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TABLE DES MATIÈRES

NOTE POUR LA PRÉSENTE ÉDITION ...................... 8


À PROPOS DE L’AUTRICE .............................. 9

LE MATÉRIAU DE SETH: Une introduction

PRÉFACE À L’ÉDITION ORIGINALE PAR R.VAN OVER ...... 13


INTRODUCTION DE L’AUTEURE ......................... 25
CHAPITRE 1 Nous rencontrons Seth .................. 36
CHAPITRE 2 Les images de York Beach - les
personnalité-fragments ............................ 53
CHAPITRE 3 Seth s’invite à une séance de spiritisme -
un nouvel ensemble de doigts ...................... 65
CHAPITRE 4 La "voix de Seth" ...................... 78
CHAPITRE 5 La lettre d’un psychologue me fiche la
frousse - Seth me rassure ......................... 89
CHAPITRE 6 Seth rencontre un psychologue ......... 100
CHAPITRE 7 Épisodes de sortie du corps ........... 115
CHAPITRE 8 Un an de tests - Seth voit à travers des
enveloppes et donne à Rob quelques leçons d’art .. 125
CHAPITRE 9 Seth et un psychologue parlent de
l’existence - autre sortie du corps .............. 149
Chapitre 10 La nature de la réalité physique ..... 168
Chapitre 11 La réincarnation ..................... 186
Chapitre 12 Autres éléments sur la réincarnation -
après la mort et entre les vies .................. 207
Chapitre 13 La santé ............................. 231
Chapitre 14 Les rêves - un faux démon - Le rêve
thérapeutique .................................... 254
Chapitre 15 Moi probables et systèmes probables de
réalité .......................................... 279
Chapitre 16 La personnalité multidimensionnelle .. 294
Chapitre 17 Un Seth "futur" - origine des
sessions ......................................... 314
Chapitre 18 Le concept de Dieu, la Création, les
trois Christ ..................................... 335
Chapitre 19 Les sens intérieurs - que sont-ils et
comment les utiliser? ............................ 352
Chapitre 20 Évaluations personnelles - qui est Seth
ou qu’est-il? .................................... 370
APPENDICE ........................................ 388
SETH PARLE: L’éternelle validité de l’âme

INTRODUCTION À L’ÉDITION ORIGINALE PAR J.ROBERTS . 426


CHAPITRE 1 Je n’ai pas de corps physique, et pourtant
je suis en train d’écrire ce livre ............... 441
CHAPITRE 2 Mon environnement, mes activités et mon
travail actuels .................................. 456
CHAPITRE 3 Mon travail et les dimensions particulières
de réalité dans lesquelles il m’entraîne ......... 471
CHAPITRE 4 Le théâtre des réincarnations ......... 488
CHAPITRE 5 Comment les pensées forment la matière,
les points de coordination ....................... 503
CHAPITRE 6 L’âme et la nature de ses perceptions . 514
CHAPITRE 7 Le potentiel de l’âme ................. 531
CHAPITRE 8 Le sommeil, les rêves et la conscience. 544
CHAPITRE 9 L’expérience de la "mort" ............. 563
CHAPITRE 10 Les conditions de la "mort" dans la vie 583
CHAPITRE 11 Les choix d’après la vie et les
mécanismes de transition ......................... 598
CHAPITRE 12 Les rapports réincarnationnels ....... 622
CHAPITRE 13 La réincarnation, les rêves, le masculin
et le féminin cachés au sein du moi .............. 638
CHAPITRE 14 Les histoires de commencement et le Dieu
multidimensionnel ................................ 655
CHAPITRE 15 Les civilisations réincarnationnelles,
les probabilités et quelques précisions sur le
Dieu multidimensionnel ........................... 669
CHAPITRE 16 Les systèmes, les hommes et les dieux
probables ........................................ 683
CHAPITRE 17 Les probabilités, la nature du bien et
du mal, le symbolisme religieux .................. 696
CHAPITRE 18 Les différents stades de conscience,
le symbolisme et la focalisation multiple ........ 715
CHAPITRE 19 Les présents alternatifs et la
focalisation multiple ............................ 734
CHAPITRE 20 Questions et réponses ................ 758
CHAPITRE 21 Le sens de la religion ............... 793
CHAPITRE 22 Un au revoir et une présentation:
aspects de la personnalité multidimensionnelle
vus à travers ma propre expérience ............... 821
APPENDICE ........................................ 847
LA NATURE DE LA RÉALITÉ PERSONNELLE: Comment résoudre
vos problèmes quotidiens et enrichir votre vie

INTRODUCTION À L’ÉDITION ORIGINALE PAR J.ROBERTS . 914


PRÉFACE DE SETH La production de la réalité
personnelle ...................................... 921
CHAPITRE 1 L’image vivante du monde .............. 928
CHAPITRE 2 Les croyances personnelles et la réalité 945
CHAPITRE 3 Le regroupement des croyances, la
suggestion et la télépathie ...................... 969
CHAPITRE 4 Votre imagination et vos croyances, plus
quelques mots sur l’origine de ces dernières ..... 991
CHAPITRE 5 La création constante du corps
physique ........................................ 1020
CHAPITRE 6 Le corps de vos croyances et leurs
structures de pouvoir ........................... 1043
CHAPITRE 7 La chair vivante ..................... 1060
CHAPITRE 8 La santé, les bonnes et les mauvaises
pensées, la naissance des "démons" .............. 1073
CHAPITRE 9 La grâce naturelle, le cadre de la
créativité, la santé de votre corps et de votre esprit
- La naissance de la conscience ................. 1096
CHAPITRE 10 La nature de l’illumination spontanée et
la nature de l’illumination forcée - L’âme en
vêtements chimiques ............................. 1114
CHAPITRE 11 L’esprit conscient en tant que porteur de
croyances - Vos croyances et leur rapport avec la
satisfaction et avec la santé ................... 1151
CHAPITRE 12 La grâce, la conscience et votre
expérience quotidienne .......................... 1187
CHAPITRE 13 Le bien et le mal, les croyances
personnelles et de masse ainsi que leur effet sur votre
expérience privée et sociale .................... 1209
CHAPITRE 14 Quel vous? Quel monde? Votre réalité
quotidienne comme l’expression d’évènements probables
spécifiques ..................................... 1239
CHAPITRE 15 Quel vous? Quel monde? Vous seul pouvez
répondre - Comment vous libérer des limitations . 1254
CHAPITRE 16 L’hypnose naturelle: une transe est une
transe .......................................... 1277
CHAPITRE 17 L’hypnose naturelle, la guérison et le
transfert de symptômes physiques à d’autres niveaux
d’activité ...................................... 1297
CHAPITRE 18 Les tempêtes intérieures et les tempêtes
extérieures - La "destruction" créatrice -
La longueur de la journée et la portée naturelle de
la conscience qui a une base biologique ......... 1323
CHAPITRE 19 La concentration de l’énergie, les
croyances et le point de pouvoir présent ........ 1346
CHAPITRE 20 Le paysage des rêves, le monde physique,
les probabilités et votre expérience
quotidienne ..................................... 1369
CHAPITRE 21 L’affirmation, l’amour, l’acceptation et
le déni ......................................... 1385
CHAPITRE 22 L’affirmation, l’amélioration pratique de
votre vie et la nouvelle structuration de vos
croyances ....................................... 1416

LA RÉALITÉ "INCONNUE": En deux tomes comme la version


originale

NOTE DE L’ÉDITEUR ............................... 1433

NOTES PRÉLIMINAIRES DE ROBERT F.BUTTS ........... 1436


PRÉFACE DE SETH ................................. 1456
PARTIE 1 La réalité "inconnue" et vous .......... 1461
PARTIE 2 L’homme parallèle, l’homme alternatif et
l’homme probable: leur reflet dans la présente psyché
personnelle - Votre réalité multidimensionnelle dans
le maintenant de votre être ..................... 1567
PARTIE 3 L’homme probable privé, la femme probable
privée, l’espèce dans les probabilités, et les
feuilles de route pour des réalités ............. 1635
APPENDICES 1 à 11 ............................... 1706
UN BREF ÉPILOGUE ................................ 1753

NOTES PRÉLIMINAIRES DE ROBERT F.BUTTS ........... 1761


PARTIE 4 Explorations - Une étude de la psyché telle
qu’elle est en lien avec la vie personnelle et
l’expérience de l’espèce - Réalités probables en tant
que leçons d’expérience personnelle - L’expérience
personnelle telle qu’elle est en lien avec les
civilisations "passées" et "futures" de l’homme . 1775
PARTIE 5 Comment voyager dans la réalité "inconnue":
petits pas et pas de géant - Aperçus et rencontres
directes ........................................ 1901
APPENDICES 12 à 21 .............................. 1968
PARTIE 6 Réincarnation et contreparties: le "passé"
vu à travers les mosaïques de conscience ........ 2174
APPENDICES 22 à 27 .............................. 2370
ÉPILOGUE ........................................ 2406

LA NATURE DE LA PSYCHÉ: Son expression humaine

INTRODUCTION À L’ÉDITION ORIGINALE PAR J.ROBERTS . 2417


CHAPITRE 1 L’environnement de la psyché ......... 2424
CHAPITRE 2 Votre psyché est éveillée lorsqu’elle
rêve ............................................ 2441
CHAPITRE 3 Les associations, les émotions et un cadre
de référence différent .......................... 2457
CHAPITRE 4 La psyché et son lien avec les éléments
sexuels - "Il et Elle" – "Elle et Lui" .......... 2477
CHAPITRE 5 La psyché, l’amour, l’expression sexuelle
et la créativité ................................ 2500
CHAPITRE 6 "Le langage de l’amour" - Les images et la
naissance des mots .............................. 2521
CHAPITRE 7 La psyché, les langues et les dieux .. 2535
CHAPITRE 8 Rêves, créativité, langages et
"cordelles" ..................................... 2554
CHAPITRE 9 Les caractéristiques d’une pure énergie,
la psyché énergétique et la naissance des
évènements ...................................... 2574
CHAPITRE 10 Des jeux auxquels tout le monde peut jouer
- Rêves et formation des évènements ............. 2610
CHAPITRE 11 L’univers et la psyché .............. 2630

L’INDIVIDU ET LES ÉVÈNEMENTS DE MASSE:

INTRODUCTION À L’ÉDITION ORIGINALE PAR J.ROBERTS . 2665


PARTIE 1 Les évènements de la "nature" - Les
épidémies et les catastrophes naturelles ........ 2673
CHAPITRE 1 Le corps naturel et ses défenses ..... 2674
CHAPITRE 2 "Méditations de masse" - Plans de "santé" pour
la maladie - Épidémies de croyances et "vaccination"
mentale efficace contre le désespoir ............ 2727
PARTIE 2 Cadre 1 et Cadre 2 ..................... 2764
CHAPITRE 3 Mythes et évènements physiques - Le milieu
intérieur au sein duquel la société existe ...... 2765
CHAPITRE 4 Les caractéristiques du Cadre 2 - Une
analyse créative du milieu où se situe la conscience
physiquement orientée, et la source des
évènements ...................................... 2801
CHAPITRE 5 Le mécanisme de l’expérience ......... 2840
PARTIE 3 Les personnes qui ont peur d’elles-mêmes . 2866
CHAPITRE 6 Environnements contrôlés et comportement
de masse, positif et négatif - Cultes religieux et
scientifiques et paranoïas individuelles ........ 2867
CHAPITRE 7 Le bien, le mal, et le catastrophique
Jonestown, Harrisburg - Quand un idéaliste est-il un
fanatique? ...................................... 2908
CHAPITRE 8 Humains, molécules, pouvoir et libre
arbitre ......................................... 2940
CHAPITRE 9 L’idéal, l’individu, la religion, la science
et la loi ....................................... 2960
PARTIE 4 L’idéaliste pratiquant ................. 2988
CHAPITRE 10 Le bien, le mieux, et le meilleur -
Accomplissement de valeurs contre compétition ... 2989
UN MANIFESTE PSYCHIQUE .......................... 3019
NOTE POUR LA PRÉSENTE ÉDITION

En 1963, dans l’État de New York, une femme écrivain, Jane Roberts,
commença à recevoir des messages de « l’essence d’une personnalité non
incarnée » se nommant Seth. Ces messages prenaient la forme de paroles
qu’elle prononçait, toujours en présence de son mari, Robert F. Butts, qui
les notait soigneusement.

Alors que ces sessions avaient lieu depuis près de dix ans, Seth proposa
d’en tenir spécifiquement dans le but de dicter des livres. Ainsi naquit le
texte qui se trouve entre vos mains.

Tout au long de ce volume, les notes de Robert F. Butts, témoin et


chroniqueur de ce phénomène extraordinaire, sont en italique. Elles
indiquent les circonstances quotidiennes et l’ambiance dans lesquelles se
déroulent les sessions, tout en ajoutant parfois une précision historique ou
scientifique.
Le lecteur intéressé trouvera sur le site www.leslivresdeseth.net les liens
qui lui permettront d’entendre des enregistrements de Jane Roberts, en
transe, parlant pour Seth.

Michka Seeliger-Chatelain
À PROPOS DE L’AUTRICE

Jane Roberts (1929-1984) est née et a vécu dans l’État de New York.
Autrice d’une trentaine d’ouvrages (poèmes, nouvelles et essais), elle a,
pendant vingt ans, reçu le « matériau » de Seth, ouvrant la voie au
phénomène moderne du channeling.
Elle a donc canalisé Seth, un sage enseignant. Mais pas un sage de la
planète Terre. Un sage de l’univers. Et surtout, des univers…
Multidimensionnel, concret, métaphysique et pratique à la fois, Seth
peut changer notre histoire spirituelle comme notre vie quotidienne.
Du channeling à une nouvelle spiritualité, de la psychologie à la
philosophie, de la santé à l’alimentation, de la famille au travail, des
végétaux aux animaux, ou encore du sexe à l’amour, Seth nous ouvre grand
les portes de la perception – et de sa compréhension –, nous stimule et nous
fait un bien rare, dont l’énergie subtile monte crescendo au fil de ses livres
initiatiques.
Traduits en 20 langues pour plus de 20 millions de lecteurs, la pensée et
les messages de Seth sont aujourd’hui repris de par le monde dans les plus
grands scénarios de films, œuvres avant-gardistes, et méthodes de soin ou
de mieux-être.
Ce livre est dédié à Seth,
et à Rob, mon mari.
PRÉFACE À L’ÉDITION ORIGINALE
PAR RAYMOND VAN OVER

La médiumnité est un sujet qui à la fois fascine et donne à réfléchir, car il


touche à des questions essentielles concernant l’esprit de l’être humain, la
nature de sa conscience, et même sa destinée ultime. On définit en général
un médium comme « une personne censée être réceptive à des entités
supranormales et capable de communiquer un savoir qui en provient ou
d’accomplir des actions qui seraient impossibles sans leur aide ». La
plupart des gens se représentent un médium sous les traits d’une femme
attifée de vêtements exotiques, rôdant dans des coins obscurs dans l’attente
d’escroquer à ses clients l’argent qu’ils ont durement gagné. Je ne doute
pas que de tels médiums existent encore — il m’est même arrivé d’en
rencontrer —, cette image est toutefois loin de dresser un tableau complet
du phénomène.
C’est vers la fin du XIX e siècle que la médiumnité est devenue populaire,
et qu’en se développant le spiritisme est devenu sa religion. On tenait
séance dans la demi-obscurité d’une petite salle bien conçue, qui
ressemblait souvent à un théâtre de poche dont la scène était une chapelle
ou comportait d’autres connotations religieuses. Les participants, pour la
plupart accablés par une tragédie familiale récente, étaient amenés jusqu’à
un état d’hystérie par les hymnes que l’on chantait et le son d’un orgue.
Dans l’ensemble, la mise en scène était bien orchestrée. La médium entrait
en transe et, son « contrôle » des esprits aidant, elle transmettait des
messages provenant d’êtres chers défunts, passés dans le « monde des
esprits ». Le plus souvent, ces messages étaient sans intérêt, et même
stupides, mais la personne endeuillée repartait chez elle soulagée par le fait
que l’être aimé existait encore « quelque part » et était « heureux ».
Les médiums faisaient parfois preuve d’une connaissance qui semblait
être une forme de perception extrasensorielle. C’est cet aspect de la
médiumnité qui a donné naissance à la parapsychologie, ou à l’étude
scientifique, contrôlée, des phénomènes de perception extrasensorielle. Il
ne fait aucun doute que la médiumnité et le spiritisme étaient, et sont
encore, excessivement sujets à la fraude. Dans les domaines subtils de
perception, il est difficile d’obtenir une preuve objective et pratiquement
impossible de se placer dans des conditions de contrôle efficace. Dans la
plupart de ces recherches, les faits sont souvent admis non pas sur la base
de preuves, qui sont rares, mais sur la base de croyances, que l’on trouve
toujours en abondance. C’est sans doute Harry Price [1], chercheur réputé
en parapsychologie, qui a le mieux exprimé cette idée lorsqu’il a observé
que « le spiritisme est, au mieux, une religion et, au pire, un racket ».
Mais depuis qu’on a commencé à étudier les transes médiumniques, il
apparaît clairement qu’il s’agit d’une expérience complexe, faisant partie
d’un phénomène plus vaste que l’on désigne aujourd’hui sous le nom
d’« états modifiés de conscience ». Parmi les autres types de transe, tels
que le coma, la catalepsie, la syncope et l’animation suspendue, des
facteurs pathologiques prédominent souvent. Ces états sont tous associés à
l’inconscient, comme le sont notamment ceux qui sont dus à l’absorption de
drogues ou aux effets d’une maladie sur la chimie du corps ; tous ces états
sont plus intenses que les autres modifications de la conscience, comme le
sommeil, l’hypnose ou le somnambulisme.
Parmi toutes les formes d’état modifié de conscience, la médiumnité est
l’une des plus précieuses, car c’est par elle qu’explorer l’univers subjectif
de l’esprit humain est le plus aisé. Beaucoup de ceux qui ont étudié la
médiumnité ont écrit qu’il s’agit là d’une méthode permettant une
expansion de la conscience. Le physicien anglais Raynor Johnson [2] a
observé qu’il y avait de nombreux états « dans lesquels la conscience
délaisse son niveau normal de veille — et que nous pouvons appeler
collectivement des états de transe. Certains peuvent être créés par
hypnose… par des drogues telles que la mescaline ou par des
anesthésiques, tandis qu’il est possible d’accéder à d’autres grâce à
certaines pratiques yogiques… Un médium, ou un être réceptif, peut
volontairement entrer dans l’un de ces états, dans lequel la conscience se
replie vers un niveau intérimaire du moi, tout en maintenant dans le même
temps “une ligne de communication” avec le monde extérieur. Puisque,
dans ce cas-là, il s’agit d’auto-induction d’un état de transe et que ce
dernier dépend relativement de peu de facteurs pathologiques, la
médiumnité offre davantage de contrôle sur l’expérience [tout comme
l’hypnose].
Jane Roberts partage avec quelques rares médiums d’exception, telles
que Mme Eileen Garrett et Mme Osborne Leonard, une caractéristique
unique. Beaucoup de médiums réagissent au matériau de leur propre transe
avec une crédulité quasi religieuse et il leur arrive souvent, d’ailleurs, de
développer des convictions religieuses à partir de leur expérience
médiumnique. Mais certains médiums, malgré la fascination qu’ils ont pour
le monde subliminal avec lequel ils sont entrés en contact, résistent à la
tentation de croire immédiatement aux communications d’une personnalité
de transe et de dépendre d’elles. Mme Garrett, par exemple, a consacré sa
vie à étudier le sens de la médiumnité, son propre monde inconscient, et les
phénomènes parapsychologiques en général. Mme Leonard s’est elle aussi
consacrée à l’examen des questions que soulevait sa propre médiumnité, et
s’est de son plein gré prêtée à de nombreux tests.
Les grands médiums sont aussi rares que les grands musiciens ou les
grands artistes. Ce qui les caractérise, entre autres, c’est un curieux
mélange de prédisposition à des états de transe et une forte personnalité, à
la fois curieuse, objective et sachant honnêtement se remettre en question.
Bien sûr, bon nombre des signes qui distinguent le caractère exceptionnel
d’un médium ne peuvent pas être aussi facilement définis, mais il me paraît
clair que Jane Roberts est une médium exceptionnelle.
Vivre hardiment sa propre expérience subjective — examiner les sources
d’inspiration, d’imagination ou de créativité — a toujours été
caractéristique d’une personnalité exceptionnelle. André Breton, auteur des
Manifestes du surréalisme, était obsédé par l’idée de combiner le réel et
l’irréel dans l’art, peut-être parce que, comme l’artiste calligraphe
japonais, il n’était pas sûr de ce qui les distingue. Breton a mené une série
d’expériences d’écriture automatique pour tenter de découvrir les aspects
ésotériques ou arcanes de ce que nous connaissons en tant que « réel ». Le
résultat, soutenait-il, était une expression plus pure de l’homme intérieur, et
ce mariage du monde inconscient avec une conscience objective ou
attentive présente bien des similitudes avec la démarche de Jane Roberts.
Bien que n’ayant pas pratiqué la médiumnité pendant de longues années,
cette jeune femme est allée remarquablement loin dans l’analyse ouverte et
la remise en question personnelle, qualités nécessaires pour vraiment
comprendre sa médiumnité et ses implications plus larges. Elle s’est déjà
profondément engagée dans l’application pratique de ce qui, à la base, a
trait aux questions philosophiques. Cette orientation doit cependant être
attribuée en partie à la nature de Seth, la personnalité de transe qui s’est
développée à partir de la médiumnité de Jane.
On appelle habituellement une personnalité de transe un « contrôle »,
car elle est censée manier à sa guise le corps physique du médium en
transe, en adoptant souvent des caractéristiques uniques et personnalisées.
Au début, on a cru bien sûr que le contrôle du médium était un esprit ou
une entité désincarnée qui se servait de lui comme d’un moyen de
communiquer avec les vivants. Mais dans The World of Psychic
Phenomena, F.S Edsall fait remarquer que le développement des
personnalités de transe, ou contrôles, semble dépendre d’expériences
subconscientes ayant un lien avec le vécu ou l’environnement du médium.
S’interroger sur la personnalité d’un contrôle et sur sa façon de
communiquer, telles sont les questions extrêmement difficiles qui ont été
étudiées pendant des décennies par des parapsychologues et des
psychanalystes. (Seth, soit dit en passant, parle — avec bon sens et
honnêteté, me semble-t-il — du problème complexe de la distorsion d’un
fait dans le matériau transmis par un médium.Étant donné que les médiums
sont étroitement associés aux pouvoirs soi-disant supranormaux, on attend
d’eux qu’ils soient d’une exactitude absolue. Ce n’est évidemment pas le
cas, mais cette attitude prévaut communément ; on peut le constater dans la
façon dont le public se comporte à l’égard de Cayce ou de Dixon.)
Certains croient que l’homme a des talents capables de transcender les
facultés sensorielles et d’influencer l’inconscient sans que cela ait la
moindre incidence sur l’esprit conscient. Edsall écrit que les expériences
liées à « l’environnement d’un médium peuvent jouer un rôle dans la
formation de ces extraordinaires personnalités secondaires qui, dans le cas
de certains médiums d’exception, semblent si étrangement omniscientes ».
De nombreuses théories psychologiques ont été avancées pour expliquer
l’existence des personnalités de transe ; la théorie du « dynatype » de la
psychanalyste new-yorkaise Ira Progoff en est un exemple. Après une
longue recherche auprès d’Eileen Garrett, Progoff a conclu que la
« présence de diverses figures de contrôle est essentielle à l’équilibre de la
psyché de Mme Garrett ». Ira Progoff considère les figures de contrôle de
la médiumnité « non pas comme des entités-esprits, mais comme des formes
symboliques de théâtralisation grâce auxquelles des principes de vie plus
vastes peuvent clairement s’exprimer dans l’expérience humaine ». De
façon similaire, Socrate avait son « daïmôn » personnel, Graves sa Déesse
blanche de la poésie, tandis que Noé, dans des rêves enivrés, se percevait
comme étant l’incarnation de ses ancêtres, tout d’abord Adam puis Jérémie.
Selon cette théorie, chaque homme personnifie ainsi ce qu’il est, de manière
subliminale. Des médiums tels que Mme Garrett ont émis l’hypothèse qu’ils
créaient peut-être seulement leur propre moi alternatif, mais sous une forme
plus reconnaissable et raisonnable — tels que des daïmôns ou des contrôles
« esprits ».
W.H Salter, chercheur en parapsychologie réputé et objectif, a cependant
fait remarquer autre chose : si la personnalité de transe continue à
communiquer année après année, si « l’accent mis aussi bien sur le plan
mental qu’émotionnel est toujours juste, et si elle ne s’exprime jamais
emportée par son tempérament, il est difficile d’élaborer une explication
plausible fondée sur une inférence subconsciente et une théâtralisation de
la part du médium ».
Les réponses finales et définitives se trouvent quelque part dans le futur.
Et s’il importe de s’interroger, de telles recherches ne doivent pas
supplanter d’autres aspects tout aussi importants de la médiumnité. Le
« contenu » des communications d’un médium de transe est souvent
négligé, certainement parce que, la plupart du temps, il s’agit de
déclarations quelque peu stupides et incohérentes. Mais encore une fois,
dans de rares cas — comme lorsque Edgar Cayce s’exprime en transe —
apparaissent des idées importantes et provocatrices qui demandent à être
prises en considération. Et à travers Jane Roberts, les communications de
Seth, sa personnalité de transe, méritent une telle attention.
Le meilleur matériau de transe présente une bonne vision psychologique,
transmise par une personnalité forte et pleine de compassion ; et le
matériau de Seth comporte toutes ces qualités. Seth ajoute toutefois un
ingrédient qui fait défaut à la plupart des matériaux de transe : une clarté
de pensée et de présentation. La plupart des matériaux, provenant de
contrôles de médiums aussi bien anciens que modernes, sont formulés non
seulement selon une syntaxe absconse, mais aussi une pensée confuse ;
Seth, cependant, possède à mon sens un grand talent pour introduire avec
simplicité et clarté des sujets complexes et souvent ardus. Pour le
spécialiste, le philosophe ou l’expert en parapsychologie, il donne parfois
l’impression de traiter de ce qui est familier. (Sa perception du fait que
l’esprit quitte le corps durant le sommeil, par exemple, est classique et
remonte aux temps les plus anciens.) Mais pour ceux qui commencent à
peine à faire connaissance avec le monde fascinant des rêves, des
perceptions extrasensorielles et des autres aspects phénoménaux de
l’inconscient, Seth est un enseignant dont la vision est claire comme l’eau
de roche.
Et c’est à eux, à ceux qui cherchent, qui s’interrogent, que Seth s’adresse
continuellement. Le but déclaré de ses communications est de fournir un
« moyen pour les gens de mieux se comprendre eux-mêmes, de réévaluer
leur réalité et de la changer ». Dans le chapitre sur le ressenti intérieur,
Seth donne un conseil clair et pertinent sur la façon de procéder pour
élargir notre conscience et développer des techniques de méditation et de
perception extrasensorielle. Les nombreux conseils pleins de bon sens et la
sollicitude bienveillante à l’égard des problèmes individuels sont propres à
Seth, et à quelques rares autres tels qu’Edgar Cayce et ses communications
de transe. Ces deux éléments, qui allègent grandement les spéculations
philosophiques et métaphysiques, semblent être une des caractéristiques
premières du matériau de Seth, et ils sont à coup sûr ce que,
personnellement, je trouve le plus séduisant.
Chose intéressante, la personnalité et la présentation de Seth sont si
individualistes et particulières qu’après une courte période de
familiarisation, on a tendance à les considérer comme issues d’un intellect
moderne et compétent, plutôt que provenant de l’autre côté du voile d’Isis.
Le matériau couvre également un éventail étonnamment large d’idées, qui
sont souvent intrigantes et originales. La façon dont Seth traite de la
« projection d’un fragment de personnalité » m’intéresse particulièrement ;
cela rejoint étroitement la tradition du doppleganger des Teutons et du
vardoger des Slaves. (C’est un phénomène très largement répandu : même
Freud, par exemple, a vu fugitivement son doppleganger dans un miroir.
Guy de Maupassant a vu un jour son « double » entrer dans une pièce,
s’asseoir en face de lui et dicter une partie d’un livre qui lui avait donné du
fil à retordre. Une fois cela terminé, le double s’était levé et avait disparu.
Je souhaiterais simplement que Seth décrive encore plus clairement le
mécanisme du phénomène pour faire pendant à la théorie.) Il y a aussi bien
sûr la tradition occulte de la projection de forme-pensée, telle que l’a
décrite Alexandra David-Néel lorsqu’elle a créé son « tulpa » tibétain.
En fait, selon Seth, « une idée est un évènement ». Il est donc logique que
toute idée — dans n’importe quelle sphère d’activité, matérialisée
physiquement ou non — ait un impact sur nos vies. « L’idée en tant que
réalité » est un autre concept ancien, formulé autrefois dans la civilisation
occidentale par Platon et que de nombreux philosophes au cours des âges
ont retenu. Mais au lieu de discuter ce concept uniquement en termes
abstraits, Seth le développe jusqu’à sa conclusion logique. Toutes les idées,
toutes les pensées et tous les domaines de concentration contribuent à créer
un univers dynamique et en continuelle interrelation, dans lequel « l’idée »
joue un rôle aussi important et tangible que n’importe quel évènement
physique.
La théorie de Seth sur la crucifixion en est un exemple parfait. Selon lui,
la crucifixion a commencé dans « l’univers des rêves », ayant lieu au sein
d’une autre réalité, puis « a émergé dans l’histoire en tant “qu’idée” ».
Seth ne dit pas que la crucifixion était juste un « rêve » né d’un besoin
commun en l’homme, mais une idée actualisée dans un autre royaume du
temps et de l’espace qui a modifié notre monde temporel et a changé notre
civilisation. C’est évidemment une hypothèse intéressante ; mais
considérons ne serait-ce qu’un instant avec quelle facilité nous acceptons la
simple maxime philosophique affirmant qu’« une idée peut changer le
monde ». Les exemples sont nombreux : « L’homme ne vit pas seulement de
pain », « Aime ton prochain comme toi-même ». Dans notre vie
quotidienne, nous essayons de traduire ces idées en réalité, de les faire aller
du monde abstrait au monde temporel de la cause et de l’effet. Seth, en
effet, retourne la situation en nous suggérant que la réalité pourrait
fonctionner également dans l’autre sens : l’idée est une réalité qui a tout le
temps un profond effet sur le monde temporel. Le problème est d’élargir
notre base de perception et notre attention de manière à ce que la
conscience temporelle puisse se manifester dans ce monde des idées, car
nous pouvons alors devenir conscients de l’impact de ce monde des idées
sur notre civilisation et notre vie personnelle. Seth dit que « l’univers
onirique possède des concepts qui, un jour, transformeront complètement
l’histoire du monde physique, mais un déni de ces concepts en tant que
possibilités retarde leur émergence ». Kant, dont une bonne part de la
philosophie repose sur le concept selon lequel « l’esprit impose » une
réalité sur les « données sensorielles », aurait probablement été d’accord
avec Seth sur le fait que les sens « créent le monde matériel », au lieu de
simplement le percevoir.
Les commentaires de Seth laissent également filtrer des aperçus d’un
matériau qui est si stimulant pour la pensée qu’il mérite beaucoup plus
d’attention qu’on ne lui en accorde. Seth mentionne par exemple l’existence
de figures symboliques qui prennent des formes identifiables dans
l’inconscient afin de communiquer de manière plus efficace. C’est là un
domaine de recherche dans lequel rien n’est concret, mais qui est riche en
spéculations et en récits d’expériences vécues. Le grand psychanalyste
suisse Carl Jung a remarqué dans l’inconscient l’existence de ce qu’il
appelait des archétypes qui souvent communiquent avec l’esprit conscient à
travers la parure symbolique de figures mythiques, religieuses ou
historiquement célèbres. (Jung lui-même a passé des années à
communiquer avec Philémon, une figure archétypale dans son propre
inconscient.) Après de larges recherches sur les effets du LSD, Masters et
Huston ont classé en quatre catégories les expansions de conscience
induites par drogue ; au troisième niveau, ou niveau symbolique, ils ont
rendu compte de la manifestation constante de personnages historiques ou
légendaires et d’une abondance de symboles mythiques.
Au plan philosophique, le matériau de Seth est l’un des meilleurs que
j’aie jamais lus. Une étude comparative de la pensée de Seth se révélerait
très intéressante. Son matériau est suffisamment complexe pour que même
un livre de cette importance ne puisse suffire à le contenir. Naturellement, il
est donc impossible de le résumer entièrement dans cette courte préface. De
nombreuses questions me sont venues à l’esprit au cours de sa lecture ;
beaucoup sont restées sans réponses ; mais, à mon avis, ce n’est pas une
mauvaise chose. Après tout, si nous sommes stimulés mentalement,
émotionnellement ou spirituellement à nous poser des questions, à
examiner nos attitudes standardisées et à nous pousser au-delà des limites
de nos préjugés jusqu’à aborder des domaines toujours plus larges de
pensée, nous pouvons accomplir beaucoup de choses. Telle est, je crois, la
plus grande valeur de la personnalité de Seth et de ses communications.
Comme il l’a indiqué lui-même, il est un communicateur et un stimulateur
de pensée — comme trop peu d’enseignants temporels le sont.
Nul ne peut savoir où cette recherche va mener, mais nous pouvons être
sûrs d’une chose : les enregistrements et transcriptions de communications
de transe comme le matériau de Seth sont d’une valeur inestimable, car ils
offrent la rare opportunité de plonger dans l’esprit subjectif de l’homme. Ce
n’est pas un bienfait occasionnel ou éphémère, car il s’agit d’un aperçu aux
sources mêmes d’un fleuve qui est à la fois mystérieux, provocateur et d’une
importance vitale pour le bien-être de l’humanité. C’est la source où puise
l’inspiration, où l’intuition illumine l’esprit du scientifique, où les rêves du
poète jaillissent, et où se déroule une part majeure de notre vie, aussi bien
en termes de temps que d’énergie.

Raymond Van Over [3]


New York

[1] Harry Price (1881-1948) s’est intéressé aux phénomènes psychiques et


s’est beaucoup appliqué à démasquer les faux médiums, bien qu’il n’ait pas
douté de l’existence du surnaturel. Connu des jeunes générations comme
l’un des premiers chasseurs de fantômes, ce grand bibliophile avait réuni à
la fin de sa vie vingt mille ouvrages sur l’occultisme, l’illusionnisme, la
magie, etc., dont il fit don à l’université de Londres. Fasciné depuis
l’enfance par l’illusionnisme, il était devenu une référence en la matière.
[2] Raynor Johnson (1901-1987) est un physicien britannique qui a publié
plusieurs livres sur la parapsychologie et l’ésotérisme. Il a enseigné
pendant trente ans à l’université méthodiste de Melbourne, dont il dut
démissionner après que l’Eglise méthodiste se fut inquiétée de ses intérêts
non orthodoxes.
[3] Raymond Van Over a publié une trentaine d’ouvrages de fiction et des
essais, notamment sur les mythes. Il s’est aussi intéressé à la méditation. Il
a enseigné à l’université de New York, et travaillé pour les studios de
Hollywood comme conseil et scénariste.
INTRODUCTION DE L’AUTEURE

C’était le 29 février 1968. Je donnais l’un de mes deux cours


hebdomadaires de perception extrasensorielle. La grande baie vitrée était
ouverte et laissait entrer l’air de la nuit, d’une chaleur inhabituelle. Dans
mon salon, où les cours avaient lieu, les lumières étaient allumées, comme
d’habitude. Soudain, j’ai senti que nous avions un visiteur. Comme
toujours, je suis entrée facilement en transe, sans préambule.
Ce cours réunissait des étudiantes qui avaient lu mon premier livre et
avaient entendu parler de Seth. Elles avaient déjà suivi quelques cours,
mais n’avaient jamais assisté à une session avec Seth. Mes yeux se sont
fermés. Quand ils se sont rouverts, quelques instants plus tard, ils étaient
beaucoup plus sombres. J’ai commencé à parler pour Seth. D’un geste
rapide, caractéristique, il avait jeté mes lunettes par terre, et je scrutais à
présent chaque étudiante avec clarté et acuité. La voix qui parlait était
profonde, assez forte, plus masculine que féminine.
Nous avions une session spontanée avec Seth. Cela permettait de le
présenter aux étudiantes, et je vais maintenant laisser quelques extraits de
cette session remplir le même but : présenter Seth aux lecteurs qui n’ont
pas encore entendu parler de lui.

« D’après ce qu’on vous enseigne, vous êtes composées de matière


physique et ne pouvez y échapper, mais ce n’est pas le cas. La matière
physique se désintégrera, mais pas vous. Bien que vous ne puissiez pas me
trouver, sachez que je suis ici. Vos propres parents semblent disparaître sous
vos yeux, et s’évanouir à jamais dans le néant. Je peux vous assurer qu’ils
vont continuer de vivre. Je peux vous assurer que la mort est un autre
commencement et que, lorsque vous êtes mort, vous n’êtes pas réduit au
silence. Car cette voix que vous entendez maintenant, est-elle le silence ?
Cette présence que vous sentez à l’intérieur de cette pièce, est-elle la mort ?
« Je suis ici pour vous dire que votre joie ne dépend pas de votre
jeunesse, car je suis loin d’être jeune. Je suis ici pour vous dire que votre
joie ne dépend pas de votre corps physique, car, selon vos termes, je n’en ai
aucun. J’ai ce que j’ai toujours eu : l’identité qui est la mienne. Elle ne
diminue jamais. Elle grandit et se développe.
« Vous êtes ce que vous êtes, et vous serez davantage encore. N’ayez pas
peur du changement, car vous êtes le changement, et vous changez tandis
que vous êtes assises devant moi. Toute action est changement, car
autrement il y aurait un univers statique, et alors la mort serait
effectivement la fin. Ce que je suis, c’est également ce que vous êtes : une
conscience individualisée.
« Changez avec les saisons, car vous êtes plus que les saisons. Vous
formez les saisons. Elles sont les reflets de votre climat psychique intérieur.
Ce soir, je viens dans un but : je viens pour que vous puissiez sentir ma
vitalité et, la sentant, savoir que je vous parle depuis des dimensions qui se
situent au-delà de celles que vous connaissez. Le tombeau n’est pas la fin,
car quelqu’un d’aussi bruyant que moi n’a jamais parlé avec les lèvres de la
mort.
« Je suis dans cette pièce, même si vous ne pouvez me localiser dans
aucun objet. Vous êtes aussi désincarnées que moi. Vous avez un véhicule à
disposition, un corps que vous pouvez appeler vôtre, et c’est tout.
J’emprunte celui de Ruburt [le nom que Seth me donne ; il parle en outre
toujours de moi comme étant de sexe masculin] avec son consentement,
mais ce que je suis ne dépend pas d’atomes et de molécules, et ce que vous
êtes ne dépend pas de la matière physique. Vous avez vécu auparavant et
vous vivrez à nouveau ; quand vous en aurez fini avec l’existence physique,
vous vivrez encore.
« Je viens ici comme si j’apparaissais à travers une brèche dans l’espace
et le temps. Il existe des chemins dans l’espace et le temps grâce auxquels
vous pouvez voyager, et, en rêve, vous avez été là où je suis. Je veux que
vous sentiez votre propre vitalité. Sentez-la voyager à travers l’univers et
sachez qu’elle ne dépend pas de votre image physique. En réalité, vous
projetez votre propre énergie vers l’extérieur, pour former le monde
physique. C’est la raison pour laquelle, pour changer votre monde, c’est
vous-même que vous devez changer. Vous devez changer ce que vous
projetez.
« Vous avez toujours été et vous serez toujours. C’est là le sens de
l’existence et de la joie. Le Dieu qui est, il est en vous, car vous êtes une
partie de tout ce qui est. »

Seth s’est exprimé à travers moi pendant plus de deux heures, si


rapidement que les étudiantes avaient du mal à prendre des notes. Sa joie et
sa vitalité étaient évidentes. Cette personnalité n’était pas la mienne. Son
humour pince-sans-rire et moqueur brillait dans mes yeux. Les muscles de
mon visage s’étaient réagencés d’eux-mêmes en des configurations
différentes. Mes gestes, normalement féminins, étaient remplacés par les
siens. Seth s’amusait à prendre l’apparence d’un vieil homme, perspicace,
plein d’entrain, tout à fait humain. Quand il a parlé de la joie de
l’existence, faisant vibrer sa voix profonde, celle-ci a retenti comme un
tonnerre. Carol, une des étudiantes, m’a dit par la suite que, bien que
sachant que les mots sortaient de ma bouche, elle avait pourtant eu le
sentiment qu’ils provenaient de partout, des murs eux-mêmes.
Au cours d’une pause, Carol a lu les notes qu’elle avait prises. Soudain,
sans transition, j’ai été Seth à nouveau, se penchant en avant et
plaisantant :
« Si vous devez être ma sténo, vous devez faire mieux que cela. Vous êtes
une sacrée gribouilleuse ! »
Une période d’échanges a suivi, au cours de laquelle Seth a corrigé les
notes de Carol à mesure qu’elle les lisait ; il a ajouté plusieurs remarques
pour clarifier certaines phrases et plaisanté avec elle. Les étudiantes ont
posé des questions, Seth leur a répondu.
C’était une session très simple. Seth s’adressait aux étudiantes pour la
première fois, et il a pourtant abordé plusieurs sujets qui apparaissent
souvent dans le matériau de Seth : la personnalité est multidimensionnelle ;
l’individu est fondamentalement libre de l’espace et du temps ; le destin de
chacun de nous est entre nos mains ; les problèmes auxquels nous ne
faisons pas face dans cette vie-ci se représenteront à nous dans une autre
vie ; nous ne pouvons pas blâmer Dieu, la société ou nos parents pour nos
malheurs, puisque avant cette vie physique nous avons choisi les
circonstances dans lesquelles nous allions naître et les défis qui pourraient
le mieux contribuer à notre développement ; nous formons la matière
physique aussi facilement et inconsciemment que nous respirons. Par
télépathie, nous sommes tous conscients des idées de masse à partir
desquelles nous formons notre conception globale de la réalité physique.
Depuis décembre 1969, mon mari, Rob, et moi avons tenu plus de cinq
cents sessions avec Seth, sur une période de cinq ans. Mon premier livre en
ce domaine, How to Develop Your ESP Power [4], explique brièvement les
circonstances qui m’ont amenée à m’intéresser aux perceptions
extrasensorielles, et les expériences qui ont conduit à ma rencontre avec
Seth. Depuis cette époque-là, Seth a fait preuve de facultés de télépathie et
de clairvoyance à des occasions trop fréquentes pour être mentionnées.
Pendant les sessions, il a aidé des amis, des inconnus, des étudiants, et, en
suivant ses instructions, mon mari et moi apprenons à développer notre
propre potentiel psychique.
Je n’étais pourtant pas une « médium-née », avec un bagage
d’expériences paranormales. Ni Rob ni moi n’avions la moindre
connaissance de ces sujets. Même après mon premier élan d’enthousiasme,
je n’ai pas accepté ces développements sans une sérieuse remise en
question de moi-même et une analyse intellectuelle. Je voulais maintenir
mes expériences sur une base aussi scientifique que possible.
« Oui, disais-je en effet. Je parle en transe pour une personnalité qui
affirme avoir survécu à la mort. Oui, vous pouvez développer vos propres
facultés extrasensorielles. Oui, Seth maintient que la réincarnation est un
fait. Mais… mais… mais… » Je trouvais fascinantes les idées présentées
dans le matériau de Seth, mais je n’étais pas prête à les accepter avec la
même notion de ferme réalité que celle avec laquelle j’acceptais, disons, le
bacon que je mange au petit déjeuner. Aujourd’hui, je sais que ces idées
sont de loin beaucoup plus importantes.
Pour moi, le simple fait d’admettre la possibilité que Seth soit réellement
une personnalité ayant survécu à la mort équivalait à un suicide
intellectuel. Je n’ai dit nulle part dans mon premier livre que je pensais que
Seth était exactement ce qu’il disait être, c’est-à-dire « l’essence de
l’énergie d’une personnalité qui n’est plus focalisée dans la réalité
physique ». Au lieu de cela, j’ai examiné les diverses explications que
donnent, d’un côté, les psychologues et les parapsychologues, et de l’autre
les spiritualistes, à propos de ces personnalités. Je n’ai trouvé nulle part
une explication qui soit aussi logique et cohérente que celle fournie dans le
matériau de Seth.
J’avais tellement l’habitude de me considérer comme une créature
physique, liée à l’espace et au temps, que je refusais quasiment d’accepter
la preuve de ma propre expérience. Bien qu’engagée dans le travail le plus
intuitif qui soit, j’essayais de devenir de plus en plus objective. J’essayais
de revenir en arrière, dans un monde que j’avais quitté à jamais — un
univers dans lequel rien n’existait sauf en termes physiques, un monde dans
lequel il était impossible que des communications proviennent d’autres
réalités ou d’autres dimensions. Nous continuions cependant à avoir des
sessions avec Seth deux fois par semaine.
J’ai commencé à avoir des expériences de sortie du corps (des
projections astrales) pendant que j’étais assise dans le salon, en train de
parler pour Seth. Seth décrivait ce que je voyais tandis que ma propre
conscience était à des kilomètres de là, percevant des lieux et des
évènements dans une autre ville ou un autre État. Nous avons par exemple
dans nos dossiers les déclarations de deux frères vivant en Californie et
certifiant que Seth a correctement décrit leur maison et le voisinage
pendant que je parlais pour lui, à Elmira, dans l’État de New York, à près
de cinq mille kilomètres de distance. Je pouvais difficilement nier ces faits.
À la suite de la publication de mon premier livre, j’ai reçu des lettres
d’inconnus demandant de l’aide ou des conseils. Finalement, j’ai accepté
d’organiser quelques sessions pour les personnes qui en avaient le plus
besoin ; pourtant, cette responsabilité m’effrayait. Les personnes
concernées n’assistaient pas aux sessions puisqu’elles vivaient dans
d’autres régions, mais elles disaient par la suite que les conseils les avaient
aidées : les informations données à propos de leur histoire individuelle
étaient exactes. Seth expliquait souvent des problèmes comme étant le
résultat de tensions non résolues dans des vies réincarnationnelles passées,
et il donnait des conseils spécifiques sur la façon dont les individus
pouvaient maintenant se servir de leurs aptitudes pour faire face à ces
défis.
Jusqu’alors, j’avais toujours soupçonné les données réincarnationnelles
d’être un délicieux mets à base de fantaisie, mijoté par mon propre
subconscient. Quand tout cela a commencé, je n’étais en fait pas du tout
sûre que nous survivions une fois à la mort, et encore moins de multiples
fois.
Rob et moi étions loin d’être religieux, au sens conventionnel du terme.
Nous n’avions pas mis les pieds dans une église depuis des années, sauf
pour assister à des mariages ou à des enterrements. J’ai eu une éducation
catholique, mais, en grandissant, j’ai découvert qu’il m’était de plus en
plus difficile d’accepter le Dieu de mes ancêtres. L’ironie me murmurait
qu’Il était aussi mort qu’eux. Le paradis dont je m’étais nourrie enfant
m’avait semblé, à l’adolescence, la parodie futile d’une existence ayant un
sens. Qui donc avait envie de rester assis à chanter des hymnes à un certain
Dieu le père, même s’Il existait vraiment ? Et quelle sorte de Dieu
intelligent pouvait exiger une telle adoration constante ? En fait, un genre
de Dieu manquant énormément d’assurance et terriblement humain.
L’alternative, celle des flammes de l’enfer, était tout aussi dure à croire.
Et pourtant, le Dieu conventionnel de nos pères s’asseyait apparemment
sans scrupule au paradis avec les bienheureux, pendant que le démon
torturait les autres malheureux morts. Ce Dieu-là, avais-je décidé, était
hors de question. Je ne Le tolérerais pas comme ami. D’ailleurs, comme le
raconte l’histoire, Il ne traitait pas trop bien Son fils non plus. Mais le
Christ, on pouvait au moins le respecter, me disais-je. Il était venu ici ; il
savait comment c’était.
Avant d’avoir vingt ans, j’avais donc laissé derrière moi ce Dieu
archaïque, la Vierge et la communion des saints. Le ciel et l’enfer, les anges
et les démons étaient congédiés. Cet ensemble particulier de substances
chimiques et d’atomes que j’appelais « moi » n’allait pas tomber dans ce
genre de piège — du moins pas dans ceux que je pouvais identifier.
L’histoire de Rob est différente. L’approche religieuse de ses parents était
basée sur une sorte de protestantisme social, assez délicieusement dépourvu
de dogme. Globalement, Dieu aimait les petits garçons et les petites filles
avec des chemises bien empesées, un langage correct, des chaussures
cirées, et des pères gagnant bien leur vie — c’était encore mieux si les
mères confectionnaient des petits gâteaux pour l’association des
enseignants et parents d’élèves.
Aucun de nous deux ne ressentait d’amertume à cause des injustices
apparentes d’un tel Dieu — nous ne Lui prêtions guère d’attention. J’avais
ma poésie ; Rob, qui est un artiste, avait sa peinture. Chacun de nous
ressentait un fort lien avec la nature. Personne n’a donc été plus surpris
que moi quand je me suis retrouvée, de manière assez soudaine, en train de
parler pour quelqu’un qui avait soi-disant survécu à la mort. Par moments,
je me réprimandais, me disant que même ma grand-mère irlandaise aurait
eu du mal à admettre la présence d’esprits dans son salon — et je pensais
qu’elle était vraiment superstitieuse ! La survie d’une âme semblait faire
partie intégrante des absurdités d’adulte auxquelles j’avais pensé échapper,
grâce à une formation universitaire, un esprit vif et une bonne dose de
rébellion naturelle. Il m’a fallu un peu de temps pour découvrir que j’avais
autant de préjugés sur la survie de l’âme que d’autres en avaient dans le
sens inverse. Je réalise à présent que, pendant que je m’enorgueillissais de
mon ouverture d’esprit, ma flexibilité mentale ne s’étendait qu’aux idées
correspondant à mes propres idées préconçues. Maintenant, je sais que la
personnalité humaine a une réalité beaucoup plus grande que celle que
nous sommes habituellement prêts à lui accorder. Quelqu’un a produit plus
de cinquante carnets de notes d’un matériau fascinant et, même dans mes
moments de plus grand scepticisme, je dois accepter la réalité des sessions
et du matériau. Leurs théories, leur portée et leur qualité nous ont
« accrochés » presque immédiatement.
Rob et moi sommes tous deux convaincus que le matériau de Seth
provient de sources qui sont au-delà de mon moi, et qu’il est beaucoup
moins déformé par un symbolisme figé, conventionnel, que ne le sont les
autres écrits paranormaux dont nous avons eu connaissance. Seth dit que
ce matériau a déjà été donné par lui-même et par d’autres en d’autres
temps et d’autres lieux, mais qu’il est à nouveau transmis, de façon
nouvelle, à chaque génération qui se succède à travers les siècles. Il revient
au lecteur de se faire sa propre opinion ; mais, pour ma part, j’accepte les
théories de Seth comme valides et signifiantes.
Par ailleurs, le mystère que constituent des personnalités telles que Seth
— qu’on appelle cela « possession par un esprit » ou « daïmôn » comme le
fit Socrate — a de tout temps intéressé le genre humain. Le phénomène est
loin d’être nouveau. En racontant ma propre histoire et en présentant ce
matériau, j’espère apporter un peu de lumière sur la nature de ce genre
d’expériences et montrer que la personnalité humaine a des aptitudes qui
restent encore à exploiter, et des moyens d’acquisition de la connaissance
autres que ceux employés habituellement.
Le matériau de Seth a complètement changé mes idées sur la nature de la
réalité, et il a renforcé le sentiment de ma propre identité. Je n’ai plus
comme avant le sentiment que l’homme est l’esclave du temps, de la
maladie, du déclin, et qu’il est à la merci de tendances destructrices innées
sur lesquelles il n’a aucun contrôle. Je me sens contrôler ma propre
destinée comme jamais auparavant, au lieu d’être gouvernée par des
schémas mis en place de manière subconsciente au cours de mon enfance.
Je ne veux pas laisser entendre par là que je me sens totalement libérée
de toute inquiétude et de toute peur, mais je sais maintenant que nous avons
la liberté de changer notre environnement et nous-même et que, de façon
très basique, nous formons nous-même l’environnement auquel nous
réagissons par la suite. Je crois que nous formons notre propre réalité —
maintenant et après la mort.
L’objet de ce livre est de vous présenter Seth et le matériau de Seth. Bien
que Seth soit apparu une seule fois matérialisé physiquement, Rob l’a vu de
façon suffisamment claire pour en peindre le portrait ; ce tableau est
accroché dans notre salon (voir les pages photo). À travers moi, Seth a
produit en moins de cinq ans un manuscrit continu, couvrant plus de cinq
mille pages à double interligne, tapées à la machine. Je connais beaucoup
de personnes « vivantes » qui n’ont pas autant produit au cours de toute
leur vie. Mon propre travail se poursuit cependant : depuis que les sessions
ont commencé, j’ai écrit deux ouvrages qui ne sont pas de fiction (sans
compter celui-ci), deux recueils de poèmes et une douzaine de nouvelles. À
coup sûr, Seth n’a rien « volé » de mon énergie créatrice pour l’employer à
ses propres fins.
Les premiers chapitres de ce livre traitent de l’émergence de la
personnalité de Seth et de l’impact qu’il a eu sur nos vies tandis que nous
tentions de comprendre ce qui se passait. Sans raison apparente, je me suis
retrouvée à vivre des expériences que je considérais comme quasiment
impossibles. Jamais nous ne nous étions retrouvés à ce point pris entre
curiosité et circonspection, à ce point fascinés et déconcertés.
Les premiers chapitres contiendront également des extraits de quelques-
unes des toutes premières sessions, puisque les idées de Seth étaient alors
pour nous aussi nouvelles et étranges que les sessions elles-mêmes. Mais
l’accent sera principalement mis sur l’histoire elle-même, depuis
l’expérience initiale avec la planche Ouija en passant par la première fois
où je nous ai étonnés, Rob et moi, en parlant pour Seth ; sans oublier nos
changements d’attitude à mesure que d’autres développements se
produisaient. Je vais aussi inclure des exemples des facultés de
clairvoyance de Seth.
La plus grande partie du livre sera consacrée aux idées de Seth sur
divers sujets, tels que la vie après la mort, la réincarnation, la santé, la
nature de la réalité physique, le concept de Dieu, les rêves, le temps,
l’identité et la perception. Je suis sûre que ces extraits provenant du
matériau lui-même et quelques échantillons d’interprétations
réincarnationnelles apporteront à la plupart des lecteurs une vision plus
large de leur propre personnalité et des situations dans lesquelles ils se
trouvent. J’espère que les théories de Seth sur la santé seront bénéfiques à
tous mes lecteurs, et que le matériau sur la personnalité aidera chacun à
découvrir pour lui-même la réalité multidimensionnelle qui est son
héritage.
Les implications philosophiques et psychologiques de la médiumnité, des
phénomènes de perception extrasensorielle et de l’origine possible du
matériau de Seth ainsi que plusieurs questions concernant la réalité
indépendante de Seth lui-même seront examinées. Je donnerai également
les conseils de Seth sur la façon de développer des facultés médiumniques.
Quelqu’un connaissant bien la littérature qui a trait à la médiumnité et
aux expériences paranormales aurait été mieux préparé que moi à ces
évènements, mais je ne les aurais pas manqués pour tout l’or du monde.

[4] Comment développer votre pouvoir de perception extrasensorielle.


CHAPITRE 1

Nous rencontrons Seth

Les circonstances qui ont conduit aux sessions avec Seth me surprennent
encore. Je n’étais pas à la dérive, comme on peut l’être par exemple quand
on cherche un but dans la vie. Mon premier roman venait juste d’être
publié, et toute mon énergie était canalisée vers mon objectif, qui consistait
à devenir une bonne romancière et poétesse. Je considérais que tout ce qui
n’était pas de la fiction concernait les journalistes, pas les écrivains
créatifs. Je pensais que ma vie et mon travail étaient planifiés, ma
trajectoire tracée. Et pourtant me voici en train d’écrire mon troisième livre
qui n’est pas de la fiction.
L’année 1963 n’avait cependant pas été très bonne pour nous. Rob
souffrait de fortes douleurs de dos et se sentait rarement assez bien pour
peindre lorsqu’il rentrait à la maison après le travail. J’avais du mal à
choisir une idée pour un autre livre. Notre vieux chien Mischa était mort.
Peut-être ces circonstances me rendaient-elles plus consciente qu’à
l’ordinaire de notre vulnérabilité d’être humain, mais il est clair que
beaucoup de personnes ont vécu des années difficiles sans que cela
débouche sur l’apparition de phénomènes médiumniques. Peut-être étais-je
parvenue, sans le savoir, à un état de crise, et mes facultés dans ce domaine
s’éveillaient-elles en réponse à un besoin intérieur.
En tout cas, ce genre de choses était loin de mon esprit. À ma
connaissance, je n’avais jamais eu d’expérience médiumnique, et je ne
connaissais personne qui en ait eu. Rien, dans mon passé, ne me préparait
à cette stupéfiante soirée du 9 septembre 1963 ; c’est pourtant cet
évènement, j’en suis sûre, qui est à l’origine des sessions et de ma rencontre
avec Seth.
C’était une belle soirée d’automne. Après le dîner, je me suis assise à ma
vieille table dans le salon, comme je le faisais toujours pour composer mes
poèmes. Rob peignait dans son atelier situé à l’arrière, trois pièces plus
loin. J’ai pris mon stylo et mon papier, et je me suis installée avec ma
neuvième ou dixième tasse de café de la journée, et mes cigarettes. Willie,
notre chat, somnolait sur le petit tapis bleu.
Ce qui s’est passé ensuite ressemble à un trip, mais sans drogue. Si
quelqu’un m’avait glissé en cachette une dose de LSD, l’expérience
n’aurait pas été plus étrange. En l’espace d’une minute normale, une
avalanche fantastique d’idées radicalement nouvelles a déferlé dans ma
tête avec une force immense, comme si mon crâne était une sorte de station
réceptrice dont le son était au-delà du supportable. Non seulement des
idées m’arrivaient à travers ce canal, mais aussi des sensations intenses, en
pulsations. J’étais branchée sur, à l’écoute de — appelez cela comme vous
voulez —, connectée à une incroyable source d’énergie. Je n’ai même pas
eu le temps d’appeler Rob.
C’était comme si le monde physique était vraiment fin comme du papier
de soie, cachant des dimensions infinies de réalité, et j’étais d’un seul coup
projetée à travers ce papier de soie qui se déchirait avec un bruit énorme.
Mon corps était assis à ma table, mes mains mettaient furieusement par
écrit les mots et les idées qui traversaient ma tête comme des éclairs.
J’avais pourtant l’impression d’être ailleurs en même temps, de voyager à
travers les choses. J’ai plongé à travers une feuille et découvert un univers
entier qui s’ouvrait à moi ; puis j’en suis ressortie, attirée par des
perspectives nouvelles.
J’avais l’impression qu’un savoir était implanté dans les cellules mêmes
de mon corps afin que je ne puisse pas l’oublier — un savoir viscéral, une
spiritualité biologique. Au lieu d’une connaissance intellectuelle, c’était
sentir, connaître. Je me suis souvenue en même temps d’avoir fait un rêve la
nuit précédente, un rêve que j’avais oublié et dans lequel une expérience du
même type s’était produite. Et je savais que les deux étaient reliés.
Quand je suis revenue à moi, je me suis retrouvée en train de griffonner
ce qui, à l’évidence, était destiné à être le titre de cet étrange tas de notes :
The Physical Universe as Idea Construction [5]. Le matériau de Seth devait
par la suite développer ces idées, mais je l’ignorais à l’époque. Au cours de
l’une des premières sessions, Seth a expliqué que cela avait été sa première
tentative pour me contacter. Je sais seulement que si j’avais commencé à
parler pour Seth ce soir-là, j’aurais été terrifiée.
Au stade où j’en étais à l’époque, je ne savais pas ce qui se passait, mais
j’avais malgré tout le sentiment que ma vie avait soudain changé. Le mot
« révélation » m’est venu à l’esprit ; j’ai tenté de le rejeter, mais le terme
était juste. Avec ses implications mystiques, il me faisait peur. L’inspiration
m’était familière dans mon travail, mais cela était aussi différent de
l’inspiration ordinaire que peut l’être un oiseau d’un ver de terre !
Les idées que je venais de « recevoir » étaient tout aussi surprenantes.
Elles renversaient tous mes concepts de la réalité. Ce matin-là, et tous ceux
qui l’avaient précédé, j’avais une certitude : on pouvait faire confiance à la
réalité physique. On pouvait ne pas l’aimer par moments, mais on pouvait
compter sur elle. Si l’on voulait, on pouvait changer d’idée la concernant,
mais cela ne modifiait en rien ce qu’était cette réalité. Désormais, je
n’allais plus pouvoir percevoir les choses ainsi.
Au cours de cette expérience, j’ai su que nous formions la matière
physique, et non pas l’inverse ; que nos facultés sensorielles nous
montraient seulement une réalité tridimensionnelle, parmi une infinité
d’autres que nous ne pouvions percevoir d’ordinaire ; que nous ne pouvions
nous fier à nos sens que dans la mesure où — et aussi longtemps que —
nous ne nous posions pas de questions sortant de leur domaine limité de
connaissance.
Mais plus encore : j’ignorais tout simplement, par exemple, que tout
avait sa propre conscience. À présent, je sentais soudain la vitalité
fantastique qui était présente, même dans des choses que j’avais
auparavant considérées comme inanimées. Il y avait un clou planté dans le
rebord de la fenêtre et, l’espace d’un instant, j’ai fait l’expérience de la
conscience des atomes et des molécules qui le composaient.
En dépit de toutes mes idées antérieures et de mon bon sens, je savais
que le temps n’était pas une succession d’instants, dont chacun serait posé
sur une ligne comme une épingle à linge, mais que toute expérience existait
dans une sorte d’éternel présent. Tout cela avait été griffonné à toute
vitesse — j’ai toujours ce manuscrit. Aujourd’hui encore, il m’emplit du
même sentiment de découverte et de révélation.
Voici quelques citations qui en sont tirées.
« Nous sommes des portions d’énergie individualisées, matérialisées au
sein de l’existence physique pour apprendre à former des idées à partir de
l’énergie et à les rendre physiques (c’est la construction d’idée). Nous
projetons les idées dans un objet, de manière à pouvoir interagir avec lui.
Mais l’objet est la pensée, matérialisée. Cette représentation physique
d’une idée nous permet d’apprendre la différence entre le moi qui pense et
la pensée. La construction d’idée enseigne au moi ce qu’il est, en lui
montrant de façon physique sa propre production. En d’autres termes, nous
apprenons en voyant nos propres créations. Nous apprenons le pouvoir et
l’effet des idées en les transformant en réalités physiques ; et nous
apprenons à être responsables dans l’utilisation de l’énergie créatrice…
« L’entité est l’être essentiel, immortel, non physique. Elle communique à
un niveau énergétique avec d’autres entités et dispose d’une réserve
pratiquement inépuisable d’énergie. L’individu est la portion de l’être
global que nous parvenons à exprimer physiquement…
« De même que, au cinéma, un appareil de projection transfère une
image sur un écran, l’œil projette l’image intérieure (idée) sur le monde
physique et se focalise dessus. La bouche crée les mots. Les oreilles créent
les sons. Si nous avons des difficultés à comprendre ce principe, c’est parce
que nous avons pris comme allant de soi le fait que l’image et le son
existent d’abord et que les sens les interprètent. En réalité, les sens sont les
canaux de création par lesquels l’idée est projetée en une expression
matérielle.
« L’idée fondamentale est que les facultés sensorielles sont développées
non pas pour permettre de se rendre compte d’un monde matériel déjà
existant, mais pour le créer… »
Ces idées n’étaient qu’une pierre de touche pour ce qui allait suivre plus
tard. Au final, le manuscrit comportait une centaine de pages environ,
incluant de nouvelles définitions de vieux termes. Par exemple : « Le
subconscient est le seuil de l’émergence d’une idée dans l’esprit conscient
individuel. Il relie l’entité et l’individu… Le corps physique est la
construction matérielle de l’idée que l’entité se fait d’elle-même, vu les
propriétés de la matière… L’instinct est l’aptitude minimum nécessaire à la
construction d’idée pour une survie physique… Le présent est le point
apparent de toute émergence d’idée dans la matière physique. »
Je pense que cette expérience et le manuscrit étaient des extensions des
processus créateurs subconscients qui se trouvent derrière chaque acte
créateur : une créativité normale s’est soudain « allumée », ou intensifiée,
jusqu’à un degré pratiquement incroyable. Ce soir-là, suffisamment
d’énergie a été générée pour changer l’orientation de ma vie et celle de
mon mari. Je crois donc que de telles expériences sont psychologiquement
d’une extrême importance. Je suis convaincue que cet évènement a
déclenché l’émergence de mes propres facultés « médiumniques »
insoupçonnées, et a servi de déclic pour la production du matériau de Seth.
Apparemment, j’étais parvenue à un point où ces facultés étaient prêtes à
se révéler, et c’est ce qu’elles ont fait. Comme j’étais écrivain depuis
longtemps, elles se sont manifestées par des mots, au lieu de visions par
exemple, et dans une expérience qui n’allait pas trop m’effrayer.
J’aimerais aussi mentionner ici que, selon moi, la faculté médiumnique
elle-même est un rejeton, ou une extension, de l’aptitude à la création, et
qu’elle est inhérente à chacun de nous, et par conséquent normale plutôt
que supranormale. Toutefois, comme vous le verrez par la suite, je pense
que ces facultés sont des attributs d’une autre portion de nos personnalités
qui nous est relativement peu familière. Je crois donc que les aptitudes
normales de créativité, intensifiées, nous mettent en phase avec d’autres
dimensions de réalité.

À la suite de cet épisode, même mes expériences subjectives ordinaires


ont commencé à changer. Très peu de temps après ce soir-là, j’ai commencé
à me souvenir de mes rêves — d’un seul coup, et sans raison apparente.
C’était comme de découvrir une deuxième vie. Et ce n’est pas tout : dans
les deux mois qui ont suivi, j’ai eu deux rêves prémonitoires très nets, les
premiers que j’aie jamais eus, à ma connaissance.
Cela a suscité notre curiosité, c’est le moins qu’on puisse dire. À un
kiosque à journaux, nous avons remarqué un livre sur la perception
extrasensorielle. Sur la couverture, les mots « Rêves clairvoyants » nous
ont sauté aux yeux et nous l’avons acheté. À cette époque-là, je cherchais
aussi une nouvelle idée de livre, et Rob a dit que tout cela allait sans doute
nous écarter de plus en plus du style de vie que nous avions toujours connu.
Le livre de poche que nous venions d’acheter était sur la table basse
entre nous, et nous étions assis en train de discuter. Je disais à Rob : « J’ai
les grandes lignes de trois romans et aucune d’elles ne me plaît vraiment. »
Rob a pris le livre et il a dit en plaisantant : « Pourquoi n’écris-tu pas un
guide pratique sur les expériences de perception extrasensorielle ?
– Chéri, tu es fou. J’ignore tout du sujet, voilà pourquoi. En plus, ce ne
serait pas de la fiction. Je n’ai jamais écrit autre chose que des romans ou
de la poésie.
– Je sais, a répondu Rob, mais tu t’intéresses aux rêves, surtout après ces
deux rêves particuliers que tu as eus. Et comment appelles-tu l’expérience
que tu as eue le mois dernier ? Et puis, les livres que nous avons vus
parlent uniquement de médiums connus. Mais qu’en est-il des gens
ordinaires ? Peut-être que tout le monde a ces facultés. » Je l’ai dévisagé. Il
était devenu très sérieux. « Tu pourrais mettre au point une série
d’expériences et les tester ? Servir toi-même de cobaye. »
Formulée ainsi, l’idée de Rob paraissait raisonnable. Je pouvais étudier
un sujet qui m’intriguait et faire un livre en même temps.
Dès le lendemain, j’ai commencé. En une semaine, j’avais mis au point
un ensemble d’expériences destinées à découvrir si, oui ou non, les gens
ordinaires pouvaient développer des facultés extrasensorielles. J’ai rédigé
un plan pour le livre et l’ai envoyé à mon éditeur, mais sans grand espoir.
J’ai été un peu surprise de sa réponse rapide : il était tout à fait
enthousiaste et voulait deux ou trois chapitres, à titre indicatif. Rob et moi
étions ravis, mais un peu épouvantés aussi en regardant les titres de
chapitre dont j’avais fait la liste pour le livre : « Faire sa propre séance de
spiritisme », « Télépathie, réalité ou fiction ? », « Comment utiliser la
planche Ouija ».
« Eh bien, à toi de jouer ! a dit Rob en riant.
– Toi et tes suggestions ! » ai-je rétorqué. J’avais vraiment des doutes.
Nous ne nous étions jamais rendus chez un médium. Nous n’avions jamais
eu d’expériences télépathiques dans nos vies, nous n’avions même jamais
vu une planche Ouija. D’un autre côté, me disais-je, qu’est-ce que j’ai à
perdre ? (Beaucoup plus tard, je me suis souvenue que c’était une autre
suggestion de Rob qui m’avait lancée dans l’écriture de romans.)
Nous avons donc commencé. Nous avons d’abord fixé notre choix sur la
planche Ouija, parce que, de nos diverses expériences, c’était celle qui
semblait la moins compliquée. Notre propriétaire en a trouvé une dans son
grenier et nous la lui avons empruntée. Nous étions en fait tous les deux un
peu embarrassés les premières fois où nous avons essayé cette planche.
Mon attitude était : « Bon, finissons-en avec ce truc-là, pour pouvoir passer
aux choses qui nous intéressent réellement, comme la télépathie et la
clairvoyance. » Il ne faut donc pas s’étonner que nos premières tentatives
aient été des échecs.
À notre troisième essai, le petit pointeur a enfin commencé à se mouvoir
sous le bout de nos doigts. Il a épelé des messages censés provenir d’un
Frank Withers (ce n’est pas le vrai nom que nous avons reçu) qui avait vécu
à Elmira et était mort dans les années 1940.
Voici quelques exemples. Rob posait les questions. Le pointeur épelait les
réponses.
« Pouvez-vous nous donner l’année de votre mort ? »
1942.
« Connaissiez-vous l’un de nous deux ? »
Non.
« Étiez-vous marié ? »
Oui.
« Votre femme est-elle vivante ou morte ? »
Morte.
« Quel était son prénom ? »
Ursula.
« Quel était son nom ? »
Alteri.
« Quelle était votre nationalité ? »
Anglaise.
« Quelle était sa nationalité ? »
Italienne.
« En quelle année êtes-vous né ? »
1885.
Nous étions surpris que la planche Ouija fonctionne avec nous. Je
trouvais cela très drôle — deux adultes observant un pointeur se déplaçant
à toute vitesse sur une planche —, et nous ne prenions pas cela trop au
sérieux. Pour commencer, parce que ni l’un ni l’autre ne croyions
particulièrement en une vie après la mort — et certainement pas en une vie
consciente, capable de communiquer. Plus tard, nous avons appris qu’un
homme portant le nom du communicant avait vécu à Elmira et était mort
dans les années 1940 — ce qui m’a un peu déconcertée. Mais découvrir ce
qui faisait bouger le pointeur nous intéressait beaucoup plus que les
messages qu’il donnait.
Quelques jours plus tard, quand nous avons retenté l’expérience, Frank
Withers a dit qu’au cours d’une vie il avait été un soldat en Turquie, et il a
insisté (à travers la planche) sur le fait qu’il nous avait connus, Rob et moi,
dans une ville appelée Triev, au Danemark, dans une autre vie encore. Il a
donné des dates et des lieux, tout en précisant que la ville de Triev n’existait
plus de nos jours.
Puis, le 8 décembre 1963, nous nous sommes assis à nouveau devant la
planche, en nous demandant si elle allait fonctionner ou pas. C’était une
soirée agréable, il faisait chaud dans la pièce. La neige tombait derrière les
fenêtres. D’un seul coup, le pointeur a commencé à se mouvoir si
rapidement que nous avions du mal à le suivre.
Rob posait les questions, puis nous faisions une pause pendant qu’il
écrivait les réponses épelées par le pointeur. Au cours des séances
précédentes, Frank Withers avait fourni des réponses simples, d’un ou deux
mots. Cette fois, elles devenaient plus longues, et leur caractère semblait
changer. L’atmosphère dans la pièce était différente.
« Avez-vous un message pour nous ? » a demandé Rob.
La conscience est comme une fleur qui a de nombreux pétales, a répondu
le pointeur.
Comme, dès les tout premiers messages, Frank Withers avait insisté sur
l’existence de la réincarnation, Rob a dit : « Que pensez-vous de vos
diverses réincarnations ? »
Elles sont ce que je suis, mais je serai davantage. Jeu de mots :
l’ensemble est la somme de ses cœurs [6].
C’était la première fois que le pointeur épelait des phrases complètes.
J’ai ri.
« Tout cela est-il l’expression du subconscient de Jane ? » a demandé
Rob.
Le subconscient est un couloir. Quelle différence cela fait-il de passer par
une porte ou une autre ?
« Peut-être est-ce ton subconscient », ai-je suggéré à Rob, mais il était
déjà en train de poser une autre question :
« Frank Withers, pouvons-nous à l’avenir vous consulter sur toute
question particulière ? »
Oui. Je préfère ne pas être appelé Frank Withers. Cette personnalité était
plutôt fade.
Rob et moi, nous nous sommes regardés : c’était vraiment fou, et le
pointeur qui accélérait de plus en plus. Rob a attendu un moment, puis a
demandé : « Comment préféreriez-vous être appelé ? »
Pour Dieu, tous les noms sont Son nom, a épelé le pointeur.
Withers devenait religieux, maintenant ! J’ai roulé les yeux en faisant
mine de regarder par la fenêtre.
« Mais nous avons encore besoin d’employer un certain nom pour vous
parler », a repris Rob.
Vous pouvez m’appeler comme vous voulez. Moi-même, je m’appelle
Seth. Cela correspond au moi de moi, à la personnalité qui s’approche le
plus clairement de l’être complet que je suis, ou que j’essaye d’être. Joseph
est votre être entier, plus ou moins, l’image de la somme de vos diverses
personnalités dans le passé et le futur.
Tout cela était épelé si rapidement que nous avions du mal à maintenir
nos mains sur le pointeur. Malgré moi, je me suis penchée en avant. Ma
nuque fourmillait. Que se passait-il ?
« Pouvez-vous nous en dire plus ? a questionné Rob. Si vous m’appelez
Joseph, comment appelez-vous Jane ? »
Ruburt.
Nous nous sommes à nouveau regardés l’un l’autre. J’ai fait une
grimace. « Voulez-vous bien éclaircir cela un peu ? »
Qu’est-ce qu’il y a à éclaircir ?
« Eh bien, cela nous semble un nom étrange. Je ne pense pas qu’il plaise
non plus à Jane. »
L’étrange pour ce qui est étrange.
Il y a eu un silence. Nous ne savions pas quoi demander ni comment
poursuivre. Finalement, Rob a dit : « Pourriez-vous me dire pourquoi j’ai
eu tous ces problèmes de dos au début de l’année ? »
La vertèbre 1 ne canalisait pas la force vitale dans l’organisme.
Empêchée par des peurs pinçant des nerfs. L’expansion de l’esprit permet à
l’organisme physique de se dilater, relâche les pressions.
Ce ne sont là que quelques extraits tirés de cette première session avec
Seth. (Quelques semaines plus tard, cependant, Rob a eu encore plus mal
au dos ; il est allé consulter un chiropracteur qui lui a dit que sa première
vertèbre était déplacée et n’était pas alignée.) La session a duré
jusqu’après minuit, puis nous sommes restés assis pour en parler.
« D’une manière que nous ne comprenons pas, il fait peut-être partie de
nos subconscients à tous les deux », ai-je dit.
« Peut-être », a répondu Rob. Puis il a ajouté, avec un grand sourire :
« C’est peut-être vraiment quelqu’un qui a survécu à la mort.
– Oh, chéri, ai-je réagi, un peu dégoûtée. D’ailleurs, quel serait son
objectif ? Si les esprits existent, ils doivent avoir mieux à faire que de se
promener en faisant bouger des planches Ouija.
– Qu’est-ce que tu dis, Ruburt ? » a demandé Rob. J’aurais pu lui taper
sur la tête.
Seth avait un objectif, c’est sûr : transmettre le matériau qu’il nous
donne avec la régularité d’une horloge, deux fois par semaine, depuis
maintenant cinq ans. Mais nous l’ignorions alors. Il s’agissait déjà de notre
quatrième séance avec la planche, mais c’était en fait la première avec
Seth.
Les deux suivantes ont été à peu près identiques, exception faite d’un
élément déconcertant : j’ai commencé à anticiper les réponses de la
planche. Cela m’ennuyait vraiment et me mettait mal à l’aise. Au cours de
la séance suivante — la quatrième avec Seth —, j’ai commencé à entendre
les mots dans ma tête de plus en plus vite, et pas seulement des phrases
mais des paragraphes entiers, avant qu’ils ne soient épelés avec le pointeur.

La session d’après a débuté comme les autres. Les après-midi, je


travaillais dans une galerie d’art ; quand la vaisselle était terminée et que
Rob cessait de peindre pour la journée, nous sortions la tablette.
« Pourquoi Jane se montre-t-elle plutôt réservée à l’égard des contacts
que nous avons avec vous ? a demandé Rob une fois que nous étions
installés. Je vois bien qu’elle n’est pas très enthousiaste. »
Elle est inquiète parce qu’elle reçoit mes messages avant qu’ils soient
épelés. Cela vous rendrait prudent, vous aussi.
« Mais pourquoi cela l’inquiète-t-elle ? » a insisté Rob avec, me suis-je
dit sur le moment, une merveilleuse fausse naïveté.
C’est plus perturbant.
« Pourquoi ? »
Une tablette est neutre. Des messages dans l’esprit ne le sont pas.
À l’époque, nous avions dit à l’un de nos amis, Bill Macdonell, ce que
nous faisions. À son tour, il nous avait parlé d’une apparition qu’il avait
vue quelques années auparavant, lorsqu’il était étudiant en art. Il n’en
avait jamais parlé. Rob a donc demandé ce que Bill avait vu.
Un fragment de sa propre entité, une personnalité du passé retrouvant
momentanément une indépendance sur un plan visuel. Une faille de ce
genre se produit parfois.
« L’image était-elle consciente de la présence de Bill ? »
J’ai à peine entendu Rob poser la question. Durant toute la session,
j’avais entendu les mots dans ma tête avant qu’ils ne soient épelés, et je
m’étais sentie poussée à les prononcer. Maintenant, cette impulsion se
renforçait et j’étais encore plus déterminée à y résister. J’étais pourtant
terriblement curieuse. Que pouvait-il se passer, après tout ? Je ne savais
pas — et cela me rendait encore plus curieuse.
Le pointeur a commencé à épeler la réponse à la question de Rob.
De façon en quelque sorte submergée, tous les fragments d’une
personnalité existent au sein d’une entité, avec leur propre conscience
individuelle…
Le pointeur s’est arrêté. J’avais l’impression d’être debout, tremblante,
au bout d’un très haut plongeoir, essayant de me décider à sauter tandis
que toutes sortes de gens attendaient derrière moi avec impatience. En fait,
c’étaient les mots qui me poussaient — ils semblaient se précipiter dans
mon esprit. De manière folle, j’avais l’impression qu’ils allaient
s’accumuler, formant des piles de noms et de verbes dans ma tête, jusqu’à
bloquer tout le reste si je ne les prononçais pas. Et sans réellement savoir
comment ni pourquoi, j’ai ouvert la bouche et je les ai laissés sortir. Pour la
première fois, j’ai commencé à parler pour Seth, continuant les phrases que
la planche Ouija avait épelées un instant auparavant.
« Quand Bill a vu l’image et reconnu sa présence, le fragment lui-même
avait l’impression d’avoir un rêve. L’entité utilise ses fragments d’une
façon que vous pourriez appeler subconsciente, c’est-à-dire sans direction
consciente. L’entité donne au fragment une vie indépendante, puis elle
l’oublie plus ou moins. Quand une faille momentanée se produit au niveau
du contrôle, entité et fragment se retrouvent face à face. Il est tout aussi
impossible pour l’entité de contrôler des personnalité-fragments que pour
l’esprit conscient de contrôler les battements du cœur. »
Soudain, les mots ont cessé. J’ai fixé Rob.
« Tu as pu t’entendre ? » m’a-t-il demandé.
J’ai hoché la tête, abasourdie. « Vaguement, comme une émission de
radio dans ma tête, qui proviendrait d’une autre station. » J’ai marqué une
pause et placé à nouveau mes mains sur le pointeur, pensant que, pour ce
soir, j’en avais assez de parler.
« Seth, confirmeriez-vous ce que Jane a reçu du message précédent ? » a
demandé Rob.
Oui. Cela devrait lui permettre de se sentir mieux.
Je me suis un peu détendue ; le pointeur prenait la relève pour les
messages. Mais Rob a posé une autre question.
« Alors, il est possible de se promener dans la rue et de rencontrer un
fragment de soi-même ? »
Le pointeur a commencé à répondre :
Bien sûr. Je vais essayer de penser à une bonne analogie pour clarifier ce
point. Même les pensées, par exemple, sont des fragments, bien que sur un
plan différent…
À nouveau, les mots allaient à toute vitesse dans ma tête, pendant que le
petit pointeur les épelait lentement et méthodiquement sur la planche. Je me
souviens d’avoir ressenti une terrible impatience et d’avoir terminé le
message à haute voix : « Elles doivent être traduites en une réalité
physique. Des fragments d’une autre sorte, appelés personnalité-fragments,
opèrent de façon indépendante, bien que sous les auspices de l’entité. »
Une fois de plus, les mots se sont simplement arrêtés. J’étais déterminée
cette fois à ne pas laisser la même chose se produire tant que je n’avais pas
eu le temps d’y réfléchir, et je l’ai dit à Rob. Nous étions cependant
d’accord pour vérifier avec la planche.
« Est-ce que la réponse de Jane était correcte, Seth ? »
Oui, a répondu le pointeur. Ça l’a revigorée de ne pas avoir à attendre
que la planche épelle les réponses.
« Je suis heureuse que quelqu’un pense cela », ai-je dit à Rob, mais
maintenant que les choses étaient rentrées dans l’ordre, la planche ayant
pris la relève, j’étais à nouveau curieuse. J’ai dit à Rob de demander si l’un
de nous seul pouvait faire travailler le pointeur, et le pointeur nous a
suggéré d’essayer. Rob a mis les mains dessus et posé une question, mais
celui-ci a à peine bougé.
Alors, nous avons remis nos mains tous les deux.
« Qu’en pensez-vous, Seth ? »
Pas très bon. Tout contact de votre part comportera probablement des
données visuelles internes. Jane sera sans doute capable de me recevoir
directement. Dans les deux cas, un contact n’est pas possible tout le temps.
Vous trouveriez cela plus embarrassant que moi.
« Humm », a dit Rob. Nous avons ri et finalement terminé la session.
Je ne sais pas ce que Rob aurait pensé s’il avait compris alors ce que
Seth entendait par « données visuelles internes » ; et en écrivant cela
maintenant, il me revient qu’il a été assez surpris quand ses premières
visions internes lui sont apparues avec une extraordinaire clarté. Je
décrirai cela plus tard. Ce soir-là, bien sûr, nous étions principalement
intéressés par mon expérience verbale. Si j’avais su l’ampleur qu’elle allait
prendre lors de la prochaine session, j’aurais probablement été à bout de
nerfs.
Le mois suivant nous attendait effectivement avec des expériences si
saisissantes que nous avons presque été sur le point de mettre fin à tout
cela. Nous nous sentions toutefois en même temps le cœur léger. S’il y avait
plus que nous ne le soupçonnions dans ce monde et cette réalité, nous
voulions bien sûr le découvrir. Et nous le découvrons encore, car, même
aujourd’hui, de nouveaux éléments apparaissent dans les sessions. Le
matériau de Seth se poursuit, et il y a encore d’innombrables questions
pour lesquelles nous voulons des réponses.
Le 8 décembre, donc, Seth s’est présenté. Le 15, j’ai parlé pour lui pour
la première fois. Bien vite, complètement débarrassée de la planche, sa
personnalité a commencé à s’exprimer avec une liberté beaucoup plus
grande. Le processus est fascinant à observer. Pour cette raison, je vais
consacrer quelques pages aux sessions du début, pour que vous puissiez
prendre connaissance du matériau tel que Seth l’a donné, et voir ce dernier
émerger en tant que personnalité à part entière.

[5] L’univers physique en tant qu’idée construite.


[6] Impossible de rendre directement ce jeu de mots en français. En anglais,
le mot parts est remplacé ici par son quasi-homonyme hearts. L’ensemble
n’est plus alors la somme de ses parties mais la somme de ses cœurs
(N.d.T.).
CHAPITRE 2

Les images de York Beach


— les personnalité-fragments

Avant la session suivante, j’étais assez nerveuse. J’avais eu une journée


particulièrement éprouvante à la galerie, et Rob était lui aussi fatigué. Il
s’est pourtant réveillé assez vite, car j’allais parler pour Seth pendant plus
de deux heures. Cette session a été marquante pour une autre raison
également : les informations elles-mêmes étaient tout aussi surprenantes
que la façon dont je les énonçais.
Comme précédemment, j’ai entendu presque immédiatement les mots
dans ma tête, mais j’ai insisté pour que nous débutions avec la planche. Le
pointeur a bougé avant que l’un de nous ait dit quoi que ce soit. Oui.
Bonsoir.
Rob a bâillé, et le pointeur a épelé : j’espère que ce n’est pas à cause de
ma compagnie.
Rob a ri et dit : « Seth, les plantes et les arbres sont-ils des fragments ? »
Le pointeur a commencé à parcourir la planche à toute vitesse. En un
sens, toute chose pourrait être appelée fragment… Mais les mots
s’amassaient dans ma tête et, après que les toutes premières phrases ont été
épelées, j’ai ressenti cette sensation de plonger dans l’inconnu, de lâcher
prise. Puis j’ai commencé à parler à nouveau pour Seth. « Mais il en existe
différentes sortes. Les personnalité-fragments diffèrent des autres en ce
qu’elles peuvent amener d’autres fragments à se former à partir d’elles… »
Rob a dit que c’était comme si j’avais lu un manuscrit invisible. Mes
yeux étaient grands ouverts. À ce moment-là, je refusais totalement de les
fermer et aussi de m’asseoir. Quoi qu’il arrive, je voulais être debout sur
mes pieds, prête à me précipiter vers la porte, au cas où l’inquiétude me
gagnerait.
En y repensant, c’était une attitude assez comique. En fait, pendant que
je parlais pour Seth, je parcourais sans arrêt la pièce de long en large, sans
même vraiment m’en rendre compte. Rob prenait des notes aussi vite qu’il
pouvait. Il ne connaissait ni la sténo ni l’écriture abrégée, et il écrivait
donc tout intégralement, avant de le taper à la machine le lendemain. Bien
vite, cependant, il a développé son propre système de symboles et
d’abréviations.
« L’individu présent dans toute vie donnée pourrait être appelé un
fragment de son entité entière, doté de toutes les propriétés de l’entité
originelle, même si celles-ci restent latentes ou inutilisées. L’image que
votre ami a vue était une personnalité-fragment de lui-même. Elle possédait
toutes les aptitudes de votre ami, qu’elles aient été latentes ou non, je
l’ignore. L’origine de ce type de personnalité-fragment est différente de
votre ami, qui est lui-même un fragment de sa propre entité. Nous appelons
cela une personnalité-fragment scindée ou une image-fragment de
personnalité. En général, ce fragment ne peut pas être opérant à tous les
niveaux de votre plan physique.
« Un individu peut tout à fait envoyer dans un autre niveau d’existence
une image-fragment de personnalité, même sans le savoir consciemment.
Dans cet autre niveau, ce fragment peut obtenir de précieuses informations,
puis revenir. Parfois, l’individu n’est pas capable d’assimiler cette
connaissance, ni même de reconnaître sa propre image de personnalité qui
revient. Le fragment que votre ami a vu était de ce type, mais il était
tellement déconnecté de votre ami, et envoyé dans ces voyages par
inadvertance, que ses informations sont probablement allées directement à
l’entité que votre ami représente… »
Par la suite, Rob m’a dit que toutes sortes de questions lui étaient
venues, mais qu’il n’avait pas voulu interrompre, et que sa main était déjà
fatiguée de prendre des notes. Pendant tout ce temps, je n’arrêtais pas de
marcher de long en large dans la pièce, les yeux mi-clos, prononçant ce
monologue sans la moindre hésitation.
« La tendance est à l’accroissement de la concentration chez l’individu
conscient. Il est alors possible de surveiller ces personnalité-fragments
scindées, ou ces images, sans amener l’ego présent à tomber dans la
distraction. Maintenant, ce que vous appelleriez le subconscient accomplit
cette tâche ; pas très bien, puisqu’il n’a jamais été destiné à se focaliser avec
une attention claire. La conscience va s’étendre au sein de votre plan. La
portée de la conscience sera si élargie que chaque personnalité-fragment,
chaque image de personnalité scindée et chaque fragment individuel des
incarnations successives seront maintenus sans effort dans une focalisation
claire. C’est vers cela que se dirige l’évolution, même si elle le fait
évidemment avec son habituelle lenteur de tortue. »
J’ai transmis ce matériau sans interruption de neuf heures jusqu’à ce que
Rob ait la crampe de l’écrivain, à dix heures moins dix. Je n’en donne ici
que des extraits. Nous étions tous deux ébahis que j’aie parlé si longtemps
et prononcé des phrases aussi complexes sans la moindre correction ou
hésitation. Puis, dix minutes plus tard, alors que nous nous reposions, Rob
a dit qu’il allait demander si nous avions déjà vu de telles images-
fragments de personnalité. D’un seul coup, les mots ont redémarré dans ma
tête et j’ai commencé à dicter. Tandis que je parlais, je n’avais aucune idée
du sens des mots, et ce n’est que lors de la pause suivante que j’ai su ce que
Seth avait dit. L’extrait ci-dessous est le passage que Rob et moi avons
trouvé par la suite si troublant.
« Dans le dancing de York Beach, l’homme et la femme… étaient des
fragments de vos êtres, des matérialisations, expulsées, de vos propres
sentiments négatifs et agressifs… Les images s’étaient formées du fait de la
culmination de vos énergies destructrices du moment. Bien que vous ne les
ayez pas reconnues consciemment, inconsciemment, vous les connaissiez
bien. Inconsciemment, vous avez vu l’image de vos tendances destructrices,
et ces images elles-mêmes vous ont stimulés à les combattre. »
Instantanément, Rob a su à quel épisode Seth faisait référence. Comment
il est parvenu à rester assis là, calmement, à prendre des notes tandis que
Seth poursuivait dépasse mon entendement.
Fin 1963, quelques mois avant que ne débutent nos sessions, nous avions
pris quelques vacances à York Beach, dans le Maine, en espérant qu’un
changement d’environnement améliorerait la santé de Rob. Le médecin
ignorait la cause de son mal de dos et il lui avait suggéré de se mettre sous
traction quelque temps à l’hôpital. Au lieu de cela, nous avions décidé que
c’était sa réaction au stress qui était au moins partiellement responsable de
son problème, d’où le séjour.
Le soir en question, nous sommes allés dans un night-club, en quête
d’une ambiance festive. Rob avait constamment mal et, bien que ne se
plaignant pas, il ne pouvait cacher les spasmes soudains. J’ai alors
remarqué un vieux couple assis de l’autre côté de la salle, en face de nous.
Il m’a réellement effrayée par sa troublante ressemblance avec nous. Est-ce
que nous avions cet air-là — distant, amer —, juste plus jeune ? Je ne
pouvais pas en détourner mes yeux et, finalement, je les ai signalés à Rob.
Il a observé le couple et a gémi sous le coup d’une nouvelle contraction.
Puis quelque chose s’est produit, que ni l’un ni l’autre n’avons été capable
d’expliquer. À ma grande stupéfaction, Rob s’est levé, m’a pris par le bras
et a insisté pour que nous dansions. Une minute avant, il pouvait à peine
marcher.
Je l’ai regardé. Au cours de nos huit ans de mariage, nous n’avions
jamais dansé ensemble, et l’orchestre jouait un twist, danse qui nous était
totalement étrangère à l’époque. Je ne pouvais pas le lui refuser. J’avais
peur de me rendre ridicule, mais Rob m’a entraînée sur la piste. Nous
avons dansé tout le reste de la soirée et, à partir de ce moment-là, sa
condition physique s’est remarquablement améliorée. À compter de ce jour,
toute son attitude à l’égard de la vie a semblé plus radieuse.
Seth a poursuivi : « Rétrospectivement, vous pouvez dire que l’effet en a
été thérapeutique, mais si vous aviez accepté ces images de manière
subconsciente, cela aurait marqué le début d’une grave détérioration pour
vous deux, à la fois sur le plan personnel et créatif. Encore une fois, les
images marquaient le point de culmination critique de vos énergies
destructrices. Le fait qu’il s’agissait d’images de vous-mêmes montre que
vos énergies destructrices étaient tournées vers l’intérieur, même si elles se
matérialisaient en une forme physique.
« Le fait que vous ayez dansé a représenté le premier mouvement vous
écartant de ce que signifiaient ces images, et une action violente était en la
circonstance la meilleure des choses… Une transformation subtile aurait pu
avoir lieu, dans laquelle vous auriez transféré la plus grosse partie de vos
personnalités dans les fragments que vous aviez vous-mêmes créés… et, à
travers leurs yeux, vous vous seriez regardés vous-mêmes de l’autre côté de
la salle. Dans ce cas-là, vos personnalités dominantes présentes n’auraient
plus été dominantes. »
Au cours d’une pause, Rob m’a rapporté ce que Seth avait dit à propos
de ces images. Aucun de nous deux n’avait alors entendu parler des formes-
pensées, et tout cela me semblait incroyable. Et pourtant, pensais-je, les
psychologues parlent de projection et de transfert, par lesquels nous
projetons nos peurs à l’extérieur, sur une autre personne ou un objet, et
auxquels nous réagissons.
« Peut-être Seth voulait-il parler d’une création symbolique ? » ai-je dit.
Mais bien vite les mots ont commencé à revenir, et il est devenu évident que
Seth insistait sur une matérialisation, au sens propre du terme.
« Qui a quitté la salle en premier, Jane et moi, ou les images ? » a
demandé Rob. J’ai à nouveau parlé pour Seth : « Les fragments projetés
ont disparu. Ils se sont levés, ont traversé la piste et ont disparu dans la
foule. Ils n’avaient pas le pouvoir de quitter l’endroit où ils étaient nés, à
moins que vous ne le leur donniez. Souvenez-vous qu’ils existaient
réellement… et de même, votre triomphe a renforcé les aspects sains de vos
ego actuels. »
Il commençait à se faire tard, mais Seth ne montrait aucun signe de
fatigue. Juste avant minuit, Rob et moi avons fait une autre pause et décidé
de terminer la session. (Soit dit en passant, c’est Seth qui a suggéré que
nous fassions une pause de cinq à dix minutes toutes les demi-heures
environ.) Rob et moi ne savions que penser de cette session. D’une part,
c’était la première fois que j’avais parlé aussi longtemps d’affilée. D’autre
part, nous ne savions pas quelle valeur attribuer à ce qui avait été dit.
L’explication de Seth concernant l’épisode de York Beach avait pour
nous un sens intuitif. Quelque chose de signifiant s’était certainement passé
ce soir-là, mais avions-nous effectivement matérialisé les images physiques
de nos peurs enfouies ? Les gens font-ils souvent cela ? Si c’était le cas, les
implications étaient stupéfiantes. Ou l’explication était-elle valable au
niveau psychologique et symbolique, tout en étant un tissu d’absurdités sur
le plan pratique ?
Devions-nous continuer les sessions ? Étant si directement impliquée,
j’étais un peu plus réticente que Rob, mais quelle opportunité ! me disais-je
aussi. Nous avons décidé d’avoir au moins quelques sessions
supplémentaires pour voir ce qui pouvait se produire. Rob voulait que nous
posions quelques questions à propos des personnalité-fragments. Que
voulait dire Seth lorsqu’il affirmait que nous aurions pu nous transformer
en ces images ? Rob a mis ses questions par écrit afin de ne pas les oublier
et, deux soirs plus tard, nous nous sommes assis une fois de plus devant la
planche. À ce moment-là, bien sûr, nous ne savions absolument pas si
chaque session allait être la dernière, indépendamment de nos décisions
conscientes. De notre point de vue, Seth pouvait disparaître comme l’avait
fait Frank Withers. Rob avait sa liste de questions, de manière à ce que
nous puissions obtenir quelques réponses tant que nous en avions
l’opportunité.
Mais, au cours de cette session suivante, j’ai parlé pour Seth plus
longtemps que je ne l’avais jamais fait. Il nous a fourni un compte rendu
détaillé de deux vies passées et a commencé l’histoire réincarnationnelle de
la famille de Rob. Le matériau contenait des éclairages psychologiques
excellents ; en les adoptant, nous nous sommes rendu compte que nous nous
entendions beaucoup mieux avec nos proches. Mais je n’aimais pas du tout
cette insistance sur la réincarnation. Lors d’une pause, j’ai dit à Rob :
« Les éclairages psychologiques sont géniaux, mais le côté réincarnation
est probablement pure fantaisie. »
« Tu n’as pas à te décider ce soir dans un sens ou dans l’autre, n’est-ce
pas ? m’a dit Rob. Rien ne presse. Vois ce qu’il a d’autre à dire. En outre,
j’en ai plus appris sur ma famille ce soir que durant tout le reste de mon
existence. C’est précieux. »
Quand la session a repris, Rob a posé la question qui nous trottait dans
l’esprit depuis que Seth avait mentionné pour la première fois les images de
York Beach.
« Si Jane et moi avions accepté ces images de façon subconsciente,
aurions-nous été capables de revenir à la maison, là où nous sommes
connus ? Les images étaient celles de gens plus âgés. »
Instantanément, les mots se sont précipités dans ma tête et sont sortis par
ma bouche. Je n’étais plus là, Seth l’était. « Les images représentaient
l’apogée de nombreuses années d’expérience d’une tendance négative. Si
vous les aviez acceptées, vous auriez fini par devenir comme leurs répliques
au moment où vous vous seriez transférés dans ces images. Cependant, la
créativité et la nature constructive que vous possédiez auraient adouci les
traits. Pour vos amis, vous auriez été reconnaissables, mais ils auraient
remarqué des changements. Ils se seraient fait peut-être la remarque que
vous n’aviez plus l’air pareil, et ils auraient eu raison. »
« L’un de nous a-t-il eu d’autres expériences semblables ? » a demandé
Rob.
« Un après-midi, quand vous aviez onze ans environ, vous étiez dans un
petit parc. Vous pensiez être seul. Il était presque cinq heures, c’était un
17 septembre et il n’y avait pas école ce jour-là. Un autre enfant est apparu.
Vous ne l’aviez pas vu approcher et vous avez supposé qu’il était arrivé en
faisant le tour du kiosque à musique. Il tenait des osselets dans sa main.
Vous vous êtes regardés l’un l’autre et étiez sur le point de vous parler
lorsqu’un écureuil a grimpé dans un arbre tout proche.
« Vous vous êtes tourné pour le regarder, et quand vous avez voulu à
nouveau regarder le garçon, il avait disparu. Pendant un court instant, vous
vous êtes étonné, puis avez oublié l’incident. En fait, votre frère, Loren,
regardait au même moment par la vitrine du magasin de votre père [de
l’autre côté de la rue], et il n’a rien vu. »
« Le garçon était-il réel ou pas ? » a demandé Rob.
« C’était une personnalité-fragment de vous-même. Vous souhaitiez un
compagnon de jeu et étiez jaloux parce que votre frère restait si longtemps
avec votre père. Sans le savoir, vous avez matérialisé une personnalité-
fragment comme compagnon de jeu. Vous n’aviez aucun moyen de savoir
ce qui se passait à ce moment-là et ne pouviez donner la moindre
permanence à l’image.
« De temps en temps, une personnalité se stupéfie elle-même par une
production d’image de ce genre. En général, ce phénomène disparaît quand
la personnalité atteint l’âge adulte. Toutefois, dans l’enfance, ce cas est
fréquent. Souvent, quand un enfant pleure à cause d’un croque-mitaine, ce
qu’il a vu est une production d’image de ce type, ou une projection fibreuse,
formée par un vif désir de la part du subconscient. »
« J’adore la façon dont il lie tout cela avec une motivation
subconsciente », ai-je dit à Rob par la suite.
Il a souri : « Tu préférerais qu’il ne le fasse pas ? »
« Mais la réincarnation — et les gosses formant des personnalité-
fragments ou je ne sais quoi comme compagnons de jeu ? me suis-je
renfrognée. En tout cas, c’est diablement fascinant. Et pense à ce que cela
signifie si c’est vrai ! »
« Et pense aux gens que nous avons connus qui ont soudain paru être
totalement différents de ce qu’ils étaient habituellement, d’une façon
incompréhensible, a renchéri Rob. Si Seth a raison, ils étaient en fait
devenus les images destructrices qu’ils avaient d’eux-mêmes. »
J’ai frissonné, mal à l’aise. « Mais ce ne serait pas toujours destructeur,
n’est-ce pas ? Cela pourrait aussi marcher dans l’autre sens ?
– Tu t’inquiètes ? » a dit Rob pour me taquiner.
– Pas du tout », ai-je répondu avec dédain. Mais je pouvais encore voir
mentalement le visage de ce couple, et tant de questions restaient en
suspens. Certaines allaient trouver leurs réponses au cours des sessions
suivantes, et l’explication qui suit est particulièrement intéressante. Elle
provient d’une session qui a eu lieu trois ans plus tard :
« Maintenant, pour ce qui est des images de York Beach. Ici, des énergies
agressives et destructrices étaient inconsciemment projetées à l’extérieur, se
voyant accordées une pseudo-réalité et une validité physique temporaire. La
charge émotionnelle fournit le modèle et l’impulsion d’une telle création.
En fonction de l’extension de réalité physique qui doit être obtenue, le corps
physique de celui qui en est à l’origine transfère ou transpose des portions
de sa propre structure chimique. Pour cela, des protéines sont nécessaires et
il y a une grande perte d’hydrate de carbone.
« De la même façon que les protéines et les substances chimiques du
corps peuvent servir à former diverses sortes d’images, elles peuvent aussi
servir à former un ulcère, un goitre, ou avoir une incidence sur d’autres
changements [dans le corps lui-même]. Dans ces cas-là, des émotions
particulières sont niées, rejetées. L’individu ne veut pas les accepter comme
faisant partie de l’être. Au lieu de les projeter à l’extérieur, comme vous
l’avez fait dans les images de York Beach, il les dirige vers une zone
spécifique du corps ou leur permet, dans d’autres cas, d’errer à travers le
système physique corporel, comme des vagabonds fauteurs de troubles,
pour ainsi dire. »
Au moment où Seth nous a donné cette information, nous disposions des
connaissances suffisantes pour la comprendre. Dans ses discussions portant
sur la santé, Seth a toujours maintenu que la maladie est souvent le résultat
d’émotions rejetées ou inhibées. La psyché tente de se débarrasser d’elles
en les projetant dans une zone spécifique du corps ; dans le cas d’un ulcère,
l’énergie détournée se lance dans la production réelle de l’ulcère lui-même.
Si de très larges zones de l’être sont inhibées, une personnalité secondaire
peut se former, assemblée autour de ces qualités dont l’ego premier se
méfie ou qu’il renie, et qui lui sont en général opposées. À d’autres
occasions, les émotions inhibées peuvent être projetées à l’extérieur, dans
d’autres personnes ou, comme dans le cas des images de York Beach, une
très forte énergie refoulée peut réellement former des images pseudo
physiques qui présentent à la personnalité l’image physiquement
matérialisée de ses peurs.
À l’époque, cependant, tout cela était nouveau pour nous. Pour ce que
j’en savais, Seth était lui aussi une personnalité secondaire et, à ce stade,
nous aurions pu laisser tomber les sessions. Même si celles-ci nous
intriguaient, nous n’étions certainement pas convaincus que Seth était
quelqu’un qui avait survécu à la mort. Plus probablement, il était,
pensions-nous, une portion très vivante de mon propre subconscient. À ce
stade, nous avions suffisamment lu pour nous inquiéter de ce côté
personnalité secondaire. Mais il n’y avait, dans le matériau de Seth, aucune
trace d’émotivité excessive : pas de haines refoulées, de préjugés ni de
désirs. Seth n’avait aucune demande d’aucune sorte à notre égard.
Comme les vacances de Noël arrivaient, nous n’avons pas fait de session
pendant deux semaines. Nous nous demandions tous les deux ce qui allait
se passer quand nous referions une tentative — si nous en refaisions. Mais
la période suivante a tellement bouleversé notre idée de ce qui est possible,
tellement fait affront à nos théories conventionnelles, que nous avons été à
deux doigts de tout abandonner. À l’évidence, nous ne l’avons pas fait —
notre réaction allait cependant avoir une sérieuse incidence sur nos
activités pour les années à venir, et grandement influencer la direction dans
laquelle j’allais permettre à mes facultés médiumniques de fonctionner.
CHAPITRE 3

