que Jane elle-même était assise la tête dressée, regardant droit
devant, dans le miroir.
« Jane a dit par la suite que cela l’avait plus choquée que tout le reste. Je
l’ai regardée tout d’abord à mes côtés, puis dans le miroir. La différence
entre les deux ne faisait aucun doute. J’ai aussi vu une ombre envahir
l’image du miroir. J’avais en même temps le sentiment que le visage était
suspendu en avant du corps. Dans le miroir, la tête a semblé rapetisser. J’ai
distingué une pâle lueur autour d’elle tandis qu’elle était là, suspendue
dans l’espace, apparemment entre le reflet du miroir et nous trois.
« Il était également évident que l’image dans le miroir était assise
plusieurs centimètres plus bas que Jane. De temps à autre, la mystérieuse
tête descendait et se tenait en avant du corps. » Fin des notes de Rob.
Au cours de la séance, je n’étais ni nerveuse ni effrayée. Vers la fin,
cependant, j’avais été choquée de voir une telle différence entre mon image
dans le miroir et moi-même. Je pense avoir eu momentanément peur
d’avoir réellement cet air-là. Après tout, c’était une réaction assez normale
— d’habitude quand vous vous regardez dans un miroir, il vous donne une
reproduction fidèle de vous-même, et aucune femme ne serait satisfaite de
se voir fixée en retour par une apparition aux allures étranges.
Quand Seth a pris la relève, son assurance a fait disparaître de mon
esprit toutes les autres idées et tous les doutes. Pourtant, mes yeux sont
restés tout le temps ouverts. J’ai pu observer soigneusement les différences
entre mes mains, par exemple, voir l’autre jeu de doigts et la lueur blanche
remonter vers le bord de mon pull aux manches retroussées. J’avais
l’impression de « m’éteindre » quand Seth parlait, et pourtant une sensation
d’énergie immense me traversait dans le même temps. Mis à part le reflet
dans le miroir à la fin, rien ne m’a dérangée.
Mais dès que la séance s’est terminée, j’ai été épouvantée. Au lieu d’être
encouragés par la part qu’avait prise Seth dans ces évènements, nous
étions bouleversés. Nous savions tous ce que nous avions vu. À un certain
moment, Rob avait même touché la main, et Seth nous avait donné de
nombreuses occasions de vérifier les effets au moment où ils se
produisaient. Nous ne pouvions pas accepter l’évidence de nos sens, et nous
ne pouvions pas vraiment nier une évidence aussi flagrante. Bien que nous
ayons tenté l’expérience pour le livre, nous pensions que ces séances de
spiritisme étaient un truc bizarre et pas très respectable, d’une certaine
manière. Nous ne voulions pas que Seth soit impliqué là-dedans et nous
avions spécifiquement indiqué que nous ne faisions pas appel à lui.
Mon scepticisme intellectuel était stimulé uniquement du fait que
l’expérience avait rencontré un tel succès. Nous avons longuement débattu
pour savoir si, oui ou non, la cause de tout cela pouvait être de l’ordre de la
suggestion, mais nous savions que cela ne pouvait pas expliquer la moitié
de ce qui s’était passé. Cela pouvait difficilement justifier l’aspect
grumeleux de ma main qu’avait ressenti Rob, pas plus que le second jeu de
doigts, même si nous décidions que la suggestion pouvait peut-être avoir
compté pour l’étrange image dans le miroir.
En fait, nous nous trouvions pour la première fois de notre vie en train de
faire l’expérience d’évènements que nous ne pouvions pas expliquer, et de
douter du témoignage incontestable de nos sens — une position
inconfortable pour tout un chacun. L’affaire a eu un tel effet sur nous que
j’ai refusé pendant trois ans de retenter ce genre de séance. (Toutefois,
comme vous le verrez, Seth s’est manifesté sous la forme d’une apparition
au cours de la session 68.) Depuis ce jour-là, nous avons toujours gardé la
lumière allumée, afin de vérifier plus facilement tout effet qui pourrait
apparaître.
Un travail ultérieur m’a convaincue que les phénomènes médiumniques
n’apparaissent pas simplement parce que nous le voulons, ou en tant que
seul résultat d’une suggestion. D’autres effets se sont produits par la suite
en pleine lumière, pendant quelques-uns de mes cours de perception
extrasensorielle, par exemple. L’apparition de Seth a eu lieu elle aussi en
pleine lumière. Depuis, j’ai également connu quelques cas où des groupes
de personnes hautement suggestibles et douées de peu de sens critique se
réunissaient dans des pièces obscures, s’attendant à toutes sortes
d’apparitions — et que rien ne se produisait.
Je pense que Rob et moi étions irrités d’être mis ainsi au pied du mur,
confrontés à des problèmes auxquels nous n’étions pas prêts à faire face.
Tout arrivait si vite. Cela ne faisait pas même pas un mois que nous avions
commencé par la planche Ouija. Nos idées concernant ce qui était possible
ou non étaient complètement chamboulées. Nous avons décidé d’avoir une
autre séance avec Seth pour voir ce qu’il avait à dire sur ce qui s’était
passé et, livre ou pas, nous envisagions à nouveau de laisser tomber
l’expérimentation. Nous pouvions toutefois difficilement blâmer Seth, ne
serait-ce que parce que c’était nous qui avions eu l’idée de cette séance de
spiritisme. Je devais en consigner les résultats pour l’un de mes premiers
chapitres et je ne savais pas trop comment m’y prendre.
Le lendemain soir, nous avons tenu ce que nous pensions pouvoir être
notre dernière séance. Après qu’elle a eu lieu, notre engagement a été clair
et, pour nous, cette séance-là marque réellement le début du matériau de
Seth, la fin des données préliminaires.
Pour la première fois, Seth s’est vraiment « manifesté » en tant que
personnalité nettement distincte, riant et plaisantant. Rob avait du mal à
croire qu’il était en train de parler avec moi, en termes ordinaires. Mais
plus que tout, c’est le long monologue de Seth sur la nature de la réalité qui
nous a intrigués et captivés. Nous ne savions absolument pas qu’il
s’agissait en fait d’une explication extrêmement simplifiée, intelligemment
adaptée au niveau de compréhension qui était le nôtre à l’époque. Cela
nous a néanmoins très fortement impressionnés.
Pendant près de trois heures, j’ai parlé pour Seth, arpentant la pièce et
plaisantant, marquant une pause de temps à autre pour que Rob s’en sorte
avec ses notes, prononçant ce monologue avec des gestes, des mimiques,
des expressions verbales et des intonations totalement différentes des
miennes. Je m’exprimais de façon régulière, sans hésitation, entrecoupant
de commentaires légers un matériau profondément philosophique, tel un
professeur dirigeant un atelier. La session a tellement éveillé notre curiosité
intuitive et intellectuelle que toute idée de laisser tomber nous est sortie de
la tête.
« Imaginez un réseau de fils, un dédale de fils entrelacés construit sans
fin, de sorte que, lorsque vous regardez au travers, il semble ne pas avoir de
début ni de fin. On pourrait comparer le plan qui est le vôtre à un petit
emplacement entre quatre fils fins, tandis que le mien ressemblerait au petit
emplacement dans les fils avoisinants, de l’autre côté. Non seulement nous
sommes sur des côtés différents des mêmes fils, mais nous sommes en
même temps au-dessus ou en dessous, selon votre point de vue. Et si vous
considérez que ces fils forment des cubes — ça, c’est pour vous, Joseph,
avec votre amour des images —, alors les cubes pourraient aussi s’emboîter
les uns dans les autres, sans déranger en quoi que ce soit ceux qui les
habitent. Tous ces cubes sont eux-mêmes à l’intérieur d’autres cubes, et je
ne parle pour l’instant que de la petite parcelle d’espace occupée par votre
plan et le mien.
« Pensez à nouveau à votre plan, entouré par ce petit ensemble de fils
ténus, mon propre plan étant de l’autre côté. Ils ont, comme je l’ai dit, une
solidarité et une profondeur infinies, et pourtant, pour l’un des côtés, l’autre
est transparent. Vous ne pouvez pas voir à travers, mais les deux plans
s’interpénètrent constamment. J’espère que vous voyez ce que je viens de
faire ici. J’ai initié l’idée de mouvement, car la vraie transparence n’est pas
la faculté de voir à travers, mais celle de se mouvoir à travers.
« Voilà ce que j’entends par cinquième dimension. À présent, enlevez la
structure faite de fils et de cubes. Les choses se comportent comme si les
fils et les cubes existaient, mais ceux-ci n’étaient que des constructions
nécessaires même à ceux qui se trouvent sur mon plan… Nous construisons
des images cohérentes avec les sens dont nous disposons. Nous
construisons simplement des lignes imaginaires pour marcher dessus.
« La construction des murs de votre pièce est si réelle qu’en hiver vous
gèleriez sans elle et, pourtant il n’y a pas de pièce et il n’y a pas de murs.
De façon similaire, les fils que nous avons construits sont réels, bien qu’il
n’y ait pas de fils. Les murs de votre pièce sont pour moi transparents,
même si je ne suis pas certain, chers Joseph et Ruburt, de me produire un
jour en spectacle.
« Quoi qu’il en soit, ces murs sont tout à fait transparents. De même que
les fils, mais, à des fins pratiques, nous devons nous comporter comme si
les murs et les fils étaient là. […] Représentez-vous à nouveau notre dédale
de fils, et je vais vous demander d’imaginer que ceux-ci emplissent tout ce
qui est, votre plan et le mien étant comme deux petits nids d’oiseaux
reposant dans la structure en forme de nid d’un arbre gigantesque. […]
« Considérez que ces fils sont mobiles, qu’ils vibrent constamment et
sont eux aussi vivants, dans le sens où non seulement ils portent tout
l’univers, mais en sont eux-mêmes des projections ; vous allez voir
combien cela est difficile à expliquer. Je ne peux pas non plus vous blâmer
de vous sentir fatigués si, après vous avoir demandé d’imaginer cette
structure étrange, j’insiste ensuite pour que vous la réduisiez à néant, car on
ne peut pas plus la voir et la toucher que le bourdonnement d’un million
d’abeilles invisibles. »
C’est au cours de cette séance que Seth a suggéré que nous ayons deux
sessions par semaine, disant qu’un planning était beaucoup mieux qu’une
activité épisodique. Puis il a poursuivi : « À un moment ou à un autre, tous
ceux qui sont sur le même plan que moi donnent ce type de leçons, mais des
liens médiumniques entre l’enseignant et les élèves sont nécessaires, ce qui
veut dire que nous devons attendre que des personnalités sur votre plan
aient suffisamment progressé pour que les cours commencent. Ceux-ci se
produisent alors avec les personnes psychiquement reliées à nous.
« Ce que vous appelez une émotion ou un sentiment est la conjonction
entre nous, et c’est la conjonction qui illustre le plus clairement la force de
vie sur n’importe quel plan, quelles que soient les circonstances. Toute la
substance de votre monde et du mien est tissée à partir d’elle. »
Après avoir terminé de nous transmettre ce matériau, Seth est resté dans
les parages, comme pour mettre en valeur un moment de partage informel.
Il nous invitait à l’interroger, faisait des gestes, s’arrêtait devant Rob, le
regardant bien en face à travers mes yeux (ayant leur aspect « pas-ceux-de-
Jane »).
« Il n’y a, dit-il, rien à perdre et peut-être beaucoup à gagner à tenter par
vous-mêmes toutes les expériences que vous voulez. Appelez cela des
devoirs, si vous voulez. Peut-être vais-je vous donner une médaille, même
si, vous connaissant, vous allez probablement insister sur le fait que c’est au
professeur de donner aux élèves la fameuse pomme, et non l’inverse [7]. »
Puis, avec humour, il a parlé de la planche Ouija que nous continuions à
utiliser pour ouvrir et clore les sessions. « Il s’agit d’une formalité
permettant de renouer le contact d’une façon familière, et j’ai toujours eu un
faible pour un certain formalisme. La planche nous donne le temps de
souffler, et c’est un moyen de dire bonjour ou bonsoir, ou de porter la main
à son chapeau en guise de salut. Selon mon opinion, un petit rituel tend à
mettre en valeur des données pour l’esprit, et les rehausse davantage, tout
comme la bonne cuisine [8] est mise en valeur par une belle vaisselle… À la
fin d’une session, il serait on ne peut plus cordial de vous toucher
brièvement les mains sur la tablette. Vous avez de la chance, je n’exige pas
de vous que vous portiez des vêtements habillés. »
Cela a fait rire Rob, et j’ai fait de même quand il m’a lu les notes. Nous
étions fascinés par le monologue sur la cinquième dimension — monologue
qui, soit dit en passant, dure beaucoup plus longtemps que les extraits
donnés ici. La personnalité de Seth impressionnait Rob à un point tel que
lui, au moins, était convaincu que Seth était une personnalité complètement
indépendante. Rob me connaissait si bien, évidemment, il connaissait
quasiment toutes mes humeurs, et était donc bien placé pour juger les
différences et les similitudes entre ma personnalité et celle de Seth.
Après que Rob m’eut décrit la session et lu ses notes, j’étais tout
simplement stupéfaite. Rob et moi sommes des gens sans façon, tout comme
nos amis. Les hommes ne portent pas de chapeaux ni de costumes, par
exemple, mais des jeans et des chemises ou des pulls. J’ai trouvé Seth
délicieux, qui ou quoi qu’il puisse être. Qui d’autre connaissions-nous qui
soit aussi « vieille école », allant jusqu’à parler de saluer avec son
chapeau, ou à faire référence à la nourriture en parlant de « cuisine » ? En
tout cas, il n’avait pas du tout l’air effrayant, et le monologue sur la
cinquième dimension donnait vraiment à réfléchir.
Je commençais déjà à étudier mon propre comportement psychologique,
et la question de la réalité indépendante de Seth me venait de plus en plus
souvent à l’esprit. Puisque, d’une certaine manière, je « deviens » Seth, je
ne suis jamais capable de me voir en tant que lui de la façon dont le
peuvent Rob ou mes élèves, mais je sais qu’il fait une nette impression sur
les autres. Qui était-il ou qu’était-il ? Je questionnais constamment Rob. À
quoi est-ce que je ressemblais ? Comment Rob savait-il que quelqu’un
d’autre était en train de parler ? Qu’est-ce que Seth avait donc pour
convaincre à ce point Rob que Seth était plus qu’une partie dissociée de
mon propre subconscient ?
Loin de chercher Seth dans tous les coins, je veillais sur mon intégrité
mentale avec toute la détermination de mon être. Puis je me suis sentie
idiote parce que Seth n’essayait en aucune façon « d’envahir » ma journée
de travail ordinaire. Pis, je sentais que, tout en comprenant mes efforts, il
s’en amusait et percevait que, même si au fond ils n’étaient pas nécessaires,
ils étaient encore importants pour la paix de mon esprit.
Quoi qu’il en soit, je ne me rendais compte de nouveaux développements
que lorsqu’ils se produisaient spontanément, et à ma grande surprise. Si
nous avons pensé que, au cours des dernières sessions, Seth s’était
vraiment manifesté tel qu’il était, nous avons eu beaucoup à apprendre
dans la suivante, quand la voix de Seth lui-même, plus puissante, a soudain
retenti.
La première session avec Frank Withers avait eu lieu le 2 décembre
1963. Le 8 janvier, au cours de la quatorzième session, j’étais prête à
parler pour Seth, profondes intonations masculines et tout. Nous avions
parcouru un bon bout de chemin en un peu plus d’un mois. Sans aucun
doute, ces trente et quelques jours ont été emplis des plus intenses activités
psychologiques, excitations et spéculations que nous ayons jamais
rencontrées. Il nous faudrait pas moins de trois ans et la parution de mon
livre pour ne serait-ce que commencer tout juste à comprendre ce qui
s’était passé.
[7] Référence à une tradition aux États-Unis consistant à offrir une pomme
à son professeur selon l’adage : « Une pomme offerte au professeur fera
toujours l’affaire quand vous ne connaîtrez pas votre leçon
d’arithmétique. » Le choix de la pomme est sans doute dû au fait qu’en
anglais ce mot (apple) commence par un A, ce qui correspond à la
meilleure note que peut espérer un élève (N.d.T.).
[8] En français dans le texte (N.d.T.).
CHAPITRE 4
La « voix de Seth »
Dire que mon éditeur a été surpris par les huit premiers chapitres de mon
livre sur les perceptions extrasensorielles serait un euphémisme. Il avait
déjà eu affaire à moi et me connaissait suffisamment pour être
personnellement intéressé. Il écrivait des lettres enthousiastes, mais il était
également inquiet par rapport au livre tel qui se présentait. Selon lui, mes
expériences prouvaient que j’avais depuis toujours été médium sans le
savoir, et cela risquait d’invalider l’idée même du livre — le fait que les
expériences pouvaient marcher pour tout le monde, jusqu’à un certain
degré, que l’on ait des antécédents médiumniques ou pas.
« Mais ce sont précisément les expériences qui ont déclenché mes
facultés, ai-je protesté en m’adressant à Rob. C’est donc bien une preuve,
non ? Je n’avais jamais eu la moindre expérience médiumnique avant.
– Dis-le à ton éditeur, pas à moi, a répondu Rob. Je ne comprends pas du
tout pourquoi l’émergence de Seth ne rend pas ce livre meilleur que sans
lui. »
Comme cela s’est avéré, c’était justement la part de Seth dans le livre qui
inquiétait l’éditeur. Si j’avais minimisé son importance et m’étais
concentrée sur les autres expériences qui s’étaient également révélées
pleines de succès, le livre aurait eu toutes ses chances, me confia l’éditeur.
Les autres expériences consistaient, entre autres, à faire des prédictions
journalières et à se souvenir de ses rêves ; et notre travail portant sur le
souvenir des rêves nous avait déjà montré la validité des rêves précognitifs.
Rob et moi, nous nous exercions tous les deux à faire des prédictions ;
cela ne nous prenait que quelques instants chaque jour. Nous vidions notre
esprit de toute pensée objective et écrivions tout ce qui nous passait par la
tête, en essayant de prédire les évènements de la journée. Le truc consistait
à donner de la liberté à l’être intuitif et à ne pas intellectualiser. Les
résultats nous avaient surpris et convaincus que la plupart des gens ont une
plus grande connaissance du futur qu’ils ne le pensent. Nous avons
découvert, entre autres choses, que nous prévoyions souvent différentes
parties du même évènement.
Je suis sûre que, pour la plupart, nous réagissons à l’avance à certains
évènements, et j’aurai davantage de choses à dire à ce propos dans ce livre.
Étant donné que, dans toutes ces expériences, Seth nous aidait par des
suggestions précises et des explications quant à la manière de percevoir ce
genre d’informations, je ne pouvais pas minimiser son importance
uniquement pour que mon livre soit publié. Pour nous, c’était Seth et son
matériau qui rendaient tout le reste possible.
Finalement, bien que le responsable d’édition ait été favorable à la
publication du livre, la direction l’a refusée. J’étais vraiment déçue de
perdre ce contrat. Je me suis donc mise à jouer avec l’idée de publier
certaines des idées de Seth comme si elles étaient miennes et d’en taire leur
origine. Cependant, cela semblait malhonnête, et j’ai décidé de ne pas le
faire. Je sentais par ailleurs que le fait même des sessions était en soi
psychologiquement fascinant et soulevait des questions qui trouvaient
réponse dans le matériau lui-même. J’ai donc envoyé mes huit chapitres
ailleurs, cessé de travailler sur le livre pendant à peu près un an, et
consacré mes heures de travail à l’écriture de nouvelles qui ont été publiées
dans divers magazines.
Entre-temps, nous avions décidé d’écrire à une autre personne ayant des
connaissances en ce domaine. Le Dr Karlis Osis de l’American Psychic
Society devait, pensions-nous, avoir une certaine expérience de cas
similaires au nôtre. Alors, en mars 1964, nous lui avons écrit une lettre. Il a
vite répondu en demandant quelques échantillons de la transcription de nos
sessions et en suggérant que Seth lui décrive par clairvoyance son bureau
de New York. Je ne sais pas ce que j’attendais du Dr Osis, mais une chose
est sûre, je n’étais pas prête à voir ce que Seth pouvait ou ne pouvait pas
accomplir. Seth a proposé de se livrer à l’expérience, mais je résistais. Je ne
sais pas ce qui m’effrayait le plus : que Seth puisse le mener à bien ou qu’il
n’y parvienne pas.
« C’est le moment de vérité, cela revient à ça, n’est-ce pas ? ai-je dit à
Rob en pleurant. S’il ne s’agit pas d’un tas de sottises, on va voir Seth ou
toi traverser les murs !
– Mais Seth a dit qu’il allait le faire », a rappelé Rob de façon très
raisonnable.
J’étais incapable d’exprimer mes craintes, même à Rob. À supposer que
Seth n’y parvienne pas, est-ce que cela voudrait dire que tout le reste était
une sorte d’imposture subconsciente ? Pourquoi Seth — qui qu’il soit —
avait-il accepté, alors qu’il savait que j’étais morte de peur ?
« Tu as peur de soumettre tout cela à un test, a dit Rob. Mais, à ce stade
du jeu, c’est une bonne chose. Je préférerais que tu laisses les choses se
faire.
– Je peux commettre des erreurs, ce n’est pas un problème, ai-je tenté
d’expliquer. Mais suppose que Seth en commette également ? Suppose qu’il
essaye de faire ce qu’on lui demande et qu’il échoue ?
– N’est-il pas censé être omnipotent ? a demandé Rob en souriant.
– Non, bien sûr que non, ai-je dit. Mais ça aiderait vraiment s’il l’était. »
Quoi qu’il en soit, je me suis à nouveau effondrée. Je n’étais encore pas du
tout certaine de croire en la survie d’une personnalité après la mort et, si
nous ne survivions pas, alors de qui recevais-je ces messages ? De mon
subconscient ? Si je me servais parfois de cette explication comme d’une
échappatoire bien pratique, je n’y croyais pas vraiment non plus : mon
subconscient avait suffisamment l’occasion de s’exprimer dans mes
nouvelles et ma poésie — et sans adopter les caractéristiques d’une autre
personnalité. Alors, une personnalité secondaire ? Peut-être, mais Seth —
et moi non plus d’ailleurs — ne correspondait à aucune des descriptions de
cas que nous avions pu lire dans les livres.
Pendant que j’hésitais à tenter l’expérience, Rob a envoyé un peu plus du
matériau au Dr Osis. Celui-ci a répondu qu’il n’était pas intéressé par le
matériau lui-même, puisque ce qui y était dit n’entrait pas dans le domaine
de la psychologie empirique qui était le sien. Il nous a demandé de ne pas
lui en envoyer davantage, à moins qu’il ne s’agisse de comptes rendus de
manifestations de perception extrasensorielle. Bien qu’il ait exprimé son
intérêt pour des « tests » portant sur les facultés de perception
extrasensorielle de Seth et qu’il ait suggéré une nouvelle fois que nous
tentions l’expérience de clairvoyance, sa lettre m’a déplu. Du coup, j’ai fait
la tête : s’il ne se montrait pas intéressé par le matériau, que je trouvais
formidable, alors il pouvait tout simplement aller chercher quelqu’un
d’autre pour regarder à travers ses murs !
Je vous rappelle que nous étions en mars 1964. Les sessions n’avaient
débuté qu’au mois de décembre précédent et nous avions eu peu d’exemples
de perception extrasensorielle au cours des sessions, en dehors des effets
physiques qui, tour à tour, m’intriguaient et m’effrayaient.
Apparemment, je n’étais simplement pas prête à soumettre Seth ou moi-
même au moindre genre de test. J’avais peur que l’assurance de Seth quant
à la clairvoyance puisse être un bluff du subconscient — le sien ou le mien
—, et je n’étais pas sûre d’avoir assez de courage pour y faire face. Et à
supposer que ce ne soit pas du bluff ? Je n’étais pas non plus prête à faire
face à cela ! Je n’avais pas encore accepté mes expériences. J’envisageais
les tests de Seth de façon extrêmement rigide, n’admettant pas le moindre
compromis. Seth devait avoir raison ou tort. L’idée qu’il puisse y avoir des
succès et des échecs dans l’étude des perceptions extrasensorielles m’était
inconnue. Mes notions concernant les mécanismes intérieurs entrant en jeu
dans la médiumnité étaient minimes, et il est fort probable que mon attitude
bloquait effectivement toute démonstration cohérente à l’époque.
J’étais en colère contre le Dr Osis parce qu’il était en quête de preuves
ou de prodiges (mon interprétation de sa lettre à ce moment-là). Pourtant,
je savais que j’allais demander le même genre de choses quand j’aurais
suffisamment de cran pour cuisiner un peu Seth ou moi-même.
Pendant ce temps-là, des changements se produisaient dans mes états de
transe. La première année, quand je parlais pour Seth, je n’arrêtais pas de
marcher à travers la pièce. Mes yeux étaient ouverts, les pupilles dilatées et
beaucoup plus sombres qu’à l’ordinaire. Mais, en décembre 1964, au cours
de la cent seizième session, je me suis assise et j’ai fermé les yeux pour la
première fois. Avec sagesse, Rob n’a rien dit jusqu’à ce que la session
s’achève. Seth nous a expliqué qu’il s’agissait là d’une procédure
expérimentale et qu’il ne continuerait pas sans mon plein consentement.
Qu’il m’ait fallu cent seize sessions pour accepter de fermer les yeux et
cesser d’arpenter la pièce paraît aujourd’hui ridicule. Avant que ce premier
changement ne s’opère, j’avais déjà eu ma première expérience de sortie du
corps et, en suivant les instructions de Seth, j’avais des expériences de
clairvoyance pendant mes périodes quotidiennes d’exercice. Mais j’avais le
sentiment de contrôler ces moments-là, alors que, durant les sessions,
c’était Seth qui avait le contrôle, et, pour moi, cela faisait toute la
différence. J’ai accepté la nouvelle procédure de transe, mais il m’a fallu
encore quelque temps avant qu’elle ne devienne la règle plutôt que
l’exception. La transe était cependant plus profonde, et le matériau portait
sur des sujets plus complexes. C’est aussi à cette période-là que Seth s’est
mis à m’enlever mes lunettes, juste avant de commencer à parler.
(Il faudra attendre janvier 1966 pour que s’opère un nouveau
changement dans mon comportement en transe. Après un an de sessions les
yeux fermés, j’ai soudain commencé à les ouvrir à nouveau, bien que la
transe ait été encore plus profonde. Cela s’accompagnait d’une
modification sensible de ma structure musculaire et de mes mimiques
faciales — un changement complet de personnalité. L’expression des yeux
n’était pas seulement pas-celle-de-Jane. C’était vraiment celle de Seth.
Dans la pratique, Seth était confortablement installé dans mon corps
physique. C’est toujours notre procédure actuelle et, apparemment, elle
offre à Seth une certaine liberté d’expression. Souvent, il regarde
directement Rob par exemple, ou toute autre personne avec laquelle il est
en train de parler.)
Toutefois, en 1964, quand nous avons écrit au Dr Osis, la transe n’avait
pas atteint cette profondeur et je commençais à peine à m’habituer à l’idée
de m’asseoir pendant les sessions. En 1965, le matériau de Seth n’a cessé
de s’accumuler au cours de nos deux sessions hebdomadaires. Au début de
cette année-là, Frederick Fell m’a signé un contrat pour le livre sur les
perceptions extrasensorielles et j’avais un délai à respecter.
L’idée de tester les perceptions extrasensorielles me faisait encore peur,
mais je sentais que c’était inévitable et nécessaire.
Au printemps 1965, à peu près un an après avoir écrit au Dr Osis, Rob a
envoyé un courrier au Dr Instream (ce n’est pas son vrai nom) qui était en
lien avec une université d’État, dans le nord de l’État de New York. Dans
ses jeunes années, le Dr Instream avait été l’un des plus éminents
psychologues du pays et avait fait des recherches auprès de nombreux
médiums. Lui saurait si Seth était une personnalité secondaire, me disais-je.
À nouveau, nous avons joint quelques sessions à la lettre. Le Dr Instream
nous a répondu en exprimant son intérêt et en nous invitant à assister au
symposium national consacré à l’hypnose, qui se tiendrait en juillet 1965.
À ce stade, nous avions déjà fait l’expérience de l’hypnose, au cours de
quelques travaux portant sur la régression et la réincarnation, moi en tant
qu’hypnotiseur et Rob en tant que sujet. Nous ne nous étions cependant
jamais servi de l’hypnose pour induire une transe dans les sessions avec
Seth, et nous n’avions aucune expérience de l’hypnose quand les sessions
ont commencé. Le Dr Instream voudrait-il me mettre sous hypnose ? Je
n’étais pas du tout sûre d’y consentir. Aujourd’hui, après avoir lu en quoi
consistaient les tests auxquels a été soumise la célèbre médium Eileen
Garrett, je sais que je ne m’y serais jamais prêtée. (L’autohypnose est autre
chose — je m’en sers à présent pour me donner des suggestions générales
de bonne santé.)
Nous nous réjouissions à l’idée de rencontrer le Dr Instream mais, pour
payer le voyage et les frais de participation au symposium, il fallait utiliser
l’argent destiné aux vacances. En plus de cela, Rob travaillait maintenant
le matin au service conception artistique d’une petite société locale éditrice
de cartes de vœux, et il peignait l’après-midi. Nous devions donc prendre
sur notre temps de vacances pour faire ce voyage.
Ces vacances ont été les plus folles et les plus contrariantes que nous
ayons jamais passées. Lors de la première conférence à laquelle nous avons
assisté, l’intervenant a fait une démonstration d’hypnose. En dehors de
nous-mêmes et de quelques étudiants, l’assistance était composée de
psychologues, de médecins et de dentistes. Le conférencier était un
psychologue bien connu pour son travail sur l’hypnose. Baissant la voix, il
a dit que, puisque la plupart de celles et ceux qui étaient présents se
servaient de l’hypnose dans leurs professions, ils devaient savoir ce que
cela faisait d’être soi-même hypnotisé. Et il a commencé.
Assise entre Rob et le Dr Instream, j’étais bien décidée à ne pas être
hypnotisée, mais j’ai baissé les yeux pour ne pas me faire remarquer.
Quand il est devenu évident que la plus grande partie de l’assistance avait
docilement sombré — assise là et me rappelant une bande de pigeons aux
ailes soigneusement repliées —, j’ai relevé les yeux avec précaution pour
voir ce que faisait le Dr Instream. Il me regardait. Rob souriait, nous
observant tous les deux.
Le Dr Instream était charmant. Un peu plus tard, nous dînions dans un
Howard’s Johnson [9] à Oswego en discutant avec ce bon docteur quand,
d’un seul coup, j’ai senti la présence de Seth. Nous n’avions jamais eu de
session en dehors de la maison. Nerveusement, je n’arrêtais pas d’essayer
d’envoyer des signaux à Rob avec les yeux. Je lui ai même donné un coup
de pied dans la jambe, en espérant de ne pas frapper par erreur celle du
docteur. J’ai enfin capté son regard ; il a reçu le message et a haussé les
épaules de façon comique.
« Eh bien, je ne sais pas comment annoncer cela, ai-je dit, mais si vous
voulez rencontrer Seth, vous le pouvez. Il est là. »
Je n’avais aucune intention d’avoir une session dans un restaurant, le
Dr Instream non plus. Il nous a emmenés dans son bureau et a fermé la
porte.
Nous avons eu une session avec Seth, la première dans laquelle j’entrais
en transe et en sortais si rapidement que Seth et moi pouvions tous les deux
prendre part à une conversation normale.
Après avoir salué le Dr Instream, Seth a dit : « Mon domaine est
l’éducation, et ce qui m’intéresse en particulier, c’est que ces facultés
[apparemment paranormales] de la personnalité humaine soient comprises
et étudiées, car elles ne sont pas anormales mais inhérentes… Je suis
vraiment conscient des difficultés qui seront rencontrées.
« Je l’ai déjà dit souvent : je ne suis pas un esprit fantomatique au regard
vague qui se matérialise au milieu de la nuit. Je suis simplement une
personnalité intelligente qui n’est plus tributaire de vos lois physiques… »
Seth a poursuivi en parlant des tests de perception extrasensorielle que le
Dr Instream avait suggérés lors de notre précédente conversation.
« L’entêtement de Ruburt me donne parfois quelques difficultés ; mais nous
devons aussi prendre cela en considération, et c’est donc ce que nous allons
faire. […] Je vais m’appliquer sérieusement et faire mon possible, compte
tenu des circonstances. Vous pouvez compter sur ma coopération. Il va sans
dire que tout ceci ne peut se passer du jour au lendemain, mais nous allons
commencer. Dans une session normale, je parlerai de ce qui peut être fait. Il
y a beaucoup de choses que nous pouvons faire. Et beaucoup que nous ne
pouvons pas faire. Mais puisque nous comprenons tous deux le potentiel et
les limites, nous pouvons faire le maximum de ce qui est possible. »
J’imagine que nous avons sans doute établi une sorte de record. Je disais
d’abord quelque chose, ensuite c’était au tour du Dr Instream, puis de Seth
et enfin de Rob — comme ces pétitions où les signatures sont disposées en
cercle [10]. Seth appelait le docteur par son prénom et ils avaient tous les
deux l’air d’être de vieux copains. J’étais un peu consternée. Après tout, le
Dr Instream était un gentleman distingué plutôt âgé. Rob prenait toutes les
notes qu’il pouvait, griffonnant furieusement.
Seth a dit : « Il faut tenir compte de la spontanéité. Le type de preuve qui
vous intéresse peut alors être obtenu. Si nous nous préoccupons trop des
résultats, la spontanéité disparaît. L’ego entre en jeu et nous sommes
perdus.
– Exactement, a dit le Dr Instream. Nous devons procéder avec soin, sans
forcer… Ici, cela dépasse ma compétence, Seth. La spontanéité est
importante, mais…
– C’est notre porte, l’a interrompu Seth. Si une preuve doit apparaître,
elle apparaît par cette porte…
– Oui, a répondu le Dr Instream. Mais nos limitations humaines… Notre
méthodologie est importante ici, si nous voulons que les autres écoutent.
– Dans une session normale, nous prendrons cela en considération. Nous
travaillerons dans le cadre de ces limitations et verrons ce que nous
pouvons faire. Ce serait très bénéfique si vous et d’autres compreniez que
ces limitations existent uniquement parce que vous les acceptez.
– Oui.
– La personnalité humaine n’est pas limitée de manière innée. Comme je
l’ai souvent dit, l’état de veille est un état de transe tout autant que d’autres.
Ici [dans les sessions], nous déplaçons simplement l’attention vers d’autres
canaux. Considérez tous les types de conscience comme des états de transe.
La conscience est la direction dans laquelle l’être regarde. […]
« Vous et moi avons beaucoup d’intérêt commun. La personnalité doit
toujours être considérée, de façon fondamentale, comme un schéma pour
l’action. Quand vous tentez de toucher à différents niveaux, vous les
modifiez. Quand vous cassez un œuf pour découvrir ce qu’il y a à
l’intérieur, vous détruisez l’œuf. Il y a d’autres façons de procéder. Nous
n’avons pas besoin d’un marteau pour casser la coquille. […] Je suis ce que
vous appelez un crâne d’œuf [11]. Mais pas besoin de marteau pour voir ce
qu’il y a en moi. » En disant cela, Seth avait un large sourire.
« Nous aurons besoin de recevoir des éclairages, a dit le Dr Instream. Je
suis humain. J’ai besoin d’apprendre. Nous avons besoin de preuves.
– Votre attitude peut vous permettre d’en obtenir. Mais ceux qui ont
l’esprit fermé n’obtiendront aucune preuve propre à les satisfaire.
– Certaines [preuves] que nous avons sont difficiles à nier, mais nous
devons mener une recherche méthodique sur ces choses-là.
– C’est l’une des raisons pour lesquelles nous n’avons pas eu
d’inclination pour une ambiance du genre séance de spiritisme… et c’est
aussi pour cela que j’ai largement évité d’être ostentatoire…
– À nouveau, me voilà dépassé. J’ai besoin de temps pour réfléchir à ce
que nous pouvons faire, à ce que sont vos idées.
– Un peu de temps peut s’écouler pendant que je mets en place chez
Ruburt l’acceptation d’aller dans ces directions, a dit Seth, mais je ne
prévois aucune difficulté. »
Le Dr Instream traitait Seth avec respect, grand respect — et j’admets
avoir trouvé cela quelque peu suspect sur le moment. Moi-même, je ne
savais pas avec certitude qui était Seth ou ce qu’il était et, plus d’une fois,
la pensée que l’attitude du docteur était simplement un moyen de gagner
ma confiance m’a traversé l’esprit — le psychologue faisant semblant de
croire, de façon tout aussi inconditionnelle que son patient, au délire de ce
dernier.
Avant d’en avoir fini avec cette visite, le Dr Instream nous a dit, à titre
non officiel, que Seth avait un « intellect immense » et qu’il ne semblait
certainement pas être une personnalité secondaire. Il m’a énormément
réconfortée en me disant que je paraissais en excellente santé émotionnelle
et psychologique.
Au cours du symposium, nous avons malheureusement aussi parlé avec
un autre psychologue, d’un âge plus proche du mien. Nous nous étions
rencontrés au cours de l’une des petites réunions informelles. Quand il a
découvert que nous n’avions aucun lien avec une profession médicale,
quelle qu’elle soit, il nous a demandé en quoi le symposium nous
intéressait. Nous le lui avons dit, une chose en amenant une autre. Une
discussion à propos de Seth a suivi, et Rob a fini par lui montrer certaines
de nos notes dans notre chambre.
Après nous avoir parlé pendant moins d’une heure, le psychologue m’a
assurée que j’étais schizoïde et que je me servais des sessions pour dominer
Rob. À un certain moment, il s’est emparé des notes sur le bureau et s’est
approché de moi comme un dieu courroucé, en les agitant devant mon
visage. « Vous pensez qu’il est nécessaire de consigner tout cela, n’est-ce
pas ? a-t-il demandé.
– Nous en avons besoin. Rob prend les notes, suis-je parvenue à dire.
– Ah ! Ah ! a-t-il crié (et il criait vraiment). Ça, c’est l’un des principaux
symptômes !
– Mais c’est Rob qui les prend… »
Ça ne servait à rien. Chaque fois que j’essayais de dire quelque chose, il
hurlait triomphalement : « Vous voyez ? Vous voyez ? Vous sentez le besoin
de vous défendre, n’est-ce pas ? »
Cela se passait entre notre premier et deuxième entretien avec le
Dr Instream. Nous avons pris la voiture et roulé au hasard dans la ville
universitaire déserte, nous arrêtant une fois pour boire un verre dans un
bar où il faisait très chaud. Jamais je n’avais ressenti autant de doutes sur
moi-même. Le psychologue avait exprimé à haute voix mes peurs
intérieures les plus extrêmes.
« Chérie, il n’a parlé avec nous que pendant une demi-heure, a dit Rob.
– Mais suppose qu’il ait raison ? Je ne le saurais pas — c’est ça qui est
horrible. Ni toi ni moi ne le saurions ou ne voudrions l’admettre !
– Mais toute personne atteinte de déficience sur le plan émotionnel
montrerait des symptômes dans sa vie courante normale.
– Mais les sessions, ai-je crié. Les sessions qui, selon moi, offrent un tel
apport… le matériau dont je suis tellement certaine qu’il donne des aperçus
sur la nature de la réalité ! Suppose que tout cela soit simplement un
symptôme de désordre mental ? »
Nous avons roulé au-delà des majestueux édifices de l’université. Comme
tout était bien entretenu et ordonné ! Si seulement la vie était aussi bien
rangée, me disais-je. Rob tentait encore de me réconforter quand nous
sommes arrivés au bureau du Dr Instream. Étais-je réellement une de ces
femmes bavardes et dominatrices qui employaient toutes sortes de ruses
pour exercer leur emprise sur leur mari ? J’ai regardé Rob. Il était là,
debout, à la fois tranquille et assuré, décontracté, contrairement à moi —
exactement l’idée que je me fais d’un homme. En général, je suis bavarde
mais, là, je me suis tue et j’ai laissé — ou tenté de laisser — Rob parler.
Le Dr Instream nous a dit que l’attitude du psychologue était un exemple
type du comportement qui contrarie tant les parapsychologues. Mais en
plus, il m’a répété qu’il n’avait trouvé chez moi aucune de ces tendances.
« Cet homme, a-t-il dit, n’a aucune expérience pratique de la psychologie.
Il a simplement lu des manuels décrivant tel et tel cas typique. » Puis il
nous a expliqué que, si cette rencontre était une expérience malheureuse, il
valait peut-être mieux qu’elle ait eu lieu en début de parcours. Les
psychologues théoriciens ont tendance à avoir une piètre opinion de la
médiumnité, a-t-il ajouté. J’aurais dû me moquer du jeune psychologue.
J’aurais dû lui dire : « Oui, il faut soi-même en être un pour savoir ce que
c’est. » Ou quelque chose de ce genre.
Mais cette histoire m’a ennuyée. Il m’a fallu quelque temps avant d’avoir
à nouveau totalement confiance en moi et en mes réactions. J’ai senti
également que je ne pouvais plus traîner les pieds : je devais découvrir ce
que Seth pouvait ou ne pouvait pas faire.
Le Dr Instream a expliqué quelle était l’attitude des parapsychologues à
l’égard des tests de perception extrasensorielle, et il a suggéré que Seth
essaye de percevoir, de façon clairvoyante, des objets sur lesquels le
docteur se concentrerait. Nous ferions cela à chaque session. Tous les
lundis et mercredis, à dix heures du soir, dans son bureau, dans la ville où il
vivait, le Dr Instream se concentrerait sur un objet. Au même moment, Seth
devait donner ses impressions et, chaque semaine, nous enverrions le
compte rendu des sessions au Dr Instream. Cette fois, j’ai accepté ; et Seth
aussi.
Puis, de retour chez nous, Rob a eu une autre idée. Et si nous tentions de
notre côté la même chose ? Nous avons donc commencé en même temps nos
tests des enveloppes, où il était demandé à Seth de donner ses impressions
sur le contenu de doubles enveloppes scellées.
Je voulais découvrir si Seth était capable de faire ce qu’il avait dit. Le
Dr Instream voulait une preuve scientifique de l’existence de la
clairvoyance, et nous espérions tous pouvoir la fournir. Nous nous étions
fixé de ces objectifs !
D’août 1965 à octobre 1966, nous avons eu suffisamment de succès et de
déceptions pour que ma tête ne cesse de tourner. Dans le prochain chapitre,
je vais traiter de cette année excitante — et source de perplexité.
[9] Chaîne d’hôtels et de restaurants que l’on trouve principalement aux
États-Unis et au Canada (N.d.T.).
[10] Système adopté pour qu’on ne sache pas qui a signé le premier
(N.d.T.).
[11] Egghead, expression familière employée pour parler d’un intellectuel
(N.d.T.).
CHAPITRE 7
Un an de tests
— Seth voit à travers des enveloppes
et donne à Rob quelques leçons d’art
Pendant les onze mois qui ont suivi, les sessions avec Seth ont
principalement porté sur les données d’un type de test ou d’un autre.
Comme d’habitude, à neuf heures du soir, Seth débutait par le matériau
théorique, qui nous intéressait de plus en plus. À dix heures, il donnait des
impressions pour le Dr Instream, puis Rob me tendait une enveloppe s’il
devait y avoir un test de ce genre ce soir-là. Quand c’était le cas, nous
restions après la session à tenter d’évaluer les résultats. En général, à ce
moment-là, il était plus de minuit et nous étions épuisés.
Bien que ma confiance se soit accrue à la suite des deux épisodes de
sortie du corps, j’avais le sentiment de remettre Seth et moi-même en
question à chaque session de tests. Je ne savais jamais si nous aurions ou
non une enveloppe. Souvent, j’avais peur de faire une session, par crainte
d’avoir un de ces tests et des résultats qui ne correspondraient pas. (Cela,
soit dit en passant, ne s’est jamais produit, même si les impressions
communiquées n’étaient pas toujours aussi précises que nous l’aurions
souhaité.) En fait, je me fichais de ce qui était dans les enveloppes — je
voulais juste savoir si Seth pouvait nous le dire, et je voulais qu’il ait
totalement raison chaque fois. Mon attitude avait forcément un effet. Je
m’émerveille aujourd’hui que Seth ait été capable de faire quoi que ce soit
avec moi à l’époque, mais, la plupart du temps, il réussissait à s’en sortir
vraiment très bien.
Voici un exemple où Rob essayait de tester la clairvoyance plutôt que la
télépathie. Comme beaucoup d’autres, ce test a eu des résultats
surprenants. Les notes de Rob montrent clairement la procédure qu’il
suivait en choisissant les objets de test.
« Il y avait dans mon atelier une pile de vieux journaux. Il s’agissait pour
la plupart du New York Times, à la fois les éditions quotidiennes et les
suppléments du dimanche. Peu de temps avant la session, j’ai extrait
quelques feuilles de la pile. Puis, en m’éloignant, j’en ai pris une sans la
regarder et en ai déchiré un morceau que j’ai plié derrière mon dos,
jusqu’à être sûr de pouvoir le placer entre les deux bristols et dans les deux
enveloppes.
« Toujours sans regarder le morceau de journal que j’avais choisi comme
objet du test, je l’ai enfermé dans les enveloppes. Puis, les yeux fermés, j’ai
pris les feuilles restantes, me suis approché à tâtons d’une grande étagère
allant jusqu’au plafond, et les y ai déposées suffisamment haut pour ne pas
pouvoir les voir.
« Cette procédure me permettait de savoir une seule chose : l’objet du
test provenait d’une partie d’un New York Times dont j’ignorais la date de
parution. Une fois l’expérience terminée, Jane a ouvert les enveloppes ; je
me suis ensuite rendu dans l’atelier et j’ai pris parmi les feuilles placées
sur l’étagère celle que j’avais déchirée. Il s’est avéré qu’il s’agissait des
pages 11 et 12 de la première partie du supplément du Times du dimanche
6 novembre 1966. »
Seth a fourni trente-neuf impressions. Pratiquement toutes avaient une
correspondance directe. En voici plusieurs se rapportant à l’objet du test.
Par commodité, je les ai regroupées :
« Un objet en papier, surface plus rugueuse que lisse. » (L’objet était un
bout de journal, dont le papier est plus grossier que le couché d’un papier
utilisé par exemple pour un magazine.)
« Une vue grise. » (Des parties d’illustrations étaient visibles sur les
deux faces, toutes dans des tons gris.)
« Offre généreuse. » (Les mots « généreuses remises » apparaissent sur
l’objet.)
« Lien avec un téléphone ou un appel téléphonique. » (Sur une face du
morceau de papier, on peut lire « Aucune commande par courrier ou
téléphone », et sur l’autre, « Passez commande par courrier ou par
téléphone », suivi d’une longue série de numéros de centres d’appel.)
« Une chose identique à quelque chose d’autre… deux ou deux d’une
sorte. » (Le mot « jumeau » apparaît sur l’objet, faisant référence à la taille
d’une couverture à vendre. J’ai eu toutefois la forte impression subjective
que cela renvoyait plutôt au fait que l’objet dans l’enveloppe était une
partie d’un objet similaire.)
Les impressions ci-dessus faisaient référence à l’objet même du test. En
voici maintenant quelques autres qui sont en rapport avec la feuille d’où il
provient. Dans un ordre successif, Seth a dit : « Une méthode de débarras…
Quelque chose en langue vernaculaire… Gouvermental. » (Ici, je cherchais
le mot « gouvernemental » mais, comme d’habitude, Rob a noté tel quel ce
qui était exprimé.)
Quand nous avons vérifié les résultats du test, nous avons buté pendant
quelques instants devant ces données. Puis Rob a regardé la page complète
du journal.
Tous les deux nous avons pigé d’un seul coup. « Ouah, me suis-je
exclamée, une méthode de débarras — il doit s’agir des soldes ! Mais
quelle drôle de façon de le formuler.
– Et regarde ça », a dit Rob en brandissant l’objet du test dans une main
et le reste de la feuille dans l’autre.
« Des deux côtés de la feuille sont imprimés en gros titre “Soldes du jour
de l’élection” ou “Valeurs”. Et gouvermental, ou gouvernemental, ça a un
sens puisque le 9 novembre il y a l’élection du gouverneur de l’État de New
York. J’ajouterais que l’expression “soldes du jour de l’élection” est à coup
sûr en langue vernaculaire. »
Reportez-vous aux pages photo pour voir la reproduction de l’objet du
test et de la page d’où il a été déchiré. Les deux faces de ce bout de journal
contenaient des parties de publicités qui étaient en lien avec le jour de
l’élection ; pourtant les mots « Jour de l’élection » n’apparaissent pas du
tout sur l’objet du test — uniquement sur le reste de la page, qui était posée
en haut de l’étagère de l’atelier de Rob.
« Mais pourquoi Seth n’a-t-il pas juste dit “soldes ?” ai-je demandé
exaspérée.
– Écoute, a répondu Rob en riant, nous devons accepter la façon dont les
données sont transmises et essayer d’en tirer leçon. Tu t’es bien
débrouillée… »
Je pense aujourd’hui que c’est là un excellent exemple de la façon dont
les perceptions extrasensorielles sont parfois reçues. Les soldes sont une
méthode de débarras, même si, verbalement, le lien final n’est pas aussi
concis que nous le souhaiterions. Cependant, ce n’est pas simplement l’idée
de concision qui entre en jeu ici : de telles réponses sont juste différentes —
inattendues telles quelles, et elles nous amènent à considérer de vieux
objets ou de vieilles idées de façon nouvelle et tout aussi valable. J’aurai
plus à dire sur ce genre de choses, un peu plus loin dans ce chapitre.
Ce test nous réservait encore quelques surprises. Non seulement Seth
avait capté ces excellentes informations permettant une identification, mais
il avait fourni d’autres impressions concernant l’ensemble de la page d’où
provenait l’objet du test. À côté de toutes les pages de soldes, il y avait
quatre articles sur les pages en question. Ceux-ci ne se trouvaient
absolument pas sur le bout de journal enfermé dans l’enveloppe et,
pourtant Seth avait communiqué des impressions faisant référence à trois
de ces articles.
« Une mission aux conséquences imprévues… 1943… Illia, et peut-être
un F et R… Quelque chose qui se passe à nouveau, comme une
commémoration… Un lien avec une chose verte, comme une prairie… un
enfant… Janvière. »
Tout cela faisait référence à un article dans lequel il était question d’un
séminaire dominicain fondé à Aldeia Nova, au Portugal, en 1943. Nous
pensons que « Illia » est une approximation de « Aldeia ». La date donnée
était correcte, et l’article continue en parlant d’un jeune prêtre, frère
Fernandes (l’abréviation de frère est un F et un R), qui était en mission
dans ce pays pour rassembler des fonds destinés à moderniser le séminaire.
Il y était aussi décrit en tant qu’organisateur d’un pèlerinage
commémorant le cinquantième anniversaire des apparitions de la Vierge à
Fátima, petite ville située à une quinzaine de kilomètres seulement du
séminaire. L’article précisait que le séminaire possédait entre autres sa
propre ferme, ses vignobles, son potager et son verger. Nous pensons que
l’impression « chose verte comme une prairie » s’y référait. Le lien avec
« Janvière » ne semble pas y être associé ; il est pourtant extrêmement
important, car il avait pour moi, à titre personnel, une forte connotation
religieuse : l’une de mes institutrices favorites à l’école primaire était une
nonne, sœur Janvière. L’article parle des trois enfants qui ont vu
l’apparition à Fátima et Seth a fait mention d’un enfant.
D’autres impressions avaient un rapport avec un article intitulé
« Dégradation des prisons au Portugal ». Il faisait spécifiquement
référence au besoin de moderniser « les grandes et vieilles prisons
vétustes » qui étaient « en piteux état », et plusieurs remarques étaient faites
concernant le taux de criminalité au Portugal. Il était dit également que le
Portugal avait le plus faible revenu par habitant en Europe. Les
impressions de Seth étaient assez évidentes ici :
« Connexion avec une monstruosité, telle qu’un monstrueux édifice…
Des troubles… une détermination et un désavantage… une performance
insuffisante. »
Mis à part ces impressions en lien avec les articles, Seth en a aussi
communiqué d’autres concernant la page d’où provenait l’objet du test.
« Une date en haut… Des boutons… certains personnages et un lien
lointain avec des formes de crâne… des couleurs, bleu, violet et vert… et
d’autres formes rondes. »
La date du journal était bien sûr en haut de la page. On pouvait
clairement voir de nombreux boutons sur les photos de vêtements à vendre.
Les mêmes mannequins sont aussi les personnages évoqués par Seth et,
comme vous pouvez le voir sur la photo de la page, le visage des femmes
avec leurs cheveux tirés en arrière donne une impression de crâne. Les
couleurs dont Seth fait mention sont énumérées dans l’encart publicitaire.
Je crois que le violet fait référence à « Brume d’orchidée ».
Ce test a pourtant soulevé dans mon esprit plusieurs questions en même
temps. Comment Seth avait-il capté des informations sur la page tout
entière, alors qu’il n’y en avait qu’une petite partie dans l’enveloppe du
test ? Est-ce qu’une certaine forme de projection de ma part, qui serait
retournée vers l’étagère dans l’atelier, était entrée en jeu ? Seth n’avait pas
donné d’abord des impressions sur l’objet qui était dans l’enveloppe, avant
de passer clairement à la page tout entière ; il avait fait des allers-retours
entre les deux, comme s’il les voyait en même temps. Et pourquoi n’avait-il
pas simplement limité ses données à l’objet dans l’enveloppe ?
Par la suite, au cours d’une autre session, nous l’avons interrogé sur ces
points et nous avons obtenu quelques réponses très intéressantes :
« Une portion est toujours connectée à l’ensemble dont elle fait partie, a
dit Seth. Donc, à partir du morceau déchiré, la page entière était pour moi
présente et, à partir de portions, l’ensemble peut être lu. Avec, d’un côté,
suffisamment de liberté et, de l’autre, assez d’entraînement, Ruburt,
s’exprimant pour moi, pourrait vous donner lecture de l’ensemble du New
York Times à partir d’un coin déchiré.
« Cela n’implique pas qu’il y ait une projection.
« Il y avait d’autres problèmes, en rapport avec les caractéristiques qui
sont propres à Ruburt. Maintenant, d’une manière générale, il est vrai qu’un
matériau de nature affective a en fait une vitalité plus forte et qu’il est plus
facile à percevoir. Cela étant dit, Ruburt n’aime vraiment pas les détails
(Seth a souri), et il s’en servira toujours comme d’une indication pour voir
où cela le mène.
« Il ne se contentera pas de fournir simplement des détails à propos d’un
bout de papier. C’est une tendance assez automatique de sa vie mentale.
Nous y faisons d’ailleurs appel d’une autre façon dans nos sessions, pour
notre plus grand avantage, je l’espère… Dans les tests, cependant, nous
avons essayé d’utiliser cette caractéristique, puisque nous ne pouvions pas
la nier. C’est avec et à travers les aptitudes de Ruburt que je dois travailler
— en plus des miennes, bien sûr. Nous nous sommes donc servis ici de
cette tendance pour élargir le tableau et apporter davantage de détails qui
vous ont fourni des données plutôt convenables… et d’une façon qui était
assez naturelle pour Ruburt. »
À propos des tests en général, Seth a expliqué : « Je lui enseignais et je
me suis adapté à ses inclinations et intérêts naturels. L’antagonisme qu’il
avait pour les tests ne venait pas tant de l’idée elle-même que du fait de se
focaliser sur les détails pour eux-mêmes. C’est seulement quand vous avez
effectué ce genre de test que l’antagonisme est né. Dans la perception
extrasensorielle — comme dans la perception soi-disant normale —, les
inclinations naturelles de la personnalité dictent le type d’informations qui
seront recherchées à partir de n’importe quel champ de données accessible.
« Il existe de nombreux domaines de connaissance auxquels un individu
particulier ne s’intéresse pas. Il ne va pas se donner la peine de se servir
d’une perception [même] normale pour y accéder. Je donne à Ruburt l’accès
à de larges champs de focalisation. Je l’aide à modifier l’énergie qu’il utilise
pour percevoir dans d’autres directions, pour l’orienter vers l’intérieur. Je
lui rends l’information disponible. Puis, en fonction de ses caractéristiques
fondamentales, il se sert de cette information. »
Le test qui vient d’être décrit met l’accent sur la clairvoyance. Un test
précédent nous a beaucoup éclairés sous un autre angle, en nous
convainquant que la perception extrasensorielle originelle est générale,
comme une vision d’ensemble d’un vaste territoire. Un processus réducteur
doit se produire quelque part pour donner à la perception une focalisation
plus spécifique.
Ce test était amusant, vraiment, parce que Seth se débrouillait
magnifiquement bien tout seul. Puis il m’a passé le relais et là, je suis
tombée de haut. L’objet dans l’enveloppe était une facture appartenant à
Rob et datée du 15 juillet 1966. La session se déroulait le 1 er août. J’étais
avec lui chez le marchand de bois quand on lui a remis cette facture. (Voir
sa reproduction dans les pages photo.)
Rob avait acheté deux plaques d’Isorel de quatre pieds sur huit, ainsi
qu’un bac pour rouleau à peinture. Le vendeur qui s’occupait de nous était
devenu plutôt bavard quand il avait appris que Rob allait se servir de
l’Isorel pour peindre des tableaux. Il nous avait raconté qu’un artiste
européen avait fait un portrait de lui lorsqu’il était soldat durant la
Seconde Guerre mondiale. De manière assez drôle, il avait décrit comment
l’artiste avait dessiné son visage comme si celui-ci avait été symétrique et
sans imperfections, alors qu’en réalité il était plutôt asymétrique, avec un
œil abîmé. Le vendeur portait aussi des lunettes.
Voici quelques-unes des impressions de Seth : « Quatre carrés, ou quatre
et quatre carrés. » (Nous avons trouvé cela excellent. Rob avait fait couper
en deux les morceaux d’Isorel pour qu’ils puissent tenir dans notre voiture
— ce qui donnait quatre carrés de quatre pieds de côté chacun.)
« Une écriture ou des caractères imprimés en bas, dans le coin à gauche,
très petits, tenant l’objet horizontalement. Quelque chose à l’arrière
également. » (Ces deux impressions étaient valables, mis à part le fait que
les tout petits caractères imprimés se trouvaient du côté gauche, et pas
uniquement dans le coin gauche.)
« 1966, dans l’attente de 1967. » (La date et l’année 1966 étaient écrites
sur la facture, et juste en dessous : « Acompte en attente. »)
« Une connexion avec une photographie ou un autre objet de ce genre. »
(Ceci, selon nous, fait assez clairement référence au portrait.)
« Une forme ovale ou celle d’un œil, c’est-à-dire ce type d’œil, à
l’intérieur d’un rectangle ou d’un triangle, voyez-vous. » (D’après les notes
de Rob, j’ai désigné à ce moment-là l’un de mes yeux fermés. Comme nous
l’avons dit plus haut, le vendeur portait des lunettes et avait spécifiquement
fait mention de son œil en piteux état, contrairement à celui du portrait.)
« Lien avec un transport et de l’eau. » (Une façon assez singulière de se
référer à un parcours de quinze kilomètres en voiture jusqu’à Wellsburg [12].
Le nom de la ville apparaît sur la facture et, soit dit en passant, le mot
« voiture » aussi, au verso.)
« Un mot commençant par m, un autre M, cette fois, initiale d’un nom. »
Rob avait acheté l’aggloméré en le désignant par le nom de la marque,
Masonite [13], mais le vendeur avait inscrit « Bois compressé » sur la
facture. Une lettre M en capitale apparaît dans l’en-tête de la facture :
Glenn M. Schuyler.)
« Un objet rectangulaire avec une couleur sombre au-dessus, peut-être du
bleu foncé. » (La facture est rectangulaire et le verso est imprimé à l’encre
noire.)
Seth a fourni en tout vingt-quatre impressions. Chacune d’elles pouvait
s’appliquer à l’objet du test, même si, pour certaines, le lien n’était pas
aussi précis que pour d’autres. Seth a dit par exemple : « Connexion avec
le noir, symbolique de mort ; et avec un tournoi, là encore symbolique,
comme pour le croisement des épées. » Nous croyons que ceci était une
référence à la Seconde Guerre mondiale, époque à laquelle avait été réalisé
le portrait du vendeur, alors soldat. Voici un autre exemple : « Nombres…
peut-être le 01913. » La facture comportait des nombres, dont une série
débutait par un zéro (ce qui nous paraissait inhabituel), mais les chiffres
n’étaient pas dans l’ordre donné par Seth. Une série commençait par 09 (et
non pas 019) ; les deux derniers chiffres, 1 et 3, forment le nombre 13, qui
apparaît en gras sur la facture.
Jusque-là, les impressions étaient venues sans que je sois concernée.
J’étais dans une transe profonde. Puis Seth a dit : « Le sentiment de
quelque chose suspendu au-dessus, menaçant ou en surplomb, sur la moitié
supérieure de l’objet, et sombre. » Tandis que je prononçais ces mots pour
Seth, une faille a semblé apparaître — un doute quant à l’interprétation de
l’information. Je savais que Seth voulait que je précise cela moi-même, et
que cela faisait partie de mon entraînement.
J’avais la sensation que quelque chose de très lourd était suspendu au-
dessus de moi. Devais-je interpréter cela comme un objet, tel qu’un toit
pesant au-dessus de ma tête par exemple, ou comme une émotion « planant
au-dessus de moi » ? Je ne savais pas — et, sur le moment, je ne parvenais
pas à l’interpréter. La connexion correcte spécifique n’était pas établie.
Seth m’en a proposé une autre : « Quelque chose aussi qui est petit et
brillant, sous cette partie en surplomb ou menaçante. » Ici encore, obligée
de me débrouiller seule, je n’ai pas su trouver le chemin conduisant aux
données précises que nous souhaitions.
Pourtant, Seth tentait de m’amener au mot « toiture ». Ce terme figurait
dans l’en-tête de la facture, dans la moitié supérieure. Notez combien cette
impression incomplète était à la fois exacte et ambiguë — « le sentiment de
quelque chose suspendu au-dessus, menaçant ou en surplomb, sur la moitié
supérieure de l’objet, et sombre ».
La deuxième impression dont j’étais censée venir à bout (« quelque chose
qui est brillant et petit, sous cette partie en surplomb ou menaçante ») devait
m’orienter vers le « bac pour rouleau à peinture », qui était également écrit
sur la facture, en dessous du mot « toiture ». Un bac de ce genre est petit et
brillant ; celui que Rob avait acheté ce jour-là était en aluminium luisant.
Ici, les impressions de Seth avaient été assez littérales, comme si les mots
sur la facture prenaient vie et étaient décrits comme des objets, et non pas
comme des mots servant à décrire des objets. Par la suite, je devais m’en
sortir beaucoup mieux quand Seth me laissait avoir quelques impressions
par moi-même, mais ce type d’entraînement a été d’une valeur inestimable.
Même quand je ne m’en tirais pas très bien, nous apprenions quelque chose
sur la nature de la perception, ce qui était l’intention de Seth. Ce test nous a
amenés à pressentir que toutes les impressions, extrasensorielles ou autres,
sont au départ non verbales et non visuelles ; il s’agit plutôt d’un pur
sentiment qui, dans un deuxième temps, est interprété en termes sensoriels.
Nous avons tenté toutes sortes de choses avec les enveloppes. Dans le
test du New York Times, Rob ne savait pas lui-même ce qui se trouvait sur
l’objet du test. Il ne savait d’ailleurs pas toujours quel était l’objet du test
et, parfois même il ignorait qu’il y aurait un test ! De temps à autre, par
exemple, des amis venaient à l’improviste assister à une session et ils
apportaient leur propre enveloppe de test. Celle-ci m’était simplement
tendue au milieu de la session, sans que je le sache à l’avance. Certaines
fois, Rob l’utilisait le soir même ; à d’autres occasions, il la gardait pour
une session ultérieure.
Que Rob sache ou non ce que contenait l’enveloppe du test ne semblait
pas faire la moindre différence dans les résultats. Un soir, Nora Stevens (ce
n’est pas son vrai nom) a débarqué à l’improviste. Elle était l’amie d’un
ami et avait déjà assisté à deux sessions. Durant cette période, nous
encouragions les gens à passer nous voir avec des enveloppes de test, même
si peu l’ont fait. (Auparavant, et par la suite, nous avons préféré garder nos
sessions privées.)
Nous savions que Nora était secrétaire à l’hôpital, dans un bureau qui
gérait les achats de médicaments et de fournitures, et qu’elle ne s’occupait
ni de près ni de loin des patients, de leurs dossiers ou des protocoles
médicaux. J’ignorais qu’elle avait apporté une enveloppe. Elle l’a glissée
discrètement à Rob après le début de la session.
Seth a dit : « Une connexion avec un dossier familial, comme une page
tirée d’un livre, par exemple… connectée également à un évènement
remuant ou un désagrément… quatre chiffres alignés, et d’autres nombres,
l’initiale M, une connexion avec une autre ville. »
Après la session, nous avons ouvert l’enveloppe. Elle contenait une
feuille dressant le bilan de santé d’une patiente, une page extraite d’un
bloc-notes que Nora avait trouvé dans une corbeille à papier dans un autre
bureau. Dans le coin en bas, quatre chiffres étaient alignés et il y en avait
d’autres en haut, à côté du nom de la patiente, Margaret. Elle habitait dans
une autre ville, dont le nom commençait également par un M. Un séjour à
l’hôpital est certainement déplaisant, et souvent remuant. Seth a aussi
fourni d’autres impressions concernant l’histoire de cette femme, mais il
nous était impossible de les vérifier.
Parfois, pourtant, même les bons résultats me décourageaient. Un test, le
trente-septième, m’avait énormément plu au départ. Il avait eu lieu au
cours de la deux cent trente-septième session, le 2 mars 1966. L’objet du
test était une feuille sur laquelle Rob avait pris l’empreinte de sa propre
main, une semaine plus tôt, alors que nous lisions quelques ouvrages
portant sur la chiromancie. Les impressions de Seth n’auraient pas pu être
plus concises. Les jours suivants, en vaquant à mes occupations dans la
maison, je souriais, rien que d’y repenser.
J’étais en train de faire la vaisselle quand j’ai soudain eu un sursaut.
Rob était dans le salon. J’y suis allée. Lentement. « Je parie que le
Dr Instream va rejeter les résultats du test de la main parce que nous
travaillions tous les deux sur la chiromancie la semaine dernière, ai-je dit.
– C’est possible, admit Rob. Mais le fait est que nous avons reçu depuis
énormément de lettres que je pourrais avoir utilisées. Nous avons aussi fait
des recherches en graphologie ; j’aurais pu utiliser un de ces échantillons.
J’aurais pu utiliser un objet plus vieux que toi — comme je l’ai déjà fait.
J’aurais pu utiliser vraiment n’importe quoi. Quel que soit l’objet que nous
choisissons, Seth doit de toute façon décrire une chose spécifique. Et ces
impressions-là n’étaient pas générales ; elles ne pouvaient faire référence
qu’à cette image de ma main. »
J’étais d’accord avec lui. Mais, par la suite, Rob a souvent préparé
plusieurs enveloppes, puis il les mélangeait et en choisissait une, juste
avant la session.
Et que devenaient les tests du Dr Instream ? Premièrement, je n’ai cessé
d’attendre de ses nouvelles pour savoir ce qu’il pensait de mes deux
expériences de sortie du corps. Et il n’y a tout simplement jamais fait
allusion. J’étais terriblement déçue. Que les résultats aient pu être
considérés comme scientifiques ou non, ils s’étaient malgré tout révélés
exacts. S’ils ne convainquaient pas le Dr Instream qu’il se passait quelque
chose, je me demandais bien ce qui pourrait le faire !
Globalement, les résultats de nos propres tests d’enveloppes nous
encourageaient à penser que Seth se débrouillerait également plutôt bien
avec les données régulièrement fournies au Dr Instream. Nous avions
commencé ses tests avec zèle et énergie.
Pendant un an, deux fois par semaine, Seth a donné ses impressions
relatives aux activités du Dr Instream. Ces données comportaient des
références précises, telles que des noms, des initiales, des dates et des lieux.
Certaines d’entre elles pouvaient être facilement vérifiées. Le Dr Instream
voulait toutefois que Seth se concentre sur le fait de nommer un objet
particulier sur lequel lui se focaliserait dans la ville lointaine où il vivait.
Il devenait évident que les éléments émotionnels comptaient davantage ;
que les activités de nature émotionnelle « passaient » plus clairement que
les impressions concernant un objet neutre. Seth fournissait bien sûr un
matériau relatif aux objets, mais il était plus apte à donner des informations
spécifiques sur la vie quotidienne du Dr Instream.
L’un de nos sujets de conversation favoris cette année-là consistait à
savoir quand nous allions avoir des nouvelles du Dr Instream. Pendant
d’interminables mois, nous n’avons rien reçu. Nous nous disions qu’il ne
voulait peut-être pas nous communiquer le moindre compte rendu avant la
fin des expériences. Si c’était le cas, pourquoi ne pas nous le dire, tout
simplement ? Quand, pour finir, le suspense devenait trop insoutenable
pour moi, je lui écrivais : avions-nous eu quelques succès ou pas ? Le
Dr Instream nous assurait toujours de son intérêt constant, il nous disait de
poursuivre les tests et qu’il n’avait pas encore de preuve suffisamment
éclatante pour « convaincre le psychologue obstiné ». Mais c’était tout. Il
ne disait rien des multiples noms et dates, visiteurs ou lettres mentionnés
par Seth au cours des sessions. Est-ce que toutes les données étaient
fausses ? Partiellement vraies ? Nous ne l’avons jamais su. Il ne nous l’a
jamais dit !
Savoir que le Dr Instream était en train de se concentrer à chaque
session me mettait sous tension, peut-être à cause de ma propre attitude.
Mais j’avais maintenant le sentiment de vraiment devoir tenir une session
chaque lundi et chaque mercredi soir, quoi qu’il arrive. Et même lorsque
nous étions seuls, ce qui était en général le cas, je sentais que les sessions
n’étaient plus privées désormais — qu’un invisible Dr Instream était là, en
spectateur. Avant que ces tests ne débutent, nous sautions rarement une
session mais, maintenant, par défi, ma grande envie était d’en sauter une,
d’aller boire une bière, et de laisser le psychologue fixer tout seul son vieux
vase, sa tache d’encre ou tout objet qu’il aurait choisi pour le test ce soir-
là.
Je ne me sentais pas comme cela au début, mais j’étais réellement
furieuse qu’il ne nous communique pas les résultats ; toutes ces heures
semblaient n’avoir servi à rien. Un soir, vraiment en colère de ne pas avoir
de nouvelles, je suis allée avec Rob dans un bar voisin — pour finalement
me précipiter à la maison au dernier moment, afin de ne pas rater la
session !
Ne sachant absolument pas comment nous nous en sortions, j’ai fini par
me désintéresser totalement de ce sur quoi le Dr Instream se concentrait.
Les tests sont devenus une simple perte de temps, réduisant la quantité de
matériau théorique que nous pouvions recevoir. Une fois de plus, j’ai écrit
au bon docteur, en lui suggérant de ne pas ménager mes sentiments au cas
où les données étaient complètement fausses. Si c’était le cas, nous
perdions son temps et le nôtre. Il a répondu en nous assurant à nouveau de
l’intérêt qu’il portait à ces tests et en nous proposant de les poursuivre.
Mais il n’indiquait pas si nous nous débrouillions bien, assez bien ou mal,
et ne nous donnait aucun compte rendu sur les nombreux détails spécifiques
fournis.
En réalité, il était obsédé par l’idée d’une preuve statistique de
l’existence de la télépathie et de la clairvoyance, et espérait que nous
pourrions la lui apporter. Au début, cela me semblait extrêmement excitant
de prendre part à une activité de ce type. Mais, à mesure que nous
continuions à lire tout ce sur quoi nous pouvions mettre la main,
l’excitation s’est transformée en perplexité. Autant que nous puissions en
juger, l’existence de la télépathie et de la clairvoyance avait été
scientifiquement prouvée à plusieurs reprises par le Dr J.B. Rhine à la
Duke University, et démontrée par d’autres chercheurs tels que le médium
Croisset, qui avait travaillé avec le Pr Wilem Tenhaeff à l’université
d’Utrecht, aux Pays-Bas. Les travaux de Harold Sherman et d’autres
médiums apportaient eux aussi des témoignages pour le moins
circonstanciés. Est-ce que le Dr Instream rejetait tous ces résultats et ces
témoignages innombrables, obtenus dans des centres de recherche en
parapsychologie, partout à travers le monde ?
Apparemment, oui. Et nos propres résultats présentaient des difficultés.
Le Dr Instream admettait qu’il ne savait pas comment les évaluer
statistiquement. Un succès devait satisfaire une multitude d’objections
avant de pouvoir être reconnu comme tel, et il était pratiquement impossible
d’élever des objections à l’encontre des déclarations faites par Seth.
Seth avait dit par exemple que le Dr Instream allait déménager à la fin
de l’année, pour travailler dans une université du Middle West. Je ne sais
absolument pas si le docteur en avait eu vent à l’avance, mais il a
déménagé quand Seth l’avait dit, et dans une université du Middle West.
Nous n’avons jamais appris combien d’impressions exactes, même de cette
sorte, ont été constatées. Un nombre suffisant aurait signifié quelque chose.
Tout comme un bon pourcentage de succès dans les noms et les dates
spécifiques que Seth a donnés. Statistiques ou pas.
Nous avions commencé les tests de perception extrasensorielle en 1965,
juste avant que nos amis, les Gallagher, prennent leurs vacances. Comme
ils repartaient en voyage, nous avons décidé de tenter à nouveau le type
d’expérience que nous avions déjà mené avec eux.
Cette fois-ci, la destination de Peg et Bill était Nassau. Là encore, ni Rob
ni moi n’étions jamais allés là-bas. Comme la fois précédente, aucun
échange de cartes postales ou de lettres ni communications d’aucune sorte.
Mais, pour ma plus grande joie, Seth savait certainement où étaient les
Gallagher. Dans une série d’impressions, il a décrit leur hôtel avec
précision, un soir (le 17 octobre 1966) :
« Un bâtiment qui comprend une longue partie étroite ; un toit soutenu
par des piliers. Le toit est lui aussi long et étroit. Un sol en pierre ou en
ciment, couleur sable. Une véranda devant leur porte et un grand seau plein
de sable. Il y a des rochers au pied de la véranda et, plus loin, l’océan ou
une baie. Devant, en bas, tout au bord du rivage, on a creusé une échancrure
circulaire, où il y a un fort courant à cause des rochers. Et à cet endroit
particulier, près de cette échancrure, il n’y a pas de plage, bien qu’il y en ait
deux assez grandes, l’une à droite et l’autre à gauche. »
Chaque point était exact. À leur retour, nous avons vérifié le matériau
avec les Gallagher. Mais il y avait beaucoup plus. Seth avait correctement
décrit un night-club dans lequel nos amis s’étaient rendus, et il avait
ensuite mentionné le fait qu’il y avait « là-bas une nuisance ». Bill et Peg
ont été totalement d’accord. Ils avaient été ennuyés, ainsi que d’autres, par
un touriste anglais fort en gueule. Ce dernier n’avait cessé de siffler
l’orchestre. Seth avait aussi ajouté qu’il y avait dix-huit arbustes devant
l’entrée du night-club, mais Bill a dû admettre que, s’il y avait effectivement
des arbustes, il n’avait pas songé à les compter.
Seth semblait capter des choses qui avaient une signification
émotionnelle particulière pour Peg et Bill. Voici ce qu’il incluait, par
exemple, parmi d’autres impressions : « La commémoration d’un
meurtre… une statue… » Cela correspondait au fait que les Gallagher
étaient passés devant une statue, un mémorial dédié à sir Harry Oakes qui
avait été assassiné en 1943, une affaire qui avait fait sensation et dont on
avait beaucoup parlé. Cela avait tellement suscité la curiosité de Peg
qu’elle avait même interrogé le chauffeur de taxi sur les circonstances du
meurtre.
Puis, chose étrange, Seth avait fourni une description très précise d’un
endroit que Peg et Bill avaient visité, si l’on excepte une distorsion, au
niveau de la formulation, apparemment. « Une fontaine avec des marches
montant vers elle ; une disposition circulaire, entourée de fleurs, avec, tout à
côté, deux vieilles constructions de deux étages, très proches l’une de
l’autre et alignées à gauche de la rue. » Tout était exact, si ce n’est qu’il y
avait un château d’eau au lieu d’une fontaine.
Cela dit, quarante impressions correctes ont été données au total durant
les trois sessions que nous avons eues pendant que Peg et Bill étaient à
Nassau ; davantage, en fait, étant donné que beaucoup d’impressions
comportaient différents points. Mais ce genre d’expérience supposait
tellement de travail ! La mémoire est faillible et nous avons toujours insisté
pour que les personnes concernées mettent immédiatement par écrit leur
compte rendu, pour une vérification facile et fiable.
En tout cas, j’ai toujours considéré que cette « année de tests » avait
débuté avec le voyage des Gallagher à Porto Rico et s’était conclue par
leur séjour à Nassau. De notre point de vue, Seth avait fait ses preuves.
Après un an de travail, nous avons écrit au Dr Instream et mis fin à ses
tests en lui expliquant nos raisons. Après quelques enveloppes
supplémentaires, nous les avons arrêtées également.
En fait, je ne regrette pas d’avoir consacré autant de temps aux tests,
mais je suis heureuse que nous y ayons mis fin à ce moment-là. Par
tempérament, je ne suis pas du genre à subir l’épreuve du feu deux fois par
semaine, ce que je faisais, avec l’attitude qui était la mienne à l’époque.
Émotionnellement, je n’aimais pas les tests ; intellectuellement, je les
jugeais nécessaires. En ce qui concerne Seth, cela semblait lui être
parfaitement égal, mais je me forçais à continuer, car je pensais que je
devais le faire. Il n’en reste pas moins que, dans nos sessions, nos meilleurs
cas de perception extrasensorielle se sont produits spontanément ou en
réponse aux besoins de quelqu’un, et non pas lorsque nous tentions de
prouver quoi que ce soit. Je savais que j’étais déçue de ne pas recevoir du
Dr Instream une sorte de « certificat de légitimité ». D’un autre côté, nous
n’en avions pas demandé ; nous étions trop en rogne de ne pas avoir reçu
de réponses concernant nos résultats.
Nous pouvions à présent nous concentrer sur le matériau de Seth.
Libérées de la structure des tests, les sessions étaient prêtes à nous
embarquer très loin. De nombreuses surprises nous attendaient. Si je
m’étais fiée davantage aux aptitudes de Seth et aux miennes, j’aurais pu
m’épargner beaucoup de problèmes. En fait, même pendant que nous
menions les tests de perception extrasensorielle, d’autres choses se
passaient, et pas uniquement durant les sessions.
Très peu de temps après que les sessions eurent débuté, Rob avait
commencé à voir des visions ou des images. Certaines étaient subjectives,
mais d’autres étaient objectivées — et presque tridimensionnelles. Parfois,
c’étaient des personnes, et Rob a commencé à les prendre comme modèles
pour ses tableaux. Aujourd’hui, notre salon est plein de portraits de gens
que nous ne « connaissons » pas. Seth a dit que certains de ces portraits
représentent qui nous étions dans des vies passées. L’un d’entre eux,
reproduit dans ce livre, est un portrait de Seth, sous la forme qu’il a choisi
d’adopter pour apparaître à Rob. (Depuis lors, un élève et un ami ont tous
deux vu Seth tel qu’il est représenté sur ce tableau.)
Rob a une très bonne mémoire visuelle. Quand il voit ce genre d’image, il
la retient et peut la faire ressurgir dans son esprit à volonté. Ma propre
mémoire visuelle, en revanche, est médiocre, tout comme ma vue (je ne
perçois pas la profondeur de champ). Rob est un artiste professionnel, un
excellent dessinateur, et il a une très bonne technique. Pourtant, au cours
des sessions, Seth lui a donné de précieux conseils et informations sur les
techniques artistiques et la philosophie de l’art. Nous trouvons cela
vraiment drôle, étant donné que je peins en amateur, avec un manque
obstiné de perspective. Rob a bien tenté de me l’enseigner, mais ses leçons
ne passaient pas. Je n’ai jamais étudié l’art et mes tableaux sont d’une
exécution assez puérile, avec des couleurs brutes. Seth a pourtant expliqué
à Rob comment mélanger et employer certains pigments, informations qui
sont venues s’ajouter à son propre répertoire. Seth dit qu’il n’a lui-même
aucune compétence artistique, mais qu’il interroge des artistes qui sont
entrés dans son champ de réalité.
Lors d’une session, Seth a donné quelques indications que Rob a
immédiatement mises en application. Le tableau qui en est résulté est l’un
de nos favoris et fait partie de la « série de portraits » de Rob — des
personnes que nous n’avons jamais rencontrées. Pour ce tableau
particulier, l’inspiration est venue d’un seul coup à Rob quelques jours
après la session en question et, pour le réaliser, il s’est servi des techniques
que Seth lui avait données.
Voici quelques extraits de cette session : « Dans un portrait, faites le
même exercice que précédemment : imaginez l’individu comme étant le
centre de toute vie, de sorte qu’une fois l’œuvre achevée elle suggère
automatiquement l’univers tout entier dont l’individu fait partie. Rien
n’existe de façon isolée, et c’est là le secret que les vieux maîtres
connaissaient si bien.
« Dans le détail le plus infime, ils parvenaient à suggérer la réalité de
l’univers spirituel dont ce détail était une parcelle et à travers lequel
s’exprimait l’énergie de l’univers. Utilisez vos talents — et ils sont
considérables — à cette fin. Vous ne pouvez pas faire moins. […]
« Maintenant, l’huile évoque la terre. Laissez ce médium représenter
l’apparence physique de la permanence dans tout objet, la continuité
physique de toute forme humaine dans un tableau. Laissez les couleurs
transparentes de l’huile représenter le renouveau constant d’une énergie qui
échappe toujours à la forme.
« L’un des attraits du portrait que vous avez fait de moi est qu’il suggère
automatiquement un auditoire invisible auquel je semble m’adresser. Pas un
auditoire formel, mais des personnes invisibles qui représentent l’humanité
en général en train d’écouter. L’invisible est là. Le personnage parvient à
suggérer l’univers des hommes et le monde qui les porte, alors que ni l’un
ni l’autre n’apparaissent.
« Cette information, à présent, vient d’un artiste qui a toujours utilisé les
terres de Sienne pour les tons de base de la chair, avec une pointe, très
légère, de violets. Elles étaient ensuite de façon très ingénieuse relevées au
moyen d’un ocre transparent qu’il avait, et d’un vert particulier, adouci. La
touche finale du teint était déposée dessus, légère, comme si le vent pouvait
l’emporter. »
Après la session, Rob m’a dit qu’il était quasiment certain que je ne
possédais pas consciemment ce genre de connaissance — que mon esprit
« ne fonctionnait pas de cette manière ». Rob n’avait jamais essayé cette
méthode particulière visant à rehausser les tons de couleurs en travaillant
les portraits, et c’est cette technique qu’il a utilisée dans l’idée de tableau
qui « lui est venue » quelques jours après cette session. Par la suite, Seth a
complété ces informations. Nous continuons d’accumuler du matériau sur
l’art, la philosophie de l’art et les techniques de peinture.
Seth a fait quelques allusions quant à l’identité de l’artiste qui lui a
transmis ces données. D’après ce qu’il a dit jusqu’à présent, il s’agirait
d’un artiste danois ou norvégien ayant vécu au XIV e siècle, renommé pour
ses scènes de la vie ordinaire et ses natures mortes. Dans des sessions
futures, son nom devrait nous être communiqué, ainsi que d’autres
informations sur l’art.
Seth a toutefois précisé que le tableau de Rob utilisant cette technique de
mise en place des couleurs est un portrait de l’artiste en question (voir les
pages photo). Il a également dit que Rob peindrait d’autres œuvres
représentant à la fois l’artiste et son environnement, et peut-être même son
atelier.
Autrefois, les portraits de Rob représentaient des personnalités ayant un
rapport personnel avec nous, soit parce que nous les fréquentions, soit à
cause de liens remontant à des vies passées — pour ce que nous en savons.
Certaines d’entre elles restent encore à identifier. Plus tard, l’éventail des
portraits s’est élargi. Récemment, par exemple, Rob a peint un jeune
homme (voir les pages photo), sans avoir aucune idée de qui il s’agissait.
Un jour, l’un de mes élèves, George, a identifié ce portrait comme étant
celui d’un être nommé Bega, qui communique avec lui par écriture
automatique. Seth a confirmé et précisé que Bega est l’un de ses propres
étudiants dans un autre niveau de réalité.
Les sessions se poursuivaient comme d’habitude, mais Rob et moi, nous
nous sommes retrouvés à vivre d’autres expériences, comme les visions de
Rob qui, d’une façon ou d’une autre, se développaient, elles aussi, sur la
base du matériau de Seth. Et comme pour souligner notre nouveau
sentiment de liberté et accroître davantage ma confiance et mon
entraînement, Seth allait m’expédier en Californie au cours d’une session,
tandis que Rob et lui discutaient dans le salon de notre appartement à
Elmira, dans l’État de New York. Tellement plus amusant que d’essayer de
dire ce que contiennent des enveloppes scellées ! Cette fois-ci, des gens
totalement inconnus étaient impliqués dans une expérience qui allait
réellement satisfaire ma quête apparemment sans fin de preuves.
[12] Well signifie puits en anglais, d’où le lien avec l’eau (N.d.T.).
[13] Masonite est le nom de l’Isorel dans le monde anglo-saxon (N.d.T.).
CHAPITRE 9
Un jour, alors que nous étions encore plongés jusqu’au cou dans les
tests, j’ai lu un article de l’Associated Press qui m’a réellement surprise. Le
Dr Eugene Barnard, un psychologue qui travaillait à l’époque à
l’université d’État de Caroline du Nord, avait fait publiquement une
déclaration en faveur de la projection astrale. Il disait avoir propulsé sa
conscience hors de son corps, et qu’aucune hallucination n’entrait en jeu.
L’article fournissait aussi des détails concernant ses recherches théoriques
dans le domaine de la parapsychologie.
J’étais réellement excitée à l’idée qu’un psychologue fasse sa propre
expérimentation de la projection, et je lui ai écrit. Nous avons correspondu
pendant quelque temps, puis, en novembre 1966, Gene et sa femme nous ont
rendu visite. Nous nous sommes très bien entendus. Il ne m’a jamais fait
sentir que j’avais à prouver quoi que ce soit, ce qui était en fait assez malin
de sa part, puisqu’il voulait s’assurer lui-même de l’authenticité des
sessions avec Seth.
Un soir, nous avons eu une session fascinante qui a duré plusieurs
heures. C’est seulement une fois celle-ci terminée que j’ai su ce qu’il
cherchait — voilà un bon psychologue ! Gene a interrogé Seth dans ce
qu’on pourrait appeler, j’imagine, le « jargon professionnel des
philosophes », en faisant de fréquentes références à des théories
ésotériques orientales qui m’étaient totalement inconnues. Gene avait passé
son doctorat en psychologie expérimentale à l’université de Leeds, en
Angleterre, et il enseignait à Cambridge. Il avait également une excellente
connaissance des philosophies et religions orientales. Seth a non seulement
relevé le défi, mais il a employé la terminologie et le jargon de Gene pour le
battre sur son propre terrain, avec humour et grâce — et je ne comprends
toujours pas comment il s’y est pris.
Cette session couvre quatorze pages dactylographiées où tout se tient
tellement qu’il est particulièrement difficile d’en extraire des passages sans
inclure une quantité d’informations en arrière-plan. Voici des extraits de la
seconde moitié de la session. Auparavant, Seth et Gene avaient discuté de
la réalité, et Gene avait fait un commentaire disant que l’existence était
« une sorte d’énorme blague ». Seth avait répondu : « Ce n’est pas une
blague. C’est un moyen pour le Tout de se connaître Soi-même. »
À présent, il disait : « La blague est extrêmement pertinente. Si vous
réalisiez complètement que votre monde physique est une illusion, vous ne
feriez pas l’expérience des données sensorielles. »
« Ne puis-je pas faire l’expérience d’une illusion que je crée pour moi-
même ? a demandé Gene.
– Vous pouvez faire l’expérience de l’illusion, mais quand vous faites
l’expérience de l’illusion en tant qu’illusion, vous ne faites plus réellement
l’expérience de celle-ci. Vous êtes en avance sur vous-même.
– Mais il y a nulle part où aller.
– Oui, mais vous ne le savez pas. Vous le pensez. Vous n’êtes pas là où
vous êtes.
– Y a-t-il un autre endroit où être ?
– Oui et non, a dit Seth.
– Y a-t-il un autre endroit où être qui ne soit pas une illusion ?
– À vous, je réponds ceci : oui.
– Comment connaîtrais-je la différence ? Y a-t-il un moyen de faire la
distinction entre réalité et illusion, autrement que par une création de mon
propre esprit ?
– Vous ne le savez pas actuellement. Quand ce point sera atteint, vous
serez capable, si vous préférez, de faire l’expérience de toute “réalité-
illusion” à votre guise, mais l’être qui fait l’expérience de ces réalité-
illusions se connaîtra lui-même en tant que réalité. Il n’y a pour lui aucun
endroit où aller, puisqu’il est la seule réalité et qu’il crée son propre
environnement.
– Mais c’est là une discussion à propos du moi ici et maintenant.
– En vos termes.
– En les vôtres également.
– En vos termes, a répété Seth.
– En les vôtres aussi.
– Alors, examinez attentivement la dernière déclaration.
– Nous sommes revenus au point de départ. Je fais un avec la réalité que
je crée. Il n’y a nulle part où aller, a dit Gene.
– Vous devez être encore capable de faire l’expérience de chacune de ces
illusions, en sachant qu’elles sont illusoires et en connaissant pleinement
leur nature, tout en sachant pourtant que la réalité fondamentale, c’est vous.
Il n’y a aucun endroit où aller, parce que, en ces termes, vous êtes l’endroit
— et tous les endroits. Mais la “blague” est pertinente. La chose la plus
importante que j’ai dite ce soir, c’est que la blague est pertinente. Vous
devez être suffisamment libre pour explorer la nature et l’expérience de
toute chose vivante à l’intérieur de votre propre système, sachant qu’il
s’agit de vous-même, et ensuite quitter votre système. Ces expériences
doivent être directes.
– Mais je ne peux pas quitter le système puisque je suis dans tous les
systèmes simultanément.
– Je m’exprime avec vos termes physiques… mais, même en ces termes,
vous avez encore affaire à d’autres systèmes.
– Je n’ai pas le choix.
– J’utilise maintenant des termes de continuité uniquement pour faciliter
l’explication. D’abord, il faut qu’il y ait un moment, puis qu’il soit passé,
pendant lequel vous êtes complètement immergé dans un système donné
comme si aucun autre n’existait ; l’accomplissement des valeurs se produit
habituellement de cette manière. Cela ne signifie pas que vous ne demeurez
pas dans d’autres systèmes simultanément. L’illusion doit être sondée dans
toute sa profondeur.
– Dont elle est totalement dépourvue, a rétorqué Gene.
– Vous créez la profondeur.
– D’accord, et ce faisant, le sondage est accompli. Il n’y a rien à sonder.
– Le sondage est nécessaire. Certains jeux sont nécessaires et toujours
pertinents.
– Le but n’est-il pas de jouer le jeu… et non pas de créer ou de sonder ?
– Vous êtes vous-même le jeu, en ces termes.
– Et en tous les autres termes aussi.
– Vous êtes en train de créer vos propres limitations, a poursuivi Seth.
– Y a-t-il réellement plus d’un point de vue ?
– Oui. Vous n’admettez pas la diversité qui existe.
– Je serais disposé à admettre une multiplicité de formes illusoires de la
même chose… à savoir, vous et moi. Tout un…
– On ne peut pas se trahir soi-même.
– D’accord ; on ne peut pas non plus trahir les autres.
– Mais l’idée de se trahir soi-même peut mener à des distorsions.
– Mais ces distorsions font partie du jeu que joue Shiva.
– Je préférerais appeler cela un comportement aimant.
– Bien sûr, a dit Gene. Pensez à la statue classique de Shiva, debout sur
un bébé écrasé — une participation aimante à l’illusion de tragédie. Même
à l’illusion que l’on peut se tromper soi-même.
– Vous essayez d’éliminer beaucoup d’étapes pour vous-même.
– Mais il n’y a aucune étape, n’est-ce pas ?
– Pour vous, actuellement, il y en a.
– Ne sont-elles pas illusoires ?
– Elles le sont, en effet.
– Si ce sont des barrières artificielles que je crée sur mon propre chemin,
je peux sûrement les enlever.
– Théoriquement, il en va bien ainsi. Pratiquement, il serait dans votre
intérêt de regarder où vous mettez les pieds.
– Oui, c’était la remarque faite à Siddhartha.
– Ce sont de tendres enfants que nous couchons là. Nous devons en
porter le deuil, même s’ils (mots perdus)… Nous devons ressentir de la
compassion même s’ils ne sont que bouse de vache, a répliqué Seth.
– Nous devons les aimer parce qu’ils sont nous-mêmes.
– Vous ne pouvez pas faire moins. Vous pouvez difficilement faire plus.
– Faire cela, c’est avoir un œil ouvert et voir qu’il ne reste plus qu’une
petite étape à franchir.
– Vous êtes en train de jouer un jeu, dit Seth sur le ton de la mise en
garde.
– Bien sûr. Vous aussi. Nous disons que Shiva joue un jeu, et qui est
Shiva, si ce n’est vous-même ?
– Vous êtes en effet en train de jouer un jeu avec vous-même, mais ce
n’est pas pertinent, ce peut même être inapproprié. En tout cas, vous feriez
bien de le jouer avec déférence.
– Avec déférence envers qui ?
– Avec déférence envers l’être.
– D’accord. Nous parlons de la même chose.
– Il y a une sainte irrévérence et une irrévérence frivole. Vous jouez un
jeu. Elles ne font qu’un. Mais il vaudrait mieux que vous soyez certain de le
savoir complètement. »
Le Dr Barnard a eu la gentillesse d’écrire une lettre aux éditeurs de ce
livre, en donnant son opinion et en mentionnant cette session (numéro 303).
(En outre, il m’a permis de citer son vrai nom, au lieu de se cacher derrière
un pseudonyme.) Dans cette lettre, il disait : Au cours de cette session,
« j’ai choisi des sujets de conversation qui étaient clairement d’un intérêt
acceptable pour Seth et considérable pour moi, et dont j’avais toutes les
raisons de croire, à cette époque-là, qu’ils relevaient d’un domaine qui était
largement étranger à Jane. Aussi […] j’ai choisi d’approfondir ces thèmes
jusqu’à un niveau de sophistication qui rendait extrêmement improbable, à
mon sens du moins, le fait que Jane puisse me duper en substituant sa
propre connaissance et sa vivacité mentale à celles de Seth, même en le
faisant inconsciemment…
« La meilleure description sommaire que je puisse vous donner de cette
soirée, c’est que j’ai eu une conversation délicieuse avec une personnalité
ou une intelligence, ou ce que vous voulez, dont l’entendement, l’intellect et
le champ de connaissances dépassaient de loin les miens. […] Quelle que
soit la façon dont un psychologue de tradition scientifique occidentale
puisse comprendre ceci : je ne crois pas que Jane Roberts et Seth soient la
même personne, ou la même personnalité, ou des facettes différentes de la
même personnalité… »
En dehors de la session, les Barnard, Rob et moi avons passé un très bon
moment à discuter des expériences de sortie du corps.
Peu de temps après leur visite, mon livre, How to Develop Your ESP
Power [14], est paru en librairie. J’ai commencé à recevoir un peu de
courrier, sans pour autant être submergée, loin de là. L’une de ces
premières lettres a été la cause de mon voyage hors du corps suivant,
pendant une session avec Seth.
Le 3 mai 1967, Peg et Bill Gallagher sont passés chez nous pour assister
à notre session hebdomadaire du lundi soir et, alors que nous étions assis à
bavarder, je leur ai parlé d’une lettre que je venais de recevoir et qui
m’amusait — et m’indignait en même temps.
« Elle était en recommandé et j’ai dû signer pour l’avoir, ai-je dit. Ça
alors ! Elle vient de deux frères qui habitent quelque part en Californie et
qui veulent savoir ce que Seth peut leur dire à propos d’eux-mêmes.
– Est-ce que vous allez leur répondre ? a demandé Peg.
– Je vais leur envoyer un petit mot en les remerciant de leur intérêt, ou
quelque chose de ce genre. Seth peut faire ce qu’il veut, mais je doute qu’il
fasse quoi que ce soit. »
Mais, comme cela arrive souvent quand j’essaye de deviner ce que va
faire Seth, je me trompais complètement. Notre session, la trois cent trente-
neuvième, a débuté peu de temps après et, presque immédiatement j’ai
quitté mon corps, bien que n’ayant pas vraiment la sensation de le faire. Je
me suis simplement retrouvée suspendue en l’air, en plein ciel, regardant
une région qui visiblement se situait au sud de la Californie. Pendant ce
temps-là, dans le salon, Seth décrivait ce que je voyais, mais j’étais à peine
consciente de sa voix qui semblait lointaine. Elle était beaucoup moins
audible qu’un très mauvais appel téléphonique longue distance.
Je ne savais absolument pas comment dire à Rob que j’étais sortie de
mon corps, car Seth poursuivait, comme à son habitude. Mon corps, je le
savais, serait animé pendant que Seth parlait. À un moment, j’ai ri
intérieurement et pensé : « Je vais devoir lui envoyer un télégramme. »
Pendant ce temps-là, je flottais dans les airs, assez haut, regardant l’endroit
que Seth décrivait. J’étais capable de me mouvoir, de changer de place
pour avoir une meilleure vue. Mais je n’avais pas la moindre connexion
avec le corps qui était assis dans le salon. Seth était en train de parler.
« Maintenant, il y a un petit jardin avec des citronniers pour les frères ;
une maison en stuc rose, deux chambres à l’arrière, pas une maison neuve.
Ils utilisaient une planche Ouija dans la cuisine. Ils habitent près de l’angle
droit du pâté de maisons, mais pas à l’angle même. Ils sont proches de
l’eau. Il y a une petite étendue d’herbe, quelques poteaux en bois et des fils
de fer. »
À cause de ce matériau spécifique, Rob a alors commencé à se demander
si une projection n’entrait pas en jeu et il a posé une question : « Êtes-vous
sur place, actuellement ?
– Dans une certaine mesure. Il y a des sortes de dunes. Voilà, j’ai changé
de place et suis maintenant face à la maison. Les directions ont un peu
changé, du fait de ma position. Un bâtiment qui ressemble à un garage, sur
ma droite à présent, et, derrière lui, d’autres constructions menant vers
l’eau. Au-delà, une zone de dunes et une plage. C’est marée haute. »
De mon côté, c’était ma position dans les airs que je changeais. Pour
autant que je sache, c’est moi qui étais sur place, et non pas Seth.
« Quelle heure est-il ? » a demandé Rob. (Il était plus de neuf heures du
soir à Elmira.)
« Début de soirée. Il y a des poteaux en bois assez fins, pas ronds,
rectangulaires au sommet, voyez-vous, arrivant au niveau de la hanche. »
Seth a fait un geste pour montrer à Rob la forme et la taille des pieux.
Simultanément, je flottais au-dessus d’eux, perplexe parce que j’étais
incapable de voir à quoi ils servaient ; leurs sommets rectangulaires étaient
un mystère pour moi.
« Ensuite, il y a comme une baie sur la gauche. Le littoral est comme ça,
voyez-vous, pas droit. La rive fait ici une courbe, puis une saillie. » Seth a
refait un large geste pour indiquer la forme du rivage. Il a dit aussi que la
famille avait un lien fort avec l’étranger, même si le nom ne l’indiquait pas
particulièrement, et il a fait d’autres remarques à propos de l’histoire de la
famille et de ses membres.
Rob a envoyé une copie de la session aux deux frères. Ils ont répondu au
moyen d’une cassette enregistrée dans laquelle ils évaluaient les
informations reçues. Par la suite, ils ont signé une déclaration qui se trouve
dans nos dossiers. Les informations de Seth concernant leur maison étaient
en tout point exactes, y compris les données sur le voisinage et la forme de
la côte.
Les frères vivaient à Chula Vista, un endroit où je n’étais jamais allée. Ils
habitaient une maison rose en stuc, avec deux chambres à l’arrière. Le coin
de la rue était à deux maisons de chez eux, à droite. Leur domicile se situait
à huit cents mètres de la baie de San Diego. Tout près, il y avait des dunes,
et des poteaux en bois, exactement tels qu’ils avaient été décrits, y étaient
disséminés.
La famille était originaire d’Australie et espérait y retourner. Plusieurs
autres impressions, non mentionnées ici, étaient également exactes, d’autres
erronées : Seth disait, par exemple, que leur mère était morte. En fait, elle
était parfaitement vivante, mais la famille avait coupé tout lien affectif avec
elle et elle ne vivait pas toujours chez elle.
Une fois encore, cette expérience suscitait toutes sortes de questions
concernant la relation que nous avions, Seth et moi, dans une expérience de
sortie du corps. On peut supposer qu’il demeure dans mon corps tandis que
j’en sors, mais je suis certaine qu’il s’agit là d’une simplification. Nous
sommes toujours en train de rassembler des informations sur des questions
de ce type, à la fois au cours des sessions et par nos propres travaux.
Comme toujours, quand de telles choses se vérifient, je suis tout sourire.
Je n’ai jamais été du genre à accepter telles quelles les explications des
autres sur la façon dont sont les choses, même s’il m’est arrivé parfois d’en
accepter plus que je n’aurais dû. J’ai toujours voulu les découvrir par moi-
même. Personne n’aurait pu être plus critique que moi à propos de ses
propres expériences — tout en gardant cependant suffisamment de liberté
pour expérimenter. Donc, après cet évènement, j’ai commencé à me
détendre. J’étais sortie une nouvelle fois de mon corps, et des choses
s’étaient une nouvelle fois vérifiées. Comment Seth m’aidait-il à faire cela ?
Comment pouvait-il enregistrer mes perceptions quand ma conscience était
à l’autre bout du continent ? Intellectuellement, j’étais plus intriguée que je
ne saurais le dire. Je savais une seule chose : il me jouait des tours — en
m’expédiant « dehors » sans que je sache consciemment à l’avance ce qu’il
préparait. J’étais beaucoup plus performante de cette manière, car je
n’avais pas le sentiment d’être testée, et je n’avais pas le temps de
m’inquiéter des résultats. (Lui aussi est un bon psychologue !)
À l’évidence, cette expérience et ma nouvelle confiance ont rendu
d’autres développements possibles. Des inconnus m’ont écrit ; certains
voulaient urgemment de l’aide, d’une façon ou d’une autre. Tout en
insistant sur le fait que l’aide vient de l’intérieur, Seth a fourni d’excellents
conseils à quelques personnes, en même temps que des impressions exactes
et clairvoyantes de leur environnement — probablement surtout pour me
faire savoir que nous parlions bien de la bonne personne.
Nos sessions du lundi et du mercredi, au cours desquelles Seth développe
le matériau théorique, ont continué à avoir lieu en privé, même s’il arrive
parfois qu’un invité de passage y assiste. De temps en temps, Seth donne
une session pour mes élèves le soir du cours de perception extrasensorielle,
et il traite alors en classe des applications pratiques du matériau.
En fait, la seule personne qui ait assisté régulièrement à nos sessions
privées est Philip. Seth lui a donné des informations sur la façon de gérer
ses affaires, prédisant entre autres avec exactitude l’évolution de certaines
actions ; Phil garde trace du pourcentage de succès de Seth. Certaines
prédictions ont été faites plusieurs années à l’avance, et Seth a vu juste
pour un bon nombre de choses que Phil a pu vérifier. Donner des conseils
au cours des sessions n’est pourtant pas dans les habitudes de Seth : il
insiste sur le fait que les gens doivent prendre leurs propres décisions.
Nous ne savons réellement jamais ce qui va se passer pendant une
session et, un soir, Seth nous a vraiment surpris. Ce jour-là, Phil a
débarqué sans prévenir, comme d’habitude. Il nous a dit qu’il avait reçu
une augmentation. En haussant comiquement les épaules, il en a passé le
montant sous silence. Quand la session a débuté, Seth a rapidement nommé
cette somme, au dollar près, en souriant largement. Puis Phil lui a demandé
s’il savait quoi que ce soit à propos d’une voix qu’il avait entendue dans un
bar du coin.
« La voie était masculine, n’est-ce pas ? a demandé Seth.
– Oui.
– Et vous ne l’avez pas reconnue ? Alors, je ne vous le dirai pas. C’est
sûr.
– C’était la vôtre ? Cela s’est passé si vite que je n’ai pas eu le temps de
penser », a dit Phil avec un sourire. En tant que Seth, j’ai hoché la tête avec
humour.
Pendant notre première pause, Phil a expliqué qu’un mois plus tôt il était
en train de parler à une jeune femme dans un bar, quand il a entendu une
voix masculine, claire et puissante, dire très catégoriquement : « Non,
non. » Cette voix semblait provenir de l’intérieur de sa tête. Rien de
semblable n’était jamais arrivé à Phil auparavant, et il avait été tellement
interloqué qu’il avait marmonné une excuse rapide et quitté le bar.
Seth a admis que c’était lui qui avait parlé à Phil. Après notre pause, il a
dit : « Cette femme a une façon de s’accrocher qui est désastreuse pour
ceux avec qui elle entre en contact. » Puis, il a ajouté qu’elle « vous aurait
utilisé pour faire tampon entre elle et un autre homme, comme un élément
de marchandage, en exagérant l’importance de l’intérêt le plus minime que
vous lui auriez porté. Une situation déplaisante en aurait résulté. Comme
vous m’avez écouté, le futur probable a été modifié. » Ensuite il a donné
d’autres informations, expliquant que cette femme avait un enfant et une
liaison avec un autre homme. Ce dernier avait quelque chose à voir avec la
mécanique. Seth a également précisé qu’elle était catholique et qu’elle
avait un problème en lien avec un document officiel.
Puis il a poursuivi en disant à Phil où elle habitait, sans donner
d’adresse précise… « Elle vit dans […] la troisième ou quatrième maison
au milieu d’une impasse, dans la partie nord-est de la ville, mais à l’ouest
de l’établissement dans lequel vous l’avez rencontrée… »
Phil, qui n’avait aucune idée de l’endroit où cette femme vivait et ne
connaissait rien d’elle si ce n’est son nom et son âge probable, a trouvé tout
cela très intéressant. Comme il était en ville le lendemain, il est retourné
dans le même bar et a commencé à poser des questions. Ayant obtenu du
barman l’adresse de la femme, il s’y est rendu et a découvert que Seth
savait de quoi il parlait. Elle vivait dans la troisième maison avant le bout
de l’impasse, dans la partie nord-est de la ville, mais à l’ouest du bar. Elle
était catholique et avait un enfant et un compagnon qui était vendeur de
voitures plutôt que mécanicien.
Phil n’a plus jamais remis les pieds dans ce bar !
Rob et moi ne savions que penser de cette histoire. Elle semblait fournir
une sorte de preuve de la nature indépendante de Seth, à moins que Phil
n’ait eu une hallucination auditive et que Seth en ait tiré parti et déclaré
que cette voix était la sienne. Si c’était le cas (et j’en doute), Seth disposait
alors certainement d’informations que Phil n’avait pas, sur cette femme et
sa situation.
D’après Seth, il est évident que nous pouvons changer le futur. Comme il
l’a dit à Phil : « Les évènements ne sont jamais prédestinés. À chaque
instant, vous changez, et chaque action change toutes les autres actions.
Bien qu’étant capable de regarder depuis une perspective différente, je ne
vois jamais que des probabilités. Ce soir-là, j’ai vu une probabilité qui
n’était pas désirable. Vous et moi l’avons modifiée. »
À une autre occasion, un ami a affirmé avoir vu Seth, et dans des
circonstances étranges. Un soir, alors que j’étais allongée dans mon lit, j’ai
eu une expérience spontanée de sortie du corps, dans laquelle j’étais
apparemment dans une pièce surpeuplée, en train de parler à Bill
Macdonnel (notre ami artiste), comme s’il y avait urgence. Je lui ai secoué
l’épaule sans douceur et, instantanément, je suis revenue dans mon corps.
Cela ne faisait pas dix minutes que j’étais au lit, pourtant, je me suis
immédiatement levée pour écrire ce qui s’était produit et en parler à Rob.
Exactement une semaine plus tard, Bill nous a téléphoné, il avait l’air
très nerveux. Il m’a dit que quelque chose d’étrange lui était arrivé et que,
comme cela le tracassait encore, il pensait qu’il devait en parler avec moi.
Je me suis immédiatement souvenue de ma propre expérience et j’ai
demandé à Bill de patienter, le temps que Rob aille chercher mes notes ;
j’ai donc pu les consulter tandis que Bill parlait. Il m’a raconté que, tout
juste une semaine plus tôt, il avait été soudain réveillé. Seth se tenait debout
à côté de son lit — parfaitement tridimensionnel, ressemblant tout à fait au
portrait que Rob a fait de lui. Seth avait secoué l’épaule de Bill et disparu.
Bill en avait parlé à sa mère le lendemain matin, au petit déjeuner, et avait
écrit un compte rendu pour nous.
L’évènement a contrarié sa mère, qui a plaisanté et nous a fait un
commentaire disant qu’elle souhaitait que Seth et moi restions chez nous.
Seulement, je ne pense pas qu’elle plaisantait. Si Bill ne nous avait pas
téléphoné plus tôt, c’était parce qu’il était inquiet, et je ne voulais pas
l’appeler et lui forcer la main.
Tout d’abord, je pensais m’être retrouvée dans une pièce surpeuplée lors
de mon expérience de sortie du corps mais, à l’évidence, Bill était dans sa
chambre, seul. Autre chose, il avait vu Seth fumer une cigarette ; je fume.
Bill avait-il eu une hallucination visuelle, celle de l’image tridimensionnelle
de Seth ? Si c’était le cas, cela lui était arrivé au moment même où j’avais
senti que j’étais près de lui. Et lui avait senti Seth lui secouer l’épaule,
tandis que, dans mon expérience, c’était moi qui le faisais.
Plusieurs personnes m’ont affirmé que Seth communiquait avec elles par
l’écriture automatique, mais lui-même a nié de tels contacts, disant que ses
communications se limiteraient à son travail avec moi, pour que l’intégrité
du matériau de Seth soit préservée. Selon ses déclarations, il est malgré
tout « passé voir » des amis à l’occasion.
Un jour, j’ai rencontré Mme Brian, une de mes anciennes élèves, qui
avait arrêté les cours à cause d’une maladie ; elle m’a dit qu’elle avait lu
dans un journal local un article parlant du livre Le Matériau de Seth. Il
contenait quelques extraits et une reproduction du portrait de Seth peint par
Rob. Mme Brian avait eu une terrible migraine en lisant l’article ; elle
avait eu soudain l’impression de sentir la présence de Seth. Une voix
intérieure, probablement celle de Seth, lui avait dit qu’elle s’apitoyait sur
elle-même et qu’elle devait immédiatement cesser de broyer du noir à
propos de sa santé, se lever et sortir se promener. Si elle agissait ainsi, elle
irait d’un seul coup beaucoup mieux.
Passablement stupéfaite, elle avait fait ce qui lui avait été dit. À l’instant
même, son mal de crâne s’était évanoui. Le lendemain, elle s’était sentie
mieux qu’elle ne l’avait été depuis six mois. Elle avait donc recommencé à
marcher régulièrement et se sentait rajeunie. Quand elle m’a raconté cela,
j’ai hoché la tête et souri. Très franchement, je ne savais pas quoi faire
d’autre.
Nous avons interrogé Seth à propos de cette histoire. Dans le cas présent,
a-t-il dit, Mme Brian s’était servie de lui comme d’un symbole de son être
intérieur, ou de sa supraconscience, pour lui apporter de l’aide et des
influences salutaires, en même temps que des conseils. L’expérience a aidé
cette femme à utiliser ses propres aptitudes, et l’idée qu’il s’agissait de Seth
l’a rendue capable d’activer ses propres pouvoirs de guérison. Seth m’a dit
de ne pas m’en préoccuper. Apparemment, il aime inspirer ainsi d’autres
personnes et servir de point de focalisation pour leur propre énergie
créatrice.
Il refuse absolument de laisser les gens se servir de lui comme d’une
béquille — ceci est également valable pour moi —, et il maintient que le
matériau de Seth fournit un moyen grâce auquel les gens peuvent mieux se
comprendre eux-mêmes, réévaluer leur réalité et la modifier. En dépit des
sessions données de temps à autre pour aider des personnes particulières,
et en dépit de leurs expériences fortuites de perception extrasensorielle, les
sessions restent principalement centrées sur le matériau. Nous sentons que
c’est en lui que repose leur réelle signification.
Nous sommes beaucoup plus intéressés par le matériau de Seth que par
des démonstrations de perception extrasensorielle, et nous l’avons toujours
été. Nous pensons qu’il y a là d’excellentes explications quant au mode de
fonctionnement des perceptions extrasensorielles ou de toute autre
perception, et ceci est pour nous beaucoup plus important. Nous acceptons
aussi les déclarations de Seth comme des explications, sensées et
signifiantes, de la nature de la réalité et de la place de l’humanité en son
sein. Ses théories sur la personnalité multidimensionnelle ne sont pas
seulement intellectuellement stimulantes ; elles constituent aussi un défi
affectif. Elles offrent à chaque individu l’occasion d’élargir le sens de sa
propre identité et de sa raison d’être.
Les manifestations de perception extrasensorielle au cours des sessions
ont toujours répondu à un objectif : soit contribuer à accroître ma
confiance et entraîner mes facultés pour illustrer un point du matériau, soit
fournir une information à une personne dans le besoin. Il m’est facile
d’oublier qu’au début j’avais le sentiment que Seth devait faire ses
preuves ; facile d’oublier que, moi aussi, j’ai insisté sur mes
« émerveillements » et qu’à plusieurs occasions j’ai même nié l’évidence de
mes propres sens, à cause de la croyance erronée que se comporter ainsi
était d’une certaine manière plus scientifique. Je dois dire que j’ai toujours
énormément respecté le matériau de Seth et reconnu la portée et l’audace
de certains des concepts qu’il contient.
Comme nous avions peu lu d’ouvrages portant sur la médiumnité quand
les sessions ont commencé, tout était nouveau pour nous. C’est seulement
beaucoup plus tard que nous avons découvert que certains des concepts de
Seth avaient déjà été énoncés dans des manuscrits ésotériques remontant à
des milliers d’années. À mesure que notre propre connaissance s’est
accrue, nous avons cependant découvert que, dans certains domaines
essentiels, les idées de Seth s’écartent de celles généralement acceptées
dans la plupart des textes spiritualistes et métaphysiques.
Tout d’abord, Seth n’est pas d’accord avec l’idée d’un Christ ayant
historiquement existé, même s’il admet la légitimité de l’esprit Christ —
comme vous le verrez par la suite dans ce livre. S’il voit la réincarnation
comme un fait, il la situe dans un contexte temporel totalement différent et
en concilie la théorie avec l’idée d’un temps « simultané ». Plus important
encore, peut-être, il décrit la réincarnation comme étant seulement une
petite partie de notre développement complet. D’autres existences tout aussi
importantes se passent dans d’autres dimensions non physiques.
Tout cela est étroitement lié à l’idée que la personnalité se compose
d’actions. La description que fait Seth des trois dilemmes de créativité sur
lesquels repose l’identité est originale et donne beaucoup à réfléchir. Ses
idées sur Dieu sont une extension naturelle et fascinante de ces théories.
La théorie de l’inversion du temps et celle du système de probabilités
sont, à notre connaissance du moins, totalement nouvelles et propres au
matériau de Seth. Son idée quant à la nature de la douleur est aussi assez
différente, me semble-t-il, de la pensée métaphysique actuelle. Il voit la
souffrance comme étant simplement un attribut de la conscience et un signe
de vitalité, considérés alarmants uniquement par les zones identitaires qui
craignent encore la mort comme une fin.
Mais, à partir de là, je vais laisser Seth s’exprimer lui-même. J’ai choisi
des extraits qui sont en rapport avec les sujets évoqués. Dans certains cas,
pour appuyer ses dires, Seth en fait la démonstration. Dans le chapitre sur
la santé, par exemple, j’ai inclus des extraits de quelques consultations
données à des personnes bien précises. J’ai fait de même pour les données
sur la réincarnation. Pour expliquer ses théories sur la nature de la réalité
physique, je me suis servie d’extraits tirés d’une session dans laquelle il a
réellement prouvé qu’il savait de quoi il parlait — si l’on considère qu’une
apparition dans un salon peut constituer un argument légitime.
J’aimerais clore ce chapitre avec des extraits de la session 309, qui s’est
tenue en mars 1967 pour un groupe de lycéens, élèves d’un ami enseignant.
Bien que Seth s’adresse ici à des adolescents, le message est riche de sens
pour tout un chacun.
« Vous créez votre réalité en fonction de vos croyances et de vos
attentes ; il vous incombe donc d’examiner celles-ci attentivement. Si vous
n’aimez pas votre monde, examinez alors votre propre attente. D’une façon
ou d’une autre, vous construisez en termes physiques chacune de vos
pensées.
« Votre monde se forme comme la réplique fidèle de vos pensées. […] Il
existe certains états télépathiques, que nous pouvons appeler croyances-
racines, dont chaque individu se rend compte de façon subconsciente. En
les utilisant, vous formez un environnement physique suffisamment
cohérent pour qu’il y ait un accord général quant aux objets, à leur place et
à leur dimension. D’un certain côté, tout ceci est une hallucination, et c’est
pourtant votre réalité, au sein de laquelle vous devez opérer. Le monde dans
lequel vivent vos parents a d’abord existé en pensée. Il existait autrefois
dans l’étoffe des rêves, et c’est à partir de cela qu’ils ont fait naître leur
univers, et c’est de là qu’ils ont fait naître leur monde.
« Si vous ne vous estimez pas à votre juste valeur, vous allez dire : “Je
suis un organisme physique et je vis à l’intérieur des frontières que
m’imposent l’espace et le temps. Je suis à la merci de mon environnement.”
Si vous ne vous mésestimez pas, vous direz : “Je suis un individu. Je forme
mon environnement physique. Je change mon monde et le construis. Je suis
libre de l’espace et du temps. Je suis une part de tout ce qui est. Il n’y a pas
d’endroit en moi qui soit dépourvu de créativité.” »
La réincarnation
La santé
Une nuit, j’ai fait un rêve effrayant qui semblait très réel. J’étais dans
notre chambre, hors de mon corps, et j’ai senti soudain que quelqu’un, ou
quelque chose, se trouvait juste au-dessus de moi. Dans la minute qui a
suivi, j’ai été poussée vers le bas, au pied du lit, puis renvoyée en l’air, et
encore une fois vers le sol, dans le coin sombre de la pièce. Au-dessus de
moi, il y avait ce que je peux seulement décrire comme une grosse chose
noire, ressemblant à une forme humaine bouffie et floue, mais plus grande
et très dense.
Cela paraît ridicule, mais je savais que cette chose était là « pour
m’avoir ». J’avais conscience d’être en dehors de mon corps, j’étais
stupéfaite et j’avais aussi très peur. J’avais beau avoir lu des histoires de
personnes attaquées par des démons ou d’autres choses de ce genre au
cours de leur projection astrale, je ne croyais tout simplement pas aux
démons. Alors qu’était-ce ? Je n’ai pas eu le temps de me poser la question
parce que cette chose m’a mordu la main à plusieurs reprises. Elle
m’oppressait terriblement et s’efforçait constamment de m’entraîner de
plus en plus loin de mon corps, dans le placard de la chambre.
Consternée, j’entendais Rob ronfler. De toute manière, je n’étais pas
dans mon corps physique et il n’aurait probablement pas su que quelque
chose n’allait pas. Et où était Seth ? Où étaient tous ces « guides » censés
accourir pour nous aider quand nous nous retrouvions dans des situations
aussi délicates que celle-ci ? Toutes ces pensées fusaient dans mon esprit,
tandis que j’essayais de repousser cette chose. J’étais tout à fait consciente
du poids de cette créature, qui était vraiment étonnant, et de son intention
— qui était de me mutiler le plus possible, voire même de me tuer,
carrément.
« Ne panique pas », me disais-je, en tentant désespérément de garder un
semblant de calme. Mais la chose me poussait et était sur le point de me
mordre à nouveau. À ce moment-là, j’ai pensé « Au diable de ne pas
paniquer », et j’ai commencé à hurler. Je savais que ce n’était pas ma tête
physique, mais j’espérais que mes cris allaient soit effrayer la créature, soit
attirer de l’aide.
La chose a reculé un instant, comme un gros animal effarouché ; je me
suis faufilée et j’ai filé comme une fusée vers mon corps, poursuivie par la
créature. Autrement dit, j’ai lâchement et rapidement battu en retraite. J’ai
heurté mon corps si vite que j’en avais la tête physique qui tournait, mais
peu importe. Mon corps n’a jamais été aussi bienvenu.
Pendant une minute, j’ai eu peur d’ouvrir les yeux. Je me disais : « Si
cette chose est encore ici, je suis fichue. » Mais elle avait disparu. Au
moins, elle était dans un autre plan d’existence. J’ai pensé réveiller Rob
pour le lui raconter, puis j’ai décidé de ne pas interrompre son sommeil.
Maintenant que j’étais en sécurité, j’étais assez honteuse d’avoir été
aussi lâche, mais pas au point d’avoir envie de me rendormir
immédiatement. Je me suis donc levée, j’ai bu un verre de lait et j’ai pensé
à toutes les choses que j’aurais dû faire — par exemple dire
majestueusement « Vade retro, Satanas », ou quelque chose de ce genre.
J’aurais au moins pu le mordre.
Le lendemain, nous avons tenu notre session régulière du mercredi soir
avec Seth. Avant de vous exposer ce qu’il avait à dire sur cet incident, un
petit retour en arrière s’impose. Cela faisait plusieurs jours que j’étais
déprimée, ressassant (même si je devrais être plus sensée) les attitudes
négatives qui semblent parfois nous entourer. Pire, je reconnaissais en moi
bon nombre d’entre elles : ressentiment, peur et colère.
Ce soir-là, Seth a dit : « Notre ami [c’est-à-dire moi] a tenté de choisir
un champ de bataille différent, la nuit dernière. Il a décidé de considérer
tous les sentiments négatifs comme des ennemis, et de leur donner forme
dans un autre plan de réalité, où il pourrait les combattre. Ce n’était pas un
plan astral, mais un plan inférieur.
« L’énergie derrière sa “chose noire” était l’énergie de peurs cachées,
mais une chose comme celle-ci pourrait être formée par quiconque,
puisqu’il y a des peurs en tout être humain. Ruburt a essayé de les isoler, de
leur donner forme, et de les combattre toutes en même temps. La chose était
en fait un animal plutôt maladroit, faisant partie d’une dimension inférieure,
un chien stupide et provoqué, appartenant à d’autres dimensions, qui l’a
alors attaqué de façon assez symbolique en le mordant. Toute “chose” ainsi
créée entièrement par la peur va être effrayée et particulièrement en colère
contre son créateur. Elle ne pouvait rien faire d’autre que d’attaquer pour
protéger sa réalité, quelle qu’elle ait été, car elle savait que Ruburt la créait
uniquement pour la mettre à mort, si possible.
« Elle avait donc bien une réalité. Ruburt a bondi vers la sécurité et le
retour à une conscience normale. La chose s’est alors dissoute [pour
Ruburt, du moins]. Car lorsque Ruburt s’est “précipité à la maison”, il a
automatiquement retiré l’énergie [de son attention] à la chose. Il a essayé
de se séparer de ces éléments qu’il considère comme négatifs, et de les
combattre tous en même temps, presque comme si, en faisant cela, il
pouvait extirper le mal de l’univers.
« Il a essayé de détruire “la bête du mal” et, en retour, celle-ci l’a mordu.
Maintenant, le mal n’existe pas en ces termes-là, et même la maladie ou la
peur ne sont pas nécessairement des ennemies, elles sont surtout des aides à
la compréhension et des moyens pour une finalité plus grande… »
Seth a continué en disant : « Le mal que Ruburt imaginait projeter à
l’extérieur n’existe pas, mais comme il y croyait, il en a formé la
matérialisation à partir de ses peurs. C’était la forme de sa déprime récente.
En termes plus généraux, le mal n’existe pas, simplement votre manque de
perception, et je sais que c’est difficile à accepter pour vous.
« Mais ce fait est la garantie de sécurité pour Ruburt dans ses voyages
hors du corps — tant qu’il s’en souvient. Les mots “Puisse la paix être avec
vous” vont lui faire franchir toutes les difficultés dans d’autres strates de
réalité — car de même que Ruburt a formé cette image, d’autres en forment
aussi, et il pourrait les rencontrer. Leur souhaiter la paix leur procure un
certain bien-être, car elles ont une sorte de réalité. Les craindre, c’est entrer
dans leur monde de réalité, et vous êtes alors forcé de vous battre selon
leurs conditions. Ce n’est pas nécessaire. »
Dans une sorte de compliment à rebours, Seth a demandé à Rob de me
dire que mes capacités s’amélioraient — c’était une forme-pensée vraiment
bien faite. Maintenant, je ne propose pas un seul instant à mes lecteurs de
tenter une aventure aussi folle. Mais je suppose que certains d’entre eux
l’ont déjà vécue sans le savoir et se sont simplement réveillés avec le
souvenir d’un cauchemar particulièrement désagréable.
Cet épisode était aussi une expérience de sortie du corps à partir de
l’état de rêve, et il permet de préciser une chose : la réalité du rêve est tout
aussi valide et réelle que la réalité de veille. Il est clair que les rêves ont un
effet sur notre vie quotidienne. Ils peuvent améliorer notre santé ou
contribuer à aggraver un état dépressif. Il existe cependant des moyens de
les utiliser intentionnellement pour améliorer notre vie, même si ce que je
viens de raconter n’en est pas un bon exemple.
On a su de tout temps que les rêves peuvent nous fournir des indications
sur toutes sortes de comportements. Les psychanalystes s’en servent pour
creuser dans les motivations subconscientes, mais peu de gens savent
comment utiliser les rêves de façon créatrice : pour améliorer la santé,
trouver de l’inspiration, retrouver de la vitalité, résoudre des problèmes, et
enrichir les relations familiales.
Seth offre quelques suggestions évocatrices sur la façon dont les rêves
peuvent servir de thérapie directe ; certains de ses concepts pourraient être
d’une grande aide dans les programmes de développement personnel et en
psychothérapie.
Il commence par dire : « La personnalité est composée d’ensembles
changeants d’énergie. Chaque expérience modifie la personnalité, et les
rêves ne font pas exception ; tout individu est, dans une certaine mesure,
modelé par son environnement physique, et il est de la même manière
modelé par les rêves qu’il crée lui-même. […] Le moi est sans limites.
Quand vos perceptions sont défaillantes, vous avez l’impression que des
limites apparaissent. Il vous semble, par exemple, que les rêves cessent
quand vous n’en êtes plus conscients. Ce n’est pas le cas.
« Il y a un niveau où la personnalité tente de résoudre des problèmes à
travers les constructions du rêve […] et où elle accorde souvent une liberté
à des actions qui ne peuvent s’exprimer de façon adéquate à l’intérieur des
confins de la vie à l’état de veille. Si la tentative échoue, le problème, ou
l’action [comme nous l’avons vu plus tôt], peut alors se matérialiser en tant
que maladie.
« Prenez par exemple une situation dans laquelle une personnalité a
besoin d’exprimer une dépendance, tout en ayant le sentiment qu’une telle
expression est inappropriée. Si elle est capable de former un rêve dans
lequel elle joue le rôle du dépendant, le problème peut se résoudre dans
l’état de rêve. C’est exactement ce qui se passe dans de nombreux cas. Il se
peut que l’individu ne se souvienne jamais de ce rêve, mais l’expérience
sera valide et la dépendance exprimée.
« Beaucoup de travail a été fait pour interpréter les rêves, mais bien peu
pour contrôler la direction de l’activité en leur sein. Sur la base d’une
suggestion correcte, ce peut être une excellente méthode thérapeutique. Les
rêves négatifs ont tendance à renforcer les aspects négatifs de la
personnalité, et contribuent à former des cercles vicieux de complications
malheureuses. Les actions de l’état de rêve peuvent tout à fait être orientées
de manière à répondre à une attente constructive, qui peut elle-même
apporter une amélioration.
« Beaucoup de maladies pourraient largement être évitées grâce à la
thérapie par le rêve. De manière plutôt inoffensive, les tendances agressives
pourraient se voir accorder une liberté à l’intérieur de l’état de rêve. Des
suggestions seraient faites pour que l’individu concerné fasse une
expérience, disons, d’agressivité dans un rêve. Il lui serait également
suggéré d’apprendre à comprendre ses agressions en s’observant lui-même
pendant qu’il rêve [en regardant le rêve comme il regarderait une pièce de
théâtre]. Si je peux me permettre un fantasme, théoriquement, vous
pourriez imaginer une expérimentation collective en thérapie par le rêve,
dans laquelle des guerres seraient faites par des nations en train de dormir,
et non pas réveillées. »
Quand j’ai lu cette session pour la première fois, j’ai pensé que c’était là
un excellent moyen de nous débarrasser de nos refoulements — évacuons-
les en rêve ! Si nous sommes vraiment furieux contre quelqu’un et que nous
n’osons pas nous venger, alors, avant de nous endormir, nous pouvons nous
faire la suggestion de lui rendre la pareille en rêve. Mais ce n’est pas si
facile.
Avec fermeté, Seth ajoute : « Il y a d’autres considérations qu’il faut
comprendre. […] Quand le problème est par exemple l’agressivité, la
suggestion préalable au rêve doit inclure la spécification que l’agression ne
sera pas dirigée contre une personne précise. Dans tous les cas, c’est
l’élément intangible [ici, l’agressivité] qui est le problème, et non la
personne sur laquelle l’individu peut vouloir s’en décharger.
« Nous ne voulons pas qu’un individu se suggère de rêver de nuire à
quelqu’un d’autre. Il y a plusieurs raisons à cela, dont, entre autres, les
réalités télépathiques que vous ne comprenez pas encore et les schémas de
culpabilité qui seraient inévitables. Nous ne préconisons pas de substituer
l’action rêvée à l’action physique. Nous parlons de problèmes particuliers
nécessitant un traitement. »
Seth répète qu’un rêve ou une expérience imaginaire sont aussi réels que
tout évènement vécu à l’état de veille. Si vous traversez une période de
dépression, vous avez tendance, pendant cette même période, à avoir des
rêves déprimants. Mais, dans ce cas-là, Seth propose l’exercice suivant, en
tant que thérapie par le rêve : avant de dormir, suggérez-vous d’avoir un
rêve agréable ou joyeux qui va complètement vous rendre votre bonne
humeur et votre vitalité. À moins que la dépression ne soit déjà
profondément installée, elle sera stoppée net, ou grandement affaiblie,
quand vous vous réveillerez.
J’ai souvent eu recours à cette méthode, avec d’excellents résultats.
Parfois, je me suis souvenue des rêves, d’autres fois non, mais je me suis
toujours réveillée revigorée, et cet effet a persisté. Les rêves dont je me
souvenais dans ces cas-là étaient inspirants : suffisamment forts pour non
seulement vaincre une période de blues, mais aussi me redonner une
incroyable bonne humeur.
Bien que tout cela ait un intérêt pratique, Rob et moi sommes encore plus
intrigués par l’explication de Seth quant à la réalité du rêve. Comme
j’avais eu de nombreuses expériences de sortie du corps pendant le rêve,
j’étais passablement intéressée par la réalité des environnements dans
lesquels je me retrouvais. Seth a commencé à parler de la nature de la
réalité du rêve très peu de temps après que les séances eurent débuté, et il
continue d’en parler. Jusqu’à ce que j’apprenne de lui à « contrôler » mes
rêves et à éveiller mes facultés critiques, certaines de ses déclarations me
laissaient purement et simplement abasourdie.
Voyez par exemple cet extrait du début de la session 92, que j’accepte
maintenant comme fondamental : « Chaque rêve commence avec une
énergie psychique que l’individu transforme non pas en matière physique,
mais en une réalité tout aussi fonctionnelle et réelle. Avec un discernement
stupéfiant, il donne forme à l’idée, qui devient un objet ou un évènement
rêvé, de sorte que l’objet rêvé lui-même acquiert une existence et existe
dans de nombreuses dimensions. […]
« Bien que le rêveur crée ses rêves pour ses propres raisons, en
sélectionnant uniquement les symboles ayant un sens pour lui, il les projette
à l’extérieur dans un accomplissement de valeur et une expansion
psychique. L’expansion se produit à mesure que le rêve est vécu. Une
contraction a lieu quand le rêveur en a terminé avec les évènements du rêve,
mais l’énergie ne peut être reprise. »
Seth appelle les personnalités créées en rêve (telles que ma « chose
noire ») des « constructions duelles hybrides ». Dans mon cas, l’expansion
dont il parle s’est produite pendant que je formais cette chose noire avec
ma propre énergie psychique. La « contraction » a eu lieu quand j’ai retiré
de cette chose l’énergie principale de mon attention ; mais il m’était
impossible de lui reprendre l’énergie que je lui avais donnée et qui l’avait
amenée à exister. La créature continuait donc d’exister, mais pas dans ma
dimension ; elle volait maintenant de ses propres ailes.
Toujours en parlant des rêves, Seth précise : « Aucune énergie projetée
dans une construction, qu’elle soit psychique ou physique, ne peut être
rappelée, mais elle doit suivre les lois de la forme particulière dans laquelle
elle a été modelée pour le moment. C’est pourquoi quand le rêveur
contracte ses objets aux réalités multiples, mettant fin pour lui-même au
rêve qu’il a construit, il n’y met fin que pour lui. La réalité du rêve se
poursuit. »
Comme l’explique Seth, l’énergie peut être transformée, mais pas
annihilée.
Seth a répondu à de nombreuses questions que Rob — et vous aussi,
probablement — avait à l’esprit. Comment se fait-il que la vie quotidienne
ordinaire nous semble beaucoup plus réelle que toute existence en rêve ? Et
si un tel univers a sa propre validité, pourquoi ne s’immisce-t-il pas
davantage dans notre quotidien ? Nous nous accordons tous à peu près sur
ce qui se passe sur le plan physique, mais les rêves, eux, sont très
individuels. Comment un univers rêvé peut-il avoir la moindre continuité ?
Au sein d’un tel univers, comment deux personnes pourraient-elles être
d’accord sur ce qui s’y passe ?
« Tout d’abord, a dit Seth, l’univers physique lui-même est un
conglomérat de divers symboles individualistes dont aucun ne signifie
exactement la même chose pour deux individus distincts, et dans lesquels
vous ne pouvez même pas tabler sur les soi-disant qualités de base, telles
que la couleur et le positionnement dans l’espace. Vous vous focalisez
simplement sur les similitudes. On pourrait dire que la télépathie est la glu
qui tient l’univers physique dans sa position précaire, de manière à ce que
vous puissiez vous accorder sur l’existence et les propriétés des objets. […]
« Ainsi, lorsque vous considérez le monde du rêve, vous avez la même
sorte d’univers, seulement celui-ci est construit à l’intérieur d’un champ que
vous ne pouvez pas percevoir physiquement. Mais il a plus de continuité
que le monde que vous connaissez, et il y a en lui des similitudes
incroyables à voir. […]
« D’une part… ceux qui connaissent actuellement l’existence sur le plan
physique ont, du fait de certains cycles, vécu auparavant
approximativement aux mêmes périodes de l’histoire. Ils possèdent une
familiarité intérieure, une cohésion qui remonte à une même période, et à
d’autres antérieures, où ils vivaient la même forme de réalité. Leurs
expériences dans les rêves ne sont donc pas aussi diverses que vous pouvez
le supposer. Certains symboles sont construits et deviennent des réalités
dans le système onirique, quasiment de la même manière que les idées sont
construites et deviennent matière dans le système physique.
« C’est la même sorte d’accord psychique qui maintient l’union du
système onirique et celle du système physique. Si un être humain pouvait
réellement se focaliser sur ces éléments non reconnus dans l’univers
physique, pour lesquels aucun accord ne peut être obtenu, s’il pouvait se
focaliser sur les dissemblances plutôt que sur les similitudes, il se
demanderait alors ce qui a pu donner à quiconque l’idée qu’il y avait ne
serait-ce qu’un seul objet physique sur lequel les humains pourraient
tomber d’accord.
« Il se demanderait quelle folie collective a permis à l’homme de choisir,
parmi une infinité virtuelle de chaos, une simple poignée de similitudes et
d’en faire un univers. Et vous faites de même, en voyant le chaos apparent
de la réalité du rêve, quand vous vous demandez comment je peux dire qu’il
y a là une cohésion, une actualité, et une relative permanence. »
L’une des raisons, selon moi, pour lesquelles le rêve paraît si chaotique
et dénué de sens par moments, est le fait que nous nous souvenons
simplement de vagues fragments de ce dont nous avons rêvé et en oublions
les facteurs unificateurs. Une autre raison est que les rêves ont une
« logique » intuitive, associative, qu’il faut interpréter, et dans laquelle le
temps, tel que nous le connaissons, a peu de sens. Selon Seth, certains rêves
sont assez simples et sont en lien avec des problèmes ou des évènements du
présent non encore résolus. Cependant, même quand c’est le cas,
l’évènement rêvé peut aussi représenter des évènements provenant de vies
passées.
Chaque objet d’un rêve a en fait un double ou triple sens ; c’est un
symbole pour d’autres données plus profondes. Un rêve comportant une
information réincarnationnelle, par exemple, peut aussi nous aider à faire
face à un problème actuel, en nous rappelant d’autres aptitudes inutilisées
qui sont inhérentes à notre personnalité. J’ai eu deux rêves
réincarnationnels particulièrement intenses. Le premier, peu de temps après
que nos sessions eurent commencé, m’a vraiment effrayée parce que j’ai
craint qu’il puisse être prémonitoire : j’ai rêvé que j’étais une vieille femme
dans un pavillon hospitalier en piteux état. J’étais en train de mourir d’un
cancer et je le savais, mais je n’avais pas du tout peur. Un vieil homme à
côté de moi était lui aussi sur le point de mourir. Je lui disais de ne pas
s’inquiéter, que je serais là pour l’aider. Puis je suis morte, mais il m’a
semblé qu’il n’y avait pas la moindre interruption dans ma conscience. J’ai
aidé le vieil homme à sortir de son corps, en ne cessant de lui dire que tout
allait bien.
Au cours de la session suivante, nous avons interrogé Seth à propos de ce
rêve. Il m’a dit que cela faisait référence à ma mort quand j’étais médium à
Boston, au siècle dernier. Il nous avait donné certaines informations sur
cette vie-là lors de précédentes séances, et il me dit maintenant que je ne
vais pas mourir une nouvelle fois du cancer (une erreur tactique de sa part,
puisqu’il m’avait dit, il y a longtemps, de cesser de fumer, et que je n’avais
pas suivi son conseil. Il n’a jamais essayé de me forcer à abandonner cette
habitude, il dit simplement que cela n’est globalement pas favorable à ma
santé et à mon développement).
L’autre rêve était encore plus intense, et vraiment agréable. Je ne sais
pas si j’avais déjà vécu un aussi bon moment — sûrement pas à l’état de
veille. Sur la suggestion de Seth, je me suis dit avant de m’endormir que
j’allais avoir un rêve qui me fournirait davantage d’informations sur mon
passé réincarnationnel. À cette époque-là, je ne croyais pas vraiment en la
réincarnation, mais j’ai dit à Rob : « Bon, qu’est-ce que j’ai à perdre ? Je
vais essayer. » Je me suis donc fait plusieurs fois la suggestion, et je me suis
endormie.
Dans ce rêve, Rob et moi étions tous deux des hommes d’une bonne
vingtaine d’années et nous étions associés. Je savais très bien que nous
finirions « plus tard » par être Rob et Jane dans cette vie-ci, même s’il n’y
avait aucune ressemblance physique. Rob, par exemple, était brun et avait
le teint basané, alors qu’à présent sa peau et ses cheveux sont clairs. Nous
portions de longs pantalons bouffants, étroitement serrés aux chevilles, de
style turc. Je ne me souviens pas de nos noms.
Quand le rêve a commencé, nous pénétrions dans une vaste salle. Un
groupe d’hommes, habillés comme nous, était assis sur des coussins aux
couleurs vives, posés à même le plancher, formant à peu près un cercle dont
le centre était vide. Je connaissais tous ces hommes, depuis une vie
antérieure dans laquelle j’avais été leur chef, et dans laquelle j’étais mort
très jeune. Ces hommes avaient vieilli, tandis que moi j’avais repris
naissance. J’étais ici maintenant parmi eux pour tenir la promesse que
j’avais faite de revenir. Je me rendais parfaitement compte qu’ils n’allaient
pas me reconnaître dans ce corps dans lequel ils ne m’avaient jamais vu.
J’ai exposé mon cas, tandis qu’ils écoutaient poliment. Leur porte-parole
m’a dit que leur chef défunt leur avait promis que, lorsqu’il reviendrait, il
accomplirait un exploit particulier qui prouverait son identité. Il m’a alors
demandé de montrer par mes actes que j’étais cette personnalité-là, prête à
reprendre la place qui lui revenait de droit. Rob et moi avons tous deux
souri, ayant prévu le test.
Excepté quelques tables basses, il n’y avait rien au centre de la salle. Le
futur Rob a demandé qu’on enlève ces tables pour la démonstration. Une
fois que cela a été fait, les hommes se sont rapprochés, toujours accroupis
sur leurs coussins. Mon compagnon était debout derrière moi. J’ai effectué
plusieurs pas en sautillant légèrement, comme une sorte de rituel, puis j’ai
quitté mon corps physique. Il s’est écroulé sur le sol et mon partenaire l’a
doucement déplacé sur le côté.
Dans mon corps astral, je me suis alors mis à voler à travers la salle
dont le haut plafond était en forme de dôme. Riant de ce que je considérais
comme une grande farce, je virevoltais, descendant tour à tour au-dessus de
chaque homme pour lui arracher son turban. Mon partenaire m’a tendu
une plume — apparemment, il me voyait clairement, et je pouvais
manipuler des objets physiques. Agitant la plume à travers les airs, j’ai volé
de-ci de-là plusieurs fois, de telle sorte qu’en regardant la plume les
hommes pouvaient suivre ma progression au-dessus d’eux.
Pendant ce temps, mon partenaire riait très fort, et je vivais un moment
extraordinaire. Finalement, je suis revenu dans mon corps et me suis levé
sous les hurlements et les cris de reconnaissance. Je me souviens à peine du
reste. Je sais qu’on nous a amené des femmes mais, en souriant, nous les
avons congédiées de la main, préférant d’abord parler à nos vieux
camarades. Nous avions tous une peau très foncée.
Très tôt dans nos sessions, Seth avait dit que lui-même avait eu une fois
une existence turque, mais nous ne savons rien de ce genre nous
concernant. Toutes sortes de vides restent à combler sur nos vies passées,
parce que tant que j’ai refusé d’accepter la réincarnation, j’ai demandé à
Rob de ne pas poser de questions portant sur du matériau réincarnationnel.
D’ailleurs, lorsque Seth nous fournissait ce genre de données, cela me
dérangeait tellement qu’il a probablement pensé qu’il valait mieux remettre
cela à plus tard. Quand Seth s’implique dans une série de sessions portant
sur un seul et même sujet, nous n’aimons pas perturber la continuité du
matériau en lui demandant d’aborder autre chose et, en plus, nous nous
sommes aperçus que Seth répond en fin de compte à autant de nos
questions qu’il lui est possible de le faire.
À ma connaissance, cette existence turque est la seule vie passée haute
en couleurs que j’ai eue. D’après Seth, la vie de Boston était assez
ordinaire. Je n’avais pas fait grande sensation en tant que médium ; je
donnais des consultations pour aider les gens et payer mon loyer. J’étais
toutefois assez indisciplinée et inconstante — des défauts de personnalité
que j’essaie de corriger dans cette vie-ci. Ce rêve devait, je crois, me
rappeler que j’avais été un jour en position d’autorité, et qu’aujourd’hui je
ne devais pas avoir peur de la responsabilité ou de mes aptitudes. Seth
insiste sur le fait que beaucoup de gens ont des rêves qui leur fournissent
des informations sur leurs vies passées, mais que, souvent, ils ne s’en
souviennent pas, uniquement parce qu’ils ne saisissent pas l’importance des
rêves en général.
Mais quel était donc ce lieu, cette grande salle turque ? Quelle était sa
réalité ? Quel degré de réalité ont les endroits que nous semblons visiter
lorsque nous dormons ? Voici ce que Seth a à dire à ce sujet : « Vous
pensez être conscients uniquement quand vous êtes éveillés. Vous supposez
que vous êtes inconscients quand vous dormez. Les dés sont pipés en faveur
de l’esprit de veille. Mais faites un instant comme si vous regardiez cette
situation depuis l’autre bord.
« Faites comme si vous étiez dans l’état de rêve et que vous vous
intéressiez au problème de la conscience et de l’existence à l’état de veille.
Selon cette perspective-là, le tableau est complètement différent, car vous
êtes alors conscients quand vous dormez.
« Les lieux que vous visitez pendant que vous rêvez vous sont alors aussi
réels que les lieux physiques dans lesquels vous êtes actuellement. Ne
parlons plus d’un moi conscient ou inconscient. Il n’y a qu’un seul moi, et
celui-ci focalise son attention dans des dimensions diverses. À l’état de
veille, il se focalise sur la réalité physique. À l’état de rêve, il est focalisé à
l’intérieur d’une dimension différente.
« Quand vous êtes réveillés, vous avez peu de souvenirs des lieux dont
vous avez rêvé ; de même, vous avez peu de souvenirs des lieux
“physiques” quand vous êtes dans l’état de rêve. Quand le corps physique
repose sur son lit, une vaste distance le sépare du lieu onirique dans lequel
le moi qui rêve peut demeurer. Mais cette distance n’a rien à voir avec
l’espace, car le lieu onirique peut exister simultanément à la chambre dans
laquelle le corps dort.
« Les lieux oniriques ne se superposent pas, disons, au lit, à la commode
et à la chaise. Ils sont composés exactement de ces mêmes atomes et
molécules que vous percevez à l’état de veille en tant que lit, commode et
chaise. Les objets, souvenez-vous, sont le résultat de votre perception. À
partir de l’énergie, vous formez des structures que vous reconnaissez
ensuite en tant qu’objets et que vous utilisez. Mais les objets sont inutiles
tant que vous ne vous focalisez pas sur la dimension pour laquelle ils ont
été spécifiquement formés.
« Dans certains états de rêve, vous formez, à partir de ces mêmes atomes
et molécules, l’environnement dans lequel vous allez opérer. Pendant que
vous rêvez, vous ne pouvez pas trouver le lit, la commode ou la chaise ; et
une fois réveillés, vous ne pouvez pas trouver le lieu du rêve qui était là, à
peine quelques instants auparavant. »
Cela ne veut pas dire qu’il ne nous arrive pas parfois de quitter notre
corps et de nous rendre, dans notre rêve ou avec notre corps astral, en
d’autres lieux physiques. Selon Seth, nous le faisons souvent, que nous nous
en souvenions ou non. Certains de mes élèves, par exemple, ont de
fréquentes expériences de sortie du corps, aussi bien durant l’état de veille
que celui de rêve, et il semble qu’à plusieurs occasions de ce genre nous
nous soyons rencontrés dans mon salon.
Seth nous a dit que c’était possible, bien avant que j’en fasse moi-même
l’expérience ou que je lise sur ce sujet. Mais ses idées sur l’interrelation
entre la réalité de veille et celle du rêve sont fascinantes.
« J’ai mentionné la crucifixion en disant un jour que c’était une actualité
et une réalité, bien qu’elle n’ait pas eu lieu dans votre temps [physique].
Elle a eu lieu dans la même sorte de temps que celui où un rêve se produit,
et sa réalité a été ressentie par des générations entières. N’étant pas une
réalité physique, elle a influencé le monde de la matière physique comme
aucun évènement purement physique n’aurait pu le faire.
« La crucifixion a été l’une des réalités qui a enrichi à la fois l’univers
des rêves et l’univers de la matière, et son origine se trouvait dans l’univers
des rêves. Elle a été l’une des contributions primordiales de ce système au
vôtre, et on pourrait concrètement la comparer à l’apparition d’une nouvelle
planète au sein de l’univers physique. »
Seth n’est pas du tout en train de dire ici que la crucifixion était « juste
un rêve ». Il dit que, bien qu’elle ne se soit pas produite historiquement,
elle a eu lieu dans une autre réalité, en tant qu’idée plutôt qu’évènement
physique — une idée qui a transformé la civilisation. (Selon Seth, bien sûr,
une idée est un évènement, qu’elle soit physiquement matérialisée ou non.)
Seth continue en disant : « L’Ascension [du Christ] ne s’est pas produite
dans le temps tel que vous le connaissez. Elle est aussi une contribution de
l’univers des rêves à votre système physique ; elle représente le fait que
l’homme se rend compte qu’il est indépendant de la matière physique. […]
« De nombreux concepts et des inventions pratiques attendent
simplement dans le système onirique, en suspension, jusqu’à ce qu’une
personne les accepte comme des possibilités à l’intérieur du cadre physique
de la réalité. […] L’imagination est la connexion de l’homme éveillé avec le
système du rêve. L’imagination réintègre souvent les données du rêve pour
les appliquer à des circonstances ou à des problèmes particuliers au sein de
la vie à l’état de veille. […]
« L’univers du rêve possède des concepts qui, un jour, transformeront
complètement l’histoire du monde physique, mais un déni de ces concepts
en tant que possibilités retarde leur émergence. »
Certaines sessions de Seth expliquent avec précision comment nous
formons les rêves, quelles substances chimiques sont créées par la
conscience à l’état de veille, puis libérées lorsque nous faisons un rêve ;
d’autres sessions sont consacrées à la composition électromagnétique de la
réalité du rêve. Mais, à travers tout cela, Seth insiste sur ce que nous
pourrions appeler, je suppose, « l’objectivité » de la vie onirique.
Seth nous a tout d’abord donné des instructions pour nous souvenir de
nos rêves. Ensuite, il nous a dit comment éveiller nos facultés critiques
pendant que nous rêvions, et comment projeter notre conscience hors de
notre corps, en utilisant le rêve comme une sorte de rampe de lancement.
J’ai toujours été heureuse de tenter toutes les expérimentations suggérées
par Seth, et c’est encore le cas. L’expérience personnelle qui en a résulté
m’a fourni une preuve subjective de la validité de bon nombre des concepts
de Seth ; par ailleurs, j’aime faire les choses par moi-même.
J’en veux pour exemple cette projection que j’ai faite à partir de l’état de
rêve, un matin où je m’étais allongée, après le petit déjeuner, pour en tenter
l’expérience. Elle montre simplement que je peux parfois reconnaître quand
je suis en train de rêver, amener ma « conscience normale de l’état veille »
dans la situation du rêve et l’utiliser ensuite pour projeter cette même
conscience ailleurs. Une fois parvenue à ce stade, ce matin-là, je me suis
sentie quitter mon corps, sachant tout du long que celui-ci était en sécurité
et confortablement installé sur mon lit, avec la porte fermée.
Je voyageais si rapidement à travers les airs que tout était flou. Puis je
me suis retrouvée dans la rue d’une ville inconnue. Bien déterminée à
découvrir où j’étais, j’ai fait le tour du pâté de maisons en quête de
panneaux indicateurs. C’était une zone d’hôtels et de grands magasins. J’ai
vu le nom de deux rues, et j’ai finalement décidé d’entrer dans le hall de
l’un des hôtels.
Là, j’ai aperçu une librairie et je me suis dirigée vers les rayonnages
pour y jeter un œil. Il y avait là trois livres de Jane Roberts sur les
expériences extrasensorielles et, à l’époque, en 1967, je n’en avais écrit
qu’un.
Très surprise, j’ai regardé autour de moi. Tout semblait assez normal.
Quel que soit l’endroit où je me trouvais, il était bien physique. Quelque
chose m’a fait lever les yeux. Un jeune homme me regardait, avec l’air
réjoui du chat qui vient d’attraper une souris. C’était l’un des vendeurs, et
je voyais maintenant que la plupart d’entre eux étaient assez jeunes et
qu’ils m’observaient.
Je ne savais pas quoi faire ou dire. « Regardez, je suis vraiment dans un
état de projection hors du corps. C’est une projection astrale ! » Si j’avais
dit cela, ils ne m’auraient jamais crue. Mais qu’est-ce que c’étaient que ces
trois livres avec mon nom dessus et le sourire entendu des vendeurs ?
« Hé ! ai-je dit, je n’avais jamais vu ces livres avant. »
« Bien sûr que non. Là où vous vivez, vous ne les avez pas encore
écrits », a répondu le jeune homme. Sur ce, il s’est mis à rire, mais de
manière amicale et ouverte. Les autres ont fait de même en s’approchant.
« Où suis-je ? » ai-je demandé.
« Ne vous préoccupez pas de cela, m’a répondu le vendeur. De toute
façon, vous ne vous en souviendrez pas. »
« Oh si, je m’en souviendrai. Je me suis entraînée. »
« Vous n’êtes pas encore assez bonne pour cela », a rétorqué l’un d’eux.
Et je me suis vraiment mise en colère. Voyage astral ou pas, ces gens
étaient en train de rire à mes dépens.
« Regardez, ai-je expliqué, je suis dans mon corps astral. Mon corps
physique est à la maison, sur son lit. »
« Nous le savons », a dit le jeune homme.
Mon œil a de nouveau été attiré par les livres. « Allez-y, a-t-il poursuivi,
mémorisez les titres. Je suis désolé, mais cela ne vous sera d’aucune utilité.
Vous ne vous en souviendrez pas. » Ils souriaient tous à présent avec
bienveillance.
« J’ai déjà mémorisé deux noms de rue. Êtes-vous sûrs que je vais écrire
ces livres ? »
« Ici, vous l’avez déjà fait. »
Ils pouvaient dire tout ce qu’ils voulaient, j’étais déterminée à me
souvenir du plus grand nombre possible de détails spécifiques — noms,
panneaux indicateurs, signaux routiers. Finalement, le vendeur m’a
proposé de m’accompagner lorsque je lui ai dit que, de toute façon, j’allais
explorer les lieux, même seule. Il était très gentil. Nous avons bavardé et il
m’a montré les centres d’intérêt de la ville, tout en me prévenant que je
serais incapable de m’en souvenir.
Puis, sans le moindre avertissement, je me suis sentie tirée en arrière.
J’ai entendu un énorme chuintement, et je me suis retrouvée dans mon
corps. J’ai vraiment eu le sentiment de m’être fait avoir. D’habitude, il est
très difficile de revenir directement au même endroit, mais j’étais tellement
en colère que je me suis efforcée d’y parvenir. Ça ne m’a pas servi à grand-
chose. J’ai « atterri » dans le même coin, mais le jeune homme n’était nulle
part. Alors, je suis partie à la recherche de l’hôtel et, je le jure, j’ai
parcouru trois fois le pâté de maisons ; j’ai reconnu les autres bâtiments,
mais impossible de retrouver l’hôtel. Pour finir, je suis revenue dans mon
corps.
Naturellement, nous avons interrogé Seth sur cette expérience. Il nous a
donné des informations générales sur les situations auxquelles nous
pouvons nous attendre dans des projections depuis l’état de rêve.
« Il y a une forme à l’intérieur de la réalité du rêve, a-t-il dit, mais la
forme est d’abord un potentiel existant au sein d’une énergie psychique. La
forme potentielle existe bien avant sa matérialisation physique. La maison
dans laquelle vous vivrez peut-être dans cinq ans peut ne pas encore exister
en vos termes. Il se peut qu’elle n’ait pas encore été construite, et vous ne la
percevez donc pas physiquement. Pourtant, cette maison a une forme, et
elle existe à l’intérieur du Présent spacieux.
« Maintenant, dans certains niveaux de réalité du rêve, des formes
comme celle-là peuvent être perçues. Au sein de la réalité du rêve, vous
pouvez entrer en contact avec beaucoup d’autres phénomènes avec lesquels,
d’habitude, vous n’avez pas affaire. Avec les expérimentations de projection
que vous avez à l’esprit, cette information devient extrêmement concrète. Je
voudrais vous donner une idée, voyez-vous, de ce à quoi vous pouvez vous
attendre.
« Quand vous opérez dans la réalité physique, vous disposez d’un
ensemble assez simple de règles à utiliser. Dans la réalité du rêve, il y a une
liberté plus grande. L’ego n’est pas présent. La conscience éveillée, cher
ami, n’est pas l’ego. L’ego n’est que cette portion de conscience éveillée qui
s’occupe de la manipulation physique.
« Il est tout à fait possible d’emmener la conscience éveillée dans l’état
de rêve ; mais pas l’ego, car il vacillerait et causerait un échec immédiat.
Dans votre expérimentation, vous allez rencontrer diverses conditions et,
tant que vous n’apprenez pas à contrôler, vous pouvez avoir des difficultés à
distinguer les unes des autres. Vous pouvez manipuler certaines conditions,
et d’autres non. Certains lieux du rêve seront de votre propre fabrication,
d’autres vous seront étrangers. Ils appartiendront à d’autres dimensions de
réalité, mais vous pouvez y pénétrer par inadvertance.
« Il est tout à fait possible pour un rêveur de visiter d’autres systèmes
planétaires du passé, du présent ou du futur, selon vos termes. Ces visites
sont en général fragmentaires et spontanées. Il vaut mieux qu’elles le
restent. Profitez d’elles quand elles se produisent, mais ne tentez rien encore
de ce genre par vous-même, car beaucoup de difficultés entrent en ligne de
compte. »
Des séries entières de sessions traitent des méthodes employées et des
situations que l’on peut rencontrer dans les projections de conscience à
partir de l’état de rêve. Seth dit qu’il m’a personnellement aidée dans
certaines de mes propres expériences de projection, mais que je ne m’en
suis pas rendu compte. Je n’ai jamais rêvé de Seth, ce que je trouve plutôt
étrange. Je me suis souvent réveillée au milieu de la nuit, l’esprit tout à fait
clair, soudain consciente d’avoir donné un genre de session avec Seth. Je
peux entendre ses paroles me traverser la tête comme des signaux. C’est
comme si je me branchais sur une émission de radio que je ne suis pas
censée entendre, car, quand je commence à l’écouter, il y a un cliquetis
dans ma tête, et la « station » s’éteint. À deux occasions, j’en ai entendu
suffisamment pour savoir ce qui était dit et à qui étaient destinées les
sessions. Par la suite, les personnes concernées m’ont raconté que, les nuits
mêmes où j’avais eu ces expériences, elles avaient rêvé que Seth leur
parlait à travers moi. Je ne leur avais rien dit ; elles m’ont spontanément
fourni cette information.
D’après Seth, nous avons des rêves partagés ou des rêves de masse. Ils
agissent en fait comme une force stabilisante dans nos vies quotidiennes.
Nos rêves sont-ils privés ? Apparemment pas aussi privés que nous le
supposons. Au cours de la session 254, Seth a dit la chose suivante : « Dans
certains domaines de masse, dans des rêves partagés, le genre humain dans
son ensemble s’occupe des problèmes de sa structure politique et sociale.
Les solutions auxquelles il parvient dans la réalité du rêve ne sont pas
toujours identiques à celles qu’il accepte dans le monde physique.
« Les solutions du rêve sont toutefois considérées comme des idéaux.
Sans les rêves de masse, par exemple, vos Nations unies n’existeraient pas.
[…] À votre stade de développement, il est nécessaire d’avoir recours à une
sélectivité. Si vous aviez conscience du déferlement constant de
communications télépathiques qui vous atteint, il vous serait actuellement
très difficile de préserver le sens de votre identité. Les rêves partagés sont
eux aussi en général bien en dessous du niveau conscient. […] À mesure
que l’identité se renforce à travers l’expérience, elle s’étend
automatiquement pour ajouter davantage de réalités au sein desquelles
opérer.
« Quand vous rêvez d’autres personnes, elles le savent. Quand elles
rêvent de vous, vous le savez. Vous n’auriez cependant rien à gagner à vous
rendre consciemment compte de ces conditions à présent. »
Dans cette session, Seth a aussi mentionné John Fitzgerald Kennedy et il
avait quelques commentaires à faire, reliant les problèmes raciaux aux
rêves.
« Comme vous le savez, de nombreuses personnes ont rêvé à l’avance la
mort de Jack Kennedy. À un certain niveau, cette connaissance lui était
accessible. Cela ne veut pas dire que la mort devait nécessairement se
produire. C’était une possibilité très nette. C’était aussi l’une des
nombreuses solutions à plusieurs problèmes. Bien que n’étant pas la
solution la plus appropriée, c’était la plus proche de celle à laquelle
l’homme pouvait parvenir à ce moment particulier, dans la réalité
physique. »
Seth a continué en disant que l’on se souvient très rarement de l’intensité
émotionnelle d’un rêve dans toute sa puissance. Ensuite, il a brièvement fait
mention des rêves de masse comme moyen de provoquer un changement
historique.
Les personnes concernées par la situation raciale actuelle « rêvent
individuellement et collectivement de la changer. Ils mettent en pratique
dans leurs rêves les diverses façons dont les changements pourraient avoir
lieu. Ces rêves contribuent de fait à amener le changement qui se
produira ensuite. L’énergie et l’orientation mêmes des rêves aident à
modifier la situation. »
Je pourrais écrire plusieurs livres traitant uniquement des rêves, tels que
Seth les a expliqués. Selon son matériau, notre développement et notre
croissance psychiques, nos processus d’apprentissage et notre expérience
ont tous un rapport avec notre vie onirique. Dans celle-ci, nous visitons
d’autres niveaux d’existence et acquérons même des compétences dont nous
avons besoin. Il y a des connexions électromagnétiques et chimiques
précises qui unissent nos phases de conscience dans ces moments-là, et
Seth en parle en détail.
Par le biais de nos rêves, nous changeons la réalité physique, et notre
expérience physique quotidienne modifie notre expérience du rêve. Il y a
une interaction constante. Lorsque nous rêvons, notre conscience est
simplement dirigée vers un type de réalité différent, une réalité aussi vive
que l’est la vie à l’état de veille. Nous pouvons oublier nos rêves, mais ils
font toujours partie de nous, même si nous ne nous rendons pas compte de
leur réalité tout entière.
Selon Seth, il y a beaucoup d’autres systèmes de réalité dans lesquels
nous opérons, et ils sont donc tous inconnus de l’ego de l’état de veille. Non
seulement il existe des systèmes universels composés de matière et
d’antimatière, mais il y a une infinie variété de réalités entre les deux.
Apparemment, il y a aussi des « réalités probables » dans lesquelles nous
suivons des chemins que nous aurions pu emprunter, mais que nous n’avons
pas pris dans la vie physique.
Seth dit : « L’expérience du rêve est directement ressentie par le moi
intérieur. Les rêves ont une réalité électrique, comme je l’ai dit. En elle, les
rêves non seulement existent indépendamment du rêveur, mais ils ont ce
que vous pourriez appeler une “forme tangible”, bien que celle-ci ne soit
pas faite de matière, telle que vous en avez l’habitude. »
Seth nous a rappelé de nombreuses fois que toute expérience est
électriquement codée à l’intérieur de nos cellules mais qu’elle ne dépend
pas d’elles. Et cela s’applique également à l’expérience du rêve. Il poursuit
en disant : « Les pensées et les rêves d’une personne ont une portée
beaucoup plus lointaine que ce qu’elle en sait. Ils existent dans plus de
dimensions ; ils ont une incidence sur des mondes dont la personne n’a pas
conscience. Ils sont de fait aussi concrets que n’importe quelle construction.
Ils se manifestent sous des apparences diverses dans de nombreux systèmes
et, une fois créés, ils ne peuvent pas être retirés. […]
« La réalité électrique d’un rêve est décodée, si bien que ses effets sont
ressentis non seulement par le cerveau, mais jusque dans les parties les plus
reculées du corps. Les expériences du rêve, depuis longtemps oubliées au
niveau conscient, sont à jamais contenues en tant que données
électriquement codées à l’intérieur des cellules de l’organisme physique.
[…] Elles existent à l’intérieur des cellules [comme toute l’expérience de
l’individu]. Les cellules se forment autour d’elles. Ces signaux
électriquement codés forment les contreparties d’une expérience complète,
et la structure est donc indépendante de la réalité physique. »
En d’autres termes, nos rêves acquièrent une certaine immortalité de par
eux-mêmes, en même temps que nos personnalités. Seth précise : « Depuis
sa naissance, chaque individu forme sa propre contrepartie à partir de
signaux électriques continus, fabriqués et individuels, incluant ses rêves, ses
pensées, ses désirs et ses expériences. À la mort physique, sa personnalité
existe alors détachée de sa forme physique. »
Chapitre 15
En juin 1969, nous avons été réellement très surpris quand Seth nous a
dit que Rob allait sans doute recevoir la visite de l’un de ses « moi
probables ». À l’époque, nous ignorions ce dont il s’agissait, même si Seth
avait déjà employé ce terme une ou deux fois. Qu’est-ce donc qu’un moi
probable ? Selon Seth, chacun de nous a des contreparties dans d’autres
systèmes de réalité ; non pas des moi identiques ou jumeaux, mais d’autres
moi qui font partie de notre entité, et qui développent des aptitudes d’une
façon différente de ce que nous faisons ici.
Ces personnalités probables sont plus éloignées de nous que nos moi
réincarnationnels ; elles sont plutôt comme de lointains parents ayant un
air de famille. Selon les informations dont nous disposons jusqu’à présent,
certains moi probables ont des systèmes de perception différents des nôtres.
Dans notre système, par exemple, Rob est un artiste peintre. Il y a
quelques années, il a réalisé plusieurs planches relatives à la médecine et a
été surpris de la facilité qu’il avait dans ce domaine, et aussi avec la
terminologie et les procédures médicales qui lui étaient pourtant peu
familières quand il a commencé. Tous ses croquis et tableaux ont conquis
les médecins à qui ils étaient destinés. Dans cette session 487, Seth a
expliqué à Rob que, dans un autre système de réalité, il avait un moi
probable qui était médecin et avait pour passe-temps la peinture. Voilà
pourquoi Rob dessinait si facilement ce qui avait trait à la médecine ! (Pour
le docteur, Rob était bien sûr un moi probable.)
Ce soir-là, Seth nous a dit pas mal de choses à propos de cet « homme »,
et il a décrit certaines méthodes qu’il employait pour tenter d’entrer en
contact avec cette réalité-ci. Seth a dit : « Il y a en fait d’infinies variétés de
matière, existant dans ce que, en ce qui vous concerne, vous appelleriez une
“structure spatiale”. Avec vos sens physiques, vous ne pouvez bien sûr
jamais percevoir ces autres systèmes. Un bon entraînement des sens
intérieurs peut toutefois conduire à de telles explorations. Votre ami [le moi
probable] est plus avancé — son système est plus en avance à cet égard.
« Tout comme les pensées peuvent être envoyées à travers l’espace, la
conscience individuelle peut être envoyée à travers des systèmes de réalité
[d’autres dimensions]. Une graine peut voler à travers les airs et, de même,
la conscience individuelle peut voyager à travers ces systèmes, mais elle
doit être protégée. Certaines médications peuvent la protéger. [Tout cela
correspond à la méthode utilisée par le moi probable de Rob quand il se
projette hors de son système probable.]
« Maintenant, ces médications sont comme des capsules temporelles,
elles coupent les stimuli pendant certains intervalles et injectent ensuite des
stimulants quand les points de destination sont atteints. Ce procédé est
complexe. Les injections sont faites dans l’être physique et ont une
incidence sur le cerveau. La conscience se projette dans une expérience de
sortie du corps. Le cerveau physique est protégé contre les chocs, car, dans
une situation de ce genre, la conscience voyage à une si grande vitesse que,
normalement, son contact avec le corps serait rompu.
« Certaines injections appliquées au cerveau aident vraiment la
conscience à l’extérieur de ce cerveau et, en quelque sorte, l’alimentent.
Cela n’est toutefois que l’une des méthodes employées. La médication
permet des périodes régulées de conscience grandement accrue, opérant à
des niveaux maximaux, avec une accélération de toutes les facultés
mentales. Entre ces périodes, il y a cependant des phases d’inconscience.
Elles sont de nature protectrice.
« Au cours de ces phases d’inconscience, les médications injectées dans
le cerveau physique alimentent plus qu’à l’ordinaire les zones impliquées
dans ces éjections de conscience. C’est pourquoi, même si votre moi
probable est à portée de main, en quelque sorte, il se trouve parfois dans ces
périodes de black-out qui le nourrissent.
« Selon le temps qui est le vôtre, les périodes d’activité de conscience
accrue durent environ trois jours, suivis d’un jour et demi à quatre jours
d’inactivité, en fonction des circonstances. Cela nécessite le transfert d’une
énergie consciente d’un système familier à un autre, totalement étranger, et
certains changements plus ou moins automatiques doivent être faits d’un
système à l’autre, impliquant l’utilisation d’ondes cérébrales, certains
schémas étant normaux dans différents systèmes.
« Le cerveau a par exemple d’autres schémas que ceux découverts par
vos scientifiques. Les médications contribuent au changement de ces
schémas lorsque c’est nécessaire. Si ceux-ci n’étaient pas modifiés en
entrant dans un système et en le quittant, théoriquement du moins, la
conscience pourrait rester prise au piège dans un système : une accélération
ou une décélération, voyez-vous, mais mentale. »
Après la session, quand Rob m’a rapporté ce que Seth avait dit, nous
sommes juste restés assis pendant quelques minutes à nous regarder l’un
l’autre. « Probablement, tu as un moi probable », ai-je conclu en riant.
« Ce n’est pas une idée vraiment nouvelle, a répondu Rob. Des
scientifiques ont émis une théorie sur un univers probable. »
« Mais Seth parle d’une infinité d’entre eux, d’après ce que tu me dis, lui
ai-je fait remarquer. Et puis, échafauder une théorie sur des moi probables
est une chose, mais penser qu’un de ces moi peut entrer en contact avec toi
en est une autre. »
« Je suis prêt », a dit Rob. Et il l’était. Pendant les quelques semaines qui
ont suivi, il a fait les exercices suggérés par Seth sur le temps
psychologique, et a essayé d’être intuitivement réceptif à tout ce qui sortait
de l’ordinaire. Entre-temps, nous avons eu une autre session, et Rob avait
pas mal de questions à poser à Seth. D’après ce que celui-ci nous a dit, ce
moi probable est un certain Dr Pietra. Dans son système de réalité, c’est un
homme plus âgé que Rob, et son intérêt pour la peinture, qui est très fort,
est secondaire à son activité de médecin.
« Il étudie l’emploi de la peinture en thérapie, a expliqué Seth. Pas
seulement en utilisant l’art en tant que thérapie dans son travail avec ses
patients, mais en travaillant sur l’idée que certains tableaux ont en eux-
mêmes un effet salutaire. » Seth a poursuivi en affirmant que « certaines
peintures peuvent capter et orienter les capacités de guérison de celui qui
les regarde. […] L’intention du peintre est incorporée dans son médium et
dans son tableau ».
« Est-ce que le Dr Pietra sait que j’existe ? » a demandé Rob.
« Il connaît votre existence hypothétique, a dit Seth. Il croit qu’il a un
moi probable et il cherche à visiter cet univers probable. Il n’a cependant
pas la moindre idée du fait que vous puissiez vous attendre à une telle
visite, ou que vous puissiez avoir l’intention de le rencontrer. […] Il a lui-
même fait un travail sur ces médications, avec deux autres personnes.
« Il sera capable d’opérer dans son propre système pendant qu’il en sera
parti. Votre état d’esprit et votre réceptivité lui seront communiqués et
agiront comme une zone attirante qu’il reconnaîtra. Les aspects
empathiques de vos personnalités serviront à ouvrir des canaux clairs entre
vous. Le passage, voyez-vous, n’est évidemment pas physique, et,
cependant, la structure moléculaire entre en jeu, dans une certaine mesure. »
« Mais le verrai-je physiquement ? a demandé Rob. Et à supposer que
nous établissions une certaine forme de contact, est-ce que je le saurai
consciemment ? »
« Vous devriez le voir visuellement — soit de manière totalement
objectivée, soit dans une image intérieure d’une netteté inhabituelle. Mais
surtout, il devrait y avoir entre vous une communication intérieure, de
nature télépathique. Lui aussi est visuellement orienté, vous comprenez. Il
peut être capable de vous montrer des images issues de son propre système
de réalité. Il peut vous y emmener dans une projection et, à partir de là,
vous devriez être capable d’examiner votre propre système et de voir, en
une série de flashs, votre vie et celle de Ruburt avec une plus grande
clarté. »
« Mais quand sera-t-il ici, en nos termes ? » a demandé Rob rapidement,
car c’était presque l’heure de terminer la session.
« Je crois que, dans moins de sept heures, il sera dans votre système, que
vous le perceviez ou non. La médication peut avoir pour effet de colorer son
image, alors ne soyez pas surpris par une teinte jaune ou violette. Pour des
raisons diverses, nous ne pouvons en discuter ce soir, les expérimentations
sont à présent menées sur une période de quelques semaines, et elles ne
seront pas retentées avant votre automne. Cela est lié à la conductivité des
structures cellulaires et à votre atmosphère particulière durant ces périodes-
là. »
Cette session avait lieu le 9 juin 1969. Seth a redit à Rob que le contact
pourrait être facilité par les exercices sur le temps psychologique. (Ceux-ci
seront expliqués dans le chapitre portant sur le développement des
aptitudes psychiques.) Rob a fait ces exercices plusieurs fois cette semaine-
là, sans établir — pour autant qu’il sache — aucun contact avec le
Dr Pietra. Le 16 juin, Seth nous a surpris en disant qu’un contact proche
avait été établi à deux reprises.
« Ce qui s’est produit, c’était une fusion très momentanée de
caractéristiques de personnalité à des niveaux plus profonds que ceux de la
conscience, a expliqué Seth. Aucun de vous deux n’a su comment le gérer.
Vous aviez peur de brouiller votre propre identité et étiez assez effrayés par
certaines similarités entre elles. C’étaient pourtant les similitudes qui
avaient rendu même ce [petit] contact possible. »
« Quand cela s’est-il passé ? » l’a interrogé Rob.
« À un moment où vos pensées ont pris la tangente. Je crois que vous
aviez une image mentale d’une zone interne du corps humain, ou une
pensée ayant un rapport avec des organes internes. Cela s’est produit quand
vous avez détecté, à des niveaux plus profonds, la présence du Dr Pietra. »
Rob avait en effet travaillé sur des portraits et des silhouettes humaines,
cette information avait donc un sens pour lui. Toutefois, il ne se souvenait
d’aucune image mentale forte de zones internes du corps ; il a pourtant dit
qu’il avait pensé à l’intérieur du corps — chose que j’ignorais. Seth a dit
ensuite qu’un contact plus complet était encore possible, « bien que la
focalisation du Dr Pietra ne soit pas certaine, et que l’intensité de sa
présence varie ».
Il avait encore quelque chose à dire à propos des médications que Pietra
utilise dans ses expériences. Apparemment, elles assurent à la conscience
un retour dans le cerveau physique à une vitesse qui n’est pas trop rapide.
Il a également précisé qu’il existait des méthodes « grâce auxquelles la
condition et le comportement relatifs de la conscience qui voyage sont
suivis de près de l’autre côté. En cas de grave danger, la conscience est
rappelée, mais c’est extrêmement dangereux ».
Au cas où quelqu’un en douterait, ce système probable de réalité est
aussi « réel » que le nôtre, selon Seth. Pour ceux qui y demeurent, il est
composé de matière physique, et ce n’est que l’un des systèmes parmi une
infinité de systèmes ou d’univers existant entre matière et antimatière. Les
gens qui sont dans le système de Pietra ont émis l’hypothèse de l’existence
d’autres univers probables, et Pietra est l’un des premiers explorateurs,
principalement à cause de ses excellentes connaissances médicales.
Un tel voyage entre des systèmes probables s’entreprend au moyen d’une
projection de la conscience hors du corps, comme cela a été expliqué dans
les extraits, mais cela semble impliquer le regroupement de diverses
disciplines, comme la médecine et la physique, entre autres. À plusieurs
occasions, Seth nous a dit que tout voyage lointain dans l’espace, au sein
de notre propre système, fera également entrer en jeu des voyages plus
mentaux que physiques.
Si, comme il l’affirme, nous avons des moi probables et si, en outre, nous
vivons différentes existences sur cette planète, qu’advient-il alors du
concept d’âme unique ?
Je veux inclure ici des extraits provenant de trois sessions dans lesquelles
Seth explique la différence entre un évènement physique et un évènement
probable, ainsi que la relation qu’il y a entre les systèmes probables de
réalité et nous. (Souvenez-vous que Rob et Pietra sont deux individus
séparés. Seth explique cette relation en disant qu’il y a un lien entre eux,
comme celui qui existe entre deux cousins éloignés.) Il commence avec ce
qui est, selon moi, une excellente description du moi complet ou de
l’identité entière, telle qu’elle est reliée à cette existence-ci et à d’autres.
EXTRAIT DE LA SESSION 231 :
LE MOI ET LES RÉALITÉS PROBABLES
« Une action est une action, que vous la perceviez ou non, et les
évènements probables sont des évènements, que vous les perceviez ou non.
Les pensées sont aussi des évènements, tout comme le sont les souhaits et
les désirs. Le système humain y répond aussi pleinement qu’il le fait quand
il s’agit d’évènements physiques. Dans les rêves, vous faites souvent
l’expérience, de façon semi-consciente, de portions d’évènements
probables. Cela équivaut à une diffusion, et j’emploie ce terme à dessein,
car votre appareil enregistreur peut servir d’analogie.
« Imaginez que le moi complet soit composé d’une bande mère, ou
matrice. Votre enregistreur possède quatre pistes. Nous allons lui donner
une infinité de pistes. Chacune d’elles représente une portion du moi
complet ; chacune existe dans une dimension différente et toutes font
cependant partie du moi complet [ou de la bande magnétique]. Vous voyez
bien qu’il serait ridicule de dire que la piste mono 1 sur votre bande est plus
valide, ou moins valide, que la piste mono 2. On pourrait comparer la
piste 1 à votre ego actuel.
« Nous allons imaginer à présent que ces moi se sont multipliés, car vous
avez des moi 3, 4, 5, 6, etc. Maintenant, sur votre appareil enregistreur,
vous avez un réglage pour la stéréo. Cela vous permet de mixer et de
combiner harmonieusement les éléments des différentes pistes —
simultanément. Je prends mon temps, ici, pour que ce soit clair pour vous,
car je ne me manifeste pas souvent avec la pure clarté de la stéréophonie.
« Votre système stéréophonique peut être comparé à ce que nous avons
appelé l’ego intérieur. Chacun des moi fait l’expérience du temps à sa
propre façon, en fonction de la nature de ses perceptions. Quand la
stéréophonie est activée, les moi connaissent leur unité. Leurs différentes
réalités se fondent dans les perceptions globales du moi complet.
« Tant que le moi complet n’est pas capable de percevoir ses propres
parties simultanément, chacune de ces portions apparemment séparées a
l’impression d’être isolée et seule. Il y a une communication entre elles,
mais elles ne s’en rendent pas compte. La bande magnétique est l’élément
commun à toutes les pistes. Maintenant, l’ego intérieur est celui qui dirige,
mais le moi complet, ou âme, doit se connaître lui-même. Il ne suffit pas
que l’ego intérieur sache ce qui se passe. En fin de compte, l’ego intérieur
doit amener à une compréhension de la part des moi simultanés.
« Chaque portion du moi complet doit devenir consciente des autres
parties. Nous n’avons pas affaire à une chose aussi simple qu’un appareil
enregistreur, évidemment, car nos bandes magnétiques [nos moi] changent
constamment… »
La personnalité multidimensionnelle
Un Seth « futur »
— origine des sessions
Le concept de Dieu,
la Création, les trois Christ
[2] Ailleurs dans ce texte, le mot gestalt est traduit par « ensemble
changeant » (N.d.T.).
Chapitre 19
« Pensez aux sens intérieurs comme à des chemins menant à une réalité
intérieure. Le premier sens implique une perception de nature directe —
une cognition instantanée par ce que je peux simplement décrire comme un
toucher vibratoire intérieur. Imaginez un homme debout dans une rue
banale, bordée de maisons, d’arbres et de gazon. Ce sens lui permettrait de
percevoir les sensations de base ressenties par chacun des arbres qui sont
autour de lui. Sa conscience s’élargirait pour contenir l’expérience de ce
que c’est qu’être un arbre — l’un de ces arbres ou tous. Il vivrait
l’expérience d’être tout ce qu’il souhaiterait à l’intérieur de son champ de
perception : les personnes, les insectes, les brins d’herbe. Il ne perdrait pas
la conscience de qui il est, mais il percevrait ces sensations-là un peu de la
même façon que vous sentez maintenant le chaud et le froid. »
Ce sens ressemble fort à l’empathie, mais en beaucoup plus vital. (Seth
dit que nous ne pouvons pas, actuellement, faire l’expérience de ces sens
intérieurs dans toute leur intensité, car notre système nerveux ne peut pas
supporter pareils stimuli.) Il est difficile de classer par catégories les
expériences de ce genre, mais je pense avoir fait usage du toucher
vibratoire intérieur dans la situation suivante.
Un soir où Bill et Peg nous rendaient visite, une voisine m’a appelée.
Polly était une jeune femme plutôt émotive, et elle m’a demandé si je
pouvais « capter » des impressions la concernant. J’ai refusé, en disant que
j’étais fatiguée. En fait, je la sentais « fortement chargée », de façon
déplaisante, et je ne voulais pas être mêlée à ça. Mais ma curiosité a
apparemment eu le dessus. J’ai activé mes sens intérieurs pour trouver ce
qui n’allait pas — sans savoir que je le faisais. (Pour utiliser les sens
intérieurs, comme pour toute autre chose, il faut apprendre le discernement
et la discrétion.)
Presque instantanément, j’ai vu la jeune femme en tant qu’adolescente
dans les années 1950. Elle était sur un lit d’hôpital, éprouvant les douleurs
de l’accouchement. Dans mon salon, j’éprouvais les mêmes. L’expérience
était extrêmement vive et la douleur, très réelle. J’ai vu une femme plus
âgée et un jeune homme dans la chambre d’hôpital, et j’ai été capable de
les décrire. Polly les a identifiés comme étant un ancien mari et la mère de
celui-ci, mais elle a nié avoir eu un enfant, tout en disant qu’une de ses
amies avait donné naissance, la même année, à une petite fille illégitime.
Au début, la douleur m’a tellement effrayée que j’ai simplement déballé
ce qui se passait ; je n’avais pas l’intention de mettre Polly dans
l’embarras. Par la suite, je me suis sentie idiote et en colère contre moi ; je
me suis demandé si cet épisode douloureux n’était pas une sorte de
dramatisation subconsciente. Deux ans plus tard, Polly a quitté la ville.
Avant de partir, elle m’a appelée pour me dire que l’épisode relaté était tout
à fait fondé. L’enfant était le sien, et ma description de la chambre
correspondait à celle dans laquelle elle était à l’hôpital. Naturellement, elle
ne voulait pas que quiconque soit au courant pour l’enfant, qui avait été
adopté (et, de toute façon, cela ne me regardait pas). Le soir où elle avait
fait appel à moi, cette naissance était revenue la troubler, parce que, pour
la première fois depuis des années, elle avait eu des nouvelles du père de
l’enfant. C’est probablement la raison pour laquelle je me suis
« branchée » sur cet épisode. À cette occasion, j’ai utilisé le toucher
vibratoire intérieur pour prendre conscience des sentiments de Polly.
Quoi qu’il en soit, ce premier sens intérieur peut en général être
extrêmement précieux, conduisant à une expansion d’expérience, à une plus
grande compréhension et à une compassion. En y faisant appel, vous
pouvez, avec de la pratique, sentir l’élément émotionnel vivant de toute
chose vivante, en vous réjouissant de sa vitalité. Cela ne diminue pas
l’individualité et cela n’entraîne pas une invasion psychique. Nous ne
devons pas être des voyeurs psychiques, mais nous devons utiliser ces
aptitudes uniquement pour aider les autres ou, joyeusement, comme nous
nous servons de nos muscles et de nos os. L’intention est importante, mais
je ne crois pas que l’on puisse réellement utiliser ces sens-là à de
mauvaises fins ; si nous ne sommes pas prêts à les employer correctement,
notre personnalité fera en sorte de ne pas les utiliser, de façon consciente.
LE TEMPS PSYCHOLOGIQUE
LA PERCEPTION DU PASSÉ,
DU PRÉSENT ET DU FUTUR
LE SENS CONCEPTUEL
LA CONNAISSANCE INNÉE
D’UNE RÉALITÉ FONDAMENTALE
L’EXPANSION OU LA CONTRACTION
DE LA CAPSULE DU TISSU
SE DÉGAGER DU CAMOUFLAGE
Évaluations personnelles
— qui est Seth, ou qu’est-il ?
SESSION 452
LUNDI 2 DÉCEMBRE 1968
(21 h 06.
Sue Mullin est présente.)
Bonsoir
(« Bonsoir, Seth. »)
Merci de m’avoir invité à votre soirée.
(« Ok. »)
Maintenant. Le système planétaire dont nous avons parlé lors de notre
dernière session était le premier au sein de votre univers, si l’on parle en
termes de temps. Il est très difficile de vous expliquer que l’univers que
vous voyez, les étoiles et les planètes que vous voyez sont,
comparativement, unidimensionnels. Vous en percevez uniquement les
portions qui sont apparentes à l’intérieur de votre propre système de réalité.
Les lourdes molécules d’hydrogène ont eu un grand rôle à jouer dans la
naissance de ce système [antérieur]. La conscience devait d’abord créer le
vide ou la dimension dans laquelle le système pourrait exister, et aussi doter
ce vide de toutes les probabilités de développement qui se sont produites
dans votre temps et qui vont se produire. Le vide, en d’autres termes, peut
donc être comparé à un esprit ; qui peut prédire quelles images ou pensées
vont y prendre naissance ? Il y a, comme je vous l’ai dit, une infinité de ces
systèmes et, pourtant, à l’intérieur de chacun d’eux, il y a une identité et une
direction.
Ce vide immense, cet esprit infini, est né d’un autre qui était plus grand
que lui. (Sourire de Seth.) Les possibilités qui sont devenues réalité au sein
de ce système universel ont chacune donné naissance à d’autres systèmes et
réalités, comme un arbre porte un millier de graines. Vous-même, par vos
propres actions mentales, vous créez des réalités dont vous ne vous rendez
pas compte et vous donnez naissance à plus que des enfants physiques.
Vous ne comprenez pas les dimensions dans lesquelles tombent vos
propres pensées, car elles poursuivent leur propre existence, et d’autres les
admirent et les voient comme des étoiles. Je vous dis que vos propres
pensées et actions mentales apparaissent aux habitants d’autres systèmes
comme les étoiles et les planètes à l’intérieur du vôtre ; et ces habitants ne
perçoivent pas ce qui se trouve à l’intérieur et derrière les étoiles de leurs
propres cieux. Bien qu’ils explorent leur propre univers, ils ne vont pas
s’aventurer dans votre réalité. Ils vont simplement percevoir la silhouette et
la forme que prennent vos actes mentaux — pensées et rêves — dans leur
système.
Ce qui précède est un matériau que nous ne vous avons pas donné avant,
pour que ses implications ne vous conduisent pas à des sentiments
d’insignifiance. Mais vous ne faites pas que recevoir, vous donnez aussi.
Tout comme votre univers a été formé par des entités que vous ne
comprenez pas pour l’instant, les rebuts de votre conscience forment des
réalités pour des entités qui se rendent à peine compte de votre existence.
Dans cette abondance, rien n’est dénué de sens ni perdu. Il y a une
interrelation, des réalités qui s’entremêlent et des connexions qui ne
peuvent être niées. Je vous ai dit, par exemple, que la réalité du rêve
consistait en plus que ce que vous en savez, et que son univers continuait,
que vous le perceviez ou non. Dans ce contexte, ces habitants rêvent — à
leur tour — leurs propres rêves et forment des réalités électromagnétiques.
Vous n’êtes ni au sommet ni au fond de l’amas de conscience, pourrait-on
dire. Vous n’êtes ni au centre ni au bord.
Au lieu de cela, le moi intérieur est intimement relié à chaque réalité,
bien que vous ne vous en rendiez pas compte ; il peut suivre la trace de ses
propres connexions à travers le réseau de toute existence, tout en gardant
toujours son identité.
Souvenez-vous, lorsque nous parlons des débuts de votre système, que
nous parlons uniquement en prenant en compte vos idées de temps. Tout
existe évidemment en même temps. Dans votre façon de penser, certaines
vies sont vécues en un clin d’œil [dans divers systèmes] et d’autres durent
pendant des siècles. La perception d’une conscience n’est toutefois pas
limitée. Je vous ai dit, par exemple, que les arbres avaient leur propre
conscience. La conscience d’un arbre n’est pas aussi spécifiquement
focalisée que la vôtre ; pourtant, l’arbre est pratiquement conscient des
cinquante années qui ont précédé son existence et des cinquante à venir.
Son sens de l’identité va spontanément au-delà de son changement de
forme. N’ayant pas d’ego, il n’a pas à couper court à l’identification du
« je ». Les créatures qui n’ont pas le compartiment de l’ego peuvent
facilement suivre leur propre identité par-delà tout changement de forme.
Le moi intérieur est conscient de cette intégrité d’identité, mais l’ego, si
solidement focalisé dans la réalité physique, ne peut se permettre ce luxe.
Toute conscience se rend donc compte, de façon innée, de son identité
fondamentale. Le moi intérieur sait ce qui est derrière les étoiles et les
planètes physiques que l’œil voit, mais l’ego serait pris de panique face à
une telle réalisation.
Le système évoqué précédemment — le soleil et ses neuf planètes
originelles — s’est, en vos termes, depuis longtemps transformé en d’autres
systèmes d’univers qu’il a formés. L’ensemble de toute cette structure
cosmique était cependant la matérialisation d’une seule pensée originelle,
car la pensée, la réalité fondamentale, doit toujours exister avant sa
représentation. Il y avait donc de l’intelligence dans ce premier système.
Maintenant, vous pouvez faire une pause, puis nous continuerons. Mes
souhaits les plus chaleureux à votre amie [Sue].
(21 h 36. Jane sort rapidement de transe, mais elle dit que celle-ci a été
profonde. Seth se manifestait avec plus de force qu’à l’ordinaire et de façon
un peu plus rapide, avec une voix plus sonore. Reprise de la même manière,
à 21 h 44.)
Maintenant. Encore une fois, chaque pensée forme sa propre réalité
électromagnétique et elle est composée d’une énergie qui ne peut jamais
être dissipée mais seulement transformée. La réalité subjective d’un
homme, qui resterait tout seul dans l’univers, émettrait suffisamment
d’énergie pour en engendrer un autre. Cette phrase n’est pas déformée.
Vous allez avoir quelques sessions supplémentaires ce week-end. Je ne
veux pas abuser des ressources de Ruburt, et je ne veux pas non plus vous
garder attaché à votre machine à écrire pendant trois semaines. C’est
pourquoi cette session va être brève, de façon à compléter le matériau de
notre dernière séance. C’est encore moi qui vais en profiter le plus. (Avec
humour.) Mes souhaits les plus chaleureux à vous tous. Je vais rester un
peu, pour prendre plaisir à votre conversation.
(« Bonsoir, Seth. »
21 h 48. Il a fallu à Jane un moment pour sortir de transe. « J’ai peut-
être fini, mais je ne suis pas encore revenue. Je déteste ça, quand je suis à
moitié sortie et à moitié dedans. C’est comme si j’étais dans un cône. Je
peux entendre ce qui se passe en dehors, mais je dois encore en sortir. »
21 h 55. Nous pensions qu’elle était sortie de transe, mais il s’est avéré
que nous nous trompions. Seth, ou l’état de transe, s’attardait. Jane
montrait une nette tendance à retourner en transe, elle roulait notamment
les yeux et, pour la sortir de là, je n’ai pas arrêté de lui parler, je lui ai
donné du thé, etc.
Un élément qui la maintenait dans cet état a retenu mon attention
lorsque, assise dans son fauteuil à bascule, elle a dit, incidemment : « Seth
est encore ici. Il est au-dessus, sur ma droite, maintenant. » Et elle a tendu
le bras. Apparemment, Seth occupait un espace d’environ un mètre
cinquante de haut, une bulle d’espace juste à proximité de Jane, je pouvais
y entrer sans le déranger. Seth est resté présent tout le temps où nous avons
discuté, Jane, Sue et moi.)
SESSION 503
MERCREDI 24 SEPTEMBRE 1969
(21 h 32.
Deux pages environ de matériau personnel ne sont pas reproduites ici.
Sue Mullin, aujourd’hui Sue Watkins, une des élèves du cours de
perception extrasensorielle de Jane, a laissé hier soir trois questions pour
que Seth y réponde dès que possible. La première est : « Quand je projette
ma conscience hors de mon corps, est-ce que mon corps astral est
“enceinte” puisqu’actuellement je le suis physiquement ? Est-ce que le
corps astral porte la contrepartie astrale du fœtus, ou est-ce que le fœtus
astral demeure dans le corps physique à l’intérieur du fœtus physique ? »
Je demande maintenant à Seth : « Pouvez-vous dire quelques mots en
réponse à la question de Sue, à propos du corps astral du fœtus ? » Jane a
lu les questions de Sue peu de temps avant, mais elle ignore que je vais les
poser ce soir.)
Le fœtus a sa propre forme astrale. Maintenant, celle-ci appartient à
l’individu, à la personnalité telle qu’elle sera dans cette vie-ci. Ce n’est pas
la forme astrale qui existait dans une réincarnation « précédente ». Il y a ici
beaucoup de données complexes et je vais essayer de les exposer
simplement.
Une grande énergie est liée au fœtus, car il n’y a, à aucun autre moment
dans la vie physique, autant d’énergie utilisée si intentionnellement et de
façon si orientée. C’est cette charge d’énergie, de proportion vraiment
cosmique, qui permet l’émergence initiale dans la matière. La personnalité
est occupée à transformer littéralement une infinité de données. Une bonne
part de ce travail a déjà été accomplie au bout du troisième mois de
grossesse. Tout aussi vite que les nouvelles données forment le fœtus et la
structure physique, le moi de la réincarnation précédente doit commencer à
relâcher son emprise. Il entre brièvement dans ce processus [de la
naissance], mais il ne devient pas le nouvel individu.
Il aide à former le nouvel individu et doit ensuite se retirer. La nouvelle
unité du moi doit être libre et ne pas être gênée par les exigences qui
pourraient autrement lui être imposées. Le nouvel individu a des souvenirs
profondément enfouis de ses vies passées, mais la conscience personnelle
du dernier moi réincarné ne doit pas se superposer à cette nouvelle identité.
La nouvelle personnalité, dans son petit corps astral, rend visite à d’autres
portions de l’entité entière. Elle y reçoit certaines leçons, mais elle est
vraiment son propre moi.
(« Lorsque Sue se projette, est-ce que cette personnalité le fait aussi ? »)
Elle peut le faire ou non. Elle n’est pas obligée de le faire. Elle peut se
projeter entièrement dans d’autres endroits, pendant que Sue est ailleurs
dans sa forme astrale. Il y a cependant, à ce moment-là, une très forte
connexion entre les deux. À un niveau plus profond, elles se rendent
compte de là où elles sont. La mère sait où est l’enfant, même si elle n’en a
pas conscience. La mère peut même aller chercher l’enfant dans une
projection et le ramener à la maison.
Beaucoup d’avortements naturels ont pour cause le fait que la nouvelle
personnalité a du mal à construire la nouvelle forme, se projette vers
d’autres pour recevoir des conseils, et qu’on lui dit de ne pas y retourner.
(21 h 17.)
J’aimerais compléter la discussion que nous avons commencée lors de
notre dernière session. Le fœtus voit l’environnement physique. À ce stade,
la structure cellulaire réagit à la lumière et active des capacités latentes dans
la structure cellulaire du corps de la mère. Au sens littéral du terme, il voit à
travers le corps de sa mère, et avec l’aide de celui-ci.
Ce ne sont pas des images nettes, mais il commence déjà à échafauder
des idées de silhouette et de forme. Il va sans dire que c’est la même chose
avec les paupières. Autrement dit, il peut voir à travers ses paupières
fermées. Il se rend compte de la lumière et de l’ombre, de silhouettes, bien
qu’il doive apprendre à faire la distinction entre ces parties du domaine de
réalité accessible que vous acceptez en tant qu’objets, et le domaine
accessible que vous n’acceptez pas en tant qu’objets.
Il voit plus que vous, ou que sa mère, parce qu’il ne sait pas encore que
vous n’acceptez que certaines structures et rejetez les autres. Au moment où
il naît, il a déjà appris à accepter l’idée qu’ont ses parents de ce qu’est la
réalité. Au sens large, il commence à s’entraîner à se focaliser uniquement
sur ce que vous appelleriez la réalité physique, bien qu’il continue à
percevoir partiellement d’autres domaines que vous n’acceptez pas. Il est
reconnu et voit ses désirs satisfaits uniquement lorsqu’il se focalise sur une
réalité particulière. Il apprend donc rapidement à écarter les autres.
Maintenant, le fœtus entend aussi, et la même chose s’applique ici,
lorsqu’il est dans la matrice. Il entend des sons provenant de
l’environnement physique, mais aussi des sons appartenant à un champ de
réalité accessible que vous n’acceptez pas. Une fois né, le nourrisson
continue d’entendre ces sons et ces voix, mais, là encore, comme ceux-ci ne
répondent pas à ses besoins physiques et n’apportent pas de lait quand il
pleure, ils les écartent petit à petit.
Pendant quelque temps, il perçoit littéralement de nombreux niveaux de
réalité simultanément, et une part de ce qui semble être de la désorientation
est simplement le résultat d’une confusion de départ, devant tant de
données. En fonction de l’individu et de la situation, le fœtus peut encore
recevoir des messages de ceux qu’il a connus dans le passé. Cela ajoute à la
confusion, et c’est une question de survie physique, pour lui, d’ignorer
largement ces messages pendant qu’il apprend à se focaliser sur la réalité
physique.
Le fœtus se rend parfaitement compte des changements de température,
par exemple, et du temps qu’il fait. Il est en communication télépathique
avec des animaux et d’autres gens et, à un niveau différent, il a une sorte de
communication avec les plantes et d’autres consciences de ce type. Les
plantes réagissent assez vivement à un avortement. Le fœtus réagit aussi à
la mort d’un animal dans la famille, et il a connaissance des relations
psychiques inconscientes au sein de la famille bien avant le sixième mois de
grossesse.
Les plantes dans une maison sont elles aussi très conscientes du fœtus en
train de se développer ; elles détectent également le fait qu’un membre de la
famille est malade, souvent avant même qu’il y ait des symptômes
physiques. Elles sont extrêmement sensibles à la conscience au sein d’une
structure cellulaire. Les plantes savent également si un fœtus est mâle ou
femelle.
(Deux pages de matériau personnel non reproduites ici.
Plus tôt dans la soirée, j’ai fait mention à Jane de l’intérêt, qui depuis
longtemps était le mien, pour une déclaration de Seth qui avait affirmé, il y
a des années, que les perceptions extrasensorielles avaient une base
électromagnétique. Cela attisait ma curiosité, car j’avais lu qu’aucune
recherche n’avait trouvé la moindre relation électromagnétique de ce type.
J’interroge maintenant Seth sur ce sujet.)
Je relierais plutôt cela à nos informations sur le fœtus.
(« D’accord. »)
Et, de cette manière, nous pouvons poursuivre les deux discussions.
(« Bien. »)
Maintenant. Il y a des structures électromagnétiques, pour ainsi dire, qui
dépassent actuellement la portée de vos instruments [scientifiques], des
unités qui sont les porteurs de base de la perception. Elles ont une « vie »
très brève, en vos termes. Leur taille varie. Plusieurs unités peuvent se
combiner, par exemple ; beaucoup d’unités peuvent se combiner. Pour
formuler cela aussi simplement que possible, ce n’est pas tant qu’elles se
déplacent à travers l’espace, c’est plutôt qu’elles utilisent l’espace pour se
mouvoir. Il y a une différence.
Des qualités thermiques, pour ainsi dire, entrent en jeu, ainsi que des lois
d’attraction et de répulsion. Les unités chargent l’air à travers lequel elles
passent et attirent à elles d’autres unités. Elles ne sont pas stationnaires, au
sens où, disons, une cellule est stationnaire à l’intérieur du corps. Même une
cellule ne fait que paraître stationnaire. Ces unités n’ont pas de
« domicile ». Elles sont construites en réponse à une intensité émotionnelle.
Elles sont une forme que prend l’énergie émotionnelle. Elles suivent
leurs propres règles d’attraction et de répulsion. Tout comme un aimant,
voyez-vous, attire avec ses filaments, ces unités attirent leurs propres type
et forme de structures, qui vous apparaissent ensuite en tant que perception.
Maintenant. Le fœtus utilise ces unités. Toute conscience fait de même, y
compris celle d’une plante. Les cellules ne réagissent pas simplement à la
lumière parce que c’est dans l’ordre des choses, mais parce qu’un désir
émotionnel de percevoir la lumière est présent.
Le désir apparaît à cet autre niveau sous la forme de ces unités
électromagnétiques, qui provoquent ensuite une sensibilité à la lumière. Ces
unités sont en roue libre. Elles peuvent être utilisées dans une perception
normale ou dans ce que vous appelez une perception extrasensorielle. Je
parlerai de leur nature fondamentale dans une session ultérieure, et
j’aimerais relier cela au fœtus, puisque ce dernier est très concerné par les
mécanismes de perception.
(« Ça sera bien pour la prochaine session. »)
Ce n’est pas qu’il vous soit impossible de concevoir des instruments vous
permettant de percevoir ces unités. Vos scientifiques se posent simplement
les mauvaises questions et ne pensent pas en termes de structures en roue
libre, comme celles-ci.
(21 h 34.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Ces unités dont nous avons parlé précédemment sont
essentiellement des animations s’élevant de la conscience. Je parle
maintenant de la conscience à l’intérieur de chaque particule physique,
quelle que soit sa taille — de la conscience moléculaire, de la conscience
cellulaire, aussi bien que des plus grands ensembles changeants de
conscience qui vous sont habituellement familiers. À cause du vocabulaire
scientifique limité de Ruburt, cela est un peu difficile à expliquer. Certaines
des théories que je vais vous présenter au cours de cette discussion vous
seront également peu familières.
Ces émanations s’élèvent aussi naturellement que la respiration, et
d’autres comparaisons peuvent être faites, dans le sens où il y a un
mouvement vers l’intérieur et un mouvement vers l’extérieur, une
transformation au sein de l’unité, de même que ce qui entre dans les
poumons, par exemple, n’est pas la même chose que ce qui en sort lors de
l’exhalation. Vous pourriez comparer ces unités, juste en tant qu’analogie,
au souffle invisible de la conscience. Cette analogie ne va pas nous mener
loin, mais elle est suffisante au début pour faire comprendre l’idée générale.
Le souffle, bien sûr, est aussi une pulsation, et ces unités opèrent de manière
pulsative. Elles sont émises par les cellules, par exemple, des plantes, des
animaux, des rochers, etc. Elles auraient une couleur si vous étiez capables
de les percevoir physiquement.
Elles sont électromagnétiques, en vos termes, suivant leurs propres
structures de charge positive et de charge négative, et suivant aussi certaines
lois du magnétisme. Dans le cas présent, les semblables s’attirent,
indéniablement. Les émanations sont en fait des tons émotionnels. La
diversité de tons est pratiquement infinie.
Les unités se situent juste sous le champ de la matière physique. Il n’y en
a pas deux pareilles. Elles ont cependant une structure. Cette structure
dépasse le champ des qualités électromagnétiques telles que les
scientifiques les conçoivent. Les consciences produisent en fait ces
émanations, et celles-ci sont la base de tous les types de perception, à la fois
sensoriels, au sens usuel du terme, et extrasensoriels.
Nous ne sommes qu’au début de cette discussion. Par la suite, vous
verrez que je simplifie les choses pour vous, mais vous ne les comprendriez
pas si nous ne commencions pas ainsi. J’ai l’intention d’expliquer la
structure de ces unités. Maintenant, accordez-nous un moment.
Ces émanations peuvent aussi apparaître en tant que sons, et vous serez
capables de les traduire en sons longtemps avant que vos scientifiques
découvrent leur signification fondamentale. L’une des raisons pour
lesquelles elles n’ont pas été découvertes est précisément le fait qu’elles
sont si intelligemment camouflées à l’intérieur de toutes les structures.
Étant juste au-delà du champ de la matière, ayant une structure, mais une
structure non physique, et étant de nature pulsative, elles peuvent se dilater
ou se contracter. Elles peuvent, par exemple, complètement envelopper une
petite cellule ou se retirer dans le noyau à l’intérieur. En d’autres termes,
elles combinent les qualités d’une unité et d’un champ.
Il y a une autre raison qui fait qu’elles demeurent un secret pour les
scientifiques occidentaux. L’intensité gouverne non seulement leur activité
et leur taille, mais aussi la force relative de leur nature magnétique. Elles
attirent à elles d’autres unités, par exemple, en fonction de l’intensité du ton
émotionnel de la conscience particulière à un « point » donné.
Ces unités changent donc constamment. Si nous devons parler en termes
de taille, alors elles changent constamment de taille tandis qu’elles se
dilatent et se contractent. Théoriquement, il n’y a pas de limite, voyez-vous,
à leur taux de contraction et d’expansion. Elles sont aussi absorbantes. Elles
dégagent des qualités thermiques, et ce sont là les seuls indices que vos
scientifiques ont reçus d’elles jusqu’à présent.
Les caractéristiques de ces unités les attirent vers un échange constant.
Des paquets d’entre elles (Jane fait des gestes ; sa voix est assez
emphatique et animée) s’attirent les uns les autres et se scellent
littéralement, juste avant de se lâcher et de se disperser, une fois encore.
Elles forment — et leur nature est derrière — ce qui est communément
appelé l’air, et elles utilisent cela pour se mouvoir. En d’autres termes, on
peut dire que l’air est formé par les animations de ces unités.
J’essayerai de clarifier cela plus tard, mais l’air est le résultat de
l’existence de ces unités, formé par l’interrelation des unités dans leurs
positions et distances relatives les unes par rapport aux autres, et par ce que
vous pourriez appeler la vélocité relative de leur mouvement. L’air est ce
qui se produit lorsque ces unités sont en mouvement, et c’est en termes de
temps météorologique que leurs effets électromagnétiques apparaissent le
plus clairement aux scientifiques, par exemple.
Ces unités — considérons-les dans le cas d’un rocher. Celui-ci est
composé de molécules et d’atomes, dont chacun a sa propre conscience.
Cela forme un ensemble changeant de conscience de rocher. Ces unités sont
émises sans discernement par les différents atomes et molécules, mais une
partie d’entre elles sont également dirigées par la conscience globale du
rocher. Ces unités sont émises par le rocher et l’informe sur la nature de son
environnement changeant : les changements d’angle du soleil et de
température, par exemple, à mesure que la nuit tombe ; et même dans le cas
d’un rocher, ces unités changent à mesure que se transforme ce que l’on
pourrait approximativement nommer le ton émotionnel du rocher. En
changeant, ces unités modifient l’air autour d’elles ; il est le résultat de leur
propre activité.
Elles émanent constamment du rocher et y retournent en un mouvement
si rapide que cela semble simultané. Les unités rencontrent d’autres unités
émises, disons, par un feuillage et tous les autres objets, et dans une certaine
mesure s’y mêlent. Il y a un mélange constant, et aussi attraction et
répulsion.
Vous pouvez faire votre pause, et nous continuerons.
(22 h 10. L’élocution de Jane était assez emphatique et animée tout du
long. Sa transe était bonne.
Le reste de la session était consacrée à l’interprétation que Seth a
donnée de l’un de mes rêves — Robert Butts.)
SESSION 506
LUNDI 27 OCTOBRE 1969
(Un peu après 21 heures, Jane et moi nous sommes assis pour voir si
Seth se manifesterait. J’ai dit à Jane qu’il n’était pas nécessaire qu’elle
tienne une session, mais elle était assez disposée à en avoir une si Seth le
décidait. Elle a travaillé de longues heures sur son livre et il ne lui reste
qu’un ou deux chapitres à réécrire.
Jane a eu récemment deux excellentes et longues sessions pour son cours
de perception extrasensorielle, pendant lesquelles Seth et Seth 2 se sont
manifestés, et qui comportaient un nouveau matériau.
21 h 40.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant : Ruburt n’a pas besoin de s’inquiéter d’avoir manqué
quelques sessions régulières. Il s’est exercé à la spontanéité et, de façon
assez paradoxale, la régularité de nos séances dépend de la spontanéité. Est-
ce que vous me suivez ?
(« Oui. »)
Maintenant. Les unités dont j’ai parlé n’ont aucune « vie » spécifique,
régulière et pré-ordonnée. Elles ne semblent pas suivre beaucoup de
principes scientifiques. Puisqu’elles sont la force intuitive qui se situe juste
au-delà du champ de la matière et sur laquelle la matière se forme, elles ne
suivent pas les lois de la matière, bien que, par moments, elles puissent les
imiter.
Il est pratiquement impossible de détecter une unité individuelle, car,
dans sa danse d’activité, elle devient constamment une partie d’autres unités
semblables, se dilatant et se contractant, vibrant et changeant d’intensité et
de force, et changeant de polarité. Ce dernier point est extrêmement
important.
(Une pause parmi de nombreuses autres.)
Avec le vocabulaire limité de Ruburt, cela est assez difficile à expliquer,
mais ce serait comme si les positions de vos pôles Nord et Sud changeaient
constamment, tout en maintenant la même distance relative l’un par rapport
à l’autre, et que, par leur changement de polarité, ils perturbaient la stabilité
(une pause) de la planète — à la différence près que, du fait de la force
comparativement plus grande aux pôles des unités (gestes et tentatives de
dessiner un diagramme dans l’air), une stabilité nouvelle est atteinte
presque immédiatement, après chaque déplacement. Est-ce que cela est
clair ?
(« Oui. »)
Le changement de polarité se produit au rythme de variation des
intensités émotionnelles, ou des énergies émotionnelles, si vous préférez.
L’énergie émotionnelle « initiale » qui met en mouvement une unité
donnée, et qui la forme, amène ensuite celle-ci à devenir un champ
électromagnétique fortement chargé, ayant ces caractéristiques de
changement de polarité que nous venons juste de mentionner. Les polarités
changeantes sont aussi causées par l’attraction et la répulsion provenant
d’autres unités semblables qui peuvent être attachées ou détachées. Il y a un
rythme qui sous-tend cette polarité changeante et ces variations d’intensité,
qui se produisent constamment. Mais les rythmes ont à voir avec la nature
de l’énergie émotionnelle elle-même, et non pas avec les lois de la matière.
Sans une compréhension de ces rythmes, l’activité des unités paraîtrait
désordonnée et chaotique, et il semblerait que rien ne maintienne ces unités
ensemble. D’ailleurs, elles semblent voler séparément à des vitesses folles.
Le « noyau » — en prenant maintenant l’analogie d’une cellule —, si ces
unités étaient des cellules, ce qu’elles ne sont pas, ce serait comme si le
noyau changeait constamment de position, s’envolant dans toutes les
directions, entraînant avec lui le reste de la cellule. Est-ce que vous suivez
l’analogie ?
(« Oui. »)
Les unités sont évidemment à l’intérieur de la réalité de toutes les
cellules. Maintenant. Le point de démarrage est la partie essentielle de
l’unité, comme le noyau est la partie importante de la cellule. Ce point est
l’énergie émotionnelle de départ, unique, individuelle et spécifique, qui
forme toute unité donnée. Il devient le point d’entrée dans la matière
physique.
Il est l’enceinte à trois côtés, d’où doit surgir toute matière. Ce point
forme les trois côtés autour de lui. (Des gestes, puis une pause.) Il y a une
nature explosive quand naît l’énergie émotionnelle. L’effet à trois côtés, qui
prend forme instantanément, conduit à un effet qui est un peu comme une
friction, mais cet effet provoque (encore des gestes) le changement de
position des trois côtés, ce qui fait qu’on se retrouve avec un effet
triangulaire fermé, avec le point initial à l’intérieur du triangle. Maintenant,
vous comprenez que cela n’est pas une forme physique.
(« Oui. »)
À partir de là, le point d’énergie change constamment la forme de l’unité,
mais la procédure dont je viens de faire mention doit d’abord avoir lieu.
L’unité peut devenir circulaire, par exemple. Maintenant, ces intensités
d’énergie émotionnelle, qui forment les unités, finissent par transformer
tout l’espace disponible en ce qu’elles sont. Certaines intensités et certaines
positions de polarité, entre et parmi les unités et les grands regroupements
d’unités, compriment l’énergie en une forme solide [donnant naissance à la
matière]. L’énergie émotionnelle au sein des unités est évidemment le
facteur motivant, et vous pouvez voir alors pourquoi une énergie
émotionnelle peut effectivement briser un objet physique. Vous pouvez faire
votre pause.
(21 h 10. Jane sort de transe assez rapidement, bien que celle-ci ait été
bonne. Par moments, son élocution était très rapide. Elle dit qu’elle pouvait
sentir Seth la poussant pour qu’elle laisse passer le matériau aussi
clairement que possible, sans distorsion.
Elle a eu aussi certaines images pendant qu’elle transmettait le matériau,
même si elle ne peut pas se les rappeler au moment de la pause. Elle dit que
d’habitude elle oublie toutes les images, et ne sait parfois même plus si elle
en a eu ou pas, sauf si je le lui demande spécifiquement dès que la session
est terminée ou qu’il y a une pause. Parfois, dit-elle, ces images lui
reviennent quand elle relit la transcription d’une session ; elle les reconnaît
alors.
Jane a insisté pour que l’on mentionne la chose suivante, à propos du
changement de polarité des unités : « Il ne s’agit pas seulement du
changement entre le Nord et le Sud, mais entre les opposés partout sur la
circonférence du cercle [qui servait d’analogie], l’Est et l’Ouest
s’inversant, par exemple.
Reprise à 22 h 26.)
Maintenant. L’intensité de l’énergie émotionnelle originelle contrôle
l’activité, la force, la stabilité et la taille relative de l’unité ; le rythme de sa
pulsation et le pouvoir qu’il a d’attirer et de repousser d’autres unités, ainsi
que sa capacité à se combiner avec d’autres unités.
Le comportement de ces unités change de la manière suivante. Quand
une unité est en train de se combiner à une autre, elle aligne ses composants
d’une façon caractéristique. Quand elle se sépare d’autres unités, elle les
aligne d’une manière différente. Dans chaque cas, la polarité change à
l’intérieur de l’unité. Celle-ci va la modifier en son sein, en s’adaptant au
modèle de polarité de l’unité vers laquelle elle est attirée ; et elle changera
sa polarité de telle sorte que celle-ci soit à l’inverse du modèle de l’unité
avec laquelle elle coupe le contact.
Prenez par exemple cinq mille unités alignées, formées ensemble. Elles
seraient bien sûr invisibles. Mais si vous pouviez les voir, chaque unité
individuelle aurait ses pôles alignés de la même manière. Cela semblerait
être une seule et même unité — de forme, disons, circulaire —, de sorte que
cela apparaîtrait comme un petit globe avec les pôles alignés, comme sur
votre Terre.
Si cette grande unité était ensuite attirée vers une autre, grande et
circulaire mais dont les pôles seraient orientés est/ouest, en vos termes,
alors la première changerait sa polarité, et toutes les unités à l’intérieur
d’elle feraient de même. Le point d’énergie serait à mi-chemin entre ces
pôles, quelles que soient leurs positions, et il formerait les pôles. Ceux-ci
dépendent du point d’énergie. Le point d’énergie est fondamentalement
indestructible.
Son intensité peut cependant varier dans des proportions stupéfiantes, de
sorte qu’elle pourrait être relativement trop faible et retomber, ne pas être
assez forte pour former une base pour la matière, mais se projeter dans un
autre système requérant moins d’intensité pour une « matérialisation ».
Ces unités peuvent aussi tellement gagner en intensité et en force qu’elles
forment des structures relativement permanentes au sein de votre système,
du fait de l’énergie stupéfiante qui est derrière elles. Votre Stockridge —
(Seth marque un temps d’arrêt ; Jane fronce les sourcils comme si elle
cherchait un mot.
« Oak Ridge ? »)
Non. (Un geste.) Les ruines d’un temple…
(« Oh, Baalbek ? »)
C’étaient des lieux consacrés à l’étude des étoiles. Des observatoires.
(« Oui ? » Je pense connaître probablement le mot que cherche Jane en
tant que Seth, mais je n’ai pas le temps de réfléchir et de prendre des
notes.)
Les unités tellement chargées d’énergie émotionnelle intense ont formé
pour la matière des schémas qui conservent leur force. Maintenant ces
unités, tout en apparaissant dans votre système, peuvent aussi avoir une
réalité en dehors de lui, propulsant entièrement les unités d’énergie
émotionnelle à travers le monde de la matière. Ces unités, comme je vous
l’ai dit, sont indestructibles. Elles peuvent toutefois perdre ou gagner en
puissance, retomber dans des intensités inférieures à celles de la matière, ou
bien la traverser, apparaissant comme de la matière tandis qu’elles la
traversent et se projettent à travers votre système.
Nous traiterons cette partie de leur activité séparément. Dans les cas de
ce genre, ces unités sont évidemment dans un point de transition, et dans un
état de devenir. Vous pouvez faire une pause ou terminer la session, comme
vous préférez.
(« Je crois qu’il est préférable d’arrêter. »)
Je voulais vous donner ce matériau.
(« C’est très intéressant. »)
Ce n’est qu’un début. J’aurais évité les analogies si vous n’en aviez pas
eu besoin. Un cordial bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
22 h 45. Après avoir un peu discuté, je déduis que Jane en tant que Seth
cherchait le mot « Stonehenge », en référence aux anciennes pierres
monolithiques druidiques, disposées en cercle en Angleterre. Jane dit alors
que c’était effectivement le mot que Seth essayait de lui faire dire. Elle
ignore pourquoi ce nom ne lui est pas venu pendant la transe, puisqu’elle le
connaissait et savait à quoi il correspondait.)
SESSION 509
LUNDI 24 NOVEMBRE 1969
Seth
INTRODUCTION À L’ÉDITION ORIGINALE
par Jane Roberts
Ce livre a été écrit par une personnalité nommée Seth, qui se décrit
comme « l’essence de l’énergie d’une personnalité » qui n’est plus focalisée
sur la forme physique. Seth parle à travers moi depuis maintenant sept ans,
au cours de sessions de transe qui ont lieu deux fois par semaine.
Mon initiation psychique a réellement commencé en septembre 1963,
alors que j’écrivais de la poésie. Soudain, ma conscience a quitté mon corps
et mon esprit a été assailli par des idées qui m’ont paru nouvelles et
stupéfiantes. Lorsque je suis revenue dans mon corps, je me suis rendu
compte que mes mains avaient écrit un texte automatique expliquant les
concepts que j’avais reçus, et qui portait même un titre : L’Univers physique
comme idée construite.
À la suite de cette expérience, j’ai entrepris des recherches sur l’activité
médiumnique, et j’ai décidé d’écrire un livre sur le sujet. En parallèle, mon
mari Rob et moi-même avons fait différentes expériences avec une planche
Ouija, fin 1963. Au bout de quelques sessions, le pointeur s’est mis à épeler
des messages qui affirmaient provenir d’une personnalité nommée Seth.
Rob et moi ignorions tout de la médiumnité, et quand j’ai commencé à
anticiper les réponses de la planche, il m’a paru clair qu’elles venaient de
mon subconscient. Très rapidement je me suis sentie poussée à prononcer
les mots et, en moins d’un mois, je parlais pour Seth en état de transe.
Ces messages semblaient commencer là où s’arrêtait L’Univers physique
comme idée construite, et Seth m’a dit plus tard que l’expansion de
conscience que j’avais ressentie représentait sa première tentative de
contact avec moi. Depuis, Seth a livré un manuscrit continu qui totalise à
présent plus de six mille pages dactylographiées. Nous le nommons le
« matériau de Seth », et il y est question de la nature de la matière physique,
de la réalité et du temps, du concept de Dieu, des univers probables, de la
santé et de la réincarnation. Depuis le début, les qualités évidentes de ce
matériau nous ont intrigués, et c’est la raison pour laquelle nous avons
persévéré.
Après la publication de mon premier livre dans ce domaine, j’ai reçu des
lettres de gens qui demandaient l’aide de Seth. Nous avons tenu des
sessions pour ceux qui en avaient le plus besoin. Certains habitaient trop
loin pour y assister, mais les conseils de Seth leur étaient néanmoins utiles,
et les informations personnelles, qui leur étaient données par courrier,
étaient exactes.
Rob a toujours noté chacun des mots prononcés pendant les sessions de
Seth, en utilisant sa méthode de sténo personnelle. Dans le courant de la
semaine, il tape ces notes à la machine et les ajoute à notre dossier Seth. Les
excellentes notes personnelles de Rob mettent en évidence le cadre de vie
dans lequel ces sessions se produisent. Son soutien et ses encouragements
ont été inestimables.
De notre point de vue, nous avons eu plus de six cents rendez-vous avec
l’univers – mais Rob ne décrirait jamais les choses comme cela. Ces
rendez-vous se déroulent dans un salon spacieux et bien éclairé mais, en
termes plus profonds, ils ont lieu dans la sphère non spatiale de la
personnalité humaine.
Je ne veux en aucun cas suggérer que nous détenions le moindre
monopole de la vérité, ou donner l’impression que nous attendons, en
retenant notre souffle, que jaillisse devant nous le secret des temps
immémoriaux. En revanche, je sais que chaque individu a accès à une
connaissance intuitive et peut apercevoir sa réalité intérieure. En ce sens,
l’univers parle à chacun d’entre nous. Dans notre cas, les sessions avec Seth
sont le cadre dans lequel se produit ce type de communication.
Dans The Seth Material, publié en 1970, j’ai expliqué ces évènements et
donné les vues de Seth sur divers sujets, avec des extraits de sessions. J’y ai
également décrit nos rencontres avec des psychologues et des
parapsychologues, dans l’effort que nous faisions pour comprendre cette
expérience et la replacer dans un contexte de vie ordinaire. J’y ai aussi
décrit les tests que nous avons conduits pour confirmer les capacités de
clairvoyance de Seth. De notre point de vue, il les a passés brillamment.
Il était très difficile de ne choisir que quelques extraits sur tel ou tel sujet,
dans la masse grandissante du travail de Seth. Au final, The Seth Material a
laissé de nombreuses questions sans réponse, de nombreux sujets
inexplorés. Mais nous l’avons achevé et, deux semaines plus tard, Seth
commençait à dicter le plan du présent manuscrit, qui allait lui permettre
d’exprimer ses idées sous la forme d’un livre.
Voici le plan qu’il nous en a fourni pendant la session 510, le 19 janvier
1970. Comme on le voit, Seth m’appelle Ruburt, et il nomme Rob Joseph.
Ces noms représentent notre personnalité globale, distincte de notre moi
présent orienté sur le monde physique.
« Je suis en train de travailler sur d’autres sujets que vous recevrez plus
tard, et il faut donc que vous patientiez quelques instants. J’aimerais vous
donner une idée du contenu de mon livre. Il y sera question de beaucoup de
choses. Il décrira la manière dont il est écrit et les processus qui permettent
à mes idées d’être exprimées par Ruburt, ou d’être tout simplement
traduites sous forme vocale.
« Je n’ai pas de corps physique, et cependant je vais écrire un livre. Le
premier chapitre expliquera comment et pourquoi.
(À présent [lit-on dans les notes de Rob], le débit de Jane est ralenti et
ses yeux sont souvent fermés. Elle fait beaucoup de pauses, dont certaines
assez longues.)
« Le chapitre suivant décrira ce que l’on pourrait nommer mon
environnement présent ; mes “caractéristiques” présentes et mes associés.
Je désigne par ce mot ces autres avec qui j’entre en contact.
« Le chapitre suivant décrira mon travail et les dimensions de réalité dans
lesquelles il m’entraîne ; car je voyage dans d’autres réalités tout comme je
voyage dans la vôtre, pour accomplir le but qui est le mien.
« Le chapitre suivant décrira mon passé, pour employer vos termes, et
certaines des personnalités que j’ai été et que j’ai connues. En même temps,
je poserai clairement le fait qu’il n’y a ni passé, ni présent, ni futur, et
j’expliquerai qu’il n’y a aucune contradiction avec le fait que je puisse
parler d’existences passées. Cela prendra peut-être deux chapitres.
« Le chapitre suivant racontera comment nous nous sommes rencontrés,
vous (à moi, Rob), Ruburt et moi-même, de mon point de vue bien sûr, et la
façon dont j’ai contacté la conscience intérieure de Ruburt bien avant que
vous ayez l’un ou l’autre la moindre notion des phénomènes psychiques ou
de mon existence.
« Le chapitre suivant traitera de l’expérience de toute personnalité au
moment de la mort, avec différentes variations autour de cette aventure
fondamentale. Je prendrai certaines de mes morts comme exemple.
« Le chapitre suivant concernera l’existence après la mort, dans toutes
ses variations. Ces deux chapitres toucheront à la réincarnation telle qu’elle
s’applique à la mort, avec une attention particulière à la mort au terme de
la dernière incarnation.
« Le chapitre suivant concernera les réalités affectives de l’amour et des
liens entre personnalités, et ce qu’il en advient au cours des incarnations
successives ; car certains de ces liens sont abandonnés, mais d’autres
demeurent.
« Le chapitre suivant concernera votre réalité physique telle qu’elle nous
apparaît, à moi et à mes semblables. Ce chapitre contiendra certaines
remarques assez fascinantes ; car non seulement vous formez la réalité
physique que vous connaissez, mais vous formez également, par vos
pensées, par vos aspirations et par vos émotions actuelles, d’autres
environnements parfaitement valides dans d’autres réalités.
« Le chapitre suivant concernera la validité éternelle des rêves comme
porte d’entrée vers ces autres réalités, comme zone ouverte par laquelle le
“moi interne” peut apercevoir les multiples facettes de son expérience et
communiquer avec ses autres niveaux de réalité.
« Le chapitre suivant approfondira cette question, et je raconterai
comment je suis entré dans les rêves d’autres personnes, comme instructeur
et comme guide.
« Le chapitre suivant concernera les méthodes essentielles de
communication qu’utilise toute conscience, selon son niveau, qu’il soit
physique ou non. Cela conduira à la communication de base pratiquée par
les personnalités humaines telles que vous les comprenez, et montrera que
ces communications internes existent indépendamment des sens, qui sont de
simples extensions physiques de la perception interne.
« Je dirai au lecteur comment il voit ce qu’il voit, ou entend ce qu’il
entend, et pourquoi. J’espère montrer dans tout le livre que le lecteur lui-
même est indépendant de son image physique, et j’espère lui donner des
méthodes lui permettant de vérifier mes dires.
« Le chapitre suivant racontera l’expérience des “ensembles en
pyramides”, que j’ai connue dans toutes mes existences et dont il est
question dans le matériau, ainsi que de ma propre relation avec la
personnalité que vous appelez Seth 2 ou avec des consciences
multidimensionnelles bien plus évoluées que moi.
« Mon message au lecteur sera : “Fondamentalement, votre personnalité
n’est pas plus physique que la mienne, et en vous parlant de ma réalité, je
vous parle de la vôtre.”
« Il y aura un chapitre sur les religions du monde, sur les déformations et
sur les vérités qu’elles contiennent, ainsi que sur les trois Christs et sur une
religion disparue, qui fut celle d’un peuple sur lequel vous n’avez aucune
information. Ce peuple vivait sur une planète qui se situait à l’endroit
qu’occupe à présent votre planète, “avant” qu’elle existe. Les erreurs de ce
peuple détruisirent la planète en question, et il s’est réincarné lorsque votre
planète s’est constituée. Leurs souvenirs ont été la base sur laquelle est née
la religion au sens où vous l’entendez à présent.
« Il y aura un chapitre sur les dieux probables et les systèmes probables.
« Il y aura un chapitre de questions et de réponses.
« Il y aura un chapitre final dans lequel je demanderai au lecteur de
fermer les yeux pour prendre conscience de la réalité dans laquelle j’existe,
et de sa propre réalité intérieure. Je lui indiquerai la méthode à suivre. Dans
ce chapitre, j’inviterai le lecteur à utiliser ses “sens internes” pour me voir à
sa façon.
« Mes communications passeront toujours exclusivement par Ruburt, de
façon à protéger l’intégrité du matériau, mais j’inviterai le lecteur à prendre
conscience du fait que j’existe en tant que personnalité, que la
communication avec d’autres réalités est possible et que, par conséquent, il
est lui-même ouvert à une perception qui n’est pas d’ordre physique.
« Voilà donc le plan de mon livre, mais il ne s’agit là que d’une esquisse
de mes intentions. Je ne développe pas davantage, car je ne veux pas que
Ruburt anticipe. Les difficultés inhérentes à de telles communications
seront soigneusement présentées. Il sera démontré que les communications
dites paranormales proviennent de divers niveaux de réalité, et que ces
communications décrivent la réalité dans laquelle elles existent. Je décrirai
donc la mienne, et celles que je connais.
« Cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas d’autres dimensions que je ne
connais pas.
« Je dicterai le livre au cours de nos sessions.
« Le titre de notre livre est (sourire) Seth parle, L’éternelle validité de
l’âme. J’utilise le terme âme car il a une signification immédiate pour la
plupart des lecteurs.
« Je suggère que vous vous munissiez de quelques bons stylos. »
Je connais bien le travail nécessaire pour écrire un livre, j’ai donc été très
perplexe quand Seth a parlé d’écrire le sien. Je savais qu’il en était capable,
mais je me posais quand même des questions. « Certes, son matériau est
extrêmement signifiant, mais que sait-il de l’écriture d’un livre, de
l’organisation que cela exige, ou de la manière de s’adresser directement au
public ? »
Rob me répétait de ne pas m’en faire. Nos amis et mes étudiants
s’étonnaient que je puisse avoir le moindre doute, comme si je devais être la
dernière personne à en avoir – alors que je me disais justement : qui d’autre
devrait avoir des doutes ? En tout cas, l’intention était posée ; Seth
parviendrait-il à s’y tenir ?
Seth a commencé à dicter le livre la fois suivante, pendant notre session
511, le 21 janvier 1970 ; il l’a terminé à la session 591, le 11 août 1971.
Mais il n’y a pas forcément eu de dictée pour le livre à chacune de nos
sessions. Certaines d’entre elles étaient consacrées à des sujets personnels,
d’autres étaient destinées à des personnes qui avaient besoin d’aide,
d’autres enfin venaient en réponse à des questionnements philosophiques
sans rapport avec le livre. J’ai aussi pris des « vacances » en plusieurs
occasions. En dépit de ces interruptions, Seth reprenait toujours à l’endroit
exact où il s’était arrêté.
Pendant la période où il travaillait à son livre, je passais de mon côté
quatre heures par jour à écrire mon propre livre, je donnais mon cours
hebdomadaire de perception extrasensorielle et je croulais sous la
correspondance reçue après la publication de The Seth Material. J’ai aussi
commencé à diriger un atelier hebdomadaire d’écriture.
Par curiosité, j’ai d’abord regardé les premiers chapitres du livre de Seth,
puis je me suis tenue à distance. À l’occasion, Rob me parlait d’un passage
susceptible d’intéresser mes étudiants. Pour le reste, je ne me suis plus
préoccupée du livre, satisfaite de laisser Seth s’en charger. D’une façon
générale, j’ai cessé de penser à son travail et je n’ai plus jeté le moindre
coup d’œil au manuscrit pendant plusieurs mois.
Lire le livre achevé a été une expérience délicieuse. Dans l’ensemble, il
était tout à fait nouveau pour moi, bien que chaque mot soit passé par ma
bouche et que j’aie consacré de nombreuses soirées de transe à son
élaboration. C’était une sensation particulièrement étrange pour moi,
justement parce que j’écris moi-même, parce que j’ai l’habitude d’organiser
mon propre matériau, et de veiller dessus comme une mère poule.
Avec mon expérience de l’écriture, j’ai conscience du processus par
lequel un matériau inconscient est traduit en réalité consciente. Ce
phénomène est particulièrement évident quand j’écris de la poésie. Quels
que soient les processus en jeu dans le livre de Seth, il est clair qu’une
activité non consciente et très rapide est en jeu. Il était tout naturel que je
compare ma propre expérience de création consciente avec le processus de
transe à l’œuvre dans le livre de Seth. Je voulais découvrir pourquoi j’avais
le sentiment que le livre de Seth était le sien, et pas le mien. Si les deux
livres provenaient du même inconscient, pourquoi avais-je l’impression
d’une telle différence entre les deux ?
Or cette différence était flagrante depuis le début. Quand je suis saisie par
l’inspiration, en écrivant un poème par exemple, je me sens « connectée »,
stimulée, pleine d’un sentiment d’urgence et de découverte. Un instant plus
tôt, une idée est apparue, de nulle part semble-t-il. Elle est « donnée ». Elle
apparaît, simplement, et à partir de là surgissent de nouvelles associations
créatives.
Je suis vigilante, ouverte et réceptive, suspendue dans une étrange
élasticité psychique, passive et prête à l’action. Le poème, ou l’idée en
question, est la seule chose au monde qui existe pour moi à cet instant.
C’est cet investissement personnel ainsi que le travail et le jeu permettant
« d’accoucher » de cette idée qui font que ce poème est mien.
Je connais ce genre d’expérience depuis ma plus tendre enfance. C’est la
pierre angulaire de mon existence. Sans elle, ou quand je ne travaille pas
dans ce cadre général, je suis malheureuse et désemparée. D’une certaine
manière, j’ai ce sentiment de créativité personnelle en ce moment même, en
écrivant cette introduction. Elle est mienne.
Je n’ai pas ressenti cette connexion avec le livre de Seth, et je n’ai pas eu
conscience du processus créatif à l’œuvre. J’entrais en transe, comme je le
fais pour nos sessions habituelles. Seth dictait le livre à travers moi, en
parlant par mes lèvres. Le travail de création était si éloigné de moi que, de
ce point de vue, je ne pouvais pas considérer ce matériau comme le mien. Je
reçois au contraire un produit achevé – un produit excellent, pour lequel je
suis, bien sûr, pleine de gratitude.
Je me suis rendu compte que seul mon propre travail d’écriture
m’apporte la satisfaction créatrice dont j’ai besoin : l’exploration consciente
d’un matériau inconscient et « l’excitation de la chasse ». Que Seth fasse ce
qu’il fait ne me dispense pas de faire ce que je fais. Je me sentirais
dépossédée si je ne poursuivais pas mon propre travail.
On pourrait dire, évidemment, qu’avec le livre de Seth le processus à
l’œuvre est si bien dissocié de ma conscience ordinaire que le produit final
ne provient qu’en apparence d’une autre personnalité. Je ne peux
qu’indiquer mes propres impressions, et signaler que le livre, et le
manuscrit de six mille pages formé par le matériau de Seth, ne satisfait ni
mon sentiment de responsabilité, ni mon besoin d’expression créatrice. Si
tout était issu du même inconscient, il n’y aurait, semble-t-il, aucun manque
à ce niveau.
Malgré tout, j’ai conscience d’avoir été nécessaire à l’élaboration du
livre. Seth a besoin de ma maîtrise des mots et même, je pense, de ma
tournure d’esprit. Certainement, mon expérience de l’écriture l’aide à
traduire son matériau et permet de lui donner forme, même si je le fais de
manière tout à fait inconsciente. J’imagine que certains traits de ma
personnalité ont également leur importance : notamment la facilité avec
laquelle je peux changer le point sur lequel se focalise ma conscience.
C’est ce que Seth laisse entendre dans le chapitre 4, lorsqu’il dit : « Or
les informations contenues dans ce livre sont dirigées, dans une certaine
mesure, à travers les sens internes de la femme qui est en transe pendant
que je l’écris. Cette entreprise requiert une organisation interne très précise
et une véritable formation. Ruburt ne pouvait pas recevoir d’information de
ma part, cette information ne pouvait pas être traduite ou interprétée par elle
tant qu’elle [Jane] demeurait intensément focalisée sur l’environnement
physique. »
Même si l’on considère simplement le livre de Seth comme un exemple
de production inconsciente, il démontre clairement que le discernement, le
raisonnement, l’organisation ne sont pas des qualités du seul esprit
conscient – il témoigne de l’étendue des activités dont le moi interne est
capable. Je suis sûre que je ne pourrais pas obtenir par moi-même
l’équivalent du livre de Seth. Je pourrais tout au plus en atteindre certains
points culminants, dans certains poèmes ou essais isolés, mais il leur
manquerait l’unité, la continuité, l’organisation d’ensemble qui ont été
spontanément fournies par Seth.
De plus, j’éprouve pendant les sessions certaines sensations tout à fait
uniques qui semblent compenser mon absence d’implication créatrice
consciente. Je ressens souvent l’humour et l’énergie sans bornes de Seth,
par exemple ; j’éprouve alors un sentiment de richesse affective et je
rencontre la personnalité de Seth à un niveau très étrange. Je ressens
parfaitement son humeur et sa vitalité, bien qu’elles ne s’adressent pas à
moi mais à la personne à qui Seth parle à ce moment-là. Je les sens passer
par moi.
Comme le montrent les notes de Rob, j’ai également d’autres sensations
quand je parle pour Seth. J’ai parfois des visions intérieures qui illustrent ce
que dit Seth (je reçois alors l’information sous deux formes à la fois) ou qui
sont complètement distinctes du manuscrit. Pendant les sessions, j’ai aussi
fait plusieurs fois l’expérience de « sortir de mon corps », et j’ai pu voir des
évènements qui se produisaient réellement à des milliers de kilomètres.
Ce livre est la façon dont Seth démontre que la personnalité humaine est
multidimensionnelle, que nous existons en même temps dans plusieurs
réalités, que l’âme, ou moi interne, n’est pas une chose séparée de nous,
mais le milieu même dans lequel nous existons. Il insiste sur le fait que l’on
ne trouve pas « la vérité » en allant de maître en maître, d’église en église
ou de discipline en discipline, mais en regardant à l’intérieur de soi. Le
savoir intime de la conscience, les « secrets de l’univers » ne sont donc pas
des vérités ésotériques qu’il s’agirait de garder cachées. Ces informations
sont aussi naturelles à l’homme que l’air qu’il respire, et tout aussi
accessibles à celui qui les recherche honnêtement, en remontant à leur
source intérieure.
À mon avis, Seth a écrit là un classique du genre. Après avoir
prudemment parlé de lui comme d’une « personnalité », je me sens tenue
d’ajouter que Seth est un fin psychologue et un philosophe averti, qu’il a
une profonde connaissance aussi bien de la nature humaine que des misères
et des grandeurs de la conscience humaine.
Je suis personnellement intriguée, bien sûr, qu’un tel livre ait été écrit à
travers moi, sans que mon esprit intervienne à tout moment pour vérifier et
organiser, de façon ardente et critique. Dans mon propre travail, mes
capacités d’intuition et de création s’épanouissent librement, mais mon
esprit garde résolument le contrôle. Pourtant, ce livre ne s’est pas écrit
« tout seul », comme cela peut arriver avec certains poèmes. Un écrivain
peut aussi dire que son livre s’est écrit tout seul, et je comprends ce que cela
veut dire. Ce livre-ci, cependant, ne vient pas seulement de l’extérieur ; il a
une source spécifique ; il est coloré par la personnalité de son auteur, qui
n’est pas la mienne.
Toute cette aventure créatrice consiste peut-être en l’élaboration d’une
personnalité, Seth, qui écrit ensuite des livres. Seth est peut-être une
création au même titre que son livre. Dans ce cas, c’est un excellent
exemple d’art multidimensionnel, accompli à un niveau de non-conscience
si riche que « l’artiste » elle-même ne reconnaît pas son œuvre, que celle-ci
l’intrigue autant que n’importe qui.
C’est une hypothèse intéressante. D’ailleurs, Seth parle d’art
multidimensionnel. Mais il fait plus qu’écrire des livres. C’est une
personnalité pleinement développée, qui s’intéresse à beaucoup de choses :
écrire, enseigner, aider les autres. Son sens de l’humour est tout à fait
personnel et différent du mien. Il est malin ; plus terre à terre qu’éthéré dans
ses manières. Il sait expliquer simplement des théories complexes, dans une
relation de personne à personne. Plus important encore, il applique ces idées
à la vie de tous les jours.
Fréquemment, Seth apparaît aussi dans les rêves de mes étudiants. Il leur
donne des instructions utiles, qu’il s’agisse de mettre en œuvre leurs
facultés ou d’atteindre des objectifs particuliers. Presque tous mes étudiants
font des « rêves de cours », dans lesquels Seth s’adresse à eux en groupe et
les incite à faire certaines expériences dans leur rêve. Ils le voient parfois
comme dans le portrait qui a été peint par Rob. D’autres fois, il parle sous
ma forme, comme pendant les sessions ordinaires. Il m’est arrivé de me
réveiller au moment où l’une de ces sessions de rêve se déroulait, et les
paroles de Seth résonnaient encore dans ma tête.
Il n’y a rien d’étonnant, bien entendu, à ce que mes étudiants rêvent de
Seth ou de moi. Mais Seth a acquis à leurs yeux une autonomie ; il est
devenu un vecteur d’instructions, même en rêve. Autrement dit, Seth est
entré dans l’esprit et la conscience d’un grand nombre de personnes, en plus
de produire son matériau ininterrompu et ce livre.
En sept ans, c’est une belle réussite pour une personnalité, quel que soit
son statut. Pour une personnalité non physique, c’est tout à fait étonnant. Il
semble excessif d’attribuer toute cette activité à une émanation de
l’inconscient. (Dans le même temps, j’ai publié deux livres, j’en ai terminé
un autre et j’en ai commencé un quatrième. Je donne ces précisions pour
montrer que Seth n’a pas du tout absorbé ma propre créativité.)
Quand nous faisons référence à Seth, Rob et moi ne parlons pas d’esprit ;
nous n’aimons pas les connotations liées à ce terme. À vrai dire, notre
objection porte sur l’idée conventionnelle qu’on se fait d’un esprit – idée
qui n’est qu’une extension de notions assez limitées sur la personnalité
humaine, projetées à peu près intactes dans une vie future. On peut voir
Seth comme une dramatisation de l’inconscient ou comme une personnalité
indépendante. Personnellement, je ne vois pas en quoi il y aurait là
contradiction. Seth peut être une dramatisation qui joue un rôle tout à fait
réel – et qui explique, dans les seuls termes que nous puissions comprendre,
sa réalité plus vaste. C’est mon opinion à l’heure actuelle.
D’abord, le terme « inconscient » me semble pauvre. Il évoque mal le
système psychique pleinement ouvert, aux racines profondément
entrelacées unissant toutes sortes de consciences – le réseau auquel nous
sommes tous connectés, d’où notre personnalité émerge et qui est formé par
elle. Cette source contient les données du passé, du présent et du futur ; seul
l’ego a le sentiment du temps tel que nous le connaissons. Je crois que ce
système ouvert contient aussi d’autres types de conscience que la nôtre.
À partir de ma propre expérience, en particulier dans les états de sortie du
corps, j’ai acquis la conviction que la conscience ne dépend pas de la
matière physique. Certes, l’expression physique est mon mode principal
d’existence en ce moment, mais je n’en conclus pas que toute conscience
est forcément orientée de cette manière. Il me semble que seul l’ego le plus
aveugle oserait définir la réalité selon ses propres termes, ou projeter sa
propre expérience, ses propres limites sur le reste de l’existence.
J’accepte l’idée de personnalité multidimensionnelle décrite par Seth
dans son livre, parce que mon expérience et celle de mes étudiants semblent
la confirmer. Je pense aussi que, dans cette source illimitée et ce système
ouvert de conscience, il existe un Seth autonome qui fonctionne en des
termes complètement différents des nôtres.
En quels termes ? En toute honnêteté, je l’ignore. C’est dans un court
texte intuitif, écrit pour mon cours de perception extrasensorielle, que je me
suis le plus rapprochée de mon sentiment sur la question ; j’ai tenté d’y
clarifier mes idées, pour moi autant que pour mes étudiants. Rob m’avait
expliqué ce qu’étaient les « Parleurs », comme Seth les nomme dans son
livre : des personnalités qui n’ont eu de cesse de parler à l’homme à travers
les âges et de lui rappeler sa connaissance intérieure, pour que celle-ci ne
soit jamais complètement oubliée. Cette idée évocatrice m’a inspiré le petit
texte qui suit. Il indique le cadre dans lequel, à mon avis, Seth et ses
semblables sont susceptibles d’exister.
Jane Roberts
Elmira, État de New York
le 27 septembre 1971
SESSION 511
MERCREDI 21 JANVIER 1970
SESSION 512
MARDI 27 JANVIER 1970
SESSION 513
JEUDI 5 FÉVRIER 1970
(Il est 22h16. Jane fait une pause et se frotte les yeux.)
Nous allons commencer le chapitre 2.
Mon environnement est très différent (avec humour) de celui de mes
lecteurs – c’est le moins qu’on puisse dire – et je peux cependant vous
assurer qu’il est tout aussi varié, brillant, vital. Il est beaucoup plus plaisant
(même si mon idée du plaisir s’est modifiée depuis que je ne suis plus un
être physique) parce que beaucoup plus gratifiant, et aussi parce qu’il offre
beaucoup plus de possibilités d’accomplissement créatif.
Mon existence présente est la plus stimulante de toutes celles que j’ai
connues, et j’en ai connu beaucoup, qu’elles soient physiques ou non. La
conscience non physique n’est pas limitée à une seule dimension – pas plus
que, dans le monde physique, votre planète n’est limitée à un seul pays, ou
votre système solaire à une seule planète.