Seth s’invite à une séance de spiritisme


— un nouvel ensemble de doigts

Sur notre liste d’expériences à tenter pour mon livre, la suivante était une
séance expérimentale de spiritisme. N’y ayant jamais assisté, nous n’avions
qu’une idée très vague de ce en quoi cela consistait. Nous pensions
cependant qu’il fallait qu’il y ait plus de deux participants, et avons donc
décidé de demander à Bill Macdonell de se joindre à nous, vu qu’il était le
seul à être au courant de nos expériences. Il est passé chez nous un soir —
le 2 janvier 1964 —, et, sous l’impulsion du moment, j’ai suggéré que nous
fassions tous les trois une tentative.
Les résultats ont été si surprenants qu’au lieu de paraphraser les notes
de Rob je vais les reproduire ici exactement telles qu’il les a écrites. Il y a
une bonne raison à cela : Rob était un observateur plus objectif que moi. La
façon même dont ses notes sont prises montre aussi son état d’esprit, son
attitude minutieuse et son œil critique. Bill Macdonell, qui les a lues, les a
par ailleurs validées.
« Nous avons commencé par nous asseoir dans notre salon autour d’une
petite table. Nous l’avons recouverte d’un tissu sombre. Comme la cuisine
ouvre directement sur le salon, nous avons baissé les stores dans les deux
pièces et fermé les rideaux.
« Ne sachant pas comment on procède lors d’une séance de spiritisme,
nous avons allumé une petite bougie électrique de Noël à la lumière rouge.
Nos murs sont blancs et, une fois nos yeux accoutumés, nous pouvions y
voir assez bien.
« J’ai demandé à Jane de poser son alliance sur la table. Tous les trois,
nous avons joint nos mains autour. Tranquillement assis à fixer l’alliance
dans la faible lumière, j’ai compris qu’il ne doit pas être très difficile pour
un observateur crédule de voir tout ce qu’il veut.
« Un petit point de lumière est apparu sur le bord de l’alliance, mais, en
bougeant mon bras, je me suis aperçu que je pouvais le faire apparaître et
disparaître. C’était simplement le reflet rouge de la bougie ; j’ai alors placé
celle-ci derrière les rideaux, pour que la lumière soit diffuse. Il ne s’est rien
passé quand nous avons regardé l’alliance à nouveau. J’ai commencé à
poser des questions à voix haute, au hasard, mais je ne les adressais pas à
Seth.
« Et puis, soudain, Jane a déclaré d’une voix ferme et claire : “Regardez
la main !” C’était un ordre, et j’ai su que Seth était avec nous. Jane a senti
sa main devenir froide. Avec grande délectation, Seth a décrit en détail, à
travers la voix de Jane, chaque phase de ce qui a suivi — de manière à ce
que, a-t-il dit, il n’y ait aucun doute quant à ce qui se passait.
« Il a commencé par nous inviter à regarder le pouce de Jane. Le bout de
son pouce s’est mis à briller. On aurait dit qu’une petite lumière blanche et
froide était diffusée depuis l’intérieur de la chair. Il n’y avait pas d’effet de
rayonnement, juste un changement de couleur de la chair elle-même.
Comme la main se trouvait dans l’obscurité, il était impossible de se
méprendre sur ce changement.
« La lueur s’est répandue le long du pouce jusqu’à l’éminence de chair
qui est à sa base, près de la paume de la main. “Regardez la bosse ! a dit
Seth avec satisfaction. Est-ce que vous voyez le changement de couleur et
la disparition des ombres dans la paume ? Si vous voulez une manifestation,
en voilà une, si bête soit-elle… Et maintenant, le poignet. Le voyez-vous
s’épaissir et devenir blanc ?” »
« Le poignet de Jane a enflé. Elle était assise, le poignet gauche appuyé
sur le dessus de la table. Elle portait un pull noir aux manches remontées
jusqu’aux coudes et la froide lumière blanche s’est étendue le long de
l’avant-bras, du poignet enflé jusqu’au pull.
« Ensuite, la main a commencé à changer de proportions et à prendre la
forme d’une patte. J’ai eu le sentiment étrange qu’il s’agissait de la patte
avant d’un animal. Les doigts de Jane, habituellement longs et gracieux,
étaient réduits à des appendices boudinés, du moins semblait-il. La lueur se
diffusait dans la paume, éliminant les ombres qui auraient dû normalement
être visibles, de telle sorte qu’on avait l’impression que les doigts n’étaient
pas simplement repliés.
« Lentement, la main a retrouvé sa forme normale. Jane était toujours
assise, la paume tournée vers le haut. Là, Seth s’est vraiment dépassé. Les
doigts ont commencé à nettement s’allonger et à blanchir. Puis, un second
ensemble de doigts s’est mis à croître au-dessus de ceux de Jane. Elle
aurait pu assez facilement plier ses propres doigts pour les mettre dans
cette position, mais tous les trois, nous avons vu à ce moment-là le second
ensemble de doigts se dresser, longs et blancs. En outre, les ongles de ces
doigts-là se trouvaient sur le dessus. S’ils avaient été ceux de Jane, ces
ongles se seraient trouvés de l’autre côté, invisibles.
« “Pour une première tentative, je m’en sors à merveille, a dit Seth. Que
pensez-vous de cela ? Regardez bien !” Pendant quelques minutes, nous
avons soigneusement observé les faits qui se déroulaient sous nos yeux. Les
doigts supplémentaires, repliés de façon grotesque, me donnaient
l’impression d’être en cire, presque mous, comme si on venait juste de les
modeler. Jane n’avait pas l’air effrayée. Ensuite, graduellement, ce second
jeu de doigts a disparu.
« “À présent, la main se transforme à nouveau, a dit Seth. Elle devient
courte et boudinée. Frank Withers avait une main comme cela, exactement.
Frank Withers était un gros plein de soupe”, a poursuivi Seth avec
satisfaction, même si, selon lui, Frank était une personnalité-fragment de sa
propre entité.
« Pendant quelques instants, la main est devenue courte et boudinée.
Puis elle a repris la forme d’une patte. “À présent, m’a dit Seth, approchez-
vous doucement et touchez la main. Je veux que vous la touchiez pour que
vous puissiez la sentir.” Avec précaution, j’ai touché du bout des doigts la
paume de Jane. La main-patte semblait très froide, humide et moite ; la
peau donnait l’impression d’être bosselée, chose à laquelle je n’étais pas
habitué avec la main de Jane.
« Seth a ensuite fait diffuser dans le poignet et la paume de Jane cette
lumière froide intérieure, jusqu’à une intensité encore plus remarquable. À
la jointure de la main et du poignet, la chair a gonflé en une protubérance
de la grosseur d’un œuf. La blancheur est remontée du bras de Jane
jusqu’au pull et elle est descendue dans ses doigts, jusqu’à ce que toute
apparence d’ombre ait disparu du bras et de la paume. Puis, pour conclure
cette partie de la démonstration, Seth a demandé à Jane qu’elle place ses
mains côte à côte sur la table, pour que nous puissions clairement voir la
différence entre les deux. Petit à petit, la main est redevenue normale, et
Seth nous a dit de faire une pause.
« Après la pause, il nous a dit de fermer la porte menant à la salle de
bains. Sur la face de cette porte, côté salon, est accroché un miroir en pied
dans lequel Seth nous a demandé de regarder. Comme le miroir est haut et
étroit, nous avons dû nous serrer autour de trois côtés de la petite table
pour voir nos reflets. Jane était assise au milieu. Ses lèvres étaient très
proches de mon oreille tandis qu’elle parlait. Je pouvais entendre et sentir
chacune de ses respirations, chaque déglutition. Sa voix a
considérablement baissé de volume, et j’ai réellement eu la sensation
qu’elle parlait pour quelqu’un d’autre (plutôt que, par exemple, pour une
personnalité subconsciente qui disait simplement s’appeler Seth).
“Maintenant, vous voyez tous les trois clairement vos reflets dans le
miroir, comme il se doit. Observez bien, car je vais changer l’image de Jane
et la remplacer par une autre” », a dit Seth. Et l’image de Jane a commencé
à changer. Sa tête est descendue plus bas. En même temps, la forme de son
crâne s’est transformée, ses cheveux sont devenus plus courts et la coupe,
beaucoup plus plaquée. Dans l’image reflétée par le miroir, les épaules
étaient voûtées et plus étroites. Puis la tête s’est inclinée et a regardé vers le
bas, alors que Jane elle-même était assise la tête dressée, regardant droit
devant, dans le miroir.
« Jane a dit par la suite que cela l’avait plus choquée que tout le reste. Je
l’ai regardée tout d’abord à mes côtés, puis dans le miroir. La différence
entre les deux ne faisait aucun doute. J’ai aussi vu une ombre envahir
l’image du miroir. J’avais en même temps le sentiment que le visage était
suspendu en avant du corps. Dans le miroir, la tête a semblé rapetisser. J’ai
distingué une pâle lueur autour d’elle tandis qu’elle était là, suspendue
dans l’espace, apparemment entre le reflet du miroir et nous trois.
« Il était également évident que l’image dans le miroir était assise
plusieurs centimètres plus bas que Jane. De temps à autre, la mystérieuse
tête descendait et se tenait en avant du corps. » Fin des notes de Rob.
Au cours de la séance, je n’étais ni nerveuse ni effrayée. Vers la fin,
cependant, j’avais été choquée de voir une telle différence entre mon image
dans le miroir et moi-même. Je pense avoir eu momentanément peur
d’avoir réellement cet air-là. Après tout, c’était une réaction assez normale
— d’habitude quand vous vous regardez dans un miroir, il vous donne une
reproduction fidèle de vous-même, et aucune femme ne serait satisfaite de
se voir fixée en retour par une apparition aux allures étranges.
Quand Seth a pris la relève, son assurance a fait disparaître de mon
esprit toutes les autres idées et tous les doutes. Pourtant, mes yeux sont
restés tout le temps ouverts. J’ai pu observer soigneusement les différences
entre mes mains, par exemple, voir l’autre jeu de doigts et la lueur blanche
remonter vers le bord de mon pull aux manches retroussées. J’avais
l’impression de « m’éteindre » quand Seth parlait, et pourtant une sensation
d’énergie immense me traversait dans le même temps. Mis à part le reflet
dans le miroir à la fin, rien ne m’a dérangée.
Mais dès que la séance s’est terminée, j’ai été épouvantée. Au lieu d’être
encouragés par la part qu’avait prise Seth dans ces évènements, nous
étions bouleversés. Nous savions tous ce que nous avions vu. À un certain
moment, Rob avait même touché la main, et Seth nous avait donné de
nombreuses occasions de vérifier les effets au moment où ils se
produisaient. Nous ne pouvions pas accepter l’évidence de nos sens, et nous
ne pouvions pas vraiment nier une évidence aussi flagrante. Bien que nous
ayons tenté l’expérience pour le livre, nous pensions que ces séances de
spiritisme étaient un truc bizarre et pas très respectable, d’une certaine
manière. Nous ne voulions pas que Seth soit impliqué là-dedans et nous
avions spécifiquement indiqué que nous ne faisions pas appel à lui.
Mon scepticisme intellectuel était stimulé uniquement du fait que
l’expérience avait rencontré un tel succès. Nous avons longuement débattu
pour savoir si, oui ou non, la cause de tout cela pouvait être de l’ordre de la
suggestion, mais nous savions que cela ne pouvait pas expliquer la moitié
de ce qui s’était passé. Cela pouvait difficilement justifier l’aspect
grumeleux de ma main qu’avait ressenti Rob, pas plus que le second jeu de
doigts, même si nous décidions que la suggestion pouvait peut-être avoir
compté pour l’étrange image dans le miroir.
En fait, nous nous trouvions pour la première fois de notre vie en train de
faire l’expérience d’évènements que nous ne pouvions pas expliquer, et de
douter du témoignage incontestable de nos sens — une position
inconfortable pour tout un chacun. L’affaire a eu un tel effet sur nous que
j’ai refusé pendant trois ans de retenter ce genre de séance. (Toutefois,
comme vous le verrez, Seth s’est manifesté sous la forme d’une apparition
au cours de la session 68.) Depuis ce jour-là, nous avons toujours gardé la
lumière allumée, afin de vérifier plus facilement tout effet qui pourrait
apparaître.
Un travail ultérieur m’a convaincue que les phénomènes médiumniques
n’apparaissent pas simplement parce que nous le voulons, ou en tant que
seul résultat d’une suggestion. D’autres effets se sont produits par la suite
en pleine lumière, pendant quelques-uns de mes cours de perception
extrasensorielle, par exemple. L’apparition de Seth a eu lieu elle aussi en
pleine lumière. Depuis, j’ai également connu quelques cas où des groupes
de personnes hautement suggestibles et douées de peu de sens critique se
réunissaient dans des pièces obscures, s’attendant à toutes sortes
d’apparitions — et que rien ne se produisait.
Je pense que Rob et moi étions irrités d’être mis ainsi au pied du mur,
confrontés à des problèmes auxquels nous n’étions pas prêts à faire face.
Tout arrivait si vite. Cela ne faisait pas même pas un mois que nous avions
commencé par la planche Ouija. Nos idées concernant ce qui était possible
ou non étaient complètement chamboulées. Nous avons décidé d’avoir une
autre séance avec Seth pour voir ce qu’il avait à dire sur ce qui s’était
passé et, livre ou pas, nous envisagions à nouveau de laisser tomber
l’expérimentation. Nous pouvions toutefois difficilement blâmer Seth, ne
serait-ce que parce que c’était nous qui avions eu l’idée de cette séance de
spiritisme. Je devais en consigner les résultats pour l’un de mes premiers
chapitres et je ne savais pas trop comment m’y prendre.
Le lendemain soir, nous avons tenu ce que nous pensions pouvoir être
notre dernière séance. Après qu’elle a eu lieu, notre engagement a été clair
et, pour nous, cette séance-là marque réellement le début du matériau de
Seth, la fin des données préliminaires.
Pour la première fois, Seth s’est vraiment « manifesté » en tant que
personnalité nettement distincte, riant et plaisantant. Rob avait du mal à
croire qu’il était en train de parler avec moi, en termes ordinaires. Mais
plus que tout, c’est le long monologue de Seth sur la nature de la réalité qui
nous a intrigués et captivés. Nous ne savions absolument pas qu’il
s’agissait en fait d’une explication extrêmement simplifiée, intelligemment
adaptée au niveau de compréhension qui était le nôtre à l’époque. Cela
nous a néanmoins très fortement impressionnés.
Pendant près de trois heures, j’ai parlé pour Seth, arpentant la pièce et
plaisantant, marquant une pause de temps à autre pour que Rob s’en sorte
avec ses notes, prononçant ce monologue avec des gestes, des mimiques,
des expressions verbales et des intonations totalement différentes des
miennes. Je m’exprimais de façon régulière, sans hésitation, entrecoupant
de commentaires légers un matériau profondément philosophique, tel un
professeur dirigeant un atelier. La session a tellement éveillé notre curiosité
intuitive et intellectuelle que toute idée de laisser tomber nous est sortie de
la tête.
« Imaginez un réseau de fils, un dédale de fils entrelacés construit sans
fin, de sorte que, lorsque vous regardez au travers, il semble ne pas avoir de
début ni de fin. On pourrait comparer le plan qui est le vôtre à un petit
emplacement entre quatre fils fins, tandis que le mien ressemblerait au petit
emplacement dans les fils avoisinants, de l’autre côté. Non seulement nous
sommes sur des côtés différents des mêmes fils, mais nous sommes en
même temps au-dessus ou en dessous, selon votre point de vue. Et si vous
considérez que ces fils forment des cubes — ça, c’est pour vous, Joseph,
avec votre amour des images —, alors les cubes pourraient aussi s’emboîter
les uns dans les autres, sans déranger en quoi que ce soit ceux qui les
habitent. Tous ces cubes sont eux-mêmes à l’intérieur d’autres cubes, et je
ne parle pour l’instant que de la petite parcelle d’espace occupée par votre
plan et le mien.
« Pensez à nouveau à votre plan, entouré par ce petit ensemble de fils
ténus, mon propre plan étant de l’autre côté. Ils ont, comme je l’ai dit, une
solidarité et une profondeur infinies, et pourtant, pour l’un des côtés, l’autre
est transparent. Vous ne pouvez pas voir à travers, mais les deux plans
s’interpénètrent constamment. J’espère que vous voyez ce que je viens de
faire ici. J’ai initié l’idée de mouvement, car la vraie transparence n’est pas
la faculté de voir à travers, mais celle de se mouvoir à travers.
« Voilà ce que j’entends par cinquième dimension. À présent, enlevez la
structure faite de fils et de cubes. Les choses se comportent comme si les
fils et les cubes existaient, mais ceux-ci n’étaient que des constructions
nécessaires même à ceux qui se trouvent sur mon plan… Nous construisons
des images cohérentes avec les sens dont nous disposons. Nous
construisons simplement des lignes imaginaires pour marcher dessus.
« La construction des murs de votre pièce est si réelle qu’en hiver vous
gèleriez sans elle et, pourtant il n’y a pas de pièce et il n’y a pas de murs.
De façon similaire, les fils que nous avons construits sont réels, bien qu’il
n’y ait pas de fils. Les murs de votre pièce sont pour moi transparents,
même si je ne suis pas certain, chers Joseph et Ruburt, de me produire un
jour en spectacle.
« Quoi qu’il en soit, ces murs sont tout à fait transparents. De même que
les fils, mais, à des fins pratiques, nous devons nous comporter comme si
les murs et les fils étaient là. […] Représentez-vous à nouveau notre dédale
de fils, et je vais vous demander d’imaginer que ceux-ci emplissent tout ce
qui est, votre plan et le mien étant comme deux petits nids d’oiseaux
reposant dans la structure en forme de nid d’un arbre gigantesque. […]
« Considérez que ces fils sont mobiles, qu’ils vibrent constamment et
sont eux aussi vivants, dans le sens où non seulement ils portent tout
l’univers, mais en sont eux-mêmes des projections ; vous allez voir
combien cela est difficile à expliquer. Je ne peux pas non plus vous blâmer
de vous sentir fatigués si, après vous avoir demandé d’imaginer cette
structure étrange, j’insiste ensuite pour que vous la réduisiez à néant, car on
ne peut pas plus la voir et la toucher que le bourdonnement d’un million
d’abeilles invisibles. »
C’est au cours de cette séance que Seth a suggéré que nous ayons deux
sessions par semaine, disant qu’un planning était beaucoup mieux qu’une
activité épisodique. Puis il a poursuivi : « À un moment ou à un autre, tous
ceux qui sont sur le même plan que moi donnent ce type de leçons, mais des
liens médiumniques entre l’enseignant et les élèves sont nécessaires, ce qui
veut dire que nous devons attendre que des personnalités sur votre plan
aient suffisamment progressé pour que les cours commencent. Ceux-ci se
produisent alors avec les personnes psychiquement reliées à nous.
« Ce que vous appelez une émotion ou un sentiment est la conjonction
entre nous, et c’est la conjonction qui illustre le plus clairement la force de
vie sur n’importe quel plan, quelles que soient les circonstances. Toute la
substance de votre monde et du mien est tissée à partir d’elle. »
Après avoir terminé de nous transmettre ce matériau, Seth est resté dans
les parages, comme pour mettre en valeur un moment de partage informel.
Il nous invitait à l’interroger, faisait des gestes, s’arrêtait devant Rob, le
regardant bien en face à travers mes yeux (ayant leur aspect « pas-ceux-de-
Jane »).
« Il n’y a, dit-il, rien à perdre et peut-être beaucoup à gagner à tenter par
vous-mêmes toutes les expériences que vous voulez. Appelez cela des
devoirs, si vous voulez. Peut-être vais-je vous donner une médaille, même
si, vous connaissant, vous allez probablement insister sur le fait que c’est au
professeur de donner aux élèves la fameuse pomme, et non l’inverse [7]. »
Puis, avec humour, il a parlé de la planche Ouija que nous continuions à
utiliser pour ouvrir et clore les sessions. « Il s’agit d’une formalité
permettant de renouer le contact d’une façon familière, et j’ai toujours eu un
faible pour un certain formalisme. La planche nous donne le temps de
souffler, et c’est un moyen de dire bonjour ou bonsoir, ou de porter la main
à son chapeau en guise de salut. Selon mon opinion, un petit rituel tend à
mettre en valeur des données pour l’esprit, et les rehausse davantage, tout
comme la bonne cuisine [8] est mise en valeur par une belle vaisselle… À la
fin d’une session, il serait on ne peut plus cordial de vous toucher
brièvement les mains sur la tablette. Vous avez de la chance, je n’exige pas
de vous que vous portiez des vêtements habillés. »
Cela a fait rire Rob, et j’ai fait de même quand il m’a lu les notes. Nous
étions fascinés par le monologue sur la cinquième dimension — monologue
qui, soit dit en passant, dure beaucoup plus longtemps que les extraits
donnés ici. La personnalité de Seth impressionnait Rob à un point tel que
lui, au moins, était convaincu que Seth était une personnalité complètement
indépendante. Rob me connaissait si bien, évidemment, il connaissait
quasiment toutes mes humeurs, et était donc bien placé pour juger les
différences et les similitudes entre ma personnalité et celle de Seth.
Après que Rob m’eut décrit la session et lu ses notes, j’étais tout
simplement stupéfaite. Rob et moi sommes des gens sans façon, tout comme
nos amis. Les hommes ne portent pas de chapeaux ni de costumes, par
exemple, mais des jeans et des chemises ou des pulls. J’ai trouvé Seth
délicieux, qui ou quoi qu’il puisse être. Qui d’autre connaissions-nous qui
soit aussi « vieille école », allant jusqu’à parler de saluer avec son
chapeau, ou à faire référence à la nourriture en parlant de « cuisine » ? En
tout cas, il n’avait pas du tout l’air effrayant, et le monologue sur la
cinquième dimension donnait vraiment à réfléchir.
Je commençais déjà à étudier mon propre comportement psychologique,
et la question de la réalité indépendante de Seth me venait de plus en plus
souvent à l’esprit. Puisque, d’une certaine manière, je « deviens » Seth, je
ne suis jamais capable de me voir en tant que lui de la façon dont le
peuvent Rob ou mes élèves, mais je sais qu’il fait une nette impression sur
les autres. Qui était-il ou qu’était-il ? Je questionnais constamment Rob. À
quoi est-ce que je ressemblais ? Comment Rob savait-il que quelqu’un
d’autre était en train de parler ? Qu’est-ce que Seth avait donc pour
convaincre à ce point Rob que Seth était plus qu’une partie dissociée de
mon propre subconscient ?
Loin de chercher Seth dans tous les coins, je veillais sur mon intégrité
mentale avec toute la détermination de mon être. Puis je me suis sentie
idiote parce que Seth n’essayait en aucune façon « d’envahir » ma journée
de travail ordinaire. Pis, je sentais que, tout en comprenant mes efforts, il
s’en amusait et percevait que, même si au fond ils n’étaient pas nécessaires,
ils étaient encore importants pour la paix de mon esprit.
Quoi qu’il en soit, je ne me rendais compte de nouveaux développements
que lorsqu’ils se produisaient spontanément, et à ma grande surprise. Si
nous avons pensé que, au cours des dernières sessions, Seth s’était
vraiment manifesté tel qu’il était, nous avons eu beaucoup à apprendre
dans la suivante, quand la voix de Seth lui-même, plus puissante, a soudain
retenti.
La première session avec Frank Withers avait eu lieu le 2 décembre
1963. Le 8 janvier, au cours de la quatorzième session, j’étais prête à
parler pour Seth, profondes intonations masculines et tout. Nous avions
parcouru un bon bout de chemin en un peu plus d’un mois. Sans aucun
doute, ces trente et quelques jours ont été emplis des plus intenses activités
psychologiques, excitations et spéculations que nous ayons jamais
rencontrées. Il nous faudrait pas moins de trois ans et la parution de mon
livre pour ne serait-ce que commencer tout juste à comprendre ce qui
s’était passé.

[7] Référence à une tradition aux États-Unis consistant à offrir une pomme
à son professeur selon l’adage : « Une pomme offerte au professeur fera
toujours l’affaire quand vous ne connaîtrez pas votre leçon
d’arithmétique. » Le choix de la pomme est sans doute dû au fait qu’en
anglais ce mot (apple) commence par un A, ce qui correspond à la
meilleure note que peut espérer un élève (N.d.T.).
[8] En français dans le texte (N.d.T.).
CHAPITRE 4

La « voix de Seth »

Durant tout ce temps, je travaillais à la galerie d’art près de chez moi,


l’après-midi. Je consacrais mes matinées à mon livre sur les perceptions
extrasensorielles, rédigeant les comptes rendus de nos expériences. Mis à
part notre ami Bill, nous n’avions encore parlé à personne de ce que nous
faisions. En fait, peu de nos amis étaient même au courant de ce que nous
mijotions jusqu’à ce que le livre paraisse. Je me demande aujourd’hui
pourquoi nous étions si secrets mais, à l’époque, il nous semblait largement
préférable de tenir à l’écart le monde et toutes ses questions. Nous avions
déjà assez des nôtres.
La personnalité de Seth s’exprimait beaucoup plus librement maintenant
qu’elle n’était plus tributaire de la planche ; surtout à partir de la
surprenante quatorzième session. Je pense que Rob ne l’oubliera jamais.
Nous étions encore stupéfiés par le fait même des sessions. J’étais nerveuse
avant de commencer, je me demandais si Seth allait se manifester ou pas. À
cette époque-là, je craignais toujours d’entrer en transe, d’ouvrir la bouche
— et que rien ne sorte ! Ou pis, du charabia. Par ailleurs, je ne savais
même pas comment je faisais pour me rendre compte que Seth était prêt.
Nous commencions les sessions à neuf heures du soir. À neuf heures moins
cinq, j’avais à nouveau ce sentiment d’être sur le point de sauter d’un haut
plongeoir dans une eau profonde — sans savoir avec certitude si je savais
nager.
La session a commencé comme d’habitude, sans la moindre trace des
changements de voix qui allaient se produire. J’aimerais mentionner ici
qu’à ce moment-là nous avions déjà lu plusieurs livres sur les perceptions
extrasensorielles, mais rien encore sur la communication verbale. Nous
avions lu certaines choses sur le cas de Patience Worth et de la médium
Pearl Lenore Curran qui écrivait des romans et des poèmes grâce à la
planche Ouija et à l’écriture automatique, mais l’idée que quelqu’un puisse
parler pour une autre personnalité ne nous était pas familière. Il ne nous
était jamais venu à l’esprit, ni à l’un ni à l’autre, que ma voix puisse
changer de quelque manière que ce soit.
Au cours de cette quatorzième session, j’ai parlé pour Seth pendant
cinquante minutes d’affilée, la plus longue durée sans pause jusqu’à ce
jour-là. Pour commencer, Seth nous a conseillé d’avoir une vie sociale plus
équilibrée — de sortir plus et de rencontrer des gens — pour
contrebalancer l’intense activité intérieure de l’expérience médiumnique.
Puis il s’est lancé dans sa première discussion sur les sens intérieurs, un
sujet qui nous était totalement nouveau et qui allait être plus largement
développé dans le futur.
« Tout ce qui se trouve sur votre plan est la matérialisation de quelque
chose qui existe indépendamment de votre plan. C’est pourquoi il y a à
l’intérieur de vos sens d’autres sens qui perçoivent à l’intérieur. Vos sens
habituels perçoivent un monde extérieur. Ceux qui sont à l’intérieur des
sens reconnaissables perçoivent et créent un monde intérieur. […] Une fois
que vous existez sur un plan particulier, vous devez nécessairement être
accordés avec lui, tout en bloquant beaucoup d’autres perceptions. C’est
une sorte de focalisation psychique, une concentration de la conscience le
long de certaines lignes. Quand votre aptitude à l’égard de l’environnement
s’accroît, vous pouvez vous permettre de regarder autour de vous, d’utiliser
les sens intérieurs et d’élargir l’étendue de votre activité. C’est tout
simplement naturel. La survie sur un plan donné dépend de votre
concentration en son sein. Quand la survie se trouve plus ou moins satisfaite
grâce à l’attention, vous pouvez vous permettre de percevoir d’autres
réalités. »
Ce matériau courait en fait sur plusieurs pages. Comme d’habitude, Rob
écrivait aussi vite que possible pour suivre le rythme.
Au début de la deuxième heure de cette session, ma voix est devenue
progressivement plus rauque, et c’était la première fois qu’elle manifestait
des signes de fatigue au cours d’une session. Après avoir parlé des sens
intérieurs, Seth a dit : « Je n’avais pas l’intention de vous faire travailler si
dur ce soir, Joseph. Si votre main travaille aussi vite que le fait la bouche de
Ruburt, vous devez être épuisé. Souhaitez-vous faire une pause ou clore la
session ? Je suis toujours attentif à votre confort, du moins lorsque je ne me
soucie pas de votre éducation », a-t-il ajouté avec un sourire.
Rob a demandé à faire une pause, mais il a ensuite insisté pour que je
termine la session avant que ma voix ne me lâche. Je savais qu’il
s’inquiétait pour moi, mais qu’il était en même temps très intéressé par le
matériau que Seth avait donné. En plus, j’avais été, en tant que Seth,
extrêmement active, faisant de temps à autre des remarques amusantes pour
couper les pages de monologue sérieux. Le sentiment qu’il y avait là une
personnalité indépendante était plus fort qu’il ne l’avait jamais été, et j’ai
donc décidé de continuer. Il était maintenant plus de dix heures et demie.
Tandis que nous parlions, Rob s’est interrogé à haute voix sur le sens du
temps ; quand nous avons repris, Seth a abordé cette question.
« Le temps n’a pas de sens sans barrières. Pour dire cela autrement, le
temps n’a pas de sens sans la nécessité de faire contrepoids à d’autres
actions. En fait, cette description est un joyau, si je puis me permettre. Ce
qui est triste, c’est que vous n’allez probablement pas encore être capables
de le comprendre. Tout cela prend du temps ! Comme je tente de
contrebalancer votre ignorance, je n’ai pas pu y résister. Je dis cela avec
bienveillance, car vous n’avez aucune idée des difficultés que cela implique
d’expliquer le temps à quelqu’un qui doit prendre du temps pour
comprendre l’explication.
« L’étude du temps va beaucoup vous apprendre aussi sur la nature de la
cinquième dimension. Nos fils de fer imaginaires composés de vitalité
solidifiée sont fluides, j’espère que vous comprenez cela, même s’ils sont
solidifiés. Car la solidité est une illusion. »
Ici, en tant que Seth, j’ai tapé sur la table pour insister et je me suis
soudain mise à parler d’une voix plus forte. Mon enrouement a dans le
même temps disparu. Mot après mot, la voix s’est faite plus profonde, plus
formelle, plus forte. Alors qu’il avait les yeux baissés pour prendre ses
notes, Rob a saisi qu’une métamorphose vocale était en train de s’opérer. Il
écrivait aussi vite que possible, de façon à pouvoir lever les yeux de temps à
autre pour voir ce qui se passait. J’étais maintenant debout presque devant
lui, les yeux ouverts (avec leur aspect pas-ceux-de-Jane), le fixant, comme
pour m’assurer qu’il comprenait ce qui avait été dit.
« J’ai dit aussi que ce sentiment de vitalité — et je préfère ce terme,
vitalité — est en mouvement et qu’il est lui-même une partie de l’étoffe
vivante de l’univers. Maintenant, comme ces fils passent apparemment d’un
plan à un autre, ils forment en fait les frontières entre chacun de ces plans et
sont assujettis aux lois particulières au sein de chacun d’eux. Ils deviennent
par conséquent tributaires du temps à l’intérieur de votre système
tridimensionnel particulier. »
Durant ce dernier passage, la voix est devenue de plus en plus forte,
comme si elle essayait d’emplir un amphithéâtre. Pendant que j’écris ce
chapitre, je relis bien sûr cette session et, à l’instant même, je tombe sur des
notes de Rob prises sur le vif et griffonnées entre ce passage et le suivant.
Elles illustrent assez clairement sa réaction :
« Regardant Jane et connaissant si bien sa voix naturellement féminine,
j’ai dû m’y reprendre à deux fois avant de réaliser que cette voix nouvelle
sortait de sa bouche avec une telle puissance, et sans le moindre effort. Je
ne sais pas ce qui me surprend le plus : le fait que Jane ne semble pas du
tout dérangée par cette voix ou que le ton de celle-ci soit ferme, grave et
masculin. »
Rob avait eu peu de temps pour prendre plus de notes, car le passage
continuait, sans pause. « Le mouvement de la vitalité apparemment
solidifiée donne l’illusion du temps. La contre-action qui entre en jeu dans
ce cas-là est une contre-action au cœur de la vitalité même, de façon tout à
fait comparable à l’enclos mental fermé dont nous avons parlé
précédemment… Le fait qu’il y ait action et contre-action est le déclencheur
du temps. Sur d’autres plans, le mouvement est simultané et le temps,
inconnu. Il m’est possible de manipuler votre temps ; c’est l’un des divers
véhicules grâce auxquels je peux pénétrer dans votre conscience…
« À présent, en tant qu’exemple de mes bonnes intentions, je vais
terminer cette session. Je la poursuivrais volontiers si je ne devais pas
prendre en compte vos limitations physiques. Je passe très bien ce soir, et,
lorsque cela se produit, j’aime en profiter. Après tout, est-ce que vous m’en
blâmez ?… En tout cas, je vais vous dire bonsoir. Il faut que vous sachiez
que, moi aussi, j’apprécie un moment de discussion conviviale, sinon je ne
vous garderais pas si longtemps. Je regrette qu’il soit nécessaire de
maintenir Joseph si occupé (avec ses notes). Bonne nuit, chers amis. »
Instantanément, ma voix est redevenue normale. L’enrouement avait
depuis longtemps disparu. Il nous était maintenant pratiquement impossible
de terminer la session. Nous étions trop intrigués. En dépit des mots de Seth
prenant congé, je pouvais le « sentir » encore présent, ainsi qu’un immense
sentiment de vitalité et de bonne volonté. Rob m’a parlé de la voix
fortement masculine et de son incroyable puissance, et je sentais tout
autour de moi cette énergie élevée et ce grand humour comme si Seth était
assis là, invisible et souriant, prêt à entamer une discussion amicale.
Dès que nous avons décidé de continuer, cette voix profonde a de
nouveau jailli de moi, retentissante, et, en tant que Seth, j’ai commencé à
marcher dans la pièce, m’arrêtant pour m’adresser directement à Rob ou
pour regarder par la fenêtre. J’avais vraiment l’impression que quelqu’un
d’autre s’installait à l’intérieur de mon corps, s’habituant à le déplacer et
rayonnant de la satisfaction d’y parvenir.
« J’aime échanger avec vous quelques instants de ce que vous pourriez
aimer appeler une conversation normale. Les amis ne parlent pas toujours
de sujets élevés et importants. […] Précédemment, nous avons été trop
occupés par d’autres choses pour avoir un échange émotionnel. Et si la voix
de Ruburt semble assez monotone dans cette phase de transition, moi-même
je me sens d’humeur très joueuse et folâtre, diriez-vous peut-être. Je vous
en prie, posez toutes les questions qui vous viennent à l’esprit. »
En tant que Seth, j’ai marqué une pause en souriant, regardant
directement Rob dans les yeux. Rob était à nouveau surpris par la voix
profonde qui avait recommencé et il lui a fallu une minute pour trouver
quelque chose à demander. D’ailleurs, il riait encore de l’attitude joviale de
Seth, des inflexions de voix et des gestes pleins d’humour qui différaient
tant des miens.
« Humm, sur votre plan, avez-vous des amis comme nous en avons ici ? »
« J’ai des amis, bien sûr. La chose qui, pour nous, fait de votre plan un
champ d’expériences si tentant, c’est qu’ici certains d’entre nous ont encore
des liens de nature émotionnelle, et nous tentons, bien que souvent avec
maladresse, d’entrer en contact avec de vieux amis. Tout comme vous
écrivez des lettres à des amis dans des pays étrangers et ne les oubliez pas,
nous n’oublions pas non plus. »
Rob a posé à Seth plusieurs autres questions et ils ont tous les deux
bavardé pendant trois quarts d’heure. À propos de la voix, Seth a dit : « La
voix de Ruburt est une expérience. L’immédiateté de nos sessions serait
accrue si une plus grande part de ma personnalité pouvait se manifester. Je
pourrais poursuivre joyeusement, allègrement, diriez-vous, pendant des
heures, mais je ne le ferai pas. Je ne suis pas une sorte de vieille baderne.
De temps à autre, le vieux Frank Withers se manifeste, juste parce qu’il a
été la dernière matérialisation indépendante et qu’il a l’habitude de prendre
les choses sur lui. Je ne l’ai pas totalement assimilé mais, vous pouvez me
croire, j’en ai l’intention. »
Ici, Rob s’est remis à rire. Seth avait parlé de Frank Withers de façon
joviale, mais sans malice. Le ton de sa voix et un large sourire
adoucissaient les mots prononcés. Rob a fait un commentaire sur l’attitude
de Seth, et celui-ci a répondu : « Je crains de ne pas avoir encore appris
l’humilité. D’un autre côté, vous me connaissiez avant que je ne connaisse
Frank Withers, et ma vanité était alors ahurissante. Vous étiez assez
vaniteux vous-même, et, pour ce qui est de la coquetterie, en tant que
femme, vous feriez certainement honte à votre épouse actuelle. »
Seth faisait évidemment référence à certaines des données
réincarnationnelles qu’il nous avait fournies. Nous avions appris un jour
que Seth, Rob et moi faisions partie d’une vieille entité ; cela sera
développé dans les chapitres 14 et 15. Seth devait également dire par la
suite que cette relation passée était partiellement responsable de nos
communications.
Tandis que l’échange entre Rob et Seth se poursuivait, Rob, habitué à la
voix, s’amusait vraiment ; il ne faisait maintenant aucun doute dans son
esprit que Seth était Seth, quelqu’un de totalement différent et indépendant.
Rob retirait de la voix, des gestes et du comportement, l’impression d’un
gentleman de la vieille école, d’une soixantaine d’années peut-être, plein
d’énergie et cultivé, extraordinairement intelligent mais conscient de ses
petites faiblesses — un homme doué d’un sens de l’humour très développé
et cependant désuet. En tant que Seth, j’ai touché un bégonia (une de mes
plantes favorites) et j’ai dit : « J’aime la plante de Jane. Les choses vertes
sont une pierre de touche de votre existence. Vous remarquerez qu’avant
j’ai utilisé le terme “plan” plutôt que “planète” parce que vous n’êtes pas les
seuls à profiter de celle-ci. […]
« Je crains que, avec une voix d’homme, Jane ne semble pas très
mélodieuse. De toute façon, je n’ai pas la voix d’un ange, mais elle ne
sonne pas non plus comme si j’étais un eunuque asexué, ce qui est la seule
chose que je suis parvenu à faire ce soir. Et Ruburt, si vous voulez une
cigarette, prenez-la. Cela fait dix minutes qu’elle se promène avec une
allumette à la main. »
Je ne me souviens de rien de tout cela mais, d’après Rob, j’ai alors pris
une cigarette et siroté un verre de vin. « Si je pouvais boire un verre de vin
avec vous et le savourer, je le ferais. Si vous voulez que nous discutions un
moment sans qu’il vous soit nécessaire de prendre des notes, faisons-le. Je
tiendrai certainement le coup aussi longtemps que Ruburt, et même
beaucoup plus. Et si jamais les traits de votre femme se transforment un
jour tandis que nous parlons, je vous suggère de ne pas lui en faire mention
jusqu’à la fin de la session. »
Seth a continué jusqu’au-delà de minuit. La remarque à propos d’un
changement dans mes traits a bien sûr été incluse dans les notes mais nous
l’avons oubliée pendant un an, jusqu’au jour où elle nous a été assez
énergiquement remise à l’esprit. Une fois la session terminée, ma propre
voix était à nouveau fraîche et claire, sans aucune trace des difficultés
antérieures. Je n’étais même pas fatiguée.
Une fois encore, en relisant les notes, nous avons été fascinés par le
matériau, en particulier à partir du moment où Seth nous a dit qu’il allait
expliquer plus en détail les sens intérieurs et nous apprendre à les utiliser. Il
a tenu parole, car, comme vous le verrez bientôt, il nous a donné des
instructions et, en les mettant en application, nous allions avoir toutes
sortes d’expériences nouvelles. Mais nous ignorions que ces informations
étaient adaptées à notre niveau de compréhension d’alors, et assez simples
comparées aux élaborations qui suivraient.
Nous ne réalisions pas non plus que l’émergence de la voix de Seth
complétait la structure médiumnique par laquelle nous allions recevoir le
matériau de Seth, et par laquelle sa personnalité allait s’exprimer. Depuis
ce jour-là, il y a toujours eu une certaine modification de la voix au cours
des sessions mais, pendant quelque temps encore, les tons graves et
retentissants sont demeurés l’exception plutôt que la règle. À l’occasion, il
y a le sentiment d’une puissance vraiment énorme derrière la voix ; et ma
propre voix n’est jamais fatiguée. Bien plus tard, Seth nous a dit que cette
énergie psychique peut se traduire en son de cette manière, ou qu’elle peut
être employée à d’autres fins. À présent, quand Seth transmet un matériau
relevant de la clairvoyance, par exemple, la voix est rarement forte. Au lieu
de cela, l’énergie est utilisée pour rassembler les données. (Comme vous le
verrez par la suite dans ce livre, cette énergie peut aussi être un tremplin
vers d’autres dimensions.)
Quand la voix est profonde et retentissante, je me sens toute petite et
entourée d’une formidable énergie. D’après ce que nous avons appris, la
voix est une indication de la quantité d’énergie disponible ; en plus d’aider
à exprimer la personnalité de Seth, elle sert de nombreux buts.
En regardant en arrière, cependant, il semble qu’avec cette première
émergence de la voix de Seth la structuration des sessions était désormais
achevée. Même les principes de base du matériau avaient été donnés sous
une forme largement simplifiée : c’étaient les blocs sur lesquels
reposeraient les fondations.
Vous parlez d’une explosion médiumnique ! Notre première session avec
la planche Ouija avait eu lieu le 2 décembre 1963. À la fin du mois de
janvier, nous en étions à la vingtième session et avions deux cent trente
pages de matériau, tapées à la machine. Nous savions bien sûr que le
changement de voix était significatif, mais nous ne réalisions pas que le
pouvoir qui était derrière elle était la chose la plus importante. Nous nous
rendions compte que les sessions suivaient un certain ordre, mais la
signification de cet ordre nous échappait. En réalité, la structure procurait
une continuité et une stabilité, mais elle était aussi suffisamment flexible
pour alimenter des développements latents dont nous n’avions alors
aucunement conscience. Au sein de cette structure, ma formation en tant
que médium allait avoir lieu en toute sécurité.
À ce stade, diverses options s’offraient à nous. Nous aurions pu ne dire à
personne ce qui se passait, nous aurions pu contacter un groupe
spiritualiste ou informer des parapsychologues. Nous avons résolument
décidé de n’en parler à aucun de nos amis et de nos proches, du moins pour
l’instant. Les groupes spiritualistes auraient de toute façon été exclus, étant
donné les opinions que j’avais, à l’époque, sur la religion en général. Mais
les livres portant sur les perceptions extrasensorielles que nous avions lus
conseillaient à quiconque ayant de telles expériences de prendre contact
avec un psychologue ou un parapsychologue qualifiés.
Conséquence directe des instructions de Seth, nous commencions tous
deux, Rob et moi, à avoir par nous-mêmes certaines expériences de
clairvoyance, et nous avons pensé qu’il serait bon d’écrire à quelqu’un qui
en savait plus que nous sur ces sujets. Il y avait en outre cette question
pressante : Seth était-il une partie de mon subconscient ? Les psychologues
pouvaient-ils nous le dire ? Nous avons donc décidé de contacter un
parapsychologue ayant des connaissances sur la perception
extrasensorielle et en psychologie.
J’imagine que je ferais la même chose si c’était à refaire. Mais je n’en
suis pas certaine.
Les tout prochains chapitres traitent de nos efforts pour être
« scientifiquement responsables », pour « tester » Seth par rapport aux
perceptions extrasensorielles. Nous ne sommes pas vraiment parvenus à
une décision globale, mais je pense que j’étais poussée par le besoin de
rendre tout cela légitime tant au niveau intellectuel qu’académique. Cela
l’était, bien sûr — mais j’avais beaucoup à apprendre.
CHAPITRE 5

La lettre d’un psychologue me fiche la frousse —


Seth me rassure

Début février, Rob a écrit au Dr Ian Stevenson qui était rattaché au


Département de neurologie et de psychologie de l’Université de Virginie. Le
Dr Stevenson s’intéressait à la réincarnation et nous venions de lire
quelque chose sur son travail. Rob lui a aussi envoyé une copie de quelques
sessions, incluant certaines des informations qui nous avaient été données
sur nos vies passées. Selon celles-ci, nous avions vécu plusieurs existences
dans un passé très lointain, dont l’une au Danemark, il y a trois siècles, où
Rob et moi étions père et fils, et Seth, un ami commun. Nos dernières vies
s’étaient déroulées à Boston, au XIX e siècle.
Le matériau réincarnationnel ne me plaisait pas, tout simplement parce
que je ne voulais toujours pas en accepter l’idée — cela me paraissait trop
extravagant. Je n’encourageais pas vraiment Rob à poser à Seth des
questions visant à développer le sujet ou à donner des précisions sur les
détails qu’il avait fournis. Mais cela faisait partie du matériau — je pouvais
difficilement le nier.
Le Dr Stevenson nous a répondu par une lettre ressemblant fort à celle
que j’écrirais probablement aujourd’hui à quelqu’un dans des
circonstances similaires. Il pensait que la fluidité du matériau suggérait une
origine subconsciente, mais il insistait sur le fait que, à ce stade, il était
impossible de l’affirmer. Il nous disait aussi que, pratiquée en amateur, la
médiumnité pouvait sous certaines conditions produire des symptômes
mentaux.
« Formidable ! ai-je dit à Rob. Est-ce que je me comporte de manière
plus dingue que d’habitude ? » Rob m’a solennellement assurée qu’il n’y
avait eu aucun changement dans mon comportement. En fait, il avait guetté
l’apparition de tels signes, et moi aussi. Mais l’avertissement bien
intentionné du Dr Stevenson me renvoyait en arrière, même si nous avions
nous-mêmes lu des recommandations identiques dans certains livres sur la
médiumnité.
D’une certaine manière, la lettre du Dr Stevenson arrivait à un mauvais
moment. Il nous avait été impossible de garder nos sessions totalement
secrètes. Des amis devaient forcément passer chez nous à l’improviste, un
lundi ou un mercredi soir, et entendre la voix étrange de l’autre côté de la
porte, comme cela avait été le cas de Philip, juste avant que nous écrivions
au Dr Stevenson. Du coup, Phil a commencé à assister de temps en temps à
des sessions. J’emploie ici le nom d’entité que Seth lui a donné, puisque sa
famille ne comprend pas son intérêt pour les phénomènes médiumniques —
une situation que nous avons rencontrée plus d’une fois. Phil vit dans un
autre État, mais il se rend à Elmira pour son travail toutes les six semaines
environ.
Quelques jours à peine avant que nous recevions la lettre du
Dr Stevenson, nous avons eu une session non prévue, à laquelle Phil était
présent. Nous lui avons donné une feuille et un stylo pour qu’il écrive toutes
les questions qu’il pouvait avoir, mais il n’a même pas eu le temps d’écrire
quoi que ce soit. Selon ses dires, Seth répondait tour à tour à chacune de
ses questions au moment où il les formulait dans son esprit. Phil a écrit et
signé un témoignage en ce sens.
C’était le premier signe d’une forme de télépathie ou de clairvoyance
dans les sessions. Phil était réellement stupéfait, et moi aussi.
Je croyais Phil sur parole, mais je me disais aussi qu’une coïncidence
pouvait tout à fait expliquer la chose. Cela m’a tout de même remonté le
moral. Quelques jours plus tard, la lettre du Dr Stevenson est arrivée, et je
me suis effondrée. « Voyons si Seth a quelque chose à dire à propos de cette
lettre », a proposé Rob. J’ai accepté, mais comme j’étais tendue, j’ai eu du
mal à me détendre suffisamment pour faire une session, et j’ai annulé la
suivante, qui était programmée. Mais, le lundi d’après, j’avais retrouvé
mon équilibre.
Seth avait pas mal de choses à dire ! « Un bonsoir affectueux et exaspéré,
a-t-il dit pour commencer. L’exaspération vient du fait que votre bon
psychologue a pratiquement sapé la confiance que j’étais parvenu à donner
à Ruburt au cours de notre session avec votre ami Philip. J’ai essayé de
bâtir la confiance de Ruburt, et un étranger l’a démolie. Il avait les
meilleures intentions, mais je suppose que je dois maintenant me sentir
obligé — et c’est le cas — d’aborder le sujet de la stabilité mentale et
émotionnelle et de tous les dangers qui peuvent entrer en jeu ici concernant
cette stabilité.
« En ce qui concerne Ruburt, il n’y a aucun risque. D’abord, je suis un
gentleman plein de sensibilité, mais aussi discipliné et sensé — peut-être un
peu irascible. Rien de ce que je communique ne peut en aucune manière
conduire à l’instabilité. J’oserais même faire remarquer que je suis plus
stable que vous, que Ruburt ou que le fin psychologue.
« Je ressens une forte responsabilité à votre égard et vis-à-vis de tout ce
qui résulte de nos communications. Les conseils personnels que je vous ai
donnés, à tous les deux, devraient plutôt accroître votre équilibre mental et
émotionnel, et se solder par une relation plus forte avec le monde extérieur.
[…] Je dépends de la bonne volonté qu’a Ruburt à se dissocier. Il ne fait
aucun doute que, au cours des sessions, il y a des moments pendant lesquels
il ne se rend pas compte de son environnement. C’est un phénomène auquel
il donne son consentement, et il pourrait à tout instant revenir à son
attention consciente de ce qui l’entoure physiquement.
« Il n’y a aucun danger que la dissociation exerce une emprise sur lui —
tel un monstre noir, informe et velu — et qu’elle l’emporte dans les mondes
infernaux de l’hystérie, de la schizophrénie ou de la démence. J’ai
constamment conseillé que vous ayez davantage de contacts avec le monde
en général et je vous ai dit à tous deux d’utiliser vos aptitudes pour faire
face à des défis extérieurs. Le repli dans une dissociation qui serait un
refuge où se cacher du monde pourrait être dangereux, et beaucoup en ont
été la proie. Avec Ruburt, ce n’est pas le cas.
« Tout d’abord, l’ego de Ruburt est extrêmement fort. Son intuition est la
porte qui offre une détente à un ego qui, autrement, serait opiniâtre et
dominateur. » Entendant cela, Rob a levé les yeux et ri. « Les qualités
intuitives ne sont cependant pas futiles et la personnalité est bien intégrée. »
Seth a poursuivi en décrivant la dissociation, affirmant que, au cours des
sessions, j’étais toujours consciente de mon environnement, au moins
jusqu’à un certain degré. « Il est vrai, a-t-il dit, qu’un état de dissociation
est nécessaire. Mais avoir ouvert une porte ne signifie pas qu’on ne peut pas
la refermer, et cela ne signifie pas non plus qu’il est impossible d’avoir
deux portes ouvertes en même temps, et c’est là où je veux en venir. Il est
tout à fait possible d’avoir deux portes ouvertes en même temps, et
d’écouter simultanément deux canaux. Pour l’instant, il vous faut baisser le
volume du premier canal pendant que vous apprenez à accorder votre
attention au second. C’est ce processus que vous appelez dissociation. »
Quand Seth a marqué une pause, Rob a demandé : « Qu’avez-vous à dire
à propos de l’idée du Dr Stevenson selon laquelle tout cela est peut-être le
subconscient de Jane ? »
« Nous en avons déjà parlé, a dit Seth, et pour moi il ne fait aucun doute
que nous le referons à maintes et maintes occasions ; et si je parviens à vous
convaincre de ma réalité en tant que personnalité séparée, j’aurai fait du bon
travail. Il devrait être évident que mes communications se transmettent à
travers le subconscient de Ruburt. Mais de la même manière qu’un poisson
nageant dans l’eau n’est pas l’eau, je ne suis pas le subconscient de Ruburt.
« La petite démonstration de télépathie que je vous ai donnée avait un
but. Je voulais vous montrer que la télépathie existe, et je voulais montrer à
Ruburt que ce qui entrait là en jeu était davantage que son propre
subconscient, tel qu’il le connaît… Maintenant, Ruburt m’assemble, ou me
permet de m’assembler, d’une façon qui est pour vous reconnaissable, mais
sans même tenir compte de cela, j’existe de manière indépendante. »
De plus amples détails ajoutés par la suite à la déclaration précédente
nous ont donné une assez bonne idée des processus intérieurs qui entrent en
jeu pour que Seth et moi puissions établir un contact. Cela implique la
construction d’un « pont psychologique », ce qui sera expliqué plus tard
dans ce livre. Ce soir-là, j’avais déjà parlé en tant que Seth pendant une
quarantaine de minutes quand il m’a recommandé de prendre quelques
instants de repos en disant : « À un certain moment, entre maintenant et les
vingt-cinq années passées à apaiser vos doutes, j’aimerais étudier certains
autres sujets que j’ai tenté d’aborder lors de plusieurs sessions. Mais
reposez-vous, mes petits. »
En général, j’enviais à Rob la vision qu’il avait des sessions. Il pouvait
me voir et m’entendre en tant que Seth, et je ne le pouvais pas. Pendant la
pause, je l’ai interrogé à nouveau. Je détestais devoir dépendre de
quelqu’un d’autre pour qu’il me dise ce qui se passait, mais j’avais appris
une chose : je ne pouvais pas être Jane et Seth en même temps. Pour que
Seth se manifeste, je devais arrêter de chicaner mentalement — du moins
temporairement.
Après la pause, Seth a repris : « Encore une fois, je ne suis pas le
subconscient de Ruburt, même si je m’exprime à travers lui. Ce
subconscient est l’atmosphère à travers laquelle je peux venir à vous, tout
comme l’air est l’atmosphère à travers laquelle un oiseau vole. […] Un
certain réassemblage de moi-même est nécessaire. Cela est accompli en
partie par moi, et en partie par les efforts subconscients combinés de Ruburt
et de vous. Est-ce que cela vous satisfait pour l’instant ? »
« Certainement », a répondu Rob.
« S’il vous plaît, soyez franc, car je n’aime pas que cela reste en suspens
au-dessus de nos têtes », a insisté Seth, qui a ensuite poursuivi en nous
fournissant quelques informations à propos des entités et des diverses
personnalités qui les composent. Rob était particulièrement intrigué par la
différence entre les entités et les personnalités.
« La vie individuelle, ou plutôt la vie de tout individu présent, pourrait
légitimement être comparée au rêve d’une entité. Tandis que l’individu jouit
d’un certain nombre d’années, celles-ci ne durent que le temps d’un éclair
pour l’entité. Cette dernière considère ces années un peu comme, vous,
vous considérez vos rêves. Tout comme vous accordez à vos rêves une
organisation et un but intérieurs, et en retirez une vision et une satisfaction
— bien que ceux-ci ne concernent qu’une partie de votre vie —, de la
même manière et dans une certaine mesure, l’entité oriente ses
personnalités et leur donne un but et une organisation.
« Une infinité d’opportunités diverses sont données aux personnalités par
l’entité. […] Vos propres rêves sont des fragments, alors même qu’à un
niveau plus large vous aussi êtes des fragments de votre entité. » Seth a
également ajouté qu’une part intérieure de chaque personnalité était
consciente de sa relation avec son entité — et que c’était cette portion-là
qui faisait respirer l’être humain et contrôlait les processus physiques du
corps que nous considérons comme involontaires.
La session a duré jusqu’à onze heures et demie. Rob était rassuré par les
déclarations de Seth concernant mon aptitude à gérer la dissociation, et par
son attitude responsable. Je l’étais aussi, mais je continuais à penser à la
remarque du Dr Stevenson dans sa lettre. « Évidemment que Seth a dit que
tout allait bien, objectai-je. Pouvions-nous attendre qu’il dise autre
chose ? »
Je pense que, pendant une période, je passais une moitié du temps à
essayer de psychanalyser Seth et l’autre moitié à essayer de m’analyser
moi-même. La prudence est une bonne chose, mais je dépassais les bornes.
Malgré cela, Seth affirmait que mon ego fort était un atout pour notre
travail, quand je n’en abusais pas, puisqu’il maintenait en équilibre
l’ensemble de ma personnalité et me donnait la force psychologique
nécessaire pour me servir de mes aptitudes et les développer.
Un incident minime, mais amusant, est survenu ; il illustre mon attitude
au cours de ces premiers mois. Nous avons un grand et bel appartement qui
a malheureusement une cuisine de la taille d’un placard. Quand nous avons
emménagé, elle contenait une cuisinière et un petit réfrigérateur qui était
loin de pouvoir contenir tous nos aliments. Nous nous en sommes procuré
un plus grand pour les denrées que nous n’utilisions pas tous les jours et
nous avons mis ce second réfrigérateur dans notre immense salle de bains,
une grande pièce carrelée vieillotte qui était facilement cinq fois plus
grande que la cuisine. Je savais que c’était un drôle d’endroit pour un
réfrigérateur mais, au bout d’un certain temps, je m’y étais habituée.
Au début du printemps, Rob a eu plusieurs abcès gênants aux gencives
et, un soir, il a demandé à Seth comment il pouvait s’en débarrasser. Seth
s’est immédiatement lancé dans une discussion plutôt hilarante sur les
côtés insalubres d’un réfrigérateur dans une salle de bains. Il a prononcé
quelques phrases gentilles, mais catégoriques, sur les conséquences que
nous devrions mieux connaître et a suggéré que cet appareil soit transporté
dans la cuisine, où il pourrait contenir toute notre nourriture à réfrigérer.
Auquel cas, a-t-il assuré à Rob, les abcès aux gencives disparaîtraient.
« Aucune personnalité-contrôle ou autre ne va me dire comment tenir ma
maison, ai-je répliqué. Voilà justement un de ces signes dont on doit se
méfier, qui sont signalés dans les livres que nous avons lus. La
personnalité-contrôle commence à se mêler de tout et tente de dominer la
personnalité normale du médium. Tu te souviens de ce qu’a dit le
Dr Stevenson ? En plus, il n’y a pas de place dans la cuisine pour ce grand
réfrigérateur.
– Fais comme tu veux, a dit Rob. J’ai des abcès, et alors ? Je peux vivre
avec.
– Eh bien…
– D’ailleurs, Seth ne t’a pas ordonné de faire quoi que ce soit. Je lui ai
posé une question, et il y a répondu. »
Quand je réagis de façon émotionnelle et que Rob me donne une réponse
raisonnable, cela me met chaque fois sur la défensive. J’ai donc accepté.
Le lendemain, nous avons déménagé le gros réfrigérateur. Pour épargner
mon orgueil ou quoi que ce soit, j’ai mis le petit dans la salle de bains et
l’ai transformé en meuble de rangement pour les serviettes. Le grand
réfrigérateur est toujours dans la cuisine. Je me suis débarrassée du petit il
y a longtemps. Ah oui ! Les abcès aux gencives de Rob ont disparu en deux
jours et ne sont jamais revenus.
En d’autres termes, je surveillais Seth de très près, en particulier au
cours de la première année, mais il se comportait toujours intelligemment,
avec humour et dignité. Dès que j’ai commencé à le juger par ses actions et
l’effet qu’il avait sur nous, j’ai laissé tomber cette habitude. Il a gagné ma
confiance. Il nous a donné d’excellents conseils, pleins de bon sens
psychologique, sans jamais essayer de nous donner des ordres.
Parfois nous suivions son conseil, pour notre plus grand bienfait. À
d’autres occasions, nous ne les suivions pas, pour des raisons qui nous
étaient propres. En 1964, par exemple, nous nous sommes mis en quête
d’une maison. Seth a suggéré que nous achetions une maison bien précise.
Nous l’aimions beaucoup, mais elle était en mauvais état. Nous pensions
qu’il pouvait avoir parfaitement raison — et que nous serions peut-être plus
heureux en l’achetant —, mais nous n’étions tout simplement pas prêts à
prendre le risque.
Il y a environ un an et demi, Seth a également suggéré que je quitte mon
travail à la galerie d’art et que je donne des cours de médiumnité. Il m’a
même dit combien j’aurais d’élèves au bout de trois mois. J’ai suivi son
conseil, même si je ne pensais pas vraiment qu’il y aurait beaucoup de
demandes en ce domaine. Seth avait raison : j’aime donner ces cours, ils
m’ont beaucoup appris, et m’ont permis d’accroître mes propres facultés, à
des niveaux que je ne savais pas possibles.
Pendant environ les six premiers mois des sessions, notre chat, Willie,
s’est comporté de façon on ne peut plus asociale. À quelques reprises, il
s’est mis à grogner et à cracher comme un fou, juste avant les sessions. Un
soir, il nous a réellement alarmés. Nous nous apprêtions à commencer et
Willie dormait dans l’armoire de la chambre. Il a soudain bondi hors de
l’armoire, le poil hérissé, et s’est précipité à travers le salon pour aller se
cacher derrière les rideaux. Une autre fois, il s’est agrippé à mes chevilles
pendant que je parlais pour Seth et, dans ma transe, je l’ai traîné à travers
la pièce tandis qu’il se cramponnait au bas de mon pantalon. Rob a dû
l’enfermer dans l’atelier.
Finalement, Rob a demandé à Seth s’il savait ce qui n’allait pas. La
réponse a été que les facultés sensorielles très aiguës de Willie détectaient
la présence de Seth juste avant la session. Seth nous a dit que le
comportement du chat changerait quand Willie se serait habitué à la
situation. Environ un mois plus tard, Willie est redevenu lui-même.
Aujourd’hui, il ne prête plus attention aux sessions, et parfois même saute
sur mes genoux lorsque je suis en transe.
À cette même époque, Rob a eu à nouveau mal au dos, la douleur étant
toutefois beaucoup moins intense. Seth a consacré plusieurs longues
sessions à une analyse de l’état de Rob et a expliqué les raisons des
symptômes. Ceux-ci ont disparu sans médication et nous pensons que c’est
grâce à la connaissance acquise par Rob au cours de ces sessions. Avant
cela, à cause de ce mal de dos, nous avions acheté un fauteuil à bascule.
Rob avait l’habitude de s’y asseoir pour prendre les notes des sessions et,
pendant quelque temps, c’était le seul siège qui lui était confortable. Une
fois guéri, il n’en a plus eu besoin et j’ai pris l’habitude de m’en servir.
Beaucoup plus tard, quand j’ai finalement consenti à m’asseoir pendant les
sessions, il est devenu mon siège de Seth favori.
Nous avons vite appris que Seth considérait les symptômes physiques
comme étant la matérialisation extérieure d’un mal-aise intérieur. Il
insistait sur l’importance de la suggestion et sur les dangers de
l’autoapitoiement. Il nous a dit alors que, lorsque l’un de nous était
malade, l’autre ne devait pas le consoler outre mesure, ni renforcer par là
même l’idée de maladie. Dans des sessions ultérieures, il allait donner un
excellent matériau sur le maintien de la bonne santé. Cela sera développé
dans le chapitre 13.
J’ai consacré un peu de temps et de place aux premières sessions avec
Seth, de manière à ce que le lecteur puisse se familiariser avec une partie
du matériau tel qu’il nous a été transmis. Une partie de ce qui est dit ici
nous paraît aujourd’hui tellement rudimentaire qu’il nous est difficile de
nous souvenir de la stupéfaction que nous avons éprouvée à l’époque. Ce
qui nous guidait, c’étaient le continuel sentiment de découverte et une
constante curiosité intellectuelle, et c’est aussi cela qui a finalement dissipé
mes doutes.
Les développements qui se sont produits au cours des mois suivants sont
si nombreux qu’il est difficile d’en rendre compte. Nous allions tous deux
avoir nos premières expériences de sortie du corps, ou « projections
astrales ». Nos expériences dans ce que Seth appelle le « temps
psychologique » nous ont aidés à développer nos propres facultés
médiumniques. La qualité et la portée du matériau de Seth s’accroissaient
constamment, et nous allions établir certains contacts avec d’autres
personnes, dans le domaine de la parapsychologie. Nous allions
rapidement découvrir que Seth était effectivement clairvoyant et que mon
propre entraînement en tant que médium n’avait fait que commencer.
CHAPITRE 6

Seth rencontre un psychologue

Dire que mon éditeur a été surpris par les huit premiers chapitres de mon
livre sur les perceptions extrasensorielles serait un euphémisme. Il avait
déjà eu affaire à moi et me connaissait suffisamment pour être
personnellement intéressé. Il écrivait des lettres enthousiastes, mais il était
également inquiet par rapport au livre tel qui se présentait. Selon lui, mes
expériences prouvaient que j’avais depuis toujours été médium sans le
savoir, et cela risquait d’invalider l’idée même du livre — le fait que les
expériences pouvaient marcher pour tout le monde, jusqu’à un certain
degré, que l’on ait des antécédents médiumniques ou pas.
« Mais ce sont précisément les expériences qui ont déclenché mes
facultés, ai-je protesté en m’adressant à Rob. C’est donc bien une preuve,
non ? Je n’avais jamais eu la moindre expérience médiumnique avant.
– Dis-le à ton éditeur, pas à moi, a répondu Rob. Je ne comprends pas du
tout pourquoi l’émergence de Seth ne rend pas ce livre meilleur que sans
lui. »
Comme cela s’est avéré, c’était justement la part de Seth dans le livre qui
inquiétait l’éditeur. Si j’avais minimisé son importance et m’étais
concentrée sur les autres expériences qui s’étaient également révélées
pleines de succès, le livre aurait eu toutes ses chances, me confia l’éditeur.
Les autres expériences consistaient, entre autres, à faire des prédictions
journalières et à se souvenir de ses rêves ; et notre travail portant sur le
souvenir des rêves nous avait déjà montré la validité des rêves précognitifs.
Rob et moi, nous nous exercions tous les deux à faire des prédictions ;
cela ne nous prenait que quelques instants chaque jour. Nous vidions notre
esprit de toute pensée objective et écrivions tout ce qui nous passait par la
tête, en essayant de prédire les évènements de la journée. Le truc consistait
à donner de la liberté à l’être intuitif et à ne pas intellectualiser. Les
résultats nous avaient surpris et convaincus que la plupart des gens ont une
plus grande connaissance du futur qu’ils ne le pensent. Nous avons
découvert, entre autres choses, que nous prévoyions souvent différentes
parties du même évènement.
Je suis sûre que, pour la plupart, nous réagissons à l’avance à certains
évènements, et j’aurai davantage de choses à dire à ce propos dans ce livre.
Étant donné que, dans toutes ces expériences, Seth nous aidait par des
suggestions précises et des explications quant à la manière de percevoir ce
genre d’informations, je ne pouvais pas minimiser son importance
uniquement pour que mon livre soit publié. Pour nous, c’était Seth et son
matériau qui rendaient tout le reste possible.
Finalement, bien que le responsable d’édition ait été favorable à la
publication du livre, la direction l’a refusée. J’étais vraiment déçue de
perdre ce contrat. Je me suis donc mise à jouer avec l’idée de publier
certaines des idées de Seth comme si elles étaient miennes et d’en taire leur
origine. Cependant, cela semblait malhonnête, et j’ai décidé de ne pas le
faire. Je sentais par ailleurs que le fait même des sessions était en soi
psychologiquement fascinant et soulevait des questions qui trouvaient
réponse dans le matériau lui-même. J’ai donc envoyé mes huit chapitres
ailleurs, cessé de travailler sur le livre pendant à peu près un an, et
consacré mes heures de travail à l’écriture de nouvelles qui ont été publiées
dans divers magazines.
Entre-temps, nous avions décidé d’écrire à une autre personne ayant des
connaissances en ce domaine. Le Dr Karlis Osis de l’American Psychic
Society devait, pensions-nous, avoir une certaine expérience de cas
similaires au nôtre. Alors, en mars 1964, nous lui avons écrit une lettre. Il a
vite répondu en demandant quelques échantillons de la transcription de nos
sessions et en suggérant que Seth lui décrive par clairvoyance son bureau
de New York. Je ne sais pas ce que j’attendais du Dr Osis, mais une chose
est sûre, je n’étais pas prête à voir ce que Seth pouvait ou ne pouvait pas
accomplir. Seth a proposé de se livrer à l’expérience, mais je résistais. Je ne
sais pas ce qui m’effrayait le plus : que Seth puisse le mener à bien ou qu’il
n’y parvienne pas.
« C’est le moment de vérité, cela revient à ça, n’est-ce pas ? ai-je dit à
Rob en pleurant. S’il ne s’agit pas d’un tas de sottises, on va voir Seth ou
toi traverser les murs !
– Mais Seth a dit qu’il allait le faire », a rappelé Rob de façon très
raisonnable.
J’étais incapable d’exprimer mes craintes, même à Rob. À supposer que
Seth n’y parvienne pas, est-ce que cela voudrait dire que tout le reste était
une sorte d’imposture subconsciente ? Pourquoi Seth — qui qu’il soit —
avait-il accepté, alors qu’il savait que j’étais morte de peur ?
« Tu as peur de soumettre tout cela à un test, a dit Rob. Mais, à ce stade
du jeu, c’est une bonne chose. Je préférerais que tu laisses les choses se
faire.
– Je peux commettre des erreurs, ce n’est pas un problème, ai-je tenté
d’expliquer. Mais suppose que Seth en commette également ? Suppose qu’il
essaye de faire ce qu’on lui demande et qu’il échoue ?
– N’est-il pas censé être omnipotent ? a demandé Rob en souriant.
– Non, bien sûr que non, ai-je dit. Mais ça aiderait vraiment s’il l’était. »
Quoi qu’il en soit, je me suis à nouveau effondrée. Je n’étais encore pas du
tout certaine de croire en la survie d’une personnalité après la mort et, si
nous ne survivions pas, alors de qui recevais-je ces messages ? De mon
subconscient ? Si je me servais parfois de cette explication comme d’une
échappatoire bien pratique, je n’y croyais pas vraiment non plus : mon
subconscient avait suffisamment l’occasion de s’exprimer dans mes
nouvelles et ma poésie — et sans adopter les caractéristiques d’une autre
personnalité. Alors, une personnalité secondaire ? Peut-être, mais Seth —
et moi non plus d’ailleurs — ne correspondait à aucune des descriptions de
cas que nous avions pu lire dans les livres.
Pendant que j’hésitais à tenter l’expérience, Rob a envoyé un peu plus du
matériau au Dr Osis. Celui-ci a répondu qu’il n’était pas intéressé par le
matériau lui-même, puisque ce qui y était dit n’entrait pas dans le domaine
de la psychologie empirique qui était le sien. Il nous a demandé de ne pas
lui en envoyer davantage, à moins qu’il ne s’agisse de comptes rendus de
manifestations de perception extrasensorielle. Bien qu’il ait exprimé son
intérêt pour des « tests » portant sur les facultés de perception
extrasensorielle de Seth et qu’il ait suggéré une nouvelle fois que nous
tentions l’expérience de clairvoyance, sa lettre m’a déplu. Du coup, j’ai fait
la tête : s’il ne se montrait pas intéressé par le matériau, que je trouvais
formidable, alors il pouvait tout simplement aller chercher quelqu’un
d’autre pour regarder à travers ses murs !
Je vous rappelle que nous étions en mars 1964. Les sessions n’avaient
débuté qu’au mois de décembre précédent et nous avions eu peu d’exemples
de perception extrasensorielle au cours des sessions, en dehors des effets
physiques qui, tour à tour, m’intriguaient et m’effrayaient.
Apparemment, je n’étais simplement pas prête à soumettre Seth ou moi-
même au moindre genre de test. J’avais peur que l’assurance de Seth quant
à la clairvoyance puisse être un bluff du subconscient — le sien ou le mien
—, et je n’étais pas sûre d’avoir assez de courage pour y faire face. Et à
supposer que ce ne soit pas du bluff ? Je n’étais pas non plus prête à faire
face à cela ! Je n’avais pas encore accepté mes expériences. J’envisageais
les tests de Seth de façon extrêmement rigide, n’admettant pas le moindre
compromis. Seth devait avoir raison ou tort. L’idée qu’il puisse y avoir des
succès et des échecs dans l’étude des perceptions extrasensorielles m’était
inconnue. Mes notions concernant les mécanismes intérieurs entrant en jeu
dans la médiumnité étaient minimes, et il est fort probable que mon attitude
bloquait effectivement toute démonstration cohérente à l’époque.
J’étais en colère contre le Dr Osis parce qu’il était en quête de preuves
ou de prodiges (mon interprétation de sa lettre à ce moment-là). Pourtant,
je savais que j’allais demander le même genre de choses quand j’aurais
suffisamment de cran pour cuisiner un peu Seth ou moi-même.
Pendant ce temps-là, des changements se produisaient dans mes états de
transe. La première année, quand je parlais pour Seth, je n’arrêtais pas de
marcher à travers la pièce. Mes yeux étaient ouverts, les pupilles dilatées et
beaucoup plus sombres qu’à l’ordinaire. Mais, en décembre 1964, au cours
de la cent seizième session, je me suis assise et j’ai fermé les yeux pour la
première fois. Avec sagesse, Rob n’a rien dit jusqu’à ce que la session
s’achève. Seth nous a expliqué qu’il s’agissait là d’une procédure
expérimentale et qu’il ne continuerait pas sans mon plein consentement.
Qu’il m’ait fallu cent seize sessions pour accepter de fermer les yeux et
cesser d’arpenter la pièce paraît aujourd’hui ridicule. Avant que ce premier
changement ne s’opère, j’avais déjà eu ma première expérience de sortie du
corps et, en suivant les instructions de Seth, j’avais des expériences de
clairvoyance pendant mes périodes quotidiennes d’exercice. Mais j’avais le
sentiment de contrôler ces moments-là, alors que, durant les sessions,
c’était Seth qui avait le contrôle, et, pour moi, cela faisait toute la
différence. J’ai accepté la nouvelle procédure de transe, mais il m’a fallu
encore quelque temps avant qu’elle ne devienne la règle plutôt que
l’exception. La transe était cependant plus profonde, et le matériau portait
sur des sujets plus complexes. C’est aussi à cette période-là que Seth s’est
mis à m’enlever mes lunettes, juste avant de commencer à parler.
(Il faudra attendre janvier 1966 pour que s’opère un nouveau
changement dans mon comportement en transe. Après un an de sessions les
yeux fermés, j’ai soudain commencé à les ouvrir à nouveau, bien que la
transe ait été encore plus profonde. Cela s’accompagnait d’une
modification sensible de ma structure musculaire et de mes mimiques
faciales — un changement complet de personnalité. L’expression des yeux
n’était pas seulement pas-celle-de-Jane. C’était vraiment celle de Seth.
Dans la pratique, Seth était confortablement installé dans mon corps
physique. C’est toujours notre procédure actuelle et, apparemment, elle
offre à Seth une certaine liberté d’expression. Souvent, il regarde
directement Rob par exemple, ou toute autre personne avec laquelle il est
en train de parler.)
Toutefois, en 1964, quand nous avons écrit au Dr Osis, la transe n’avait
pas atteint cette profondeur et je commençais à peine à m’habituer à l’idée
de m’asseoir pendant les sessions. En 1965, le matériau de Seth n’a cessé
de s’accumuler au cours de nos deux sessions hebdomadaires. Au début de
cette année-là, Frederick Fell m’a signé un contrat pour le livre sur les
perceptions extrasensorielles et j’avais un délai à respecter.
L’idée de tester les perceptions extrasensorielles me faisait encore peur,
mais je sentais que c’était inévitable et nécessaire.
Au printemps 1965, à peu près un an après avoir écrit au Dr Osis, Rob a
envoyé un courrier au Dr Instream (ce n’est pas son vrai nom) qui était en
lien avec une université d’État, dans le nord de l’État de New York. Dans
ses jeunes années, le Dr Instream avait été l’un des plus éminents
psychologues du pays et avait fait des recherches auprès de nombreux
médiums. Lui saurait si Seth était une personnalité secondaire, me disais-je.
À nouveau, nous avons joint quelques sessions à la lettre. Le Dr Instream
nous a répondu en exprimant son intérêt et en nous invitant à assister au
symposium national consacré à l’hypnose, qui se tiendrait en juillet 1965.
À ce stade, nous avions déjà fait l’expérience de l’hypnose, au cours de
quelques travaux portant sur la régression et la réincarnation, moi en tant
qu’hypnotiseur et Rob en tant que sujet. Nous ne nous étions cependant
jamais servi de l’hypnose pour induire une transe dans les sessions avec
Seth, et nous n’avions aucune expérience de l’hypnose quand les sessions
ont commencé. Le Dr Instream voudrait-il me mettre sous hypnose ? Je
n’étais pas du tout sûre d’y consentir. Aujourd’hui, après avoir lu en quoi
consistaient les tests auxquels a été soumise la célèbre médium Eileen
Garrett, je sais que je ne m’y serais jamais prêtée. (L’autohypnose est autre
chose — je m’en sers à présent pour me donner des suggestions générales
de bonne santé.)
Nous nous réjouissions à l’idée de rencontrer le Dr Instream mais, pour
payer le voyage et les frais de participation au symposium, il fallait utiliser
l’argent destiné aux vacances. En plus de cela, Rob travaillait maintenant
le matin au service conception artistique d’une petite société locale éditrice
de cartes de vœux, et il peignait l’après-midi. Nous devions donc prendre
sur notre temps de vacances pour faire ce voyage.
Ces vacances ont été les plus folles et les plus contrariantes que nous
ayons jamais passées. Lors de la première conférence à laquelle nous avons
assisté, l’intervenant a fait une démonstration d’hypnose. En dehors de
nous-mêmes et de quelques étudiants, l’assistance était composée de
psychologues, de médecins et de dentistes. Le conférencier était un
psychologue bien connu pour son travail sur l’hypnose. Baissant la voix, il
a dit que, puisque la plupart de celles et ceux qui étaient présents se
servaient de l’hypnose dans leurs professions, ils devaient savoir ce que
cela faisait d’être soi-même hypnotisé. Et il a commencé.
Assise entre Rob et le Dr Instream, j’étais bien décidée à ne pas être
hypnotisée, mais j’ai baissé les yeux pour ne pas me faire remarquer.
Quand il est devenu évident que la plus grande partie de l’assistance avait
docilement sombré — assise là et me rappelant une bande de pigeons aux
ailes soigneusement repliées —, j’ai relevé les yeux avec précaution pour
voir ce que faisait le Dr Instream. Il me regardait. Rob souriait, nous
observant tous les deux.
Le Dr Instream était charmant. Un peu plus tard, nous dînions dans un
Howard’s Johnson [9] à Oswego en discutant avec ce bon docteur quand,
d’un seul coup, j’ai senti la présence de Seth. Nous n’avions jamais eu de
session en dehors de la maison. Nerveusement, je n’arrêtais pas d’essayer
d’envoyer des signaux à Rob avec les yeux. Je lui ai même donné un coup
de pied dans la jambe, en espérant de ne pas frapper par erreur celle du
docteur. J’ai enfin capté son regard ; il a reçu le message et a haussé les
épaules de façon comique.
« Eh bien, je ne sais pas comment annoncer cela, ai-je dit, mais si vous
voulez rencontrer Seth, vous le pouvez. Il est là. »
Je n’avais aucune intention d’avoir une session dans un restaurant, le
Dr Instream non plus. Il nous a emmenés dans son bureau et a fermé la
porte.
Nous avons eu une session avec Seth, la première dans laquelle j’entrais
en transe et en sortais si rapidement que Seth et moi pouvions tous les deux
prendre part à une conversation normale.
Après avoir salué le Dr Instream, Seth a dit : « Mon domaine est
l’éducation, et ce qui m’intéresse en particulier, c’est que ces facultés
[apparemment paranormales] de la personnalité humaine soient comprises
et étudiées, car elles ne sont pas anormales mais inhérentes… Je suis
vraiment conscient des difficultés qui seront rencontrées.
« Je l’ai déjà dit souvent : je ne suis pas un esprit fantomatique au regard
vague qui se matérialise au milieu de la nuit. Je suis simplement une
personnalité intelligente qui n’est plus tributaire de vos lois physiques… »
Seth a poursuivi en parlant des tests de perception extrasensorielle que le
Dr Instream avait suggérés lors de notre précédente conversation.
« L’entêtement de Ruburt me donne parfois quelques difficultés ; mais nous
devons aussi prendre cela en considération, et c’est donc ce que nous allons
faire. […] Je vais m’appliquer sérieusement et faire mon possible, compte
tenu des circonstances. Vous pouvez compter sur ma coopération. Il va sans
dire que tout ceci ne peut se passer du jour au lendemain, mais nous allons
commencer. Dans une session normale, je parlerai de ce qui peut être fait. Il
y a beaucoup de choses que nous pouvons faire. Et beaucoup que nous ne
pouvons pas faire. Mais puisque nous comprenons tous deux le potentiel et
les limites, nous pouvons faire le maximum de ce qui est possible. »
J’imagine que nous avons sans doute établi une sorte de record. Je disais
d’abord quelque chose, ensuite c’était au tour du Dr Instream, puis de Seth
et enfin de Rob — comme ces pétitions où les signatures sont disposées en
cercle [10]. Seth appelait le docteur par son prénom et ils avaient tous les
deux l’air d’être de vieux copains. J’étais un peu consternée. Après tout, le
Dr Instream était un gentleman distingué plutôt âgé. Rob prenait toutes les
notes qu’il pouvait, griffonnant furieusement.
Seth a dit : « Il faut tenir compte de la spontanéité. Le type de preuve qui
vous intéresse peut alors être obtenu. Si nous nous préoccupons trop des
résultats, la spontanéité disparaît. L’ego entre en jeu et nous sommes
perdus.
– Exactement, a dit le Dr Instream. Nous devons procéder avec soin, sans
forcer… Ici, cela dépasse ma compétence, Seth. La spontanéité est
importante, mais…
– C’est notre porte, l’a interrompu Seth. Si une preuve doit apparaître,
elle apparaît par cette porte…
– Oui, a répondu le Dr Instream. Mais nos limitations humaines… Notre
méthodologie est importante ici, si nous voulons que les autres écoutent.
– Dans une session normale, nous prendrons cela en considération. Nous
travaillerons dans le cadre de ces limitations et verrons ce que nous
pouvons faire. Ce serait très bénéfique si vous et d’autres compreniez que
ces limitations existent uniquement parce que vous les acceptez.
– Oui.
– La personnalité humaine n’est pas limitée de manière innée. Comme je
l’ai souvent dit, l’état de veille est un état de transe tout autant que d’autres.
Ici [dans les sessions], nous déplaçons simplement l’attention vers d’autres
canaux. Considérez tous les types de conscience comme des états de transe.
La conscience est la direction dans laquelle l’être regarde. […]
« Vous et moi avons beaucoup d’intérêt commun. La personnalité doit
toujours être considérée, de façon fondamentale, comme un schéma pour
l’action. Quand vous tentez de toucher à différents niveaux, vous les
modifiez. Quand vous cassez un œuf pour découvrir ce qu’il y a à
l’intérieur, vous détruisez l’œuf. Il y a d’autres façons de procéder. Nous
n’avons pas besoin d’un marteau pour casser la coquille. […] Je suis ce que
vous appelez un crâne d’œuf [11]. Mais pas besoin de marteau pour voir ce
qu’il y a en moi. » En disant cela, Seth avait un large sourire.
« Nous aurons besoin de recevoir des éclairages, a dit le Dr Instream. Je
suis humain. J’ai besoin d’apprendre. Nous avons besoin de preuves.
– Votre attitude peut vous permettre d’en obtenir. Mais ceux qui ont
l’esprit fermé n’obtiendront aucune preuve propre à les satisfaire.
– Certaines [preuves] que nous avons sont difficiles à nier, mais nous
devons mener une recherche méthodique sur ces choses-là.
– C’est l’une des raisons pour lesquelles nous n’avons pas eu
d’inclination pour une ambiance du genre séance de spiritisme… et c’est
aussi pour cela que j’ai largement évité d’être ostentatoire…
– À nouveau, me voilà dépassé. J’ai besoin de temps pour réfléchir à ce
que nous pouvons faire, à ce que sont vos idées.
– Un peu de temps peut s’écouler pendant que je mets en place chez
Ruburt l’acceptation d’aller dans ces directions, a dit Seth, mais je ne
prévois aucune difficulté. »
Le Dr Instream traitait Seth avec respect, grand respect — et j’admets
avoir trouvé cela quelque peu suspect sur le moment. Moi-même, je ne
savais pas avec certitude qui était Seth ou ce qu’il était et, plus d’une fois,
la pensée que l’attitude du docteur était simplement un moyen de gagner
ma confiance m’a traversé l’esprit — le psychologue faisant semblant de
croire, de façon tout aussi inconditionnelle que son patient, au délire de ce
dernier.
Avant d’en avoir fini avec cette visite, le Dr Instream nous a dit, à titre
non officiel, que Seth avait un « intellect immense » et qu’il ne semblait
certainement pas être une personnalité secondaire. Il m’a énormément
réconfortée en me disant que je paraissais en excellente santé émotionnelle
et psychologique.
Au cours du symposium, nous avons malheureusement aussi parlé avec
un autre psychologue, d’un âge plus proche du mien. Nous nous étions
rencontrés au cours de l’une des petites réunions informelles. Quand il a
découvert que nous n’avions aucun lien avec une profession médicale,
quelle qu’elle soit, il nous a demandé en quoi le symposium nous
intéressait. Nous le lui avons dit, une chose en amenant une autre. Une
discussion à propos de Seth a suivi, et Rob a fini par lui montrer certaines
de nos notes dans notre chambre.
Après nous avoir parlé pendant moins d’une heure, le psychologue m’a
assurée que j’étais schizoïde et que je me servais des sessions pour dominer
Rob. À un certain moment, il s’est emparé des notes sur le bureau et s’est
approché de moi comme un dieu courroucé, en les agitant devant mon
visage. « Vous pensez qu’il est nécessaire de consigner tout cela, n’est-ce
pas ? a-t-il demandé.
– Nous en avons besoin. Rob prend les notes, suis-je parvenue à dire.
– Ah ! Ah ! a-t-il crié (et il criait vraiment). Ça, c’est l’un des principaux
symptômes !
– Mais c’est Rob qui les prend… »
Ça ne servait à rien. Chaque fois que j’essayais de dire quelque chose, il
hurlait triomphalement : « Vous voyez ? Vous voyez ? Vous sentez le besoin
de vous défendre, n’est-ce pas ? »
Cela se passait entre notre premier et deuxième entretien avec le
Dr Instream. Nous avons pris la voiture et roulé au hasard dans la ville
universitaire déserte, nous arrêtant une fois pour boire un verre dans un
bar où il faisait très chaud. Jamais je n’avais ressenti autant de doutes sur
moi-même. Le psychologue avait exprimé à haute voix mes peurs
intérieures les plus extrêmes.
« Chérie, il n’a parlé avec nous que pendant une demi-heure, a dit Rob.
– Mais suppose qu’il ait raison ? Je ne le saurais pas — c’est ça qui est
horrible. Ni toi ni moi ne le saurions ou ne voudrions l’admettre !
– Mais toute personne atteinte de déficience sur le plan émotionnel
montrerait des symptômes dans sa vie courante normale.
– Mais les sessions, ai-je crié. Les sessions qui, selon moi, offrent un tel
apport… le matériau dont je suis tellement certaine qu’il donne des aperçus
sur la nature de la réalité ! Suppose que tout cela soit simplement un
symptôme de désordre mental ? »
Nous avons roulé au-delà des majestueux édifices de l’université. Comme
tout était bien entretenu et ordonné ! Si seulement la vie était aussi bien
rangée, me disais-je. Rob tentait encore de me réconforter quand nous
sommes arrivés au bureau du Dr Instream. Étais-je réellement une de ces
femmes bavardes et dominatrices qui employaient toutes sortes de ruses
pour exercer leur emprise sur leur mari ? J’ai regardé Rob. Il était là,
debout, à la fois tranquille et assuré, décontracté, contrairement à moi —
exactement l’idée que je me fais d’un homme. En général, je suis bavarde
mais, là, je me suis tue et j’ai laissé — ou tenté de laisser — Rob parler.
Le Dr Instream nous a dit que l’attitude du psychologue était un exemple
type du comportement qui contrarie tant les parapsychologues. Mais en
plus, il m’a répété qu’il n’avait trouvé chez moi aucune de ces tendances.
« Cet homme, a-t-il dit, n’a aucune expérience pratique de la psychologie.
Il a simplement lu des manuels décrivant tel et tel cas typique. » Puis il
nous a expliqué que, si cette rencontre était une expérience malheureuse, il
valait peut-être mieux qu’elle ait eu lieu en début de parcours. Les
psychologues théoriciens ont tendance à avoir une piètre opinion de la
médiumnité, a-t-il ajouté. J’aurais dû me moquer du jeune psychologue.
J’aurais dû lui dire : « Oui, il faut soi-même en être un pour savoir ce que
c’est. » Ou quelque chose de ce genre.
Mais cette histoire m’a ennuyée. Il m’a fallu quelque temps avant d’avoir
à nouveau totalement confiance en moi et en mes réactions. J’ai senti
également que je ne pouvais plus traîner les pieds : je devais découvrir ce
que Seth pouvait ou ne pouvait pas faire.
Le Dr Instream a expliqué quelle était l’attitude des parapsychologues à
l’égard des tests de perception extrasensorielle, et il a suggéré que Seth
essaye de percevoir, de façon clairvoyante, des objets sur lesquels le
docteur se concentrerait. Nous ferions cela à chaque session. Tous les
lundis et mercredis, à dix heures du soir, dans son bureau, dans la ville où il
vivait, le Dr Instream se concentrerait sur un objet. Au même moment, Seth
devait donner ses impressions et, chaque semaine, nous enverrions le
compte rendu des sessions au Dr Instream. Cette fois, j’ai accepté ; et Seth
aussi.
Puis, de retour chez nous, Rob a eu une autre idée. Et si nous tentions de
notre côté la même chose ? Nous avons donc commencé en même temps nos
tests des enveloppes, où il était demandé à Seth de donner ses impressions
sur le contenu de doubles enveloppes scellées.
Je voulais découvrir si Seth était capable de faire ce qu’il avait dit. Le
Dr Instream voulait une preuve scientifique de l’existence de la
clairvoyance, et nous espérions tous pouvoir la fournir. Nous nous étions
fixé de ces objectifs !
D’août 1965 à octobre 1966, nous avons eu suffisamment de succès et de
déceptions pour que ma tête ne cesse de tourner. Dans le prochain chapitre,
je vais traiter de cette année excitante — et source de perplexité.
[9] Chaîne d’hôtels et de restaurants que l’on trouve principalement aux
États-Unis et au Canada (N.d.T.).
[10] Système adopté pour qu’on ne sache pas qui a signé le premier
(N.d.T.).
[11] Egghead, expression familière employée pour parler d’un intellectuel
(N.d.T.).
CHAPITRE 7

Épisodes de sortie du corps


— je me retrouve dans un taxi
alors que mon corps reste à la maison

Nous avons commencé les tests du Dr Instream et ceux de nos enveloppes


en août 1965. En octobre, mon premier livre a été publié, et Peg Gallagher,
journaliste au Star Gazette d’Elmira, est venue m’interviewer. Je l’avais
déjà un peu connue dans le passé, mais elle, son mari, Rob et moi étions
maintenant devenus de bons amis. Bill est directeur adjoint de la publicité
au Star Gazette, et Peg et lui devaient bientôt partir en vacances à Porto
Rico. Nous avons décidé de mettre sur pied une expérience.
Nous n’allions pas du tout communiquer par les moyens habituels. Au
lieu de cela, nous allions demander à Seth s’il pouvait se « brancher » sur
les Gallagher durant leurs vacances. Pendant leur voyage, cette expérience
se substituerait à nos tests des enveloppes. La seule chose que nous savions,
c’était que Peg et Bill allaient à San Juan. Par ailleurs, ni Rob ni moi
n’étions jamais allés à Porto Rico.
Nous étions au milieu d’une session avec Seth et celui-ci donnait ses
impressions sur le voyage des Gallagher. J’étais assise dans mon fauteuil à
bascule favori, en train de parler pour Seth, quand je me suis soudain
retrouvée sur le siège arrière d’un taxi. L’instant d’après, le taxi a pris un
virage tellement serré vers la droite que j’ai été projetée à l’autre bout du
siège. J’ai vraiment eu une minute de frayeur. Je n’avais pas l’habitude
d’être confortablement assise dans mon salon et, l’instant suivant, à
l’arrière d’un taxi filant à toute vitesse.
J’ai juste eu le temps de voir le cou épais et court du chauffeur. Je n’ai
pas vu son visage. Pendant que cela avait lieu, j’avais perdu tout contact
avec mon corps dans le salon. Mes sensations subjectives étaient celles de
quelqu’un perdant soudain l’équilibre à cause d’un mauvais coup de volant
dans un virage. Pourtant, pendant que cela se passait, mon corps physique
était assis bien droit dans le fauteuil à bascule, parlant sans interruption en
tant que Seth :
« Un trajet en taxi. Notre amoureuse des chats rit (c’est le surnom donné
par Seth à Peg, qui n’aime pas les chats). Trois dollars pour le prix de la
course, ce qui semble trop. Un chauffeur de taxi, plutôt vieux que jeune,
avec une forte nuque. Une destination qui se situe principalement à droite
après un virage. »
Quand Peg et Bill sont revenus, nous avons découvert que ces
impressions étaient exactes. Ils avaient payé trois dollars pour une course
en taxi allant de l’aéroport au motel. Cela avait mis Peg en colère, car,
deux ans plus tôt, le même parcours avait coûté moins de deux dollars. Leur
taxi avait pris un virage très serré vers la droite. Peg et Bill s’en
souvenaient très clairement non seulement à cause du brusque virage, mais
aussi parce que cela s’était passé juste après que le chauffeur eut brûlé un
feu rouge. Le tournant avait été si brutal qu’ils s’en étaient indignés. Mais
le chauffeur de taxi n’était pas « plutôt vieux que jeune ». Chose
intéressante, Peg a expliqué que, vu de dos, il avait malgré tout l’air vieux,
car son cou semblait avoir une peau étrangement rêche et marbrée. Il était
aussi épais et court.
J’ai été vraiment ravie quand nous avons vérifié toute cette histoire.
J’avais vu exactement ce que j’aurais pu m’attendre à voir si j’avais été
physiquement dans le taxi. À aucun moment Peg et Bill n’avaient été
conscients de ma présence.
Cet évènement avait plusieurs implications fascinantes. Sans le moindre
doute, j’étais celle qui était « partie » là-bas, et pourtant Seth décrivait ce
que je voyais. Sa voix et sa personnalité contrôlaient mon organisme
physique, tandis que ma conscience était ailleurs — à pas mal de kilomètres
de distance. Je n’avais pas à dire à Seth ce qui se passait, il le décrivait
immédiatement.
Il n’a cependant pas fait mention de mes sensations lorsque j’ai été
projetée dans l’angle du taxi. Était-ce parce qu’il ne les avait pas
ressenties ? Ou parce qu’il était certain que je m’en souviendrais ? Et que
penser de cette énigme : en admettant que ma conscience ait voyagé
d’Elmira à San Juan, à travers l’espace, qu’en était-il du temps ? La
session avait eu lieu le lundi 25 octobre 1965, mais l’incident était arrivé
aux Gallagher le lundi 17 octobre, carrément une semaine plus tôt. J’avais
pourtant vécu cette expérience tout aussi nettement que si elle s’était
déroulée au même moment à Porto Rico. (Seth a aussi donné d’autres
impressions exactes de ce même voyage.)
Dans l’épisode suivant, Seth n’entre pas directement en jeu, mis à part le
fait que je suivais ses instructions pour me servir de mes sens intérieurs.
J’avais décidé de voir quelles impressions je pouvais obtenir par moi-même
sur le voyage des Gallagher. Alors, un matin de cette même semaine, je me
suis allongée, j’ai fermé les yeux et je me suis formulé à moi-même la
suggestion d’aller retrouver Peg et Bill.
Soudain, sans transition, je me suis mise à descendre à travers les airs
pour atterrir sur un porche long et étroit, entouré par une petite balustrade.
Je savais que mon corps était sur mon lit, mais j’avais perdu tout contact
avec lui. Indépendamment de l’endroit où il se trouvait, j’étais dans un lieu
totalement différent. En regardant autour de moi, j’ai vu que je me tenais
debout sous l’auvent d’un motel à un étage, bizarrement construit.
Le bâtiment s’élevait hors du sol d’une façon inhabituelle. De l’autre
côté de la rambarde, il y avait une petite pièce d’eau et, derrière elle, une
autre étendue beaucoup plus vaste, un océan, ai-je pensé. Était-ce Porto
Rico ? Je n’en avais aucune idée.
Des portes ouvraient sur la véranda qui longeait tout le motel. Je me
demandais si c’était là que logeaient les Gallagher. Instantanément, j’ai su
que c’était le cas et que la porte centrale conduisait à leur chambre. Je ne
voyais toutefois pas Peg et Bill. Avant le début de l’expérience, à onze
heures du matin, j’avais réglé l’alarme du réveil pour onze heures et demie,
et il sonnait à présent. Ma conscience est revenue si vite dans mon corps
que j’en ai eu la tête qui tournait. Je me suis assise, consternée — ne
pouvais-je pas en découvrir davantage ? Ne pouvais-je pas voir un signe ou
obtenir une idée plus précise du lieu ?
Sans savoir si cela allait marcher ou pas, j’ai réglé à nouveau l’alarme
pour qu’elle sonne une demi-heure plus tard ; je me suis rallongée et me
suis donné pour instruction de retourner au même endroit. De brèves mais
nettes sensations de voyager ont suivi. Des montagnes et des cieux ont
défilé. Puis je me suis retrouvée suspendue dans les airs, au-dessus du
même motel.
Étant trop haut pour distinguer des détails, j’ai alors fait un effort de
volonté pour descendre plus près. Sans aucune difficulté, j’ai changé de
position et me suis rapprochée, sans pour autant toucher le sol. Un homme
était juste en dessous de moi, légèrement décalé. Vêtu d’un complet veston
et d’un chapeau, il portait un attaché-case. Pendant que je l’observais, il a
traversé une aire goudronnée jusqu’à un trottoir, avant d’entrer dans un
grand édifice, en face du motel. Je me souviens d’avoir trouvé étrange le
fait qu’il porte un costume de ville dans ce que je pensais être un lieu de
villégiature. J’ai eu l’impression que quelques moments à peine s’étaient
écoulés, mais la sonnerie du réveil a de nouveau retenti. Je suis revenue
dans mon corps.
Imaginez mon excitation ! J’ai immédiatement dessiné un plan du motel
et de ses parages. J’étais impatiente que les Gallagher reviennent pour
pouvoir vérifier ce que j’avais vécu, ainsi que les impressions de Seth. J’ai
demandé à Peg de dessiner un plan de leur motel et de son voisinage. Son
dessin correspondait au mien ! Ma description du motel était exacte, y
compris la porte centrale conduisant à leur chambre. Le motel se situait à
Saint Thomas, une île proche de Porto Rico, où Peg et Bill se trouvaient le
jour où je vivais cette expérience, ainsi que le lendemain.
Et ce n’est pas tout : la personne que j’avais vue était un homme que Bill
avait remarqué les deux matins, notamment parce qu’il portait un costume
de ville. L’homme était originaire de l’île — autre raison pour laquelle Bill
l’avait remarqué. L’ayant vu de dos, j’ignorais ce dernier point. Quant au
bâtiment dans lequel il était entré, c’était la poste.
J’étais fascinée ; il y avait tant à apprendre. Dans l’épisode du taxi, au
cours de la session avec Seth, c’est lui qui avait décrit toutes les choses
tandis que je les voyais. Cette fois-ci, j’avais dû attendre de revenir dans
mon corps pour consigner par écrit ce qui s’était passé et dessiner mon
plan.
En ce qui me concernait, j’avais suffisamment de preuves pour me
convaincre que les deux épisodes étaient légitimement valables. Ils ont été
mon point de départ pour mon travail sur les expériences de sortie du
corps, dans lequel je tente encore de trouver des réponses aux nombreuses
questions que pose ce genre de phénomène. Par la suite, Seth allait nous
donner des instructions. À ce propos, au moment où j’écris ce livre, Rob et
moi venons juste de commencer une série d’expériences de projection,
initiées par Seth. Ces premiers faits ont largement accru ma confiance à
l’égard des facultés de Seth et des miennes.
Ce genre de chose était ô combien plus amusant que les tests du
Dr Instream que nous menions conjointement ! Même notre propre série
d’enveloppes paraissait austère en comparaison. Nous avons envoyé une
copie du matériau relatif aux Gallagher au Dr Instream. Tout cela
m’excitait vraiment beaucoup et j’attendais ardemment ses commentaires.
Je prenais comme allant de soi qu’il n’allait pas considérer que nous avions
la moindre preuve scientifique, mais nous avions les croquis quasiment
identiques et les impressions étaient exactes. « Il risque de ne pas trouver
cela suffisamment scientifique, ai-je dit à Rob, mais il doit au moins
admettre qu’il y a eu clairvoyance. »
Entre août 1965 et septembre 1966, nous avons mené soixante-quinze
tests Instream et quatre-vingt-trois tests d’enveloppes. Comme la plupart
des gens n’ayant aucun antécédent dans le travail médiumnique, je
m’attendais à ce que les choses soient pures et simples. Si Seth était ce qu’il
disait être, alors il devait être capable de regarder à travers le temps,
l’espace et les enveloppes fermées, avec la même facilité que celle que nous
avons, vous et moi, pour voir les objets dans une pièce. Je ne réalisais pas à
quel point cela dépendait de la profondeur de ma transe et de ma
disposition à lui donner de la liberté — je devais apprendre à ne pas
« bloquer » l’information transmise. Je ne réalisais pas non plus qu’on sait
peu de choses sur la perception normale et encore moins sur la perception
extrasensorielle, et qu’on n’attend d’aucun médium qu’il ait raison à cent
pour cent. Les impressions devaient venir à travers moi et, comme dit le
vieux dicton, l’erreur est humaine.
Seth réussissait pourtant à se servir des tests pour démontrer sa propre
faculté de clairvoyance, approfondir mon apprentissage, et nous donner des
instructions sur les processus qui entraient en jeu. Au cours des tests, il
variait la profondeur de mes transes, de manière à ce que je puisse
m’habituer à la sensation de différents niveaux de conscience, et il me
montrait également comment le laisser utiliser mes propres associations
personnelles pour obtenir certaines données. Il employait les tests pour
faire la preuve de perceptions extrasensorielles ; mais plus encore, il me
faisait constamment pratiquer en changeant ma focalisation subjective,
expliquant tout le processus au fur et à mesure.
D’habitude, personne, mis à part Rob et moi, n’assistait à ces sessions-là
— situation qui était loin de correspondre à des critères scientifiques. Mais
avec les tests des enveloppes, nous ne tentions pas de convaincre de quoi
que ce soit des scientifiques ou des psychologues. Nous tentions de voir ce
que nous pouvions ou pas attendre des sessions. Nous voulions quelque
chose que nous puissions directement vérifier par nous-mêmes. Je désirais
savoir si nous nous en sortions bien !
Parfois, Rob préparait les enveloppes juste avant une session et, parfois,
longtemps à l’avance. Pour les objets des tests, il utilisait toutes sortes de
choses : certaines que j’avais vues, récemment ou dans le passé, et d’autres
que je n’avais jamais vues. Il pouvait par exemple prendre une lettre
arrivée la veille et que j’avais lue ou une facture vieille de plusieurs années,
ou encore un objet que je n’avais jamais vu, une enveloppe préparée par un
ami — dans ce cas, Rob lui-même en ignorait le contenu. Bouts de papier
ramassés par Rob dans la rue, feuilles, sous-bocks de bière, touffes de poils,
photographies, croquis, factures — tout était utilisé à un moment ou à un
autre. Certains jours, Rob choisissait spécifiquement des objets auxquels
était associée une forte charge affective. D’autres jours, il employait
intentionnellement des objets neutres. Nous voulions voir si Seth réussissait
mieux avec certains types de cibles que d’autres.
Les objets étaient enfermés dans une enveloppe scellée, entre deux
couches de bristol opaque, et le tout était glissé dans une autre enveloppe
également scellée. Je ne savais jamais quand aurait lieu un test et je n’ai
jamais vu aucune enveloppe avant une session. Quand, au milieu d’une
session, Rob m’en tendait une, j’étais toujours en transe et avais en général
les yeux fermés. (De toute façon, l’objet du test était entre deux morceaux
de carton, à l’intérieur de deux enveloppes totalement opaques.) Il
m’arrivait parfois de tenir l’enveloppe contre mon front pendant que
j’exprimais mes impressions. Après la session, nous vérifiions nos résultats.
(Des exemples précis seront donnés dans le chapitre suivant.)
Vous parlez d’un yo-yo ! Quand Seth passait les tests avec succès, je me
sentais légère comme une plume pendant des jours entiers. Quand quelque
chose ne correspondait pas à ce que je souhaitais, j’avais l’impression de
peser deux cents kilos et d’en prendre un de plus toutes les heures. Je
pensais que des résultats moins que parfaits jetaient le doute sur la nature
indépendante de Seth.
L’un dans l’autre, nos propres tests se sont révélés très précieux non
seulement pour mon entraînement et comme moyen d’augmenter ma
confiance en moi, mais aussi en me préparant à d’autres expériences de
sortie du corps qui allaient se produire plus tard, lors de sessions avec Seth.
Les tests, et les commentaires de Seth, nous ont aussi donné des aperçus sur
la nature de la perception intérieure auxquels il nous aurait été
littéralement impossible de parvenir autrement.
Comme Seth variait les profondeurs de transe, j’ai commencé à me
rendre compte qu’il y avait deux lignes de conscience, la sienne et la
mienne, et à comprendre, du moins jusqu’à un certain point, quand mes
associations personnelles étaient une aide et quand elles constituaient un
handicap. Dans une transe très profonde, les processus intérieurs sont
cachés, même au médium. Pour la plupart des médiums, les mécanismes
sont tellement automatiques qu’on ne peut apprendre que peu de choses au
sujet des actions psychologiques intérieures entrant en jeu dans un tel
travail. Seth maintenait qu’à cet égard notre situation allait tourner à notre
avantage.
Parmi les données, il différenciait souvent de ses propres impressions
l’une des miennes qui s’était discrètement glissée, et reliait mes propres
impressions à leur source dans des associations personnelles, nous disant si
oui ou non elles étaient légitimes. Je suis rarement dans un black-out tel
que j’aurais l’impression de dormir. En général, je sais ce qui se passe,
même s’il m’arrive d’oublier presque instantanément ce qui s’est produit.
De temps à autre, Seth et moi pouvons parler à tour de rôle, ce qui fait que
d’une seconde à l’autre je peux entrer en transe ou en sortir. J’ai parfois
l’impression de me fondre dans Seth, percevant complètement ses émotions
et ses réactions au lieu des miennes. Dans ce cas-là, l’être Jane se trouve
loin en arrière-plan, somnolant tout en étant vaguement conscient. À
d’autres occasions, moins rares cependant, je suis au premier plan et Seth
me conseille sur ce que je dois dire.
Nos propres tests m’ont fourni un support qui permet de mesurer mes
résultats et ceux de Seth, en offrant la possibilité d’une vérification
immédiate et en m’apprenant à affiner ma focalisation subjective pour
passer du général au spécifique. En ce qui concerne la réception du
matériau même de Seth, tout dans cet entraînement a été important. Seth a
souvent parlé des distorsions inévitables qui doivent se produire dans toute
communication de ce genre, et il tient absolument à ce que le matériau soit
aussi peu contaminé que possible par des distorsions. C’est quelque chose
qu’il développe largement dans des sessions ultérieures.
J’ai donc abordé l’automne 1965 avec de grands espoirs, en particulier à
cause des deux épisodes de sortie du corps mentionnés plus haut.
J’attendais de savoir ce que le Dr Instream avait à dire à ce sujet. J’étais
certaine qu’il allait devoir admettre que ces évènements étaient
encourageants, même si ceux-ci ne faisaient pas partie de ses propres
expériences avec nous. Nous avions déjà commencé ses séries de tests, et
nous lui en envoyions les résultats chaque semaine, mais nous n’avions
jusque-là rien entendu de sa part les concernant. J’avais hâte de voir
comment, là aussi, nous nous en étions sortis. Si les données se révélaient
ne serait-ce qu’à moitié aussi bonnes que celles des sorties du corps, me
disais-je, nous serions déjà partis d’un très bon pied.
Parallèlement, j’avais quitté mon travail à la galerie et j’écrivais à plein-
temps. Je commençais aussi à me tourner vers l’un des magazines les plus
généreux financièrement et les plus populaires du pays. Le rédacteur en
chef refusait mes histoires les unes après les autres, en m’assurant chaque
fois qu’il allait prendre la prochaine. Je vivais dans l’attente d’un courrier,
d’une lettre d’acceptation de la part de ce magazine ou d’un rapport
provenant du Dr Instream.
Comme je l’ai découvert plus tard, essayer de prouver l’existence de la
télépathie et de la clairvoyance à un psychologue obstiné ou vendre de la
fiction à l’un des meilleurs magazines du pays, tout en menant nos propres
tests au cours des sessions avec Seth, était placer la barre un peu haut pour
une seule année.
CHAPITRE 8

Un an de tests
— Seth voit à travers des enveloppes
et donne à Rob quelques leçons d’art