Cela dit, mon environnement n’est pas celui dans lequel vous vous
retrouverez juste après la mort. Je ne peux m’empêcher de vous le dire sur
le ton de l’humour, mais le fait est qu’il faut mourir bien des fois avant
d’entrer dans ce plan particulier d’existence. La naissance occasionne un
choc bien plus grand que la mort. Il arrive qu’on ne se rende pas compte
que l’on meurt, alors que la naissance entraîne presque toujours une prise de
conscience soudaine et violente. Il n’y a donc aucune raison de craindre la
mort. Et moi qui suis mort plus souvent que je ne saurais le dire, j’écris ce
livre pour vous l’indiquer.
Mon travail dans cet environnement présente des défis qu’aucun d’entre
vous ne connaît ; il suppose aussi le maniement de matériaux de création
qui dépassent pratiquement votre capacité de compréhension actuelle. Je
vais vous en dire plus sur ce point ; mais il faut que vous compreniez
d’abord qu’il n’existe pas de réalité, hormis celle qui est créée par la
conscience. C’est toujours la conscience qui crée la forme, et non l’inverse.
Mon environnement est donc une réalité d’existence créée par moi-même et
par mes semblables ; il représente la manifestation de notre développement.
Nous n’utilisons pas de structures permanentes. Il n’existe pas, par
exemple, de ville dont je serais résident. Je ne veux pas dire que nous nous
trouvons dans un espace vide. Mais nous ne pensons pas l’espace dans les
mêmes termes que vous, et nous formons les images que nous souhaitons
voir autour de nous.
Celles-ci sont créées par nos schémas mentaux, tout comme votre propre
réalité physique est créée en réplique fidèle de vos pensées et de vos désirs.
Vous pensez que les objets existent indépendamment de vous ; vous ne vous
rendez pas compte qu’ils sont au contraire la manifestation de votre moi
psychologique et psychique. Nous savons que nous formons notre propre
réalité ; et nous le faisons avec un abandon créatif et une joie considérable.
Vous seriez complètement désorientés dans mon environnement, car il vous
paraîtrait dépourvu de cohérence.
Nous connaissons les lois internes qui gouvernent toute
« matérialisation ». Je peux accomplir n’importe quelle matérialisation, jour
et nuit, à toute époque de l’histoire, selon vos critères. Ces formes
changeantes ne gênent aucunement mes associés, car ils les voient comme
des indices immédiats de mon humeur, de mes sentiments et de mes idées.
(Tout en livrant ce paragraphe, Jane, toujours en transe, va dans la
cuisine et fouille pour trouver des allumettes ; elle veut allumer une
cigarette.)
La permanence et la stabilité ne dépendent pas de la forme, mais de
l’intégration du plaisir, de l’intention et du niveau d’accomplissement d’une
identité donnée. Je « voyage » dans divers niveaux d’existence pour y
accomplir ma tâche, qui est essentiellement celle d’un enseignant et d’un
éducateur et, à l’intérieur de ces systèmes, j’emploie les supports et les
techniques qui me sont les plus utiles.
Autrement dit, je peux enseigner la même leçon de bien des manières
différentes, en fonction des capacités et des croyances inhérentes à chacun
des systèmes dans lesquels je dois œuvrer. J’emploie dans ces
communications – et pour ce livre – une partie de moi-même qui est choisie
par mon identité parmi les nombreuses personnalités dont elle dispose.
Dans d’autres systèmes, la personnalité particulière de Seth adoptée ici par
moi – c’est-à-dire par une identité plus large de Seth – ne serait pas
comprise.
Car tous les systèmes de réalité ne sont pas orientés sur le monde
physique, et certains ignorent tout de la forme physique. Le sexe, tel que
vous le comprenez, ne fait pas non plus partie de leur nature. C’est pourquoi
je ne choisirais pas d’y établir mes communications sur la base d’une
personnalité masculine ayant vécu de nombreuses existences physiques, ce
qui est pourtant une partie tout à fait valide et légitime de mon identité.
Vos doigts sont-ils fatigués ?
(« Non, ça va. » 22h54.)
Maintenant. Dans mon propre environnement, j’utilise la forme qui me
plaît ; elle peut varier, et varie en effet, selon la nature de mes pensées. En
ce qui vous concerne, vous formez votre image physique à un niveau
inconscient, à peu près de la même manière, mais avec quelques différences
de taille. En général, vous ne vous rendez pas compte que votre corps est
créé par vous à tout instant selon l’idée que vous vous faites de vous-
même ; et qu’il enregistre d’importantes variations chimiques et
électromagnétiques selon le rythme toujours changeant de vos pensées.
Ayant reconnu depuis longtemps que la forme dépend de la conscience,
nous avons tout simplement acquis la capacité de changer complètement
notre forme, de façon à ce qu’elle suive plus fidèlement chaque nuance de
notre expérience intérieure.
Vous pouvez faire une pause ou terminer la session, comme vous
préférez.
(« Faisons une pause. »
23h00. La transe de Jane a été bonne, bien qu’elle en sorte assez
rapidement. Elle me dit qu’elle savait quels mots elle prononçait pendant la
session, mais qu’elle les oubliait aussitôt. À 23h05, cependant, elle se rend
compte qu’elle « n’en est pas complètement sortie » pendant la pause.
Reprise à 23h07.)
Maintenant. Cette aptitude à changer de forme est une caractéristique
inhérente à toute conscience. Seul varie le degré de compétence et
d’accomplissement. Vous pouvez constater la même chose dans votre
propre système, dans une version ralentie, lorsque vous observez les formes
changeantes prises par la matière vivante au long de son histoire
« évolutionniste ».
Or nous pouvons prendre plusieurs formes en même temps, pourrait-on
dire ; mais vous aussi, même si vous ne vous en rendez pas compte en
général. Votre forme physique peut reposer sur votre lit, endormie et inerte,
pendant que votre conscience voyage, sous forme de rêve, vers des endroits
fort éloignés. Et dans le même temps, vous créez peut-être une « forme
pensée » de vous-même, identique à vous en tout point, qui peut apparaître
dans la chambre d’un ami sans que vous vous en rendiez compte du tout. La
conscience n’est donc pas limitée quant aux formes qu’elle peut créer à tout
instant.
D’un point de vue pratique, nous sommes beaucoup plus avancés que
vous dans cette direction, et lorsque nous créons ces formes, c’est en pleine
connaissance de cause. Je partage le champ de mon existence avec d’autres
qui ont plus ou moins les mêmes défis à relever, et les mêmes schémas
globaux de développement. J’en connais certains et d’autres non. Nous
communiquons par télépathie mais, encore une fois, la télépathie est aussi le
fondement de vos langages, et sans elle leur symbolisme n’aurait aucun
sens.
Le fait que nous communiquions réellement sur ce mode ne signifie pas
nécessairement que nous utilisions des mots mentaux – et nous n’en
utilisons pas. Nous communiquons plutôt par ce que je ne peux que décrire
comme des images thermiques et électromagnétiques, dont une
« séquence » contient beaucoup plus de sens que les mots. L’intensité de la
communication dépend de l’intensité affective qui la sous-tend, bien que
l’expression « intensité affective » puisse induire en erreur.
Nous ressentons bien un équivalent de ce que vous appelez les émotions,
mais celles-ci ne sont pas l’amour, la haine ou la colère telles que vous les
connaissez. La meilleure manière de décrire vos sentiments, c’est de les
considérer comme la matérialisation dans le monde en trois dimensions
d’expériences et d’évènements psychologiques bien plus vastes, reliés aux
« sens internes ».
Je vais vous expliquer ces sens internes plus loin, à la fin du chapitre. Il
suffit de dire ici que nous ressentons une expérience affective forte, bien
qu’elle diffère de la vôtre de façon importante. Elle est moins limitée et
beaucoup plus expansive, car nous avons aussi connaissance du « climat »
affectif dans son ensemble, et nous y réagissons. Nous sommes beaucoup
plus libres que vous de sentir et de ressentir, parce que nous n’avons pas la
même crainte d’être emportés par nos sentiments.
Les émotions fortes des autres, par exemple, ne nous font pas craindre
pour notre propre identité. Nous pouvons voyager dans les émotions d’une
manière qui ne vous est pas naturelle aujourd’hui, et les traduire en des
facettes de créativité avec lesquelles vous n’êtes pas familiers. Nous ne
ressentons pas le besoin de dissimuler nos émotions, car nous savons que ce
n’est ni possible ni souhaitable. À l’intérieur de votre système, les émotions
peuvent sembler gênantes parce que vous n’avez pas encore appris à vous
en servir. Nous apprenons enfin leur plein potentiel et les pouvoirs de
création qui leur sont liés.
Nous allons arrêter là notre session.
(« D’accord. »)
Mes sincères salutations à vous deux, et un chaleureux bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. C’était très bien. »
Parlant toujours pour Seth, Jane se penche en avant. Avec humour.) Vous
êtes notre premier lecteur.
(« Oui. C’est un plaisir. »
23h37. Jane dit qu’elle était complètement ailleurs. Tout ce qu’elle sait,
c’est que Seth a parlé des émotions.)
SESSION 514
LUNDI 9 FÉVRIER 1970
(21h35. Carl et Sue Watkins, et leur bébé Sean, assistent à cette session.
Carl et Sue font partie du cours de perception extrasensorielle de Jane.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Bonsoir à nos amis. Vous êtes venus voir un auteur au travail ; nous
allons donc continuer le chapitre 2, si vous le voulez bien.
Maintenant. Comme nous nous rendons compte que notre identité ne
dépend pas de la forme, nous ne craignons pas d’en changer ; nous savons
que nous pouvons adopter toutes les formes que nous désirons.
Nous ne connaissons pas la mort, selon vos termes. Notre existence nous
entraîne dans de nombreux environnements, et nous nous y mêlons (geste).
Concernant la forme, nous nous conformons aux règles en vigueur dans ces
environnements. Nous sommes tous enseignants, et nous adaptons nos
méthodes pour qu’elles puissent être comprises par des personnalités qui se
font une idée différente de la réalité.
La conscience ne dépend pas de la forme, je l’ai dit ; pourtant la
conscience cherche toujours à créer de la forme. Nous n’existons dans
aucun cadre temporel comparable à celui que vous connaissez. Les minutes,
les heures, les années ont perdu pour nous à la fois leur sens et leur
fascination. Cependant, nous sommes parfaitement au fait des situations
temporelles présentes dans d’autres systèmes, et nous les prenons en
compte dans nos communications. Sinon, ce que nous disons ne serait pas
compris.
Il n’existe pas de séparation réelle entre les systèmes dont je parle. La
seule barrière résulte des différences dans la capacité des personnalités à
percevoir et à fonctionner. Ainsi, vous existez au milieu de nombreux autres
systèmes de réalité, mais vous ne les percevez pas. Et même lorsqu’un
évènement provenant de ces systèmes fait irruption dans votre existence
tridimensionnelle, vous êtes incapables de l’interpréter, car le fait même de
passer de l’un à l’autre le déforme.
Je vous ai dit que nous ne faisons pas l’expérience de votre séquence
temporelle. Nous voyageons à travers des intensités différentes. Notre
travail, notre développement et notre expérience se situent entièrement dans
ce que j’appelle le « point-instant ». Là, dans ce point-instant, la plus petite
pensée est menée à sa pleine réalisation, la plus infime possibilité est
explorée, les différentes probabilités sont minutieusement examinées, les
sentiments les plus légers comme les plus puissants sont considérés. Tout
cela est difficile à expliquer clairement, mais le point-instant est le cadre
dans lequel nous vivons notre expérience psychologique. En lui, les actions
simultanées se suivent « librement », par le biais de schémas associatifs. Par
exemple, Joseph, imaginez que je pense à vous. Ce faisant, je perçois
immédiatement – et pleinement – votre passé, votre présent et votre avenir
(selon vos termes), ainsi que toutes les émotions et les motivations
profondes qui vous gouvernent. Je peux voyager avec vous à travers ces
expériences, si j’en fais le choix. Nous pouvons ainsi suivre une conscience
à travers toutes ses formes et cela, selon vos critères, en un clin d’œil.
Or il faut qu’une identité ait étudié, qu’elle ait une véritable expérience,
un développement avancé, pour savoir maintenir sa stabilité face à des
stimuli aussi constants ; et nombre d’entre nous se sont perdus, allant
jusqu’à oublier qui ils étaient, avant de se réveiller de nouveau eux-mêmes.
Maintenir cette stabilité nous est devenu pratiquement automatique. Parmi
l’infinie variété des consciences, nous ne connaissons qu’un petit
pourcentage de toutes les banques de personnalités existantes. Pour nos
« vacances », nous rendons visite à des formes de vie très simples et nous
nous fondons en elles.
D’une certaine manière, nous nous autorisons la relaxation et le sommeil,
car nous pouvons passer un siècle à être un arbre ou une forme de vie non
complexe dans une autre réalité. Nous enchantons notre conscience avec le
plaisir d’une existence simple. Nous pouvons, voyez-vous, créer la forêt
dans laquelle nous poussons. D’habitude, cependant, nous sommes très
actifs, et toute notre énergie est concentrée sur notre travail et sur de
nouveaux défis.
Nous pouvons, si nous le souhaitons, former d’autres personnalités à
partir de nous-mêmes, à partir de notre propre intégralité psychologique.
Celles-ci doivent cependant se développer en fonction de leurs mérites
respectifs, en employant les capacités de création qui leur sont inhérentes ;
elles sont libres de suivre leur propre chemin. Nous ne les créons donc pas à
la légère.
À présent, vous pouvez faire votre première pause, puis nous
continuerons.
(22h02. La transe de Jane a été profonde. Elle dit qu’elle était épuisée
avant la session. Nous avons passé l’après-midi à déplacer des meubles.
Pourtant, ce soir, rien ne semble troubler Seth ; pas même Sean qui tète.
Reprise, au même rythme rapide, à 22h20.)
Maintenant. Chaque lecteur est une partie de sa propre entité, et son
développement le rapproche du genre d’existence qui est le mien. Pendant
l’enfance, et dans le rêve, chaque personnalité se rend compte, jusqu’à un
certain point, de la liberté réelle dont dispose sa propre conscience
intérieure. Les facultés dont je parle sont donc des caractéristiques
inhérentes à la conscience en général, et à chaque personnalité en
particulier.
Mon environnement, je vous l’ai dit, change constamment ; mais le vôtre
aussi. Lorsque cela se produit, vous vous donnez de bonnes raisons pour
rejeter la perception intuitive parfaitement légitime que vous en avez. Par
exemple, si une pièce vous semble soudain petite et encombrée, vous partez
du principe que ce changement de dimensions est imaginaire et que la pièce
n’a pas changé, malgré votre impression.
Le fait est que, dans ces conditions, la pièce aura réellement changé, et de
façon majeure, bien que ses dimensions physiques soient toujours les
mêmes. L’impact psychologique de la pièce dans son ensemble a été
modifié. Cet effet sera ressenti par d’autres aussi bien que par vous-même.
Elle attirera certains types d’évènements plutôt que d’autres, et modifiera
également votre structure psychologique et votre production d’hormones.
Vous réagissez donc à l’état modifié de la pièce de manière tout à fait
physique, bien que sa longueur ou sa largeur en centimètres semblent
n’avoir pas changé.
J’ai demandé à notre ami Joseph de souligner le mot « semblent » parce
que vos instruments de mesure n’indiqueraient aucun changement physique
– car les instruments contenus dans cette pièce auront eux-mêmes changé
de façon semblable.
Vous modifiez constamment l’allure, la silhouette, la forme et la
signification de votre corps physique et de votre environnement le plus
intime, bien que vous fassiez tout votre possible pour ignorer ces
modifications constantes. À l’opposé, nous leur donnons libre cours ; nous
savons que nous sommes motivés par une stabilité intérieure qui peut
parfaitement se permettre la spontanéité et la création ; et nous comprenons
que l’identité spirituelle et psychologique repose sur le changement
créateur.
Notre environnement est donc composé de déséquilibres exquis, dans
lesquels le changement s’exerce en toute liberté. Votre structure temporelle
entraîne chez vous l’idée fausse selon laquelle la matière physique est
relativement permanente ; et vous fermez les yeux sur les changements
continuels qui s’y produisent. Vos sens physiques font tout ce qu’ils peuvent
pour vous confiner dans la perception d’une réalité entièrement formatée.
En général, l’intuition, le sommeil et le rêve peuvent seuls vous permettre
de percevoir la nature joyeusement changeante de votre propre conscience,
comme de toutes les autres.
L’un de mes devoirs est de vous éclairer sur ces sujets. Pour cela, nous
devons employer des concepts qui vous soient au moins un peu familiers.
Nous utilisons donc les parties de nos propres personnalités qui peuvent
avoir un sens pour vous.
Notre environnement n’a pas de fin. Selon vos termes, on n’y manque ni
de temps ni d’espace pour fonctionner. Les conditions qui y règnent
représenteraient une pression énorme pour toute conscience dépourvue du
bagage et du développement nécessaires. Nous ne disposons pas d’un
univers unique, simple et confortable, dans lequel nous cacher. Nous
demeurons vigilants quant à d’autres systèmes de réalité parfaitement
étrangers, qui clignotent à la lisière de la conscience telle que nous la
connaissons. Il existe une bien plus grande variété dans les types de
conscience que dans les formes physiques ; chaque conscience dispose de
schémas de perception qui lui sont propres et demeure à l’intérieur de son
propre système de camouflage. Mais chacune d’entre elles a une
connaissance interne de la réalité qui existe à l’intérieur de tout camouflage,
et qui compose toute réalité, quel que soit le nom qu’on lui donne.
Vous pouvez faire une pause.
(De 22h44 à 22h56.)
Nombre de ces libertés vous sont parfaitement naturelles lorsque vous
rêvez, et vous formez souvent des environnements oniriques pour exercer
ces potentiels. J’aurai plus tard quelques remarques à faire sur la manière
dont vous pouvez apprendre à reconnaître vos propres exploits, et les
comparer avec ce dont vous êtes capables dans la vie physique quotidienne.
Vous pouvez donc apprendre à changer votre environnement physique en
apprenant à changer, et à manipuler, votre environnement onirique. Vous
pouvez aussi vous suggérer à vous-même de faire des rêves spécifiques
dans lesquels apparaissent les changements que vous souhaitez et, dans
certaines conditions, les mêmes changements apparaîtront dans votre réalité
physique. Or vous le faites souvent, sans vous en rendre compte.
La conscience globale adopte différentes formes – elle n’est d’ailleurs
pas toujours dans une forme. Toutes les formes ne sont pas physiques ;
certaines personnalités n’ont donc jamais été physiques. Elles ont évolué
selon des voies différentes, et leur structure psychologique vous paraîtrait
totalement étrangère.
Dans une certaine mesure, je voyage aussi dans ce type d’environnement.
Cependant, la conscience doit se montrer : elle ne peut pas ne pas être. Elle
n’est pas physique et doit donc manifester son activation d’une autre
manière. Dans certains systèmes, par exemple, elle forme des modèles
mathématiques et musicaux hautement intégrés, qui jouent eux-mêmes le
rôle de stimuli pour d’autres systèmes universels. Mais je ne suis pas très au
fait de ces systèmes et je ne peux guère en parler.
Il n’existe pas de structure permanente dans mon environnement mais,
comme je vous l’ai dit, dans le vôtre non plus. Je me rends compte que je
communique en ce moment à travers Ruburt, mais chacun de vous
communique de différentes manières par télépathie avec d’autres
personnalités, et par leur intermédiaire – même si vous n’avez pas vraiment
conscience de cet exploit.
Je vais à présent terminer cette session. Je chanterais bien une berceuse –
ceci n’est pas pour le livre – à notre jeune ami (Sean Watkins, qui s’est
remis à téter), mais je ne suis pas en voix.
Mes meilleures salutations à vous tous. Un chaleureux bonsoir. (Amusé,
et avec une certaine insistance.) Ceci constitue à la fois la première et la
dernière version.
(« Bonne nuit, Seth. Merci, c’était très intéressant. »
23h08. La dernière remarque de Seth répond à Sue qui a demandé, au
cours de la soirée, quelle quantité de corrections serait nécessaire pour ce
livre. Pour l’instant, Jane pense qu’il n’y en aura aucune, à part la
reformulation éventuelle d’une expression maladroite.)
SESSION 515
MERCREDI 11 FÉVRIER 1970
(21h20.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Revenons au chapitre 2.
Les sens que vous utilisez créent, de manière très réelle, l’environnement
que vous percevez. Vos sens physiques vous obligent à percevoir une réalité
en trois dimensions. Cependant, la conscience est équipée de moyens de
perception interne qui sont inhérents à toute conscience, quel que soit son
degré de développement. Ces moyens de perception sont tout à fait
indépendants de ceux qu’adopte une conscience donnée lorsqu’elle prend
une forme spécifique, un corps physique par exemple, pour fonctionner
dans un système donné.
Chaque lecteur a donc des sens internes et s’en sert en permanence, bien
que son ego ne s’en rende pas compte. En ce qui nous concerne, nous
utilisons les sens internes en toute liberté et en toute conscience. Si vous en
faisiez autant, vous percevriez le type d’environnement dans lequel j’existe.
Vous verriez une situation sans camouflage, dans laquelle les évènements et
la forme sont libres, au lieu d’être pris dans une gelée temporelle. Par
exemple, au lieu de voir votre salon uniquement comme un ensemble de
meubles apparemment permanents, vous y verriez aussi, en changeant votre
focalisation, la danse constante, incommensurable, des molécules et des
particules qui composent les différents objets.
Vous verriez une lumière phosphorescente, qui est l’aura des
« structures » électromagnétiques composant les molécules elles-mêmes.
Vous pourriez, si vous le vouliez, condenser votre conscience jusqu’à ce
qu’elle soit assez petite pour voyager à l’intérieur d’une seule molécule et,
depuis le monde propre à cette molécule, percevoir et observer l’univers de
la pièce, les étoiles de gigantesques galaxies, toutes reliées et en perpétuel
mouvement. Or chacune de ces possibilités représente une réalité légitime.
La vôtre n’est pas plus légitime qu’une autre, mais c’est la seule que vous
percevez.
En utilisant les sens internes, nous devenons des créateurs conscients, des
cocréateurs. Vous êtes des cocréateurs non conscients, que vous le sachiez
ou non. Si notre environnement vous paraît non structuré, c’est uniquement
parce que vous ne comprenez pas la nature réelle de l’ordre, qui n’a rien à
voir avec la permanence de la forme et qui paraît cependant avoir une
forme, de votre point de vue.
Quatre heures de l’après-midi ou neuf heures du soir n’existent pas dans
mon environnement. Je veux dire par là que je ne suis pas astreint à une
séquence temporelle. Mais rien ne m’empêche d’en faire l’expérience si je
le souhaite. Nous ressentons le temps, ou quelque chose que vous
considéreriez comme de même nature, en termes d’intensité d’expérience –
un temps psychologique, avec les sommets et les vallées qui lui sont
propres.
Cela ressemble un peu à ce que vous ressentez quand le temps vous
semble accéléré, ou au contraire ralenti, mais avec quelques différences
fondamentales. En termes d’environnement, notre temps psychologique est
comme une pièce dont les murs changeraient continuellement de couleur, de
hauteur, de largeur et d’épaisseur.
Nos structures psychologiques sont différentes, d’un point de vue
pratique, car nous utilisons consciemment une réalité psychologique
multidimensionnelle qui vous est constitutive, mais que votre ego ne
reconnaît pas. Il est donc naturel que notre environnement ait des
caractéristiques multidimensionnelles que vos sens physiques ne peuvent
pas percevoir.
D’ailleurs, en dictant ce livre, je projette une partie de ma réalité à un
niveau indifférencié, situé entre les systèmes et plus ou moins dépourvu de
camouflage. C’est une zone relativement inactive. Si l’on pense en termes
de réalité physique, cette zone pourrait être comparée à une couche située
immédiatement au-dessus de l’atmosphère de votre Terre. Mais je parle
d’atmosphère psychologique et psychique, et cette zone est suffisamment
éloignée du moi orienté sur le monde physique de Ruburt pour que la
communication puisse être relativement compréhensible.
En un sens, cette couche est éloignée de mon propre environnement car,
dans celui-ci, j’aurais du mal à transmettre de l’information en termes
orientés vers le monde physique. Vous devez comprendre, quand je parle
d’éloignement, que je ne fais pas référence à l’espace.
Vous pouvez faire une pause.
(21h56. La transe de Jane a été bonne, mais elle en sort presque
instantanément. Reprise à 22h22.)
La création et la perception sont liées de façon beaucoup plus intime que
ne le conçoivent vos scientifiques.
Il est absolument vrai que vos sens physiques créent la réalité qu’ils
perçoivent. Un arbre est bien différent selon qu’il est vu par un microbe, un
oiseau, un insecte ou un homme qui se trouve à son pied. Je ne dis pas que
l’arbre paraît différent ; il est différent. Vous percevez sa réalité par le biais
d’un ensemble de sens très spécifiques. Cela ne veut pas dire que sa réalité
existe sous cette forme d’une manière plus essentielle que sous la forme
perçue par le microbe, l’insecte ou l’oiseau. Vous n’arrivez à percevoir la
réalité de cet arbre que dans un seul contexte, d’ailleurs parfaitement
valide : le vôtre. Cela s’applique à tout ce qui se trouve dans le système
physique que vous connaissez.
Ce n’est pas que la réalité physique soit fausse. Mais l’image physique
n’est que l’une des façons de percevoir les divers déguisements par lesquels
la conscience s’exprime. Les sens physiques vous obligent à traduire toute
expérience en perception physique. Les sens internes ouvrent votre champ
de perception ; ils vous permettent d’interpréter l’expérience d’une manière
beaucoup plus libre et de créer de nouvelles formes, de nouveaux canaux
par lesquels vous pouvez vous connaître vous-mêmes, comme toute
conscience quelle qu’elle soit.
La conscience est, entre autres choses, un exercice spontané de créativité.
Vous êtes en ce moment en train d’apprendre, dans un cadre en trois
dimensions, la manière dont votre existence affective et psychique peut
créer une diversité de formes physiques. Vous accomplissez certaines
manipulations à l’intérieur de l’environnement psychique, et ces
manipulations sont automatiquement imprimées dans le moule physique.
Notre environnement est intrinsèquement créateur, d’une façon différente
du vôtre. Le vôtre est créateur, par exemple, dans le sens où les arbres
portent des fruits, où il existe un principe d’autosubstantiation, où la Terre
alimente les siens. Ces aspects naturellement créateurs sont la
matérialisation des inclinations psychiques, spirituelles et physiques les plus
profondes de votre espèce, mises en place il y a une éternité, selon vos
termes ; ils font partie de la banque raciale des connaissances psychiques.
Nous dotons les éléments de notre environnement d’une créativité encore
plus vaste, qu’il est difficile d’expliquer. Chez nous, par exemple, il ne
pousse pas de fleurs. Mais l’intensité et la force psychique concentrée de
notre nature psychologique forment de nouvelles dimensions d’activité. Si
vous peignez un tableau dans la réalité tridimensionnelle, le tableau doit
être sur une surface plane ; il ne peut que faire allusion à l’expérience
tridimensionnelle, il ne peut pas l’inclure. Dans notre environnement, en
revanche, nous pouvons réellement créer tous les effets dimensionnels que
nous souhaitons. Nous ne sommes pas seuls à posséder ces capacités. Elles
font également partie de votre héritage. Comme vous le verrez plus loin
dans ce livre, vous exercez vos sens internes et vos capacités
multidimensionnelles plus fréquemment qu’il n’y paraît, dans d’autres états
de conscience que votre état réveillé ordinaire.
Comme mon environnement ne contient pas d’éléments physiques faciles
à définir, vous allez pouvoir comprendre sa nature par déduction, quand
j’aborderai, au fil du livre, des sujets qui s’y rapportent.
Votre environnement physique vous apparaît comme il le fait à cause de
votre structure psychologique. Si vous acquerriez le sentiment de votre
continuité personnelle par des processus associatifs plutôt que par
familiarité avec un moi qui se déplace dans le temps, vous ressentiriez la
réalité physique d’une manière totalement différente. Les objets du passé et
du présent seraient perçus en même temps, leur présence étant justifiée par
des liens d’association. Mettons qu’au cours de son existence, votre père ait
eu un certain nombre de sièges auxquels il était particulièrement attaché. Si
vos mécanismes perceptifs résultaient d’associations intuitives plutôt que
d’une séquence temporelle, vous percevriez tous ces sièges en même
temps ; il suffirait d’en voir un pour avoir connaissance des autres.
L’environnement n’est donc pas une chose séparée en soi, mais le résultat
de schémas perceptifs, et ceux-ci sont déterminés par une structure
psychologique.
Donc, si vous voulez savoir à quoi ressemble mon environnement, il vous
faut comprendre ce que je suis. Pour vous l’expliquer, je vais devoir parler
de la nature de la conscience en général. Ce faisant, je vous parlerai
finalement beaucoup de vous-mêmes. Les parties internes de votre identité
se rendent déjà compte d’une bonne partie de ce que je vais vous dire. Mon
but est notamment de transmettre à votre ego une connaissance que détient
déjà une partie plus vaste de votre conscience, et que vous ignorez depuis
longtemps.
Vous portez votre regard sur l’univers physique et vous interprétez la
réalité selon l’information reçue par vos « sens externes ». Je vais me tenir,
métaphoriquement parlant, dans la réalité physique, et regarder pour
vous vers l’intérieur ; je vais décrire des réalités de la conscience et de
l’expérience, que vous êtes, pour l’instant, trop absorbés pour voir. Car vous
êtes fascinés par la réalité physique et vous êtes aussi profondément en
transe à cet instant que la femme par laquelle j’écris ce livre.
Toute votre attention se focalise, de manière très spécialisée, sur un point
brillant, lumineux, que vous nommez réalité. Il y a d’autres réalités tout
autour de vous, mais vous les ignorez, et vous occultez tous les stimuli qui
en proviennent. Il y a une bonne raison à cette transe, vous le verrez, mais
petit à petit, il faut que vous vous réveilliez. Mon but est d’ouvrir vos yeux
intérieurs.
J’arrête là notre session. Nous approchons de la fin du chapitre 2. À
présent, je vous dis bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. C’était vraiment bien. »
23h12. Jane sort rapidement d’une transe profonde. « Je ne me souviens
de rien. »)
SESSION 518
MERCREDI 18 MARS 1970
(21h43.) J’ai des amis, tout comme vous, mais il arrive que je les
connaisse depuis beaucoup plus longtemps que vous ne connaissez les
vôtres – car notre façon de ressentir la réalité est tout à fait différente de la
vôtre. Nous avons connaissance de ce que vous appelleriez nos moi passés,
c’est-à-dire les personnalités que nous avons adoptées dans différentes
existences.
Comme nous pratiquons la télépathie, nous aurions du mal à nous cacher
quoi que ce soit les uns aux autres, même si nous le souhaitions. Cela doit
vous donner l’impression d’une intrusion de la sphère privée, mais je peux
vous assurer qu’en ce moment même aucune de vos pensées n’est cachée, et
qu’elles sont au contraire clairement connues de votre famille et de vos
amis – ainsi que, dois-je malheureusement ajouter, de ceux que vous
considérez comme vos ennemis. Mais vous ne vous en rendez pas compte.
Cela ne veut pas dire que chacun d’entre nous se présente à autrui comme
un livre ouvert. Bien au contraire. Car il existe une sorte d’étiquette : les
bonnes manières du mental. Nous sommes beaucoup plus conscients de nos
pensées que vous ne l’êtes des vôtres. Nous savons que nous sommes
entièrement libres du choix de nos pensées, nous les sélectionnons donc
avec soin et délicatesse.
(Une pause à 21h49.) À force de tâtonnements dans diverses existences,
le pouvoir de nos pensées nous est devenu évident. Nous avons découvert
que nul ne peut échapper à l’immense créativité de l’image mentale ou de
l’émotion. Ce qui ne veut pas dire que nous ne soyons pas spontanés, ou
qu’il nous faille délibérer entre telle et telle pensée en nous demandant avec
inquiétude si l’une d’elles est négative ou destructrice. Nous avons dépassé
tout cela depuis longtemps, selon vos termes.
Mais notre structure psychologique nous permet de communiquer de
toutes sortes de manières que vous ne connaissez pas. Imaginez, par
exemple, que vous rencontriez un ami d’enfance oublié depuis longtemps.
Vous pouvez avoir très peu de choses en commun aujourd’hui et passer
néanmoins une après-midi agréable à discuter de vos anciens camarades et
professeurs.
De la même manière, quand je « rencontre » quelqu’un, il arrive que nous
ayons peu de choses en commun dans notre « maintenant » et qu’il soit plus
facile d’établir un rapport sur la base d’une expérience particulière dans une
vie passée. Nous nous sommes peut-être connus en tant que personnes
totalement différentes, au XIVe siècle par exemple, et nous pouvons avoir
une conversation tout à fait agréable autour de cette expérience commune,
tout comme vous-même aurez établi un rapport avec votre éventuel
camarade d’enfance en évoquant le passé.
Dans cette situation, nous sommes toutefois parfaitement conscients
d’être nous-mêmes, c’est-à-dire des personnalités multidimensionnelles qui
ont partagé un environnement plus ou moins commun à un certain stade de
leur existence. Comme vous allez le voir, cette comparaison un peu simple
ne fonctionne que ponctuellement, car le passé, le présent et le futur
n’existent pas réellement en ces termes.
En effet, notre expérience n’inclut pas les divisions temporelles qui vous
sont familières. Nous avons beaucoup plus d’amis et d’associés que vous,
pour la simple raison que nous sommes conscients des connexions
changeantes qui se sont produites au cours de ce que nous appelons pour
l’instant les incarnations « passées ».
(22h00.) Nous avons donc, naturellement, davantage de connaissances à
notre portée. De toutes les périodes, selon vos termes, que vous puissiez
mentionner, il n’en existe aucune d’où l’un de nous ne provienne ; et nous
portons dans nos souvenirs l’expérience indélébile qui a été acquise dans ce
contexte particulier.
Nous n’éprouvons pas le besoin de cacher nos émotions ou nos pensées,
car chacun d’entre nous a désormais compris la nature coopérative de toute
conscience et de toute réalité, et le rôle que nous y jouons. Nous sommes
extrêmement motivés. (Avec humour.) Des esprits pourraient-ils ne pas
l’être ?
(« J’imagine que non. »)
Comme nous maîtrisons le plein usage de notre énergie, celle-ci n’est pas
dissipée en conflits. Nous ne la dilapidons pas ; elle sert au contraire les
intentions individuelles et uniques qui constituent la base de notre
expérience psychologique.
Or chaque personnalité multidimensionnelle – chaque moi entier – a ses
intentions, ses missions et ses entreprises créatrices propres ; ces
composantes initiales, fondamentales, sont les caractéristiques mêmes qui
font que chaque personnalité est éternellement en quête, éternellement
valide. Nous sommes enfin libres d’employer notre énergie dans ces
directions. Nous relevons des défis nombreux, et majeurs. Et nous
comprenons que nos intentions sont importantes non seulement en elles-
mêmes, mais aussi en fonction des développements surprenants qui naissent
des efforts que nous faisons dans leur poursuite. En travaillant à nos buts,
nous ouvrons des pistes qui peuvent être empruntées par d’autres.
Nous soupçonnons également – c’est certainement mon cas – que nos
intentions elles-mêmes auront des conséquences surprenantes, que nous
étions loin d’imaginer, et qu’elles mèneront vers de nouveaux horizons.
Comprendre cela nous aide à garder le sens de l’humour.
(22h11.) Lorsqu’on est né et mort plusieurs fois, qu’à chaque mort on
s’attend à l’anéantissement final, et qu’on découvre chaque fois que
l’existence continue – alors naît le sentiment de la divine comédie.
Nous commençons à apprendre la joie créatrice du jeu. Je crois, par
exemple, que toute créativité et toute conscience prend naissance aux
antipodes du travail, dans l’esprit du jeu, dans la spontanéité intuitive et
directe qui me paraît une constante de toutes mes existences, et de
l’existence de ceux que je connais.
Je communique avec votre dimension, par exemple, non pas par un effort
de volonté pour me mettre à votre niveau de réalité, mais en imaginant y
être. Toutes mes morts auraient été des aventures si j’avais compris alors ce
que je sais maintenant. D’un côté, vous prenez la vie trop au sérieux, et de
l’autre vous ne prenez pas le jeu assez sérieusement.
Nous jouissons d’un sens du jeu très spontané, que vous qualifieriez, je
pense, de jeu responsable. Certainement, c’est un jeu créatif. Nous jouons,
par exemple, avec la mobilité de notre conscience, pour voir « jusqu’où »
nous pouvons l’envoyer. Nous sommes constamment étonnés par les
produits de notre conscience et par les dimensions de réalité que nous
pouvons traverser à pieds joints. Dans ces jeux, nous pourrions donner
l’impression de nous servir négligemment de notre conscience mais, encore
une fois, les sentiers que nous créons continuent d’exister et peuvent être
empruntés par d’autres. Nous laissons des messages, des panneaux
indicateurs mentaux, pour quiconque vient à passer.
Je vous suggère une pause.
(22h25. Jane sort de transe facilement. Elle a parlé régulièrement, sans
pauses importantes, d’une voix normale. Elle est surprise d’apprendre
qu’une heure est passée. Elle ne se souvient pas d’avoir eu des images ou
des visions pendant la dictée. Reprise, à un rythme plus lent, à 22h35.)
Nous pouvons donc être très motivés tout en comprenant l’utilisation
créatrice du jeu ; et nous l’employons pour atteindre nos buts et nos
objectifs, aussi bien que comme une fin en soi, toujours riche en
étonnement et en créativité.
Mon travail d’enseignant me fait voyager dans de nombreuses
dimensions d’existence, exactement comme un professeur voyagerait dans
différents pays pour donner des conférences. Mais là s’arrête la
comparaison, car avant de pouvoir commencer à travailler, je dois mettre en
place des structures psychologiques préliminaires ; je dois apprendre à
connaître mes élèves avant même que l’enseignement puisse commencer.
(Le débit de Jane est maintenant plus lent.)
Il faut que j’aie une connaissance approfondie du système de réalité
particulier dans lequel évolue mon élève, de son système de pensée, des
symboles qui ont un sens pour lui. Je dois estimer correctement la stabilité
de sa personnalité, et ses besoins, car ils doivent être pris en compte.
Il faut encourager l’élève, sans trop le pousser, dans le développement en
cours. Mon message doit être présenté en cohérence avec le contexte dans
lequel l’élève comprend la réalité, en particulier au cours des premiers
stades. Avant même que l’enseignement puisse sérieusement commencer, je
dois veiller à ce que tous les niveaux d’une personnalité se développent de
manière plus ou moins constante.
Au début, le matériau que je présente est souvent donné sans aucun signe
de ma part ; il prend alors l’apparence d’une révélation saisissante. Car quel
que soit le soin que je mette à présenter ce matériau, il change
inévitablement les idées qui ont constitué jusque-là une partie importante de
la personnalité de l’élève. Ce que je dis est une chose ; mais l’élève est
naturellement précipité dans une expérience et un comportement
psychologiques et psychiques qui, au niveau conscient, peuvent lui paraître
totalement étrangers.
(Une pause à 22h51.) Les problèmes varient selon le système dans lequel
mon élève vit son existence. Dans votre système, par exemple, et dans le
cas de la femme par qui j’écris maintenant ce livre, le contact initial a été
établi de mon côté bien avant que nos sessions commencent.
Cette personnalité n’a pas eu pleinement conscience de notre première
rencontre. Elle a soudain fait l’expérience de pensées nouvelles qui, comme
elle est poète, lui sont apparues comme des inspirations poétiques. Une fois,
il y a quelques années, lors d’une conférence réunissant des écrivains, elle
s’est retrouvée dans des circonstances qui auraient pu la conduire à un
développement psychique pour lequel elle n’était pas prête. Le climat
psychologique de ceux qui étaient présents avait mis en place les conditions
nécessaires et, sans comprendre ce qui lui arrivait, notre amie (Jane) est
entrée en transe.
(Une longue pause à 23h01. En 1957, après la publication de ses
premières nouvelles, Jane a été invitée à une conférence d’écrivains de
science-fiction à Milford, en Pennsylvanie. J’étais retenu par mon travail,
et Jane a assisté à cette conférence en compagnie de Cyril Kornbluth, un
ami et écrivain de renom – à présent décédé –, qui vivait près de chez nous,
à Sayre, en Pennsylvanie.
Un soir, au cours d’une conversation, Jane est entrée en transe. À partir
de cet épisode – dont nous n’avons compris qu’il s’agissait d’une transe
que des années plus tard – s’est constitué un groupe d’écrivains dont Jane
faisait partie et qui se nommèrent eux-mêmes « Les Cinq ». De longues
lettres ont été échangées entre ces cinq membres pour élaborer une sorte de
manifeste. Les autres écrivains du groupe étaient beaucoup plus connus que
Jane.)
Je connaissais ses dons psychiques depuis qu’elle était enfant, mais les
éclairs de compréhension nécessaires lui sont parvenus par le biais de la
poésie, jusqu’au moment où la personnalité a atteint le niveau requis dans
ce cas particulier. Dans l’épisode que je viens d’évoquer, j’ai donc été
informé, et j’ai veillé à ce que cet épisode prenne fin et ne soit pas
poursuivi.
Cependant, cette performance n’était pas réellement accidentelle. Sans le
savoir vraiment, cette personnalité avait décidé de voler de ses propres
ailes, en quelque sorte. Dans le cadre de mon travail, j’ai donc formé cette
jeune femme, d’une façon ou d’une autre, depuis son enfance – le tout
constituant les préliminaires au travail sérieux qui a commencé avec nos
sessions.
Cela fait partie de mon travail dans de nombreux niveaux d’existence. Ce
travail est extrêmement diversifié, car les structures de la personnalité
varient. Il existe des ressemblances fondamentales entre les systèmes dans
lesquels je travaille ; mais je ne serais pas équipé pour enseigner dans
certaines dimensions, pour la simple raison que les concepts fondamentaux
de l’expérience y seraient étrangers à ma nature, et que les processus
d’apprentissage eux-mêmes sortiraient du champ de mon expérience.
Vous pouvez faire une pause.
(23h09. La transe de Jane a été bonne. « Je n’ai pas la moindre idée de
ce dont il s’agissait. » Son débit a été un peu plus rapide. Reprise à 23h20.)
Maintenant. Nous continuerons notre livre la prochaine fois.
(Seth dicte quelques paragraphes destinés à une femme qui a récemment
perdu son mari et qui a demandé une session.)
Et je vous souhaite à présent une bonne soirée.
(« Bonne nuit, Seth. »)
Mes sentiments les plus cordiaux – et si vous n’aviez pas de notes à
prendre, je pourrais discuter avec vous plus longtemps.
(« Merci. » Fin à 23h30.)
SESSION 519
LUNDI 23 MARS 1970
(21h10.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. L’idée que vous vous faites de l’espace est largement
erronée. Ainsi, pour entrer dans votre domaine physique, je ne glisse pas
dans un ciel d’or éclatant comme une sorte de Superman spirituel.
Je reviendrai sur ce sujet dans un autre chapitre mais, d’une manière très
réelle, l’espace tel que vous le percevez n’existe tout simplement pas.
L’illusion de l’espace est causée à la fois par vos mécanismes de perception
physique et par les schémas mentaux que vous acceptez – schémas qui sont
adoptés par la conscience lorsqu’elle atteint un certain stade d’ « évolution »
à l’intérieur de votre système.
(21h16. Comme dans la session précédente, j’indique l’heure
périodiquement, pour montrer à quel rythme Seth transmet son matériau).
Lorsque vous arrivez, lorsque vous émergez dans la vie physique, votre
esprit n’est pas une ardoise vierge attendant les textes que l’expérience va y
inscrire ; vous êtes au contraire déjà équipés d’une mémoire qui surpasse
largement celle de n’importe quel ordinateur. Vous affrontez le premier jour
sur la planète avec des facultés et des aptitudes déjà installées, que vous
emploierez ou pas, mais qui ne résultent pas seulement de l’hérédité telle
que vous l’entendez.
On peut comparer l’âme, ou entité, à une sorte d’ordinateur conscient et
vivant, divinement inspiré, qui programme ses propres vies et existences.
Cependant, cet ordinateur est doué d’une telle créativité que chacune des
personnalités qu’il programme jaillit en conscience et en chant et, à son
tour, crée des réalités que l’ordinateur était loin d’avoir imaginées.
(21h25.) Chacune de ces personnalités est d’emblée équipée d’une idée
préconstruite de la réalité dans laquelle elle va fonctionner, et son
équipement mental est hautement spécialisé en fonction d’un
environnement spécifique. Elle a une liberté totale mais elle doit
fonctionner dans le cadre pour lequel elle a été programmée. Au sein de la
personnalité, toutefois, dans ses recoins les plus secrets, se trouve, sous une
forme concentrée, la connaissance qui réside dans l’ensemble de
l’ordinateur. J’insiste : je ne suis pas en train de dire que l’âme, l’entité, est
un ordinateur, mais je propose de regarder la question sous cet angle-là pour
clarifier certains points.
Chaque personnalité possède la capacité inhérente d’accéder à un
nouveau type d’existence dans un environnement donné – dans votre cas, la
réalité physique – tout en augmentant par sa créativité la qualité même de sa
conscience ; ce faisant, elle se fraye un chemin à travers un système
spécifique, elle brise les barrières de la réalité telle qu’elle la connaît.
(21h30.) Or il existe en tout cela une intention qui sera également
examinée plus loin. Je le mentionne parce que je voudrais vous montrer que
votre environnement n’est pas réel de la manière que vous l’imaginez. À
votre naissance, vous êtes déjà « conditionnés » à percevoir la réalité d’une
manière particulière, et à interpréter l’expérience dans un champ intense,
mais très limité.
Il faut que je m’explique avant de pouvoir vous donner une idée claire de
mon environnement, ou des systèmes de réalité dans lesquels je fonctionne.
Par exemple, il n’existe pas d’espace entre mon environnement et le vôtre ;
aucune barrière physique ne nous sépare. La conception de la réalité à
laquelle vous parvenez par le biais de vos sens physiques, de vos
instruments scientifiques ou par déduction, n’offre que peu de ressemblance
avec les faits – et les faits sont difficiles à expliquer.
(21h34. Jane-Seth se penche en avant, les yeux sombres et grands
ouverts.)
Vos systèmes planétaires existent simultanément, à la fois dans le temps
et dans l’espace. L’univers que vous percevez, visuellement ou à l’aide
d’instruments, paraît composé de galaxies, d’étoiles et de planètes, situées à
diverses distances de vous. Fondamentalement, c’est une illusion. Vos sens
et votre existence même en tant que créatures physiques vous programment
pour percevoir l’univers de cette façon. L’univers, tel que vous le
connaissez, est votre interprétation des évènements qui font intrusion dans
votre réalité en trois dimensions. Ces évènements sont mentaux. Cela ne
veut pas dire que vous ne puissiez pas voyager jusqu’à d’autres planètes,
par exemple, au sein de cet univers physique, ni que vous ne puissiez pas
utiliser des tables pour leur faire porter des livres, des verres et des oranges
(comme c’est le cas de la nôtre en ce moment), bien que la table n’ait pas en
elle-même de densité particulière.
(21h42. Le débit de Jane ralentit considérablement, après un début
rapide.)
Pour entrer dans votre système, je me déplace par une série d’évènements
mentaux et psychiques. Vous interpréteriez ces évènements comme de
l’espace et du temps, et je dois donc souvent employer ces termes, car il
faut bien que j’emploie votre langage plutôt que le mien.
Les croyances-racines sont les idées préconstruites de la réalité dont j’ai
parlé, les conventions sur lesquelles vous fondez votre idée de l’existence.
L’espace et le temps font partie de ces croyances-racines. Chaque système
de réalité possède son propre lot de conventions. Lorsque je communique à
l’intérieur de votre système, je dois comprendre et utiliser les croyances-
racines sur lesquelles il repose. Une partie de mon travail d’enseignant
consiste à les comprendre et à les utiliser ; si bien que vivre des existences
dans un bon nombre de ces systèmes a constitué une partie de ce qu’on
pourrait appeler ma formation de base ; même si mes associés et moi-même
utilisons d’autres termes pour désigner ces croyances-racines.
Vous pouvez faire une pause.
(21h52. Jane sort de transe presque immédiatement. « J’ai l’impression
d’être dans la série », dit-elle en faisant allusion à la série de science-
fiction que nous avons regardée ce soir à la télé. Elle tente de décrire une
image qu’elle a eue juste avant que Seth se mette à parler, tout en disant
qu’elle ne peut pas vraiment la mettre en mots. « J’ai vu… un champ de
quelque chose comme des étoiles. Une idée était projetée par nous à
l’extérieur, contre ce champ, et elle semblait exploser. Pourtant, l’idée est
juste là », dit-elle en plaçant ses mains en coupe sous son menton.
Pendant la pause, Jane reçoit de Seth un message bref mais clair : nous
devrions tourner notre lit pour que la tête pointe vers le nord, et non vers
l’ouest comme c’est le cas à présent.
Reprise, à un rythme lent, à 22h02.)
L’entité, ou âme, a une nature beaucoup plus complexe, beaucoup plus
créative que vos religions elles-mêmes le supposent.
Elle utilise d’innombrables méthodes de perception et dirige de
nombreux types de conscience. Votre idée de l’âme est limitée par vos
concepts en trois dimensions. L’âme peut changer la focalisation de sa
conscience, et elle utilise la conscience comme vous utilisez vos yeux. Dans
mon propre niveau d’existence, je me rends tout simplement compte du fait
que, aussi étrange que cela puisse paraître, je ne suis pas ma conscience. Ma
conscience est un attribut destiné à être utilisé par moi. Cela s’applique à
chaque lecteur de ce livre, même si cette connaissance est cachée. L’âme,
l’entité, est donc davantage que la conscience.
Lorsque j’entre dans votre environnement, j’oriente ma conscience dans
votre direction. En un sens, je traduis ce que je suis en un évènement qui
vous soit compréhensible. D’une manière beaucoup plus limitée, tout
peintre fait la même chose lorsqu’il traduit ce qu’il est, ou une partie de ce
qu’il est, en un tableau. Il y a là au moins une analogie évocatrice.
Lorsque j’entre dans votre système, je fais intrusion dans la réalité en
trois dimensions, et vous devez interpréter ce qui se produit à la lumière de
vos propres croyances-racines. Que vous vous en rendiez compte ou non,
chacun de vous fait intrusion, lorsqu’il rêve, dans d’autres systèmes de
réalité sans la pleine participation de son moi habituellement conscient.
Dans l’expérience subjective, vous laissez derrière vous l’existence
physique, et vous agissez dans certains rêves avec une force d’intention et
une validité créatrice que vous oubliez aussitôt réveillés.
Lorsque vous pensez au but de votre existence, vous pensez en termes de
votre vie quotidienne quand vous êtes réveillés, mais vous agissez aussi en
fonction de votre intention profonde dans les dimensions du rêve, et vous
entrez alors en communication avec des parties de votre entité engagées
dans des entreprises tout aussi valides que celles qui vous occupent quand
vous êtes réveillés.
(22h17.) Lorsque j’entre en contact avec votre réalité, c’est donc comme
si j’entrais dans l’un de vos rêves. Je peux être à la fois conscient de moi-
même en train de dicter ce livre et conscient de moi-même dans mon
environnement propre ; car je n’envoie ici qu’une partie de moi-même, tout
comme il peut vous arriver d’envoyer une partie de votre conscience quand
vous écrivez une lettre à un ami, tout en demeurant conscient de la pièce
dans laquelle vous vous trouvez. La comparaison est assez juste, mais
j’envoie beaucoup plus que vous ne le faites quand vous écrivez une lettre,
car une partie de ma conscience se trouve à l’intérieur de la femme qui est
en transe pendant que je dicte.
Mon environnement, je l’ai dit, n’est pas celui d’une personnalité
récemment morte, selon vos termes, mais je décrirai plus loin ce que vous
pouvez attendre des conditions qui sont celles de la mort. Il existe une
grande différence entre votre environnement et le mien : vous devez
matérialiser physiquement les actes mentaux. Nous comprenons la réalité
des actes mentaux, et nous reconnaissons leur éclatante validité. Nous les
acceptons pour ce qu’ils sont, et nous sommes donc au-delà de la nécessité
de les matérialiser et de les interpréter d’une manière aussi rigide.
Votre Terre m’a été très chère. À présent, je peux focaliser ma conscience
sur elle et, si je le souhaite, en faire l’expérience tout comme vous ; je peux
également la percevoir de nombreuses façons que votre temps ne vous
permet pas de connaître.
Or, en lisant ce livre, certains d’entre vous saisissent tout de suite,
intuitivement, ce que je dis car ils ont déjà le sentiment que leur expérience
passe par des lentilles très déformantes, bien que figuratives et colorées. Il
faut se rappeler aussi que si la réalité physique est, dans son sens large, une
illusion, c’est une illusion causée par une réalité plus grande. L’illusion elle-
même a un but et une signification.
Vous pouvez faire une pause.
(22h31. À nouveau, Jane sort de transe rapidement, mais elle ne se
souvient pas du tout du matériau.
Sans attendre nécessairement une réponse ce soir, je pose une question
qu’à mon avis Jane pourrait prendre en considération si elle écrit une
introduction à ce livre : serait-il possible qu’elle dicte l’ensemble du livre
pour Seth en, mettons, un mois de sessions quotidiennes, ou a-t-elle besoin
d’une certaine somme de vie et d’expérience, étalée sur plusieurs mois
peut-être, pour permettre au livre d’émerger ?
Reprise, au même rythme lent, à 22h45.)
Il est sans doute plus juste de dire que la réalité physique est l’une des
formes que prend la réalité. Mais dans votre système, vous êtes focalisés de
manière extrêmement intense sur un aspect relativement étroit de
l’expérience globale.
Nous pouvons voyager librement dans un grand nombre de réalités de ce
genre. Notre expérience à ce stade comprend notre travail dans chacune
d’entre elles. Mais je ne veux surtout pas minimiser l’importance de
l’existence physique et de vos personnalités présentes. Bien au contraire.
L’expérience en trois dimensions est un lieu de formation inestimable. La
personnalité que vous connaissez aujourd’hui perdurera, avec ses souvenirs
propres, mais elle ne représente qu’une partie de votre identité globale ; de
la même façon, votre enfance représente une partie importante de votre
personnalité dans cette vie-ci, même si vous êtes maintenant beaucoup plus
qu’un enfant.
Vous continuerez à grandir et à vous développer, et vous prendrez
conscience d’autres environnements, tout comme vous avez quitté la
maison de votre enfance. Mais les environnements ne sont pas des choses
objectives, un conglomérat d’objets existant indépendamment de vous. Au
contraire, vous les formez ; ils sont, littéralement, une extension de vous-
mêmes ; ce sont des actes mentaux matérialisés qui partent de votre
conscience et s’étendent vers l’extérieur.
Je vais vous dire exactement comment vous formez votre environnement.
Je forme le mien selon les mêmes règles ; mais vous vous retrouvez
entourés d’objets, et moi pas.
Je reprendrai notre livre ici la prochaine fois.
(« Très bien. »
Pause à 22h56.) Pour répondre à votre question : le livre pourrait tout
aussi bien être écrit sur des soirées consécutives. Il existe toujours une
marge de manœuvre pour la spontanéité et les imprévus, si bien que
n’importe quel élément de votre expérience peut servir d’exemple, ou de
point de départ, pour un développement qui était de toute façon prévu.
Je suggère simplement que Ruburt essaie de changer la place du lit
pendant une semaine ; il verra ce qu’il en pense.
(« D’accord. » Notre chambre est petite et il est difficile d’aligner le lit
nord-sud ; s’il l’était, Jane ne pourrait plus voir par la fenêtre. Nous
n’avons pas tourné le lit comme Seth l’avait suggéré.)
Mes pensées les plus cordiales à vous deux, et une excellente soirée.
(« Bonne nuit, Seth. Merci. »
23h00. « C’est bizarre, dit Jane une fois sortie de transe, j’ai
l’impression que Seth a commencé son livre il n’y a pas très longtemps,
mais qu’en même temps il contient déjà une énorme quantité
d’informations. J’ai l’impression d’exprimer un amoncellement, une
richesse d’expériences. Je cherche une expression un peu folle comme un
“concentré de richesse”… »
Jane fait ensuite une comparaison avec une bibliothèque, mais sans
suggérer qu’elle trouve les données dans « une bibliothèque quelque
part ».)
SESSION 520
MERCREDI 25 MARS 1970
(21h09. Nous nous attendons à ce que Seth reprenne ce soir la dictée du
chapitre 3. Une ou deux minutes avant le début de la session, Jane dit
qu’elle perçoit une « lueur » de Seth – quelques phrases. « Ensuite, dit-
elle, je me pose et j’attends que la session commence. Mais je ne peux
toujours pas te dire comment je fais. »)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Revenons à notre livre.
(Avec des pauses.) Vos scientifiques sont enfin en train de découvrir ce
que les philosophes savent depuis des siècles – que l’esprit peut agir sur la
matière. Il leur reste à découvrir le fait que l’esprit crée et forme la matière.
Or votre environnement le plus proche, du point de vue physique, est
votre corps. Il ne s’agit pas d’une sorte de mannequin dont vous seriez
prisonnier, qui existe en dehors de vous comme une enveloppe. Si votre
corps est beau ou laid, s’il est en bonne santé ou malformé, lent ou rapide,
ce n’est pas simplement parce que ce genre de corps vous est tombé dessus
par hasard à la naissance. Au contraire, votre forme physique, votre
environnement corporel personnel, est la matérialisation des interprétations
que vous choisissez de faire, ainsi que de vos pensées et de vos émotions.
De la façon la plus littérale qui soit, le « moi interne » forme le corps
magiquement, en transformant les pensées et les émotions en équivalents
physiques. Vous faites pousser votre corps. Sa condition reflète
parfaitement votre état subjectif à tout moment. À partir des atomes et des
molécules, vous le construisez, vous assemblez les éléments constitutifs en
une forme que vous appelez la vôtre.
Vous savez intuitivement que vous formez votre image, et que vous en
êtes indépendants. Mais vous ne vous rendez pas compte que vous créez
votre environnement plus large, et le monde physique que vous connaissez,
en projetant vos pensées et vos émotions dans la matière, par une percée
dans la vie en trois dimensions. Le moi interne envoie donc,
individuellement et collectivement, son énergie psychique au-dehors ; il
produit des tentacules qui fusionnent en une forme.
(21h23.) Chaque émotion, chaque pensée, a sa réalité électromagnétique
propre, absolument unique. Chacune est largement équipée pour se
combiner avec certaines autres, selon les niveaux d’intensité que vous y
mettez. D’une certaine façon, les objets tridimensionnels sont formés
comme les images sur les écrans de télévision ; avec une différence
importante. Et si vous n’êtes pas branchés sur cette fréquence
particulière, vous ne percevez pas ces objets physiques.
(Tout en parlant, Jane-Seth se penche en avant avec une certaine
insistance. Elle parle de façon un peu différente, ce soir. Je pense qu’elle
réagit à notre environnement personnel. Du bruit nous parvient du dessus et
du dessous. À la fin de chaque phrase, Jane fait une pause plus longue que
d’habitude, ce qui fausse son rythme ordinaire.)
Chacun de vous agit inconsciemment comme un transformateur, et
transforme automatiquement des unités électromagnétiques très
sophistiquées en objets physiques. Vous vous trouvez au centre d’un
« système de matière condensée », entouré de zones plus faibles dans
lesquelles persiste ce qu’on pourrait appeler de la « pseudo-matière ».
Chaque pensée ou émotion existe spontanément en tant qu’unité
électromagnétique, simple ou complexe. Ces unités, soit dit en passant,
n’ont pas encore été perçues par vos scientifiques.
(21h27.) L’intensité d’une pensée ou d’une émotion détermine la force et
la permanence de l’image physique dans laquelle elle se matérialise. Je
l’explique en détail dans ce matériau ; je veux simplement que vous
compreniez ici que le monde que vous connaissez est le reflet d’une réalité
interne.
Vous êtes fondamentalement constitués des mêmes ingrédients qu’une
chaise, une pierre, un cœur de laitue ou un oiseau. Dans une gigantesque
entreprise de coopération, toute la conscience s’unit pour fabriquer les
formes que vous percevez. Or, comme nous savons tout cela, nous pouvons
changer notre environnement et notre forme physique comme nous le
souhaitons, et sans brouillage, car nous percevons la réalité qui se trouve en
dessous.
Nous savons également que la permanence de la forme est une illusion,
puisque toute conscience est nécessairement en état de changement. Nous
pouvons être, selon vos termes, en plusieurs endroits en même temps, car
nous comprenons la mobilité réelle de la conscience. À chaque fois que
vous pensez à quelqu’un avec émotion, vous projetez à l’extérieur un
équivalent de vous qui se trouve en dessous du niveau de matérialisation
mais qui possède tout de même une forme définie. Cette forme projetée à
partir de votre conscience échappe complètement à l’attention de votre ego.
Lorsque je pense à quelqu’un avec émotion, je fais la même chose, sauf
qu’une partie de ma conscience est incluse dans l’image et peut
communiquer.
Vous pouvez faire une pause.
(21h37. Jane sort rapidement de transe. Le bruit continue dans la
maison. Il nous a tous les deux gênés mais elle est surprise qu’il se soit
écoulé près d’une demi-heure.
À 21h56 cependant, assise et attendant de reprendre la transe, Jane dit :
« Ou bien je suis fatiguée ce soir, ou bien la maison m’énerve ; mais c’est
plus dur que d’habitude de m’y remettre… » Reprise à 21h58.)
Les différents environnements sont des créations mentales de la
conscience, précipitées dans diverses formes. J’ai, par exemple, un cabinet
de travail du XIVe siècle qui est ma pièce favorite et que j’aime beaucoup.
Selon vos critères physiques, cette pièce n’existe pas, et je sais très bien
qu’il s’agit de ma propre production mentale. J’y trouve pourtant du plaisir,
et je prends souvent forme physique pour venir m’y asseoir et regarder la
campagne par la fenêtre.
Or, vous ne vous en rendez pas compte, mais vous faites la même chose
lorsque vous vous trouvez dans votre salon ; et pour l’instant, vous êtes un
peu limités. Lorsque mes associés et moi-même nous retrouvons, nous
traduisons souvent les pensées des uns et des autres en formes variées, par
pur plaisir. Nous jouons à un jeu qui demande une certaine maîtrise, dans
lequel nous nous amusons à voir lequel d’entre nous traduira une pensée
donnée dans le plus grand nombre de formes. (Une pause.)
La pensée est modifiée par tant de qualités subtiles, par tant de degrés
dans l’émotion, que chacune est singulière (sourire) et, soit dit en passant,
aucun des objets physiques de votre système n’a de réplique exacte. Les
atomes et les molécules qui composent tout objet ont leur identité propre,
qui colore et qualifie l’objet en question.
Quand vous percevez des objets physiques, quels qu’ils soient, vous
percevez, vous acceptez des continuités et des ressemblances ; vous vous
focalisez sur elles et, d’une manière importante, vous refusez de voir, vous
ignorez les dissemblances contenues dans ce champ de réalisation. Vous
êtes extrêmement sélectifs : vous acceptez certaines caractéristiques et vous
en ignorez d’autres. Votre corps, par exemple, ne change pas seulement tous
les sept ans ; il change constamment, à chaque souffle.
(22h12.) Au sein de la chair, les molécules et les atomes meurent et sont
constamment remplacés. Les hormones sont en état de mobilité et de
transformation constante. Les propriétés électromagnétiques de vos cellules
et de votre peau ne cessent de bondir, de changer, et vont jusqu’à s’inverser.
La matière qui composait votre corps il y a un instant est différente, de
façon importante, de la matière qui le compose maintenant.
Si vous accordiez autant d’attention aux transformations qui se
produisent sans cesse dans votre corps qu’à son apparente permanence,
vous seriez stupéfaits d’avoir pu considérer le corps comme une entité à peu
près constante et douée de cohésion. Sur le plan subjectif, vous vous
focalisez aussi sur l’idée d’un moi relativement stable et permanent ; vous
fabriquez cette idée. Dans votre expérience « passée », vous mettez l’accent
sur les attitudes, les pensées et les idées que vous considérez comme vôtres,
et vous ignorez complètement celles qui étaient alors « caractéristiques » et
ont à présent disparu ; vous ignorez également le fait que vous ne pouvez
pas retenir les pensées. Selon vos termes, la pensée de l’instant précédent
s’évanouit.
Vous essayez de maintenir un moi physique et subjectif constant,
relativement permanent, pour maintenir un environnement constant et
relativement permanent. Cela vous permet de continuer à ignorer les
changements. Ceux que vous refusez de reconnaître sont précisément ceux
qui vous permettraient de mieux comprendre la nature véritable de la
réalité, de la subjectivité individuelle et de l’environnement physique qui
semble vous entourer.
(22h23. Ces paragraphes ont été donnés à un rythme beaucoup plus
rapide.)
Qu’advient-il d’une pensée lorsqu’elle quitte l’esprit conscient ? Elle ne
disparaît pas. Vous pouvez apprendre à la suivre, mais en général vous
craignez de relâcher votre focalisation intense sur l’existence en trois
dimensions. La pensée semble donc disparaître. On dirait que votre
subjectivité possède une étrange caractéristique, que votre vie mentale
rencontre un insidieux point de chute, une falaise subjective d’où les
pensées et les souvenirs tombent dans le néant. Pour vous protéger de cette
chute, pour empêcher votre subjectivité de partir à la dérive, vous élevez
des barrières psychologiques là où vous imaginez que se trouvent les zones
à risque. Au lieu de cela, vous pouvez suivre ces pensées et ces émotions ; il
suffit de reconnaître que votre réalité se poursuit dans une autre direction, à
côté de celle à laquelle vous vous identifiez. Car les pensées et les émotions
qui ont quitté votre esprit conscient vous conduiront dans d’autres
environnements.
(22h29.) Ces ouvertures subjectives à travers lesquelles les pensées
semblent disparaître sont en fait des torsions psychiques ; elles connectent
le moi que vous connaissez avec d’autres univers d’expérience, des réalités
où les symboles prennent vie et où le potentiel des pensées n’est pas nié.
Dans le rêve, il y a une communication entre ces autres réalités et la
vôtre, et l’interaction entre les systèmes est constante. S’il existe un point
où votre propre conscience semble vous échapper, ou vous abandonner, s’il
existe un point où votre conscience semble prendre fin, ces points indiquent
justement les endroits où vous avez dressé des barrières psychologiques et
psychiques, et ce sont spécifiquement les zones que vous devriez explorer.
Sinon, vous avez l’impression que votre conscience est prisonnière de votre
crâne, entravée et immobile ; et toute pensée perdue, tout souvenir oublié
ressemble, au moins symboliquement, à une petite mort. Or tel n’est pas le
cas.
Je suggère que vous fassiez une pause.
(22h36. La transe de Jane a été plus profonde, cette fois ; aucun bruit ne
l’a dérangée. Reprise à 22h52.)
Maintenant. C’est la fin de la dictée pour ce soir.
(Seth commente brièvement certaines expériences de sortie du corps que
Jane a vécues hier après-midi.)
Je vais à présent mettre fin à notre session avec mes plus cordiales
salutations pour vous deux ; et puis-je rappeler de nouveau à Ruburt ma
suggestion concernant le lit.
Maintenant, bonsoir.
(« Bonne nuit, Seth. »
23h05. Voir la session 519, dans laquelle Seth suggère que Jane essaie
d’orienter notre lit dans une direction nord-sud. Nous ne l’avons toujours
pas fait.
Jane continue à lire ce livre. Je constate que son inquiétude a largement
diminué mais que son intérêt reste aussi vif.)
CHAPITRE 4
SESSION 521
LUNDI 30 MARS 1970
SESSION 522
MERCREDI 8 AVRIL 1970
(21h13.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Nous allons finir le chapitre 4.
(« D’accord. »)
Maintenant. J’ai passé un certain temps à mettre l’accent sur le fait que
chacun de nous forme son propre environnement, pour que vous vous
rendiez bien compte que vous portez l’entière responsabilité de votre vie.
Si vous pensez que ce n’est pas le cas, vous vous limitez vous-mêmes ;
votre environnement représente une somme de savoir et d’expérience.
(C’est Seth qui demande le point-virgule dans cette phrase ; il donne
souvent ce genre de précision.) Tant que vous croyez que votre
environnement est objectif et indépendant de vous, vous vous sentez
largement impuissants à le changer, à voir au-delà ou à imaginer des
alternatives moins évidentes. J’indiquerai plus loin dans ce livre différentes
méthodes qui vous permettront de changer votre environnement de manière
aussi radicale que bénéfique.
(21h23.) J’ai également parlé de la réincarnation en termes
d’environnement personnel parce que de nombreuses écoles de pensée
accordent trop d’importance aux conséquences des existences
réincarnationnelles, allant jusqu’à dire que les circonstances de la vie
actuelle résultent de schémas inflexibles établis dans une vie passée. On se
sent relativement incompétent pour réagir à la réalité physique présente et
modifier son environnement, incapable d’avoir un effet sur le monde et de
le changer quand on a l’impression d’être à la merci de circonstances
incontrôlables.
En fin de compte, les raisons données à un tel assujettissement importent
peu, car elles varient selon les époques et les cultures. Vous n’êtes pas sous
le coup d’une sentence prononcée pour cause de péché originel,
d’évènements survenus quand vous étiez enfant ou dans des vies passées.
Votre vie est peut-être moins épanouie que vous le souhaiteriez. Vous êtes
peut-être moins alors que vous voudriez être plus ; mais vous n’êtes pas
recouverts d’un linceul jeté sur votre psyché par le péché originel, les
syndromes infantiles de Freud ou l’influence de vies passées. Je vais
essayer de vous expliquer un peu plus clairement l’influence des vies
passées. Elles ont un effet sur vous, comme toute expérience. Toutefois le
temps est ouvert : une vie n’est pas enterrée dans le passé, déconnectée du
moi présent comme de tout moi futur.
(Le débit de Jane est relativement lent.)
Comme je l’ai déjà expliqué, les pièces de théâtre, ou les vies, se
déroulent toutes en même temps. La créativité et la conscience ne sont
jamais des accomplissements linéaires. Dans chaque vie, vous choisissez et
vous créez votre propre décor ; dans celle-ci, vous avez choisi vos parents
et les évènements de votre enfance. C’est vous qui avez écrit le script.
(21h35.) Mais le moi conscient se comporte comme le proverbial
professeur distrait : il oublie tout cela. Aussi, lorsque des difficultés, des
défis ou des tragédies font leur apparition dans le script, le moi conscient
cherche quelqu’un ou quelque chose à blâmer. Avant la fin de ce livre,
j’espère vous montrer précisément comment vous créez chaque minute de
votre expérience, pour que vous puissiez commencer à exercer votre
responsabilité créatrice à un niveau conscient – ou presque.
Pendant que vous lisez ce livre, regardez de temps en temps autour de
vous dans la pièce où vous vous trouvez. Les chaises et les tables, le
plancher et le plafond ont peut-être l’air réels, solides, tout à fait
permanents, et vous vous sentez peut-être, par contraste, hautement
vulnérables, pris dans un instant situé entre la naissance et l’anéantissement.
Peut-être même vous sentez-vous jaloux en pensant que l’univers physique
continuera à exister bien après vous. D’ici à la fin de notre livre, cependant,
j’espère que vous comprendrez l’éternelle validité de votre propre
conscience et l’impermanence des aspects physiques de votre
environnement et de votre univers, qui vous semblent si solides en ce
moment. Vous avez tout noté ?
(« Oui. »)
C’est la fin du chapitre 4. Vous pouvez faire une pause.
(De 21h44 à 22h02.)
CHAPITRE 5
Accordez-nous un instant.
(Suit une pause de deux minutes qui prend fin à 22h04.)
Chapitre 5. Quand vous lisez les mots qui se trouvent sur cette page, vous
vous rendez compte que les informations que vous recevez ne sont pas un
attribut des lettres ou des mots eux-mêmes. La ligne imprimée ne contient
pas l’information ; elle la transmet. Où se trouve donc l’information qui est
transmise, si elle n’est pas sur la page ? (Une pause.)
La même question se pose, bien entendu, quand vous lisez un journal ou
quand vous parlez à quelqu’un. Vos mots transmettent des informations, des
sentiments ou des pensées. Bien évidemment, les pensées et les sentiments
eux-mêmes sont autre chose que les mots. Les lettres sur la page sont des
symboles, et vous vous êtes mis d’accord sur les différentes significations
qui s’y rapportent. Sans même y penser, vous partez du principe que les
lettres, les symboles, ne sont pas la réalité, c’est-à-dire les informations ou
les pensées qu’ils visent à transmettre.
Or, de la même manière, je vous dis que les objets sont également des
symboles qui représentent une réalité, qu’ils la transmettent, tout comme les
lettres la transmettent. L’information véritable ne se trouve pas davantage
dans les objets que la pensée ne se trouve dans les lettres ou les mots. Les
mots sont des moyens d’expression. Il en va de même pour les objets
physiques, selon une méthode différente. Vous avez l’habitude de penser
que vous vous exprimez directement par les mots. Vous pouvez vous
entendre les prononcer. Vous sentez les muscles de votre gorge se contracter
et, peut-être, d’autres manifestations physiques pendant que vous parlez.
(22h29.) Les objets physiques sont le résultat d’un genre d’expression
différent. Vous les créez aussi sûrement que vous créez les mots. Je ne veux
pas dire que vous les créez avec vos seules mains ou en les fabriquant. Je
veux dire que ce sont des produits dérivés naturels de l’évolution de votre
espèce, exactement comme les mots. Examinez un instant ce que vous
savez de votre propre discours. Bien que vous entendiez les mots, que vous
reconnaissiez leur justesse et qu’ils puissent assez bien exprimer vos
sentiments, ils ne sont pas ces sentiments ; il y a toujours un fossé entre
votre pensée et son expression.
Votre discours vous paraît déjà moins familier lorsque vous vous rendez
compte que vous-même, quand vous commencez une phrase, ne savez pas
exactement comment vous allez la finir, ni même comment vous faites pour
en former les mots. Vous ne savez pas consciemment comment vous
manipulez une stupéfiante pyramide de symboles, comment vous piochez
dedans et choisissez exactement ceux dont vous avez besoin pour exprimer
une idée. D’ailleurs, vous ne savez pas comment vous pensez.
Vous ne savez pas comment vous traduisez les symboles sur cette page en
pensées, pour ensuite les conserver ou les faire vôtres. À un niveau
conscient, vous connaissez très mal les mécanismes du discours normal ; il
n’est donc pas étonnant que vous ne vous rendiez pas compte non plus
d’autres tâches encore plus compliquées que vous accomplissez également
– par exemple la création constante de votre environnement physique
comme méthode de communication et d’expression.
La nature véritable de la matière physique ne peut être comprise que de
ce point de vue-là. Il vous faut comprendre la nature de cette traduction
permanente de la pensée et des désirs non pas en mots, mais en objets
physiques, pour comprendre que vous êtes indépendants du temps, des
circonstances et de votre environnement.
Maintenant, vous pouvez faire une pause. (Sourire à 22h36.) Une
remarque : je suis très content…
(« De quoi, Seth ? »)
Je suis content du début de mon chapitre, car je pense avoir trouvé une
comparaison, une comparaison juste, qui libérera le lecteur de son lien
artificiel avec la forme physique. S’il la voit comme une méthode destinée à
son expression personnelle, il comprendra sa propre capacité de création.
(22h38. La transe de Jane a été bonne, son débit assez lent. Elle dit que
la pause de deux minutes du début s’est produite parce qu’elle était
consciemment « bloquée » sur la manière dont Seth allait commencer le
chapitre 5 – tout en se rendant compte que si elle « restait tranquillement
assise », Seth se débrouillerait très bien tout seul.
Jane a eu beaucoup d’images pendant que Seth parlait. Il a une idée très
claire de ce chapitre, dit-elle ; et, de manière très nette, il lui a « imprimé »
sa notion de la matière utilisée comme moyen de communication. Elle ne
peut pourtant pas décrire les images qu’elle a vues.
Subitement, Jane se rappelle aussi avoir eu, pendant une partie de la
dictée, l’impression de se trouver à côté de la large bibliothèque qui, du sol
au plafond, sépare notre salon de son bureau – et qui se trouve à une
distance d’environ deux mètres du fauteuil à bascule qu’elle utilise pendant
les sessions.
Jane a maintenant « le souvenir » de s’être trouvée près de la
bibliothèque pendant qu’elle fournissait une partie des données de Seth,
d’avoir vu le salon de cet endroit. Elle ne se rappelle pourtant pas être
sortie de son corps. « Ça revient comme un rêve », dit-elle. Elle ne se
souvient de rien d’autre concernant cet épisode. Elle ne se souvient pas de
s’être vue elle-même assise dans le fauteuil, par exemple, ni de m’avoir vu
sur le canapé, en train de prendre mes notes. Elle est très intriguée par
l’idée de se trouver en dehors de son corps et de pouvoir se voir elle-même
fournir le matériau de Seth.
Reprise à 22h56.)
Il est facile de voir que vous traduisez les sentiments en mots, en
expressions corporelles ou en gestes, mais il est plus difficile de
comprendre que vous formez votre corps physique avec aussi peu d’effort
et aussi peu de conscience de vous-même que vous traduisez des sentiments
en symboles qui deviennent des mots.
(Une longue pause à 23h01.) Vous avez déjà entendu dire, j’en suis sûr,
que l’environnement d’un individu exprime sa personnalité. Je vous dis que
c’est là une vérité littérale, et non pas symbolique. Les lettres sur la page
n’ont que la réalité de l’encre et du papier. L’information qu’elles
transmettent est invisible. En tant qu’objet, ce livre lui-même n’est qu’encre
et papier. C’est un porteur d’informations.
Vous répondrez peut-être que le livre a été fabriqué physiquement, qu’il
n’a pas brusquement surgi, tout imprimé et relié, du crâne de Ruburt. Vous
avez dû l’emprunter ou l’acheter, et vous pensez peut-être : « Une chose est
sûre : je n’ai pas créé ce livre comme je crée mes mots. » Mais avant que
nous ayons terminé, nous verrons que, fondamentalement, chacun de vous
crée le livre qu’il tient entre les mains, que l’ensemble de votre
environnement physique sort aussi naturellement de votre esprit que les
mots sortent de votre bouche, et que l’homme forme des objets physiques
aussi inconsciemment et aussi spontanément qu’il forme son propre souffle.
Fin de la dictée pour ce soir. (Sourire.
« Bonne nuit, Seth, et merci. » 23h14.)
SESSION 524
LUNDI 20 AVRIL 1970
(21h18. Jane ne se sent pas très bien ce soir, mais elle décide quand
même de prendre place pour une session et de voir ce qui se passe. Elle
commence à parler avec un débit assez lent et les yeux fermés la plupart du
temps.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant, pour notre livre. Les aspects particuliers et caractéristiques
de votre monde physique dépendent de votre existence et de la façon dont
vous vous focalisez sur lui. Par exemple, l’univers physique ne contient pas
d’objets physiques d’une certaine densité, largeur et profondeur pour ceux
qui n’y ont pas leur existence.
Des consciences d’un type tout à fait différent coexistent avec votre
monde, dans le même « espace ». Pourtant, elles ne perçoivent pas vos
objets physiques, car leur réalité est composée d’une structure de
camouflage différente. Vous ne les percevez pas et, en général, elles ne vous
perçoivent pas non plus. Il s’agit là d’une remarque générale, cependant, car
vos réalités coïncident en plusieurs points.
Ces points, qui n’ont pas été identifiés comme tels, peuvent être nommés
points « de double réalité » ; ce sont des points de coordonnée qui
contiennent un très grand potentiel d’énergie et où, effectivement, les
réalités se fondent les unes aux autres. Il existe des points de coordonnée
principaux, mathématiquement purs, sources de fantastique énergie, et de
très nombreux points subordonnés.
(Une longue pause à 21h29.) Quatre points de coordonnée absolus
entrecoupent toutes les réalités. Ces points de coordonnée agissent comme
des canaux par lesquels l’énergie s’écoule, et comme des torsions, des
chemins invisibles, d’une réalité à l’autre. Ils jouent aussi le rôle de
transformateurs et fournissent une bonne partie de l’énergie qui génère une
création permanente, selon vos termes. (Beaucoup de pauses.)
Votre espace est plein de ces points subordonnés et, comme vous le
verrez plus loin, ils jouent un rôle important dans le processus par lequel
vous transformez les idées et les émotions en matière physique. À chaque
fois qu’une pensée ou une émotion atteint une certaine intensité, elle attire
la puissance de l’un de ces points subordonnés, qui lui confère une charge
importante ; elle s’en trouve en quelque sorte magnifiée – mais pas en ce
qui concerne la taille.
Ces points font irruption dans ce que vous appelez le temps ou l’espace.
Il existe donc certains points, dans le temps et dans l’espace (une fois de
plus, selon vos termes), qui sont plus conducteurs que d’autres si bien que
les idées, aussi bien que la matière, y sont plus fortement chargées. Dans la
pratique, cela signifie que les constructions y durent plus longtemps ; et,
dans votre contexte, que les idées liées à la forme y sont relativement
éternelles. Les pyramides en sont un bon exemple.
(Lentement, à 21h43.) Ces points de coordonnée absolus, principaux et
subordonnés représentent une accumulation – ou de simples traces –
d’énergie pure ; pourtant, en termes de taille, ils sont minuscules à
l’extrême (plus petits, par exemple, que toutes les particules connues de vos
scientifiques). Cependant, si cette énergie n’est pas activée, elle demeure
latente. Or elle ne peut être activée physiquement.
(21h50.) Maintenant. Quelques éléments qui peuvent vous être utiles, ou
aider les mathématiciens. Il existe une modification absolument infime des
forces de gravité dans le voisinage de tous ces points, même subordonnés ;
et toutes les prétendues lois physiques manifestent, à un moment ou à un
autre, une fluctuation dans leur voisinage. Les points subordonnés servent
donc aussi, en quelque sorte, de support, d’intensification structurelle dans
la trame invisible de l’énergie qui forme toutes les réalités et toutes les
manifestations. Ce sont des traces – ou des accumulations – d’énergie pure,
mais il existe une grande différence entre la quantité d’énergie dans les
différents points subordonnés, et entre les points principaux et les points
absolus.
Vous pouvez faire une pause.
(21h57. Jane se sent mieux. Elle est étonnée quand je lui dis que la dictée
a été lente. En transe, elle ne se rend pas compte de ses pauses ou de leur
nombre. « Je n’ai plus aucun sens du temps. Mon espace est plein, c’est
tout ce que je peux dire… »
Reprise de la même manière, à 22h17.)
Ce sont donc des points d’énergie concentrée. Les points subordonnés
sont beaucoup plus communs et, d’un point de vue pratique, ils ont un effet
sur vos préoccupations quotidiennes. Ce sont des endroits qui conviennent
particulièrement bien à la construction de bâtiments ou d’infrastructures –
la santé et la vitalité s’y trouvent renforcées. Toutes choses égales, les
plantes y poussent mieux et s’y épanouissent ; les conditions y sont
bénéfiques.
Certaines personnes sentent intuitivement ce genre d’endroit. Ils se
produisent dans un certain type d’angle formé par des points de
coordonnée. Ces points ne sont évidemment pas physiques – c’est-à-dire
qu’ils ne sont pas visibles, bien qu’on puisse les trouver par déduction
mathématique. Ils sont en tout cas ressentis comme de l’énergie intensifiée.
(22h23.) À soin égal, les plantes grandissent mieux dans une certaine
partie d’une pièce donnée. Votre espace est entièrement imprégné de ces
points de coordination, et il en résulte certains angles invisibles.
(22h26.) Tout cela est largement simplifié, mais disons que certains
angles sont plus « sur la périphérie » que d’autres, et moins favorables à une
croissance active. Pour parler de ces angles, nous faisons comme s’ils
étaient tridimensionnels, alors qu’ils sont évidemment multidimensionnels.
La nature de ces angles n’est pas le sujet principal de mon livre, il n’est
donc pas possible de les expliquer ici en profondeur. Ils peuvent donner
l’impression d’être plus puissants à certains moments qu’à d’autres, mais
ces différences ne sont liées ni à la nature des points de coordonnée, ni à
celle du temps. D’autres éléments influent sur eux, qu’il n’est pas
nécessaire d’aborder pour l’instant.
(22h31.) Ces points d’énergie concentrée sont activés par des intensités
affectives qui sont tout à fait à votre échelle. Vos émotions et vos sentiments
eux-mêmes les activent, que vous le sachiez ou non. Ces coordonnées
apportent alors une énergie supplémentaire à la pensée ou à l’émotion
d’origine, et sa projection dans la matière physique s’en trouve accélérée
d’autant. C’est le cas quelle que soit la nature du sentiment ; seule compte
ici son intensité.
En d’autres termes, ces points sont d’invisibles générateurs d’énergie, et
ils sont activés à chaque fois qu’une pensée ou une émotion d’intensité
suffisante entre en contact avec eux. Les points de coordination intensifient
tout ce qui les active, de façon parfaitement neutre.
Nous sommes assez lents sur ce matériau car il est nouveau, et surtout
parce que je souhaite qu’il soit traduit en des termes aussi précis que
possible ; et comme Ruburt n’a pas de formation scientifique, je dois faire
preuve d’ingéniosité.
Vous pouvez faire une pause.
(De 22h39 à 23h14.)
Tout cela est très simplifié, mais l’expérience subjective de toute
conscience est automatiquement exprimée en unités d’énergie
électromagnétique. Ces dernières existent « en dessous » du champ de la
matière physique. Ce sont, si vous préférez, des particules en devenir qui
n’ont pas encore émergé dans la matière.
Ces unités sont des émanations naturelles de tous les types de conscience.
Ce sont des formations invisibles qui résultent d’une réaction à tout type de
stimuli. Elles existent très rarement de manière isolée ; elles s’unissent au
contraire selon certaines lois. Leur forme et leur rythme de pulsation
varient, mais leur « durée » relative dépend de l’intensité originelle qui les
sous-tend – qui se trouve à la source de l’idée, de l’émotion ou de la
réaction qui leur a donné naissance.
(23h21.) Pour expliquer tout cela de manière très simplifiée, on peut donc
dire que ces unités électromagnétiques coagulent en matière dans certaines
conditions. Celles qui sont suffisamment intenses activent automatiquement
les points de coordonnée subordonnés dont j’ai déjà parlé. Ces unités sont
donc accélérées et propulsées dans la matière beaucoup plus rapidement,
selon vos termes, que des unités moins intenses. Pour vous donner un ordre
de grandeur, les molécules paraîtraient grosses comme des planètes par
rapport à ces unités. Les planètes sont, tout comme les molécules ou les
atomes, des manifestations du même principe qui donne naissance à ces
unités d’énergie électromagnétique. C’est votre position relative, votre
focalisation sur un espace et un temps apparents, qui vous donne
l’impression que tout cela est si improbable.
Ainsi, chaque pensée ou émotion existe en tant qu’unité d’énergie
électromagnétique, ou comme une combinaison d’unités ; et souvent ces
unités émergent, avec l’aide des points de coordonnée, comme les blocs de
construction de la matière physique. Cette émergence dans la matière se
produit de façon tout à fait neutre, indépendamment de la nature des
pensées ou des émotions elles-mêmes. Les images mentales accompagnées
d’émotions fortes forment donc le schéma sur lequel vont apparaître, selon
vos termes, l’objet physique, la circonstance ou l’évènement correspondant.
Maintenant. Fin de la dictée. Avez-vous des questions ?
(« Non. »)
Nous nous sortons bien de ce chapitre 5. Mes pensées les plus
chaleureuses et un très cordial bonsoir.
(« Bonsoir, Seth, et merci beaucoup. » 23h32.)
SESSION 525
VENDREDI 22 AVRIL 1970
SESSION 526
LUNDI 4 MAI 1970
SESSION 527
LUNDI 11 MAI 1970
(21h12.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons continuer le chapitre que nous avons commencé.
De nombreuses personnes imaginent que l’âme est un ego immortalisé,
oubliant que l’ego, tel que vous le connaissez, n’est qu’une petite partie de
l’être ; cette portion de la personnalité est alors simplement projetée en
avant, à l’infini pour ainsi dire. Vous comprenez si mal les dimensions de
votre réalité que vos concepts sont forcément limités. Lorsque le genre
humain pense à « l’immortalité », il semble espérer un nouveau
développement de l’ego, tout en rejetant l’idée que ce développement
puisse impliquer un changement. Il affirme, par ses religions, qu’il a une
âme, sans demander ce qu’est une âme ; et, une fois encore, il semble
souvent la considérer comme un objet en sa possession.
Or même la personnalité que vous connaissez change constamment, et
pas toujours comme vous l’aviez imaginé – le plus souvent, de façon
imprévisible. Vous insistez pour focaliser votre attention sur les
ressemblances qui existent dans l’étoffe de votre comportement ; et à partir
de ces ressemblances, vous élaborez une théorie selon laquelle le moi est
conforme à un schéma donné, alors que c’est vous qui lui appliquez ce
schéma. Et le schéma appliqué vous empêche de voir le moi tel qu’il est
réellement. Par conséquent, vous projetez aussi ce point de vue déformé sur
votre concept de l’âme. Vous considérez l’âme à la lumière de vos
conceptions erronées sur la nature de votre moi mortel.
(21h25.) Même le moi mortel est pourtant bien plus merveilleux, bien
plus miraculeux que vous ne le percevez ; il possède beaucoup plus de
capacités que vous ne lui en accordez. Vous ne comprenez pas encore la
nature véritable de la perception, même en ce qui concerne le moi mortel, et
vous ne pouvez donc pas vraiment comprendre les perceptions de l’âme.
Car avant tout, l’âme perçoit et crée. Rappelez-vous, encore une fois, que
vous êtes une âme, en ce moment même. L’âme en vous est donc en train
de percevoir. Ses méthodes de perception sont ce qu’elles étaient avant
votre naissance physique et ce qu’elles seront après votre mort. La partie
interne de vous, l’étoffe de l’âme, ne va donc pas brusquement changer ses
méthodes de perception ou ses caractéristiques après votre mort physique.
Par conséquent, vous pouvez savoir maintenant ce qu’est l’âme. Ce n’est
pas quelque chose qui vous attend à votre mort, ni quelque chose que vous
devez sauver ou racheter, ni non plus quelque chose que vous pouvez
perdre. L’expression « perdre son âme » ou « sauver son âme » résulte
d’une grossière erreur d’interprétation ; elle est inappropriée, car l’âme est
la partie de vous-même qui est tout à fait indestructible. Nous entrerons
dans ce sujet particulier dans la partie du livre consacrée à la religion et au
concept de Dieu.
La personnalité que vous connaissez, cette partie de vous que vous
considérez comme la plus précieuse, la plus unique, ne sera, elle non plus,
jamais détruite ni perdue. C’est une partie de l’âme. Votre personnalité ne
sera pas avalée par l’âme, ni effacée ou assujettie par elle ; elle ne pourra
pas non plus en être séparée. Néanmoins, elle ne constitue qu’un aspect de
votre âme. Votre individualité, quelle que soit la manière dont vous voulez
la penser, continue à exister, selon vos termes.
Votre individualité continue à grandir et à se développer, mais sa
croissance et son développement dépendent largement de sa capacité à
comprendre que tout en étant distincte et individuelle, elle n’est que l’une
des manifestations de l’âme. Dans la mesure où elle le comprend, elle
apprend à déployer sa créativité et à utiliser les capacités intrinsèques qui
reposent en elle.
Il serait malheureusement beaucoup plus facile de vous dire que votre
individualité continue à exister, et de s’en tenir là. Cela ferait une parabole
passable, et qui a déjà été contée de cette manière ; mais la simplicité même
de ce conte comporte des dangers. La vérité est que la personnalité que
vous êtes maintenant, celle que vous avez été et celle que vous serez, selon
votre compréhension du temps, toutes ces personnalités sont des
manifestations de l’âme, de votre âme.
(21h42.) Par conséquent, votre âme, l’âme que vous êtes, l’âme dont
vous êtes une partie, est un phénomène bien plus créatif et bien plus
miraculeux que vous ne le supposez. Et, comme je l’ai dit précédemment, si
l’on ne comprend pas parfaitement ce concept, si on l’affaiblit par facilité,
on ne peut pas comprendre l’intense vitalité de l’âme. Votre âme possède
donc les informations, la connaissance et la sagesse qui font partie de
l’expérience de toutes ces autres personnalités ; vous pouvez accéder à ces
informations à l’intérieur de vous-même, mais seulement si vous
comprenez la nature véritable de votre réalité. Permettez-moi d’insister à
nouveau sur le fait que ces personnalités existent de manière autonome dans
l’âme, qu’elles en font partie, que chacune d’entre elles est libre de s’y
développer et de créer.
Il existe toutefois une communication interne, et la connaissance d’une
personnalité est à la portée de n’importe quelle autre – non pas après la
mort physique, mais maintenant, dans votre instant présent. Or l’âme elle-
même, nous l’avons vu, n’est pas statique. Elle grandit et se développe à
travers l’expérience même des personnalités qui la composent ; elle est,
pour dire les choses aussi simplement que possible, davantage que la
somme de ses parties.
(21h50.) Or il n’existe en réalité pas de système clos. À l’intérieur de
votre système physique, la nature même de vos perceptions limite votre
idée de la réalité, parce que vous vous focalisez délibérément sur un « lieu »
donné. Mais fondamentalement, la conscience ne peut pas être un système
clos, et toute barrière de cette nature est une illusion. L’âme elle-même n’est
donc pas un système clos. Pourtant, lorsque vous considérez l’âme, vous la
concevez en général sous ce jour-là – invariable, comme une citadelle
psychique ou spirituelle. Mais les citadelles ne font pas que maintenir les
ennemis à l’extérieur, elles imposent également une limite à leur propre
croissance et à leur développement.
Il y a ici de nombreux sujets difficiles à formuler, car vous craignez
tellement tout ce qui pourrait menacer le sentiment de votre propre identité
que vous résistez, par exemple, à l’idée que l’âme est un système spirituel
ouvert, un générateur de créativité qui fuse dans toutes les directions – ce
qui est pourtant bien le cas.
Tout en vous disant cela, je vous rappelle que votre personnalité présente
n’est jamais perdue. Un autre mot pour l’âme est « entité ». Il ne s’agit pas
seulement de vous donner une définition de l’âme, de l’entité ; car pour
obtenir une définition en termes logiques, il faudrait que vous la
compreniez en termes spirituels, psychiques et électromagnétiques, et que
vous compreniez aussi la nature essentielle de la conscience et de l’action.
Mais vous pouvez découvrir intuitivement la nature de l’âme, de l’entité ;
et, à bien des égards, la connaissance intuitive est supérieure à toute autre.
Pour comprendre l’âme de cette manière intuitive, il faut d’abord le
désirer. Si vous en avez un désir suffisant, vous serez automatiquement
conduit à des expériences qui résulteront en une connaissance subjective,
claire et indubitable. Il existe des méthodes pour y parvenir, et je vous en
indiquerai d’ici à la fin de ce livre.
(22h02.) Pour l’instant, voici un exercice simple mais très efficace. Ayant
lu ce chapitre jusqu’ici, fermez les yeux et essayez de sentir en vous-même
la source de pouvoir d’où proviennent votre souffle et votre force vitale.
Certains d’entre vous y parviendront dès la première tentative, d’autres
mettront plus longtemps. Quand vous sentez cette source en vous, essayez
de sentir son pouvoir couler vers l’extérieur à travers tout votre être
physique, par vos doigts et vos orteils, par tous les pores de votre peau, dans
toutes les directions, avec vous-même au centre. Imaginez ses rayons sans
limites traversant le feuillage et les nuages au-dessus de vous, passant par le
centre de la Terre en dessous, et s’étendant jusqu’aux plus lointains confins
de l’univers.
Or il ne s’agit pas là d’un exercice symbolique ; il s’appuie sur
l’imagination, mais il repose sur des faits. Les émanations de votre
conscience et la créativité de votre âme s’étendent effectivement hors de
vous de cette manière. Cet exercice vous donnera une idée de la nature, de
la vitalité et de la créativité véritables de l’âme, dans laquelle vous pouvez
puiser votre propre énergie et dont vous constituez une partie individuelle et
unique.
(Avec humour.) Vous pouvez faire une pause.
(« Merci. »
22h10. Jane était dans une transe profonde, avec un débit rapide et peu
de pauses. Seth, dit-elle, aurait pu continuer gaiement sans faiblir. Il fait
une pause uniquement parce que j’ai délibérément posé ma main fatiguée
sur le canapé. Jane se sent bien. Elle n’a pas du tout l’impression qu’une
heure est passée. Remarquez la quantité de matériau fourni.
Comme souvent, Jane dit qu’elle n’a aucun souvenir de la première
partie du chapitre, donnée le 4 mai. Reprise, de la même manière rapide, à
22h17.)
Maintenant. Ce développement n’est pas destiné à présenter un propos
ésotérique, vide de sens pratique pour votre vie quotidienne. Mais tant que
vous gardez une vision étroite de votre réalité, vous ne pouvez pas tirer
parti, dans la pratique, des capacités multiples qui sont les vôtres ; et tant
que vous gardez une conception limitée de l’âme, vous vous coupez de la
source de votre être et de votre propre créativité.
Or ces facultés fonctionnent que vous le sachiez ou non, mais elles
fonctionnent souvent malgré vous plutôt qu’avec votre coopération
consciente ; lorsque vous vous rendez compte que vous les employez, cela
vous trouble, cela vous désoriente et vous fait peur. Quoi qu’on ait pu vous
dire, vous devez par exemple comprendre que, fondamentalement, les
perceptions ne sont pas physiques, en tout cas pas dans le sens où ce mot est
employé d’ordinaire. Si vous vous surprenez à percevoir des données sans
utiliser vos sens physiques, vous devez admettre que la perception
fonctionne de cette manière.
Vous avez une perception si étroite de la réalité que vous prenez peur
quand vous percevez quelque chose qui ne correspond pas à l’idée que vous
vous en faites. Or je ne parle pas ici simplement de ce que l’on nomme
globalement les « perceptions extrasensorielles ». Si ces expériences vous
paraissent extraordinaires, c’est uniquement parce que vous avez nié
pendant si longtemps l’existence de toute perception qui ne vous arriverait
pas par vos sens physiques.
La notion de perception extrasensorielle ne donne qu’une grossière idée
du processus fondamental qui permet au moi interne de recevoir des
informations, mais les concepts qui entourent cette notion se rapprochent
davantage de la vérité ; ils représentent un progrès par rapport à l’idée que
toute perception est fondamentalement physique.
Or il est pratiquement impossible de séparer une réflexion sur la nature
de l’âme d’une réflexion sur la nature de la perception. Passons rapidement
en revue quelques points : vous formez la matière et le monde que vous
connaissez. On peut dire que les sens physiques créent le monde physique,
parce qu’ils vous obligent à percevoir un champ d’énergie disponible en
termes physiques, et parce qu’ils appliquent sur ce champ une grille très
spécifique. Si l’on utilise les sens physiques, on ne peut pas percevoir la
réalité de manière différente.
(22h44.) Cette perception physique ne modifie nullement la perception
originelle, essentielle et libre, du moi interne, qui est la partie de l’âme qui
se trouve en vous. Le moi interne connaît sa relation avec l’âme. C’est une
partie du moi qui agit, pourrait-on dire, comme un messager entre l’âme et
la personnalité présente. Vous devez aussi vous rendre compte que je parle
d’« âme », d’« entité », de « moi interne » et de « personnalité présente »
uniquement dans le but d’être compris ; il n’y a pas d’endroit où l’un finisse
et l’autre commence.
Voyez la manière dont les psychologues utilisent les termes « ego »,
« subconscient » et même « inconscient ». Ce qui semble subconscient à un
moment donné peut être conscient l’instant suivant. Une motivation
inconsciente peut se faire consciente. Même en ces termes, votre expérience
vous indique que les mots créent des divisions là où il n’en existe pas.
Vous croyez ne percevoir que par vos sens physiques ; mais il vous suffit
d’élargir l’idée que votre ego se fait de la réalité pour découvrir que le moi
de l’ego accepte volontiers l’existence d’informations non physiques.
(Une pause à 22h53.) Lorsqu’il le fait, cela transforme, cela élargit l’idée
qu’il se fait de lui-même car vous avez supprimé les limites qui
l’empêchaient de grandir. Or tout acte de perception change celui qui
perçoit, et donc l’âme, considérée comme ce qui perçoit, s’en trouve
également modifiée. Il n’y a pas de réelle division entre celui qui perçoit et
ce qui est perçu. De bien des façons, la chose perçue est une extension de
celui qui perçoit. Cela peut paraître étrange, mais tout acte est mental ou, si
vous préférez, psychique. C’est une explication extrêmement simple,
mais la pensée crée la réalité. Puis celui qui crée la pensée perçoit l’objet,
mais sans comprendre le lien qui existe entre lui et cette chose
apparemment séparée de lui.
Cette capacité de matérialiser les pensées et les émotions est un attribut
de l’âme. Or, dans votre réalité, ces pensées deviennent physiques. Dans
d’autres réalités, elles peuvent être « construites » d’une manière toute
différente. Ainsi votre âme, qui est ce que vous êtes, construit pour vous
votre réalité physique quotidienne à partir de la nature même de vos idées et
de votre attente.
Il est donc facile de voir l’importance de vos sentiments subjectifs. Cette
connaissance – le fait que votre univers soit de l’idée construite – peut vous
donner immédiatement des pistes pour améliorer votre environnement, et
les circonstances qui sont les vôtres. Si vous ne comprenez pas la nature de
l’âme, et le fait que les pensées et les sentiments forment la réalité
physique, vous vous sentez impuissants à la changer. Dans des chapitres
prochains, j’espère fournir certaines données pratiques qui vous permettront
de modifier concrètement la structure de votre vie quotidienne, et sa nature
même.
(Jane, en tant que Seth, se penche en souriant.) La fatigue est-elle en
train de vous gagner ?
(« Je ferais bien une pause. Une petite. » Toujours en transe et assez
amusée, Jane continue à m’observer. Ses yeux sont très sombres. « Ça va,
dis-je. Vous voulez continuer ? Moi, ça va. »)
Je ne voudrais pas avoir cela sur la conscience. Nous aurions besoin de
doigts supplémentaires pour vous. Mais faites une pause. (Avec humour.) Je
ne veux pas vous retenir trop longtemps.
(« Ça va. »
D’une voix soudain forte et puissante.) Je pourrais dicter toute une nuit,
une fois, et vous pourriez supprimer trois sessions.
(« Je n’en doute pas. »
23h09. La transe de Jane a de nouveau été bonne, et j’ai de nouveau la
crampe de l’écrivain. Seth pourrait parler toute la nuit, j’en suis sûr ; les
seules limites sont ici les nôtres. Jane ressent une énergie très forte.
De retour à 23h28, Seth annonce que cette pause marque la fin de la
dictée pour ce soir. Il donne ensuite une page de matériau personnel pour
Jane et moi, et termine la session d’humeur joviale, à 23h35.)
SESSION 528
MERCREDI 13 MAI 1970
Le potentiel de l’âme
SESSION 530
MERCREDI 20 MAI 1970
(21h19.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée et commencer le chapitre 8.
(Remarque : c’est apparemment un lapsus.)
Vous avez l’impression de n’avoir que la forme physique que vous
percevez, à l’exclusion de toute autre. Il vous semble également que votre
forme ne peut se trouver que dans un endroit à la fois. Vous avez pourtant
d’autres formes que vous ne percevez pas ; et vous créez des formes
différentes dans toutes sortes de buts, même si vous ne les percevez pas non
plus de façon physique.
Votre sentiment d’identité est entièrement lié à votre corps, et vous avez
beaucoup de mal à vous imaginer sans lui, hors de lui ou séparé de lui d’une
manière ou d’une autre. La forme résulte d’énergie concentrée, dirigée par
des idées ou des émotions intenses. L’intensité est ici essentielle. Par
exemple, si vous avez un désir très vif d’être dans un endroit particulier, une
forme pseudo-physique de vous peut apparaître à l’endroit en question, sans
que vous en ayez conscience. C’est le désir qui transporte l’empreinte de
votre personnalité et de votre image, même si vous n’avez pas conscience
de cette image, ou de son apparition dans un autre endroit.
Cette image-pensée n’est d’ordinaire pas vue par autrui, mais il est
parfaitement possible que les instruments scientifiques puissent la détecter
un jour. Elle peut être perçue par ceux qui ont développé l’usage de leurs
sens internes. Tout acte mental intense – qu’il s’agisse d’une pensée ou
d’une émotion – est non seulement construit d’une manière physique ou
pseudo-physique, mais porte également la marque de la personnalité qui l’a
conçue à l’origine.
(21h30.) Il y a donc beaucoup de ces formes latentes ou en devenir. Pour
vous aider à imaginer ce dont je parle, vous pouvez penser à ces formes
comme à des images fantômes ou des ombres d’images – des formes situées
juste en dessous de la réalité physique que vous connaissez, qui n’ont pas
encore émergé complètement mais qui sont tout de même suffisamment
intenses pour être construites. Si vous pouviez les voir, vous penseriez
qu’elles sont tout à fait réelles.
Chaque individu envoie fréquemment des répliques, des images de lui-
même, mais leur degré de matérialisation varie ; certaines formes se
rapprochent davantage de l’ombre que d’autres. En tout cas, ce ne sont pas
de simples projections – ce ne sont pas des images « plates ». Elles ont un
effet défini sur l’atmosphère. D’une manière assez difficile à expliquer,
elles se « font une place », bien qu’elles coexistent parfois avec des formes
ou des objets physiques, et qu’elles puissent même leur être superposées.
Dans ce cas, une interaction existe de façon certaine ; il se produit un
échange situé, une fois encore, en dessous de la perception physique.
Imaginez que vous souhaitiez soudain, et avec force, vous retrouver par
exemple sur une plage qui vous est chère. Ce désir intense joue alors le rôle
d’un noyau d’énergie projeté hors de votre esprit et doté d’une forme : la
vôtre. La plage que vous avez visualisée attire la forme, et celle-ci s’y
retrouve instantanément. Et cela se produit très souvent.
Dans les circonstances ordinaires, cette forme de vous-même ne sera pas
vue. Cependant, si le désir était encore plus intense, le noyau d’énergie
serait plus important et une partie de votre propre courant de conscience
serait impartie à la forme si bien que, dans la pièce où vous vous trouvez,
vous pourriez, l’espace d’un instant, sentir l’odeur de la mer ou percevoir
l’environnement dans lequel se tient votre pseudo-image.
(21h44.) Dans ce cas, l’ampleur de la perception est très variable. Pour
commencer, votre forme physique résulte elle-même d’une grande
concentration affective. L’énergie fantastique de votre psyché ne s’est pas
bornée à créer votre corps physique – elle l’entretient également. Celui-ci
n’est d’ailleurs pas une chose continue, bien qu’il vous paraisse tout à fait
permanent tant qu’il dure. Il est en état de pulsation constante et, vu la
nature de son énergie, le corps, en réalité, clignote.
Maintenant. Tout cela est difficile à expliquer, et il n’est pas vraiment
nécessaire pour l’instant que vous compreniez les raisons de cette
pulsation ; mais, même physiquement, vous êtes « pas là » aussi souvent
que vous êtes là. La concentration et l’intensité de vos émotions créent des
formes de vous-même, en plus de votre corps physique – la durée et la
puissance de ces formes variant avec l’intensité de l’émotion d’origine.
Votre espace est donc plein de formes en devenir plus ou moins intenses,
situées en dessous de la structure ordinaire de la matière que vous percevez.
(En tant que Seth, Jane se penche par-dessus la table basse qui nous
sépare pour prendre mon verre de bière à moitié plein. Je le note à cause de
ce qui suit.)
Ruburt vous remercie. Vous n’avez pas besoin de noter cela. Nous
ralentissons de temps en temps pour choisir un mot particulier, car une
partie de ce matériau est assez difficile à formuler.
(« Intéressant. » J’avais remarqué des variations presque régulières dans
le débit de Jane, depuis le début de la session. Chaque segment de ce
rythme alternativement lent puis rapide couvre à peine quelques
paragraphes, ce qui produit un effet beaucoup plus visible que d’habitude.)
Ces projections sont donc constamment envoyées vers l’extérieur. Des
instruments scientifiques plus sophistiqués que ceux dont vous disposez
actuellement montreraient l’existence de ces formes et les vibrations
d’intensité variable qui entourent les objets physiques que vous percevez.
(21h57.) Pour mieux comprendre, regardez une table dans la pièce où
vous vous trouvez. Cette table est physique, dense, vous la percevez
facilement. Imaginez que derrière la table s’en trouve une autre semblable,
mais pas tout à fait aussi physique, et derrière celle-ci une autre, et une
autre encore – chacune étant plus difficile à percevoir, s’effaçant dans
l’invisibilité. Et de même devant la table se trouve une table tout à fait
semblable, à peine un peu moins physique que la table « réelle » – et qui
décline, là aussi, une succession de tables de moins en moins physiques, qui
s’étendent vers l’extérieur. Et la même chose pour chaque côté de la table.
Or tout ce qui apparaît en termes physiques existe également en d’autres
termes que vous ne percevez pas. Vous ne percevez les réalités que
lorsqu’elles atteignent une certaine « tonalité », lorsqu’elles semblent se
concrétiser en matière. Mais elles existent réellement et de manière tout à
fait valide, à d’autres niveaux.
Maintenant, vous pouvez faire une pause et vous détendre à un autre
niveau.
(De 22h02 à 22h20.) Il existe aussi des réalités (Une pause) qui sont
« relativement plus valides » que la vôtre ; en comparaison, votre table
physique ressemblerait à une ombre par rapport à ces tables-là. Vous auriez
alors, dans ces termes, une sorte d’« hyper-table ». Votre système n’est donc
pas formé par la concentration d’énergie la plus intense possible. C’est
seulement celui vers lequel vous êtes orientés et dont vous faites partie
intégrante, et c’est la raison pour laquelle vous le percevez.
Certaines parties de vous-mêmes dont vous n’avez pas pleinement
conscience résident donc réellement dans ce que vous appelleriez un hyper-
système de réalité, dans lequel la conscience apprend à percevoir, à gérer
des concentrations d’énergie bien plus fortes, et à construire des « formes »
d’une nature tout à fait différente.
Votre idée de l’espace est donc très déformée, puisque pour vous l’espace
est simplement là où l’on ne perçoit rien. Il est évidemment rempli de toutes
sortes de phénomènes (Une pause) qui ne produisent aucune impression sur
vos mécanismes de perception. Cependant, en certaines occasions, vous
pouvez vous ouvrir jusqu’à un certain point à ces autres réalités – et vous le
faites, de façon intermittente, même si vous oubliez souvent l’expérience,
du fait qu’elle ne se manifeste pas physiquement.
(Une pause à 22h30.) Revenons à cette forme que vous avez envoyée sur
une plage. Bien qu’elle ne soit pas équipée de vos sens physiques, elle
possède cependant une certaine capacité à percevoir. Vous projetez cette
forme sans le savoir, mais selon des lois parfaitement naturelles. Elle se
construit à partir d’un sentiment de désir intense. (Une pause.) Et l’image
qui en résulte suit ses propres lois de réalité ; d’une certaine façon, et à un
moindre degré que vous, elle possède une conscience. (Une pause.)
Vous êtes envoyés, pour faire encore une comparaison, par un hyper-moi
qui désirait fortement exister dans une forme physique. Mais vous n’êtes
pas des marionnettes de cet hyper-moi. Vous suivez vos propres lignes de
développement ; par des moyens bien trop complexes pour les expliquer ici,
vous ajoutez à l’expérience de l’hyper-moi et vous étendez la nature de sa
réalité. Ce faisant, vous assurez votre propre développement et vous pouvez
puiser dans les capacités de cet hyper-moi.
Vous ne serez jamais avalés non plus par ce moi qui, selon ces termes, a
l’air si supérieur. Comme vous existez, vous envoyez à l’extérieur des
projections de vous-mêmes qui vous ressemblent, nous l’avons dit. Il n’y a
pas de fin à la réalité de la conscience, ni aux moyens de sa matérialisation.
Il n’y a pas non plus de fin aux développements possibles de chaque
identité.
Maintenant. Je voulais commencer ce chapitre ce soir pour que nous
ayons un bon départ. Mais cette session sera courte, et simple.
(« Tout va bien. »)
Vous bâillez souvent.
(« Ça ne fait rien. Je me sens bien. »)
Alors faites une courte pause et nous continuerons.
(22h43. La transe de Jane a été bonne. Le rythme régulier de la session a
continué. Reprise à un débit plus lent à 22h54.)
Permettez-moi de le dire encore une fois : votre personnalité présente,
telle que vous la concevez, est réellement « indélébile » et continue à
grandir et à se développer après la mort.
Je le mentionne à nouveau ici pour que vous ne vous sentiez pas
insignifiants, niés ou perdus. Il y a évidemment toutes sortes de degrés dans
les genres de formes dont nous avons parlé. L’énergie même qui est projetée
à partir de notre « hyper-moi », l’étincelle d’identité qui a résulté en votre
naissance physique, cette impulsion unique offre en un sens beaucoup de
ressemblances avec le vieux concept de l’âme – sauf que celui-ci ne
contient qu’une partie de l’histoire.
(Une longue pause à 23h01. Jane s’arrête maintenant de façon très
évidente entre de nombreux morceaux de phrases.)
Vous existez et vous vous développez en tant qu’individus, mais votre
moi entier – votre âme – a un potentiel si vaste qu’il ne peut jamais
s’exprimer pleinement dans une seule personnalité, comme nous l’avons vu
dans un chapitre précédent.
Or, en focalisant vos émotions de façon intense, vous pouvez créer une
forme et la projeter vers une autre personne qui peut la percevoir. Cela peut
être fait de façon consciente ou inconsciente ; ce qui a son importance.
Nous ne parlons pas ici de ce qu’on appelle parfois la forme astrale, qui est
entièrement différente. Le corps physique est la matérialisation de la forme
astrale.
(23h05.) Cette forme ne déserte cependant jamais le corps très
longtemps, et ce n’est pas elle qui est projetée dans le cas de la plage de tout
à l’heure. Vous êtes en ce moment focalisés non seulement sur votre corps
physique, mais également sur une fréquence particulière d’évènements que
vous interprétez comme du temps. D’autres périodes historiques existent
simultanément, dans des formes tout aussi valides ; et d’autres moi
réincarnationnels également. Encore une fois, vous n’êtes tout simplement
pas branchés sur ces fréquences-là.
Vous pouvez savoir ce qui s’est produit dans le passé, et vous pouvez
avoir une histoire parce que, selon les règles du jeu que vous avez
acceptées, vous croyez que le passé peut être connu, mais pas l’avenir. Vous
pourriez avoir une histoire du futur si les règles du jeu étaient différentes.
Vous me suivez ?
(« Oui. »
Longue pause à 23h11.) Dans d’autres niveaux de réalité, les règles du
jeu sont différentes. Après la mort, selon vos termes, vous êtes
parfaitement libres sur le plan de la perception. Le futur apparaît aussi
clairement que le passé. Même cela est toutefois très compliqué, car il
n’existe pas un seul passé. Vous acceptez comme réelles certaines
catégories d’évènements, à l’exclusion de toute autre. Nous avons parlé des
évènements – il existe donc aussi des passés probables, qui sont totalement
au-delà de votre entendement. Vous choisissez un groupe particulier
d’évènements et vous vous accrochez à ce groupe comme seul possible,
sans vous rendre compte que vous l’avez choisi parmi une variété infinie
d’évènements passés.
Il existe donc, évidemment, des futurs probables et des présents
probables. J’essaie de présenter tout cela selon vos termes puisque,
fondamentalement, vous le comprenez, les mots « passé », « présent » ou
« futur » ne sont pas plus signifiants, en ce qui concerne l’expérience
véritable, que les mots « ego », « conscient » ou « inconscient ».
Je vais terminer la dictée pour ce soir. Dans cette soirée probable (avec
humour), je choisis cette alternative probable. Mes pensées affectueuses à
vous deux.
(23h20. Seth donne ensuite deux pages très intéressantes au sujet de
quelqu’un qui écrit des romans policiers tout en étant médium, et de sa
femme ; ils ont assisté à la session 529 du lundi 18 mai dernier, que nous
avons supprimée. La session de ce soir se termine donc à 23h35.)
SESSION 531
LUNDI 25 MAI 1970
(21h22.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons poursuivre notre dictée.
Vous êtes donc l’un des moi, parmi d’autres moi indépendants, chacun
focalisé sur sa propre réalité ; et il existe entre tous une relation de
sympathie. Par exemple, du fait de cette relation, votre expérience n’a pas à
être limitée par les mécanismes de la perception physique. Vous pouvez
puiser dans le savoir qui appartient à ces autres moi indépendants. Vous
pouvez apprendre à concentrer votre attention en dehors de la réalité
physique, vous pouvez découvrir d’autres méthodes de perception qui vous
permettent d’étendre votre concept de la réalité, et d’élargir votre propre
expérience.
(21h28. Le débit de Jane s’accélère graduellement.)
C’est seulement parce que vous êtes convaincus que l’existence physique
est la seule valide qu’il ne vous vient pas à l’idée de voir si d’autres réalités
existent. La télépathie et les phénomènes extralucides peuvent vous
indiquer qu’il existe d’autres types de perception, mais vous-mêmes êtes
impliqués dans des expériences spécifiques, aussi bien quand vous êtes
réveillés que dans votre sommeil.
Ce que l’on appelle le courant de conscience n’est que cela : un petit
courant de pensées, d’images et d’impressions ; il fait partie d’une rivière
bien plus profonde qui représente votre existence et votre expérience plus
vastes. Vous passez tout votre temps à examiner ce petit courant, et vous
êtes hypnotisés par la façon dont il coule, fascinés par son mouvement.
Pendant ce temps, les autres courants de perception et de conscience
passent sans que vous les remarquiez, alors qu’ils font également partie de
vous et qu’ils représentent des émotions, des actions, des évènements qui
sont parfaitement valides, dans lesquels vous êtes vous-mêmes impliqués
dans d’autres couches de réalité.
(21h35.) Vous êtes aussi activement et intensément impliqués dans ces
réalités que vous l’êtes dans celle qui reçoit toute votre attention. Or,
comme vous êtes, en général, concernés surtout par votre corps et par votre
moi physique, vous accordez toute votre attention au courant de conscience
qui semble s’y rapporter. Les autres courants de conscience sont pourtant
connectés à d’autres formes de votre moi, que vous ne percevez pas. Le
corps, en d’autres termes, est seulement une manifestation particulière de ce
que vous êtes dans une réalité particulière ; dans ces autres réalités, vous
avez d’autres formes.
« Vous » n’êtes séparés de ces autres courants de conscience en aucune
manière essentielle ; c’est la façon dont vous concentrez votre attention qui
vous en sépare, et qui vous sépare de tous les évènements auxquels ils sont
liés. Cependant, si vous vous dites que votre courant de conscience est
transparent, vous pouvez apprendre à voir à travers lui ce qui repose en
dessous, sur d’autres lits de réalité. Vous pouvez aussi apprendre à vous
élever au-dessus de votre courant actuel et en percevoir d’autres, qui
courent en parallèle. Le fait est que vous n’êtes limités au moi que vous
connaissez que si vous pensez l’être, que si vous pensez que ce moi-là est
votre identité complète.
Or vous vous connectez souvent à ces autres courants de conscience sans
vous en rendre compte – car, encore une fois, ils font partie de cette même
rivière qui est votre identité. Ils sont donc tous reliés entre eux.
Tout travail créatif vous engage dans un processus de coopération qui
vous apprend à puiser dans ces autres courants de conscience, à y trouver
une perception beaucoup plus vaste que celle du courant de conscience
étroit que vous connaissez d’ordinaire. C’est la raison pour laquelle toute
créativité majeure est multidimensionnelle ; elle trouve sa source non pas
dans une seule réalité mais dans plusieurs, et elle est colorée par la
multiplicité de cette origine.
(21h49.) Une créativité forte donne toujours l’impression de sortir du
cadre de sa réalité, de sa dimension physique propre. Par contraste avec ce
qui est habituel, elle ressemble presque à une intrusion. Elle coupe le
souffle. Une créativité de ce genre rappelle automatiquement à chaque être
humain sa propre réalité multidimensionnelle. L’expression « Connais-toi
toi-même » a donc une signification beaucoup plus profonde que ce qu’on
suppose en général.
D’ailleurs, dans des moments où vous êtes seuls, vous pouvez découvrir
certains de ces autres courants de conscience. Vous pouvez par exemple
entendre des mots ou voir des images qui semblent sans rapport avec vos
propres pensées. Selon votre éducation, selon vos croyances et votre
histoire, vous pouvez les interpréter de différentes façons. Ils peuvent
d’ailleurs avoir des origines variées. Souvent, cependant, vous vous êtes
connectés par inadvertance à l’un de vos autres courants de conscience,
vous avez momentanément ouvert un canal vers ces autres niveaux de
réalité dans lesquels résident d’autres parties de vous-mêmes.
Certains de ces mots ou de ces images peuvent avoir un rapport avec les
pensées de ce que vous appelleriez un moi réincarnationnel, focalisé sur
une autre période de l’histoire, telle que vous la concevez. Ou bien, selon
votre inclination naturelle et votre souplesse psychique, selon votre
curiosité et votre désir d’apprendre, vous pouvez aussi « piocher » un
évènement impliquant l’un de vos moi probables. Autrement dit, vous
pouvez prendre conscience d’une réalité beaucoup plus étendue que celle
que vous connaissez à présent ; vous pouvez utiliser des facultés que vous
possédez sans vous en rendre compte et savoir, sans l’ombre d’un doute,
que votre conscience et votre identité sont indépendantes du monde sur
lequel toute votre attention porte à présent. Si ce n’était pas le cas, je ne
serais pas en train d’écrire ce livre, ni vous en train de le lire.
(Humour léger.) Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(« Merci. » De 22h01 à 22h10.)
Ces autres existences qui sont les vôtres se poursuivent tout à fait
joyeusement, que vous soyez réveillés ou endormis mais, en général, vous
les maintenez à distance tant que vous êtes réveillés. Dans le rêve, vous
vous en rendez bien mieux compte, même s’il se produit dans le rêve un
processus final qui masque souvent cette expérience psychologique et
psychique intense ; et malheureusement, c’est de la version finale du rêve
que vous vous souvenez d’habitude.
Dans cette version finale du rêve, l’expérience fondamentale est
convertie aussi fidèlement que possible en termes physiques. Elle est donc
déformée. Ce processus de retouche n’est cependant pas conduit par des
couches profondes du moi ; c’est un processus beaucoup plus proche de la
conscience que vous ne le pensez.
Un point particulier expliquera peut-être ce que je veux dire. Si vous ne
voulez pas vous souvenir d’un rêve particulier, vous en censurez le souvenir
à des niveaux très proches de la conscience. Vous pouvez même vous
surprendre en train de lâcher intentionnellement le souvenir d’un rêve. Le
processus de retouche se produit presque au même niveau, mais pas tout à
fait.
Ici, l’expérience fondamentale est habillée à la hâte et, autant que
possible, avec les vêtements du monde physique. Et cela, non pas parce que
vous voulez comprendre l’expérience, mais parce que vous la refusez
fondamentalement, car elle n’est pas physique. Tous les rêves ne sont pas de
cette nature : certains prennent place dans des zones psychiques ou
mentales reliées à vos activités quotidiennes, et dans ce cas aucun processus
d’habillage n’est nécessaire. Mais dans les très grandes profondeurs de
l’expérience du sommeil – celles qui, incidemment, n’ont pas encore été
détectées par les scientifiques qui étudient le rêve – vous êtes en
communication avec d’autres parties de votre propre identité et avec les
réalités dans lesquelles elles existent.
(22h20.) Dans cet état, vous menez à bien des tâches et des entreprises
qui peuvent être sans rapport avec ce que vous considérez comme vos
intérêts. Vous y étudiez, vous jouez, vous acquérez de l’expérience ; vous
êtes tout sauf endormis (sourire), selon le sens que vous donnez à ce terme.
Vous y êtes extrêmement actifs. (Avec humour.) Vous y prenez part au
travail souterrain, au fonctionnement fondamental de l’existence.
Permettez-moi d’ailleurs d’insister sur le fait que vous n’en êtes
absolument pas inconscients. C’est ce que vous croyez, parce qu’en général
vous ne vous souvenez pas de tout cela le lendemain matin. Dans une
certaine mesure, pourtant, certains se rendent compte de ces activités ; et il
y a des méthodes pour se les rappeler partiellement.
Je ne veux pas minimiser l’importance de l’état de conscience qui est le
vôtre, par exemple quand vous lisez ce livre. Je suppose que vous êtes
réveillés, mais de bien des façons, quand vous êtes réveillés, vous vous
reposez davantage que dans l’état prétendument inconscient de la nuit. Car
c’est la nuit que vous percevez amplement votre propre réalité, que vous
utilisez librement les facultés que vous ignorez ou que vous reniez pendant
la journée.
(22h26.) À un niveau très simple, par exemple, votre conscience quitte
fréquemment votre corps dans l’état de sommeil. Vous communiquez, dans
d’autres niveaux de réalité, avec des gens que vous avez connus ; mais
surtout, vous utilisez votre créativité pour entretenir votre image physique,
pour la régénérer. Vous traitez l’expérience quotidienne, vous la projetez
dans ce que vous pensez être le futur, vous choisissez parmi une infinité
d’évènements probables ceux que vous voulez rendre physiques, et vous
amorcez les processus mentaux et psychiques qui vont les amener dans le
monde de la substance.
Dans le même temps, vous mettez cette information à la disposition de
toutes les autres parties de votre identité, situées dans des réalités
totalement différentes, et elles font la même chose pour vous. Vous ne
perdez pas contact avec votre moi réveillé ordinaire ; c’est simplement que
vous ne vous focalisez pas sur lui, vous en détournez votre attention. Dans
la journée, le processus s’inverse. Si vous regardiez votre moi normal
quotidien de cet autre point de vue, vous trouveriez votre moi réveillé aussi
étrange que vous trouvez à présent le moi endormi. Mais la comparaison ne
tient pas, car votre moi endormi en sait beaucoup plus que le moi réveillé
dont vous êtes si fiers.
(22h35.) Cette division apparente n’est pas arbitraire, elle ne vous est pas
non plus imposée. Elle est simplement due à votre stade actuel de
développement, et d’ailleurs elle varie. Beaucoup de gens font des
excursions dans d’autres réalités – ils nagent pour ainsi dire dans d’autres
courants de conscience pendant leur vie réveillée normale. Et il arrive que
d’étranges poissons surgissent de ces eaux !
J’en suis un, bien évidemment, selon vos termes, moi qui monte d’autres
dimensions de réalité et qui observe une dimension d’existence qui est la
vôtre plutôt que la mienne. Il existe donc des canaux entre tous ces courants
de conscience, entre toutes ces rivières symboliques d’expériences
psychologique et psychique ; et on peut faire certains voyages en partant de
ma dimension aussi bien que de la vôtre.
Initialement, Ruburt, Joseph et moi faisions partie de la même entité, ou
identité globale ; ainsi, symboliquement parlant, nous sommes unis par des
courants psychiques. Tout cela se fond en ce qu’on a souvent comparé à un
océan de conscience, à une source d’où jaillit tout le réel. Partez de
n’importe quelle conscience et, théoriquement, vous trouverez toutes les
autres.
(Une pause à 22h43.) Or souvent l’ego fait barrage ; il essaie d’empêcher
d’autres perceptions de passer – non pas parce qu’il est censé le faire, ou
parce que c’est dans sa nature, ou même parce que c’est l’une de ses
fonctions principales, mais simplement parce qu’on vous a appris que la
fonction de l’ego est de nature restrictive plutôt qu’expansive. Vous vous
imaginez que l’ego est une partie faible du moi, qu’il doit se défendre
contre d’autres parties plus fortes, plus persuasives et même dangereuses ;
vous l’avez donc habitué à porter des œillères, tout à fait à l’encontre de son
inclination naturelle.
L’ego veut comprendre et interpréter la réalité physique ; il veut interagir
avec elle. Il veut vous aider à survivre au sein de l’existence physique, mais
comme vous lui mettez des œillères, vous entravez sa souplesse naturelle et
vous instituez une limite à ce qu’il peut percevoir. Puis, comme il se montre
inflexible, vous déclarez que c’est l’une de ses caractéristiques et sa
fonction naturelle.
Il ne peut pas interagir avec une réalité que vous ne lui permettez pas de
percevoir. Il ne peut pas vous aider correctement à survivre si vous ne le
laissez pas utiliser ses capacités pour découvrir les conditions véritables
dans lesquelles il doit fonctionner. Vous commencez par lui mettre des
œillères, puis vous dites qu’il ne voit rien.
Vous pouvez faire une pause.
(22h49. Jane a été parfaitement dissociée. « J’étais vraiment ailleurs, ce
soir, je peux te le dire… » Son débit a été bon, avec quelques courtes
pauses. Reprise à 23h02.)
C’était la fin de la dictée. Maintenant, accordez-nous un instant.
(Selon sa nouvelle habitude, Seth termine la session par deux pages de
matériau différent, au sujet cette fois des années de formation que Jane a
passées à écrire de la poésie et de la fiction. C’est très bien vu, me dis-je.
Seth explique comment la poésie de Jane a toujours été « une ramification
créatrice de sa soif de comprendre la nature de l’existence et de la réalité,
sa manière de sonder psychiquement d’autres réalités… une méthode
d’investigation et d’exploration des résultats ».
Ses œuvres de fiction, ajoute Seth, sont « sa manière de sonder des
probabilités et d’essayer de comprendre les autres. Tous ses écrits font
partie de sa vie créative, mais à présent son investigation sur la nature de
la réalité est bien plus directe. Il existe une grande unité dans les intérêts de
cette personnalité. Rien n’est laissé au hasard. Le moi créatif est
opérationnel : il va exactement là où il veut aller ».
Les expériences psychiques de Jane, dit Seth, ouvriront elles-mêmes
d’autres domaines de création, ce qui la conduira à creuser plus
profondément dans des fonds de créativité littéralement universels et infinis.
Fin à 23h21.)
CHAPITRE 8
SESSION 532
MERCREDI 27 MAI 1970
(21h24.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
La quantité de sommeil dont les gens ont besoin varie énormément, et
aucune pilule ne permettra jamais de se passer entièrement du sommeil, car
un travail capital s’accomplit dans cet état. Mais le sommeil serait plus
efficace s’il était réparti sur deux périodes au lieu d’une seule.
Deux cycles de trois heures de sommeil suffisent amplement si l’on se
donne, avant de s’endormir, des suggestions adéquates pour assurer au
corps une récupération complète. La plupart du temps, dormir dix heures de
suite est contre-productif. Une si longue période de sommeil entraîne une
léthargie aussi bien physique que mentale. L’esprit est resté trop
longtemps loin du corps et la flexibilité musculaire s’en ressent.
(La dictée de Jane est plutôt rapide, jusqu’à la fin de la session.)
De même que plusieurs collations légères sont préférables à trois repas
par jour, de courtes siestes sont plus efficaces qu’une longue période de
sommeil. Ce système présenterait d’autres avantages. Le moi conscient se
souviendrait mieux de ses aventures dans le monde du rêve, et celles-ci
viendraient progressivement enrichir la totalité de l’expérience perçue par
l’ego.
Avec des périodes de sommeil plus courtes et plus fréquentes, votre
conscience atteindrait des sommets de concentration plus élevés, et votre
activité aussi bien physique que psychique serait régénérée plus
régulièrement. Il n’y aurait pas cette division radicale entre les différentes
zones, ou niveaux, du moi, ce qui entraînerait une meilleure utilisation des
nutriments et une meilleure gestion de l’énergie. La conscience, telle que
vous la connaissez, serait également plus souple et plus mobile.
Cela n’entraînerait pas un manque de clarté ou de focalisation de la
conscience. L’impression de clivage entre le moi qui dort et le moi réveillé
résulte en partie de cette division radicale entre leurs fonctions – les deux
moi étant séparés, avec une certaine durée attribuée à l’un et une durée plus
importante à l’autre. C’est votre façon d’utiliser le temps qui les maintient
séparés.
(21h36.) Au départ, votre vie consciente suivait le cycle de la lumière
solaire. Avec l’éclairage artificiel, cela n’a plus vraiment de raison d’être.
Or, pour l’instant, vous ne tirez pas pleinement parti des opportunités nées
de votre technologie. Il ne s’agit pas, bien sûr, de dormir toute la journée et
de travailler la nuit ; cela ne ferait qu’inverser les habitudes actuelles. En
revanche, il serait beaucoup plus efficace de diviser autrement la période de
vingt-quatre heures.
Toutes sortes de variations seraient préférables au système actuel. Dans
l’idéal, vous dormiriez cinq heures d’affilée et vous en tireriez le bénéfice
maximal ; le sommeil qui s’y ajoute n’apporte pas grand-chose. Ceux qui
ont besoin de davantage de sommeil peuvent faire une sieste de deux
heures. Pour d’autres, quatre heures de sommeil accompagnées de deux
siestes seraient idéales. Lorsqu’on lui donne les suggestions adéquates, le
corps peut récupérer dans la moitié du temps qui est à présent accordé au
sommeil. De toute façon, il est beaucoup plus vivifiant et bien plus efficace
de maintenir le corps physique actif pendant une période d’environ huit à
dix heures.
Vous avez donné à votre conscience certaines habitudes qui ne lui sont
pas forcément naturelles, et qui augmentent le sentiment d’aliénation entre
le moi réveillé et le moi qui rêve. D’une certaine manière, vous stupéfiez
votre corps à force de suggestions, si bien qu’il croit devoir dormir pendant
un certain nombre d’heures sans interruption. Les animaux dorment
lorsqu’ils sont fatigués, et se réveillent de manière beaucoup plus naturelle.
Vous vous souviendriez mieux de vos expériences subjectives et vous
seriez en meilleure santé si vous changiez vos habitudes de sommeil. Six à
huit heures en tout suffiraient, avec un programme de siestes adéquat. Et
même ceux qui croient avoir besoin de dormir beaucoup plus verraient que
ce n’est pas le cas si leur temps de sommeil était fractionné. Tout leur
système en bénéficierait, sur le plan physique aussi bien que mental ou
psychique.
Les divisions à l’intérieur du moi seraient moins importantes ; le travail
mental et physique serait facilité, et le corps régénéré plus régulièrement.
Pour l’instant, il doit souvent attendre – parfois pendant seize heures – quel
que soit l’état dans lequel il se trouve. Pour des raisons liées aux processus
chimiques qui se produisent pendant le rêve, la santé du corps s’en
trouverait améliorée ; ce programme spécifique serait également bénéfique
pour les schizophrènes, et pour tous ceux qui sont dépressifs ou
mentalement instables.
(21h52.) Votre sens du temps serait aussi moins rigide ; les capacités
créatrices seraient renforcées ; le grand problème de l’insomnie, qui
concerne tant de gens, serait largement vaincu – car ce qu’ils craignent, au
fond, c’est souvent la longue période pendant laquelle leur conscience, telle
qu’ils la conçoivent, semble éteinte.
Des collations ou des repas très légers seraient pris au réveil. Cette façon
de dormir et de se nourrir résoudrait un grand nombre de difficultés
métaboliques ; elle favoriserait également le développement des facultés
spirituelles et psychiques. Pour diverses raisons, l’activité physique a sur le
corps un effet différent selon qu’elle est pratiquée le jour ou la nuit ; et dans
l’idéal, les deux sont nécessaires.
À certains moments de la nuit, les ions négatifs de l’air sont beaucoup
plus nombreux, ou puissants, que pendant la journée ; et dans ces moments-
là, l’activité physique, en particulier la promenade ou toute activité
d’extérieur, est très profitable pour la santé.
Or les instants qui précèdent l’aube sont souvent un moment critique
pour les grands malades. La conscience a été loin du corps pendant si
longtemps qu’elle éprouve des difficultés à reprendre en charge les
mécanismes corporels déficients. Donner des somnifères aux patients pour
qu’ils dorment toute la nuit, comme on le fait d’ordinaire dans les hôpitaux,
est donc une pratique néfaste. Dans bien des cas, assumer de nouveau les
mécanismes défaillants est un effort trop important pour la conscience qui
revient au corps.
Qui plus est, ces médicaments font souvent obstacle à des cycles de rêves
qui aident le corps à se rétablir ; et la conscience s’en trouve sérieusement
désorientée. Certaines des divisions entre les différentes parties du moi ne
sont donc pas inéluctables ; elles résultent seulement de la coutume et de la
commodité.
Dans des périodes plus anciennes, avant même l’apparition de
l’électricité, le sommeil n’était pas constitué d’une longue période nocturne
ininterrompue, car les lieux où l’on dormait ne présentaient pas le même
degré de sécurité. L’homme des cavernes, par exemple, montait la garde
tout en dormant et demeurait attentif aux prédateurs. Les aspects mystérieux
de la nuit naturelle en extérieur le maintenaient partiellement en alerte. Il se
réveillait souvent pour surveiller son abri et les alentours.
(22h04.) Au lieu de dormir pendant une longue période ininterrompue
comme vous le faites, il dormait par phases de deux ou trois heures
réparties sur toute la période d’obscurité, du crépuscule à l’aube, en
alternance avec des phases où il était tout à fait réveillé et plein d’activité. Il
se glissait aussi à l’extérieur pour chercher à manger, quand il espérait que
les prédateurs qu’il craignait étaient endormis.
Tout cela avait pour résultat une mobilité de la conscience qui
garantissait effectivement sa survie physique ; il se souvenait des intuitions
qui lui étaient apparues en rêve et pouvait les mettre à profit lorsqu’il était
réveillé.
Or de nombreuses maladies sont tout simplement dues à la division que
vous pratiquez – à cette longue période d’inactivité corporelle, à cette
période de focalisation ininterrompue soit dans le rêve, soit dans l’état de
veille. Votre conscience normale bénéficie d’incursions et de périodes de
repos dans les champs de réalité dans lesquels vous pénétrez quand vous
dormez ; et la conscience prétendument endormie tire également profit de
fréquentes incursions dans l’état de veille.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(22h10. La transe de Jane a été profonde et son débit rapide. Elle se
souvient pourtant d’une partie du matériau, ce qui est inhabituel. Elle n’a
fait aucune lecture sur le sommeil ces temps-ci. « Tout ça me dépasse
complètement, dit-elle, je n’ai jamais eu d’idées de ce genre, en tout cas
consciemment. » Reprise de la même manière à 22h22.)
Maintenant. J’aborde ici ces sujets parce que changer vos habitudes de
cette manière entraînerait une meilleure compréhension de la nature du moi.
Si les parties internes de la personnalité en rapport avec le rêve vous
semblent si étranges, ce n’est pas seulement à cause de leur différence
fondamentale de focalisation ; c’est aussi parce que vous consacrez à ces
différentes zones du moi des périodes clairement opposées d’un cycle de
vingt-quatre heures.
Vous les séparez autant que possible. Et du coup vous séparez nettement
vos facultés de création intuitives, psychiques, de vos capacités de
fonctionnement physique, objectif. Peu importe le nombre d’heures de
sommeil dont vous pensez avoir besoin. Vous irez mieux en dormant sur
des périodes plus courtes, et vous aurez besoin de moins de sommeil. Le
bloc de sommeil le plus important doit se situer la nuit ; mais encore une
fois, le sommeil perd son efficacité au bout de six à huit heures, et toutes
sortes d’inconvénients se manifestent après six à huit heures d’inactivité
physique.
Il y aurait un meilleur fonctionnement des minéraux, des hormones, et en
particulier de la glande surrénale, avec les périodes d’activité alternées dont
je parle. L’usure du corps serait minimisée, alors que les pouvoirs de
régénération fonctionneraient à plein régime. Les différents métabolismes,
qu’ils soient rapides ou lents, en tireraient également profit.
Les centres psychiques seraient activés plus fréquemment et la
personnalité globale en serait renforcée. Il en résulterait une mobilité et une
souplesse de la conscience qui permettraient une meilleure concentration –
et les niveaux de fatigue resteraient toujours en dessous du seuil critique.
Cela aurait pour effet un meilleur équilibre, aussi bien sur le plan physique
que mental.
Ce genre d’horaire pourrait être facilement adopté. Ceux qui travaillent
aux heures ouvrables américaines pourraient faire une nuit de quatre à six
heures, selon les variations individuelles, et un somme après un repas pris
en fin d’après-midi. Je veux qu’il soit clair, en tout cas, que tout ce qui vient
s’ajouter à une période continue de six à huit heures de sommeil joue contre
vous ; et qu’une période de dix heures de sommeil, par exemple, peut être
absolument contre-productive. D’ailleurs, quand vous dormez si longtemps,
vous vous réveillez souvent non pas reposé mais vidé d’énergie : vous avez
négligé la boutique.
Si vous ne comprenez pas que votre conscience quitte vraiment votre
corps pendant les périodes de sommeil, ce que je viens de dire n’aura pas de
sens pour vous. Certes, votre conscience revient de temps en temps pour
vérifier le mécanisme physique, et la simple conscience des atomes et des
cellules – la conscience du corps – l’accompagne toujours, si bien qu’il
n’est pas vacant. Mais les parties profondément créatives du moi le quittent
réellement pendant de longues périodes.
(22h39.) Certains comportements vraiment névrotiques résultent de vos
habitudes de sommeil actuelles. D’une certaine façon, le somnambulisme
aussi. La conscience veut retourner au corps, mais on l’a hypnotisée avec
l’idée que le corps ne doit pas se réveiller. L’énergie nerveuse en surplus se
met aux commandes et pousse les muscles à l’activité, parce que le corps se
sait inactif depuis trop longtemps, il sait qu’il court le risque de fortes
crampes musculaires.
Il en va de même pour vos habitudes alimentaires. Tour à tour, vous
gavez puis vous affamez vos tissus. Cela a un effet sur la nature de votre
conscience, sur votre capacité de concentration et votre créativité. Avec vos
habitudes de sommeil, vous affamez littéralement votre corps la nuit, vous
accélérez son vieillissement en lui refusant toute nourriture pendant de si
longues heures. Tout cela se répercute sur la nature de votre conscience, et
sur sa force.
Votre consommation de nourriture devrait être répartie sur vingt-quatre
heures, et non pas seulement sur les heures de veille. En modifiant votre
rythme de sommeil comme je le suggère, vous vous nourririez pendant la
nuit et vous mangeriez beaucoup moins à « l’heure des repas ». De petites
quantités de nourriture prises plus fréquemment vous seraient beaucoup
plus bénéfiques que vos pratiques actuelles, sur le plan physique, aussi bien
que mental ou psychique.
Changer votre rythme de sommeil entraînerait automatiquement un
changement de rythme dans votre alimentation. Cela vous permettrait de
découvrir que vous êtes un tout beaucoup plus cohérent que vous ne
l’imaginez à présent. Vous vous rendriez compte, par exemple, que vous
êtes spontanément télépathes et extralucides ; et vous n’auriez plus le
sentiment qu’il existe une séparation profonde entre le moi du rêve et le moi
réveillé. Ce sentiment d’aliénation s’évanouirait largement.
Votre plaisir face à la nature serait également décuplé car, en règle
générale, vous ne connaissez pas la nature la nuit. Vous pourriez tirer
meilleur parti de la connaissance intuitive qui apparaît dans les rêves, et
votre humeur ne serait plus sujette aux larges variations qu’elle connaît à
présent. Vous vous sentiriez beaucoup plus à l’abri, beaucoup plus en
sécurité dans toutes les sphères d’existence.
Les problèmes de sénilité seraient diminués, car l’organisme ne serait pas
privé de stimuli pendant de si longues périodes. Grâce à cette souplesse
accrue, la conscience connaîtrait mieux son propre sentiment de joie.
Vous pouvez faire une pause. (Soudain plus fort.) Et si vous n’essayez
pas, comment pouvez-vous espérer que d’autres le fassent ?
(En plaisantant : « Je ne sais pas. »)
Vos périodes de travail créatif seraient plus efficaces et plus productives
si vous suiviez ces conseils.
(« On va voir ce qu’on peut faire. »
22h53. La transe de Jane a de nouveau été profonde et son débit rapide,
ce qui laisse ma main presque engourdie. Cette pause s’avère être la fin de
la prise de notes pour cette session.
À présent, pour la deuxième fois ces temps-ci, Seth et moi cédons au
plaisir d’une conversation sans prise de notes. Il m’explique en détail
comment modifier mes habitudes de sommeil pour améliorer ma peinture.
La conversation terminée, je regrette de ne pas l’avoir notée car elle
contenait de nombreuses informations applicables à la plupart des gens.
Jane termine la soirée en disant qu’elle n’était « même pas d’humeur pour
une session, ce soir. »
Depuis cette session – nous sommes le 1er juin au moment où je tape ces
notes – Jane et moi avons un peu essayé de modifier nos rythmes de
sommeil, et les idées de Seth nous semblent tout à fait réalisables. Après
une nuit de sommeil plus courte, nous n’avons aucune difficulté à nous
réveiller, alertes et en forme. Nous y ajoutons une ou deux périodes de
repos pendant la journée. Ce système nous apporte une acuité inhabituelle
et nous fait apprécier davantage toutes nos activités.)
SESSION 533
LUNDI 1er JUIN 1970
(21h20. Avant le matériau ci-dessous, Seth livre cinq pages de données
personnelles pour Jane et pour moi. Après une pause, il reprend la dictée
du chapitre 8 à 22h10.
Avec humour.) Dictée.
(« Très bien. »)
Maintenant. Il est bien connu que diverses fluctuations de la conscience
et de l’attention existent pendant le sommeil. Certaines périodes d’activité
dans le rêve surpassent en effet certains états réveillés. Mais il existe aussi
des fluctuations dans la conscience réveillée normale ; des rythmes
d’activité intense sont suivis de périodes moins actives.
Certains états réveillés sont bien sûr très proches du sommeil. Ces
rythmes se fondent si bien ensemble que cette alternance passe souvent
inaperçue. Les différents degrés de conscience s’accompagnent de
changements dans l’organisme physique. Les périodes les plus ralenties de
la conscience réveillée se caractérisent par un manque de concentration, une
fermeture plus ou moins importante aux stimuli, une augmentation du
nombre d’accidents et, de manière générale, une diminution du tonus
corporel.
(22h28.) L’habitude de dormir pendant une longue période, suivie d’une
longue période de veille, vous empêche de profiter pleinement de ces
rythmes de conscience. Les sommets en sont aplanis, ou passent même
inaperçus. La pleine acuité, la grande efficacité de la conscience réveillée
sont à peine utilisées.
Je donne ici tout ce matériau pour qu’il vous aide à comprendre vos
capacités actuelles, et à les utiliser. Vous en demandez trop à la conscience
réveillée normale ; vous aplatissez les hauts et les bas de son activité, et
vous ne profitez pas de la grande mobilité dont elle est capable ; vous lui
demandez à l’occasion de foncer à toute vitesse alors qu’elle se trouve dans
une période où ses capacités sont minimales.
(22h33.) Les suggestions données ici concernant les habitudes de
sommeil permettraient d’utiliser ces rythmes de façon naturelle. Vous en
ressentiriez mieux les sommets et vous vous concentreriez mieux, vous
apprendriez plus facilement et vous verriez les problèmes avec plus de
clarté.
(Aujourd’hui, j’ai fait remarquer à Jane que l’expression « beaucoup
plus » se rencontrait fréquemment dans la dictée. Maintenant, Jane-Seth se
penche et sourit avec une insistance feinte.)
J’allais dire : beaucoup plus de clarté.
(« Ah, oui ! »)
Maintenant. Pendant l’état de veille, il se produit une accumulation
d’éléments chimiques qui sont ensuite déblayés pendant le sommeil. Mais si
vous attribuez à l’état de veille une longue période ininterrompue, les
éléments accumulés finissent par entraîner une léthargie physique qui est un
obstacle à la concentration de la conscience. Si bien que, dans une sorte de
cercle vicieux, vous êtes alors obligés de recourir à la longue période de
sommeil à laquelle vous êtes habitués. Le corps doit fournir un surcroît de
travail pendant la nuit ; il est obligé de pratiquer en continu, sur une longue
période, une élimination physique qui, dans l’idéal, devrait être répartie sur
des périodes de repos plus courtes. L’ego se sent menacé par le « congé »
qu’on lui impose ; il finit par se méfier du sommeil et met en place des
barrières contre l’état de rêve. La plupart de ces barrières sont totalement
artificielles.
(22h42.) Tout cela entraîne une dualité apparente, une méfiance d’une
partie du moi envers l’autre. Une abondance de matériau créatif d’une
grande valeur pratique est ainsi perdue. Les procédures évoquées
permettraient d’accéder plus facilement à ce type d’information et le moi
réveillé serait mieux régénéré. Le symbolisme des rêves apparaîtrait
beaucoup plus clairement, au lieu de disparaître au cours des longues heures
que vous accordez au sommeil.
La force musculaire en serait améliorée. Le sang serait mieux nettoyé que
lorsque le corps est prostré pendant si longtemps. Surtout, il y aurait
beaucoup plus – pardonnez-moi l’expression – de communication entre les
couches subjectives du moi, avec un sentiment de sécurité plus important.
Les capacités de création des enfants se développeraient plus tôt.
Maintenant, vous pouvez faire une pause ou finir la session, comme vous
préférez.
(« Nous allons faire une pause. » De 22h50 à 23h04.)
Pour demeurer claire, dégagée, puissante, pour pouvoir interpréter
correctement la réalité, une conscience a besoin de fréquentes périodes de
repos. Sinon, elle déforme ce qu’elle perçoit.
Des cures de sommeil ou de repos – de très, très longues périodes de
sommeil – peuvent avoir une utilité thérapeutique dans certains cas, non
qu’elles soient en elles-mêmes bénéfiques, mais parce qu’il s’est accumulé
tellement de toxines dans le corps que ces périodes deviennent nécessaires.
Les processus d’apprentissage sont complètement entravés par vos
habitudes actuelles ; car il existe des périodes où la conscience est
naturellement ouverte à l’apprentissage, alors que vous essayez de la forcer
à apprendre pendant des périodes où, justement, vous ne vous rendez pas
compte que ses capacités sont minimales. Les capacités créatrices et
psychiques sont rejetées à l’arrière-plan du simple fait de cette division
artificielle. La dualité qui en résulte se répercute sur toutes vos activités.
Dans certains cas, vous vous forcez littéralement à dormir alors que votre
conscience pourrait fonctionner à son plus haut niveau. Cela se situe,
incidemment, dans la période qui précède l’aube. En revanche, pendant
certaines heures de l’après-midi, la conscience est diminuée et a besoin
d’un repos que vous lui refusez.
Si l’état de votre conscience lorsque vous êtes réveillés était étudié
comme on étudie actuellement le sommeil, on découvrirait qu’elle présente
des stades très divers, bien plus variés qu’on ne le suppose en général.
Certaines étapes de transition sont totalement ignorées. À bien des égards,
on peut dire que la conscience clignote et varie en intensité ; elle ne
ressemble certainement pas à un faisceau continu de lumière.
Je vais maintenant terminer notre dictée. Mes plus chaleureuses pensées à
vous deux.
(« Même chose pour vous, Seth. Merci. »
23h11. Une fois sortie de transe, Jane est étonnée de cette rapide fin de
session.)
SESSION 534
LUNDI 8 JUIN 1970
(2) Pour des reproductions de ce tableau, cf. The Seth Material, Prentice Hall, Inc., 1970.
CHAPITRE 9
L’expérience de la « mort »
SESSION 535
MERCREDI 17 JUIN 1970
SESSION 536
LUNDI 22 JUIN 1970
(21h18.) Bonsoir
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons continuer la dictée.
La conscience, telle que vous la concevez, peut bien sûr quitter
entièrement le corps avant la mort physique. Comme nous l’avons vu plus
haut, il n’y a pas de moment précis de la mort, et c’est pour vous faciliter
les choses que je fais comme s’il en existait un.
Votre moi conscient – vous pouvez faire une pause et vous en occuper…
(J’ai déjà posé mon carnet de notes. Notre chat noir, Rooney, gratte à la
porte du salon. Jane, assise, attend à moitié en transe – une sensation
qu’elle décrira plus tard comme « bizarre » – tandis que j’emporte le chat
dans le hall. Notre livreur de journaux arrive avant que je rentre dans
l’appartement ; le temps que je le paie, Jane est sortie de transe. Reprise,
finalement, à 21h27.)
Maintenant. La conscience quitte l’organisme physique de différentes
façons, selon les conditions particulières. Dans certains cas, l’organisme lui-
même demeure capable de fonctionner, bien qu’il soit dépourvu de la
direction ou de l’organisation d’ensemble qui existait auparavant. La simple
conscience des atomes, des cellules et des organes continue à exister
pendant un certain temps, après le départ de la conscience principale.
On peut être désorienté, ou non, selon ses croyances et son
développement. Et je ne parle pas forcément de développement intellectuel.
L’intellect doit aller de pair avec l’intuition et les émotions ; s’ils s’opposent
trop fortement, des difficultés peuvent surgir après la mort, quand la
conscience fraîchement libérée s’accroche à son idée de la réalité plutôt que
de prendre en compte la réalité particulière dans laquelle elle se trouve.
Autrement dit, elle peut nier ce qu’elle ressent, et même essayer de se
convaincre elle-même qu’elle continue à dépendre du corps.
(21h32.) Encore une fois, nous l’avons vu, un individu peut être si
convaincu de ne rien trouver après la mort qu’il s’enfonce dans un oubli
total – mais temporaire – lorsqu’il meurt. Dans bien des cas, il y a,
lorsqu’on vient de quitter le corps, un étonnement accompagné d’une
compréhension de la situation. Il est possible que l’on revienne examiner
son propre corps, et nombre de funérailles ont un invité d’honneur qui
dévisage le cadavre avec plus de curiosité et d’étonnement que les autres.
À ce moment-là, de nombreuses variations de comportement
apparaissent, chacune résultant de l’histoire, de la connaissance et des
habitudes de chacun. L’environnement dans lequel se trouvent les morts
varie. Des hallucinations intenses peuvent créer une expérience tout aussi
réelle que la vie mortelle. Or, comme je vous l’ai dit, les pensées et les
émotions forment la réalité physique et l’expérience après la mort. Cela
n’ôte rien à la validité de l’expérience, ni à la validité de la vie physique.
Certaines images ont été utilisées pour symboliser ce passage d’une
existence à une autre ; elles sont extrêmement précieuses car elles
fournissent un cadre de référence facile à comprendre. La traversée du
fleuve Styx est l’une de ces images. Les mourants s’attendaient à certaines
procédures, dans un ordre plus ou moins attendu. La cartographie était
connue d’avance. Au moment de la mort, la conscience produisait de très
intenses hallucinations du fleuve ; les parents et amis déjà morts entraient
dans le rituel et en faisaient eux aussi une cérémonie riche de signification.
La rivière était aussi réelle que n’importe laquelle de celles que vous
connaissez, aussi périlleuse pour le voyageur solitaire dépourvu des
connaissances adéquates. Des guides étaient toujours présents au bord du
fleuve pour aider ces voyageurs à le traverser.
On ne peut pas dire que ce fleuve soit une illusion. Le symbole est
réalité, voyez-vous. Le chemin était planifié. Cependant, cette cartographie
particulière n’est plus en usage aujourd’hui : les vivants ne savent plus la
lire. La chrétienté croit en un paradis et un enfer, un purgatoire et un
Jugement ; aussi, pour ceux qui croient en ces symboles, un autre type de
cérémonie a lieu au moment de la mort, et les guides revêtent l’apparence
chérie des saints et des héros chrétiens.
(Une pause à 21h48.) Puis, dans ce cadre, et dans des termes qu’ils
peuvent comprendre, on révèle à ces individus la situation véritable.
Pendant des siècles, les mouvements religieux de masse ont joué le rôle de
donner à l’homme un plan à suivre. Que ce plan soit vu plus tard comme un
dessin d’enfant, comme un livre rempli de belles images, n’avait aucune
importance : le but était atteint, et la désorientation minimisée.
Dans les périodes où aucune de ces idées de masse n’a cours, il y a
davantage de désorientation, et lorsque la vie après la mort est totalement
niée, le problème est encore plus important. Bien sûr, nombreux sont ceux
qui sont enchantés de se découvrir encore conscients. D’autres doivent
complètement réapprendre certaines lois de comportement, car ils ne
comprennent pas du tout le potentiel de création de leurs pensées et de leurs
émotions.
Ce type d’individu peut, par exemple, se retrouver dans dix
environnements différents en un clin d’œil, sans la moindre idée du
pourquoi de cette situation. Il ne verra absolument aucune continuité et se
sentira ballotté d’une expérience à l’autre, sans jamais se rendre compte que
ce sont littéralement ses pensées qui le propulsent.
(21h55.) Je parle des évènements qui suivent immédiatement la mort,
mais il existe d’autres stades. Des guides prennent volontiers part à vos
hallucinations pour vous aider à en sortir, mais il faut d’abord que vous leur
accordiez votre confiance.
En un temps – selon vos termes – j’ai moi-même joué ce rôle de guide ;
dans son sommeil, Ruburt suit à présent le même chemin. La situation est
assez délicate du point de vue du guide car, psychologiquement, il doit faire
appel au plus grand tact. Le Moïse d’un homme, ai-je découvert, n’est pas
forcément celui d’un autre. J’ai servi moi-même de Moïse plutôt honorable
en certaines occasions – dont l’une, aussi improbable que cela puisse
paraître, pour un Arabe.
(22h00.) Cet Arabe était d’ailleurs un personnage intéressant et, pour
illustrer certaines des difficultés rencontrées, je vais vous parler de lui. Il
détestait les Juifs mais il était obsédé par l’idée que Moïse était plus
puissant qu’Allah. Pendant des années, ce fut le péché secret qui pesait sur
sa conscience. Il passa un certain temps à Constantinople au temps des
croisades, puis fut capturé et se retrouva finalement dans un groupe de
Turcs qui devaient être exécutés par les chrétiens, en l’occurrence d’une
manière vraiment horrible. Pour commencer, ils le forcèrent à ouvrir la
bouche et la remplirent de braises. Il appela Allah puis, dans un désespoir
encore plus grand, Moïse, et au moment où sa conscience quittait son corps,
Moïse apparut.
Il croyait plus en Moïse qu’en Allah, et je n’ai su qu’au dernier moment
quelle forme je devais prendre. C’était un type sympathique et, dans ces
circonstances, cela ne m’a pas posé de problème quand il a eu l’air
d’attendre un combat pour son âme. Moïse et Allah devaient se battre pour
lui. Il ne pouvait pas dépasser l’idée de la violence, bien qu’il soit mort par
elle, et rien ne pouvait le persuader d’accepter la moindre paix, le moindre
repos tant qu’un combat n’avait pas eu lieu.
Un ami et moi, et quelques autres, avons mis en scène la cérémonie ; à
partir de nuages opposés dans le ciel, Allah et moi avons revendiqué son
âme – tandis que lui, le pauvre, était recroquevillé sur le sol entre nous. Or,
bien que je raconte cette histoire avec humour, vous devez comprendre
qu’elle résultait directement de la croyance de cet homme et que c’est pour
l’en délivrer que nous y avons pris part.
Je fis appel à Jéhovah, mais sans succès, car notre Arabe ne connaissait
pas Jéhovah ; il ne connaissait que Moïse, et c’est en lui qu’il avait mis sa
foi. Allah tira une épée cosmique, que j’enflammais ; il la lâcha, elle tomba
sur le sol et y mit feu. Notre Arabe cria de nouveau. Il vit des cohortes
derrière Allah, et des cohortes derrière moi. Notre ami était convaincu que
l’un de nous trois allait être détruit, et il avait très peur que ce soit lui.
Finalement, les nuages opposés dans lesquels nous étions apparus se sont
rapprochés. Dans ma main, je tenais une tablette qui disait : « Tu ne tueras
point. » Allah tenait une épée. En nous rapprochant l’un de l’autre, nous
avons échangé ces objets et nos suivants se sont mêlés. Nous nous sommes
réunis en formant l’image d’un soleil et en disant : « Nous sommes un. »
Il fallait que ces deux idées diamétralement opposées s’unissent pour que
notre homme connaisse la paix, et une fois ces opposés réunis, nous avons
pu commencer à lui expliquer la situation.
Vous pouvez faire une pause.
(22h20. La transe de Jane a été profonde, mais elle se rappelle certaines
parties de l’aventure de Seth. Elle dit avoir eu une série d’images en
parallèle au contenu, mais elle n’arrive pas à les décrire.
Les croisades furent des expéditions militaires dépêchées par les
pouvoirs chrétiens, du XIe au XIIIe siècle, pour reprendre la Terre sainte aux
musulmans. Pendant que Seth présentait ces données, dit Jane, elle s’est
demandé ce qu’un Arabe venait faire dans la Constantinople turque de
l’époque. Je lui explique la géographie de la région. On peut supposer que
ce voyageur ait atteint Constantinople en traversant la Turquie ou en
passant par l’est de la Méditerranée et par les Dardanelles. Dans le
Proche-Orient, les distances sont courtes.
Jane n’a littéralement aucun sens de la géographie ou des distances, ce
qui, paradoxalement, joue à son avantage pendant les sessions. Elle a
pourtant un sens infaillible de l’orientation dans un environnement familier,
et elle indique le nord bien mieux que moi. Reprise à 22h43.)
Être un guide de ce type demande beaucoup de discipline et une longue
formation.
Avant l’évènement que je viens de mentionner, j’avais passé de
nombreuses vies à jouer le rôle de guide sous la tutelle d’un autre, pendant
mon sommeil quotidien.
On peut se perdre momentanément dans les hallucinations qui sont
formées et, dans ce cas, il faut qu’un autre enseignant vous en sorte. Un
examen délicat des processus psychologiques en jeu est nécessaire, et la
diversité des hallucinations dans lesquelles on peut être plongé est infinie.
On peut, par exemple, être amené à prendre la forme du chien disparu qui a
été tendrement aimé par quelqu’un.
Toutes ces activités hallucinatoires ont lieu d’ordinaire dans les moments
qui suivent immédiatement la mort. Cependant, certains individus, qui ont
reçu une formation préliminaire et atteint un stade de développement plus
avancé, se rendent parfaitement compte des circonstances ; après s’être
reposés, ils sont prêts à avancer vers d’autres stades.
Ils peuvent par exemple prendre connaissance de leurs moi
réincarnationnels et reconnaître des personnalités qu’ils ont connues dans
d’autres vies, si ces personnalités ne sont pas occupées ailleurs. Ils peuvent
choisir d’halluciner, délibérément cette fois, ou s’ils le souhaitent,
« revivre » certains épisodes de vies passées. Vient ensuite une période
d’autoexamen – en quelque sorte le moment de rendre des comptes –
pendant laquelle ils peuvent visualiser ce qu’ils ont accompli, leurs forces
aussi bien que leurs faiblesses, et décider s’ils vont retourner à l’existence
physique.
(22h55.) Tout individu peut faire l’expérience de n’importe lequel de ces
stades ; et, à part celui de l’autoexamen, il est également possible de les
laisser tous de côté. Vu l’importance des émotions, il est tout à fait
bénéfique que des amis vous attendent. Dans de nombreux cas, cependant,
vos amis ont progressé vers d’autres stades d’activité, et souvent un guide
prendra temporairement les traits d’un ami pour vous donner de l’assurance.
C’est bien sûr parce que la plupart des gens croient qu’il est impossible
de quitter son corps que vous ne faites pas plus souvent l’expérience de le
quitter durant votre vie. Ce type d’expérience donne, beaucoup mieux que
les mots, un sentiment de familiarité avec les conditions que l’on rencontre
après la mort.
Souvenez-vous que, d’une certaine manière, votre existence physique
résulte d’une hallucination collective. Il existe un abîme entre la réalité de
deux personnes. Après la mort, l’expérience est tout aussi complexe,
intriquée et organisée que votre existence actuelle. Vous avez vos
hallucinations privées en ce moment, mais vous ne comprenez pas qu’elles
le sont. Le type d’hallucinations dont je viens de parler, ces rencontres
symboliques intenses, peuvent également se produire pendant le sommeil,
quand la personnalité passe par des changements importants, lorsque des
idées opposées doivent s’unir, ou que l’une doit céder le pas à l’autre. Ce
sont là des évènements psychologiques et psychiques signifiants, très
chargés, qu’ils se produisent avant ou après la mort.
(23h05.) Lorsqu’ils se produisent dans le rêve, ils peuvent changer le
cours d’une civilisation. Après la mort, un individu peut visualiser la vie
physique qu’il vient de quitter comme un animal avec lequel il doit parvenir
à s’entendre, et ce face-à-face, ou ce combat, est lourd de conséquences, car
cet individu doit accepter toutes les parties de lui-même. Dans ce cas, toutes
les alternatives sont pesées avec soin, car son développement futur en
dépend – que son hallucination se termine parce qu’il a sympathisé avec la
bête et la monte, qu’il la dompte, ou au contraire qu’il la tue ou soit tué par
elle… (Jane tousse, s’arrête et prend une gorgée de bière.)
Vous devriez faire une pause, pour Ruburt.
(« Très bien. » La voix de Jane est faible et enrouée ; je crois qu’elle
aurait été obligée de s’arrêter de toute façon. C’est l’une des rares
occasions, en sept ans de sessions, où elle a un problème avec sa voix.
À 23h11, je lui lis les deux derniers paragraphes du matériau, mais elle
n’y voit aucune association affective qui puisse expliquer son problème de
voix, et moi non plus d’ailleurs. Jane adore les animaux. Peut-être
l’exemple de Seth a-t-il causé cette réaction, mais ça n’en a pas trop l’air.
Reprise à 23h20, d’une voix plus forte mais un peu rauque.)
Nous allons bientôt terminer la session.
Cette façon de « symboliser sa vie » peut être une méthode choisie par
ceux qui ont accordé peu d’importance à l’autoexamen dans leur vie. C’est
donc une partie du processus d’autoexamen au cours duquel un individu
forme une image qui représente sa vie, pour s’y confronter. Cette méthode
n’est pas suivie par tout le monde. Il faut parfois une série d’épisodes de ce
genre…
C’est la fin de la dictée ; mes pensées les plus chaleureuses à vous deux,
et au monstre adoré qui est à vos côtés.
(« Bonne nuit, Seth, et merci. » Notre chat, Willy, sommeille à côté de moi
sur le canapé. 23h25. Jane retrouve vite sa voix ordinaire.)
SESSION 537
MERCREDI 24 JUIN 1970
SESSION 538
LUNDI 29 JUIN 1970
(21h07.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Avec humour.) Maintenant. Chapitre 10, « Les conditions de la “mort”
dans la vie ». (Seth répète le titre pour s’assurer que je le ponctue
correctement.)
Les expériences qui se produisent après la mort seront moins difficiles à
comprendre si vous vous rendez compte que vous êtes confrontés à des
situations tout à fait semblables dans ce que vous considérez comme une
partie normale de votre existence présente.
En effet, dans le sommeil et dans le rêve, vous plongez dans une
dimension d’existence identique à celle que vous connaîtrez après la mort.
En général, vous oubliez la majeure partie de ces aventures nocturnes ; et
celles dont vous vous souvenez vous paraissent bizarres et chaotiques. C’est
simplement parce que, dans votre état de développement actuel, vous n’êtes
capables de manœuvrer consciemment que dans un environnement à la fois.
Mais pendant que votre corps physique dort, vous existez réellement de
manière consciente, dans un état cohérent, motivé et créatif, et vous vous
livrez à de nombreuses activités identiques à celles que vous rencontrerez
après la mort. Vous orientez alors l’essentiel de votre attention vers une
dimension d’activité tout simplement différente, une dimension que
d’ailleurs vous ne cessez jamais d’habiter.
(21h15.) Vous vous souvenez de votre vie réveillée, et vous gardez le
souvenir d’un bon nombre de vos rencontres physiques quotidiennes, ce qui
vous donne un sentiment de continuité ; mais votre moi du rêve possède lui
aussi un vaste ensemble de souvenirs, et votre vie endormie présente la
même continuité que votre vie quotidienne.
Une partie de vous est donc consciente de toutes les rencontres et
expériences de votre vie onirique. Les rêves ne sont pas plus hallucinatoires
que la vie physique. Du point de vue de votre moi qui rêve, c’est votre moi
physique réveillé qui est le rêveur : vous êtes le rêveur qu’il propulse. Vos
expériences quotidiennes sont les rêves qu’il fait ; mais quand vous
considérez votre moi qui rêve, vous partez de l’idée préconçue selon
laquelle votre « réalité » est réelle et la sienne illusoire.
(21h20.) Pourtant, sa réalité à lui est encore plus inhérente à votre être. Si
vous ne voyez pas la cohérence qui existe au sein de votre état de rêve, c’est
parce que vous êtes hypnotisés par l’idée qu’il n’en existe aucune.
Naturellement, au réveil, vous essayez de traduire vos aventures nocturnes
en termes physiques, de les faire entrer dans votre idée limitée et
déformante de la réalité.
Dans une certaine mesure, tout cela est naturel. Vous êtes focalisés sur
une vie quotidienne pour une bonne raison : c’est le défi que vous vous êtes
fixé. Mais à l’intérieur de ce cadre, vous êtes censés grandir, vous
développer et élargir les limites de votre conscience. Vous avez beaucoup
de mal à admettre que vous êtes, de bien des manières, plus efficaces et plus
créatifs quand vous dormez que quand vous êtes réveillés ; et il est
extrêmement dérangeant pour vous d’admettre que le corps du rêve peut
réellement voler, défiant à la fois le temps et l’espace. Il est bien plus facile
de prétendre que toutes ces expériences sont symboliques et non pas
littérales, et d’élaborer, par exemple, des théories psychologiques
complexes pour expliquer les rêves où l’on vole.
Le fait est que, quand vous rêvez que vous volez, c’est souvent le cas.
Dans le rêve, vous fonctionnez à peu près dans les conditions propres à une
conscience non focalisée sur la réalité physique. Vous y faites donc des
expériences exactement du même type que celles que vous pouvez
rencontrer après la mort. Vous pouvez parler avec des amis ou avec des
parents morts, revisiter le passé, saluer de vieux camarades de classe,
marcher dans des rues qui existaient cinquante ans auparavant dans le temps
physique, traverser l’espace sans que cela prenne aucun temps physique,
vous pouvez être accueillis par des guides, recevoir un enseignement ou le
dispenser vous-même, accomplir un travail significatif, résoudre des
problèmes ou avoir des hallucinations.
Dans la vie physique, il existe un délai entre la conception d’une idée et
sa construction physique. Dans la réalité du rêve, ce n’est pas le cas. La
meilleure façon de se familiariser d’avance, pour ainsi dire, avec la réalité
d’après la mort, est donc d’explorer et de comprendre la nature de votre moi
qui rêve. Mais très peu de gens sont prêts à y mettre le temps ou l’énergie
nécessaires.
Des méthodes sont cependant disponibles, et ceux qui les appliquent ne
se trouveront pas aliénés quand leur attention se focalisera dans cette
direction après la mort.
Vous pouvez faire une pause.
(De 21h34 à 21h47.)
Vos souvenirs conscients sont tellement liés à la conscience au sein du
corps qu’en général vous ne vous souvenez pas de passer chaque nuit du
temps hors de lui.
Lorsque vous dormez, vous vous souvenez de tous ceux que vous avez
pu rencontrer dans vos rêves, que vous les ayez ou non rencontrés dans
votre expérience diurne. Dans le sommeil, il est tout à fait possible d’avoir,
au fil des années, une relation suivie avec des partenaires proches qui vivent
dans une autre partie du monde et qui sont de parfaits inconnus pour vous
quand vous êtes réveillés.
Votre démarche quotidienne a un sens et un but ; il en va de même pour
vos aventures oniriques ; là aussi vous poursuivez des buts qui vous sont
propres. Et vous continuerez à le faire dans l’expérience d’après la mort.
C’est dans cette autre dimension que sont générées la vitalité, la force, la
vie, la créativité qui se trouvent derrière votre existence physique. En
d’autres termes, vous êtes, de bien des manières, une projection charnelle
de votre moi onirique.
Tel que vous le concevez, cependant, le moi onirique n’est que l’ombre
de sa propre réalité ; car le moi onirique est un élément de référence
psychologique et, selon vos termes, un élément de continuité qui réunit
toutes les portions de votre identité. Seuls ceux dont le développement est le
plus achevé perçoivent sa nature profonde. Il représente, autrement dit, une
facette forte et unifiante de votre identité entière. Dans leur contexte, ses
expériences sont aussi vives et sa « personnalité » aussi riche – plus riche,
en fait – que la personnalité physique que vous connaissez.
Imaginez un instant que vous soyez un enfant, que j’essaie de vous
expliquer à quoi ressemblera votre moi adulte et que, dans mon explication,
je dise que ce moi adulte fait déjà un peu partie de vous-même, qu’il sera un
agrandissement, une projection de ce que vous êtes. L’enfant dit : « Mais
que va-t-il m’arriver ? Dois-je mourir pour devenir cet autre moi ? Je ne
veux pas changer. Comment puis-je devenir ce moi adulte sans mourir à ce
que je suis, puisque ce n’est pas ce que je suis maintenant ? »
Je me trouve un peu dans la même situation quand j’essaie de vous
expliquer la nature de ce moi interne, car bien que vous puissiez en avoir
conscience dans les rêves, vous ne pouvez pas vraiment apprécier sa
maturité ou ses facultés ; ce sont pourtant les vôtres, de la même manière
que les facultés de l’homme appartiennent déjà à l’enfant. Dans le rêve,
vous apprenez, entre autres choses, à construire votre propre réalité
physique jour après jour, exactement comme, après la mort, vous apprenez
à construire votre prochaine existence physique.
(22h07.) Dans le rêve, vous trouvez des solutions aux problèmes. Dans la
journée, vous êtes seulement conscients des solutions apportées dans le
sommeil. Dans les rêves, vous vous fixez des objectifs, de la même manière
qu’après la mort vous vous fixez des objectifs pour une autre incarnation.
Aucune structure psychologique n’est facile à décrire par les mots. Ne
serait-ce que pour expliquer la nature généralement connue de la
personnalité, toutes sortes de termes sont employés – ça, subconscient, ego,
surmoi – dans le but de différencier les actions enchevêtrées qui constituent
la personnalité physique. Le moi qui rêve est tout aussi complexe : certaines
de ses parties s’occupent de la réalité physique, du maniement physique, et
d’établir des plans ; d’autres parties s’occupent de niveaux de créativité plus
profonds et d’accomplissements nécessaires à la survie physique ; d’autres
s’occupent de communiquer avec des éléments de la personnalité encore
plus étendus et qu’en général vous ne connaissez pas ; d’autres encore
s’occupent de l’expérience et de l’existence continue de ce qu’on peut
appeler l’âme, ou l’entité individuelle dans son ensemble, le moi
multidimensionnel véritable.
L’âme crée la chair. Le créateur ne dédaigne pas sa création. L’âme crée
la chair et l’existence physique pour une bonne raison ; et tout cela n’a pas
pour but de vous amener à un dégoût de la vie physique, ni à un manque
d’appréciation des joies sensuelles qui vous entourent. Tout voyage
intérieur devrait vous permettre de trouver davantage de signification, de
beauté, de sens à la vie que vous connaissez à présent ; mais le plein
développement et la pleine jouissance supposent également que vous
utilisiez toutes vos capacités, que vous exploriez vos dimensions internes
avec un émerveillement et un enthousiasme sans borne. À condition de les
comprendre correctement, il vous est donc tout à fait possible de vous
familiariser maintenant avec les paysages, les expériences et les
environnements d’après la mort. Vous les trouverez tout aussi intenses que
ceux que vous connaissez. Cette exploration modifiera tous les sombres
préjugés que vous pouvez avoir sur l’existence après la mort. Il est très
important que vous vous allégiez d’un maximum d’idées préconçues, car
celles-ci vous empêchent de progresser.
Vous pouvez faire une courte pause.
(De 22h23 à 22h39.)
D’une manière générale, si vous êtes plutôt satisfaits de la réalité
physique, vous êtes bien placés pour étudier ces environnements internes.
Si vous voyez le mal tout autour de vous, ou s’il vous semble que le mal
l’emporte sur le bien, c’est que vous n’êtes pas prêts. Ne vous embarquez
pas dans une exploration de ces aventures nocturnes si vous êtes dépressifs,
car vous êtes alors prédisposés aux expériences déprimantes, que vous
soyez réveillés ou endormis. Ne vous embarquez pas non plus dans cette
étude si vous espérez remplacer l’expérience physique par l’expérience
intérieure.
Si vous avez une conception rigide et intransigeante du bien et du mal,
vous n’avez pas la compréhension nécessaire pour manier la conscience
dans cette autre dimension. En d’autres termes, vous devez être aussi
flexibles que possible mentalement, psychologiquement et spirituellement,
aussi ouverts que possible aux idées nouvelles et créatrices, et ne pas trop
vous appuyer sur les organisations ou les dogmes.
Il faut que vous soyez compétents, bienveillants, suffisamment ouverts
dans votre environnement physique pour faire face à votre vie telle qu’elle
est. Vous avez besoin de toutes vos ressources. Il s’agit d’une exploration et
d’une entreprise actives, non pas d’un recul passif, et encore moins d’une
retraite peureuse. Vers la fin de ce livre, des méthodes seront données pour
ceux qui s’y intéressent, pour qu’ils puissent explorer consciemment les
conditions d’après la mort tout en gardant le contrôle de leur expérience et
de leur progression.
Je veux cependant décrire ici ces conditions de façon un peu plus
approfondie. Or dans la vie physique, vous voyez ce que vous voulez voir.
À partir du champ de réalité disponible, vous percevez certaines données –
des données soigneusement sélectionnées par vous, en accord avec vos
idées sur la réalité. C’est vous qui créez ces données dès le départ.
Si vous croyez que les hommes sont mauvais, vous ne ferez tout
simplement pas l’expérience de la bonté de l’homme. Vous y serez
complètement hermétiques. Eux, en retour, vous montreront toujours leur
pire côté. Vous projetterez votre aversion sur les autres et vous veillerez
télépathiquement à ce qu’ils aient pour vous de l’aversion.
(22h54.) Votre expérience, autrement dit, se conforme à votre attente.
D’ailleurs, la même chose s’applique à ce qui se passe après la mort, au
rêve et à toute rencontre hors du corps. Si vous êtes obsédés par l’idée du
mal, vous rencontrerez les conditions du mal. Si vous croyez aux démons,
vous vous trouverez face à eux. Comme je l’ai dit, il y a davantage de
liberté quand la conscience n’est pas orientée physiquement. Encore une
fois, les pensées et les émotions sont construites dans la réalité sans délai
dans le temps. Ainsi, si vous croyez que vous allez rencontrer un démon,
vous en créez une forme-pensée sans vous rendre compte que c’est vous qui
la créez.
Par conséquent, si vous constatez que vous vous concentrez sur les
manifestations du mal dans l’existence physique, vous n’êtes pas prêts pour
ce type d’exploration. Il est bien sûr possible, dans ces conditions, de
rencontrer une forme-pensée appartenant à quelqu’un d’autre, mais si vous
ne croyez pas aux démons, vous reconnaîtrez toujours la nature du
phénomène et il ne vous fera aucun mal.
S’il s’agit de votre propre forme-pensée, elle peut vous aider à
progresser, à condition que vous vous demandiez ce qu’elle représente –
quel problème vous avez ainsi matérialisé. Or vous pouvez halluciner le
même genre de choses après la mort, l’utiliser comme un symbole et livrer
un combat spirituel qui n’aurait pas lieu d’être si vous en aviez une
meilleure compréhension. Vous allez faire face à vos idées, à vos problèmes
et à vos dilemmes à votre propre niveau de compréhension.
Maintenant. Fin de la dictée pour ce soir. À moins que vous n’ayez des
questions, je vais terminer la session.
(« Savez-vous ce que j’ai dit à Jane hier – à propos d’une tournée de
promotion de The Seth Material ? Avez-vous des idées sur la question ? »)
J’en parlerai plus tard.
(« D’accord. »)
Dans pas trop longtemps. Mes pensées les plus chaleureuses, donc, et un
cordial bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. C’était très intéressant. »)
J’espère continuer à vous intéresser à ma saga.
(23h02. La transe de Jane a été bonne. « Il a le plan de tout le reste du
chapitre, dit-elle alors qu’elle en sort. Je sens des pans entiers de matériau
tout prêt. Mais là, ça commence à s’effacer, ça s’en va… »
En fait, nous n’avons plus interrogé Seth sur ce travail de promotion, et il
n’y est pas revenu. The Seth Material a été publié en septembre 1970, et
nous sommes effectivement partis en tournée.)
SESSION 539
MERCREDI 1er JUILLET 1970
(21h18. Avant-hier, à la fin de la dernière session, Jane m’a dit que Seth
avait le plan du chapitre 10 ; mais ce soir, elle dit ne pas avoir la moindre
idée de la manière dont Seth va poursuivre.
La journée a été chaude et lourde. L’orage menace depuis plusieurs
heures. Finalement, vers 21h, il se met à pleuvoir très fort, avec des éclairs
et du tonnerre. Nous nous demandons si la session va avoir lieu, car Seth
nous a dit il y a quelques temps que les manifestations électriques
interféraient avec les états de transe. La session débute néanmoins comme
d’habitude ; Seth, en tout cas, n’a pas l’air de s’en préoccuper.)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée.
Les environnements que vous rencontrerez après la mort existent tout
autour de vous, maintenant. Point.
C’est comme si votre situation présente, avec tous ses phénomènes
physiques, était projetée de l’intérieur de vous-mêmes vers l’extérieur, ce
qui vous donne un film en continu et vous oblige à ne percevoir que les
images qui y sont transposées. Celles-ci paraissent si réelles que vous êtes
obligés d’y réagir en permanence.
(Une pause à 21h23. L’orage est si violent à présent que Seth doit parler
plus fort.)
Mais ces images servent à masquer d’autres réalités parfaitement valides
qui existent en même temps ; en fait, c’est dans ces autres réalités que vous
obtenez le pouvoir et le savoir qui vous permettent d’effectuer les
projections matérielles. Vous pouvez « mettre la machine en panne », pour
ainsi dire, arrêter le mouvement apparent et tourner votre attention vers ces
réalités.
Il faut d’abord que vous compreniez qu’elles existent. En guise de
préliminaire aux méthodes que je donnerai plus loin, il est bon de vous
demander de temps à autre : « De quoi ai-je réellement conscience en ce
moment ? » Faites cela les yeux ouverts, et faites-le à nouveau les yeux
fermés.
Quand vos yeux sont ouverts, ne partez pas du principe que seuls existent
les objets immédiatement perceptibles. Regardez là où l’espace semble
vide, écoutez au milieu du silence. Il existe des structures moléculaires dans
chaque centimètre d’espace vide, mais vous vous êtes appris à ne pas les
percevoir. Il existe d’autres voix, mais vous avez conditionné vos oreilles à
ne pas les entendre. Vous utilisez vos sens internes quand vous êtes dans le
rêve, et vous les ignorez quand vous êtes réveillés.
(La lumière baisse par deux fois.)
Les sens internes sont équipés pour percevoir des données qui ne sont pas
physiques. Ils ne sont pas dupes des images que vous projetez dans la
réalité en trois dimensions. Ils peuvent toutefois percevoir les objets
physiques. Vos sens physiques sont une extension de ces méthodes internes
de perception, et après la mort, c’est à elles que vous vous en remettrez.
Elles sont utilisées dans les expériences de sortie du corps. Elles
fonctionnent constamment en dessous de la conscience normale éveillée…
(Il s’est produit dans le quartier un accident ou un incendie – ou les deux
– quand l’orage s’est déchaîné. Sirènes hurlantes, des voitures et des
camions passent en trombe sur Walnut Street, à deux maisons de chez nous.
Je m’attends à ce que tout ce vacarme interrompe la transe de Jane, mais il
n’en est rien ; elle fait une pause de quelques instants, puis poursuit.)
… si bien que vous pouvez vous familiariser dès maintenant avec la
nature de la perception après la mort. Point.
En d’autres termes, l’environnement, les conditions et les méthodes de
perception qui y règnent ne vous seront pas étrangers. Vous ne serez pas
subitement jetés dans l’inconnu ; cet inconnu fait partie de vous maintenant.
Il faisait déjà partie de vous avant votre naissance physique et il en fera
encore partie après la mort. Cependant, pour l’essentiel, ces conditions sont
effacées de votre conscience pendant la durée de votre histoire. Le genre
humain a eu diverses conceptions de sa propre réalité, mais il s’est
intentionnellement détourné de cette question, semble-t-il, au cours du
siècle dernier. Il existe à cela de nombreuses raisons, et nous essaierons
d’en aborder quelques-unes.
Faites votre pause.
(21h37. La pause arrive tôt, par rapport au début de la session. « Il y a
de l’instabilité dans l’air, dit Jane. Ça m’a dérangée par moments. » Elle
s’est particulièrement rendu compte des sirènes. Elle dit que sa transe a
contenu des « pulsations », ou des vagues ; elle « y va » pour de bon, puis
dévie et se rapproche de son état de conscience ordinaire. Mais le matériau
me semble aussi bon que d’habitude, et la manière dont elle parle reste
inchangée.
La pluie, le tonnerre et les éclairs continuent sans faiblir, le vacarme
enfle sur la ville. C’est le genre d’orage qui, par instants, fait même
trembler notre vieille et solide maison. La voix de Jane continue à être plus
forte que d’habitude quand elle reprend, moins rapidement, à 21h52.)
D’une certaine façon, vous êtes donc « morts » maintenant – aussi morts
que vous le serez jamais.
Tandis que vous vous préoccupez de vos entreprises et de votre routine
quotidienne, vous demeurez, en dessous de la conscience normale,
constamment focalisé sur d’autres réalités ; vous réagissez à des stimuli
dont votre moi physique conscient ne se rend pas compte ; vous percevez
les conditions par le biais des sens internes et vous vivez des évènements
qui ne sont même pas repérés par le cerveau physique. Toute cette
dernière partie de la phrase doit être soulignée.
Après la mort, vous vous rendrez tout simplement compte de dimensions
d’activité que vous refusez à présent. Maintenant, l’existence physique
prédomine. Ce ne sera plus le cas. Mais celle-ci ne sera pas non plus perdue
pour vous ; vos souvenirs, par exemple, se maintiendront. Vous sortirez
simplement d’un cadre de référence particulier. Dans certaines conditions,
vous serez même libres d’employer les années qui vous sont apparemment
données d’une façon différente.
(22h01.) Par exemple, je vous ai dit que le temps ne consiste pas en une
série de moments qui se suivent l’un après l’autre, même si c’est ainsi que
vous le percevez. Les évènements ne sont pas des choses qui vous arrivent.
Ce sont des expériences matérialisées, formées par vous selon votre attente
et vos croyances. Les parties internes de votre personnalité le comprennent
maintenant. Après la mort, vous ne vous concentrerez pas sur la forme
physique que prennent le temps et les évènements. Vous aurez la possibilité
d’utiliser ces mêmes éléments comme un peintre utilise ses couleurs.
(22h07. Il tombe une pluie battante.)
Supposons que votre durée de vie soit de soixante-dix-sept ans. Après la
mort, vous pouvez, si vous le souhaitez et sous certaines conditions,
ressentir les évènements de ces soixante-dix-sept années à loisir – mais pas
nécessairement en termes de continuité. Vous pouvez modifier ces
évènements. Vous pouvez manœuvrer au sein de la dimension d’activité
particulière représentée par vos soixante-dix-sept ans.
Si vous y trouvez de graves erreurs de jugement, vous pouvez les
corriger. Autrement dit, vous pouvez en améliorer certains aspects, mais
vous ne pouvez pas entrer dans ce plan de référence une nouvelle fois en
tant que conscience pleinement participante, qui pourrait suivre par
exemple les courants historiques de l’époque, et vous joindre de nouveau à
l’existence hallucinée de masse résultant de votre conscience et de celle de
vos « contemporains ».
Certains préfèrent cette approche à la réincarnation, ou plutôt l’utilisent
comme une étude avant une nouvelle incarnation. Ces gens sont souvent
des perfectionnistes. Il leur faut retourner en arrière et créer. Ils veulent
corriger leurs erreurs. Ils utilisent la vie qu’ils viennent d’achever comme
un canevas sur lequel ils essaient d’obtenir une meilleure image. Beaucoup
de gens se lancent dans cet exercice mental et psychique, qui exige une
grande concentration et n’est pas plus hallucinatoire que n’importe quelle
existence.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(22h14. La transe de Jane a été plus profonde, mais elle s’étonne que la
dictée ait été si courte ; elle pensait être partie plus longtemps. La pluie a
un peu diminué et il fait plus frais. « C’est quand même une soirée
bizarre », dit-elle. Reprise à 22h31.)
Vous pouvez ressentir le désir de « revivre » certains épisodes de votre
vie pour mieux les comprendre. L’expérience de votre vie vous appartient
donc. Ce type de situation ne vous est d’ailleurs pas étranger. Dans la vie
ordinaire, vous imaginez souvent que vous vous comportez autrement que
vous ne l’avez fait, ou vous revivez mentalement certains évènements pour
mieux les comprendre. Votre vie est votre propre perspective d’expérience
et quand, une fois mort, vous l’extrayez du contexte physique et temporel
de masse, vous pouvez la ressentir de bien des manières. Rappelez-vous que
les évènements et les objets ne sont pas absolus, mais plastiques. Ils ne sont
jamais stables ou permanents, même s’ils en ont l’air dans le contexte de la
réalité en trois dimensions.
Tout ce que vous percevez dans l’existence tridimensionnelle y est
projeté à partir d’une réalité plus vaste. Les évènements dont vous avez
conscience ne sont que des fragments d’activité qui font intrusion, qui
apparaissent dans votre conscience réveillée. D’autres parties de ces
évènements vous apparaissent très clairement, aussi bien dans le rêve qu’en
dessous de la conscience réveillée, pendant la journée.
(22h42. Le débit de Jane est assez lent.) Si vous voulez savoir à quoi
ressemble la mort, connectez-vous à votre propre conscience telle qu’elle
est en elle-même, séparée des activités physiques. Vous découvrirez qu’elle
est très active. Avec la pratique, vous découvrirez que votre conscience
normale réveillée est très limitée, et que ce que vous pensiez être les
conditions de la mort ressemble beaucoup plus aux conditions de la vie que
vous ne l’imaginiez. Fin de la dictée.
Il y a une certaine instabilité atmosphérique, ce soir, mais nous avons
quand même eu une session.
(« C’était bien. »)
Nous allons la terminer. Les circonstances de ce type demandent à
Ruburt un effort supplémentaire, qu’il n’est pas nécessaire de prolonger. Un
très chaleureux bonsoir.
(« Même chose, Seth. » 22h46. Jane dit qu’elle se sent bien. Même si ses
transes ont été un peu variables, ce soir, le seul « effort supplémentaire »
dont elle se soit rendu compte a été une certaine difficulté à retrouver la
transe après les pauses.
Par la suite, nous discutons une idée récente de Jane – avoir une session
par jour pendant six jours de suite, par exemple, pour voir comment Seth
avancerait sur son livre pendant une période arbitraire comme celle-ci. Il
serait intéressant d’en voir une partie élaborée de cette façon. L’idée ne
s’est jamais concrétisée, cependant, bien que Seth ait exprimé son accord
pour tenter quelque chose de ce genre, au cours du chapitre 3, au mois de
mars. Voir les notes de 22h31, session 519, ainsi que les remarques
suivantes de Seth. Jane a arrêté de regarder le livre à la session 521, le 30
mars ; nous sommes maintenant le 1er juillet.)
SESSION 540
LUNDI 6 JUILLET 1970
SESSION 546
MERCREDI 19 AOÛT 1970
SESSION 550
LUNDI 28 SEPTEMBRE 1970
SESSION 551
MERCREDI 30 SEPTEMBRE 1970
SESSION 555
MERCREDI 21 OCTOBRE 1970
(21h08.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée.
Les expériences réincarnationnelles font partie du schéma du moi, elles
forment une facette de cette réalité multidimensionnelle qu’est la psyché
vivante. Ces expériences sont donc reflétées non seulement dans les rêves
mais également dans d’autres couches d’activité.
L’étoffe du moi présent est tissée de ces « passés » réincarnationnels ; le
moi présent tire inconsciemment des caractéristiques, des activités et des
constats de sa propre banque de personnalités. Les souvenirs de vies
passées refont souvent surface sans être reconnus comme tels, car ils
apparaissent sous forme de fantasmes ou sont projetés dans des créations
artistiques.
De nombreux auteurs d’œuvres historiques, par exemple, écrivent à partir
de leur expérience directe de certaines époques. On a là un rapport qui
fonctionne parfaitement bien entre le moi présent et l’inconscient ; ces
souvenirs remontent à la surface d’une manière qui enrichit la vie actuelle.
La saisie véritable de la situation se fait souvent presque consciente et, juste
en dessous de cette saisie, l’individu se rend presque compte de la source
authentique de son matériau.
Dans les rêves, ce matériau réincarnationnel est aussi fréquemment coulé
dans une histoire. Derrière tout cela, l’anima et l’animus travaillent
ensemble, encore une fois – non pas en opposition, mais en mêlant leurs
caractéristiques. Ensemble, ils représentent bien sûr la source de la
créativité, aussi bien psychique que physique.
L’anima représente la nécessaire « intériorité » initiale, les
caractéristiques tournées vers l’intérieur, qui vont de pair avec l’intuition, le
soin et la couvaison. C’est la focalisation vers l’intérieur d’où naît la
créativité.
Le mot « passif » est pauvre pour décrire les caractéristiques de l’anima
car il suggère une absence de mouvement, ce qui n’est pas le cas. Il est vrai
que l’anima permet qu’on agisse sur elle, mais le motif en est le désir et la
nécessité de se connecter avec d’autres forces, suprêmement puissantes. Le
désir d’être emporté par le mouvement est donc aussi fort chez l’anima que
le désir opposé de repos. Les caractéristiques de l’animus produisent la
poussée agressive qui ramène la personnalité vers l’extérieur dans l’activité
physique, saisissant triomphalement les produits de la créativité que les
caractéristiques de l’anima ont rendus possibles.
L’ensemble du moi est évidemment la somme de ces caractéristiques, et
plus encore. Après la dernière incarnation, la créativité de type physique et
sexuel n’est tout simplement plus nécessaire. Autrement dit, vous n’avez
pas besoin de vous reproduire physiquement. Pour dire les choses
simplement, l’ensemble du moi contient les caractéristiques masculines et
féminines, finement accordées, fondues de façon à ce que l’identité
véritable puisse surgir – ce qu’elle ne peut pas faire quand l’un des deux
groupes de caractéristiques doit prendre le pas sur l’autre, ce qui est
obligatoirement le cas au cours de votre existence présente.
(21h30.) Les raisons pour lesquelles cette séparation a été adoptée dans
votre dimension sont nombreuses. Elles tiennent à la manière particulière
dont le genre humain a choisi d’évoluer et d’employer ses facultés ; j’aurai
plus à en dire sur ce sujet, mais pas dans ce chapitre.
La projection de l’anima, le moi féminin caché en l’homme, sur les
relations qu’il entretient avec les autres est parfaitement naturelle et lui
permet non seulement de mieux les comprendre, mais également de se
relier à ses autres existences féminines. L’équivalent est vrai pour la
projection de l’animus de la femme sur ses parents et amis masculins. La
réalité de l’anima et de l’animus est donc bien plus profonde que ce que
supposait Jung. Symboliquement parlant, les deux réunis représentent
l’ensemble du moi, avec ses désirs, ses facultés et ses caractéristiques
particulières.
Ensemble, ils agissent comme un facteur de stabilisation inconsciente qui
fonctionne derrière les visages de votre civilisation, non seulement au
niveau individuel mais aussi au niveau culturel.
On ne peut pas comprendre la personnalité, telle que vous la connaissez,
sans prendre en compte la signification véritable de l’anima et de l’animus.
Le modèle réincarnationnel est, de manière générale, un modèle ouvert qui
permet une grande diversité. Chaque moi a ses caractéristiques
individuelles propres. Il peut vivre ses vies comme il l’entend, à l’intérieur
du cadre imposé. Il peut choisir une série ininterrompue d’existences
masculines ou féminines. Un tel choix a ses inconvénients.
Il n’y a pas de règle concernant le développement sexuel dans différentes
incarnations, sinon que l’expérience des deux sexes doit être vécue et que
les caractéristiques des deux sexes doivent être développées. Cela ne veut
pas dire qu’on soit obligés de vivre un nombre égal de vies masculines et de
vies féminines. Certains trouvent plus facile de se développer dans l’un ou
l’autre sexe ; ils auront besoin d’un plus grand nombre d’expériences pour
le sexe qui leur donne des difficultés.
L’animus et l’anima prennent encore plus d’importance dans le cas où
l’on choisit une série de vies du même sexe. Le schéma originel de l’animus
et de l’anima vient de l’ensemble du moi, avant les réincarnations.
L’animus et l’anima naissent dans l’individu avec la première vie physique,
et servent de configuration interne rappelant à la personnalité son unité
fondamentale. Voilà une autre raison à la forte charge psychique qui se
trouve derrière ces symboles, et pour la qualité quasi divine qu’ils peuvent
transmettre et projeter.
(21h48.) Le mâle aspire à l’anima parce qu’elle représente pour
l’inconscient profond ces autres caractéristiques de l’ensemble du moi qui,
d’une part, reposent de façon latente, et d’autre part luttent pour se libérer.
La tension entre les deux le conduit à tempérer l’agressivité par la
créativité, ou à employer l’agressivité de manière créatrice.
Or il existe de profondes corrélations entre ces symboles et la lutte dans
laquelle est plongé le genre humain. Votre conscience, telle que vous la
connaissez, votre type de conscience présent et particulier résulte d’un type
particulier de tension, d’une focalisation spécifique qui surgit de
l’inconscient véritable de l’ensemble du moi.
(Jane, parlant pour Seth, n’a pas pris de pause depuis le début de la
session à 21h08. Il est maintenant 21h54.)
Je sais que vous êtes fatigué.
(« Ça va. »)
Le véritable inconscient n’est pas inconscient. Au contraire, il est si
profondément et si indiciblement conscient qu’il bouillonne et déborde.
La vie que vous connaissez est simplement l’une des nombreuses zones
dans lesquelles il est conscient. Dans chaque facette de sa conscience, un
pouvoir et un équilibre littéralement immenses doivent être maintenus pour
que cette expérience de conscience particulière demeure séparée de toutes
les autres.
(21h58.) Votre réalité existe dans une zone particulière d’activité où les
qualités agressives, les caractéristiques de poussée vers l’extérieur sont
suprêmement nécessaires pour empêcher une rechute vers les possibilités
infinies d’où vous n’avez émergé que récemment. Pourtant, c’est de ce
champ inconscient de possibilités que vous tirez votre force, votre créativité
et le genre de conscience individuelle, fragile mais puissante, qui est la
vôtre.
La division en deux sexes a été adoptée ; elle sépare et équilibre ces
tendances. Seule la conscience à ses débuts a besoin de ce genre de
contrôle. L’anima et l’animus sont donc profondément incrustés, avec leurs
tendances nécessaires, complémentaires et apparemment opposées ; ils
jouent un rôle très important pour maintenir la nature même de votre
conscience humaine.
Reposez-vous un instant.
(22h03. Jane, toujours en transe, reste tranquillement assise pendant
quelques instants. Ma main se repose. Reprise à 22h04.)
Il existe donc aussi une tension naturelle entre les sexes qui repose sur
une base beaucoup plus profonde que les raisons physiques. Cette tension
résulte de la nature de votre conscience, qui jaillit de l’anima, mais qui
dépend pour se maintenir de l’ « agressivité » de l’animus. J’ai, dans une
certaine mesure, expliqué la fascination de l’un sur l’autre comme résultant
du savoir interne de l’ensemble du moi, qui s’efforce d’atteindre l’identité
véritable en combinant ces tendances apparemment opposées.
À la fin du cycle réincarnationnel, l’ensemble du moi s’est développé. Il
s’est réalisé et a fait l’expérience de lui-même dans une dimension de
réalité inconnue de lui auparavant ; et, ce faisant, il a bien sûr augmenté son
être. Ce n’est donc pas une question de moi entier qui se couperait en deux
puis reviendrait à lui-même.
(Une longue pause à 22h12.) Concernant la nature de la conception, il y a
de nombreuses questions que nous pourrions examiner ici. Mais encore une
fois, la souplesse est de mise et il existe quantité de variations. D’ordinaire,
entre les vies, vous choisissez à l’avance vos enfants, et eux vous
choisissent comme parents.
(22h15.) Si vous devez naître mâle, votre mère sert de stimulus pour
activer le symbole de l’anima en vous, si bien que le schéma de vos propres
vies féminines devient une partie de votre prochaine existence. Si vous avez
connue votre mère dans le passé, elle aura, lors de votre naissance, un afflux
de rêves impliquant des existences où vous vous êtes côtoyés.
Ceux-ci ne seront peut-être pas enregistrés consciemment, mais ils le
sont, dans bien des cas, avant d’être oubliés. Les vies masculines passées de
votre mère l’aident à se relier à vous, son fils. Dans certains cas, de
nouvelles mères peuvent se sentir agressives et nerveuses. Ces sentiments
peuvent être dus au fait que l’enfant masculin provoque en elles une
activation de l’animus, d’où une charge de sentiments agressifs.
Vous pouvez faire une pause. Je voulais aller jusqu’au bout de tout cela,
puisque nous progressons si bien.
(« C’est très intéressant. »
22h22. « Ouah, je suis partie… Je n’arrive pas à rouvrir les yeux », dit
Jane en essayant de le faire. Après quelques vaines tentatives, elle se laisse
aller dans son fauteuil. Je me dis qu’elle est proche du sommeil. Je
l’appelle plusieurs fois et lui suggère de se lever et de bouger ; elle finit par
regarder autour d’elle. Elle remet ses lunettes, se lève et fait quelques pas.
Son débit a été plutôt rapide, sauf note contraire. Elle n’a qu’une vague
idée du matériau livré. Je lui dis que je le trouve excellent, du début à la fin,
et plus particulièrement dans les dernières pages.
Il s’avère que cette pause marque la fin de la dictée du livre pour ce soir.
Seth fournit ensuite quatre pages de matériau pour moi. Là encore, le débit
de Jane est bon. Cette session produit beaucoup plus de données que
d’habitude et s’achève à 23h11 – avec une bonne journée de travail
accomplie.)
SESSION 557
MERCREDI 28 OCTOBRE 1970
SESSION 559
LUNDI 9 NOVEMBRE 1970
SESSION 560
LUNDI 23 NOVEMBRE 1970
SESSION 561
MERCREDI 25 NOVEMBRE 1970
SESSION 562
LUNDI 7 DÉCEMBRE 1970
SESSION 563
MERCREDI 9 DÉCEMBRE 1970
SESSION 565
LUNDI 1er FÉVRIER 1971
(21h05. Au cours des dernières semaines, Jane n’a tenu que quelques
sessions pour son cours de perception extrasensorielle, et deux sessions
personnelles pour nous. Rien de plus, même s’il m’est arrivé de souhaiter
que le travail sur le livre de Seth puisse avancer. Nous l’avons mis de côté
pour différentes raisons : d’autres travaux, les vacances, le simple besoin
de changer de rythme, un voyage, et l’imminence de la mort de mon père.
Jane dit que l’idée de reprendre la dictée après cette interruption la
trouble un peu. Elle ressent la même chose qu’avant de commencer le livre.
Elle l’a seulement lu jusqu’à la première partie du chapitre 4, à l’exception
d’un court extrait du chapitre 6 que je lui ai donné pour son cours. Je suis
certain qu’il sera impossible de repérer la moindre trace d’interruption
lorsque Seth aura repris la dictée.
Incidemment, nous sommes de retour dans le salon pour les sessions.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons revenir à notre livre ce soir et mercredi, et les
lundis et mercredis suivants, jusqu’à ce qu’il soit fini.
Alors, dictée.
Si j’ai parlé des Lumaniens en détail, c’est parce qu’ils font partie de
votre héritage psychique. Les deux autres civilisations ont mieux réussi à
bien des égards ; mais la forte intention sous-jacente à l’expérience des
Lumaniens était extrêmement instable. Ils n’ont pas su résoudre le problème
de la violence telle qu’ils la comprenaient dans votre réalité, mais leur désir
passionné d’y parvenir résonne encore dans votre environnement
psychique.
En raison de la nature véritable du « temps », les Lumaniens existent
encore tels qu’ils existaient, selon vos termes. Il y a souvent des fuites dans
l’atmosphère psychique ; elles ne se produisent pas par hasard, mais lorsque
certaines causes entraînent un saut entre des systèmes qui autrement
paraissent absolument étanches. Ainsi y a-t-il des fuites entre votre propre
civilisation et celle des Lumaniens.
(21h13.) Différentes religions anciennes ont repris, par exemple, l’idée
du Dieu farouche des Lumaniens, dans laquelle ils ont projeté leurs
concepts de force, de pouvoir et de violence – ce Dieu qui avait pour
mission de les protéger puisque la non-violence leur interdisait de le faire
eux-mêmes.
Une fuite est pour ainsi dire en train de se constituer en ce moment
même, dans laquelle les concepts multidimensionnels d’art et de
communication des Lumaniens vont être entraperçus par les vôtres, mais de
façon rudimentaire.
La nature des probabilités étant ce qu’elle est, il existe également, bien
entendu, un système de réalité dans lequel les Lumaniens ont réussi leur
expérience de non-violence, et dans lequel un genre complètement différent
d’être humain a émergé.
(21h19.) Si tout cela vous paraît très étrange, c’est simplement que votre
conception de l’existence est trop spécifique, et trop limitée. Les notions de
réalités probables, d’hommes et de dieux probables, peuvent paraître
complètement absurdes à certains d’entre vous et pourtant, lorsque vous
lisez ce livre, vous n’êtes que l’un des vous probables. Bien entendu,
d’autres vous probables ne vous considéreraient pas comme réels, et
seraient même indignés à l’idée que vous puissiez exister. Néanmoins, le
système probable de réalité n’est pas une simple interrogation
philosophique. Si vous vous intéressez à la nature de votre propre réalité, la
question devient personnelle et pertinente en tant que telle.
Les différentes caractéristiques des Lumaniens demeurent dans votre
atmosphère psychique ; leurs cités continuent à coexister dans des zones
géographiques que vous appelez vôtres ; de même, d’autres identités
probables coexistent avec les identités qu’à présent vous appelez vôtres.
Dans le chapitre suivant, nous parlerons de vous et de vos moi probables.
(Une remarque : selon Seth, les Lumaniens étaient les deuxièmes d’une
série de trois civilisations qui ont existé sur notre planète, bien avant
l’époque de l’Atlantide. Dans la session 563, Seth indique qu’il va bientôt
aborder la troisième de ces cultures. Ce matériau-là n’a jamais été abordé.
Il aurait pu l’être, mais vu la longue pause entre les deux dernières sessions
du livre, nous avons tout simplement oublié de le lui demander.)
CHAPITRE 16
SESSION 566
LUNDI 15 FÉVRIER 1971
(21h19. Nous avons été occupés pendant les deux dernières semaines par
des affaires liées au décès récent de mon père.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Pour changer, nous allons faire un peu de dictée, mais je
ferai peut-être quelques remarques pour vous deux à la fin de notre session.
Dictée, donc : les probabilités sont une partie toujours présente de votre
environnement psychologique invisible. Vous existez au milieu du système
probable de réalité. Il n’est pas séparé de vous. En ce sens, c’est comme une
mer dans laquelle se trouve votre être présent. Vous êtes dans la mer et elle
est en vous. Par moments, dans les niveaux de surface de la conscience,
vous pouvez vous demander ce qui se serait passé si vous aviez pris
d’autres décisions que celles que vous avez prises ; si vous aviez choisi un
autre conjoint, par exemple, ou si vous habitiez dans une région différente.
Vous pouvez vous demander ce qui se serait passé si vous aviez posté une
lettre importante que vous avez finalement décidé de ne pas envoyer ; et
c’est uniquement par ces petites réflexions que vous vous interrogez sur la
nature des probabilités. Mais il existe des liens profonds entre vous-mêmes
et tous les individus avec qui vous avez eu des rapports, avec qui vous avez
été impliqués dans des décisions importantes.
(21h28.) Ces connexions ne sont pas nébuleuses. Elles sont
psychologiques et, plus spécifiquement, télépathiques ; elles vous relient les
uns aux autres, même si tout cela se situe en dessous de la conscience
normale. Les connexions physiques non réalisées, qui auraient pu se
produire et qui ne se sont pas produites, se produisent dans d’autres couches
de réalité.
L’environnement invisible à l’intérieur de votre esprit n’est pas aussi
solitaire que vous le croyez ; votre sentiment d’isolement est dû au contrôle
persistant exercé par votre ego. Celui-ci ne voit pas pourquoi vous devriez
être tenus au courant d’informations qu’il ne considère pas comme
pertinentes pour votre activité quotidienne.
(21h31.) Je n’aime pas le mot « progresser » mais, selon vos termes,
progresser en tant que conscience consiste à s’ouvrir toujours davantage
aux diverses matérialisations de votre identité. Les moi probables doivent
prendre conscience des autres moi probables et accepter le fait qu’il sont
tous des manifestations de l’identité véritable.
Ils ne s’évanouissent pas, ils ne sont pas enterrés ou niés dans une sorte
d’hyper-moi, ni privés de leur plein gré, de leur libre arbitre ou de leur
individualité. Au contraire, l’identité est ce qu’ils sont, dans l’entière liberté
d’exprimer toutes les actions et tous les développements probables, à la fois
dans cette réalité et dans d’autres que vous ne connaissez pas.
Assis comme vous l’êtes en train de lire ce livre, dans votre instant
présent du temps, vous vous trouvez au centre d’une toile cosmique de
probabilités qui réagit au plus infime de vos actes mentaux ou affectifs.
(Une pause à 21h36.) Vos pensées et vos émotions partent donc de vous
non seulement dans toutes les directions physiques, mais également dans
des directions qui vous sont parfaitement invisibles ; elles apparaissent dans
des dimensions qu’à présent vous ne pourriez pas comprendre. D’ailleurs,
vous recevez aussi ce genre de signaux en provenance de probabilités qui
sont liées à la vôtre, mais vous choisissez parmi ces actions probables celles
que vous voulez rendre réelles, ou physiques, dans votre système ; et les
autres ont la liberté de choisir à l’intérieur de leurs systèmes.
Vous générez donc des idées et vous en recevez d’autres, mais vous
n’êtes pas obligés de réaliser les actes probables provenant d’autres moi. Or
il existe une attraction naturelle entre vous et vos moi probables – des
connexions électromagnétiques liées à la propulsion simultanée d’énergie.
Je veux dire par là de l’énergie qui se manifeste simultanément pour vous et
pour vos moi probables dans d’autres réalités ; des connexions psychiques
liées à cet effet unificateur, porteur d’émotion et d’empathie ; et cette
connexion se manifeste très fortement lorsque vous rêvez.
Pendant le rêve, les fonctions de l’ego sont en quelque sorte
immobilisées, et il y a une communication considérable entre les différentes
parties de l’identité entière. Dans les rêves, vous pouvez apercevoir des
routes probables que vous n’avez pas prises. Vous pensez qu’il s’agit de
fantasmes, mais vous êtes peut-être en train d’apercevoir l’image légitime
d’évènements qui se sont réellement produits au sein d’un autre système de
probabilités.
À présent, vous pouvez faire une pause.
(21h45. Jane s’étonne du « peu de matériau dicté ». Elle a l’impression
d’avoir « vraiment volé », dit-elle, en ce qui concerne ce matériau nouveau
et impressionnant. Reprise à 22h00.)
Un évènement peut être réalisé par plusieurs moi probables ; et vous
ressemblez à certains moi probables plus qu’à d’autres. Comme vous faites
partie de cet ensemble psychologique complexe, comme ces connexions
existent réellement, vous pouvez en quelque sorte profiter des facultés et de
la connaissance des autres parties probables de votre personnalité.
Ces connexions entraînent des « points de fuite » absolument constants.
Une fois que vous vous rendez compte de l’existence du système probable,
vous pouvez apprendre à être vigilants sur ce que j’appelle les « impulsions
intrusives bénignes ». Ces impulsions ont l’air de n’avoir aucun rapport
avec vos activités ou vos intérêts habituels ; elles sont intrusives en ce sens
qu’elles surgissent brusquement dans la conscience, avec une saveur
d’étrangeté, comme si elles n’étaient pas de vous. Il arrive qu’elles
présentent différents indices. Vous ne connaissez rien à la musique, par
exemple, et en plein milieu d’une activité banale, vous êtes assailli par
l’impulsion soudaine d’acheter un violon.
(Une pause à 22h06.) Une impulsion de ce type peut indiquer qu’une
partie probable de votre identité a des dons pour cet instrument. Je ne vous
dis pas de courir acheter un violon, mais vous pouvez suivre cette impulsion
dans les limites du raisonnable – explorer les concertos pour violon, en
louer un, etc.
Vous apprendrez beaucoup plus vite à en jouer si l’impulsion provient
d’un moi probable. Il va sans dire que les moi probables existent dans votre
« futur » aussi bien que dans votre passé. S’attarder sur les aspects
malheureux du passé que vous connaissez est une mauvaise politique, car
certaines parties du moi probable peuvent être encore impliquées dans ce
passé. Se concentrer sur ces aspects peut entraîner une augmentation des
points de fuite, et une identification néfaste, car ces aspects constituent une
toile de fond que vous partagez avec tous les moi probables qui ont jailli de
cette source particulière.
(22h12.) S’attarder sur l’éventualité d’une maladie ou d’une catastrophe
est également une mauvaise politique, car lorsque vous le faites vous tissez
un réseau négatif de probabilités qui n’ont pas besoin de se produire. Vous
pouvez théoriquement modifier le passé que vous avez connu, car le temps
n’est pas plus séparé de vous que les probabilités.
Le passé a existé de multiples manières. Vous n’avez vécu qu’un seul
passé probable. En changeant ce passé dans votre esprit, maintenant, dans
votre présent, vous pouvez changer non seulement sa nature mais son effet ;
et son effet non seulement sur vous-même mais sur les autres.
Mettons qu’un évènement particulier se soit produit, et qu’il vous ait
fortement perturbé. Vous pouvez maintenant imaginer non pas qu’il soit
simplement effacé, mais qu’il soit remplacé par un autre, de nature plus
bénéfique. Or il faut le faire avec une grande validité affective, de façon très
vive et à plusieurs reprises. Ce n’est pas s’illusionner soi-même.
L’évènement que vous choisissez deviendra automatiquement un
évènement probable, qui s’est réellement produit, bien que ce ne soit pas
l’évènement que vous avez choisi de percevoir dans votre passé probable
donné.
(22h24.) Si le procédé est accompli correctement, votre idée affectera
également, par un phénomène de télépathie, toutes les personnes liées à
l’évènement originel – qui ont alors le choix d’accepter ou de rejeter votre
version.
Ceci n’est pas un livre technique, je ne vais donc pas entrer en
profondeur dans cette méthode particulière ; je ne fais que la mentionner en
passant. Souvenez-vous néanmoins que, d’une manière tout à fait légitime,
de nombreux évènements qui ne sont pas perçus ou vécus physiquement
sont tout aussi valides que ceux qui le sont ; qu’ils sont tout aussi réels au
sein de votre propre environnement psychologique invisible.
Il y a donc dans le futur, selon vos termes, un nombre illimité
d’évènements probables dont vous êtes en train de poser les fondations. Les
pensées et les sentiments que vous générez, et ceux que vous recevez de
façon habituelle et caractéristique, établissent un schéma ; c’est ainsi que
vous choisissez, parmi les futurs probables, les évènements qui deviendront
votre expérience physique. (Une pause.)
Comme il existe de nombreuses fuites et connexions, il peut arriver que
vous captiez un « évènement futur », de nature fâcheuse par exemple, qui
soit l’aboutissement de votre trajectoire actuelle. Vous pouvez faire à ce
sujet un rêve qui vous effraie au point de vous faire éviter l’évènement en
question. Ce genre de rêve est un message de la part d’un moi probable qui,
lui, l’a vécu.
(22h30.) De la même façon, un enfant peut recevoir en rêve, de la part
d’un moi futur, des communications de nature à changer toute sa vie.
L’ensemble de l’identité est, maintenant. Toute division est illusoire ; si
bien qu’un moi probable peut tendre la main à un autre et, par
l’intermédiaire de ces communications internes, les différents moi
probables, selon vos termes, commencent à comprendre la nature de leur
identité.
Or cela conduit à d’autres aventures qui peuvent englober des
civilisations entières ; car, tout comme les individus ont leurs destinées
probables, les nations, les civilisations et les systèmes planétaires habités
ont également les leurs. Votre Terre historique, telle que vous la connaissez,
s’est développée de multiples manières ; et un lien profondément non
conscient unit toutes ces manifestations.
À leur façon, les molécules et les atomes eux-mêmes gardent une
connaissance des formes par lesquelles ils sont passés ; de la même
manière, les individus qui composent une civilisation donnée gardent au
fond d’eux-mêmes la connaissance interne des expériences et des tentatives,
des succès et des échecs dans lesquels la race humaine a été impliquée à
d’autres niveaux de réalité. Vous pouvez faire une pause.
(De 22h39 à 22h55.)
Dans certaines réalités probables, la chrétienté, telle que vous la
connaissez, n’a pas prospéré. Dans d’autres, les mâles n’ont pas exercé de
domination. Dans d’autres encore, la composition de la matière a tout
simplement suivi des lignes différentes. Or toutes ces probabilités sont en
quelque sorte dans l’air autour de vous, et je les décris aussi fidèlement que
possible, mais je dois les rattacher à des concepts qui vous soient un peu
familiers. Dans une certaine mesure, la « vérité » doit passer par le tamis de
vos schémas conceptuels pour que vous puissiez la comprendre.
Il suffit de dire ici que vous êtes entourés d’influences et d’évènements
que, d’ordinaire, vous ne percevez pas. Vous percevez certains d’entre eux
dans votre réalité en trois dimensions. Vous les acceptez comme réels sans
vous rendre compte qu’il s’agit seulement d’une partie d’évènements plus
vastes. Là où s’arrête votre vision, vous pensez que cesse la réalité ; encore
une fois, il faut que vous appreniez à regarder entre les évènements, entre
les objets, et en vous-mêmes, quand vous avez l’impression de ne rien faire.
Soyez attentifs aux évènements qui semblent n’avoir aucun sens, car ce sont
souvent les traces d’évènements invisibles plus vastes.
Fin de la dictée.
(Seth répond ensuite brièvement à deux questions personnelles.)
Donc, si vous n’avez pas de questions ou de commentaires… (Je fais
« non » de la tête.) Je compte finir ce chapitre mercredi. Mes plus
chaleureuses pensées et un cordial bonsoir, et quand nous serons prêts, nous
commencerons par vous.
(« D’accord. Merci beaucoup, Seth. Bonne nuit. » 23h06.)
SESSION 567
MERCREDI 17 FÉVRIER 1971
(21h14.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée.
La nature de la matière n’est pas comprise, elle non plus. Vous la
percevez à un « stade » donné. Or, pour employer vos termes et parler aussi
simplement que possible, il y a d’autres formes de matière au-delà de celle
que vous voyez. Ces formes sont tout à fait intenses et réelles, parfaitement
« physiques » pour ceux qui réagissent à cette sphère particulière d’activité.
En termes de probabilités, vous choisissez donc certains actes, vous les
transformez inconsciemment en évènements ou en objets physiques, puis
vous les percevez. Mais les évènements non choisis sortent eux aussi de
vous et sont projetés dans ces autres formes. Le comportement des atomes
et des molécules joue ici un rôle car, une fois encore, ils ne sont présents
dans votre univers qu’à des stades donnés. Vous percevez leur activité
uniquement dans une zone particulière de rythme vibratoire. Quand vos
scientifiques croient observer l’atome, ils n’examinent pas sa nature. Ils
explorent les caractéristiques de l’atome tel qu’il agit, tel qu’il se manifeste
à l’intérieur de votre système. Sa réalité supérieure leur échappe totalement.
(21h24.) Vous comprenez qu’il existe des spectres de lumière. Il existe de
la même manière des spectres de matière. Votre système de réalité physique
n’est pas très dense par rapport à d’autres. La dimension que vous accordez
à la matière physique évoque à peine la variété des dimensions possibles.
Certains systèmes sont beaucoup plus lourds, ou beaucoup plus légers,
que le vôtre, bien qu’il ne s’agisse pas forcément de poids dans les termes
qui vous sont familiers. Les actions probables émergent donc dans des
systèmes de matière tout aussi valides et sûrs que le vôtre. Vous avez
l’habitude de penser de manière linéaire, si bien que vous pensez aux
évènements que vous connaissez comme à des choses ou à des actions
complètes, sans vous rendre compte que ce que vous percevez n’est qu’une
fraction de leur existence multidimensionnelle globale.
(21h30.) En termes plus vastes, il est impossible de séparer un évènement
physique des évènements probables, car ils constituent tous des dimensions
différentes d’une même action. Pour les mêmes raisons, il est
fondamentalement impossible de séparer le « vous » que vous connaissez
des vous probables dont vous n’avez pas conscience. Il y a cependant
toujours des voies internes entre les évènements probables ; comme ils sont
tous des manifestations d’un acte dans son devenir, les dimensions qui les
séparent sont une illusion.
Le cerveau physique seul ne parvient pas à distinguer ces connexions.
L’esprit, qui est l’équivalent interne du cerveau, perçoit parfois les
dimensions plus vastes d’un évènement donné par l’irruption soudaine
d’une intuition, d’une compréhension, qui ne peut pas être décrite par les
mots de façon adéquate.
(Une pause à 21h35.) Comme je l’ai souvent dit, le temps, tel que vous le
pensez, n’existe pas mais vous pourriez comprendre la nature véritable du
temps, selon vos termes, si vous compreniez la nature fondamentale de
l’atome. En un sens, on pourrait comparer un atome à une microseconde.
Un atome semble « exister » continuellement pendant un certain laps de
temps. Au lieu de cela, il s’allume et s’éteint, en quelque sorte. Il fluctue
selon un schéma et un rythme tout à fait prévisibles. Il n’est perçu dans
votre système qu’à certains moments de cette fluctuation ; ainsi, pour les
scientifiques, l’atome semble continuellement présent. Ils n’ont pas
conscience de la moindre période d’absence en ce qui le concerne.
(21h41.) Dans ces périodes de projection non physique, dans les périodes
éteintes de cette fluctuation, les atomes « apparaissent » dans un autre
système de réalité. Dans ce système, ils sont perçus dans les portions
« allumées » de la fluctuation, si bien que les atomes paraissent continus
dans ce système également. Il existe de nombreux points de fluctuation de
ce genre, mais bien entendu, votre système ne s’en rend pas compte ; il ne
se rend pas compte non plus des actions, des univers et des systèmes
ultimes qui existent en eux.
Or le même type de comportement se produit à un niveau psychologique
profond, essentiel, secret et inexploré. La conscience physiquement orientée
réagit à l’une des phases de l’activité de l’atome, et s’éveille, bien vivante,
dans son existence particulière ; mais dans l’intervalle se trouvent d’autres
fluctuations pendant lesquelles la conscience est focalisée sur des systèmes
de réalité entièrement différents ; chacun de ces systèmes s’éveille et réagit,
sans avoir le moindre sentiment d’absence ; chacun garde exclusivement le
souvenir des fluctuations particulières auxquelles il réagit.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(De 21h47 à 22h06.)
Reprenons la dictée. En réalité, ces fluctuations sont simultanées. Vous
devez penser qu’il y a du vide entre les fluctuations ; je les ai décrites le
mieux possible pour notre propos, mais les systèmes probables existent tous
en même temps, et si l’on suit ce raisonnement, l’atome se trouve
fondamentalement dans tous ces systèmes en même temps.
Nous avons parlé en termes de fluctuations, ou de pulsations
fantastiquement rapides, si « brèves » et si bien enchaînées que vous ne les
percevez pas. Mais il existe également, de votre côté, des fluctuations « plus
lentes », « plus amples » et « plus longues ».
(22h14.) Celles-ci affectent des systèmes d’existence entièrement
différents de tous ceux qui sont proches du vôtre. L’expérience de ce type
de conscience vous est complètement étrangère. L’une de ces fluctuations
pourrait, par exemple, durer plusieurs milliers de vos années. Ces milliers
d’années seraient ressentis comme une seconde de votre temps, les
évènements qui s’y produisent étant simplement perçus comme « période
présente ».
Or la conscience de ces êtres contient également la conscience d’un
grand nombre de moi et de systèmes probables, vécus en toute clarté, en
toute intensité, comme des présents multiples. Ces présents multiples
peuvent être modifiés à n’importe lequel d’un nombre infini de points,
sachant que l’infini n’existe pas comme une ligne indéterminée, mais en
fonction des probabilités et des combinaisons innombrables qui s’élèvent de
tout acte de conscience.
(22h25.) Ces êtres, avec leurs présents multiples, n’ont pas forcément
conscience de votre système particulier. Leur présent multiple peut
l’inclure ; vous pouvez appartenir à leur présent multiple sans même vous
en rendre compte. En termes beaucoup plus limités, vos réalités probables
sont des présents multiples. (Une longue pause.) L’image d’un œil dans un
œil dans un œil, répétée à l’infini, peut avoir ici son utilité métaphorique.
Fin de ce chapitre.
(Une pause à 22h29. La dictée de Jane a été régulière et paisible,
apparemment sans effort. Je lui dis que le matériau est excellent. Je trouve
particulièrement évocatrice une déclaration comme : « En un sens, on
pourrait comparer un atome à une microseconde. »
Après une très courte pause, Jane donne plusieurs pages de matériau
nous concernant. La session se termine vers 23h25.)
CHAPITRE 17
SESSION 568
LUNDI 22 FÉVRIER 1971
SESSION 569
MERCREDI 24 FÉVRIER 1971
Maintenant…
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée : de manière générale (sourire), Parleur un jour, Parleur toujours,
selon vos termes. Dans certaines incarnations, ces facultés peuvent être
employées de façon si puissante que tous les autres aspects de la
personnalité demeurent au second plan. D’autres fois, ces facultés peuvent
n’être employées que timidement. Les Parleurs possèdent une rare intensité
dans le sentiment et dans la projection de la pensée.
Ils ont la faculté de transmettre des messages aux autres et de circuler
entre la réalité intérieure et la réalité extérieure avec une grande facilité, en
sachant d’instinct comment employer le symbolisme. Les Parleurs sont
doués d’une grande créativité au niveau inconscient ; ils forment
constamment, en dessous de la conscience normale, des trames psychiques
qui peuvent être utilisées aussi bien par eux-mêmes que par d’autres, dans
la transe ou dans le rêve. Ils apparaissent souvent dans les rêves et aident
ceux qui rêvent à manier la réalité interne. Ils forment des images
auxquelles les rêveurs peuvent se rattacher, des images qui peuvent servir
de ponts, de portails, vers des types de conscience différents de la vôtre.
(21h30.) Le symbolisme des dieux, les idées liées aux dieux de l’Olympe
par exemple, ou la traversée du Styx – ce genre de phénomène a été généré
par les Parleurs. Le symbolisme, la trame des religions ne pouvait pas
exister que dans le monde physique ; elle devait exister aussi dans le monde
inconscient. En dehors de votre propre cadre de référence, les maisons ou
les habitations en tant que telles ne sont pas une nécessité ; on rencontre
pourtant ce genre de structures dans des réalités toutes différentes, dans la
transe ou dans le rêve. C’est une conversion de données en termes
signifiants pour vous.
Après la mort, par exemple, un individu – ou une foule – peut continuer à
créer ces symboles jusqu’à se rendre compte que ces cadres de référence ne
sont plus nécessaires. L’activité des Parleurs ne se limite donc pas à la
conscience réveillée. À toute période de votre temps, ils ont accompli leur
tâche aussi bien dans l’état de veille que dans le sommeil. Une bonne partie
de l’information la plus pertinente était mémorisée par des apprentis
pendant des rêves, puis transmise de la même façon. Ces manuscrits non
écrits étaient aussi illustrés, en quelque sorte, par des voyages dans le rêve
ou par des excursions dans d’autres types de réalité. Ce type
d’apprentissage continue. Le cadre psychique, le cadre de l’histoire
particulière, varie. Par exemple, les images conventionnelles du Dieu et des
saints chrétiens peuvent être utilisées par les Parleurs, et cela de manière
très vive. Le rêveur peut aussi se retrouver dans un magnifique sérail, ou au
milieu d’un ciel éclatant de lumière. Certains Parleurs limitent leurs facultés
au rêve ; une fois réveillés, ils sont largement inconscients de leurs
capacités ou de leur expérience propre.
(Une pause à 21h40.) Or il serait absurde de qualifier d’hallucinations
ces rêves ou ces lieux qui existent dans le rêve, car ils représentent des
réalités « objectives » certaines, que vous ne pouvez pas encore percevoir
sous leur propre aspect. La religion égyptienne était largement fondée sur le
travail des Parleurs et on accordait beaucoup de soin à leur formation.
Pourtant, les manifestations extérieures présentées aux foules se sont
tellement déformées que l’unité originelle de la religion a fini par se
dégrader.
Les tentatives qui eurent lieu alors pour établir une cartographie de la
réalité n’ont pourtant pas eu d’équivalent depuis. Il est vrai que dans le
rêve, et dans quelques autres niveaux d’existence proches du vôtre, il existe
un jeu individuel très fort de création d’images et une utilisation magnifique
du symbolisme, mais tout cela se produit, encore une fois, dans un
environnement « objectif » déterminé, un environnement dont les
caractéristiques mêmes permettent ces phénomènes – un champ d’activité,
donc, qui a ses règles spécifiques. Ces règles sont connues des Parleurs, qui
servent souvent de guides. Ils ont parfois travaillé dans le cadre
d’organisations, comme dans les temples en Égypte, où ils se sont retrouvés
impliqués dans les structures du pouvoir. En général, ils sont cependant
beaucoup plus solitaires.
En raison de la nature simultanée du temps, ils parlent bien sûr à chacune
de vos époques en même temps, dans leurs différentes manifestations. Il
arrive aussi qu’ils servent de médiateurs, par exemple en présentant l’une à
l’autre deux incarnations d’une même personnalité.
Vous pouvez faire une pause.
(De 21h51 à 22h04.)
Selon les règles en vigueur dans la réalité physique, les objets paraissent
stationnaires et permanents. Mais dans d’autres réalités, d’autres règles
prédominent. La nature des activités mentales y suit des lignes différentes,
et la « continuité » n’y existe pas en termes de temps. Il y a en revanche une
organisation de la perception, selon la façon dont elle opère les
groupements psychologiques. (Une pause.)
De l’extérieur, ces systèmes vous paraîtraient dénués de sens, même si
vous pouviez les percevoir. Vous ne pourriez pas observer les pivots autour
desquels les actions s’articulent. Les règles très précises de ces systèmes
vous sembleraient tout à fait obscures.
Or les Parleurs connaissent les règles en vigueur dans de nombreux
systèmes. D’ailleurs, en termes plus larges, la plupart de ces systèmes sont
plus ou moins connectés à votre propre type de réalité. Il existe un nombre
infini d’univers internes. L’ensemble de consciences le plus élevé, le plus
développé, peut seul prendre en compte quelque chose qui s’approche de
leur totalité. Dans ce contexte plus vaste, les Parleurs sont les gens du coin.
Il y a quelque chose comme une carte établissant le plan de nombreux
systèmes de réalité de proximité ; j’espère les rendre accessibles un jour,
selon vos termes. Pour cela, il faudrait que Ruburt reçoive une formation un
peu plus approfondie. Il y a des points de coïncidence où, dans certaines
conditions, on peut passer de l’un à l’autre de ces systèmes. Il n’est bien sûr
pas nécessaire que ceux-ci existent de manière séparée dans l’espace tel que
vous le connaissez.
(22h19.) Dans ces points, que l’on appelle points de coordination, les
camouflages de l’un et de l’autre se confondent. Dans votre système,
certains de ces points sont géographiques mais, dans tous les cas, la
condition préliminaire pour y accéder est une orientation de la conscience.
Passer ainsi d’un système à un autre ne peut être accompli que dans un état
de sortie du corps. Lorsqu’il rêve, tout individu a accès aux informations
détenues par les Parleurs. Il existe des états de conscience adjacents, qui se
produisent au sein des rythmes du sommeil et que vos EEG ne savent pas
détecter – des « corridors » adjacents dans lesquels votre conscience
voyage.
(Un électroencéphalogramme, ou EEG, trace le schéma des ondes
cérébrales.)
Des centres d’intuition plus élevés sont alors activés tandis que les parties
physiquement orientées de la conscience demeurent avec le corps. La partie
« absente » du moi n’est pas repérée dans les tracés, bien que son point de
départ et son point de retour puissent être indiqués par un schéma
particulier. Mais la période « d’absence » elle-même n’est pas détectée et
les tracés n’indiquent que le schéma caractéristique fourni immédiatement
avant le départ.
Or cela se produit chaque nuit, pendant le sommeil. Deux zones
d’activité sont concernées, l’une très passive et l’autre extrêmement active.
Dans le premier stade, cette partie de la conscience est passive ; elle reçoit
l’information. Dans le stade suivant, elle est active et participe par l’action
– les concepts qui lui sont donnés sont perçus de manière très vive par la
participation et par l’exemple. C’est la zone la plus protégée du sommeil.
Les phénomènes de régénération interviennent à ce stade, et c’est au cours
de cette période que les Parleurs agissent comme instructeurs et comme
guides.
(Une pause.) Fréquemment, cette information est ensuite interprétée, au
moment du retour, par d’autres couches du moi, comme la conscience du
corps et le subconscient, où elle est formée en rêves signifiants pour ces
zones, et où l’enseignement général peut être traduit en conseils pratiques
sur un sujet particulier.
Vous pouvez faire une pause.
(De 22h34 à 22h45.)
Il y a plusieurs stades bien distincts dans le sommeil, et ils jouent tous un
rôle particulier pour la personnalité. Ce sont aussi des signaux pour
différentes couches de conscience, de réalisation et d’activité. Ces stades
s’accompagnent de certaines réactions physiques, dont certaines sont liées à
l’âge.
Dans notre prochain chapitre, j’en parlerai plus en détail. Pour le
moment, il suffit de comprendre que des transformations précises,
spécifiques, se produisent lorsque la conscience passe de la réalité
extérieure à la réalité intérieure. Ces changements ne sont pas laissés au
hasard ; la conscience part vers ses nombreuses destinations en empruntant
une route tout à fait prévisible. Au cours des époques, les Parleurs ont
appris aux rêveurs à fonctionner dans ces autres environnements. Ils leur
ont appris à rapporter de l’information qui puisse être utilisée par la
personnalité présente. Un individu peut acquérir une certaine conscience de
ces voyages selon l’intention, le but actuel et le degré de développement qui
sont les siens. Certains s’en souviennent très bien tout en ayant du mal à
interpréter l’expérience, du fait de leurs idées conscientes.
Il est tout à fait possible, pour un rêveur qui est un Parleur, d’aller assister
quelqu’un qui se trouve en difficulté dans une réalité interne au sein du
rêve. L’idée d’ange gardien est bien sûr liée à ce phénomène. Un bon
Parleur est également efficace dans différentes réalités ; il crée des trames
psychiques aussi bien au sein de la réalité physique que dans les
environnements intérieurs. Nombre d’artistes, de poètes et de musiciens
sont des Parleurs qui traduisent un monde en des termes compréhensibles
pour un autre – ils forment des structures psychiques existant avec une
grande vitalité dans les deux à la fois, des structures qui peuvent être
perçues à partir de plusieurs réalités en même temps.
(Une pause à 22h57.) Fin de la dictée. Vous pouvez maintenant terminer
la session, ou poser des questions si vous préférez.
(« Vous voulez dire quelque chose ? »)
Non, rien de particulier.
(« Alors, on va peut-être arrêter là. »)
Mes plus chaleureuses pensées à vous deux, et un cordial bonsoir.
(« Même chose pour vous, Seth. Merci beaucoup. »)
Il faudrait que Ruburt se prépare des plats qu’il aime. Qu’il se donne un
peu de mal pour sa table. Dites-lui de penser à la nourriture et à sa
préparation de façon créative. Se nourrir vient après tout le reste. Il mange
parce qu’il le faut. Faites en sorte qu’il pense davantage à la cuisine en
termes de création d’aliments qu’il aime ; qu’il retrouve une façon de faire
oubliée. Il aime faire la cuisine quand il y pense de cette façon.
Qu’il se laisse tenter par les bonnes choses. Ainsi, il n’aura pas
l’impression de se forcer. Il aime les sauces et les pommes de terre, mais il
ne s’en donne pas la peine, à cause de vous. Il aime la crème. Il existe ici
des configurations à explorer.
Un passe-temps mineur. Dans des circonstances différentes, faire la
cuisine pourrait être un de ses passe-temps : misez là-dessus. L’accent doit
être ici d’ordre physique, comme pour les exercices. Et maintenant, bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. » 23h03.)
SESSION 570
LUNDI 1er MARS 1971
SESSION 571
MERCREDI 3 MARS 1971
SESSION 572
LUNDI 8 MARS 1971
SESSION 573
MERCREDI 10 MARS 1971
SESSION 574
MERCREDI 17 MARS 1971
SESSION 575
MERCREDI 24 MARS 1971
SESSION 576
LUNDI 29 MARS 1971
Questions et réponses
SESSION 578
LUNDI 5 AVRIL 1971
(Comme Seth nous l’a demandé la dernière fois, j’ai rédigé une liste de
questions pour ce chapitre. Elle n’est pas complète mais comprend tout de
même cinquante-deux questions sur cinq pages dactylographiées. Une
bonne partie vient de moi mais j’en ai aussi parlé avec Jane. La liste
comprend des questions très intéressantes posées par Sue Watkins ; nous les
avions mises de côté avec des questions nées de sessions plus anciennes. Il
nous semble que toutes ces questions ont en commun une qualité
intemporelle.
Dans la journée, j’ai dit à Jane que je craignais que les questions ne
soient pas représentatives du livre ; il faudrait faire une étude approfondie
de chaque chapitre pour en établir une liste vraiment pertinente. Bien sûr,
nous ne l’avons pas fait – par manque de temps, mais aussi parce Jane
préfère ne pas s’impliquer au niveau conscient. Il ne nous reste qu’à
espérer que cette liste intuitive soit adéquate.
Nous nous installons pour la session à 21h00, comme presque toujours,
mais Seth n’apparaît pas avec sa ponctualité habituelle. Comme le temps
passe, Jane dit qu’elle est un peu tendue à cause des questions ; elle les a
lues après le dîner. La session se tient dans mon atelier, pour plus
d’intimité. Enfin, Jane enlève ses lunettes.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Avec humour.) Commencez donc votre fameuse liste de questions.
(« D’abord, je vais vous lire le petit paragraphe d’introduction :
“Certaines des questions renvoient peut-être à des sujets que vous avez
l’intention d’aborder dans les chapitres à venir. Si c’est le cas, dites-le-nous
et nous les mettrons de côté.” »)
Je n’y manquerai pas.
(« D’accord. Voici la première question : vous avez dit que vous nous
parleriez du troisième Christ. Et aussi, avons-nous besoin d’en savoir plus
sur les deux autres personnalités qui appartiennent à l’entité du Christ : le
Christ lui-même, et Jean-Baptiste ? »)
Laissez de côté les questions religieuses pour l’instant.
(« Est-ce que cela inclut également les données concernant les
Parleurs ? » J’ai l’intention de poser plusieurs questions sur les Parleurs.)
Non – seulement les questions sur les religions du monde, et celles qui
concernent le troisième Christ ou autres sujets du même ordre.
(« Très bien. Deuxième question : est-ce que Jane disait vrai lorsqu’elle
a déclaré, en parlant pour vous, qu’il y a eu des millions de Parleurs ? Ou
est-ce que c’est une information erronée ? » Voir la session 568, chapitre
17.)
Ce n’était pas erroné. Les dons des Parleurs sont en rapport avec leur
caractère ; certains ont plus de facultés que d’autres, mais ils jouent tous un
rôle dans la communication des données internes. Certains Parleurs sont
beaucoup plus accomplis que d’autres, selon vos critères. Aussi le nombre
de Parleurs véritablement majeurs est-il bien inférieur à ce nombre.
Il a existé moins de trente grands Parleurs. Accordez-nous un peu de
temps.
(Une pause à 21h35. Le débit de Jane est assez lent.) L’entité du Christ
en était un. Le Bouddha en était un autre. Ces Parleurs sont aussi actifs
lorsqu’ils sont non physiques que lorsqu’ils sont physiques. L’entité du
Christ a eu de nombreuses réincarnations avant l’émergence de la
« personnalité » du Christ telle que vous la connaissez ; même chose pour le
Bouddha.
Les plus grands Parleurs ne font pas que traduire et communiquer des
données internes : ils vont également beaucoup plus loin dans ces champs
internes de réalité que ceux qui sont connectés à votre système physique. Ils
enrichissent donc les données internes de base. Les plus grands Parleurs
n’ont pas eu besoin de la formation intensive qui est nécessaire pour la
plupart d’entre eux. Leurs caractéristiques se combinent d’une façon unique
qui rend cette formation superflue. (Une pause, parmi beaucoup d’autres.)
À un autre niveau, Emerson était un Parleur.
Un homme nommé Marbundu… (Selon mon interprétation phonétique.
« Pouvez-vous épeler ? »)
M-A-U-B-U-N-D-U, en Afrique, en 14 avant J.-C. Les Parleurs sont
particulièrement actifs dans tous les aspects de l’existence, qu’elle soit
physique ou non, durant le sommeil ou l’état de veille, entre les vies ou à
d’autres niveaux de réalité. Tout comme certaines données physiques
s’accrochent à la structure génétique, ce savoir interne est codifié, quelles
que soient les structures psychologiques habitées par les Parleurs ; mais il
leur est beaucoup plus accessible qu’à d’autres personnalités. Pourtant, il
faut souvent des points de déclenchement pour libérer ce savoir. Ceux-ci
peuvent intervenir dans l’état réveillé comme dans le rêve ; ils ouvrent les
réservoirs de la connaissance et donnent accès à la formation passée.
Je sais que l’une de vos questions concerne un premier Parleur.
(« En effet. Quatrième question : est-il possible de nommer ou de décrire
un premier Parleur ? »)
Maintenant. À proprement parler, il n’y a pas eu de premier Parleur.
Imaginez que vous vouliez être dans dix endroits en même temps, et que
vous envoyiez réellement une portion de vous-même à chacun de ces dix
endroits. Imaginez que vous puissiez vous éparpiller dans ces dix
directions, et que chacune des dix portions demeure consciente et alerte.
Vous – qui êtes les dix vous – auriez connaissance de l’existence dans
chacun de ces dix endroits. Il serait impossible de dire lequel des dix est
arrivé le premier ; on pourrait seulement dire que tout a commencé avec le
premier qui a décidé de visiter ces dix lieux. Il en va de même avec les
Parleurs qui, de la même façon, ne tirent pas leur origine des lieux ou des
époques dans lesquels ils peuvent apparaître.
Avez-vous d’autres questions sur les Parleurs ?
(« Cela m’amène à la troisième question, à laquelle vous avez commencé
à répondre : quelle est la source des données des Parleurs, de quand
datent-elles ? »)
La source originelle des données des Parleurs est la connaissance interne
de la nature de la réalité, qui se trouve dans chaque individu. Les Parleurs
doivent conserver ce savoir vivant, en termes physiques, pour que les
hommes ne l’enterrent pas en eux, pour qu’il soit au contraire porté à
l’attention du moi conscient.
En d’autres termes, ils disent les secrets intérieurs. Dans certaines
civilisations, nous l’avons vu, ils ont joué un rôle pratique important. Par
moments, ils avaient un accès continu à ce savoir, et leur ego en avait
conscience. C’est à ce moment-là qu’il était mémorisé, et les Parleurs
comprenaient que ce savoir était toujours disponible au niveau inconscient.
Ils l’ont toutefois imprimé dans le cerveau physique à l’aide de la
mémoire. Mais il y a toujours eu pour eux, comme c’est le cas aujourd’hui,
une grande interaction entre l’existence intérieure et l’existence extérieure.
Le savoir valide obtenu dans l’état de rêve était mémorisé le matin venu.
Un Parleur pouvait entendre en rêve les leçons d’un autre Parleur ; ils se
communiquaient aussi les données physiques pertinentes par le rêve ; et ces
deux états étaient largement utilisés. (Une pause.)
Avez-vous d’autres questions sur les Parleurs ?
(« Cinquième question : est-ce que certains des apôtres étaient des
Parleurs ? »)
Je réserve cette question pour le chapitre religieux. Elle sera plus facile à
traiter.
(Sixième question : est-ce que les Parleurs peuvent travailler avec nous
quand ils sont entre des vies physiques ? »)
Je crois avoir déjà répondu.
(« Effectivement. » Voir les données de 21h35. J’étais tellement occupé à
écrire que je ne me suis pas rendu compte que la question était déjà
traitée.)
Ils le peuvent – et ils le font. Vous êtes tous les deux formés par d’autres
Parleurs, qui se trouvent eux-mêmes entre les vies ; cela se produit dans vos
rêves. Les Parleurs eux-mêmes atteignent évidemment différents degrés
d’efficacité.
(Bien entendu, les données ci-dessus font naître d’autres questions ; par
exemple, qui s’occupe de notre formation ? Avons-nous connu ces
personnalités dans des vies passées ? etc. Ne sachant que demander, je ne
pose aucune question.)
La majeure partie de leur travail se fait à partir d’un état non physique ;
les existences terrestres sont un peu comme d’importantes expéditions sur
le terrain.
(« Septième question : allez-vous parler de Seth 2 dans ce livre ? »)
Absolument. Mais nous allons laisser cela pour l’instant.
(Ici se produit entre Seth et moi un échange pour lequel je n’ai pas à
prendre de notes. Seth dit que ce chapitre sert à changer le rythme des
longs passages contenus dans le livre. Il est aussi conçu pour que le lecteur
pense à ses propres questions. « Alors, je suppose que vous voudrez
attendre également pour la huitième question : êtes-vous un médium pour
Seth 2 ?)
Plus tard également.
(« Onzième question : dans le chapitre 17, vous avez dit que Jane aurait
besoin d’une formation plus importante pour pouvoir fournir le manuscrit
d’un Parleur et que, de toute façon, le travail nécessaire pourrait prendre
cinq ans. De quel type de formation s’agit-il ? »)
Je parlais spécifiquement de ce que vous appelleriez un ancien manuscrit
de Parleur, et je pensais que c’était à cela que vous faisiez allusion.