Pendant les onze mois qui ont suivi, les sessions avec Seth ont
principalement porté sur les données d’un type de test ou d’un autre.
Comme d’habitude, à neuf heures du soir, Seth débutait par le matériau
théorique, qui nous intéressait de plus en plus. À dix heures, il donnait des
impressions pour le Dr Instream, puis Rob me tendait une enveloppe s’il
devait y avoir un test de ce genre ce soir-là. Quand c’était le cas, nous
restions après la session à tenter d’évaluer les résultats. En général, à ce
moment-là, il était plus de minuit et nous étions épuisés.
Bien que ma confiance se soit accrue à la suite des deux épisodes de
sortie du corps, j’avais le sentiment de remettre Seth et moi-même en
question à chaque session de tests. Je ne savais jamais si nous aurions ou
non une enveloppe. Souvent, j’avais peur de faire une session, par crainte
d’avoir un de ces tests et des résultats qui ne correspondraient pas. (Cela,
soit dit en passant, ne s’est jamais produit, même si les impressions
communiquées n’étaient pas toujours aussi précises que nous l’aurions
souhaité.) En fait, je me fichais de ce qui était dans les enveloppes — je
voulais juste savoir si Seth pouvait nous le dire, et je voulais qu’il ait
totalement raison chaque fois. Mon attitude avait forcément un effet. Je
m’émerveille aujourd’hui que Seth ait été capable de faire quoi que ce soit
avec moi à l’époque, mais, la plupart du temps, il réussissait à s’en sortir
vraiment très bien.
Voici un exemple où Rob essayait de tester la clairvoyance plutôt que la
télépathie. Comme beaucoup d’autres, ce test a eu des résultats
surprenants. Les notes de Rob montrent clairement la procédure qu’il
suivait en choisissant les objets de test.
« Il y avait dans mon atelier une pile de vieux journaux. Il s’agissait pour
la plupart du New York Times, à la fois les éditions quotidiennes et les
suppléments du dimanche. Peu de temps avant la session, j’ai extrait
quelques feuilles de la pile. Puis, en m’éloignant, j’en ai pris une sans la
regarder et en ai déchiré un morceau que j’ai plié derrière mon dos,
jusqu’à être sûr de pouvoir le placer entre les deux bristols et dans les deux
enveloppes.
« Toujours sans regarder le morceau de journal que j’avais choisi comme
objet du test, je l’ai enfermé dans les enveloppes. Puis, les yeux fermés, j’ai
pris les feuilles restantes, me suis approché à tâtons d’une grande étagère
allant jusqu’au plafond, et les y ai déposées suffisamment haut pour ne pas
pouvoir les voir.
« Cette procédure me permettait de savoir une seule chose : l’objet du
test provenait d’une partie d’un New York Times dont j’ignorais la date de
parution. Une fois l’expérience terminée, Jane a ouvert les enveloppes ; je
me suis ensuite rendu dans l’atelier et j’ai pris parmi les feuilles placées
sur l’étagère celle que j’avais déchirée. Il s’est avéré qu’il s’agissait des
pages 11 et 12 de la première partie du supplément du Times du dimanche
6 novembre 1966. »
Seth a fourni trente-neuf impressions. Pratiquement toutes avaient une
correspondance directe. En voici plusieurs se rapportant à l’objet du test.
Par commodité, je les ai regroupées :
« Un objet en papier, surface plus rugueuse que lisse. » (L’objet était un
bout de journal, dont le papier est plus grossier que le couché d’un papier
utilisé par exemple pour un magazine.)
« Une vue grise. » (Des parties d’illustrations étaient visibles sur les
deux faces, toutes dans des tons gris.)
« Offre généreuse. » (Les mots « généreuses remises » apparaissent sur
l’objet.)
« Lien avec un téléphone ou un appel téléphonique. » (Sur une face du
morceau de papier, on peut lire « Aucune commande par courrier ou
téléphone », et sur l’autre, « Passez commande par courrier ou par
téléphone », suivi d’une longue série de numéros de centres d’appel.)
« Une chose identique à quelque chose d’autre… deux ou deux d’une
sorte. » (Le mot « jumeau » apparaît sur l’objet, faisant référence à la taille
d’une couverture à vendre. J’ai eu toutefois la forte impression subjective
que cela renvoyait plutôt au fait que l’objet dans l’enveloppe était une
partie d’un objet similaire.)
Les impressions ci-dessus faisaient référence à l’objet même du test. En
voici maintenant quelques autres qui sont en rapport avec la feuille d’où il
provient. Dans un ordre successif, Seth a dit : « Une méthode de débarras…
Quelque chose en langue vernaculaire… Gouvermental. » (Ici, je cherchais
le mot « gouvernemental » mais, comme d’habitude, Rob a noté tel quel ce
qui était exprimé.)
Quand nous avons vérifié les résultats du test, nous avons buté pendant
quelques instants devant ces données. Puis Rob a regardé la page complète
du journal.
Tous les deux nous avons pigé d’un seul coup. « Ouah, me suis-je
exclamée, une méthode de débarras — il doit s’agir des soldes ! Mais
quelle drôle de façon de le formuler.
– Et regarde ça », a dit Rob en brandissant l’objet du test dans une main
et le reste de la feuille dans l’autre.
« Des deux côtés de la feuille sont imprimés en gros titre “Soldes du jour
de l’élection” ou “Valeurs”. Et gouvermental, ou gouvernemental, ça a un
sens puisque le 9 novembre il y a l’élection du gouverneur de l’État de New
York. J’ajouterais que l’expression “soldes du jour de l’élection” est à coup
sûr en langue vernaculaire. »
Reportez-vous aux pages photo pour voir la reproduction de l’objet du
test et de la page d’où il a été déchiré. Les deux faces de ce bout de journal
contenaient des parties de publicités qui étaient en lien avec le jour de
l’élection ; pourtant les mots « Jour de l’élection » n’apparaissent pas du
tout sur l’objet du test — uniquement sur le reste de la page, qui était posée
en haut de l’étagère de l’atelier de Rob.
« Mais pourquoi Seth n’a-t-il pas juste dit “soldes ?” ai-je demandé
exaspérée.
– Écoute, a répondu Rob en riant, nous devons accepter la façon dont les
données sont transmises et essayer d’en tirer leçon. Tu t’es bien
débrouillée… »
Je pense aujourd’hui que c’est là un excellent exemple de la façon dont
les perceptions extrasensorielles sont parfois reçues. Les soldes sont une
méthode de débarras, même si, verbalement, le lien final n’est pas aussi
concis que nous le souhaiterions. Cependant, ce n’est pas simplement l’idée
de concision qui entre en jeu ici : de telles réponses sont juste différentes —
inattendues telles quelles, et elles nous amènent à considérer de vieux
objets ou de vieilles idées de façon nouvelle et tout aussi valable. J’aurai
plus à dire sur ce genre de choses, un peu plus loin dans ce chapitre.
Ce test nous réservait encore quelques surprises. Non seulement Seth
avait capté ces excellentes informations permettant une identification, mais
il avait fourni d’autres impressions concernant l’ensemble de la page d’où
provenait l’objet du test. À côté de toutes les pages de soldes, il y avait
quatre articles sur les pages en question. Ceux-ci ne se trouvaient
absolument pas sur le bout de journal enfermé dans l’enveloppe et,
pourtant Seth avait communiqué des impressions faisant référence à trois
de ces articles.
« Une mission aux conséquences imprévues… 1943… Illia, et peut-être
un F et R… Quelque chose qui se passe à nouveau, comme une
commémoration… Un lien avec une chose verte, comme une prairie… un
enfant… Janvière. »
Tout cela faisait référence à un article dans lequel il était question d’un
séminaire dominicain fondé à Aldeia Nova, au Portugal, en 1943. Nous
pensons que « Illia » est une approximation de « Aldeia ». La date donnée
était correcte, et l’article continue en parlant d’un jeune prêtre, frère
Fernandes (l’abréviation de frère est un F et un R), qui était en mission
dans ce pays pour rassembler des fonds destinés à moderniser le séminaire.
Il y était aussi décrit en tant qu’organisateur d’un pèlerinage
commémorant le cinquantième anniversaire des apparitions de la Vierge à
Fátima, petite ville située à une quinzaine de kilomètres seulement du
séminaire. L’article précisait que le séminaire possédait entre autres sa
propre ferme, ses vignobles, son potager et son verger. Nous pensons que
l’impression « chose verte comme une prairie » s’y référait. Le lien avec
« Janvière » ne semble pas y être associé ; il est pourtant extrêmement
important, car il avait pour moi, à titre personnel, une forte connotation
religieuse : l’une de mes institutrices favorites à l’école primaire était une
nonne, sœur Janvière. L’article parle des trois enfants qui ont vu
l’apparition à Fátima et Seth a fait mention d’un enfant.
D’autres impressions avaient un rapport avec un article intitulé
« Dégradation des prisons au Portugal ». Il faisait spécifiquement
référence au besoin de moderniser « les grandes et vieilles prisons
vétustes » qui étaient « en piteux état », et plusieurs remarques étaient faites
concernant le taux de criminalité au Portugal. Il était dit également que le
Portugal avait le plus faible revenu par habitant en Europe. Les
impressions de Seth étaient assez évidentes ici :
« Connexion avec une monstruosité, telle qu’un monstrueux édifice…
Des troubles… une détermination et un désavantage… une performance
insuffisante. »
Mis à part ces impressions en lien avec les articles, Seth en a aussi
communiqué d’autres concernant la page d’où provenait l’objet du test.
« Une date en haut… Des boutons… certains personnages et un lien
lointain avec des formes de crâne… des couleurs, bleu, violet et vert… et
d’autres formes rondes. »
La date du journal était bien sûr en haut de la page. On pouvait
clairement voir de nombreux boutons sur les photos de vêtements à vendre.
Les mêmes mannequins sont aussi les personnages évoqués par Seth et,
comme vous pouvez le voir sur la photo de la page, le visage des femmes
avec leurs cheveux tirés en arrière donne une impression de crâne. Les
couleurs dont Seth fait mention sont énumérées dans l’encart publicitaire.
Je crois que le violet fait référence à « Brume d’orchidée ».
Ce test a pourtant soulevé dans mon esprit plusieurs questions en même
temps. Comment Seth avait-il capté des informations sur la page tout
entière, alors qu’il n’y en avait qu’une petite partie dans l’enveloppe du
test ? Est-ce qu’une certaine forme de projection de ma part, qui serait
retournée vers l’étagère dans l’atelier, était entrée en jeu ? Seth n’avait pas
donné d’abord des impressions sur l’objet qui était dans l’enveloppe, avant
de passer clairement à la page tout entière ; il avait fait des allers-retours
entre les deux, comme s’il les voyait en même temps. Et pourquoi n’avait-il
pas simplement limité ses données à l’objet dans l’enveloppe ?
Par la suite, au cours d’une autre session, nous l’avons interrogé sur ces
points et nous avons obtenu quelques réponses très intéressantes :
« Une portion est toujours connectée à l’ensemble dont elle fait partie, a
dit Seth. Donc, à partir du morceau déchiré, la page entière était pour moi
présente et, à partir de portions, l’ensemble peut être lu. Avec, d’un côté,
suffisamment de liberté et, de l’autre, assez d’entraînement, Ruburt,
s’exprimant pour moi, pourrait vous donner lecture de l’ensemble du New
York Times à partir d’un coin déchiré.
« Cela n’implique pas qu’il y ait une projection.
« Il y avait d’autres problèmes, en rapport avec les caractéristiques qui
sont propres à Ruburt. Maintenant, d’une manière générale, il est vrai qu’un
matériau de nature affective a en fait une vitalité plus forte et qu’il est plus
facile à percevoir. Cela étant dit, Ruburt n’aime vraiment pas les détails
(Seth a souri), et il s’en servira toujours comme d’une indication pour voir
où cela le mène.
« Il ne se contentera pas de fournir simplement des détails à propos d’un
bout de papier. C’est une tendance assez automatique de sa vie mentale.
Nous y faisons d’ailleurs appel d’une autre façon dans nos sessions, pour
notre plus grand avantage, je l’espère… Dans les tests, cependant, nous
avons essayé d’utiliser cette caractéristique, puisque nous ne pouvions pas
la nier. C’est avec et à travers les aptitudes de Ruburt que je dois travailler
— en plus des miennes, bien sûr. Nous nous sommes donc servis ici de
cette tendance pour élargir le tableau et apporter davantage de détails qui
vous ont fourni des données plutôt convenables… et d’une façon qui était
assez naturelle pour Ruburt. »
À propos des tests en général, Seth a expliqué : « Je lui enseignais et je
me suis adapté à ses inclinations et intérêts naturels. L’antagonisme qu’il
avait pour les tests ne venait pas tant de l’idée elle-même que du fait de se
focaliser sur les détails pour eux-mêmes. C’est seulement quand vous avez
effectué ce genre de test que l’antagonisme est né. Dans la perception
extrasensorielle — comme dans la perception soi-disant normale —, les
inclinations naturelles de la personnalité dictent le type d’informations qui
seront recherchées à partir de n’importe quel champ de données accessible.
« Il existe de nombreux domaines de connaissance auxquels un individu
particulier ne s’intéresse pas. Il ne va pas se donner la peine de se servir
d’une perception [même] normale pour y accéder. Je donne à Ruburt l’accès
à de larges champs de focalisation. Je l’aide à modifier l’énergie qu’il utilise
pour percevoir dans d’autres directions, pour l’orienter vers l’intérieur. Je
lui rends l’information disponible. Puis, en fonction de ses caractéristiques
fondamentales, il se sert de cette information. »
Le test qui vient d’être décrit met l’accent sur la clairvoyance. Un test
précédent nous a beaucoup éclairés sous un autre angle, en nous
convainquant que la perception extrasensorielle originelle est générale,
comme une vision d’ensemble d’un vaste territoire. Un processus réducteur
doit se produire quelque part pour donner à la perception une focalisation
plus spécifique.
Ce test était amusant, vraiment, parce que Seth se débrouillait
magnifiquement bien tout seul. Puis il m’a passé le relais et là, je suis
tombée de haut. L’objet dans l’enveloppe était une facture appartenant à
Rob et datée du 15 juillet 1966. La session se déroulait le 1 er août. J’étais
avec lui chez le marchand de bois quand on lui a remis cette facture. (Voir
sa reproduction dans les pages photo.)
Rob avait acheté deux plaques d’Isorel de quatre pieds sur huit, ainsi
qu’un bac pour rouleau à peinture. Le vendeur qui s’occupait de nous était
devenu plutôt bavard quand il avait appris que Rob allait se servir de
l’Isorel pour peindre des tableaux. Il nous avait raconté qu’un artiste
européen avait fait un portrait de lui lorsqu’il était soldat durant la
Seconde Guerre mondiale. De manière assez drôle, il avait décrit comment
l’artiste avait dessiné son visage comme si celui-ci avait été symétrique et
sans imperfections, alors qu’en réalité il était plutôt asymétrique, avec un
œil abîmé. Le vendeur portait aussi des lunettes.
Voici quelques-unes des impressions de Seth : « Quatre carrés, ou quatre
et quatre carrés. » (Nous avons trouvé cela excellent. Rob avait fait couper
en deux les morceaux d’Isorel pour qu’ils puissent tenir dans notre voiture
— ce qui donnait quatre carrés de quatre pieds de côté chacun.)
« Une écriture ou des caractères imprimés en bas, dans le coin à gauche,
très petits, tenant l’objet horizontalement. Quelque chose à l’arrière
également. » (Ces deux impressions étaient valables, mis à part le fait que
les tout petits caractères imprimés se trouvaient du côté gauche, et pas
uniquement dans le coin gauche.)
« 1966, dans l’attente de 1967. » (La date et l’année 1966 étaient écrites
sur la facture, et juste en dessous : « Acompte en attente. »)
« Une connexion avec une photographie ou un autre objet de ce genre. »
(Ceci, selon nous, fait assez clairement référence au portrait.)
« Une forme ovale ou celle d’un œil, c’est-à-dire ce type d’œil, à
l’intérieur d’un rectangle ou d’un triangle, voyez-vous. » (D’après les notes
de Rob, j’ai désigné à ce moment-là l’un de mes yeux fermés. Comme nous
l’avons dit plus haut, le vendeur portait des lunettes et avait spécifiquement
fait mention de son œil en piteux état, contrairement à celui du portrait.)
« Lien avec un transport et de l’eau. » (Une façon assez singulière de se
référer à un parcours de quinze kilomètres en voiture jusqu’à Wellsburg [12].
Le nom de la ville apparaît sur la facture et, soit dit en passant, le mot
« voiture » aussi, au verso.)
« Un mot commençant par m, un autre M, cette fois, initiale d’un nom. »
Rob avait acheté l’aggloméré en le désignant par le nom de la marque,
Masonite [13], mais le vendeur avait inscrit « Bois compressé » sur la
facture. Une lettre M en capitale apparaît dans l’en-tête de la facture :
Glenn M. Schuyler.)
« Un objet rectangulaire avec une couleur sombre au-dessus, peut-être du
bleu foncé. » (La facture est rectangulaire et le verso est imprimé à l’encre
noire.)
Seth a fourni en tout vingt-quatre impressions. Chacune d’elles pouvait
s’appliquer à l’objet du test, même si, pour certaines, le lien n’était pas
aussi précis que pour d’autres. Seth a dit par exemple : « Connexion avec
le noir, symbolique de mort ; et avec un tournoi, là encore symbolique,
comme pour le croisement des épées. » Nous croyons que ceci était une
référence à la Seconde Guerre mondiale, époque à laquelle avait été réalisé
le portrait du vendeur, alors soldat. Voici un autre exemple : « Nombres…
peut-être le 01913. » La facture comportait des nombres, dont une série
débutait par un zéro (ce qui nous paraissait inhabituel), mais les chiffres
n’étaient pas dans l’ordre donné par Seth. Une série commençait par 09 (et
non pas 019) ; les deux derniers chiffres, 1 et 3, forment le nombre 13, qui
apparaît en gras sur la facture.
Jusque-là, les impressions étaient venues sans que je sois concernée.
J’étais dans une transe profonde. Puis Seth a dit : « Le sentiment de
quelque chose suspendu au-dessus, menaçant ou en surplomb, sur la moitié
supérieure de l’objet, et sombre. » Tandis que je prononçais ces mots pour
Seth, une faille a semblé apparaître — un doute quant à l’interprétation de
l’information. Je savais que Seth voulait que je précise cela moi-même, et
que cela faisait partie de mon entraînement.
J’avais la sensation que quelque chose de très lourd était suspendu au-
dessus de moi. Devais-je interpréter cela comme un objet, tel qu’un toit
pesant au-dessus de ma tête par exemple, ou comme une émotion « planant
au-dessus de moi » ? Je ne savais pas — et, sur le moment, je ne parvenais
pas à l’interpréter. La connexion correcte spécifique n’était pas établie.
Seth m’en a proposé une autre : « Quelque chose aussi qui est petit et
brillant, sous cette partie en surplomb ou menaçante. » Ici encore, obligée
de me débrouiller seule, je n’ai pas su trouver le chemin conduisant aux
données précises que nous souhaitions.
Pourtant, Seth tentait de m’amener au mot « toiture ». Ce terme figurait
dans l’en-tête de la facture, dans la moitié supérieure. Notez combien cette
impression incomplète était à la fois exacte et ambiguë — « le sentiment de
quelque chose suspendu au-dessus, menaçant ou en surplomb, sur la moitié
supérieure de l’objet, et sombre ».
La deuxième impression dont j’étais censée venir à bout (« quelque chose
qui est brillant et petit, sous cette partie en surplomb ou menaçante ») devait
m’orienter vers le « bac pour rouleau à peinture », qui était également écrit
sur la facture, en dessous du mot « toiture ». Un bac de ce genre est petit et
brillant ; celui que Rob avait acheté ce jour-là était en aluminium luisant.
Ici, les impressions de Seth avaient été assez littérales, comme si les mots
sur la facture prenaient vie et étaient décrits comme des objets, et non pas
comme des mots servant à décrire des objets. Par la suite, je devais m’en
sortir beaucoup mieux quand Seth me laissait avoir quelques impressions
par moi-même, mais ce type d’entraînement a été d’une valeur inestimable.
Même quand je ne m’en tirais pas très bien, nous apprenions quelque chose
sur la nature de la perception, ce qui était l’intention de Seth. Ce test nous a
amenés à pressentir que toutes les impressions, extrasensorielles ou autres,
sont au départ non verbales et non visuelles ; il s’agit plutôt d’un pur
sentiment qui, dans un deuxième temps, est interprété en termes sensoriels.
Nous avons tenté toutes sortes de choses avec les enveloppes. Dans le
test du New York Times, Rob ne savait pas lui-même ce qui se trouvait sur
l’objet du test. Il ne savait d’ailleurs pas toujours quel était l’objet du test
et, parfois même il ignorait qu’il y aurait un test ! De temps à autre, par
exemple, des amis venaient à l’improviste assister à une session et ils
apportaient leur propre enveloppe de test. Celle-ci m’était simplement
tendue au milieu de la session, sans que je le sache à l’avance. Certaines
fois, Rob l’utilisait le soir même ; à d’autres occasions, il la gardait pour
une session ultérieure.
Que Rob sache ou non ce que contenait l’enveloppe du test ne semblait
pas faire la moindre différence dans les résultats. Un soir, Nora Stevens (ce
n’est pas son vrai nom) a débarqué à l’improviste. Elle était l’amie d’un
ami et avait déjà assisté à deux sessions. Durant cette période, nous
encouragions les gens à passer nous voir avec des enveloppes de test, même
si peu l’ont fait. (Auparavant, et par la suite, nous avons préféré garder nos
sessions privées.)
Nous savions que Nora était secrétaire à l’hôpital, dans un bureau qui
gérait les achats de médicaments et de fournitures, et qu’elle ne s’occupait
ni de près ni de loin des patients, de leurs dossiers ou des protocoles
médicaux. J’ignorais qu’elle avait apporté une enveloppe. Elle l’a glissée
discrètement à Rob après le début de la session.
Seth a dit : « Une connexion avec un dossier familial, comme une page
tirée d’un livre, par exemple… connectée également à un évènement
remuant ou un désagrément… quatre chiffres alignés, et d’autres nombres,
l’initiale M, une connexion avec une autre ville. »
Après la session, nous avons ouvert l’enveloppe. Elle contenait une
feuille dressant le bilan de santé d’une patiente, une page extraite d’un
bloc-notes que Nora avait trouvé dans une corbeille à papier dans un autre
bureau. Dans le coin en bas, quatre chiffres étaient alignés et il y en avait
d’autres en haut, à côté du nom de la patiente, Margaret. Elle habitait dans
une autre ville, dont le nom commençait également par un M. Un séjour à
l’hôpital est certainement déplaisant, et souvent remuant. Seth a aussi
fourni d’autres impressions concernant l’histoire de cette femme, mais il
nous était impossible de les vérifier.
Parfois, pourtant, même les bons résultats me décourageaient. Un test, le
trente-septième, m’avait énormément plu au départ. Il avait eu lieu au
cours de la deux cent trente-septième session, le 2 mars 1966. L’objet du
test était une feuille sur laquelle Rob avait pris l’empreinte de sa propre
main, une semaine plus tôt, alors que nous lisions quelques ouvrages
portant sur la chiromancie. Les impressions de Seth n’auraient pas pu être
plus concises. Les jours suivants, en vaquant à mes occupations dans la
maison, je souriais, rien que d’y repenser.
J’étais en train de faire la vaisselle quand j’ai soudain eu un sursaut.
Rob était dans le salon. J’y suis allée. Lentement. « Je parie que le
Dr Instream va rejeter les résultats du test de la main parce que nous
travaillions tous les deux sur la chiromancie la semaine dernière, ai-je dit.
– C’est possible, admit Rob. Mais le fait est que nous avons reçu depuis
énormément de lettres que je pourrais avoir utilisées. Nous avons aussi fait
des recherches en graphologie ; j’aurais pu utiliser un de ces échantillons.
J’aurais pu utiliser un objet plus vieux que toi — comme je l’ai déjà fait.
J’aurais pu utiliser vraiment n’importe quoi. Quel que soit l’objet que nous
choisissons, Seth doit de toute façon décrire une chose spécifique. Et ces
impressions-là n’étaient pas générales ; elles ne pouvaient faire référence
qu’à cette image de ma main. »
J’étais d’accord avec lui. Mais, par la suite, Rob a souvent préparé
plusieurs enveloppes, puis il les mélangeait et en choisissait une, juste
avant la session.
Et que devenaient les tests du Dr Instream ? Premièrement, je n’ai cessé
d’attendre de ses nouvelles pour savoir ce qu’il pensait de mes deux
expériences de sortie du corps. Et il n’y a tout simplement jamais fait
allusion. J’étais terriblement déçue. Que les résultats aient pu être
considérés comme scientifiques ou non, ils s’étaient malgré tout révélés
exacts. S’ils ne convainquaient pas le Dr Instream qu’il se passait quelque
chose, je me demandais bien ce qui pourrait le faire !
Globalement, les résultats de nos propres tests d’enveloppes nous
encourageaient à penser que Seth se débrouillerait également plutôt bien
avec les données régulièrement fournies au Dr Instream. Nous avions
commencé ses tests avec zèle et énergie.
Pendant un an, deux fois par semaine, Seth a donné ses impressions
relatives aux activités du Dr Instream. Ces données comportaient des
références précises, telles que des noms, des initiales, des dates et des lieux.
Certaines d’entre elles pouvaient être facilement vérifiées. Le Dr Instream
voulait toutefois que Seth se concentre sur le fait de nommer un objet
particulier sur lequel lui se focaliserait dans la ville lointaine où il vivait.
Il devenait évident que les éléments émotionnels comptaient davantage ;
que les activités de nature émotionnelle « passaient » plus clairement que
les impressions concernant un objet neutre. Seth fournissait bien sûr un
matériau relatif aux objets, mais il était plus apte à donner des informations
spécifiques sur la vie quotidienne du Dr Instream.
L’un de nos sujets de conversation favoris cette année-là consistait à
savoir quand nous allions avoir des nouvelles du Dr Instream. Pendant
d’interminables mois, nous n’avons rien reçu. Nous nous disions qu’il ne
voulait peut-être pas nous communiquer le moindre compte rendu avant la
fin des expériences. Si c’était le cas, pourquoi ne pas nous le dire, tout
simplement ? Quand, pour finir, le suspense devenait trop insoutenable
pour moi, je lui écrivais : avions-nous eu quelques succès ou pas ? Le
Dr Instream nous assurait toujours de son intérêt constant, il nous disait de
poursuivre les tests et qu’il n’avait pas encore de preuve suffisamment
éclatante pour « convaincre le psychologue obstiné ». Mais c’était tout. Il
ne disait rien des multiples noms et dates, visiteurs ou lettres mentionnés
par Seth au cours des sessions. Est-ce que toutes les données étaient
fausses ? Partiellement vraies ? Nous ne l’avons jamais su. Il ne nous l’a
jamais dit !
Savoir que le Dr Instream était en train de se concentrer à chaque
session me mettait sous tension, peut-être à cause de ma propre attitude.
Mais j’avais maintenant le sentiment de vraiment devoir tenir une session
chaque lundi et chaque mercredi soir, quoi qu’il arrive. Et même lorsque
nous étions seuls, ce qui était en général le cas, je sentais que les sessions
n’étaient plus privées désormais — qu’un invisible Dr Instream était là, en
spectateur. Avant que ces tests ne débutent, nous sautions rarement une
session mais, maintenant, par défi, ma grande envie était d’en sauter une,
d’aller boire une bière, et de laisser le psychologue fixer tout seul son vieux
vase, sa tache d’encre ou tout objet qu’il aurait choisi pour le test ce soir-
là.
Je ne me sentais pas comme cela au début, mais j’étais réellement
furieuse qu’il ne nous communique pas les résultats ; toutes ces heures
semblaient n’avoir servi à rien. Un soir, vraiment en colère de ne pas avoir
de nouvelles, je suis allée avec Rob dans un bar voisin — pour finalement
me précipiter à la maison au dernier moment, afin de ne pas rater la
session !
Ne sachant absolument pas comment nous nous en sortions, j’ai fini par
me désintéresser totalement de ce sur quoi le Dr Instream se concentrait.
Les tests sont devenus une simple perte de temps, réduisant la quantité de
matériau théorique que nous pouvions recevoir. Une fois de plus, j’ai écrit
au bon docteur, en lui suggérant de ne pas ménager mes sentiments au cas
où les données étaient complètement fausses. Si c’était le cas, nous
perdions son temps et le nôtre. Il a répondu en nous assurant à nouveau de
l’intérêt qu’il portait à ces tests et en nous proposant de les poursuivre.
Mais il n’indiquait pas si nous nous débrouillions bien, assez bien ou mal,
et ne nous donnait aucun compte rendu sur les nombreux détails spécifiques
fournis.
En réalité, il était obsédé par l’idée d’une preuve statistique de
l’existence de la télépathie et de la clairvoyance, et espérait que nous
pourrions la lui apporter. Au début, cela me semblait extrêmement excitant
de prendre part à une activité de ce type. Mais, à mesure que nous
continuions à lire tout ce sur quoi nous pouvions mettre la main,
l’excitation s’est transformée en perplexité. Autant que nous puissions en
juger, l’existence de la télépathie et de la clairvoyance avait été
scientifiquement prouvée à plusieurs reprises par le Dr J.B. Rhine à la
Duke University, et démontrée par d’autres chercheurs tels que le médium
Croisset, qui avait travaillé avec le Pr Wilem Tenhaeff à l’université
d’Utrecht, aux Pays-Bas. Les travaux de Harold Sherman et d’autres
médiums apportaient eux aussi des témoignages pour le moins
circonstanciés. Est-ce que le Dr Instream rejetait tous ces résultats et ces
témoignages innombrables, obtenus dans des centres de recherche en
parapsychologie, partout à travers le monde ?
Apparemment, oui. Et nos propres résultats présentaient des difficultés.
Le Dr Instream admettait qu’il ne savait pas comment les évaluer
statistiquement. Un succès devait satisfaire une multitude d’objections
avant de pouvoir être reconnu comme tel, et il était pratiquement impossible
d’élever des objections à l’encontre des déclarations faites par Seth.
Seth avait dit par exemple que le Dr Instream allait déménager à la fin
de l’année, pour travailler dans une université du Middle West. Je ne sais
absolument pas si le docteur en avait eu vent à l’avance, mais il a
déménagé quand Seth l’avait dit, et dans une université du Middle West.
Nous n’avons jamais appris combien d’impressions exactes, même de cette
sorte, ont été constatées. Un nombre suffisant aurait signifié quelque chose.
Tout comme un bon pourcentage de succès dans les noms et les dates
spécifiques que Seth a donnés. Statistiques ou pas.
Nous avions commencé les tests de perception extrasensorielle en 1965,
juste avant que nos amis, les Gallagher, prennent leurs vacances. Comme
ils repartaient en voyage, nous avons décidé de tenter à nouveau le type
d’expérience que nous avions déjà mené avec eux.
Cette fois-ci, la destination de Peg et Bill était Nassau. Là encore, ni Rob
ni moi n’étions jamais allés là-bas. Comme la fois précédente, aucun
échange de cartes postales ou de lettres ni communications d’aucune sorte.
Mais, pour ma plus grande joie, Seth savait certainement où étaient les
Gallagher. Dans une série d’impressions, il a décrit leur hôtel avec
précision, un soir (le 17 octobre 1966) :
« Un bâtiment qui comprend une longue partie étroite ; un toit soutenu
par des piliers. Le toit est lui aussi long et étroit. Un sol en pierre ou en
ciment, couleur sable. Une véranda devant leur porte et un grand seau plein
de sable. Il y a des rochers au pied de la véranda et, plus loin, l’océan ou
une baie. Devant, en bas, tout au bord du rivage, on a creusé une échancrure
circulaire, où il y a un fort courant à cause des rochers. Et à cet endroit
particulier, près de cette échancrure, il n’y a pas de plage, bien qu’il y en ait
deux assez grandes, l’une à droite et l’autre à gauche. »
Chaque point était exact. À leur retour, nous avons vérifié le matériau
avec les Gallagher. Mais il y avait beaucoup plus. Seth avait correctement
décrit un night-club dans lequel nos amis s’étaient rendus, et il avait
ensuite mentionné le fait qu’il y avait « là-bas une nuisance ». Bill et Peg
ont été totalement d’accord. Ils avaient été ennuyés, ainsi que d’autres, par
un touriste anglais fort en gueule. Ce dernier n’avait cessé de siffler
l’orchestre. Seth avait aussi ajouté qu’il y avait dix-huit arbustes devant
l’entrée du night-club, mais Bill a dû admettre que, s’il y avait effectivement
des arbustes, il n’avait pas songé à les compter.
Seth semblait capter des choses qui avaient une signification
émotionnelle particulière pour Peg et Bill. Voici ce qu’il incluait, par
exemple, parmi d’autres impressions : « La commémoration d’un
meurtre… une statue… » Cela correspondait au fait que les Gallagher
étaient passés devant une statue, un mémorial dédié à sir Harry Oakes qui
avait été assassiné en 1943, une affaire qui avait fait sensation et dont on
avait beaucoup parlé. Cela avait tellement suscité la curiosité de Peg
qu’elle avait même interrogé le chauffeur de taxi sur les circonstances du
meurtre.
Puis, chose étrange, Seth avait fourni une description très précise d’un
endroit que Peg et Bill avaient visité, si l’on excepte une distorsion, au
niveau de la formulation, apparemment. « Une fontaine avec des marches
montant vers elle ; une disposition circulaire, entourée de fleurs, avec, tout à
côté, deux vieilles constructions de deux étages, très proches l’une de
l’autre et alignées à gauche de la rue. » Tout était exact, si ce n’est qu’il y
avait un château d’eau au lieu d’une fontaine.
Cela dit, quarante impressions correctes ont été données au total durant
les trois sessions que nous avons eues pendant que Peg et Bill étaient à
Nassau ; davantage, en fait, étant donné que beaucoup d’impressions
comportaient différents points. Mais ce genre d’expérience supposait
tellement de travail ! La mémoire est faillible et nous avons toujours insisté
pour que les personnes concernées mettent immédiatement par écrit leur
compte rendu, pour une vérification facile et fiable.
En tout cas, j’ai toujours considéré que cette « année de tests » avait
débuté avec le voyage des Gallagher à Porto Rico et s’était conclue par
leur séjour à Nassau. De notre point de vue, Seth avait fait ses preuves.
Après un an de travail, nous avons écrit au Dr Instream et mis fin à ses
tests en lui expliquant nos raisons. Après quelques enveloppes
supplémentaires, nous les avons arrêtées également.
En fait, je ne regrette pas d’avoir consacré autant de temps aux tests,
mais je suis heureuse que nous y ayons mis fin à ce moment-là. Par
tempérament, je ne suis pas du genre à subir l’épreuve du feu deux fois par
semaine, ce que je faisais, avec l’attitude qui était la mienne à l’époque.
Émotionnellement, je n’aimais pas les tests ; intellectuellement, je les
jugeais nécessaires. En ce qui concerne Seth, cela semblait lui être
parfaitement égal, mais je me forçais à continuer, car je pensais que je
devais le faire. Il n’en reste pas moins que, dans nos sessions, nos meilleurs
cas de perception extrasensorielle se sont produits spontanément ou en
réponse aux besoins de quelqu’un, et non pas lorsque nous tentions de
prouver quoi que ce soit. Je savais que j’étais déçue de ne pas recevoir du
Dr Instream une sorte de « certificat de légitimité ». D’un autre côté, nous
n’en avions pas demandé ; nous étions trop en rogne de ne pas avoir reçu
de réponses concernant nos résultats.
Nous pouvions à présent nous concentrer sur le matériau de Seth.
Libérées de la structure des tests, les sessions étaient prêtes à nous
embarquer très loin. De nombreuses surprises nous attendaient. Si je
m’étais fiée davantage aux aptitudes de Seth et aux miennes, j’aurais pu
m’épargner beaucoup de problèmes. En fait, même pendant que nous
menions les tests de perception extrasensorielle, d’autres choses se
passaient, et pas uniquement durant les sessions.
Très peu de temps après que les sessions eurent débuté, Rob avait
commencé à voir des visions ou des images. Certaines étaient subjectives,
mais d’autres étaient objectivées — et presque tridimensionnelles. Parfois,
c’étaient des personnes, et Rob a commencé à les prendre comme modèles
pour ses tableaux. Aujourd’hui, notre salon est plein de portraits de gens
que nous ne « connaissons » pas. Seth a dit que certains de ces portraits
représentent qui nous étions dans des vies passées. L’un d’entre eux,
reproduit dans ce livre, est un portrait de Seth, sous la forme qu’il a choisi
d’adopter pour apparaître à Rob. (Depuis lors, un élève et un ami ont tous
deux vu Seth tel qu’il est représenté sur ce tableau.)
Rob a une très bonne mémoire visuelle. Quand il voit ce genre d’image, il
la retient et peut la faire ressurgir dans son esprit à volonté. Ma propre
mémoire visuelle, en revanche, est médiocre, tout comme ma vue (je ne
perçois pas la profondeur de champ). Rob est un artiste professionnel, un
excellent dessinateur, et il a une très bonne technique. Pourtant, au cours
des sessions, Seth lui a donné de précieux conseils et informations sur les
techniques artistiques et la philosophie de l’art. Nous trouvons cela
vraiment drôle, étant donné que je peins en amateur, avec un manque
obstiné de perspective. Rob a bien tenté de me l’enseigner, mais ses leçons
ne passaient pas. Je n’ai jamais étudié l’art et mes tableaux sont d’une
exécution assez puérile, avec des couleurs brutes. Seth a pourtant expliqué
à Rob comment mélanger et employer certains pigments, informations qui
sont venues s’ajouter à son propre répertoire. Seth dit qu’il n’a lui-même
aucune compétence artistique, mais qu’il interroge des artistes qui sont
entrés dans son champ de réalité.
Lors d’une session, Seth a donné quelques indications que Rob a
immédiatement mises en application. Le tableau qui en est résulté est l’un
de nos favoris et fait partie de la « série de portraits » de Rob — des
personnes que nous n’avons jamais rencontrées. Pour ce tableau
particulier, l’inspiration est venue d’un seul coup à Rob quelques jours
après la session en question et, pour le réaliser, il s’est servi des techniques
que Seth lui avait données.
Voici quelques extraits de cette session : « Dans un portrait, faites le
même exercice que précédemment : imaginez l’individu comme étant le
centre de toute vie, de sorte qu’une fois l’œuvre achevée elle suggère
automatiquement l’univers tout entier dont l’individu fait partie. Rien
n’existe de façon isolée, et c’est là le secret que les vieux maîtres
connaissaient si bien.
« Dans le détail le plus infime, ils parvenaient à suggérer la réalité de
l’univers spirituel dont ce détail était une parcelle et à travers lequel
s’exprimait l’énergie de l’univers. Utilisez vos talents — et ils sont
considérables — à cette fin. Vous ne pouvez pas faire moins. […]
« Maintenant, l’huile évoque la terre. Laissez ce médium représenter
l’apparence physique de la permanence dans tout objet, la continuité
physique de toute forme humaine dans un tableau. Laissez les couleurs
transparentes de l’huile représenter le renouveau constant d’une énergie qui
échappe toujours à la forme.
« L’un des attraits du portrait que vous avez fait de moi est qu’il suggère
automatiquement un auditoire invisible auquel je semble m’adresser. Pas un
auditoire formel, mais des personnes invisibles qui représentent l’humanité
en général en train d’écouter. L’invisible est là. Le personnage parvient à
suggérer l’univers des hommes et le monde qui les porte, alors que ni l’un
ni l’autre n’apparaissent.
« Cette information, à présent, vient d’un artiste qui a toujours utilisé les
terres de Sienne pour les tons de base de la chair, avec une pointe, très
légère, de violets. Elles étaient ensuite de façon très ingénieuse relevées au
moyen d’un ocre transparent qu’il avait, et d’un vert particulier, adouci. La
touche finale du teint était déposée dessus, légère, comme si le vent pouvait
l’emporter. »
Après la session, Rob m’a dit qu’il était quasiment certain que je ne
possédais pas consciemment ce genre de connaissance — que mon esprit
« ne fonctionnait pas de cette manière ». Rob n’avait jamais essayé cette
méthode particulière visant à rehausser les tons de couleurs en travaillant
les portraits, et c’est cette technique qu’il a utilisée dans l’idée de tableau
qui « lui est venue » quelques jours après cette session. Par la suite, Seth a
complété ces informations. Nous continuons d’accumuler du matériau sur
l’art, la philosophie de l’art et les techniques de peinture.
Seth a fait quelques allusions quant à l’identité de l’artiste qui lui a
transmis ces données. D’après ce qu’il a dit jusqu’à présent, il s’agirait
d’un artiste danois ou norvégien ayant vécu au XIV e siècle, renommé pour
ses scènes de la vie ordinaire et ses natures mortes. Dans des sessions
futures, son nom devrait nous être communiqué, ainsi que d’autres
informations sur l’art.
Seth a toutefois précisé que le tableau de Rob utilisant cette technique de
mise en place des couleurs est un portrait de l’artiste en question (voir les
pages photo). Il a également dit que Rob peindrait d’autres œuvres
représentant à la fois l’artiste et son environnement, et peut-être même son
atelier.
Autrefois, les portraits de Rob représentaient des personnalités ayant un
rapport personnel avec nous, soit parce que nous les fréquentions, soit à
cause de liens remontant à des vies passées — pour ce que nous en savons.
Certaines d’entre elles restent encore à identifier. Plus tard, l’éventail des
portraits s’est élargi. Récemment, par exemple, Rob a peint un jeune
homme (voir les pages photo), sans avoir aucune idée de qui il s’agissait.
Un jour, l’un de mes élèves, George, a identifié ce portrait comme étant
celui d’un être nommé Bega, qui communique avec lui par écriture
automatique. Seth a confirmé et précisé que Bega est l’un de ses propres
étudiants dans un autre niveau de réalité.
Les sessions se poursuivaient comme d’habitude, mais Rob et moi, nous
nous sommes retrouvés à vivre d’autres expériences, comme les visions de
Rob qui, d’une façon ou d’une autre, se développaient, elles aussi, sur la
base du matériau de Seth. Et comme pour souligner notre nouveau
sentiment de liberté et accroître davantage ma confiance et mon
entraînement, Seth allait m’expédier en Californie au cours d’une session,
tandis que Rob et lui discutaient dans le salon de notre appartement à
Elmira, dans l’État de New York. Tellement plus amusant que d’essayer de
dire ce que contiennent des enveloppes scellées ! Cette fois-ci, des gens
totalement inconnus étaient impliqués dans une expérience qui allait
réellement satisfaire ma quête apparemment sans fin de preuves.

[12] Well signifie puits en anglais, d’où le lien avec l’eau (N.d.T.).
[13] Masonite est le nom de l’Isorel dans le monde anglo-saxon (N.d.T.).
CHAPITRE 9

Seth et un psychologue parlent


de l’existence — autre sortie du corps

Un jour, alors que nous étions encore plongés jusqu’au cou dans les
tests, j’ai lu un article de l’Associated Press qui m’a réellement surprise. Le
Dr Eugene Barnard, un psychologue qui travaillait à l’époque à
l’université d’État de Caroline du Nord, avait fait publiquement une
déclaration en faveur de la projection astrale. Il disait avoir propulsé sa
conscience hors de son corps, et qu’aucune hallucination n’entrait en jeu.
L’article fournissait aussi des détails concernant ses recherches théoriques
dans le domaine de la parapsychologie.
J’étais réellement excitée à l’idée qu’un psychologue fasse sa propre
expérimentation de la projection, et je lui ai écrit. Nous avons correspondu
pendant quelque temps, puis, en novembre 1966, Gene et sa femme nous ont
rendu visite. Nous nous sommes très bien entendus. Il ne m’a jamais fait
sentir que j’avais à prouver quoi que ce soit, ce qui était en fait assez malin
de sa part, puisqu’il voulait s’assurer lui-même de l’authenticité des
sessions avec Seth.
Un soir, nous avons eu une session fascinante qui a duré plusieurs
heures. C’est seulement une fois celle-ci terminée que j’ai su ce qu’il
cherchait — voilà un bon psychologue ! Gene a interrogé Seth dans ce
qu’on pourrait appeler, j’imagine, le « jargon professionnel des
philosophes », en faisant de fréquentes références à des théories
ésotériques orientales qui m’étaient totalement inconnues. Gene avait passé
son doctorat en psychologie expérimentale à l’université de Leeds, en
Angleterre, et il enseignait à Cambridge. Il avait également une excellente
connaissance des philosophies et religions orientales. Seth a non seulement
relevé le défi, mais il a employé la terminologie et le jargon de Gene pour le
battre sur son propre terrain, avec humour et grâce — et je ne comprends
toujours pas comment il s’y est pris.
Cette session couvre quatorze pages dactylographiées où tout se tient
tellement qu’il est particulièrement difficile d’en extraire des passages sans
inclure une quantité d’informations en arrière-plan. Voici des extraits de la
seconde moitié de la session. Auparavant, Seth et Gene avaient discuté de
la réalité, et Gene avait fait un commentaire disant que l’existence était
« une sorte d’énorme blague ». Seth avait répondu : « Ce n’est pas une
blague. C’est un moyen pour le Tout de se connaître Soi-même. »
À présent, il disait : « La blague est extrêmement pertinente. Si vous
réalisiez complètement que votre monde physique est une illusion, vous ne
feriez pas l’expérience des données sensorielles. »
« Ne puis-je pas faire l’expérience d’une illusion que je crée pour moi-
même ? a demandé Gene.
– Vous pouvez faire l’expérience de l’illusion, mais quand vous faites
l’expérience de l’illusion en tant qu’illusion, vous ne faites plus réellement
l’expérience de celle-ci. Vous êtes en avance sur vous-même.
– Mais il y a nulle part où aller.
– Oui, mais vous ne le savez pas. Vous le pensez. Vous n’êtes pas là où
vous êtes.
– Y a-t-il un autre endroit où être ?
– Oui et non, a dit Seth.
– Y a-t-il un autre endroit où être qui ne soit pas une illusion ?
– À vous, je réponds ceci : oui.
– Comment connaîtrais-je la différence ? Y a-t-il un moyen de faire la
distinction entre réalité et illusion, autrement que par une création de mon
propre esprit ?
– Vous ne le savez pas actuellement. Quand ce point sera atteint, vous
serez capable, si vous préférez, de faire l’expérience de toute “réalité-
illusion” à votre guise, mais l’être qui fait l’expérience de ces réalité-
illusions se connaîtra lui-même en tant que réalité. Il n’y a pour lui aucun
endroit où aller, puisqu’il est la seule réalité et qu’il crée son propre
environnement.
– Mais c’est là une discussion à propos du moi ici et maintenant.
– En vos termes.
– En les vôtres également.
– En vos termes, a répété Seth.
– En les vôtres aussi.
– Alors, examinez attentivement la dernière déclaration.
– Nous sommes revenus au point de départ. Je fais un avec la réalité que
je crée. Il n’y a nulle part où aller, a dit Gene.
– Vous devez être encore capable de faire l’expérience de chacune de ces
illusions, en sachant qu’elles sont illusoires et en connaissant pleinement
leur nature, tout en sachant pourtant que la réalité fondamentale, c’est vous.
Il n’y a aucun endroit où aller, parce que, en ces termes, vous êtes l’endroit
— et tous les endroits. Mais la “blague” est pertinente. La chose la plus
importante que j’ai dite ce soir, c’est que la blague est pertinente. Vous
devez être suffisamment libre pour explorer la nature et l’expérience de
toute chose vivante à l’intérieur de votre propre système, sachant qu’il
s’agit de vous-même, et ensuite quitter votre système. Ces expériences
doivent être directes.
– Mais je ne peux pas quitter le système puisque je suis dans tous les
systèmes simultanément.
– Je m’exprime avec vos termes physiques… mais, même en ces termes,
vous avez encore affaire à d’autres systèmes.
– Je n’ai pas le choix.
– J’utilise maintenant des termes de continuité uniquement pour faciliter
l’explication. D’abord, il faut qu’il y ait un moment, puis qu’il soit passé,
pendant lequel vous êtes complètement immergé dans un système donné
comme si aucun autre n’existait ; l’accomplissement des valeurs se produit
habituellement de cette manière. Cela ne signifie pas que vous ne demeurez
pas dans d’autres systèmes simultanément. L’illusion doit être sondée dans
toute sa profondeur.
– Dont elle est totalement dépourvue, a rétorqué Gene.
– Vous créez la profondeur.
– D’accord, et ce faisant, le sondage est accompli. Il n’y a rien à sonder.
– Le sondage est nécessaire. Certains jeux sont nécessaires et toujours
pertinents.
– Le but n’est-il pas de jouer le jeu… et non pas de créer ou de sonder ?
– Vous êtes vous-même le jeu, en ces termes.
– Et en tous les autres termes aussi.
– Vous êtes en train de créer vos propres limitations, a poursuivi Seth.
– Y a-t-il réellement plus d’un point de vue ?
– Oui. Vous n’admettez pas la diversité qui existe.
– Je serais disposé à admettre une multiplicité de formes illusoires de la
même chose… à savoir, vous et moi. Tout un…
– On ne peut pas se trahir soi-même.
– D’accord ; on ne peut pas non plus trahir les autres.
– Mais l’idée de se trahir soi-même peut mener à des distorsions.
– Mais ces distorsions font partie du jeu que joue Shiva.
– Je préférerais appeler cela un comportement aimant.
– Bien sûr, a dit Gene. Pensez à la statue classique de Shiva, debout sur
un bébé écrasé — une participation aimante à l’illusion de tragédie. Même
à l’illusion que l’on peut se tromper soi-même.
– Vous essayez d’éliminer beaucoup d’étapes pour vous-même.
– Mais il n’y a aucune étape, n’est-ce pas ?
– Pour vous, actuellement, il y en a.
– Ne sont-elles pas illusoires ?
– Elles le sont, en effet.
– Si ce sont des barrières artificielles que je crée sur mon propre chemin,
je peux sûrement les enlever.
– Théoriquement, il en va bien ainsi. Pratiquement, il serait dans votre
intérêt de regarder où vous mettez les pieds.
– Oui, c’était la remarque faite à Siddhartha.
– Ce sont de tendres enfants que nous couchons là. Nous devons en
porter le deuil, même s’ils (mots perdus)… Nous devons ressentir de la
compassion même s’ils ne sont que bouse de vache, a répliqué Seth.
– Nous devons les aimer parce qu’ils sont nous-mêmes.
– Vous ne pouvez pas faire moins. Vous pouvez difficilement faire plus.
– Faire cela, c’est avoir un œil ouvert et voir qu’il ne reste plus qu’une
petite étape à franchir.
– Vous êtes en train de jouer un jeu, dit Seth sur le ton de la mise en
garde.
– Bien sûr. Vous aussi. Nous disons que Shiva joue un jeu, et qui est
Shiva, si ce n’est vous-même ?
– Vous êtes en effet en train de jouer un jeu avec vous-même, mais ce
n’est pas pertinent, ce peut même être inapproprié. En tout cas, vous feriez
bien de le jouer avec déférence.
– Avec déférence envers qui ?
– Avec déférence envers l’être.
– D’accord. Nous parlons de la même chose.
– Il y a une sainte irrévérence et une irrévérence frivole. Vous jouez un
jeu. Elles ne font qu’un. Mais il vaudrait mieux que vous soyez certain de le
savoir complètement. »
Le Dr Barnard a eu la gentillesse d’écrire une lettre aux éditeurs de ce
livre, en donnant son opinion et en mentionnant cette session (numéro 303).
(En outre, il m’a permis de citer son vrai nom, au lieu de se cacher derrière
un pseudonyme.) Dans cette lettre, il disait : Au cours de cette session,
« j’ai choisi des sujets de conversation qui étaient clairement d’un intérêt
acceptable pour Seth et considérable pour moi, et dont j’avais toutes les
raisons de croire, à cette époque-là, qu’ils relevaient d’un domaine qui était
largement étranger à Jane. Aussi […] j’ai choisi d’approfondir ces thèmes
jusqu’à un niveau de sophistication qui rendait extrêmement improbable, à
mon sens du moins, le fait que Jane puisse me duper en substituant sa
propre connaissance et sa vivacité mentale à celles de Seth, même en le
faisant inconsciemment…
« La meilleure description sommaire que je puisse vous donner de cette
soirée, c’est que j’ai eu une conversation délicieuse avec une personnalité
ou une intelligence, ou ce que vous voulez, dont l’entendement, l’intellect et
le champ de connaissances dépassaient de loin les miens. […] Quelle que
soit la façon dont un psychologue de tradition scientifique occidentale
puisse comprendre ceci : je ne crois pas que Jane Roberts et Seth soient la
même personne, ou la même personnalité, ou des facettes différentes de la
même personnalité… »
En dehors de la session, les Barnard, Rob et moi avons passé un très bon
moment à discuter des expériences de sortie du corps.
Peu de temps après leur visite, mon livre, How to Develop Your ESP
Power [14], est paru en librairie. J’ai commencé à recevoir un peu de
courrier, sans pour autant être submergée, loin de là. L’une de ces
premières lettres a été la cause de mon voyage hors du corps suivant,
pendant une session avec Seth.
Le 3 mai 1967, Peg et Bill Gallagher sont passés chez nous pour assister
à notre session hebdomadaire du lundi soir et, alors que nous étions assis à
bavarder, je leur ai parlé d’une lettre que je venais de recevoir et qui
m’amusait — et m’indignait en même temps.
« Elle était en recommandé et j’ai dû signer pour l’avoir, ai-je dit. Ça
alors ! Elle vient de deux frères qui habitent quelque part en Californie et
qui veulent savoir ce que Seth peut leur dire à propos d’eux-mêmes.
– Est-ce que vous allez leur répondre ? a demandé Peg.
– Je vais leur envoyer un petit mot en les remerciant de leur intérêt, ou
quelque chose de ce genre. Seth peut faire ce qu’il veut, mais je doute qu’il
fasse quoi que ce soit. »
Mais, comme cela arrive souvent quand j’essaye de deviner ce que va
faire Seth, je me trompais complètement. Notre session, la trois cent trente-
neuvième, a débuté peu de temps après et, presque immédiatement j’ai
quitté mon corps, bien que n’ayant pas vraiment la sensation de le faire. Je
me suis simplement retrouvée suspendue en l’air, en plein ciel, regardant
une région qui visiblement se situait au sud de la Californie. Pendant ce
temps-là, dans le salon, Seth décrivait ce que je voyais, mais j’étais à peine
consciente de sa voix qui semblait lointaine. Elle était beaucoup moins
audible qu’un très mauvais appel téléphonique longue distance.
Je ne savais absolument pas comment dire à Rob que j’étais sortie de
mon corps, car Seth poursuivait, comme à son habitude. Mon corps, je le
savais, serait animé pendant que Seth parlait. À un moment, j’ai ri
intérieurement et pensé : « Je vais devoir lui envoyer un télégramme. »
Pendant ce temps-là, je flottais dans les airs, assez haut, regardant l’endroit
que Seth décrivait. J’étais capable de me mouvoir, de changer de place
pour avoir une meilleure vue. Mais je n’avais pas la moindre connexion
avec le corps qui était assis dans le salon. Seth était en train de parler.
« Maintenant, il y a un petit jardin avec des citronniers pour les frères ;
une maison en stuc rose, deux chambres à l’arrière, pas une maison neuve.
Ils utilisaient une planche Ouija dans la cuisine. Ils habitent près de l’angle
droit du pâté de maisons, mais pas à l’angle même. Ils sont proches de
l’eau. Il y a une petite étendue d’herbe, quelques poteaux en bois et des fils
de fer. »
À cause de ce matériau spécifique, Rob a alors commencé à se demander
si une projection n’entrait pas en jeu et il a posé une question : « Êtes-vous
sur place, actuellement ?
– Dans une certaine mesure. Il y a des sortes de dunes. Voilà, j’ai changé
de place et suis maintenant face à la maison. Les directions ont un peu
changé, du fait de ma position. Un bâtiment qui ressemble à un garage, sur
ma droite à présent, et, derrière lui, d’autres constructions menant vers
l’eau. Au-delà, une zone de dunes et une plage. C’est marée haute. »
De mon côté, c’était ma position dans les airs que je changeais. Pour
autant que je sache, c’est moi qui étais sur place, et non pas Seth.
« Quelle heure est-il ? » a demandé Rob. (Il était plus de neuf heures du
soir à Elmira.)
« Début de soirée. Il y a des poteaux en bois assez fins, pas ronds,
rectangulaires au sommet, voyez-vous, arrivant au niveau de la hanche. »
Seth a fait un geste pour montrer à Rob la forme et la taille des pieux.
Simultanément, je flottais au-dessus d’eux, perplexe parce que j’étais
incapable de voir à quoi ils servaient ; leurs sommets rectangulaires étaient
un mystère pour moi.
« Ensuite, il y a comme une baie sur la gauche. Le littoral est comme ça,
voyez-vous, pas droit. La rive fait ici une courbe, puis une saillie. » Seth a
refait un large geste pour indiquer la forme du rivage. Il a dit aussi que la
famille avait un lien fort avec l’étranger, même si le nom ne l’indiquait pas
particulièrement, et il a fait d’autres remarques à propos de l’histoire de la
famille et de ses membres.
Rob a envoyé une copie de la session aux deux frères. Ils ont répondu au
moyen d’une cassette enregistrée dans laquelle ils évaluaient les
informations reçues. Par la suite, ils ont signé une déclaration qui se trouve
dans nos dossiers. Les informations de Seth concernant leur maison étaient
en tout point exactes, y compris les données sur le voisinage et la forme de
la côte.
Les frères vivaient à Chula Vista, un endroit où je n’étais jamais allée. Ils
habitaient une maison rose en stuc, avec deux chambres à l’arrière. Le coin
de la rue était à deux maisons de chez eux, à droite. Leur domicile se situait
à huit cents mètres de la baie de San Diego. Tout près, il y avait des dunes,
et des poteaux en bois, exactement tels qu’ils avaient été décrits, y étaient
disséminés.
La famille était originaire d’Australie et espérait y retourner. Plusieurs
autres impressions, non mentionnées ici, étaient également exactes, d’autres
erronées : Seth disait, par exemple, que leur mère était morte. En fait, elle
était parfaitement vivante, mais la famille avait coupé tout lien affectif avec
elle et elle ne vivait pas toujours chez elle.
Une fois encore, cette expérience suscitait toutes sortes de questions
concernant la relation que nous avions, Seth et moi, dans une expérience de
sortie du corps. On peut supposer qu’il demeure dans mon corps tandis que
j’en sors, mais je suis certaine qu’il s’agit là d’une simplification. Nous
sommes toujours en train de rassembler des informations sur des questions
de ce type, à la fois au cours des sessions et par nos propres travaux.
Comme toujours, quand de telles choses se vérifient, je suis tout sourire.
Je n’ai jamais été du genre à accepter telles quelles les explications des
autres sur la façon dont sont les choses, même s’il m’est arrivé parfois d’en
accepter plus que je n’aurais dû. J’ai toujours voulu les découvrir par moi-
même. Personne n’aurait pu être plus critique que moi à propos de ses
propres expériences — tout en gardant cependant suffisamment de liberté
pour expérimenter. Donc, après cet évènement, j’ai commencé à me
détendre. J’étais sortie une nouvelle fois de mon corps, et des choses
s’étaient une nouvelle fois vérifiées. Comment Seth m’aidait-il à faire cela ?
Comment pouvait-il enregistrer mes perceptions quand ma conscience était
à l’autre bout du continent ? Intellectuellement, j’étais plus intriguée que je
ne saurais le dire. Je savais une seule chose : il me jouait des tours — en
m’expédiant « dehors » sans que je sache consciemment à l’avance ce qu’il
préparait. J’étais beaucoup plus performante de cette manière, car je
n’avais pas le sentiment d’être testée, et je n’avais pas le temps de
m’inquiéter des résultats. (Lui aussi est un bon psychologue !)
À l’évidence, cette expérience et ma nouvelle confiance ont rendu
d’autres développements possibles. Des inconnus m’ont écrit ; certains
voulaient urgemment de l’aide, d’une façon ou d’une autre. Tout en
insistant sur le fait que l’aide vient de l’intérieur, Seth a fourni d’excellents
conseils à quelques personnes, en même temps que des impressions exactes
et clairvoyantes de leur environnement — probablement surtout pour me
faire savoir que nous parlions bien de la bonne personne.
Nos sessions du lundi et du mercredi, au cours desquelles Seth développe
le matériau théorique, ont continué à avoir lieu en privé, même s’il arrive
parfois qu’un invité de passage y assiste. De temps en temps, Seth donne
une session pour mes élèves le soir du cours de perception extrasensorielle,
et il traite alors en classe des applications pratiques du matériau.
En fait, la seule personne qui ait assisté régulièrement à nos sessions
privées est Philip. Seth lui a donné des informations sur la façon de gérer
ses affaires, prédisant entre autres avec exactitude l’évolution de certaines
actions ; Phil garde trace du pourcentage de succès de Seth. Certaines
prédictions ont été faites plusieurs années à l’avance, et Seth a vu juste
pour un bon nombre de choses que Phil a pu vérifier. Donner des conseils
au cours des sessions n’est pourtant pas dans les habitudes de Seth : il
insiste sur le fait que les gens doivent prendre leurs propres décisions.
Nous ne savons réellement jamais ce qui va se passer pendant une
session et, un soir, Seth nous a vraiment surpris. Ce jour-là, Phil a
débarqué sans prévenir, comme d’habitude. Il nous a dit qu’il avait reçu
une augmentation. En haussant comiquement les épaules, il en a passé le
montant sous silence. Quand la session a débuté, Seth a rapidement nommé
cette somme, au dollar près, en souriant largement. Puis Phil lui a demandé
s’il savait quoi que ce soit à propos d’une voix qu’il avait entendue dans un
bar du coin.
« La voie était masculine, n’est-ce pas ? a demandé Seth.
– Oui.
– Et vous ne l’avez pas reconnue ? Alors, je ne vous le dirai pas. C’est
sûr.
– C’était la vôtre ? Cela s’est passé si vite que je n’ai pas eu le temps de
penser », a dit Phil avec un sourire. En tant que Seth, j’ai hoché la tête avec
humour.
Pendant notre première pause, Phil a expliqué qu’un mois plus tôt il était
en train de parler à une jeune femme dans un bar, quand il a entendu une
voix masculine, claire et puissante, dire très catégoriquement : « Non,
non. » Cette voix semblait provenir de l’intérieur de sa tête. Rien de
semblable n’était jamais arrivé à Phil auparavant, et il avait été tellement
interloqué qu’il avait marmonné une excuse rapide et quitté le bar.
Seth a admis que c’était lui qui avait parlé à Phil. Après notre pause, il a
dit : « Cette femme a une façon de s’accrocher qui est désastreuse pour
ceux avec qui elle entre en contact. » Puis, il a ajouté qu’elle « vous aurait
utilisé pour faire tampon entre elle et un autre homme, comme un élément
de marchandage, en exagérant l’importance de l’intérêt le plus minime que
vous lui auriez porté. Une situation déplaisante en aurait résulté. Comme
vous m’avez écouté, le futur probable a été modifié. » Ensuite il a donné
d’autres informations, expliquant que cette femme avait un enfant et une
liaison avec un autre homme. Ce dernier avait quelque chose à voir avec la
mécanique. Seth a également précisé qu’elle était catholique et qu’elle
avait un problème en lien avec un document officiel.
Puis il a poursuivi en disant à Phil où elle habitait, sans donner
d’adresse précise… « Elle vit dans […] la troisième ou quatrième maison
au milieu d’une impasse, dans la partie nord-est de la ville, mais à l’ouest
de l’établissement dans lequel vous l’avez rencontrée… »
Phil, qui n’avait aucune idée de l’endroit où cette femme vivait et ne
connaissait rien d’elle si ce n’est son nom et son âge probable, a trouvé tout
cela très intéressant. Comme il était en ville le lendemain, il est retourné
dans le même bar et a commencé à poser des questions. Ayant obtenu du
barman l’adresse de la femme, il s’y est rendu et a découvert que Seth
savait de quoi il parlait. Elle vivait dans la troisième maison avant le bout
de l’impasse, dans la partie nord-est de la ville, mais à l’ouest du bar. Elle
était catholique et avait un enfant et un compagnon qui était vendeur de
voitures plutôt que mécanicien.
Phil n’a plus jamais remis les pieds dans ce bar !
Rob et moi ne savions que penser de cette histoire. Elle semblait fournir
une sorte de preuve de la nature indépendante de Seth, à moins que Phil
n’ait eu une hallucination auditive et que Seth en ait tiré parti et déclaré
que cette voix était la sienne. Si c’était le cas (et j’en doute), Seth disposait
alors certainement d’informations que Phil n’avait pas, sur cette femme et
sa situation.
D’après Seth, il est évident que nous pouvons changer le futur. Comme il
l’a dit à Phil : « Les évènements ne sont jamais prédestinés. À chaque
instant, vous changez, et chaque action change toutes les autres actions.
Bien qu’étant capable de regarder depuis une perspective différente, je ne
vois jamais que des probabilités. Ce soir-là, j’ai vu une probabilité qui
n’était pas désirable. Vous et moi l’avons modifiée. »
À une autre occasion, un ami a affirmé avoir vu Seth, et dans des
circonstances étranges. Un soir, alors que j’étais allongée dans mon lit, j’ai
eu une expérience spontanée de sortie du corps, dans laquelle j’étais
apparemment dans une pièce surpeuplée, en train de parler à Bill
Macdonnel (notre ami artiste), comme s’il y avait urgence. Je lui ai secoué
l’épaule sans douceur et, instantanément, je suis revenue dans mon corps.
Cela ne faisait pas dix minutes que j’étais au lit, pourtant, je me suis
immédiatement levée pour écrire ce qui s’était produit et en parler à Rob.
Exactement une semaine plus tard, Bill nous a téléphoné, il avait l’air
très nerveux. Il m’a dit que quelque chose d’étrange lui était arrivé et que,
comme cela le tracassait encore, il pensait qu’il devait en parler avec moi.
Je me suis immédiatement souvenue de ma propre expérience et j’ai
demandé à Bill de patienter, le temps que Rob aille chercher mes notes ;
j’ai donc pu les consulter tandis que Bill parlait. Il m’a raconté que, tout
juste une semaine plus tôt, il avait été soudain réveillé. Seth se tenait debout
à côté de son lit — parfaitement tridimensionnel, ressemblant tout à fait au
portrait que Rob a fait de lui. Seth avait secoué l’épaule de Bill et disparu.
Bill en avait parlé à sa mère le lendemain matin, au petit déjeuner, et avait
écrit un compte rendu pour nous.
L’évènement a contrarié sa mère, qui a plaisanté et nous a fait un
commentaire disant qu’elle souhaitait que Seth et moi restions chez nous.
Seulement, je ne pense pas qu’elle plaisantait. Si Bill ne nous avait pas
téléphoné plus tôt, c’était parce qu’il était inquiet, et je ne voulais pas
l’appeler et lui forcer la main.
Tout d’abord, je pensais m’être retrouvée dans une pièce surpeuplée lors
de mon expérience de sortie du corps mais, à l’évidence, Bill était dans sa
chambre, seul. Autre chose, il avait vu Seth fumer une cigarette ; je fume.
Bill avait-il eu une hallucination visuelle, celle de l’image tridimensionnelle
de Seth ? Si c’était le cas, cela lui était arrivé au moment même où j’avais
senti que j’étais près de lui. Et lui avait senti Seth lui secouer l’épaule,
tandis que, dans mon expérience, c’était moi qui le faisais.
Plusieurs personnes m’ont affirmé que Seth communiquait avec elles par
l’écriture automatique, mais lui-même a nié de tels contacts, disant que ses
communications se limiteraient à son travail avec moi, pour que l’intégrité
du matériau de Seth soit préservée. Selon ses déclarations, il est malgré
tout « passé voir » des amis à l’occasion.
Un jour, j’ai rencontré Mme Brian, une de mes anciennes élèves, qui
avait arrêté les cours à cause d’une maladie ; elle m’a dit qu’elle avait lu
dans un journal local un article parlant du livre Le Matériau de Seth. Il
contenait quelques extraits et une reproduction du portrait de Seth peint par
Rob. Mme Brian avait eu une terrible migraine en lisant l’article ; elle
avait eu soudain l’impression de sentir la présence de Seth. Une voix
intérieure, probablement celle de Seth, lui avait dit qu’elle s’apitoyait sur
elle-même et qu’elle devait immédiatement cesser de broyer du noir à
propos de sa santé, se lever et sortir se promener. Si elle agissait ainsi, elle
irait d’un seul coup beaucoup mieux.
Passablement stupéfaite, elle avait fait ce qui lui avait été dit. À l’instant
même, son mal de crâne s’était évanoui. Le lendemain, elle s’était sentie
mieux qu’elle ne l’avait été depuis six mois. Elle avait donc recommencé à
marcher régulièrement et se sentait rajeunie. Quand elle m’a raconté cela,
j’ai hoché la tête et souri. Très franchement, je ne savais pas quoi faire
d’autre.
Nous avons interrogé Seth à propos de cette histoire. Dans le cas présent,
a-t-il dit, Mme Brian s’était servie de lui comme d’un symbole de son être
intérieur, ou de sa supraconscience, pour lui apporter de l’aide et des
influences salutaires, en même temps que des conseils. L’expérience a aidé
cette femme à utiliser ses propres aptitudes, et l’idée qu’il s’agissait de Seth
l’a rendue capable d’activer ses propres pouvoirs de guérison. Seth m’a dit
de ne pas m’en préoccuper. Apparemment, il aime inspirer ainsi d’autres
personnes et servir de point de focalisation pour leur propre énergie
créatrice.
Il refuse absolument de laisser les gens se servir de lui comme d’une
béquille — ceci est également valable pour moi —, et il maintient que le
matériau de Seth fournit un moyen grâce auquel les gens peuvent mieux se
comprendre eux-mêmes, réévaluer leur réalité et la modifier. En dépit des
sessions données de temps à autre pour aider des personnes particulières,
et en dépit de leurs expériences fortuites de perception extrasensorielle, les
sessions restent principalement centrées sur le matériau. Nous sentons que
c’est en lui que repose leur réelle signification.
Nous sommes beaucoup plus intéressés par le matériau de Seth que par
des démonstrations de perception extrasensorielle, et nous l’avons toujours
été. Nous pensons qu’il y a là d’excellentes explications quant au mode de
fonctionnement des perceptions extrasensorielles ou de toute autre
perception, et ceci est pour nous beaucoup plus important. Nous acceptons
aussi les déclarations de Seth comme des explications, sensées et
signifiantes, de la nature de la réalité et de la place de l’humanité en son
sein. Ses théories sur la personnalité multidimensionnelle ne sont pas
seulement intellectuellement stimulantes ; elles constituent aussi un défi
affectif. Elles offrent à chaque individu l’occasion d’élargir le sens de sa
propre identité et de sa raison d’être.
Les manifestations de perception extrasensorielle au cours des sessions
ont toujours répondu à un objectif : soit contribuer à accroître ma
confiance et entraîner mes facultés pour illustrer un point du matériau, soit
fournir une information à une personne dans le besoin. Il m’est facile
d’oublier qu’au début j’avais le sentiment que Seth devait faire ses
preuves ; facile d’oublier que, moi aussi, j’ai insisté sur mes
« émerveillements » et qu’à plusieurs occasions j’ai même nié l’évidence de
mes propres sens, à cause de la croyance erronée que se comporter ainsi
était d’une certaine manière plus scientifique. Je dois dire que j’ai toujours
énormément respecté le matériau de Seth et reconnu la portée et l’audace
de certains des concepts qu’il contient.
Comme nous avions peu lu d’ouvrages portant sur la médiumnité quand
les sessions ont commencé, tout était nouveau pour nous. C’est seulement
beaucoup plus tard que nous avons découvert que certains des concepts de
Seth avaient déjà été énoncés dans des manuscrits ésotériques remontant à
des milliers d’années. À mesure que notre propre connaissance s’est
accrue, nous avons cependant découvert que, dans certains domaines
essentiels, les idées de Seth s’écartent de celles généralement acceptées
dans la plupart des textes spiritualistes et métaphysiques.
Tout d’abord, Seth n’est pas d’accord avec l’idée d’un Christ ayant
historiquement existé, même s’il admet la légitimité de l’esprit Christ —
comme vous le verrez par la suite dans ce livre. S’il voit la réincarnation
comme un fait, il la situe dans un contexte temporel totalement différent et
en concilie la théorie avec l’idée d’un temps « simultané ». Plus important
encore, peut-être, il décrit la réincarnation comme étant seulement une
petite partie de notre développement complet. D’autres existences tout aussi
importantes se passent dans d’autres dimensions non physiques.
Tout cela est étroitement lié à l’idée que la personnalité se compose
d’actions. La description que fait Seth des trois dilemmes de créativité sur
lesquels repose l’identité est originale et donne beaucoup à réfléchir. Ses
idées sur Dieu sont une extension naturelle et fascinante de ces théories.
La théorie de l’inversion du temps et celle du système de probabilités
sont, à notre connaissance du moins, totalement nouvelles et propres au
matériau de Seth. Son idée quant à la nature de la douleur est aussi assez
différente, me semble-t-il, de la pensée métaphysique actuelle. Il voit la
souffrance comme étant simplement un attribut de la conscience et un signe
de vitalité, considérés alarmants uniquement par les zones identitaires qui
craignent encore la mort comme une fin.
Mais, à partir de là, je vais laisser Seth s’exprimer lui-même. J’ai choisi
des extraits qui sont en rapport avec les sujets évoqués. Dans certains cas,
pour appuyer ses dires, Seth en fait la démonstration. Dans le chapitre sur
la santé, par exemple, j’ai inclus des extraits de quelques consultations
données à des personnes bien précises. J’ai fait de même pour les données
sur la réincarnation. Pour expliquer ses théories sur la nature de la réalité
physique, je me suis servie d’extraits tirés d’une session dans laquelle il a
réellement prouvé qu’il savait de quoi il parlait — si l’on considère qu’une
apparition dans un salon peut constituer un argument légitime.
J’aimerais clore ce chapitre avec des extraits de la session 309, qui s’est
tenue en mars 1967 pour un groupe de lycéens, élèves d’un ami enseignant.
Bien que Seth s’adresse ici à des adolescents, le message est riche de sens
pour tout un chacun.
« Vous créez votre réalité en fonction de vos croyances et de vos
attentes ; il vous incombe donc d’examiner celles-ci attentivement. Si vous
n’aimez pas votre monde, examinez alors votre propre attente. D’une façon
ou d’une autre, vous construisez en termes physiques chacune de vos
pensées.
« Votre monde se forme comme la réplique fidèle de vos pensées. […] Il
existe certains états télépathiques, que nous pouvons appeler croyances-
racines, dont chaque individu se rend compte de façon subconsciente. En
les utilisant, vous formez un environnement physique suffisamment
cohérent pour qu’il y ait un accord général quant aux objets, à leur place et
à leur dimension. D’un certain côté, tout ceci est une hallucination, et c’est
pourtant votre réalité, au sein de laquelle vous devez opérer. Le monde dans
lequel vivent vos parents a d’abord existé en pensée. Il existait autrefois
dans l’étoffe des rêves, et c’est à partir de cela qu’ils ont fait naître leur
univers, et c’est de là qu’ils ont fait naître leur monde.
« Si vous ne vous estimez pas à votre juste valeur, vous allez dire : “Je
suis un organisme physique et je vis à l’intérieur des frontières que
m’imposent l’espace et le temps. Je suis à la merci de mon environnement.”
Si vous ne vous mésestimez pas, vous direz : “Je suis un individu. Je forme
mon environnement physique. Je change mon monde et le construis. Je suis
libre de l’espace et du temps. Je suis une part de tout ce qui est. Il n’y a pas
d’endroit en moi qui soit dépourvu de créativité.” »

[14] Comment développer votre pouvoir de perception extrasensorielle


(N.d.T.).
Chapitre 10

La nature de la réalité physique

Quelle idée vous faites-vous de cet univers physique ? Peut-être n’avez-


vous jamais réfléchi à la question de façon consciente, mais chacun de nous
a une opinion sur le sujet et, que nous en ayons conscience ou non, c’est en
fonction de celle-ci que nous menons nos actions quotidiennes. Par univers
physique, j’entends tout ce avec quoi nous entrons en contact, de quelque
manière que ce soit — les étoiles, les chaises, les évènements, les rochers,
les fleurs —, c’est-à-dire l’ensemble de notre expérience physique. Votre
comportement dépend en grande partie des croyances que vous avez vis-à-
vis de toutes ces choses-là. En fonction de votre vision personnelle de la
réalité, vous vous sentez en sécurité ou pris de panique, heureux ou triste,
plein d’assurance ou en danger.
Certaines personnes pensent que nous sommes coincés dans une réalité
physique, englués comme des insectes sur du papier tue-mouches ou comme
la victime de sables mouvants, chacun de nos mouvements ayant pour effet
d’aggraver notre situation et de précipiter notre extinction. D’autres
perçoivent l’univers comme une sorte de théâtre dans lequel nous sommes
projetés à la naissance et que nous quittons à jamais au moment de la mort.
Tout au fond de leur esprit, ces personnes, qu’elles aient l’un ou l’autre de
ces points de vue, voient en chaque jour nouveau une menace potentielle ;
même la joie devient suspecte car elle aussi doit prendre fin avec la mort du
corps.
Cela avait été mon cas. Quand j’étais tombée amoureuse de Rob, ma joie
avait contribué à accroître le sentiment sous-jacent de tragédie que
j’éprouvais, comme si la mort se moquait encore plus de moi en me rendant
la vie deux fois plus précieuse. Je voyais chaque jour me rapprocher
davantage d’une extinction totale que j’avais peine à imaginer, mais que je
refusais avec une véhémence grandissante.
Beaucoup de gens ont certes le sentiment que la mort est un nouveau
commencement, mais la plupart d’entre nous continuent de penser que nous
sommes à la fois formés et limités par notre corps et par notre
environnement. Beaucoup de ceux qui croient en une vie après la mort
considèrent que ce qui nous arrive au quotidien nous tombe dessus par
hasard. D’autres encore pensent que les évènements, bons ou mauvais, nous
sont envoyés comme des récompenses ou des punitions. Mais la plupart des
gens considèrent comme allant de soi le fait que nous sommes pour
l’essentiel à la merci des évènements, sur lesquels nous avons peu de
contrôle.
Si je traite ce sujet, celui de la nature de la matière physique, c’est avant
tout parce qu’il est fondamental pour la compréhension des théories de
Seth. Seth dit que nous formons l’univers physique de façon aussi
inconsciente que nous respirons. Nous n’avons pas à considérer cet univers
comme une prison dont nous nous échapperons un jour, ni comme une salle
d’exécution d’où toute échappatoire est impossible. Au contraire, nous
formons réellement la matière afin d’agir dans la réalité tridimensionnelle,
de développer nos aptitudes et d’aider les autres. La matière physique est
plastique ; nous l’utilisons et la modelons selon nos désirs. Ce n’est pas un
béton dans lequel on aurait déversé notre conscience. Sans nous en rendre
compte, nous projetons nos idées vers l’extérieur pour former une réalité
physique. Notre corps est la matérialisation de ce que nous pensons être.
Nous sommes donc tous des créateurs, et ce monde est notre création
commune.
Telles sont les idées de Seth, présentées aussi simplement que je le peux.
Nous ne sommes pas à la merci des évènements. Nous formons les
évènements auxquels nous réagissons ensuite. Examinez cela à titre
personnel : vous n’êtes pas à la merci de l’environnement de votre enfance
ou de vos antécédents, à moins que vous ne pensiez l’être. Vous avez
simplement coopéré avec vos parents à la formation de tout cela.
À elle seule, cette simple déclaration nous a libérés, Rob et moi, de toutes
sortes d’idées préconçues qui entravaient nos vies quotidiennes.
Seth affirme que non seulement nous formons maintenant notre propre
réalité, mais que nous continuerons à le faire après la mort physique ; il est
donc de la plus grande importance que nous comprenions le lien entre
pensée et réalité.
Seth explique avec précision comment nous traduisons les pensées en une
réalité physique. À notre connaissance, cette explication est inédite, elle
n’avait pas été donnée avant le matériau de Seth. Le fait de supposer que
nous créons vraiment la matière génère toutes sortes de questions, c’est le
moins qu’on puisse dire, et Rob et moi avons réfléchi à bon nombre d’entre
elles à un moment ou à un autre. Est-ce que Seth disait que nous créons les
tables et les chaises tout autant que les évènements ? Quand nous sommes
malades, sommes-nous en train de créer notre propre maladie ? Et en
admettant que nous créions la réalité, pouvons-nous alors la changer afin
de l’améliorer ?
Seth répond à ces questions et à beaucoup d’autres que nous n’avions
même pas envisagées. Quand il a commencé, je pensais que le sujet dans
son ensemble était fascinant, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il en fasse
une démonstration en plein milieu de notre salon, et c’est exactement ce qui
s’est passé au cours de la soixante-huitième session (le 6 juillet 1964). Seth
était en train de décrire à Bill Macdonnel le lien intime qu’il y a entre
attente et perception — ce que nous voyons et observons —, quand
l’évènement a eu lieu. Aucun de nous n’oubliera jamais cette séance. Avant
de vous en raconter les temps forts, voici quelques extraits du matériau
transmis juste avant :
« Lorsque je dis que vous créez la matière physique en utilisant la vitalité
intérieure de l’univers, de la même façon que vous formez un dessin avec
votre souffle sur une vitre, je ne veux pas signifier par là que vous êtes les
créateurs de l’univers. Je dis que vous êtes les créateurs du monde physique
tel que vous le connaissez.
« Les substances chimiques seules ne vont pas engendrer la conscience
ou la vie. Vos scientifiques devront faire face au fait que la conscience vient
en premier et développe sa propre forme… Toutes les cellules du corps ont
une conscience séparée. Il y a une coopération consciente entre les cellules
de tous les organes et entre les organes eux-mêmes. […]
« Les molécules et les atomes, et même de plus petites particules, ont une
conscience condensée. Ils se forment en cellules et en conscience cellulaire
individuelle. Le résultat de cette combinaison est une conscience capable de
beaucoup plus d’expérience et d’accomplissement que ne le pourrait un
atome isolé, ou une molécule seule. Et cela se poursuit à l’infini… pour
former le mécanisme du corps physique. Même la plus infime particule
conserve son individualité [grâce à cette coopération], et ses aptitudes sont
multipliées un million de fois.
« La matière est un médium pour la manipulation et la transformation de
l’énergie psychique en aspects qui peuvent ensuite être utilisés comme des
cubes ou des briques de construction… La matière est juste assez cohésive
pour donner une apparence ou une relative permanence aux sens qui la
perçoivent.
« La matière est continuellement créée, mais aucun objet particulier n’est
en lui-même continu. Il n’y a pas, par exemple, un objet physique qui se
détériore avec l’âge. Il y a, au lieu de cela, des créations continues d’énergie
psychique en un motif physique qui semble posséder une apparence plus ou
moins rigide.
« Aucun objet particulier “n’existe suffisamment longtemps” en tant que
chose indivisible, rigide ou identique, pour changer avec l’âge. L’énergie
qui est derrière lui faiblit. Le motif physique s’estompe donc. Passé un
certain stade, chaque re-création devient moins parfaite, selon votre point
de vue. Après bon nombre de ces re-créations que vous n’avez pas perçues,
vous remarquez une différence et présumez qu’un changement… s’est
produit. Le matériau même qui semble constituer l’objet a complètement
disparu de nombreuses fois et le motif a été de nouveau complètement
empli avec de la matière nouvelle. […]
« La matière physique rend la conscience effective à l’intérieur d’une
réalité tridimensionnelle. Quand l’énergie individualisée aborde votre
champ particulier, elle s’exprime en lui au mieux de sa capacité. À mesure
que l’énergie s’approche, elle crée la matière, tout d’abord de façon
quasiment malléable. Mais la création est continue, comme un faisceau ou
une suite sans fin de faisceaux, qui sont faibles au départ lorsqu’ils sont
loin, puis se renforcent, avant de faiblir à nouveau tandis qu’ils s’éloignent.
« D’elle-même, la matière n’est cependant pas plus continue, et n’a pas
davantage tendance à croître ou à vieillir que la couleur jaune, par
exemple. »
La session 68 avait eu lieu un soir où il faisait très chaud. Toutes les
fenêtres étaient ouvertes. Nous buvions un café glacé et mon verre était
posé sur la table en bois quand la séance a débuté. À cette époque-là, je
parcourais encore la pièce de long en large pendant que je parlais pour
Seth, les yeux ouverts et les pupilles sombres et dilatées. Comme
d’habitude, Seth s’adressait à nous avec le nom de nos entités : il
m’appelait Ruburt, et appelait Rob Joseph. Quant à Bill Macdonnel, il était
Mark. (Comme je l’ai mentionné, ces noms font référence aux personnalités
complètes dont nos moi actuels ne sont qu’une partie.)
Peu de temps après le début de la session, j’ai pris mon verre sur la table
et l’ai levé pour le montrer à Rob et à Bill. Simultanément, la voix de Seth
s’est faite plus grave et plus forte, les intonations masculines commençant à
se faire entendre. Seth a alors pris le verre comme exemple autour duquel
élaborer son propos.
« Aucun d’entre vous ne voit le verre que les autres voient… Chacun de
vous trois crée son propre verre, selon sa perspective personnelle. Vous
avez donc ici trois verres physiques différents, mais chacun d’eux existe
dans un continuum spatial totalement différent. »
À cet instant-là, la voix de Seth a vraiment retenti. Bill, qui était assis
dans le fauteuil à bascule au milieu de la pièce, a avancé son siège pour
mieux voir. Comme d’habitude, Rob notait mot à mot ce que disait Seth,
levant les yeux chaque fois qu’il le pouvait pour suivre la scène.
« Maintenant, Mark, vous ne pouvez pas voir le verre de Joseph, pas plus
qu’il ne peut voir le vôtre, a dit Seth. On peut le prouver mathématiquement
et des scientifiques étudient déjà le problème, même s’ils ne comprennent
pas les principes qui se trouvent derrière. Maintenant, il y a un point
infinitésimal où la perspective de Mark et celle de Ruburt se chevauchent.
Théoriquement, une fois encore, si vous pouviez percevoir ce point-là, vous
pourriez en fait chacun voir les deux autres verres physiques.
« Les objets physiques ne peuvent exister que dans une perspective
définie et un continuum spatial. Mais chaque individu crée son propre
continuum spatial… Je veux relier cela aux différences que vous semblez
voir dans un objet particulier. Chaque individu crée en réalité un objet
totalement différent, que ses propres sens physiques perçoivent ensuite.
Puisque nous avons ici, ce soir, un hôte si élégant et bienvenu, a souri Seth,
autorisons-nous donc à le percevoir dans l’optique de cette petite
discussion, pour laquelle il sera notre cobaye. »
À ce moment-là, personne ne pensait rien de particulier des derniers
mots de Seth. Tout d’abord, Rob était si occupé à prendre des notes qu’il ne
prêtait pas réellement beaucoup d’attention à ce qui venait d’être dit, seul
lui importait de transcrire avec précision les paroles de Seth. Pour autant
que je m’en souvienne, je ne me rendais pas vraiment compte de ce que je
disais.
Je vais citer ici les notes complémentaires écrites par Rob juste après la
séance :
« Le débit de Jane était ininterrompu tandis qu’elle arpentait la pièce
d’un pas assez rapide. Sa voix était forte et profonde, beaucoup plus grave
qu’à l’ordinaire, pourtant elle parlait sans effort apparent.
De la table où j’écrivais, à droite de l’entrée de la salle de bains, je
pouvais facilement voir Bill assis dans notre fauteuil à bascule, faisant face
à la salle de bains. […] Tandis que Jane continuait de parler, j’ai remarqué
que Bill n’arrêtait pas de regarder fixement la salle de bains à travers la
porte ouverte, mais je n’y ai pas prêté une attention particulière. Pour moi,
il allait de soi que la remarque de Seth disant que Bill servirait de cobaye
signifiait simplement qu’il allait être le sujet de la conversation. »
Pendant ce temps-là, la session continuait.
« Vous, Joseph, vous percevez Mark assis dans le fauteuil, a poursuivi
Seth. Il est assis dans son propre fauteuil, qu’il a construit dans son
continuum spatial et sa perspective personnelle.
« Ruburt et vous, vous percevez Mark et, pourtant, aucun de vous deux
ne voit le Mark qui est celui de Mark. Tandis qu’il est assis dans son
fauteuil, il est constamment en train de créer sa propre image physique,
utilisant sa propre énergie psychique, ainsi que des molécules et des atomes
particuliers pour la construction de son corps. Jusqu’à présent, nous avons
donc ici un Mark, construit par lui-même et, avant que cette soirée
s’achève, vous serez stupéfaits de voir combien de Mark nous finirons par
avoir.
« Je vous suggère une pause, et croyez-moi, Mark : vous êtes plus que ce
que vous en savez. Soit dit en passant, je souhaiterais que vous accordiez
une attention particulière à cette session, car le matériau sera très utile. »
« Dès que la pause a commencé, Bill nous a annoncé qu’il avait vu une
image à l’entrée de la salle de bains. C’était ce qu’il n’avait cessé de
regarder. Il a demandé une feuille de papier et s’est mis immédiatement à
tracer une esquisse de ce qu’il avait vu. Bill est un artiste, et un enseignant.
Alors qu’elle ne se sentait pas très en forme au début de la session, Jane
a dit qu’elle allait bien à présent. Elle a expliqué que Seth l’avait « vite
mise hors circuit ». Willie, notre chat, s’activait maintenant : il a commencé
à se déplacer dans l’appartement en miaulant très fort. Il se comportait
d’une façon assez effrayante, regardant tout autour de lui, bien qu’il n’y ait
alentour aucun insecte ni son susceptible de le déranger.
Dès que Bill nous a dit qu’il avait vu une image, Jane et moi avons bien
sûr regardé l’entrée de la salle de bains. Mais nous n’avons rien vu ; Bill a
d’ailleurs confirmé que l’image s’était évanouie au cours de la pause. Jane
a maintenant recommencé à dicter avec la même voix puissante et très
grave. Bill a continué à dessiner, disant qu’il n’était pas satisfait de son
esquisse et qu’il allait en faire une autre. »
La séance a repris.
« J’aurai bientôt quelque chose à dire au sujet de l’apparition. Mais
d’abord, j’aimerais que vous remarquiez que la voix de Ruburt est un peu
plus basse. Maintenant, avec votre permission, je vais poursuivre.
« Bien que Mark crée sa propre image physique, vous ne la voyez pas.
En ce moment, il y a dans cette pièce trois Mark totalement différents. »
« Ici, Jane, en tant que Seth, a montré Bill du doigt ; il était assis dans le
fauteuil à bascule, en train de travailler sur son deuxième dessin. Puis elle
m’a désigné. Dans le même temps, Bill n’arrêtait pas de fixer à nouveau
l’entrée de la salle de bains. Comme précédemment, je ne pouvais rien voir
de ma place ; la porte ouverte me bouchait complètement la vue. Je ne
voulais pas courir le risque de me déplacer, puisque je devais continuer à
prendre des notes pour être sûr que tout soit consigné par écrit. »
« Il y a le Mark que Mark a créé, une construction physique réelle. Il y en
a un autre, créé par vous, Joseph. Et il y a encore deux autres Mark
physiques, l’un créé par Ruburt et l’autre par votre chat. Si une autre
personne pénétrait dans la pièce, il y aurait un Mark physique de plus.
« Dans cette pièce, il y a donc quatre Ruburt, quatre Joseph et quatre
chats — tous physiques. Et il y a quatre pièces. »
« De mon atelier, situé dans la partie arrière de l’appartement, un cri de
Willie nous est parvenu. Il continuait à fureter partout. »
« Votre ami Mark, pour faire une digression, est d’une certaine manière
un excellent témoin, car il est sensible aux constructions qui, provenant
d’autres plans, apparaissent au sein du monde physique. La portée de son
attention est fine. Je me suis en effet tenu momentanément à l’entrée de la
salle de bains, même si je peux dire… »
Ici, Jane a marqué un temps d’arrêt à côté de Bill et s’est emparée du
premier dessin qu’il avait fait de sa vision de l’apparition.
« … que j’ai l’air beaucoup plus enjoué que ce qui est dessiné ici. Vous
avez raté certains traits au niveau des pommettes. Et si vous observez
l’image de plus près maintenant, je suis peut-être capable de la rendre plus
claire. »
« Jane a rendu l’esquisse à Bill, qui a continué à fixer l’embrasure de la
porte. »
« C’est la première fois que j’ai tenté de m’approcher de cette manière au
cours d’une session. Je suis heureux d’avoir été perçu et je vous ai observés
depuis la place qui est la mienne. L’image dans l’embrasure de la porte est
bien moi, même s’il y a forcément une distorsion dans la perception que
Mark a de moi. Il me perçoit avec ses sens intérieurs et essaye ensuite de
transformer ces données en une information susceptible d’être perçue
physiquement. »
« Jane se tenait maintenant debout derrière Bill, regardant par-dessus
son épaule tandis qu’il dessinait. »
« Il y a une certaine suffisance au niveau des lèvres, très bien, dont je suis
plutôt content. Je suis moi-même en train de créer cette construction. Pour
apparaître à l’intérieur de votre plan, toute construction, qu’elle soit perçue
par vous ou non, doit être composée d’atomes ou de molécules.
« Leur mouvement et leur vitesse diffèrent des constructions communes.
Je suis dans le cas présent en train de m’exprimer à travers Ruburt, alors
que je me tiens aussi, dans le même temps, dans cette construction et que je
regarde Ruburt parler. Plus tard, il se peut que je sois capable de parler
depuis ma propre construction. »
« Jane a pris le second dessin des mains de Bill et s’est mise à marcher
de long en large en parlant, pendant qu’elle l’examinait. J’ai entrevu
l’esquisse au moment où elle l’a brandie dans ma direction. Pendant tout ce
temps, Bill continuait à fixer l’embrasure de la porte. »
« Il est vrai qu’à certains égards je ne suis pas une beauté, selon vos
termes, pourtant vous devez attester du fait que je ne suis pas vraiment laid.
Je vais vous laisser faire votre pause. Et je souhaite remercier Mark. Quand
j’ai dit qu’il allait se joindre à moi dans une démonstration, je voulais dire
qu’il allait se joindre à moi dans une démonstration. »
« En tant que Seth, Jane a terminé le monologue en riant un peu de Bill.
Ensuite, j’ai demandé à celui-ci ce qu’il avait vu exactement. Il a dit que
l’ouverture sombre de l’entrée de la salle de bains était devenue d’un blanc
laiteux. Il avait alors vu la forme de l’apparition de Seth se détachant sur
cet arrière-plan plus lumineux. Il s’agissait essentiellement d’une
silhouette, a expliqué Bill, sans aucun détail marquant, et cependant, au
cours du premier monologue, il avait pu bien regarder le visage. Cela lui
avait fait pratiquement l’effet de regarder le négatif d’une photographie.
Bill a ajouté que le visage de l’apparition était à environ un mètre quatre-
vingt au-dessus du sol. »
Les mains de Rob étaient fatiguées de prendre des notes ; nous avons fait
une pause. J’étais perplexe. Bill jurait ses grands dieux qu’il avait vu
l’apparition pendant près d’une heure. Celle-ci n’était pas aussi dense
qu’un corps ordinaire, mais elle était loin d’être transparente. Seth avait
fait de nombreux commentaires la concernant. Pourtant, je n’avais rien vu.
Rob n’avait pas pu quitter son siège, il n’avait donc rien vu non plus.
Toutes les lumières étaient allumées, mais je ne pouvais tout simplement pas
accepter l’idée d’une apparition.
« Bill, je parie que vous n’avez rien vu, ai-je dit. Vous voulez simplement
que nous admettions avoir vu quelque chose et, ensuite, vous allez éclater
de rire et nous dire que vous avez tout inventé. »
« Voilà une chose intelligente à dire ! » a rétorqué Bill avec colère. À
peine avais-je fait ma remarque que je la regrettais déjà.
« Votre imagination ? » ai-je demandé avec une petite voix.
« Je suis doué d’une imagination aussi bonne que n’importe qui, mais, en
général, je ne me balade pas en voyant ce genre de chose. »
« Chérie, pourquoi ne le crois-tu pas simplement sur parole ? » a
demandé Rob.
« Bon, d’accord. » D’un seul coup, je me suis sentie idiote. En
accomplissant une sorte de danse, j’ai virevolté en direction de la salle de
bains, j’ai ri et demandé : « D’accord, Bill, maintenant, où exactement
avez-vous vu votre homme dans l’embrasure de la porte ? » J’ai fait le
pitre, en bougeant à l’entrée de la salle de bains. « Était-ce ici ? Ou bien
là ? »
Soudain, j’ai vu l’expression du visage de Rob et de Bill changer. Debout
au milieu de la pièce, ils avaient ri de moi, et voilà que maintenant Rob
devenait livide et que Bill restait bouche bée. « Quelque chose ne va pas ? »
ai-je demandé.
« Ne bouge surtout pas », a dit Rob très calmement.
Je sentais des picotements, mais je ne voyais rien. Vu la réaction de Rob
et de Bill, je savais que quelque chose d’étrange se produisait, alors je suis
simplement restée immobile, comme on me l’avait dit. Et j’ai cessé de rire.
Voici à nouveau les notes de Rob :
« Bill et moi avons remarqué en même temps que les traits animés de
Jane étaient en train de se modifier. Pendant qu’elle nous parlait, sa
mâchoire a pris une configuration plus carrée, bordée par sa longue
chevelure noire. Son nez s’est élargi. Sa bouche s’est dotée de lèvres plus
charnues, plus épaisses et plus larges tandis qu’elles bougeaient en parlant.
Son cou s’est épaissi. Ni Bill ni moi n’avons noté le moindre changement
dans ses yeux ou son front.
À notre demande, Jane est restée debout, là où elle était. Ce que nous
voyions ne faisait aucun doute. L’effet a duré une minute ou deux. La pièce
était bien éclairée. On aurait dit que le changement dans les traits de Jane
prenait place sur un plan situé environ deux à trois centimètres devant ses
traits réels, comme s’ils étaient suspendus sur un écran transparent.
Pendant que je les regardais, je voyais ou sentais derrière eux — ou à
travers eux — ceux réels de Jane, tels que je les connaissais. »
Ensuite, Rob m’a demandé d’avancer de quelques centimètres, ce que
j’ai fait. L’effet a diminué, puis disparu.
Nous avons repris la session, avec toutes sortes de questions en tête. Bill
nous a dit qu’il sentait encore la première apparition, de façon très intense
par moments. Il avait fait deux portraits et était encore en train d’y
apporter des corrections. Étant donné que la session a débuté à 21 heures
et qu’elle a duré jusqu’à minuit, je ne vais pas tenter de la retranscrire ici
dans sa totalité. Durant toute la séance, la voix a été constamment
masculine et grave, devenant de plus en plus celle que pourrait avoir Seth,
à mesure que la soirée avançait.
Quand la session a repris, je me suis, en tant que Seth, emparée du
second dessin de Bill et j’ai dit : « Ce portrait représente une transformation
extérieure qui s’est produite au moment où Mark a tenté de construire une
réplique exacte du matériau qu’il percevait avec ses sens intérieurs et, en
tant que tel, c’est une reconstruction de ce que je suis.
« Il représente l’apparence que prennent ces aptitudes qui sont les
miennes lorsqu’elles sont étroitement connectées avec le plan physique.
Cela ne signifie pas nécessairement que j’ai la même image dans tous les
plans. C’est la première fois que j’ai une représentation de ce genre, et je
l’aime bien.
« Je ne serais pas surpris que vous vous interrogiez sur la part que peut
jouer la suggestion dans une telle démonstration. […] En général, aucun
objet physique ne peut toutefois être construit, et aucune action ne peut
avoir lieu, sans ce que vous aimez appeler une suggestion. Aucune action,
aucun objet matériel ne peut être perçu sans une volonté et un consentement
intérieurs. Derrière toute action et toute construction, il y a donc une
suggestion.
« La suggestion n’est ni plus ni moins que la volonté et le consentement
intérieurs de permettre à une action particulière de se produire ; et ce
consentement est le déclic qui déclenche les mécanismes subconscients
vous permettant de construire des données intérieures en une réalité
physique.
« Dire que mon apparence dans l’embrasure de la porte était causée par
une suggestion n’est ni plus vrai ni plus faux que de dire que cette pièce et
tout ce qu’elle contient sont causés par une suggestion. […] Vous
comprendrez que penser en termes d’un seul univers physique est une
erreur. Maintenant, vous existez dans quatre univers différents, en ce
moment même… »
Seth a expliqué que l’apparence de l’apparition était toutefois déformée
par les propres idées de Bill. Le front haut, par exemple, correspond à
l’interprétation que Bill se fait d’une grande intelligence. Bill interprète à
sa propre façon les données disponibles : c’est le Seth que Bill a vu,
indépendamment de l’apparence même de Seth.
Puis Seth a poursuivi, de façon assez amusante, en donnant à Bill des
« informations à l’avance » sur un voyage qu’il allait faire pour ses
vacances, la semaine suivante. Il a décrit des personnes et des évènements,
informations dont nous avons pu vérifier l’exactitude au retour de Bill.
À l’époque, Rob et moi envisagions d’acheter la maison dont j’ai déjà
fait mention. Le jour où s’est déroulée cette session, nous étions allés la
visiter une nouvelle fois, et avions été surpris de trouver ouverte la porte
donnant sur l’arrière. Seth nous disait maintenant que nous avions ouvert
la porte nous-mêmes, en utilisant une énergie psychique, et que c’était
simplement un exemple de l’esprit influençant la matière.
Je ne savais que penser. Après en avoir terminé avec ce sujet, Seth a
commencé à plaisanter avec Rob et Bill, et il a fait montre d’un tel entrain
et d’une telle vitalité que Rob avait du mal à prendre des notes tellement il
riait.
La session m’a totalement médusée. Nous avions tant de questions à
poser que nous ne savions par où commencer. Comment précisément
formons-nous des évènements à partir d’une énergie mentale ? Comment
formons-nous des objets ? Comment faisons-nous pour être d’accord sur ce
que nous voyons ?
Voici quelques extraits, provenant de sessions ultérieures, qui expliquent
comment nous projetons nos idées et comment celles-ci prennent forme en
évènements et objets. À ce stade, je ferais bien de préciser que Seth affirme
que la télépathie opère constamment, fournissant des communications
intérieures pour étayer toutes les données sensorielles.
Extrait de la séance 302, du 21 novembre 1966 :
« Le monde objectif est le résultat final d’une action intérieure. Vous
pouvez en effet manipuler le monde objectif à partir de l’intérieur, car ceci
est le sens et la définition d’une vraie manipulation. […]
« Les pensées et les images prennent forme dans la réalité physique et
deviennent un fait physique. Elles sont propulsées chimiquement. Une
pensée est énergie. Elle commence à se produire physiquement au moment
de sa conception.
« Les enzymes mentales sont connectées à la glande pinéale. Telles que
vous les connaissez, les substances chimiques du corps sont physiques,
mais elles sont les propulseurs de cette pensée-énergie, contenant toutes les
données codifiées nécessaires pour traduire une pensée ou image en une
réalité physique. Elles amènent le corps à reproduire l’image intérieure.
Elles sont pour ainsi dire les étincelles initiatrices de la transformation.
« À travers le système de la peau et des pores, les substances chimiques
sont libérées en une formation pseudo-physique, invisible mais définie.
L’intensité d’une pensée ou d’une image détermine largement l’immédiateté
de sa matérialisation physique. Autour de vous, il n’y a pas un seul objet
que vous n’ayez créé. Il n’y a rien concernant votre propre image physique
qui ne soit pas de votre fait.
« La pensée, ou image initiale, existe à l’intérieur de l’enceinte mentale
[comme cela a été expliqué lors de précédentes sessions]. Elle n’est pas
encore physique. Puis elle est amenée à jaillir en une matérialisation
physique par les enzymes mentales.
« C’est la procédure générale. Toutes les images et pensées de ce type ne
sont pourtant pas complètement matérialisées, en vos termes. Leur intensité
peut être trop faible. La réaction chimique provoque des charges
électriques, dont certaines à l’intérieur des couches de la peau. Des
radiations se produisent alors à travers la peau, en direction du monde
extérieur ; elles sont porteuses d’instructions et d’informations extrêmement
codifiées.
« L’environnement physique fait tout autant partie de vous que votre
corps. Le contrôle que vous avez sur lui est tout à fait effectif, car vous le
créez tout comme vous créez le bout de vos doigts. […] Les objets sont
composés de la même pseudo-matière qui, à partir de votre propre image
physique, rayonne vers l’extérieur, seule sa masse d’intensité plus élevée
diffère. Quand cette pseudo-matière s’est suffisamment accumulée, vous la
reconnaissez en tant qu’objet. Et elle n’est pas apparente pour vous quand la
masse d’intensité est faible.
« Chaque nerf, chaque fibre à l’intérieur du corps a un but intérieur qui
n’est pas perçu, qui sert à connecter le moi intérieur à une réalité physique,
et qui permet à ce dernier de créer une réalité physique. En un sens, le corps
et les objets physiques jaillissent dans toutes les directions, à partir du cœur
même du moi complet. »
Ce matériau a été transmis alors que nous faisions encore les tests
Instream. Par la suite, une fois que nous nous en sommes dispensés, Seth a
eu plus de temps pour répondre à nos questions. Rob voulait savoir quelles
autres parties du corps — s’il y en avait — étaient responsables de cette
création de matière. Voici un extrait de la réponse que nous avons reçue :
« Les impulsions nerveuses voyagent du corps vers l’extérieur, de
manière invisible, en suivant des réseaux nerveux, d’une façon tout à fait
semblable à leur circulation à l’intérieur du corps. Ces circuits transportent
des pensées, des impulsions et des désirs télépathiques qui se propagent
vers l’extérieur à partir de n’importe quel moi donné, modifiant des
évènements apparemment objectifs. »
Ce qui suit est à mon sens très important :
« De façon très réelle, les évènements et les objets sont en fait des points
focaux où des impulsions psychiques extrêmement chargées sont
transformées en quelque chose qui peut être perçu physiquement : une
percée dans la matière. Quand de telles impulsions à très forte charge se
croisent ou coïncident, de la matière se forme. La réalité derrière une telle
explosion en matière est indépendante de la matière elle-même. Un motif
identique, ou presque identique, peut réémerger « à n’importe quel
moment » à maintes reprises, si les coordonnées appropriées pour son
activation existent. »
Tout au long des siècles, de nombreuses personnes ont reconnu qu’il y
avait un lien entre l’esprit et la matière, mais le matériau de Seth donne
expressément les voies et les moyens par lesquels l’esprit se traduit dans la
réalité que nous connaissons. Quelle force, par exemple, y a-t-il exactement
derrière les unités de matière les plus infimes ? Comment se produit ce
jaillissement en matière ? Afin d’aborder ces questions avec l’attention
qu’elles méritent, je traiterai séparément chacune d’elles dans l’Appendice.
Et quelle est la raison d’être de tout cela ? Voici ce qu’en dit Seth :
« Dans votre système de réalité, vous êtes en train d’apprendre ce qu’est
l’énergie mentale et comment l’utiliser. Vous faites cela en transformant
constamment vos pensées et vos émotions en forme physique. Vous êtes
censés parvenir à une représentation claire de votre développement intérieur
en percevant l’environnement extérieur. Ce qui semble être une perception,
un évènement objectif concret indépendant de vous, est en fait la
matérialisation de vos propres émotions, énergie et environnement mental
intérieurs. »
Mais comme vous le verrez, nous formons notre réalité physique non
seulement maintenant et après la mort, mais durant plusieurs vies au moins,
tandis que nous apprenons à traduire énergie et idée en expérience. Nous
ne formons pas seulement notre environnement maintenant, mais nous
choisissons à l’avance nos parents et les circonstances que nous allons
connaître. Après avoir lu les deux prochains chapitres, vous verrez peut-être
pourquoi j’ai finalement accepté l’idée de réincarnation, après y avoir été
opposée « à mort ».
Chapitre 11