(« En effet. »)
Une grande partie des expressions et des mots employés ne serait pas
familière à Ruburt, même si on en faisait une traduction à partir des langues
d’origine. Il y a même une différence dans certains concepts de base. Pour
conserver une pureté de traduction, il faudrait une formation dans différents
types de perceptions internes. Quelques-unes de ces langues se fondaient
davantage sur les images que sur les mots. Pour certaines d’entre elles, les
symboles avaient des significations multidimensionnelles. Livrer ces
informations par le biais de Ruburt représenterait une tâche énorme, mais
réalisable. Des mots étaient fréquemment dissimulés derrière des images, et
des images derrière des mots. Nous parlons de manuscrits, mais la plupart
d’entre eux n’étaient pas écrits.
Certains l’ont été, mais à des dates bien postérieures, et il en existe des
fragments sous terre et dans des cavernes – en Australie, dans certaines
parties de l’Afrique et dans une région des Pyrénées.
Maintenant, je vous suggère de faire une pause.
(22h12. Le rythme de Jane s’est beaucoup accéléré, comme si elle avait
perdu une sorte de nervosité. Elle dit qu’à présent le format question-
réponse ne lui pose plus de problème. Moi non plus. L’atelier s’est
nettement refroidi. Jane dit qu’elle ne l’a pas senti pendant la transe mais
que maintenant elle a froid.
Je lui dis que la question suivante est la neuvième. Il s’agit des
perceptions de Seth lorsqu’il parle à travers elle ; c’est une question
inspirée par la session du cours de perception extrasensorielle du 9 février
1971 ; des passages en sont donnés dans la session 575, chapitre 19. Entre-
temps, je pense à une autre question concernant les Parleurs, et je l’écris.
Reprise à 22h40.)
Maintenant, à laquelle des deux questions voulez-vous que je réponde en
premier ?
(« Appelons-la onze-a. Ne pourrait-on pas dire que ces sessions sont des
formations de Parleurs pour Jane et pour moi, à un niveau conscient ? »)
En effet, il s’agit de reconnaître consciemment le savoir interne. Au
moment de la mort, lorsqu’un individu en arrive à sa dernière vie physique,
selon vos termes (Une pause), toutes les parties de sa personnalité le
connaissent. La personnalité n’est pas jetée, bon gré mal gré, dans une autre
existence terrestre, comme cela peut être le cas autrement.
Les parties conscientes du moi, celles qui sont orientées vers le monde
physique, prennent connaissance du savoir interne. Dans une certaine
mesure, la réalité de la pensée est perçue de façon consciente comme
l’élément novateur derrière la matière physique. Un individu de ce type
peut alors comprendre la nature des hallucinations au moment de la mort et
entrer, de manière pleinement consciente, dans le plan d’existence suivant.
Le savoir devenu conscient est alors transmis à d’autres, là où il peut être
reconnu et appliqué de manière physique.
Maintenant, passons à la question suivante.
(« Neuvième question : vous nous avez dit que vous alliez préciser ce que
vous percevez lorsque vous parlez par Jane dans une pièce pleine de gens.
Dans une session du cours, vous nous avez dit que vous entriez vous-même
en transe, et vous avez parlé de l’effort que vous devez fournir pour nous
voir spécifiquement dans notre temps et notre espace. »)
Je perçois les gens dans une pièce autrement que comme ils se perçoivent
eux-mêmes ; leurs différentes personnalités réincarnées, passées et futures,
me sont perceptibles (mais pas leurs moi probables).
Je « vois » les aspects réincarnés, les différentes manifestations saisies de
ce point de vue. Selon vos termes, c’est comme voir des images qui défilent
rapidement et qui représentent différentes poses d’une seule personnalité. Je
dois me souvenir, dans toutes les communications avec ceux qui se trouvent
dans la pièce, de me focaliser sur le « moi présent » réincarné spécifique, et
de limiter mes remarques à cet aspect.
C’est moi qui voit cette image composite. Elle n’est pas enregistrée par
les yeux de Ruburt (Une pause), qui n’ont pas la profondeur de perception
multidimensionnelle nécessaire. Je vois cette image composite clairement,
que je regarde ou non par les yeux de Ruburt. J’utilise ses yeux parce qu’ils
réduisent pour moi le champ focal au seul moi « présent » dont l’individu se
rend compte.
Communiquer avec votre système de cette manière exige beaucoup de
soin et encore plus de discernement, selon la « distance » entre le
communicant et le système physique. En ce qui me concerne, par exemple,
ma base se trouve en dehors du système physique. Il faut du discernement
et de la précision pour entrer dans votre réalité au moment adéquat, au point
exact du temps et de l’espace sur lequel vous êtes concentrés.
L’expérience passée et future de ceux qui se trouvent dans la pièce m’est
accessible, et elle est aussi réelle que leur expérience présente. Je dois donc
me souvenir de ce qui, selon eux, s’est déjà passé ou ne s’est pas encore
passé, car pour moi, c’est tout un. Cependant, ces schémas d’activité sont
aussi en perpétuel changement. Je dis, par exemple, que je perçois leurs
actions ou leurs pensées passées et futures ; mais en réalité, je perçois des
schémas constamment changeants, à la fois dans le futur et dans le passé.
(23h00.) Certains des évènements que je vois très clairement liés à ces
personnes dans le futur peuvent ne pas se produire dans votre système
physique. Ils existent comme probabilités, comme potentiels réalisés en
pensées, mais non comme forme physique définitive. Je vous ai dit
qu’aucun évènement n’est prédéterminé. Il faudrait que je me connecte
avec une date future, selon vos termes, et que j’explore toutes ses
ramifications pour voir, parmi toutes les actions probables que j’ai vues
plus tôt chez vous, lesquelles se réalisent chez vous plus tard.
Les méthodes de communication peuvent varier considérablement. À
bien des égards, une personnalité fondée sur la réalité physique – entre les
vies par exemple – trouverait l’entrée plus facile. Mais le savoir qu’elle
pourrait donner serait également limité en raison de son expérience. Or je
me souviens de l’existence physique, ce qui m’aide à traduire
automatiquement vos données mentales en forme physique. Je perçois les
objets, par exemple. Utiliser les mécanismes de Ruburt m’aide aussi
beaucoup. Par moments, je vois la pièce et les gens comme il les voit, ou
plutôt comme ses mécanismes perceptifs les voient.
Dans ce cas, je lis ou je traduis ces données, et je les utilise comme vous
pourriez utiliser les données d’un ordinateur. Est-ce que cela répond à votre
question ?
(« Tout à fait. »)
Je suis prêt pour la suivante.
(« Dixième question : allez-vous nous parler de la façon dont vous avez
contacté Jane avant que ces sessions commencent ? »)
J’en ai déjà un peu parlé dans un chapitre précédent. Une bonne partie de
sa formation, en tant que Jane, s’est produite dans l’état de rêve. Il y a eu de
fréquentes projections hors du corps, pendant lesquelles elle assistait à des
cours donnés initialement par différents Parleurs. Le savoir obtenu a
souvent été transmis aux couches conscientes par le biais de la poésie. (Une
longue pause à 23h15.)
Il y a eu une formation concentrée qui lui a permis de se focaliser vers
l’intérieur ; et un environnement extérieur qui l’a obligée à chercher des
réponses intérieures, ainsi qu’une forte structure religieuse dans laquelle la
croissance initiale a pu se produire. Cela suffit.
(Une longue pause, pendant que je relis les trois questions suivantes :
douze, treize et quatorze.)
S’il s’agit du matériau réincarnationnel, laissez-les de côté pour l’instant.
(C’est le cas. Je passe à la question dix-neuf, que je n’ai presque pas pris
la peine d’écrire. « Est-ce que vous vous intéressez à la perception de nos
vies quotidiennes lorsque vous ne parlez pas par Jane ? Cela vous est-il
possible ? »)
Je ne fais pas une pratique de l’observation. Nous sommes cependant
connectés dans un ensemble psychologique changeant, et je me rends donc
compte de n’importe lequel de vos sentiments intenses ou de toute réaction
forte de votre part. Cela ne veut pas dire que je me rende nécessairement
compte de tous les évènements de vos vies, ni que j’entre toujours dans le
détail des sentiments que je reçois de vous.
(Une pause à 23h25.) En général, j’ai conscience de la condition dans
laquelle vous vous trouvez. Si quelque chose énerve Ruburt, il m’envoie
automatiquement des messages à ce sujet. J’ai connaissance, dans les
limites indiquées, des évènements futurs dans vos vies. (Une pause.) Je me
préoccupe beaucoup plus de votre vitalité spirituelle d’ensemble que de ce
que vous avez pris au petit déjeuner.
Je pense que cela suffit pour cette question.
(« D’accord. C’était très intéressant. Je ne sais pas s’il faut faire une
pause ou finir la session. »)
Je traiterai probablement ensemble les questions sur l’évolution et sur les
fragments ; et je suggère de les garder pour la prochaine fois. Vous pouvez
terminer la session ou faire une pause, comme vous préférez.
(« Je le regrette, mais je pense qu’on ferait mieux d’arrêter. »)
Il y a eu de bonnes questions, comme je savais qu’il y en aurait.
(« Elles m’inquiétaient un peu. »)
J’espère que vous êtes rassuré.
(« Oui, je suis content. »)
Mes pensées les plus cordiales, et un très chaleureux bonsoir.
(« Merci beaucoup, Seth, et bonne nuit. » 23h30.)
SESSION 580
LUNDI 12 AVRIL 1971
(21h16. Mardi soir, le 8 avril, Jane et moi avons reçu la visite de trois
femmes venues de Rochester, dans l’État de New York. Elles voulaient
parler du livre de Jane, The Seth Material. Elles m’ont aussi donné
plusieurs questions pour Seth, s’il veut bien y répondre. Jane et moi les
parcourons rapidement avant la session. )
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous pourrions commencer par la première question dont
vous parliez.
(De la part de M. H. Sa question s’appuie sur une théorie dont j’ai
entendu parler par ailleurs : une équipe de scientifiques a postulé
l’existence d’une classe de particules subatomiques appelées tachyons ou
métaparticules, qui se déplacent toujours plus vite que la lumière.
Selon la théorie de la relativité, aucune particule ne peut être accélérée à
la vitesse de la lumière, parce que sa masse deviendrait infiniment grande à
l’approche de cette vitesse ; mais on contourne cet obstacle en affirmant
que les particules en question ont une masse propre imaginaire – et non une
masse de repos – qui n’est jamais inférieure à la vitesse de la lumière. M.
H. demande donc : « Ces particules plus rapides que la lumière sont-elles
apparentées ou identiques à l’énergie électromagnétique ou aux unités EE
dont Seth parle dans l’appendice de The Seth Material ? »)
Nous avons vu qu’il existe de nombreux degrés de la matière ou de la
forme que vous ne percevez pas. Une bonne partie des particules qui
appartiennent à ces constructions se déplacent plus vite, selon vos termes,
que votre lumière.
Votre lumière, encore une fois, ne représente qu’une partie d’un spectre
beaucoup plus large ; et lorsque vos scientifiques étudient les propriétés de
la lumière, ils ne peuvent que l’examiner telle qu’elle s’introduit dans le
système tridimensionnel. La même chose s’applique bien sûr à la structure
de la matière et de la forme.
Il existe en effet des univers composés de ces molécules plus rapides que
la lumière. Certains d’entre eux partagent le même espace, selon vos
termes, que votre univers. Vous ne percevez tout simplement pas ces
particules en tant que masse. Si elles sont suffisamment ralenties, vous les
percevez en tant que matière.
Certaines de ces particules modifient leur vitesse de manière radicale ;
elles apparaissent parfois à votre vitesse relativement lente, en général de
façon cyclique. Le vortex interne de certaines de ces particules a une
vélocité beaucoup plus grande que les parties en orbite. Quant aux unités
EE, elles sont formées spontanément à partir de la réalité électromagnétique
des sentiments émis par toute conscience, de la même façon que, par
exemple, le souffle sort automatiquement du corps physique.
(21h27.) Les unités EE sont donc des émanations de la conscience.
L’intensité de la pensée ou de l’émotion détermine les caractéristiques de
ces unités. Lorsque certains niveaux sont atteints, elles sont propulsées dans
la réalisation physique. Que cela se produise ou non, selon vos termes, elles
existent en tant que petites particules de matière – comme, disons, de la
matière latente ou de la pseudo-matière.
Certaines de ces particules tombent dans la catégorie « plus rapides que
la lumière » et ont une vitalité perceptible dans ce cadre. Ces particules plus
rapides que la lumière existent donc, bien sûr, dans leur propre type de
forme. Il existe une grande variété d’unités de ce genre à de nombreux
niveaux, toutes au-delà de votre perception. Mais amalgamer ainsi ces
particules donne une idée fausse, car il règne dans tout ceci un grand ordre.
(21h33.) Vous n’ignorez pas totalement l’existence de certaines de ces
unités, bien que vous n’en fassiez pas l’expérience en tant que masse. Vous
en interprétez certaines comme des évènements, des évènements oniriques,
ou de prétendues hallucinations ; et parfois, vous interprétez certains
niveaux de ces unités comme mouvement dans le temps.
Elles émettent toutes des reflets, des « conditions atmosphériques » qui
colorent les évènements physiques que vous connaissez. Certains de vos
sentiments sont projetés dans une réalité au sein de ces systèmes et, dans ce
cadre, ils adoptent leur masse et leur forme propres. Pour créer et entretenir
votre réalité normale, vous focalisez votre conscience réveillée quotidienne
de manière à ce qu’elle soit efficace dans les niveaux concernés. Les idées
et les sentiments que vous voulez rendre physiques portent en eux les
mécanismes qui les mettent au niveau adéquat, à l’intérieur du champ
électromagnétique nécessaire au développement physique.
(Une pause à 21h40.) Cependant votre conscience est également équipée
pour créer des réalités dans d’autres champs. Or, dans certaines expériences
du rêve ou de sortie du corps, votre conscience elle-même se déplace plus
vite que la lumière et, dans certaines conditions, vous percevez certaines de
ces formes de « masse ou matière. »
Les unités EE sont tout simplement des formes naissantes de réalité : des
semences nées automatiquement, adaptées à différents environnements,
dont certaines apparaissent dans le cadre physique et d’autres ne se
conforment pas du tout à ses conditions préalables. Or certains systèmes de
réalité sont « liés » à des centres de particules plus rapides que la lumière.
Ces particules commencent à ralentir de façon rythmique à proximité de la
périphérie, sur de vastes étendues, selon vos termes, jusqu’à ce qu’en réalité
les particules extérieures plus lentes emprisonnent, en quelque sorte, les
masses du centre, qui se déplacent beaucoup plus vite, mais dans une zone
restreinte.
(21h45.) Le comportement de ces unités, comme vous pouvez maintenant
le voir, forme le camouflage particulier à n’importe quel système, tandis
que l’activité périphérique crée effectivement l’identité interne et la limite
externe. Ce sont là des variations, de manière générale et pour simplifier, de
la matière que vous connaissez. La même chose s’applique cependant à la
matière négative, ou antimatière, que vous ne percevez pas. Mais les
graduations d’activité dans ces systèmes sont tout aussi diversifiées.
Fondamentalement, toutefois, aucun système n’est clos. L’énergie coule
librement de l’un à l’autre, ou plutôt les imbibe tous. C’est seulement la
structure du camouflage qui donne l’impression de système clos ; et la loi
de l’inertie n’est pas applicable. C’est seulement à l’intérieur de votre cadre
qu’elle semble une réalité, en raison de votre focalisation restreinte.
Or la durée et la relative stabilité de cette « matière » dans d’autres
systèmes varient considérablement, et c’est l’intensité qui détermine la
force de toutes ces manifestations. Les unités EE invisibles forment votre
matière physique et représentent les unités essentielles, fondamentales, d’où
surgit n’importe quelle particule physique.
(21h52.) Cela n’est pas perçu physiquement. Vous n’en voyez que le
résultat. Comme la conscience peut voyager plus vite que la lumière, elle
peut, quand elle n’est pas emprisonnée par les particules plus lentes du
corps, percevoir certaines de ces autres réalités. Sans formation, elle ne
saura cependant pas comment interpréter ce qu’elle voit. Le cerveau
physique est le mécanisme par lequel la pensée ou l’émotion se forme
automatiquement en unités EE, d’intensité et de niveau adéquats pour être
utilisés par l’organisme physique.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(21h56. Le débit de Jane a été tour à tour rapide et lent, mais sa transe a
été profonde. Quand je lui dis que ce matériau répond parfaitement à la
question, elle dit : « Tout ce que je sais, c’est que j’étais très loin… »
Une remarque au sujet des phénomènes plus rapides que la lumière. Le
dimanche suivant, un grand journal new-yorkais rapporte que des
astronomes ont observé deux éléments d’un quasar s’éloignant
apparemment l’un de l’autre, à une vitesse dix fois supérieure à celle de la
lumière. C’est une découverte stupéfiante, impossible selon les lois de la
physique.
Les quasars – sources radiales quasi stellaires – sont des sources de
lumière et d’ondes radio extraordinairement puissantes. La plupart des
scientifiques pensent qu’ils existent aux confins de notre univers
observable. Si c’est le cas, ils sont si éloignés que leur énergie met des
milliards d’années à nous parvenir. Reprise à 22h20.)
Ces unités EE sont donc le matériau de construction de la matière. Vous
pouvez continuer avec une autre question.
(« Question vingt-trois : êtes-vous en contact avec d’autres humains, ou
parlez-vous par eux, comme vous le faites avec Jane ? »)
Non. Mais comme je l’ai déjà mentionné dans ce livre, j’ai certains
contacts dans d’autres niveaux de réalité.
(Seth fait une pause, et je lui pose une deuxième question de M. H. : « La
sensation du toucher vibratoire interne est-elle apparentée à la lecture de
l’aura(4) ? »)
Non. Le toucher vibratoire interne est une expérience beaucoup plus
personnelle, qui se rapproche plus de la sensation de « devenir une partie »
de ce que vous percevez que de la lecture d’une aura. (Une pause.
« Prêt pour la question suivante ? »)
Je l’attends.
(« Question vingt-quatre : arrive-t-il que Jane vous empêche de
communiquer ? »)
À plusieurs reprises, j’ai indiqué ma disponibilité, dans des circonstances
particulières. J’en savais plus que Ruburt sur ces circonstances. Certaines
de ces occasions sont intervenues assez tôt dans nos sessions, lorsque
Ruburt s’inquiétait des transes spontanées ; après lui avoir manifesté ma
présence, j’ai donc acquiescé à sa décision de l’époque. Il est arrivé en
quelques occasions que les conditions soient mauvaises. En général, Ruburt
y réagissait négativement de son côté – c’est-à-dire que l’interférence
représentait une difficulté dans sa situation plutôt que dans la mienne.
(Seth nous a dit, il y a longtemps, qu’il avait une personnalité-fragment
de chien encore sur Terre. Il ne nous a cependant pas dit où il se trouvait.
« Question vingt-cinq : avez-vous encore des fragments physiques de
quelque type que ce soit ici sur Terre ? »)
Plus maintenant. Mon chien est mort.
(« Question vingt-six : les animaux sont-ils des fragments d’êtres
humains ? »
Sourire.) C’est une bonne question, et vous feriez bien de m’accorder un
instant pour que j’y réponde clairement.
(22h30.) D’une certaine façon, vous êtes des fragments de votre propre
entité. Vous vous considérez pourtant comme tout à fait autonomes, et non
comme des moi rejetés, de seconde main ; de la même façon, les chiens et
les autres animaux ne sont pas simplement des manifestations de l’énergie
psychique errante des êtres humains.
Le degré de conscience de soi des animaux varie, tout comme celui des
gens. Mais la conscience qui est en eux est aussi valide et éternelle que la
vôtre. Rien n’empêche une personnalité d’investir une partie de sa propre
énergie dans une forme animale. Ce n’est pas une transmigration d’âmes.
Cela ne signifie pas qu’un homme puisse être réincarné en animal. Cela
signifie que les personnalités peuvent envoyer une partie de leur énergie
dans différents types de forme.
(22h35.) Mettons que les réincarnations soient terminées pour un
individu donné, mais qu’il ressente encore un désir pour la Terre naturelle
dans laquelle il a été si souvent impliqué. Il peut alors projeter un fragment
de sa conscience dans une forme animale. Lorsque cela se produit, il perçoit
la Terre comme la forme en question a l’habitude de la percevoir. Un
homme n’est donc pas un animal, et il n’envahit pas non plus le corps d’un
animal.
Il ne fait qu’ajouter une partie de son énergie à celle qui est présente dans
l’animal, il mêle cette vitalité à celle de l’animal. Cela ne veut pas dire que
tous les animaux sont des fragments de ce type. Les animaux, comme le
savent ceux qui ont des animaux domestiques, ont leur personnalité et leurs
caractéristiques, leur manière individuelle de percevoir la réalité qui leur est
accessible. Certains dévorent l’expérience. Leur conscience peut être
démesurément renforcée au contact d’humains bienveillants, et leur
implication affective dans la vie est alors fortement développée.
Les mécanismes de la conscience sont les mêmes ; ils ne sont pas
différents pour les animaux ou pour les hommes. Il n’y a donc pas de
limites au développement de la conscience individuelle, ni à la croissance
d’une identité. Dans le corps aussi bien qu’en dehors de lui, la conscience
trouve son rang, son niveau. Un chien n’est donc pas contraint d’être un
chien dans d’autres existences.
Encore une fois, pour qu’une identité puisse manier un organisme
physique complexe, il lui faut un certain niveau de conscience, un certain
type de connaissance, une compréhension de la façon dont l’énergie
s’organise.
(22h45.) Comme vous le savez, la conscience a une forte tendance à
maintenir son individualité tout en se joignant à des ensembles aux formes
changeantes. Après la mort, la conscience d’un animal peut former ce genre
d’ensembles avec d’autres consciences du même type ; les facultés sont
mises en commun et cette coopération permet, par exemple, un changement
d’espèce.
Dans ce cas comme dans d’autres, l’individualité innée n’est cependant
pas perdue ; elle demeure imprimée de façon indélébile. Par sa nature
même, la conscience doit changer et les identités doivent donc changer
aussi – non pas en s’effaçant mutuellement, mais en s’appuyant les unes
aux autres, chaque pas étant maintenu et non pas rejeté.
Dans cette interrelation, chaque pas, c’est-à-dire chaque identité, est
démesurément enrichi par la perception des autres, qui s’ajoute à la sienne.
Comme je l’ai dit, les pensées contiennent leur propre réalité
électromagnétique ; elles ont une forme, que vous la perceviez ou non. Avec
chaque pensée, vous envoyez donc à l’extérieur de vous-mêmes des
silhouettes et des images qui peuvent être des réalités tout à fait légitimes
pour ceux qui se trouvent dans le système de réalité où elles sont
propulsées.
De la même façon, les personnalités d’autres systèmes peuvent envoyer
leur énergie dans le vôtre. Comme ces évènements ne prennent pas
naissance dans votre système, vous ne comprenez pas leur sens.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(22h54. La transe de Jane a de nouveau été bonne, et son débit variable.
C’est la fin du matériau du livre de Seth pour ce soir. Le reste de la session
est consacré à d’autres personnes ou à nous-mêmes. Fin à 23h20.)
SESSION 582
LUNDI 19 AVRIL 1971
(21h20. Avant la session, nous lisons une lettre reçue par Jane le 16 mars
1971, en provenance de Mme R., dont le fils a disparu le 28 juin 1970. Jane
lui a écrit le 4 avril en promettant de lui donner bientôt des informations.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Commencez votre programme. Qu’avez-vous pour moi en
premier ?
(« Si vous répondiez d’abord à la lettre de Mme R. ? » En tant que Seth,
Jane se penche pour prendre la lettre.)
Donnez-la-moi. Maintenant. Accordez-nous un instant.
(Les yeux fermés, Jane se penche en arrière dans son fauteuil à bascule,
la lettre pliée dans la main.)
Ce garçon a été dans différents endroits. Il a fait un séjour, un court
séjour, dans un hôpital. Il semble avoir eu quelques difficultés avec un
poumon, ou avec les deux. Je pense qu’il a été à Detroit. (Une pause.) Ainsi
que dans l’Etat de Floride, non loin d’une petite ville dont le nom
commence par un P, un nom assez long.
La Californie était également très présente dans son esprit. Trente-six.
(Une pause.) Il a eu un travail, dans ce qui semble être une usine, dans un
cadre assez sombre, avec des rangées de ce que je suppose être des
machines, et de grandes fenêtres traitées de manière à ce que la lumière du
jour n’y pénètre pas.
Cette usine, ou cet endroit, était situé à moitié en dessous du niveau du
sol. Le prénom Georges y est attaché. Un ami, peut-être. De plus, il a
envoyé un télégramme à quelqu’un, me semble-t-il, ou il va en envoyer un à
sa mère.
Il y a un lien avec deux jeunes femmes. (Une longue pause.) Mais sa
mère va recevoir de ses nouvelles. C’est tout ce que j’ai pour l’instant.
(Ces données sont livrées avec un débit rapide. Nous n’avons aucun
moyen de connaître la longueur de la réponse de Seth à une question
comme celle de Mme R. Quelle que soit sa longueur – une, cinq ou dix
pages – nous en envoyons une copie au correspondant dès que j’ai
dactylographié la session. Nous demandons une réponse, pour voir s’il est
possible de corroborer le matériau. Dans ce cas précis, nous n’avons pas
eu de nouvelles de Mme R.)
Nous allons essayer de donner une explication à votre question
concernant la nature de l’évolution.
(Question vingt-sept : l’évolution, telle qu’elle est communément conçue,
est-elle un fait ou représente-t-elle une déformation complète ?
Concernant cette question, voici ce que Seth avait à dire sur Charles
Darwin et sa théorie de l’évolution, huit jours plus tard, pendant le cours
de perception extrasensorielle :
« Il a passé ses dernières années à en apporter la preuve, et pourtant elle
n’a aucune validité réelle. Elle n’a de validité que dans des perspectives très
limitées ; c’est la conscience, en effet, qui fait évoluer la forme. La forme
ne fait pas évoluer la conscience. Toutes les consciences existent en même
temps ; la conscience n’a donc pas évolué de cette façon. Tout dépend du
moment où vous arrivez dans l’image, de la partie de la pièce que vous
choisissez d’observer et du rôle que vous décidez d’y jouer. Mais c’est
plutôt le phénomène inverse, car la conscience évoluée se forme elle-même
en de multiples schémas et retombe en pluie sur la réalité. La conscience
n’est pas issue de molécules et d’atomes éparpillés au hasard dans l’univers,
ou dans plusieurs univers. La conscience n’est pas arrivée parce que la
matière inerte aurait tout à coup jailli en activité et en chant. La conscience
a existé en premier, et elle a fait évoluer la forme dans laquelle elle a
ensuite commencé à se manifester.
« D’ailleurs, si vous aviez tous fait vraiment attention à ce que j’ai dit
depuis un certain temps concernant la nature simultanée du temps et de
l’existence, vous sauriez que la théorie de l’évolution est un conte aussi
beau que la théorie de la création dans la Bible. Les deux sont tout à fait
commodes, ils permettent de raconter une histoire ; ils peuvent sembler
cohérents à l’intérieur de leur propre système mais, par des aspects
beaucoup plus importants, ils ne peuvent pas être des réalités… Non :
aucune forme de matière, si puissante soit-elle, et quelles que soient les
bribes de matière qui viennent s’y ajouter, ne peut évoluer d’elle-même vers
la conscience. Sans la conscience, la matière ne serait pas en train de flotter
dans l’univers, en attendant un autre composant qui lui donne réalité,
conscience, existence ou chant. »
Un membre du cours : « Tout morceau de matière a déjà de la
conscience ? »
« En effet, et la conscience est apparue en premier. Vous avez tout à fait
raison. (Sourire.) Il y a là matière à réflexion. »
(21h30.) Au risque de vraiment me répéter, permettez-moi d’affirmer
que, fondamentalement, le temps que vous connaissez n’existe pas, et que
toutes les créations sont simultanées. (Amusé.) Voilà qui doit répondre à
votre question.
(« J’y ai déjà pensé. » Comme je l’ai dit à Jane pendant notre première
pause, savoir que le temps est simultané est parfois confondant, en
particulier quand on se pose un certain type de questions ; le savoir répond
partiellement à la question, mais nous voulons que le reste de la question
soit envisagé.)
Nous allons développer.
(« Très bien. »)
Tous les âges de la Terre, à la fois passés et présents, selon vos termes,
existent, tout comme les âges futurs. Maintenant. Vous pouvez faire de ce
maintenant un MAINTENANT capital. Certaines formes de vie se
développent dans ce que vous concevez comme le temps présent. Elles
n’apparaîtront pas physiquement tant que vous n’aurez pas atteint votre
temps futur. Vous me suivez ?
(« Oui. »)
Cependant, elles existent maintenant, aussi certainement que, disons, les
dinosaures. C’est seulement que vous choisissez de focaliser votre attention
sur un champ très précis de coordonnées spatio-temporelles que vous
acceptez comme réalité présente, et que vous vous coupez de tous les
autres. Les formes physiques complexes ne résultent pas spécifiquement de
formes antérieures plus simples. Plus largement, elles existent toutes en
même temps.
D’un autre côté, des organisations de conscience plus complexes sont
nécessaires pour former des structures physiques plus complexes, pour
y pénétrer et pour leur donner vie. Toute structure est formée par la
conscience. Défini selon vos termes, un fragment est une conscience
moins développée que la vôtre. Les parties vivantes de la nature sont le
résultat de votre propre créativité, des projections et des fragments de
votre propre énergie ; l’énergie vient à vous à partir de Tout-ce-qui-est, et
repart de vous en formant ses propres manifestations en images, tout
comme vous formez les vôtres.
(Une pause à 21h42.) Comme vous ne percevez pas le futur et que vous
ne comprenez pas que la vie se répand dans toutes les directions, il semble
logique de supposer que les formes présentes doivent se fonder sur les
formes passées. Vous fermez les yeux sur tout indice ne soutenant pas cette
théorie. (Chaleureusement, avec le sourire.) Et, bien sûr, je ne parle pas de
vous personnellement, Joseph.
Il n’existe pas de développement linéaire unique, autrement dit. Bien
entendu, les éléments fragmentaires dirigés par vous, en tant qu’espèce,
vers l’extérieur, enrichissent également votre réalité physique, car sans cette
coopération, sans le maintien de cet équilibre subtil, votre type particulier
d’environnement ne serait pas possible.
Je vous ai souvent dit que vous vous infligez une grave injustice dans
votre conception du moi. Votre identité et votre sentiment de liberté, de
pouvoir et d’amour seraient décuplés si vous arriviez à comprendre que ce
que vous êtes ne s’arrête pas à la frontière de votre peau, mais continue à
l’extérieur, dans l’environnement physique qui vous semble impersonnel.
Biologiquement, il devrait être facile de comprendre que vous êtes une
partie de la Terre et de tout ce qu’elle contient. Vous êtes faits des mêmes
éléments, vous respirez le même air. Vous ne pouvez pas garder l’air que
vous inspirez et dire : « Ceci est moi-même, rempli de cet air. Je ne le
laisserai pas s’échapper » ; vous vous rendriez bien vite compte que vous
n’avez pas cette indépendance.
Vous êtes biologiquement et chimiquement connectés à la Terre que vous
connaissez ; mais comme elle est également formée de façon naturelle et
spontanée à partir de votre propre énergie psychique projetée, comme vous
entretenez une interaction psychique avec les saisons mêmes, le moi doit
être compris dans un contexte beaucoup plus large. Ce contexte vous
permettrait de partager des expériences de vie avec d’autres formes, de
suivre des schémas d’énergie et d’émotion que vous concevez à peine, et de
ressentir une conscience du monde dans laquelle vous avez votre propre
rôle indépendant.
Vous pouvez faire une pause.
(21h54. Je dis à Jane qu’elle a donné cette excellente réponse à ma
question à un rythme beaucoup plus rapide. Reprise à 22h04.)
J’en ai terminé avec cette question, vous pouvez continuer.
(« Question vingt-huit : ai-je peint des portraits de Parleurs ? »)
Absolument. L’un d’eux est un tableau acheté par Carl et Sue Watkins (et
que nous appelons Moïse, à moitié par plaisanterie) ; mon portrait en est un
autre (Une pause) ; et il y en a encore un, que vous n’avez pas achevé, et
dont le Doyen (nom affectueux donné par Seth à Tom M., l’un des membre
du cours de perception extrasensorielle) s’est récemment enquis, un portrait
de femme. Et votre homme bleu. (Une pause.) Voilà votre réponse.
(Dans le chapitre 17, Seth nous a dit que nous avions tous les deux été
Parleurs. Comme je n’ai jamais peint d’autoportrait, je n’aurais de toute
façon pas été inclus dans la liste, mais Seth n’a pas mentionné le portrait
que j’ai fait de Jane. Je ne l’ai pas remarqué et ne lui ai donc pas posé la
question…
Quand Seth me dit que j’ai fait le portrait d’un Parleur, je traduis cela de
la manière suivante : je me suis connecté à l’une des nombreuses
personnalités qui constituent l’entité de ce Parleur.
Depuis le début de nos sessions, j’ai commencé une série de portraits de
personnes que je ne « connais » pas consciemment. J’ai d’abord mal
compris les sources possibles de mon inspiration ; j’ai simplement suivi
mon envie de les réaliser. Les sujets me « viennent » spontanément quand je
suis mentalement occupé à autre chose. J’en suis toujours étonné. J’en ai
parfois une vision nette, très clairement objectivée, toute en couleurs. Cette
vision est soit celle du tableau achevé, soit celle de l’individu à mettre en
portrait. À plusieurs occasions, j’ai « su » que le sujet était mort.
Naturellement, peu de tableaux sont des portraits de Parleurs ; je ne me
suis jamais rendu compte que je travaillais avec ce type de personnalité.
Je viens d’achever l’homme bleu dont parle Seth. J’ai peint un homme
habillé de vêtements modernes mais, selon un Seth amusé, le sujet est en
réalité une femme extralucide qui a vécu à Constantinople au XIVe siècle ;
des déformations inconscientes de mes propres perceptions m’ont amené à
une silhouette d’homme. Seth lui donne le nom d’Ianodiala. Cette peinture
à l’huile, très réussie, est en bleu et vert.
Je ne soupçonnais absolument pas l’existence de ces sources
d’inspiration au cours de mes premières années. Je crois maintenant
qu’elles sont en général présentes à des niveaux inconscients. J’aimerais
voir d’autres gens cultiver ce genre de visions et de perceptions, dans une
démarche volontaire et consciente, pour étendre autant que possible les
potentiels de l’acte de création. Il me semble que les avantages en seraient
nombreux. Il y a beaucoup à apprendre dans ce domaine.
« Voulez-vous à présent traiter la question des manuscrits de la mer
Morte et de Yahoshua ? » Cela renvoie à une lettre que Jane a reçue le 12
avril à propos des données de Seth sur le troisième Christ, dans The Seth
Material.)
Nous allons réserver cela à notre chapitre religieux. Nous y répondrons
également à vos autres questions relatives au sujet.
(« Question cinquante-deux : dans la session 429, le 14 août 1968, vous
avez dit : “De même, les minutes et les heures ont leur propre conscience.”
Vous n’avez pas développé. »
Sourire.) Et à présent, vous voulez que je développe.
(« Je ne sais pas. Je me demande si la question n’est pas trop complexe
pour une réponse brève. »)
Accordez-nous un instant. (Une pause.) Ce que vous percevez comme du
temps est une partie d’autres évènements qui font irruption dans votre
propre système, et qui sont souvent interprétés comme un déplacement dans
l’espace ou comme quelque chose qui sépare les évènements – sinon dans
l’espace, au moins d’une manière qu’il est impossible de définir sans
utiliser le concept de temps.
Ce qui sépare les évènements n’est pas le temps, mais votre perception.
Vous percevez les évènements « un à la fois ». Le temps, tel qu’il vous
apparaît, est en réalité une organisation psychique de l’expérience. La fin et
le début apparents d’un évènement, la naissance et la mort apparentes sont
simplement d’autres dimensions de l’expérience, tout comme, par exemple,
la hauteur, la largeur ou le poids. Vous avez l’impression d’avancer vers une
fin, alors qu’une fin fait partie d’une expérience particulière ou, si vous
préférez, d’un évènement-personne.
(22h26.) Nous parlons donc de réalité multidimensionnelle. L’ensemble
du moi – l’entité, l’âme – ne peut jamais être complètement matérialisé
dans une forme tridimensionnelle. Une partie de l’entité peut cependant être
projetée dans cette dimension, s’étendre ainsi sur plusieurs années dans le
temps, prendre une certaine quantité d’espace, etc.
L’entité voit l’évènement dans son ensemble, l’évènement-personne dans
son ensemble, et l’élément temporel, c’est-à-dire l’âge, selon vos termes,
n’en est qu’une caractéristique ou une dimension particulière. L’évènement-
personne n’est cependant pas séparé. C’est simplement que sa réalité plus
vaste ne peut pas apparaître en trois dimensions. Au contraire, elle est
composée d’atomes et de molécules que vous ne percevez pas, à la fois au-
dessus et en dessous du champ physique d’intensité – et tous, à leur
manière, possèdent la conscience.
En termes plus larges, les secondes et les instants n’existent pas non plus,
mais la réalité qui se trouve derrière le temps – ou derrière ce que vous
percevez comme du temps –, les évènements « hors du temps », sont
composés d’unités qui ont également leur propre type de conscience. Ces
unités forment ce qui vous apparaît comme du temps, de même que les
atomes et les molécules forment ce qui vous apparaît comme de l’espace.
(Une pause.)
Or ces unités se déplacent plus vite que la lumière ; ce sont d’excellentes
sources d’énergie qui font irruption dans la matière et influent sur elle sans
jamais se matérialiser. Elles sont interprétées différemment dans d’autres
systèmes. Voilà la fin. (Sourire.
22h35. C’est-à-dire la fin de la dictée. En fait, c’est une pause. Seth finit
la session par plusieurs pages de matériau traitant d’autres sujets. Fin à
23h10.)
SESSION 583
MERCREDI 21 AVRIL 1971
(21h30. Hier soir, mardi, je suis allé me coucher pendant que Jane tenait
son cours de perception extrasensorielle dans le salon. Il était environ
23h30. Tout en somnolant, je me suis fait la suggestion de me souvenir de
mes rêves au matin et de les écrire. Curieusement, je ne me suis pas
suggéré de « projection astrale ».
J’ai assez mal dormi et je me suis réveillé plusieurs fois pendant que le
cours se poursuivait. Finalement, je me suis confusément rendu compte que
j’entendais les voitures des membres du cours sortir du parking à côté de la
maison. Puis je me suis rendormi. Jane m’a dit plus tard qu’elle est venue
se coucher à 0h45.
D’un seul coup, je me suis retrouvé flottant dans l’air de notre salle de
bains, en pleine obscurité. J’étais sans corps, et cela ne me troublait pas le
moins du monde.
La salle de bains est située au milieu de notre appartement ; le salon se
trouve d’un côté, la chambre et l’atelier, de l’autre. Pour que notre chat
Willy ne vienne pas dans notre lit la nuit, nous le mettons dans le salon et
nous fermons la porte de ce côté-là de la salle de bains. Je me retrouve
maintenant en suspension devant cette porte fermée, incapable de la
franchir.
Je ne ressens aucune panique, aucune crainte. Mes yeux astraux
fonctionnent. Une faible lueur passe à travers une fenêtre entrouverte à ma
droite. La porte est dans l’ombre, mais je sais que je me trouve devant elle.
Bien que mon corps soit étendu, endormi à côté de Jane dans la chambre
« derrière » moi, je ne suis pas inquiet. Je ne me rends d’abord pas compte
que je suis en train de projeter, et je n’ai pas la présence d’esprit, disons, de
me donner l’ordre de passer dans le salon en traversant la porte. Mais le
fait que je suis hors de mon corps, dans cet état d’apesanteur agréable,
m’apparaît peu à peu de façon claire. Je ne me souviens pas d’avoir
réellement quitté mon corps ni d’être entré dans la salle de bains.
C’est la première fois qu’aucun élément de crainte n’est présent dans
l’une de mes projections, d’ailleurs assez rares. Je crois cependant que ma
conscience ordinaire, selon laquelle on ne peut pas passer à travers les
portes, me retient. Je m’endors à nouveau brièvement, après m’être heurté
à cette impasse de la porte fermée. À nouveau conscient, à l’évidence
quelques instants plus tard, je me retrouve en train de flotter juste au-dessus
de mon corps physique étendu sur le lit.
Il se trouve que je suis en train de dormir sur le dos, les bras le long du
corps. Mon corps astral se trouve à peu près dans la même position,
environ quinze centimètres plus haut. Mon état est remarquablement stable
et agréable : je me sens éveillé, conscient de ce qui m’arrive, tout à fait
libre et sans poids. Je m’entends ronfler, sans y faire particulièrement
attention. Je sais que je ne suis pas en train de rêver. Je me rappelle même
avoir lu que lorsqu’on se projette, on sent la différence entre cet état et
celui du rêve. Je peux immédiatement le confirmer. Je suis très content.
J’ai un autre type de vision, cette fois. J’ai particulièrement conscience
de mes jambes, suspendues au-dessus de mes jambes physiques. Je prends
un grand plaisir à les bouger, à les secouer, à éprouver l’incroyable
sentiment de liberté et de légèreté qu’elles possèdent. Je sais que mes
jambes physiques ne peuvent pas bouger aussi librement, bien qu’elles
aillent très bien. Mes jambes astrales sont aussi détendues et flexibles que
du caoutchouc et, de ma position étendue, je peux voir qu’elles ont la
couleur de la lumière, qu’elles sont translucides à partir des genoux !
Mon état de projection semble si fiable que je commence à me dire qu’il
offre toutes sortes de possibilités. Encore une fois, je ne ressens aucune
crainte, rien que de la confiance. Je me dis que c’est l’occasion de faire
quelque chose. C’est le moment de me lancer dans une aventure, et je suis
partant pour n’importe laquelle : visiter une autre réalité, plonger à travers
la porte du salon, aller me promener dans la rue devant la maison…
Pendant tout ce temps, Jane reste étendue à côté de moi. Elle me dira
plus tard que je ronflais fort quand elle est allée se coucher. Mon attention
commence maintenant à changer de direction ; pour la première fois, je
m’entends réellement moi-même. Je suis stupéfait de l’intensité des sons qui
sortent de ma bouche, juste en dessous de « moi ». Je ne pourrais pas en
faire autant si j’étais réveillé.
Je fais sans succès plusieurs tentatives tout à fait conscientes pour « me
mettre en route » et voyager loin de mon corps. Mes efforts ne mettent pas
un terme à la projection ; je continue simplement à flotter sur place. Puis
me vient une idée : je vais utiliser le son de mes ronflements comme une
impulsion pour m’envoyer moi-même voler dans d’autres dimensions, en
laissant mon corps loin derrière moi sur le lit.
Je commence délibérément à ronfler plus fort, si c’est possible. Je veux
lancer une forte impulsion sonore et l’utiliser comme propulsion, bien que
je ne sache pas vraiment comment cela peut marcher. Ce qui est étrange,
c’est que je profite à la fois du sentiment d’être étendu juste au-dessus de
mon corps physique et de ma capacité à lui faire produire du son. Cela
suppose une conscience duelle, puisque j’ai conscience des deux corps à la
fois.
Ou bien mon ronflement augmente vraiment, ou bien je me focalise sur
lui ; en tout cas, mon idée ne fonctionne pas. Je ne sais pas si j’aurais fini
par réussir à partir, car Jane me dit soudain : « Chéri, tu ronfles. Tourne-
toi », comme elle le fait d’habitude quand elle est fatiguée de m’entendre.
Je l’entends distinctement. J’arrête de ronfler d’un coup, mais sans bouger.
Je ne me souviens pas d’avoir rejoint mon corps physique. Je finis par la
secouer doucement et je lui raconte avec effort ce dont je me souviens. Elle
trouve que je parle comme si j’étais encore en transe.
J’ai l’impression de pouvoir projeter à nouveau, je continue donc à
essayer tandis que Jane reste étendue en silence à côté de moi. Je n’y
parviens pas, bien que l’aura très agréable qui entoure toute la scène
persiste de façon certaine. La projection, si modeste soit-elle, m’a semblé si
simple et si naturelle que je me demande pourquoi ce n’est pas une chose
courante. Je sais, durant tout ce temps, que toutes sortes de choses sont
possibles au-delà de ce que je réussis à accomplir – et que, juste au-delà de
mes capacités du moment, se trouvent des possibilités merveilleuses, si
seulement j’arrivais à briser cette… barrière. À aucun moment je n’éprouve
le moindre sentiment d’inquiétude ; à aucun moment je ne vois ni ne sens la
« corde astrale en argent ». Je finis par m’endormir.
Cette expérience fait surgir deux questions que j’ajoute à la liste du
chapitre 20 : 1) ma projection a été très plaisante, mais elle contenait
surtout des potentiels qui me font me demander pourquoi l’homme
occidental ne se rend pas davantage compte de ces facultés. 2) pourquoi ne
les cultive-t-il pas, pourquoi n’en fait-il pas usage ? J’espère que Seth en
parlera ce soir.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Et félicitations.
(« Merci. »)
Ceci pour vous : vous avez tenté l’expérience quand vous l’avez fait, car
vous aviez alors, pour ainsi dire, un joker dans votre manche ; au cas où
vous auriez pris peur, vous saviez très bien que Ruburt allait venir se
coucher. Mais vous étiez prêt à essayer, et vous avez choisi un
environnement plaisant, une méthode simple et tranquille pour faciliter
l’expérience et vous familiariser avec la sensation avant d’en faire quoi que
ce soit de trop aventureux.
(« Est-ce que j’ai essayé avant que Jane vienne se coucher ? »)
Non. Vous aviez commencé vos tentatives auparavant, mais vous n’avez
pas réussi avant que Jane vienne se coucher. Le sentiment du temps
lorsqu’on est hors du corps peut être tout à fait différent de celui ressenti par
le corps. Vous saviez qu’avec une expérience réussie vous seriez beaucoup
plus libre, et vous avez donc choisi les circonstances les plus favorables.
Vous auriez effectivement pu quitter l’appartement. Les ronflements
étaient également censés être un signal pour Ruburt. Vous saviez qu’il allait
vous réveiller. C’était là votre motivation initiale. Si l’expérience ne vous
avait pas plu, voyez-vous, elle se serait terminée. Dans le même temps,
néanmoins, vous étiez ravi et vous avez décidé que le bruit serait un
propulseur, mais la réaction habituelle de Ruburt aux ronflements s’est
interposée.
Un certain nombre d’expériences de ce type devrait maintenant vous
revenir.
(Nous sommes le samedi 25 avril au moment où je tape cette session à la
machine, à partir de mes notes. Depuis le 21 avril, j’attends en vain une
autre projection. Une autre fois, j’ai eu une assez courte sortie du corps qui
a été suivie, sur une période de près de deux semaines, par une série de
projections incomplètes ou d’expériences oniriques contenant des éléments
déformés de ce type. Étrangement, on pourrait employer ici l’image de
l’onde de choc qui suit un tremblement de terre…)
Maintenant, pour répondre à vos questions : l’homme occidental a choisi
de focaliser son énergie vers l’extérieur et d’ignorer largement les réalités
intérieures. Certains aspects socioculturels, et même religieux, inhibent
automatiquement ces expériences dès l’enfance. Il n’y a absolument aucun
bénéfice social à tirer de ces projections dans votre société, et beaucoup de
tabous leur sont attachés.
(21h40.) C’est, bien entendu, le choix de ceux qui vivent dans cette
civilisation. Il y a aussi des équilibres qui interviennent avant que la
modération et la compréhension soient atteintes. Certaines personnalités
choisissent d’être réincarnées dans des sociétés orientées vers l’extériorité
en compensation de vies vécues dans une grande concentration vers
l’intérieur, avec très peu de maniement physique. L’homme apprend, voyez-
vous, que la réalité interne et la réalité externe doivent toutes deux être
comprises et utilisées de façon constructive.
Les projections interviennent bien sûr constamment dans le rêve, qu’on
s’en souvienne ou non. On s’en souvient s’il y a une bonne raison de s’en
souvenir, s’il y a un mérite ou un accomplissement évident à en tirer,
comme c’est le cas dans les sociétés où l’on valorise le fait d’utiliser les
rêves et les projections.
Si vous êtes en train de vivre une vie dans laquelle vous avez choisi de
mettre l’accent sur le déplacement physique, par exemple, vous pouvez
recevoir, par de vagues souvenirs de rêves où vous volez, l’inspiration
nécessaire pour, mettons, inventer des avions ou des navettes spatiales ;
mais si vous comprenez effectivement le fait que votre propre conscience
peut réellement voyager hors du corps, l’impulsion vers les développements
physiques de la locomotion ne sera pas du tout aussi intense.
Maintenant. Quelles questions avez-vous ?
(« Question cinquante-trois : dans la session 429, le 14 août 1968, vous
avez dit que certaines personnalités peuvent faire partie de plus d’une
entité. »)
J’en ai parlé plusieurs fois. Il n’existe pas de frontières au moi, aucune
barrière à son développement. Une personnalité peut faire « initialement »
partie d’une entité donnée puis, de son propre chef, développer des intérêts
tout à fait différents. Elle peut prendre un chemin solitaire par elle-même,
ou au contraire s’attacher à d’autres entités dont les intérêts sont semblables
aux siens, ou graviter autour d’elles. Le lien initial n’est pas rompu, mais
d’autres se créent et se forment.
(Une pause à 21h47. « Question quarante-six. Dans le chapitre 19 de
The Seth Material, vous avez donné une liste des sens internes. Y en a-t-il
d’autres ? »)
Oui, en effet. Mais ils sont liés à des expériences que vous ne rencontrez
pas normalement dans votre système particulier, qui restent latentes. (Une
pause.)
À peu près toute cellule a la faculté de croître en n’importe quel organe
donné, ou de former n’importe quelle partie du corps. Elle a la capacité de
développer des organes sensoriels qui, dans la pratique, ne se développent
pas si cette cellule devient une partie d’une épaule ou d’un genou, mais la
capacité est là. Cela s’applique non seulement à votre propre espèce mais,
dans bien des cas, entre espèces, et il existe dans toute matière vivante des
unités fondamentales capables de former la vie aussi bien animale que
végétale, et de développer les mécanismes perceptifs inhérents à toutes ces
formes de vie.
Il vous est donc théoriquement possible de voir le monde par les yeux
d’une grenouille, d’un oiseau ou d’une fourmi. Nous parlons ici de sens
physiques. Le moi interne possède également des sens internes latents, en
plus de ceux qu’il utilise normalement lorsque la conscience est orientée sur
un système de camouflage particulier.
Mais certains de ces sens sont inexprimables en termes physiques et
seules des comparaisons permettent d’évoquer leur nature. Il n’est pas
nécessaire d’en parler dans ce livre. Ils auraient leur place dans un livre
consacré aux méthodes de perception interne.
(« Question cinquante-cinq : cette question naît de la réponse que vous
avez donnée à la onzième question, lorsque je vous ai demandé quelle
formation serait nécessaire pour que Jane puisse livrer le manuscrit d’un
ancien Parleur. Vous avez dit que certains de ces langages incluaient des
images et des symboles. Avec votre aide, pendant qu’elle est en transe, Jane
pourrait-elle faire des dessins de quelques mots-images ou symboles ? Je
suis juste curieux de voir si elle pourrait livrer une approximation de l’un
des langages des Parleurs. »)
Ce serait possible.
(« Ce serait très intéressant. » Seth fait une pause, et je demande :
« Peut-elle essayer maintenant ? »)
Ce n’est pas le moment. (Une pause.) Il existe entre ces images beaucoup
de connexions internes déformées. Certains hiéroglyphes et certains
symboles ont été utilisés par la civilisation Mû.
Je suggère une pause pendant que vous vous occupez de vos questions.
(« D’accord. »
22h00. Jane et moi passons en revue certaines des questions qui restent,
mais elle a l’air fatiguée et je suggère de terminer cette partie de la session.
La suite est consacrée à du matériau personnel. Fin à 22h58.)
SESSION 584
LUNDI 3 MAI 1971
Le sens de la religion
SESSION 585
MERCREDI 12 MAI 1971
(21h35. Avant la session, Jane et moi revenons sur les questions qui
restent dans la liste préparée pour le chapitre 20. « J’espère que Seth va se
débarrasser des chapitres sur la religion et la réincarnation », dit-elle.
Nous savons depuis un certain temps que Jane est particulièrement sensible
à ces sujets, surtout la religion. Étant enfant, elle a reçu une éducation
rigoureuse dans ce domaine, puis a développé par elle-même un penchant
religieux très fort et très strict. Elle se rend bien compte que
l’environnement dans lequel on grandit laisse des traces, même si, en ce qui
la concerne, elle avait déjà tourné le dos à l’Église à l’âge de dix-neuf
ans…
Je suis un peu surpris que Seth commence le chapitre 21 ce soir, mais je
découvre vite qu’il ne met pas nos questions de côté. La session se déroule
à nouveau dans mon atelier ; comme il est petit, Jane décide de ne pas
fumer. Il a plu toute la journée, et il pleut encore.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Les questions portant sur la religion et la réincarnation vont
être traitées le moment venu, je l’ai dit. Je vais aussi m’occuper de
quelques-unes de vos autres questions au fil du texte. Nous allons donc
commencer le chapitre suivant, intitulé : « Le sens de la religion ».
Des prises de conscience intérieures ont toujours lieu au sein du moi
entier. Il existe en chaque personnalité une compréhension du sens de toute
existence. La connaissance de l’existence multidimensionnelle ne se situe
pas seulement à l’arrière-plan de votre activité consciente actuelle : chacun
sait en soi-même que sa vie consciente dépend d’une plus grande dimension
de réalisation. Cette dimension plus vaste ne peut pas se matérialiser dans
un système tridimensionnel ; mais la connaissance de cette dimension
déborde et s’écoule vers l’extérieur, à partir du cœur même de l’être ; elle
est projetée à l’extérieur et transforme tout ce qu’elle touche.
Ce débordement apporte à certains éléments du monde physique un éclat
et une intensité qui dépassent largement ce que l’on connaît d’ordinaire.
Ceux qui sont touchés par ce flot sont transformés, selon vos termes, en
quelque chose de supérieur à ce qu’ils étaient auparavant. La connaissance
intérieure tente de se faire une place dans le paysage physique, de se
traduire en termes physiques. Chacun possède donc ce savoir interne et,
dans une certaine mesure, chacun en cherche aussi la confirmation dans le
monde.
(Une pause à 21h45. Soit dit en passant, le paragraphe ci-dessus est une
excellente description des effets qui ont découlé de l’initiation médiumnique
de Jane en septembre 1963. Son expérience transcendantale l’a conduite à
écrire L’Univers physique en tant qu’idée construite – lequel, à son tour, l’a
mené à ces sessions. Voir son introduction à ce livre-ci.
Une remarque : je suis amusé à présent de voir Jane, en transe, allumer
une cigarette.)
Le monde extérieur est le reflet du monde intérieur, mais un reflet
imparfait. La connaissance interne peut être comparée à un livre sur sa
patrie d’origine qu’un voyageur emporterait avec lui dans un pays lointain.
Chacun naît avec le désir de faire en sorte que ces vérités deviennent réelles
pour lui ; et chacun voit pourtant une grande différence entre elles et
l’environnement dans lequel il vit.
Une pièce de théâtre se joue en chaque individu, une représentation
psychique qui finit par être projetée à l’extérieur, avec beaucoup de force,
dans le champ de l’histoire. La naissance des grands évènements religieux
émerge du drame religieux intérieur. D’une certaine manière, le drame est
un phénomène psychologique, car chaque moi orienté sur la réalité
physique se sent jeté seul dans un environnement étranger, dans l’ignorance
de ses origines, de sa destination, et des raisons mêmes de son existence.
C’est le dilemme de l’ego, en particulier dans ses premiers stades. Il
cherche des réponses à l’extérieur, parce que c’est là sa nature : manœuvrer
au sein de la réalité physique. Mais il sent également un lien profond et
constant, qu’il ne comprend pas, avec d’autres parties du moi qui ne
dépendent pas de lui. Il se rend compte que ce moi interne possède une
connaissance qui fonde sa propre existence.
En grandissant, selon vos termes, il cherche à l’extérieur la confirmation
de cette connaissance interne. Le moi interne apporte son soutien à l’ego. Il
forme ces vérités dans des données orientées sur le monde physique,
auxquelles l’ego peut réagir ; puis il les projette à l’extérieur, dans la zone
de la réalité physique. En voyant ces vérités se matérialiser, l’ego trouve
plus facile de les accepter.
Ainsi vous retrouvez-vous souvent avec des évènements dans lesquels
des individus sont tout à la fois touchés par l’illumination, isolés de la
masse de l’humanité et doués de grands pouvoirs – des périodes de
l’histoire qui semblent avoir un éclat quasi surnaturel par rapport à
d’autres ; avec des prophètes, des rois et des génies aux proportions plus
qu’humaines.
(22h00.) Or ces gens sont choisis par les autres pour manifester à
l’extérieur les vérités intérieures que tous connaissent intuitivement. Il y a
là plusieurs niveaux de signification. D’un côté, ces individus reçoivent de
leurs semblables ces pouvoirs et ces facultés surnaturelles, ils les
contiennent et les manifestent dans le monde physique pour que chacun
puisse les voir. Ils jouent le rôle du moi intérieur béni qui ne peut pas
fonctionner dans la réalité physique sans endosser la chair. Cependant, cette
énergie est une projection tout à fait valide du moi intérieur. (Une longue
pause.)
La personnalité touchée par ce pouvoir devient alors réellement, en
certains termes, ce qu’elle semble être. Elle émerge en héros éternel dans la
pièce religieuse extérieure, tout comme le moi interne est le héros éternel de
la pièce religieuse intérieure.
(22h08.) Cette projection mystique est une activité continue. Lorsque la
force d’une grande religion commence à décliner et que ses effets physiques
commencent à s’atténuer, la pièce interne recommence à s’accélérer. Les
plus grandes aspirations de l’homme sont donc projetées dans l’histoire
physique. Les pièces elles-mêmes diffèrent, mais souvenez-vous qu’elles se
construisent d’abord à l’intérieur.
Elles sont formées de façon à produire une impression sur les conditions
du monde à toute époque donnée ; elles s’expriment donc par les symboles
et les évènements les mieux à même d’impressionner les foules. Tout cela
est fait de façon très ingénieuse, car le moi interne sait exactement ce qui
impressionne l’ego, et quel type de personnalité est le mieux capable de
personnifier le message selon l’époque. Lorsqu’une personnalité de ce type
apparaît dans l’Histoire, elle est intuitivement reconnue, car la voie est
ouverte depuis longtemps, et dans bien des cas sa venue a été annoncée par
des prophéties.
Les individus ainsi choisis n’apparaissent pas de manière fortuite. Ils ne
sont pas choisis au hasard. Ils ont eux-mêmes choisi la responsabilité du
rôle en question. Une fois nés, ils se rendent plus ou moins compte de leur
destinée, et certaines expériences clés en font parfois remonter le plein
souvenir.
Ils jouent clairement le rôle de représentant humain de Tout-ce-qui-est.
Or, comme chaque individu fait partie de Tout-ce-qui-est, chacun d’entre
vous joue un peu ce rôle. Mais dans ces drames religieux (Une longue
pause), la personnalité principale a davantage conscience de sa
connaissance interne, elle se rend mieux compte de ses facultés et les utilise
mieux, elle exulte davantage dans le sentiment de sa familiarité avec
l’ensemble de la vie.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(22h25. Après cette pause, Jane-Seth livre cinq pages excellentes
concernant ma peinture et des sujets voisins. La session s’achève à 23h03.
Maintenant que Seth a commencé son chapitre sur la religion, Jane est à
la fois rassurée et très curieuse. J’ai fini par lui donner une copie du
matériau en réponse à ses questions. Cela lui a tellement plu qu’elle l’a lu
en cours de perception extrasensorielle, comme elle l’avait déjà fait avec
d’autres passages du livre.)
SESSION 586
SAMEDI 24 JUIN 1971
(21h01. C’est la première session ordinaire depuis le 12 mai. Il y a eu
différentes raisons à cette longue interruption : Jane avait besoin de se
reposer ; il fallait que nous nous occupions de questions et de problèmes
personnels que nous repoussions depuis longtemps ; nous avions du travail
à faire avec d’autres personnes ; nous avons pris des vacances et fait
l’acquisition de plusieurs pièces supplémentaires de l’autre côté du palier.
Jane a quand même tenu plusieurs fois son cours de perception
extrasensorielle et donné quelques sessions dans ce cadre-là.
Elle préférerait que Seth reprenne là où il s’est arrêté dans le chapitre –
il en est parfaitement capable, j’en suis sûr. « Mais peu importe ce qu’il
fait, dit-elle en riant, du moment que nous avons une session. » Elle est un
peu inquiète à cause de cette interruption dans la dictée, malgré mes
tentatives pour la rassurer. Voir Seth finir son livre l’intéresse vivement,
même si elle en a encore la plus grande partie à lire.
La session se déroule dans notre ancienne chambre qui, une fois vidée,
est devenue une annexe de mon atelier. L’espace supplémentaire que nous
avons acquis est extrêmement bienvenu.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Souriant.) Et content de vous revoir… Maintenant, accordez-nous un
instant ; pour commencer, nous allons reprendre notre chapitre sur la
religion. (Une pause.)
Les concepts du bien et du mal, de Dieu et du diable, du salut et de la
damnation sont simplement les symboles de valeurs religieuses plus
profondes ; des valeurs cosmiques, si vous voulez, qui ne peuvent pas se
traduire en termes physiques.
Ces concepts deviennent les thèmes moteurs des pièces religieuses dont
j’ai parlé. Les acteurs peuvent « revenir » sans cesse dans des rôles
différents. Dans tout drame religieux de l’histoire, il est donc possible que
les acteurs aient déjà fait leur apparition sur la scène historique, et le
prophète d’aujourd’hui peut avoir été le traître d’un drame passé.
Ces entités psychiques sont cependant réelles. Il est tout à fait vrai de
dire à la fois que leur réalité repose au cœur de leur identité, et qu’elle est
renforcée par les pensées et les émotions projetées par le public terrestre
pour lequel le drame se joue.
(21h05.) L’identification psychique ou psychologique est ici d’une
grande importance ; elle se trouve au cœur de toutes les pièces de ce type.
En un sens, on peut dire que l’homme s’identifie aux dieux qu’il a créés.
Mais l’homme ne comprend pas la qualité magnifique de son inventivité, de
son pouvoir de création. Disons que les dieux et les humains se créent les
uns les autres, et l’on se rapproche de la vérité ; mais uniquement si l’on
reste prudents dans ses définitions – car en quoi les dieux et les hommes
diffèrent-ils exactement ?
Les attributs des dieux sont inhérents aux hommes eux-mêmes, mais ils
sont magnifiés, puissamment activés. Les hommes croient que les dieux
sont éternels. Les hommes aussi sont éternels, mais l’ayant oublié, ils se
souviennent seulement d’attribuer cette qualité à leurs dieux. À l’évidence,
au-delà de ces drames historiques terrestres, au-delà des contes de dieux et
d’hommes apparemment récurrents, il y a des réalités spirituelles.
(21h10.) Derrière les acteurs de ces drames, il y a des entités plus
puissantes qui se situent bien au-delà des rôles à jouer. Les pièces elles-
mêmes, donc, les religions qui se répandent à travers les âges, ne sont que
des ombres, mais des ombres qui peuvent aider. Au-delà du cadre du bien et
du mal se trouve une valeur spirituelle plus profonde. Tout en cherchant à
saisir la « vérité », les religions sont donc condamnées à craindre qu’elle
leur échappe.
Le moi interne, lorsqu’il est seul, au repos ou en méditation, perçoit par
instants des parties de ces réalités internes qui ne peuvent pas être
exprimées physiquement. Ces valeurs, ces intuitions, ces illuminations sont
données à chacun selon sa capacité à les comprendre ; c’est pourquoi les
histoires que l’on raconte à leur sujet varient.
Ainsi, le personnage principal d’un drame religieux historique peut ne
pas se rendre pleinement compte de la manière dont ce savoir lui est donné.
Et pourtant, il peut lui sembler qu’il sait, car la nature du dogme, son
origine, lui est expliquée en des termes que ce personnage principal peut
comprendre. Le Jésus historique savait qui il était, mais il savait aussi qu’il
était l’une des trois personnalités composant une entité unique. Il partageait
largement la mémoire des deux autres.
La troisième personnalité, à laquelle j’ai souvent fait allusion, n’est pas
encore apparue, selon vos termes, bien que son existence ait été annoncée
comme le « second avènement » (Matthieu, 24). Or ces prophéties ont
été données selon les termes de la culture de l’époque ; par conséquent, bien
que la scène ait été préparée, des déformations désastreuses sont
intervenues, car ce Christ ne viendra pas à la fin de votre monde comme les
prophéties l’ont soutenu.
(21h20.) Il ne viendra pas récompenser le juste et envoyer le méchant à la
damnation éternelle. Il fera cependant débuter un nouveau drame religieux.
Une certaine continuité historique sera conservée. Mais, comme cela s’est
déjà passé une fois, il ne sera pas généralement reconnu pour ce qu’il est. Il
n’y aura pas de proclamation glorieuse devant laquelle le monde entier
s’inclinera. Il reviendra pour redresser la chrétienté, qui sera en pleine
pagaille à son arrivée, et pour établir un nouveau système de pensée à un
moment où le monde en aura grand besoin.
(21h25.) À ce moment-là, toutes les religions seront en pleine crise. Il
n’unira pas les organisations religieuses – au contraire, il les sapera. Son
message sera celui de l’individu dans sa relation avec Tout-ce-qui-est. Il
établira clairement les méthodes par lesquelles tout individu peut atteindre
un contact intime avec sa propre entité ; l’entité étant, dans une certaine
mesure, le médiateur entre l’homme et Tout-ce-qui-est.
Tout cela sera accompli en 2075.
On peut remarquer ici que Nostradamus voyait la dissolution de l’Église
catholique romaine comme la fin du monde. Il ne pouvait pas imaginer la
civilisation sans elle, et il faut l’avoir présent à l’esprit en lisant nombre de
ses prédictions ultérieures.
La troisième personnalité du Christ sera vraiment connue comme celle
d’un grand médium, car c’est lui qui apprendra à l’humanité à se servir des
sens internes qui seuls permettent la spiritualité véritable. Les meurtriers et
les victimes échangeront leurs rôles au fur et à mesure que les souvenirs
réincarnationnels remonteront à la surface de la conscience. Grâce au
développement de ces facultés, le caractère sacré de toute vie sera
intimement reconnu et apprécié.
Or, avant cette époque, plusieurs personnes vont naître qui, de différentes
façons, feront resurgir les espérances humaines. L’un de ces hommes est
déjà né, en Inde, dans une petite province proche de Calcutta, mais son
ministère semblera de portée relativement locale de son vivant.
Un autre naîtra en Afrique, un homme noir dont le travail majeur se fera
en Indonésie. Les espérances ont été mises en place il y a longtemps, selon
vos termes, et elles seront nourries par de nouveaux prophètes, jusqu’à ce
qu’émerge réellement la troisième personnalité du Christ.
Il conduira l’homme au-delà du symbolisme sur lequel la religion s’est
appuyée depuis tant de siècles. Il insistera sur l’expérience spirituelle de
l’individu, sur l’expansion de l’âme ; il apprendra à l’homme à reconnaître
les multiples aspects de sa propre réalité.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(« Merci. »
21h37. Seth a annoncé la pause avec humour, car l’allure a presque tout
le temps été rapide, avec peu de pauses. La transe de Jane a été bonne. J’ai
eu plus de mal que d’habitude à prendre des notes parce que j’en ai perdu
l’habitude ; j’ai oublié certaines des abréviations de ma sténo personnelle.
Pendant la pause, Jane parcourt des passages du chapitre 18 de The
Seth Material, puis annonce qu’elle pense avoir trouvé une contradiction
entre les informations données par Seth ce soir et ce matériau sur les trois
Christs – provenant de la session 491 du 2 juillet 1969. Voici les
paragraphes en question, aux pages 246-247 du chapitre « Le concept de
Dieu » :
« Il y a eu trois hommes dont les vies se sont mélangées et confondues
dans l’Histoire, et dont le récit composite est connu comme la vie du
Christ… Ils étaient tous trois très doués psychiquement, connaissaient leur
rôle et l’assumaient pleinement. Ces trois hommes, qui faisaient partie
d’une seule entité, ont eu accès à l’existence physique à la même époque.
Ils ne sont cependant pas nés à la même date. Cette entité n’est pas revenue
sous la forme d’une seule personne pour plusieurs raisons. D’abord, la
pleine conscience d’une entité serait trop forte pour un seul vecteur
physique. Ensuite, cette entité voulait un environnement plus diversifié, qui
n’aurait pas pu lui être fourni autrement.
« L’entité est née une fois en tant que Jean-Baptiste, puis sous deux
autres formes. L’une d’entre elles contenait la personnalité à laquelle la
plupart des histoires du Christ se réfèrent… Je vous parlerai plus tard de la
troisième personnalité. Une communication permanente a existé entre ces
trois parties d’une même entité, pourtant nées et enterrées à des dates
différentes. L’espèce humaine a fait surgir ces trois personnalités de sa
propre banque psychique, du fonds de conscience individualisée qui lui était
disponible. »
Je me mets moi aussi à me poser des questions. Nous avions toujours
pensé que les trois personnalités qui constituent l’entité du Christ avaient
déjà vécu et étaient mortes, or Seth nous dit ce soir que la troisième
personnalité va revenir au XXIe siècle. Quelle est l’explication ? Nous ne
sommes pas vraiment inquiets ; mais nous nous sentons quand même un
peu mal à l’aise quand la session reprend, à 21h57.)
Maintenant. Reprenons.
Le troisième personnage historique, déjà né selon vos termes, qui fait
partie de la personnalité entière du Christ, a choisi le rôle de zélote.
Cette personne était douée d’une énergie et d’un pouvoir supérieurs, de
grandes capacités d’organisation, mais les erreurs qu’elle a commises
involontairement ont entraîné de dangereuses altérations. Les documents de
cette période sont éparpillés et contradictoires.
Cet homme, historiquement maintenant, était Paul ou Saül. La tâche
d’élaborer un cadre lui a été confiée. Mais cela devait être un cadre d’idées
et non de règlements, d’individus et non de groupes. C’est là qu’il a échoué,
et il reviendra sous la forme de la troisième personnalité dont je viens de
parler, dans votre futur.
Cependant, il ne s’agit pas là de quatre personnalités.
(« Je comprends. »)
Saül s’est d’ailleurs donné beaucoup de mal pour se poser en identité
distincte. Ses caractéristiques étaient en apparence très différentes de celles
du Christ historique. Il s’est « converti » au cours d’une expérience
personnelle intense – expérience qui était destinée à imprimer en lui
l’importance des éléments personnels, par opposition avec ceux qui sont
liés à une organisation. Mais certains des exploits qu’il a accomplis tôt dans
sa vie ont été attribués au Christ – non pas à l’époque où il était un jeune
homme, mais plus tôt encore.
(22h05.) Toutes les personnalités disposent du libre arbitre et relèvent
leurs propres défis. Cela s’applique à Saül. Cependant, les « déformations »
liées à l’aspect organisationnel de la religion étaient également nécessaires à
l’intérieur du cadre historique, telles que les choses étaient comprises à
l’époque. Les tendances de Saül étaient donc connues, à un autre niveau.
Elles servaient un but. C’est pourtant pour cette raison qu’il émergera de
nouveau, cette fois pour détruire ces déformations.
Or il n’a pas créé ces déformations de lui-même, il ne les a pas plaquées
sur la réalité historique. (Jane fait une pause, la main sur les yeux.) Il les a
créées dans la mesure où il s’est trouvé contraint d’admettre certains faits :
dans ce monde-là, à cette époque-là, le pouvoir terrestre était indispensable
pour maintenir les idées chrétiennes à distance d’innombrables autres
théories, religions et factions guerrières. Son travail consistait à former un
cadre physique ; il craignait déjà que ce cadre étouffe les idées, mais il ne
voyait pas d’autre moyen.
(« Pourquoi ces deux noms, Paul et Saül ? »)
On lui donnait les deux. (Une pause.) Quand la troisième personnalité
émergera à nouveau dans l’histoire, on ne lui donnera plus l’ancien nom de
Paul : elle portera en elle les caractéristiques de ces trois personnalités.
(Jane fait encore une pause. « Est-ce que je peux poser une question
vraiment idiote ? »)
Allez-y.
(Suit un court échange entre Seth et moi, trop rapide pour être transcrit.
Je voudrais savoir si les trois personnalités de l’entité Christ se sont
rencontrées en tant qu’êtres physiques, et quand. Il me semble qu’une
interaction psychique supérieure a dû se produire entre eux, et je voudrais
en savoir plus sur ce sujet. Jane, en tant que Seth, écoute poliment mes
questions approximatives.)
Il est facile de constater que vous n’avez aucune connaissance de la
Bible…
(« C’est vrai. »)
… car tout cela est assez clair quand on en a une.
Paul a essayé de nier qu’il savait qui il était – jusqu’à son expérience de
conversion. Allégoriquement, il représentait une faction du moi qui se bat
contre sa propre connaissance et qui est orientée de manière très physique.
Il a donné l’impression de passer d’un extrême à l’autre, puisqu’il fut
d’abord contre le Christ, puis pour lui. Mais sa véhémence intérieure, son
feu intérieur étaient toujours présents, avec la reconnaissance interne qu’il
tenta si longtemps d’ignorer.
Son rôle était de traiter la réalité physique et son maniement ; aussi ces
qualités étaient-elles très fortes chez lui. D’une certaine façon, elles l’ont
dépassé. Lorsque le Christ historique est « mort », Paul devait implanter les
idées spirituelles en termes physiques, pour poursuivre la tâche. Ce faisant,
il a néanmoins semé les graines d’une organisation qui allait étouffer ces
idées. Il est demeuré après le Christ, tout comme Jean-Baptiste était venu
avant lui. À eux trois, ils ont couvert une certaine période.
Jean-Baptiste et le Christ historique ont tous deux joué leur rôle et en ont
été satisfaits. Seul Paul s’est retrouvé insatisfait à la fin ; c’est donc à partir
de sa personnalité que le Christ futur se formera.
L’entité à laquelle appartiennent ces personnalités, cette entité que vous
pouvez appeler l’entité Christ, avait connaissance de ces difficultés. En
revanche, les personnalités terrestres ne s’en rendaient pas compte, bien que
beaucoup de choses leur soient apparues dans des périodes d’exaltation et
de transe.
Paul représentait également la nature extrémiste de l’homme, qu’il fallait
prendre en considération, vu le développement de l’homme à cette époque.
Cet aspect extrémiste de l’homme va complètement changer de nature ; il
n’existera plus tel que vous le connaissez lorsque la prochaine personnalité
du Christ émergera. Il est donc approprié que Paul soit présent.
(22h27.) Au XXIe siècle, la nature interne de l’homme va se libérer, par le
biais de ces développements, d’une bonne partie des contraintes qui l’ont
limitée. Une nouvelle ère va réellement commencer – non pas, d’ailleurs,
un paradis sur Terre, mais un monde beaucoup plus sain, et plus juste, dans
lequel l’homme se rendra bien mieux compte de sa relation avec sa planète
et de sa liberté par rapport au temps.
Vous pouvez maintenant faire une pause dans le temps.
(22h30. Le débit de Jane a de nouveau été bon, pour l’essentiel, mais elle
sort facilement de transe. Elle est soulagée que Seth ait nommé la troisième
personnalité de l’entité Christ. Elle dit qu’elle n’en était pas inquiète mais
je sais qu’elle avait plus à cœur que d’habitude d’obtenir cette donnée.
Notre conversation pendant la pause concerne plusieurs points qui, à
mon sens, peuvent intéresser les lecteurs : d’une part, la désignation de
« zélote » que Seth applique à Paul. J’ai d’abord pensé qu’il allait parler
d’une connexion entre Paul, ou Saül, et les zélotes, l’une des sectes
religieuses qui divisaient le peuple juif dans la Judée du Ier siècle de notre
ère. La Terre sainte était alors occupée par les Romains, et Paul était juif et
citoyen romain. J’ai lu récemment un livre sur les manuscrits de la mer
Morte qui parle de ces sectes, et j’ai été intrigué par mon intérêt pour ces
sujets ; mais après avoir entendu Seth ce soir, je me dit qu’il ne va sans
doute plus en parler.
Une autre question porte sur le nom et le pays d’apparition du troisième
Christ au XXIe siècle. Seth va-t-il, ou peut-il, fournir des données sur la
personnalité religieuse déjà née en Inde, et sur l’homme noir qui doit naître
en Afrique ?
Pendant la pause, nous continuons à parler et Jane me dit qu’elle
connaît la réponse aux questions que je pose. Les réponses sont « venues »
à elle. Elle ne les obtient pas en termes exacts, dit-elle, mais elle les sent et
les traduit :
1) Seth emploie le mot « zélote », appliqué à Paul, pour décrire son
tempérament – et non pas en référence à la secte des zélotes. Une remarque
ajoutée plus tard : d’autres informations sur Paul et les zélotes allaient
pourtant être reçues.
2) Le pays – avec nom et dates – qui doit voir l’apparition du troisième
Christ au XXIe siècle ne va pas nous être donné maintenant, mais il le sera
peut-être dans les années à venir. Seth, dit-elle, s’est délibérément retenu
d’être plus précis ; cela dans le but de prévenir toute réaction excessive
envers un personnage, né dans un pays particulier, qui pourrait sembler
coïncider avec des descriptions et des dates données. Ce qui serait tout à
fait injuste et induirait en erreur.
3) Pour la même raison, Seth ne veut pas en dire plus pour l’instant sur
la personnalité religieuse indienne ou sur l’Africain qui œuvrera en
Indonésie.
Reprise à 22h50.)
Maintenant. Continuons.
Ruburt vient de vous donner des réponses exactes.
J’aimerais clarifier certains points. La « nouvelle religion » qui suivra le
second avènement ne sera pas chrétienne, selon vos termes, bien qu’elle soit
initiée par la troisième personnalité du Christ.
Cette personnalité se référera au Christ historique et reconnaîtra sa
relation avec la personnalité de celui-ci ; mais en son sein, le regroupement
des trois personnalités formera une nouvelle entité psychique, un ensemble
psychologique différent. Lorsque cette métamorphose se produira, elle
amorcera également une métamorphose humaine (avec une certaine
insistance), et les facultés internes de l’homme commenceront à être
acceptées et à se développer.
Il en résultera une existence d’un type différent. Une bonne partie de vos
problèmes actuels résulte d’une ignorance spirituelle. Aucun homme ne
méprisera plus un individu d’une autre race lorsqu’il aura reconnu que sa
propre existence inclut cette appartenance.
(22h55.) Aucun sexe, aucun rôle dans la société ne sera plus considéré
comme supérieur, lorsque chaque individu se rendra compte de sa propre
expérience à tous les niveaux de la société et dans toutes sortes de rôles.
Libérée de ses limitations, la conscience pourra ressentir ses connexions
avec tous les êtres vivants. (Une pause.) La continuité de la conscience
deviendra évidente ; il en résultera un changement de la structure des
sociétés et des gouvernements, car celle-ci est fondée sur vos croyances
actuelles.
La personnalité humaine en tirera des avantages qui sembleraient
maintenant impossibles. Une conscience libérée de ses limitations suppose
une liberté beaucoup plus grande. Dès la naissance, les enfants apprendront
que l’identité fondamentale est indépendante du corps et que le temps est
une illusion. L’enfant connaîtra nombre de ses existences passées et sera
capable d’un sentiment d’identification avec le vieil homme, ou avec la
vieille femme que, selon vos termes, il est appelé à devenir.
(23h02.) Nombre des leçons « qui viennent avec l’âge » seront alors
accessibles aux jeunes, et les gens âgés garderont l’élasticité spirituelle de
la jeunesse. Cela est important à soi seul. Mais pour des raisons pratiques,
les incarnations futures seront encore tenues cachées pendant un certain
temps.
Pendant que ces changements apparaissent, de nouvelles zones du
cerveau vont être activées pour s’en occuper physiquement. On pourra donc
disposer de cartes mentales qui évoqueront les souvenirs des vies passées.
Toutes ces modifications sont des changements spirituels au cours desquels
le sens de la religion va échapper aux limites imposées par les organisations
pour devenir une part vivante de l’existence individuelle ; les cadres
psychiques, plutôt que les cadres physiques, formeront les fondations de la
civilisation. (Une pause, les yeux fermés, à 23h05.)
L’expérience de l’homme sera tellement élargie que ce sera pour vous
comme si l’espèce humaine avait été remplacée par une autre espèce. Cela
ne veut pas dire qu’il n’existera pas de problèmes. Cela veut dire que
l’homme disposera de beaucoup plus de ressources. Cela suppose
également un cadre social beaucoup plus riche et plus diversifié. Les
hommes et les femmes se sentiront reliés à leurs semblables non seulement
pour les personnes qu’ils sont, mais également pour les personnes qu’ils ont
été.
C’est peut-être au sein de la famille que se produiront les plus grands
changements. Des interactions affectives qui sont impossibles aujourd’hui y
trouveront place. L’esprit conscient recevra plus facilement le matériau
inconscient.
J’inclus ces informations dans ce chapitre sur la religion pour que vous
compreniez que l’ignorance spirituelle est à l’origine d’une bonne partie de
vos problèmes, et qu’en fait vos seules limites sont d’ordre spirituel.
(23h14.) La métamorphose de la troisième personnalité dont j’ai parlé
tout à l’heure aura une telle force et un tel pouvoir qu’elle fera jaillir du
genre humain des qualités identiques aux siennes. Ces qualités ont toujours
été présentes. Mais elles vont finalement percer le voile de la perception
physique et élargir cette perception de façon nouvelle.
Or il manque au genre humain un point de focalisation de ce type. La
troisième personnalité représentera cette focalisation. Soit dit en passant, il
n’y aura pas de crucifixion dans cette pièce-là. Cette personnalité sera
réellement multidimensionnelle, elle aura connaissance de toutes ses
incarnations. Elle ne se définira pas en termes de sexe, de couleur ou de
race.
(23h20.) Pour la première fois, donc, elle dépassera les concepts
terrestres de personnalité, ce qui libérera la personnalité. Elle pourra faire la
démonstration de ces manifestations comme il lui plaira. Nombreux sont
ceux qui auront peur d’accepter la nature de leur propre réalité ou de
découvrir les véritables dimensions de l’identité.
Pour différentes raisons, comme l’a dit Ruburt, je ne veux pas donner
d’informations trop détaillées sur le nom qui sera utilisé par cette
personnalité, ou sur son pays de naissance. Trop de gens seraient tentés de
sauter prématurément dans cette image.
Les évènements ne sont pas prédestinés. Mais le cadre de cette
émergence est déjà en place dans votre système de probabilités.
L’émergence de cette troisième personnalité va directement modifier le
drame historique originel du Christ tel qu’on le connaît maintenant. Il y a
nécessairement interaction entre les deux.
Vous pouvez faire une pause ou terminer la session, comme vous
préférez.
(« Nous allons faire une pause. »
23h25. Je demande une pause au cas où d’autres informations
arriveraient pour ce chapitre. Jane dit qu’elle ne se souvient d’aucune des
données fournies depuis la pause précédente. Elle n’a eu aucune sensation
de durée.
Nous commençons tous les deux à être fatigués. Nous avons faim et nous
songeons à terminer la session et à manger en regardant un vieux film
d’horreur ou un policier à la télé. Puis je me souviens que Seth n’a pas
encore donné de titres aux huit premiers chapitres de son livre. Dans le
chapitre 17, il nous a dit de ne pas nous en préoccuper. Pourrait-il donner
ces titres maintenant, ou Jane doit-elle d’abord lire tout le matériau ? Aussi
incroyable que cela puisse paraître, il s’est passé plus d’un an depuis
qu’elle a arrêté de lire le livre session par session, au début du chapitre 4.
Reprise à 23h39.)
Maintenant. Je vais vous dire un chaleureux bonsoir, après quelques
remarques en réponse à votre question. Encore une fois, Ruburt a pris cette
information chez moi cet après-midi : quand je dévie du plan d’origine que
j’ai donné (dans la session 510, le 19 janvier 1970), je donne des titres aux
chapitres. Sinon, les titres annoncés dans le plan sont les bons. Vous pouvez
les ajouter, si vous préférez. J’ai inséré de nombreux chapitres là où aucun
n’était spécifié, et j’ai utilisé des titres à partir de là.
Donc, avez-vous des questions supplémentaires ?
(« Oui, mais je pense qu’on vous les posera plus tard. »
Avec humour, les yeux grands ouverts et très sombres.) Vous n’êtes pas
venu au cours de perception extrasensorielle, je ne devais pas beaucoup
vous manquer.
(« Vous m’avez beaucoup manqué. »)
Nous allons aussi avoir une session personnelle, puis nous continuerons
notre livre. Et nos sessions privées m’ont manqué.
(« Moi aussi. »)
Vous avez toujours la possibilité de faire un enregistrement un soir, et de
discuter avec moi sans prendre de notes, en toute liberté.
(« C’est pour cela que je fais réparer notre enregistreur. »)
Mes plus chaleureuses pensées, et bonsoir.
(« Merci beaucoup, Seth. C’était un plaisir. »)
C’est toujours un plaisir.
(Cette accentuation humoristique me fait rire. « Bonne nuit. » Fin à
23h45.)
SESSION 587
MERCREDI 28 JUILLET 1971
(21h17.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée.
Les drames religieux extérieurs sont bien sûr des représentations
imparfaites de réalités spirituelles intérieures qui se déploient sans cesse.
Les différents personnages, les prophètes et les dieux de l’histoire religieuse
absorbent les projections internes de masse lancées par ceux qui habitent
une époque donnée.
Les drames religieux de ce genre mettent en avant des aspects de la
réalité intérieure qui ont besoin d’être représentés physiquement ; ils leur
donnent une direction et, si tout va bien, ils les clarifient. (Une longue
pause, les yeux fermés.) Ces aspects n’apparaissent pas que dans votre
système. Nombre d’entre eux sont également projetés dans d’autres
systèmes de réalité. Mais la religion en soi est toujours la façade extérieure
de la réalité interne. L’existence spirituelle primordiale donne seule son
sens à l’existence physique. Dans les termes les plus réels, le concept de
religion devrait inclure toutes les entreprises de l’homme dans sa quête de
sens et de vérité. La spiritualité ne peut pas être une activité ou une
caractéristique spécialisée et isolée.
Les drames religieux extérieurs n’ont d’importance et de valeur que dans
la mesure où ils reflètent fidèlement l’existence spirituelle, intérieure et
privée. La religion semble fondée dans la mesure où elle exprime cette
expérience interne. Mais la plupart des religions admettent certaines
expériences et en refusent d’autres. Elles se limitent en n’appliquant le
principe du sacré de la vie qu’à la seule espèce humaine, et souvent, au sein
de cette espèce, à des groupes très restreints.
(Une pause à 21h30.) Aucune congrégation ne sera jamais capable
d’exprimer l’expérience interne de tous les individus. Elle ne réussira
jamais non plus à limiter l’expérience interne de ses membres, même si elle
en donne l’impression. Les expériences interdites sont exprimées de façon
inconsciente ; elles grandissent en force et en vitalité et surgissent pour
former une contre-projection, qui donne naissance à un nouveau drame
religieux.
Les drames eux-mêmes expriment réellement certaines réalités
intérieures ; ils servent de rappel pour ceux qui ne font pas confiance à
l’expérience directe du moi interne. Ceux-là prennent le symbole pour la
réalité. Lorsqu’ils s’en rendent compte, ils se sentent trahis. Pour parler de
la relation entre le moi intérieur et l’individu physique vivant, le Christ a
choisi de parler de père et de fils parce que, selon vos termes, c’était la
méthode employée à cette époque. Aucune religion nouvelle n’étonne
jamais vraiment personne, car la pièce a déjà été jouée subjectivement.
Ce que je dis s’applique bien sûr aussi bien à Bouddha qu’au Christ : tous
deux ont accepté les projections internes et ont ensuite essayé de les
représenter physiquement. Toutefois, chacun d’eux était davantage que la
somme de ces projections. Cela aussi doit être compris. Avec la religion de
Mahomet, on est allés beaucoup moins loin. Les projections violentes y ont
prédominé. L’amour et la fraternité étaient secondaires dans ce qui
correspondait réellement au baptême et à la communion par la violence et
par le sang.
Dans ces drames religieux continuellement manifestés à l’extérieur, les
Hébreux ont joué un rôle étrange. L’idée d’un Dieu unique n’était pas
nouvelle pour eux. Nombre de religions anciennes croyaient en un seul
Dieu, supérieur à tous les autres. Ce Dieu supérieur était cependant un Dieu
beaucoup plus clément que celui des Hébreux. De nombreuses tribus
croyaient, à juste titre, que l’esprit intérieur habite toute chose vivante. Ils
parlaient du Dieu dans l’arbre ou de l’esprit dans la fleur, ce qui ne les
empêchait pas d’accepter la réalité d’un esprit d’ensemble dont ces esprits
plus petits faisaient partie, le tout fonctionnant en harmonie.
Les Hébreux conçurent un Dieu de contrôle, un Dieu juste, coléreux et
parfois cruel ; et de nombreuses sectes se mirent à nier l’idée que d’autres
êtres vivants, en dehors de l’homme, possédaient un esprit intérieur. Les
croyances plus anciennes représentaient mieux la réalité interne ; l’homme,
observant la nature, la laissait parler et révéler ses secrets.
(21h45.) Le Dieu des Hébreux représentait cependant une projection d’un
genre tout à fait différent. L’homme prenait de plus en plus conscience de
son ego, d’un sentiment de pouvoir sur la nature ; nombre des miracles qui
ont suivi présentent la nature forcée de se conduire d’une façon qui ne lui
est pas naturelle. Dieu devient l’allié de l’homme contre la nature.
Le Dieu des premiers Hébreux est devenu le symbole de l’ego déchaîné
de l’homme. Dieu se comportait exactement comme un enfant plein de rage
se comporterait s’il avait les mêmes pouvoirs : il jetait le tonnerre, l’éclair
et le feu sur ses ennemis, et les détruisait. L’ego émergeant de l’homme
donnait donc naissance à des problèmes et à des défis affectifs et
psychologiques. Le sentiment de séparation par rapport à la nature
grandissait. La nature devenait un outil que l’on pouvait utiliser contre les
autres.
Ces tendances étaient déjà visibles avant l’émergence du Dieu des
Hébreux. Dans de nombreuses religions tribales anciennes, à présent
oubliées, on recourait aussi aux dieux pour retourner la nature contre
l’ennemi. Avant cette période, l’homme sentait pourtant qu’il faisait partie
de la nature ; il ne se percevait pas comme séparé d’elle. Il considérait la
nature comme une extension de son être et se sentait lui-même une
extension de la nature. Il n’était pas possible, en ces termes, de s’utiliser
comme une arme contre soi-même. (Une pause.)
En ce temps-là, les hommes parlaient avec l’esprit des oiseaux, des arbres
et des araignées ; il se confiaient à lui, sachant que, dans la réalité intérieure
sous-jacente, ces communications étaient connues et comprises. À cette
époque, on ne craignait pas la mort comme on la craint maintenant, car on
comprenait le cycle de la conscience.
D’une certaine manière, l’homme désirait sortir de lui-même, du cadre
dans lequel il vivait son expérience psychologique ; il voulait relever de
nouveaux défis, passer d’un mode de conscience à un autre. Il voulait
étudier le processus de sa propre conscience. En un sens, cela impliquait
une gigantesque séparation par rapport à la spontanéité interne qui lui avait
apporté la paix et la sécurité. Mais, selon ses termes, cela permettait une
créativité nouvelle.
Je vous suggère une pause avant d’entrer dans ce sujet.
(22h01. Le débit de Jane s’est accéléré de façon marquée, après un début
lent. Je lui dis que le matériau est excellent. La session de ce soir se déroule
dans notre salon car il n’y a personne d’autre dans l’immeuble. L’air
conditionné a été allumé avant la session, mais Jane a trop chaud quand
arrive la pause. Cela ne l’a pas gênée pendant sa transe.
Pendant la pause, je passe en revue différentes questions concernant les
relations entre les trois membres de l’entité Christ – Jean-Baptiste, Jésus-
Christ et Paul. Jane m’écoute un moment puis me demande d’arrêter ; elle
propose que je pose ces questions à la fin du chapitre si Seth n’y a pas
répondu spontanément. Reprise à 22h13.)
Maintenant. À ce stade, le Dieu de l’intérieur est devenu le Dieu de
l’extérieur.
L’homme a tenté de former un nouveau royaume, d’accéder à un type
différent de focalisation et de conscience. Sa conscience a passé un cap hors
d’elle-même. Il s’est donc concentré de moins en moins sur la réalité
intérieure, et c’est ainsi qu’a commencé le processus par lequel la réalité est
devenue uniquement ce qui était projeté dans le monde physique.
Auparavant, l’environnement était créé et perçu sans effort par l’homme
et par toutes les créatures vivantes, en pleine connaissance de leur unité
intérieure. Pour s’embarquer dans cette nouvelle aventure, il fallait faire
comme si cette unité intérieure n’existait pas. Car sinon ce nouveau type de
conscience retournerait toujours vers ses origines pour y trouver la sécurité
et le confort. On a fait comme s’il fallait couper les ponts, alors qu’il ne
s’agissait bien sûr que d’un jeu, puisque la réalité interne demeurait. Mais,
au début, la nouvelle conscience devait absolument s’en détourner pour
maintenir une focalisation indépendante.
Je parle ici pour vous en termes plus ou moins historiques. Mais vous
devez comprendre que ce processus n’a rien à voir avec le temps tel que
vous le connaissez. Ce type d’aventure dans la conscience (sourire) s’est
déjà produit et, selon vos termes, il se produira encore.
(Ici, Seth fait une petite plaisanterie, car Jane travaille ces temps-ci à un
texte qu’elle a provisoirement intitulé Aventures dans la conscience.)
Mais la perception de l’univers extérieur a changé à ce moment-là ; il a
commencé à sembler inconnu et séparé de l’individu qui le percevait.
(22h24.) Ainsi, Dieu est devenu une idée projetée à l’extérieur,
indépendante de l’individu et séparée de la nature. Il est devenu le reflet de
l’ego émergeant de l’homme, avec tout son éclat, sa sauvagerie, son pouvoir
et sa volonté de domination. Malgré ses inconvénients évidents, c’était une
aventure hautement créatrice ; elle représentait une « évolution » de la
conscience qui enrichissait l’expérience subjective de l’homme et qui
augmentait réellement les dimensions de la réalité même.
Mais pour que l’expérience interne et l’expérience externe puissent être
efficacement organisées, il fallait qu’elles aient l’air d’évènements séparés,
sans rapport l’une avec l’autre. En termes historiques, les caractéristiques
de Dieu ont changé quand l’ego de l’homme a changé. Mais ces
caractéristiques de l’ego ont été soutenues par d’importants changements
intérieurs.
(Jane, en tant que Seth, fait souvent des gestes pour insister sur un point
particulier. Son débit est rapide depuis la pause.)
On pourrait comparer cette propulsion originale des caractéristiques
internes vers l’extérieur, pour former l’ego, à la naissance d’innombrables
étoiles – un évènement aux conséquences incalculables, qui prend naissance
au niveau subjectif de la réalité interne.
Comme l’ego naît à l’intérieur, il se vante toujours de son indépendance,
malgré son irritante certitude concernant ses origines.
(Une pause à 22h30. Toujours en transe, Jane prend le temps de boire
quelques gorgées de bière et d’allumer une cigarette.)
Nous allons avoir un bon chapitre.
(« Parfait. »)
L’ego craignait pour sa position, il avait peur de disparaître dans le moi
intérieur d’où il venait. Pourtant, l’émergence de l’ego offrait au moi
intérieur une rétroaction critique, un point de vue différent, et pas seulement
sur lui-même ; par cette émergence, le moi intérieur découvrait la possibilité
de développements qu’il n’avait jamais pressentis. Selon vos termes, à
l’époque du Christ, l’ego se sentait assez sûr de sa position pour que
l’image projetée de Dieu puisse commencer à changer.
Le moi intérieur est en état de croissance permanente. La partie interne
de chaque homme projetait ce savoir à l’extérieur. Les besoins spirituels et
psychologiques de l’espèce humaine exigeaient des modifications
importantes, à l’intérieur comme à l’extérieur. Les qualités de bienveillance
et de compassion, qui avaient été enterrées, pouvaient refaire surface. Elles
surgirent non seulement sur le plan privé mais en masse(5), donnant une
« nouvelle » impulsion et une direction naturelle ; elles commencèrent à
appeler toutes les parties du moi, tel qu’il se connaissait, et à les réunir.
(22h38.) Ainsi, le concept de Dieu commença à changer quand l’ego
reconnut le lien qui le rattachait à la réalité interne, mais le drame devait se
dérouler dans le contexte de l’époque. C’est justement parce que le
christianisme était fondamentalement si doux que le mahométisme a été
fondamentalement si violent. Non pas que le christianisme ne soit pas mêlé
à la violence, ou que le mahométisme soit dépourvu d’amour. Mais pendant
que la psyché se transformait, bataillait avec elle-même, niant certains
sentiments et certaines caractéristiques pour en valoriser d’autres, les
drames religieux historiques extérieurs suivaient ces aspirations, ces luttes,
ces quêtes internes, et les représentaient.
(Plus lentement à présent.) Tout le matériau donné ici doit être vu en
rapport avec le fait qu’en dessous de ces développements, on trouve
l’aspect éternel, les marques créatrices d’une force aussi intime
qu’indéniable. Tout-ce-qui-est, autrement dit, représente la réalité d’où
surgit chacun de nous. (Une pause, parmi plusieurs autres.) Tout-ce-qui-est
transcende, par sa nature même, toutes les dimensions d’activité, de
conscience ou de réalité – tout en faisant partie de chacune d’entre elles.
(22h45.) Il y a un visage derrière tous les visages ; pourtant le visage de
chaque homme lui appartient en propre. Le développement de la pièce
religieuse dont j’ai parlé, et qui, selon vos termes, est encore à venir,
représente un nouveau stade dans les pièces à la fois intérieures et
extérieures qui permettent à l’ego émergent de découvrir une bonne part de
son héritage. L’ego aura alors beaucoup plus de contacts avec les autres
parties du moi, tout en offrant au moi interne des opportunités de prises de
conscience que le moi interne seul ne pourrait pas offrir.
Les tribulations des dieux représentent donc le cheminement de la
conscience humaine, projeté à l’extérieur. Cependant, Tout-ce-qui-est se
trouve dans chacune de ces aventures. Sa conscience, et sa réalité, est en
chaque homme, ainsi que dans chacun des dieux créés par l’homme. Le mot
« dieux » est à écrire toujours avec une minuscule ; en revanche « Tout-ce-
qui-est » prend une majuscule.
Les dieux accèdent bien sûr à une réalité psychique. Je ne suis donc pas
en train de dire qu’ils ne sont pas réels, mais de définir la nature de leur
réalité. On pourrait dire : « Choisissez vos dieux avec soin, car vous vous
renforcerez les uns les autres. »
Maintenant. Faites une pause.
(22h55. Le débit a été constamment rapide, ma main le sent. Comme Seth
l’avait promis, c’est un bon chapitre. Jane dit qu’elle le sentait s’arrêter
brièvement de temps en temps pour s’assurer qu’elle choisissait le mot
exact ; elle était encore en transe, en train de parler, dit-elle, et Seth
attendait. Mais elle ne se souvient d’aucun passage. Reprise à 23h08, avec
l’air conditionné toujours allumé.)
Maintenant. Pareille alliance établit certains champs d’attraction. Un
homme qui s’attache à l’un des dieux s’attache en grande partie à ses
propres projections. Selon vos termes, certaines de ces projections peuvent
être porteuses de créativité, mais d’autres de destruction – encore que
celles-ci ne soient pas toujours identifiées comme telles.
En revanche, le concept ouvert de Tout-ce-qui-est vous libère
partiellement de vos propres projections ; il permet un contact plus valide
avec l’esprit qui se trouve derrière la réalité que vous connaissez.
Dans ce chapitre, j’aimerais aussi mentionner quelques points
intéressants.
Certains contes anciens qui ont traversé les siècles parlent de différents
dieux ou démons qui gardent, pourrait-on dire, la porte des autres niveaux
de réalité, des autres stades de conscience. Les niveaux astraux y sont
clairement détaillés, catégorisés et numérotés.
Il faut surmonter certaines épreuves pour y être admis. Certains rituels
doivent être accomplis. Or tout cela contient beaucoup de déformations.
Toute tentative pour exprimer la réalité interne de façon aussi précise et
rigide est trompeuse, vouée à l’échec et parfois, selon vos termes,
dangereuse ; car on crée sa propre réalité, on la vit, selon ses croyances. Il
faut donc faire très attention à ce qu’on décide de croire.
Permettez-moi de saisir cette occasion pour affirmer à nouveau qu’il
n’existe ni diable ni démon, hormis ceux que vous créez vous-mêmes à
partir de vos propres croyances. Je l’ai dit, l’effet du bien et du mal est
fondamentalement illusoire. Tout acte, indépendamment de sa nature
apparente, fait partie, selon vos termes, d’un bien plus grand. Je ne suis pas
en train de dire qu’une fin louable justifie ce que vous considéreriez comme
une mauvaise action. Tant qu’on continue à penser en termes de
manifestation du bien et du mal, il est important de choisir le bien.
(23h25.) Je le dis le plus simplement possible. Mais il y a là des
implications profondes. Les contraires n’ont de validité que dans votre
propre système de réalité. Ils font partie de vos croyances-racines et, en tant
que tels, vous devez vous en soucier.
Mais les contraires représentent une unité profonde que vous ne
comprenez pas. Votre conception du bien et du mal résulte en grande partie
du type de conscience que vous adoptez dans le présent. Au lieu
d’ensembles, vous percevez des portions. L’esprit conscient fait le point
avec une lumière rapide, limitée mais intense ; ainsi, il ne perçoit, dans un
champ de réalité donné, que certains « stimuli », qu’il assemble ensuite par
lien de similitude. L’esprit ne perçoit que ce qu’il conçoit comme faisant
partie de la réalité.
L’impression de contraires résulte donc d’un manque de perception.
Comme vous devez fonctionner au sein du monde tel que vous le percevez,
les contraires semblent être une condition de l’existence. Cependant, il y a
une raison à cette séparation des éléments. Elle vous apprend – et vous vous
apprenez vous-mêmes – à gérer l’énergie, à devenir des cocréateurs
conscients de Tout-ce-qui-est ; or l’un de ces « stades de développement »,
l’un de ces processus d’apprentissage, consiste à traiter les contraires
comme des réalités.
L’idée du bien et du mal, selon vos termes, vous aide à reconnaître le
caractère sacré de l’existence, et la responsabilité de la conscience. L’idée
des contraires est également un cadre nécessaire au développement de
l’ego. Le moi interne connaît parfaitement l’unité qui existe.
Maintenant. Fin de la dictée, et très bientôt, fin du chapitre. Et à la fin du
chapitre, posez les questions que vous avez en tête.
(« D’accord. » Mais Seth a spontanément répondu à une bonne partie
des questions sur la religion qui faisaient partie de notre liste pour le
chapitre 20.)
Je vous dis un chaleureux bonsoir ; et (souriant avec une certaine
insistance) nous étions en grande forme, la dernière fois.
(« Vous l’étiez certainement. Merci, Seth, et bonne nuit. »
23h57. Seth fait allusion au cours de perception extrasensorielle de Jane.
Une longue session a été enregistrée, comme souvent. Et l’on peut dire que
Seth était également en grande forme ce soir.)
SESSION 588
LUNDI 2 AOÛT 1971
(21h01. Jane et moi avons noté des questions avant la session de ce soir.
Dans la session 586, Seth déclare que d’ici à l’année 2075, le troisième
Christ – Paul ou Saül – aura accompli son second avènement avec, bien
entendu, une influence profonde sur l’histoire de la religion et du monde.
Jane pense qu’une période de moins d’un siècle est beaucoup trop courte
pour contenir autant de changements majeurs. Elle veut que je demande à
Seth si elle a déformé cette donnée.
Quand, par exemple, cette personnalité naîtra-t-elle, pour avoir le temps
de provoquer des changements aussi énormes ? Nous pensons qu’une
erreur a pu intervenir.
Mes questions concernent les relations entre les trois personnalités de
l’entité Christ : Jean-Baptiste, Jésus-Christ et Paul. Des interactions
psychiques fortes ou exceptionnelles se sont-elles produites entre eux ? En
dehors des exemples connus, leurs expériences psychiques et leurs rêves
étaient-ils hors du commun pendant qu’ils vivaient leur vie au jour le jour ?
Les dates historiques qui suivent sont approximatives, mais elles
montrent sommairement la superposition des vies des trois personnalités
qui constituent l’entité Christ.
Jean-Baptiste est né entre 8 et 4, mort en 26 ou 27. Jésus-Christ est né
entre 8 et 5, mort en 29 ou 30. Paul (Saül) de Tarse est né entre 5 et 15
après J.-C., mort en 67 ou 68.
Élisabeth, la mère de Jean – dit « le Baptiste » – était une cousine de la
mère du Christ, Marie. Jean a baptisé Jésus au début de son ministère, en
26 ou 27, quand il avait environ trente ans. Jean était déjà actif dans sa
propre mission et se nommait souvent lui-même « précurseur d’un autre qui
sera plus noble et plus fort ». Peu après avoir baptisé Jésus, Jean a été
emprisonné par Hérode Antipas dans la forteresse de Machaerus, près de la
mer Morte.
On ne sait pas avec certitude si le Christ et Paul se sont rencontrés. Paul
s’est converti plusieurs années après la mort du Christ ; c’était auparavant
un persécuteur zélé des chrétiens. Il ne semble pas non plus que Paul et
Jean-Baptiste se soient rencontrés.
Selon l’Histoire, les trois membres de l’entité Christ ont connu des fins
violentes. Le Christ a été crucifié près de Jérusalem, sur l’ordre de Ponce
Pilate ; Jean-Baptiste a été décapité par Hérode ; et Paul a été décapité à
Rome, sous le règne de Néron.
Des lecteurs de The Seth Material ont demandé que Seth développe les
données concernant les trois Christs fournies au chapitre 18, « Le concept
de Dieu ». Certains voulaient savoir si l’un des trois Christs pouvait avoir
été le Maître de Justice, personnage qui était le meneur de la secte des
zélotes, en Judée, au début du Ier siècle de notre ère. Quatre grandes sectes
juives se développaient dans cette région au moment de la naissance du
christianisme.
D’autres questions concernent les divers noms du Christ. Jane et moi les
avions mises de côté, et nous les passons en revue avant la session. Le débit
de Jane au début de la session est un peu plus lent que d’habitude.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Accordez-nous un instant, nous allons reprendre.
Dans toute période de l’Histoire, un drame religieux peut finalement
émerger en tant que représentation extérieure, mais il existe aussi de
nombreux drames mineurs, des « projections » qui ne prennent pas
complètement. Celles-ci représentent, bien sûr, des évènements probables.
N’importe lequel d’entre eux aurait pu prendre la place du drame extérieur
effectif. Au temps du Christ, il a existé beaucoup de représentations de ce
type, car de nombreuses personnalités sentaient la force de la réalité
intérieure et y réagissaient.
Il a existé des Christs probables, autrement dit, qui ont vécu, selon vos
termes, à cette époque. Pour plusieurs raisons, dans lesquelles je n’entrerai
pas ici, ces projections ne reflétaient pas assez fidèlement les évènements
internes. Mais il y a eu, dans la même zone physique, un certain nombre
d’hommes qui ont réagi au climat psychique intérieur et ont senti passer sur
eux l’attraction et la responsabilité du rôle de héros religieux.
(Une pause à 21h09.) Certains de ces hommes étaient trop marqués, trop
pris dans le tourment et la ferveur de cette période pour s’élever
suffisamment au-dessus d’elle. Les différentes cultures les ont utilisés. Ils
n’ont pas réussi à utiliser ces cultures comme base de lancement pour les
nouvelles idées et se sont perdus dans l’histoire de l’époque.
Certains ont continué à suivre le chemin pris par le Christ ; ils ont
accompli des guérisons et des exploits psychiques, ils ont eu des groupes
d’adeptes, mais ils n’ont pas réussi à maintenir la puissante focalisation
psychique qui était nécessaire.
Le Maître de Justice, ainsi nommé, était l’une de ces personnes, mais sa
nature trop zélée l’a maintenu en arrière.
(Dans les livres que j’ai lus sur le sujet, le chef des zélotes est toujours
nommé le Maître de Justice. L’interprétation de maigres archives, dont les
manuscrits de la mer Morte, suscite le débat, mais il semble qu’il s’agisse
soit de Menahem Ben Judah, tué en 66 après J.-C. à Jérusalem, soit de l’un
de ses neveux, qui lui a survécu et lui a succédé.)
Sa rigidité l’a empêché d’avoir la spontanéité qui était indispensable pour
toute véritable libération religieuse. Au lieu de cela, il est tombé dans le
piège du provincialisme. S’il avait joué cet autre rôle, il aurait pu être d’un
grand secours pour Paul. C’était une personnalité probable de la partie Paul
de l’entité Christ.
(Une longue pause à 21h17. Le débit de Jane est toujours assez lent.)
Ces hommes comprenaient spontanément leur rôle dans ce drame, ainsi
que leur position au sein de Tout-ce-qui-est. Ils étaient tous hautement
extralucides et télépathes ; ils avaient des visions et entendaient des voix.
Dans leurs rêves, ils étaient en contact. Paul se souvenait consciemment
de beaucoup de ces rêves, jusqu’à ce qu’il se sente poursuivi par le Christ.
C’est à cause de rêves récurrents que Paul a persécuté les chrétiens. Il avait
l’impression que le Christ était une sorte de diable qui le poursuivait dans
son sommeil.
À un niveau inconscient, cependant, il connaissait le sens de ses rêves, et
sa « conversion » n’a bien sûr été qu’un évènement physique survenant
dans le sillage d’une expérience intérieure.
Jean-Baptiste, le Christ et Paul étaient reliés dans leurs rêves, et Jean-
Baptiste avait conscience de l’existence du Christ bien avant la naissance de
celui-ci.
C’est Paul qui avait besoin de l’ego le plus fort, en raison de sa tâche
particulière. C’est pourquoi il avait beaucoup moins conscience de son rôle.
La connaissance intérieure a bien sûr jailli dans l’expérience physique de la
conversion.
Ce matériau est donné en réponse à vos questions.
(« C’est très intéressant. »
Jane fait une longue pause à 21h25. Toujours en transe, elle allume une
cigarette et boit quelques gorgées.)
Maintenant, pour répondre à la question de Ruburt : la naissance se
produira à l’époque indiquée ; elle aura eu lieu à l’époque indiquée (l’année
2075). Les autres changements se produiront en gros sur un siècle, mais les
résultats vont commencer à en être visibles bien avant.
En raison de la plasticité du futur, selon vos termes, la date ne peut pas
être considérée comme définitive. Toutes les probabilités pointent
cependant dans ce sens, car l’impulsion interne est déjà en train de former
les évènements.
À moins que vous ayez d’autres questions, c’est la fin de ce chapitre.
(« Par simple curiosité : pouvez-vous dire comment le Maître de Justice a
fini ? » C’est l’une des questions posées par nos correspondants.)
Accordez-nous un instant.
Le nom qu’on lui a donné était exact, bien qu’il s’agisse là d’une
traduction. Il est mort avec un petit groupe d’hommes dans une caverne où
il s’était réfugié au cours d’une bataille ; il a été tué par les membres d’une
autre secte. Les meurtriers ont emporté avec eux certains manuscrits qu’ils
ont trouvés à cet endroit ; mais il y en avait d’autres qu’ils n’ont pas trouvé,
et qui n’ont pas encore été découverts.
Ce dernier lieu de refuge se situait près de Damas. Pendant quelques
temps, le Maître de Justice essaya de se cacher dans cette ville. Mais son
identité fut découverte, et il se réfugia avec un groupe d’hommes dans des
cavernes situées entre Damas et une ville voisine, beaucoup plus petite, qui
avait servi un temps de forteresse. C’est là qu’ils se rendaient.
Maintenant, vous pouvez faire une pause, puis je commencerai le
chapitre suivant.
(21h35. Mais, au lieu de faire une pause, Jane reste tranquillement
assise, toujours en transe.)
Une petite remarque pour ceux que cela intéresse. La secte des zélotes
était elle aussi divisée en deux groupes principaux, dont l’un a fini par se
détacher de l’autre. D’autres documents seront découverts plus tard, qui
éclairciront un certain nombre de points importants concernant ces époques
de l’Histoire. (Une pause.) Pendant une brève période de sa vie, Paul a fait
partie d’un groupe de zélotes. Ce fait n’est pas connu. Il ne figure dans
aucune archive.
(Jane reste assise en transe pendant si longtemps que je commence à lui
poser une question ; mais elle lève une main pour me faire signe
d’attendre.)
En fait, pendant une période, il a mené une double vie en tant que
membre des zélotes. Mais il s’est retourné contre eux avec véhémence,
comme il allait plus tard se retourner contre les Romains pour rejoindre les
chrétiens. Avant sa conversion, il savait déjà qu’il avait un but et une
mission, et il se jetait avec toute la passion de son être sur les réponses qu’il
pensait avoir trouvées.
Maintenant, faites une pause.
(21h40. Le débit de Jane a été lent, puis s’est accéléré. Sa transe a été
bonne. Elle dit qu’elle « est vraiment partie quand Seth a démarré sur les
données bibliques ».
Je trouve les informations de Seth extrêmement intéressantes. Ce n’est
pas toujours le cas, mais Jane dit qu’elle préfère nettement n’avoir aucune
connaissance de la période historique dont parle Seth. En l’occurrence, elle
n’a rien lu sur les manuscrits de la mer Morte, dont je lui ai pourtant parlé
plusieurs fois. Elle ne connaît pas non plus la Bible.
Nous ne savions pas, bien sûr, comment Seth allait présenter son
matériau dans le chapitre sur la religion, le troisième Christ et autres. Nous
sommes tous les deux surpris de l’entendre affirmer qu’il y a eu un lien
entre Paul et les zélotes. De nombreuses questions nous viennent à l’esprit ;
mais il faut bien s’arrêter quelque part et nous décidons à regret de ne pas
les poser.
L’attitude de Jane face à l’histoire biblique correspond à ses sentiments
sur d’autres facettes de ses capacités ; elle m’a souvent dit qu’elle se sent
beaucoup plus libre quand elle fait une session pour quelqu’un qu’elle ne
connaît pas. C’était pareil quand elle essayait de deviner le contenu
d’enveloppes scellées(6). Elle préférait ne pas savoir qui les avait préparées,
d’où elles provenaient, etc.)
CHAPITRE 22
(Reprise à 22h00. La voix de Jane en tant que Seth est un peu différente
de l’ordinaire. Plus contrôlée, peut-être ; pas tout à fait aussi joviale ou à
l’aise.)
Maintenant. Nous allons commencer le chapitre suivant, et nous allons
l’appeler « Un au revoir et une présentation : aspects de la personnalité
multidimensionnelle vus à travers ma propre expérience ».
(« Tout ça fait partie du titre ? »)
Oui, avec deux points pour séparer les deux parties de la phrase. Et
accordez-nous un instant. (Une pause.)
À l’époque historique du Christ, j’étais un homme nommé Millenius, à
Rome. Dans cette vie, mon activité principale était celle d’un marchand,
mais j’étais un personnage extrêmement curieux, et mes voyages me
faisaient rencontrer des groupes de gens très divers.
Physiquement, j’étais rond et corpulent, pas du tout patricien dans mon
apparence, et mes vêtements étaient souvent désordonnés. Nous avions
l’habitude de priser une certaine sorte de paille. J’en prenais tout le temps,
et j’en répandais souvent sur ma tunique.
Ma maison était située dans la partie la plus affairée de la ville, au nord-
ouest, juste au-delà de ce que vous appelleriez le cœur de la ville. Je
vendais différents articles, dont des cloches pour les ânes. Ce n’est pas un
produit très grandiose, mais les familles qui vivaient dans les fermes à
l’extérieur de Rome trouvaient mes cloches très utiles. Chacune avait un
son particulier, et chaque famille reconnaissait son âne, parmi la multitude
d’ânes semblables, au son de sa cloche.
(22h08.) Les ânes étaient également utilisés pour porter des charges dans
de multiples corps de métiers, à l’intérieur de Rome même, en particulier
pour les métiers les plus modestes. Le nombre des cloches, leur tonalité
particulière, leur couleur même, tout avait une signification. Au milieu de
l’agitation de la ville, ces cloches particulières étaient donc reconnues par le
pauvre ou par l’esclave qui venait acheter des produits – souvent des
aliments fanés provenant de chariots lourdement chargés.
Les cloches ne représentaient qu’une petite partie de mon commerce, qui
portait surtout sur la toile et la teinture, mais elles me fascinaient. Mon
intérêt pour elles me menait dans la campagne et la région voisine, me
faisant voyager plus loin qu’un homme prudent ne l’aurait fait. Les cloches
étaient devenues mon occupation favorite. Ma curiosité me poussait à aller
de plus en plus loin pour en trouver de nouvelles, me mettant ainsi en
contact avec des gens que je n’aurais pas rencontrés autrement.
(22h11.) Je n’avais pas d’instruction, mais j’étais astucieux et vif d’esprit.
J’avais découvert que diverses sectes juives, à la fois à Rome et en dehors,
utilisaient des cloches spéciales. J’étais Romain et j’étais un citoyen, mais
ma citoyenneté avait peu de signification, sinon qu’elle m’apportait une
sécurité minimale dans ma vie quotidienne ; dans mon commerce, je
rencontrais autant de Juifs que de Romains. Socialement, j’étais à peine au-
dessus d’eux. (Première touche d’humour de Seth dans ce chapitre.)
Les Romains ne savait pas précisément combien il y avait de Juifs à
Rome à cette époque. Ils se contentaient d’une estimation. Les cloches des
ânes qui appartenaient aux zélotes portaient le symbole d’un œil (Jane, en
tant que Seth, indique l’un de ses yeux). Ils s’introduisaient secrètement
dans la ville, en se cachant autant des Juifs que des Romains. C’étaient de
bons vendeurs, et ils m’ont souvent pris plus que je ne méritais de perdre.
J’ai entendu parler du Maître de Justice par l’un de ses cousins nommé
Sheraba…
(« Pouvez-vous épeler ? » Seth le fait, et nos orthographes concordent.
On voit par les paragraphes précédents que Seth change de lieu, passant
de Rome à la Judée sans dire comment ni quand. J’aimerais en savoir plus
sur les modalités du déplacement, mais je décide de ne pas l’interrompre
davantage pour l’instant.)
… qui était, d’après ce que je pus comprendre à l’époque, un assassin
« sacré ». Il était ivre le soir où je lui ai parlé, dans une écurie puante à
l’extérieur de Jérusalem. C’est lui qui m’a parlé du symbole de l’œil. Il m’a
dit aussi que cet homme, le Christ, avait été capturé par les esséniens. Je ne
l’ai pas cru. D’ailleurs, à cette époque-là, je ne savais pas qui était le Christ.
(Une pause à 22h28. Le débit de Jane a été lent. Les quatre grandes
sectes juives connues pour prospérer en Terre sainte au début du Ier siècle
étaient les sadducéens, les pharisiens, les zélotes et les esséniens.)
À l’époque du Christ, très peu de gens connaissaient son existence. Pour
dire les choses vulgairement (et avec humour), je savais que quelqu’un
avait le ballon, mais je ne savais pas qui. La situation s’est finalement
révélée à moi, et à beaucoup d’autres, par les rêves.
D’une façon générale, les chrétiens ne voulaient pas de convertis
romains. Plus tard, j’en ai été un, et on ne m’a jamais fait confiance à cause
de ma nationalité. Mon rôle dans ce drame a simplement consisté à me
familiariser avec sa fondation physique ; à participer, quoique discrètement,
à cette ère. Bien plus tard, selon vos termes, j’allais finalement devenir un
pape mineur, au IIIe siècle, et retrouver certains de ceux que j’avais connus –
et, si vous voulez bien excuser une note d’humour, j’allais me retrouver
encore une fois tout près du son des cloches.
(Seth a fait allusion pour la première fois à son incarnation en pape
mineur dans une session du cours de perception extrasensorielle de Jane, le
25 mai 1971. Environ dix-huit personnes étaient présentes. La session a été
enregistrée ; les citations suivantes sont donc mot pour mot. Seth était de
très bonne humeur, et presque un peu grivois :
« … Car j’ai été un pape en 300 après J.-C. Je n’étais pas un très bon
pape.
« J’avais deux enfants illégitimes (rires de la classe), une maîtresse qui
se glissait dans mon cabinet privé, un magicien que je gardais pour le cas où
je ne m’en sortirais pas tout seul, une servante qui est tombée enceinte
chaque année où je l’ai eue, et trois filles qui sont entrées au couvent parce
que je n’en voulais pas – mon portrait tient en trois maigres lignes, car mon
règne n’a pas duré très longtemps.
« Maintenant. J’avais une grande famille – ou plutôt, je venais d’une
grande famille, et j’étais ambitieux, comme tout jeune homme intelligent de
l’époque. Je n’étais pas tenté par la carrière militaire, il ne restait donc que
l’Église.
« Pendant une période, je n’étais pas à Rome même : je répondais ailleurs
à l’appel de la religion. J’ai écrit deux lois de l’Église, ce qui montre que
toute chose finit par avoir du bon. Je suis mort de problèmes digestifs, car
j’étais un vrai goinfre. Mon nom n’était pas Clément (en réponse à la
question d’un membre du cours), bien que Clément soit un beau prénom.
« Au départ, on m’appelait Protonius. Maintenant, accordez-moi un
instant. Le nom de famille n’est pas du tout aussi clair, et ce n’est pas mon
nom papal, mais – si vous vous voulez bien excuser ce terme – mon nom
commun : Meglemanius III. Originaire d’un petit village.
« À moins que je convoque le moi que j’étais à cette époque, le souvenir
des détails n’est pas très net. Mais je vous les donne tels que je m’en
souviens, sans aller les vérifier directement auprès de notre ami le pape qui,
vous devez le comprendre, a suivi son propre chemin. Nous n’avions pas
tellement de gardes à l’époque, mais nous avions beaucoup de tableaux et
de bijoux d’une grande valeur qui avaient été volés. Or certains de ces
bijoux, de même que l’argent, ont servi à l’époque à financer des
expéditions dont vous ignorez l’existence, qui avaient pour but d’envoyer
des bateaux en Afrique et d’y faire du commerce ; et cet intérêt avait un lien
avec la vie que j’ai vécue plus tard, quand je me suis occupé de l’origan (en
tant que marchand d’épices dans le Danemark du XVIe siècle). Pour moi,
priser remonte à des siècles.
« Deux frères très unis contrôlaient l’Italie de l’époque. Je devrais peut-
être dire deux hommes – l’un se trouvant à la plus haute fonction, l’autre
étant son chancelier – avec qui j’étais en relation en tant que pape ; et
j’envoyais également des troupes dans le nord.
« Nous n’avions pas encore commencé à insister lourdement sur les
indulgences ; je ne disposais donc pas de l’argent supplémentaire qu’elles
allaient rapporter. Je croyais et ne croyais pas, tout comme vous (à un
membre du cours) qui, plus tôt dans votre vie, avez cru tout en ne croyant
pas ; je réussissais très bien à me dissimuler à moi-même ce que je croyais
et ce que je ne croyais pas. Or, plus on accède au pouvoir, plus il est
difficile de se dissimuler ces choses.
« J’avais beaucoup d’affection pour ma première maîtresse, dont le nom
était Maria. Et il n’existait pas de lois sensées comparables à celles qui vous
entourent à présent : et on ne pouvait siéger dans aucun gouvernement aussi
établi que ceux dont vous bénéficiez à présent.
« Je croyais implicitement dans le Dieu avec lequel j’avais été élevé, et je
croyais à cette croyance. C’est seulement plus tard que je me suis demandé
comment un tel Dieu pouvait me choisir pour occuper pareille fonction – et
j’ai commencé à me poser des questions. Après cela, j’ai eu quatre vies aux
circonstances des plus défavorables, histoire de bien comprendre la
différence qui existe entre le luxe et la pauvreté, entre l’arrogance et la
compassion. Et il y eut des jours, en d’autres siècles, où j’arpentais les
mêmes rues que lorsque j’avais été pape. En tant que pape, je les effleurais
légèrement ; en tant que paysan, je marchais d’un pas traînant, en portant de
lourdes charges – jusqu’à ce que j’apprenne les leçons que j’avais à
apprendre, tout comme chacun d’entre vous va apprendre ses propres
leçons. »
Avec ce texte, nous ne savons pas de quel pape parle Seth. Lorsque j’ai
dactylographié cette session, je me suis demandé si la mention du IIIe siècle
par Jane-Seth pouvait être une erreur. Si c’est le cas, je n’ai pas été assez
rapide à la repérer pour poser la question immédiatement. Comme Seth
donne la date de 300 après J.-C. dans une session de cours en mai dernier,
je pense personnellement que son incarnation papale se situe plus
vraisemblablement à la suite de cette date, soit au cours du IVe siècle. Le
IVe siècle couvre les années 301 à 400, puisque notre calcul moderne du
temps se fonde sur la date supposée de la naissance du Christ.
L’Encyclopaedia Britannica fait la liste de onze papes et de deux antipapes
entre 296 et 401. Certains de ces règnes ont été très courts, et certaines
dates sont incertaines ou supposées.
Bien entendu, nous aimerions en savoir davantage sur l’incarnation en
question. Comme Seth l’a déjà indiqué, il existe ici une richesse
d’informations qui ne demande qu’à être exploitée. Ce qui amène à un
dilemme que Jane a souvent rencontré : sur quoi faire des recherches,
parmi les multiples possibilités qui s’offrent à tout moment ; et, une fois ce
choix fait, comment trouver le temps nécessaire.)
Mon but n’est pas de détailler ici mes existences passées, mais de les
utiliser pour établir certains points. Avant tout, j’ai été à de nombreuses
reprises aussi bien un homme qu’une femme, et je me suis plongé dans
différentes occupations, mais toujours avec l’idée d’apprendre, pour
pouvoir enseigner. J’ai donc eu une solide expérience physique, base
nécessaire à mon « travail » présent.
Je n’ai pas joué le rôle d’une personnalité impressionnante, d’importance
historique, mais j’ai fait l’expérience des détails intimes de la vie
quotidienne, de la lutte ordinaire pour réussir, du besoin d’amour. J’ai
appris l’inexprimable aspiration du père pour le fils, du fils pour le père, de
l’époux pour l’épouse, de l’épouse pour l’époux, et je suis tombé la tête la
première dans le réseau intime des rapports humains. Avant ce que vous
considérez comme l’Histoire, j’ai été un Lumanien, et je suis ensuite né
dans l’Atlantide.
Pour utiliser vos références historiques, je suis revenu au temps de
l’homme des cavernes en tant que Parleur. D’ailleurs, j’ai toujours été
Parleur, quel que soit mon métier physique. J’ai été marchand d’épices au
Danemark, et j’y ai connu Ruburt et Joseph. Dans plusieurs vies, j’ai été
noir – une fois dans ce qu’on appelle à présent l’Éthiopie, et une fois en
Turquie.
Mes vies en tant que moine ont suivi mon expérience de pape et, dans
l’une de ces vies, j’ai été victime de l’Inquisition espagnole. Mon
expérience dans les vies féminines va de celle d’une vieille fille hollandaise
sans beauté à celle d’une courtisane au temps du David de la Bible, en
passant par plusieurs existences en tant qu’humble mère de famille.
Or, lorsque j’ai commencé à entrer en contact avec Ruburt et Joseph, je
leur ai caché le fait de mes nombreuses vies. (Sourire.) Ruburt, en
particulier, n’acceptait pas la réincarnation ; l’idée d’une telle multitude de
vies lui aurait paru tout à fait scandaleuse.
Les époques, les dates et les noms sont beaucoup moins importants que
les expériences elles-mêmes, et elles sont trop nombreuses pour être toutes
répertoriées ici. Je veillerai cependant, à un certain moment, à ce qu’elles
soient pleinement accessibles. Certaines ont été données dans les sessions
du cours de Ruburt, et d’autres, en très petit nombre toutefois, sont parues
dans The Seth Material.
Dans un livre sur la réincarnation, j’aimerais que chacune de mes
personnalités précédentes parle pour elle-même, car elles devraient toutes
raconter leur propre histoire. Vous devez donc comprendre que ces
personnalités existent toujours et sont indépendantes. Ce que je suis
semblait alors être contenu dans ces personnalités, mais je n’en étais que la
graine. Selon vos termes, je peux me rappeler qui j’étais ; en termes plus
vastes, cependant, ces personnalités devraient parler pour elles-mêmes.
On pourrait faire ici une comparaison entre cette situation et l’état de
régression sous hypnose. Mais ces personnalités ne sont pas enfermées à
l’intérieur de ce que je suis. Elles ont évolué à leur façon. Elles ne sont pas
niées. Selon ma façon de voir, elles coexistent avec moi, mais dans une
autre couche de réalité.
Maintenant. Faites votre pause.
(22h56. Jane dit qu’elle était complètement ailleurs. Comme il arrive
parfois, des images et des souvenirs liés au matériau commencent à lui
revenir pendant que nous parlons. Elle a éprouvé un sentiment d’expansion,
une impression de grandes foules. Puis elle se rappelle une écurie puante
avec de la paille sale, et « trois hommes vêtus de tuniques brunes et sales,
en toile grossière ».
Jane reste assise, à moitié en transe, « en train de voir plus de choses
maintenant que pendant la session elle-même ». C’est comme si une lumière
en elle faisait le point sur une zone particulière. Elle voit de la graisse, ou
la cire d’une bougie tomber sur l’une des tuniques et la tacher. Dans
l’écurie, de longues bottes de paille de forme ovale sont empilées « presque
jusqu’au plafond, pour les garder au sec. Chaque botte est liée, mais pas
couverte ».
Puis elle sent une odeur très rance. « Seth a une sorte de savon parmi ses
articles – un mélange affreux de soude et d’eau de rose, dit-elle, stupéfaite,
en fronçant les narines. C’est dans une sorte de sac en toile ; un sac double,
comme la besace qu’on jette sur un cheval… Je le vois pratiquement en
face de moi. Je pourrais le dessiner, mais ça ne présente pas d’intérêt.
C’est tout – tout ça a surgi quand tu as commencé à en parler, dit-elle
finalement. Je n’ai pas eu de vision plus importante, et je ne savais pas
jusqu’où la suivre. Quand j’ai vu cette besace, c’est tout ce que j’ai vu… »
Jane est visiblement beaucoup plus détendue maintenant que lorsqu’elle
a commencé le chapitre. Elle bâille profondément à plusieurs reprises, et
elle a le regard mouillé. Je suggère de mettre fin à la session, mais elle veut
continuer. Reprise à 23h19.)
Dans plusieurs vies, j’ai eu conscience de mes « existences passées ».
Une fois, en tant que moine, je me suis retrouvé en train de copier un
manuscrit qui avait été écrit par moi-même dans une autre vie.
Je me suis souvent adonné à l’amour du poids, et je l’ai possédé. Deux
fois, je suis mort de faim. J’ai toujours trouvé mes morts hautement
éducatives – après coup, selon vos termes. C’était toujours une leçon, entre
les vies, de suivre à la trace les pensées et les évènements qui « avaient
mené à une fin donnée ».
Aucune de mes morts ne m’a surpris. Pendant le processus, j’en sentais le
caractère inévitable ; je le reconnaissais, et j’éprouvais même un sentiment
de familiarité : « Bien sûr, cette mort particulière est mienne et à personne
d’autre. » J’acceptais même les circonstances les plus saugrenues, j’en
éprouvais presque un sentiment de perfection. Telle vie ne pouvait pas
s’achever correctement sans cette mort-là.
Il y a un grand sentiment d’humilité, en même temps qu’un fort
sentiment d’exaltation, quand le moi interne ressent sa liberté au moment de
la mort. Toutes mes morts ont été le complément de mes vies, et il me
semblait qu’il n’aurait pas pu en être autrement.
(Une longue pause à 23h29.) Si je le souhaite, je peux revivre, selon vos
termes, n’importe quelle partie de ces existences, mais ces personnalités
font leur propre chemin. Vous me comprenez ?
(« Oui. »)
À un niveau subjectif, j’ai agi en tant qu’enseignant et Parleur dans
chacune de mes vies. Dans quelques existences tout à fait intuitives, je m’en
suis rendu compte. Vous ne comprenez pas encore la grande importance du
dessous de la conscience. À côté de votre rôle objectif dans chaque vie, vos
défis réincarnationnels concernent aussi vos états de rêve ; des flux de
créativité croissent et décroissent en dessous du monde quotidien que vous
connaissez. Je suis ainsi devenu très compétent en tant que Parleur et
enseignant dans plusieurs vies qui, vues de l’extérieur, semblaient sans
intérêt.
Dans ces cas-là, mon influence, mon travail et mes préoccupations
étaient beaucoup plus larges que mes tranquilles buts objectifs. Je vous
donne ces informations en espérant qu’elles puissent vous aider à
comprendre la nature véritable de votre propre réalité. Pourtant, mes
existences réincarnationnelles ne définissent pas ce que je suis, pas plus que
les vôtres ne vous définissent.
Maintenant, vous pouvez faire une pause ou terminer la session, comme
vous préférez.
(« Nous allons faire une pause. » 23h35. Quand j’ai l’impression que
Jane préfère continuer la session, je demande une pause au lieu d’y mettre
fin. Le débit a été lent, et Jane se rend compte qu’elle n’est pas partie très
longtemps.
« Je ne sais pas s’il faut continuer ou pas, dit-elle après un bref échange.
Je sais ce que Seth a prévu, mais je ne sais pas comment il va s’y prendre.
— Qu’est-ce que tu veux dire ? Je ne comprends pas…
— Il va laisser Seth 2 intervenir. »
Il est question de Seth 2 dans le chapitre 17 du livre de Jane, The Seth
Material. Cette personnalité parle occasionnellement pendant le cours de
perception extrasensorielle, mais rarement dans nos sessions personnelles.
Dans le plan du livre que Seth a donné avant de commencer la dictée, il
nous a dit que Seth 2 serait expliqué. Certaines de nos questions pour le
chapitre 20 concernaient également Seth 2. J’avais temporairement oublié
ces deux points – d’où ma surprise.
Mais maintenant, à 23h40, Jane ne sait pas si elle doit terminer la
session, comme je viens de le lui suggérer, ou la poursuivre. Elle décide
finalement de « rester simplement assise en silence pendant un instant ».
Puis : « Je ne sais pas si je dois arrêter ou pas – ça pourrait continuer
pendant une heure… » Je lui dis que je suis partant si elle l’est. Seth
reprend à 23h45.)
L’âme se connaît, elle ne se perd pas dans les termes et les définitions. En
vous montrant la nature de ma réalité, j’espère vous enseigner la nature de
la vôtre.
Vous n’êtes liés à aucune catégorie, à aucun coin de l’existence. Votre
réalité ne peut pas être mesurée ; pas plus que la mienne. En écrivant ce
livre, j’espère illustrer la fonction de la conscience et de la personnalité, et
élargir vos concepts.
Or je vous ai dit pour commencer que je dictais ce matériau par le biais
d’une femme pour qui j’ai de l’affection. Permettez-moi maintenant de vous
dire que d’autres réalités sont concernées. Les paragraphes suivants vont
être écrits par une autre personnalité, avec qui je suis lié à peu près de la
même façon que je suis lié à la femme par qui je parle.
(Une pause à 23h51. Je vois une transformation s’accomplir en Jane, au
moment où notre Seth familier se met en retrait et où Seth 2 commence à
occuper le premier plan. En même temps, je sais que, subjectivement, Jane
éprouve la sensation d’un « cône » ou d’une « pyramide » qui descend sur
sa tête. Jane m’a souvent dit qu’elle sent Seth venir à elle d’une manière
très chaleureuse, vivante et amicale, alors qu’elle sent sa propre conscience
sortir d’elle pour aller à la rencontre de Seth 2 – « en haut d’une pyramide
invisible, comme un courant d’air dans un conduit de cheminée ». Elle ne
sait pas où elle va, ni comment elle revient. Elle a l’impression que son
corps reste en arrière.
Jane est assise très droite dans son fauteuil à bascule, les avant-bras
posés sur les accoudoirs, les pieds à plat sur le tapis. C’est la nuit, il fait
chaud et humide ; les fenêtres de notre salon sont ouvertes, et je prends
conscience du bruit de la circulation. J’entends quelqu’un se déplacer dans
l’appartement du dessus.
Les yeux de Jane sont fermés mais s’entrouvrent de temps en temps. Elle
sourit légèrement en parlant pour Seth 2. La voix qui sort d’elle est très
haut placée, distante et formelle, avec peu de volume ou d’emphase.
Chaque mot est prononcé avec précaution, de façon délibérée, presque
délicate. C’est comme si Seth 2 n’était pas habitué aux cordes vocales et
aux mots, et prenait soin d’employer ces mécanismes exactement de la
bonne manière. Le contraste entre les deux Seth ne pourrait pas être plus
marqué.)
Nous sommes les voix qui parlent sans avoir de langue. Nous sommes les
sources de l’énergie dont vous êtes issus. Nous sommes des créateurs ;
pourtant nous avons été créés. Nous avons ensemencé votre univers comme
vous ensemencez d’autres réalités.
Nous n’existons pas en termes historiques, et nous n’avons pas connu
l’existence physique. Notre joie a créé l’exaltation d’où vient votre monde.
Notre existence est telle que la communication avec vous doit passer par
d’autres.
Les symboles verbaux n’ont pas de sens pour nous. Notre expérience
n’est pas traduisible. Nous espérons que notre intention l’est. Dans le
champ immense et infini de la conscience, tout est possible. Chaque pensée
a un sens. Nous percevons vos pensées comme des lumières. Elles forment
des schémas. (Chaque syllabe est prononcée séparément avec un grand
soin.)
À cause des difficultés de communication, il nous est presque impossible
d’expliquer notre réalité. Sachez simplement que nous existons. Nous vous
envoyons une vitalité sans mesure, et nous apportons notre soutien à toutes
les structures de conscience qui vous sont familières. Vous n’êtes jamais
seuls. (Une pause.) Nous vous avons toujours envoyé des émissaires qui
comprennent vos besoins. Bien que vous ne nous connaissiez pas, nous
vous chérissons.
Seth est un point de référence pour moi, un point de référence pour nous.
Il est une ancienne partie de nous. (Une pause.) Nous sommes séparés mais
unis. (Une longue pause.) Toujours, l’esprit forme la chair.
(0h06. C’est la fin de la session. Comme toujours quand c’est Seth 2 qui
parle, la fin n’est pas annoncée ; elle intervient sans l’échange chaleureux
et affectueux qui se produit souvent entre Seth, Jane et moi.
Les paupières de Jane sont lourdes. Pendant quelques minutes, elle a du
mal à garder les yeux ouverts. Elle n’a pas changé de position dans son
fauteuil pendant la durée de la dictée, et elle a ressenti l’effet habituel de
cône. J’ai dû demander que deux ou trois mots, couverts par le bruit de la
circulation, soient répétés.)
SESSION 589
MERCREDI 4 AOÛT 1971
SESSION 590
LUNDI 9 AOÛT 1971
(22h05. La session commence tard ce soir parce que Jane et moi sommes
allés à une fête surprise donnée pour les vingt-cinq ans de mariage d’un
membre du cours de perception extrasensorielle. L’évènement a été un
franc succès.
Pendant le dîner, nous parlons des dates que Seth a données par rapport
à sa vie de pape, à la fois dans la session du cours de perception
extrasensorielle du 25 mai 1971 et dans la session 588 de ce chapitre. Je
me demande si j’ai raison de penser que l’incarnation papale de Seth a eu
lieu au ive siècle ; Jane me dit qu’elle a « reçu » l’année 325, ce qui semble
une confirmation. Plus tard, dans la session de ce soir, à notre grande
surprise, Seth ajoute quelques données concernant cette vie.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
C’était dans les années 300.
(« Merci. »)
Quelques remarques pour éclairer votre lanterne. Les archives de cette
époque, et de celles qui ont suivi pendant un certain temps encore,
manquent souvent de fiabilité. Elles ont été modifiées. Parfois, on trouve le
nom d’un homme qui a régné pendant un certain nombre d’années.
Or il se peut que l’homme d’origine ait été assassiné, qu’un autre ait pris
sa place et fasse, par rapport au peuple, comme s’il n’y avait eu aucun
changement. Le poison était courant, et de toute façon, ceux qui
soupçonnaient la vérité n’osaient pas parler.
Les archives présentent par exemple le règne d’un seul pape pour une
période ; mais deux ou trois hommes ont pu occuper cette fonction. Dans ce
genre de cas, un vacillement, un changement de politique sert d’indice.
Maintenant, accordez-nous du temps. (Une pause à 22h11.) Il y avait
aussi des hommes que l’on appelait les « petits papes », qui suivaient une
formation ambitieuse et qui étaient suivis avec attention. S’ils avaient une
chance de gagner la course, la récompense risquait d’être importante pour
leurs partisans. Ces hommes n’étaient d’ailleurs pas particulièrement pires
dans leurs actions que le reste du peuple. Leur situation leur donnait
simplement plus de marge de manœuvre.
Les dates 325 et 375 viennent à l’esprit en rapport avec ma propre vie à
cette époque. Encore une fois, les noms et les dates ont peu de sens pour
moi maintenant. Dans cette vie-là, j’ai appris à comprendre l’interaction qui
existe entre l’homme et ses ambitions, le gouffre qui sépare souvent les
idéaux de l’action pratique.
Il faut aussi comprendre que la politique était un bras légitime de
l’Église, à cette époque ; on attendait d’un homme d’Église qu’il soit un
excellent politicien. Je crois avoir passé un certain temps dans un endroit
qui sonne comme Caprina, également durant cette vie.
(Une longue pause à 22h20.) Un cousin, ou un frère, a été important pour
moi. Il a fini dans de graves difficultés, pris dans des affaires de
contrebande avec les Espagnols.
Il y avait alors un groupe secret nommé les Adeptes de la maternité de
Dieu. On les considérait comme des hérétiques, et j’ai plusieurs fois reçu
des pétitions contre eux. Cela concernait la situation de la Vierge dans le
dogme de l’Église.
Nous en avons maintenant terminé avec ces remarques, vous pouvez faire
une pause.
(22h25. « Je savais que c’était ça qu’il faisait », dit Jane, ajoutant
qu’elle s’est juste laissée porter ; son débit a été plutôt lent, mais s’accélère
lorsqu’elle reprend à 22h32.)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée.
Vous n’êtes pas voués à vous dissoudre dans Tout-ce-qui-est. Les aspects
de votre personnalité, tels que vous les comprenez actuellement, seront
retenus. Tout-ce-qui-est est le créateur de l’individualité, et non le moyen de
sa destruction.
Mes propres personnalités « précédentes » ne sont pas dissoutes en moi,
pas plus que vos personnalités « passées ». Toutes sont vivantes et
essentielles. Toutes font leur propre chemin. Vos personnalités « futures »
sont aussi réelles que vos personnalités passées. Après un certain temps,
cela ne vous concernera plus. En dehors du cadre réincarnationnel, il n’y a
pas de mort, telle que vous la concevez.
Mon propre cadre de référence n’est cependant plus focalisé sur mes
existences réincarnationnelles. J’ai orienté mon attention dans d’autres
directions.
Comme toutes les vies sont simultanées et que toutes se produisent en
même temps, toute séparation est d’ordre psychologique. J’existe tel que je
suis pendant que mes vies réincarnationnelles continuent – selon vos
termes – à exister. Pourtant, maintenant, elles ne me concernent plus, et ma
concentration se dirige vers d’autres zones d’activité.
(22h41.) La personnalité change, qu’elle soit à l’intérieur d’un corps ou
en dehors ; ainsi, vous changerez après la mort, tout comme vous changez
avant elle. En ces termes, il serait ridicule de vouloir à tout prix demeurer,
après la mort, identique à ce que vous êtes maintenant. C’est comme un
enfant qui dirait : « Je vais grandir, mais je ne changerai jamais les idées qui
sont les miennes maintenant. » Les qualités multidimensionnelles de la
psyché lui permettent de connaître un domaine infini de dimensions.
L’expérience dans une dimension ne nie en aucune façon l’existence dans
une autre.
Vous avez essayé de coincer l’âme dans des concepts étroits sur la nature
de l’existence, et de faire en sorte qu’elle s’en tienne à vos croyances
limitées. La porte de l’âme est ouverte, et elle donne sur toutes les
dimensions de l’existence.
(22h50.) Cependant, si vous pensez que le moi que vous connaissez est la
fin ou la somme de vous-même, vous imaginez votre âme comme une entité
limitée, bornée par ses aventures actuelles dans une seule vie, et qui sera
jugée après la mort en fonction de ce qui aura été accompli en quelques
maigres années.
À bien des égards, c’est un concept confortable, même s’il peut aussi être
effrayant pour certains, avec ses connotations de damnation éternelle. Mais
c’est une idée bien trop ordonnée pour évoquer les splendides
enrichissements qui se trouvent au cœur de la créativité divine. L’âme se
tient à la fois au-dedans et en dehors de l’étoffe de la vie physique que vous
connaissez. Le fait de posséder une conscience interne éternelle ne vous
sépare pas des animaux et du reste de l’existence. Cette conscience est
présente en tout être vivant, et en toute forme.
Vous pouvez faire une pause.
(22h55. Cela s’avère être la fin de la session.)
SESSION 591
MERCREDI 11 AOÛT 1971
(Seth consacre trois sessions entières et une partie de deux autres à son
appendice. Celui-ci contient des informations supplémentaires sur plusieurs
sujets déjà abordés dans le corps du livre, comme les points de
coordination, les époques bibliques et leurs archives, les objets en tant que
symboles, la réincarnation ou l’expansion de la conscience. Les sessions
592 et 594 sont particulièrement troublantes, car les évènements qui
interviennent pendant ces sessions soulignent et illustrent le matériau dicté.
Nous avons également ajouté des fragments de six autres sessions. Cinq
sont des sessions de cours ; l’une est incluse parce qu’elle s’intègre aux
explications concernant l’organisation après la mort au chapitre 9. Une
autre contient une excellente description de la vraie spiritualité. Dans les
autres extraits de cours, Seth répond à des questions qui peuvent aussi
venir à l’esprit des lecteurs.
Ces sessions témoignent également du rapport personnel de Seth avec les
autres. Il explique les pulsations de l’atome à un ingénieur, discute santé
mentale avec une infirmière et agression avec un attaché ministériel – tous
membres du cours. Le sixième passage est tiré d’une session tenue pour un
étudiant ; Seth y aborde pour la première fois la question des Parleurs.)
SESSION 592
LUNDI 23 AOÛT 1971
SESSION 593
LUNDI 30 AOÛT 1971
SESSION 594
LUNDI 13 SEPTEMBRE 1971
SESSION 595
LUNDI 20 SEPTEMBRE 1971
SESSION 596
LUNDI 27 SEPTEMBRE 1971
(21h24. Après le dîner, Jane et moi avons travaillé pendant environ une
heure à la lecture des épreuves du livre, puis nous sommes allés faire une
promenade. C’est une soirée d’automne agréable, chaude et humide ; il fait
déjà nuit et il y a des feuilles mouillées un peu partout.
Nous sommes de retour à 20h30. Nous nous asseyons dans le salon sans
allumer la lumière, pour voir au-dehors. Jane a fini aujourd’hui son
introduction au livre de Seth. Cela lui a rappelé son propre manuscrit,
L’Univers physique comme idée construite, dont elle parle d’ailleurs dans
l’introduction. Elle l’a relu aujourd’hui, et ce texte continue à l’intriguer.
Elle me dit à nouveau qu’elle aimerait bien en faire quelque chose un jour.
Nous laissons passer 21h00 sans nous en rendre compte, absorbés par la
discussion. J’allume deux lampes quand nous nous préoccupons finalement
de tenir une session. Jane voudrait davantage de matériau pour
l’appendice. Elle dit que ce soir, le salon a l’air « différent », de façon
significative ; et que c’est une « bonne différence ». Elle commence à parler
pour Seth d’une voix très calme. Son débit est assez lent, ses yeux sont
souvent fermés.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. L’Univers physique comme idée construite, cité par Ruburt
dans son introduction, représente en effet le premier contact formel entre
nous, même si Ruburt ne s’en est pas rendu compte à l’époque.
Cette expérience est intervenue dans le cadre d’une inspiration fortement
accélérée. Sa conscience n’a quitté son corps que lorsqu’il s’est retrouvé en
plein milieu de ce qui était pour lui une inspiration d’une intensité presque
insupportable. Si, au lieu de cela, ses habitudes l’avaient conduit à prier
régulièrement, par exemple, ce cadre-là aurait pu être utilisé. Dans tous les
cas de ce genre, on trouve les mêmes qualités : la faculté de regarder à
l’intérieur de soi et de se concentrer profondément, de perdre, dans la
contemplation et le désir intense d’apprendre, les contours précis du moi
orienté sur le monde physique. Ces qualités doivent être accompagnées
d’une certaine confiance intérieure, de l’assurance que l’on peut recevoir
directement une connaissance pertinente. Ceux qui croient connaître toutes
les réponses n’ont pas de raison de les chercher.
Pour une personnalité donnée, ce type d’information, cette écriture
inspirée semblent en général faire partie d’un cadre déjà établi. Le contexte
où apparaît cette connaissance varie donc beaucoup. Dans certains cas, le
cadre lui-même est utilisé une dernière fois, et la connaissance inspirée – la
connaissance elle-même – échappe au cadre qui lui a donné naissance et
grandit dans un contexte plus large.
(Une pause à 21h35, parmi beaucoup d’autres. Mais la dictée de Jane est
plus vigoureuse à présent.)
Par-dessus tout, les individus qui reçoivent ainsi de l’informations dans
un état de conscience élargie sont ceux qui ressentent déjà profondément en
eux-mêmes des liens non seulement avec la Terre, mais avec des réalités
plus profondes. Ils ne se rendent souvent pas compte de façon consciente de
cette qualité fondamentale en eux-mêmes. Ce sont des gens qui n’acceptent
pas les réponses toutes faites, qui insistent pour trouver les leurs.
Il peuvent donner l’impression de chercher de façon désordonnée. Il y a
chez eux une belle impatience, une insatisfaction divine, qui les pousse en
avant jusqu’à ce que les frontières internes de leur propre personnalité
finissent par s’ouvrir. La connaissance acquise doit alors être intégrée par la
personnalité physique ; mais de par sa nature même, une connaissance
valide de ce type répand sa propre lumière et fait son chemin.
L’énergie générée par certaines de ces expériences suffit à changer une
vie en quelques instants ; elle peut avoir un effet sur la façon dont les autres
comprennent les choses. La connaissance fait intrusion d’une dimension
d’activité dans une autre. Ces intrusions sont éphémères et très chargées.
Sans qu’il le sache, l’individu qui reçoit ce savoir en fait lui-même partie.
Le timbre affectif de sa personnalité présente est modifié – et de façon
directe – par le savoir qu’il reçoit.
Dans la mesure où l’individu en question demeure fidèle à sa propre
vision, il accède à des possibilités d’expansion qu’il n’aurait pas pu
atteindre autrement. Mais le savoir qu’il reçoit est souvent en conflit avec
les idées et les croyances qui étaient les siennes auparavant. Si tel n’était
pas le cas, la qualité intrusive, et parfois explosive, de ces expériences ne
serait pas nécessaire, car il n’y aurait aucune barrière à franchir.
(Une longue pause à 21h45.) Ces personnalités doivent donc souvent
apprendre à trouver des corrélations avec leur propre connaissance intuitive,
à transformer les cadres intellectuels qui sont assez forts pour apporter leur
soutien à l’intuition. En général, ces personnalités ont également le don de
puiser des quantités inhabituelles d’énergie. Elles doivent souvent
apprendre assez jeunes à ne pas la gaspiller. Elles peuvent donner
l’impression de se disperser tant qu’elles n’ont pas assimilé cette leçon.
Cela se passe souvent à la fin de la trentaine ou au début de la
quarantaine, tout simplement parce que le besoin de connaissance atteint
souvent un pic à ce moment-là. Les schémas de comportement requis sont
suffisamment bien mis en place. L’énergie est dirigée, et l’individu a eu le
temps de constater que les réponses et les cadres communément admis
n’ont pas beaucoup de sens pour lui.
Dans sa manifestation la plus forte, ce type d’expérience peut propulser
une connaissance intuitive à partir d’un domaine privé et lui faire changer
une civilisation. Il y a toujours une charge incroyable dans l’expérience
originale. Elle contient l’énergie condensée d’où surgissent tous les
développements.
La personnalité en question réagit de différentes façons. Des ajustements
importants sont nécessaires, ainsi que, souvent, un changement de
comportement. L’individu se rend compte désormais qu’il est un réseau
vivant de réalité, et cela devient une connaissance consciente immédiate.
(C’est bien sûr ce qui est arrivé à Jane. Pause à 21h58.)
Pareille connaissance exige non seulement un comportement plus réactif
et plus responsable, mais aussi un sentiment d’affinité avec la vie qui
manquait peut-être auparavant. Ce sentiment apporte une sensibilité forte,
stimulante et intense. De nombreux individus ont connu des expansions de
conscience inhabituelles, intenses et parfaitement valides, sans toutefois
réussir à établir des corrélations entre cette connaissance nouvelle et leurs
vieilles croyances, sans parvenir à effectuer les changements nécessaires
pour maîtriser cette sensibilité. De fait, ils n’étaient pas assez forts pour
contenir l’expérience. Dans ce cas-là, ils tentent de la refermer, de la nier,
de l’oublier.
(22h05.) D’autres ne permettent pas à cette expérience de quitter le cadre
ou le contexte dans lequel elle a surgi. Ils ne réussissent donc pas à
s’échapper. Ils ne parviennent pas à se libérer. Si le savoir leur semble
provenir de leur Dieu, par exemple, ils continuent à penser à Dieu de la
même manière, alors que l’expérience et le savoir reçu devraient
justement les emmener bien au-delà.
(La voix de Jane parlant pour Seth est encore assez calme, mais sa dictée
est plus rapide et beaucoup plus intense à présent ; elle fait de nombreux
gestes.)
Ruburt, par exemple, aurait fait la même erreur s’il n’avait pas été mené
par son expérience au-delà de l’inspiration qui lui avait donné naissance.
(Une pause.) Il a donc été propulsé dans de nouveaux concepts parce qu’il a
eu le bon sens de rejeter ceux qu’il avait auparavant, et qu’il a eu le courage
d’aller de l’avant.
Le fait d’avancer l’a exposé (Une longue pause) à mes idées sur le
concept de Dieu. Avant nos sessions, il était si désenchanté par tous les
« sujets religieux » qu’il n’aurait pas pu considérer la moindre question s’y
rapportant.
(S’adressant à moi.) Êtes-vous fatigué ?
(Nous n’avons pas encore fait de pause, mais je fais non de la tête. Il
pleut fort à présent. En plus du bruit de la pluie, j’entends quelqu’un aller
et venir dans l’appartement du dessus.)
Or ces expériences, ces portes vers la connaissance, sont accessibles à
chacun d’entre vous, et dans une certaine mesure, chacun y participe. Elles
prennent la forme plus discrète de pressentiments, de décisions intuitives
soudaines, de changements bénéfiques. Souvent, au milieu de sa vie, un
individu voit soudain les choses clairement, de manière physique, et met ses
affaires en ordre. Ainsi, une vie qui semblait vouée au désastre devient
soudain victorieuse. Ce sont là des déclinaisons de la même expérience,
sous une forme mineure.
(Une pause à 22h15.) Vous disposez, dans la vie normale, dans
l’expérience quotidienne, de toute la connaissance dont vous avez besoin.
Mais il faut d’abord croire qu’elle est disponible et se mettre en position
de la recevoir, en regardant vers l’intérieur, en restant ouverts aux
intuitions et, plus important encore, en ayant le désir de la recevoir.
J’ai dit, quelques paragraphes plus haut, que les individus comme Ruburt
font eux-mêmes partie du savoir qu’ils reçoivent. Cela s’applique à chaque
personne, à chaque lecteur. (Une longue pause.) Il y a une grave idée
fausse. Les gens croient qu’il existe une grande vérité, qu’elle apparaîtra et
qu’ils sauront. Or une fleur est vérité. De même qu’une ampoule, un idiot
ou un génie, un verre ou une fourmi. Et pourtant ils ont peu de
ressemblance extérieure.
(22h24.) Toutes ces réalités apparemment distinctes, séparées,
différentes, sont la vérité. Ruburt fait donc partie de la vérité qu’il perçoit,
et chacun d’entre vous fait partie des vérités qu’il perçoit.
La « vérité », reflétée par Ruburt, devient en un sens une vérité nouvelle,
car elle est perçue de façon unique (comme elle l’est pour chacun de ceux
qui la perçoivent). En ces termes, ce n’est pas une vérité plus petite, ou plus
grande. C’est une vérité nouvelle.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(22h26. Jane met quelques minutes à sortir de cette transe très profonde.
Sa voix est restée modérée la plupart du temps, mais s’est faite très intense.
Elle n’a pas du tout conscience d’avoir parlé pendant plus d’une heure.
« Ouah ! il m’a vraiment fait partir, cette fois, dit-elle. Et je sais pourquoi.
Le bruit là-haut commençait vraiment à me déranger, alors Seth m’a fait
plonger encore plus profondément. »
« Je savais que j’allais obtenir quelque chose sur L’idée construite pour
l’appendice, poursuit-elle. Cette soirée est spécialement agréable. » Elle est
très contente de la session. Je me dis qu’elle a été particulièrement sensible
au bruit ce soir parce qu’elle ne voulait pas être interrompue pendant
qu’elle recevait ce matériau particulier. L’appartement du dessus est
maintenant silencieux.
Les effets de cette transe profonde persistent. Jane bâille à plusieurs
reprises. Elle marche de long en large tout en sirotant une bière et en
fumant une cigarette. Une pluie tiède continue à tomber. Je demande à Jane
si elle veut arrêter la session, mais elle choisit de continuer, malgré ses
bâillements.
Reprise, de la même manière, à 22h45.)
Maintenant. Ces « nouvelles vérités » peuvent bien sûr être très
anciennes, mais la vérité n’a pas toujours la même apparence, les mêmes
contours, la même forme ou la même dimension. Par conséquent, ceux qui
persistent à préserver leur vérité de tout questionnement risquent de détruire
la validité de leur propre connaissance.
Encore une fois, ceux qui sont tellement sûrs de leurs réponses manquent
du besoin de savoir qui pourrait les conduire vers des dimensions de
compréhension plus importantes. Toute expansion valide de la conscience
fait elle-même partie du message. La personnalité rencontre la vérité
vivante et sait que la vérité n’existe qu’en ces termes.
J’utilise l’expression « expansion de la conscience », plutôt que celle,
plus fréquente, de « conscience cosmique » (Une pause), parce que cette
dernière implique l’expérience de proportions inaccessibles au genre
humain pour le moment. (Une pause.) Certaines expansions de conscience
intenses peuvent sembler cosmiques, par contraste avec votre état normal,
mais elles indiquent à peine les possibilités de conscience qui vous sont
accessibles maintenant, et s’approchent encore moins de la conscience
cosmique véritable.
(22h55.) Les idées présentées dans ce livre devraient permettre à de
nombreux lecteurs d’élargir leur perception et leur conscience selon des
modes qu’ils ne croyaient peut-être pas possibles. Le livre lui-même est
écrit de façon à ce que ceux qui sont prêts à apprendre puissent en tirer
parti. Il y a une signification dans les mots écrits, mais il y a également
entre eux des connexions non visibles, mais signifiantes, pour différents
niveaux de la personnalité.
(Jane, en transe, essaie à plusieurs reprises d’enflammer une allumette,
mais la pochette est manifestement humide. Elle doit finalement reposer sa
cigarette non allumée.)
L’intégrité de toute information intuitive dépend de l’intégrité interne de
la personne qui la reçoit. L’expansion de la conscience exige donc une
évaluation honnête de soi-même, de ses propres croyances et de ses
préjugés. (Une longue pause à 23h01.) Elle apporte à la fois un don et une
responsabilité. Tous ceux qui souhaitent regarder en eux-mêmes, qui
souhaitent trouver leurs propres réponses, avoir leurs propres « rendez-vous
avec l’univers », doivent donc se familiariser avec le fonctionnement intime
de leur propre personnalité.
C’est tout. (En tant que Seth, Jane se penche en avant, les yeux ouverts et
sombres.
« D’accord. »)
Et c’est pour notre appendice. Vous pouvez poser des questions, faire une
pause ou terminer la session, comme vous préférez.
(« Nous allons faire une pause. » De 23h02 à 23h09.)
Cette connaissance de soi est en elle-même hautement bénéfique ; elle
constitue en un sens sa propre récompense. Il est toutefois impossible de
regarder avec clarté vers l’intérieur si l’on n’est pas prêts à changer
d’attitude, de comportement, de croyances, si l’on n’est pas prêts à
examiner les caractéristiques que l’on considère comme tout à fait
personnelles.
Autrement dit, on ne peut pas examiner la réalité sans s’examiner soi-
même. On ne peut pas faire de rencontres avec Tout-ce-qui-est en dehors de
soi-même, et on ne peut pas se séparer de son expérience. (Une pause.) On
ne peut pas utiliser la « vérité ». On ne peut pas la manipuler. Quiconque
pense manipuler la vérité se manipule lui-même. Vous êtes la vérité.
Découvrez-vous vous-même.
Et maintenant, je vous dis bonsoir. (En tant que Seth, Jane se tape la
cuisse en souriant.
« D’accord, Seth. Merci beaucoup. »)
Nous aurons encore nos sessions quand les circonstances le permettront.
(« Très bien. Parfait. Quand ce livre sera fini, j’imagine. »)
Mes pensées les plus cordiales.
(« Même chose, Seth. Merci. Bonne nuit. »
23h16. « Oh là, je me sens vraiment bien, dit Jane lorsqu’elle finit par
sortir de cette nouvelle transe profonde, mais je suis tout juste bonne à aller
me coucher. » Elle bâille encore, très détendue. Une pluie douce et
agréable continue de tomber.)
(Ce fragment, conservé par l’un des étudiants de Jane, est tout ce qui
reste de l’une des sessions de cours qui ont été perdues ou qui n’ont pas été
enregistrées en entier. Voir le chapitre 9.)
La véritable spiritualité est une chose de la terre, une chose joyeuse, qui
n’a rien à voir avec la fausse dignité adulte. Elle n’a rien à voir avec les
mots compliqués et les visages maussades. Elle a tout à voir avec la danse
de la conscience qui est en vous, avec le sentiment d’aventure spirituel qui
est en votre cœur.
Voilà le sens de la spiritualité ; et, comme je vous l’ai déjà dit, si je le
pouvais, je ferais joyeusement le tour de la pièce en dansant pour vous
montrer que votre vitalité ne dépend en rien d’une quelconque image
physique. La vitalité n’a rien à voir avec la jeunesse, elle ne dépend pas du
corps. Elle résonne et chante à travers l’univers, et dans toute votre
personnalité. C’est le sentiment de joie qui rend toute créativité probable.
Ne pensez donc pas que vous êtes dans la spiritualité lorsque vous faites
une tête d’enterrement ou lorsque vous vous blâmez pour vos péchés. Dans
votre système, les saisons vont et viennent. Le soleil brille pour vous, que
vous vous considériez comme un pécheur ou comme un saint. La créativité,
la joie, l’amour sont la vitalité de l’univers : voilà la spiritualité. Et voilà ce
que je vais dire aux lecteurs de mon livre.
Et maintenant, faites la pause que je vous ai promise…
SESSION 558
JEUDI 5 NOVEMBRE 1970
(21h50. Cet extrait, qui contient la première mention par Seth des
Parleurs et de leur fonction dans le processus réincarnationnel, s’ajoute
aux données du chapitre 17.
Cette session a eu lieu parce que Ron B. et sa femme Grace, membres du
cours de perception extrasensorielle, demandaient de l’aide pour un
problème familial. Après avoir donné un matériau très intéressant
concernant cette situation, Seth se lance dans les données sur les Parleurs
vers 23h15. Le terme « Parleur », tel que Seth l’emploie, est à ce moment-là
tout aussi inconnu de Jane et de moi que de Ron et de sa famille.)
Nous avons connu plusieurs personnes qui ont été moines dans une
existence précédente. Donc… (S’adressant à Ron.) Au cours d’une vie en
Orient avant l’époque du Christ, en 1200 avant J.-C., vous étiez membre
d’un groupe d’hommes qui s’inscrivait dans une tradition ésotérique. Vous
étiez des voyageurs, et vous avez aussi traversé l’Asie Mineure.
Vous portiez en vous, dans vos têtes, des lois et des messages qui avaient
été donnés à l’un d’entre vous en un temps déjà presque oublié. C’était un
code d’éthique. Il provenait du temps de l’Atlantide. Auparavant, ce code
avait été transmis par une race issue d’une autre étoile. Cette race était liée
aux origines de l’Atlantide. Leur message avait été mis en mots et en
langage, il avait été écrit au temps de l’Atlantide mais, par la suite, il s’était
transmis par voie orale.
Votre peuple les avait appris de leurs anciens, que l’on appelait les
Parleurs. Vous étiez un Parleur. C’est pour cette raison qu’il vous est si
facile de considérer les autres comme vos frères. Maintenant. Trois
hommes, en particulier, qui travaillent sous vos ordres (dans l’usine où Ron
a un poste de surveillant), faisaient partie de ce groupe originel. Votre
femme, votre belle-fille et votre fils (tous présents ce soir) étaient
également membres de ce groupe. Mais votre femme et votre belle-fille
étaient frères. Maintenant, accordez-nous un instant. (Une pause.)
Vous avez voyagé en Asie Mineure en une époque très agitée et, partout
où vous passiez, vous parliez – c’est-à-dire que vous donniez voix à ce code
d’éthique. Il vous avait fallu douze ans de formation pour le mémoriser.
Plus tard, les esséniens ont été impliqués. Je ne suis pas sûr de ce mot.
(Les esséniens sont l’une des quatre sectes juives connues pour avoir été
actives en Terre sainte, à l’époque du Christ. C’était un groupe pacifique et
contemplatif. Ils ne sont pas mentionnés dans la Bible. Si Seth veut dire que
les esséniens promulguaient le code d’éthique des Parleurs, disons au
Ier siècle après J.-C., cela se situe évidemment bien des siècles après la vie
de Ron en 1200 avant J.-C.
La femme de Ron, Grace, demande : « Seth, avons-nous accompli notre
mission, à cette époque ? »)
Dans cette existence-là, oui. Donnez-moi du temps. Il y avait de
l’agitation au sein du groupe, des désaccords. Il y avait désaccord sur la
signification des mots gardés en mémoire. Le groupe a fini par se diviser.
Une partie du groupe s’est rendue dans la région que nous appelons
maintenant la Palestine, l’autre a migré, au siècle suivant, pour réapparaître
en Europe du Sud.
Il existait une déformation majeure au sujet de B-A-E-L (épelé). Un
groupe s’est constitué avec Bael comme idée de Dieu. Vous (Ron) étiez
avec l’autre groupe. Il y avait une cité dans la jungle, M-E-S-S-I-N-I
(épelé), autant que je puisse m’approcher d’une traduction ; en Asie
Mineure ; et des fragments d’une civilisation passée s’y trouvaient alors.
Une nouvelle cité a été bâtie, qui à son tour a disparu. Il y eut cependant des
inscriptions dans la pierre, car les anciens messages furent de nouveau mis
en symboles écrits. Mais votre peuple avait disparu, et c’est seulement
maintenant que vous le retrouvez.
(22h27. La transe de Jane a été très bonne. Elle a du mal à ouvrir les
yeux, puis à les garder ouverts. Elle a vu des images en livrant le matériau,
dit-elle, mais elle serait à présent incapable de nous les décrire.
Dix sessions plus tard, Seth nous a dit, à Jane et à moi, que nous avions
également été Parleurs, sans donner de dates ou de lieux, ni préciser si
Jane, Ron ou moi étions en train de renouer une connaissance mutuelle
acquise en des temps peut-être très anciens. Il me semble que, dans cette vie
en tout cas, Ron et moi nous sommes rencontrés d’une manière étrange :
nous sommes à peu près du même âge, nous avons grandi dans la même
petite ville voisine d’Elmira, il y a des années ; nous connaissions nos
familles réciproques – mais nous ne nous sommes rencontrés qu’en 1970…
Ron participe comme bénévole aux activités de son église, il connaît bien
la Bible et les sujets qui s’y rapportent ; il y a peut-être là un reflet de
pratiques antérieures en tant que Parleur – pratiques qui peut-être se
poursuivent à des niveaux subjectifs. Il développe certaines données de
Seth ; j’ai par la suite eu l’occasion de vérifier certains de ces éléments
dans des ouvrages de référence. Jane, qui ignore pratiquement tout des
périodes historiques en question, est très contente que les données de Seth
soient si évocatrices.
Jane-Seth a épelé le nom du dieu : Bael. La plupart des sources l’épellent
Baal, qui était peut-être prononcé Bael. La forme akkadienne, Bel, était
employée dans la Mésopotamie antique. Baal – seigneur – est le nom, ou le
titre, donné à un certain nombre de déités locales par d’anciens peuples
sémites. Le culte de Baal apparaît en Syrie et en Israël bien des siècles
avant la naissance du Christ – dès 1400 avant J.-C. selon les textes
cunéiformes syriens. Cette date est très intéressante par rapport à la date
de 1200 avant J.-C. que Seth a donnée à Ron et par rapport au conflit
interne dans son groupe au sujet de Baal. Baal a souvent été un dieu de la
Fertilité, et sa représentation dans la pierre était probablement phallique.
Selon la foi hébraïque orthodoxe, le culte de Baal, culte de la nature, était
idolâtre et reniait les valeurs morales.
Pendant que nous discutons de la cité de Messini, qui ne dit rien à aucun
d’entre nous, Seth revient brièvement.)
Maintenant. Écrivez R-A-M-A (épelé). C’est une autre cité. Accordez-
nous un instant, puis nous dirons réellement bonsoir.
(Ramah est le nom de plusieurs villes palestiniennes et signifie
« hauteur » en hébreu. Des allusions bibliques associent ce nom avec
certains des « hauts lieux » de culte. Ces sites, rejetés comme immoraux et
comme une menace pour la foi hébraïque, contenaient des objets de culte
illégitime – tel le pilier sacré de Baal. J’ai découvert toutes ces
informations en faisant des recherches, après la session. Nous n’en savions
rien à ce moment-là. Reprise à 23h48.)
En vos termes, et en vos termes uniquement, l’avènement du Christ était
le second avènement. (Une pause.) En ces termes, et encore une fois – c’est
important – en ces termes uniquement, il est apparu au temps de l’Atlantide,
mais les archives qui relatent ces faits ont été détruites et oubliées, sauf
dans la mémoire de quelques survivants.
Or, encore une fois en ces termes, il s’agit d’une entité qui réapparaît de
temps en temps dans votre système physique, mais qui n’a été reconnue
qu’en deux occasions. Une fois dans l’Atlantide, et une fois dans l’histoire
du Christ telle qu’elle vous est parvenue, avec toutes ses déformations. Il
apparaît et réapparaît donc, en se faisant parfois connaître, mais pas
toujours. Ce n’était pas une personnalité unique, comme je vous l’ai dit,
mais une entité hautement développée, apparaissant parfois comme un
fragment de lui-même.
En vos termes, il se mêle éternellement à l’étoffe de votre temps et de
votre espace, il renaît encore et toujours dans le monde de la chair, dont il
fait partie mais dont il est indépendant, de même que vous en faites partie et
que vous en êtes indépendants.
Maintenant. Puisque notre jeune amie (la belle-fille de Ron, Sherry)
craint que je dérange les voisins (d’une voix très forte), je vais sourire d’un
sourire que j’espère doux, et vous dire doucement bonsoir, avec toutes les
bénédictions que je peux vous donner.
(Fin à 23h55. La transe de Jane a de nouveau été profonde, et il lui faut
un moment pour en sortir. « Ouah, dit-elle, je sens tellement cette énergie
qui me traverse et qui me porte… »
Après la session, Ron explique ce qu’est le second avènement, tel qu’il
est donné dans la Bible en Matthieu, 24. Il nous dit également que Jésus a
prédit plusieurs fois sa propre mort et sa résurrection dans Matthieu, Marc
et Luc, et que cela a entraîné beaucoup d’incertitudes et de malentendus
parmi ses disciples. Même après sa crucifixion, le Jésus ressuscité n’a pas
été reconnu, en plusieurs occasions.)
Jane Roberts
Elmira, État de New York
Le 6 novembre 1973
SESSION 609
LUNDI 10 AVRIL 1972
(Il y a une quinzaine de jours, Jane a dit pour la première fois que Seth,
sa personnalité de transe, allait bientôt commencer un nouveau livre. Cette
idée lui est simplement « venue » un soir après le dîner. Nous ne l’avions
pas prise très au sérieux du fait que nous venions de relire, à peine un mois
plus tôt, les épreuves du premier livre de Seth, Seth parle, L’éternelle
validité de l’âme3. Nous n’avions certainement pas imaginé qu’il puisse être
prêt à redémarrer si rapidement un projet de cette envergure. Jane n’avait
pas non plus la moindre idée consciente concernant le titre ou le sujet d’un
futur livre de Seth.
Pendant la session régulière de mercredi dernier, Seth a cependant
confirmé ce qu’elle avait deviné – mais sans donner de date : « Ruburt
(comme Seth nomme Jane) a vu juste. Nous préparons en effet un nouveau
livre et nous vous laissons prendre un peu de repos entre les deux.
Les volumes unissent automatiquement le matériau et le présentent dans
le cadre de certaines disciplines. Comme vous le savez maintenant, la
préparation des notes vous prend un temps considérable, c’est pourquoi j’ai
un peu attendu.
Ruburt l’a très clairement senti et, comme d’habitude, il ressent des
tiraillements et se demande sur quoi je vais écrire et quel genre de livre cela
va être. Un livre comme celui-ci peut être donné tout à fait normalement et
tranquillement au cours de vos sessions habituelles, de façon à augmenter
votre connaissance personnelle tout en aidant d’autres personnes. Je
suggère le cadre le plus simple possible – ce qu’il y a de moins compliqué
pour ce qui est du mécanisme de la chose. Vous me suivez ? »
(« Oui », ai-je répondu. Puis Seth a parlé d’autre chose pendant le reste
de la soirée.
Comme nous prenons place pour la session de ce soir, Jane dit : « Bon,
Seth est tout à fait prêt et j’ai très envie de démarrer. Il va peut-être
commencer son livre. » Elle n’a pas semblé particulièrement préoccupée
par le sujet – en tout cas je ne me souviens pas qu’elle en ait parlé.
L’énergie dont dispose Jane m’impressionne toujours, surtout lorsque je
pense qu’elle pèse dans les quarante-trois kilos. Lorsque Jane le lui permet,
Seth passe de façon extrêmement puissante. Son débit ce soir est ordinaire.
Je veux dire par là que lorsqu’elle parle pour Seth, sa voix se fait plus
grave, un peu plus forte, et qu’elle revêt l’accent délibéré et le rythme
unique de Seth.
21h29. Jane retire ses lunettes et les place sur la table basse entre nous.
L’instant d’après, ses yeux sont beaucoup plus sombres et elle est en pleine
transe.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Nous appellerons la dissertation de ce soir : « La production de la réalité
personnelle ».
Ce dont vous faites l’expérience est le produit de l’esprit et de l’âme, des
pensées et des sentiments, qu’ils soient conscients ou inconscients.
Ensemble, ils forment la réalité que vous connaissez. Vous n’êtes donc pas à
la merci d’une réalité qui existerait en dehors de vous-même ou qui vous
serait imposée. Vous êtes si intimement lié aux faits physiques qui
composent l’expérience de votre vie que souvent vous n’arrivez pas à faire
la différence entre les évènements apparemment matériels et les attentes, les
désirs et les pensées qui leur ont donné naissance.
Si vos pensées les plus intimes présentent de fortes caractéristiques
négatives, si celles-ci constituent des barreaux entre vous et une vie plus
pleine, vous avez tendance à regarder entre les barreaux sans les voir. Tant
que vous ne les avez pas reconnus comme tels, ils constituent des obstacles.
Mais il y a une raison à l’existence même de ces obstacles. Comme ce sont
les vôtres, il vous revient de les identifier et de découvrir les circonstances
qu’ils cachent.
Vos pensées conscientes peuvent vous servir d’indices pour localiser ces
barrages. Vos pensées ne vous sont peut-être pas aussi familières que vous
l’imaginez. Il arrive qu’elles s’échappent de vous comme de l’eau qui coule
entre les doigts, qu’elles emportent avec elles des nutriments vitaux qui se
répandent dans le paysage formé par votre psyché – et trop souvent elles
charrient une vase, une boue qui engorge les canaux d’expérience et de
créativité.
Un examen de vos pensées conscientes peut vous en dire long sur votre
état d’esprit intérieur, sur vos attentes et sur vos intentions ; cet examen
vous amène souvent à une confrontation directe avec différents défis et
problèmes. Si vous scrutez vos idées, vous verrez où vous allez. Elles
indiquent clairement la nature des évènements physiques. Ce qui existe
physiquement existe d’abord en pensées et en sentiments. Il n’y a pas
d’autre règle.
(21h40.) Il y a une bonne raison au fait que vous ayez un esprit conscient.
Vous n’êtes pas à la merci de désirs inconscients, à moins que vous les
acceptiez consciemment. Vous pouvez toujours utiliser vos attentes et vos
sentiments présents pour mesurer vos progrès. Si vous n’aimez pas
l’expérience qui est la vôtre, il vous faut changer la nature de vos attentes et
de vos pensées conscientes. Il vous faut modifier le message que vous
envoyez par vos pensées à votre propre corps, à vos amis et à vos
partenaires.
Chaque pensée a un résultat, selon vos termes. Le même type de pensée
souvent répété aura un effet qui vous semblera plus ou moins permanent.
Quand vous aimez l’effet d’une pensée, vous prenez rarement la peine de
l’examiner. Si vous vous trouvez assailli par des difficultés physiques,
cependant, vous commencez en général à vous demander ce qui ne va pas.
Dans ce cas, vous blâmez peut-être les autres, ou votre passé, ou une vie
précédente – si vous croyez en la réincarnation. Vous tenez peut-être Dieu
ou le diable pour responsables, ou pensez simplement « c’est la vie », en
acceptant qu’une expérience de vie négative fasse inévitablement partie de
votre lot.
Il arrive aussi que, parvenu à une compréhension partielle de la nature de
la réalité, vous vous lamentiez : « Je crois être la cause de ces circonstances
malheureuses, mais je ne sais pas comment les modifier. »
Si tel est le cas, c’est qu’en dépit de ce que vous vous dites vous ne
croyez toujours pas être réellement le créateur de votre propre expérience.
Car dès qu’on reconnaît ce fait, on commence instantanément à modifier les
conditions qui causent ce qui ne convient pas.
(Une pause d’une minute à 21h49.) Personne ne vous oblige à penser de
telle ou telle façon. Vous avez peut-être appris par le passé à considérer les
choses avec pessimisme. Vous pensez peut-être qu’il est plus réaliste d’être
pessimiste qu’optimiste. Peut-être même supposez-vous, comme beaucoup
de gens, que la douleur est noble, qu’elle est le signe d’une spiritualité
élevée, une marque de différence, l’indispensable habillage des saints et des
poètes. Rien n’est plus éloigné de la vérité. Toute conscience contient en
elle-même un élan profond et éternel à utiliser pleinement ses aptitudes, à
étendre ses capacités, à s’aventurer joyeusement au-delà des barrières
apparentes de sa propre expérience. La conscience de la plus petite
molécule hurle contre toute idée de limitation. Elle aspire à de nouvelles
formes et à de nouvelles expériences. Les atomes eux-mêmes cherchent
constamment à s’unir, à composer de nouvelles organisations de forme ou
de structure. Ils le font « instinctivement ».
L’homme a été doté, il s’est doté lui-même, d’un esprit conscient avec
lequel diriger la nature et la forme de ses créations. Toute aspiration
profonde, toute motivation inconsciente, toute pulsion inexprimée monte
jusqu’à l’esprit conscient pour y être approuvée ou rejetée, pour en attendre
les directives.
C’est seulement lorsque ce dernier abdique sa fonction qu’il s’autorise à
être emporté par l’expérience « négative ». C’est seulement quand il refuse
cette responsabilité qu’il se retrouve apparemment à la merci d’évènements
sur lesquels il semble n’avoir aucun contrôle.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(« Merci. »
22h00. Jane sort facilement de transe. « J’ai l’impression, dit-elle, que
c’est le début du premier chapitre. » Son impression tient au fait que Seth a
nommé « dissertation » son matériau de ce soir – chose qu’il n’a encore
jamais faite. Reprise à 22h07.)
Les livres qui ont trait à la seule pensée positive peuvent parfois s’avérer
bénéfiques, mais dans l’ensemble, ils ne tiennent pas compte de la nature
habituelle des sentiments négatifs, des sentiments de répression ou
d’agression. Tout cela est souvent glissé sous le tapis.
L’auteur vous dit d’être positif, fort, bienveillant et enthousiaste sans
vous indiquer comment vous extirper de la situation dans laquelle vous
vous trouvez et sans comprendre le cercle vicieux qui semble vous
maintenir prisonnier. Ces livres, encore une fois, sont parfois utiles, mais ils
n’expliquent pas comment les pensées et les émotions génèrent la réalité. Ils
ne prennent pas en considération l’aspect multidimensionnel du moi ou le
fait qu’en fin de compte chaque personnalité doit, tout en suivant des lois
générales bien définies, trouver sa propre façon de les adapter à ses
circonstances personnelles.
Si vous êtes en mauvaise santé, vous pouvez y remédier. Si vos rapports
personnels ne sont pas satisfaisants, vous pouvez les améliorer. Si vous êtes
pauvre, vous pouvez faire en sorte de vous retrouver dans l’abondance.
Que vous vous en rendiez compte ou non, vous avez poursuivi votre cap
actuel avec détermination ; vous avez utilisé vos ressources pour atteindre
certains buts, en accord avec des raisons qui, à un moment donné, avaient
un sens pour vous. Peut-être vous dites-vous : « Être en mauvaise santé n’a
aucun sens pour moi » ou « je n’avais vraiment pas envie d’une rupture
avec mon compagnon ou ma compagne », ou encore « j’ai travaillé avec
acharnement et ce n’était certainement pas pour rester pauvre ».
Si vous êtes né pauvre, ou malade, vous avez sûrement l’impression que
ces circonstances vous ont été imposées. Ce n’est pas pourtant pas le cas –
et il est toujours possible de les améliorer.
Cela ne veut pas dire que vous pouvez y parvenir sans détermination et
sans effort ; mais vous avez le pouvoir de modifier les évènements, et
chacun d’entre vous, quel que soit son statut, son état physique, sa situation
ou les circonstances dans lesquelles il se trouve, contrôle son expérience
personnelle.
Vous voyez et vous ressentez ce que vous vous attendez à voir et à
ressentir. Le monde que vous connaissez est à l’image de votre attente. Le
monde que connaît la race humaine est la matérialisation globale de vos
attentes individuelles. Le monde est votre création, tout comme les enfants
sont issus de vos tissus biologiques.
(22h26. Une pause. Puis, doucement, avec le sourire.) J’écris ce livre
pour aider chacun et chacune à résoudre ses problèmes personnels. J’espère
parvenir à vous montrer précisément la façon dont vous formez votre propre
réalité et vous expliquer les différentes manières dont vous pouvez la
modifier à votre avantage.
L’existence de ce que l’on appelle les pensées et les émotions négatives
ne sera pas passée sous silence, mais votre capacité à les maîtriser non
plus. Car vous les contrôlez tout à fait. Il y a des méthodes qui permettent
de les utiliser comme des tremplins pour la créativité. Je ne vous dirai
jamais de les refouler ou de les ignorer. J’aimerais au contraire vous
apprendre à les reconnaître au sein de votre expérience – vous montrer
comment découvrir celles qui vous ont mené et comment contrôler celles
qui vous semblent incontrôlables.
Les méthodes que je vais décrire exigent un effort et de la concentration.
Elles vont constituer un défi et apporter dans votre vie une expansion et des
modifications de la conscience extrêmement gratifiantes.
Je ne suis pas une personnalité physique – mais, fondamentalement, vous
non plus. Votre expérience présente est physique. Vous êtes un créateur qui
traduit son attente en forme physique. Le monde est censé vous servir de
point de référence. L’apparence extérieure est la réplique de votre désir
intérieur. Vous pouvez changer votre monde personnel ; et c’est ce que vous
faites, sans le savoir. Il vous suffit d’utiliser vos capacités consciemment,
d’examiner la nature de vos pensées et de vos sentiments, et de projeter
ceux avec lesquels vous êtes fondamentalement en accord.
Ceux-ci fusionnent en ces évènements qui vous semblent si intimement
familiers. J’espère vous enseigner des méthodes qui vous permettront de
comprendre la nature de votre propre réalité et vous indiquer une voie qui
vous permettra de changer cette réalité de la façon que vous souhaitez.
(Plus fort.) Fin de la dictée.
(« D’accord. C’est plutôt rusé de commencer votre livre comme ça. »
De façon agréable.) C’est ma façon. Je vous donnerai le titre et autres
indications pertinentes dans une autre session, ainsi que, si vous le
souhaitez, un aperçu de mes intentions.
(« J’imagine que Jane aimerait en avoir un. »)
Faisons-le aussi simple que possible… Accordez-nous un instant.
(Toujours en transe, Jane fait une longue pause à 22h37. Ses yeux sont
fermés. Elle se balance dans son fauteuil à bascule, un pied sur le bord de
la table basse.)
Le livre va vous expliquer comment se forme la réalité personnelle,
l’accent étant mis sur les différentes façons de changer les aspects
indésirables de votre expérience. Il évitera, je l’espère, l’optimisme béat de
nombreux livres de développement personnel et transmettra au lecteur un
désir passionné de comprendre les caractéristiques de la réalité, ne serait-ce
que pour résoudre ses problèmes personnels. Les méthodes indiquées sont
tout à fait pratiques, réalisables, et toute personne réellement concernée par
les problèmes inhérents à l’expérience humaine en est capable.
Il y sera expliqué que toute guérison résulte de l’acceptation d’un fait
fondamental : la matière est formée par les qualités internes mêmes qui lui
donnent vitalité ; la structure se conforme à l’attente ; la matière peut à tout
instant être transformée par l’activation des facultés créatrices inhérentes à
toute conscience.
Titrez s’il vous plaît ce que nous avons fait ce soir – la partie dictée –
comme étant ma préface. Je vous souhaite un affectueux bonsoir.
(« Merci beaucoup, Seth. Bonne nuit. »
Fin à 22h47. Jane a parlé pour Seth de façon tranquille mais assez
rapide par rapport à la vitesse modeste dont je suis capable quand je
prends des notes mot à mot dans ma sténo personnelle. « Je crois que j’ai la
moitié du titre, dit-elle dès qu’elle sort de transe. C’est La Nature de la
réalité personnelle, puis un trait, ou deux points, et quelque chose d’autre,
mais je ne sais pas quoi. D’un seul coup, je suis épuisée, ajoute-t-elle en
riant, mais ne l’écris pas. »
Une note ajoutée plus tard : six mois allaient s’écouler avant que nous
apprenions le reste du titre. Alors que Jane se reposait après le dîner, le 25
octobre 1972, celui-ci est apparu à son esprit conscient : La Nature de la
réalité personnelle, Un livre de Seth. Ce soir-là, nous avions tenu la session
623, qui lie les chapitres 4 et 5.
Nous n’avons jamais demandé à Seth un aperçu détaillé. Une fois le livre
commencé, nous nous sommes rendu compte que ce n’était pas nécessaire.
Cela a contribué à donner à Jane un maximum de liberté.)
3 The Seth Material a d’abord été publié par Prentice Hall en 1970. Seth Speaks a d’abord été
publié par Prentice Hall en 1972, puis par Amber-Allen Publishing/New Word Library en 1994.
CHAPITRE 1
SESSION 610
MERCREDI 7 JUIN 1972
SESSION 613
LUNDI 11 SEPTEMBRE 1972
4 Pour ceux qui l’ont oublié : les chromosomes sont les corps microscopiques dans lesquels se
sépare la substance protoplasmique du noyau d’une cellule, au cours de la division cellulaire. Ils
portent les gènes, le « schéma » qui détermine les caractéristiques héréditaires. De temps en temps,
j’inclus une note de ce type pour mettre en lumière le matériau de Seth, qui décolle souvent à sa
manière à partir d’une définition standard comme celle-ci.
5 Une note ajoutée plus tard : Le Matériau de Seth et Seth parle contiennent différentes références
aux connexions réincarnationnelles postulées par Seth en ce qui nous concerne, Seth, Jane et moi-
même. Ces données personnelles sortent du cadre de ce livre. Mais au chapitre 19, Seth détaille de
façon moins personnelle ses idées concernant la réincarnation, le temps, etc.
CHAPITRE 2
SESSION 614
MERCREDI 13 SEPTEMBRE 1972
(Jane est contente que le livre de Seth soit réellement commencé, après
avoir pris tellement de retard. Elle est pleine d’énergie, ces jours-ci. Après
la longue session de lundi soir, elle en a tenu une encore plus longue mardi,
pendant son cours de perception extrasensorielle – et avec du sumari* en
plus. À présent, nous sommes prêts pour une troisième session.
Jane dit qu’elle n’est pas fatiguée. Elle se plaint seulement de l’humidité
excessive, car elle est très sensible aux conditions atmosphériques. Il a fait
chaud aujourd’hui et il a plu après le dîner. Nous nous sommes promenés
autour du pâté de maisons, juste avant l’heure de la session.
21h36.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Reprenons la dictée. Chapitre 2 : « Les croyances personnelles et la
réalité ».
Vous formez l’étoffe de votre expérience par vos attentes et par vos
croyances. Ces idées personnelles vous concernant, et concernant la nature
de la réalité, déterminent vos pensées et vos émotions. Vous prenez vos
croyances concernant la réalité pour la vérité, si bien que vous ne les
remettez généralement pas en question. Il vous semble qu’elles vont de soi,
qu’elles sont l’affirmation de faits, et trop évidentes pour être soumises à
examen.
Aussi sont-elles trop souvent acceptées sans le moindre questionnement.
Au lieu d’être reconnues pour ce qu’elles sont – des croyances concernant
la réalité –, elles sont considérées comme les caractéristiques mêmes de la
réalité. (Une pause.) Ces idées vous semblent en général tout à fait
indiscutables ; elles font tellement partie de vous qu’il ne vous vient même
pas à l’idée de réfléchir à leur validité. Elles deviennent des suppositions
invisibles, qui donnent néanmoins forme et couleur à votre expérience
personnelle.
Certaines personnes, par exemple, ne se posent aucune question
concernant leurs croyances religieuses et les acceptent comme des faits.
D’autres identifient facilement ces suppositions lorsqu’elles se trouvent
dans un contexte religieux mais y demeurent absolument aveugles dans les
autres domaines.
(21h45.) Vous avez beaucoup plus de facilités à identifier vos convictions
personnelles quand elles touchent à la religion, la politique et autres sujets
de ce genre, que vos croyances plus profondes concernant qui vous êtes et
ce que vous êtes – en particulier là où elles touchent votre propre vie.
Beaucoup de gens sont absolument aveugles à leurs croyances
lorsqu’elles portent sur eux-mêmes ou sur la nature de la réalité. Dans ce
domaine, les pensées conscientes peuvent fournir d’excellents indices. On
peut souvent se voir refuser certaines pensées qui viennent spontanément à
l’esprit pour la simple raison qu’elles entrent en conflit avec des idées
couramment acceptées.
Votre esprit conscient essaye toujours de vous donner une image claire,
mais vous permettez souvent que des idées préconçues fassent obstacle à
cette intelligence. Il a été à la mode d’accuser le subconscient d’un certain
nombre de difficultés ou de problèmes de personnalité, l’idée étant qu’il
abrite des évènements liés aux débuts de l’existence et que ceux-ci sont à la
fois mystérieux et lourdement chargés. Dans ce pays, plusieurs générations
ont grandi dans la conviction que la partie subconsciente de la personnalité
n’est pas fiable, qu’elle est pleine d’énergie négative et qu’elle ne contient
que des épisodes désagréables que l’on fait bien d’oublier.
(21h54.) Ces gens ont grandi dans la conviction que l’esprit conscient est
à peu près dépourvu de pouvoir et que l’expérience de l’adulte est
déterminée par la petite enfance. Ces concepts mêmes mettent en place des
divisions artificielles. Les gens ont appris que l’on n’est pas censé avoir
connaissance du matériau « subconscient ».
Il fallait maintenir les portes du moi interne soigneusement fermées.
Seule une longue psychanalyse pouvait, ou devait, les ouvrir. L’individu
ordinaire avait l’impression qu’il valait mieux ne pas s’occuper de ces
zones ; or, isoler ces parties du moi, c’était aussi dresser des barrières contre
la joie spontanée du moi interne. Les gens se sentaient coupés du coeur
même de leur propre réalité.
Le concept de péché originel, aussi pauvre, aussi limité et déformé soit-il,
présentait au moins l’avantage d’être accompagné de procédures simples.
On pouvait être sauvé par le baptême, trouver la rédemption grâce à
certaines paroles, à des rituels ou à des sacrements adéquats. (Voir, par
exemple, l’Évangile selon saint Marc, 1,1-11.)
En revanche, l’idée d’un subconscient corrompu ne laissait à l’homme
aucune solution simple. Le seul rituel possible consistait en des années
d’analyse, et ce privilège était réservé aux gens fortunés.
À peu près au moment où l’idée d’un subconscient déplaisant s’élevait
avec force, l’idée de l’âme fut jetée par la fenêtre. Des millions de gens ont
donc cru en une réalité qui, tout en les privant du concept d’âme, les
accablait d’un subconscient auquel il ne pouvait pas se fier et qui pouvait
même s’avérer pervers. Ils se percevaient comme autant d’ego vulnérables
et solitaires, avançant périlleusement, sans la moindre protection, sur les
vagues tumultueuses de processus involontaires.
(Une pause à 22h05. Il est clair que ces sessions ne sont pas
« spirituelles » dans le sens que l’on donne habituellement à ce mot.
Toujours en transe, Jane allume une cigarette. Sa bière est terminée mais il
en reste un peu dans mon verre, aussi se penche-t-elle en avant pour se
servir.*)
À peu près au même moment, un certain nombre de gens intelligents
commençaient à réaliser que l’idée du Dieu des religions organisées, du
paradis et de l’enfer, était pleine de déformations, qu’elle était dépourvue de
justice et qu’elle ressemblait à un conte pour enfants. Pour ces personnes,
aucune aide n’était possible.
Il leur semblait téméraire de regarder à l’intérieur d’eux-mêmes
puisqu’on leur avait appris que cet intérieur était justement la source de
leurs problèmes. Ceux qui n’avaient pas les moyens de suivre une thérapie
essayaient d’inhiber les messages provenant du moi intérieur, de crainte
d’être emportés par des émotions infantiles et sauvages.
Or, pour commencer, le moi ne connaît aucune limite, aucune division,
même si, dans l’intérêt de la discussion, un mot comme « ego » peut être
utilisé ici, car vous comprenez ce que vous croyez qu’il veut dire. Vous
pouvez en effet accorder toute votre confiance à des parties de vous-même
apparemment inconscientes. Comme nous allons le voir, vous pouvez
devenir de plus en plus consciemment conscient, et par conséquent amener
dans votre conscience des parties de plus en plus importantes de vous-
même.
(22h12.) Vous accomplissez continuellement une multitude de tâches
précises et délicates, de même que vous respirez, vous grandissez, sans
vous rendre compte consciemment de la façon dont vous menez à bien
toutes ces opérations. Vous vivez sans savoir consciemment comment vous
maintenez le miracle de la conscience physique dans le monde du temps et
de la chair.
Les parties apparemment inconscientes de vous-même prélèvent des
atomes et des molécules dans l’air qui vous entoure, pour former votre
image. Vos lèvres bougent, votre langue prononce votre nom. Ce nom
appartient-il aux molécules et aux atomes à l’intérieur de votre langue et de
vos lèvres ? (Une pause.) Les molécules et les atomes se déplacent
constamment, ils forment des cellules, des tissus, des organes. Comment le
nom prononcé par la langue pourrait-il leur appartenir ?
Ils ne savent ni lire ni écrire, pourtant ils prononcent des syllabes
compliquées qui communiquent à des êtres tels que vous aussi bien de
simples sentiments que les informations les plus complexes. Comment le
font-ils ?
Les molécules et les atomes ne connaissent pas la syntaxe du langage
qu’ils parlent. Souvent, quand vous commencez une phrase, vous n’avez
pas la moindre idée de la façon dont vous allez la terminer ; pourtant vous
faites pleinement confiance au fait que les mots vont faire sens et que ce
que vous voulez dire va couler sans effort.
Tout cela se produit parce que la partie interne de votre être fonctionne
spontanément, joyeusement et en toute liberté ; tout cela se produit parce
que votre moi intérieur croit en vous, alors même que souvent vous ne
croyez pas en lui. Ces parties inconscientes de votre être fonctionnent
étonnamment bien, en dépit du fait que vous vous méprenez parfois
totalement quant à leur nature et leur fonction, et malgré les fortes
interférences venues de vous, du fait de vos croyances.
Chaque personne fait l’expérience d’une réalité unique, différente pour
chacun. Cette réalité surgit à l’extérieur à partir du paysage intérieur des
croyances, des pensées, des attentes et des émotions. Si vous croyez que le
moi interne travaille contre vous plutôt que pour vous, vous faites obstacle à
son bon fonctionnement – ou plutôt, votre croyance l’oblige à fonctionner
d’une certaine façon.
L’esprit conscient est censé porter un jugement clair sur votre situation
dans la réalité physique. Il est fréquent que des croyances erronées
l’empêchent de le faire et que les idées entretenues par l’ego obscurcissent
sa vision.
Je suggère que vous fassiez une pause.
(22h31. Jane a été dans une transe profonde. Elle se sent mieux, dit-elle,
car il ne fait plus aussi lourd. Je lui dis que, à mon avis, le matériau de ce
soir les représente, Seth et elle, dans ce qu’ils ont de meilleur – sous une
fausse apparence de simplicité. Jane est contente, elle dit qu’elle se sent
tout à fait libérée en ce qui concerne la production du livre.)
Êtes-vous prêt ?
(« Oui. » Je suis en train d’achever mes notes lorsque Jane ôte ses
lunettes et recommence à parler pour Seth. 22h53.)
Vos croyances peuvent jouer le rôle de barrières autour de vous. Il faut
d’abord que vous reconnaissiez leur existence, il faut que vous les voyiez,
pour réaliser que vous n’êtes pas libre, car sinon vous ne pouvez pas voir
plus loin qu’elles. (De façon très positive.) Elles constituent les limites de
votre expérience.
Il y a toutefois une croyance qui détruit les barrières artificielles
imposées à la perception, une croyance expansive qui brise
automatiquement l’entrave des idées fausses.
Maintenant, séparément :
Le moi n’est pas limité.
C’est là l’affirmation d’un fait. Il existe, que vous y croyiez ou non.
Derrière ce concept, il y en a un autre.
Le moi ne connaît ni frontière ni séparation.
Celles dont vous faites l’expérience résultent de croyances erronées. Puis
vient une idée que j’ai déjà mentionnée.
Vous façonnez votre propre réalité.
Pour vous comprendre, pour comprendre ce que vous êtes, vous pouvez
apprendre à faire l’expérience de vous-même directement, indépendamment
de vos croyances.
Ce que je voudrais, c’est que chaque lecteur s’asseye tranquillement, les
yeux fermés. Essayez de sentir en vous les profondes tonalités de
sentiments dont j’ai parlé (session 613, chapitre 1). Ce n’est pas difficile.
Le fait de connaître leur existence va vous aider à identifier leurs rythmes
profonds. Chaque individu va ressentir ces tonalités à sa façon. Ne vous
demandez donc pas ce que vous devez ressentir. Dites-vous simplement
qu’elles existent et qu’elles sont composées de l’ample énergie de votre être
fait chair.
Laissez-vous donc aller pour en faire l’expérience. Si vous avez
l’habitude de termes comme « méditation », essayez de les oublier le temps
de cet exercice. N’utilisez pas de nom. Libérez-vous des concepts ; faites
l’expérience de vous-même en train d’être, et du mouvement de votre
propre vitalité. Ne vous demandez pas si vous faites ce qu’il faut, si vous
ressentez ce que vous devriez. Ce premier exercice du livre vous est
destiné. N’utilisez pas les critères d’autrui. Il n’y a pas d’autres standards
que vos sentiments.
Aucune durée particulière n’est recommandée. L’expérience doit être
agréable. Acceptez ce qui vous arrive comme exclusivement vôtre.
L’exercice vous connecte avec vous-même. Il vous rend à vous-même. À
chaque fois que vous êtes tendu ou énervé, prenez le temps de ressentir
cette tonalité de sentiments, et vous vous retrouverez centré en vous-même,
en toute sécurité.
Quand vous aurez répété cet exercice plusieurs fois, sentez la façon dont
ces rythmes profonds émanent de vous dans toutes les directions ; ce qui est
en effet le cas. Ils rayonnent de façon électromagnétique à partir de votre
être physique ; et, d’une façon que j’espère expliquer plus tard, ils forment
l’environnement que vous connaissez, tout comme ils forment votre image
physique.
(23h14.) Je vous ai dit que le moi ne connaît pas de limite, mais vous
pensez sûrement que votre moi s’arrête là où votre peau rencontre l’espace,
que vous êtes à l’intérieur de votre peau. Pourtant, votre environnement est
une partie de vous-même. C’est le corps de votre expérience, coagulé en
forme physique. Le moi interne forme les objets que vous connaissez, aussi
sûrement et automatiquement qu’il forme votre œil ou votre doigt.
Votre environnement physique est l’image de vos croyances, de vos
émotions et de vos pensées rendues visibles. Comme celles-ci se déplacent
dans le temps et dans l’espace, vous avez un effet sur des conditions
physiques séparées de vous.
Considérez le cadre spectaculaire de votre corps du simple point de vue
physique. Vous le percevez comme solide, tout comme vous percevez le
reste de la matière physique ; pourtant, plus on explore la matière, plus il
devient évident que l’énergie y adopte des configurations spécifiques (sous
la forme d’organes, de cellules, de molécules, d’atomes, d’électrons) dont
chacune est moins physique que la précédente, chacune se combinant en de
mystérieux ensembles changeants pour former la matière.
(23h25.) Les atomes à l’intérieur du corps tournoient. C’est une activité
et un brouhaha continus. Il s’avère que la chair qui a l’air si dense est en fait
composée de particules animées d’un mouvement rapide – souvent en
orbite les unes par rapport aux autres – au sein duquel de grands échanges
d’énergie se produisent continuellement.
Les choses en dehors de votre corps et l’espace lui-même sont composés
des mêmes éléments mais en proportions différentes. Il se produit un
échange physique constant entre la structure que vous nommez votre corps
et l’espace en dehors de lui, des interactions chimiques, des échanges
fondamentaux sans lesquels la vie, telle que vous la connaissez, serait
impossible.
Retenir sa respiration, c’est mourir. La respiration, qui représente la plus
intime et la plus nécessaire de vos sensations physiques, doit couler hors de
ce que vous êtes et passer dans le monde qui semble ne pas être vous. Sur le
plan physique, des parties de vous quittent constamment votre corps et se
mélangent avec les éléments. Vous savez ce qui se produit quand de
l’adrénaline est relâchée dans le flot sanguin. Elle vous stimule et vous
prépare à l’action. Mais, d’un autre point de vue, cette adrénaline ne reste
pas dans votre corps. Elle est projetée dans l’air et, bien qu’elle y soit
transformée, elle a un effet sur l’atmosphère.
N’importe laquelle de vos émotions libère des hormones, et celles-ci
aussi vous quittent, tout comme votre souffle ; et, de ce point de vue, vous
pouvez dire que vous relâchez dans l’atmosphère des corps chimiques qui le
modifient.
Ces interactions causent donc les tempêtes physiques. Je vous dis une
fois de plus que vous créez votre propre réalité, et cela comprend les
conditions météorologiques qui, globalement, résultent de vos réactions
individuelles.
J’apporterai de nombreuses précisions sur ce point particulier dans ce
livre (une note ajoutée plus tard : Seth le fait, chapitre 18). Vous êtes dans
l’existence physique pour y apprendre que votre énergie, traduite en
pensées, en sentiments et en émotions, cause toute expérience. Il n’y a pas
d’exception.
Une fois que vous l’avez compris, il vous suffit d’examiner la nature de
vos croyances, car celles-ci ont automatiquement pour effet de vous faire
penser et ressentir de certaines façons. Vos émotions suivent vos croyances.
Et non l’inverse.
Je voudrais que vous parveniez à identifier vos propres croyances dans
différents domaines. Il faut pour cela que vous compreniez que toute idée
que vous considérez comme une vérité est en fait l’une de vos croyances.
Vous devez ensuite faire le pas suivant, qui consiste à se dire « ce n’est pas
forcément la vérité, même si je le crois ». Et j’espère que vous parviendrez
à vous défaire de toute croyance qui implique des limitations
fondamentales.
Vous pouvez faire votre pause.
(23h40. Jane est surprise de découvrir que près d’une cinquantaine de
minutes se sont écoulées. Son ton s’est fait de plus en plus énergique,
absorbé, et cette session est l’une de ces occasions où Seth et elle semblent
capables de continuer pendant la moitié de la nuit. J’ai moi-même reçu de
cette énergie. Comme je suis prêt à continuer, Jane décide finalement de ne
pas mettre un terme à la session. Reprise de la même manière à 23h56).
Maintenant. Nous verrons plus tard certaines des raisons qui motivent
vos croyances, mais pour l’instant je veux seulement que vous les
identifiez.
Je vais faire une liste d’idées fausses qui vous imposent des limitations.
Si vous voyez que vous êtes en accord avec certaines d’entre elles, sachez
qu’il y a là un domaine auquel vous devez travailler personnellement.
1. La vie est une vallée de larmes.
2. Le corps est inférieur. En tant que véhicule de l’âme, il est
nécessairement souillé, corrompu.
Vous avez peut-être l’impression que la chair est, par essence, mauvaise
ou diabolique, que ses appétits sont maléfiques. Les chrétiens peuvent
trouver le corps déplorable et considérer que l’esprit y est descendu – la
notion de descente signifiant le passage d’une condition meilleure, ou
supérieure, à une autre qui l’est moins.
Les adeptes des religions orientales ont parfois eux aussi le sentiment de
devoir renier la chair pour, en quelque sorte, s’élever au-dessus d’elle,
jusqu’à un état où ils ne désirent plus rien. (La « vacuité » dans le taoïsme,
par exemple.) Tout en utilisant un autre vocabulaire, ils considèrent
également que l’expérience terrestre n’est pas désirable en soi.
3. Je n’ai aucun pouvoir sur des circonstances que je ne peux pas
contrôler.
4. Je suis dépourvu de pouvoir car mon caractère et ma personnalité se
sont formés dans ma petite enfance et que je suis à la merci de mon passé.
5. Je suis dépourvu de pouvoir car je suis à la merci d’évènements qui se
sont produits pendant des vies passées, dans d’autres incarnations, et sur
lesquelles je n’ai maintenant aucun contrôle. Il faut que je sois puni, ou que
je me punisse moi-même, pour mes manquements face à autrui dans des
vies passées. Je dois accepter les aspects négatifs de ma vie actuelle à cause
de mon karma.6
6. Les gens sont fondamentalement mauvais ; ils essayent de m’avoir.
7. Je détiens la vérité, contrairement à tout autre. Ou : le groupe auquel
j’appartiens détient la vérité, contrairement à tout autre.
8. En vieillissant, je vais devenir frêle, ma santé va se détériorer et je vais
perdre mes facultés.
9. Mon existence est liée à mon expérience dans la chair. Lorsque mon
corps mourra, ma conscience mourra aussi.
Maintenant. C’était là une liste assez générale de croyances erronées.
Voici à présent une liste plus spécifique de croyances intimes que chacun
d’entre vous peut abriter.
1. Je suis en mauvaise santé et je l’ai toujours été.
2. Il y a quelque chose qui ne va pas avec l’argent. Ceux qui en ont sont
avides, ils ont moins de spiritualité que ceux qui sont pauvres. Ils sont
moins heureux, et snobs.
3. Je ne suis pas créatif. Je n’ai aucune imagination.
Ensuite : Je ne peux jamais faire ce que je veux.
Ensuite : Les gens ne m’aiment pas.
Ensuite : Je suis gros.
(« Ça doit être le numéro 6. »)
Alors, 7 : Je n’ai pas de chance.
(0h15.) Ce sont là des croyances très répandues. Ceux qui les ont en font
l’expérience. Par conséquent, les faits physiques semblent toujours
corroborer les croyances, mais ce sont les croyances mêmes qui ont formé
la réalité en question. Nous allons essayer de démolir ces concepts pleins de
limitations.
Il faut d’abord que vous réalisiez que personne ne peut changer vos
croyances à votre place, que personne ne peut vous les imposer de
l’extérieur. Vous pouvez cependant les changer vous-même, en utilisant
votre connaissance et avec de la persévérance.
Regardez autour de vous. Votre environnement physique tout entier est la
matérialisation de vos croyances. Vos sentiments de joie, de chagrin, de
bonne santé ou de maladie, tout cela résulte de vos croyances. Si vous
croyez qu’une situation donnée doit vous rendre malheureux, elle le fait ; et
le chagrin vient alors renforcer la condition initiale.
Vous avez en vous la capacité de changer les idées qui vous concernent
ou qui concernent la réalité en général ; vous avez la capacité de créer une
expérience de vie personnelle qui soit un accomplissement aussi bien pour
vous que pour les autres. J’aimerais que vous rédigiez une liste des
croyances qui vous concernent, au fur et à mesure que vous en prenez
conscience. Vous pourrez utiliser cette liste plus tard, d’une façon que vous
n’imaginez pas encore à présent.
Une pause ou fin de la session, comme vous préférez.
(« Je pense qu’il vaut mieux terminer, alors. »
Fin à 0h25. Nous nous sentons tous les deux beaucoup mieux qu’avant le
début de la session.)
SESSION 615
LUNDI 18 SEPTEMBRE 1972
SESSION 616
MERCREDI 20 SEPTEMBRE 1972
*Voir l’introduction de Jane pour le matériau concernant le développement de ses facultés par
rapport au sumari.
* Jane a découvert par elle-même, il y a un certain temps, qu’une quantité très modérée d’alcool va
bien avec les sessions. De même pour le tabac. Des lectures ultérieures nous ont appris que ces deux
substances dépriment le système nerveux central. Nous pensons que, pendant les sessions, Jane
combine la spontanéité qui en résulte avec ses dons médiumniques naturels. Elle ne boit rien tant que
la session n’a pas commencé.
6 Dans l’hindouisme et le bouddhisme, le karma représente la somme morale des actes d’un individu
dans une vie donnée. Il détermine par là même le destin d’une personne dans sa réincarnation
suivante. Pour Seth, toutes les réincarnations existent en même temps, si bien qu’une interaction
constante se produit entre chacune d’entre elles. Une vie « future » peut avoir un effet sur une vie
« passée », si bien que la notion habituelle de karma n’est pas applicable.
CHAPITRE 3
SESSION 617
LUNDI 25 SEPTEMBRE 1972
(Pendant que nous prenions le petit déjeuner, ce matin, Jane et moi avons
entendu un son étrange, un peu comme une multitude d’aboiements venus
du ciel. Je me suis penché par la fenêtre à temps pour apercevoir une large
formation d’oies sauvages volant manifestement vers le sud pour l’hiver.
Il m’a semblé qu’elles volaient bas ; leur formation n’était pas
symétrique, l’une des branches du V était beaucoup plus longue que l’autre.
À l’intérieur de ce V se trouvait un petit groupe qui, lui, n’était pas en
formation, comme s’il était protégé par les autres oies.
J’ai trouvé ce spectacle étonnamment touchant, et Jane aussi. Nous
sommes émerveillés par l’ordre inhérent à cette migration, les oies
cacardant avec bruit comme pour en affirmer fièrement la justesse. Nous ne
sommes pas les seuls dans ce cas : des hommes en train de réparer les
dégâts de l’inondation dans un appartement du rez-de-chaussée sortent
pour les voir voler. Je prends ce vol comme une manifestation de la vitalité,
de la variété étonnante de la nature – un rappel fort de valeurs dont je
crains que nous, les humains, les ayons souvent reniées.
Le rythme de Jane est rapide dès le début de la session.
21h21.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Nous allons reprendre la dictée… Vous réagissez donc à toutes les
informations que vous recevez en fonction de vos croyances sur la nature de
la réalité. Les parties les plus profondes du moi n’ont pas à prendre en
considération les idées de l’ego concernant le temps, si bien que ces parties
du moi manient aussi des données qui échapperaient normalement à la
perception de l’ego jusqu’à ce qu’un certain « point » du temps soit atteint.
L’ego, qui doit accomplir des manipulations très directes dans le monde
de tous les jours, prend le temps, le temps des pendules, très au sérieux.
L’ego lui-même réalise, jusqu’à un certain point, que le temps des pendules
est une convention ; mais il n’aime pas qu’on ignore ce type de convention.
Il néglige souvent du matériau de type prémonitoire ou extralucide qui
parvient au cerveau conscient à partir des parties profondes du moi. Il peut
arriver que l’ego reconnaisse la valeur pratique de ces données et qu’il les
accepte avec plus de souplesse – mais seulement si l’information en
question cadre avec ses concepts de ce qui est possible et de ce qui ne l’est
pas.
Or les concepts de l’ego sont les vôtres, puisqu’il fait partie de vous. Si
vous vous attardez sur des idées de danger ou de désastres potentiels, si
vous considérez principalement le monde en termes de votre survie
physique, si vous êtes attentif à toutes les circonstances qui semblent la
menacer, vous pouvez prendre soudain conscience de rêves de précognition
annonçant des incidents ou des accidents, des vols à main armée ou des
assassinats.
L’idée que vous vous faites de la nature périlleuse de l’existence prend
une telle force que l’ego permet à ces données d’émerger, bien qu’elles
soient « hors le temps », parce que la crainte inhérente à vos croyances le
convainc que vous devez vous tenir sur vos gardes. Il est même possible
que ces incidents ne vous concernent pas le moins du monde. À partir de
tout le matériau télépathique inconscient et extralucide disponible, c’est de
ce groupe-là que vous prenez conscience, ce qui renforce encore votre
sentiment que l’existence est avant tout périlleuse.
Si cette information vous arrive par la voie des rêves, vous pouvez en
venir à craindre ces derniers, vous dire que vos mauvais rêves se réalisent
trop souvent et essayer d’en inhiber le souvenir. Au lieu de cela, vous
devriez plutôt examiner vos croyances conscientes ; elles sont si fortes
qu’elles vous focalisent sur les calamités du monde physique et vous font
utiliser vos capacités intérieures de cette façon.
(21h37.) La communication télépathique est constante. Elle se produit
en général à un niveau inconscient pour la simple raison que votre esprit
conscient est en état de devenir. Il ne peut pas contenir toute l’information
que vous possédez. Si vos idées conscientes sont relativement positives,
vous allez réagir à de l’information télépathique de même nature, même si
vous le faites à un niveau inconscient.
Comme je l’ai déjà mentionné (session 616), vous envoyez aussi vos
propres pensées par télépathie. Les autres y réagissent selon l’idée qu’ils se
font de la réalité. Une famille peut renforcer constamment (plus fort) la
spontanéité et la gaîté en se concentrant sur des idées de vitalité, de
créativité et de force ; ou elle peut dilapider la moitié de son énergie (voix
plus grave) en renforçant le ressentiment, la colère et les pensées de doute
et d’échec.
(« Je comprends. »
Les accentuations fines et légèrement humoristiques de Seth dans ce
paragraphe sont destinées à me faire comprendre personnellement certains
points tout en avançant sur son livre. Cela concerne des discussions que
nous avons eues aujourd’hui, Jane et moi, et des choses que j’ai mal
perçues.)
Dans un cas comme dans l’autre, l’idée qu’on se fait de la réalité est
renforcée, aussi bien consciemment qu’inconsciemment, non seulement à
l’intérieur de la famille mais aussi pour tous ceux qui entrent en contact
avec elle.
Il vous arrive ce sur quoi vous vous concentrez. Il n’y a pas d’autre règle
principale.9
Il est possible qu’il vous soit facile de voir chez les autres des croyances
qui sont tout à fait invisibles pour eux. En lisant ce livre, vous pensez peut-
être à tel ami ou à telle connaissance dont vous voyez clairement que ses
idées sont des croyances invisibles qui limitent son expérience – tout en
demeurant absolument aveugle à vos propres croyances invisibles, que vous
prenez si facilement pour l’absolue vérité ou pour des caractéristiques de la
réalité.
Les données de vos sens, encore une fois, viennent toujours renforcer vos
idées. À un niveau inconscient, vous réagissez également de façon
extralucide et télépathique à de l’information intérieure, et cette dernière
est, encore une fois, « collectée » selon les concepts tout à fait conscients
qui sont les vôtres en ce qui concerne l’existence en général, et la vôtre en
particulier. Ainsi vous retrouvez-vous bloqué dans des situations physiques
qui sont largement corroborées par les données de vos sens ; ces situations
sont bien sûr convaincantes, puisqu’elles reflètent si bien vos propres
idées et croyances – que celles-ci soient positives ou négatives.
En termes plus vastes, les termes « positif » ou « négatif » ne signifient
pas grand-chose, car l’expérience physique a une fonction d’apprentissage.
Toutefois, si vous êtes malheureux, le mot « négatif » a un sens.
(Une pause parmi beaucoup d’autres, à 21h50.) Je suppose qu’à présent
mes lecteurs ont au moins commencé à examiner leurs croyances et qu’ils
en ont peut-être entrevu quelques-unes qu’ils acceptaient auparavant
comme des caractéristiques mêmes de la réalité.
Or, si vous êtes honnête lorsque vous rédigez vos listes, vous allez
finalement parvenir à ce que j’appelle des « croyances de fond », c’est-à-
dire des idées fortes concernant votre propre existence. Il doit maintenant
vous apparaître clairement que de nombreuses croyances subsidiaires, qui
vous semblaient n’avoir pas de lien entre elles, découlent en réalité d’une
croyance de fond. Elles ne semblent logiques qu’en fonction de leur lien
avec cette idée. Quand on perçoit que la croyance de fond est erronée, les
autres tombent d’elles-mêmes.
C’est parce que la croyance de fond est assez forte pour focaliser à ce
point votre attention que vous ne percevez du monde physique que les
évènements qui la corroborent. C’est aussi la force de la croyance de fond
qui attire exclusivement, à partir de la vaste banque de connaissance
intérieure, les évènements qui semblent cadrer avec ce système
d’organisation.
Laissez-moi vous donner un bref exemple d’une croyance de fond. C’est
une croyance globale : la nature humaine est intrinsèquement mauvaise.
Cette croyance fait jaillir autour d’elle des évènements qui ont pour effet de
la renforcer. Les expériences, aussi bien personnelles que globales, qui
parviennent à la perception d’une personne qui en est convaincue ont pour
effet de l’enraciner encore davantage.
Parmi toutes les données physiques disponibles dans les communications
privées, dans le courrier, dans les journaux ou à la télévision, elle va se
concentrer exclusivement sur les sujets qui « prouvent » son point de vue.
Sa méfiance vis-à-vis des autres va augmenter, sans parler du manque de
confiance dans sa vie personnelle. Cette croyance finit par atteindre les
zones les plus intimes de sa vie, jusqu’à ce qu’il semble que plus rien ne
puisse la contredire.
C’est là une croyance de fond dans ce qu’elle peut avoir de pire. Une
personne qui y souscrit n’accorde aucune confiance à son conjoint, à sa
famille, à ses amis, à ses collègues, à son pays ou au monde en général.
Autre croyance de fond : « Ma vie n’a aucun intérêt. Ce que je fais n’a
aucun sens. » En général, une personne qui a ce type de croyance de fond
ne se rend pas compte qu’il s’agit d’une croyance invisible. Au lieu de cela,
elle a le sentiment que la vie est futile, que toute action personnelle est
vaine et que la mort est un anéantissement ; à cela vient s’ajouter un
ensemble de croyances subsidiaires qui ont un effet profond sur la famille
concernée ainsi que sur tous ceux qui entrent en contact avec cette
personne.
Lorsque vous établissez votre liste de croyances personnelles, prenez
donc soin de ne rien omettre. Examinez-la comme si elle appartenait à
quelqu’un d’autre. Je ne veux cependant pas suggérer que vous fassiez
exclusivement une liste de croyances négatives. Il est d’une importance
capitale que vous reconnaissiez l’existence de vos croyances heureuses, et
que vous preniez en considération les éléments de votre expérience qui vous
ont apporté le succès.
Je voudrais que vous capturiez ce sentiment d’accomplissement et que
vous le traduisiez, que vous le transfériez aux domaines dans lesquels vous
rencontrez des difficultés. Mais vous devez vous souvenir que les idées
existent d’abord et que les expériences physiques suivent.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22h06 à 22h19.)
Vous fabriquez votre propre réalité. Je ne peux le répéter trop souvent.
Or, il y a des périodes où toutes vos croyances sont, en quelque sorte,
nivelées. Elles sont en accord les unes avec les autres.
Ces idées peuvent être très limitées ; elles peuvent être fausses, basées
sur des principes incorrects. Leur force et leur vitalité sont pourtant tout à
fait réelles et elles donnent l’impression de donner d’excellents résultats.
« La prospérité est la seule chose qui compte. » Cette idée est loin de la
vérité ; pourtant, une personne qui l’accepte complètement est prospère et
en bonne santé, et tout s’accorde parfaitement avec sa croyance. Pourtant,
cette idée n’est qu’une croyance concernant la réalité et il y a, dans
l’expérience de cette personne, des gouffres invisibles dont elle ne se rend
pas compte.
Vue de l’extérieur, sa situation semble tout à fait avantageuse et elle
donne l’impression d’être satisfaite ; mais elle est minée par le sentiment
d’un manque de complétude. C’est un équilibre de surface.
De la même façon, quand vos croyances se modifient, il survient des
modifications dans votre comportement et dans votre expérience, ainsi que
des moments de stress, de stress créatif, pendant que vous apprenez. Notre
homme riche peut se rendre compte que sa croyance est limitante, qu’il
s’est concentré exclusivement sur elle, si bien que l’argent et la santé sont
devenus ses seuls buts. Lorsque cette croyance vole en éclats, il peut se
trouver vulnérable à la maladie, ce qui peut donner l’impression qu’il s’agit
d’une expérience négative. Pourtant, la maladie en question peut l’enrichir
en lui permettant d’accéder à des zones de perception qu’il avait niées
jusque-là.
Cette modification de ses croyances peut l’amener à repenser d’autres
convictions et lui faire comprendre que, s’il a réussi en ce qui concerne la
prospérité, c’est justement à cause de ses croyances. Mais grâce à
l’expérience peut-être plus profonde que la maladie lui aura ouverte, il peut
découvrir que l’expérience humaine comprend des dimensions de réalité qui
lui étaient fermées auparavant ; et que celles-ci se trouvent à sa portée –
sans la maladie qui les a apportées. Un nouvel ensemble de croyances peut
alors émerger. Dans l’intervalle, il y a eu un stress, mais un stress créatif.
(22h31.) Prenons un autre exemple. Vos pensées conscientes régissent
votre santé. L’idée persistante de la maladie rend malade. Tant que vous
croyez que ce sont les virus, les infections ou les accidents qui vous rendent
malades, il vous faut aller chez le médecin, qui fonctionne à l’intérieur de
ce système de croyances. Et comme vous croyez en ses remèdes, avec un
peu de chance, vous allez être soulagé de votre problème.
Cependant, comme vous ne comprenez pas que ce sont vos pensées qui le
créent, vous allez continuer à le subir, et de nouveaux symptômes vont
apparaître. Vous allez retourner chez le médecin. Quand vos croyances sont
en train de se modifier – quand vous commencez à vous rendre compte que
ce sont vos pensées et vos émotions qui causent la maladie –, vous pouvez
être temporairement désorienté.
D’une manière générale, vous réalisez que le médecin peut tout au plus
vous apporter un soulagement temporaire, mais vous n’êtes peut-être pas
encore convaincu de votre capacité à changer vos idées ; ou vous êtes
tellement intimidé par leur pouvoir que vous en avez peur. Il existe alors, en
quelque sorte, une période de stress entre différentes croyances, pendant
que vous vous débarrassez de l’une et apprenez à en utiliser une autre.
Et c’est là que vous vous trouvez confronté à l’un des aspects les plus
signifiants de la réalité personnelle, car vous testez vos idées contre ce qui
semble être. Il vous faudra peut-être du temps pour apprendre à changer vos
pensées de façon efficace, mais vous serez engagé dans une entreprise
signifiante et fondamentale.
La vérité est donc que vous formez directement votre réalité. Vous
réagissez consciemment et inconsciemment à vos croyances. Vous
collectez, dans l’univers physique et dans l’univers intérieur, les données
qui semblent corroborer vos croyances.
Croyez, par conséquent, que vous êtes par nature un être illimité, né dans
la chair pour matérialiser autant que vous le pouvez l’immense spontanéité,
l’immense joie de votre nature.
Vous pouvez maintenant faire votre pause. Ce chapitre va être plus court
car le précédent était long.
(22h40. Le rythme de Jane pendant toute cette session est le plus rapide
depuis le début du livre. La pause est brève. À 22h45, Seth commence à
donner plusieurs pages de matériau pour moi. Je ne m’y attendais pas. Il
termine la session à 23h20, avec ce commentaire : « Dites à Ruburt qu’il y
aura des écoles de pensée construites sur le concept des croyances de fond.
Dites-le-lui. »)
SESSION 618
JEUDI 28 SEPTEMBRE 1972
SESSION 619
LUNDI 9 OCTOBRE 1972
(Ma mère vit avec mon frère et sa famille dans une petite ville du nord de
l’État de New York, non loin de Rochester ; Jane et moi leur avons rendu
visite ce week-end. Sur la route du retour, ce matin, Jane a remarqué : « En
tout cas, quelqu’un est en train de travailler sur le livre de Seth. Je n’arrête
pas d’en recevoir des bribes. Je crois qu’il s’agit de l’imagination et des
croyances, de l’effet qu’elles ont l’une sur l’autre – mais c’est beaucoup
plus compliqué que ça. » Contente, elle a ajouté : « C’est agréable de
savoir que le travail est en train de se faire… »
21h06.) Maintenant. Je vous souhaite le bonsoir…
(« Bonsoir, Seth. »)
… et, si vous n’avez pas de question particulière à poser, nous allons
reprendre la dictée.
(« Non, allez-y. »)
Accordez-moi un instant… L’imagination joue elle aussi un rôle
important dans votre vie subjective, car elle donne de la mobilité à vos
croyances. C’est l’un des agents motivants qui vous aident à transformer
vos croyances en expérience physique. Il est donc vital que vous
compreniez le lien entre les idées et l’imagination. Afin de déloger les
croyances inappropriées et de les remplacer par d’autres, vous devez
apprendre à utiliser l’imagination pour faire entrer ou sortir des concepts de
votre esprit. En l’utilisant correctement, vous pouvez propulser les idées
dans les directions que vous souhaitez.
Fin du chapitre 3.
SESSION 621
LUNDI 16 OCTOBRE 1972
(Seth a parlé cinq fois par Jane la semaine dernière. Lundi et mercredi
soir, il a fourni du matériau pour son livre et des données personnelles pour
nous ; mardi soir, il s’est exprimé abondamment pendant le cours de
perception extrasensorielle ; vendredi après-midi, il a brièvement discouru
sur la psychologie freudienne pour un rédacteur du Time Magazine ; et
samedi soir, il a parlé de manière impromptue, pour un groupe de nos amis,
de la vie quotidienne en Italie au IVe siècle, alors qu’il était un pape mineur.
En matière de réincarnation, Seth a mentionné son expérience papale pour
la première fois pendant une session du cours de perception
extrasensorielle, en mai 1971. Voir le chapitre 22 de Seth parle.
Je n’ai pris que quelques notes concernant le matériau de samedi soir,
après le départ de nos amis. Nous étions en train de discuter des problèmes
de population actuels quand Seth s’est manifesté pour nous dire qu’au IVe
siècle, l’infanticide était une pratique assez fréquente – pour autant qu’il
sache. Tant qu’un enfant n’était pas baptisé, on le considérait comme la
propriété de ses parents, qui pouvaient en faire ce qu’ils voulaient sans que
cela soit mal vu.
Les enfants en trop, qui auraient été « un fardeau impossible » pour
l’économie de l’époque – en termes de logement, de nourriture, etc. –
étaient tout simplement tués avant d’avoir été baptisés. En revanche, une
fois baptisé, un enfant devenait un être sacré possédant une âme et le droit
de vivre.
Seth a ajouté que nos archives de ces premiers siècles sont confuses en ce
qui concerne l’Église, le baptême et les enfants. Il y avait d’autres
informations, mais je n’ai pas fait suffisamment confiance à ma mémoire
pour les noter.)
Bonsoir, une fois encore.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée : je ne minimise pas l’importance du moi intérieur. Toutes ses
ressources infinies sont toutefois à la disposition de l’esprit conscient, et au
service de vos buts conscients.
(Une pause.) Vous vous êtes trop appuyés sur l’esprit conscient (alors
même que ses caractéristiques et ses mécanismes étaient mal compris), si
bien que les défenseurs des théories de « l’esprit-conscient-et-raisonnant-
au-dessus-de-tout » prônent l’utilisation de l’intellect et des facultés de
raisonnement sans reconnaître pour autant que leur source se trouve dans le
moi intérieur.
L’esprit conscient était donc censé fonctionner seul, en quelque sorte –
dans l’ignorance des informations de nature intuitive qui lui sont également
disponibles. Il n’était pas supposé se rendre compte de ces données.
Pourtant, tout le monde sait très bien que l’intuition, l’inspiration et des
informations de type prémonitoire ou extralucide montent souvent jusqu’à
la connaissance consciente. En général, ces messages sont repoussés et
ignorés, car on vous a appris que l’esprit conscient ne doit pas prêter
attention à ces « balivernes ». On vous a donc incités à faire confiance à
l’esprit conscient tout en vous faisant croire qu’il ne se rend compte que des
stimuli qui lui parviennent du monde physique extérieur.
D’autres accordent au contraire une grande importance au moi intérieur, à
l’être affectif, aux dépens de l’esprit conscient. Selon ces théories, la
conscience ordinaire et l’intellect sont bien inférieurs aux parties
« inconscientes » de l’être ; et, de plus, toutes les réponses vous sont
cachées. (Une pause.) Les adeptes de ces théories dénigrent tellement
l’esprit conscient qu’on pourrait croire qu’il s’agit d’un cancer superflu,
d’une excroissance qui a poussé sur la psyché de l’espèce humaine – et qui
la gêne, plutôt que de l’aider dans sa compréhension et dans sa progression.
Les uns et les autres ignorent l’unité miraculeuse de la psyché, le bel
entrelacement naturel qui existe entre le soi-disant esprit conscient et le soi-
disant inconscient, l’incroyable richesse de l’interaction qui se produit
lorsque les deux parties donnent et reçoivent.
L’ « inconscient » contient réellement une partie importante de votre
propre expérience, en laquelle on vous a appris à ne pas croire. Encore une
fois, l’esprit conscient est destiné à se tourner vers le monde extérieur et
vers le monde intérieur ; c’est un véhicule pour l’expression de l’âme en
termes corporels.
(Une pause d’une minute à 21h59.) C’est le moyen par lequel vous
pouvez juger l’expérience temporelle, en accord avec les croyances de
l’esprit conscient concernant la nature de la réalité ; ce qui entraîne
automatiquement des réactions spécifiques du corps. Je ne peux le répéter
trop souvent : vos croyances forment votre réalité, votre corps ainsi que
l’état dans lequel il se trouve, vos rapports personnels, votre environnement
et, globalement, votre civilisation et votre monde.
Vos croyances attirent automatiquement les émotions appropriées.
L’imagination les renforce ; et, au risque de me répéter, car cela est
fondamental : l’imagination et les sentiments dépendent de vos croyances,
et non l’inverse.
Prenons un exemple rapide et inoffensif : si vous rencontrez souvent
quelqu’un et que vous vous dites à chaque fois « il me casse les pieds », il
ne faudra pas vous étonner si vous avez mal aux pieds la prochaine fois que
vous rencontrerez cette personne. C’est pourtant une suggestion tout à fait
consciente (avec insistance) que vous vous donnez à vous-même et qui
s’accomplit non pas symboliquement mais de la façon la plus pratique et la
plus littérale.
Dans cette existence, vous êtes orienté sur le monde physique. Cela
suppose sûrement que l’esprit conscient, qui est orienté sur le monde
physique, est celui qui doit se livrer à des déductions concernant la nature
de la réalité physique. Sinon vous n’auriez pas de libre arbitre.
(22h10.) Depuis la révolution industrielle (à partir de 1760 environ)12,
l’idée selon laquelle il n’y a pas de lien entre l’individu et les objets qui
l’entourent s’est développée dans la culture occidentale. Ceci n’est pas un
livre d’histoire, et je ne vais donc pas entrer dans les raisons qui se trouvent
derrière cette idée, mais je veux mentionner qu’il s’agissait d’une réaction
exagérée, dans vos termes en tout cas, aux concepts religieux qui l’avaient
précédée.
Avant cette époque, l’homme croyait pouvoir modifier la matière et son
environnement par la pensée. Cependant, avec la révolution industrielle, les
éléments de la nature elle-même ont perdu leur qualité vivante aux yeux de
l’homme. Ils sont devenus des objets à catégoriser, à nommer, à mettre en
pièces et à examiner.
On ne dissèque pas son chat ou son chien ; ainsi, quand l’homme a
commencé à disséquer l’Univers de cette façon, il avait déjà perdu le
sentiment de l’aimer. Pour lui, l’Univers n’avait plus d’âme. C’est alors
seulement, voyez-vous, qu’il a pu l’examiner sans scrupules et sans
entendre les voix vivantes qui protestaient (voix ponctuellement grave et
forte) ; et ainsi, dans sa grande fascination pour la façon dont les choses
fonctionnent, dans sa grande curiosité pour, disons, l’hérédité d’une fleur, il
oublia qu’il pouvait apprendre en humant son parfum, en la regardant, en la
voyant être elle-même.
Il examina donc la « nature morte ». Souvent, il lui sembla qu’il devait
tuer la vie pour découvrir sa réalité.
Vous ne pouvez pas comprendre ce qui fait vivre les choses quand vous
devez commencer par leur dérober la vie. Ainsi, lorsque l’homme apprit à
catégoriser, à numéroter et à disséquer la nature, il perdit sa qualité vivante
et cessa d’avoir le sentiment qu’il en faisait partie. De façon fondamentale,
il reniait son héritage, car l’esprit naît dans la nature et l’âme demeure pour
un temps dans la chair.
L’homme n’avait plus l’impression que ses pensées avaient un effet sur la
nature, car en esprit il se voyait comme séparé d’elle. De manière
paradoxale, il en vint à renier les pouvoirs conscients de son propre esprit
alors même qu’il se focalisait de façon très consciente sur les aspects
extérieurs de la nature. Il devint aveugle aux liens qui existent entre ses
pensées et son expérience ou son environnement physique.
Voulez-vous faire une pause ?
(« Non. »)
La nature devint donc un adversaire à maîtriser. Pourtant, il se sentait, au
fond, à la merci de la nature, car en se coupant de cette dernière, il se
coupait aussi d’une bonne partie de ses propres facultés.
C’est à partir de ce moment-là qu’on a commencé à méconnaître à ce
point la nature de l’esprit conscient et que les écoles de psychologie qui ont
suivi ont commencé à attribuer à des zones inconscientes de l’être les
pouvoirs qui étaient ignorés ou reniés. (Avec insistance.) Les fonctions les
plus naturelles de l’esprit conscient furent donc coupées de leur utilisation
normale et assignées à des zones « souterraines ».
Maintenant vous pouvez faire votre pause.
(22h29. La dissociation de Jane a été très bonne, son débit intense et
souvent rapide. En sortant de transe, elle secoue la tête. « Ouah, il y allait !
Je ne savais pas du tout de quoi il allait parler ce soir, mais je voyais bien
qu’il avait un paquet de choses à dire avant de nous accorder une pause. »
Reprise, de la même manière active, à 22h40.)
Maintenant. Reprenons la dictée. Puis, je ferai une remarque.
(« D’accord. »)
Accordez-nous un instant… L’accent a tellement été mis sur l’esprit
conscient (tout en le privant de certaines de ses caractéristiques), qu’on
assiste maintenant à une réaction exagérée, qui consiste à en dire du mal,
pour parler vulgairement.
On considère que l’imagination et les émotions lui sont largement
supérieures. On continue à assigner à l’inconscient les pouvoirs reniés de la
conscience et l’on se donne beaucoup de mal pour atteindre des zones qui
semblent inaccessibles. Les drogues sont utilisées dans ce but, des cultes
voient le jour, et les techniques ou instructions pour y parvenir abondent.
Pourtant, « la connaissance et l’expérience intérieures » n’ont rien
d’inaccessibles. Tout cela peut être tout à fait conscient, et utilisé pour
enrichir la réalité que vous connaissez. L’esprit conscient n’est pas une sorte
de fils prodigue ou de parent pauvre du moi. Il se focalise librement sur la
réalité intérieure lorsqu’on comprend qu’il peut le faire. Encore une fois,
vous avez un esprit conscient. Vous pouvez modifier la focalisation de votre
conscience.
Pour toutes sortes de raisons, l’espèce humaine s’est infligé bien des
tyrannies. Et l’une des pires est l’idée que l’esprit conscient n’est pas en
contact avec la source de son propre être, qu’il est coupé de la nature et que,
par conséquent, l’individu est à la merci de poussées inconscientes sur
lesquelles il n’a aucun contrôle.
Aussi l’homme se sent-il dénué de tout pouvoir. Si le but de la
civilisation est de permettre à l’individu de vivre dans la joie, dans la
sécurité et dans l’abondance, cette idée ne lui a pas été très utile.
(Une pause à 22h55.) Lorsqu’une personne a le sentiment qu’il n’existe
pas de lien entre son expérience, ou sa réalité personnelle, et le monde
alentour, elle perd jusqu’au sentiment d’appartenance, de pure compétence,
dont jouit l’animal. Une fois encore, vos croyances forment votre réalité et
façonnent votre vie dans chacun de ses aspects.
Ce sont vos croyances conscientes qui activent tous les pouvoirs de votre
moi intérieur. Vous avez perdu le sentiment d’être responsable de vos
pensées conscientes parce qu’on vous a appris que ce n’est pas ce qui forme
votre vie. On vous a dit que, quelles que soient vos croyances, vous
craignez le conditionnement inconscient.
Souligner la phrase suivante : Et tant que vous gardez cette croyance
consciente, vous en faites l’expérience comme d’une réalité.
(Tout au long de ces pages, Jane parle de façon très absorbée et très
énergique. Je sens le regard de Seth qui me fixe à travers ses yeux grands
ouverts.)
Certaines de vos croyances remontent à l’enfance, mais vous n’êtes pas à
leur merci pour autant, sauf si vous croyez l’être. Comme votre imagination
suit vos croyances, vous pouvez être pris dans un cercle vicieux par lequel
votre esprit vous peint constamment une image qui renforce les aspects
« négatifs » de votre vie.
Les évènements imaginés génèrent les émotions appropriées ; celles-ci
entraînent automatiquement des changements hormonaux13 dans votre corps
ou bien elles ont un effet sur vos rapports avec les autres, ou encore elles
vous font interpréter chaque évènement à la lumière de vos croyances. Si
bien que l’expérience quotidienne vous semble confirmer toujours
davantage votre vision du monde.
La seule façon d’en sortir est de vous rendre compte de vos propres
croyances, de vos propres pensées conscientes, et de modifier vos
croyances pour les accorder avec le genre de réalité dont vous voulez faire
l’expérience. L’imagination et les émotions viennent alors immédiatement
jouer leur rôle et renforcer ces nouvelles croyances.
Comme je l’ai dit (session 614, chapitre 2), le premier pas crucial est de
réaliser que vos croyances concernant la réalité ne sont que cela : des
croyances concernant la réalité, et pas nécessairement les caractéristiques
mêmes de la réalité. Il faut que vous fassiez bien la différence entre vous-
même et ce en quoi vous croyez. Ensuite, il faut que vous compreniez que
vos croyances se matérialisent physiquement. Ce que vous croyez vrai dans
votre expérience est vrai. Pour modifier un phénomène physique, vous
devez modifier la croyance initiale – tout en ayant conscience que, dans un
premier temps, la matérialisation de votre ancienne croyance va demeurer.
Si vous comprenez complètement ce que je dis, cependant, vos nouvelles
croyances vont commencer à se manifester – rapidement – dans votre
expérience. Mais il ne faut pas que vous vous préoccupiez de les voir
apparaître car cela fait naître la crainte que ces nouvelles idées ne se
matérialisent pas, ce qui nie votre intention.
J’ai évoqué (session 619) un jeu qui consiste à adopter de manière
ludique une idée que vous voulez voir se matérialiser, puis à imaginer
qu’elle se réalise. Sachez que tout évènement est d’abord mental et
psychique, et que cette idée va se matérialiser en termes physiques, mais ne
vous observez pas constamment. Continuez ce jeu.
(23h10.) Vous faites la même chose actuellement, de façon constante et
automatique, avec vos croyances, quelles qu’elles soient, et elles sont
traduites de façon tout aussi constante et automatique. Mais ce qui est
fondamental, pour commencer, c’est de bien séparer le moi des croyances.
Il ne s’agit pas de vous matraquer vous-même consciemment.
L’imagination et les émotions sont vos alliés. Votre direction consciente va
automatiquement les mettre en jeu. Vous voyez pourquoi il est si important
que vous examiniez toutes les croyances qui sont les vôtres en ce qui vous
concerne et en ce qui concerne la nature de votre réalité ; et, si vous la
laissez faire, une croyance va vous mener à une autre.
Maintenant. On a beaucoup écrit que, si l’imagination et la volonté
entrent en conflit, c’est l’imagination qui l’emporte. Or, je vous dis que si
vous vous observez, vous allez voir (voix plus forte et plus grave) que
l’imagination et la volonté n’entrent jamais, jamais, en conflit. Vos
croyances peuvent entrer en conflit les unes avec les autres, mais
l’imagination suit toujours la volonté, les pensées conscientes et les
croyances.
Si cela ne vous apparaît pas, c’est que vous n’avez pas encore fini
d’examiner vos croyances. Prenons un exemple simple. Vous êtes trop gros.
Vous avez essayé différents régimes, en vain. Vous vous dites que vous
voulez maigrir. Vous faites ce que je viens de dire : vous modifiez la
croyance en question. Vous vous dites : « Comme je crois que je suis gros,
je le suis, et je vais donc penser à moi-même comme étant à mon poids
idéal. »
Néanmoins, vous constatez que vous continuez à trop manger. Dans votre
esprit, vous continuez à vous voir comme trop gros, vous continuez à
imaginer des snacks et autres friandises et, en vos termes, vous
« succombez » à votre imagination ; vous vous dites donc que la volonté ne
vous est d’aucun secours et que les pensées conscientes n’ont aucun
pouvoir.
Mais supposons que vous alliez plus loin ; qu’en désespoir de cause vous
vous disiez : « D’accord, je vais examiner mes croyances plus à fond. » Il
s’agit ici d’un cas hypothétique, on peut donc déboucher sur toutes sortes de
croyances. Vous pouvez, par exemple, penser que vous n’avez guère de
mérite, que vous ne méritez pas d’être attirant. Ou que la bonne santé
s’exprime par le poids et qu’il est dangereux d’être mince. Ou vous pouvez
découvrir que vous vous sentez si vulnérable – et croire que vous l’êtes –
que vous croyez avoir besoin de ce poids pour que les gens hésitent à vous
bousculer. Dans tous les cas, ces idées sont conscientes. Vous les avez
souvent accueillies ; votre imagination et vos émotions sont en accord, et
non en conflit, avec elles.
(En tant que Seth, Jane regarde la pendule sur la biblio-thèque.)
Voulez-vous faire une pause ou terminer la session ?
(« Faisons une pause. »)
Comme vous voulez.
(23h26. La transe de Jane m’a paru tout à fait étanche et son débit,
animé d’une grande énergie. Elle confirme qu’il n’y a pas eu la moindre
distraction gênante et ajoute que Seth pourrait continuer jusqu’à l’aube. Ça
en a tout l’air, en effet.
Elle attend d’ailleurs que j’ai terminé mes notes pour que Seth puisse
revenir. Elle dit qu’il a des données personnelles pour nous, qui pourraient
être suivies de dictée pour le livre si nous le souhaitons.
Seth revient en effet à 23h35, avec des informations supprimées ici. À
l’occasion d’un échange plus libre avec moi, il donne aussi du matériau
que je ne prends pas en notes – je le rapporte à Jane après la session,
pendant que c’est encore frais dans mon esprit. À 23h52, Jane, encore en
transe, est tranquillement assise, pendant que j’écris quelques lignes. Elle
reprend la dictée à 23h55.)
Maintenant. Supposons que vous soyez pauvre. Vous suivez mes
suggestions et vous vous dites : « Mes besoins sont satisfaits et je vis dans
l’abondance. » Pourtant, vous ne parvenez toujours pas à régler vos
factures.