La réincarnation

Avons-nous vécu auparavant ? Vivrons-nous à nouveau ? Selon Seth,


nous nous sommes tous déjà réincarnés et, quand nous en aurons fini avec
notre série de vies terrestres, nous continuerons d’exister dans d’autres
systèmes de réalité. Dans chaque vie, nous faisons l’expérience de
conditions que nous avons choisies à l’avance, de circonstances et de défis
taillés sur mesure pour répondre aux besoins qui nous sont propres et
développer nos aptitudes.
Réfléchissons : certains d’entre nous naissent géniaux et d’autres fous,
certains sont sveltes et élégants, alors que d’autres ont des organes vitaux
déficients ou des membres en moins ; il y a des personnes qui naissent
nanties de tant de richesses qu’elles vivent dans un monde à peine
imaginable pour la majeure partie d’entre nous, et il y en a d’autres qui
vieillissent et meurent dans des lieux obscurs et miséreux, ce qui est tout
aussi incompréhensible. Pourquoi ? Seule la réincarnation permet
d’intégrer ces conditions apparemment disparates dans un schéma qui a un
sens. Selon Seth, ces situations ne nous sont pas imposées, elles sont
choisies.
Pourquoi quiconque opterait-il pour une existence de maladie et de
pauvreté ? Et qu’en est-il des enfants qui meurent jeunes, ou des militaires
tués à la guerre ? Toutes ces questions nous sont venues à l’esprit quand
Seth a commencé à parler de la réincarnation. Comme je l’ai déjà dit,
lorsque les sessions ont débuté, je ne croyais pas que nous survivions ne
serait-ce qu’une fois à la mort, et encore moins de nombreuses fois. Si nous
avons vécu auparavant, pensais-je, et si nous ne pouvons pas nous en
souvenir, alors à quoi cela peut-il bien servir ? Selon Seth, nous vivons dans
le « Présent spacieux », et il n’y a en vérité aucun passé, présent ou futur.
Alors comment peut-on vivre une vie « avant » une autre ?
Certaines réponses sont apparues lors de consultations destinées à des
tiers, au cours desquelles Seth traitait de cas spécifiques. Je ne donne pas
de consultations ni de sessions pour le public (pas plus que je ne demande
des honoraires ni n’accepte quelque contribution que ce soit) ; les
consultations portant sur la réincarnation étaient donc celles données pour
des étudiants ou amis, ou pour des personnes ayant demandé assistance
face à un problème particulièrement tragique. D’ailleurs, Seth n’accorde ce
genre de consultations que si elles ont un rapport avec le sujet du moment.
Pourquoi certains enfants meurent-ils jeunes — en particulier des enfants
pleins de talents, ayant des parents dévoués ? Je ne crois pas qu’il puisse y
avoir une réponse unique à cela ni aucune explication complète, mais nous
avons eu deux sessions où il a été question de ces enfants, et je peux donc
vous donner les explications avancées, relatives à ces circonstances
spécifiques.
Le premier cas concernait un couple que je vais appeler Jim et Ann
Linden. Ann, que je ne connaissais pas du tout, m’avait téléphoné un matin.
Étant donné qu’elle m’appelait en direct, rien n’indiquait qu’il s’agissait
d’un appel longue distance et j’ai pensé que ce coup de fil venait d’Elmira,
d’autant plus qu’elle m’avait dit y avoir des amis. Elle m’a raconté que son
fils, Peter, était mort quelques mois auparavant à l’âge de trois ans. Son
mari et elle se sentaient perdus, disait-elle, et un de leurs amis, Ray Van
Over, psychologue à New York, leur avait suggéré de m’appeler.
« Je n’ai rencontré Ray qu’une seule fois, ai-je répondu. Il a dû vous dire
que je ne donne pas de consultations et que je me concentre sur notre
travail personnel et les sessions de Seth. »
« Oui, il me l’a dit, a confirmé Ann. Mais il pensait que vous feriez peut-
être une exception. Vous l’avez déjà fait parfois, semble-t-il, dans des cas
semblables. » Puis elle s’est tue.
J’ai attendu un long moment, en réfléchissant. « Bien, ce soir, il y a une
de nos sessions régulières, si vous voulez venir… »
« Nous serons là, a-t-elle dit rapidement. Mon mari est à New York pour
la journée, mais il sera de retour en fin d’après-midi. »
« Alors il sera peut-être trop fatigué. »
Elle m’a assuré qu’après une petite douche et un dîner rapide il serait à
nouveau frais et dispo. Nous sommes donc convenus que Jim et elle
viendraient chez nous vers 20 heures.
J’ai annoncé cela à Rob, et bien qu’il m’ait dit que c’était à moi de
décider, cela ne lui plaisait pas trop. « Souviens-toi de ce qui s’est passé la
dernière fois que tu as essayé pour quelqu’un de contacter un proche qui
était mort. » Puis il a ajouté : « De toute façon, laissons Seth s’occuper de
cela. »
J’ai hoché la tête, ne me souvenant que trop bien de l’incident auquel
Rob faisait allusion. Je l’avais eu constamment à l’esprit pendant tout le
temps où je parlais avec Ann Linden au téléphone.
« Tu ne voudrais pas que quelque chose comme ça se reproduise, n’est-ce
pas ? » a demandé Rob.
« Non, non », ai-je répondu tandis que les détails de ce jour-là
envahissaient une fois de plus ma conscience. C’était un beau samedi
après-midi ensoleillé, quelques mois plus tôt. J’étais en jeans, en train de
faire le ménage, quand une de mes élèves a appelé. Elle avait un problème
particulièrement épineux et souhaitait que j’essaye de contacter sa belle-
mère décédée. Cette étudiante n’avait assisté qu’à quelques cours ; sa
belle-mère avait vécu en Floride et y était morte. Je ne connaissais pas du
tout sa famille.
Je lui ai dit de venir, et Rob est sorti de son atelier pour prendre des
notes. Au cours de la séance, j’ai eu le sentiment d’être la femme décédée,
revivant une dispute qu’elle avait eue un jour avec son mari. En tant que
cette femme, je brandissais mon poing et l’abattais sur notre table, avec une
telle force que Rob avait craint que je ne me brise les os de la main. C’était
une violente querelle. L’autre personnalité prenait presque totalement le
dessus sur moi et Rob s’inquiétait vraiment pour ma sécurité physique. J’ai
pu « m’en sortir » sans aucun muscle froissé ni os meurtri — cette femme
était à l’évidence habituée à un corps beaucoup plus grand et beaucoup
plus fort que le mien —, mais depuis lors, Rob et moi avons été prudents.
Je me suis pourtant mise à sourire en y repensant : d’après Rob, la boîte
de poudre de nettoyage avait vraiment sauté quand mon poing s’était
abattu sur la table la première fois, et tous les accessoires qui étaient près
de mon coude avaient valsé à droite, à gauche. Avec le soleil qui illuminait
la pièce par les baies vitrées, on était pourtant loin du cadre d’une séance
occulte. Mon élève était convaincue que sa belle-mère s’était exprimée à
travers moi, car j’avais employé ses gestes et son langage — y compris
certaines expressions favorites assez imagées.
Rob observait mon visage. « À l’époque, tu n’as pas trouvé ça très
amusant, n’est-ce pas ? »
J’ai dû admettre que non. Pourtant, la plupart des dates et des noms que
j’avais donnés ce jour-là s’étaient révélés exacts, dont un élément en
particulier — que mon élève ne connaissait pas — qui avait été par la suite
corroboré par un proche.
« C’est juste parce que Seth n’était pas là, ai-je dit. S’il avait été présent,
il m’aurait probablement donné les informations, et je n’aurais pas eu à
passer par tout cela. »
« Ou bien tu voulais simplement essayer par toi-même », a dit Rob.
J’ai grimacé, me sentant un peu coupable. Je m’étais interrogée sur ce
point. Avais-je décidé d’essayer de voler de mes propres ailes, pour voir
quelle preuve de survie je pouvais obtenir par moi-même ?
Si j’avais accepté ce rôle de manière subconsciente, alors j’avais fait un
sacré bon travail, et si la télépathie était entrée en jeu, là encore c’était un
sacré bon travail, puisque mon étudiante avait pu vérifier certains faits
auprès d’autres personnes. Mais cela ne m’avait pas plu et je ne voulais
pas que quoi ce soit de ce genre se reproduise. Je suis assez difficile dans le
choix des gens que je laisse entrer dans ma maison et, qu’elles soient
vivantes ou mortes, les personnes de ce genre ne sont pas bienvenues.
« Je ne veux tout de même pas avoir des réactions excessives, ai-je dit.
Les Linden veulent seulement savoir ce qu’il en est de leur petit garçon. En
plus, je laisserai Seth s’occuper de cela. C’est un soir de session, après
tout. »
Je savais toutefois que Rob avait raison : une certaine autoprotection de
ma part est nécessaire. Outre cet épisode de la belle-mère, il y en avait eu
quelques autres pénibles, impliquant des situations émotionnelles que
j’avais « captées » chez d’autres personnes vivantes. En tout cas, quand je
peux obtenir de Seth un excellent matériau, il me semble que c’est là que
réside ma responsabilité première. Lorsque Jim et Ann sont arrivés ce soir-
là, tous ces sentiments étaient en arrière-plan dans ma tête.
Une autre surprise m’attendait. Vers 18 heures, Ann a appelé en disant
qu’elle était à Binghamton, dans l’État de New York : une ville située à plus
d’une heure de route de chez nous. Elle ignorait totalement qu’Elmira était
si loin de Brooklyn !
« Brooklyn ? » J’en ai presque lâché le téléphone. « Je croyais que vous
vouliez dire que votre mari était à New York pour la journée, mais que vous
viviez ici… »
« Oh non ! a dit Ann, mais Jim est rentré tôt cet après-midi et nous
pensions qu’il nous faudrait juste quelques heures pour arriver à Elmira. »
« Ouah ! me suis-je exclamée, tandis que Rob posait son journal. Vous
êtes en train de me dire que vous venez jusqu’ici en voiture juste pour une
session ? New York regorge d’excellents médiums. »
« Mais vous nous avez été très fortement recommandée. Nous serons un
peu en retard, c’est pour cela que je vous appelle. Ça m’ennuie de vous
demander cela, mais pourriez-vous patienter jusqu’à ce que nous
arrivions ? »
Dans une sorte de brouillard, j’ai dit oui puis raccroché. Rob craignait
que je me sois sentie forcée d’accepter, sachant qu’ils faisaient un aller-
retour aussi long dans la même soirée pour une session. J’avais expliqué à
Ann que je ne pouvais pas lui donner la moindre garantie sur ce qui se
passerait. J’ai délibérément cessé d’y penser et j’ai regardé la télévision
pendant tout le début de la soirée. Ensuite, pour couronner le tout, Phil a
débarqué vers 20 heures en expliquant qu’il était en ville ce soir-là et qu’il
aimerait bien assister à une session !
Jim et Ann sont arrivés vers 22 heures, et ils nous ont plu tout de suite, à
Rob et à moi. Tous deux proches de la trentaine, ils étaient intelligents et,
comme nous, ils ne faisaient pas de manières. Autour d’un verre de vin, ils
nous ont parlé de leur fils. « Il avait, disait Jim, une vivacité d’esprit
exceptionnelle. Il était formidable, et je ne dis pas cela simplement parce
que c’était notre enfant. Dès le départ, il était bien au-dessus de la
moyenne, il réagissait vite, à tel point que cela nous effrayait presque,
d’une certaine manière. Et puis, une nuit, il est mort d’une anémie
aplasique. Personne ne sait même quelle en est la cause. »
Que peut-on dire dans une telle situation ? Je voulais aider. Je sentais
leur terrible besoin, mais je comprenais aussi qu’il était quasiment
impossible d’apporter une preuve réelle de la vie après la mort. À supposer
que je sois entrée en contact avec l’enfant, ou que j’ai pensé le faire, en
quoi cela aurait-il aidé ? Au lieu qu’ils soient confrontés à la réalité de la
séparation, cette situation ne risquait-elle pas simplement d’aggraver les
choses ? Mes propres doutes se sont élevés : et si le subconscient se mettait
à faire son cinéma…
Rob devait avoir lu mes pensées. « Détends-toi, chérie », m’a-t-il dit. J’ai
expliqué aux Linden ma position et Ann a souri : « Ray a dit que vous étiez
l’un des médiums les plus objectifs qu’il connaissait. »
« Je crains d’être trop objective. Cela me retient parfois et m’empêche
d’utiliser pleinement mes capacités. »
C’est la dernière chose que je me souviens d’avoir dite en tant que moi-
même. L’instant d’après, la voix profonde et retentissante de Seth jaillissait
à travers moi : « L’enfant a été brièvement avec vous pour des raisons qui
lui étaient propres. Il était là pour vous éclairer, et c’est ce qu’il a fait. Vous
l’avez connu dans des vies passées. En une occasion, il a été l’oncle de son
père actuel.
« Il n’avait pas l’intention de demeurer au sein de la réalité physique. Il
est venu uniquement pour vous montrer ce qui est possible et pour vous
amener tous deux à une compréhension de la réalité intérieure. Il a choisi sa
maladie. Celle-ci ne lui a pas été infligée. Il ne fabriquait plus suffisamment
de sang, car il ne voulait pas être physique au-delà du temps qu’il s’était
alloué.
« Il voulait vous donner une impulsion. Son effet a été beaucoup plus
puissant que s’il avait vécu, et il le savait. Une vie de jeune homme lui
faisait horreur, car il ne voulait pas rencontrer une jeune femme, être attiré
par elle et poursuivre une autre existence physique.
« Il a été pour vous une lumière, et la lumière ne s’est pas éteinte. Elle va
vous amener à une connaissance que vous n’auriez pas atteinte autrement,
car vous ne l’auriez pas recherchée si énergiquement. Votre enfant en est
bien conscient. Il voulait que vous commenciez le pèlerinage ; mais le
pèlerinage est à l’intérieur de vous-mêmes. »
À travers mes yeux, Seth les dévisageait à présent. Mes gestes étaient les
siens. Tout en parlant, il fixait Jim. Ann et Rob prenaient tous deux des
notes. Phil était simplement assis, à écouter.
« Il s’était engagé dans des activités scientifiques, aussi bien en Atlantide
qu’en Égypte, mais il n’avait plus à présent le désir de poursuivre ces
recherches. Il avait bien dépassé cela. Dans deux de vos vies passées, vous
[Jim] étiez engagé avec lui dans la même relation et, en tant que prêtres,
vous vous intéressiez tous deux au mécanisme intérieur de l’univers. »
Seth a continué en disant que Jim avait à certains égards laissé tomber
cela et oublié ce qu’il avait appris dans le passé. « Lui [Peter] ne pouvait
pas vous forcer à vous souvenir, mais il pouvait vous donner un coup de
coude et un coup de pouce et, dans cette existence-ci, c’est ce qu’il a fait.
« Ce n’est pas le moment pour vous de courir de droite à gauche en
cherchant une vérité en haut d’un arbre. La vérité est en vous. Votre fils
n’est plus un enfant de trois ans. Il est une entité plus vieille que vous, et il a
essayé de vous montrer la voie. […] Ce n’est pas un enfant qui a été
emporté avant d’avoir accompli ce qu’il s’était promis de faire, mais une
personnalité qui vous a quittés quand ses propres réincarnations étaient
achevées. Il ne reviendra pas, mais va passer maintenant à une autre réalité,
dans laquelle ses capacités peuvent être mieux employées. »
Selon Seth, Peter avait déjà accompli toutes ses réincarnations avant
cette dernière naissance. Il était revenu pour mourir jeune, afin que Jim et
Ann soient forcés de se poser les questions qu’ils se posaient maintenant.
À un certain moment, Seth a eu un large sourire et a dit : « Maintenant,
j’ai vécu et suis mort de nombreuses fois, et vous pouvez sentir ma vitalité.
Et je vous dis que la vitalité de ce garçon existe en termes tout aussi forts.
Rester plus longtemps aurait été une pénitence pour lui. À une occasion
[dans une vie passée], vous l’avez aidé à “sauver son âme”, et il vous a
rendu la pareille. Une fois, il a été tenté d’utiliser ses aptitudes pour obtenir
du pouvoir, profiter de son statut de prêtre pour s’enrichir, et, en cette
occasion, vous l’avez arrêté. »
Seth a continué par une analyse de la personnalité actuelle de Jim, en
lien avec des évènements de ses vies passées, et il lui a donné quelques
conseils concernant le futur. Jim nous avait dit avant la session qu’il avait
été disc-jockey. Seth lui disait maintenant : « Personne ne peut vous dire
quelle voie suivre. Vous avez les réponses en vous. Méfiez-vous de ceux qui
vous donnent des réponses toutes faites. Je parle en termes de probabilités,
car le futur est malléable. »
Il a conseillé à Jim de se tenir à l’écart de toute activité de comédien,
car, dans son cas, elle le conduirait à une confusion quant à la nature de sa
propre identité. Seth lui a suggéré de rester dans le domaine de la
communication, disant que, s’il continuait à travailler à la radio, il y
obtiendrait une autre fonction et que l’opportunité d’un autre type d’activité
se présenterait alors à lui.
Seth a fourni plus d’informations sur les vies passées de toutes les
personnes présentes, puis il a ajouté : « Je vous donne ce que je crois être
les informations les plus importantes, que vous puissiez les vérifier ou non.
[…] Vos moi intérieurs assimilent ce que j’ai dit, et cela importe plus que
dix pages de notes et de dates que vous ne pouvez pas vérifier, puisque ces
vies se déroulaient il y a si longtemps. »
Il en a dit davantage sur le symbolisme de la maladie de Peter, a parlé
des relations passées que Jim avait eues avec Ann et a affirmé que Jim avait
des aptitudes mathématiques qu’il n’utilisait pas. « Elles résultent de vos
deux existences en tant que prêtre, au cours desquelles vous étiez
constamment plongé dans des calculs ayant trait au mouvement des
planètes. »
Il a conclu ainsi : « Il est naturel que, dans votre situation, vous vous
tourniez vers d’autres pour trouver de l’aide et, à ma façon, j’espère vous
avoir aidés. Il y a toutefois une différence entre entendre des choses que
l’on vous dit et les connaître. La connaissance vient de l’intérieur. Quand
vous savez, vous n’avez pas besoin qu’on vous dise, et vous pouvez avoir
ce type de connaissance. Je serai heureux de vous aider à la trouver, mais
personne ne peut la trouver pour vous. »
Au cours d’une pause, nous étions assis en train de grignoter des
crackers et de boire un peu de vin. Soudain, des impressions ont fait
irruption dans mon esprit. Beaucoup d’entre elles ont immédiatement été
vérifiées sur place. J’ai dit par exemple à Ann que son frère utilisait
plusieurs noms et portait un postiche, ce qui s’est révélé exact, de même
que beaucoup d’autres affirmations. Simultanément, je continuais à
recevoir des impressions liées aux symptômes de l’enfant.
Quand ce genre de choses se produit, je me détends simplement et je dis
tout ce qui me vient à l’esprit. « Il y a eu une histoire avec des ongles de
pieds et des chaussures trop petites, ai-je dit. Cela faisait pression sur le
pouce du pied droit, ce qui a eu une incidence sur une artère dans la jambe
droite. Une meurtrissure portant atteinte à une fonction se produit toujours
dans ce genre de cas, même s’il s’agit d’une petite meurtrissure. »
Il y avait d’autres choses, dont la plupart étaient vérifiées sur-le-champ.
Bien qu’elles n’aient rien à voir avec la réincarnation, ces impressions
avaient un rapport étroit avec le fait de montrer à Jim et Ann que nous
avons la faculté d’acquérir de la connaissance autrement qu’à travers nos
sens physiques. Les évènements que je « recueillais » étaient souvent
émotionnellement signifiants pour les Linden, même s’ils étaient banals à
d’autres égards.
Ces impressions comportaient également certaines déclarations
concernant l’origine de la maladie qui avait tué Peter. Sa cause était
inconnue et il n’y avait aucune raison pour moi d’entrer ici dans des
explications. Mais les symptômes caractéristiques de la maladie que j’ai
donnés décrivaient aussi fidèlement l’état de Peter. Les Linden ne nous en
avaient pas parlé — peut-être trouvaient-ils ce sujet trop douloureux.
Comme ces informations étaient exactes, il n’y a aucune raison de supposer
que les impressions relatives aux causes de la maladie aient été erronées,
même si ces dernières sont inconnues. De la même façon, il n’y a aucune
raison de supposer que le matériau réincarnationnel ait été moins exact,
même s’il est impossible à vérifier, vu que ces choses-là se sont passées il y
a très longtemps. (Certaines données réincarnationnelles sont beaucoup
plus récentes et peuvent, dans une certaine mesure, être vérifiées si les
personnes concernées en ont le temps et veulent en faire l’effort. Jusqu’à
présent, nous sommes tombés sur très peu de prêtres, et sur personne
d’autre ayant vécu en Atlantide.)
Seth a consacré la toute dernière partie de la séance à Phil, et il était
largement plus d’une heure du matin quand nous avons terminé. Jim et à
Ann sont repartis convaincus que la vie et la mort de leur fils avaient un
sens, que leur propre vie avait un sens et un but, et que même ce qui leur
était apparu comme une tragédie contribuait à un plus grand bienfait.
Je me sentais plutôt humble quand tout cela s’est terminé. Jim et Ann
étaient pratiquement transformés ; dire qu’avant la session j’avais eu
tellement de doutes que j’avais hésité ! (Le fait est que, lorsque je pense
consciemment d’une façon aussi limitée, mon moi intuitif intérieur émerge
et me montre qu’il y a bien davantage que l’ego qui entre en jeu. En fait, je
pense que ces aptitudes circulent à travers nous comme le vent à travers les
branches.) Ann m’a écrit une lettre peu de temps après, me disant que Jim
et elle ne ressentaient plus l’immense tristesse qui les avait accablés
jusqu’alors.
Je vois de plus en plus comment la réincarnation donne un sens à ces
tragédies apparemment absurdes et procure une structure interne à des
situations qui autrement sembleraient chaotiques et injustes. J’étais si
contente d’être capable d’aider Ann et Jim ; cette session et d’autres
semblables m’ont aussi aidée en me montrant la valeur d’idées que, à
l’origine, j’étais incapable d’accepter. Vis-à-vis de Seth, c’est la même
chose : je suis littéralement stupéfaite par sa capacité à aider les autres,
par sa compréhension psychologique, et par toutes les capacités auxquelles
il fait appel et sur lesquelles il se focalise, dans nos sessions.
Un autre cas similaire de mort d’enfant concernait une femme qui suivait
quelques-uns de mes cours. Son fils adoptif, âgé de 15 ans, s’était noyé
quelques mois auparavant. Au cours d’une session, Seth a expliqué que ce
garçon avait été marin dans plusieurs vies passées et qu’il continuait de
considérer que mourir dans l’eau était préférable à une mort sur terre.
Dans une autre existence, il avait déjà été parent de sa mère adoptive, et lui
aussi était revenu pour l’aider à parvenir au développement intérieur dont
elle avait besoin. Il était mort jeune pour que sa mort amène cette femme à
s’interroger, et à chercher des réponses. Elle avait couru de médium en
médium, essayant d’entrer en contact avec le garçon. Seth lui a très
clairement dit de mettre un terme à tout cela et de travailler plutôt à son
développement intérieur.
Selon Seth, nous choisissons nos maladies et les circonstances de notre
naissance et de notre mort. Cela s’applique à toute maladie, qu’il s’agisse
d’une jambe cassée au cours d’un accident ou d’un ulcère. Cela ne signifie
pas que nous choisissons consciemment, comme nous en avons l’habitude ;
nous ne nous asseyons pas en nous disant : « Bon, je pense que je vais me
casser une jambe cet après-midi à 15 heures devant le drugstore. » Une
partie de notre être est contrariée, et opte pour une maladie ou un accident
comme moyen d’exprimer sa situation intérieure. Cela sera expliqué dans
le chapitre sur la santé, en combinaison avec les instructions de Seth sur la
façon de garder santé et vitalité.
Mais qu’en est-il des maladies graves — et quel rôle y joue la
réincarnation ? Tout d’abord, Seth n’emploie pas le mot « punition ». Nous
ne sommes pas « punis » dans une vie pour les « transgressions » d’une
existence passée. Nous ne choisissons pas non plus une maladie en elle-
même, en tant que situation de vie donnée, même si nous pouvons l’utiliser
comme faisant partie d’un plan plus vaste, en tant que méthode pour nous
enseigner une vérité importante ou comme moyen de développer certaines
aptitudes.
Voici, à travers un cas spécifique, comment fonctionne ce processus. Cela
a débuté encore une fois par un appel téléphonique. Ce jour-là, c’est un
homme, que je nommerai Jon, qui m’a téléphoné d’une autre région, juste
après la publication de mon premier livre, il y a deux ans. Jon et sa femme
— que j’appellerai Sally — avaient tous deux à peine plus de vingt ans. On
avait donné à Sally, atteinte d’une sclérose en plaques, à peu près un an à
vivre, et Jon voulait demander à Seth s’il était possible de faire quoi que ce
soit pour elle.
Je ressentais à nouveau ce fort désir d’aider, et j’étais à nouveau emplie
de doutes. Supposons, supposons simplement que Seth leur accorde une
session et qu’il suggère des traitements ou un remède faisant empirer l’état
de Sally. J’étais Jane Roberts, pas Edgar Cayce. Et comment un étranger
pouvait-il avoir une telle foi en Seth et en mes capacités, alors que j’étais
moi-même si souvent emplie de doutes ?
« Je suis sûr que Seth pourrait nous aider, disait Jon. Je l’ai su dès que
j’ai lu votre livre. Même si Sally ne peut être guérie, il pourrait peut-être
expliquer certaines choses, de façon à ce que sa maladie ait au moins un
sens. Pourquoi Sally ? Elle n’a jamais fait de mal à quiconque. »
Je me sentais réellement prise au piège, principalement parce que je
voulais tant aider. Puis je me suis à nouveau souvenu que le moi intérieur
était tellement plus fort que le moi-Jane, et que Seth en savait beaucoup
plus que ces deux moi. J’ai donc accepté.
Sur une période de deux ans, nous avons consacré plusieurs sessions à
Jon et à Sally. Au cours de cette première séance, Seth a donné d’excellents
conseils qui peuvent aider quiconque est un jour frappé par une maladie.
Avant d’aborder les antécédents réincarnationnels qui, dans le cas présent,
étaient importants, il a mis l’accent sur le rôle que jouent la suggestion et
la télépathie dans la chambre d’un malade. Comme cela peut s’appliquer
de façon très générale et large, je vais inclure ici quelques extraits de ce
passage :
« L’attitude mentale de toutes les personnes concernées doit être modifiée
de manière à contenir plus d’espoir. Cette femme capte les pensées
négatives de ceux qui croient sa guérison impossible, et elle y réagit.
« On ne peut pas inverser la progression de la maladie par des moyens
physiques. Une amélioration sera le résultat d’un changement spirituel.
Tous ceux qui l’entourent doivent s’abstenir d’attitudes désespérées et de
suggestions négatives, que celles-ci soient formulées ou implicites. […]
Dans une certaine mesure, cela seul lui permettra d’aller mieux.
« Son mari doit pratiquer l’exercice suivant trois fois par jour : il doit
imaginer l’énergie et la vitalité de l’univers emplissant de santé la forme de
sa femme. Cela ne doit pas être une sorte de pensée où l’on prend ses désirs
pour une réalité, mais un effort déterminé pour comprendre que la forme de
sa femme est composée de cette énergie ; et, de cette façon-là, il peut l’aider
à l’utiliser au mieux. Si possible, il doit toucher cette forme durant
l’exercice, et cela doit être fait le matin, le soir et la nuit.
« Ne créez pas de vaines et fausses assurances, mais honnêtement, et
avec persistance, rappelez-vous que la matière physique de l’image de votre
femme est emplie et formée par une énergie universelle. Un blocage l’a
empêchée d’employer cette énergie avec une efficacité normale. Vous
pouvez partiellement compenser cela par votre propre attitude et les
exercices que je vous ai donnés. En soi, cela va lui donner le temps de
souffler un peu ; la maladie cessera de progresser. Si mes instructions sont
suivies en totalité, une certaine amélioration devrait alors prendre place
rapidement.
« Si les instructions portant sur un changement bénéfique dans son
environnement mental ne sont pas suivies, alors aucun autre conseil ni
remède ne lui apportera d’aide… »
Seth a également dit qu’il exposerait les grandes lignes d’un programme
destiné à modifier les attentes de Sally elle-même, et il a aussi suggéré
qu’elle soit traitée par un hypnotiseur accrédité qui pourrait insuffler en
elle des suggestions positives pour stimuler sa volonté de vivre.
Il a recommandé que l’on frictionne les membres de Sally avec de l’huile
d’arachide et que l’on ajoute du fer à son régime alimentaire. Il a insisté
sur le fait qu’elle serait plus heureuse dans une autre chambre et a dit : « Je
crois que vous avez un tout petit salon ensoleillé. Cette pièce a pour votre
femme des connotations bénéfiques. Installez-la là-bas. » En passant, il a
parlé de plusieurs épisodes de la vie actuelle de Sally, que Jon a confirmés
dans sa lettre suivante, dont un en particulier dont il n’avait jamais entendu
parler avant que Seth le mentionne. Seth a dit, par exemple, que Sally avait
travaillé avec une amie dans un bazar et qu’une visite de cette amie serait
salutaire. Jon ignorait que sa femme avait travaillé dans cet endroit, mais
sa mère s’en souvenait.
Il est à noter que Seth n’a pas fait mention d’autres sujets tant qu’il
n’avait pas donné le conseil cité plus haut [celui de l’environnement mental
positif] — qui était destiné au mari et aux personnes prenant soin de Sally,
plutôt qu’à la patiente elle-même. À la fin de la première session, Seth a
dit : « Il y a des connexions de vies passées qui entrent en ligne de compte.
Pour l’instant, il est moins important pour vous de les connaître que de
prendre les dispositions que je viens d’exposer. »
Entre cette première session et la suivante, Jon nous a écrit qu’il avait
remarqué certaines améliorations et qu’il suivait les instructions de Seth. Il
nous a dit également qu’il avait bien un petit salon, comme Seth l’avait
mentionné, et qu’il y avait installé Sally.
La deuxième session consacrée à ce couple portait entièrement sur les
influences réincarnationnelles, et elle constitue un excellent exemple de la
façon dont celles-ci peuvent affecter les schémas de santé. On y trouve
également quelques conseils généraux et des réponses à des questions
spécifiques se rapportant à la relation entre vies passées et santé actuelle.
Pour commencer, Seth a expliqué que le karma ne comporte pas de
punition. « Le karma présente l’opportunité d’un développement. Il permet
à l’individu d’élargir sa compréhension à travers l’expérience, de combler
les lacunes de son ignorance, de faire ce qui doit être fait. Le libre arbitre
entre toujours en jeu. »
L’histoire d’une vie passée de Sally est fascinante. Notons qu’il ne s’agit
pas de la vie qui a immédiatement précédé la présente, mais d’une autre
plus ancienne, dans laquelle des problèmes ont été mis de côté jusqu’à cette
existence-ci :
« Cette femme était un homme italien, dans un village au milieu des
collines. Ayant perdu sa femme, il vivait avec sa fille handicapée et
extrêmement névrosée, dont il a pris soin pendant des années. En tant
qu’homme, Sally s’appelait Nicolo Vanguardi [interprétation phonétique de
Rob] et sa fille se nommait Rosalina. Il éprouvait du ressentiment à son
égard et, bien que prenant soin d’elle, il ne le faisait pas avec beaucoup de
gentillesse.
« Il voulait se remarier, mais personne ne voulait de lui à cause de sa
fille. Quand Rosalina le pouvait, elle le défiait. C’était une jolie jeune
femme, handicapée, mais pas difforme. Parvenue à la trentaine, elle
paraissait plus jeune que de nombreuses femmes beaucoup moins âgées qui
devaient travailler dans les champs. Ils possédaient une petite ferme et
étaient aidés par un travailleur saisonnier, un veuf sans enfant, venu d’un
village voisin. Cet homme est tombé amoureux de Rosalina et l’a emmenée
dans son propre village, malgré sa déficience.
« Le père [Sally, dans une vie passée] était plein d’amertume. Sa fille
était partie trop tard ; à présent, il était vieux. Personne ne voulait de lui et
maintenant il n’avait même plus personne à qui parler. Il en haïssait
d’autant plus sa fille, et se répandait en injures contre elle parce qu’elle
l’avait abandonné dans son vieil âge, après qu’il eut pris soin d’elle. »
Seth a expliqué ensuite que, dans sa vie suivante, Sally était née à
nouveau en Italie, mais en tant que femme cette fois, douée d’un certain
talent artistique et menant une existence pleine de succès. Elle était mère de
deux garçons. « Ici, la personnalité était née à quatre-vingts kilomètres de
distance seulement et, comme elle était la femme d’un riche propriétaire
terrien, elle passait souvent en voiture dans la campagne, sur les terres
mêmes où se trouvait encore la ferme [de la vie précédente]. Ce lieu,
devenu une ville, a été bombardé lors de la Seconde Guerre mondiale. »
Après cette existence-là, cependant, la personnalité de Sally a décidé de
s’occuper des problèmes non réglés de son développement. « Cette fois,
comme elle est physiquement dépendante, il faut prendre soin de cette
personnalité, au lieu que ce soit elle qui prenne soin. Dans son existence
antérieure, la personnalité n’aurait pas tenté, et n’aurait pas pu tenter, de
comprendre les circonstances et la situation de la fille handicapée. Elle
n’aurait pas pu, ne serait-ce qu’un instant, supporter de contempler la réalité
intérieure, en termes personnels.
« Cette fois-ci, Sally joue ce rôle, et elle y est complètement investie. Jon
était l’homme avec qui la fille était partie dans la vie passée. Maintenant,
Sally l’aime et a appris à voir en lui les bons aspects de sa personnalité.
« À travers le changement de rôles, Sally parvient à présent à une vision
des manquements du passé, et elle aide aussi son mari actuel à devenir plus
contemplatif et à chercher des réponses à des questions qu’il ne se serait pas
posées autrement. Elle contribue à son développement et remédie aussi à de
sérieux manquements qui existaient dans sa propre personnalité. »
Seth a poursuivi en disant que le nom d’origine de la ville italienne était
quelque chose comme Ventura, qu’elle se situait dans le sud-est de la
péninsule et qu’un tragique accident ferroviaire avait eu lieu dans cette
région, juste après les années 1930.
« Bien que ce soit la personnalité qui choisisse les situations telles que la
maladie de Sally, il revient toujours à l’individu de trouver sa propre
solution. Une guérison complète, une maladie ou une mort prématurée ne
sont pas décrétées à l’avance par l’entité [ou moi complet]. La situation
générale est établie en réponse à de profondes implications intérieures.
« Le problème est un défi mis en place par l’entité pour l’une de ses
personnalités, mais l’issue dépend de la personnalité impliquée. C’était la
dernière pierre d’achoppement pour cette personnalité-là. […] La maladie
n’est pas choisie pour elle-même en tant que situation de toute une vie.
Dans le cas présent, pour que la personnalité voie clairement ses propres
activités passées, elle a eu le sentiment qu’il lui fallait développer une
position de complète dépendance. »
Seth a continué en disant que, même dans des conditions apparemment
tragiques comme celle-ci, la personnalité n’est pas abandonnée. « Le moi
intérieur, à distinguer du subconscient, plus accessible, se rend compte de la
situation et trouve une libération à travers de fréquentes communications
intérieures, lesquelles remettent en mémoire des succès et permettent d’en
refaire l’expérience. L’état de rêve devient une période d’une grande
intensité, car de telles expériences convainquent la personnalité de sa nature
plus vaste. Elle sait qu’elle est bien davantage que le moi qu’elle a choisi
d’être pour un temps. »
Mais Sally était dans un état si effroyable, devenant aveugle et incapable
de parler ou de se mouvoir volontairement. Pourquoi, écrivait Jon, ne
pouvait-elle pas avoir choisi quelque chose de moins dévastateur ?
Pourquoi ne pouvait-elle pas avoir été juste maladive durant trois vies,
disait-il, au lieu d’être terrassée par ce genre de maladie mortelle dans
cette existence-ci ?
Seth a répondu : « C’est caractéristique de cette entité-là, une impatience
et aussi une audace, car la situation représentait un tel défi. Tous les points
faibles sont intensifiés, d’où la gravité de la situation physique. L’entité
préférait cela à une série de difficultés plus petites. À cela, Jon a acquiescé
de manière subconsciente, pour apprendre la patience et la tolérance —
pour prendre ce qu’il considérait être son remède en une seule dose, pour
ainsi dire. »
Seth a insisté sur le fait que, dans sa toute dernière vie, Sally avait
marqué une pause par rapport à ses problèmes, avait profité de
circonstances excellentes, et donné libre cours à ses capacités créatrices.
« Une telle situation permet à la personnalité de condenser en une seule
vie l’expérience nécessaire, de creuser en profondeur et de faire face en une
seule fois à des problèmes qui, autrement, auraient pu exiger plusieurs vies.
Seule une personnalité intrépide et courageuse pouvait tenter cela. »
Aujourd’hui, plus de deux ans après, Sally est toujours vivante, mais
dans un piètre état. Seth a dit qu’elle avait réussi à relever les défis qu’elle
s’était donnés, mais qu’en le faisant, elle avait endommagé son corps
physique à un point tel qu’elle avait décidé d’y renoncer. Au moment où
j’écris ces lignes, elle est dans le coma. Jon voulait savoir ce qui se passait
pour elle dans cet état. « Est-elle réellement consciente quelque part
ailleurs ? Ou est-elle simplement en train de rêver ? Et que se passe-t-il
après la mort ? » Lors d’une session récente, Seth a répondu à ces
questions. Une bonne partie de ses réponses s’appliquent à la mort en
général, j’insérerai donc certains extraits de cette séance dans le chapitre
suivant, et j’aborderai aussi de façon plus approfondie les idées de Seth sur
la réincarnation.
Chapitre 12

Autres éléments sur la réincarnation


— après la mort et entre les vies

Jon a téléphoné à nouveau la semaine dernière. Sally était à l’hôpital,


après une crise grave durant laquelle son cœur s’était arrêté pendant
quelques instants. Jon était tiraillé entre le fait de prier pour qu’elle
guérisse ou pour que la mort la libère, et il nous a demandé si nous
pourrions avoir une session sur ce sujet.
Seth nous a souvent expliqué que, lorsque nous en avons fini avec nos
vies ici, nous sommes impatients de quitter cette existence. Quand le corps
est usé, nous voulons réellement nous en débarrasser. L’instinct de survie
est satisfait, car le moi intérieur sait qu’il vit au-delà de la mort. Je
détestais pourtant l’idée de dire cela à Jon au téléphone. En théorie, cela
semblait bien, mais je savais que, naturellement, Jon voulait que Sally vive.
Je savais qu’il espérait une espèce de miracle — au moins un
rétablissement partiel, un sursis.
Je lui ai promis de faire une session pour lui avec Seth et, par la suite,
j’ai été heureuse de l’avoir fait. Non seulement la séance a aidé Jon, mais
elle contient d’excellentes informations sur ce qui peut se passer pendant
qu’une personne est prétendument inconsciente, dans le coma, et sur ce
dont nous faisons l’expérience juste avant et juste après la mort.
Souvenez-vous : au moment de la session, Sally était dans un coma
profond. Depuis plus d’un an, elle ne pouvait plus parler. Pour commencer,
Seth nous a fourni à peu près une page d’impressions, de noms, d’initiales,
d’évènements, etc., qui, disait-il, « proviennent d’une certaine portion de la
conscience de cette fille — des pensées, des idées et des souvenirs épars.
« Sa réalité globale est beaucoup plus vaste et elle s’applique à mettre en
place ses souvenirs, comme lorsqu’on installe son mobilier dans une
nouvelle maison. Le temps, tel que vous le concevez, a peu de sens pour
elle. Vous pourriez comparer les deux différentes expériences du temps de
la façon suivante.
« Dans votre dimension, c’est comme si les évènements dont vous vous
souvenez étaient des meubles, tous positionnés dans une pièce selon un
ordre donné. En vivant dans cette pièce, vous arrivez à circuler facilement
parmi ces meubles.
« Puis vous emménagez dans une pièce d’un genre différent et qui est
plus grande, et vous pouvez alors disposer ces meubles d’une autre façon,
les déplacer et redéplacer jusqu’à ce que vous soyez satisfait. Avec ce
mobilier, vous pouvez créer différentes configurations et l’employer à des
fins diverses. Sally est donc en train de réarranger le mobilier de son esprit.
Et tout comme vous pouvez vous rendre dans une nouvelle résidence pour y
déposer quelques-unes de vos affaires avant de la faire officiellement vôtre,
Sally a, elle aussi, examiné le nouvel environnement. Elle est dans le
processus de transfert d’elle-même vers ce nouveau lieu.
« Des guides étaient là pour l’aider. Elle remarquera à peine lorsqu’elle
aura totalement emménagé là-bas, car elle se sentira tellement chez elle.
Dans son cas, elle a formé des représentations qui sont des souvenirs de son
enfance, des jours antérieurs à sa maladie physique, et elle est entrée dans
ces souvenirs. Elle apprend que des évènements qui semblent se situer dans
le passé peuvent être recréés.
« Cela ne veut pas dire qu’elle pense être une enfant. Elle jouit de la
liberté de refaire l’expérience d’évènements. C’est une forme de thérapie
spirituelle dans son cas, de façon qu’elle perde l’identification à la maladie
et qu’elle ne l’emporte pas avec elle.
« Bientôt, des périodes d’entraînement débuteront. Ce sera à son tour à
présent d’aider les autres et d’être leur source de force. Elle a donc déjà
commencé une nouvelle vie [Seth ne veut pas dire ici une autre vie
physique, bien sûr], même si, pour l’instant, son expérience est, dans une
certaine mesure, supervisée par des guides.
« Elle se voit soutenue, au sens religieux, par des personnages
traditionnels de la Bible. Ces personnalités lui expliqueront la nature de la
réalité dans un vocabulaire qui aura un sens pour elle. Encore une fois, elle
a résolu les problèmes qu’elle avait posés, et fait naître chez son mari la
compréhension et la compassion, des qualités qui l’aident grandement dans
son propre développement.
« Je suis apparu à Sally en tant qu’un très doux apôtre Jean, et je lui ai
parlé. Il ne s’agit pas d’une supercherie, mais d’une méthode d’aide qu’elle
peut accepter. Pour ceux qui essayent de venir en aide, il n’est pas
inhabituel d’adopter de telles formes et images réconfortantes. »
(Par la suite, nous avons pensé que cette dernière déclaration avait des
implications extrêmement provocatrices vis-à-vis des cas où il est question
de visions de personnages religieux. Nous espérons que Seth développera
plus largement ce sujet dans le futur.)
Au cours de notre pause, Rob a mentionné plusieurs questions
auxquelles, selon lui, Jon aimerait avoir des réponses, ou qui pourraient lui
venir à l’esprit lorsqu’il lirait la transcription de la session. L’une d’elles
portait sur le type de corps dont Sally disposait. Seth a dit : « Maintenant,
son nouveau corps n’est bien évidemment pas un corps nouveau, mais
simplement un corps qui n’est pas physique, en vos termes, un corps dont
vous vous servez dans les projections astrales, un corps qui donne la vitalité
et la force à celui, physique, que vous connaissez.
« Actuellement, votre corps est enchâssé dedans. Quand vous quittez le
corps physique, l’autre devient pour vous tout à fait réel et semble tout aussi
physique, bien que disposant de beaucoup plus de liberté. […] Sally est
enchantée par ce corps, comparé à celui physique [malade]. Elle tente de
couper toute identification avec son corps physique, que celui-ci soit vivant
ou mort, en vos termes.
« Jon doit lui dire qu’elle est libre de partir et qu’il lui accorde sa liberté
avec joie, pour que, même après la mort, elle n’ait pas le sentiment de
devoir rester auprès de lui. Elle sait qu’ils se retrouveront […] et comprend
que Jon, ne s’en rend pas aussi bien compte qu’elle. »
Quelques jours après cette session, nous avons reçu la visite d’un pasteur
et de sa femme. Le révérend Lowe — je l’appellerai ainsi —, qui est à la
retraite, publie un bulletin national sur les éléments médiumniques du
christianisme. Nous avions correspondu pendant quelques années, mais
nous ne nous étions jamais rencontrés. Je lui ai parlé de la séance
consacrée à Jon et il était très intéressé par ce que Seth avait à dire sur ce
dont Sally faisait l’expérience pendant qu’elle était dans le coma.
Le révérend Lowe et sa femme sont arrivés un jour où nous avions un
cours du soir, et je les ai bien sûr invités à y assister. J’essaye toujours de
faire en sorte que les cours soient aussi informels que possible. Tout le
monde s’appelle par son prénom et chacun s’habille comme cela lui est le
plus naturel et confortable. On y côtoie aussi bien des hommes en costume-
cravate que des personnes habillées en hippies, et il y a toujours du vin
pour ceux qui aiment cela. J’avoue que je me demandais ce que le révérend
Lowe allait penser, et j’espérais qu’il ne s’attendait pas à une sorte de
réunion de prière. À notre façon, nous faisons appel à la prière — mais
d’une manière hautement créatrice, déstructurée et non conventionnelle.
Parfois, nous mettons par exemple de la musique rock tandis que je lis un
poème — et je considère cela comme une prière.
Seth allait-il oui ou non se manifester ce soir-là, je n’en avais pas la
moindre idée. Au début du cours, en plaisantant, j’ai présenté le pasteur
comme un batteur de rock, pour mettre tout le monde à l’aise. Quelqu’un a
fait remarquer que la présence d’un ministre du culte devait avoir calmé
tout le monde, vu que personne ne disait grand-chose.
Soudain, Seth s’est manifesté en disant : « Et moi qui pensais que vous
vous comportiez bien du fait de ma présence ! Je vais devoir apprendre à
être un révérend batteur de rock, et je garderai le tempo avec vous. »
Ensuite, il s’est adressé à divers élèves, puis a invité le révérend à poser
toutes les questions qui lui venaient à l’esprit.
« Où allons-nous quand nous quittons le corps physique ? » l’a interrogé
le pasteur. Assis en cercle, tous les autres buvaient un peu de vin et
écoutaient.
« Vous allez là où vous voulez aller, a dit Seth. Maintenant, quand votre
esprit de veille, conscient, ordinaire, s’apaise et entre dans l’état de
sommeil, vous voyagez dans d’autres dimensions. Vous avez donc déjà des
expériences dans ces autres dimensions. Vous préparez votre propre
chemin. Quand vous mourez, vous empruntez ces chemins que vous avez
préparés. Il y a différentes périodes d’entraînement qui varient en fonction
de l’individu.
« Vous devez comprendre la nature de la réalité avant de pouvoir la
manipuler correctement. Dans une réalité physique, vous apprenez que vos
pensées ont une réalité, et que vous créez la réalité que vous connaissez.
Quand vous quittez cette dimension, vous vous concentrez sur la
connaissance que vous avez acquise. Si vous ne comprenez toujours pas
que vous créez votre propre réalité, alors vous revenez, vous apprenez à
nouveau à manipuler et vous voyez, encore et encore, les résultats de votre
propre réalité intérieure à mesure que vous la rencontrez objectivée. Vous
vous enseignez la leçon jusqu’à ce que vous l’ayez apprise ; ensuite, vous
commencez à apprendre comment gérer, bien et intelligemment, la
conscience qui est la vôtre. Vous pouvez alors former des images pour le
bienfait des autres, pour les conduire et les guider. Vous élargissez ainsi
constamment l’étendue de votre compréhension. »
« Qu’est-ce qui détermine le temps entre des réincarnations ? » a
demandé le révérend.
« Vous. Si vous êtes très fatigué, alors vous vous reposez. Si vous êtes
sage, vous prenez le temps d’assimiler votre savoir et de planifier votre
prochaine existence, tout comme un écrivain prépare son prochain livre. Si
vous avez trop de liens avec cette réalité ou si vous êtes trop impatient, ou
bien encore si vous n’avez pas suffisamment appris, alors il se peut que
vous reveniez trop vite. Cela dépend toujours de l’individu. Il n’y a pas de
prédestination. Les réponses sont alors en vous-même, tout comme elles le
sont à présent. »
Le révérend Lowe a posé d’autres questions, mais celles-ci n’étaient pas
en rapport avec le sujet qui nous occupe. Seth et lui semblaient très bien
s’entendre. Par la suite, au cours d’une pause, j’ai reçu plusieurs
impressions d’une vie passée de Mme Lowe. Pendant qu’une discussion
générale se déroulait, je l’ai « vue » près d’une académie équestre dans la
France du XIV e siècle ; puis je les ai vus, elle et le révérend, en tant que
jumeaux en Grèce, lui était alors orateur et elle, soldat. Il y avait d’autres
détails, mais la chose intéressante était que Mme Lowe m’a dit après coup
qu’elle adorait les chevaux et que la Grèce et la France étaient les seuls
pays qui l’intéressaient réellement.
Seth fournit rarement des données réincarnationnelles, à moins que
celles-ci ne soient en lien direct avec le développement global de la vie
actuelle d’un individu, et il refuse de communiquer des histoires de vie
passée, par exemple, à ceux dont il pense qu’ils ne mettront pas en
application les leçons qu’elles impliquent. Chose étrange, il a fourni une
fois ce genre d’informations à trois étudiantes d’une université qui, au
premier abord, ne croyaient absolument pas en la réincarnation. Elles
venaient de commencer à suivre mes cours et, bien qu’intriguées par les
perceptions extrasensorielles, elles perdaient vite patience dès qu’il était
question de la théorie de la réincarnation — du moins jusqu’à cette
session-là.
Ces étudiantes étaient toutes intelligentes, vives, attentives — et
prudentes. Elles n’allaient pas se laisser convaincre par du charabia. En
même temps, elles étaient très intéressées par les idées de Seth affirmant
que la conscience pouvait être élargie en toute sécurité et sans avoir
recours à des drogues, simplement en utilisant ses méthodes. Lydia, l’une
de ces étudiantes, était celle du groupe qui faisait le plus entendre ses
arguments réfutant la réincarnation.
« Vous vous réincarnerez, que vous y croyiez ou non, a dit Seth pour
commencer, avec un sourire. C’est beaucoup plus facile si vos théories
correspondent à la réalité, mais, même si ce n’est pas le cas, cela ne change
pas d’un iota la nature de la réincarnation. » Il a poursuivi en donnant à
Lydia une description assez détaillée d’une vie passée dans la région de
Bangor, dans le Maine, en 1832, alors qu’elle était un homme. Pour Lydia,
c’était sa première séance avec Seth et elle se tortillait nerveusement sur sa
chaise, pendant qu’il lui fournissait des noms, des dates et des épisodes
particuliers de cette vie passée.
Après qu’il eut terminé, Lydia a dit : « Bon, je ne sais pas quoi dire, mais
je vais vous dire ceci. Ce qui est fou, c’est que j’ai passé mon enfance à
Bangor, dans le Maine, et quand nous avons déménagé pour aller dans
l’État de New York, je considérais qu’à New York je n’étais pas chez moi.
J’ai toujours senti que j’étais du Maine. Et Seth a dit que… » Elle s’est
alors interrompue, a relu ses notes, puis a repris, tout excitée : « Seth a dit
qu’une Miranda Charbeau, du côté français de ma famille, avait épousé
dans cette vie passée quelqu’un de la famille Franklin Bacon, de Boston. Là
encore, c’est dingue, ça l’est vraiment, car ma famille actuelle a un lien
avec la famille Roger Bacon, de Boston. »
Impossible, toutefois, de poursuivre davantage cette discussion, car Seth
s’adressait à présent à Jean, l’étudiante la plus douée du groupe sur le plan
médiumnique :
« Elle vivait en Mésopotamie avant que cette région ne porte ce nom-là.
Nous trouvons ici, à travers une succession de vies, des capacités
manifestées, ignorées et mal employées ; un exemple assez classique de la
“progression” suivie par beaucoup de ceux qui ont des talents
médiumniques, tout en ayant un piètre contrôle de leurs personnalités et de
leurs aptitudes.
« La Chine et l’Égypte. Des vies avec diverses fonctions religieuses, mais
sans le sens de la responsabilité nécessaire ; profitant malheureusement des
fortunes accessibles aux classes dirigeantes à travers les siècles. Pour cette
raison, les aptitudes ne se sont pas épanouies. C’est seulement dans cette
existence présente qu’il y a enfin une certaine compréhension et un sens de
la responsabilité. Dans le passé, les aptitudes médiumniques étaient utilisées
à de mauvaises fins ; elles ne se sont donc pas pleinement développées, et la
personnalité stagnait.
« Par deux fois, il y a eu mort par le feu. » Après avoir déclaré cela, Seth
a donné des détails sur une vie irlandaise que Jean avait eue en 1524. Puis
il a poursuivi en fournissant les données suivantes, que nous avons trouvées
extrêmement intéressantes. Je vais les rapporter exactement telles que nous
les avons reçues, même si elles étaient au départ source de quelque
confusion puisque Seth les a données d’un seul coup, sans le moindre
préambule.
« Une petite ville, vingt-cinq mètres de Charterous — nom très
approximatif ici, Charterous, Charteris [à vingt-cinq kilomètres de
Chartres ?]. Le dernier nom était alors Manupelt. Ou Man Aupault. A.
Curia. Une connexion quelconque ici avec la première personnalité
historique sur laquelle nous sommes tombés : un lien très lointain avec
Jeanne d’Arc, du côté du père de la mystique, au deuxième degré. Et ce
nom-là, approximativement tel que transcrit, dans certains documents […],
dans une vieille cathédrale. Le nom de famille, de la ville et celui de la
cathédrale sont identiques. »
Puis Seth s’est tu et, pendant une minute, Jean n’a pas dit un mot.
Ensuite, elle est devenue toute rouge et nous a dit que le feu l’avait toujours
terrifiée et qu’au lycée on la surnommait Jeanne d’Arc ou « la Sorcière ».
Mais Seth n’avait pas terminé. Il a donné du matériau réincarnationnel à
une autre étudiante, Connie, et a mentionné en particulier une existence au
Danemark, dans laquelle, étant un petit garçon, elle était morte de
diphtérie. Et ces mots ont vraiment fait leur effet ! Connie a surpris tout le
monde, et en premier lieu ses camarades, en expliquant que, depuis toute
petite, elle avait toujours eu peur d’avoir la diphtérie et qu’elle n’avait
jamais pu comprendre pourquoi.
« De nos jours, qui s’inquiète d’avoir la diphtérie ? » a-t-elle ajouté.
« Si tu avais eu peur d’avoir, disons, un cancer, je pourrais
comprendre », a répondu Lydia.
« C’est bien ce que je veux dire, a dit Connie. Jusqu’à maintenant, pour
moi, cette peur-là n’avait aucun sens. Dans ma famille, personne n’est
jamais mort de diphtérie. »
En même temps que les histoires réincarnationnelles, Seth a donné ainsi
à chaque étudiante un élément d’information hautement signifiant et
inconnu de tout le monde dans la pièce, mise à part la personne concernée.
Et ce bout d’information correspondait parfaitement à certaines petites
attitudes qui les laissaient jusqu’alors perplexes. D’un seul coup, elles
étaient très intéressées par la réincarnation et, comme d’habitude, leur
esprit a vite réagi. Elles voulaient maintenant tout savoir sur-le-champ.
« Tout à l’heure, Seth a dit que le temps tout entier existait
simultanément, a dit Jean. Alors comment peut-il parler de vies
réincarnationnelles ou d’une succession de vies, l’une après l’autre ? Ces
deux choses ne semblent pas compatibles. »
Presque immédiatement, Seth s’est manifesté et a répondu à la question.
« Votre idée du temps est fausse. Le temps tel que vous en faites
l’expérience est une illusion causée par vos sens physiques. Ceux-ci vous
obligent à percevoir une action selon certains termes, mais ce n’est pas la
nature de l’action. Les sens physiques ne peuvent percevoir la réalité qu’un
peu à la fois, et vous avez donc l’impression qu’un moment existe puis
disparaît à jamais, et que le moment suivant arrive et disparaît aussi, comme
le précédent.
« Mais tout, dans l’univers, existe en un temps unique, simultanément.
Les premiers mots qui aient jamais été prononcés continuent de retentir à
travers l’univers et, en vos termes, les derniers mots que l’on prononcera
jamais ont déjà été dits, car il n’y a pas de début. C’est seulement votre
perception qui est limitée.
« Il n’y a ni passé, ni présent, ni futur. Ils apparaissent uniquement à ceux
qui existent au sein d’une réalité tridimensionnelle. Comme je n’y suis plus,
je peux percevoir ce que vous ne pouvez pas percevoir. Il y a également une
part de vous qui n’est pas prisonnière de la réalité physique, et cette part-là
sait qu’il y a seulement un éternel maintenant. La part de vous qui connaît
cela est le moi complet.
« Quand je vous dis que vous avez vécu en 1836, par exemple, je dis cela
parce que cela a un sens pour vous, actuellement. Vous vivez toutes vos
réincarnations en même temps, mais vous trouvez cela difficile à
comprendre au sein du contexte d’une réalité tridimensionnelle.
« Supposez que vous ayez plusieurs rêves et que vous sachiez que vous
êtes en train de rêver. À l’intérieur de chaque rêve, une centaine d’années
terrestres peuvent s’écouler, mais, pour vous, le rêveur, aucun temps ne
s’est écoulé, car vous êtes libre de la dimension dans laquelle le temps
existe. Le temps qu’il vous semble passer à l’intérieur du rêve — ou à
l’intérieur de chaque vie — n’est qu’une illusion, et pour le moi intérieur
aucun temps n’est passé parce qu’il n’y a pas de temps. »
À vrai dire, Seth a employé plusieurs analogies pour expliquer les
expériences réincarnationnelles. À la page 3 600 de nos propres sessions, je
lis ceci : « Les divers moi réincarnationnels peuvent être superficiellement
considérés comme des portions de mots croisés, car ils sont tous des
portions de l’ensemble et peuvent pourtant exister séparément. »
Par ailleurs, dans la session 256, Seth a dit : « Comme vous êtes obsédés
par l’idée de passé, de présent et de futur, vous êtes obligés de penser aux
réincarnations comme défilant l’une après l’autre. En fait, nous parlons de
vies passées parce que vous êtes habitués au concept de temps séquentiel.
Ce que vous avez plutôt, c’est quelque chose comme les développements
racontés dans Les Trois Visages d’Ève. Vous avez des ego dominants, tous
étant une part d’une identité intérieure qui domine dans des existences
diverses. Mais les existences séparées existent simultanément. Seuls les ego
impliqués font la distinction du temps. Cent quarante-cinq avant J.-C., 145
après J.-C., mille ans dans votre passé, mille ans dans votre futur — tout
existe maintenant. »
En fait, il y a eu trois ou quatre sessions dans lesquelles Seth a comparé
des cas de dédoublement de personnalité à nos moi de réincarnation. Il a
conclu en disant : « Ce qui est intéressant, c’est que les personnalités [dans
Les Trois Visages d’Ève] alternaient, et toutes avaient une existence en
même temps, pour ainsi dire, même si une seule dominait à la fois. De la
même manière, les prétendues personnalités du passé sont présentes en vous
maintenant, mais pas dominantes. »
Pour autant que nous le sachions, cette réconciliation de la
réincarnation et du temps simultané est une originalité de Seth. En général,
les autres théories de réincarnation considèrent le temps séquentiel comme
allant de soi. Mais qu’en est-il alors de la relation de cause à effet ? Quand
Seth a introduit cette idée, c’est l’une des premières questions auxquelles
Rob et moi avons pensé. La position de Seth sur ce sujet deviendra
suffisamment claire dans ses explications ultérieures sur la véritable nature
du « temps », mais lorsque Rob a posé la question pour la première fois,
Seth a répondu : « Étant donné que tous les évènements se produisent en
réalité en même temps, dire qu’un évènement du passé est la cause d’un
évènement du présent n’apporte pas grand-chose. Une expérience passée
n’est pas la cause d’une expérience actuelle. Vous formez le passé, le
présent et le futur simultanément. Comme les évènements vous apparaissent
de manière séquentielle, cela est difficile à expliquer.
« Quand on dit que certaines caractéristiques provenant d’une vie passée
influencent des schémas de comportement actuel ou en sont la cause, de
telles déclarations — et j’en ai fait certaines — sont extrêmement
simplifiées, afin de clarifier certains points.
« Le moi complet est conscient de toutes les expériences de tous ses ego
et, puisqu’une seule identité forme ces expériences, il y a forcément des
similitudes et des caractéristiques communes. Le matériau que je vous ai
donné sur la réincarnation est tout à fait valide, en particulier comme
élément de travail, mais il s’agit d’une version simplifiée de ce qui se passe
vraiment. »
Ainsi, bien que Seth explique souvent les problèmes de la vie actuelle
comme étant le résultat de difficultés dans des vies passées, il précise bien à
ceux qui peuvent le comprendre qu’en fait les vies existent simultanément,
tout comme trois personnalités peuvent exister en même temps en un seul
corps. Mais tous les problèmes ne sont pas le résultat de ces « influences »
des existences passées. Nous avons eu le cas d’une amie dont les difficultés
trouvaient directement leur origine dans sa vie présente, alors que celles de
son compagnon étaient des résidus du passé.
Doris avait toutes sortes de problèmes. L’un d’eux venait du fait qu’elle
ne cessait de tomber follement amoureuse d’hommes qui ne voulaient en
aucun cas se marier. Dans ses relations, c’était elle qui attaquait. Chaque
fois, les hommes étaient de ceux qui ne sortaient pas avec des femmes, qui
étaient trop attachés à leurs parents ou qui, pour une raison ou pour une
autre, n’avaient pas de relations normales avec les personnes du sexe
féminin. Doris était suffisamment maline pour s’en rendre compte, mais,
chaque fois, elle était certaine que le nouvel élu de son cœur avait quelque
chose de plus et que c’était le bon — ou qu’il y avait en tout cas plus de
chance qu’il accepte ses avances. En attendant, elle était affreusement
seule, car elle refusait toute liaison avec des hommes « ordinaires »,
puisqu’ils lui paraissaient insignifiants, comparés à chaque nouvelle idole.
Finalement, après une rupture de plus, elle a demandé une session avec
Seth. Elle nous connaissait bien tous les deux, et j’ai donc été passablement
surprise par son comportement avant la séance. Elle était si tendue que j’ai
eu du mal à entrer en transe. Assise là, le visage livide, fermée, elle avait
l’air totalement terrifiée.
Seth a commencé en disant avec douceur : « Vos sentiments à mon égard
sont liés à d’autres attitudes profondément ancrées en vous. Depuis votre
tendre enfance, vous avez peur de votre père. Maintenant, vous pensez à
moi comme à un mâle vieux mais sage, extrêmement puissant, exactement
ce que vous pensiez de votre père quand vous étiez petite. Cette attitude
jette une ombre sur votre relation avec les hommes que vous rencontrez.
« Vous considérez le mâle selon les termes qu’il vous a inspirés au cours
de cette enfance. Vous aviez le sentiment que votre père avait des qualités
divines et vous essayez de projeter celles-ci sur les hommes que vous
rencontrez. Par conséquent, ils vous déçoivent, mais cela vous arrange
également. Car, tout en considérant le mâle comme étant divin, vous le
voyez aussi comme quelqu’un qui distribue des punitions, qui est irrationnel
et cruel. Et vous avez donc peur de “tomber sous la coupe d’un homme”,
peur de la domination. Comme vous étiez un homme dans le passé, cela
vous déplaît d’autant plus.
« Alors vous choisissez constamment des hommes chez lesquels vous
voyez des caractéristiques féminines, en espérant que ces qualités plus
douces vous protégeront des autres traits de caractère masculins que vous
craignez et que vous avez exagérés. »
D’après ce qu’a dit Rob par la suite, Doris était assise, le visage rouge,
un peu embarrassée. Notre appareil enregistreur fonctionnait. Seth a
continué en citant des exemples puisés dans la jeunesse de Doris, dont Rob
et moi ignorions tout. L’ensemble de la session correspond à neuf pages de
transcription tapées à la machine ; Seth y analyse les attitudes et traits de
caractère de Doris, illustrant cela à l’aide de situations spécifiques que
seule Doris connaissait, et il termine par de bons conseils.
Il lui a dit qu’elle projetait cette image sur chaque homme qu’elle
rencontrait et qu’elle réagissait à cette image au lieu de réagir à l’individu.
Il lui a donné quelques exercices mentaux pour l’aider à dissiper cette
image erronée. À ce moment-là, Doris s’est mise à pleurer doucement. Seth
a souri et dit : « Allons, allons ! Ne pleurnichez pas. Je ne suis pas votre
père en train de vous donner une leçon d’arithmétique. Je fais tout mon
possible pour vous aider et j’obtiens des larmes en retour. D’habitude, je ne
fais pas cet effet-là aux gens. »
En réponse, Doris est parvenue à grimacer un sourire.
« Vous pouvez poser des questions », a dit Rob.
« Eh bien, alors pourquoi Frank [ce n’est pas son vrai nom] ne sort-il
avec personne et n’a-t-il pas de relations normales avec les femmes ? Il est
assez viril », a dit Doris. Puis, presque avec une pointe de défi, elle a
ajouté : « Il n’est pas efféminé, lui. » Et, dans son cas, le principal
problème réside dans des difficultés remontant à des vies passées :
« Il était une femme. Ses parents actuels étaient ses frères à l’époque de
la Révolution américaine, dans la même zone géographique que maintenant.
Ses frères y participaient en tant qu’espions. Votre Frank, leur sœur donc,
avait révélé leur cachette dans une cave sous une auberge. Elle avait été
capturée quand elle était sortie chercher des provisions, avait indiqué le lieu
et n’avait pas pu avertir ses frères. Elle avait eu le sentiment de les avoir
abandonnés et trahis. »
Seth a poursuivi en disant que, dans cette vie-ci, Frank avait choisi de
revenir en tant que fils des deux frères, qui eux-mêmes étaient à présent
mari et femme. « Maintenant, il rationalise son désir de ne pas quitter la
maison. Les frères ne l’ont jamais tenu pour responsable […] ; ils savaient
que leur sœur avait été terrifiée et avait parlé par peur, sans aucune intention
de les trahir. Aucune punition n’entre en ligne de compte. Il a choisi dans
cette vie d’être à leur service et d’aider les autres. Sa nature secrète [il ne
desserrait pas les lèvres] est le résultat de ces expériences passées. Jadis, il
a eu le sentiment de trop parler et de trop trahir. Maintenant, il est secret par
rapport à tout ce qu’il considère comme important. »
Seth a insisté sur le fait que Frank, pour des raisons qui lui sont propres,
ne voulait pas d’un lien de mariage, et il a conclu en disant à Doris qu’elle
avait choisi cet homme pour cette raison même — qu’elle ne voyait jamais
l’homme tel qu’il était, mais uniquement l’image qu’elle avait projetée sur
lui. En passant, il a dit que le nom de Frank dans une vie passée était
Achman et, bien plus tard, Doris a appris qu’il y avait une branche Achman
dans la famille de celui-ci.
Seth a donné beaucoup d’autres conseils psychologiques. Toute la
session a été d’une grande aide pour Doris — qui depuis, d’ailleurs, n’a
plus jamais eu peur de Seth ! Mais ce serait une simplification extrême de
dire que tous les problèmes du présent sont le résultat de difficultés dans
une vie passée. Nous ne sommes pas coincés avec nos problèmes, que ceux-
ci proviennent de cette vie-ci ou d’une autre. Nous n’avons pas à les traîner
constamment derrière nous. Ils peuvent être résolus et, même si des
influences réincarnationnelles jouent certainement un rôle, elles ne le font
pas dans le vide. Le chapitre suivant, qui porte sur la santé, contiendra
certaines des méthodes de Seth pour maintenir une bonne vitalité — et une
bonne perspective — mentale, psychique et physique.
Certaines personnes sont, selon moi, plus à même de se servir de leur
expérience des vies passées, alors que d’autres s’isolent assez fortement
dans chaque vie, se fermant autant que possible à de telles influences. Les
vies de certains êtres semblent n’avoir aucun sens, par exemple, à moins de
connaître leurs existences « antérieures ». Nos cinquante, soixante ou
soixante-dix ans de vie sont comme des romans indépendants, bien conçus
et réalisés.
Il ne fait toutefois aucun doute qu’une connaissance des influences
réincarnationnelles jette une précieuse lumière sur la nature de la
personnalité, et nous aide à voir nos moi actuels avec une certaine
perspective. Les extraits qui suivent, tirés d’une consultation portant sur la
réincarnation, montrent la continuité et les interrelations qui peuvent entrer
en jeu dans la trame du moi que nous considérons maintenant comme le
nôtre.
Un éditeur, que j’appellerai Matt, est venu de New York nous rendre
visite. Nous avions échangé une correspondance, mais nous ne nous étions
jamais rencontrés. Il avait lu un de mes manuscrits et avait entendu parler
de Seth. Nous nous sommes immédiatement appréciés l’un l’autre, mais
c’était avant tout une rencontre de travail. Et puis j’ai senti que Matt
voulait que, d’une façon ou d’une autre, je « prouve mes facultés », mais je
ne voulais pas me sentir sous pression.
Comme je l’ai découvert, certaines personnes ont les idées les plus
étranges à propos des médiums ou des télépathes. Au début, quand j’ai
commencé à m’en rendre compte, je me suis donné beaucoup de mal pour
montrer à quel point j’étais normale. En général, les gens trouvaient cela
très décevant, et moi je trouvais cela très inhibant. Maintenant, tout cela a
en bonne partie disparu. Je suis aussi normale, ou anormale, que n’importe
qui.
En fait, c’était plutôt drôle : Matt s’efforçait de me montrer que je
n’avais pas vraiment à prouver quoi que ce soit ! Aussi, pendant un
moment, notre conversation a-t-elle été plutôt vive et fébrile.
Seth nous avait auparavant donné quelques informations sur Matt, sa
société d’édition et ses associés. Et le soir suivant, alors que nous étions
tous plus à l’aise les uns avec les autres, Seth s’est manifesté et nous avons
eu une excellente session.
Depuis, Matt est devenu un ami, soit dit en passant, mais à ce moment-là
nous ne le connaissions ni d’Ève ni d’Adam. Les éclairages psychologiques
qui nous ont été donnés étaient réellement stupéfiants — et je ne crois pas
que le psychologue le plus compétent aurait pu, aussi bien que Seth l’a fait,
mettre le doigt sur le caractère, les capacités et les obligations de cet
homme assez jeune.
Mes yeux sont restés ouverts pendant une bonne partie de la session —
mes yeux physiques, je le précise, car, dans des moments comme celui-ci, ils
sont vraiment les miroirs d’une personnalité différente. « Il y a eu le
sentiment d’un vide qu’il fallait combler, a commencé Seth. La peur d’une
identité s’échappant et se précipitant au-dehors. Ma coupe déborde et il ne
restera rien de moi — vous voyez ? D’un autre côté, il a toujours été
naturel, pour cette personnalité, de se tourner vers l’extérieur de manière
aisée et avec exubérance.
« Nous trouvons donc deux existences consacrées à nourrir les autres.
Mais, dans les deux cas, la personnalité était pleine d’une crainte intérieure,
éprouvant un certain ressentiment envers ceux qu’elle aidait. S’il sortait
pour aider autrui, alors qui allait prendre soin du magasin ? Il avait peur que
son stock ne disparaisse.
« Dans deux autres vies, il y a eu au contraire le développement
d’aptitudes intérieures excluant les autres, une fermeture des fenêtres et un
barrage des portes. Il n’allait pas regarder au-dehors et personne n’osait
regarder à l’intérieur. Il faisait des grimaces à la fenêtre de son âme pour
effrayer les autres. Pourtant, avec tout cela, les facultés intérieures ont
grandi. Et il a “augmenté son stock”.
« À présent, il a commencé à synthétiser ces conditions intérieures et
extérieures. Il réalise que le moi intérieur n’a pas besoin d’être si
sévèrement gardé, que son identité ne va pas lui échapper comme un chien
qui se défait de sa laisse… Maintenant, vous voyez que je suis en fait un
type gentil, comme un vieux chien avec une longue laisse… »
Là, Rob et Matt ont tous deux éclaté de rire. Puis Seth a fourni quelques
informations reliant certains intérêts actuels du jeune homme à des activités
du passé. Il a mentionné plusieurs vies passées, mais a mis l’accent sur
l’une d’entre elles, comme étant particulièrement signifiante : « Vous étiez
membre d’un groupe monastique qui collectait et classifiait différentes
sortes de graines. Officiellement, le groupe travaillait sur des manuscrits,
mais notre ami ici présent et plusieurs autres étaient de clandestins
découvreurs de semences, qui croyaient qu’il était possible de répondre aux
questions concernant la nature en examinant cette dernière, ce qui allait à
l’encontre des théories admises à l’époque.
« Ils étudiaient les idées, le folklore et le savoir officiellement agréé
concernant la botanique et la reproduction de semences et avaient planté,
derrière le monastère, un jardin interdit. Ils essayaient de découvrir le secret
de l’hérédité au sein de la vie végétale.
« Cela se passait près de Bordeaux. L’ordre était en lien avec saint Jean.
Il y avait des armoiries, appartenant soit à l’ordre, soit à la famille de notre
ami : une fourche à quatre dents avec, au premier plan, un serpent sur la
partie supérieure du manche et, en arrière-plan, un château ou un
monastère.
Les membres ont été expulsés… [de] l’ordre… dans les années 1400. Le
nom qu’avait le moine dans l’ordre semble avoir été Aerofranz Marie
[interprétation phonétique de Rob]. »
« Comment suis-je mort, alors ? » a demandé Matt.
« Trois villageois chassaient sur une terre du monastère. Vous avez hurlé
pour leur dire qu’ils étaient là sans autorisation et vous avez trébuché sur
une pierre. Vous étiez assommé, inconscient, et les gens de la ville ont fui.
Vous avez repris connaissance à la nuit tombée et avez erré à travers
champs, loin du monastère. Parvenu à un plan d’eau, vous vous êtes
agenouillé, avez commencé à prier et avez perdu l’équilibre. Vous vous êtes
rattrapé à une branche en surplomb, mais elle a cédé et vous vous êtes
noyé. »
À ce moment-là, tandis que Seth parlait, j’avais l’impression que je
voyais d’en haut la scène qu’il décrivait. Depuis un point un peu au-dessus
et en retrait, j’observais le moine tandis qu’il s’éloignait du monastère et
errait à travers champs. Seth a expliqué ensuite que les expérimentations de
ce moine avaient contribué aux réalisations faites par la suite dans le même
domaine par un autre moine.
Il a également donné un excellent conseil que de nombreuses autres
personnes, j’en suis sûre, pourraient mettre en application : « Ne vous
servez pas de votre intellect comme d’un étendard brillant que vous agitez
depuis vos fenêtres. Vous l’utilisez comme un jouet aux couleurs voyantes
qui vous appartient. Vous en remontez le mécanisme comme s’il s’agissait
d’un beau jouet, mais vous faites attention aux directions dans lesquelles
vous le laissez partir. Votre intellect est excellent, mais vous vous êtes
permis d’être fasciné par sa qualité éblouissante, et ne l’avez pas totalement
utilisé comme outil. »
Je donne ici simplement des extraits de consultations personnelles, en
sélectionnant des passages qui traitent de la réincarnation. En général, les
consultations en elles-mêmes contiennent bien davantage — des
suggestions concernant la santé, tout comme des analyses de caractère et
des conseils sur d’autres sujets. Et jusqu’à présent, chaque session de ce
type a été hautement signifiante pour la personne concernée.
Matt, par exemple, était stupéfait par l’analyse de caractère qui, selon
lui, lui correspondait point par point. Mieux encore, les armoiries
mentionnées par Seth ressemblaient énormément, nous a-t-il dit, à ce que
lui-même griffonnait quand il était au téléphone ou à ses moments perdus.
Autre point intéressant : quelques années plus tôt, l’éditeur avait écrit deux
pièces de théâtre, l’une mettant en scène un moine qui vivait sur la côte,
près de Bordeaux, et l’autre dont l’action se passait également en France,
au XIII e siècle. Ces faits nous étaient, bien sûr, inconnus.
Nous savions cependant que l’éditeur s’intéressait à la botanique, et Seth
faisait le lien entre ce passe-temps favori et le travail expérimental
consacré aux graines dans le passé.
J’ai essayé, à travers ces extraits, d’exposer les idées de Seth sur la
réincarnation telles qu’elles s’appliquent au niveau personnel. Mais
plusieurs questions importantes demeurent, que nous n’avons pas encore
prises en considération. Par exemple, combien de vies vivons-nous ? Y a-t-
il une limite à leur nombre ? C’est très simple : nous vivons autant
d’existences physiques que nous avons le sentiment de devoir le faire pour
développer nos aptitudes et nous préparer à entrer dans d’autres
dimensions de réalité. Cela sera largement abordé dans le chapitre traitant
de la nature de la personnalité.
À l’intérieur de ce cadre de développement, il y a toutefois un minimum
nécessaire. Seth dit : « En règle générale, chaque entité naît de manière à
faire l’expérience de trois rôles — celui d’une mère, d’un père et d’un
enfant. Deux existences suffiraient pour vivre les trois rôles, mais, dans
certains cas, la personnalité ne fonctionne pas jusqu’à l’âge adulte. La
question la plus importante, cependant, est l’utilisation la plus complète du
potentiel. »
Seth nous a également précisé que certaines personnalités ne se
développent pas bien dans l’environnement physique, mais s’épanouissent
dans d’autres réalités. En d’autres termes, la « dernière » réincarnation
n’est pas la fin. Il y a d’autres dimensions d’existence, dans lesquelles nous
avons un rôle encore plus grand à jouer dans le maintien de la vie et de la
conscience. Ces dimensions et le rôle que nous y tenons seront expliqués en
même temps que le concept de Dieu, les probabilités et le temps. Mais ce
qui constitue le cœur des discussions de Seth sur la réincarnation se trouve
dans les extraits de la session 223, qui mettent la réincarnation en
perspective au niveau individuel et historique.
« Dans la matérialisation d’une personnalité à travers diverses
réincarnations, seuls l’ego et les strates du subconscient personnel adoptent
de nouvelles caractéristiques. Les autres strates du moi retiennent les
expériences, l’identité et la connaissance passées.
« En fait, l’ego reçoit une bonne part de sa stabilité [relative] grâce à
cette rétention subconsciente. Si, de la part des couches plus profondes du
moi, l’ego ne disposait pas de l’expérience des vies passées, il trouverait
pratiquement impossible de se relier à d’autres individus, et la cohésion de
la société n’existerait pas.
« Dans une certaine mesure, l’apprentissage est transmis par les gènes, de
façon biochimique, mais il s’agit de la matérialisation physique d’une
connaissance intérieure, obtenue et retenue de vies passées. […] L’être
humain ne fait pas… irruption dans l’existence à la naissance pour
commencer laborieusement ensuite sa première tentative pour acquérir de
l’expérience. Si c’était le cas, vous en seriez encore à l’âge de pierre.
« Il y a des vagues d’énergie et des vagues de schémas réincarnationnels,
car il y a réellement eu beaucoup d’âges de pierre sur votre planète, au
cours desquels de nouvelles identités ont réellement commencé leur
“première” expérience de l’existence physique et ont changé la face de la
Terre à mesure qu’elles progressaient. […]
« Ils l’ont changée à leur façon, pas à la vôtre, mais nous en discuterons
plus tard. Pourtant, tout cela se produit, au fond, en un clin d’œil, avec un
but et une raison d’être fondés sur l’accomplissement et la responsabilité.
Chaque partie du moi, bien qu’indépendante dans une très large mesure, est
néanmoins responsable envers toute autre portion du moi ; et chaque moi
complet [entité] est responsable envers tous les autres, bien qu’il soit
largement indépendant quant à son activité et à ses décisions.
« Car si de nombreuses strates du moi composent le moi complet [entité],
il y a tout autant d’entités qui forment un ensemble changeant dont vous ne
savez pas grand-chose et dont je ne suis pas encore prêt à vous parler. »
(Cette dernière remarque devait conduire, beaucoup plus tard, à des séries
complètes de sessions traitant du concept de Dieu.)
Nous avons encore des sessions portant sur la réincarnation, et quand
des questions s’élèvent, nous les posons. Cela aide à compléter notre
matériau sur le sujet, bien sûr, mais dans la structure d’ensemble des
sessions, la réincarnation occupe toutefois une part relativement mineure,
comme étant seulement un aspect de notre réalité.
Que vous compreniez et acceptiez ou non vos antécédents
réincarnationnels, il est extrêmement important de vivre une vie saine et
équilibrée dans cette vie-ci. Nous formons notre réalité quotidienne. Nous
avons formé nos vies passées et nous formons celle-ci. Et en résolvant des
problèmes maintenant, nous pouvons rendre les choses beaucoup plus
faciles pour nos moi « passés » et « futurs ».
Chapitre 13

La santé

Comment rester en bonne santé ? Comment se débarrasser d’une


maladie ? Quel lien exact y a-t-il entre l’état d’esprit et la santé ? Les idées
de Seth sur ce sujet nous ont été très précieuses, à Rob et à moi, ainsi qu’à
toutes les personnes qui en ont pris connaissance. Nous avons mis ses
concepts en application dans nos propres vies, et nous nous demandions
parfois l’un et l’autre comment nous parvenions à conduire notre quotidien
avant d’avoir compris la relation étroite qui existe entre les pensées, les
émotions et la santé.
Il y a quelques semaines, nous avons appris qu’une ancienne voisine
venait de mourir. Joanie avait vécu dans notre immeuble pendant un an
environ, dans l’appartement situé juste en face du nôtre, de l’autre côté du
couloir. Maigre, les cheveux roux, c’était une femme d’humeur imprévisible
et vraiment pleine d’esprit. C’était aussi une excellente imitatrice. Mais elle
utilisait souvent sa vivacité intellectuelle comme une épée. Son humour était
cruel, même lorsqu’elle le dirigeait contre elle-même, ce qui était souvent le
cas.
Âgée d’un peu plus de trente ans, elle avait un bon métier mais regardait
de haut tous les autres employés. Son mariage s’était terminé par un
divorce avant qu’elle vienne vivre ici et, bien que parlant toujours de se
remarier, elle se méfiait énormément des hommes. Je pense qu’elle les
détestait vraiment. Son opinion des femmes n’était guère meilleure, et
pourtant, par moment, elle pouvait se montrer très chaleureuse. Elle nous
aimait bien, Rob et moi, et nous nous asseyions souvent pour discuter, elle
et moi, à cette même table où j’écris ce livre.
Elle commençait toujours par raconter une histoire sarcastique
incroyablement drôle à propos de quelqu’un qu’elle connaissait. Elle avait
un talent étonnant pour percevoir les points faibles des gens et les tourner
en dérision. Et quand elle n’était pas malade, elle avait une belle vitalité et
une sagacité naturelle bien aiguisée. Nous jouions une sorte de jeu : je
l’aimais bien, mais je n’étais pas disposée à me laisser assaillir, une heure
durant, par un feu nourri de pensées négatives et de pessimisme, même
présentés avec humour — et elle le savait. Le pire, c’est qu’elle était
vraiment drôle et qu’il m’était diablement difficile de ne pas rire, même
quand je savais que je ne devais pas. Et cela aussi, elle le savait. Alors, elle
essayait de voir jusqu’où elle pouvait aller avant que je la rappelle à
l’ordre et lui fasse une « mini leçon », en lui faisant remarquer que son
attitude envers les autres était largement responsable de ses difficultés.
Et ses difficultés consistaient en des maladies — si diverses et si fortes
qu’à mon avis, il était impossible, même pour elle, de raconter de quoi elle
avait souffert en une seule année. Certaines de ses maladies étaient graves
et elle avait subi plusieurs opérations. Toutes les infections qui sévissaient,
elle les attrapait, ainsi que beaucoup d’autres plus rares. Elle allait de
médecin en médecin, avec des symptômes physiques toujours très nets et
souvent effrayants. Son régime alimentaire était extrêmement restrictif et
ses maladies devenaient de plus en plus graves.
Sur le plan émotionnel, elle passait d’un extrême à l’autre. Son âge la
gênait ; elle était certaine que « la vie s’arrêtait avant qu’on atteigne
quarante ans » — et pour elle, c’était déjà le cas depuis quelques années.
Pourtant, nous avons été tout étonnés d’apprendre sa mort. Même si nous
comprenions qu’elle se rendait littéralement malade elle-même, nous ne
pensions pas que c’était « jusqu’à en mourir ».
Souvenez-vous de ce que j’ai dit précédemment : nous formons une
réalité physique qui est une copie conforme de ce que nous pensons
intérieurement. C’est une prémisse fondamentale du matériau de Seth. À
quelques exceptions près, Joan n’aimait vraiment pas les gens. Elle était en
outre convaincue de ne pas être aimée, ni susceptible de l’être. Elle se
sentait persécutée, sûre que les gens disaient du mal d’elle lorsqu’elle avait
le dos tourné — car c’était précisément ce qu’elle faisait. Pour elle, la vie
quotidienne comportait toutes sortes de menaces, et elle maintenait donc
son système nerveux dans un état de stress permanent. Les défenses de son
organisme étaient amoindries. Elle était fatiguée de se battre constamment,
sans pour autant se rendre compte que cette lutte était en grande partie
unilatérale et injustifiée. Elle projetait à l’extérieur ses idées de la réalité,
et celles-ci l’amenaient à se détruire, au sens propre du terme.
Elle avait pourtant été prévenue. Deux ans avant sa mort, elle avait
demandé à assister à une de nos sessions régulières avec Seth. Celui-ci
s’était montré très sérieux et moins jovial que d’habitude et, sur le moment,
j’avais pensé qu’il était plutôt dur avec elle. Aujourd’hui, je me rends
compte qu’il essayait d’imprimer en elle la compréhension de la nécessité
de changer ses attitudes et ses réactions. Il avait formulé ses idées sur la
santé de façon aussi claire et directe que possible, en explicitant leur
application pratique. Je vois encore Joan assise là, jambes croisées, avant
la session. Si elle avait été capable de suivre les conseils de Seth, je suis
convaincue qu’elle serait aujourd’hui vivante et en bonne santé. Je suis
certaine également que les lecteurs qui comprennent et suivent les idées de
Seth sur la santé verront la leur grandement améliorée.
« Vous devez faire attention aux images que vous peignez avec votre
imagination, a dit Seth, car vous permettez à celle-ci de régner trop
pleinement. Si vous lisez le matériau que nous avons dicté précédemment,
vous verrez que votre environnement et les conditions de votre vie à chaque
instant sont le résultat direct de vos attentes intérieures. Vous formez les
matérialisations physiques des réalités qui sont dans votre propre esprit.
« Si vous imaginez des situations désastreuses, une mauvaise santé ou
une solitude désespérée, elles vont automatiquement se matérialiser, car ces
pensées mêmes amènent les conditions qui vont les rendre réelles en termes
physiques. Si vous voulez être en bonne santé, vous devez l’imaginer aussi
distinctement que vous imaginez le contraire par peur.
« Vous créez vos propres difficultés. C’est vrai pour chaque individu.
L’état psychologique intérieur est projeté à l’extérieur et obtient une réalité
physique —, et cela quelle que soit la nature de l’état psychologique. […]
« Ces règles s’appliquent à tout le monde. Une fois que vous les
comprenez, vous pouvez les utiliser à votre avantage et changer les
conditions dans lesquelles vous vous trouvez.
« Vous ne pouvez pas échapper à votre propre attitude, car elle forme la
nature de ce que vous voyez. Au sens le plus littéral, vous voyez ce que
vous voulez voir ; et vous voyez vos pensées et votre attitude émotionnelle
matérialisées en une forme physique. Pour que des changements se
produisent, ils doivent être mentaux et psychiques. Ils se refléteront ensuite
dans votre environnement. Une attitude négative, méfiante, craintive ou
dégradante à l’égard de quiconque œuvre à l’encontre du moi. »
Joan était assise, tapotant nerveusement du pied. Ce n’était plus le
moment de plaisanter. À l’époque, elle sortait avec un homme qui buvait
trop. « La façon dont il boit me rend irritable et me met en colère, a-t-elle
dit. C’est lui mon problème. C’est à cause de lui que je me sens nerveuse. »
Rob a ri ; elle semblait tellement être une victime, tellement déterminée à
rejeter le blâme sur autrui.
« Vous devez comprendre quelque chose d’autre, a poursuivi Seth. La
télépathie opère constamment. Si vous vous attendez continuellement à ce
qu’un individu se comporte de telle ou telle manière, vous lui envoyez en
permanence des suggestions télépathiques de se conduire de cette façon-là.
Tout individu réagit à la suggestion. Selon les conditions spécifiques du
moment, il va, à un degré ou à un autre, agir conformément aux suggestions
de masse qu’il reçoit.
« Ces suggestions de masse incluent non seulement celles qui lui sont
données par d’autres, aussi bien verbalement que par télépathie, mais
également celles qu’il se donne à lui-même, à la fois durant l’état de veille
et celui de rêve. Si un individu est déprimé, c’est qu’il est déjà en proie à
des suggestions négatives, les siennes et celles d’autrui. Maintenant, si,
quand vous le voyez, vous pensez qu’il a l’air misérable — Seth a regardé
Joan avec sévérité — ou qu’il est un ivrogne invétéré, il capte ces
suggestions-là de manière subconsciente, bien que vous n’ayez pas
prononcé un seul mot. Et dans la condition déjà bien affaiblie qui est la
sienne, il va accepter ces suggestions et s’y conformer.
« Si, au contraire, dans les mêmes circonstances, vous vous arrêtez et
vous vous dites doucement “Il va à présent commencer à se sentir mieux”
ou “Son envie de boire est passagère, et il y a en fait beaucoup de raisons
d’espérer”, vous lui apportez de l’aide, car les suggestions représenteront au
moins pour lui quelques munitions télépathiques qui l’aideront à résister à
l’offensive du découragement.
« Il existe évidemment des moyens vous permettant de modeler votre
propre situation, de vous protéger vous-même contre vos propres
suggestions négatives et contre celles des autres. Vous devez apprendre à
effacer une pensée ou une image négative en la remplaçant par son opposé.
« Si vous pensez “j’ai un mal de tête” et que vous ne remplacez pas cette
suggestion par une autre qui soit positive, vous suggérez alors
automatiquement au corps de mettre en place les conditions ayant pour
résultat le maintien de la maladie. Je vous propose une publicité bien
meilleure que celle de l’Excedrin, vous savez, celle où la migraine disparaît
en un rien de temps. Je vais vous dire comment ne pas avoir du tout de
maux de tête. » C’était la seule touche d’humour de toute la séance. En
général, lorsque Seth consacre une session à quelqu’un, il a à cœur de faire
quelques commentaires plaisants pour mettre la personne à l’aise.
Nous avons fait une courte pause. Joan a continué de se plaindre de
l’habitude de boire de son ami, et de la façon dont cela ne faisait
qu’accroître sa propre nervosité. Elle était sûre que, si elle n’avait pas à se
battre contre cela, elle retrouverait une bonne santé. Avec véhémence, elle
s’est mise à blâmer son ami pour pratiquement tous les problèmes qu’elle
avait. Quand Seth a repris, il était encore plus sérieux qu’avant.
« Maintenant, vous ne parlez pas des problèmes fondamentaux, a-t-il dit.
Vous faites voler des dragons en papier pour les transpercer, mais ce ne sont
pas les vrais dragons. Vous devez apprendre à écouter la voix du moi
intérieur. Il n’y a pas à le craindre. Vous avez permis à l’ego de devenir une
contrefaçon du moi, et vous acceptez ce qu’il dit, car vous n’entendez pas la
voix assourdie qui est à l’intérieur de lui.
« Vous avez examiné les autres, plutôt que vous-même. Ce que vous
voyez chez les autres est la matérialisation — la projection de ce que vous
pensez être —, mais pas nécessairement de ce que vous êtes. Si, par
exemple, d’autres semblent ne pas être loyaux envers vous, c’est parce que
vous vous trompez vous-même, et que vous le projetez ensuite à l’extérieur,
sur autrui.
« Quelques exemples, maintenant. Si un individu voit uniquement le mal
et la désolation dans le monde physique, c’est parce qu’il est obsédé par le
mal et la désolation, qu’il les projette à l’extérieur et ferme les yeux sur tout
le reste. Si vous voulez savoir ce que vous pensez de vous-même,
demandez-vous ce que vous pensez des autres, et vous aurez la réponse.
« Autre exemple : un individu très laborieux pense que la plupart des
hommes sont paresseux et bons à rien. Personne n’aurait jamais l’idée de le
traiter de paresseux ou de bon à rien ; pourtant, c’est peut-être précisément
l’image subconsciente qu’il a de lui-même, face à laquelle il se retrouve
constamment. Tout cela sans percevoir le concept de base qu’il a de sa
propre personne, et sans reconnaître qu’il projette à l’extérieur, sur autrui, la
faiblesse qu’il craint pour lui-même.
« Une vraie connaissance de soi est indispensable à la santé ou à la
vitalité. Reconnaître la vérité à propos du moi signifie simplement que vous
devez d’abord découvrir ce que vous pensez de vous-même au niveau
subconscient. Si c’est une bonne image, construisez sur elle. Si c’est une
piètre image, reconnaissez qu’elle n’est que l’opinion que vous avez retenue
de vous-même, et non pas un fait irréfutable. »
Parmi tous ses autres problèmes, Joan était souvent dérangée par de
violents maux de tête. Avant de conclure, Seth lui a donné un conseil qui
peut servir à tout le monde :
« Vous devriez fréquemment vous dire “Je ne réagirai qu’aux suggestions
constructives”, car cela vous procure une certaine protection contre vos
propres pensées négatives et contre celles des autres. Si elle n’est pas
effacée, une pensée négative va presque certainement se traduire par une
condition négative : un découragement passager, une migraine, en fonction
de l’intensité de la pensée.
« Maintenant, si vous avez une migraine, dites-vous immédiatement :
“Ça, c’est le passé. Maintenant, en ce nouvel instant, en ce nouveau présent,
je commence déjà à me sentir mieux.” Ensuite, détournez immédiatement
votre attention de votre condition physique. Concentrez-vous sur quelque
chose de plaisant ou commencez une autre activité.
« En agissant ainsi, vous ne suggérez plus au corps de reproduire les
conditions d’une migraine. Cet exercice doit être répété. »
Il ne sert à rien de refouler les pensées négatives telles que la peur, la
colère ou le ressentiment. Dans d’autres sessions, Seth a clairement
expliqué qu’il faut les reconnaître, les regarder en face et, ensuite, les
remplacer.
J’ai beaucoup pratiqué le refoulement, surtout lorsque j’ai appris à quel
point les pensées négatives peuvent être destructrices. Au début, j’en ai
rajouté, du moins ai-je essayé. Je me surprenais en train d’avoir des
pensées pleines de ressentiment à l’égard d’une personne ou d’une situation
et j’en avais presque du dégoût : « Ouah ! c’est horrible de penser ça », me
disais-je.
« Si je dirige une pensée agressive vers quelqu’un, cela peut lui nuire,
confiais-je à Rob. Et si je l’enfouis en moi, elle peut me faire du mal et
ressortir en tant que symptômes physiques d’un genre ou d’un autre. Alors,
s’il te plaît, voudrais-tu demander à Seth, lors de notre prochaine session,
ce qu’il suggère ? » C’est au cours de cette session-là que Seth a expliqué
la différence entre la répression et une approche correcte.
« Ruburt doit se souvenir de reconnaître le ressentiment lorsqu’il
l’éprouve, puis de réaliser que celui-ci peut être écarté. La reconnaissance
initiale doit toutefois avoir lieu. Qu’il s’imagine ensuite en train d’arracher
ce ressentiment par les racines et de le remplacer par un sentiment positif.
Mais il doit imaginer le processus d’arrachage.
« C’est la différence entre le refoulement et l’action positive. Dans le
refoulement, le ressentiment est repoussé vers les profondeurs et ignoré.
Avec notre méthode, il est reconnu, arraché de façon imaginaire comme
étant indésirable, et remplacé par une pensée de paix et d’énergie
constructive. » (Seth m’a fréquemment mise en garde contre le fait de
craindre l’agressivité et de la refouler. Rob dit que c’est assez amusant —
pour lui ! — quand Seth, s’exprimant à travers moi, me rappelle à l’ordre
de cette manière. Ses suggestions ont cependant toujours été excellentes.)
Par la suite, il a signalé un point très important : « Si le désir d’être en
bonne santé conduit à mettre l’accent sur des symptômes dont il faut
triompher, mieux vaut éviter toute pensée de santé ou de maladie et se
concentrer sur d’autres objectifs, comme le travail, par exemple. Pareille
insistance peut conduire à se focaliser sur les obstacles qui se trouvent sur le
chemin, ce qui renforce la condition négative. »
Seth affirme toujours que la vie est abondante, vigoureuse et forte.
Chacun de nous a ses propres défenses contre les suggestions négatives, et
nous devons faire confiance à notre propre immunité. Nous réagissons aux
suggestions négatives uniquement lorsque notre propre disposition d’esprit
est négative. Nous nous fermons alors aux énergies constructives dont nous
avons besoin.
Une fois encore, Seth ne nous suggère pas de refouler une émotion. La
spontanéité avant tout, telle est la règle. Selon lui, si nous étions vraiment
spontanés, nous n’aurions pas besoin de nous préoccuper d’avoir des
suggestions positives, car notre santé serait normalement maintenue.
L’un de mes étudiants, un homme d’affaires, est toujours inquiet quand
Seth parle de spontanéité. Il assimile cela à un manque de discipline. Avec
un humour plein d’affection, Seth appelle cet homme le « doyen », parce
qu’il est l’un de mes meilleurs étudiants et que les autres écoutent ses
aventures médiumniques avec beaucoup d’intérêt. Mais c’est aussi un
homme très actif au sein de la communauté et, pour lui, le mot
« spontanéité » est un peu comme un tissu rouge agité devant un taureau. Je
dois d’ailleurs admettre que beaucoup d’entre nous ont le sentiment que
nos émotions intérieures sont trop difficiles à régir.
Nous parlions de cela un soir, pendant un cours, quand Seth s’est
soudain manifesté. « Les émotions, a-t-il dit, circulent en vous comme des
nuages d’orage ou un ciel bleu, et vous devez y être ouverts et y réagir.
Vous n’êtes pas vos émotions. Elles vous traversent. Vous les sentez. Puis
elles disparaissent. Quand vous tentez de les retenir, elles grandissent,
jusqu’à devenir des montagnes. J’ai dit à notre “doyen” que la spontanéité
connaît sa propre discipline. Votre système nerveux sait comment réagir. Il
le fait spontanément quand vous le lui permettez. Ce n’est que lorsque vous
essayez de nier vos émotions qu’elles deviennent dangereuses. »
Nous avions un nouvel étudiant ce soir-là, et quelqu’un a fait remarquer
que Seth pouvait être assez sévère. Ce à quoi Seth a répondu, en
plaisantant : « J’ai été durement calomnié ce soir, et je m’en vais donc
montrer à notre nouvel ami ici présent que je suis un joyeux drille. Cela
était, du moins, mon intention initiale. Elle a changé, à présent. Car je dois
vous dire à nouveau que le moi intérieur, agissant de façon spontanée et
automatique, fait preuve d’une discipline que vous ne comprenez pas
encore. »
À travers mes yeux, Seth observait la pièce. Quelqu’un a ramassé mes
lunettes et les a posées sur la table basse. (Comme je l’ai déjà indiqué,
quand Seth se manifeste, il m’ôte toujours mes lunettes, et les lance parfois
d’un geste assez majestueux sur le tapis.) Les lumières étaient allumées,
comme d’habitude. Il a regardé le groupe bien en face et a déclaré,
catégoriquement : « Vous n’êtes pas votre corps. Vous n’êtes pas vos
émotions. Vous avez des émotions. Vous avez des pensées, tout comme
vous avez des œufs pour le petit déjeuner, mais vous n’êtes pas les œufs et
vous n’êtes pas vos émotions. Vous êtes aussi indépendants de vos pensées
et de vos émotions que vous l’êtes des œufs et du bacon. Vous utilisez les
œufs et le bacon dans votre composition physique, et vous utilisez vos
pensées et à vos émotions dans votre composition mentale. Vous ne vous
identifiez sûrement pas à un morceau de bacon, n’est-ce pas ? Alors, ne
vous identifiez pas à vos pensées et émotions. Quand vous dressez des
barrières et des portes, vous enfermez les émotions en vous… comme si
vous stockiez des tonnes de bacon dans votre réfrigérateur et que vous vous
demandiez ensuite pourquoi il n’y a plus de place pour autre chose. »
Puis il a dit au « doyen » : « Pourquoi vous est-il si difficile d’apprendre
ce qu’est la liberté ? »
« La liberté, au sens complet du terme, semble être un manque de
responsabilité, ou presque. »
« C’est vraiment votre interprétation, a répondu Seth, et cela parce que
vous avez des exigences. Maintenant, je vous le demande, jusqu’où pensez-
vous qu’une fleur pourrait aller si, le matin, elle levait la tête vers le ciel et
disait : “Je réclame le soleil. Et maintenant, j’ai besoin de pluie. Alors, je la
réclame. Et j’exige que des abeilles viennent et emportent mon pollen. Je
demande donc que le soleil brille pendant un certain nombre d’heures, que
la pluie tombe pendant tant d’heures… et que des abeilles viennent — les
abeilles A, B, C, D et E, car je n’en accepte pas d’autres. J’exige que cette
discipline-là soit mise en œuvre et que le sol obéisse à mes ordres. Mais je
ne lui permets aucune spontanéité personnelle. Et je ne permets pas non
plus au soleil la moindre spontanéité personnelle. Je ne suis pas d’accord
avec le fait que le soleil sait ce qu’il fait. J’exige que toutes ces choses
suivent mes idées de la discipline” ?
« Et je vous le demande aussi, qui l’écouterait ? Car, dans la spontanéité
miraculeuse du soleil, il y a une discipline qui vous échappe totalement, et
une connaissance qui est au-delà de tout ce que nous connaissons. Et dans
le jeu spontané des abeilles allant d’une fleur à l’autre, il y a une discipline
qui dépasse ce que vous savez, et des lois qui suivent leur propre
connaissance, ainsi qu’une joie qui ne se commande pas. Car, voyez-vous,
une vraie discipline ne se trouve que dans la spontanéité. La spontanéité
connaît son propre ordre. »
Seth a fixé à nouveau le « doyen », tout en s’adressant maintenant aux
autres personnes du groupe. « Dans le fonctionnement spontané de votre
système nerveux, que trouvons-nous ? Nous voyons ici la tête du “doyen”,
qui repose sur ses épaules, et l’intellect qui exige de la discipline. Et
pourtant, tout cela repose sur les mécanismes spontanés du moi intérieur, et
sur le système nerveux dont l’intellect connaît peu de choses. Sans cette
discipline spontanée, il n’y aurait pas d’ego pour s’établir sur ces épaules et
exiger de la discipline… Maintenant que j’ai prouvé à quel point j’étais
jovial, vous pouvez tous faire une pause. »
Tout le monde a ri. Après la pause, Seth a répondu à d’autres questions,
mais il a conclu la dernière discussion par un sourire adressé au
« doyen » : « Maintenant, les saisons arrivent chaque année comme elles
l’ont fait pendant des siècles sur votre planète, elles le font avec une
magnifique spontanéité et avec une créativité qui déferle sur le monde. Et
pourtant, elles se présentent selon un mode hautement ritualisé et discipliné.
Le printemps ne vient pas en décembre. Il y a une fusion de spontanéité et
de discipline vraiment merveilleuse à contempler. Et vous n’avez pas peur
de la venue des saisons.
« Chacun de vous y contribue à sa façon. Car vous pouvez considérer le
corps de la Terre et tout ce que vous connaissez… les arbres, les saisons et
les cieux, comme étant, dans une certaine mesure, votre propre
contribution… la combinaison de spontanéité et de discipline qui donne des
fruits à la Terre. »
Tout, dans la nature, fonctionne spontanément. Nos corps sont
automatiquement en bonne santé si nous ne projetons pas sur eux des idées
fausses.
Mais, bien sûr, ce n’est pas aussi simple que cela. En s’adressant
directement aux gens durant les cours, Seth tente d’expliquer les sujets
aussi clairement que possible et de façon compréhensible pour eux. Au
cours de nos propres sessions, il traite ces sujets beaucoup plus en
profondeur. Dans les extraits qui suivent, provenant d’une session privée, il
explique les éléments biologiques et psychiques de la douleur et de la
conscience, et il affirme aussi que la maladie elle-même est parfois une
activité intentionnelle.
En lisant ce qui suit, repensez aux diverses maladies que vous avez eues
et voyez comment les paroles de Seth s’appliquent à votre cas. Il parle ici
de la maladie du point de vue de la relation qu’elle a non seulement avec la
personnalité de surface, mais avec nos structures biologiques les plus
profondes. Avant cela, il avait expliqué le besoin qu’avait Sally (la femme
de Jon) de se dissocier de son identité de « malade ». Puis il a développé
son propos :
« Toute maladie est momentanément acceptée par la personnalité comme
étant une partie du moi, et c’est là que réside le danger. Cette acceptation
n’est pas uniquement symbolique, et je ne parle pas en termes symboliques.
Une action constituant une entrave, telle qu’une maladie, est acceptée au
sens très littéral du terme par la structure de la personnalité, et, une fois que
cela se produit, un conflit se développe. Le moi ne veut pas abandonner une
portion de lui-même, même quand elle est douloureuse ou défavorable. Il y
a de nombreuses raisons à cela.
« Il y a d’abord le fait que, bien que la douleur soit déplaisante, c’est
aussi une méthode pour familiariser le moi aux côtés tranchants d’une
conscience aiguisée. Toute sensation exacerbée, agréable ou non, a un effet
stimulant sur la conscience, à un degré ou à un autre. Même quand le
stimulus se révèle déplaisant et humiliant, certaines portions de la structure
psychologique l’acceptent sans discrimination, parce que c’est une
sensation, et une sensation vive. »
Seth en arrive maintenant à ce point très important de sa théorie : « Ce
consentement à un stimulus, même douloureux, est une partie fondamentale
de la nature de la conscience. Une action ne fait pas de différence entre les
stimuli agréables, douloureux ou joyeux. Ces distinctions arrivent beaucoup
plus tard, et à un autre niveau [Seth considère ici la personnalité comme
étant composée d’énergie et d’action].
« L’action accepte tous les stimuli de façon affirmative. Ce n’est que
lorsqu’elle devient compartimentée, pour ainsi dire, dans la conscience
hautement différenciée que de tels raffinements ont lieu. Je ne dis pas que
les stimuli désagréables ne sont pas ressentis en tant que tels dans les
organismes moins conscients d’eux-mêmes, ni que ceux-ci ne réagissent pas
contre eux. Je dis que ces organismes se réjouissent, même dans leur
réaction automatique, parce que tout stimulus, et toute réaction, représente
une sensation, et que la sensation est une méthode par laquelle la
conscience se connaît elle-même.
« La complexe personnalité humaine, avec sa structure physique, a
développé, en même temps que quelques autres structures, une conscience
du « je » hautement différenciée [autrement dit, l’ego], dont la nature est
telle qu’elle tente de préserver les limites apparentes de l’identité. Pour ce
faire, elle choisit parmi des actions. Mais, sous cette forme changeante
complexe, il y a les fondements plus simples de son être et, de fait,
l’acceptation même de tous les stimuli, sans laquelle une identité serait
impossible.
« Sans cet acquiescement aux stimuli, même douloureux, la structure ne
se maintiendrait jamais, car les atomes et les molécules qui sont en elle
acceptent constamment ces stimuli et subissent joyeusement même leur
propre destruction. Conscients de leur identité au sein de toute action, et
dépourvus de la structure complexe du « je », ils n’ont pas de raison de
craindre la destruction. Ils sont conscients d’eux-mêmes en tant que partie
de l’action.
« Maintenant, tout cela est une connaissance de base si vous voulez
comprendre pourquoi la personnalité accepte même une action qui
l’entrave, telle qu’une maladie, en dépit de la résistance de l’ego face à la
douleur. »
Seth poursuit en disant que la maladie peut être une réaction « saine »,
même si elle implique toujours des problèmes au niveau de la personnalité :
« La personnalité doit comprendre que la maladie est une épreuve pour
l’ensemble de la structure et… n’est pas fondamentale pour la personnalité
originelle.
« Toute la focalisation de la personnalité peut passer des domaines
constructifs à une concentration des principales énergies sur un domaine
d’action qui entrave, ou une maladie. Dans ce cas-là, la maladie représente
en fait un nouveau système unificateur. Maintenant, quand le vieux système
unificateur de la personnalité se détériore, la maladie peut servir
d’expédient, agir comme une mesure temporaire d’urgence, et maintenir
intacte l’intégrité de la personnalité jusqu’à ce qu’un nouveau principe
unificateur constructif remplace celui d’origine.
« Les principes unificateurs sont des groupes d’actions en fonction
desquels la personnalité se forme à un moment donné. Ils changent en
général de façon relativement douce quand l’action a la possibilité de suivre
son cours sans entrave. [Voyez comme cela est en lien avec les conseils
donnés aux étudiants sur la valeur de la spontanéité et les difficultés dues
au refoulement.] Ces entraves [les maladies] peuvent donc parfois
préserver l’intégrité de l’ensemble du système psychologique et signaler
l’existence de problèmes psychiques intérieurs. La maladie est une portion
de l’action dont se compose la personnalité, et elle a donc un but : on ne
peut pas la considérer comme une force étrangère envahissant la
personnalité de l’extérieur. […]
« On ne peut pas dire qu’une maladie est une action qui entrave, à moins
qu’elle ne persiste longtemps après avoir rempli son but. Même dans ce cas-
là, on ne peut pas porter de jugement sans connaître toutes les données…
car la maladie peut encore être utile en donnant à la personnalité un
sentiment de sécurité, comme un dispositif d’urgence qu’on garde sous la
main au cas où le nouveau système unificateur viendrait à faillir.
« En d’autres termes, une action ne peut être jugée comme étant une
entrave sans une connaissance complète des actions amenant à la
constitution d’une personnalité donnée. Cela est extrêmement important.
Négliger ce point, c’est prendre le risque d’opter pour une maladie plus
grave.
« Quand une action a la possibilité de suivre librement son cours, il n’y a
pas de rejets névrotiques. Et ce sont les rejets névrotiques qui occasionnent
les maladies inutiles.
« Toute maladie est presque toujours le résultat d’une autre action qui ne
peut être suivie jusqu’au bout. Quand les lignes vers l’action d’origine sont
rétablies et que les canaux sont ouverts, la maladie disparaît. Il se peut
toutefois que l’action contrecarrée soit de celles qui auraient des
conséquences désastreuses dont la maladie peut empêcher l’apparition. La
personnalité a sa propre logique. »
Seth nous rappelle sans cesse que les symptômes physiques sont des
communications qui proviennent du moi intérieur, et qui indiquent que nous
faisons des erreurs mentales d’une sorte ou d’une autre. Dans une session,
il compare le corps à une sculpture « jamais réellement terminée, le moi
intérieur essayant diverses techniques sur ce qui sert de base à ses tests. Les
résultats ne sont pas toujours excellents, mais le sculpteur est indépendant
de l’œuvre qu’il a produite et il sait qu’il y en aura d’autres ».
Il a fait aussi quelques commentaires fascinants sur la relation entre
différents types de symptômes et les problèmes intérieurs correspondants.
« N’oubliez pas que vous êtes une partie du moi intérieur. Il ne se sert pas
de vous. Vous en êtes la portion qui fait l’expérience de la réalité physique.
Maintenant, les maladies physiques qui ne sont pas critiques mais
observables — qui n’entraînent pas, disons, la perte d’un membre ou d’un
organe — représentent en général des problèmes qui sont en train d’être
résolus, des problèmes qui sont “exposés au grand jour”.
« Ces maladies-là sont le produit final d’un processus de découverte. Des
problèmes intérieurs ont littéralement été sortis à l’extérieur, là où il est
possible de les regarder en face, de les reconnaître et de les vaincre, en
utilisant les symptômes comme points de mesure des progrès. Un système
de tâtonnements entre en jeu, mais les processus intérieurs se reflètent assez
vite sur la condition physique. »
Comme Seth l’explique clairement lors d’autres sessions, les symptômes,
dans ce cas-là, font eux-mêmes partie du processus de guérison. Ce que
nous sommes supposés faire, alors, c’est changer notre attitude mentale,
chercher en nous-mêmes le problème intérieur mis en lumière par les
symptômes, et mesurer nos progrès à mesure que ceux-ci diminuent.
« Dans les cas où le symptôme lui-même est intérieur, comme pour un
ulcère, c’est le signe que la personnalité n’est pas encore disposée à faire
face au problème, et le symptôme lui-même est caché à la vue physique —
à très juste titre, symboliquement parlant. Le degré relatif d’observation
d’un symptôme est donc un indice de l’attitude de la personnalité à l’égard
de son problème.
« Beaucoup de problèmes ne se matérialisent jamais. Ils restent comme
des espaces vides, des zones improductives et non cultivées de la psyché,
des domaines dans lesquels il n’y a pas de problème parce qu’aucune
expérience n’y est permise. […] Il y a alors, au niveau mental, psychique ou
émotionnel, un manque de vision et un blocage complet. Un tel déni
d’expérience est beaucoup plus nuisible qu’un problème spécifique, car la
personnalité a alors une incapacité totale à s’exprimer en ce domaine. »
Souffrant d’une artériosclérose, le père de Rob est dans une maison de
santé et ne reconnaît personne. Quand nous lui rendons visite, nous sommes
entourés de personnes âgées qui se trouvent plus ou moins dans le même
état. Nous nous sentions donc concernés par les problèmes du grand âge.
Selon Seth, chaque cas de sénilité est différent, mais, généralement, la
personnalité transfère les parties vitales de sa conscience dans le prochain
domaine d’existence, et elle y est souvent totalement consciente et
opérationnelle. Graduellement, la focalisation mentale de la personnalité
quitte cette vie-ci et commence à opérer entièrement à un autre niveau. La
maladie physique — ici, l’artériosclérose — est causée par le refus
progressif de la personnalité d’accepter de nouveaux stimuli physiques,
évitant ainsi une expérience physique (que ce soit intentionnellement ou par
erreur). Les personnes terrifiées par la mort physique peuvent suivre cette
voie, puisque, quand la mort physique a lieu, la conscience connaît déjà son
nouvel environnement et la mort de l’organisme est relativement
insignifiante. En tout cas, c’est la décision intérieure de l’individu qui
cause les symptômes physiques, et non l’inverse.
Vous pouvez même continuer à avoir certains symptômes après la mort.
Par exemple, Mademoiselle C., qui vivait dans notre immeuble, a fini par
mourir d’artériosclérose. Un soir, je suis sortie de mon corps et me suis
retrouvée dans une maison étrange — étrange parce que, bien que d’un
style vraiment très démodé, elle avait l’air toute neuve. Mademoiselle C.
était juste en train de sortir sur le perron quand j’arrivais. Elle avait l’air
un peu perdue. D’un seul coup, j’ai « su » que la maison était une
hallucination qu’elle avait créée, une réplique de la demeure de son
enfance et qu’elle n’avait pas compris qu’elle était morte.
Au même moment, j’ai compris que mon devoir était de lui expliquer les
faits. Je l’ai rejointe, l’ai gentiment reconduite à l’intérieur de la maison et
lui ai dit : « Mademoiselle C., vous n’avez plus à être inquiète à l’idée de
mourir. Cela a déjà eu lieu. Votre esprit peut être parfaitement clair à
présent. Tout va bien. » Elle a paru comprendre et, quand j’ai eu fini de lui
parler, quelqu’un d’autre est venu prendre ma place.
J’avais lu des histoires de ce genre, mais je dois admettre que je pensais
qu’il s’agissait de récits débordants d’imagination, jusqu’à ce que je me
retrouve moi-même en train de guider Mademoiselle C. Le fait est qu’elle
avait tellement peur de la mort qu’elle ne réalisait pas que celle-ci était
déjà loin derrière elle. Étant donné que son corps physique était tout à fait
mort, elle était dans son corps astral ; pourtant, elle agissait de manière
confuse et son esprit était encore brumeux, comme si elle avait toujours de
l’artériosclérose.
D’après Seth, au cours de nos existences réincarnationnelles, nous avons
à comprendre que nous projetons nos pensées et nos émotions à l’extérieur,
pour former la réalité. Quand vous comprenez par exemple qu’une
mauvaise santé est la projection, à l’extérieur, d’idées fausses sur le corps,
vous vous efforcez alors de résoudre les problèmes intérieurs. Cette
compréhension permet de guérir même des maladies en rapport avec des
vies passées. Puisque Seth affirme que ces existences sont en réalité vécues
spontanément, ces moi « parallèles » existent alors en nous maintenant, et
nous pouvons les atteindre à travers une thérapie.
Vous vous souvenez de notre amie qui n’arrêtait pas de tomber
amoureuse d’hommes qu’elle ne pouvait avoir ? Elle a fini par devenir de
plus en plus morose et a tenté plusieurs fois de se suicider. Un soir, en son
absence, nous avons fait une session pour elle, et les conseils qu’a donnés
Seth à cette occasion ont d’importantes implications générales.
« Vous n’acceptez pas la vie selon ses propres termes, a dit Seth. Vous
exigez qu’elle se comporte de certaines façons et qu’elle prenne les
trajectoires que vous avez consciemment décidées. Vous refusez d’accepter
la vie avec plaisir, comme ayant en vous sa cause et sa propre raison d’être.
« L’idée que vous devez trouver un homme qui va vous aimer est une
couverture pour cacher ce refus plus profond d’accepter la vie selon ses
propres termes. […] Vous vous dites : “Tant que l’existence ne satisfera pas
à mes conditions, je n’existerai pas.” Personne n’a le droit de se positionner
ainsi contre sa propre vitalité innée.
« Une fois que vous acceptez pleinement la vie selon ses propres termes,
vous pouvez vraiment obtenir ce que vous cherchez, mais pas lorsque vous
insistez là-dessus jusqu’à en faire une condition pour continuer d’exister.
[…] Votre propre but fera de votre vie une joie quotidienne si vous
abandonnez vos conditions. Vous oubliez ce que vous avez — la santé et la
vitalité. Vous oubliez votre intellect et vos intuitions. Vous oubliez les
bénédictions qui sont les vôtres.
« Vous ne pouvez pas pervertir toutes ces choses en essayant de les forcer
à servir des buts que vous avez posés comme conditions pour exister. Vous
devez vivre dans la foi que votre but est et sera réalisé, qu’il est en train de
se réaliser. Vous devez vivre dans la foi que vous avez ce but et ce sens,
sinon vous ne seriez pas ici.
« Vous devez chérir le caractère unique qu’est votre propre personnalité.
Les buts particuliers de votre personnalité actuelle ne peuvent être satisfaits
dans les circonstances présentes que de la façon qui est globalement la
meilleure. Vous pouvez faire face aux défis à un autre moment et dans une
autre vie, c’est vrai. Mais les personnes particulières que vous pouvez aider
maintenant, et le bien spécifique que vous pouvez accomplir maintenant,
cela ne peut jamais être fait exactement de la même manière. […]
« Des hommes et des femmes ont honoré avec joie le soir et l’aube, et ils
ont écouté joyeusement et dans la grâce leur cœur battre en eux, eux qui
n’ont pas eu le centième de vos bénédictions ou le tiers de vos raisons
d’attendre avec plaisir un jour nouveau ; ils se sont épanouis et ont apporté
de la joie aux autres. Ils ont accepté la vie selon ses propres termes, et, ce
faisant, ils étaient emplis d’une grâce… qui vient du fait de donner à la vie
ce que vous avez. »
Au cours d’une récente session avec mes élèves, notre « doyen » a
demandé à Seth ce qu’était précisément la bonne santé.
« Vous devez désirer une bonne santé parce que c’est l’état naturel de
votre être, a répondu Seth. Vous devez faire confiance à l’intelligence innée
de votre être. La santé est son état naturel. À travers votre image physique,
l’énergie de l’univers s’exprime. Vous, en tant qu’individu, en tant que
conscience individualisée, êtes une partie de cela, et vous ne pouvez pas
vous exprimer pleinement, ni réaliser votre but en tant qu’identité si vous
n’êtes pas en bonne santé. Car les effets du corps sont ressentis dans
l’esprit, et les effets de l’esprit sont ressentis dans le corps. »
Le « doyen » a froncé les sourcils. « Vous voulez dire que, si je suis en
bonne santé, je suis spirituellement en bonne forme ? »
« Si vous êtes en piètre forme physique, cela ne signifie pas que vous êtes
une personne mauvaise. Éclaircissons ce point. Cela veut dire que vous
avez un blocage dans cette zone spécifique où vous n’êtes pas capable
d’utiliser l’énergie de manière constructive. […] Théoriquement, si vous
utilisez l’énergie de la façon dont elle doit l’être, vous devriez être en
excellente santé et dans l’abondance. Différentes sortes de manques peuvent
toutefois apparaître de multiples façons.
« Je ne veux pas que vous adoptiez l’attitude qui consiste à dire que la
santé, ou le statut social par exemple, est automatiquement une indication
de richesse spirituelle. […] Certains d’entre vous se débrouillent bien dans
certains domaines et ont des blocages dans d’autres. L’idéal est d’utiliser
toutes vos aptitudes et, en le faisant, vous aidez automatiquement les autres,
ainsi que l’espèce dont vous faites partie. »
Seth suggère que l’autohypnose et les états de transe légère soient
utilisés comme moyens de dévoiler des problèmes intérieurs qui nous
causent des difficultés. Il nous invite aussi à simplement demander au moi
intérieur de nous rendre la réponse accessible à un niveau conscient. Si les
problèmes intérieurs ne sont pas révélés au grand jour, nous allons
simplement passer d’un type de symptôme à un autre. Plusieurs sessions
contiennent des mesures spécifiques à suivre en ces domaines et dans
d’autres. Les rêves sont très importants, à la fois parce qu’ils signalent des
problèmes et leur apportent des solutions. Je vais d’ailleurs commencer le
chapitre suivant avec les suggestions de Seth sur l’utilisation des rêves en
tant que thérapie. Les instructions sont simples et tout le monde peut les
appliquer.
Chapitre 14