En imagination, vous voyez peut-être la prochaine facture arriver et vous
dans l’impossibilité de la payer. Vous pensez : « Je vais avoir l’argent
nécessaire ; c’est ma nouvelle croyance. » Mais rien ne change et vous
concluez : « Ce que je pense consciemment ne fait aucune différence. » Or,
si vous examinez vos croyances, vous allez peut-être découvrir, par
exemple, la conviction profonde que vous êtes dépourvu de mérite.
Vous pouvez vous voir en train de penser « je ne suis rien » ou « les
riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent » ou « tout le monde est
contre moi » ou « l’argent est mauvais ; ceux qui en ont n’ont aucune vie
spirituelle ». Vous pouvez découvrir, une fois de plus, n’importe laquelle
d’une série de croyances qui mènent toutes au fait que vous ne voulez pas
avoir d’argent, ou que vous en avez peur. En tout cas, votre imagination et
vos croyances vont de pair.
Autre exemple : vous essayez peut-être de vous souvenir de vos rêves.
Vous avez beau vous donner tous les soirs des suggestions appropriées,
vous n’en avez aucun souvenir au réveil. Vous dites : « Je veux me souvenir
consciemment de mes rêves mais mes suggestions ne marchent pas. Ce que
je souhaite au niveau conscient ne fait donc aucune différence. »
Pourtant, si vous examinez vos croyances plus soigneusement, vous allez
découvrir une croyance du genre « j’ai peur de me souvenir de mes rêves »
ou « mes rêves sont toujours désagréables » ou « je veux me souvenir de
mes rêves – mais j’ai peur qu’ils m’en disent trop ».
Dans ce cas également, votre réalité prend la couleur de vos croyances et
votre expérience résulte directement de votre attitude consciente. Avec le
genre d’attitude que nous venons de voir, vous verrouillez votre moi
intérieur, vous limitez à dessein votre expérience et vous renforcez votre
croyance dans les aspects négatifs de votre être.
C’est seulement en examinant des idées comme celle-ci que vous pouvez
découvrir où vous en êtes par rapport à vous-même. Cependant, je ne veux
surtout pas mettre l’accent sur le négatif et je vous suggère donc de regarder
les zones dont vous êtes satisfait et où vous avez obtenu de belles réussites.
Voyez comment vous avez personnellement renforcé les croyances
adéquates grâce à l’imagination et aux émotions ; voyez comment vous en
avez amené la réalisation physique – la facilité et le naturel avec lesquels
ces résultats sont apparus. Saisissez ce sentiment de réussite et comprenez
que vous pouvez utiliser les mêmes méthodes dans d’autres domaines.
Fin de la dictée.
(« D’accord. »)
Et, à moins que vous ayez des questions, fin de la session.
(« Non, je n’en ai pas. C’est très intéressant. »)
C’est toujours un plaisir.
(« Merci. Bonne nuit. »
0h07. Jane sort lentement de transe et annonce que le titre du prochain
chapitre – le cinquième – vient de lui parvenir : « Le futur et vos croyances
actuelles ». « Mais je crois qu’il reste encore un petit quelque chose pour
finir ce chapitre », dit-elle. Elle s’enfonce dans son fauteuil à bascule, les
yeux fermés. Elle doit faire un effort particulier pour se lever et aller se
coucher.
Une note ajoutée plus tard : « Je me suis trompée en pensant que c’était
le titre du chapitre suivant, écrivit Jane au mois de novembre, mais je sais
que ce sera le titre d’un chapitre. » Pourtant, Seth n’a jamais utilisé ce
titre ; et la fin du chapitre était encore loin.)
SESSION 622
MERCREDI 18 OCTOBRE 1972
(« C’est drôle, j’attends toujours la session », dit Jane à 21h35. Cela fait
vingt minutes que nous sommes prêts. Je ne m’attendais pas vraiment à ce
que Jane ait une session ce soir – mais ma croyance est-elle en train
d’influencer la réalité ? Lundi soir, Jane a eu une session longue et intense,
et mardi, pendant le cours de perception extrasensorielle, elle n’a pas cessé
d’« entrer et sortir de transe », selon sa propre description ; c’est-à-dire
pendant trois heures, et avec du sumari en plus. Jane a beaucoup d’énergie
ces temps-ci.
À 21h38, elle dit : « Ça y est, je sens que Seth est par ici. On va avoir une
session, finalement… »
21h40.) Maintenant. Bonsoir…
(« Bonsoir, Seth. »)
… et nous allons commencer la dictée (tranquillement).
Bien sûr, vous communiquez aussi vos croyances à autrui. Quand des
gens vous rendent visite, ils ne voient pas l’endroit où vous vivez de la
même façon que vous, car ils le voient à travers le filtre de leurs croyances.
Dans votre propre environnement, cependant, vos croyances personnelles
prédominent en général.
(Une pause.) Les croyances des gens qui ont des idées semblables se
renforcent entre elles. Votre entourage peut ne pas vous comprendre si vous
décidez d’un seul coup de modifier votre réalité en modifiant vos croyances
– cela risque de vous faire aller dans une direction opposée à celle du
groupe auquel vous appartenez. Ceux qui vous entourent peuvent avoir le
sentiment qu’ils doivent défendre les idées dont vous pensiez tous
auparavant qu’elles allaient de soi. Vos croyances se mêlaient les unes aux
autres. Chacun a sa propre vision de la réalité, pour des raisons qui lui
semblent tout à fait valables. Les besoins des uns et des autres sont
satisfaits. Quand vous changez abruptement de croyances, au sein d’un
groupe, vous n’êtes plus dans la même situation ; vous ne jouez plus le
même jeu.
Vous ne satisfaites peut-être plus les mêmes besoins dans le groupe. Les
rapports intimes et les liens sociaux s’en ressentent.
(Nous commençons justement à entendre parler de frictions de ce genre,
spécialement pour les membres du cours de perception extrasensorielle, qui
travaillent avec les idées contenues dans ce livre. D’autres personnes que
nous voyons régulièrement ont des épisodes semblables à raconter.)
Dans un premier temps, vous pouvez avoir un sentiment de perte quand
vous passez d’un groupe d’idées à un autre. Cependant, des gens qui
partagent vos nouvelles idées vont être attirés par vous, et vous par eux.
J’en reparlerai plus loin, mais ce sentiment de perte explique que quelqu’un
qui décide de se mettre au régime pour perdre un excès de poids puisse se
trouver confronté à une opposition voilée, ou même à une résistance
ouverte, de la part de ses amis et de sa famille ; qu’une personne qui prend
de nouvelles résolutions puisse se trouver tournée en ridicule par ses
proches ; que l’alcoolique qui essaye de ne plus boire découvre que certains
font exprès de le tenter et emploient des tactiques élaborées pour le faire
craquer.
Quand un malade s’engage sur la voie de la guérison en modifiant ses
croyances, il est parfois surpris de découvrir que ceux qui lui sont le plus
cher sont soudain troublés, et qu’ils ont à cœur de lui rappeler la « réalité »
de son état.
Comme les croyances forment la réalité – la structure de l’expérience –,
tout changement de croyances modifie cette structure et, bien sûr, entraîne
des changements. Le statu quo qui avait une fonction donnée n’est plus, de
nouveaux éléments sont introduits, un autre processus créatif démarre.
Comme vous partagez toutes vos croyances privées, comme il y a une
interaction, tout changement décidé par vous est ressenti par les autres, qui
réagissent à leur façon.
Vous cherchez à faire l’expérience de la réalité la plus accomplie
possible. Dans ce but, vous avez commencé, du moins je l’espère, à
examiner vos croyances. Vous pouvez souhaiter que d’autres changent
également. Pour cela, commencez par vous-même. Je vous ai dit (session
619) d’imaginer un jeu dans lequel vous vous voyez agir en accord avec la
croyance appropriée. Quand vous le faites, imaginez l’effet de cette
nouvelle attitude sur les autres.
(22h01.) Imaginez comment ils y réagissent. Cela est important, car vous
leur envoyez télépathiquement des messages intérieurs. Vous leur dites que
vous êtes en train de modifier votre comportement et les conditions de votre
relation. Vous diffusez la nouvelle de votre attitude modifiée.
Il y en a qui vont vous comprendre, à ce niveau. Mais certains peuvent
avoir besoin de l’ancien cadre et de quelqu’un (que ce soit vous ou un
autre) qui joue le rôle qui était le vôtre. Ou bien ces gens-là vont sortir de
votre expérience, ou bien c’est vous qui allez les en faire sortir.
Encore une fois, si vous pensez à votre vie quotidienne comme à un
tableau en trois dimensions qui se modifie constamment et dont vous êtes le
peintre, vous voyez que votre expérience change quand vos croyances se
modifient. Mais il faut que vous acceptiez complètement l’idée que vos
croyances forment votre expérience. Débarrassez-vous de celles qui ne vous
apportent pas l’effet désiré. En attendant, vous allez souvent vous trouver
dans la situation d’avoir à vous dire que quelque chose est vrai, malgré les
données physiques qui semblent indiquer le contraire. Vous pouvez être en
train de penser « je vis dans l’abondance et je ne manque de rien » alors que
vos yeux vous montrent une pile de factures impayées sur votre bureau.
Vous devez comprendre que vous êtes celui ou celle qui a fabriqué
« l’évidence tangible » qui vous entoure, et que vous l’avez fait au moyen
de vos croyances.
Si bien que, quand vous modifiez ces croyances, l’évidence tangible va
graduellement commencer à « prouver » ces nouvelles convictions aussi
fidèlement qu’elle prouvait les anciennes. Vous devez travailler avec vos
idées propres. On peut en général regrouper les croyances en catégories, et
elles ont des causes communes, mais vous devez vous rendre compte des
vôtres, car chaque personne est unique. Vos anciennes croyances avaient
une fonction et correspondaient à un besoin.
Comme on l’a vu, vous pensiez peut-être que la pauvreté était en elle-
même plus spirituelle que l’abondance, ou que vous étiez dépourvu de
mérite et qu’elle était une punition justifiée (session 614, chapitre 2, par
exemple).
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22h15 à 22h30.)
Bien sûr, vous pouvez contribuer à changer les croyances de nombreuses
personnes, en fonction de l’énergie, de la puissance et de l’intensité qui sont
les vôtres.
Dans votre vie physique quotidienne, vous vous préoccupez en général
surtout de changer vos croyances vous concernant, puis de changer les
croyances que d’autres peuvent avoir à votre égard. Vous allez trouver
certaines croyances qui entrent en conflit avec d’autres, et il faut que vous
vous en rendiez compte. Par exemple, vous pouvez croire que vous
souhaitez découvrir la nature de votre moi intérieur, vous dire que vous
souhaitez vous souvenir de vos rêves, tout en continuant à croire que le moi
intérieur ne présente pas grand intérêt et en ayant peur de ce que vous
risquez de trouver dans vos rêves si vous vous en souvenez.
Dans un cas comme celui-ci, cela ne sert à rien de se lamenter et de dire :
« Je veux me comprendre moi-même mais j’ai peur de ne pas aimer ce que
je vais trouver. » Vous devez modifier vos croyances et cesser de croire que
le moi intérieur est une place forte pleine d’émotions refoulées peu
recommandables. Il contient, en effet, quelques émotions refoulées, mais il
contient surtout beaucoup d’intuition, de connaissance et les réponses à
toutes vos questions.
Écoutez vos conversations avec vos amis. Voyez comment vous
renforcez leurs croyances et comment ils renforcent les vôtres. Voyez
comment votre imagination et la leur suivent souvent le même chemin. Tout
cela est bien visible, pour peu que vous vous en rendiez compte.
Presque tout le monde connaît la vieille suggestion : « Chaque jour, je
vais de mieux en mieux, de toutes les façons possibles. »14 Il s’agit là d’une
excellente suggestion, donnée par l’esprit conscient à d’autres portions du
moi. Cependant, le résultat de cette suggestion suit lui aussi les croyances
conscientes.
J’ai utilisé l’exemple de « je suis un parent responsable » (session 618,
chapitre 3). Si, pour vous, cela veut dire « je fais très attention à ce que mes
enfants se brossent les dents, mangent bien et se comportent correctement »,
vous allez interpréter le « de mieux en mieux » de cette manière.
Si cette croyance signifie que c’est, pour vous, la meilleure façon
d’exprimer votre amour pour vos enfants, si vous avez le sentiment qu’il est
embarrassant d’exprimer votre affection de façon directe, le « de mieux en
mieux » renforce simplement cette conviction.
Vous pouvez devenir de plus en plus efficace en ce sens. C’est pourquoi
il est crucial que vous examiniez vous-même vos croyances et que vous
compreniez ce qu’elles signifient personnellement pour vous. Pour
reprendre cet exemple, si vous réalisez soudain votre attitude et commencez
à exprimer votre amour pour vos enfants de façon directe, ils risquent d’être
très étonnés – ravis, mais troublés. Cela peut prendre un moment avant
qu’ils comprennent votre réaction, mais la nouvelle réalité va finir par avoir
une cohésion, tout comme l’ancienne en avait une.
Vous devez donc examiner vos croyances, comprendre qu’elles forment
votre expérience et changer consciemment celles qui n’amènent pas les
résultats souhaités. Au cours de cet examen, vous allez découvrir de
nombreuses croyances excellentes qui fonctionnent très bien pour vous.
Suivez leur cours. Voyez comment votre imagination et vos émotions leur
ont emboîté le pas. Si possible, observez votre propre passé pour localiser
les points où de nouvelles idées identifiables sont venues à vous et ont
changé votre expérience de façon bénéfique.
Les idées ne font pas que changer le monde, elles le construisent
constamment.
Maintenant. Nous sommes presque à la fin du chapitre 4. Je vais vous
laisser vous reposer tous les deux et nous reprendrons à la session suivante.
Mes salutations les plus chaleureuses à vous deux.
(« Merci beaucoup, Seth. » Fin à 22h54.)
SESSION 623
MERCREDI 25 OCTOBRE 1972
11 Jeu de mots portant sur le titre du magazine : time, le temps, en anglais (N. d. l. T.).
12 L’expression « révolution industrielle » désigne la transformation brutale d’une société agraire et
artisanale en société industrielle, au XIXe siècle. Certains auteurs considèrent cependant qu’il s’agit
d’un processus graduel, amorcé au xvie siècle (N. d. l. T.).
13 Les hormones sont des sécrétions produites par les glandes endocrines – les surrénales, la
thyroïde, le pancréas, etc. Ces composés complexes sont transportés par les fluides corporels jusqu’à
d’autres organes et tissus où ils ont certains effets. Ici, comme d’habitude, Seth maintient que nous
ne sommes pas à la merci de ce genre de processus involontaire.
14 Seth fait ici allusion au fameux système d’autosuggestion du Français Émile Coué. Coué fut un
pionnier dans l’étude de la suggestion et écrivit un livre sur le sujet dans les années 1920. À
l’époque, ses idées furent bien reçues en Europe mais pas aux États-Unis, où sa tournée de
conférences fut un fiasco en raison des réactions hostiles de la presse.
CHAPITRE 5
SESSION 624
LUNDI 30 OCTOBRE 1972
(21h45.) Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Nous allons continuer la dictée.
Pour être en bonne santé, vous devez avoir foi en la santé. Un bon
médecin est un médecin qui sait changer les croyances du patient, qui sait
remplacer l’idée de la maladie par celle de la santé. Quelles que soient les
méthodes ou les médicaments utilisés, ceux-ci n’auront d’effet que si ce
changement de croyance intervient.
Malheureusement, quand l’homme commença à mettre des étiquettes, il
établit aussi des cartographies d’une grande complexité et classifia les
maladies avec une efficacité nouvelle. Il étudia les tissus morts pour
découvrir la nature de la maladie qui les avaient tués. Les médecins
commencèrent à penser aux humains en termes de maladies et de porteurs
de maladies – qu’ils créaient parfois eux-mêmes par certaines de leurs
nouvelles procédures médicales.
Les anciens médecins étaient beaucoup plus en contact avec le patient
lui-même ; ils comprenaient la nature des croyances et l’importance capitale
de la suggestion. Leurs techniques avaient été adoptées en grande partie
pour leur valeur de choc psychologique, qui avait pour effet de laver
littéralement l’esprit du patient de l’idée de la maladie qu’il croyait avoir.
La profession médicale actuelle est tristement entravée par ses propres
croyances. Elle fonctionne souvent à l’intérieur d’un cadre qui non
seulement considère la mauvaise santé et la maladie comme normales, mais
qui, de plus, renforce les concepts qui se trouvent derrière. On a là, comme
avec la psychanalyse, un jeu de cache-cache auquel le médecin et le patient
participent (voir la session 616, chapitre 2).
Tous les deux croient, bien sûr, avoir besoin de l’autre. En arrière-plan,
on trouve souvent un schéma psychique dans lequel le patient attribue au
médecin les pouvoirs de la connaissance et de la sagesse dont il se croit lui-
même dépourvu. Même s’il sait que ce n’est pas le cas, le patient veut
quand même considérer le médecin comme tout-puissant.
Le médecin lui-même projette souvent sur le patient le sentiment
d’impuissance qu’il ressent, et contre lequel il combat. Dans cette
interaction, le patient tente de faire plaisir au médecin, dans le meilleur des
cas en échangeant un groupe de symptômes pour un autre. Trop souvent, le
médecin partage avec le patient une foi profonde en la mauvaise santé et en
la maladie.
Qui plus est, la profession médicale fournit souvent, pour différentes
maladies, une feuille de route à laquelle le patient essaye de se conformer.
La profession médicale peut parfois être d’un grand secours, et bénéfique,
mais une bonne partie de son effet positif est anéantie par le système de
valeurs dans lequel elle fonctionne.
Comme les médecins sont entourés d’un grand prestige, leurs suggestions
reçoivent une attention particulière. Le patient se trouve dans un état affectif
tel qu’il accueille les déclarations du médecin avec moins d’esprit critique
que d’ordinaire.
La pratique de donner un nom et une étiquette aux « maladies » est
néfaste car elle nie en grande partie la mobilité inhérente et la qualité
toujours changeante de la psyché, telles qu’elles s’expriment dans la chair.
On vous dit que vous avez « quelque chose ». Sans que l’on sache
pourquoi, « cela » vous a attaqué, vous et vos organes intimes. On vous dit
en général que vos croyances, vos émotions, votre système de valeurs n’ont
rien à voir avec les circonstances malheureuses qui vous assaillent.
(22h08.) En général, le patient se sent donc impuissant et à la merci du
premier virus venu. En réalité, vous choisissez même le type de maladie
que vous avez, en accord avec la nature de vos croyances. Vous êtes
immune aux maladies tant que vous croyez l’être.
Ce sont là des affirmations tout à fait pratiques. Votre corps a une
conscience corporelle globale pleine d’énergie et de vitalité. Il corrige
automatiquement tout déséquilibre ; mais vos croyances conscientes ont,
elles aussi, un effet sur la conscience du corps. Vos muscles croient ce que
vous leur dites sur eux-mêmes. Toutes les autres parties de votre corps
également.
Tant que vous croyez que seuls les médecins peuvent vous guérir, vous
faites bien d’avoir recours à eux car, à l’intérieur de votre cadre de
croyances, ils sont les seuls à pouvoir vous aider. Mais ce cadre même vous
limite ; et encore une fois, vous pouvez très bien guérir, mais une difficulté
en remplacera une autre tant que vos croyances continueront à être la source
de problèmes physiques.
La même chose s’applique d’ailleurs à ce qu’on appelle parfois la
« guérison spirituelle ». Si ce type de guérisseur réussit à guérir votre corps
en utilisant de l’énergie psychique concentrée, vous allez également
échanger ces symptômes pour d’autres, à moins de changer les croyances
concernées. Il arrive parfois qu’un guérisseur ou un médecin, en soignant
efficacement un état particulier, vous montre par déduction que l’énergie de
la guérison était en vous ; en prendre conscience peut suffire à transformer
vos croyances concernant la santé.
Dans ce cas, vous comprenez que vos difficultés de santé résultaient de
vos croyances. Si vous avez des problèmes d’ordre physique, concentrez-
vous plutôt sur les parties de votre corps qui sont en bonne santé et qui
fonctionnent bien. Dans ces parties-là, vos croyances travaillent à votre
avantage.
Comme nous l’avons vu (dans la session précédente), les sons intérieurs
sont extrêmement importants. Chacun des atomes, chacune des molécules
qui composent votre corps ont leur propre réalité dans des valeurs de son
que vous n’entendez pas physiquement. Chaque organe de votre corps a
donc aussi ses propres valeurs de son. Quand quelque chose ne va pas, les
sons intérieurs sont discordants.
À cause du son intérieur de vos pensées-croyances, les sons non
harmonieux font maintenant partie de cette région de votre corps. Voilà
pourquoi il est vital que vous ne renforciez pas ces sons intérieurs en vous
répétant à vous-même les suggestions négatives. Les suggestions verbales
sont traduites en sons. Ceux-ci traversent le corps un peu à la manière de la
lumière.
Vous pouvez faire une pause.
(De 22h25 à 22h35.)
Maintenant. Tant que vous êtes des créatures physiques, vos perceptions
sont surtout orientées vers le monde physique. Mais votre corps lui-même
existe en d’autres termes que ceux que vous supposez habituellement.
Vous le percevez comme un objet ayant une masse et composé de chair et
d’os. Il comporte aussi des « structures » de son, de lumière et de propriétés
électromagnétiques que vous ne percevez pas. Celles-ci sont connectées à
l’image physique que vous connaissez. Tout problème physique se
manifeste d’abord au niveau de ces structures.
Le son, la lumière et les schémas électromagnétiques donnent force et
vitalité à la forme physique que vous reconnaissez. Ils ont plus de mobilité
que le corps physique et sont encore plus sensibles aux aspects changeants
de vos pensées et de vos émotions.
Je vous ai dit que les pensées sont matérialisées en son interne, mais elles
essayent également de se matérialiser. En tant que tel, ce sont des images en
devenir, des amasseurs d’énergie. Elles construisent leur propre forme
embryonnaire, jusqu’à ce que celle-ci soit traduite physiquement, d’une
façon ou d’une autre.
Les représentations mentales sont donc extrêmement puissantes ; elles
combinent l’effet du son intérieur avec une image mentale claire qui
cherche une forme physique. Votre imagination apporte une motivation,
une force de propulsion à ces images ; aussi envisagez-vous fréquemment
vos croyances sous une forme visuelle. Des images mentales s’y rattachent.
Une image particulière peut représenter une seule croyance ou plusieurs.
En établissant la liste de vos croyances, vous allez vous rendre compte que
certaines de ces images vous viennent à l’esprit. Observez-les comme s’il
s’agissait d’un tableau peint par vous. Si vous n’aimez pas ce que vous
voyez, modifiez-le consciemment dans votre esprit.
Bien qu’il s’agisse d’images intérieures, elles font tellement partie de vos
croyances que vous allez les voir comme extérieures à votre expérience.
(22h48.) Prenons un exemple simple. Vous avez mal à un orteil. Vous le
voyez, de temps en temps, très clairement dans votre esprit. Vous l’observez
plus souvent que d’habitude, et peut-être remarquez-vous aussi, parmi la
foule, toute personne qui ne marche pas bien. D’ordinaire, vous ne faites
pas attention à ces gens mais, d’un seul coup, le monde vous semble plein
d’orteils douloureux.
Nous parlons ici d’une croyance déjà manifestée physiquement ; mais si
vous continuez à vous concentrer de cette manière sur votre orteil, il ne va
pas guérir, ou va même empirer. Derrière tout cela, bien sûr, se trouve la
croyance à la source de cette difficulté ; mais une fois que vous avez donné
naissance à un groupe de symptômes, vous devez faire très attention à ne
pas voir votre réalité sous cet angle-là. Car si c’est ce que vous faites, vous
y ajoutez à la fois une image intérieure et une image extérieure qui
renforcent cet état.
Il y a donc de la lumière que vous ne voyez pas avec vos yeux physiques,
tout comme il y a du son que vous n’entendez pas avec vos oreilles. Ceux-ci
se combinent pour créer l’image physique que vous connaissez, si bien que
vous devez travailler de l’intérieur vers l’extérieur. Pour reprendre
l’analogie du tableau, vos croyances sont votre palette.
Vos pensées esquissent les grandes lignes de la réalité physique dont vous
faites l’expérience. Vos émotions emplissent ces schémas de lumière. Votre
imagination soude le tout ensemble.
Le son de vos pensées intimes est réellement le matériau que vous
utilisez. Il ne s’agit pas là d’une comparaison, mais au contraire d’une
explication simple de la façon dont vos croyances forment votre réalité.
Dans des moments tranquilles, le mot « O-O-O-O-O-M-M-M-M-M »,
prononcé lentement, contribue à tonifier votre état physique générale. Ces
sons contiennent une sorte d’élan inhérent vers l’énergie et le bien-être,
comme nous allons le voir.
Maintenant – je vais terminer là pour ce soir. Mais je continuerai la
prochaine fois. Si vous avez des questions, je vais y répondre.
(« Non… »)
Alors, je vous souhaite un affectueux bonsoir.
(« Vous de même, Seth. »
Plus fort.) Et mes salutations les plus chaleureuses à vous deux.
(« Merci. Bonne nuit. » Fin à 23h05. Jane n’a aucun souvenir du
matériau qu’elle a livré depuis la pause.)
SESSION 625
MERCREDI 1ER NOVEMBRE 1972
SESSION 626
MERCREDI 8 NOVEMBRE 1972
15 Il y a aussi une progression en complexité. Les électrons sont des particules chargées
négativement, qui tournent autour d’un noyau sur lequel se trouve un nombre égal de charges
positives ; ensemble, ils constituent un atome. Des groupes d’atomes se combinent pour former les
molécules.
16 Dans Seth parle, chapitre 19, Seth nous dit : « Les structures moléculaires envoient leur propre
message, et à moins d’être branché sur la bonne longueur d’onde pour les percevoir, on croit qu’il
s’agit de sons sans signification particulière. »
17 Seth fait ici allusion à la façon dont l’influx nerveux passe d’un neurone à un autre, ou d’une
cellule nerveuse à une autre. Cette jonction entre deux neurones est nommée synapse.
18 Jeu de mots portant sur le titre du magazine : time, le temps, en anglais (N. d. l. T.).
CHAPITRE 6
SESSION 627
LUNDI 13 NOVEMBRE 1972
SESSION 628
MERCREDI 15 NOVEMBRE 1972
SESSION 630
LUNDI 11 DÉCEMBRE 1972
(Jane et moi prenons place pour la session vers 21h15. À 21h25, elle me
dit soudain qu’elle vient de « recevoir » le titre d’un livre que je vais
écrire : Par mes yeux. Elle en est très étonnée – et moi aussi. Jane dit
qu’elle a d’abord cru que cette information (venue de Seth ?) signifiait que
j’allais écrire un chapitre ainsi nommé pour un de ses livres à elle, mais
qu’elle a vite réalisé qu’il s’agissait de mon propre travail.
Celui-ci est censé exprimer ma vision de l’expérience de Seth et la façon
dont elle a influencé, ou changé, mes idées sur l’art, sur la vie, etc. Puis,
alors que Jane est en train de me dire tout ça, elle annonce que Seth arrive
à l’instant – une procédure tout à fait inhabituelle dans nos sessions
régulières. Elle retire ses lunettes.
21h26.) Maintenant. Le titre du livre est Par mes yeux, et il faut que ce
soit votre propre livre, traitant à votre façon de plusieurs domaines
importants. Vous avez une aptitude pour l’écriture, vous le savez.
Ce livre devrait contenir votre version de notre expérience commune, les
questions qu’elle a fait naître dans votre esprit, vos explications
philosophiques personnelles, votre observation de Ruburt en tant que Jane
et de nos états de transe. D’autres parties devraient expliquer vos idées
concernant la créativité, telle que vous la sentez en vous – les différences et
les points communs entre votre expérience lorsque vous peignez à partir
d’une inspiration « ordinaire » et quand vous percevez d’abord une
impression psychique qui mène à un tableau. Vous devriez y inclure des
illustrations partant d’un croquis initial et allant jusqu’au tableau achevé.
Pensez à l’expérimentation, observez la couleur telle qu’elle est perçue
en état de conscience ordinaire et en état de conscience modifiée. Faites
attention, aussi, à la couleur dans vos rêves. Expliquez vos idées concernant
les gens que vous peignez, et pourquoi, alors que vous êtes fasciné par les
portraits, vous n’utilisez pratiquement pas de modèles.
Ce livre peut inclure du matériau que je vous ai donné sur l’art par
différents canaux, et la façon dont vous l’avez utilisé. Ce travail peut être
suivi d’un autre, qui utilise les sessions principalement consacrées à l’art
tout en couvrant d’autres domaines artistiques, comme la nature de
l’inspiration et son origine.
Je sais que vous pouvez suivre les grandes lignes que je vous indique. De
plus, ce livre devrait être agréable à écrire ; il combinerait votre aptitude
pour l’écriture et pour la peinture. Le titre est bon, et le livre se vendra.
Vous pourrez obtenir un contrat, avec une avance, et l’écrire servira aussi
d’aiguillon pour votre peinture. Là, je suis retors.
(« Vous l’êtes ? » J’essaye d’appâter Seth.)
En effet. Car cela va court-circuiter certains de vos blocages par rapport à
la peinture et vous mener vers un nouveau pouvoir spontané en tant que
peintre (avec humour). Ce sera un travail qui aura du mérite à vos yeux, et
ce sera le vôtre, réalisé à partir de votre propre expérience. Je sais que son
élan seul va automatiquement produire, sans que vous vous en rendiez
compte, des tableaux excellents. Vous voudrez les utiliser. Je ne vais pas
vous dire de quelle façon cela contourne certains de vos problèmes actuels,
ou desquels il s’agit. Je suggère que vous fassiez une description, un
synopsis et quelques pages de début – disons, un chapitre environ.
Maintenant, nous allons faire une pause ; et c’est là ma petite surprise
pour vous deux.
(« Eh bien ! Merci. »
21h42. « Je suis si étonnée que je n’ai pas encore remis mes lunettes »,
s’exclame Jane, une fois sortie de transe. Nous n’avions ni l’un ni l’autre
pensé à un tel projet, ce qui ne veut pas dire que l’idée de faire un livre
portant au moins partiellement sur Seth ne me soit jamais venue à l’esprit.
« Je suis vraiment étonnée quand il m’arrive quelque chose comme ça
pendant une session, dit Jane. C’est si différent de ce à quoi je pensais, ou
de ce que je faisais. À l’instant, je vois un cahier central, avec tes
illustrations. Et je vois le portrait de Seth en quatrième de couverture. »
Elle indique, par-dessus son épaule droite, l’emplacement où ce tableau –
reproduit dans Le Matériau de Seth – est accroché au mur, juste derrière
son fauteuil à bascule.
Reprise de la même manière active à 21h58.)
Maintenant. Ce livre sera une bonne publicité pour un autre que je ferai
plus tard – et si vous insérez ce que je viens de vous dire dans le livre que je
suis en train de faire maintenant, les gens vont déjà commencer à attendre le
vôtre.
(« Ça, c’est malin. »)
Incluez-le donc dans La Nature de la réalité personnelle, car c’est la
naissance de ce livre dans votre réalité personnelle.
J’avais plusieurs choses à l’esprit ce soir. Certaines des questions de
Ruburt trouveront une réponse dans le prochain chapitre, que nous allons
commencer. Puis, j’aurai d’autres remarques personnelles.
CHAPITRE 7
La chair vivante
SESSION 631
LUNDI 18 DÉCEMBRE 1972
SESSION 632
LUNDI 15 JANVIER 1973
SESSION 633
MERCREDI 17 JANVIER 1973
(Ce soir, j’ai demandé à Jane si Seth allait livrer la lettre promise pour
nos correspondants. Nous prenons place pour la session à 21h05. Au même
moment, la sirène des pompiers se fait entendre avec insistance ; puis
d’autres sirènes retentissent.
Une note : Jane a passé une bonne partie de son temps de travail
aujourd’hui à relire son manuscrit, The Physical Universe as Idea
Construction, et à en écrire davantage. Elle en a reçu la version originale
dans un état transcendant, le 9 septembre 1963 au soir. Cet évènement
marquait le début de son développement médiumnique ; près de dix ans
après sa conception, cette œuvre demeure une « borne » pour elle – et Jane
y a découvert aujourd’hui des concepts qu’elle n’avait pas perçus
auparavant. Pour en savoir plus sur The Physical Universe as Idea
Construction, voir Le Matériau de Seth et Seth parle.
21h14.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons commencer par une lettre.
Cher ami,
J’apprécie votre intérêt pour mon travail et pour les sessions. Je me rends
également compte de votre besoin tout à fait humain, et naturel, de traduire
la philosophie en actions et en vie quotidienne.
Toutefois, les idées qui vous y sont données sont des instruments destinés à
être utilisés par vous, à votre façon. Plus vous utilisez ces outils mentaux,
plus vous apprenez à développer et à épanouir les dons qui n’appartiennent
qu’à vous. Il y a en général, dans votre monde, des gens vers qui vous
pouvez vous tourner pour trouver de l’aide – que ce soit des confidents, des
amis, des médecins, des psychologues ou des médiums. Selon « où vous en
êtes », l’une ou l’autre de ces personnes peut vous apporter son aide.
Cette aide peut être très bienvenue ; cependant, la valeur de ce que j’ai à
offrir est d’une autre nature. En termes plus larges, l’un de mes messages
les plus importants est simplement ceci : « Vous êtes une personnalité
multidimensionnelle ; vous portez en vous toute la connaissance dont vous
aurez jamais besoin en ce qui concerne vos défis, vos problèmes et vous-
même. Les autres peuvent vous aider à leur façon et à certains niveaux de
développement, cette aide est bonne et nécessaire. Mais ma mission est de
vous rappeler le pouvoir incroyable qui se trouve en votre propre être, de
vous encourager à le reconnaître et à vous en servir.
Dans ce but, je produis en continu, par Ruburt, le corps du matériau de Seth
et des livres qui, chacun à sa façon, sont conçus en ce sens. Dans mon livre
actuel, La Nature de la réalité personnelle, Un livre de Seth, j’inclus des
techniques qui vont vous permettre, ainsi qu’à des milliers d’autres,
d’utiliser ces idées dans la vie quotidienne ordinaire, d’enrichir la vie que
vous connaissez et de résoudre vos problèmes.
Le plus beau cadeau que je puisse vous faire, même si cela n’en a pas l’air à
présent, c’est de réaffirmer l’intégrité de votre être. Si je dis cela, c’est aussi
parce que je me rends compte de votre statut actuel, tout comme d’autres
parties de votre propre identité s’en rendent compte.
Ruburt ne dispose que d’une quantité de temps limitée et toutes sortes de
choses doivent être prises en considération. J’ai personnellement
connaissance de votre lettre. Ruburt ne peut pas répondre à tout son courrier
car son travail et le mien en souffriraient. Je compose donc cette lettre pour
que vous sachiez que vous êtes présent dans mon esprit et que de l’énergie
est automatiquement dirigée vers vous quand votre lettre arrive et quand
cette réponse est envoyée. L’énergie en question va vous aider à libérer vos
propres capacités de compréhension et de guérison, ou vous apporter de
l’aide dans tout domaine particulier où vous en ressentez le besoin.
Cette énergie est toujours disponible, que vous m’écriviez ou non. Cette
énergie est toujours à vos ordres. Si vous me croyez, vous allez vous rendre
compte que les autres peuvent tout au plus servir d’intermédiaires ou
d’entremetteurs, et qu’en conséquence ils ne sont pas nécessaires car cette
énergie est toujours disponible dans votre vie. Je ne fais que vous donner ce
qui vous appartient en propre.
Seth
(« Merci. »)
Maintenant, accordez-nous un instant ; et c’est la fin de notre lettre. Vous
choisirez de l’envoyer à certaines personnes et pas à d’autres. Il y en a dont
vous vous occuperez vous-mêmes.
(Une pause à 21h36. Nous pensons qu’il est intéressant d’inclure cette
lettre dans ce livre, vu l’importance que Seth accorde aux croyances.)
Dictée : faites une expérience simple. Le résultat en sera éloquent. Pensez
à quelque chose de triste qui vous est arrivé. Des sentiments semblables ne
vont pas tarder à se manifester et avec eux le souvenir d’autres évènements
désagréables qui s’y rattachent par association. Des scènes, des odeurs, des
mots, peut-être à moitié oubliés, vont d’un seul coup ressurgir avec une
fraîcheur nouvelle.
Vos pensées activent les sentiments appropriés. Sans que vous vous en
rendiez compte, cependant, elles déclenchent aussi la mémoire toujours
présente dans les cellules, l’empreinte des stimulations reçues lorsque ces
évènements se sont produits. D’une certaine façon, la mémoire cellulaire
rejoue la scène – et tout le corps reconnaît l’état qui s’y rattachait à ce
moment-là.
Si vous poursuivez ces pensées tristes avec persévérance, vous réactivez
cette condition du corps. Pensez maintenant à l’une des choses les plus
agréables qui vous soient jamais arrivées ; c’est le contraire qui se produit,
mais le processus est identique. Cette fois-ci, les souvenirs qui surgissent
par association sont agréables et le corps change en conséquence.
Rappelez-vous que ces associations mentales sont des choses vivantes.
Ce sont des formations d’énergie assemblées en structures invisibles, par
des processus tout aussi valides et tout aussi complexes que l’organisation
de n’importe quel groupe de cellules. Comparées à des cellules, elles durent
en général moins longtemps, mais cela n’est vrai que dans certaines
circonstances. En tout cas, vos pensées forment des structures aussi réelles
que celles des cellules. Leur composition est différente dans le sens où elles
n’ont pas de densité, en vos termes.
Les pensées ont une structure, elles réagissent aux stimulations et
s’organisent selon leur propre système, exactement comme les cellules. Les
pensées se développent par association. Elles attirent magnétiquement
celles qui leur ressemblent et, comme d’étranges animaux microscopiques,
elles repoussent leurs « ennemis » ou les pensées qui menacent leur propre
survie.
(Deux voitures passent devant notre immeuble, sirènes hurlantes, mais
Jane ne semble pas gênée. Des sirènes moins fortes se font entendre depuis
le début de la session.)
Pour poursuivre cette comparaison, votre vie affective et mentale forme
un cadre composé de ce genre de structures et ces dernières ont une action
directe sur les cellules de votre corps physique.
Maintenant, revenons à Auguste ; car, une fois encore, on trouve là, dans
le même individu, un excellent exemple de la façon dont des pensées et des
croyances apparemment non physiques ont un effet sur l’image corporelle
et la modifient. Et vous pouvez faire une pause.
(22h55. Jane sort de transe rapidement. Elle répète quelque chose
qu’elle a dit plusieurs fois ces temps-ci – bien que Seth ait terminé les
données concernant Auguste, au chapitre 6, de façon assez abrupte, il
prévoit d’y revenir occasionnellement tout au long du livre.
Je demande quel est le titre du chapitre 8. Jane croyait qu’il avait été
donné. Bien qu’elle en capte quelques lueurs, elle est incapable d’en dire
plus. Les sirènes continuent ; elles me font penser à des animaux rôdant
dans les lointains. Tout en les écoutant, je prends un livre qu’un membre du
cours de perception extrasensorielle a laissé hier soir, sur la religion et la
philosophie en Inde. « Oh, pose ça ! dit Jane en me voyant le feuilleter.
C’est l’une de ces occasions où Seth pourrait donner des quantités de trucs
sur ce livre » – ce qui veut dire, bien sûr, que plusieurs canaux sont
disponibles.
Elle explique que, de son point de vue, ce livre est « plus insidieux que
des mensonges évidents, car on sent instinctivement qu’il contient une
vérité, et du coup on accepte les déformations encore plus importantes qui
s’y trouvent ».
Reprise à vive allure à 22h14.)
Maintenant. Pour commencer, on avait dit à Auguste, en de nombreuses
occasions, je cite : « Vous pensez trop. Vous devriez avoir une activité
physique, faire du sport, sortir davantage. » S’ajoutant à d’autres conditions
présentes dans son enfance, ces remarques ont contribué à lui faire craindre
sa propre activité mentale. Puisqu’il avait l’impression de ne valoir rien de
bon, comment ses pensées auraient-elles pu être bonnes ?
Des sentiments de violence se sont accumulés assez tôt mais il n’existait,
dans sa famille, aucune façon acceptable de libérer les sentiments agressifs
normaux. Quand ceux-ci s’accumulaient en ce qui était ressenti comme des
débordements violents, Auguste était encore plus convaincu que sa propre
nature était inacceptable. Pendant assez longtemps, dans son état normal en
tant qu’adolescent, il essaya encore et encore d’être « bien ». Cela signifiait
bannir les pensées ou les impulsions de nature sexuelle allant dans
différentes directions, qu’elles soient agressives ou même simplement non
conventionnelles. Il utilisa une énergie considérable pour inhiber ces parties
de son expérience intérieure. Pourtant, les évènements mentaux refusés ne
disparurent pas. Ils augmentèrent en intensité et furent maintenus à l’écart
de ses pensées habituelles, « moins dangereuses ».
Auguste créa de cette façon une structure mentale dont l’organisation
suivait les principes dont j’ai parlés avant votre pause. Dans d’autres
circonstances, un individu ayant des caractéristiques différentes pourrait
endommager l’un de ses organes physiques, l’attaquer littéralement et aussi
sûrement que le ferait un virus (avec insistance). Du fait de son
tempérament et de sa nature particulière, du fait de la créativité qui lui est
naturelle (même si elle n’est pas développée de façon conventionnelle),
Auguste forma une structure plutôt que d’en détruire une autre.
Dans son état normal, il acceptait seulement les croyances qu’on semblait
attendre de lui. Il y eut un temps, nous l’avons vu (dans la session 628,
chapitre 6), avant que sa condition évolue davantage, pendant lequel les
pensées de son « bon moi » luttaient avec les pensées de son « mauvais
moi » pour obtenir son attention et le corps essayait alors désespérément de
réagir à ces concepts souvent contradictoires qui se succédaient
constamment.
(Une pause.) Une situation s’installa finalement dans laquelle chaque
ensemble de pensées et de sentiments contradictoires prenait le dessus
alternativement, bien qu’Auguste maintienne sa propre intégrité la plupart
du temps. Mais, par un processus d’attraction, les croyances qu’il repoussait
étaient immédiatement attirées par l’autre structure mentale – composée,
une fois encore, d’idées et de sentiments, combinés en ce qu’on pourrait
considérer comme une organisation cellulaire invisible, avec toute sa
capacité de réaction.
Dans son état normal, Auguste, ayant son propre état d’impuissance
présent à l’esprit – car il s’était refusé toute action agressive normale –, se
sentait faible. Ces croyances activaient la mémoire cellulaire du corps,
affaiblissant le corps et entravant son fonctionnement. Pendant un certain
temps, son comportement fut ennuyeux mais régulier. Un équilibre se
maintenait, conforme à son intention.
Il en vint à craindre de perdre le contrôle de son corps et que celui-ci
commette une action violente car, naturellement, il se rendait compte de la
force des pensées et des sentiments qu’il reniait. Quand une crise se
présentait ou quand il était absolument désespéré, une accélération
commençait à se produire, qu’il faisait semblant de ne pas remarquer, et
Auguste 2 faisait son apparition.
(22h35.) Auguste 2 était plein d’un sentiment de puissance – car Auguste
considérait que le pouvoir était mauvais et le maintenait à l’écart de ce qu’il
considérait comme son moi normal. Pourtant, Auguste savait que son corps
avait besoin de la vitalité qu’il lui refusait. C’est pourquoi Auguste 2 fit son
apparition, avec ses grandes idées de pouvoir extraordinaire, de vigueur et
de supériorité – (plus fort et avec le sourire) je ne m’embrouille pas dans
mes Auguste, j’espère que vous non plus…
(« Ça va. ») – et avec ses fantasmes d’héroïsme exceptionnel et le
souvenir de tous ceux qu’Auguste lui-même refusait.
Auguste 2 se souvenait maintenant avec jubilation des actions agressives
qu’il convenait à Auguste d’oublier. Cela avait pour effet de revitaliser
immédiatement la nature chimique du corps. La tonicité musculaire était
grandement améliorée. Le taux de sucre dans le sang et le flot d’énergie
dans tout le corps en étaient modifiés.
J’ai su, quand Ruburt a vu Auguste, que le jeune homme identifiait
Auguste 2 au côté gauche de sa personne. Dans son état normal, ce côté de
son corps contenait plus de tension que le droit.
Avec Auguste 2, cette tension était libérée et le flot d’énergie s’en
trouvait augmenté, même après le premier élan d’activité. Cependant, plus
Auguste 2 restait longtemps, plus sa position s’affaiblissait – un fait
reconnu par Auguste et par Auguste 2. Il fallait, voyez-vous, qu’Auguste
accumule une quantité suffisante de pensées et d’émotions refoulées, dans
une situation qu’il ne parvenait pas à maîtriser. Cette menace faisait
apparaître Auguste 2. Le corps se comporte comme vous pensez qu’il doit
se comporter, si bien qu’Auguste et Auguste 2, avec leur schéma de
comportement alterné, entraînaient des comportements du corps tout à fait
différents.
Oubliez maintenant la séparation qui est intervenue dans ce cas, et
imaginez plutôt les idées et les sentiments successifs qui sont les vôtres.
Quand vous vous sentez faible, vous êtes faible. Quand vous êtes joyeux,
cela fait du bien à votre corps, qui devient plus fort. Le cas d’Auguste
montre simplement, dans une forme exagérée, l’effet de vos croyances sur
votre image physique. Si vous pensez : « Ah ! à partir de maintenant, je ne
vais plus avoir que de bonnes pensées – donc être en bonne santé – et
inhiber mes « mauvaises » pensées ; en faire n’importe quoi, sauf les
penser », vous faites, à votre façon, la même chose qu’Auguste. Il avait en
effet commencé par croire que certaines de ses pensées étaient si mauvaises
qu’il fallait, d’une façon ou d’une autre, faire en sorte qu’elles n’existent
pas. Inhiber ce que vous considérez comme des pensées négatives ou
supposer qu’elles sont si épouvantables n’est donc pas une réponse
adéquate.
Ce chapitre s’intitule : « La santé, les bonnes et les mauvaises pensées, la
naissance des « démons ». Et vous pouvez faire votre pause.
(22h55. La transe de Jane a été profonde et son rythme, soutenu, mais
elle se souvient d’avoir entendu les sirènes. Celles-ci continuent, bien que
nous ne puissions voir aucune lueur – comme celle d’un incendie – dans le
ciel au-dessus du côté ouest de la ville. Reprise de la même manière active
à 23h15.)
Maintenant. Vos croyances concernant ce qui est souhaitable et ce qui ne
l’est pas, ce qui est bien et ce qui est mal, ne peuvent pas être séparées de
l’état de votre corps. Votre propre notion des valeurs peut vous aider à être
en bonne santé ou vous apporter la maladie, vous amener le succès ou
l’échec, le bonheur ou la tristesse. Bien sûr, chacun d’entre vous interprète
cette remarque selon son propre système de valeurs. Vous avez des idées
arrêtées sur ce qui constitue le succès ou l’échec, le bien ou le mal.
Votre propre système de valeurs est donc construit à partir de vos
croyances concernant la réalité, et ces croyances forment ce dont vous faites
l’expérience. Supposons que vous croyiez que, pour être « bien », vous
devez essayer d’être parfait. Ayant lu ou entendu que l’esprit est parfait,
peut-être pensez-vous qu’il est de votre devoir de reproduire, autant que
faire se peut, cet esprit parfait dans la chair. Dans ce but, vous essayez de
nier toute émotion ou pensée imparfaite. Vous êtes horrifié par vos propres
pensées « négatives ». Si vous croyez ce que je vous ai dit – que vos
pensées créent votre réalité –, vous craignez peut-être encore plus
d’exprimer mentalement, ou dans les faits, tout ce qui est de nature
agressive. Vous pouvez avoir si peur de faire du mal à quelqu’un que vous
n’osez pratiquement plus bouger. Essayer d’être parfait tout le temps n’est
pas seulement gênant ; cela peut aussi s’avérer désastreux car il y a quelque
chose que vous n’avez pas compris.
Le mot « parfait » comprend de nombreux pièges. Pour commencer, il
suppose quelque chose de complet, d’achevé, au-delà de tout changement,
et donc au-delà de tout mouvement, de tout développement et de toute
créativité.
L’esprit est toujours en état de devenir, il est éternellement souple,
changeant, et, en vos termes, sans fin, de même qu’il a été, qu’il est, sans
commencement. Ruburt a dit récemment que s’il était sûr d’une chose
concernant la réalité physique, [c’était] qu’elle n’était pas si parfaite, en ces
termes. Mais selon le même sens de ce mot, l’esprit non plus, puisque pour
atteindre les exigences de la perfection, il devrait se trouver dans un état
d’accomplissement au-delà duquel tout épanouissement, toute créativité,
serait impossible.
Vos pensées sont. Vous pouvez les approuver ou les désapprouver,
exactement comme, par exemple, une tempête. Laissées à elles-mêmes, vos
pensées sont aussi variées, aussi magnifiques, aussi banales, terrifiantes ou
glorieuses qu’un ouragan ou qu’une fleur, qu’une inondation ou qu’un
crapaud, qu’une goutte de pluie ou qu’une grenouille. Vos pensées sont
parfaitement elles-mêmes. Laissées à elles-mêmes, elles vont et viennent.
Avec votre esprit conscient, vous devez choisir parmi ces pensées celles
que vous voulez intégrer dans votre système de croyances (avec intensité)
mais vous ne devez pas le faire comme si vous étiez aveugle. Il peut vous
arriver de souhaiter qu’un jour de pluie soit une journée ensoleillée, mais
vous n’allez pas pour autant nier, en regardant par la fenêtre, qu’il pleut ou
que l’air est froid et le ciel bouché.
Accepter que la pluie est la réalité présente ne signifie pas non plus qu’il
faut croire qu’il fait ce temps-là tous les jours et intégrer cette idée
évidemment fausse à votre système de croyances concernant la réalité. Vous
n’avez donc pas à prétendre qu’une idée « sombre » n’existe pas. Vous
n’avez pas à prendre pour un fait que, laissées à elles-mêmes, toutes vos
idées seraient noires, ni à essayer de les cacher.
Certaines personnes ont peur des serpents, même des plus inoffensifs, et
sont aveugles à leur beauté et à leur place dans l’Univers. D’autres ont peur
de certaines idées et ne voient pas leur beauté et leur place dans la vie
mentale.
Vous avez toutes sortes de pensées et il y a une raison à cela, tout comme
il y a toutes sortes de lieux géographiques. À l’intérieur de votre réalité, il
est aussi bête de nier l’existence de certaines pensées que de prétendre,
disons, que les déserts n’existent pas. En suivant cette voie, vous niez
certaines dimensions d’expérience et vous diminuez votre réalité. Cela ne
veut pas dire non plus que vous devez amasser les idées négatives, de même
que vous n’êtes pas obligé d’aller passer un mois dans le désert si vous
n’aimez pas ça. Cela veut dire que, dans la nature telle que vous la
comprenez, il n’y a rien qui n’ait un sens ou dont on doive faire comme si
cela n’existait pas.
Ce sera tout. Maintenant vous pouvez terminer la session ou faire une
pause, comme vous préférez.
(« Je le regrette, mais terminons-la. »
Sur un ton jovial.) Je vais ajouter ceci : je vous ai dit qu’il n’y aurait pas
de problème avec le livre. Rapportez à Ruburt que je l’ai dit – mais qui
m’écoute ? Bien qu’il écoute mieux ces temps-ci, et qu’il soit sur la bonne
voie… Je vous souhaite un cordial bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. Bonne nuit. »
23h44. Je mets fin à cette session parce que nous sommes fatigués ; je
sens bien que Seth pourrait continuer indéfiniment. Pour nous, la journée a
été longue. Même les sirènes se sont tues à présent.
La plaisanterie de Seth sur « le livre » concerne celui-ci. Dans du
matériau supprimé, il a récemment parlé de l’hésitation initiale de Jane à
signer un contrat pour la publication d’un travail médiumnique avant que
celui-ci ne soit accompli. Tam Mossmann, l’éditeur de Jane à Prentice Hall,
a lu les six premiers chapitres de La Réalité personnelle [comme nous
l’appelons], et lui a envoyé une lettre très encourageante.)
SESSION 634
LUNDI 22 JANVIER 1973
Il fait une chaleur inhabituelle depuis plusieurs jours. Une pluie fine
s’est mise à tomber à l’heure de la session ; il vient maintenant d’y avoir
des éclairs et le tonnerre résonne sur la ville.)
À un certain niveau, le chat et la souris comprennent tous les deux la
nature de l’énergie de vie qu’ils partagent, et – en ces termes – ils ne sont
pas jaloux de leur propre individualité. Cela ne veut pas dire qu’ils ne se
battent pas pour vivre, mais ils ont un sentiment inconscient inné de leur
unité avec la nature dans laquelle ils savent qu’il ne seront ni absorbés ni
perdus (avec une détermination tranquille.)
Poursuivant son propre chemin, l’homme a choisi – à un niveau
conscient – de sortir de ce schéma. La naissance de la compassion a pris la
place de la connaissance innée de l’animal ; la compassion biologique s’est
changée en réalisation affective.
Plus ou moins libéré de la courtoisie animale, le chasseur allait désormais
être obligé de s’identifier à sa proie. Tuer, c’est être tué. L’équilibre de la
vie nourrit l’ensemble. Il lui faut donc apprendre au niveau conscient ce
qu’il n’a jamais cessé de savoir. C’est là la signification intrinsèque, la seule
vraie signification de la culpabilité et de son cadre naturel.
(Une longue pause.) Vous devez donc préserver la vie de façon
consciente, tout comme les animaux la préservent de façon inconsciente.
Vous pouvez faire votre pause. Je suis désolé.
(« Pas de problème. C’est très intéressant. »
22h27. C’est l’une des plus longues transes de Jane. Cette transe a
également été profonde – pourtant, quand je lui pose la question, Jane se
souvient d’avoir entendu le tonnerre. Elle a très envie que je lui lise les
deux pages de matériau, mais : « Oh, attends une seconde… Il y en a
encore qui arrive et je veux d’abord me lever et bouger un peu. » Pour lui
permettre de faire une pause, je sors chercher notre vieux chat, Willy. Le
plus jeune, Rooney, est dans la maison. Reprise à 22h44.)
Maintenant. La façon dont cette culpabilité toute naturelle a été
interprétée, la façon dont elle a été utilisée est épouvantable.
La culpabilité est l’autre versant de la compassion. Sa fonction originale
était de vous permettre de ressentir de l’empathie consciente pour vous-
même et pour les autres membres de la Création, pour que vous puissiez
contrôler de façon consciente ce qui, auparavant, fonctionnait entièrement
sur un plan biologique. De ce point de vue, la culpabilité a une solide base
naturelle et lorsqu’elle est mal comprise, mal dirigée ou pervertie, elle
contient l’immense, la terrible énergie de tout phénomène fondamental
déchaîné.
(Une pause.) Si vous pensez que vous êtes coupable parce que vous lisez
tel ou tel livre ou parce que vous avez certaines pensées, vous courez un
risque particulier. Car si vous croyez que quelque chose est mauvais, vous
considérez cette chose comme négative, et il en va ainsi dans votre
expérience. Ainsi amassez-vous un sentiment de culpabilité « non
naturelle » que vous ne méritez pas mais que vous acceptez et que, par là
même, vous créez.
Vous n’allez pas, en règle générale, en faire une création dont vous êtes
fier. Si vous croyez fermement à la mauvaise santé, il est possible que vous
utilisiez cette énergie refoulée en attaquant un organe physique – la vésicule
biliaire peut devenir « mauvaise ». Selon votre propre système de
croyances, vous pouvez au contraire faire confiance à l’intégrité de votre
corps et projeter cette culpabilité sur autrui – sur un ennemi personnel, sur
une religion, sur une couleur de peau ou sur une race particulière.
Si vous êtes porté sur la religion et que vous êtes fondamentaliste dans
vos croyances, vous pouvez en rejeter la responsabilité sur un démon qui
vous fait vous comporter de telle ou telle manière. Tout comme le corps
crée des anticorps22 pour se réguler, vous pouvez créer des « anticorps »
mentaux et affectifs, c’est-à-dire des pensées qui sont « bonnes », pour vous
protéger des idées ou des fantasmes que vous considérez comme mauvais.
Si on laisse faire l’instinct inné du corps, fondamentalement, celui-ci
s’autorégule. S’il y a trop de globules rouges dans le sang à un moment
donné, le corps ne les tue pas tous pour autant. Il est beaucoup plus avisé.
Pourtant, dans votre crainte des pensées négatives, vous essayez souvent de
nier toute agressivité normale et il suffit que vous en aperceviez une pour
faire entrer en action tous vos anticorps mentaux. Ce faisant, vous tentez de
répudier la validité de votre propre expérience. Si vous ne ressentez pas
votre réalité individuelle, vous ne pouvez pas vous rendre compte que vous
la formez, et donc que vous pouvez la modifier. C’est le déni de
l’expérience et les blocages d’énergie qui en résultent qui entraînent
l’accumulation d’une culpabilité qui n’est ni « naturelle » ni nécessaire.
Quant au corps, il ne peut pas comprendre ces messages bloqués, et il
essaye désespérément d’exprimer sa propre connaissance corporelle du
moment, tel qu’il en fait l’expérience. (Avec intensité.) Dans ce genre de
situation, vous criez mentalement que vous ne ressentez pas ce que vous
ressentez.
La situation de l’esprit conscient est telle qu’il peut passer outre les
messages du corps pendant un certain temps. Toutefois, l’énergie refoulée
s’accumule et cherche une issue. Le plus innocent, le plus petit symbole de
ce matériau refoulé peut déclencher un comportement qui semble tout à fait
disproportionné par rapport à ce qui le déclenche.
Il y a peut-être eu dix occasions où vous avez eu l’envie tout à fait
justifiée de dire à quelqu’un de vous laisser tranquille, bien que vous vous
soyez retenu par crainte de blesser la personne en question ; où vous avez
craint de n’être pas poli, alors qu’en cette occasion particulière votre
remarque était susceptible d’être comprise et reçue calmement. Comme
vous n’avez pas accepté vos sentiments, comme vous ne les avez pas
exprimés, vous risquez d’exploser à la prochaine occasion, apparemment
sans raison, et de faire naître une dispute spectaculaire, complètement
injustifiée.
(23h10.) Dans ce cas, l’autre personne n’a pas la moindre idée de ce qui
cause votre réaction, si bien qu’elle est profondément blessée. Et votre
culpabilité augmente. L’ennui, c’est que votre sentiment de ce qui est bien
et de ce qui est mal est intimement lié à votre chimie interne et que vous ne
pouvez pas séparer vos valeurs morales de votre corps.
Quand vous croyez que vous vous comportez bien, votre corps
fonctionne bien. Je suis sûr que vous allez être nombreux à dire : « J’essaye
constamment de bien me comporter mais ma santé est très mauvaise,
comment est-ce possible ? » Examinez vos propres croyances et la réponse
va vous apparaître : si vous faites un tel effort pour bien vous comporter,
c’est justement parce que vous êtes convaincu d’être indigne et mauvais.
Les démons, quels qu’ils soient, résultent de vos croyances. Ils naissent
d’une croyance en la culpabilité « non naturelle ». Vous pouvez les
personnifier. Vous pouvez même les rencontrer dans votre propre
expérience ; si c’est le cas, cela n’empêche pas qu’ils soient le fruit de votre
immense créativité, même s’ils sont formés par votre culpabilité, par la
croyance en votre propre culpabilité.
Si vous vous débarrassiez des concepts non naturels de culpabilité et que
vous acceptiez plutôt l’ancienne sagesse pleine de bon sens de la culpabilité
naturelle, il n’y aurait pas de guerres. Vous ne vous tueriez pas bêtement les
uns les autres. Vous comprendriez l’intégrité vivante de chacun de vos
organes et vous ne ressentiriez pas le besoin de les attaquer.
Naturellement, cela ne veut pas dire que le moment de la mort du corps
n’arriverait pas. Cela veut dire que vous comprendriez que les saisons du
corps suivent celles de l’esprit, qu’elles sont fluctuantes et changeantes, que
leurs conditions vont et viennent mais qu’elles maintiennent toujours la
splendide unité intérieure du corps. Vous n’auriez pas de maladie
chronique. D’une façon générale, et dans l’idéal, le corps s’userait
graduellement tout en démontrant une endurance bien supérieure à celle qui
est la sienne aujourd’hui.
Il existe cependant bien d’autres conditions qui ont toutes un rapport avec
vos croyances conscientes. Vous pouvez par exemple croire qu’il vaut
mieux mourir rapidement d’une crise cardiaque. Vos buts individuels
diffèrent, et vous gérez donc votre expérience corporelle de toutes sortes de
façons.
D’une façon générale, vous êtes ici pour élargir votre conscience, pour
apprendre les chemins de la créativité, telle qu’elle est dirigée par la pensée
consciente. L’esprit qui s’en rend compte peut modifier ses croyances et,
dans une bonne mesure, modifier son expérience corporelle…
(Je suis assis, les yeux ponctuellement fermés, et Seth me surprend.
Avec le sourire.) Vous pouvez modifier votre expérience : vous pouvez
faire une pause ou terminer la session, comme vous préférez.
(« Faisons une pause. »
De 23h32 à 23h48.)
La culpabilité naturelle est donc la façon dont l’espèce manifeste
l’intégrité et le sens de la justice corporelle qui sont inconscients chez
l’animal. Elle signifie : tu ne tueras pas davantage que ce qui est nécessaire
à ta subsistance physique. Point.
Cela n’a rien à voir avec l’adultère ou avec le sexe. Cela concerne des
questions innées qui s’appliquent aux êtres humains et qui n’auraient aucun
sens pour d’autres animaux, dans le cadre de leur expérience. À strictement
parler, la traduction du langage biologique en votre propre langage est telle
qu’elle a été donnée dans cette session ; mais avec une distinction plus fine,
elle se lit comme suit : tu ne violeras pas.
Bien sûr, l’animal n’a pas besoin de ce message, qui ne peut d’ailleurs
pas être traduit littéralement, car votre conscience est souple et qu’il fallait
laisser de la marge à votre interprétation personnelle.
Un mensonge patent peut être, ou ne pas être, une violation. Même chose
pour un acte sexuel. Même chose pour une expédition scientifique. Ne pas
aller à l’église le dimanche n’est pas une violation ; avoir des pensées
agressives normales non plus. Faire violence à son propre corps, ou à un
autre, est une violation. Faire violence à l’esprit d’autrui aussi – mais une
fois encore, comme vous êtes des êtres conscients, c’est à vous qu’en
revient l’interprétation. Jurer n’est pas une violation. Si vous pensez que si,
cela le devient dans votre esprit.
(0h01.) Tuer un autre être humain est une violation. Tuer en protégeant
son propre corps de la mort qu’un autre essaye de lui infliger dans un
contact rapproché est une violation. Qu’une justification soit apparente ou
non, la violation existe.
(Une longue pause.) Comme vous croyez que l’autodéfense physique est
la seule méthode à opposer dans cette situation, vous allez demander :
« Êtes-vous en train de me dire que si je suis attaqué par quelqu’un, je ne
devrais pas contrer agressivement son intention évidente de me détruire ? »
Pas du tout. Mais vous pouvez contrer cette attaque de diverses manières
sans tuer pour autant. Pour commencer, vous ne vous trouveriez pas dans
cette situation hypothétique si des pensées violentes – que vous leur fassiez
face ou non – ne l’avaient pas attirée à vous. Mais une fois que c’est un fait,
et selon les circonstances, de nombreuses méthodes peuvent être utilisées.
Comme vous considérez que violence et agression sont synonymes, vous
aurez peut-être du mal à comprendre qu’un ordre agressif – c’est-à-dire un
ordre actif et fort, qu’il soit mental ou exprimé verbalement – de paix
puisse vous sauver la vie en pareille situation ; c’est pourtant le cas.
En général, il existe une variété d’actions physiques qui sont toutes
suffisantes, sans qu’il soit nécessaire de tuer. Tant que vous croyez qu’il
faut répondre à la violence par la violence, vous la courtisez, elle et ses
conséquences. En termes individuels, votre corps et votre esprit deviennent
un champ de bataille, tout comme le devient le corps physique de la Terre,
en termes de masses. Votre forme physique est vivante grâce à l’agression
naturelle, grâce à l’action posée, dirigée et forte qui porte la créativité.
(Une longue pause à 0h11, les yeux fermés.) Si vous vous coupez le
doigt, il saigne. Ce faisant, le sang nettoie tout poison qui aurait pu pénétrer
dans la plaie. Le saignement est bénéfique et le corps sait quand l’arrêter. Si
le sang continuait à couler, ce ne serait pas une bonne chose, ce serait
nuisible, en vos termes, mais le corps ne penserait pas que le sang est
mauvais parce qu’il continue à couler. Il n’essaierait pas de le supprimer
entièrement, en le considérant comme diabolique. Il ferait plutôt les
ajustements nécessaires pour amener naturellement cet écoulement à son
terme.
Pour poursuivre cette comparaison, quand vous considérez que les
pensées agressives sont mauvaises, vous ne permettez pas au système de se
nettoyer. Vous enfermez les « poisons » à l’intérieur.
De même que ceux-ci peuvent s’accumuler dans la chair, ils peuvent
s’accumuler dans votre expérience mentale. Sur le plan physique, vous
pourriez alors vous retrouver avec une maladie grave ; et sur le plan affectif
et mental, ce verrouillage des forces naturelles peut entraîner des
« maladies » au niveau de la structure des idées, qui se trouvent coupées de
concepts plus sains. Celles-ci peuvent alors se comporter comme des
excroissances – ne pas manquer d’oxygène, par exemple, mais du libre
accès, du libre flot vers d’autres parties de votre expérience consciente.
Nous allons maintenant terminer la session. Mes salutations les plus
chaleureuses à vous deux, et un affectueux bonsoir.
(« Merci beaucoup, Seth. Bonne nuit. »
Fin à 0h25. « Ouah, dit Jane en sortant, une fois encore, d’une transe
excellente. Je suis fatiguée, maintenant, mais Seth en a encore plein… »)
SESSION 635
MERCREDI 24 JANVIER 1973
22 Les anticorps sont des protéines produites par le corps dans le but de neutraliser des substances
toxiques. Une fois de plus, Seth postule un équivalent mental interne à des phénomènes organiques.
CHAPITRE 9
SESSION 636
LUNDI 29 JANVIER 1973
SESSION 637
MERCREDI 31 JANVIER 1973
(21h05. Avant de commencer la dictée pour son livre, Seth passe un quart
d’heure à répondre à nos questions pour d’autres personnes.)
Maintenant, accordez-nous un instant, pour la dictée.
(Une pause à 21h20.) Le vous que vous considérez comme vous n’est
jamais anéanti. Votre conscience n’est pas une bougie qu’on peut éteindre ;
elle ne peut pas non plus être avalée, dans une béate inconscience d’elle-
même, par un quelconque nirvana25. Vous faites autant partie d’un nirvana à
présent que vous en ferez jamais partie.
Dans une certaine mesure, nous avons abordé la question de votre corps
et des cellules qui le composent (par exemple dans la session 632, chapitre
7). Toutes les cellules qui composent maintenant votre corps existent
évidemment en même temps. Imaginez que vous ayez plusieurs vies qui se
passent en même temps. Au lieu de cellules, vous avez donc des vies. Je
vous ai dit que chaque cellule a sa propre mémoire. La mémoire du moi est,
bien sûr, d’une dimension bien plus vaste.
Pensez au grand vous-même – vous pouvez l’appeler l’entité, si vous
voulez – comme formant une structure psychique tout aussi réelle que votre
structure physique, mais composée de nombreux moi. De même que chaque
cellule de votre corps a sa position à l’intérieur des frontières de votre
espace corporel, chaque moi de l’entité a connaissance de sa propre
dimension d’activité et de son propre « temps ». Le corps est une structure
temporelle. Les cellules, qui font pourtant partie du corps, ne réalisent
pourtant pas l’ensemble de la dimension dans laquelle demeure votre
conscience. Elles ne perçoivent pas tous les éléments qui sont disponibles
ne serait-ce que dans l’expérience tridimensionnelle, et pourtant votre
conscience présente – qui semble tellement plus sophistiquée – s’appuie
physiquement sur la conscience cellulaire.
De la même façon, l’entité, la structure psychique « plus vaste » dont
vous faites partie se rend compte d’une dimension d’activité beaucoup plus
importante que ce dont vous vous rendez compte, et pourtant, de la même
manière, sa conscience beaucoup plus sophistiquée repose sur la vôtre, et
elles ont besoin l’une de l’autre.
Dans la vie physique, il y a un laps de temps pendant qu’un message
saute d’une terminaison nerveuse à une autre. (Voir la session 625, chapitre
5.) En d’autres termes, et à d’autres niveaux, celui-ci est représenté par le
« moment de réflexion » qui s’est produit quand la conscience humaine a
émergé de la conscience animale. (Note : je n’ai pas dit que l’homme a
émergé des animaux.)
En d’autres termes encore et à des niveaux différents, ce délai se produit
– cet instant de réflexion s’étend – quand le moi se détache de la forme
physique (tout comme, à un moment donné, la cellule déserte le corps).
(21h39.) De ce point de vue, maintenant, et uniquement pour poursuivre
cette comparaison, pensez à la vie du moi comme à un message s’élançant
entre les cellules nerveuses d’une structure multidimensionnelle – encore
une fois, aussi réelle que votre corps – et considérez-la aussi comme un
moment de réflexion plus important de la part de cette personnalité aux
multiples facettes.
Je fais ces comparaisons car elles sont pertinentes, tout en me rendant
compte qu’elles peuvent avoir pour effet de vous faire sentir petit ou vous
faire craindre pour votre identité. Vous êtes plus que, disons, un message
traversant les étendues immenses d’un supermoi. Vous n’êtes pas perdu
dans l’Univers. Dans un livre, il nous faut utiliser des mots et, si vous leur
en donnez la possibilité, ces comparaisons peuvent faire naître dans votre
imagination le sentiment de votre relation intime avec toute réalité
différente. Dans une certaine mesure, le sentiment de grâce est votre
reconnaissance affective du but et de la nécessité de votre place dans
l’existence, de sa liberté et de son bien-fondé, l’appréciation innée que vous
en avez.
Voulez-vous une pause ?
(« Non. »)
Souvenez-vous aussi, en vos termes à présent, du gouffre gigantesque qui
vous sépare, en tant que moi, des cellules qui vous composent
physiquement. Votre identité présente contient la connaissance et la
« mémoire » de toutes ces existences simultanées, tout comme les cellules
gardent, à leur façon, le souvenir de toutes les structures physiques qu’elles
ont formées. Consciemment, du fait de votre concept de temps, vous
interprétez ces vies simultanées en termes réincarnationnels, l’une semblant
se produire après l’autre.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 21h52 à 22h07.)
Maintenant. Vos croyances, vos attentes et vos idées conscientes
gouvernent la santé et l’activité de ces cellules. Point.
Les cellules n’ont pas de libre arbitre, en vos termes. Elles ont la capacité
innée de participer à d’autres organisations, mais pas tant qu’elles vous sont
affiliées. Pour vous quitter, elles doivent changer de forme. Dans une
certaine mesure, vous déterminez leur « bonne santé », dans le cadre de leur
nature. Elles maintiennent aussi la vôtre. (Une pause.) En termes de
conscience, l’entité, ou votre grand moi, en sait autant par rapport à vous
que vous par rapport à vos cellules.
(Seth s’assure, avec humour, que je note cette dernière phrase
correctement.)
En revanche, vous disposez réellement du libre arbitre, car si la structure
psychique de l’entité peut être comparée au corps, elle fait partie de
dimensions beaucoup plus vastes, qu’elle habite. Tout cela peut sembler
n’avoir pas grand-chose à voir avec votre réalité personnelle. Pourtant votre
expérience quotidienne est aussi fortement liée à votre moi ou à votre entité
(soudain et ponctuellement plus fort) qu’aux cellules de votre forme
physique.
Il y a une relation intime évidente entre chaque cellule. Il y a un échange
ininterrompu et un regroupement de consciences à l’intérieur de la
miraculeuse structure corporelle. Votre idée de la réalité et la façon dont
vous en faites l’expérience est très différente de celle de n’importe quelle
cellule, pourtant les deux sont liées.
(Une pause à 22h20.) Un groupe de cellules forment un organe. Un
groupe de moi forment une âme. Je ne suis pas en train de vous dire que
vous n’avez pas une âme qui vous soit propre. (Plus fort, à nouveau, et avec
le sourire.) Vous êtes une partie de votre âme. Elle vous appartient et
vous lui appartenez. Vous demeurez dans sa réalité, tout comme une cellule
demeure dans la réalité d’un organe. L’organe est temporel, en vos termes.
L’âme ne l’est pas.
La cellule est matérielle, en vos termes. Le moi ne l’est pas. L’entité, le
grand moi, est donc composé d’âmes. (Une pause.) Comme le corps existe
dans le temps et l’espace, les organes ont des buts spécifiques. Ils
contribuent à maintenir le corps en vie et doivent demeurer « en place ».
L’entité a son existence dans des dimensions multiples, et ses âmes sont
libres de voyager à l’intérieur de limites qui vous sembleraient infinies.
Tout comme la plus petite cellule de votre corps participe, à son échelle, à
votre expérience quotidienne, l’âme, à un degré infiniment plus grand,
partage les évènements de l’entité.
Vous possédez en vous-même tous ces potentiels dans lesquels la
conscience joue un rôle créatif. La cellule n’a pas à se rendre compte de
vous consciemment pour s’accomplir, même si vos attentes concernant la
santé influencent grandement son existence, mais reconnaître l’existence de
l’âme et de l’entité peut vous aider à canaliser l’énergie de ces autres
dimensions dans votre vie quotidienne.
Vous êtes, cher lecteur, en train d’étendre votre structure psychique, en
train de devenir un participant conscient de l’âme et, en certains termes, de
devenir ce qu’est votre âme. Tout comme les cellules croissent et se
multiplient – à l’intérieur du cadre physique et selon leur propre nature –,
les moi « évoluent » en termes d’accomplissement de leurs valeurs.26
Les âmes sont aussi des structures psychiques créatives en perpétuel
changement, qui maintiennent néanmoins leur intégrité individuelle (une
pause) et qui dépendent toutes les unes des autres. Les âmes font la vie de
l’entité, en ces termes. Pourtant, l’entité est « plus » que l’âme. Faites une
pause.
(22h37. La transe de Jane a été très profonde. Elle a l’air d’en sortir
rapidement. Pourtant : « Je suis si loin… » Sa voix s’enroue. « J’ai
l’impression qu’on a fait passer une quantité phénoménale de matériau –
pas en termes de temps, mais de contenu. »
Reprise à 23h01.)
Maintenant. Quand vous vous rendez compte de l’existence de l’entité et
de l’âme, vous pouvez consciemment puiser dans leur vaste énergie, dans
leur force et leur compréhension.
Celles-ci vous sont disponibles de façon inhérente, mais votre intention
consciente déclenche en vous certains changements qui entraînent
automatiquement ces bénéfices. Le résultat s’en fait sentir jusque dans la
plus petite cellule de votre corps, jusque dans les évènements apparemment
les plus banals de votre vie quotidienne.
Votre conscience est en train de croître ; l’utiliser augmente donc ses
capacités. Il ne s’agit pas d’une chose mais d’un attribut, d’une
caractéristique. C’est pourquoi votre compréhension et votre désir sont si
importants. Normalement, vous ne pouvez pas vous rendre compte des
processus qui se mettent en route. Ils accompagnent automatiquement votre
intention, si vous n’y faites pas obstacle par la peur, par le doute ou par des
croyances opposées.
(Une longue pause.) Imaginez-vous comme faisant partie d’un univers
invisible, mais dans lequel toutes les étoiles et toutes les planètes sont
conscientes et pleines d’une énergie indescriptible. Vous vous en rendez
compte. Pensez à cet univers comme ayant la forme d’un corps. Si vous le
souhaitez, visualisez ses contours éclatants se détachant sur le ciel. Les
soleils et les planètes sont vos cellules, toutes pleines d’énergie et de
pouvoir, qui attendent vos instructions.
Voyez ensuite cette image exploser dans votre propre conscience, qui est
incroyablement brillante. Réalisez que c’est là une partie d’une structure
multidimensionnelle beaucoup plus vaste, s’étendant dans une dimension
encore plus riche. Sentez la façon dont l’entité vous envoie de l’énergie,
tout comme vous en envoyez à vos cellules. Laissez-la emplir votre être
puis dirigez-la physiquement vers toute partie de votre corps que vous
choisissez.
Si, au lieu de cela, il est un évènement physique que vous désirez
fortement, utilisez cette même énergie pour l’imaginer se produisant, de la
façon la plus vive possible. Si vous comprenez le sens de ces instructions et
que vous les suivez, le résultat va vous paraître incroyablement efficace. De
l’énergie peut être envoyée vers toute partie du corps et, si vous ne
permettez pas au doute d’entraver cette action, la partie du corps en
question va se trouver guérie. Mais attention : si vous entretenez la
croyance que vous êtes en mauvaise santé, cela peut constituer un obstacle.
Changer ce type de croyance particulière est la première chose à faire. (Une
pause.) L’un des buts de ce livre est de vous dire que personne ne naît
destiné à être en mauvaise santé, et le lire peut vous aider dans ce domaine.
En vos termes, si vous croyez que vous avez choisi la maladie pour
compenser des manquements dans des vies passées, cela peut vous aider de
réaliser que vous formez votre réalité maintenant, dans votre présent, et
que vous pouvez donc la modifier.
Nous discuterons plus loin de la question des malformations de
naissance. Nous parlons ici de conditions auxquelles il est possible de
remédier physiquement – mais pas de faire croître un bras s’il vous en
manquait un à la naissance, par exemple, ni de corriger d’autres lacunes
présentes dans le corps à la naissance.
(Une pause à 23h27.) Voulez-vous une pause ?
(« Non. »)
Votre corps est le produit fondamental de votre créativité sur le plan
physique. Au cours de votre vie, toutes les autres constructions reposent sur
son intégrité. Vos plus grandes entreprises artistiques doivent monter de
l’âme-dans-la-chair (avec des tirets). Vous vous créez chaque jour, vous
changez votre forme selon l’incalculable richesse de vos multiples facultés.
(De façon très positive.) Ainsi jaillissez-vous, avec votre désir et votre libre
arbitre, de la splendide richesse psychique de l’âme. À votre tour, vous
créez d’autres créatures vivantes. Vous produisez aussi des formes d’art –
des constructions vivantes et fluides que vous ne comprenez pas, en termes
de sociétés et de civilisations –, et tout cela passe par votre alliance avec la
chair et le sang.
Cette créativité, la plus grande force présente dans toute réalité, provient
de sources dont nous n’avons pas encore parlé dans ce livre et elle descend
jusqu’à la plus petite molécule, jusqu’au plus petit atome. Votre santé est
une extension de votre créativité. De même que votre relation avec votre
partenaire, avec votre patron ou avec le genre d’évènements personnels qui
vous sont familiers.
Maintenant, accordez-nous un instant ; et si vous le souhaitez, reposez
votre main.
(Une pause à 23h34.) Titre du prochain chapitre. Celui-ci est le chapitre
9, me semble-t-il.
(« Oui. »)
Bien. (Avec des pauses.) « Votre corps comme votre unique sculpture
vivante. Votre vie comme votre œuvre d’art la plus intime, et la nature de la
créativité telle qu’elle s’applique à votre expérience personnelle ».
(« Ça y est ? »)
C’est entièrement du titre. Vous l’avez clairement ?
(« Oui. » Une note ajoutée plus tard : ici, Seth se trompe, comme on va le
voir dans la session 639. Il s’agit là du titre de la deuxième partie du livre,
et non du chapitre 10. Cette erreur a entraîné une certaine confusion de
notre part pendant quelque temps.)
Vous pouvez terminer la session ou faire une pause, comme vous
préférez.
(À regret : « Il vaut mieux la terminer, je crois. »)
Alors, je vous souhaite une affectueuse bonne soirée…
(« Même chose pour vous. »)
… et Ruburt est sur la bonne piste, avec votre aide.
(« Très bien. » Seth fait ici allusion aux projets d’écriture auxquels Jane
travaille dans la journée.)
Mes salutations les plus affectueuses.
(« Merci. Bonne nuit, Seth. »
Fin à 23h40. Quand Jane s’est réveillée, le lendemain, elle avait en tête
cette phrase de Seth provenant de la session d’hier soir : « Un groupe de
moi forment une âme. » Voir le paragraphe de matériau qui suit la pause de
22h20. Nous avons l’habitude de penser, de façon très commode, que
chacun d’entre nous a son âme individuelle. Est-ce que Seth veut dire que
nous partageons une âme avec d’autres ?
Jane est sûre d’avoir livré le matériau correctement et, en vérifiant, nous
voyons que mes notes le confirment. Même après avoir vérifié le reste du
paragraphe en question, elle voudrait en savoir plus ; elle n’aime pas
beaucoup l’idée d’une âme de groupe ou d’en partager une. Nous décidons
de demander à Seth de développer – chose que nous faisons rarement.
Une relecture du chapitre 6 de Seth parle, « L’âme et la nature de ses
perceptions », nous rappelle que les attributs de l’âme sont réellement sans
limites.)
SESSION 638
MERCREDI 7 FÉVRIER 1973
(Une session s’imposait lundi soir, le 5 février, car elle était prévue
depuis un certain temps pour un visiteur venu d’un autre État, mais, le
moment venu, nous n’en avions plus très envie. Jane et moi avions eu la
tristesse de découvrir, lundi matin, que notre chat noir, Rooney, était mort
de façon inattendue pendant la nuit. C’était un chaton errant quand nous
l’avons recueilli, il y a quatre ans. Je l’ai enterré dans le jardin. Autant que
je sache, le voisinage avait été son territoire.
Le caractère particulier de Rooney en faisait un compagnon idéal pour
notre autre chat, Willy, plus âgé de quelques années, et nous nous sommes
souvent interrogés, Jane et moi, sur leur relation particulière. Willy avait
toujours été le chef. Incidemment, on peut voir Rooney et Jane en photo,
dans l’édition du Matériau de Seth qui a une couverture cartonnée.
La session de lundi soir concernait l’utilisation des drogues
hallucinogènes, dont le LSD, en thérapie ; il n’y a pas eu de dictée pour le
livre. En fait, une fois que Jane a commencé à parler pour Seth, la session
s’est très bien passée et elle a duré jusqu’à minuit. Notre visiteur doit nous
envoyer la transcription des cassettes enregistrées. À la fin de la journée,
Jane et moi étions épuisés.
Pourtant, son utilisation de l’énergie pendant le cours de perception
extrasensorielle de mardi soir était remarquable, une fois de plus. Elle est
passée de Seth à des chants en sumari pendant toute la soirée.
Seth a déjà donné le titre du chapitre 10, mais en m’asseyant pour la
session, je rappelle à Jane ses questions concernant les âmes de groupe,
décrites à la fin de la session 637. Ce soir, il fait à nouveau
inhabituellement chaud ; une fenêtre est ouverte et nous entendons le bruit
de la circulation. Le débit de Jane est relativement rapide au début.
21h09.) Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Accordez-nous un moment pour la dictée. ( À nouveau pour le chapitre
9.)
Je vois que ma comparaison de l’âme avec un organe à l’intérieur de la
structure psychique multidimensionnelle de l’entité vous embrouille. Nous
allons rectifier en comparant les mêmes propriétés mais en changeant le
mot « âme » pour « sur-âme »27.
Comme nous l’avons vu (à 22h20 dans la session 637), et en suivant
simplement cette comparaison, chaque moi a sa propre âme à l’intérieur de
la sur-âme et celle-ci fait elle-même partie de la structure
multidimensionnelle de l’entité.
La déclaration précédente est parfaitement claire pour moi, car chaque
moi appellerait son âme cette portion de sa réalité plus grande à l’intérieur
de l’unité entière. Maintenant, est-ce que cette explication éclaircit les
choses pour vous ?
(« Oui, je crois… »)
Si c’est clair pour vous, ça le sera aussi pour le lecteur.
(Bien que j’aie répondu par l’affirmative, je regarde dans le dictionnaire
la définition de sur-âme à la première pause, pour le cas où je voudrais
demander d’autres éclaircissements à Seth. Le dictionnaire décrit la sur-
âme comme l’esprit qui imbibe tout ce qui vit, résultant dans la réalisation
parfaite d’une nature idéale. C’est, au XIXe siècle, l’un des concepts de la
philosophie transcendentale de Ralph Waldo Emerson et d’autres.)
Je comprends bien que tout ce matériau est compliqué. Il est également
difficile à expliquer. Il devient pourtant tout à fait pertinent dans bien des
cas de votre vie et il a un effet sur votre expérience et sur votre existence
quotidienne. J’ai donné cette information à dessein au moment où je l’ai
fait, sachant que notre visiteur en provenance de la clinique psychiatrique
serait là.
Je veux parler de l’état de grâce de différentes manières, et en détail, au
cours de ce livre. (Une pause.) Le jeune homme qui est venu ici a décrit de
manière détaillée la façon dont on utilise le LSD dans un travail de thérapie
avec des patients. Les psychologues espèrent apporter un remède à
différentes difficultés affectives en introduisant, littéralement, un « état de
grâce ». Point.
Le matériau que je vous ai donné est nécessaire pour comprendre l’effet
que des doses massives de LSD peuvent avoir sur l’individu. Il s’agit ici
d’une technique artificielle, forcée, dont on espère qu’elle va amener une
illumination physique, mentale et spirituelle. Cette illumination est censée
apporter une meilleure santé, la connaissance de soi-même et un état de
paix intérieur. Grâce à cette thérapie, on doit rencontrer la conscience et la
conquérir une fois pour toutes.
(« Vous voulez dire la conscience elle-même ou le fait d’avoir
conscience ?)
La conscience. Est-ce que je parle assez clairement ?
(« Oui. » Même si j’ai besoin de demander de temps en temps qu’un mot
soit répété.)
Ici, l’idée est que le moi doit se défaire de l’ego, qu’il doit mourir
symboliquement pour que le moi intérieur puisse être libre.
(21h29.) Une discussion concernant le LSD, la conscience, « la mort et la
naissance du moi », la santé mentale et l’illumination spirituelle peut
donner l’impression de n’avoir aucune application pour ceux d’entre vous
qui n’ont jamais pris de drogues. Mais chacun d’entre vous espère trouver
l’illumination, la compréhension et une plus grande vitalité, d’une façon ou
d’une autre, et chacun se demande quelles méthodes peuvent l’aider à
atteindre ces buts. Une bonne partie de ce livre va être consacrée à diverses
techniques qui vont vous aider à transformer votre réalité pour le meilleur.
Le chapitre prochain va d’ailleurs traiter de certains des sujets dont il a
été question dans celui-ci : jusqu’à quel point pouvez-vous vous rendre
compte, en tant qu’individu, de votre propre réalité plus vaste ? Pouvez-
vous utiliser cette connaissance dans le but d’améliorer votre vie
quotidienne ? Si vous êtes sérieusement en difficulté, le LSD, accompagné
d’une thérapie, peut-il vous aider ? Une substance chimique peut-elle ouvrir
les portes de l’âme ?
Maintenant : fin du chapitre.
(Une pause à 21h35.) Vous ne perdiez pas votre temps, l’autre soir. Ceci
n’est pas pour la dictée.
(« D’accord ». Rétrospectivement, nous nous sommes demandé, Jane et
moi, si la session de lundi aurait dû être de la dictée pour le livre – mais
Seth a utilisé ce matériau ce soir.)
23 Une note ajoutée plus tard : pour en savoir plus sur les Dialogues, les états de conscience
modifiée, les processus créatifs, etc., voir les notes à la fin de la session 618, chapitre 3, et celles de
la session 639, chapitre 10.
24 Dans Seth parle, chapitre 3, Seth dit : « Les hypothèses-racines sont les idées préconstruites de la
réalité… les conventions sur lesquelles vous fondez votre idée de l’existence. L’espace et le temps
font partie de ces hypothèses-racines. Lorsque je communique à l’intérieur de votre système, je dois
comprendre et utiliser les hypothèses-racines sur lesquelles il repose. »
25 Pour le bouddhisme, on atteint le nirvana – état de perfection paradisiaque – par
l’anéantissement de la vie individuelle et l’absorption de l’âme dans l’esprit suprême.
Toutefois, pendant un cours de perception extrasensorielle récent, Seth a dit : « Il n’y a rien de plus
mortel que le nirvana. Les concepts chrétiens vous donnent au moins le vague espoir d’un paradis
ennuyeux et étouffant où votre individualité peut en tout cas s’exprimer, mais le nirvana n’apporte
pas ce genre de réconfort. Il vous propose au contraire l’anéantissement de votre personnalité, dans
une béatitude qui détruit l’intégrité de votre être. Fuyez cette béatitude ! »
26 J’ai toujours trouvé les termes de Seth « accomplissement des valeurs » particulièrement
évocateurs. Il a commencé à les utiliser peu de temps après le début des sessions. Dans la session 44,
le 15 avril 1964, il dit : « Dans votre univers [physique] de camouflage, la croissance est associée
avec le fait de prendre plus de place. En fait, dans notre univers intérieur (…) la croissance existe en
termes d’expansion de la valeur ou de la qualité dont j’ai parlé et ne suppose nullement – je répète –,
ne suppose nullement une expansion au niveau de l’espace. Contrairement à ce qui se passe dans
votre univers de camouflage, cela ne suppose pas non plus une sorte de projection dans le temps.
Je vous le donne en des termes aussi simples que possible. Si la croissance est l’une des lois
physiques les plus nécessaires dans votre univers de camouflage, l’accomplissement des valeurs lui
correspond dans l’univers de la réalité intérieure. »
27 Oversoul en anglais (N. d. l. T.).
CHAPITRE 10
Chapitre suivant.
(Jane, en tant que Seth, reste immobile pendant plus d’une minute, assise
dans son fauteuil à bascule. Ses yeux sont fermés. Elle m’a souvent dit
qu’elle ne se rend pas compte de ces longues pauses lorsqu’elle est en
transe.)
« La nature de l’illumination spontanée, et la nature de l’illumination
forcée. L’âme en vêtements chimiques. »
À présent, vous pouvez faire une pause, puis nous allons commencer.
(21 h 40. Je n’ai pas réalisé avant la fin de cette session qu’il s’agissait
là du second titre que Seth donne au chapitre 10. Lundi, nous n’avons pas
fait de dictée pour le livre – c’est peut-être pourquoi je ne m’en suis pas
rendu compte. [Voir le matériau à la fin de la session 637.] Reprise à
21 h 52.)
Maintenant. Ce jeune homme, qui est l’assistant d’un médecin renommé,
vous a écrit et a demandé une session (le 13 novembre 1972). Il y a
quelques jours, il est passé un soir (le lundi 5 février) et il a suivi le cours de
Ruburt le lendemain. Je lui ai parlé en ces deux occasions.
Depuis quelque temps, il travaille avec des drogues dans un cadre
thérapeutique. Avant cela, il avait parcouru l’Inde et fini par suivre un
gourou. Puis il quitta le gourou pour suivre le docteur. Comme beaucoup
d’hommes jeunes de toutes les époques, il suivait son chemin, en quête de
vérité, retournant chaque pierre dans l’espoir d’accéder aux méthodes qui
l’aideraient à découvrir – en majuscules – LA VOIE.
La méditation lui avait apporté un certain éclairement, mais le gourou [en
Inde] lui avait demandé une obéissance aveugle. Le docteur offrait
davantage de liberté et l’espoir que peut-être, grâce aux drogues
chimiques, les portes de la vérité pourraient s’ouvrir, du moins au sein de
son âme. Notre chercheur revint donc dans ce pays et s’associa à une
importante organisation.
Il vit des malades, des malheureux et des névrosés conduits dans ce
nouveau temple de la vérité, où l’absorption de drogues chimiques
remplaçait, pourrait-on dire, la communion du pain. Il eut le sentiment que
cela apportait un certain bienfait, mais il craignit aussi qu’on y procède à
d’inutiles et dangereuses manipulations.
À plusieurs reprises, et sous contrôle, il prit lui-même des drogues, par
petites doses au début, puis en plus grande quantité. Il rencontra quelque
chose de particulièrement effrayant. Le docteur suggéra alors qu’il se
confronte à lui-même en ingérant à nouveau une très forte dose et, bien que
ne le souhaitant pas, le jeune homme accepta.
L’expérience fut si dévastatrice qu’il supplia qu’on lui administre un
antidote, sachant, ce faisant, que c’était aller à l’encontre de toutes les
règles. De toute façon, on le lui refusa. Par la suite, il affirma qu’il était
heureux d’avoir été forcé d’aller jusqu’au bout ; ce sont pourtant de sérieux
doutes qui l’ont amené ici et qui, en fin de compte, vont le conduire vers
d’autres domaines très éloignés de ce genre de thérapie.
Nombreux sont ceux qui sont venus à moi ou qui m’ont écrit après de
« mauvais trips » ; les jeunes, en particulier, qui sont toujours de grands
chercheurs de vérité, très tentés de se tourner vers la chimie, le LSD
aujourd’hui1, comme dernier moyen en date pour y parvenir. Je ne parle pas
ici de la marijuana, qui est totalement différente, et un produit naturel de la
Terre. Je parle d’éléments chimiques nés de votre connaissance
technologique.
Lorsque vous êtes assez heureux et content de votre vie quotidienne, on
peut dire que vous êtes dans un état de grâce. Dans ces moments-là, quand
vous avez le sentiment de ne faire qu’un avec l’univers, ou quand vous
vivez une expérience exceptionnelle dans laquelle vous semblez vous
transcender, on peut dire que vous êtes en état d’illumination ; celle-ci
comporte de nombreux degrés et niveaux. D’une manière générale, votre
santé physique bénéficie de n’importe lequel de ces états, bien que certaines
croyances puissent y faire obstacle.
(22 h 14.) Ces états naturels activent dans vos cellules une mémoire
« passée » liée à une réponse cellulaire joyeuse, provoquée par des
évènements particuliers de votre vie, que vous vous en rendiez compte ou
pas.
Ce type personnel de mémoire cellulaire déclenche à son tour, à des
degrés divers, des réactions dans d’autres strates au sein des cellules. Une
fois encore, chaque molécule, chaque atome porte en lui la « mémoire » de
ses expériences « antérieures ». En fonction de l’état d’illumination ou de
grâce, cette mémoire collective qui n’implique pas nécessairement votre
expérience personnelle, peut être activée – même si votre propre rôle et les
évènements de votre vie peuvent y apparaître, dans un cadre totalement
différent de celui qui vous est familier.
Tout ce que vous vivez, par exemple, est inscrit dans la mémoire de
l’univers, tel que vous le concevez. (Une pause.) Dans un état
d’illumination, une mémoire cellulaire privée peut donc être activée et, au-
delà, un niveau plus profond de connaissance dans lequel votre propre
naissance et votre mort peuvent être expliquées – mais pas forcément.
Voulez-vous faire une pause ?
(« Non. »)
Bien sûr, vous faites spontanément, en diverses occasions, l’expérience
de ces états de grâce et d’illumination, même si vous n’employez sans doute
pas ces termes-là pour les décrire. Vous vous sentez en paix avec vous-
même et avec votre monde, ou bien vous vous surpassez ; vous avez
soudain le sentiment de faire partie d’évènements et de phénomènes dont
vous pensez d’ordinaire qu’ils n’ont rien à voir avec vous. Mais dans tous
les cas ces expériences sont naturelles et font partie de votre héritage.
Encore une fois, votre esprit conscient est une partie de votre moi
intérieur et il change constamment. En termes de conscience de l’espèce, il
s’agit là d’un développement de grande importance. L’esprit conscient puise
sa force à cette source de vitalité et de régénération, qui s’élève
naturellement jusqu’à la conscience. Les psychologues voient en général
des personnes qui sont déjà en difficulté. L’homme heureux n’a pas besoin
de consulter. Peu d’études ont été menées pour découvrir pourquoi l’homme
heureux est heureux ; pourtant ces réponses seraient hautement pertinentes.
Dans les thérapies qui utilisent des doses massives de LSD, les
conditions d’une aliénation mentale, chimiquement induite, sont mises en
place. Par aliénation mentale, j’entends une situation dans laquelle l’esprit
conscient est contraint à un état d’impuissance. La psyché est littéralement
prise d’assaut, de même que la structure organisationnelle qui vous permet
d’exister rationnellement dans le monde que vous connaissez. L’ego, bien
sûr, ne peut pas être annihilé dans la vie physique. Tuez-en un, et un autre
émergera obligatoirement du moi intérieur qui en est la source.
Faites votre pause.
(De 22 h 34 à 22 h 39.)
Maintenant. Dans ces conditions forcées, vous mettez littéralement la
conscience égotiste face à sa propre mort, dans une rencontre qui n’a pas
lieu de se produire – et cela alors même que le corps physique lutte pour sa
propre vie et sa vitalité. Vous occasionnez là une difficulté de grande
envergure.
Le paysage de la psyché se révèle réellement et fournit d’importantes
données au psychiatre. Mais pour les patients qui subissent ces expériences
– tout ceci s’applique à la prise de doses massives – cette terrible rencontre
rejoue la naissance de l’espèce au sein de la conscience, ainsi que sa mort
lorsque celle-ci se retire, annihilée ; ce qui est suivi par sa renaissance,
quand le patient, en tant qu’individu, lutte pour émerger à nouveau de
dimensions qui, dans ces conditions, ne sont pas naturelles.
Les structures biologiques et psychiques les plus profondes sont
modifiées. Je n’ai pas dit qu’elles étaient endommagées, bien que cela
puisse parfois être le cas. La conscience est attaquée à ses racines. Quand
on ressent des moments de transcendance dans ces conditions, ils
représentent la naissance psychique d’une personnalité nouvelle, issue des
sources de l’ancienne et de sa mort psychique. Dans certains cas, les
messages génétiques ont changé ; en cela, la nouvelle et l’ancienne sont
différentes. (Avec force.) C’est une mise à mort psychique dans un cadre
technologique.
Sous LSD, vous êtes très influençable. Si on vous dit que l’ego doit
mourir, vous allez le tuer. Même dans les meilleures conditions, vous allez
suivre télépathiquement les idées de votre guide. (Une longue pause.) La
« renaissance » psychique peut vous laisser avec un lot de problèmes
totalement nouveaux, qui se dressent sur le lit des anciens et qui sont pour
l’instant indéchiffrables.
Le nouvel ego se rend très bien compte des conditions de sa naissance. Il
sait qu’il est né de la mort de son prédécesseur et, malgré toutes les
sensations de joie transcendante, assez naturelles à sa naissance, il craint
cette annihilation dont il est issu.
L’intégrité naturelle de la condition de créature n’est plus la même. On
n’aura plus jamais la même confiance dans le monde physique. L’alliance
avec lui n’est plus aussi sûre. (D’un ton toujours ferme et positif.) Le
« moi » qui était né dans le corps, et qui avait grandi avec lui, a disparu et
un autre moi a émergé de l’organisation précédente.
Maintenant. De tels changements se produisent naturellement au cours de
la vie ; et quand le moi se modifie, il est différent de ce qu’il était. Lorsque
cela se produit « tout seul », il s’agit d’un reflet inné de la créativité de la
psyché et ce changement se produit à son propre rythme – en lien avec les
saisons de l’esprit, du sang, de la conscience et des cellules, selon des
modes que vous ne comprenez pas encore. Mais l’ensemble de la structure
et ses relations subsidiaires changent ensemble si bien que l’esprit conscient
est capable d’assimiler ce qui se passe.
Vous vous développez et vous vivez à travers des morts qui se produisent
constamment en vous et, au cours de votre vie, vous évoluez à travers des
naissances que vous ne comprenez pas. (Jane se penche en avant avec
insistance.) Ces doses massives de LSD activent chimiquement tous les
niveaux de mémoire cellulaire, au point que, d’une certaine manière, ces
cellules ne sont plus responsables d’elles-mêmes ; les souvenirs peuvent
alors surgir de façon imprévisible quand l’organisme est stressé. La délicate
alliance biologique et psychologique est affaiblie.
Faites une pause.
(De 23 h 02 à 23 h 24.)
Maintenant. C’est uniquement parce que vous croyez que l’ego est un
parent pauvre du moi que vous avez recours à de tels procédés pour faire
jaillir la connaissance intérieure.
C’est uniquement parce que certains ne se rendent pas compte de la
résilience de leur propre conscience qu’ils acceptent de tels procédés.
Patient et thérapeute partagent donc la croyance que l’esprit conscient
n’accède pas facilement à la connaissance dont il a besoin.
Ils partagent également d’autres croyances : par exemple, que le moi
intérieur est le dépositaire de toutes les peurs, de toutes les terreurs et de
toutes les barbaries inacceptables et refoulées ; qu’il faut d’abord
contraindre le moi intérieur à se débarrasser de ce matériau pour qu’il
puisse exprimer son pouvoir, son énergie, sa force en termes positifs et
créatifs ; et qu’en conséquence, le moi doit aller à la rencontre de toutes les
terreurs de son passé et y faire face pour se libérer des peurs du présent.
Il ne s’agit là que d’un système de croyances, dans lequel le patient et le
thérapeute fonctionnent tous deux. La spontanéité de ce type de séances
donne en effet l’impression d’offrir aux psychiatres et aux psychologues
une carte de la psyché. Statistiquement, les expériences individuelles, bien
que différentes, suivent bien sûr un schéma – le schéma des croyances
consciemment reconnues et auxquelles les individus réagissent par
télépathie.
En arrière-plan, il est possible d’entrevoir, sous forme de symboles, une
configuration précise, quoique déformée, de la psyché. Ces symboles sont
une tentative de la conscience pour représenter la mémoire cellulaire. Le
mouvement psychique excite toujours les molécules. La « connaissance »
latente, innée et fluide des molécules accroît la « connaissance » des
cellules (sourire). Elles œuvrent facilement ensemble. Sous l’assaut
psychique forcé de doses massives de LSD, la compréhension même des
molécules tente de s’ouvrir. Or ce n’est pas quelque chose que l’on peut
percevoir physiquement. L’intégrité cellulaire elle-même peut être
menacée. Ruburt a parfaitement raison de penser que ceci est beaucoup plus
néfaste que n’importe quelle thérapie de choc physique à laquelle le corps
serait soumis.
Et le pire, c’est que tout cela est inutile. Ce traitement repose sur l’idée
que l’esprit conscient est totalement incompétent, que les problèmes
profonds ne sont pas de son ressort, qu’il est uniquement destiné à être
analytique et qu’il est incapable de traiter le matériau d’ordre intuitif ou
psychique. Ce sont vos croyances seules qui créent cette situation.
(23 h 38.) Pareils assauts contre votre conscience constituent un défi pour
la stabilité de votre espèce, et une insulte pour l’intégrité de votre condition
de créature. On pourrait dire que ces substances chimiques sont naturelles
puisqu’elles existent au sein de la réalité que vous connaissez, mais le corps
est équipé pour gérer les ingrédients provenant de la Terre. De fortes doses
de drogues « artificielles » de ce type ne sont pas facilement assimilées et
provoquent une confusion biologique.
Dans leur cadre de vie naturel, certains Amérindiens utilisent le peyotl à
leur façon – mais pas comme des gloutons qui étourdissent et anéantissent
leur organisme. Ils le reçoivent comme un ingrédient naturel appartenant à
leur structure terrestre. Ils n’essayent pas de se projeter violemment hors de
leur existence. Ils l’utilisent pour accroître les perceptions innées qu’ils
possèdent.
Ils deviennent une partie de Tout-ce-qui-est – comme ils devraient
l’être – sans mourir à ce qu’ils sont. Ils sont capables d’assimiler leur
connaissance, de la diriger délibérément à la fois vers leur vie individuelle
et leur structure sociale. Ils l’utilisent aussi, bien sûr, à l’intérieur de leur
propre système de croyances, dans lequel leur condition de créature est
comprise et va de soi. L’esprit conscient est perçu comme un complément
de l’être biologique, plutôt que comme un handicap.
Comme il a déjà été mentionné (session 621, chapitre 4), il y a, pour
parler simplement, deux écoles de pensée en vogue actuellement.
L’une croit que l’esprit conscient et l’intellect ont toutes les réponses,
mais, pour elle, cela signifie que l’esprit conscient est avant tout analytique
et qu’il peut trouver toutes les réponses grâce à la raison seule. L’autre école
croit que les réponses se trouvent dans les sentiments et les émotions.
Toutes deux se trompent. L’intellect et les sentiments constituent ensemble
votre existence, mais il est particulièrement fallacieux de croire que l’esprit
conscient doit être avant tout analytique, par contraste avec la
compréhension ou l’assimilation d’une connaissance psychique intuitive.
Aucune de ces deux écoles ne perçoit la flexibilité de l’esprit conscient,
ni les possibilités qui lui sont inhérentes ; et le genre humain a tout juste
commencé à utiliser ses potentiels.
Maintenant. Je vais terminer la dictée. Avez-vous des questions ?
(« Non. »)
Le matériau concernant votre chat est disponible quand vous voulez.
(« Oui. Merci. » Il est trop tard ; nous sommes tous deux fatigués.
Pendant la session de lundi dernier, que nous avons supprimée, Seth avait
déjà dit que les données relatives à la vie et à la mort de Rooney étaient à
notre disposition.)
Et je suis heureux de notre contrat…
(« Nous aussi. » Tam Mossman, l’éditeur de Jane à Prentice Hall, lui a
annoncé au téléphone qu’elle va recevoir dans quelques jours un contrat
pour la publication de ce livre.)
… mais, en fait (avec un sourire), je le savais, voyez-vous.2
(« Oui. Bonne nuit, Seth. »
D’une voix plus forte et joviale.) Et ne vous inquiétez pas pour les délais.
Nous pouvons faire trois sessions par semaine, si vous le souhaitez.
(« D’accord. » Ce manuscrit doit, si possible, être remis en octobre.)
Je peux tout faire, sauf taper à la machine.
(Fin à 23 h 55. « Maintenant, il me reste toute cette énergie, dit Jane,
rapidement sortie de transe. Je la sens circuler en moi. Je pourrais faire
une grande promenade ou jouer au badminton – ou même avoir une
session », plaisante-t-elle.
Dire que Jane a de l’énergie tout en étant fatiguée n’est pas
contradictoire. À minuit, elle me chante une courte chanson en sumari. Ce
chant est très clair, lyrique et apaisant ; aujourd’hui, j’étais d’humeur
morose et elle tente de me remonter le moral. Comme toujours, elle me
paraît transportée quand elle chante si bien, assise dans son fauteuil à
bascule, la tête rejetée en arrière et les yeux clos. Par moments, elle fait
appel à une réelle puissance en sumari, qui contraste ensuite avec des
passages très délicats. Elle contrôle parfaitement sa respiration. Pourtant,
elle n’a reçu aucune éducation musicale.
Jane parle du sumari dans l’introduction de ce livre. Elle a inclus une
sélection de poèmes et de textes en prose, écrits en sumari, en appendice de
son roman, The Education of Oversoul 7, que Prentice-Hall doit publier cet
automne.)
SESSION 639
LUNDI 12 FÉVRIER 1973
(Après la dernière session, j’avais dit à Jane que j’étais très intrigué par
le fait que Seth avait donné deux titres au chapitre 10, mais il n’y avait rien
là de bien mystérieux.
21 h 05.)
Maintenant. Je vous souhaite le bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
La première partie du livre va s’intituler : « Là où vous et le monde vous
rencontrez ». Le titre sur lequel vous vous interrogiez est celui de la
seconde partie du livre (« Votre corps comme œuvre vivante unique sculptée
par vous, etc. » donné dans la session 637, chapitre 9). Le titre faisant
référence à l’âme en vêtements chimiques est destiné au chapitre suivant
(10), qui est le premier de la seconde partie.
(« D’accord. »)
Maintenant. Ces indications sont pour vous. (Une pause.) Dictée. Votre
corps, c’est vous en chair. Comme je l’ai mentionné dans d’autres livres,
l’âme ne peut à aucun « moment » s’affirmer totalement dans l’expérience
corporelle ; dans ces conditions, il y a donc toujours des parties de vous qui
demeurent inexprimées.
L’ensemble de votre expérience physique doit évidemment être ancré
dans la réalité matérielle du corps. L’énergie qui anime votre image vient de
votre âme. Par vos pensées, vous orientez l’expression du corps, qu’il
s’agisse de bonne santé ou de maladie. Grâce à une connaissance du
contenu de votre esprit conscient, vous pouvez certainement guérir la
plupart des maladies du corps, dans des conditions qui seront exposées plus
loin.
Vos idées elles-mêmes suivent certaines lois de créativité. Elles ont leur
propre rythme. Les processus associatifs de votre esprit, qui opèrent à
travers le cerveau, sont en étroite connexion avec le comportement
microscopique de vos cellules. Quand vous apprenez à utiliser vos pensées,
ou même lorsqu’elles évoluent naturellement, cela entraîne des
modifications à l’intérieur des cellules. Il y a une progression ordonnée, une
relation intime.
Quand on a recours à des doses massives de LSD, on crée artificiellement
une zone de sinistre d’où l’on espère sauver un moi fonctionnant
efficacement. Il est vrai que l’on peut ainsi briser les vieilles interactions
entre un schéma associatif de pensées et son mode d’action habituel, mais il
est également vrai que la structure intérieure, ordonnée, a subi un choc
physique et biologique.
(Une pause d’une minute à 21 h 21.) Dans la vie quotidienne normale,
une thérapie naturelle importante intervient souvent dans le rêve, alors
même qu’interviennent des cauchemars si effrayants qu’ils réveillent le
dormeur. L’esprit conscient de l’individu est alors obligé de faire face à la
situation émotionnellement chargée – mais après l’évènement,
rétrospectivement. Le cauchemar lui-même peut être un traitement de choc
qu’une partie du moi administre à une autre, et dans lequel la mémoire
cellulaire est profondément ébranlée, comme ce serait le cas avec une dose
massive de LSD.
Mais le moi est, pour lui-même, le meilleur des thérapeutes. Il sait
exactement combien de « chocs » de ce genre peuvent bénéficier à la
psyché, quelles associations animer au moyen de ces images et de ces
expériences intenses, et celles auxquelles il ne faut pas toucher.
Les cauchemars en série sont souvent une thérapie de choc orchestrée de
l’intérieur. Ils peuvent faire très peur au moi conscient, mais, au bout du
compte, celui-ci se réveille dans son monde normal, ébranlé peut-être, mais
en sécurité dans le cadre de la journée.
D’autres évènements vécus en rêves peuvent, bien qu’oubliés, aider
l’individu à amortir les effets de ces « thérapies par le cauchemar ». Tout
comme certains traitements au LSD débouchent finalement sur un
sentiment de renaissance (qui, cependant, n’est souvent que temporaire),
une période de cauchemars mène fréquemment, de façon très naturelle, à
des rêves dans lesquels le moi établit enfin des connexions nouvelles, et
plus vastes, avec la source de son être.
(21 h 32.) Si les scientifiques étudiaient les facultés naturelles de
guérison propres au corps et à l’esprit, ils pourraient apprendre à les
stimuler, car ces processus – et je n’en mentionne ici qu’un seul – se
déroulent continuellement tout au long de la vie.
Quand de larges doses de substances chimiques sont employées, l’esprit
conscient est confronté de plein fouet à des expériences très puissantes
auxquelles il n’était pas censé faire face, et qui sont utilisées délibérément
pour lui donner un sentiment d’impuissance. (Une pause.) Lorsqu’il est
confronté au cauchemar extérieur que sont les guerres et les catastrophes
naturelles, l’esprit conscient est toujours orienté vers l’extérieur, vers ce
monde pour lequel il sait avoir été formé, afin de pouvoir y faire face. Dans
les moments de stress physique important, ce même esprit puise dans les
pouvoirs du corps et du moi intérieur pour accomplir des prouesses
véritablement héroïques – qui, après coup, le laissent songeur quant au
pouvoir et à l’énergie du moi en temps de crise.
Sa propre stabilité et sa propre conscience peuvent s’en trouver
grandement approfondies, et renforcées. Dans les périodes où la rencontre
avec la nature est apparemment pleine de calamités, des individus peuvent
être surpris par leur propre aptitude à entrer en relation avec les autres. Mais
la situation est inversée dans le cas d’une catastrophe psychique
artificiellement induite par une thérapie fondée sur une prise massive de
LSD. La conscience se trouve alors dans une situation de crise ; non parce
que cette dernière provient du monde extérieur, mais parce qu’on force la
conscience à se battre sur un terrain pour lequel elle n’a pas été conçue et
qu’elle ne peut comprendre, un terrain où ses alliés les plus fondamentaux –
la mémoire, l’organisation et tous les pouvoirs du moi intérieur – se
transforment soudain en ennemis.
La conscience devient vulnérable à toutes ces forces qu’elle était censée
diriger, et elle se trouve en même temps dépouillée de ses capacités
logiques naturelles – en fait, du sentiment même de son identité. (Avec
insistance.) Il n’y a rien d’extérieur contre quoi elle puisse agir ni aucune
structure dans laquelle trouver son équilibre.
Ruburt a travaillé sur un livre de poèmes appelé The Dialogues et,
récemment, il y a écrit un texte sur les doubles mondes. Un soir, il était
debout devant la fenêtre de la cuisine et, sans la moindre drogue, il a vu en
bas une flaque d’eau de pluie se transformer soudain en une créature
vivante, merveilleusement fluide, qui s’est levée et s’est mise à marcher
tandis que la pluie ruisselait lentement le long de ses flancs liquides.
Pendant qu’il observait cette réalité, Ruburt était empli de joie. Il savait
que, dans le monde physique, la flaque était plate, mais qu’il percevait une
autre réalité tout aussi dense ; une réalité plus vaste, en fait, dans laquelle
cette créature-pluie avait son être.
Pendant un moment, Ruburt a vu des mondes doubles avec ses yeux
physiques. Bien que cette expérience soit exaltante, elle aurait pu tourner au
cauchemar si son esprit conscient n’avait pas clairement compris ce qui se
passait ; si, par exemple, en sortant dans la rue, Ruburt était tombé à
l’improviste sur des créatures vivantes émergeant de chaque flaque d’eau ;
et si, malgré tous ses efforts, il n’avait pas pu les faire disparaître. Telle
quelle, ce fut une expérience bénéfique.
Mais quand vous contraignez l’esprit conscient à des rencontres
beaucoup moins plaisantes, et que vous lui dérobez dans le même temps sa
faculté de raisonner, vous insultez alors le fondement même de son être.
Vous pouvez faire votre pause.
(21 h 51. La transe de Jane a été vraiment profonde, son débit parmi les
plus rapides depuis que Seth a commencé ce livre. À présent, elle bâille à
plusieurs reprises.
Quand elle a vécu cette expérience avec la flaque d’eau – ainsi qu’une
autre décrite juste après – je lui ai demandé de mettre par écrit ces deux
évènements, au cas où Seth y ferait référence. Son texte, ainsi qu’une
sélection appropriée de poèmes tirés de Dialogues, est présenté avec les
notes de la prochaine pause. Reprise à un rythme légèrement plus lent à
22 h 20.)
Dictée. (Murmuré avec humour.
Je murmure en retour : « D’accord. »)
Maintenant. Quelques instants après l’expérience de Ruburt avec la
créature-pluie, il y en a eu une autre. Debout dans la cuisine, qui est
extrêmement petite, il avait les yeux grand ouverts – quand soudain une
boule de lumière jaune et douce est apparue devant lui.
Il l’a vue physiquement, sans pourtant pouvoir y trouver une cause
matérielle. Elle a persisté plusieurs secondes puis a disparu. Dès que Ruburt
a vu cette lumière, il a fait un bond en arrière. Les derniers vers du poème
qu’il avait terminé juste avant le dîner parlaient d’une lumière qui
illuminerait les deux mondes, celui de l’âme et celui de la chair.
Consciemment, il a pensé que la lumière devait avoir été causée par un
éclair, alors même qu’une autre partie de lui savait que ce n’était pas le cas.
Un instant plus tard, il s’est souvenu de la fin de son poème et a fait le
lien. Pendant un moment, l’esprit conscient a été troublé, mais il a assimilé
la chose. Le sens de cette lumière s’éclaircira encore davantage grâce aux
rêves de Ruburt3, à la suite intuitive du poème et à l’exemple physique.
Sa signification va se révéler normalement quand Ruburt sera prêt à la
percevoir pleinement. L’évènement s’est produit, certes, mais, comme tout
évènement, il n’est pas achevé. Dans l’expérience de drogue dont nous
avons parlé précédemment (lors de la dernière session), des symboles et
des phénomènes surprenants sont soudain imposés à l’esprit conscient ; et
ce, dans un contexte où le temps, tel qu’il le connaît, ne signifie plus grand-
chose. Il [l’esprit conscient] ne peut réfléchir subjectivement à ce qui se
passe. Tout va trop vite.
Pendant que ces phénomènes se produisent, il peut sembler à l’esprit
conscient qu’ils ont une durée grotesque et déformée, qui rend l’action
impossible. Aucune séparation entre le moi et l’expérience n’est permise.
Même si celle-ci est exaltante, elle peut constituer une agression pour la
conscience dès lors qu’elle est imposée. Du point de vue de la personnalité
tout entière, le prix à payer est beaucoup trop élevé.
Les sentiments qui apparaissent souvent au cours de séances ultérieures
correspondent exactement à cela – le sentiment de renaissance, par
exemple. La vieille organisation du moi est tombée et la nouvelle structure
se réjouit en effet de son unité et de sa vitalité.
On trouve fréquemment, à ce stade, une forte tendance suicidaire. La
connaissance du fait que le « vieux moi » a échoué est présente – dès lors,
de quelle assurance dispose le prétendu nouveau moi ? (Une pause.)
Répétons-le, le corps est une sculpture vivante.
Vous êtes en lui et vous le formez, et, tant que vous avez une existence
physique, il est vous, dans la pratique. C’est à lui que doit s’identifier votre
être matériel. Sinon, vous vous sentez étranger à votre identité biologique.
Cette identité est le moi physique à travers lequel, en vos termes, toute
expression doit se manifester. Vous êtes plus que votre seul être temporel.
Votre vie en tant que créature dépend de votre alliance avec la chair. Vous
existerez réellement quand votre corps sera mort, mais en fait vous
fonctionnerez toujours par le biais d’une image de vous-même.
(22 h 42.) Si vous ne vous identifiez qu’à votre corps, vous avez peut-être
le sentiment que la vie après la mort est impossible. Si vous vous
considérez seulement comme un être mental, vous ne vous sentez pas
vivant dans la chair, mais séparé d’elle. Pensez à vous-même comme à une
créature physique maintenant. Sachez que, par la suite, vous opérerez à
travers une tout autre forme, mais que le corps et le monde matériel sont
votre mode d’expression présent.
Ces attitudes sont extrêmement importantes. Au cours d’une expérience
avec une dose massive de LSD, vous sortez la manifestation physique de
son cadre naturel ; vous la présentez de telle sorte que ses réactions
habituelles n’ont plus aucun sens. Un monde est peut-être en train de vous
tomber dessus et aucune riposte, aucune défense physique ne sont possibles.
Le psychiatre dira peut-être : « Accepte l’expérience. Sois anéanti s’il le
faut. » Mais tout cela insulte votre héritage biologique, ainsi que le sens
commun de l’esprit conscient.
(Avec un sourire.) Je me rends parfaitement compte des liens religieux
déformés qui s’établissent ici : Mourrez à vous-même et vous renaîtrez ;
vous ne vous tuerez pas. Ce que vous considérez comme le moi meurt et
renaît constamment, comme le font les cellules de votre corps.
Biologiquement et spirituellement, la vie nouvelle dépend de ces
innombrables transformations, de ces morts et renaissances qui se
produisent naturellement dans les saisons de la Terre et dans celles de la
psyché.
(Lentement à 22 h 54.) Changez avec souplesse, dans cette danse
gracieuse de tout être qui se reflète dans l’univers du corps et de l’esprit.
Cela n’inclut pas la crucifixion de l’ego.
C’est parce que vous ne faites pas confiance au moi naturel que vous
avez recours à ce type de thérapie par les drogues. Ceux qui recherchent ces
traitements ont surtout peur de la nature de leur propre identité. Ils ne
demandent donc pas mieux que de la sacrifier. (Une pause, puis avec un
sourire.) Vos pensées et vos croyances forment votre réalité. Comme l’a dit
Joseph (le nom que Seth me donne) pendant la pause, il n’existe pas de
thérapie magique – il ne peut y avoir que la compréhension de votre
immense créativité, et savoir que vous faites vous-même votre monde.
Dans la vie physique, l’âme est vêtue de chimie, et vous utilisez les
ingrédients que vous accueillez dans votre corps de manière à former une
image qui soit en accord avec vos croyances. Certaines idées proviennent
très certainement de votre culture. D’autres correspondent à votre
interprétation privée de vous-même dans la chair. Vos croyances concernant
toute substance chimique influent sur l’effet que celle-ci produit sur vous.
Lors d’une thérapie à base de LSD, vous vous attendez à une réaction
radicale et on vous dit de vous y préparer. L’expérience que vous allez vivre
dépend de vos croyances, et de celles de votre thérapeute – qui sont
communiquées verbalement et par télépathie.
Or, si vous croyez que les éléments chimiques que l’on trouve dans
certains aliments vont vous faire beaucoup de mal et entraîner des
conséquences désastreuses, même des quantités minimes peuvent vous
nuire.
Vous pouvez faire votre pause.
(23 h 05. Jane ne se souvient pas du matériau qu’elle a transmis depuis
la dernière pause.
Voici maintenant des extraits de ce qu’elle a écrit à propos de ses
expériences avec la créature-flaque et la lumière, le soir du 2 février. Ce
texte et les poèmes de Jane complètent les paroles de Seth et montrent
comment elle a pris pleine conscience de l’exceptionnelle transformation de
ses idées poétiques en réalité visuelle – et comment elle a ensuite porté plus
avant le processus créatif en convertissant ses nouvelles perceptions en
poésie. Nous pensons que ces fuites entre réalités sont fréquentes dans tous
les domaines de la « vie », même si elles demeurent largement
automatiques. Par rapport à l’art, on appelle souvent cela l’inspiration.
« Vendredi 2 février 1973
J’avais travaillé toute la journée, écrit Jane, sur mon livre de poésie,
Dialogues of the Soul and Mortal Self in Time. Je travaillais comme une
folle, réellement portée par l’inspiration. Juste avant le dîner, j’ai écrit
quelque chose sur l’univers à la fois unique et double du moi et de l’âme, et
les dernières lignes citaient le moi mortel :
Après le dîner, Rob est sorti faire des courses. Je ne sais pas quelle heure
il était, mais il faisait noir et il pleuvait fort. Il y avait des éclairs sans
tonnerre. Pour un mois de février, il faisait plutôt chaud. J’ai pensé à aller
me promener, mais je ne l’ai pas fait… Immédiatement après les deux
expériences avec la créature-pluie et la lumière que Seth a décrites dans
cette session, j’ai ajouté ce passage aux Dialogues :
SESSION 640
MERCREDI 14 FÉVRIER 1973
SESSION 641
LUNDI 19 FÉVRIER 1973
(Ce soir, Jane a reçu deux longs appels téléphoniques venus de loin, dont
le premier à 20 h 30, – ce qui explique ce début de session tardif.
21 h 42.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
D’un ton amusé.) Êtes-vous prêt pour la dictée ?
(« Plus ou moins. » Je ne plaisante qu’à moitié. Pour je ne sais quelle
raison, j’ai du mal à me concentrer.)
Un homme qui fait une statue utilise son esprit conscient, son talent
créateur, son corps physique et les ressources intérieures de son être.
Il décide délibérément de créer une sculpture et concentre
automatiquement son énergie en ce sens. Quand vous formez la sculpture
vivante de votre corps, ce qui est bien plus important pour vous que toute
œuvre d’art, vous devriez bien sûr suivre la même démarche. En d’autres
termes, diriger votre énergie vers la création d’un corps sain et qui
fonctionne bien. Vous formez constamment votre image ; de même que
nombre de procédés artistiques demeurent cachés, les mécanismes
intérieurs qui vous permettent de créer votre moi matériel restent sous la
surface de votre esprit conscient. Ils sont néanmoins très efficaces.
Dans toute forme d’art, la création est intimement liée à l’état de rêve et
il en va de même pour l’art vivant de votre corps. Sa forme qui respire est
influencée par la grande thérapie des rêves. S’il y a des déséquilibres
chimiques, l’état de rêve y remédie souvent de façon quasi automatique
lorsque, pour ce faire, vous vous figurez des situations suscitant, disons, la
production d’hormones qui seraient requises à l’état de veille dans une
situation similaire. (Voir la note de bas de page concernant les hormones,
session 621, chapitre 4.)
Dans le scénario du rêve, vous jouez un rôle dans lequel vous résolvez de
manière créative les problèmes qui ont causé les déséquilibres en question.
Dans ce contexte, les rêves de nature fortement agressive peuvent être très
bénéfiques pour certains individus, en leur permettant de donner libre cours
à des sentiments habituellement inhibés et de relâcher les tensions. Grâce à
cette thérapie constante du rêve, le corps et l’esprit se régulent d’eux-
mêmes, pour une large part. Vos rêves ont donc un effet sur votre chair.
Dans un rêve, un objet peut bien sûr être symbolique, mais aucun
symbolisme du rêve n’a de valeur universelle. Il y a trop de diversité dans
l’expérience personnelle. S’il est vrai que, dans les rêves, vous accédez
parfois à certaines des sources les plus profondes de votre être, l’expression
de cet être demeure, même en ces circonstances, beaucoup trop
individualisée pour qu’il soit possible d’attribuer aux symboles dans leur
ensemble le même genre de signification « inconsciente ».
(21 h 54.) Nous pouvons, une fois encore, faire une analogie avec le
domaine de l’art. Bien que les artistes utilisent tous le même « matériau » –
l’expérience humaine – ce qui rend l’œuvre « grande », c’est encore la
brillante unicité, ou individualité, qui montre, et qui chevauche, cette
représentation humaine commune. Par la suite, les critiques peuvent mettre
des styles en évidence, classer l’œuvre dans telle école, associer les
représentations ou symboles qui s’y trouvent à ceux d’autres peintures –
puis commettre l’erreur de croire à la généralité de ces symboles, à leur
pertinence constante, à leur signification immuable, où qu’ils se trouvent.
Mais tout cela risque d’avoir peu de rapport avec l’interprétation de l’artiste
quant à ses propres symboles, ou avec son expérience personnelle – au
point qu’il peut lui arriver de se demander comment les critiques voient ce
qu’ils voient dans son œuvre.
(C’est si vrai. En tant que peintre, j’ai moi-même fait plus d’une fois
l’expérience de ce phénomène avec la « critique ». Les résultats étaient
parfois risibles – mais, la plupart du temps, ils étaient frustrants. On m’a
aussi critiqué ou fait des louanges pour des éléments dont je n’avais pas
réalisé l’existence dans un tableau, alors qu’on ignorait ou ne percevait pas
mon intention consciente. Cela peut laisser encore plus perplexe : « Est-ce
de mon tableau qu’ils parlent ? »)
Avec les rêves, c’est la même chose. Personne, à part vous, ne connaît
réellement leur signification. Si vous lisez des livres dans lesquels on vous
explique que tel objet représente toujours telle ou telle chose, vous êtes
comme l’artiste qui accepte l’idée du critique concernant les symboles qui
se trouvent dans ses tableaux. Vous vous sentez étranger à vos rêves
puisque vous essayez de leur faire suivre un schéma qui n’est pas le vôtre.
De toute manière, l’interprétation ne concerne qu’une partie du travail,
lorsqu’on tente de déterminer consciemment le sens d’un rêve. Le vrai
travail du rêve s’accomplit à des niveaux profonds, aussi bien psychiques
que biologiques, au moment même où l’évènement se produit.
Ce qui se passe dans le rêve a une influence sur l’ensemble de votre
condition physique et donc un effet thérapeutique constant. Ce résultat
découle de la situation psychique qui prend place à l’intérieur du rêve, quel
qu’en soit le scénario (une pause), et dans laquelle les problèmes ou défis
de votre existence sont résolus. De nombreuses actions probables sont
envisagées ; elles sont ensuite projetées dans un futur probable.
Quand vous parvenez à comprendre la nature de vos croyances, vous
pouvez apprendre à utiliser plus efficacement l’état de rêve pour vos
objectifs conscients. Il s’agit de l’une des thérapies naturelles les plus
efficaces et c’est le cadre intérieur dans lequel se produit réellement une
bonne partie de la construction de votre corps physique.
Vous pouvez faire une courte pause.
(22 h 14. Le rythme de Jane a été régulier. La référence aux probabilités
me rappelle le chapitre 16 de Seth parle. Dans ce chapitre, il énonçait l’une
de mes citations favorites : « Chaque acte mental ouvre une nouvelle
dimension de réalisation. D’une certaine manière, vos plus infimes pensées
donnent naissance à des mondes. » Reprise à 22 h 33.)
Maintenant. Je voudrais à présent faire une remarque. Certains des
médicaments administrés à des patients souffrant de troubles « mentaux »
entravent, à des degrés divers, le flot naturel de la thérapie du rêve.
Il y a une autre considération concernant la médecine ; comme je l’ai déjà
mentionné (session 624, chapitre 5), si vous adhérez aux croyances
médicales occidentales, je ne suis pas en train de vous suggérer de renoncer
soudain aux médecins. Mais tous les désordres chimiques du corps se
règlent d’eux-mêmes, et de façon naturelle, dès lors que les problèmes
intérieurs qui en sont la cause sont résolus grâce à l’une des diverses
méthodes innées de guérison.
Le nouvel équilibre signale à l’organisme qu’un problème intérieur a été
résolu. Le corps, l’esprit et la psyché opèrent alors plus ou moins ensemble.
Quand de nouveaux défis psychiques s’élèvent, un autre cycle de thérapie
naturelle commence selon une structure rythmée. Cependant, lorsqu’on
remédie à des déséquilibres d’ordre physique par l’absorption de
médicaments, les signaux du corps indiquent que le problème intérieur est
résolu – alors que ce n’est peut-être pas du tout le cas (avec force).
Dans de telles conditions, l’organisme dans son ensemble n’est pas en
accord avec lui-même. Le problème s’est manifesté d’une certaine façon,
puis les médicaments ont bloqué l’expression normale du désordre
psychique. Il va chercher d’autres voies pour se faire entendre.
Si, à leur tour, celles-ci sont bloquées, toute la relation corps-esprit
devient étrangère à elle-même. Les mécanismes internes sont perturbés.
Non seulement on ne fait pas face au défi fondamental, mais on refuse
constamment l’expression physique qui, laissée à elle-même, apporterait sa
solution naturelle.
Toutes sortes de choses entrent évidemment ici en ligne de compte et,
dans votre société, il faut également prendre en considération votre propre
système de croyances. Si vous ne croyez pas aux processus naturels de
guérison, vous allez simplement les bloquer. La peur qui résulterait du fait
de ne pas consulter un médecin ne fera alors qu’aggraver le problème. Si,
d’un autre côté, vous avez foi en l’acte médical, cela suffira à amener un
bienfait thérapeutique.
Cela ne fonctionne pourtant que jusqu’à un certain point si les problèmes
intérieurs ne sont pas traités. Il arrive d’ailleurs que ceux-ci trouvent leur
propre résolution indépendamment de ce que vous faites ou de ce que vous
croyez, du fait de la grande énergie créatrice qui est présente en votre être,
et du système de contrôle et d’ajustement dont vous avez pourvu votre
corps à la naissance.
(22 h 49.) Ceci est aussi valable pour les états mentaux, qui ont parfois
une façon de se résoudre d’eux-mêmes beaucoup mieux sans vos thérapies
professionnelles qu’avec elles ; des guérisons ont souvent lieu en dépit du
traitement – motivé par les meilleures intentions. L’une des idées récentes
est que certaines conditions mentales sont causées par des déséquilibres
chimiques. Apporter ce qui manque entraîne une certaine amélioration,
mais ces déséquilibres ne sont pas la cause de la maladie. Vos croyances
concernant la nature de votre propre réalité en sont l’origine. Si une
médication de ce type améliore la situation immédiate, le problème intérieur
des croyances reste encore à résoudre. Sinon, d’autres maladies viendront
se substituer à la première.
Il est extrêmement difficile de travailler sur vous-même de façon
naturelle quand vous êtes constamment cernés par la croyance que les
réponses se trouvent dans certains médicaments ou certains aliments, ou
auprès des médecins. Donc, face au barrage des idées dominantes qui vont
dans ce sens, ceux qui tentent de bénéficier de leur propre système de
guérison innée sont en général confrontés au stress de ne pas être sûrs
d’avoir raison de le faire.
Malheureusement, plus vous vous reposez sur des méthodes extérieures,
plus il paraît indispensable de le faire et moins vous faites confiance à vos
propres capacités naturelles. Vous devenez souvent « allergique » à un
médicament uniquement parce que le corps réalise que, s’il l’accepte, tout
recours à la solution d’une difficulté particulière lui sera impossible, ou que
masquer physiquement le problème peut générer une maladie plus grave.
Les thérapies naturelles sont donc difficiles à mener de la façon la plus
bénéfique dans votre société parce que, depuis votre naissance, elles ont
rencontré toutes sortes d’interférences. Pourtant, elles sont à l’œuvre,
malgré les interférences, et elles demeurent à votre disposition pour
procurer santé et vitalité à la sculpture vivante dans laquelle vous avez votre
expérience présente.
Faites votre pause.
(23 h 02. Durant la pause, des bruits sourds se font entendre dans un
appartement voisin. On dirait qu’on traîne des meubles. Le vacarme est si
fort et dure si longtemps que je suis surpris lorsque Jane entre à nouveau en
transe. Reprise à un rythme plus lent à 23 h 14.)
Maintenant. (Une pause.) Les « maladies » mentales indiquent souvent la
nature de vos croyances, qu’elles soient en accord ou en conflit avec celles
des autres. Ici, le système de croyances est si différent de celui de la société
que des répercussions évidentes apparaissent dans le comportement.
Comme dans de nombreuses maladies physiques, il y a des points de crise
et, laissé à lui-même, un individu peut très bien parvenir à sa propre
solution.
Même pour ce qu’on appelle les désordres mentaux, le positionnement
par rapport au corps est très important, de même que les croyances de
l’individu par rapport à sa propre forme, ainsi que la relation de cette
dernière avec les autres, et avec le temps et l’espace. (Une pause.) Dans une
situation de ce genre, il y a en effet des déséquilibres chimiques, produits
inconsciemment par l’individu, parfois pour lui permettre d’en finir avec
une série d’évènements « hallucinatoires ». Ces « rêves objectivés » ont
besoin, pour se maintenir de façon durable, d’un changement chimique par
rapport à la situation normale de la conscience à l’état de veille. Il est
important de noter que, quelle que soit la maladie mentale ou physique
adoptée, il y a une raison à ce choix, et qu’elle constitue une méthode
naturelle pour laquelle l’individu sait disposer des aptitudes physiques et
mentales adéquates.
(23 h 28. À présent, tout est calme.) Les différences de personnalité ont
évidemment beaucoup à voir avec le type de maladie adoptée, ou les
« dégâts » que vous pouvez infliger à votre propre sculpture vivante.
De fait, les problèmes intérieurs que vous rencontrez sont toujours
constructifs – des défis qui vous conduisent vers un plus grand
épanouissement.
Un problème causé par un sentiment de culpabilité, par exemple, et qui
se matérialise physiquement en une maladie, est destiné à vous amener à
regarder en face et à vaincre l’idée de culpabilité – la croyance en elle que
vous entretenez dans votre esprit conscient. Le corps est toujours en état de
devenir. Vous pensez qu’il atteint un certain apogée puis se détériore ou
s’amoindrit. C’est parce que vous ne le comprenez pas comme étant
l’expression de votre être dans la chair.
Il reflète les saisons de la terre et de la chair. Dans ce que vous pensez
être vous, il reflète une condition, avec grande fidélité et abandon. Au cours
de la vieillesse, il fait la même chose. Il vous montre à la fois tel que vous
entrez dans la chair et tel que vous en sortez et il y a là une large gamme.
Nombreux sont ceux qui cessent de créer leur corps et meurent jeune, pour
une foule de raisons bien sûr, mais certains meurent parce qu’ils croient
que la vieillesse est honteuse et que seul un corps jeune peut être beau.
Vos croyances par rapport à l’âge influent donc sur votre corps et sur
toutes ses capacités. Comme on l’a vu (session 627, chapitre 6), vous
pouvez devenir dur d’oreille parce que vous croyez fermement que cela doit
arriver avec l’âge. Au cours des différentes phases de votre vie, vous
modifiez la composition chimique de votre corps en fonction de vos
croyances concernant son activité.
Éléments, substances chimiques, cellules, atomes et molécules
composent partiellement votre sculpture vivante, mais vous êtes celui qui
dirige leur activité par vos croyances conscientes qui, à leur tour, font naître
tous les grands pouvoirs créateurs qui donnent vie à votre corps et lui
permettent de demeurer constamment le reflet du moi que vous croyez être.
(D’une voix plus forte et avec un sourire, après un débit intense.) Fin de
la session, et presque fin du chapitre. À moins bien sûr que vous ayez des
questions.
(« Je ne pense pas. »)
Alors, je vous souhaite un cordial bonsoir…
(« Merci beaucoup, Seth. »)
… et vous adresse à tous deux mes salutations les plus chaleureuses.
(« Bonne nuit. » 23 h 40.)
SESSION 642
MERCREDI 21 FÉVRIER 1973
(Nous avons tous deux été très occupés depuis la dernière session. Je
n’en ai tapé qu’une page à partir de mes notes et, maintenant, nous ne nous
souvenons ni l’un ni l’autre de la suite. « Bon, vu que j’étais en transe
lorsque c’était dicté, je peux dire que je ne l’ai pas entendu, plaisante Jane.
J’ai donc une excuse. Mais quelle est la tienne ? » Je n’en ai aucune.
Pendant que nous attendons le début de cette session, je lui lis quelques
pages de mes notes.
21 h 20.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Aujourd’hui, Ruburt a reçu un appel d’une jeune femme – une
jeune et belle blonde – que je nommerai Andrea. Celle-ci fournit un
excellent exemple de la façon dont les croyances conscientes influent sur
les sentiments et le comportement.
Andrea a une trentaine d’années ; elle est divorcée et a trois enfants. Elle
a téléphoné à Ruburt pour lui annoncer qu’elle avait perdu son travail ce
matin ; mais plus encore, elle lui a expliqué que sa semaine n’avait été
qu’une succession de circonstances très négatives et de rencontres à forte
teneur émotionnelle. Un jeune homme qu’elle fréquentait a commencé à
l’éviter. Un vendeur l’a mise dans une situation apparemment très
humiliante et l’a invectivé devant tout le monde. Toutes les rencontres qui
ont suivi semblaient du même ordre et, pour finir, à bout de nerfs, elle est
tombée malade. Elle a donc décidé de rester chez elle au lieu d’aller
travailler, et tout cela a culminé dans la perte de son emploi.
Au téléphone, Andrea a dit à Ruburt qu’elle avait le sentiment d’être
quelqu’un d’inférieur, incapable de se débrouiller, incapable de trouver sa
place parmi ses collègues ou dans le monde en général.
Elle avait bien sûr porté ces croyances pendant toute cette période, et elle
les exprimait inconsciemment par son corps – par ses gestes, par ses
expressions, par le ton de sa voix. Tout son être physique s’attendait à des
rebuffades. Quels qu’ils aient pu être, les évènements de cette période
doivent être interprétés à la lumière de cette disposition mentale (avec
insistance).
Toutes les données disponibles arrivant à l’organisme allaient être
passées au crible, soupesées et évaluées dans une recherche précise du
matériau qui pourrait donner une dimension concrète à ces croyances. Les
informations ou évènements allant en sens contraire étaient largement
ignorés, ou déformés, de manière qu’ils correspondent à ce que l’esprit
disait être la réalité.
Les croyances conscientes focalisent votre attention, la canalisent et
orientent votre énergie de façon à ce que vous puissiez rapidement intégrer
les idées dans votre expérience physique. Ces mêmes croyances servent
aussi d’œillères, en rejetant les données qui ne peuvent être assimilées tout
en préservant l’intégrité des croyances. Notre Andrea ne voyait donc pas,
ou ignorait, les sourires ou les encouragements qui croisaient son chemin ;
et dans certains cas, elle perçut même comme « négatifs » certains
évènements potentiellement bénéfiques – ce qui contribua à renforcer la
croyance en sa propre infériorité.
Au téléphone, Ruburt a rappelé à Andrea son unicité fondamentale, et
aussi le fait que, par ses croyances, elle crée sa réalité. Ruburt a redonné de
la vigueur à d’autres idées qu’Andrea avait temporairement oubliées – sa
véritable valeur entre autres ; et comme Ruburt croyait en la valeur
d’Andrea et que celle-ci le savait, cette croyance plus positive s’est élevée
et a balayé les autres.
Au cours de la journée, Andrea a pu examiner ces deux croyances et les
percevoir comme des idées opposées qu’elle avait eues d’elle-même. Elle se
croyait unique et bonne – mais aussi inférieure et mauvaise. À certains
moments, l’une des deux croyances colorait son expérience au point d’en
exclure pratiquement l’autre. Juste avant cette session, Andrea a téléphoné
une seconde fois. Elle avait réalisé qu’elle avait engendré cette situation en
n’étant pas honnête avec ses idées conscientes.
Elle voulait quitter ce travail pour un autre, mais elle avait peur de
franchir le pas et avait donc créé des circonstances dans lesquelles la
décision était apparemment extérieure – comme si elle était victime de
collègues impitoyables, jaloux, ne la comprenant pas, et d’un patron qui ne
lèverait pas le petit doigt pour la défendre.
(Une pause à 21 h 42.) Elle comprenait à présent qu’elle n’était pas la
victime mais l’instigatrice de cette situation. Durant tout ce temps, ses
sentiments avaient fidèlement reflété ses croyances conscientes. Elle s’était
apitoyée sur elle-même tout en se condamnant, ce qui l’avait affaiblie
physiquement. Au cours de leur seconde conversation, Ruburt a donné un
excellent conseil à Andrea en lui expliquant comment tirer parti de ce genre
de sentiments. Chaque lecteur peut, à sa manière, facilement utiliser cette
méthode.
Ruburt a conseillé à Andrea d’accepter la validité de ces sentiments en
tant que sentiments – sans les inhiber mais en suivant leur cours, tout en
comprenant qu’il s’agit de sentiments par rapport à la réalité. En tant que
tels, ils sont réels. Ils expriment des réactions émotionnelles à des
croyances. La prochaine fois qu’Andrea ne se sentira pas à la hauteur, par
exemple, elle devra activement faire l’expérience de ce sentiment, en
réalisant que, même si elle a l’impression d’être inférieure, cela ne signifie
pas qu’elle est inférieure. Elle doit se dire « je me sens inférieure » et
comprendre en même temps que le sentiment n’est pas l’affirmation d’un
fait mais d’une émotion. Il s’agit là d’une validité d’un autre ordre.
Ressentir vos émotions en tant que telles n’est pas la même chose que
de les prendre pour des affirmations factuelles concernant votre existence.
Andrea doit donc se demander : « Pourquoi est-ce que je me sens si
inférieure ? » Si vous niez la validité de l’émotion elle-même et prétendez
qu’elle n’est plus là, vous n’êtes jamais amené à vous interroger sur les
croyances qui sont derrière.
(Une longue pause à 21 h 56.) Je veille simplement à donner un peu de
répit à votre main… Vous n’êtes pas en train de la reposer.
(« Si ! », dis-je sur le ton de la plaisanterie au moment où je pose mon
stylo, ayant terminé ces notes. En tant que Seth, Jane me fixe posément.)
À ce stade, Andrea croit que sa vie doit être difficile. On lui a souvent dit
qu’il est très dur pour une femme de vivre seule, en particulier si elle a des
enfants. Elle pense qu’il va lui être pratiquement impossible de trouver un
nouveau compagnon. On lui a dit que les enfants ont absolument besoin
d’un père, et elle a le sentiment qu’aucun homme ne souhaite s’impliquer
dans une relation avec une femme ayant des enfants.
À trente et quelques années, elle a l’impression que la jeunesse s’enfuit
rapidement et, conformément à ses croyances, elle ne peut concevoir
qu’une femme plus âgée puisse être désirable. Ces idées la plongent donc
dans un état de crise. Il suffit de les changer pour que celle-ci disparaisse.
Le corps cesserait alors de réagir à ce genre de stress et, presque
immédiatement, la situation extérieure s’en trouverait modifiée.
Par ailleurs, toutes vos croyances sont communiquées aux autres, non
seulement par des mécanismes corporels totalement inconscients, mais
aussi par télépathie. Vous allez toujours essayer de mettre en corrélation vos
idées et l’expérience extérieure. (Une pause.) Toutes les facultés du moi
intérieur sont consacrées à la matérialisation de l’image de vos croyances,
sans souci de ce qu’elles devraient être. Les émotions « appropriées » vont
être générées, entraînant les états corporels qui existent dans votre esprit
conscient.
(D’une voix plus forte.) Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(« D’accord. »
22 h 03. Jane dit qu’elle était « vraiment partie, qu’elle ne se rendait
compte de rien » – mais Seth revient rapidement quand j’exprime quelques
doutes sur l’utilisation de ce matériau dans son livre.)
Maintenant. Ce qui précède était une façon d’aider la jeune femme en
question, ainsi que d’autres. Montrez-lui cette session. Il n’y aura aucun
problème. C’est une situation dans laquelle se trouvent de nombreuses
jeunes femmes, et ce matériau peut les aider à résoudre des dilemmes dont
elles ne se rendent peut-être pas compte. Elles ne connaissent pas quelqu’un
comme Ruburt, mais elles peuvent apprendre par ce livre. À présent, vous
pouvez faire votre pause.
(« D’accord. »
22 h 06. Jane rit quand je lui dis que j’avais espéré que Seth répondrait à
mon commentaire de cette manière. Reprise à un rythme plus lent à
22 h 33.)
Je me suis servi du cas d’Andrea parce que tant de croyances
typiquement occidentales se trouvent réunies dans sa réalité – l’idée que
vieillir est un désastre ; que, sans un homme auprès d’elles, les femmes sont
relativement impuissantes ; que, sur le plan pratique, la vie est très difficile
alors qu’idéalement elle devrait être simple. Si toutes ces idées ont un
certain poids, c’est parce qu’elles découlent d’une croyance de fond en
l’impuissance du moi conscient à former son expérience et à la réguler.
Heureusement, Andrea travaille sur son propre système de croyances.
Néanmoins, alors qu’elle se dit à présent que l’âge importe peu, elle
continue de se croire chaque jour moins désirable en tant que femme. Elle
se sent moins séduisante et se comporte donc d’une manière qui l’est peu –
quand elle est sous l’emprise de cette croyance. Elle a la chance d’être
capable de comparer son expérience physique avec ses croyances et elle est
suffisamment astucieuse pour voir les domaines dans lesquels elle a fait de
grands progrès. Mais examinons certaines de ces croyances et appliquons-
les aux autres en général.
Souvent, bien sûr, ceux qui s’efforcent le plus d’être « bons » agissent
ainsi parce qu’ils ont des craintes concernant leur propre valeur ; quant à
ceux qui se disent jeunes de corps et d’esprit, c’est parce qu’ils ont
terriblement peur de la vieillesse. De la même façon, nombre de ceux qui
clament leur indépendance craignent en fait d’être impuissants. Dans la
plupart des cas, ces personnes sont tout à fait conscientes de ces croyances
opposées, mais elles les gardent séparées les unes des autres. Si bien que
celles-ci ne sont jamais réconciliées.
(22 h 45.) Puisque vos sentiments arrivent dans le sillage de vos
croyances, certains d’entre eux vont parfois vous paraître insensés si vous
ne leur accordez pas la liberté de se relier aux idées opposées que vous avez
peut-être aussi.
Une personne peut donner l’impression d’être ouverte et réceptive. Ou
bien en lisant ce livre, un lecteur peut se dire « mon problème, c’est que je
suis trop émotif ». Pourtant, en s’analysant un peu, chacun ou presque
s’apercevra qu’il y a des domaines dans lesquels il n’exprime ses émotions
que jusqu’à un certain point. Il ne les accompagne pas jusqu’au bout.
(Une pause, parmi tant d’autres.) Un sentiment ne mène jamais à une
impasse. Il est en mouvement et conduit toujours à un autre sentiment. Ce
flot modifie votre condition physique tout entière et cet échange est destiné
à être accepté consciemment. Vos émotions vous conduiront toujours à une
compréhension de vos croyances, si vous ne faites pas obstruction. Les états
émotionnels sont des élans pour l’action, destinés à trouver une expression
physique. Chacun d’eux a pour base l’agressivité naturelle.
Les liens entre créativité et agressivité n’ont jamais été compris dans
votre société. Une mauvaise compréhension de la véritable agressivité peut
vous amener à craindre toute émotion et vous couper de l’une des
meilleures thérapies naturelles.
L’agressivité naturelle procure son élan à toute créativité. Cela va
déconcerter de nombreux lecteurs, qui croient que l’impulsion est due à
l’amour et que l’amour est l’opposé de l’agressivité. Cette division est
artificielle ; elle n’existe pas. L’agressivité naturelle est la poussée en avant,
aimante et créatrice, le moyen par lequel l’amour est activé, le combustible
par l’entremise duquel il se propulse. (Avec insistance.) L’agressivité, au
sens le plus fondamental du terme, n’a rien à voir avec la violence
physique, contrairement à ce que vous pensez, mais avec la force par
laquelle l’amour est perpétué et se renouvelle avec créativité.
(23 h 01.) Quand on pense différemment, on tombe dans une vision
déformée dans laquelle on donne le pouvoir à des éléments négatifs – ce
dernier est alors perçu comme une menace ou un mal, on va peut-être même
jusqu’à lui attribuer des connotations diaboliques. En revanche, la bonté est
perçue comme dénuée de force, démunie, passive, et l’on considère qu’elle
a besoin d’être défendue.
On craint donc toute émotion puissante ; on est effrayé par les
dimensions de sa propre réalité, on est amené à fuir, ou à refuser d’accepter
le pouvoir et l’énergie de son propre être. On est forcé de diluer sa propre
expérience. Les croyances de ce genre ont un aspect très déprimant ; elles
peuvent vous amener à vous fermer définitivement à tout sentiment intense,
immédiatement considéré comme négatif.
Vous commencez alors automatiquement à inhiber tout stimulus
susceptible d’occasionner des émotions fortes, ce qui vous prive d’un retour
d’information pourtant nécessaire. Vous êtes à la merci de vos émotions
uniquement quand vous en avez peur. Elles sont la dynamique de votre être.
Elles marchent main dans la main avec votre intellect. Mais quand vous ne
vous rendez pas compte du contenu de votre esprit conscient et que vous
n’êtes pas équitable avec vos émotions, vous vous heurtez à des difficultés.
Vous pouvez faire une pause.
(23 h 11. Jane sort rapidement de transe. « Je ne sais pas pourquoi, mais
je n’y étais pas vraiment », déclare-t-elle. Je lui dis que le matériau est
aussi pertinent que d’habitude. Comme cela arrive parfois, elle a été
comme moi dérangée pendant sa dictée par des bruits dans l’immeuble.
Pendant la pause, nous en sommes encore irrités.
Nous demeurons assis jusqu’à 23 h 26, puis Jane décide que ce n’est pas
la peine d’essayer de reprendre la session : « Ça ne me fait pas plaisir de le
dire, mais… au diable tout ça pour ce soir. »)
SESSION 644
MERCREDI 28 février 1973
Mais à présent,
mon cœur tremble et respire profondément.
D’anciennes colères
ruminent sous mes pieds.
Un trou noir, terne et pesant,
monte de mon ventre jusqu’à ma gorge
et vide son fardeau sur ma langue
qui se transforme en plomb,
à cause de tant de choses non dites et non pleurées,
que mon esprit a depuis longtemps oubliées
mais qui ont coagulé dans mon sang.
Statues de cendre,
de voyelles et de syllabes non prononcées,
images que j’aurais dû évacuer,
toutes basculent de mes lèvres.
Après la pause, nous ne reprenons pas le travail sur le livre : Seth revient
donner une page de matériau pour Jane et la session s’achève à 23 h 34.)
SESSION 645
LUNDI 5 mars 1973
(Après le dîner, Jane manifeste les premiers signes d’un état modifié de
conscience. Elle commence à parler de sa peau « soyeuse » et de la
voluptueuse sensation que lui procure le pull contre son dos. Elle a eu le
même genre de sensations avant la session précédente, bien qu’à un degré
moindre ; voir les notes à ce sujet. Son ouïe déjà fine commence maintenant
à amplifier les sons – le froissement de la cellophane quand elle ouvre un
paquet de cigarettes, le timbre de ma voix lorsque je parle à notre chat
Willy, le bruit du journal entre mes mains. « Mais les mots sont si pauvres
pour décrire ces effets, dit-elle à plusieurs reprises. Ils sont trop
ordinaires… »
Comme cette situation me rappelle plusieurs états de transcendance
auxquels elle est parvenue l’année dernière, je lui suggère de s’y
abandonner mais Jane dit qu’elle préférerait avoir une session. Elle va
dans le salon pour lire et prend un magazine qu’elle trouve « plus lourd »
que la normale. Peu à peu, sa perception de la beauté des choses ordinaires
s’intensifie considérablement. Elle avait l’intention de tourner son fauteuil
de manière à regarder les lumières de la rue, mais elle se retrouve en train
d’admirer la bibliothèque qui lui fait face. Maintenant, sa voix a une texture
plus riche, difficile à définir, joyeuse mais contenue.
Pendant quelque temps, elle demeure là, assise, à s’exclamer sur tout ce
qui l’entoure. Willy, notre chat, saute sur ses genoux. Il est particulièrement
beau, dit-elle. Quand elle le caresse, sa fourrure semble merveilleusement
douce et vivante. Soudain inspirée, de son autre main, elle caresse
simultanément l’air à côté de Willy et trouve cette sensation presque aussi
riche.
Nous mangeons un en-cas, puis Jane se dirige vers son fauteuil à
bascule. Tandis que nous attendons que Seth se manifeste, elle regarde la
pièce avec émerveillement, les yeux beaucoup plus sombres qu’à
l’ordinaire. « Tout me paraît si beau : toi, le salon, Willy, mais je pense
pouvoir tenir une session. J’en ai envie… » Plus tard, au cours de la
session, Seth va faire un commentaire sur cet état de conscience élargie.
21 h 40.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Quand vous examinez le contenu de votre esprit conscient, vous
pouvez avoir l’impression d’entretenir tellement de croyances différentes à
différents moments qu’il vous est impossible de les faire coïncider. Elles
forment néanmoins des structures claires. Vous allez découvrir un ensemble
de croyances de fond autour duquel les autres s’assemblent.
Pensez à ces croyances de fond comme à des planètes, avec vos autres
idées en orbite autour d’elles. Il peut y avoir des croyances « invisibles » et,
parmi celles-ci, il peut y avoir une ou deux croyances de fond. C’est
qu’elles sont cachées – pour reprendre notre analogie – par des planètes
plus brillantes, plus évidentes ; leur existence est révélée par l’effet qu’elles
ont sur vos relations avec les croyances de fond visibles dans votre
« système planétaire ».
Des questions auxquelles il vous semble impossible de répondre lorsque
vous examinez vos propres idées peuvent, par exemple, vous amener à
suspecter l’existence de ces croyances de fond invisibles. Permettez-moi
d’insister sur le fait qu’elles sont consciemment accessibles. Vous pouvez
les découvrir grâce à l’approche déjà mentionnée (lors de la dernière
session), soit en partant de vos sentiments soit en commençant par les
croyances auxquelles vous avez le plus facilement accès.
(21 h 50.) Ce sujet nous amène à ce que je vais appeler les croyances-
relais et, encore une fois, Ruburt a reçu à l’avance et pour son propre usage
certaines informations sur ce sujet. (Voir les notes au début de la dernière
session.) Lorsque vous examinez vos idées, vous découvrez des similitudes,
même entre celles qui semblent contradictoires ; ces ressemblances peuvent
vous servir à jeter un pont sur le vide qui sépare vos croyances – même
celles qui paraissent les plus divergentes. Puisque vous êtes l’individu qui
détient ces croyances, vous les estampillez, en quelque sorte, de certaines
caractéristiques que vous reconnaîtrez. Ces aspects mêmes vont émerger en
tant que croyances-relais. Ce sont de grands porteurs de mouvement et
d’énergie. Quand vous les trouvez, vous découvrez en vous-même un point
d’unité à partir duquel il vous est possible de regarder avec un certain
détachement vos autres systèmes de croyances.
(Une longue pause.) Les émotions liées à ces croyances-relais peuvent
vraiment vous surprendre mais, en vous appuyant sur ces structures
unificatrices, vous pouvez également donner libre cours au flux émotionnel,
et le ressentir tout en vous rendant compte, pour la première fois peut-être,
que l’origine de ces émotions se trouve dans vos croyances, sans craindre
désormais qu’elles vous emportent.
Il est impossible de vous dire la réalité affective d’une telle expérience.
Vous devez la découvrir par vous-même. Ces croyances-relais permettent
souvent de percevoir les croyances « invisibles » évoquées ce soir, et celles-
ci peuvent alors vous apparaître comme une révélation. En y repensant,
vous réaliserez toutefois que, si telle croyance était invisible, c’est parce
qu’une autre vous en bouchait la vue, mais que vous vous rendiez compte
de sa présence ; vous comprendrez aussi, bizarrement, qu’elle était invisible
aussi parce que vous la preniez comme allant de soi. Vous ne la considériez
pas comme une croyance relative à la réalité, mais comme la réalité elle-
même, et ne l’aviez donc jamais remise en question.
Andrea n’avait jamais mis en doute le fait que la vie est plus difficile
pour une femme que pour un homme. (Voir la session 643.) Quand elle
examinait ses croyances, celle-ci lui échappait. Cette croyance invisible
influait cependant sur son comportement et sur son expérience. Maintenant,
elle le comprend et peut la gérer en tant que croyance et non comme une
donnée de la réalité sur laquelle elle n’a aucun contrôle.
(Une pause d’une minute à 22 h 05.) Il est possible d’accéder aux
croyances-relais par le rêve. Quand c’est le cas, la prise de conscience de
cette connaissance peut survenir en plein milieu de votre journée. À la suite
de cette compréhension consciente, le moi éprouve le sentiment d’une
réconciliation, bien que vous ne vous souveniez peut-être pas
consciemment du rêve lui-même. Au cours de celui-ci, divers symboles
peuvent entrer en jeu. Chaque personne est différente à cet égard. Quand on
se souvient de ce genre de rêve, on y trouve souvent des symboles
individuels, comme traverser sans encombre une rivière ou un océan, jeter
un pont au-dessus d’une brèche ou d’un abîme.
(Une pause.) Dans ces moments-là, il peut y avoir aussi un fort contenu
émotionnel, comme si vous triomphiez enfin d’un chaos psychologique, ou
comme si vous vous releviez de la mort. Vous pouvez contribuer à
l’émergence de ces croyances-relais par autosuggestion. Cette idée
consciente elle-même marque l’affirmation d’une intention. Diverses
croyances de fond mal assimilées vous donneront des images conflictuelles
de vous-même. Mais il y a une différence entre la libre expérimentation, le
plaisir d’essayer divers styles de vêtements, d’attitudes et de
comportements – et le fait de se « perdre » dans des changements
compulsifs. Dans le second cas, il s’agit en général de croyances de fond
opposées qui vous tiraillent alternativement d’un côté puis de l’autre.
En général, les émotions exagérément contraires sont, elles aussi,
visibles. Une fois que vous le comprenez, il n’est pas difficile d’observer
vos croyances pour identifier ces émotions et pour trouver un pont unissant
les contradictions apparentes.
Vous pouvez faire une pause.
(22 h 17. La transe de Jane était très profonde. Elle n’a pas entendu le
bruit sporadique des travaux de réparation au rez-de-chaussée, suite à
l’inondation.
Durant la pause, elle demeure dans un état modifié de conscience très
agréable. « C’est un vrai trésor de données sensorielles. Tout a une unité
fantastique… » Jane explique que le mouvement de ma main qui écrit est lié
au son des voitures qui passent en bas dans la rue ; le bruit rythmé de son
fauteuil à bascule est sensuellement relié à la sensation de sa main sur son
pantalon. Quand un de ses doigts suit un pli, un « long son amplifié » se
produit et lorsqu’elle se lève, le haut de son corps est particulièrement
détendu.
À présent, nous entendons Margaret, une locataire âgée qui habite à
l’étage en dessous, appeler son chat, Suzy. Jane dit que cela lui rappelle un
poisson en train de gober ; elle a l’image cocasse de Margaret, bouche
ouverte, émettant ses appels par ondes physiques à travers les airs pour
qu’elles enveloppent Suzy et la ramène à la maison.
Jane pense que ce qu’elle ressent est le fruit de son travail sur les
croyances-relais, depuis qu’elle en a reçu le matériau à l’avance. Je lui
demande donc si Seth va parler de ses réactions personnelles dans ce
chapitre. « D’accord. Maintenant, je l’attends », dit-elle avant de fermer les
yeux. Reprise à 22 h 43.)
Dictée. Depuis que nous avons commencé ce livre, Ruburt a travaillé sur
ses croyances et utilisé les méthodes à sa manière, comme chaque lecteur
doit le faire.
Au début, Ruburt avait du mal à croire que l’esprit conscient puisse
accéder à tant de réponses ; à mesure qu’il progressait, il a été stupéfait de
découvrir que c’était bien le cas. Je vais utiliser son exemple pour montrer
comment une croyance-relais est apparue pour assimiler des idées en
apparence diamétralement opposées. Les mêmes processus opèrent quelles
que soient les croyances.
(Une pause.) Ruburt est déterminé, persévérant, entêté, doué d’une
grande énergie ; il est créatif, intuitif et possède une très grande souplesse
d’esprit. Il a construit sa vie autour de la croyance de fond d’être un
écrivain.
Toute son expérience, il l’a vue à travers cette croyance et reliée à elle ; il
encourage toute impulsion qui la renforce, et fait obstacle à celles qui ne
vont pas dans ce sens. À cause de son tempérament particulier, il met en
quelque sorte tous ses œufs dans le même panier. Ceux d’entre vous qui
font de même se perçoivent d’une façon bien particulière, quelle que soit
cette manière. Ils organisent essentiellement leur expérience selon des
lignes bien définies – qui peuvent concerner, par exemple, la sexualité ou
l’activité professionnelle. Vous pouvez considérer que vous êtes avant tout
une mère ou un père, un enseignant, un éditeur, ou « un homme, un vrai ».
Quoi qu’il en soit, vous allez placer une certaine qualité au-dessus de toutes
les autres, votre nature athlétique, votre penchant spirituel ou autre.
Pareille concentration est excellente si le concept original continue à
prendre de l’ampleur au fur et à mesure de votre expérience et s’il n’est pas
lui-même trop restrictif. Si vous vous considérez avant tout comme une
mère, cela peut simplement impliquer au départ de rester à la maison pour
vous occuper de vos enfants. Mais si cette idée de vous-même reste limitée,
elle peut vous empêcher d’être, par exemple, une femme pour votre mari.
Elle peut vous fermer à une foule d’intérêts complémentaires et empêcher
votre personnalité de s’épanouir dans d’autres domaines.
De la même façon, si votre croyance de fond est tellement axée sur votre
spiritualité qu’elle coupe court à une sensualité pourtant nécessaire, elle
devient alors restrictive et finit par étouffer l’expérience spirituelle qu’elle
était censée exprimer à l’origine.
Pendant qu’il travaillait sur ses croyances, Ruburt s’est retrouvé face à
deux croyances de fond conflictuelles. Son « moi écrivain » suivait la
croyance selon laquelle il était permis et bon d’écrire certaines choses. Il
avait appris à refuser toute impulsion contraire et, dès son jeune âge, avait
construit sa vie en ce sens.
Lorsque ses expériences médiumniques ont commencé, Ruburt a voulu
écrire ce qui lui arrivait et utiliser ce matériau de manière créative. Ses
croyances antérieures concernant sa nature d’écrivain se sont heurtées à ces
envies nouvelles, car il considérait que, poésie mise à part, le travail
d’écrivain ne pouvait concerner que la fiction.
Il a commencé à partager sa vie en deux : d’un côté le « médium » et de
l’autre « l’écrivain ». Ce dernier portait un regard désapprobateur sur toute
matière créative qui ne proviendrait pas des formes d’inspiration auxquelles
il était habitué. Il insistait pour que toute création d’une autre nature jaillisse
en dehors des cinq heures que Ruburt passe chaque jour à écrire. Ces
croyances généraient leurs propres émotions, bien sûr, de sorte que Ruburt
se mettait en colère lorsque les autres le considéraient comme un
« médium ».
Le même genre de dilemme peut se produire pour chaque lecteur, dès lors
que deux croyances de fond fortement conflictuelles se rencontrent. Ruburt
croyait aussi en son travail médiumnique, voyez-vous, et s’y adonnait
pleinement. Certains symptômes physiques se sont développés et il s’en
occupe et y remédie en travaillant seul sur ses croyances. Il a vu comment
ses symptômes reflétaient parfaitement l’image intérieure qu’il a de lui-
même.
(23 h 12.) Je lui ai fourni certaines informations utiles, mais celles-ci ne
pouvaient être utilisées que s’il les ressentait par lui-même et s’il les laissait
parcourir son propre système de croyances. Quand vous comprenez la
nature de la réalité, et le fait que vous la formez, vous ne pouvez plus vous
tourner vers les autres pour qu’ils résolvent vos problèmes, et vous réalisez
que vos propres croyances sont les éléments créateurs pleins de richesse que
vous devez mélanger et assortir par vous-même. Si vous pensez que
certains aliments peuvent vous aider, ils seront efficaces dans ce système –
du fait de vos croyances. Si vous croyez aux médecins, alors ils vont vous
aider.
Si vous croyez aux guérisseurs, ils vont vous aider mais, même dans le
meilleur des cas, toutes ces aides ne sont que temporaires. Ruburt était dans
une situation où il a pu le réaliser. Il a accepté le fait qu’il forme sa réalité et
que certains aspects de celle-ci le dérangent profondément. Il a aussi
compris (une longue pause), qu’il ne peut pas se servir de moi comme
d’une béquille.
Dialogues (voir la session 639, chapitre 10) est à présent un livre, tout
juste terminé, mais il représente aussi un mouvement du moi sous forme de
questions-réponses grâce auxquelles Ruburt a reconnu de nombreuses
croyances divergentes et leur a fait face. Chaque lecteur peut utiliser la
même méthode et objectiver ses croyances personnelles sous forme de
dialogues, que cela prenne un tour artistique ou non. Cela se produit aussi,
fréquemment, dans le rêve, où vous accordez tellement de liberté à votre
créativité naturelle. Il y a souvent des rêves dans lesquels « vous » êtes deux
personnes distinctes, étrangères ou familières, chacune posant des questions
à l’autre.
Le jour où Ruburt a reçu l’information anticipée sur les croyances-relais
(voir la session précédente), l’évidence est soudain devenue claire. Le moi
écrivain était de plus en plus gêné, incapable d’utiliser un matériau
excellent à cause de ses croyances limitées. Il se focalisait sur son propre
matériau de manière tellement défensive qu’il entravait son courant
créateur, tandis que les aspects « inacceptables » de Ruburt continuaient
gaiement de créer d’autres livres, sans même parler du mien.
Ruburt s’est retrouvé en train de négocier avec l’ancien moi écrivain et
s’est soudain demandé : « Mais qu’est-ce que je suis en train de faire ? »
Il a vu que sa croyance quant à sa nature d’écrivain était vraiment très
contraignante, ce qu’il n’avait pas réalisé auparavant. Il le savait
consciemment, mais il avait permis à cette connaissance de demeurer
invisible. Il a compris à présent que le médium et l’écrivain voulaient tous
deux écrire, c’était cela la croyance-relais.
En s’en servant, il entame maintenant seulement le processus
d’assimilation de cette nouvelle énergie. Il comprend qu’il est le moi
détenteur de toutes ces croyances et ne s’identifie plus désormais de façon
aussi entière à une seule croyance de fond. C’est cette association-là qui
empêchait auparavant le mouvement et l’expansion naturelle du moi.
(Une pause.) À cause de sa croyance originale, il considérait sa réalité
d’un point de vue mental, identifiant en général un écrivain à des idées, et
utilisant son corps comme un véhicule au lieu d’y voir l’organisme vivant
par lequel doit s’élever l’expérience de sa condition de créature. Ce soir,
donc, les sens ont retrouvé leur liberté, mais l’expérience a été magnifiée
par sa sensibilité psychique.
Si vous vous considérez avant tout du point de vue physique, il est
possible que, dans la droite ligne de vos croyances, vous entraviez votre
aspect spirituel ou émotionnel. Dans ce cas, un travail sur vos croyances
vous conduira à une plus grande expérience des cheminements mentaux et
spirituels. Mais tout est interconnecté et il est impossible d’ignorer un
aspect sans que ce soit au détriment des autres.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(23 h 37. Jane était partie loin, mais elle savait, dit-elle, que Seth parlait
d’elle. Durant la pause, son « sentiment d’extase » – elle ne sait pas
comment le nommer autrement – continue. Il monte en elle. Elle a une
conscience aiguë des sensations provoquées par ses vêtements contre sa
peau. « Mon corps est si vivant que, par moments, j’ai presque du mal à le
supporter. »
Le bruit d’une voiture qui passe fait vibrer ses jambes et lui parcourt le
corps jusqu’au bout des doigts. L’eau qui coule quelque part dans
l’immeuble l’emplit d’un délicieux frisson. Voulant poursuivre la session,
Jane fait de gros efforts pour calmer ses réactions. Elle allume une
cigarette, s’assied dans son fauteuil à bascule et ferme les yeux. Reprise à
23 h 55.)
Maintenant. Ruburt a également vu qu’il croyait devoir justifier son
existence par l’écriture. Cela parce qu’il ne se fie pas au droit fondamental
de son être à exister dans l’espace et le temps. Ces vieilles croyances ne
s’étaient pas alignées sur les nouvelles.
Nombreux sont les lecteurs qui éprouvent le même besoin artificiel de
justifier leur être et peuvent développer diverses croyances de fond pour
cacher cette insécurité intérieure. Vous pouvez « justifier votre existence »
par une créativité biologique et vous accrocher ensuite à vos enfants sans
jamais vouloir les laisser partir. Vous pouvez aussi utiliser votre carrière.
Mais de toute façon, vous devrez vous confronter à ces idées qui n’ont pas
de raison d’être, regarder en face la réalité de votre condition de créature et
voir que vous avez autant votre place dans l’univers qu’un écureuil, une
fourmi ou une feuille. Vous ne vous interrogez pas sur leur droit d’exister.
Pourquoi douter du vôtre ?
(D’une voix plus forte et avec un sourire.) Et ceci est la fin de notre
session passionnée, et vous pouvez effacer le dernier mot.
(« Merci, Seth. Bonne nuit. »
(0 h 02. « Ces sensations se sont même produites pendant que Seth
parlait », me dit Jane. Et ses riches impressions sensuelles se poursuivent.
Celle due aux draps du lit contre son corps est « presque trop » pendant
l’heure qui suit la session. Des traces de cette expérience subsistent le jour
suivant.
Une note ajoutée par la suite. Pour d’autres éléments du même ordre à
propos de la souplesse de perception de Jane, se reporter à nos notes
détaillées de la session 653, chapitre 13, ainsi qu’à la session 639, déjà
mentionnée.)
SESSION 646
MERCREDI 7 MARS 1973
(Hier, Jane a reçu une lettre d’une femme qui décrivait l’apparition
soudaine, il y a quelques années, d’extraordinaires sentiments d’amour
transcendant pour l’humanité. Ces émotions profondes perduraient, mais
elle savait les contrôler. Elle n’en avait parlé à personne et désirait savoir
si nous pouvions demander à Seth ce qu’ils signifiaient. On lui avait par
ailleurs annoncé une mort certaine d’ici un an ou deux.
En dehors de la sympathie qu’elle faisait naître, cette lettre rappelait à
Jane certaines de ses propres expériences psychiques et elle m’a demandé
de la placer dans mon carnet de notes pour interroger Seth – nous avons le
sentiment que sa réponse sera intéressante pour beaucoup de monde. Pour
la même raison, à la fin de la session [au chapitre 12], nous avons inséré
l’expérience de quelqu’un qui habite dans le voisinage et qui a un certain
éventail de croyances.
Après le dîner, Jane est fatiguée et je ne lui demande donc pas s’il y aura
une session. Puis, vers neuf heures, une voisine vient nous demander de
l’aide pour déverrouiller sa porte. Le temps de résoudre ce problème, Jane
est à nouveau alerte et me surprend en disant qu’elle veut tenir une session.
Elle commence à parler pour Seth d’une voix très calme.
22 h 28.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. Quand vous permettez à vos émotions de suivre leur
cours naturel et spontané, elles ne vous engloutissent jamais et vous
ramènent toujours rafraîchi à la pensée « logique » de l’esprit conscient.
C’est uniquement quand vous leur faites obstacle qu’elles paraissent
s’opposer à l’intellect ou vous submerger. Il est de la plus haute importance
que vous compreniez le pouvoir et la nature directrice de votre esprit
conscient, car, sinon, vous allez vous croire pour toujours à la merci de
circonstances et de situations sur lesquelles vous avez l’impression de
n’avoir aucun contrôle.
Encore une fois, si le rôle de l’esprit conscient est de diriger le flot de
votre expérience à travers vos croyances et de les matérialiser, ce sont
d’autres parties du moi qui prennent automatiquement soin de ce processus.
Vous devez vraiment avoir confiance dans le fait que vos nouvelles
croyances vont œuvrer pour vous aussi efficacement que les anciennes.
(Une longue pause.) Les croyances religieuses peuvent vous donner
l’impression d’avoir peu de rapport avec votre santé ou avec votre
expérience quotidienne. Ceux d’entre vous qui se sont détournés de la
religion organisée se sentent sans doute relativement libres de ce que vous
considérez comme les connotations négatives associées au péché originel
ou autre. Or, en ce domaine, personne n’est pourtant libre de toute
croyance. L’athéisme lui-même est encore une croyance.
Dans le chapitre suivant, nous allons considérer de plus près vos idées
par rapport au bien et au mal, à la moralité du moi, et examiner la façon
dont vos idées se reflètent dans vos vies.
Fin du chapitre.
(« D’accord. » Une pause à 22 h 38.)
Maintenant. Une note pour la femme dont vous avez ici la lettre.
Accordez-nous un instant…
SESSION 647
LUNDI 12 MARS 1973
(J’ai tapé seulement une partie de la dernière session, alors je lis le reste
à Jane à partir de mes notes. Juste avant que commence la session de ce
soir, elle a dit avec un humour involontaire : « Je commence à recevoir
quelque chose de Seth, mais c’est à propos de nous. Je n’en veux pas, je
veux du matériau pour le livre. » Mais à 21 h 37, Seth fournit quelques
pages concernant une discussion que nous avons eue aujourd’hui. Après
une pause à 21 h 50, il reprend la dictée du chapitre 12.)
Maintenant. Accordez-nous un instant… Dictée. Le serpent est le
symbole de la connaissance la plus profonde au sein de la condition de
créature ; il porte aussi en lui l’impulsion de s’élever au-dessus ou au-delà
de lui-même, à certains égards. Ève, et non Adam, croque par exemple
dans la pomme en premier, car ce sont les éléments intuitifs de l’espèce –
représentés par la femme dans cette histoire – qui allaient conduire à cette
initiation ; c’est seulement ensuite que l’ego, symbolisé par Adam, peut
accéder à sa nouvelle naissance et à l’aliénation nécessaire. L’arbre de la
connaissance a donc réellement offert ses fruits – et « le bien et le mal » –
car, pour la première fois, il y avait le libre arbitre, et tous les choix étaient
possibles.
Il a existé d’autres récits, dont certains ne sont pas parvenus jusqu’à
vous, dans lesquels Adam et Ève étaient créés ensemble et, au cours d’un
rêve, se scindaient en un masculin et un féminin séparés. Dans la légende
qui est la vôtre, Adam apparaît le premier. La femme créée à partir d’une de
ses côtes symbolise l’émergence nécessaire, même à partir d’une créature
nouvelle, des forces intuitives qui émergeront toujours – car sans cela, le
développement de la race humaine n’aurait pas atteint la conscience de soi,
selon vos termes.
Le bien et le mal représentaient donc simplement l’apparition du choix,
tout d’abord en termes de survie, là où, auparavant, l’instinct seul
pourvoyait à tout ce qui était nécessaire. En termes plus profonds, il y a
encore une autre signification, reflétant toutes les divisions apparentes qui
se produisent lorsque Tout-ce-qui-est semble se séparer de parties de lui-
même, dispersant sa toute-puissance en de nouveaux modes d’être ; et ceux-
ci se souviennent, en vos termes, de leur source et se tournent vers elle avec
nostalgie, tout en étant fiers de l’individualité unique qui est la leur.
(22 h 06. Jane est très concentrée.) L’histoire de la chute, des anges
rebelles, et de leur chef Satan qui devient le diable – tout cela fait référence
au même phénomène à des niveaux différents. Satan représente – du point
de vue de cette histoire – la partie de Tout-ce-qui-est, ou de Dieu, qui s’en
est allée à l’extérieur de Lui-même, pourrait-on dire, et qui est devenue
terrestre avec Ses créatures et leur a offert le libre arbitre et le choix qui
« auparavant » étaient inaccessibles.
(Une pause.) D’où les attributs majestueux et le pouvoir donnés à Satan.
Ses caractéristiques terrestres apparaissent quand on le représente sous une
forme animale, car les qualités intuitives terrestres d’où allait jaillir la
nouvelle conscience humaine ne lui étaient bien sûr pas non plus étrangères.
En termes de simple fonction biologique, on avait désormais une espèce
qui ne dépendait plus totalement de l’instinct mais qui avait encore tous les
désirs naturels innés de survie, avec l’apparition en son sein d’un esprit
capable de prendre des décisions et d’établir des distinctions.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22 h 16 à 22 h 30.) Maintenant. Ce nouveau type de conscience
s’accompagnait du miroir ouvert de la mémoire dans lequel il était possible
de rappeler les joies et les peines du passé, si bien que la réalisation de la
fatalité de la mort est devenue plus immédiate qu’elle ne l’est chez les
animaux.
Une association pouvait provoquer, dans le nouvel esprit perplexe, le
souvenir clair d’une souffrance passée. Au début, il a été difficile de séparer
l’image remémorée et le moment présent. L’esprit de l’homme luttait alors
pour contenir de nombreuses images – passées, présentes et celles du futur,
imaginées. Il était obligé de faire à tous moments la corrélation entre elles.
Les choses se sont alors accélérées.
Tout naturellement, certaines expériences semblaient meilleures que
d’autres mais, du fait des nouvelles capacités de l’espèce, il était devenu
nécessaire d’établir de nettes distinctions. Le bien et le mal, ce qui était
souhaitable et ce qui l’était moins, apportaient une aide estimable pour
établir la base de tels distinguos.
La naissance de l’imagination a engendré des possibilités innombrables
et a en même temps soumis à des tensions énormes la créature biologique
dont l’entière structure corporelle allait maintenant réagir non seulement
aux situations objectives présentes mais aussi à celles qui étaient imaginées.
Parallèlement, les membres de l’espèce devaient faire face à
l’environnement naturel, comme n’importe quel autre animal.
L’imagination était utile parce qu’un individu pouvait anticiper le
comportement d’autres créatures.
(22 h 41.) À leur manière, les animaux savent eux aussi anticiper
« inconsciemment », mais ils n’ont pas à faire face à cette anticipation de
façon consciente comme c’était le cas pour la nouvelle conscience.
Répétons-le, le bien et le mal, et la liberté de choix, sont venus à l’aide de
l’espèce. Par exemple, un prédateur naturel était un animal mauvais. Cela
aidera le lecteur s’il se souvient ici de ce qui a été mentionné dans ce livre
au sujet de la culpabilité naturelle. Cela lui permettra de comprendre les
mythes ultérieurs et les variations qui en dérivent. (Voir entre autres la
session 634, chapitre 8.)
À mesure que l’esprit se développait, l’espèce pouvait transmettre à sa
progéniture la sagesse et la loi des anciens. Ceci est encore vrai dans les
sociétés modernes bien sûr, car chaque enfant hérite des croyances de ses
parents concernant la nature de la réalité. En dehors de toute autre
considération, c’est également une caractéristique de la condition de
créature. Seuls les moyens diffèrent par rapport aux animaux.
L’accélération se poursuit, cependant. L’idée du bien et du mal est
toujours une ligne directrice que chacun interprète à sa façon. À cause du
lien avec la survie, déjà mentionné (au cours de la dernière session),
beaucoup de choses entrent ici en jeu. Pour commencer, il fallait par
exemple que l’enfant soit marqué par le fait qu’un animal prédateur était
« mauvais » parce qu’il pouvait tuer. De nos jours, sans s’en rendre compte,
une mère risque de faire la même chose avec une voiture.
L’adhésion première aux croyances est donc biologiquement importante
mais, lorsque l’esprit conscient atteint sa maturité, il va naturellement
s’interroger sur leur valeur et les juger en fonction de son environnement.
De nombreux lecteurs peuvent avoir certaines idées très handicapantes à
propos du bien et du mal. Il s’agit peut-être de vieilles croyances vêtues de
neuf. Vous pensez parfois être complètement libre, pour découvrir
finalement que vous entretenez de vieilles idées sur lesquelles vous avez
simplement posé des termes nouveaux, ou dont vous considérez d’autres
aspects.
Votre expérience quotidienne est intimement liée à l’idée que vous vous
faites de votre propre mérite et de votre valeur personnelle.
Vous pouvez faire une pause.
(« Merci. »)
Lisez à Ruburt mes remarques précédentes.
(« D’accord. »
22 h 55. Seth fait référence au matériau personnel qu’il nous a donné
avant de travailler sur le livre. J’en fais donc lecture à Jane. Cela traite des
moyens qui nous permettraient de développer au quotidien notre sentiment
de liberté, moyens que je pense excellents. Reprise à 23 h 23.)
Dictée. Vous êtes peut-être tout à fait capable de vous rendre compte des
distorsions présentes dans le christianisme conventionnel. Vos idées ont
parfois tellement changé que vous ne voyez pas le rapport entre celles que
vous avez maintenant et celles que vous aviez autrefois. Peut-être croyez-
vous maintenant aux théories bouddhiques par exemple, ou à une autre
philosophie orientale.
La différence entre ces systèmes de pensée et le christianisme peut
paraître si évidente que la ressemblance vous échappe. Vous pouvez par
exemple être adepte d’une école du bouddhisme dans laquelle on insiste
beaucoup sur le déni du corps, sur la nécessité de discipliner la chair et
d’éviter le désir ; ces éléments sont, bien sûr, tout à fait caractéristiques du
christianisme également, mais quand ils émanent d’une source étrangère à
l’éducation de votre enfance, ils peuvent paraître plus acceptables, plus
exotiques ou plus raisonnables. Vous passez donc d’un système à l’autre et
criez à l’émancipation, en vous sentant parfaitement libéré de vos vieilles
idées restrictives.
Les philosophies qui enseignent le déni de la chair finissent
nécessairement par prêcher un déni du moi et générer du mépris à son
égard. Pourtant si l’âme a élu domicile dans des muscles et des os, c’est
qu’elle est censée faire l’expérience de cette réalité et non pas la refuser.
Tous ces dogmes sont basés sur une culpabilité artificielle ; ils déforment
la culpabilité naturelle pour atteindre leur but. Quels que soient les termes
employés, on explique aux adeptes qu’il y a quelque chose qui ne va pas
dans l’expérience terrestre. Vous êtes donc considéré comme
fondamentalement mauvais, en tant que moi incarné, du fait de votre
existence même.
En vous amenant à rejeter ce qui constitue la base de votre champ
d’expérience, cette croyance seule suffit à causer l’adversité. Elle vous
amène à considérer le corps comme un objet, comme un beau véhicule,
mais pas comme l’expression naturelle vivante de votre être dans une
forme matérielle. De nombreuses écoles orientales de ce type – comme
beaucoup d’écoles spiritualistes, d’ailleurs – insistent également sur
l’importance « des niveaux inconscients du moi » et enseignent à se méfier
de l’esprit conscient.
Le concept de nirvana (voir la session 637, chapitre 9) et l’idée du
paradis sont deux versions du même tableau, la première étant celle où
l’individualité se perd dans la félicité d’une conscience indifférenciée, alors
que, dans la seconde, des individus encore doués de conscience s’adonnent
à une adoration béate. Ni l’une ni l’autre de ces théories ne contient une
compréhension des fonctions de l’esprit conscient ou de l’évolution de la
conscience – ou même de certains aspects de la physique. Aucune énergie
n’est jamais perdue. La théorie de l’expansion de l’univers6 s’applique aussi
bien à l’esprit qu’à l’univers.
(23 h 43.) Quoi qu’il en soit, ces philosophies peuvent vous amener à
une grande méfiance à l’égard du corps et de l’esprit. On vous explique que
l’âme est parfaite et vous essayez donc d’être à la hauteur d’une perfection
tout à fait impossible à atteindre. Cet échec augmente votre sentiment de
culpabilité.
Vous tentez alors de bannir encore plus le plaisir qui caractérise votre
condition de créature, en déniant la robuste spiritualité de votre chair et les
forts penchants corporels qui sont présents dans votre âme. Vous essayez de
vous défaire d’émotions très naturelles, ce qui vous prive de leur vaste
mouvement physique et spirituel. (Une pause.) D’autre part, certains
leaders qui ne se préoccupent pas de ce genre de questions peuvent être
profondément convaincus de la misère de l’homme et se focaliser sur les
éléments les plus « sombres », avec le sentiment que la destruction du
monde est de plus en plus proche sans jamais examiner les croyances qui
génèrent ce sentiment permanent.
Il peut leur être facile de hausser les sourcils face aux fanatiques évidents
qui réclament la vengeance de Dieu et parlent d’une fin du monde
apocalyptique. Ils peuvent cependant être tout aussi convaincus que l’être
humain n’a au fond aucune valeur, et par conséquent eux non plus. Au
quotidien, ces personnes se concentrent sur les évènements négatifs et les
accumulent, générant malheureusement une expérience personnelle qui
vient totalement renforcer leur idée première.
Bien que dans un contexte différent, il s’agit ici du même déni de la
valeur et de l’intégrité de l’expérience terrestre. Dans certains cas de ce
genre, tous les attributs humains désirables sont magnifiés et projetés à
l’extérieur, dans un dieu ou une conscience supérieure, tandis que toutes les
caractéristiques moins admirables sont laissées à l’espèce et à l’individu.
Ce dernier se prive donc de l’usage d’une bonne partie de ses capacités.
Il ne les considère pas comme siennes et s’étonne lorsqu’un individu de son
espèce manifeste des qualités supérieures.
Vous pouvez faire une pause ou terminer la session, comme vous
préférez.
(« Nous allons faire une pause. »
23 h 57. Je dis à Jane que cela ne me pose pas de problème si elle veut
mettre un terme à la session. Elle décide d’attendre et de voir. Reprise à
0 h 12.)
D’une certaine façon, ces croyances suivent certains rythmes à la fois
dans les civilisations et dans le temps.
L’esprit est un système d’équilibres, tout comme le corps, si bien qu’un
ensemble de croyances que l’on voit comme très négatives peuvent souvent
servir des fins bénéfiques en contrant d’autres croyances. Depuis
longtemps, par exemple, la civilisation occidentale a mis en valeur une
forme déformée du raisonnement intellectuel ; l’accent qu’elle porte
actuellement sur d’autres parties du moi a donc son utilité.
Les gens qui vivent en ce monde y arrivent avec leurs propres problèmes
et défis, et ces derniers sont liés au type de croyances qui sont générées et
qui prédominent tant au niveau national que mondial. Ces croyances sont
bien sûr le cadre dans lequel différents types d’expériences sont testés. Il en
va de même pour les religions et pour les situations politiques et sociales. Il
y a toujours un échange entre l’individu et le système global de croyances
dans lequel il a choisi son environnement.
Il existe une croyance selon laquelle, d’un point de vue moral, la maladie
est mauvaise ; et il y a également la croyance opposée, selon laquelle elle
ennoblit, élève et a une valeur spirituelle. Ces jugements de valeur sont très
importants, car ils se reflètent dans votre expérience de la maladie ou de
toute affection.
Maintenant. C’est la fin de la dictée et la fin de notre session. Une très
chaleureuse nuit à vous deux.
(« Merci, Seth. Bonne nuit. » 0 h 22.)
SESSION 648
MERCREDI 14 MARS 1973
SESSION 649
LUNDI 19 MARS 1973
(21 h 37.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
C’est l’heure de l’écrivain.
(« Oui. »)
Dictée. (Une longue pause.) À tout moment, divers climats de croyances
imprègnent le monde. Certains se concentrent sur certaines régions, comme
des systèmes de basse pression atmosphérique. Il y en a qui se cantonnent
en général à une zone, alors que d’autres vont balayer les continents
comme le font les grandes tempêtes saisonnières.
N’oubliez pas que les idées sont aussi naturelles que le climat. Elles
évoluent selon des modèles et obéissent à certaines lois de façon encore
plus rigoureuse que les phénomènes physiques. Malheureusement, personne
n’examine la nature de la réalité mentale sous cet angle. Vous naissez au
sein de certaines croyances de masse et celles-ci peuvent varier selon le
pays où vous êtes né. De la même façon que vous arrivez dans votre corps,
entouré de tous ses aspects physiques, vous émergez à la naissance dans un
environnement psychologique naturel et riche, où les croyances et les idées
sont tout aussi réelles.
Quand vous commencez à savoir vous servir de votre esprit conscient,
vous examinez bien sûr les croyances qui vous entourent, tout comme vous
remettez en question, et parfois quittez, votre environnement initial. Vous
pouvez migrer vers un contexte où le climat ainsi que les idées qui
dominent vous correspondent davantage.
Quoi qu’il en soit, vous allez conserver à un degré ou un autre certaines
tendances et attitudes mentales par rapport à vous-même, à votre corps et à
votre vie. Nombre d’entre elles sont directement ou indirectement reliées
aux vieux mythes et croyances de vos ancêtres. Votre idée du bien et du
mal, telle que vous l’appliquez à la santé et à la maladie, par exemple, est
très importante. (Une pause.) Rares sont ceux qui réussissent à éviter de
porter des jugements de valeur en ce domaine. Si vous considérez la
maladie comme une sorte de stigmate d’ordre moral, vous ne ferez
qu’ajouter une composante inutile à tout état de santé déficient.
Les jugements de ce genre sont très simplistes ; ils ignorent la diversité
de la motivation et de l’expérience humaines. Si vous croyez dur comme fer
que « DIEU » (entre guillemets et en lettres capitales) crée uniquement le
« bien », alors toute déficience physique, maladie ou difformité devient un
affront à votre croyance ; elle la menace, vous emplit de ressentiment et de
colère. Quand vous tombez malade, vous risquez de vous détester de ne pas
être ce que vous pensez devoir être – une créature physique parfaite à
l’image d’un Dieu parfait.
Si, d’un autre côté, vous poussez trop loin l’idée que la maladie peut
aussi être un processus d’apprentissage, vous pouvez tomber dans l’autre
extrême et faire l’apologie de la maladie comme étant une expérience
nécessaire qui ennoblit le corps et le purge pour que l’âme puisse trouver
son salut.
(21 h 55.) Avec pareille croyance, vous allez confondre souffrance et
sainteté, affliction et pureté, et considérer le déni du corps comme un acte
spirituel et un gage de sainteté. Dans ces conditions, vous pouvez même
chercher à être malade pour vous prouver que votre spiritualité est forte – et
pour que les autres le comprennent. On peut avoir le même genre de
jugement moral dans pratiquement tous les domaines de l’activité humaine,
ce qui a évidemment des répercussions au niveau social. Ces réactions vont
venir s’ajouter aux croyances qui prédominent et, à leur tour, affecter
l’individu.
Si vous croyez que la richesse est le fruit d’une vertu morale et qu’elle
provient directement de la bienveillance de « Dieu », la pauvreté devient
une preuve d’absence de moralité. « Dieu » a fait tant de gens pauvres que
l’homme ne devrait pas oser changer cette situation – cette logique est
souvent utilisée. Si l’on adhère à ces croyances, on méprise les pauvres
comme les malades.
Quel péché a donc commis la personne pauvre ou malade ? Cette
question, souvent posée inconsciemment – et parfois consciemment –, vous
ramène à la notion de punition qui n’a rien à voir avec le concept de
culpabilité naturelle, mais qui est liée à sa version dénaturée, ainsi qu’à une
mauvaise interprétation de la Bible. Le Christ a simplement enseigné que
vous formez votre propre réalité. Il a tenté de s’élever au-dessus des
systèmes de pensée de son époque, mais il a bien fallu qu’il les utilise, d’où
les connotations de péché et de châtiment qui sont venues déformer son
message.
Certains d’entre vous croient au contraire que la pauvreté est une vertu et
que la richesse est un vice, un manque évident de spiritualité. (Voir la
session 614, chapitre 2.) Dans votre société, cette croyance trouve elle
aussi son origine dans la Bible et dans le fait que le Christ était plus proche
des pauvres que des riches.
Tous ces jugements moraux basés sur le sentiment de culpabilité font
oublier l’expérience individuelle.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22 h 10 à 22 h 19.)
Maintenant. Cette évaluation critique existe aussi vis-à-vis des couleurs.
On considère souvent que le blanc est pur et le noir impur, que le blanc est
bon et le noir mauvais.
Des considérations raciales en découlent évidemment. Vous devez
comprendre que votre race actuelle est celle dans laquelle vous êtes né, pour
employer vos termes, en ce temps et en ce lieu. Chacun de vous a appartenu
à différentes races, chacun de vous a connu sa part des avantages et des
ignominies associées à ces diverses conditions de naissance, en termes
historiques.
Je ne souhaite pas entrer ici dans une longue discussion sur la
signification des races, mais chacune d’elles a un sens bien précis et
représente un aspect différent de l’humanité prise dans son ensemble.
Chaque race a donc un sens symbolique pour la psyché du genre humain.
Le vécu et la structure extérieure de l’expérience d’une race, quelle qu’elle
soit, peuvent changer, mais le symbolisme intérieur demeure et il faut en
tenir compte avec créativité.
Votre expérience quotidienne est influencée par votre race, par les
croyances que vous avez la concernant, par celles que vous avez sur les
autres races et par le climat d’opinion en général. Très simplement : si vous
vous représentez Dieu en termes humains, vous allez l’imaginer comme
appartenant à votre race. Si vous appartenez à une minorité ou si vous êtes
noir, vous allez peut-être alors vous trouver confronté à des croyances
conflictuelles.
Il est impossible de séparer votre expérience quotidienne, en quelque
domaine que ce soit, de vos croyances et des jugements que vous portez.
Les croyances se résument à votre idée du bien et du mal et elles incluent
toutes vos attitudes à l’égard de la maladie et de la santé, de la richesse et de
la pauvreté, des relations entre les races, des conflits religieux, et, plus
important encore, à l’égard de votre réalité psychologique intime, jour après
jour.
Nous allons creuser ce sujet puisqu’il concerne chacun personnellement,
au niveau de sa propre existence et de sa relation aux autres.
(D’une voix chaleureuse.) Fin du chapitre.
CHAPITRE 13
Accordez-nous un instant.
(« Oui. » Une pause à 22 h 31.)
Chapitre 13. Je veux que les choses soient disposées ainsi : l’en-tête, « État
de grâce », écrit ainsi (gestes horizontaux), ensuite un trait vertical, puis en
dessous « Santé »… et encore en dessous « Richesse »…
(En dessinant dans les airs, Seth-Jane termine la liste et m’explique que je
dois en placer une seconde, avec son en-tête, en vis-à-vis de la première.
J’avance comme je peux, sans avoir le temps de poser trop de questions.)
SESSION 650
JEUDI 22 MARS 1973
(La session débute tard, car nous essayons d’enregistrer avec une nouvelle
chaîne stéréo d’excellente qualité que nous avons achetée hier. Jane voulait
cet appareil pour travailler sur le sumari. Sur une impulsion, pendant que
nous étions dans le magasin, j’ai acquis une montre qui donne non seulement
l’heure mais aussi la date. Cette double fonction m’amuse beaucoup.
21 h 50.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Je suis content que vous connaissiez à présent automatiquement le jour du
mois.
(« Moi aussi – je suppose. »)
Quant à l’autre nouveau gadget, vous allez l’utiliser souvent, et sans doute
d’une façon que vous n’imaginez pas encore.
Dictée. Les petits schémas représentent simplement quelques systèmes
généraux de croyances, vus sous l’angle des « valeurs morales ». Votre idée
du bien et du mal influe non seulement sur votre comportement à l’égard des
autres, mais aussi sur votre activité au sein de la communauté et dans le
monde en général.
Beaucoup croient – voir le premier schéma – qu’il est « bon » et
moralement préférable d’être chrétien, blanc, riche et en bonne santé. Et bien
que cela n’apparaisse pas dans la liste des attributs supérieurs, nous pourrions
aussi ajouter « de sexe masculin ».
La réalité est donc perçue à travers ce système de croyances. Si ce sont vos
valeurs, vous avez le sentiment que c’est Dieu qui a établi ces
caractéristiques. Si vous ne chérissez pas ces idées avec trop de ferveur, vous
allez vous rendre compte qu’elles peuvent vous enfermer car elles définissent
votre conception du bien et du mal de manière très limitée. Ceux qui
entretiennent ce genre de croyances sont souvent très religieux au sens
conventionnel du terme. Quant aux pays qui les mettent en avant, ils envoient
des missionnaires pour « convertir » ceux qui sont païens, et donc inférieurs.
Les individus qui voient les choses sous cet angle se sentent très mal à
l’aise quand ils se mélangent à des personnes d’une race, d’une religion ou
d’une couleur différentes ; ils peuvent parfois se montrer, malgré eux, d’un
conservatisme vindicatif lorsqu’ils traitent par exemple de problèmes de
nature communautaire. Ils vont considérer la pauvreté comme un signe du
mécontentement de Dieu et seront par là même enclins à laisser tout cela
entre « Ses mains ». Ils parleront peut-être avec une compassion apparente de
la situation critique d’autrui, tout en considérant dans le même temps que
cette difficulté résulte simplement d’une infériorité ou d’une inégalité.
Ceux qui pensent ainsi peuvent être de tout âge et appartenir à n’importe
quel environnement économique. Maintenant, si vous êtes protestant, de sexe
masculin, blanc, américain, riche et en bonne santé, vous pouvez sereinement
vous regarder en face, dans le cadre de ces croyances. La base sur laquelle
vous vous fondez est certes fragile, mais au moins vous cadrez avec elle pour
le moment. Vous noterez que j’ai ajouté « protestant » et « américain ». Si
vous adhérez à ce système de valeurs sans y satisfaire totalement – c’est-à-
dire si vous ne remplissez pas tous les critères –, alors, même en son sein,
vous avez des difficultés.
(22 h 05.) Certaines composantes ont plus de poids que d’autres. Un
catholique7 ou un juif qui a ces croyances est à l’évidence un peu déphasé par
rapport à elles et il éprouvera un sentiment de culpabilité s’il s’évalue sur ces
bases. (Avec insistance.) Un Noir qui accepte les mêmes croyances sera
réellement en difficulté. Et s’il se trouve que ce Noir est pauvre, ce sera deux
fois pire.
Dans ce schéma de valeurs, la maladie, la pauvreté, le fait d’être femme
dans une certaine mesure, les concepts non chrétiens et un héritage autre que
celui de la race blanche sont tous considérés comme mauvais à des degrés
divers.
Maintenant. Toute intrusion d’autres croyances est ici perçue comme une
menace. Les problèmes raciaux et les dissensions religieuses sont rationalisés
à partir de ce système de valeurs. Certains lecteurs peuvent croire par
exemple à la réincarnation, la percevoir comme un enchaînement de vies
successives, et se considérer comme des êtres éclairés. Mais il se peut que ce
concept leur serve à justifier leur croyance en l’infériorité des autres races. Ils
diront peut-être qu’en choisissant ses problèmes dans cette existence-ci – en
décidant par exemple d’être noir ou pauvre, ou bien les deux –, un individu
règle ses problèmes karmiques, et qu’il ne faut donc pas modifer ces données
en changeant les lois ou les coutumes.
(Pour du matériau sur le karma, la réincarnation et les idées de Seth sur le
temps « simultané », se reporter à la session 636, chapitre 9.)
Le côté gauche du deuxième tableau correspond aux personnes qui, dans
ce pays, ont un esprit plus « libéral ». Mais vous les trouverez moins
progressistes quand vous comprendrez qu’elles ont autant de préjugés que le
premier groupe, mais dans l’autre sens.
C’est un système de croyances qui considère que c’est mal d’être blanc,
américain ou riche, voire même simplement à l’aise financièrement ; ici,
toutes les distorsions du christianisme sont apparentes, alors que, bien sûr, le
premier groupe ne les voit pas. Dans le cas présent, la richesse et une peau
blanche ne sont pas seulement mauvaises en soi ; elles constituent des
symptômes de dégénérescence morale. Si le premier système de croyances
voit l’argent et les biens matériels comme un signe de la bénédiction divine,
le deuxième groupe considère les possessions matérielles comme une preuve
de décadence spirituelle.
Ici, l’exotique devient romanesque, l’étranger est porté aux nues, le
pittoresque est synonyme d’authenticité. La peau noire ou brune devient un
critère de perfection spirituelle et la pauvreté un signe honorifique que l’on
doit non seulement porter avec fierté mais même utiliser comme un outil
agressif. Les gens qui adhèrent à ces valeurs pensent que ce sont eux qui ont
raison. Leur style de vie, leurs affiliations communautaires et leurs tendances
politiques sont en totale opposition avec l’éthique du « Blanc riche ».
Maintenant, s’il se trouve que vous avez la peau noire ou foncée, si vous
êtes pauvre et croyez en ces valeurs, vous vous y sentez au moins en sécurité.
Si, au contraire, vous êtes blanc, riche et que vous avez ces croyances, vous
allez ressentir un vrai sentiment d’infériorité ; vous allez faire tout votre
possible pour montrer à quel point vous savez être pittoresque, libéral, ouvert
d’esprit, et noir tout en demeurant un Blanc aisé et peut-être encore
secrètement attaché à votre christianisme.
Vous aurez sans doute chez vous des bouddhas et des colliers indiens
disposés avec beaucoup de goût.
Nous allons faire une pause.
(De 22 h 27 à 22 h 45.)
Maintenant. Le troisième diagramme peut évidemment recouper les deux
précédents, qui laissent beaucoup de latitude ; ils peuvent par exemple
comprendre une, deux ou trois caractéristiques préférées correspondant à vos
idées. Mais vos concepts concernant l’âge ne vous laissent pas cette liberté ;
car, à un moment ou à un autre, si « vous avez de la chance », pour utiliser
vos termes, vous allez tous parvenir à la vieillesse.
Beaucoup pensent qu’il s’agit là d’une phase de dégénérescence spirituelle
et/ou physique, une période au cours de laquelle tous les attributs durement
acquis de la maturité s’effacent, où toutes les facultés de raisonnement
disparaissent comme des grains de sable trop longtemps retenus par les mains
pensantes de l’esprit.
Si, dans ce système de croyances, on considère que la vie est bonne, la
jeunesse en est alors le couronnement suprême, après lequel on ne peut que
redescendre. Dès lors, on n’attribue pas aux vieux des qualités de sagesse,
mais on les craint comme des êtres méchants, mauvais, indésirables ou
effrayants. Dans cette optique, la sénilité semble une fin naturelle et
inévitable.
Comme nous l’avons déjà mentionné (session 644, chapitre 11), nombre de
ceux qui ont ces croyances essayent de ne pas les voir et tentent
désespérément d’être jeunes. La jeunesse et la vieillesse ont toutes deux leur
raison d’être, et dans le cadre de votre espèce, chacune joue un rôle
important.
Vous avez l’habitude de penser en termes d’hérédité. En termes physiques,
et de façon différente de celle que vous imaginez, celle-ci a son importance.
Certaines expériences terrestres dépendent d’une durée dans le temps et
résultent du fait que l’esprit joue avec l’expérience acquise au fil de
nombreuses saisons.
Il y a des fonctions spécifiques qui entrent en action de façon tout à fait
naturelle, et que vos scientifiques perçoivent à peine et comprennent encore
moins. À mesure que l’esprit à l’intérieur du corps voit clairement son temps
sur terre arriver à terme, une accélération mentale et psychique se produit.
Par de nombreux aspects, cela ressemble aux expériences de l’adolescence,
avec son grand élan de créativité, les questionnements qui en découlent et la
préparation à une forme complètement nouvelle de croissance et
d’épanouissement de la personnalité.
(Jane s’exprime avec beaucoup d’insistance et de nombreux gestes.) Tout
cela serait clairement visible si vos systèmes de croyances habituels ne
contraignaient pas les vieux à interpréter leur expérience. De nombreux cas
d’expansion de la conscience et de croissance mentale et psychique sont
interprétés par vous comme de la sénilité. Aucune corrélation importante
n’a été établie entre les expériences subjectives de la vieillesse, en particulier
en cas de « sénilité », et celles d’autres périodes de la vie où se produisent des
expansions de conscience, qu’elles soient naturelles ou provoquées par des
drogues.
(23 h 06.) Toute sensation de cet ordre est immédiatement refoulée par les
vieux, de peur qu’ils ne soient diagnostiqués comme séniles. Ces expériences
ont néanmoins une influence sur l’hémisphère droit du cerveau, ce qui a pour
effet de libérer certaines facultés, à peu près comme cela se produit chez un
adolescent.
Quand l’heure est venue, l’individu commence à voir au-delà de la vie
temporelle ; il s’ouvre à des dimensions de conscience auxquelles, en vos
termes, il ne pouvait se permettre d’accéder tant qu’il s’impliquait de façon
aussi intense dans une vie corporelle d’adulte. Malheureusement, la
personnalité ne dispose en général d’aucun système de croyances qui vienne
soutenir cette expansion. Les thérapies naturelles, aussi bien physiques que
mentales, sont refusées et on utilise souvent des médicaments dépresseurs qui
obscurcissent la clarté de ce qui semble être une vision déformée. Alors qu’il
s’agit là de l’un des aspects les plus créatifs et les plus précieux de vos vies,
on amène les vieux à se sentir inutiles dans votre société. Bien sûr, ils
partagent souvent ce jugement de valeur et leur expérience au sein de vos
communautés ne les a en aucune façon préparés à faire face à cette
expérience subjective.
Personne n’est là pour les guider. La vieillesse est une partie de la vie très
riche en créativité. Ses liens avec l’enfance sont souvent mis en avant de
manière désobligeante, pourtant la personnalité est simplement dans le même
état de créativité. Je parle ici de façon générale, bien sûr, car vos conditions
d’existence déforment grandement la situation naturelle.
Les transformations chimiques et hormonales qui se produisent sont
réellement propices à la croissance spirituelle et psychique de cette phase de
la vie. À cause de votre système de croyances, vous refusez aux vieux la
possibilité de s’affirmer joyeusement.
Faites votre pause.
(23 h 17. Jane, dans une transe très profonde et active, était si concentrée
sur le matériau qu’elle ne s’est rendue compte de rien d’autre. « Alors là !,
dit-elle, j’ai senti que Seth abordait quelque chose de vraiment bien – tout un
nouveau système de gériatrie. Je ressentais directement ces sentiments. Les
animaux savent déjà tout cela inconsciemment. Mais c’est étrange, et drôle,
d’entrer dans ces aspects de la vieillesse, poursuit-elle, surprise. Notre
société n’en a pas la moindre idée. Je trouve ça passionnant. »
Jane et moi étions un peu préparés pour ces informations, au moins au
niveau émotionnel. Mon père est mort en février 1971, après avoir passé trois
ans dans une « maison » de retraite de la région. Diagnostic : sénilité. Il était
la plupart du temps sous sédatifs. À la lumière du matériau de ce soir, je ne
peux pas m’empêcher d’avoir le sentiment qu’il a perdu une partie de son
héritage naturel – qu’il ait opté de lui-même pour cette solution ou qu’on la
lui ait imposée, ou les deux. À mon avis, Seth dirait que mon père a choisi
toutes les circonstances de sa vie et qu’une telle privation dans sa vieillesse
est un résultat probable qui s’est matérialisé. Mais tout en étant d’accord,
j’aurais quand même préféré qu’il en aille autrement…
Une note à propos du matériau de 23 h 06 : le cerveau est formé de deux
hémisphères indépendants, côte à côte et reliés par une base commune. Il y a
en général un hémisphère dominant. Chacun est composé de zones, ou lobes,
qui ont des rôles spécifiques. Le schéma des ondes cérébrales de chaque
hémisphère varie souvent, tout comme celui des différents lobes qui
constituent chaque côté. Il n’y a pas deux cerveaux semblables.
Jane s’aperçoit maintenant qu’il ne lui reste plus qu’une cigarette. « Bien,
dit-elle pour alléger l’atmosphère, alors ce sera une session courte. » Reprise
à 23 h 35.)
Dictée. (Une pause d’une minute.) D’une certaine manière, il est
impossible d’expliquer « les expériences psychédéliques » dans le cadre
limité de vos systèmes de référence – non pas parce que ces illuminations
sont inexplicables mais parce que vos systèmes actuels de croyances sont trop
limitants.
Il est donc difficile, à tout âge, de raconter un épisode de révélation. Quand
il s’agit de vieillards, cela n’intéresse personne, et pourtant, comme chez les
adolescents, c’est le moment où la créativité la plus grande peut jaillir, même
si elle n’est pas reconnue. Cette période de l’existence pourrait être la plus
profitable de toutes pour l’individu et pour l’espèce, si on la reconnaissait et
la comprenait réellement.
Souvent, les modifications chimiques particulières qui se produisent sont
précisément celles qui conduisent à des conceptions et une expérience plus
larges, mais celles-ci sont libres d’applications pratiques, au sens où vous
l’entendez. Il y a donc un déclenchement, une impulsion amenant la
personnalité à tenter de se libérer de ses repères de temps et d’espace,
puisqu’elle n’a maintenant plus besoin d’y participer en termes « d’adulte ».
La personnalité regarde, répétons-le, la nature de l’expérience dans ses
termes les plus purs. Dans certaines civilisations anciennes, tout cela se
passait dans un contexte naturel (une pause) où l’on prenait matériellement
soin des vieux tandis que leurs paroles étaient écoutées avec la plus grande
attention.
Les notions de « vieux sage » et autres légendes de ce genre trouvent ici
leur place, tout comme le concept mystique de la vieille femme détentrice de
pouvoirs. Laissés à eux-mêmes et à leur progression naturelle, les vieux
comprennent très bien leurs « visions ». Le corps et l’esprit œuvrent
admirablement ensemble.
Maintenant. (D’une voix plus forte.) Fin de la session. Mes salutations les
plus chaleureuses à vous deux.
(« Merci. Bonne nuit, Seth. » 23 h 49.)
SESSION 651
LUNDI 26 MARS 1973
(La session se tient dans le bureau de Jane pour qu’elle puisse s’asseoir
devant les deux micros de son nouveau magnétophone. Jusqu’à présent, nous
ne sommes pourtant pas parvenus à de très bons résultats avec cet appareil.
21 h 46.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Nous allons reprendre la dictée… Comme pour le reste, vos croyances à
propos de l’âge forment votre expérience, et vos croyances de masse influent
sur votre civilisation. Avec les concepts actuels de votre société, les hommes
et les femmes ont peur de la vieillesse depuis leur enfance. Si l’âge de jeune
adulte est considéré comme le suc même de la vie, sa félicité et son
apothéose, la vieillesse, elle, est perçue comme son opposé – un moment
d’échec et de déliquescence.
Cela tient en partie à des idées fausses concernant l’esprit conscient et
l’esprit inconscient, pour utiliser vos termes à présent. D’une manière
générale, la société occidentale considère que l’esprit conscient arrive à
maturité au début de l’âge adulte, quand le moi émerge des profondeurs de
l’inconscient infantile pour parvenir à sa faculté de différenciation et de
conscience critique. Savoir apprécier les distinctions et les différences est
considéré comme l’une des caractéristiques principales de la conscience et
ces aspects sont donc très appréciés. D’un autre côté, les caractéristiques tout
aussi signifiantes d’assimilation, d’association et de corrélation sont
négligées. Dans les milieux érudits, et dans beaucoup d’autres qui sont loin
de l’être, on assimile l’intellect à ces seules facultés critiques, de sorte que
plus votre faculté d’analyse est grande, plus on vous considère comme un
intellectuel.
En Occident, lorsqu’on est adulte, on focalise avec la plus grande attention
sa conscience sur un domaine spécifique d’activité et de manipulation
physique. Dès l’enfance, l’esprit est entraîné à utiliser avant tout ses qualités
de raisonnement et d’analyse. La créativité a le droit de se manifester
uniquement dans certains domaines autorisés et très limités.
Quand un individu vieillit – qu’il est à la retraite par exemple –, l’objet
central de cette forme particulière de concentration ne lui est plus aussi
directement accessible. L’esprit devient en fait plus lui-même ; il est plus
libre d’utiliser ses autres facultés et a le droit de s’écarter de ces domaines
restreints, pour assimiler, reconnaître et créer.
C’est précisément à ce moment-là que l’on dit à l’individu de se méfier de
ce genre d’égarement et de considérer ce type de comportement comme un
symptôme de dégénérescence mentale. Ceux qui adhèrent à ces croyances de
masse trouvent que l’image qu’ils ont d’eux-mêmes a changé. Ils craignent
que leur âge même ou l’existence dans le temps les aient trahis. Ils se
perçoivent comme des laissés-pour-compte, de pauvres vestiges d’un moi
meilleur, et à l’intérieur de leur système de valeurs, ils se condamnent du fait
même qu’ils continuent à exister dans le temps. S’ils faisaient autrefois
confiance à l’intégrité de leur corps, ce n’est désormais plus le cas. Ils
commencent à interpréter un rôle dramatique dans un scénario écrit par
d’autres, mais qu’ils ont approuvé.
Cette situation peut paraître sans rapport avec vos croyances concernant la
couleur de la peau, et pourtant les deux sont intimement liées. Je vais vous
laisser faire une pause et écouter votre enregistrement.
(22 h 05. Nous écoutons la bande et effectuons quelques réglages. Reprise
à 22 h 23.)
Maintenant. Vous assimilez la couleur blanche à la conscience radieuse, au
bien et à la jeunesse, tandis que le noir est associé à l’inconscient, à la
vieillesse et à la mort.
Dans ce système de valeurs, on craint les races noires comme,
fondamentalement, on craint les personnes âgées. On considère que les Noirs
sont des êtres primitifs. On leur attribue, par exemple, des talents musicaux
mais pendant longtemps cette créativité est restée « underground » : ils
créaient une musique qui était acceptée mais eux-mêmes n’étaient pas admis
dans les salles de concert de la nation respectable.
Dans votre société, la race noire a donc représenté ce que vous pensez être
les parties chaotiques, primitives, spontanées, sauvages et inconscientes du
moi, l’envers du « bon citoyen américain ».
D’un côté, il fallait opprimer les Noirs et, de l’autre, les traiter avec
indulgence, comme des enfants. Il y a toujours eu la grande peur que les
Noirs, en tant que race, outrepassent les limites qui leur étaient fixées – vous
leur donnez un doigt, ils prennent la main –, uniquement parce que les Blancs
craignaient tant la nature du moi intérieur et reconnaissaient le pouvoir qu’ils
essayaient si désespérément de juguler en eux-mêmes.
Tout comme les individus, les nations peuvent connaître par moments des
dédoublements de personnalité. Il y avait donc une sorte d’équilibre : les
Noirs représentaient certaines tendances du pays dans son ensemble, tandis
que les Blancs exprimaient d’autres caractéristiques.
Les deux groupes acceptaient leur rôle. En termes plus larges, en d’autres
temps et d’autres lieux, chaque être a cependant appartenu à d’autres races ;
ou pour être plus précis, dans des existences simultanées, chacun joue le rôle
de l’autre.
Appliquée à la vieillesse, la couleur noire indique un retour à ces forces
inconscientes. Jusqu’à présent, tout ceci représente le point de vue de la
croyance américaine et occidentale. C’est la réalité dans laquelle se trouvent
nombre de mes lecteurs. Mais, dans d’autres systèmes de croyances
« underground », le noir est symbole de connaissance, de pouvoir et de force.
Poussé à l’extrême, cela débouche sur des cultes sataniques dans lesquels les
facultés mal comprises de créativité et d’exubérance se manifestent sous une
forme dénaturée ; les parties souterraines de la conscience sont alors
glorifiées, au détriment des autres valeurs, blanches, « conscientes et
objectives ».
Dans ces deux systèmes, pourtant, les vieux se voient dénié leur pouvoir,
leur force et leur sagesse uniques, ce qui lèse à la fois les individus et leur
civilisation.
(D’un ton amusé.) Mon ami Ruburt n’a plus de bière, alors je vais vous
laisser faire une courte pause.
(De 22 h 37 à 22 h 48.)
Tout ceci est également lié à vos croyances concernant l’état de veille et
celui du rêve : le blanc est associé au jour et le noir au monde onirique. On
retrouve ici encore le vieux lien entre le Dieu de Lumière et le Prince des
Ténèbres, ou Satan – toutes les distinctions qui sont faites à différents degrés
de développement et qui ont un rapport avec la nature originelle de la
conscience présente.
Au cours des âges, encore une fois, des philosophies occultes ont essayé de
concilier les deux concepts, tombant en général d’un extrême dans l’autre, en
combattant les idées qui avaient cours en termes historiques. Selon certaines
de ces philosophies, par exemple, la lumière du jour est perçue comme pâle,
comparée au véritable éclat de la connaissance qui illumine l’état de rêve ; le
noir, lui, est alors le symbole d’un savoir secret auquel une conscience
normale ne peut avoir accès et dont on ne peut scruter le mystère à la lumière
du jour.
Les histoires de magie noire trouvent ici leur place et, une fois de plus, la
vieillesse entre en jeu : les légendes du vieil homme – ou de la vieille
femme – sage apparaissent dans les traditions populaires. La mort est vue en
termes de bien et de mal, de blanc et de noir – selon ces jugements de valeur,
l’anéantissement de la conscience est perçu comme noir, tandis que sa
résurrection est blanche.
La lumière de l’illumination est ressentie comme blanche, bien qu’elle
apparaisse souvent pour souligner la noirceur de l’âme, ou pour briller dans le
noir de la nuit. Donc, selon vos termes de référence, le blanc et le noir
dépendent l’un de l’autre, et changent de connotations en fonction de vos
croyances.
Dans de nombreuses civilisations anciennes, on vénérait la nuit et sa
noirceur, et l’on explorait les secrets de la conscience nocturne. On établissait
des corrélations permettant d’utiliser consciemment durant le jour la
connaissance ainsi acquise. Ces deux aspects apparemment séparés de la
conscience fusionnaient, et il y avait un épanouissement de l’art et de la
civilisation qu’il vous est presque impossible de concevoir, dans les termes
qui sont les vôtres. Dans des civilisations de ce genre, toutes les races avaient
joyeusement droit de cité et, quel que soit son âge, chacun était respecté pour
sa contribution particulière.
Les jugements de valeurs limités dont nous parlons dans ce chapitre ne
s’appliquaient pas dans ces sociétés. Les individus – ou les races – n’avaient
pas à jouer certains rôles spécifiques correspondant à tel ou tel ensemble de
caractéristiques humaines ; on permettait à chacun d’être unique, avec tout ce
que cela implique.
Cela ne signifie pas que l’humanité a perdu cet état de grâce pour tomber
dans ce qui semble être une condition inférieure. Cela veut dire que vous
avez choisi de diversifier des fonctions ou des capacités, de les isoler,
pourrait-on dire, afin d’apprendre, de comprendre, et même de développer
leur nature singulière.
Il existe des moyens qui permettent d’assimiler votre connaissance
intérieure, vos valeurs opposées de l’ombre et de la lumière, du bien et du
mal, de la jeunesse et de la vieillesse, et d’utiliser ces critères pour enrichir
votre propre expérience de façon très concrète. En agissant ainsi, vous
contribuez à l’amélioration non seulement de vous-même et de votre société,
mais du monde en général. Vous reconnaissez aussi l’état de grâce dans
lequel vous devez exister. Voyons donc quelques-uns de ces moyens.
À présent, vous pouvez faire une pause pendant que Ruburt vérifie le
fonctionnement de cet engin.
(De 23 h 01 à 23 h 19.)
Il faut essayer de faire la corrélation entre des aspects apparemment
différents de votre expérience, pour que les idées de lumière et d’obscurité,
de conscience et d’inconscience, etc. se combinent, non seulement sur le plan
individuel mais aussi global.
Comme il est mentionné dans mon livre précédent, Seth parle, une grande
différence est faite entre le sommeil et l’état de veille. (Voir Seth parle,
session 532, chapitre 8.) Vous séparez nettement ces deux états, sans
vraiment essayer de les relier. À cause de leurs impératifs professionnels,
beaucoup d’entre vous ont du mal à modifier leurs heures de sommeil.
Certains le peuvent cependant, et ceux parmi vous qui s’intéressent
réellement à cette démarche d’assimilation de la connaissance intérieure
peuvent à l’occasion modifier au moins un peu leurs horaires. Cela leur
permettra de relier beaucoup plus efficacement leur activité de l’état de veille
et celle qui se produit pendant le sommeil.
Si vous procédez ainsi, vous découvrirez qu’un arrangement légèrement
modifié tourne largement à votre avantage. Je vous suggère de dormir six
heures d’affilée, pas plus. Si vous ressentez le besoin de vous reposer
davantage, vous pouvez vous autoriser une sieste, de deux heures au
maximum.
(Une pause.) Beaucoup de gens s’aperçoivent que cinq heures d’un
sommeil régulier, avec une sieste, suffisent amplement – l’idéal étant de
dormir quatre heures de suite et de compléter cela par toute sieste qui vous
semble naturelle.
Quand c’est le cas, il n’y a plus cette large division artificiellement créée
entre les deux états de conscience. L’esprit conscient est plus apte à se
souvenir et à assimiler son expérience onirique ; au cours du rêve, le moi peut
utiliser plus efficacement son expérience de l’état de veille.
Souvent, ces modifications se produisent naturellement chez les gens âgés,
mais ceux qui se réveillent spontanément après quatre heures de sommeil
considèrent, du fait de leurs croyances, qu’ils sont insomniaques, ce qui les
empêche de tirer parti de leur expérience. Quoi qu’il en soit, le conscient et
l’inconscient fonctionneraient tous deux de manière beaucoup plus efficace
avec un programme destiné à raccourcir la durée du sommeil ; quant à ceux
qui s’adonnent à des activités « créatrices », ce genre de programme leur
apporterait une plus grande intuition et leur connaissance serait plus
facilement applicable.
Les individus adoptant ce comportement naturel se sentiraient beaucoup
plus stables. Suivant ce modèle général, chacun doit bien sûr trouver le
rythme qui lui convient ; il faut expérimenter un peu jusqu’à parvenir à
l’équilibre optimal. Votre vitalité en serait grandement accrue.
Il est vrai qu’à chaque période de la vie correspond une dynamique
particulière. Si vous suivez votre propre rythme, des phases plus longues ou
plus courtes de sommeil et de veille vont naturellement prendre place. Grâce
à ces pratiques, votre conscience, telle que vous la concevez, se trouvera
élargie. D’une façon générale, dormir huit heures d’affilée ou plus n’est pas
bénéfique. En termes plus vastes, ce n’est d’ailleurs pas non plus naturel pour
l’espèce humaine.
(23 h 37.) Il y a une réaction d’échanges chimiques, ou plus précisément
des rythmes réactionnels chimiques, qui sont beaucoup plus efficaces quand
les phases de sommeil sont courtes. Beaucoup de gens dorment durant les
périodes qui devraient être celles de leur plus grande vivacité et créativité,
dans des moments où le conscient et l’inconscient sont merveilleusement
focalisés et ne font qu’un. L’esprit conscient est souvent stupéfié par le
sommeil alors même qu’il pourrait tirer les plus grands bienfaits de
l’inconscient et serait capable de s’établir de la manière la plus signifiante
dans la réalité que vous connaissez. Dans ces moments-là, l’esprit conscient
est capable de percevoir clairement la beauté et l’illumination de votre état de
rêve, et il peut les utiliser pour enrichir votre vie physique. Les contrastes de
votre expérience vont vous apparaître comme ayant une clarté unifiée.
Maintenant. (D’une voix chaleureuse.) C’est la fin de la dictée, et de notre
session, à moins que vous n’ayez des questions.
(« Eh bien… je n’en ai aucune pour l’instant. » En fait, je suis assez
fatigué.)
Alors, je vous souhaite un chaleureux bonsoir – et je vous suggère à tous
deux de tester au moins certaines des idées que nous proposons aux autres.
Vous risquez d’être assez surpris.
(« D’accord. »)
Mes salutations les plus chaleureuses à vous deux, et à votre machine.
(« Merci, Seth. Bonne nuit. »
Fin à 23 h 43. La dissociation de Jane était excellente. Elle a entendu le
magnétophone s’arrêter de lui-même il y a une dizaine de minutes, mais
aucun autre bruit.
D’ordinaire, nous dormons six heures par nuit, que nous complétons par
une demi-heure de sieste en fin d’après-midi. En outre, la nuit, Jane
interrompt assez souvent sa période de sommeil en se réveillant
spontanément et en se levant pendant une heure environ.)
SESSION 652
MERCREDI 28 MARS 1973
(21 h 13.)
Bonsoir
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. (Une pause.) Un changement de ce type dans votre
rythme de sommeil et de veille vous aide énormément pour rompre avec la
façon dont vous regardez habituellement la nature de votre univers personnel,
et donc pour modifier votre conception de la réalité en général.
Dans une certaine mesure, il y a là une fusion naturelle et spontanée de ce
que vous considérez comme l’activité consciente et l’activité inconsciente.
En elle-même, cette fusion conduit à une plus grande compréhension de
l’équilibre qui prévaut entre l’ego et d’autres parties du moi. L’inconscient
n’est plus assimilé aux ténèbres ou à d’effrayants facteurs inconnus. Son
caractère est transformé, de sorte que ses qualités « sombres » sont plutôt
perçues comme des éléments qui éclairent la vie consciente, et qui
fournissent aussi d’importantes sources de pouvoir et d’énergie à l’expérience
normale orientée par l’ego.
D’autre part, certaines formes de comportement ordinaire qui semblaient
opaques, nébuleuses ou obscures – un comportement personnel
caractéristique jusqu’à présent incompris par exemple – peuvent d’un seul
coup devenir parfaitement claires, du fait de cette transformation dans
laquelle les aspects ténébreux de l’inconscient sont perçus dans toute leur
brillance.
Des barrières sont brisées, ainsi que certaines croyances qui se fondaient
sur elles. Si l’on ne craint plus l’inconscient, on ne craint plus les races qui le
symbolisaient.
Les rythmes de sommeil et de veille que j’ai suggérés peuvent conduire
également à d’autres formes de compréhension naturelles et spontanées.
L’inconscient, la couleur noire et la mort ont tous des connotations fortement
négatives dans lesquelles on craint le moi intérieur ; on se méfie de l’état
onirique et celui-ci évoque souvent des pensées funestes et/ou maléfiques.
Mais le changement du rythme de sommeil et de veille peut, là encore,
conduire à une transformation où il devient évident que les rêves sont
porteurs d’une grande sagesse et de beaucoup de créativité, que l’inconscient
est d’ailleurs parfaitement conscient, et qu’il est en fait possible de
conserver dans le rêve le sentiment de son identité individuelle. La peur de
l’anéantissement du moi, perçue symboliquement comme la mort, n’a alors
plus lieu d’être.
Résultat, d’autres croyances que l’individu avait échafaudées et qui
reposaient sur l’existence de ces contraires s’effondrent aussi d’elles-mêmes.
(21 h 30. Je vois une grosse fourmi noire ailée en train de grimper sur le
dossier du fauteuil à bascule de Jane, près de sa tête. L’instant suivant, elle
est sur son cou. Jane se lève d’un bond au beau milieu de sa dictée ;
instinctivement, elle balaye quelque chose qu’elle ne peut avoir vu.
Stupéfaite, elle se rassied. « Un insecte suffit », dit-elle finalement. Après une
brève pause, elle allume une cigarette et entre à nouveau en transe.)
Vous l’avez ?
(Je lis la dernière phrase à voix haute, et Seth-Jane poursuit.)
Quand, dans l’état de rêve, vous devenez aussi alerte, réceptif et
intellectuel que vous l’êtes quand vous êtes éveillé, il vous est impossible de
fonctionner selon votre ancienne structure. Cela ne veut pas dire que vous
parvenez à ce type de conscience particulière dans tous vos rêves mais, dans
le cadre du schéma de sommeil et de veille que nous avons suggéré, cette
forme de conscience est souvent atteinte.
(Avec beaucoup de force.) On parvient à une situation bénéfique et
naturelle dans laquelle l’esprit conscient et l’esprit inconscient se rencontrent.
Cela se produit spontanément, quelles que soient vos habitudes de sommeil,
mais de façon très brève et vous en gardez rarement le souvenir. Si cet état
optimal est si court, c’est parce que l’esprit conscient est stupéfié pendant de
longues périodes.
Les animaux suivent leurs propres rythmes naturels de sommeil et de veille
et, à leur façon, ils tirent de ces deux états plus de bienfait que vous. Ils s’en
servent plus efficacement – en particulier en ce qui concerne les processus
thérapeutiques innés du corps. Ils savent exactement quand modifier leurs
habitudes pour prolonger ou raccourcir leurs phases de sommeil, et donc
ajuster leur production d’adrénaline et réguler leur système hormonal.
Chez les humains, l’idée de nutrition entre aussi en ligne de compte. Avec
vos habitudes, le corps est littéralement affamé pendant de longues périodes,
la nuit, et souvent suralimenté au cours de la journée. Les rêves vous
fournissent une information thérapeutique importante dont vous êtes censé
vous souvenir, mais que vous oubliez parce que votre façon habituelle de
dormir vous plonge beaucoup trop longtemps dans ce que vous croyez être
une absence de conscience.
Le corps, lui, peut être reposé et régénéré en bien moins de huit heures ; au
bout de cinq heures, les muscles eux-mêmes aspirent à l’activité. Ce besoin
est aussi le signal qu’il faut se réveiller afin d’assimiler consciemment du
matériau inconscient et de l’information provenant du rêve.
Faites votre pause.
(De 21 h 45 à 21 h 55.)
Nombre de vos conceptions erronées à propos de la nature de la réalité sont
directement liées à la séparation que vous établissez entre les expériences
vécues durant le sommeil et à l’état de veille, entre activités consciente et
inconsciente. Vous voyez des contraires là où en fait il n’y en a pas. Mythes,
symboles et rationalisations, tout cela devient nécessaire pour expliquer les
divergences et contradictions apparentes entre des réalités qui paraissent si
différentes.
Parfois, des mécanismes psychologiques individuels sont activés, en
termes de névrose ou d’autres problèmes mentaux ; ils révèlent au grand jour
des défis ou des dilemmes intérieurs qui seraient beaucoup plus facilement
résolus grâce à un échange ouvert entre réalité consciente et réalité
inconsciente.
(22 h 01. Nous sommes à nouveau interrompus – par le téléphone cette
fois. Je réponds, puis Jane prend la relève quand elle est sortie de transe.
Elle parle à peu près cinq minutes à une femme qui vit à deux heures de route
de chez nous et qui veut assister au cours de perception extrasensorielle.)
Dictée. (Dans un murmure.
« D’accord. »)
Dans la relation naturelle corps-esprit, le sommeil sert de grand
connecteur, d’interprète ; il permet la libre circulation du matériau conscient
et inconscient. Dans le type de rythme de sommeil que je propose, les
conditions optimales sont établies. Les névroses et les psychoses ne se
produiraient pas dans ces conditions. Dans la liberté naturelle du va-et-vient
de l’organisme, les dilemmes et les problèmes extérieurs sont résolus dans les
situations du rêve, et les difficultés intérieures peuvent elles aussi trouver
une résolution symbolique dans l’expérience physique.
Une illumination en rapport avec le moi intérieur peut se manifester
clairement dans la réalité de l’état de veille et, de la même manière, une
information très précieuse sur le moi conscient peut vous parvenir dans le
rêve. Dans les deux cas, il y a un flux spontané d’énergie psychique
accompagné d’une réaction hormonale appropriée. L’énergie n’est pas
bloquée par le refoulement, par exemple, et il n’y a aucune crainte des
émotions ou de la façon dont elles s’expriment.
Dans votre système de croyances actuel, et vu votre façon douteuse de
considérer l’inconscient, une peur des émotions est souvent générée. Non
seulement vous leur faites obstacle dans la vie éveillée, mais vous les
censurez le plus possible dans vos rêves. Il leur est très difficile de
s’exprimer, d’où l’apparition d’importants blocages d’énergie, qui peuvent
entraîner ce que vous appelez un comportement névrotique ou, pire encore,
psychotique.
L’inhibition de ces émotions interfère également avec le système nerveux
et ses moyens thérapeutiques. Ces émotions refoulées, et toute la charge qui
va avec cette conception erronée de l’inconscient, vont se traduire par une
projection vers l’extérieur, sur les autres. Dans votre environnement
personnel, il y aura des personnes sur lesquelles vous allez projeter toutes ces
émotions ou caractéristiques effrayantes et pesantes. Mais en même temps,
vous serez attiré vers ces individus, parce que les projections représentent
une partie de vous-même.
Au niveau d’un pays, ces caractéristiques ou ces traits seront projetés sur
un ennemi extérieur. À l’intérieur d’une nation, elles peuvent avoir pour cible
une race, une croyance ou une couleur de peau particulières.
(Une longue pause à 22 h 24.)
Vous n’avez pas adopté par hasard vos schémas de sommeil et de veille. Ils
ne résultent pas non plus d’habitudes d’ordre technologique ou industriel. Ils
correspondent au contraire à une partie des croyances qui sont la cause de
votre développement technologique et industriel. Ces schémas sont apparus
lorsque vous avez commencé à catégoriser de plus en plus ce dont vous
faisiez l’expérience, et à considérer que vous étiez distincts de la source ou de
l’origine de votre propre réalité psychologique. Dans les conditions
naturelles, les animaux, lorsqu’ils dorment la nuit, demeurent partiellement
vigilants à l’égard du danger et des prédateurs. L’une des caractéristiques
innées du cerveau des mammifères est ce grand équilibre qui permet une
détente complète du corps endormi, tandis que la conscience se maintient
dans un état « partiellement suspendu, passif et pourtant alerte » – ce qui rend
possible une participation consciente à l’activité « inconsciente » du rêve, et
son interprétation. Cette situation procure au corps une régénération sans
qu’il demeure inerte pendant de longues périodes.
(Une pause.) Les mammifères changent eux aussi leurs habitudes pour
s’adapter aux conditions que vous leur imposez ; le comportement étudié
dans un laboratoire n’est donc pas nécessairement celui du même animal dans
son état naturel.
Prise hors contexte, cette affirmation peut paraître trompeuse. Les
changements de comportement sont eux-mêmes naturels, évidemment.
La conscience animale est différente de la vôtre. La vôtre nécessite un
discernement plus fin pour que le matériau inconscient puisse être assimilé.
(Une longue pause.) Cependant, tous les développements de l’espèce
humaine sont latents dans le cerveau animal, et de nombreux attributs dont
vous n’avez pas conscience sont aussi à l’état latent dans le vôtre. Les circuits
biologiques existent déjà pour eux.
(Avec un débit très vif.) Selon vos croyances actuelles, la conscience est
assimilée, en termes très limités, à ce que vous concevez comme étant le
fonctionnement intellectuel : vous considérez qu’il s’agit là du summum de
l’accomplissement mental, évoluant à partir des perceptions
« indifférenciées » de l’enfance, pour y retomber ignominieusement lors de la
vieillesse. Le rythme de sommeil et de veille que je propose vous permettrait
de découvrir de grandes parties créatrices et énergétiques du comportement
psychologique – qui ne sont pas du tout indifférenciées, mais seulement
distinctes de vos concepts habituels de conscience ; et qui sont à l’œuvre tout
au long de votre vie.
L’expérience naturelle de ce que vous pensez être une distorsion du temps,
par exemple, qui se produit aussi bien dans l’enfance que dans la vieillesse,
est une expérience tout à fait normale de votre « environnement temporel »
fondamental – bien plus que ne l’est le temps de vos horloges, qui vous est si
familier.
Le programme que j’ai suggéré vous mène donc beaucoup plus près d’une
compréhension de la réalité de votre être, et il vous aide à mettre un terme
aux croyances qui causent des divisions à la fois personnelles et sociales.
Vous pouvez faire votre pause.
(22 h 46. « Eh bien ! C’était une bonne transe, dit Jane en riant, malgré
les insectes et le téléphone. » Puis à 22 h 56 : « Il est presque prêt… »)
Maintenant. La longue phase d’activité consciente éveillée et continue est
dans une certaine mesure en contradiction avec vos penchants naturels.
Cela vous coupe de l’échange spontané des matériaux conscients et
inconscients dont nous avons fait mention (au cours de cette session), et
entraîne par là même certains changements qui rendent alors nécessaire
votre période de sommeil prolongée (avec insistance). Vous refusez au corps
les repos fréquents qu’il requiert. Il y a un surcroît de stimuli conscients, ce
qui rend leur assimilation difficile et crée une tension dans la relation corps-
esprit.
La division entre les deux aspects de l’expérience ressemble de plus en
plus à des comportements totalement séparés. L’inconscient devient de plus
en plus étranger à la conscience. Les croyances le concernant s’accumulent et
les symbolismes qui lui sont associés prennent trop d’importance. L’inconnu
paraît menaçant et dégénéré. On a plus fortement tendance à relier la couleur
noire à ce qui est mauvais – à quelque chose qu’il faut éviter.
L’anéantissement du moi semble être une menace permanente pendant le
sommeil ou le rêve. On craint en même temps toutes ces vagues
émotionnelles, flamboyantes, créatrices et spontanées qui s’élèvent tout
naturellement de l’inconscient, et on les projette à l’extérieur, sur des
ennemis, sur d’autres races ou d’autres religions.
L’activité sexuelle est évidemment considérée comme une dépravation par
ceux qui ont le plus peur de leur nature sensuelle. Ils lui attribueront une
origine primitive, néfaste ou inconsciente, et tenteront même de censurer
leurs rêves à cet égard. Ils projetteront ensuite la plus grande licence sexuelle
sur des groupes qu’ils auront choisis pour incarner leur propre comportement
refoulé. Quand on assimile la sexualité au mal, on considère évidemment ces
autres groupes comme fondamentalement mauvais.
Si ces personnes rigides croient que la jeunesse est innocente, elles vont
nier que des expériences de nature sexuelle puissent se produire au cours de
l’enfance, et elles iront jusqu’à modifier leurs propres souvenirs pour que
ceux-ci correspondent à leurs croyances.
Si un jeune adulte pense que la sexualité est bonne mais que la vieillesse
est mauvaise, il lui sera impossible d’envisager qu’une sexualité exubérante
puisse faire partie de l’expérience d’une personne âgée. Dans l’état de rêve,
l’enfant et le vieil homme, ou la vieille femme, peuvent exister
simultanément, ce qui permet à l’individu de se rendre compte de toute la
gamme de la condition de créature.
(23 h 12.) La sagesse de l’enfant et celle du vieillard sont toutes deux
accessibles. Les leçons tirées de « l’expérience future » sont aussi à portée de
main. Il y a dans le corps des mécanismes physiques parfaitement naturels
qui pourvoient à de telles interactions. Pourtant, vous vous refusez un grand
nombre de ces avantages, du fait de l’aliénation artificielle que vous avez
créée par votre rythme actuel de sommeil et de veille – qui, répétons-le, est
étroitement liée à votre idée du bien et du mal.
Ceux d’entre vous qui, dans la pratique, sont dans l’impossibilité de
modifier leurs habitudes de sommeil peuvent néanmoins tirer un certain
bienfait d’une modification de leurs croyances en ce domaine. Ils doivent
apprendre à se souvenir de leurs rêves, s’accorder de courtes périodes de
repos quand ils le peuvent et, immédiatement après, noter les impressions
reçues.
Vous devez abandonner toutes vos idées quant au caractère peu
recommandable de l’activité inconsciente. Apprenez à croire en la bonté de
votre être. Sinon, vous n’explorerez pas les autres états de votre propre
réalité.
Quand vous avez confiance en vous, vous avez confiance en votre propre
interprétation des rêves – et cela vous amène à une meilleure compréhension
de vous-même. Vos croyances concernant le bien et le mal vous apparaissent
beaucoup plus clairement et vous n’avez plus besoin de projeter sur les
autres, de façon exagérée, des tendances réprimées.
Fin de la dictée et fin de la session.
(« Merci. »)
Mes salutations les plus chaleureuses à tous deux. Que Ruburt reprenne ses
notes.
(« D’accord. Bonne nuit, Seth. »
Fin à 23 h 24. Seth fait référence à ce que Jane a écrit aujourd’hui
concernant son projet à long terme, un ouvrage théorique intitulé Aspect
Psychology. Voir ce qu’elle a écrit en introduction de ce livre, et les notes de
la session 618, chapitre 3.)
SESSION 653
MERCREDI 4 AVRIL 1973
(Robert Monroe et sa femme Nancy nous ont rendu visite ce week-end ; ils
vivent dans une ferme en pleine Virginie. Bob Monroe est l’auteur de
Voyages hors du corps, livre que Jane et moi considérons comme l’œuvre de
référence sur le sujet. Il voulait entre autres parler à Jane du centre de
recherche qu’il construit dans sa ferme et qui pour l’instant porte le nom de
Mentronics Institute – ou System. Il servira « uniquement à une bande de
types » pour étudier différentes phases de l’activité psychique. Ces « types »
sont des médecins, des parapsychologues, des psychiatres et des scientifiques
spécialisés dans d’autres disciplines.
Seth s’est manifesté dimanche soir 1er avril. Il a eu une longue discussion
avec les Monroe, que nous avons enregistrée. Nous devions tous nous
retrouver lundi en fin de journée. Mais dès le matin, Jane a soudain senti
jaillir en elle un puissant élan d’inspiration créatrice – visiblement de l’ordre
de la transcendance – qui a duré plusieurs heures. Elle en avait eu des signes
annonciateurs dimanche après-midi, avant que nos invités arrivent. Je décris
le phénomène ici, et je joins aussi de larges extraits de ce qu’elle en a écrit
elle-même, pour montrer quelques-unes de ses autres activités psychiques au
moment où ce livre prend forme. Ces perceptions donnent en même temps des
éclairages sur le livre lui-même.
Jane me décrit son état modifié de conscience à mesure qu’il se produit,
lundi ; puis le matin suivant, elle en rend compte par écrit de façon aussi
complète que possible. C’est un récit de plus de six mille mots – en le tapant
à la machine, elle revit certaines parties de l’expérience, à un degré
moindre…
« Dimanche après-midi, avant que nos visiteurs arrivent, écrit-elle, j’avais
commencé à lire un livre de Ralph Waldo Emerson [le poète et philosophe
qui vécut de 1803 à 1882]. Je suis tombée sur son essai, The Poet, dans
lequel il décrit les “Parleurs”comme étant ceux qui utilisent leurs facultés
intérieures pour “dire les secrets intérieurs de la nature”. Cet essai m’a
fortement impressionnée ; il semble faire écho à des éléments de mes propres
écrits et caractéristiques psychiques. Et bien sûr, j’ai pensé aux “Parleurs”
de Seth, tels qu’il les décrit dans le chapitre 20 de Seth parle. [D’après Seth,
Emerson était lui-même un Parleur !] Puis Bob Monroe et sa femme sont
arrivés et nous avons eu une soirée animée. Seth s’est manifesté, etc.
Assise à mon bureau le lendemain matin, le 2 avril, j’ai soudain été emplie
de l’inspiration la plus forte et la plus vive que je pense avoir jamais connue.
Toute la journée, j’ai été emportée, écrivant avec fièvre, dans un état
d’agitation et de jubilation. Il en est résulté un poème de neuf pages, intitulé
Dialogues of the Speakers, qui peut, ou non, avoir une suite et donner un
livre. C’est de cette façon qu’a commencé le livre de poésie que j’ai terminé
en mars et qui a pour titre Dialogues of the Soul and Mortal Self in Time.
En arrivant à la fin de ce long poème, en milieu d’après-midi, j’avais de
plus en plus de difficultés à décrire mes sentiments et même à les taper à la
machine. Voici les deux dernières strophes :
Pendant que je me débattais au milieu de tout cela, mon état subjectif s’est
tellement transformé que j’ai à nouveau appelé Rob. J’ai commencé à sentir
les “vies massives” des Parleurs et réalisé que j’étais allé au-delà du poème.
L’inspiration orientait à présent ma perception si bien que, lorsque je
regardais autour de moi, le monde était changé. Quand cela m’arrive, cet
état que nous pensons être une vie subjective devient réel et objectif. Je le
perçois alors de la même façon que notre existence physique normale.
Il ne s’agit jamais d’un processus complet, mais la transformation vers
l’extérieur de données intérieures est une expérience splendide – même si elle
est parfois troublante.
À la table de travail de mon bureau, j’étais face aux fenêtres de notre
petite cuisine. Nous habitons au deuxième étage, et je pouvais voir la rue, en
bas, jusqu’au pâté de maisons voisin et, au loin, à travers la cime des arbres.
Pas en trois dimensions, mais d’une autre manière, plus vivante… j’ai… vu…
senti… des silhouettes massives positionnées sur le bord de cette vision
physique ; et sur les bords du monde. Mes yeux étaient bien sûr ouverts. Avec
ma perception intérieure, j’ai senti que l’une de ces formes, vigoureuse et
d’une masse impossible, pourrait se pencher et, avec son visage gigantesque,
jeter un coup d’œil par la fenêtre de ma cuisine… tout en me rendant compte
que tout cela était mon interprétation de ce que je recevais.
Dans le même temps, la perception que j’avais de mon bureau subissait
par contraste une transformation. À l’intérieur, bien que conservant à mes
yeux leurs propres dimensions, tous les objets devinrent microscopiques et
adorables, comme les modèles réduits d’un monde pour enfant – mais d’un
monde réel et vivant, avec mon appartement à l’intérieur de l’une des
innombrables maisonnettes. J’étais euphorique et cependant troublée. Je
tentais d’accepter ce qui se passait, tout en conservant une attitude de
“comme si”, au cas où, afin de ne pas complètement me perdre dans
l’expérience.