Les rêves — un faux démon


Le rêve thérapeutique

Une nuit, j’ai fait un rêve effrayant qui semblait très réel. J’étais dans
notre chambre, hors de mon corps, et j’ai senti soudain que quelqu’un, ou
quelque chose, se trouvait juste au-dessus de moi. Dans la minute qui a
suivi, j’ai été poussée vers le bas, au pied du lit, puis renvoyée en l’air, et
encore une fois vers le sol, dans le coin sombre de la pièce. Au-dessus de
moi, il y avait ce que je peux seulement décrire comme une grosse chose
noire, ressemblant à une forme humaine bouffie et floue, mais plus grande
et très dense.
Cela paraît ridicule, mais je savais que cette chose était là « pour
m’avoir ». J’avais conscience d’être en dehors de mon corps, j’étais
stupéfaite et j’avais aussi très peur. J’avais beau avoir lu des histoires de
personnes attaquées par des démons ou d’autres choses de ce genre au
cours de leur projection astrale, je ne croyais tout simplement pas aux
démons. Alors qu’était-ce ? Je n’ai pas eu le temps de me poser la question
parce que cette chose m’a mordu la main à plusieurs reprises. Elle
m’oppressait terriblement et s’efforçait constamment de m’entraîner de
plus en plus loin de mon corps, dans le placard de la chambre.
Consternée, j’entendais Rob ronfler. De toute manière, je n’étais pas
dans mon corps physique et il n’aurait probablement pas su que quelque
chose n’allait pas. Et où était Seth ? Où étaient tous ces « guides » censés
accourir pour nous aider quand nous nous retrouvions dans des situations
aussi délicates que celle-ci ? Toutes ces pensées fusaient dans mon esprit,
tandis que j’essayais de repousser cette chose. J’étais tout à fait consciente
du poids de cette créature, qui était vraiment étonnant, et de son intention
— qui était de me mutiler le plus possible, voire même de me tuer,
carrément.
« Ne panique pas », me disais-je, en tentant désespérément de garder un
semblant de calme. Mais la chose me poussait et était sur le point de me
mordre à nouveau. À ce moment-là, j’ai pensé « Au diable de ne pas
paniquer », et j’ai commencé à hurler. Je savais que ce n’était pas ma tête
physique, mais j’espérais que mes cris allaient soit effrayer la créature, soit
attirer de l’aide.
La chose a reculé un instant, comme un gros animal effarouché ; je me
suis faufilée et j’ai filé comme une fusée vers mon corps, poursuivie par la
créature. Autrement dit, j’ai lâchement et rapidement battu en retraite. J’ai
heurté mon corps si vite que j’en avais la tête physique qui tournait, mais
peu importe. Mon corps n’a jamais été aussi bienvenu.
Pendant une minute, j’ai eu peur d’ouvrir les yeux. Je me disais : « Si
cette chose est encore ici, je suis fichue. » Mais elle avait disparu. Au
moins, elle était dans un autre plan d’existence. J’ai pensé réveiller Rob
pour le lui raconter, puis j’ai décidé de ne pas interrompre son sommeil.
Maintenant que j’étais en sécurité, j’étais assez honteuse d’avoir été
aussi lâche, mais pas au point d’avoir envie de me rendormir
immédiatement. Je me suis donc levée, j’ai bu un verre de lait et j’ai pensé
à toutes les choses que j’aurais dû faire — par exemple dire
majestueusement « Vade retro, Satanas », ou quelque chose de ce genre.
J’aurais au moins pu le mordre.
Le lendemain, nous avons tenu notre session régulière du mercredi soir
avec Seth. Avant de vous exposer ce qu’il avait à dire sur cet incident, un
petit retour en arrière s’impose. Cela faisait plusieurs jours que j’étais
déprimée, ressassant (même si je devrais être plus sensée) les attitudes
négatives qui semblent parfois nous entourer. Pire, je reconnaissais en moi
bon nombre d’entre elles : ressentiment, peur et colère.
Ce soir-là, Seth a dit : « Notre ami [c’est-à-dire moi] a tenté de choisir
un champ de bataille différent, la nuit dernière. Il a décidé de considérer
tous les sentiments négatifs comme des ennemis, et de leur donner forme
dans un autre plan de réalité, où il pourrait les combattre. Ce n’était pas un
plan astral, mais un plan inférieur.
« L’énergie derrière sa “chose noire” était l’énergie de peurs cachées,
mais une chose comme celle-ci pourrait être formée par quiconque,
puisqu’il y a des peurs en tout être humain. Ruburt a essayé de les isoler, de
leur donner forme, et de les combattre toutes en même temps. La chose était
en fait un animal plutôt maladroit, faisant partie d’une dimension inférieure,
un chien stupide et provoqué, appartenant à d’autres dimensions, qui l’a
alors attaqué de façon assez symbolique en le mordant. Toute “chose” ainsi
créée entièrement par la peur va être effrayée et particulièrement en colère
contre son créateur. Elle ne pouvait rien faire d’autre que d’attaquer pour
protéger sa réalité, quelle qu’elle ait été, car elle savait que Ruburt la créait
uniquement pour la mettre à mort, si possible.
« Elle avait donc bien une réalité. Ruburt a bondi vers la sécurité et le
retour à une conscience normale. La chose s’est alors dissoute [pour
Ruburt, du moins]. Car lorsque Ruburt s’est “précipité à la maison”, il a
automatiquement retiré l’énergie [de son attention] à la chose. Il a essayé
de se séparer de ces éléments qu’il considère comme négatifs, et de les
combattre tous en même temps, presque comme si, en faisant cela, il
pouvait extirper le mal de l’univers.
« Il a essayé de détruire “la bête du mal” et, en retour, celle-ci l’a mordu.
Maintenant, le mal n’existe pas en ces termes-là, et même la maladie ou la
peur ne sont pas nécessairement des ennemies, elles sont surtout des aides à
la compréhension et des moyens pour une finalité plus grande… »
Seth a continué en disant : « Le mal que Ruburt imaginait projeter à
l’extérieur n’existe pas, mais comme il y croyait, il en a formé la
matérialisation à partir de ses peurs. C’était la forme de sa déprime récente.
En termes plus généraux, le mal n’existe pas, simplement votre manque de
perception, et je sais que c’est difficile à accepter pour vous.
« Mais ce fait est la garantie de sécurité pour Ruburt dans ses voyages
hors du corps — tant qu’il s’en souvient. Les mots “Puisse la paix être avec
vous” vont lui faire franchir toutes les difficultés dans d’autres strates de
réalité — car de même que Ruburt a formé cette image, d’autres en forment
aussi, et il pourrait les rencontrer. Leur souhaiter la paix leur procure un
certain bien-être, car elles ont une sorte de réalité. Les craindre, c’est entrer
dans leur monde de réalité, et vous êtes alors forcé de vous battre selon
leurs conditions. Ce n’est pas nécessaire. »
Dans une sorte de compliment à rebours, Seth a demandé à Rob de me
dire que mes capacités s’amélioraient — c’était une forme-pensée vraiment
bien faite. Maintenant, je ne propose pas un seul instant à mes lecteurs de
tenter une aventure aussi folle. Mais je suppose que certains d’entre eux
l’ont déjà vécue sans le savoir et se sont simplement réveillés avec le
souvenir d’un cauchemar particulièrement désagréable.
Cet épisode était aussi une expérience de sortie du corps à partir de
l’état de rêve, et il permet de préciser une chose : la réalité du rêve est tout
aussi valide et réelle que la réalité de veille. Il est clair que les rêves ont un
effet sur notre vie quotidienne. Ils peuvent améliorer notre santé ou
contribuer à aggraver un état dépressif. Il existe cependant des moyens de
les utiliser intentionnellement pour améliorer notre vie, même si ce que je
viens de raconter n’en est pas un bon exemple.
On a su de tout temps que les rêves peuvent nous fournir des indications
sur toutes sortes de comportements. Les psychanalystes s’en servent pour
creuser dans les motivations subconscientes, mais peu de gens savent
comment utiliser les rêves de façon créatrice : pour améliorer la santé,
trouver de l’inspiration, retrouver de la vitalité, résoudre des problèmes, et
enrichir les relations familiales.
Seth offre quelques suggestions évocatrices sur la façon dont les rêves
peuvent servir de thérapie directe ; certains de ses concepts pourraient être
d’une grande aide dans les programmes de développement personnel et en
psychothérapie.
Il commence par dire : « La personnalité est composée d’ensembles
changeants d’énergie. Chaque expérience modifie la personnalité, et les
rêves ne font pas exception ; tout individu est, dans une certaine mesure,
modelé par son environnement physique, et il est de la même manière
modelé par les rêves qu’il crée lui-même. […] Le moi est sans limites.
Quand vos perceptions sont défaillantes, vous avez l’impression que des
limites apparaissent. Il vous semble, par exemple, que les rêves cessent
quand vous n’en êtes plus conscients. Ce n’est pas le cas.
« Il y a un niveau où la personnalité tente de résoudre des problèmes à
travers les constructions du rêve […] et où elle accorde souvent une liberté
à des actions qui ne peuvent s’exprimer de façon adéquate à l’intérieur des
confins de la vie à l’état de veille. Si la tentative échoue, le problème, ou
l’action [comme nous l’avons vu plus tôt], peut alors se matérialiser en tant
que maladie.
« Prenez par exemple une situation dans laquelle une personnalité a
besoin d’exprimer une dépendance, tout en ayant le sentiment qu’une telle
expression est inappropriée. Si elle est capable de former un rêve dans
lequel elle joue le rôle du dépendant, le problème peut se résoudre dans
l’état de rêve. C’est exactement ce qui se passe dans de nombreux cas. Il se
peut que l’individu ne se souvienne jamais de ce rêve, mais l’expérience
sera valide et la dépendance exprimée.
« Beaucoup de travail a été fait pour interpréter les rêves, mais bien peu
pour contrôler la direction de l’activité en leur sein. Sur la base d’une
suggestion correcte, ce peut être une excellente méthode thérapeutique. Les
rêves négatifs ont tendance à renforcer les aspects négatifs de la
personnalité, et contribuent à former des cercles vicieux de complications
malheureuses. Les actions de l’état de rêve peuvent tout à fait être orientées
de manière à répondre à une attente constructive, qui peut elle-même
apporter une amélioration.
« Beaucoup de maladies pourraient largement être évitées grâce à la
thérapie par le rêve. De manière plutôt inoffensive, les tendances agressives
pourraient se voir accorder une liberté à l’intérieur de l’état de rêve. Des
suggestions seraient faites pour que l’individu concerné fasse une
expérience, disons, d’agressivité dans un rêve. Il lui serait également
suggéré d’apprendre à comprendre ses agressions en s’observant lui-même
pendant qu’il rêve [en regardant le rêve comme il regarderait une pièce de
théâtre]. Si je peux me permettre un fantasme, théoriquement, vous
pourriez imaginer une expérimentation collective en thérapie par le rêve,
dans laquelle des guerres seraient faites par des nations en train de dormir,
et non pas réveillées. »
Quand j’ai lu cette session pour la première fois, j’ai pensé que c’était là
un excellent moyen de nous débarrasser de nos refoulements — évacuons-
les en rêve ! Si nous sommes vraiment furieux contre quelqu’un et que nous
n’osons pas nous venger, alors, avant de nous endormir, nous pouvons nous
faire la suggestion de lui rendre la pareille en rêve. Mais ce n’est pas si
facile.
Avec fermeté, Seth ajoute : « Il y a d’autres considérations qu’il faut
comprendre. […] Quand le problème est par exemple l’agressivité, la
suggestion préalable au rêve doit inclure la spécification que l’agression ne
sera pas dirigée contre une personne précise. Dans tous les cas, c’est
l’élément intangible [ici, l’agressivité] qui est le problème, et non la
personne sur laquelle l’individu peut vouloir s’en décharger.
« Nous ne voulons pas qu’un individu se suggère de rêver de nuire à
quelqu’un d’autre. Il y a plusieurs raisons à cela, dont, entre autres, les
réalités télépathiques que vous ne comprenez pas encore et les schémas de
culpabilité qui seraient inévitables. Nous ne préconisons pas de substituer
l’action rêvée à l’action physique. Nous parlons de problèmes particuliers
nécessitant un traitement. »
Seth répète qu’un rêve ou une expérience imaginaire sont aussi réels que
tout évènement vécu à l’état de veille. Si vous traversez une période de
dépression, vous avez tendance, pendant cette même période, à avoir des
rêves déprimants. Mais, dans ce cas-là, Seth propose l’exercice suivant, en
tant que thérapie par le rêve : avant de dormir, suggérez-vous d’avoir un
rêve agréable ou joyeux qui va complètement vous rendre votre bonne
humeur et votre vitalité. À moins que la dépression ne soit déjà
profondément installée, elle sera stoppée net, ou grandement affaiblie,
quand vous vous réveillerez.
J’ai souvent eu recours à cette méthode, avec d’excellents résultats.
Parfois, je me suis souvenue des rêves, d’autres fois non, mais je me suis
toujours réveillée revigorée, et cet effet a persisté. Les rêves dont je me
souvenais dans ces cas-là étaient inspirants : suffisamment forts pour non
seulement vaincre une période de blues, mais aussi me redonner une
incroyable bonne humeur.
Bien que tout cela ait un intérêt pratique, Rob et moi sommes encore plus
intrigués par l’explication de Seth quant à la réalité du rêve. Comme
j’avais eu de nombreuses expériences de sortie du corps pendant le rêve,
j’étais passablement intéressée par la réalité des environnements dans
lesquels je me retrouvais. Seth a commencé à parler de la nature de la
réalité du rêve très peu de temps après que les séances eurent débuté, et il
continue d’en parler. Jusqu’à ce que j’apprenne de lui à « contrôler » mes
rêves et à éveiller mes facultés critiques, certaines de ses déclarations me
laissaient purement et simplement abasourdie.
Voyez par exemple cet extrait du début de la session 92, que j’accepte
maintenant comme fondamental : « Chaque rêve commence avec une
énergie psychique que l’individu transforme non pas en matière physique,
mais en une réalité tout aussi fonctionnelle et réelle. Avec un discernement
stupéfiant, il donne forme à l’idée, qui devient un objet ou un évènement
rêvé, de sorte que l’objet rêvé lui-même acquiert une existence et existe
dans de nombreuses dimensions. […]
« Bien que le rêveur crée ses rêves pour ses propres raisons, en
sélectionnant uniquement les symboles ayant un sens pour lui, il les projette
à l’extérieur dans un accomplissement de valeur et une expansion
psychique. L’expansion se produit à mesure que le rêve est vécu. Une
contraction a lieu quand le rêveur en a terminé avec les évènements du rêve,
mais l’énergie ne peut être reprise. »
Seth appelle les personnalités créées en rêve (telles que ma « chose
noire ») des « constructions duelles hybrides ». Dans mon cas, l’expansion
dont il parle s’est produite pendant que je formais cette chose noire avec
ma propre énergie psychique. La « contraction » a eu lieu quand j’ai retiré
de cette chose l’énergie principale de mon attention ; mais il m’était
impossible de lui reprendre l’énergie que je lui avais donnée et qui l’avait
amenée à exister. La créature continuait donc d’exister, mais pas dans ma
dimension ; elle volait maintenant de ses propres ailes.
Toujours en parlant des rêves, Seth précise : « Aucune énergie projetée
dans une construction, qu’elle soit psychique ou physique, ne peut être
rappelée, mais elle doit suivre les lois de la forme particulière dans laquelle
elle a été modelée pour le moment. C’est pourquoi quand le rêveur
contracte ses objets aux réalités multiples, mettant fin pour lui-même au
rêve qu’il a construit, il n’y met fin que pour lui. La réalité du rêve se
poursuit. »
Comme l’explique Seth, l’énergie peut être transformée, mais pas
annihilée.
Seth a répondu à de nombreuses questions que Rob — et vous aussi,
probablement — avait à l’esprit. Comment se fait-il que la vie quotidienne
ordinaire nous semble beaucoup plus réelle que toute existence en rêve ? Et
si un tel univers a sa propre validité, pourquoi ne s’immisce-t-il pas
davantage dans notre quotidien ? Nous nous accordons tous à peu près sur
ce qui se passe sur le plan physique, mais les rêves, eux, sont très
individuels. Comment un univers rêvé peut-il avoir la moindre continuité ?
Au sein d’un tel univers, comment deux personnes pourraient-elles être
d’accord sur ce qui s’y passe ?
« Tout d’abord, a dit Seth, l’univers physique lui-même est un
conglomérat de divers symboles individualistes dont aucun ne signifie
exactement la même chose pour deux individus distincts, et dans lesquels
vous ne pouvez même pas tabler sur les soi-disant qualités de base, telles
que la couleur et le positionnement dans l’espace. Vous vous focalisez
simplement sur les similitudes. On pourrait dire que la télépathie est la glu
qui tient l’univers physique dans sa position précaire, de manière à ce que
vous puissiez vous accorder sur l’existence et les propriétés des objets. […]
« Ainsi, lorsque vous considérez le monde du rêve, vous avez la même
sorte d’univers, seulement celui-ci est construit à l’intérieur d’un champ que
vous ne pouvez pas percevoir physiquement. Mais il a plus de continuité
que le monde que vous connaissez, et il y a en lui des similitudes
incroyables à voir. […]
« D’une part… ceux qui connaissent actuellement l’existence sur le plan
physique ont, du fait de certains cycles, vécu auparavant
approximativement aux mêmes périodes de l’histoire. Ils possèdent une
familiarité intérieure, une cohésion qui remonte à une même période, et à
d’autres antérieures, où ils vivaient la même forme de réalité. Leurs
expériences dans les rêves ne sont donc pas aussi diverses que vous pouvez
le supposer. Certains symboles sont construits et deviennent des réalités
dans le système onirique, quasiment de la même manière que les idées sont
construites et deviennent matière dans le système physique.
« C’est la même sorte d’accord psychique qui maintient l’union du
système onirique et celle du système physique. Si un être humain pouvait
réellement se focaliser sur ces éléments non reconnus dans l’univers
physique, pour lesquels aucun accord ne peut être obtenu, s’il pouvait se
focaliser sur les dissemblances plutôt que sur les similitudes, il se
demanderait alors ce qui a pu donner à quiconque l’idée qu’il y avait ne
serait-ce qu’un seul objet physique sur lequel les humains pourraient
tomber d’accord.
« Il se demanderait quelle folie collective a permis à l’homme de choisir,
parmi une infinité virtuelle de chaos, une simple poignée de similitudes et
d’en faire un univers. Et vous faites de même, en voyant le chaos apparent
de la réalité du rêve, quand vous vous demandez comment je peux dire qu’il
y a là une cohésion, une actualité, et une relative permanence. »
L’une des raisons, selon moi, pour lesquelles le rêve paraît si chaotique
et dénué de sens par moments, est le fait que nous nous souvenons
simplement de vagues fragments de ce dont nous avons rêvé et en oublions
les facteurs unificateurs. Une autre raison est que les rêves ont une
« logique » intuitive, associative, qu’il faut interpréter, et dans laquelle le
temps, tel que nous le connaissons, a peu de sens. Selon Seth, certains rêves
sont assez simples et sont en lien avec des problèmes ou des évènements du
présent non encore résolus. Cependant, même quand c’est le cas,
l’évènement rêvé peut aussi représenter des évènements provenant de vies
passées.
Chaque objet d’un rêve a en fait un double ou triple sens ; c’est un
symbole pour d’autres données plus profondes. Un rêve comportant une
information réincarnationnelle, par exemple, peut aussi nous aider à faire
face à un problème actuel, en nous rappelant d’autres aptitudes inutilisées
qui sont inhérentes à notre personnalité. J’ai eu deux rêves
réincarnationnels particulièrement intenses. Le premier, peu de temps après
que nos sessions eurent commencé, m’a vraiment effrayée parce que j’ai
craint qu’il puisse être prémonitoire : j’ai rêvé que j’étais une vieille femme
dans un pavillon hospitalier en piteux état. J’étais en train de mourir d’un
cancer et je le savais, mais je n’avais pas du tout peur. Un vieil homme à
côté de moi était lui aussi sur le point de mourir. Je lui disais de ne pas
s’inquiéter, que je serais là pour l’aider. Puis je suis morte, mais il m’a
semblé qu’il n’y avait pas la moindre interruption dans ma conscience. J’ai
aidé le vieil homme à sortir de son corps, en ne cessant de lui dire que tout
allait bien.
Au cours de la session suivante, nous avons interrogé Seth à propos de ce
rêve. Il m’a dit que cela faisait référence à ma mort quand j’étais médium à
Boston, au siècle dernier. Il nous avait donné certaines informations sur
cette vie-là lors de précédentes séances, et il me dit maintenant que je ne
vais pas mourir une nouvelle fois du cancer (une erreur tactique de sa part,
puisqu’il m’avait dit, il y a longtemps, de cesser de fumer, et que je n’avais
pas suivi son conseil. Il n’a jamais essayé de me forcer à abandonner cette
habitude, il dit simplement que cela n’est globalement pas favorable à ma
santé et à mon développement).
L’autre rêve était encore plus intense, et vraiment agréable. Je ne sais
pas si j’avais déjà vécu un aussi bon moment — sûrement pas à l’état de
veille. Sur la suggestion de Seth, je me suis dit avant de m’endormir que
j’allais avoir un rêve qui me fournirait davantage d’informations sur mon
passé réincarnationnel. À cette époque-là, je ne croyais pas vraiment en la
réincarnation, mais j’ai dit à Rob : « Bon, qu’est-ce que j’ai à perdre ? Je
vais essayer. » Je me suis donc fait plusieurs fois la suggestion, et je me suis
endormie.
Dans ce rêve, Rob et moi étions tous deux des hommes d’une bonne
vingtaine d’années et nous étions associés. Je savais très bien que nous
finirions « plus tard » par être Rob et Jane dans cette vie-ci, même s’il n’y
avait aucune ressemblance physique. Rob, par exemple, était brun et avait
le teint basané, alors qu’à présent sa peau et ses cheveux sont clairs. Nous
portions de longs pantalons bouffants, étroitement serrés aux chevilles, de
style turc. Je ne me souviens pas de nos noms.
Quand le rêve a commencé, nous pénétrions dans une vaste salle. Un
groupe d’hommes, habillés comme nous, était assis sur des coussins aux
couleurs vives, posés à même le plancher, formant à peu près un cercle dont
le centre était vide. Je connaissais tous ces hommes, depuis une vie
antérieure dans laquelle j’avais été leur chef, et dans laquelle j’étais mort
très jeune. Ces hommes avaient vieilli, tandis que moi j’avais repris
naissance. J’étais ici maintenant parmi eux pour tenir la promesse que
j’avais faite de revenir. Je me rendais parfaitement compte qu’ils n’allaient
pas me reconnaître dans ce corps dans lequel ils ne m’avaient jamais vu.
J’ai exposé mon cas, tandis qu’ils écoutaient poliment. Leur porte-parole
m’a dit que leur chef défunt leur avait promis que, lorsqu’il reviendrait, il
accomplirait un exploit particulier qui prouverait son identité. Il m’a alors
demandé de montrer par mes actes que j’étais cette personnalité-là, prête à
reprendre la place qui lui revenait de droit. Rob et moi avons tous deux
souri, ayant prévu le test.
Excepté quelques tables basses, il n’y avait rien au centre de la salle. Le
futur Rob a demandé qu’on enlève ces tables pour la démonstration. Une
fois que cela a été fait, les hommes se sont rapprochés, toujours accroupis
sur leurs coussins. Mon compagnon était debout derrière moi. J’ai effectué
plusieurs pas en sautillant légèrement, comme une sorte de rituel, puis j’ai
quitté mon corps physique. Il s’est écroulé sur le sol et mon partenaire l’a
doucement déplacé sur le côté.
Dans mon corps astral, je me suis alors mis à voler à travers la salle
dont le haut plafond était en forme de dôme. Riant de ce que je considérais
comme une grande farce, je virevoltais, descendant tour à tour au-dessus de
chaque homme pour lui arracher son turban. Mon partenaire m’a tendu
une plume — apparemment, il me voyait clairement, et je pouvais
manipuler des objets physiques. Agitant la plume à travers les airs, j’ai volé
de-ci de-là plusieurs fois, de telle sorte qu’en regardant la plume les
hommes pouvaient suivre ma progression au-dessus d’eux.
Pendant ce temps, mon partenaire riait très fort, et je vivais un moment
extraordinaire. Finalement, je suis revenu dans mon corps et me suis levé
sous les hurlements et les cris de reconnaissance. Je me souviens à peine du
reste. Je sais qu’on nous a amené des femmes mais, en souriant, nous les
avons congédiées de la main, préférant d’abord parler à nos vieux
camarades. Nous avions tous une peau très foncée.
Très tôt dans nos sessions, Seth avait dit que lui-même avait eu une fois
une existence turque, mais nous ne savons rien de ce genre nous
concernant. Toutes sortes de vides restent à combler sur nos vies passées,
parce que tant que j’ai refusé d’accepter la réincarnation, j’ai demandé à
Rob de ne pas poser de questions portant sur du matériau réincarnationnel.
D’ailleurs, lorsque Seth nous fournissait ce genre de données, cela me
dérangeait tellement qu’il a probablement pensé qu’il valait mieux remettre
cela à plus tard. Quand Seth s’implique dans une série de sessions portant
sur un seul et même sujet, nous n’aimons pas perturber la continuité du
matériau en lui demandant d’aborder autre chose et, en plus, nous nous
sommes aperçus que Seth répond en fin de compte à autant de nos
questions qu’il lui est possible de le faire.
À ma connaissance, cette existence turque est la seule vie passée haute
en couleurs que j’ai eue. D’après Seth, la vie de Boston était assez
ordinaire. Je n’avais pas fait grande sensation en tant que médium ; je
donnais des consultations pour aider les gens et payer mon loyer. J’étais
toutefois assez indisciplinée et inconstante — des défauts de personnalité
que j’essaie de corriger dans cette vie-ci. Ce rêve devait, je crois, me
rappeler que j’avais été un jour en position d’autorité, et qu’aujourd’hui je
ne devais pas avoir peur de la responsabilité ou de mes aptitudes. Seth
insiste sur le fait que beaucoup de gens ont des rêves qui leur fournissent
des informations sur leurs vies passées, mais que, souvent, ils ne s’en
souviennent pas, uniquement parce qu’ils ne saisissent pas l’importance des
rêves en général.
Mais quel était donc ce lieu, cette grande salle turque ? Quelle était sa
réalité ? Quel degré de réalité ont les endroits que nous semblons visiter
lorsque nous dormons ? Voici ce que Seth a à dire à ce sujet : « Vous
pensez être conscients uniquement quand vous êtes éveillés. Vous supposez
que vous êtes inconscients quand vous dormez. Les dés sont pipés en faveur
de l’esprit de veille. Mais faites un instant comme si vous regardiez cette
situation depuis l’autre bord.
« Faites comme si vous étiez dans l’état de rêve et que vous vous
intéressiez au problème de la conscience et de l’existence à l’état de veille.
Selon cette perspective-là, le tableau est complètement différent, car vous
êtes alors conscients quand vous dormez.
« Les lieux que vous visitez pendant que vous rêvez vous sont alors aussi
réels que les lieux physiques dans lesquels vous êtes actuellement. Ne
parlons plus d’un moi conscient ou inconscient. Il n’y a qu’un seul moi, et
celui-ci focalise son attention dans des dimensions diverses. À l’état de
veille, il se focalise sur la réalité physique. À l’état de rêve, il est focalisé à
l’intérieur d’une dimension différente.
« Quand vous êtes réveillés, vous avez peu de souvenirs des lieux dont
vous avez rêvé ; de même, vous avez peu de souvenirs des lieux
“physiques” quand vous êtes dans l’état de rêve. Quand le corps physique
repose sur son lit, une vaste distance le sépare du lieu onirique dans lequel
le moi qui rêve peut demeurer. Mais cette distance n’a rien à voir avec
l’espace, car le lieu onirique peut exister simultanément à la chambre dans
laquelle le corps dort.
« Les lieux oniriques ne se superposent pas, disons, au lit, à la commode
et à la chaise. Ils sont composés exactement de ces mêmes atomes et
molécules que vous percevez à l’état de veille en tant que lit, commode et
chaise. Les objets, souvenez-vous, sont le résultat de votre perception. À
partir de l’énergie, vous formez des structures que vous reconnaissez
ensuite en tant qu’objets et que vous utilisez. Mais les objets sont inutiles
tant que vous ne vous focalisez pas sur la dimension pour laquelle ils ont
été spécifiquement formés.
« Dans certains états de rêve, vous formez, à partir de ces mêmes atomes
et molécules, l’environnement dans lequel vous allez opérer. Pendant que
vous rêvez, vous ne pouvez pas trouver le lit, la commode ou la chaise ; et
une fois réveillés, vous ne pouvez pas trouver le lieu du rêve qui était là, à
peine quelques instants auparavant. »
Cela ne veut pas dire qu’il ne nous arrive pas parfois de quitter notre
corps et de nous rendre, dans notre rêve ou avec notre corps astral, en
d’autres lieux physiques. Selon Seth, nous le faisons souvent, que nous nous
en souvenions ou non. Certains de mes élèves, par exemple, ont de
fréquentes expériences de sortie du corps, aussi bien durant l’état de veille
que celui de rêve, et il semble qu’à plusieurs occasions de ce genre nous
nous soyons rencontrés dans mon salon.
Seth nous a dit que c’était possible, bien avant que j’en fasse moi-même
l’expérience ou que je lise sur ce sujet. Mais ses idées sur l’interrelation
entre la réalité de veille et celle du rêve sont fascinantes.
« J’ai mentionné la crucifixion en disant un jour que c’était une actualité
et une réalité, bien qu’elle n’ait pas eu lieu dans votre temps [physique].
Elle a eu lieu dans la même sorte de temps que celui où un rêve se produit,
et sa réalité a été ressentie par des générations entières. N’étant pas une
réalité physique, elle a influencé le monde de la matière physique comme
aucun évènement purement physique n’aurait pu le faire.
« La crucifixion a été l’une des réalités qui a enrichi à la fois l’univers
des rêves et l’univers de la matière, et son origine se trouvait dans l’univers
des rêves. Elle a été l’une des contributions primordiales de ce système au
vôtre, et on pourrait concrètement la comparer à l’apparition d’une nouvelle
planète au sein de l’univers physique. »
Seth n’est pas du tout en train de dire ici que la crucifixion était « juste
un rêve ». Il dit que, bien qu’elle ne se soit pas produite historiquement,
elle a eu lieu dans une autre réalité, en tant qu’idée plutôt qu’évènement
physique — une idée qui a transformé la civilisation. (Selon Seth, bien sûr,
une idée est un évènement, qu’elle soit physiquement matérialisée ou non.)
Seth continue en disant : « L’Ascension [du Christ] ne s’est pas produite
dans le temps tel que vous le connaissez. Elle est aussi une contribution de
l’univers des rêves à votre système physique ; elle représente le fait que
l’homme se rend compte qu’il est indépendant de la matière physique. […]
« De nombreux concepts et des inventions pratiques attendent
simplement dans le système onirique, en suspension, jusqu’à ce qu’une
personne les accepte comme des possibilités à l’intérieur du cadre physique
de la réalité. […] L’imagination est la connexion de l’homme éveillé avec le
système du rêve. L’imagination réintègre souvent les données du rêve pour
les appliquer à des circonstances ou à des problèmes particuliers au sein de
la vie à l’état de veille. […]
« L’univers du rêve possède des concepts qui, un jour, transformeront
complètement l’histoire du monde physique, mais un déni de ces concepts
en tant que possibilités retarde leur émergence. »
Certaines sessions de Seth expliquent avec précision comment nous
formons les rêves, quelles substances chimiques sont créées par la
conscience à l’état de veille, puis libérées lorsque nous faisons un rêve ;
d’autres sessions sont consacrées à la composition électromagnétique de la
réalité du rêve. Mais, à travers tout cela, Seth insiste sur ce que nous
pourrions appeler, je suppose, « l’objectivité » de la vie onirique.
Seth nous a tout d’abord donné des instructions pour nous souvenir de
nos rêves. Ensuite, il nous a dit comment éveiller nos facultés critiques
pendant que nous rêvions, et comment projeter notre conscience hors de
notre corps, en utilisant le rêve comme une sorte de rampe de lancement.
J’ai toujours été heureuse de tenter toutes les expérimentations suggérées
par Seth, et c’est encore le cas. L’expérience personnelle qui en a résulté
m’a fourni une preuve subjective de la validité de bon nombre des concepts
de Seth ; par ailleurs, j’aime faire les choses par moi-même.
J’en veux pour exemple cette projection que j’ai faite à partir de l’état de
rêve, un matin où je m’étais allongée, après le petit déjeuner, pour en tenter
l’expérience. Elle montre simplement que je peux parfois reconnaître quand
je suis en train de rêver, amener ma « conscience normale de l’état veille »
dans la situation du rêve et l’utiliser ensuite pour projeter cette même
conscience ailleurs. Une fois parvenue à ce stade, ce matin-là, je me suis
sentie quitter mon corps, sachant tout du long que celui-ci était en sécurité
et confortablement installé sur mon lit, avec la porte fermée.
Je voyageais si rapidement à travers les airs que tout était flou. Puis je
me suis retrouvée dans la rue d’une ville inconnue. Bien déterminée à
découvrir où j’étais, j’ai fait le tour du pâté de maisons en quête de
panneaux indicateurs. C’était une zone d’hôtels et de grands magasins. J’ai
vu le nom de deux rues, et j’ai finalement décidé d’entrer dans le hall de
l’un des hôtels.
Là, j’ai aperçu une librairie et je me suis dirigée vers les rayonnages
pour y jeter un œil. Il y avait là trois livres de Jane Roberts sur les
expériences extrasensorielles et, à l’époque, en 1967, je n’en avais écrit
qu’un.
Très surprise, j’ai regardé autour de moi. Tout semblait assez normal.
Quel que soit l’endroit où je me trouvais, il était bien physique. Quelque
chose m’a fait lever les yeux. Un jeune homme me regardait, avec l’air
réjoui du chat qui vient d’attraper une souris. C’était l’un des vendeurs, et
je voyais maintenant que la plupart d’entre eux étaient assez jeunes et
qu’ils m’observaient.
Je ne savais pas quoi faire ou dire. « Regardez, je suis vraiment dans un
état de projection hors du corps. C’est une projection astrale ! » Si j’avais
dit cela, ils ne m’auraient jamais crue. Mais qu’est-ce que c’étaient que ces
trois livres avec mon nom dessus et le sourire entendu des vendeurs ?
« Hé ! ai-je dit, je n’avais jamais vu ces livres avant. »
« Bien sûr que non. Là où vous vivez, vous ne les avez pas encore
écrits », a répondu le jeune homme. Sur ce, il s’est mis à rire, mais de
manière amicale et ouverte. Les autres ont fait de même en s’approchant.
« Où suis-je ? » ai-je demandé.
« Ne vous préoccupez pas de cela, m’a répondu le vendeur. De toute
façon, vous ne vous en souviendrez pas. »
« Oh si, je m’en souviendrai. Je me suis entraînée. »
« Vous n’êtes pas encore assez bonne pour cela », a rétorqué l’un d’eux.
Et je me suis vraiment mise en colère. Voyage astral ou pas, ces gens
étaient en train de rire à mes dépens.
« Regardez, ai-je expliqué, je suis dans mon corps astral. Mon corps
physique est à la maison, sur son lit. »
« Nous le savons », a dit le jeune homme.
Mon œil a de nouveau été attiré par les livres. « Allez-y, a-t-il poursuivi,
mémorisez les titres. Je suis désolé, mais cela ne vous sera d’aucune utilité.
Vous ne vous en souviendrez pas. » Ils souriaient tous à présent avec
bienveillance.
« J’ai déjà mémorisé deux noms de rue. Êtes-vous sûrs que je vais écrire
ces livres ? »
« Ici, vous l’avez déjà fait. »
Ils pouvaient dire tout ce qu’ils voulaient, j’étais déterminée à me
souvenir du plus grand nombre possible de détails spécifiques — noms,
panneaux indicateurs, signaux routiers. Finalement, le vendeur m’a
proposé de m’accompagner lorsque je lui ai dit que, de toute façon, j’allais
explorer les lieux, même seule. Il était très gentil. Nous avons bavardé et il
m’a montré les centres d’intérêt de la ville, tout en me prévenant que je
serais incapable de m’en souvenir.
Puis, sans le moindre avertissement, je me suis sentie tirée en arrière.
J’ai entendu un énorme chuintement, et je me suis retrouvée dans mon
corps. J’ai vraiment eu le sentiment de m’être fait avoir. D’habitude, il est
très difficile de revenir directement au même endroit, mais j’étais tellement
en colère que je me suis efforcée d’y parvenir. Ça ne m’a pas servi à grand-
chose. J’ai « atterri » dans le même coin, mais le jeune homme n’était nulle
part. Alors, je suis partie à la recherche de l’hôtel et, je le jure, j’ai
parcouru trois fois le pâté de maisons ; j’ai reconnu les autres bâtiments,
mais impossible de retrouver l’hôtel. Pour finir, je suis revenue dans mon
corps.
Naturellement, nous avons interrogé Seth sur cette expérience. Il nous a
donné des informations générales sur les situations auxquelles nous
pouvons nous attendre dans des projections depuis l’état de rêve.
« Il y a une forme à l’intérieur de la réalité du rêve, a-t-il dit, mais la
forme est d’abord un potentiel existant au sein d’une énergie psychique. La
forme potentielle existe bien avant sa matérialisation physique. La maison
dans laquelle vous vivrez peut-être dans cinq ans peut ne pas encore exister
en vos termes. Il se peut qu’elle n’ait pas encore été construite, et vous ne la
percevez donc pas physiquement. Pourtant, cette maison a une forme, et
elle existe à l’intérieur du Présent spacieux.
« Maintenant, dans certains niveaux de réalité du rêve, des formes
comme celle-là peuvent être perçues. Au sein de la réalité du rêve, vous
pouvez entrer en contact avec beaucoup d’autres phénomènes avec lesquels,
d’habitude, vous n’avez pas affaire. Avec les expérimentations de projection
que vous avez à l’esprit, cette information devient extrêmement concrète. Je
voudrais vous donner une idée, voyez-vous, de ce à quoi vous pouvez vous
attendre.
« Quand vous opérez dans la réalité physique, vous disposez d’un
ensemble assez simple de règles à utiliser. Dans la réalité du rêve, il y a une
liberté plus grande. L’ego n’est pas présent. La conscience éveillée, cher
ami, n’est pas l’ego. L’ego n’est que cette portion de conscience éveillée qui
s’occupe de la manipulation physique.
« Il est tout à fait possible d’emmener la conscience éveillée dans l’état
de rêve ; mais pas l’ego, car il vacillerait et causerait un échec immédiat.
Dans votre expérimentation, vous allez rencontrer diverses conditions et,
tant que vous n’apprenez pas à contrôler, vous pouvez avoir des difficultés à
distinguer les unes des autres. Vous pouvez manipuler certaines conditions,
et d’autres non. Certains lieux du rêve seront de votre propre fabrication,
d’autres vous seront étrangers. Ils appartiendront à d’autres dimensions de
réalité, mais vous pouvez y pénétrer par inadvertance.
« Il est tout à fait possible pour un rêveur de visiter d’autres systèmes
planétaires du passé, du présent ou du futur, selon vos termes. Ces visites
sont en général fragmentaires et spontanées. Il vaut mieux qu’elles le
restent. Profitez d’elles quand elles se produisent, mais ne tentez rien encore
de ce genre par vous-même, car beaucoup de difficultés entrent en ligne de
compte. »
Des séries entières de sessions traitent des méthodes employées et des
situations que l’on peut rencontrer dans les projections de conscience à
partir de l’état de rêve. Seth dit qu’il m’a personnellement aidée dans
certaines de mes propres expériences de projection, mais que je ne m’en
suis pas rendu compte. Je n’ai jamais rêvé de Seth, ce que je trouve plutôt
étrange. Je me suis souvent réveillée au milieu de la nuit, l’esprit tout à fait
clair, soudain consciente d’avoir donné un genre de session avec Seth. Je
peux entendre ses paroles me traverser la tête comme des signaux. C’est
comme si je me branchais sur une émission de radio que je ne suis pas
censée entendre, car, quand je commence à l’écouter, il y a un cliquetis
dans ma tête, et la « station » s’éteint. À deux occasions, j’en ai entendu
suffisamment pour savoir ce qui était dit et à qui étaient destinées les
sessions. Par la suite, les personnes concernées m’ont raconté que, les nuits
mêmes où j’avais eu ces expériences, elles avaient rêvé que Seth leur
parlait à travers moi. Je ne leur avais rien dit ; elles m’ont spontanément
fourni cette information.
D’après Seth, nous avons des rêves partagés ou des rêves de masse. Ils
agissent en fait comme une force stabilisante dans nos vies quotidiennes.
Nos rêves sont-ils privés ? Apparemment pas aussi privés que nous le
supposons. Au cours de la session 254, Seth a dit la chose suivante : « Dans
certains domaines de masse, dans des rêves partagés, le genre humain dans
son ensemble s’occupe des problèmes de sa structure politique et sociale.
Les solutions auxquelles il parvient dans la réalité du rêve ne sont pas
toujours identiques à celles qu’il accepte dans le monde physique.
« Les solutions du rêve sont toutefois considérées comme des idéaux.
Sans les rêves de masse, par exemple, vos Nations unies n’existeraient pas.
[…] À votre stade de développement, il est nécessaire d’avoir recours à une
sélectivité. Si vous aviez conscience du déferlement constant de
communications télépathiques qui vous atteint, il vous serait actuellement
très difficile de préserver le sens de votre identité. Les rêves partagés sont
eux aussi en général bien en dessous du niveau conscient. […] À mesure
que l’identité se renforce à travers l’expérience, elle s’étend
automatiquement pour ajouter davantage de réalités au sein desquelles
opérer.
« Quand vous rêvez d’autres personnes, elles le savent. Quand elles
rêvent de vous, vous le savez. Vous n’auriez cependant rien à gagner à vous
rendre consciemment compte de ces conditions à présent. »
Dans cette session, Seth a aussi mentionné John Fitzgerald Kennedy et il
avait quelques commentaires à faire, reliant les problèmes raciaux aux
rêves.
« Comme vous le savez, de nombreuses personnes ont rêvé à l’avance la
mort de Jack Kennedy. À un certain niveau, cette connaissance lui était
accessible. Cela ne veut pas dire que la mort devait nécessairement se
produire. C’était une possibilité très nette. C’était aussi l’une des
nombreuses solutions à plusieurs problèmes. Bien que n’étant pas la
solution la plus appropriée, c’était la plus proche de celle à laquelle
l’homme pouvait parvenir à ce moment particulier, dans la réalité
physique. »
Seth a continué en disant que l’on se souvient très rarement de l’intensité
émotionnelle d’un rêve dans toute sa puissance. Ensuite, il a brièvement fait
mention des rêves de masse comme moyen de provoquer un changement
historique.
Les personnes concernées par la situation raciale actuelle « rêvent
individuellement et collectivement de la changer. Ils mettent en pratique
dans leurs rêves les diverses façons dont les changements pourraient avoir
lieu. Ces rêves contribuent de fait à amener le changement qui se
produira ensuite. L’énergie et l’orientation mêmes des rêves aident à
modifier la situation. »
Je pourrais écrire plusieurs livres traitant uniquement des rêves, tels que
Seth les a expliqués. Selon son matériau, notre développement et notre
croissance psychiques, nos processus d’apprentissage et notre expérience
ont tous un rapport avec notre vie onirique. Dans celle-ci, nous visitons
d’autres niveaux d’existence et acquérons même des compétences dont nous
avons besoin. Il y a des connexions électromagnétiques et chimiques
précises qui unissent nos phases de conscience dans ces moments-là, et
Seth en parle en détail.
Par le biais de nos rêves, nous changeons la réalité physique, et notre
expérience physique quotidienne modifie notre expérience du rêve. Il y a
une interaction constante. Lorsque nous rêvons, notre conscience est
simplement dirigée vers un type de réalité différent, une réalité aussi vive
que l’est la vie à l’état de veille. Nous pouvons oublier nos rêves, mais ils
font toujours partie de nous, même si nous ne nous rendons pas compte de
leur réalité tout entière.
Selon Seth, il y a beaucoup d’autres systèmes de réalité dans lesquels
nous opérons, et ils sont donc tous inconnus de l’ego de l’état de veille. Non
seulement il existe des systèmes universels composés de matière et
d’antimatière, mais il y a une infinie variété de réalités entre les deux.
Apparemment, il y a aussi des « réalités probables » dans lesquelles nous
suivons des chemins que nous aurions pu emprunter, mais que nous n’avons
pas pris dans la vie physique.
Seth dit : « L’expérience du rêve est directement ressentie par le moi
intérieur. Les rêves ont une réalité électrique, comme je l’ai dit. En elle, les
rêves non seulement existent indépendamment du rêveur, mais ils ont ce
que vous pourriez appeler une “forme tangible”, bien que celle-ci ne soit
pas faite de matière, telle que vous en avez l’habitude. »
Seth nous a rappelé de nombreuses fois que toute expérience est
électriquement codée à l’intérieur de nos cellules mais qu’elle ne dépend
pas d’elles. Et cela s’applique également à l’expérience du rêve. Il poursuit
en disant : « Les pensées et les rêves d’une personne ont une portée
beaucoup plus lointaine que ce qu’elle en sait. Ils existent dans plus de
dimensions ; ils ont une incidence sur des mondes dont la personne n’a pas
conscience. Ils sont de fait aussi concrets que n’importe quelle construction.
Ils se manifestent sous des apparences diverses dans de nombreux systèmes
et, une fois créés, ils ne peuvent pas être retirés. […]
« La réalité électrique d’un rêve est décodée, si bien que ses effets sont
ressentis non seulement par le cerveau, mais jusque dans les parties les plus
reculées du corps. Les expériences du rêve, depuis longtemps oubliées au
niveau conscient, sont à jamais contenues en tant que données
électriquement codées à l’intérieur des cellules de l’organisme physique.
[…] Elles existent à l’intérieur des cellules [comme toute l’expérience de
l’individu]. Les cellules se forment autour d’elles. Ces signaux
électriquement codés forment les contreparties d’une expérience complète,
et la structure est donc indépendante de la réalité physique. »
En d’autres termes, nos rêves acquièrent une certaine immortalité de par
eux-mêmes, en même temps que nos personnalités. Seth précise : « Depuis
sa naissance, chaque individu forme sa propre contrepartie à partir de
signaux électriques continus, fabriqués et individuels, incluant ses rêves, ses
pensées, ses désirs et ses expériences. À la mort physique, sa personnalité
existe alors détachée de sa forme physique. »
Chapitre 15

Moi probables et systèmes probables de réalité

En juin 1969, nous avons été réellement très surpris quand Seth nous a
dit que Rob allait sans doute recevoir la visite de l’un de ses « moi
probables ». À l’époque, nous ignorions ce dont il s’agissait, même si Seth
avait déjà employé ce terme une ou deux fois. Qu’est-ce donc qu’un moi
probable ? Selon Seth, chacun de nous a des contreparties dans d’autres
systèmes de réalité ; non pas des moi identiques ou jumeaux, mais d’autres
moi qui font partie de notre entité, et qui développent des aptitudes d’une
façon différente de ce que nous faisons ici.
Ces personnalités probables sont plus éloignées de nous que nos moi
réincarnationnels ; elles sont plutôt comme de lointains parents ayant un
air de famille. Selon les informations dont nous disposons jusqu’à présent,
certains moi probables ont des systèmes de perception différents des nôtres.
Dans notre système, par exemple, Rob est un artiste peintre. Il y a
quelques années, il a réalisé plusieurs planches relatives à la médecine et a
été surpris de la facilité qu’il avait dans ce domaine, et aussi avec la
terminologie et les procédures médicales qui lui étaient pourtant peu
familières quand il a commencé. Tous ses croquis et tableaux ont conquis
les médecins à qui ils étaient destinés. Dans cette session 487, Seth a
expliqué à Rob que, dans un autre système de réalité, il avait un moi
probable qui était médecin et avait pour passe-temps la peinture. Voilà
pourquoi Rob dessinait si facilement ce qui avait trait à la médecine ! (Pour
le docteur, Rob était bien sûr un moi probable.)
Ce soir-là, Seth nous a dit pas mal de choses à propos de cet « homme »,
et il a décrit certaines méthodes qu’il employait pour tenter d’entrer en
contact avec cette réalité-ci. Seth a dit : « Il y a en fait d’infinies variétés de
matière, existant dans ce que, en ce qui vous concerne, vous appelleriez une
“structure spatiale”. Avec vos sens physiques, vous ne pouvez bien sûr
jamais percevoir ces autres systèmes. Un bon entraînement des sens
intérieurs peut toutefois conduire à de telles explorations. Votre ami [le moi
probable] est plus avancé — son système est plus en avance à cet égard.
« Tout comme les pensées peuvent être envoyées à travers l’espace, la
conscience individuelle peut être envoyée à travers des systèmes de réalité
[d’autres dimensions]. Une graine peut voler à travers les airs et, de même,
la conscience individuelle peut voyager à travers ces systèmes, mais elle
doit être protégée. Certaines médications peuvent la protéger. [Tout cela
correspond à la méthode utilisée par le moi probable de Rob quand il se
projette hors de son système probable.]
« Maintenant, ces médications sont comme des capsules temporelles,
elles coupent les stimuli pendant certains intervalles et injectent ensuite des
stimulants quand les points de destination sont atteints. Ce procédé est
complexe. Les injections sont faites dans l’être physique et ont une
incidence sur le cerveau. La conscience se projette dans une expérience de
sortie du corps. Le cerveau physique est protégé contre les chocs, car, dans
une situation de ce genre, la conscience voyage à une si grande vitesse que,
normalement, son contact avec le corps serait rompu.
« Certaines injections appliquées au cerveau aident vraiment la
conscience à l’extérieur de ce cerveau et, en quelque sorte, l’alimentent.
Cela n’est toutefois que l’une des méthodes employées. La médication
permet des périodes régulées de conscience grandement accrue, opérant à
des niveaux maximaux, avec une accélération de toutes les facultés
mentales. Entre ces périodes, il y a cependant des phases d’inconscience.
Elles sont de nature protectrice.
« Au cours de ces phases d’inconscience, les médications injectées dans
le cerveau physique alimentent plus qu’à l’ordinaire les zones impliquées
dans ces éjections de conscience. C’est pourquoi, même si votre moi
probable est à portée de main, en quelque sorte, il se trouve parfois dans ces
périodes de black-out qui le nourrissent.
« Selon le temps qui est le vôtre, les périodes d’activité de conscience
accrue durent environ trois jours, suivis d’un jour et demi à quatre jours
d’inactivité, en fonction des circonstances. Cela nécessite le transfert d’une
énergie consciente d’un système familier à un autre, totalement étranger, et
certains changements plus ou moins automatiques doivent être faits d’un
système à l’autre, impliquant l’utilisation d’ondes cérébrales, certains
schémas étant normaux dans différents systèmes.
« Le cerveau a par exemple d’autres schémas que ceux découverts par
vos scientifiques. Les médications contribuent au changement de ces
schémas lorsque c’est nécessaire. Si ceux-ci n’étaient pas modifiés en
entrant dans un système et en le quittant, théoriquement du moins, la
conscience pourrait rester prise au piège dans un système : une accélération
ou une décélération, voyez-vous, mais mentale. »
Après la session, quand Rob m’a rapporté ce que Seth avait dit, nous
sommes juste restés assis pendant quelques minutes à nous regarder l’un
l’autre. « Probablement, tu as un moi probable », ai-je conclu en riant.
« Ce n’est pas une idée vraiment nouvelle, a répondu Rob. Des
scientifiques ont émis une théorie sur un univers probable. »
« Mais Seth parle d’une infinité d’entre eux, d’après ce que tu me dis, lui
ai-je fait remarquer. Et puis, échafauder une théorie sur des moi probables
est une chose, mais penser qu’un de ces moi peut entrer en contact avec toi
en est une autre. »
« Je suis prêt », a dit Rob. Et il l’était. Pendant les quelques semaines qui
ont suivi, il a fait les exercices suggérés par Seth sur le temps
psychologique, et a essayé d’être intuitivement réceptif à tout ce qui sortait
de l’ordinaire. Entre-temps, nous avons eu une autre session, et Rob avait
pas mal de questions à poser à Seth. D’après ce que celui-ci nous a dit, ce
moi probable est un certain Dr Pietra. Dans son système de réalité, c’est un
homme plus âgé que Rob, et son intérêt pour la peinture, qui est très fort,
est secondaire à son activité de médecin.
« Il étudie l’emploi de la peinture en thérapie, a expliqué Seth. Pas
seulement en utilisant l’art en tant que thérapie dans son travail avec ses
patients, mais en travaillant sur l’idée que certains tableaux ont en eux-
mêmes un effet salutaire. » Seth a poursuivi en affirmant que « certaines
peintures peuvent capter et orienter les capacités de guérison de celui qui
les regarde. […] L’intention du peintre est incorporée dans son médium et
dans son tableau ».
« Est-ce que le Dr Pietra sait que j’existe ? » a demandé Rob.
« Il connaît votre existence hypothétique, a dit Seth. Il croit qu’il a un
moi probable et il cherche à visiter cet univers probable. Il n’a cependant
pas la moindre idée du fait que vous puissiez vous attendre à une telle
visite, ou que vous puissiez avoir l’intention de le rencontrer. […] Il a lui-
même fait un travail sur ces médications, avec deux autres personnes.
« Il sera capable d’opérer dans son propre système pendant qu’il en sera
parti. Votre état d’esprit et votre réceptivité lui seront communiqués et
agiront comme une zone attirante qu’il reconnaîtra. Les aspects
empathiques de vos personnalités serviront à ouvrir des canaux clairs entre
vous. Le passage, voyez-vous, n’est évidemment pas physique, et,
cependant, la structure moléculaire entre en jeu, dans une certaine mesure. »
« Mais le verrai-je physiquement ? a demandé Rob. Et à supposer que
nous établissions une certaine forme de contact, est-ce que je le saurai
consciemment ? »
« Vous devriez le voir visuellement — soit de manière totalement
objectivée, soit dans une image intérieure d’une netteté inhabituelle. Mais
surtout, il devrait y avoir entre vous une communication intérieure, de
nature télépathique. Lui aussi est visuellement orienté, vous comprenez. Il
peut être capable de vous montrer des images issues de son propre système
de réalité. Il peut vous y emmener dans une projection et, à partir de là,
vous devriez être capable d’examiner votre propre système et de voir, en
une série de flashs, votre vie et celle de Ruburt avec une plus grande
clarté. »
« Mais quand sera-t-il ici, en nos termes ? » a demandé Rob rapidement,
car c’était presque l’heure de terminer la session.
« Je crois que, dans moins de sept heures, il sera dans votre système, que
vous le perceviez ou non. La médication peut avoir pour effet de colorer son
image, alors ne soyez pas surpris par une teinte jaune ou violette. Pour des
raisons diverses, nous ne pouvons en discuter ce soir, les expérimentations
sont à présent menées sur une période de quelques semaines, et elles ne
seront pas retentées avant votre automne. Cela est lié à la conductivité des
structures cellulaires et à votre atmosphère particulière durant ces périodes-
là. »
Cette session avait lieu le 9 juin 1969. Seth a redit à Rob que le contact
pourrait être facilité par les exercices sur le temps psychologique. (Ceux-ci
seront expliqués dans le chapitre portant sur le développement des
aptitudes psychiques.) Rob a fait ces exercices plusieurs fois cette semaine-
là, sans établir — pour autant qu’il sache — aucun contact avec le
Dr Pietra. Le 16 juin, Seth nous a surpris en disant qu’un contact proche
avait été établi à deux reprises.
« Ce qui s’est produit, c’était une fusion très momentanée de
caractéristiques de personnalité à des niveaux plus profonds que ceux de la
conscience, a expliqué Seth. Aucun de vous deux n’a su comment le gérer.
Vous aviez peur de brouiller votre propre identité et étiez assez effrayés par
certaines similarités entre elles. C’étaient pourtant les similitudes qui
avaient rendu même ce [petit] contact possible. »
« Quand cela s’est-il passé ? » l’a interrogé Rob.
« À un moment où vos pensées ont pris la tangente. Je crois que vous
aviez une image mentale d’une zone interne du corps humain, ou une
pensée ayant un rapport avec des organes internes. Cela s’est produit quand
vous avez détecté, à des niveaux plus profonds, la présence du Dr Pietra. »
Rob avait en effet travaillé sur des portraits et des silhouettes humaines,
cette information avait donc un sens pour lui. Toutefois, il ne se souvenait
d’aucune image mentale forte de zones internes du corps ; il a pourtant dit
qu’il avait pensé à l’intérieur du corps — chose que j’ignorais. Seth a dit
ensuite qu’un contact plus complet était encore possible, « bien que la
focalisation du Dr Pietra ne soit pas certaine, et que l’intensité de sa
présence varie ».
Il avait encore quelque chose à dire à propos des médications que Pietra
utilise dans ses expériences. Apparemment, elles assurent à la conscience
un retour dans le cerveau physique à une vitesse qui n’est pas trop rapide.
Il a également précisé qu’il existait des méthodes « grâce auxquelles la
condition et le comportement relatifs de la conscience qui voyage sont
suivis de près de l’autre côté. En cas de grave danger, la conscience est
rappelée, mais c’est extrêmement dangereux ».
Au cas où quelqu’un en douterait, ce système probable de réalité est
aussi « réel » que le nôtre, selon Seth. Pour ceux qui y demeurent, il est
composé de matière physique, et ce n’est que l’un des systèmes parmi une
infinité de systèmes ou d’univers existant entre matière et antimatière. Les
gens qui sont dans le système de Pietra ont émis l’hypothèse de l’existence
d’autres univers probables, et Pietra est l’un des premiers explorateurs,
principalement à cause de ses excellentes connaissances médicales.
Un tel voyage entre des systèmes probables s’entreprend au moyen d’une
projection de la conscience hors du corps, comme cela a été expliqué dans
les extraits, mais cela semble impliquer le regroupement de diverses
disciplines, comme la médecine et la physique, entre autres. À plusieurs
occasions, Seth nous a dit que tout voyage lointain dans l’espace, au sein
de notre propre système, fera également entrer en jeu des voyages plus
mentaux que physiques.
Si, comme il l’affirme, nous avons des moi probables et si, en outre, nous
vivons différentes existences sur cette planète, qu’advient-il alors du
concept d’âme unique ?
Je veux inclure ici des extraits provenant de trois sessions dans lesquelles
Seth explique la différence entre un évènement physique et un évènement
probable, ainsi que la relation qu’il y a entre les systèmes probables de
réalité et nous. (Souvenez-vous que Rob et Pietra sont deux individus
séparés. Seth explique cette relation en disant qu’il y a un lien entre eux,
comme celui qui existe entre deux cousins éloignés.) Il commence avec ce
qui est, selon moi, une excellente description du moi complet ou de
l’identité entière, telle qu’elle est reliée à cette existence-ci et à d’autres.
EXTRAIT DE LA SESSION 231 :
LE MOI ET LES RÉALITÉS PROBABLES

« Une action est une action, que vous la perceviez ou non, et les
évènements probables sont des évènements, que vous les perceviez ou non.
Les pensées sont aussi des évènements, tout comme le sont les souhaits et
les désirs. Le système humain y répond aussi pleinement qu’il le fait quand
il s’agit d’évènements physiques. Dans les rêves, vous faites souvent
l’expérience, de façon semi-consciente, de portions d’évènements
probables. Cela équivaut à une diffusion, et j’emploie ce terme à dessein,
car votre appareil enregistreur peut servir d’analogie.
« Imaginez que le moi complet soit composé d’une bande mère, ou
matrice. Votre enregistreur possède quatre pistes. Nous allons lui donner
une infinité de pistes. Chacune d’elles représente une portion du moi
complet ; chacune existe dans une dimension différente et toutes font
cependant partie du moi complet [ou de la bande magnétique]. Vous voyez
bien qu’il serait ridicule de dire que la piste mono 1 sur votre bande est plus
valide, ou moins valide, que la piste mono 2. On pourrait comparer la
piste 1 à votre ego actuel.
« Nous allons imaginer à présent que ces moi se sont multipliés, car vous
avez des moi 3, 4, 5, 6, etc. Maintenant, sur votre appareil enregistreur,
vous avez un réglage pour la stéréo. Cela vous permet de mixer et de
combiner harmonieusement les éléments des différentes pistes —
simultanément. Je prends mon temps, ici, pour que ce soit clair pour vous,
car je ne me manifeste pas souvent avec la pure clarté de la stéréophonie.
« Votre système stéréophonique peut être comparé à ce que nous avons
appelé l’ego intérieur. Chacun des moi fait l’expérience du temps à sa
propre façon, en fonction de la nature de ses perceptions. Quand la
stéréophonie est activée, les moi connaissent leur unité. Leurs différentes
réalités se fondent dans les perceptions globales du moi complet.
« Tant que le moi complet n’est pas capable de percevoir ses propres
parties simultanément, chacune de ces portions apparemment séparées a
l’impression d’être isolée et seule. Il y a une communication entre elles,
mais elles ne s’en rendent pas compte. La bande magnétique est l’élément
commun à toutes les pistes. Maintenant, l’ego intérieur est celui qui dirige,
mais le moi complet, ou âme, doit se connaître lui-même. Il ne suffit pas
que l’ego intérieur sache ce qui se passe. En fin de compte, l’ego intérieur
doit amener à une compréhension de la part des moi simultanés.
« Chaque portion du moi complet doit devenir consciente des autres
parties. Nous n’avons pas affaire à une chose aussi simple qu’un appareil
enregistreur, évidemment, car nos bandes magnétiques [nos moi] changent
constamment… »

LA DIFFÉRENCE ENTRE LES ÉVÈNEMENTS PROBABLES


ET LES ÉVÈNEMENTS PHYSIQUES

« Prenez par exemple un évènement X. Diverses parties du moi vont faire


l’expérience de cet évènement probable, à leur propre façon. Quand c’est
votre ego qui en fait l’expérience, c’est un évènement physique. Quand il
est perçu par d’autres portions du moi, l’ego n’en a pas connaissance.
« C’est de toute façon réel et vécu avec des variations. Le moi complet
perçoit les probabilités, et elles ont une incidence sur lui ; il les perçoit en
tant qu’actions, que l’ego ait choisi ou non d’accepter un évènement donné
comme étant physique. La séquence temporelle varie également. Passé,
présent et futur ne sont des réalités que pour votre ego.
« Maintenant, l’ego intérieur, comme vous le savez, existe dans le
Présent spacieux. Le Présent spacieux est le “temps” fondamental dans
lequel le moi complet existe, mais les diverses portions du moi ont leur
expérience dans leur propre système temporel.
« Il est évident que les schémas psychologiques doivent être différents
quand l’expérience du temps est différente. Vous pouvez constater par vous-
même les variations psychologiques qui existent ne serait-ce qu’entre le
conscient et le subconscient, par exemple. […]
« L’ego maintient une bonne part de sa stabilité en regardant en arrière
dans un “passé”, et en y trouvant un peu de lui-même. Les portions du moi
qui ont affaire aux probabilités n’ont pas l’expérience d’un passé leur
procurant un sens d’identité ou de continuité. La permanence, telle que
l’ego la conçoit, serait un concept étranger à ces portions du moi, un
concept extrêmement déplaisant, perçu comme de la rigidité.
« La flexibilité est ici le mot-clé, un changement volontaire du moi, à
mesure qu’il lui est permis d’explorer chaque probabilité. L’expérience est
d’une nature malléable. Le sens fondamental de l’identité est ici porté par
ce que vous pourriez comparer au subconscient que vous connaissez. En
d’autres termes, c’est cette portion de la structure psychologique qui porte
le fardeau de l’identité, et c’est l’ego qui a des expériences d’une nature
semblable au rêve. »

EXTRAIT DE LA SESSION 232

« Ce système de probabilités est tout aussi réel que le système physique,


et vous existez en lui, que vous le réalisiez ou non. Simplement, vous n’êtes
pas focalisés en son sein. Vous pouvez occasionnellement en prendre
conscience [ou de l’un de vos moi probables] quand vous êtes dans l’état de
rêve. Je vous ai dit que les images rêvées ont une réalité certaine. Il en va de
même des évènements probables. Simplement, ils ne vous paraissent pas
concrets.
« Vous pouvez rêver, par exemple, que vous tenez une pomme et
découvrir en vous réveillant qu’elle a disparu. Cela ne signifie pas qu’elle
n’existait pas, mais que, dans l’état de veille, vous ne la percevez pas. De la
même manière, vous ne percevez pas la réalité d’évènements probables sur
une base consciente. Pourtant, une portion de votre moi complet prend
vraiment part à ces évènements probables. Le « je » de vos rêves peut
légitimement être comparé au moi qui fait l’expérience d’évènements
probables. [Ce « je » se considérerait lui-même comme étant pleinement
conscient et verrait le « je » de l’état de veille comme un moi probable.]
« Examinons le cas suivant. Un individu se trouve devant un choix de
trois actions. Il opte pour l’une d’elles et en fait l’expérience. Les deux
autres actions sont elles aussi vécues par l’ego intérieur, mais pas dans une
réalité physique. […] L’ego intérieur enregistre ensuite les résultats en tant
qu’aide à une autre prise de décision. L’expérience des actions probables a
donc vraiment été faite, et elle participe à l’existence des moi probables,
tout comme les actions rêvées constituent l’expérience du moi rêvant. […]
Il y a un échange constant, subconscient, d’informations entre toutes les
couches du moi complet. »

EXTRAIT DE LA SESSION 227

« Le lot d’expériences sur lequel vous pouvez vous focaliser se compose


en fait de nombreux petits lots, mais le lot complet de la réalité est
beaucoup plus vaste que cela. Une portion du moi peut faire, et fait,
l’expérience d’évènements d’une façon totalement différente [de celle de
l’ego], et cette portion suit une autre tangente. Car lorsque votre moi
conscient perçoit un évènement X, cette autre part du moi bifurque, pour
ainsi dire, vers tous les autres évènements probables dont l’ego aurait pu
faire l’expérience.
« L’ego doit choisir un seul évènement, à cause de ses limitations. Mais
cette autre portion du moi peut explorer, et elle le fait, ce que vous pourriez
appeler les évènements X1, X2, X3, etc. Elle peut suivre tous ces
évènements alternatifs et en faire l’expérience pendant le même laps de
temps physique dont l’ego a besoin pour faire l’expérience de
l’évènement X tout seul.
« Ce n’est pas aussi tiré par les cheveux qu’on pourrait le penser. Une
poignée de main est peut-être perçue par vous comme une action simple.
Vous ne vous rendez pas compte du million de petits actes qui composent ce
geste apparemment insignifiant. Ils existent néanmoins. Vous n’avez pas
besoin de temps pour les percevoir un par un. Vous les percevez sous leur
forme achevée. Maintenant, cette portion du moi fait consciemment
l’expérience de ces évènements probables, aussi rapidement que vous
percevez de manière subconsciente le million de petites actions que
représente une poignée de main. »

AUTRE EXTRAIT DE LA SESSION 227 :


PERSONNALITÉ ET PROBABILITÉS

« Ces portions du moi opèrent simplement dans une dimension de réalité


différente, avec différents domaines d’activité. Dans ce cas particulier,
comparez les diverses portions du moi complet aux différents membres
d’une famille. L’homme travaille peut-être en ville. La femme travaille dans
leur maison, à la campagne. Chacun des trois enfants étudie dans une école
différente. Ils sont tous membres de la même unité familiale et opèrent à
partir de la même maison. Il n’y a aucune raison fondamentale pour que
l’un des enfants ne puisse pas passer ses journées au bureau de son père,
mais il ne serait pas capable de comprendre ce qui s’y passe. J’essaye
d’éclaircir l’analogie. Physiquement, l’enfant pourrait entrer dans
l’immeuble où sont les bureaux, voyez-vous. Du point de vue physique, il
n’y aurait aucune barrière qui l’en empêche, de même que son père.
L’homme pourrait également entrer dans l’école, mais un tel arrangement
n’aurait pas beaucoup de raison d’être.
« Il y a, au sein de la famille, une compréhension générale des
expériences de ses membres, mais elle est de seconde main, sauf pour les
évènements partagés par la famille en tant qu’ensemble, en tant qu’unité. Il
y a également une connaissance intuitive généralisée de la part de chaque
portion du moi en ce qui concerne les expériences des autres portions.
« Certains évènements seront toutefois perçus par toutes les couches du
moi, même si chacune le fait à sa façon, et perçus en tant qu’unité. Il y a
peu d’évènements de ce genre, mais ils sont très marquants et servent à
renforcer — comme le font les expériences familiales vécues en commun
— l’identité de la structure psychologique tout entière.
« Une fois encore : les évènements probables sont aussi réels que
l’évènement choisi parmi eux pour être une expérience physique.
Reprenons notre évènement X. Il n’est que l’un des innombrables
évènements probables. Pour ses propres buts, l’ego conscient le choisit
cependant. Mais tant que l’ego n’en a pas fait l’expérience, cet
évènement X n’est que l’un de tous ces autres évènements probables et il ne
diffère d’eux en rien. Il se concrétise dans votre réalité uniquement lorsque
le moi physique en fait l’expérience. […]
« Les autres évènements probables deviennent tout aussi “réels” dans
d’autres dimensions. Petit aparté, il se passe quelque chose d’intéressant
quand un choc psychologique grave ou un sentiment profond de futilité
provoque un court-circuit amenant une portion du moi à faire l’expérience
d’une de ces autres réalités probables. Je pense en particulier à certains cas
d’amnésie, où la personne qui en est victime se retrouve d’un seul coup
dans une ville différente, avec un autre nom, une autre activité et aucun
souvenir de son passé. Dans certains cas de ce genre, l’individu fait
l’expérience d’un évènement probable, mais il doit le faire, voyez-vous, au
sein de son propre système temporel. »
Seth nous a évidemment donné davantage de matériau sur les
évènements et univers probables. Il a aussi parlé de probabilités en lien
avec la précognition et le temps. Nous n’avons pas réussi à établir le
moindre contact conscient avec le Dr Pietra. Au moment où j’écris ces
lignes, nous approchons des mois d’automne, période durant laquelle Seth
a dit que le contact serait à nouveau possible.
La pensée d’un tel contact nous intrigue énormément, et nous ne pouvons
pas nous empêcher de nous demander quel effet cela aurait non seulement
sur Rob et le Dr Pietra, mais sur leurs systèmes de réalité séparés. Seules
les assurances de Seth affirmant que ce contact est possible sous certaines
conditions nous amènent à l’envisager ; il semble qu’il y ait beaucoup plus
de chances pour que cela ne se produise pas. Nous sentons tous les deux
que nous avons besoin de beaucoup plus d’informations et de travail, et
nous attendons avec impatience de pouvoir pratiquer de nouvelles
expériences allant dans ce sens, au fil des ans.
Comme vous pouvez le voir, beaucoup d’extraits présentés dans ce
chapitre mettent aussi en lumière la nature de la personnalité. Étant donné
que celle-ci est multidimensionnelle, on ne peut pas aborder ce sujet sous
un seul angle et, pour l’expliquer, Seth a recours à une méthode qui est en
elle-même presque multidimensionnelle. Dans ce contexte-là, ce qui est
important, c’est non seulement ce qui est dit, mais aussi ce qui se passe au
cours des sessions. Je vais bientôt décrire un développement assez récent,
et très signifiant, qui démontre, beaucoup mieux que des mots peut-être,
l’aspect multidimensionnel de la personnalité.
Qui êtes-vous ou qu’êtes-vous ? Vous sentez-vous perdu face à toutes ces
idées d’entités et de moi probables ? Tel que vous vous connaissez, où vous
situez-vous dans tout cela ? Dans le chapitre suivant, consacré aux idées de
Seth sur la personnalité, vous verrez que votre identité, telle que vous la
connaissez, est toujours conservée.
Chapitre 16

La personnalité multidimensionnelle

Il n’y a pas très longtemps, un jeune professeur de psychologie m’a


téléphoné pour me demander de venir parler à ses élèves à l’université.
Comme il s’agissait d’un petit groupe d’une quinzaine d’étudiantes, je leur
ai suggéré de venir plutôt chez moi. Dès l’instant où cet homme a franchi la
porte, sa position était claire : en ce qui le concernait, il n’aurait jamais
approché un médium, ni de près ni de loin. Mais, puisque les médiums
existaient et qu’il avait entendu parler de moi, il était de son devoir
« d’exposer » ses étudiantes à ce phénomène. Il ne faisait aucun doute
qu’en lui-même il se félicitait pour sa largeur d’esprit.
Pendant deux heures et demie, j’ai parlé des potentiels de la personnalité
humaine et de la nécessité de les reconnaître, de les développer et de les
utiliser. Du mieux que j’ai pu, j’ai expliqué ce qu’étaient la télépathie, la
clairvoyance et la précognition, et quelles expériences il était possible de
mener pour les voir à l’œuvre. Pour finir, j’ai suggéré à ces étudiantes de
faire l’un des exercices dont nous nous servons parfois dans mes cours.
Chaque jour, j’allais accrocher un dessin-cible sur ma porte, à l’intérieur
de mon appartement. Les élèves tenteraient de « capter » une impression de
ce croquis, et de la reproduire. Au terme de cette expérience, j’enverrais
alors tous mes dessins au professeur, et il pourrait juger par lui-même des
réussites et des ratés.
Avec grand soin — du moins le croyais-je ! —, j’ai expliqué que la
suggestion était très importante, et j’ai demandé au professeur d’avoir une
attitude objective durant les tests. Mais, comme je l’ai découvert ensuite
par l’une de ses étudiantes, son attitude a été tout sauf objective, et loin
d’être scientifique. Par ses déclarations et son comportement en général, il
a fait savoir à sa classe qu’à son avis il ne fallait pas considérer les tests de
ce genre comme des choses sérieuses. Bizarrement, les résultats n’ont pas
été mauvais, mais il avait eu une si mauvaise attitude que seules cinq
étudiantes avaient pris part au test. Je lui avais suggéré de tenter lui-même
l’expérience, mais il ne l’a pas fait ; son comportement a découragé
suffisamment d’élèves pour qu’il puisse dire par la suite que le petit nombre
de participantes rendait les résultats du test impossibles à évaluer. Il a
réfuté tous les succès comme étant de simples coïncidences.
Ce professeur était intelligent, sérieux, bien de sa personne. Si nous nous
étions rencontrés en d’autres circonstances, il m’aurait probablement plu.
Mais il ne voulait pas reconsidérer ni évaluer ses idées préconçues sur la
nature de la personnalité. Il a raté une opportunité d’élargir son point de
vue et, peut-être, de trouver le genre de preuve qui l’aurait convaincu que la
personnalité humaine est beaucoup moins limitée qu’il ne le supposait.
Cet épisode et quelques autres du même genre m’ont amenée à être
prudente vis-à-vis de ce type de rencontres avec des universitaires soi-
disant objectifs. Mais les psychologues n’ont pas tous l’esprit aussi étroit et
l’intellect aussi rigide. L’an dernier, l’une de mes élèves suivait à
l’université un cours du soir sur la psychologie. Son professeur
l’encourageait souvent à parler de Seth et de nos cours de perception
extrasensorielle. L’une des épreuves écrites requises portait sur la nature
de la personnalité, et mon étudiante a souhaité traiter le sujet comme Seth
l’explique. Elle a donc demandé à Seth s’il voudrait bien consacrer une
session spéciale à cette intention. Elle voulait l’enregistrer et la faire
écouter durant son cours à l’université.
Seth a accepté et, pendant l’un de mes cours tout entier, il a donné cette
session. Il avait aussi certaines choses intéressantes à dire à propos de sa
propre réalité. En un sens, ce n’est pas le genre de discussion en
profondeur dans laquelle Seth s’engage lors de nos sessions privées, mais il
a esquissé une excellente description de ses théories sur la personnalité,
destinée à ceux qui n’avaient aucune connaissance préalable de son
matériau. C’est la raison pour laquelle je vais utiliser des extraits de cette
séance pour commencer ce chapitre.
Une dizaine de mes étudiants réguliers assistaient à la session. Seth était
en pleine forme : souriant, entrecoupant souvent un matériau sérieux par
quelques plaisanteries ou commentaires légers. La plupart du temps, il s’est
adressé directement à l’étudiante qui avait demandé cette session, ou aux
soixante personnes qui n’étaient pas présentes, mais suivaient le même
cours de psychologie. L’ensemble de la session couvre environ six pages
dactylographiées.
Seth a débuté en disant : « L’identité n’est pas la même chose que la
personnalité. La personnalité représente uniquement les aspects de l’identité
que vous êtes capables d’actualiser au sein de l’existence tridimensionnelle.
[…] La personnalité peut être façonnée par les circonstances, selon vos
termes, mais l’identité utilise ces expériences et n’est pas emportée au gré
du vent.
« Il est vrai que le moi n’a aucune limitation et, en ce sens, on peut dire
que le moi s’étend jusqu’à englober l’environnement. Les théories actuelles
sur la nature de la personnalité ne prennent pas en considération l’existence
de la télépathie, de la clairvoyance ou la réincarnation. Vous avez donc une
psychologie unidimensionnelle. Cependant, l’identité opère dans de
nombreuses dimensions. »
Seth s’est ensuite adressé aux étudiants du cours de psychologie auxquels
l’enregistrement était destiné. Nous avons tous pensé par la suite que cette
session était en un sens hilarante — une personnalité invisible, en nos
termes, s’adressant à une classe de psychologie, elle-même absente, pour
parler de la nature de la personnalité ! Mais Seth savait certainement ce
qu’il faisait, car il a utilisé comme exemple sa propre méthode de
communication, peu orthodoxe.
« Vous avez ici [dans la session elle-même] une démonstration
provocatrice de la nature de la personnalité, a-t-il dit. Car ma personnalité
n’est pas celle de Ruburt, pas plus qu’il n’est la mienne. Je ne suis pas une
personnalité secondaire, par exemple. Je n’essaye pas de dominer la vie de
Ruburt, et je ne m’attendrais d’ailleurs pas à ce qu’il le permette. Je ne
représente aucune portion refoulée du propre être de Ruburt. Comme ceux
ici présents le savent, il est lui-même loin d’être du genre refoulé !
« Je l’aide, de manière à ce que sa propre personnalité opère plus
efficacement. Il est capable d’utiliser plus pleinement ses propres capacités.
Mais cela est loin d’être un crime psychologique. Le fait est, chère classe de
psychologie et cher professeur, que vous êtes tous plus que ce que vous
connaissez. Chacun de vous existe dans d’autres réalités et d’autres
dimensions, et le moi que vous appelez vous-même n’est qu’une petite
portion de votre identité tout entière.
« Maintenant, en rêve, vous êtes en contact avec d’autres parties de vous-
mêmes. Cette communication se poursuit constamment, mais votre ego est
si focalisé sur la réalité physique, et sur la survie en son sein, que vous
n’entendez pas la voix intérieure. Vous devez comprendre que ce que vous
êtes ne peut pas être vu dans un miroir. Ce que vous voyez dans un miroir
n’est qu’un vague reflet de votre vraie réalité.
« Vous ne voyez pas votre ego dans le miroir. Vous ne voyez pas votre
subconscient. Vous ne voyez pas le moi intérieur dans un miroir. Il ne s’agit
là que de termes destinés à exprimer la partie de vous qui ne peut être vue
ni touchée. Mais à l’intérieur des moi que vous connaissez se trouve
l’identité première, le moi intérieur complet. Ce moi complet a vécu de
nombreuses vies. Il a adopté de nombreuses personnalités. C’est l’essence
de l’énergie d’une personnalité, tout comme je le suis. La seule différence,
c’est que je ne suis pas matérialisé dans une matière physique. Vous
n’acquérez pas d’un seul coup un esprit [1] au moment de la mort. Vous en
êtes un, maintenant. »
Puis, en souriant, Seth a développé plus avant la question de sa propre
existence — et de la mienne. Il a commencé par affirmer qu’il m’avait
toujours recommandé de maintenir un bon équilibre entre la solitude et
l’activité. Il s’est adressé ensuite au professeur de psychologie :
« Vous pouvez, si vous voulez, dire de moi que je suis une production
subconsciente. Je n’apprécie pas particulièrement une telle désignation,
puisqu’elle n’est pas vraie. Mais si vous dites que je suis une extension
subconsciente de la personnalité de Ruburt, vous devez alors accepter le fait
que le subconscient est télépathique et clairvoyant, vu que j’ai fait preuve
de ces capacités. Puis-je aussi vous rappeler que, de son côté, Ruburt a les
siennes. […] Toutefois, à moins que vous ne soyez disposé à attribuer ces
facultés au subconscient — et la plupart de vos collègues s’y refusent —,
on ne peut pas me considérer comme ayant ce type d’origine subconsciente.
« Si vous êtes de fait disposé à concéder ce point, j’ai d’autres arguments.
Mes souvenirs ne sont pas ceux d’une jeune femme. Mon esprit n’est pas
celui d’une jeune femme. J’ai été habitué à avoir des occupations multiples,
et Ruburt n’en a aucun souvenir. Je ne suis pas une image du père pour
Ruburt, pas plus que je ne suis la figure masculine tapie au fond de l’esprit
féminin. Notre ami Ruburt n’a pas non plus des tendances homosexuelles.
Je suis simplement l’essence de l’énergie d’une personnalité qui n’est plus
matérialisée dans une forme physique.
« La personnalité et l’identité ne dépendent pas d’une forme physique.
C’est uniquement parce que vous pensez qu’elles en dépendent que vous
trouvez ce genre de performance si étrange. […] Vous adoptez un corps
comme un voyageur de l’espace revêt une combinaison spatiale, et en
grande partie pour la même raison. »
La classe de psychologie était autant intéressée par la réalité de Seth que
par la nature de la personnalité, et Seth le savait bien. En souriant, il a dit :
« Un autre point : les sessions sont programmées et fonctionnent donc sous
certaines conditions contrôlées. Celles-ci ne sont en aucune façon une
menace pour la personnalité de Ruburt, et son ego a été soigneusement
choyé et protégé. Il n’a pas été mis de côté. Au contraire, de nouvelles
capacités lui ont été enseignées. […] Je n’ai pas été “amené à naître”
artificiellement, par hypnose. Il n’y a eu en l’occurrence aucune
falsification artificielle de caractéristiques de la personnalité. Il n’y a eu
aucune hystérie. Ruburt m’autorise à utiliser son système nerveux dans des
conditions extrêmement contrôlées. On ne m’a pas accordé un blanc-seing
me permettant d’avoir la préséance quand bon me semble ; je ne désirerais
d’ailleurs pas un tel arrangement. J’ai autre chose à faire. »
À mon sens, la référence à l’hypnose faite par Seth avait à voir avec
« l’entraînement » suivi par certains médiums, dans lequel on a recours à
l’hypnose pour induire et stabiliser l’état de transe et, à l’occasion, pour
susciter les communications des personnalités de « contrôle ». Cela ne s’est
pas produit dans mon cas. Tout était spontané. Bien que je sache à présent
comment utiliser l’autohypnose, l’ayant étudiée depuis plusieurs années, je
ne m’en suis jamais servie pour une session.
Seth a terminé cet exposé en passant en revue diverses façons de
développer une conscience du moi intérieur. Vous trouverez ce matériau
dans un chapitre ultérieur. Lors du cours suivant à l’université, mon élève a
fait écouter l’enregistrement, mais comme sa durée dépassait celle du
cours, elle a invité le professeur et quelques étudiants à venir chez elle
entendre la suite et en discuter.
La personnalité de Seth transparaît évidemment mieux dans un
enregistrement que sur une page imprimée ; ses inflexions et ses
connotations y sont plus évidentes. Ce jour-là, nous avons aussi enregistré
quelques moments de conversation, pour qu’il soit possible de comparer ma
voix normale à celle de Seth. Même lorsqu’une session privée s’apparente à
un cours magistral, les gestes de Seth la rendent toujours très vivante, et
cela est encore plus vrai des sessions avec un groupe.
En admettant que nous survivions à la mort, quelle part de nous survit ?
À mesure que Seth nous donnait davantage de matériau sur la
réincarnation et le moi intérieur, nous nous posions naturellement la
question. C’est peut-être très bien d’avoir un moi complet, mais, si mon moi
Jane Roberts est englouti par lui après la mort, ce n’est pas ce que
j’appelle survivre. C’est comme si on disait que le petit poisson survit
lorsqu’il est mangé par un plus gros, parce qu’il devient une partie de ce
dernier.
Mais selon Seth, aucune individualité n’est jamais perdue. Elle est
toujours en existence. Le point délicat, ici, c’est que le moi n’a pas de
limites, si ce n’est celles qu’il accepte par ignorance. Notre conscience
individuelle grandit et, à partir de son expérience, elle forme différentes
personnalités, ou fragments d’elle-même. Ces fragments — Jane Roberts
étant l’un d’eux — sont totalement indépendants pour ce qui est de l’action
et de la décision ; toutefois, les composants psychiques intérieurs sont en
communication constante avec le moi complet dont ils font partie. Ces
« fragments » eux-mêmes grandissent, se développent et peuvent former
leurs propres entités ou groupes changeants de personnalité — ou âmes
complètes, si vous préférez.
Seth affirme que, même dans cette vie-ci, chacun de nous a plusieurs
ego ; nous acceptons l’idée d’un seul ego uniquement comme une sorte de
raccourci symbolique. À tout moment, dans cette vie, l’ego n’est que la
partie de nous-mêmes qui « fait surface » ; un ensemble de caractéristiques
que le moi intérieur utilise pour résoudre divers problèmes. Même l’ego tel
que nous le concevons change constamment. La Jane Roberts actuelle, par
exemple, est différente de celle d’il y a dix ans, bien que « je » n’aie été
consciente d’aucun changement d’identité.
Mes propres expériences m’ont convaincue que je suis plus que mon moi
normal, ce moi auquel je me réfère comme étant « moi ». Quand, par
exemple, j’obtiens une information par clairvoyance, une part de moi sait
ce que la partie Jane Roberts ignore en mode ordinaire. Cette portion-là de
moi communique une connaissance à l’ego Jane. Je crois que cela ne se
produit pas uniquement dans le cas d’une perception extrasensorielle, mais
aussi en lien avec une inspiration artistique : nous nous mettons à l’écoute
de la portion de nos identités disposant d’une plus grande connaissance.
Évidemment, ces capacités ne signifient pas grand-chose tant que l’on
n’apprend pas à s’en servir et à en faire soi-même l’expérience. Très tôt
dans nos sessions, Seth a décrit ce qu’il appelle les « sens intérieurs » —
des moyens de perception internes qui élargissent la conscience normale et
nous permettent de devenir conscients de notre propre existence
multidimensionnelle. Il nous a fallu quelque temps avant de comprendre
vraiment de quoi il était question et comment nous pouvions nous servir de
ces sens. Nous sommes d’ailleurs encore en train d’apprendre à les utiliser
de manière plus efficace.
Comme je l’ai déjà mentionné, ce que Seth nous disait dans les sessions
se trouvait confirmé par ce qui se passait en même temps. Tandis qu’il
parlait des potentiels latents, nous découvrions les nôtres. Dans une large
mesure, nos expériences personnelles corroboraient donc les théories de
Seth. La session 138, du 8 mars 1965, en est un parfait exemple.
Ce soir-là, Seth commençait tout juste à exposer son matériau sur la
personnalité en tant qu’action. Les idées qu’il présentait sont
fondamentales à toutes ses théories sur l’identité et, comme il parle de
certaines caractéristiques de la conscience, elles sont aussi une base pour
un matériau ultérieur portant sur le concept de Dieu.
À l’époque, nos sessions avaient lieu dans notre chambre, qui est petite et
dont la fenêtre donne sur une grande cour. C’était l’été ; pratiquement
personne n’était encore au courant des sessions, et la voix de Seth,
s’élevant dans l’air du soir, aurait soulevé bien des questions auxquelles
nous n’étions pas prêts à répondre. Comme il le fait depuis le début, Rob
était assis avec un stylo et du papier, pour tout noter mot à mot. Il avait
souvent assez chaud, vu que nous fermions la fenêtre pour être aussi
discrets que possible, en particulier vis-à-vis des voisins qui s’asseyaient
souvent dans la cour. (La chaleur ne me dérange jamais quand je suis en
transe, bien que d’ordinaire j’y sois très sensible.)
À la lecture de ces extraits, vous pourrez voir que Seth a donné des
indices sur ce qui allait arriver. Certains d’entre vous, en lisant entre les
lignes, pourront même deviner ce qui allait se passer pour nous.
« Une identité peut être nommée comme une action qui est consciente
d’elle-même. Pour les besoins de notre discussion, les termes “action” et
“identité” doivent être séparés, mais, fondamentalement, une telle
distinction n’existe pas. Une identité est aussi une dimension d’existence,
une action à l’intérieur d’une action, le déroulement d’une action sur elle-
même — et à travers cet entrelacement d’une action avec elle-même, à
travers cette ré-action, une identité se forme.
« L’énergie d’une action, le fonctionnement d’une action à l’intérieur
d’elle-même et sur elle-même, forme l’identité. Cependant, même si celle-
ci est formée par l’action, action et identité ne peuvent être séparées.
L’identité est donc de fait l’effet de l’action sur elle-même. Sans une
identité, l’action n’aurait aucun sens, car il n’y aurait rien sur lequel cette
action puisse agir. L’action doit, par sa nature même, de par elle-même et de
par son propre mécanisme, créer des identités. Cela s’applique à toute
action, de la plus simple à la plus complexe.
« Une fois encore, une action n’est pas une force provenant de l’extérieur
et agissant sur la matière. L’action est, au lieu de cela, la vitalité interne
de l’univers intérieur — elle est le dilemme entre le désir et l’impulsion
de la vitalité interne à se matérialiser complètement, et son incapacité à
le faire totalement.
« Ce premier dilemme résulte en une action, et nous avons vu qu’une
identité se forme à partir du fonctionnement de l’action sur elle-même, et
qu’action et identité sont inséparables. L’action fait donc partie de toute
structure. De par elle-même et du fait de sa nature, elle a formé une identité,
et voilà qu’à présent, du fait de sa nature, elle semble détruire l’identité,
puisque toute action implique un changement et que tout changement
semble menacer l’identité.
« L’idée que l’identité dépend de la stabilité est toutefois une notion
erronée. De par ses caractéristiques, l’identité recherche continuellement la
stabilité, alors que celle-ci est impossible. C’est là notre second dilemme.
« C’est ce dilemme, entre les tentatives constantes de l’identité pour
maintenir une stabilité et le besoin de changement inhérent à l’action, qui
conduit au déséquilibre, à ce produit dérivé, exquis et créatif, qu’est la
conscience de soi. Car la conscience et l’existence sont beaucoup moins le
résultat d’équilibres délicats que de la possibilité induite par un manque
d’équilibre, si riche en créativité, à un tel point qu’il n’y aurait pas de réalité
si un équilibre était constamment maintenu.
« Nous avons une série de tensions créatrices. L’identité doit rechercher
la stabilité tandis que l’action doit rechercher le changement ; l’identité ne
pourrait pourtant pas exister sans le changement, car elle résulte de l’action
et en fait partie. Les identités ne sont jamais constantes, comme vous-
même, consciemment ou non, n’êtes pas le même d’un moment à l’autre.
Toute action est une terminaison, comme nous l’avons dit précédemment.
Et pourtant, sans cette terminaison, l’identité cesserait d’exister, car une
conscience sans action cesserait d’être consciente.
« La conscience n’est donc pas une “chose” en elle-même. C’est une
dimension d’action, un état pratiquement miraculeux, rendu possible par ce
que je choisis d’appeler “une suite de dilemmes créatifs”.
« Il devrait être assez facile de voir comment le second dilemme s’est
développé à partir du premier. J’ai dit que ce deuxième dilemme résultait —
et c’est constamment le cas — en une conscience de soi. Ce n’est pas la
conscience de l’ego. La conscience de soi est encore une conscience
directement liée à l’action. La conscience de l’ego est un état résultant du
troisième dilemme créatif, qui se produit lorsque la conscience de soi tente
de se séparer de l’action. Comme cela est évidemment impossible,
puisqu’aucune conscience ou identité ne peut exister sans action, nous
avons là le troisième dilemme.
« Reprenons : la conscience de soi implique une conscience de soi au
sein d’une action — et faisant partie de l’action. Par ailleurs, la conscience
de l’ego implique un état dans lequel la conscience de soi tente un divorce
entre soi et l’action — une tentative de la part de la conscience pour
percevoir l’action comme un objet […] et pour percevoir l’action comme
étant créée par l’ego, et donc comme un résultat, plutôt qu’une cause, de
l’existence même de l’ego.
« Ces trois dilemmes représentent les trois domaines de réalité dans
lesquels la vitalité intérieure peut faire l’expérience d’elle-même. Et, ici,
nous avons aussi la raison pour laquelle la vitalité interne ne peut jamais
parvenir à une matérialisation complète. L’action même impliquée dans la
tentative de la vitalité à se matérialiser elle-même augmente la dimension
intérieure de cette dernière.
« L’action [la vitalité interne] ne peut jamais parvenir à la complétion.
En se matérialisant en une forme, quelle qu’elle soit, elle multiplie d’un
seul coup les possibilités supplémentaires de matérialisation. En même
temps, comme la vitalité intérieure s’autogénère, il suffit d’une infime
fraction de cette vitalité pour ensemencer un univers.
« Dans la droite ligne de ce que j’ai dit plus tôt sur le fait que l’action
change forcément ce sur quoi elle agit [c’est-à-dire elle-même], il s’ensuit
que l’action qui entre en jeu dans nos sessions change la nature des
sessions. J’ai souvent parlé de la conscience comme étant la direction dans
laquelle un moi se focalise. L’action présuppose une infinité de possibilités
de focalisation. »
Pendant que Seth transmettait le matériau que vous venez de lire, j’avais
une série d’expériences en continu, qui étaient nouvelles pour moi. Je ne
pouvais évidemment pas en parler à Rob avant les pauses, et, d’ailleurs,
elles étaient pratiquement impossibles à décrire. Le mieux que je puisse
dire, c’est que, pendant que ces informations étaient communiquées à Rob
de façon verbale, elles m’étaient aussi transmises d’une autre manière.
J’avais l’impression d’être à l’intérieur de « l’action », dérivant à travers
diverses dimensions.
Je ressentais réellement ce que disait Seth, comme si les mots étaient
traduits en une expérience subjective. C’était plus comme être emportée
dans autre chose que, disons, être niée. Mon ego n’était pas perdu, mais
faisait partie des concepts dont parlait Seth. J’étais en eux, regardant vers
l’extérieur.
Vers la fin de la session, Rob a demandé à Seth s’il voulait bien expliquer
ce qui se passait. Seth a dit : « Ruburt fait l’expérience de groupements
changeants d’actions. Comme toute autre conscience, il est action ; mais ce
soir, il fait, dans une faible mesure, l’expérience de l’action sans la tentative
habituelle de l’ego pour s’en séparer.
« Lors de notre dernière discussion, j’ai mentionné le fait que ce matériau
serait la base pour des sessions futures. Il est vrai qu’une autre dimension a
été ajoutée aux sessions, et j’espère amener Ruburt à une approche de
perception plus directe à mesure que nous poursuivons. Je vous ai dit que
vous pouviez vous attendre à ce genre de développements. C’est là un
déroulement naturel, et il va continuer en fonction de sa propre nature et de
son propre rythme. Je m’attends à ce que ce dernier développement en
entraîne un autre encore. »
Ce genre de choses a commencé à se produire fréquemment dans les
sessions. Par la suite, nous avons trouvé cela normal, j’imagine, sans
apprécier l’impression que cela nous avait fait la première fois. En général,
ce que je ressens est parallèle aux informations que donne Seth. Selon lui,
l’utilisation des sens intérieurs entre en jeu, et mon expérience est destinée
à mettre en évidence l’existence de ces facultés non seulement en moi, mais
en tant que capacités latentes de chaque personnalité.
Seth affirme que le corps physique et ses sens sont un équipement
spécialisé pour nous permettre de vivre dans la réalité physique. Pour
percevoir d’autres réalités, nous devons nous servir des sens intérieurs —
moyens de perception qui appartiennent au moi intérieur, et qui
fonctionnent que nous ayons une forme physique ou non. Seth nomme
l’univers tel que nous le connaissons un système de « camouflage »,
puisque la matière physique n’est que la forme prise par la vitalité —
l’action — en son sein. D’autres réalités sont aussi des systèmes de
camouflage et, à l’intérieur d’elles, la conscience a également un
équipement spécialisé, taillé sur mesure pour être adapté à leurs
caractéristiques particulières. Mais les sens intérieurs nous permettent de
voir sous le camouflage.
Ces sens intérieurs appartiennent aux moi complets dont nous sommes
une partie. Chaque moi complet aide et inspire ses personnalités. En
partant de la personnalité telle que nous la concevons habituellement, « il y
a, après l’ego opérant, une strate de matériau personnel subconscient. Sous
celle-ci se trouve un matériau racial, qui a à voir avec l’espèce dans son
ensemble. En dessous encore, non déformée et à votre disposition si vous le
demandez, il y a la connaissance inhérente au moi intérieur, se rapportant à
la réalité dans son ensemble, avec ses lois, ses principes et sa
composition ».
« Vous allez trouver là la connaissance innée concernant la création de
l’univers-camouflage tel que vous le connaissez, ainsi que les mécanismes
qui entrent en jeu, et une bonne part du matériau que je vous ai donné. Vous
allez y trouver les modes et les moyens par lesquels le moi intérieur,
existant dans le climat d’une réalité psychologique, aide à créer les divers
plans d’existence, et construit les sens extérieurs pour projeter et percevoir
ces plans ; vous y découvrirez aussi de quelles façons les réincarnations ont
lieu à l’intérieur des divers systèmes. Vous allez y trouver vos propres
réponses quant à la manière dont le moi intérieur transforme l’énergie à ses
propres fins, change de forme et adopte d’autres réalités. »
Un sacré programme ! Seth explique donc que chacun de nous peut
parvenir au moi intérieur, que les sens intérieurs nous aident à percevoir
autre chose que la réalité tridimensionnelle, et qu’avec de la détermination
et de l’entraînement nous pouvons accéder à cette connaissance. Nous
commençons par nous-mêmes et voyageons à travers notre propre
expérience subjective, travaillant de l’ego vers l’intérieur. Les sens
physiques nous aident à percevoir la réalité extérieure que nous
connaissons. Les sens intérieurs nous permettent de percevoir les réalités
internes.
Rob et moi avons fait l’expérience de la plupart de ces sens intérieurs,
jusqu’à un certain point. Prenons, par exemple, celui assez simple du temps
psychologique. Seth dit : « Quand vous vous situez à l’intérieur du temps
psychologique, vous voyez que le temps physique est tout aussi semblable à
un rêve que l’était auparavant, selon vous, le temps intérieur. Vous
découvrez votre moi complet en jetant un coup d’œil à l’intérieur et à
l’extérieur en même “temps”, et vous découvrez que tout temps est un et
unique, et que toutes les divisions sont des illusions. »
Quand nous pratiquons le « temps psy », comme Rob et moi l’appelons,
notre expérience semble prendre place hors du cadre temporel habituel.
C’est comme changer de vitesse en voiture : la perception a lieu dans un
contexte différent. Le temps psy est le « temps » dans lequel, par exemple, je
voyage quand je me projette hors du corps. Quand je suis allée en
Californie, dans l’épisode mentionné au chapitre 9, plus de dix mille
kilomètres ont été parcourus en une demi-heure. À l’évidence, cela serait
impossible en temps normal.
Pour apprécier plus avant ce sujet, davantage d’informations quant à la
vraie nature du temps sont toutefois nécessaires ; car, selon Seth, le moi
intérieur n’opère pas à l’intérieur du temps tel que nous le connaissons,
mais à travers des perceptions qui ignorent largement le temps tel que nous
le concevons.
Une question se pose alors : comment pouvons-nous ignorer le temps ?
Qu’est-ce que, de nous-mêmes ou du temps, nous pouvons déconnecter l’un
de l’autre ? Il se peut que certains parmi vous ne soient pas intéressés par
cette interrogation, mais d’autres risquent de se sentir floués si celle-ci
reste sans réponse. Seth n’ignore pas ce problème, et je vais donc conclure
ce chapitre avec quelques extraits dans lesquels il prend ces questions en
considération. Il explique ici en partie la nature du temps, et montre
pourquoi nous en sommes fondamentalement libres.