Rob m’a suggéré de faire une sieste, vu que les Monroe allaient arriver
une heure plus tard. Pendant que j’essayais de m’endormir, une idée parmi
tant d’autres a jailli en moi et m’a littéralement secouée : “Nous sommes EN
Dieu. Nous n’avons JAMAIS été extériorisés !” Ces mots sont bien pauvres
pour traduire les sensations affectives et subjectives avec lesquelles je pris
part à cette idée. Car soudain, j’eus le sentiment d’être-en-Dieu comme
d’être-dans-une-maison. Tout ce que nous imaginons et connaissons est à
l’intérieur. Il n’y a pas d’extérieur.
Pendant un moment, je me suis sentie claustrophobe… ma perception
visuelle s’est à nouveau modifiée, de manière étrange et plus douce : tout ce
que je voyais à présent était un intérieur qui était à l’intérieur de lui-même,
et ce à l’infini. J’avais l’impression d’être minuscule. Mais presque
immédiatement, le plus étrange sentiment de fantastique sécurité m’est venu
et j’ai réalisé qu’étant à l’intérieur de Dieu… nous étions littéralement
constitués de matière divine et étions donc éternels.
Puis un autre sentiment est apparu : cet intérieur si vaste qu’il en était
inconcevable contenait en lui tout “l’espace” possible en constante
expansion ; seul un intérieur pouvait posséder ces caractéristiques de
constante expansion.
Chacune de ces idées arrivait comme une révélation affective,
accompagnée de diverses sensations corporelles et modifications de
perception visuelle. C’est là que d’autres expériences ont commencé et qu’à
des degrés divers, je me suis perdue en elles. Dans l’une d’elles, mon corps
devenait massif – pas comme s’il paraissait massif, mais massif en soi.
Concrètement, j’étais allongée là, énorme. D’une certaine manière, je me
dilatais, et prenais de la hauteur… »
Jane a ensuite fait l’expérience de toute une série d’évènements mettant en
jeu différentes facettes du concept « massif ». Ce qui se produisait était pour
elle physiquement « réel » ; pourtant, elle savait également qu’il s’agissait
d’interprétations symboliques de réalités intérieures. Nous pensons que cela
concernait aussi la mémoire cellulaire décrite par Seth, comme en
témoignent ces extraits du récit de Jane :
« … puis j’ai su que j’étais de retour dans mon lit, mais j’étais à nouveau
massive et, pendant quelques instants, j’ai eu peur. Au-dessus de moi, sur
l’oreiller, ma main gauche s’était transformée en serre d’aigle. J’avais les
yeux fermés, mais la sensation physique était claire. Je ressentais cette force
fantastique dans ma main ; j’ai essayé de saisir comme la serre d’un aigle
l’aurait fait. J’ai senti… la plus étrange sorte d’armure, la serre étrangère,
dure et résistante à la place de la chair, selon nos termes. Puis mes épaules et
toute la partie supérieure de mon dos ont commencé à devenir aigle, un
grand aigle battant des ailes ; la force qui déferlait et les sensations
inconnues étaient stupéfiantes… »
« Selon un processus impossible à décrire, un autre changement s’est
produit. J’étais cette fois un dinosaure. Je dis bien, j’étais un dinosaure. Je
me tenais sur deux pattes, faisant grand bruit, des sons rauques et
gutturaux… d’exultation, debout au milieu d’une grande plaine. Il y avait
une similarité entre l’aigle et le dinosaure, dans cette armure corporelle,
cette dureté étrange… cela représentait toutes les étapes que j’avais
traversées – ou du moins dont certaines cellules de mon corps se
souvenaient – mais, pour ma part, le sentiment d’immédiateté était très
vif… »
« Rob m’a appelée, puis il est parti chercher les Monroe à leur hôtel. Je
me sentais très euphorique mais épuisée. J’ai commencé à m’habiller, tout en
éprouvant encore le sentiment d’être à l’intérieur de Dieu. Les oiseaux ont
commencé à chanter dehors et je me suis arrêtée, clouée sur place. Les
oiseaux étaient les dieux chantants ! Ce n’était pas une sensation symbolique
ni artistique – c’était un fait soudain reconnu !
L’incroyable douceur de leur chant m’a suivi, même quand je me suis mise
à rire… Car maintenant, je retouchais mon vernis à ongles – à force de taper
mon poème sur les Parleurs à la machine toute la journée, il avait disparu
sur les bords. Et, intérieure à Dieu ou pas, j’étais là, parfaitement capable de
penser à des choses aussi terre à terre. Je suis allée mettre de l’ordre dans le
salon pour les invités ; la pièce, elle aussi, était à l’intérieur d’un
intérieur… »
L’expérience transcendante de Jane a eu des échos qui ont persisté
pendant des jours. En outre, elle s’est souvenue de détails qu’elle avait omis
dans son compte-rendu – la plupart du temps, ce sont des faits ordinaires de
notre vie quotidienne qui ravivaient ces souvenirs.
Ceux que cela intéresse trouveront des références utiles dans les deux
paragraphes suivants.
1. Seth traite de la mémoire cellulaire dans la session 638, chapitre 10 ;
voir aussi les sessions 632 et 637. Parmi d’autres données fournies par Jane
et ayant trait aux états modifiés de conscience, se reporter à son introduction,
ainsi qu’aux notes de la session 639, chapitre 10 et à la session 645,
chapitre 11. On dirait que Jane va rencontrer d’autres situations de ce genre,
que nous pourrons ajouter à des chapitres ultérieurs. Elle projette d’étudier
dans son livre Aspect Psychology toutes ses expériences relatives aux
différents niveaux de conscience.
2. Il y a un lien évident entre les parties « massives » de la dernière
aventure psychique de Jane et ses premières rencontres avec Seth 2 en avril
1968 ; elle donne certains détails sur ces expériences dans le chapitre 17 de
Le Matériau de Seth. Il y a par ailleurs des informations sur Seth 2 dans le
chapitre 22 de Seth parle. Dans le premier chapitre du Matériau de Seth,
Jane décrit son premier « trip » dans un état modifié de conscience – et
explique comment cela a débouché sur l’écriture du manuscrit The Physical
Universe as Idea Construction. Voir les notes qui précèdent la session 633,
chapitre 8.
Il n’y a pas eu de session lundi soir. Au lieu de cela, Jane s’est servie de
ses « propres » facultés pour se focaliser sur le plan de la machine que Bob
Monroe avait dessiné ; il avait vu cet engin lors d’un de ses voyages hors du
corps. Des questions relevant de la physique se posaient – le trou de Fermi
[relatif au mouvement de certains électrons], etc. –, et Jane a fini par
dessiner elle-même des diagrammes. Elle aime employer ses capacités de
cette manière.
Elle a donné ses notes et ses dessins à Bob. Mardi, outre le récit de son
expérience transcendantale, elle a mis par écrit la discussion de lundi soir et
repris ses notes et ses esquisses pour ses propres archives.
« Bon ! Je sens que Seth n’est pas loin, dit Jane ce soir, à 21 h 22. Je serai
prête dans une minute. C’est drôle, mais pendant que je suis assise ici à
attendre, j’éprouve une grande sensation de couleur et d’expectative. Cela
m’arrive souvent – c’est presque le même sentiment planant que quand
j’écris un bon poème, comme lundi… » Ses lunettes quittent ses yeux.
21 h 23.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. (D’une voix calme.) Les croyances de votre société occidentale
concernant le bien et le mal déteignent sur votre attitude vis-à-vis du
sommeil, du rêve ou de toute modification de votre état de conscience.
Celles-ci découlent de la vieille éthique puritaine du travail : « L’oisiveté est
la mère de tous les vices.8 »
En elle-même, cette façon de penser conduit à se méfier du repos et à
considérer les rêves avec suspicion. La rêverie et les modifications de
conscience, même légères, prennent des connotations morales. Ces idées se
retrouvent dans votre société d’innombrables manières, et dans des domaines
où les valeurs du bien et du mal ne sont pas apparentes. Le sport est considéré
comme bon mais il est souvent opposé aux activités intuitives plus passives
qui, dès lors, sont perçues comme mauvaises.
Vous mettez l’accent sur les résultats concrets, sur les produits
physiquement visibles. Dans ce contexte, les rêves et la rêverie ne sont pas
considérés comme constructifs ou productifs.
Vous recommandez aux jeunes d’aborder la vie avec agressivité, de la
saisir à bras-le-corps, mais en fait cela veut dire dans un esprit de
compétition, ce qui implique, et favorise bien sûr, l’orientation de la
conscience individuelle uniquement vers un mode d’être extérieur. Non
seulement la conscience doit se focaliser sur la réalité extérieure mais, en
plus, à l’intérieur de ces limites, elle est encore contrainte de se concentrer
sur certains objectifs spécifiques. Les autres inclinations ne sont pas
acceptées.
On forme ces individus à considérer comme dangereux, à un degré ou à un
autre, toutes les modifications de conscience, tout comportement
apparemment « passif ». L’artiste est toléré – si son travail se vend bien, car
dans ce cas on pensera simplement qu’il est plus malin que d’autres dans sa
façon de gagner de l’argent.
On supporte l’écrivain si ses livres lui apportent la renommée ou la
fortune. Le poète, lui, est à peine toléré, car en général son talent ne mène ni
à l’une ni à l’autre.
Le rêveur est regardé avec beaucoup de suspicion, quel que soit son âge,
son travail ou ses antécédents familiaux, car il semble qu’il n’ait aucun talent
pour excuser sa paresse morale. Les personnes ayant ce genre de croyances
ont énormément de difficultés à comprendre la créativité de leur être. Le
travail accompli dans les rêves, les expériences innombrables qui y sont
vécues, leur sont invisibles. Ils ont peu de considération ou de respect pour
les rêveurs ou les visionnaires du monde, et sont les premiers à bondir sur
ceux qui, dans leur propre génération, manifestent ces tendances.
Néanmoins, chez toutes ces personnes, des zones profondes de l’être ne
sont pas touchées par ces croyances. Leurs idées vont certes se répercuter
dans leur vie quotidienne et paraîtront justifiées mais, en dessous, le moi
intérieur est parfaitement conscient du grand élan de créativité qui se produit
dans les rêves. Il réalise que la source de l’énergie individuelle n’a rien à voir
avec des concepts superficiels, tels que la nature du bien ou du mal.
Faites votre pause, car c’est la fin du chapitre 13.
(« D’accord. »)
CHAPITRE 14
(21 h 43. Jane n’a aucune idée du contenu du chapitre 14 : « Je suis juste
en train d’attendre… » À 21 h 51, elle dit : « En fait, je n’ai pas la moindre
idée dans la tête, qu’il s’agisse de Seth ou d’autre chose. » Nous continuons
d’attendre. Il tombe une pluie légère ; les pneus des voitures chuintent sur
la chaussée. Nous entendons le son d’une télévision provenant de l’étage en
dessous, mais pas très fort. Finalement, la session reprend à 22 h 01.)
Dictée. Chapitre 14 : « Quel vous ? » En dessous (avec un geste
horizontal.) « Quel monde ? »
(En transe, les yeux fermés, Jane est assise, complètement immobile
pendant plus d’une minute.)
Suite du titre : « Votre réalité quotidienne comme l’expression
d’évènements probables spécifiques. » Tout ceci constitue le titre.
(Une longue pause à 22 h 06.) On peut dire que le cerveau est
simplement la contrepartie physique de l’esprit. Grâce à lui, les fonctions de
l’âme et de l’intellect sont reliées au corps. Ses caractéristiques permettent
aux évènements dont l’origine n’est pas physique de devenir physiquement
valides. Un filtrage précis et un effet de focalisation sont donc à l’œuvre.
Concrètement parlant, vous formez en effet l’apparence que prend la réalité
par le biais de vos croyances conscientes. Celles-ci servent d’agents de tri et
d’orientation ; elles sélectionnent certains évènements non physiques
probables parmi d’autres et leur donnent une réalité tridimensionnelle.
D’autres évènements probables auraient tout aussi bien pu devenir ceux
dont vous faites l’expérience physique. Les croyances que vous avez en ce
qui vous concerne donnent forme à votre propre image ; elles définissent
votre concept de ce qui est possible pour vous et de ce qui ne l’est pas.
Parmi tous les évènements probables, vous allez donc choisir uniquement
ceux avec lesquels vous vous sentez en accord.
Du fait de votre structure psychologique et psychique, il y a, au sein de la
riche constitution de votre être, une variété réellement infinie de ce qu’on
peut appeler des moi probables. Dans cette réalité ou dans une autre, ils
seront tous expérimentés. Néanmoins, au cours de votre existence présente,
vous allez utiliser uniquement les caractéristiques psychologiques que vous
croyez posséder. Si bien que, vous le voyez, la personnalité ne peut pas être
définie comme étant ceci ou cela.
La constitution physique de votre corps dépend de vos croyances, si bien
que l’ensemble des données sensorielles reflète fidèlement les croyances
qui dirigent son activité. D’une certaine manière, l’hypnose est simplement
un exercice qui les modifie et elle montre on ne peut plus clairement que
l’expérience sensorielle se conforme à l’attente qu’on en a.
Le « vous » que vous pensez être maintenant représente l’émergence
dans l’expérience physique d’un seul état probable de votre être, qui dirige
ensuite votre vie corporelle, « encadre » et définit toutes vos données
sensorielles. Quand vos idées à propos de vous-même changent, votre
expérience aussi.
Même l’expérience intime du corps se modifie. Vous pouvez dire que
vous êtes vous, mais quel vous êtes-vous ? Dans les termes les plus
personnels qui soient, chaque individu crée son propre monde. Les
mécanismes biologiques de votre condition de créature dirigent
suffisamment l’expérience de masse pour qu’un accord soit atteint, mais
seulement dans les grandes lignes.
(Une pause à 22 h 27.) L’ensemble de l’expérience privée que vous
percevez forme votre monde, point. Mais quel monde habitez-vous ? Car si
vous modifiiez vos croyances, et donc votre sentiment personnel de la
réalité, ce monde apparemment unique changerait lui aussi. Or vos
croyances se transforment constamment et votre perception du monde
change. On dirait que vous n’êtes plus la personne que vous étiez. Et c’est
tout à fait exact – vous n’êtes plus la personne que vous étiez, votre monde
a changé, et pas seulement de façon symbolique.
Il vous arrive souvent de tomber dans une phase pendant laquelle on
pourrait dire que vous repliez votre conscience, que vous ressentez la vie de
façon moins intense. Vous n’avez alors pas l’impression de faire
directement l’expérience de vous-même et, effectivement, au cours de ce
que vous pensez être l’état de veille, vous agissez de la façon la plus
mécanique, par habitude, en vous rendant moins compte des stimuli
sensoriels.
Dans ces moments-là, vos croyances perdent en général de leur acuité,
les instructions que vous donnez à votre corps ne sont pas claires et le
monde paraît confus. Il s’agit souvent là d’une période de profonde activité
inconsciente, pendant laquelle de nouvelles caractéristiques latentes
probables se préparent, attendant l’heure, pour ainsi dire, de leur
émergence.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22 h 37 à 22 h 55.)
Les évènements probables se matérialisent – selon vos termes – par
l’utilisation du système nerveux et de certaines intensités de volonté ou de
croyance consciente.
Ces croyances ont évidemment une autre réalité, en plus de celle qui vous
est familière. Elles attirent et engendrent certains évènements et non pas
d’autres. Parmi une variété infinie d’évènements probables, elles décident
donc de l’entrée de ceux dont vous faites l’expérience. Vous semblez être
au centre de votre monde, car, pour vous, votre monde commence à ce point
d’intersection où l’âme et la conscience physique se rencontrent.
(Une longue pause à 23 h 04.) Accordez-nous du temps…
En termes de surface, ce « je » que vous possédez est le résultat
d’identités probables qui émergent constamment, et auxquelles le système
physique du corps donne une continuité temporelle avec l’intervalle de
temps inhérent aux réactions nerveuses. Vous ne vous souvenez que de la
partie de votre identité qui est physiquement réalisée – de ces portions qui
se traduisent en schéma corporel. (Avec des gestes et beaucoup d’intensité.)
C’est là le résultat de l’activité à la fois de focalisation et de limitation du
cerveau physique, car un comportement efficace de survie dans votre réalité
dépend du temps de réaction. Le schéma d’activité nerveuse crée donc
l’illusion d’un présent dans lequel votre conscience paraît concentrée et
vive.
D’une certaine façon, les évènements « futurs » existent maintenant, mais
ils sont trop rapides. Ils sautent par-dessus les terminaisons nerveuses trop
vite pour que vous puissiez les percevoir physiquement ou en faire déjà
l’expérience.
Les impulsions ont une réalité très différente de ce qu’imaginent les
physiciens et les biologistes. Pendant que vous pensez maintenant, le
« passé » est encore en train de se produire. Sa « traîne » franchit encore les
synapses mais, encore une fois, cela n’est pas enregistré physiquement. Les
évènements passés continuent. Consciemment, avec votre structure
corporelle, vous ne faites l’expérience que de portions d’évènements ;
pourtant la structure elle-même les enregistre.
De cette manière, les cellules gardent leur mémoire, bien que vous ne la
perceviez pas, et le corps se rend compte des prétendus évènements futurs
même si, en règle générale, cela échappe à votre conscience. (D’une voix
soudain très intense et rapide.) À d’autres niveaux d’activité psychique
cependant, cette connaissance vous est également accessible, mais
seulement lorsque vous déconnectez votre expérience de la structure
neuronale activée par le temps – et cela, vous pouvez le faire par diverses
modifications de conscience, qui sont souvent adoptées de manière très
spontanée.
De nombreux états de ce genre peuvent vous conduire à une expérience
bien plus directe de la nature de votre réalité non corporelle que le
questionnement conscient ordinaire. Quel vous ? Quel monde ? Vous
pouvez, jusqu’à un certain point, découvrir par vous-même les autres vous
probables qui sont une portion de votre être.
Faites votre pause.
(23 h 20. Jane dit que pendant qu’elle était en transe, elle ne s’est pas
rendu compte que son débit était parfois lent – elle semble pourtant se
souvenir de ces fluctuations quand je l’interroge à ce sujet. Elle pense que
Seth « essayait de formuler les choses en des termes qui auraient un sens
pour quelqu’un ne connaissant pas le sujet, tout en restant intéressantes
pour un scientifique – ce qui n’était pas facile. Il y avait beaucoup plus de
matériau disponible à propos des synapses, des neurones et autres, mais il
n’en a pas parlé… »
On appelle synapse la jonction entre deux cellules nerveuses ou
neurones. Voir la session 637, chapitre 9. Ces jours-ci, Jane reçoit
davantage de lettres de scientifiques qui pour la plupart posent des
questions fascinantes sur le matériau qui fait l’objet de cette session.
Reprise à un rythme plus rapide à 23 h 45.)
Maintenant. Les évènements futurs sont aussi ceux que vous choisissez
parmi tous ceux qui sont probables, cependant, et de nombreux épisodes
dans lesquels vous êtes impliqué filent trop rapidement devant vous pour
votre système neuronal. Ils ne vous sont pas servis comme votre présent.
Ils représentent votre expérience sur des plans autres que physique. Mon
cher ami Ruburt (d’une voix ponctuellement plus forte) en a d’une certaine
façon fourni une analogie dans son roman, le premier livre d’Oversoul 7.
Vous percevez un certain évènement comme étant le présent. Vos croyances
lui permettent d’entrer par les synapses nerveuses, et l’attirent. Il semble
alors devenir le passé. Vous ne vous êtes pourtant branché physiquement
que sur une portion de cet évènement ; cet évènement passé continue
d’exister avec son propre « futur », que vous pouvez percevoir ou non,
selon l’action probable que vous amenez dans votre expérience suivante de
réalisation.
Le passé a donc bien ses propres passé, présent et futur. À partir d’un
évènement donné du passé, vous allez seulement matérialiser un futur
particulier, mais l’évènement lui-même continue ; il possède une dimension
qui lui est propre, ou plutôt un caractère multidimensionnel que vous
possédez également.
Vous pouvez par exemple plonger dans la mémoire cellulaire. Lorsque
vous utilisez votre mémoire, vous suivez à rebours la seule séquence
d’évènements dont vous vous rappelez. Il y a pourtant dans votre passé des
éléments qui sont tout aussi imprévisibles que ceux de votre futur semblent
l’être à présent (avec insistance). Il existe dans votre passé une créativité
qui vous attend, tout comme il y en a une dans votre futur ; mais pour tirer
parti de ce type d’expériences, vous devez apprendre à modifier vos
croyances et, d’une certaine façon, vous évader de la forme particulière de
focalisation consciente limitée à laquelle vous avez recours habituellement.
Maintenant. Nous pouvons continuer la session –
(« Allez-y. »)
— ou la terminer si vous préférez. Si vous continuez, faites une courte
pause… Certaines sessions peuvent durer plus longtemps que d’autres.
(23 h 55. « On ne vient pas de faire une pause ? », demande Jane
perplexe. Je lui explique la situation. Les sessions se déroulent rarement de
cette manière. Reprise à 0 h 05.)
Maintenant. Accordez-nous un instant. La structure physique elle-même
contient tout ce qui est nécessaire à ce que vous appelleriez l’évolution de la
conscience – et même, jusqu’à un certain point, à une organisation de votre
expérience qui, pour l’instant, peut vous paraître totalement étrangère.
Les données sensorielles peuvent être organisées de différentes façons. Il
existe des mécanismes et des circuits qui vous permettent tout à fait de voir
les sons ou d’entendre les couleurs, bien que ce ne soit pas actuellement
votre habitude première.
(Une pause.) En certains termes, vous sautez parfois par-dessus des
intervalles de temps, comme lorsqu’il vous arrive de percevoir soudain une
odeur ou une vision du « passé » avec l’acuité du présent, bien que selon
vous cela ait déjà eu lieu dans le passé. Dans des situations particulières, un
souvenir peut d’un seul coup devenir plus réel que ce qui se passe au
moment présent et investir à nouveau votre expérience actuelle avec autant
d’acuité qu’à l’époque où il a été vécu – et même éclipser les circonstances
présentes.
Cela ne pourrait pas se produire si votre organisme physique était dénué
de mécanismes innés le permettant, et si, sous certaines conditions,
l’intervalle normal entre les synapses des cellules nerveuses ne pouvait être
franchi d’une manière différente. De la même façon, une expérience future
peut elle aussi être physiquement perçue dans votre présent. Or, en dessous
de votre conscience habituelle, votre organisme physique est capable de
réagir, sans que vous le sachiez, à des évènements futurs comme il peut le
faire à ceux du passé. Dans ce cas-là, l’intensité de l’évènement, pourtant
non physique au départ, est suffisante pour se frayer un chemin à travers le
système neuronal.
Si vous vous rendez compte d’un épisode futur de ce genre, vous êtes
forcé d’y réagir en tant qu’être conscient. En tout cas, votre structure
temporelle y répondra, que vous soyez conscient ou non des raisons de
votre comportement. L’évènement futur peut alors se produire dans sa
séquence temporelle et votre mémoire le reconnaîtra, ce qui fait que vos
réactions dans ce présent à venir seront modifiées à cause de ce qui semble
être le souvenir du passé.
En vos termes, cet évènement peut cependant ne jamais se produire, car il
est possible qu’il provienne d’un passé probable qui a été autrefois votre
présent, mais par rapport auquel vous avez bifurqué. C’est l’une des raisons
pour lesquelles les prédictions des médiums semblent souvent ne pas se
réaliser, car, à chaque instant, vous avez en effet le libre choix de modifier
votre expérience par le biais de vos croyances.
Celles-ci constituent le pivot de votre expérience présente.
Maintenant. Fin de la dictée. Quelques remarques…
(0 h 20. Seth livre maintenant deux pages de matériau pour Jane et moi,
et la session s’achève à 0 h 37.
Les lecteurs intéressés par les probabilités peuvent aussi se reporter aux
chapitres 15, 16 et 17 de Seth parle.)
SESSION 654
LUNDI 9 AVRIL 1973
(21 h 45.)
Maintenant. Bonsoir et dictée.
(« Bonsoir, Seth. »)
En vos termes, et de façon concrète, les évènements probables semblent
avoir plus de sens pour vous quand vous les concevez comme un futur
latent.
Le fait est cependant que des évènements passés probables « peuvent
encore se produire » au sein de votre expérience personnelle précédente. Un
nouvel évènement peut littéralement naître dans le passé – « maintenant ».
À grande échelle, cela se produit rarement de façon qui vous soit
perceptible – et vous feriez bien de souligner toute la fin de cette phrase.
Quoi qu’il en soit, une nouvelle croyance dans le présent peut provoquer
des changements dans le passé au niveau neuronal. Vous devez comprendre
qu’à la base, le temps est simultané. Les croyances actuelles peuvent tout à
fait modifier le passé. Dans certains cas de guérison, la disparition
spontanée d’un cancer par exemple, ou de toute autre maladie, certaines
modifications se produisent qui ont un effet sur la mémoire cellulaire, les
codes génétiques ou les réseaux de neurones du passé.
Dans ce genre de situations, un retour s’opère – pour dire les choses de la
manière la plus simple – jusqu’à l’état particulier des profondes structures
biologiques qui existait à un moment donné ; et c’est en ce point que les
probabilités sont modifiées et que la condition de maladie est effacée dans
votre présent – mais également dans votre passé.
(Une pause à 22 h 01.) Croire de façon soudaine ou intense en la
guérison peut en effet « inverser » le cours d’une maladie mais,
concrètement, il s’agit là d’une inversion d’ordre temporel. Du point de
vue des cellules, de nouveaux souvenirs sont insérés à la place des anciens.
Cette forme de thérapie se produit très fréquemment de manière spontanée
lorsque les gens se débarrassent de maladies qu’ils ne savent même pas
avoir.
Ce qui est appris n’est pas simplement transmis d’un tissu vivant à un
autre – cela, les biologistes l’ont découvert –, ce savoir se transmet
également par la réalité corporelle présente du corps, en changeant parfois
totalement les messages destinés aux cellules du passé qui, en vos termes,
n’existent plus.
De façon assez similaire, générer dans le présent une forte croyance en
une faculté particulière va avoir une répercussion dans le passé ; cela aura
pour effet de modifier tout ce qui aurait dû se produire là (avec des gestes)
pour que cette aptitude soit maintenant apparente.
Ceci explique les résultats de certaines expérimentations menées à
l’étranger, au cours desquelles un apprentissage accéléré a lieu lorsque, sous
hypnose ou autrement, on convainc un individu qu’il est par exemple un
grand peintre, ou un linguiste. Cette croyance du moment active des
capacités « latentes » en chacun9.
(Une pause.) Cela a donc une influence sur la structure biologique telle
qu’elle existait dans le passé. Une expérience est créée dans un organisme
qui, en vos termes, ne la possédait pas auparavant. C’est une sorte de
reprogrammation. Il vous est évidemment impossible d’examiner
maintenant la structure cellulaire telle qu’elle existe dans le présent et
simultanément telle qu’elle existait dans le passé (de façon très positive).
Scientifiquement, vous pouvez seulement mesurer les effets constatés dans
votre présent. Quand vous modifiez vos croyances aujourd’hui, vous
reprogrammez également votre passé. En ce qui vous concerne, le présent
est votre point d’action, de focalisation et de pouvoir ; et c’est à partir de ce
point de volition que vous formez à la fois votre futur et votre passé. En le
comprenant, vous allez réaliser que vous n’êtes pas à la merci d’un passé
sur lequel vous n’avez aucun contrôle.
Faites votre pause.
(22 h 20. « Seth allait lentement pour que je saisisse bien, dit Jane. Mais
les biologistes ne vont pas accepter tout ça… C’est drôlement délicat. »
Reprise au même rythme à 22 h 35.)
Vos croyances conscientes dictent votre expérience actuelle et, pour vos
sens, votre corps physique revêt une densité uniquement dans le temps
présent mais, en dessous, aussi bien votre conscience que les éléments
constamment changeants de votre corps sont relativement libres par
rapport au temps. Ils existent dans une réalité multidimensionnelle à
laquelle la conscience rationnelle n’est pas encore équipée pour faire face.
Cela ne diminue en rien la fonction ou les capacités naturelles d’une
conscience douée de raison, car ses facultés vous permettent de focaliser
votre expérience de manière extrêmement spécifique et de diriger l’énergie
avec une attention très déterminée. (Une pause.) En vos termes, cette action
est en train de changer automatiquement la nature de la conscience
rationnelle – qui, telle que vous la concevez, est en évolution.
Votre conscience n’est pas quelque chose que vous possédez. Votre
individualité n’est pas quelque chose qui a des limites. Si vous vous
demandez « Qu’est-ce que mon individualité au milieu de tout ça ? » ou
« Quel “Je” suis-je ? », alors vous vous considérez automatiquement
comme étant une entité psychologique ayant des frontières bien définies
qu’il faut protéger à tout prix. Vous vous dites peut-être : « Je suis né dans
une maison, dans une certaine rue d’une certaine ville, et aucune croyance
actuelle du contraire ne peut changer ce fait. » Pourtant, si dans le présent
un évènement passé peut être modifié à l’intérieur de votre système
neuronal, fondamentalement aucun évènement n’est à l’abri de tels
changements.
Dans votre expérience pratique, les tables restent des tables, même si les
physiciens savent bien que l’apparence physique est d’une certaine façon un
mirage. À votre niveau d’expérience, de nombreux effets sont acceptés et
utilisés de manière très pragmatique, comme la densité des tables. Vous ne
percevez pas les atomes ou les molécules qui les composent ; de la même
manière, mais sur un autre plan, on peut dire que les évènements semblent
« denses », comme les tables.
Toutefois, à d’autres niveaux, cette densité apparente des évènements
s’effondre elle aussi. Quel vous ? Quel monde ? Une croyance subite en une
maladie va réellement remonter jusqu’au passé et affecter l’organisme en
conséquence, en insérant dans l’expérience de la cellule l’élément initiateur
des évènements biologiques qui sembleront par la suite donner naissance à
la maladie présente.
Dans l’orientation de son vécu, votre esprit conscient dirige donc non
seulement l’expérience présente, mais aussi celles, passée et future, de
profonds évènements neurologiques.
(Une longue pause à 22 h 59.) Accordez-nous du temps…
Il est possible de modifier la mémoire cellulaire en n’importe quel point.
Des croyances présentes peuvent s’insérer dans la nouvelle mémoire du
passé, tant au niveau psychologique que physique. Fondamentalement, le
futur n’est en aucune manière prédéterminé. Cela ne veut pas dire qu’on ne
peut pas parfois le prédire, car, en termes pratiques, vous allez souvent
continuer à progresser selon certaines lignes de probabilités qu’on peut voir
« à l’avance ».
Ces prédictions peuvent, bien sûr, avoir une incidence sur les
probabilités, et renforcer une ligne actuelle de croyances. Les médecins se
demandent souvent s’ils doivent annoncer à des patients en phase terminale
qu’ils vont bientôt mourir. Une grande controverse existe à ce sujet. Dans
certains cas, pareille prédiction entraîne la mort – alors que le contraire
peut régénérer la croyance du patient en sa capacité à vivre.
Pourtant, aucun homme ne meurt simplement parce qu’un médecin lui dit
qu’il va mourir. Nul n’est à ce point à la merci des croyances d’autrui.
D’une manière générale, chaque individu connaît ses défis, son programme
global et le moment de sa mort. Mais à tout instant, dans votre
« maintenant », vous pouvez modifier ces décisions – l’ensemble du corps
peut ainsi être régénéré d’une façon que la médecine actuelle est incapable
d’imaginer. (Voir la session 624, chapitre 5.)
Vous dirigez votre expérience à partir du point focal de votre présent,
point où vos croyances rencontrent directement le corps et le monde
physique d’une part, et de l’autre le monde invisible où vous puisez votre
énergie et votre force. Ceci est valable aussi bien pour les individus que
pour les sociétés, les races, les nations et les activités sociologiques,
biologiques et psychiques.
Dans la vie quotidienne, essayez de vous concentrer pendant quelque
temps sur des aptitudes apparemment secondaires, celles que vous jugez
latentes. Si vous le faites régulièrement, en faisant appel à votre imagination
et à votre volonté, ces facultés pourront prendre de l’importance dans votre
présent. Les croyances actuelles modifient et reprogramment l’expérience
passée. Ce n’est pas simplement que les évènements passés, oubliés ou
inconsciemment perçus, vont être ordonnés d’une nouvelle manière et sous
un nouveau label – c’est que, dans ce passé (à présent non perceptible), la
réponse corporelle tout entière à des évènements apparemment passés va
changer.
(Avec beaucoup de force et de nombreuses pauses.) Votre désir, ou
croyance, va littéralement remonter le temps et enseigner aux nerfs de
nouveaux tours. Des réorganisations précises dans ce passé auront lieu
dans votre présent et elles vont vous permettre de vous comporter de
manière totalement nouvelle.
(Une pause d’une minute à 23 h 21.) L’apprentissage d’un comportement
modifie donc non seulement le présent et le futur, mais aussi la conduite
passée. Votre pouvoir en tant que conscience rationnelle focalisée sur le
présent vous donne des opportunités de créativité que, pour l’instant, vous
commencez à peine à vaguement comprendre. Au cours de cet
apprentissage, vous allez automatiquement commencer à apprécier la
nature multidimensionnelle non seulement de votre propre espèce mais
également de toutes les autres. L’instant, tel que vous le concevez, est donc
le cadre créatif dans lequel vous, le moi non physique, donnez constamment
forme à une réalité corporelle ; et par cette fenêtre vers l’existence terrestre,
vous formez à la fois son futur et son passé.
Vous pouvez faire une pause.
(23 h 30. « Alors là !, dit Jane, une fois sortie d’une excellente transe,
j’ai eu l’impression que nous recevions quelque chose de nouveau. Je me
souviens avoir pensé : “C’est génial, Seth, mais j’espère que les gens vont
pouvoir lire ça et suivre…” » Reprise à 23 h 47.)
Maintenant. D’un point de vue purement physique, ce que vous
considérez comme la conscience du moi résulte d’un pic d’intensité atteint
par la conscience globale des atomes, des molécules, des cellules et des
organes qui composent le corps.
(Une pause.) Le moi que vous connaissez, tellement axé sur la dimension
physique, a sa réalité dans ce contexte mais, même en termes physiques,
celle-ci dépasse ce qui pourrait être montré par une analyse globale. Ce moi
dirige l’activité du corps et, en ce sens, dépend de l’activité neurologique.
Toutefois, la structure psychique de la conscience qui organise cet
ensemble corporel en est indépendante ; le vous dont vous faites
l’expérience n’est donc qu’une portion de cette identité plus grande.
Au cours de certaines phases du sommeil, vous court-circuitez les
structures neurologiques et percevez des expériences d’une nature
multidimensionnelle que vous tentez alors de traduire du mieux que vous
pouvez en stimuli physiquement assimilables. Vous les convertissez souvent
en images symboliques, aptes à être comprises par votre structure corporelle
qui peut alors, dans une certaine mesure, y réagir.
Ces constructions servent par exemple fréquemment de modèles visuels
intérieurs. Elles offrent souvent une similitude avec l’architecture intérieure
des cellules et avec les planètes. Les images rêvées sont alors
biologiquement structurées. Les expériences qui se trouvent derrière elles
vous mettent en contact avec les parties les plus profondes de votre réalité
non physique, et c’est l’inconscient qui les traduit pour vous en images et
en formes reconnaissables.
De la même manière, à partir d’un labyrinthe indifférencié de réalité,
votre inconscient transforme également pour vous des champs d’activation
en objets et en évènements reconnaissables dans votre vie quotidienne.
Ancrés maintenant dans votre condition de créature, vous êtes dotés de la
grâce de connaître à travers votre corps une expérience de vie unique. Donc
quand je fais mention de techniques vous permettant de percevoir d’autres
champs de réalité à côté du vôtre, je veux vous faire réaliser que cela doit
vous servir à accroître la joie de cette condition de créature et enrichir votre
expression aussi bien sensorielle que spirituelle.
Dans la splendeur de votre être physique, les deux s’entremêlent.
Fin de la dictée
(0 h 05. Mais pas tout à fait la fin de la session : Seth poursuit avec une
page de matériau pour Jane et moi. Elle concerne notre travail. Tout se
termine donc à 0 h 15.)
SESSION 655
MERCREDI 11 AVRIL 1973
(De 22 h 41 à 22 h 47.)
Maintenant. Je vais commencer le chapitre suivant, ou nous pouvons
arrêter tôt si vous préférez.
(« Non, continuez. Ça va », dis-je, bien que je sois un peu fatigué.)
Chapitre 15 : « Quel vous ? Quel monde ? Vous seul pouvez répondre.
Comment vous libérer des limitations. »
Accordez-nous un instant. (Une pause.) Puisque vos croyances
conscientes déterminent les fonctions inconscientes qui font naître votre
expérience personnelle, la première étape consiste à élargir ces croyances.
Les concepts proposés dans ce livre doivent vous avoir déjà aidé à le
faire en partie. À l’intérieur de votre réalité subjective, il y a des traces de
tous ces chemins non empruntés, de toutes ces aptitudes inemployées. Vous
vous considérez peut-être avant tout comme un parent, ou comme
quelqu’un d’essentiellement axé sur son travail ou sa profession. Pour
l’instant, oubliez autant que possible le regard habituel que vous portez sur
vous-même et considérez votre identité.
Écrivez, énumérez, toutes les aptitudes physiques et mentales que vous
vous connaissez – que vous les ayez développées ou non –, et toutes vos
inclinations pour des activités particulières – que vous les ayez seulement
envisagées de loin ou qu’elles vous viennent immédiatement à l’esprit.
Tout cela représente les diverses caractéristiques probables à partir
desquelles vous avez choisi d’activer ce qui constitue votre intérêt premier.
Parmi tous ces attributs, vous avez donc opté pour ce que vous considérez à
présent comme le fondement de votre réalité.
(22 h 59.) Suivre l’une de ces directions, quelle qu’elle soit, peut enrichir
votre existence, ce qui, à son tour, vous conduira vers d’autres probabilités
qui pour l’instant vous échappent. L’image principale que vous vous êtes
forgé de vous-même a, dans une large mesure, fermé votre esprit à ces
autres centres d’intérêt et identifications probables. Si vous raisonnez en
termes d’un moi multidimensionnel, vous comprendrez que vous disposez
de voies beaucoup plus nombreuses tout aussi ouvertes à l’expression et à
l’accomplissement que celles que vous utilisez. Ces réalisations probables
vont demeurer latentes tant que vous ne déciderez pas consciemment de les
actualiser.
Quels que soient les talents que vous avez le sentiment de posséder, ils ne
peuvent être développés que si vous décidez de le faire. Le simple fait de
prendre cette décision va activer des mécanismes inconscients. En tant que
personnalité, et indépendamment de votre santé, de votre richesse ou de
votre situation, vous pouvez choisir parmi une grande diversité
d’expériences probables. Il faut que vous le réalisiez et que vous preniez en
main consciemment la direction de votre vie. Même lorsque vous vous dites
« J’accepte tout ce que m’offre la vie », vous prenez une décision
consciente. Si vous dites « Je n’ai pas le pouvoir de diriger ma vie », c’est
encore un choix délibéré, et en l’occurrence un choix qui vous limite.
(Une pause.) Le chemin de la vie n’est en aucune façon préétabli. Il n’y a
pas de voie qui ne mène vers d’autres. À tout moment, vous avez accès à de
profonds filons d’actions probables. Votre imagination peut se révéler très
précieuse en vous permettant de vous ouvrir à de telles possibilités ; vous
pouvez ensuite l’utiliser pour vous aider à les concrétiser.
Si vous êtes pauvre, c’est que vous avez opté pour cette réalité-là parmi
de nombreuses autres qui n’impliquaient pas la pauvreté – et ces réalités
vous sont toujours ouvertes. Si vous avez choisi la maladie, là aussi, il
existe une réalité probable prête à être enclenchée, dans laquelle vous optez
pour la santé. Si vous avez un sentiment de solitude, il y a des amis
probables que vous avez refusé de rencontrer dans le passé et qui vous sont
facilement accessibles.
(23 h 14.) Voyez donc dans votre esprit les aptitudes ou évènements
probables se mettre en place. Ce faisant, l’intensité de votre désir les intègre
à votre expérience. Répétons-le, le moi ne connaît pas de limites. Il y a
littéralement beaucoup d’autres « vous » probables. Vous pouvez faire appel
à leurs facultés, et, à leurs façons, ils font de même avec vous, puisque vous
êtes tous intimement liés.
Vous devez réaliser que vous êtes en fait un vous probable. Ce que vous
vivez résulte de vos croyances. Votre système neuronal a besoin d’une
certaine focalisation pour que des expériences qui vont à l’encontre de vos a
priori conscients demeurent probables ou latentes. Modifiez les croyances,
et n’importe quel moi peut, dans certaines limites, voir le jour.
Maintenant – c’est la fin de la dictée et nous en avons fini pour ce soir.
(D’une voix plus forte et avec un sourire.) Mes salutations les plus
chaleureuses à vous deux et un cordial bonsoir.
(« Bonne nuit, Seth. Merci beaucoup. »
La fin brusque de la session survient donc à 23 h 22.)
SessioN 656
LUNDI 16 AVRIL 1973
(21 h 14.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Avec un sourire.) Dictée probable. Vous devez comprendre la chose
suivante : chacun des évènements de chacune de vos vies était
« auparavant » probable. À partir d’un champ d’action donné, vous
choisissez les faits qui vont se matérialiser.
Cela se produit aussi bien au niveau individuel que collectif. Supposez
qu’on cambriole votre maison aujourd’hui. Hier, le vol était l’un des
innombrables évènements probables. J’ai choisi cet exemple parce que
plusieurs personnes sont concernées : la victime et le cambrioleur. (Une
pause.) Pourquoi votre maison a-t-elle été dévalisée et pas celle de votre
voisin ? D’une façon ou d’une autre, par votre pensée consciente, vous avez
attiré ce genre d’évènement ; vous l’avez extrait de la probabilité pour
l’intégrer dans la réalisation. Il s’agit là d’une accumulation d’énergie –
transformée en acte – induite par des croyances corollaires.
Vous êtes peut-être convaincu que la nature humaine est mauvaise ou que
personne n’est à l’abri d’une agression, ou encore que les gens sont avant
tout motivés par la cupidité. Ces croyances attirent leur propre réalité. Si
vous avez des possessions de valeur, vous allez être automatiquement
convaincu que quelqu’un va vous les prendre, ou faire de son mieux pour y
parvenir. À votre façon, vous envoyez ainsi des messages précisément à ce
genre de personne. À la base, vous avez tous les deux des convictions très
similaires, mais l’un va se percevoir comme la victime et l’autre comme
l’agresseur – ce qui veut dire que chacun va réagir différemment au même
jeu de croyances. Il faut néanmoins deux personnes pour qu’un délit de
cette nature soit commis.
(21 h 25.) Les croyances de l’agresseur et celles de la victime trouvent
l’une comme l’autre leur justification dans la vie physique, et ne font que se
renforcer. La peur des voleurs attire les voleurs. Si vous pensez que les
hommes sont mauvais, vous êtes souvent incapable de voir qu’il s’agit là
d’une croyance, car vous la prenez pour un aspect de la réalité.
Toute votre expérience présente a été tirée d’une réalité probable. Au
cours de votre vie, chaque évènement doit se produire à travers votre
condition de créature et le sens inné du temps qui fait si largement partie de
votre système neurologique. Donc, il y a d’habitude un décalage, un laps de
temps durant lequel vos croyances génèrent une actualisation dans la
matière. Quand vous essayez de changer vos convictions afin de modifier
votre expérience, vous devez tout d’abord arrêter la dynamique que vous
avez déjà mise en place. Vous êtes en train de changer de message alors que
votre corps est habitué à réagir facilement, sans se poser de questions, à un
certain ensemble de croyances.
Il y a un courant stable et régulier, dans lequel l’activité consciente
produit les évènements à travers la structure neurologique, selon un mode
de réaction familier. Quand, par vos efforts, vous modifiez des croyances
conscientes, un certain temps est nécessaire pour que le système apprenne à
s’adapter à la nouvelle situation choisie. Cette durée est moindre si les
croyances changent du jour au lendemain.
On peut dire que chaque croyance est comme une puissante radio qui
capte uniquement, parmi des champs de probabilités, les signaux avec
lesquels elle est au diapason et qui rejette tous les autres. Quand vous
mettez en place une nouvelle fréquence, il peut y avoir pendant quelque
temps des infiltrations ou des interférences provenant de l’ancien réglage.
Chacune de vos capacités peut « être plus clairement diffusée »,
amplifiée et devenir concrète plutôt que probable. Mais dans ce cas, vous
devez vous concentrer sur cette qualité – et non pas sur le fait que vous ne
l’avez pas bien utilisée jusqu’à présent.
Vous pouvez faire une pause.
(De 21 h 44 à 22 h 01.)
Maintenant. Au cours de sa vie, un artiste produit un ensemble
d’œuvres ; et chaque tableau n’est qu’une matérialisation, une présentation
particulière parmi une variété infinie de peintures probables. Le réel travail
qui entre en jeu dans la sélection des données s’opère, là encore, en fonction
des croyances conscientes que l’artiste a par rapport à lui-même – celui
qu’il pense être, s’il considère avoir du talent ou pas, le genre d’artiste qu’il
est, l’« école » de croyances artistiques vers laquelle il se tourne, ce qu’il
pense de la société et de sa propre place en son sein, et ses valeurs
esthétiques ou économiques, pour ne mentionner que quelques points.
(Une longue pause.) Le même genre de choses se produit dans
l’actualisation de tout évènement dans lequel vous êtes impliqué. Vous
créez donc votre vie. Les images intérieures sont d’une grande importance
pour l’artiste. Il essaie de les projeter sur sa toile ou sa planche. Encore une
fois, chacun de vous est son propre artiste, et vos visualisations intérieures
deviennent des modèles pour d’autres situations et évènements. L’artiste se
sert de l’expérience acquise et mélange ses couleurs pour donner corps et
vie à sa peinture. Les images qui sont dans votre esprit attirent vers elles
toute l’énergie émotionnelle appropriée, tout le pouvoir nécessaire pour
s’étoffer jusqu’à devenir des évènements physiques.
Vous pouvez changer le tableau de votre vie à n’importe quel moment si
vous réalisez qu’il s’agit simplement du portrait de vous-même que vous
avez créé à partir d’une quantité illimitée d’images probables. L’aspect
particulier de vos autres portraits probables vous caractérisera tout autant,
vous et personne d’autre.
Les facultés, les forces et les variables que vous pouvez vouloir
manifester sont déjà latentes et, en vos termes, à votre disposition.
Supposez que vous soyez malade et désiriez être en bonne santé. Si vous
comprenez la nature des probabilités, vous n’avez pas besoin de prétendre
ignorer votre situation présente. Vous allez au contraire la reconnaître
comme une réalité probable que vous avez matérialisée physiquement. Une
fois cela clairement reconnu, vous allez ensuite enclencher le processus
nécessaire pour amener une probabilité différente dans votre expérience
physique.
(22 h 19.) Vous ferez cela en vous concentrant sur ce que vous désirez,
mais sans ressentir de conflit entre ce que vous souhaitez et ce que vous
avez, car les deux ne sont pas contradictoires ; chacun de ces états sera
perçu comme le reflet d’une croyance dans la vie quotidienne. De même
qu’il a fallu un certain temps pour construire votre image présente, avec sa
santé déficiente, il faudra sans doute un certain temps pour la transformer.
Mais vous concentrer sur votre état actuel de mauvaise santé ne fera que
prolonger la situation. Point.
Les deux conditions sont aussi réelles, ou irréelles, l’une que l’autre.
Quel vous ? Quel monde ? À vous de choisir, à l’intérieur de certains cadres
pour lesquels vous avez opté en tant que créature. Hormis les croyances que
vous entretenez à leur égard, le passé et le subconscient, tels que vous les
concevez, ont peu de rapport avec votre expérience présente. Pour chacun
de vous, le passé contient des moments de joie, de force, de créativité et de
splendeur, aussi bien que des périodes malheureuses, désespérées peut-être,
tourmentées et cruelles. Vos convictions actuelles agissent comme un
aimant, elles activent tous ces éléments du passé, qu’ils soient heureux ou
tristes. Vous choisissez dans votre expérience précédente tous les
évènements qui renforcent vos croyances conscientes et vous ignorez les
autres ; vous pouvez même avoir l’impression qu’ils n’existent pas.
Comme il a déjà été mentionné dans ce livre (dans le chapitre 4, par
exemple), les souvenirs qui émergent activent les mécanismes du corps,
mêlant présent et passé en une sorte de tableau harmonieux. Cela signifie
que les pièces s’ajustent les unes aux autres, qu’elles soient joyeuses ou
non.
Dans ce contexte, cette jonction du passé et du présent vous prédispose à
des évènements futurs similaires, car vous vous y préparez. Très
concrètement, un changement dans le présent modifie à la fois le passé et le
futur. Pour vous, du fait de votre structure neurologique, le présent est
évidemment le seul point à partir duquel le passé et le futur peuvent être
changés, et où l’action se produit.
Je ne parle pas symboliquement. Dans les termes les plus intimes, votre
passé et votre futur sont modifiés par vos réactions présentes. Des
changements s’opèrent dans le corps. À l’intérieur du système nerveux, des
circuits sont modifiés, et des énergies que vous ne comprenez pas cherchent
de nouvelles connexions à des niveaux beaucoup plus profonds, bien au-
delà de la conscience.
Vos croyances présentes régissent la concrétisation des évènements.
D’instant en instant, chaque individu donne forme à la créativité et à
l’expérience. Point, et pause.
(De 22 h 35 à 22 h 59.)
Maintenant. Vous devez comprendre que votre présent est le point où la
chair et la matière rencontrent l’esprit. Il constitue donc votre point de
pouvoir dans votre vie actuelle, telle que vous la concevez. Si vous
attribuez davantage de force au passé, vous allez vous sentir inefficace et
vous priver de votre propre énergie.
Faites l’exercice consistant à vous asseoir, les yeux grands ouverts, et à
regarder autour de vous, en réalisant que cet instant représente le point de
pouvoir à partir duquel vous pouvez modifier à la fois les évènements
passés et futurs.
Le présent qui est là devant vous, avec son expérience physique intime,
est le résultat d’actions accomplies dans d’autres présents semblables. Ne
soyez donc pas intimidé face au passé ou au futur. Il n’y a pas de raison
pour que les aspects indésirables de votre réalité actuelle soient projetés
dans le futur, à moins que vous n’utilisiez le pouvoir du présent pour le
faire.
Si vous apprenez à faire vôtre ce sentiment de pouvoir immédiat, il vous
sera possible de l’utiliser de façon très efficace pour modifier votre vie
actuelle selon vos souhaits – évidemment dans le cadre des limites fixées
par votre condition de créature. Si vous êtes né avec un membre en moins,
par exemple, ce pouvoir du présent ne peut pas automatiquement le
régénérer dans cette vie, même si, dans d’autres systèmes de réalité, vous
possédez cette jambe ou ce bras. (Voir la préface de Seth, ainsi que la
session 615, chapitre 2.)
Les conditions extérieures peuvent toujours être changées si vous
comprenez les principes dont je suis en train de parler. Vous pouvez faire
disparaître des maladies, même celles qui semblent vous condamner – mais
uniquement si vous êtes capable d’effacer les croyances qui sont derrière,
ou de les modifier suffisamment pour que leur impact sur le corps ne soit
plus assez puissant. En termes pratiques, le présent tel que vous le concevez
est le point où vous sélectionnez votre expérience physique parmi tous les
évènements qui peuvent être matérialisés. Votre situation concrète change
automatiquement à mesure que vos croyances se transforment et, plus votre
connaissance croît, plus votre expérience devient elle aussi épanouissante.
Cela ne veut pas nécessairement dire que toutes les difficultés s’aplanissent
ou qu’il n’y a pas des hauts et des bas. Chaque aspiration présuppose qu’on
admette un manque, chaque défi implique un obstacle à surmonter. Les plus
aventureux choisissent souvent les défis les plus grands et, de ce fait, l’écart
entre ce qu’ils veulent accomplir et leur situation présente peut leur sembler
insurmontable.
Dans tous les cas, le point de pouvoir est le présent, et c’est à partir de
lui que vous sélectionnez un « vous », et un monde. L’expérience d’un pays
est le résultat cumulé des choix de chacun des individus qui s’y trouvent ;
ce que vous choisissez pour vous-même a donc une influence sur ceux qui
vivent dans votre pays et dans votre monde.
(Une pause à 23 h 15.) Dans de nombreuses cultures « indigènes »,
l’individu n’est pas du tout considéré en fonction de son âge, et le compte
des années n’est pas important. Il se peut d’ailleurs qu’un homme ne
connaisse pas son âge, en vos termes. Que vous soyez vous-même vieux,
jeune ou entre les deux, cela vous ferait du bien d’oublier le nombre de vos
années, car, dans votre culture, tant de croyances restrictives sont associées
à l’âge. Vous déniez sa sagesse à la jeunesse, et vous refusez sa joie à la
vieillesse.
Prétendre ignorer le nombre de vos années, vous comporter comme un
jeune par peur de votre âge, n’est pas non plus une solution. (Voir la
session 644, chapitre 11.) En vos termes, votre point de réalité et de pouvoir
se situe, une fois encore, dans votre expérience actuelle. Si vous le réalisez
vous pouvez, quel que soit votre âge, compter sur des qualités et un savoir
qui « existaient » dans votre passé ou qui « vont exister » dans votre futur.
Vos âges sont probables.
Bien que, fondamentalement, le temps n’existe pas tel que vous le
« connaissez », vous êtes obligé, du fait de vos neurones, de percevoir votre
vie comme une succession d’instants qui passent. En tant que créature, vous
naissez jeune et vous vieillissez. Pourtant les animaux, qui sont comme
vous des créatures, n’ont pas une expérience aussi limitée à cet égard. Ils
n’ont pas la croyance que le vieillissement va automatiquement les priver
de leurs facultés. Laissés à eux-mêmes, ils meurent bien sûr physiquement,
comme le font nécessairement toutes les créatures, mais leur état ne
dégénère pas de la même façon.
Par ailleurs, vous ne comprenez pas la communication qui s’établit entre
vos animaux de compagnie et vous : à leurs façons, ils interprètent vos
croyances10 et y réagissent. Comme ils reflètent vos idées, ils développent
une vulnérabilité qu’ils n’auraient pas dans leur contexte naturel. En termes
plus larges, la relation des animaux de compagnie avec vous est naturelle
bien sûr, mais la réalisation innée que leur point de pouvoir, en tant que
créature, se situe dans le présent est dans une certaine mesure sapée par leur
réceptivité et leur interprétation de vos croyances. Vous traitez
différemment un jeune chat et un vieux matou. Le chat réagit à ce genre de
conditionnement. De la même manière, vos conclusions concernant l’âge se
traduisent par des faits dans votre propre expérience. Suivant la même
logique, si vous pouviez vous convaincre que vous avez dix ans de moins
ou dix ans de plus, cela se répercuterait fidèlement dans votre
environnement personnel.
À vingt ans, vous seriez capable de faire appel à la sagesse que, selon
vous, vous pourriez avoir à trente ans.
Si vous avez la soixantaine, vous pourriez bénéficier de la force physique
à laquelle vous imaginez ne plus avoir accès, mais dont vous disposez
pourtant. Tout cela se traduirait également à l’intérieur de votre corps de
manière physique et biologique.
Quel vous ? Quel monde ? Si vous vous sentez seul, c’est parce que, en
ce point présent que vous reconnaissez comme étant le temps, vous croyez
en votre solitude. Vous extrayez de ce qui vous semble être le passé
uniquement les souvenirs qui renforcent cette situation et vous les projetez
dans le futur. Physiquement, vous accablez votre corps, qui réagit au
sentiment de solitude par des réactions chimiques et hormonales. Vous
déniez également votre point d’action dans le présent.
Des vitamines, une meilleure alimentation ou un suivi médical peuvent
temporairement régénérer votre corps mais, à moins que vous ne changiez
de croyances, tout cela va être à nouveau rapidement balayé par un
sentiment d’abattement. Dans un cas de ce genre, vous devez réaliser que
vous créez votre propre solitude et vous décider à changer à la fois par la
pensée et par l’action. L’action est une pensée physiquement en marche,
perçue extérieurement.
Maintenant. Ceci est la fin de la dictée. Accordez-nous un instant, j’ai
quelques mots à votre intention…
(23 h 37. De manière assez inattendue, Seth se lance dans une page de
données qui me sont destinées. Il s’agit de quelques-unes des attitudes
limitantes que j’ai à l’égard de la peinture et de l’âge ; c’est très judicieux,
et je suis assez surpris de constater que ces idées étaient là sous mon nez
depuis longtemps. La session s’achève à 23 h 45.
« Je ne me souviens de rien depuis la dernière pause », dit Jane. À
mesure de la session, son débit et son attitude ont acquis de plus en plus de
force et d’autorité. Nous nous sentons maintenant détendus mais pleins
d’énergie. Je propose de sortir boire une bière, puis je dis qu’il est sans
doute trop tard. En un instant, Jane retourne en transe et transmet ce
commentaire amusé de Seth :
Je vous avais dit d’aller dans cet établissement (la semaine dernière),
mais personne ne m’a écouté.
(« ça, je l’ai entendu », dit Jane en riant.
Jane est séduite par l’expression « point de pouvoir ». Elle la trouve très
évocatrice. Après la session, elle remarque à plusieurs reprises qu’elle
aurait aimé que Seth l’utilise dans le titre du chapitre. Elle parle même de
l’ajouter au titre actuel, sans y croire vraiment…)
SESSION 657
MERCREDI 18 avril 1973
Et accordez-nous un moment.
(Une pause à 22 h 46.) Chapitre…
(« Seize », dis-je en voyant Seth-Jane hésiter.
Avec un sourire et d’une voix de plus en plus forte et profonde.) Seize,
intitulé : « L’hypnose naturelle : une transe est une transe. » Fin du titre.
Quelle réalité y a-t-il derrière la réalité ? La vie physique est-elle une
hallucination ? Existe-t-il une réalité concrète et définie, dont la vôtre n’est
que l’ombre ?
Votre réalité est le résultat d’une hallucination, si vous entendez par là
qu’elle est simplement l’image que vous montrent vos sens. Physiquement,
bien sûr, vous percevez l’existence à travers vos facultés sensorielles. Dans
ce contexte, la vie corporelle est une transe, dans laquelle l’attention se fixe
en grande partie sur la croyance qu’ont les sens en la réalité de leurs
sensations. Votre expérience de la vie est néanmoins l’image que cette
réalité prend pour vous maintenant : en d’autres termes, la vie terrestre est
donc l’une des versions de la réalité – pas la réalité tout entière, mais une
partie. Elle est une voie d’accès qui vous permet de percevoir ce qu’est la
réalité. Pour en faire l’expérience et l’explorer, vous dirigez toute votre
attention vers elle, et vous utilisez toutes vos autres facultés (non
physiques) comme des corollaires, des accessoires, des rajouts. Vous
hypnotisez vos nerfs eux-mêmes, et les cellules de votre corps, si bien
qu’ils réagissent comme vous l’entendez, et, à leur niveau, toutes les
portions du moi, jusqu’aux plus petits atomes et molécules, se conforment
aux croyances de votre esprit conscient. Les grands évènements de votre
vie, votre interaction avec les autres, et même les rouages habituels des plus
microscopiques évènements de votre corps – tous se conforment à votre
croyance consciente.
(23 h 04.) Encore une fois, si vous êtes malade, vous allez peut-être dire
que vous ne le souhaitiez nullement ; si vous êtes pauvre, que vous n’aviez
aucun désir de l’être ; et si vous n’êtes pas aimé, que vous ne vouliez pas
vivre dans la solitude. Pourtant, pour des raisons qui vous sont personnelles,
vous avez commencé à croire à la maladie plus qu’à la santé, à la pauvreté
plus qu’à l’abondance, et à la solitude plus qu’à l’affection.
Peut-être, ayant hérité certaines de ces idées de vos parents, vous êtes-
vous retrouvé entouré par leurs effets ; ou bien vous avez pu changer de
croyances dans un domaine particulier de votre vie – quoi qu’il en soit,
chacune de ces situations peut être changée si vous utilisez le pouvoir de
l’action dans le présent. Je ne dis pas que chacun de vous doit ou devrait
être riche, sage et en bonne santé. Je m’adresse uniquement à ceux qui, ici
et maintenant, vivent des conséquences dont ils ne sont pas satisfaits. D’une
certaine manière, donc, on peut dire que les suggestions que vous vous
faites constamment fonctionnent globalement comme des croyances qui se
reflètent dans votre expérience.
Pour certains d’entre vous, il s’agit simplement de paresse mentale. Vous
n’examinez pas consciemment les données que vous recevez. Nombre de
ceux qui ont pour habitude de « nier » les suggestions négatives d’autrui, et
de faire au contraire des affirmations positives, agissent ainsi parce qu’ils
sont convaincus que le pouvoir des croyances négatives est supérieur à celui
des croyances bénéfiques.
Vous pouvez tous trouver dans votre propre vie des schémas habituels de
pensée renforcés par les actes qui en découlent – un comportement
conditionné en quelque sorte –, par lesquels vous renforcez constamment
des aspects négatifs, sur lesquels vous vous concentrez jusqu’à exclure les
éléments contraires ; et ainsi les faites-vous apparaître dans votre
expérience par l’hypnose naturelle.
Faites votre pause.
(De 23 h 14 à 23 h 29.)
Beaucoup de gens attribuent un grand pouvoir aux hypnotiseurs ;
pourtant, chaque fois que vous avez pleinement l’attention de quelqu’un,
vous agissez largement comme un hypnotiseur.
Toutes les fois que vous vous accordez à vous-même une pleine
attention, vous agissez simultanément en tant qu’hypnotiseur et sujet. Vous
vous faites constamment des suggestions hypnotiques, en particulier quand
vous projetez dans le futur des conditions présentes. Je veux que vous
compreniez bien que tout cela découle simplement de la fonction naturelle
de l’esprit, et que vous remisiez aux oubliettes toutes les idées que vous
avez sur les aspects « magiques » de l’hypnose.
Pendant cinq ou dix minutes par jour au maximum, utilisez l’hypnose
naturelle comme méthode pour accepter les nouvelles croyances que vous
désirez. Concentrez votre attention aussi clairement que possible sur une
affirmation simple et répétez-la maintes et maintes fois en restant focalisé
sur elle durant tout ce temps. Essayez de ressentir ce que vous dites de
toutes les manières possibles – ne vous permettez pas la moindre
distraction, mais si votre esprit persiste à vouloir vagabonder, canalisez ses
images pour qu’elles aillent dans le sens de ce que vous exprimez.
La répétition verbale, ou mentale, est importante parce qu’elle active des
structures biologiques et les répercute. Ne forcez pas. Ne faites pas cet
exercice en même temps que celui sur le point de pouvoir, que nous avons
expliqué précédemment. (Voir la session 657, chapitre 15.) On ne doit pas
passer de l’un à l’autre, mais les pratiquer à des moments distincts de la
journée.
(23 h 40.) Durant cet exercice, souvenez-vous malgré tout que vous êtes
en train d’utiliser le présent comme moment de pouvoir pour intégrer de
nouvelles croyances, et que celles-ci vont effectivement se matérialiser.
L’exercice une fois terminé, passez à autre chose. Sortez-le de votre esprit.
Voilà comment utiliser l’hypnose naturelle sous une forme concentrée.
Vous aurez peut-être à tester plusieurs façons de formuler votre message
pour trouver la bonne. De toute manière, trois jours au moins sont
nécessaires avant de pouvoir dire, en fonction du résultat, s’il fonctionne.
Vous aurez peut-être à changer la formulation. Quand celle-ci vous
satisfera, continuez. Pour le reste, votre attention doit être complètement
détendue, car il faut du temps. Il se peut que vous fassiez immédiatement
l’expérience de résultats spectaculaires. Si cela se produit, poursuivez
quand même l’exercice.
Des canaux intérieurs doivent être restructurés. Vous en ressentirez une
sensation qui vous servira de ligne directrice personnelle. Inutile de
pratiquer plus de dix minutes. D’ailleurs beaucoup trouveraient cela
difficile. Passer plus de temps ne ferait que renforcer l’idée que l’on
rencontre des problèmes.
C’est la fin de la session.
(« D’accord. »)
Mes salutations les plus chaleureuses à vous deux.
(« Merci. À vous également. Bonne nuit. » Fin à 23 h 50.)
SESSION 659
MERCREDI 25 AVRIL 1973
(21 h 18.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. L’hypnose naturelle est l’adhésion de l’inconscient à une
croyance consciente. Dans des moments de grande concentration où toute
distraction est exclue, les idées désirées sont implantées (dans l’hypnose
formelle). Le même processus a lieu dans la vie courante ; des zones de
grande concentration régulent votre expérience sur le plan à la fois
biologique et mental et génèrent des conditions similaires.
Prenons l’exemple simple d’une croyance positive inculquée durant
l’enfance. On dit à quelqu’un qu’il est d’apparence agréable, bien bâti et
d’un caractère plaisant. L’idée s’installe et la personne en question se
comporte en tous points selon cette croyance ; mais toute une série de
croyances subsidiaires se développe aussi en rapport avec la principale.
La croyance de cet individu en sa valeur personnelle a le même effet sur
les autres ; elle les conduit à avoir une bonne opinion d’eux-mêmes, car ils
se montrent à notre heureux ami sous leur meilleur jour. Sa vie renforce
donc constamment ce concept et, même s’il se rend vaguement compte que
certaines personnes sont « plus plaisantes » que d’autres, pour l’essentiel,
son expérience intime lui permet de voir ce qu’il y a de meilleur en lui et en
autrui. Cela devient un élément important dans sa façon de regarder
l’existence.
Les données ou stimuli auxquels il n’adhère pas sont laissés de côté – ils
ne s’appliquent pas à lui, mais il sait que, pour d’autres, ce sont des faits
réels. N’ayant rien à prouver, il lui est plus facile d’accepter ses
contemporains avec équité.
Il y a peut-être des domaines où il réalise qu’il n’est pas à la hauteur
mais, du fait qu’il croit en sa valeur fondamentale, il sait accepter ces
manques comme faisant partie de lui, sans les ressentir comme une menace.
Il peut essayer d’améliorer sa condition sans se déprécier pour autant.
Maintenant. Il se peut que ses traits, pris un à un, ne soient pas aussi
séduisants que ceux d’autres individus qui, eux, ne se croient pas attirants.
Le fait de croire en sa bonne apparence est si important que les autres
réagissent à son égard de la même façon. Quelqu’un peut être doué d’une
grande beauté naturelle sans que ni lui-même ni les autres le perçoivent.
Quand on ne croit pas en sa propre beauté, elle ne transparaît pas dans les
traits et finit par devenir littéralement invisible.
Vos croyances ont donc des propriétés hypnotiques. Vous les renforcez en
permanence par le bavardage intérieur habituel auquel vous vous adonnez
tous.
(21 h 38.) Ce monologue intérieur agit comme la répétition constante
d’un hypnotiseur. Dans le cas présent, cependant, vous êtes votre propre
hypnotiseur. Peu de gens concentrent leur attention sur un seul domaine. En
général, il y en a plusieurs et ceux-ci représentent les différentes façons
dont vous utilisez votre énergie. L’individu qui prend pour un fait acquis
qu’il est digne d’intérêt n’a pas besoin de le prouver. Les choses lui
viennent naturellement. Dans de nombreux domaines de votre vie – ceux
dont vous êtes satisfait –, vous n’avez pas besoin de faire d’efforts. Vos
pensées et votre concentration consciente donnent des résultats qui vous
plaisent. Seuls les aspects de votre existence qui vous déconcertent vous
amènent soudain à vous demander ce qui se passe – mais, là encore,
l’hypnose naturelle est à l’œuvre, de façon tout aussi facile et spontanée, et
vos idées conscientes débouchent automatiquement sur un résultat concret.
C’est donc dans ces domaines que vous devez réaliser que vous êtes
l’hypnotiseur.
Faites une courte pause.
(De 21 h 43 à 21 h 50.)
Maintenant. L’inconscient accepte les ordres que l’esprit conscient lui
donne.
Dans l’expérience de chacun, il y a des domaines qui sont source de
contentement. Là où vous êtes insatisfait, cependant, demandez-vous quels
ordres vous donnez dans cette arène particulière de votre vie. Les résultats
ne vous donnent pas l’impression de suivre vos désirs conscients, mais vous
allez découvrir qu’ils sont réellement en accord avec vos croyances
conscientes, ce qui peut être totalement différent.
Vous pouvez désirer être en bonne santé mais croire implicitement que la
vôtre est fragile. Vous pouvez aspirer à une compréhension spirituelle, tout
en pensant ne pas le mériter ou être trop ignorant en la matière. (Une
pause.) Quand votre désir va à l’encontre d’une croyance profonde, il y a
toujours conflit. La croyance génère les sentiments et les entreprises
imaginaires qui lui correspondent. Si vous voulez être en bonne santé et que
vous constatez continuellement la différence entre votre souhait et votre
conviction actuelle d’être dans un piètre état, la croyance elle-même,
dressée contre le désir, entraîne un surcroît de difficultés. Dans cette
situation, vous semblez vouloir l’impossible. Le désir et la croyance ne sont
pas unis mais opposés.
Dans l’hypnose formelle, vous passez un accord avec l’hypnotiseur ;
vous allez accepter pendant un temps ses idées sur la réalité au lieu des
vôtres. S’il vous dit qu’il y a là un éléphant rose, vous le croyez et le voyez
devant vous. Vous agissez selon les suggestions qui vous sont données. Si
vous êtes un bon sujet et votre hypnotiseur un bon praticien, des cloques
peuvent apparaître sur votre peau s’il vous dit que vous vous êtes brûlé.
(Une pause à 22 h 03.) Vous êtes capable d’accomplir des prouesses
physiques que vous estimeriez impossibles autrement – tout cela parce que
vous mettez volontairement en suspens certaines croyances et que vous
vous autorisez à en accepter d’autres, pour l’instant. Malheureusement,
parce qu’on croit un certain schéma obligatoire, on pense que l’esprit
conscient est alors endormi et son activité suspendue. C’est exactement le
contraire. Il est focalisé, intensifié, concentré sur un point précis, et tous les
autres stimuli sont supprimés.
Cette intensité de concentration consciente fait tomber les barrières et
permet aux messages d’aller directement à l’inconscient, où ils sont mis à
exécution. L’hypnotiseur est toutefois important dans la mesure où il agit
comme un représentant direct de l’autorité.
Selon vos termes, vous acceptez initialement les croyances de vos parents
– ce qui, nous l’avons vu, a un rapport avec l’expérience des mammifères.
(Voir la session 619, chapitre 4.) L’hypnotiseur agit donc comme un parent
de substitution. Lorsqu’il s’agit d’une thérapie, le patient a déjà peur et, vu
les croyances de votre culture, il cherche de l’aide non pas en lui-même
mais auprès de quelqu’un faisant figure d’autorité.
(22 h 10.) Même dans les sociétés primitives, les sorciers guérisseurs et
autres thérapeutes naturels ont compris que le point de pouvoir se situe dans
le présent et ils emploient l’hypnose naturelle comme méthode pour aider
d’autres individus à concentrer leur propre énergie. Tous les gestes, toutes
les danses et autres procédures sont des traitements de choc qui sortent le
sujet de son mode de réaction habituel pour le forcer à se focaliser sur le
moment présent. La désorientation qui en résulte ébranle les croyances en
vigueur et déloge les schémas établis. L’hypnotiseur, le sorcier ou le
thérapeute introduit alors immédiatement les croyances dont, selon lui, le
sujet a besoin.
Au sein de ce contexte, des groupements subsidiaires viennent s’ajouter,
dans lesquels les idées du thérapeute entrent en ligne de compte. Dans votre
société, on fait souvent appel à la régression : le patient se souvient d’une
expérience traumatisante du passé et la revit. Celle-ci semble alors être la
cause de la difficulté présente. Si l’hypnotiseur et le sujet acceptent tous
deux cette idée, il y aura un progrès à ce niveau-là.
Dans le cas où le vaudou ou la sorcellerie font partie des concepts
culturels des personnes concernées, le processus thérapeutique est envisagé
dans ce contexte : on va découvrir une malédiction que le guérisseur va
rompre en utilisant le point de pouvoir du présent.
Hors du contexte de l’hypnose formelle, c’est cependant le même
processus qui entre en jeu. Permettez-moi de dire, avec la plus grande
compassion et beaucoup de sympathie, que la médecine occidentale est, à sa
façon, l’un des procédés hypnotiques les plus barbares. Les médecins
occidentaux les mieux éduqués considèrent avec consternation et avec
beaucoup de mépris l’idée que l’on puisse immoler un poulet dans la hutte
primitive d’un sorcier guérisseur ; ils trouvent pourtant parfaitement
scientifique et tout à fait inévitable qu’une femme sacrifie ses deux seins à
un cancer. Les médecins ne voient pas d’autres solutions, et
malheureusement la patiente non plus.
(Une pause.) Un praticien occidental moderne est capable d’informer un
patient – avec le plus grand embarras, il est vrai – qu’il est sur le point de
mourir, lui inculquant ainsi l’idée que sa situation est sans espoir, tout en
réagissant avec mépris et dégoût lorsqu’il lit qu’un adepte du vaudou a jeté
un sort sur une victime innocente.
Encore une fois, les médecins actuels observent les cultures primitives
avec beaucoup de supériorité et jugent sévèrement les villageois qui, selon
eux, sont maintenus sous l’emprise des sorciers guérisseurs ou vaudous ;
pourtant, à travers leurs communiqués et leurs organisations, vos services
de santé tentent de persuader chacun d’entre vous qu’il doit subir un
examen de contrôle tous les six mois, sinon il aura un cancer, et qu’il doit
absolument bénéficier d’une assurance médicale, car il va à coup sûr
tomber malade.
Dans bien des cas, les médecins modernes sont donc des sorciers
guérisseurs inadéquats, qui ont oublié leur art – des hypnotiseurs qui ne
croient plus désormais aux pouvoirs de guérison et dont les suggestions
provoquent d’autres maladies qui sont diagnostiquées à l’avance.
On vous dit ce que vous devez chercher ; vous êtes aussi ensorcelés –
beaucoup plus en fait – que n’importe quel indigène né dans un petit
village, la seule différence étant que vous y perdez vos seins, votre
appendice et d’autres parties de votre anatomie. Les médecins suivent leurs
propres idées, bien sûr, et, dans ce système, ils se sentent totalement
justifiés – et pleins d’humanité.
Dans le domaine médical plus qu’ailleurs, vous êtes directement
confronté au plein impact de vos croyances, car les médecins ne sont pas les
personnes qui se portent le mieux, bien au contraire. Ils deviennent la proie
des croyances auxquelles ils adhèrent de si bon cœur. Leur attention est
centrée sur la maladie, et non pas sur la santé.
Vous pouvez faire votre pause.
(« Merci. »
Avec humour.) Notre prochain livre fera partie de la liste des ouvrages
recommandés par l’AMA.
(« J’en fais le pari. » Seth fait ici référence à l’Association des médecins
américains.)
Incluez cette phrase.
(22 h 34. L’état de dissociation de Jane est excellent, son débit est rapide
et régulier. « Dis donc, il y est allé carrément, déclare-t-elle en parlant de
Seth. Et il y a encore plein de matériau à suivre. » En lien avec ce que Seth
communique depuis 22 h 10, nous aimerions que le lecteur se reporte aux
sessions 616, chapitre 2 ; 624, chapitre 5 ; 654, chapitre 14. Reprise à
22 h 48.)
Maintenant. Autrement dit, vos médecins sont eux aussi victimes de leur
propre système de croyances.
Ils s’entourent constamment de suggestions négatives. Quand la maladie
est vue comme un envahisseur qui s’attaque sans raison à l’intégrité du moi,
l’individu paraît impuissant et l’esprit conscient semble accessoire. Le
patient est parfois forcé de sacrifier à sa croyance, et à celle du médecin, un
organe après l’autre.
(Une pause.) Heureusement, vous possédez d’autres croyances sous-
jacentes – la chiropractie, les aliments diététiques et même les charlatans.
Ceux-ci vous donnent tous un autre cadre dans lequel résoudre vos
problèmes de santé. Dans ce cas-là au moins, vous n’ingurgitez pas des
médicaments nuisibles et vous ne portez pas atteinte à l’intégrité de votre
corps.
Les chiropraticiens12 sont eux aussi des hypnotiseurs. Ils tentent
malheureusement de gagner en respectabilité d’un point de vue médical, et
mettent donc l’accent sur les aspects « scientifiques » de leur métier, tout en
minimisant les éléments intuitifs et la guérison naturelle. Les « charlatans »
héritent de ceux qui sont sans espoir, qui comprennent l’inefficacité des
autres systèmes de croyances, trouvent qu’ils laissent tous à désirer et ne
savent donc plus vers qui se tourner. Certains de ces charlatans peuvent être
sans scrupules et malhonnêtes ; beaucoup d’entre eux, cependant, ont une
compréhension intuitive et sont capables d’opérer des « guérisons » grâce à
une modification instantanée des croyances. Le corps médical se plaît à dire
que ces individus empêchent les patients de rechercher un traitement
adéquat. Le fait est que les patients en question n’ont plus confiance dans le
système de croyances des médecins et que ceux-ci ne peuvent donc plus les
aider.
Pour les médecins, tout ceci semble pure hérésie, car ils perçoivent
toujours la maladie comme une chose objective qui se trouve dans le corps
et qui doit être objectivement traitée et enlevée. Mais un homme qui a
l’impression de « n’avoir pas de cœur » ne sera pas sauvé par une
transplantation cardiaque, aussi sophistiquée soit-elle – à moins que sa
croyance soit préalablement modifiée.
De la même façon, un individu qui pense être pauvre et qui reçoit de
l’argent – durement gagné ou simplement offert – va le perdre, mal
l’investir ou mal l’utiliser. Celui qui s’est hypnotisé lui-même jusqu’à un
état de solitude va se sentir isolé même s’il est entouré d’une centaine
d’admirateurs ou d’amis.
(23 h 02.) Qu’est-ce que tout cela peut bien signifier pour vous dans
votre vie quotidienne ? Et comment pouvez-vous faire appel à l’hypnose
naturelle pour améliorer votre expérience ?
Dans les domaines qui sont pour vous source d’insatisfaction, vous vous
sentez impuissant, vous avez l’impression que votre volonté est paralysée
ou que les situations se maintiennent en dépit de ce que vous considérez
comme vos intentions. Mais si vous prêtez attention à vos pensées tout à
fait conscientes, vous allez découvrir que vous vous concentrez précisément
sur ces aspects négatifs qui vous désespèrent tant. Vous vous hypnotisez très
efficacement et renforcez ainsi la situation. Vous pouvez vous demander,
horrifié : « Qu’est-ce que je peux faire ? Je m’hypnotise tout seul, je suis
obnubilé par mon embonpoint (ou ma solitude, ou ma mauvaise santé). »
Dans d’autres aspects de votre vie, vous êtes pourtant capable de vous
hypnotiser sur la richesse, l’accomplissement et la satisfaction – et là, vous
ne vous plaignez pas. Les mêmes éléments entrent en jeu. Les mêmes
principes sont à l’œuvre. Dans ces situations positives, vous êtes certain de
votre faculté d’initiative. Vous n’en doutez pas. Vos croyances deviennent
réalité.
Maintenant. En ce qui concerne les aspects non satisfaisants, vous devez
comprendre ceci : là non plus, vous n’avez aucun doute. Vous êtes
profondément convaincu d’être malade, pauvre, fermé spirituellement, ou
malheureux.
Les résultats suivent facilement et sans effort. L’hypnose naturelle, dans
les termes indiqués ici, fonctionne aussi bien dans un sens que dans l’autre.
Que faire alors ? Vous devez tout d’abord réaliser que vous êtes
l’hypnotiseur, puis prendre l’initiative dans les situations insatisfaisantes,
comme vous savez le faire en d’autres domaines. Quelles que soient les
raisons superficielles de vos croyances, dites-vous :
SESSION 660
MERCREDI 2 mai 1973
(Une autre longue pause à 23 h 49. Le rythme de Jane s’est d’un seul
coup fortement ralenti. Mystérieusement, il lui faut plus de six minutes pour
donner le titre du chapitre 17.)
« L’hypnose naturelle, la guérison et le transfert de symptômes physiques
à d’autres niveaux d’activité », c’est le titre.
(23 h 55. Maintenant, son rythme commence à reprendre.)
Certaines personnes qui ont été malades pendant des années guérissent
d’un seul coup, et se lancent dans une grande activité humanitaire dans
laquelle elles oublient leurs propres problèmes et trouvent une stabilité
nouvelle. Il s’agit souvent d’un transfert symbolique des symptômes du
corps vers la structure sociale.
Je vais conclure. Je souhaitais simplement donner le titre et la direction.
(23 h 57. « Oui. »)
J’ai juste quelques mots pour Ruburt, ce sera court mais important…
(Cela constitue à peu près une demi-page, puis la session s’achève à
0 h 03. Jane est très surprise par le temps qu’il a fallu pour transmettre le
titre du chapitre 17. Elle ne peut donner aucune explication ; dans sa
transe, elle a seulement eu l’impression d’« un bref moment d’attente ».
À propos des notes qui se trouvent au début de cette session concernant
le travail nocturne de Jane sur le livre de Seth, la semaine dernière : cette
nuit, ce phénomène s’est reproduit lorsqu’elle s’est endormie après cette
session. Mais cette fois, elle a décidé de tenter une expérience. « Quand je
me suis réveillée, écrit-elle le lendemain matin, j’ai eu l’impression que je
“tenais” quatre ou cinq chapitres complets si, d’une façon ou d’une autre,
je pouvais les transcrire instantanément. Je me suis levée à 3 h 15 avec
l’intention de tout mettre par écrit – et je me suis aperçue que la plus
grande partie venait tout simplement de s’évaporer.
Le temps de m’asseoir à mon bureau, tous les détails subtils et la prose
soignée s’étaient évanouis. Il ne me restait que quelques idées.
Apparemment ce matériau doit être transmis dans le cadre de nos sessions
– ce qui le traduit automatiquement… ? »
Jane se retrouve avec environ une page de notes éparses et quelques
éventuels titres de chapitre. C’est malgré tout évocateur, bien qu’elle ignore
si Seth l’utilisera dans son livre : « Pour un chapitre sur le pouvoir :
chacun dispose, écrit-elle, de son propre “territoire psychique de pouvoir”
auquel il fait en sorte de ne pas renoncer… Il n’autorise aucune maladie,
aucune circonstance, à le remettre en question… Il vaut beaucoup mieux
penser en termes de pouvoir qu’en termes de manque – le pouvoir de la vie,
du mouvement, de la parole, etc. Les gens confondent cela avec le pouvoir
sur ce qui les entoure ou sur les autres, et se demandent ensuite pourquoi le
pouvoir sur quoi que ce soit ne fonctionne pas…
Pourtant, chaque individu doit réaliser qu’en fin de compte, il ne peut
abandonner le pouvoir dans un domaine sans… menacer, jusqu’à un
certain point, l’essence même de son pouvoir ou territoire psychique…
Croire en sa propre impuissance dans un domaine quel qu’il soit ouvre une
possibilité de même ordre dans d’autres secteurs – car cela agit comme une
suggestion négative. »
Et : « Un chapitre sur la “réalité personnelle effective” de chacun – qui
traite des intimes raisons d’être de la vie de chacun, des limites établies par
le corps dans sa condition de créature, et des choix que l’on fait avant de
naître concernant la santé ou la maladie, la pauvreté ou la richesse, les
capacités, etc. »
Puis : « La croyance et la foi peuvent, comme on dit, déplacer des
montagnes – mais peuvent aussi entraîner des catastrophes naturelles. »
Le lendemain, au petit-déjeuner, Jane et moi discutons de ce qu’elle a
écrit. Cela m’amène à lui lire mes notes sur ce que Seth a dit, de 23 h 25 à
23 h 47, à propos du rapport entre les croyances et le poids. Après le
déjeuner, Jane écrit spontanément le texte reproduit au paragraphe suivant.
Elle considère qu’il s’agit là d’un complément aux informations transmises
par Seth sur ce sujet. « Pendant que j’écrivais, je n’ai entendu aucune voix,
dit-elle ensuite. Je sentais que ces idées étaient insérées en moi, mais c’était
moi qui écrivais. » Ce texte est proche de la façon dont Seth l’aurait
présenté ; nous pensons qu’il découle sans doute des efforts de Jane, la nuit
dernière, pour voir le « travail » qu’elle pouvait faire par elle-même sur le
livre. Voici ce qu’elle a écrit :
« Travail à mon bureau sur le livre de Seth, jeudi 3 mai 1973, dans
l’après-midi :
Les régimes servent momentanément de signes extérieurs montrant que
vous contrôlez les choses et que vous savez prendre l’initiative. En tant que
tels, ils peuvent être importants. Mais en général, les régimes se succèdent
sans apporter le résultat escompté ; ils fonctionnent comme une suite de
suggestions négatives. La résistance présente résulte d’un conflit de
croyances. Vous pensez être trop gros et vous acceptez cela comme une
réalité. Face à cette certitude, les dispositions prises pour perdre du poids
ne veulent rien dire. Elles sont “irréalistes”, voire même impossibles à
tenir.
Il en va de même pour la maigreur. Dans les deux cas, l’obsession de la
balance devient un autre stimulus négatif qui accentue le problème. La
maigreur chronique résistera aux efforts des maigres pour manger plus,
comme l’obésité résistera aux efforts des gros pour manger moins. Et en
plus, des tendances inverses vont se manifester. Se concentrer sur une
restriction alimentaire, et la tension qui en résulte, risquent au contraire de
faire manger plus. Quant au maigre qui tente de s’alimenter davantage, il
risque de moins manger – se suralimenter étant vu comme une chose
impossible au regard de la croyance en la maigreur qui prédomine.
La meilleure chose à faire est de cesser tous ces efforts et de commencer
immédiatement à changer vos croyances, comme il est indiqué dans ce
chapitre.
Certaines thérapies de groupe parviennent à faire perdre du poids, au
moins temporairement, pour la raison suivante : elles mettent l’accent sur
la croyance en la valeur du moi. Malheureusement, on combat l’excédent
de poids comme étant “mal”, ou “mauvais” ; des valeurs morales
symboliques entrent en jeu. La thérapie a rarement d’effets à long terme
car, à partir de ce moment-là, tout gain de poids a une charge encore plus
négative.
La nuit dernière, j’ai aussi eu le sentiment que dans l’appendice – s’il y
en a un –, Seth pourrait ajouter des notes sur certains chapitres ou sur des
façons d’utiliser l’hypnose naturelle dans certains cas, ou bien encore sur
la manière de travailler sur les croyances, etc. »)
SESSION 661
LUNDI 7 MAI 1973
SESSION 662
MERCREDI 9 MAI 1973
(21 h 40.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. Qu’ils soient en prison ou au-dehors, la plupart des
criminels partagent un sentiment d’impuissance et, de ce fait, du
ressentiment. Ils cherchent donc à se rassurer sur leur propre force en
commettant des actes antisociaux, souvent violents.
Ils désirent être forts tout en se croyant faibles, et ils ont été conditionnés
– et se sont conditionnés eux-mêmes – à croire qu’ils doivent se battre pour
obtenir quelque chose. L’agression devient une méthode de survie. Comme
ils croient tellement à leur relative impuissance et au pouvoir des autres, ils
se sentent contraints de commettre des actes d’agression pour prévenir une
violence plus grande qu’on leur ferait subir.
Ils se sentent isolés et seuls, incompris et pleins d’une rage qu’ils
expriment constamment – dans de nombreux cas, mais pas dans tous – par
une succession régulière de délits mineurs contre la société. Et cela que des
crimes majeurs soient commis ou non ; la simple expression de l’agressivité
n’arrange donc rien si celle-ci n’est pas accompagnée de compréhension.
Dans le cas des criminels et de leurs systèmes de croyances, l’agression a
une valeur positive. Elle devient une condition de survie. D’autres traits de
caractère susceptibles d’atténuer ce type de comportement sont minimisés
et peuvent être perçus comme dangereux par ces individus. Ils croient…
(21 h 52. Le téléphone sonne.)
Faites comme vous voulez.
(Je réponds pendant que Jane sort de transe. L’appel est pour elle ; c’est
une de ses amies qui vit à New York. Elles parlent aussi de questions
professionnelles, et leur conversation se poursuit jusqu’à 22 h 47. Nous ne
reprenons pas la session, ce qui en fait l’une des plus courtes, bien que je
me souvienne [sans avoir vérifié] d’une session spontanée encore plus
brève, le jour de Noël, il y a plusieurs années…
C’est une bonne occasion pour décrire le dernier « truc psychédélique »
de Jane : c’est ainsi qu’elle nomme la dernière expérience qu’elle a eue
dans un état modifié de conscience. Heure : vendredi 11 mai vers minuit et
demi ; lieu : devant la porte de l’un des lieux où nous aimons le plus aller
danser, à quelques pâtés de maisons de chez nous, sur Water Street.
Dès que nous en sommes sortis, Jane s’est mise à parler de la beauté
surnaturelle de cette nuit chaude. Nous marchions vers la voiture, une pluie
fine venait de tomber et tout paraissait neuf et lavé. Il m’a donc fallu
quelques minutes avant de réaliser que ses perceptions allaient bien au-
delà de cette impression de fraîcheur. Elle a commencé à s’arrêter de temps
à autre, s’extasiant devant tout ce qui, dans cet environnement, nous est
bien sûr très familier : le mouvement des voitures, les lumières de la rue et
les enseignes au néon, les édifices eux-mêmes, et la rivière Chemung qui,
derrière sa digue, coulait discrètement près du centre commercial que nous
venions de quitter.
« J’ai soudain été emportée par une joie légère, écrivit Jane le matin
suivant. Les couleurs de la nuit m’ont quasiment clouée sur place. Elles
étaient si brillantes, si luisantes, si spectaculaires… C’était la première fois
que j’avais ce genre d’expérience dehors, en marchant. Je sentais mon
corps bouger plus vite, plus facilement, plus librement. Tout était immédiat.
J’étais si joyeuse que j’ai mis du temps à m’endormir. Plus tard, j’ai
regretté de ne pas avoir demandé à Rob de m’emmener faire un tour en
voiture pour prolonger ça, mais nous n’y avons pensé ni l’un ni l’autre sur
le moment… »
Pour d’autres notes relatives à des expériences que Jane a eues dans des
états modifiés de conscience, voir la session 645, chapitre 11, et la
session 653, chapitre 13.)
SESSION 663
LUNDI 14 MAI 1973
(21 h 09)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. (Une pause.) Je remets en place les boucles de
Ruburt…
(En tant que Seth, Jane replace ses cheveux derrière ses oreilles. Ils
tombaient en avant chaque fois qu’elle baissait la tête.)
Vous isolez donc les criminels dans un environnement où toute
compensation leur est refusée. Tout l’agencement d’une prison – avec ses
barreaux – est pour le détenu un rappel constant de sa situation et renforce
sa difficulté initiale.
Toute vie familiale normale lui est refusée ; non seulement tout est centré
sur le problème en question mais, en plus, les autres stimuli sont à dessein
réduits au minimum. À leur façon, gardiens et surveillants souscrivent au
même ensemble de croyances que les prisonniers – l’idée de force et de
pouvoir est accentuée des deux côtés et chacun croit que l’autre est son
ennemi.
Les gardiens sont convaincus que les personnes incarcérées sont la lie de
la terre et qu’il faut les soumettre à tout prix. Les deux camps acceptent
l’idée que l’agression et la violence sont un moyen de survie. On emploie
en général l’énergie des détenus à des tâches ennuyeuses et inoffensives,
même s’il existe des tentatives, dans certaines institutions carcérales, pour
pourvoir à des formations professionnelles et techniques.
Prisonniers et fonctionnaires sont néanmoins persuadés que la plupart de
ceux qui sont actuellement derrière les barreaux y reviendront à de
nombreuses reprises. Les détenus projettent leurs problèmes personnels sur
la société. La société leur rend la « politesse ». D’une manière semblable,
des individus considèrent souvent que certains traits de leur caractère
relèvent de l’animalité ou du mal et tentent de les isoler des autres domaines
de leur activité. Le pouvoir, ou le manque de pouvoir, et les attitudes qui en
découlent entrent souvent en ligne de compte.
Souvenez-vous du cas d’Auguste, dont nous avons déjà parlé dans ce
livre. (Voir chapitre 6 et la session 633, chapitre 8.) Cet homme se sentait
impuissant et n’envisageait le pouvoir qu’en termes d’agression et de
violence. Il avait donc dissocié cette partie de lui-même et l’avait projetée
dans un « second moi ». C’est seulement lorsque ce second moi entrait en
action qu’Auguste pouvait se montrer fort. Mais étant donné qu’à la base, il
concevait l’agressivité et le pouvoir comme ne faisant qu’un, la force d’agir
signifiait automatiquement la force d’être agressif. Et ici, l’agressivité était
synonyme de violence.
(21 h 24.) Il s’agissait, en quelque sorte, d’un transfert de problème,
opéré de façon très particulière. Le besoin d’agir et de contrôler l’action est
primordial chez les êtres conscients. Auguste créait donc réellement, à
partir de lui-même, une position de pouvoir d’où il pouvait, au moins pour
un temps, agir. Il lui fallait prétendre être amnésique pour se cacher à lui-
même ce mécanisme. Tant que vous assimilez le pouvoir à la violence, vous
allez éprouver le besoin de réguler l’agressivité normale de votre
comportement ; considérant le pouvoir comme de la violence, vous aurez
peur d’agir. Vous allez considérer que la bonté et l’impuissance sont en
quelque sorte synonymes, et assimiler la force au mal. Refusant de voir ce
« mal » en vous, vous allez peut-être le diriger vers l’extérieur et le
transférer à un autre domaine.
En tant que société, vous pouvez projeter ce mal sur les criminels, en tant
que nation sur un pays étranger. En tant qu’individu, vous pouvez attribuer
ce pouvoir à un employeur, à un syndicat, ou à une autre partie de la
société. Quel que soit le domaine que vous aurez choisi, vous vous y
sentirez en position de faiblesse par rapport à la force que vous avez
projetée à l’extérieur. Chaque fois que vous vous trouvez dans une situation
où vous vous sentez faible face à une autre personne ou à une situation qui
vous effraie, vous rencontrez, voyez-vous, votre propre pouvoir, celui que
vous vous êtes refusé.
(21 h 33. Cette fois encore, Seth développe le matériau que Jane a écrit
aux petites heures du matin, le 3 mai, après que celui-ci lui ait été transmis
durant son sommeil. Voir ses notes à la fin de la session 660 dans ce
chapitre.)
Fondamentalement, le pouvoir n’implique pas une supériorité sur quoi
que ce soit. Il y a par exemple le pouvoir de l’amour, et le pouvoir d’aimer
– qui supposent tous deux action et vitalité, ainsi qu’un élan agressif qui n’a
rien à voir avec la violence. Pourtant, nombreux sont ceux qui ressentent
des symptômes physiques ou qui supportent des situations déplaisantes
parce qu’ils ont peur d’utiliser leur pouvoir d’action, pouvoir qu’ils
assimilent à l’agressivité – ce qui pour eux signifie la violence. (Voir la
session 634, chapitre 8.)
De tels sentiments soulèvent une culpabilité artificielle. (Avec des gestes.)
L’individu qui défend le plus la peine de mort est celui qui a le sentiment
qu’en réalité, il devrait lui-même être condamné à mort pour toute
l’agressivité (la violence) qu’il porte en lui et qu’il n’a jamais osé exprimer.
Le criminel ou le meurtrier que l’on exécute meurt donc pour le « mal »
qui habite chacun des membres de sa société ; un transfert magique a lieu.
(Une pause.) L’amour est propulsé par tous les éléments de l’agressivité
naturelle et l’amour est puissant ; toutefois, comme vous avez établi ces
séparations entre le bien et le mal, il semble que l’amour soit faible et la
violence forte. Cela se répercute dans vos activités à de nombreux niveaux.
Le « diable » devient par exemple une puissante incarnation du mal. (Avec
insistance.) La haine est perçue comme étant beaucoup plus efficace que
l’amour. Dans votre société, on enseigne au mâle à personnifier
l’agressivité par toutes sortes d’attitudes antisociales que, d’ordinaire, il ne
peut manifester. L’esprit criminel les exprime à sa place, d’où l’attitude
ambiguë de la société qui a tendance à voir les renégats de façon
romanesque.
Le policier et le criminel portent des versions du même masque. En allant
plus loin dans ce sens, on en arrive à des ségrégations dans lesquelles les
malades, qui sont impuissants, sont isolés ; les criminels sont enfermés
ensemble ; et les vieux sont cloîtrés avec d’autres vieux dans des
institutions ou dans des ghettos culturels. Les transferts de problèmes
personnels entrent tous en ligne de compte ici, ainsi que les grappes de
croyances.
(Une longue pause à 21 h 46.) L’élément criminel représente l’agressivité
qui est propre à l’individu mais dont il a peur, et qu’il ne veut pas regarder
en face. Ces peurs, chaque individu les enferme au fond de lui, et ceux qui
les expriment dans la société sont emprisonnés. L’incarcération forcée des
hommes violents mène souvent à des émeutes, et l’enfermement individuel
de l’agressivité normale conduit fréquemment à des insurrections
psychologiques et des déchaînements de symptômes physiques.
Dans tous les cas, peu d’efforts sont faits pour comprendre les problèmes
de fond qui se trouvent en dessous, et les ségrégations d’ordre social ne font
qu’accroître la pression, si bien que ceux qui ont ce genre de croyances sont
maintenus dans des conditions qui ne font que perpétuer ces causes
fondamentales.
Sans le savoir, les malades abandonnent souvent à leurs médecins leur
pouvoir d’agir de façon propice à leur santé. Ces derniers acceptent ce
mandat puisqu’ils partagent le même schéma de croyances ; si bien que le
corps médical a évidemment autant besoin des patients que les malades ont
besoin des hôpitaux. Ne comprenant pas la vraie nature de l’agressivité, la
société, telle que vous la connaissez, la perçoit comme violente. Les prisons
et les services chargés de faire respecter la loi ont besoin des criminels, tout
comme les seconds ont besoin des premiers, car tous agissent à l’intérieur
du même système de croyances. Les uns et les autres acceptent la violence
comme mode de comportement et de survie (Une pause.) Si vous ne
comprenez pas que vous créez votre propre réalité, vous risquez d’attribuer
tout ce qui va bien à un dieu personnifié et d’avoir besoin de l’existence
d’un diable pour expliquer les évènements indésirables. De la même façon,
les Églises, telles qu’elles existent aujourd’hui dans la société occidentale,
ont autant besoin d’un diable que d’un dieu.
L’agression naturelle est simplement le pouvoir d’agir.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22 h 00 à 22 h 21.)
Votre propre attitude par rapport à ces problèmes vous en dit beaucoup
sur vous-même et influe sur votre réalité personnelle.
Si vous assimilez la force à la jeunesse, alors vous isolez les vieux et
rejetez sur eux le sentiment de votre propre impuissance, et ils vous
semblent constituer une menace pour votre bien-être. Si vous pensez que la
violence est synonyme de pouvoir, vous allez punir les criminels avec un
sentiment de vengeance, car vous allez voir la vie comme une lutte de
pouvoir et focaliser votre attention sur les actes de violence dont vous lisez
le compte-rendu. Cela peut amener ces comportements dans votre vie, de
sorte que vous vous retrouviez confronté à la violence – ce qui aura pour
effet de renforcer votre conviction. (Une pause.) Si vous acceptez l’idée
fondamentale que le mal est plus fort que le bien, vos actes bénéfiques ne
vont guère porter fruit, du fait même de ce schéma de pensée ; vous
accordez si peu de pouvoir à leur effet.
Il existe de nombreuses croyances subsidiaires reliées à ces convictions.
Elles peuvent toutes contribuer à ce que vous vous refusiez à vous-même
d’utiliser vos capacités – et cela va à son tour vous amener à les projeter à
l’extérieur, sur d’autres.
Si vous acceptez, par exemple, l’idée que la connaissance est
« mauvaise », alors conformément à cette croyance tous vos efforts pour
apprendre seront vains ou vous causeront des désagréments. Vous n’aurez
pas confiance dans le savoir facilement acquis, car vous aurez le sentiment
qu’il faut payer, qu’il faut faire pénitence pour obtenir un peu de sagesse.
Des interprétations fondamentalistes de la Bible conduisent souvent à
pareilles conclusions, si bien que la quête de la connaissance elle-même, qui
correspond à une impulsion biologique innée, devient une activité taboue.
Dès lors, vous devez projeter la sagesse sur d’autres et rejeter celle qui
est en vous, ou faire face à un dilemme de valeurs personnelles.
(Une longue pause à 22 h 36.) Au cours des âges, les moines, les prêtres
et les institutions religieuses ont été séparés du reste de l’humanité. On les a
tour à tour respectés et craints, aimés et haïs. On leur a envié leur
connaissance, tout en la considérant avec un respect mêlé de crainte
superstitieuse.
Sorcier vaudou, guérisseur, homme-médecine et prêtre sont tous honorés,
mais également considérés avec une certaine terreur du fait du pouvoir et de
la connaissance en jeu. Pour beaucoup, l’homme qui guérit et l’homme qui
jette un sort relèvent l’un et l’autre du pouvoir de la connaissance. Pour les
personnes qui sont séduites par les idées fondamentalistes en termes pieux,
le pouvoir religieux est effrayant. L’agressivité naturelle, perçue comme
relevant du mal, est enfermée à l’intérieur du moi – et vue, à l’extérieur,
tout autour de soi. Point.
(Une pause.) Certains individus compartimentent artificiellement leur vie
en différents secteurs : dans les uns, il leur est possible d’agir en toute
sécurité, alors que les autres sont considérés comme dangereux. Si vous
croyez par exemple que c’est mal d’être riche, vous vous privez
automatiquement de toute aptitude susceptible de vous apporter la richesse.
Vous pouvez inhiber des talents que vous jugez bons en eux-mêmes,
simplement parce que leur donner libre cours risquerait d’entraîner une
réussite financière.
(22 h 46.) Vos croyances ont donc une importance extrême dans la façon
dont vous gérez votre pouvoir d’action personnelle.
L’utilisation de votre énergie privée vous met en relation intime avec
votre propre source de pouvoir. La guérison exige de grandes poussées
naturelles et agressives d’énergie, une croissance et une focalisation sur la
vitalité. Plus vous vous sentez impuissant, moins vous êtes capable de faire
appel à vos propres facultés de guérison. Vous êtes alors obligé de les
projeter au-dehors, sur un médecin, un guérisseur ou n’importe quel
organisme extérieur. Si votre croyance dans le médecin « fonctionne » et
que vos symptômes disparaissent, vous êtes physiquement soulagé, mais
cela risque de réduire encore votre foi en vous-même. Si vous ne faites
aucun effort efficace pour prendre en main vos problèmes, les symptômes
vont simplement réapparaître sous une autre forme et le même processus va
recommencer. Vous pouvez ne plus avoir foi en votre docteur tout en
continuant à placer votre confiance dans les médecins en général, et passer
de l’un à l’autre.
Mais le corps a sa propre intégrité et, souvent, la maladie n’est qu’un
signe naturel de déséquilibre, un message physique que vous devez écouter
de façon à pouvoir procéder aux ajustements nécessaires.
Quand ces rééquilibrages sont toujours faits de l’extérieur, la cohérence
innée du corps est compromise et sa relation intime avec l’esprit devient
confuse. En outre, ses facultés naturelles de guérison s’émoussent. Le
déclenchement inné des réactions qui sont censées répondre aux stimuli
intérieurs est au lieu de cela activé par des moyens « extérieurs ».
La confiance de l’individu est de plus en plus transférée vers un système
extérieur. Cela signifie en général qu’aucun temps n’est accordé aux
nécessaires dialogues intérieurs où l’on s’interroge sur soi-même ;
l’autoguérison qui pourrait en résulter est plutôt amenée par la croyance en
quelqu’un d’autre. Cela ne peut évidemment durer qu’un temps.
(22 h 59.) Ce que je dis là concerne essentiellement la culture
occidentale. Dans certaines civilisations, et en particulier dans ce que vous
considérez comme le passé, les sorciers guérisseurs pratiquaient à
l’intérieur d’un cadre naturel accepté par tous. Tout en activant des forces
naturelles au nom des patients qui semblaient momentanément incapables
de le faire eux-mêmes, ils ramenaient ces derniers à leurs propres sources et
ravivaient le sentiment enfoui de leur propre pouvoir. Là se trouve la source
de la vie physique – le sentiment de pouvoir et d’action. Quand un homme
ou une femme a le sentiment d’être dépourvu(e) de pouvoir, au sens où
vous l’entendez, il ou elle va mourir.
Encore une fois, le point de pouvoir se situe dans le présent, quand votre
moi non physique fusionne avec votre réalité corporelle. La reconnaissance
de ce simple fait peut revitaliser votre vie.
Vous pouvez faire votre pause ou terminer la session, comme vous
préférez.
(« Alors, faisons une pause. »
De 23 h 05 à 23 h 19.) En vos termes, vous êtes une espèce en évolution.
Une partie de cette expérience comporte une fascination naturelle pour les
évènements extérieurs. Vous êtes en train de développer des propriétés de la
conscience qui, à leurs façons, sont uniquement vôtres, comme l’est votre
environnement. Une focalisation importante est une contrepartie nécessaire,
puisque vous êtes engagés dans un processus d’apprentissage dans lequel
tous les éléments inhérents à la situation sont explorés.
Tout au long de cette entreprise, vous restez cependant, dans le rêve,
toujours en contact avec les réalités d’où émerge votre expérience physique.
Avec le temps, tel que vous le concevez, vous serez un jour capable de faire
fusionner votre compréhension intérieure et votre moi physique, et de
former ainsi votre monde de façon consciente. Des manuscrits comme le
mien sont destinés à vous aider à faire précisément cela.
Plus vous vous impliquez dans des structures physiques complexes, plus
vous projetez d’énergie vers l’extérieur et plus les manifestations
« extérieures » vous envoûtent. En soi, il s’agissait là – il s’agit – d’une
méthode naturelle d’apprentissage. Votre vie intérieure est traduite en réalité
corporelle. En la percevant et en ayant des rapports avec elle, vous
commencez à vous interroger d’abord sur son origine, puis sur son sens.
(Une pause.) Cela vous ramène à vous-même et à une reconnaissance de
vos propres capacités. Ce que vous créez maintenant inconsciemment, votre
espèce le créera consciemment. Les facultés infinies de la conscience
s’individualisent et se focalisent sur une réalité particulière qui, ensuite,
s’élargit. Vos propres créations temporelles augmentent les capacités grâce
auxquelles vous les avez réalisées. Vous apprenez par vos créations.
L’esprit, tel qu’il est orienté physiquement, utilise les plus vastes sources de
pouvoir et d’énergie, ainsi que les aspects innombrables de la créativité, si
bien que chaque jour physique est en effet absolument unique. Vous ne
pouvez par conséquent attendre d’aucun élément de votre environnement
qu’il demeure statique, et votre corps est dans un état de fluctuation et de
changement constant.
(23 h 35.) Votre structure sociale, des plus grandes métropoles jusqu’à la
plus petite ferme, des quartiers les plus riches aux ghettos les plus pauvres,
des monastères aux prisons, reflète la situation intérieure du moi individuel
et les croyances personnelles de chacun.
Si vous utilisez correctement le point de pouvoir (tel que décrit dans la
session 657, chapitre 15), vous allez sentir l’énergie non physique se
traduire en pouvoir personnel dans votre croisement avec la chair. Vous
serez capable d’utiliser ce pouvoir, consciemment, intentionnellement, pour
changer votre expérience personnelle, et par conséquent modifier, au moins
partiellement, la structure sociale. Ces exercices aident votre conscience à
évoluer et vous servent aussi de manière insoupçonnée. L’acceptation de
votre propre pouvoir va automatiquement se répandre dans toute votre
expérience ; elle va dynamiser votre vie onirique et apporter une impulsion
bénéfique supplémentaire à votre réalité à l’état de veille. Vous n’aurez plus
besoin de transférer aux autres le sentiment de votre propre pouvoir. Tous
les exercices déjà indiqués dans ce livre constituent cependant un précédent
indispensable ; ils vous sont nécessaires pour comprendre comment le
point de pouvoir doit être utilisé. La reconnaissance de vos sentiments
personnels et le travail sur vos croyances, tout cela élargira la
compréhension que vous aurez de vous-même.
(23 h 44.) Si vous détestez l’un de vos parents, par exemple, vous ne
pouvez pas utiliser le point de pouvoir pour vous dire au lieu de cela que
vous l’aimez. Les exercices précédents vous auront aidé à comprendre les
raisons de cette détestation.
Vous ne pouvez pas utiliser le point de pouvoir pour étendre votre
emprise sur autrui, car vos propres croyances se retourneraient
automatiquement contre vous. Vous devez en tout cas vous rendre compte
de votre propre pouvoir et croire que vous le méritez. Plusieurs des
chapitres précédents ont été écrits précisément dans le but de vous
convaincre de votre propre mérite. On vous y a dit de ressentir vos
sentiments et de ne pas les refuser ; vous ne devez donc à aucun moment
utiliser le point de pouvoir pour tenter de nier la réalité de vos émotions.
Quand vous comprendrez le principe de l’hypnose naturelle, vous
n’éprouverez plus le besoin de générer de nouveaux sentiments négatifs. Le
poids de vos inhibitions va s’alléger. À mesure que vous aurez davantage
confiance en vous, vous exprimerez plus spontanément vos sentiments et
leur suppression ne donnera plus lieu à des réactions explosives. Ils
apparaîtront et disparaîtront naturellement. La voie du pouvoir sera plus
clairement ouverte. L’attention à votre propre courant de conscience est
extrêmement importante. À elle seule, celle-ci vous aidera à découvrir dans
quels domaines vous niez vos impulsions et vous vous donnez à vous-même
des directives conduisant à l’impuissance.
L’exercice portant sur le point de pouvoir a pour but de vous familiariser
avec votre propre énergie et votre aptitude à la diriger. Les exercices
d’hypnose naturelle (donnés dans le chapitre précédent) vous permettent
d’être plus efficace dans l’orientation et la focalisation de ce pouvoir.
Chacun de vous doit travailler à partir du point de sa propre réalité. Il n’y
a pas d’autres moyens. Point. Si vous vous sentez envahi par la rage, inutile
de dire « je suis parfaitement en paix » et d’attendre des résultats. Vous ne
ferez que recouvrir vos sentiments et inhiber votre énergie et votre pouvoir.
Si vous êtes furieux, tapez sur un oreiller et faites l’expérience de la rage,
mais sans violence envers autrui. Continuez à frapper jusqu’à ce que vous
soyez physiquement épuisé. Si vous le faites honnêtement, les raisons de
votre fureur vont vous apparaître, et elles sont souvent parfaitement
évidentes. Vous ne vouliez tout simplement pas les voir.
Dans presque tous les cas, ces sentiments représentent un sentiment
d’impuissance de votre part ; vous avez délégué votre force à une situation
ou à un individu, si bien que votre effort vous a semblé dérisoire par
comparaison. Servez-vous alors de votre point de pouvoir et sentez
l’énergie de votre être déferler dans toute votre expérience. La connaissance
de votre propre pouvoir vous libère de toute peur et, par conséquent, de
toute rage.
(D’une voix plus forte.) Fin de la session.
(« D’accord. »
Chaleureusement.) Une très cordiale soirée à vous deux – dans votre
point de pouvoir, et dans le nôtre.
(« Merci, Seth. Bonne nuit. »
23 h 59. La transe de Jane a été d’une profondeur égale tout au long de
la session, son débit fort, régulier et sérieux.
Elle me dit que Seth va bientôt aborder les conséquences de nos
croyances sur notre environnement, et expliquer comment le climat mental
de notre espèce est responsable de nos conditions climatiques extériorisées.
Il a l’intention d’utiliser des aspects locaux de la grande inondation de juin
1972 comme point de repère pour son matériau, puisque nous avons été
directement concernés par ce désastre ici, à Elmira. [Se reporter aux notes
de la session 613, chapitre 1]. Selon Jane, Seth dirait qu’en tant qu’espèce,
nous avons pris l’habitude de nous considérer comme extérieurs à la nature
– au point d’avoir oublié que nous en faisons partie.)
SESSION 664
LUNDI 21 MAI 1973
(Il n’y a pas eu de session mercredi dernier pour que Jane puisse se
reposer. Ce soir, Seth lui a consacré la première partie de son matériau à
partir de 21 h 30, puis, après une pause, le travail sur son livre commence à
22 h 07.)
Maintenant. Dictée. Il y a un échange constant entre l’individu et la
société qui est la sienne. Les divisions et spécificités de chaque civilisation
sont une parfaite représentation extérieure de ce qui, dans l’ensemble,
caractérise les personnes qui y vivent, tant du point de vue de leur mode
relationnel que de la façon dont elles se perçoivent elles-mêmes.
Les dimensions extérieures sont la réplique des dimensions intérieures
personnelles. Les réalisations, les guerres, les difficultés et les institutions
sont toutes des « post-évènements » – c’est-à-dire les actions extérieures
d’une existence intérieure. Dans certaines conditions, l’eau se transforme en
glace. De la même manière, les évènements intérieurs peuvent se manifester
dans la réalité physique sous une forme bien différente de l’original.
En tant que créatures, vous faites partie de la nature. La transformation
des pensées, des sentiments et des croyances en phénomènes physiques
objectivement perçus est aussi naturelle que l’eau se changeant en glace,
par exemple, ou la chenille en papillon. À travers ce transfert des croyances,
des pensées et des sentiments, vous ne vous bornez pas à former la structure
de vos civilisations et de vos institutions sociales : dans cet échange naturel,
vous apportez aussi votre aide, à des niveaux très subtils, à la « manufacture
psychique » de l’environnement lui-même, avec ses grands mouvements
variés et, malgré tout, sa régularité saisonnière.
Les hommes-médecine pratiquent parfois la danse de la pluie. Ils
comprennent la relation innée qui existe au sein de toutes les parties de la
nature. On vous apprend à croire que la foi peut déplacer des montagnes,
pourtant la plupart d’entre vous ont beaucoup de mal à accepter leur lien
avec l’environnement. Vos croyances (qui sont souvent à l’opposé de vos
désirs) engendrent des guerres. Vos sentiments représentent la réalité
intérieure qui se trouve derrière ce que vous considérez comme des
phénomènes purement naturels, par exemple le temps qu’il fait.
(22 h 25. Jane a évoqué ce thème dans ses notes du 3 mai, qui se trouvent
en partie dans la session 660 et également à la fin de la session
précédente.)
Les catastrophes comme les tremblements de terre ou les inondations ne
sont pas provoquées par certains éléments de la nature contre d’autres
parties d’elle-même. Vos sentiments ont une validité tout aussi naturelle que
les marées, et ils ont leur propre forme d’attraction – l’esprit meut
réellement la matière. Déplacer une bague comme cela se produit lors
d’expériences menées dans des conditions contrôlées n’est que la
démonstration la plus simple de la grande capacité de l’esprit à interagir
avec la matière. Chacun de vous participe à la création de chaque orage, de
chaque nouveau printemps, de chaque inondation, de chaque tremblement
de terre et de chaque averse d’été.
Une guerre est une sorte d’évènement naturel qui se produit lorsque
croyances et sentiments interagissent à un certain niveau. Une catastrophe
naturelle représente le même type de phénomène à un niveau différent. La
part de ces sentiments et de ces croyances qui vous revient vous place dans
votre position « naturelle » au sein de ces évènements.
Fin du chapitre.
CHAPITRE 18
SESSION 665
MERCREDI 23 MAI 1973
(21 h 41.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. Une fois encore, il n’y a pas d’accidents. Quelles que
soient les circonstances, personne ne meurt s’il n’est pas prêt à mourir. Ceci
est valable aussi bien pour la mort due à une catastrophe naturelle que pour
toute autre situation.
C’est votre propre choix qui va dicter la façon dont vous mourrez, ainsi
que le moment. Pour l’instant, nous sommes en train de parler des
croyances que vous avez dans cette vie-ci. Dans un chapitre ultérieur, nous
traiterons de celles qui, provenant d’autres existences, peuvent s’infiltrer
dans celle-ci. Mais quelles que soient les croyances que vous acceptez, pour
quelque raison que ce soit, votre point de pouvoir est dans le présent.
Comprendre cela est beaucoup plus important pour vous que de vous
préoccuper outre mesure du labyrinthe des « causes du passé », car vous
pouvez vous y égarer dans une approche négative et oublier que ces
croyances peuvent être modifiées dans le présent. Pour des motifs divers,
vous adhérez à certaines idées, que vous pouvez changer à tout moment.
Nombreux sont ceux qui meurent jeunes parce qu’ils croient si fermement
que la vieillesse représente une dégradation de l’esprit et une insulte à
l’égard du corps. Ils ne veulent pas vivre cette situation, telle qu’ils
l’imaginent. Certains préfèrent franchement mourir dans des circonstances
que d’autres qualifieraient de tragiques – emportés par les vagues d’un
océan déchaîné, écrasés sous les décombres d’un tremblement de terre ou
malmenés par les vents d’un ouragan.
Ces mêmes personnes jugeraient impensable de mourir à petit feu dans
un hôpital ou de faire l’expérience de la maladie. Cela dépend en partie du
tempérament de chacun, de différences et de préférences individuelles tout
à fait normales. Beaucoup plus d’êtres humains sont conscients de leur mort
imminente qu’on ne le pense en général. Ils savent mais font semblant
d’ignorer ; pourtant ceux qui meurent dans des catastrophes ont choisi cette
expérience – le drame, et même la terreur lorsque cela se produit. Ils
préfèrent quitter la vie physique dans un flamboiement sensoriel, en luttant
pour leur vie, en faisant face au défi, « combattant » plutôt que consentant.
(21 h 54.) Les catastrophes naturelles portent en elles la grande énergie
stimulante de forces déchaînées, de la nature échappant au contrôle
humain ; leurs caractéristiques mêmes rappellent aussi à l’homme sa propre
psyché, car, à leur manière, ces évènements profonds mettent toujours en
jeu la créativité naissante qui émerge des entrailles de la terre, qui remodèle
le paysage et la vie des hommes.
Les réactions individuelles découlent de cette connaissance innée car, si
l’homme craint le pouvoir débridé de la nature et tente de s’en protéger, il
s’en délecte en même temps et s’y identifie. (Une pause.) Plus l’être
humain devient « civilisé », plus ses structures et ses pratiques sociales le
coupent d’une relation intime avec la nature – et plus il y aura de
catastrophes naturelles, parce qu’en arrière-plan, l’homme ressent un grand
besoin de s’identifier à la nature. Il va lui-même l’appeler à se manifester
à travers des séismes, des tornades et des inondations, afin de pouvoir à
nouveau ressentir non seulement leur énergie mais aussi la sienne.
(Une pause.) Une grande rencontre avec la pleine énergie des éléments
met l’être humain face à l’incroyable puissance d’où il provient – comme
rien d’autre ne pourrait le faire.
Un désastre naturel constitue pour beaucoup de gens leur première
expérience personnelle de la réalité du lien qui unit les créatures à la
planète. Dans ces circonstances, ceux qui avaient le sentiment de ne faire
partie de rien, d’aucun pays, d’aucune structure, d’aucune famille, peuvent
comprendre en un éclair leur lien de fraternité avec la terre, son énergie et la
place qu’ils y occupent. En reconnaissant soudain cette relation, ils
prennent conscience de leur propre pouvoir d’action.
(22 h 09.) Sur un plan différent, les émeutes remplissent souvent la même
fonction ; quelles qu’en soient les causes, cette libération d’énergie amène
un groupe d’individus à la connaissance intime d’une vitalité extrêmement
concentrée, qu’ils n’avaient peut-être jamais connue auparavant.
Cette reconnaissance peut les conduire – c’est souvent le cas – à se saisir
de leur propre énergie et à l’employer de manière créative. Une catastrophe
naturelle ou une émeute sont des bains d’énergie, puissants et très positifs à
leur manière, en dépit de leurs connotations évidentes. En vos termes, cela
n’absout en rien ceux qui déclenchent des émeutes par exemple – ils
agissent à l’intérieur d’un système de croyances conscientes dans lequel la
violence engendre la violence. Pourtant, même ici, les différences
individuelles entrent en ligne de compte. Les incitateurs recherchent
souvent la manifestation d’une énergie qu’ils ne croient pas posséder par
eux-mêmes. Ils allument des feux psychologiques et sont tout aussi
médusés par ce qu’ils ont déclenché que n’importe quel incendiaire. S’ils
comprenaient le pouvoir et l’énergie qu’ils ont en eux-mêmes, s’ils les
ressentaient, ils n’auraient pas besoin d’user de telles tactiques.
(Une pause à 22 h 19.) Les problèmes raciaux peuvent trouver des
éléments de réponse à différents niveaux – dans une émeute, une
catastrophe naturelle, ou une combinaison des deux, selon l’intensité
psychique de la situation ; les symptômes physiques peuvent constituer des
appels à l’aide et à la reconnaissance ; et, de la même manière, le malheur
causé par la nature peut permettre aux habitants d’une partie d’un pays ou
d’une région du monde d’obtenir de l’aide de la part des autres.
Bien évidemment, l’incitation à l’émeute se fait souvent de façon
parfaitement consciente, alors que des milliers, voire des millions
d’individus ne décident sûrement pas consciemment de provoquer un
ouragan, une inondation ou un séisme. Tout d’abord parce que, à ce niveau,
ils ne croient pas une telle chose possible. Si les croyances conscientes
jouent un rôle en ce domaine, au niveau individuel, le « travail intérieur » se
produit cependant de façon tout aussi inconsciente que lorsque le corps
génère des symptômes physiques. Vous avez souvent l’impression que ces
derniers sont infligés au corps, tout comme un désastre naturel semble
venir visiter le corps de la terre. On considère que les maladies soudaines et
imprévisibles sont effrayantes, et que celui qui en est atteint en est victime –
victime d’un virus peut-être. Les tornades et les séismes sont, de la même
manière, perçus comme résultants, au lieu de virus, de courants
atmosphériques et de différences de température, ou de lignes de faille.
Dans les deux cas, les causes fondamentales sont pourtant les mêmes.
(22 h 27.) Il y a autant de raisons pour les « maladies de la terre » qu’il y
en a pour les maladies du corps. Dans une certaine mesure, on peut dire la
même chose des guerres, si vous considérez une guerre comme une petite
infection ; et dans le cas d’un conflit mondial, il s’agirait d’une infection
généralisée. La guerre vous enseigne en fin de compte à vénérer la vie. Les
catastrophes naturelles vous rappellent que vous ne pouvez pas ignorer
votre planète, ni votre condition de créature. Ces expériences vous mettent
aussi en contact avec l’énergie la plus profonde de votre être – même quand
elle est employée de manière « destructrice ».
Faites votre pause.
(22 h 31. Jane sort tout de suite d’une transe excellente. Son rythme était
vif et soutenu. La maison est exceptionnellement calme ce soir ; nous
entendons tomber une pluie fine. Reprise à un rythme un peu plus lent à
22 h 56.)
Maintenant. Les désastres naturels sont davantage causés par une
dimension affective que par les croyances, bien que celles-ci jouent malgré
tout un rôle important, car ce sont elles qui génèrent les émotions en
question.
La teinte émotionnelle globale, ou tonalité de sentiment de l’ensemble
d’une population engendre, à travers son lien corporel avec
l’environnement, les conditions physiques extérieures qui vont être à
l’origine d’un tel déferlement d’énergie naturelle. (Seth décrit les tonalités
de sentiment dans la session 613, chapitre 1.) En fonction de la situation
émotionnelle globale, divers excédents d’ordre physique s’accumulent ; ils
sont ensuite expulsés dans l’atmosphère sous différentes formes. Les
fantômes chimiques dont nous avons déjà parlé (lors de la dernière session)
et les propriétés électromagnétiques des émotions jouent ici un rôle. Un
rocher dans une rivière divise l’eau qui est obligée de contourner l’obstacle.
Vos émotions sont tout aussi réelles que la roche. Vos sentiments collectifs
influent sur la circulation de l’énergie, et leur force – en termes de
phénomènes naturels – peut être très clairement perçue dans un orage, qui
est une matérialisation locale, extériorisée, de l’état émotionnel intérieur
des personnes qui vivent cette tempête.
De même que vos croyances conscientes déterminent votre condition
physique, et de même que votre organisme est entretenu à un niveau
inconscient (en accord toutefois avec vos croyances), les catastrophes
naturelles résultent des croyances qui donnent naissance aux états
émotionnels – lesquels se transforment ensuite automatiquement en
conditions atmosphériques extérieures.
(23 h 09.) Vous traitez donc les problèmes physiques, tels qu’ils se
présentent en ces termes, en fonction de vos croyances. Vous réagissez
individuellement, en ayant à l’esprit vos propres motivations. Vos croyances
personnelles, uniques et intimes, contribuent à créer l’état émotionnel
général. Le fond commun d’énergie émotionnelle dans lequel vos émotions
se déversent se compose encore de charges dissemblables mais, d’une
manière générale, la contribution individuelle de tous ceux qui sont
impliqués va former un schéma cohérent qui donne à la tempête son
impulsion et son orientation, lui fournissant la charge et la puissance qui
vont la porter.
(Une pause.) Comme il est déjà mentionné dans ce livre, Ruburt et
Joseph ont tous deux vécu une inondation (en juin 1972) et je vais donc
prendre cet évènement pour exemple, et m’intéresser à ce lieu particulier,
bien que cette inondation ait touché une région beaucoup plus vaste.
Localement, quelques croyances étaient largement répandues.
Économiquement en déclin, la région d’Elmira était considérée comme une
zone de remous dans l’État de New York ; mais sa situation n’était
cependant pas suffisamment critique pour recevoir l’aide apportée aux
secteurs en crise. L’industrie avait été délocalisée et les gens n’avaient plus
de travail. Les vieux moyens habituels pour gagner sa vie n’existaient plus
et il n’y avait dans la région aucun leader convaincant. Bon nombre
d’individus de toutes sortes se sentaient mal à l’aise, déprimés et le dos au
mur.
Des projets de rénovation urbaine éventraient les maisons des pauvres et
détruisaient les quartiers les plus anciens. Des divisions sociales en
résultaient souvent, car les plus démunis étaient des Noirs, et des Blancs des
couches « inférieures » de la société. Ceux qui s’en sortaient le mieux
siégeaient dans les conseils municipaux, et les pauvres que l’on déplaçait
n’avaient pas les moyens de se loger dans les nouveaux bâtiments. Par des
manœuvres diverses, toutes en sous-main, on les empêchait d’avoir accès
aux « meilleurs » quartiers.
Les riches et les nantis se sentaient menacés, car, en insistant sur le
progrès et la modernité, ils avaient ébranlé le statu quo et donc réveillé
l’énergie des nécessiteux. Peu à peu, la classe moyenne s’est transférée de
la ville elle-même à ses faubourgs, ce qui a créé un déséquilibre fiscal et de
graves problèmes pour les commerces du centre. Il n’existait pas localement
de sentiment d’unité régionale, ni de fierté commune en une identité
naturelle ou culturelle.
(23 h 29.) Il existait aussi une certaine tension raciale, quelques
prémisses d’émeutes imminentes, qui ne se sont pas produites. Un maire
très compétent qui dirigeait la ville depuis plusieurs années a été battu aux
élections et, pour de nombreuses raisons qu’il n’est pas nécessaire de
développer ici, les politiques s’en sont mêlés. Mais ceux qui étaient orientés
par la politique ont eu le sentiment qu’ils n’avaient pas vraiment de prise et
qu’ils ne pouvaient compter sur aucun dialogue efficace avec le
gouvernement fédéral. Un sentiment d’impuissance s’est développé dans ce
domaine.
Culturellement, la région n’avait pas d’identité propre, bien qu’elle se
soit toujours efforcée d’avoir une certaine forme d’expression
caractéristique. Elle voyait les subventions du gouvernement lui passer sous
le nez et aller vers d’autres secteurs encore plus mal en point. Les gens
avaient chacun leurs rêves et leurs espoirs, et, collectivement, cela
représentait une vision d’amélioration de la région sur de nombreux plans.
Mais, dans le même temps, le sentiment de découragement grandissait. Les
jeunes et les vieux, les conformistes et les anticonformistes avaient de petits
accrochages ; certains parmi les anciens de la cité protestaient contre la
présence de jeunes aux cheveux longs dans l’un des parcs de la ville – des
incidents certes sans gravité, mais significatifs toutefois d’un éclatement
des valeurs et d’un manque de compréhension entre les générations.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 23 h 40 à 23 h 47.)
À un degré ou à un autre, les mêmes problèmes existaient dans toutes les
régions (de la côte est) qui allaient être directement touchées par
l’inondation en question.
Localement, on avait une région en déclin mais pas encore dans le genre
de crise qui aurait suscité un grand plan de financement fédéral, une
situation sociale et économique très instable à laquelle venait s’ajouter le
sentiment qu’il n’y avait aucun espoir.
(Une pause.) Au lieu d’une inondation, des soulèvements sociaux
désastreux auraient pu éclater. Toutefois, à cause des tonalités de sentiments
particulières, uniques et spécifiques qui entraient en jeu, les tensions
émotionnelles résultantes ont été libérées dans l’atmosphère, et
automatiquement transformées. Une catastrophe naturelle apportait de
nombreuses réponses. La rivière [Chemung] était toute proche, par
exemple, en plein cœur du quartier des affaires [d’Elmira].
Une fois encore, tout ceci s’appliquait aux autres régions touchées par
l’inondation. Dans certaines cultures primitives, on pratique la danse de la
pluie – on provoque consciemment sa venue en dirigeant délibérément des
forces inconscientes – et c’est ce qu’ont fait les gens dans ces différents
lieux, de façon totalement automatique, sans aucune conscience du
processus à l’œuvre.
Ils ont donc ensemencé les nuages, par une intention inconsciente et par
la libération spontanée d’états émotionnels à portée biologique, si bien que
des réactions hormonales et chimiques en excès ont influé directement sur
l’atmosphère.
Quelque temps auparavant, des organisations religieuses locales avaient
projeté un grand rassemblement de revival spirituel. Les adeptes d’un
groupe religieux populaire avaient apporté leur soutien et une énorme
publicité avait été faite autour de l’évènement. Une fois encore, ce n’était
pas un hasard. C’était là une tentative, de la part de confessions
fondamentalistes, pour résoudre les problèmes à un autre niveau, grâce à un
élan d’identification, de conversion et d’enthousiasme religieux.
Les croyances sur lesquelles se basaient ces projets n’étaient toutefois
pas en corrélation avec celles de la population dans son ensemble ; la
tentative a donc échoué. Ce programme était fondé sur une précognition de
l’inondation. Cette croisade n’a jamais eu lieu, car les organisateurs de ce
revival ont fui l’inondation.
(0 h 02.) Dans la communauté religieuse en question, nombreux sont
ceux qui ont dit que l’inondation était la volonté de Dieu et que les gens
étaient punis pour leurs péchés. À sa façon, l’inondation était un évènement
religieux, car elle a uni à la communauté divers groupes de personnes – qui
n’avaient pas toujours les intentions les plus humanistes. Bizarrement, cela
a aussi contribué à isoler certaines parties de la population et à mettre en
évidence leur situation précaire, comme aucune émeute n’aurait pu le faire.
L’inondation a aussi apporté de l’humilité à certains habitants,
momentanément privés de leurs biens et de leur confortable position sociale
et amenés à côtoyer des personnes issues des milieux les plus divers, dont
ils n’auraient jamais fait connaissance autrement.
Des crises comme celles-ci mettent en lumière certains aspects de la
réalité ; ce qui était caché devient soudain on ne peut plus visible. Dans
l’ensemble, les pauvres ont été épargnés, car la plupart des vieilles maisons
et des immeubles anciens ont résisté, alors que les résidences plus récentes,
construites comme des ranchs, n’ont pas tenu le coup face au déferlement
de l’eau. De nombreuses personnes totalement démunies se sont malgré tout
retrouvées sur le seuil du collège [d’Elmira]. Des femmes qui n’avaient pas
d’autre but que de jouer au bridge se sont retrouvées en train de lutter pour
leur vie aux côtés de leurs sœurs les plus démunies. Parmi les pauvres qui
avaient perdu leur logement, nombreux sont ceux qui se sont découverts, à
leur propre surprise, de réelles qualités de leader.
(0 h 11.) Le centre-ville a vu se matérialiser concrètement la situation
désastreuse, connue mais jusque-là cachée, qui était la sienne. Il était
pratiquement en ruine et avait énormément besoin d’aide. Les autorités
municipales ont d’un seul coup été confrontées à une réalité qui était loin de
celle des salles de conférences. La crise unissait les gens. Le sentiment de
désespoir se révélait au grand jour, où tout le monde pouvait le voir ; une
action pouvait donc être entreprise.
Des vieux, empêtrés dans leurs croyances négatives vis-à-vis de la
vieillesse, se sont découverts, une fois stimulés par une situation de survie,
une grande vitalité et une nouvelle raison d’être. D’autres, qui étaient
aveuglés et perdus par leur croyance en l’importance suprême des biens
matériels se retrouvaient sans rien ; ils ont réalisé que les possessions
présentaient un intérêt très relatif et ils ont senti au fond d’eux-mêmes le
frémissement d’une liberté qu’ils n’avaient pas ressentie depuis leur
jeunesse.
Voulez-vous faire une pause ?
(0 h 17. « Non. » Le rythme est pourtant soutenu.
Une pause.) La « maladie » cachée de la région était maintenant évidente
pour tout le monde. Les gens sont venus de partout pour aider. Pour une
fois, la camaraderie ignorait la structure sociale. Un seul jour avait suffi
pour arracher des schémas d’existence qui semblaient aller de soi. À des
degrés divers, chacun a clairement perçu la relation personnelle qui
l’unissait jusque-là à la nature de sa vie, ainsi que son lien de parenté avec
la communauté. Plus encore, chaque être humain a senti l’énergie
persistante de la nature et s’est vu rappelé, même dans l’apparente
impossibilité de prédire l’inondation, la grande stabilité permanente sur
laquelle repose la vie normale.
Le pouvoir de l’eau a mis chaque individu en contact avec la
reconnaissance intime de sa dépendance face à la nature et l’a poussé à
s’interroger sur des valeurs qui trop longtemps lui avaient semblé évidentes.
Ce genre de crise contraint automatiquement chaque personne à
reconsidérer ses valeurs, à faire des choix instantanés qui l’amènent à
reconnaître des choses qu’elle ne voyait pas auparavant.
Faites votre pause.
(De 0 h 26 à 0 h 40.)
L’inondation a donc matérialisé physiquement les problèmes intérieurs de
la région, en même temps, elle a libéré les énergies qui étaient prises dans le
piège du désespoir.
La région est devenue un centre d’attention, tant sur le plan physique que
psychique, ce qui a eu pour effet d’attirer une autre énergie. Tous les
individus impliqués dans l’évènement avaient leurs propres raisons d’y
participer ; chacun a pu atteindre ses objectifs personnels et résoudre ses
problèmes, dans le contexte créé collectivement.
Dans la réalité de l’instant, beaucoup de vieilles croyances ont volé en
éclats. Les facultés d’initiative et d’action longtemps enfouies ont été
libérées pour une foule de gens. Des fonds fédéraux ont immédiatement été
attribués à la région et les projecteurs ont été braqués sur cet endroit. (Une
pause.) Beaucoup de personnes solitaires ont été contraintes, ou plutôt se
sont contraintes elles-mêmes, à vivre une situation où il était impératif
d’entrer en relation avec autrui. Comme ce n’est pas le thème principal de
ce livre, je ne peux pas approfondir la façon et les moyens que cela
suppose.
En guise d’exemple, nous allons nous intéresser à l’expérience de Ruburt
et Joseph pendant cette inondation, car le rôle qu’ils y ont joué peut
s’appliquer à de nombreuses autres personnes.
Maintenant. (Avec un sourire et d’une voix plus forte.) Fin de la session.
Mes salutations les plus chaleureuses à vous deux, et un cordial bonsoir.
(« Merci, Seth. Très bien – nous serons contents d’avoir ces
renseignements. »
Fin à 0 h 48.
Avant que je transcrive ce matériau à partir de mes notes, nous nous
demandons, Jane et moi, si nous devons compléter par des noms, des dates
et des circonstances précises les données assez générales fournies par Seth
sur ce qui s’est passé à Elmira et dans le comté de Chemung. Ces
informations couvriraient une période d’au minimum plusieurs mois avant
et après l’inondation du 23 juin 1972. Nous décidons que ce n’est pas
nécessaire – Seth a dit ce qui lui paraît important pour ce livre.
Nous pensons néanmoins qu’une étude complète sur les relations entre
les états émotionnels et la météo dans notre comté serait très intéressante.
Cela poserait bien sûr des problèmes de limites géographiques, de temps et
d’argent, mais si cette recherche apportait des résultats lumineux, elle
pourrait être étendue à tout l’état de New York, par exemple, puis à la
Pennsylvanie – et pour finir à l’ensemble de la côte est des États-Unis. Car
la tempête tropicale Agnès, à l’origine de l’inondation, était vraiment
énorme.
En lien avec les informations concernant l’inondation, fournies dans
cette session et dans la suivante, nous renvoyons une fois encore le lecteur
aux notes de la session 613, chapitre 1.)
SESSION 666
LUNDI 28 MAI 1973
(21 h 31.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Avec un sourire.) À présent, voulez-vous savoir pourquoi vous êtes restés
(dans notre appartement) pendant l’inondation ?
(« Oui, tout à fait. »)
Rien de tout cela ne devrait être un mystère pour vous. Les raisons et les
habitudes qui entrent en jeu vous étaient consciemment accessibles.
Maintenant. Dictée. Ruburt et Joseph (c’est ainsi que Seth nous appelle
Jane et moi) se sont toujours perçus comme ayant une relation directe avec
la nature et avec l’univers. Leur démarche est individuelle, ce sont en un
sens des solitaires. Ils se tiennent à l’écart des grands groupes.
Beaucoup de gens ont malgré tout été surpris qu’ils restent là pendant
l’inondation. Certains ont trouvé que c’était très imprudent. Mais on peut
dire que, d’une certaine manière, Ruburt et Joseph étaient parfaitement
préparés. Depuis l’épisode de la baie des Cochons, ils gardaient toujours
dans un placard une petite réserve de nourriture, de l’eau potable dans de
vieux carafons de vin, des bougies et un transistor. Mais ils n’étaient pas
« en quête » d’un désastre16.
Avant de commencer son travail médiumnique, Ruburt a écrit un [court]
roman, Bundu17, dans lequel une destruction nucléaire s’était produite. Il
s’était documenté sur ce qui était nécessaire à la survie. Plus tard, à
l’époque de la baie des Cochons, il avait acheté avec Joseph les
marchandises en question. Leurs habitudes de vie étaient telles que ce stock
se renouvelait presque automatiquement. Il y avait toujours des bougies, de
la nourriture et de l’eau en réserve. Ces provisions ne posaient aucun
problème. Quand l’inondation a eu lieu, Ruburt et Joseph étaient prêts, de
ce point de vue en tout cas, à se passer au besoin de toute aide extérieure.
Tout cela était lié à des décisions et des réponses conscientes apportées à
des situations qui, en vos termes, n’existaient plus au moment de
l’inondation. Leur type de réaction était pourtant clair. Ils avaient décidé de
faire face à toute crise importante ensemble, et sur leur propre territoire.
(Une pause à 21 h 43.) Les croyances qui conduisaient à la décision de
rester n’avaient pas changé à cet égard. Le sentiment d’implication directe
avec la nature prend ici toute son importance : cette situation, ils allaient
l’aborder sur des bases individuelles. Ils avaient, de plus, l’habitude de
travailler seul, même en étant ensemble. Dans leurs activités artistiques et
leurs travaux médiumniques, ils avaient coutume de se faire confiance. Par
le passé, ils avaient campé et, une fois au moins, dans un environnement
très sauvage (en Basse-Californie).
Cela avait encore renforcé leur sentiment profond de lien avec la nature
et encouragé leur tendance à vivre en accord avec elle, à survivre en son
sein au lieu de la combattre. Avec cet ensemble de croyances, d’attitudes et
d’antécédents, leur décision de rester était totalement prévisible.
Sachant que leur maison avait un troisième étage, ils avaient prévu d’y
monter, au besoin, nos manuscrits, les textes de Ruburt et les peintures de
Joseph. D’autres éléments entraient aussi en ligne de compte. Tout d’abord,
ils habitaient (et habitent toujours) au deuxième étage. La crise les a
amenés à porter un regard lucide et critique sur nombre de leurs attitudes.
La situation est devenue si sérieuse que, pendant un temps, ils ont craint
pour leur vie.
(21 h 51.) Ils ont alors vu très clairement toute la symbolique de leur
situation. Ils étaient isolés, avec trois mètres d’eau tout autour d’eux, une
eau dont le niveau montait rapidement et qui s’accompagnait d’émanations
de produits sans doute inflammables. Ruburt et Joseph n’avaient dit à
aucune personne d’autorité qu’ils avaient décidé de rester ; au lieu de cela,
ils avaient tiré les rideaux pour que l’on ne se rende pas compte de leur
présence. Lorsqu’ils ont eu peur, toute aide extérieure était devenue
impossible.
Les hélicoptères ne pouvant atterrir, ils se sont retrouvés seuls avec le
matériau de Seth, d’autres manuscrits de Ruburt et leurs tableaux. Pour se
calmer, et pour prévenir toute panique, ils ont eu recours à une forme légère
d’autohypnose. Mais c’est Joseph qui a suggéré à Ruburt de se « brancher »
pour découvrir ce qu’il pourrait apprendre à propos de leur situation
personnelle.
Or, du fait de leur connaissance et de leur caractère, ils avaient déjà
commencé à jouer aux cartes pour distraire leur attention consciente, et à
boire du vin pour diminuer la tension. Ruburt est alors entré dans un état
modifié de conscience et a prévu très exactement ce qui allait se passer. Le
pont situé à moins d’un pâté de maison de chez eux allait s’écrouler, mais
ils étaient en sécurité tant qu’ils ne cédaient pas à la panique et ne tentaient
pas de sortir.
Vers cinq heures, le pire serait passé, même si les médias ne le
comprendraient pas tout de suite. Dès qu’ils reçurent cette information,
Joseph et Ruburt se sentirent plus à l’aise, et la panique qui les guettait
disparut.
(22 h 00.) Il ne leur restait plus qu’à observer le phénomène physique, à
surveiller la montée des eaux tout en se sachant en sécurité. Ruburt avait
besoin de cette expérience pour accorder plus de foi à ses facultés. Tous
deux avaient besoin que soit assuré le caractère naturel de ces facultés, et la
possibilité de les utiliser dans un rapport personnel avec la nature. Ruburt
s’est aussi rendu compte qu’il s’était mis dans une situation dans laquelle il
avait sous-estimé l’importance des manipulations physiques. Joseph et lui
sont tous deux très cérébraux ; ils ont donc recherché cette rencontre
physique avec des phénomènes concrets, et résolu le problème
conformément à leurs croyances.
En revanche, ceux qui accordent leur confiance aux groupes et qui
travaillent principalement avec les autres ont immédiatement quitté leur
maison pour trouver du réconfort dans la compagnie de leurs voisins.
Ruburt et Joseph ont découvert leur propre attitude en situation de crise, qui
illustrait clairement leur positionnement médiumnique. Cela les a amenés à
s’interroger sur les raisons qui les avaient conduits à choisir d’être seuls
pour faire face à l’inondation.
En d’autres termes, les eaux en crue sont devenues les eaux du temps, et
du monde phénoménal qui passe.
En dépit de tous les problèmes personnels naturels, ils avaient pris
position. Comme Ruburt l’avait prédit, les eaux ont baissé. Ils ont alors dû
faire face aux conséquences de la catastrophe. Joseph a apporté son aide
aux locataires qui rentraient chez eux, ce qui supposait un sérieux labeur
physique. Ruburt et Joseph ont ouvert leurs deux appartements ; ils ont
hébergé un couple dans l’un pendant qu’ils se cantonnaient dans l’autre, se
retrouvant ainsi en contact quotidien avec d’autres personnes, ce qui n’était
pas dans leurs habitudes. Cette situation particulière leur a apporté un
nouvel éclairage sur un certain nombre de choses très importantes ; elle leur
a aussi montré qu’à travers leur propre relation, ils interagissaient malgré
tout avec les autres. Point, et faites votre pause.
(22 h 17. « Je recevais aussi beaucoup d’autre matériau, mais qui ne
faisait pas partie du livre, me dit Jane. Seth n’en a donc pas parlé. Cela
concernait plusieurs personnes que nous avons rencontrées au cours de
cette histoire d’inondation. » Étant donné que Jane s’est exprimée de façon
très régulière tout au long de cette session, je commence à m’interroger sur
certains points intéressants : est-il possible pour Jane de percevoir de la
part de Seth deux canaux « en même temps » ? Dans ce cas, par quel
processus ? Et même si sa conscience passait successivement de l’un à
l’autre, pourquoi n’y a-t-il pas eu d’interférences dans le matériau qu’elle a
transmis ?
« Je ne sais pas comment je l’ai eu, dit-elle. C’était entre les deux, je
suppose, mais ça ne veut pas dire grand-chose. » Combien de canaux y
avait-il vraiment ? Car Jane a ajouté qu’elle avait aussi eu accès à des
informations la concernant – une fois encore « entre les deux… » Elle est
incapable d’être plus précise. Reprise à 22 h 40.)
Quand l’eau a reflué la radio a diffusé des consignes pendant quelque
temps : des dispensaires étaient mis en place et la population devait
impérativement s’y rendre pour se faire vacciner contre le tétanos.
Ruburt s’est à nouveau « mis à l’écoute » en modifiant son état de
conscience, et il lui a été dit de ne pas suivre ce conseil. Joseph non plus ne
devait pas y aller. Ils ont ainsi eu accès à un savoir inconscient et à une
information sur leur condition physique. Tous deux ne risquaient rien tant
que le vaccin ne leur était pas injecté. En l’occurrence, l’attitude de Ruburt
et de Joseph était en contradiction directe avec les déclarations officielles,
diffusées par la radio, et, bien que chacun dans leur entourage immédiat se
soit précipité vers les centres médicaux, ils ont tenu bon. Ils ont mis leur vie
en jeu. À peine une heure plus tard, les annonces radiophoniques avaient
complètement changé : on disait que les gens n’avaient pas besoin de se
faire vacciner et qu’en fait, le vaccin pouvait même entraîner de graves
réactions.
Pour Ruburt et Joseph, cela a encore renforcé leur confiance en eux-
mêmes, ce qui leur sera utile dans d’autres domaines. Par des aspects trop
nombreux et trop personnels pour qu’on les énumère ici, les conditions de
leur vie leur sont devenues plus claires. Ils n’ont eu aucun plaisir à vivre
pendant plusieurs semaines dans un environnement froid et détrempé. Ils ne
cherchaient pas tous les inconvénients que cela impliquait et, pourtant, pour
des raisons qui leur sont propres, ils ont choisi de prendre part à
l’inondation.
Quelques jours seulement avant que celle-ci ait lieu, on avait proposé à
Ruburt de passer à la télévision de Baltimore et elle avait refusé18. Leur
voiture était sous l’eau et les rentrées d’argent provenant des cours de
Ruburt ont évidemment cessé ; mais ces effets secondaires correspondaient
au choix qu’ils avaient fait tous deux, en accord avec leurs croyances
conscientes, leurs habitudes et leur mode de fonctionnement.
(22 h 50.) Il en va de même pour toutes les personnes concernées par
l’évènement. Au niveau symbolique, une inondation représente évidemment
un balayage complet du passé, l’énergie et le pouvoir décapant des forces
inconscientes, et l’émergence consécutive d’une nouvelle naissance. Le fait
est que votre société vous place souvent face à des désagréments et des
problèmes mineurs qui ne sollicitent pas pleinement vos forces. Les
désastres, eux, sont souvent l’occasion d’une rencontre avec la nature qui
vous permet de faire l’expérience du grand pouvoir de votre identité, et de
son étendue, dans une situation qui vous pousse jusqu’à vos ultimes
retranchements.
Dans une société hautement matérialiste, la perte d’une maison coûteuse
et autres biens matériels a une dimension à la fois très concrète et très
symbolique. De nombreux individus recherchaient donc ce genre
d’expérience. (Une longue pause.) Beaucoup ont aussi réagi avec un
héroïsme dont ils ne se croyaient pas capables. Un sentiment d’union
communautaire est né, un sens profond de solidarité qui n’existait pas
auparavant.
La guerre a souvent servi de stimulus émotionnel et d’échappatoire – en
termes de drame, d’excitation et d’appartenance – pour ceux qui se
sentaient seuls, impuissants et isolés.
À sa manière, un incendie de quartier joue le même rôle, entre autres,
tout comme une catastrophe locale ou régionale. La nature de votre esprit
conscient exige du changement et du spectaculaire, ainsi qu’un sentiment de
pouvoir, et des aspirations grâce auxquelles évaluer les orientations
individuelles. Idéalement, une société « parfaite » devrait offrir ces
possibilités, et encourager chaque individu à utiliser au maximum ses
potentiels, à se réjouir de relever des défis, à se laisser guider par la grande
excitation naturelle qui l’anime lorsqu’il essaye d’étendre le pouvoir de sa
force créatrice d’une manière qui lui est propre et unique.
(Lentement à 23 h 06.) Quand ces opportunités vous sont refusées, il y a
des émeutes, des guerres et des catastrophes naturelles. Le sentiment de
pouvoir est un droit pour toute créature. Une fois encore, j’entends ici par
pouvoir la faculté d’agir de façon créative et avec une certaine efficacité.
Un chien trop longtemps enchaîné devient souvent méchant. Un homme qui
croit que ce qu’il accomplit n’a aucune valeur recherche des situations dans
lesquelles utiliser son pouvoir d’agir, souvent sans se préoccuper de savoir
si son action aura un effet constructif ou négatif.
Vous ne pouvez pas agir de façon positive si vous n’avez pas la
possibilité d’agir.
(Une pause.) Vous ne comprenez donc pas la nature de votre propre
énergie ou votre aptitude à la diriger. Les tempêtes ou les tornades sont
provoquées par des hommes en colère, exactement comme les guerres. Ce
sont simplement des versions différentes du même phénomène.
L’inondation représentait un symptôme psychique collectif projeté sur la
terre. De façon tout à fait naturelle, toutes les personnes impliquées ont non
seulement choisi cette situation, mais contribué au processus de
« guérison » qui est encore à l’œuvre (onze mois plus tard). Mais vous ne
pouvez pas davantage vous couper du corps de la Terre et de ses conditions
que vous séparer de votre propre corps.
Bien que, pour vous, cela ne semble peut-être pas le cas, tous ces
processus sont créatifs et correcteurs. (Une longue pause.) Vous sentez
intuitivement le lien étroit qui existe entre votre humeur personnelle et
subjective et le temps qu’il fait ; vous pensez que cela signifie simplement
que vous réagissez à des conditions physiques extérieures existant
indépendamment de vous. Ce n’est pas du tout le cas.
Quand vous quittez une région pour une autre, c’est parce que vous avez
changé et que vous êtes attiré par d’autres individus ayant le même type de
croyances et de besoins que vous, attiré donc par des conditions naturelles
totalement différentes. Vous allez alors contribuer à perpétuer le climat
« caractéristique » vers lequel vous vous dirigez.
(D’une voix énergique et avec un sourire.) Faites une pause.
(23 h 23.)
CHAPITRE 19
SESSION 667
MERCREDI 30 MAI 1973
SESSION 668
MERCREDI 6 JUIN 1973
SESSION 669
LUNDI 11 JUIN 1973
(La nuit est très chaude et d’une humidité gênante, mais Jane ne veut pas
manquer une session. Pour une fois, celle-ci a lieu dans son bureau, avec
toutes les portes et fenêtres ouvertes.
Avant la session, nous avons une fois de plus exprimé l’espoir que Seth
commente au moins la dernière expérience de Jane travaillant sur le livre
durant son sommeil. Cela s’est passé aux premières heures du 29 mai et a
été très intense ; voir à ce propos les notes au début de la session 667 du
présent chapitre. Mais, une fois encore et quelle qu’en soit la raison, Seth
n’en fait pas mention. J’oublie aussi de le lui rappeler. Pendant une session,
il est facile d’oublier de poser des questions spécifiques – cela m’est déjà
arrivé alors même que j’en avais une liste sous les yeux.
Mais à présent, comme pour nous laisser encore plus perplexes, Seth
parle du matériau que Jane a reçu la nuit dernière en rêve. Il s’avère que
cela a un rapport avec le chapitre 20.
Le rythme de Jane est assez lent ce soir ; sa voix est calme.
21 h 40.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Puisque le point de pouvoir et d’action est dans votre présent, au
sens où vous l’entendez, chaque jour est donc comme une fenêtre qui vous
offre des perspectives différentes à travers chacun de ses panneaux vitrés.
Chaque jour, la fenêtre peut être ouverte ou fermée, mais elle s’inscrit
dans le cadre formé par votre expérience psychologique actuelle. Même
lorsqu’elle est fermée, elle laisse passer la lumière et illumine votre
quotidien. À sa façon, chaque jour contient sous une forme mineure des
indices se rapportant à toutes vos existences simultanées. Le moi présent
n’existe pas de manière isolée.
Au cours de n’importe quelle période de vingt-quatre heures, des traces
et des aspects de toutes vos autres expériences se manifestent à leur façon.
Chacun de vous est à chaque instant porteur d’éléments appartenant à ses
autres identités – dont certains peuvent être parfaitement évidents alors que
d’autres passeront quasiment inaperçus. Vous allez peut-être reconnaître
comme étant vôtres certaines aptitudes qui font l’objet de toute votre
attention dans une autre vie mais que vous n’utilisez pas beaucoup dans
celle-ci.
De vagues aspirations vers certaines réussites peuvent indiquer que les
éléments nécessaires pour y parvenir vous sont inhérents, mais que le moi
que vous connaissez ne les développe pas. À sa façon, une période de vingt-
quatre heures représente à la fois une existence entière et plusieurs vies en
une. Elle comporte symboliquement la « mort » lorsque votre conscience
physiquement orientée arrive au terme de la quantité de stimuli qu’elle peut
facilement traiter sans prendre de repos. Lors de votre mort physique
naturelle, vous parvenez aussi à un stade où votre conscience orientée vers
cette planète ne peut plus traiter de nouvelles données sans prendre un
« plus long repos » et organiser tout cela en un ensemble créateur ayant un
sens – en termes temporels.
(21 h 56.) Chaque jour est donc pour ainsi dire une incarnation – et pas
seulement sur le plan symbolique, car à l’intersection de l’âme et de la
chair, chaque moi reflète quotidiennement ses moi « réincarnationnels », ou
simultanés.
Ceci est également valable pour ce qui peut vous sembler être d’un
niveau plus pratique, dans le sens où chaque jour porte aussi en lui des
réponses aux problèmes courants. Si vous vous rendez compte d’un
problème (un défi) particulier, vous pouvez être sûr que sa solution est tout
aussi présente que lui et qu’elle vous accompagne comme lui. (Avec
insistance.) La solution est simplement l’autre face du problème, sur
laquelle vous ne focalisez sans doute pas votre attention. Il y a pourtant des
signes clairs qui vous indiquent la direction à prendre – ils existent déjà au
sein de votre expérience mais vous ne les reconnaissez pas parce que vous
êtes trop concentré sur le problème.
Cela s’applique à toutes les formes de dilemmes.
(Une pause.) Bien que vous soyez un individu et que vous ayez votre
libre arbitre, vous faites aussi partie d’un autre vous, un moi plus grand
auquel vous ne vous identifiez pas maintenant. Vous
avez vos propres caractéristiques, qui sont uniques. Votre être plus vaste
possède lui aussi sa propre originalité ; il y a pourtant ce qu’on pourrait
appeler un air de famille entre vous, si bien qu’en général, votre autre moi
et vous choisissez souvent le même type de défis, même si ceux-ci prennent
des formes différentes.
À leur façon, d’autres portions de votre être multidimensionnel vivent
des expériences assez semblables aux vôtres, même si extérieurement la
situation peut paraître totalement différente. Leur progrès demeure latent à
l’intérieur de la fenêtre du point-instant – le point-instant étant simplement
votre intersection actuelle avec la réalité que vous connaissez.
Encore une fois, les aventures de vos moi simultanés apparaissent dans
votre conscience sous forme de traces : des idées, une rêverie, des images
décousues, ou parfois même des intuitions soudaines. Vous pouvez leur
faire appel, en tirer parti pour qu’elles vous aident à comprendre les
problèmes que vous rencontrez.
Vous pouvez faire votre pause.
(22 h 10. « C’est l’une des rares fois au cours de toutes ces sessions, dit
Jane, où je n’étais même pas en transe. » Elle n’a pas cessé de se tortiller
sur sa chaise mais son élocution s’est accélérée jusqu’à trouver son rythme
normal et régulier. Pour plus de données sur les points-instants, voir le
matériau transmis lors de la dernière session à 21 h 26. Reprise à 22 h 28.)
Maintenant. Cela ne veut pas dire que vous allez forcément recevoir un
flot d’informations réincarnationnelles, une reconnaissance intuitive
instantanée de vies « passées » ou faire l’expérience de données
envahissantes de ce genre. Cela signifie simplement que ces informations
apparaissent automatiquement dans votre vie, de façon intime, mais
exprimées cependant selon une formulation qui s’inscrit dans votre schéma
de compréhension, allant même jusqu’à franchir sans obstruction vos
pensées conscientes. De nombreux artistes peignent sans le savoir des
portraits de leurs moi simultanés21. De nombreuses mères se sentent par
instants plus jeunes que leurs enfants ou ont envie de les appeler par un
autre prénom. L’impulsion d’entreprendre des activités que vous n’avez
jamais essayées peut réellement correspondre à des messages venant
d’autres portions de votre être.
C’est simple – le temps, tel que vous le concevez, n’existe pas ; il n’y a
qu’un présent au sein duquel toutes choses se produisent. Les cellules elles-
mêmes contiennent des miracles d’information condensée que les
scientifiques ne peuvent percevoir, car ils se trouvent hors du champ
d’investigation de leurs instruments. À sa façon, la compréhension
cellulaire comporte une vaste reconnaissance des probabilités, auxquelles
elle réagit par des manifestations aussi rapides que l’éclair – ce qui a pour
effet de modifier les probabilités en question.
(22 h 42.) L’esprit conscient physiquement orienté ne peut pas dans
votre maintenant traiter ces stupéfiantes probabilités tout en maintenant le
sentiment de sa propre identité ; il y a pourtant, au sein de vos pensées
quotidiennes, des traces conscientes qui sont la représentation
psychologique de cette connaissance.
Souvent vous ne faites pas confiance à votre imagination, considérant
qu’elle est liée à des phénomènes que l’on ne peut pas considérer comme
des faits. Vous créez donc artificiellement une situation dans laquelle les
traces doivent nécessairement être globales. Car si vous êtes trop
imaginatif, par exemple, vous pouvez avoir des difficultés à faire
correctement face à la vie physique. Ceci n’est pourtant vrai que dans le
contexte culturel dans lequel vous fonctionnez à présent. À l’origine, en vos
termes de temps, c’est précisément l’imagination qui, à sa façon, vous a
distingués des autres créatures et vous a rendus capables de former dans
votre esprit des réalités que vous alliez pouvoir extérioriser « plus tard ».
Du fait de votre présent manque de confiance envers l’imagination,
vous ne comprenez pas les indices qu’elle vous donne, aussi bien pour
résoudre des problèmes que pour exprimer votre créativité. Beaucoup de
souvenirs réincarnationnels parfaitement valides vous parviennent à travers
votre imaginaire, mais vous ne leur faites pas confiance. Vous pouvez
pourtant résoudre facilement une bonne partie de vos problèmes en faisant
appel à votre imagination.
(Une pause à 22 h 50.) Souvent, vous l’utilisez par inadvertance d’une
façon qui prolonge les circonstances « négatives », en pensant à tout ce qui
pourrait mal tourner. Vous avez pourtant la possibilité d’en faire usage de
façon très constructive, en modifiant le passé, le présent et le futur. Pour ce
faire, imaginez librement une situation dans laquelle vous êtes heureux. Au
départ, ces rêveries pourront vous sembler stupides. Si vous êtes vieux,
pauvre et solitaire, il peut vous paraître parfaitement ridicule d’imaginer
que vous avez vingt ans, que vous êtes riche et entouré d’amis et
d’admirateurs.
Effectivement, si, après un exercice aussi agréable, vous considérez votre
situation et la comparez à ce que vous avez visualisé, vous risquez de vous
sentir encore plus mal qu’avant. Vous devez réaliser que ce monde
imaginaire existe réellement – mais pas dans l’univers des faits que vous
connaissez. Toutefois, selon la liberté avec laquelle vous en usez, cet
exercice peut dans une certaine mesure régénérer automatiquement votre
corps et votre esprit, et commencer à attirer vers vous toute situation
équivalente à laquelle il vous est possible d’accéder au sein du monde
factuel que vous connaissez. (Avec insistance.)
Prenons l’âge comme exemple : vous avez peut-être l’impression d’avoir
un certain nombre d’années et que, dans votre expérience subjective, c’est
cet âge qui compte et qu’il vous empêche de vivre l’expérience d’une autre
période de la vie. Pourtant, dans certaines existences simultanées, vous êtes
très jeune et dans d’autres très vieux. Certaines cellules de votre corps sont
pour ainsi dire toutes neuves – le pouvoir de régénérer la vie est
physiquement en vous. En vos termes, ceci est vrai non seulement jusqu’à
la mort mais même au-delà, puisque vos ongles et vos cheveux continuent
de pousser. Identifiez-vous donc à cette énergie toujours nouvelle qui vit en
vous dans ce maintenant de votre être (avec beaucoup d’insistance) et
réalisez qu’à tous les niveaux, vous êtes biologiquement et
psychologiquement relié avec l’identité plus vaste qui est la vôtre.
Vous pouvez faire une pause.
(De 23 h 04 à 23 h 24.)
Maintenant. Quelle que soit votre situation actuelle, les réponses se
trouvent dans vos aptitudes et vos aspirations. Souvent, vous tempérez ou
inhibez certains aspects de votre expérience pour en favoriser d’autres –
utiliser ceux dont vous disposez vous libère automatiquement
d’inhibitions présentes dans d’autres domaines.
Il y a peut-être des malformations congénitales auxquelles il est
impossible de remédier concrètement ; l’expérience peut avoir à se
concentrer sur des approches inhabituelles ; pourtant, même dans ce cas-là,
les caractéristiques et talents dont l’individu dispose lui donnent accès à de
larges perspectives de vie et d’accomplissements.
Quand vous vous servez de votre imagination comme je le suggère,
faites-le délibérément comme un jeu, sachant qu’en termes prétendument
réalistes, il peut y avoir de grandes différences entre l’imaginaire et les faits.
Dites-vous que c’est ainsi dans votre réalité. Pourtant, votre imagination
vagabonde, « stupide » et apparemment irréaliste va souvent apporter des
solutions très pratiques à vos problèmes car, si vous pratiquez correctement
cet exercice, vous allez automatiquement vous libérer de restrictions que
vous pensiez inéluctables.
Même si une solution directe n’apparaît pas, une régénération va vous
orienter dans la bonne direction. Si vous êtes par exemple une femme, et
que vous n’êtes pas heureuse dans votre mariage, vous pouvez imaginer un
prétendant idéal. Galaad le Preux ne va peut-être pas apparaître, mais si
vous répétez convenablement cet exercice, vous allez automatiquement
commencer à vous sentir aimée, et donc digne d’être aimée, et aimable,
alors qu’auparavant, vous aviez le sentiment d’être rejetée, nulle et
dépourvue de mérites. Le sentiment même d’être aimée va modifier votre
réalité et attirer l’amour vers vous. Vos actes seront ceux d’une femme
aimée. Votre mari trouvera peut-être que vous faites preuve de qualités
agréables et changera peut-être lui aussi.
Il se peut également que vous attiriez un autre homme, mettant un terme
à un mariage qui, de toute manière, aura rempli son but, et que vous
trouviez maintenant l’impulsion de changer et les raisons de le faire.
Puisque votre imagination transcende le temps, elle constitue l’une des plus
importantes pierres de touche menant à votre identité.
Vous devez bien sûr être capable de faire la distinction entre le monde
imaginaire et celui des faits concrets pour parvenir à un maniement efficace.
Mais la réalité physique jaillit de l’imagination, qui suit la voie de vos
croyances.
Dans l’exercice dont nous venons de parler, vous utilisez la croyance en
un changement effectif dans un domaine quelconque et permettez à votre
imagination d’évoluer librement dans cette direction. Automatiquement, ce
genre d’exercice fait davantage encore : il ouvre la fenêtre des perceptions
et laisse entrer la connaissance et l’expérience d’autres portions du moi.
Lorsque cette lumière et cette énergie vous arrivent, elles prennent la teinte,
la couleur de votre propre réalité psychologique, comme les rayons du
soleil traversant un verre teinté. Cela signifie simplement que l’information
provenant d’une autre dimension apparaît souvent de façon banale, sous la
forme d’un pressentiment, d’une idée soudaine ou d’une solution qui vous
avait déjà traversé l’esprit mais que vous n’aviez pas retenue.
Voulez-vous faire une pause ?
(23 h 45. « Non. » Mais je vais chercher à boire pour Jane quand,
toujours en transe, elle me tend son verre vide.)
La connaissance multidimensionnelle de vos cellules n’est en général pas
consciemment disponible ; elles ne peuvent pas non plus la traduire pour
vous en termes psychologiques. Ce travail d’imagination agit toutefois
comme un déclic qui fait remonter vers vous l’information provenant de
niveaux plus vastes de votre réalité et qui la concentrent sur le problème en
question. Elle se présentera alors en des termes compréhensibles pour vous.
À lui seul, cet exercice modifie les probabilités de manière créative, car
vous ne vivez plus le problème comme une réalité concrète immuable. Il y a
désormais une impulsion psychologique et psychique qui modifie les
messages que vous transmettez habituellement à votre corps et à sa
structure cellulaire. Vous êtes donc en train d’agir créativement à différents
niveaux de votre expérience.
Reprenons les deux exemples précédents. En s’imaginant plus jeune, la
personne âgée va, au cours de cet exercice, réactiver certaines
transformations chimiques et hormonales, et ainsi rajeunir. Quant à la
femme qui se sent rejetée, elle enclenche les mêmes processus en imaginant
qu’elle est aimée.
Ces pratiques activent également à l’intérieur du moi toutes ses
expériences inconscientes mais parfaitement valides, et puisent dans les
vies simultanées des évènements similaires. Dans l’une de ces existences, la
personne âgée est jeune ; la femme mal aimée est réellement aimée. Ces
réalités inconscientes sont activées grâce à l’imagination. Chaque jour est
une fenêtre sur chaque vie.
Vous pouvez faire votre pause ou terminer la session, comme vous
préférez.
(« Alors, faisons une pause. »
23 h 59. La soirée est maintenant un peu plus fraîche et Jane se sent
mieux, mais elle dit que le bruit de l’immeuble l’a gênée dans sa transe, ce
qui est rare.
Pendant la pause, je lui rappelle que nous souhaitions que Seth parle du
rêve qu’elle a eu le 29 mai, dans lequel elle travaillait sur le livre ; mais à
peine y ai-je fait allusion qu’elle commence à décrire ses rêves de la nuit
dernière. Je les avais oubliés pour l’instant.
Hier soir aussi, il faisait très chaud et Jane a mal dormi. Elle s’est
réveillée de nombreuses fois la tête pleine de données concernant des
paysages imaginaires qui étaient « juste devant elle » en se demandant si
elle pouvait passer de l’un à l’autre « comme on franchit la barrière entre
deux jardins ». Elle savait en même temps que tous ces lieux faisaient partie
d’un paysage rêvé collectivement. Elle avait l’impression que ce matériau
ne provenait pas de Seth. Mais avec le recul, il semble évident qu’il
s’agissait d’une préparation au chapitre 20.
« Seth est prêt à continuer », ajoute-t-elle à présent, alors que nous
discutons de son rêve. La session reprend donc à 0 h 03.)
CHAPITRE 20
SESSION 670
MERCREDI 13 JUIN 1973
SESSION 672
LUNDI 25 JUIN 1973
(21 h 38.)
Maintenant. Dictée. (Lentement, pour commencer.) Laissée à elle-même,
la haine ne dure pas. Elle s’apparente souvent à l’amour, car celui qui hait
est attiré par l’objet de sa haine, du fait de liens profonds. Elle peut aussi
être une méthode de communication, mais ce n’est jamais un état stable et
permanent : elle se transforme automatiquement si l’on ne s’en mêle pas.
Si vous croyez que la haine, c’est le Mal, et qu’il vous arrive de haïr
quelqu’un, vous risquez d’essayer d’inhiber cette émotion ou de la retourner
vers vous – rager contre vous-même plutôt que contre autrui. Ou bien vous
pouvez faire comme si vous ne vous rendiez pas compte de sa présence,
dans l’espoir de la faire disparaître – dans ce cas, vous faites barrage à cette
immense énergie et vous ne pouvez donc pas l’utiliser à d’autres fins.
Dans son état naturel, la haine a un caractère fortement stimulant, qui
engendre le changement et l’action. Contrairement à ce qu’on a pu vous
dire, la haine ne génère pas vraiment la violence. Comme déjà mentionné
dans ce livre, l’explosion de violence résulte souvent d’un profond
sentiment d’impuissance. (Voir les sessions 662 et 663, chapitre 17.)
Bon nombre de ceux qui commettent subitement de grands crimes, des
meurtres ou qui sont même les instigateurs de massacres collectifs, étaient
jusque-là des personnes dociles au comportement conventionnel,
considérées comme des modèles de conduite. Refusant tous les éléments
agressifs naturels présents en eux, ils considéraient le moindre signe de
haine passagère comme le Mal incarné. De ce fait, il est souvent difficile,
pour ce type d’individu, d’exprimer le rejet le plus normal ou d’aller à
l’encontre d’un code de respect et de convention donné. Ils sont incapables
d’exprimer à leurs semblables le moindre désaccord, contrairement aux
animaux qui, eux, savent le faire.
(21 h 50.) Psychologiquement, seule une énorme explosion peut les
libérer. Ils se sentent tellement impuissants que cela accroît leurs difficultés
– ils tentent donc de se libérer en manifestant une très grande puissance, en
termes de violence. Certains de ces individus, des enfants modèles par
exemple, qui souvent n’osaient même pas répondre à leurs parents, ont été
envoyés à la guerre où ils ont soudain reçu carte blanche pour libérer ces
sentiments au combat ; je fais ici référence en particulier aux deux dernières
guerres (celle de Corée de 1950 à 1953, et celle du Vietnam de 1964 à
1973), et non pas à la Seconde Guerre mondiale.
Pendant ces deux guerres, il était possible de donner libre cours à
l’agressivité tout en continuant à respecter les codes en vigueur. Ces
individus n’en étaient pas moins confrontés à l’horreur de leur haine et de
leur agressivité réprimées, soudain libérées. À la vue des résultats sanglants,
ils furent encore plus impressionnés, plus terrifiés, par ce qu’ils
considéraient comme une énergie terrible qui parfois les poussait à tuer.
De retour au pays, le code de conduite adapté à la vie civile a repris le
dessus, et ils se sont à nouveau contenus de toutes leurs forces. Certains ont
fait preuve d’un conformisme extrême. Le « luxe » d’exprimer une
émotion, même sous une forme exagérée, leur étant soudain refusé, ils ont
éprouvé par contraste un sentiment grandissant d’impuissance.
(Une pause à 21 h 59.) Accordez-nous un instant… Nous n’allons pas
consacrer ce chapitre à la guerre, mais je tiens néanmoins à faire quelques
remarques. C’est également un sentiment d’impuissance qui conduit les
nations à déclencher des conflits armés. Ce sentiment n’a pas grand-chose à
voir avec la situation « factuelle » de ces pays dans le monde ou avec la
puissance que d’autres peuvent leur attribuer ; il s’agit d’un sentiment
général d’impuissance – qui peut exister indépendamment de la situation de
suprématie mondiale.
En un sens, je regrette que ce ne soit pas ici le lieu pour parler de la
Seconde Guerre mondiale (1939-1945), car elle aussi a été le résultat d’un
sentiment d’impuissance qui a explosé en un gigantesque bain de sang
collectif. Le même processus était à l’œuvre de façon privée dans le cas des
individus dont nous venons de parler.
Accordez-nous un instant… Sans entrer dans les détails, je veux
simplement indiquer qu’aux États-Unis, d’immenses efforts ont été faits au
niveau national, après la Seconde Guerre mondiale, pour canaliser vers
d’autres secteurs l’énergie des soldats qui rentraient au pays. Nombre de
ceux qui étaient partis à la guerre avec un sentiment d’impuissance se sont
vus accorder des avantages à leur retour – des objectifs, une formation, des
privilèges qu’ils n’avaient pas auparavant. On leur a donné les moyens de
se sentir puissants. Ils ont été reçus comme des héros, et bien que beaucoup
aient perdu leurs illusions, dans l’atmosphère générale qui régnait dans le
pays, les vétérans étaient les bienvenus.
(Une pause à 22 h 11.) Je parle à présent de cette guerre de façon
générale, car il y a eu des exceptions, mais la plupart des hommes qui y ont
participé en ont appris quelque chose. Ils se sont élevés contre l’idée de
violence et chacun a reconnu à sa manière les ambiguïtés psychologiques
personnelles de ses sentiments au cours des combats.
Les politiciens leur ont dit que cette guerre devait être la dernière et
l’ironie veut que la majorité de ceux qui portaient l’uniforme y ait cru.
(Moi-même, Robert Butts, j’y ai cru.) Le mensonge n’est certes pas devenu
vérité mais il s’en est rapproché, car, en dépit de leurs échecs, les anciens
combattants ont réussi à élever des enfants qui n’allaient pas partir à la
guerre de leur plein gré et qui allaient remettre en question son principe
même.
Curieusement, cela a rendu les choses encore plus difficiles pour ceux qui
se sont retrouvés engagés dans les deux conflits suivants – de moins grande
ampleur –, car la nation ne soutenait ni l’un ni l’autre. Comme
précédemment, ceux qui se battaient ont pu exprimer librement tout
sentiment d’impuissance, dans un bain de sang plus restreint cette fois ;
mais le code lui-même vacillait. Même parmi les troupes, cette libération
des émotions n’était plus acceptée comme auparavant. Quant à la dernière
guerre [du Vietnam], la moitié du peuple américain lui était favorable et
l’autre moitié lui était opposée ; ce qui, le conflit terminé, a encore renforcé
le sentiment d’impuissance des anciens combattants. C’est la raison pour
laquelle des soldats rentrés au pays ont commis des actes de violence24.
SESSION 674
LUNDI 2 JUILLET 1973
(21 h 23.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Avec beaucoup d’humour, les yeux grand ouverts et sombres.) Votre
sympathique auteur cosmique va maintenant commencer la dictée.
(« Bien. »)
L’affirmation signifie l’acceptation de votre miraculeuse complexité
individuelle ; c’est dire « oui » à votre être. C’est consentir à la réalité qui
est la vôtre en tant qu’esprit dans la chair. Dans le cadre de votre propre
complexité, vous avez le droit de dire « non » à certaines situations,
d’exprimer vos désirs, de communiquer vos sentiments.
Si vous le faites, alors dans le flux, dans le grand mouvement de votre
réalité éternelle, vous serez porté par un courant global d’amour et de
créativité. L’affirmation est l’acceptation de vous-même, dans votre présent
– de la personne que vous êtes. Au sein de cette acceptation, vous pouvez
découvrir des qualités que vous souhaiteriez ne pas avoir ou des habitudes
qui vous dérangent. Vous ne devez pas vous attendre à être « parfait ».
Comme on l’a déjà mentionné, votre idée de perfection correspond à un état
d’accomplissement au-delà duquel il n’y a aucune croissance future, et
aucun état de ce genre n’existe. (Voir par exemple la session 626, chapitre
5.)
« Aime ton prochain comme toi-même. » Inversez cette phrase et dites
« Aime-toi comme tu aimes ton prochain », car souvent vous reconnaissez
ce qui est bien chez autrui et l’ignorez en vous-même. Certains croient que
ce qu’ils pensent être l’humilité relève d’un grand mérite et d’une sainte
vertu. Être fier de soi semble alors un péché et, dans ce schéma de
référence, une réelle affirmation de soi est impossible. La fierté authentique
est basée sur la reconnaissance pleine d’affection de votre propre intégrité
et de votre valeur. La véritable humilité se base sur ce regard affectueux que
vous portez sur vous-même, et sur la compréhension du fait que vous vivez
dans un univers où tous les êtres possèdent également une individualité et
un mérite qui ne peuvent être niés.
Une fausse humilité vous raconte que vous n’êtes rien. Elle cache
souvent un orgueil dénaturé, boursouflé, dénié, car aucun homme ni aucune
femme ne peuvent vraiment accepter une théorie qui nie la valeur
personnelle de l’être.
La fausse humilité peut vous amener à détruire les valeurs des autres,
parce que, si vous acceptez de n’avoir aucune valeur, vous ne pouvez pas en
voir chez autrui. La vraie fierté vous permet de percevoir l’intégrité de vos
semblables et de les aider à utiliser leur force. Beaucoup de gens font, par
exemple, étalage de l’aide qu’ils apportent aux autres, encourageant ces
derniers à s’appuyer sur eux. Ils croient que c’est là accomplir un acte
parfaitement saint et vertueux ; au lieu de cela, ils empêchent les autres de
reconnaître leurs forces, leurs aptitudes, et de les utiliser.
(21 h 40.) Quoi qu’on ait pu vous en dire, le sacrifice personnel n’a
aucun mérite. D’abord, c’est une chose impossible. Le moi grandit et se
développe. Il ne peut être annihilé. En général, se sacrifier signifie rejeter le
« fardeau » de soi-même sur quelqu’un d’autre et lui en faire porter la
responsabilité.
Une mère qui dit à son enfant « J’ai sacrifié ma vie pour toi » dit une
absurdité. En termes fondamentaux, quoi qu’elle dise, cette mère croit
qu’elle n’avait pas grand-chose à abandonner et cet « abandon » lui a
procuré la vie qu’elle souhaitait.
Un enfant qui affirme avoir renoncé à sa vie pour ses parents et consacré
son existence à prendre soin d’eux veut dire qu’il avait peur de vivre sa
propre vie et peur de leur laisser vivre la leur. Donc, en « renonçant » à sa
vie, il a obtenu la vie qu’il voulait.
L’amour ne demande aucun sacrifice. Ceux qui ont peur d’affirmer leur
être ont également peur de laisser les autres vivre par eux-mêmes. Vous
n’aidez pas vos enfants en les maintenant enchaînés à vous, et vous n’aidez
pas non plus vos parents âgés en les encourageant à se sentir impuissants. Si
vous suivez spontanément et honnêtement le sentiment normal de
communication qui vous est donné avec votre condition de créature, la
plupart de vos problèmes se résoudront d’eux-mêmes. C’est seulement la
communication réprimée qui mène à la violence. La force naturelle de
l’amour est partout en vous et les méthodes normales de communication
sont toujours destinées à amener davantage de contact avec vos semblables.
(Une pause.) Aimez-vous vous-même et faites-vous honneur comme il se
doit, vous vous comporterez alors équitablement envers les autres. Quand
vous dites « non », quand vous refusez, vous le faites parce que, dans votre
esprit et dans vos sentiments, une situation présente, ou éventuelle, n’est
pas à la hauteur de vos idéaux. Le refus intervient toujours par rapport à
quelque chose que vous considérez comme étant, au moins, un mieux. Si
vous n’avez pas des idées trop rigides de perfection, le refus ordinaire sert
un but très concret. Mais ne niez jamais votre réalité présente en la
comparant à une quelconque perfection idéalisée.
L’être n’est pas parfait, car tout être est en devenir. Cela ne veut pas dire
qu’il est en train de devenir parfait, mais qu’il est en train de devenir plus
lui-même. Toutes les autres émotions sont fondées sur l’amour et, d’une
façon ou d’une autre, elles sont toutes reliées à lui et toutes sont des moyens
pour y revenir et en étendre les capacités.
Or, tout au long de ce livre, j’ai évité à dessein d’employer le mot
« amour », à cause des multiples interprétations qu’on lui donne et des
erreurs fréquemment commises en son nom.
Voulez-vous faire une pause ?
(21 h 59. « Je crois que non. »)
Vous devez d’abord vous aimer vous-même avant d’aimer autrui.
En vous acceptant vous-même et en étant joyeusement qui vous êtes,
vous réalisez vos propres aptitudes et votre simple présence peut suffire à
rendre les gens heureux. Vous ne pouvez vous détester et aimer quelqu’un
d’autre. C’est impossible. Au lieu de cela, vous allez projeter sur autrui
toutes les qualités que vous pensez ne pas avoir, faire semblant de vous
intéresser aux autres et les détester parce qu’ils les possèdent. Bien que
vous affirmiez aimer les autres, vous allez tenter de saper les fondements
mêmes de leur être.
Quand vous aimez les autres, vous leur accordez la liberté innée qui leur
revient et n’insistez pas bassement pour qu’ils s’occupent constamment de
vous. Il n’y a pas de catégories dans l’amour. Il n’existe aucune différence
fondamentale entre l’amour d’un enfant pour ses parents, d’un parent pour
son enfant, d’une femme pour son mari, d’un frère pour une sœur. L’amour
a seulement des expressions et des caractéristiques diverses, mais tout
amour est affirmation. Il peut accepter, sans condamner, qu’il y ait des
déviations par rapport à la vision idéale. Il ne compare pas la situation
concrète de l’être aimé avec la vision idéalisée, qui est potentielle.
Dans cette vision, le potentiel est vu comme le présent et l’écart entre le
vécu et l’idéal ne constitue pas une contradiction puisque les deux
coexistent.
Maintenant. Il vous arrive peut-être parfois de penser que vous détestez
le genre humain. Vous pouvez trouver que les gens – ces créatures avec qui
vous partagez la planète – sont fous. Vous pouvez vous en prendre à ce que
vous considérez comme un comportement stupide, des habitudes
sanguinaires et les méthodes inadéquates et à court terme utilisées pour
résoudre les problèmes. Tout ceci est basé sur votre concept idéalisé de ce
que l’espèce humaine devrait être – en d’autres termes, sur votre amour
pour votre prochain. Mais si vous vous concentrez sur les différences, qui
sont loin d’être idylliques, votre amour peut se perdre.
Quand vous pensez que vous haïssez la race humaine au plus haut point,
en vérité, vous êtes pris dans un dilemme d’amour. Vous comparez l’espèce
à la conception aimante et idéalisée que vous en avez. Mais, en
l’occurrence, vous perdez de vue les véritables personnes qui la composent.
Vous placez l’amour sur un tel plan que vous vous coupez de vos vrais
sentiments et ne reconnaissez pas les émotions pleines d’amour qui sont à la
base de votre mécontentement. Votre affection retombe, dans votre
expérience, parce que vous avez nié l’impact de cette émotion, de crainte
que l’être aimé – dans le cas présent, toute l’espèce – ne soit pas à la
hauteur. Vous vous concentrez donc sur les différences par rapport à l’idéal.
Si, au lieu de cela, vous acceptiez de libérer le sentiment d’amour qui se
trouve derrière votre insatisfaction, ce simple fait vous permettrait de voir
dans l’espèce humaine les caractéristiques heureuses qui, dans une large
mesure, vous échappent à présent.
Vous pouvez faire votre pause.
(22 h 04. Pendant l’heure qui s’achève, le débit de Jane a été régulier et
énergique, sans qu’elle soit gênée par le temps très chaud et humide de ce
soir. Mais, à peine sortie de transe, elle commence à en être incommodée.
Reprise à 22 h 39.)
Maintenant. Rien n’est plus pompeux que la fausse humilité.
Bien des gens qui se considèrent comme des chercheurs de vérité et des
êtres spirituels en sont remplis. Pour s’exprimer, ils emploient souvent des
termes religieux. Ils disent : « Je ne suis rien mais l’esprit de Dieu est en
moi et le bien que je fais, si j’en fais, est dû à Dieu et non à moi. » Ou :
« Par moi-même, je ne peux rien. Seul le pouvoir de Dieu peut quoi que ce
soit. »
(Avec insistance.) Maintenant. En ces termes, vous êtes le pouvoir de
Dieu manifesté. Vous n’êtes pas impuissant. Au contraire. Le pouvoir de
Dieu est renforcé par votre être, car vous êtes une partie de ce qu’Il est.
Vous n’êtes pas une vulgaire motte d’argile par laquelle Il décide de Se
manifester.
Vous êtes Lui se manifestant en tant que vous. Vous êtes aussi légitime
qu’Il l’est.
Si vous êtes une partie de Dieu, alors Lui aussi est une partie de vous et,
en niant votre propre valeur, vous en arrivez à nier la Sienne. (Une pause.)
Je n’aime pas utiliser le terme « Lui » pour dire Dieu, puisque Tout-ce-qui-
est se trouve non seulement à l’origine de tous les sexes mais également de
toutes les réalités, dont certaines ne comportent pas d’identité sexuelle au
sens où vous l’entendez.
L’affirmation est le mouvement spontané du corps qui danse. Beaucoup
de ceux qui vont à l’église et se considèrent comme très religieux ne
comprennent pas aussi bien la nature de l’amour ou de l’affirmation que
certains autres qui fréquentent les bars, qui célèbrent la nature de leur corps
et jouissent d’une transcendance spontanée quand ils s’abandonnent au
mouvement de leur être.
(22 h 48.) La vraie religion n’est pas répressive ; et la vie non plus.
Quand le Christ a parlé, il l’a fait dans le contexte de son temps, en utilisant
le symbolisme et le vocabulaire qui avaient un sens pour un peuple
particulier à une époque particulière de l’Histoire, selon vos termes.
(On estime que Jésus-Christ est né entre l’an 8 et l’an 5 avant notre ère,
et qu’il est mort en l’an 29 ou 30.)
Il est parti de leurs croyances, il a utilisé leurs références pour tenter de
les mener vers des domaines de compréhension plus libres.
Avec chacune de ses traductions, la Bible a changé de sens, car elle a été
interprétée selon le langage de l’époque. Le Christ a parlé en termes de
bons et de mauvais esprits parce que cela correspondait aux croyances des
gens. (Pour du matériau en rapport avec celui-ci, voir la session 647,
chapitre 12.) En employant leurs termes, il leur a montré que les
« mauvais » esprits pouvaient être vaincus ; mais c’était là des symboles
acceptés par les gens comme des réalités – parfois pour des maladies ou des
conditions humaines tout à fait « normales ».
(Une longue pause, les yeux fermés, à 22 h 55.) L’expression même
« Aime ton prochain comme toi-même » (Matthieu 19 : 19, Marc 12 : 31)
était ironique, car, dans cette société-là, personne n’aimait son prochain et
chacun s’en méfiait profondément. Une bonne partie de l’humour du Christ
a donc été perdue.
Dans le Sermon sur la Montagne, la phrase « … les doux, car ils
posséderont la terre » (Matthieu 5 : 5) a été très mal interprétée.
Le Christ voulait dire « Vous formez votre propre réalité. Ceux qui ont
des pensées de paix se trouveront à l’abri de la guerre et des dissensions. Ils
ne seront pas touchés par elles. Ils y échapperont et posséderont réellement
la Terre. »
Les pensées de paix, en particulier au sein du chaos, exigent une grande
énergie. Les personnes capables d’ignorer les manifestations physiques de
la guerre et de formuler à dessein des pensées de paix triompheront – mais,
dans votre terminologie, le mot « doux » a fini par signifier mou, inadéquat,
manquant d’énergie. À l’époque du Christ, cette phrase affirmant que les
doux allaient posséder la Terre suggérait que l’on fasse énergiquement
usage de l’affirmation, de l’amour et de la paix.
(Une pause à 23 h 02. Jane, encore en transe, prend une nouvelle
cigarette. Découvrant qu’elle n’a plus d’allumettes, elle indique la table du
salon.)
Iriez-vous chercher le briquet de Ruburt ?
(« Oui. »)
Comme je l’ai mentionné dans Seth parle, l’entité du Christ était trop
vaste pour être contenue en un seul homme ou se limiter à une seule
époque. L’homme que vous pensez être le Christ n’a donc pas été crucifié.
(Voir les chapitres 21 et 22 de Seth parle.)
L’idée du sacrifice de soi n’était d’ailleurs pas en cause. Le mythe est
devenu plus « réel » que l’évènement physique, ce qui est bien sûr le cas
pour de nombreux évènements historiques prétendument importants. Mais
même le mythe a été déformé. Dieu n’a pas sacrifié son fils bien-aimé en lui
permettant de devenir physique. L’entité du Christ désirait naître dans le
temps et l’espace, pour chevaucher la condition de créature afin de servir
de guide et traduire certaines vérités en termes physiques.
Chacun d’entre vous survit à la mort. L’homme qui a été crucifié le
savait, sans l’ombre d’un doute, et il n’a rien sacrifié.
(« Dans Seth parle, vous disiez que Judas s’était arrangé pour que
quelqu’un d’autre soit crucifié à la place du Christ. »)
Celui qui l’a « remplacé » était un personnage apparemment victime
d’illusions, mais dans son illusion, il savait que chaque personne ressuscite.
Il a pris sur lui de devenir le symbole de cette connaissance.
L’homme appelé Christ n’a pas été crucifié. Dans cette histoire
spectaculaire, ce qui était un fait, selon vos termes, et ce qui ne l’était pas,
ne faisait pas vraiment de différence – car la réalité plus vaste transcende
les faits et les crée. Vous disposez du libre arbitre. Vous pouviez interpréter
cette histoire comme vous le vouliez. Elle vous était donnée. Son grand
pouvoir créateur demeure, et vous l’utilisez à votre façon en modifiant
même votre propre symbolisme à mesure que vos croyances se
transforment. Toutefois l’idée principale est l’affirmation que l’être
physique, le moi que vous connaissez, n’est pas anéanti par la mort. Cela
transparaît, même à travers les distorsions. Tout le concept de Dieu le Père,
tel qu’enseigné par le Christ, était réellement un « nouveau testament ». À
cause de l’orientation sexuelle de l’époque, c’est une image masculine de
Dieu qui a été donnée, mais, au-delà, le Christ a dit « … le Royaume de
Dieu est en vous » (Luc 17 : 21). D’une certaine façon, le personnage du
Christ était une manifestation de l’évolution de la conscience, conduisant
l’espèce au-delà des concepts violents de son temps, et modifiant le
comportement qui avait prévalu jusqu’alors.
Point. Faites votre pause.
(23 h 18. Jane se souvient seulement que Seth a parlé du Christ et donné
quelques citations bibliques. Elle sait peu de choses sur ces sujets – ou sur
la Bible elle-même. Par exemple, elle ne pensait pas que « le Royaume de
Dieu est en vous » soit une phrase tirée de la Bible. Mais par la suite j’ai
facilement localisé plusieurs versions de ces paroles de Jésus : « Car voici
que le Royaume… », « Car en vérité… », « Car voyez… »
Beaucoup de gens nous ont écrit ou téléphoné pour demander ce qu’il en
était des données non publiées de Seth sur le Christ, les évènements
bibliques et leur époque. Or quasiment tout ce matériau a été publié soit in
extenso soit sous forme de références. Outre ce livre-ci et Seth parle, voir
également le chapitre 18 du Matériau de Seth.
Une note ajoutée par la suite. D’autres informations sont toutefois
disponibles si l’on est prêt à investir le temps nécessaire à les recevoir. Seth
a terminé mi-juillet sa part de travail pour ce livre. Peu de temps après, je
suis tombé, dans un magazine de voyages, sur un article illustré parlant de
Jérusalem. Nous l’avons gardé pour une éventuelle référence ultérieure.
L’une des photographies qui accompagnent le texte est une double page,
une vue aérienne en couleur de la ville dans son cadre désertique ; Jane et
moi la trouvons si évocatrice que je l’ai montée sur un support pour
pouvoir mieux l’examiner. Le cadre aride de Jérusalem et son histoire
incroyablement riche et complexe nous ont à nouveau amenés à nous
interroger sur les forces mystérieuses de la créativité religieuse qui,
apparemment, a toujours émané de ce lieu, et qui continue de le faire.
Le 3 septembre, au cours d’une session privée, Seth a évoqué quelques-
unes des raisons pour lesquelles Jérusalem n’a jamais cessé de fasciner
certaines parties du genre humain. Il y était question de probabilités, de
géographie et d’inhabituelles interactions entre le passé, le présent et le
futur. Il y explique certains aspects du phénomène que constitue le Christ.
Puis, lors de la session suivante – qui concernait d’autres sujets –, Seth a
fait cet aparté inattendu : « Vous pouvez recevoir davantage de matériau
sur Jérusalem ou sur le Christ, maintenant ou quand vous voulez. Si vous le
souhaitez, vous pouvez recevoir Le livre du Christ… » Mais nous n’étions
pas prêts à ce moment-là à nous embarquer dans pareille entreprise.
Reprise de la même façon énergique à 23 h 33.)
En termes de temps – d’évolution telle que vous la concevez –, la
conscience émergente était parvenue à un stade où elle prenait tant de
plaisir à distinguer et à différencier que, même dans des régions
géographiques peu étendues, une multitude de groupes, de cultes et de
nationalités se rassemblaient, chacun affirmant avec fierté sa propre
individualité et sa valeur par rapport aux autres. Au début, en ces termes, la
conscience émergente de l’homme a eu besoin d’être libre de se disperser,
de se différencier, de créer les bases de différentes caractéristiques, et
d’affirmer son individuation. À l’époque du Christ, cependant, un certain
principe d’unité est devenu nécessaire afin que cette diversification puisse
s’accompagner d’un sentiment d’unité et qu’elle puisse percevoir son
unicité.
Le Christ était le symbole de la conscience émergente de l’homme, car il
portait en lui la connaissance du potentiel humain. Son message était
destiné à être transmis par-delà les siècles, mais ce n’est pas toujours
l’interprétation qui en est donnée.
Le Christ s’est servi des paraboles qui étaient applicables alors (comme
on le voit dans les quatre Évangiles). Il prenait les prêtres comme symboles
d’autorité (Matthieu 21 : 23-27). Il a transformé l’eau en vin (Jean 2 : 1-11)
et pourtant beaucoup de gens qui se considèrent comme des saints ne
tiennent aucun compte des noces de Cana et pensent que toute ingestion
d’alcool est dégradante.
Le Christ a « fréquenté » des prostituées (Luc 7 : 33-50) et des pauvres,
et ses disciples étaient loin d’être ceux qu’on pourrait appeler les pères de la
cité. Pourtant, nombre de ceux qui se considèrent comme des personnes
religieuses s’accrochent avant tout à la notion de respectabilité. Le Christ
employait la langue vernaculaire de son temps et, à sa façon, s’élevait aussi
bien contre les idées dogmatiques que contre les temples qui se prétendaient
les dépositaires de la sainte connaissance et ne s’intéressaient de fait qu’à
l’argent et au prestige. (Marc 11 : 15-18) Pourtant, nombreux sont ceux qui,
se disant disciples du Christ, s’en prennent à présent aux parias que lui-
même considérait comme ses frères et sœurs.
Il affirmait la réalité de l’individu au-dessus de toute organisation, en
réalisant cependant la nécessité d’un système. Tout son message consistait à
dire que le monde extérieur est la manifestation du monde intérieur, que le
« Royaume de Dieu » s’est fait chair.
Il y a d’ailleurs des Évangiles perdus, écrits à la même époque par des
hommes d’autres pays, qui relatent ce que l’on ignore de la vie du Christ,
des épisodes qui ne se trouvent pas dans la Bible. Ces évangiles
constituaient un cadre de connaissance totalement distinct qui pouvait être
accepté par les personnes ayant des croyances différentes de celle des Juifs
de l’époque. Les messages étaient formulés en d’autres termes, mais, une
fois encore, ils reflétaient l’affirmation du moi et la continuité de son
existence après la mort physique. L’amour était toujours mis en avant.
(23 h 52.) L’un des Évangiles est une contrefaçon – il a été écrit après les
autres et les évènements ont été déformés pour donner l’impression que
certains d’entre eux se sont déroulés dans un contexte complètement
différent de ce qui fut le cas. Quoi qu’il en soit, le message du Christ était
un message d’affirmation.
(Jane en transe marque une pause quand je lève les yeux d’un air
interrogateur. « J’allais demander quel était l’Évangile contrefait, parce
que nous allons sûrement recevoir du courrier à ce sujet. »)
Ce n’était pas celui de Marc ni celui de Jean. Il y a des raisons
particulières pour lesquelles je ne veux pas être plus précis maintenant.
(« D’accord », dis-je, avec malgré tout quelque réticence.
Une pause.) À l’époque, le Christ a unifié la conscience de l’être humain
d’une façon qui a perduré dans l’Histoire. La conscience du Christ n’était
pas isolée. Je parle maintenant en vos termes. La même conscience a donc
donné naissance à toutes vos religions : les diverses structures par lesquelles
les peuples d’époques différentes pouvaient s’exprimer et se développer.
Dans tous les cas, les religions ont débuté avec les croyances qui
prévalaient alors, elles ont utilisé les propositions de l’époque, puis se sont
élargies. Cela représente le côté spirituel de l’évolution humaine. Les
structures de pensée de la vie mentale et psychique devenaient beaucoup
plus importantes que les aspects physiques à mesure que l’espèce croissait
et se transformait.
(D’une voix soudain plus forte.) C’est la fin de la session. Mes
salutations les plus chaleureuses à vous deux et un cordial bonsoir.
(« Merci beaucoup, Seth. C’est vraiment très intéressant. Bonne nuit. »
Fin à 0 h 02.
Après la session, Jane tente une petite expérience. Je lui explique le peu
que je sais des Évangiles et lui suggère d’essayer de déterminer
médiumniquement si l’Évangile contrefait est celui de Matthieu ou de Luc.
Très rapidement et sans trop d’effort, elle dit que c’est celui de Matthieu.
Elle ignore pourquoi c’est cette réponse-là qui lui vient et ne cherche pas à
en savoir davantage – d’ailleurs, dit-elle, cela ne veut pas nécessairement
dire que cette réponse soit celle de Seth ou qu’elle soit arrivée par lui. On
considère en général que l’Évangile de Marc a été écrit en premier.
Toutes les dates données sont approximatives. De nombreux spécialistes
de la Bible pensent que les Évangiles ont été composés entre l’an 60 et
l’an 100, c’est-à-dire bien après la mort du Christ, en 29 ou 30. Récemment
des allégations diverses ont tendance à faire remonter, preuves à l’appui,
l’écriture de l’Évangile de Marc, dont Seth affirme l’authenticité, jusqu’en
l’an 35 – évidemment beaucoup plus proche de l’époque où vivait le
Christ.)
SESSION 675
MERCREDI 4 JUILLET 1973
(Cet après-midi, Jane et moi avons fait une promenade en voiture dans la
campagne vallonnée et luxuriante qui entoure Elmira ; c’était une journée
ensoleillée à peu près parfaite. Il fait encore très chaud dans le salon quand
nous nous y asseyons à 21 h 25 pour la session. Toutes les fenêtres sont
ouvertes. Nous pouvons entendre le bruit très évocateur des pétards qui
éclatent non loin de chez nous.26
Pendant que nous attendons, Jane commence à entrer dans un état de
conscience augmenté ou transcendant. Je commence à prendre des notes
pour décrire ce qu’elle ressent mais je rate certaines de ses descriptions vu
la vitesse à laquelle elle parle. Ses mains ont acquis une « douceur
intérieure » veloutée et voluptueuse. Puis elle sent ces « visages géants »
familiers penchés vers nous et observant notre univers – avec une certaine
nostalgie, dit-elle en riant. [Voir les notes détaillées de la session 653,
chapitre 13, qui décrivent les différents états de perception modifiée de
Jane, le 2 avril dernier. Dans l’un de ces intervalles, elle avait senti la
présence de géants debout au bord de notre monde.] Maintenant, de leur
point de vue massif, ces observateurs peuvent voir « d’un seul coup tout ce
qui se passe dans notre monde, dit Jane, de la Californie à la Russie –
comme si des astronautes nous regardaient…
Je ferais mieux de revenir à la session, mais je sens quelque chose »,
poursuit-elle, contente. Assise bien droite dans son fauteuil à bascule, elle
est à l’écoute et établit des connexions. « Quand j’entends les voitures
tourner au coin de la rue, je perçois ce son excitant dans mon estomac. Et
le bruit de ces pétards est comme des « plissements » dans l’air, qui se
répandent dans toutes les directions… Oh ! cette circulation est fascinante,
elle produit des effets à l’intérieur de ma tête et de mes oreilles, à
l’intérieur de moi. Et maintenant, en me versant de la bière, j’ai eu,
l’espace d’une seconde, le sentiment d’avoir moi-même une taille
gigantesque.
Quand je me mets à l’écoute de Seth 227, je deviens plus grande – mes
facultés de perception s’élargissent pour pouvoir absorber cette
expérience… Lorsque je ferme les yeux, j’ai maintenant l’impression que la
terre, la planète tout entière, est à l’intérieur de ma tête. Mais on ne le
comprend qu’en fermant les yeux. Je voudrais pouvoir le traduire en mots ;
mais il faut comprendre que les évènements extérieurs au corps sont les
mêmes évènements que ceux intérieurs au corps – le comportement de ses
neurones et toute son activité chimique… et puisque intérieur et extérieur
sont si merveilleusement synchronisés, tout s’accorde toujours.
Oh, évidemment !, s’exclame-t-elle, si quelque chose meurt dans ta tête,
une cellule peut-être, quelque chose meurt aussi dans le monde extérieur :
un insecte, une personne. Il y a une corrélation instantanée que je ne peux
expliquer. Il en va de même pour les nouvelles naissances. Le bruit des
pétards est le même que celui des évènements à l’intérieur du corps. Voilà
pourquoi Seth a raison : un évènement extérieur est un évènement intérieur.
Mais je dois revenir à la session…
Il y a là dehors une richesse fantastique, dit Jane en inclinant la tête vers
la fenêtre ouverte. Il y a une extraordinaire corrélation que personne ne
soupçonne entre les variations saisonnières et la longueur des pensées. Les
pensées laissent des traces à un niveau intérieur. Tu pourrais tracer le
graphique de tes pensées, elles correspondraient au changement des
saisons, aux marées et aux phases de la lune. Toutes ces choses qui
semblent extérieures sont simplement la manifestation des rythmes de notre
corps. »
22 h 05. « Je veux vraiment que nous ayons une session, seulement tout
ça est si joyeux et fait que tu te sens si bien ! Mais je vais fumer une
cigarette et devenir Seth. » Non sans un certain effort, Jane se calme. Elle
affirme en même temps que les révélations de ce soir n’ont pas eu lieu sans
raison – ce qui est vrai, comme nous allons bientôt l’apprendre.
« À présent, je sens un GRAND SETH alentour, dit-elle en souriant, et
j’essaye de le réduire à une taille de session. S’il arrivait comme il est
maintenant, sa voix serait tellement forte qu’elle couvrirait tout dans le
monde. Je sais que c’est une analogie, bien sûr. Maintenant je sens, de
façon assez nette pour le signaler, que mes jambes poussent à travers le
plancher et que ma tête grandit vers le plafond… »
Elle s’affale dans son fauteuil à bascule, les yeux fermés. Comme sur un
signal, un coup de vent agite les rideaux de la fenêtre ; des papiers se
froissent et s’envolent dans la pièce. Les petites explosions des pétards
deviennent soudain plus fortes. Le salon se rafraîchit agréablement – et
Jane ramène enfin Seth à une taille gérable. Elle ôte ses lunettes.
22 h 20.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. L’affirmation signifie donc que vous acceptez avec amour votre
individualité unique. Cela peut inclure le rejet, quand vous refusez la vision
ou le dogme d’autrui afin de percevoir plus clairement et de former les
vôtres.
Cette affirmation vous amène à faire vos propres découvertes intérieures
et attire, depuis les parties les plus profondes de votre être, le type
d’information, d’expérience ou de perception particulière dont vous avez
besoin. Vous accepter vous-même avec amour vous permet de chevaucher
parmi vos croyances comme vous le feriez dans un paysage aux
caractéristiques changeantes. Plus une croyance vous encourage à utiliser
vos facultés et votre vitalité, plus elle relève de l’affirmation.
La perception de Ruburt est fortement modifiée ce soir et c’est là un
exemple de certaines formes aussi bien d’affirmation que de rejet. Il a
toujours porté une attention particulière aux processus uniques de créativité
et d’intuition qui lui sont propres. En agissant ainsi, il a nié de nombreux
concepts auxquels d’autres croient. Il a accepté la croyance selon laquelle
toute conscience pouvait avoir un contact intime et direct avec des
expériences et des réalités qui, d’ordinaire, ne sont pas perçues, mais sont
ignorées.
Il savait qu’il y a différents moyens de faire l’expérience ne serait-ce que
du monde physique, et il a donc rejeté tous les concepts qui disent le
contraire. Cette croyance lui a permis d’utiliser ces facultés et, tout comme
un muscle devient plus résilient quand on s’en sert, il en va de même pour
les pouvoirs psychiques et intuitifs.
(Une pause à 22 h 32. La brise balaye encore la pièce par intermittence.)
Les jambes courent et franchissent des distances sur le terrain. Elles ne
peuvent pas interpréter elles-mêmes la réalité qui se trouve sous elles. Les
pieds ne se rendent pas compte qu’ils écrasent des fourmis. Ils peuvent
sentir l’herbe, le trottoir ou la route, mais la vie particulière, individuelle et
sensible, du brin d’herbe ou de la fourmi leur échappe, car, pris dans leur
propre réalité, les pieds se sentent concernés par ces autres choses
uniquement dans la mesure où elles ont un rapport avec leur condition de
pied.
L’esprit est capable d’interpréter l’expérience des jambes et des pieds et,
en utilisant ces données sensorielles avec imagination, il peut percevoir
jusqu’à un certain point la réalité des fourmis. Or, quand l’esprit court et se
hâte, il a parfois de grandes difficultés à interpréter ses activités pour le
cerveau qui, d’habitude, s’intéresse à d’autres réalités uniquement dans la
mesure où celles-ci font intrusion.
Maintenant. L’esprit de Ruburt se rend bien mieux compte d’autres
réalités que son cerveau ; mais Ruburt croit consciemment en la réalité plus
grande de son être et de ses perceptions. Son cerveau aussi possède cette
croyance et s’ouvre donc autant qu’il le peut aux activités de l’esprit. De ce
fait, certaines expériences psychiques intuitives et « intellectuellement
spacieuses » peuvent dans une certaine mesure être physiquement
ressenties. L’interprétation de la connaissance s’opère à travers une
modification des sensations corporelles, ce qui donne à cette connaissance
une importante validité physique. Une puissante activité mentale et
psychique se reflète alors dans l’expérience du corps, assurant une unité
salutaire.
J’ai employé le terme « spacieux » pour le fonctionnement de l’esprit et
les intuitions qui existent dans ce qu’on pourrait appeler une gamme
d’action accélérée. L’intellect normal est limité lorsqu’il est orienté, comme
il l’est par les croyances, de manière si précise vers l’inévitabilité d’une
forme unique de perception.
(22 h 45.) Un certain type d’affirmation du moi permet au cerveau de se
mettre à l’écoute de ces moyens de perception plus spacieux qui sont les
caractéristiques naturelles de l’esprit. Ce type d’affirmation doit d’abord se
produire et il y a de très bonnes raisons à cela. Le cerveau – et tout
l’organisme physique – est destiné à assurer la survie de votre corps et à
suivre vos croyances conscientes quant à la réalité. Il y a toujours un lien
unificateur harmonieux entre vos croyances et vos activités. Certaines
personnes se sentent totalement confiantes dans certains domaines et
timorées dans d’autres. Elles peuvent négliger certains aspects de
l’existence ou même les refuser pendant un certain temps, tout en se
focalisant sur d’autres. Souvent, lorsqu’il est en train de changer de
croyances, l’individu va, de manière intelligente et habile, aller de l’avant
dans les domaines où il se sent en sécurité. Vous n’utilisez pas votre esprit
spacieux tant que vous n’affirmez pas sa réalité à l’intérieur de vous, et tant
que vous n’êtes pas prêt à traiter les données supplémentaires qui vont alors
devenir consciemment accessibles d’une façon ou d’une autre. Mais l’esprit
spacieux opère à travers votre condition de créature ; en vos termes, il
représente des facultés de conscience latentes qui peuvent être des fonctions
plus ou moins normales.
Il y a des structures biologiques intrinsèques qui sont activées pour
recevoir de tels messages, et elles ont toujours fait partie de votre nature
physique en tant qu’espèce. Sur le plan individuel, elles ne se déclenchent
que lorsque vos croyances vous permettent de percevoir les couches
multidimensionnelles de votre propre expérience, ou du moins d’en
accepter les possibilités.
(Une pause.) Comme le montre ce que Ruburt a vécu ce soir, même des
données sensorielles normales acquièrent alors une forme de
multidimensionnalité, une richesse quasiment impossible à décrire. Cela
fournit automatiquement un processus d’apprentissage biologique dans
lequel les sens peuvent être utilisés de façon plus libre et plus profonde.
Bien que ces circonstances ne soient pas permanentes, elles sont
suffisamment fréquentes pour modifier l’expérience ordinaire. Leur richesse
déborde.
(23 h 00.) Vous n’avez pas besoin de connaître les sujets prétendument
paranormaux. De nombreux individus font appel à l’esprit spacieux et à ses
perceptions, considérant que cela va de soi, sans réaliser à quel point leur
perception est différente de celle de leurs congénères.
Ruburt s’interrogeait sur la question suivante qui n’est pas sans rapport :
physiologiquement, vous êtes porteurs des vestiges de votre évolution –
pour utiliser vos termes –, du vestige d’organes et autres attributs depuis
longtemps écartés. Vous me suivez ?
(« Oui. »)
De la même manière, vous portez aussi en vous des structures qui ne sont
pas encore pleinement employées : ces agencements pointent, en vos
termes, vers une évolution future. Ils entrent en jeu dans l’utilisation de
l’esprit spacieux. À toutes les époques, des individus ont fait l’expérience
de cet autre type de conscience, jamais cependant sous sa forme la plus
complète.
(Une longue pause à 23 h 05, les yeux fermés.) Faire l’expérience de cet
esprit spacieux dissout tous les conflits apparents qui naissent à d’autres
niveaux entre l’intellect et l’intuition. Dans la mesure du possible,
l’organisme physique interprète cette unité à travers un nouveau mélange de
données sensorielles, afin que les informations fassent sens sur le plan
matériel.
Un individu peut se mettre en phase avec cette activité de l’esprit
spacieux deux ou trois fois au cours de sa vie sans le réaliser, et vivre des
expériences qu’il a du mal à interpréter par la suite. L’affirmation qui entre
en jeu est de l’ordre de la transcendance – une personne affirme pour un
temps sa réalité dans la chair, tout en déclarant son indépendance par
rapport à celle-ci (un sourire) – elle réalise que ces deux conditions existent
simultanément. Une double perception prend place, dans laquelle l’esprit
spacieux est activé. Par « activé », je veux dire que l’organisme physique se
rend soudain compte de l’existence [de l’esprit spacieux].
Vous pouvez faire votre pause.
(23 h 14. Le débit de Jane a été assez rapide la plupart du temps. « Mais
j’ai vraiment eu du mal à entrer dans la session, dit-elle, parce que je
prenais tellement mon pied avec tous ces sons. Je suis contente d’y être
arrivée… » Son état modifié de conscience persiste. « À l’instant même, le
son de ma voix me paraît formidable, et mes mains ont une réalité liquide,
pratiquement comme de l’eau… »
Le vent s’est calmé. Nous n’entendons plus les pétards, juste le bruit
régulier de la circulation. Je prépare pour Jane un sandwich au pain
complet et au beurre de cacahuètes. Quand elle le prend, elle dit en le
regardant fixement : « C’est presque comme si on devait choisir entre
mordre dans le sandwich, la main qui le tient, ou le genou qui est en
dessous – non pas parce qu’on est désorienté mais parce que tout ne fait
qu’un. Quand on s’en rend compte, on est confronté au fait qu’on est obligé
de faire des choix conscients. »
Elle est maintenant complètement absorbée par la texture du pain et la
sensation dans sa bouche. « Quand je brise ce pain, dit-elle, je sais qu’il
produit des sons que je ne peux pas entendre, alors je les remplace par ceux
de la voiture qui tourne maintenant au coin de la rue. Je sens une forte
corrélation entre le pain qui descend dans ma gorge et la circulation… »
Reprise très calmement à 23 h 51.)
Maintenant. L’esprit spacieux, utilisé correctement et pleinement, va,
dans vos termes de temps, largement enrichir les capacités de l’espèce
humaine, en apportant au corps une harmonie plus grande que celle qui est
actuellement possible.
Sur le plan neurologique, il y a des dispositifs latents, non enclenchés,
qui peuvent être mis en route et, quand ce sera le cas, votre expérience
pratique du temps, telle que vous la connaissez, s’en trouvera modifiée. De
votre point de vue, l’espèce sera alors si différente que vous aurez
l’impression qu’il ne s’agit pas de la même. Comme Ruburt l’a suggéré un
jour, votre système [moderne] de communication a déjà étendu la gamme
des données accessibles à un esprit conscient en un temps donné, et ce à un
niveau purement physique.
Aujourd’hui, vous devez traiter et assimiler des informations concernant,
par exemple, des évènements qui se produisent ailleurs, qu’en d’autres
temps aucun individu ordinaire n’aurait pu connaître. Des situations
lointaines deviennent un savoir présent. L’intervalle de temps entre un
évènement et la connaissance que vous en avez est raccourci, même si ce
dernier se produit à l’autre bout du monde.
Les voyages en avion brouillent votre idée et votre expérience du temps
et, ce faisant, modifient la conception que vous en avez. Mais au sein du
mécanisme corporel, certains dispositifs que vous n’utilisez pas et ne
reconnaissez pas vous permettront, en tant qu’espèce, de gérer
consciemment de plus grandes perceptions du temps, tout comme vous
gérez actuellement de plus vastes perceptions de l’espace.
(0 h 02.) De manière limitée et brouillonne, vous en avez déjà une idée
quand vous utilisez des ordinateurs pour essayer de calculer « des
probabilités futures » et agir en fonction d’elles dans votre présent. L’esprit
peut le faire beaucoup mieux que n’importe quel ordinateur. Si le cerveau le
croyait, certaines de ses parties seraient activées. Il se rendrait compte de ce
que l’esprit connaît et vous auriez alors consciemment accès aux
probabilités d’évènements futurs.
Le cerveau aurait bien sûr à ordonner ces informations de manière à ce
que le mécanisme du corps soit parfaitement capable de maintenir son
présent temporel. Quand l’homme a commencé à s’accorder le temps de
réflexion mentionné dans ce livre (voir les sessions 635 et 636, chapitre 9),
il s’est senti tout d’abord désorienté, puis il a appris à faire la distinction
entre un évènement du passé clairement remémoré et ce dont il faisait
l’expérience au présent. La conscience grandissante a dû faire ces
distinctions pour des raisons pratiques. Pour utiliser de futurs évènements
probables, le cerveau physique serait forcé d’élargir ses fonctions tout en
maintenant l’individu dans une relation claire avec l’instant de pouvoir
présent, ou une efficacité du corps. L’affirmation implique toujours la
reconnaissance de votre pouvoir dans le présent. En termes plus vastes, le
déni est l’abdication de ce pouvoir. L’affirmation est donc le consentement
à votre aptitude, en tant qu’esprit dans la chair, à former la réalité physique
de votre condition de créature.
Or vous pouvez modifier votre présent en modifiant votre passé ou à
partir du futur. (Voir les sessions 653 et 654, chapitre 14.) Mais ces
manœuvres elles-mêmes doivent toutefois se produire dans le présent dont
vous faites l’expérience concrètement. De nombreuses personnes ont, à un
moment ou à un autre, changé leur comportement présent en réponse à un
conseil provenant d’un moi probable « futur », sans même s’en rendre
compte.
Supposez qu’enfant, vous ayez en tête un but particulier vers lequel vous
orientez vos efforts. Votre intention et votre détermination, vos désirs et vos
images forment une force psychique qui est en quelque sorte projetée en
avant : depuis votre présent, vous envoyez votre réalité dans ce que vous
considérez comme le futur.
Maintenant. Supposons qu’à un certain stade, vous ayez certaines
décisions à prendre et que vous ne sachiez pas quelle option choisir. Vous
pouvez avoir le sentiment que vous risquez de dévier par rapport à votre
objectif, tout en étant enclin à le faire pour d’autres raisons. Au cours d’un
rêve ou d’une rêverie, vous pouvez soudain entendre mentalement une voix
qui vous dit très clairement de poursuivre dans la direction initiale. Vous
pouvez aussi recevoir la même information d’une autre façon – à travers
une forte envie, une vision, ou en sachant tout à coup clairement ce qu’il
faut faire. Cela se passe dans votre présent.
(0 h 21.) En d’autres termes, le moi que vous avez projeté dans le futur
vous renvoie un encouragement à partir d’une réalité probable que vous
pouvez encore créer. Ce moi focalisé opère cependant depuis son présent, et
un jour, dans votre propre futur, vous vous retrouverez peut-être en train de
penser avec nostalgie à cet instant de votre passé où vous étiez indécis et
hésitant mais avez fait le bon choix.
Vous allez peut-être vous dire : « Je suis heureux d’avoir fait ça » ou
« Sachant ce que je sais maintenant, quelle chance j’ai eue d’avoir pris cette
décision. » Et à ce moment-là, vous êtes le moi futur qui, « autrefois » a
encouragé la personne du passé. Le futur probable a rattrapé le présent
concret.
Nouveau paragraphe. L’affirmation antérieure de vous-même projeté
dans le futur a rendu cette situation possible. De la même manière, votre
acceptation de vous-même et de votre intégrité peut à tout moment dans
votre présent modifier votre passé et votre futur.
(Avec force.) Fin du chapitre.
CHAPITRE 22
SESSION 676
LUNDI 9 JUILLET 1973
(À 21 h 15, nous sommes prêts pour la session. Ce soir encore, il fait très
chaud. Nous avons allumé notre ventilateur, mais à vitesse réduite pour
qu’il ne fasse pas trop de bruit ; en fait, nous l’utilisons rarement. Je lis à
Jane le titre du chapitre 22, avec l’impression que les sujets mentionnés
indiquent que Seth est sur le point de terminer son livre…)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Si vous avez de l’estime et de la tendresse pour vous-même, vous
faites confiance à votre propre direction.
Vous acceptez votre situation actuelle, quelle qu’elle soit, comme faisant
partie de cette orientation et vous réalisez que tous les éléments créatifs
dont vous avez besoin peuvent en découler. En étant vous-même et en
faisant confiance à votre intégrité, vous aidez automatiquement les autres. Il
est inutile de faire appel à l’autosuggestion et de se répéter qu’on est
quelqu’un de bien et qu’on a confiance en soi et en son intégrité si l’on est
en même temps effrayé par ses propres émotions, ou bouleversé chaque fois
que l’on se surprend à avoir un état d’esprit que l’on considère comme
négatif.
De même que les amants sont capables de voir « l’idéal » en l’être aimé
tout en se rendant compte de certaines insuffisances ou divergences par
rapport à cet idéal, vous pouvez aimer qui vous êtes et réaliser que ce que
vous considérez comme des imperfections sont au contraire des
tâtonnements allant dans le sens d’une plus grande réalisation. Vous ne
pouvez pas vous aimer vous-même et en même temps détester les émotions
qui vous traversent ; car, bien que vous ne soyez pas vos émotions, vous
vous identifiez si souvent à elles qu’en les détestant, vous vous détestez
vous-même.
Servez-vous de votre esprit conscient et de sa logique. Si vous découvrez
que vous vous sentez indigne, n’essayez pas simplement de plaquer une
croyance plus positive par-dessus celle-ci. Découvrez plutôt quelles sont les
raisons de cette croyance. Si vous ne l’avez pas encore fait, mettez par écrit
les sentiments que vous avez par rapport à vous-même. Soyez parfaitement
honnête. Que diriez-vous si quelqu’un d’autre pensait la même chose de
vous ?
Examinez ce que vous avez écrit. Réalisez qu’il s’agit là d’un ensemble
de croyances. Il y a une différence entre croire que l’on ne vaut rien et ne
rien valoir réellement.
(21 h 46.) Faites à présent par écrit une liste de vos aptitudes et de vos
réalisations. Celle-ci doit comprendre des éléments comme le fait de bien
s’entendre avec les autres, d’être séduisant, de bien se comporter vis-à-vis
des animaux et des plantes, d’être bon menuisier ou bon cuisinier. Tout
talent ou toute réussite doit être noté avec autant d’honnêteté que vous en
aviez auparavant quand vous notiez les « défauts » les plus infimes.
Aucun être humain n’est dépourvu de facultés créatrices et de réalisations
de qualité ; si vous suivez ces instructions, vous allez donc découvrir qu’en
fait vous êtes une personne de valeur.
Lorsque vous vous surprenez en train de sombrer dans un état d’esprit où
vous vous sentez inférieur, regardez la liste de vos aptitudes et de vos
réussites. Ayez ensuite recours à la suggestion positive de votre mérite,
étayée par votre examen personnel. Vous allez peut-être dire : « Je sais que
j’ai de grandes capacités mais je ne les utilise pas. Quand je me compare
aux autres, je ne suis pas à la hauteur. J’ai quelques réussites banales et sans
importance, qui n’ont absolument rien d’unique. À coup sûr, ma destinée
suppose davantage. J’ai des aspirations que je ne parviens pas à exprimer. »
Pour commencer, vous devez comprendre que, dans votre unicité, il est
futile de vous comparer aux autres, car, ce faisant, vous essayez d’imiter des
qualités qui sont les leurs, et déniez par là même votre propre vision et votre
être miraculeux. Dès que vous commencez à vous comparer à autrui, c’est
sans fin. Vous allez toujours trouver quelqu’un qui, sur un certain plan, sera
plus talentueux que vous et vous allez donc continuer à être insatisfait. Au
lieu de cela, grâce au travail sur vos croyances, tenez pour acquis que votre
vie est importante ; commencez par cela, là où vous en êtes. Ne vous
tournez pas vous-même en dérision sous prétexte que vous n’avez pas
atteint un grand idéal, mais commencez à employer au mieux les talents qui
sont les vôtres, sachant qu’en eux réside votre accomplissement unique.
(22 h 01.) Toute aide que vous apportez à autrui provient de l’utilisation
créative des caractéristiques qui vous sont propres, à vous et à personne
d’autre. Ne soyez pas irrité contre vous-même quand vous vous trouvez en
train de ressasser des aspects négatifs de votre vie. Demandez-vous plutôt,
de façon constructive, pourquoi vous le faites. La réponse viendra à vous.
Utilisez cette connaissance comme un pont. Laissez s’élever toutes les
émotions qui se présentent. Si vous le faites honnêtement, le sentiment de
ne rien valoir ou le découragement vont passer d’eux-mêmes ; ils vont
changer et disparaître. Vous allez peut-être vous montrer impatient à leur
égard, ou les trouver ennuyeux et les envoyer promener. Mais ne vous dites
pas automatiquement que ces sentiments sont mauvais tout en essayant de
les recouvrir d’une croyance positive, comme on pose un pansement.
Ayez le sens de l’humour envers vous-même – sans méchanceté mais en
portant sur vous-même un regard tendre et humoristique. Être très sérieux
est une bonne chose lorsque cela vient spontanément et sans contrainte.
Mais à la longue, cela peut devenir pompeux.
Si vous acceptez de vous rendre de plus en plus compte de vos
croyances, vous pouvez travailler avec elles. C’est bête d’essayer de
combattre ce que vous considérez comme des croyances négatives, ou d’en
avoir peur. Elles n’ont rien de mystérieux. Vous risquez de découvrir que
beaucoup d’entre elles ont eu leur utilité à un moment donné, mais que vous
leur avez simplement accordé trop d’importance. Il faut les restructurer,
plutôt que les rejeter.
Faites votre pause.
(De 22 h 11 à 22 h 28.)
Certaines croyances peuvent fonctionner pour vous de façon très positive
durant des périodes données de votre existence. Cependant, comme vous ne
les avez pas examinées, vous les gardez parfois longtemps après qu’elles
aient rempli leurs fonctions et elles peuvent alors se retourner contre vous.
Nouvelle phrase. Beaucoup de jeunes, par exemple, croient à un moment
ou à un autre que leurs parents sont omnipotents – une croyance très utile
aux enfants, à qui elle procure un sentiment de sécurité. Une fois
adolescents, les mêmes sont choqués lorsqu’ils découvrent que leurs parents
sont simplement humains et faillibles. Une autre conviction remplace alors
souvent la précédente : pour eux, les générations précédentes sont
inadaptées et inférieures et ceux qui dirigent le monde sont rigides et sans
scrupules.
En abordant l’âge adulte, beaucoup pensent que les générations qui les
ont précédés ont tout fait de travers. Cette croyance les libère du concept
enfantin selon lequel les personnes âgées avaient non seulement toujours
raison mais étaient infaillibles, et cela les met au défi de s’attaquer à leurs
problèmes personnels et à ceux du monde.
Pendant quelque temps, les jeunes adultes se sentent souvent invincibles,
au-delà même des limites de leur condition de créature ; cette croyance les
dote de la force et de l’énergie dont ils ont besoin pour construire leur
propre vie et donner forme au monde collectif. D’un point de vue matériel,
chacun doit cependant réaliser tôt ou tard non seulement les défis, mais
aussi les caractéristiques particulières de sa condition de créature, dans
laquelle, fondamentalement, aucune de ces croyances générales n’a de sens.
(22 h 39.) Si, à quarante ans, vous croyez encore à l’infaillibilité de vos
parents, vous entretenez cette idée bien au-delà de ce qui vous est
profitable. En utilisant les méthodes de ce livre, vous devriez découvrir les
raisons de cette croyance, car elle vous empêche d’exercer votre
indépendance et de créer votre propre monde. Si, à cinquante ans, vous êtes
encore convaincu que la génération qui vous précède est rigide, en train de
devenir sénile, mentalement incompétente et en pleine détérioration
physique, alors vous vous accrochez à une vieille croyance en l’inefficacité
des générations plus âgées et mettez en place des suggestions négatives
pour vous-même. Si, toujours à cinquante ans, vous continuez au contraire
de penser que la jeunesse est la seule période glorieuse et efficace de la vie,
vous êtes bien évidemment en train de faire la même chose.
Lorsqu’un jeune adulte doué dans un domaine particulier croit que ce
talent le rend supérieur aux autres, cela peut lui être très bénéfique à un
moment donné, en lui donnant l’élan pour se développer et l’indépendance
nécessaire pour que cette faculté grandisse. Des années plus tard, il va peut-
être s’apercevoir qu’il a entretenu cette croyance identitaire trop longtemps,
ce qui l’empêche d’avoir un échange affectif important avec ses
contemporains ou que cela le limite d’une manière générale.
(Une pause à 22 h 48.) Une jeune mère peut se dire que son enfant
compte plus que son mari, et, selon les circonstances, cette croyance peut
l’aider à accorder à l’enfant l’attention nécessaire – mais si le concept
persiste quand l’enfant grandit, il peut devenir étouffant. La vie tout entière
de cette femme risque de s’articuler autour de cette idée si elle n’apprend
pas à examiner le contenu de son esprit. Une croyance ayant un effet positif
pour une femme de vingt ans n’aura pas nécessairement les mêmes
conséquences pour celle de quarante ans qui continue, par exemple, à être
beaucoup plus attentive à ses enfants qu’à son mari.
Bon nombre de vos croyances sont bien sûr culturelles mais, là encore,
vous avez accepté celles qui servaient vos objectifs. En général, dans votre
société, les hommes se croient logiques, tandis que les femmes sont
considérées comme intuitives. En essayant à présent de faire valoir leurs
droits, celles-ci tombent souvent dans le même piège, mais à l’envers : elles
tentent de nier ce qu’elles pensent être des éléments inférieurs, intuitifs,
pour se tourner vers les éléments logiques, qu’elles considèrent comme
supérieurs.
Certaines croyances structurent donc vos vies, souvent pour une période
donnée. Beaucoup d’entre elles vont passer avec le temps. La structuration
intérieure va alors changer, mais, une fois que vous les avez reconnues,
vous ne devez pas lâchement accepter ces « restes » de croyances.
« Je me sens inférieur parce que ma mère me détestait » ou « J’ai
l’impression de valoir moins que rien parce qu’enfant, j’étais petit et
chétif. » En travaillant sur vos croyances, vous pouvez découvrir que votre
sentiment d’infériorité semble provenir de ce type d’épisode. Il ne dépend
que de vous, en tant qu’adulte, de surmonter ces croyances et de réaliser
qu’une mère qui déteste son enfant est déjà en difficulté et que cette haine
en dit plus long sur la mère que sur sa progéniture. Il vous appartient de
comprendre que vous êtes maintenant une grande personne et non un enfant
que l’on peut malmener.
(23 h 01.) À mettre à part :
SESSION 667
MERCREDI 11 JUILLET 1973
(21 h 36.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Il n’y a aucun inconvénient à demander de l’aide quand vous
pensez en avoir besoin, et il y a parfois beaucoup à y gagner.
Il y a toutefois des gens qui en prennent l’habitude, et pour qui cela
devient le moyen d’éviter toute responsabilité. Pour des problèmes
physiques particuliers, vous devez chercher de l’aide dans des domaines
que vous connaissez peu. Mais beaucoup de gens se tournent vers
l’extérieur – vers des médiums, des médecins, des psychiatres, des prêtres,
des ministres du culte, des amis – pour des questions générales concernant
leur vie et, ce faisant, ils nient leur propre aptitude à se comprendre et à
croître.
La nature de l’éducation est telle que l’individu apprend à se méfier du
moi intérieur, comme nous l’avons vu (dans la session 614, chapitre 2, par
exemple), si bien que l’homme ou la femme ordinaire cherche
malheureusement la solution de ses problèmes personnels à l’extérieur du
moi, là où elle existe le moins. Si vous utilisez les méthodes indiquées dans
ce livre, vous allez vous connaître beaucoup plus intimement qu’avant et
vous serez mieux armé pour prendre en main votre réalité personnelle. Le
simple fait de savoir que vous formez votre réalité peut vous libérer de
certains concepts limitants qui vous ont freiné par le passé. Vous pouvez
alors examiner vos croyances de façon créative et trouver les corrélations
qui existent entre elles et votre expérience. La connaissance consciente va à
elle seule déclencher dans le moi intérieur des réponses intuitives, si bien
que vous allez recevoir des informations utiles sous forme de rêves,
d’impulsions et de pensées ordinaires.
(Une pause à 21 h 47.) Si vous affirmez la grâce fondamentale de votre
être, cela va automatiquement affaiblir celles de vos croyances qui sont
contraires à ce principe. Vous serez capable d’intégrer dans votre
expérience à la fois la vision d’un « moi idéal » et toutes les déviations
naturelles par rapport à lui.
(Très lentement.) Partant de là où vous êtes, vous allez commencer par
développer joyeusement les qualités que vous possédez maintenant, sans
vous attendre à ce qu’elles apparaissent déjà pleinement épanouies. Vous
allez vous aimer et vous n’aurez aucune difficulté à aimer votre prochain.
Cela ne veut pas dire que vous ne devez pas être conscient des divergences
par rapport à votre concept idéal de l’être aimé. Une fois encore, cela ne
veut pas dire non plus que vous devez sourire constamment ; cela signifie
que vous affirmez votre validité et votre grâce dans le cadre de votre
condition de créature.
Dès que vous commencez à comparer ce que vous êtes avec un concept
idéalisé de vous-même, vous vous sentez automatiquement coupable. Tant
que vous ne travaillez pas sur vos croyances, les situations et les
circonstances les plus anodines peuvent déclencher cette culpabilité. C’est
une bonne idée de dresser une liste écrite des actes ou des incidents
spécifiques qui font naître en vous un sentiment de culpabilité. Cela vous
fera souvent remonter avec facilité jusqu’aux croyances de votre petite
enfance – qui peuvent vous avoir été instillées par un de vos parents bien
intentionné dans le but de vous protéger, ou par un adulte ignorant.
Révélées au grand jour, nombre de ces croyances vont se dissoudre face à
votre compréhension.
Quand vous affirmez votre légitimité dans l’univers, vous coopérez
facilement et naturellement avec les autres, car cela fait partie de votre
nature. En étant vous-même, vous aidez les autres à être eux-mêmes.
Comme vous n’êtes pas jaloux des talents que vous ne possédez pas, vous
pouvez les encourager de bon cœur chez les autres. Comme vous
reconnaissez votre propre unicité, vous n’avez pas besoin de dominer les
autres ou de trembler devant eux.
(22 h 01.) Il faut, à un moment ou à un autre, que vous commenciez à
vous faire confiance. Je vous suggère de le faire maintenant. Sinon, vous
allez à jamais attendre des autres qu’ils vous prouvent votre propre mérite,
et vous ne serez jamais satisfait. Vous serez constamment en train de
demander aux autres ce qu’il faut faire, tout en éprouvant du ressentiment à
l’égard de ceux auprès desquels vous cherchez de l’aide. Vous aurez
l’impression que leur expérience est légitime et la vôtre fausse. Vous vous
sentirez floué.
(Une pause à 22 h 06. Notre chat, Willy, a été malade et nous l’avons
donc gardé avec nous pendant la session. Il se réveille maintenant et se
dirige avec nonchalance vers Jane, assise dans son fauteuil à bascule et
parlant au nom de Seth. J’appelle Willy au moment où il s’apprête à sauter
sur les genoux de Jane, et il choisit de venir plutôt se pelotonner contre moi
sur le divan.
Jane reste en transe. Par la suite, elle me dira que Seth a attendu avec
« un amusement plein d’affection » que l’épisode se règle de lui-même.)
Vous allez vous apercevoir que vous donnez trop d’importance aux
aspects négatifs de votre existence et aux aspects positifs de celles des
autres. Vous êtes une personnalité multidimensionnelle. Ayez confiance
dans le miracle de votre propre être. Ne séparez pas le physique du spirituel
dans vos vies, car le spirituel parle avec une voix physique et le corps
physique est la création de l’esprit.
Ne placez pas les paroles des gourous, des ministres du culte, des
prêtres, des scientifiques, des psychologues, des amis – ou les miennes –
au-dessus des sentiments de votre être.
Les autres peuvent beaucoup vous apprendre, mais la connaissance la
plus profonde doit venir de l’intérieur de vous-même. Votre conscience est
engagée dans une réalité dont, fondamentalement, vous êtes le seul à
pouvoir faire l’expérience, qui est unique et intraduisible, qui a sa propre
signification et suit ses propres voies de devenir.
Vous partagez une existence avec d’autres qui font l’expérience de leur
propre voyage à leur façon, et vous avez donc en commun le fait de
voyager. Soyez bon avec vous-même et avec vos compagnons.
Je suis, moi aussi, en voyage. Les informations et la connaissance dont je
dispose, j’essaye de vous les transmettre à travers Ruburt et Joseph (une
pause) qui sont des parties de moi dans votre espace-temps. Mais ils sont
eux-mêmes, tout comme je suis moi.
Vous pouvez faire votre pause.
(22 h 17. La transe de Jane est bonne, son débit régulier et plutôt
tranquille. « Tu sais, dit-elle, je pensais que ce livre allait être plus long,
mais j’ai un étrange sentiment nostalgique que Seth va le terminer très vite.
J’en ai des frissons. Je ne sais pas pour toi, ajoute-t-elle en riant, mais moi
j’aimerais que ça dure encore cinq chapitres… C’était la même chose avec
Seth parle ; la fin m’arrive toujours comme un choc. » Je lui réponds que
d’après moi Seth va finir le livre ce soir. En plaisantant, je dis que nous
pourrions lui demander le titre du prochain. « Oh !, il les a tous en piles
jusque-là », et Jane se donne une tape sur le haut du crâne.
Une note se rapportant au matériau transmis juste avant la pause : dans
le chapitre 19, Seth parle de la réincarnation de façon générale, mais il dit
peu de choses dans ce livre à propos des « connexions » psychiques qu’il a
avec Jane et moi. On trouve certaines références à ces liens de-ci de-là
dans Le Matériau de Seth et Seth parle [voir la session 595 dans
l’appendice de ce dernier]. Nous disposons aussi d’une quantité modeste
d’informations non publiées. Mais explorer les ramifications de la
réincarnation telle qu’elle nous concerne tous les trois, par exemple,
prendrait un livre entier.
Reprise à 22 h 37.)
Maintenant. Dictée. Les croyances de Ruburt lui-même concernant la
nature de sa conscience ont permis ces sessions.
Ruburt et Joseph ont tous deux travaillé sur la nature de la créativité et,
depuis leur jeune âge, chacun d’eux a cherché des réponses – mais, plus que
tout, ils avaient confiance en leur destinée et en la grâce de leur être.
Ils ont peut-être eu parfois le sentiment d’avoir perdu le sens de leur
direction. Pendant certaines périodes, ils ont pu avoir des problèmes qui
leur ont fait momentanément oublier leurs buts ; pourtant, la croyance qu’ils
ont eue en eux-mêmes, individuellement et ensemble, a été suffisamment
forte pour les amener à leur réalité présente.
Beaucoup de ceux qui nous écrivent veulent développer et utiliser les
mêmes aptitudes, mais il est évident d’après leurs lettres que leurs
croyances les empêchent de faire suffisamment confiance en leur moi
intérieur. Vous ne pouvez avoir peur de votre être tout en espérant le
parcourir et en explorer les dimensions. Vous devez d’abord faire le premier
pas, qui consiste à affirmer votre identité. Cette affirmation va libérer vos
attributs et vous ouvrir de nouveaux champs d’expérience. Ces attributs
sont les vôtres, et il doit en être ainsi. Quand vous demandez à quelqu’un
d’interpréter vos rêves, par exemple, vous vous écartez automatiquement de
l’accomplissement de votre potentiel. Quand vous interrogez autrui sur la
direction à donner à votre vie, vous vous cachez le fait que vous êtes la
personne qui possède cette réponse. Si vous ne vous en rendez pas compte,
aucune méthode ne pourra vous aider.
(22 h 49.) Maintenant. En termes ordinaires, ce livre ne contient aucune
instruction ésotérique vous permettant d’atteindre ce que vous considérez
peut-être comme un développement spirituel ou une compétence
médiumnique. Il s’agit néanmoins d’un préliminaire pour tous ceux qui
veulent utiliser leur condition de créature comme le cadre à partir duquel
percevoir d’autres réalités et en faire l’expérience.
Comme je l’ai déjà mentionné, vous n’allez pas devenir plus spirituel en
niant votre chair. (Voir chapitre 7.) Vous êtes en train de vivre cette vie !
Faites-lui confiance, telle qu’elle coule à travers vous. Ainsi, d’autres
réalités vont se révéler ; elles ajouteront de la dimension et de la profondeur
à celle qui est la vôtre à présent.
À mettre à part :
Vous créez votre propre réalité – où que vos voyages vous mènent, et
quelle que soit la dimension dans laquelle vous vous trouviez.
Avant de vous embarquer dans d’autres voyages de la conscience,
comprenez que vos croyances vont vous suivre et qu’elles vont former votre
expérience là-bas comme elles le font ici. Si vous croyez aux démons, vous
les rencontrerez – dans cette vie en tant qu’ennemis, et dans d’autres
royaumes de la conscience en tant que diables ou « mauvais esprits ».
Si vous avez peur de vos émotions et les croyez mauvaises, alors, quand
vous tenterez des expériences « psychiques », vous risquez de vous croire
possédé. Vos sentiments, ceux que vous réprimez, vous paraîtront
démoniaques. Vous n’oserez pas vous les attribuer et penserez qu’ils
appartiennent à un esprit désincarné. Il est donc crucial que vous
compreniez la réelle innocence de tous les sentiments, car chacun d’eux, si
vous le laissez à lui-même et si vous le suivez, vous ramène à la réalité de
l’amour.
(Une pause à 23 h 00.) Ne croyez personne ni aucun dogme qui vous
affirme que vous êtes mauvais ou coupable par nature, ou du fait de votre
existence physique. Ne faites confiance à personne qui vous détourne de la
réalité qui est la vôtre.
(Une longue pause, les yeux fermés.) Ne suivez pas ceux qui vous disent
que vous devez faire pénitence, de quelque façon que ce soit. Au lieu de
cela, faites confiance à la spontanéité de votre être et à la vie qui est la
vôtre. Si vous n’aimez pas la situation dans laquelle vous vous trouvez,
examinez vos croyances. Amenez-les au grand jour. Il n’y a rien à craindre
en vous.
Séparément :
Dites-le vous souvent. Créez votre propre vie maintenant, en utilisant vos
croyances comme un peintre emploie les couleurs. Il n’y a aucune condition
que vous ne puissiez changer, hormis celles incontestablement acceptées
physiquement à la naissance dans la condition de créature, comme par
exemple un handicap dû à l’absence d’un organe ou à une déficience
fonctionnelle.
Si vous avez eu tendance à vous apitoyer sur votre sort à cause d’une
maladie ou de la vie qui est la vôtre, prenez donc l’initiative. Regardez
honnêtement vos croyances et trouvez la raison de vos difficultés.
(Avec plus d’insistance.) Je parle grâce à la vitalité intérieure qui est
inhérente à chacun de mes lecteurs, à la connaissance intérieure qui leur
appartient également.
Je vais conclure en répétant ce que j’ai déjà dit : vous avez reçu le don
des dieux ; vous créez votre réalité en fonction de vos croyances ; l’énergie
créatrice qui fait votre monde est vôtre ; il n’y a aucune limite au moi,
excepté celles auxquelles vous croyez.
Je suis Seth. Je le dis avec joie, bien que les noms importent peu. De la
même façon, prononcez votre nom avec affirmation tous les matins.
Vous créez votre vie grâce au pouvoir intérieur de votre être (une pause),
dont la source est en vous et pourtant au-delà du moi que vous connaissez.
Utilisez ces facultés créatrices avec un abandon compréhensif. Faites-vous
honneur et progressez à travers la divinité de votre être.
Fin du livre.
(23 h 14. « Merci. Je pense que c’est très bon. », dis-je. Seth-Jane me fixe
très calmement.)
Vous avez tous deux vos propres chemins à suivre – les rythmes de votre
être qui croissent et décroissent. Ruburt doit établir des connexions et il y
aura d’autres livres de moi – et de lui et de vous. Des siècles s’écouleront
avant que nous commencions réellement ce qui semble avoir débuté.
Fin de la session.
(« Merci beaucoup, Seth. Bonne nuit. »
23 h 16. Pour ce dernier matériau du livre, le débit de Jane était la
plupart du temps tranquille et régulier, comme d’habitude. Elle est à la fois
surprise – comme elle le remarque plusieurs fois – et un peu inconsolable
maintenant que Seth a terminé sa part de ce long projet. Il y a juste une
semaine, Jane a fini la première ébauche de son introduction, donc cela
aussi est en cours. Elle n’a plus l’impression que Seth va faire un
appendice, comme nous l’avions supposé.
« Mais je n’arrive pas à croire que c’est fini !, répète-t-elle une fois
encore. Pour moi, tout cela s’est passé si facilement. J’ai l’impression que
c’est sorti de moi pendant que je m’affairais à autre chose… » Ce qui, tout
en étant vrai, ne tient pas compte de sa profonde implication affective et
intellectuelle par rapport au livre durant ces dix derniers mois – ou depuis
que Seth s’est remis à le dicter régulièrement le 11 septembre 1972, après
l’arrêt prolongé dû à la tempête tropicale Agnès.
Jane et les membres de sa classe de perception extrasensorielle ont
travaillé sur le livre de Seth pratiquement chaque semaine pendant qu’il
s’écrivait et elle l’a également lu toute seule. Elle m’annonce pourtant :
« Je veux reprendre le livre en entier maintenant, pour le voir dans son
ensemble. » Je lui dis qu’à mon sens, elle a produit un bel ouvrage.
Une note ultérieure, avec quelques références : la dernière remarque de
Seth à propos des autres livres de Jane s’est révélée parfaitement exacte.
Alors même que nous préparions ce manuscrit pour l’éditeur, deux autres
de ses écrits, Dialogues of the Soul and the Mortal Self in Time et Aspect
Psychology, faisaient l’objet d’un contrat de publication avec Prentice-
Hall. Des parties de ces deux ouvrages – dont je dois faire les
illustrations – sont citées dans ce livre et Jane en parle également dans son
introduction.
Dialogues, un livre de poésie, est décrit dans la session 639, chapitre 10.
Aspect Psychology, l’ouvrage théorique de Jane en matière de médiumnité,
est cité entre autres dans la session 618, chapitre 3. Il est né de ce qu’elle a
écrit dans Adventures in Consciousness, comme il est indiqué dans le
chapitre 21 de Seth parle ; ce matériau y est d’ailleurs incorporé.)
1 Acide lysergique diéthylamide-25. Un « trip » peut durer de cinq à huit heures, voire plus. Mais
l’expérience est trop personnelle pour qu’il existe une expérience psychédélique commune à tous,
aussi bien en terme de durée que de contenu. Notons cependant que la remarque de Seth s’applique
uniquement au LSD, pris sous certaines conditions. Il existe d’autres hallucinogènes chimiques qui
ne sont pas mentionnés ici.
2 Cela me rappelle qu’avant même qu’il soit question de contrat pour Seth parle, Seth avait dit à Tam
que ce livre serait publié.
3 Plusieurs mois après, cependant, Jane ne se souvient d’aucun rêve concernant cette lumière.
4 Jane et moi ne sommes pas du tout d’accord avec ce point de vue.
5 Bridge-beliefs en anglais. (N.d.T.)
6 La théorie du « Big Bang » part du principe que, il y a dix ou quinze milliards d’années, toute la
matière – ou l’énergie – était concentrée en un grand « atome » primordial. Ce colosse a explosé, et
l’univers encore en expansion que nous voyons aujourd’hui est la conséquence de cet évènement.