EXTRAIT DE LA SESSION 224 :


LA PERSONNALITÉ ET LE TEMPS

« Le passé existe en tant que série de connexions électromagnétiques


contenues dans le cerveau physique et dans l’esprit non physique. Ces
connexions électromagnétiques peuvent être modifiées. […]
« Le futur consiste en une série de connexions électromagnétiques dans
l’esprit et aussi dans le cerveau, et c’est la seule réalité justifiée que vous
pouvez accorder au présent.
« En d’autres termes, le passé et le présent ont le même degré de réalité.
À l’occasion, le passé peut devenir plus réel que le présent et, dans ces cas-
là, on réagit à des actions passées dans ce que vous appelez le présent. Vous
prenez comme allant de soi qu’une action présente peut changer le futur,
mais des actions présentes peuvent aussi changer le passé.
« Le passé n’est pas plus objectif, ni indépendant de celui qui le perçoit
que ne l’est le présent. Ces connexions électromagnétiques qui composent
le passé ont été largement faites par l’individu qui percevait, et celui qui
perçoit est toujours un participant.
« Les connexions peuvent donc être modifiées, et les changements de ce
genre sont loin d’être rares. Ils se produisent spontanément sur une base
subconsciente. Le passé correspond rarement à ce dont vous vous souvenez,
car vous l’avez réarrangé dès le moment où l’évènement s’est produit. Le
passé est constamment recréé par chaque individu à mesure que les attitudes
et les associations changent. C’est une véritable re-création, elle n’est pas
simplement symbolique. L’enfant est d’ailleurs encore à l’intérieur de
l’adulte, mais il n’est pas l’enfant qui “a été”, car même l’enfant à
l’intérieur de l’adulte change constamment.
« Des difficultés s’élèvent, en fait, quand de telles modifications ne se
produisent pas automatiquement. Une névrose intense est souvent causée
précisément par le fait que l’individu n’a pas changé son passé. Une fois
encore, la seule réalité que l’on peut attribuer au passé est celle que l’on
accorde aux symboles, associations et images qui existent de façon
électromagnétique à l’intérieur du cerveau physique et de l’esprit non
physique.
« Je m’exprime en vos termes maintenant, et il faut le comprendre, car je
simplifie considérablement les conditions. Un changement d’attitude, une
nouvelle association, ou toute autre action parmi d’innombrables actions
possibles, va automatiquement établir de nouvelles connexions
électromagnétiques et en interrompre d’autres.
« Chaque action change toute autre action — nous en revenons à notre
b.a-ba. C’est pourquoi toute action dans votre présent modifie les actions
que vous dites passées. Les cercles concentriques provoqués par une pierre
que l’on jette vont absolument dans toutes les directions et, ici même, je
vais personnellement assez loin en ce sens. En vous remémorant ce que
vous connaissez quant à la nature du temps, vous comprenez que les
frontières apparentes entre passé, présent et futur ne sont que des illusions
causées par la quantité d’actions que vous pouvez percevoir physiquement.
« Il est donc possible de réagir dans le passé à un évènement qui ne s’est
pas encore produit, d’être influencé par votre propre futur. Il est aussi
possible pour un individu de réagir dans le passé à un évènement dans le
futur qui ne se produira peut-être jamais, en vos termes.
« Je suis sûr que vous vous souvenez du couple que vous avez vu à York
Beach. » [Cet épisode a été décrit dans le chapitre 2.]
« Oui », a répondu Rob en levant les yeux.
« Maintenant, ce couple représentait une sorte de projection dans le
temps, car vous auriez pu littéralement devenir ce qu’ils étaient. Dans ce
présent-là, il existait en tant que probabilité. Vous avez perçu cette portion
du futur probable et y avez réagi ; la transformation possible de vous-
mêmes en ces images ne s’est pas produite. Étant donné que passé, présent
et futur existent simultanément, il n’y a aucune raison pour que vous ne
puissiez pas réagir à un évènement, qu’il lui arrive ou non de tomber dans le
petit espace de réalité que vous observez habituellement et auquel vous
participez.
« À un niveau subconscient, vous réagissez à de nombreux évènements
qui ne se sont pas encore produits, du moins pour ce qui concerne votre
conscience égotiste. De telles réactions sont soigneusement filtrées et ne
sont pas admises dans la conscience. L’ego trouve que ces choses-là le
distraient et l’ennuient, et lorsqu’il est obligé d’admettre leur validité, il
recourt à des rationalisations tirées par les cheveux pour les expliquer.
« Le moi intérieur peut d’ailleurs percevoir des évènements qui se
produiront après la mort physique. Il n’est jamais emprisonné par le temps
de l’ego. Ses perceptions sont simplement inhibées par l’ego. Le moi
intérieur peut percevoir des évènements qui lui arriveront après la mort,
ainsi que ceux dans lesquels il n’est pas impliqué.
« Dans toutes ces situations, il y a toutefois des incertitudes, car des
évènements probables peuvent être vus avec autant de clarté que ceux qui
vont physiquement se produire. Aucun évènement n’est prédestiné. Tout
évènement peut être changé non seulement avant et pendant son
déroulement, mais aussi après. Encore une fois, je ne parle pas au niveau
symbolique, et je sais que je m’expose ainsi à de fortes critiques auxquelles
il est évidemment impossible de répondre en cette seule soirée.
« Il y a, par exemple, des limitations établies ici qui doivent être
clairement affirmées ; mais, à l’intérieur de celles-ci, vous découvrirez que
les évènements peuvent être changés, et le sont constamment,
indépendamment du point où ils semblent survenir à l’origine.
« Les choses fonctionnent ainsi, à moins bien sûr qu’un individu soit
totalement emporté hors du système de temps physique. Un homme
assassiné ne va pas être ramené entier et intact à la vie physique [bien qu’il
puisse revenir comme « esprit », croyant qu’il est encore vivant].
« Pour récapituler, l’individu est loin d’être à la merci des évènements
passés, car il les change constamment. Il est loin d’être à la merci des
évènements futurs, car il les change non seulement avant qu’ils se
produisent, mais aussi après.
« Encore une fois : le passé est aussi réel que le futur, ni plus ni moins.
Car le passé existe simplement en tant que schéma de courants
électromagnétiques à l’intérieur de l’esprit et du cerveau, et ces courants
changent constamment. […] Les actions futures d’un individu ne dépendent
pas d’un passé concret et terminé, car un tel passé n’a jamais existé. »
Nous devions découvrir que ces idées-là n’étaient pas simplement
théoriques. Dans le chapitre suivant, je vais vous parler d’une des plus
étranges expériences de ma vie — une expérience dans laquelle j’ai été
éjectée hors du monde du temps et de l’espace, puis, tout aussi
soudainement, projetée à nouveau en lui.

[1] Spirit en anglais (N.d.T.).


Chapitre 17

Un Seth « futur »
— origine des sessions

Je m’étais maintenant habituée à Seth. Les sessions, si étranges au début,


faisaient à présent partie de notre vie courante. Il y avait beaucoup de
choses que je ne comprenais pas — il y en a encore —, j’espérais donc
développer plus pleinement mes capacités et apprendre davantage. Mais je
pensais que les sessions avec Seth resteraient, elles, plus ou moins les
mêmes. En revoyant aujourd’hui le matériau du tout début, je m’aperçois
que j’aurais pu être plus perspicace.
Un soir d’avril 1968, nous nous sommes installés pour notre session
habituelle du lundi soir, sans nous douter que quelque chose de nouveau
allait se passer. J’étais assise dans mon fauteuil à bascule. Comme
d’habitude, Rob était sur le canapé, en train de prendre des notes. D’après
lui, la voix de Seth était ce soir-là plus puissante que d’ordinaire. Mes yeux
étaient ouverts et très sombres ; Seth semblait observer Rob de près.
Il a commencé la session, la 406 e, en indiquant à Rob la direction que
prendrait le matériau dans les années à venir. « Un canevas sommaire vous
a été donné, mais nous avons le temps de le remplir, a-t-il dit en souriant.
D’ailleurs, le canevas lui-même est à peine complet. […] Nous voulons
traiter de la nature de la réalité telle qu’elle existe à l’intérieur de votre
système de camouflage et à l’intérieur d’autres systèmes, et étudier les
caractéristiques globales qui s’y rapportent, indépendamment de toute
matérialisation.
« Une partie de ce matériau répondra automatiquement à de nombreuses
questions auxquelles vous vous êtes intéressés — à des problèmes sur
lesquels vos scientifiques se penchent. Nous discuterons de l’interrelation
qui existe entre tous les systèmes de réalité, y compris de certains points de
contact les incluant tous. Il est mathématiquement possible de déduire ces
divers points, et ceux-ci serviront, dans certains de vos futurs, de points de
contact remplaçant, dans certains cas, le voyage spatial. »
Ce matériau, où Seth exposait le futur contenu de nos sessions, couvre
plusieurs pages. Juste après cela, nous avons fait notre première pause.
Même à ce stade-là, ni Rob ni moi n’avions le sentiment que la session
différerait en quoi que ce soit de l’ordinaire. Mais, dès que nous avons
repris, j’ai soudain senti un puissant afflux d’énergie me traverser, à
l’intérieur duquel mon « je » semblait pratiquement perdu et balayé.
Je ne pouvais bien sûr pas dire à Rob ce dont je faisais l’expérience,
mais il a commencé à se douter que quelque chose se produisait. Seth est
devenu très emphatique, observant Rob attentivement d’une part, et
détachant chaque mot d’autre part.
« Si vous maintenez ces canaux ouverts et libres, vous obtiendrez un
matériau qui sera aussi peu déformé que possible, a-t-il dit. La portée de
Ruburt est excellente, et le plan de réalité dans lequel j’ai ma propre
existence est bien au-delà de ceux auxquels ont habituellement accès les
personnes qui sont dans un système physique. […] Vous devez tous deux
veiller à ce que Ruburt ne colore pas ses expériences en lisant un matériau
qui serait déformé. Il [ce type de matériau] a sa raison d’être et apporte un
certain bienfait, en expliquant la réalité en des termes que les gens peuvent
comprendre, car les éléments et images employés sont familiers. Ceux-ci ne
sont toutefois pas nécessaires ici. » Seth a continué en me suggérant de me
tenir à l’écart des livres qui « traitent exclusivement de sujets religieux
conventionnels, interprétant la réalité en ces termes limités ».
C’est à ce moment-là que Rob s’est rendu compte de la nouvelle et assez
étrange énergie de la voix de Seth, tandis que son élocution gagnait en
puissance. Mes yeux ouverts étaient très sombres. Rob a commencé à lever
le regard, chaque fois qu’il pouvait quitter un instant ses notes.
Seth disait : « Nous allons nous efforcer dans le futur de vous donner, à
tous deux, un peu d’expérience directe des concepts. Ces expérimentations
se dérouleront en même temps que l’expression orale des concepts dont il
sera question, et la suivront de près. Elles vous éclaireront un peu sur la
malheureuse, mais nécessaire, perte de signification qui se produit quand un
concept doit être communiqué en termes physiques. Ce sera une forme
différente d’apprentissage en profondeur, un développement plutôt unique
et original qui sera aussi dénué que possible des symboles stéréotypés qui,
d’ordinaire, se superposent presque automatiquement sur de telles
expériences. Est-ce que vous comprenez ? »
« Oui », a dit Rob. Mais il a répondu presque automatiquement : le débit
de Seth s’était accéléré et Rob avait du mal à suivre le rythme avec ses
notes. Par la suite, nous avons dû relire le paragraphe ci-dessus de
nombreuses fois, quand — comme vous le verrez bientôt — je me suis
retrouvée pratiquement « dépassée ».
La voix de Seth devenait de plus en plus forte. « Je suis le Seth que je dis
être, mais je suis aussi davantage. La personnalité Seth qui est une partie de
moi est la portion qui peut le plus clairement communiquer avec vous. Est-
ce que vous me suivez ? »
Rob a hoché la tête et a redit : « Oui. »
« Le Seth qui est une portion de moi-même est intimement lié à vous
deux et, par là même, je le suis aussi. Cela est lié étroitement à la définition
de l’essence de l’énergie d’une personnalité, d’où émergent bien sûr toutes
les personnalités. »
La voix s’est faite encore plus puissante. Rob a bien pensé à demander à
Seth de ralentir, mais comme il n’était pas sûr de ce qui se passait, il s’est
dit qu’il valait mieux ne pas l’interrompre.
« Il y a, dans la personnalité de Ruburt, un coin particulier, répercuté
aussi dans la vôtre, qui lui permet un accès assez clair à des canaux
d’information très difficiles à capter depuis votre système. Au cours de cette
session, et en ce moment même, le contact est particulièrement bon. Il y a
aussi un accès à une énergie qui est largement au-delà de ce dont on fait
habituellement l’expérience. Ruburt a ressenti cela dans le passé, et il a eu
peur d’ouvrir ces canaux tant qu’il ne se sentait pas tout à fait prêt.
« Il existe ce que l’on pourrait presque comparer à une torsion
psychologique et médiumnique dans les dimensions, et ce coin de la
personnalité de Ruburt est un point culminant où la communication et le
contact peuvent avoir lieu. »
Puis, à la grande surprise de Rob, Seth lui a dit de terminer la session en
suivant la procédure qui lui avait été indiquée récemment pour mettre fin à
ma transe. (Peu de temps auparavant, j’avais commencé à entrer dans des
transes particulièrement profondes comparées aux précédentes, et Seth
avait suggéré à Rob de prononcer trois fois mon nom.) Seth a dit : « Ce
soir, vous êtes parvenu un peu au-delà de la personnalité par laquelle je me
fais habituellement connaître de vous. Même si je continue à parler, mettez
fin à la transe. »
Rob m’a appelée plusieurs fois, sans obtenir de réponse. Puis il m’a
touché l’épaule et j’ai sursauté assez violemment. Cela a interrompu la
transe. Moi non plus je ne savais pas ce qui se passait. J’étais toujours
traversée par cette puissante énergie. J’avais l’impression que, si je me
levais, j’allais voler et traverser le mur, propulsée par cette force. J’avais la
sensation d’avoir une tête énorme, comme si mes oreilles se trouvaient à
plus d’un mètre de distance. Cette impression-là n’était pas nouvelle ; je
l’avais ressentie au cours de certaines expériences de temps-psy. Mais
tenter de contenir cette énergie était autre chose.
J’ai secoué la tête : « Ouah ! si jamais j’avais des doutes… quel que soit
ce qui est en train de se passer, ça ne vient pas de moi, pas de ma propre
personnalité. » Plus tard, dans mes notes personnelles, j’ai écrit : « […]
une immense énergie semblait me traverser, avec la nette certitude — Dieu
merci — qu’elle provenait d’au-delà de moi, et qu’en ce qui me concernait
elle se traduisait automatiquement en mots. Je perçois cela comme un
développement — presque — aussi signifiant que la première session avec
Seth. La sensation de contact était ici indéniable. J’avais le sentiment d’être
vraiment en relation avec une réalité englobant tout. »
Le mercredi soir suivant, j’étais un peu hésitante à mesure que l’heure de
la session approchait. Nous avons commencé à 21 heures pile, mais
instantanément Rob a su que ce ne serait pas une session « normale ».
D’abord, la voix était différente. Elle ressemblait beaucoup plus à ma
propre voix, pourtant ce n’était pas la mienne. Les intonations graves de
Seth, ses gestes et sa façon caractéristique d’employer les mots étaient
absents.
La voix était beaucoup plus douce que d’habitude. Rob a dû s’approcher
pour entendre tout ce qui était dit. « Le développement lors de la dernière
session était latent depuis notre première séance, mais il s’agissait d’un
développement qui pouvait se produire ou non. S’il n’avait pas eu lieu, cela
aurait bloqué de nombreux et importants développements futurs. Les points
où la voix [de Seth] était la plus forte et la plus puissante, ces points-là
représentaient souvent des ouvertures à travers lesquelles le développement
pouvait se produire. Pour des raisons diverses, cette méthode n’a cependant
pas été utilisée. L’énergie, voyez-vous, aurait été détournée de la voix dans
laquelle elle s’était déjà accumulée. »
La voix est devenue plus légère, presque chantante. « Les lois de
l’univers intérieur [que Seth nous avait données] ne sont pas des lois que
l’on trouve dans les livres. Ce sont des tentatives visant à expliquer par les
mots la nature de la réalité interne. Je dois démêler des concepts, les
dénouer, afin de les expliquer, et il y a forcément beaucoup de perte dans ce
processus.
« J’ai l’intention de mettre en œuvre ce matériau, chaque fois que c’est
possible, en vous aidant tous les deux à réaliser des expériences subjectives
qui étofferont les mots pour vous. Ces expériences varieront en fonction des
conditions, mais elles sont beaucoup plus possibles maintenant, après le
tout dernier développement des sessions.
« Chaque loi simple de l’univers intérieur que je vous ai donnée est en
réalité une petite formulation inadéquate, faite en termes unidimensionnels ;
c’est pourtant plus que ce qui est donné en général, et c’est la meilleure
approximation que l’on puisse donner des faits fondamentaux sous-jacents à
toute existence, la meilleure formulation que je puisse faire dans les
circonstances avec lesquelles nous devons travailler. De même que des mots
ne pourraient que fournir un petit indice de la réalité d’une couleur ou d’un
son à quelqu’un qui n’en a pas fait l’expérience, ils ne peuvent que donner
un aperçu de la nature de la réalité. J’espère, à travers l’adjonction
d’expériences subjectives de types divers, vous donner à sentir ces
concepts, quand c’est possible.
« Les sens intérieurs vous permettront, dans une certaine mesure, de
percevoir la réalité de l’existence interne et, dans ce nouveau
développement, Ruburt les utilise d’une manière plus efficace qu’avant. Il y
a certains changements dans la façon dont les connexions se font. Cela
donne à Ruburt un sentiment d’étrangeté. »
Je ne donne ici que certains extraits mais, durant ces passages, la voix
était devenue encore plus mélodieuse et neutre. Finalement, elle s’est
stabilisée : haut perchée, claire, distante et dénuée d’émotions.
« La personnalité Seth a été un intermédiaire, et un intermédiaire
légitime. Les informations qui vous ont déjà été données concernant la
nature des formes changeantes de personnalité doivent aider à ce que ce
développement paraisse adéquat. Seth est ce que je suis, pourtant je suis
plus que ce qu’est Seth. Seth est cependant indépendant, et il continue de se
développer, tout comme je le fais. Dans le Présent spacieux, nous existons
tous deux.
« Il peut vous présenter certaines parties du matériau plus clairement que
moi. » Rob a brusquement levé les yeux à ce moment-là. Si Seth n’était pas
en train de parler, qui le faisait ?
« Bien que j’aie été la source du matériau [dans les dernières sessions],
Seth, tel que vous le concevez, était par moment un partenaire silencieux,
aidant Ruburt à faire les traductions correctes, tout en se mettant de côté de
façon personnelle. Auparavant [dans les sessions antérieures], Seth
interprétait du matériau venant de moi, de manière à ce que Ruburt puisse le
recevoir.
« Vous pouvez vous reposer. Seth, tel que vous le connaissez, sera
toujours un élément dans ces sessions. Il est le connecteur entre nous, et il a
été une partie de moi que je vous ai envoyée. Il a participé de son plein
gré. »
Ici, nous avons fait une pause et je suis sortie de transe assez facilement.
Cela m’a donné l’opportunité de raconter à Rob quelque chose qui s’était
passé juste avant le début de la session. J’avais eu l’impression qu’un cône
descendait au-dessus de ma tête. Je ne pensais pas qu’un vrai cône
physique était là, mais l’idée de cette forme était nette. La partie large avait
à peu près la taille de ma tête, celle étroite se trouvait en haut, comme une
pyramide.
Depuis lors, j’ai souvent eu cet effet de cône, chaque fois dans ce genre
de session. Juste après la pause, j’ai recommencé à sentir cette immense
énergie tandis que la nouvelle voix parlait. « Vous avez toujours été en
contact avec moi, mais vous étiez seulement capable de “voir” une portion
de moi. Gardez à l’esprit le fait que tous les noms sont arbitraires, et que
nous les employons simplement pour votre commodité. Au fond, le nom de
Seth, ou le mien, importe peu. L’individualité est importante, et elle se
poursuit selon des modes insoupçonnés de vous.
« De la plus importante des façons et de la seule qui soit fondamentale, je
suis Seth, me dispensant de certaines caractéristiques qui sont les miennes,
dont je me suis servi pour vous contacter. La personnalité Seth, encore une
fois, est légitime et indépendante, et elle est une partie de mon identité. Seth
apprend, tout comme moi.
« Uniquement en tant qu’analogie vous pourriez m’appeler un Seth futur,
Seth dans un état “plus élevé” de développement. Cela ne doit pas
cependant être pris au sens littéral du terme, puisque nous sommes tous
deux complètement indépendants et que nous existons simultanément.
« Il y a des raisons pour lesquelles ces connexions particulières ont été
faites. Il y a des évènements qui nous unissent et qui ont servi de points
charnières dans le développement de nos diverses personnalités. De façon
assez étrange, ce que je suis maintenant est lié à ce que vous êtes.
« Il y a des points de contact qui n’ont rien à voir avec le temps tel que
vous le connaissez et qui sont signifiants pour toutes les personnalités ; des
origines d’une énergie nouvelle qui viennent à exister du fait de fortes
capacités médiumniques latentes à l’intérieur des moi individuels. À ces
points-là, des conglomérats entiers de nouvelles unités-moi prennent
naissance, trouvant leur origine comme nous venons de le dire dans la
phrase précédente. Ces unités-moi se dispersent ensuite et suivent leur
propre chemin, mais l’origine commune et la force de cette naissance
psychique initiale demeurent. »
(Ici, j’ai eu des images visuelles intérieures, comme des étoiles en train
de naître — une tentative, selon moi, pour traduire les données en termes
visuels reconnaissables.)
« Celles-ci [ces personnalités] peuvent se développer de manière
totalement différente et dans des dimensions diverses, mais une forte
attraction d’empathie existe entre elles. Il y a un point de contact où la
connaissance peut être communiquée depuis ces diverses dimensions et,
pour des raisons qui sont trop nombreuses pour les évoquer maintenant,
Ruburt se trouve dans les coordonnées appropriées pour qu’une telle
communication ait lieu.
« Bien que se produisant dans votre temps, cette communication est
néanmoins responsable, dans d’autres dimensions, de ce que vous
appelleriez de futurs développements dans vos propres personnalités, que
vous pouvez à votre tour contacter. Je vous regarde rétrospectivement
comme étant les moi d’où j’ai jailli ; je suis cependant plus que la somme
de ce que vous serez lorsque vous en aurez terminé avec les dimensions et
les temps que j’ai connus.
« Car je me suis totalement extrait hors de vous et je vous serais
totalement étranger, en vos termes. Le fait que vous puissiez même me
contacter est un développement on ne peut plus remarquable. Pourtant, si
vous n’aviez pas été capable de me contacter, je ne serais pas ce que je
suis. »
Ici, la voix était très distante, haut perchée et claire. Elle ressemblait si
peu à la voix habituelle de Seth que Rob était encore interloqué. « Je suis
toutefois plus que cette portion de moi que vous contactez, car celle-ci n’est
qu’une portion de moi qui a fait l’expérience de cette réalité-là. Il est donc
extrêmement important que ce matériau ne soit pas déformé, car la plupart
des communications ont lieu à des niveaux très différents de celui-ci — et
qui sont si étroitement liés à votre propre système que même les données les
moins “déformées” le sont fortement, parce que les communicants eux-
mêmes ne comprennent pas qu’ils créent les réalités qu’ils décrivent
ensuite.
« J’ai fait de mon mieux pour vous donner une compréhension qui serve
de base à de futures sessions. Seth tel que vous le connaissiez sera aussi
Seth tel que vous le connaissez, car, que je m’exprime moi-même ou à
travers lui, il demeure l’intermédiaire et la connexion entre nous. En outre,
il apparaîtra encore, tel que vous l’avez connu. Il y a des éléments
émotionnels qui sont nécessaires et qui lui sont propres.
« Ma structure de personnalité est très différente — très satisfaisante pour
moi, mais totalement inhabituelle pour vous. […] Je ne veux pas que vous
ayez le sentiment que je vous ai enlevé un ami. Je suis aussi un ami. À bien
des égards, je suis le même ami. D’autres portions de moi sont occupées
ailleurs, car je suis conscient de ma propre existence dans d’autres
dimensions ; je ne perds pas leur trace et je dirige mes nombreux moi. »
Quand la session s’est terminée, Rob et moi sommes restés assis à parler.
« C’est fou, ai-je dit. Quand nous avons une session normale avec Seth, j’ai
un peu le sentiment qu’il prend le dessus, même si je n’aime pas cette
expression. Pourtant, avec cette personnalité-ci, je vais quelque part, hors
de moi, et j’ai l’impression d’entrer en contact avec elle dans une sorte de
nulle part, en laissant mon corps vide. Je ne sais pas comment je parviens
là-bas, où que soit ce là-bas, ni comment j’en reviens. »
Rob a hoché la tête. D’une certaine manière, nous nous sentions tous
deux presque tristes. Je pense que nous avions peur que nos sessions
régulières avec Seth aient pris fin, remplacées par les nouvelles.
« D’ailleurs, a dit Rob, comment allons-nous appeler cette nouvelle
personnalité ? » Nous savions qu’au fond cela n’avait pas de sens, mais
nous ressentions le besoin d’un nom, d’une étiquette. En quoi exactement
cette nouvelle personnalité était-elle différente de Seth ? Que pouvait-elle
faire, et pas Seth ? « Je préférerais qu’elle soit plus masculine ou féminine,
ai-je dit. Une personnalité neutre paraît tellement étrange. »
Certaines de nos questions ont trouvé réponse au cours de la session
suivante, la 419 e, du 8 juin 1968. Juste avant qu’elle débute, j’ai commencé
à sentir à nouveau l’effet pyramide. J’ai grimacé, un peu embarrassée, et je
me suis décalée pour m’asseoir directement en dessous de l’endroit où je
sentais que la pyramide s’était positionnée. Puis la séance a débuté. Pat
Norelli, un ami, était présent.
« Je vous ai dit qui nous sommes. Nous sommes Seth et, chaque fois que
nous avons parlé, nous nous sommes fait connaître en tant que Seth.
L’entité a commencé avant l’émergence de votre temps. Avec beaucoup
d’autres entités, elle a joué un rôle clé dans la première formation d’une
énergie en une forme physique. Dans cette entreprise, nous ne sommes pas
seuls, car, au cours de vos siècles, d’autres entités comme nous sont
également apparues et ont parlé.
« Notre entité se compose de moi innombrables, ayant leur propre
identité, et beaucoup d’entre eux ont œuvré en ce sens. Leur message sera
toujours fondamentalement le même, bien que le temps et les circonstances
de leurs communications puissent différer et être colorés en conséquence.
« Nous avons appris à l’être humain à parler avant que la langue ne
connaisse les syllabes. Nous adoptons toute caractéristique de personnalité
qui semble pertinente, car, dans notre propre réalité, nous avons une banque
de moi intérieurs complets et nous sommes tous Seth. Nous tentons de
traduire des réalités en des termes que vous pouvez comprendre. Nous
changeons notre visage et notre forme, mais nous sommes toujours un.
Beaucoup d’entre nous ne sont pas nés dans la chair, et c’est mon cas.
D’une certaine façon, nous nous sommes semés dans une infinité d’univers.
« Physiquement, vous trouveriez que j’ai une masse plus petite que celle
d’une noisette, car mon énergie est tellement concentrée. Elle existe dans
une masse intensifiée… peut-être comme une cellule infinie existant dans
d’innombrables dimensions en même temps et s’étendant de sa propre
réalité vers toutes les autres.
« Pourtant, dans cette si petite masse, ces intensités contiennent des
mémoires et des expériences enroulées électromagnétiquement les unes
dans les autres, et à travers lesquelles je voyage — comme je peux voyager
à travers d’autres moi que j’ai connus, qui sont une portion de mon identité
et qui sont cependant merveilleusement non prédéterminés, car vous
n’existez pas au sein de ma mémoire en tant que personnalités achevées,
mais vous grandissez à l’intérieur de ma mémoire.
« Vous grandissez dans ma mémoire comme un arbre se développe dans
l’espace, et ma mémoire change à mesure que vous changez. Le souvenir
que j’ai de vous inclut vos moi probables, et toutes ces coordonnées existent
simultanément en un point qui n’occupe aucun espace. […]
« Je vous ai dit que la personnalité de Ruburt agit comme une distorsion
dans les dimensions. Dans certaines coordonnées, cette distorsion existe à
des points particuliers qui servent d’entrées. D’une manière générale, sa
personnalité se forme à partir de composants existant dans de nombreuses
réalités, et elle forme un point culminant, un apex. Une fenêtre ne peut pas
voir à travers elle-même, mais vous pouvez voir à travers elle. La
personnalité de Ruburt […] est donc transparente de ce point de vue. »
La session suivante nous a montré à quel point ce nouveau
développement pouvait être différent. Elle m’a aussi fichu la frousse,
pendant quelques instants du moins. Cela mis à part, elle nous a surtout
ouvert les yeux à de nouvelles possibilités d’expérience et montré un autre
phénomène qui pouvait se produire dans le cadre d’une session.
Notre ami Phil — le représentant dont j’ai déjà parlé — a débarqué ce
soir-là : nous avons commencé à 21 heures, comme d’habitude. Seth a
parlé à Phil de quelques sujets concernant ses affaires et il a répondu à
plusieurs questions que Phil s’était posées. Pourtant, pendant la pause, j’ai
ressenti l’effet pyramide, maintenant familier, et quand nous avons repris,
l’autre personnalité a commencé à parler.
Après la voix grave de Seth et ses gestes vivants, la transition a beaucoup
surpris Phil qui n’avait encore jamais entendu parler l’autre personnalité.
Mon corps était à présent presque comme une marionnette, et mon visage
était dénué d’expressions. Juste avant que la voix ne commence à
s’exprimer, j’ai senti ma conscience aspirée vers le haut, à travers la
pyramide invisible, comme un courant d’air s’élevant dans un tuyau. Rien
n’indiquait cependant que quoi que ce soit d’autre était sur le point de se
produire.
La voix a dit : « Vous êtes comme des enfants qui jouent, et vous pensez
que tout le monde joue le même jeu. La vie physique n’est pas la règle.
L’identité et la conscience existaient longtemps avant que votre Terre ne se
forme. Vous voyez des corps physiques et vous supposez que toute
personnalité doit apparaître en termes physiques. La conscience est la force
derrière la matière, et elle forme de nombreuses autres réalités, qui ne sont
pas physiques. C’est uniquement parce que votre propre point de vue est
actuellement si limité qu’il vous semble que la réalité physique est à la fois
la règle et le mode de l’existence.
« La source et la puissance de votre conscience présente n’ont jamais été
physiques, et là où je suis beaucoup ne se rendent même pas compte qu’un
tel système physique existe. Le système physique est une illusion, mais
vous devez l’accepter et, à partir de ce point de vue, essayer de comprendre
les réalités qui existent au-delà de lui. Les illusions sont réelles puisqu’elles
existent. Votre réalité n’est simplement pas l’une de celles que j’ai
recherchées, et l’un des objectifs de ma participation à ces sessions est de
familiariser celui appelé Ruburt avec le voyage intérieur. Il doit quitter le
système physique et, ce faisant, mettre en place des habitudes et des voies
dont il pourra tirer avantage. »
Personne ne pensait rien de particulier à propos de cette dernière
déclaration, jusque plus tard dans la soirée. La voix a poursuivi pendant
quelque temps et j’ai eu un peu de difficulté à « revenir ». Je me sentais
suspendue dans l’obscurité, quelque part loin au-dessus, mais je me rendais
compte aussi que Seth était tout proche. Quelques minutes se sont écoulées.
Seth s’est soudain manifesté, à voix haute et claire. Le contraste entre les
deux personnalités était si marqué que même Rob en a été stupéfait. Seth a
commencé à plaisanter. « Maintenant que “Big Brother” a dit ce qu’il avait
à dire, je vais vous ramener notre Ruburt. »
Je suis alors sortie de transe assez facilement. Nous avons bavardé
pendant un moment, puis la session a repris, m’amenant à vivre l’une des
expériences les plus marquantes de ma vie. Comme elle est assez difficile à
décrire, je vais d’abord donner la transcription de ce que « l’autre voix »
disait.
« Les portions intérieures de votre propre identité et de votre réalité vous
sont inconnues, car vous ne pouvez pas les objectiver, et vous ne les
percevez donc pas. Vous utilisez tellement d’énergie dans ces productions
physiques que vous ne pouvez pas vous permettre de percevoir une autre
réalité que la vôtre. Encore une fois, comme des enfants qui jouent avec des
cubes, la focalisation de votre attention se porte sur des cubes physiques.
« Il y a d’autres silhouettes et d’autres formes que vous pourriez
percevoir et ne percevez pas. Même pour vous expliquer d’autres réalités, je
dois employer les mots “silhouette” et “forme”, sinon vous ne me
comprendriez pas. Vos mathématiques viennent de nous ; une ombre des
vraies mathématiques, car, ici encore, vous avez insisté sur des réalités qui
enferment. Votre idée du progrès est de construire avec des blocs plus
grands. Aucun de nous ne penserait pourtant à démolir à coups de pied vos
constructions de cubes, par courroux, ou à vous dire de mettre de côté vos
jouets d’enfants, même si, un jour ou l’autre, vous le ferez.
« Plus tard, selon votre temps, vous baisserez tous le regard vers le
système physique, tels des géants regardant à travers de petites fenêtres
ceux qui se trouveront alors à votre place, et vous sourirez. Mais vous ne
voudrez pas rester ni vous faufiler à travers les petites ouvertures. […] Nous
protégeons ces systèmes. Notre connaissance et notre énergie,
fondamentales et anciennes, s’étendent automatiquement jusqu’à nourrir
tous les systèmes qui se développent… »
Ici, j’ai hurlé et commencé à trembler violemment. Rob a pensé que mon
lourd fauteuil à bascule était sur le point de se renverser. Phil et lui ont
bondi sur leurs pieds, Phil renversant son verre de bière au passage. Rob
m’a frotté les mains et tenté de me faire sortir de transe.
Voici maintenant un extrait de mes propres notes, écrites plus tard, le
même soir :
« Quand la personnalité a comparé la réalité physique à des cubes pour
enfants, il a fait une remarque à propos d’individus revenant dans notre
futur pour jeter un coup d’œil dans la réalité physique, comme des géants
baissant les yeux pour observer des enfants en train de jouer sur le sol avec
des cubes. (Pendant que la voix parlait, j’avais les yeux fermés, bien sûr, et
je ne me souviens pas de ce que la voix disait, mais j’ai vérifié par la suite
avec le compte rendu de la session pris par Rob, mot à mot.) À ce moment-
là, quelque part, j’ai soudain vu le visage d’un géant en train de jeter un
coup d’œil dans notre salon, avec son visage emplissant toute la fenêtre.
L’instant d’après, mon propre corps, la pièce et tout ce qui s’y trouvait
ont commencé à grandir, jusqu’à atteindre une taille immense. Mon corps
est devenu massif. Je pouvais sentir à l’intérieur de moi mes organes
grandir. Dans le même temps, tous les meubles — absolument tout —
devenaient de plus en plus grands. On aurait dit que la pièce était à présent
suffisamment vaste pour englober toute la ville. Pourtant, tout se dilatait en
proportion, gardant sa forme habituelle. »
Je n’avais pas l’impression que c’était comme si cela se produisait. Pour
moi, cela se produisait réellement. J’ai tout simplement paniqué et
commencé à hurler. Il a fallu quelques minutes à Rob pour me sortir de
transe mais, à ce moment-là, j’ai eu honte de moi. Je me suis sentie
vraiment lâche.
Rob était inquiet pour moi et se demandait si je devais continuer la
session mais, maintenant, j’étais réellement embarrassée d’avoir fait un tel
tapage, et je savais que l’expérience était signifiante. Je suis à nouveau
entrée en transe mais, très vite, j’ai dû l’interrompre à nouveau.
Voici quelques extraits des notes de Rob, juste avant que la session
reprenne :
« J’espérais que c’était la fin de la session mais, à l’évidence, Jane
voulait continuer ou, du moins, était disposée à continuer, malgré cette
expérience troublante. J’ai essayé de l’en dissuader, mais ses yeux
n’arrêtaient pas de se fermer. […]
« Je suis en train de monter vers l’autre type, a-t-elle dit. Je viens juste
de passer Seth et il a plaisanté avec moi, disant quelque chose à propos
d’une expérience massive. »
« Pourquoi est-ce que tu ne redescends pas, tout simplement ? », ai-je
demandé. Elle a répondu : « Je ne sais pas comment faire. »
22 h 55. Jane a repris, avec la voix haut perchée, distante et très
formelle, à présent familière. »
« Les cubes de réalité physique vous semblent très réels quand vous
demeurez à l’intérieur de leur perspective. Votre Ruburt a fait l’expérience
d’une transmigration de systèmes. Celle-ci n’était pas censée être
déplaisante. C’était son interprétation subjective qui l’était. Il a d’abord pris
part à une aventure microscopique. La conscience n’occupe aucun espace
— vous devez le comprendre. Ensuite, il est à nouveau entré dans votre
propre système de cubes physiques et, par contraste, ce système a alors paru
immense et monstrueux.
« Quand nous établissons le contact, la conscience et la personnalité de
Ruburt, sous une forme concentrée, entreprennent un voyage — en vos
termes, comme un point dans l’espace —, la conscience réduite à son
essence. Et à partir de son expérience, nous le laissons retomber dans le
système physique. Les cubes des enfants deviennent alors massifs, par
contraste… c’était une expérience au niveau des concepts. »
Durant ce monologue, mon expérience subjective se poursuivait. Encore
une fois, je ne me rendais pas compte de ce que la voix disait, et c’est
seulement après coup que j’ai compris que mes expériences suivaient en
parallèle le sens de ce qui était exprimé. Voici quelques passages provenant
de mes notes :
« J’ai commencé à percevoir la nature microscopique de notre univers
physique, comparativement… c’est extrêmement difficile d’en rendre
compte avec des mots. Cela s’est accompagné d’un sentiment momentané
de désolation — qui était mien, je pense. J’ai toujours conscience de la
forme pyramidale au-dessus de moi juste avant que cette personnalité
s’exprime. D’habitude, je “m’élève” à travers elle. Cette fois-ci, cependant,
à l’extrémité étroite, loin au-dessus de moi, j’ai vu la même tête de géant,
regardant en bas la pièce et moi, comme à travers un microscope. Si le
salon et tout ce qui s’y trouvait se mettaient à rétrécir de façon aussi
réaliste qu’ils s’étaient dilatés auparavant — et je voyais bien que c’était le
cas —, je n’étais tout simplement pas prête à en faire l’expérience.
J’ai essayé de retrouver ma voix pour dire à Rob que je voulais mettre fin
à la session, mais l’autre personnalité s’en servait. Dans tout cela,
j’emploie le terme “je”, mais “je” faisait tellement partie de l’action qu’il
m’était difficile de m’en dissocier. À ce moment-là, voulant quitter
l’expérience, j’ai tenté à nouveau d’utiliser ma propre voix.
Et cette fois-ci, je “me suis trouvée”, je me suis ressaisie, et j’ai récupéré
mes cordes vocales pendant que l’autre personnalité marquait une pause.
C’est là que j’ai vu le visage du géant regarder à travers la pyramide au-
dessus de moi. Dans l’épisode précédent, j’avais hurlé involontairement.
Dans celui-ci, j’ai découvert qu’il y avait moyen de retrouver ma propre
voix et de mettre fin à l’expérience. Avec Seth, ce genre de question ne s’est
jamais posée. Il n’y a eu aucune pression sur moi de la part de l’autre
personnalité pour continuer l’expérience (…), mais j’avais à apprendre
comment y mettre fin moi-même quand je le voulais.
Je ne crois pas que l’autre personnalité ait compris que l’expérience était
déplaisante pour moi ou, d’ailleurs, que des termes de ce genre aient le
moindre sens pour elle. En ce qui la concernait, l’information était donnée
en certains termes — point final. Je ne sais même pas si elle se rendait
compte de mes réactions.
Dans son ensemble, tout ça était quand même très surprenant. Si un
psychologue veut dire que tout cela était simplement une hallucination,
alors il va devoir admettre que c’était loin d’être au hasard, mais au
contraire bien dirigé, visant juste et pour un but. Le fait de me fondre dans
l’action au cours de l’épisode de l’expansion a tout d’abord été effrayant.
L’un dans l’autre, j’imagine avoir assez bien réagi et mis fin à cette chose
dans la seconde phase, quand j’ai décidé que j’en avais assez pour la
soirée. La deuxième fois, je n’ai pas été simplement ballottée, bon gré mal
gré ; j’ai interrompu la transe par anticipation des expériences qui, je le
savais, allaient arriver. J’ai donc tiré leçon de la première situation. »
Cette session s’est déroulée il y a plus d’un an. Nos séances habituelles
avec Seth continuent, et cette autre personnalité s’exprime uniquement de
temps à autre. Nous y faisons référence en tant que Seth 2. Souvent, ces
sessions-là m’amènent à avoir un certain type d’expérience subjective,
même si, à présent, j’apprends comment me conduire quand cela se produit.
Un jour, par exemple, pendant une pause, Rob se demandait tout haut
comment c’était d’être non physique. Quand la session a repris, je me suis
sentie apparemment en suspension dans l’espace, pleinement alerte et
consciente — mais sans corps. Pour ce que j’en savais, je n’avais pas de
forme, mais j’avais une complète liberté de mouvement — quelque chose
comme de l’air conscient. Cette fois-là, je n’ai pas eu peur, comprenant que
nous étions en train d’obtenir une réponse à la question de Rob. Au cours
de cette expérience, la voix dénuée d’émotions, mélodieuse et distante
expliquait à quoi ressemble une existence non physique.
La différence entre les deux personnalités s’est faite particulièrement
apparente dans une session qui s’est déroulée lors d’un récent cours de
perception extrasensorielle pendant laquelle Seth était on ne peut plus
jovial, manifestant un intérêt personnel pour chaque étudiant. Comme
d’habitude dans ces moments-là, mon visage était très animé et les gestes
caractéristiques de Seth étaient particulièrement visibles. Après s’être
adressé à chaque élève individuellement pendant quelques instants, Seth a
dit, avec une touche d’humour : « Je viens ici, je l’espère, en tant que
personnalité “attachante”, ayant des caractéristiques qui ont un sens pour
vous.
« Maintenant, ces caractéristiques sont miennes et je suis qui je dis être.
Et pourtant, le Seth que vous connaissez n’est qu’une petite portion de ma
réalité… la partie qui a été physique et qui peut comprendre vos problèmes.
« Mais au-delà de ce moi, il y a un autre moi, et encore un autre, dont je
suis pleinement conscient. Et pour ce moi-là, la réalité physique est comme
une bouffée de fumée dans l’air… et il n’a pas besoin des caractéristiques
que vous connaissez et que vous considérez comme étant les miennes. »
Sa voix avait été vibrante et pleine, forte et retentissante. Ensuite, il y a
eu une pause et, pour la première fois, l’autre personnalité s’est manifestée
durant le cours. Tous les gestes et traits particuliers de Seth ont disparu.
Instantanément, cette voix haut perchée, distante et asexuée s’est mise à
parler. Elle est presque musicale, sans inflexion, comme de simples notes.
« Et ce moi vous dit qu’au-delà de la réalité et de l’expérience humaines il y
a une réalité qui ne peut être verbale ni traduite en termes humains. […]
« Bien que ce type d’expérience puisse vous sembler froide, c’est une
existence claire comme du cristal, dans laquelle l’expérience ne requiert
aucun temps… dans laquelle le moi intérieur condense toute la
connaissance humaine qui a été reçue à travers diverses existences et
réincarnations… car tout cela a été codé et existe de façon indélébile. Vous
aussi existez maintenant à l’intérieur de cette réalité. […]
« Sachez que maintenant, à l’intérieur de vos atomes physiques, les
origines de toute conscience chantent encore, et que toutes les
caractéristiques humaines par lesquelles vous vous connaissez existent
encore. […]
« Je suis donc le Seth qui est au-delà du Seth que vous connaissez. Et en
moi la connaissance et la vitalité de ce Seth-là résonnent encore. En vos
termes, je suis un Seth futur, mais ces termes n’ont aucun sens pour moi.
« Nous vous avons donné des images mentales et, sur ces images, vous
avez appris à former le monde que vous connaissez. Nous vous avons
donné le schéma selon lequel vos moi physiques sont formés. Nous vous
avons donné les schémas complexes, élaborés et bénis à partir desquels
vous formez la réalité de chaque chose physique que vous connaissez.
« La plus infime cellule à l’intérieur de votre cerveau a été faite à partir
des schémas de conscience que nous vous avons donnés. La trame de travail
tout entière a été lancée par nous. Nous vous avons enseigné à former la
réalité que vous connaissez. »
Chapitre 18

Le concept de Dieu,
la Création, les trois Christ

Voici, formulé avec simplicité, l’un des passages qui expliquent de


manière concise le concept de Dieu selon Seth :
« Il n’est pas humain en vos termes, bien qu’il soit passé par des phases
humaines ; et ici, le mythe bouddhiste propose l’approximation la plus
proche de la réalité. Il n’est pas un individu, mais un ensemble changeant
d’énergie.
« Si vous vous souvenez de ce que j’ai dit à propos de la façon dont
l’univers s’étend, et que cela n’a rien à voir avec l’espace, vous pouvez
peut-être vaguement percevoir l’existence d’une pyramide psychique de
conscience en corrélation et en expansion perpétuelle, créant simultanément
et instantanément des univers et des individus auxquels sont attribués — par
les dons d’une perspective personnelle — une durée, une compréhension
psychique, une intelligence et une validité éternelle.
« Cet ensemble psychique changeant, absolu, instantané et toujours en
expansion — que vous pouvez nommer Dieu, si vous préférez — est
tellement assuré de son existence qu’il peut constamment se morceler et se
reconstruire.
« Son énergie est si incroyable qu’elle forme en fait tous les univers ; et
comme son énergie est à l’intérieur de tous les univers, systèmes et
domaines, ainsi que derrière eux, il est vraiment conscient de chaque
passereau qui tombe, car il est de fait chaque passereau qui tombe. »
Toutefois, comme nous l’avons déjà mentionné, le matériau de Seth ne
laisse pas de côté les questions plus profondes ayant trait au
« commencement » de la conscience et de la réalité. Je pense sincèrement
que ce matériau particulier a vraiment sa place parmi les meilleurs écrits
métaphysiques de notre temps. Pour cette raison, je vais poursuivre ce
chapitre avec des extraits des sessions 426, 427 et 428, dans lesquelles Seth
commence par une explication plus complète de l’espace, du temps et des
réalités probables, avant de nous entraîner dans une discussion au sujet de
Dieu.
« Votre idée de l’espace et du temps est déterminée par votre structure
neurologique.
« Le camouflage est si habilement réalisé et créé par le moi intérieur que
vous devez, par nécessité, focaliser votre attention sur la réalité physique
qui a été créée. Les drogues psychédéliques modifient le mécanisme
neurologique et peuvent donc donner quelques légers aperçus d’autres
réalités.
« Ces réalités existent, bien sûr, que vous les perceviez ou non. En fait, le
“temps” existe au moment où les impulsions franchissent les terminaisons
nerveuses. Vous devez à ce moment-là faire l’expérience de laps de temps,
puisqu’il ne s’agit pas d’une procédure simultanée. Le passé, le présent et le
futur paraissent extrêmement convaincants et logiques quand il doit y avoir
un intervalle entre chaque expérience perçue.
« Dans beaucoup d’autres structures de personnalité, cet intervalle
n’existe pas. Les évènements sont perçus simultanément. Les réactions sont
elles aussi pratiquement instantanées, en vos termes. La croissance et le défi
ne se présentent pas en termes d’accomplissement ou de développement
dans le temps, mais plutôt en termes d’intensités. Une telle personnalité est
capable non seulement de réagir à un évènement A et de l’apprécier, disons,
dans votre temps présent, mais d’en faire l’expérience et de le comprendre
dans toutes ses ramifications et probabilités.
« À l’évidence, ces personnalités ont besoin de bien plus que les
systèmes neurologiques dont vous êtes actuellement pourvus. Votre système
neurologique est physique, mais il est basé sur vos propres capacités
intérieures telles qu’elles sont “maintenant”. C’est la matérialisation d’une
structure psychique intérieure. De nombreuses structures de personnalité
n’ont pas besoin d’un cadre de perception matérialisé, mais une
organisation psychique intérieure est toujours présente.
« Nombre de personnalités feraient l’expérience de votre temps tel que
vous le concevez — passé, présent et futur — entièrement comme un
présent. Votre passé, votre présent et votre futur seraient pourtant vécus
entièrement comme un passé par d’autres structures de personnalité.
« Imaginez donc le passé, le présent et le futur comme une simple ligne
formant le tracé d’une expérience, en vos termes ; la ligne se poursuivant
toutefois indéfiniment. D’autres structures de personnalité, provenant
d’autres dimensions, pourraient alors, théoriquement, l’observer à partir
d’une infinité de points de vue. Mais c’est bien plus que cela. Cette ligne
unique [représentant l’expérience physique] n’est que le fil de surface le
long duquel vous semblez voyager. Vous percevez tout le fil, alors, quand
vous imaginez d’autres dimensions, vous êtes obligé de penser en termes
d’observateurs largement au-dessus du fil, jetant un regard sur lui depuis
n’importe quel point de vue donné.
« En réalité, toujours en suivant cette image, et seulement en tant
qu’analogie, il y aurait aussi un nombre infini de fils à la fois au-dessus et
en dessous du vôtre, faisant tous partie d’un seul réseau inconcevablement
miraculeux. Chaque fil ne serait pourtant pas unidimensionnel, mais aurait
de nombreuses dimensions, et on peut concevoir que, si vous saviez
comment faire, il existerait des moyens de passer à saute-mouton d’un fil à
un autre. Vous ne seriez pas forcés d’en suivre un en particulier de façon
purement linéaire.
« Maintenant, il y a des personnalités suffisamment développées pour
faire cela. Chaque saut, pour ainsi dire, forme un nouveau fil. En
poursuivant notre analogie, imaginez que vous êtes le moi A. Nous allons
vous faire débuter dans la réalité physique sur le fil A, même si vous avez
déjà traversé de nombreux autres fils pour arriver là où vous êtes.
« Sans raccourcis, ou même avec une progression moyenne, ce moi A
parcourrait le fil A le long d’une ligne étroite allant vers l’infini. Toutefois,
à un certain point, le fil A se transformerait en B. De la même manière, le
fil B se transformerait en fil C, et ainsi de suite. À un certain stade,
inconcevable, tous les fils seraient traversés. Maintenant sur le fil A, le moi
A ne se rendrait pas compte, dans son présent, des moi “futurs” sur les
autres fils. Ce n’est qu’en rencontrant l’un de ces autres moi qu’il peut
prendre conscience de la nature de l’étrange structure à travers laquelle il
voyage.
« Il y a cependant un moi qui a déjà parcouru ces routes, et dont les
autres moi ne sont qu’une partie. Celui-ci, dans des rêves et dans des
conditions de dissociation, communique avec les divers moi “ascendants”.
À mesure qu’il grandit en termes d’accomplissement de valeurs, ce moi
peut devenir conscient des voyageurs sur les autres fils, qui lui paraîtront
être des moi futurs.
« Tout cela a l’air compliqué, mais c’est simplement parce que nous
devons avoir recours aux mots. J’espère qu’intuitivement vous serez
capables de le comprendre. Pendant “ce temps”, le moi complet forme de
nouveaux fils d’activité, voyez-vous. Les structures qu’il laisse “derrière”
lui peuvent être utilisées par d’autres.
« Le but est, tout simplement, d’être en tant qu’opposé au non-être. Je
vous dis ce que je sais, et il y a beaucoup de choses que j’ignore. Je sais
qu’il faut s’aider les uns les autres, et que l’extension et l’expansion aident
à être.
« Maintenant — et cela semblera comme une contradiction dans les
termes —, il y a le non-être. C’est un état ; pas un état de néant, mais un
état dans lequel les probabilités et les possibilités sont connues et
anticipées, mais voient leur expression bloquée.
« Vaguement, à travers ce que vous appelleriez “l’histoire”, presque
oubliée, un tel état a existé. C’était un état de souffrance dans lequel les
pouvoirs de la créativité et de l’existence étaient connus, mais les moyens
de les produire étaient inconnus.
« C’est la leçon que Tout-ce-qui-est avait à apprendre, et cela ne pouvait
être enseigné. C’est la souffrance d’où a été tirée la créativité, et on en voit
encore le reflet. »
En général, lorsque Seth s’adresse à des étudiants habitués à penser en
termes théologiques, il utilise rarement le mot « Dieu ». Il parle plutôt de
« Tout-ce-qui-est » ou de « gestalts d’énergie première [2] ».
« Une partie de cette discussion est forcément déformée, car je dois vous
expliquer cela en termes de temps, tel que vous le comprenez. Je vais donc
parler pour vous d’un passé incroyablement lointain où ces évènements-là
se sont produits.
« Tout-ce-qui-est garde le souvenir de cet état, et cela lui sert
d’impulsion constante — en vos termes — vers une créativité renouvelée.
Chaque moi, en tant que partie de Tout-ce-qui-est, garde donc aussi le
souvenir de cet état. C’est pour cette raison que chaque conscience infime
est dotée d’une impulsion vers la survie, le changement, le développement
et la créativité. Il ne suffit pas que Tout-ce-qui-est, en tant qu’ensemble
changeant de conscience première — désire être davantage ; chacune de Ses
portions est également porteuse de cette détermination.
« Pourtant la souffrance elle-même a été utilisée comme un moyen, elle a
été une impulsion suffisamment forte pour que Tout-ce-qui-est ait mis en
place en Son sein les moyens d’être.
« Si — et cela est impossible — toutes les portions, à l’exception de la
toute dernière et plus minuscule “unité”, étaient détruites, Tout-ce-qui-est
continuerait, car, à l’intérieur de la portion la plus petite, se trouve la
connaissance innée de l’ensemble. Tout-ce-qui-est protège donc Lui-même,
ainsi que tout ce qu’Il a, ce qu’Il est et ce qu’Il créera.
« Quand je parle de Tout-ce-qui-est, vous devez comprendre ma position
en Son sein. Tout-ce-qui-est ne connaît pas d’autre. Cela ne signifie pas
qu’il ne peut pas y avoir plus à connaître. Tout-ce-qui-est ne sait pas si
d’autres ensembles psychiques comme Lui existent ou non. S’ils existent, Il
n’en a pas conscience. Il cherche constamment. Il sait que quelque chose
d’autre existait avant Son propre dilemme premier, quand Il ne pouvait pas
s’exprimer Lui-même.
« Il est alors concevable qu’Il ait évolué, en vos termes, il y a si
longtemps qu’Il en a oublié Son origine, qu’Il se soit développé à partir
d’un autre Primaire, qui a — à nouveau en vos termes — depuis longtemps
suivi Son propre chemin. Il y a donc des réponses que je ne peux pas vous
fournir, car elles sont inconnues dans le système dans lequel nous avons
notre existence. Nous savons que, dans ce système de notre Tout-ce-qui-est,
la création continue et que les développements ne sont jamais immobiles.
Nous pouvons déduire que, dans d’autres couches dont nous ne sommes pas
conscients, la même chose est vraie.
« Le premier état de douloureuse recherche pour s’exprimer peut avoir
représenté les affres de la naissance de Tout-ce-qui-est, tel que nous Le
connaissons. Supposez, à présent, que vous ayez possédé en vous-même la
connaissance de tous les chefs-d’œuvre de l’art et de la sculpture du monde,
que ceux-ci aient vibré en vous en tant que réalités, mais que vous n’ayez
eu aucun appareil physique ni aucune connaissance de la façon de les
réaliser ; qu’il n’y ait eu ni rocher, ni pigment, ni source de quoi que ce soit
et que vous souffriez du désir ardent de les produire. Cela, à une échelle
infinitésimale, vous donnera peut-être, en tant qu’artiste [s’adressant à Rob,
bien sûr], une certaine idée de la douleur et de l’impulsion qui étaient
ressenties.
« Le désir, le souhait et l’attente gouvernent toute action et sont la base
de toute réalité. C’est pourquoi, au sein de Tout-ce-qui-est, le souhait, le
désir et l’attente d’une créativité existaient avant toute autre réalisation. La
force et la vitalité de ces désirs et attentes sont alors devenues, en vos
termes, si insupportables que Tout-ce-qui-est a été amené à trouver les
moyens de les produire.
« En d’autres termes, Tout-ce-qui-est existait dans un état d’être, mais
sans les moyens de trouver une expression pour Son être. C’est l’état de
souffrance dont je parlais. Pourtant, il est douteux que, sans cette “période”
d’ardent désir contracté, Tout-ce-qui-est puisse concentrer suffisamment
Son énergie pour créer les réalités qui existaient en suspension probable à
l’intérieur de Lui.
« La souffrance et le désir de créer constituaient la preuve de Sa propre
réalité. Les sentiments, en d’autres termes, étaient, pour Tout-ce-qui-est,
une preuve adéquate qu’Il était.
« Au début, en vos termes, toute réalité probable existait en tant que rêves
nébuleux à l’intérieur de la conscience de Tout-ce-qui-est. Par la suite, la
nature non spécifique de ces “rêves” s’est faite plus particulière et plus vive.
Les rêves sont devenus reconnaissables les uns par rapport aux autres,
jusqu’à attirer l’attention consciente de Tout-ce-qui-est. Et, avec curiosité et
ardent désir, Tout-ce-qui-est a prêté plus d’attention à Ses propres rêves.
« Il leur a alors, à dessein, donné de plus en plus de détails, aspirant à
cette diversité et commençant à aimer ce qui n’était pas encore séparé de
Lui. Il a donné conscience et imagination à des personnalités alors qu’elles
n’étaient encore qu’à l’intérieur de Ses rêves. Elles aussi aspiraient à être
réelles.
« Des individus potentiels, en vos termes, ont donc eu une conscience
avant le début, ou avant tout début que vous connaissez. Ils réclamaient à
grands cris d’être lâchés dans la réalisation, et Tout-ce-qui-est, avec une
empathie indicible, en a cherché en Lui les moyens.
« Dans Son imagination massive, Il a compris la multiplication cosmique
de la conscience qui ne pouvait se produire à l’intérieur de ce cadre-là. La
réalisation était nécessaire pour donner naissance à ces probabilités. Tout-
ce-qui-est a vu alors une infinité d’individus probables, conscients, et prévu
tous les développements possibles, mais tout cela était enfermé en Lui,
jusqu’à ce qu’Il trouve les moyens.
« C’était, en vos termes, un dilemme cosmique fondamental, un dilemme
avec lequel Il s’est débattu jusqu’à ce que Tout-ce-qui-est soit
complètement impliqué dans ce problème cosmique et enveloppé par lui.
« S’il ne l’avait pas résolu, il aurait dû faire face à la démence, et il y
aurait eu, littéralement, une réalité dénuée de raison et un univers qui
fonctionnerait de manière sauvage.
« La pression venait de deux sources : des moi individuels conscients,
bien qu’encore probables, qui se découvraient eux-mêmes vivant dans un
rêve de Dieu, et du Dieu qui aspirait ardemment à les libérer.
« D’un autre côté, vous pourriez dire que la pression existait simplement
de la part du Dieu, puisque la création existait à l’intérieur de Ses rêves,
mais dans ces pyramides primaires d’ensembles changeants réside un
pouvoir si immense que même leurs rêves sont dotés de vitalité et de réalité.
« Cela, donc, est le dilemme de toute pyramide primaire d’ensemble
changeant : elle crée de la réalité. Tout-ce-qui-est a aussi reconnu à
l’intérieur de chaque conscience le potentiel massif qui existait. Les moyens
Lui sont alors venus. Il lui fallait libérer les créatures et les probabilités de
Son rêve.
« Le faire leur donnerait une réalisation. Cependant, cela signifiait aussi
“perdre” une portion de Sa propre conscience, car c’est à l’intérieur de cette
portion qu’elles étaient tenues dans l’asservissement. Tout-ce-qui-est a dû
lâcher prise. Tant qu’Il considérait ces individus comme étant Ses créations,
Il les retenait en tant que partie de Lui-même et leur refusait la réalisation.
« Les laisser aller, c’était “perdre” cette portion de Lui-même qui les
avait créés. Déjà, Il pouvait à peine suivre les myriades de probabilités qui
commençaient à émerger de chaque conscience séparée. Avec amour et
désir, Il a laissé partir cette portion de Lui-même ; elles ont été libres.
L’énergie psychique a explosé en un éclair de création.
« Tout-ce-qui-est a donc “perdu” une portion de Lui-même dans cet effort
créateur. Tout-ce-qui-est aime tout ce qu’Il a créé, jusqu’au plus infime, car
Il connaît le caractère cher et unique de chaque conscience qui a été extraite
d’un tel état et à un tel prix. Il est triomphant et joyeux à chaque
développement accompli par chaque conscience, car c’est un triomphe
supplémentaire contre ce premier état, et Il jouit et se réjouit du plus petit
acte créateur de chacune de Ses progénitures.
« De Lui-même et à partir de cet état-là, Il a donné vie à des infinités de
possibilités. À partir de sa souffrance, Il a trouvé le moyen de jaillir en
liberté, par l’expression, et, ce faisant, Il a donné existence à une conscience
individualisée. Voilà pourquoi Il jubile légitimement. Tous les individus se
souviennent cependant de leur source et rêvent maintenant de Tout-ce-qui-
est comme Tout-ce-qui-est rêvait d’eux autrefois. Et ils aspirent ardemment
à cette source immense… et aspirent à La libérer et à Lui donner une réalité
par leurs propres créations.
« La force motivante est encore Tout-ce-qui-est, mais l’individualité n’est
pas une illusion. Maintenant, vous offrez la liberté aux fragments de
personnalité à l’intérieur de vos propres rêves, de la même façon et pour la
même raison. Vous créez pour la même raison, et à l’intérieur de chacun de
vous demeure la mémoire de cette souffrance première — cette pulsion à
créer et à libérer dans une réalisation toute conscience probable.
« J’ai été envoyé pour vous aider, et d’autres ont été envoyés au cours des
siècles de votre temps, car, tandis que vous vous développez, vous formez
également de nouvelles dimensions et vous serez une aide pour d’autres.
« Ces connexions entre Tout-ce-qui-est et vous ne peuvent jamais être
coupées, et Sa conscience est si délicate et focalisée que Son attention est
réellement dirigée vers chaque conscience, avec l’amour d’un premier
créateur.
« Cette session doit être lue de nombreuses fois, car il y a des
implications qui ne sont pas évidentes au premier abord. »
En d’autres termes, la réalité selon Seth dépasse largement le cadre de la
réincarnation et du développement au sein du système physique que nous
connaissons. Nous avons de nombreuses sessions traitant de la nature
d’autres réalités, et des sessions portant sur la « cosmologie » qu’il est
impossible d’inclure dans ce livre par manque de place. L’un des points les
plus importants, je crois, est que Dieu Lui-même n’est pas statique. Des
passages entiers du matériau de Seth parlent des potentiels et constitutions
de la conscience lorsqu’elle se manifeste en molécules, en être humain et en
ensembles changeants de pyramides d’énergie. Toutes ces choses sont
intimement liées en un réseau cosmologique d’activité. Mais comme le dit
Seth : « Même cette pyramide globale d’ensembles changeants n’est pas
statique. La plupart de vos concepts de Dieu ont à voir avec un Dieu
statique, et c’est là l’une de vos principales difficultés théologiques. La
conscience, et l’expérience, de cet ensemble change et grandit
constamment. Il n’y a pas de Dieu statique. Quand vous dites « ceci est
Dieu », Dieu est déjà autre chose. J’emploie le terme « Dieu » par souci de
simplicité.
« Toutes les portions de Tout-ce-qui-est changent, enveloppent et se
développent constamment. En cherchant à se connaître, Tout-ce-qui-est crée
constamment de nouvelles versions de Lui-même. Car cette quête de Lui-
même est une activité créatrice et elle est le cœur de toute action.
« Les entités, étant action, se modifient et changent sans cesse. Il n’y a
rien d’arbitraire quant à leurs limites. Certaines personnalités peuvent faire
partie de plus d’une entité. Comme des poissons, elles peuvent nager dans
d’autres courants. Elles ont en elles la connaissance de toutes leurs
relations.
« Toute personnalité peut devenir une entité en elle-même. Cela exige
une connaissance extrêmement développée de l’utilisation de l’énergie et de
ses intensités. Les atomes ont une mobilité, et il en va de même des
structures psychologiques.
« En cherchant à se connaître elle-même, la conscience vous connaît
donc. Vous, en tant que conscience, cherchez à vous connaître, et vous
devenez conscient de votre moi en tant que portion distincte et individuelle
de Tout-ce-qui-est. Non seulement vous puisez dans cette énergie globale,
mais vous le faites automatiquement, puisque votre existence dépend de
Lui.
« Il n’y a pas de Dieu-individu personnel, au sens chrétien du terme, dit
Seth, et pourtant, vous avez accès à une portion de Tout-ce-qui-est, une
portion qui est en profonde résonance avec vous. […] Il y a une portion de
Tout-ce-qui-est qui est orientée et focalisée à l’intérieur de chaque individu,
et qui réside dans chaque conscience. Chaque conscience est donc chérie et
individuellement protégée. Cette portion de conscience globale est
individualisée en vous.
« La personnalité de Dieu telle qu’elle est généralement conçue est un
concept unidimensionnel, basé sur la petite connaissance que l’homme a de
sa propre psychologie. Ce que vous aimez considérer comme Dieu est, une
fois encore, un ensemble changeant d’énergie ou une pyramide de
conscience. Elle est consciente d’elle-même en tant que, par exemple vous,
Joseph — consciente d’elle-même en tant que la graine la plus infime. […]
Cette portion de Tout-ce-qui-est qui est consciente d’elle-même en tant que
vous, et qui est focalisée à l’intérieur de votre existence, vous pouvez
l’appeler à l’aide, quand c’est nécessaire.
« Cette portion est aussi consciente d’elle-même en tant que quelque
chose de plus que vous. Cette portion qui se connaît en tant que vous, et
en tant que plus que vous, est le Dieu personnel, vous voyez. Une fois
encore, cet ensemble, cette portion de Tout-ce-qui-est s’occupe de vos
intérêts et vous pouvez l’invoquer de façon personnelle.
« La prière contient sa propre réponse, et s’il n’y a pas un gentil Dieu le
père aux cheveux blancs, il y a à la place l’énergie initiale et toujours en
expansion formant toute chose qui est, et dont chaque être humain est une
partie.
« Cet ensemble psychique peut vous sembler impersonnel, mais puisque
son énergie forme votre personne, comment cela pourrait-il être ?
« Si vous préférez appeler Dieu cet ensemble psychique suprême, vous
devez alors ne pas tenter de l’objectiver, car il est le noyau de vos cellules et
il vous est plus intime que votre respiration. »
Dans une autre session, Seth explique cela de la façon suivante : « Vous
êtes des cocréateurs. Ce que vous appelez Dieu est la somme de tout ce qui
est conscience, et pourtant l’ensemble est plus que la somme de Ses parties.
Dieu est plus que la somme de toutes les personnalités, et pourtant toutes
les personnalités sont ce qu’Il est.
« Il y a une création constante. Il y a en vous une force qui a su comment
grandir depuis un fœtus jusqu’à un adulte. Cette force est une partie de la
connaissance innée au sein de toute conscience, et elle est une partie du
Dieu en vous.
« La responsabilité de votre vie et de votre monde est effectivement
vôtre. Elle ne vous a pas été imposée par quelque organisme extérieur. Vous
formez vos propres rêves et vous formez votre propre réalité physique. Le
monde est ce que vous êtes. Il est la matérialisation physique des moi
intérieurs qui l’ont formé. » Mais si Dieu ne peut être objectivé, qu’en est-il
du Christ ? Seth dit qu’il n’a pas existé en tant que personnage historique.
« Quand l’espèce est dans le stress le plus profond et qu’elle fait face à de
grands problèmes, elle appelle quelqu’un comme le Christ. Elle cherche et,
en fait, produit à partir d’elle-même les personnalités précisément
nécessaires pour lui donner de la force. […]
« Il y a eu trois hommes dont les vies ont été confondues dans l’Histoire
et se sont mélangées ; leur histoire composite a été ensuite connue en tant
que vie du Christ. […] Chacun d’entre eux avait des dons médiumniques,
connaissait son rôle et l’acceptait de plein gré. Chacun de ces trois hommes
était une partie d’une seule et même entité, obtenant une existence physique
au même moment. Ils ne sont toutefois pas nés à la même date. Il y a des
raisons pour lesquelles l’entité n’est pas revenue en tant que personne
unique. D’une part, la pleine conscience d’une entité aurait été trop forte
pour un seul véhicule physique. D’autre part, l’entité voulait un
environnement plus diversifié que celui dont elle aurait pu disposer
autrement.
« L’entité est née une fois en tant que Jean le Baptiste, puis elle est née
sous deux autres formes. L’une d’elles contenait la personnalité à laquelle la
plupart des histoires du Christ font référence. […] Je vous parlerai de
l’autre personnalité plus tard. Il y avait une communication constante entre
ces trois portions de la même entité, bien qu’elles soient nées et aient été
enterrées à des dates différentes. L’espèce a appelé ces personnalités à se
manifester à partir de sa propre banque psychique, ce réservoir de
conscience individualisée qui était à sa disposition. »
Après l’assassinat de Martin Luther King, mes élèves en cours étaient
assez bouleversés et, comme beaucoup de gens dans tout le pays et
probablement le monde, nous nous sommes mis à discuter du sens de la
violence. Au milieu de notre conversation, Seth s’est manifesté.
« Le libre arbitre vous a été donné. Il y a en vous des feuilles de route ;
vous savez ce que vous avez à accomplir en tant qu’individus, en tant que
peuple, en tant que race et en tant qu’espèce. Vous pouvez choisir d’ignorer
ces feuilles de route. Maintenant, en utilisant votre libre arbitre, vous avez
fait de la réalité physique quelque chose d’assez différent de ce qui était
prévu. Vous avez permis à l’ego de devenir trop développé et trop
spécialisé. À de nombreux égards, vous êtes dans un rêve. C’est vous qui
avez rendu le rêve trop intense. Vous deviez résoudre des problèmes et des
défis, mais vous deviez toujours vous rendre compte de votre propre réalité
intérieure et de votre existence non physique. Dans une large mesure, vous
avez perdu le contact avec cela. Vous vous êtes focalisés si intensément sur
la réalité physique qu’elle est devenue la seule réalité que vous connaissez.
« Quand vous tuez un homme, vous pensez que vous le tuez pour
toujours. Le meurtre est donc un crime, et il faut prendre des mesures le
concernant — puisque vous l’avez créé. La mort n’existe pas en ces termes-
là.
« À l’aube de l’existence physique, avant le début de l’Histoire, les
hommes savaient que la mort était simplement un changement de forme.
Aucun Dieu n’a créé le meurtre, et aucun Dieu n’a créé le chagrin ou la
douleur.
« Encore une fois, puisque vous croyez que vous pouvez assassiner un
homme et mettre fin définitivement à sa conscience, le meurtre existe donc
dans votre réalité et il faut y réagir. […] L’assassin de Martin Luther King
croit qu’il a effacé pour l’éternité une conscience vivante. […] Mais, fort
heureusement, vos erreurs et vos méprises ne sont pas réelles et n’affectent
pas la réalité, car le Dr King vit encore. »
Mes élèves sont peu nombreux, mais leur âge va de seize à soixante ans.
Nous discutions, un soir, des émeutes estudiantines, et Carl et Sue, qui ont
tous deux une vingtaine d’années, soutenaient les idées de non-violence et
de paix. Mais comme les adultes plus âgés commençaient à se plaindre des
émeutiers avec une certaine amertume, Sue a soudain dit avec chaleur :
« Eh bien, moi aussi, je suis contre la violence, mais elle est parfois
justifiée… »
Ces mots ont à peine eu le temps de sortir de sa bouche que Seth l’a
interrompue. Tout le monde a sursauté. Dans le feu de la discussion, Seth,
et plus généralement, les perceptions extrasensorielles, était passé aux
oubliettes. Maintenant, la voix de Seth retentissait vraiment. « Il n’y a
jamais aucune justification pour la violence. Il n’y a aucune justification
pour la haine. Il n’y a aucune justification pour le meurtre. Ceux qui
s’adonnent à la violence pour quelque raison que ce soit sont eux-mêmes
changés et la pureté de leur but est dénaturée.
« Je vous ai dit que si vous n’aimez pas l’état de votre monde, c’est vous-
même que vous devez changer, individuellement et collectivement. C’est la
seule façon pour que le changement s’opère. » Ici, Seth a fixé Carl et dit :
« Si votre génération, ou toute autre, effectue un changement, c’est la seule
façon de le faire. Ce que je vous dis là a été dit avant, au cours des siècles.
Il ne dépend que de vous [hochant la tête vers Sue et Carl] de l’entendre ou
pas.
« C’est mal de maudire une fleur, c’est mal de maudire un homme. C’est
mal de ne pas honorer tout homme, quel qu’il soit, ou de le ridiculiser. Vous
devez vous honorer vous-même et voir en vous l’esprit d’une vitalité
éternelle. Si vous ne le faites pas, vous détruisez ce que vous touchez. Et
vous devez aussi honorer tout autre individu, car, en lui, est l’étincelle d’une
vitalité éternelle.
« Quand vous maudissez quelqu’un, c’est vous-même que vous
maudissez, et la malédiction vous revient. Quand vous êtes violent, c’est la
violence qui vous revient. […] Je m’adresse à vous parce que l’opportunité
[d’améliorer les conditions dans le monde] est vôtre et le temps est vôtre.
Ne tombez pas dans les vielles habitudes qui vous mènent précisément dans
le monde que vous craignez.
« Quand chaque jeune homme refusera d’aller à la guerre, vous aurez la
paix. Tant que vous vous battrez pour le gain et la cupidité, il n’y aura pas
de paix. Tant qu’une personne commettra des actes de violence au nom de
la paix, vous aurez la guerre. Malheureusement, il est difficile d’imaginer
tous les jeunes hommes de tous les pays refusant en même temps d’aller à
la guerre. Et vous devez donc vous débarrasser de la violence que la
violence a provoquée. Dans les cent prochaines années, ce moment peut
venir. Souvenez-vous-en, on ne défend aucune idée avec la violence.
« Il n’y a aucun homme qui haïsse sans que cette haine se reflète au-
dehors et devienne physique. Et il n’y a aucun homme qui aime sans que cet
amour se reflète au-dehors et devienne physique. »

[2] Ailleurs dans ce texte, le mot gestalt est traduit par « ensemble
changeant » (N.d.T.).
Chapitre 19

Les sens intérieurs


— que sont-ils, et comment les utiliser ?

Récemment, lors d’une session pendant un cours, Seth a dit : « Si vous


mettiez momentanément de côté les moi que vous prenez comme étant une
évidence, vous pourriez faire l’expérience de votre réalité
multidimensionnelle. Ce ne sont pas simplement de jolis mots qui ne
veulent rien dire. Je ne vous rabâche pas une théorie pour le plaisir de la
débiter, mais parce que je veux que vous mettiez ces idées en pratique. »
« Quelle démarche, précisément, voulez-vous que nous suivions ? » a
demandé un des élèves.
« Tout d’abord, vous devez essayer de comprendre la nature de la réalité.
Dans une faible mesure, j’ai commencé à l’expliquer dans le matériau que
je vous livre. Les cinq cent et quelques sessions que nous avons eues en
présentent tout juste les grandes lignes, mais cela suffit pour commencer.
Les idées, en elles-mêmes, vont vous faire réfléchir. Je vous ai dit qu’il
existait des sens intérieurs, tout comme il y en a des physiques. Ces sens
intérieurs vous permettront de percevoir la réalité telle qu’elle existe,
indépendamment du monde physique. Vous devez apprendre à les
reconnaître, à les développer et à les utiliser. Les méthodes vous sont
données dans le matériau. Mais vous ne pouvez pas utiliser celui-ci tant que
vous ne le comprenez pas.
« Le matériau lui-même est — pardonnez-moi le terme —
ingénieusement exécuté ; si bien que, pendant que vous vous escrimez à le
comprendre, vous commencez déjà à utiliser des aptitudes qui sont au-delà
de ce que vous prenez comme allant de soi.
« Vous devez en premier lieu cesser de vous identifier complètement à
votre ego, et comprendre que vous pouvez percevoir plus que ce que lui-
même perçoit. Vous devez exiger de vous-même plus que vous ne l’avez
jamais fait auparavant. Le matériau n’est pas pour ceux qui veulent se duper
eux-mêmes avec de belles vérités bien présentées et enrubannées, qui ont
été conditionnées et découpées en morceaux, de sorte que vous puissiez les
digérer. Ce type de matériau répond à un besoin, mais le nôtre requiert de
votre part un élargissement intellectuel et intuitif. »
Une étudiante était accompagnée d’une amie, Mary, qui fronçait les
sourcils quand Seth a eu fini de parler. « Mais si nous “mettons
momentanément de côté l’ego”, m’a-t-elle dit, est-ce que nous ne serons
pas inconscients ? »
Je n’ai pas eu le temps de répondre. Seth l’a fait pour moi — à sa façon.
« Vous êtes une identité, a-t-il dit. Imaginez que vous teniez une lampe de
poche, et que celle-ci soit la conscience. Vous pouvez orienter cette lumière
dans de nombreuses directions, mais, au lieu de cela, vous avez l’habitude
de la diriger dans un seul sens, et vous avez oublié qu’il y a d’autres
chemins.
« La seule chose que vous avez à faire, c’est de tourner la lampe de
poche dans d’autres directions. Quand vous le faites, le chemin sur lequel
vous vous êtes focalisée va momentanément paraître sombre, mais d’autres
réalités et images vont vous devenir accessibles, et rien ne vous empêche de
ramener la lampe dans sa position antérieure. »
Seth s’est servi de plusieurs analogies pour expliquer ce point. Dans une
autre session de classe, il a dit : « Vous avez plus d’un esprit conscient.
Nous voulons que vous changiez les canaux de votre conscience. […] Si
vous considérez l’esprit conscient dont vous vous servez habituellement
comme étant une porte, vous vous tenez alors sur le seuil de cet esprit et
regardez au-dehors, dans la réalité physique. Mais il y a d’autres portes…
vous avez d’autres moi conscients. […]
« Nul n’attend de vous que vous deveniez inconscient. Inutile d’avoir le
sentiment que, lorsque vous tenez l’esprit conscient ordinaire à l’écart, il
n’y a que du vide. Il est vrai que, lorsque vous fermez un esprit conscient —
une porte —, il peut y avoir un moment de désorientation avant que vous en
ouvriez une autre.
« Il est vrai également que vous pouvez avoir besoin d’apprendre les
méthodes par lesquelles il vous est possible de percevoir d’autres réalités,
simplement parce que vous n’avez pas l’habitude de manier ces autres
portions conscientes de vous-même. Mais ces portions-là sont tout aussi
cruciales — et même tout aussi intellectuelles —, aussi valides et aussi
réelles que la conscience qui vous est normalement familière. »
Seth insiste sur le fait qu’il y a une seule façon d’apprendre ce qu’est la
conscience : en étudiant et en explorant notre propre aptitude à être
conscients, en changeant la focalisation de notre attention et en utilisant
notre propre conscience d’autant de manières que possible. Il dit : « Quand
vous regardez en vous, l’effort même que cela implique élargit les
limitations de votre conscience, la fait croître et permet au moi égotiste
d’utiliser des capacités que souvent il ignore posséder. »
Les sens intérieurs ne sont pas importants parce qu’ils libèrent des
facultés de clairvoyance et de télépathie, mais parce qu’ils nous révèlent
notre propre indépendance par rapport à la matière physique et nous
permettent de reconnaître notre identité unique, individuelle et
multidimensionnelle. Correctement utilisés, ils nous montrent aussi le
miracle de l’existence physique et notre place en son sein. Nous pouvons
vivre une vie physique plus sage, plus productive et plus heureuse, parce
que nous commençons à comprendre pourquoi nous sommes ici,
individuellement et en tant que peuple.
Les sens intérieurs nous aident par exemple à faire usage de facultés
télépathiques. Cela ne veut pas dire que nous serons toujours capables de
« lire dans les pensées ». Cela signifie qu’en famille, dans les affaires ou
dans les contacts sociaux, nous nous rendrons compte intuitivement de ce
que l’autre personne nous dit : nous saurons ce qui se trouve derrière les
mots. Nous-mêmes, nous ferons un meilleur usage des mots pour
communiquer nos sentiments intérieurs, puisque nous saurons ce que sont
ces sentiments. Nous n’aurons plus peur d’eux et nous ne sentirons plus le
besoin de les cacher.
Par moments, nous sommes capables de « lire dans les pensées » — bien
que cette expression populaire laisse grandement à désirer. Mais pour
utiliser les sens intérieurs correctement, il faut s’en servir avec douceur et
souvent en les alliant les uns aux autres. Il est souvent difficile de savoir si
nous recevons, par exemple, une information relevant de la clairvoyance ou
de la télépathie. L’important n’est pas là. En utilisant nos sens intérieurs,
nous augmentons simplement la gamme de nos perceptions.
Tandis que j’écris ces mots, je recueille toutes sortes d’informations
concernant mon environnement, mais je m’en rends à peine compte. À coup
sûr, je ne sépare pas consciemment les données visuelles des auditives, à
moins de m’arrêter pour y penser, mais je sais que je reçois des
informations à travers différents sens. Tous les sens physiques opèrent en
même temps pour nous donner notre image de la réalité. Nous utilisons les
sens intérieurs de la même façon, constamment, loin derrière ce que nous
avons l’habitude de remarquer consciemment. Pour expliquer ces sens,
nous devons les décrire séparément, bien que leurs effets se fassent sentir
tous ensemble.
Tôt dans nos sessions, Seth a commencé à les énumérer et à les expliquer.
Cela a débuté en février 1964 et nous sommes toujours en train
d’apprendre à les utiliser. Je vais en dresser la liste, comme il l’a fait, et
citer quelques extraits des descriptions qu’il a données.

LE TOUCHER VIBRATOIRE INTÉRIEUR

« Pensez aux sens intérieurs comme à des chemins menant à une réalité
intérieure. Le premier sens implique une perception de nature directe —
une cognition instantanée par ce que je peux simplement décrire comme un
toucher vibratoire intérieur. Imaginez un homme debout dans une rue
banale, bordée de maisons, d’arbres et de gazon. Ce sens lui permettrait de
percevoir les sensations de base ressenties par chacun des arbres qui sont
autour de lui. Sa conscience s’élargirait pour contenir l’expérience de ce
que c’est qu’être un arbre — l’un de ces arbres ou tous. Il vivrait
l’expérience d’être tout ce qu’il souhaiterait à l’intérieur de son champ de
perception : les personnes, les insectes, les brins d’herbe. Il ne perdrait pas
la conscience de qui il est, mais il percevrait ces sensations-là un peu de la
même façon que vous sentez maintenant le chaud et le froid. »
Ce sens ressemble fort à l’empathie, mais en beaucoup plus vital. (Seth
dit que nous ne pouvons pas, actuellement, faire l’expérience de ces sens
intérieurs dans toute leur intensité, car notre système nerveux ne peut pas
supporter pareils stimuli.) Il est difficile de classer par catégories les
expériences de ce genre, mais je pense avoir fait usage du toucher
vibratoire intérieur dans la situation suivante.
Un soir où Bill et Peg nous rendaient visite, une voisine m’a appelée.
Polly était une jeune femme plutôt émotive, et elle m’a demandé si je
pouvais « capter » des impressions la concernant. J’ai refusé, en disant que
j’étais fatiguée. En fait, je la sentais « fortement chargée », de façon
déplaisante, et je ne voulais pas être mêlée à ça. Mais ma curiosité a
apparemment eu le dessus. J’ai activé mes sens intérieurs pour trouver ce
qui n’allait pas — sans savoir que je le faisais. (Pour utiliser les sens
intérieurs, comme pour toute autre chose, il faut apprendre le discernement
et la discrétion.)
Presque instantanément, j’ai vu la jeune femme en tant qu’adolescente
dans les années 1950. Elle était sur un lit d’hôpital, éprouvant les douleurs
de l’accouchement. Dans mon salon, j’éprouvais les mêmes. L’expérience
était extrêmement vive et la douleur, très réelle. J’ai vu une femme plus
âgée et un jeune homme dans la chambre d’hôpital, et j’ai été capable de
les décrire. Polly les a identifiés comme étant un ancien mari et la mère de
celui-ci, mais elle a nié avoir eu un enfant, tout en disant qu’une de ses
amies avait donné naissance, la même année, à une petite fille illégitime.
Au début, la douleur m’a tellement effrayée que j’ai simplement déballé
ce qui se passait ; je n’avais pas l’intention de mettre Polly dans
l’embarras. Par la suite, je me suis sentie idiote et en colère contre moi ; je
me suis demandé si cet épisode douloureux n’était pas une sorte de
dramatisation subconsciente. Deux ans plus tard, Polly a quitté la ville.
Avant de partir, elle m’a appelée pour me dire que l’épisode relaté était tout
à fait fondé. L’enfant était le sien, et ma description de la chambre
correspondait à celle dans laquelle elle était à l’hôpital. Naturellement, elle
ne voulait pas que quiconque soit au courant pour l’enfant, qui avait été
adopté (et, de toute façon, cela ne me regardait pas). Le soir où elle avait
fait appel à moi, cette naissance était revenue la troubler, parce que, pour
la première fois depuis des années, elle avait eu des nouvelles du père de
l’enfant. C’est probablement la raison pour laquelle je me suis
« branchée » sur cet épisode. À cette occasion, j’ai utilisé le toucher
vibratoire intérieur pour prendre conscience des sentiments de Polly.
Quoi qu’il en soit, ce premier sens intérieur peut en général être
extrêmement précieux, conduisant à une expansion d’expérience, à une plus
grande compréhension et à une compassion. En y faisant appel, vous
pouvez, avec de la pratique, sentir l’élément émotionnel vivant de toute
chose vivante, en vous réjouissant de sa vitalité. Cela ne diminue pas
l’individualité et cela n’entraîne pas une invasion psychique. Nous ne
devons pas être des voyeurs psychiques, mais nous devons utiliser ces
aptitudes uniquement pour aider les autres ou, joyeusement, comme nous
nous servons de nos muscles et de nos os. L’intention est importante, mais
je ne crois pas que l’on puisse réellement utiliser ces sens-là à de
mauvaises fins ; si nous ne sommes pas prêts à les employer correctement,
notre personnalité fera en sorte de ne pas les utiliser, de façon consciente.

LE TEMPS PSYCHOLOGIQUE

« Le temps psychologique est un chemin naturel qui était destiné à


donner une voie d’accès facile du monde intérieur au monde extérieur, et
vice versa, même si vous ne l’utilisez pas ainsi. À l’origine, le temps
psychologique rendait l’homme capable de vivre dans les mondes intérieur
et extérieur avec une aisance relative. […] En développant votre aptitude à
vous en servir, vous allez pouvoir demeurer dans son cadre, tout en étant
consciemment éveillé. Cela augmente la durée de votre temps normal.
Depuis ce cadre-là, vous verrez que le temps physique ressemble à un rêve,
exactement comme, avant, vous considériez le temps intérieur. Vous
découvrirez vos moi complets, jetant un coup d’œil simultanément à
l’intérieur et à l’extérieur, et vous saurez que toutes les divisions sont
illusion. »
En fait, dans la pratique, le temps psychologique conduit au
développement des autres sens intérieurs. Dans le temps psy, comme nous
le nommons, vous orientez simplement vers l’intérieur la focalisation de
votre attention. Asseyez-vous ou étendez-vous tranquillement, seul, et
fermez les yeux. Prétendez qu’il y a un monde intérieur qui est aussi vivant
et réel que l’extérieur. Fermez vos sens physiques. Si vous le souhaitez,
imaginez qu’ils ont des cadrans que vous pouvez tourner et éteindre l’un
après l’autre. Imaginez ensuite que les sens intérieurs possèdent un autre
jeu de cadrans, que vous allez cette fois allumer. C’est l’une des méthodes
pour débuter.
Vous pouvez, au lieu de cela, simplement vous allonger tranquillement et
vous concentrer sur un écran noir, jusqu’à ce que des images ou des
lumières y apparaissent. Ne vous concentrez pas sur les soucis ou les
futilités du quotidien qui peuvent apparaître dès que vous bloquez les
distractions physiques. Si de telles pensées occupent le premier plan de
votre attention, vous n’êtes pas prêt à passer à la suite. Vous devez d’abord
vous débarrasser d’elles.
Puisque nous ne pouvons pas nous concentrer pleinement sur deux
choses à la fois, vous devez focaliser à nouveau votre attention sur l’écran
ou sur une image imaginaire — qui va bannir les soucis qui vous gênent.
Vous pouvez aussi prétendre que les préoccupations elles-mêmes ont des
images et les « voir » ensuite s’évanouir.
À un certain moment, vous allez vous sentir alerte et conscient, mais très
léger. Il se peut que, dans votre esprit, vous voyiez des lumières vives ou que
vous entendiez des sons ou des voix. Ou peut-être des messages
télépathiques ou de clairvoyance. Il peut aussi s’agir de simples images
subconscientes. En avançant dans votre pratique, vous apprendrez à
distinguer ces choses les unes des autres.
Graduellement, au cours de votre progression, vous vous sentirez,
pendant l’exercice, hors du temps tel que nous le connaissons. Il se peut
que vous ayez diverses sortes d’expériences subjectives, allant d’épisodes
extrasensoriels à de simples périodes d’inspiration et de direction. Il
m’arrive parfois de voyager hors de mon corps, par exemple, pendant le
temps psy. Ce sens conduit à un rafraîchissement, une relaxation, une paix.
On peut s’en servir de nombreuses manières et pour des buts divers. La
plupart de mes élèves utilisent maintenant ce sens assez bien, et il leur sert
de préliminaire pour d’autres expériences.

LA PERCEPTION DU PASSÉ,
DU PRÉSENT ET DU FUTUR

« Si vous vous souvenez de notre homme imaginaire, debout dans la rue,


vous vous rappelez que j’ai alors parlé du ressenti qu’il avait de toutes les
essences unitaires de chaque chose vivante se trouvant à sa portée, et ce
grâce au premier sens intérieur. En utilisant ce troisième sens, cette
expérience-là va s’accroître. S’il le choisit, cet homme percevra aussi
l’essence passée et future de chaque chose vivante se trouvant à sa portée. »
Rappelez-vous : selon Seth, ces sens intérieurs sont constamment utilisés
par le moi complet. Puisque passé, présent et futur n’ont pas de réalité
fondamentale, ce troisième sens nous permet de voir à travers les barrières
apparentes du temps. Nous percevons alors les choses telles qu’elles sont
réellement. Toute expérience de précognition fait entrer en jeu l’utilisation
de ce sens intérieur. Il est souvent employé spontanément lorsqu’on
pratique le temps psy.

LE SENS CONCEPTUEL

« Le quatrième sens intérieur implique une cognition directe d’un


concept, en des termes qui sont bien plus qu’intellectuels. Cela suppose de
faire l’expérience complète d’un concept. Les concepts ont ce que nous
appellerons une composition électrique et chimique [tout comme les
pensées]. Les molécules et ions de la conscience se transforment en [ceux
du] concept, dont on fait ensuite directement l’expérience. Vous ne pouvez
pas vraiment comprendre ou apprécier toute chose vivante tant que vous ne
pouvez pas devenir cette chose.
« Vous pouvez mieux parvenir à une certaine approximation d’une idée
en utilisant le temps psychologique [comme préliminaire]. Asseyez-vous
dans une pièce calme. Quand une idée vous vient, ne jouez pas
intellectuellement avec elle, mais abordez-la intuitivement. N’ayez pas peur
de sensations physiques inhabituelles. Avec de la pratique, et dans une
certaine mesure, vous allez découvrir que vous pouvez “devenir” l’idée.
Vous serez à l’intérieur d’elle, regardant vers l’extérieur — et non pas en la
regardant.
« Les concepts, tels que je m’y réfère, dépassent vos idées de temps et
d’espace. Si vous savez utiliser avec compétence le troisième sens intérieur
[perception du passé, du présent et du futur] quand la cognition est plus ou
moins spontanée, vous pouvez alors vous servir du sens conceptuel avec
davantage de liberté. Tout vrai concept a son origine à l’extérieur de votre
système de camouflage et se poursuit au-delà de lui. À moins d’utiliser les
sens intérieurs de cette manière, vous ne recevrez que le miroitement d’un
concept, quelle que soit sa simplicité. »
Je crois avoir utilisé ce sens dans l’épisode décrit au chapitre 17, quand
j’ai fait l’expérience d’un concept impossible à décrire correctement par
des mots, et que tout, dans la pièce, avait semblé grandir jusqu’à avoir une
taille immense.

LA COGNITION D’UNE ESSENCE CONNAISSANTE

« Rappelez-vous que ces sens intérieurs opèrent comme un ensemble,


travaillant de concert de façon fluide, et que, d’une certaine façon, les
divisions entre eux sont arbitraires de ma part. Le cinquième sens diffère du
quatrième [le sens conceptuel] par le fait qu’il n’implique pas la cognition
d’un concept. Il est toutefois similaire à ce quatrième sens par le fait qu’il
est libre du passé, du présent et du futur, et qu’il nécessite un devenir
intime, ou une transformation, du moi en quelque chose d’autre.
« Cela est difficile à expliquer. Vous tentez de comprendre un ami en
utilisant vos sens physiques. Utiliser ce cinquième sens permettrait d’entrer
dans votre ami. Dans sa forme la plus complète, ce sens ne vous est pas
accessible à l’intérieur de votre système. Il ne suppose pas qu’une entité
puisse en contrôler une autre. Il implique une cognition directe et
instantanée de l’essence d’un “tissu” vivant. J’emploie le mot “tissu” avec
circonspection et je vous demande de ne pas y penser nécessairement en
termes de chair.
« Toutes les entités sont d’une façon ou d’une autre enfermées en elles-
mêmes, tout en étant connectées aux autres. En utilisant ce sens, vous
pénétrez la capsule qui enferme le moi. Ce sens intérieur, comme tous les
autres, est constamment utilisé par le moi intérieur, mais très peu des
données reçues filtrent jusqu’au subconscient ou jusqu’à l’ego. S’il ne
faisait pas appel à ce sens, l’homme serait loin de pouvoir comprendre
autrui. » (Ce sens est une version plus forte du toucher vibratoire intérieur.)

LA CONNAISSANCE INNÉE
D’UNE RÉALITÉ FONDAMENTALE

« C’est un sens extrêmement rudimentaire. Il est en rapport avec la


connaissance opérante innée que l’entité a de la vitalité fondamentale de
l’univers, sans laquelle aucune manipulation de vitalité ne serait possible —
vous ne pourriez pas, par exemple, vous tenir droit et debout sans avoir au
préalable un sens inné de l’équilibre.
« Sans ce sixième sens, et son utilisation constante par le moi intérieur,
vous ne pourriez pas construire l’univers du camouflage physique. Bien que
ce sens soit en rapport avec la connaissance innée de l’univers entier, vous
pouvez le comparer à l’instinct tel que vous le concevez. Des données
particulières concernant des domaines spécifiques de réalité sont fournies à
un organisme vivant pour rendre possible la manipulation au sein de ce
domaine. Le moi intérieur dispose d’une connaissance complète, mais un
organisme n’en utilise que des portions. Une araignée tissant sa toile se sert
de ce sens dans sa forme presque la plus pure. L’araignée n’a pas d’intellect
ou d’ego, et ses activités sont un pur emploi spontané des sens intérieurs,
qui, dans une large mesure, sont non entravés et non camouflés. Mais,
inhérente chez l’araignée comme chez l’homme, il y a la compréhension
complète de l’univers comme formant un tout. »
Seth maintient toujours que les réponses à nos questions concernant la
réalité se trouvent en nous. Elles se révèlent à nous lorsque nous
détournons notre attention des données physiques et regardons vers
l’intérieur ; c’est à ce moment-là que ce sixième sens intérieur entre en jeu.
Il se manifeste aussi à nous quand nous avons une inspiration ou un
moment de « savoir » spontané. Ce sens est certainement entré en action de
façon soudaine au cours de mon expérience avec « une conscience
cosmique », et il a une part de responsabilité dans mon manuscrit portant
sur « l’idée construite ». Ce sens est à l’origine de la plupart des
expériences ayant un caractère de révélation.
Le problème est que nous devons d’une certaine manière traduire les
données en des termes que nous puissions comprendre, en les expliquant
verbalement ou par images — et des distorsions en résultent forcément.
Certaines expériences de ce type ne peuvent pas s’exprimer physiquement,
pourtant l’individu concerné est convaincu de leur validité.

L’EXPANSION OU LA CONTRACTION
DE LA CAPSULE DU TISSU

« Ce sens opère de deux manières. Il peut être une extension ou un


agrandissement du moi, un élargissement de ses limites et d’une
compréhension consciente. Il peut aussi être un regroupement du moi dans
une capsule de plus en plus petite, qui le rend capable d’entrer dans d’autres
systèmes de réalité. La capsule du tissu entoure chaque conscience et est en
réalité la frontière d’un champ d’énergie, empêchant l’énergie du moi
intérieur de se disperser.
« Aucune conscience n’existe dans aucun système sans cette capsule qui
l’enferme. Cette capsule a aussi été appelée corps astral. Le septième sens
intérieur permet une expansion ou une contraction de cette capsule. »
Rob et moi avons un peu d’expérience dans l’utilisation de ce sens
intérieur. Plusieurs de mes étudiants aussi. Dans le temps psy, cela se
traduit par un étrange sentiment « d’éléphantiasis » : j’ai l’impression de
me dilater, tout en devenant de plus en plus légère. La sensation peut aussi
apparaître juste avant une expérience de sortie hors du corps. J’ai ressenti
l’effet inverse dans plusieurs sessions avec l’autre personnalité, Seth 2.

SE DÉGAGER DU CAMOUFLAGE

« Il arrive rarement de se dégager complètement du camouflage à


l’intérieur de votre système, bien qu’il soit possible d’y parvenir, en
particulier en connexion avec le temps psychologique. Quand on utilise ce
dernier dans sa pleine mesure, le camouflage est réduit à un degré
stupéfiant. Avec ce dégagement, le moi intérieur se dégage d’un camouflage
particulier, avant d’en adopter un autre en douceur ou de se dispenser de
tout camouflage. Cela s’accomplit grâce à ce que vous pouvez appeler un
changement de fréquences ou de vibrations : une transformation de la
vitalité, d’un schéma ou d’un aspect particulier vers un autre. À certains
égards, votre monde onirique vous procure une expérience qui est plus
proche de la réalité intérieure fondamentale que ne le fait votre monde de
l’état de veille, dans lequel les sens intérieurs sont tellement soustraits à la
vue de votre conscience. »
Nous avons eu très peu d’expérience consciente avec ce sens intérieur. Je
ne m’en suis rapprochée qu’au cours du petit épisode, déjà mentionné, où
j’avais le sentiment de ne plus avoir de corps ni de forme, comme si j’étais
de l’air conscient.

LA DIFFUSION PAR LA PERSONNALITÉ DE L’ÉNERGIE

« Une personnalité d’énergie qui souhaite faire partie de votre système y


parvient en utilisant ce sens. Elle commence alors à se diffuser en de
nombreuses parties. Puisque l’entrée dans votre plan ou système, en tant
que membre de ce système, ne peut s’effectuer d’aucune autre manière, la
personnalité d’énergie doit être réduite à sa plus simple expression et
s’accroître ensuite — le sperme constituant bien sûr, à cet égard, une entrée.
La personnalité d’énergie doit ensuite se recombiner. »
Seth explique ici que le moi intérieur utilise ce sens pour déclencher la
naissance d’une de ses personnalités dans la vie physique. Ce sens peut
aussi avoir un rôle à jouer dans certaines activités médiumniques, de la
part de la personnalité vivante qui souhaite communiquer, et il peut
également servir dans des expériences de sortie du corps dans lesquelles
une réalité autre que physique entre en ligne de compte.

À quoi cela sert-il d’apprendre à utiliser les sens intérieurs ? Seth en a


expliqué un certain nombre de bienfaits dans la session consacrée à la
classe de psychologie, qu’une des étudiantes avait enregistrée. Il a dit :
« La subjectivité ne va pas vous engloutir. Vous allez apprendre ce qu’est la
réalité. […] Ce qui n’est pas compris, c’est que l’auto-investigation met en
place des états de conscience qui vous sont en général peu familiers.
Maintenant, ceux-ci peuvent servir d’outils d’investigation.
« Dans le type d’exploration dont je parle, la personnalité tente d’aller à
l’intérieur d’elle-même, de trouver son chemin vers sa propre identité
intérieure, à travers les voiles des caractéristiques adoptées. […] Le noyau
intérieur du moi a des aptitudes télépathiques et de clairvoyance qui
modifient grandement les relations familiales — et votre civilisation.
Actuellement, vous ne les utilisez pas de manière efficace. Ce sont
précisément ces aptitudes qui sont aujourd’hui nécessaires. Pour qu’il
puisse y avoir l’espoir d’un monde de communication, chacun d’entre vous
doit comprendre où se trouve son potentiel, en tant que créature individuelle
subjective.
« Les livres ne peuvent pas vous le dire. Même si vous découvrez, par la
psychanalyse, où se trouvent vos névroses, vous êtes dans des eaux très peu
profondes. Vous êtes encore en train d’explorer les niveaux les plus
superficiels de votre personnalité, et vous ne profitez pas de ces états
modifiés de conscience qui se produisent quand vous regardez en vous de la
façon que j’ai prescrite.
« Il y a un état de conscience qui est plus éveillé que tout ce que vous
avez jamais connu — un état dans lequel vous êtes conscient simultanément
de votre moi à l’état de veille et de celui en train de rêver. Vous pouvez
devenir pleinement éveillé tandis que votre corps dort. Vous pouvez élargir
les limitations actuelles de votre conscience. »
Seth fait ici allusion au fait que la pratique du temps psy étire la
conscience normale. Toutes sortes d’inspirations, de pressentiments,
d’informations extrasensorielles utiles, et jusqu’alors inhibés, viennent
maintenant dans l’esprit conscient. Quand vous pratiquez régulièrement le
temps psy, vous devenez attentif aux données qui vous parviennent à travers
les sens intérieurs. Vous réagissez à ces données et apprenez à gérer une
quantité de stimuli plus grande qu’avant.
Cette vivacité intuitive se reporte dans la vie quotidienne et dans l’état de
rêve. Grâce aux instructions de Seth, j’ai appris à être pleinement éveillée
pendant que je rêve. Dans cet état, vous reconnaissez vos rêves comme
étant des rêves et vous pouvez les manipuler plus ou moins à volonté. Vous
pouvez quitter votre corps en train de dormir en toute sécurité, pour une
projection de conscience. Tout cela exige cependant du travail — du moins
en ce qui me concerne. Il faut apprendre par l’expérience à maintenir le
niveau approprié de conscience, et il y a toujours la possibilité de retomber
dans l’état habituel du rêve.
Ces niveaux de conscience ne sont que des préliminaires à un autre état,
auquel je ne suis parvenue que rarement. Dans cet état-là, l’intellect,
l’intuition et l’être tout entier opèrent à un niveau qui est réellement
supranormal. Les sens ont une acuité presque incroyable. Cet état peut
survenir que l’on soit normalement réveillé, « éveillé » dans l’état de
sommeil, ou en transe. Mais on a le sentiment d’avoir vécu sa vie comme
dans un rêve et d’être maintenant réveillé. On se rend compte
momentanément de sa réalité multidimensionnelle. Une fois que l’on a vécu
cette expérience, on ne l’oublie plus jamais.
Ces prouesses commencent par la simple pratique du temps psy. Elles
débutent quand vous détournez de la réalité physique la focalisation de
votre attention, quelques moments par jour. Chaque personne va faire
l’expérience des sens intérieurs de manière différente, puisque toute
perception est individuelle. Il est toutefois extrêmement difficile de faire
appel aux autres sens intérieurs sans avoir d’abord utilisé le temps psy. En
fait, certains de mes élèves ont « mis en marche » leurs autres sens
intérieurs spontanément, en pratiquant le temps psy. Certains se sont servis
de ce dernier pour recevoir des informations concernant leurs vies
passées ; dans ce cas-là, ils ont utilisé de nombreux sens intérieurs
ensemble pour rechercher les données qu’ils souhaitaient.
Conjointement, les sens intérieurs donneront à chaque individu un
tableau de la réalité telle qu’elle existe indépendamment de la matière
physique, et une image de l’identité intérieure qui est la sienne. Ils
augmenteront automatiquement la concentration, et feront apparaître des
aptitudes qui donneront à la vie quotidienne une signification, une vitalité
et une direction supplémentaires.
Chapitre 20

Évaluations personnelles
— qui est Seth, ou qu’est-il ?

En tant qu’êtres humains, nous vivons en suspens entre la vie et la mort.