Une variante de cette théorie envisage un univers en pulsation, résultant de l’expansion et de
l’effondrement répétés de toute la matière-énergie.
7 Aux États-Unis, le catholicisme est une religion de minorité. (N.d.T.)
8 En anglais : « The devil finds evil work for idle hands. » (N.d.T.)
9 Seth semble faire référence à la « réincarnation artificielle » pratiquée par les Soviétiques. Voir le
livre de Sheila Ostrander et Lynn Schroeder, Fantastiques recherches parapsychiques en URSS.
10 Pour du matériau concernant la vie et la mort de notre chat Rooney, voir la session 639,
chapitre 10. Seth fait aussi mention de probabilités en relation avec ce chat.
11 Le Chant des Frères d’argent
12 Aux États-Unis, la chiropratique est l’une des « médecines douces » les plus répandues. (N.d.T.)
13 Aux États-Unis, la décision de souscrire à une assurance-maladie est prise individuellement, à titre
privé. (N.d.T.)
14 De très nombreux Américains prennent quotidiennement des vitamines. (N.d.T.)
15 Le meilleur exemple étant celui de l’apôtre Paul (Saul de Tarse) dont la conversion a lieu sur le
chemin de Damas, en l’an 36 environ, quelques années après la « mort » du Christ.
16 Seth n’a pas dit que nous avions aussi dans notre réserve un fusil de petit calibre (qui n’a encore
jamais servi), et une trousse à pharmacie… En avril 1961, un groupe d’exilés cubains avaient
débarqué à Cuba dans la Bahia de Cochino (la baie des Cochons) pour une désastreuse tentative de
renverser le régime de Fidel Castro. La confrontation entre les États-Unis et la Russie à propos de
l’installation de missiles à Cuba avait suivi, en octobre 1962. Avoir des réserves à portée de main
avait donc paru une fois encore une bonne idée.
17 Publié dans The Magazine of Fantasy and Science Fiction, en mars 1958.
18 Jane avait dit au directeur des programmes qui l’avait appelée : « Je suis désolée, mais je ne peux
pas participer à votre émission, je ressens profondément la nécessité de rester à Elmira ces jours-
ci ». Lorsqu’elle s’était entendue répondre ainsi, cela l’avait rendue très perplexe…
19 Voir Seth parle et Le Matériau de Seth. Nous avons, nous aussi, rassemblé une documentation
considérable, et non publiée, sur la question.
20 Seth a tout d’abord exposé sa théorie des « points-instants » dans un cycle de quatre sessions en
avril et mai 1965, en lien avec la réincarnation et l’univers du rêve. Dans la session 152, il
affirmait : « Le moi complet dont Ruburt est une partie a une très grande élasticité. Les diverses
portions qui le constituent jaillissent et reviennent avec beaucoup plus de résilience que ce qui est
habituel. [Il] englobe simultanément beaucoup plus de points-instants… » À travers l’un d’eux,
ajoute Seth dans une explication très simplifiée, il peut pénétrer à l’intérieur des limites de la
« compréhension psychique » de Jane.
21 J’ai l’impression que c’est mon cas. Pour certains éléments se rapportant à ce sujet, voir mes
notes pour la session 525, chapitre 20 de Seth parle. Je vais me contenter de préciser ici que c’est
seulement après le début de ces sessions, en 1963, que j’ai réalisé que mes modèles intérieurs étaient
tout aussi valables que ceux réellement assis devant moi. En fait, j’ai souvent perçu les premiers avec
une plus grande clarté, mais ma formation, puis mon travail commercial à partir de 1939 à New
York, m’ont conditionné à croire que l’artiste était supposé travailler uniquement à partir de ce qu’il
pouvait « voir » objectivement. Pendant de nombreuses années, j’ai ignoré le fait qu’à l’école
primaire, je remplissais avec bonheur et liberté mes cahiers de dessins de personnes et de lieux
« imaginaires »…
22 En français dans le texte (N.d.T.)
23 Seth a fourni un peu de matériau analogue dans la session 582 du chapitre 20 de Seth parle : « Ce
que vous percevez comme du temps est une partie d’autres évènements qui font irruption dans votre
propre système, et qui sont souvent interprétés comme un déplacement dans l’espace… » Cette
session, comme la 581ème, contient aussi quelques données pratiques sur les unités d’énergie
électromagnétique (EE) de Seth, leurs vitesses diverses et notre façon de les interpréter comme des
évènements, des évènements rêvés, un mouvement à travers le temps, etc.
24 Selon Seth, donc, le sentiment d’impuissance expliquerait le taux particulièrement élevé d’actes
de violence – allant jusqu’à entraîner la mort – commis parmi des soldats américains anciens
prisonniers de guerre. Une étude faite par le gouvernement sur ceux qui avaient été captifs en
Extrême-Orient au cours de la Seconde Guerre mondiale et celle de Corée montre que 40 % des
décès survenus parmi eux entre 1945 et 1954 sont dus à un meurtre, un suicide ou un accident.
En ce qui concerne la guerre du Vietnam, plus de 500 soldats américains faits prisonniers ont été
relâchés par le Nord-Vietnam après le cessez-le-feu en janvier 1973. Les autorités craignent à
présent que nombre d’entre eux en viennent à croire que leurs souffrances ont été vaines du fait de
l’impopularité de cette guerre aux États-Unis. Il y a déjà eu des suicides (en date du mois de juillet)
et beaucoup ont eu au moins des réactions temporaires de stress depuis leur libération.
25 Page 248 de The Seth Material (N.d.T.)
26 Le 4 juillet est fête nationale aux États-Unis. (N.d.T.)
27 Jane parle parfois pour la personnalité de Seth 2 ; ce concept est lié aux phénomènes
gigantesques.
Le chapitre 22 de Seth parle contient un complément de matériau sur Seth 2. Dans la session 589,
Seth nous dit entre autres : « …il existe le même type de connexion entre cette personnalité et moi-
même que celle qui existe entre Ruburt et moi. Mais, en vos termes, Seth 2 est beaucoup plus éloigné
de ma propre réalité que je ne le suis de celle de Ruburt. Vous pouvez imaginer Seth 2 comme une
partie future de moi, si vous préférez ; mais c'est beaucoup plus complexe. »
NOTE DE L’ÉDITEUR
LA RÉALITÉ « INCONNUE »
TOME I
Traduit de l’américain
par Dominique Thomas,
Michka Seeliger-Chatelain
& James Bryant
MAMA ÉDITIONS
L’été est hiver
(…)
(Note de Robert F. Butts : cette strophe est la seconde et dernière d’un poème écrit par
Jane en avril 1952, quand elle avait vingt-trois ans. Dans ce texte manquant encore de
maturité, qu’elle a composé onze ans avant de se lancer dans le matériau de Seth, sa
nature mystique affirmait déjà sa connaissance innée.)
NOTES PRÉLIMINAIRES DE ROBERT F.
BUTTS
Et, pour finir, qu’en est-il de nos efforts pour gérer la quantité sans
cesse croissante de courrier que la publication des livres de Jane a
générée ? (Soit dit en passant, nous conservons dans un dossier la plupart
des lettres et des cartes que nous avons reçues au fil des ans.) Notre
dernière tentative pour faire face à cette situation a été la rédaction de trois
lettres préparées à l’intention de nos correspondants : une courte lettre type
de Jane et moi ; une plus longue, dictée par Seth en avril 1975, peu de
temps après avoir terminé La Réalité « inconnue » ; et une liste de toutes
les éditions des livres de Jane. (Nous l’avons préparée pour répondre à de
nombreuses requêtes, et nous la mettons bien sûr régulièrement à jour.) Les
lettres types ne sont pas vraiment satisfaisantes pour celles et ceux qui nous
écrivent et qui aimeraient une réponse personnelle de la part de Jane et/ou
Seth. C’est ce que nous pouvons faire de mieux dans le temps dont nous
disposons. Jane gère elle-même la plus grande partie du courrier ces
temps-ci, et elle essaye d’ajouter quelques lignes personnelles à chaque
réponse. Avec ce système, elle répond à plus de lettres qu’avant, mais nous
recevons de plus en plus de courrier.
En janvier 1973, Seth nous avait dicté une lettre à envoyer en réponse
aux personnes qui nous écrivaient, elle est reproduite au chapitre 8, session
633, de La Réalité personnelle. Beaucoup de gens ont aimé cette lettre (et
c’est encore le cas), certains y ont même répondu ! C’est pour cette raison
que Jane et moi suggérons au lecteur de lire cette lettre-là, conjointement à
celle qui suit, car, comme le dit Jane, elles se complètent et se renforcent
l’une l’autre. Nous avons le sentiment que ces deux messages de Seth
reflètent une bonne part de l’essentiel de son matériau, et de nos propres
situations et attitudes pendant sa production. Nous pensons que présenter
ici la nouvelle lettre de Seth est une façon idéale de conclure ces notes.
(Seth fait référence à Jane par son nom d’entité masculine, Ruburt ; et à
moi en tant que Joseph, pour la même raison.)
Cher correspondant,
[1] Seth a d’abord fait part de sa présence, à Jane et à moi, par son nom,
dans la session 4, qui s’est déroulée le 8 décembre 1963. Voir le
chapitre 1 du Matériau de Seth.
[2] Les deux précédents livres de Seth sont Seth parle et La Nature de la
réalité personnelle — mais ils sont bien sûr aussi les livres de Jane.
Reportez-vous à la liste de ses ouvrages publiés par Prentice-Hall.
(Pour que ces informations soient complètes, notez que le premier livre
de Jane sur les phénomènes psychiques était How to Develop Your ESP
Power. Il a été publié en 1966, puis en livre de poche en 1974, par
Frederick Fell Publishers, à New York. Il est ressorti à nouveau en
1976, chez Pocket Books, sous le nom de The Coming of Seth.)
(Avant la session, j’ai montré à Jane une photo d’elle lorsqu’elle était
enfant, et une de moi très jeune. Elles ont toutes les deux à peu près la
même taille, environ huit centimètres sur treize, et le même aspect fragile et
décoloré — comme si elles avaient été prises au même moment —, même si
la mienne est plus vieille de vingt ans.
Ma photo est restée cinquante-trois ans dans l’un des albums de la
famille Butts. Elle a été prise par mon père [Robert Senior] et elle est datée
du 1er juin 1921. J’avais presque deux ans. Mes cheveux sont blonds et
bouclés ; vêtu d’une barboteuse, de chaussettes blanches montantes et de
petites chaussures noires, je suis debout dans le jardin de la maison que
mes parents louaient à Mansfield, une petite ville universitaire dans le nord-
est de la Pennsylvanie. Je regarde, enchanté, une douzaine de poussins qui
sont dans l’herbe, à mes pieds. Derrière moi, floues, il y a une adolescente
inconnue, assise sur une balançoire accrochée à une branche d’arbre, et, à
côté d’elle, une poussette vide en osier [la mienne ?]. En arrière-plan, une
voiture décapotable est garée dans l’allée. Je pourrais ajouter que
Mansfield n’est qu’à une cinquantaine de kilomètres au sud d’Elmira, dans
l’État de New York, là où nous vivons actuellement, Jane et moi.
La photo de Jane, elle, a été prise il y a trente-trois ans, par une dame
plus âgée qui l’avait emmenée en excursion jusqu’à une source thermale
des environs de Saratoga Springs, lieu de villégiature de l’État de New
York, où Jane vivait avec sa mère Marie, alitée, et une gouvernante. De sa
petite main d’enfant, Jane avait griffonné à l’arrière de la photo le nom de
son amie et la date. Bien des années plus tard, elle devait me confier : « Ma
mère détestait cette femme. » Sur le cliché, c’est une belle journée
ensoleillée d’août 1941. Jane a douze ans. Elle est assise dans l’herbe
devant des arbustes à feuilles persistantes ; légèrement penchée en arrière,
appuyée sur sa main droite, elle a les jambes nues sagement repliées. Elle
porte une robe en tissu imprimé qui lui a été donnée par l’orphelinat
catholique de Troy, situé à cinquante kilomètres de Saratoga Springs ; elle
avait passé les dix-huit mois précédents dans cette institution, pendant que
sa mère était hospitalisée dans une autre ville pour suivre un traitement
contre la polyarthrite chronique évolutive. Jane porte aussi un pull à
manches courtes, que sa mère lui avait tricoté pendant qu’elle était à
l’hôpital.
Les cheveux blonds de Jane — qui allaient devenir complètement
noirs — sont soigneusement peignés, avec une barrette et une raie au
milieu. Son visage a une rondeur juvénile mais n’est pas vraiment souriant.
Elle n’a cependant pas l’air renfrognée. Assise ainsi dans l’herbe, elle
semble plutôt vous fixer à travers l’objectif, révélant un regard grave,
presque maîtrisé, qui détonne chez une personne de son âge.
Ces deux photos ont, pour moi, une qualité mystérieuse que j’ai souvent
trouvé intrigante — une aura due en partie au fait qu’elles sont anciennes,
personnelles et tellement irremplaçables, je suppose. Mais, depuis
longtemps, je m’étais rendu compte que d’autres sentiments étaient liés à
ces photos. Jane a commencé à transmettre le matériau de Seth fin 1963 et,
peu de temps après, celui-ci a développé ses idées sur les probabilités[1]. En
regardant ces clichés par la suite, j’ai spéculé à de nombreuses reprises sur
les réalités probables entourant ces deux jeunes sujets. Je dis maintenant à
Jane que je comprends le cours des actions que chacun de nous a choisi de
rendre physiques ou « réelles », en nos termes. Mais qu’en est-il de toutes
les autres voies dans lesquelles nos moi probables se sont embarqués depuis
que ces photos ont été prises ? Ces photos représentent-elles en fait des
images immatures de nous-mêmes, de la Jane et du Rob que nous
connaissons et que nous avons toujours été, ou montrent-elles, depuis notre
point de vue, une Jane et un Rob probables — deux individus qui, il y a
longtemps, ont entrepris leurs propres voyages à travers d’autres réalités ?
Je n’étais pas clair sur ce que je voulais savoir, et j’avais du mal à
l’exprimer à Jane. Je souhaitais peut-être simplement que Seth fasse des
commentaires sur les probabilités d’une façon plus personnelle. [Note
ajoutée plus tard : à ce moment-là, je ne me doutais pas que ces questions
allaient déclencher un nouveau livre de Seth [2].]
Les signes extérieurs de transe chez Jane en tant que Seth sont en eux-
mêmes très intéressants, et je ne veux pas les minimiser : je les décris
d’ailleurs de temps à autre. Toutefois, ma véritable fascination est pour ce
que je nomme la conscience, ou énergie, grandement accrue dont Jane fait
preuve au cours des sessions — et, dans ce qu’elle transmet, je sens
toujours de façon sous-jacente un flux encore plus puissant de cette qualité-
là. Je pense à cela tandis qu’elle est tranquillement assise dans son fauteuil
à bascule, attendant que Seth se manifeste. Au bout de quelques minutes, sa
main droite se lève vers ses lunettes et les enlève ; ses yeux sont maintenant
beaucoup plus sombres et lumineux qu’à l’ordinaire. Elle est dans un état
de dissociation, de transe. Seth est là — en train de me fixer.
21 h 41.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
En tant que Seth, Jane prend brièvement en main les deux photos que
j’ai posées sur la table basse entre nous.)
Je vais faire deux choses ici — mais vous pouvez avoir le matériau sur
n’importe quelle photo séparément, si vous le préférez.
(« Oui. »)
Chacun de vous, encore une fois, a choisi ses parents et son
environnement. Vous parliez dans vos notes [il y a deux jours] de
précognition en lien avec l’art — un point excellent. La précognition en ces
termes-là s’applique également à votre naissance, quand, à l’avance, vous
vous rendez assez bien compte, à des niveaux inconscients, des conditions
que vous allez rencontrer. Vous les avez choisies et projetées en avance, à
l’extérieur, dans le vecteur du temps.
Ces conditions, cependant, tout en étant « établies » d’une certaine
manière, sont par ailleurs extrêmement souples, de sorte que
d’innombrables variétés d’évènements probables peuvent en découler. De
façon précognitive, vous vous rendez bien compte inconsciemment — en
vos termes, une fois encore — des résultats de toute action ou cause
donnée. Quand celle-ci (la photo de Jane) a été prise, Ruburt [3] s’était déjà
rendu compte des intérêts et préoccupations qui, dans l’ensemble, seraient
dominants dans sa vie future, même si son cheminement particulier n’avait
pas encore été choisi.
Ceci jette une certaine lumière sur l’expérience actuelle. L’arrière-plan
religieux était là. Conformément à sa préférence et à sa demande, il a
changé d’établissement après son CM1, passant d’une école publique à une
catholique [4]. Cela allait à l’encontre de l’avis de sa mère qui avait le
sentiment que les écoles publiques étaient meilleures et socialement plus
bénéfiques. À cet âge-là — quand il a changé d’école —, Ruburt avait une
telle volonté qu’il a forcé sa mère à accepter ce changement. Il a fait un tel
tapage, Ruburt, et eu de telles crises de colère, que la permission lui a été
accordée. Même en ce temps-là, il était entêté.
Comme sa mère, il a toujours été très imaginatif. Socialement, sa mère
était audacieuse, affichant sa beauté auprès d’éléments peu
« recommandables » de la société. Beaucoup plus tard, Ruburt allait sortir
avec des hommes peu « recommandables » de son entourage, pourtant, ni la
mère ni la fille n’ont vu ce parallèle. À l’époque, la mère voulait que Ruburt
ait un mari respectable et si possible riche, et elle ne comprenait pas
pourquoi il choisissait des hommes non conformes.
Ruburt a choisi un contexte dans lequel il était pauvre, comme l’avait
fait sa mère. Celle-ci était aussi brillante, mais elle avait choisi de s’en
remettre à sa beauté pour s’échapper [de son environnement]. Ruburt a misé
sur son cerveau. Ce matériau a été donné [au fil des ans, dans une série de
sessions personnelles].
(« Oui. »)
Le non-conformisme de Ruburt a adopté le cadre plus large des idées
non conventionnelles. En arrière-plan, en tant qu’enfant pris en charge par
le Département d’aide sociale, se permettre des petits plaisirs ou du luxe,
avoir un comportement trop non conformiste, tout cela était dangereux dans
le contexte choisi — les voisins auraient pu rendre compte de toute
transgression à cet organisme. C’est à peu près à cette époque-là (en
tapotant la photo) que Ruburt s’est assis sur les genoux d’un homme adulte,
sous la véranda à l’avant de la maison ; des voisins l’ont dûment signalé —
l’idée étant qu’il pouvait s’agir d’une perversion sexuelle.
La mère de Ruburt savait que sa fille pouvait lui être enlevée s’il était
prouvé que, pour une raison ou pour une autre, elle était une mère incapable
de prendre convenablement soin de son enfant. Plus d’un an avant que cette
photo ne soit prise, Ruburt a été en effet envoyé dans un foyer
catholique [5]. Là-bas, on ne tolérait pas les idées non conventionnelles. On
faisait l’expérience de l’inflexibilité du dogme, consciencieusement mis en
application dans l’activité quotidienne, et, dans ce cadre-là, Ruburt a tenté
de s’appliquer et de focaliser sa nature profondément mystique.**
Il s’est souvenu des critiques constantes que lui faisait sa mère, mais il
se rappelle à peine de sa propre désapprobation scandalisée lorsqu’elle
jurait, par exemple, quand il revenait à la maison. Il s’est jeté la tête la
première dans la réalité catholique, l’a suivie avec une diligence entêtée,
l’utilisant comme une structure conventionnelle dans laquelle il pouvait
permettre à sa nature mystique de croître.
Quand cette nature a débordé de ce cadre-là, il l’a quitté. Toutes les
croyances qui semblaient autrefois si légitimes étaient maintenant perçues
comme gênantes, et tous leurs défauts devenaient évidents. Tant qu’il s’en
tenait à cette structure, rien ne pouvait l’en faire dévier et, ici (en touchant
la photo), dans cette photo d’enfant, vous avez déjà la nature inébranlable,
la grande spontanéité, cherchant une structure qui lui permettra de croître,
tout en donnant l’illusion de la sécurité.
L’enfant à l’air placide [sur la photo] était aussi dogmatique et
inflexible à certains égards que Ruburt l’a toujours été. Pourtant, en quittant
la structure de l’Église, Ruburt s’est fixé sur l’esprit en tant qu’opposé des
intuitions. L’enfant était convaincu que les statues du Christ bougeaient.
Sans une structure pour contenir ce type d’expérience, la fillette
grandissante a commencé à l’effacer. L’expérience mystique est devenue
acceptable uniquement à travers la poésie ou l’art, où il était possible de
l’accepter comme étant créative mais pas suffisamment réelle pour créer des
problèmes, ou pour déranger la « nouvelle » structure. La nouvelle structure
rejetait ces non-sens superstitieux. L’esprit allait être canalisé, et l’art
devenir le traducteur acceptable de l’expérience mystique, un tampon entre
cette expérience-là et le moi. Ruburt a jeté une partie du bébé avec l’eau du
bain.
Le mystique s’est fait clandestin, réapparaissant sous forme de science-
fiction[6]. Je le répète, dans le contexte social et religieux de l’enfant, les
actions mentales ou physiques non conventionnelles pouvaient être source
de sanctions. Pendant un temps, l’enfant a pu interpréter l’expérience
mystique au sein de l’Église, mais il y avait toujours, malgré tout, un conflit
avec les autorités de l’Église.
(22 h 19.) Cependant, sans cette expérience consistant à suivre avec
autant de ferveur une croyance en l’Église, Ruburt n’aurait pas compris le
besoin qu’ont des gens d’avoir ce type de croyances, ou il n’aurait pas été
capable de communiquer aussi bien avec eux. Son esprit toujours prêt à
s’interroger s’exerçait quand il a commencé à étudier les croyances
religieuses. Quand, beaucoup plus tard, il a été confronté à une expérience
médiumnique, il a craint que celle-ci puisse le conduire à un nouveau
dogme, et il était déterminé à ne pas s’en servir de cette façon-là.
Son « conservatisme », c’est-à-dire sa forte reconnaissance des idées
conservatrices, lui sert de tremplin. Sachant où sont les autres, il bondit vers
de nouveaux domaines. Il combat le dogme du spiritualisme autant qu’il a
combattu le dogme de l’Église.
Il a toutefois bondi du cadre de l’Église dans un autre, dans lequel le
mysticisme était une expérience de seconde main, sous le couvert d’une
production artistique. Idea Construction [7] a littéralement fracassé ce cadre-
là.
(Une pause.) Pour des raisons diverses déjà évoquées, concernant votre
relation commune et vos propres buts (en s’adressant à moi), il a fallu un
certain temps pour qu’un cadre plus neuf et approprié se forme — dans
lequel Ruburt est libre de poursuivre une expérience mystique dans une
structure concrète ; dans laquelle la pensée non conventionnelle a le droit de
suivre librement son cours. Ruburt a senti que cela pouvait sortir du cadre
de son art, comme cela avait été le cas avec l’Église. Les symptômes
physiques [8] ont servi très littéralement de cadre dans lequel une liberté
mentale et psychique était accordée à la spontanéité, dans une certaine
mesure au moins, jusqu’à ce qu’il se sente en sécurité.
Faites votre pause.
(22 h 31. Jane sort très facilement et très rapidement de transe, comme
c’est en général le cas. La vitesse de ce qu’elle a transmis pour Seth était
moyenne, ce qui pour moi signifie que j’ai pu assez facilement en prendre
note mot à mot, en abrégé. Jane se souvient peu de ce qu’elle a dit, elle sent
pourtant maintenant dans son estomac l’impact émotionnel du matériau —
réaction qu’elle a souvent, me dit-elle, quand l’information est d’une nature
personnelle ou « chargée ».
Je lui rappelle que j’espère que Seth va commenter la vieille photo
d’elle, en lien avec des réalités probables, même si je vois maintenant qu’il
lui faudra plus de temps que je le croyais pour développer les réponses. Je
ne pense pas que nous obtiendrons ce soir le moindre matériau sur ma
propre photo.
Reprise de la même façon à 22 h 42.)
Maintenant. Vous aviez raison. Les probabilités entrent bien sûr en jeu.
Souvenez-vous des toutes premières phrases de cette session. Les
conditions générales globales étaient choisies, mais elles permettaient de
nombreux parcours probables.
(En tant que Seth, Jane montre du doigt la photo d’elle, prise quand elle
avait 12 ans.)
Cet enfant-là a choisi un parcours différent de celui de cette femme
(Jane se désigne elle-même, assise dans son fauteuil à bascule). Le
dogmatisme a prévalu. La nature mystique de l’enfant, bien que forte, ne
l’était pas suffisamment pour défier la structure de l’Église, pour la quitter,
ou pour dépasser le symbolisme qu’elle offrait. Il fallait qu’il [le
mysticisme] s’exprime, même tronqué, relativement parlant. L’esprit serait
canalisé de sorte qu’il ne pose pas trop de questions. Cet enfant-là [sur la
photo] a rejoint un couvent où elle a appris à réguler l’expérience mystique
conformément à des préceptes acceptables — tout en l’exprimant
néanmoins avec une certaine régularité et de façon continue, dans un mode
de vie qui en reconnaissait au moins l’existence.
En vos termes, l’intersection des probabilités s’est produite un jour, lors
d’un entretien que l’enfant a eu avec un prêtre. L’évènement, en termes de
Ruburt, et son résultat dans votre probabilité, est mentionné dans son livre
Rich Bed [voir la note 4]. Alors qu’elle était en cinquième ou quatrième,
l’enfant a écrit un poème exprimant son désir d’être nonne et l’a apporté à
un curé. Dans votre probabilité, le prêtre a dit à l’enfant que sa mère avait
besoin d’elle ; mais, intuitivement, il a vu que le mysticisme de Ruburt ne
cadrerait pas avec l’institution de l’Église.
Dans l’autre probabilité, le désir de Ruburt l’a emporté. Il s’est arrangé
pour atténuer l’ampleur et les dimensions de son mysticisme de manière à
le rendre acceptable. Dans cette autre probabilité, il n’y aura pas de longue
période durant laquelle l’expérience mystique devra demeurer latente, et
absolument aucune nécessité de l’exprimer en termes nouveaux.
Le talent d’écriture allait suivre et lui tenir lieu de servante. Dans ce
monde-ci, les aptitudes artistiques ont été mises en avant, mais la nature
mystique avait plus de chances de s’étendre et de se développer. Dans les
deux cas, il y a eu l’opportunité et le défi de briser de vieux schémas
historiques et de les dépasser.
(Avec insistance.) Ruburt, ici, a choisi la structure de l’écriture, et il y a
adhéré sans jamais dévier, comme il avait adhéré autrefois à l’Église,
cherchant pourtant toujours un nouveau cadre. Pendant quelque temps, il
vous a idéalisé. Votre guidance et votre force étaient son cadre. Quand il est
apparu que vous étiez un humain et non un cadre, il a eu peur. Lorsque vous
avez encouragé l’émergence et l’expression de son mysticisme, il a eu le
sentiment que vous ne pouviez plus agir en tant que cadre pour le contenir.
À ce moment-là, cela a semblé menacer la structure commune de vos vies.
Ruburt savait intuitivement que vous utilisiez vous aussi la création
artistique comme un tampon entre l’expression mystique et vous-même.
Pour toutes les raisons données — et elles sont clairement données
[dans les sessions personnelles] —, Ruburt avait peur que la spontanéité,
mentale ou physique, ne menace le cadre de vos vies communes, accepté de
longue date. S’il allait spontanément de l’avant dans l’expérience mystique,
alors, étant donné ses idées, cela menaçait l’acceptation conventionnelle de
son art. Les idées conventionnelles de l’art et de l’écriture, dont dépendait à
présent la vieille structure, ne cadraient plus.
Une fois encore, Ruburt a senti que son expérience naturelle le
conduisait au-delà des structures qu’il avait considérées comme garantes de
sa sécurité.
(23 h 05.) Il devait tenir compte de vous. Dans sa façon de penser, cette
expérience qu’il vivait empiétait sur votre art ainsi que sur le sien. En même
temps, la nature mystique se réjouissait de cette opportunité et en percevait
le potentiel. Ruburt était déterminé à aller de l’avant (d’une voix plus
forte) — il était aussi déterminé à garder les vieilles structures et à en
ignorer les fissures. Ceci est en partie lié à sa loyauté envers vous et à sa
responsabilité, telle qu’il la voyait, de vous maintenir focalisé en tant
qu’artiste et de ne rien laisser vous distraire. Pourtant, ici, il vous distrayait.
Pendant un temps, votre système commun de communication a été
chancelant. Ruburt avait peur d’aller de l’avant. Les symptômes l’ont gardé
à la maison, à son travail, et lui ont permis de se concentrer sans
distractions extérieures ; ils l’ont gardé occupé à écrire, avec une expérience
mystique consciencieusement traduite en art.
Les symptômes ont aussi servi à focaliser cette énergie fantastique,
pendant que Ruburt découvrait comment il devait l’employer. Il ne pouvait
pas accepter un nouveau schéma psychique tant qu’y demeuraient des
interrogations sur vos idées communes concernant une activité
professionnelle et une loyauté divisée concernant l’écriture et la peinture ;
et aussi vos peurs personnelles, conjointement, à l’égard de la spontanéité
en général, et le besoin de protéger vos talents vis-à-vis à la fois de vos
natures sexuelles et des distractions d’autrui.
Ruburt ne pouvait pas accepter un nouveau cadre et il n’osait pas lâcher
l’ancien, de sorte que les symptômes sont devenus la matérialisation
physique de ces conflits et ont servi de nombreux buts. Cette enfant [sur la
photo], devenue adulte dans sa propre probabilité, n’a aucun de ces
problèmes. Les défis ne sont pas là non plus — uniquement sous une forme
latente.
Accordez-nous un instant… Ruburt a grandement besoin de comprendre
que vous l’aimez et l’acceptez, tel qu’il est maintenant, en vos termes. Il
reçoit de vous le sentiment d’acceptation de son état de créature, que vous
avez vous-même reçu de votre famille, dans vos jeunes années.
Votre questionnement, Joseph [voir la note 3], et votre profonde
méfiance à l’égard des théories actuelles du monde, sont partagés par
Ruburt avec la même intensité, et votre insistance commune à découvrir de
nouvelles réponses est responsable de ces sessions et de ce qui en
découlera.
Vous voyez le joyeux potentiel de Ruburt et il le sait. Il se sent pourtant
parfois perdu en tant qu’être humain émotionnel, allant à l’aveuglette vers
ce potentiel, et il a besoin d’être conforté. Comme vous le savez
maintenant, le conforter peut vous faire peur, car cela vous renvoie tous
deux à de profondes réalisations et sensations émotionnelles que vous
sublimez dans vos tableaux, et même à des expériences mystiques que vous
canalisez à travers votre travail.
Faites une pause.
(23 h 25. « J’ai eu à nouveau ce sentiment, dit Jane, après être sortie
d’une transe profonde. De vide à l’intérieur, tu sais, comme si tout cela
faisait mouche… »
De ce qu’a transmis Seth après la dernière pause, j’ai seulement
supprimé deux courtes phrases de matériau très personnel. À l’évidence,
Jane et moi avons choisi de faire face aux défis qu’a présentés l’émergence
de ses aptitudes médiumniques, il y a onze ans. Ces « nouvelles » aptitudes
offraient des possibilités créatrices si évidentes que, étant données nos
natures, nous n’avions aucun désir de faire autrement ; sous nos doutes et
nos questions, nous sentions intuitivement la justesse de nos décisions. J’ai
découvert que j’étais capable d’apporter une contribution psychique
autrement que par le simple fait de garder traces des sessions. Et avoir
amené à se révéler si clairement à nos consciences quelques-uns au moins
de nos profonds désirs et motivations, par des moyens psychiques ou de
toute autre manière, dépassait ce que nous avions cru possible au cours des
années précédentes. Nous trouvions ce type d’information particulièrement
précieux dans le contexte plus large de la société. J’étais également très
désireux d’acquérir toutes les formes de connaissance possibles relatives à
la philosophie et à l’art de la peinture.
J’espère que les informations [très légèrement remaniées] que Seth
donne sur ma propre famille vont aussi éclaircir certaines choses chez
d’autres. Reprise à 23 h 37.)
Maintenant. Pour le moment, occupons-nous brièvement de cela.
(Jane, en tant que Seth, s’empare de la photo prise quand j’avais deux
ans [9].)
Cet enfant-là jouit de grandes sensations de vigueur et de sécurité. Dans
votre relation avec votre famille jusque-là, tout va bien. Vous étiez
principalement entouré d’amour et d’affirmation. Vos parents étaient jeunes.
Votre mère avait donné naissance à deux beaux garçons ; elle était aussi
perfectionniste à sa façon, et dans sa structure — une structure que votre
père n’a jamais comprise.
Il s’agissait, en surface, d’une structure très conventionnelle, et
pourtant, en dessous, extrêmement pesante. Il y avait des dogmes. On
attendait d’une mère qu’elle mette au monde des enfants parfaits et qu’elle
soit soumise à l’homme, au moins en apparence.
Votre mère avait donc le sentiment que chacun jouait le rôle qui lui
revenait dans le mariage, car, à ses yeux, votre père avait de grandes
perspectives d’avenir, et elle lui avait donné deux fils. Ce n’est que plus tard
qu’elle a eu le sentiment qu’il n’avait pas rempli sa part du contrat, et que
vous avez commencé à avoir un sentiment d’insécurité. Elle s’était forcée à
focaliser toute sa grande puissance émotionnelle dans la structure du
mariage, tel que tous deux le concevaient ; mais votre père n’avait pas
concentré ses propres aptitudes dans la structure culturelle et financière,
comme il avait été d’accord pour le faire dans le contrat tacite.
Votre mère s’est efforcée de contenir sa propre réalité en termes
conventionnels — mais selon sa conception, votre père, lui, refusait
d’utiliser son énergie dans la structure sociale et financière, usuelle, qu’ils
avaient tous deux acceptée.
Des années plus tard, vous avez commencé à sentir, comme Ruburt, que
la créativité était dangereuse à sa façon, qu’elle vous conduirait hors des
structures sociales admises, et qu’il fallait absolument la protéger d’une vie
de famille normale.
(En prenant ma photo.) Pas dans cette photo-ci, mais parfaitement
vivant, il y avait votre frère Linden. Vous avez insisté pour vous servir de
vos aptitudes et tenté pendant des années de les faire cadrer avec le modèle
commercial, dans lequel elles étaient acceptées financièrement et
socialement, et aussi en termes de votre propre image de vous-même.
Finalement, vous avez fini par déborder de cette structure [10]. Ce faisant,
vous avez artificiellement établi une séparation selon laquelle le bon art ne
se vendait pas — mais ce serait de toute façon celui que vous pratiqueriez.
Vous rendriez votre créativité réelle, en termes sensoriels. Linden ne le
ferait pas. Il la garderait en sécurité, au sein d’une structure de « jeu » —
pas forcément de jeu au sens strict du terme, mais une structure dans
laquelle il travaillerait avec des modèles, de façon ingénieuse, sans jamais
mettre en application d’une manière ou d’une autre ses aptitudes créatrices
dans une réalité pratique. Elles seraient à l’extérieur en sécurité, dans ce
contexte-là.
Les capacités qu’il possédait, qui pouvaient être canalisées vers la
société telle qu’il la comprenait, l’ont été. Dans une telle éventualité, une
fragmentation s’est produite, de sorte que les aptitudes se sont dispersées,
certaines se sont orientées vers l’école, d’autres vers le dessin, d’autres
encore vers ses maquettes. Ces attributs créatifs étaient divisés de manière à
pouvoir être utilisés sans risque, exprimés malgré tout jusqu’à un certain
point, sans être totalement reniés.
À sa manière, votre propre caractère est plus direct, dans le sens où vous
avez maintenu une focalisation plus immédiate. Quand cette photo a été
prise, vos parents commençaient pourtant à prendre conscience de leurs
difficultés. Durant votre première année, votre père et votre mère étaient
pleins d’attentes. Linden a ressenti ce manque. Il était en sécurité, mais pas
autant que vous l’aviez été, puisque la division entre vos parents
commençait à devenir visible.
Linden se sert maintenant des mots comme d’un cadre pour contenir sa
créativité et sa communication, au lieu de les exprimer. Ici [sur la photo],
vous étiez plus aventureux comme enfant, car vous vous sentiez en sécurité
physiquement. Linden était beaucoup moins explorateur…
(Après une pause à 00 h 02, Seth transmet une page de matériau pour
Jane avant de terminer la session à 00 h 16. Tel que j’interprète ses
informations sur les photos, celle de Jane représente un individu qui allait
devenir une Jane probable pour celle que je connais, alors que ma propre
photo correspond plutôt à une version antérieure du moi qui a toujours
vécu dans cette réalité-ci…)
[1] Seth nous dit que toutes les actions sont de nature mentale à l’origine.
Très simplement, les réalités probables découlent d’actions — ou
d’événements — innombrables que nous pouvons envisager, mais que
nous choisissons de ne pas actualiser physiquement. Chacun de nos
mouvements demeure toutefois parfaitement valide, une fois qu’il a été
conçu, et il est exécuté dans toutes ses variations par des moi probables,
dans d’autres réalités. Il peut y avoir une communication entre certains
de ces mondes au moins. Jane a eu un modeste succès en atteignant
quelques-uns de ses moi probables, et elle projette d’écrire sur ces
expériences-là et sur d’autres qu’elle espère mener. Dans son matériau
sur les systèmes probables, au chapitre 16 de Seth parle, il est dit : « On
peut d’ailleurs décrire l’âme comme un acte multidimensionnel infini,
dont chaque infime probabilité est, quelque part, conduite jusqu’à
l’existence et la réalisation — comme un acte de création infini qui crée
pour lui-même des dimensions infinies dans lesquelles
l’accomplissement est possible. » Reportez-vous ensuite au chapitre 15
du Matériau de Seth, intitulé Moi probables et systèmes probables de
réalité.
[3] Seth fait presque toujours référence à Jane par son nom d’entité
masculine, Ruburt — d’où les « il », « lui », « le ». Voici en résumé les
commentaires quelque peu amusés de Seth, lors de la session 12, du
2 janvier 1964 : « Le sexe, indépendamment de toutes vos histoires
charnelles, est un phénomène psychique, simplement certaines qualités
que vous appelez masculines ou féminines. Ces qualités sont cependant
réelles et elles imprègnent d’autres plans, tout autant que le vôtre. Ce
sont des opposés qui sont néanmoins complémentaires et qui fusionnent
pour ne faire qu’un. Quand je dis, comme je l’ai fait, que l’entité
globale, ou moi complet, n’est ni mâle ni femelle, et que je me réfère
pourtant à [certaines] entités par des noms tout à fait masculins, tels que
“Ruburt” ou “Joseph” [comme m’appelle Seth], je veux simplement
dire que, dans l’essence globale, l’entité [donnée] s’identifie plus aux
caractéristiques dites masculines que féminines. »
[4] Jane aborde les nombreux détails, souvent chaotiques, de sa vie dans
son autobiographie, From This Rich Bed. Pendant quelque temps, elle a
travaillé sur ce projet en parallèle avec d’autres livres, et il se peut que
celui-ci finisse par représenter plusieurs volumes.En résumant à
l’extrême ce qui est dit dans cet ouvrage, Jane était la fille unique de
Marie Burdo et de Delmer Roberts. Elle avait deux ans quand ses
parents ont divorcé en 1931. La jeune Marie est alors retournée avec sa
fille chez ses parents, dans le domicile que sa famille louait depuis de
nombreuses années : ils occupaient la moitié d’une maison, dans une
banlieue pauvre de Saratoga Springs, dans l’État de New York. Marie a
commencé à ressentir les premiers symptômes d’une polyarthrite
chronique évolutive, mais elle a travaillé autant qu’elle l’a pu. Comme
Joseph Burdo, le grand-père de Jane avec lequel elle partageait une
profonde identification mystique, était en fin de compte incapable de
subvenir aux besoins de deux personnes supplémentaires, la famille a
dû faire appel à l’Assistance publique. Puis, en 1936, la grand-mère est
morte dans un accident de voiture. L’année suivante, son grand-père a
quitté la maison. Marie était devenue partiellement handicapée, et le
Département d’aide sociale a commencé à fournir à la mère et à la fille
une aide à domicile occasionnelle (et souvent peu fiable). Jane avait
donc neuf ans en 1938, lorsqu’elle a changé d’école après son CM1.
Quand nous présentons, Jane et moi, un matériau personnel dans La
Réalité « inconnue », nous avons plusieurs choses à l’esprit. Nous ne
voulons pas simplement donner des informations utiles par rapport au
contexte relatif aux sessions elles-mêmes, mais donner un aperçu des
forces extrêmement complexes, émotionnelles et physiques, qui sous-
tendent d’étroites relations à long terme. Nous pensons que les
commentaires de Seth sur notre situation peuvent aider le lecteur à
mieux comprendre ses propres croyances, motivations et désirs.
[5] Voir les notes concernant Jane et les photos au début de cette session.
[6] Il a fallu un bon bout de temps pour que la nature mystique de Jane
apparaisse dans sa prose. Deux ans après notre mariage, elle a publié
sa première œuvre de fiction, une courte histoire sur la réincarnation,
intitulée « The Red Wagon », parue en décembre 1956 dans The
Magazine of Fantasy and Science Fiction. Elle avait alors vingt-sept ans
et était très heureuse de ce début de carrière professionnelle. Dans les
années qui ont suivi, elle a vendu plusieurs autres histoires à ce même
magazine, ainsi que deux courts romans, et elle a aussi publié de la
poésie et un peu de fiction. Jane considérait que tous ses ouvrages
relevaient plus de la « science-fantaisie » que de la science-fiction
proprement dite. Ses thèmes étaient des extensions de sa poésie
antérieure et ils contenaient la même forme de pensée qui l’avait
amenée à rompre avec l’église. Rien de conscient ne lui laissait
entendre que, d’ici dix ans, elle développerait le matériau de Seth.
« Mon esprit, dit-elle à propos de ses récits, fonctionnait comme ça. Je
m’intéressais à ces thèmes-là, alors j’écrivais sur ces sujets. » Je me
souviens avoir été un peu surpris par le thème de son « The Red
Wagon » — car il n’est pas contradictoire d’écrire ici que, même si elle
était très intéressée par la réincarnation en tant que théorie, nous en
parlions rarement. « The Red Wagon » fait partie de Ladies of
Fantasy/Two Centuries of Sinister Stories by The Gentle Sex, recueil de
textes choisis par Manley et Lewis et publié en 1975 par Lothrop, Lee &
Shepard Co.
[9] J’ai décrit la photo datant de mon enfance au début de la session. Mes
parents ont eu trois fils. Né le 20 juin 1919, je suis l’aîné. Linden est
venu treize mois plus tard et Richard, le plus jeune, a neuf ans de moins
que moi. (Ces deux prénoms ont été changés. Enfants, nous nous
entendions bien tous les trois, même si nos natures et centres d’intérêt
étaient très différents. Nous sommes tous trois allés à l’école primaire et
au lycée à Sayre, une ville ferroviaire dans le nord-est de la
Pennsylvanie. Notre père y avait établi sa famille en 1923, lorsqu’il a
ouvert un atelier de réparation automobile où il vendait aussi des
batteries. Les séparations ont commencé à se produire dans la famille
après que Linden et moi, ayant obtenu notre baccalauréat, avons quitté
Sayre et commencé à suivre nos voies respectives à l’université et aux
beaux-arts. Puis sont arrivées pour nous trois les longues périodes de
service militaire (la Seconde Guerre mondiale pour Linden et moi). Des
années ont passé avant que je comprenne à quel point mes parents
avaient été affectés par le départ de leurs trois enfants. Seth a par
moments parlé des membres de la famille Butts, évoquant certains de
leurs aspects réincarnationnels. Six mois avant de commencer La
Réalité « inconnue », il a cependant fait quelques remarques que j’ai
toujours mises en application depuis, dans la vie de notre réalité
physique : « Chaque personne choisit ses parents, acceptant en termes
d’environnement et d’hérédité une banque de caractéristiques,
d’attitudes et de capacités dans laquelle puiser au cours de la vie
physique. Il y a toujours une raison, et donc chaque parent va
représenter pour chaque enfant un symbole indicible, et souvent les
deux parents représentent des contrastes flagrants et des probabilités
différentes, de sorte que l’enfant peut comparer et contraster des réalités
divergentes… Vos deux frères ont eux aussi choisi la situation familiale.
Pour vos frères, vos parents [aujourd’hui décédés] représentaient des
opposés — mais de manière individuelle, et ils les ont donc vus
différemment de vous. Ne perdez pas contact avec eux… » Partant de
là, il s’ensuit que ma mère et mon père voyaient aussi leurs créations ou
versions individuelles de chacun de leurs enfants.
[3] Tout en faisant face aux réalités émotionnelles dans cette vie-ci, mon
père a aussi exercé ses grands talents en mécanique. Selon les idées de
Seth, ceux-ci représenteraient des fuites en provenance de sa réalité
probable d’inventeur.
Les albums de la famille Butts contiennent de nombreuses photos de
mon père quand il était jeune homme, dont beaucoup ont été prises par
lui à l’aide d’un retardateur ; datant des années précédant son mariage
avec ma mère en 1917, et plus tard également, on l’y voit prendre la
pose devant toutes sortes de voitures et de motos. Parfois, il assemblait
lui-même les véhicules ou il les modifiait à sa façon. En 1922, il a
emmené en voyage femme et enfants (j’avais trois ans et Linden presque
deux), pour un périple de six mois, de la côte Est jusqu’en Californie.
Quand l’essieu arrière de notre voiture s’est cassé, sur un chemin de
terre au fin fond du Montana, il en a fabriqué un de remplacement chez
un forgeron.De retour à Sayre, il a ouvert son atelier de réparation
automobile. (Voir à nouveau la note 9 de la session 679.) Durant nos
premières années d’école, Linden et moi avions un « travail » à mi-
temps dans cet atelier et nous avions donc souvent l’opportunité de le
regarder travailler. Je pense que ses exigeantes capacités en mécanique
transparaissent dans les maquettes très réalistes de Linden et se
transmutent dans ces méthodes dont je me sers pour « construire »
solidement mes tableaux et consigner le matériau de Seth.
[4] Dès le tout début des sessions (à la fin de l’année 1963), Seth a insisté
sur le fait qu’il n’y a pas de systèmes fermés et, ce faisant, il nous a
donné des indications sur sa propre capacité à voyager dans au moins
certains d’entre eux.
Extrait de la session 12, du 2 janvier 1964 : « J’ai plus de sens, pour
ainsi dire, en état de marche… que vous n’en avez, parce que je suis
non seulement conscient de mon propre plan [ou réalité], mais aussi du
vôtre et d’autres plans parallèles, même si je n’ai pas moi-même existé
dans certains d’entre eux… » Et : « Il y a certains environnements dont
je ne peux pas avoir un aperçu depuis mon point de vue, bien que j’aie
une plus grande compréhension de ces choses-là que vous. Je
comprends que les changements qui doivent se produire avant que je
puisse voir ces autres plans se produiront en moi, et non pas dans les
plans. »
Extrait de la session 13, du 6 janvier de la même année : « Si je parle
par analogie et par image, c’est parce que je dois établir un rapport avec
le monde qui vous est familier. »
Extrait de la session 14, du 8 janvier : « Tout, sur votre plan, est une
matérialisation de quelque chose qui existe indépendamment de lui. »
Extrait de la session 15, du 13 janvier : « L’imagination vous permet de
pénétrer dans ces plans… Faites comme si non seulement vous
compreniez dans une certaine mesure la conception que votre chat a du
temps, mais étiez aussi capable de faire l’expérience de son sens du
temps à travers le chat [Willy] lui-même. En faisant cela, vous ne
pourriez en aucune manière le déranger, l’inhiber ou l’ennuyer. Il ne se
rendrait pas compte de votre présence. Cela ne pourrait pas non plus
constituer la moindre forme d’invasion.
« Plus encore, imaginez que, de l’intérieur, simplement en tant que
spectateur, vous ressentiez ce pelage fourni et tous les autres attributs
d’un félin. Cela représenterait une vague analogie avec mon voyage à
travers d’autres plans. Cela veut dire aussi que je ne peux pas me rendre
dans des environnements « supérieurs » au mien, dans lesquels des sens
plus aiguisés me percevraient instantanément… Sur de nombreux plans,
nous sommes totalement visibles pour ceux qui y demeurent. Pour
d’autres, nous sommes invisibles, et certains sont pour nous invisibles.
« Comme je l’ai déjà mentionné, les sens changent en fonction du plan
de matérialisation. Si vous parlez de ma forme actuelle, je peux être de
nombreuses formes. C’est-à-dire qu’à l’intérieur de certaines limites, je
peux changer ma forme mais, en le faisant, je choisis de devenir une
partie de quelque chose d’autre plutôt que je ne change vraiment ma
forme.
« Ma forme naissante est une forme d’homme, si c’est ce que vous
voulez savoir, mais elle n’est pas matérialisée de la même façon que la
vôtre — c’est-à-dire, comme [l’est] votre forme —, et je peux la
dématérialiser à chaque fois que je le choisis. Elle n’est toutefois pas du
tout physique, en vos termes, et donc, ici, je suppose que nous allons
tomber sur un blocage [dans votre compréhension]… »
Dans le chapitre 3 du Matériau de Seth, Jane cite des extraits beaucoup
plus larges de cette session 12 ; voir notamment l’analogie de Seth
faisant entrer en jeu des cubes (ou réalités) à l’intérieur de cubes.
[6] Jane relate cet épisode du dancing de York Beach, dans le chapitre 2
du Matériau de Seth et elle cite aussi les informations que Seth a
données sur ce sujet dans des sessions ultérieures. Cet événement
intrigant s’est déroulé pendant nos vacances à York Beach, dans le
Maine, en août 1963. C’était quelques mois avant que Jane ne
commence à parler pour Seth. À l’époque, nous n’avons pas compris ce
qui se passait ; pourtant, cela a été un épisode-clé au tout début de
notre apprentissage médiumnique ; car, dans la salle bondée et enfumée
du bar d’un hôtel, nous avons physiquement créé sans le savoir, Jane et
moi, des fragments de nos propres personnalités, puis nous nous
sommes retrouvés face à face avec eux. Dans la session 9, du
18 décembre 1963, Seth a expliqué ce qui était alors en jeu, et il a
appelé nos créations des « fragments de nos moi, des matérialisations
rejetées de vos propres sentiments négatifs et agressifs ».
(Naturellement, plus Seth nous parlait de l’aptitude humaine à générer
de telles formes, plus nous avions de questions !)
Dans cette session 9, Seth a aussi employé son expression « moi
probable » pour la première fois.
Je peux ajouter que si l’aventure de York Beach a été pour nous un
signal fort d’un développement psychique à venir (même si nous
n’avons pas été capables de l’interpréter), un autre signe tout aussi fort
a été la réception que Jane a eue, un mois plus tard, de son manuscrit
Idea Construction ; et cette expérience-là contenait des éléments
médiumniques incontestables. Voir la note 7 de la dernière session.
SESSION 681
[1] Dans plusieurs sessions qu’il a données en 1970 et 1971 pour Seth
parle, Seth explique comment les atomes et les molécules entrent
successivement en phase puis en déphasage avec notre système
physique. Voir en particulier la session 567 dans le chapitre 16 : « Or le
même type de comportement se produit à un niveau psychologique
profond, essentiel, secret et inexploré. » Certains des systèmes
probables résultant d’une telle activité nous seraient totalement
étrangers : « L’une de ces fluctuations pourrait, par exemple, durer
plusieurs milliers de vos années. Ces milliers d’années seraient ressentis
comme une seconde de votre temps… » À sa façon, Jane développe son
approche d’idées similaires dans le chapitre 10, entre autres, de son
livre Adventures in Consciousness.
[2] Longtemps avant cela, Seth se préoccupait du fait que, selon Jane, je
risquais peut-être de me sentir insignifiant si nous tentions de saisir les
ramifications sans fin de la conscience, telles qu’il nous les expliquait.
Comme il l’a dit dans la session 29, du 26 février 1964 : « Par la suite,
j’essayerai de vous montrer où sont les frontières — même si (en riant)
il n’y a pas réellement de frontières — qui forment une variété de ces
plans [réalités] en une sphère de relation où, dans une certaine mesure,
la cause et l’effet opèrent de la façon dont vous le comprenez. Au-delà
de cela, pendant longtemps, je n’aurai pas besoin d’approfondir
davantage. Je parlerai de l’entité, des personnalités, des réincarnations,
des divers groupements de personnalité fragment, des plans qui sont
semblables au vôtre ou que vous pouvez comprendre et, enfin, je
tenterai de traiter vos questions, implicites ou formulées, consistant à
savoir d’où viennent les entités à l’origine.
« … Inutile de dire que je voulais que vous sachiez qu’il y a même
encore beaucoup plus que cela, des complexités qui sont vraiment
stupéfiantes, des intelligences qui opèrent dans ce que vous appelleriez,
je suppose, un mode d’ensemble de formes changeantes, des blocs de
vitalités d’une maturité, d’une conscience et d’une compréhension
réellement incroyables. On touche là presque l’ultime [tel que je le
comprends].
« Ce matériau ne doit pas vous donner le sentiment que vous êtes sans
importance ou insignifiant. La structure est tellement entrelacée que
chaque particule [de conscience] dépend de toutes les autres. La force
de l’une contribue à la force de toutes. La faiblesse de l’une affaiblit
l’ensemble. L’énergie de l’une recrée l’ensemble. L’élan de l’une
accroît la potentialité de Tout-ce-qui-est, et, de ce fait, une grande
responsabilité incombe à chaque conscience.
« Je voudrais même conseiller une deuxième lecture de la phrase
précédente, car elle est une clé de voûte, une clé de voûte vitale. Se
montrer à la hauteur des défis est une base pour l’existence, dans tous
ses aspects. C’est ce qui développe toutes les aptitudes et, au risque
d’énoncer une banalité, même la particule de conscience la plus infime a
la responsabilité de faire au maximum usage de ses propres aptitudes, et
de toutes ses aptitudes. Le pouvoir et la cohérence de Tout-ce-qui-est
reposent sur l’intensité avec laquelle cela est fait. »
Voir aussi la session 453, du 4 décembre 1968, dans l’Appendice du
Matériau de Seth.
[3] Selon Seth, je n’ai donc pas survécu à l’opération de l’appendicite que
j’ai subie dans cette réalité-ci, quand j’avais onze ans. Ma seconde
mort probable a eu lieu durant la Seconde Guerre mondiale, pendant
mes années de service militaire (1943-1946). Il est intéressant de noter
que Seth dit que j’étais un pilote, et donc un officier, dans cette
probabilité-là. Dans la réalité que je connais, j’ai servi au rang de
sergent dans l’ATC — le Commandement du transport aérien —, en tant
que mécanicien spécialisé dans les instruments aéronautiques. Alors
que j’étais basé dans une des îles perdues au milieu du Pacifique, j’ai
pourtant réussi à voler de temps à autre, mais pas en tant que pilote.
[4] Je pensais que, dans sa dernière phrase en particulier, Seth flirtait avec
le principe d’incertitude, ou d’indétermination, tel que l’avait énoncé,
en 1927, le physicien allemand Werner Heisenberg. En mécanique
quantique, cet axiome affirme qu’il est impossible d’établir
simultanément avec certitude la vitesse et la position d’une onde-
particule subatomique, comme un électron par exemple — les électrons
étant l’une des qualités composant les atomes. Le lendemain de cette
session, j’ai demandé à Jane si elle avait entendu parler d’Heisenberg.
Ce n’était pas le cas ; elle n’a pas compris non plus le travail de ce
physicien, tel que je le lui ai expliqué en faisant de mon mieux.
Juste avant la pause à 23 h 10, Seth a donné une autre pichenette
concernant les atomes…
[5] Seth fait référence à la photo que mon père a prise de moi quand
j’avais à peu près deux ans ; voir la note correspondante du début de la
session 679.
Puisque Seth a mentionné les prédictions en lien avec cette
photographie, c’est le moment de présenter quelques-unes des choses
qu’il a dites lors d’une session antérieure, à propos de son aptitude à
prédire et de la prédiction en général. Jane et moi avons trouvé qu’il
s’agissait d’un matériau qu’il est très utile de garder à l’esprit. Extrait
de la session 234, du 16 février 1966 :
« Maintenant. Les informations relevant de la précognition vont souvent
paraître fausses. Dans certains cas, c’est parce qu’un moi a choisi pour
matérialisation physique un événement probable différent [de celui
prédit]. J’ai accès au champ des probabilités et pas vous, de façon
égotiste… Pour moi, votre passé, votre présent et votre futur se fondent
l’un dans l’autre.
« D’un autre côté, comme je vous l’ai dit, vous modifiez
continuellement votre passé. Pour vous, il ne paraît pas changer, car
vous changez avec lui… Vous modifiez votre futur de la même façon.
Dans des cas de ce genre, il est nécessaire de percevoir le canal correct
des événements probables — correct voulant dire le canal qui sera en
définitive choisi [pour une actualisation par le sujet].
« Ces choix, cependant, sont basés sur votre perception changeante du
passé et du présent. Comme j’ai une plus grande ampleur de perception
que vous, je peux prédire avec une plus grande facilité ce qui pourrait se
passer. Mais cela dépend de ma prédiction quant au choix
[d’événements probables] que vous ferez, et le choix est toujours
vôtre… Les prédictions, en elles-mêmes, ne contredisent pas la théorie
du libre arbitre, bien que le libre arbitre dépende de bien davantage que
de la seule liberté de l’ego. S’il était permis à l’ego de faire tous les
choix, sans aucun pouvoir de veto de la part des autres strates du moi,
vous seriez tous en très mauvaise posture.
« Je peux donc percevoir votre futur beaucoup plus que vous ne le
pouvez. Je suis pourtant loin d’être omnipotent. À proprement parler,
une telle omnipotence n’est pas non plus possible. »
[8] Il y a dans notre album deux grandes photos assez formelles qui se font
face ; l’une est de Jane et l’autre de moi ; nous avons souvent plaisanté
en les voyant. Il se trouve que nous les avons regardées un peu plus tôt
dans la soirée. Elles ont toutes deux été prises en 1936 : Jane avait six
ans et demi et moi seize. C’était un an avant que je finisse le lycée. Plus
d’une fois, Jane m’a demandé ce que j’aurais pensé, à cet âge-là, si
j’avais eu conscience que ma future femme était « une petite fille au
visage rond, encore en train de jouer avec des poupées en papier… ».
SESSION 682
(« Je pense que Seth se dirige vers quelque chose de nouveau, dit Jane à
21 h 20, tandis que nous sommes assis à attendre la session. « C’est
drôle — nous n’allons pas nous retrouver avec de nouveaux mots, mais
avec des idées nouvelles. Je me sens comme si j’avais bu trois ou quatre
verres, ou que j’étais déjà dans un état modifié de conscience — et je n’ai
rien pris si ce n’est ce jus d’abricot… »
En effet, nous n’avons plus de bière ; c’est ce que Jane boit
habituellement pendant les sessions, et elle n’avait pas envie de vin. « Je
sens qu’il — Seth — est dans le coin maintenant, dit-elle, mais c’est comme
la dernière fois : je reçois des choses mais j’attends qu’elles soient
claires… Je ne me sens pas vraiment dans la boucle, et le centre de
focalisation dont je me sers toujours dans les sessions me paraît étrange. Je
ne le trouve pas comme d’habitude. Je dirais, mais je n’en suis pas sûre,
que je suis déjà dans un état plus profond que d’ordinaire… »
Une note. Il fait très chaud ce soir alors que, jusqu’ici, tout le début du
mois a été vraiment froid. Une bonne partie de la neige a fondu
aujourd’hui. Ce changement de temps est assez grisant.
21 h 27.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Une pause.) La Nature de la réalité personnelle [1] est un excellent
manuel, un ouvrage qui donne aux gens la capacité de manœuvrer dans le
monde qu’ils connaissent, avec une plus grande efficacité. Peu importe
qu’ils comprennent ou non les éléments plus profonds sur lesquels repose la
nature de la réalité physique tout entière. Le matériau que je donne à
présent va tenter d’expliquer un peu ces aspects plus profonds.
Le développement de Ruburt rend cela possible, car il fallait qu’il
progresse jusqu’au stade qui était le sien dans Adventures [2], et qu’il
parvienne au niveau de certaines théories, pour que celles-ci puissent servir
de tremplins. Accordez-nous un instant…
Nous devons malheureusement faire souvent appel à des analogies, car
elles permettent de former des passerelles entre des concepts. Il y a donc
des unités de conscience [3], tout comme il y a des unités de matière. Je ne
veux pas que vous pensiez à ces unités comme à des particules. Il y a une
unité fondamentale de conscience qui, exprimée, ne sera pas rompue en
unités plus petites, tout comme on pensait autrefois qu’un atome était
l’unité la plus petite et qu’il ne pouvait être brisé. L’unité fondamentale de
conscience n’est évidemment pas physique. Elle comporte en elle-même, de
façon innée, des qualités infinies d’expansion, de développement et
d’organisation ; pourtant, elle maintient toujours au fond d’elle-même le
noyau de sa propre individualité. En dépit de toute organisation dont elle
devient une partie, et de la façon dont elle se mélange à d’autres unités
fondamentales de ce type, sa propre identité n’est pas annihilée.
C’est une énergie consciente, identifiée à l’intérieur d’elle-même en tant
qu’elle-même, non pas « personnifiée » mais conscientisée. C’est donc la
source de toutes les autres sortes de conscience, et les variétés de son
activité sont infinies. Cette unité fondamentale se combine avec d’autres du
même type, formant alors des unités de conscience — tout comme, et nous
l’avons souvent mentionné, les atomes et les molécules se combinent.
Cette unité de base est douée d’imprévisibilité. Cette imprévisibilité
même permet une infinité de structures et d’accomplissements. Le mot
« âme » a malheureusement été tellement employé pour ce qui concerne
votre espèce qu’il est devenu très difficile de dénouer les difficultés
conceptuelles. En utilisant les définitions usuelles, vous appelleriez « âme »
le résultat d’une certaine organisation de ce type d’unités.
(21 h 47.) Cela conduit aux vieilles questions inévitables : les animaux
ont-ils une âme — et les arbres ou les rochers ? Conformément à la
définition courante, alors, en vos termes, cette plus petite unité serait
« l’étoffe de l’âme ». Ce point de vue est cependant extrêmement limité, car
« au-dessus de vous », si l’on utilise cette échelle de référence, il y a
d’autres organisations, plus développées, de ces unités ; et, donc, depuis ce
« point de vue plus exalté », vous sembleriez être une âme tout à fait junior.
Je préfère donc, du moins ici, parler plutôt de ces unités de conscience.
(Une longue pause.) Leur nature est la force vivifiante qui est derrière tout
dans votre univers physique, et dans les autres également. Ces unités
peuvent d’ailleurs apparaître en plusieurs endroits en même temps, et sans
voyager à travers l’espace, en vos termes. Au sens littéral du terme,
maintenant, ces unités fondamentales de conscience peuvent être dans tous
les endroits en même temps. Elles sont dans tous les endroits en même
temps. On ne les reconnaît pas, car elles apparaissent toujours comme
quelque chose d’autre.
Bien sûr, elles se déplacent plus vite que la lumière. Il y en a des
millions dans un atome — beaucoup de millions. Chacune de ces unités se
rend compte de la réalité de toutes les autres, et elle influence toutes les
autres. En vos termes, ces unités peuvent avancer et reculer dans le temps,
mais elles peuvent aussi franchir des seuils de temps qui ne vous sont pas
familiers [4].
Toutes les probabilités sont sondées et expérimentées et tous les univers
possibles sont créés à partir de ces unités. Il y a donc des réalités dans
lesquelles un nombre infini de probabilités d’un évènement donné sont
explorées, et toute l’expérience se rassemble autour de cette entreprise.
Il existe des systèmes dans lesquels un instant [5], selon votre point de
vue, est fait pour durer toute la vie d’un univers. Je ne veux pas dire qu’un
instant est simplement étiré ou que le temps se ralentit seulement, mais que
toutes les expériences possibles en un instant deviennent des réalités à
l’intérieur de ce cadre-là. Les systèmes de ce genre n’ont pas grand-chose à
voir avec vous sur le plan pratique, et ces informations ne vous sont pas non
plus données pour diminuer l’idée que vous avez de ce qu’est votre propre
conscience. Il est toutefois important que vous compreniez le fait qu’il y a
plus de créativité et de variété dans une réalité intérieure que ce que vous
percevrez jamais physiquement.
(22 h 06.) Ces unités de conscience n’ont pas de caractéristiques
humaines, bien sûr. Elles possèdent cependant leurs propres
« inclinations », penchants, propensions — « propensions » étant peut-être
le mot qui s’approche le plus du terme que je souhaite. Je ne veux pas que
vous pensiez à ces unités comme à des personnes en miniature. Néanmoins,
ce ne sont pas des groupes d’énergie « oisive ». Elles sont vitalisées,
conscientes, chargées de toutes les qualifications du fait d’être.
Toutes les structures psychologiques sont donc composées
d’organisations de ce type, que leur vie soit, en vos termes, longue ou
éphémère. De façon innée, elles sont dotées du désir de croître et de
s’organiser, et de la propension à le faire de façon créative. Elles ne sont
donc pas seules, isolées. Puisque ces unités de conscience existent en même
temps, elles ont connaissance de toutes les autres structures organisées des
moi dont elles font partie. Dans cette mesure, toutes les réalités probables
sont ainsi reliées de manière fondamentale. Ces unités grandissent d’elles-
mêmes. Puisque je vous ai dit que, en vos termes, votre passé, votre présent
et votre futur existent en même temps, ces unités émergent constamment de
votre point-maintenant, provenant à la fois du futur et du passé.
(Une longue pause, parmi tant d’autres.)
Je ne veux pas démolir votre idée de stabilité et je ne veux pas créer en
vous de la confusion. Le fait demeure qu’en parlant de probabilités jusqu’à
présent, j’ai considérablement simplifié la question. (En s’adressant à moi.)
J’ai dit par exemple que, dans une probabilité, vous étiez mort enfant et,
dans une autre, durant votre service [militaire], et je vous ai donné un petit
échantillon de l’histoire probable de vos parents. [Voir les deux dernières
sessions.] Ce faisant, je me suis servi d’idées et de termes assez faciles à
saisir. Le tableau plus large est toutefois plus difficile — et de loin — à
exprimer.
(22 h 21. Je demande : « Êtes-vous en train de dire que vous devez
maintenir les choses à ce niveau de simplicité pour nous ? »)
Je dis que je suis maintenant prêt à vous amener au-delà de ces
préliminaires nécessaires.
Toute la matière est basée sur les unités mentionnées, avec leur
imprévisibilité et leur propension à explorer toutes les probabilités. Même
votre structure atomique est perchée entre des probabilités. Si cela est vrai,
alors, évidemment, « vous » ne vous rendez compte que d’une petite partie
probable de vous-même — et cette partie, vous la protégez comme étant
votre identité. Si vous y pensez comme à une simple focalisation prise par
« votre » identité plus grande, vous serez alors capable de suivre ce que je
dis sans vous sentir minuscule en comparaison, ou perdu [6]. La focalisation
que vous avez est en fait inviolée.
J’ai souvent dit que, même dans vos existences, toutes les variations
probables de n’importe quel évènement se produisent, mais je ne suis
jamais allé beaucoup plus loin. Avec votre focalisation, il semble que vous
ayez une ligne d’identité allant de la naissance à la mort. En regardant
n’importe quel point en arrière, vous êtes sûrs que le « moi » d’il y a dix ans
est le moi d’aujourd’hui, même si, à certains égards, il a changé.
Il n’y a bien sûr absolument aucune sorte de développement à une seule
voie. En premier lieu, comme vous le savez, votre vie est tout en un même
temps, bien que, dans la pratique, vous en fassiez l’expérience comme une
séquence allant de la vie à la mort — la zone de vie de Ruburt dans
Adventures [7]. Chaque évènement probable qui pourrait vous arriver arrive.
Je vous ai donné un ou deux petits échantillons des existences probables de
votre mère. Pensez en termes physiques de générations provenant d’une
graine à travers les âges.
Maintenant. À tout moment, la réalité de votre moi est comme cette
graine, elle suit des générations probables qui apparaissent dans d’autres
dimensions aussi bien que dans celle-ci. De la vaste banque des actions
imprévisibles, à chaque moment-maintenant, vous en puisez certaines qui
pour vous sont « signifiantes » ; et votre idée personnelle de la signifiance
conduira à ce qui paraît ensuite être une action prévisible.
(22 h 36.) La propension est une sélection de ce qui est signifiant, une
inclination vers la formation d’une expérience sélectionnée. Ceci s’applique
à tous les niveaux — atomiques et psychologiques — ainsi qu’au stimulus
biologique et à l’intention mentale.
Ces unités fondamentales se dirigent donc vers des organisations d’une
nature sélective. Devant puiser dans un champ imprévisible, elles
choisissent une activité en fonction de ces signifiances-là. Point. Les
différentes sortes de signifiances sont le résultat des natures individuelles
des unités. Le corps que vous avez est un corps probable. Il est le résultat
d’une ligne de « développement » que pouvait prendre votre personnalité
terrestre particulière dans la chair. Cependant, toutes les autres lignes de
développement possibles se produisent aussi. Elles ont toutes lieu en même
temps, mais chacune influence simultanément toutes les autres. Il y a en
fait, ici, une interaction beaucoup plus grande que vous ne le réalisez, car
vous n’avez pas l’habitude de la rechercher. Plus vous travaillez dur pour
maintenir l’idée admise et officielle du moi en termes conventionnels, plus
vous bloquez, bien sûr, toute forme d’imprévisibilité.
Étant donné la vaste nature organisatrice de ces unités fondamentales, il
existe également des structures psychologiques qui sont tout à fait capables
de garder leur propre identité tout en ayant connaissance d’un certain
nombre de moi probables. La vie après la mort a une grande signification
dans votre réalité, parce que la mort en fait partie. Votre réalité plus vaste
transcende évidemment à la fois vos naissances et vos morts. L’idée d’un
univers unique est fondamentalement un non-sens. Il faut voir votre
réalité dans sa relation aux autres [8]. Sinon, vous êtes toujours rattrapé par
des questions telles que : « Comment l’univers a-t-il commencé ? », ou
« quand prendra-t-il fin ? » Tous les systèmes sont constamment en train
d’être créés.
L’immortalité ne peut avoir un sens que dans un contexte de
probabilités. L’hérédité jaillit de la grande et inhérente imprévisibilité, qui
se décompose ensuite en spécifications à l’intérieur des chromosomes [9],
dont aucun n’est semblable à un autre. Ce que vous concevez comme étant
la vie quotidienne est donc une focalisation sur certains évènements
probables plutôt que sur d’autres, un choix de signifiances, une sélection de
schémas. D’autres parties du moi optent pour des sélections différentes.
Maintenant, vous pouvez faire votre pause.
(22 h 55. Jane sort rapidement d’une autre bonne transe ; une fois
encore, celle-ci a duré longtemps. Son élocution était rapide par moments.
« Je savais ce que je disais quand je le disais, mais j’ai tout oublié
maintenant… » Elle marque une pause, puis poursuit d’une façon que je
trouve pour elle un peu inhabituelle : « Nous faisons du mieux que nous
pouvons avec les aptitudes qui sont les nôtres. Tu te demandes quelle
application a ce matériau — à quoi cela peut bien servir d’en avoir
connaissance ? »
« Eh bien, dis-je, une fois qu’il est incorporé dans la conscience, on
s’en sert comme de n’importe quelle autre information. En tout cas, cela
élargit mes propres idées sur ce que sont les êtres humains, par exemple —
sur leurs motivations, leur comportement. »
Jane se demande comment le matériau de ce soir s’applique à ma mère
[qui est morte il y a trois mois] : «… et pour maman Butts — pas juste en
théorie… est-ce qu’elle est dans une autre probabilité maintenant ? »
« Je dirais que oui pour la partie d’elle qui était proche de nous. Mais
cette part-là peut aussi être en train de se reposer. » Pour des raisons qui
sont trop personnelles pour les détailler ici, nous n’avons pas encore tenté
de nous « brancher » sur ma mère dans son nouvel environnement. Je
suggère que le reste de la session soit consacré à Jane, mais Seth a d’autres
idées. Reprise à 23 h 15.)
Maintenant. Puisque votre identité plus large a connaissance de ses
existences probables, vous êtes en même temps dans la matière et en dehors
d’elle — dans le temps et en dehors de lui.
Vous avez une identité plus vaste à l’extérieur de votre contexte, une
partie d’elle est toutefois à l’intérieur de votre contexte, en tant que vous.
Votre vous-ité est votre signifiance, une focalisation de conscience qui a
conscience d’elle-même, qui cherche et voit l’expérience avec ses propres
propensions uniques. L’existence de réalités probables et de moi probables
ne nie en aucun cas la validité de votre propre expérience ou individualité.
Cette dernière poursuit son chemin en toute sécurité, choisissant parmi des
champs imprévisibles d’actualité ceux qui correspondent à sa nature
particulière.
(Avec des gestes et en insistant.) Cette dimension-là du moi saute
comme une grenouille par-dessus les évènements qu’elle ne veut pas
actualiser (une pause), et n’admet pas ce genre d’expérience dans la
dimension qui est la sienne. D’autres parties de votre identité plus large
acceptent cependant ces évènements que vous rejetez, et elles forment leurs
propres dimensions de moi.
Maintenant, certains de vos moi peuvent choisir des évènements
identiques et, dans ce cas, les probabilités vont se mêler. Ces points
d’intersection sont extrêmement chargés et créateurs. Ces intersections
peuvent se produire aussi bien sur le plan individuel qu’en termes de masse.
Un évènement historique peut être accepté simultanément dans plusieurs
réalités probables, par exemple, alors que d’autres se produiront dans une
seule, et pas dans une histoire alternative.
(Une longue pause à 23 h 29.) Encore une fois, bien que les mots soient
difficiles à employer ici, ce que je dis s’applique, de façons différentes peut-
être, au comportement des mondes, des atomes et des structures
psychologiques. Accordez-nous un instant… Dans la vie que vous
connaissez, telle que décrite dans La Réalité personnelle, vos croyances
agissent pour spécifier les évènements probables particuliers qui
deviendront « réels » [10]. Puisque vous êtes un moi probable, une
compréhension de votre propre nature vous montrera certaines des
aptitudes, non utilisées ici mais présentes, que vous pouvez en fait choisir
d’actualiser. Vous pouvez donc puiser dans votre propre banque d’aptitudes
probables, car il y en aura des traces en vous. Ces aptitudes sont
développées dans une autre réalité, et elles peuvent donc être utilisées dans
celle-ci beaucoup plus facilement que vous pouvez le supposer. Quand vous
exercez votre bras droit, votre bras gauche en bénéficie. Quand vous
développez des aptitudes dans un système, elles sont dans une certaine
mesure plus faciles à développer dans un autre. (S’adressant à moi.) En
décidant d’écrire un peu (pour les livres de Seth, par exemple), vous puisez
aussi dans des capacités sur lesquelles vous avez travaillé dans un autre
système et, par votre intention, vous mélangez dans une certaine mesure des
probabilités [11].
Une compréhension même simple de cela aiderait les gens à
comprendre qu’aucune existence ne s’achève en cul-de-sac.
Maintenant, accordez-nous un instant pour notre ami.
(Une pause à 23 h 36. Seth transmet à peu près une page de matériau
destiné à Jane, puis il termine la session à 23 h 48.
Je dirais que les informations que Seth a données après 23 h 29 laissent
percevoir une réponse, au moins partielle, aux questions que Jane se posait
pendant la pause. Et ce soir, juste après avoir relu la session de lundi
dernier, Jane comprend qu’elle a activement transmis un matériau sur les
probabilités, à la fois durant son sommeil et lorsqu’elle était partiellement
réveillée.)
[1] Seth a fini de dicter La Réalité personnelle en juillet 1973, mais il m’a
fallu jusqu’au mois de novembre pour compléter mes notes et taper à la
machine le manuscrit final. Prentice-Hall le publiera en juillet 1974,
mais nous avons encore, Jane et moi, à en corriger les épreuves. Elles
doivent arriver de l’imprimerie le mois prochain.
[3] Une note ajoutée par la suite. Dès que Seth a mentionné les unités de
conscience dans La Réalité « inconnue », j’ai bien sûr pensé aux unités
d’énergie électromagnétique (unités EE, comme il les appelle) dont il
avait parlé en 1969 et 1971. Voir les sessions 504 à 506, dans
l’Appendice du Matériau de Seth et la session 581 du chapitre 20 de
Seth parle. Dans cette session 581, il utilise plusieurs analogies
évocatrices pour décrire ces unités EE : « … fondamentalement des
émanations montant de la conscience… le souffle invisible de la
conscience… Les émanations sont en fait des tonalités émotionnelles…
Les unités se situent juste en dessous du registre de la matière
physique. »
Au cours de cette session 682, Seth n’a cependant jamais fait référence
aux unités EE par leur nom — et ce, pour une raison que nous
découvrirons dans la session suivante. Dans son matériau précédent,
Seth s’est laissé beaucoup de place pour pouvoir compléter par la suite
ces données sur les unités de conscience. « Elles sont une forme [ici,
c’est moi qui souligne] que prend l’énergie émotionnelle », nous a-t-il
dit dans la session 504. Et dans la 581 : « Il existe une grande variété
d’unités EE de ce genre à de nombreux niveaux, toutes au-delà de votre
perception. Mais amalgamer ainsi ces particules donne une idée fausse,
car un grand ordre règne dans tout cela. »
[4] Pour un matériau sur les unités EE et les particules dont on postule
qu’elles vont plus vite que la lumière, comme le tachyon, se reporter à
nouveau à la session 581 du chapitre 20 de Seth parle. (Soit dit en
passant, la théorie assure que, même si les tachyons peuvent eux-mêmes
se déplacer plus vite que la lumière, ce n’est pas le cas de leur
radiation. Il nous serait donc possible d’observer cette radiation,
porteuse de toutes les informations que nous pourrions recueillir sur les
tachyons [ou d’autres particules similaires].)
À l’heure actuelle, de nombreux physiciens pensent que le point de vue
selon lequel tout événement ou condition dans l’univers représente le
même type de temps est indéfendable. Des physiciens et des
parapsychologues ont proposé différentes sortes d’entités minuscules et
non encore découvertes (mindons, psychons, psitrons, etc.) capables de
reculer dans le temps — le temps tel que nous le concevons — ou qui
sont au moins libres de l’idée que nous avons d’un temps s’écoulant
inévitablement vers l’avant. Ou prenons le positron, qui est un électron
ayant une charge positive, un petit morceau d’antimatière dont on dit
qu’il va temporairement à reculons dans le temps. (Les électrons
« normaux », tels que nous les concevons dans notre monde, sont
chargés négativement.)
L’électron est une particule-onde se déplaçant selon un mouvement
adjacent au noyau de l’atome. Comparé à l’unité fondamentale de
conscience dont parle Seth, il serait beaucoup plus gros, mais étant
donné qu’il est capable de « passer » de l’orbite d’un noyau à celle
d’un autre noyau sans traverser l’espace qui les sépare, il peut fournir
une sorte d’analogie à ces unités de conscience pouvant « apparaître en
plusieurs endroits en même temps, et sans voyager à travers l’espace ».
[6] Pour la seconde fois au cours de la session, Seth fait référence au fait
qu’un individu puisse se sentir insignifiant au sein de l’immensité de
l’univers intérieur. Il mentionne aussi cette possibilité dans la session
681 à 22 h 00. (Voir la note 2 de cette session.)
Je suis très intrigué par ce que dit Seth à propos des probabilités et je
ne ressens là aucune menace physique ou émotionnelle. Jane a le même
sentiment que moi. « Ma préoccupation, quand je me rends compte de
cela, va aux lecteurs, me dit-elle après la session. Je ne veux pas qu’ils
se sentent désarçonnés. »
[11] La description que fait Seth de la façon dont je mélange deux moi
probables me rappelle son matériau décrivant Jane faisant la même
chose. Voir la session 680 à 23 h 02. Le fait que Jane et moi utilisons
tous deux nos aptitudes individuelles à l’écriture comme moyen de
cohésion — ou « glue » — pour unir nos jeux respectifs de moi
probables ne peut pas être une coïncidence.
SESSION 683
[2] En lien avec ce que dit Seth ici, sur les animaux et les hommes,
reportez-vous à son excellent matériau dans le chapitre 12 de La Réalité
personnelle. Pour résumer très simplement une partie des informations
qu’il a données, la session 647 décrit les défis auxquels ont dû faire face
les premiers hommes quand leur conscience a pris son essor ; la session
648 traite de l’instinct animal, de la santé, de la maladie, du suicide, et
des ères au cours desquelles les hommes et les animaux se
mélangeaient. Lors de la même session, Jane a donné des impressions
personnelles sur les animaux hommes médecines.
[3] Une note ajoutée par la suite. Je trouve que la plus grande partie du
matériau transmis par Seth depuis 22 h 11, et ici en particulier, rappelle
un passage de la session 657 du chapitre 15 de La Réalité personnelle.
J’ai rassemblé des extraits de cette session : « Chacun de vos moi
réincarnationnels a son propre “point de pouvoir”, ou des moments
successifs dans lesquels il matérialise une existence quotidienne, de
façon linéaire, à partir des probabilités dont il dispose. D’une façon qui
sera expliquée dans un autre livre, il existe une sorte de coïncidence
entre vous et tous les points de pouvoir présents de vos moi
“réincarnationnels”. Il existe une interaction constante, dans ce point de
pouvoir multidimensionnel, si bien qu’en vos termes, un moi incarné
puise dans tous les autres les capacités qu’il désire. Ces moi sont
différentes contreparties (C’est moi qui souligne) de vous-même dans la
condition de créature, qui font l’expérience d’une réalité corporelle ;
mais, en même temps, votre organisme est fermé à la nature simultanée
de l’expérience. »
Jane et moi n’avons pas prêté une attention particulière à cette
information lorsque Seth l’a transmise mais, avec le recul, nous
comprenons qu’elle contenait deux points signifiants : Seth faisait
référence à un autre livre, qui, selon nous, est La Réalité « inconnue »,
et son emploi du mot « contreparties ». Dans son sens ordinaire, celui
du dictionnaire, ce terme est apparu quelquefois dans les sessions, mais
la façon dont Seth l’utilise dans le passage que je viens de citer a selon
moi une implication spécifique ; une implication que Jane et moi
n’avions pas remarquée à l’époque. Dans le second tome de La Réalité
« inconnue », le concept de Seth sur les contreparties revêt à l’évidence
une signification unique dans le cadre de l’étude qu’il fait de la
personnalité. (Même si Seth ne parle pas de la réincarnation ni des
points de pouvoir dans cette session 683, ces deux sujets y sont
largement sous-entendus.)
En écrivant cette note, je suis frappé par une curieuse connexion que je
ressens mais que je trouve pratiquement impossible à formuler : lorsque
Seth parle d’un « autre livre » dans la session 657, cela peut certes faire
référence à La Réalité « inconnue », mais cela fait aussi écho à la
première question que j’ai posée à Jane pendant la pause. Je me
demande comment c’est possible, étant donné qu’au moment où la
session 683 avait lieu, je ne pensais pas à la 657 ; et quand celle-ci
s’est déroulée, je n’avais aucun moyen ordinaire de savoir à l’avance
que j’aurais cette question à poser. Je ne veux pas imputer les notions
« conventionnelles » de précognition ou de rétrocognition à un lien
aussi ténu entre deux sessions. Il y a déjà eu auparavant d’étranges
connexions de ce genre dans le matériau de Seth. En général, je
reconnais simplement leur existence et mon incapacité à y penser
clairement, et je poursuis ma route.
[5] Le rêve que j’ai fait avant-hier illustre parfaitement cette « marge de
sécurité » entre ma mère et moi. Comme pour rassurer davantage mon
esprit conscient, j’ai vu ma mère avec des gens qui étaient encore
« vivants » ; cela a aussi été le cas dans d’autres rêves récents que j’ai
fait d’elle. Voici un extrait de la description que j’en ai fait pour
Through My Eyes : « Puis j’ai vu ma mère [Stella] entre mon frère
Linden et sa femme, tous légèrement séparés les uns des autres, tous
marchant vers moi en biais, à travers une plaine quelconque. Tout était
de couleur éclatante. Les trois silhouettes étaient coupées au niveau de
la taille, comme si je les voyais sur un écran. Ma mère ne me parlait
pas et ne me faisait pas directement face ; comme les autres, elle
regardait au-dessus de mon épaule gauche.
« Dans mon rêve, Linden et sa femme avaient à peu près leur âge
physique actuel, environ un an de moins que moi qui en ai cinquante-
quatre, mais Stella semblait être de quelques années plus jeune que ce
qu’elle aurait dû être [elle est morte à quatre-vingt-un ans]. Je sais que
j’ai créé en rêve mon image d’elle pour que notre communication me
soit compréhensible — pourtant, j’avais le sentiment qu’elle était
vivante, en nos termes comme dans les siens. Ma mère avait à
l’évidence le contrôle de ses facultés, même si elle paraissait un peu
égarée… Le fait qu’elle regardait à côté de moi indique qu’il y a une
certaine barrière ou distance entre nous, même dans l’état de rêve. Ce
pourrait être pour ma propre protection, je pense… »
Pour ce qui est de mes voyages hors du corps, j’ai souvent
l’hallucination de disposer d’un support quelconque dans de telles
aventures : la barre transversale d’un poteau téléphonique, la branche
fragile au sommet d’un arbre mort…
SESSION 684
[3] Dans la note 1 de la session 681, j’ai traité très brièvement des
fluctuations de la conscience, ou de la réalité, et j’ai renvoyé le lecteur
à la session 567 du chapitre 16 de Seth parle. Pour un matériau
complémentaire sur le même sujet, voir la session 535 du chapitre 9 et
576 du chapitre 19 de ce même livre.
En lien avec l’affirmation de Seth, ce soir, selon laquelle « … vos corps
apparaissent et disparaissent, comme des lumières qui clignotent », voir
les commentaires de Jane sur ses propres sentiments à l’égard d’idées
s’y rapportant, dans les notes du début de la dernière session.
[4] Auparavant, nous pensions, Jane et moi, que la cellule était simplement
un résultat de son passé. Pourtant, dans le même temps, Jane essayait
dans ses poèmes de voir ce qu’il y avait au-delà de cette croyance
envahissante. Les quelques vers ci-dessous sont extraits de
« Pathetique », un long poème qu’elle a écrit en 1959. Elle avait trente
ans et son développement du matériau de Seth se situait dans son futur,
cinq ans plus tard.
(Quand Jane s’est allongée pour faire une sieste en fin d’après-midi,
elle a vécu une expérience assez inhabituelle. Extrait de ses notes : « Juste
avant de m’endormir, j’ai eu une sorte de projection mentale dans ce qui
semblait être le passé, mon passé. J’étais bébé dans ma ville natale,
Saratoga Springs. Au début, nous étions en 1931. Tout était brumeux, gris,
sans couleur. D’abord, en baissant le regard, “je” me suis vue “moi-même”
dans ma poussette. Puis, je me suis déplacée assez facilement à travers les
rues, pendant que je “vieillissais” au cours de la projection. Attends — en
écrivant cela, j’ai capté quelque chose [provenant d’une partie de ma
conscience qui n’est ni Ruburt ni Seth] m’indiquant que l’environnement de
la projection est aussi focalisé que le mien, vraiment, mais que c’est juste
une probabilité de mon environnement. Biologiquement, je n’étais pas au
diapason avec lui dans mon “présent”, j’étais dedans et pas dedans, entre
deux réalités focalisées… voyageant dans ou à travers ces fluctuations de
conscience dont Seth a parlé dans la dernière session. Il y a aussi fait
mention de types probables de conscience. Étais-je en train d’essayer de
développer l’un d’entre eux, ici, dans ma propre réalité physique ? Mais
c’était assurément un évènement de l’état de veille, ayant lieu juste avant
ma sieste. J’ai décrit tout cela à Rob dès que je me suis levée… »
Nous sommes tranquillement assis à attendre la session de ce soir
depuis 21 h 26, et Jane commence à s’impatienter. Comme elle l’avait déjà
fait remarquer avant la session 684 et à d’autres occasions, elle dit à
nouveau que maintenant « il y a quelque chose de différent » dans les
sessions. Pour ce livre, elle doit « parvenir à une focalisation claire
particulière… »
21 h 51.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Accordez-nous un instant… Le corps est aussi un schéma.
Point. Bien que le matériau qui le compose change constamment, le schéma
maintient sa propre intégrité. La forme est gravée dans l’espace et le temps
et, pourtant, le schéma lui-même existe également en dehors de ce cadre-
là — le corps est donc une projection dans le champ tridimensionnel.
La conscience des cellules, à l’intérieur de lui, est toutefois éternelle. Le
cadre physique lui-même est constitué de quelque chose d’immortel. La
projection dans le temps et l’espace peut disparaître, en vos termes, se flétrir
et mourir. L’identité principale continue d’exister, tout comme continue
d’exister la conscience des millions de cellules qui, à un certain moment,
faisaient partie du corps.
(Une pause d’une minute à 21 h 59.)
Pendant qu’il est habité par la conscience humaine ordinaire, le corps
vivant agit en tant qu’intense point de focalisation. Le conglomérat des
consciences, à l’intérieur de lui et à tous les niveaux, se focalise sur son
propre réseau de communication. Ce réseau privé est relié à tous les autres
qui lui sont semblables. Il y a donc des niveaux d’interaction simplement
entre tous les corps, de façon électromagnétique et biologique. Le réseau a
toutefois une portée beaucoup plus grande que cela. Non seulement toutes
les cellules peuvent se répondre entre elles, mais leur activité de masse
génère même des centres plus élevés de conscience qui répondent à un
ensemble donné de conditions d’un monde, plutôt qu’à d’autres conditions
d’un monde tout aussi légitime, mais qui ne correspondent pas au modèle
accepté. Dans une certaine mesure, les probabilités sont donc déterminées
en adéquation avec les cellules. Ceci doit être évident.
(Une longue pause parmi tant d’autres à 22 h 07.) La structure même
du corps va établir en elle des modèles pour les types de probabilités dont il
sera possible de faire l’expérience concrète. La réalité-source, d’où
proviennent toutes les autres, n’est jamais prédéterminée — c’est-à-dire
prédestinée ni même établie. L’univers, en quelques termes que ce soient,
est toujours en train d’être créé. Point.
Quand une conscience est spécifiée, elle se voit toujours au centre de
son monde. Toutes les spécifications de conscience et toutes les apparences
phénoménales se produisent quand les unités fondamentales de conscience,
les UC, émergent en unités EE et, de là, dans les dimensions d’une réalité
qui est en vos termes. La conscience principale que vous acceptez
normalement se trouve au sein de la matière de votre corps et, à travers
lui — le corps —, vous percevez votre monde. Rien ne vous empêche de
voir votre corps depuis un point de vue qui lui est extérieur, si ce n’est
qu’on vous a appris que la conscience est prisonnière de la chair.
Le corps est un organisme émetteur et récepteur ; votre centre
opérationnel, pour ainsi dire, et le point de focalisation pour votre activité.
Vous pouvez cependant sauter hors de lui de façon tout à fait consciente —
et vous le faites souvent, quand, pendant un temps, en particulier dans l’état
de rêve, vous observez le monde selon une autre perspective.
Accordez-nous un instant… Dans certaines aventures, vous visitez
d’autres réalités probables dans lesquelles vous avez une structure
corporelle tout aussi réelle que « la vôtre ». Votre propre construction
psychologique, soit dit en passant, parvient à sa merveilleuse complexité
parce qu’elle puise dans la riche banque de vos plus grandes existences
probables. Même une petite compréhension de ces idées-là peut vous aider
à entrevoir combien les concepts antérieurs de la psychologie ont été
limitants.
(Une pause de dix minutes à 22 h 25.) Le moi que vous connaissez et
reconnaissez porte en lui des indices et des traces de toutes vos
caractéristiques probables qui peuvent être actualisées à l’intérieur de votre
système de réalité. Votre corps est équipé pour mener n’importe laquelle
d’entre elles à l’épanouissement. Maintenant, du fait de la sélectivité déjà
mentionnée [1], certaines directions peuvent être plus faciles que d’autres, et
certaines peuvent paraître impossibles. Pourtant, à l’intérieur de la structure
psychologique et biologique de votre espèce, les chemins de probabilités
ont plus d’intersections que ce que vous en savez.
L’esprit conscient, tel que vous y pensez normalement, dirige
l’ensemble de votre action globale et ses idées déterminent le type de
sélectivité dont vous vous servez. C’est pour cette raison que j’essaye
d’étendre vos idées conscientes, de manière à ce que vous soyez mieux
équipés pour choisir votre ligne d’expérience physique parmi toutes celles
probables qui vous sont ouvertes.
Maintenant, faites votre pause.
(22 h 32. Je pensais que la transe de Jane était bonne, malgré ses
nombreuses pauses, mais elle me dit qu’elle n’était pas au mieux de sa
forme. Elle ne s’est pas rendu compte non plus de son élocution lente. Elle
a aussi le sentiment que notre dîner [à 19 h 30] était trop rapproché de la
session.
Je parle à Jane des questions auxquelles j’ai pensé quand Seth a
expliqué « combien les concepts antérieurs de la psychologie étaient
limitants ». Pourquoi, en tant que discipline, la psychologie a-t-elle été si
étroitement développée ? Pourquoi n’a-t-elle pas continué à s’étendre
jusqu’à englober des idées telles que celles transmises par Jane, ce soir ?
J’ajoute que le travail de Jane est unique, dans le sens où il se fait au
travers de sa personnalité individuelle — pourtant, pourquoi la théorie des
probabilités, ou son équivalent, n’est-elle pas plus largement connue, ou au
moins prise en considération dans la psychologie actuelle ? Je demande si
Seth voudra faire un commentaire.
Après avoir discuté encore quelques minutes, Jane me dit : « J’ai le
sentiment que tu vas obtenir des réponses à tes questions sur la
psychologie — mais elles seront présentées en tant que préface de ce
livre. » Nous n’avions pas du tout pensé à une préface. En plaisantant, je
demande à Jane ce qui va venir ensuite, dans la session. Je veux dire en
général, mais elle réplique : « La préface. » À ce moment-là, je pense que
nous ne nous attendons ni l’un ni l’autre à ce que Seth mène à bien un tel
projet ce soir. Il se manifeste à nouveau à 22 h 57.)
Maintenant. Préface : Il y a une réalité « inconnue », entre guillemets
comme indiqué. J’en fais partie et vous aussi…
(Seth termine la préface à minuit par un jovial :) Fin de la préface.
(« D’accord. »)
Fin de la session.
(« D’accord. Merci, Seth. Bonne nuit. » Il est 00 h 01 et Seth est parti
presque d’un seul coup. Voir la préface au début du livre. Jane dit que,
même si Seth n’a, en définitive, pas réellement tenu compte de mes
questions spécifiques sur la psychologie, celles-ci lui ont servi d’impulsion
pour la préface. Jane se sent bien. Je lui lis la préface, et elle se sent encore
mieux.
Bien que la session soit ostensiblement terminée, elle va induire en fait
plusieurs effets successifs — et continus. L’expérience de Saratoga qu’a eue
Jane va aussi jouer un rôle. Tout le matériau s’y rapportant se trouve dans
l’Appendice 4.
(Les effets qui ont suivi la séance de lundi dernier continuent. Jane est
très intriguée par le matériau qu’elle a produit « d’elle-même » après la
session, aussi bien durant son sommeil cette nuit-là que dans ce qu’elle a
écrit le lendemain. Voir l’Appendice 4. Il est maintenant 21 h 10 et, pendant
que nous nous préparons pour la session de ce soir en discutant des
informations qu’elle a reçues, elle commence à sentir que l’expérience
continue. Cette fois, cependant, celle-ci prend une forme verbale, sous
forme de dictée, bien que Seth ne soit pas impliqué. Je prends en note la
plus grande partie de ce qu’elle a à dire, qui constitue l’Appendice 5 et je
suggère au lecteur de s’y reporter avant de poursuivre la lecture de cette
session.
Jane finit de dicter à 21 h 40. Pendant quelques instants, elle reste
assise tranquillement, puis elle me dit : « À présent, j’attends simplement
Seth. C’est comme si je sentais tout un tas de concepts autour de moi, et je
laisse Seth les organiser… Mais, maintenant, je pense que je suis à peu près
prête… »
21 h 45.
Doucement :) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Fondamentalement, la compréhension de la cellule franchit
le temps, tel que vous y pensez. Point.
La conscience du genre humain a cependant expérimenté selon des
lignes de temps spécifiques. À mesure que l’être humain se développait
selon ces lignes, diverses méthodes de sélectivité et de discrimination, aussi
bien biologiques que mentales, étaient utilisées. Quand, en termes
d’histoire, le genre humain s’est rendu compte qu’il avait une mémoire et
s’est souvenu de son passé comme étant un passé en vos termes, il lui a été
possible de confondre le passé et le présent. Des souvenirs intenses, hors
contexte mais ayant une validité neurologique immédiate, pouvaient entrer
en concurrence avec la focalisation brillante qui était nécessaire dans son
présent.
Bien que le passé soit en fait tout aussi immédiat, vivant et créatif que le
présent, l’homme a fait certains ajustements, à plusieurs niveaux, pour se
focaliser sur des distinctions précises et bien séparer l’expérience passée de
celle présente. Pendant que votre type particulier de conscience se
développait, il a commencé à intensifier une sélectivité, pour se concentrer
spécifiquement sur un petit domaine d’activité, tout en repoussant d’autres
données. C’était nécessaire parce que le type particulier de manipulation
physique de l’existence corporelle exigeait une réponse physique
instantanée aux stimuli immédiatement présents.
(21 h 55.) Une telle sélectivité et une telle spécialisation représentaient
donc une méthode pertinente, au moment où la conscience se familiarisait
avec l’expérience terrestre. Les chasseurs devaient répondre immédiatement
à la situation présente. En termes de temps, l’animal « présent » devait être
tué pour la nourriture — pas l’animal « passé ». Cet animal-là — celui du
passé — existait aussi sûrement que celui perçu dans le présent, pourtant,
dans le contexte humain, l’action physique devait être orientée vers un
domaine extrêmement spécifique, car la survie physique en dépendait.
(Une pause, puis lentement.) L’innocence fondamentale des cellules
quant à une discrimination temporelle devait être contournée. À des niveaux
profondément inconscients, la structure neurologique est beaucoup plus
adaptable qu’il n’y paraît. Des ajustements ont donc été accomplis.
Fondamentalement, la structure neurologique répond aux données à la fois
passées et futures. Biologiquement, cette activité est innée. Le « nouveau »
type spécialisé de conscience dans un corps devait réagir de façon rapide et
précise. Alors, il s’est focalisé uniquement sur une seule série de messages
neurologiques.
(En tant que Seth, Jane formule le matériau avec grand soin, presque
syllabe par syllabe, comme pour me donner le temps de noter sans erreur.
Sa dictée en transe est en général excellente ; il est rare que je doive lui
demander de répéter un mot ou une expression.)
Ceux-ci sont devenus de plus en plus proéminents biologiquement, de
sorte que la conscience de l’homme les a chevauchés, ou a bondi sur eux.
Ces messages particuliers, ou impulsions, sont devenus ceux qui étaient
acceptés tant sur le plan biologique que mental. Leurs indications étaient
traduites en perceptions sensorielles. Ces impulsions ou messages sont
devenus les seules données officielles qui, traduites en perception
sensorielle, formaient la réalité physique. Cette sélectivité a fourni une ligne
de référence compréhensible, allant d’une existence intérieure vers une
existence extérieure.
(22 h 10. De façon posée mais intense.) D’autres messages tout aussi
valides étaient ignorés. Bien que présents, ils sont devenus biologiquement
invisibles. Les cellules réagissaient encore à ces impulsions négligées par
ailleurs, car elles avaient besoin de données provenant à la fois du passé et
du futur pour maintenir l’équilibre du corps dans « le présent ». La
nécessité d’une action extérieure immédiate et consciente à un point
« défini » d’intersection avec des évènements était laissée à la conscience
émergente de l’ego.
Alors que les cellules avaient besoin de données futures et passées, et
qu’elles s’en servaient pour former à partir de cette invisible tension la
réalité physique présente du corps, le même type d’information pouvait être
une menace pour la conscience de l’ego, qui risquait d’être submergée. Au
sein de la structure corporelle, pourtant, il y a des messages qui, de votre
point de vue, jaillissent trop vite ou trop lentement pour permettre une
réponse physique. De cette manière, rien n’empêche la compréhension
cellulaire de circuler librement ; mais la sélectivité déjà mentionnée [dans
les sessions 682 et 683] contourne ce type d’informations, afin qu’elles ne
soient pas en conflit avec les données sensorielles présentes requérant une
action physique au moment même.
D’autres impulsions porteuses de messages sont tout aussi valides que
celles que vous percevez et auxquelles vous réagissez physiquement.
Encore une fois, les cellules y répondent constamment. Le corps, nous
l’avons dit [dans la session 685], est un schéma électromagnétique,
suspendu dans un réseau de probabilités, dont vous faites l’expérience de
façon corporelle à un point d’intersection dans l’espace et le temps.
Quand l’homme, historiquement parlant, selon vos termes, a commencé
à expérimenter la mémoire, il y a eu d’innombrables cas où la conscience
émergente de l’ego ne faisait pas assez clairement la distinction entre le
passé et le présent, tels que vous les comprenez.
Le passé, dans le présent, apparaissait de façon si brillante que l’homme
était incapable de réagir de manière adéquate aux circonstances du moment
qu’il avait lui-même créées. Le futur était bloqué, concrètement parlant
(une longue pause), pour préserver la liberté d’action et pour encourager
l’exploration, la curiosité et la créativité physiques. Avec la mémoire,
cependant, des projections mentales dans le futur étaient aussi possibles,
bien sûr, si bien que l’homme pouvait planifier ses activités dans le temps,
et prévoir des résultats probables : des « images fantômes » des probabilités
futures ont toujours fait office de stimuli mentaux pour des explorations
physiques de toutes sortes et dans tous les domaines.
(« Vous voulez dire dans tous les domaines de la planète, par
exemple ? »)
Ces images fantômes ont fourni des stimuli pour une expérience
mentale, spirituelle et physique. Cela répond à votre question, je crois.
(« Oui. »)
La race humaine avait affaire à la création d’un nouveau monde
d’expérience physique. Pour ce type particulier d’expérimentation, il lui
fallait se concentrer sur la manipulation physique. Les images fantômes
provenant du futur étaient certes une chose qui inspirait le genre humain.
Toutefois, si de telles données étaient instantanément apparues devant les
hommes, ils auraient été privés des joies, tentatives et défis physiques qui
étaient si fondamentaux pour l’expérimentation elle-même. Voulez-vous
reposer un peu votre main ?
(De la tête, je fais signe que non. Jane vient de parler pour Seth
pendant trois quarts d’heure et ne manifeste aucune envie d’arrêter. Comme
lors des autres sessions consacrées à ce livre, je me rends compte qu’il y a,
chez Jane en tant que Seth, une charge ou un élan supplémentaire, une
détermination plus forte. Maintenant, en transe, Jane vient sans problème à
bout de ces phrases complexes, en indiquant même la ponctuation.)
Il vous aurait été tout à fait possible, en tant qu’espèce, de choisir
comme étant « réelle » n’importe quelle autre « série » d’impulsions
neurologiques, ou de messages, et de structurer votre expérience selon des
lignes différentes. La structure biologique et la conscience mentale ont
cependant choisi ensemble la séquence la plus confortable, dans laquelle un
domaine d’activité présent, occasionné par une reconnaissance
neurologique, allait être étayé par une connaissance mentale inconsciente et
d’autres connexions neurologiques biologiquement invisibles.
La psyché se connaît elle-même et a connaissance de ses parties. Quand
la conscience de l’ego a atteint un certain degré de compétence biologique
et mentale, quand l’expérience du présent est devenue suffisamment
étendue, la conscience de l’ego était au stade où elle pouvait commencer à
accepter des données plus larges. De fait, c’est le stade où elle en est
maintenant.
(Une pause à 22 h 37.) Sa focalisation dans le présent est maintenant
sûre. Cette focalisation-là a finalement mené, en vos termes, à une
expansion de la conscience, une expansion que les premiers hommes
n’avaient pas à gérer. En vos termes, le temps inclut maintenant plus
d’espace et, par là même, plus d’expérience et de stimuli. Encore une fois,
historiquement parlant, dans le passé, une personne donnée ne se rendait
compte, à tout instant, que de son environnement immédiat. Elle pouvait y
répondre sur-le-champ. Dans cette mesure-là, les évènements étaient
gérables. Et accordez du repos à votre main, si vous voulez.
(Je me sens bien, mais Jane, toujours en transe, lève son paquet de
cigarettes vide. Elle attend patiemment pendant que je vais lui en chercher
un neuf.)
L’ego s’est spécialisé dans l’expansion de l’espace et dans sa
manipulation physique. Il s’est spécialisé dans les objets. Le résultat est
que, maintenant, une personne se rend compte à toute heure d’évènements
qui se produisent à l’autre bout du monde. Aucune réponse physique
immédiate qu’il ou elle puisse faire ne semble adéquate ou pertinente dans
de nombreux cas. Dans cette mesure-là, l’action physique corporelle perd
donc son impeccable précision dans le temps. Vous ne pouvez pas donner
un coup de pied à un « ennemi » qui ne vit pas dans votre village ou votre
pays ; encore moins à un ennemi que vous ne connaissez même pas
personnellement. (Avec insistance.) À nouveau, dans cette mesure-là,
l’action physique instantanée dans le temps n’est pas un facteur de vie ou de
mort comme lorsqu’un homme faisait face à un animal enragé ou à un
ennemi, dans un combat corps-à-corps.
(« Puis-je poser une question ? » En tant que Seth, Jane acquiesce de la
tête. « Allez-vous nous donner une définition de ce que vous entendez par
“premiers hommes” ? Je pense que cela intéresserait les lecteurs. » J’avais
espéré que Seth aborderait ce sujet. Toujours en transe, Jane hoche la tête à
nouveau et j’ai la nette impression que je n’aurais pas dû interrompre sa
transmission.)
Maintenant. De la même façon, dans le passé, l’amour pouvait
immédiatement s’exprimer. En termes historiques, les premiers hommes,
j’utilise ici vos théories sur l’espèce — les premiers hommes — étaient en
contact intime avec leurs familles, leurs clans ou leurs tribus. L’expansion
de l’espace se développant, les êtres chers habitent loin les uns des autres, et
on ne peut exprimer d’un seul coup une réponse corporelle soudaine, à un
point particulier de contact immédiat.
(22 h 57.) Ces développements, et d’autres, déclenchent déjà des
changements de comportement chez l’homme, l’inspirant encore à
davantage de modifications de la conscience. Il a maintenant besoin d’un
point de vue plus étendu du passé et du futur, pour l’aider à traiter les
ramifications du présent tel qu’il a évolué à travers l’expérience.
Les concepts généralement reconnus de ce qu’est le moi sont
l’interprétation de l’ego quant à l’individualité. Ils sont projetés dans les
concepts de Dieu et de l’univers. Ils se voient accorder une certaine validité
biologique, du fait de la sélectivité déjà mentionnée, grâce à laquelle une
seule série d’impulsions neurologiques est acceptée — et ce sont ces
impulsions-là que chevauche la réalité du moi égotiste. Il fut un « temps »
où un dieu interprété en ces termes a servi de modèle pour le comportement
égotiste d’un moi à l’égard d’un autre moi.
(Je relis à Seth ce dernier paragraphe pour vérifier. J’ai tout retranscrit
correctement ; je ne m’étais pas égaré finalement.
Lentement.) Dans un monde dans lequel les individus étaient confinés
dans un espace correspondant à une tribu ou à un clan (une pause d’une
minute), l’action était immédiate. L’environnement offrait un cadre dans
lequel la conscience apprenait à gérer des stimuli de façon directe. Elle
apprenait à se focaliser. La spécialisation nécessaire signifiait que seule une
certaine quantité de données pouvait être gérée en même temps, sur un plan
émotionnel ou autre. La formation de tribus différentes permettait aux
hommes de fonctionner en coopération, par petits nombres. Cela signifiait
que ceux de l’extérieur étaient sélectivement ignorés, considérés comme
des étrangers.
(Avec insistance.) À ce stade, la conscience en ces termes-là ne pouvait
pas gérer une concentration focalisée, l’émergence de la conscience d’un
ego, et simultanément faire l’expérience de puissants sentiments d’unité
avec d’autres grands groupes. Elle luttait pour l’individuation.
L’individuation dépendait cependant de la coopération des individus. À
mesure que l’ego apprenait à se sentir plus sûr, les tendances à la
coopération se sont élargies de sorte que le développement de nations est
devenu possible. Il était toutefois inévitable que la conscience de l’ego
produise une réalité dans laquelle elle aurait finalement besoin, en ces
termes-là, d’accepter d’autres données et informations qu’elle avait dû
ignorer au début.
Jusqu’à présent, je parle en termes d’histoire, tels que vous les
comprenez. L’histoire, cependant, n’est rien d’autre que votre ligne
officielle de stimuli acceptés. Par la suite, dans ce livre, j’éclaircirai ce
point.
Nouveau paragraphe. (Et à un rythme plus rapide.) Comme la
conscience égotiste s’élargit pour inclure des données jusque-là largement
négligées, elle va faire l’expérience, concrètement parlant, d’un nouveau
type d’identité ; se connaître d’une façon différente. Ses concepts de
divinité vont se modifier de manière significative, tout comme les
dimensions de l’émotion. Il y a dans votre héritage des veines d’amour qui
sont beaucoup plus riches, mais vos concepts concernant le moi et la nature
divine les ont gravement limitées. Vous semblez souvent haïr ceux qui, par
exemple, ont des croyances différentes des vôtres, et vous avez perpétré des
atrocités à l’égard d’autrui, au nom de la religion et au nom de la science,
car vos idées limitées quant à la nature du moi vous ont amené à avoir peur
de vos émotions. Souvent, vous craignez par exemple que l’amour ne vous
submerge.
(Une pause d’une minute à 23 h 20.) Pendant que vous vous
préoccupiez tant de la protection de ce que vous considériez être les
frontières et l’intégrité d’une individualité, vous êtes arrivés en fait, en tant
qu’espèce, à un point où vous commenciez à nier votre propre réalité plus
grande. Mais tout cela fait partie de l’expérimentation dans laquelle votre
espèce s’est embarquée dans votre probabilité.
Là où, autrefois, votre survie physique, en ces termes-là, dépendait
d’une focalisation resserrée pendant que vous appreniez la manipulation
physique, le succès de cette manipulation rend maintenant nécessaire un
élargissement de la focalisation — un nouvel éveil dans une existence du
moi plus large, avec ce qui sera une re-reconnaissance correspondante
d’une activité neurologique qui est actuellement uniquement perçue, et de
façon brève, par certains [comme Jane], mais qui est présente dans
l’héritage de votre structure corporelle.
(D’une voix plus forte.) Maintenant, je ne pense pas que l’on puisse
raisonnablement s’attendre à ce que vous preniez d’autres notes sans avoir
fait une pause, et je vous en accorde donc une.
(« D’accord. Merci. »
23 h 26. En fait, c’est l’une des fois où j’ai l’impression que je pourrais
continuer à prendre des notes indéfiniment. Jane en tant que Seth semble
aussi parfaitement capable de continuer. La transe de Jane a duré une
heure et quarante et une minutes, mais elle en sort malgré tout rapidement.
« Depuis qu’il a commencé ce livre, me dit-elle, la transe s’est modifiée.
Une fois que je suis sur la bonne piste, Seth continue sans s’arrêter, et je ne
veux pas en changer ou arrêter… Je pense que c’est un développement
super. Mais tu sais : quand tu penses que tu as trouvé un truc que personne
n’a, tu as peur d’être traité de cinglé par les autres… Mais Seth est un
grand organisateur. On dirait qu’il y a une énorme masse de travail qui
s’accomplit en amont des sessions, pour que je puisse obtenir les
données — mais cela ne ressemble pas aux canaux provenant de Seth [tels
qu’ils sont décrits dans la session 616 du chapitre 2 de La Réalité
personnelle]. »
Jane dit que je ferais mieux de poser des questions uniquement durant
la pause, du moins pour l’instant. Ma demande concernant les « premiers
hommes » ne l’a pas « sérieusement » perturbée ; mais je ne me trompais
pas quand j’ai senti que je n’aurais pas dû l’interrompre. Elle me parle
aussi de confusions, ou de conflits, possibles dus au fait que Seth transmette
La Réalité « inconnue » pendant qu’elle-même écrit Adventures in
Consciousness. Elle ne rencontre pourtant aucun problème et son propre
livre l’enthousiasme toujours ; ces jours-ci, elle met la touche finale au
chapitre 4. Elle doit envoyer le manuscrit d’Adventures chez son éditeur,
Prentice-Hall, en septembre 1974.
Reprise à un rythme tranquille à 23 h 48.)
Maintenant. Ici, et tout au long de ce livre, il y aura des parties
consacrées à des Exercices Pratiques — avec des majuscules —, où vous
pourrez voir, dans une certaine mesure, comment il est possible de faire
l’expérience pratique de certains de ces concepts et de recevoir au minimum
un aperçu de leur mise en application.
Centré. (Avec des gestes.)
EXERCICE PRATIQUE 1
[3] Voir la session 679 au niveau de la note 4, ainsi que la note 4 elle-
même.
[4] Rien que dans Seth parle, il y a déjà beaucoup de matériau sur les
probabilités que je pourrais citer en lien avec cette session. L’une de
mes sessions favorites est toutefois la 566 au chapitre 16 ; Seth y parle
des « profondes interconnexions psychologiques » faisant entrer en jeu
les passés et futurs probables, les rêves, la télépathie, les aptitudes
présentes, la suggestion et d’autres sujets qui y sont reliés. Il dit
également des choses telles que : « Assis comme vous l’êtes en train de
lire ce livre, dans votre instant présent du temps, vous vous trouvez au
centre d’une toile cosmique de probabilités qui réagit au plus infime de
vos actes mentaux ou affectifs. »
[6] Note ajoutée par la suite. Nous continuons bien sûr à obtenir des
informations sur les connexions psychiques qu’il y a entre Jane et Seth.
Même maintenant, plus de dix ans après que Jane a commencé à parler
pour lui, on peut dire que chaque session représente une nouvelle étape
dans ce processus d’apprentissage ; nous nous attendons tout à fait à ce
que cela se poursuive aussi longtemps qu’il y aura des sessions.
SESSION 687
EXERCICE PRATIQUE 2
[1] Ce matériau de Seth sur les solutions dans les rêves me rappelle un
poème écrit par Jane quand elle avait dix-sept ans et dont il ne reste
que ces quelques vers :
J’ai trouvé des rêves et je les ai suivis,
Puis perdus.
J’ai trouvé des galets tachetés sur le rivage,
Et je les ai gardés,
Mais c’était les rêves que je voulais.
Le premier matériau publié par Jane concernant les rêves
(prémonitoires et autres) se trouve dans les chapitres 4 et 5 de The
Coming of Seth, dont le titre à l’origine était How to Developp Your
ESP Power. Elle cite aussi Seth à propos des rêves dans le chapitre 14
du Matériau de Seth et lui-même en parle directement dans Seth parle et
dans La Réalité personnelle. Nous avons toutefois rassemblé pas mal de
matériau non publié de Seth sur les rêves et je vais commencer à
chercher des opportunités de les insérer dans la suite de ce livre.
[7] Dans La Réalité personnelle, voir les sessions 638 et 639 dans les
chapitres 9 et 10. Ce chapitre 10 contient des extraits de Dialogues,
écrit par Jane. Ils illustrent à leur tour une partie de ses propres
« trips » — mais sans drogue.
PARTIE 2
[3] Deux raisons d’insérer ici cette petite note : la pause de Jane, et ce que
dit Seth de notre type de temps. Voici ce que j’ai écrit à 21 h 55 dans la
session 24 du 10 février 1964 : « Jane explique que, lorsqu’elle fait une
pause pour Seth pendant une transmission, elle peut percevoir le
concept global du sujet dont il est question. Il lui semble “suspendu au-
dessus d’elle”. Puisque, dans ces occasions, il y a trop de choses à
gérer d’un coup, elle sent que Seth le retire pour le livrer par petit
morceau à la fois, sous la forme de mots connectés. »
Complément ajouté par la suite. Dans cette session-là, Seth décrit
également comment il doit « démêler des concepts » de leurs structures
pour les communiquer à travers Jane. Ce matériau sera présenté dans
un appendice de la session 711, dans le tome 2 de La Réalité
« inconnue ». Dans cet appendice, je rassemble des informations qui
proviennent de plusieurs sessions et qui portent sur les relations
complexes existant entre Jane, Ruburt et Seth (et aussi entre Rob et
Joseph).
[4] Un trou noir type, selon ce qu’Einstein a prédit dans sa théorie sur la
gravitation, est censé être les restes effondrés d’une étoile géante ayant
épuisé toute son énergie nucléaire. Sa densité est incroyablement
grande, et sa force de gravité si puissante que même la lumière ne peut
s’en échapper. Un tel objet est par là même invisible, et forme un
« trou » dans l’espace.
(On a cependant émis l’hypothèse que quelques radiations lumineuses
pouvaient s’échapper de l’horizon des événements, situé juste au-dessus
du trou noir ou près de lui, et que, finalement, ces radiations pourraient
être détectées par des instruments satellites plus performants. Seth n’a
fait aucun commentaire sur de tels attributs théoriques concernant les
trous noirs.)
Voir la session 593 dans l’Appendice de Seth parle : il y évoque
brièvement les trous noirs et leurs contreparties suggérées, les trous
blancs.
[5] Voir la note 3 de la session 682 et la session 683 juste après 23 h 30.
[7] Il y a tout juste une semaine, dans la session 686, j’ai demandé à Seth
de faire un commentaire sur nos origines anciennes, mais je n’ai pas
obtenu de réponse. Au moment où j’écris ces lignes, nous ne savons
toujours pas à quelle période de notre passé il faisait référence. À
l’évidence, c’était il y a très longtemps ; même en termes de
paléontologie classique, de récentes découvertes en Afrique de l’Est
montrent que les hommes fabriquaient déjà des outils il y a trois
millions d’années et qu’il est même possible qu’une de leurs lignées
remonte jusqu’à quatorze millions d’années. Nous projetons maintenant
de demander à Seth de développer prochainement son matériau sur
l’homme-animal, en ajoutant plus de détails spécifiques et en incluant
les probabilités qui entrent en jeu.
Une note ajoutée par la suite. Avant que Seth ait terminé ce livre, nous
n’avons malheureusement pas reçu le type d’informations que nous
souhaitions, en particulier celles sur les origines de l’homme. La
principale raison est que j’ai été tellement occupé avec les sessions qui
se succèdent pour ce manuscrit que j’ai oublié d’en faire la demande.
[9] D’un seul coup, le matériau de Seth me rappelle un roman sur lequel
Jane avait travaillé en 1963 et où il était question de dauphins. Sa
première fiction faisant à elle seule l’objet d’un livre, The Rebellers, a
été publiée cet été-là. Elle y creusait plusieurs idées nouvelles.
Quelques mois avant que les sessions commencent, à la fin du mois de
novembre de cette année-là, elle a écrit les grandes lignes et cinq
chapitres d’un roman portant sur le développement des communications
entre les humains et les cétacés, qu’elle a intitulé To Hear A Dolphin.
Nous n’avons, bien sûr, pas réalisé à l’époque que cela incarnait
certaines idées que Seth allait développer dans son propre matériau.
Jane a eu le temps de montrer son manuscrit à un éditeur — qui l’a
refusé —, avant que commence la transmission du matériau de Seth. To
Hear A Dolphin a été mis de côté, apparemment pour de bon. Nous en
parlons encore de temps à autre ; nous continuons de penser que ses
prémisses sont bonnes mais, si elle devait faire ce livre maintenant,
Jane dit qu’elle le réécrirait totalement.
(Pour un récit sur la façon dont, la semaine dernière, Jane a reçu, dans
un état de conscience modifiée, les grandes lignes d’un nouveau livre
potentiel, The Way Toward Health, voir l’Appendice 7.
Nous n’avons eu qu’une session la semaine dernière, et elle ne
concernait ni le travail sur La Réalité « inconnue » ni le livre sur la santé.
Le reste du temps, nous avons été occupés par un cours de perception
extrasensorielle, une émission télévisée, le courrier et d’autres activités. La
vitesse d’élocution de Jane, ce soir, va être assez lente.
21 h 55.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Maintenant. Dans une certaine mesure, le développement de la
conscience tel que vous le comprenez suit le développement des dieux à
travers les âges ; et les apparences que l’homme aurait pu adopter, ainsi que
celles qu’il a adoptées, apparaissent dans ces histoires.
Tous les dieux animaux sont des indices de diverses expérimentations et
espèces dans lesquelles la conscience a pris différentes formes, et où la
naissance d’une conscience égotiste, telle que vous la connaissez, a testé
plusieurs domaines d’exploration. Il y a eu par exemple différentes versions
de la compréhension et de l’activité de l’animal-homme.
(Une longue pause.) D’environ cinquante à trente millions d’années en
arrière [1], il y a eu d’innombrables espèces qui vous sembleraient
maintenant être des formes ayant muté. La distinction entre l’homme-
animal et l’animal-homme n’était pas aussi claire qu’elle l’est à votre
époque. D’une certaine manière, la conscience était plus mobile, moins
centrée, et plus expérimentale. Les mythes de dieux ayant une forme
animale allaient rappeler par la suite ce premier rapport, ce premier
mélange. Cette variété a existé il y a bien plus longtemps que ce que
réalisent vos paléontologues. De nombreuses espèces animales fabriquaient
des outils, et certains bien avant que l’homme plus ancien sache en
fabriquer. La conscience connaît toutes les probabilités d’accomplissement
qui lui sont ouvertes. Chaque espèce porte dans sa psyché individuelle et
collective les feuilles de route pour ces réalisations probables. Ces feuilles
de route sont biologiquement valides — c’est-à-dire qu’elles permettent la
connaissance précognitive des cellules, sur laquelle se base le
comportement présent. Ceci ne s’applique pas seulement au niveau
individuel, de manière à ce que la cellule connaisse son schéma futur, par
exemple ; mais, de la même façon, une espèce tout entière aura
inconsciemment connaissance de son propre accomplissement « idéal »
dans l’environnement global de son monde.
Comme cela a été spécifié [2], la conscience de l’ego a grandi. Ces
schémas intérieurs, originels à la psyché de n’importe quelle espèce, se
sont transformés en concepts, en images mentales — des projections
intuitives qui étaient toutes destinées à donner une direction consciente. Les
dieux servaient alors de stimulateurs de développement. Apparemment
extérieurs au moi, ils étaient censés amener celui-ci à son plus grand
domaine d’accomplissement. Les images de Dieu allaient changer au fur et
à mesure que la conscience changeait. Les différents concepts de Dieu qui
sont tombés en cours de route, dirons-nous, représentent des domaines de
développement qui n’ont pas été choisis, en vos termes, mais qui sont
encore latents. Le totem, par exemple, est une réminiscence d’une ère où la
communication entre l’homme et les animaux était beaucoup plus
grande — quand, en fait, les hommes allaient vers les animaux pour
apprendre, et c’est d’eux qu’ils ont d’abord acquis leur première
connaissance des herbes et du comportement médicinal curatif [3].
(Une longue pause.) Historiquement, il vous semble que le genre
humain est né du passage d’un type indifférencié de conscience animale à
une conscience de soi égotiste. Au lieu de cela, de nombreux types de
conscience existaient pendant la période dont je parle. Les animaux ont
choisi de développer leur propre type de conscience comme vous avez
choisi le vôtre. La conscience animale peut vous sembler indifférenciée.
Elle est toutefois hautement spécifique, en équilibre dans l’instant, mais de
façon si complète que, en vos termes, le passé et le futur lui sont largement
dénués de sens.
Sa concentration spécifique résulte cependant en une focalisation
exquise. En comparaison, la conscience de l’ego a perdu une partie de cette
focalisation. Le totem remonte au temps où les hommes et les animaux se
comprenaient les uns les autres, avant ce point de séparation. Les espèces
physiques qui existaient et s’épanouissaient à ces époques-là sont pour vous
devenues probables, car elles ne se sont pas développées dans votre système
mais ont connu l’extinction. Leurs reliques vivantes existent dans les
concepts de Dieu qui les incarnaient. Accordez-nous un instant…
(Une pause d’une minute à 22 h 28.) D’une façon ou d’une autre, toute
mythologie contient des descriptions d’autres espèces existant sur la Terre
sous des formes diverses. Cela inclut, par exemple, les histoires de fées et
de géants. La mythologie vous parle de l’archéologie de votre espèce tant
sur le plan psychique que physique. Il y avait alors des espèces humaines
plus petites et plus grandes [4], dont les connexions conscientes avec le reste
de la nature variaient. Les plus larges expérimentations concernaient la
production d’une espèce qui ferait partie de la Terre et qui en deviendrait
pourtant des co-créateurs conscients. Il y eut d’innombrables
expérimentations, d’innombrables choses à considérer, la taille, la capacité
du cerveau, la structure neurologique, un type de conscience suffisamment
souple pour changer avec son environnement et suffisamment vigoureux
pour explorer et modifier cet environnement. Est-ce que vous avez tout
noté ?
(« Oui. »)
La conscience émergente devait avoir, au moins de façon latente, la
capacité de se rendre compte des conditions du monde. Quand l’homme ne
connaissait rien de plus qu’une simple vie tribale, son cerveau avait déjà la
capacité d’apprendre tout ce qu’il avait à apprendre, car un jour il serait
responsable de la vie d’une planète.
Une telle latitude laissait de la place pour de nombreuses probabilités et
pour de nombreuses « erreurs », mais la conscience qui se développait
devait être libre de porter ses propres jugements. Elle n’allait pas être
programmée plus que nécessaire par un « instinct ». Elle était cependant
biologiquement enfermée dans une existence terrestre et donc destinée à
comprendre son héritage naturel. Elle ne pouvait pas trop se séparer ou
devenir excessivement arrogante. Sa survie était tellement liée au reste de
la nature qu’il lui fallait nécessairement toujours revenir à cette base-là. Elle
répond à un élan inné vers son plus grand épanouissement, et elle change
automatiquement de direction en réponse à ses propres expérimentations et
expériences. Il y a de par le monde, à votre époque, des changements
radicaux dans les concepts religieux, et ils représentent la connaissance
innée de l’homme. Sa conscience — sa psyché — projette des images plus
vastes de son propre accomplissement probable, et cela se reflète dans les
concepts changeants qu’elle a de Dieu.
Vous pouvez faire votre pause.
(22 h 47. La transe de Jane était excellente. Elle est tout à fait disposée
à continuer la session, mais je suis fatigué. Nous décidons de ne pas
poursuivre.)
[1] Dans la session 582 de Seth parle, j’ai cité ce qu’il avait dit en 1971
pendant un cours de perception extrasensorielle : « Toute forme de
conscience existe en même temps ; la conscience n’a donc pas évolué
en ces termes… la théorie de l’évolution est un conte aussi beau que la
théorie de la création dans la Bible… les deux peuvent sembler exister à
l’intérieur de leur propre système mais, par des aspects beaucoup plus
importants, ils ne peuvent pas être des réalités… »
Voir la note 4 de la session 689 (ainsi que la session elle-même), et
l’Appendice 8 en lien avec cette session.
[3] Et Seth prend part à l’action. Dès la session 14, du 8 janvier 1964, il
nous a dit : « Pour moi, le temps peut être manipulé, utilisé à loisir et
exploré. C’est un véhicule… il est donc encore pour moi une réalité
d’un certain type… »
Jane a développé quelques-uns de ses propres concepts relatifs au
temps —l’un d’entre eux, par exemple, est que le passé a ses propres
passé, présent et futur — dans son roman The Education of Oversoul
Seven, publié en 1973 par Prentice-Hall.
[1] « Les cellules sont douées de précognition. » Voir la session 684 avec
sa note 2, dans la Partie 1.
[2] L’époque à laquelle Seth fait référence ici s’étend d’il y a 30 à
50 millions d’années, nous a-t-il dit dans la session 689, ce qui
correspond à une partie de l’ère tertiaire. Combien de temps avant cette
période-là les oiseaux intelligents ont-ils vécu ? Je n’ai pas été assez
rapide pour le lui demander ; je ne me souvenais pas suffisamment bien
des détails de la session 689.
[3] Je n’ai pas non plus été assez rapide pour demander à Seth si le
matériau que Jane a ce soir n’était pas un peu en contradiction avec
celui de la session 689 ; car, dans cette dernière, il disait que l’homme-
animal et l’animal-homme avaient existé au cours du Tertiaire.
Vraisemblablement, ces « formes mutées » sous-entendaient les débuts
de l’homme, au sens ordinaire du terme, pourtant Seth parle maintenant
d’humains habitant dans des grottes et coexistant avec de grands
oiseaux à une période antérieure. Jane a-t-elle déformé l’information
dans l’une des deux sessions ? Est-il possible qu’au cours des rythmes
complexes de l’histoire, l’homme ait pu être un humain (du moins à peu
près tel que nous le connaissons) même avant l’ère tertiaire, puis qu’il
se soit transformé selon un long cycle de formes animal-homme avant
de redevenir à nouveau homme ? Dans la session de ce soir, Jane s’est-
elle par exemple branchée sur des données concernant une réalité
parallèle (ou probable) ? Nous avons trop à faire pour pouvoir
déterminer ce qu’il en est à partir d’un matériau restreint.
(Et comme je l’ai ajouté beaucoup plus tard, en complément à la note 7
de la session 688 : bien qu’intéressés par la question des origines de
l’homme, en ces termes-là, nous ne l’avons jamais résolue avant que
Seth ait fini La Réalité « inconnue ».)
SESSION 692
[2] Une note ajoutée un mois plus tard. Je continue d’être surpris par le
phénomène du double rêve, car je connais maintenant neuf personnes
(dont Sue Watkins et moi) ayant fait l’expérience de la même chose ou
de variantes du même ordre. Six parmi elles suivent le cours de
perception extrasensorielle ; une autre est une amie personnelle de Jane
et moi, quant aux deux derniers, nous ne les connaissons pas. Nous en
avons entendu parler mais ne les avons jamais rencontrés. Ils sont tous
deux écrivains de profession, et leur expérience des doubles rêves nous
a été rapportée par Tam Mossman, l’éditeur de Jane.
Il me semble qu’un chercheur pourrait déjà recueillir sans trop de
difficultés assez de matériau sur les doubles rêves pour en faire une
étude des plus intéressantes. Les variations mentionnées plus haut sont
intrigantes, et vont du simple compte rendu de « deux rêves se
chevauchant » — le second rêve débutant au milieu du premier et se
poursuivant au-delà de la fin de celui-ci — au cas de la personne
m’expliquant : « Je savais que je faisais deux rêves en même temps,
mais je me souviens d’eux pratiquement comme s’il n’y en avait
qu’un. »
Sue Watkins est douée aussi bien sur le plan psychique que comme
écrivain. (Voir le matériau qu’elle a écrit pour la session 594 dans
l’Appendice de Seth parle. Elle est aussi citée au chapitre 5 de
Adventures.) Dans les notes situées au début de cette session, j’ai
mentionné une expérience de rêves multiples qu’elle a vécue et j’ai
promis de présenter ici un extrait de la description qu’elle en a faite.
Plutôt qu’un matériau sur les rêves eux-mêmes, j’ai choisi les premiers
paragraphes, dans lesquels Sue donne les grandes lignes du contexte
subjectif de cet événement.
« Dans mon rêve, je suis assise dans mon salon avec un ami,
Stephen, quand, soudain, une connaissance de moi-même, des
connexions entre des événements, des symboles, la logique et
l’étoffe interne de ma vie et de mon expérience deviennent d’une
clarté cristalline. Tout cela commence à s’empiler de manière
étrange, comme une cellule sur une autre, ou des wagons de
marchandises se percutant les uns les autres juste à l’extérieur
de ma conscience. C’est comme si le moi de mon rêve ne pouvait
pas tout gérer à la fois et que les choses s’amoncelaient. Je me
lève et me dirige vers la cuisine. “Que se passe-t-il ?”, demande
Stephen, mais tout ce que je peux dire, c’est que je suis sur le
point “d’exploser”. Je n’ai pas le temps d’expliquer davantage.
« Pendant que je pénètre dans la cuisine, la tête du moi de mon
rêve s’emplit de scènes très nettes, comme d’autres rêves, des
interprétations de chaque cellule de cette nouvelle conscience.
Je projette tout cela à l’extérieur, autour de moi, dans
littéralement des centaines de scènes brillantes ; expressions, je
le sais, de probabilités, d’événements “passés” et “futurs”,
d’événements annexes que je ne peux même pas comprendre…
tout se passe en même temps, avec une compréhension parfaite
de cela par le moi “ancre” de mon rêve. Je sens que, alors que
tout ceci sort de ce moi ancre, les moi dans ces rêves-là sont tout
aussi focalisés — chacun d’eux étant des moi de rêve, existant
dans leur univers avec leurs propres connexions s’étendant vers
l’extérieur, exactement comme le fait le mien. Je deviens
littéralement l’expérience d’être moi-même contenue dans tous
ces moi, tandis que moi-même je les contiens. Pour au moins
l’un d’entre eux, la connaissance de cet événement tout entier
vient à sa conscience comme l’un de ses propres rêves dont il se
souvient à moitié, et l’expérience consistant à se souvenir et à
être ce dont on se souvient est comme une électricité liquide en
moi, le moi ancre.
« À mon réveil, je ne me souviens clairement que de trois de ces
rêves ; pourtant, le sentiment de contenir simultanément des
expériences de cette façon demeure en moi… »
Un des deux écrivains dont j’ai parlé au début de cette note s’appelle
Lee R. Gandee. En 1971, Tam Mossman a publié son autobiographie
intitulée Strange Experience. Dans le chapitre 9 de ce livre, Lee décrit
une expérience de double rêve qu’il a eue et qui comporte également de
forts aspects de précognition. Voici la version condensée de
l’événement, telle qu’il l’a envoyée à Tam après que j’ai demandé à ce
dernier s’il connaissait quelqu’un se souvenant d’avoir eu ce genre de
rêve.
« Et pour ce qui est des doubles rêves, oui, il m’arrive parfois
d’en faire deux en même temps. Si vous vous reportez à la
page 144 de Strange Experience, vous trouverez mon récit de
deux rêves simultanés. Dans l’un d’entre eux, je suis dans un
train, un convoi militaire [au cours de la Seconde Guerre
mondiale] se dirigeant vers Karachi, en Inde ; dans l’autre, je
suis endormi dans le baraquement froid d’une caserne. J’ai écrit
dans le livre que “j’étais conscient de chaque mouvement, de
chaque son et odeur dans le train, et pourtant conscient que
j’étais dans un baraquement très froid”. Je me rendais
également compte que le train et le baraquement étaient tous
deux des rêves, et que mon corps se trouvait dans une tente très
froide à Leesburg en Floride. »
« Puis, plus tard, alors que dans un de mes rêves, je descendais
du train puis y remontais pour me chercher, dans l’autre rêve, je
me levais, je jetais du charbon dans le poêle, et étendais ma
capote au-dessus des couvertures sur la couchette du
baraquement — et je me suis réveillé dans la tente. J’ai donc eu
ces doubles rêves, et celui de Karachi était un vrai rêve. Les
hommes à bord du train étaient des hommes de l’Air Corps que
je connaissais dans ma vie normale, et ils ont été envoyés là-bas
[moins d’un mois plus tard]. »
C’est le moment pour moi de mentionner une de ces heureuses
analogies qu’à l’occasion je suis capable de faire (même si dans le cas
présent, il m’a fallu plusieurs mois, après avoir fait mon propre petit
double rêve, pour arriver à cette association tout à fait évidente) — car,
dans notre réalité, les rêves doubles ou multiples offrent au minimum
une pâle vision des nombreuses vies dont, selon Seth, notre entité ou
moi complet fait l’expérience simultanément.
J’ai écrit dans les Notes préliminaires que, d’après moi, la vitesse à
laquelle Jane produit le matériau de Seth était « une approche, ou une
traduction, physique fiable de l’idée de Seth selon laquelle
fondamentalement tout existe en même temps — qu’il n’y a pas
réellement de temps… » J’ajouterai ici que le phénomène du double
rêve peut être une autre façon d’approcher l’idée de la simultanéité du
temps [ou des vies], éléments à propos desquels, en tant que créatures
physiques, nous avons toujours tellement de questions.
[1] Jane et moi avons fait ce tour en voiture il y a trois semaines, le 7 avril.
La ville de Sayre n’est qu’à une trentaine de kilomètres d’Elmira où
nous vivons à présent, et elle est située dans les belles collines de
Pennsylvanie, entre deux bourgades plus petites — Athens au sud, et
Waverly au nord, dans l’État de New York. Localement, on appelle ces
trois lieux « La Vallée ». De temps à autre, nous allons à Sayre. Bien
que proche en kilomètres, cette ville est, par d’importants aspects selon
moi, loin de nous, en termes d’années.
L’importance de cette vieille agglomération ferroviaire où prédominent
les couches inférieures de la classe moyenne venait en grande partie du
fait qu’elle était le point de jonction de plusieurs grandes lignes de
chemin de fer. Mais on y trouve aussi un hôpital et une clinique bien
connus, en constant développement. La population de Sayre comptait
probablement moins de soixante-cinq mille habitants quand nous y
avons grandi, mes deux frères et moi, et cela n’a pas beaucoup
augmenté aujourd’hui. Ma famille a vécu de 1922 à 1931 [quand
j’avais de trois à douze ans] dans le quartier décrit par Seth, puis elle a
déménagé à l’autre bout de la ville. Je me souviens que j’étais très
réticent à ce changement : le jeune garçon ne voulait pas quitter ses
amis et l’environnement qu’il aimait. Les motivations qui avaient amené
mes parents à déménager n’avaient pour moi aucun sens à l’époque. Ils
avaient acheté une « nouvelle » maison, qui est restée dans la famille
jusqu’en 1972 — un an après la mort de mon père, un an avant celle de
ma mère.
Pour de plus amples détails, voir la note 9 de la session 679, et les notes
2 et 3 de la session 680.
[2] Les agents immobiliers qui nous ont montré la maison de Markle, jeudi
dernier, le 25 avril, sont mari et femme et ils tiennent une petite agence
d’immobilier et d’assurance à Sayre. Nous avons tout de suite aimé les
Johnson (ce n’est pas leur vrai nom). La visite de la maison de M.
Markle a été une expérience — je ne m’étais sûrement pas attendu à
m’y retrouver quarante-trois ans plus tard. Jane n’était pas, bien sûr,
aussi attirée que moi par cette maison et savoir cela m’a aidé à
relativiser mon propre enthousiasme. De l’époque où j’étais à l’école
primaire, je me souvenais surtout de la grande pièce principale ; les
Markle avaient élevé deux enfants qui avaient mon âge et celui de mon
plus jeune frère. Nous nous retrouvions parfois tous les quatre dans
cette maison avant d’aller ensemble à l’école.
La maison que la famille Butts occupait à ce moment-là se situait juste
à l’angle, à un pâté de maisons de là — on pouvait presque la voir de
chez les Markle. (Par la suite, j’en ai retrouvé plusieurs vieilles photos
dans un album de famille et cela m’a rappelé qu’à l’époque les rues
n’avaient pas de trottoir. Aujourd’hui encore, je me souviens de la
plupart des familles et des enfants qui vivaient dans les parages
immédiats. Ces quelques pâtés de maisons ont largement constitué le
monde de mon enfance.
Maintenant, quand Jane et moi passons en voiture dans ces rues
modestes, j’ai un sentiment de familiarité et d’étrangeté qui est difficile
à décrire. Trottoirs ou pas, le voisinage a incroyablement peu changé,
vu le nombre d’années. Je me dis que tous les arbres sont beaucoup plus
grands et fournis, et je suis étrangement surpris que les maisons en bois
soient toujours debout. Je me dis aussi que bien des gens doivent avoir
des sensations similaires vis-à-vis de l’environnement qui était
important pour eux autrefois — et qui l’est d’ailleurs encore. Mais,
depuis que je me familiarise avec les idées de Seth sur le temps, je suis
plus que jamais conscient que, lorsque nous voyageons, il y a plus en
jeu qu’un simple déplacement dans l’espace.
[3] Non seulement ma mère a insisté « sur un prix élevé pour sa maison »,
mais, à la surprise générale — membres de la famille, agents
immobiliers et autres —, elle est parvenue à l’obtenir.
[5] Je dirais que l’affirmation de Seth ici, selon laquelle « c’était son
second choix » demande une interprétation minutieuse. Ses implications
possibles m’ont échappé au cours de la session, sinon j’aurais pu lui
demander quelques éclaircissements. Comme j’ai négligé de le faire, me
voici en train de réécrire cette note un an plus tard.
Au moment de la session, j’avais compris que Seth voulait dire que la
deuxième maison que Jane et moi avions visitée le 25 avril était aussi le
second choix que ma mère avait pour nous ce jour-là. Quelque temps
après, nous nous sommes demandé s’il n’avait pas voulu en fait nous
signifier que cette seconde maison avait été, après celle de Markle, le
meilleur second choix de Stella Butts pour elle-même, il y a des années.
Nous avons décidé que cela n’était pas plausible et avons opté pour
l’approche conventionnelle. Car il aurait fallu non seulement que ces
deux maisons soient en vente en même temps et que Jane et moi les
visitions le même jour — mais il aurait fallu aussi que, parmi les
centaines de maisons à Sayre, ces deux-là soient classées numéro un et
deux dans la liste des préférences de ma mère pendant des années. Il y
aurait peu de chance que ce dernier point coïncide avec les deux
premiers. Une série de coïncidences suffisamment remarquables, selon
nous, entraient déjà en jeu dans cette histoire de maisons.
Et pourtant — en dépit de toute logique, des possibilités infimes
existaient. Ma mère aurait pu avoir certains liens émotionnels avec cette
seconde maison.
Le lieu en question se trouve à quelques pâtés de maisons de l’endroit
où ma famille a emménagé en 1931, comme je l’ai décrit dans la note 1.
Comme elle se trouve sur l’une des rues principales de Sayre, à un
carrefour très fréquenté, j’ai dû passer devant de nombreuses fois par la
suite ; je ne l’avais pourtant jamais spécialement remarquée jusqu’à ce
que Jane et moi nous y rendions avec les Johnson. Quand ceux-ci nous
ont dit qui étaient les propriétaires, j’ai juste pu répondre que j’avais
entendu leur nom quand je vivais à Sayre ; le vieux couple était de la
génération de ma mère. Même si je ne me souviens pas qu’elle en ait
parlé, il se peut qu’elle les ait connus. Ils pourraient avoir eu des amis
communs. Dans une modeste mesure, nous pouvions donc nous amuser
à faire des suppositions à partir de ce qu’a dit Seth quant à cette maison
et au second choix de ma mère. Impossible d’interroger Stella
puisqu’elle est morte il y a cinq mois, mais elle aurait pu avoir connu
les propriétaires et être allée dans leur maison ; elle aurait pu l’avoir
aimée de façon particulière.
(« Bon, dit Jane en indiquant deux points devant elle, tandis qu’elle est
assise en attendant que la session commence. Il y a du matériau pour le
livre ici [sur la gauche] et du matériau sur moi là [à droite]. Mais c’est
bizarre : je ne pense pas que Seth soit là — juste l’information. C’est
comme si j’attendais que le matériau tombe dans une fente ; ensuite, Seth
qui est ici — elle touche son ventre — s’en occupe. »
« Je peux sentir l’information à l’extérieur de moi, disons, mais je ne
peux pas l’obtenir dans mon état de conscience habituel. Quand Seth se
manifeste, il est au même niveau que le matériau, et lui — ou moi — le fait
alors entrer… C’est comme s’il y avait là un entrepôt d’information et que
je doive traverser une porte de conscience pour l’atteindre. »
L’élocution de Jane est assez lente quand la session commence.
21 h 29.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. (En murmurant, les yeux clos.) Accordez-nous un
instant…
L’exemple relativement insignifiant d’évènements probables et de leur
interaction, qui vient juste d’être donné [dans la dernière session], fournit
quelques indices importants sur la nature des probabilités en général. Une
organisation est assurément présente, mais il ne s’agit pas du type d’ordre
que vous avez l’habitude de reconnaître. Cette petite expérience personnelle
se répète sans fin avec différentes variantes dans tous les domaines de la vie
quotidienne — c’est-à-dire que des évènements probables interagissent
constamment et (avec insistance) à travers leur interaction, vous vous
retrouvez avec une série reconnue d’épisodes que vous acceptez, appelée la
réalité physique.
En dessous de cet ordre reconnu d’évènements, il y a en fait un vaste
champ d’action se produisant constamment. Ces champs de probabilités
sont des sources d’action pour votre réalité ; mais les créations de votre
monde sont aussi une source pour ces autres probabilités.
Ceci s’applique à tous les niveaux, mentaux et biologiques. Les
probabilités concernent donc les atomes et les molécules, et les cellules.
Elles concernent aussi les pensées, ainsi que des évènements plus
évidemment physiques. Vos corps sont des constructions probables, dans le
sens où ils existent uniquement à cause de l’apparence d’atomes à certains
points de probabilité. À d’autres niveaux, les atomes n’existent pas à ces
mêmes points et, là (Jane se penche en avant pour insister), vos corps ne
sont pas les mêmes constructions physiques. Ils n’existent donc pas là.
Scientifiquement, avec tous vos instruments, vous êtes jusqu’à présent
capables de percevoir la présence d’un atome uniquement dans le champ de
votre propre système de probabilité. Comme vous percevez physiquement à
travers le corps, qui est structuré atomiquement, vos perceptions
sensorielles vous amènent bien sûr à bloquer la reconnaissance d’autres
stimuli ou réactions probables. Dans son livre, Adventures in
Consciousness, Ruburt fait mention de ce qu’il appelle une « perception
préjugée [1] ». C’est une excellente expression, à cet égard.
(Une longue pause.) Accordez-nous un instant… (Une autre longue
pause.)
Une partie de tout ceci est difficile à verbaliser. Les unités EE [2] au sein
de la matière, à l’intérieur des atomes et des molécules, se rendent compte
des champs probables d’action qui sont possibles. L’intégrité du corps doit
demeurer dans une réitération constante dans une seule et même probabilité
et maintenir à l’intérieur de ce système probable une certaine « constante »,
et, physiquement, la perception y est largement orientée, mais l’intégrité
fondamentale du système corporel et de la conscience provient de
l’extérieur de ce système. Point.
(Jane en tant que Seth termine cette phrase sur une note triomphale,
après avoir indiqué toute la ponctuation.)
En fait, les atomes, tout en se comportant correctement à l’intérieur du
système, et tout en semblant adhérer à ses règles et hypothèses,
chevauchent néanmoins des probabilités. Vos structures temporelles sont
donc intimement connectées à une action probable et à des champs
d’actualité. En vos termes, ce serait, par exemple, comme si Joseph ne
pouvait avoir vu cette maison à vendre qu’après qu’une série d’évènements
donnés ne se soient produits. En apparence, ce serait comme si tout ceci
dépendait d’évènements antérieurs : la rencontre préalable de la mère de
Joseph avec M. Markle, il y a des années, quand ils étaient jeunes tous les
deux ; ses rêveries et fantasmes, les années suivantes ; sa mort, la vieillesse
de M. Markle et le fait qu’il abandonne sa maison.
(22 h) En vos termes, il semble que tout ceci devait se passer avant que
la maison soit mise en vente, pour que, en passant par là il y a quelques
jours, Joseph puisse voir le panneau et décider de visiter la maison. En
termes beaucoup plus fondamentaux, tous les évènements existent en même
temps, tout comme les atomes et les molécules apparaissent en même temps
dans toutes les positions probables. Le corps, agissant dans le temps, utilise
une structure temporelle et agit naturellement en son sein, tandis que sa
structure « constante » dure dans le temps. Donc, dans ce contexte-là, une
expérience du temps a été faite — et en utilisant cette structure
organisationnelle là, le temps semble unir ces évènements.
Accordez-nous un instant… Ces évènements prennent alors une
signifiance [3] à cause du type particulier d’organisation choisie. D’autres
évènements tout aussi valides ne semblent pas signifiants — ils ne se
manifestent pas en une perception ou une réalité. Ils existent cependant.
Dans une réalité, par exemple, la mère de Joseph a épousé M. Markle.
Joseph a hérité de la maison. Dans cette réalité-là, M. Markle est mort avant
la mère de Joseph et, là, il n’était donc même pas nécessaire qu’un Joseph,
ici, cherche une maison ; il en avait une. Dans cette réalité-là, Joseph n’a
pas épousé Ruburt. Et dans cette réalité-ci (celle que Ruburt et vous
connaissez), Ruburt, instinctivement, se sent étrangère à cette maison.
(« Puis-je poser une question ? » Je n’aime pas interrompre le cours du
matériau, mais c’est le bon moment pour mentionner ce que j’ai à l’esprit
depuis lundi soir.)
Oui
(« Eh bien, je sais que vous avez dit dans la dernière session [juste
avant 22 h 33] qu’à partir de sa réalité non physique, ma mère n’essaye
pas de nous forcer, Jane et moi, à acheter la maison de M. Markle —
pourtant, je continue à me demander ce que d’autres vont penser de l’idée
d’une influence ressentie dans notre réalité et provenant de “l’autre côté”,
pourrait-on dire — »)
Écrivez votre question et j’y répondrai.
(« Continuez. Je peux l’écrire plus tard. » Et Seth se met à traiter la
question à sa manière.)
J’ai clairement mentionné que la décision revenait à Joseph et à Ruburt.
Mais en plus de cela, la question d’une maison de ce genre a introduit dans
leurs vies des questions de valeurs et de prérogatives qui étaient d’une
grande importance. Ils avaient besoin de voir clairement quelle était leur
propre position sur ces sujets-là. Joseph se rendait inconsciemment compte
de l’existence de la première maison [à Sayre] ; il aurait pu choisir de ne
pas emprunter cette rue-là, par exemple. Ruburt et lui ne réfléchissent pas
trop en termes d’argent et de statut social. Ils ont, au lieu de cela, vécu dans
un appartement, en se préoccupant peu des apparences. Il y a pourtant
toujours dans votre société une pression vous poussant à acquérir des
maisons chics, et les biens matériels sont souvent considérés comme un
gage de réussite.
Accordez-nous un instant… Financièrement, Ruburt et Joseph
commençaient à bien se débrouiller. C’est seulement alors que les idées
conventionnelles se sont mises en avant. Ces idées-là ont elles-mêmes attiré
émotionnellement certains aspects de la mère de Joseph. Très simplement,
en ses termes à elle, cette mère voulait que son enfant réussisse et, pour elle,
cela signifiait posséder une excellente maison. Point. De sa part, c’était une
ambition assez innocente.
Quand elle a senti que Joseph avait lui aussi envie d’une belle maison,
alors — en vos termes, à présent — elle a commencé, depuis son contexte
différent après la mort, à amener cette opportunité dans l’expérience de
Joseph. Ce n’est pas de la manipulation. Cela montre toutefois qu’une
partie de la mère de Joseph, celle connectée à son fils, est toujours en
relation avec lui d’une certaine manière. Cela montre aussi que le désir de
Joseph d’avoir une maison à Sayre (d’une voix plus forte et plus profonde)
a aidé à provoquer certains évènements : il pouvait avoir une maison de
ce genre s’il en voulait une.
L’épisode a aussi été le miroir de ses croyances, car, dans sa façon de
penser, il aurait eu à abandonner certaines libertés et, cela, il n’était pas prêt
à le faire. Fondamentalement, les évènements existent en même temps, bien
qu’à votre niveau, vous deviez les percevoir dans le temps. Tout comme
votre réalité quotidienne personnelle peut être concernée et colorée par des
probabilités amenées dans votre expérience par vos désirs et croyances, de
même votre culture de masse, votre histoire du monde et l’orientation de
l’espèce sont colorées par des évènements probables qui ne rentrent pas
dans votre idée officiellement reconnue de la réalité physique.
L’homme alternatif, l’homme probable, vos vous alternatifs, vos vous
probables — ces questions-là s’appliquent aussi bien individuellement
qu’en termes d’espèce, et elles s’appliquent aussi bien à votre futur qu’à
votre passé.
Accordez-nous un instant, et à vous aussi.
(Une pause d’une minute.) Les plus grandes découvertes scientifiques
sont toujours « accidentelles ». Elles proviennent d’une créativité intuitive,
quand soudain un nouveau type de signifiance est vu, qui n’était pas
prévisible « auparavant ». Vous acceptez toutes les données qui collent avec
vos théories et vous ignorez les indices contraires. Pourtant, en dessous de
tout cela, vous êtes des créatures sources de signifiance, des formeurs de
schémas immergés dans le temps mais fondamentalement indépendants de
lui et, donc, de nouvelles visions arrivent dans votre conscience et changent
littéralement la qualité de toute réalité donnée à tout moment donné.
Faites votre pause.
(22 h 34. Jane, dans une transe profonde, a parlé pendant plus d’une
heure. Je lui dis que, selon moi, le texte de La Réalité « inconnue » est
excellent. « Mais j’y suis totalement étrangère », me répond-elle, expliquant
qu’elle ne le connaît pas bien consciemment, qu’elle n’a qu’une vague idée
de sa structure et qu’elle ne peut en particulier pas dire à l’avance ce qu’il
contiendra. Comparativement, elle a eu une implication beaucoup plus
personnelle dans le dernier livre de Seth, La Réalité personnelle.
Nous parlons de ce que le matériau de ce soir implique de façon
générale par rapport à ma mère — le fait qu’elle soit non seulement
« vivante » après sa « mort », mais qu’une partie d’elle soit focalisée sur
Jane et moi. Jane a permis à Seth de parler de la situation de façon plus
personnelle qu’elle ne le fait habituellement ; en conséquence, nous avons
déjà plus de données sur Stella Butts que, par exemple, sur la mort des
parents de Jane [en 1971 et 1972] [4]. Nous savons que Seth ne va pas
continuer indéfiniment à décrire ma mère et sa réalité présente ; une telle
étude pourrait facilement se solder par un livre entier. En outre, Jane a des
convictions profondes par rapport au fait de fournir un matériau sur la
survie des personnalités. Les informations dans l’Appendice 10 ont ici leur
importance. Je pense aussi que Seth pourra en dire plus sur les croyances
qui se trouvent derrière ces sentiments de Jane, à mesure que le livre
avance.
Dans les trois paragraphes qui suivent, Seth transmet les informations
avec beaucoup de force. Reprise à 22 h 50.)
La mère de Joseph n’est pas seulement vivante dans un autre niveau de
réalité, mais elle continue à apprendre. Elle se rend donc très bien compte
de la décision prise par Joseph de ne pas acheter la maison [de Markle] [5].
À son niveau de réalité, elle se rendait compte qu’il avait envie de la
maison ; qu’une partie de lui songeait à posséder une grande maison, même
si cela exigeait une maintenance et une attention qu’une autre partie de lui
ne voulait pas fournir, parce qu’il avait l’impression que cela accaparerait
trop de temps par rapport à sa peinture et à notre travail.
La partie qui a momentanément désiré la maison a immédiatement attiré
le même type de désir que la mère de Joseph a toujours ressenti. Celui-ci,
à un autre niveau d’activité que celui physique, a réactivé de vieux
conflits entre eux. Pendant un temps, leurs désirs les ont unis. Maintenant,
cependant, Stella Butts est davantage capable de comprendre les réactions
de son fils. Grâce à la décision de Joseph dans cette réalité-ci, Stella
commence enfin à entrapercevoir les raisons d’actions passées de Joseph
qui, auparavant, lui étaient incompréhensibles.
Essayez de comprendre que toutes ces réactions se passent réellement
en même temps… Le désir de Joseph a attiré un désir semblable de sa mère.
(Une pause.) En vos termes, cependant, les réactions continuent.
Maintenant, accordez-nous un instant…
(23 h. Le travail sur le livre est terminé pour la soirée. Jane fait une
pause tout en restant en transe, puis elle transmet une bonne quantité de
matériau sur plusieurs autres sujets. La session prend fin à 23 h 43.)
[4] Pour un peu de matériau sur les antécédents familiaux de Jane, voir la
note 4 de la session 679, ainsi que la première partie de cette même
session.
[5] Une note ajoutée dix mois plus tard. De nombreuses ramifications par
rapport à cette histoire de maison devaient apparaître, concernant non
seulement la demeure de M. Markle à Sayre, mais une autre ici, à
Elmira, où Jane et moi vivons. En termes ordinaires, nous aurions
difficilement pu nous attendre à ce qu’une telle masse de « connexion de
maisons » se développe. Les événements ont eu lieu quand Jane en tant
que Seth transmettait la Partie 6, dans le tome 3 de La Réalité
« inconnue » et ils y sont décrits avec quelques détails ; ces faits
fournissent aussi un lien quasiment idéal entre les deux tomes.
SESSION 695
EXERCICE PRATIQUE 3
J’aimerais que chaque lecteur essaye deux exercices. Tout d’abord,
prenez un évènement qui vous est arrivé le jour même où vous lisez cette
page. Voyez ce fait particulier, que vous avez choisi, comme un évènement
dans votre expérience provenant de la vaste banque d’autres évènements
probables qui auraient pu se produire.
Examinez l’évènement tel que vous le connaissez. Ensuite, essayez de
retracer son émergence à partir du fil de votre propre vie passée, telle que
vous la comprenez, et projetez à l’extérieur, dans votre esprit, quels autres
évènements peuvent émerger de celui-ci pour devenir une action dans votre
futur probable. Cet exercice a une deuxième partie. Quand vous en avez fini
avec la procédure qui vient d’être donnée, changez alors votre point de
vue ; voyez l’évènement depuis la position de quelqu’un d’autre qui est
également concerné. Peu importe à quel point l’expérience semble être
d’ordre privé, quelqu’un d’autre a un lien avec elle. Voyez l’épisode à
travers ses yeux, et procédez comme avant, en ayant juste ce point de vue
modifié.
Personne ne peut faire cet exercice pour vous, mais les résultats
subjectifs peuvent être stupéfiants. Des aspects de l’évènement qui
n’apparaissaient pas avant peuvent soudain se révéler. Vous ferez plus
pleinement l’expérience de ces dimensions.
Accordez-nous un instant…
(Maintenant, Seth aborde un matériau que Jane a évoqué au cours de
notre conversation, samedi soir, après m’avoir dicté ses informations dont
j’ai parlé plus haut.)
EXERCICE PRATIQUE 4
EXERCICE PRATIQUE 5
EXERCICE PRATIQUE 6
Maintenant. Choisissez une autre photo. Je veux que vous regardiez
celle-ci d’une manière un peu différente. Ce doit être là encore une photo de
vous. Voyez-la comme une image de vous-même en tant que représentant
de votre espèce, dans un temps et un espace particuliers. Observez-la
comme vous pourriez examiner la photo d’un animal dans son
environnement. Si la photo vous représente dans une pièce, par exemple,
alors pensez à celle-ci comme à un type particulier d’environnement, aussi
naturel que les forêts. Considérez votre personne de la façon suivante :
comment se fond-elle parmi les autres éléments de la photo, ou comment en
est-elle distincte ? Voyez ces autres éléments comme des caractéristiques de
l’image, considérez-les comme des traits plus vastes qui vous
appartiennent. Si la photographie est sombre, par exemple, et montre des
ombres, alors, dans cet exercice, voyez ces ombres comme appartenant au
moi dans la photo.
Avec votre imagination, examinez votre image depuis le point de vue
d’un autre endroit dans la photo. Voyez comment l’image peut être vue
comme une partie de la structure globale de l’environnement — la pièce,
l’ameublement, le jardin ou quoi que ce soit.
Quand vous voyez la photo d’un animal dans son environnement, vous
faites souvent des liens que vous ne faites pas lorsque vous voyez la photo
d’un être humain dans son environnement. Pourtant, chaque lieu est aussi
unique que l’habitat de n’importe quel animal — aussi personnel, aussi
partagé, aussi signifiant en termes d’individu et d’espèce dont ce dernier
fait partie. Juste pour élargir votre imagination : quand vous regardez votre
photo, imaginez que vous êtes un représentant d’une espèce, surpris là, dans
cette pose particulière, et que le cadre de la photo représente maintenant
« une cage de temps ». Vous qui regardez la photo de l’extérieur, vous êtes
maintenant hors de cette cage de temps dans laquelle votre spécimen a été
placé. Ce spécimen, cet individu, ce vous, vous représente, mais aussi un
aspect de votre espèce. Si vous maintenez ce sentiment, l’élément de temps
devient alors aussi réel que tous les autres objets à l’intérieur de la photo.
Bien qu’invisible, le temps est dans le cadre.
Maintenant. Levez les yeux. L’image, la photo, n’est rien qu’un petit
objet dans toute l’étendue de votre vision. Vous n’êtes pas seulement
extérieur à vous-même dans la photo, mais celle-ci représente maintenant
juste une petite partie de votre réalité. Pourtant la photo reste inviolée à
l’intérieur de son propre contexte ; à l’intérieur de celui-ci, vous ne pouvez
pas modifier la position d’un objet. Si vous détruisez la photo elle-même,
vous ne pouvez en aucune manière détruire la réalité qui était derrière. Vous
ne pouvez pas, par exemple, tuer l’arbre qui pouvait se trouver sur la photo.
Accordez-nous un instant…
(22 h 11. En transe, Jane sombre brusquement dans le silence pendant
plus d’une minute. Ses yeux restent clos tandis qu’elle se balance lentement
d’avant en arrière. Son débit était bon depuis le début de la session.)
La personne à l’intérieur de la photo est au-delà de votre portée. Le
vous que vous êtes peut apporter tous les changements que vous voulez
dans votre expérience : vous pouvez changer les probabilités en vue de vos
propres objectifs, mais vous ne pouvez pas changer le cours des autres moi
probables qui ont suivi leurs propres voies. Tous les moi probables sont
connectés. Chacun influence les autres. Il y a une interaction naturelle, mais
pas de coercition. Chaque moi probable a son propre libre arbitre et son
unicité. Vous pouvez changer votre propre expérience dans la probabilité
que vous connaissez — qui, elle-même chevauche une infinité d’autres
probabilités. Vous pouvez apporter dans votre propre expérience n’importe
quel nombre d’évènements probables, mais vous ne pouvez nier
l’expérience probable d’une autre partie de votre réalité. Ce qui revient à
dire que vous ne pouvez pas l’annihiler.
Quand vous regardez une photo de votre histoire personnelle, elle
représente votre émergence dans cette réalité particulière — ou la réalité
qui était acceptée comme étant officielle au moment où la photo était
prise —, vous regardez donc une photo d’un représentant de votre espèce,
prise dans un moment particulier de probabilités. Cette espèce a autant de
rejetons et de développements que vous en avez au niveau personnel. Tout
comme il y a des moi probables en termes personnels, il y a des moi
probables en termes d’espèce. Tout comme vous avez votre passé
personnel, officiel et reconnu, vous avez, dans votre système d’actualité,
une histoire officielle de masse plus ou moins acceptée. [Voir la note 2.]
Soumise à un examen, cette histoire de l’espèce présente toutefois de
nombreux vides et divergences, et laisse beaucoup de questions sans
réponse.
Maintenant, faites votre pause.
(22 h 23. Au moment de la pause, ni Jane ni moi ne réalisons que Seth
vient juste de terminer la Partie 2.)
NOTES DE LA SESSION 695
[2] La « vie officiellement acceptée » dont il est question ici m’a rappelé
que, dans la dernière session (694), Seth a employé l’expression « votre
idée officiellement reconnue de la réalité physique » en parlant du rôle
que les événements probables jouaient dans l’histoire de notre monde.
Dans la session 686, il a fait référence aux « données officielles »
lorsqu’il a considéré la sélection de certaines impulsions mentales et
biologiques faite par les premiers hommes comme une réalité physique ;
plus tard, dans la même session, il a utilisé l’expression « d’histoire
officielle » qui s’explique d’elle-même. Dans la session 684, il a parlé
de notre « activité officielle », lorsqu’il a comparé notre réaction aux
pressentiments et aux prémonitions à notre façon d’accepter une réalité
psychologique normale.
Par ailleurs, dans la session 681, voir ce que Seth avait à dire à propos
de l’histoire biologique individuelle et de l’imprévisibilité fondamentale
de la conscience.
PARTIE 3
6 mai 1974
EXERCICE PRATIQUE 7
(Une pause.) En vos termes, pensez aux ancêtres dans votre histoire
familiale. Pensez maintenant à vous-même et à votre famille
contemporaine. Pour cela, essayez d’imaginer le temps comme quelque
chose de semblable à l’espace. Si vos ancêtres vivaient au xixe siècle,
considérez alors ce siècle comme un lieu qui existe aussi sûrement que
n’importe quelle région de la Terre que vous connaissez. Voyez votre propre
siècle comme un autre lieu. Si vous avez des enfants, imaginez leur
expérience dans cinquante ans comme un autre lieu encore.
Maintenant. Pensez à vos ancêtres, à vous-même et à vos enfants
comme à des membres d’une tribu, chacun voyageant dans un pays
différent, et non pas à des époques diverses. La culture est aussi réelle et
naturelle que le sont les arbres et les rochers, alors voyez les cultures
variées de ces trois groupes comme des environnements naturels de ces
lieux ou pays ; imaginez ensuite chaque groupe en train d’explorer
l’environnement unique du pays dans lequel il s’est rendu. Dites-vous bien
sûr que ces explorations se font toutes en même temps, même si la
communication est parfois défectueuse et que chaque groupe a du mal à
communiquer avec les autres. Imaginez toutefois qu’il y a une terre natale
d’où venaient tous ces groupes, à l’origine. Chaque expédition y envoie des
« lettres » à la maison, commentant le comportement, les coutumes,
l’environnement et l’histoire du pays dans lequel elle se trouve.
Ces lettres sont écrites dans la langue natale commune, qui a peu à voir
avec celle qui a été acquise dans tel ou tel pays. (Une pause, puis avec
humour :) Dans leur foyer, papa et maman savent où sont allés leurs
enfants ; ils lisent avec amusement, stupéfaction et émerveillement le
courrier de leur progéniture. Dans cette analogie simpliste, papa et maman
répondent à ces lettres — également dans la langue natale. À mesure que le
temps passe, cependant, le souvenir de cette langue se perd chez les enfants.
Papa et maman savent que les époques sont comme des lieux ou des pays,
mais leurs enfants commencent à l’oublier et à croire qu’ils sont beaucoup
plus séparés les uns des autres qu’ils ne le sont en réalité. Chacun a adopté
un « mode de vie indigène » différent. Papa et maman comprennent. Les
enfants ont oublié qu’ils peuvent se mouvoir à travers le temps aussi
facilement qu’à travers l’espace.
Accordez-nous un instant… Souvenez-vous que, dans cette analogie, les
divers enfants représentent vos ancêtres, vous-même et votre propre
progéniture. Ils explorent la contrée du temps. Maintenant, dans votre
monde physique, il est évident que la nature croît d’elle-même. Dans la
contrée du temps, celui-ci fait de même. Tout comme vous pouvez grimper
aux arbres et en descendre, en passant d’une branche à une autre en montant
et en descendant, vous pouvez de la même manière vous promener dans
diverses époques. À la maison, papa et maman le savent bien. Tout l’arbre
généalogique existe en même temps — mais ce n’est qu’un arbre unique
qui apparaît dans la contrée du temps. Il a des branches que vous
n’escaladez pas, que vous ne reconnaissez pas, et qui dès lors, ne sont pas
réelles pour vous. Il y a donc des arbres généalogiques probables. La même
chose est valable pour l’espèce.
(Une pause de près de deux minutes, commencée à 23 h 12.) Accordez-
nous un instant… Il y a des réalités alternatives et celles-ci existent
uniquement du fait de la nature des probabilités. Maintenant, accordez-nous
un instant…
Les potentiels du vrai moi sont tellement multidimensionnels qu’ils ne
peuvent être exprimés dans un seul espace ou temps. Toute personne qui en
aime une autre reconnaît le potentiel infini à l’intérieur de cette personne.
Ce potentiel a besoin d’opportunités infinies ; la vraie réalité du moi a
besoin d’une situation toujours nouvelle et changeante, car chaque
expérience l’enrichit et accroît donc ses possibilités. En masse, en vos
termes, la même chose est vraie de la race humaine. Papa et maman, dans
notre analogie, représentent le potentiel infini à l’intérieur d’une unité
fondamentale de conscience [UC].
Alors, pensez à vos ancêtres, à votre famille actuelle et à vos enfants, et
percevez en eux le vaste potentiel qui est là. Maintenant. Imaginez votre
espèce telle que vous la concevez, et ses capacités littéralement infinies
d’expression et de création, rien que dans les domaines dont vous êtes
conscients. Aucune dimension unique temporelle ou spatiale ne pourrait
contenir cette créativité. Aucun passé historique unique ne pourrait
expliquer ce que vous êtes maintenant en tant qu’individu ou en tant que
membre d’une espèce. Point.
Maintenant, accordez-nous un instant… Fin de la dictée.
(23 h 23. Une fois encore, Seth termine la soirée avec un peu de
matériau sur un autre sujet. Récemment, nous lui avons demandé de
conclure ainsi chaque session, jusqu’à ce que nous en ayons terminé avec
d’autres projets restés en attente. Fin à 23 h 33.)
SESSION 696
[1] Pour un matériau sur la famille de Jane, voir la session 679, y compris
les notes 4 et 8, ainsi que l’Appendice 1 en lien avec cette même
session.
[2] Seth a très brièvement parlé de ces feuilles de route dans le chapitre 20
de La Réalité personnelle — voir la session 672, après la pause de
22 h 28. Il avait conclu ce matériau en affirmant : « Un système de
contrôle et d’ajustement existe cependant, de manière à ce que, dans
certains rêves, vous vous rendiez compte de ces feuilles de route. Elles
peuvent vous apparaître, tout au long de votre vie, sous forme de rêves
récurrents d’une certaine nature — des rêves d’illumination ; et même
si vous ne vous en souvenez pas au réveil, vos objectifs s’en trouvent
fortifiés ou deviennent soudain plus clairs.
« Quand vous travaillez sur vos croyances, faites en sorte de découvrir
ce que vous pensez réellement de l’état de rêve, car si vous lui faites
confiance, il peut devenir un allié encore plus important, grâce à votre
coopération consciente. »
[3] Ce matériau de Seth m’a rappelé ce que Jane m’avait dit la semaine
dernière à propos de sa propre perception objectivée de l’information ;
voir ses notes citées dans la préface de la session 694 du 1er mai.
[6] Voir, entre autres, dans la Partie 1, la session 684 après 23 h 11, et la
session 686 de 21 h 55 à 23 h 26.
SESSION 697
(21 h 18.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée… Ces idéalisations [dont nous avons parlé dans la
dernière session] sont donc certains types de modèles psychiques,
apparaissant à des niveaux différents. En certains termes, elles deviennent
« l’idée » privée que la cellule a de sa propre croissance et de son
développement, une représentation vivante à l’intérieur de la cellule, en
termes d’informations physiques, une partie de sa structure. De telles
idéalisations procèdent de leur propre dynamique ; c’est-à-dire qu’elles se
développent dans le sens de leur plus grand épanouissement.
Les idéalisations elles-mêmes sont faites d’étoffe « consciente ». Ce ne
sont donc pas des données inertes [1]. La nature des probabilités détermine
le contexte dans lequel ces épanouissements peuvent prendre place, et
« structure » les développements vivants. La structure des probabilités
fournit d’une part un système de barrières, dans lequel une croissance
pratique n’est pas choisie ou pas signifiante, et d’autre part, elle assure un
environnement sûr, créatif et riche — une réalité — dans lequel
l’idéalisation peut choisir, parmi une variété pratiquement infinie d’actions
possibles, celles qui correspondent le mieux à son propre épanouissement.
Dans tout système, l’idéalisation a déjà accepté certains types
d’évènements comme étant signifiants et en a rejeté d’autres (tout aussi
probables) comme étant non signifiants. Ceci fournit simplement une
focalisation opérationnelle dans laquelle l’accomplissement et l’expérience
peuvent prendre place.
(21 h 27.) En termes simples, vous n’allez pas essayer d’accomplir
quelque chose que vous croyez impossible au sein de votre conception de la
réalité. L’esprit conscient, avec son intellect considéré comme normal, est
censé évaluer la faisabilité d’une action donnée, à l’intérieur de votre
monde. Vous ne voyez, littéralement, que ce que vous voulez voir [2]. Si
l’espèce avait cru que voyager dans l’espace était impossible, vous ne
voyageriez pas dans l’espace. Cela étant, si un individu croit qu’il lui est
littéralement impossible de voyager du bout d’un continent à l’autre, de
changer de travail, ou d’accomplir un acte quel qu’il soit, alors l’acte
devient impossible dans la pratique. Dans l’esprit de cette personne,
l’idéalisation d’un mouvement ou d’un changement peut certes être niée à
un moment donné — mais elle va néanmoins chercher à s’exprimer à
travers l’expérience. Ceci s’applique aussi bien à l’espèce qu’à l’individu.
Comme vous êtes maintenant une espèce consciente, en vos termes, il y a
des idéalisations raciales que vous pouvez accepter ou nier à tout moment.
Souvent, à votre niveau particulier de développement en tant qu’espèce,
elles apparaissent d’abord dans votre monde sous forme de fiction, d’art ou
de soi-disant pure théorie.
Les pensées ont leur propre type de structure, comme les cellules, et
elles cherchent leur propre accomplissement. Elles se développent en tant
que pensées, et vous, en tant qu’espèce, vous avez un corps massif intérieur
de pensées. Sur le plan personnel, vos pensées sont des expressions de vos
idéalisations ; et tout en exprimant ces modèles intérieurs, elles les
modifient aussi et les changent de façon créative.
Chaque cellule de votre corps est, dans une certaine mesure, modifiée
par chacune de vos pensées. Chaque réaction de vos cellules modifie votre
environnement. Le cerveau répond alors à la modification. Il y a un échange
constant. Tout comme les cellules répondent, à certains niveaux, aux
courants constamment changeants de probabilités, vos pensées font de
même. Votre corps réagit comme vous pensez qu’il le devrait, et vos
croyances conscientes concernant la réalité ont donc beaucoup à voir avec
les expériences probables que vous acceptez comme faisant partie de votre
vie intime.
La feuille de route personnelle qui est la vôtre à la naissance est en
certains termes beaucoup plus vaste que toute matérialisation physique
qu’elle serait susceptible de produire dans votre espace et votre temps. Ceci
vous offre des zones de choix, vous donne une capacité à manœuvrer, et
induit la « possibilité » de myriades d’activités probables. Vous êtes le juge
et vous avez le dernier mot à cet égard, de sorte que, à mesure que vos idées
changent, que vous avancez vers un moi probable et décidez qu’il est votre
moi officiel [3], vous disposez toujours d’une riche banque d’actions
probables parmi lesquelles choisir. Si ce n’était pas le cas, vous n’auriez
aucun choix. La même chose s’applique à l’espèce. Maintenant, accordez-
nous un instant…
(21 h 45. Une pause qui dure largement plus d’une minute.) Vos
décisions actuelles d’accepter une ligne spécifique de conscience comme
étant réelle, et d’en ignorer d’autres, rendent ces concepts difficiles à
comprendre. Vous vous exercez vous-même — même biologiquement — à
inhiber certains stimuli ; pourtant, votre corps répond souvent à ces stimuli
que vous ignorez consciemment. En ouvrant votre esprit à de nouveaux
types de signifiances, cependant, vous pouvez commencer à entrevoir
d’autres ordres d’évènements [4] qui vous concernent très intimement.
Souvent, par exemple, vous gérez très bien des probabilités, tout en y
restant consciemment aveugles à cause de vos concepts. Même alors, à
d’autres niveaux, votre réaction inconsciente va cependant suivre vos
propres intentions conscientes. Vous pouvez faire un geste dans la vie
physique, par exemple, apparemment sans raison. Vous pouvez aussi réagir
inconsciemment à des données tout à fait pertinentes à propos d’actions
probables d’autrui. Comme vous n’acceptez pas vraiment et totalement le
fait que vous pouvez réagir ainsi, vous risquez d’une part de bloquer cette
information non officielle, tout en la prenant d’autre part en considération.
Dans les domaines qui vous préoccupent, vous vous rendez beaucoup plus
compte du futur probable que vous ne le réalisez. Ceci est vrai à tous les
niveaux. Si vos objectifs n’impliquent pas d’être affecté par une maladie par
exemple, et si vous croyez pourtant à la contagion, vous allez
automatiquement éviter des circonstances susceptibles de vous exposer à
des épidémies. En termes de probabilités, ce type particulier de situation
n’entrera pas dans votre expérience.
Accordez-nous un instant… Tout ceci s’applique en masse, par exemple
en termes de maladies récurrentes dans l’espèce.
Faites votre pause.
(22 h. Jane dit qu’un bruit dans la maison a interféré avec sa transe
vers la fin de sa transmission, puis elle ajoute que, de toute façon, elle
n’était pas au mieux de sa forme, ce soir. Pour ce que je peux en dire,
cependant, ni le bruit ni ses sensations n’ont eu la moindre influence sur le
matériau. Reprise tranquillement à 22 h 14.)
J’aurai plus à dire sur les maladies, les épidémies et les désordres
collectifs, dans ce livre.
La conscience, de par sa nature, est en expansion continuelle. La nature
de la conscience, telle que vous la comprenez en tant qu’espèce va, d’une
façon ou d’une autre, vous conduire au-delà de vos idées limitées de la
réalité, car votre expérience va mettre en place des défis qui ne peuvent être
résolus dans votre contexte actuel. Ces problèmes mis en place par un
niveau de conscience vont automatiquement provoquer des percées dans
d’autres domaines de l’activité consciente, où des solutions peuvent être
trouvées.
Beaucoup de vos dilemmes globaux ne semblent si désespérés que
parce qu’en ces domaines-là, vous êtes allés aussi loin que vous pouviez
aller — sans évoluer. Les problèmes agissent comme des stimuli, à cet
égard. Cela ne veut pas dire que vous devez nécessairement faire
l’expérience de désastres. Ceux-ci ne sont pas préordonnés. Cela signifie
que vous avez opté pour certaines expériences, mais que celles-ci vont
automatiquement conduire à davantage de développement créatif si vous le
leur permettez. L’idéalisation est une idéalisation de fraternité, en termes de
votre espèce. Biologiquement, en vos termes, une telle « fraternité » opère
instinctivement dans la coopération des cellules du corps, lorsqu’elles
fonctionnent ensemble pour former la structure corporelle individuelle.
Depuis votre point de vue, vous ne pouvez apprécier la forte individualité
de chaque cellule. Vous prenez comme allant de soi que, puisque les
cellules fonctionnent si bien ensemble, elles n’ont pas d’unicité personnelle.
En d’autres termes cependant — en termes de société —, vous devez
encore parvenir au même type de fraternité spirituelle que celle de vos
cellules ; et donc, vous ne comprenez pas que l’expérience de votre monde
est intimement liée à votre propre expérience. Si vous vous brûlez les
doigts, cela vous fait mal immédiatement. Votre corps entame
instantanément une action coopérative, où des ajustements sont effectués
pour que la blessure commence à guérir. Si une partie de l’espèce a mal, il
faut peut-être un peu de temps avant que « vous » ressentiez la douleur,
mais tout le mécanisme inconscient de l’espèce va essayer de guérir la
blessure. Consciemment, vous pouvez faciliter ce développement-là et
accepter votre fraternité avec tous les autres êtres vivants. La guérison aura
lieu beaucoup plus rapidement si vous le faites. Une fraternité biologique
existe, une empathie intérieure à des niveaux cellulaires, reliant tous les
individus de l’espèce les uns aux autres. Ceci est le résultat d’une
idéalisation biologique. Elle existe dans toutes les espèces et les relie
toutes.
L’espèce souffre quand l’un de ses membres meurt de faim ou de
maladie, tout comme une plante entière souffre si un groupe de feuilles est
« malheureux ». De la même façon, tous les membres de l’espèce retirent
un bienfait du bonheur, de la bonne santé et de l’épanouissement de l’un des
individus qui la composent. L’homme peut se rendre compte du vaste
espace de probabilités dans lequel il existe, et donc choisir consciemment
celles qui conviennent le mieux aux idéalisations qui pointent vers son plus
grand épanouissement.
Une partie de l’espèce ne peut pas croître ou se développer pendant très
longtemps aux dépens des autres parties.
(22 h 36.) Accordez-nous un instant… Une photographie est, dans une
certaine mesure, la matérialisation d’une idéalisation portée à un certain
degré. À un autre niveau, votre corps et votre expérience sont un
accomplissement beaucoup plus riche, une matérialisation vivante
actuellement vécue. La représentation de votre monde en est encore une
autre.
EXERCICE PRATIQUE 8
[3] La note 2 de la session 695 énumère certaines des façons dont Seth
emploie les termes « officiel » et « officiellement », en lien avec nos
idées quant à la réalité physique.
[4] Dans Adventures, voir le chapitre 15, intitulé : L’ordre intérieur des
événements et perceptions « non officiels ».
SESSION 698
(La session normalement prévue pour mercredi dernier n’a pas eu lieu
à cause de l’état très détendu de Jane. Depuis environ deux semaines, elle
apprécie souvent de se laisser ainsi aller. Vendredi, cependant, pendant
qu’elle était dans un état modifié de conscience, elle s’est branchée sur un
matériau à propos de Seth, des rêves et des autres espèces de conscience ;
elle appelle cela The Wonderworks****** et le lecteur en trouvera des
extraits à l’Appendice 11.
Jane a été d’humeur nonchalante pendant la plus grande partie de la
journée, pourtant après le dîner, elle me dit qu’elle veut tenir une session ce
soir. À 21 h 15, alors que nous sommes assis à attendre, elle reçoit de la
part de Seth le premier signe que la session va avoir lieu. « Et elle portera
sur le livre… Je n’ai pas l’habitude d’être si détendue avant de commencer,
néanmoins… » La session va être très courte et, contrairement aux attentes
de Jane, Seth en consacrera la moitié à Jane en personne. J’avais préparé
deux questions, suscitées par le matériau de La Réalité « inconnue », mais
il me faudra les remettre à la prochaine fois.
21 h 28.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Ces feuilles de route pour des réalités sont relativement
invisibles parce que vous vous êtes autorisés à oublier leur existence.
Pour poursuivre certains buts, vous avez prétendu qu’elles n’existaient
pas. Maintenant, cependant, votre situation globale en tant qu’espèce exige
de réacquérir certains « arts anciens ». Ceux-ci peuvent vous aider à vous
rendre compte à nouveau de ces idéalisations intérieures qui forment votre
réalité personnelle et votre monde collectif. Ils peuvent vous permettre de
vous familiariser avec d’autres ordres internes d’évènements et le riche
gisement de probabilités d’où émerge votre existence physique.
Ces arts sont inutiles s’ils ne sont pas pratiqués — inutiles en ce sens
qu’ils demeurent toujours latents et ne sont pas mis en valeur dans le
contexte extérieur de votre monde. Pour cultiver ces arts, vous devez
d’abord reconnaître le fait que, sous le monde que vous connaissez, il y en a
un autre ; que, parallèlement à la focalisation de conscience qui vous est
familière, il y a d’autres focalisations tout aussi légitimes.
Vous rêvez, chacun de vous rêve, mais il y a peu de grands artistes du
rêve. Bon nombre des vrais objectifs des rêves [1] ont été oubliés, même si
ces objectifs sont encore en train d’être réalisés. L’art conscient de créer, de
comprendre et d’utiliser les rêves a été largement perdu ; et la relation
intime entre la vie quotidienne, les évènements du monde et les rêves est
presque totalement ignorée. Le « futur » de l’espèce s’élabore dans les rêves
personnels et collectifs de ses membres, mais ceci n’est jamais pris en
considération non plus. Les membres de certaines civilisations anciennes,
dont les Égyptiens, savaient comment diriger consciemment leur activité
onirique, comment explorer plus à fond divers niveaux de réalité du rêve
jusqu’à parvenir aux sources de créativité, et ils étaient capables d’utiliser
ce matériau source dans leur monde physique [2].
(21 h 41.) Votre vie cellulaire est modifiée par vos rêves. Des guérisons
peuvent survenir dans l’état de rêve, où des évènements, dans un autre
ordre d’existence, modifient les cellules elles-mêmes. Ruburt a exploré la
réalité des niveaux de rêve [3], et ce faisant, il commence à entrapercevoir
leur signifiance. Jusqu’à un certain point, chaque lecteur peut entreprendre
de tels voyages personnels. Ces expéditions oniriques éclaireront vivement
la nature de son expérience personnelle quotidienne, et lui permettront de
connaître personnellement de quelles façons opèrent les probabilités.
Accordez-nous un instant… J’ai dit précédemment dans ce livre que le
monde que vous connaissez procède d’une imprévisibilité fondamentale, à
partir de laquelle des signifiances émergent ensuite [4]. Aucun système de
réalité n’est fermé. Le fil particulier d’actions probables que vous pouvez
appeler votre expérience officielle ne se contente pas de se balancer là, dans
l’espace et dans le temps — il s’entrecroise avec d’autres fils semblables
que vous ne reconnaissez pas. Dans l’état de veille, l’esprit conscient doit se
focaliser de façon plutôt exclusive sur ce point particulier de concentration
que vous appelez la réalité, simplement de manière à pouvoir diriger
correctement vos activités dans la vie temporelle. Il est cependant
parfaitement équipé aussi pour vous diriger jusqu’à un certain point dans
d’autres niveaux de réalité, quand il n’est pas requis pour des tâches
spécifiques visant à assurer votre survie.
Comme, dans le passé, vous vous êtes convaincus vous-mêmes que
l’esprit conscient devait par nécessité être coupé de la réalité intérieure,
vous pensez qu’il doit être étranger à l’état de rêve. En suivant de telles
croyances, vous êtes amenés à considérer le rêve comme quelque chose de
chaotique, de déraisonnable, et de complètement séparé de vos orientation,
fonction et objectif conscients et normaux. Il semble souvent que le
sommeil soit presque une petite mort, et les psychologues ont comparé le
rêve à une folie contrôlée [5]. Il y a un tel divorce entre votre expérience à
l’état de veille et celle du rêve qu’il vous semble avoir des vies
« séparées », et qu’il y a peu de connexions entre les heures où vous rêvez
et celles où vous êtes réveillés. La riche trame des actions probables à partir
desquelles vous choisissez votre vie officielle devient tout aussi invisible.
Ceci n’est pas du tout nécessaire.
Faites votre pause.
(21 h 56. Voir les notes au début de la session. Comme il a été dit, Seth
revient après la pause pour expliquer les raisons de l’excellent état de
relaxation de Jane. La plus grande partie de son matériau n’est pas
retranscrite ici, disons simplement que cela concerne le travail effectué par
Jane sur les défis que représentent ses symptômes physiques [décrits dans
la note 8 de la session 679 dans la Partie 1]. À mesure qu’elle commence à
comprendre de plus en plus ses propres systèmes de croyances, son état
physique continue de s’améliorer graduellement. Dans la partie
personnelle de cette session, Seth explique donc comment son état bénéfique
« actuel a commencé à l’état de rêve, la nuit dernière, puis s’est renforcé ce
matin et plus encore quand Ruburt se relaxait juste avant la session… Ses
rêves [récents] lui procurent aussi davantage d’assurance ; et pendant que
Ruburt rêve, ses états corporels sont modifiés — chose que les médecins ne
reconnaissent pas. »
Cette dernière affirmation de Seth a à voir avec l’argument qu’il a
avancé, selon lequel « des hormones sont aussi automatiquement libérées
dans le système, encourageant des périodes qui peuvent être d’activité ou
d’apaisement, en fonction des phases spécifiques du processus [global] de
guérison. Les rêves permettent un échange régulier entre l’activité
consciente et celle soi-disant inconsciente. C’est également un temps de
profonde créativité inconsciente… »
Fin à 22 h 43.)
[2] Récemment, nous sommes tombés dans nos lectures sur un matériau
qui au moins donne un indice de ce que Seth nous dit ici.
[3] Voir les notes sur l’activité onirique croissante de Jane, à la fin de la
session 696. Sa vie onirique très active, avec les comptes rendus
quotidiens qu’elle en fait et ses interprétations, se poursuit. Elle a
accumulé une bonne quantité d’informations. (Je rappelle au lecteur
qu’il peut se reporter à l’Appendice 11.)
[4] Seth a parlé de l’imprévisibilité fondamentale d’où proviennent toutes
les signifiances, dans les sessions 681 et 682 de la Partie 1. Après la
pause à 23 h 47 dans la session 681, il a incorporé cette ligne dans son
matériau : « Du lit “chaotique” de vos rêves découle votre action
ordonnée quotidiennement organisée. »
[5] Une note ajoutée plus de cinq mois plus tard. Seth a répondu à la
question lors de la session 718, Partie 5 dans le tome 2.
[2] Puisqu’à partir d’ici, Seth emploie le masculin pour parler des
représentants de l’espèce humaine, je suggère au lecteur de se reporter
à la note 5 de la session 696, dans la partie 3.
[3] Note ajoutée par la suite : Seth n’a malheureusement pas tenu sa
promesse de développer cette idée des lieux de rencontre dans les rêves
et de leurs symboles.
(Ce soir, après le dîner, j’ai fini de taper la session de mercredi dernier ;
Jane a eu juste le temps de la lire avant que nous nous préparions, à
20 h 50, pour la session de ce soir.
21 h 17.
À voix plutôt basse.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Accordez-nous un instant… Nous parlons doucement pour
maintenir Ruburt dans un état particulier — mais (avec humour et en se
penchant en avant) nous n’allons pas murmurer.
(Une longue pause.) L’extériorité du monde physique est donc reliée à
une « intériorité » multidimensionnelle. Le monde extérieur est projeté au-
dehors dans une réalité qui est en adéquation avec vos croyances, intentions
et désirs conscients. Il est important que vous vous souveniez de cette
position de l’esprit conscient quand vous y pensez. Chaque expérience
physique est unique, et bien que sa création et l’énergie qui l’anime
viennent de l’intérieur, la qualité originale, personnelle et cependant
partagée, de cette expérience ne pourrait pas exister de la même façon
(avec plus d’insistance) si elle n’était pas si extériorisée.
L’extériorisation a donc un but et une signification majeurs, et elle
induit une forme d’expression différente. C’est pourquoi, bien que, dans ce
livre, j’insiste sur l’importance de la réalité intérieure, je ne nie en aucune
manière la grande validité et le grand dessein de l’expérience terrestre.
Tous les exercices de ce livre devraient vous aider à enrichir cette
expérience et à en comprendre le cadre et la nature. Aucun d’entre eux ne
doit être utilisé pour essayer « d’échapper » aux implications afférentes à
votre réalité terrestre.
Nouveau paragraphe. Néanmoins, les feuilles de route demeurent à
l’intérieur. Accordez-nous un instant… Très prochainement, nous en aurons
plus à dire sur notre scientifique de l’art du rêve (voir la dernière session) ;
pourtant, il existe aussi d’autres moyens importants qui pourraient servir à
étudier la nature de la réalité. Il y en a un en particulier qui, en soi, ne fait
pas entrer en jeu l’état de rêve. Il implique cependant une manipulation de
la conscience. Dans une certaine mesure, il consiste à s’identifier à ce qui
est étudié au lieu d’en être séparé.
Accordez-nous un instant… Bien que connecté à votre civilisation,
l’homme Einstein [1] est peut-être celui qui a approché cela de plus près, car
il a été capable de s’identifier très naturellement aux diverses « fonctions »
de l’univers. Il a su écouter la voix intérieure de la matière. Il a été
intuitivement et émotionnellement conduit à ses découvertes. Il s’est arc-
bouté pour contrer le temps et l’a senti fléchir et vaciller.
Le vrai physicien [mental] [2] est un explorateur intrépide — qui ne
s’attaque pas à l’univers avec de petits outils, mais permet à sa conscience
de franchir les nombreuses portes ouvertes que l’on peut découvrir sans
instrument, mais avec l’esprit.
Votre propre conscience, telle que vous y pensez, telle qu’elle vous est
familière, peut en fait vous aider à accéder à une meilleure compréhension
de la nature simultanée du temps [3], si vous le lui permettez. Souvent, vous
utilisez des outils, des instruments et tout un attirail — mais ceux-ci ne
perçoivent pas le temps en ces termes-là. Vous, oui. Étudier votre propre
expérience consciente du temps vous en apprendra bien davantage. Point.
(Une pause à 21 h 40. La voix de Jane a peu à peu pris du volume,
jusqu’à atteindre un niveau à peu près normal.)
EXERCICE PRATIQUE 9
[2] Deux semaines après cette session, j’ai ajouté le terme « [mental] » à
l’expression de Seth « le vrai physicien » parce que, dans les trois
sessions suivantes, il va faire référence aux « physiciens mentaux ».
[3] Note ajoutée cinq mois plus tard. Pour certaines remarques antérieures
de Seth à propos du temps, voir les extraits de la session 14 (du
8 janvier 1964), au chapitre 4 du Matériau de Seth. J’ai cité quelques
lignes de cette même session dans les Notes préliminaires de ce livre
(ainsi qu’à la fin de la session 724 du volume 3 de La Réalité
« inconnue ») et j’y ai évoqué également certaines idées en lien avec
nos tentatives pour comprendre le concept de temps simultané, tel que
Seth le présente. Les Notes préliminaires de ce premier tome
contiennent aussi un autre matériau pertinent, portant sur les temps de
transe durant lesquels Jane produit les livres de Seth.
[2] (Pour voir comment Seth a employé le terme « camouflage » dans les
sessions antérieures, se reporter à la note 3 de l’Appendice 11.)
Le matériau de Seth portant sur une technologie et une science
conduisant aux réalités intérieures me rappelle deux exemples dont j’ai
récemment pris conscience à travers mes lectures. Le premier fait entrer
en jeu une réalité intérieure plus intime que le second, mais tous deux
soulèvent des questions intéressantes. Chaque lecteur peut
probablement citer des exemples similaires.
(Cependant, comme je l’écris dans l’Appendice 1, « ce qui m’intéresse,
ce n’est pas de dénigrer notre technologie, mais d’indiquer des facteurs
intérieurs coexistants qui, j’en suis sûr, sont tout aussi importants ».)
Mon premier exemple a trait au développement des appareils de
biofeedback dans les années 1960. Avec l’un d’entre eux, l’individu
devait apprendre à contrôler, lorsque c’était nécessaire, sa tension
artérielle, ou un certain nombre d’autres fonctions involontaires du
corps. Il ne fait aucun doute qu’un tel procédé est un exemple de la
« technologie bienveillante » mentionnée par Seth à la fin de la dernière
session ; nous comprenons aujourd’hui que les premiers éloges en
faveur du biofeedback étaient très exagérés. Dans un contexte plus
raisonnable, cette technique trouvera sûrement sa place dans nos
systèmes médicaux, mais, dans chaque cas, ce que nous apprendrons
nous montrera à coup sûr la nécessité de comprendre nos réalités
individuelles intérieures ; qu’est-ce qui, par exemple, a causé au départ
une tension élevée, ou tout autre symptôme ?
Mon deuxième exemple est tiré de la lecture d’un livre récent sur
l’astronomie. L’auteur y explique les diverses théories sur l’origine de
notre univers observable, avec ses planètes, galaxies, quasars, etc., et
les éléments qui confirment ou infirment chacune d’entre elles.
Pourtant, quand arrive la question de ce qu’il y avait avant l’avènement
de notre univers (ou de son existence « depuis toujours »), on nous dit
que la science ne s’occupe pas des origines et des fins ultimes ; on nous
renvoie aux domaines de la théologie et/ou de la philosophie pour y
trouver d’éventuelles réponses.
Il est étrange, mais inévitable selon moi, de constater que l’esprit
conscient, en développant des disciplines telles que le biofeedback et
l’astronomie (pour prendre les deux exemples cités) se trouve forcément
reconduit à ses propres sources intérieures.
[3] Quatre petites notes, dont les deux dernières ont été ajoutées par la
suite et sont des extraits puisés dans les tomes 2 et 3 de La Réalité
« inconnue ».
[5] Dans la dernière session, voir le matériau sur Einstein, ainsi que les
notes 1, 5 et 7 ; se reporter à la session 684 pour le matériau sur les
activités et fluctuations multidimensionnelles des UC (ou unités de
conscience) de Seth, des électrons et des autres phénomènes de ce
genre ; et à propos de la science, des atomes probables et de
l’imprévisibilité fondamentale qui est sous-jacente à tous les systèmes
de réalité, voir la session 681 et la note 7 en particulier. Dans cette
même session, Seth offre également un commentaire sur le vocabulaire
qu’utilise Jane, comme il le fait après la pause de ce soir.
[6] Dans la session 681, Seth affirme : « Les atomes peuvent se mouvoir
dans plus d’une direction à la fois. » Dans la note 7 de cette session,
j’ai écrit qu’en tant qu’artiste peintre, ma réaction intuitive à cette
affirmation avait été d’associer la capacité multidirectionnelle de
l’atome aux notions de Seth concernant le temps simultané et les
probabilités. Puisque les électrons sont les particules ou processus en
mouvement autour du noyau de l’atome, je fais maintenant à leur égard
la même association. Ainsi, selon Seth, nous avons une danse
extrêmement complexe et profonde d’unités ou essences — un
comportement qu’il n’est pas vraiment aisé de traduire en mots.
Dans la session 688 de la Partie 2, voir le matériau sur le temps et le
mouvement des UC, ou unités de conscience, vers l’avant, l’arrière,
l’intérieur et l’extérieur.
Les physiciens ont commencé à parler du spin des électrons en 1925 ;
peu de temps après, ils ont envisagé le spin des composants du noyau
lui-même. Ce spin n’est pas le mouvement orbital de l’électron autour
d’un noyau mais, très brièvement, il s’agit davantage d’une mesure du
champ électromagnétique de l’électron.
L’inversion du temps, la symétrie des particules, l’équivalence de
l’espace et du temps sont des principes de la physique relativiste et de
la théorie quantique. Dans le matériau dont je dispose dans mes
dossiers, je n’ai jamais trouvé à propos du spin des électrons la moindre
évocation des idées de Seth concernant : a) un spin d’électron inversé et
une inversion résultante du temps ; b) des électrons tournoyant
simultanément dans une multitude de directions (à supposer que nous
puissions saisir une telle situation). Les concepts de ce type, en lien
avec le spin des électrons, sont peut-être traités dans les ouvrages de
physique, mais ils ne me sont pas familiers et demeurent hors de portée
de ma compréhension limitée. Je suis sûr aussi qu’en termes ordinaires,
Jane ne connaît rien de tout cela.
Disons plutôt qu’après la pause, le matériau de Seth s’est développé sur
la base de la compréhension intuitive et mystique de Jane,
compréhension selon laquelle l’espace et le temps s’entremêlent.
SESSION 703
[1] Alors qu’il parlait des probabilités et des unités de conscience, dans la
session 682 de la Partie 1, Seth nous a dit : « L’idée d’un univers
unique est fondamentalement un non-sens. Il faut voir votre réalité
dans sa relation aux autres. Sinon, vous êtes toujours rattrapé par des
questions telles que : “Comment l’univers a-t-il commencé ?”, ou
“quand prendra-t-il fin ?” Tous les systèmes sont constamment en train
d’être créés. »
Voir aussi le matériau sur l’astronomie et les origines dans la note 2 de
la session 702.
[5] Voir dans la session 686 de la Partie 1 la note écrite à 23 h 26, et celle
située au début de la session 694 dans la Partie 2.
[6] Note ajoutée par la suite. Il s’avère, bien sûr, qu’il n’y a pas de premier
grand volet dans ce livre. Au lieu de cela et comme je l’ai expliqué dans
mes Notes préliminaires, Jane et moi avons décidé de publier les trois
premières parties sous la forme d’un premier tome.
SESSION 704
(21 h 27.)
Maintenant — bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Avec de nombreuses pauses.) Dictée… La réalité inconnue, l’homme
probable, les rêves, le spin des électrons, les feuilles de route pour la
réalité — toutes ces choses sont intimement liées.
Vos vies quotidiennes personnelles sont touchées, modifiées et créées à
partir des interrelations qui existent entre ces phénomènes. Alors, bien sûr,
votre monde collectif en est lui aussi transformé. Vous avez votre libre
arbitre et, d’une certaine manière, on peut dire que celui-ci dépend de la
nature des probabilités et du comportement multidimensionnel des
électrons [1].
L’imprévisibilité ne signifie pas le chaos. Tout ordre émerge des
éléments créatifs de l’imprévisibilité. En fait, le comportement de tout objet
dans votre univers est « prévisible » uniquement parce que vous vous
concentrez sur une partie infime de sa réalité [2]. L’imprévisibilité assure la
singularité, et elle est l’opposé d’un mouvement prédéterminé. La grande
saga de l’activité physique reconnue provient d’une dimension vaste, non
reconnue et non prévisible, où une complète liberté est accordée aux
probabilités.
Il faut bien saisir les implications pratiques de ce qui précède : aucun
cours n’est irrévocablement établi ou à l’abri d’un changement. Dans le
contexte limité de vos opérations habituelles, de soi-disant prévisions [3]
sont néanmoins possibles. Elles seront exploitables jusqu’à un certain
point. Toutefois, en termes plus profonds, toute action est susceptible de
voir son cours modifié. La réalité inconnue est la source de celle qui est
connue. Alors, si vous voulez « découvrir » comment les choses
fonctionnent, votre voyage doit à terme vous conduire dans les dimensions
qui se trouvent à l’intérieur du monde que vous connaissez.
Vous devez donc explorer la psyché, la conscience vivante. Cela vous
mènera à l’intériorité. Il ne s’agit pas d’une entreprise qui serait dépourvue
de tout aspect pratique, elle est au contraire extrêmement pratique, dans
tous les domaines. Scientifiquement, de telles études vous permettraient
d’élargir considérablement vos concepts, si bien qu’une technologie
bienveillante pourrait suivre les plus beaux contours de l’esprit, s’élevant
sur les sommets naturels des capacités humaines pour s’épanouir plus
facilement.
La médecine soutiendrait de manière douce et experte les processus de
guérison, car elle comprendrait pleinement le grand être émotionnel de la
psyché et ses besoins. L’apprentissage s’appuierait sur la connaissance
intérieure latente du moi subjectif, et l’aiderait à se concevoir lui-même en
termes de vie physique. L’état de rêve serait perçu comme une fontaine
intarissable d’informations. Des efforts pourraient alors être accomplis pour
comprendre et interpréter le symbolisme de l’individu, et chacun pourrait
apprendre à tirer parti de ses propres données intérieures pour enrichir sa
vie personnelle et aider la communauté.
Je me rends compte qu’une part de tout ceci semble « rétrograde », car
je vais jusqu’à suggérer une situation dans laquelle des politiciens ou des
hommes d’État apprendraient à « rêver avec sagesse » — et deviendraient
conscients de la psyché, la psyché collective, de leur peuple, et se mettraient
à l’écoute de leur « oracle personnel ».
Maintenant, pour beaucoup de gens, tout cela ne semble certainement
pas scientifique et, pourtant, la plupart de mes lecteurs ont déjà adopté une
version différente de la nature de la science, sinon ils ne seraient pas en
train de lire ce livre. L’oracle personnel : qu’est-ce que cela signifie ? Et
qu’est-ce que cela a à voir avec la réalité inconnue ? Plus encore, qu’est-ce
que cela a à voir avec le monde concret ? L’oracle privé est la voix du moi
intérieur multidimensionnel — la part de chaque personne qui n’est pas
totalement contenue dans sa personnalité, la part de la structure de soi,
inconnue, d’où jaillit la personnalité, avec son alliance physique.
Fondamentalement, cette partie de la psyché est extérieure à l’espace et au
temps, tout en vous permettant d’opérer en eux [4]. Elle a intimement à voir
avec les probabilités — (d’une voix plus forte) la source de toute action
prévisible.
Du fait de sa position, elle possède de grands pouvoirs de
communication, aussi bien en tant que récepteur qu’émetteur.
Malheureusement, la science telle qu’elle s’est développée à votre époque
se solde par une méfiance de l’individu et lui a inculqué un sentiment
subjectif d’impuissance, tout en lui donnant un prétendu sentiment de
pouvoir objectif. Je dis qu’elle a apporté un prétendu sentiment de pouvoir
objectif (avec insistance et une élocution rapide). Vos techniques
sophistiquées vous permettent, par exemple, de dire que les conditions sont
réunies pour qu’il se produise une tornade, et celle-ci sera sous surveillance
(comme cela a été le cas, il n’y a pas longtemps, dans notre région
d’Elmira) ; ou bien vos instruments capteront les légers frémissements d’un
séisme et, en suivant les lignes de faille, vous « prédirez » qu’un
tremblement de terre aura lieu dans une autre région. Vous avez donc
l’impression d’avoir un certain pouvoir sur votre environnement. Chaque
individu peut alors se préparer en vue d’un désastre potentiel. Il paraît que
vous êtes capables d’ensemencer des nuages avec des produits chimiques et
de faire tomber la pluie si nécessaire, exerçant ainsi un pouvoir tout à fait
concret sur l’environnement. Vous croyez avoir besoin d’un attirail
scientifique pour parvenir à ces fins — pourtant beaucoup d’animaux
détectent ces mêmes phénomènes sans instruments. Le genre humain lui-
même est équipé de façon innée pour « prévoir » de tels désastres
potentiels.
L’organisme physique lui-même l’est aussi. La pression sanguine
s’élève dans des populations entières — des signaux hormonaux de stress
sont activés, mais on ne vous a pas appris à reconnaître ces avertissements
naturels. Il y a un échange constant entre toutes les parties de la nature.
Vous êtes aussi naturels qu’un animal, et aussi « branchés » sur les rythmes
profonds de la terre — ceux que vous percevez consciemment et ceux qui
sont perçus par votre conscience corporelle, mais qui sont écartés par le
filtre de « l’esprit officiel ».
Je suis simplement en train de vous suggérer de devenir plus naturels.
Comme la science a dressé une barrière efficace contre cette approche, le
pouvoir semble résider dans des gadgets plutôt que dans l’homme.
L’homme ne s’identifie plus à une tempête, par exemple, il a perdu son sens
de la relation qu’il a avec elle, et donc son pouvoir naturel sur elle. Il en va
de même pour les tempêtes de la psyché. Le scientifique de l’art du rêve, le
vrai physicien mental, le médecin complet — ces désignations représentent
les types de formation qui pourraient vous permettre de comprendre la
réalité inconnue, et donc celle qui est connue, et de vous rendre ainsi
compte des feuilles de route qui existent derrière l’univers physique. Il faut
bien sûr goûter pour savoir. D’une façon générale, il semble que vos
techniques fonctionnent la plupart du temps. Prenons la médecine, par
exemple.
(22 h 16.) Vos médecins peuvent mettre en avant les vies sauvées par
une technologie sophistiquée. Vous pouvez citer des maladies enrayées
grâce à des injections ou d’autres moyens préventifs, comme la prise de
vitamines ou des mesures sanitaires. Suggérer que l’individu est
naturellement et efficacement protégé contre tous les types de maladies ou
d’affections relève, semble-t-il, de la plus grande stupidité. (Une longue
pause.) Pratiquement tout le monde peut nommer un membre de sa famille,
ou un ami, mort il y a trente ou quarante ans d’une maladie que vous
pouvez parfaitement vaincre aujourd’hui. Il semble que ces vies aient été
sauvées avec les procédures modernes. Dans votre société, un bilan de santé
est indispensable de temps à autre.
À nouveau, beaucoup de personnes peuvent faire avec gratitude l’éloge
d’un docteur qui a découvert « à temps » une condition propice à une
maladie, de sorte que les mesures efficaces ont été prises et que celle-ci a
été éliminée. Bien sûr, vous ne pouvez pas savoir avec certitude ce qui se
serait passé autrement. Vous ne pouvez pas savoir avec certitude ce qui se
serait passé pour des personnes qui voulaient mourir. Si elles n’étaient pas
mortes de la maladie, elles auraient peut-être succombé à un autre mal : un
accident, une guerre ou une catastrophe naturelle.
Elles auraient pu « guérir » avec ou sans traitement, et continuer à
mener des vies productives. Vous n’en savez rien. Si vous guérissez d’une
maladie un homme ou une femme qui est prêt(e) à mourir, il ou elle va
rapidement en contracter une autre, ou trouver un autre moyen de réaliser
son désir. La question dans ce cas-là est liée à son désir de vivre et à des
mécanismes de sa psyché. Le médecin complet s’efforcerait de comprendre
les mécanismes intérieurs de la vitalité et apprendrait à les stimuler le
mieux possible.
Il tenterait de déterminer les schémas de la psyché et de les suivre. Il
encouragerait le patient à se mettre à l’écoute de son oracle personnel afin
de s’assurer de ses propres buts dans la vie physique et de renforcer sa
puissance spirituelle. Le médecin complet serait un individu [homme ou
femme] en excellente santé, et qui comprendrait donc lui-même les
dynamiques particulières qui opèrent entre la vitalité spirituelle et le bien-
être physique. (Avec insistance.) Cela serait sa spécialité.
Nous parlons ici d’une situation quelque peu idéale, selon votre point de
vue. Pourtant, vous n’apprendrez pas les mécanismes de la santé en
séjournant dans un hôpital. Vous pourrez certes être soigné d’une maladie
particulière, mais tant que vous n’en apprendrez pas plus sur les
dynamiques de votre être, vous succomberez simplement à une autre
maladie. La même chose s’applique à tous les niveaux d’activité. Vous
pourriez découvrir comment être heureux en vous associant avec une
personne heureuse, mais sûrement pas avec des gens malheureux. Ils vous
apprendront seulement ce qu’est le malheur — si vous ne le savez pas déjà.
Chaque individu est un univers dans un petit paquet. (Une pause d’une
minute.) De même que les planètes physiques se déplacent selon un certain
ordre tout en étant individuelles, il pourrait exister un ordre social basé sur
l’intégrité de l’individu. Mais cet ordre-là reconnaîtrait la validité intérieure
qui est au sein du moi ; et l’ordre intérieur, non vu, qui forme l’intégrité du
corps physique, formerait de la même manière l’intégrité du corps social.
Le moi, l’individu, étant son moi épanoui, agirait automatiquement pour
son propre bien et celui de la société. Le bien de l’individu est donc le bien
de la société et il consiste en l’épanouissement spirituel et physique. Cela
présuppose cependant une compréhension du moi intérieur et une
exploration de la réalité inconnue de la psyché individuelle.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22 h 42 à 23 h 05.)
Dictée. Jusqu’à un certain point, chaque individu qui le souhaite peut se
rendre compte de la réalité « inconnue » — devenir son propre scientifique
de l’art du rêve, son propre physicien mental ou médecin complet, et
commencer à explorer en pionnier ces terres de la psyché.
Un tel voyage illumine non seulement les aspects personnels de la
réalité, mais aussi l’expérience de l’espèce. Point. Fin de la Partie 3.
(23 h 06. Et [ajouté par la suite] fin du tome 1 de La Réalité
« inconnue ». Cette session 704 se poursuit brièvement dans le deuxième
tome ; Seth lui donne le titre de Partie 4 [qui ouvre ce deuxième tome].
Puis, il ajoute un peu de matériau personnel destiné à Jane et à moi, avant
de nous souhaiter bonne nuit à 23 h 21. Les notes de cette session sont
présentées ci-après, puisqu’elles se rapportent toutes au matériau qui vient
d’être donné.
Les trois parties qui constitueront les tomes 2 et 3 sont énumérées dans
l’Épilogue de ce premier volume.)
[1] Voir la session 702 après 22 h 22, ainsi que la note 2 de la session 703.
Le lecteur trouvera dans la note 3 de la session 684 d’autres références
pour les fluctuations des atomes entre les réalités.
[3] Dans la note 6 de la session 681, j’ai cité Seth à propos de sa faculté
de prédiction (qu’il utilise rarement), et sur ce sujet en général. Il a
aussi livré un commentaire plus amusant sur les prédictions, lors d’un
cours de perception extrasensorielle, le 5 janvier 1971. La transcription
de ce matériau est donnée dans l’Appendice de Seth parle : « Le temps,
en vos termes, est flexible. La plupart des prédictions sont faites d’une
manière très déformée ; elles peuvent induire le public en erreur. De
plus, lorsque ceux qui font des prédictions se trompent, cela ne fait pas
avancer “la cause”.
La réalité n’existe pas de cette façon. On peut se connecter à certaines
probabilités et prédire “qu’elles vont se produire”, mais le libre arbitre
est toujours opératoire. Aucun dieu dans sa tour d’ivoire ne dit : “Ceci
se produira le 15 février à 8 h 05.” Et si aucun dieu ne fait de
prédiction, je ne vois pas l’intérêt d’en faire moi-même. »
[4] Note ajoutée par la suite. Jane traite de ses « propres » idées sur le moi
multidimensionnel intérieur dans la Partie 2 d’Adventures in
Consciousness : An Introduction to Aspect Psychology. Voir, entre
autres, les chapitres 10 et 11. L’oracle personnel de Seth est analogue
au moi-source fondamental, non physique, de Jane, d’où émergent
simultanément de nombreux Aspects-moi dans diverses réalités. Tous les
Aspects d’un moi-source sont en communication les uns avec les autres,
ne serait-ce qu’inconsciemment. L’Aspect-moi qui apparaît dans notre
réalité est la personnalité focalisée, « terriennisée » dans une forme
physique. J’ai fait un certain nombre de croquis pour illustrer le
matériau de Jane dans la Partie 2 d’Adventures, et plusieurs d’entre
eux représentent un moi-source schématique, avec ses Aspects associés.
En termes très simplifiés, Jane considère Seth comme un
personagramme, « une personnification multidimensionnelle d’un autre
Aspect de l’entité ou moi-source, telle qu’elle est exprimée à travers le
médium. » Des Aspects tels que Seth, écrit-elle au chapitre 11, « doivent
communiquer à travers le tissu psychique de la personnalité focalisée.
Ils doivent apparaître en adéquation avec notre idée de personnalité,
bien que leur propre réalité puisse exister en termes très différents. Je
pense avoir toujours ressenti cela à propos de Seth. Non pas que je
manquais de confiance envers la personnalité Seth, mais je sentais
qu’elle était une personnification de quelque chose d’autre — et ce
“quelque chose d’autre” n’était pas, en nos termes, une personne…
Toutefois, je sentais étrangement qu’il était ou représentait plus que
cela ; et que sa réalité psychologique chevauchait les mondes… Je
percevais une multidimensionnalité de personnalité que je ne pouvais
pas définir. »
APPENDICE 1
NOTES DE L’APPENDICE 1
[1] Jane a fait cette remarque pendant que nous parlions des « daemons »
ou esprits gardiens de Socrate. Le philosophe athénien (470 ? - 399
avant Jésus-Christ) croyait que le bonheur était le but, qu’il fallait être
« bien démonisé », et que la guidance pour la vie venait de Dieu.
[2]La voie mystique est l’un des systèmes naturels de retour d’information
qui opèrent entre le corps et la psyché, comme Seth nous le rappelle au
chapitre 10 de La Réalité personnelle. Voir la session 640 du 14 février
1973 : « L’expérience “mystique” naturelle, libre de tout dogme, est la
thérapie religieuse originelle qu’ont si souvent déformée les institutions
ecclésiastiques ; mais elle représente pour l’homme la reconnaissance
innée de son unité avec la source de son être, et avec sa propre
expérience. »
Deux ans plus tard, alors qu’elle travaillait sur le chapitre 22 de
Psychic Politics, Jane a elle-même écrit : « Personne n’a réellement
essayé de cartographier les contours naturels de la psyché. Peu de gens
même se demandent si c’est possible… Les visions qui ne sont pas en
accord avec les différents dogmes religieux et mystiques, qui ne sont pas
exprimées en termes de Christ, de Jéhovah ou de Bouddha, peuvent bien
représenter des brèches dans la représentation officielle, à travers
lesquelles filtre le miroitement d’une réalité intérieure… Mais là encore,
l’interprétation littérale [d’un événement psychique ou mystique] nous
poursuit. »
[3]Ainsi, quand elle avait 16 ans, Jane a écrit : « Les dieux ne se sont pas
égarés, et moi non plus ! » Et : « Je ne peux pas trouver le temps. J’ai
cherché partout… » Mais, à l’école, ses amis lui demandaient d’écrire
des poèmes d’amour pour leur « béguin » du moment.
(Jane trouve ses sensations « massives », comme elle les qualifie, non
seulement psychiquement instructives mais, en fait, exaltantes lorsqu’elles
englobent des états de conscience révélateurs ou transcendants. Un jour
d’avril 1973, elle a vécu une belle série de rencontres avec cette dimension
massive, dont beaucoup incarnaient ces qualités supplémentaires ; voir son
propre compte rendu de cette aventure dans les notes de la session 653, au
chapitre 13 de La Réalité personnelle.
Dans mes propres notes précédant la session 39 du 30 mars 1964, j’ai
décrit le premier état massif dont Jane a fait l’expérience après le début des
sessions avec Seth. Ce matériau contient des passages qui présentent ici un
intérêt particulier, et je les ai rassemblés dans les extraits ci-dessous.
« À 20 h 45, je suis entré dans le salon afin de réveiller Jane pour la
session du soir. Elle est restée calmement allongée sur le canapé, les yeux
clos, mais au bout de quelques minutes, elle m’a dit qu’elle venait juste
d’être visitée par une sensation des plus étranges. D’après sa description,
j’ai pensé qu’elle avait pu explorer un potentiel lié aux sens intérieurs.
Jusqu’à présent, Seth n’en a expliqué que six. [Des années plus tard, Jane
allait énumérer neuf sens intérieurs, au chapitre 19 du Matériau de Seth.]
Jane m’a dit qu’en se réveillant lentement de sa sieste, elle avait eu la
sensation très bizarre de “se dilater”. L’expression amusante qu’elle a
employée était qu’elle se sentait “grosse comme un éléphant”. Les limites
de sa conscience semblaient s’être élargies. En écartant les mains au
niveau de sa tête, elle a indiqué une largeur de près d’un mètre ; sa tête lui
avait littéralement paru aussi large que cela.
« Jane a ajouté que, lorsque nous fermons les yeux, nous nous rendons
compte d’une certaine “zone noire” qui nous est familière. Pendant qu’elle
était dans cet état inhabituel, cette zone était beaucoup plus vaste — elle a
employé les mots “infiniment large” pour la décrire. Elle a précisé que
c’était comme si ses yeux s’étaient réellement écartés l’un de l’autre pour
créer ce champ élargi de conscience, d’un noir infini. Elle n’avait pas senti
quoi que ce soit se produire dans cette zone, mais elle pensait que cela lui
aurait été possible avec plus de connaissance et d’expérience. Elle n’avait
pas eu peur de cette sensation et l’avait suivie. Celle-ci avait disparu
lorsqu’elle avait ouvert les yeux, pourtant la sensation physique
d’élargissement avait été si forte qu’elle ne faisait aucun doute.
« Alors que nous discutions, Jane a soudain annoncé que son
expérience lui avait rappelé qu’elle avait déjà eu par deux fois des
sensations d’élargissement similaires. Cela s’était produit avant le début
des sessions, fin 1963 ; l’une, il y a six mois environ, disons en
octobre 1963, et l’autre plus d’un an auparavant, peut-être en mars 1962.
Elle ne pouvait pas se souvenir des dates avec certitude. Les deux fois, cela
s’était passé au moment où elle se réveillait d’une sieste, alors qu’elle avait
encore les yeux fermés. Aucun de ces deux évènements ne lui avait fait
autant d’impression que son expérience de ce soir, car elle n’avait pas
perçu alors l’étrange noir infini, à l’intérieur de la zone dilatée du crâne.
Comme elle était seule à chacune de ces occasions, elle avait oublié de
m’en parler. »
Dans cette session 39, Seth a confirmé que Jane avait expérimenté l’un
des sens intérieurs. De façon surprenante, elle s’était mise à l’écoute d’un
sens dont il ne nous avait pas encore beaucoup parlé :
L’expansion ou la contraction du Tissu-capsule.)
Je suis plutôt surpris que Ruburt soit tombé sur ce sens-là maintenant,
car c’est d’habitude une faculté à laquelle il est assez difficile d’accéder…
Ruburt en a fait l’expérience à un niveau physique, en essayant de traduire
des données intérieures en une sensation susceptible d’être reconnue par les
sens extérieurs. Ce septième sens intérieur représente une extension du moi,
un élargissement de sa compréhension consciente… ou une concentration
en… une minuscule capsule qui rend le moi capable de pénétrer d’autres
champs.
(Et voici un extrait de la session 40.) Le tissu-capsule est en fait une
limite de champ d’énergie… Il protège aussi le moi complet de certaines
radiations qui ne vous concernent pas ici. Aucune conscience vivante
n’existe sur aucun plan sans ce tissu-capsule qui l’enferme… Pour certains
habitants d’autres plans [réalités] qui ont accès au vôtre, tout ce qu’ils
peuvent voir de vous est cette capsule, puisque ces êtres n’ont eu aucune
expérience dans votre type particulier de construction [physique] de
camouflage. Vos modèles de camouflage leur sont donc invisibles, mais pas
les tissus-capsules [1].
Vous pouvez voir ces capsules dans certaines circonstances, et vous leur
avez donné le nom de corps astraux… une expression qui ne me plaît pas
vraiment…
(Jane a donc fait l’expérience d’une modeste série d’évènements
médiumniques inhabituels avant le début des sessions elles-mêmes ;
certains détails à leur sujet ont été fournis dans des notes antérieures. Ses
premières sensations massives en mars 1962 [environ] ont été suivies en
1963 par d’autres phénomènes, tels que nos expériences à York Beach en
août ; la réception par Jane de Idea Construction en septembre ; ses
sensations massives vers le mois d’octobre ; le plan qu’elle a élaboré pour
son livre ESP Power [ou The Coming of Seth], fruit de l’aventure de Idea
Construction ; et le début de ces sessions en novembre, quand nous avons
tenté certaines des expériences énumérées dans son plan [comme Jane
l’explique dans le chapitre 1 du Matériau de Seth]. Jusqu’à l’épisode de
Idea Construction, nous n’avions jamais pensé qualifier l’un de ces
évènements de « médiumnique ». Les énumérer comme je l’ai fait ici aurait
tendance à les séparer du flot de visions que l’on trouve dans les poèmes de
Jane depuis son enfance ; il est évident que, en fait, tout ceci est lié.
Et pour finir, je note que j’ai eu moi-même au cours de ces dernières
années certaines expériences en rapport avec le septième sens intérieur.
Elles ont été très agréables, mais pas aussi profondes que celles de Jane.
Pendant que j’étais plongé dans ces expériences, j’ai toujours été
exceptionnellement sensible aux sons.)
NOTES DE L’APPENDICE 3
[1] Seth avait plus à dire sur les perceptions entre diverses réalités, dans la
session 42 du 8 avril 1964 : « … les formes varient sur des plans
différents, elles sont visibles ou invisibles en fonction de votre propre
situation. Une forme que vous pouvez percevoir comme solide peut être
vue simplement comme une unité électrique sur un autre plan, ou
comme une couleur sur un troisième plan. Vous, par exemple… êtes
perçu par d’autres sur d’autres plans en ce moment, mais ils ne vous
voient pas sous la forme qui vous est familière.
« L’univers, tel que vous y pensez, contient d’innombrables plans, qui
occupent, en vos termes, la même quantité d’espace. Les formes à
l’intérieur de ces plans sont constamment en mouvement, comme les
planètes elles-mêmes. Il y a un continuel échange d’énergie et de
vitalité, en d’autres termes, de molécules et d’atomes réels entre un plan
et un autre… l’interaction et le mouvement ne serait-ce que d’un seul
plan au travers d’un autre produit des effets qui seront perçus de
différentes manières… du fait de frontières nécessairement déformantes,
qui ressemblent dans certains cas à un courant, comme si un plan était
entouré d’eau ou, dans d’autres cas, à une charge électrique. Mais sur
chaque plan, les effets… de cet échange d’énergie adopteront le
camouflage [l’apparence physique] de ce plan-là.
« En se servant des sens développés sur un plan particulier pour
percevoir ces modèles de camouflage caractéristiques, il est
pratiquement impossible de voir au-delà de ces effets frontaliers. Les
sens intérieurs sont naturellement équipés pour cela, mais pour de
nombreuses raisons, ils ne le font pas. L’apparence d’un univers en
expansion est donc aussi causée par l’effet déformant des frontières.
« Dans certains cas, la distorsion peut être comparée au reflet d’un arbre
solide dans l’eau. Les sens externes, en observant le reflet, peuvent
essayer d’estimer la profondeur de l’eau par la hauteur de l’arbre, en
supposant qu’elle est aussi profonde que l’arbre est haut… »
APPENDICE 4
(Comme cela lui est arrivé souvent ces derniers temps, Jane s’est
retrouvée, après la session 685, à transmettre un matériau de Seth pendant
son sommeil. Cette fois-ci, son implication était si vive et déterminée que je
lui ai demandé le lendemain matin d’en faire elle-même le compte rendu
afin de le présenter intégralement dans cet appendice. Cette requête a
conduit à des résultats très intéressants et créatifs. Voici ce qu’a écrit Jane.
« 26 février 1974. Depuis la première session avec Seth concernant ce
livre [la 679] — et avant que nous sachions qu’il s’agissait d’un livre —,
j’ai reçu, après chaque session, du matériau à ce sujet pendant mon
sommeil. Cela m’est arrivé aussi certains soirs où il n’y avait pas eu de
session. La nuit dernière, les choses se sont déroulées différemment, même
si, maintenant, je ne me souviens pratiquement de rien. Je sais simplement
que je “me suis réveillée” en me disant avec colère : “Ma conscience ne
peut tout simplement pas gérer… ce truc… cette façon-là” ou quelque
chose de ce genre. Je suis sûre de la première partie de cette phrase mais
pas de la fin. Le matériau portait sur les probabilités. Je pense en avoir vu
une partie écrite — étais-je en train de l’écrire ? En tout cas, je recevais
trop de matériau en même temps. Je ne savais pas… où le mettre… ou
comment l’exprimer avec mon type de conscience.
« À présent, je me souviens d’une chose : j’obtenais tout un paquet de
matériau et il était multidimensionnel. J’étais dans la confusion. Je pensais
qu’une partie du matériau m’arrivait mêlée à des éléments qui avaient déjà
été donnés… mais d’une… façon probable. À cause de cette dimension
supplémentaire, je ne voyais pas comment cela pourrait être inséré dans un
manuscrit normal. C’est à ce moment-là que je me suis mise en colère et
que je me suis réveillée. En ouvrant les yeux, j’ai compris que le matériau
n’avait pas encore été donné dans La Réalité “inconnue” — bien que, dans
mon sommeil, j’avais été certaine du contraire.
« Tout cela a duré un certain temps, jusqu’à ce que je me réveille enfin
avec mes objections. Plusieurs fois auparavant, je m’étais également
réveillée, puis m’étais assise et avais fumé une cigarette. À chaque fois que
je me rallongeais, le matériau commençait à venir. Alors ce coup-ci, j’ai
dit : “Maintenant écoutez, Seth. Si vous voulez m’emmener dans certaines
de ces probabilités, c’est bien ; c’est vous qui me montrez le chemin ; mais,
quelle que soit la chose que nous faisons, ma conscience a un mal de chien
à la gérer.” Puis, je me suis endormie et le matériau s’est arrêté. »
Moins d’un quart d’heure après que Jane eut fini d’écrire ces lignes,
elle a spontanément rédigé un second texte, plus long. Elle l’a écrit dans un
état modifié de conscience — malgré une certaine réticence de sa part,
comme le montreront des notes ultérieures. Mais voyons d’abord de quoi il
est question : Jane considère que la méthode de réception de ce matériau,
ainsi que son contenu, représentent pour elle des percées capitales et,
puisque cette réception et ce contenu ont un rapport avec La Réalité
« inconnue », nous allons présenter ici d’importantes parties de ce texte.
« 26 février 1974. Je reçois quelque chose comme ceci… Les données
nous arrivent de façon multidimensionnelle, avant d’être tamisées à travers
des connexions nerveuses, où elles sont transformées en une expérience
segmentée ou échelonnée dans le temps. Ensuite, elles pénètrent dans notre
réalité [physique] probable (qui elle-même change tout le “temps”). Nous
possédons de façon inhérente, des poches, ou zones séparées d’expérience
(biologiquement valides au sein des “caractéristiques” des cellules), des
bassins latéraux où les informations se rassemblent pour être traitées,
avant de passer dans le “réservoir officiel de la conscience”.
« Il existe des moyens permettant de contourner ce processus et de
plonger directement dans ces bassins latéraux.
« La mémoire habituelle est, entre autres, un processus de filtration où
l’intensité de l’expérience varie — qui peut être neurologiquement
“vivante” ou non — pour permettre à notre conscience de se focaliser sur
une action, ou une série, probable. (Au moment de taper ceci à la machine,
j’ajoute que nous oublions tout ce qui n’est pas pertinent pour la série
d’actions probables que nous avons choisie. La psyché connaît ses propres
parties. Seth l’affirme dans ses livres, mais nous posons à la psyché les
mauvaises questions.)
« Dans ces bassins latéraux, la mémoire, comme nous l’appelons, n’est
pas aussi structurée. Ses éléments vivants toujours présents sont apparents,
et se développent. Son matériau est toujours frais. Ici, le passé se produit
encore. D’ordinaire, nous en faisons l’expérience à travers des connexions
neurologiques ; c’est à ce moment-là qu’il semble net ou vivant mais, en
fait, il l’est tout le temps. Le mouvement et les actions passés se poursuivent
encore, ils ne se reproduisent pas — c’est difficile à expliquer —, mais ces
actes passés continuent d’explorer d’autres probabilités, pendant que notre
système nerveux nous focalise sur la réalité [physique] probable que nous
avons choisie. Pour nous, ces autres actions semblent terminées… mais
c’est seulement parce qu’en général, nous ne pouvons pas les suivre.
« L’écriture elle-même, en tant que forme linéaire, impose ici des
limites.
« Ces probabilités “passées” ne prennent pas corps, en nos termes,
mais elles sont brillamment focalisées sur leur propre vie. Dans
l’expérience de Saratoga [1], je me suis sentie fantomatique parce que, là-
bas, j’étais une probabilité future… À certains niveaux de conscience, en
contournant l’activité et l’impact neurologiques directs, vous pouvez avoir
un aperçu d’autres parties de votre propre expérience probable — à la fois
dans le futur et le passé.
« En utilisant ces poches latérales, ou bassins, dans lesquelles les
données n’ont pas encore été traitées, en nos termes, vous pouvez saisir
plusieurs autres fils de votre propre conscience “en même temps”, même
s’il peut s’avérer difficile de les retenir. Expliquer l’expérience à la
conscience normale aide automatiquement celle-ci à s’élargir, de sorte que,
à chaque fois, le processus devient plus facile. Jusqu’au stade où, avec de
la pratique, il est possible de maintenir simultanément l’expérience et les
données provenant de plusieurs zones. La difficulté ensuite est de traduire
cela en termes linéaires, d’où le problème qu’a rencontré Ruburt dans
l’épisode de Saratoga. »
Par la suite, Jane m’a dit qu’au moment où elle écrivait ce passage, elle
a commencé à entrer dans un autre état modifié de conscience, difficile à
définir, « étrange ». Elle s’est aussi mise à écrire en parlant d’elle-même à
la troisième personne. Les mots « Ruburt », « lui », « il » ont fait leur
apparition ; toutefois [comme elle l’a noté dans une note ultérieure], elle
n’était pas en train de capter Seth.
« Maintenant, physiquement, une action neurologique est un code pour
d’autres actions dont on ne peut pas en général faire l’expérience
simultanément, à cause de la sélectivité mentionnée précédemment [2].
« L’aventure fantomatique, décentrée, de Saratoga, a contourné et
brouillé les processus neurologiques habituels, permettant à Ruburt de se
faufiler à travers eux. Le brouillage est — était — également nécessaire
pour l’aider à distinguer une réalité autre que celle normalement acceptée,
en particulier au début d’une activité de ce type. Ruburt s’est branché sur
des matérialisations neurologiques probables… qui sont des images
fantômes inhérentes à la structure nerveuse normale… des connexions
latentes qui font biologiquement partie des réalités des cellules. Il est entré
dans d’autres sélectivités. Dans la plupart des circonstances, le réel impact
complet a bien peu de chances de se produire, bien que divers degrés
d’interception et d’entrecroisement puissent avoir lieu.
« La difficulté, la colère et l’impatience de Ruburt, la nuit dernière [3],
provenaient de problèmes initiaux de traduction d’une expérience
multidimensionnelle en termes linéaires et en schémas de pensée. Un
matériau frais était effectivement en train de naître à nouveau dans le
passé, mais Ruburt ne savait pas comment faire entrer cela dans son
schéma temporel. »
On trouve ici, dans le dernier paragraphe, une indication pertinente, à
laquelle Jane est parvenue sans interroger Seth : depuis le début de La
Réalité « inconnue », elle a souvent fait l’expérience de ce genre de défis de
traduction — d’où ces phrases qu’elle prononce souvent avant le début des
sessions [depuis la 679] quant au fait de parvenir à « cette focalisation
claire particulière » ou à « l’endroit le plus clair dans la conscience » avant
de commencer à parler pour Seth.
J’ai fait travailler Jane ! Cet après-midi-là, après avoir discuté de son
second texte de la journée, je lui ai demandé de rédiger une description des
circonstances entourant sa réception. Alors, pour la troisième fois, elle a
commencé une page avec la même date.
« 26 février 1974. À la demande de Rob, j’ai écrit ce matin un compte
rendu de l’expérience que j’ai faite en état de sommeil profond, la nuit
dernière. Aujourd’hui, mardi, je donne mon cours de perception
extrasensorielle, ce qui veut dire que je dispose d’un peu moins de temps
pour écrire ; donc, après avoir donné à Rob ma brève description, j’avais
l’intention de taper à la machine un chapitre d’Adventures in
Consciousness [4]. Dernièrement, j’ai eu moins de temps pour écrire à
cause de diverses activités d’ordre professionnel et également parce que
j’ai essayé de mettre à jour mon courrier. J’étais donc particulièrement
décidée à me remettre à mon livre Adventures.
« Au lieu de cela, j’ai senti que j’entrais dans un autre niveau de
conscience. J’ai maugréé pendant une minute, me demandant si j’acceptais
de me laisser emporter ou si je décidais de couper court et de taper à la
machine. Puis, je me suis dit que quelque chose d’important était peut-être
sur le point de se produire ; et je “savais” que, quelle que soit cette chose,
elle était liée à mes expériences de la nuit passée. Alors j’ai laissé faire et
écrit mon deuxième texte de la journée.
« Ce faisant, je me suis sentie légèrement exaltée. Dans des moments
pareils, ma conscience éprouve une sensation douce, une aisance. Pourtant,
je me rendais compte aussi que j’avais éprouvé le même type de réticence
durant mon sommeil, la nuit dernière ; comme si j’essayais de faire quelque
chose… de difficile ou de traduire une information qui était plus éloignée
que d’habitude de nos concepts ordinaires. Je me sentais presque
récalcitrante, comme un enfant sans enthousiasme qui désire entreprendre
quelque chose tout en refusant de faire un effort. L’aisance a toutefois pris
le dessus.
« Vers la fin du matériau [du second texte], j’ai brièvement pensé que le
niveau de Seth entrait peut-être en jeu, mais la formulation ne jaillissait pas
de façon aussi automatique et fluide qu’avec lui, et je ne percevais pas sa…
personnalité. L’information faisait pourtant référence à moi en tant que
Ruburt, ce qui signifie automatiquement qu’elle provenait d’un niveau
“supérieur” à celui de Ruburt ou différent du sien. Je n’aime cependant pas
les connotations suscitées par mon emploi, ici, du mot “supérieur”.
« En fait, je pense que l’expérience d’aujourd’hui était un type différent
d’approche de ce qui m’est arrivé quand je dormais la nuit dernière…
Après avoir relu tout ce matériau, je vois qu’à ces deux occasions, j’ai
expérimenté le processus qu’il décrit — en essayant de m’immerger
directement dans un “bassin latéral” de données et de contourner les
connexions neuronales habituelles. »
Pour conclure, Jane dit qu’il y a ici beaucoup à apprendre, à condition
qu’elle puisse trouver le temps de l’étudier. Une question intéressante se
pose : d’après les sensations dont elle a parlé vers la fin de son troisième
compte rendu, Seth lui-même n’est à l’évidence pas représenté [ni appelé]
par un tel réservoir de la conscience — alors quelle sorte de connexion
peut-il avoir ou a-t-il avec l’un d’eux ? Nous ne l’avons pas encore
demandé.
NOTES DE L’APPENDICE 4
[3] Voir le second paragraphe des notes qui précèdent la session 685.
21 h 24.
NOTES DE L’APPENDICE 5
(Hier, dans la partie magazine d’un grand quotidien, Jane et moi avons
lu un long article sur l’évolution de l’homme ancien — « ancien » voulant
dire ici « homme véritable », apparu il y a environ 2,5 à 3 millions
d’années. En dehors de la question de savoir si « l’évolution » en termes
linéaires a été scientifiquement prouvée ou non [sujet à propos duquel Jane
et moi émettons de nombreuses réserves], cet article nous a attirés, car
nous pensions que ses informations « factuelles » pouvaient compléter
certains matériaux de Seth relatifs à La Réalité « inconnue ». Nous avons
cependant tous deux été plus énervés qu’informés ; il nous semblait que,
même dans ses propres termes, ce texte contenait de nombreuses
conclusions injustifiées, fondées au mieux sur des preuves très ténues — et
des suppositions.
Tout en regardant la télévision, hier soir, nous avons à plusieurs
reprises parlé de la banalité de pensée qui prévaut dans l’article. Puis,
alors que nous étions sur le point d’aller nous coucher, Jane a annoncé
qu’elle « recevait » une information au sujet de l’homme ancien — mais qui
ne provenait pas nécessairement de Seth. Elle m’a demandé si je voulais
qu’elle continue. Nous étions tous deux fatigués, mais je me suis dit que
cela pouvait peut-être déboucher sur un épisode similaire à celui dont elle
avait fait l’expérience avant la session précédente, lorsqu’elle avait dicté
un matériau sur les différentes actions ou vitesses neurologiques qu’elle
percevait [voir l’Appendice 5]. L’opportunité de ce soir, par rapport à un
sujet ayant pour nous un tel intérêt, mettait en jeu quelque chose de bien
trop précieux pour que nous la laissions passer sans l’examiner. J’ai trouvé
un stylo et du papier dans le bureau de Jane. Nous nous sommes assis à
00 h 10.
Dans ce livre, me dit Jane, il y aurait un matériau sur :
1. L’homme parallèle
2. L’homme alternatif
3. L’homme probable [1]
Elle a ajouté que sa situation, ce soir, ressemblait à celle qu’elle avait
mentionnée dans son texte présenté dans l’appendice 5. Elle était ouverte à
mes suggestions : si je l’y poussais, elle pouvait directement débuter une
session et obtenir l’information. Voici ce qu’elle a dit ensuite.
« Pendant longtemps, ces variétés d’hommes anciens ont partagé notre
Terre et notre histoire, en des termes qui ont varié. À notre époque, toutes
les différentes sortes de conscience auxquelles nous pouvons nous ouvrir
sont ici avec nous… certaines d’entre elles nous apparaissant comme des
états pathologiques…
« Tout ce qui ne ressemble pas à une conscience habituelle, nous le
considérons comme pathologique, d’une façon ou d’une autre. Beaucoup
d’individus présentent des variations qui correspondent à de futurs
développements de la conscience ; nous sommes en train d’expérimenter
ces probabilités… Il y a en fait des “espèces” de conscience, mais nous ne
les reconnaissons pas comme telles. Elles façonnent pourtant notre histoire
neurologique. »
00 h 19. « Certaines des expérimentations avec les hommes-animaux
n’ont pas réussi selon nos lignes historiques, mais des mémoires
fantomatiques de ces probabilités demeurent encore dans notre structure
biologique et, en nos termes, peuvent être activées selon les circonstances.
« La croissance de la conscience de l’ego a, quant à elle, fait surgir à la
fois des défis et des limitations. Elle signifiait nécessairement que l’homme
émergeant dans ce contexte-là devait abandonner une certaine forme de
compréhension animale qui, dans l’ensemble, était extrêmement précieuse,
mais risquait d’inhiber le développement de l’ego… Pendant de nombreux
siècles, il n’y a pas eu de différenciation nette entre diverses espèces
d’hommes et d’animaux… Il y a eu aussi, bien sûr, des développements
parallèles dans l’émergence de l’homme physique. Pendant de nombreux
siècles, il y a eu d’innombrables espèces d’homme-en-formation, en vos
termes ; diverses postures, et même divers types de manipulation, ainsi que
des modifications dans la taille du cerveau et son activité. Chez certaines de
ces espèces, différents types de facultés sensorielles prédominaient. Dans le
même temps, un grand échange avait lieu, à tous les niveaux — y compris
avec la végétation par exemple — de telle sorte qu’ensemble, les créatures
et la Terre atteignaient le type de stabilité le plus approprié à la forme
particulière des développements qui devaient émerger.
« Les races que vous connaissez sont un pâle rappel de ces différences
et activités plus vastes. »
00 h 27. Jane marque une pause. Elle dit qu’elle pourrait continuer,
mais nous décidons de terminer ici sa dictée, avec quelques regrets. Comme
je n’ai pas suggéré que Seth se manifeste, nous pouvons voir ce qu’elle a
produit sans lui. « Bien, commente-t-elle, j’ai livré le matériau alors que
j’étais dans un état modifié de conscience, mais je ne sais pas d’où il
provenait. Il ressemble à celui de Seth, mais il est aussi vraiment étrange.
C’est comme ce que j’ai reçu l’autre jour. Peut-être suis-je en train de
m’ouvrir maintenant, de sorte que je peux obtenir une partie des
informations de cette manière, ainsi qu’à travers Seth. Une expérience
étrange… »
Par « l’autre jour », Jane fait référence à la demi-heure qui a précédé
la session 686, mercredi dernier, lorsqu’elle a dicté ce qui se trouve dans
l’Appendice 5 [mais voir également l’Appendice 4 en lien avec la session
685].
Certaines parties de l’article dans le journal d’hier parlaient des
récentes découvertes de fragments de squelettes en Afrique de l’Est,
indiquant la coexistence de plusieurs variétés d’hommes anciens et de
préhominiens ; ces derniers étant des créatures qui ressemblaient beaucoup
à l’homme mais dont le cerveau, croyait-on, était similaire à celui des
grands singes. À peu de chose près, l’article va dans le sens du matériau
qu’a donné Jane quelques heures plus tard. Son matériau cependant n’était
pas influencé par ce qui était dit dans l’article, car, environ un an
auparavant, Jane en tant que Seth avait transmis une session pour La
Réalité personnelle, portant sur le mélange animal homme : la session 648
du 14 mars 1973, au chapitre 12. Selon moi, ce que Jane a développé ce
soir se basait sur cette session-là — en particulier sur les impressions
qu’elle avait données à l’époque, pendant la pause de 23 h 30, sur les
« animaux médecins, un pont entre les animaux et les êtres humains ». Mais
par la suite, pendant quelques années, Seth a réitéré le fait que, même en
nos termes, il n’y a pas de chemin d’évolution bien défini, conduisant de
notre ancien état à notre état actuel.)
NOTES DE L’APPENDICE 6
Après avoir fini d’écrire ces pages, Jane a dormi plusieurs heures. À
son réveil, elle m’a dit qu’elle se souvenait d’avoir reçu des indications à
propos du nouveau livre possible, lors de deux rêves qu’elle avait faits au
cours de la semaine précédente. Comme d’habitude, elle avait mis ceux-ci
par écrit, tout en s’interrogeant sur leur signification sans être capable de
les expliquer. « Mais ce matériau ne peut pas s’insérer dans Adventures »,
a-t-elle noté après l’un des rêves, puisqu’elle avait dans un premier temps
envisagé cette possibilité.
Jane a écrit ces pages si rapidement qu’après les avoir lues, plusieurs
questions me sont venues à l’esprit. J’ai pris note de notre conversation à
ce propos, le dimanche soir. Oui, elle était dans un état modifié de
conscience « très élevé » quand elle a reçu La Voie de la santé, ainsi que
lorsqu’elle en a décrit le processus de réception. Non, elle n’a pas entendu
Seth ni senti sa présence pendant que tout ceci se déroulait ; elle a juste
compris que son aide serait nécessaire si elle décidait de faire le livre. Non,
ce qu’elle avait reçu n’était pas en lien avec La Réalité « inconnue ». « J’ai
écrit, m’a-t-elle dit, ce que je pouvais saisir de l’ensemble du livre, mais je
savais que ce que j’obtenais n’était rien en comparaison avec ce qu’il y
avait là. Si j’avais pu immédiatement exprimer tout cela, le livre aurait été
fait d’un seul coup — voilà ce qui était si frustrant ! Pendant que j’étais
dans cet état modifié de conscience, je sentais non seulement la masse
physique du livre, mais aussi son contenu. Celui-ci était immédiatement
disponible. Je ne peux pas te dire à quel point je me suis sentie frustrée —
et bloquée —, sur le moment. »
Nous verrons bien ce qui va se passer avec La Voie de la santé, s’il se
passe quelque chose.)
NOTES DE L’APPENDICE 7
[1] Dans La Réalité personnelle, voir les sessions 648, 657 et 673 aux
chapitres 12, 15 et 21.
(Peu de temps après le début des sessions, fin 1963, Seth a commencé à
parler du dilemme posé par la différence entre la théorie conventionnelle de
l’évolution et ses idées quant à la nature simultanée du temps et de
l’existence. Il a traité de cette dualité de façon très évocatrice dans la
session 45, le 20 avril 1964.)
Le climat de valeurs de la réalité psychologique peut être comparé à un
océan où toute conscience a son être. Il y a une multitude de niveaux dans
lesquels il est possible de plonger, avec diverses formes de vie, variées et
étrangères, mais néanmoins interconnectées et dépendantes les unes des
autres. J’aime l’analogie de l’océan parce qu’elle donne l’idée d’un flux et
d’un mouvement continus, sans division apparente.
Dans l’océan, la température change en fonction de la profondeur, tout
comme la couleur de l’eau, de la flore et de la faune ; il en va de même pour
notre climat de valeurs, les qualités peuvent changer et certains sens sont
équipés pour projeter et percevoir ces changements. Il y a des distorsions
dues aux limitations des sens externes, mais les sens internes [1] ne
déforment pas. Ils habitent directement l’atmosphère de notre climat de
valeurs ; ils voient à travers les structures [physiques] de camouflage, qui
varient constamment, et le flux et reflux du changement apparent. Dans une
faible mesure, au cours de nos sessions, vous plongez dans cet océan de
climat de valeurs, et si vous êtes capable de vous dépouiller des vêtements
de camouflage, vous pouvez être vraiment conscient de ce climat.
Cela exige toutefois plus que de se défaire de ses vêtements. Pour
plonger dans cet océan, vous laissez également le corps physique sur la
rive. Il sera là quand vous reviendrez. Vos schémas de camouflage peuvent
être comparés à ceux que le soleil et l’ombre projettent sur les vagues
toujours mouvantes. Tant que vous gardez le schéma à l’esprit, vous le
créez et il est là. Si vous détournez la tête pendant un moment puis regardez
rapidement à nouveau, vous ne voyez plus que la vague. Votre camouflage
et votre monde sont créés par une focalisation consciente et une
concentration inconsciente. Ce n’est qu’en tournant votre tête de côté que
vous pouvez voir momentanément ce qui est sous-jacent au schéma
apparemment solide. En vous enfonçant dans notre océan de climat de
valeurs, vous pouvez plonger sous votre système de camouflage et regarder
vers le haut pour le voir, pratiquement sans fondation, flottant au-dessus de
vous, mu, formé et régi par les illusions changeantes créées par le vent de la
volonté et la force de la concentration subconsciente et de vos attentes.
Pourtant, ces schémas de camouflage doivent aussi suivre les règles
fondamentales de l’univers intérieur et les refléter, même de manière
déformée. Ainsi, l’expansion des valeurs devient réincarnation, évolution et
croissance. Toutes les autres lois fondamentales de l’univers intérieur sont
suivies sur tous les plans et réfléchies depuis le spectre le plus infime
jusqu’au plus gigantesque.
En vous concentrant sur votre propre univers de camouflage, vous ne
pouvez distinguer que le schéma déformant et, à partir de celui-ci, vous
déduisez vos idées de cause et d’effet, de passé, de présent et de futur, ainsi
que vos idées d’un univers en expansion qui flotte…
NOTES DE L’APPENDICE 8
NOTES DE L’APPENDICE 9
[1] Voir entre autres, parmi les sessions de La Réalité personnelle, la 634
au chapitre 8 et la 642 au chapitre 11.
[2] Le sumari est une « famille de conscience » que Jane a tout d’abord
contactée dans son cours de perception extrasensorielle, le 23 novembre
1971. Elle et moi sommes tous deux Sumaris. Aux chapitres 7 et 8
d’Adventures, Jane aborde cette question dans son ensemble. Plusieurs
exemples de sumari se trouvent au chapitre 20 et dans l’appendice de
son roman Oversoul Seven. (Et a posteriori, je peux écrire que Seth
développe considérablement son matériau sur les familles de
conscience, dans la session 732 de la Partie 6 du tome 3 de La Réalité
« inconnue ».)
[3] Jane écrit aussi de la poésie en sumari, qu’elle est capable de traduire
ensuite en anglais. Quand ses chants ont été enregistrés, elle peut aussi
les traduire, ainsi que ce que j’appelle sa prose verbale sumari. Un jour,
alors que nous évoquions l’usage qu’elle avait fait du sumari pour le
matériau de cet appendice, je lui ai demandé si elle pouvait décrire les
sentiments subjectifs qui entraient en jeu dans son habileté à passer si
rapidement de Seth au sumari et inversement.
(Pendant les deux semaines qui ont immédiatement suivi la session 691,
Jane n’a pas arrêté de travailler sur le projet concernant la personne
disparue ; voir les notes de cette session-là. Elle a, entre autres choses,
participé à une série d’échanges téléphoniques, en général tard le soir. Sur
le plan médiumnique, elle a remporté un certain nombre de succès
remarquables et fait quelques erreurs. Et pourtant, elle a fini par penser
que les facultés dont elle faisait preuve entraient souvent en conflit avec ce
que notre société considère comme possible dans l’activité humaine. Jane
m’a dit que, par moments, elle ressentait un fort désir de compréhension de
la part des autres personnes impliquées dans cette affaire ; sa participation
à cette recherche a toutefois considérablement renforcé sa confiance en ses
capacités. Seth, en commentant très brièvement la recherche qui était
encore en cours, a fait remarquer à un groupe de visiteurs de passage que
Jane s’efforçait de faire par elle-même usage de ses facultés psychiques ; et
que l’assurance qu’elle acquérait grâce à ses efforts lui serait beaucoup
plus précieuse que si Seth en personne « avait fait tout le travail ».
Pour en terminer avec cet épisode, j’aimerais éclairer, sous deux angles
complémentaires, les sentiments et inquiétudes de Jane à propos du besoin
de compréhension des autres.
1) « Parfois, m’a-t-elle dit récemment et sans le moindre soupçon de
suffisance, quand je m’adresse à un groupe de gens — comme vendredi
dernier par exemple, qu’un élément médiumnique entre en ligne de compte
ou non —, j’ai le sentiment étrange d’agir à neuf ou dix niveaux différents
en même temps. Les significations et compréhensions qui sont échangées,
du moins entre les autres individus qui sont dans la pièce et moi, sont toutes
si différentes. Il est impossible pour ces personnes de savoir comment
j’interprète certaines choses qu’elles disent. Je pense être beaucoup plus
consciente de cela qu’elles, de par la nature même de ce que je peux
faire — mais il m’est impossible d’expliquer cela à chaque personne avec
laquelle je parle. Je n’ai pas le temps. Et ce serait trop épuisant. »
2) Cette note a été ajoutée huit jours plus tard. Dans un matériau
personnel que nous avons reçu au terme de la session 694, le 1er mai 1974,
Seth a dit ceci.)
Il [Ruburt] était obligé d’explorer la nature de la réalité, et déterminé à
le faire… Il voulait se protéger jusqu’à ce qu’il ait suffisamment de
connaissance pour savoir ce qu’il faisait. Il craint la crédulité des gens et il
est à juste titre consterné par leurs superstitions, comme vous, Joseph [le
nom que Seth me donne]. D’ailleurs, à mesure que Ruburt s’est rendu
compte à quel point ce qui est connu est limité, il s’est étonné de sa propre
audace. Il n’avait personne vers qui se tourner pour recevoir des
instructions. J’aurais pu l’aider davantage, mais je faisais [partie de ce qu’il
explorait]…
… Il a aussi commencé à voir deux pôles dans la société : l’un
extrêmement conventionnel et fermé, au sein duquel il serait perçu comme
un charlatan ; et un autre plein d’aspirations mais crédule, disposé à croire
n’importe quoi pourvu que cela donne de l’espoir, où ses activités seraient
mal interprétées et [qui aurait été], pour lui, frauduleux… Il y avait un
espace entre les deux qu’il devait créer pour lui-même… pour établir un
pont vers les intellectuels qui doutaient, tout en maintenant une certaine
liberté et spontanéité afin d’atteindre aussi ceux qui étaient à l’autre
extrémité. Cela a exigé des manœuvres, qui sont extrêmement difficiles
pour n’importe quelle personnalité, et un système constant de contrôles et
d’ajustements.
(Je pense que, du fait de la nature même des aptitudes qu’elle a choisi
de développer dans cette vie-ci, Jane trouvera toujours de telles manœuvres
nécessaires. Et elles sont vraiment difficiles.)
NOTES DE L’APPENDICE 10
(Le titre The Wonderworks est d’abord venu à Jane alors qu’elle était
assise à son bureau, le vendredi 17 mai au matin. Elle a immédiatement
compris qu’il était en rapport avec l’extraordinaire série de rêves qu’elle
avait commencé à avoir au début du mois. [Il s’agit jusqu’à présent de
trente-trois rêves et leur nombre s’accroît pratiquement chaque nuit. Je les
ai à peine mentionnés dans les notes récentes — uniquement dans les
sessions 696 et 698 —, mais Seth a eu beaucoup de choses à dire à leur
propos dans le matériau qui nous est personnellement destiné.] Beaucoup
de ces rêves étaient assez longs et complexes. Je dirais que certains d’entre
eux sont assez classiques ; le propre symbolisme de Jane illustre
merveilleusement la façon dont les rêves peuvent offrir des visions et des
solutions à des défis physiques très réels. Toute cette aventure nocturne est
des plus pratiques, et mérite d’être étudiée en profondeur par ailleurs.
Dès qu’elle a reçu le titre, Jane a rédigé un texte intuitif sur l’idée des
wonderworks. Cela correspond à deux pages dactylographiées. Elle était
dans un « état légèrement modifié de conscience » lorsqu’elle a transcrit les
données. Les extraits qui suivent, tirés de ces deux pages, montrent l’unité
sous-jacente à ses activités quotidiennes ; car elle pense que les
expériences qu’elle a en rêve, en relation avec La Réalité « inconnue » et
The Wonderworks — pour ne citer que ces deux exemples récents — sont si
étroitement liées que, concrètement, il serait vain de tenter de les séparer.
Nous voyons aussi des liens créatifs entre la façon dont Jane a produit
ce mois-ci The Wonderworks, et les grandes lignes du livre La Voie de la
santé en mars dernier, comme cela est expliqué dans l’Appendice 7. Elle
était, là encore, dans un état de dissociation quand elle a conçu et transmis
ces grandes lignes. Et comme pour La Voie de la santé, elle ne sait pas si
elle va un jour aller plus avant dans ce travail sur The Wonderworks.
Voici quelques extraits de The Wonderworks.
« L’expression créatrice, depuis son étincelle intuitive jusqu’à son
objectivation, reflète dans nos réalités personnelles la façon dont l’univers
a été [et est] constamment créé.
« Les wonderworks ou œuvres merveilleuses — des expériences
intérieures juste en dessous de la conscience habituelle — comprenant
différents ordres d’évènements. Littéralement, l’étoffe de toute créativité [en
miniature].
« Les façons dont le matériau du rêve devient réel, les processus qui
entrent en jeu, sont ceux par lesquels l’univers lui-même devient
objectivement visible et perceptible pour nous. L’univers est le résultat d’un
certain type de focalisation de la conscience ; son étoffe, sa matière,
provient des wonderworks intérieurs — dont font partie les œuvres
merveilleuses personnelles de chacun de nous.
« Si nous comprenions réellement comment les rêves œuvrent et si nous
nous autorisions à en explorer les niveaux divers, nous verrions comment
l’univers s’est formé. Il est le… produit créatif, en masse, de nos rêves
individuels et conjugués… Notre monde est un niveau de rêve pour certains
autres types de conscience ; il est partagé dans une certaine mesure et peut
donc servir de point de rencontre.
« Seth chevauche bon nombre de ces points et il apparaît dans les
niveaux de rêve des autres, à leur niveau symbolique personnel. Je ne suis
pas encore parvenue au niveau plus profond de l’expérience du rêve, là où
je pourrais le rencontrer directement. Aux niveaux de transe, nous nous
croisons, mais nous ne nous rencontrons pas. Ce croisement de Seth et de
Jane en transe se produit aussi dans les rêves, quand des sessions relatives
aux livres y ont lieu. Il y a parfois une certaine séparation, comme quand je
me rends compte d’un Seth en train de me donner du matériau… Seth est
toutefois une très vieille entité. Quand il vient dans mes rêves, le croisement
se produit automatiquement, et je ne prends donc pas conscience de lui
séparément.
« … pour le rencontrer personnellement, j’ai dû aller à un autre niveau.
J’ai essayé une fois, et j’ai été effrayée. On ne connaissait pas Seth à
l’endroit où je me suis rendue. Il pouvait très bien être dispersé dans
plusieurs “esprits-guides” ; voilà comment sa réalité serait interprétée ou
se manifesterait…
« D’autres espèces de conscience acquièrent leur expérience à
différents “niveaux” ; souvent, nous les rencontrons dans l’état de rêve,
puis nous interprétons leurs actions selon un ordre d’évènements qui n’est
pas le bon… en fonction de notre propre système de camouflage. Nos corps
sont des objets de focalisation uniquement pour la partie physique de notre
conscience… Mes derniers rêves me donnent une représentation des
wonderworks intérieurs non physiques… »
NOTES DE L’APPENDICE 11
[2] Jane doit encore publier son récit de ce qui s’est passé lorsqu’elle s’est
délibérément mise à la recherche de Seth. Aucune raison particulière ne
la retient de le faire et elle pense qu’elle finira sans doute par décrire
son voyage psychique dans un de ses propres livres.
[3] Dans la note 2 de la session 688, j’ai cité brièvement Seth à propos du
sens qu’il donnait au mot « camouflage » [en 1970]. L’utilisation que
Jane en fait ici, dans son propre matériau, est toutefois assez
inhabituelle ; cela nous a ramenés au jour où nous l’avons entendu de
Seth pour la première fois, lors de la session 16 du 15 janvier 1964.
La réalité fondamentale non physique, nous a-t-il dit alors, est « comme
un animal du type caméléon, constamment en train de camoufler sa
véritable apparence en adoptant les manifestations extérieures de
chaque territoire [ou monde] boisé environnant… » La vitalité primale
s’exprimait donc ainsi physiquement dans notre environnement.
« Camouflage » est devenu pour nous un mot familier dans ces
premières sessions et nous le trouvions excellent dans le contexte du
matériau de Seth — mais, chose étrange, au cours de ces dernières
années, Seth l’a largement supprimé de son vocabulaire, mis à part
quelques rares occasions où il a employé ce terme.
UN BREF ÉPILOGUE
J’ai commencé ce texte peu de temps après avoir fini les Notes
préliminaires du tome 1, au cours de l’été 1976.
Le « Volume 2******* » de La Réalité « inconnue » est aujourd’hui
presque terminé. Il y a plus d’un an que Seth a fini la part qui lui revenait
dans ce livre et, depuis ce temps-là, j’ai soigneusement révisé mes notes ; je
les ai pratiquement toutes réécrites (à plusieurs reprises parfois) dans un
souci de précision, de mon point de vue du moins. Les lecteurs intéressés
par une description plus détaillée du processus qui a permis à Jane, en tant
que Seth, de produire La Réalité « inconnue », et notamment par les notions
de temps que cela a impliqué, devraient relire les Notes préliminaires. Mais
personnellement, je pense que la partie la plus importante de ces Notes
préliminaires est la contribution de Jane où elle parle de sa relation
subjective avec Seth.
Ce volume 2 contient beaucoup de bonnes choses. Peut-être puis-je
susciter la curiosité du lecteur en citant les titres des trois Parties qui le
composent. Celles-ci sont un peu plus longues que les trois parties du
tome 1 ; elles sont également assez compliquées.
Partie 4. Explorations. Une étude de la psyché telle qu’elle est en lien
avec la vie personnelle et l’expérience de l’espèce. Réalités probables en
tant que cours d’expérience personnelle. L’expérience personnelle telle
qu’elle est en lien avec les civilisations « passées » et « futures » de
l’homme.
Partie 5. Comment voyager dans la réalité « inconnue » : petits pas et
pas de géant. Aperçus et rencontres directes.
Partie 6. Réincarnation et contreparties : le « passé » vu à travers les
mosaïques de conscience.
Les titres ne peuvent bien sûr que suggérer la teneur du matériau sous-
jacent. Mais comme l’a dit Jane avec enthousiasme quand nous nous
demandions à quel endroit diviser les six parties de La Réalité
« inconnue », « le volume 1 fournit l’arrière-plan général et les
informations sur lesquels se fondent les exercices et méthodes du volume
2 ». Puis, elle m’a rappelé les dernières lignes que Seth a transmises dans
le premier tome (après la pause qui s’est achevée à 23 h 05, dans la session
704). Je suggère au lecteur de revoir maintenant ce matériau.
Dans la Partie 4, Seth en dit plus sur les unités UC et EE, la conscience
cellulaire, l’homme ancien, l’évolution, les voyages dans l’espace, et
d’autres sujets apparemment disparates, en continuant à développer sa
thèse selon laquelle l’espèce est « biologiquement équipée pour traiter
différentes séquences de temps, tout en manœuvrant encore au sein d’un
système temporel particulier ». Le lecteur est invité à faire l’expérience de
sa propre « réalité inconnue », à travers l’étude des rêves et certaines
pratiques, et à tenter un voyage psychique dans d’autres réalités. Jane fait
ses propres voyages : la « bibliothèque psychique » qu’elle apprend à
visiter lorsqu’elle est dans un certain état modifié de conscience est décrite,
ainsi que le rapport existant entre cette bibliothèque et la naissance du livre
de Jane, Psychic Politics, [qui doit être publié à l’automne 1976].
L’un des premiers voyages de Jane dans un état modifié de conscience,
en septembre 1972, a donné lieu à la première session de Seth portant sur
les sons « lents » et « rapides », uniques, de Jane, ce qui a conduit aux
informations sur les particules plus rapides que la lumière, les trous noirs,
les trous blancs et les trous « morts ». L’épisode tout entier est présenté
dans un appendice à la Partie 4. Dans un autre appendice, j’étudie la
relation entre Jane et Seth, en faisant appel à de nombreux extraits de
sessions qui n’ont pas été publiés jusqu’à présent.
Dans la Partie 5, Seth livre, entre autres informations, un matériau
considérable destiné à aider le lecteur à accomplir un voyage psychique ;
ceci est en lien avec la session qu’il a donné concernant les rêves et la
photographie du rêve. Il énumère également d’autres éléments à pratiquer
et parle du langage, de la personnalité, de la physique et de certaines de
mes propres expériences réincarnationnelles. Jane aborde les informations
sur les « visions du monde », avec des exemples : Seth définit ce concept
comme étant « la vision de la réalité » qui est conservée dans l’esprit
immortel de chacun de nous, le « tableau vivant » qui existe hors du temps
ou de l’espace, et qui peut être perçu par d’autres. Seth présente aussi un
matériau très important sur ses théories faisant entrer en jeu des
« contreparties ». Il explique de façon assez détaillée comment nous vivons
plus d’une vie à la fois, comment « le moi plus vaste “se divise”, se
matérialisant dans la chair en des individus multiples, dans des
environnements totalement différents —, et pourtant tous engagés dans le
même type de défi créatif. » (Eh oui, je peux écrire ici que, parfois, des
contreparties se rencontrent.)
Dans la Partie 6, Seth développe une bonne part du matériau présenté
dans la Partie 5. Conformément à son intention, de nouvelles informations
apparaissent inévitablement. Il laisse, par exemple, ses idées sur la
réincarnation et les contreparties le conduire à un autre concept
important — celui des « familles de conscience » comme il les appelle. La
famille Sumari, à laquelle Jane et moi avons choisi de nous apparenter, en
est une. Seth nomme chaque famille, la décrit, et montre comment ses
caractéristiques s’entrecroisent avec celles des autres familles. Ainsi, les
actions combinées des familles de conscience créent notre monde tel que
nous le connaissons.
Dans la Partie 6, on trouve également le récit de la façon dont Jane et
moi avons recherché la « maison de la colline », que nous avons achetée et
dans laquelle nous avons emménagé avant que cette dernière partie de La
Réalité « inconnue » soit terminée. Ce matériau constitue une fin excellente
pour ce livre. Pour Jane et moi, cette aventure a été un voyage extrêmement
intéressant à travers un écheveau complexe de probabilités. Les
informations de Seth et mes propres notes détaillent les relations psychiques
et physiques, interdépendantes et cependant spontanées, à l’intérieur
desquelles chacun de nous a décidé de déménager. Tout ceci révèle
comment une compréhension consciente de tels facteurs, dont certains
peuvent remonter à l’enfance, peut grandement aider dans la vie pratique
au quotidien. Comme l’explique Seth dans la Partie 6, session 742 du
16 avril 1975 : « Il est évident que lorsque vous déménagez d’un endroit à
un autre, vous opérez une modification dans l’espace — mais vous modifiez
aussi le temps, et vous mettez en mouvement une impulsion psychologique
qui se propage et a une incidence sur tous ceux que vous connaissez…
C’est souvent dans l’état de rêve que l’on perçoit ce type de messages. Les
maisons vides sont des vides psychiques qui désirent être remplis. Quand
vous déménagez, vous vous installez dans d’autres parties de votre
individualité. »
Robert F. Butts
Septembre 1976
NOTES
** Voir Appendice 1.
LA RÉALITÉ « INCONNUE »
TOME II
Traduit de l’américain
par Dominique Thomas,
James Bryant
et Michka Seeliger-Chatelain
MAMA ÉDITIONS
« Sans la source de la nature, la nature ne durerait pas un seul instant. »
Seth
19 septembre 1977
Avec des ailes
Explorations
[1] Note destinée aux lecteurs intéressés par des données concernant les
publications. Les livres de Jane, Dialogues et Adventures,
s’entrecroisent avec les livres de Seth comme pour leur servir de
contrepoints. Jane évoque d’ailleurs ses propres travaux dans son
introduction de La Réalité personnelle. Je fais aussi mention de ces
ouvrages dans plusieurs notes de ce livre-là, et on y trouve également,
aux chapitres 10 et 11, une sélection de poèmes tirés de Dialogues ;
dans ce même chapitre 11, Seth a utilisé un de ces extraits en lien avec
son propre matériau. Dans le volume I de La Réalité « inconnue », Seth
fait encore référence de temps à autre à Adventures, tandis que, pour
ma part, je fournis des informations sur cet ouvrage dans la note 3 de la
préface de Seth, et dans la note 5 de la session 680, entre autres.
[2] Les citations sont extraites de Seth parle : voir le chapitre 1 à 21 h 35.
Dans le présent volume, peut-être en appendice, j’espère ajouter des
extraits de certaines observations non publiées de Seth concernant le
pont psychologique qui relie Jane et lui. Mais pour l’instant, le lecteur
peut se reporter à ce qu’a écrit Jane sur sa relation avec Seth, dans les
Notes préliminaires du tome I de La Réalité « inconnue ».
[3] Une note ajoutée cinq mois plus tard. Le diagramme 11 qui se trouve au
chapitre 19 d’Adventures cadre bien ici avec le matériau de Seth. Il
montre de façon schématique la relation du cycle individuel de la
naissance et de la mort (en incluant les évènements probables) avec les
autres règnes ou réalités, moins différenciés, qui contribuent à former le
monde. Voir la note 1.
[4] Jane et moi comprenons ce que veut dire Seth lorsqu’il affirme que « les
cellules d’un homme ou d’une femme peuvent devenir celles d’une
plante ou d’un animal ». Toutefois, pour les raisons évoquées dans la
note 3 de la session 687 du tome I, nous pensions plutôt que c’étaient
les composants moléculaires des cellules qui prenaient part aux
structures d’une multitude de formes. (Et j’ajoute qu’une semaine plus
tard, au terme de la session 707, Seth a livré son propre commentaire à
propos des cellules survivant à des changements de forme.)
(La session 706 a eu lieu comme prévu mercredi soir et notre hôte, Tam
Mossman, était présent — mais comme Seth n’a pas dicté de matériau
concernant La Réalité « inconnue », cette session n’est pas retranscrite ici.
Ce soir, j’ai rappelé à Jane notre conversation à propos des cellules et
de leurs composants, à la suite de ce qu’avait dit Seth à 21 h 38 lors de la
session 705. Une partie de la transmission de ce soir fait référence, je
pense, aux questions que nous avons soulevées pendant cette discussion, de
même que la brève clarification que Seth apporte vers la fin de la session.
21 h 21.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée… Les cellules changent évidemment. À l’intérieur d’elles, les
atomes et les molécules sont toujours dans un état de flux. Les UC[1] qui
sont au sein de toute matière ont une banque de mémoires qui dépasserait
de loin celle de n’importe quel ordinateur. En tant que composants
cellulaires, les atomes et les molécules sont donc porteurs de la mémoire de
toutes les formes dont ils ont fait partie.
À des niveaux profonds, les cellules travaillent toujours avec les
probabilités, et comparent des actions et des développements probables à la
lumière des informations génétiques. Un fonctionnement hautement élaboré
entre en jeu, des calculs sont faits instantanément avant que vous puissiez,
par exemple, faire un pas ou lever un doigt. L’activité de prédiction de
l’organisme physique n’est toutefois pas la seule à être impliquée. À ces
niveaux plus profonds, l’activité cellulaire inclut la mise en œuvre de
jugements prédictifs par rapport à l’environnement extérieur du corps. À
l’évidence, le corps n’opère pas seul, mais en relation avec tout ce qui
l’entoure. Quand vous voulez traverser une pièce en marchant, le corps doit
non seulement faire appel à la rétrospection et à la « prédiction » pour ce
qui concerne son propre comportement, mais il doit prendre en
considération l’activité prédictive de tous les autres éléments qui sont dans
cette pièce.
Accordez-nous un instant… À des niveaux fondamentaux, bien sûr, le
mouvement d’un muscle exige celui de cellules et de composants
cellulaires. J’affirme ici que les molécules et les atomes eux-mêmes, du fait
de leurs caractéristiques, ont non seulement affaire aux probabilités au sein
de la structure cellulaire du corps, mais aident également celui-ci à effectuer
des prédictions sur des entités ou objets qui lui sont extérieurs.
(Une pause, puis avec humour.) Vous « savez » par exemple qu’une
chaise ne va pas vous poursuivre tout autour de la pièce — c’est du moins
hautement improbable. Vous savez cela parce que vous avez un esprit doué
de raison, mais ce type particulier d’esprit doué de raison sait ce qu’il sait
parce qu’à des niveaux profonds, les cellules se rendent compte de la nature
d’une action probable. Ce sont cependant les croyances de l’esprit conscient
qui fixent vos buts et vos objectifs. « Vous » êtes celui qui décide de
traverser la salle, et tous ces calculs intérieurs ont alors lieu pour vous aider
à parvenir à votre but. L’intention consciente active donc les mécanismes
intérieurs et modifie le comportement des cellules et de leurs composants.
En termes beaucoup plus larges, les buts établis consciemment par votre
espèce mettent aussi en action le même type d’activité biologique
intérieure. Les buts de l’espèce n’existent pas séparément des buts
individuels. Donc, tandis que vous menez votre vie, vous prenez très
effectivement part aux développements « futurs » de votre espèce. Point.
Penchons-nous un instant sur la psyché personnelle.
(21 h 48.) La « psyché personnelle » est une expression qui sonne bien,
mais elle n’a aucun sens si vous ne l’appliquez pas à votre psyché
personnelle. Un peu d’examen de vous-même devrait vous montrer que, de
façon très simple, vous êtes constamment en train de penser à des
probabilités. Vous faites constamment des choix entre des actions probables
et des alternatives. Un choix présuppose des actes probables, dont chacun
est possible et susceptible d’être actualisé à l’intérieur de votre système de
réalité. Votre expérience personnelle est remplie de décisions de ce genre,
beaucoup plus que vous ne le réalisez généralement. Chaque jour, de petites
situations anodines se présentent : « Irai-je au cinéma ou au bowling ? »
« Est-ce que je vais me brosser les dents maintenant ou plus tard ? » « Dois-
je écrire à mon ami aujourd’hui ou demain ? » Il y a aussi des questions
plus pertinentes par rapport à une profession, un mode de vie ou d’autres
engagements plus profonds. En vos termes, chaque décision que vous
prenez modifie la réalité que vous connaissez à un degré ou un autre.
EXERCICE PRATIQUE 10
[4] Dans le volume I, voir la session 687 à 22 h 01. Seth y décrit comment
le rêveur et ses moi probables, ayant « les mêmes racines psychiques »,
peuvent résoudre ensemble un défi dans une réalité probable.
[5] Jane a elle-même fait mention pour la première fois des « terres de
l’esprit » au cours d’une pause, lors de la session 703 qui a eu lieu il y
a environ trois semaines — mais elle avait « capté » cette expression de
Seth. Voir les notes à la fin de cette session-là, dans le tome I.
SESSION 708
(Jane et moi n’avons pas compris au début que nous allions marquer
une longue pause dans notre travail sur La Réalité « inconnue », après la
session 707 du 1er juillet. Pendant les quatorze semaines qui ont suivi, nous
avons bien sûr été très occupés. Voici donc quelques notes concernant
certaines de nos activités, regroupées par thèmes et non
chronologiquement.
Quelques sessions personnelles non publiées ont cependant eu lieu.
Jane a aussi continué son cours de perception extrasensorielle et, dans ce
contexte spontané, elle a souvent parlé pour Seth ou chanté en sumari[1], sa
langue de transe. L’interruption dans la dictée du livre m’a donné le temps
d’assister régulièrement à ce cours, et j’ai l’intention de continuer à le
faire. Cette pratique m’a permis de découvrir une nouvelle fois à quel point
la structure souple de ce cours agit comme un catalyseur pour certains
petits évènements psychiques que je trouve très agréables. Le cours a lieu le
mardi soir et ce genre d’expérience se produit souvent au moment où je me
repose une demi-heure en fin d’après-midi. J’en rends chaque fois compte
par écrit et j’y associe parfois un dessin qui me sert à compléter la
description que j’en fais en classe.
Suite à la réunion avec son éditeur, fin juin, Jane a consacré son temps
à finaliser le manuscrit d’Adventures, pendant que, de mon côté, je
travaillais sur les diagrammes qui lui sont destinés et sur les dessins pour
Dialogues. J’ai terminé cette semaine les esquisses détaillées, au crayon,
qui serviront de guides pour les deux séries d’illustrations. Pour finaliser ce
travail en vue de la publication, il me reste encore à poser un film d’acétate
sur chaque esquisse puis à réaliser sur cette surface vierge la version finale
au trait ou à la plume. Ce système m’est personnel ; le film d’acétate
chevauchant les contours tracés me donne la liberté de rechercher divers
effets spontanés qui seraient fortement inhibés si j’essayais de suivre trop
fidèlement ces images premières. Fin août, j’ai envoyé à Prentice-Hall le
manuscrit complet d’Adventures de Jane, bien avant d’en avoir terminé les
seize diagrammes [et deux autres œuvres artistiques]. Ce livre doit être
publié dans le courant de l’année 1975, mais je continuerai quand même à
y faire référence dans ces notes.
Le samedi 27 juillet au matin, Jane a reçu de son éditeur le premier
exemplaire de La Nature de la réalité personnelle : un livre de Seth. Elle
était contente et moi aussi. L’aspect physique du livre nous a beaucoup plu.
En tant qu’artiste, je me rends compte quand le contenant est à la hauteur
du contenu, même si ceci importe moins à Jane qui, elle, est plus sensible à
la dimension verbale.
La parution de La Réalité personnelle s’est par ailleurs traduite par un
accroissement conséquent de la quantité de lettres et d’appels
téléphoniques que nous recevons. Le nombre d’invitations à participer à
des émissions de radio ou de télévision a également augmenté. Pour des
raisons diverses, nous ne nous impliquons plus dans ce genre d’activité ;
pourtant, quand l’animateur d’une radio de Miami, en Floride, a appelé
Jane tôt ce matin [le 30 septembre], pour obtenir une interview enregistrée,
elle a spontanément suggéré, à la surprise de son interlocuteur, de la faire
immédiatement — et elle a ainsi dialogué avec lui pendant une demi-heure,
en parlant de son travail de façon libre et improvisée. Cet entretien sera
diffusé ultérieurement.
Pendant cette période d’interruption de notre travail sur La Réalité
« inconnue », nous avons vécu, Jane et moi, quelques petites expériences
psychiques. Celle que je vais mentionner ici a un rapport avec le matériau
publié. Durant la nuit qui a suivi l’arrivée du premier exemplaire de La
Réalité personnelle, alors qu’elle était tranquillement allongée à mes côtés
dans un état modifié de conscience, Jane a reçu une information sur la
façon dont « les anciens paralysaient l’air ». Il devenait alors possible de
marcher dessus et de le manipuler de diverses manières. Elle m’a réveillé
pour me parler de son expérience, et pour que je lui rappelle le lendemain
d’en écrire le compte rendu. Incapable d’identifier la source de cette
information, elle a juste affirmé qu’elle n’était pas en train de rêver. Au
cours du petit-déjeuner, je lui ai dit que, selon moi, ce matériau était en lien
avec les sessions de La Réalité personnelle portant sur le son interne, la
lumière interne et les valeurs électromagnétiques « autour desquelles et à
partir desquelles » se forme l’image physique. J’ai ajouté que certaines
idées de son roman The Education of Oversoul Seven entraient aussi en
ligne de compte[2].
Je n’ai pas lu La Réalité « inconnue » depuis que j’ai fini d’en taper la
dernière session il y a plus de trois mois. La semaine dernière, Jane en a
revu tout le matériau venant de Seth ; elle a pourtant eu besoin de se
remettre en mémoire aujourd’hui le contenu de la session 707. Pendant que
nous la relisions cet après-midi, j’ai pris conscience d’un son à la fois
familier et peu fréquent : le cri des oies. C’est le genre de vacarme
éphémère que je pourrais écouter indéfiniment. Leur vol en direction du sud
a vite disparu au milieu d’un ciel pluvieux et, quelques instants plus tard,
leurs cris n’étaient plus audibles.
J’ai considéré cette migration comme un signe de bon augure, car ces
circonstances me rappelaient fortement celles décrites au début de la
session 687 dans le volume I de La Réalité « inconnue ». Il pleuvait aussi ce
jour-là de la fin du mois de mars — et, comme je l’ai écrit à l’époque de
façon un peu romantique, j’avais associé le vol des oies au travail de Jane
et au mien sur les livres de Seth. Je suis encore surpris d’avoir fait ce
rapprochement, quelles qu’en soient les raisons ; mais nous étions fin prêts
à nous plonger dans un travail hivernal.
20 h 50. Tandis que nous sommes assis à attendre que la session
commence, Jane se sent un peu nerveuse ; c’est souvent le cas après une
interruption dans la dictée d’un livre. Mais comme à chaque fois, elle en
rit : « Je veux qu’on s’y mette enfin. »
À 20 h 55, se rapprochant encore de cet état familier de dissociation, de
ce pont psychologique qui sert de lieu de rencontre entre Seth et elle, Jane
annonce qu’elle a perçu « une idée assez générale de ce que Seth va dire à
propos de la teneur du livre ». Certaines données la concernant sont moins
claires, mais elle pense que Seth va développer tout cela en même temps
que son matériau sur La Réalité « inconnue ». « J’imagine, dit-elle, que
nous allons commencer par le livre… »
L’élocution de Jane en tant que Seth est bonne. Elle est d’ailleurs
souvent rapide et ne donne pas du tout le sentiment qu’il y a eu trois mois
de pause après la session 707.
20 h 58.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant, dictée. La conscience opère grâce à ce que vous pourriez
appeler des systèmes de codes. Leur nombre est incalculable. La conscience
se différencie donc en opérant au sein de certains systèmes de code qui
favorisent directement certains types particuliers de focalisation, en laissant
entrer certains types de signifiances[3] tout en bloquant d’autres données à
l’extérieur.
Ces autres données, bien sûr, peuvent être signifiantes dans des
systèmes de code différents. À leur façon, ces systèmes sont toutefois
interreliés, de sorte qu’à d’autres niveaux, il y a une communication entre
eux — des données secondaires, pourrait-on dire, qui servent de supports,
mais sur lesquelles ne porte pas la focalisation première.
Ces systèmes de code font entrer en jeu des constructions moléculaires
et des valeurs de lumière[4], et, dans certains cas, ces valeurs de lumière
offrent autant de précision et d’efficacité que les lettres de votre alphabet. Il
est manifeste que certaines formes de vie, par exemple, réagissent à des
spectres qui ne vous sont pas familiers — mais au-delà de cela, il y a des
gammes électromagnétiques, ou plutôt des extensions de gammes
électromagnétiques qui vous sont complètement inconnues et auxquelles
répondent d’autres formes de vie.
À nouveau, tous ces systèmes de code[5] sont interreliés. De la même
façon, la psyché personnelle contient en elle des traces et des aperçus de
réalités alternatives. Ceux-ci agissent en tant que codes secondaires, pour
ainsi dire, qui sont sous-jacents à l’existence que vous reconnaissez
officiellement. De tels systèmes secondaires peuvent beaucoup vous en dire
sur les potentiels de la réalité humaine, sur ceux qui sont latents, mais
peuvent à tout moment être activés et acquérir une importance primordiale.
Les systèmes secondaires de ce type indiquent aussi la direction des
développements probables qui sont possibles pour des individus ou des
espèces.
Toutes les probabilités concrètement possibles dans le développement
humain sont donc présentes en chaque individu, à un degré ou à un autre.
Tout progrès biologique ou spirituel que vous pouvez imaginer ne va bien
sûr pas provenir d’un agent extérieur, mais du sein de l’héritage d’une
conscience faite chair. D’une manière générale, ceux qui vivent dans ce
siècle ont opté pour un type particulier d’orientation. L’espèce a choisi de se
spécialiser dans certaines formes de manipulation physique, de concentrer
ses énergies dans certaines directions. Ces orientations ont donné le jour à
une réalité unique en son genre. En d’autres termes, l’être humain ne s’est
pas embarqué dans une impasse. Il a étudié la nature de sa conscience — en
l’utilisant comme si elle ne faisait pas partie du reste de la nature et en
percevant donc la nature et le monde sous une lumière particulière[6]. Cette
lumière l’a finalement conduit à se sentir isolé, seul et, dans une certaine
mesure, relativement impuissant. (Avec insistance.)
(À un rythme rapide.) L’être humain est en train d’apprendre comment
utiliser la lumière de sa propre conscience et de découvrir jusqu’à quel
point il peut compter sur une méthode particulière pour s’en servir. Il
étudie ce qu’il peut faire et ne pas faire avec cette focalisation. Il découvre à
présent qu’il a aussi besoin d’autres lumières, en d’autres termes — qu’il
s’était uniquement focalisé sur une partie réduite d’un éclairage intérieur
complet, susceptible d’être utilisé dans de nombreuses directions.
Examinons certaines de ces autres directions qui sont innées dans la
conscience de l’homme et attendent toujours d’être utilisées efficacement.
Je m’exprime en vos termes historiques, car, avant le système historique
que vous reconnaissez, l’homme a en fait expérimenté ces autres directions-
là, et avec un certain succès. Cela ne veut pas dire que l’homme
d’aujourd’hui soit tombé d’un quelconque accomplissement spirituel plus
élevé jusqu’à son état actuel.
(Une pause à 21 h 16.) Il y a des cycles au cours desquels la conscience
forme une expérience terrestre, et établit les grandes lignes de séquences
historiques. Il y a ainsi eu d’autres espèces du genre humain en dehors de la
vôtre, chacune gérant des données physiques à sa manière. Certaines ont
donc pris des directions autres que celle que vous avez choisie. Cependant,
même ces voies-là sont latentes ou secondaires au sein de votre expérience
personnelle et collective. Elles demeurent en vous et vous présentent des
réalités alternatives[7] que vous pouvez choisir ou non, de façon personnelle
ou en masse, comme vous préférez.
Chaque système produit bien sûr sa propre culture, sa « technologie »,
son art et sa science. À la base, le corps physique est équipé pour se
maintenir en tant qu’organisme sain, doté d’une longue vie qui dépasse
largement votre compréhension actuelle, médicalement parlant. La
compréhension cellulaire[8] fournit toutes sortes de thérapies internes, qui
opèrent de façon parfaitement naturelle. Il y a un échange mutuel physique
entre le corps et l’environnement, au-delà de celui que vous reconnaissez ;
une dynamique intérieure qui vous échappe ici, et qui unit la santé des
plantes, celle des animaux et celle des hommes. L’exemple le plus simple et
le plus terre à terre est le fait que, lorsque vous vivez dans un
environnement suffisamment équilibré et sain, les plantes de votre maison
et vos animaux se portent bien, eux aussi. Vous formez votre environnement
et vous en êtes une partie. Vous y réagissez, en oubliant souvent cette
relation-là. Idéalement, le corps a la capacité de rester en excellente santé
— et, en plus, de se maintenir au plus haut niveau d’accomplissement
physique. Les exploits de vos plus grands athlètes vous donnent une
indication de la vraie capacité du corps. Dans votre système de croyances,
cependant, ces athlètes doivent s’entraîner et focaliser toute leur attention
dans cette direction-là, souvent aux dépens d’autres aspects de leur
existence. Mais leurs performances vous montrent ce dont le corps est
capable.
Le corps est équipé, encore une fois idéalement, pour se débarrasser de
n’importe quelle maladie, et pour maintenir sa stabilité dans ce que vous
appelleriez un âge avancé, avec seulement un changement global graduel.
Dans le meilleur des cas, ce changement donnerait lieu à des
transformations spirituelles. Quand vous partez en vacances, par exemple,
vous fermez votre maison. En ces termes idéaux, la mort impliquerait la
fermeture de votre maison [physique] ; celle-ci ne se désagrégerait pas pour
autant autour de vous.
(Une pause à 21 h 34.) Or, certains individus entraperçoivent cette
grande capacité naturelle de guérison du corps et l’utilisent. Les médecins
en font parfois le constat lorsqu’un patient atteint d’une maladie prétendue
incurable guérit soudain. Les guérisons « miraculeuses » sont simplement
des exemples de ce qu’est la nature non entravée. Les médecins complets,
évoqués antérieurement[9], seraient des personnes ayant compris la vraie
nature du corps et ses potentiels — des personnes qui transmettraient donc
ces idées-là et encourageraient les autres à faire confiance à la validité du
corps. Certaines des capacités du corps vous semblent impossibles, parce
que vous n’avez aucune preuve venant les confirmer. De nombreux organes
peuvent complètement se régénérer eux-mêmes, les parties malades étant
remplacées par de nouveaux tissus.
(Une pause au milieu d’une transmission plus lente.) Beaucoup de
personnes développent un cancer sans le savoir et s’en débarrassent. Des
appendices enlevés par intervention chirurgicale repoussent. Ces pouvoirs
du corps sont biologiquement tout à fait réalisables en termes pratiques,
mais uniquement grâce à un changement complet de focalisation et de
croyance. Votre insistance à vous séparer de la nature vous a
automatiquement empêché de faire confiance aux aspects biologiques du
corps, et vos concepts religieux vous ont rendus encore plus étrangers à sa
spiritualité.
D’un autre côté, dans votre réalité, votre conscience est en général
identifiée au corps — c’est-à-dire que vous pensez que votre conscience a
toujours été à l’intérieur de votre chair. Pourtant, de nombreux individus
[dont Jane et moi] se sont retrouvés hors de leur corps, pleinement
conscients et lucides.
(21 h 45. Jane sort très facilement de son état de transe, comme elle le
fait d’habitude. « Alors, lui dis-je, comment te sens-tu à présent ? »
« C’est bon de reprendre les sessions pour le livre », répond-elle en
souriant.
Tranquillement assis, nous pouvons entendre le bruit des voitures
traversant le nouveau Walnut Street Bridge, qui enjambe avec grâce la
Chemung River juste à côté de chez nous ; un peu plus tôt dans la soirée, il
a plu et les sons en sont atténués. Soit dit en passant, cette construction à
quatre voies a été ouverte ce matin au public, après une brève cérémonie. Il
remplace le vieux pont détruit lors de la tempête tropicale Agnès en juin
1972 ; voir mes notes de la session 613 au chapitre 1 de La Réalité
personnelle.
Reprise à un rythme plus lent à 21 h 56.)
Dans certaines conditions, le corps peut donc se maintenir pendant que
la « conscience principale » est en dehors de lui. La conscience du corps est
tout à fait capable de pourvoir à l’équilibre global. À certains niveaux de
l’état de sommeil, c’est ce qui se produit. Dans le somnambulisme, le corps
est actif, mais la conscience principale n’est pas « réveillée ». Elle ne
manipule pas le corps. La conscience principale est ailleurs. Dans ces
conditions, le corps peut accomplir des tâches et il manœuvre souvent avec
un incroyable sens de l’équilibre. Cette finesse, à nouveau, laisse entrevoir
des aptitudes physiques qui d’ordinaire ne sont pas utilisées. La conscience
principale, à cause de ses croyances, entrave souvent cette capacité à
manœuvrer dans la vie normale de l’état de veille.
Intéressons-nous un instant à la conscience du corps.
Il est équipé, comme l’animal, pour fonctionner admirablement dans
son environnement. Vous le diriez dénué d’esprit, puisque vous avez
l’impression qu’il ne raisonne pas. Pour illustrer cette discussion, imaginez
un corps doué d’une conscience corporelle pleinement opérante, sans
maladie ou défaut de naissance, mais dépourvu de la conscience
prépondérante, égocentrée, qui est la vôtre. Il y a eu des espèces de cette
nature. En vos termes, ces êtres vous paraîtraient des somnambules,
pourtant leurs capacités physiques surpassaient les vôtres. Ils étaient en fait
aussi agiles que les animaux — et n’étaient pas inconscients[10]. Ils
utilisaient simplement un type différent de conscience.
En vos termes, ils n’avaient pas de but [global], leur objectif était
simplement d’être. Les principaux points d’intérêts de leur conscience
étaient ailleurs, dans un autre type de réalité, alors que leurs manifestations
physiques en étaient séparées. Les principales focalisations de leur
conscience se rendaient à peine compte des corps qu’ils avaient créés.
Toutefois, même ces corps apprenaient, écrivez maintenant entre
guillemets, « par l’expérience » et commençaient à « s’éveiller », à prendre
conscience d’eux-mêmes, à découvrir le temps, ou à le créer. Point.
(Une pause.) De leur point de vue, ces somnambules, comme nous
allons les appeler, n’étaient pas endormis, ils ne le paraîtraient que du vôtre.
Il y a eu plusieurs races d’êtres humains de ce type. Leur expérience
[globale] principale se situait en dehors du corps. L’existence corporelle
physique était un effet secondaire. Pour eux, le réel était la vie à l’état de
rêve, qui contenait les plus hauts stimuli, l’expérience la plus focalisée, le
but le plus soutenu, l’activité la plus sensée, et le comportement social et
culturel le plus organisé. Ceci est l’autre face de votre propre expérience,
pour ainsi dire. Ces races ont laissé la Terre physique pratiquement comme
elles l’ont trouvée. L’activité principale faisait appel à une conscience
distincte du corps. En vos termes, la culture physique était rudimentaire.
Maintenant, l’organisme physique en tant que tel est capable de vivre un
système de réalité de ce type. Celui-ci n’est ni meilleur ni pire que le vôtre.
Il s’agit simplement d’un comportement alternatif, biologiquement et
spirituellement possible. Aucun système compliqué de transport physique
n’était mis en place. Dans l’état physique, dans ce que vous appelleriez
l’état de veille, ces individus dormaient. Pour vous, comparativement, leurs
activités éveillées ressembleraient à un rêve et pourtant, ils agissaient
physiquement avec une grâce naturelle permettant à leur corps de
fonctionner au mieux de ses capacités. Ils ne l’encombraient pas avec des
croyances négatives de maladie ou de limitation. Ces corps ne vieillissaient
pas dans la même mesure que maintenant, comme les vôtres, et ils
jouissaient d’une grande aisance et d’un fort sentiment d’appartenance à
l’environnement.
(22 h 24.) Une conscience connectée à la chair a donc, spirituellement et
biologiquement, une grande latitude, et elle peut se focaliser de multiples
façons avec la chair et par elle, indépendamment de votre propre orientation
particulière. Il y a eu des civilisations hautement sophistiquées et
développées qui ne vous auraient pas été perceptibles, car leur principale
orientation était mentale ou psychique, alors que l’aspect physique lui-
même semblait extrêmement sous-développé.
Dans certains de leurs rêves, beaucoup de mes lecteurs ont découvert
une réalité tout aussi vive que la réalité normale, et parfois même
davantage. Ces expériences peuvent vous donner une vague idée du type
d’existence dont je parle[11]. Il y a aussi des dispositifs physiques, liés aux
capacités d’hibernation de certains animaux, qui peuvent fournir plus
d’indices sur les relations possibles de la conscience au corps. Dans
certaines conditions, par exemple, la conscience peut s’affranchir du
mécanisme corporel, alors que celui-ci reste intact — il fonctionne, mais à
un niveau de maintenance. Quand les conditions optimales reviennent, la
conscience réactive le corps. Un tel comportement est possible, et pas
seulement chez les animaux. Dans des systèmes différents du vôtre, il existe
des réalités où des organismes physiques sont réactivés — à nouveau,
quand les conditions sont bonnes —, après ce qui vous semblerait être des
siècles d’inactivité[12]. Dans une certaine mesure, vos cycles de vie et de
mort ne sont qu’un autre aspect du principe d’hibernation, tel que vous le
comprenez. Votre conscience quitte le corps pratiquement de la même façon
que les messages sautent d’une terminaison nerveuse à l’autre[13]. À ce
moment-là, la conscience n’est pas détruite.
Maintenant, dans le cas d’un animal qui hiberne, le corps se trouve dans
le même état. Mais dans l’hibernation plus profonde dont vous pouvez faire
l’expérience, votre corps en tant qu’ensemble est incapable d’être
opérationnel. Il est évident que les cellules qui sont en vous meurent
constamment. Le corps que vous avez aujourd’hui n’est pas celui que vous
aviez il y a dix ans ; ses composants physiques sont morts de nombreuses
fois depuis votre naissance, mais, à nouveau, votre conscience, tel un pont,
enjambe ces vides (avec des gestes). Ceux-ci pourraient au contraire être
acceptés, auquel cas vous auriez l’impression d’avoir été, disons, un moi
réincarné à l’âge de sept (avec insistance), quatorze ou vingt et un ans. La
séquence particulière de votre conscience se poursuit cependant. En termes
fondamentaux, le corps meurt souvent, et de façon aussi sûre que vous
pensez qu’il meurt dans la seule mort que vous reconnaissez. À de multiples
occasions, il se désagrège physiquement, mais votre conscience passe outre
ces « morts-là ». Vous ne les percevez pas. L’étoffe de votre corps sombre
littéralement dans la terre de nombreuses fois, alors que vous pensez
qu’elle le fait seulement à la « fin de votre vie ».
À nouveau, votre conscience enjambe triomphalement ces morts que
vous ne reconnaissez pas en tant que telles. Dans l’existence
tridimensionnelle que vous avez choisie, et en ces termes-là, votre
conscience reconnaît finalement une mort. Extérieurement, il est
pratiquement impossible de localiser avec précision ce carrefour de la
conscience et l’apparente séparation du corps. Il y a un moment où vous, en
tant que conscience, décidez que la mort va avoir lieu, quand, en vos
termes, vous n’enjambez plus le vide de ces morts infimes non admises.
(Une pause à 22 h 43, au cours d’une forte transmission.) Ici, la
conscience décide de quitter la chair, d’accepter une mort officielle[14].
Vous avez toutefois déjà choisi un contexte, et il semble que ce contexte-là
soit inévitable. Le corps paraît durer un temps donné et pas plus. Le fait
demeure que vous avez choisi le type de conscience qui s’identifie à la chair
pendant une certaine période de temps. Pour d’autres espèces de conscience
— d’un ordre totalement différent, et avec un rythme différent
d’expérience —, une vie en vos termes serait considérée comme une
journée, et franchir ce vide entre une vie apparente, la mort et une nouvelle
vie ne leur poserait aucun problème.
Certains individus se retrouvent avec des souvenirs d’autres vies, qui
sont des journées pour l’âme. Ces personnes se rendent alors compte d’une
conscience plus vaste dont la portée dépasse ces intervalles, et elles
comprennent que l’expérience terrestre peut inclure la connaissance d’une
existence dans plus d’un corps. La conscience affiliée à la chair peut donc
être porteuse de telles compréhensions, de façon inhérente. L’esprit de
l’homme, tel que vous le connaissez, est potentiellement apte à traiter un
type de mémoire dont vous n’avez généralement pas connaissance. Cela
signifie que, même biologiquement, l’espèce est équipée pour gérer
différentes séquences de temps, tout en manœuvrant à l’intérieur d’un
système de temps particulier. Cela implique aussi une richesse
psychologique beaucoup plus vaste — tout à fait possible, encore une fois,
au sein d’une réalité corporelle —, permettant de gérer de nombreux
niveaux de relations. Une telle connaissance intérieure est inhérente aux
cellules et, en termes ordinaires d’évolution, elle est tout à fait possible en
tant que développement « futur ».
Dans votre réalité, la connaissance se transmet d’habitude à travers les
âges par des livres et des documents historiques. Pourtant, chaque individu
porte en lui un gisement immense : une connaissance directe du passé, en
vos termes, grâce à une compréhension inconsciente.
La réalité inconnue : une bonne part de cette réalité est inconnue
uniquement parce que vos croyances vous maintiennent enfermés, à l’écart
de votre propre connaissance. L’étendue de votre conscience est sans
limites. Comme vous acceptez l’idée d’un mouvement du temps en ligne
droite, il vous est impossible de voir avant ou après ce que vous considérez
être votre naissance ou votre mort[III] ; pourtant, votre conscience plus large
se rend parfaitement compte de ce type d’expérience. Idéalement, il est non
seulement possible de se souvenir des vies « passées », mais aussi de
planifier maintenant des vies futures. En termes plus vastes, toutes ces vies
ont lieu en même temps. Votre structure neurologique actuelle fait que cela
semble impossible, pourtant votre conscience intérieure n’est pas entravée
de cette manière.
(D’une voix plus forte.) Faites votre pause ou terminez la session,
comme vous préférez.
(« Nous allons faire une pause. »
23 h 00. La transe de Jane est excellente. Elle se souvient vaguement
que Seth a parlé de « somnambules ». Je lui décris brièvement le matériau,
avant d’ajouter : « Ce serait drôle si cette information s’appliquait à nos
propres ancêtres, nos hommes des cavernes, comme nous les appelons. » Ce
à quoi Jane répond que, selon elle, c’est le cas, sans préciser davantage.
Elle veut que Seth réponde à deux ou trois de ses questions, maintenant
qu’il a repris la transmission de La Réalité « inconnue » ; je suggère donc
que nous lui demandions de livrer ce matériau maintenant. Jane hésite. « Je
perçois de la matière à la fois pour le livre et pour moi, dit-elle. Je ne sais
pas quoi faire. Attends — il y a un exercice pratique qui entre en jeu… »
Reprise à 23 h 25.)
Maintenant.
EXERCICE PRATIQUE 11
[2] Dans La Réalité personnelle, voir les sessions 623, 624 et 625 au
chapitre 5. Dans Ouversoul Seven, voir au chapitre 12, par exemple, la
partie où Jane décrit non seulement le déplacement aérien d’objets
— de rochers —, mais aussi une « tension supplémentaire » dans l’air
lui-même, « comme si un million de voyelles et de syllabes s’élevaient
dans les airs, toutes scintillantes, toutes… vivantes ; comme des
animaux-sons… »
[7] Dans le tome I : Seth fait référence à certaines variétés d’hommes des
temps anciens, dans la session 689 (voir aussi la note 4) ainsi que dans
la session 691 après 22 h 30 ; voir ensuite l’appendice 6 pour le
matériau de Jane sur l’homme parallèle, l’homme alternatif et l’homme
probable.
Le lecteur peut en outre revoir les informations de Seth sur d’anciennes
civilisations, au chapitre 15 de Seth parle.
La session 699 dans le tome I traite en partie des images rêvées et des
« photographies » subjectives du rêve. En guise de première note de
cette session-là, j’ai inséré un de mes poèmes favoris, écrit par Jane et
intitulé Mon moi rêvant. Elle l’a écrit en 1965, environ un an et demi
après avoir commencé à transmettre le matériau de Seth. Je peux
aujourd’hui ajouter qu’à cette époque-là, elle avait en fait écrit deux
poèmes sur les rêves ; j’ai gardé le second pour le tome II.
Dans les maquis de minuit
Tandis que la lune
brille tranquillement,
les rêveurs plongent
dans les maquis de minuit.
La ville est endormie.
Les corps sont étendus,
côte à côte,
bien rangés et vides.
(À 21 h 18, Jane dit : « Je le sens dans les parages… J’ai une idée de ce
dont il va parler — mais je ne reçois pas encore le matériau, je dois donc
attendre… »
Puis, très calmement, à 21 h 21.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. Tout ce qui est apparemment tridimensionnel a une
source intérieure, d’où jaillit son apparence. Encore une fois, ceci est
difficile à expliquer — non pas parce que Ruburt ne dispose pas du
vocabulaire, mais parce qu’un langage basé sur des séquences de mots
préconditionne automatiquement des idées selon certains schémas.
Échapper à ce préconditionnement peut être une tâche difficile. Nous allons
toutefois faire de notre mieux.
La cellule, telle que vous la comprenez, n’est rien d’autre que la face
tridimensionnelle d’une cellule. L’idée de tachyons[1], telle qu’elle est
actuellement comprise, est fondamentalement légitime, bien
qu’extrêmement déformée. Avant qu’une véritable cellule ne produise son
apparence physique, il y a des « perturbations » à l’endroit même où elle va
ensuite se manifester. Ces perturbations résultent d’un ralentissement des
effets antérieurs d’une activité plus rapide que la lumière et elles
représentent l’émergence dans votre système espace-temps d’une énergie
qui peut ensuite être efficacement utilisée et prendre la forme d’une
structure cellulaire.
Le processus même du ralentissement contribue à « geler » l’activité en
une forme. À la mort d’une cellule, un processus inverse se produit — la
mort est la fuite de cette énergie hors de la forme cellulaire, sa libération,
une libération qui elle-même déclenche certaines phases d’accélération. Il y
a ce que l’on peut appeler un résidu, ou un débris d’énergie, qui « enrobe »
la cellule et demeure à l’intérieur de ce système. Rien de tout cela ne peut
être vérifié depuis l’intérieur de ce système — ni l’activité initiale plus
rapide que la lumière ni la décélération ultérieure. Ce fonctionnement plus
rapide que la lumière contribue donc à former la base de l’univers physique.
Cette caractéristique est un attribut des UC, qui ont déjà quelque peu ralenti
lorsqu’elles forment les unités EE[2].
(Une pause parmi bien d’autres à 21 h 37.) Pendant qu’elles opèrent à
travers les structures du corps, les consciences comme la vôtre se focalisent
surtout sur l’orientation tridimensionnelle. Dans des états de sortie du corps,
cependant, la conscience peut voyager plus vite que la lumière — souvent
d’ailleurs instantanément.
Cela se produit fréquemment dans l’état de rêve, bien qu’il soit possible
d’accomplir une telle performance dans divers états modifiés de conscience.
Dans ces moments-là, la conscience établit simplement une relation
différente avec l’espace et le temps. Le corps physique ne peut cependant
pas suivre. C’est en modifiant sa propre relation avec l’univers physique
que la conscience peut mieux comprendre les propriétés qui sont les
siennes, et apercevoir l’univers physique à partir d’un autre point de vue, et
donc sous une lumière différente. En opérant hors du corps, la conscience
perçoit mieux les propriétés de la matière. Cependant, elle ne peut pas
(avec insistance) faire l’expérience de la matière de la même façon que
lorsqu’elle est physiquement orientée.
De votre point de vue ordinaire, la conscience qui voyage ainsi n’est pas
focalisée, pas enfermée dans des coordonnées physiques selon le mode
attitré. Il est toutefois possible, au moins théoriquement, d’explorer le
monde dit intérieur exactement de cette façon-là. La conscience
« s’affranchit » pendant un temps de ses coordonnées habituelles. Quand
cela se produit, le voyageur hors du corps n’est pas simplement hors de sa
forme corporelle. Il sort de son contexte habituel. Même si un individu
quitte son corps pour errer à travers la pièce à quelques mètres à peine de
l’endroit où se trouve son corps[3], il y a des modifications — la relation de
la conscience à la pièce est différente. La relation de l’individu au temps et
à l’espace s’est modifiée. Le temps hors du corps est un « temps libre »
selon vos critères. Ainsi, vous ne vieillissez pas, bien que cet effet varie en
fonction de certains principes. Je mentionnerai ceux-ci ultérieurement[4].
(21 h 48.) Une telle conscience voyageuse peut se déplacer à l’intérieur
de la réalité physique : bien que ne se rattachant pas à ce système selon le
mode habituel, elle peut encore y être associée. Depuis ce point de vue, la
matière elle-même apparaît d’une façon différente de l’ordinaire. D’un autre
côté, une conscience hors du corps peut aussi pénétrer d’autres réalités
physiquement orientées : celles qui opèrent « à des fréquences différentes
de la vôtre ». La nature fondamentalement indépendante de la conscience
permet ce genre de désengagement[5]. La conscience du corps maintient son
propre équilibre et agit un peu comme une station de maintenance.
Toute discussion sur la réalité inconnue doit nécessairement tenir
compte de certaines hypothèses, généralement écartées, sur les
caractéristiques de la conscience elle-même. Le monde tel que vous le
connaissez est le résultat d’un ensemble complexe de « codes » [comme
cela a été dit au début de la dernière session], enfermés les uns à l’intérieur
des autres, chacun dépendant des autres. L’univers précis que vous percevez
est donc, dans toutes ses parties, le résultat de modèles codés, dont chacun
s’insère parfaitement dans le suivant. Modifiez l’un d’eux et, dans une
certaine mesure, vous sortez de ce contexte-là. Tout évènement, de
quelque type qu’il soit, qui ne croise pas directement et de façon
impeccable votre continuum espace-temps, ne se produit pas en vos termes,
mais s’évanouit. Il devient probable dans votre système, mais cherche son
propre « niveau » et s’actualise lorsqu’il s’insère dans une autre réalité dont
la « séquence codée » correspond à la sienne. Point.
(Une pause à 22 h 10.) Quand la conscience quitte le corps, elle modifie
donc certaines coordonnées. Diverses questions impliquant la nature de la
perception se posent alors et nous en discuterons plus tard [voir la note 4].
La conscience est équipée pour focaliser sa principale énergie, en vos
termes du moins, généralement à l’intérieur du corps, ou pour s’en écarter
pendant des durées de temps variables. Théoriquement, votre conscience
humaine peut prendre beaucoup de routes différentes tout en maintenant sa
base physique. En des temps historiques remontant à un lointain passé,
divers types d’orientation ont été expérimentés [par les « somnambules »
décrits dans la dernière session par exemple]. Votre propre expérience
actuelle peut fournir des indices et des traces de ces autres cultures, car ces
aptitudes-là résident maintenant à l’intérieur de votre structure naturelle,
mais elles sont sous-développées.
À un degré ou à un autre, tous les potentiels de l’espèce sont maintenant
latents à l’intérieur de chaque individu. Ils jaillissent souvent à la surface
sous la forme d’évènements qui peuvent sembler bizarres. La réalité
« inconnue » est inconnue uniquement parce que vous n’en avez pas
cherché les aspects en vous. On vous a appris à prêter presque
exclusivement attention à votre comportement extérieur. Alors intimement,
une bonne part de votre vie intérieure vous échappe. Vous structurez
souvent votre vie en fonction de ce modèle extérieur d’évènements. Ces
derniers, bien qu’importants, sont le résultat de votre propre monde
intérieur d’activité. Ce monde-là est votre seule réelle connexion avec les
évènements extérieurs, et les détails objectifs prennent un sens uniquement
du fait de la subjectivité qui leur a donné naissance[6].
De la même manière, quand vous regardez l’état actuel du monde, ou
l’histoire, vous structurez souvent vos perceptions de telle sorte que seule la
surface des évènements est perçue. En utilisant le même type de
raisonnement, vous êtes enclins à juger le passé historique de votre espèce
en termes limités, et à négliger d’importants éléments dont vous êtes
redevables envers l’histoire, parce qu’ils ne semblent pas avoir de sens.
(Une longue pause, les yeux clos.) Tant que vous croyez, par exemple,
que seule la technologie telle que vous la comprenez signifie le progrès, et
que le progrès exige nécessairement la prépondérance d’une manipulation
physique de l’environnement, devant se poursuivre à jamais, vous jugerez
les civilisations passées sous cet éclairage-là. Cela vous rendra aveugles à
certains accomplissements et à d’autres orientations, au point que vous
serez incapables de voir la preuve d’un accomplissement, alors qu’il
apparaît sous vos yeux.
(Une bonne minute de pause à 22 h 30, les yeux clos.) Accordez-nous
un instant… Vous n’avez pas travaillé avec le pouvoir de la pensée ou du
sentiment, mais seulement avec ses effets physiques. Voilà pourquoi seuls
les évènements matérialisés physiquement sont pour vous évidents. Ainsi,
vous n’acceptez pas vos rêves comme étant réels, mais, en règle générale,
vous les considérez comme des fantasmes — des évènements imaginaires.
Jusque très récemment, vous croyiez communément que toutes les
informations parvenaient au corps à travers les sens extérieurs et ignoriez
toute preuve du contraire. Il vous était impossible d’imaginer des
civilisations fondées sur des données qui étaient reçues mentalement,
consciemment acceptées et utilisées de manière créative[7]. Dans de telles
circonstances, les scientifiques pouvaient difficilement rechercher une
précognition dans les cellules[8]. Dès le départ, ils ne croyaient pas à son
existence.
Le corps humain lui-même a un potentiel sans limites, et présente des
variantes qui permettent différents types d’orientation. L’homme probable
représente l’homme alternatif selon votre point de vue, des versions
alternatives de l’espèce. La même chose s’applique au niveau individuel.
Dans des états de sortie du corps, de nombreuses personnes ont rencontré
des moi probables et des réalités probables. Elles ont aussi voyagé dans le
passé et le futur, tels que vous les concevez. La psyché personnelle contient
la connaissance de ses propres probabilités, et elle possède un miroir dans
lequel l’expérience de l’espèce peut au moins être entrevue.
Vous êtes habitués à un type particulier d’orientation, accoutumés à
utiliser votre conscience d’une façon particulière. Pour étudier la réalité
« inconnue », vous devez toutefois essayer de voir ce que votre conscience
peut faire d’autre. Cela signifie que vous devez apprendre à retrouver la
vraie sensation de vous-même.
Pour essayer d’en savoir plus sur la nature de la réalité, il y a deux
moyens principaux — une méthode extérieure et une intérieure. Il est bien
sûr possible de les utiliser ensemble et, de votre point de vue, elles doivent
offrir la plus grande efficacité. Vous connaissez bien les moyens extérieurs
qui permettent d’étudier l’univers objectif et de collecter des faits à partir
desquels certaines déductions sont faites. Dans ce livre, nous allons donc
mettre l’accent sur les moyens intérieurs d’acquisition, pas nécessairement
de faits, mais de connaissance et de sagesse. Maintenant, les faits peuvent
vous procurer ou non de la sagesse. S’ils sont suivis aveuglément, ils
peuvent même vous éloigner de la vraie connaissance. La sagesse vous
montre l’intérieur des faits, pour ainsi dire, et les réalités d’où ils émergent.
Une bonne partie de la suite de La Réalité « inconnue » traitera donc du
regard intérieur que l’on peut porter sur la nature de la réalité, et certains
exercices vous permettront de vous voir, vous et votre monde, depuis une
autre perspective. Par la suite, j’ai l’intention d’en dire bien davantage sur
certaines civilisations qui, en vos termes, ont précédé la vôtre [voir pourtant
la dernière phrase de la note 4]. Avant que vous puissiez comprendre leur
orientation, nous devons parler de types alternatifs de conscience et
d’expérience de sortie du corps. Cela vous aidera à comprendre comment
d’autres formes de culture ont pu opérer selon des modes qui vous sont si
étrangers.
(D’une voix plus forte.) Vous pouvez faire une pause ou terminer la
session, comme vous préférez.
(« Nous allons faire une pause. »
22 h 55. Jane est devenue de plus en plus concentrée et son élocution
légèrement plus rapide au fur et à mesure de la transmission. Comme
c’était le cas avant nos trois mois d’interruption [après la session 707], les
transes de Jane pour La Réalité « inconnue » se révèlent plus « difficiles »
à démarrer que celles des précédents livres de Seth[9]. Souvent, même après
une pause, elle doit aussi attendre le bon moment pour reprendre la dictée ;
alors ce soir, après que nous avons partagé une pomme, la voilà qui
s’impatiente, attendant le retour de Seth. Reprise enfin à 23 h 25.)
Dictée. Nous allons discuter des méthodes alternatives d’orientation que
peut adopter la conscience quand elle s’allie à la chair, en essayant d’offrir
au lecteur une expérience personnelle de ce type de conditions modifiées,
ainsi qu’une brève histoire de certaines civilisations qui ont utilisé ces
orientations non officielles comme méthode prédominante de focalisation.
Pour vous familiariser avec la réalité « inconnue », vous devez, dans
une certaine mesure, admettre qu’elle existe et être disposé à mettre un peu
de côté votre comportement habituel. Toutes les méthodes données sont
naturelles, inhérentes à la structure du corps et même biologiquement
anticipées. Votre conscience ne pourrait pas quitter votre corps et y revenir
s’il n’y avait pas de mécanismes biologiques permettant une telle
performance.
J’ai dit [comme à 21 h 48] que le corps peut effectivement suivre son
cours, accomplir ses activités nécessaires de maintenance, pendant que la
conscience principale se détache de lui. Il peut même, jusqu’à un certain
point, accomplir des choses simples. (Une pause.) Durant le sommeil, en
fait, il n’est pas du tout nécessaire que la conscience principale reste
vigilante dans le corps. À ce propos, une telle relation étroite entre le corps
et la conscience principale est nécessaire uniquement dans certains types de
civilisations. Il y a d’autres situations dans lesquelles la conscience a
l’habitude de partir vagabonder beaucoup plus loin et de revenir dans le
corps comme à une station de base et à un centre opérationnel, comptant sur
lui pour certains types de perceptions uniquement, mais ne dépendant pas
de lui pour la représentation globale de la réalité. La vie physique seule
n’exige pas nécessairement le type d’identification qui est le vôtre, celui du
moi à la chair.
Cela ne veut pas dire que ces réalités-là résultent d’une aliénation — il
s’agit simplement d’une relation dans laquelle le corps et la conscience sont
en contact avec d’autres évènements. Seuls vos croyances, votre formation
et votre endoctrinement neurologique vous empêchent de reconnaître la
vraie nature de votre conscience pendant que vous dormez. Vous rejetez ces
données-là. Pendant ce temps-là, dans un ordre intérieur d’évènements,
vous êtes toutefois extrêmement actifs et accomplissez une bonne part du
travail mental intérieur qui, par la suite, se manifestera en tant
qu’expérience physique.
(Lentement à 23 h 43.) Tandis que votre conscience est ainsi engagée,
celle de votre corps remplit de nombreuses fonctions qu’il lui est impossible
d’accomplir à l’état de veille. La créativité biologique la plus intense a lieu
lorsque vous dormez par exemple, et certaines fonctions cellulaires[10] sont
accélérées. Un tel désengagement, de la part de votre conscience principale
et du corps, est donc évidemment nécessaire, sinon cela ne se produirait
pas. Dormir n’est pas un sous-produit de la vie éveillée.
D’un point de vue plus large, quand vous dormez, vous êtes tout aussi
éveillés, mais la focalisation de votre conscience est tournée dans d’autres
directions. Comme vous le savez, vous pouvez vivre pendant des années
dans le coma, mais vous ne pourriez pas vivre pendant des années sans
jamais dormir. Même dans le coma, il y a une activité mentale, bien qu’elle
puisse être impossible à vérifier de l’extérieur. Un certain type de
comportement conscient et libre est possible quand vous n’êtes pas
physiquement orientés comme vous l’êtes à l’état de veille, et cette activité-
là est nécessaire, même pour la survie physique.
Cela a aussi un rapport avec les pulsations d’énergie dans lesquelles la
conscience, telle que vous la connaissez maintenant, s’exerce en utilisant
des capacités qui lui sont naturelles, mais qui ne peuvent pas s’exprimer à
travers la seule orientation physique.
Votre conscience principale a la capacité de voyager plus vite que la
lumière [comme cela a été dit à 21 h 37], mais ces perceptions-là sont trop
rapides et les modèles neurologiques structurés que vous acceptez ne
peuvent pas les capter. Pour cette même raison, la compréhension et la
réaction cellulaires sont trop rapides pour que vous puissiez les suivre. Le
cadre équilibré d’une existence physique requiert une plate-forme
particulière d’expérience que vous acceptez comme valide et réelle. À ce
niveau-là seulement se trouve l’univers dont vous savez avoir fait
l’expérience. Cette plate-forme ou focalisation est le résultat d’une
coopération extrêmement fine. Votre propre conscience libre et votre
conscience corporelle forment une alliance qui rend cela possible.
(Avec de nombreuses pauses.) Accordez-nous un instant… Une telle
performance signifie en réalité que la réalité physique clignote[11]. En vos
termes, elle n’existe que durant vos heures de veille. Le travail intérieur qui
la rend possible se fait en grande partie dans le sommeil. La rencontre de la
conscience du corps et de votre conscience principale exige une focalisation
intense où les manipulations les plus importantes sont nécessaires. Les
perceptions doivent être précises en termes physiques. Dans une certaine
mesure cependant, cette concentration exquise signifie que des limitations
apparaissent. La compréhension cellulaire n’est pas captée par le moi
normalement conscient, qui ne se rend pas compte non plus de sa propre
nature libre à des niveaux « supérieurs ». Un processus de désengagement
doit donc avoir lieu, permettant à chacun de se régénérer. La conscience
quitte alors le corps. La conscience du corps reste avec lui.
Accordez-nous un instant… Nous sommes sur le point de terminer la
session, après quelques remarques.
(Une pause à 00 h 07. Les commentaires de Seth sont destinés à Jane et
ils correspondent à une page de notes. Fin à 00 h 19.
Après la session, nous mangeons un peu et nous détendons en jouant
avec notre chat Willy. Quand nous allons nous coucher, Jane s’endort
immédiatement. Allongé à ses côtés, j’ai la très agréable surprise
d’entendre dans l’air frais de la nuit le cri des oies volant vers le sud. À
moitié endormi, je me souviens du vol que j’ai écouté avant-hier lorsqu’il
pleuvait.)
[1] Les tachyons, ou métaparticules, sont censés être des particules plus
rapides que la lumière ; on les croit possibles dans le contexte de la
théorie spéciale de la relativité d’Einstein. Les physiciens sont encore
en train d’essayer de les découvrir de façon expérimentale. Si
j’interprète ce que Seth dit ici, nous découvrirons un jour des tachyons
ou des choses très similaires.
Dans le volume I de La Réalité « inconnue », voir la note 4 de la session
682.
[2] Pour un matériau sur les unités UC et EE, voir dans le tome I les
sessions 682 (avec ses notes 3 et 4), 683, 684 et 688. Les deux dernières
contiennent également quelques commentaires de Seth sur la conscience
cellulaire.
[4] Une note ajoutée quelques huit mois plus tard. Il arrive parfois que Seth
fasse référence au rythme plus lent du vieillissement physique lors d’un
voyage hors du corps, et il fait allusion, comme ici, à « certains
principes » entrant en jeu. Jane et moi avons toujours senti qu’il
disposait là d’un matériau très intéressant sur le sujet et que nous
l’obtiendrions un jour. Mais cela n’a pas été le cas avant que La Réalité
« inconnue » soit achevé en avril 1975.
[7] Dans le tome I, voir la session 689. Dans le tome II, voir les références
dans la note 7 de la session 708.
[8] Jusqu’à présent, dans La Réalité « inconnue », Seth a évoqué dans plus
d’une douzaine de sessions la liberté des cellules par rapport au temps,
ainsi qu’un certain nombre de leurs autres attributs. Dans la session
684 (tome I), il a dit à 22 h 57, « À tout moment, la condition de votre
corps ne résulte pas tant de la compréhension qu’il a de son “histoire
passée” que de sa compréhension des probabilités futures. Les cellules
pré-connaissent. »
[10] Peut-être aurais-je dû demander à Seth d’être plus précis par rapport
à ces « certaines fonctions cellulaires » qui sont accélérées dans l’état
de sommeil, mais je ne l’ai pas fait ; j’étais fatigué. Tout le monde sait,
par exemple, que des parties du cerveau sont beaucoup plus actives
lorsque nous dormons que lorsque nous sommes éveillés, mais je doute
que Seth ait fait ici référence à ces phénomènes-là.
(Nous avons deux textes écrits par Jane à joindre à cette session. Elle a
rédigé hier le premier, qui est très court. Seth le mentionne brièvement dans
les extraits du matériau qu’il a donné à la fin de la session de ce soir,
promettant d’en dire davantage par la suite.
Ces extraits, quant à eux, proviennent de ses remarques à propos du
second texte de Jane, écrit en fin d’après-midi, après que nous avons fini de
lire un peu de matériau. Vu qu’il est beaucoup plus long que le premier, il
est présenté en tant qu’appendice 15. Je suggère au lecteur de le lire
maintenant, ou au moins avant de parvenir à la fin de cette session.
Voici donc un extrait du journal que Jane tient de ses rêves ; il est daté
du dimanche 6 octobre 1974.
« Hier soir [samedi], j’ai entendu la voix de Seth, très forte et
puissante, alors que je dormais dans mon lit. C’était la première fois que
j’avais pareille expérience. La voix provenait de la partie de la chambre
située près de la porte, ou juste au-delà, mais aussi d’en haut ; comme si
elle venait du ciel ou quelque chose de ce genre. Elle sortait de nulle part
— je veux dire par là qu’elle ne venait ni de l’intérieur de ma tête ni par
moi, comme cela avait toujours été le cas jusqu’à présent, même dans le
rêve. J’ai essayé de comprendre ce qui était dit. Les mots ne semblaient pas
m’être destinés, mais simplement se trouver là. On aurait dit que Seth
réprimandait quelqu’un. Au début, j’ai pensé qu’il était en colère, puis j’ai
compris que c’était la façon dont j’interprétais la puissance de sa voix.
Cela ne faisait pas partie d’un rêve, mais je me suis réveillée pratiquement
d’un seul coup quand j’ai tenté de distinguer les mots. Subjectivement, je
n’étais nullement consciente de la présence de Seth. Le son était comme une
super-voix ; peut-être comme la Nature en train de parler, ou quelque chose
de ce genre, pas comme une personne aurait parlé. »
21 h 31.)
Maintenant, bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. (D’une voix calme.) Pour explorer la réalité inconnue, vous
devez vous aventurer au sein de votre propre psyché, voyager vers
l’intérieur par des routes invisibles, comme vous voyagez à l’extérieur sur
des routes physiques.
Votre réalité matérielle est formée grâce à une coopération commune…
Vos propres idées, objectivées, deviennent une partie de l’environnement
physique. Dans cette vaste aventure coopérative, les pensées et les
sentiments de chaque être vivant prennent racine, pour ainsi dire, surgissant
sous forme de données objectivées. J’ai dit [dans la session 708] que
chaque système de réalité utilise son propre système codifié. Cela fournit en
effet une sorte de modèle. D’une manière générale, vous acceptez donc, à
un « temps » donné, d’objectiver certaines données intérieures de façon
personnelle et en masse. En ces termes, l’avion a objectivé l’idée intérieure
de voler, dans « votre » temps et non pas en l’an 1500 après Jésus-Christ,
par exemple.
Vous avez peut-être entendu des personnes dire d’une idée que « son
temps n’est pas encore venu ». Cela signifie simplement qu’il n’y a pas
suffisamment d’énergie reliée à cette idée pour la propulser à l’extérieur,
dans le monde de l’expérience physique, en tant qu’évènement objectif
vécu par la masse.
Dans l’état de rêve et à certains autres niveaux de réalité, on fait
immédiatement l’expérience des idées et de leurs symboles. Il n’y a donc
pas de décalage de temps entre un sentiment et sa condition « extériorisée ».
L’expérience en est faite automatiquement, sous une forme qui est familière
et naturelle à celui qui a ce sentiment. La psyché se présente avec ses
propres concepts, qui sont instantanément réfléchis dans des situations
rêvées et d’autres évènements qui seront bientôt expliqués. Si vous rêvez
par exemple d’une nouvelle maison, ou y aspirez dans la vie physique, il
faut peut-être un peu de temps avant que cet idéal se réalise, même si une
intention aussi forte va presque certainement amener à sa réalisation
physique. Le même désir dans l’état de rêve peut cependant conduire à la
création instantanée de cette maison, du moins en ce qui concerne votre
expérience au sein du rêve. À nouveau, il n’y a aucun décalage de temps
entre un désir et sa matérialisation.
(Une pause parmi d’autres, à 21 h 49.) Il y a des niveaux à l’intérieur
des rêves, très pertinents, mais essentiellement personnels, dans le sens où
ils reflètent vos intentions et buts personnels. Il existe d’autres niveaux, plus
lointains en vos termes, qui impliquent un comportement de masse à un
niveau psychique, où les habitants du monde physique préparent ensemble
les évènements futurs. Ici, les probabilités sont reconnues et utilisées. Le
symbolisme est utilisé. Il y a un tel entrecroisement d’intentions que cela est
difficile à expliquer. Les désirs personnels sont ici amplifiés dans la mesure
où ils sont ressentis par d’autres, ou minimisés si ce n’est pas le cas, de
sorte que, dans l’ensemble, des plans généraux de grande envergure sont
élaborés en fonction de l’espèce à un « temps » donné. Ici, à nouveau,
désirs et intentions doivent s’intégrer au système codifié, tel qu’il existe.
(Une pause au cours d’une transmission calme, mais intense.) À ces
niveaux-là, vous êtes encore près de chez vous. Au-delà, il y a des strates de
réalité où votre psyché est aussi extrêmement impliquée, et qui peuvent ou
non sembler n’avoir aucun rapport avec le monde que vous connaissez.
Quand vous voyagez dans ces mondes-là, vous le faites en général à
partir de l’état de rêve, en portant encore avec vous vos symboles
personnels. Même ici, ces symboles sont automatiquement traduits en
expérience. Toutefois, ce n’est pas votre propre système codifié. Vous
pouvez voyager à travers une telle réalité, en la percevant obscurément, en
y superposant vos propres symboles que vous prenez pour l’environnement
« réel ». En ces termes-là, l’environnement réel sera ce qui était
généralement perçu par les habitants naturels du système.
Au départ, vos symboles proviennent de niveaux profonds de la psyché
et, en certains termes, vous êtes une partie de toute réalité dont vous faites
l’expérience — mais vous pouvez avoir des difficultés dans l’interprétation
des évènements.
Si vous êtes dans un monde qui n’est pas le vôtre, avec votre conscience
partant à la dérive, vous êtes pour ainsi dire en roue libre ; vos sentiments et
pensées affluent dans l’expérience. Vous devez apprendre à faire la
distinction entre votre état psychologique et la réalité dans laquelle vous
vous trouvez si vous voulez maintenir votre vigilance et explorer cet
environnement. Beaucoup de mes lecteurs se retrouvent précisément dans
de ce type de situations quand ils dorment. Tout en continuant de rêver, ils
ont l’impression de se réveiller soudain dans un environnement qui semble
n’avoir aucun sens. Des démons peuvent les pourchasser. Le monde peut
avoir l’air sens dessus dessous. Les morts et les vivants peuvent se
rencontrer et se parler.
(22 h 16.) Maintenant. Dans pratiquement tous les cas, les démons dans
les rêves représentent la croyance au mal qu’a le rêveur, et qui est
instantanément matérialisée. Ils ne sont pas donc les habitants de quelque
monde infernal ou souterrain. Nous allons donner quelques instructions qui
vont rendre le lecteur capable d’expérimenter la projection de conscience,
au moins jusqu’à un certain point. Il est très important pour vous de
comprendre que, même dans les rêves, vous formez votre propre réalité.
Votre état d’esprit, libéré de son habituelle focalisation physique, s’exprime
de façon créative avec toute sa puissance et son éclat. L’état d’esprit lui-
même sert d’intention, vous propulsant dans des réalités dont les conditions
lui sont analogues.
(Une pause.) Dans votre monde, vous voyagez d’un pays à un autre, et
vous ne vous attendez pas à ce qu’ils se ressemblent tous. Vous visitez
diverses régions du monde précisément à cause de leurs différences — de
même, vos voyages hors du corps ne mènent pas tous au même endroit.
Instinctivement, vous quittez votre corps pour des durées de temps
variées, toutes les nuits, quand vous dormez ; mais ces voyages-là ne sont
pas « programmés ». Vous planifiez vos propres visites, en d’autres termes.
Comme beaucoup de gens ayant un intérêt commun peuvent décider de
visiter ensemble le même pays, en voyage organisé, vous pouvez de la
même manière voyager hors de votre corps, seul ou avec des compagnons.
Si vous êtes attentif, vous pouvez même prendre des photos — en ce qui
concerne les voyages intérieurs uniquement, les instantanés consistent en
des images claires de l’environnement, prises sur le moment, développées
dans l’inconscient et présentées ensuite à l’esprit réveillé.
Il existe des techniques pour utiliser un appareil photo[1] et, si vous le
laissez à la maison, il ne vous servira pas à grand-chose à l’étranger. C’est
donc l’esprit conscient et vigilant qui doit prendre ces photos si vous
espérez donner par la suite un sens à vos voyages intérieurs. Il vous faut
par conséquent emmener l’esprit conscient, doué de raison. Il y a de
nombreuses façons de le faire, des méthodes qui ne sont pas vraiment
difficiles à suivre. Certaines techniques vous aideront à inclure votre esprit
conscient dans vos bagages, tout comme vous le feriez avec votre appareil
photo. Il sera là quand vous en aurez besoin, pour prendre les clichés qui
seront vos souvenirs conscients du voyage.
Voulez-vous laisser votre main se reposer ?
(22 h 22. « Non », dis-je, même si cela fait presque une heure que
j’écris, pratiquement sans interruption. Jane en transe prend une nouvelle
bouteille de bière. Je la lui ouvre, puis…)
Vous devez vous souvenir que le monde objectif est aussi une
projection de la psyché[2]. Étant donné que vous vous focalisez
principalement sur lui, vous comprenez suffisamment bien ses règles pour
vous débrouiller. Un voyage dans le monde physique implique simplement
la décision de marcher ou de choisir un type particulier de véhicule — une
voiture ne va pas vous faire traverser l’océan, alors vous prenez un bateau
ou un avion. Vous n’êtes pas étonné de voir que la terre laisse d’un seul
coup place à l’eau. Vous trouvez ce changement naturel tout à fait normal.
Vous attendez pourtant du temps qu’il reste à sa place. La terre peut se
changer en eau, par exemple, mais aujourd’hui ne doit pas se changer en
hier de la même façon, ou le début de cet après-midi en demain.
En marchant le long d’une avenue, vous vous attendez à ce que les
arbres restent à leur place, et ne se transforment pas en bâtiments. Toutes
ces suppositions sont considérées comme allant de soi dans vos voyages
physiques. Vous pouvez découvrir des coutumes et des langues différentes,
et même celles-ci seront acceptées dans le cadre des suppositions globales
et fondamentales à l’intérieur desquelles se situent les limites de la vie
physique. Vous voyagez très certainement à travers la psyché personnelle et
collective quand vous marchez dans la rue. Le monde physique semble
cependant objectif et extérieur à vous. L’idée de cette extériorité est l’une
des suppositions sur laquelle vous construisez cette existence. Le voyage
intérieur n’est donc pas plus subjectif qu’un parcours de New York à San
Francisco. Vous êtes habitué à projeter toutes les destinations à l’extérieur
de vous-même. Point. L’idée de diverses destinations intérieures,
impliquant un mouvement à travers le temps et d’espace, vous paraît donc
étrange.
Maintenant, faites votre pause.
(22 h 36. L’élocution de Jane est restée calme et régulière. « Dis donc,
il y est allé fort, déclare-t-elle. Il m’a maintenue en transe pendant un bon
moment, à cause du bruit [dans l’appartement] au-dessus — et aussi à
cause des appels téléphoniques, je parie… » Jane fait référence aux
nombreux appels qu’elle a reçus ce soir, après le dîner. Elle en a trouvé
deux plutôt pénibles.
Reprise de la même manière à 22 h 58.)
D’une façon générale, vous avez suffisamment exploré la planète
physique pour avoir une bonne idée de ce à quoi vous attendre lorsque vous
voyagez d’un pays à l’autre.
Avant de partir, vous pouvez consulter des brochures de voyage qui
mettent en avant les attractions et les caractéristiques d’un endroit. Vous ne
voyagez donc pas à l’aveuglette et, bien que tout voyage puisse être
nouveau pour vous, vous n’êtes pas réellement un pionnier. La Terre a été
cartographiée et il y a peu de surprises fondamentales.
Les terres intérieures n’ont pas été aussi bien explorées. Le moins que
l’on puisse dire, c’est qu’elles restent un territoire vierge pour votre esprit
conscient. Des êtres se sont rendus dans certaines de ces régions intérieures,
mais comme c’étaient de vrais explorateurs, ils ont dû apprendre à mesure
qu’ils cheminaient. À leur retour, certains d’entre eux ont fourni des guides
touristiques ou des carnets de voyage nous disant à quoi nous pouvions
nous attendre. Vous faites votre propre réalité. Si vous étiez originaire d’un
pays étranger et que vous demandiez à quelqu’un de vous donner une
description de la ville de New York, vous pourriez prendre sa description
pour la réalité. La personne dirait peut-être : « New York est un lieu
effrayant où le crime est endémique, les gangs rôdent dans les rues, les
meurtres et les viols sont la norme, et les gens ne sont pas seulement
impolis, mais sans cesse prêts à vous attaquer. Il n’y a pas d’arbres, l’air est
pollué et vous ne pouvez vous attendre qu’à de la violence. » Si vous
demandiez à quelqu’un d’autre, celui-ci pourrait dire au contraire : « New
York a les plus beaux musées, des concerts en plein air dans certains parcs,
de belles sculptures, des théâtres et probablement la plus grande collection
de livres en dehors du Vatican. Le climat y est bon dans l’ensemble, et il y a
un grand mélange des cultures. Des millions de personnes y vivent leur vie
en toute liberté. » Les deux personnes parleraient du même endroit. Leurs
descriptions varieraient à cause de leurs croyances personnelles et seraient
colorées par la focalisation individuelle à partir de laquelle chacun
regarderait cette ville.
Une personne serait peut-être capable de vous donner la localisation
précise de la ville, en termes de latitude et de longitude. Une autre pourrait
ne pas disposer d’une telle connaissance et dirait plutôt : « J’achète un billet
à destination de New York pour tel jour à telle heure, et si je prends le bon
avion, j’arrive toujours là-bas. »
(Une pause à 23 h 13.) Les explorateurs voyageant dans une réalité
intérieure n’ont tout d’abord pas le même type de points de repère.
Beaucoup ont été tellement excités par leurs découvertes qu’ils ont écrit des
guides avant même d’avoir commencé à explorer le paysage intérieur. Ils
n’ont pas compris qu’ils trouvaient ce qu’ils voulaient trouver, ou que les
phénomènes apparemment objectifs avaient pour origine les reflets de la
psyché.
Vous pouvez par exemple avoir lu des livres énumérant les « royaumes
intérieurs » et vous disant ce que vous pouvez vous attendre à rencontrer
dans chacun d’eux. Beaucoup de ces ouvrages parlent de seigneurs du
royaume, de dieux ou de démons. De façon étrange, ces livres-là peuvent
vous rendre service, car, à certains niveaux, vous allez trouver vos propres
idées matérialisées ; et si vous croyez aux démons, alors, en ces termes-là,
vous allez les rencontrer. Les auteurs supposent cependant que les démons
ont une réalité extérieure et indépendante de votre croyance en eux, ce qui
n’est pas le cas. Les démons représentent simplement un état de votre
propre esprit, qui semble être là au-dehors, objectivé. Donc, quelles que
soient les méthodes utilisées par les auteurs pour triompher de ces démons,
elles sont souvent données comme preuves, non seulement de la réalité des
démons, mais de l’efficacité de chacune d’elles.
Maintenant, si vous lisez ce genre de livres, vous risquez souvent de
programmer votre activité conformément à eux, tout comme un visiteur de
New York peut programmer son expérience de la ville selon la description
qu’on lui en a faite.
Cependant, ce type de structuration présente également un
inconvénient : il vous empêche d’entrer en contact avec vos propres
concepts originaux. Il n’y a aucune raison par exemple de rencontrer le
moindre démon ou diable au cours d’une transe ou d’une sortie hors du
corps[3]. (Une pause.) Dans ces cas-là, vos propres hallucinations vous
rendent aveugle à l’environnement à l’intérieur duquel elles sont projetées.
Quand votre conscience n’est pas directement focalisée dans une réalité
physique, la grande créativité de la psyché peut jouer plus librement. Toutes
ses dimensions deviennent fidèlement et instantanément une expérience
vécue quand vous apprenez à emmener votre esprit conscient
« normalement vigilant » ; et quand vous êtes libre de ce genre d’idées
restrictives, à ces niveaux-là, vous pouvez avoir un aperçu des pouvoirs
intérieurs de votre psyché et observer l’interaction entre les croyances et les
symboles à mesure qu’ils se manifestent sous vos yeux. Tant que vous
n’apprenez pas à le faire, vous allez très certainement avoir des difficultés,
car vous ne serez pas capable de faire la différence entre vos projections et
ce qui se passe dans l’environnement intérieur.
Toute exploration de la réalité intérieure implique nécessairement un
voyage à travers la psyché et on peut penser à ces perturbations comme à
des conditions atmosphériques, naturelles à un certain niveau, que vous
rencontrez en chemin. (D’une voix plus forte à 23 h 31.) Maintenant,
accordez-nous un instant…
(« Je suis entre deux eaux », dit Jane après une pause et avec sa
« propre » voix. Je ne sais pas ce qui va arriver. Je suis en quelque sorte à
moitié en transe et à moitié en dehors… » Elle allume une cigarette.
« Veux-tu que je t’apporte une autre bière ? »
« Je ne pense pas que cela va durer très longtemps », ajoute-t-elle. Seth
revient — et reste probablement plus longtemps qu’elle l’avait prévu. Le
matériau est pour Jane et il y est question du texte qu’elle a écrit cet après-
midi, portant sur la pensée religieuse orientale [voir l’appendice 15]. Les
parties plus personnelles de ce qu’a dit Seth ne sont pas reproduites ici,
mais les extraits ci-dessous suffisent à montrer les principaux défis
auxquels Jane est confrontée, près de onze ans après avoir commencé à
parler pour lui.
Ces citations indiquent aussi à quel point la perception occidentale
courante de la « réalité » est omniprésente dans notre société, et quelle
sacrée entreprise cela représente de sortir de ce cadre-là ou de simplement
l’élargir. [Tout comme moi], Jane est encore dans ce processus d’évolution
objective, intellectuelle — et pourtant très émotionnelle — de sa psyché,
mais elle a fait des progrès considérables. Dans chacun de ses livres, elle
tente de communiquer plus clairement les détails et développements de son
parcours. [Je note également qu’aucun de nous deux n’essaye ni de se
débarrasser de son orientation occidentale, ni de la déserter — mais plutôt
de mieux la comprendre.]
Voici maintenant des extraits de ce que Seth a dit à partir de 23 h 33.)
Ruburt est en train de résoudre les problèmes philosophiques qui
n’étaient en fait que des questions incomplètement posées. Tout ce qu’il a
écrit aujourd’hui est important. Il s’apprête à aller de l’avant dans toutes les
directions.
Il y a de trop nombreux niveaux ici pour les évoquer tous en même
temps. […] L’un d’entre eux renforce la confiance que Ruburt a en lui-
même. La confiance est toutefois acceptée parce qu’il est enfin prêt à
s’attaquer aux questions et à les résoudre. Comme indiqué [à différentes
occasions au fil des ans, principalement dans le matériau qui nous est
personnellement destiné], elles ont à voir avec une formation culturelle et
des endoctrinements religieux[4]. Il défie finalement les vieilles croyances
qui affirment qu’on ne peut pas se fier à la spontanéité du moi. Il défie ces
idées-là émotionnellement et philosophiquement, en unissant une action
physique et une mobilité intérieure. Dans le passé, il avait encore peur
d’aborder ces croyances, si ce n’est de loin en les effleurant.
Accordez-nous un instant… Ce qu’il a écrit est pertinent. Avant de
pouvoir aller pleinement de l’avant, il a dû accepter les défis du passé et
cela signifie qu’il devait examiner ces vieilles croyances. Il commence à le
faire vraiment seulement maintenant. […]
Il ne s’agissait pas uniquement de ses croyances religieuses
personnelles, mais de celles de ses contemporains en général — et (d’une
voix forte) des fondations sur lesquelles votre civilisation actuelle a été
faite. Il a dû trouver le courage d’aller hardiment à la rencontre de ces
vieilles croyances, ce qu’il fait enfin. J’aurai davantage à lui dire dans l’état
de rêve, ce soir, et je lui expliquerai brièvement l’expérience qu’il a eue
avec ma voix.
D’une certaine façon, la session se poursuivra donc à un autre niveau de
communication. Tout ceci sera cependant mis pour vous noir sur blanc d’ici
peu.
Mes souhaits les plus chaleureux à vous deux et un cordial bonsoir.
(« Merci Seth, vous de même. Bonne nuit. »
23 h 46. Tout ce que Jane a pu dire le lendemain matin, c’est qu’elle
n’avait aucun souvenir conscient du moindre contact que Seth aurait établi
avec elle dans l’état de rêve. En anticipant un peu, disons que, dans la
session de demain soir, Seth va toutefois expliquer la rencontre que Jane a
eue avec sa voix, le week-end dernier durant son sommeil.)
[1] Une note ajoutée six semaines après que Seth a « développé »
davantage son analogie de l’appareil photographique (pour la
photographie du rêve, par exemple), dans la Partie 5. Voir les sessions
719 et 720.
[1] Une note ajoutée par la suite. Seth se sert de l’analogie de la « station
de base de la conscience » dans plusieurs autres sessions de ce volume
II. Voir par exemple la session 716 dans la Partie 5.
[2] Voir la note 4 de la session 702, dans le tome I, où Seth parle
brièvement du « voyage spatial » dans une autre probabilité.
[4] Dans le tome I, voir les sessions 685 et 686, ainsi que l’appendice 4.
[6] À propos de la référence de Seth aux mythes associés à son nom : Set ou
Seth, était un dieu maléfique égyptien, doté d’une tête animale, dont les
origines complexes pourraient, dit-on, remonter loin dans l’Antiquité,
jusqu’à au moins 7500 ans avant Jésus-Christ. Dans le judaïsme, bien
sûr, Seth était le troisième fils d’Adam et Ève, après Caïn et Abel
(Genèse 4 et 5). (Comme nous l’a écrit un correspondant : « Seth est
aussi un nom hébreu signifiant “celui qui a été nommé” ou
“désigné”. ») Certaines des toutes premières généalogies sacerdotales
omettent cependant Caïn et Abel, et considèrent Seth comme le fils aîné
d’Adam ; au deuxième siècle de notre ère, par exemple, les Séthites,
membres d’une petite secte gnostique peu connue, pensaient que Seth, le
fils d’Adam, était le Messie. On retrouve aussi le nom de Seth dans les
textes de l’ancienne philosophie religieuse occulte, la Kabbale,
développée par certains rabbins qui cherchaient à interpréter les
écritures à travers les valeurs numériques ; l’âme de Seth est
considérée comme ayant été insufflée dans Moïse, qui allait
réapparaître comme étant le Messie…
Peut-être était-ce une négligence de notre part, mais Jane et moi, nous
ne nous sommes pas préoccupés d’éventuelles connexions que le Seth
de Jane pouvait avoir avec ceux du passé. Nous ne croyons pas que de
telles relations existent sur un plan personnalisé, quel qu’il soit, mais,
un jour ou l’autre, nous demanderons à Seth de faire un commentaire à
ce sujet. Nous pensons que le nom du Seth de Jane est apparu pour des
raisons beaucoup plus pragmatiques. Au chapitre 1 du Matériau de
Seth, Jane a cité le futur Seth lors de la session 4 du 8 décembre 1963,
lorsque cette personnalité s’est manifestée au moyen de la planche
Ouija dont nous nous servions dans les toutes premières sessions :
« Vous pouvez m’appeler comme vous voulez. Moi-même, je m’appelle
Seth. Cela correspond au moi de moi… » Il a été fait mention de la
réincarnation dès la deuxième session, mais, comme ce concept ne
signifiait pas grand-chose pour nous, nous avons à peine envisagé les
nombreux noms qui seraient entrés en ligne de compte. Une fois que
Seth nous a donné un nom par lequel l’appeler, nous avons simplement
commencé à l’utiliser. Je suis sûr qu’à ce moment-là, Jane n’avait pas
consciemment connaissance des origines et connotations égyptiennes,
hébraïques ou même chrétiennes de ce nom Seth.
« Alors, je vous demande : “Quel est votre nom, à chacun d’entre vous ?
” Mon nom est sans nom. Je n’ai pas de nom, je vous donne le nom de
Seth parce que c’est un nom et que vous voulez des noms. Vous vous
attribuez des noms… parce que vous pensez qu’ils sont importants.
Votre existence n’a pas de nom. Elle n’est pas sans voix, mais elle est
sans nom. Les noms que vous prenez sont des structures sur lesquelles
vous accrochez vos images. […] Ce que vous êtes ne peut être prononcé
et ni lettre ni alphabet ne peut le contenir. Mais maintenant, vous avez
besoin de mots et de lettres, et de noms et d’objets. Vous voulez une
magie qui vous dira ce que vous êtes.
« Vous croyez que vous ne pouvez pas me parler si je n’ai pas de nom,
alors je suis Seth. […] Lors de nos toutes premières sessions, j’ai dit à
Ruburt qu’il pouvait m’appeler Seth. Je n’ai jamais dit “Mon nom est
Seth” [mais “je m’appelle Seth” : c’est moi, Rob, qui insiste ici], car je
suis sans nom. J’ai eu de trop nombreuses identités pour m’accrocher à
un seul nom ! »
Bien que de façon assez brève, Seth évoque ses propres antécédents
réincarnationnels, à la fois de façon générale et spécifique, au chapitre
22 de Seth parle. Pour les noms de trois de ses personnalités passées,
tels qu’il les a donnés dans ce chapitre-là, voir les sessions 588 et 589.
Un quatrième nom (ainsi que des noms pour Jane et moi) apparaît lors
de la session 595, dans l’appendice de Seth parle.
SESSION 712
Dans la session 250 du 11 avril 1966, Seth dit : « Les atomes que vous
“voyez” n’augmentent pas de masse, et ne se dilatent pas vers
l’extérieur dans votre espace — votre univers non plus. »
Dans ces premières sessions, dont la plupart ont été données il y a plus
de dix ans, le matériau de Seth reflétait bien sûr ses réactions à la
théorie actuelle de nos astronomes quant à l’état — et au destin — de
notre univers (camouflage) physique. L’idée d’un univers en expansion
infinie, dont toutes ses étoiles finiraient par s’éteindre et où toute vie
serait vouée à l’extinction, est une vision encore largement partagée de
nos jours ; elle est basée sur le décalage vers le rouge que l’on observe
et mesure dans certaines galaxies censées s’éloigner, sur leurs
luminosités apparentes, sur la « masse manquante » de l’univers ainsi
que sur d’autres données très techniques. Je note pourtant, avec grand
intérêt, que certains astrophysiciens et mathématiciens croient à présent
que le destin de notre univers est peut-être en définitive de se contracter
— de s’effondrer en fait sur lui-même. Mais, là encore, ces idées ne sont
pas fondées sur le mode de pensée épousé par Seth (que la conscience
vient d’abord et que ses créations sont continues), mais sur d’autres
observations et mesures de camouflage assez complexes. L’une de
celles-ci est la découverte d’une partie au moins de cette masse
manquante, indiquant que des champs gravitationnels peuvent exister
entre les galaxies, et les amas de galaxies, et être suffisamment
puissants pour non seulement arrêter l’expansion de l’univers, mais
aussi ramener à nouveau toute la matière en un seul point.
[2] Tout comme Seth explique ici que nous nous contentons de voyager en
surface, il fait, dans le volume I de La Réalité « inconnue », une
observation similaire à propos de nos idées relatives au temps ; voir la
session 688 après 22 h 26 : « À nouveau, vous vivez à la surface des
moments, sans aucune compréhension des réalités non reconnues et non
officielles qui demeurent en dessous. »
[7] Parmi les livres que j’ai lus sur l’astronomie (et je suis évidemment loin
d’en avoir parcouru beaucoup), un seul mentionne brièvement une
notion similaire en lien avec le voyage spatial : le fait de voyager
presque instantanément en ligne droite entre des planètes, au lieu de
suivre la courbure relativiste de l’espace. Le savant qui a écrit cet
ouvrage traite cependant cette idée comme étant juste une idée, une
idée plutôt fantasque — alors qu’ici Jane expose sa version du même
principe sur un plan pratique. Voir la note 2 de la session 709.
Quelques jours après l’épisode décrit par Seth dans cette session 712,
Jane a eu une autre expérience avec ce genre de rayon d’énergie. Nous
étions allés nous coucher et elle était étendue sur le côté, face au nord,
car elle voulait envoyer de l’aide à une personne très malade, dans une
petite ville au Canada. Elle a senti la transmission sortir de son front et
se diriger en ligne droite vers sa destination. Comme sa position n’était
pas très confortable ainsi allongée sur le côté gauche, au bout d’un
moment, elle s’est retournée. Ce mouvement a interrompu le rayon. Une
fois installée sur le côté droit, elle l’a senti à nouveau — mais sortant
maintenant par l’arrière de sa tête et se propageant toujours vers le
nord, vers son objectif canadien.
[9] Avec un certain étonnement, je peux écrire que notre salon de taille
moyenne était plus que bondé hier soir. Plus de trente personnes
assistaient au cours de perception extrasensorielle. Très peu d’entre
elles avaient déjà été témoins d’une des rares sessions « son long » de
Jane, comme nous les nommons, même si un bon nombre nous avait
entendu décrire le phénomène à un moment ou à un autre. Seth y avait
aussi fait référence. Il est rare que je prenne des notes ou utilise un
appareil enregistreur durant cette classe ; je préfère avoir la liberté de
participer au développement spontané du cours. D’habitude, quelques
personnes enregistrent, mais, hier soir, deux seulement l’ont fait, avec
un piètre résultat, comme je l’expliquerai un peu plus tard.
Ces notes portent sur les expériences de Jane pendant le cours qu’elle a
donné cette semaine (en octobre 1974). J’ai transcrit mot à mot sa
première rencontre avec un son lent, ou long, lors de la session 612 du 6
septembre 1962, presque un an après qu’elle ait fini Seth parle. Comme
le matériau de cette session-là n’a pas été retranscrit dans La Réalité
personnelle ou dans Adventures, nous en publions la plus grande partie
en tant qu’appendice 19 dans ce volume II. Sa lecture va non seulement
éclairer les présentes notes, mais aussi établir un lien entre la réalité de
Seth, de Seth 2 et quelques autres effets « rapides ». Il y a beaucoup à
apprendre ici, et peut-être allons-nous un jour être capables de faire
quelque chose à ce sujet.
Après s’être débattue hier soir avec la réception d’un matériau de « son
long », Jane a dit quelques mots pour Seth. C’est alors que nous avons
commencé à avoir un aperçu de ce que nous pourrions appeler une
« source » de matériau long — car Jane a dit à la classe que, pour elle,
depuis notre point de vue physique, « la réalité de Seth était comme une
montagne ». Elle était « si lente, si massive, si puissante. Je ralentis…
comme une montagne, et je sens des arbres pousser. » En faisant un
grand effort, elle avait accéléré ce qu’elle recevait de Seth, de sorte que
celui-ci se manifeste en ayant l’air d’être le Seth habituel. Elle avait
ainsi obtenu de nouvelles visions de Seth et de son environnement. Et
depuis cette réalité beaucoup plus vaste et plus englobante, Seth pouvait
suivre une conscience dans notre monde-camouflage, à travers toutes
ses formes « en un clin d’œil ».
Plus tard dans la soirée, Jane a dit à la classe qu’elle avait mis de côté,
sur sa gauche, le « véritable rythme de la réalité » de Seth et qu’elle
allait, espérait-elle, en donner, sur sa droite, une traduction accélérée,
compréhensible pour nous. « Mais je n’arrête pas d’être ramenée à une
expression plus authentique de la réalité de Seth… » Elle parvenait à
prononcer juste quelques mots à la fois, provenant du Seth qui nous
était familier.
Une note ajoutée par la suite. À aucun moment, bien sûr, dans la
session 712, Seth ne vient directement dire que, dans le cours de la
veille, Jane a essayé d’exprimer sa version de la « vraie réalité » qui est
la sienne. Cela peut paraître étrange, mais je n’ai pas noté cela pendant
la session, et nous ne l’avons remarqué, Jane et moi, que bien
longtemps après. Mise à part une référence plutôt indirecte à la fin de
cette session 712, Seth lui-même a choisi de parler de tout cela de
manière assez détachée.
[12] Une note ajoutée par la suite : voir la session 721, ainsi que son
appendice 21.
(L’autre soir, Jane m’a dit : « La vérité est que je suis seule dans cette
affaire de médium. Je suis celle à qui il incombe de le faire… » Nous
parlions du matériau que Seth avait donné après 23 h 38 au cours de la
dernière session [712] ; il avait évoqué certaines tensions éprouvées par
Jane pendant qu’elle accomplissait « la première partie de son
apprentissage » dans le développement de ses aptitudes psychiques. Je
l’avais entendue dire la même chose auparavant, bien sûr ; voir la note 13
de la session 712. Fondamentalement, l’examen de ses dimensions
intérieures doit être quelque chose de solitaire. Lorsque les sessions ont
débuté, il y a plus de onze ans, nous avons demandé les conseils et l’aide de
quelques personnes[1], mais, quand nous avons peu à peu commencé à
comprendre la nature très personnelle de ses dons, nous avons compris
qu’elle devait trouver ses propres réponses au fur et à mesure, avec toute
l’aide que je pouvais apprendre à lui apporter.
Cette situation a peut-être agi comme agent de fermentation au cours
des premières années, et aidé dans une faible mesure à déterminer la
direction de certaines des explorations psychiques de Jane, avec et sans
Seth. Bien plus important est le fait qu’elle a toujours voulu faire ses
propres expériences. D’ailleurs, comment demanderait-elle un avis à
quelqu’un d’autre sur une question aussi intuitive et individuelle que, par
exemple, la prochaine étape à suivre dans son développement psychique ?
Ces notes font paraître sa quête beaucoup plus simple qu’elle ne l’était
vraiment — et qu’elle ne l’est encore[2].
Cet après-midi, Jane m’a dit que la nuit dernière, durant son sommeil,
certaines informations provenant de Seth et portant sur le matériau à venir
dans le livre avaient filtré en elle. Elle m’en fait la description — et ce soir,
Seth va aborder ce sujet-là en profondeur dans la première partie de la
session. Je suggère au lecteur de revoir la session 711, qui est en rapport
avec les données de ce soir à 23 h 26.
21 h 28.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Accordez-nous un instant…
(Une longue pause.) Cela peut vous aider ici d’imaginer à nouveau la
psyché comme une télévision multidimensionnelle vivante. Dans ce qui
paraît être le petit espace de l’écran, de nombreux programmes se déroulent,
bien que vous ne puissiez en capter qu’un seul à la fois.
Cependant, tous les autres programmes sont pour ainsi dire « latents »
dans celui que vous regardez. Il y a des coordonnées qui les unissent tous. Il
y a un échange mutuel, parfaitement invisible pour vous, entre un
programme et un autre, et, encore une fois, une action dans une émission
modifie celle qui se déroule à l’intérieur de chacune des autres.
Comme cette télévision multidimensionnelle imaginaire, la psyché
contient d’autres programmes que celui dans lequel vous agissez
— d’autres intrigues, environnements et situations mondiales.
Théoriquement, vous pouvez momentanément « sortir » de votre
programme pour vous rendre dans un autre, aussi facilement — quand vous
savez comment — que vous passez d’une pièce dans une autre. Vous devez
savoir que les autres programmes existent, sinon la possibilité d’une telle
action ne se présentera pas. En termes plus vastes, tous les programmes ne
sont que des parties d’un seul : les différents ensembles sont toutefois réels
et les personnages parfaitement vivants.
Maintenant. Les acteurs jouant les rôles sont évidemment vivants, en
tant qu’acteurs, mais dans une pièce de fiction, par exemple, les
personnages représentés par les acteurs ne sont pas, en vos termes, vivants
de la même façon que les acteurs eux-mêmes. Dans la psyché, cependant, et
dans sa réalité plus vaste, les personnages ont leur propre vie — tout aussi
réelle que celle des acteurs.
Pensez à nouveau à la psyché comme je viens de l’indiquer. Considérez
comme allant de soi que le programme présentement sur l’écran est une
réalité totalement dimensionnée, et que, cachés dans ses éléments eux-
mêmes, il y a tous les autres programmes non visibles. Ceux-ci ne sont pas
alignés dans l’espace, derrière le programme qui est « au premier rang »,
mais ils sont contenus en lui d’une façon complètement différente. À un
moment donné, l’image du film peut représenter un chapeau haut de forme
sur une table, par exemple. Tous ceux présents dans cette scène verraient le
chapeau et la table, et réagiraient en fonction de leurs propres
caractéristiques individuelles.
Accordez-nous un instant… Le chapeau sur la table, tout en possédant
tous les attributs nécessaires de réalité pour cette scène-là, pourrait aussi
constituer un type différent de point de référence pour l’un des autres
programmes qui ont lieu simultanément. Dans cette réalité-là, disons le
programme 2, la configuration du chapeau et de la table peut n’avoir aucun
sens, mais être tout de même interprétée d’une façon totalement différente à
partir d’une autre perspective. Là, dans le programme 2, la table sera peut-
être une plaine, naturelle et plate, et le chapeau une structure d’une forme
bizarre, posée en son milieu — une chose naturelle et non plus faite par la
main de l’homme. Les objets dans votre réalité ont un aspect totalement
différent dans une autre. Chaque objet qui apparaît dans le programme que
vous regardez peut ainsi servir de point de référence d’un autre type dans
une autre réalité, où ces objets-là semblent être autre chose.
(21 h 50.) Nous essayons de faire ici une analogie à deux niveaux, alors,
s’il vous plaît, je vous demande un peu de patience. En termes de votre
psyché, chacune de vos pensées et actions existe non seulement telle qu’elle
vous est familière, mais aussi sous de nombreuses autres formes que vous
ne percevez pas : ces formes peuvent apparaître comme des évènements
naturels dans une dimension différente de la vôtre, comme des images
oniriques, et même comme une énergie autopropulsée. Aucune énergie n’est
jamais perdue. L’énergie au sein de vos pensées ne se dissipe donc pas,
même quand vous en avez terminé avec celles-ci. Leur énergie a une réalité
dans d’autres mondes[3].
Imaginez, maintenant, que l’image sur l’écran de télévision vous montre
votre propre univers. Votre idée de voyage spatial serait d’envoyer au loin
un vaisseau à partir d’une planète, la Terre, vers une partie de l’espace que
vous percevez sur cet écran « plat ». Même avec votre technologie projetée,
cela exigerait des durées de temps considérables. Maintenant, imaginez
qu’ici, pour commencer, l’image de l’écran soit décentrée, de telle sorte que
tout est déformé et que voyager dans l’espace revient à remonter le temps.
(Une pause.) Si l’image était centrée comme par magie, on verrait tout
« temps » s’écouler du point-instant[4] de perception, du « maintenant »
personnel ; et à de nombreux égards, le maintenant collectif ou la
perception de masse représente le point-instant global de votre planète.
Depuis ce maintenant-là, le « temps » s’écoule au-dehors dans toutes les
directions probables. En fait, il s’écoule aussi vers l’intérieur, dans toutes
les directions probables.
(Lentement.) L’image de l’univers que vous voyez sur notre écran
représente donc une vue à partir de votre propre perspective actuelle
— mais chaque étoile, planète, galaxie, etc., est constituée d’autres points
de référence où, pour dire les choses simplement, les mêmes schémas ont
différents types de réalité. Un véritable voyage spatial serait bien sûr un
voyage dans le temps et l’espace[5], où vous auriez appris comment utiliser
des points dans votre propre univers comme « indications
dimensionnelles » vous servant de points d’entrée dans d’autres mondes.
Autrement, vous allez simplement voler comme un insecte autour du poste
de télévision, à l’extérieur, en essayant de vous poser, disons, sur le fruit
que montre l’écran — et en vous demandant, comme une pauvre mouche
perplexe, pourquoi vous n’y arrivez pas. Vous utilisez une focalisation
principale dans votre réalité. Dans le monde extérieur, cela signifie que
vous avez une « image claire ». (Avec humour) Il n’y a pas de neige
parasite ! Ce programme physique là est celui dans lequel vous agissez,
dans lequel vous êtes vivants, c’est celui qui s’affiche sur l’écran. L’écran
est la partie de votre psyché sur laquelle vous vous concentrez. Vous ne
vous branchez pas seulement sur l’image, mais vous créez aussi les
accessoires, l’histoire complète de la vie et ses différentes périodes — mais
en des termes tridimensionnels vivants, et « vous » êtes à l’intérieur de ce
film-là.
Le type de réalité ainsi créée par cette partie-là de votre conscience
forme un type donné d’expérience. Il est valide et réel. Quand vous voulez
voyager, vous le faites à l’intérieur des dimensions de la réalité ainsi créée.
Si vous allez d’une ville à une autre, en voiture ou en avion, vous ne
considérez pas que le voyage est imaginaire. Vous explorez les dimensions
données.
(22 h 18.) Maintenant. Si vous modifiez un peu cette projection, de sorte
que les images soient un peu brouillées — en modifiant la focalisation de
votre conscience — alors la coordination familière disparaît. Les objets
peuvent apparaître flous, les sons ordinaires déformés. C’est comme si vous
étiez à la périphérie de votre propre réalité. Dans cet état-là, cependant, il
est facile de voir que votre orientation habituelle n’est peut-être qu’un cadre
de références parmi tant d’autres. (Une pause.) Si vous changiez encore
plus la focalisation de votre conscience, vous pourriez alors « faire entrer »
un tout autre film. Extérieurement, cela vous donnerait une autre réalité.
(Avec insistance.) Votre « ancienne » réalité pourrait encore y être un peu
perceptible comme une image fantôme[6], si vous saviez quoi chercher et
que vous vous souveniez de vos coordonnées antérieures. Toutefois,
intérieurement, vous seriez en train de voyager non pas autour ou près de,
mais dans une partie de la psyché avec sa réalité, vers une autre partie de la
psyché avec sa réalité. Ce type de voyage ne serait pas plus imaginaire
qu’une excursion d’une ville à une autre.
Il y a des coordonnées espace-temps qui fonctionnent à partir de votre
point de vue — et un voyage spatial depuis le point de vue de votre temps,
accompli le long des axes de votre espace, serait une entreprise relativement
stérile. (Entre parenthèses : certains cas signalés d’ovnis ont eu lieu dans ce
qui est le passé pour ces visiteurs, qui sont apparus en tant qu’images ou
réalités dans votre présent. Cela concerne uniquement les visions de
vaisseaux[VII].)
Accordez-nous du temps… Quand, sur votre télévision ordinaire, vous
passez d’une chaîne à une autre, il arrive qu’il y ait de la neige parasite ou
une distorsion. Si quelque chose fonctionne mal dans votre appareil, vous
pouvez capter des structures qui semblent n’avoir aucun sens et ne
correspondre à aucun programme particulier. Vous pouvez avoir du son sans
image, et parfois même une image accompagnée d’un son provenant d’un
autre programme. Aussi, quand vous commencez à faire l’expérience
d’états modifiés de conscience, vous tombez souvent sur le même type de
phénomènes, où rien ne semble avoir de sens.
(22 h 32.) Actuellement, les physiciens ont fait d’importantes percées,
mais ils n’en reconnaissent pas la signification. L’univers que vous
connaissez est plein de trous noirs et de trous blancs[7] microscopiques, par
exemple. Puisque vos scientifiques eux-mêmes les ont appelés ainsi, alors,
en utilisant ces termes-là, je vais dire (avec beaucoup d’humour
bienveillant) qu’il y a des trous rouges, verts, oranges et mauves — cela
veut dire que ce que vous appelez les trous noirs, et les blancs, représentent
seulement des déductions faites jusqu’à maintenant par les physiciens quant
aux propriétés plus profondes de votre univers, et à la façon dont certains
points de coordonnées dans votre monde opèrent en tant que vecteurs
d’alimentation pour un autre.
Rien n’existe toutefois à l’extérieur de la psyché sans exister en son
sein, et il n’y a aucun monde inconnu qui n’ait sa contrepartie
psychologique ou psychique. L’homme a appris à voler quand il a tenté
d’extérioriser une expérience intérieure, car, dans les états de sortie du
corps, dans les rêves, voler lui était depuis longtemps familier. Toutes les
excursions dans une réalité extérieure ont lieu lorsque la psyché tente de
reproduire dans un monde « extérieur » donné la liberté intérieure de son
être.
Les hommes ont aussi visité d’autres mondes à travers les âges.
D’autres êtres ont visité votre monde. Dans des rêves, et dans des états
modifiés, au cours de l’histoire telle que vous l’acceptez, des hommes ont
entrepris de tels voyages. À leur retour, ils ont pratiquement toujours
interprété leurs expériences dans les termes de leurs programmes de base,
entrelaçant ce qui s’était passé dans ce qui finit par devenir de grandes
légendes et de grands mythes — réels, mais pas réels.
Faites votre pause.
(22 h 45. « Eh bien, dit Jane après être rapidement sortie d’un excellent
état de dissociation, il met le paquet. Il y a ici des tonnes de matériau tout
prêt, en attente… » Je peux dire que c’est le cas : son élocution a atteint un
rythme régulier, calme mais impérieux, qu’elle semble capable de maintenir
indéfiniment.
Jane fait ici une remarque à propos de quelque chose dont j’ai
commencé moi aussi à me rendre compte au cours des dernières sessions.
Depuis la 709, elle n’a pas eu à attendre que se développe ce type
particulier de transe plus « difficile », avant de se lancer dans le matériau
du livre ; voir la note de cette session-là à 22 h 55. D’une façon qu’elle ne
peut pas décrire, Jane est maintenant capable de parvenir beaucoup plus
facilement au « bon » état de transe. Pour des exemples de situations
inverses, voir dans le tome I les notes qui concluent les sessions 688 et 703,
ainsi que l’appendice 4 où j’évoque les défis de traduction auxquels Jane
est souvent confrontée, depuis qu’elle a commencé La Réalité
« inconnue » : « — quant au fait de parvenir à cette “certaine focalisation
claire” ou à “l’endroit le plus clair dans la conscience” avant de
commencer à parler pour Seth. »
« Pendant les sessions, j’ai le sentiment très étrange d’un temps
“replié”, poursuit Jane. Je suis coincée. Je peux en obtenir davantage sur
le livre et un peu sur moi. Je ne sais pas quoi faire. Je sais que le matériau
du livre est là, tout prêt — mais il faut du temps pour le recevoir. C’est
vraiment dommage que je ne puisse pas l’avoir instantanément[8]. Je veux
vraiment les deux matériaux, alors je crois que je vais attendre et voir ce
qui se passe… »
Reprise sur le même mode à 23 h 01.)
Bien que tout ceci puisse sembler assez ésotérique, il s’agit d’une
question tout à fait pratique, et nous traitons de la nature de la créativité
elle-même.
Vos pensées, par exemple, et vos intentions ont leur propre validité et
leur propre force. Vous les mettez en mouvement, mais ensuite elles suivent
leurs propres lois et réalités. Toute créativité vient de la psyché. J’ai suggéré
[récemment] un projet pour le cours de Ruburt — un projet qui va en
définitive éclairer de nombreux points que j’expose dans La Réalité
« inconnue ». J’ai suggéré aux étudiants de Ruburt de créer une « cité » [9] à
un autre niveau de réalité. Ni une sorte de chimère, ni un « paradis »
suspendu dans les airs, mais un lieu tout à fait valide de rencontre entre des
mondes. Une place du marché psychique, par exemple, où les idées sont
échangées, un lieu de commerce psychique, un environnement plaisant
ayant des coordonnées parfaitement définies, établi comme un « satellite en
orbite » à la périphérie de votre monde.
Au départ, tous les mondes sont créés exactement de cette manière-là.
En certains termes, cela n’implique donc que dans une faible mesure la
création et la colonisation d’un type différent de réalité — consciemment
accepté depuis votre perspective. À un niveau inconscient, le monde tel que
vous le connaissez est en expansion exactement de cette manière-là[10].
Plusieurs étudiants ont fait des rêves où ils participaient à un tel projet.
Ruburt s’est lui-même retrouvé dans un état hors du corps, en train de
regarder une veste. Celle-ci avait quatre poches rectangulaires et était de
taille gigantesque. Pendant qu’il la regardait, le rabat de devant s’est ouvert.
Dans le rêve, Ruburt a littéralement traversé ce rabat en volant et il est entré
dans une autre dimension, où le rabat était devenu une colline sur laquelle il
a atterri. À partir de cette seconde perspective, les poches de la veste sont
devenues les fenêtres d’un édifice qui existait dans une autre dimension,
une troisième, au-delà de la colline. Debout sur la colline, il savait que, dans
la perspective 1, les fenêtres de l’édifice visibles dans la perspective 3
étaient des poches de veste, mais il ne pouvait plus les percevoir en tant que
telles. En regardant depuis la colline de la perspective 2, la perspective 1,
derrière lui, était invisible et la perspective 3 était toujours « devant »,
séparée de lui par un gouffre qu’il ne comprenait pas.
(23 h 15.) Il savait cependant que si, dans la perspective 3, les stores des
fenêtres étaient tirés, les rabats des poches de la veste lui paraîtraient alors
fermés dans la perspective 1. Il comprenait aussi qu’il avait dirigé l’érection
de l’édifice dans la perspective 3 en « faisant » la veste [dans la perspective
1].
Quand il s’est approché de la colline dans la perspective 2, il a parlé à
l’entrepreneur en bâtiment qui était là devant lui. Ruburt lui a dit qu’il
voulait changer le plan. L’entrepreneur a accepté et a crié des ordres aux
gens qui travaillaient dans la perspective 3 où se trouvait l’édifice.
Maintenant. Ruburt était impliqué de façon valide dans la construction
de cet édifice, et il a en fait voyagé à travers diverses dimensions, où les
objets situés dans l’une d’elles représentaient quelque chose d’entièrement
différent dans une autre. Il s’est toutefois servi de symboles particuliers,
juste pour bien assimiler la théorie, mais ils indiquaient que tout objet
donné dans une dimension a sa propre réalité dans une autre. Vous ne
pouvez pas vous déplacer à travers le temps et l’espace sans modifier la
focalisation de votre psyché. (Avec insistance.) Cependant, quand vous
modifiez ainsi cette focalisation, vous changez aussi la réalité extérieure
dont vous faites l’expérience.
Accordez-nous un instant. Laissez votre main se reposer… Plus tard,
vous réaliserez la nature stupéfiante de ce qui a été donné ce soir.
(Toujours en transe, Jane se verse encore un peu de bière. En tant que
Seth, elle a transmis sans hésitation tout le matériau difficile et complexe en
rapport avec ses propres rêves.)
Ce qui suit est destiné à Ruburt, mais aussi aux autres, et peut servir de
court essai sur la nature de la volonté.
(23 h 26. Mais à notre avis, une bonne partie de ce que Seth avait à dire
était assez personnelle ; seuls certains passages sont donc retranscrits ci-
dessous, avec quelques ajouts de ma part, entre crochets, dans un souci de
cohérence. Ces extraits donnent cependant des aperçus singuliers sur
certains aspects de la personnalité de Jane, et de la mienne. J’ajouterais
que les parties non publiées sont encore plus signifiantes pour nous et que
nous faisons bon usage de tout ce matériau.)
La volonté de Ruburt s’est tournée vers certains domaines. Votre
volonté est votre intention. Tout le pouvoir de votre être est mobilisé par
votre volonté, qui fait ses déductions en fonction de vos croyances
concernant la réalité. Chacun de vous utilise sa volonté à sa manière.
Chacun de vous a sa propre façon de gérer les défis. Ruburt se sert de sa
volonté pour résoudre [une série de] défis.
Il était déterminé à trouver le genre de compagnon qui lui
correspondrait le mieux, à lui et à ses caractéristiques uniques. Cette
intention était dans son esprit. Quand il a relevé ce défi, il s’est servi de sa
volonté et a mobilisé toute sa puissance pour réaliser son potentiel, et créer
les conditions dans lesquelles il espérait que Joseph [comme m’appelle
Seth] pourrait aussi réaliser le sien. La volonté, à nouveau, opère en
fonction des croyances de la personnalité quant à la réalité ; les désirs sont
donc parfois tempérés à mesure que les croyances changent. À sa façon,
Ruburt s’est toujours concentré sur un défi à la fois — le creusant pour ainsi
dire, en ignorant tout ce qui aurait pu l’en distraire.
Il voulait écrire, utiliser au maximum ses aptitudes créatrices et
psychiques, et il a donc coupé court à toute distraction. Son esprit tout
entier l’a conduit à… un mode de vie riche en créativité et en expérience
psychique, et à une situation dans laquelle Joseph et lui ont pu enfin être
financièrement libres [jusqu’à un certain point], et ne pas courir de risques
sur ce plan-là.
Selon sa façon de voir les choses, il a supprimé tout excédent de
bagages, il a ainsi suivi un régime sobre, physiquement parlant. […] Le
pouvoir de sa volonté est d’une force incroyable. Ce n’est pas quelqu’un qui
travaille dans plusieurs domaines en même temps. Chaque personne vit
selon son intention, qui émerge en fonction de la force de son être.
Dans tout cela, des probabilités entrent en jeu, et à tout moment du
passé, Ruburt a donc touché des points de guérison probables[11]. Personne
ne peut être guéri contre sa volonté. Une telle coercition est impossible.
D’un côté, Ruburt n’aime pas [certains aspects personnels de] son plan.
De l’autre, celui-ci faisait partie de sa méthode : un moyen d’intensifier la
focalisation, d’accroître la perception dans un domaine limité, tout en
garantissant une sécurité, de telle sorte que les excursions intérieures
seraient contrebalancées par [les conditions de son environnement
extérieur]. […] Il voit que le défi a été gagné, et qu’il est temps à présent de
s’attaquer au suivant, d’appliquer le pouvoir de la volonté à certains
domaines physiques.
Maintenant, de nombreuses personnes n’apprennent jamais à appliquer
le pouvoir de la volonté dans quoi que ce soit.
Vous [Joseph] étiez déterminé à trouver le type de relation que vous
avez avec Ruburt, le type de lien que vos parents n’ont jamais eu[12], et
vous avez appliqué le pouvoir de votre volonté à cette fin. En même temps,
vous étiez déterminé à rester dans une certaine mesure à l’écart du monde,
tout en maintenant et en développant un contact émotionnel avec une
compagne, qui serait différent de vos expériences antérieures. Il vous fallait
faire preuve de créativité. Vous étiez aussi intrigué, déterminé à voyager au
sein de la nature de la réalité, et à entrapercevoir au moins une vague image
de ce qu’elle pouvait être. Dans cette probabilité, vous vous êtes doté d’un
contexte qui incluait le sport et l’amour du corps, sachant que [ces qualités-
là] vous soutiendraient.
Une des croyances fortes que vous aviez en commun était que vous
deviez à tout prix protéger votre énergie, et rejeter les distractions de ce
monde. Avec son esprit pratique, Ruburt interprétait cela plus au pied de la
lettre que vous, et une restriction physique a fait partie de son
environnement naturel antérieur [du fait de la maladie chronique de sa
mère], ce qui n’a pas été votre cas. Mais Ruburt est incroyablement
résilient. […] Le pouvoir de sa volonté est effectivement impressionnant, et
il commence juste maintenant à le ressentir. Avec cette vigilance, sa
volonté peut être déployée dans une nouvelle direction physiquement
orientée. Ce changement d’orientation est la seule chose nécessaire. Le
reste suivra inconsciemment. […] Le point de pouvoir est dans le
présent[13] ; ce type de matériau et sa compréhension [par Ruburt et par
d’autres] importent plus que les causes « passées ».
Il y a eu une série de défis que Ruburt a relevés en utilisant le pouvoir
de sa volonté, et celui-ci [ce défi physique] est simplement le suivant à
remporter. À nouveau, de nombreuses personnes ne connaissent pas
vraiment ce pouvoir.
Je vous souhaite un cordial bonsoir.
(Fin à 00 h 23. Au cours du petit-déjeuner, quelques heures plus tard,
Jane me dit qu’une fois de plus, elle a « travaillé sur le livre de Seth toute la
nuit ».
Note ajoutée un an plus tard : Seth a reparlé de la volonté lors d’une
session privée qui s’est déroulée juste six mois après qu’il ait fini de dicter
La Réalité « inconnue » en avril 1975. Dès que Jane s’est mise à
transmettre ce matériau, j’ai pensé à en ajouter ici certaines parties plus
générales. Voici ce que Seth a dit.)
Vous ne pouvez pas user de faux-fuyants. Vous avez une volonté pour
une raison. Quand vous naissez, cette volonté est orientée vers la croissance
et le développement. Vous voulez littéralement être vivant. Cette volonté
d’être déclenche toute l’activité corporelle, qui opère ensuite
automatiquement, avec la force même qui est à l’origine de la volonté.
Dans votre tout jeune âge et votre enfance, la volonté dirige de tout son
cœur le corps pour que, de tout son élan, il aille de l’avant et balaye les
obstacles dans votre impulsion à grandir et à vous développer. La volonté
fixe les conditions dans lesquelles l’organisme grandit — et cherche
également les meilleurs domaines d’expansion.
Il y a, dans l’histoire, des époques où l’espèce rencontre différents types
de défis. Dans une société programmée où « chaque homme ou femme
connaît la place qui est la sienne », la volonté sait alors quelles directions
suivre, bien que d’autres conditions et prérogatives puissent rester ignorées.
Dans votre propre société, il y a en fait de nombreuses prérogatives. […]
Ruburt voulait aller dans une direction particulière, mais sans connaître
de moyens précis pour y parvenir. Il voulait suivre un cheminement qui
n’était pas conventionnel. Il ressentait un besoin de protection pendant qu’il
apprenait, et jusqu’à ce qu’il ait acquis suffisamment de sagesse[14]. La
recherche elle-même allait conduire à un ensemble de valeurs
complètement différent et à un nouveau système de croyances.
Vous voyez autour de vous d’autres êtres faisant face aux défis de la vie
en suivant les vieilles croyances. Ils doivent constater par eux-mêmes que
ces croyances-là ne fonctionnent pas.
L’univers est avec vous et non pas contre vous. Vos compagnons
humains sont avec vous et non pas contre vous. Quand vous réalisez cela,
vous touchez chez vos semblables les parties qui vous sont communes.
Vous les rencontrez à un niveau différent qui les éclaire également et les
aide à se développer. […] Le pouvoir de la volonté est impressionnant et il
est « distribué » partout dans le corps. Le corps dépend de lui pour se
diriger. Une fois encore, les croyances de la volonté activent les ressources
automatiques du corps.
Fin de la session.
[2] Une note ajoutée six mois plus tard. Les lignes suivantes proviennent
d’une session personnelle que Seth a donnée le 29 avril 1975, cinq jours
après avoir fini de dicter La Réalité « inconnue » (dans la session 744).
« Nos livres, et j’inclus ceux de Ruburt, ne rentrent dans aucune
catégorie précise… Au début, en particulier, mais aussi maintenant,
Ruburt n’avait pas de références. Il n’est pas docteur en quoi que ce
soit, car il n’y a aucune personne vivante qui pourrait lui donner un
diplôme correspondant à son cheminement particulier de recherche, ou
au vôtre… Il ne se cache derrière aucune référence, système social ou
dogme… »
[7] Dans l’appendice 19, voir la session 612 après 22 h 50, et la note 11.
[11] Dans la session 679 du tome I, voir ce que dit Seth à propos de Jane,
de sa volonté, de sa relation avec moi et de ses symptômes physiques.
J’ai évoqué ses symptômes dans la note 8 de cette session-là également.
Le lecteur pourra aussi se reporter au matériau sur ce même sujet, dans
La Réalité personnelle.
[12] Pour un matériau sur le type de relation qu’avaient mes parents (ce
qui implique évidemment leurs enfants de façon très étroite), voir les
deux premières sessions dans le tome I : la session 679 à partir de 23 h
37 ainsi que la note 9 ; et la session 680 à partir de 21 h 44, avec les
notes 1, 2 et 3.
[1] Adventures ne sera lui-même pas publié avant l’été prochain. Voir les
notes 1 et 3 de la session 705, ainsi que les notes d’ouverture de la
session 708. Je suis en train de terminer actuellement le onzième
diagramme parmi les seize prévus pour ce livre-là.
[2] Dans l’appendice 19, voir la session 612 pour un matériau sur Seth 2 et
les sensations que Jane a d’un état massif.
[3] Une note ajoutée par la suite. Jane s’est servie de certaines parties de
la session 714 dans le chapitre 1 de Politics, tout en exposant sa propre
vision. Comme cette session fait évidemment aussi partie de La Réalité
« inconnue », elle est quand même présentée intégralement dans ce
tome II. C’est aussi le cas pour nos propres contributions à la fin de la
session.
[6] Dans son travail actuel sur Politics, Jane a déjà évoqué la Mémoire
akashique. Son inspiration est le fruit de sa rencontre plutôt inattendue,
à la fois amusante et pénible — mais en définitive éclairante — avec un
visiteur, ce matin ; il avait assisté, hier soir, à son cours de perception
extrasensorielle.
[8] Telles qu’elles sont présentées dans l’appendice 19, cette partie de la
session 612 et ses notes contiennent un matériau sur les types de sons
rapides (et lents) que Jane a pu percevoir jusqu’à maintenant. Voir en
particulier les notes 7 et 10. La chromesthésie, ou audition colorée, est
définie dans cette même note 10. Le lecteur trouvera également des
informations sur les électrons et le spin des électrons, dans les notes 8 et
9 de la session 612.
[1] Hier après-midi, dimanche, je me suis allongé pour une sieste. Juste
avant de sombrer dans le sommeil, j’ai eu trois petites expériences
faisant entrer en jeu une vision intérieure. Mes yeux étaient clos. Dans
l’épisode qui est intéressant ici, je me suis vu vivant au premier siècle
de notre ère : j’étais un officier d’assez haut rang dans une légion
romaine, et j’étais à bord d’une petite galère en Méditerranée. Je savais
que j’étais en mission militaire officielle pour une force armée terrestre,
même si j’étais sur un bateau. Je n’aimais pas beaucoup le « moi »
brutal et insensible que je voyais. Brièvement, à travers ces yeux-là, j’ai
regardé les deux rangées de galériens… J’ai décrit la scène à Jane,
ainsi que mes sentiments, et j’ai fait de petits dessins à la plume, de moi
en tant qu’officier, de face et de profil. Je n’avais aucun nom à donner à
cet autre moi. Selon le concept de Seth à propos du temps simultané, je
pensais que j’avais peut-être entraperçu une autre existence
— réincarnationnelle ou probable — que j’étais en train de vivre.
Cet après-midi, lundi, j’ai à nouveau décidé de faire une sieste et j’ai eu
à nouveau conscience d’être un officier romain ; du moins, je pensais
être cet individu-là. C’était une suite de la première vision : je me suis
senti flotter sur les eaux, les mains liées derrière le dos et le visage
tourné vers le bas. Je savais que j’avais été délibérément jeté à la mer.
J’ai immédiatement coupé court à ma conscience de l’expérience, sans
doute pour éviter d’endurer ma propre mort dans cette vie-là.
Bien en sécurité sur le petit lit de mon atelier, je n’ai pas paniqué alors
que cet autre moi se trouvait confronté à une situation qui mettait sa vie
en péril, mais cela m’a quand même perturbé — au point même de
refouler tout souvenir conscient de cet épisode jusqu’au soir, après cette
session 715. Je cite cela ici de manière à pouvoir présenter ensemble ce
que j’appelle « mon premier et mon second Romains ».
[2] Dans le chapitre 2 de Psychic Politics, Jane présente non seulement son
matériau provenant de la bibliothèque, mais aussi des citations tirées de
la session 715 de La Réalité « inconnue ». J’écris cette note un mois
après que celle-ci eut lieu en octobre 1974. Nous sommes donc à la fin
du mois de novembre et, entre-temps, Jane a signé un contrat avec
Prentice-Hall pour la publication de Politics prévue en 1976 ; elle a
aussi eu le temps d’accomplir un travail considérable sur les premiers
chapitres de ce livre-là. Nous savions déjà qu’elle commencerait à
transposer dans Politics certains passages du volume II de La Réalité
« inconnue », puisqu’elle est impliquée, de façon si intime et
enthousiaste, dans la production simultanée de ces deux ouvrages. J’ai
déjà évoqué l’idée de cet échange dans la note 3 de la session 714
(lorsque j’ai indiqué qu’elle s’était servie d’une partie de cette session-
là dans le chapitre 1 de Politics).
Mais bien que, pour Politics, Jane ait utilisé comme exemple la même
expérience transcendante que celle que j’ai décrite dans les notes
d’introduction de la session 715, elle s’en est servie de la façon
subjective qui est la sienne ; dans La Réalité « inconnue », je présente
ma version de l’évènement depuis le point de vue d’un observateur. Le
lecteur que cela intéresse peut comparer les deux récits. Je pense qu’ils
sont tous deux dignes d’être retranscrits, étant donné que l’expérience
de Jane était vraiment profonde — et selon moi très révélatrice de la
façon dont nous voyons généralement notre réalité physique habituelle,
et des versions, ou « modèles », beaucoup plus puissants de la réalité
qui existe derrière elle.
[3] Dans Dialogues, son livre de poésie, Jane a exploré plusieurs autres
épisodes « clés » de son développement psychique ; voir sa préface,
puis les deux éléments suivants dans la Partie 2 : « The Paper and Trips
Through an Inner Garden[VIII] » et « Single – Double Worlds, the Rain
Creative, and the Light[IX] ». Dans Adventures, elle évoque aussi ses
expériences transcendantes ; voir le chapitre 9 pour ses perceptions
« papier » (en mars 1972), et le chapitre 15 pour ses rencontres avec la
créature-pluie et la lumière (en février 1973). Jane et Seth avaient tous
deux des choses à dire à propos de la créature-pluie et de la lumière
dans La Réalité personnelle : voir la session 639 au chapitre 10.
[5] Jusqu’à maintenant, dans le volume II, j’ai mentionné les sens
intérieurs (tels que décrits par Seth) dans la note 5 de la session 709, et
dans la note 6 de l’appendice 18. Lors de la session 40, le 1er avril
1964, Seth a présenté le sens intérieur n° 6, La Connaissance innée
d’une réalité fondamentale : « C’est un sens extrêmement rudimentaire.
Il est en rapport avec la connaissance opérante innée que l’entité a de la
vitalité fondamentale de l’univers… Sans ce sixième sens et son
utilisation constante par le moi intérieur, vous ne pourriez pas construire
l’univers du camouflage physique. Bien que ce sens soit en rapport avec
la connaissance innée de l’univers entier, vous pouvez le comparer à
l’instinct, tel que vous le concevez. »
[6] Une note ajoutée six mois plus tard. Quand Seth faisait référence à « ce
livre » dans la session 715, il entendait par là, bien sûr, le texte de La
Réalité « inconnue » dans son intégralité. Jane et moi n’avions pas
encore décidé de publier cet ouvrage en plusieurs volumes. Cette
décision a été prise en avril 1975, au moment de la session 741 qui se
trouve dans la Partie 6. Voir les toutes premières Notes préliminaires du
volume II.
[7] Par contraste, voir dans la note 2 de la session 695, tome I, les
références à la réalité « officielle ».
EXERCICE PRATIQUE 12
EXERCICE PRATIQUE 13
Deuxième exercice [de la session]. Pour vous être utile, Joseph, toute
cette partie sera constituée d’exercices pratiques, avec des commentaires et
des instructions.
Vous devez travailler à partir de votre propre expérience subjective :
quand vous trouvez votre point de focalisation la plus fine, c’est votre
réception la plus claire de votre propre station de base. Vous pouvez sentir
qu’il a une certaine position dans votre vision intérieure ou dans votre tête,
ou peut-être avez-vous votre propre symbole pour le représenter. Vous
pouvez l’imaginer, si vous voulez, comme une fréquence sur votre radio ou
votre télévision, mais la reconnaissance subjective que vous en avez est
votre propre signal.
Dans l’exercice précédent, quand je vous ai dit de lâcher votre
perception claire et de déconnecter la vision de l’ouïe, vous dériviez par
rapport à votre propre station de base. Votre conscience vagabondait. Cette
fois-ci, commencez par votre point de focalisation la plus fine, que vous
avez établi, et laissez ensuite votre conscience vagabonder comme nous
l’avons dit. Seulement, laissez-la vagabonder dans une direction particulière
— vers la droite ou la gauche, vers ce qui vous semble le plus naturel.
Ainsi, vous êtes encore en train de la diriger et vous apprenez à vous
orienter. Au début, exercez-vous ainsi pendant quinze minutes au
maximum ; mais laissez votre attention dériver dans la direction que vous
avez choisie.
Chaque personne aura ici sa propre expérience personnelle, mais, peu à
peu, certains types de données physiques sembleront disparaître, alors que
d’autres pourront devenir proéminentes. Vous pouvez, par exemple,
entendre mentalement des sons, tout en sachant qu’ils ne sont pas d’origine
physique. Vous ne verrez peut-être rien dans votre esprit ou vous verrez
peut-être des images qui semblent n’avoir aucune corrélation extérieure,
tout en n’entendant rien. Pendant quelque temps, des données physiques
ordinaires peuvent continuer à s’imposer. Quand c’est le cas, reconnaissez-
les comme étant votre station de base et, mentalement, laissez-vous dériver
encore plus loin d’elle. Ce qui est important, c’est votre sensation à mesure
que vous faites l’expérience de la mobilité de votre conscience. Si jamais
vous devenez inquiet, revenez simplement à votre station de base, vers la
gauche ou la droite en fonction de la direction que vous aviez choisie. Je ne
vous suggère pas d’utiliser des directions « plus hautes » ou « plus basses »,
à cause des interprétations que vous pouvez attribuer à ces termes, du fait
de vos croyances.
Ne soyez pas impatients. En poursuivant cet exercice pendant une
certaine période de temps, vous serez capables de vous éloigner davantage
en vous orientant, à mesure que vous vous familiarisez avec le ressenti de
votre esprit. Graduellement, vous allez découvrir que ces données
sensorielles intérieures vont devenir de plus en plus claires lorsque vous
vous dirigez vers une autre « station ». Elle représentera la réalité telle
qu’elle est perçue à partir d’un état de conscience différent.
Le premier voyage d’une station de base à une autre, qui n’est pas
familière, peut vous mettre en contact avec différents types d’infiltrations,
de distorsions ou de parasites. Il faut vous y attendre. Cela résulte
simplement du fait que vous n’avez pas encore appris comment accorder
clairement votre conscience sur d’autres types de focalisation. Avant de
pouvoir capter la station « suivante », par exemple, vous pouvez voir des
images fantômes dans votre esprit ou capter des versions déformées de
votre propre station de base. Vous vous êtes momentanément dispensés du
processus organisationnel usuel par lequel vous unissez les perceptions
sensorielles physiques habituelles ; de ce fait, pendant que vous êtes « entre
des stations », vous pouvez très bien rencontrer des signaux entremêlés,
provenant de chacune de ces stations. Quand vous modifiez ainsi votre
focalisation consciente, vous vous éloignez de la partie de votre psyché que
vous considérez comme son centre. Autrement dit, vous voyagez à travers
votre propre psyché, car différentes réalités sont différents états de la
psyché — matérialisés, projetés à l’extérieur et vécus. Cela s’applique aussi
à votre propre station de base, ou monde physique.
Êtes-vous fatigué ?
(23 h 20. « Non », dis-je. Le rythme de Jane en tant que Seth était
pourtant bon — calme, mais vigoureux.)
Même votre station de base compte de nombreux programmes et vous
vous êtes mis en général à l’écoute d’un programme principal, en ignorant
les autres. Les personnages dans votre « programme favori » peuvent
apparaître sous des formes très différentes lorsque vous êtes entre des
stations, et des éléments d’autres programmes que vous avez ignorés dans
votre station de base peuvent soudain vous devenir apparents.
(Une pause.) Je vais vous donner un exemple simple. Sur votre station
de base, vous pouvez écouter des programmes religieux. Cela signifie que
vous pouvez organiser votre existence quotidienne autour de principes
hautement idéalistes. Vous pouvez essayer d’ignorer d’autres programmes
que vous considérez trop axés sur la haine, la peur ou la violence. Vous
pouvez organiser si bien vos données physiques autour de votre idéal que
vous excluez toute émotion impliquant la peur, la violence ou la haine.
Quand vous modifiez votre conscience, à nouveau, vous commencez
automatiquement à laisser tomber vos vieilles organisations de données.
Vous vous êtes peut-être déconnectés de ce vous considérez comme des
programmations ou des sentiments négatifs. Ceux-ci peuvent cependant
avoir été présents mais ignorés, et quand vous vous passez de votre
méthode habituelle d’organisation des données physiques, ils peuvent
soudain devenir apparents.
Si vous vous dites qu’une sensation d’ordre sexuel est une chose
mauvaise, et que vous organisez votre programmation quotidienne en
conséquence, alors, quand vous « méditez », ou quand vous vous dispensez
de cette orientation-là, vous pouvez soudain vous retrouver face à un
matériau que vous estimez peu recommandable. Vous ne pouvez ni nier la
réalité de la psyché, ni les sensations naturelles dont vous faites
l’expérience dans votre chair. Quand vous commencez à modifier votre
perception, donc, et que votre représentation habituelle de la réalité
s’efface, vous pouvez fort bien rencontrer, de façon déformée, des éléments
de votre propre réalité que vous avez jusqu’alors niés ou ignorés.
Cela apparaît très nettement chez ceux qui se servent de la planche
Ouija ou de l’écriture automatique comme méthodes pour modifier la
conscience.
Voulez-vous faire une pause ?
(23 h 34. « Non », dis-je à nouveau, en réponse à la sollicitude évidente
de Jane en tant que Seth. Pour la fin octobre, la nuit est chaude et nos
fenêtres sont ouvertes ; c’est plutôt le bruit de la circulation provenant du
croisement très fréquenté, situé tout près d’ici, qui me dérange.)
Dans votre station de base, vous rencontrez clairement les évènements
dans l’espace et le temps. Quand vous vous en écartez, cependant, vous
pouvez rencontrer des évènements dans le temps, mais pas dans l’espace, et
une réalité que vous avez tenté de nier peut alors apparaître vivement. Si
vous comprenez cela, vous pouvez progresser considérablement, car à
mesure que vous éloignez votre focalisation de votre réalité organisée,
d’autres parties de celle-ci, sur lesquelles vous ne vous êtes pas concentrés,
apparaîtront.
Cela peut vous montrer ce qui manquait à votre station de base, si vous
savez comment lire les indices. Vous formez votre station de base en
fonction de vos croyances. Si vous croyez fermement, à nouveau, que la
sexualité est mauvaise, alors votre station de base peut vous entraîner dans
une « programmation » de vie où vous essayez constamment de nier la
vitalité de la chair. La vision d’un corps nu peut vous déranger. Vous allez
peut-être vous déshabiller dans le noir, ou penser, si vous êtes marié, à
l’acte sexuel comme à une chose sale. Si vous êtes un homme, vous pouvez
avoir honte de ce que vous considérez être votre besoin.
J’ai un exemple significatif. Un jeune homme que j’appellerai Joe a
écrit une lettre à Ruburt. Il a quitté sa maison de San Francisco pour aller
étudier en Inde auprès d’un gourou. Celui-ci lui a dit que le désir sexuel
allait à l’encontre de l’illumination spirituelle. Le programme de base de
Joe l’amène donc à s’abstenir de toute sexualité et Joe essaye
désespérément de rester chaste. En même temps, quand il médite et modifie
sa conscience, il se retrouve immédiatement avec une migraine fulgurante,
des images de femmes nues et des fantasmes de divinités féminines qui
viennent le tenter et l’amener à rompre son célibat.
Joe pense que de telles images sont très mauvaises. Au contraire, elles
lui disent quelque chose — que son programme de base est appauvri, car il
a nié la réalité de son être[3]. S’il ignore le conseil de sa psyché, alors son
voyage dans la réalité inconnue sera grandement déformé. Des déesses
séduisantes le suivront partout où il ira.
Faites votre pause ou terminez la session, comme vous préférez.
(23 h 46. La pause marque en fait la fin de la session. Jane est surprise
de constater qu’elle a été en transe pendant plus d’une heure. « Mon Dieu,
s’exclame-t-elle, toute cette chose, il l’avait là, déjà toute prête ! » Même en
transe, elle aussi a été gênée par le vacarme de la circulation, et nous
évoquons la possibilité de déménager vers un lieu plus calme, avant l’été
prochain[4].
Jane veut poursuivre la session, mais elle a faim. « Je me sens
coupable, dit-elle. J’ai envie d’un bon gros snack, mais je sens tout ce
matériau de Seth qui est prêt, directement là… Oh, au diable tout ça
— mangeons ! »)
NOTES DE LA SESSION 716
[1] Dans la note 1 de la session 715, j’ai décrit « mon premier et mon
deuxième Romains » — les visions ou perceptions intérieures qui me
sont venues alors que je m’étais allongé dimanche et lundi après-midi
pour faire la sieste. À chaque fois, je m’étais vu de toute évidence
officier romain au début du premier siècle de notre ère. Dans le premier
épisode, j’étais à bord d’un galion en Méditerranée ; dans le second, je
flottais au milieu de la mer, le visage tourné vers le bas et les mains
liées derrière mon dos.
[4] Une note ajoutée quatre mois et demi plus tard : et nous l’avons fait !
SESSION 718
[1] Jane se souvient d’une partie d’un des deux exercices pratiques qu’elle
a captés dimanche soir ; peut-être les obtiendrons-nous plus tard. Elle
dit que Seth les a conçus pour faire suite à ceux qu’il a donnés dans la
session 716. Pour le moment, même le fragment dont elle se souvient
mérite bien d’être expérimenté : Seth donne pour instruction au lecteur
de s’immerger dans une vieille photographie de quelqu’un — puis de
regarder notre réalité physique actuelle à travers les yeux de cet
individu. Une façon intéressante d’obtenir une nouvelle perspective sur
notre époque actuelle.
[2] Une note ajoutée plusieurs mois plus tard. Je vois à présent qu’il me
faut développer la note 2 de la session 715, où j’écris que Jane « va
commencer à transposer dans Politics certains passages du volume II
de La Réalité “inconnue”, puisqu’elle est impliquée, de façon si intime
et enthousiaste, dans la production de ces deux ouvrages en même
temps. » Pour elle, travailler de cette façon est totalement conforme à
sa nature spontanée ; elle cherche intuitivement à utiliser toute source
d’information qu’elle a sous la main — y compris Seth lui-même —,
pour tout projet dans lequel elle s’est engagée. Dans les premiers
chapitres de Politics, en particulier, elle cite et paraphrase le matériau
provenant de ce tome II, à commencer par la session 714 qui contient
son propre récit de l’inspiration première qu’elle a eue pour cet
ouvrage-là.
Dans mes notes, bien sûr, je décris ces évènements vécus par Jane et
Seth, à partir de ma propre perspective, tels que je les voyais se
produire. « Dans La Réalité “inconnue”, le lecteur doit se focaliser sur
le matériau depuis le point de vue de Seth, a dit Jane. Toutefois, il peut
être amusant de temps à autre de regarder d’abord les évènements
quotidiens de nos vies tels que Rob les a décrits dans ses notes — et de
voir la dictée des sessions telle qu’elle émerge de ces humbles sources.
Ce que j’ai dit dans Psychics Politics devrait certainement apporter
beaucoup d’éclaircissement à ce sujet. »
[3] William James, Les Variétés de l’expérience religieuse, Éditions
Exergue, Chambéry, 2001.
[4] Seth fait mention de l’expérience « mouche », vécue par Jane dans cette
session 718 et Jane en parle plus en détail au chapitre 5 de Politics.
Puis, au chapitre 6 de son livre, elle présente de longs extraits
provenant du matériau de James-Jung, tel qu’il est apparu dans la
session 717.
[6] Puisque William James est mort en 1910, cela signifie qu’en nos termes,
Jane a capté sa vision du monde telle qu’elle existait cinquante-quatre
ans après sa mort physique. Nous pourrions facilement poser à Seth une
douzaine de questions concernant les idées qu’il a données dans ce seul
paragraphe. Il en résulterait sans doute de très longues réponses
conduisant à davantage de questions. Cela pourrait même donner lieu à
un livre sur les visions du monde. Mais les interrogations ne cessent de
s’accumuler devant nous ; souvent, elles ne sont jamais formulées, aussi
intéressantes soient-elles. Seth va-t-il ou non traiter un jour cette
dernière fournée de questions implicites ? C’est loin d’être sûr.
Dans le tome I, voir la session 680 avec les notes 1, 2 et 3. Mon père,
Robert Senior, mort en 1971, avait un grand talent pour la mécanique.
Selon Seth, un moi probable de Robert Butts Senior, encore en vie, est
« un inventeur célèbre qui ne s’est jamais marié, mais qui a utilisé au
maximum ses aptitudes créatrices en mécanique, en évitant tout
engagement émotionnel ». Bien que la seule et unique intention de mon
père ait été de relever le défi d’élever une famille dans cette réalité-ci, il
a peut-être souvent échangé des idées sur les automobiles, les motos, les
chalumeaux, les appareils photo, etc., avec cet autre moi inventeur.
Les moi probables communiquent-ils vraiment les uns avec les autres à
travers les cadres de leur vision respective du monde, ou un tel échange
d’idées ou d’émotions peut-il parfois avoir lieu « plus directement »
— simplement entre les personnalités probables impliquées ? Les deux
situations sont possibles, me semble-t-il, ou bien les deux méthodes
peuvent se combiner à un moment donné. Nous prévoyons de demander
à Seth de développer ce sujet.
[9] Il y a neuf mois, en février 1974, Seth a mentionné les quelques contacts
hésitants, qu’à l’évidence j’avais établis, à travers des rêves, avec ma
mère décédée ; voir la session 683 après 23 h 30, puis mon compte
rendu de l’un de mes rêves, dans la note 5 de cette même session. Deux
mois plus tard, dans la session 693, Seth a décrit comment je réagissais
(au niveau cellulaire ou « inconscient ») aux communications provenant
de ma mère, au moment où Jane et moi envisagions d’acheter une
maison dans le quartier de mon enfance à Sayre, en Pennsylvanie.
Jusqu’à maintenant, Jane ne m’a pas fait part de la moindre rencontre,
de quelque type que ce soit, avec sa mère ou son père, tous deux
défunts. (Tous nos parents sont morts entre février 1971 et novembre
1973.)
[10] J’aimerais m’arrêter un peu sur un point que j’ai évoqué dans les
notes d’ouverture de cette session 718, quand j’ai parlé des médiums,
ou d’autres personnes, qui entraient en contact avec des morts célèbres.
Je le dis gentiment — mais Jane et moi n’avons jamais cru qu’un
individu vivant pouvait être en contact avec une personne célèbre
décédée ; en particulier, à travers la planche Ouija ou l’écriture
automatique. Bien que nous ne nous soyons jamais moqués de tels cas
lorsque nous en entendions parler, nous avons certainement considéré
ces rencontres avec un grand scepticisme. La raison principale de notre
attitude est que nous avons énormément de mal à croire que « Socrate »
— où qu’il soit et quoi qu’il soit en train de faire, en nos termes — soit
disposé à tout laisser tomber pour donner une information très confuse
à une personne bien intentionnée et vraiment innocente, vivant, disons,
dans une petite ville de Virginie. Il doit y avoir bien d’autres choses
qu’il ait envie de faire ! Le concept de vision du monde de Seth, ainsi
que les propres expériences de Jane qui y sont associées rendent les
récits de tels évènements beaucoup plus compréhensibles.
SESSION 719
EXERCICE PRATIQUE 14
EXERCICE PRATIQUE 15
[2] Quand je tombe sur un texte qui dénigre le corps physique, j’essaye
parfois de contrer ce genre de projections négatives en me tournant vers
l’une des réalisations techniques accomplies par notre espèce
« dégénérée » : j’étudie des photos de minuscules parties du corps
humain, prises au microscope électronique. Je fais alors l’expérience
d’étapes successives de ma pensée — ces pensées ne sont pas toujours
bonnes, je le crains — que j’aimerais mentionner tour à tour.
Après la session de ce soir, Jane m’a dit que cet exercice pratique 13
était l’un des deux dont elle a eu un aperçu durant la nuit qui a précédé
la session 717 (non retranscrite) traitant de Jung et de James. Par
contre, l’exercice pratique 14 ne lui semble pas du tout familier. Voir la
note 1 de la session 718.
J’ai vu la tête d’un très vieil homme, qui avait près de 90 ans. Il ne
faisait pour moi aucun doute que c’était certainement une version
probable de moi dans cette réalité-ci. Jeter un coup d’œil sur la courbe
de mon propre crâne depuis ce point de vue inhabituel était ô combien
étrange ! Je voyais des cheveux presque blancs, courts et clairsemés,
mais je n’étais pas chauve. À travers ces cheveux, je pouvais voir pulser
les veines bleues sous la peau recouvrant la boîte crânienne — et d’une
certaine façon, cette vision était à elle seule on ne peut plus évocatrice
de l’extrême jeunesse et de l’extrême vieillesse. J’étais étendu, le visage
tourné vers le haut, mes bras décharnés croisés sur ma poitrine, tout
comme mon « moi » présent. Je savais que j’étais en train de me
reposer et que je n’étais pas sénile. Je ne crois pas que j’étais
grabataire, mais il me semble que, d’une façon ou d’une autre, on
prenait soin de moi.
[5] Voir dans le tome I : la note 1 de la session 698 contient des citations du
matériau que Seth a donné sur le rêve lors de la session 92, le 28
septembre 1964 ; puis les informations tout aussi intéressantes sur les
rêves dans la session 699 — j’aime particulièrement l’affirmation de
Seth selon laquelle « d’une certaine façon, un rêve dont on se souvient
peut être comparé à une photographie psychologique… » Le poème de
Jane, « My Dreaming Self [X] », est présenté dans les notes qui suivent
cette session-là, en même temps que des références à d’autres matériaux
sur le rêve.
[7] Voir la session 710 pour un matériau de Seth sur les rêves et les
« instantanés » que l’esprit conscient peut apprendre à capter pendant
un voyage hors du corps.
SESSION 720
(Tout comme elle l’a fait cet après-midi, Jane capte un peu de matériau
provenant de Seth à 21 h 00 ce soir. Je parlerai de ces deux moments-là
dans les notes à la fin de la session.
21 h 55.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée (en murmurant). Maintenant, si vous emportez un appareil photo
physique et que vous prenez des clichés pendant que vous vaquez à vos
occupations quotidiennes, que vous marchez ou discutez avec des amis,
vous aurez conservé des scènes des activités de la journée.
Votre pellicule ne prendra toutefois aujourd’hui que des images
d’aujourd’hui. Aucun hier ni demain n’apparaîtra soudain sur les photos du
présent. Le photographe dans le monde du rêve découvrira cependant une
situation toute différente, car, là, la conscience peut capturer des images de
scènes provenant de périodes totalement différentes, avec la même facilité
qu’un appareil utilisé à l’état de veille prend des photos de différents lieux.
Tant que vous ne réalisez pas cela, une partie de vos « albums de photos
oniriques » n’auront pour vous aucun sens.
Dans la vie éveillée, vous vivez certains évènements comme étant réels
et, en général, ce sont les seuls qui peuvent être saisis par un photographe
ordinaire. Le monde du rêve[1] offre cependant une palette beaucoup plus
large d’évènements, dont bon nombre peuvent ensuite apparaître sous une
forme physique, ce qui ne sera pas le cas pour d’autres tout aussi valides.
L’appareil photo onirique permet donc également une capture d’images
d’évènements probables.
Quand vous vous réveillez avec une photo d’un rêve dans votre esprit, il
se peut qu’elle paraisse n’avoir aucun sens parce qu’elle ne semble pas en
corrélation avec l’ordre officiel des activités que vous reconnaissez. Vous
pouvez prendre une décision particulière avec votre conscience physique
éveillée, et cette décision peut générer certains évènements. En utilisant
votre appareil photo onirique, vous pouvez, avec de la pratique, découvrir
l’histoire de votre propre psyché, et retrouver les nombreuses décisions
probables dont vous avez fait l’expérience en rêve. Celles-ci ont servi de
base à vos décisions physiques. Une certaine finesse est requise quand vous
apprenez à interpréter les images individuelles à l’intérieur de votre album
de photos oniriques. Ceci devrait être facile à saisir : si vous tentiez de
comprendre la vie physique à partir d’une série d’instantanés pris à divers
endroits et à des époques différentes, il vous serait difficile de vous forger
une idée claire de la nature du monde physique.
La même chose s’applique à la réalité du rêve, car ceux dont vous vous
souvenez sont comme des photos prises rapidement dans des conditions
changeantes. Aucune photo ne peut à elle seule raconter une histoire en
entier. Vous devez donc mettre par écrit votre description de chaque image
du rêve, et prendre continuellement des notes, car chaque image contribue à
une meilleure connaissance de la nature de votre psyché et de la réalité
inconnue dans laquelle elle existe.
Accordez-nous un instant… Quand vous prenez une photo physique,
vous devez savoir comment fonctionne votre appareil. Vous devez
apprendre à effectuer la mise au point, à mettre en valeur les qualités
particulières dont vous voulez garder trace, et écarter les influences
gênantes. Vous connaissez la différence entre les ombres, par exemple, et
les objets solides. Parfois, les ombres elles-mêmes font l’objet de
fascinantes études photographiques. Vous pouvez les utiliser en arrière-plan,
mais, en tant que photographe, vous n’allez pas les confondre avec, disons,
des objets solides. Néanmoins, personne ne nie que les ombres sont réelles.
Maintenant, en utilisant une simple analogie, laissez-moi expliquer le
fait que vos pensées et vos sentiments projettent eux aussi des ombres (avec
insistance), qui seront ici appelées des hallucinations[2]. Elles sont
parfaitement valides. Le rôle joué par ces hallucinations dans la réalité du
rêve est aussi important que celui des ombres dans le monde physique. En
elles-mêmes, elles sont magnifiques. Elles sont un plus pour l’image tout
entière. L’ombre d’un arbre rafraîchit le sol. Elle affecte l’environnement.
Ainsi, les hallucinations modifient l’environnement, mais d’une façon
différente et à un autre niveau de réalité. Dans le monde du rêve, les
hallucinations sont comme des ombres conscientes. Elles ne sont pas
passives, et leur forme ne dépend pas non plus de leur origine. Elles ont
leurs propres facultés.
Physiquement, un chêne peut projeter une ombre généreuse et intense
sur le sol. Celle-ci va bouger, reflétant fidèlement le moindre déplacement
de la plus petite feuille, mais sa liberté de mouvement sera conditionnée par
le mouvement de l’arbre. Aucune ombre d’une feuille du chêne ne bouge à
moins que sa contrepartie ne le fasse.
En suivant notre analogie, dans le monde du rêve, l’ombre du chêne,
une fois projetée, serait libre de suivre son propre cours. Plus encore, il y
aurait un échange mutuel créatif entre l’ombre et l’arbre qui lui a donné
naissance. Tout individu pleinement accoutumé à la réalité intérieure
n’aurait aucune difficulté à faire la distinction entre le chêne du rêve et son
ombre mouvante, pas plus que n’en aurait un photographe à l’état de veille
pour distinguer l’arbre physique de sa contrepartie sur l’herbe.
Toutefois, quand vous, touriste du rêve, flânez au milieu de votre
paysage intérieur avec votre appareil photo mental, il vous faut peut-être un
peu de temps pour faire la différence entre les évènements du rêve et leurs
ombres ou hallucinations. Alors, il se peut que vous preniez des photos des
ombres au lieu des arbres, et que vous vous retrouviez avec une
composition qui est certes belle, mais qui vous donne une version quelque
peu déformée d’une réalité intérieure. Vous devez donc apprendre comment
orienter votre appareil photo onirique et faire sa mise au point.
(Une pause.) Dans votre monde quotidien, les objets ont des ombres,
tandis que les pensées et les sentiments n’en ont pas ; aussi quand vous
voyagez en rêve, souvenez-vous simplement que, là, les « objets » n’ont pas
d’ombre, mais que les pensées et les sentiments en ont.
Comme ces dernières sont beaucoup plus vivantes que les ombres
ordinaires, et vraiment plus colorées, elles peuvent être difficiles à
distinguer au départ. Vous devez vous souvenir que vous vous promenez
dans un paysage mental ou psychique. Dans la réalité de veille, vous
pouvez vous trouver en plein après-midi devant l’ombre d’un ami et claquer
des doigts autant que vous voulez, son ombre ne bougera pas d’un pouce.
Elle ne va certainement pas disparaître parce que vous lui en donnez
l’ordre. Dans le monde du rêve, cependant, toute hallucination va
disparaître immédiatement dès que vous la reconnaissez en tant que telle et
que vous lui dites de partir. Elle était à l’origine projetée par votre propre
pensée, ou sentiment, et quand vous retirez cette source-là, alors son
« ombre » disparaît automatiquement.
Voulez-vous faire une pause ?
(22 h 40. « Non », dis-je, bien que le rythme de Seth soit soutenu.)
Accordez-nous un instant… L’ombre physique d’une pierre va
fidèlement refléter sa forme. En ces termes-là, peu de créativité lui est
accordée. Mais lorsqu’une pensée ou un sentiment dans le monde du rêve
projette son ombre plus vaste sur le paysage de l’esprit, celle-ci jouit de
bien plus de liberté.
Votre humeur joue évidemment un rôle aussi bien quand vous rêvez que
lorsque vous êtes réveillé. Physiquement, la journée peut être radieuse, mais
si vous êtes d’humeur morose, vous risquez de vous fermer
automatiquement à la lumière naturelle du jour, de ne pas la remarquer
— ou même d’utiliser cette beauté naturelle comme un contrepoint qui vous
amène à vous sentir encore plus inconsolable. Vous percevez alors la
journée à travers votre humeur et voyez sa beauté comme une façade
n’ayant aucun sens, ou même cruelle. Par conséquent, votre humeur
modifie votre perception.
La même chose s’applique dans l’état de rêve ; mais là, les ombres de
vos pensées peuvent être projetées à l’extérieur, dans des scènes d’une
extrême désolation. Dans le monde physique, vous avez autour de vous des
données sensorielles collectives. Chaque individu contribue à la formation
de cet environnement extérieur. Peu importe si votre humeur est sombre par
une journée ensoleillée, vos pensées individuelles ne vont pas à elles seules
transformer soudain le ciel bleu en un ciel pluvieux. À vous seul, vous
n’avez pas ce type de contrôle sur l’environnement de vos semblables. Dans
le monde du rêve, cependant, de telles pensées vont vraiment former votre
environnement.
Les paysages mouvementés d’un rêve sont d’une part des hallucinations
projetées sur le monde intérieur par vos pensées et sentiments ; d’autre part,
des représentations valides de votre climat intérieur au moment de ce rêve.
Il est possible de modifier ces scènes dans l’état de rêve lui-même, si vous
reconnaissez leur origine. Vous pouvez, par ailleurs, choisir d’apprendre de
ces hallucinations, en leur permettant de continuer, tout en comprenant
qu’elles sont en fait des ombres projetées par votre propre esprit.
Faites votre pause.
(De 22 h 52 à 23 h 12.)
Maintenant. Si vous êtes honnête avec vos pensées et sentiments, vous
allez les exprimer dans votre vie éveillée, et ils ne vont pas projeter des
ombres perturbantes dans vos rêves.
Vous pouvez craindre qu’un enfant ou un compagnon bien-aimé ne
meure soudainement, sans jamais vouloir admettre cette peur. Ce sentiment
peut toutefois être dû à des doutes que vous entretenez par rapport à vous-
même. Vous êtes peut-être trop fortement dépendant d’une autre personne,
et tentez de vivre votre vie par procuration, à travers celle d’un autre. Votre
peur, une fois admise, va vous amener à d’autres sentiments qui se trouvent
derrière elle, et à une meilleure compréhension de vous-même.
Lorsqu’elle n’est pas reconnue dans la vie éveillée, la peur peut projeter
son ombre obscure, si bien que vous allez rêver de la mort de votre enfant,
ou d’un autre être qui vous est cher. L’expérience est alors projetée dans le
paysage du rêve et la rencontre a lieu là.
Si vous vous souvenez d’un tel rêve, vous allez peut-être penser qu’il
est prémonitoire, et que l’évènement va devenir physique. Au lieu de cela,
toute la portée de l’évènement du rêve pourrait être éducative, et vous
permettre de vous focaliser clairement sur votre peur. Dans de tels cas, vous
devez considérer la situation effroyable du rêve comme une ombre, et en
chercher la source à l’intérieur de votre esprit.
Les ombres peuvent être agréables et majestueuses et, par une chaude
journée ensoleillée, vous vous rendez certainement compte de leur nature
bénéfique. Certaines hallucinations du rêve sont ainsi belles, réconfortantes
et rafraîchissantes. Elles peuvent apporter une grande paix et on peut les
rechercher juste pour elles-mêmes. Peut-être croyez-vous que Dieu existe
comme un père bienveillant, ou le personnifiez-vous en tant que Christ ou
Bouddha. Dans vos rêves, vous pouvez alors rencontrer de tels personnages.
Ils sont tout à fait valides, mais sont aussi des hallucinations projetées par
vos propres pensées et sentiments. Les rêves de paradis et d’enfer entrent
dans la même catégorie, en ces termes-là, en tant qu’hallucinations.
Maintenant. L’ombre physique d’un arbre témoigne de l’existence d’un
arbre, même si vous ne voyez qu’elle ; de même, les hallucinations qui
apparaissent dans vos rêves témoignent de leur origine et attestent qu’il y a
là un objet onirique, valide et « objectif », qui est aussi « solide »
(lentement) dans cette réalité-là que l’arbre dans votre monde.
(Une longue pause à 23 h 32.) Dans la réalité physique, il y a un
décalage de temps entre la conception d’une idée, disons, et sa
matérialisation. Par ailleurs, d’autres conditions peuvent ralentir
l’actualisation physique d’une idée, ou même l’empêcher totalement. Si la
pensée n’est pas exprimée physiquement, elle sera actualisée dans une autre
réalité. Avant de se transformer en un évènement reconnaissable, une idée
doit, par exemple, avoir certaines caractéristiques qui concordent avec les
hypothèses physiques. Elle doit se manifester au sein de votre contexte
temporel.
Dans le monde du rêve, cependant, chaque idée ou sentiment peut être
immédiatement exprimé et vécu. Le monde physique contient des édifices
que vous construisez — ce qui veut dire qu’ils ne surgissent pas
naturellement du sol lui-même. De la même façon, vos pensées sont des
produits « manufacturés » dans le monde du rêve. Elles font partie de
l’environnement et apparaissent à l’intérieur de sa réalité, bien qu’elles
changent de silhouette et de forme constamment, chose que les objets
physiquement manufacturés ne font pas.
La Terre a toutefois ses propres données naturelles et vous devez utiliser
cette masse de matériaux pour fabriquer tous vos produits manufacturés. Le
monde du rêve possède également son propre environnement naturel. Vous
formez vos rêves à partir de lui (une longue pause), et utilisez ses produits
naturels pour manufacturer des images oniriques. Rares sont toutefois ceux
qui perçoivent cet environnement naturel intérieur.
Accordez-nous un instant… Fin de la dictée.
(23 h 44. Parlant en tant que Seth, Jane transmet à présent deux pages
de matériau pour elle et moi. On y trouve les lignes suivantes : « L’idée de
Ruburt venait de moi, en ce qui concerne vos épisodes réincarnationnels
impliquant l’officier romain, et votre expérience personnelle illustre ce que
je dis dans La Réalité “inconnue” — l’histoire de l’individu est écrite dans
la psyché et peut en fait être découverte. » Souvenez-vous du titre que Seth a
donné à cette partie 5, par exemple.
Par deux fois aujourd’hui, Jane s’est mise à l’écoute de concepts tout à
fait semblables, tout en vaquant à ses activités quotidiennes. « Je suis sûre
que j’ai obtenu ça de Seth, m’a-t-elle dit après la première fois, cet après-
midi. Pas seulement ton histoire réincarnationnelle, mais aussi ta vision en
tant que vieil homme [décrite dans la note 4 de la session 719]. Et l’histoire
de l’espèce est écrite dans la psyché de masse, exactement de la même
façon. »
Mes « trois Romains » sont présentés dans les premières notes des
sessions 715 et 716. Certaines questions soulevées par ces expériences
m’intéressent beaucoup — en particulier les possibles contradictions
temporelles avec certaines de mes autres prétendues vies passées. [Je
prévois d’expliquer bientôt ces références plutôt sibyllines.] En attendant,
mes petites aventures psychiques suivent leur cours. Je regrette de ne
trouver que rarement le temps de pouvoir faire plus que de rapides
esquisses s’y rapportant.
La session de ce soir se termine à 00 h 04.)
[1] Le lecteur peut aussi se référer au matériau de Seth sur les rêves dans
les chapitres 8 et 10 de Seth parle et 10 et 20 de La Réalité personnelle.
[2] L’utilisation créative des « hallucinations », proposée ici par Seth, est
certainement en désaccord avec les concepts ordinairement associés à
ce terme. Dans un dictionnaire, par exemple, les hallucinations peuvent
être décrites comme des visions et des sons apparemment perçus. Les
hallucinations seraient liées à certains désordres mentaux ; à des objets
qui ne sont pas réellement présents. Il est dès lors assez logique que,
dans le dictionnaire, l’un des synonymes du mot « hallucination » soit
« délire » ou « illusion trompeuse » : une croyance qui n’est pas vraie,
une opinion persistante sans une preuve physique correspondante.
SESSION 721
EXERCICE PRATIQUE 16
Dans un rêve, essayez d’étendre l’espace dans lequel vous vous trouvez,
quel qu’il soit. Si vous êtes dans une pièce, sortez-en pour aller dans une
autre. Si vous êtes dans une rue, suivez-la aussi loin que vous pouvez, ou
tournez à un angle. À moins que vous ne développiez des idées de
limitations pour des raisons qui vous sont propres, vous découvrirez que
vous pouvez effectivement étendre l’espace intérieur. Il n’existe aucun point
où une fin de cet espace doit apparaître.
(Une longue pause.) Les propriétés de l’espace intérieur sont par
conséquent illimitées. La plupart des gens n’ont pas cette compétence-là
dans la manipulation des rêves, mais certains de mes lecteurs seront
sûrement capables de se souvenir de mes paroles, lorsqu’ils seront en train
de rêver. À ces personnes-là, je dis : « Regardez autour de vous dans l’état
de rêve. Essayez d’étendre tout lieu dans lequel vous vous trouvez. Si vous
êtes dans une maison, souvenez-vous de regarder par la fenêtre. Et une fois
que vous parvenez à cette fenêtre, une scène va apparaître. Vous pouvez
sortir de cette maison du rêve et vous rendre dans un autre environnement.
Théoriquement, vous pouvez explorer ce monde-là, et l’espace à l’intérieur
de lui s’étendra. Il n’y aura aucun endroit dans le rêve où l’environnement
cessera. »
Maintenant. Ce que vous considérez comme un espace extérieur est en
expansion exactement de la même manière. À cet égard, la réalité du rêve
reflète fidèlement ce que vous appelez la nature du monde extérieur.
L’expérience terrestre, même en vos termes, est beaucoup plus variée
que vous ne l’imaginez consciemment. La vie intime d’une personne dans
un pays, avec sa culture, est très différente de celle d’un individu venant
d’un autre type de culture, avec ses propres idées sur l’art, l’histoire, la
politique ou la religion, ou bien encore la loi. Comme vous vous focalisez
sur les similitudes de vos besoins, le monde physique possède sa
cohérence[5].
Des abîmes séparent l’expérience personnelle d’un Indien pauvre, de
celle d’un Indien riche, d’un indigène de Nouvelle-Guinée, d’un tailleur
américain, d’un nationaliste africain, d’un aristocrate chinois, d’une femme
au foyer irlandaise. Ces différences ne peuvent pas être décrites
objectivement. Elles occasionnent cependant des différences qualitatives
dans l’expérience de l’espace et du temps.
Il y a des gens qui voyagent en jet et d’autres qui n’ont jamais vu un
train ; votre propre système de réalité présente donc de grands contrastes.
L’état de rêve implique toutefois un type de communication qui n’est pas
physiquement pratique, car, là (avec insistance), tout homme, toute femme
a un rôle donné ; dans l’état de rêve, aucune des idées d’un individu n’est
limitée par son expérience physique ou par son arrière-plan culturel.
Même ceux qui n’ont jamais vu un avion peuvent voyager d’un endroit
à un autre en un clin d’œil, et le pauvre est nourri, l’ignorant est sage, le
malade se porte bien. La créativité qui peut être entravée dans le monde
physique s’exprime ici. Il est vrai qu’au réveil, l’homme affamé est encore
affamé. Le malade se réveille sans être en meilleure santé qu’avant. En
termes plus profonds, cependant, dans l’état de rêve, chaque personne va
résoudre ses propres problèmes ou défis. Une personne peut s’y guérir
d’une maladie en résolvant des problèmes qui en étaient la cause. En rêvant,
l’individu affamé peut découvrir des moyens de trouver de la nourriture ou
de se procurer de l’argent pour en acheter. Rêver est une activité pratique.
Si le fait de rêver était compris comme tel, il serait même beaucoup plus
pratique, en vos termes.
Les animaux rêvent aussi, et des troupeaux entiers d’animaux
faméliques vont être guidés par leurs rêves pour trouver de meilleurs
pâturages. De la même façon, les rêves des personnes affamées indiquent
une direction conduisant à la résolution du problème. Ces données-là sont
cependant largement ignorées. (Avec beaucoup d’insistance.) Dans l’état de
rêve, tout individu peut trouver la solution à n’importe quel défi existant.
La coopération naturelle qui existe entre le moi éveillé et le moi rêvant
est en grande partie ignorée. Et pourtant, l’esprit conscient est parfaitement
équipé pour interpréter les informations du rêve.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22 h 26 à 22 h 39.
Avec humour.) Vous oubliez que rêver est une partie de la vie. En
pensée au moins, vous avez coupé le rêve de votre expérience quotidienne,
de sorte qu’il semble n’avoir aucune application pratique.
Vous vivez tantôt dans un environnement mental d’état de veille et
tantôt dans un environnement mental d’état de rêve. Et vous êtes conscient
dans les deux.
Accordez-nous un instant… Votre expérience dans le rêve représente
une réalité cruciale, comme le moyeu au centre d’une roue. Votre monde
physique en est l’un des rayons. Vous êtes uni à toutes vos autres existences
simultanées par la nature de l’état de rêve. La réalité inconnue est là, offerte
à votre vue, et il n’y a aucune raison biologique, mentale ou psychique pour
que vous ne puissiez apprendre à utiliser et à comprendre votre propre
réalité onirique.
Dans vos rêves, en vos termes, vous voyez votre passé personnel
apparaître dans le présent ; et, en ces termes-là, le passé de l’espèce se
présente aussi. (Une longue pause.) Des probabilités futures y sont aussi
envisagées, si bien qu’individuellement et en masse, l’espèce décide de son
futur probable. Beaucoup de gens ont le sentiment qu’une étude de la réalité
du rêve les éloignerait davantage du monde qu’ils connaissent. Cette étude,
au contraire, les relierait à ce monde de façon très pratique.
J’ai dit [en lien avec l’exercice pratique 15] que l’espace intérieur était
en expansion. Il en va de même pour le temps intérieur. Ceux d’entre vous
qui parviennent à s’en souvenir, tentez l’expérience suivante.
EXERCICE PRATIQUE 17
Quand vous vous trouvez à l’intérieur d’un rêve, dites-vous que vous
allez connaître ce qui se passait avant que vous y entriez, et le passé se
développera à partir de ce moment-là. À nouveau, il n’y aura nulle place où
le temps s’arrêtera. Le temps dans un rêve ne « déplace » pas le temps
physique. Il s’ouvre à partir de lui. Le temps extérieur, à nouveau, opère de
la même façon, bien que vous ne le réalisiez pas.
(Une pause à 22 h 52.) Accordez-nous un instant… Maintenant. (Avec
un sourire.)
Vous pouvez présenter le matériau qui suit dans notre livre ou dans le
vôtre[6]. Si vous ne l’insérez pas ici, la continuité du matériau de ce livre
n’en sera pas affectée[7].
Le temps est en expansion dans toutes les directions, et s’éloigne de tout
point donné[8]. Le passé n’est jamais fini ni achevé, et le futur n’est jamais
concrètement formé. Vous choisissez de faire l’expérience de certaines
versions des évènements. Puis vous les organisez, en en grignotant, pour
ainsi dire, un petit bout « à la fois ».
La créativité de toute entité donnée est infinie et, pourtant, toutes les
potentialités de l’expérience seront explorées. L’homme pauvre peut rêver
qu’il est un roi. Une reine, lassée de son rôle, peut rêver qu’elle est une
jeune paysanne. Dans le temps physique que vous reconnaissez, le roi reste
roi, et la reine reste reine. Néanmoins, contrairement aux apparences, leurs
rêves ne sont pas aussi coupés ou non caractéristiques de leurs vécus. En
termes plus vastes, le roi a été un indigent, et la reine une paysanne. Vous
suivez en termes de continuité une seule version de vous-même, à un
« temps » donné.
Beaucoup de gens comprennent intuitivement que le moi est multiple et
non pas singulier. Cette compréhension se traduit généralement en termes
réincarnationnels, si bien que le moi est perçu comme voyageant à travers
les siècles, franchissant les portes de la mort et de la vie pour se rendre en
d’autres temps et d’autres lieux.
Le fait est que la nature fondamentale de la réalité se manifeste tout à
fait clairement dans la nature de l’état de rêve, où chaque nuit vous pouvez
vous retrouver en train d’assumer de nombreux rôles simultanément. Vous
pouvez changer de sexe, de statut social, d’allégeance nationale ou
religieuse, d’âge, et vous connaître pourtant en tant que vous-même.
Dernièrement, Joseph s’est retrouvé embarqué dans une série d’épisodes
qui semblent impliquer des existences réincarnationnelles. Il y avait
toutefois un hic. Il s’est vu femme — noire. Le mois dernier, il s’est aussi
vu soldat romain, à bord d’une galère pleine d’esclaves. Il avait auparavant
vécu une expérience l’ayant convaincu qu’il était un homme répondant au
nom de Nebene[9]. Tout cela pouvait très facilement être accepté en termes
conventionnels de réincarnation, mais Joseph a eu le sentiment que Nebene
et le soldat romain avaient existé à peu près à la même époque, et il n’était
pas sûr de la période à laquelle avait vécu la femme. [Voir la note 1.]
À tous ces épisodes correspondait une expérience émotionnelle précise.
Doublé d’un sentiment, indéfinissable mais manifeste, de familiarité.
L’espace et le temps sont continuellement en expansion, et toutes les
probabilités d’une action donnée sont actualisées dans une réalité ou une
autre. Tous les potentiels de l’entité sont aussi actualisés.
(23 h 11.) Accordez-nous un instant… Très littéralement, vous vivez
plus d’une vie à la fois. Vous ne faites pas l’expérience de votre siècle
uniquement à partir d’un point de vue séparé, et les individus vivant à un
siècle donné ont des liens beaucoup plus profonds que vous ne le réalisez.
(Avec insistance.) Vous ne faites donc pas l’expérience de votre monde
espace-temps depuis un seul point de vue, mais depuis de nombreux points
de vue.
(Une pause à 23 h 13.) Si vous êtes repu — rassasié — après avoir dîné
d’un bon steak, par exemple, en Amérique ou en Europe, vous êtes aussi
affamé dans une autre partie du monde, tout en faisant l’expérience de la vie
depuis un point de vue totalement différent. Vous parlez de races
d’hommes. Vous ne comprenez pas comment, à cet égard, la conscience est
répartie. Vous avez des contreparties[10] de vous-même.
Accordez-nous un instant. En règle générale, les personnes qui vivent
dans un certain siècle ont un lien, en termes de conscience et d’identité.
Ceci est vrai biologiquement et spirituellement, du fait d’interrelations que
vous ne comprenez pas.
Joseph a « capté » des vies qu’il a vécues dans le même cadre temporel.
Ainsi, et en vos termes, il a commencé à reconnaître le lien de parenté qui
existe entre des individus partageant votre Terre à un moment donné.
(23 h 20.) Accordez-nous un instant… car ceci est difficile à
expliquer…
Chaque identité a son libre arbitre et choisit son environnement en tant
que position physique dans l’espace et le temps. Ceux qui sont engagés
dans un siècle donné travaillent sur des problèmes et des défis particuliers.
Diverses races et diverses cultures « n’adviennent » pas par hasard. Le moi
plus vaste se « divise » et se matérialise dans la chair en tant que plusieurs
individus, ayant des antécédents totalement différents — et pourtant chacun
d’entre eux est engagé dans le même type de défi créatif.
Quelque part, l’homme noir est un homme blanc ou une femme blanche.
Quelque part, l’homme blanc, ou la femme blanche, est une personne noire.
Quelque part, l’oppresseur est l’opprimé, et le conquérant le vaincu. Le
primitif est sophistiqué — et ceci, en vos termes, à la surface de cette même
Terre et dans ce même système de temps. Quelque part, l’assassin est la
victime, et vice versa — à nouveau, en vos termes d’espace et de temps.
Chacun va choisir son propre contexte en fonction des intentions de la
conscience dont chacun de vous est une part indépendante. De cette
manière, les opportunités et les défis inhérents à un « temps » donné sont
explorés.
Vous êtes des contreparties de vous-mêmes, mais, comme dirait Ruburt
(d’un ton amusé), des contreparties vivantes « excentriques[11] », chacune
ayant ses propres aptitudes. Ainsi, Joseph « était » Nebene, un homme
érudit, qui n’était pas aventureux, mais très porté sur la préservation des
vérités anciennes et craignant que la créativité soit une erreur. Il était en
outre autoritaire et exigeant, avait peur des rapports sexuels et enseignait à
de riches enfants romains.
En même temps, dans le même monde et au même siècle, Joseph était
un officier romain agressif, aventureux et relativement insensible, qui
n’aurait pas compris grand-chose aux manuscrits et aux mémoires — mais
obéissait à l’autorité sans poser de questions[12].
En vos termes, Joseph est maintenant un homme qui remet en question
l’autorité, la brocarde et la rejette, qui taille en pièces les structures mêmes
de l’idée qu’il soutenait et défendait « autrefois ».
En termes plus vastes, ces expériences se passent toutes en même
temps. La femme noire n’a fait que suivre ses propres instincts (très
distinctement). Je ne veux pas trop évoquer ici le contexte, pour ne pas
priver Joseph des découvertes qu’il va sûrement faire par lui-même — mais
(d’une voix plus forte) la femme ne s’inclinait que devant l’autorité de ses
propres émotions, et celles-ci la mettaient automatiquement en conflit avec
la politique [coloniale britannique] de l’époque.
Accordez-nous un instant… La focalisation identitaire de Joseph lui est
propre. Il la suivra. Il n’était ni Nebene, ni l’officier romain ou la femme.
Ceux-ci sont pourtant des versions de ce qu’il est ; il est une version de ce
qu’ils « étaient » et, à certains niveaux, chacun a conscience des autres. Il y
a une interaction constante[13].
Le soldat romain rêve de la femme noire et de Joseph. Il y a une
réminiscence qui apparaît même dans la connaissance cellulaire, ainsi
qu’une certaine correspondance[14]. Il y a donc des connexions, au moins en
ce qui concerne la mémoire cellulaire et les rêves. Maintenant, le soldat
romain, Nebene et la femme ont suivi des chemins séparés, après la mort.
Ils ont contribué au monde tel qu’il existait, en ces termes-là, et ont suivi
ensuite leurs propres lignes de développement, ailleurs dans d’autres
réalités. Ainsi, chacun de vous existe en de nombreux temps et lieux, et des
versions de vous-même existent dans le monde et le temps que vous
reconnaissez. De même que vous êtes une partie d’une espèce physique,
vous êtes aussi une partie d’une espèce de conscience. Cette espèce-là
forme les races du genre humain que vous reconnaissez.
Maintenant. Accordez-nous un instant… et nous terminerons bientôt.
Ce matériau est en réalité sans fin [comme Jane l’a fait remarquer à la
pause].
(23 h 44. Seth continue en transmettant un bloc de matériau pour Jane
et moi, qui n’est pas retranscrit ici. Puis, il met apparemment fin à la
session à 00 h 06, après avoir remarqué que j’ai eu accès à autant
d’énergie que lui. Je lui souhaite bonne nuit. Jane me dit ensuite que Seth
pourrait « continuer indéfiniment » — sur ce, il revient pour aborder
l’histoire réincarnationnelle de Jane et la mienne, sous un autre angle.)
Maintenant. En vos termes seulement, [aucun de vous deux] … n’a un
futur réincarnationnel. Accordez-nous un instant… Vous avez accepté ceci
comme étant votre point de rupture. En d’autres termes, il y a trois vies
futures, mais vos intentions supérieures, actuelles, vous séparent de ce
système de réalité, et vous êtes déjà parvenus, tous les deux, à une autre
réalité ; et c’est de là que je parle. En ces termes-là, je fais partie de vos
deux réalités. Pensez à cela en termes d’autres informations données ce soir,
et vous verrez peut-être ce que je veux dire[15].
(Fin à 00 h 08. La transe de Jane était excellente.
« Bon, dis-je après avoir parlé de la session, je comprends que notre
moi complet, ou entité complète, fait l’expérience d’un groupe de vies
physiques simultanées dans diverses périodes historiques, et qu’en termes
ordinaires, nous pensons à ces vies comme se suivant l’une après l’autre.
Cela inclut également les vies soi-disant futures. Mais chacune de ces
incarnations aura son essaim de vies de contreparties qui tournent autour
d’elle comme des planètes autour d’un soleil. À l’intérieur de ce contexte-
là, bien sûr, la personnalité de chaque contrepartie se considère elle-même
comme étant le soleil, ou le centre des choses…[16] » En bâillant, Jane
approuve.
Je m’endors presque d’un seul coup quand nous allons nous coucher.
Assise à côté de moi tout en fumant une cigarette, Jane obtient plus de
matériau sur la réincarnation et les contreparties. « En fait, me dit-elle le
lendemain matin, j’ai reçu des données sur La Réalité “inconnue”, chaque
fois que je me suis réveillée pendant la nuit. J’ai aussi lu dans l’état de rêve
un texte consistant. » Dans ces cas-là, elle reçoit « elle-même » le matériau,
tout en sachant qu’il vient de Seth.
Le propre matériau de Jane sur les contreparties contenait des
variations du concept fondamental de Seth. En voici un exemple, tel qu’elle
me l’a décrit : « Nous pouvons vraiment couvrir une période d’un siècle, si
nous ne le voulons. Nous pouvons être un enfant à un bout et un vieil
homme ou une vieille femme à l’autre… Michel-Ange [qui a vécu 89 ans, de
1475 à 1564] a décidé de couvrir lui-même un siècle au lieu d’être, disons,
trois contreparties. Puisque tout cela n’est régi par aucune loi, un grand
homme pourrait choisir de procéder ainsi afin d’avoir, grâce à ses talents,
davantage d’influence sur notre monde, à partir de ses propres points de
vue. Il ne voudrait pas forcément, et n’aurait pas nécessairement besoin, de
contreparties, du moins pour ces objectifs-là. Il aurait largement assez à
offrir par lui-même. »
Cette session sur les contreparties représente un point clé dans le
discours de Seth sur la réalité inconnue. Le lecteur est invité à lire
l’appendice 21 pour un matériau assez récent qui portait sur ce sujet et
anticipait le concept nouveau de ce soir. Certaines allusions que Seth avait
faites antérieurement à propos de son concept de contreparties sont
également brièvement évoquées dans ce même appendice.)
[1] Les visions successives qui m’ont permis d’avoir une perception globale
de la femme noire en Jamaïque sont les plus nettes de toutes celles dont
j’ai fait l’expérience jusqu’à présent. Elles avaient une qualité
absolument unique, saisissante, immédiate, et une forte implication
émotionnelle. Alors que j’étais assis devant ma machine à écrire dans
mon atelier, j’ai été envahi par des perceptions de moi-même en tant
que cette femme. Poursuivie par un officier anglais armé, elle fuyait
pour sauver sa vie, dans la rue d’un village situé au milieu des collines.
Elle n’était pas spécialement jeune. Son — mon — nom ? Maumee ou
Mawmee, une très forte personnalité, illettrée mais astucieuse, entrée
en rébellion contre l’autorité coloniale britannique au début des années
1800. Elle s’était évadée et luttait souvent contre ces forces militaires
sur l’île.
Quand l’expérience s’est terminée, j’en ai fait une description par écrit,
ainsi que deux dessins à la plume — des portraits de moi, de face, qui
sont loin de me ressembler, tel que je me connais. L’un de ces dessins a
beaucoup de succès et je prévois d’en faire une peinture à huile.
Je suis très content que certaines de ces visions jamaïcaines aient été
extériorisées, et de ne pas les avoir toutes vues intérieurement comme
cela a été le cas pour la série romaine. Je veux dire par là que, les yeux
ouverts, j’ai vraiment vu des images fugitives, agitées, dans mon atelier.
J’ai vraiment senti des émotions. Tout cela m’a rendu euphorique.
Une note ajoutée par la suite : Jane présente mon compte rendu de
l’épisode de Maumee, ainsi que des passages de la session 721, dans le
chapitre 12 de Politics.
[2] Finalement, Jane a décrit son travail de la journée dans Politics. Voir
les pages d’introduction du chapitre 11.
[3] Nous pensons, Jane et moi, que l’affirmation de Seth selon laquelle
dans d’autres probabilités « Ruburt… a appris tout ce qu’il y a à savoir
à propos de la science… » est un peu forte, mais puisqu’elle a été
transmise de cette façon-là, nous la laissons telle quelle. Toutefois,
comme Jane l’a écrit par la suite, au chapitre 11 de Politics, « découvrir
ce qui se passe avec les électrons est une chose que j’apprécie vraiment.
J’admets que je me sens beaucoup plus libre que lorsque j’ai affaire aux
émotions des gens. Je préférerais “retrouver” un électron perdu, plutôt
qu’une personne perdue, par exemple. »
[6] Seth fait référence à Through My Eyes — le livre qu’il m’a suggéré
d’écrire, en décembre 1972, sur le phénomène Seth et d’autres sujets.
Dans le tome I, voir l’exercice pratique 3, à 23 h 35, dans la session
683. Pour répondre à tous ceux qui ont posé la question : par manque
de temps, je n’ai rédigé, jusqu’à maintenant, que de courts essais sur
l’art, sur Seth, sur la mort assez récente de mes parents et sur quelques
autres sujets destinés à Through My Eyes. Je ne serai sûrement pas
capable de travailler régulièrement sur ce projet tant que le dernier
tome de La Réalité « inconnue » ne sera pas prêt à être publié.
[7] Une note ajoutée par la suite : vu ce qui restait à venir dans La Réalité
« inconnue », je suis toutefois très heureux d’avoir décidé de présenter
ici ce « matériau suivant ».
[10] Cette note est autant pour ma propre édification que pour celle
d’autrui. Les définitions suivantes proviennent du Webster’s New World
Dictionary of American Language, édition 1970.
[12] Mon moi soldat romain a peut-être « obéi à l’autorité sans poser de
questions », comme l’affirme ici Seth, mais il doit pourtant s’être
comporté avec une bonne dose de duplicité. Quelque temps après avoir
fini de dicter La Réalité « inconnue », Seth a à nouveau fait référence
au Romain, lors d’une session privée — à cause d’un matériau
supplémentaire que j’avais écrit sur cette personnalité du premier
siècle. Voici ce qu’a dit Seth :
[15] Dans l’appendice 18, j’expose les relations entre Jane, Seth, et moi.
J’ai choisi de ne pas y étudier ce paragraphe-là du matériau, car Seth y
mentionne ce que je comprends être des vies probables concernant Jane
et moi (lorsqu’il parle de nos vies futures), plutôt que des implications
réincarnationnelles que nous avons eues avec Seth et qui ont vraiment
eu lieu.
NOTES DE L’APPENDICE 12
[1] Les ouvrages que j’ai lus depuis des années sur l’évolution développent
des points de vue divers et souvent contradictoires. Qu’il s’agisse de
croyances fondées sur les principes de la biologie conventionnelle
(darwinienne) par exemple, ou reliées à celles des créationnistes (qui
maintiennent que Dieu a créé la Terre et toutes ses créatures, tel que
cela est décrit dans la Genèse), les défenseurs de ces théories rivales
m’ont donné l’impression d’avoir au moins une chose en commun :
quelle que soit l’ampleur de leurs désaccords, leurs querelles sont
dénuées de tout sens de l’humour. C’est une affaire sérieuse, les gars !
Qu’est-il donc arrivé à la spontanéité et à la joie de vivre ? En lisant
toutes ces idées antagonistes, je me disais que la spontanéité et la joie
étaient certainement les deux ingrédients que Seth privilégierait dans
toute théorie ou présentation des « débuts » de la vie, quel que soit
l’angle philosophique adopté.
[2] Comme je l’ai écrit dans les Notes préliminaires du tome I, « je pense
que, tout au long de La Réalité “inconnue”, il est important de rappeler
périodiquement au lecteur certaines des idées fondamentales de Seth. »
Son temps simultané, ou présent spacieux, fait certainement partie de
ces concepts. Néanmoins, dans le paragraphe suivant, j’avais ajouté
que, selon moi, « le concept de Seth sur le temps simultané nous
échappera toujours d’une façon ou d’une autre, tant que nous serons
des créatures physiques ». Cela vaut pourtant la peine, je crois, de se
confronter à cette idée, car, pour la saisir ne serait-ce que
partiellement, il nous faut forcément élargir notre vision de la réalité.
Voir ensuite la session 688, où Seth parle des systèmes fermés et des
mouvements du temps vers l’avant, vers l’arrière, vers l’intérieur et vers
l’extérieur.
[3] Cette session datant de 1964 a eu lieu plusieurs années avant que Seth
ne tente d’expliciter la vitalité qui « compose tous les phénomènes à
partir d’elle-même ». En octobre 1969, il a commencé à livrer son
matériau sur les unités EE (d’énergie électromagnétique). Celles-ci,
déclarait-il, existent juste en dessous du champ de la matière physique
et s’accumulent en réponse à une intensité émotionnelle ; à terme, elles
forment les objets physiques. Voir les sessions 504 à 506, dans
l’appendice du Matériau de Seth, et la session 581, tenue en avril 1971,
au chapitre 20 de Seth parle.
[5] Tel que j’interprète cette phrase, Seth n’est pas loin de dire que, dans
notre réalité, toutes les espèces — humaines, animales et végétales
(ainsi que les virus et les bactéries) — se sont développées à partir
d’une unique source primordiale vivante. La théorie de l’évolution
maintient qu’une telle source est apparue spontanément, en s’appuyant
sur diverses molécules de protéines (ou certaines autres sortes de
molécules) qui avaient elles-mêmes évoluées chimiquement — et
miraculeusement — à partir d’une matière non vivante, faisant preuve
ensuite d’une capacité à se reproduire. (Quand Seth s’est manifesté
dans cette session 44, ni Jane ni moi ne disposions de suffisamment
d’informations sur les théories de l’évolution pour lui demander d’être
plus spécifique. Les protéines, par exemple, sont des chaînes très
complexes d’acides aminés, composés d’azote, d’oxygène, d’hydrogène,
de carbone et/ou de certains autres éléments. Elles existent en grande
variété dans toute matière animale et végétale ; dans le corps, chaque
protéine remplit une fonction bien définie.) Mais l’idée selon laquelle
toutes les vies auraient eu une origine commune, qui, par pur hasard,
serait apparue sur la Terre — autrefois — sans l’aide de Dieu, ou de
tout autre concepteur, est aujourd’hui acceptée par la plupart des
scientifiques spécialisés en biologie et autres disciplines s’y rapportant.
Cette vision-là découle du travail accompli au XIXe siècle par les
naturalistes anglais Charles Darwin et Alfred Wallace.
[6] Depuis que Seth a livré ce matériau dans la session 44, il y a 10 ans,
cela m’a toujours intéressé de comparer sa seconde loi de l’univers
intérieur avec la seconde loi de la thermodynamique de nos sciences
physiques de « camouflage ». Les deux ont à voir avec l’énergie et,
pourtant, elles me semblent opposées. Je perçois aussi qu’à travers
notre perception déformée de cette réalité intérieure, il existe un lien
entre elles, ce qui rejoint la déclaration précédente de Seth : « Ce que
vous appelez les lois de votre univers physique de camouflage ne
s’appliquent pas à l’univers intérieur ». (Quand cette session a eu lieu,
Jane ne connaissait rien ni des trois lois de la thermodynamique ni de
la façon dont elles définissent les relations entre l’énergie et la chaleur
dans notre univers. Elle ne s’intéresse toujours pas à elles, en tant que
telles, aujourd’hui ; elles ne font simplement pas partie de ses centres
d’intérêt.)
[8] Très brièvement, pour ceux que cela intéresse : on a souvent démontré
mathématiquement que, contrairement à la croyance darwinienne, une
très longue période de temps (disons, des millions d’années) ne permet
même pas la formation due au hasard des précurseurs chimiques de la
vie — la protéine ou les molécules d’acide nucléique —, mais qu’au
contraire, elle rend leur création encore moins vraisemblable. Car avec
le temps, la répartition régulière, ou l’équilibre, de la matière, s’accroît,
l’écartant ainsi des séquences ordonnées nécessaires pour soutenir la
vie. Scientifiquement, dans le système fermé de notre univers, la
deuxième loi de la thermodynamique et l’entropie finissent par
triompher de tout. (Voir la note 6.)
L’énergie solaire ne peut pas non plus être considérée comme l’agent
ayant directement transformé la matière non vivante en sa contrepartie
vivante ; en ces termes-là, la vie exige des molécules intermédiaires,
que la lumière du soleil n’est pas capable de fabriquer. La vie a besoin
d’une protéine afin « d’être » et pour la soutenir grâce au métabolisme
— et ce n’est qu’ensuite qu’elle peut utiliser l’énergie solaire. La
théorie de Darwin selon laquelle la vie est née par hasard pose une
contradiction fondamentale : qu’est-ce qui a fait la protéine qui
soutenait le processus de vie, avant que cette vie ait été présente pour
faire la protéine ?
[9] Seth préparait la voie pour ces déclarations lorsqu’il a affirmé dans la
session 684 du tome I : « Il est plus exact de dire que l’hérédité opère
du futur en remontant vers le passé, que de dire qu’elle opère du passé
vers le présent. Aucune de ces deux affirmations ne serait tout à fait
correcte en tout cas, car votre présent est une balance dont l’équilibre
peut être affecté aussi bien par le futur probable que par celui passé. »
[10] Voir la note 2 de cet appendice. Puis dans le tome I, voir le matériau
sur le temps inversé et la symétrie, dans la note 6 de la session 702.
[12] Je ne sais pas vraiment comment le réalisme naïf peut cadrer avec le
voyage hors du corps (ou la projection). Je n’ai rien lu à ce propos et,
pour l’instant, je n’ai pas non plus demandé à Seth ce qui constituerait
sûrement un matériau très intéressant sur la possibilité d’une telle
relation. Paradoxalement, lorsque nous sommes en dehors de notre
corps, nos perceptions peuvent être reliées à la réalité temporelle de
façon plus ténue que d’ordinaire, et en même temps, plus aiguë. J’étais
conscient du monde physique habituel au cours d’une projection décrite
dans Seth parle (voir la session 583 au chapitre 20), ainsi que dans
d’autres situations de sortie du corps au cours de rêves. Cependant,
notre utilisation du réalisme naïf doit souvent conditionner ce que nous
nous autorisons à vivre quand la conscience est séparée du corps. Je
pense aussi que certains voyages hors du corps, apparemment dans des
réalités non physiques qui nous sont « étrangères », peuvent se baser au
contraire sur des états ou évènements corporels intérieurs. Mais quand
la conscience se projette, libre des structures que crée le réalisme naïf,
elle peut parfois accéder à des réalités ou probabilités vraiment
différentes. Jane y est parvenue avec un certain succès ; dans le
chapitre 6 d’Adventures, voir son expérience de projection faisant
entrer en jeu « la maison du docteur Sam ».
[13] Une note ajoutée beaucoup plus tard. Parfois les choses évoluent de
façon inattendue : on peut dire que, des années plus tard, Seth a
développé le matériau qui vient d’être présenté. Il l’a fait après avoir
terminé La Réalité « inconnue » depuis pas mal de temps, mais j’étais
toujours en train de travailler sur les notes et les appendices des
derniers tomes. Alors que j’écrivais l’appendice 12 en particulier, j’ai
discuté avec Jane des passages sur le réalisme naïf ; peu de temps
après, Seth a commencé à se référer à ce sujet pendant nos sessions
régulières, et l’une d’entre elles contenait les excellentes informations
données ci-dessous. (Seule une partie de cette session est citée, mais
elle sera publiée un jour dans son intégralité, en tant que partie d’un
livre de Seth.) Très évocatrice, elle examine comment la conscience
choisit vraiment de se manifester physiquement, en contradiction
directe avec les croyances mécanistes auxquelles s’accrochent si
fortement — et avec si peu d’humour — ceux qui adhèrent à la théorie
de l’évolution de Charles Darwin. Voici donc des extraits de la session
803.
« Vous percevez votre corps comme solide. À nouveau, vos sens mêmes
qui font une telle déduction résultent d’une activité d’atomes et de
molécules qui se rassemblent littéralement pour former les organes,
remplissant une structure de chair. Tous les autres objets que vous
percevez sont formés à leur propre manière, de la même façon.
Une fois de plus, cependant, il est évident que la science, dans son
ensemble, est bien loin de l’idée de Seth selon laquelle chacun de nous
— qu’il s’agisse de « nous » en tant qu’humains ou molécules d’ADN —
crée sa propre réalité. Et que se passera-t-il si nous pouvons apprendre
à assembler des sections d’ADN provenant de différentes formes de vie
pour en produire de nouvelles ? Jusqu’à un certain point au moins, ces
substances génétiques fondamentales coopéreraient dans ces tentatives
de recombinaison : car quel que soit le type de vie développé, il
représenterait un ensemble dynamique d’une myriade de consciences
s’embarquant dans des explorations uniques.
Dans la note 7 (voir aussi la note 5), j’ai écrit que, pendant des siècles
— dont la plupart étaient évidemment antérieurs à celui de Darwin —,
l’homme avait lui-même joué le rôle d’un créateur en créant certaines
races d’animaux et variétés de plantes hybrides. Mais nous voyons
aujourd’hui qu’il ne se contente plus d’apporter des modifications à
l’intérieur d’une espèce, comme avec le bétail : avec une passion
dévorante, il se lance dans le défi de « fabriquer » de nouvelles formes
de vie. Ces élans sont créatifs, même lorsque, en tant que créateur, il va
à l’encontre de ses propres concepts darwiniens selon lesquels il n’y a
pas de plan conscient entrant en jeu dans la conception de son monde.
[17] Les extraits suivants, tirés de la session 690 du tome I, offrent une
étroite analogie avec le type de « temps » auquel a accès la conscience
moléculaire : « Cette précognition biologique est profondément ancrée
dans les chromosomes et les gènes et elle se reflète dans les cellules.
[…] Le “Maintenant” réellement perçu des cellules inclut donc ce que
vous considéreriez être le passé et le futur, en tant que simples
conditions de cet état de “Maintenant”. Dans votre temps en
suspension, elles maintiennent la structure du corps, simplement en se
manipulant elles-mêmes au sein d’un milieu en probabilités. Il y a un
constant échange de communication entre la cellule telle que vous la
connaissez dans le temps présent et la cellule telle qu’elle “était” dans le
passé ou “sera”. »
[18] Voir les informations sur le « vrai physicien mental », dans la session
701 du tome I. Seth explique comment, dans notre futur, un scientifique
de ce type sera capable de permettre à « sa conscience de franchir les
nombreuses portes [ou réalités intérieures] ouvertes que l’on peut
découvrir sans instrument, mais avec l’esprit ».
Puis, dans la même session, il a fait le commentaire suivant : « Ruburt a
parfois été capable de projeter sa conscience dans de petits instruments
physiques [des composants d’ordinateur par exemple] et de percevoir
leur activité interne au niveau, disons, des électrons. »
[19] Jane a décrit une de ses aventures avec des réalités probables dans
l’appendice 4 du tome I : elle s’est mise à l’écoute de ses propres
« bassins latéraux de conscience », de ses propres « matérialisations
neurologiques probables ». (Même si nombreuses personnes peuvent
trouver difficile la lecture de cet appendice 4, il contient selon moi
certaines des informations les plus importantes du tome I.)
Je dois ajouter que, dans cet appendice 12, les passages sur la science
et les scientifiques n’entendent pas mettre en accusation des tendances
culturelles très puissantes, mais visent plutôt à offrir des visions de « là
où nous en sommes » en ce moment, en termes d’histoire linéaire.
Beaucoup de scientifiques sont effectivement agnostiques ou athées.
Toutefois, nous avons le sentiment, Jane et moi, que, si la science
représente « la recherche de la vérité » comme elle nous le rappelle si
souvent, elle devra un jour ou l’autre faire face au type de talents dont
elle fait preuve. Des aptitudes subjectives et objectives oeuvrant de
concert peuvent créer un tout plus grand que la somme de ses parties.
Un bon nombre de scientifiques, représentant diverses disciplines, ont
écrit à Jane à propos du matériau de Seth, et beaucoup d’entre eux ont
exprimé des vues de ce genre.
[21] Voir dans cet appendice, les passages précédemment cités, extraits du
matériau du chapitre 20 de Seth parle et du chapitre 8 de La Réalité
personnelle.
[22] Une note ajoutée par la suite. J’ai inséré ici le mot « contreparties »
parce que, dans la partie 5 de ce présent volume, Seth consacre
certaines parties de plusieurs sessions à ce concept : « Très
littéralement, vous vivez plus d’une vie à la fois. » Voir entre autres la
session 721, citée ici, et son appendice 21. En étudiant ces sessions
particulières, le lecteur comprendra vite comment l’idée des
contreparties est en adéquation avec le sujet de l’appendice 12.
[24] Sans entrer encore dans les détails — et nous ne lui avons pas non
plus demandé de le faire —, Seth a insisté plus d’une fois sur le fait que
la Terre est « beaucoup, beaucoup » plus vieille que l’âge de 4,6
milliards d’années qu’on lui attribue actuellement.
[25] Dans le tome I, il est question de Jane et du mysticisme, dans les notes
préliminaires, la session 679, et l’appendice 1 en lien avec cette
session-là.
APPENDICE 13
NOTES DE L’APPENDICE 15
Et nos villes auront donc simplement des trottoirs alternatifs, qui seront
des pièges appréciés, posés par chaque moi.
Je ne ressens une grande responsabilité pour aucun de vos êtres. [Sinon]
je vous dénierais votre propre pouvoir et semblerais construire le mien. […]
Je suis ici parce que cela me plaît. Je suis un enseignant et, puisque je suis
un enseignant, j’aime enseigner. Une personne qui aime enseigner a besoin
de personnes qui aiment apprendre. C’est la raison pour laquelle je suis ici
et pour laquelle vous êtes ici. […] Ma vision de la réalité est différente de la
vôtre, et c’est bien, et je peux donc enseigner. Un vrai enseignant vous
permet d’apprendre de vous-même. Je me réjouis de la grande vitalité et de
la grande exubérance de votre réalité, et notre cité possédera joie et
exubérance. La joie semble parfaitement admissible, mais (d’un air amusé)
dans notre cité, on s’amusera aussi — ce qui, dans de nombreux cercles
spirituels, n’est pas aussi acceptable !
(Dans cette session donnée en cours, Seth avait beaucoup plus à dire à
propos de la cité du rêve. Étant donné la liberté individuelle de création
entrant en jeu dans l’existence même de la cité, et dans le poème antérieur
de Jane cité dans la note 2, je vais clore cet appendice par d’autres vers de
Jane. Ils sont extraits d’un poème encore plus ancien, Lorrylo, qu’elle a
écrit quand elle avait quinze ans.
NOTES DE L’APPENDICE 16
[1] « Vous pouvez coloniser un niveau intérieur entier de réalité, a dit Seth
dans cette classe du 1er octobre. Pour cela, vous devez donner le
meilleur de vous-même avec dévouement et une créativité joyeuse. Ce
ne sera pas une cité imaginaire. Elle aura une réalité plus grande que
toute cité physique que vous connaissez, et elle peut, à sa manière,
briller de lumières plus vives dans la réalité intérieure que n’importe
quelle ville la nuit. Là-bas, je l’espère, vous travaillerez au
développement de vos aptitudes, en tant que scientifiques de l’art du
rêve (voir la session 700 dans le tome I de La Réalité “inconnue”), et
apprendrez d’autres professions que celles que vous connaissez
actuellement. »
[2] Seth n’a pas précisément cité le petit poème que Jane a écrit il y a
vingt-six ans, mais il l’a paraphrasé. Il s’intitule Echo et elle l’a
composé en 1948 quand elle avait dix-neuf ans. Une fois de plus, dans
un de ses écrits anciens, nous voyons des signes clairs du futur matériau
de Seth en 1963. Écho commence ainsi :
Je me tiens debout,
sur un bloc d’immobilité.
Plus sécurisant
que n’importe quel trottoir,
J’emporte avec moi
mon propre trottoir…
APPENDICE 17
NOTES DE L’APPENDICE 17
NOTES DE L’APPENDICE 18
Une note ajoutée par la suite. Cette opportunité s’est présentée bien
plus vite que je le pensais — juste une semaine après la session 711.
Voir l’appendice 19 en lien avec la session 712.
[2] Seth a commencé son matériau sur les moi contreparties à la fin du
mois suivant, dans la session 721. C’est de cette session-là qu’est né
l’appendice 21. Le matériau dans l’appendice 18 est donc destiné à
enrichir les informations sur les contreparties, fournies par Seth lors la
session 721, ainsi que celles de l’appendice 21.
[4] Dans la session 14, Seth s’est manifesté avec quelques remarques très
précieuses à propos de ses concepts de temps — par exemple : « Par
conséquent, c’est quand même pour moi un certain type de réalité. »
Comme j’ai toujours pensé que ces idées méritent d’être répétées, je les
ai citées dans l’introduction du tome I et je les ai ajoutées par la suite, à
la fin de la session 724 dans le tome III. Permettez-moi à présent de
citer un autre extrait de ce qu’a dit Seth dans la session 14 :
« Précédemment, vous avez mentionné, Joseph, que vous aviez le
sentiment que je pourrais me référer à moi-même presque comme si,
dans un livre, je transformais une page à venir en une page précédente,
ce qui est évidemment le cas. (Avec un sourire.) En regardant un
moment historique avec votre merveilleuse télévision, vous pouvez
vous référer à beaucoup d’événements passés, [mais] une minute de ce
type de référence vous prend une minute de votre temps actuel. Vous y
perdez ainsi au change : vous délaissez votre précieux moment dans le
présent, mais vous n’avez pas en retour un moment complet dans le
passé. […] Quand je me réfère à moi-même dans le passé, je ne
consacre pas une durée de temps identique pour le faire. »
[6] À l’époque de la session 22, Seth avait déjà à l’occasion évoqué les sens
intérieurs, mais il ne nous avait donné des détails que sur le premier
d’entre eux, le toucher vibratoire intérieur. Nous n’avions alors aucun
moyen d’apprécier consciemment quelles parts importantes et
intéressantes ces sens « conduisant à une réalité intérieure » allaient
jouer dans le matériau au fil des ans. Dans le chapitre 19 du Matériau
de Seth, Jane cite Seth à propos des neuf sens intérieurs qu’il a décrits
jusqu’à présent.
(Je dois noter que l’utilisation par Jane de ce premier sens intérieur,
décrite dans l’exemple qu’elle donne dans le chapitre 19, est le reflet
d’une facette très puissante de son aptitude psychique, à laquelle elle
s’adonne rarement. Sa réticence ici est étroitement liée à ses profonds
sentiments à l’égard de l’intimité personnelle.)
[7] Pour un matériau en lien avec les structures et les probabilités, voir la
note 13 de l’appendice 12.
[8] Même onze ans plus tard, je suis certainement très loin d’expérimenter
l’essence du concept d’une session donnée, comme Seth en suggère la
possibilité. J’exprime des croyances contradictoires, évidemment, mais
il semble improbable que je puisse utiliser mes aptitudes de cette façon-
là, même si je me dis que j’aimerais bien en être capable.
[10] À l’évidence, ceci est vrai jusqu’à maintenant : Seth nous est toujours
« accessible » dans nos vies actuelles.
[12] Quand Jane a commencé à parler pour Seth, nous avons jeté un coup
d’œil sur les définitions de concepts tels que dissociation, transe, etc.,
sans être particulièrement influencés par ce que nous avons trouvé.
Nous pensions simplement que les significations données étaient assez
incomplètes, et avons donc décidé de suivre notre propre voie. À mesure
que les sessions progressaient, nous avons fini par comprendre que,
pour Jane, la dissociation signifiait simplement son aptitude à diriger
une intense concentration vers certains buts hautement créatifs — Seth
et les sessions — de telle sorte que nous puissions apprendre d’eux.
(En riant.) « Il y a bien sûr une contradiction apparente ici, mais elle
n’est qu’apparente — votre dilemme est le suivant : si vous avez un
autre moi conscient de lui-même, alors pourquoi n’êtes-vous pas
conscient de lui ?
[14] Seth a bien sûr parlé des multiples facettes de son concept de
probabilités dans le tome I. Dans le tome II, voir la note 16 de
l’appendice 12.
Je vais citer ci-dessous de très courts passages tirés des sessions 555 et
556 dans le chapitre 13 de Seth parle, tout en conseillant au lecteur de
se reporter à ce chapitre-là ; ensuite, je présenterai un matériau
complémentaire, provenant de la session 83, que j’ai gardé pour cette
note — puisque Seth y évoque à la fois les théories de Jung et celles de
son célèbre professeur, Sigmund Freud (1856-1939).
Dans Seth parle, Seth a développé les idées de Jung concernant l’anima
et l’animus, en affirmant que de telles qualités ou personnifications
d’un autre sexe, à l’intérieur de chacun de nous, représentent en fait des
mémoires de vies passées. (Jung lui-même pensait que les questions de
réincarnation et de karma [ou, en gros, de destin ou de sort] étaient
« obscures » — et il ne pouvait pas avoir de certitude quant à
l’existence de tels phénomènes.) Extrait de la session 555, du 21
octobre 1970 : « L’anima et l’animus… sont très chargées
psychiquement et apparaissent aussi en rêve. Elles fonctionnent comme
des compensations et des rappels qui vous empêchent de vous
suridentifier à votre corps physique actuel. » Et dans la session 556 :
« La réalité de l’anima et de l’animus est donc bien plus profonde que
ce que supposait Jung. Symboliquement parlant, les deux réunis
représentent l’ensemble du moi, avec ses désirs, ses facultés et ses
caractéristiques particulières. […] On ne peut pas comprendre la
personnalité, telle que vous la connaissez, sans prendre en compte la
signification véritable de l’anima et de l’animus. »
[18] Comme Jane l’a décrit au chapitre 8 du Matériau de Seth, les tests
Instream ont été pour nous très insatisfaisants. Comme nous n’étions
jamais informés de leurs résultats, nous n’avons eu aucun moyen
d’estimer les pourcentages de réussites, de demi-succès et d’échecs des
impressions données par Seth. Les neuf mois passés à nous impliquer
ainsi dans ces tests ont révélé à la fois notre naïveté à l’époque et notre
acharnement à apprendre. Et nous avons appris, même si ce n’était pas
toujours de la façon que nous attendions ; car, outre les précieuses
visions que nous avons obtenues sur les aptitudes de Jane en tant que
Seth, grâce à nos propres tests des enveloppes, nous avons aussi
découvert beaucoup de choses sur certains types de personnes faisant
« autorité ». Globalement, l’histoire des tests a été très instructive.
[22] J’ai noté au début de cet appendice que celui-ci était inspiré, en partie
du moins, par le matériau que Seth avait donné, lors de la session 711,
sur le pont, ou la structure, psychologique reliant Jane et lui-même. Je
renvoie maintenant le lecteur à ces passages-là ; ils débutent à 23 h 40.
Voir également les deux derniers paragraphes des notes d’ouverture de
la session 705 (dans ce volume II), ainsi que la note 2 de cette session-
là.
[23] La session 241, mentionnée dans la note 22, fait partie de celles que
nous espérons publier intégralement, car Seth y explique comment le
pont psychologique aide Jane à « traduire » son matériau télépathique.
L’information a été transmise en lien avec nos tests des enveloppes et
ceux destinés au docteur Instream, au moment où nous en avions déjà
effectué la moitié, en mars 1966. (Voir le compte rendu que Jane a fait
de cette année de tests et les extraits des sessions 179 et 180.)
Voici quelques aperçus du matériau de Seth provenant de la session
241.
(« Oui… »)
Parmi les particules dont on sait qu’elles ont une masse et une charge,
l’électron est la plus légère, mais sa structure interne — quelle qu’elle
puisse être — nous est inconnue. Le noyau atomique est largement
constitué de protons et neutrons plus massifs, mais une recherche à
l’intérieur du noyau révèle aussi, à moins qu’elle ne produise elle-
même, de nombreuses autres particules subatomiques — plus de deux
cents, dont certaines, très instables, sont actuellement connues. D’après
Seth, bien sûr, toutes les particules, ou structures de probabilités, dont
nous parlons ici seraient composées d’unités de conscience [UC],
beaucoup, beaucoup plus petites.
On peut bien sûr retrouver le matériau donné par Seth en classe, ainsi
que d’autres évènements, dans tous les livres de Jane et de Seth. Voir,
par exemple, le chapitre 13 du Matériau de Seth et l’appendice de Seth
parle, ainsi que plusieurs chapitres dans la partie 1 d’Adventures in
Consciousness.
Une note ajoutée par la suite. Le livre de Jane, How to Develop Your
ESP Power, était à l’origine publié par Frederick Fell Publisher, et
Pocket Books l’a réimprimé en 1967 sous le titre The Coming of Seth.
Dans le tome I, voir la note 2 de la préface de Seth.)
[26] Bien que, dans ce cours datant de 1971, Seth ait mis l’accent sur ses
expériences de la condition humaine à travers la réincarnation, voici ce
qu’il nous avait dit en 1964 : « Pour moi, ceci [ce matériau
réincarnationnel et familial] est tellement évident que j’hésite presque à
le mentionner, mais il est vrai que j’ai tendance à oublier ce qu’implique
réellement l’expérience humaine sur votre plan. » (Voir les extraits de la
session 27 dans cet appendice.) Dans cette session de 1964, Seth
s’adressait à moi seul ; en cours, il était face à un groupe. Je dirais que,
depuis sa position ou focalisation en tant qu’ « essence de l’énergie
d’une personnalité », les deux attitudes sont vraies, et non pas
contradictoires — et que l’une ou l’autre prédominait selon les
circonstances et le thème de la session. Je ne pense pas que l’intervalle
de temps entre les deux sessions — sept ans — a joué un rôle.
[27] En ce qui concerne la réincarnation, ainsi que les livres sur le sujet,
voici ce que Seth a dit, dans la session 588 au chapitre 22 de Seth
parle : « Or, lorsque j’ai commencé à entrer en contact avec Ruburt et
Joseph, je leur ai caché le fait de mes nombreuses vies. (Sourire.)
Ruburt, en particulier, n’acceptait pas la réincarnation ; l’idée d’une
telle multitude de vies lui aurait paru tout à fait scandaleuse.
« Les époques, les dates et les noms sont beaucoup moins importants
que les expériences elles-mêmes, et elles sont trop nombreuses pour être
toutes répertoriées ici. Je veillerai cependant, à un certain moment, à ce
qu’elles soient pleinement accessibles. […] Dans un livre sur la
réincarnation, j’aimerais que chacune de mes personnalités précédentes
parle pour elle-même, car elles devraient toutes raconter leur propre
histoire. »
Seth a dit beaucoup de choses dans cette dernière phrase, bien sûr, mais
cela signifie simplement que davantage de questions viennent à l’esprit.
Même si nous pensons, Jane et moi, que cette idée de livre est unique,
nous n’avons rien fait pour la mettre en œuvre, pas plus que nous ne lui
avons demandé davantage d’explications. Comment Seth proposerait-il
de laisser ses propres « personnalités précédentes parler pour elles-
mêmes… » ? Puisque Seth ne relaierait sans doute pas simplement de
tels messages, Jane devrait-elle laisser sa voix à d’autres hôtes,
masculins et féminins, jeunes et vieux, d’époques et de nationalités les
plus diverses ? Un long projet, un projet pour lequel elle devrait utiliser
ses aptitudes de façons nouvelles.
[28] Les remarques de Seth ici sont en fait une extension d’une longue
discussion sur les croyances individuelles et la spontanéité, discussion
qu’il a initiée il y a deux semaines, lors d’une session en classe :
« Maintenant, mes mots ne vont pas être utilisés, je l’espère, pour initier
un nouveau dogme. Mon dogme est la liberté de l’individu. Mon
dogme est celui du sacrilège — affirmant que chacun de vous est un
individu bon. Vos émotions, vos sentiments ou votre être n’ont rien de
mauvais. Quand vous vous connaissez vous-même, alors vous êtes
joyeusement — joyeusement — réceptif et, étant joyeusement réceptif,
vous pouvez amener votre société jusqu’aux confins de sa créativité. »
Une note ajoutée plus tard. Cette session lors d’une classe de janvier
1975 est excellente à de nombreux égards, et Jane en a présenté de
nombreux passages au chapitre 15 de son livre Psychic Politics. Même
si Seth a fini son travail sur La Réalité « inconnue » bien avant que
Jane ait terminé Politics, c’est ce dernier qui a été publié le premier
— et je parle de cette chronologie-là dans mes notes préliminaires du
tome I.
[30] Dans cet appendice, voir les extraits des sessions 54 et 58.
Pour un compte rendu de ce qui nous est arrivé à York Beach durant ce
voyage, se reporter au chapitre 2 du Matériau de Seth. Voir aussi la
note 6 de la session 680 dans le tome I.
[32] Dans le tome I, voir la session 679 (avec sa note 4, entre autres) pour
un matériau sur les premières années de Jane avec sa mère. Je me
souviens souvent que Jane, au cours de sa petite enfance, vivait dans
une atmosphère où la maladie était omniprésente, alors que ma propre
jeunesse était à cet égard beaucoup plus ordinaire. En grandissant, elle
était « la plupart du temps effrayée », m’a-t-elle dit quand j’ai préparé
cette note. Elle vivait souvent seule avec sa mère alitée, ces périodes-là
étant ponctuées par une succession d’aides ménagères appointées par
le service d’aide sociale. Elle a donc très tôt été marquée par la
fragilité et la vulnérabilité humaines.
[33] Voir ce que dit Seth dans les extraits provenant de la session donnée en
cours de perception extrasensorielle, le 20 avril 1971 : « J’ai en réserve
une banque de personnalités dans laquelle je peux puiser… »
[34] Puisque Jane et moi assimilons les « fragments » de conscience,
mentionnés dans cet extrait, aux EE (unités d’énergie
électromagnétique) et UC (unités de conscience) de Seth, voir les
références données dans la note 3 de l’appendice 12.
[38] À propos de cette citation tirée de Seth parle, voici ce que Seth avait à
dire par la suite, lors d’une session personnelle ultérieure : « Il y a des
rythmes qui existent pendant une période de temps, comme je l’ai
mentionné auparavant, et si vous aviez le loisir de vérifier vos archives,
vous verriez que, globalement, nous avons le même nombre de sessions
chaque année. De nombreux cycles entrent en jeu — certains liés à vous
deux, à moi ou à d’autres conditions totalement distinctes.
(Puisque c’est l’endroit idéal, je vais préfacer avec les notes ci-dessous,
consacrées à Seth 2, la version abrégée de la première session de Jane sur
le « son long » ou lent. Celle-ci a eu lieu le 6 septembre 1972.
Nous n’avons pas parlé de Seth 2 dans le tome I de La Réalité
« inconnue ». Dans la note 1 de l’appendice 18, j’ai écrit que je voulais en
parler, au moins brièvement, dans un autre appendice, « l’idée étant qu’un
tel matériau pourrait être pris comme une extension de cette étude de la
relation Jane-Ruburt-Seth, présentée ici ». Les quelques références à Seth 2
dans l’appendice 18 étaient toutes destinées à être éclaircies ici, y compris
la note où je dis que « Seth 2 existe en relation avec Seth à peu près de la
même façon que Seth existe en relation avec Jane, bien qu’il ne faille pas
pousser trop loin cette analogie ».
Avec l’aide de Seth, Jane a tout d’abord eu l’idée d’un Seth 2 lors de la
session 406, du 22 avril 1968. Cet important développement dans ses
aptitudes a eu lieu quatre ans et demi après qu’elle a commencé à parler
pour Seth et, par la suite, Seth 2 s’est manifesté dans les sept sessions
bihebdomadaires qui ont suivi. La plus grande partie de ce matériau n’a
pas été publiée, même si, au chapitre 17 du Matériau de Seth, Jane a décrit
Seth 2, jusqu’à un certain point, y compris les liens intimes qu’il avait avec
Seth : la pyramide subjective ou l’effet de cône dont elle fait l’expérience
juste au-dessus de sa tête lorsqu’elle entre en contact avec Seth 2 ; et la
grande énergie qu’elle ressent dans ces moments-là. Au chapitre 17, elle a
cité Seth 2 à partir d’extraits provenant des sessions 406 et 407, et de
quelques autres qui ont eu lieu un peu plus tard la même année. Ces
passages révèlent en partie les connexions de Seth par rapport à « l’autre
côté » de Jane, mais aussi les violentes réactions de surprise et de panique
qu’elle a eues un jour, quand elle a tenté de traduire en termes de notre
monde de camouflage un peu de la réalité de Seth 2 : elle s’est retrouvée
profondément impliquée dans une expérience inattendue « d’état massif »
— l’un des sujets que je souhaite évoquer dans ces notes préliminaires. Et
Seth 2 — ou notre saisie imparfaite de ce qu’un tel ensemble changeant
d’énergie peut signifier ou représenter — constitue au moins une des
sources du matériau de Seth lui-même.
À la différence de Seth, Seth 2 n’a jamais été physique, en nos termes, et
il ne comprend que partiellement notre réalité, même lorsqu’il aide à la
former. Très brièvement, et peut-être en simplifiant beaucoup trop, voici
Seth 2 tel qu’il s’est exprimé dans la session 407, avec l’interprétation haut
perchée, distante, délibérée et asexuée, que Jane a faite de ce à quoi peut
ressembler la « voix » d’un ensemble changeant d’énergie.)
Seth est ce que je suis, pourtant je suis plus que ce qu’est Seth. Seth est
cependant indépendant, et il continue à se développer, tout comme je le fais.
[…]
Simplement en tant qu’analogie, et uniquement en tant qu’analogie, je
suis ce que vous pourriez considérer comme un Seth futur, un Seth dans un
état « plus élevé » de développement. Ceci ne doit pas cependant être pris
au sens littéral du terme, puisque nous sommes tous deux complètement
indépendants et existons simultanément.
(Après ces sessions préliminaires, Seth 2 s’est exprimé à des intervalles
de temps très espacés. En écrivant cela, je me dis que cela fait plus d’un an
que je n’ai pas entendu cette personnalité très complexe. De temps à autre,
Jane parle pour Seth 2 en classe. Je pense qu’elle pourrait entrer en
contact avec lui à ma demande. Elle doit toutefois entrer dans un « certain
climat mental » pour atteindre Seth 2, dit-elle, et tous ses autres
phénomènes de transe — le sumari, etc. — sont également liés à cet état[1].
J’ai déjà cité l’expérience de Jane, telle qu’elle est relatée au chapitre
17 du Matériau de Seth, en montrant qu’à de rares occasions, Seth 2 et le
sentiment qu’elle a d’être massive peuvent aller de pair ; mais elle peut
aussi être dans un état modifié de conscience, massif, en dehors des
sessions, ou également en parlant pour Seth évidemment — Seth ou Seth 2.
Quand l’un de ces traits-là se combine avec ses perceptions massives, Jane
connaît un état de transe à multiples facettes. Dans le tome I, Seth a
consacré une bonne partie de la session 681 à parler des probabilités ou,
en somme, de Tout-ce-qui-est, et il entrecroise les expériences psychiques et
physiques de Jane avec ce matériau-là.)
La conscience cellulaire se vit elle-même comme éternelle. […] Une
partie des sensations qu’a Ruburt d’un état massif[2] vient de l’expérience
de masse qu’a le corps en existant tout en même temps. Pour Ruburt, le
corps se sent donc plus large.
(Voir aussi dans cette session-là, à partir de 23 h 10, les commentaires
de Jane elle-même sur ses réactions massives.
Ces deux idées de Seth, qui sont apparues en lien avec ses données sur
les points-instants, sont pour moi très évocatrices du concept de « son
long ».
Extrait de la session 681.) En vos termes — l’expression est
nécessaire —, le point-instant, le présent, est le point d’interaction entre
toutes les existences et réalités. Toutes les probabilités passent par lui,
même si un seul de vos points-instants peut être vécu comme s’il durait des
siècles, ou le temps d’une respiration, dans d’autres réalités probables dont
vous êtes une partie.
(Extrait de la session 602.) Il existe des systèmes dans lesquels un
instant, selon votre point de vue, est fait pour durer toute la vie d’un
univers[3]…
(Lorsque Jane exprime ces sons longs ou ressent un état massif, c’est
bien sûr en lien direct avec l’activité neurologique multidimensionnelle, les
« bassins latéraux » de conscience qu’elle a décrit dans l’appendice 4 du
tome I. Seth a aussi mentionné les impulsions et/ou vitesses neurologiques
dans plusieurs sessions du tome I. Dans la transmission qui est au début de
la session 686, par exemple, voir ses informations sur la sélection par notre
espèce, d’une série « officielle » d’impulsions neurologiques pour la réalité
physique et, à 00 h 19, ses remarques sur la perception préjugée.
L’appendice 5, en lien avec cette même session, contient davantage de
matériau de Jane sur les vitesses neurologiques.
Enfin, l’extrait suivant de la session 612 est présentée telle qu’elle a été
reçue, mais j’ai remis à jour certaines notes [à commencer par la note 4],
pour que le lecteur puisse mieux tirer parti du matériau, y compris certains
passages publiés dans le tome I.)
SESSION 612
MERCREDI 6 SEPTEMBRE 1972
(La première partie de ce qui a été transmis lors de cette session[4],
jusqu’à la pause à 21 h 47, n’est pas retranscrite ici, car elle contient
beaucoup de matériau personnel. Jane y parlait pour Seth comme elle le
fait d’habitude. La dernière phrase avant la pause était : « Je vais avoir
quelque chose à dire à propos de l’expérience de Ruburt l’autre soir… »
Cela faisait référence à la session de lundi soir, qui avait été entièrement
personnelle. Juste avant de commencer, Jane avait eu l’idée de frotter d’un
mouvement circulaire la zone située entre ses deux yeux — « Tu sais, là où
serait le troisième œil[5]… » Au cours de la session, elle a transmis « d’elle-
même », sans Seth, un matériau la concernant, mais dans un état modifié de
conscience où elle faisait l’expérience de nombreuses images subjectives
très vives, associées à de fortes sensations de massivité. Certaines images
reflétaient des états intérieurs de son corps. J’ai pensé que sa façon très
intéressante d’acquérir des informations représentait une autre étape dans
le développement de ses aptitudes.
Quelques éléments à présent pour résumer la situation ayant conduit à
la session de ce soir [la 612]. Avant le dîner, Jane a ressenti certains effets
relaxants[6] — à tel point qu’elle a dû s’allonger un moment, alors qu’elle
était en train de préparer le repas. Puis, peu de temps avant le début de la
session, elle a pris conscience de sa sensation de pyramide, ce qui signifiait
que Seth 2, ou peut-être une variante de cette forme changeante de
personnalité, était dans les parages. À nouveau, elle a senti le besoin de se
frotter le front, là où se situerait le mythique troisième œil. De nombreuses
choses, semble-t-il, se produisaient en même temps ; nous nous attendions
donc à ce que, après la première pause, Seth les commente, ainsi que la
session de lundi soir. Mais les choses ne sont pas du tout déroulées ainsi :
Seth n’est pas revenu. Jane a conduit le reste de la session toute seule — et
celle-ci s’est révélée exceptionnelle…
22 h 09. « J’ai la sensation d’avoir tout un tas d’êtres ou de
personnalités loin derrière ma tête », dit Jane alors qu’elle est assise dans
son fauteuil à bascule. Elle a les yeux ouverts ; elle est très détendue. Elle
fume une cigarette en attendant que Seth revienne. Puis, après une pause :
« Je reçois du matériau, mais je ne sais pas comment je suis censée le
transmettre — il vient de Seth 2 ou quoi ? Alors j’attends… »
22 h 16. La tête de Jane s’est inclinée, mais je peux encore voir
différentes expressions de perplexité et d’interrogation se succéder sur son
visage. « J’ai eu à nouveau cette sensation de massivité », dit-elle enfin,
faisant référence à la session de lundi soir. Son état massif, entre autres
effets, avait alors été très prononcé ; elle avait eu le sentiment d’être
vraiment d’une taille gigantesque. Elle ouvre maintenant un peu les yeux.
Deux minutes plus tard, elle parle en bougeant à peine les lèvres : « Comme
dans ma tête, ce corps énorme remplit l’espace — tout l’espace tel que nous
y pensons — »
22 h 20. « Je ne peux pas le faire, dit-elle calmement. Je ne pense pas
pouvoir y arriver… » À plusieurs reprises, elle exprime cette incapacité de
diverses manières plus ou moins intelligibles. « Je ne comprends pas ce que
je reçois, et je ne sais pas quoi en faire. Cela… ne semble pas logique. »
Une pause. « Je ne sais pas… mais je vais essayer… »
22 h 22. D’une voix passablement plus profonde et plus forte que
d’habitude, mais pas aussi surpuissante que ce que j’ai pu entendre à
d’autres occasions, Jane commence à exprimer une suite de très
« longues » syllabes étirées. Je m’attends à tout, du murmure au hurlement.
Ce qui suit est mon interprétation phonétique des sons qu’elle prononce.
Ses yeux sont clos, sa tête toujours penchée. [Quand Jane lira ces notes
dactylographiées, elle ne sera peut-être pas d’accord avec certaines de mes
approximations.] Maintenant, d’une grosse voix, presque rocailleuse :)
Aaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhaaaaaaaaa……
Thhhhhhhhhheeeeeeeuuuuuu……
Mmmmmmmaaaaaaahhhhhhnnnnnnsssss……
Eeeeeehhhhhrrrruuuuuuuu…… Aaaaaahhhhhhhmmmmmmmnnnn……
Wwwwwhhhhhheeeeeeuuuuuuuu…… Jaaaaahhhhhhhhhhhuuuuuuuu……
Wwwwhhhhhheeeeeeeuuuuuuuuuu.
(Une pause à 22 h 26. Je ne peux pas distinguer des mots ou des
significations ici. Je me concentre simplement sur le fait d’essayer de
convertir les sons en lettres :)
Wwwwhhhheeeeeeeuuuuuuunnnnn……
Aaaahhhhhhmmmmmmnn…… Wwwwhhhheeeeeeee……
Baaaayyyyyyeeeeeeeuuuuu…… Sssseeeeeeeuuuuuuugggghhhheeeee.
(Une pause à 22 h 27. Je commence maintenant à discerner des mots
très étirés, « longs » ou lents. La voix de Jane garde la même profondeur et
le même aplomb.)
Wwwwhhhhheeeeeeennnnnnn…… Wwwweeeeeeeeee……
Ssssspeeeeeeeaaaaakkkkk…… Wwwoooorrrrrlllllldsssssss……
Ffffoooorrrrmmmm. [Mon interprétation : « When we speak worlds form. »
[XI]]
(22 h 28. Avec une très faible amplitude, la tête de Jane oscille
rapidement d’un côté à l’autre, ce qui ne la dérange pas du tout, car elle
continue :)
Wwwweeeeeeee…… Cooooooommmmmmmeeeee……
Wwwweeeeeeeeee…… Aaaahhhrrrrrrr…… Thhhheeeeeeee……
Iiiiinnnnneeeeerrrrr…… Mmmmooooossssshhhhhiiiiiooooonnnnnnnn……
Ssssoooooooooot. [« We come. We are the inner motion — » [XII] Je n’ai
pas pu déchiffrer la dernière syllabe.]
(22 h 30.) Wwwweeeeeeeee…… Aaaaaarrrrreeeee……
Thhhhheeeeee…… Sssssstrrrreeeeeennnnngthhhhh…… Iiiiinnnnnn……
Mmmmmaaaaaaateeeeeeeerrrrrr. [« We are the strength in matter. » [XIII]]
(22 h 32.) Wwwwiiiiillllliiiiinnnnnggllyyyy……
Fffffoooooorrrrmmmmmiiinnnggggg…… Sssssllllooowwwweeeerrrrrr……
Thhhhaaaaannnnnnn…… Lllllliiiiiiighhhhhhht……
Paaaaaarrrrrrtiiiiiclllleeeeeesssss…… Thhhhhiiiiissssss……
Iiiiiiiissssssss…… Ooooonnnnnnneeeee…… Aaaaassssspeeeect……
Ooooooffffff…… Ooooooooouuuuurrrrrr……
Aaaaaaactiiiiivvvviiiiiiitiiiiieeeeeessssss. [« Willingly forming slower-than-
light particles. This is one aspect of our activities. » [XIV]]
(22 h 35. Jane marque une courte pause, les yeux clos. Soudain, sa voix
devient haut perchée et, pour moi, tout à fait incompréhensible au début, à
cause de la rapidité de son élocution. L’effet est exactement celui d’une
bande enregistrée se déroulant trop vite. Sa voix monte dans les aigus,
sortant de ses lèvres crispées. Au bout d’un moment, je commence à
comprendre qu’elle dit : « — à un autre niveau, c’est complètement
inintelligible — à un autre niveau, les morceaux sont complètement
inintelligibles. »
Elle répète cette idée à maintes reprises, sous des formes variées, ce qui
me donne le temps d’en noter certaines. Son débit est aussi rapide qu’il
peut l’être tout en restant parfaitement explicite. Puis, plus lentement :
« Tout cela, ce sont des aspects d’une réalité… Les atomes sont des sons. Tu
ne les entends pas… »
22 h 36. À présent, l’élocution de Jane ralentit considérablement. Avec
la même voix haut perchée, elle commence à faire ressortir de nombreuses
syllabes des mots qu’elle prononce, comme s’il s’agissait d’unités séparées.