Nous partageons cela avec les animaux. C’est une condition de notre
existence. Mais les animaux, pour autant que nous le sachions, n’anticipent
pas leur propre mort, pas plus qu’ils ne s’interrogent sur le statut qu’ils
avaient avant de naître. Leur présent est dans l’instant.
Nous nous rendons compte du passé, du présent et du futur — une suite
de moments se déployant apparemment l’un après l’autre. Et si cette suite
n’était qu’une partie d’un présent plus large, d’un « moment » plus
spacieux dont nous n’aurions pas conscience ?
Nous existerions dans cette autre dimension de temps, que nous la
connaissions ou non, bien sûr, tout comme notre chat existe dans ce qui est
pour moi 16 heures, sans qu’il comprenne ce qu’est une horloge. En un
sens, le chat est plus près de la vérité que moi, car le temps de l’horloge est
un dispositif artificiel, avec lequel il ne veut pas compter. Supposons,
comme le maintient Seth, que passé, présent et futur soient eux aussi un
dispositif artificiel, des divisions que l’on superpose à un moment spacieux
dans lequel toute action est simultanée.
Physiquement, nous ne pouvons gérer qu’un certain nombre de données
en même temps puisque, à cet égard, nous sommes dépendants de notre
structure neurologique. Chaque sensation que nous avons reçue depuis
notre naissance est encore intacte dans le subconscient. Nous repoussons
ces détails de manière à pouvoir nous occuper du présent. Nous focalisons
notre attention sur un certain groupe d’évènements — ceux du « présent »
—, puis nous les laissons tomber dans le subconscient où ils semblent se
dissiper et devenir lointains. Si nous pouvions maintenir notre attention sur
ces évènements passés, tout en nous concentrant simultanément sur ceux de
l’instant, notre sens du temps présent s’accroîtrait de façon incalculable.
Et qu’en est-il du futur ? Peut-être consiste-t-il en des évènements
existant déjà dans ce Présent spacieux ; évènements auxquels nous avons
décidé, par commodité, de ne « pas encore » faire face. Selon Seth, les
évènements ne sont jamais en béton mais malléables, et, au départ, toujours
mentaux. Nous donnons forme à certains en une réalité physique ; dans ce
cas, nous suivons le processus mentionné plus haut. Et il y a d’autres
évènements que nous ne traitons pas du tout dans cette dimension-là. Ils
n’entrent même jamais dans notre référence passé-présent-futur.
Sommes-nous biologiquement incapables de percevoir ces évènements,
ou avons-nous au niveau psychologique des angles morts qui servent de
mécanisme de protection pour éviter que notre être soit submergé par la
réalité telle qu’elle est vraiment ? Notre système nerveux ne nous permet de
percevoir que jusqu’à un certain point ; mais au-delà de cette limitation, il
y a d’après moi un élément psychologique qui fait que nous bloquons
beaucoup d’informations que nous pourrions percevoir.
Si nous pouvions supprimer ces angles morts et élargir la focalisation de
notre attention, je pense que nous nous rendrions compte de ces autres
évènements, et que la télépathie, la précognition et la clairvoyance seraient
des méthodes normales et pratiques pour obtenir de l’information. En
d’autres termes, je pense que les capacités de perception extrasensorielle
sont des capacités naturelles que nous avons reniées parce qu’elles
semblent contredire notre idée de la réalité.
Je peux entendre de vives objections émotionnelles. « Non, si nous
pouvions faire tout cela, nous saurions quand nous allons mourir ! » Mais
supposez que nous ayons la capacité de voir au-delà du moment de la mort,
et que nous ayons découvert, à notre grande surprise, que nous sommes
encore conscients — pas seulement de nous-mêmes tels que nous « avons
été », mais d’autres portions de nous-mêmes dont nous ne nous rendions
pas compte auparavant. Et si Seth avait raison : si nous ne faisions
qu’habiter la chair, existant à l’intérieur d’elle, mais indépendamment
d’elle ?
Nous nous identifions à notre corps, comme nous le recommandent
d’ailleurs les psychologues. Mais cette identification est basée sur l’idée
que, sans corps, il n’y a pas de moi. Elle suppose également que toute la
connaissance nous arrive par nos sens physiques. Évidemment, selon cette
idée, nous ne pourrions rien percevoir si nous étions en dehors de notre
corps. En fait, il n’y aurait même aucun moi pour en sortir, notre
conscience résultant de nos mécanismes corporels. C’est la vision
orthodoxe de nombreux scientifiques et psychologues.
La religion, en tant qu’institution, professe l’idée contraire : l’identité de
l’homme est indépendante de la matière physique — après la mort.
Cependant, elle regarde souvent avec désapprobation toute investigation
susceptible de montrer l’homme tirant parti de cette indépendance
maintenant. Tout en prêchant la survie de l’âme, la religion se désintéresse
étrangement de l’étude de cas où il semble y avoir une communication entre
les vivants et les « morts ».
Pourtant, je crois vraiment que les faits sont clairs pour quiconque a les
idées suffisamment larges pour étudier le domaine de la parapsychologie,
ou est suffisamment intrépide pour faire sa propre expérimentation sur la
nature de la conscience. Les faits doivent sembler clairs pour toute
personne ayant déjà fait l’expérience d’un rêve prémonitoire, d’un
évènement relevant de la clairvoyance ou d’une communication d’ordre
télépathique, dont la validité s’est vérifiée.
En ce qui concerne mon expérience — et celle d’autres personnes —, les
faits sont les suivants. Nous sommes, dans une certaine mesure, libres de
notre corps physique. Nous pouvons voir, ressentir et apprendre pendant
que notre conscience est séparée de la forme physique. Nous pouvons
percevoir des portions du futur. Nous avons accès à des informations qui ne
nous parviennent pas par nos sens physiques. Si la science le veut, elle peut
mettre un siècle à accepter ces idées. En attendant, les faits demeurent.
L’hallucination n’entre pas ici en jeu, à moins que je sois maintenant en
train d’halluciner, pendant que j’écris cette page, que je bois mon café et
que je suis franchement indignée à l’idée que certains d’entre nous
souhaitent limiter nos capacités pour protéger des concepts limités.
Pourquoi devrions-nous prendre comme allant de soi que des concepts sont
justes, s’ils contredisent notre expérience ?
Depuis la publication de mon premier livre sur la perception
extrasensorielle, beaucoup de gens m’ont écrit pour me relater leurs
propres expériences de télépathie, de clairvoyance, de précognition ou de
projection. Certains m’ont confié des faits qu’ils avaient tenus secrets à
leurs plus proches parents. Ils savaient que ce genre de choses n’était pas
censé se produire et ils craignaient qu’un évènement extrasensoriel ne sème
le doute sur leur propre stabilité mentale ou émotionnelle.
En un sens, je ne valais pas mieux : à tout bout de champ je me posais
des questions sur moi et sur mes expériences, et je continue de le faire.
Mais, au moins, je ne laisse pas des concepts dépassés me dicter quelles
parts de ma propre expérience je peux accepter comme réelles et quelles
parts je dois rejeter. Si je n’avais pas été influencée par ce genre d’idées,
j’aurais pu accepter plus librement mes premières expériences
médiumniques et les étudier sans réserve. Au lieu de cela, chaque nouveau
développement m’épouvantait tout autant qu’il me réjouissait, en
particulier au début.
Ces expériences m’ont enseigné ceci : nous sommes des personnalités
multidimensionnelles, maintenant — vous, moi, et tout un chacun. Je pense
que la conscience s’assemble, tout comme le font les atomes et les
molécules ; qu’il y a des agrégats de conscience, exactement comme il y a
des agrégats de matière ; et que nous sommes une partie de ces agrégats,
que nous le sachions ou non. Nous savons peu de choses sur notre propre
psychologie et nous en savons encore moins sur la nature de la conscience.
Pour en apprendre davantage, nous devons être disposés à examiner notre
propre conscience, individuellement. En faisant cela, je suis convaincue que
nous allons découvrir une plus grande individualité, une plus grande
unicité et un plus grand sens de notre propre identité. En restant si attachés
aux limites d’une conscience égotiste physiquement orientée, nous risquons
de nous fermer aux réponses à nos questions les plus profondes, à une
connaissance qui peut nous aider à faire face plus intelligemment à la vie
physique.
Mon travail consiste en ce genre d’investigation. Je considère mes
expériences médiumniques, les sessions avec Seth et toute ma relation avec
lui comme une aventure instructive — où je ne cesse d’apprendre. Je pense
que le matériau de Seth contient des visions et des informations dont nous
avons énormément besoin, sur la nature de la réalité. Ces théories
élargissent ce qu’individualité veut dire, et elles nous mettent au défi
d’accepter le moi plus vaste que la science et la religion, à des époques
diverses, nous ont toutes deux appris à nier.
Plus que tout, je suis sûre que Seth est mon canal de connaissance par
révélation, et j’entends par là une connaissance qui est révélée aux portions
intuitives du moi, plutôt que découverte par des facultés de raisonnement.
Ce type d’information par révélation est, je crois, accessible à chacun de
nous, dans une certaine mesure. Les aspirations et accomplissements du
genre humain en découlent. Je pense que la connaissance par révélation
vient d’abord sous forme d’intuitions, de rêves, de pressentiments ou
d’expériences comme les miennes, et que l’intellect les utilise ensuite. Les
deux sont importants.
Quant à qui est Seth ou ce qu’il est, son terme « l’essence de l’énergie
d’une personnalité » semble être la réponse la plus proche à laquelle on
puisse parvenir. Je ne crois pas qu’il soit une partie de mon subconscient
dans le sens où les psychologues utilisent ce terme, ni une personnalité
secondaire. Je pense que nous avons un supraconscient qui est tout aussi
loin « au-dessus » du moi normal que le subconscient est loin « au-
dessous » — même si Seth affirme qu’il n’y a pas réellement de niveaux
pour le moi, tous ces termes étant uniquement destinés à simplifier les
choses. J’attribue les capacités de perception extrasensorielle à ce
supraconscient, et je pense qu’il a accès à des informations relatives à la
nature de la réalité qui ne sont pas normalement accessibles aux parties
égotistes de la personnalité. Il se peut que Seth soit la personnification
psychologique de cette extension supraconsciente de mon moi normal.
S’il en était ainsi, jusqu’à quel point serait-il indépendant ? Il est difficile
de répondre à cette question. Il ne serait certainement pas présent à
l’intérieur de ma structure de personnalité telle que je la connais. Je ne
crois pas, par exemple, que sa présence serait dévoilée par un test
psychologique de ma propre personnalité, quel que soit ce test. La relation
inhérente se révélerait pourtant clairement au cours d’une session, quand
l’identité supraconsciente prendrait la relève.
La question de savoir de quel sexe est Seth se pose aussi ici. Pour moi du
moins, les parties intuitives de la plupart des personnalités semblent avoir
une empreinte plus féminine que masculine. Si Seth était simplement mon
moi intuitif supérieur, je m’attendrais à ce qu’il soit féminin ou qu’il ait le
type pseudo-masculin d’un personnage homme tel que le créent si
fréquemment les femmes écrivaines. En général, les hommes reconnaissent
immédiatement les caractères ainsi dépeints comme étant trop romantiques.
Même si Seth ne s’affiche pas comme un mâle de manière flagrante, dans
ses actes et son discours, il est plutôt du type homme selon les hommes
qu’homme selon les femmes. Les hommes l’apprécient. Tout en étant
enseignant, il n’est pas non plus fondamentalement le « guide spirituel »
stéréotypé. Il est simplement lui-même — ce qui, après tout, peut être la
marque de son existence indépendante.
L’effet qu’il a sur les autres est immédiat. Apparemment, il a une
« présence » considérable. Il est très réactif et a un bien meilleur contact
que moi avec des gens de tous horizons. Cependant, comme le montrent les
extraits, il nous a bien fait comprendre que les caractéristiques par
lesquelles nous le connaissons ne sont qu’une partie de sa personnalité, et
que ce sont celles qui, selon lui, sont les plus aptes à obtenir notre attention
et à transmettre le matériau.
Rob a demandé un jour à Seth s’il était toujours disponible pour nous
pour une session, et sa réponse montre clairement que nous avons plus
qu’une simple relation d’une personne à une autre. J’ai confiance dans les
réponses que nous avons reçues et je pense que ce sont des déclarations
honnêtes concernant une connexion psychologique extrêmement complexe.

EXTRAITS DE LA SESSION 458 DU 20 JANVIER 1969

« Maintenant, quant à ma disponibilité pour vos sessions, vous êtes


capables, dans le cadre des conditions que nous avons établies, et avec mon
assistance, d’appeler les éléments de ma personnalité avec lesquelles vous
avez fait connaissance. Une sorte de lettre, ou communication, vitalisée et
quadridimensionnelle dans laquelle, pardonnez-moi le terme, le médium est
le message.
« D’une certaine manière, Ruburt est transformé en un télégramme
vitalisé. Quand vous envoyez une communication ou un télégramme, vous
envoyez simplement des mots. J’envoie des portions de moi-même. Mon
essence n’a pas toujours besoin d’être impliquée en totalité. Autrement dit,
je n’ai pas besoin d’être entièrement focalisé dans votre dimension, mais je
le suis suffisamment pour répondre à nos rendez-vous. Le pont
psychologique dont j’ai parlé fonctionne bien, et son existence est due en
partie à Ruburt et en partie à moi.
« Une certaine partie de ma réalité vous est donc accessible à des heures
convenues, et le “pontage” est toujours disponible. En l’utilisant, Ruburt
peut faire appel à moi en d’autres occasions. En l’utilisant, je peux vous
rendre visite. Cela ne veut pas forcément dire que cet appel recevra toujours
une réponse affirmative de la part de Ruburt ou de la mienne, ni que le
contact sera établi.
« C’est comme si le pont avait deux parties, comme un pont à bascule, et
que les deux parties devaient se rencontrer. [Seth avait expliqué
précédemment que le “pont psychologique” était construit par nous deux.]
Quand vous souhaitez me contacter à un autre moment qu’aux périodes
fixées, je peux être facilement disponible ou non. J’ai toutefois
connaissance de votre besoin émotionnel. Si celui-ci est fort, j’y répondrai,
bien sûr, exactement comme vous ne resteriez pas indifférents au besoin
d’un ami. Mais je ne suis pas automatiquement disponible, pas plus que
vous ne l’êtes. »
Nous savons, Rob et moi, que certaines sessions semblent plus
« immédiates » que d’autres et nous avons vu pourquoi, quand Seth a
continué.
« Je suis pourtant automatiquement une partie du message que je vous
apporte. Par moments, je suis “ici” de façon plus entière que dans d’autres
sessions. Les raisons ont souvent à voir avec des circonstances qui sont
habituellement au-delà d’un contrôle normal : des conditions
électromagnétiques, des circonstances psychologiques. On peut les
considérer comme des conditions atmosphériques à travers lesquelles je
dois voyager.
« Comme je vous l’ai dit, une projection entre en jeu, dans une certaine
mesure, à la fois de la part de Ruburt et de la mienne. Votre propre présence
[celle de Rob] est également importante, que vous soyez présent ou non à
une session. […] Maintenant, quand vous regardez, disons, une chaîne de
télévision éducative, vous voyez l’enseignant, et il parle. Il peut être
vraiment en train de parler à ce moment-là, ou pas, car il peut s’agir d’un
enregistrement. Mais, qu’il parle ou non à ce moment-là, l’enseignant
existe, et son message est légitime. Alors maintenant, voyez Ruburt comme
mon écran de télévision. […] Cela ne fait aucune différence que je sois ou
non moi-même en train de parler à l’intérieur de Ruburt maintenant… ou
que je l’aie fait la nuit dernière durant son sommeil et que, ce soir, il
s’agisse d’un film ou d’un play-back.
« Encore une fois : le médium est le message dans le Présent spacieux, a
dit Seth avec un sourire, et chaque fois que le moment de l’émission arrive,
je suis ici, dans votre présent, indépendamment de là où je suis dans ce que
vous nommeriez mon présent. […] Je peux préparer mon film à l’avance
dans des occasions où Ruburt ne s’en rend pas compte consciemment. Cela
n’implique pas qu’une telle session soit moins légitime. »
Seth a poursuivi en disant que j’avais donné ma permission pour cet
arrangement et qu’une grande partie de notre travail s’accomplissait
pendant que je dormais ou que j’étais occupée ailleurs. « Cela ne veut pas
dire que je me sers de Ruburt comme d’une marionnette, que je lui remplis
la bouche de bandes magnétiques comme un magnétophone, que vous êtes
constamment en train d’écouter des rediffusions, ou que je ne suis pas
toujours émotionnellement avec vous dans les sessions. Cela signifie que,
dans ces communications multidimensionnelles, plus de choses entrent en
jeu que vous ne le supposez.
« L’enseignant est dans la bande magnétique ; la personnalité est
condensée. Votre question découle du sentiment que vous avez selon lequel,
si je suis ici, je ne peux pas être ailleurs en même temps, ou que toutes mes
énergies doivent être focalisées ici, si je suis ici. Il y a des aspects de mon
identité dont vous n’avez pas connaissance… même si, dans un temps “à
venir”, vous les connaissez peut-être.
« Tous les chaînes ne fonctionnent pas encore sur cet écran-là, voyez-
vous, a dit Seth avec humour. Vous connaissez de moi tout ce que vous êtes
capables de connaître à un moment donné, en vos termes. Il me serait
relativement impossible de faire en sorte que ma réalité tout entière vous
soit claire, car votre compréhension ne pourrait la contenir. Maintenant,
faites une pause. Nous ne voudrions pas griller un tube cathodique… »
Évidemment, j’ai évité de dire que Seth était un esprit et de m’en tenir là.
D’une part, je n’aime pas cette expression, et, d’autre part, je pense que
c’est une réponse trop facile. En acceptant une solution, nous pouvons
fermer notre esprit à d’autres qui se trouvent en dessous. Je ne dis pas que
Seth est simplement une structure psychologique me permettant de me
mettre à l’écoute d’une connaissance par révélation, et je ne nie pas qu’il a
une existence indépendante. Je pense que, entre sa personnalité et la
mienne, une sorte de mélange doit se produire pendant les sessions, et que
ce « pont psychologique » lui-même est une structure légitime qui doit se
produire dans toute communication de ce type. Seth est à une extrémité, et
moi à l’autre. Ici, je suis d’accord avec lui. Je ne pense pas qu’il s’agisse
du processus relativement simple consistant en un médium qui s’efface et
agit comme une liaison téléphonique. Je pense réellement que Seth est une
partie d’une autre entité, et qu’il est quelque chose de très différent, disons,
d’un ami ayant « survécu » à la mort.
Je ne trouve pas ces idées-là contradictoires. Seth pourrait être encore
une partie d’une entité ancienne et Seth 2, une autre portion, plus évoluée
en nos termes. Si la vie physique évolue, pourquoi la conscience elle-même
ne le ferait-elle pas ? Il ne m’est pas difficile d’accepter la possibilité que
nous soyons d’indépendants fragments de telles entités ou agrégats de
conscience. Et si tel était le cas, une certaine forme de communication
serait possible entre nous. Nous serions tous formés à partir de la même
« substance mentale », quelle que soit cette chose. Pour nous, cependant,
de telles expériences auraient l’air supranormales.
Seth 2 disait que certaines portions de ma personnalité agissaient comme
des fenêtres transparentes donnant sur ces autres réalités et consciences.
S’il en est ainsi, beaucoup de « fenêtres » de ce genre doivent exister. Seth 2
peut avoir évolué presque au-delà de notre compréhension. Cette
« distance » à elle seule rendrait la communication difficile, et une série de
traducteurs peut être nécessaire — il se peut que Seth soit l’un d’eux.
Moi-même, je me pose beaucoup de questions. Par exemple, quelle
conscience a Seth quand il ne s’exprime pas à travers moi ? S’il est ma
fenêtre vers d’autres réalités, suis-je la sienne vers la vie physique ? J’ai
pour idée que Seth est pleinement conscient, mais d’autres — et dans
d’autres — dimensions d’existence. Ce qui nous amène à la question
suivante : à quoi ressemble une vie non physique ?
Seth a promis d’écrire son propre livre, qu’il dictera durant des sessions,
dans lequel il répondra à certaines de ces interrogations. « Dans mon livre,
je montrerai la personnalité depuis l’intérieur vers l’extérieur, pour ainsi
dire. […] Dans une certaine mesure, il y sera question de mes propres
expériences, mais j’espère que cela donnera une représentation de la nature
de la réalité telle qu’elle est perçue par quelqu’un qui n’est pas emprisonné
dans le système tridimensionnel.
« Le livre comportera une étude de la médiumnité non pas du point de
vue de la médium, mais de la personnalité pour laquelle elle parle. Cela
implique un examen de votre système de réalité tel qu’il m’apparaît. […]
« J’éclaircirai pour vous la nature et les conditions de l’existence qui est
maintenant la mienne, et expliquerai pourquoi les déclarations faites à
propos de la vie après la mort sont souvent contradictoires — ces
déclarations étant transmises par divers médiums qui donnent des
représentations très diverses de ce qu’il y a après la mort.
« Un tel livre inclurait également mes méthodes pour entrer dans votre
système et le type de personnalité en pont psychologique qui en résulte. À
nouveau : ce que vous avez dans les sessions n’est pas mon identité
complète. Une certaine forme de structure psychologique doit être présente
pour que je puisse m’en servir au cours de mes communications. Parfois,
pourtant, mon identité se manifeste assez clairement pour que, par
comparaison, je puisse exister indépendamment, en tant que moi, sans
l’assistance de Ruburt.
« Un livre de ce genre n’aurait rien à voir avec les propres écrits de
Ruburt, qui eux progresseraient à leur propre rythme. […] Le livre porterait
mon nom, mais je le dédierais à vous deux », a ajouté Seth avec un large
sourire.
« C’est gentil », a répondu Rob sur un ton pince-sans-rire.
Naturellement, je ne prétends pas que le matériau représente une
connaissance pure et non déformée. Cette question d’une éventuelle
distorsion a été soulevée pour la quinzième fois peut-être au cours de la
session 463. J’avais signé le contrat pour ce livre, notre amie Peg
Gallagher écrivait un texte sur Seth pour le journal local et elle a assisté à
une session afin d’obtenir du matériau. Après plusieurs remarques faites à
Peg sur le ton de la plaisanterie (« Un jour, c’est moi qui vous
interviewerai »), Seth s’est mis à parler des distorsions.
« Maintenant, qu’un médium soit ou non dans une transe aussi profonde
que l’océan Atlantique, il ne sera pas un pur canal. L’ego sera simplement
contourné, mais les autres couches du moi, et les structures neurologiques
en particulier, continueront d’opérer comme toujours. Elles seront
modifiées par les perceptions qui les traversent. »
Il a continué en disant que la communication verbale n’est pas la règle.
Les entités plus avancées ou moins développées que nous ne l’utilisent pas.
Pour qu’elle ait un sens pour nos moi tridimensionnels, une information
doit être « compressée, afin de se faufiler » — et, en soi, c’est là une cause
de distorsion.
« Les mots que je prononce pour vous transmettent une information, mais
les mots ne sont pas l’information, simplement ses vecteurs verbaux.
« Une information peut rarement circuler comme une eau cristalline, avec
un médium, [qui serait comme] un robinet que l’on peut ouvrir et fermer à
volonté. Elle doit être tamisée par les couches de la personnalité du
médium. Le système nerveux réagit aux données alors même qu’il les
traduit. Rien n’est neutre en ces termes. L’information est reçue et traduite,
comme elle doit l’être, en mécanismes que le système nerveux peut traiter
et interpréter. Comme toute perception, l’information devient alors une
partie de la structure du système nerveux. Il ne peut pas en être autrement.
« Toute perception modifie instantanément les systèmes
électromagnétiques et neurologiques de celui qui perçoit. Voilà ce qu’est, en
vos termes, une perception : une altération de la structure neurologique. Les
mécanismes récepteurs eux-mêmes changent, et ils sont changés par ce
qu’ils perçoivent. Je parle ici de la nature physique de toute perception.
« C’est une contradiction logistique d’imaginer, avec vos structures
physiques, qu’une perception peut être reçue sans que la situation intérieure
de celui qui perçoit soit modifiée. J’essaie de rendre cela aussi clair que
possible — une information se mélange automatiquement avec toute la
structure physiquement valide de la personnalité ; elle s’y emmêle et s’y
empêtre.
« Toute perception est action, et elle change ce sur quoi elle agit, et, ce
faisant, elle est elle-même changée. La perception la plus légère modifie
chaque atome de votre corps. Cela, à son tour, déclenche des vagues, de
sorte que, comme vous le savez, l’action la plus infime est ressentie
partout. »
Seth continue en donnant des exemples des différents types de distorsions
qui peuvent se produire dans une perception normale ou extrasensorielle.
« Maintenant, Ruburt ou tout individu, lorsqu’il est d’humeur morose, peut
mal interpréter une information, en exagérant des éléments pessimistes. Les
personnes qui éprouvent le besoin de se punir elles-mêmes vont
constamment mal interpréter toute perception, de cette manière. »
Au fur et à mesure que Seth explique la nature de la perception, il devient
évident que la perception physique elle-même façonne la réalité dans
certaines formes. Même une perception extrasensorielle doit être traduite
en termes physiques, pour que nous puissions nous en rendre compte
consciemment. Le matériau de Seth révèle ce qui se trouve en dessous de la
réalité normale que nous connaissons, mais la traduction en mots doit en
elle-même nécessairement en déformer le sens.
En dehors de cela, il y a d’autres variables. Seth n’est pas statique ; il ne
transmet pas méthodiquement le matériau comme si nous étions simplement
des appareils enregistreurs. Il répond aux questions, de sorte que, dans une
certaine mesure, ces questions qui lui sont posées doivent parfois l’amener
à changer la façon particulière qu’il a de parler d’un sujet spécifique.
Étant donné qu’il est réactif, la relation qu’il a avec nous doit le
transformer (bien que sans doute dans une moindre mesure, comparé aux
transformations qu’il suscite en nous !). Il ne fait aucun doute que ma
personnalité a grandi à mesure qu’elle s’adaptait à l’expérience de Seth.
J’ai dû apprendre à gérer plus de stimuli que jamais auparavant, et à
maintenir une stabilité globale tout en apprenant à développer des
capacités latentes. À coup sûr, cela a été une source de tensions et de
pressions aussi bien que de récompenses : mais rien qui n’ait pu être résolu
avec de l’humour et un peu de bon sens. Quand je ressens le besoin de me
reposer, je fais une pause, ce que Seth respecte de bonne grâce.
Avec tout ce que Seth nous a dit sur les potentiels de l’être humain, je
dois admettre que nous nous sommes parfois demandé pourquoi notre
espèce n’est pas plus développée au plan moral et spirituel.
Un soir, avant notre session régulière du mercredi, Rob et moi étions
assez troublés par l’état du monde en général. Nous étions assis en train de
discuter, et Rob se demandait à voix haute pourquoi nous nous comportions
de la sorte. « Quel sens ou quel but y a-t-il réellement derrière tout cela ?
disait-il. En admettant qu’une partie de nous sache ce que nous faisons,
nous semblons pourtant vouloir à tout prix détruire la planète ; si ce n’est
par la guerre, ce sera par la pollution. »
« Je ne sais pas », ai-je répondu. Je me sentais aussi mal que lui.
Nous étions le 6 novembre 1968 et, à compter de ce soir-là, nous avons
eu une série de sessions portant sur les questions qui nous préoccupaient le
plus. Au cours de cette soirée particulière, celle de notre session 446,
l’autre personnalité, Seth 2, s’est manifestée, avec sa voix claire et
lointaine.
Entre autres choses, Seth 2 a dit : « La race humaine est une étape par
laquelle passent diverses formes de conscience. […] Avant que vous
puissiez être admis dans d’autres systèmes de réalité qui sont plus vastes et
ouverts, vous devez d’abord apprendre à gérer l’énergie et à voir, par la
matérialisation physique, le résultat concret de la pensée et de l’émotion.
Tout comme un enfant forme des pâtés avec du sable, vous formez vos
civilisations à partir des pensées et des émotions, et vous voyez ensuite ce
que vous avez créé.
« Quand vous quittez le système physique après des réincarnations, vous
avez appris les leçons — et vous n’êtes littéralement plus un membre de
l’espèce humaine, car vous décidez de la quitter. Seul le moi conscient
demeure en elle en tout cas, et d’autres portions de votre identité demeurent
simultanément dans d’autres systèmes d’entraînement. Dans des systèmes
plus avancés, les pensées et les émotions sont automatiquement et
immédiatement traduites en actions, en toute approximation de matière
existant là-bas. Voilà pourquoi les leçons doivent être bien enseignées et
bien apprises.
« La responsabilité de la création doit être clairement comprise. Dans une
certaine mesure, vous êtes dans une pièce insonorisée et isolée. La haine
crée la destruction dans cette “pièce” et tant que les leçons ne sont pas
apprises, la destruction fait suite à la destruction. […]
« En termes d’autres systèmes, ce type de destruction n’existe pas —
mais vous croyez qu’il existe, et la souffrance de ceux qui meurent se fait
cruellement sentir. On ressent aussi douloureusement un cauchemar intense,
mais il passe vite. Cela ne veut pas dire qu’il vous faut apprendre à ne pas
détruire, car, en fait, la destruction n’existe pas. Il vous faut plutôt
apprendre à créer de manière responsable, et vous y entraîner. Votre
système est un système d’apprentissage pour une conscience émergente.
[…]
« Cet apprentissage vous servira pour exister dans divers systèmes
étroitement liés les uns aux autres. Si les peines et les souffrances à
l’intérieur de votre système n’étaient pas ressenties comme réelles, les
leçons ne seraient pas apprises. Les enseignants qui sont dans votre système
sont ceux qui sont dans leur dernière réincarnation, ainsi que d’autres
personnalités ayant quitté le système, mais qui se sont vu assigner la tâche
d’aider ceux qui s’y trouvent encore. […]
« Vous avez affaire à la transformation de l’énergie émotionnelle en
action et en forme. Vous opérez ensuite à l’intérieur du système que vous
avez vous-même créé, et, par ses effets, vous apprenez là où vous avez
réussi et là où vous avez échoué. Le système inclut quelques fragments de
personnalités qui y entrent pour la “première” fois, ainsi que ceux qui sont
dans des réincarnations plus tardives.
« L’humanité rêve le même rêve en même temps, et vous avez votre
monde collectif. L’ensemble de la construction est comme un jeu éducatif
dans lequel vous êtes aussi bien les producteurs que les acteurs. Il y a un jeu
à l’intérieur d’un jeu à l’intérieur d’un jeu. Ce “à l’intérieur” est sans fin. Le
rêveur rêve, et le rêveur à l’intérieur du rêve rêve. Mais les rêves ne sont
pas dénués de sens, et les actions en leur sein sont signifiantes. Le moi
complet est l’observateur, mais aussi un participant aux rôles. »
Les sessions avec Seth se poursuivent deux fois par semaine. Les sujets
qu’il aborde et la portée de son discours ne cessent de s’étendre et de
croître. Si ce que nous avons jusqu’à présent est une « ébauche », elle est
déjà exceptionnelle.
Comme le dit Seth 2 : « Ce n’est pas que votre être existe dans une réalité
moindre. C’est que vous n’avez pas appris à reconnaître l’étendue de la
réalité dans laquelle vous existez. »
J’espère que ce livre et le matériau de Seth ont donné au lecteur un
aperçu de sa propre existence multidimensionnelle.
APPENDICE

Dans les chapitres précédents, j’ai pris des extraits de nombreuses


sessions pour présenter la vision de Seth sur des sujets divers. Cet
appendice est destiné aux lecteurs qui aimeraient se faire une idée plus
claire et plus complète sur ce que sont les sessions individuelles et sur la
façon dont le matériau a été transmis à l’origine.
J’ai donc choisi trois sessions brèves mais complètes, et quelques parties
de plusieurs autres, récentes et consécutives. Cette présentation montre
comment Seth relie un sujet à un autre, à mesure qu’il introduit de
nouveaux éléments et de nouvelles informations en approfondissant les
thèmes abordés dans des sessions antérieures. Elle met aussi en évidence sa
méthode, qui consiste à utiliser les expériences quotidiennes de Rob et les
miennes comme rampe de lancement pour son propre matériau.
Cet appendice contient plusieurs sujets qui n’ont pas été abordés dans le
livre proprement dit. Dans une session, Seth parle des concepts de Jung sur
l’inconscient. Dans une autre, il présente un nouveau matériau portant sur
le « système planétaire originel » et, en réponse à une question d’un ami, il
commence à expliquer les perceptions d’un fœtus. Ces discussions montrent
quelle direction a maintenant prise le matériau de Seth, en constant
développement.
Les sessions consacrées aux unités électromagnétiques qui se trouvent
juste en dessous du champ de la matière viennent seulement de débuter, au
moment où je termine ce livre. Les scientifiques se sont longtemps demandé
« à l’intérieur de quoi disparaissait » la matière, et la réponse pourrait bien
être dans les unités électromagnétiques de Seth.
Mis à part la ponctuation, le matériau de Seth dans cet appendice est
livré tel quel, et les notes de Rob y sont incluses.

SESSION 452
LUNDI 2 DÉCEMBRE 1968

(21 h 17.) Bonsoir.


(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Les enfants construisent des châteaux de cartes et les
démolissent. Vous ne vous inquiétez pas pour le développement d’un
enfant, car vous savez qu’il apprendra à mieux faire.
Vous pouvez même sourire du profond sentiment d’abattement qui est le
sien jusqu’à ce qu’il fasse enfin le lien entre le mouvement de sa main et la
destruction du château de cartes qui, à présent, a disparu, et de façon
définitive à ses yeux.
Maintenant, le genre humain construit des civilisations. Il est allé au-delà
du jeu de l’enfant. Les jouets sont réels, et pourtant, au fond, l’analogie
tient. Je n’approuve pas les violences qui se produisent. Le fait est qu’on ne
peut jamais les admettre, mais il faut pourtant les comprendre pour ce
qu’elles sont : l’être humain, apprenant de ses propres erreurs. Il apprend
aussi de ses succès, et il y a des moments où il retient sa main, des moments
de délibération, des périodes de créativité. (Une pause.) Les identités
prennent de nombreux rôles dans de nombreuses vies.
Il y a des périodes, des cycles si vous préférez, pendant lesquelles ces
identités vivent et apprennent une nouvelle fois, à l’intérieur de votre
système. Dans une certaine mesure, elles apprennent des autres — des
professeurs stagiaires, si vous préférez. (D’un ton amusé.)
(Le journal d’aujourd’hui rendait compte des violences qui ont eu lieu
lors de la Convention des Démocrates pour la présidence, en
novembre 1968 à Chicago. On y parlait des nombreux affrontements entre
la police et divers groupes de manifestants ; selon le verdict d’une
commission d’enquête, la faute en incombait à la police. Pendant le dîner,
Jane et moi avions discuté de ce rapport.)
La race humaine est toutefois beaucoup plus que la race physique. Vous
ne la voyez qu’à un stade de développement. Quand un individu quitte votre
système, c’est pour d’autres systèmes. Il a appris son b.a-ba, mais c’est tout.
Il y a des exceptions — des identités qui choisissent de revenir et
d’enseigner. Elles ne jouent pas dans la même ligue, pour ainsi dire, que
celles dont le cycle réincarnationnel n’est pas terminé. Elles peuvent
revenir, et même subir des violences, comme un homme qui installerait une
école en plein milieu d’une jungle pleine de sauvages.
Néanmoins, avec tout cela, des progrès sont faits à l’intérieur de votre
système lui-même. Une arme nucléaire entre les mains des gens du Moyen
Âge en Europe aurait été utilisée presque immédiatement, et sans le
moindre scrupule, pour anéantir tout ce qui n’était pas la chrétienté. Celle-ci
aurait bien pu périr en même temps que le reste du monde, mais cette
possibilité n’aurait pas été prise en compte, tant les pouvoirs qui
gouvernaient à l’époque étaient bornés et d’une autosatisfaction
malveillante.
En ces temps-là, aucun homme raisonnable et sensé ne pensait à partager
ses biens, ou même à prendre en compte la situation critique des classes
plus pauvres. Non seulement on ne faisait pas la charité, mais son aspect
pratique n’était même pas envisagé. Le concept archaïque de Dieu [à cette
époque-là] recouvrait joliment les questions de ce genre. Les pauvres
étaient évidemment des pécheurs. La pauvreté était leur pénitence, et
essayer d’aider ceux que Dieu avait maudits était considéré comme un
sacrilège. On torturait les animaux par sport. La compassion pour les choses
vivantes était perçue chez un homme comme une faiblesse qu’il fallait
extirper. Les femmes étaient à peine considérées comme des êtres humains,
sauf dans des cercles très restreints.
La progression au fil des siècles serait beaucoup plus visible si vous
connaissiez tous les faits. Il y a ici un aspect que je n’ai pas mentionné
jusqu’à présent : l’homme n’a pas été autorisé à jouer avec des jouets plus
dangereux tant qu’il n’avait pas donné la preuve d’avoir acquis un certain
contrôle. Cela ne veut pas dire qu’il n’aurait pas pu détruire le monde qu’il
connaissait. Cela signifiait seulement qu’une telle destruction n’était pas
inévitable. Vous ne donnez pas à un enfant un fusil chargé si vous pensez
qu’il va se tuer ou tuer son voisin.
Maintenant : les armes et la destruction sont les choses évidentes que
vous voyez. Les contreparties ne le sont pas autant et, pourtant, ce sont elles
qui importent : l’apprentissage de l’autodiscipline, le contrôle, la
compassion qui s’éveille enfin, et la dernière leçon apprise finalement — le
désir positif de créativité et d’amour, qui l’emporte sur la destruction et la
haine. Quand cette leçon-là est apprise, le cycle réincarnationnel est
terminé.
Il y a une raison pour laquelle ces leçons doivent être apprises
précisément de cette manière. Au niveau élémentaire, il n’y a que la
créativité. La destruction est seulement le changement de forme. Un orage
ou une tornade ne connaît pas la destruction. Cette même énergie enfermée
dans une forme humaine, c’est autre chose. Il y a donc différents types de
créativité, qui doivent être appris, et une spécialisation dans la focalisation
de l’énergie et des sentiments qui apparaît — l’énergie élémentaire
devenant consciente d’elle-même et se rendant compte de problèmes qui,
pour elle, n’existaient pas « avant » ; des millions de molécules unies
momentanément avec une conscience vivante, emplies d’énergie primale,
apprenant l’amour et formant des modèles psychiques extrêmement
sensibles ; des charges électriques qui maintenant forment des émotions au
lieu de nuages ; le chaos innocent d’une personnalité indifférenciée qui
existe derrière le mécanisme, très précis et vraiment sophistiqué, d’une
pensée. Et tout cela avant qu’un individu naisse dans votre système ! En
termes de temps, tout cela est derrière nous tous.
Il n’est guère étonnant qu’il y ait des luttes psychiques. Et pourtant, au-
delà de votre système, il y a des raffinements impossibles à décrire et des
développements nouveaux, plus miraculeux que ceux qui ont précédé. Et à
travers tout cela l’entité formée à partir de ce chaos massif conserve son
identité ainsi que la connaissance de ses « passés », et continue à croître en
créativité.
Cela fait partie du matériau le plus important que je vous ai donné, car
vous vous interrogiez sur le but [de la conscience à l’intérieur de ce
système] et, souvent, vous n’avez été capables de voir qu’une petite parcelle
du temps et de l’espace.
La violence dont vous parliez tous les deux, ce soir, a ouvert un gouffre
béant à l’intérieur de l’âme de chaque participant, par lequel il a entraperçu
les origines vertigineuses qui se trouvaient derrière son identité. La peur
existait, alors et par la suite, de retomber dans ce gouffre « dépourvu
d’esprit ».
Maintenant, une tempête de temps à autre fascine beaucoup de gens, et
c’est pareil pour la violence, mais peu de monde sort au milieu d’une
tempête extrêmement destructrice. Chaque participant a senti le chaos
auquel il avait directement accès. (Avec insistance.) Il en a eu peur, même
dans sa fascination, parce qu’il était obligé de reconnaître que ce chaos
l’entraînerait, lui et son ennemi, dans la folie ou dans la mort.
De nombreux participants ne savaient pas qu’ils avaient accès à une telle
énergie ; c’est pourquoi la notion qu’ils pouvaient l’utiliser de façon
créative ne leur était jamais passée par la tête. Beaucoup d’entre eux se
sentaient minuscules, seuls et impuissants. Maintenant, cette énergie même
était vivifiante. Pour la première fois, un grand nombre de participants ont
réalisé intuitivement que pareille énergie était aussi source de créativité.
Beaucoup parmi eux vont essayer diverses méthodes pour refaire
l’expérience de cette énergie, afin de libérer des sentiments créateurs qu’ils
ignoraient posséder. L’énergie, bien sûr, était neutre. C’est l’utilisation
qu’ils en ont fait à ce moment qui a causé des éléments destructeurs.
L’énergie libérée a pourtant déjà changé votre scène nationale et elle va
continuer à le faire. Des libérations massives d’énergie seront utilisées, mais
pas durant votre vie, pour commencer à unifier toute la planète dans la paix.
Cela ne se produira pas avant que des désastres aient également lieu, mais
quand cela arrivera, ce sera la première fois dans l’histoire de la planète que
la paix régnera avec l’égalité pour tous.
Il y a déjà eu diverses périodes de paix, mais il n’y avait pas l’égalité. Il y
a eu d’innombrables civilisations qui se sont détruites elles-mêmes dans le
passé de la planète, et même avant, quand une autre planète se trouvait
approximativement à la place de la Terre. Il y a aussi eu des civilisations qui
ont duré, qui ont survécu à leur planète et qui sont parties ailleurs.
Maintenant, vous pouvez faire votre pause, puis nous continuerons.
(22 h 09. Jane fait une pause pendant quelques instants, puis elle
reprend, alors que je la croyais sortie de transe et que j’avais prononcé son
nom.)
Il y avait autrefois neuf planètes, groupées comme des joyaux autour du
soleil. Elles étaient régulièrement espacées les unes par rapport aux autres,
et régulièrement réparties dans leur distance par rapport au soleil. C’est le
premier système qui a connu la race humaine. Elles se situaient dans votre
coin de l’univers mais, en vos termes, elles sembleraient avoir dérivé si loin
qu’aucun de vos instruments ne pourrait jamais les trouver.
Elles ont explosé et ont été recréées de nombreuses fois — disparaissant
et revenant. On aurait dit qu’elles palpitaient. Pour vous, elles auraient
semblé disparaître pendant des éons. Pour elles, leur existence était
continue. Tout comme les atomes et les molécules donnent à vos chaises
une réalité à l’intérieur de votre système, bien qu’ils aillent et viennent, ce
système planétaire garde toujours son identité. Vos astronomes peuvent en
percevoir une image fantôme en marge de votre univers, mais ce n’est
qu’un reflet d’une réalité que vous ne pouvez pas percevoir. Maintenant,
faites votre pause.
(22 h 19. Jane sort de transe facilement ; après quelques instants, ses
yeux s’ouvrent. Elle dit qu’elle était pourtant partie bien loin et qu’elle a eu
une vision des planètes et du soleil.
Mentalement, je fais un décompte rapide des planètes que nous savons
être dans notre système solaire : il y en a neuf, le même chiffre qu’a donné
Seth.
Naturellement, les données qu’il fournit soulèvent de nombreuses
questions, mais nous n’en aurons pas les réponses ce soir.
Juste avant la fin de la pause, Jane dit : « Je viens de recevoir tout un
bloc de pensées de la part de Seth. » Reprise à 22 h 31.)
Maintenant. L’existence utilise la forme. Quand un système planétaire est
perturbé, dans de nombreux cas, les entités attirées par lui, ou qui le
considèrent comme étant leur habitat, changent simplement de forme,
rassemblent leurs forces, et — si elles estiment que cela en vaut la peine —
remettent leur demeure en ordre. Elles entrent alors dans les formes qui sont
disponibles ou adoptent des formes capables de survivre. Cela a été fait à
plusieurs reprises dans votre système. Cela ne se produit pourtant pas
souvent, parce que le matériau à disposition permet rarement de former une
structure assez complexe pour qu’une conscience puisse s’y exprimer de
façon suffisamment complète.
Il peut y avoir, en vos termes, une certaine perte de mémoire — des
complications qui rendent confuse la connaissance originale. Quand cette
situation se produit, il y a toujours une division des forces, certaines entités
se tournant vers la forme et d’autres n’entrant pas dans le processus. Ces
dernières observent, conservant leur mémoire et leur connaissance intactes,
et elles agissent comme des guides dont les souvenirs servent d’antithèses
aux nouveaux modèles qui sont formés. Encore une fois, cela s’est produit
dans votre propre système.
Beaucoup d’entités n’ont pas besoin de forme, en vos termes. Mais nous
n’allons pas nous intéresser à elles ce soir. Ce système originel dont j’ai
parlé va être brièvement abordé, du moins sur le plan théorique, mais l’idée
ne sera pas suffisamment prise au sérieux pour provoquer une vive
controverse.
L’énergie de ce système était énorme, bien plus grande que tout ce que
vous connaissez, et les débris constamment rejetés, provenant de ses
pulsations, ont donné naissance à d’autres systèmes. (Une longue pause.)
Nous nous débattons avec le vocabulaire de Ruburt. (Une pause.) La vitesse
de son mouvement était aussi bien plus grande que tout ce que vous
connaissez, même si elle accélérait et ralentissait de manière cyclique.
(Jane fait une nouvelle pause. Son débit, ici, est lent, et elle a recours à
de nombreux gestes, dessinant des représentations dans l’air et fronçant les
sourcils de temps à autre.)
Il possédait des créatures de conscience, mais pas telles que vous
connaissez les créatures. Énergie, entités (une longue pause), transformant
continuellement des roytans massifs…
(Ou peut-être roetans — mon interprétation phonétique. Je ne suis pas
sûr du mot que Seth ou Jane emploie, et je me contente de poser une seule
question, qui n’obtient pas de réponse…)
Nous travaillons avec le vocabulaire de Ruburt.
(« Est-ce que vous voulez dire roentgen ? » J’entends par là l’unité
internationale des rayons X.)
Ils sont nés d’eux-mêmes, de massives unités d’énergie qui réagissaient
automatiquement, et de façon explosive, sur la forme du système. Leur
énergie était la cause du fonctionnement du système.
Il y avait une réaction directe et instantanée entre la conscience et la
matière, un jaillissement de force électromagnétique suffisamment
puissante pour ensemencer un univers. Votre univers n’en est qu’un parmi
tant d’autres, et vous n’en percevez qu’une petite portion. Je vais
maintenant terminer la session, à moins que vous n’ayez des questions.
(« J’en aurai plus tard. »)
Le matériau de ce soir est arrivé à un point d’interruption naturel, mais
nous avons aussi abordé certains sujets dont nous n’avions pas parlé dans
les sessions précédentes, et celle de ce soir peut servir de préparation pour
des informations ultérieures. Mes souhaits les plus chaleureux à vous deux,
et un cordial bonsoir. (« Bonsoir Seth. »
22 h 52. Jane sort rapidement de transe, bien que celle-ci ait été
profonde. Elle sent, dit-elle, une forte énergie circuler à la fin de la
session.)
SESSION 453
MERCREDI 4 DÉCEMBRE 1968

(21 h 06.
Sue Mullin est présente.)
Bonsoir
(« Bonsoir, Seth. »)
Merci de m’avoir invité à votre soirée.
(« Ok. »)
Maintenant. Le système planétaire dont nous avons parlé lors de notre
dernière session était le premier au sein de votre univers, si l’on parle en
termes de temps. Il est très difficile de vous expliquer que l’univers que
vous voyez, les étoiles et les planètes que vous voyez sont,
comparativement, unidimensionnels. Vous en percevez uniquement les
portions qui sont apparentes à l’intérieur de votre propre système de réalité.
Les lourdes molécules d’hydrogène ont eu un grand rôle à jouer dans la
naissance de ce système [antérieur]. La conscience devait d’abord créer le
vide ou la dimension dans laquelle le système pourrait exister, et aussi doter
ce vide de toutes les probabilités de développement qui se sont produites
dans votre temps et qui vont se produire. Le vide, en d’autres termes, peut
donc être comparé à un esprit ; qui peut prédire quelles images ou pensées
vont y prendre naissance ? Il y a, comme je vous l’ai dit, une infinité de ces
systèmes et, pourtant, à l’intérieur de chacun d’eux, il y a une identité et une
direction.
Ce vide immense, cet esprit infini, est né d’un autre qui était plus grand
que lui. (Sourire de Seth.) Les possibilités qui sont devenues réalité au sein
de ce système universel ont chacune donné naissance à d’autres systèmes et
réalités, comme un arbre porte un millier de graines. Vous-même, par vos
propres actions mentales, vous créez des réalités dont vous ne vous rendez
pas compte et vous donnez naissance à plus que des enfants physiques.
Vous ne comprenez pas les dimensions dans lesquelles tombent vos
propres pensées, car elles poursuivent leur propre existence, et d’autres les
admirent et les voient comme des étoiles. Je vous dis que vos propres
pensées et actions mentales apparaissent aux habitants d’autres systèmes
comme les étoiles et les planètes à l’intérieur du vôtre ; et ces habitants ne
perçoivent pas ce qui se trouve à l’intérieur et derrière les étoiles de leurs
propres cieux. Bien qu’ils explorent leur propre univers, ils ne vont pas
s’aventurer dans votre réalité. Ils vont simplement percevoir la silhouette et
la forme que prennent vos actes mentaux — pensées et rêves — dans leur
système.
Ce qui précède est un matériau que nous ne vous avons pas donné avant,
pour que ses implications ne vous conduisent pas à des sentiments
d’insignifiance. Mais vous ne faites pas que recevoir, vous donnez aussi.
Tout comme votre univers a été formé par des entités que vous ne
comprenez pas pour l’instant, les rebuts de votre conscience forment des
réalités pour des entités qui se rendent à peine compte de votre existence.
Dans cette abondance, rien n’est dénué de sens ni perdu. Il y a une
interrelation, des réalités qui s’entremêlent et des connexions qui ne
peuvent être niées. Je vous ai dit, par exemple, que la réalité du rêve
consistait en plus que ce que vous en savez, et que son univers continuait,
que vous le perceviez ou non. Dans ce contexte, ces habitants rêvent — à
leur tour — leurs propres rêves et forment des réalités électromagnétiques.
Vous n’êtes ni au sommet ni au fond de l’amas de conscience, pourrait-on
dire. Vous n’êtes ni au centre ni au bord.
Au lieu de cela, le moi intérieur est intimement relié à chaque réalité,
bien que vous ne vous en rendiez pas compte ; il peut suivre la trace de ses
propres connexions à travers le réseau de toute existence, tout en gardant
toujours son identité.
Souvenez-vous, lorsque nous parlons des débuts de votre système, que
nous parlons uniquement en prenant en compte vos idées de temps. Tout
existe évidemment en même temps. Dans votre façon de penser, certaines
vies sont vécues en un clin d’œil [dans divers systèmes] et d’autres durent
pendant des siècles. La perception d’une conscience n’est toutefois pas
limitée. Je vous ai dit, par exemple, que les arbres avaient leur propre
conscience. La conscience d’un arbre n’est pas aussi spécifiquement
focalisée que la vôtre ; pourtant, l’arbre est pratiquement conscient des
cinquante années qui ont précédé son existence et des cinquante à venir.
Son sens de l’identité va spontanément au-delà de son changement de
forme. N’ayant pas d’ego, il n’a pas à couper court à l’identification du
« je ». Les créatures qui n’ont pas le compartiment de l’ego peuvent
facilement suivre leur propre identité par-delà tout changement de forme.
Le moi intérieur est conscient de cette intégrité d’identité, mais l’ego, si
solidement focalisé dans la réalité physique, ne peut se permettre ce luxe.
Toute conscience se rend donc compte, de façon innée, de son identité
fondamentale. Le moi intérieur sait ce qui est derrière les étoiles et les
planètes physiques que l’œil voit, mais l’ego serait pris de panique face à
une telle réalisation.
Le système évoqué précédemment — le soleil et ses neuf planètes
originelles — s’est, en vos termes, depuis longtemps transformé en d’autres
systèmes d’univers qu’il a formés. L’ensemble de toute cette structure
cosmique était cependant la matérialisation d’une seule pensée originelle,
car la pensée, la réalité fondamentale, doit toujours exister avant sa
représentation. Il y avait donc de l’intelligence dans ce premier système.
Maintenant, vous pouvez faire une pause, puis nous continuerons. Mes
souhaits les plus chaleureux à votre amie [Sue].
(21 h 36. Jane sort rapidement de transe, mais elle dit que celle-ci a été
profonde. Seth se manifestait avec plus de force qu’à l’ordinaire et de façon
un peu plus rapide, avec une voix plus sonore. Reprise de la même manière,
à 21 h 44.)
Maintenant. Encore une fois, chaque pensée forme sa propre réalité
électromagnétique et elle est composée d’une énergie qui ne peut jamais
être dissipée mais seulement transformée. La réalité subjective d’un
homme, qui resterait tout seul dans l’univers, émettrait suffisamment
d’énergie pour en engendrer un autre. Cette phrase n’est pas déformée.
Vous allez avoir quelques sessions supplémentaires ce week-end. Je ne
veux pas abuser des ressources de Ruburt, et je ne veux pas non plus vous
garder attaché à votre machine à écrire pendant trois semaines. C’est
pourquoi cette session va être brève, de façon à compléter le matériau de
notre dernière séance. C’est encore moi qui vais en profiter le plus. (Avec
humour.) Mes souhaits les plus chaleureux à vous tous. Je vais rester un
peu, pour prendre plaisir à votre conversation.
(« Bonsoir, Seth. »
21 h 48. Il a fallu à Jane un moment pour sortir de transe. « J’ai peut-
être fini, mais je ne suis pas encore revenue. Je déteste ça, quand je suis à
moitié sortie et à moitié dedans. C’est comme si j’étais dans un cône. Je
peux entendre ce qui se passe en dehors, mais je dois encore en sortir. »
21 h 55. Nous pensions qu’elle était sortie de transe, mais il s’est avéré
que nous nous trompions. Seth, ou l’état de transe, s’attardait. Jane
montrait une nette tendance à retourner en transe, elle roulait notamment
les yeux et, pour la sortir de là, je n’ai pas arrêté de lui parler, je lui ai
donné du thé, etc.
Un élément qui la maintenait dans cet état a retenu mon attention
lorsque, assise dans son fauteuil à bascule, elle a dit, incidemment : « Seth
est encore ici. Il est au-dessus, sur ma droite, maintenant. » Et elle a tendu
le bras. Apparemment, Seth occupait un espace d’environ un mètre
cinquante de haut, une bulle d’espace juste à proximité de Jane, je pouvais
y entrer sans le déranger. Seth est resté présent tout le temps où nous avons
discuté, Jane, Sue et moi.)

SESSION 503
MERCREDI 24 SEPTEMBRE 1969

(21 h 32.
Deux pages environ de matériau personnel ne sont pas reproduites ici.
Sue Mullin, aujourd’hui Sue Watkins, une des élèves du cours de
perception extrasensorielle de Jane, a laissé hier soir trois questions pour
que Seth y réponde dès que possible. La première est : « Quand je projette
ma conscience hors de mon corps, est-ce que mon corps astral est
“enceinte” puisqu’actuellement je le suis physiquement ? Est-ce que le
corps astral porte la contrepartie astrale du fœtus, ou est-ce que le fœtus
astral demeure dans le corps physique à l’intérieur du fœtus physique ? »
Je demande maintenant à Seth : « Pouvez-vous dire quelques mots en
réponse à la question de Sue, à propos du corps astral du fœtus ? » Jane a
lu les questions de Sue peu de temps avant, mais elle ignore que je vais les
poser ce soir.)
Le fœtus a sa propre forme astrale. Maintenant, celle-ci appartient à
l’individu, à la personnalité telle qu’elle sera dans cette vie-ci. Ce n’est pas
la forme astrale qui existait dans une réincarnation « précédente ». Il y a ici
beaucoup de données complexes et je vais essayer de les exposer
simplement.
Une grande énergie est liée au fœtus, car il n’y a, à aucun autre moment
dans la vie physique, autant d’énergie utilisée si intentionnellement et de
façon si orientée. C’est cette charge d’énergie, de proportion vraiment
cosmique, qui permet l’émergence initiale dans la matière. La personnalité
est occupée à transformer littéralement une infinité de données. Une bonne
part de ce travail a déjà été accomplie au bout du troisième mois de
grossesse. Tout aussi vite que les nouvelles données forment le fœtus et la
structure physique, le moi de la réincarnation précédente doit commencer à
relâcher son emprise. Il entre brièvement dans ce processus [de la
naissance], mais il ne devient pas le nouvel individu.
Il aide à former le nouvel individu et doit ensuite se retirer. La nouvelle
unité du moi doit être libre et ne pas être gênée par les exigences qui
pourraient autrement lui être imposées. Le nouvel individu a des souvenirs
profondément enfouis de ses vies passées, mais la conscience personnelle
du dernier moi réincarné ne doit pas se superposer à cette nouvelle identité.
La nouvelle personnalité, dans son petit corps astral, rend visite à d’autres
portions de l’entité entière. Elle y reçoit certaines leçons, mais elle est
vraiment son propre moi.
(« Lorsque Sue se projette, est-ce que cette personnalité le fait aussi ? »)
Elle peut le faire ou non. Elle n’est pas obligée de le faire. Elle peut se
projeter entièrement dans d’autres endroits, pendant que Sue est ailleurs
dans sa forme astrale. Il y a cependant, à ce moment-là, une très forte
connexion entre les deux. À un niveau plus profond, elles se rendent
compte de là où elles sont. La mère sait où est l’enfant, même si elle n’en a
pas conscience. La mère peut même aller chercher l’enfant dans une
projection et le ramener à la maison.
Beaucoup d’avortements naturels ont pour cause le fait que la nouvelle
personnalité a du mal à construire la nouvelle forme, se projette vers
d’autres pour recevoir des conseils, et qu’on lui dit de ne pas y retourner.

EXTRAIT DE LA SESSION 504


LUNDI 29 SEPTEMBRE 1969

(21 h 17.)
J’aimerais compléter la discussion que nous avons commencée lors de
notre dernière session. Le fœtus voit l’environnement physique. À ce stade,
la structure cellulaire réagit à la lumière et active des capacités latentes dans
la structure cellulaire du corps de la mère. Au sens littéral du terme, il voit à
travers le corps de sa mère, et avec l’aide de celui-ci.
Ce ne sont pas des images nettes, mais il commence déjà à échafauder
des idées de silhouette et de forme. Il va sans dire que c’est la même chose
avec les paupières. Autrement dit, il peut voir à travers ses paupières
fermées. Il se rend compte de la lumière et de l’ombre, de silhouettes, bien
qu’il doive apprendre à faire la distinction entre ces parties du domaine de
réalité accessible que vous acceptez en tant qu’objets, et le domaine
accessible que vous n’acceptez pas en tant qu’objets.
Il voit plus que vous, ou que sa mère, parce qu’il ne sait pas encore que
vous n’acceptez que certaines structures et rejetez les autres. Au moment où
il naît, il a déjà appris à accepter l’idée qu’ont ses parents de ce qu’est la
réalité. Au sens large, il commence à s’entraîner à se focaliser uniquement
sur ce que vous appelleriez la réalité physique, bien qu’il continue à
percevoir partiellement d’autres domaines que vous n’acceptez pas. Il est
reconnu et voit ses désirs satisfaits uniquement lorsqu’il se focalise sur une
réalité particulière. Il apprend donc rapidement à écarter les autres.
Maintenant, le fœtus entend aussi, et la même chose s’applique ici,
lorsqu’il est dans la matrice. Il entend des sons provenant de
l’environnement physique, mais aussi des sons appartenant à un champ de
réalité accessible que vous n’acceptez pas. Une fois né, le nourrisson
continue d’entendre ces sons et ces voix, mais, là encore, comme ceux-ci ne
répondent pas à ses besoins physiques et n’apportent pas de lait quand il
pleure, ils les écartent petit à petit.
Pendant quelque temps, il perçoit littéralement de nombreux niveaux de
réalité simultanément, et une part de ce qui semble être de la désorientation
est simplement le résultat d’une confusion de départ, devant tant de
données. En fonction de l’individu et de la situation, le fœtus peut encore
recevoir des messages de ceux qu’il a connus dans le passé. Cela ajoute à la
confusion, et c’est une question de survie physique, pour lui, d’ignorer
largement ces messages pendant qu’il apprend à se focaliser sur la réalité
physique.
Le fœtus se rend parfaitement compte des changements de température,
par exemple, et du temps qu’il fait. Il est en communication télépathique
avec des animaux et d’autres gens et, à un niveau différent, il a une sorte de
communication avec les plantes et d’autres consciences de ce type. Les
plantes réagissent assez vivement à un avortement. Le fœtus réagit aussi à
la mort d’un animal dans la famille, et il a connaissance des relations
psychiques inconscientes au sein de la famille bien avant le sixième mois de
grossesse.
Les plantes dans une maison sont elles aussi très conscientes du fœtus en
train de se développer ; elles détectent également le fait qu’un membre de la
famille est malade, souvent avant même qu’il y ait des symptômes
physiques. Elles sont extrêmement sensibles à la conscience au sein d’une
structure cellulaire. Les plantes savent également si un fœtus est mâle ou
femelle.
(Deux pages de matériau personnel non reproduites ici.
Plus tôt dans la soirée, j’ai fait mention à Jane de l’intérêt, qui depuis
longtemps était le mien, pour une déclaration de Seth qui avait affirmé, il y
a des années, que les perceptions extrasensorielles avaient une base
électromagnétique. Cela attisait ma curiosité, car j’avais lu qu’aucune
recherche n’avait trouvé la moindre relation électromagnétique de ce type.
J’interroge maintenant Seth sur ce sujet.)
Je relierais plutôt cela à nos informations sur le fœtus.
(« D’accord. »)
Et, de cette manière, nous pouvons poursuivre les deux discussions.
(« Bien. »)
Maintenant. Il y a des structures électromagnétiques, pour ainsi dire, qui
dépassent actuellement la portée de vos instruments [scientifiques], des
unités qui sont les porteurs de base de la perception. Elles ont une « vie »
très brève, en vos termes. Leur taille varie. Plusieurs unités peuvent se
combiner, par exemple ; beaucoup d’unités peuvent se combiner. Pour
formuler cela aussi simplement que possible, ce n’est pas tant qu’elles se
déplacent à travers l’espace, c’est plutôt qu’elles utilisent l’espace pour se
mouvoir. Il y a une différence.
Des qualités thermiques, pour ainsi dire, entrent en jeu, ainsi que des lois
d’attraction et de répulsion. Les unités chargent l’air à travers lequel elles
passent et attirent à elles d’autres unités. Elles ne sont pas stationnaires, au
sens où, disons, une cellule est stationnaire à l’intérieur du corps. Même une
cellule ne fait que paraître stationnaire. Ces unités n’ont pas de
« domicile ». Elles sont construites en réponse à une intensité émotionnelle.
Elles sont une forme que prend l’énergie émotionnelle. Elles suivent
leurs propres règles d’attraction et de répulsion. Tout comme un aimant,
voyez-vous, attire avec ses filaments, ces unités attirent leurs propres type
et forme de structures, qui vous apparaissent ensuite en tant que perception.
Maintenant. Le fœtus utilise ces unités. Toute conscience fait de même, y
compris celle d’une plante. Les cellules ne réagissent pas simplement à la
lumière parce que c’est dans l’ordre des choses, mais parce qu’un désir
émotionnel de percevoir la lumière est présent.
Le désir apparaît à cet autre niveau sous la forme de ces unités
électromagnétiques, qui provoquent ensuite une sensibilité à la lumière. Ces
unités sont en roue libre. Elles peuvent être utilisées dans une perception
normale ou dans ce que vous appelez une perception extrasensorielle. Je
parlerai de leur nature fondamentale dans une session ultérieure, et
j’aimerais relier cela au fœtus, puisque ce dernier est très concerné par les
mécanismes de perception.
(« Ça sera bien pour la prochaine session. »)
Ce n’est pas qu’il vous soit impossible de concevoir des instruments vous
permettant de percevoir ces unités. Vos scientifiques se posent simplement
les mauvaises questions et ne pensent pas en termes de structures en roue
libre, comme celles-ci.

EXTRAIT DE LA SESSION 505


LUNDI 13 OCTOBRE 1969

(21 h 34.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Ces unités dont nous avons parlé précédemment sont
essentiellement des animations s’élevant de la conscience. Je parle
maintenant de la conscience à l’intérieur de chaque particule physique,
quelle que soit sa taille — de la conscience moléculaire, de la conscience
cellulaire, aussi bien que des plus grands ensembles changeants de
conscience qui vous sont habituellement familiers. À cause du vocabulaire
scientifique limité de Ruburt, cela est un peu difficile à expliquer. Certaines
des théories que je vais vous présenter au cours de cette discussion vous
seront également peu familières.
Ces émanations s’élèvent aussi naturellement que la respiration, et
d’autres comparaisons peuvent être faites, dans le sens où il y a un
mouvement vers l’intérieur et un mouvement vers l’extérieur, une
transformation au sein de l’unité, de même que ce qui entre dans les
poumons, par exemple, n’est pas la même chose que ce qui en sort lors de
l’exhalation. Vous pourriez comparer ces unités, juste en tant qu’analogie,
au souffle invisible de la conscience. Cette analogie ne va pas nous mener
loin, mais elle est suffisante au début pour faire comprendre l’idée générale.
Le souffle, bien sûr, est aussi une pulsation, et ces unités opèrent de manière
pulsative. Elles sont émises par les cellules, par exemple, des plantes, des
animaux, des rochers, etc. Elles auraient une couleur si vous étiez capables
de les percevoir physiquement.
Elles sont électromagnétiques, en vos termes, suivant leurs propres
structures de charge positive et de charge négative, et suivant aussi certaines
lois du magnétisme. Dans le cas présent, les semblables s’attirent,
indéniablement. Les émanations sont en fait des tons émotionnels. La
diversité de tons est pratiquement infinie.
Les unités se situent juste sous le champ de la matière physique. Il n’y en
a pas deux pareilles. Elles ont cependant une structure. Cette structure
dépasse le champ des qualités électromagnétiques telles que les
scientifiques les conçoivent. Les consciences produisent en fait ces
émanations, et celles-ci sont la base de tous les types de perception, à la fois
sensoriels, au sens usuel du terme, et extrasensoriels.
Nous ne sommes qu’au début de cette discussion. Par la suite, vous
verrez que je simplifie les choses pour vous, mais vous ne les comprendriez
pas si nous ne commencions pas ainsi. J’ai l’intention d’expliquer la
structure de ces unités. Maintenant, accordez-nous un moment.
Ces émanations peuvent aussi apparaître en tant que sons, et vous serez
capables de les traduire en sons longtemps avant que vos scientifiques
découvrent leur signification fondamentale. L’une des raisons pour
lesquelles elles n’ont pas été découvertes est précisément le fait qu’elles
sont si intelligemment camouflées à l’intérieur de toutes les structures.
Étant juste au-delà du champ de la matière, ayant une structure, mais une
structure non physique, et étant de nature pulsative, elles peuvent se dilater
ou se contracter. Elles peuvent, par exemple, complètement envelopper une
petite cellule ou se retirer dans le noyau à l’intérieur. En d’autres termes,
elles combinent les qualités d’une unité et d’un champ.
Il y a une autre raison qui fait qu’elles demeurent un secret pour les
scientifiques occidentaux. L’intensité gouverne non seulement leur activité
et leur taille, mais aussi la force relative de leur nature magnétique. Elles
attirent à elles d’autres unités, par exemple, en fonction de l’intensité du ton
émotionnel de la conscience particulière à un « point » donné.
Ces unités changent donc constamment. Si nous devons parler en termes
de taille, alors elles changent constamment de taille tandis qu’elles se
dilatent et se contractent. Théoriquement, il n’y a pas de limite, voyez-vous,
à leur taux de contraction et d’expansion. Elles sont aussi absorbantes. Elles
dégagent des qualités thermiques, et ce sont là les seuls indices que vos
scientifiques ont reçus d’elles jusqu’à présent.
Les caractéristiques de ces unités les attirent vers un échange constant.
Des paquets d’entre elles (Jane fait des gestes ; sa voix est assez
emphatique et animée) s’attirent les uns les autres et se scellent
littéralement, juste avant de se lâcher et de se disperser, une fois encore.
Elles forment — et leur nature est derrière — ce qui est communément
appelé l’air, et elles utilisent cela pour se mouvoir. En d’autres termes, on
peut dire que l’air est formé par les animations de ces unités.
J’essayerai de clarifier cela plus tard, mais l’air est le résultat de
l’existence de ces unités, formé par l’interrelation des unités dans leurs
positions et distances relatives les unes par rapport aux autres, et par ce que
vous pourriez appeler la vélocité relative de leur mouvement. L’air est ce
qui se produit lorsque ces unités sont en mouvement, et c’est en termes de
temps météorologique que leurs effets électromagnétiques apparaissent le
plus clairement aux scientifiques, par exemple.
Ces unités — considérons-les dans le cas d’un rocher. Celui-ci est
composé de molécules et d’atomes, dont chacun a sa propre conscience.
Cela forme un ensemble changeant de conscience de rocher. Ces unités sont
émises sans discernement par les différents atomes et molécules, mais une
partie d’entre elles sont également dirigées par la conscience globale du
rocher. Ces unités sont émises par le rocher et l’informe sur la nature de son
environnement changeant : les changements d’angle du soleil et de
température, par exemple, à mesure que la nuit tombe ; et même dans le cas
d’un rocher, ces unités changent à mesure que se transforme ce que l’on
pourrait approximativement nommer le ton émotionnel du rocher. En
changeant, ces unités modifient l’air autour d’elles ; il est le résultat de leur
propre activité.
Elles émanent constamment du rocher et y retournent en un mouvement
si rapide que cela semble simultané. Les unités rencontrent d’autres unités
émises, disons, par un feuillage et tous les autres objets, et dans une certaine
mesure s’y mêlent. Il y a un mélange constant, et aussi attraction et
répulsion.
Vous pouvez faire votre pause, et nous continuerons.
(22 h 10. L’élocution de Jane était assez emphatique et animée tout du
long. Sa transe était bonne.
Le reste de la session était consacrée à l’interprétation que Seth a
donnée de l’un de mes rêves — Robert Butts.)

SESSION 506
LUNDI 27 OCTOBRE 1969

(Un peu après 21 heures, Jane et moi nous sommes assis pour voir si
Seth se manifesterait. J’ai dit à Jane qu’il n’était pas nécessaire qu’elle
tienne une session, mais elle était assez disposée à en avoir une si Seth le
décidait. Elle a travaillé de longues heures sur son livre et il ne lui reste
qu’un ou deux chapitres à réécrire.
Jane a eu récemment deux excellentes et longues sessions pour son cours
de perception extrasensorielle, pendant lesquelles Seth et Seth 2 se sont
manifestés, et qui comportaient un nouveau matériau.
21 h 40.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant : Ruburt n’a pas besoin de s’inquiéter d’avoir manqué
quelques sessions régulières. Il s’est exercé à la spontanéité et, de façon
assez paradoxale, la régularité de nos séances dépend de la spontanéité. Est-
ce que vous me suivez ?
(« Oui. »)
Maintenant. Les unités dont j’ai parlé n’ont aucune « vie » spécifique,
régulière et pré-ordonnée. Elles ne semblent pas suivre beaucoup de
principes scientifiques. Puisqu’elles sont la force intuitive qui se situe juste
au-delà du champ de la matière et sur laquelle la matière se forme, elles ne
suivent pas les lois de la matière, bien que, par moments, elles puissent les
imiter.
Il est pratiquement impossible de détecter une unité individuelle, car,
dans sa danse d’activité, elle devient constamment une partie d’autres unités
semblables, se dilatant et se contractant, vibrant et changeant d’intensité et
de force, et changeant de polarité. Ce dernier point est extrêmement
important.
(Une pause parmi de nombreuses autres.)
Avec le vocabulaire limité de Ruburt, cela est assez difficile à expliquer,
mais ce serait comme si les positions de vos pôles Nord et Sud changeaient
constamment, tout en maintenant la même distance relative l’un par rapport
à l’autre, et que, par leur changement de polarité, ils perturbaient la stabilité
(une pause) de la planète — à la différence près que, du fait de la force
comparativement plus grande aux pôles des unités (gestes et tentatives de
dessiner un diagramme dans l’air), une stabilité nouvelle est atteinte
presque immédiatement, après chaque déplacement. Est-ce que cela est
clair ?
(« Oui. »)
Le changement de polarité se produit au rythme de variation des
intensités émotionnelles, ou des énergies émotionnelles, si vous préférez.
L’énergie émotionnelle « initiale » qui met en mouvement une unité
donnée, et qui la forme, amène ensuite celle-ci à devenir un champ
électromagnétique fortement chargé, ayant ces caractéristiques de
changement de polarité que nous venons juste de mentionner. Les polarités
changeantes sont aussi causées par l’attraction et la répulsion provenant
d’autres unités semblables qui peuvent être attachées ou détachées. Il y a un
rythme qui sous-tend cette polarité changeante et ces variations d’intensité,
qui se produisent constamment. Mais les rythmes ont à voir avec la nature
de l’énergie émotionnelle elle-même, et non pas avec les lois de la matière.
Sans une compréhension de ces rythmes, l’activité des unités paraîtrait
désordonnée et chaotique, et il semblerait que rien ne maintienne ces unités
ensemble. D’ailleurs, elles semblent voler séparément à des vitesses folles.
Le « noyau » — en prenant maintenant l’analogie d’une cellule —, si ces
unités étaient des cellules, ce qu’elles ne sont pas, ce serait comme si le
noyau changeait constamment de position, s’envolant dans toutes les
directions, entraînant avec lui le reste de la cellule. Est-ce que vous suivez
l’analogie ?
(« Oui. »)
Les unités sont évidemment à l’intérieur de la réalité de toutes les
cellules. Maintenant. Le point de démarrage est la partie essentielle de
l’unité, comme le noyau est la partie importante de la cellule. Ce point est
l’énergie émotionnelle de départ, unique, individuelle et spécifique, qui
forme toute unité donnée. Il devient le point d’entrée dans la matière
physique.
Il est l’enceinte à trois côtés, d’où doit surgir toute matière. Ce point
forme les trois côtés autour de lui. (Des gestes, puis une pause.) Il y a une
nature explosive quand naît l’énergie émotionnelle. L’effet à trois côtés, qui
prend forme instantanément, conduit à un effet qui est un peu comme une
friction, mais cet effet provoque (encore des gestes) le changement de
position des trois côtés, ce qui fait qu’on se retrouve avec un effet
triangulaire fermé, avec le point initial à l’intérieur du triangle. Maintenant,
vous comprenez que cela n’est pas une forme physique.
(« Oui. »)
À partir de là, le point d’énergie change constamment la forme de l’unité,
mais la procédure dont je viens de faire mention doit d’abord avoir lieu.
L’unité peut devenir circulaire, par exemple. Maintenant, ces intensités
d’énergie émotionnelle, qui forment les unités, finissent par transformer
tout l’espace disponible en ce qu’elles sont. Certaines intensités et certaines
positions de polarité, entre et parmi les unités et les grands regroupements
d’unités, compriment l’énergie en une forme solide [donnant naissance à la
matière]. L’énergie émotionnelle au sein des unités est évidemment le
facteur motivant, et vous pouvez voir alors pourquoi une énergie
émotionnelle peut effectivement briser un objet physique. Vous pouvez faire
votre pause.
(21 h 10. Jane sort de transe assez rapidement, bien que celle-ci ait été
bonne. Par moments, son élocution était très rapide. Elle dit qu’elle pouvait
sentir Seth la poussant pour qu’elle laisse passer le matériau aussi
clairement que possible, sans distorsion.
Elle a eu aussi certaines images pendant qu’elle transmettait le matériau,
même si elle ne peut pas se les rappeler au moment de la pause. Elle dit que
d’habitude elle oublie toutes les images, et ne sait parfois même plus si elle
en a eu ou pas, sauf si je le lui demande spécifiquement dès que la session
est terminée ou qu’il y a une pause. Parfois, dit-elle, ces images lui
reviennent quand elle relit la transcription d’une session ; elle les reconnaît
alors.
Jane a insisté pour que l’on mentionne la chose suivante, à propos du
changement de polarité des unités : « Il ne s’agit pas seulement du
changement entre le Nord et le Sud, mais entre les opposés partout sur la
circonférence du cercle [qui servait d’analogie], l’Est et l’Ouest
s’inversant, par exemple.
Reprise à 22 h 26.)
Maintenant. L’intensité de l’énergie émotionnelle originelle contrôle
l’activité, la force, la stabilité et la taille relative de l’unité ; le rythme de sa
pulsation et le pouvoir qu’il a d’attirer et de repousser d’autres unités, ainsi
que sa capacité à se combiner avec d’autres unités.
Le comportement de ces unités change de la manière suivante. Quand
une unité est en train de se combiner à une autre, elle aligne ses composants
d’une façon caractéristique. Quand elle se sépare d’autres unités, elle les
aligne d’une manière différente. Dans chaque cas, la polarité change à
l’intérieur de l’unité. Celle-ci va la modifier en son sein, en s’adaptant au
modèle de polarité de l’unité vers laquelle elle est attirée ; et elle changera
sa polarité de telle sorte que celle-ci soit à l’inverse du modèle de l’unité
avec laquelle elle coupe le contact.
Prenez par exemple cinq mille unités alignées, formées ensemble. Elles
seraient bien sûr invisibles. Mais si vous pouviez les voir, chaque unité
individuelle aurait ses pôles alignés de la même manière. Cela semblerait
être une seule et même unité — de forme, disons, circulaire —, de sorte que
cela apparaîtrait comme un petit globe avec les pôles alignés, comme sur
votre Terre.
Si cette grande unité était ensuite attirée vers une autre, grande et
circulaire mais dont les pôles seraient orientés est/ouest, en vos termes,
alors la première changerait sa polarité, et toutes les unités à l’intérieur
d’elle feraient de même. Le point d’énergie serait à mi-chemin entre ces
pôles, quelles que soient leurs positions, et il formerait les pôles. Ceux-ci
dépendent du point d’énergie. Le point d’énergie est fondamentalement
indestructible.
Son intensité peut cependant varier dans des proportions stupéfiantes, de
sorte qu’elle pourrait être relativement trop faible et retomber, ne pas être
assez forte pour former une base pour la matière, mais se projeter dans un
autre système requérant moins d’intensité pour une « matérialisation ».
Ces unités peuvent aussi tellement gagner en intensité et en force qu’elles
forment des structures relativement permanentes au sein de votre système,
du fait de l’énergie stupéfiante qui est derrière elles. Votre Stockridge —
(Seth marque un temps d’arrêt ; Jane fronce les sourcils comme si elle
cherchait un mot.
« Oak Ridge ? »)
Non. (Un geste.) Les ruines d’un temple…
(« Oh, Baalbek ? »)
C’étaient des lieux consacrés à l’étude des étoiles. Des observatoires.
(« Oui ? » Je pense connaître probablement le mot que cherche Jane en
tant que Seth, mais je n’ai pas le temps de réfléchir et de prendre des
notes.)
Les unités tellement chargées d’énergie émotionnelle intense ont formé
pour la matière des schémas qui conservent leur force. Maintenant ces
unités, tout en apparaissant dans votre système, peuvent aussi avoir une
réalité en dehors de lui, propulsant entièrement les unités d’énergie
émotionnelle à travers le monde de la matière. Ces unités, comme je vous
l’ai dit, sont indestructibles. Elles peuvent toutefois perdre ou gagner en
puissance, retomber dans des intensités inférieures à celles de la matière, ou
bien la traverser, apparaissant comme de la matière tandis qu’elles la
traversent et se projettent à travers votre système.
Nous traiterons cette partie de leur activité séparément. Dans les cas de
ce genre, ces unités sont évidemment dans un point de transition, et dans un
état de devenir. Vous pouvez faire une pause ou terminer la session, comme
vous préférez.
(« Je crois qu’il est préférable d’arrêter. »)
Je voulais vous donner ce matériau.
(« C’est très intéressant. »)
Ce n’est qu’un début. J’aurais évité les analogies si vous n’en aviez pas
eu besoin. Un cordial bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
22 h 45. Après avoir un peu discuté, je déduis que Jane en tant que Seth
cherchait le mot « Stonehenge », en référence aux anciennes pierres
monolithiques druidiques, disposées en cercle en Angleterre. Jane dit alors
que c’était effectivement le mot que Seth essayait de lui faire dire. Elle
ignore pourquoi ce nom ne lui est pas venu pendant la transe, puisqu’elle le
connaissait et savait à quoi il correspondait.)

SESSION 509
LUNDI 24 NOVEMBRE 1969

(Aujourd’hui, Jane a lu Experimental Psychology, de C.G. Jung, dans sa


première édition américaine, publiée en 1968 par ses héritiers. Nous
n’avons pas demandé à Seth de le commenter.
21 h 10.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Il y a un point important, sous-estimé par tous vos
psychologues lorsqu’ils dressent la liste des attributs ou caractéristiques de
la conscience. Je vais relier ce matériau à notre discussion sur les unités
d’énergie électromagnétique, étant donné qu’il y a un lien étroit.
Commençons par Jung. Il suppose que la conscience doit être organisée
autour de la structure d’un ego. Et ce qu’il appelle l’inconscient, qui n’est
pas organisé de façon aussi égotiste, il le considère donc dénué de
conscience — sans conscience du moi. Il marque un point, en disant que
l’ego normal ne peut pas connaître directement un matériau inconscient.
Pourtant, Jung, pas plus que vos autres psychologues, ne comprend ce que
je vous ai souvent dit — qu’il y a un ego intérieur ; et c’est cet ego intérieur
qui organise ce que Jung nommerait le matériau inconscient.
Encore une fois : quand vous êtes dans un état qui n’est pas celui de
veille habituel, quand vous avez délaissé ce moi quotidien, vous êtes
néanmoins conscient et alerte. Vous écartez simplement de l’ego éveillé la
mémoire. Alors, lorsqu’on énumère les attributs de la conscience, la
créativité est largement ignorée. Elle est au contraire attribuée
principalement à l’inconscient. Mon propos est que l’inconscient est
conscient. D’ailleurs, la créativité est l’un des attributs les plus importants
de la conscience. Nous allons différencier la conscience de l’ego normal de
la conscience qui paraît inconsciente à cet ego.
Maintenant. L’ego intérieur est l’organisateur de l’expérience que Jung
dirait inconsciente. L’ego intérieur est un autre terme pour ce que nous
appelons le moi intérieur. De même que l’ego extérieur manipule au sein de
l’environnement physique, l’ego — ou moi — intérieur organise et manie
une réalité intérieure. L’ego intérieur crée cette réalité physique, à laquelle a
ensuite affaire l’ego extérieur.
Tout le travail extrêmement créatif et original qui est fait par ce moi
intérieur n’est pas inconscient. Il est intentionnel, plein de discernement,
accompli par l’ego intérieur conscient, dont l’ego extérieur n’est que
l’ombre — et non pas l’inverse, voyez-vous. Le côté sombre du moi de
Jung est l’ego, pas l’inconscient. La trame complexe, infiniment variée et
incroyablement riche de « l’inconscient » de Jung, pourrait difficilement
être inconsciente. Elle est le produit d’une conscience intérieure qui a un
but et un sens de son identité beaucoup plus importants que l’ego du
quotidien. C’est l’ignorance de l’ego du quotidien, et sa focalisation limitée,
qui l’amène à considérer l’activité soi-disant inconsciente comme
chaotique.
L’ego conscient émerge en fait de « l’inconscient », mais comme
l’inconscient est le créateur de l’ego, il est nécessairement beaucoup plus
conscient que sa progéniture. L’ego n’est simplement pas assez conscient
pour être capable de contenir la vaste connaissance appartenant au moi
conscient intérieur dont il jaillit.
C’est ce moi intérieur qui, à partir d’une connaissance massive et de
l’ampleur illimitée de sa conscience, forme le monde physique et procure
des stimuli pour maintenir constamment l’ego extérieur à sa tâche
consistant à être conscient. C’est le moi intérieur, ici appelé ego intérieur,
qui organise, démarre, projette et contrôle les unités EE [énergie
électromagnétique] dont nous avons parlé, transformant l’énergie en objets,
en matière.
Ce moi intérieur se sert de sa propre énergie pour former à partir de lui-
même — à partir de l’expérience intérieure — une contrepartie matérielle
dans laquelle l’ego extérieur peut alors jouer son rôle. L’ego extérieur joue
une pièce écrite par le moi intérieur. Cela ne revient pas à dire que l’ego
extérieur est une marionnette. Cela signifie que l’ego extérieur est beaucoup
moins conscient que l’ego intérieur ; que sa perception est moindre ; qu’il
est beaucoup moins stable, même s’il a de grandes prétentions de stabilité ;
et que, provenant du moi intérieur, il est donc moins conscient, et non pas
davantage.
L’ego extérieur est nourri à la petite cuillère, on ne lui donne que les
sensations, les émotions et les données qu’il peut gérer. Ces données lui
sont présentées de façon très spécialisée, en général en termes
d’informations captées par les sens physiques.
Le moi, ou ego, intérieur n’est pas seulement conscient, mais il est
conscient de lui-même, à la fois en tant qu’individualité séparée des autres
et en tant qu’individualité faisant partie de toute autre conscience. En vos
termes, il se rend continuellement compte à la fois de cette dimension à part
et de cette unité avec. L’ego extérieur n’est pas conscient de quoi que ce soit
de façon continue. Il s’oublie fréquemment lui-même. Quand une forte
émotion l’emporte, il semble se perdre lui-même ; il y a donc unité, mais
pas le sentiment d’être à part. Quand il affirme avec vigueur son sens de
l’individualité, il ne se rend plus compte de son unité avec.
L’ego intérieur est toujours conscient des deux aspects et il est organisé
autour de son aspect premier, qui est la créativité. Il traduit constamment en
réalité les composants de son ensemble changeant — qu’il s’agisse d’une
réalité physique, à travers les unités EE que j’ai mentionnées, ou d’autres
réalités tout aussi valides.
Maintenant, vous pouvez faire votre pause, et nous continuerons.
(Au cours de cette pause, je me demande à voix haute si Jung a revu ses
idées depuis qu’il est mort physiquement.
Reprise à 22 h 05.)
Maintenant. Les unités d’énergie électromagnétique sont les formes que
prend une expérience de base lorsqu’elle est dirigée par le moi intérieur.
Elles forment alors des objets physiques, de la matière physique. La
matière, en d’autres termes, est la forme que prend une expérience de base
quand elle s’immisce dans des systèmes tridimensionnels. La matière est la
forme de vos rêves. Vos rêves, vos pensées et vos émotions sont
littéralement transformés intentionnellement en matière physique par ce
moi intérieur.
Le moi intérieur individuel, par un effort massif constant d’une grande
intensité créatrice, coopère avec tous les autres moi intérieurs pour former
et maintenir la réalité physique que vous connaissez, si bien que la réalité
physique est un rejeton, ou un produit dérivé, du moi intérieur tout à fait
conscient.
Les constructions semblent être faites de roches, de pierres ou d’acier.
Elles paraissent assez permanentes aux sens physiques. Ce sont en fait [« en
dessous », disons, de toute particule atomique] des ensembles changeants
d’unités EE, oscillants, en mouvement constant et fortement chargés,
organisés et maintenus par l’effort collectif des moi intérieurs. Ces
constructions sont des émotions solidifiées, des états subjectifs solidifiés,
qui prennent une matérialisation physique.
Il est donc clair que les pouvoirs de la conscience ne sont pas compris.
Chaque individu a sa part à jouer dans la projection de ces unités EE en une
actualité physique. Par conséquent, la matière physique peut être
légitimement décrite comme une extension du moi, tout comme le corps
physique est une projection du moi intérieur.
Il est évident que le corps se développe autour du moi intérieur et que les
arbres poussent à partir du sol, alors que les constructions ne sortent pas de
terre d’elles-mêmes, comme les fleurs ; le moi intérieur a donc diverses
méthodes de création et il utilise les unités EE de différentes façons, comme
vous allez le voir à mesure que nous poursuivrons cette discussion.
Ayant déterminé la réalité physique comme une dimension dans laquelle
il va s’exprimer, le moi intérieur prend soin avant tout de former et de
maintenir la base physique sur laquelle tout le reste doit dépendre — les
propriétés de la Terre, qui peuvent être dites naturelles. Le moi intérieur
dispose d’un réservoir vaste et infini où puiser la connaissance et
l’expérience. Toutes sortes de choix sont disponibles, et la variété de la
matière physique est un reflet de cette profonde source de diversité.
Une fois les structures naturelles formées et maintenues, d’autres
propriétés physiques secondaires — des constructions secondaires — sont
projetées. L’expérience subjective la plus profonde, la plus fondamentale et
la plus persistante est toutefois traduite en ces éléments naturels : le vaste
paysage qui nourrit la vie physique. Nous poursuivrons cette discussion
dans notre prochaine session.
Jung a élargi certains de ses concepts peu de temps avant de mourir. (Se
penchant en avant, avec une insistance pleine d’humour.) Il en a modifié
une bonne partie depuis. Maintenant, vous pouvez faire une pause ou
terminer la session, si vous préférez.
(« Nous allons faire une pause. »
22 h 30. Jane dit qu’elle pensait avoir parlé en tant que Seth pendant une
dizaine minutes, alors que cela en a duré vingt-cinq.
Reprise à 22 h 43.)
Nous allons bientôt terminer la session. Je veux juste dire que, dans le
futur, ce que je suis en train de vous expliquer sera plus généralement
connu. Les humains se familiariseront, jusqu’à un certain point, avec leur
propre identité intérieure, avec d’autres formes de leur propre conscience.
Au cours des âges, certains ont reconnu le fait qu’il y a, dans certains
états de sommeil et de rêve, une conscience de soi et un but, et ils ont
maintenu, même à l’état de veille, le sens de continuité de ce moi intérieur.
Pour ces personnes-là, il n’est plus possible de s’identifier totalement à la
conscience de l’ego. Elles se rendent trop évidemment compte d’être
davantage. Quand une telle connaissance est atteinte, l’ego peut l’accepter,
car, à sa grande surprise, il découvre qu’il n’est pas moins conscient, mais
plus, et que ses limitations se sont dissipées.
Maintenant. Il n’est pas exact — et j’insiste fortement sur ce point —
qu’un matériau soi-disant inconscient, auquel on accorde de la liberté,
prend de l’énergie au moi organisé de l’ego, dans une personnalité normale.
C’est plutôt le contraire, l’ego est rechargé, et assez directement. C’est
parce qu’ils ont peur que « l’inconscient » soit chaotique que les
psychologues affirment de telles choses. Il y a aussi un élément qui est dans
la nature de ceux qui pratiquent la psychologie : dans de nombreux cas, une
fascination déjà prédisposée à craindre « l’inconscient », et qui est
directement proportionnelle au pouvoir d’attraction que celui-ci a sur eux.
L’ego maintient sa stabilité, son apparente stabilité, et sa santé grâce aux
éléments nutritifs subconscients et inconscients qu’il reçoit constamment.
Trop de nourriture ne va pas le tuer. Est-ce que vous me suivez ici ?
(« Oui. »)
C’est seulement lorsque cette nourriture est considérablement réduite,
pour une raison quelconque, que l’ego est menacé de famine. Nous aurons
davantage à en dire sur la relation de l’ego avec « l’inconscient ». Dans une
personnalité saine, le moi intérieur projette facilement toute expérience en
unités d’énergie électromagnétique, où elle est traduite en actualité. La
matière physique fournit donc un retour d’information. Maintenant, nous
allons terminer notre session, à moins que vous n’ayez des questions.
(« J’imagine que non. C’était très intéressant. »)
Mes salutations chaleureuses et un cordial bonsoir à vous deux.
(« Est-ce que vous avez aimé vos photos ? » Cela fait référence aux
photographies prises la veille par un photographe, lors de notre
session 508. Elles serviront pour le livre de Jane qui sera intitulé Le
Matériau de Seth.)
Tout à fait, de même que le jeune homme qui les a prises.
(22 h 56.)
Si vous êtes convaincus que votre conscience est enfermée
dans votre crâne et qu’elle n’a pas le pouvoir d’en sortir, si
vous avez l’impression qu’elle s’arrête aux limites de votre
corps, alors vous faites peu de cas de vous-même, et vous me
considérerez comme une illusion. Je ne suis pas plus une
illusion que vous.

Je peux dire ceci honnêtement à chacun de mes lecteurs : je


suis plus âgé que vous, du moins selon l’idée que vous vous
faites de l’âge.

Si l’âge confère à un écrivain une quelconque autorité, je


mérite une médaille. Je suis l’essence de l’énergie d’une
personnalité qui ne se focalise plus sur la matière physique.
En tant que tel, j’ai conscience de certaines vérités que
beaucoup d’entre vous semblent avoir oubliées.

J’espère vous les rappeler.

Seth
INTRODUCTION À L’ÉDITION ORIGINALE
par Jane Roberts

Ce livre a été écrit par une personnalité nommée Seth, qui se décrit
comme « l’essence de l’énergie d’une personnalité » qui n’est plus focalisée
sur la forme physique. Seth parle à travers moi depuis maintenant sept ans,
au cours de sessions de transe qui ont lieu deux fois par semaine.
Mon initiation psychique a réellement commencé en septembre 1963,
alors que j’écrivais de la poésie. Soudain, ma conscience a quitté mon corps
et mon esprit a été assailli par des idées qui m’ont paru nouvelles et
stupéfiantes. Lorsque je suis revenue dans mon corps, je me suis rendu
compte que mes mains avaient écrit un texte automatique expliquant les
concepts que j’avais reçus, et qui portait même un titre : L’Univers physique
comme idée construite.
À la suite de cette expérience, j’ai entrepris des recherches sur l’activité
médiumnique, et j’ai décidé d’écrire un livre sur le sujet. En parallèle, mon
mari Rob et moi-même avons fait différentes expériences avec une planche
Ouija, fin 1963. Au bout de quelques sessions, le pointeur s’est mis à épeler
des messages qui affirmaient provenir d’une personnalité nommée Seth.
Rob et moi ignorions tout de la médiumnité, et quand j’ai commencé à
anticiper les réponses de la planche, il m’a paru clair qu’elles venaient de
mon subconscient. Très rapidement je me suis sentie poussée à prononcer
les mots et, en moins d’un mois, je parlais pour Seth en état de transe.
Ces messages semblaient commencer là où s’arrêtait L’Univers physique
comme idée construite, et Seth m’a dit plus tard que l’expansion de
conscience que j’avais ressentie représentait sa première tentative de
contact avec moi. Depuis, Seth a livré un manuscrit continu qui totalise à
présent plus de six mille pages dactylographiées. Nous le nommons le
« matériau de Seth », et il y est question de la nature de la matière physique,
de la réalité et du temps, du concept de Dieu, des univers probables, de la
santé et de la réincarnation. Depuis le début, les qualités évidentes de ce
matériau nous ont intrigués, et c’est la raison pour laquelle nous avons
persévéré.
Après la publication de mon premier livre dans ce domaine, j’ai reçu des
lettres de gens qui demandaient l’aide de Seth. Nous avons tenu des
sessions pour ceux qui en avaient le plus besoin. Certains habitaient trop
loin pour y assister, mais les conseils de Seth leur étaient néanmoins utiles,
et les informations personnelles, qui leur étaient données par courrier,
étaient exactes.
Rob a toujours noté chacun des mots prononcés pendant les sessions de
Seth, en utilisant sa méthode de sténo personnelle. Dans le courant de la
semaine, il tape ces notes à la machine et les ajoute à notre dossier Seth. Les
excellentes notes personnelles de Rob mettent en évidence le cadre de vie
dans lequel ces sessions se produisent. Son soutien et ses encouragements
ont été inestimables.
De notre point de vue, nous avons eu plus de six cents rendez-vous avec
l’univers – mais Rob ne décrirait jamais les choses comme cela. Ces
rendez-vous se déroulent dans un salon spacieux et bien éclairé mais, en
termes plus profonds, ils ont lieu dans la sphère non spatiale de la
personnalité humaine.
Je ne veux en aucun cas suggérer que nous détenions le moindre
monopole de la vérité, ou donner l’impression que nous attendons, en
retenant notre souffle, que jaillisse devant nous le secret des temps
immémoriaux. En revanche, je sais que chaque individu a accès à une
connaissance intuitive et peut apercevoir sa réalité intérieure. En ce sens,
l’univers parle à chacun d’entre nous. Dans notre cas, les sessions avec Seth
sont le cadre dans lequel se produit ce type de communication.
Dans The Seth Material, publié en 1970, j’ai expliqué ces évènements et
donné les vues de Seth sur divers sujets, avec des extraits de sessions. J’y ai
également décrit nos rencontres avec des psychologues et des
parapsychologues, dans l’effort que nous faisions pour comprendre cette
expérience et la replacer dans un contexte de vie ordinaire. J’y ai aussi
décrit les tests que nous avons conduits pour confirmer les capacités de
clairvoyance de Seth. De notre point de vue, il les a passés brillamment.
Il était très difficile de ne choisir que quelques extraits sur tel ou tel sujet,
dans la masse grandissante du travail de Seth. Au final, The Seth Material a
laissé de nombreuses questions sans réponse, de nombreux sujets
inexplorés. Mais nous l’avons achevé et, deux semaines plus tard, Seth
commençait à dicter le plan du présent manuscrit, qui allait lui permettre
d’exprimer ses idées sous la forme d’un livre.
Voici le plan qu’il nous en a fourni pendant la session 510, le 19 janvier
1970. Comme on le voit, Seth m’appelle Ruburt, et il nomme Rob Joseph.
Ces noms représentent notre personnalité globale, distincte de notre moi
présent orienté sur le monde physique.
« Je suis en train de travailler sur d’autres sujets que vous recevrez plus
tard, et il faut donc que vous patientiez quelques instants. J’aimerais vous
donner une idée du contenu de mon livre. Il y sera question de beaucoup de
choses. Il décrira la manière dont il est écrit et les processus qui permettent
à mes idées d’être exprimées par Ruburt, ou d’être tout simplement
traduites sous forme vocale.
« Je n’ai pas de corps physique, et cependant je vais écrire un livre. Le
premier chapitre expliquera comment et pourquoi.
(À présent [lit-on dans les notes de Rob], le débit de Jane est ralenti et
ses yeux sont souvent fermés. Elle fait beaucoup de pauses, dont certaines
assez longues.)
« Le chapitre suivant décrira ce que l’on pourrait nommer mon
environnement présent ; mes “caractéristiques” présentes et mes associés.
Je désigne par ce mot ces autres avec qui j’entre en contact.
« Le chapitre suivant décrira mon travail et les dimensions de réalité dans
lesquelles il m’entraîne ; car je voyage dans d’autres réalités tout comme je
voyage dans la vôtre, pour accomplir le but qui est le mien.
« Le chapitre suivant décrira mon passé, pour employer vos termes, et
certaines des personnalités que j’ai été et que j’ai connues. En même temps,
je poserai clairement le fait qu’il n’y a ni passé, ni présent, ni futur, et
j’expliquerai qu’il n’y a aucune contradiction avec le fait que je puisse
parler d’existences passées. Cela prendra peut-être deux chapitres.
« Le chapitre suivant racontera comment nous nous sommes rencontrés,
vous (à moi, Rob), Ruburt et moi-même, de mon point de vue bien sûr, et la
façon dont j’ai contacté la conscience intérieure de Ruburt bien avant que
vous ayez l’un ou l’autre la moindre notion des phénomènes psychiques ou
de mon existence.
« Le chapitre suivant traitera de l’expérience de toute personnalité au
moment de la mort, avec différentes variations autour de cette aventure
fondamentale. Je prendrai certaines de mes morts comme exemple.
« Le chapitre suivant concernera l’existence après la mort, dans toutes
ses variations. Ces deux chapitres toucheront à la réincarnation telle qu’elle
s’applique à la mort, avec une attention particulière à la mort au terme de
la dernière incarnation.
« Le chapitre suivant concernera les réalités affectives de l’amour et des
liens entre personnalités, et ce qu’il en advient au cours des incarnations
successives ; car certains de ces liens sont abandonnés, mais d’autres
demeurent.
« Le chapitre suivant concernera votre réalité physique telle qu’elle nous
apparaît, à moi et à mes semblables. Ce chapitre contiendra certaines
remarques assez fascinantes ; car non seulement vous formez la réalité
physique que vous connaissez, mais vous formez également, par vos
pensées, par vos aspirations et par vos émotions actuelles, d’autres
environnements parfaitement valides dans d’autres réalités.
« Le chapitre suivant concernera la validité éternelle des rêves comme
porte d’entrée vers ces autres réalités, comme zone ouverte par laquelle le
“moi interne” peut apercevoir les multiples facettes de son expérience et
communiquer avec ses autres niveaux de réalité.
« Le chapitre suivant approfondira cette question, et je raconterai
comment je suis entré dans les rêves d’autres personnes, comme instructeur
et comme guide.
« Le chapitre suivant concernera les méthodes essentielles de
communication qu’utilise toute conscience, selon son niveau, qu’il soit
physique ou non. Cela conduira à la communication de base pratiquée par
les personnalités humaines telles que vous les comprenez, et montrera que
ces communications internes existent indépendamment des sens, qui sont de
simples extensions physiques de la perception interne.
« Je dirai au lecteur comment il voit ce qu’il voit, ou entend ce qu’il
entend, et pourquoi. J’espère montrer dans tout le livre que le lecteur lui-
même est indépendant de son image physique, et j’espère lui donner des
méthodes lui permettant de vérifier mes dires.
« Le chapitre suivant racontera l’expérience des “ensembles en
pyramides”, que j’ai connue dans toutes mes existences et dont il est
question dans le matériau, ainsi que de ma propre relation avec la
personnalité que vous appelez Seth 2 ou avec des consciences
multidimensionnelles bien plus évoluées que moi.
« Mon message au lecteur sera : “Fondamentalement, votre personnalité
n’est pas plus physique que la mienne, et en vous parlant de ma réalité, je
vous parle de la vôtre.”
« Il y aura un chapitre sur les religions du monde, sur les déformations et
sur les vérités qu’elles contiennent, ainsi que sur les trois Christs et sur une
religion disparue, qui fut celle d’un peuple sur lequel vous n’avez aucune
information. Ce peuple vivait sur une planète qui se situait à l’endroit
qu’occupe à présent votre planète, “avant” qu’elle existe. Les erreurs de ce
peuple détruisirent la planète en question, et il s’est réincarné lorsque votre
planète s’est constituée. Leurs souvenirs ont été la base sur laquelle est née
la religion au sens où vous l’entendez à présent.
« Il y aura un chapitre sur les dieux probables et les systèmes probables.
« Il y aura un chapitre de questions et de réponses.
« Il y aura un chapitre final dans lequel je demanderai au lecteur de
fermer les yeux pour prendre conscience de la réalité dans laquelle j’existe,
et de sa propre réalité intérieure. Je lui indiquerai la méthode à suivre. Dans
ce chapitre, j’inviterai le lecteur à utiliser ses “sens internes” pour me voir à
sa façon.
« Mes communications passeront toujours exclusivement par Ruburt, de
façon à protéger l’intégrité du matériau, mais j’inviterai le lecteur à prendre
conscience du fait que j’existe en tant que personnalité, que la
communication avec d’autres réalités est possible et que, par conséquent, il
est lui-même ouvert à une perception qui n’est pas d’ordre physique.
« Voilà donc le plan de mon livre, mais il ne s’agit là que d’une esquisse
de mes intentions. Je ne développe pas davantage, car je ne veux pas que
Ruburt anticipe. Les difficultés inhérentes à de telles communications
seront soigneusement présentées. Il sera démontré que les communications
dites paranormales proviennent de divers niveaux de réalité, et que ces
communications décrivent la réalité dans laquelle elles existent. Je décrirai
donc la mienne, et celles que je connais.
« Cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas d’autres dimensions que je ne
connais pas.
« Je dicterai le livre au cours de nos sessions.
« Le titre de notre livre est (sourire) Seth parle, L’éternelle validité de
l’âme. J’utilise le terme âme car il a une signification immédiate pour la
plupart des lecteurs.
« Je suggère que vous vous munissiez de quelques bons stylos. »
Je connais bien le travail nécessaire pour écrire un livre, j’ai donc été très
perplexe quand Seth a parlé d’écrire le sien. Je savais qu’il en était capable,
mais je me posais quand même des questions. « Certes, son matériau est
extrêmement signifiant, mais que sait-il de l’écriture d’un livre, de
l’organisation que cela exige, ou de la manière de s’adresser directement au
public ? »
Rob me répétait de ne pas m’en faire. Nos amis et mes étudiants
s’étonnaient que je puisse avoir le moindre doute, comme si je devais être la
dernière personne à en avoir – alors que je me disais justement : qui d’autre
devrait avoir des doutes ? En tout cas, l’intention était posée ; Seth
parviendrait-il à s’y tenir ?
Seth a commencé à dicter le livre la fois suivante, pendant notre session
511, le 21 janvier 1970 ; il l’a terminé à la session 591, le 11 août 1971.
Mais il n’y a pas forcément eu de dictée pour le livre à chacune de nos
sessions. Certaines d’entre elles étaient consacrées à des sujets personnels,
d’autres étaient destinées à des personnes qui avaient besoin d’aide,
d’autres enfin venaient en réponse à des questionnements philosophiques
sans rapport avec le livre. J’ai aussi pris des « vacances » en plusieurs
occasions. En dépit de ces interruptions, Seth reprenait toujours à l’endroit
exact où il s’était arrêté.
Pendant la période où il travaillait à son livre, je passais de mon côté
quatre heures par jour à écrire mon propre livre, je donnais mon cours
hebdomadaire de perception extrasensorielle et je croulais sous la
correspondance reçue après la publication de The Seth Material. J’ai aussi
commencé à diriger un atelier hebdomadaire d’écriture.
Par curiosité, j’ai d’abord regardé les premiers chapitres du livre de Seth,
puis je me suis tenue à distance. À l’occasion, Rob me parlait d’un passage
susceptible d’intéresser mes étudiants. Pour le reste, je ne me suis plus
préoccupée du livre, satisfaite de laisser Seth s’en charger. D’une façon
générale, j’ai cessé de penser à son travail et je n’ai plus jeté le moindre
coup d’œil au manuscrit pendant plusieurs mois.
Lire le livre achevé a été une expérience délicieuse. Dans l’ensemble, il
était tout à fait nouveau pour moi, bien que chaque mot soit passé par ma
bouche et que j’aie consacré de nombreuses soirées de transe à son
élaboration. C’était une sensation particulièrement étrange pour moi,
justement parce que j’écris moi-même, parce que j’ai l’habitude d’organiser
mon propre matériau, et de veiller dessus comme une mère poule.
Avec mon expérience de l’écriture, j’ai conscience du processus par
lequel un matériau inconscient est traduit en réalité consciente. Ce
phénomène est particulièrement évident quand j’écris de la poésie. Quels
que soient les processus en jeu dans le livre de Seth, il est clair qu’une
activité non consciente et très rapide est en jeu. Il était tout naturel que je
compare ma propre expérience de création consciente avec le processus de
transe à l’œuvre dans le livre de Seth. Je voulais découvrir pourquoi j’avais
le sentiment que le livre de Seth était le sien, et pas le mien. Si les deux
livres provenaient du même inconscient, pourquoi avais-je l’impression
d’une telle différence entre les deux ?
Or cette différence était flagrante depuis le début. Quand je suis saisie par
l’inspiration, en écrivant un poème par exemple, je me sens « connectée »,
stimulée, pleine d’un sentiment d’urgence et de découverte. Un instant plus
tôt, une idée est apparue, de nulle part semble-t-il. Elle est « donnée ». Elle
apparaît, simplement, et à partir de là surgissent de nouvelles associations
créatives.
Je suis vigilante, ouverte et réceptive, suspendue dans une étrange
élasticité psychique, passive et prête à l’action. Le poème, ou l’idée en
question, est la seule chose au monde qui existe pour moi à cet instant.
C’est cet investissement personnel ainsi que le travail et le jeu permettant
« d’accoucher » de cette idée qui font que ce poème est mien.
Je connais ce genre d’expérience depuis ma plus tendre enfance. C’est la
pierre angulaire de mon existence. Sans elle, ou quand je ne travaille pas
dans ce cadre général, je suis malheureuse et désemparée. D’une certaine
manière, j’ai ce sentiment de créativité personnelle en ce moment même, en
écrivant cette introduction. Elle est mienne.
Je n’ai pas ressenti cette connexion avec le livre de Seth, et je n’ai pas eu
conscience du processus créatif à l’œuvre. J’entrais en transe, comme je le
fais pour nos sessions habituelles. Seth dictait le livre à travers moi, en
parlant par mes lèvres. Le travail de création était si éloigné de moi que, de
ce point de vue, je ne pouvais pas considérer ce matériau comme le mien. Je
reçois au contraire un produit achevé – un produit excellent, pour lequel je
suis, bien sûr, pleine de gratitude.
Je me suis rendu compte que seul mon propre travail d’écriture
m’apporte la satisfaction créatrice dont j’ai besoin : l’exploration consciente
d’un matériau inconscient et « l’excitation de la chasse ». Que Seth fasse ce
qu’il fait ne me dispense pas de faire ce que je fais. Je me sentirais
dépossédée si je ne poursuivais pas mon propre travail.
On pourrait dire, évidemment, qu’avec le livre de Seth le processus à
l’œuvre est si bien dissocié de ma conscience ordinaire que le produit final
ne provient qu’en apparence d’une autre personnalité. Je ne peux
qu’indiquer mes propres impressions, et signaler que le livre, et le
manuscrit de six mille pages formé par le matériau de Seth, ne satisfait ni
mon sentiment de responsabilité, ni mon besoin d’expression créatrice. Si
tout était issu du même inconscient, il n’y aurait, semble-t-il, aucun manque
à ce niveau.
Malgré tout, j’ai conscience d’avoir été nécessaire à l’élaboration du
livre. Seth a besoin de ma maîtrise des mots et même, je pense, de ma
tournure d’esprit. Certainement, mon expérience de l’écriture l’aide à
traduire son matériau et permet de lui donner forme, même si je le fais de
manière tout à fait inconsciente. J’imagine que certains traits de ma
personnalité ont également leur importance : notamment la facilité avec
laquelle je peux changer le point sur lequel se focalise ma conscience.
C’est ce que Seth laisse entendre dans le chapitre 4, lorsqu’il dit : « Or
les informations contenues dans ce livre sont dirigées, dans une certaine
mesure, à travers les sens internes de la femme qui est en transe pendant
que je l’écris. Cette entreprise requiert une organisation interne très précise
et une véritable formation. Ruburt ne pouvait pas recevoir d’information de
ma part, cette information ne pouvait pas être traduite ou interprétée par elle
tant qu’elle [Jane] demeurait intensément focalisée sur l’environnement
physique. »
Même si l’on considère simplement le livre de Seth comme un exemple
de production inconsciente, il démontre clairement que le discernement, le
raisonnement, l’organisation ne sont pas des qualités du seul esprit
conscient – il témoigne de l’étendue des activités dont le moi interne est
capable. Je suis sûre que je ne pourrais pas obtenir par moi-même
l’équivalent du livre de Seth. Je pourrais tout au plus en atteindre certains
points culminants, dans certains poèmes ou essais isolés, mais il leur
manquerait l’unité, la continuité, l’organisation d’ensemble qui ont été
spontanément fournies par Seth.
De plus, j’éprouve pendant les sessions certaines sensations tout à fait
uniques qui semblent compenser mon absence d’implication créatrice
consciente. Je ressens souvent l’humour et l’énergie sans bornes de Seth,
par exemple ; j’éprouve alors un sentiment de richesse affective et je
rencontre la personnalité de Seth à un niveau très étrange. Je ressens
parfaitement son humeur et sa vitalité, bien qu’elles ne s’adressent pas à
moi mais à la personne à qui Seth parle à ce moment-là. Je les sens passer
par moi.
Comme le montrent les notes de Rob, j’ai également d’autres sensations
quand je parle pour Seth. J’ai parfois des visions intérieures qui illustrent ce
que dit Seth (je reçois alors l’information sous deux formes à la fois) ou qui
sont complètement distinctes du manuscrit. Pendant les sessions, j’ai aussi
fait plusieurs fois l’expérience de « sortir de mon corps », et j’ai pu voir des
évènements qui se produisaient réellement à des milliers de kilomètres.
Ce livre est la façon dont Seth démontre que la personnalité humaine est
multidimensionnelle, que nous existons en même temps dans plusieurs
réalités, que l’âme, ou moi interne, n’est pas une chose séparée de nous,
mais le milieu même dans lequel nous existons. Il insiste sur le fait que l’on
ne trouve pas « la vérité » en allant de maître en maître, d’église en église
ou de discipline en discipline, mais en regardant à l’intérieur de soi. Le
savoir intime de la conscience, les « secrets de l’univers » ne sont donc pas
des vérités ésotériques qu’il s’agirait de garder cachées. Ces informations
sont aussi naturelles à l’homme que l’air qu’il respire, et tout aussi
accessibles à celui qui les recherche honnêtement, en remontant à leur
source intérieure.
À mon avis, Seth a écrit là un classique du genre. Après avoir
prudemment parlé de lui comme d’une « personnalité », je me sens tenue
d’ajouter que Seth est un fin psychologue et un philosophe averti, qu’il a
une profonde connaissance aussi bien de la nature humaine que des misères
et des grandeurs de la conscience humaine.
Je suis personnellement intriguée, bien sûr, qu’un tel livre ait été écrit à
travers moi, sans que mon esprit intervienne à tout moment pour vérifier et
organiser, de façon ardente et critique. Dans mon propre travail, mes
capacités d’intuition et de création s’épanouissent librement, mais mon
esprit garde résolument le contrôle. Pourtant, ce livre ne s’est pas écrit
« tout seul », comme cela peut arriver avec certains poèmes. Un écrivain
peut aussi dire que son livre s’est écrit tout seul, et je comprends ce que cela
veut dire. Ce livre-ci, cependant, ne vient pas seulement de l’extérieur ; il a
une source spécifique ; il est coloré par la personnalité de son auteur, qui
n’est pas la mienne.
Toute cette aventure créatrice consiste peut-être en l’élaboration d’une
personnalité, Seth, qui écrit ensuite des livres. Seth est peut-être une
création au même titre que son livre. Dans ce cas, c’est un excellent
exemple d’art multidimensionnel, accompli à un niveau de non-conscience
si riche que « l’artiste » elle-même ne reconnaît pas son œuvre, que celle-ci
l’intrigue autant que n’importe qui.
C’est une hypothèse intéressante. D’ailleurs, Seth parle d’art
multidimensionnel. Mais il fait plus qu’écrire des livres. C’est une
personnalité pleinement développée, qui s’intéresse à beaucoup de choses :
écrire, enseigner, aider les autres. Son sens de l’humour est tout à fait
personnel et différent du mien. Il est malin ; plus terre à terre qu’éthéré dans
ses manières. Il sait expliquer simplement des théories complexes, dans une
relation de personne à personne. Plus important encore, il applique ces idées
à la vie de tous les jours.
Fréquemment, Seth apparaît aussi dans les rêves de mes étudiants. Il leur
donne des instructions utiles, qu’il s’agisse de mettre en œuvre leurs
facultés ou d’atteindre des objectifs particuliers. Presque tous mes étudiants
font des « rêves de cours », dans lesquels Seth s’adresse à eux en groupe et
les incite à faire certaines expériences dans leur rêve. Ils le voient parfois
comme dans le portrait qui a été peint par Rob. D’autres fois, il parle sous
ma forme, comme pendant les sessions ordinaires. Il m’est arrivé de me
réveiller au moment où l’une de ces sessions de rêve se déroulait, et les
paroles de Seth résonnaient encore dans ma tête.
Il n’y a rien d’étonnant, bien entendu, à ce que mes étudiants rêvent de
Seth ou de moi. Mais Seth a acquis à leurs yeux une autonomie ; il est
devenu un vecteur d’instructions, même en rêve. Autrement dit, Seth est
entré dans l’esprit et la conscience d’un grand nombre de personnes, en plus
de produire son matériau ininterrompu et ce livre.
En sept ans, c’est une belle réussite pour une personnalité, quel que soit
son statut. Pour une personnalité non physique, c’est tout à fait étonnant. Il
semble excessif d’attribuer toute cette activité à une émanation de
l’inconscient. (Dans le même temps, j’ai publié deux livres, j’en ai terminé
un autre et j’en ai commencé un quatrième. Je donne ces précisions pour
montrer que Seth n’a pas du tout absorbé ma propre créativité.)
Quand nous faisons référence à Seth, Rob et moi ne parlons pas d’esprit ;
nous n’aimons pas les connotations liées à ce terme. À vrai dire, notre
objection porte sur l’idée conventionnelle qu’on se fait d’un esprit – idée
qui n’est qu’une extension de notions assez limitées sur la personnalité
humaine, projetées à peu près intactes dans une vie future. On peut voir
Seth comme une dramatisation de l’inconscient ou comme une personnalité
indépendante. Personnellement, je ne vois pas en quoi il y aurait là
contradiction. Seth peut être une dramatisation qui joue un rôle tout à fait
réel – et qui explique, dans les seuls termes que nous puissions comprendre,
sa réalité plus vaste. C’est mon opinion à l’heure actuelle.
D’abord, le terme « inconscient » me semble pauvre. Il évoque mal le
système psychique pleinement ouvert, aux racines profondément
entrelacées unissant toutes sortes de consciences – le réseau auquel nous
sommes tous connectés, d’où notre personnalité émerge et qui est formé par
elle. Cette source contient les données du passé, du présent et du futur ; seul
l’ego a le sentiment du temps tel que nous le connaissons. Je crois que ce
système ouvert contient aussi d’autres types de conscience que la nôtre.
À partir de ma propre expérience, en particulier dans les états de sortie du
corps, j’ai acquis la conviction que la conscience ne dépend pas de la
matière physique. Certes, l’expression physique est mon mode principal
d’existence en ce moment, mais je n’en conclus pas que toute conscience
est forcément orientée de cette manière. Il me semble que seul l’ego le plus
aveugle oserait définir la réalité selon ses propres termes, ou projeter sa
propre expérience, ses propres limites sur le reste de l’existence.
J’accepte l’idée de personnalité multidimensionnelle décrite par Seth
dans son livre, parce que mon expérience et celle de mes étudiants semblent
la confirmer. Je pense aussi que, dans cette source illimitée et ce système
ouvert de conscience, il existe un Seth autonome qui fonctionne en des
termes complètement différents des nôtres.
En quels termes ? En toute honnêteté, je l’ignore. C’est dans un court
texte intuitif, écrit pour mon cours de perception extrasensorielle, que je me
suis le plus rapprochée de mon sentiment sur la question ; j’ai tenté d’y
clarifier mes idées, pour moi autant que pour mes étudiants. Rob m’avait
expliqué ce qu’étaient les « Parleurs », comme Seth les nomme dans son
livre : des personnalités qui n’ont eu de cesse de parler à l’homme à travers
les âges et de lui rappeler sa connaissance intérieure, pour que celle-ci ne
soit jamais complètement oubliée. Cette idée évocatrice m’a inspiré le petit
texte qui suit. Il indique le cadre dans lequel, à mon avis, Seth et ses
semblables sont susceptibles d’exister.