Cela me rappelle la façon de parler de Seth 2. Pourtant, subjectivement, je
perçois des différences : Seth 2 a aussi coutume de s’exprimer à la première
personne du singulier, alors que le matériau de ce soir emploie le pluriel
« nous ».)
Toute con-scien-ce a des as-pects qui sont act-i-vés et ex-primés dans
tous les idi-omes ou réal-i-tés. C’est tout ce que nous pouvons clairement
vous communiquer maintenant.
(23 h 38. Jane s’affaisse dans son fauteuil, les yeux clos. Elle a du mal à
les ouvrir. Elle se souvient avoir donné des variations de sons et de façons
de parler. Elle me dit que « quelque chose » voulait se manifester à travers
elle si lentement que c’était pratiquement inexprimable ; elle se sentait
traversée par des sons profonds qui déferlaient, aspirant à être traduits et à
avoir un sens en nos termes. « Il m’aurait fallu trois heures pour faire cela
correctement. » Le matériau lent sort simplement de cette façon-là quand
elle tente de l’exprimer. Elle ne peut pas réellement comprendre ce qu’
« ils » voulaient qu’elle fasse, si d’ailleurs ils voulaient quoi que ce soit.
Jane dit que l’élocution rapide et haut perchée lui rappelle celle de Seth
2, puis mentionne un élément que j’avais oublié : elle a déjà vécu un effet
similaire, mais uniquement de façon mentale, le mois dernier, pendant
qu’elle écrivait de la poésie. À ce moment-là, comme maintenant, elle
n’avait pas été capable de comprendre suffisamment bien ce qui se passait
pour le traduire, et encore moins pour mettre quoi que ce soit par écrit[7].
22 h 48. Après que nous nous sommes reposés quelques minutes, Jane
se met à parler avec sa voix normale. Je me suis retenu à dessein de
mentionner plus tôt le matériau assez complet qui va suivre ; il se peut
qu’un lecteur tombant dessus inopinément ressente un peu quelle a été ma
surprise quand Jane a commencé à l’élaborer à partir des effets lents et
rapides qu’elle a manifestés.
« Je reçois quelque chose, Rob. Quelque chose ayant à voir avec les
atomes. La chose lente, représentée par ces sons étirés, est dans le centre de
l’atome. Ensuite, c’est entouré par des particules plus rapides que la
lumière, représentées par les sons très rapides. Ainsi, le centre de cette
chose — quoi qu’elle puisse être — est massif en termes de masse[8]. Je ne
sais pas si cela signifie qu’elle est lourde ou pas, mais elle est immense en
termes de masse — bien qu’elle puisse être de très petite taille.
« Tout est conscient, bien sûr. Les atomes et les molécules, tout. La
partie massive est le noyau. Je crois que ce noyau n’a pas encore été
découvert [par les physiciens], et il est si lent pour nous qu’aucun
mouvement n’est apparent. Je ne sais pas si c’est un atome ou non. On peut
l’appeler un “trou mort”. [Une pause.] Son mouvement, en nos termes, est
si lent qu’il n’est pas observable, mais, en termes de temps, c’est un
mouvement rétrograde.[9] »
Une pause à 22 h 50. « Ce noyau est toujours entouré par ces particules
plus rapides que la lumière. C’est une structure… mais elle provoque un
effet d’attraction ou de contraction là où elle apparaît. Il y en a beaucoup,
je pense, dans notre galaxie, ainsi que dans d’autres. Rien ne peut
cependant être aspiré à travers le trou mort, comme ce serait le cas avec un
trou noir, à cause de la masse littéralement impénétrable [du trou mort].
Comme pour les atomes isolés, et toutes les autres structures de ce genre,
ces structures existent également en tant que sons[10]. C’est également vrai
pour les trous noirs et les trous blancs[11]. Les sons sont en fait des
caractéristiques qui agissent en tant que moyens de cohésion, des
caractéristiques qui sont automatiquement émises. Les parties centrales
plus lentes des trous morts ont un mouvement rétrograde : elles remontent
vers les origines, devenant de plus en plus lourdes. »
23 h 00. « On pourrait presque dire que ces centres tombent à travers
l’espace, mais, en réalité, ils tombent à travers l’espace d’eux-mêmes.
[Jane secoue la tête ; les yeux fermés.] Tandis qu’ils tombent à reculons à
travers eux-mêmes — je reçois cela — je ne sais pas comment le dire — les
particules plus rapides que la lumière viennent s’écrouler dessus. Les trous
morts semblent s’avaler eux-mêmes, tandis que les particules très rapides
forment comme un couvercle diminuant peu à peu… Depuis notre point de
vue, le trou est, disons, fermé, une fois que les particules plus rapides que la
lumière suivent le noyau plus lent et retournent aux origines. »
23 h 05. « Cependant, lorsque le noyau va à rebours — entre
guillemets — “du temps”, il commence à accélérer. Je ne sais pas comment
formuler cela. Quand il émerge dans un autre univers, les particules plus
rapides que la lumière ont ralenti, et le cœur devient plus rapide que la
lumière. Le trou mort se reproduit à une taille microscopique — ce qui est
petit, n’est-ce pas ? Avant l’émergence d’un atome… oh mon Dieu ! … en
guise d’analogie, on pourrait dire que le trou mort dont nous parlons
émerge en tant qu’atome dans un autre univers. Mais c’est l’étape avant
l’apparition, ou l’état à partir duquel un atome apparaît.
« En ce qui concerne le trou mort dans une galaxie, disons la nôtre, il
émerge dans ce qui serait pour nous un atome d’une taille fantastique,
mais, pour ce qui est de la création de la matière à l’intérieur de notre
propre système, la même chose se produit à une échelle différente. » [12]
23 h 12. « Comme mentionné, le son a aussi sa part ici, et chacun de ces
phénomènes est doté d’une conscience qui s’exprime, et il se rend compte
des étapes à travers lesquelles il passe. En certains termes, les trous morts
relient le passé et le présent ; et aussi le futur. En termes pratiques, ils ont à
voir avec la permanence apparente d’un objet. Ils sont les parties invisibles
de l’atome. Il existe des atomes de taille gigantesque, tout comme il y a
ceux que nous connaissons. »
23 h 17. « Je — je sais qu’il y a plus ici… Je veux en découvrir
davantage. Je ne perçois pas son but [celui de la “conscience” qui est
derrière le matériau de ce soir]. »
Jane semble à présent ébouriffée et fatiguée, je lui propose de terminer
la session. Toujours assise, les yeux clos, elle a du mal à énoncer la phrase
suivante, qu’elle doit répéter : « Les trous morts se transforment en trous
vivants… là où le mouvement et l’impulsion, en vos termes, seraient vers le
futur… Je ne peux rien obtenir de plus… » J’insiste à nouveau pour qu’elle
arrête. « J’ai presque fini. Dans ce cas, le noyau apparaît en tant que
matière-à-venir. Je crois que je vais arrêter. Je ne peux pas suivre. Toute
cette chose a à voir avec les voix de tout à l’heure… »
23 h 19. « J’obtenais des images pendant tout ce temps-là. J’essayais
d’expliquer ce qu’elles signifiaient. C’est dur quand tu ne sais pas ce que tu
essayes de dire… » Elle décrit un peu les images — des étoiles, une série de
cercles, de la matière qui se condense, des galaxies qui implosent et
d’autres effets de ce genre — mais tout cela a moins de signification pour
moi que le matériau qu’elle vient de donner. « Je me suis juste lassée de
recevoir tout ça. C’était vraiment une séance d’entraînement. Il y a là
beaucoup plus à obtenir… » Elle compare son exposé à la façon dont
souvent elle obtient des impressions concernant les gens. L’information
« vient tout simplement » et elle l’énonce.
J’ai affirmé que Jane a eu un regain de créativité depuis maintenant un
an. Durant tout ce temps, elle a fini Seth parle, m’a aidé à en relire les
épreuves, a écrit son roman, Oversoul Seven, a travaillé sur un autre livre
Seven, qui n’est pas encore terminé, ainsi que sur La Réalité personnelle et
sur Adventures. Ces activités nécessitaient de nous en tenir autant que
possible au programme régulier de deux sessions hebdomadaires, même si
c’est moi qui transcris son matériau de transe. Jane donnait aussi chaque
semaine ses cours de perception extrasensorielle et d’écriture, et elle
continuait à travailler à sa poésie et son autobiographie (qui n’est pas
terminée non plus). En plus, nous avons aussi eu à faire face à l’inondation
causée par la tempête tropicale Agnès, en juin 1972. Les prédictions
quotidiennes de Jane ont donné des résultats exceptionnels. Elle a appris
récemment que les impressions, vieilles de deux ans parfois, qu’elle avait
données à certaines personnes, s’étaient pour la plupart révélées exactes
— un développement très encourageant.
Le lendemain de cette session, Jane a grandement élargi sa première
estimation — de trois heures — du temps qu’il lui aurait fallu pour
interpréter les sons longs ou lents. Maintenant, elle sent que pour « les
traiter de façon adéquate, cela prendrait des années — peut-être des
siècles. » À cause de notre sens ordinaire du temps, les sons sont en fait si
lents pour nous qu’ils nous paraissent figés, ou « morts », me dit-elle, ce
qui nous amène à spéculer que c’est peut-être l’une des raisons pour
lesquelles, dans notre langage courant, nous disons que la matière
inanimée — les rochers, par exemple — est une matière « morte ». Mais
Jane ne peut pas vraiment définir les sources du matériau d’hier soir, si ce
n’est en les appelant des « consciences ou des êtres — mais peut-être pas
des personnalités, au sens où nous entendons ce terme. » Ensuite, en
augmentant encore son estimation, elle dit que si ces êtres tentent de
communiquer avec nous par le son, par nos organes sensoriels, « cela
prendra une éternité ».
Après avoir lu mes interprétations des sons longs qu’elle a commencé à
transmettre à 22 h 22, Jane a écrit : « Je savais quels étaient les mots étirés
du début et je pensais que Rob les avait compris. Maintenant, je n’ai pas la
moindre idée de ce qu’ils disaient. »
Je souhaite conclure cet appendice avec un poème que Jane a écrit
pendant l’été 1963, quelques mois avant le début des sessions. Pour moi,
son matériau des sons longs, donné neuf ans plus tard dans la session 612,
représente simplement sa façon médiumnique de « rattraper » et de
développer la connaissance profondément intuitive qu’elle possédait depuis
le début.)
Longue est la lumière
Longue est la lumière
du papillon de nuit et du saule.
Long est le voyage
de la racine et de la tige.
Profond est le cri
De l’écorce et de la fleur.
La feuille s’entend pousser,
et la vie chante sa vérité.
NOTES DE L’APPENDICE 19
[3] Dans la note 9 de la session 712, voir les deux analogies concernant les
sons longs, que j’ai extraites de la session 514 dans Seth parle.
[5] J’ai été surpris d’entendre les références quelque peu embarrassées de
Jane à propos du troisième œil, parce que je ne me souvenais pas
l’avoir entendue parler de cela auparavant dans les sessions. Le
troisième œil (parfois appelé « oeil intérieur ») est l’organe légendaire
de la perception médiumnique, censé se trouver derrière le front. En
sciences occultes, on l’a associé à la glande pinéale, ce mystérieux
élément du système endocrinien qui est profondément enfoui à
l’intérieur du cerveau et qui, pendant des siècles, a été considéré par
beaucoup — y compris le philosophe et mathématicien René Descartes
(1596-1650) — comme étant le siège de l’âme.
De façon consciente, Jane sait très peu de choses sur ce qu’on appelle
le troisième œil. Je ne dirai pas que nous y croyons particulièrement,
l’un et l’autre, et il est donc intéressant de s’interroger sur la
connaissance intuitive que Jane peut en avoir et qui l’a amenée à en
parler maintenant.
[8] Puisque Jane vient juste de les évoquer, je vais aborder ici la question
des atomes (et des molécules), des particules plus rapides que la
lumière, et de la masse. Le lecteur peut se servir des définitions ci-
dessous pour faire ses propres associations d’idées avec le matériau de
Jane. (Les autres sources présentées contribueront aussi à donner des
dimensions supplémentaires à cette session 612.)
Dans la note 1 de la session 709, j’ai écrit que « les tachyons… sont
censés être des particules plus rapides que la lumière ; on les croit
possibles dans le contexte de la théorie spéciale de la relativité
d’Einstein. » (Dans la session elle-même, Seth fait quelques références
fascinantes à des possibilités en rapport avec cela : « Dans des états de
sortie du corps, la conscience peut voyager plus vite que la lumière
— souvent d’ailleurs instantanément. » Voir aussi la note 2.)
Je rappelle au lecteur une remarque faite par Seth, dans la session 702
du tome I, alors que Jane transmettait pour lui un matériau sur le spin
de l’électron et sur les concepts s’y rapportant : « Le vocabulaire de
Ruburt n’est pas celui de la science officielle. Et pour nos objectifs, il
ne doit pas l’être non plus — car ce vocabulaire-là est limitant. » La
formation scientifique de Jane est des plus sommaires, mais elle a une
très forte compréhension intuitive des qualités qui entrent en jeu. Par
choix, même en transe, elle essaye de relayer les informations
spécialisées en des termes ordinaires, sans employer des formules, des
équations ou un langage technique. Le matériau dans cette session est
un bon exemple de son approche. Nous n’avons jamais essayé d’obtenir
d’elle — ou de Seth — la transmission de formules mathématiques ou
chimiques, au cours d’une session ; ce n’est pas son truc. Elle pense
cependant que, si elle devait se motiver, elle pourrait arriver à quelque
chose avec, disons, le langage formel des mathématiques, mais que, au
moins au début, il lui faudrait obtenir l’information visuellement ; elle
la mettrait ensuite par écrit, même pendant la session.
Pour un autre matériau sur le son, voir par exemple la session 572 du
chapitre 18 de Seth parle, ou les sessions déjà mentionnées (dans la
note 7) qui constituent le chapitre 5 de La Réalité personnelle.
Il est intéressant de noter qu’un lien a été établi entre plusieurs quasars
très éloignés et certains effets observés plus rapides que la lumière,
contredisant ainsi la théorie physique actuelle selon laquelle rien ne
peut dépasser la vitesse de la lumière. Pour la science, c’est une
situation très inconfortable qui doit pourtant être résolue. Mais je suis
sûr que, en termes scientifiques (complètement à part du matériau de
Seth cité dans la note 1 de la session 712), il y a de nombreuses
découvertes à faire en ce domaine. Les effets plus rapides que la
lumière sont peut-être le résultat d’observations qui ne sont simplement
pas comprises selon un mode encore inexpliqué.
Pour conclure, voir la session 593 dans l’appendice de Seth parle, pour
un matériau de Seth sur les trous noirs, les trous blancs et les points de
coordination : « Un trou noir est un trou blanc retourné sur lui-même.
[…] Les trous, ou points de coordination [points de double réalité, là où
les réalités se mêlent], sont en fait de grands accélérateurs qui
réénergisent l’énergie elle-même. » Dans la session 688 du tome I, Seth
présente une analogie dans laquelle ses unités fondamentales de
conscience, ou UC, opèrent en tant que trous noirs et trous blancs,
minuscules et pourtant extrêmement puissants.
[12] Une note ajoutée plus d’un an après. Pendant quelque temps, j’ai
ressenti intuitivement des connexions entre le matériau de Jane dans ce
paragraphe et certaines idées que nous avons lues pour la première
fois, environ six mois après cette session 612, en septembre 1972,
expliquant que, pour des raisons diverses (ayant à voir avec les ondes
gravitationnelles, la masse, etc.), de nombreuses galaxies, y compris la
nôtre, pourraient avoir été formées à partir de matière s’accumulant
autour de trous noirs situés en leur centre.
APPENDICE 20
(Au cours des sessions, Seth n’a pas souvent parlé des ovnis — ces
objets volants non identifiés. Il pense qu’ils ont des origines diverses. De
temps à autre, il les mentionne en lien avec un autre sujet ; voir en guise
d’exemple ce qu’il a dit à propos des « soucoupes volantes » et de la nature
pulsatoire des atomes et des molécules, dans les deux paragraphes de la
session qu’il a donnée en cours de perception extrasensorielle, le 12 janvier
1971, et qui sont citées dans l’appendice de Seth parle. Ce matériau
découle en fait d’une session donnée sept ans plus tôt : la session 16 du 15
janvier 1964. Elle contient la transmission la plus longue que Jane a reçue
jusqu’à présent de Seth sur ces appareils volants. Nous trouvions ces
informations fascinantes, car, selon nous, elles proposaient une approche
nouvelle d’une énigme très controversée. Nous continuons de le penser.
[Soit dit en passant, dans les premières sessions, Seth a souvent utilisé le
mot « plan », mais, peu de temps après, il a commencé à parler plus
généralement de « réalité », un terme que nous préférons largement. À
noter cependant, à la fin de ces extraits de la session 16, les significations
et les descriptions qu’il a tirées du mot « plan » — même s’il le considérait
comme étant un terme nous appartenant.])
La chose étrange à propos de vos soucoupes volantes n’est pas qu’elles
apparaissent, mais que vous pouvez les voir. À mesure que la science
progresse sur des plans divers, les habitants apprennent à voyager de temps
à autre d’un plan à un autre, en emportant avec eux les manifestations [de
camouflage] de leur station de base. […]
Je suis tout à fait certain — je sais cela comme un fait — que des êtres
d’autres plans sont apparus parmi vous, parfois à dessein et parfois de façon
purement accidentelle. De même que, dans certains cas, des humains ont
traversé par mégarde le voile apparent entre votre présent et votre passé,
d’autres êtres se sont par inadvertance trouvés dans la division apparente
entre un plan et un autre. En général, dans ces cas-là, ils étaient invisibles
sur votre plan, comme ceux d’entre vous, peu nombreux, qui, tombés dans
le passé ou le passé apparent, étaient invisibles pour les personnes du passé.
Cette sorte d’expérience implique une prise de conscience psychique
soudaine, tout droit venue de l’entité, du fait que toutes les frontières
existent uniquement pour des raisons pratiques. Mais il y a en réalité de
nombreux types de sciences. Un certain nombre de sciences ont à voir avec
la locomotion. Si l’espèce humaine s’était lancée dans certaines disciplines
mentales aussi minutieusement qu’elle a exploré les disciplines
technologiques, son système de transport serait largement différent et
cependant encore plus pratique qu’il ne l’est aujourd’hui. (D’un air amusé.)
J’insiste sur ce point, car je veux qu’il soit clair — cher Joseph — que,
lorsque je parle de science sur un autre plan, je ne parle peut-être pas de la
bonne vieille science que vous connaissez.
Revenons maintenant au sujet. Quand la science progresse sur différents
plans, les visites deviennent moins accidentelles et plus planifiées. Une fois
que les habitants d’un plan ont appris les schémas de la science mentale, ils
sont alors dans une large mesure libérés des structures [physiques] plus
habituelles de camouflage. Cela s’applique aux plans « plus élevés » que le
mien, en règle générale, même si le mien est plus avancé dans ces sciences-
là que le vôtre.
Bon nombre d’apparitions de soucoupes volantes proviennent de ce type
de plan qui est beaucoup plus avancé en sciences technologiques que le
vôtre actuellement. Il ne s’agit pourtant pas encore d’un plan de science
mentale. Par conséquent, l’attirail de camouflage apparaît, plus ou moins
visible, à votre grand étonnement. Maintenant, cette tendance qu’a la
vitalité à changer d’une forme apparente en une autre est si forte que ce que
vous avez ici dans votre objet volant est quelque chose qui, tel que vous le
voyez, n’est en fait ni de votre plan ni de celui qui en est à l’origine. […]
Les atomes et les molécules qui composent structurellement l’ovni, et qui
sont eux-mêmes formés par la vitalité, sont plus ou moins alignés selon le
modèle de son propre territoire. Quand le vaisseau pénètre votre plan, une
distorsion se produit. Sa structure réelle est prise dans un dilemme
concernant sa forme… se transformer complètement en un schéma de
camouflage terrestre particulier ou garder son schéma originel.
L’observateur terrestre tente de mettre en corrélation ce qu’il voit avec ce
qu’il croit connaître ou imagine possible dans l’univers.
Il voit quelque chose qui se situerait entre le cheval et le chien et qui ne
ressemble ni à l’un ni à l’autre. La soucoupe volante garde ce qu’elle peut
de sa structure originelle et change ce qu’elle doit changer. Cela explique un
grand nombre des témoignages contradictoires quant à la forme, la taille et
la couleur. Les rares fois où le vaisseau part comme une flèche, à angle
droit, il a réussi à garder des fonctions qui lui sont habituelles dans son
habitat particulier.
Je ne crois pas que vous verrez des atterrissages de soucoupes volantes
avant un bon moment, en tout cas aucun atterrissage physique au sens
habituel du terme. Ces véhicules ne peuvent absolument pas rester sur votre
plan. Les pressions qui s’exercent sur le vaisseau sont énormes. […] La
lutte pour être une chose ou une autre sur un plan est très grande. Se
conformer aux lois d’un plan particulier est une nécessité pratique et, à ce
moment, la soucoupe volante ne peut simplement pas se permettre de rester
durablement entre deux plans.
Ce qu’ils font, c’est obtenir des aperçus de votre plan — et gardez à
l’esprit le fait que la soucoupe ou la forme de cigare souvent vue sur votre
planète est une forme bâtarde qui a peu de relations avec la structure telle
qu’elle est à sa station de base.
Par la suite, j’étudierai plus précisément les habitants [de ces plans-là],
mais le fait est que je ne les connais pas très bien moi-même[1].
Il y a tellement de choses que vous ne comprenez pas et que j’espère
vous expliquer. Il y en a d’autres que vous ne comprenez pas et que je ne
peux pas vous expliquer, simplement parce qu’elles seraient trop étrangères
maintenant à votre mode de pensée habituel. […]
Une note à ce propos. Un plan — et j’utilise votre terme ; je vais
essayer d’en trouver un meilleur — n’est pas nécessairement une planète.
Un plan peut être une planète, mais un plan peut aussi exister là où il n’y a
aucune planète. Une planète peut avoir plusieurs plans. Les plans peuvent
aussi faire entrer en jeu différents aspects du temps apparent — ce sujet
particulier est trop difficile à étudier maintenant, mais je le développerai
ultérieurement.
Les plans peuvent s’entremêler, et ils le font, sans que ceux qui y
résident en aient conscience. Ils peuvent parfois le savoir, mais ce n’est pas
toujours le cas. Je veux écarter l’idée qu’un plan est un lieu. Un plan peut
être un temps. Un plan, croyez-le ou non, peut être juste un iota de vitalité
qui semble exister par lui-même. Un plan peut être quelque chose
d’apparemment séparé du reste de l’univers pour un certain temps et pour
une certaine raison. Un plan peut cesser d’être. Un plan peut apparaître
soudain, là où il n’y en avait pas. Un plan est formé pour des entités en tant
que structures pour un accomplissement à des niveaux divers. Un plan est
un climat propice au développement de capacités et de réalisations uniques
et particulières. Un plan isole des éléments et donne à chacun d’eux le plus
d’espace possible pour fonctionner.
Des planètes ont été utilisées en tant que plans, et utilisées à nouveau en
tant qu’autres plans. Un plan n’est pas un lieu cosmique. Il est souvent utile
que des entités ou leurs diverses personnalités visitent un plan avant un
autre. Cela ne signifie pas nécessairement qu’un plan doit être visité avant
un autre. Une certaine succession est simplement plus utile pour l’entité
dans son ensemble.
En d’autres termes, on pourrait dire qu’une entité visite tous les plans
simultanément, comme il vous est possible de visiter un état, une province
et une ville en même temps. Vous pouvez aussi visiter les états de chagrin et
de joie presque simultanément, et vivre ces deux émotions très intensément,
à cause du contraste presque immédiat entre les deux.
En fait, l’analogie d’un plan avec un état émotionnel est beaucoup plus
valide que celui d’un plan avec un état géographique — en particulier parce
que les états émotionnels ne prennent pas de place.
NOTES DE L’APPENDICE 20
[1] Une note ajoutée une dizaine d’années plus tard. Jusqu’à maintenant,
Seth n’a fourni spontanément aucune information sur les passagers
d’une « soucoupe volante » — mais ni Jane ni moi ne lui avons
demandé le faire.
APPENDICE 21
NOTES DE L’APPENDICE 22
[1] Pour un matériau sur le soldat romain, voir les premières notes des
sessions 715 et 716 ; pour Maumee et Nebene, voir respectivement les
notes 1 et 9 de la session 721.
Je pourrais énumérer quelques autres vies passées que je suis censé
avoir connues, et Jane aussi. Certaines d’entre elles, nous les avons
perçues par nous-mêmes. Au fil des ans, Seth a aussi révélé un petit
nombre d’expériences réincarnationnelles nous concernant tous les
trois, ainsi que quelques autres relatives à deux d’entre nous. Des
exemples sont donnés dans l’appendice 18. Mais Jane et moi sommes
plus intrigués par certains passages de l’appendice 18, comme celui-ci,
tiré de la session 398 du 11 mars 1968 : « Les personnalités ne sont pas
des choses statiques. Les entités sont éternelles. Elles ne sont ni aussi
bien ni aussi soigneusement emballées, une par corps, que le croient vos
psychologues. »
[3] Dans les notes d’ouverture de la session 718, j’ai écrit que je venais
juste de terminer une série de diagrammes pour le livre de Jane,
Adventures. Dans le diagramme 1 destiné au chapitre 10, j’ai essayé de
montrer schématiquement la même idée que celle mentionnée ici par
Seth, mais avec la terminologie que Jane emploie dans son propre livre.
Elle décrivait une série de moi-aspects en orbite autour d’un moi-
source non physique, et poursuivait : « Imaginez une grande roue
panoramique multidimensionnelle, dont chaque nacelle séparée est un
moi-aspect. Quand notre “siège” approche du niveau du sol, nous
sommes l’aspect qui intersecte le continuum espace-temps, et la vie
commence. Mais cette grande roue tourne dans toutes les directions
possibles, et ses rayons sont des vagues d’énergie constamment en
mouvement, reliant les aspects au centre source. Chaque autre “siège”
intersecte un type différent de réalité, dans lequel il est plongé, tour à
tour. »
[4] Seth n’a jamais rien dit de plus à Florence au sujet de ses autres
contreparties. Elle ne le lui a pas demandé non plus ; elle a tiré parti
des informations qu’il lui avait déjà données, et de celles qu’elle a pu
deviner par elle-même.
Tout cela me rappelle que, selon la plupart des gens qui ont vu les
« portraits » que je peins, il y a dans ces tableaux un équilibre entre le
masculin et le féminin, indépendamment du fait que le sujet soit un
homme ou une femme. Ces peintures sont celles de personnalités que je
vois mentalement plutôt que physiquement ; elles représentent, je crois,
mes efforts pour unifier dans toute image particulière mon appréciation
intuitive des qualités mâles et femelles incarnées en chacun de nous.
[8] Une version plus longue de ce matériau provenant de la session 657 est
présentée dans la note 3 de la session 683, au tome I ; je voulais, à ce
moment-là, dire quelques mots au lecteur à propos des contreparties
— non seulement pour qu’il soit intéressé par le tome II, même avant sa
publication, mais aussi pour montrer la direction que prenait le
matériau de Seth.
[9] Il est intéressant de voir comment Apprentice Gods, écrit par Jane, fait
écho aux vers suivants et les élargit ; ils sont tirés d’un autre long
poème, plein de fraîcheur et d’intensité, qu’elle a écrit en 1949 à l’âge
de dix-neuf ans.
Reviens, ô mon frère, contrepartie du ciel,
car il m’est permis de crier uniquement par ta voix…
NOTES
[XIV] Formant volontiers des particules plus lentes que la lumière. C’est
un aspect de nos activités.
SESSION 722
[1] Voir l’Exercice pratique 16, dans la session 721 du tome II.
[2] Pour certaines informations sur les unités de base de la conscience (ou
UC), les cellules, les probabilités, les structures du temps et d’autres
matériaux dont parle Seth, en lien avec ce qu’il transmet ici, je suggère
au lecteur de revoir les sessions suivantes dans le tome I de La Réalité
« inconnue » : 682, 683, 684, 688 et 694.
[4] Je doute que, par cette affirmation, Seth veuille dire que les physiciens
tentent d’étudier ses UC (voir la note 2) — ils ne le font certainement
pas encore, bien que quelques scientifiques qui nous ont écrit montrent
de fait que la pensée de Seth leur est ici familière. Certains physiciens
« modernes » cherchent plutôt des « particules » non matérielles qui,
selon certaines théories (l’une d’elles ayant à voir avec les « quarks »
par exemple), pourraient exister si les théories sont valables. De telles
pseudo-particules sont des entités mathématiques capables de modifier
les actions d’objets physiques.
[7] Voir les Exercices pratiques 15 et 16, plus le matériau s’y rapportant,
dans la session 721 du tome II.
[9] Une note ajoutée deux mois plus tard. Avec le recul, il est facile de voir
que, pendant que Seth parle ici de ses idées sur les contreparties, il est
en train de nous préparer au matériau sur les familles de conscience,
sujet qu’il commencera à développer en janvier 1975. Voir, par
exemple, la session 732 dans la partie 6. Dans cette session-là, Seth a
vite eu du mal à dire qu’appartenir à une certaine famille de conscience
n’était pas ce qui primait dans notre réalité : « Votre individualité passe
en premier. »
[11] En tant que Seth, Jane parle ici en me regardant fixement avec un
sourire, car j’avais prononcé la même phrase au cours de la dernière
classe de perception extrasensorielle.
SESSION 723
(21 h 42.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Votre vision du monde est votre interprétation personnalisée de
l’univers physique.
Votre station de base[1] ne présente pas simplement une programmation
pour que vous la voyiez. Elle vous aide plutôt à créer le programme, bien
sûr, même quand vous en faites partie. Pour un après-midi donné, certains
éléments de l’expérience seront « fournis », grossièrement esquissés. Il y a
certains signaux pour mettre en place la scène ; le temps peut par exemple
être neigeux, humide, ou sec et ensoleillé ; le lieu peut être une grande ville
ou une bourgade. Mais, à l’intérieur de ce contexte assez libre, vous créez le
programme de la journée en fonction de votre propre vision du monde.
Si cette vision est large, vous avez bien plus de latitude pour créer votre
expérience. Vous pouvez ajouter plus de profondeur, pour ainsi dire, à la
caractérisation. Vous pouvez, en d’autres termes, tirer parti de la réalité
inconnue en la laissant apporter un plus à votre station de base.
Dans l’état de rêve, votre portée va au-delà de votre vision du monde à
l’état de veille. Vous êtes capable d’inclure dans votre champ de
focalisation d’autres intérêts et activités. Ceux-ci peuvent demeurer à
l’arrière-plan dans votre vie éveillée — ou vous pouvez décider d’élargir
votre vision du monde en tirant parti de vos activités oniriques. Beaucoup
d’exercices proposés ici sont conçus dans ce sens.
Vous n’êtes pas seul dans la réalité physique. Alors, évidemment, votre
image du monde est aussi modifiée par les visions que les autres ont du
monde, et vous jouez un rôle dans leurs expériences. Il y a un constant
échange mutuel à l’état de veille. Toutefois, le même échange mutuel a lieu
dans l’état de rêve. Vous modifiez donc votre monde par vos rêves, tout
autant que vous le faites par vos activités à l’état de veille. En termes de
temps, des intervalles étaient nécessaires au moment où diverses espèces
mûrissaient physiquement et se développaient. Elles le faisaient en réponse
à une impulsion intérieure. Les nombreuses langues actuelles ont leur
origine dans ce que vous pouvez appeler, depuis votre point de vue, une
réalité non éveillée. Les mots, à nouveau, ont un rapport avec la structure
neurologique, et les langues suivent ce schéma. Dans l’état de rêve, de
nombreux types de communication entrent en jeu, et il y a des traductions
intérieures. Deux personnes de langues différentes peuvent se parler de
façon tout à fait claire dans certains rêves et se comprendre parfaitement.
Chacune peut traduire la communication dans son propre langage familier.
Il y a cependant des sons intérieurs fondamentaux sous-jacents, sur
lesquels se fonde tout langage : certaines images émettent leur propre son
et, ensemble, image et son véhiculent alors une signification claire et
précise[2]. Il y a longtemps, j’ai dit que le langage serait impossible s’il ne
se basait pas sur une communication télépathique[3] — et que la
communication était un assemblage d’images et sons microscopiques.
Ceux-ci sont traduits en différentes langues.
Consciemment, votre vision du monde est modifiée par la langue de
votre culture ou de votre pays. Certains sons, certaines inflexions et
expressions, pris ensemble, ont une signification plus ou moins précise. Le
sens est en général assez spécifique, et souvent directionnel. Dans une
langue, les mots opèrent non seulement en définissant ce qu’est un objet
spécifique, par exemple, mais aussi en définissant ce qu’il n’est pas[4].
(22 h 05.) Dans l’état de rêve, vous êtes dans une certaine mesure libéré
de ces tendances culturelles. Dans les rêves les plus marquants, l’expérience
est en fait plus directe, dans le sens où elle est moins limitée par les
concepts du langage. À l’état de veille, vos pensées vous deviennent
généralement familières à travers des mots qui sont mentaux, traduisant
automatiquement vos pensées en langage. Vos pensées tombent par
conséquent, ou se coulent, dans des formes préfabriquées. Dans l’état de
rêve, cependant, vous faites souvent l’expérience des pensées directement :
« vous les vivez ». Vous devenez ce qu’elles sont. Elles sont projetées
instantanément et d’une façon telle qu’elles échappent aux limites que vous
leur posez souvent. C’est la raison pour laquelle il vous est fréquemment
difficile de vous souvenir de vos rêves de façon verbale, ou de les réduire
en une expression de langage usuel. Point. Votre langage inhibe souvent la
signification à dessein.
Accordez-nous un instant… Jusqu’à un certain point, le langage rend
effectivement l’inconnu connu et reconnaissable. Il dresse des poteaux
indicateurs que chaque personne dans une culture reconnaît. Pour ce faire, il
s’empare de certaines significations et en ignore d’autres. Vous pouvez
connaître le mot « rocher » par exemple. Mais la connaissance du mot peut
en fait vous empêcher de voir clairement un rocher spécifique tel qu’il est,
ou de reconnaître en quoi il est différent de tous les autres rochers.
Le jeu de la lumière du soleil et de l’ombre sur un rocher peut
totalement vous échapper[5]. Vous le rangerez simplement dans la catégorie
« rocher ». Dans l’état de rêve, vous pouvez vous retrouver en train de
dormir sur un rocher chauffé par le soleil, ou d’en escalader un verglacé.
Vous pouvez vous sentir vous-même enfermé dans un rocher, avec votre
conscience dispersée. Vous pouvez avoir d’innombrables expériences
différentes faisant entrer en jeu des rochers, toutes très libératrices. Après
une expérience de ce genre, il se peut que vous regardiez les rochers de
façon entièrement différente et que vous les voyiez d’une manière qui
échappe à votre langage. Ainsi, les rochers émettent des sons que vous
n’entendez pas, par exemple, mais votre langage limite automatiquement
votre perception de ce qu’est un rocher. Dans une certaine mesure, les mots
viennent se mettre entre vous et votre expression directe, alors qu’ils
devraient et pourraient plutôt exprimer cette expérience-là.
Faites votre pause.
(22 h 22. Jane dit que sa transe n’était pas bonne. « J’étais inhibée par
toutes sortes de choses — principalement des bruits. J’espère qu’ils ne
m’ont pas fait interférer avec le matériau. Y avait-il plus de bruit que
d’habitude ? »
Jane a une ouïe excellente, et si sa transe n’était pas aussi profonde que
d’ordinaire, pour quelque raison que ce soit, même des sons normaux
peuvent l’avoir dérangée. Je lui dis que les informations de Seth sont aussi
pénétrantes que d’habitude. Je lui rappelle également que la maison est en
fait plus calme que d’ordinaire. Une neige humide s’est mise à tomber
après le dîner et nous avons fermé nos fenêtres, nous coupant du bruit de la
circulation automobile.
La remarque de Seth à propos des sons intérieurs est très intéressante,
au vu d’un évènement qui s’est déroulé environ dix minutes avant le début
de la session. Alors que nous nous y préparions dans notre salon, Jane s’est
rendu compte d’un léger bourdonnement — un son que je ne pouvais pas
entendre. Elle s’est exclamée à plusieurs reprises à propos de ce bruit ;
puis, après avoir cherché, nous en avons localisé la source près du plafond,
dans un angle éloigné : un petit insecte se déplaçait parmi les feuilles de
notre philodendron. Grâce à des tuteurs placés en haut d’une étagère, nous
incitons nos plantes à monter jusqu’au plafond. Cette structure permet de
faire écran entre l’entrée et le salon.
« Bon !, je pense que ce sera une courte session, dit Jane en riant. Je me
sens prête à bouger — comme pour aller marcher dans la neige ou quelque
chose de ce genre… » Mais la session va se révéler ne pas être courte du
tout. En lien avec l’exercice pratique que Seth nous donne ci-dessous, ainsi
que les deux paragraphes qui le suivent, j’aimerais que le lecteur se reporte
aux chapitres 7 et 8 du livre de Jane, Adventures in Consciousness. Elle y
parle du développement de sa langue « sumari ».
Reprise à 22 h 43.)
EXERCICE PRATIQUE 18
[6] Lire à l’envers est une chose que j’ai pratiquée en dilettante pendant de
nombreuses années. Je ne pense pas que cela ait inspiré ici le propos de
Seth, bien que mes motivations inconscientes m’ayant poussé à le faire
aient pu coïncider avec ce qu’il dit. J’ai développé cette habitude quand
j’étais adolescent : je lisais à voix haute et à l’envers les panneaux de
signalisation et les plaques minéralogiques quand mon père nous
emmenait, ma mère, mes deux frères et moi, nous promener le dimanche
dans sa Chevrolet 1932. Je trouvais cela très amusant. Je m’entraînais
aussi à lire les textes en les tenant à l’envers — une activité tout aussi
fascinante. Des années plus tard, en travaillant quotidiennement avec
d’autres gens, il m’est arrivé de parler à l’envers pour plaisanter (alec
emmoc). La chose intéressante ici, c’est qu’au bout d’un certain temps,
mes collègues non seulement comprenaient ce que je disais, mais se
sont mis à faire de même.
[7] Bien sûr, Seth a dit tout cela de diverses façons auparavant, depuis qu’il
a commencé à se manifester à travers Jane il y a bientôt onze ans
— pourtant, selon moi, les quatre paragraphes qu’il vient juste de
transmettre contiennent une partie du matériau le plus important de La
Réalité « inconnue ». Cela étaye certainement toutes les informations
qu’il a fournies sur le rêve, dans le tome I.
[8] Le matériau de Seth ici peut s’appliquer aux « études de cas » que Jane
décrit dans les chapitres 15 et 16 d’Adventures.
[9] La première fois que Jane s’est exprimée en sumari, c’était pendant son
cours de perception extrasensorielle, le 23 novembre 1971. Seth a
ensuite consacré à ce développement une partie des cinq sessions
suivantes. Extrait de la session 600, du 13 décembre : « Dans un
alphabet, chaque lettre représente des symboles indicibles qui lui sont
sous-jacents. […] Le son à lui seul, même sans mots reconnaissables,
est porteur d’une signification. Curieusement, le sens donné du mot est
parfois en conflit avec le sens psychique et physique des sons qui le
composent. […] Le mot [sumari] “shambalina” connote les visages
changeants que le moi intérieur adopte à travers ses diverses
expériences. Maintenant, c’est un mot qui fait allusion à des relations
pour lesquelles vous n’avez aucun mot. » Extrait de la session 602, du 5
janvier 1972 : « Dans votre langue, il y a des mots dont la sonorité
correspond à la réalité qu’ils essayent de représenter. On les appelle
“onomatopées”. “Chut” en est un exemple. »
[3] Voir la session 721 dans le tome II de La Réalité « inconnue », ainsi que
la note 11 de l’appendice 22 dans ce tome III.
[5] Jane a recours à une analogie musicale imaginaire pour décrire son
expérience avec les « écouteurs mentaux » dans son rêve — mais voici
deux évènements psychiques qu’elle a vécus et qui peuvent aussi servir
d’analogies, dans la vie réelle cette fois.
[6] Une note ajoutée quelques jours plus tard. Dans la forme corrigée
publiée dans Politics, Jane aborde très tôt son matériau sur les « moi-
contreparties à quatre faces ». Voir le chapitre 12 de ce livre-là.
[7] Comme je pense que ces citations de la session 14 contiennent certaines
des informations les plus fondamentales de Seth, je les ai également
présentées dans mes notes préliminaires du tome I. Le lecteur pourra
trouver un matériau complémentaire, tiré de cette même session 14,
dans l’appendice 13 du tome II ; voir aussi sa note 4.
(La session régulière, programmée pour lundi dernier, n’a pas eu lieu
pour que nous puissions nous reposer.
Ce soir, Jane est tellement détendue[1] que je ne m’attends pas à ce
qu’elle tienne une session. Mais, à 20 h 45, elle veut essayer — en
particulier parce que nous n’avons rien fait lundi. « Il se peut qu’elle soit
courte, dit-elle. Peut-être que Seth parlera de choses nous concernant, à la
place de la dictée — du matériau sur ton père [que j’ai reçu dimanche
soir], ou de ce que tu as obtenu sur ta mère, cet après-midi. Ou bien parler
de ce que j’ai moi-même reçu à propos de ta mère, l’autre jour, ou de ce que
j’ai écrit sur les brins de conscience pour Psychic Politics. »
Jane a développé son matériau sur les brins de conscience[2] à la suite
de mon expérience impliquant mon père, pendant que je me trouvais dans
un état modifié de conscience. Cet épisode-là m’avait passablement troublé,
mais ce qu’en dit Jane dans Politics, ainsi que quelques commentaires de
Seth durant le cours de perception extrasensorielle d’hier soir, m’aident à
reconsidérer cet épisode sous une lumière plus objective.
Mes aventures psychiques et celles de Jane se sont nettement accélérées
ces derniers temps. En fait, nous avons du mal à suivre le rythme de nos
expériences et peu de temps pour les étudier. Je suis sûr d’une chose : je
suis en contact avec mes parents défunts, selon des modes relationnels qui
ne sont certainement pas ceux que j’avais établis avec eux quand ils étaient
des créatures physiques. Et la réciproque est également vraie. Utiliser ces
aptitudes intérieures — ou au moins en avoir conscience — pourrait
sûrement grandement améliorer la communication entre les membres d’une
famille « vivante ».
21 h 17.)
Maintenant. Une petite dictée tranquille. (Mais le rythme de Jane est
assez rapide.
« D’accord. »)
Ce livre traite de la nature de la réalité inconnue, et des moyens par
lesquels elle peut devenir connue.
Dans cette partie du livre, j’ai donc exposé les grandes lignes de divers
exercices et expériences pour le lecteur. Ceux-ci vous amèneront
certainement à former vos propres versions des exercices proposés, ou
ouvriront vos esprits de telle sorte que spontanément, à votre façon, vous
deveniez conscients d’évènements qui vous étaient littéralement invisibles
auparavant.
Vous trouverez peut-être, à la lumière de vos nouvelles expériences, que
certaines de vos conceptions les plus chères correspondent à une
mécompréhension. Puisque les explorations sont éminemment personnelles,
vous allez très probablement les commencer à partir du cadre de vos
croyances actuelles. Des symboles seront peut-être utilisés et ils peuvent
changer de sens pour vous, à mesure que vous progresserez. Les symboles
peuvent donc évoluer. Au début de ce travail, j’ai « averti » le lecteur qu’ici,
dans ces sessions, nous irions au-delà des idées d’un dieu unique et d’un
moi unique[3]. J’ai déclaré que vos idées de la personnalité seraient élargies.
À mesure que La Réalité « inconnue » est rédigée, Ruburt et Joseph font
leurs propres expériences et découvrent la nature de la réalité inconnue,
telle qu’elle s’applique à eux.
Joseph a récemment vécu une expérience qui l’a dérangé, simplement
parce qu’elle était difficile à interpréter, même à la lumière de sa
compréhension de la nature du moi. Vous ne pouvez pas explorer la nature
de la réalité en espérant découvrir ses aspects inconnus si vous insistez pour
que ces aspects-là correspondent à ceux que vous connaissez. Ainsi, Joseph
s’est accordé une certaine liberté — et a été ensuite presque scandalisé par
les résultats.
Son expérience semblait impliquer que l’identité de son père était si
mobile, recelait tant de possibilités de développement, que l’idée même
d’une identité paraissait perdre ses limites[4].
Tout d’abord, en vos termes, une « pure » identité n’a pas de forme.
Vous parlez d’un moi unique à l’intérieur d’un corps unique parce que seule
une partie de vous-même vous est familière. Vous supposez que toute
personnalité doit d’une façon ou d’une autre avoir un équivalent de forme
humaine, spirituelle ou autre, où « habiter ».
(21 h 34.) L’identité elle-même se compose de pure énergie. Elle
n’occupe aucun espace. Elle ne se situe dans aucun temps. J’ai dit qu’il y a
des particules invisibles qui peuvent apparaître simultanément en plus d’un
endroit[5]. Il en va de même pour l’identité. Les atomes et les molécules
construisent des blocs de matière, en vos termes, alors même que ces
atomes et ces molécules restent séparés. La table qui est entre Joseph et moi
(en transe, Jane est assise, les pieds posés sur notre longue et étroite table
basse) ne se sent pas envahie par les particules invisibles qui la composent.
Car en la matière (d’un air amusé), si vous voulez bien me pardonner pour
ce vieux jeu de mots, les atomes et les molécules qui formaient la table d’il
y a cinq ans n’ont rien à voir avec ceux de la table actuelle — même si la
table d’alors paraît identique à celle d’aujourd’hui.
(Une pause.) De la même façon, des entités tout à fait distinctes peuvent
se mêler à d’autres dans un ensemble dynamique d’échanges mutuels où
l’intention globale est aussi claire que la forme de la table. Dans une
certaine mesure, Joseph a perçu ce type d’organisation psychique intérieure.
En vos termes, la Terre, à tout moment, représente la coopération
physique, spirituelle et psychique la plus exquise, où toutes les consciences
sont reliées et contribuent à la réalité de l’ensemble. Au niveau physique,
cela est assez bien compris.
Accordez-nous un instant… (Puis, lentement.) Ceci est difficile à
expliquer à des niveaux spirituels et psychiques, sans parler en termes de
gradations d’identité par exemple, mais, en vos termes, même la plus petite
« particule » d’identité est inviolée. Elle peut grandir, se développer ou
s’étendre, changer d’alliances ou d’organisations, et elle se combine avec
d’autres comme le font les cellules. (Une longue pause.) Votre corps n’a pas
l’impression que vous l’envahissez. Votre conscience et la sienne se
mêlent ; pourtant, sa conscience est constituée de la multitude de
consciences individuelles que forment en son sein les particules physiques
les plus infimes. Ces particules vont et viennent, et votre corps reste
cependant lui-même. Ce qui était physiquement une partie de vous l’an
dernier ne l’est pas aujourd’hui. Physiquement, vous êtes une personne
différente. Pour dire les choses simplement, la substance du corps retourne
constamment à la terre[II], où elle se forme à nouveau dans une actualisation
physique — mais toujours différemment.
(Une longue pause, les yeux clos. L’élocution de Jane s’est
considérablement ralentie.) Un peu de la même façon, votre identité change
constamment, alors même que vous conservez votre sentiment de
permanence. Ce sentiment de permanence enjambe les changements sans
fin — il dépend en réalité de ces changements physiques, spirituels et
psychiques. En vos termes, par exemple, s’ils n’avaient pas lieu
constamment, votre corps mourrait. Les cellules, à nouveau, ne sont pas
simplement de minuscules particules agiles et invisibles auxquelles il arrive
de constituer vos organes. Elles possèdent également leurs propres
consciences. Cette [sorte de] conscience unit toute la matière physique.
Il existe en effet une communication qui relie toute la nature, un réseau
intérieur actif, si bien que chaque partie de la Terre connaît ce que font les
autres parties. Les cellules sont des organisations qui changent
constamment, se composent et se décomposent.
(22 h 00.)
Accordez-nous un instant… Les cellules composent des formes
naturelles. Une identité n’est pas une chose d’une certaine taille ou d’une
certaine forme devant toujours apparaître d’une seule et même façon. C’est
une unité de conscience qui est toujours elle-même et inviolée, tout en étant
libre de former d’autres organisations, d’entrer dans d’autres combinaisons
où toutes les autres unités décident elles aussi de jouer un rôle. De même
que les objets physiques peuvent avoir des formes différentes, l’identité
peut adopter elle aussi des formes différentes — et, fondamentalement, ces
formes-là sont beaucoup plus riches et diverses que la variété des objets
physiques.
(Une longue pause.) Vous parlez des chromosomes. Vos scientifiques
écrivent sur l’hérédité, enfouie et codée dans les gènes[6], ces feuilles de
route pour une identité non encore formée. Mais il y a des feuilles de route
psychiques[7], pour ainsi dire, où chaque identité connaît son « histoire » ;
et, adoptant une ligne donnée de développement, elle projette cette histoire.
Le potentiel d’une telle identité est toutefois beaucoup plus grand que ce
qui pourra jamais être exprimé par quelque type unilinéaire physique de
développement que ce soit. (Dit avec force.)
Les identités envoient donc des « brins de conscience » dans autant de
réalités que possible ; ainsi, toutes les versions d’une identité donnée ont le
potentiel de se développer d’autant de façons possibles.
Vous, tel que vous pensez être, pouvez avoir du mal à suivre ce genre de
concepts, tout comme vous auriez du mal à essayer de suivre la réalité
« future » des cellules qui sont en ce moment à l’intérieur de votre corps.
(Une longue pause.) Vous devez comprendre qu’en termes plus vastes, il
n’y a ni grand ni petit. Il n’y a pas une identité géante et une identité
pygmée. Chaque identité est inviolée. Chacune s’unit aussi avec d’autres
tout en maintenant son individualité et en développant son propre potentiel.
Une montagne existe. Elle est composée de rochers, d’arbres, d’herbe et
de collines et, en vos termes temporels, vous pouvez la regarder, la voir en
tant que telle, lui donner un nom et ignorer ses parties qui sont aussi
indépendantes. Sans ces parties-là, la montagne n’existerait pas. Elle n’est
pas envahie par les arbres ou les rochers qui la composent et, bien que les
arbres grandissent et meurent, la montagne elle-même, du moins en vos
termes de temps, existe en dépit des changements. Elle est aussi
dépendante des changements. Pour ainsi dire, vos propres identités, telles
que vous les concevez, dépendent des mêmes types d’organisations vivantes
de conscience.
(22 h 21.) Examinons cela différemment. Les gens qui lisent de la
littérature soi-disant « occulte » peuvent considérer que je suis « une vieille
âme », comme une montagne. Selon un mode grandiose et ancien, au-
dessus d’autres âmes plus modestes et « locales », j’ai ma propre identité.
Toutefois, cette identité-là est composée d’autres identités, chacune
indépendante, comme la montagne est composée de ses rochers et ne
pourrait pas exister sans eux, quand bien même elle se dresse si
majestueusement au-dessus de la plaine. Ma compréhension repose sur ce
que je suis, tout comme la hauteur de la montagne repose sur ce qu’elle est.
Je ne me sens pas envahi par les moi ou identités qui me composent, et
ceux-ci ne se sentent pas envahis par moi — pas plus que les arbres, les
rochers et l’herbe ne sont contrariés par la forme (avec insistance) de la
montagne sur laquelle ils ont poussé.
Le sommet de la montagne peut « voir davantage » ; sa perspective
embrasse la campagne tout entière. Ainsi, je peux étudier votre réalité,
comme le sommet de la montagne peut regarder en bas vers la plaine et le
village. Le sommet de la montagne et le village sont l’un et l’autre tout
aussi légitimes.
Examinons à nouveau cela d’une autre façon.
Votre esprit pensant, tel que vous le considérez, est le sommet de votre
montagne. En certains termes, vous pouvez voir « davantage » que ne le
peuvent vos cellules, même si celles-ci sont aussi conscientes de leurs
réalités. N’eussent été leurs vies, vous ne seriez pas au sommet de votre
montagne psychologique. Même les arbres situés tout en haut d’un coteau
plongent de vigoureuses racines dans le sol et reçoivent de lui nutriment et
vitalité — et il y a un intense échange mutuel entre l’arbre le plus jeune et
le plus frêle sur les contreforts et le pin le plus vieux. Aucun brin d’herbe ne
meurt sans que cela n’affecte la montagne tout entière. L’énergie à
l’intérieur de l’herbe s’infiltre dans la terre et, en vos termes, renaît à
nouveau. Les arbres, les rochers et l’herbe échangent constamment leurs
places quand l’énergie change de forme. (Dit avec beaucoup de force,
penchée en avant, les yeux grands ouverts et sombres.)
L’eau dévale le flanc de la montagne jusque dans la vallée, et il y a un
constant échange mutuel entre le village en dessous, disons, ou les prairies
et la montagne. Il y a donc le même type de transformation, de changement
et de coopération entre toutes les identités. Vous pouvez tracer des limites
où vous voulez par souci de commodité, mais chaque identité garde son
individualité et sa nature inviolée, même si elle change constamment.
Faites votre pause.
(22 h 37. La transe de Jane est excellente, et son élocution rapide la
plupart du temps. « Dire que je ne savais même pas si je pourrais avoir une
session, me rappelle-t-elle. J’ai reçu la plus grande partie du matériau de
la montagne en images pendant que je le transmettais. Je pense que c’est
un concept important et une belle analogie. Tout cela découle de ton
expérience avec ton père — l’épisode Miriam.
« À l’instant même, je pense être en train de recevoir le fait que, sur
Terre, tout est relié — que notre conscience est dans une fourmi, ou un
rocher[8] ou un arbre, mais que nous n’avons pas l’habitude de penser de
cette façon-là. Non pas qu’une chose soit supérieure à une autre — nous
sommes simplement tous reliés et il y a une sorte d’étrange familiarité, aux
niveaux biologique et psychique, que nous n’avons jamais perçue
consciemment… Ce que je capte, c’est que ton père pourrait faire n’importe
laquelle des choses que tu as écrites [dans la note 4], sans envahir
quiconque ou quoi que ce soit. C’est seulement notre concept de la
personnalité et de l’âme qui fait paraître cela terrible, jusqu’à ce qu’on
s’habitue à ces idées-là…
« Eh bien !, poursuit-elle avec enthousiasme, je suis heureuse d’avoir
décidé de tenir une session. » Reprise de la même manière, à 23 h 05.)
Maintenant. Les arbres portent des graines. Certaines tombent alentour.
D’autres sont emportées par le vent à une certaine distance, jusqu’à des
zones que l’arbre lui-même, malgré sa hauteur, ne pouvait pas percevoir.
L’arbre ne se sent pas amoindri parce qu’il produit ces graines. Les
identités sèment ainsi des graines d’elles-mêmes, pratiquement de la même
façon. Ces dernières peuvent grandir dans des environnements très
différents. Leurs réalités ne menacent en aucune manière l’identité du
« parent ». Les identités ont le libre choix, alors elles choisissent leur
environnement ou lieu de naissance.
(Une longue pause.) Puisqu’un arbre est physique, des propriétés
physiques vont entrer en jeu, et les graines vont mûrir suivant certains
principes généraux, ou certaines caractéristiques. Les atomes et les
molécules formeront parfois des arbres. Ils deviendront parfois les montants
d’un canapé. Ils formeront des personnes, des fourmis ou des brins
d’herbe ; dans chacune de ces aventures, ils conserveront toutefois leur
propre sens d’identité. Ils se combinent pour former des cellules et des
organes et, à travers tous ces évènements, ils acquièrent différents types
d’expérience.
Physiquement parlant et en règle générale, votre corps est composé
d’herbes, de fourmis, de rochers, de bêtes et d’oiseaux, car, d’une façon ou
d’une autre, toute la matière biologique est reliée[9]. En certains termes, à
travers votre expérience, des oiseaux et des rochers prononcent des
alphabets — et certaines parties de votre être volent ou rampent comme
des oiseaux ou des insectes[10], formant ainsi le grand ensemble dynamique
de l’expérience physique. Il est à la mode de dire : « Vous êtes ce que vous
mangez » ; et aussi par exemple : « Vous ne devez pas manger de viande
parce que vous tuez des animaux et c’est mal ». Mais en termes plus
profonds, physiquement et biologiquement, les animaux sont nés du corps
de la terre qui est composée des cadavres d’hommes et de femmes, ainsi
que d’autres matières. Les animaux vous consomment donc, aussi souvent
que vous les consommez, et ils sont autant une partie de votre humanité que
vous êtes une partie de leur nature soi-disant animale.
(Une longue pause à 23 h 21. Puis Jane, parlant pour Seth, transmet le
matériau suivant d’une façon très emphatique. Il est évident qu’elle est
dans une transe profonde.)
L’échange mutuel constant, qui existe biologiquement, signifie que la
même substance physique qui compose un homme ou une femme peut être
dispersée et former par la suite un crapaud, une étoile de mer, un chien ou
une fleur. Elle peut se répartir en d’innombrables formes différentes. Cette
arithmétique[11] de la conscience n’est pas réduite à néant. Elle est
multipliée et non pas divisée. À l’intérieur de chaque forme, il y a la
réminiscence de la conscience de toutes les autres combinaisons, de toutes
les autres alliances, tandis que l’identité forme continuellement de
nouvelles activités créatrices et de nouveaux ensembles relationnels
dynamiques. Il n’y a pas de discrimination, pas de préjugé.
Quand vous mangez, vous devez éliminer à travers vos intestins. La
matière qui en résulte retourne finalement à la terre, où elle aide à former
d’autres choses vivantes. La matière « morte » — les restes d’un oiseau, les
cellules dont il s’est débarrassé — ces éléments ne sont pas utilisés ensuite
par d’autres oiseaux (bien que cela puisse parfois être le cas), mais par des
hommes et des femmes. Il n’existe aucune règle disant que le matériau
cellulaire que vous rejetez ne peut être utilisé que par votre propre espèce.
Pourtant, en vos termes, toute identité, si « minuscule » soit-elle, se
conserve et se maintient à travers de nombreuses formes et alliances
organisationnelles.
Ces brins de conscience relient l’ensemble de votre monde. Votre propre
identité diffuse constamment des brins d’elle-même. Ceux-ci se mêlent
psychiquement à d’autres brins, comme le font physiquement les atomes et
les molécules. Il y a donc différentes organisations d’identité dans
lesquelles vous jouez un rôle.
C’est ainsi que Ruburt est lié à moi. Il est aussi relié de la même façon à
chaque fourmi se trouvant dans le jardin. Pourtant, je conserve mon
identité, la fourmi conserve son identité, et Ruburt conserve la sienne[12].
Mais aucun ne pourrait exister sans les deux autres — car, en termes plus
vastes, la réalité de chacun des trois présuppose l’existence des autres.
(23 h 35.) Accordez-nous un instant… Pas de dictée. Tout ceci doit vous
aider à comprendre votre propre expérience concernant votre père — et la
dernière avec votre mère ; ainsi, d’ailleurs, que celle de Ruburt avec votre
mère, car elle [Stella Butts] émettait des brins de conscience dans les
directions qui l’intéressaient.
(Après avoir donné une demi-page de matériau pour Jane, Seth conclut
la session par la remarque suivante.)
Ses étudiants [de Ruburt] sont importants, car quand il traduit à partir
de la bibliothèque, ils traduisent également.
Fin de la session. Un chaleureux bonsoir.
(« Merci, Seth. Bonsoir. »
Fin à 23 h 45. « Il a dit cela, sourit Jane, parce que je dois manger
quelque chose. Je suis affamée. »
La référence de Seth aux membres de la classe de perception
extrasensorielle concerne le rôle que beaucoup d’entre eux commencent à
jouer en nous aidant à répondre au courrier. Avec trois livres de Seth déjà
parus, le nombre de lettres que Jane reçoit chaque semaine a
considérablement augmenté, et va évidemment continuer de croître. Il y a
deux mois, elle a pensé à demander aux étudiants intéressés de répondre à
certaines lettres et cela fonctionne très bien. C’est le genre de choses qui
semblent évidentes une fois qu’on en a l’idée.
Il y a aussi un avantage assez inattendu : non seulement nous
répondons au courrier beaucoup plus rapidement, mais les étudiants qui le
font acquièrent de l’expérience dans la façon de traiter des questions
intellectuelles et émotionnelles posées par des personnes qu’ils n’ont
jamais rencontrées. Cela a créé pour chacun d’eux une série de défis très
bénéfiques[13].)
[1] Bien que peu profonde ce soir, la relaxation de Jane a des effets
semblables à ceux qu’elle a décrits dans la note 6 de l’appendice 19.
[3] Seth fait ici référence à son matériau de la session 687 du volume I.
Après 23 h 07, il avait dit : « Je dis que le moi individuel doit se rendre
consciemment compte de beaucoup plus de réalité ; qu’il doit permettre
à sa reconnaissance d’identité de s’étendre de manière à inclure une
connaissance auparavant inconsciente. Pour faire cela, vous devez
comprendre, encore une fois, que l’homme doit dépasser les concepts de
dieu unique, de moi unique, de corps unique, de monde unique, telles
que ces idées-là sont comprises actuellement. »
[4] Dans cette session 725, Seth mentionne deux de mes récentes
expériences intérieures et une de Jane. Toutes trois ont à voir avec les
brins de conscience, même si dans cette note je vais mettre l’accent
uniquement sur l’expérience très troublante que j’ai eue concernant
mon père, au cours de la nuit de dimanche dernier, le 11 décembre.
« Cette différence existe pour que vous jouiez avec ! Pour jouer avec
quand vous effrayez l’univers qui en retour vous effraie. Pensez — mon
cher ami — aux positions des neurones comme à un très fin réseau à
l’intérieur de votre crâne. S’ils veulent vous trouver, où regardent-ils ?
Où trouvent-ils votre identité comme étant séparée de la leur ? Où
tracent-ils les limites d’une identité ? Et où s’arrêtent leurs « pensées »
qui les empêchent de suivre, alors que, pourtant, ils suivent ?
[5] Seth entend bien sûr par là ses UC, ou unités fondamentales de
conscience, dont il a parlé dans les sessions 682, 683 et 684 du tome I.
Voir la session 682 après 21 h 47 : « Ces unités peuvent d’ailleurs
apparaître en plusieurs endroits en même temps… »
[6] Dans le tome I, voir les définitions des chromosomes et des gènes, dans
la note 9 de la session 682.
[7] Seth a évoqué pour la première fois les feuilles de route pour une
réalité, dans la session 696 du tome I : « Chaque système de
probabilités a son propre jeu de “feuilles de route”, définissant
clairement ses libertés et ses limites, et mettant en avant les structures
les plus favorables, aptes à l’épanouissement. (…) En tant qu’individu,
vous êtes porteur de ce type de feuille de route. (…) L’information est
tricotée dans les gènes et les chromosomes, mais elle existe à part. (…)
De la même manière, l’espèce en masse détient au sein de son vaste
esprit intérieur de tels plans de travail ou feuilles de route. »
[8] C’est étrange, mais je me suis récemment approché visuellement de
l’idée de consciences interreliées, dans deux de mes dessins à la plume
destinés au livre de poésie de Jane, Dialogues : j’ai incorporé des traits
humanoïdes à de grands rochers. Demeurant dans leur monde naturel
au grand air, ces entités sont sujettes aux changements même les plus
infimes dans leurs conditions atmosphériques objectives. Mais il en va
de même pour nous — et peut-être rochers et humains répondent-ils
également à un climat psychologique qui nous unit ?
Une note ajoutée dix mois plus tard. Les dessins de rochers auxquels
j’ai fait référence sont reproduits aux pages 80 et 115 de Dialogues.
[9] Voir la note 3 de la session 687 dans le volume I. Dans cette note-là,
« Illumination », le poème de Jane, est particulièrement approprié au
matériau de Seth donné ici.
[11] En 1959, environ quatre ans et demi avant le début des sessions, Jane
a écrit un petit poème sur l’arithmétique de son être. Elle avait 30 ans.
[13] Note ajoutée quelques semaines plus tard. L’idée adoptée avec tant
d’enthousiasme par la plupart des membres de la classe n’a en
définitive pas fonctionné. Jane et moi avons fini par nous rendre compte
que les étudiants se lassaient eux aussi d’écrire des lettres, semaine
après semaine, même sur des sujets qui les intéressaient. « Cela fait trop
de travail », ont admis à regret plusieurs d’entre eux. Car le flot de
lettres est constant. Nous avons aussi découvert que certaines des
personnes qui écrivaient à Jane n’appréciaient pas de recevoir une
réponse venant de quelqu’un d’autre. Le résultat de l’expérience a été
qu’une fois de plus nous avons été renvoyés à nous-mêmes et à nos
propres ressources. Nous faisons ce que nous pouvons. Nos dernières
tentatives pour gérer le courrier sont décrites à la fin de mes notes
préliminaires dans le tome I. La lettre la plus récente de Seth
s’adressant à nos correspondants y est aussi présentée en guise de
conclusion.
SESSION 726
[1] La déclaration de Seth ici rappelle une partie de son matériau sur les
points-instants. Voir la note 11 de l’appendice 12, dans le tome II.
[3] Pour un matériau et des références sur ma vie en tant que Nebene au
cours du premier siècle de notre ère, voir dans le tome II la session 721
ainsi que ses notes 9 et 12. La remarque de Seth ici, selon laquelle
« Ruburt était en fait une prêtresse “prostituée” », concerne un
matériau non publié que nous prévoyons d’étudier un jour plus en
détail.
[5] Dans le tome I, Seth décrivait le rôle qu’a joué une Stella Butts non
physique dans nos activités de recherche de maison à Sayre, en
Pennsylvanie, le mois d’avril dernier : voir la session 693 avec ses
notes.
[6] De son point de vue, ma mère a été en fait assez déçue quand j’ai
tourné le dos à une carrière bien rémunérée de créateur publicitaire
pour m’orienter vers une activité très risquée de peintre et de
« véritable artiste ». C’était en 1953 et je venais juste de rencontrer
Jane. Ma mère avait 61 ans, j’en avais 34 et Jane 24. Voir les quelques
détails complémentaires dans la note 10 de la session 679 dans le
volume I.
Réincarnation et contreparties :
le « passé » vu à travers les mosaïques de conscience
SESSION 727
[1] Pour ce que dit Seth à propos du fœtus — ses attributs astraux et
réincarnationnels, son énergie, sa croissance, ses perceptions depuis
l’intérieur de la matrice —, voir les citations tirées des sessions 503 et
504 dans l’appendice du Matériau de Seth. Ces sessions datent de
septembre 1969.
À 22 h 48, dans la session 705 du volume II, voir les remarques de Seth
à propos de l’introduction de « nouvelles » informations génétiques
dans une cellule endommagée ; un principe d’inversion du temps entre
en jeu.
[6] Près de six mille langues et dialectes sont actuellement utilisés à travers
le monde.
« Les sens intérieurs de l’arbre ont une forte affinité avec les propriétés
de la Terre elle-même. Ils sentent leur croissance, comme vous écoutez
battre votre cœur. […] Ils font aussi l’expérience de la douleur qui, bien
que précise, déplaisante et parfois atroce, n’est pas d’une nature
émotionnelle, telle que, vous, vous pouvez ressentir la douleur. C’est
comme si votre respiration s’interrompait soudain.
« Un arbre connaît aussi les êtres humains… par les vibrations qu’il y a
dans l’air quand ils passent et qu’elles heurtent son tronc, depuis des
distances plus ou moins longues, et même par des choses telles que les
voix. L’arbre ne construit pas une image d’un homme, mais une
sensation composite qui représente un individu. Et le même arbre
reconnaîtra la même personne qui passe chaque jour à côté de lui. »
Seth a en quelque sorte poursuivi ses réflexions sur les arbres cinq ans
plus tard environ, dans la session 453 du 4 décembre 1968. Jane a
présenté l’intégralité de cette session assez brève dans l’appendice du
Matériau de Seth, mais j’aimerais ici en citer quelques lignes : « Dans
votre façon de penser, certaines vies sont vécues en un clin d’œil [dans
divers systèmes] et d’autres durent pendant des siècles. La perception
d’une conscience n’est toutefois pas limitée. Je vous ai dit, par exemple,
que les arbres avaient leur propre conscience. La conscience d’un arbre
n’est pas aussi spécifiquement focalisée que la vôtre, pourtant, l’arbre
est pratiquement conscient des cinquante années qui ont précédé son
existence et des cinquante à venir. Son sens de l’identité va
spontanément au-delà de son changement de forme. N’ayant pas d’ego,
il n’a pas à couper court à l’identification du “je”. Les créatures qui
n’ont pas le compartiment de l’ego peuvent facilement suivre leur
propre identité par-delà tout changement de forme. »
[8] Voir entre autres, dans le tome II, la première transmission de Seth lors
de la session 712, avec ses notes 1, 2 et 4.
[9] La remarque de Seth selon laquelle « fort peu de choses sont dites
concernant les vies futures » est très pertinente. Pour ce qui est des vies
futures, nous nous sentons assez seuls, Jane et moi : les autres
n’abordent pas cette question avec nous. J’essaye depuis peu de me
mettre de temps à autre à l’écoute d’une existence « future » pour
pouvoir faire quelques dessins et écrire quelques textes sur le sujet,
mais je n’ai établi aucun contact significatif jusqu’à présent.
Je m’y suis pas mal intéressé, vu les succès récents, mais très limités,
que j’ai obtenus en prenant conscience de plusieurs implications
personnelles « passées » : les deux soldats romains sans nom, et la
femme nommée Maumee. L’idée d’essayer d’atteindre un moi futur est
pourtant présente dans mon esprit depuis environ trois ans et demi,
depuis que j’ai rencontré pour la première fois Nebene, cette
personnalité masculine qui habite une niche lointaine de mon passé
psychique.
Dans l’appendice 21 du tome II, il est fait mention de l’un des soldats
romains ainsi que de Maumee et de Nebene : voir les extraits de la
session privée du 18 novembre 1974, ainsi que la note 1. Voir ensuite
les commentaires que Seth a faits le lendemain soir, lors du cours de
perception extrasensorielle : « Il y a bien sûr des souvenirs du futur
comme il y en a du passé. […] Comme le dit souvent Joseph : “Quand
vous pensez à la réincarnation, vous le faites en termes de vies passées.”
Vous avez peur de prendre en considération des vies futures parce
qu’alors, vous avez à faire face à la mort qu’il vous faut d’abord
rencontrer, en vos termes. Et donc, vous ne pensez jamais ni aux moi
futurs, ni à la façon dont le fait de les connaître pourrait vous être
profitable… »
SESSION 728
[1] Dans la session 13 du 6 janvier 1964, Seth nous disait : « À une date
ultérieure, j’essayerai de traiter de la question du temps. Chacune de ces
discussions est par nécessité d’une nature simple et sans complications.
Si je parle par analogies et images, c’est parce que je dois me relier au
monde qui vous est familier. » Et bien sûr, Seth a depuis lors pris le
temps de parler du temps. Dans le volume I de La Réalité « inconnue »,
voir par exemple ce qu’il a transmis au début de la session 688 :
« Même à l’intérieur du temps tel que vous le comprenez, ces UC [ou
unités de conscience] peuvent donc opérer de façons extrêmement
difficiles à expliquer. Le temps ne va pas seulement en avant et en
arrière, mais vers l’intérieur et vers l’extérieur. »
[4] Dans la session 683 du volume I, voir les analogies de la fleur, du bulbe
et du temps, données après 22 h 37.
(Je peux ajouter par la suite que c’est la seule session de toute La
Réalité « inconnue » à laquelle quelqu’un d’autre que moi a assisté. Notre
visiteur est un jeune homme que j’appellerai William Petrosky. Vivant à
New York, il suit les cours de perception extrasensorielle de Jane, et se
trouvait à Elmira la veille pour ses propres affaires.
Pour des raisons assez évidentes en ce qui nous concerne, Jane et moi
préférons que Seth donne en privé ses sessions consacrées au livre, même si
lui-même est moins strict que nous sur ce point. Mais comme l’a dit Jane,
les choses sont psychiquement « plus calmes » quand nous sommes juste
tous les deux. En transe ou hors transe, elle peut se concentrer sur le travail
en cours, sans la présence d’un tiers — qui émet forcément ses propres
caractéristiques psychiques. Il importe peu d’ailleurs que le témoin reste
silencieux ou non ; Jane capte de toute façon des éléments de cette
personnalité supplémentaire et elle y réagit.
Plus tôt, dans la soirée, Will a fait remarquer que, lors des sessions en
classe, Seth s’adressait rarement à lui par son nom.
21 h 16.)
Bonsoir —
(« Bonsoir, Seth », dis-je.)
— et bonsoir.
(Will : « Bonsoir, Seth. »
Se penchant en avant, d’un air amusé.) Je vous appellerai William et
vous ne pourrez pas dire que je n’ai pas utilisé votre nom.
(Will souriant : “D’accord.”
Une pause.) Dictée. Maintenant. Dès que vous vous collez vous-même
une étiquette, vous mettez en place des limitations, en dressant des
frontières et en définissant la réalité de votre psyché — généralement en
fonction de croyances très limitées.
Vous pensez que le moi doit commencer ou finir quelque part ; qu’il
doit y avoir une barrière autour de lui, un champ d’identité où vous pouvez
vous sentir en sécurité. J’ai dit à de nombreuses reprises qu’il n’y a pas de
limitations au moi. Vous semblez avoir peur que le moi se répande et se
perde dans un labyrinthe où toute identité est perdue. Pourtant, vous
reconnaissez que votre moi est une dimension beaucoup plus vaste que
vous ne le supposez d’habitude, alors vous parlez en termes de
réincarnation. Cela vous permet d’imaginer des royaumes d’identité plus
vastes tout en maintenant intacts vos concepts du moi. Vous pensez être un
moi après l’autre, chaque identité étant nettement séparée des autres par les
années qui passent, une mort incontestable et une naissance incontestable.
L’idée de contreparties[1] ébranle quelque peu ce vieux concept, mais
vous voulez encore des définitions pour le moi, de manière à savoir où vous
vous « tenez ». Vous êtes tellement obsédés par l’idée d’étiqueter que
beaucoup suivent aveuglément l’astrologie. Vous êtes né à un certain
moment, en un certain lieu, dans certaines conditions — mais c’est toujours
la conscience qui forme les conditions. Si elle est dans une certaine mesure
influencée par ces conditions, c’est parce que les effets s’ensuivent, tout
comme un peintre est influencé par le paysage qu’il a lui-même créé. Vous
décidez donc de naître, disons, un certain mois, quand les planètes sont
comme ceci et comme cela. Vous choisissez à l’avance la saison de votre
naissance.
En termes on ne peut plus simples, vous décidez de l’environnement.
Une violette vient à la vie dans le jardin, mais elle doit rester là. Toute sa
croissance dépend des conditions climatiques dans ce lieu particulier, même
si ces conditions elles-mêmes sont le résultat d’une activité planétaire
globale. Mais vous sortez du lieu et du temps de votre naissance, chose que
la fleur ne peut pas faire.
(21 h 29.) Maintenant. En termes plus vastes, des probabilités opèrent
dans une mesure que vous ne pouvez pas soupçonner. En premier lieu, tout
point de focalisation de la vie physique a pour cause une convergence de
probabilités. Notre session a pour témoin un étudiant, un jeune homme très
intelligent (dit avec humour). Il aide aussi Ruburt pour le courrier. En début
de soirée, il a écrit à une femme qui est née le même jour que Ruburt. Dans
notre dernière session, j’ai comparé une année à une corniche sur une
montagne. J’ai dit que les saisons arrivaient et s’en allaient, et que de
nombreux massifs de fleurs de printemps y poussaient pendant cette période
de temps. Alors, en ces termes-là, chaque année est comme une corniche.
Disons, à nouveau, qu’il s’agit de l’année 1940. Tous ceux qui naissent
à une date particulière de 1940 ne vont pas nécessairement naître « en
même temps ». Ce que vous considérez être l’année 1940 n’est qu’une
saison de cette corniche-là, juste celle que vous reconnaissez. Les fleurs
nées au printemps d’une année donnée « ne voient pas » les fleurs du
printemps suivant, ou celles du printemps précédent, et elles ne se
mélangent pas non plus avec elles. De la même manière, ceux nés en 1940
« à une certaine saison » ne se mélangent pas non plus, dans un contexte
plus large, avec tous ceux nés la même année.
Le mot « saison » ici peut être trompeur. Accordez-nous un instant…
Chaque année est comme une corniche, produisant d’innombrables
variations de la « flore » caractéristique qui y pousse. Chacune de ces
années séparées, disons, chacune de ces années 1940, ou 1920 ou 1950, suit
sa propre ligne de développement. Le temps se développe vers l’intérieur et
vers l’extérieur en ces termes-là — il ne se déploie pas simplement vers
l’avant.
À nouveau : votre réalité est comme une plate-forme brillante, une
surface reposant sur des probabilités. Vous suivez ces dernières de façon si
inconsciente et admirable, vous nagez parmi elles avec tant d’aisance, qu’il
ne vous vient pas à l’idée de vous interroger sur votre origine, ou le milieu
dans lequel votre expérience se déroule. Tous ceux qui partagent la même
date de naissance et qui partagent aussi le même lieu et le même temps,
n’ont pas cependant la même « destinée » ; plus encore, ils ne partagent pas
nécessairement les mêmes conditions. Ils sont tous influencés par leur
propre système de probabilités à la naissance, et ces conditions-là modifient
radicalement la nature de leur développement.
La pratique consistant à identifier précisément le moment de la
naissance physique à celui de la conception est elle-même une erreur. Il n’y
a pas un point à partir duquel vous pouvez dire en termes fondamentaux
(à souligner) qu’un individu est vivant[2], bien que vous puissiez trouver
plus pratique d’accepter certains points marquant la vie et la mort. Il est vrai
que vous émergez dans l’espace et le temps à un certain point, dans votre
perception. Votre conscience a toutefois été elle-même longtemps avant.
Dans un contexte encore plus large, difficile à suivre pour vous, je le
sais, le fils est le père de son père de façon tout aussi valide qu’il en est le
fils, et vice versa.
Une fois que vous libérez votre conscience de vos concepts limités
concernant le temps et le moi, vous pouvez commencer à explorer la réalité
inconnue qui est le moi non reconnu.
(D’une voix plus forte.) Maintenant, vous pouvez faire une pause — et
(à nouveau avec humour) je vais revenir, William.
(De 21 h 47 à 22 h 09.)
Maintenant. Dictée. Quand vous pensez à l’astrologie en termes
conventionnels, c’est comme si vous regardiez la couverture d’un livre,
sans vous rendre compte qu’il y a beaucoup de pages à l’intérieur.
La conscience, étant active à l’intérieur de toutes les structures
cellulaires, s’enclenche à l’avance, pour ainsi dire, afin de réagir à certaines
conditions et pas à d’autres. Beaucoup de gens naissent le même jour de la
même année, et en général vers les mêmes heures — mais,
individuellement, le déclenchement intérieur peut être très différent ;
même si les conditions globales à la naissance peuvent paraître plus ou
moins les mêmes, les réactions intérieures à leur égard varieront donc
largement.
Certaines personnes seront beaucoup plus sensibles et influencées par
d’autres probabilités — qui, par exemple, n’apparaissent pas du tout dans
les thèmes astraux conventionnels.
Ces cartes du ciel mettent l’accent sur une ligne de probabilités aux
dépens de toutes les autres. Les interprétations basées sur ces cartes auront
donc plus de sens pour ceux qui ont choisi les mêmes circonstances natales
probables — mais elles n’auront aucune valeur pour ceux qui sont nés en
même temps, en vos termes, mais qui suivent un ordre de probabilités
différent[3].
(22 h 17.) Maintenant, accordez-nous un instant… De même que les
cellules opèrent avec la connaissance des actions probables tout en
maintenant le corps physique dans le système que vous avez choisi, la
psyché, opérant de la même façon, « s’ensemence » elle-même dans de
nombreuses probabilités différentes. Dans ce cas spécifique, je parle
d’autres probabilités physiques — alternatives, en d’autres termes, du
monde tel que vous connaissez. Ceux qui vivent avec vous, vos
contemporains, n’appartiennent pas tous au même système probable. Vous
êtes, à cet égard, à un point de rencontre où des individus de nombreuses
réalités probables se rejoignent et se mélangent, momentanément d’accord
pour accepter certaines parties du même environnement espace-temps.
Comme, dans l’expérience, vous vous focalisez sur les similitudes et
minimisez les dissemblances, il arrive souvent que les divergences plus
prononcées[4], relatives à un soi-disant vécu, vous échappent complètement.
Vous supposez que c’est la mémoire qui est fautive si vous n’êtes pas
d’accord avec une autre personne à propos d’évènements qui se sont
produits à un certain moment et à un certain endroit — ceux d’un passé
historique récemment vécu, par exemple. Pour vous, il va de soi que les
interprétations des évènements changent, mais que certains évènements
bien définis se sont produits et ne sont plus modifiables. Mais les
évènements eux-mêmes sont loin d’être aussi concrets. Vous acceptez un
évènement probable. Quelqu’un d’autre peut faire au contraire l’expérience
d’une version de cet évènement, qui devient alors la réalité vécue par cet
individu.
Ces évènements peuvent en fait être assez différents, et les
interprétations séparées donnent des explications très valides de variations
séparées. En vos termes, un évènement peut se produire de nombreuses
façons différentes.
Tout cela est une belle théorie, ésotérique, mais guère pratique — à
moins que vous ne commenciez à remettre en cause la nature de vos propres
pensées et à explorer la réalité des évènements que vous semblez
rencontrer[5].
(22 h 25.) Accordez-nous un instant… (Une pause.) Revenons à nos
fleurs. Toute fleur sauvage sur notre corniche de montagne [voir la session
728] verra la vallée en bas depuis sa propre perspective et, autour d’elle,
l’environnement qui lui est familier. En règle générale, les autres fleurs nées
au même printemps mourront à peu près en même temps. L’année suivante,
les nouvelles fleurs verront un paysage légèrement différent, mais les
structures d’ensemble seront les mêmes. Des violettes grandiront là où il y
avait des violettes auparavant. Les maisons dans la vallée seront à la même
« place ». Si vous regardiez ce même paysage un été, puis l’été suivant,
vous diriez peut-être : « Ah !, les violettes poussent toujours là, et c’est bon
de voir du muguet à l’ombre du même rocher. » Vous vous rendriez sans
doute compte que les fleurs que vous cueillez ne sont pas les mêmes que
celles cueillies l’année précédente au même endroit, mais, de par la nature
même de votre focalisation, vous ne vous concentreriez sur ces différences
que si vous y étiez forcé. Sinon, vous penserez : « Les violettes sont les
violettes, et elles sont toujours ici au printemps. »
La grande différence inexplicable qui existe, en ce qui concerne les
fleurs, est quelque chose d’autre à nouveau — car à cette échelle-là, les
fleurs que vous cueillez sont totalement elles-mêmes dans leur propre
monde d’où, dans une certaine mesure, vous les avez prises.
Des différences inimaginables se présenteraient si ces petits bouquets
pouvaient voir leur environnement de l’année précédente, et toutes les
variations infimes que vous ignorez seraient gigantesques ; en fait,
suffisamment différentes pour qu’à leur niveau, les fleurs puissent penser
qu’il s’agit d’un type différent de réalité. Il y a ainsi des variations, et des
probabilités hautement signifiantes, qui opèrent même entre celles nées en
général le même mois de la même année — non seulement en termes de
conditions extérieures, mais également intérieures.
La conscience ne choisit pas simplement de naître à une certaine place
dans l’espace et le temps, mais elle dote également à l’avance son
organisme physique de certains déclencheurs intérieurs pour qu’il réponde
à ces conditions-là de façon très individualiste.
Je ne fais même pas allusion à la prédestination ou à la
prédétermination. Tentons une autre analogie simple. Une graine « sait »
qu’elle va venir à la vie au milieu d’un pot dans le salon de quelqu’un.
Disons qu’il s’agit d’une graine de tomate et que le propriétaire de la
maison décide de démarrer une culture à partir de zéro. Toute vie cellulaire
est douée de précognition, en vos termes. La graine sait donc que, dans ce
salon, le soleil vient, disons, de l’ouest. Elle commence à répondre à cela
avant que la pousse émerge.
La pousse ne réagit pas simplement à la direction où le soleil brille,
mais elle la perçoit à l’avance, et la graine se sensibilise à ces conditions-là
« en avance sur le temps ». Elle pourrait pousser tout aussi bien vers l’est.
Ce qui déclenche son orientation n’est pas la direction du soleil elle-même,
mais la connaissance innée qu’en a la plante. La plante n’est pas
prédestinée à pousser vers l’ouest, par exemple.
(Avec beaucoup d’insistance.) De la même manière, le moi connaît à
l’avance les meilleures conditions pour son développement, à la lumière du
temps et du lieu de la naissance qu’il a choisi. Pour épanouir ses aptitudes
tout en maintenant un moi viable, il doit toutefois choisir parmi des
probabilités littéralement innombrables[6]. La conscience opte pour les
meilleures conditions globales disponibles pour ses propres objectifs de
développement. Elle préconditionne ensuite son propre organisme pour
qu’il réponde ou non au temps et au lieu de la naissance, pour amplifier ou
minimiser, pour nier ou accepter.
L’émergence d’une conscience dans ces conditions physiques modifie
automatiquement ces dernières — un fait non reconnu par les astrologues.
Chaque enfant né modifie l’univers entier[7], et change le monde de son
temps et de sa naissance, en y introduisant une action qui n’était pas là
auparavant, en vos termes, et en marquant l’univers de l’empreinte
— l’empreinte indélébile — de sa réalité. Chaque enfant choisit sa propre
version probable d’une date de naissance donnée. Ces dates-là ne sont
évidemment pas simplement des points dans le temps, situés avec précision
dans l’espace. Tout d’abord, puisque tous les temps sont simultanés, vous
êtes toujours en train de mourir et de naître, et votre expérience ultérieure
modifie le temps de votre naissance.
J’admets qu’une date de naissance fait fonction de référence pratique. Et
si vous comprenez que votre conscience existait avant ce temps-là, votre
mémoire s’ouvrira, et votre date officielle de naissance paraîtra beaucoup
moins importante. « Sortir de l’utérus » est un évènement et correspond à
une expression bien meilleure à employer que le mot « naissance ». En
termes plus vastes — beaucoup plus vastes que vous l’imaginez —, vous
êtes conscient de « naissances » probables et de vos autres liens de parenté
[qui sont] tout aussi légitimes que l’histoire personnelle que vous acceptez
maintenant.
Le moi n’est pas limité. Le vrai sens de cette déclaration peut parfois
poindre. Votre idée de ce qu’est une personne vous empêche encore de voir
la multi-personnalité plus vaste qui est votre vraie réalité. Vos rêves laissent
souvent transparaître ce type d’existence.
Vous pouvez faire une pause.
(De 22 h 59 à 23 h 18.)
Dictée. Vous voyez les cieux et l’univers, les planètes et les étoiles
depuis votre propre focalisation — qui est très limitée en certains termes.
En premier lieu, vous regardez une seule version de l’univers, tel qu’il
semble exister au moment de votre perception. Dans ce contexte limité, la
nature entière d’une personnalité ne peut pas être considérée dans sa
totalité.
La personnalité elle-même n’est pas seulement indépendante de
l’espace et du temps, mais elle utilise à ses propres fins les illusions qui en
résultent. Toutes les choses sont reliées, mais elles n’agissent pas de telle ou
telle façon parce que les planètes étaient comme ceci ou comme cela à
votre naissance. Il existe une relation, mais elle n’est pas causale.
Il est tout aussi exact de dire que les planètes se comportent d’une
certaine manière parce que vous êtes ce que vous êtes, que d’affirmer
l’inverse, comme on le fait en général. Les positions mêmes des planètes et
des étoiles sont des effets des sens — des perceptions qui n’auraient aucune
signification si ce n’était pour votre propre type de conscience. Par
conséquent, ces perceptions ne peuvent pas être la cause du fait que vous
vous comportez de telle ou telle façon à cause de conditions qui n’ont
aucune signification en dehors de votre propre conscience.
(Une pause.) Maintenant. L’univers existe, mais il prend l’apparence et
la forme que vous reconnaissez uniquement dans vos propres perceptions.
Le mouvement des planètes, en fait leur véritable réalité perçue, existe en
des termes très différents.
Accordez-nous un instant… L’univers est ensemencé avec divers types
de consciences. Certaines d’entre elles vous apparaissent comme des
planètes ou des étoiles[8], lorsqu’elles font intrusion dans votre champ de
réalité. En tant que telles, elles paraissent se comporter d’une certaine
façon, prendre une certaine forme et avoir certains effets. Les étoiles et vous
êtes des évènements simultanés, chacun étant conscient et avisé, mais à des
« échelles » de réalité différentes — comme votre échelle de conscience
diffère de celle des violettes.
Bien sûr, pour ce qui est de la perception physique, l’image est
pertinente. Vous comprenez que quelqu’un — un observateur intéressé —,
regardant la Terre depuis une autre planète dans une autre galaxie, verrait ce
que vous pensez être le passé de la Terre. Mais comme je l’ai souligné,
« il » peut aussi voir le futur de la Terre[9], selon « son » point de vue. Cela
ne modifierait en aucune manière votre réalité. On ne peut cependant pas
dépendre des positions des étoiles et des planètes, et de votre schéma
temporel, pour donner une indication d’effets de « causalité ». La
personnalité existe simplement en termes plus vastes.
Accordez-nous un instant… En utilisant l’astrologie classique, vous
allez trouver certaines corrélations, du fait d’évènements particuliers se
produisant, qui sont en fait étroitement liés. Toutefois, beaucoup d’individus
ne découvriront aucun semblant d’eux-mêmes dans les thèmes astraux,
simplement parce que les probabilités qu’ils ont choisies sont,
qualitativement parlant, très différentes de la « norme ».
Quand l’astrologie fonctionne, elle fonctionne parce que l’astrologue
utilise ses aptitudes créatives et psychiques et qu’il projette ensuite cette
connaissance dans un modèle qui, en lui-même, est trop petit pour la
contenir. La carte devient alors simplement une aide.
Je comprends qu’une part de tout cela sera difficile à suivre. Cependant,
le seul autre recours consiste à répéter les mythes et les légendes qui sont
pour vous dépassés. Les étoiles et les planètes sont simplement en plus
d’un endroit en même temps. J’admets que la perception que vous en avez
les fait paraître relativement stables, et vous êtes biologiquement réglés sur
cette perception-là. Votre expérience du temps et du mouvement, tels que
vous les connaissez, est relative et, comparées à vos vies relativement
brèves, les planètes semblent durer des périodes presque infinies. C’est
votre point de vue, quand vous regardez depuis votre corniche.
(23 h 40.) Accordez-nous un instant… D’autres créatures minuscules
pourraient tout à fait ponctuer des parties de leurs vies grâce à vos allées et
venues, et s’imaginer que votre position à leur naissance a régulé leur
activité. Imaginez-les en train de dresser des thèmes astraux mettant leurs
vies en corrélation avec la vôtre. Avez-vous l’habitude d’arpenter une
pièce ? À une autre échelle de temps, combien d’années ou de siècles
peuvent sembler nécessaires pour que votre ombre traverse la pièce d’un
bout à l’autre ? L’analogie n’est pas aussi tirée par les cheveux qu’il y
paraît, car, à coup sûr, votre ombre va modifier très légèrement la
température de la pièce, et y changer d’autres conditions d’une façon que
vous ne comprendrez jamais, occasionnant souvent de gigantesques
variations pour une conscience se situant à une autre échelle.
Une fourmi imaginaire, une fourmi philosophe, pourrait être assise et
contempler à sa façon le nombre de fois où vous traversez la pièce pendant
une période qui, pour elle, semblera être une année. Elle pourrait essayer de
calculer à l’avance votre prochain passage, afin d’être capable — prudente
fourmi ! — de s’écarter à temps de votre chemin, pour éviter d’être écrasée.
Le grondement de vos pas peut faire trembler sa petite maison qui est
sous des lattes de plancher, ou dans leurs interstices. J’admets y aller un peu
fort ici avec notre histoire de fourmi, mais imaginez encore que notre petit
compagnon s’habitue à tous ceux qui sont, disons, dans un immeuble,
apprenant à reconnaître tous les pas montant et descendant les escaliers.
Notre philosophe reste en contact avec les autres fourmis, jusqu’à ce que,
avec du temps, du travail et de la patience, une carte soit établie et des
calculs effectués. Une fourmi née à trois heures de l’après-midi, quand
Mademoiselle X rentre chez elle avec son petit ami, aura tendance à
rencontrer des difficultés à ce moment-là — car le couple court dans tous
les sens avec exubérance, faisant tomber de la poussière dans les fissures.
Je ne suis pas en train de comparer les astrologues à des fourmis.
J’essaye cependant de montrer que vous n’êtes pas sous la domination des
étoiles — et que, lorsque vous vous comportez comme si vous l’étiez, vous
faites montre d’aussi peu de compréhension de votre vraie position que la
fourmi. Par rapport aux étoiles, vous êtes petits, mais quand vous cherchez
à placer votre destin entre leurs mains, métaphoriquement parlant, il semble
que vous ayez peu de contrôle sur votre propre destinée.
(Avec force.) Vous êtes des consciences à des points particuliers
d’expérience et, dans d’autres types de réalité, vous scintillez comme des
étoiles.
Accordez-nous un instant…
Maintenant. Nous allons bientôt terminer notre session. Je suis heureux
que vous soyez venu.
(Will : « Moi aussi. »)
Maintenant, je ne vais pas vous dire quoi que ce soit, et cela vous met
toujours en colère et vous rend heureux en même temps. Je vous donne
plutôt des méthodes que vous pouvez utiliser pour forger votre propre
réalité en suivant votre volonté[III] (avec une insistance pleine d’humour),
dans la mesure où vous le voulez ; et grâce à la session de ce soir et à
l’énergie impliquée, vous avez l’opportunité de déployer une activité
splendide en rêve. Vous l’aurez, que vous vous en souveniez ou non, mais
j’espère que vous pourrez vous en souvenir. Ne forcez rien.
(Will, en riant : « D’accord. »)
Maintenant, ceci est la fin de la session.
(« Bonne nuit, Seth », dis-je à 23 h 57.
Note ajoutée quelques jours plus tard, alors que je tapais la session à
partir de mes notes. Après la session, Will Petroski a passé la nuit chez des
amis, ici à Elmira. Lorsque nous l’avons vu le lendemain soir, pendant le
cours, il n’avait aucune activité onirique particulière à raconter.)
NOTES DE LA SESSION 729
[2] Voir la note 1 de la session 727 ; elle contient des références aux deux
sessions sur le fœtus, dont Jane a donné des extraits dans Le Matériau
de Seth. Voir maintenant la session 557 du chapitre 13 de Seth parle ;
Seth y présente des informations complémentaires sur les différentes
façons dont les personnalités se réincarnant s’associent au fœtus. Et
après 23 h 24, dans la session 688 du tome I de La Réalité
« inconnue », il parle des perceptions physiques présentes et futures du
nouveau-né.
[3] Jane et moi semblons faire partie de ces individus « qui suivent un ordre
différent de probabilités », du moins en ce qui concerne l’astrologie.
Au-delà de quelques ouvrages d’ordre général que nous avons lus sur le
sujet — pour ou contre l’astrologie —, nous connaissons peu de choses
en ce domaine. Toutefois, les horoscopes que certains lecteurs ont faits
pour nous, après que nous leur avions fourni les informations requises
concernant notre naissance, montrent rarement une forte corrélation
avec la Jane et le Rob que nous pensons connaître — et d’ailleurs ces
horoscopes ne s’accordent pas les uns avec les autres. Nous avons fini
par avoir le sentiment que l’astrologie, telle qu’elle est pratiquée
actuellement, est trop limitée dans sa conception.
Souvent, ce que vous ressentez comme une inspiration est une pensée
dont un autre moi a fait l’expérience, mais qu’il n’a pas réalisée. […]
Les idées que vous avez entretenues sans les utiliser peuvent être
captées de la même manière par d’autres vous probables. Chacun de
ces moi probables se considère, bien sûr, comme le vous réel, et pour
n’importe lequel d’entre eux, vous êtes le moi probable ; mais, par le
biais des sens internes, chacun de vous se rend compte de sa part dans
cet ensemble changeant. »
[9] Voir, dans le tome II, la session 712 à 21 h 40. La première transmission
de Seth dans cette session-là peut entièrement servir de complément aux
données de celle-ci. Se reporter également aux paragraphes de
conclusion de la session 727, après 22 h 52.
SESSION 730
(Alors que nous étions allongés sur notre lit après la session de lundi
dernier, Jane m’a dit : « J’ai reçu ça — de Seth, je pense : un thème astral
vraiment complet devrait inclure non seulement le temps de ta naissance,
mais celui de ta mort. » Ce qui poserait quelques problèmes, ai-je pensé en
m’endormant…
Ce soir, Jane a beaucoup de pensées et d’images avant que la session
débute. « C’est à propos de l’astrologie. En fait, je veux dire que c’est à
propos de la naissance de la conscience. »
21 h 17.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. D’habitude, vous pensez en termes d’une conscience, ou d’un
moi, complet, hypothétique, émergeant à la naissance et disparaissant à la
mort. Il y a cependant de savantes discussions au cours desquelles des
professeurs débattent de ces sujets. Certains astrologues utilisent dans leurs
calculs le moment de la conception, alors que d’autres préfèrent la date de
naissance. Diverses religions ont décidé que « l’âme » entrait dans le fœtus
au moment de sa conception, tandis que d’autres soutiennent que la
conscience ne peut être considérée comme une âme humaine qu’un peu plus
tard, juste avant la naissance.
Le même type de questions se pose à l’autre bout de l’échelle : quand la
mort survient-elle réellement ? Dans la plupart de ces débats, cette
conscience, ou ce moi, hypothétique, sert d’élément de mesure.
Accordez-nous un instant… En premier lieu, le moi ou l’âme dans ce
cas n’est pas un élément de mesure — et n’est pas non plus nécessairement
quelque chose qui arrive soudain, et disparaît ensuite.
Le moi physique tel que vous le connaissez est une focalisation de la
conscience qui forme une personnalité en réponse à cette focalisation-là. Il
est très difficile de faire ici des analogies, mais je suis suffisamment
téméraire pour essayer. (Une pause.) Il vous semble que tout fœtus ayant
avorté naturellement n’a pas du tout de vie physique, qu’une telle vie lui a
été déniée pour une certaine raison. Au lieu de cela, le fœtus fait
l’expérience d’un autre niveau : une vie physique à une échelle différente,
qui, en vos termes, s’appliquerait au passé lointain.
Dans les idées, je le répète, conventionnelles d’évolution[1], ce serait
une période où votre type de conscience faisait l’expérience d’un
environnement aqueux, et était dotée de nageoires à la place de poumons.
En certains termes, ce phénomène permet à la conscience de porter un
regard sur des périodes particulières du « passé » de l’espèce. Il procure
aussi à la conscience une connaissance de première main, psychiquement et
directement. Répétons-le — c’est très difficile à expliquer (et mettez un
point d’exclamation) ! Sans vouloir offenser vos idées concernant le moi
— chacun de vous « vivant » est pourtant mort exactement de cette
manière-là.
Bien qu’en termes conventionnels, vous conceviez une longue durée,
s’étendant sur des siècles et des siècles, au cours de laquelle des créatures à
nageoires sont sorties des océans, certaines « devenant » des reptiles et
finalement des mammifères, beaucoup n’ont toutefois pas fait ce parcours et
sont « tombées » en chemin. Ainsi, en ces termes-là et en suivant cette
analogie, la psyché opère le même type d’ajustements et de changements
vitaux. Vous avez chacun existé de nombreuses fois en tant que fœtus « qui
n’a pas réussi ». Pas nécessairement parce que vous ne vouliez pas naître,
mais plutôt parce que ces expériences étaient en elles-mêmes légitimes[2].
Et, dans votre état actuel, elles sont écrites dans la « mémoire » de votre
être physique.
(Avec insistance, à 21 h 36.) Maintenant, cela ne signifie pas que votre
personnalité telle que vous la connaissez a souvent été coincée dans un
utérus, destinée à y mourir, ou qu’un hypothétique moi complet ne serait
pas né. Cela signifie que l’archéologie de votre psyché, telle qu’elle est
physiquement focalisée, est porteuse de ces expériences. Le moi n’est pas…
(Une pause, les yeux clos) … accordez-nous un instant ; je cherche une
bonne analogie… le moi n’est pas comme une figure d’argile, sortant d’un
four de potier, dont vous pourriez dire : « Ah ! Voici un moi, et on ne peut
rien y ajouter. » Vous avez toujours existé en tant que moi probable, même
si vous n’étiez pas focalisé sur la connaissance de votre propre expérience.
(Entre parenthèses, il se peut que vous ayez été assez bien focalisé sur
d’autres réalités, mais je parle de votre existence terrestre, telle que vous la
comprenez.)
À tout moment, maintenant, vous pouvez littéralement devenir plus
vous-même. À cet égard, vous naissez par degrés. En certains termes, vous
avez mis à l’écart des parties de vous-même, et vous êtes donc mort par
degrés — mais les deux, la vie et la mort, ont lieu en même temps.
Jusqu’à un certain point, ce que vous êtes était latent dans le fœtus, mais
il n’y a pas un point précis où « la pleine conscience de l’âme entre dans la
chair ». Le processus est graduel. En termes physiques, il commence avant
la naissance de vos propres parents.
Accordez-nous un instant. (Une longue pause.) La carte des évènements
au moment de votre « naissance » est comme un petit instantané du jardin
de quelqu’un, un après-midi. Ici, dans cette analogie, la personnalité
terrestre entière pourrait être comparée au monde. Maintenant, tant que
vous faites vos déductions d’après cette seule photographie, il y a des
corrélations qui s’appliquent — mais uniquement à cette petite zone
spécifique.
En vos termes, à sa naissance, la personne est influencée par des
conditions multidimensionnelles, et la configuration d’ensemble des
planètes n’est qu’une faible indication des autres réalités entrant en jeu.
Ruburt a raison : même en termes conventionnels, un véritable horoscope
devrait faire entrer en ligne de compte le moment de la mort dans votre
réalité temporelle, tout autant [que celui de la naissance]. La focalisation de
votre attention forme des limites qui vous prédisposent à croire en un point
où votre conscience émerge, ainsi que vous le comprenez, et en un point où
elle n’est plus effective, ou meurt. Vos croyances en ce genre de concepts
limitent votre perception, car, en modifiant la focalisation de votre attention,
vous pouvez dans une certaine mesure vous rendre compte d’une perception
avant et après les points reconnus comme étant la naissance et la mort.
Vous n’accordez une dimension d’âme qu’à votre propre espèce, comme
si les âmes avaient une taille convenant exclusivement à votre nature. Vous
protégez ces idées en pensant que les animaux se situent en dessous de
vous. Toutefois vous devez alors vous demander à quel moment l’âme
pénètre dans la chair, ou quand le fœtus étranger devient un membre de
votre espèce, et qu’il est par conséquent béni par les dieux et se voit
accorder le droit de vivre.
Mais toute chose a une conscience et, en ces termes, possède une nature
d’âme. En ce qui concerne l’âme, il n’y a pas de gradations. Elle est la vie
au sein de toute chose qui est. Le fœtus « a une âme » bien sûr — mais de la
même façon, si vous pensez en ces termes-là, chaque cellule à l’intérieur du
fœtus doit alors se voir accorder une âme. (En se penchant en avant avec
une voix plus profonde, insistante et pleine d’humour.) Le parcours d’une
cellule n’est pas prédéterminé. Les cellules sont généralement très
coopératives, en particulier lorsqu’elles forment les structures du corps[3].
(22 h 02.) Accordez-nous un instant… Le corps est un contexte dont
elles ont choisi de faire l’expérience. En s’épanouissant, les cellules
contribuent à votre propre existence, mais dans un cadre qu’elles ont choisi.
Elles peuvent toutefois rejeter certains éléments au sein de leur existence,
changer leur parcours et même former de nouvelles alliances. Elles ont une
grande liberté à l’intérieur de ce que vous considérez être le cadre de votre
réalité. Si leurs trajectoires ne peuvent pas être planifiées et sont en fait
susceptibles de constamment vous surprendre, pourquoi penser alors que
votre parcours peut être tracé à l’avance, en étudiant les positions des
étoiles au moment de votre naissance ?
Par rapport à vous, les cellules ne sont pas inférieures, même si elles
forment une partie de la structure de votre être physique. Elles ne sont
même pas moins conscientes. (D’un ton catégorique.) Elles sont
conscientes d’une façon différente. Il est toutefois inutile de les idéaliser ou
de penser à elles comme à de petits êtres, mais chacune d’elles possède une
conscience extrêmement focalisée et une conscience d’un moi. Vous aimez
penser — à nouveau — que seule votre espèce a conscience de son propre
moi. Il existe différents types de moi et une variété infinie de façons de faire
l’expérience de la conscience de soi.
(Avec beaucoup d’animation.) Pour vous, les animaux, par exemple, ne
paraissent pas réfléchir sur leur propre réalité. Il vous semble évident
qu’une cellule n’a aucune connaissance « objective » de son être ; comme si
elle ne savait ni ce qu’elle est, et ni même qu’elle est. Vous vous trompez
lourdement en faisant de telles déductions. Il n’y a pas non plus forcément
de gradations où un type de conscience progresserait mécaniquement d’un
état inférieur à un autre supérieur. Toute cellule utilise par exemple des
aptitudes précognitives[4] qui vous échappent tout à fait et, pourtant,
beaucoup parmi vous attribuent de telles aptitudes à des âmes
« supérieures ». Chaque type de vie a ses propres qualités qui ne peuvent
être comparées à celles des autres, et qui souvent ne peuvent pas être
communiquées.
Maintenant : tout ceci peut sembler avoir peu de rapport avec la nature
de la réincarnation, telle que vous la concevez, ou avec les contreparties,
telles que je les ai expliquées. Il est pourtant vital que vous rejetiez vos
vieux concepts quant au moi et à l’âme, avant de pouvoir commencer à
comprendre la liberté de votre véritable moi.
Êtes-vous fatigué ?
(22 h 18. « Non. » En fait, je le suis, mais Jane se débrouille tellement
bien en tant que Seth que je déteste l’idée d’interrompre sa transmission du
matériau.)
Arrêtez-moi quand vous voulez.
Ce soir, Ruburt a lu un matériau [qui vient juste d’être publié] sur les
dauphins et les baleines. Il contenait de solides indices suggérant que ces
créatures sont des génies qui possèdent une très grande faculté de pensée
abstraite[5]. C’est effectivement le cas.
Les dauphins ont affaire à une dimension de réalité totalement
différente. Il n’existe pas encore de moyen de communication vous
permettant de percevoir leurs concepts du moi, ou leur vision [collective]
de l’existence. Ce sont des individus sensibles, conscients d’eux-mêmes. Ils
sont altruistes. Ils comprennent la nature de la relativité[6], et ont différentes
façons de transmettre des informations à leurs jeunes. Ils ne sont ni
supérieurs ni inférieurs à votre espèce. Ils représentent simplement un type
de moi différent.
Maintenant, il y a une certaine relation, du moins en termes de notre
discussion, entre la réalité des dauphins et la réalité du fœtus. En vos
termes, le fœtus vit dans des conditions primitives, qui rappellent des
périodes du passé de l’espèce. Il se relie à sa façon à son environnement.
Pour certaines consciences, c’est suffisant. En vos termes, à nouveau, pour
chacun de vous, ce fut suffisant.
Accordez-nous un instant, et laissez vos doigts se reposer.
(Une pause de 22 h 25 à 22 h 27.)
L’âme n’est pas une unité définissable. Elle est une qualité
indéfinissable. Elle ne peut être mise en pièces, assemblée, détruite ou
élargie ; et pourtant, elle peut changer d’affiliation et d’organisation, ainsi
que de caractéristiques, tout en restant toujours elle-même.
Ainsi, l’âme à l’intérieur du fœtus ne peut être détruite par aucune sorte
d’avortement. Sa progression ne peut être planifiée, car elle échappera
toujours à de tels calculs. Son histoire se trouve dans le futur, qui crée
toujours le passé.
Faites votre pause.
(22 h 31. Jane sort brusquement de cette transe excellente. « C’était
l’un de ces moments où le matériau me parvenait si bien, que j’aurais pu
continuer jusqu’au matin. Cette sensation de liberté est fantastique, dit-elle
avant de tenter une analogie. « Je suis aussi libre qu’un grand coureur en
train de battre un record du monde, au moment où sa poitrine franchit la
ligne d’arrivée… »
En outre, Jane dispose maintenant de plusieurs autres canaux de
données accessibles provenant de Seth. « Mon Dieu, je suis impatiente !,
s’exclame-t-elle. Mais dans la réalité physique, je ne peux en obtenir qu’un
seul à la fois, et tu ne peux écrire qu’une seule phrase à la fois[7]. Oh !
laissez tomber, Seth », ajoute-t-elle en riant à moitié, car cette « essence de
l’énergie d’une personnalité » est prête à commenter ce qu’elle vient de
dire. Jane se lève et fait le tour du salon, où se tient la session. Quand elle
entre dans la cuisine, elle capte encore d’autres données de Seth sur
l’astrologie.
Alors que la pause tire à sa fin, Jane dit que Seth va transmettre le
matériau disponible à travers l’un de ses autres canaux ouverts ce soir.
Cette décision est exclusivement celle de Jane, bien sûr, et elle est motivée
par le succès d’une expérience de sortie du corps qu’elle a eue hier soir,
après le cours de perception extrasensorielle. Aujourd’hui, Jane était
particulièrement heureuse d’avoir trouvé d’intéressantes corrélations avec
une partie de son aventure, grâce à son amie Mary, qui est aussi membre de
la classe.
De retour à 22 h 54, Seth ne se manifeste pas seulement avec le
matériau souhaité par Jane[8], il consacre aussi beaucoup de temps à
d’autres informations la concernant. Il termine la session à 23 h 45.)
[2] Pendant que Seth donnait son matériau sur le fœtus, je me suis souvenu
de certaines idées que j’avais mentionnées à Jane à divers moments, au
cours de ces deux dernières années. Je les avais aussi brièvement
développées par écrit.
« Selon moi, il est fort probable que les fœtus avortés et les nouveau-nés
qui quittent la “vie” très tôt — disons, notamment, quelques mois après
la naissance — n’ont jamais eu, au départ, l’intention de rester
longtemps à l’intérieur de la réalité (physique) de camouflage ; les
consciences à l’intérieur de ces petites structures humaines sont juste
venues tester momentanément notre monde de la matière, que ce soit
depuis l’intérieur de la matrice ou hors d’elle. De leurs points de vue, le
fait qu’ils “meurent” non nés, ou à un âge si jeune, n’est pas une chose
tragique, même si, en termes ordinaires, les parents concernés vont très
certainement pleurer profondément leur perte. » (Peut-être ces notions-
là pourront-elles apporter un réconfort limité, à celles et ceux qui nous
ont écrit à ce sujet.)
[6] Je dirais que, dans un contexte tel que celui dont il se sert ici, Seth fait
automatiquement référence aux théories spéciales et générales de la
relativité d’Albert Einstein. Dans le cadre de la constance primordiale
de la vitesse de la lumière, tous les phénomènes de notre réalité de
camouflage — mouvement, vitesse, masse, matière, temps, espace,
gravitation, etc. — sont perçus comme étant relatifs les uns par rapport
aux autres. L’espace et le temps, par exemple, ne sont pas des entités
séparées ou uniformes, mais d’intuitives « constructions » de
conscience étroitement liées ; la masse est une forme d’énergie ; le
mouvement n’est pas absolu, mais relatif au mouvement d’une autre
chose ; deux observateurs, dont chacun se déplace à une vitesse
différente par rapport à une série commune d’évènements, percevront
ceux-ci dans des cours de temps différents.
Selon Seth, le dauphin (et bien sûr la baleine) comprend à sa façon ces
phénomènes-là — et sans l’aide des calculs très sophistiqués et des
instruments physiques que les humains utilisent.
[8] Je peux ajouter par la suite qu’au chapitre 17 de Psychic Politics, Jane
présente à la fois ses propres notes sur son expérience de sortie du
corps et le matériau que Seth a donné sur ce sujet, le lendemain soir,
dans cette session 730.
(21 h 38.)
Bonsoir
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. (D’une voix lente et calme.) Votre idée actuelle de l’identité se
perpétue uniquement parce que vous n’accordez une validité qu’à des
aspects si infimes de votre propre réalité.
En d’autres termes, les concepts que vous acceptez concernant le moi
disparaîtraient si vous permettiez à toute expérience subjective signifiante
d’entrer en ligne de compte. « Le moi absent » — pas absent ou inconnu —
est la partie de votre propre existence que vous ne percevez ou n’acceptez
pas d’habitude, bien qu’il y ait en vous une forte envie de le faire.
Une bonne partie de La Réalité « inconnue » a à voir avec le
démantèlement de théories qui ont été longtemps acceptées, mais qui vous
empêchent de percevoir la nature puissante de ces parties du moi qui sont
absentes. Quand vous vous focalisez sur certains détails provenant d’un
champ de réalité physique plus vaste, vous vous focalisez alors seulement
sur la petite partie de vous-même que vous considérez comme « réelle ».
Cependant, vous portez en vous la connaissance profonde d’une
expérience qui, en vos termes, serait antérieure ; pourtant, dans vos cellules
et dans votre esprit plus profond, cette information est actuelle.
Accordez-nous un instant… Le moi se répand en grandes vagues
généreuses, mais vous vous protégez jalousement contre une telle créativité.
Vous êtes dans une certaine mesure porteur de la connaissance de vos
ancêtres, à l’intérieur de vos chromosomes [dans vos cellules] [1], lesquels
présentent une structure qui n’est pas rigide mais souple — une structure
qui, de façon codifiée, vous dote de l’expérience subjective vivante de ceux
qui, en vos termes, vous ont précédé. Comme Ruburt s’en est douté
récemment, certaines très vieilles cultures en avaient conscience[2]. Tout en
étant des individus indépendants, leurs membres s’identifiaient également à
leurs ancêtres, jusqu’à un certain point, les acceptant comme des parties de
leur moi. Cela ne signifie pas que le moi individuel était moins conscient de
sa propre réalité, mais plus. Cela correspondait à un type de focalisation
totalement différent, dans lequel il était clairement compris que les ancêtres
contribuaient à l’expérience « nouvelle » des vivants ; une expérience où la
conscience focalisée physiquement se voyait clairement en train de
percevoir le monde pour elle-même, mais aussi pour toutes celles qui
l’avaient précédée — (d’une voix de plus en plus forte et insistante) tout en
comprenant qu’en ces termes-là, l’individu apportait sa contribution,
comme les générations du passé.
Les animaux étaient également acceptés dans cette philosophie naturelle
du moi, car l’individu voyait clairement la qualité vivante de toute
conscience. Il comprenait que les caractéristiques des animaux servaient à
perpétuer la « vie », ajoutant leurs qualités à une expérience nouvelle du
moi[3]. Vous feriez mieux de mettre le mot « vie » entre guillemets dans
cette dernière phrase.
(Une pause.) Le corps humain avait son utilité dans la grande gestion de
la Terre, car lorsqu’il mourait et se décomposait, de nouvelles formes en
émergeaient. C’était un échange mutuel dans lequel un environnement de
jungle était un véritable habitat, et où tout faisait partie du moi,
psychiquement, spirituellement et physiquement[4].
(Une pause à 21 h 57.) Laissons ceux qui le souhaitent rire des légendes
où des esprits se transforment en arbres[5] — une théorie simpliste, à coup
sûr, et pourtant, une affirmation symbolique dans les sociétés de ce type.
Les morts étaient enterrés chez eux, dans le même petit territoire, et ont
formé ultérieurement la composition du sol sur lequel se sont développées
les religions. À nouveau, du fait de vos concepts limités du moi, il vous est
difficile de saisir ce que je dis.
(Avec insistance.) Je ne dis pas, par exemple, que la conscience vivante
de chaque individu retournait littéralement à la terre, mais que le matériau
physique pénétré et marqué par cette conscience-là y retournait, et y
retourne. Encore une fois, même les cellules conservent la connaissance de
toutes leurs affiliations. En termes physiques, la conscience que vous
comprenez se base là-dessus.
Accordez-nous un instant… Le moi est plus pauvre lorsqu’il ne
comprend pas, au moins intuitivement, cet héritage.
Accordez-nous un instant… Ces prises de conscience intimes devaient
toutefois être contrebalancées, conformément à certains buts fixés par votre
espèce, et même être mises de côté temporairement pour que d’autres
attitudes et caractéristiques puissent apparaître. La curiosité de l’espèce ne
lui permettait pas de demeurer longtemps sur le même territoire[6] ; le
sentiment d’intimité était donc brisé à dessein. Il allait toutefois redevenir
très important quand la planète serait largement peuplée, comme c’est le cas
aujourd’hui — le sens originel de l’habitat devant simplement être étendu à
toute la surface de la Terre. Les parties « absentes » du moi sont prêtes à
émerger. Les autres lignes de conscience, qui pour vous sont probables,
peuvent maintenant entrer en jeu.
Ces différentes lignes de focalisation vont chacune vous révéler d’autres
aspects de votre propre réalité, en tant qu’individus et en tant qu’espèce.
Faites votre pause.
(De 22 h 13 à 22 h 29.)
J’ai dit un jour qu’il n’existe pas de connaissance en dehors de la
conscience[7].
En ces termes-là, les données neutres ne sont pas transmises par les
chromosomes. La conscience fait circuler les informations à travers des
véhicules « vivants ». Qu’elle soit matérialisée physiquement ou non, c’est
la conscience qui possède la connaissance. Celle-ci est toujours
« individualisée » (une pause), mais pas nécessairement en vos termes[8].
Accordez-nous un instant… Les informations portées par les
chromosomes ne sont pas générales, mais hautement spécifiques. Ce sont
des données codifiées (elles-mêmes vivantes) qui contiennent l’essence
d’une connaissance ancestrale — écrivez plutôt expérience ancestrale —
d’une expérience ancestrale spécifique. Biologiquement vous portez donc
vraiment en vous les souvenirs de vos ancêtres particuliers. Ces mémoires
forment une base partielle pour votre existence subjective et physique, et
lui fournissent le support dont elle a besoin.
Puisqu’une partie de votre héritage est physique, en ces termes, ces
souvenirs peuvent être retraduits en évènements émotionnels et
psychologiques, bien que ce ne soit en général pas le cas dans vos sociétés.
En ce sens, l’expérience supposément passée de vos ancêtres et de votre
espèce est concomitante à la vôtre, biologiquement parlant. Ce n’est
pourtant rien qu’une ligne correspondant aux chromosomes. Vous avez
« une autre ligne » d’existence qui sert aussi de support au moi que vous
reconnaissez actuellement. Elle inclut d’autres relations physiques
entremêlées qui vous lient à tous les autres qui sont sur votre planète et
vous sont temporellement adjacents. Cela veut dire qu’à un degré ou à un
autre, vous êtes relié à tous ceux qui sont vivants sur la planète.
Temporellement, vous êtes des contemporains. Vous avez une relation
beaucoup plus étroite avec certains qu’avec d’autres. Certains sont vos
contreparties.
(22 h 45.) Accordez-nous un instant… Celles-ci peuvent vous être, ou
non, plus proches que des relations familiales, mais, psychiquement parlant,
elles partageront avec vous un certain type d’histoire. Vous serez aussi
connectés à travers le cadre physique de la Terre, dans le vaste échange
mutuel de son système espace-temps.
Une troisième ligne servant de support à votre moi, tel que vous le
concevez, est réincarnationnelle[9]. Elle est un peu comme la ligne
ancestrale (une longue pause), et il y a aussi des reflets dans les gènes et les
chromosomes, qui ne sont pas détectés par vos scientifiques. Ces lignes,
ancestrale et réincarnationnelle, se mêlent jusqu’à un certain point pour
former ce que vous considérez comme vos schémas génétiques préétablis,
pour ainsi dire. Avant cette vie-ci, vous avez choisi ce que vous souhaitiez
de ces deux domaines principaux.
L’expérience réincarnationnelle est donc également transmise, et elle
peut être retraduite, à partir d’une empreinte biologique codée, en une
conscience émotionnelle. À nouveau, cependant, tout comme vous n’êtes
pas vos parents ou vos ancêtres, vous n’êtes pas non plus vos « moi
réincarnationnels ».
Ici aussi, les idées de temps vous entravent, car je dois expliquer tout
cela en termes temporels. Puisque le temps est simultané, à d’autres
niveaux, vos ancêtres connaissaient votre naissance même si, dans la
continuité que vous reconnaissez, ils sont morts il y a des siècles. La même
chose s’applique aux existences réincarnationnelles qui, selon vous, ont eu
lieu dans le passé.
Vous ne pouvez pas dire que vos ancêtres, comme certaines plantes
étranges, se sont développés en direction de ce que vous êtes, ou que vous
êtes la somme de leurs expériences. Ils étaient et ils sont eux-mêmes. Pour
les mêmes raisons, vous ne pouvez pas dire non plus que vous êtes la
somme de vos vies réincarnationnelles passées. Vous amputez la
connaissance que vous avez de vous-même, et des divisions semblent donc
se produire. Vous êtes un peu comme une plante qui reconnaîtrait seulement
une de ses feuilles à la fois. Une feuille sent sa réalité plus profonde en tant
que partie de la plante, ce qui contribue à son propre sens de continuité, et
même à son propre sens d’individualité. Mais vous prétendez souvent être
une étrange feuille qui se balance, dépourvue de racines et poussant sans le
support d’une plante.
(Jane en tant que Seth désigne le bégonia posé sur la petite table basse
qui nous sépare.)
On pourrait considérer toutes les feuilles qui poussent maintenant sur
cette plante comme des contreparties les unes des autres, chacune vivante et
individuelle en même temps, chacune apportant sa contribution et pourtant
orientée dans une direction différente. Lorsqu’une feuille tombe, une autre
prend sa place, jusqu’à ce que, l’année suivante, la plante tout entière,
toujours vivante, ait un feuillage totalement renouvelé — constitué de futurs
moi réincarnationnels du feuillage précédent.
Vous n’êtes pas des plantes, mais l’analogie est simple. Et si vous me
pardonnez — dans l’ensemble, elle tient la route.
Faire votre pause.
(De 23 h 06 à 23 h 25.)
Entre les parties de la plante, il y a une constante interaction que vous
ne percevez pas. Les feuilles qui sont présentes maintenant sont
biologiquement valides, en interrelation, selon vos termes. Pourtant, en
termes de temps, chaque feuille est également consciente de l’histoire
passée de la plante et, biologiquement, elle naît de ce « passé ».
Chaque feuille cherche à exprimer aussi pleinement que possible sa
nature de feuille. Les feuilles captent le soleil, ce qui aide la plante à grandir
[grâce à la photosynthèse]. Le développement des feuilles est donc très
important pour l’existence de la plante. Les expériences des feuilles
permettent à ses cellules de rester en contact avec l’environnement, et les
probabilités futures sont toujours prises en considération. Les moindres
données impliquant la lumière et l’obscurité sont connues. La vie de la
plante et celle de ses feuilles ne peuvent pas être séparées.
(Une longue pause.) La plante a sa propre « idée » d’elle-même, où
chacune de ses feuilles joue un rôle. Chaque feuille possède cependant les
capacités latentes de la plante entière. Plantez-en une, par exemple, et une
nouvelle plante poussera.
Les moi jouissent d’une liberté beaucoup plus grande que les feuilles,
mais ils peuvent aussi s’enraciner s’ils le choisissent — et ils le font. Les
moi réincarnationnels sont comme des feuilles qui ont quitté la plante et
choisi un nouveau milieu où exister. Dans cette analogie, les feuilles
tombées de la plante physique ont rempli leurs objectifs vis-à-vis d’elles-
mêmes, en tant que feuilles, et vis-à-vis de la plante. Ces moi, tombant
d’une branche de temps, prennent toutefois racine dans un autre temps et
deviennent de nouvelles plantes à partir desquelles d’autres vont pousser.
(« Vous voulez dire de “nouveaux moi” au lieu de “nouvelles plantes ?
” »)
C’est exact.
Le moi plus vaste s’ensemence lui-même dans le temps. Dans ce
processus, aucune identité n’est perdue et aucune identité n’est la même,
toutes sont pourtant interreliées. Vous pouvez donc théoriquement étendre
votre conscience jusqu’à inclure la connaissance de vos vies passées, bien
que ces vies-là aient été vôtres et pas vôtres. Elles ont une racine commune,
comme les feuilles de l’année prochaine ont une racine commune avec les
feuilles actuelles de cette plante (désignant à nouveau le bégonia).
Une telle connaissance, toutefois, modifierait automatiquement ces vies
passées. Les idées de cause et d’effet peuvent ici être une gêne pour vous,
parce que vous avez l’impression que l’apparition des feuilles de l’année
prochaine est un effet causé par les feuilles de cette année-ci[10]. Cependant,
pour la plante et son modèle créatif inné, toutes ses manifestations ne font
qu’une — et sont une expression d’elle-même, dont chaque partie est
différente. La connaissance de ses « futures » feuilles, en tant que modèle
potentiel, existe maintenant. Il en va de même pour la psyché. Dans ce
domaine plus vaste de la réalité, il y a une interaction créative, et des
interrelations entre tous les aspects du moi.
Fin de la dictée et de la session. Mes salutations les plus chaleureuses et
un cordial bonsoir.
(« Merci, Seth, et bonne nuit. » 23 h 49.)
[4] Dans le tome I, voir la session 687 à 22 h 45, lorsque Seth dit :
« Biologiquement, l’homme sait qu’il provient de la terre. Certaines de
ses cellules ont été les cellules d’animaux, et l’animal sait qu’il
regardera à travers les yeux d’un homme. » Voir ensuite la note 3 de
cette session-là, en particulier le poème de Jane, Illumination.
[7] Seth fait évidemment référence au matériau qu’il a donné sur les
attributs conscients d’une information, au chapitre 3 de La Réalité
personnelle. La note 1 de la session 697, dans le volume I de La Réalité
« inconnue », contient quelques citations provenant de ces
commentaires, ainsi que quelques autres références.
En fait, depuis que Jane a commencé ces sessions il y a plus de dix ans,
Seth a décrit de différentes manières la relation indissoluble existant
entre la conscience et l’information (ou entre la conscience et toute
autre chose). J’ai tenté une petite expérience. Parmi les soixante-quatre
classeurs contenant la transcription dactylographiée de nos sessions,
j’ai pris au hasard le deuxième classeur. Il correspond aux sessions 16 à
23, couvrant la période du 15 janvier au 5 février 1964. Cinq de ces
huit sessions contiennent un matériau qui pourrait très bien être cité
dans cette note. Lors de la session 18, Seth disait par exemple :
[10] Outre les citations tirées de la session 18, dans la note 7 ci-dessus, j’ai
présenté des extraits sur la conscience des arbres dans la note 7 de la
session 727. Voici maintenant une partie de la suite de ce matériau
ancien : « En dressant la liste des lois prétendument naturelles, j’ai dit
[dans la session 18] que l’homme a décidé que ce qui paraissait être à
ses yeux une cause et un effet était donc une loi naturelle de l’univers.
Non seulement ces prétendues lois, qui ne sont pas des lois, varient en
fonction de l’endroit où vous êtes dans l’univers, mais elles varient
aussi en fonction de ce que vous êtes dans l’univers. Un arbre reconnaît
donc un être humain, même s’il ne le voit pas en vos termes. Pour un
arbre, les lois sont simplement différentes. Et si l’arbre écrivait ses lois
de l’univers, vous verriez à quel point elles sont différentes. »
(21 h 10.
Ni Jane ni moi ne sommes capables de nous souvenir de quoi parlait la
session de lundi soir, même si hier, pendant le cours de perception
extrasensorielle, j’ai lu une partie de mes notes prises en « sténo » aux
membres de la classe. Je dois encore taper la session à la machine.)
Dictée.
(« Bonsoir, Seth. »)
Bonsoir. Maintenant. J’ai parlé des contreparties dans le cours de
Ruburt[1]. Beaucoup d’étudiants sont devenus extrêmement sérieux en
essayant d’en comprendre le concept.
Certains voulaient que j’identifie pour eux leurs contreparties. Un
étudiant [Fred] qui est entrepreneur, a peu parlé. Mais au cours de la
semaine dernière, il a laissé son imagination créatrice aller là où elle
pouvait, tout en gardant à l’esprit l’idée générale. Il a donc joué avec le
concept. D’une certaine façon, ses expériences étaient comme celles d’un
enfant — ouvert, curieux, plein d’enthousiasme. Il a ainsi lui-même
découvert quelques-unes de ses contreparties[2].
La plupart des gens, cependant, sont si sérieux qu’ils trouvent suspecte
leur propre créativité. Ils s’attendent à ce que ses produits soient irréels ou
non valides dans le monde physique. Il y a pourtant une forte corrélation
entre ce que vous considérez être la créativité, les états modifiés de
conscience, le jeu et le développement « spirituel ».
Quand vous créez un poème, une chanson ou un tableau, vous êtes dans
un état de jeu, de jouissance et de liberté. Vous avez l’intention de faire
quelque chose de différent, de produire une version nouvelle de la réalité.
Vous créez par amour, pour l’expérience. Presque tout le monde vit ce type
d’expérience à un moment ou à un autre, et les enfants souvent. Ils
composent dans leur tête des chansons, de la musique et des tableaux. Ils
modifient fréquemment la focalisation de leur conscience. Ils ne s’arrêtent
pas pour se demander si, oui ou non, le jeu est réel ou pertinent.
Physiquement, le jeu développe leurs mécanismes corporels. Il exerce aussi
les grandes capacités de leur esprit.
(Une pause.) Quand vous vous dites « la vie, c’est sérieux » et que vous
décidez d’écarter tout ce qui est puéril, vous perdez souvent de vue votre
propre créativité et devenez si mortellement sérieux que vous êtes incapable
de jouer, même mentalement. Le développement spirituel devient un but qui
doit être atteint. Tant que vous croyez que, pour parvenir à ce but, il faut
travailler dur, vous ne comprenez pas ce qu’est l’esprit.
Je reviens sans cesse à des analogies naturelles — mais les plantes ne
travaillent pas au développement de leur potentiel. Elles ne sont pas belles
parce qu’elles croient qu’elles ont la responsabilité de satisfaire vos yeux.
Elles sont belles parce qu’elles s’aiment elles-mêmes et qu’elles aiment la
beauté. Quand vous êtes si sérieux, vous déformez presque toujours la
nature de votre esprit, ou du moins la compréhension que vous en avez.
Vous ne pouvez pas baisser votre garde suffisamment longtemps pour
découvrir ce qu’est cette nature. Vous n’arrêtez pas de chercher de
nouvelles règles, réglementations ou méthodes de discipline.
Accordez-nous un instant… Vous cherchez constamment un nouveau
« maître ascensionné », ou un gourou, qui vous garde sur le droit chemin et
vous indique LA VOIE — en lettres majuscules.
À leurs façons, les enfants sont tout à fait conscients de leurs
contreparties et des autres parties de leur réalité individuelle. Ils sont en
rapport avec leurs contreparties dans les rêves. Ils les voient parfois comme
des compagnons « invisibles ». Vous rêvez fréquemment de vos
contreparties, mais tant de crainte s’attache à préserver ce que vous
considérez être le moi adulte rationnel, que vous ignorez ce type de
communications.
Des personnes ont écrit ici et posé des questions à propos des âmes
sœurs[3]. Dans certains cercles, c’est la dernière mode. L’idée est ancienne ;
elle est basée sur la réalité des contreparties, et présente une autre version
de la théorie. Mais, à nouveau, elle est traitée avec un sérieux presque
pompeux. (Une pause.) Beaucoup de ceux qui utilisent ce terme le font
davantage pour cacher que pour libérer leurs propres aptitudes joyeuses. Ils
passent leur temps à chercher leur âme sœur — mais cette recherche les
entraîne dans un pèlerinage vers une forme de communication impossible
avec autrui, où toute division a disparu : les deux êtres essayent de se
rejoindre dans une unité qui les cimente, étouffant tout sens du jeu ou
créativité. Vous n’êtes pas une partie, ou une moitié, d’une autre âme[4],
cherchant votre partenaire à travers les annales du temps, et perdu tant que
votre âme sœur ne vous complétera pas.
(Une minute de pause, les yeux clos, à 21 h 42.)
Quand vous avez trop tendance à maintenir votre réalité, vous la
perdez, car vous niez la créativité sur laquelle elle repose.
(Une longue pause.) Je ne nie pas l’importance de la vraie raison. Je ne
vous dis certainement pas d’ignorer l’intellect. Mais vous ignorez souvent
la nature ludique de l’intellect, et vous le forcez à devenir quelque chose de
moins que ce qu’il est.
Faites votre pause.
(De 21 h 45 à 21 h 55.)
Dans la journée, beaucoup parmi vous ont des rêves éveillés dans
lesquels ils se voient en tant que contreparties, et des parties de leurs vies se
manifestent parfois à eux pendant qu’ils vaquent à leurs occupations
quotidiennes.
Vous en tenez bien peu compte, cependant. Vous pensez que c’est
seulement votre « imagination ». Or, la réalité inconnue est vivante dans
votre psyché. Dans toute votre expérience, il y en a des indices. Vous ne
seriez pas vivant, en vos termes, si en premier lieu vous ne vous imaginiez
pas tel que vous êtes. Le jeu est en fait une des méthodes de survie les plus
utiles, à la fois pour l’individu et pour l’espèce. Dans sa structure résident
les secrets de la créativité, et dans les secrets de la créativité résident les
secrets de l’être.
La vie que vous considérez comme réelle représente une strate étroite,
même du point de vue de votre expérience physique. Je ne parle pas ici
d’autres réalités qui pourraient s’ajouter à cette dimension-là. (Une pause.)
Le jeu vous apporte un repos nécessaire par rapport à vos concepts
déformés du moi. Une bonne part des inventions les plus belles ont eu lieu
quand l’inventeur n’était pas concentré sur son travail, mais s’adonnait à un
passe-temps ou à un jeu.
(Une pause.) Vous êtes en lien plus ou moins direct avec certaines de
vos contreparties, tandis que d’autres vivent dans d’autres pays et
présentent parfois des différences d’âge ou de culture — qualités auxquelles
vous auriez du mal à vous relier[5]. Intuitivement, vous savez qui sont vos
contreparties dans votre expérience quotidienne. Cela ne signifie pas que, si
vous vous rendez compte consciemment de telles affiliations, vous devez
avoir le sentiment qu’il y va de votre responsabilité de former un type de
culture de contreparties, ou de tenter de modifier les vies d’autres personnes
en leur rappelant votre lien relationnel. Chacun de vous est individuel.
Certaines des personnes qui vous déplaisent le plus profondément
peuvent être des contreparties[6]. Chacun de vous peut explorer des
aspects différents du même défi global.
Les familles n’ont rien d’ésotérique. Elles représentent le type de
relations que vous prenez comme allant de soi. La même chose s’applique
aux contreparties, si ce n’est que le terme ou concept ne vous est pas
familier.
Certains membres d’une famille remplissent toutefois souvent un rôle
particulier pour la famille dans son ensemble. L’un peut être un arriviste et
un autre du genre à entreprendre et réaliser. Actuellement, les psychologues
essayent souvent de traiter la famille comme un ensemble, en permettant
aux différents membres de voir comment ils peuvent exagérer certaines
tendances au détriment d’autres.
L’arriviste peut par exemple faire montre de tous les aspects audacieux
inhibés chez les autres membres de la famille. À travers cette personne, les
autres peuvent par procuration partager l’excitation ou le suspens de telles
expériences, qui sont bloquées par ailleurs. D’un autre côté, celui qui
entreprend et mène à bien des projets peut totalement cacher ce genre
d’impulsions, tout en exprimant fidèlement les désirs « d’excellence » et de
discipline des autres membres de la famille. Maintenant, la même chose
peut s’appliquer aux contreparties et celles-ci peuvent vous montrer dans
votre expérience, sous une forme exagérée, des aptitudes qui sont vôtres et
sur lesquelles vous n’avez pas choisi de vous concentrer. Vous pouvez par
conséquent beaucoup apprendre de vos contreparties, et elles de vous. Ces
contreparties que vous rencontrez travaillent, jouent et se trouvent plus ou
moins au sein de votre propre culture. Cela ne veut pas dire que vous êtes
des morceaux ou des pièces d’un certain moi hypothétique.
(Une pause à 22 h 20.) Imaginez que la psyché soit une plante diffusant
des graines d’elle-même dans de nombreuses directions, chaque graine
devenant une plante nouvelle dans des conditions différentes. Grandissant
jusqu’à l’état de plante, ces graines diffusent encore de nouvelles variations.
Une poignée de graines d’un arbre peut tomber dans le même jardin.
D’autres peuvent être emportées par le vent sur des kilomètres avant
d’atterrir.
Vous vivez d’habitude avec votre famille physique, bien que ce ne soit
pas toujours le cas ; vos ancêtres viennent parfois de pays différents : il
existe donc une lignée physique que vous comprenez. Il y a souvent des
retours au pays, lorsque des parents éloignés reviennent au bercail.
Maintenant, il en va de même psychiquement, en termes de contreparties. Si
vous appartenez à l’un de ces groupes particuliers, quel qu’il soit, vos
contreparties les plus proches y seront souvent aussi. De leur point de vue,
vous serez d’ailleurs une contrepartie. Beaucoup de groupes politiques,
civils, éducatifs ou religieux sont composés de contreparties.
(« Et les familles conventionnelles ? » Je pose cette question à Seth, car
je pense que de nombreux lecteurs vont s’interroger sur ce point, tout
comme moi.)
Nous y viendrons. C’est à dessein que je ne les ai pas ajoutées.
Ces contreparties forment des familles psychiques. Ce sont des
représentations familiales à d’autres niveaux. Tout d’abord, ces groupes ont
une focalisation innée — politique, civique, religieuse, sexuelle ou autres.
(Une pause.) Certains membres du groupe expriment les tendances
refoulées des autres. Pourtant, chacun est soutenu par un sens commun
d’appartenance, de sorte que le groupe semble parfois avoir sa propre
identité globale, où chaque membre joue un rôle. Tout lecteur peut
facilement découvrir cela en examinant les groupes auxquels il appartient.
(22 h 30.) Maintenant, physiquement parlant, il y a des races. Il y a
aussi des contreparties psychiques de races — des familles de conscience,
pour ainsi dire —, toutes reliées, ayant pourtant des caractéristiques ou
spécialités globales différentes.
La plupart des gens qui suivent les cours de Ruburt sont des Sumari[7],
par exemple. Il existe huit autres familles psychiques de ce type — donc
neuf en tout. Certains des étudiants de Ruburt sont des contreparties les uns
des autres. Beaucoup de ceux qui viennent ici viennent chez eux,
exactement comme les membres d’une famille physique se réunissent.
Vous pouvez changer les noms si vous préférez.
Peter Smith est une contrepartie de Joseph[8]. Sue [Watkins] et Zelda
sont des contreparties de Ruburt — ou Ruburt est une contrepartie de Sue et
de Zelda.
Alan Koch et Ruburt sont des contreparties. Carl Jones[9], Bill Herriman
et Bill Granger sont des contreparties. Norma Pryor est une contrepartie de
Joseph et vice versa. Le jeune homme de Pennsylvanie qui vient une
semaine sur deux est une contrepartie de Ruburt. Mais tout cela s’applique à
n’importe quel groupe.
Accordez-nous un instant… Les Sumari sont d’un naturel enjoué
— inventifs et relativement sans entraves. Ils sont toutefois impatients[10].
On les trouve dans les arts et dans les sciences moins conventionnelles.
La réalité inconnue. Vous avez des affiliations intérieures. Quelles sont-
elles ? Je vais donner les grandes lignes des espèces psychiques intérieures,
et c’est à vous de découvrir celle à laquelle vous appartenez.
(D’une voix forte et pleine d’humour.) Faites votre pause, ou terminez la
session si vous préférez.
(« D’accord pour la pause. »
22 h 45. À une exception près — Sue Watkins —, tous les noms donnés
par Seth et impliquant des relations de contreparties ont été changés. La
plupart des gens sont des membres du cours de Jane ; quelques-uns ont
rencontré certaines de leurs contreparties, d’autres non ; Jane, Sue et moi
sommes les seuls à connaître toutes les personnes que Seth a nommées. Au
cours de la pause, Jane fait part d’autres affiliations psychiques parmi ses
étudiants, mais il n’est pas nécessaire de les évoquer ici. Elle est incapable
de dire si Seth va indiquer d’autres contreparties après la pause.
Je lui dis que j’ai été assez surpris lorsque Seth a déclaré de façon aussi
abrupte qu’il y avait seulement neuf familles de conscience [humaine] sur
notre planète. Le nombre semble si petit, si arbitraire. Je fais aussi
remarquer qu’à mon sens, ni Seth ni elle n’aiment d’habitude classer de
façon aussi catégorique de nouvelles informations. Tout en étant d’accord,
Jane n’est pas capable d’en dire davantage, si ce n’est qu’elle a le
sentiment que chaque famille pourrait avoir des subdivisions, et/ou se
combiner avec d’autres, de sorte que, mathématiquement au moins, un
« grand nombre » d’entre elles pourraient exister. Je préfère de loin cette
idée-là. Bizarrement, aucun de nous deux n’avait jamais demandé à Seth de
nommer les autres familles de conscience, après que Jane s'est exprimée en
sumari il y a plus de trois ans — voir cependant à la fin de cette session le
matériau consacré à la famille de conscience sur laquelle Sue Watkins
s’était branchée.
Reprise à 23 h 02.)
Maintenant. Ce groupe de la classe de Ruburt me sert d’exemple, mais,
à nouveau, la même chose s’applique à n’importe quel groupe.
Les Sumari sont exubérants, en certains termes, contestataires, pleins
d’énergie. Ils sont en général individualistes, opposés aux systèmes, quels
qu’ils soient. Ce ne sont cependant pas des « réformateurs nés ». Ils
n’insistent pas pour que tout le monde croie en leurs idées, mais ils insistent
avec opiniâtreté sur leur droit à croire en leurs propres idées et ils évitent
toute coercition.
Dans la classe, Emma [Hariston] et Jack [Pierce] sont des
contreparties. (S’adressant à moi.) Jack et vous êtes des contreparties, mais
Emma et vous n’en êtes pas.
(Une pause.) Earl [Williams] et Sam [Garrett] sont des contreparties.
Ces noms ne signifient rien pour mes lecteurs. Pourtant, dans chaque cas,
les relations citées indiquent des réalisations et des connexions intérieures.
Les mêmes réalités apparaissent dans chacune de vos vies. Will Petrosky et
Ben [Fein] sont des contreparties. Will [qui, soit dit en passant, assistait à
la session 729] est un jeune homme très intellectuel — il en est fier, même
s’il doit faire de grands efforts pour montrer qu’il est un joyeux drille. D’un
autre côté, Ben Fein fait pleinement confiance à ses intuitions et compte sur
elles ; pourtant, dans une certaine mesure, il a peur de sa propre énergie qui
est grande. À de nombreux égards, il est un enfant, et totalement spontané.
Will rêve d’être spontané. Toutefois, même dans ce groupe ouvert [de la
classe], la spontanéité de Ben devient embarrassante pour des adultes assez
libres pour jouer avec l’idée de la spontanéité tout en n’ayant pas
complètement confiance en elle. Ben a peur de l’intellect. Il craint que
celui-ci ne le « diminue ».
Maintenant, tout groupe montre le même type d’interrelations[IV]. Vous
pouvez les voir par vous-même. Il y a une grande diversité au sein de la
famille de conscience nommée Sumari, ainsi qu’une grande variété à
l’intérieur des autres familles psychiques, comme il y en a au sein de toute
race physique.
(23 h 14.) Vous choisissez toutefois de naître dans une famille physique
particulière, avec vos frères et vos sœurs, ou en tant qu’enfant unique.
D’une façon générale, vos contreparties naissent ainsi dans la même famille
psychique de vos contemporains. Ces familles-là peuvent être appelées
Gramada —
(« Attendez, dis-je. Est-ce que vous voulez bien les épeler ? » Jane en
tant que Seth hoche la tête. Puis rapidement, presque en rythme comme si
elle chantait, elle épelle huit noms. J’ajoute Sumari à la liste. Là où cela
semble nécessaire, j’indique également l’accentuation et le découpage
syllabique, d’après la prononciation de Seth.)
1. Gra-ma’-da
2. Su-ma’-fi
3. Tu’-mold
4. Vold
5. Mil’- (une pause) u-met
6. Zu’-li
7. Bor-le’-dim, la plus proche de la famille Sumari
(Au moment où Jane épelle « Borledim », je me dis qu’elle va peut-
être se mettre à chanter.)
8. Il’-da
9. Et Su-mar’-i
Ces catégories ne viennent pas en premier. Votre individualité vient en
premier. Vous avez certaines caractéristiques qui vous sont propres. Celles-
ci vous placent dans une certaine position. Comme vous n’êtes ni un rocher
ni un minéral, mais une personne, votre individualité vous place donc dans
une famille, ou espèce, particulière de conscience. Elle représente votre
point de vue global de la réalité.
Vous aimez être un initiateur, un suiveur, ou jouer un rôle nourricier.
Vous aimez créer des variations sur de vieux systèmes, ou vous aimez en
créer de nouveaux. Vous aimez vous concentrer sur la guérison,
l’information ou des données physiques. Vous aimez avoir affaire à la vue,
au son, aux rêves ou à la traduction de données intérieures en un matériau
psychique utile pour votre société. Vous choisissez alors une certaine
focalisation, comme vous choisissez à l’avance votre famille physique[11].
(Une pause.) Fin de la session. Mes salutations les plus chaleureuses et
un cordial bonsoir.
(« Merci, Seth, à vous aussi. »
23 h 27. « Par moments, je m’y perds complètement », dit Jane en
sortant de son excellente transe, juste après la fin plutôt soudaine de la
session. « Je pense que le matériau ici est remarquable, mais je m’inquiète
de la façon dont le lecteur va le comprendre… Je savais que j’épelais ces
noms. »
Je me demande si les attributs ou vocations que Seth a énoncés
pourraient être directement reliés aux familles de conscience qu’il a
données juste avant, et Jane affirme que c’est le cas. Mais ni elle ni moi ne
sommes capables de dire ce qui va avec quoi ; peut-être obtiendrons-nous
des informations qui nous aideront à faire certaines associations ; je
pourrais peut-être alors présenter une liste de ces corrélations dans une
note.
Jane se souvient à présent que notre amie Sue Watkins a eu quelque
chose à voir avec le fait que Seth ait cité le nom d’une deuxième famille de
conscience, il y a plusieurs années, peu de temps après que Jane nous a
révélé le concept de sumari [voir la note 10]. Après réflexion, elle précise
toutefois que, selon elle, le nom de la « famille de Sue » n’est pas sur la
liste que Seth vient de donner : « C’est quelque chose comme Gramada,
mais ce n’était pas ce nom-là… » J’en prends note pour vérifier cela avec
Sue, qui n’assiste plus à tous les cours puisqu’elle n’habite plus à Elmira.
Je veux aussi voir ce que je peux retrouver dans les sessions, de manière à
pouvoir demander à Seth la raison de cette différence.
Pendant que nous prenons une collation, Jane « capte », sans doute de
Seth, l’idée que les familles psychiques sont « comme notre humeur
générale, celle qui prédomine et dont nous sommes porteurs durant toute
notre vie… » Puis elle ajoute un commentaire intéressant alors que nous
nous apprêtons à aller nous coucher ; cela concerne la question que j’ai
posée à Seth à propos des contreparties dans les familles : « Je pense que
l’unité familiale est peut-être davantage destinée à prendre en compte le
contexte réincarnationnel, plutôt que vouée à beaucoup s’occuper des
contreparties. » Je me demande comment tout cela cadre avec les
probabilités, mais nous avons trop sommeil pour réfléchir à quoi que ce
soit.
Enfin, et peut-être de façon prématurée, reste l’idée, inexploitée jusqu’à
présent, d’un matériau de Seth expliquant si oui ou non les mécanismes des
contreparties et des familles de conscience s’appliquent à d’autres espèces.
Si elles s’appliquent, fis-je remarquer à Jane le lendemain pendant que je
tape cette session à la machine, Seth doit alors avoir une foule
d’informations extrêmement intéressantes sur ces concepts-là, en relation
avec les animaux, les oiseaux, les insectes et la vie aquatique — sans
oublier les bactéries et les virus ; peut-être les entités submicroscopiques
allant jusqu’aux niveaux moléculaire et atomique, voire « en dessous »,
sont-elles aussi concernées. J’espère que nous commencerons bientôt à
recevoir le matériau que nous souhaitons obtenir sur toutes ces catégories-
là, et d’autres, et que le flux d’informations de Seth sur de tels sujets
continuera au fil des ans. Je prévois de lui rappeler souvent nos désirs
actuels.)
[1] Rappelons que Seth a mentionné pour la première fois son concept de
contreparties pendant le cours de perception extrasensorielle du 18
novembre 1974, et non pas lors d’une session consacrée à la dictée de
La Réalité « inconnue » ; voir les notes d’ouverture de la session 721,
dans le tome II. J’y fais aussi référence aux expériences de mes
contreparties romaines et jamaïcaines — épisodes qui, comme je
l’écrivais, « ont certainement joué un rôle considérable dans
l’établissement d’une base, ou d’une impulsion, pour un tel
développement » [comme celui des contreparties]. Voir ensuite tout le
matériau de Seth sur les contreparties dans la session 721 elle-même.
[3] Notre dictionnaire définit une âme sœur comme étant une personne du
sexe opposé avec laquelle un individu a « une relation profondément
personnelle » — une description assez terre à terre. Jane et moi
trouvions le terme, ainsi que ses implications, assez désuets jusqu’à ce
que Le Matériau de Seth soit publié en 1970. Puis nous avons
commencé à recevoir des lettres de lecteurs demandant à Seth soit de
les aider à trouver leur âme sœur, soit de vérifier que de telles
contreparties avaient en fait déjà été repérées.
[4] Voir les discussions très pointues de Seth à propos de l’âme (ou entité),
dans les sessions 526, 527 et 528 du chapitre 6 de Seth parle. Il a
communiqué de nombreux points excellents. La remarque qu’il a faite
juste avant 22 h 43 dans la session 526 m’a toujours intrigué : « Vous
êtes l’une des manifestations de votre propre âme. » Et au chapitre 9 de
La Réalité personnelle, voir la session 637 à 22 h 20 : « Un groupe de
cellules forment un organe. Un groupe de moi forment une âme. Je ne
suis pas en train de vous dire que vous n’avez pas une âme qui vous soit
propre. Vous êtes une partie de votre âme. Elle vous appartient et vous
lui appartenez. »
Mis à part toute relation qu’elle pourrait avoir avec une réalité de
contreparties, la croyance en une âme sœur correspond selon moi à des
versions très déformées des idées exposées dans les deux passages cités
ci-dessus.
[5] Seth a déjà évoqué les relations entre des contreparties très éloignées
les unes des autres et, dans une moindre mesure, entre celles ayant des
différences d’âge et de culture. Jane et moi pouvons illustrer ce qu’est
une relation directe entre des contreparties ; voir la session 726 après
23 h 40. Voir ensuite le matériau de Seth, dans l’appendice 21 du tome
II, sur l’association constituée par Florence, une étudiante du cours de
perception extrasensorielle et un jeune homme en Chine, sa
contrepartie. J’ai presque dix ans de plus que Jane ; Florence a
probablement vingt-cinq ans de plus que sa contrepartie chinoise.
[6] Cette affirmation de Seth quant à une possibilité d’antipathie entre des
contreparties est hilarante, et je ne plaisante pas en disant cela. En
prenant les membres du cours de perception extrasensorielle comme
exemple, nous avons souvent noté, Jane et moi, la diversité des
sentiments, allant des plus positifs aux plus négatifs, qu’éprouvent ses
élèves les uns envers les autres. Ce qui est intéressant dans la
déclaration de Seth, c’est qu’en ayant la théorie des contreparties à
l’esprit, on peut apprécier d’une nouvelle façon comment des émotions
et des motivations sous-jacentes circulent entre certains individus, et
font parfois surface, à un degré ou à un autre, sous forme de sentiments
d’antipathie, par exemple. Et ma pensée ici est clairement en
adéquation avec le matériau que Seth va bientôt donner un peu plus
tard, dans cette session-ci.
[8] J’ai commencé ces notes plusieurs semaines après la session 732, si
bien que j’ai disposé d’un peu de temps de camouflage pour clarifier
certains évènements et en laisser d’autres se produire.
Au départ, j’ai senti une vague de malaise m’envahir dès que Seth a
affirmé que mon ami, l’artiste Peter Smith, est une de mes contreparties.
En vérifiant dans la session 724, j’ai trouvé la raison de cette réaction :
Seth y avait expliqué que Peter et moi n’étions pas des contreparties,
bien qu’ « alliés de façon suffisamment proche pour que, en certains
termes, vous “partagiez” certains souvenirs psychiques identiques… »
Pourquoi cette contradiction, me suis-je demandé, même si Seth l’avait
nuancée ? Ni Jane ni moi ne croyons que je me suis trompé en
transcrivant ce qu’a dit Seth dans la session 724 ou dans la session
732 ; nous prévoyons donc de lui demander bientôt un éclaircissement.
Sue Watkins, qui nous avait présenté Peter en 1973, est concernée par
la question du fait de son amitié avec nous trois. C’est elle qui a
confirmé que, plusieurs mois auparavant, Peter lui avait décrit ce qu’il
percevait maintenant comme étant le même évènement psychique que
j’avais capté il y a quelques semaines à peine, le 3 décembre 1974 ;
mais l’expérience de Peter avait eu lieu en 1967 ! J’ai appelé ma propre
version « mon quatrième Romain » et en ai donné un compte rendu
dans l’appendice 22. À travers des images intérieures, j’ai vu dans la
Jérusalem du premier siècle de notre ère la mort violente de ma
contrepartie traîtresse de soldat romain.
Avant que je parvienne à demander à Seth si, oui ou non, Peter Smith et
moi sommes des contreparties, Sue a eu le temps de réfléchir elle-même
à la question. Comme elle l’a déjà fait (voir dans le tome I les notes
d’ouverture de la session 692, ainsi que la note 2), elle a écrit
d’excellentes choses sur des sujets psychiques — notamment sur les
variations possibles au sein d’une relation entre des contreparties. Voici
quelques brefs extraits traitant de quelques-unes des idées qu’elle a
mises par écrit à ma demande.
« L’idée m’est venue que les remarques de Seth (dans les sessions 724 et
732) étaient peut-être plus pertinentes pour la situation que nous ne
l’imaginions. Et si, à un certain moment, Peter et Rob avaient été des
contreparties et qu’une fois leur objectif atteint, ils avaient cessé de
l’être ? Une fois que vous « avez tué votre ennemi » (et donc vous-
même) — comme le soldat romain à Jérusalem — et que vous vous en
êtes rendu compte, cela n’a-t-il pas changé votre connexion en tant que
contreparties ? Est-ce que les interconnexions de contreparties
apparaissent et disparaissent en fonction des besoins, des croyances et
de l’expérience des personnalités présentes impliquées ?
[9] Il est question de Carl Jones dans la session 561 du chapitre 14 de Seth
parle.
[11] Dans Seth parle, voir les chapitres 11, 12 et 13. Seth a transmis
beaucoup de matériau sur la réincarnation, y compris « le temps du
choix » entre des vies, le fait de recréer et de changer des évènements
dans des vies passées, les relations passées et présentes, familiales
réincarnationnelles ; les probabilités, les rêves, le fœtus, etc.
SESSION 733
(21 h 25.)
Bonsoir. (Calmement.
« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Quand vous êtes en avion et que vous regardez la planète, vous
voyez les chaînes de montagnes, les vallées, les rivières, les plateaux, les
villes, les champs et les villages. Dans une certaine mesure, vous vous
rendez compte que le monde a des contenus physiques, existant
simultanément, mais dont les caractéristiques varient. En ces termes-là, le
monde est composé de ses ingrédients physiques. Cet « emballage » est
toutefois la seule partie de l’image que vous voyez.
Psychiquement, votre monde est composé des contenus de sa
conscience. Vous avez des cartes de continents et d’océans et, dans cette
vision globale, chaque partie est comme une pièce d’un puzzle, toutes
s’ajustant parfaitement les unes aux autres, s’insérant en douceur dans la
structure naturelle du monde. Ainsi, à tout moment donné, il y a une
conscience du monde, un véritable puzzle de conscience, où chaque
identité, grande ou petite, a son rôle.
Il y a des séismes qui se déclenchent physiquement, et des appareils les
enregistrent. Il y a aussi des séismes intérieurs de conscience, d’où
émergent les séismes physiques — des tempêtes de l’esprit ou de l’être, des
éruptions où un segment de la conscience du monde, qui est refoulé dans un
domaine, explose dans un autre.
Si vous pouviez être en orbite autour de votre planète dans un type de
vaisseau différent, vous pourriez voir les contenus psychiques du monde,
en regardant la conscience du monde briller d’un éclat bien plus vif que
n’importe quelle ville illuminée. Vous pourriez repérer le point d’intense
activité, voir la naissance de nouveaux mythes et la mort des anciens, de
façon aussi certaine qu’on peut voir un glissement de terrain en montagne
ou un raz-de-marée. Les parties physiques de la Terre sont toutes reliées. La
conscience forme aussi son propre type de structures intérieures d’où, à
nouveau, émergent les structures physiques. Vous êtes en fait des
contreparties les uns des autres. Toutefois, du fait de la grande variété de
formes physiques, les contreparties jouissent d’une liberté intérieure encore
plus étendue qui offre une diversité de caractéristiques encore plus grande.
Comme je l’ai certainement laissé entendre, le corps est un organisme
miraculeux, et vous en avez à peine appris les structures les plus simples[1].
Vous ne comprenez pas les propriétés de l’âme ou du corps et, pourtant, le
corps vous a été donné pour que vous puissiez apprendre de lui. Les
propriétés de la Terre sont destinées à vous permettre de pénétrer la nature
de l’âme. Vous créez une réalité physique, sans toutefois savoir comment,
de sorte que la merveilleuse structure de la Terre elle-même est configurée
en vue de vous amener à vous interroger sur votre propre source. La nature,
telle que vous la comprenez, est censée être votre enseignante. Vous n’êtes
pas son maître.
(D’une voix plus forte.) Le créateur n’est pas le maître de ses
créations. Il est simplement leur créateur, et il crée parce qu’il n’essaye pas
de contrôler.
(21 h 45.) Quand vous essayez de contrôler le pouvoir, ou les gens, vous
copiez toujours. Dans une certaine mesure, le monde se copie lui-même,
dans le sens où il y a des modèles[2]. Mais ces modèles sont toujours
modifiés à un degré ou à un autre, si bien qu’un objet n’est jamais la copie
d’un autre — même s’il peut sembler l’être.
(Avec beaucoup d’insistance et de joie.) En vos termes, le monde est
extrêmement différent d’un moment à l’autre, chaque partie la plus infime
de conscience choisissant sa réalité parmi un champ de probabilités
infinies[3]. D’immenses calculs, bien au-delà de vos décisions conscientes
telles que vous les concevez, ne sont possibles que grâce à l’indicible
liberté régnant à l’intérieur des mondes minuscules qui se trouvent dans
votre crâne — des modèles d’interrelations, des contreparties si
astucieusement entrelacées que chacune est unique, libre, et impliquée dans
une aventure coopérative infinie, si puissante que les atomes conservent
certaines formes et que les mêmes étoiles brillent dans le ciel.
Le familier et l’étrange sont intimement liés dans votre expression la
plus évidente et la plus simple. Vous êtes entourés de miracles. Alors
pourquoi le monde semble-t-il si austère et cruel ? Pourquoi vos semblables
ont-ils parfois l’air d’être des monstres dénués de sentiments — (d’une voix
plus forte) des Frankenstein non pas de corps mais d’esprit, des idiots
spirituels, ignorants de tout héritage d’amour ou de vérité, ou même de
gracieuse animalité ? Pourquoi beaucoup d’entre vous ont-ils l’impression
que la race, l’espèce, est condamnée ? (En murmurant.) Pourquoi certains
parmi vous sentent-ils, dans leurs moments de calme, qu’une telle phrase
est juste[4] ?
Vous faites votre propre réalité.
Cela doit être écrit en tant que paragraphe séparé.
(D’une voix plus forte.) En règle générale (à souligner), la plupart
d’entre vous vivent dans leur propre monde, avec leurs semblables. Ceux
qui ne croient pas à la guerre ne l’ont pas vécue. Il se peut qu’il y ait eu la
guerre autour d’eux, mais ils n’en ont pas fait l’expérience. Ceux qui parmi
vous ne croient pas à l’avidité n’ont pas eu à souffrir de ses
« conséquences ». Si vous la percevez quand même, c’est parce qu’elle est
une partie de votre réalité. Si vous n’êtes vraiment pas cupides et voyez
pourtant la cupidité, peut-être servez-vous alors d’exemple pour les autres
— mais vous formez votre propre réalité.
(22 h 01.) Il y a plus de mondes que vous le supposez et, dans sa propre
expérience personnelle, chacun de vous contribue au monde que vous
connaissez. Vos contreparties et vous, vous le formez ensemble. À lui seul,
votre corps physique est équipé pour percevoir beaucoup plus que vous ne
le lui permettez actuellement. Physiquement, vous êtes une partie de toute
autre personne sur la Terre et vous avez une connexion avec chaque feuille,
grenouille et escargot.
Vous choisissez la ville, l’état ou le pays dans lequel vous vivez.
Personne ne vous force à y rester, à moins que vous cherchiez une excuse
pour y demeurer. De même, vous choisissez aussi votre contrée psychique.
Vous pouvez voyager d’une contrée psychique à une autre, comme vous
pouvez vous rendre dans d’autres parties du monde physique. Certains
grands voyageurs n’ont jamais quitté leur terre natale.
(À nouveau d’une voix forte.) Michel-Ange[5] a parcouru les siècles en
captant des visions et des idées comme d’autres achètent des cartes postales
lorsqu’ils voyagent dans un pays étranger. Son génie vous montre ce que
vous êtes, et il ne fait pourtant que suggérer le potentiel dont est dotée
votre espèce.
À la lumière de tels idéaux, vous semblez sûrement déficients
— pourtant, votre réalité est celle qui offre les plus grandes libertés. Cela
signifie que vous vous êtes donné toute latitude pour explorer toutes les
probabilités, sans exclure aucune de celles qui étaient physiquement
faisables.
(D’une voix plus forte, à nouveau.) Cette espèce ne s’est imposé aucun
tabou « préordonné ».
Les registres infinis accessibles aux capacités humaines devaient être
explorés — et ceux qui ont choisi cette voie disaient : « Nous avons
confiance dans le fait que notre créativité trouvera sa propre voie et, s’il y a
des cauchemars, nous nous en réveillerons. Nous apprendrons même d’eux.
Nous oserons repousser les dimensions correspondant aux royaumes où
seuls les dieux sont allés jusqu’à présent — et, en étant totalement
vulnérables à l’expérience, nous découvrirons la divinité qui donne à notre
humanité son sens. De plus, (en murmurant) grâce à la compassion que
nous aurons apprise, nous serons capables de comprendre les erreurs
divines[6] qui ont présidé au don de notre naissance. Chacune des âmes et
des molécules est en apprentissage, chacune forme des réalités, chacune est
une partie d’une divinité dans laquelle chaque contrepartie a un rôle à
jouer. »
Pause.
(22 h 18. La transe de Jane était profonde, sa transmission souvent
rapide et passionnée. Elle sentait une grande énergie la traverser, me dit-
elle. Le volume de sa voix variait d’un extrême à l’autre — ce qui est très
inhabituel, du moins dans ces sessions consacrées à La Réalité
« inconnue » ; d’habitude, elle s’exprime en tant que Seth d’une manière
plutôt normale, professionnelle, d’une voix plus douce, moins précipitée.
Jane est parfaitement détendue. « Maintenant, je ne sais pas quoi faire
— je pourrais aller me coucher ou continuer la session pendant des
heures… » Elle a passé la plus grande partie de la journée à écrire des
paroles destinées à de la musique rock — pour des raisons qu’il n’est pas
nécessaire d’exposer ici — et cette activité lui rappelle maintenant un
poème qu’elle a écrit en mai 1963, plus de six mois avant de commencer à
parler pour Seth. Elle en récite les premiers vers :
Magie est mon deuxième prénom,
J’étais si brave et grande.
Personne ne savait alors qui j’étais,
Moi encore moins que les autres.
[1] En 1964, dans la session 23 du 5 février, Seth disait déjà : « Moi non
plus, je ne connais pas toutes les réponses. Cependant, le fait est que
même l’homme, à sa façon maladroite, découvrira qu’il crée lui-même
son propre univers physique et que les mécanismes du corps physique
ont plus de fonctions et de variétés que ce qu’il connaît. »
« Puis j’ai compris une autre chose : les appels téléphoniques, les
visites et les lettres correspondaient à des schémas, tout comme c’était
le cas pour les évènements subjectifs de ma vie. Ils arrivaient par
paquets, ayant à voir avec certaines questions et sujets particuliers.
Chaque appel me donnait l’opportunité de voir comment différentes
personnes organisaient la réalité extérieure en fonction de leur
politique intérieure. Je m’étonne de ne pas avoir vu plus tôt les
connexions. »
[3] Voir le matériau de Seth sur ses unités de conscience ou UC, dans les
sessions 682 et 683 du tome I de La Réalité « inconnue ». Dans la
session 682, après 21 h 47 par exemple, il parle des relations entre les
UC et les réalités probables.
[6] Une bonne partie du matériau de Seth dans cette session (et dans ce
paragraphe), ainsi que l’évidente intensité des sentiments qui
accompagnent ses paroles, me rappellent un ensemble de sessions qu’il
a données il y a plus de dix ans sur les trois dilemmes créatifs de Tout-
ce-qui-est. Il y évoquait longuement la « déchirante recherche » pour
l’expression des pouvoirs de créativité et d’existence, et la façon dont
les débuts de cette recherche peuvent avoir « représenté les affres de la
naissance de Tout-ce-qui-est, tel que nous le connaissons ».
Ces sessions 426, 427 et 428 ont eu lieu en août 1964 ; Jane en présente
des extraits au chapitre 18 du Matériau de Seth.
[2] Jane et moi sommes des Sumari (voir les notes 7 et 10 de la session
732). Je peux dire que bon nombre des caractéristiques mentionnées
par Seth ce soir s’appliquent à nous, comme nous l’avons appris au fil
des ans — en particulier celles concernant notre amour de l’art, le fait
que nous soyons des initiateurs, et notre désir d’être affranchis des
structures sociales. En même temps, nous sommes volontiers d’accord
sur le fait que des organisations sont indispensables dans les cultures
très complexes du monde. Nous nous intéressons beaucoup à la
politique nationale et mondiale. Toutefois, si notre travail doit un jour
se traduire par des changements sociaux, ils devront être apportés par
d’autres que nous, car Jane et moi travaillons principalement seuls.
D’une certaine façon, Seth est peut-être un peu injuste envers Jane et
moi quand il fait remarquer par exemple que les Sumari « ne passent
pas leur temps à faire les mêmes choses… » [Voir à nouveau la note 10
de la session 732]. Jane et moi sommes capables de nous impliquer
fortement dans les arts et de nous montrer impatients par moments,
mais nous sommes aussi extrêmement tenaces lorsque nous décidons de
faire quelque chose qui selon nous en vaut la peine. Sans doute le
matériau de Seth n’existerait-il pas dans sa forme retranscrite actuelle
si ce n’était pas le cas.
Janvier 2
Février 4
Mars 7
Avril 4
Mai 3
Juin 4
Juillet 3
Août 4
Septembre 2
Octobre 1
Novembre 1
Décembre 2
Total 37
Ces chiffres peuvent difficilement servir de référence, dans un sens ou
dans l’autre ; ils sont juste destinés à indiquer quelques directions
intéressantes à explorer, impliquant des groupes et les diverses familles
de conscience auxquelles les membres de ces groupes peuvent
appartenir. Je noterai donc simplement que vingt-quatre des trente-sept
étudiants du cours de Jane sont nés dans la première moitié de l’année.
Partant de là, les chiffres peuvent être assemblés et interprétés de
différentes façons. Évidemment, d’un cours à l’autre, ils changeraient
un peu, en fonction non seulement des étudiants présents ce jour-là,
mais aussi du nombre de ceux qui, parmi eux, seraient des Sumari. Seth
n’a d’ailleurs pas indiqué tous ceux qui l’étaient ; certains ont de forts
sentiments d’appartenance à cette famille-là de conscience, et d’autres
non.
« Tout comme mon nom importe peu au fond, le nom sumari aussi a peu
d’importance. Mais les noms signifient un type indépendant et unique
de conscience qui utilise certaines limites.
« L’important est que je ne suis pas plus impersonnel que vous, en ces
termes-là, et, en ces mêmes termes, les Sumari sont aussi individuels et,
dans cette mesure-là, personnels. Vous êtes une partie des Sumari. Vous
avez certaines caractéristiques, en termes simples, comme une famille
peut avoir certaines caractéristiques, ou les membres d’une nation. »
[4] Il est étrange de voir comment les choses peuvent se développer ou non
dans notre réalité de camouflage. Je vais expliquer ce que je veux dire
par là, en rappelant deux questions destinées à Seth, en commençant
par la seconde. À la fin de la session 732, j’avais exprimé l’espoir de
« bientôt commencer à obtenir le matériau que nous voulons » de lui
pour savoir si les mécanismes des contreparties ou des familles de
conscience s’appliquent ou non à d’autres espèces et formes que les
nôtres ; d’où ma deuxième question ce soir. Avec l’aide évidente de
Seth, Jane a commencé d’elle-même à répondre au moins partiellement
— avant d’être interrompue par notre visiteuse Barbara, frappant à
notre porte. Cela a coupé la focalisation et la concentration de Jane sur
le sujet et nous n’y sommes pas revenus ensuite. Je dois en plus noter
que, même des années plus tard, nous n’avons toujours pas reçu le
moindre matériau sur de tels rôles possibles de contreparties et de
familles de conscience. J’ai donc abandonné (bien que de façon non
consciente et non délibérée) l’idée de redemander souvent à Seth ce
genre d’information.
Bien que, dans cette note, je mette l’accent sur les aspects, « qui
auraient pu être » de la seconde question, la même pensée peut
s’appliquer à la première également : je voulais savoir combien de
familles de conscience peuvent être choisies par la personnalité qui se
réincarne pendant son « cycle » de vies simultanées. Mes regrets ici ne
sont toutefois pas aussi vifs que mon sentiment d’avoir raté quelque
chose d’important avec la question numéro deux.
SESSION 735
[1] J’ai près d’un mois de retard sur le programme prévu pour terminer les
illustrations de Dialogues ; voir la note 1 de la session 705 du tome II.
Dans le cas présent, ce retard n’a pas d’importance. L’éditeur de Jane
dispose encore de pas mal de temps avant l’impression du livre, puisque
celui-ci ne sera pas mis en vente avant l’automne 1975.
Il sera intéressant de voir combien des points mentionnés ainsi par Seth
correspondent au lieu que nous achèterons finalement.
Pour ceux qui seraient étonnés que Seth fasse référence aux
« pendules », je vais citer un paragraphe que j’ai écrit pour la session
619, à 22 h 01, au chapitre 4 de La Réalité personnelle.
[4] Je note, par la suite, qu’au cours des quelques semaines qui ont suivi,
nous nous sommes souvenus plus d’une fois de cette vision créatrice.
[7] Dans l’appendice 2 du tome I, Seth évoque les conflits que je ressens
entre mes moi artistique, écrivain et sportif. J’ai passé de nombreuses
années à mettre de l’ordre dans ces sentiments. Lors de la session
privée du 30 janvier 1974, que j’ai citée dans l’appendice 2, il disait :
« La créativité de votre père […] avait son côté secret, privé et
solitaire… Vous vous êtes identifié de façon créative à sa nature privée.
Le moi écrivain est devenu latent, tout comme le sportif ; le moi
écrivain et l’artiste étaient cependant étroitement liés. Vous avez parfois
ressenti des conflits. Il ne vous est jamais venu à l’esprit que les deux
aspects pouvaient se libérer mutuellement — l’un illuminant l’autre —
et tous deux s’épanouir. Au lieu de cela, vous les avez vus comme étant
fondamentalement conflictuels. Vous croyiez que le moi peintre devait
être protégé… tout comme vous sentiez que votre père devait protéger
son moi créateur dans la maisonnée… »
[12] Une note ajoutée par la suite. Je suis désolé de devoir écrire que, dans
la session 736, Seth n’a parlé ni des probabilités historiques ni des
contreparties nationales. J’ai oublié de rappeler à Jane ces sujets-là
avant la session, tout comme j’ai omis d’interroger Seth sur ces thèmes
pendant qu’il parlait. Plusieurs autres sessions ont eu lieu avant que je
découvre cet oubli, causé en partie par le fait que je n’avais pas encore
dactylographié la session 735 et que j’avais négligé d’en faire mention
dans mes notes. Il faut dire aussi que Seth était revenu entre-temps à
son matériau sur les familles de conscience. C’est un oubli malheureux,
car j’ai le sentiment que cette information aurait été très originale, et
enrichissante pour de futures sessions.
(Je dois ajouter que ces raisons n’ont rien à voir avec une réticence
quelconque de la part de Seth ou le fait que les données que nous
souhaitons obtenir se soient évaporées de son esprit.)
SESSION 736
(L’une des premières maisons que Jane et moi sommes allés voir hier
est située sur un coteau, dans la partie ouest d’Elmira. La parcelle est à
l’angle d’une rue dans laquelle nous n’étions jamais venus. Debbie, notre
amie de l’agence immobilière, nous en avait montré une photo dans le
catalogue dont elle s’était aussi servie pour nous indiquer la maison de
Foster Avenue, visitée lundi. En fait, les photos des deux maisons se
trouvent l’une au-dessus de l’autre sur la même page du catalogue. Voir les
notes d’ouverture de la dernière session.
La maison qui est à vendre — que nous appellerons « la maison de la
colline » — était vide et fermée. D’autres maisons l’entourent et chacune
d’elles, bien isolée au milieu de ses arbres, donne un sentiment d’intimité.
De notre voiture, nous jetons à tout hasard un coup d’œil à cet endroit. Sur
le moment, elle n’a rien « éveillé » en nous. Elle ne ressemble pas du tout ni
à celle de Sayre ni à celle de Foster Avenue à Elmira. C’est une demeure
style ranch, avec un bardage en cèdre, qui vient juste d’être peint en vert
foncé — une habitation classique de plain-pied, avec des volets blancs, une
cheminée, une baie vitrée, un grand garage attenant à l’arrière, et de
nombreux arbres et arbustes. Devant la façade, une partie de la pelouse est
en pente, et le petit chemin dallé menant à la véranda comporte quelques
marches. La maison est orientée au sud ; devant elle s’étend Elmira dans la
vallée, presque cachée par des arbres et, au-delà de la ville, une succession
de collines. À l’angle sud-ouest de la maison, deux rues se croisent,
chacune d’elles finissant en impasse un peu plus loin. À l’arrière, vers le
nord et l’est, des bois suivent la courbe harmonieuse de la colline jusqu’à
son sommet.
Les notes ci-dessus et mes spéculations à venir, toutes ajoutées par la
suite, anticipent les sessions 738 et 739 des 19 et 24 février. J’insère ce
matériau ici afin de poursuivre le compte rendu chronologique de notre
recherche de maison, et pour montrer également comment même une
perception importante [de la maison, dans le cas présent] peut au premier
abord produire juste une impression à peine consciente sur celui qui perçoit
— bien qu’ici, nous étions deux à percevoir : Jane et moi.
Mais je pense qu’en ces termes-là, il peut y avoir un décalage
appréciable avant que la perception initiale d’un évènement revête une
signification spéciale pour la ou les personnes concernées. Durant cet
intervalle, cette première impression est modifiée et renforcée au sein de la
psyché par des évènements et compréhensions ultérieurs ; elle commence
alors à prendre de l’importance. Puis, quand tout le « travail » intuitif
créatif a été fait, la perception première émerge — ou jaillit brusquement —
dans la conscience. Elle est mûre maintenant, elle a un sens : « Pourquoi
n’ai-je pas vu cela avant ? » Quelque chose de nouveau devient connu. Ces
données synthétisées sont disponibles pour de fraîches décisions
conscientes.
Pendant les seize jours suivant notre premier aperçu de la maison de la
colline, la psyché de Jane et la mienne étaient donc impliquées dans cette
activité non consciente concernant cette demeure. Au cours de cette
période-là, nous avons tenu la session 737, le 17 février, mais comme nous
ne nous sentions pas consciemment concernés par cet endroit particulier,
nous n’en avons pas parlé à Seth, et ne lui avons rien demandé à ce sujet.
Pourtant, durant la session, il a de lui-même évoqué la maison de Foster
Avenue en disant qu’elle représentait une probabilité, une probabilité assez
bonne, que nous pourrions choisir d’explorer. Seth n’a pas suggéré que
nous achetions cette demeure et, s’il l’avait fait, je suis à peu près sûr que
nous en aurions rejeté l’idée. Jane et moi étions libres de prendre notre
propre décision commune — et durant tout ce temps, nous traitions tous
deux au niveau inconscient le cas de la maison de la colline.
Nous avons visité des maisons aujourd’hui et Jane est excitée :
« Comment vais-je réussir à centrer mon esprit sur la session ? » Juste
avant que Seth se manifeste, elle relit la liste des familles de conscience que
celui-ci avait donnée lors de la session 732. Elle fait cela pour des raisons
à la fois pratiques et intuitives.
21 h 24.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Des informations sur les maisons plus tard, si vous le souhaitez.
Il y a ici un rapport avec les caractéristiques sumari.
(« D’accord. »)
Dictée. En général, les Sumari ont la capacité de percevoir
émotionnellement et de ressentir de l’empathie. Jusqu’à un certain point,
ce sentiment pour l’humanité sert souvent d’impulsion pour un travail
créatif. Beaucoup de Sumari ont aussi un sens mystique de connexion avec
la nature. En même temps, ils peuvent être relativement isolationnistes, et
aiment travailler dans la solitude[1].
Divers types de caractéristiques apparemment contradictoires peuvent
donc apparaître. Un Sumari peut avoir beaucoup de relations personnelles
profondément enrichissantes. Un autre peut trouver que les amis sont une
distraction. Un Sumari peut aimer se produire devant un public, alors qu’un
autre ne peut même pas en supporter l’idée. Puisque chaque personne est
unique, les diverses caractéristiques sumari apparaîtront donc de façons très
différentes. Certains vivent en ville, savourant la proximité émotionnelle
des autres, se contentant de quelques pots de fleurs en guise de rappel de la
beauté de la nature. D’autres peuvent avoir une ferme. Dans la plupart des
cas cependant, le parti pris de la conscience est principalement créatif.
À nouveau, je ne vais pas entrer dans les détails concernant les autres
familles, mais je les évoquerai brièvement, parce que les contreparties
appartiennent en général à la même famille.
La première famille que j’ai mentionnée [Gramada[2]] est par exemple
spécialisée dans l’organisation. Parfois ses membres viennent juste après un
changement social révolutionnaire. Leurs tendances organisationnelles
s’expriment cependant dans tous les domaines de la vie. Ils gèrent par
exemple des écoles d’art, bien que n’étant pas forcément eux-mêmes
artistes. Ils peuvent créer des universités, tout en n’étant pas nécessairement
des érudits.
Les fondateurs de très grandes sociétés commerciales appartiennent
souvent à cette famille-là, ainsi que certains politiciens et hommes d’État.
Ils sont actifs, pleins de vitalité et créativement agressifs. Ils savent
comment rassembler les idées d’autrui. Ils réunissent souvent des écoles de
pensée aux vues contradictoires en une structure plus ou moins fédératrice.
Ils sont donc souvent les fondateurs de systèmes sociaux. Ainsi, dans la
plupart des cas, vos hôpitaux, vos écoles et vos religions, en tant
qu’organisations, sont dus à l’initiative de ce groupe, qui souvent en assure
aussi le fonctionnement.
(21 h 38.) Ces personnes [les Gramada] ont d’excellentes aptitudes à
rassembler des concepts isolés qui risqueraient autrement d’être abandonnés
en cours de route. Les Gramada sont des organisateurs d’énergie, orientés
vers des structures sociales efficaces. En général, ils mettent en place des
gouvernements, des écoles et des confréries assez stables et assez
raisonnables, bien qu’ils ne soient pas à l’origine des idées derrière ces
structures.
Le groupe suivant [les Sumafi] s’occupe principalement d’éducation. Là
encore, la relation aux autres est bonne, en règle générale. Les Sumafi
peuvent être talentueux dans n’importe quel domaine, mais leur intérêt
premier est de transmettre leurs connaissances ou celles des autres. Ils sont
par conséquent habituellement traditionalistes, bien qu’ils puissent être
brillants. D’une certaine façon, ils sont aussi liés aux Gramada et aux
Sumari, car ils se situent entre le système organisé et l’artiste créatif. À
travers les structures sociales, ils transmettent « l’originalité » sans l’altérer.
Je dis qu’ils [les Sumafi] n’altèrent pas l’originalité. Bien sûr, toute
interprétation d’un évènement le modifie, mais généralement ils enseignent
les disciplines sans en changer de façon créative le contenu. En tant
qu’historiens, par exemple, ils transmettent les dates des batailles, et ces
dates sont considérées pratiquement comme des faits intangibles, si bien
que, dans le contexte de leur formation, ils ne voient aucune raison de
remettre en question la validité de telles informations.
Au Moyen Âge, ils copiaient fidèlement les manuscrits. Ce sont des
gardiens, d’une certaine façon. Ici encore, il y a une infinité de variations.
De nombreux professeurs de musique ou des beaux-arts appartiennent à
cette catégorie-là, où les arts sont enseignés avec un amour de l’excellence,
une insistance sur la technique — et où l’artiste, qui est souvent un Sumari
(même si c’est loin d’être toujours le cas), peut exprimer sa créativité.
Avez-vous noté tout cela ?
(« Oui ». Mais le rythme est rapide.)
Accordez-nous un instant… La famille suivante [Tumold], selon l’ordre
que j’ai donné, se consacre principalement à la guérison. Cela ne veut pas
dire que ces personnes ne sont ni créatives, ni organisatrices ou
enseignantes, mais la tendance première de leur conscience est orientée vers
la guérison. Ils peuvent être médecins et infirmiers, mais habituellement ce
ne sont pas des administrateurs d’hôpitaux. Ils peuvent toutefois être
médiums, travailleurs sociaux, psychologues, artistes ou investis dans une
religion. Ils peuvent aussi travailler chez des fleuristes. Il arrive que certains
travaillent à la chaîne, mais, quand c’est le cas, ils sont guérisseurs par
intention ou tempérament.
Je mentionne diverses professions ou activités pour donner des
exemples clairs, mais un mécanicien peut aussi bien appartenir à ce groupe
[Tumold] qu’à tout autre. Si le garagiste est un Tumold, il aura un effet
guérisseur sur ses clients et réparera bien plus que des voitures.
(Une pause d’une minute à 21 h 59.) Accordez-nous un instant… Les
guérisseurs peuvent aussi apparaître en tant que politiciens, et soigner
psychiquement les blessures de la nation. Tout artiste dont le travail est
principalement destiné à aider appartient aussi à cette catégorie. Vous y
trouvez aussi certains chefs d’État et — en particulier dans le passé —
certains membres de familles royales appartiennent aussi à ce groupe.
(22 h 02.) Accordez-nous un instant… Ceux du groupe suivant [Vold]
sont principalement des réformateurs. Ils ont d’excellentes aptitudes
précognitives, ce qui signifie bien sûr qu’ils comprennent au moins
inconsciemment le mouvement des probabilités. Ils peuvent travailler dans
n’importe quel domaine. En vos termes, c’est comme si (d’une voix plus
forte) ils percevaient le mouvement futur, ou la direction, d’une idée, d’un
concept ou d’une structure. Ils travaillent alors avec toutes les facultés de
leur esprit pour faire de cette probabilité une réalité physique.
En termes conventionnels, ils peuvent sembler être de grands activistes
et révolutionnaires, ou des rêveurs manquant d’esprit pratique. Ils seront
animés par une idée de changement et de transformation et se sentiront
incités ou poussés à faire de cette idée une réalité. En règle générale, ils
remplissent une fonction très créative, car les organisations sociales et
politiques peuvent souvent stagner et ne plus servir les objectifs de la masse
des gens concernés. Les membres de cette famille [Vold] peuvent aussi
prendre l’initiative de révolutions religieuses, bien sûr. Généralement, ils
ont toutefois un seul but à l’esprit : changer le statu quo dans tout domaine
important.
Il est déjà facile de voir comment les buts de ces diverses familles
peuvent se recouper, se compléter les uns les autres et aussi entrer en
conflit. Pourtant, dans l’ensemble, elles opèrent pratiquement comme un
système créatif de contrôle et d’ajustement.
(Avec un sourire, les yeux grands ouverts.) Faites votre pause et
contrôlez votre ajustement.
(22 h 12. La transmission de Jane est un peu plus rapide que
d’ordinaire. Tandis que nous parlons maintenant, elle s’interrompt pour
dire qu’elle a « reçu en un éclair » les principales activités, les tendances
prédominantes de la conscience, des trois prochaines familles sur la liste de
Seth : les Milumet, les Zuli et les Borledim. Pourtant, quand elle essaye de
me décrire leurs attributs, elle a du mal à le faire ; les informations sont
singulièrement évanescentes, me dit-elle.
Elle se souvient qu’il y a de nombreux mystiques parmi les Milumet,
puis ajoute avec un peu d’humour qu’elle ne trouve pas que leur nom
corresponde à leur activité — selon elle, Zuli serait une bien meilleure
appellation mystique. Tout ceci, bien sûr, malgré le fait que Jane soit elle-
même une mystique sumari[3]. Mais certaines différences mystiques
commencent à émerger quand Seth reprend la dictée à 22 h 40.)
Maintenant. Dictée. La prochaine famille [Milumet] est composée de
mystiques. Presque toute leur énergie est orientée vers l’intérieur, sans
aucune considération pour le fait que l’expérience intérieure se traduise ou
non en termes usuels. Ces personnes peuvent par exemple être totalement
inconnues, et elles le sont d'ordinaire, car en général elles ne se préoccupent
nullement d’expliquer leurs activités intérieures aux autres — pas plus qu'à
elles-mêmes, d’ailleurs. Ce sont de vrais êtres innocents et spirituels. Ils
peuvent être intellectuellement sous-développés, selon les critères en usage,
mais cela tient simplement au fait qu’ils ne dirigent pas leur intellect vers la
focalisation physique.
D’une manière générale, ceux qui appartiennent à cette famille
[Milumet] ne seront pas en position d’autorité, car ils ne se concentrent pas
assez longtemps sur des données physiques spécifiques. On peut toutefois
les trouver dans votre pays, précisément là où vous ne les attendriez sans
doute pas : dans certaines chaînes de montage qui requièrent une action
simple et répétitive — dans des usines qui n’exigent cependant pas de
travailler vite. Ils choisissent habituellement des pays moins industrialisés,
ayant un rythme de vie plus lent. Les Milumet ont des façons de se
comporter simples, directes et puériles, et ils peuvent paraître stupides. Ils
ne se préoccupent pas des conventions.
(Une longue pause.) Chose toutefois assez étrange, ils peuvent être
d’excellents parents, en particulier dans des sociétés moins complexes que
la vôtre. En vos termes, ce sont des primitifs, où qu’ils apparaissent.
Pourtant, ils ont un lien profond avec la nature et, à cet égard, ils sont sur le
plan psychique plus fortement réceptifs que la plupart des gens.
Accordez-nous un instant… Leurs expériences personnelles sont
souvent très aventureuses et, à ce niveau-là, ils contribuent à nourrir la
psyché du genre humain.
Le groupe suivant [les Zuli] s’intéresse principalement à la pratique
d’une activité physique. Ce sont les athlètes. Dans quelque domaine que ce
soit, ils se consacrent au perfectionnement des capacités du corps qui, chez
d’autres, demeurent latentes.
Dans une certaine mesure, ils servent de modèles physiques. Leur
vitalité en tant que créatures apparaît à travers la beauté, la rapidité,
l’élégance et la performance du corps lui-même. À un degré ou à un autre,
ces personnes sont des perfectionnistes et, dans leurs activités, il y a
toujours une touche de « super » accomplissement, comme si, même
physiquement, l’espèce s’efforçait d’aller au-delà d’elle-même. Les
membres de cette famille servent en fait à indiquer le potentiel non encore
réalisé de la chair — tout comme de grands artistes sumari peuvent par
exemple donner des indices quant aux aptitudes artistiques qui lui sont
inhérentes, mais demeurent inutilisées par la plus grande partie de l’espèce.
Les membres de ce groupe ont donc à voir avec la performance. Ce sont des
faiseurs physiques. Ce sont aussi des amoureux de la beauté, telle qu’elle
s’exprime à travers le corps.
(Une longue pause à 23 h 01.) Les membres de cette famille [Zuli]
peuvent souvent servir de modèles pour l’artiste ou l’écrivain, mais, en
règle générale, ils transmettent eux-mêmes leur énergie à travers des
« arts » physiques et des performances. En vos termes seulement,
historiquement parlant, ils sont souvent apparus au début des civilisations,
lorsqu’une activité corporelle physique, directe, au sein de l’environnement
était d’une importance suprême. Les réactions physiques ordinaires étaient
alors simplement plus rapides que maintenant (avec insistance), même si la
détente normale du corps était plus profonde et plus complète.
Fin de la dictée. Faites une pause ou terminez la session, comme vous le
préférez. (« Nous allons faire une pause. »
23 h 05. Jane dit que les bruits de la circulation provenant du
croisement situé juste à l’angle de notre maison l’ont dérangée après la
dernière pause et que cela explique en partie la durée plus courte de la
transmission. Je suis capable de dire à quel moment cette gêne a commencé
selon moi, car son élocution, qui était rapide au départ, s’est ralentie puis
s’est mise à fluctuer.
Seth revient à 23 h 19. Il transmet l’équivalent de deux pages de notes
concernant la maison que nous avons visitée sur Foster Avenue, il y a deux
jours, alors même que nous avons jeté un premier coup d’œil hier à la
« maison de la colline » : voir les notes [ajoutées par la suite] au début de
la session de ce soir. Les informations de Seth sur Foster Avenue et les
relations présentes et potentielles que nous avons avec cet endroit sont très
éclairantes. Elles nous aident à comprendre les attirances psychiques que
Jane et moi ressentons à l’égard de cette maison, sans que cela implique en
aucune façon un engagement vis-à-vis d’elle [comme un achat, par
exemple]. Soit dit en passant, certaines de ces relations présentes et
potentielles proviennent en fait de notre enfance.
Voici l’un des points qui ressort de ce matériau non retranscrit ici.
Puisque Seth nous a dit il y a longtemps, à Jane et moi, que nous
appartenions tous les trois à la famille de conscience sumari[4], nous
sommes maintenant extrêmement curieux lorsqu’il nous déclare que la
femme qui est actuellement propriétaire de la maison de Foster Street est
elle aussi sumari : « Elle y a apporté, dit-il, des caractéristiques sumari
d’expansivité. » Mais pour aller encore plus loin : selon Seth, le
propriétaire précédent à qui la maison a appartenu pendant de nombreuses
années, un homme aujourd’hui décédé, était aussi un Sumari. Il est assez
fascinant d’observer le développement de telles connexions psychiques et
physiques.
Fin à 23 h 30.)
[2] Seth commence maintenant un récapitulatif des rôles joués par chacune
des familles de conscience qu’il a énumérées dans la session 732.
Notons qu’il n’en a nommé aucune ce soir, se contentant de dire « la
famille suivante ». Puisqu’avant la session, Jane s’était déjà rafraîchi
la mémoire par rapport à ces groupes psychiques et comme,
probablement elle transmettait le matériau de Seth dans le même ordre,
j’ai donc fait correspondre les noms aux ensembles de données
concernant chaque famille. J’aurais peut-être dû revérifier en
demandant à Seth de citer à nouveau les noms dans l’ordre, mais je n’ai
pas estimé que cela soit nécessaire.
(Nous avons sauté les deux sessions prévues la semaine dernière pour
que Jane puisse se reposer, et nous avons donc eu plus de temps à
consacrer à notre recherche de maison. Les notes et le matériau portant sur
les maisons sont présentés après la première pause. Jane a toutefois donné
son cours de perception extrasensorielle mardi soir, le 11 février.
Les notes qui suivent nous ramènent à la fin de la session 732, et
notamment au paragraphe que j’ai écrit à propos de Sue Watkins, notre
amie de longue date, qui vient assister au cours aussi souvent qu’elle le
peut maintenant qu’elle habite une petite ville située à trente-cinq
kilomètres au nord d’Elmira. Jane a donné la liste des familles de
conscience de Seth le mois dernier, dans la session 732 ; puis, en fin de
soirée, elle s’est souvenue qu’il y a plusieurs années, peu de temps après
qu’elle a elle-même commencé à s’exprimer en sumari, Sue s’était
psychiquement branchée sur le nom d’une deuxième famille de conscience
— que Seth n’a pas citée dans la session 732. Jane pensait que le nom de
cette famille ressemblait aux « Gramada » que Seth avait effectivement
décrits ; à la fin de la session, j’avais donc écrit mon intention de vérifier
dans nos archives le nom prononcé par Sue et d’interroger Seth sur ce point
— mais j’ai omis de faire ces deux choses. L’une des raisons pour
lesquelles je n’ai pas résolu le problème est l’absence d’urgence à le faire :
la dernière fois que nous avions vu Sue remonte à plus de cinq semaines,
avant la session 729. Très occupée par son travail dans un journal, elle n’a
pas souvent le temps de venir à Elmira.
Sue a toutefois participé au cours de mardi dernier, arrivant juste à
temps pour entendre la transcription de la session 732. Ensuite, pendant la
classe, elle m’a tendu une note que je vais paraphraser ici : « Dans une
session sur le sumari, à laquelle j’ai assisté en 1971 ou début 1972 — j’ai
capté le nom d’une famille de conscience et Seth a dit que c’était
“Grunaargh”. Il n’était pas sur la liste donnée le mois dernier. »
Le cours était très animé, avec plus de quarante personnes présentes.
Quand Seth s’est manifesté, Sue a juste eu le temps de poser une question :
est-ce que Grunaargh avait un lien avec l’une des familles de conscience
dont Seth avait donné le nom dans la session 732 ? « C’est en effet le cas, a
répondu Seth. C’est en lien avec une famille évoquée. »
La note de Sue m’intrigue à nouveau : après la classe, je lui ai promis
que j’allais chercher dans nos dossiers ce qui avait trait aux Grunaargh, et
qu’avec l’aide de Seth, Jane et moi finirions par obtenir plus
d’informations sur cette famille-là, et que nous présenterions ces données
dans des notes destinées à La Réalité « inconnue ». Ce sur quoi je veux
insister ici, c’est le fait que d’autres que Jane peuvent deviner intuitivement
des éléments portant sur les familles de conscience. Pour quelque raison
que ce soit, Sue a vraiment entraperçu avant Jane une famille autre que les
Sumari. En parcourant des sessions antérieures, je découvre, en fin de
soirée, ce que je cherchais. Sue avait capté des données sur les
Grunaargh[1] pendant la session 598, et elle les avait mises par écrit pour
moi, une fois que Jane s’était pleinement exprimée en sumari pendant le
cours de perception extrasensorielle du 23 novembre 1971.
Avant la session de ce soir, Jane me dit avoir le sentiment que les
Grunaargh représentent une variation de la famille de conscience Gramada
de Seth. « Mais, précise-t-elle, ce qui est important, ce sont les
caractéristiques des familles, quels que soient leurs noms. Les similitudes
entre les deux noms sont légitimes, je pense. Il y a aussi des combinaisons
de familles, et celles-ci auront leurs propres noms. » Puis elle me rappelle
qu’à plusieurs reprises, la semaine dernière, elle a senti que les Borledim,
la famille de conscience suivante sur la liste de Seth, étaient fortement
concernés par la parentalité et les rôles s’y rapportant.
21 h 26.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. (D’une voix calme.)
La famille suivante [Borledim] a principalement à voir avec la
parentalité. Ces personnes sont des « parents terrestres » naturels. C’est-à-
dire qu’elles ont la capacité d’engendrer des enfants qui, d’un certain point
de vue, possèdent certaines caractéristiques excellentes. Ils ont des esprits
brillants, des corps sains et des émotions intenses et claires.
Alors que beaucoup de gens travaillent dans des domaines spécifiques,
impliquant par exemple l’intellect, ou les émotions, ou le corps, ces parents
et leurs enfants donnent naissance à une progéniture où un équilibre subtil
est maintenu. Aucun aspect de l’esprit ou du corps n’est développé aux
dépens d’un autre aspect.
Ces personnalités possèdent une résistance vigoureuse à la fois du corps
et de l’esprit, et servent de puissante souche terrestre. Il va sans dire que les
membres d’une famille se marient souvent dans d’autres familles. Bien sûr,
c’est aussi le cas ici. Quand cela se produit, une nouvelle stabilité est
assurée, car cette famille particulière fonctionne en tant que souche source,
dotée d’une force physique et mentale. Physiquement parlant, ces personnes
ont souvent de nombreux enfants et, en général, leur progéniture réussit
bien dans la vie, quel que soit le domaine choisi. (Une pause.)
Biologiquement parlant, elles possèdent certaines qualités qui annulent les
codes « négatifs » dans les gènes[2]. Ce sont habituellement des gens en très
bonne santé, et un mariage dans ce groupe peut automatiquement mettre fin
à des générations de faiblesses prétendument héréditaires[3].
Ces personnes [les Borledim] croient donc aux bienfaits naturels de la
sexualité, du corps et de l’unité familiale — quelle que soit la façon dont
ces attributs sont compris dans la société physique à laquelle elles
appartiennent. En règle générale, elles ont une charmante spontanéité, et
toutes leurs aptitudes créatrices sont orientées vers le groupe familial et la
production d’enfants. Ce ne sont cependant pas des parents rigides, suivant
aveuglément des conventions, mais des gens qui voient la vie familiale
comme un bel art vivant et créatif, et les enfants comme des chefs-d’œuvre
de chair et de sang. Loin de dévorer leurs enfants par un excès d’attention
surprotectrice, ils envoient joyeusement leurs enfants de par le monde,
sachant qu’en leurs termes, les chefs-d’œuvre doivent se parfaire eux-
mêmes et qu’ils les y ont aidés en posant une sous-couche de peinture.
[Les Borledim] sont la souche qui jusqu’à présent a toujours veillé à ce
que votre espèce continue en dépit des catastrophes, et ils sont répartis de
façon plus ou moins égale autour de la planète et dans toutes les
nationalités. Ils ressemblent beaucoup aux Sumari. Ils ont le même amour
des arts, les mêmes attitudes générales. Ils recherchent habituellement des
situations politiques assez stables dans lesquelles donner naissance à leurs
enfants, comme le font les Sumari pour produire leur art. Ils revendiquent
cependant une certaine dose de liberté pour leurs enfants, et bien que,
comme les Sumari, ils ne soient pas des activistes politiques, leurs idées
jouent souvent un rôle important en amont des grands changements sociaux
et elles aident à les mettre en route. La grande différence avec les Sumari
est que ceux-ci s’occupent principalement de créativité et d’art et y
subordonnent la vie familiale [comme nous l’avons fait, Jane et moi], tandis
que la famille Borledim pense à sa progéniture en termes d’art vivant ; tout
le reste est subordonné à cet idéal-là.
Les Sumari fournissent souvent à l’espèce un héritage culturel, spirituel
ou artistique. La famille des Borledim fournit une souche terrestre bien
équilibrée — un héritage en termes d’individus. Ces personnes sont
gentilles, pleines d’humour, joueuses et emplies d’une vive compassion,
mais trop sages pour le type de compassion « pervertie » qui se nourrit des
faiblesses d’un autre individu.
Un artiste attend de ses tableaux qu’ils soient bons — ou, si vous me
pardonnez ce rappel en forme de conseil : du moins, il devrait. Ces
personnes-là attendent de leurs enfants qu’ils soient bien équilibrés, en
bonne santé, spirituellement vifs, et ils le sont. Vous trouvez des membres
de la famille Borledim dans presque toutes les activités, mais ce qu’ils
prennent principalement en considération, c’est l’unité physique familiale.
Ces parents ne se sacrifient pas pour leurs enfants. Ils comprennent trop
bien la charge qui incombe à une telle descendance. Au lieu de cela, les
parents gardent leur propre sens d’identité et leurs caractéristiques
individuelles, servant aux enfants d’exemples clairs d’adultes aimants et
indépendants.
La famille suivante [Ilda] est composée des « échangeurs ». Ils sont
principalement intéressés par le grand jeu de l’échange et de
l’entrecroisement des idées, des produits, des concepts sociaux et
politiques. Ce sont des voyageurs, amenant avec eux les idées d’un pays
dans un autre, mélangeant les cultures, les religions, les attitudes, les
structures politiques. Ce sont des explorateurs, des marchands, des soldats,
des missionnaires, des navigateurs. Ils participent souvent à des croisades.
(22 h 01.) Au fil des âges, ils ont servi de diffuseurs d’idées,
d’assimilateurs. On les trouve partout. Au cours de l’histoire, ils ont été des
pirates et aussi des esclaves. Ils sont souvent principalement impliqués dans
des transformations sociales. À votre époque, ils peuvent être des
diplomates, comme ils l’ont été dans le passé. Leurs caractéristiques sont
généralement celles d’un aventurier. Ils vivent très rarement longtemps au
même endroit, bien que cela puisse être le cas si leur occupation est liée à
des produits provenant d’un autre pays. Individuellement, ils peuvent
paraître de nature très diverse, mais, en règle générale, ce sont rarement des
enseignants d’universités. Vous pouvez cependant trouver parmi eux des
archéologues travaillant sur le terrain.
Une bonne partie des vendeurs appartiennent à cette catégorie. En vos
termes, ils peuvent être cosmopolites et souvent riches, si bien qu’ils sont
fréquemment amenés à voyager. D’un autre côté, dans certains contextes,
un humble marchand d’un petit pays, parcourant les provinces voisines,
peut aussi appartenir à cette famille. Ils forment un groupe de personnes
pleines d’entrain, loquaces, imaginatives et généralement sympathiques.
Les Ilda s’intéressent à l’extérieur des choses, aux mœurs sociales, au
marché, aux idées populaires courantes, religieuses ou politiques. Ils les
répandent de place en place. Ce sont des porteurs de graines, au sens à la
fois littéral et figuré du terme.
Ils peuvent être des « escrocs », vendant des produits censés avoir des
qualités miraculeuses, éblouissant la population locale avec leurs airs de
citadins. Pourtant, même dans ce cas-là, l’aura qui les entoure est porteuse
d’idées peu courantes qui permettent à des concepts déjà familiers dans
certains milieux de se frayer un chemin dans d’autres plus fermés.
Les membres de cette famille de conscience offrent fréquemment des
options nouvelles. Ils peuvent être des scientifiques ou faire partie de ces
missionnaires conventionnels extrêmement stricts, partis vers des terres
inconnues. À votre époque actuelle, il y a parfois des Indiens d’Inde, des
Africains ou des Arabes qui se rendent dans vos civilisations. Ils
contribuent au grand flux de communication. Ils peuvent être plus
émotionnels qu’intellectuels, au sens où vous comprenez ces termes (une
pause), et ils sont agités, toujours en mouvement. Ils peuvent aussi être des
acteurs.
Dans le passé, certains [Ilda] ont été de grandes courtisanes et, même si
elles n’avaient pas la possibilité de voyager physiquement, elles étaient au
cœur de la communication — c’est-à-dire qu’elles faisaient partie de la vie
à la cour, ou étaient en rapport avec des diplomates qui voyageaient.
(Une pause à 22 h 24.) Bon nombre des courtisanes qui régnaient sur
les salons d’Europe appartenaient à cette catégorie [Ilda]. Les croisades[4]
ont dynamisé cette famille, pour laquelle les affaires, le commerce et
l’échange d’idées politiques étaient beaucoup plus importants que les
aspects religieux. Dans le passé, certains membres de cette famille ont
instauré un ordre nouveau dans l’Église [catholique] — les jésuites
mondains par exemple, et certains des papes les plus raffinés[5] (d’un air
amusé), qui avaient du flair pour le commerce et les richesses. Ces
personnes peuvent apprécier les objets d’art, mais en général pour leur
valeur commerciale.
Maintenant, vous pouvez souvent les trouver dans les services
gouvernementaux, dans les secteurs liés aux voyages ou à la finance. Ils
aiment fréquemment les intrigues. Dans l’ensemble, ils font évoluer les
mœurs.
Faites votre pause.
(22 h 30. « J’ai eu le sentiment qu’il aimait cette dernière famille », dit
Jane dès qu’elle sort de transe. Puis elle ajoute en riant : « J’ai senti qu’il
les aime autant que les Sumari. Je captais toutes sortes de choses à leur
propos. » Pourtant, l’élocution de Jane n’a varié ni en rythme ni en
insistance. Voir à présent la note 6[6] pour plus de matériau sur les familles
de conscience.
Jusqu’à maintenant, Jane et moi n’avons pas pu trouver une maison que
nous sentions intuitivement être la bonne, bien que celle de Foster Avenue
nous ait considérablement intrigués depuis que nous l’avons vue pour la
première fois, le 3 février. [Depuis, nous en avons visité de nombreuses
autres.] Jeudi dernier [le 13 février], Jane préparait son cours d’écriture
créative, alors je suis parti seul à la recherche d’une maison. Sans grande
curiosité, j’ai refait un tour du côté d’une maison que nous avions déjà
vue : celle de la colline. Une fois de plus, j’ai pensé qu’elle ne nous
conviendrait pas. Jane était d’accord avec moi quand je lui en ai parlé
pendant le dîner[7].
Le lendemain, vendredi, Jane a eu une sorte d’expérience « psychique »
auditive concernant l’emplacement de Foster Avenue ; alors le samedi
matin, nous avons fait une proposition formelle d’achat de cette maison.
Pour des raisons personnelles, nous avons offert un prix bas, et il a vite été
refusé. Ce refus n’a pas complètement mis un terme à notre intérêt — et pas
non plus à celui de Seth — pour cet endroit, mais il nous a aidés à mettre
toute cette affaire en perspective. La note 8[8] rend compte de l’expérience
intérieure de Jane et des détails entourant notre offre pour la maison. [À 00
h 06, Seth fera lui aussi référence à l’intuition auditive de Jane.]
Cet après-midi [lundi 17], à Sayre en Pennsylvanie, nous nous sommes
retrouvés en train de participer à des développements liés à des maisons,
qui nous ont ramenés plus de neuf mois en arrière[9]. Jane et moi ne
croyons pas aux coïncidences. Nous avions considéré que les épisodes de
Sayre avaient pris fin l’année dernière ; pourtant aujourd’hui, les échos de
ces évènements antérieurs ont été si frappants que j’en suis venu à les
considérer comme de réelles projections du passé dans le présent, et donc
dans le futur, et ce de façon extrêmement concrète. Aujourd’hui, Jane et moi
avons clairement ressenti ces connexions — ou probabilités, si l’on
préfère — en train de se développer. Après la pause, Seth va faire quelques
remarques sur certaines d’entre elles, mais nous ne pouvons en offrir au
lecteur que quelques indices ; sinon les notes sur ces maisons seraient
beaucoup plus longues.
Avant le début de la session de ce soir, Jane avait déclaré que, selon
elle, Seth aborderait nos histoires de maisons en lien avec des réalités
probables, mais qu’un matériau de ce genre ne cadrerait pas avec sa dictée
du livre sur les familles de conscience. J’avais répondu en plaisantant que,
si l’information n’entrait pas dans le cadre de La Réalité « inconnue »,
nous « l’y forcerions ». Je la faisais à moitié marcher. Tout ce qui concerne
notre recherche de maison, me disais-je, serait ici bienvenu : cela aiderait à
faire le lien entre ces dernières sessions de La Réalité « inconnue » et
certaines, bien antérieures, se trouvant dans le tome I. On aurait presque
dit que nous avions tout planifié.
Reprise à 23 h 01.)
Maintenant. Accordez-nous un instant.
Vous pouvez utiliser ou non ceci dans le livre, comme vous préférez
— cela veut dire que la dictée peut très bien se poursuivre sans ce passage,
ou vous pouvez l’insérer ici même.
Il y a toutes sortes de Sumari, tout comme il y a une grande diversité au
sein de chaque famille de conscience.
Votre recherche de maison illustre cependant à merveille les façons dont
les Sumari sont attirés vers d’autres Sumari, même en ce qui concerne les
probabilités dans votre système. On pourrait observer les mêmes relations
avec d’autres interconnexions familiales. Vous avez déjà remarqué une
similitude entre les deux maisons qui ont jusqu’à présent attiré votre
attention.
La première [à Sayre], mentionnée il y a bien longtemps dans La
Réalité « inconnue », vous pensiez qu’elle était définitivement vendue et,
aujourd’hui, vous avez découvert que la vente n’était pas si arrêtée que
cela[10]. Pendant que vous discutiez de ces problèmes, un point principal
assez important vous a échappé : l’homme auquel appartenait la première
maison [M. Markle] était un marchand d’antiquités et de pierres précieuses,
entièrement consacré à son travail et absorbé par lui, le considérant comme
son art. La maison a d’un côté un jardin avec des arbres, et de l’autre une
cour, ce qui fait qu’elle est assez bien protégée. La famille de cet homme
occupait une place secondaire, dans une certaine mesure. La cuisine et
l’espace pour les repas étaient petits. Il avait son bureau au rez-de-chaussée
et travaillait souvent chez lui. Son art passait en premier[11].
La deuxième maison [sur Foster Avenue à Elmira] a appartenu pendant
des années à des gens qui lui ont donné son caractère. Le grand salon était
si spacieux qu’il pouvait accueillir un piano à queue. Le propriétaire
considérait les pianos comme son art [son travail consistait à les vendre],
et le salon était simplement destiné à mettre un piano en valeur.
À nouveau, vous avez là une petite cuisine, un jardin et une certaine
intimité protégée. Les deux maisons vous ont toutefois séduits parce que les
gens qui y vivaient organisaient leur habitat autour de leur travail. C’est ce
que vous avez capté et ce à quoi vous avez réagi. Vous n’avez pas réagi aux
attitudes des autres qui, dans ces familles-là, « devaient supporter ces
conditions », parce que pour vous celles-ci étaient naturelles.
Bien sûr, aucune des deux maisons n’exprime vos modes de vie
individualistes et particuliers, mais chacune s’en approche suffisamment
pour vous intriguer, et l’une comme l’autre pourrait assez facilement être
arrangée pour correspondre à vos objectifs. Vous étiez aussi attirés parce
que les gens qui ont laissé leur empreinte sur ces maisons partageaient
certaines de vos tendances. Dans la seconde maison, vos idées d’intimité
vous étaient montrées, poussées à l’extrême : les fenêtres ne s’ouvraient
même pas. Dans la première, l’escalier menant au premier étage était
intentionnellement raide et n’avait jamais été modifié, parce que personne
n’était invité à voir les pièces privées de la famille. Les escaliers étaient
malcommodes à dessein.
Maintenant, regardons vos agents immobiliers.
Comme mentionné il y a bien longtemps, le couple d’agents
immobiliers qui vous a montré la première maison, à Sayre [voir la note
11], avait de fortes tendances artistiques. La femme en particulier aimait la
maison et pensait que vous l’aimeriez aussi. Elle s’est identifiée à vos idées
sur l’art et le travail et a vu une variation probable d’elle-même
joyeusement installée dans ce type d’environnement.
Votre deuxième agente immobilière [Debbie], en vous amenant sans
hésiter à la maison de Foster Avenue, l’a fait pour les mêmes raisons. Elle a
la peinture pour hobby[12]. Vous n’avez pas choisi consciemment des agents
immobiliers qui avaient des connexions artistiques, mais vous avez été
conduits à eux et eux à vous. Vous reconnaissiez les uns les autres vos
caractéristiques.
(23 h 25.) Maintenant. Quand vous prenez une décision importante,
vous activez automatiquement toutes les parties de votre psyché. Vous
mettez en mouvement des probabilités. D’une certaine façon, le type de
décision que vous prenez détermine les schémas que vous adoptez. Ceci
doit être évident. Mais quand vous décidez de déménager, vous entrez en
association avec d’autres ayant pris la même décision. Quelqu’un qui
déménage va laisser une maison ou un appartement vacant pour que
quelqu’un d’autre y emménage. Inconsciemment, ceux qui déménagent sont
associés les uns avec les autres. Des probabilités bienveillantes se mettent
en place.
Les deux [autres] personnes également intéressées par la maison de
Foster Avenue sont un couple de musiciens — attirés pour les mêmes
raisons que vous. Vous trouveriez leur maison à Sayre intéressante. Ils sont
toutefois professeurs de musique avant tout. Leurs buts n’impliquent pas
nécessairement le même type d’intimité que celui que vous souhaitez,
même s’ils trouvent cela attirant[13].
Vous trouvez généralement les maisons de style ranch inconfortables
parce que — et cela doit être clair — elles sont principalement destinées à
une vie familiale d’un genre particulier ; un genre qui sépare nettement la
zone de travail des espaces de vie. Le travail se fait clairement en dehors de
la maison.
Puisque vous travaillez tous les deux chez vous, ces maisons-là ne vous
correspondent pas en général[14]. Le travail n’est pas intégré dans la vie
quotidienne familiale, mais existe complètement à part — une configuration
que chacun de vous trouve assez inconcevable. Il serait préférable que vous
visitiez des fermes bien que vous ne soyez pas des fermiers, simplement
parce que, là aussi, travail et vie de famille ne font qu’un.
Les deux maisons existent donc toujours dans votre présent concret en
tant qu’acquisitions probables, parce que vous ne les avez pas écartées. Il y
a des années [en 1964], vous étiez intéressés par une autre maison
[également à Elmira] ; là encore, elle appartenait à un artiste. Une
coïncidence ? Certainement pas !
Je vous ai suggéré de la prendre [mais voir ma note à la prochaine
pause]. Elle aurait été bien pour vous deux, mais elle vous faisait peur, et
vos sentiments avaient beaucoup à voir avec le fait que le contrat soit refusé
[par le ministère des anciens combattants]. Cette maison représentait ce
que vous considériez comme une créativité non bridée et non disciplinée.
Elle était sale et encombrée. L’artiste avait des enfants qui couraient partout
sans aucun contrôle. Il y avait là beaucoup de fantaisie qui aurait pu
tempérer quelque peu le grand sérieux que vous aviez en commun à
l’époque. Vous n’avez donc pas choisi d’accepter cette probabilité, pas plus
que vous ne pouviez accepter en tout point mes conseils. Les autorités ont
refusé le contrat — mais celles-ci représentaient les partisans intérieurs
d’une discipline stricte et vous ne vouliez pas partager votre chemin avec le
reste du monde ; plus tard, vous n’avez pas voulu non plus partager votre
voie d’accès [de la maison de Sayre] avec votre voisin.
Fin de la session, ou faites une pause si vous préférez.
(« Nous allons faire la pause. »
23 h 43. Je dis à Jane qu’une fois entendu le matériau de Seth, une
bonne partie semble si évidente que nous devions avoir l’esprit
passablement obscurci pour ne pas être parvenus de nous-mêmes à ces
conclusions. Après avoir réfléchi aux alternatives suggérées par Seth juste
après la dernière pause, je décide de laisser cette transmission telle quelle
dans la session, pour servir de guide au lecteur ; il est possible, selon moi,
de faire des parallèles avec beaucoup d’autres situations n’ayant rien à
voir avec l’art ou les maisons.
S’agissant de parallèles, voici une autre des nombreuses « connexions »
dont Jane et moi avons commencé à nous rendre compte depuis le début de
notre odyssée immobilière, l’an dernier [nous avons déjà établi une liste de
trente connexions semblables]. Trois des quatre demeures qui, d’une façon
ou d’une autre, avaient sérieusement retenu notre attention possèdent des
chemins d’accès, en communs avec les voisins — celle de M. Markle à
Sayre, la maison où nous vivons actuellement, et celle d’Elmira que nous
envisagions d’acheter en 1964 ; seule celle de Foster Avenue fait exception.
Je vois ce genre de connexions comme des symboles récurrents dans nos
expériences personnelles.
Une clarification : Seth n’a pas vraiment suggéré que Jane et moi
achetions la « maison de 1964 ». Ses déclarations juste avant la pause sont,
selon moi, des déformations provenant de Jane lorsqu’elle s’exprimait pour
lui ce soir ; même en transe, sa mémoire peut être erronée — à moins
qu’elle n’ait mis le doigt sur une autre réalité probable. Ce dont parlait
Seth, et à très juste titre, c’était des bienfaits que nous aurions retirés si
nous avions acquis cet endroit. Il a évoqué toute cette affaire dans la
session 65 du 28 juin 1964 : « Je ne vais certainement pas prendre la
moindre décision pour vous. La maison que vous avez regardée aujourd’hui
se révélerait un excellent achat. […] Si vous achetez la maison […] Vous
aurez à prendre vos propres décisions.[15] »
Reprise à 23 h 55 ; quelques brefs passages ne sont pas retranscrits.)
Maintenant. Vous avez choisi votre environnement présent en particulier
parce que, quand vous avez emménagé ici [venant de Sayre en 1960], il
était très professionnel. Le travail et la maison ne faisaient qu’un. Votre
voisin dentiste vivait et travaillait au même endroit. De même que l’autre
dentiste au coin de la rue, et son voisin, le chiropraticien. Il y avait un
aspect commun que vous reconnaissiez : le lieu de travail et le domicile se
trouvaient au même endroit.
Pour cette raison-là, certains emplacements dits urbains pourraient vous
convenir. Je veux dire par là qu’Elmira n’est pas une métropole, mais elle
comporte des zones où il y a de vieilles maisons avec jardin, au milieu
d’autres demeures transformées à présent en bureaux ou cabinets de toutes
sortes.
Les banlieues évidemment ne vous conviennent pas, à moins que vous
trouviez une maison séparée des autres tout en étant dans le même secteur.
Jusqu’à maintenant, vous préférez les deux maisons [de Sayre et de Foster
Avenue] parce que leurs terrains les tiennent à l’écart des voisins et leur
confèrent des limites clairement définies — ce qui est très important pour
vous deux.
Accordez-nous un instant… Du fait de ce type de connexions
intérieures, que nous avons mentionnées [à 23 h 25], vos intentions se
diffusent à l’extérieur pour être captées par les autres. (Avec insistance.) Il
faudrait un livre entier pour explorer uniquement les probabilités qui sont
activées en ce moment, notamment par toutes les personnes qui
s’intéressent à l’une ou l’autre de ces deux maisons.
L’actuelle propriétaire de la maison Foster pense à celle-ci comme à un
« lieu de travail », étant donné qu’elle est elle-même… une personne qui
travaille [dans une agence immobilière].
Ruburt trouve toutefois que les tapis n’y sont pas à leur place, car ils ne
correspondent pas aux idées qu’il se fait d’un lieu de travail. La propriétaire
en est pourtant assez fière. Elle travaille d’ailleurs comme décoratrice et les
tapis représentent son idée de ce qui sied à la maison.
Les indications que je vous ai données devraient vous aider…
(00 h 06.) La voix [intérieure] a dit : « Attendez quelques jours ». Car
Ruburt savait inconsciemment que la… propriétaire… avait déjà reçu une
offre supérieure qui pouvait très bien échouer — auquel cas elle serait plus
ouverte à une négociation[16].
Fin de la session, à moins que vous ayez quelque chose d’autre à me
demander.
(« Voulez-vous en dire un peu plus sur l’expérience auditive de
Jane ? »)
Je ne peux pas répondre à cela en deux secondes, bien sûr. Mais, disons
que l’information de Ruburt est exacte et qu’elle provient de « la
bibliothèque ». Je pourrai en parler plus longuement quand vous voudrez.
Un autre point, toutefois : les deux maisons ont aussi une bibliothèque
encastrée — une version physique, en d’autres termes, de la bibliothèque de
Ruburt. Si vous voulez l’explication complète maintenant, vous pouvez
l’avoir. Sinon…
(« En fait, j’ai peur que nous devions attendre… » Je viens juste de me
rendre compte à quel point je suis fatigué.) [17]
D’accord. (D’une voix plus forte.) Mes plus cordiales salutations à vous,
chasseurs de maison.
(« Bonne nuit, Seth. Merci beaucoup. »
00 h 13.)
[1] Une note ajoutée deux semaines plus tard. La session 738 et
l’appendice 27 (en lien avec la session 739) contiennent un matériau
complémentaire montrant la signification particulière qu’ont les
Grunaargh pour Sue Watkins.
[3] Il serait sans doute possible de concevoir assez facilement une étude
par ordinateur pour les affirmations de Seth. Les résultats dépendraient
cependant de la capacité qu’aurait Jane en tant que Seth à identifier
suffisamment de membres de la famille Borledim mariés à des
personnes appartenant à d’autres familles de conscience.
[4] Les croisades ont principalement eu lieu au cours des XIIe et XIIIe
siècles ; il s’agissait d’expéditions militaires organisées par des
chrétiens pour reconquérir la Terre sainte qui était aux mains des
musulmans.
[5] Voir l’élément numéro 3 dans les notes d’ouverture de la session 728.
[6] J’ai dressé la liste des familles de conscience (avec des indications
simples de leur prononciation) quand Seth nous les a données pour la
première fois à 23 h 14 lors de la session 732. Dans cette note, je ne
vais pas me contenter de rappeler au lecteur dans quelles sessions Seth
a décrit les caractéristiques de chaque famille, mais essayer aussi de
résumer en quelques mots la fonction globale de chacune d’elles.
1) Gramada (736) Fonder des systèmes sociaux
3) Tumold (736) Guérir les gens, quel que soit le secteur d’activité de
l’individu
Mis à part les Sumari, avec lesquels Jane et moi avons choisi d’être
alliés, il y a beaucoup de choses que nous ignorons sur les familles de
conscience ; tout ce matériau est si nouveau. Pourtant, mon observation
peut même s’appliquer à certains aspects de notre lien avec les Sumari.
Nos parents par exemple, aujourd’hui décédés, étaient-ils Sumari ? Et
quelle que soit la famille à laquelle appartenait chacune de ces quatre
personnes, comment les prédilections de leurs familles respectives ont-
elles influencé leurs enfants sumari ? Dans ces dernières sessions, les
données de Seth nous fournissent des indices, mais nous avons besoin
de temps pour rassembler tout cela.
« Or, il semble tellement évident qu’il doit y avoir des alliances, telles
que les familles de conscience de Seth, et qu’à tout moment, chacun de
nous qui sommes vivants faisons partie d’un ou de plusieurs de ces
groupes psychiques — tout comme nous formons, disons, des affiliations
nationales à des niveaux ordinaires.
« Mais les noms et les désignations ne doivent pas être pris trop au pied
de la lettre ; ils ne doivent pas être considérés comme des clubs ou des
fraternités ésotériques, mais comme des “conglomérats” psychiques
naturels auxquels nous appartenons tous. »
[7] Une note ajoutée par la suite. Voir les notes concernant la maison de la
colline, au début de la session 736. J’y évoquais le retard avec lequel
les perceptions de Jane et les miennes concernant cette demeure avaient
mûri et enfin pris sens dans nos esprits conscients ; les résultats de cette
métamorphose commune sont décrits dans les sessions 738 et 739. En
attendant, dans cette session-ci, la 737, le matériau de Seth traite
uniquement de la maison de Foster Avenue à Elmira et — de façon
brève — de celle de M. Markle, à Sayre en Pennsylvanie, puisque ces
deux endroits étaient ceux qui nous intéressaient à ce moment-là. Seth
n’a fait aucune prédiction sur la maison de la colline ou sur un autre
lieu, et nous ne le lui avons pas non plus demandé.
[8] Lorsqu’elle s’est allongée pour une sieste, vendredi dernier, Jane a
demandé à son moi intérieur de lui indiquer ce qu’il fallait faire
— précisément — vis-à-vis de cette maison sur Foster avenue. Elle s’est
endormie, puis s’est laissée emporter dans un rêve assez terne. Soudain
une voix masculine a fortement retenti à travers son rêve, d’une manière
très intrusive, disant seulement : « Attendez quelques jours. »
Jane s’est réveillée. « Ce n’était pas la voix de Seth, mais j’ai reconnu
qu’elle me donnait la réponse que je voulais, m’a-t-elle dit par la suite.
Je n’avais aucun doute. Cette voix était d’autant plus claire que le rêve,
dont je me souviens à peine, était si vague. D’ailleurs, je n’ai pas pu le
poursuivre après avoir obtenu la réponse, tellement celle-ci me
travaillait. Je voulais faire quelque chose, entreprendre une action. »
Par conséquent, le samedi, nous avons fait une offre — basse — pour la
maison de Foster Avenue, comme je l’ai décrit au cours de la première
pause. Nous avons agi ainsi principalement pour alléger le poids
psychique que nous nous étions créé à son sujet. Nous nous disions que,
si nous étions encore enclins à l’acheter, nous pourrions par la suite
renchérir.
Peut-être devrais-je ajouter ici que, dans les jours qui ont suivi, Jane a
eu plusieurs autres expériences de type auditif, toutes concernant des
sujets autres que des maisons ou La Réalité « inconnue ». Dans aucun
de ces épisodes-là, elle n’a cru entendre la voix de Seth lui-même, mais
nous remarquons malgré tout un lien entre ces expériences et le moment
où elle a vraiment entendu sa voix ; voir ma description de cet
évènement, au début de la session 710, dans le tome II.
[9] Dans le tome I de La Réalité « inconnue », voir les sessions 693 et 694,
du 29 avril et du 1er mai 1974.
Le matériau sur les sentiments que M. Markle avait pour son art est
vraiment celui de Seth. Je ne pourrais rien dire à ce sujet ; en tant
qu’enfant de moins de 12 ans, je n’avais pas vraiment conscience
d’états subjectifs autres que les miens. Même si je me souviens de mes
parents parlant de M. Markle, je n’ai pratiquement aucune idée de ce
qu’ils avaient compris — ou pas — de son style de vie.
[12] Seth ne mentionne pas le fait que, pendant plusieurs années, Debbie a
aussi enseigné l’art dans une école primaire publique d’Elmira.
[13] Ici, Seth aborde plusieurs ramifications liées à nos histoires de maison
— certaines choses que j’avais mises de côté pour les présenter toutes
d’un seul coup, ne serait-ce que brièvement. Cette note va donc élargir
le domaine fertile des connexions ou probabilités qui nous enveloppent,
Jane et moi, les maisons de Sayre et d’Elmira, les agents immobiliers
auxquels nous avons eu affaire (les Johnson et Debbie — qui ne se
connaissent pas), et quelques autres personnes.
Je veux souligner ici que les Stein, qui enseignent la musique, ont été
attirés par une maison à Elmira qui a appartenu pendant de
nombreuses années à un marchand ayant de fortes connexions avec la
musique en général, et les pianos en particulier. M. Stein, soit dit en
passant, enseigne à Elmira — d’où la décision prise avec sa femme de
déménager dans cette ville pour en finir avec les allers-retours
quotidiens entre Sayre et Elmira.
Seth avait dit que Jane et moi serions intéressés par la maison des Stein
à Sayre. Ce n’est pas le cas. Nous sommes allés la voir aujourd’hui en
passant, une fois que les Johnson nous ont dit qu’elle était à vendre ; à
vrai dire, nous n’avons rien vu qui nous ait emballés.
(Je dois ajouter que les raisons pour lesquelles Jane et moi avons
proposé un prix bas pour la maison de Foster Avenue n’ont aucun lien
avec une quelconque offre des Stein ou d’autres personnes intéressées
par cet endroit. Voir les notes de la première pause ainsi que la note 8.)
[14] Quelques semaines plus tard, j’ai perçu le grand humour de Seth en
relisant ce qu’il déclarait ici. Voir les notes sur « la maison de la
colline », au début de la session 736.
[15] Une note ajoutée par la suite. Une autre connexion relative aux
maisons : l’endroit qui nous attirait Jane et moi en 1964 est perché sur
un coteau juste à l’ouest d’Elmira, tout comme la maison de la colline.
Onze ans séparent les expériences que nous avons de chacune d’elles,
mais leur existence physique est simultanée. On peut facilement aller à
pied de l’une à l’autre — il y a moins d’un kilomètre ; elles se situent
toutes les deux au nord de la même grande route.
[16]Mais à des niveaux conscients, Jane est trop impatiente de suivre son
propre conseil intérieur. Voir les notes à la première pause, ainsi que la
note 8.
[17] À coup sûr, les informations de Seth à propos de l’expérience auditive
de Jane auraient été très intéressantes — mais je dois noter, longtemps
après, que nous ne les avons jamais reçues.
SESSION 738
[3] Le lendemain de cette session 738, j’ai écrit aux agents immobiliers de
Sayre, les Johnson, pour les informer que Jane et moi ne sommes plus
intéressés par la maison de M. Markle. Nous avons envoyé ce courrier
non seulement à cause de ce qu’a dit Seth dans cette session, mais aussi
parce que nous pensons avoir de notre côté intuitivement opté pour une
certaine action probable — comme nous l’avions fait pour la maison de
Foster Avenue. (Voir la note 8 de la session 737.)
[1] Je veux noter ici qu’au moment où Jane et moi avons décidé d’acheter
la maison de la colline, nous avons appris que la maison juste à côté, à
l’ouest, serait bientôt en vente ; son propriétaire va déménager cet été
avec sa famille en Californie, pour cause de mutation professionnelle.
Aucun panneau « À vendre » n’a encore été posé devant la maison. Bien
que Jane et moi aimions assez cet endroit-là, il ne fait pour nous aucun
doute que la maison de la colline est bien celle qui nous convient.
Notre propre projet de déménager, plus celui de la famille d’à côté (que
nous ne connaîtrons jamais), me rappellent le matériau que Seth a
donné à 23 h 25 dans la session 737, quant au fait que toute décision
importante que nous prenons a pour effet d’organiser les schémas de
probabilités qui se mettent en mouvement : « Ceci, disait-il, doit être
évident. […] Inconsciemment, ceux qui déménagent sont associés les
uns avec les autres. Il y a une mise en place de probabilités
bienveillantes. »
Je dis donc à Jane que non seulement nous provoquons certaines choses
en quittant notre appartement, mais que nous entrons dans une situation
où nous nous installerons tandis que d’autres partiront. Chose évidente,
mais intrigante : nous allons nous joindre aux résidents actuels du
quartier de la colline et former une nouvelle entité psychique et
psychologique, différente de celle qui existait avant notre arrivée.
Pourtant, le tableau complet de notre déménagement ne doit pas
seulement inclure la myriade de probabilités qui découlent de nos
propres actions, mais aussi tous les développements probables liés à la
maison voisine. Quels que soient les évènements ayant lieu là-bas
— que nous aiderons à créer —, ils auront forcément des effets sur
nous.
[2] Voici une autre connexion relative aux maisons — elle est apparue jeudi
dernier, le lendemain de la session 738.
[4] Le matériau de Seth me rappelle ici une remarque qu’il a faite lors de la
session 504, présentée dans l’appendice du Matériau de Seth ; il parlait
des perceptions du fœtus et des unités d’énergie électromagnétique qui
leur servaient de vecteur : « Les cellules ne réagissent pas simplement à
la lumière parce que c’est dans l’ordre des choses, mais parce qu’un
désir émotionnel de percevoir la lumière est présent. »
[5] Voir la discussion de Seth sur la conscience des arbres, dans la session
727 ; la note 7 de cette session-là contient des extraits provenant de ses
données sur les arbres ; il a transmis ce matériau lors de la session 18,
du 22 janvier 1964, et de la session 453, du 4 décembre 1968. Voici un
peu de matériau complémentaire tiré de la session 18.
[1] Une référence au portrait à l’huile que j’avais fait de Seth et qui est
reproduit en noir et blanc dans l’édition du Matériau de Seth, publié par
Prentice-Hall. Comme l’a écrit Jane au chapitre 8 de ce livre-là, Seth
est représenté « sous la forme qu’il a choisi d’adopter pour apparaître à
Rob ». Seth avait pour la première fois fait part de sa présence en
donnant son nom, lors de la session 4 du 8 décembre 1963. J’ai peint ce
tableau en 1966.
[4] Dans la note 3 de la session 734, voir ma recherche sur les mois de
naissance de certains membres du cours de perception extrasensorielle
— beaucoup d’entre eux sont des Sumari.
[5] Dans la session 685 du tome I, Seth a affirmé que les consciences de
nos cellules sont éternelles et que, biologiquement, nous sommes
équipés pour explorer beaucoup plus de réalités probables que nous ne
l’imaginons. Lors de la session 686, il a parlé de la compréhension que
nos cellules ont du passé, du présent et du futur, ainsi que de leurs
réactions à toute une variété de pulsions neurologiques se situant hors
du registre sur lequel notre ego se focalise. Voir la première
transmission de cette session-là.
[6] Mais dans les appendices 4 et 5 du tome I, voir le matériau de Jane sur
les pulsations ou vitesses neurologiques inhabituelles. Seth se penche
sur nos pulsations — et habitudes — neurologiques, dans la session 686
à 00 h 19.
[7] Jusqu’à présent, Jane n’avait fait mention du troisième œil (ou œil
intérieur) des traditions occultes qu’une seule fois — dans la session
612 du 6 septembre 1972 —, et cela l’avait là aussi quelque peu
embarrassée. Voir, dans l’appendice 19 du tome II, les extraits de la
session 612 ainsi que la note 5. Dans cette note, j’ai émis des
hypothèses quant à « la connaissance intuitive que Jane peut avoir et
qui l’a amenée à parler » du troisième œil à ce moment-là. Nous avons
à nouveau les mêmes questions, sans pour autant vouloir les creuser
plus que nous ne l’avions fait jusqu’ici.
[8] Nous pensons qu’il est tout à fait probable que le matériau de Seth dans
cette transmission, ainsi qu’une partie de Politics de Jane, découle de
ce que nous avons lu ce mois-ci sur les « nouvelles » formes de
mathématiques — qui, entre autres, reprennent certaines idées vieilles
de plusieurs siècles. On y trouve de très intéressantes approches sortant
complètement de l’ordinaire : d’autres façons d’envisager le temps, la
théorie quantique, les nombres infinis et infinitésimaux, la théorie des
modèles, ainsi que d’autres outils mathématiques.
Sur la base de ces concepts, du moins tels que Jane les comprend, Jane
et Seth « ont pris leur envol », chacun avec sa propre créativité. Au
chapitre 19 de Politics, Jane a transcrit quelques passages de sa
bibliothèque. En voici deux extraits : « Si vous imaginez les nombres
officiels bien alignés de 1 à 10, il y aurait alors un nombre infini de 1
non officiels, cachés dans le 1 que vous voyez, ainsi qu’un nombre infini
d’espaces entre le 1 et le 2 officiels. La position du 1 sur le papier
représenterait notre monde des données sensorielles, tandis que les 1
invisibles suivants représenteraient les valeurs cachées et probabilités
infinies du 1 officiel. »
[11] Cette connexion relative aux maisons est un bon exemple du fait que
des liens peuvent non seulement exister entre des évènements
concomitants, mais s’étendre sur de longues périodes de temps. Cette
combinaison d’éléments m’amène, six mois après que Seth a fini de
dicter La Réalité « inconnue », à ajouter cette note à la session 740.
Voici donc ce que j’ai écrit en octobre 1975 (les noms de toutes les
personnes ont été changés).
Peu de temps après que nous avons déménagé dans cette maison de la
colline [en mars], Franck Corio, notre voisin côté est, nous a dit qu’il
connaissait Louise Akins ; elle était l’une de nos premières étudiantes
ayant assisté au cours de perception extrasensorielle de Jane, en
septembre 1967. Un détail intéressant, selon nous, vu qu’Elmira est une
ville d’à peu près 50 000 habitants, population qui double si l’on
compte les faubourgs environnants. J’ai donc ajouté l’information de
Franck à notre liste de connexions liées aux maisons, puis je l’ai
oubliée.
Franck travaille lui aussi dans l’immobilier, même s’il n’a aucun lien
professionnel avec les Johnson ou Debbie, ou aucun rapport avec
l’agence qui nous a vendu la maison. La maison côté ouest a donc été
vacante à partir du début de l’été. En automne, Franck Corio a été
chargé de la vendre, ce qu’il a fait assez rapidement — à une famille,
les Miller, venue de loin pour s’installer à Elmira. Nous avons alors
découvert que Mme Miller connaissait elle aussi Louise Akins.
Les chances pour qu’une telle « coïncidence » ait lieu sont infimes — à
ceci près que les Miller avaient vécu il y a plusieurs années dans un
quartier proche de la colline (c’est à ce moment-là qu’ils avaient connu
Louise). Ils avaient ensuite quitté l’État de New York, avant d’y revenir
acheter la maison voisine de la nôtre. La connexion de maisons est
pourtant exceptionnelle : dans la maison de la colline, nous nous
retrouvons, Jane et moi, entourés à l’est comme à l’ouest par des
personnes connaissant l’une de nos premières élèves — qui d’ailleurs
leur avait parlé de nous. Chose intéressante, Franck Corio a joué un
rôle clé dans le retour des Miller dans leur quartier favori, lorsqu’on
sait que, dans une ville de la taille d’Elmira, il y a constamment des
maisons à vendre dans des quartiers « agréables », dont le « nôtre ».
Jane et moi ne pensons évidemment pas que le fait que Franck et Mme
Miller connaissaient Louise Akins ait été la raison pour laquelle les
Miller ont emménagé juste à côté de nous. C’est pourtant un facteur à
considérer parmi une myriade d’autres — l’argent, la disponibilité, etc.
Et d’abord, pourquoi Jane et moi avons-nous emménagé dans un
quartier où une connexion de ce type pouvait se développer ? Pourquoi
Franck Corio s’est-il vu assigner la tâche de vendre la maison juste à
côté de la nôtre ? Pourquoi les Miller l’ont-ils rencontré précisément à
ce moment-là, et pourquoi est-ce lui, parmi tous les agents immobiliers
d’Elmira, qui est parvenu à leur vendre cette maison ?
Des connexions et des questions de ce genre, quels que soient leur poids
et les motivations conscientes ou inconscientes qui les sous-tendent,
offrent un champ d’études fascinant. Une fois de plus, cela nous
rappelle le matériau de Seth à 23 h 25 dans la session 735, lorsqu’il
nous a dit que « ceux qui déménagent sont associés les uns aux autres ».
Pour conclure cette note, je dois ajouter que notre voisin Franck Corio
a aussi été impliqué dans d’autres connexions de maisons nous
concernant Jane et moi — dont certaines sont tout aussi intrigantes que
celle que je viens de décrire.
(« Tout ce que je sais, dit Jane ce soir à 20 h 50, c’est que je veux
reprendre les sessions. Que nous obtenions du matériau sur La Réalité
“inconnue”, des éléments personnels ou autre chose, importe peu. Je veux
juste que nous démarrions — je suis toujours nerveuse quand il s’agit de se
remettre en route après une longue interruption…[1] »
Elle fait cette remarque après que je lui ai lu en début de soirée la
dernière session de Seth [la 740 datant du 21 février] à partir de mes notes.
Je ne les ai pas encore dactylographiées. Six semaines se sont déjà écoulées
depuis cette session-là, c’est incroyable. Entre-temps, nous avons eu tant de
choses à faire qu’il m’est difficile de décider celles qui méritent d’être
évoquées dans ces notes et jusqu’à quel point. Mis à part les quelques
éléments cités ci-dessous, je crois qu’il suffit de dire simplement que depuis
un mois nous vivons dans notre maison de la colline et qu’après beaucoup
de travail physique acharné[2], nous sommes suffisamment installés pour
reprendre notre rythme naturel quotidien, fait de peinture, de sessions,
d’écriture et de jeux. Je suis en train de transformer une pièce en atelier et,
dans une autre, je travaille sur ce manuscrit. Pour la première fois depuis
que nous nous sommes mariés il y a vingt ans [en 1954], Jane a sa propre
pièce pour écrire — du moins si elle le souhaite. Jusqu’à présent, elle a
préféré s’installer dans le salon, devant la baie vitrée.
Nos connexions en rapport avec la maison ne cessent de s’accumuler,
souvent de façon inattendue. Jane a déjà écrit pour Psychic Politics un
matériau très pointu où elle expose son propre point de vue sur notre choix
de venir vivre ici : « Nous avons donc maintenant créé notre endroit bien à
nous, en termes plus ordinaires, en symbolisant cette maison particulière et
ce coin de rue, en les faisant nôtres, en les marquant de l’empreinte des
symboles vivants que nous avons transposés en ce lieu. Il possède
désormais une qualité magique.[3] »
Jane n’a pas encore repris ses cours de perception extrasensorielle.
Nous ne sommes pas sûrs de pouvoir les gérer. Il faudra peut-être attendre
que Seth ait terminé La Réalité « inconnue ».
Nous avons largement fini de corriger les épreuves du livre de Jane,
Adventures in Consciousness, celles du texte lui-même ainsi que des
légendes des illustrations ; il sera publié en juin. Nous avons aussi vu une
première épreuve couleur du projet de jaquette pour Dialogues, qui
paraîtra à l’automne prochain[4].
Comme pour fêter notre façon de vivre et de travailler dans la maison
de la colline, nous avons eu samedi dernier la visite de Tam Mossman,
l’éditeur de Jane à Prentice-Hall, accompagné de son collègue en charge
de la publication. L’un des fruits de notre rencontre a été [comme je l’ai
écrit au début des notes préliminaires du tome I] la décision de publier en
plusieurs volumes ce long manuscrit de La Réalité « inconnue » [5].
Pour dire les choses simplement, je pense que notre premier mois dans
cette nouvelle demeure a consisté avant tout à instaurer une ambiance
psychique fraîche, où nous pouvons nous sentir à l’aise — je crois
d’ailleurs que, dans la même situation, tout le monde fait cela intuitivement.
Tant qu’un premier pas n’a pas été fait en ce sens, personne ne peut sans
doute redémarrer certaines de ses activités dans un « nouvel » endroit. En
fait, nous cherchons à marier l’ancien environnement avec le nouveau, en
utilisant la psyché en guise de passerelle entre les deux mondes.
Maintenant, quand Jane et moi passons en voiture devant notre ancienne
maison sur Water Street, cela suscite en nous des sentiments mêlés,
d’étrangeté et de familiarité. Aux fenêtres des deux appartements où nous
vivions, aujourd’hui inoccupés, les stores pendent de travers. Des amis
nous ont dit que les deux appartements sont en train d’être refaits. « J’en
suis heureuse, m’a dit Jane l’autre jour avec une réaction étrangement
possessive. Cela veut dire que personne ne pourra pénétrer dans le monde
qui était le nôtre là-bas. »
Dans cette grande maison fascinante, tout le monde psychique de Jane
— et le mien — avait commencé à se révéler à la fin de l’année 1963 ; dans
plusieurs livres, Jane détaille divers aspects de cette évolution. Pourtant, en
quittant Water Street en mars, elle ne s’est pas retournée une seule fois :
quand elle en a fini avec une chose, c’est bel et bien terminé. Ainsi, elle est
totalement libre. Pour ma part, je suis plutôt du genre à m’attacher aux
vieilles choses, aux anciens endroits, et à regarder en arrière avec un peu
de nostalgie.
Ce soir, tandis que nous attendons que la session commence, notre chat
Willy, âgé maintenant de quatorze ans, se prélasse sur le canapé à côté de
moi. Pendant ce temps-là, notre chat noir Rooney, mort à l’âge de cinq ans,
gît dans sa tombe, creusée dans le petit jardin à l’arrière de la maison de
Water Street[6].
Jane allume une cigarette et boit une petite gorgée de bière. Puis elle
ôte ses lunettes. Avant même de les avoir posées sur la table basse qui est
entre nous, elle est en transe. Parlant en tant que Seth, elle commence à
transmettre, très facilement et avec aisance, la session suivante de La
Réalité « inconnue ».
21 h 21.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée (d’une voix calme et pleine d’humour). La réalité inconnue
semble [être] invisible uniquement parce que vous ne l’acceptez pas dans
votre principale série d’évènements. [Voir la dernière session.]
C’est comme si vous vous étiez entraînés à réagir aux lumières rouges
et à ignorer les vertes, par exemple — ou comme si vous lisiez uniquement
la troisième ou la quatrième ligne des pages d’un livre.
Vous avez tendance à accorder de l’importance à ce qui semble avoir
une valeur pratique. Que vous compreniez ou non ce qu’est l’espace, vous
vous déplacez facilement à travers lui. Vous ne calculez pas combien vous
devez faire de pas pour traverser une pièce, par exemple. Vous n’avez pas
besoin de comprendre les propriétés de l’espace en termes scientifiques
pour bien vous en servir. Vous pouvez cependant vous voir opérer dans
l’espace ; dans cette mesure-là, l’espace est une qualité connue, évidente
pour les sens. Votre locomotion concrète y est étroitement liée et par
conséquent vous le reconnaissez. Ses propriétés mystérieuses ou moins
connues vous concernent à peine.
Maintenant, vous évoluez à travers des probabilités pratiquement de la
même manière que vous vous déplacez dans l’espace. Vous ne vous
préoccupez pas consciemment de tous les calculs qui sont nécessaires au
processus de la marche quand vous parcourez une rue ; de la même
manière, vous ignorez les mécanismes qui entrent en jeu quand vous
évoluez à travers des réalités probables. En vérité, vous manœuvrez avec
tant d’habileté et de finesse au sein de ces probabilités que vous vous
surprenez rarement en train de changer de cap en passant d’une probabilité
à une autre.
(21 h 34.) Prenez une action très simple : vous êtes à un carrefour et
vous vous demandez quelle direction prendre. Il y a quatre rues. Vous
envisagez pendant un ins