« Nous nous assemblons sans savoir comment. Nous sommes composés


d’éléments, de corps chimiques, d’atomes, et pourtant nous parlons et nous
répondons à un nom. Nous organisons autour de notre étoffe interne la
matière externe qui s’agglomère en chair et en os. Notre identité, notre
personnalité, jaillit de sources que nous ne connaissons pas.
« Peut-être ce que nous sommes a-t-il toujours attendu, sans le savoir,
dispersé et caché dans les possibilités de créations – dans la pluie et le vent
qui ont balayé l’Europe du XIIIe siècle, dans le soulèvement des chaînes de
montagnes, dans les nuages qui ont parcouru le ciel en d’autres époques, en
d’autres lieux. Particules de poussière, nous sommes passés sur le seuil de
maisons grecques ; nous nous sommes allumés en conscience ou éteints,
des milliers de fois, portés par le désir, portés par une aspiration à la
création et à la perfection que nous comprenons à peine.
« Et donc, maintenant, il y en a sans doute d’autres qui (comme Seth)
sont sans forme mais pleins de connaissance ; qui ont été ce que nous
sommes et plus encore ; qui se souviennent de ce que nous avons oublié. Ils
ont peut-être découvert, par une sorte d’accélération de la conscience,
d’autres façons d’être, ou des dimensions de réalité dont nous faisons
également partie.
« Nous leur donnons des noms, à eux qui n’en ont pas, alors que,
fondamentalement, nous n’en avons pas nous-mêmes. Et nous écoutons ;
mais en général, nous essayons de faire entrer leur message dans des
concepts à notre portée, nous les habillons de vieilles images stéréotypées.
Ils sont tout autour de nous, pourtant, dans le vent et dans les arbres, qu’ils
aient une forme ou non, bien plus vivants que nous peut-être : les Parleurs.
« À travers ces messages, ces voix, ces intuitions et ces illuminations,
l’univers s’adresse à nous, à chacun de nous, personnellement. Il vous parle
et il me parle. Apprenez à entendre vos propres messages, au lieu de
déformer les voix que vous entendez ou de les transposer en alphabets
connus.
« Pendant ces cours (et dans la vie en général), je pense que nous
répondons à ce type de messages ; nous les mettons parfois en pratique avec
une sagesse quasi enfantine, et nous en faisons des pièces de théâtre
originales et individuelles, des pièces qui éveillent en nous des
significations indicibles.
« Les dieux jouent peut-être à ce genre de jeu, d’où la création s’élève et
s’épanouit en tout sens. Nous répondons peut-être aux dieux qui se trouvent
en nous – à ces étincelles de connaissance qui défient notre connaissance en
trois dimensions.
« Seth nous conduit peut-être, au-delà de nos limites habituelles, dans un
royaume qui nous appartient de droit, un royaume essentiel, que nous
soyons ou non dans la chair. Il est peut-être la voix de nos moi combinés
qui nous dit : “Maintenant que vous êtes des corps conscients, souvenez-
vous que vous avez été et que vous serez sans corps – de l’énergie en roue
libre, sans nom, avec une voix qui n’a pas besoin de langue, avec une
créativité qui n’a pas besoin de chair. Nous sommes vous-mêmes, retournés
vers l’extérieur.” »

Toutefois, ce manuscrit doit se suffire à lui-même en tant que livre,


indépendamment de mes idées sur Seth ou sur la nature de la réalité.
Comme tout livre, il est marqué par la personnalité de son auteur, il en porte
le sceau indélébile, ni plus ni moins. Les idées qu’il contient méritent d’être
entendues, en dépit de leur source, et inversement, à cause d’elle.
Quand nos sessions ont commencé, j’ai d’abord envisagé de publier le
matériau de Seth sous mon nom, afin qu’il soit accueilli pour sa valeur
propre sans qu’intervienne la question de sa source. Mais cela ne semblait
pas juste, parce que la manière dont le matériau de Seth est produit fait
partie du message, et le renforce.
Le texte dicté par Seth est donné tel que nous l’avons reçu, dans l’ordre,
sans ajout ni suppression. Seth connaît parfaitement la différence entre la
langue écrite et la langue parlée. Les sessions qui ont lieu pendant les cours
sont moins formelles, avec beaucoup plus d’échanges. Ce livre ressemble
davantage à nos sessions privées, pendant lesquelles l’essentiel du matériau
est livré. L’accent est mis sur le contenu ; la langue est écrite plutôt que
parlée.
La structure des phrases de Seth n’a pas non plus été modifiée, à de rares
exceptions près (il m’est quelquefois arrivé de couper en deux une phrase
trop longue). Une bonne partie de la ponctuation est indiquée par Seth.
Nous avons simplement inséré les tirets, les points-virgules et les
parenthèses là où il le suggérait, en supprimant le plus souvent la suggestion
elle-même pour ne pas gêner le lecteur. Là où Seth a demandé d’ouvrir des
guillemets, nous avons utilisé des guillemets à chevrons ; autrement, là où
le sens l’exige, des guillemets simples. Seth nous a aussi demandé de
souligner certains mots(1).
Les phrases de Seth sont souvent longues, en particulier pour un discours
oral ; pourtant, il ne s’égare jamais, il ne perd jamais le fil de la syntaxe et
du sens. À chaque fois qu’il semblait y avoir une difficulté sur ce plan, nous
sommes retournés à la session d’origine et avons constaté une erreur de
copie. ( Cela me semble d’autant plus remarquable que j’ai moi-même
essayé de dicter des lettres au magnétophone, et que l’échec a été flagrant.
Passé les premières phrases, j’avais beaucoup de mal à me rappeler ce que
j’avais dit et la manière dont je l’avais formulé.)
Le travail de correction des épreuves a surtout porté sur les notes de
Rob : il les a rendues plus présentables. Dans certains cas, des indications
extérieures au livre ont été incluses parce qu’elles semblent pertinentes,
qu’elles éclairent la méthode de présentation ou la personnalité de Seth lui-
même. Comme les notes de Rob le montrent également, Seth a commencé à
dicter l’appendice aussitôt le livre achevé. Détail amusant, je ne me suis pas
rendu compte tout de suite qu’il l’avait commencé, et j’ai passé plusieurs
jours à me demander qui devait s’en charger ; et si c’était Seth, quand il
allait s’y mettre.
Autre point intéressant : j’écris toujours au moins trois brouillons de mes
propres textes, et souvent davantage. Ce livre a été dicté d’emblée dans sa
version définitive. Seth a d’ailleurs suivi le plan qu’il en avait donné,
beaucoup plus fidèlement que j’ai jamais suivi les miens. Mais il lui est
aussi arrivé de s’en détacher, comme c’est le privilège de tout auteur.
À partir d’ici, Seth parle pour lui-même.

Jane Roberts
Elmira, État de New York
le 27 septembre 1971

(1) En gras dans la présente édition (N. d. É.).


CHAPITRE 1

Je n’ai pas de corps physique, et pourtant je


suis en train d’écrire ce livre

SESSION 511
MERCREDI 21 JANVIER 1970

(Pour commencer ces notes, je voudrais préciser qu’il se produit chez


Jane certains changements très nets lorsqu’elle est en transe et qu’elle
parle pour Seth.
En général, Jane entre en transe et en sort avec une rapidité
remarquable. Ses yeux sont rarement fermés, mais ils sont parfois à peine
entrouverts, à moitié ouverts, ou écarquillés et beaucoup plus sombres qu’à
l’ordinaire. Pendant les sessions, elle est assise dans un fauteuil à bascule,
mais il lui arrive de se lever et de se déplacer. Pendant qu’elle est en transe,
elle fume et boit quelques gorgées de vin, de bière ou de café. Quelquefois,
quand la transe a été très forte, il lui faut quelques minutes pour « en sortir
complètement ». Après les sessions, nous mangeons presque toujours
quelque chose, même s’il est très tard.
En transe, la voix de Jane peut avoir le ton, le volume et le débit de la
conversation ordinaire, mais elle est sujette à un très large éventail de
variations. Sa « voix de Seth » est en général un peu plus grave et un peu
plus forte que sa propre voix ; il arrive qu’elle soit vraiment très forte. Elle
est alors nettement masculine et donne le sentiment d’une formidable
énergie sous-jacente. Mais dans l’ensemble, nos sessions sont tout à fait
calmes.
Seth parle avec un accent difficile à identifier, qui a été décrit comme
russe, écossais, allemand, hollandais, italien, et même français. Une fois,
Seth nous a expliqué avec humour que sa manière de parler résultait du
« caractère cosmopolite » qu’il avait acquis au cours de ses nombreuses
existences. Jane et moi pensons que c’est simplement un accent personnel,
qui entraîne différentes réactions selon l’histoire ethnique ou affective de
celui qui l’entend.
Deux autres caractéristiques sont présentes chez Jane pendant la transe :
ses gestes sont plus raides, et les muscles de son visage s’organisent
différemment. Ils paraissent plus tendus, comme imbibés d’énergie – ou de
conscience. Quand ce phénomène est prononcé, je ressens fortement la
présence immédiate de Seth.
Je crois que ces changements sont dus à la façon créatrice dont Jane
reçoit une portion d’entité, une essence que nous nommons Seth, et à l’idée
qu’elle se fait de ce fragment, situé pour elle dans la sphère masculine. Voir
Jane devenir Seth est une expérience unique, à laquelle il est fascinant de
prendre part. Quelle que soit son intensité, la présence de Seth est toujours
remarquablement singulière et bienveillante. J’écoute une autre
personnalité, et je dialogue avec elle.
21h10. Avant la session de ce soir, Jane dit qu’elle est un peu tendue ;
elle pense que Seth va commencer son propre livre. Cette nervosité est
inhabituelle avant les sessions. J’essaie de la rassurer en lui disant de ne
pas y penser, de laisser le livre se faire tout seul.)
Maintenant. Je vous adresse mes salutations du soir, Joseph.
(« Bonsoir, Seth. »)
Notre ami Ruburt a effectivement le trac, ce qui peut se comprendre ;
nous allons donc être patients.
Commençons cependant le premier chapitre. (Sourire.) Ruburt pourra
écrire une introduction s’il le souhaite. (Une pause.)
Vous avez déjà entendu parler de chasseurs de fantômes. On peut dire
que je suis littéralement un écrivain fantôme, bien que je n’apprécie pas le
terme « fantôme ». Il est vrai qu’en général, on ne me voit pas en termes
physiques. Le mot « esprit » ne me plaît pas non plus, mais si votre
définition du mot suppose une personnalité dénuée de corps physique, je
suis bien obligé de reconnaître que cette définition me correspond.
Je m’adresse à un auditoire qui n’est pas visible, et je sais pourtant que
mes lecteurs existent ; je demande à chacun d’eux de penser à moi de la
même façon. J’écris ce livre avec l’aide d’une femme pour laquelle j’ai de
l’affection. De l’extérieur, il peut paraître étrange que je l’appelle
« Ruburt » et que je dise « lui » quand j’en parle, mais je l’ai connue en
d’autres temps, en d’autres lieux et sous d’autres noms. Elle a été aussi bien
un homme qu’une femme, et l’identité globale qui a vécu ces vies séparées
peut être désignée sous le nom de Ruburt.
Cependant, les noms n’ont pas d’importance. Mon nom est Seth. Les
noms sont de simples désignations, des symboles ; mais puisque vous êtes
bien obligés de vous en servir, je vais le faire également. J’écris ce livre
avec la collaboration de Ruburt, qui prononce les mots à ma place. Dans
cette vie, Ruburt s’appelle Jane, et son mari, Robert Butts, note les mots
prononcés par Jane. Je le nomme Joseph.
Mes lecteurs se voient peut-être comme des créatures physiques,
enfermées dans un corps physique, emprisonnées dans de la peau, de la
chair et des os. Si vous avez le sentiment que votre existence dépend d’une
image corporelle, vous devez vous sentir menacés de disparition, car
aucune forme physique ne subsiste ; aucun corps, si beau soit-il, ne contient
dans la vieillesse la vigueur et l’enchantement de la jeunesse. Si vous vous
identifiez à votre beauté et à votre jeunesse, à votre intellect et à vos succès,
vous êtes sans doute rongés par la certitude que ces attributs vont
disparaître.
J’écris ce livre pour vous assurer que tel n’est pas le cas.
Fondamentalement, vous n’êtes pas plus un être physique que moi ; et
pourtant, j’ai endossé puis abandonné plus de corps que je ne saurais le dire.
Une personnalité qui n’existe pas ne peut pas écrire de livres. Je suis tout à
fait indépendant d’une quelconque image physique, et vous aussi.
La conscience crée la forme. Et non l’inverse. Toutes les personnalités ne
sont pas physiques. Vous êtes tellement obnubilés par les préoccupations
quotidiennes que vous ne vous rendez pas compte de ce qu’une partie de
vous sait pertinemment : vos pouvoirs sont bien supérieurs à ceux du moi
ordinaire.
Chacun de vous a vécu d’autres existences, et cette connaissance repose
en vous sans que vous le sachiez de façon consciente. J’espère que ce livre
permettra de libérer le moi intuitif profond en chacun de mes lecteurs, qu’il
amènera au premier plan de la conscience les illuminations les plus à même
de leur être utiles.
Je commence ce livre à la fin du mois de janvier de votre année 1970.
Ruburt est actuellement une femme brune, mince et vive, assise dans un
fauteuil à bascule, et elle prononce ces mots pour moi.
(Une longue pause à 21h35.) Ma conscience est bien concentrée à
l’intérieur du corps de Ruburt. C’est la nuit et il fait froid. C’est la première
fois que nous écrivons tout un livre en transe et Ruburt était un peu inquiet
avant le début de la session. Il ne s’agit pas seulement de faire en sorte que
cette femme parle à ma place ; toutes sortes de manœuvres, d’ajustements
psychologiques sont nécessaires. Ruburt et moi avons établi entre nous ce
que j’appelle un pont psychologique.
Je ne parle pas par Ruburt comme on utilise le téléphone. Il existe au
contraire, de sa part comme de la mienne, une extension psychologique et
une projection des caractéristiques nécessaires à notre communication.
J’expliquerai plus tard comment ce cadre psychologique est créé et
maintenu, car il est comparable à une route qu’il faut maintenir dégagée.
Mais il serait bien plus profitable, en lisant ce livre, que vous vous
demandiez qui vous êtes, plutôt que qui je suis ; car vous ne pourrez
comprendre qui je suis sans comprendre la nature profonde de la
personnalité et les différents aspects de la conscience.
Si vous êtes convaincus que votre conscience est enfermée dans votre
crâne et qu’elle n’a pas le pouvoir d’en sortir, si vous avez l’impression
qu’elle s’arrête aux limites de votre corps, alors vous faites peu de cas de
vous-mêmes, et vous me considérerez comme une illusion. Je ne suis pas
plus une illusion que vous – et c’est là une affirmation chargée de sous-
entendus.
Je peux dire ceci honnêtement à chacun de mes lecteurs (sourire) : je suis
plus âgé que vous, du moins selon l’idée que vous vous faites de l’âge.
Si l’âge confère à un écrivain une quelconque autorité, je mérite une
médaille. Je suis l’essence de l’énergie d’une personnalité qui ne se focalise
plus sur la matière physique. En tant que tel, j’ai conscience de certaines
vérités que beaucoup d’entre vous semblent avoir oubliées.
J’espère vous les rappeler. Je m’adresse moins à cette partie de vous que
vous considérez comme vous-mêmes qu’à une partie de vous que vous ne
connaissez pas et que vous avez, dans une certaine mesure, oubliée ou
reniée. Cette partie de vous-mêmes lit ce livre lorsque « vous » le lisez.
Je m’adresse à ceux qui croient en un Dieu et à ceux qui n’y croient pas,
à ceux qui croient que la science fournira toutes les réponses concernant la
nature de la réalité, et à ceux qui pensent le contraire. J’espère vous
indiquer des pistes qui vous permettront d’étudier par vous-mêmes la nature
de la réalité comme vous ne l’avez encore jamais fait.
Il y a plusieurs choses que je vais vous demander de comprendre. Vous
n’êtes pas enfermés dans le temps comme une mouche qui ne peut pas se
servir de ses ailes parce qu’elle est prise au piège d’une bouteille. Mais
vous ne pouvez pas espérer de vos sens physiques qu’ils vous donnent une
image fiable de la réalité. Ce sont d’adorables menteurs ; ils vous racontent
une histoire fantastique, à laquelle vous croyez sur parole. Vous êtes parfois
mieux informés, plus créatifs et plus sages lorsque vous rêvez que lorsque
vous êtes réveillés.
Pour l’instant, ces considérations peuvent vous paraître douteuses, mais
lorsque nous aurons terminé vous verrez, je l’espère, qu’elles sont purement
factuelles.
Ce que je vais vous dire a déjà été dit au cours des siècles, et répété
quand cela avait été oublié. J’espère clarifier un certain nombre de points
qui ont été déformés au fil du temps. Sur d’autres points, j’offre mon
interprétation originale, car aucune connaissance n’existe dans le vide ;
toute information est interprétée et colorée par la personnalité qui la détient
et la transmet. C’est pourquoi je décris la réalité telle que je la connais, ainsi
que mon expérience dans de nombreuses strates et dimensions.
Cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas d’autres réalités. J’étais déjà
conscient avant la formation de votre Terre. Pour écrire ce livre – et dans la
plupart de mes communications avec Ruburt – j’adopte, à partir de ma
propre banque de personnalités passées, les caractéristiques qui me
semblent appropriées. Nous sommes nombreux à être, comme moi, des
personnalités non focalisées sur la matière ou le temps. Si notre existence
vous paraît étrange, c’est simplement parce que vous n’avez pas encore pris
en compte tout le potentiel de la personnalité, et parce que vos concepts
limités vous hypnotisent.
Vous pouvez faire une pause.
(« Merci. »
22h18. La transe de Jane a été profonde, mais elle en sort facilement et
rapidement. Elle est étonnée qu’autant de temps ait passé, et soulagée de
voir que Seth a commencé le livre tout en maintenant une bonne transe.
« Oh, il est fort, dit-elle en riant. Il est malin. »
Seth reprend à 22h34.)
Je suis d’abord et avant tout un enseignant (je n’ai jamais été un homme
de lettres en soi). Je suis une personnalité qui a un message : vous créez le
monde que vous connaissez. Vous avez reçu le don peut-être le plus
impressionnant qui soit : la faculté de projeter vos pensées hors de vous-
mêmes, en une forme physique.
Ce don entraîne une responsabilité ; or, dans l’ensemble, vous avez
tendance à vous féliciter de vos succès mais à accuser la société, le destin
ou Dieu de vos échecs. L’humanité a tendance à projeter sa culpabilité et
ses erreurs sur l’image d’un Dieu paternel qui doit se sentir fatigué de tant
de récriminations.
Le fait est que chacun de vous crée sa propre réalité physique ; et
collectivement, vous créez à la fois la gloire et la terreur qui président à
votre expérience sur Terre. Tant que vous n’aurez pas compris que vous la
créez vous-mêmes, vous refuserez de vous en reconnaître responsables.
Vous ne pouvez pas non plus accuser le diable des malheurs du monde, car
vous êtes à présent suffisamment développés pour savoir que le diable est
une projection de votre propre psyché ; mais vous n’êtes pas encore assez
sages pour savoir utiliser votre créativité de manière constructive.
Que le manque de muscles constitue une limitation est une idée qui vous
est familière ; mais en tant qu’espèce, c’est surtout l’ego qui vous limite,
qui vous maintient dans un état de rigidité spirituelle, qui refuse la portion
intuitive du moi, qui la déforme au point de la rendre méconnaissable.
(Une pause à 22h45.) Il se fait tard. Mes deux amis doivent se lever tôt
demain. Ruburt prépare deux livres de son côté et a besoin de dormir. Avant
d’achever cette session, je vais vous demander d’imaginer les circonstances
de notre entretien, car Ruburt m’a bien dit qu’un écrivain doit être attentif à
situer la scène. (Avec humour.)
Je parle par Ruburt deux fois par semaine, le lundi et le mercredi, dans
cette pièce spacieuse, avec la lumière allumée. Ce soir, je savoure, à travers
les yeux de Ruburt, le paysage hivernal au-dehors.
La réalité physique a toujours été rafraîchissante pour moi, et en écrivant
ce livre avec la collaboration de Ruburt, je constate que j’avais bien raison
d’apprécier ses charmes uniques. Il reste un personnage à mentionner ici :
Willy, le chat, petit monstre chéri qui dort en ce moment.
(Willy dort – ronfle, plutôt –, perché sur notre vieux poste de télé, juste
derrière la tête de Jane assise dans son fauteuil.)
La nature de la conscience animale est un sujet très intéressant en soi, et
nous l’examinerons plus tard. Le chat se rend compte de ma présence ; il y
a réagi plusieurs fois de façon perceptible. Avec ce livre, j’espère montrer
l’interaction constante entre toutes les unités de conscience, la
communication qui franchit la barrière entre les espèces ; et, dans certains
de ces développements, nous prendrons Willy comme exemple.
Vous pouvez faire une pause ou terminer la session, comme vous
préférez.
(« On va peut-être arrêter, alors. »)
Mes chaleureuses salutations à vous deux.
(« C’est très intéressant. »
Pause, et sourire.) J’espère que cela vous plaît.
(« Bonne nuit, Seth ».
23h00. Jane sort rapidement de transe. Son débit a été bon pendant toute
la session. Elle est contente, dit-elle, que Seth ait commencé son livre.
« Depuis longtemps, à chaque fois que je me disais que Seth allait s’y
mettre, j’avais peur de le laisser faire. »
Jane se demande maintenant si elle doit lire le livre de Seth à mesure
qu’il l’élabore, ou s’il ne serait pas plus impressionnant par la suite qu’elle
ne l’ait lu qu’une fois terminé. Nous pensons tous les deux que c’est sans
importance, elle le lira donc quand je l’aurai dactylographié.)

SESSION 512
MARDI 27 JANVIER 1970

(21h02. La session prévue pour lundi a été reportée à ce soir.


Le débit de Jane est plutôt lent, avec beaucoup de longues pauses, dont
quelques-unes sont mentionnées. Sa voix est normale et ses yeux sont
souvent ouverts.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth ».)
Maintenant, revenons à notre nouveau manuscrit.
Puisque nous avons parlé des animaux, je voudrais préciser qu’ils
possèdent une conscience, mais que celle-ci ne leur offre pas autant de
liberté que la vôtre. En revanche, ils ne sont pas gênés dans son utilisation
par certaines des caractéristiques qui limitent la conscience humaine.
La conscience est la façon dont on perçoit les différentes dimensions de
la réalité. La conscience que vous connaissez est extrêmement spécifique.
Vos sens vous permettent de percevoir le monde en trois dimensions mais,
par leur nature même, ils font obstacle à la perception d’autres dimensions
tout aussi valides. En général, vous vous identifiez à la partie du moi qui est
orientée vers la réalité quotidienne. Il ne vous viendrait pas à l’esprit de
vous identifier à une partie de votre corps et d’ignorer toutes les autres.
C’est pourtant ce que vous faites (sourire) lorsque vous partez du principe
que vous êtes votre ego, et rien de plus.
Ce que je suis en train de dire, c’est que vous n’êtes pas un sac cosmique
de chair et d’os né d’une agglomération d’éléments et de particules
chimiques. Votre conscience n’est pas une flamme produite par la rencontre
accidentelle d’éléments chimiques.
Vous n’êtes pas un rejeton de matière physique perdu dans l’immensité,
et votre conscience n’est pas vouée à disparaître comme un nuage de fumée.
Au contraire, vous formez le corps physique que vous connaissez à un
niveau de non-conscience profonde, dans une clarté et un discernement
miraculeux, avec une connaissance intime de chacune des minuscules
cellules qui le composent. Et je ne parle pas de façon symbolique.
Cependant, comme votre esprit conscient – tel que vous le concevez – ne
se rend absolument pas compte de ces activités, vous ne vous identifiez pas
à cette partie intérieure de vous-même. Vous préférez vous identifier à la
partie qui regarde la télévision, qui fait la cuisine ou qui travaille – la partie
qui, selon vous, sait ce qu’elle fait. Mais la partie apparemment
inconsciente de vous-même en sait beaucoup plus, et l’intégralité de votre
existence physique repose sur son fonctionnement harmonieux.
Cette partie est consciente, elle est ouverte, alerte. Mais vous vous
focalisez tellement sur la réalité physique que vous n’écoutez pas cette autre
partie de vous-même ; vous ne comprenez pas qu’elle est la grande force
psychologique d’où surgit votre moi orienté vers la réalité physique.
Cette non-conscience apparente, je l’appelle « l’ego interne », car c’est
elle qui dirige les activités internes. L’ego interne met en relation des
informations qui ne sont pas perçues par les sens physiques, mais par des
canaux internes. C’est l’ego interne qui perçoit de l’intérieur la réalité qui
existe au-delà du monde en trois dimensions. Il porte en lui le souvenir de
chacune de vos existences passées. Il examine des dimensions subjectives
qui sont littéralement infinies, et à partir desquelles jaillissent toutes les
réalités objectives. (Une longue pause.)
Toutes les informations nécessaires vous sont données par le biais de ces
canaux internes, et il se produit à ce niveau une multitude d’activités avant
même que vous puissiez lever le petit doigt, cligner de l’œil ou lire cette
phrase. Cette partie de votre identité est intrinsèquement extralucide et
télépathe, si bien que vous êtes avertis des désastres avant qu’ils se
produisent, que vous acceptiez ou non d’en recevoir consciemment le
message ; toute communication a donc lieu bien avant qu’une seule parole
soit prononcée.
(Doucement.) Je peux m’arrêter de temps en temps pour que vous
puissiez vous reposer.
(« Ça va. »)
L’ego « externe » et l’ego « interne » fonctionnent ensemble ; le premier
vous permet de manœuvrer dans le monde que vous connaissez tandis que
le second vous apporte les délicates perceptions internes sans lesquelles
l’existence physique ne saurait se maintenir.
Il existe toutefois une partie de vous, l’identité plus profonde qui forme à
la fois votre ego interne et votre ego externe, qui a décidé que vous alliez
être une créature physique en ce lieu et en ce temps-ci. C’est là le cœur de
votre identité, la graine psychique d’où vous avez jailli, la personnalité
multidimensionnelle dont vous faites partie.
Ceux d’entre vous qui se demandent où je situe le subconscient – tel que
le conçoivent les psychologues – peuvent l’imaginer comme une sorte de
lieu de rencontre entre l’ego externe et l’ego interne. Il faut cependant
comprendre que le moi ne comporte pas de divisions et que nous ne parlons
de parties différentes que pour vous aider à comprendre l’idée de base.
Comme nous nous adressons à des individus qui s’identifient
effectivement au « moi conscient ordinaire », j’aborde ces questions dans le
premier chapitre parce que je vais utiliser ces termes au cours du livre ; et
aussi parce que je veux affirmer l’existence de la personnalité
multidimensionnelle le plus tôt possible.
Vous ne pourrez pas vous comprendre vous-mêmes, ni accepter mon
existence, tant que vous ne vous serez pas débarrassés de l’idée que la
personnalité est une caractéristique de la conscience « ici et maintenant ».
Certaines des choses que j’ai à vous dire à propos de la réalité physique
vous feront peut-être bondir ; mais rappelez-vous que je considère la réalité
physique d’un point de vue tout à fait différent du vôtre.
(Jane s’interrompt fréquemment. Ses yeux sont souvent fermés.)
Vous êtes focalisés sur cette réalité au point de vous demander ce qu’il
pourrait bien y avoir d’autre, si tant est qu’il y ait autre chose. Je suis en
dehors de cette dimension que je connais et que j’ai aimée ; je n’y reviens
que momentanément. Je n’y habite pas, pour employer votre expression. Je
dispose d’un « passeport » médiumnique, mais il y a tout de même des
problèmes de traduction, des difficultés d’accès que je dois contourner.
Il paraît que beaucoup de New-Yorkais n’ont jamais visité l’Empire State
Building, contrairement aux visiteurs de passage. De la même façon, le fait
que vous ayez une adresse physique n’empêche pas que je puisse signaler,
dans votre réalité même, certaines structures psychologiques et psychiques
étranges et miraculeuses auxquelles vous n’avez pas prêté attention.
Pour être tout à fait franc, j’espère aller beaucoup plus loin. J’espère vous
emmener dans une visite guidée des niveaux de réalité qui vous sont
accessibles, vous faire voyager dans les dimensions de votre propre
structure psychologique, vous ouvrir de vastes zones de conscience presque
inconnues de vous. J’espère donc non seulement expliquer les aspects
multidimensionnels de la personnalité, mais également permettre à chaque
lecteur d’apercevoir cette identité plus vaste qui est la sienne.
(Doucement.) Vous pouvez faire une pause.
(22h07. Jane sort de transe facilement et rapidement. Elle ne s’est rendu
compte, dit-elle, ni de son débit ni du temps écoulé. Elle a eu l’impression
que le message de Seth était très condensé, orienté vers le lecteur, et qu’il
essayait de transmettre ses idées de la manière la plus claire et la plus
concise possible.
Jane me dit maintenant qu’elle était très fatiguée avant la session. Elle
reprend de la même manière à 22h29.)
Le moi que vous connaissez n’est qu’un fragment de votre identité
globale. Ces moi fragmentaires ne sont cependant pas enfilés comme les
perles d’un collier. Ils ressemblent plutôt aux différentes couches d’un
oignon, ou aux quartiers d’une orange, qui sont tous connectés par une
vitalité unique, qui s’épanouissent dans différentes réalités tout en jaillissant
de la même source.
Je ne suis pas en train de comparer la personnalité à une orange ou à un
oignon, mais je veux mettre l’accent sur le fait qu’ils poussent tous deux de
l’intérieur vers l’extérieur, et que chaque fragment du moi entier agit de
même. Vous observez l’aspect extérieur des objets. Grâce à vos sens
physiques, vous pouvez percevoir des formes extérieures auxquelles vous
pouvez réagir, mais ils vous obligent à percevoir la réalité de cette manière-
là, alors que la validité qui se trouve à l’intérieur de la matière et de la
forme est beaucoup moins apparente.
Je peux vous dire, par exemple, qu’il y a de la conscience même dans un
clou, mais peu de lecteurs me prendront assez au sérieux pour s’interrompre
en pleine phrase et dire bonjour au premier clou venu, enfoncé dans un
morceau de bois.
Pourtant, les molécules et les atomes contenus dans un clou possèdent
leur propre espèce de conscience. De même que les atomes et les molécules
qui composent les pages de ce livre, à leur niveau respectif. Il n’existe rien
– ni corps chimique, ni roche, ni plante, ni animal, ni air – qui ne soit rempli
de sa propre espèce de conscience. Vous vous trouvez donc au beau milieu
d’un vacarme vital permanent, d’un ensemble changeant d’énergie
consciente, et vous-mêmes êtes physiquement composés de cellules
conscientes qui portent en elles l’accomplissement de leur propre identité,
qui collaborent de plein gré pour former la structure corporelle de votre
corps physique.
Je suis en train de dire, bien entendu, qu’il n’existe pas de matière morte.
Il n’existe aucun objet qui n’ait été formé par la conscience, et toute
conscience, quel que soit son niveau, trouve sa joie dans la sensation et dans
la créativité. Vous ne pouvez pas comprendre ce que vous êtes si vous ne
comprenez pas ce fait.
Par commodité, vous occultez la multitude de communications internes
qui jaillit entre les plus minuscules parties de votre chair ; pourtant, même
en tant que créature physique, vous faites, dans une certaine mesure, partie
d’autres consciences. Il n’y a pas de limites au moi. Il n’existe pas de
limites à son potentiel. (Une pause.) Mais vous pouvez adopter des limites
artificielles, par ignorance. Vous pouvez par exemple vous identifier à votre
seul ego externe, et vous couper de facultés qui font partie de vous. Vous
pouvez refuser de reconnaître ces faits, mais vous ne pouvez pas les
changer. La personnalité est multidimentionnelle, même si beaucoup de
gens se cachent la tête, pour employer une image, dans le sable de
l’existence en trois dimensions, et font comme s’il n’existait rien d’autre.
(Avec humour.) Avec ce livre, j’espère tirer quelques têtes hors du sable.
(Une longue pause.) Vous pouvez faire une pause ou arrêter la session,
comme vous préférez.
(« Faisons une pause. » De 22h59 à 23h10.)
Maintenant. Nous aurons bientôt terminé notre premier chapitre ; il reste
peu de choses à ajouter. (Amusé.) Ceci n’est pas pour le livre.
Je ne cherche pas à sous-estimer l’ego externe. Mais vous le surestimez.
Et vous ne reconnaissez pas sa nature véritable.
Nous reviendrons sur ce point ; il vous suffit pour l’instant de
comprendre que votre propre sentiment de continuité et d’identité ne repose
pas sur l’ego.
Or j’utiliserai par moments le terme de « camouflage » pour faire
référence au monde physique auquel réagit l’ego externe, car la forme
physique est l’un des camouflages que prend la réalité. Ce camouflage est
réel, mais il y a une réalité bien plus vaste à l’intérieur : c’est la vitalité qui
lui a donné forme. Vos sens physiques vous permettent de percevoir ce
camouflage, car ils lui correspondent. Mais sentir la réalité à l’intérieur de
la forme requiert une autre sorte d’attention et un maniement plus délicat.
L’ego est un Dieu jaloux ; il veut que l’on serve ses intérêts. Il refuse
d’admettre la réalité de dimensions dans lesquelles il ne se sent pas à l’aise
et qu’il ne comprend pas. L’ego était censé être un outil, mais on l’a laissé
devenir un tyran. Heureusement, il est beaucoup plus souple et avide de
connaissances qu’on ne le croit généralement. Il n’est pas par nature aussi
rigide qu’il y paraît. Sa curiosité peut être très précieuse.
Si vous avez une conception limitée de la nature de la réalité, votre ego
fera de son mieux pour vous maintenir dans la zone restreinte de réalité que
vous acceptez. Si, à l’inverse, vous offrez de la liberté à votre intuition et à
votre instinct créateur, ceux-ci peuvent transmettre la connaissance de
dimensions plus vastes à la partie de votre personnalité qui est orientée sur
le monde physique.
(23h35. La session est interrompue par Rooney, l’un de nos deux chats,
qui veut sortir pour la nuit. Seth a bien avancé. Jane sort rapidement de
transe. Je fais sortir le chat et Jane attend quelques instants, puis décide
d’arrêter pour ce soir avant que Seth soit revenu. Le chapitre n’a pas l’air
complètement fini.)

SESSION 513
JEUDI 5 FÉVRIER 1970

(21h10. Normalement, cette session aurait dû se passer hier, mais Jane


voulait essayer un jeudi, pour changer. Avant la session, elle me dit : « J’ai
encore le trac quand je pense que Seth fait ce livre tout seul. » Quand la
session commence, Seth reprend directement le travail sur son livre.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons continuer.
L’existence de ce livre est la preuve que l’ego n’a pas le monopole de la
personnalité, car il ne fait aucun doute que ce livre est écrit par une
personnalité différente de l’écrivain connu sous le nom de Jane Roberts.
Comme cette Jane Roberts n’a aucune capacité qui ne soit inhérente à
l’espèce humaine dans son ensemble, on est bien obligé d’admettre que la
personnalité humaine a beaucoup plus d’attributs que ceux qu’on lui
reconnaît habituellement. J’espère expliquer quelles sont ces facultés, et
préciser comment chaque individu peut libérer ce potentiel.
La personnalité est un ensemble de perceptions en perpétuel état de
changement. C’est la partie de l’identité qui perçoit. Je n’impose pas mes
perceptions à la femme par qui je parle, et sa conscience n’est pas non plus
effacée pendant que nous communiquons. Il se produit au contraire une
expansion de sa conscience et une projection d’énergie hors de la réalité en
trois dimensions.
Le fait qu’elle se concentre ainsi hors du système physique pourrait
donner l’impression que sa conscience est effacée. C’est tout le contraire ;
car d’autres éléments viennent s’y ajouter. En ce moment, depuis mon
propre champ de réalité, je focalise mon attention sur cette femme, mais les
mots qu’elle prononce – ces mots écrits sur la page – ne sont pas du tout
verbaux à l’origine.
D’abord, le langage que vous connaissez est un processus très lent : les
lettres s’enchaînent les unes après les autres pour former un mot, les mots
pour former une phrase, qui est le résultat final d’un mode de pensée
linéaire. Le langage, tel que vous le connaissez, résulte partiellement et
grammaticalement de vos séquences successives de temps physique. Vous
ne pouvez vous focaliser que sur un certain nombre de choses à la fois, et la
structure de votre langage ne se prête pas à la communication d’expériences
complexes simultanées.
Je connais un autre type d’expérience, qui n’est pas linéaire ; je peux me
focaliser sur une variété infinie d’évènements simultanés, et y réagir.
Ruburt ne pourrait pas les exprimer ; ils doivent donc passer par l’entonnoir
de l’expression linéaire pour être communiqués. Cette faculté de percevoir
un nombre illimité d’évènements simultanés, et d’y réagir, est une
caractéristique essentielle de tout moi global, de toute entité. Je n’en fais
donc pas un exploit que je serais seul à accomplir.
Tout lecteur, confortablement installé à l’intérieur d’une forme physique,
du moins je le présume (avec humour), ne connaît, je l’ai dit, qu’une petite
partie de lui-même. La personnalité n’est qu’une manifestation, une partie
indépendante et éternellement valide de l’identité globale, ou entité.
Pendant ces communications, la conscience de Ruburt se dilate tout en se
focalisant dans une dimension différente, une dimension située entre sa
réalité et la mienne, un champ relativement dépourvu de distraction. Là, je
lui transmets certains concepts, avec sa permission et son consentement.
Ceux-ci ne sont pas neutres, car toute information, toute connaissance porte
le sceau de la personnalité qui la détient ou la transmet.
Ruburt met sa connaissance verbale à notre disposition et, de manière
tout à fait automatique, nous sommes ensemble à l’origine des paroles
prononcées. Il peut parfois surgir des distractions, et toute information peut
être déformée. Mais nous sommes maintenant habitués à travailler
ensemble, et les déformations sont exceptionnelles.
Une partie de mon énergie est également projetée en Ruburt ; nos
énergies combinées activent sa forme physique pendant nos sessions, et en
ce moment même, pendant que je prononce ces phrases. Il existe encore
bien d’autres ramifications dont je parlerai plus tard.
Vous pouvez faire une pause.
(De 21h46 à 21h55.)
Je ne suis donc pas un produit du subconscient de Ruburt ; il n’est pas
davantage le produit de mon subconscient. Je ne suis pas non plus une
personnalité secondaire qui chercherait une façon ingénieuse de miner un
ego précaire. J’ai veillé, en fait, à ce que toutes les parties de la personnalité
de Ruburt bénéficient de nos sessions, et à ce que leur intégrité soit
maintenue et honorée.
Sa personnalité possède une disposition assez exceptionnelle, qui rend
nos communications possibles. Je vais essayer de le dire aussi simplement
que possible : il existe dans sa psyché quelque chose qui équivaut à une
distorsion dimensionnelle transparente, qui peut être utilisée comme une
fenêtre ouverte pour percevoir d’autres réalités – une ouverture
multidimensionnelle qui a, jusqu’à un certain point, échappé au rideau épais
résultant de la focalisation sur le monde physique.
En général, les sens physiques vous empêchent de voir ces canaux
ouverts, car ils ne perçoivent que la réalité qui est à leur image. Je pénètre
donc, en quelque sorte, dans votre réalité par le biais d’une distorsion
psychologique de votre espace et de votre temps. Cette ouverture sert de
chemin entre la personnalité de Ruburt et la mienne, et rend la
communication possible. De telles distorsions psychologiques et psychiques
entre différentes dimensions de l’existence ne sont pas rares. Mais il est rare
qu’elles soient reconnues, et plus rare encore qu’elles soient utilisées.
(Une longue pause, parmi beaucoup d’autres. Mais dans l’ensemble, le
débit de Jane est plus rapide et plus assuré que pendant les deux premières
sessions sur le livre de Seth. Pour l’instant, elle aime beaucoup ce que Seth
fait de son livre.)
Je vais tenter de vous donner une idée de mon existence non physique.
J’espère que cela vous aidera à vous souvenir que votre propre identité
fondamentale est aussi peu physique que la mienne.
C’est la fin du premier chapitre.
(« D’accord. »)
CHAPITRE 2

Mon environnement, mes activités et mon


travail actuels

(Il est 22h16. Jane fait une pause et se frotte les yeux.)
Nous allons commencer le chapitre 2.
Mon environnement est très différent (avec humour) de celui de mes
lecteurs – c’est le moins qu’on puisse dire – et je peux cependant vous
assurer qu’il est tout aussi varié, brillant, vital. Il est beaucoup plus plaisant
(même si mon idée du plaisir s’est modifiée depuis que je ne suis plus un
être physique) parce que beaucoup plus gratifiant, et aussi parce qu’il offre
beaucoup plus de possibilités d’accomplissement créatif.
Mon existence présente est la plus stimulante de toutes celles que j’ai
connues, et j’en ai connu beaucoup, qu’elles soient physiques ou non. La
conscience non physique n’est pas limitée à une seule dimension – pas plus
que, dans le monde physique, votre planète n’est limitée à un seul pays, ou
votre système solaire à une seule planète.
Cela dit, mon environnement n’est pas celui dans lequel vous vous
retrouverez juste après la mort. Je ne peux m’empêcher de vous le dire sur
le ton de l’humour, mais le fait est qu’il faut mourir bien des fois avant
d’entrer dans ce plan particulier d’existence. La naissance occasionne un
choc bien plus grand que la mort. Il arrive qu’on ne se rende pas compte
que l’on meurt, alors que la naissance entraîne presque toujours une prise de
conscience soudaine et violente. Il n’y a donc aucune raison de craindre la
mort. Et moi qui suis mort plus souvent que je ne saurais le dire, j’écris ce
livre pour vous l’indiquer.
Mon travail dans cet environnement présente des défis qu’aucun d’entre
vous ne connaît ; il suppose aussi le maniement de matériaux de création
qui dépassent pratiquement votre capacité de compréhension actuelle. Je
vais vous en dire plus sur ce point ; mais il faut que vous compreniez
d’abord qu’il n’existe pas de réalité, hormis celle qui est créée par la
conscience. C’est toujours la conscience qui crée la forme, et non l’inverse.
Mon environnement est donc une réalité d’existence créée par moi-même et
par mes semblables ; il représente la manifestation de notre développement.
Nous n’utilisons pas de structures permanentes. Il n’existe pas, par
exemple, de ville dont je serais résident. Je ne veux pas dire que nous nous
trouvons dans un espace vide. Mais nous ne pensons pas l’espace dans les
mêmes termes que vous, et nous formons les images que nous souhaitons
voir autour de nous.
Celles-ci sont créées par nos schémas mentaux, tout comme votre propre
réalité physique est créée en réplique fidèle de vos pensées et de vos désirs.
Vous pensez que les objets existent indépendamment de vous ; vous ne vous
rendez pas compte qu’ils sont au contraire la manifestation de votre moi
psychologique et psychique. Nous savons que nous formons notre propre
réalité ; et nous le faisons avec un abandon créatif et une joie considérable.
Vous seriez complètement désorientés dans mon environnement, car il vous
paraîtrait dépourvu de cohérence.
Nous connaissons les lois internes qui gouvernent toute
« matérialisation ». Je peux accomplir n’importe quelle matérialisation, jour
et nuit, à toute époque de l’histoire, selon vos critères. Ces formes
changeantes ne gênent aucunement mes associés, car ils les voient comme
des indices immédiats de mon humeur, de mes sentiments et de mes idées.
(Tout en livrant ce paragraphe, Jane, toujours en transe, va dans la
cuisine et fouille pour trouver des allumettes ; elle veut allumer une
cigarette.)
La permanence et la stabilité ne dépendent pas de la forme, mais de
l’intégration du plaisir, de l’intention et du niveau d’accomplissement d’une
identité donnée. Je « voyage » dans divers niveaux d’existence pour y
accomplir ma tâche, qui est essentiellement celle d’un enseignant et d’un
éducateur et, à l’intérieur de ces systèmes, j’emploie les supports et les
techniques qui me sont les plus utiles.
Autrement dit, je peux enseigner la même leçon de bien des manières
différentes, en fonction des capacités et des croyances inhérentes à chacun
des systèmes dans lesquels je dois œuvrer. J’emploie dans ces
communications – et pour ce livre – une partie de moi-même qui est choisie
par mon identité parmi les nombreuses personnalités dont elle dispose.
Dans d’autres systèmes, la personnalité particulière de Seth adoptée ici par
moi – c’est-à-dire par une identité plus large de Seth – ne serait pas
comprise.
Car tous les systèmes de réalité ne sont pas orientés sur le monde
physique, et certains ignorent tout de la forme physique. Le sexe, tel que
vous le comprenez, ne fait pas non plus partie de leur nature. C’est pourquoi
je ne choisirais pas d’y établir mes communications sur la base d’une
personnalité masculine ayant vécu de nombreuses existences physiques, ce
qui est pourtant une partie tout à fait valide et légitime de mon identité.
Vos doigts sont-ils fatigués ?
(« Non, ça va. » 22h54.)
Maintenant. Dans mon propre environnement, j’utilise la forme qui me
plaît ; elle peut varier, et varie en effet, selon la nature de mes pensées. En
ce qui vous concerne, vous formez votre image physique à un niveau
inconscient, à peu près de la même manière, mais avec quelques différences
de taille. En général, vous ne vous rendez pas compte que votre corps est
créé par vous à tout instant selon l’idée que vous vous faites de vous-
même ; et qu’il enregistre d’importantes variations chimiques et
électromagnétiques selon le rythme toujours changeant de vos pensées.
Ayant reconnu depuis longtemps que la forme dépend de la conscience,
nous avons tout simplement acquis la capacité de changer complètement
notre forme, de façon à ce qu’elle suive plus fidèlement chaque nuance de
notre expérience intérieure.
Vous pouvez faire une pause ou terminer la session, comme vous
préférez.
(« Faisons une pause. »
23h00. La transe de Jane a été bonne, bien qu’elle en sorte assez
rapidement. Elle me dit qu’elle savait quels mots elle prononçait pendant la
session, mais qu’elle les oubliait aussitôt. À 23h05, cependant, elle se rend
compte qu’elle « n’en est pas complètement sortie » pendant la pause.
Reprise à 23h07.)
Maintenant. Cette aptitude à changer de forme est une caractéristique
inhérente à toute conscience. Seul varie le degré de compétence et
d’accomplissement. Vous pouvez constater la même chose dans votre
propre système, dans une version ralentie, lorsque vous observez les formes
changeantes prises par la matière vivante au long de son histoire
« évolutionniste ».
Or nous pouvons prendre plusieurs formes en même temps, pourrait-on
dire ; mais vous aussi, même si vous ne vous en rendez pas compte en
général. Votre forme physique peut reposer sur votre lit, endormie et inerte,
pendant que votre conscience voyage, sous forme de rêve, vers des endroits
fort éloignés. Et dans le même temps, vous créez peut-être une « forme
pensée » de vous-même, identique à vous en tout point, qui peut apparaître
dans la chambre d’un ami sans que vous vous en rendiez compte du tout. La
conscience n’est donc pas limitée quant aux formes qu’elle peut créer à tout
instant.
D’un point de vue pratique, nous sommes beaucoup plus avancés que
vous dans cette direction, et lorsque nous créons ces formes, c’est en pleine
connaissance de cause. Je partage le champ de mon existence avec d’autres
qui ont plus ou moins les mêmes défis à relever, et les mêmes schémas
globaux de développement. J’en connais certains et d’autres non. Nous
communiquons par télépathie mais, encore une fois, la télépathie est aussi le
fondement de vos langages, et sans elle leur symbolisme n’aurait aucun
sens.
Le fait que nous communiquions réellement sur ce mode ne signifie pas
nécessairement que nous utilisions des mots mentaux – et nous n’en
utilisons pas. Nous communiquons plutôt par ce que je ne peux que décrire
comme des images thermiques et électromagnétiques, dont une
« séquence » contient beaucoup plus de sens que les mots. L’intensité de la
communication dépend de l’intensité affective qui la sous-tend, bien que
l’expression « intensité affective » puisse induire en erreur.
Nous ressentons bien un équivalent de ce que vous appelez les émotions,
mais celles-ci ne sont pas l’amour, la haine ou la colère telles que vous les
connaissez. La meilleure manière de décrire vos sentiments, c’est de les
considérer comme la matérialisation dans le monde en trois dimensions
d’expériences et d’évènements psychologiques bien plus vastes, reliés aux
« sens internes ».
Je vais vous expliquer ces sens internes plus loin, à la fin du chapitre. Il
suffit de dire ici que nous ressentons une expérience affective forte, bien
qu’elle diffère de la vôtre de façon importante. Elle est moins limitée et
beaucoup plus expansive, car nous avons aussi connaissance du « climat »
affectif dans son ensemble, et nous y réagissons. Nous sommes beaucoup
plus libres que vous de sentir et de ressentir, parce que nous n’avons pas la
même crainte d’être emportés par nos sentiments.
Les émotions fortes des autres, par exemple, ne nous font pas craindre
pour notre propre identité. Nous pouvons voyager dans les émotions d’une
manière qui ne vous est pas naturelle aujourd’hui, et les traduire en des
facettes de créativité avec lesquelles vous n’êtes pas familiers. Nous ne
ressentons pas le besoin de dissimuler nos émotions, car nous savons que ce
n’est ni possible ni souhaitable. À l’intérieur de votre système, les émotions
peuvent sembler gênantes parce que vous n’avez pas encore appris à vous
en servir. Nous apprenons enfin leur plein potentiel et les pouvoirs de
création qui leur sont liés.
Nous allons arrêter là notre session.
(« D’accord. »)
Mes sincères salutations à vous deux, et un chaleureux bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. C’était très bien. »
Parlant toujours pour Seth, Jane se penche en avant. Avec humour.) Vous
êtes notre premier lecteur.
(« Oui. C’est un plaisir. »
23h37. Jane dit qu’elle était complètement ailleurs. Tout ce qu’elle sait,
c’est que Seth a parlé des émotions.)

SESSION 514
LUNDI 9 FÉVRIER 1970

(21h35. Carl et Sue Watkins, et leur bébé Sean, assistent à cette session.
Carl et Sue font partie du cours de perception extrasensorielle de Jane.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Bonsoir à nos amis. Vous êtes venus voir un auteur au travail ; nous
allons donc continuer le chapitre 2, si vous le voulez bien.
Maintenant. Comme nous nous rendons compte que notre identité ne
dépend pas de la forme, nous ne craignons pas d’en changer ; nous savons
que nous pouvons adopter toutes les formes que nous désirons.
Nous ne connaissons pas la mort, selon vos termes. Notre existence nous
entraîne dans de nombreux environnements, et nous nous y mêlons (geste).
Concernant la forme, nous nous conformons aux règles en vigueur dans ces
environnements. Nous sommes tous enseignants, et nous adaptons nos
méthodes pour qu’elles puissent être comprises par des personnalités qui se
font une idée différente de la réalité.
La conscience ne dépend pas de la forme, je l’ai dit ; pourtant la
conscience cherche toujours à créer de la forme. Nous n’existons dans
aucun cadre temporel comparable à celui que vous connaissez. Les minutes,
les heures, les années ont perdu pour nous à la fois leur sens et leur
fascination. Cependant, nous sommes parfaitement au fait des situations
temporelles présentes dans d’autres systèmes, et nous les prenons en
compte dans nos communications. Sinon, ce que nous disons ne serait pas
compris.
Il n’existe pas de séparation réelle entre les systèmes dont je parle. La
seule barrière résulte des différences dans la capacité des personnalités à
percevoir et à fonctionner. Ainsi, vous existez au milieu de nombreux autres
systèmes de réalité, mais vous ne les percevez pas. Et même lorsqu’un
évènement provenant de ces systèmes fait irruption dans votre existence
tridimensionnelle, vous êtes incapables de l’interpréter, car le fait même de
passer de l’un à l’autre le déforme.
Je vous ai dit que nous ne faisons pas l’expérience de votre séquence
temporelle. Nous voyageons à travers des intensités différentes. Notre
travail, notre développement et notre expérience se situent entièrement dans
ce que j’appelle le « point-instant ». Là, dans ce point-instant, la plus petite
pensée est menée à sa pleine réalisation, la plus infime possibilité est
explorée, les différentes probabilités sont minutieusement examinées, les
sentiments les plus légers comme les plus puissants sont considérés. Tout
cela est difficile à expliquer clairement, mais le point-instant est le cadre
dans lequel nous vivons notre expérience psychologique. En lui, les actions
simultanées se suivent « librement », par le biais de schémas associatifs. Par
exemple, Joseph, imaginez que je pense à vous. Ce faisant, je perçois
immédiatement – et pleinement – votre passé, votre présent et votre avenir
(selon vos termes), ainsi que toutes les émotions et les motivations
profondes qui vous gouvernent. Je peux voyager avec vous à travers ces
expériences, si j’en fais le choix. Nous pouvons ainsi suivre une conscience
à travers toutes ses formes et cela, selon vos critères, en un clin d’œil.
Or il faut qu’une identité ait étudié, qu’elle ait une véritable expérience,
un développement avancé, pour savoir maintenir sa stabilité face à des
stimuli aussi constants ; et nombre d’entre nous se sont perdus, allant
jusqu’à oublier qui ils étaient, avant de se réveiller de nouveau eux-mêmes.
Maintenir cette stabilité nous est devenu pratiquement automatique. Parmi
l’infinie variété des consciences, nous ne connaissons qu’un petit
pourcentage de toutes les banques de personnalités existantes. Pour nos
« vacances », nous rendons visite à des formes de vie très simples et nous
nous fondons en elles.
D’une certaine manière, nous nous autorisons la relaxation et le sommeil,
car nous pouvons passer un siècle à être un arbre ou une forme de vie non
complexe dans une autre réalité. Nous enchantons notre conscience avec le
plaisir d’une existence simple. Nous pouvons, voyez-vous, créer la forêt
dans laquelle nous poussons. D’habitude, cependant, nous sommes très
actifs, et toute notre énergie est concentrée sur notre travail et sur de
nouveaux défis.
Nous pouvons, si nous le souhaitons, former d’autres personnalités à
partir de nous-mêmes, à partir de notre propre intégralité psychologique.
Celles-ci doivent cependant se développer en fonction de leurs mérites
respectifs, en employant les capacités de création qui leur sont inhérentes ;
elles sont libres de suivre leur propre chemin. Nous ne les créons donc pas à
la légère.
À présent, vous pouvez faire votre première pause, puis nous
continuerons.
(22h02. La transe de Jane a été profonde. Elle dit qu’elle était épuisée
avant la session. Nous avons passé l’après-midi à déplacer des meubles.
Pourtant, ce soir, rien ne semble troubler Seth ; pas même Sean qui tète.
Reprise, au même rythme rapide, à 22h20.)
Maintenant. Chaque lecteur est une partie de sa propre entité, et son
développement le rapproche du genre d’existence qui est le mien. Pendant
l’enfance, et dans le rêve, chaque personnalité se rend compte, jusqu’à un
certain point, de la liberté réelle dont dispose sa propre conscience
intérieure. Les facultés dont je parle sont donc des caractéristiques
inhérentes à la conscience en général, et à chaque personnalité en
particulier.
Mon environnement, je vous l’ai dit, change constamment ; mais le vôtre
aussi. Lorsque cela se produit, vous vous donnez de bonnes raisons pour
rejeter la perception intuitive parfaitement légitime que vous en avez. Par
exemple, si une pièce vous semble soudain petite et encombrée, vous partez
du principe que ce changement de dimensions est imaginaire et que la pièce
n’a pas changé, malgré votre impression.
Le fait est que, dans ces conditions, la pièce aura réellement changé, et de
façon majeure, bien que ses dimensions physiques soient toujours les
mêmes. L’impact psychologique de la pièce dans son ensemble a été
modifié. Cet effet sera ressenti par d’autres aussi bien que par vous-même.
Elle attirera certains types d’évènements plutôt que d’autres, et modifiera
également votre structure psychologique et votre production d’hormones.
Vous réagissez donc à l’état modifié de la pièce de manière tout à fait
physique, bien que sa longueur ou sa largeur en centimètres semblent
n’avoir pas changé.
J’ai demandé à notre ami Joseph de souligner le mot « semblent » parce
que vos instruments de mesure n’indiqueraient aucun changement physique
– car les instruments contenus dans cette pièce auront eux-mêmes changé
de façon semblable.
Vous modifiez constamment l’allure, la silhouette, la forme et la
signification de votre corps physique et de votre environnement le plus
intime, bien que vous fassiez tout votre possible pour ignorer ces
modifications constantes. À l’opposé, nous leur donnons libre cours ; nous
savons que nous sommes motivés par une stabilité intérieure qui peut
parfaitement se permettre la spontanéité et la création ; et nous comprenons
que l’identité spirituelle et psychologique repose sur le changement
créateur.
Notre environnement est donc composé de déséquilibres exquis, dans
lesquels le changement s’exerce en toute liberté. Votre structure temporelle
entraîne chez vous l’idée fausse selon laquelle la matière physique est
relativement permanente ; et vous fermez les yeux sur les changements
continuels qui s’y produisent. Vos sens physiques font tout ce qu’ils peuvent
pour vous confiner dans la perception d’une réalité entièrement formatée.
En général, l’intuition, le sommeil et le rêve peuvent seuls vous permettre
de percevoir la nature joyeusement changeante de votre propre conscience,
comme de toutes les autres.
L’un de mes devoirs est de vous éclairer sur ces sujets. Pour cela, nous
devons employer des concepts qui vous soient au moins un peu familiers.
Nous utilisons donc les parties de nos propres personnalités qui peuvent
avoir un sens pour vous.
Notre environnement n’a pas de fin. Selon vos termes, on n’y manque ni
de temps ni d’espace pour fonctionner. Les conditions qui y règnent
représenteraient une pression énorme pour toute conscience dépourvue du
bagage et du développement nécessaires. Nous ne disposons pas d’un
univers unique, simple et confortable, dans lequel nous cacher. Nous
demeurons vigilants quant à d’autres systèmes de réalité parfaitement
étrangers, qui clignotent à la lisière de la conscience telle que nous la
connaissons. Il existe une bien plus grande variété dans les types de
conscience que dans les formes physiques ; chaque conscience dispose de
schémas de perception qui lui sont propres et demeure à l’intérieur de son
propre système de camouflage. Mais chacune d’entre elles a une
connaissance interne de la réalité qui existe à l’intérieur de tout camouflage,
et qui compose toute réalité, quel que soit le nom qu’on lui donne.
Vous pouvez faire une pause.
(De 22h44 à 22h56.)
Nombre de ces libertés vous sont parfaitement naturelles lorsque vous
rêvez, et vous formez souvent des environnements oniriques pour exercer
ces potentiels. J’aurai plus tard quelques remarques à faire sur la manière
dont vous pouvez apprendre à reconnaître vos propres exploits, et les
comparer avec ce dont vous êtes capables dans la vie physique quotidienne.
Vous pouvez donc apprendre à changer votre environnement physique en
apprenant à changer, et à manipuler, votre environnement onirique. Vous
pouvez aussi vous suggérer à vous-même de faire des rêves spécifiques
dans lesquels apparaissent les changements que vous souhaitez et, dans
certaines conditions, les mêmes changements apparaîtront dans votre réalité
physique. Or vous le faites souvent, sans vous en rendre compte.
La conscience globale adopte différentes formes – elle n’est d’ailleurs
pas toujours dans une forme. Toutes les formes ne sont pas physiques ;
certaines personnalités n’ont donc jamais été physiques. Elles ont évolué
selon des voies différentes, et leur structure psychologique vous paraîtrait
totalement étrangère.
Dans une certaine mesure, je voyage aussi dans ce type d’environnement.
Cependant, la conscience doit se montrer : elle ne peut pas ne pas être. Elle
n’est pas physique et doit donc manifester son activation d’une autre
manière. Dans certains systèmes, par exemple, elle forme des modèles
mathématiques et musicaux hautement intégrés, qui jouent eux-mêmes le
rôle de stimuli pour d’autres systèmes universels. Mais je ne suis pas très au
fait de ces systèmes et je ne peux guère en parler.
Il n’existe pas de structure permanente dans mon environnement mais,
comme je vous l’ai dit, dans le vôtre non plus. Je me rends compte que je
communique en ce moment à travers Ruburt, mais chacun de vous
communique de différentes manières par télépathie avec d’autres
personnalités, et par leur intermédiaire – même si vous n’avez pas vraiment
conscience de cet exploit.
Je vais à présent terminer cette session. Je chanterais bien une berceuse –
ceci n’est pas pour le livre – à notre jeune ami (Sean Watkins, qui s’est
remis à téter), mais je ne suis pas en voix.
Mes meilleures salutations à vous tous. Un chaleureux bonsoir. (Amusé,
et avec une certaine insistance.) Ceci constitue à la fois la première et la
dernière version.
(« Bonne nuit, Seth. Merci, c’était très intéressant. »
23h08. La dernière remarque de Seth répond à Sue qui a demandé, au
cours de la soirée, quelle quantité de corrections serait nécessaire pour ce
livre. Pour l’instant, Jane pense qu’il n’y en aura aucune, à part la
reformulation éventuelle d’une expression maladroite.)

SESSION 515
MERCREDI 11 FÉVRIER 1970

(21h20.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Revenons au chapitre 2.
Les sens que vous utilisez créent, de manière très réelle, l’environnement
que vous percevez. Vos sens physiques vous obligent à percevoir une réalité
en trois dimensions. Cependant, la conscience est équipée de moyens de
perception interne qui sont inhérents à toute conscience, quel que soit son
degré de développement. Ces moyens de perception sont tout à fait
indépendants de ceux qu’adopte une conscience donnée lorsqu’elle prend
une forme spécifique, un corps physique par exemple, pour fonctionner
dans un système donné.
Chaque lecteur a donc des sens internes et s’en sert en permanence, bien
que son ego ne s’en rende pas compte. En ce qui nous concerne, nous
utilisons les sens internes en toute liberté et en toute conscience. Si vous en
faisiez autant, vous percevriez le type d’environnement dans lequel j’existe.
Vous verriez une situation sans camouflage, dans laquelle les évènements et
la forme sont libres, au lieu d’être pris dans une gelée temporelle. Par
exemple, au lieu de voir votre salon uniquement comme un ensemble de
meubles apparemment permanents, vous y verriez aussi, en changeant votre
focalisation, la danse constante, incommensurable, des molécules et des
particules qui composent les différents objets.
Vous verriez une lumière phosphorescente, qui est l’aura des
« structures » électromagnétiques composant les molécules elles-mêmes.
Vous pourriez, si vous le vouliez, condenser votre conscience jusqu’à ce
qu’elle soit assez petite pour voyager à l’intérieur d’une seule molécule et,
depuis le monde propre à cette molécule, percevoir et observer l’univers de
la pièce, les étoiles de gigantesques galaxies, toutes reliées et en perpétuel
mouvement. Or chacune de ces possibilités représente une réalité légitime.
La vôtre n’est pas plus légitime qu’une autre, mais c’est la seule que vous
percevez.
En utilisant les sens internes, nous devenons des créateurs conscients, des
cocréateurs. Vous êtes des cocréateurs non conscients, que vous le sachiez
ou non. Si notre environnement vous paraît non structuré, c’est uniquement
parce que vous ne comprenez pas la nature réelle de l’ordre, qui n’a rien à
voir avec la permanence de la forme et qui paraît cependant avoir une
forme, de votre point de vue.
Quatre heures de l’après-midi ou neuf heures du soir n’existent pas dans
mon environnement. Je veux dire par là que je ne suis pas astreint à une
séquence temporelle. Mais rien ne m’empêche d’en faire l’expérience si je
le souhaite. Nous ressentons le temps, ou quelque chose que vous
considéreriez comme de même nature, en termes d’intensité d’expérience –
un temps psychologique, avec les sommets et les vallées qui lui sont
propres.
Cela ressemble un peu à ce que vous ressentez quand le temps vous
semble accéléré, ou au contraire ralenti, mais avec quelques différences
fondamentales. En termes d’environnement, notre temps psychologique est
comme une pièce dont les murs changeraient continuellement de couleur, de
hauteur, de largeur et d’épaisseur.
Nos structures psychologiques sont différentes, d’un point de vue
pratique, car nous utilisons consciemment une réalité psychologique
multidimensionnelle qui vous est constitutive, mais que votre ego ne
reconnaît pas. Il est donc naturel que notre environnement ait des
caractéristiques multidimensionnelles que vos sens physiques ne peuvent
pas percevoir.
D’ailleurs, en dictant ce livre, je projette une partie de ma réalité à un
niveau indifférencié, situé entre les systèmes et plus ou moins dépourvu de
camouflage. C’est une zone relativement inactive. Si l’on pense en termes
de réalité physique, cette zone pourrait être comparée à une couche située
immédiatement au-dessus de l’atmosphère de votre Terre. Mais je parle
d’atmosphère psychologique et psychique, et cette zone est suffisamment
éloignée du moi orienté sur le monde physique de Ruburt pour que la
communication puisse être relativement compréhensible.
En un sens, cette couche est éloignée de mon propre environnement car,
dans celui-ci, j’aurais du mal à transmettre de l’information en termes
orientés vers le monde physique. Vous devez comprendre, quand je parle
d’éloignement, que je ne fais pas référence à l’espace.
Vous pouvez faire une pause.
(21h56. La transe de Jane a été bonne, mais elle en sort presque
instantanément. Reprise à 22h22.)
La création et la perception sont liées de façon beaucoup plus intime que
ne le conçoivent vos scientifiques.
Il est absolument vrai que vos sens physiques créent la réalité qu’ils
perçoivent. Un arbre est bien différent selon qu’il est vu par un microbe, un
oiseau, un insecte ou un homme qui se trouve à son pied. Je ne dis pas que
l’arbre paraît différent ; il est différent. Vous percevez sa réalité par le biais
d’un ensemble de sens très spécifiques. Cela ne veut pas dire que sa réalité
existe sous cette forme d’une manière plus essentielle que sous la forme
perçue par le microbe, l’insecte ou l’oiseau. Vous n’arrivez à percevoir la
réalité de cet arbre que dans un seul contexte, d’ailleurs parfaitement
valide : le vôtre. Cela s’applique à tout ce qui se trouve dans le système
physique que vous connaissez.
Ce n’est pas que la réalité physique soit fausse. Mais l’image physique
n’est que l’une des façons de percevoir les divers déguisements par lesquels
la conscience s’exprime. Les sens physiques vous obligent à traduire toute
expérience en perception physique. Les sens internes ouvrent votre champ
de perception ; ils vous permettent d’interpréter l’expérience d’une manière
beaucoup plus libre et de créer de nouvelles formes, de nouveaux canaux
par lesquels vous pouvez vous connaître vous-mêmes, comme toute
conscience quelle qu’elle soit.
La conscience est, entre autres choses, un exercice spontané de créativité.
Vous êtes en ce moment en train d’apprendre, dans un cadre en trois
dimensions, la manière dont votre existence affective et psychique peut
créer une diversité de formes physiques. Vous accomplissez certaines
manipulations à l’intérieur de l’environnement psychique, et ces
manipulations sont automatiquement imprimées dans le moule physique.
Notre environnement est intrinsèquement créateur, d’une façon différente
du vôtre. Le vôtre est créateur, par exemple, dans le sens où les arbres
portent des fruits, où il existe un principe d’autosubstantiation, où la Terre
alimente les siens. Ces aspects naturellement créateurs sont la
matérialisation des inclinations psychiques, spirituelles et physiques les plus
profondes de votre espèce, mises en place il y a une éternité, selon vos
termes ; ils font partie de la banque raciale des connaissances psychiques.
Nous dotons les éléments de notre environnement d’une créativité encore
plus vaste, qu’il est difficile d’expliquer. Chez nous, par exemple, il ne
pousse pas de fleurs. Mais l’intensité et la force psychique concentrée de
notre nature psychologique forment de nouvelles dimensions d’activité. Si
vous peignez un tableau dans la réalité tridimensionnelle, le tableau doit
être sur une surface plane ; il ne peut que faire allusion à l’expérience
tridimensionnelle, il ne peut pas l’inclure. Dans notre environnement, en
revanche, nous pouvons réellement créer tous les effets dimensionnels que
nous souhaitons. Nous ne sommes pas seuls à posséder ces capacités. Elles
font également partie de votre héritage. Comme vous le verrez plus loin
dans ce livre, vous exercez vos sens internes et vos capacités
multidimensionnelles plus fréquemment qu’il n’y paraît, dans d’autres états
de conscience que votre état réveillé ordinaire.
Comme mon environnement ne contient pas d’éléments physiques faciles
à définir, vous allez pouvoir comprendre sa nature par déduction, quand
j’aborderai, au fil du livre, des sujets qui s’y rapportent.
Votre environnement physique vous apparaît comme il le fait à cause de
votre structure psychologique. Si vous acquerriez le sentiment de votre
continuité personnelle par des processus associatifs plutôt que par
familiarité avec un moi qui se déplace dans le temps, vous ressentiriez la
réalité physique d’une manière totalement différente. Les objets du passé et
du présent seraient perçus en même temps, leur présence étant justifiée par
des liens d’association. Mettons qu’au cours de son existence, votre père ait
eu un certain nombre de sièges auxquels il était particulièrement attaché. Si
vos mécanismes perceptifs résultaient d’associations intuitives plutôt que
d’une séquence temporelle, vous percevriez tous ces sièges en même
temps ; il suffirait d’en voir un pour avoir connaissance des autres.
L’environnement n’est donc pas une chose séparée en soi, mais le résultat
de schémas perceptifs, et ceux-ci sont déterminés par une structure
psychologique.
Donc, si vous voulez savoir à quoi ressemble mon environnement, il vous
faut comprendre ce que je suis. Pour vous l’expliquer, je vais devoir parler
de la nature de la conscience en général. Ce faisant, je vous parlerai
finalement beaucoup de vous-mêmes. Les parties internes de votre identité
se rendent déjà compte d’une bonne partie de ce que je vais vous dire. Mon
but est notamment de transmettre à votre ego une connaissance que détient
déjà une partie plus vaste de votre conscience, et que vous ignorez depuis
longtemps.
Vous portez votre regard sur l’univers physique et vous interprétez la
réalité selon l’information reçue par vos « sens externes ». Je vais me tenir,
métaphoriquement parlant, dans la réalité physique, et regarder pour
vous vers l’intérieur ; je vais décrire des réalités de la conscience et de
l’expérience, que vous êtes, pour l’instant, trop absorbés pour voir. Car vous
êtes fascinés par la réalité physique et vous êtes aussi profondément en
transe à cet instant que la femme par laquelle j’écris ce livre.
Toute votre attention se focalise, de manière très spécialisée, sur un point
brillant, lumineux, que vous nommez réalité. Il y a d’autres réalités tout
autour de vous, mais vous les ignorez, et vous occultez tous les stimuli qui
en proviennent. Il y a une bonne raison à cette transe, vous le verrez, mais
petit à petit, il faut que vous vous réveilliez. Mon but est d’ouvrir vos yeux
intérieurs.
J’arrête là notre session. Nous approchons de la fin du chapitre 2. À
présent, je vous dis bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. C’était vraiment bien. »
23h12. Jane sort rapidement d’une transe profonde. « Je ne me souviens
de rien. »)

SESSION 518
MERCREDI 18 MARS 1970

(21h25. Jane a, en quelque sorte, pris des vacances, depuis un mois


environ. Elle n’a fait que deux sessions ordinaires – l’une pour des amis,
l’autre pour nous – plus une autre pour son cours hebdomadaire de
perception extrasensorielle – les sessions de cours ne sont pas numérotées.
Jane s’est parfois demandé quel effet cette interruption aurait sur le livre de
Seth. Après avoir fait quelques remarques très judicieuses sur ma peinture,
Seth reprend la dictée en douceur, à 21h33 – comme s’il ne s’était passé
aucun temps entre le 11 février et le 18 mars.
Remarque : il me semble intéressant de montrer, en indiquant l’heure à
intervalles réguliers, le temps qu’il faut à Seth pour livrer le matériau
achevé de son livre.)
Accordez-nous un instant. Je vais vous donner la toute fin du chapitre 2
et commencer le chapitre suivant.
Mon environnement comprend, bien sûr, les autres personnalités avec
lesquelles j’entre en contact. On ne peut guère séparer la communication, la
perception et l’environnement. La façon dont mes associés et moi-même
communiquons est donc extrêmement importante pour comprendre notre
environnement.
Dans le chapitre suivant, j’espère simplement vous donner une idée de
notre existence, du travail dans lequel nous sommes impliqués, de la
dimension dans laquelle nous existons, des buts qui nous sont chers ; et,
surtout, des préoccupations qui composent notre expérience.
CHAPITRE 3

Mon travail et les dimensions particulières de


réalité dans lesquelles il m’entraîne

(21h43.) J’ai des amis, tout comme vous, mais il arrive que je les
connaisse depuis beaucoup plus longtemps que vous ne connaissez les
vôtres – car notre façon de ressentir la réalité est tout à fait différente de la
vôtre. Nous avons connaissance de ce que vous appelleriez nos moi passés,
c’est-à-dire les personnalités que nous avons adoptées dans différentes
existences.
Comme nous pratiquons la télépathie, nous aurions du mal à nous cacher
quoi que ce soit les uns aux autres, même si nous le souhaitions. Cela doit
vous donner l’impression d’une intrusion de la sphère privée, mais je peux
vous assurer qu’en ce moment même aucune de vos pensées n’est cachée, et
qu’elles sont au contraire clairement connues de votre famille et de vos
amis – ainsi que, dois-je malheureusement ajouter, de ceux que vous
considérez comme vos ennemis. Mais vous ne vous en rendez pas compte.
Cela ne veut pas dire que chacun d’entre nous se présente à autrui comme
un livre ouvert. Bien au contraire. Car il existe une sorte d’étiquette : les
bonnes manières du mental. Nous sommes beaucoup plus conscients de nos
pensées que vous ne l’êtes des vôtres. Nous savons que nous sommes
entièrement libres du choix de nos pensées, nous les sélectionnons donc
avec soin et délicatesse.
(Une pause à 21h49.) À force de tâtonnements dans diverses existences,
le pouvoir de nos pensées nous est devenu évident. Nous avons découvert
que nul ne peut échapper à l’immense créativité de l’image mentale ou de
l’émotion. Ce qui ne veut pas dire que nous ne soyons pas spontanés, ou
qu’il nous faille délibérer entre telle et telle pensée en nous demandant avec
inquiétude si l’une d’elles est négative ou destructrice. Nous avons dépassé
tout cela depuis longtemps, selon vos termes.
Mais notre structure psychologique nous permet de communiquer de
toutes sortes de manières que vous ne connaissez pas. Imaginez, par
exemple, que vous rencontriez un ami d’enfance oublié depuis longtemps.
Vous pouvez avoir très peu de choses en commun aujourd’hui et passer
néanmoins une après-midi agréable à discuter de vos anciens camarades et
professeurs.
De la même manière, quand je « rencontre » quelqu’un, il arrive que nous
ayons peu de choses en commun dans notre « maintenant » et qu’il soit plus
facile d’établir un rapport sur la base d’une expérience particulière dans une
vie passée. Nous nous sommes peut-être connus en tant que personnes
totalement différentes, au XIVe siècle par exemple, et nous pouvons avoir
une conversation tout à fait agréable autour de cette expérience commune,
tout comme vous-même aurez établi un rapport avec votre éventuel
camarade d’enfance en évoquant le passé.
Dans cette situation, nous sommes toutefois parfaitement conscients
d’être nous-mêmes, c’est-à-dire des personnalités multidimensionnelles qui
ont partagé un environnement plus ou moins commun à un certain stade de
leur existence. Comme vous allez le voir, cette comparaison un peu simple
ne fonctionne que ponctuellement, car le passé, le présent et le futur
n’existent pas réellement en ces termes.
En effet, notre expérience n’inclut pas les divisions temporelles qui vous
sont familières. Nous avons beaucoup plus d’amis et d’associés que vous,
pour la simple raison que nous sommes conscients des connexions
changeantes qui se sont produites au cours de ce que nous appelons pour
l’instant les incarnations « passées ».
(22h00.) Nous avons donc, naturellement, davantage de connaissances à
notre portée. De toutes les périodes, selon vos termes, que vous puissiez
mentionner, il n’en existe aucune d’où l’un de nous ne provienne ; et nous
portons dans nos souvenirs l’expérience indélébile qui a été acquise dans ce
contexte particulier.
Nous n’éprouvons pas le besoin de cacher nos émotions ou nos pensées,
car chacun d’entre nous a désormais compris la nature coopérative de toute
conscience et de toute réalité, et le rôle que nous y jouons. Nous sommes
extrêmement motivés. (Avec humour.) Des esprits pourraient-ils ne pas
l’être ?
(« J’imagine que non. »)
Comme nous maîtrisons le plein usage de notre énergie, celle-ci n’est pas
dissipée en conflits. Nous ne la dilapidons pas ; elle sert au contraire les
intentions individuelles et uniques qui constituent la base de notre
expérience psychologique.
Or chaque personnalité multidimensionnelle – chaque moi entier – a ses
intentions, ses missions et ses entreprises créatrices propres ; ces
composantes initiales, fondamentales, sont les caractéristiques mêmes qui
font que chaque personnalité est éternellement en quête, éternellement
valide. Nous sommes enfin libres d’employer notre énergie dans ces
directions. Nous relevons des défis nombreux, et majeurs. Et nous
comprenons que nos intentions sont importantes non seulement en elles-
mêmes, mais aussi en fonction des développements surprenants qui naissent
des efforts que nous faisons dans leur poursuite. En travaillant à nos buts,
nous ouvrons des pistes qui peuvent être empruntées par d’autres.
Nous soupçonnons également – c’est certainement mon cas – que nos
intentions elles-mêmes auront des conséquences surprenantes, que nous
étions loin d’imaginer, et qu’elles mèneront vers de nouveaux horizons.
Comprendre cela nous aide à garder le sens de l’humour.
(22h11.) Lorsqu’on est né et mort plusieurs fois, qu’à chaque mort on
s’attend à l’anéantissement final, et qu’on découvre chaque fois que
l’existence continue – alors naît le sentiment de la divine comédie.
Nous commençons à apprendre la joie créatrice du jeu. Je crois, par
exemple, que toute créativité et toute conscience prend naissance aux
antipodes du travail, dans l’esprit du jeu, dans la spontanéité intuitive et
directe qui me paraît une constante de toutes mes existences, et de
l’existence de ceux que je connais.
Je communique avec votre dimension, par exemple, non pas par un effort
de volonté pour me mettre à votre niveau de réalité, mais en imaginant y
être. Toutes mes morts auraient été des aventures si j’avais compris alors ce
que je sais maintenant. D’un côté, vous prenez la vie trop au sérieux, et de
l’autre vous ne prenez pas le jeu assez sérieusement.
Nous jouissons d’un sens du jeu très spontané, que vous qualifieriez, je
pense, de jeu responsable. Certainement, c’est un jeu créatif. Nous jouons,
par exemple, avec la mobilité de notre conscience, pour voir « jusqu’où »
nous pouvons l’envoyer. Nous sommes constamment étonnés par les
produits de notre conscience et par les dimensions de réalité que nous
pouvons traverser à pieds joints. Dans ces jeux, nous pourrions donner
l’impression de nous servir négligemment de notre conscience mais, encore
une fois, les sentiers que nous créons continuent d’exister et peuvent être
empruntés par d’autres. Nous laissons des messages, des panneaux
indicateurs mentaux, pour quiconque vient à passer.
Je vous suggère une pause.
(22h25. Jane sort de transe facilement. Elle a parlé régulièrement, sans
pauses importantes, d’une voix normale. Elle est surprise d’apprendre
qu’une heure est passée. Elle ne se souvient pas d’avoir eu des images ou
des visions pendant la dictée. Reprise, à un rythme plus lent, à 22h35.)
Nous pouvons donc être très motivés tout en comprenant l’utilisation
créatrice du jeu ; et nous l’employons pour atteindre nos buts et nos
objectifs, aussi bien que comme une fin en soi, toujours riche en
étonnement et en créativité.
Mon travail d’enseignant me fait voyager dans de nombreuses
dimensions d’existence, exactement comme un professeur voyagerait dans
différents pays pour donner des conférences. Mais là s’arrête la
comparaison, car avant de pouvoir commencer à travailler, je dois mettre en
place des structures psychologiques préliminaires ; je dois apprendre à
connaître mes élèves avant même que l’enseignement puisse commencer.
(Le débit de Jane est maintenant plus lent.)
Il faut que j’aie une connaissance approfondie du système de réalité
particulier dans lequel évolue mon élève, de son système de pensée, des
symboles qui ont un sens pour lui. Je dois estimer correctement la stabilité
de sa personnalité, et ses besoins, car ils doivent être pris en compte.
Il faut encourager l’élève, sans trop le pousser, dans le développement en
cours. Mon message doit être présenté en cohérence avec le contexte dans
lequel l’élève comprend la réalité, en particulier au cours des premiers
stades. Avant même que l’enseignement puisse sérieusement commencer, je
dois veiller à ce que tous les niveaux d’une personnalité se développent de
manière plus ou moins constante.
Au début, le matériau que je présente est souvent donné sans aucun signe
de ma part ; il prend alors l’apparence d’une révélation saisissante. Car quel
que soit le soin que je mette à présenter ce matériau, il change
inévitablement les idées qui ont constitué jusque-là une partie importante de
la personnalité de l’élève. Ce que je dis est une chose ; mais l’élève est
naturellement précipité dans une expérience et un comportement
psychologiques et psychiques qui, au niveau conscient, peuvent lui paraître
totalement étrangers.
(Une pause à 22h51.) Les problèmes varient selon le système dans lequel
mon élève vit son existence. Dans votre système, par exemple, et dans le
cas de la femme par qui j’écris maintenant ce livre, le contact initial a été
établi de mon côté bien avant que nos sessions commencent.
Cette personnalité n’a pas eu pleinement conscience de notre première
rencontre. Elle a soudain fait l’expérience de pensées nouvelles qui, comme
elle est poète, lui sont apparues comme des inspirations poétiques. Une fois,
il y a quelques années, lors d’une conférence réunissant des écrivains, elle
s’est retrouvée dans des circonstances qui auraient pu la conduire à un
développement psychique pour lequel elle n’était pas prête. Le climat
psychologique de ceux qui étaient présents avait mis en place les conditions
nécessaires et, sans comprendre ce qui lui arrivait, notre amie (Jane) est
entrée en transe.
(Une longue pause à 23h01. En 1957, après la publication de ses
premières nouvelles, Jane a été invitée à une conférence d’écrivains de
science-fiction à Milford, en Pennsylvanie. J’étais retenu par mon travail,
et Jane a assisté à cette conférence en compagnie de Cyril Kornbluth, un
ami et écrivain de renom – à présent décédé –, qui vivait près de chez nous,
à Sayre, en Pennsylvanie.
Un soir, au cours d’une conversation, Jane est entrée en transe. À partir
de cet épisode – dont nous n’avons compris qu’il s’agissait d’une transe
que des années plus tard – s’est constitué un groupe d’écrivains dont Jane
faisait partie et qui se nommèrent eux-mêmes « Les Cinq ». De longues
lettres ont été échangées entre ces cinq membres pour élaborer une sorte de
manifeste. Les autres écrivains du groupe étaient beaucoup plus connus que
Jane.)
Je connaissais ses dons psychiques depuis qu’elle était enfant, mais les
éclairs de compréhension nécessaires lui sont parvenus par le biais de la
poésie, jusqu’au moment où la personnalité a atteint le niveau requis dans
ce cas particulier. Dans l’épisode que je viens d’évoquer, j’ai donc été
informé, et j’ai veillé à ce que cet épisode prenne fin et ne soit pas
poursuivi.
Cependant, cette performance n’était pas réellement accidentelle. Sans le
savoir vraiment, cette personnalité avait décidé de voler de ses propres
ailes, en quelque sorte. Dans le cadre de mon travail, j’ai donc formé cette
jeune femme, d’une façon ou d’une autre, depuis son enfance – le tout
constituant les préliminaires au travail sérieux qui a commencé avec nos
sessions.
Cela fait partie de mon travail dans de nombreux niveaux d’existence. Ce
travail est extrêmement diversifié, car les structures de la personnalité
varient. Il existe des ressemblances fondamentales entre les systèmes dans
lesquels je travaille ; mais je ne serais pas équipé pour enseigner dans
certaines dimensions, pour la simple raison que les concepts fondamentaux
de l’expérience y seraient étrangers à ma nature, et que les processus
d’apprentissage eux-mêmes sortiraient du champ de mon expérience.
Vous pouvez faire une pause.
(23h09. La transe de Jane a été bonne. « Je n’ai pas la moindre idée de
ce dont il s’agissait. » Son débit a été un peu plus rapide. Reprise à 23h20.)
Maintenant. Nous continuerons notre livre la prochaine fois.
(Seth dicte quelques paragraphes destinés à une femme qui a récemment
perdu son mari et qui a demandé une session.)
Et je vous souhaite à présent une bonne soirée.
(« Bonne nuit, Seth. »)
Mes sentiments les plus cordiaux – et si vous n’aviez pas de notes à
prendre, je pourrais discuter avec vous plus longtemps.
(« Merci. » Fin à 23h30.)

SESSION 519
LUNDI 23 MARS 1970

(21h10.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. L’idée que vous vous faites de l’espace est largement
erronée. Ainsi, pour entrer dans votre domaine physique, je ne glisse pas
dans un ciel d’or éclatant comme une sorte de Superman spirituel.
Je reviendrai sur ce sujet dans un autre chapitre mais, d’une manière très
réelle, l’espace tel que vous le percevez n’existe tout simplement pas.
L’illusion de l’espace est causée à la fois par vos mécanismes de perception
physique et par les schémas mentaux que vous acceptez – schémas qui sont
adoptés par la conscience lorsqu’elle atteint un certain stade d’ « évolution »
à l’intérieur de votre système.
(21h16. Comme dans la session précédente, j’indique l’heure
périodiquement, pour montrer à quel rythme Seth transmet son matériau).
Lorsque vous arrivez, lorsque vous émergez dans la vie physique, votre
esprit n’est pas une ardoise vierge attendant les textes que l’expérience va y
inscrire ; vous êtes au contraire déjà équipés d’une mémoire qui surpasse
largement celle de n’importe quel ordinateur. Vous affrontez le premier jour
sur la planète avec des facultés et des aptitudes déjà installées, que vous
emploierez ou pas, mais qui ne résultent pas seulement de l’hérédité telle
que vous l’entendez.
On peut comparer l’âme, ou entité, à une sorte d’ordinateur conscient et
vivant, divinement inspiré, qui programme ses propres vies et existences.
Cependant, cet ordinateur est doué d’une telle créativité que chacune des
personnalités qu’il programme jaillit en conscience et en chant et, à son
tour, crée des réalités que l’ordinateur était loin d’avoir imaginées.
(21h25.) Chacune de ces personnalités est d’emblée équipée d’une idée
préconstruite de la réalité dans laquelle elle va fonctionner, et son
équipement mental est hautement spécialisé en fonction d’un
environnement spécifique. Elle a une liberté totale mais elle doit
fonctionner dans le cadre pour lequel elle a été programmée. Au sein de la
personnalité, toutefois, dans ses recoins les plus secrets, se trouve, sous une
forme concentrée, la connaissance qui réside dans l’ensemble de
l’ordinateur. J’insiste : je ne suis pas en train de dire que l’âme, l’entité, est
un ordinateur, mais je propose de regarder la question sous cet angle-là pour
clarifier certains points.
Chaque personnalité possède la capacité inhérente d’accéder à un
nouveau type d’existence dans un environnement donné – dans votre cas, la
réalité physique – tout en augmentant par sa créativité la qualité même de sa
conscience ; ce faisant, elle se fraye un chemin à travers un système
spécifique, elle brise les barrières de la réalité telle qu’elle la connaît.
(21h30.) Or il existe en tout cela une intention qui sera également
examinée plus loin. Je le mentionne parce que je voudrais vous montrer que
votre environnement n’est pas réel de la manière que vous l’imaginez. À
votre naissance, vous êtes déjà « conditionnés » à percevoir la réalité d’une
manière particulière, et à interpréter l’expérience dans un champ intense,
mais très limité.
Il faut que je m’explique avant de pouvoir vous donner une idée claire de
mon environnement, ou des systèmes de réalité dans lesquels je fonctionne.
Par exemple, il n’existe pas d’espace entre mon environnement et le vôtre ;
aucune barrière physique ne nous sépare. La conception de la réalité à
laquelle vous parvenez par le biais de vos sens physiques, de vos
instruments scientifiques ou par déduction, n’offre que peu de ressemblance
avec les faits – et les faits sont difficiles à expliquer.
(21h34. Jane-Seth se penche en avant, les yeux sombres et grands
ouverts.)
Vos systèmes planétaires existent simultanément, à la fois dans le temps
et dans l’espace. L’univers que vous percevez, visuellement ou à l’aide
d’instruments, paraît composé de galaxies, d’étoiles et de planètes, situées à
diverses distances de vous. Fondamentalement, c’est une illusion. Vos sens
et votre existence même en tant que créatures physiques vous programment
pour percevoir l’univers de cette façon. L’univers, tel que vous le
connaissez, est votre interprétation des évènements qui font intrusion dans
votre réalité en trois dimensions. Ces évènements sont mentaux. Cela ne
veut pas dire que vous ne puissiez pas voyager jusqu’à d’autres planètes,
par exemple, au sein de cet univers physique, ni que vous ne puissiez pas
utiliser des tables pour leur faire porter des livres, des verres et des oranges
(comme c’est le cas de la nôtre en ce moment), bien que la table n’ait pas en
elle-même de densité particulière.
(21h42. Le débit de Jane ralentit considérablement, après un début
rapide.)
Pour entrer dans votre système, je me déplace par une série d’évènements
mentaux et psychiques. Vous interpréteriez ces évènements comme de
l’espace et du temps, et je dois donc souvent employer ces termes, car il
faut bien que j’emploie votre langage plutôt que le mien.
Les croyances-racines sont les idées préconstruites de la réalité dont j’ai
parlé, les conventions sur lesquelles vous fondez votre idée de l’existence.
L’espace et le temps font partie de ces croyances-racines. Chaque système
de réalité possède son propre lot de conventions. Lorsque je communique à
l’intérieur de votre système, je dois comprendre et utiliser les croyances-
racines sur lesquelles il repose. Une partie de mon travail d’enseignant
consiste à les comprendre et à les utiliser ; si bien que vivre des existences
dans un bon nombre de ces systèmes a constitué une partie de ce qu’on
pourrait appeler ma formation de base ; même si mes associés et moi-même
utilisons d’autres termes pour désigner ces croyances-racines.
Vous pouvez faire une pause.
(21h52. Jane sort de transe presque immédiatement. « J’ai l’impression
d’être dans la série », dit-elle en faisant allusion à la série de science-
fiction que nous avons regardée ce soir à la télé. Elle tente de décrire une
image qu’elle a eue juste avant que Seth se mette à parler, tout en disant
qu’elle ne peut pas vraiment la mettre en mots. « J’ai vu… un champ de
quelque chose comme des étoiles. Une idée était projetée par nous à
l’extérieur, contre ce champ, et elle semblait exploser. Pourtant, l’idée est
juste là », dit-elle en plaçant ses mains en coupe sous son menton.
Pendant la pause, Jane reçoit de Seth un message bref mais clair : nous
devrions tourner notre lit pour que la tête pointe vers le nord, et non vers
l’ouest comme c’est le cas à présent.
Reprise, à un rythme lent, à 22h02.)
L’entité, ou âme, a une nature beaucoup plus complexe, beaucoup plus
créative que vos religions elles-mêmes le supposent.
Elle utilise d’innombrables méthodes de perception et dirige de
nombreux types de conscience. Votre idée de l’âme est limitée par vos
concepts en trois dimensions. L’âme peut changer la focalisation de sa
conscience, et elle utilise la conscience comme vous utilisez vos yeux. Dans
mon propre niveau d’existence, je me rends tout simplement compte du fait
que, aussi étrange que cela puisse paraître, je ne suis pas ma conscience. Ma
conscience est un attribut destiné à être utilisé par moi. Cela s’applique à
chaque lecteur de ce livre, même si cette connaissance est cachée. L’âme,
l’entité, est donc davantage que la conscience.
Lorsque j’entre dans votre environnement, j’oriente ma conscience dans
votre direction. En un sens, je traduis ce que je suis en un évènement qui
vous soit compréhensible. D’une manière beaucoup plus limitée, tout
peintre fait la même chose lorsqu’il traduit ce qu’il est, ou une partie de ce
qu’il est, en un tableau. Il y a là au moins une analogie évocatrice.
Lorsque j’entre dans votre système, je fais intrusion dans la réalité en
trois dimensions, et vous devez interpréter ce qui se produit à la lumière de
vos propres croyances-racines. Que vous vous en rendiez compte ou non,
chacun de vous fait intrusion, lorsqu’il rêve, dans d’autres systèmes de
réalité sans la pleine participation de son moi habituellement conscient.
Dans l’expérience subjective, vous laissez derrière vous l’existence
physique, et vous agissez dans certains rêves avec une force d’intention et
une validité créatrice que vous oubliez aussitôt réveillés.
Lorsque vous pensez au but de votre existence, vous pensez en termes de
votre vie quotidienne quand vous êtes réveillés, mais vous agissez aussi en
fonction de votre intention profonde dans les dimensions du rêve, et vous
entrez alors en communication avec des parties de votre entité engagées
dans des entreprises tout aussi valides que celles qui vous occupent quand
vous êtes réveillés.
(22h17.) Lorsque j’entre en contact avec votre réalité, c’est donc comme
si j’entrais dans l’un de vos rêves. Je peux être à la fois conscient de moi-
même en train de dicter ce livre et conscient de moi-même dans mon
environnement propre ; car je n’envoie ici qu’une partie de moi-même, tout
comme il peut vous arriver d’envoyer une partie de votre conscience quand
vous écrivez une lettre à un ami, tout en demeurant conscient de la pièce
dans laquelle vous vous trouvez. La comparaison est assez juste, mais
j’envoie beaucoup plus que vous ne le faites quand vous écrivez une lettre,
car une partie de ma conscience se trouve à l’intérieur de la femme qui est
en transe pendant que je dicte.
Mon environnement, je l’ai dit, n’est pas celui d’une personnalité
récemment morte, selon vos termes, mais je décrirai plus loin ce que vous
pouvez attendre des conditions qui sont celles de la mort. Il existe une
grande différence entre votre environnement et le mien : vous devez
matérialiser physiquement les actes mentaux. Nous comprenons la réalité
des actes mentaux, et nous reconnaissons leur éclatante validité. Nous les
acceptons pour ce qu’ils sont, et nous sommes donc au-delà de la nécessité
de les matérialiser et de les interpréter d’une manière aussi rigide.
Votre Terre m’a été très chère. À présent, je peux focaliser ma conscience
sur elle et, si je le souhaite, en faire l’expérience tout comme vous ; je peux
également la percevoir de nombreuses façons que votre temps ne vous
permet pas de connaître.
Or, en lisant ce livre, certains d’entre vous saisissent tout de suite,
intuitivement, ce que je dis car ils ont déjà le sentiment que leur expérience
passe par des lentilles très déformantes, bien que figuratives et colorées. Il
faut se rappeler aussi que si la réalité physique est, dans son sens large, une
illusion, c’est une illusion causée par une réalité plus grande. L’illusion elle-
même a un but et une signification.
Vous pouvez faire une pause.
(22h31. À nouveau, Jane sort de transe rapidement, mais elle ne se
souvient pas du tout du matériau.
Sans attendre nécessairement une réponse ce soir, je pose une question
qu’à mon avis Jane pourrait prendre en considération si elle écrit une
introduction à ce livre : serait-il possible qu’elle dicte l’ensemble du livre
pour Seth en, mettons, un mois de sessions quotidiennes, ou a-t-elle besoin
d’une certaine somme de vie et d’expérience, étalée sur plusieurs mois
peut-être, pour permettre au livre d’émerger ?
Reprise, au même rythme lent, à 22h45.)
Il est sans doute plus juste de dire que la réalité physique est l’une des
formes que prend la réalité. Mais dans votre système, vous êtes focalisés de
manière extrêmement intense sur un aspect relativement étroit de
l’expérience globale.
Nous pouvons voyager librement dans un grand nombre de réalités de ce
genre. Notre expérience à ce stade comprend notre travail dans chacune
d’entre elles. Mais je ne veux surtout pas minimiser l’importance de
l’existence physique et de vos personnalités présentes. Bien au contraire.
L’expérience en trois dimensions est un lieu de formation inestimable. La
personnalité que vous connaissez aujourd’hui perdurera, avec ses souvenirs
propres, mais elle ne représente qu’une partie de votre identité globale ; de
la même façon, votre enfance représente une partie importante de votre
personnalité dans cette vie-ci, même si vous êtes maintenant beaucoup plus
qu’un enfant.
Vous continuerez à grandir et à vous développer, et vous prendrez
conscience d’autres environnements, tout comme vous avez quitté la
maison de votre enfance. Mais les environnements ne sont pas des choses
objectives, un conglomérat d’objets existant indépendamment de vous. Au
contraire, vous les formez ; ils sont, littéralement, une extension de vous-
mêmes ; ce sont des actes mentaux matérialisés qui partent de votre
conscience et s’étendent vers l’extérieur.
Je vais vous dire exactement comment vous formez votre environnement.
Je forme le mien selon les mêmes règles ; mais vous vous retrouvez
entourés d’objets, et moi pas.
Je reprendrai notre livre ici la prochaine fois.
(« Très bien. »
Pause à 22h56.) Pour répondre à votre question : le livre pourrait tout
aussi bien être écrit sur des soirées consécutives. Il existe toujours une
marge de manœuvre pour la spontanéité et les imprévus, si bien que
n’importe quel élément de votre expérience peut servir d’exemple, ou de
point de départ, pour un développement qui était de toute façon prévu.
Je suggère simplement que Ruburt essaie de changer la place du lit
pendant une semaine ; il verra ce qu’il en pense.
(« D’accord. » Notre chambre est petite et il est difficile d’aligner le lit
nord-sud ; s’il l’était, Jane ne pourrait plus voir par la fenêtre. Nous
n’avons pas tourné le lit comme Seth l’avait suggéré.)
Mes pensées les plus cordiales à vous deux, et une excellente soirée.
(« Bonne nuit, Seth. Merci. »
23h00. « C’est bizarre, dit Jane une fois sortie de transe, j’ai
l’impression que Seth a commencé son livre il n’y a pas très longtemps,
mais qu’en même temps il contient déjà une énorme quantité
d’informations. J’ai l’impression d’exprimer un amoncellement, une
richesse d’expériences. Je cherche une expression un peu folle comme un
“concentré de richesse”… »
Jane fait ensuite une comparaison avec une bibliothèque, mais sans
suggérer qu’elle trouve les données dans « une bibliothèque quelque
part ».)

SESSION 520
MERCREDI 25 MARS 1970
(21h09. Nous nous attendons à ce que Seth reprenne ce soir la dictée du
chapitre 3. Une ou deux minutes avant le début de la session, Jane dit
qu’elle perçoit une « lueur » de Seth – quelques phrases. « Ensuite, dit-
elle, je me pose et j’attends que la session commence. Mais je ne peux
toujours pas te dire comment je fais. »)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Revenons à notre livre.
(Avec des pauses.) Vos scientifiques sont enfin en train de découvrir ce
que les philosophes savent depuis des siècles – que l’esprit peut agir sur la
matière. Il leur reste à découvrir le fait que l’esprit crée et forme la matière.
Or votre environnement le plus proche, du point de vue physique, est
votre corps. Il ne s’agit pas d’une sorte de mannequin dont vous seriez
prisonnier, qui existe en dehors de vous comme une enveloppe. Si votre
corps est beau ou laid, s’il est en bonne santé ou malformé, lent ou rapide,
ce n’est pas simplement parce que ce genre de corps vous est tombé dessus
par hasard à la naissance. Au contraire, votre forme physique, votre
environnement corporel personnel, est la matérialisation des interprétations
que vous choisissez de faire, ainsi que de vos pensées et de vos émotions.
De la façon la plus littérale qui soit, le « moi interne » forme le corps
magiquement, en transformant les pensées et les émotions en équivalents
physiques. Vous faites pousser votre corps. Sa condition reflète
parfaitement votre état subjectif à tout moment. À partir des atomes et des
molécules, vous le construisez, vous assemblez les éléments constitutifs en
une forme que vous appelez la vôtre.
Vous savez intuitivement que vous formez votre image, et que vous en
êtes indépendants. Mais vous ne vous rendez pas compte que vous créez
votre environnement plus large, et le monde physique que vous connaissez,
en projetant vos pensées et vos émotions dans la matière, par une percée
dans la vie en trois dimensions. Le moi interne envoie donc,
individuellement et collectivement, son énergie psychique au-dehors ; il
produit des tentacules qui fusionnent en une forme.
(21h23.) Chaque émotion, chaque pensée, a sa réalité électromagnétique
propre, absolument unique. Chacune est largement équipée pour se
combiner avec certaines autres, selon les niveaux d’intensité que vous y
mettez. D’une certaine façon, les objets tridimensionnels sont formés
comme les images sur les écrans de télévision ; avec une différence
importante. Et si vous n’êtes pas branchés sur cette fréquence
particulière, vous ne percevez pas ces objets physiques.
(Tout en parlant, Jane-Seth se penche en avant avec une certaine
insistance. Elle parle de façon un peu différente, ce soir. Je pense qu’elle
réagit à notre environnement personnel. Du bruit nous parvient du dessus et
du dessous. À la fin de chaque phrase, Jane fait une pause plus longue que
d’habitude, ce qui fausse son rythme ordinaire.)
Chacun de vous agit inconsciemment comme un transformateur, et
transforme automatiquement des unités électromagnétiques très
sophistiquées en objets physiques. Vous vous trouvez au centre d’un
« système de matière condensée », entouré de zones plus faibles dans
lesquelles persiste ce qu’on pourrait appeler de la « pseudo-matière ».
Chaque pensée ou émotion existe spontanément en tant qu’unité
électromagnétique, simple ou complexe. Ces unités, soit dit en passant,
n’ont pas encore été perçues par vos scientifiques.
(21h27.) L’intensité d’une pensée ou d’une émotion détermine la force et
la permanence de l’image physique dans laquelle elle se matérialise. Je
l’explique en détail dans ce matériau ; je veux simplement que vous
compreniez ici que le monde que vous connaissez est le reflet d’une réalité
interne.
Vous êtes fondamentalement constitués des mêmes ingrédients qu’une
chaise, une pierre, un cœur de laitue ou un oiseau. Dans une gigantesque
entreprise de coopération, toute la conscience s’unit pour fabriquer les
formes que vous percevez. Or, comme nous savons tout cela, nous pouvons
changer notre environnement et notre forme physique comme nous le
souhaitons, et sans brouillage, car nous percevons la réalité qui se trouve en
dessous.
Nous savons également que la permanence de la forme est une illusion,
puisque toute conscience est nécessairement en état de changement. Nous
pouvons être, selon vos termes, en plusieurs endroits en même temps, car
nous comprenons la mobilité réelle de la conscience. À chaque fois que
vous pensez à quelqu’un avec émotion, vous projetez à l’extérieur un
équivalent de vous qui se trouve en dessous du niveau de matérialisation
mais qui possède tout de même une forme définie. Cette forme projetée à
partir de votre conscience échappe complètement à l’attention de votre ego.
Lorsque je pense à quelqu’un avec émotion, je fais la même chose, sauf
qu’une partie de ma conscience est incluse dans l’image et peut
communiquer.
Vous pouvez faire une pause.
(21h37. Jane sort rapidement de transe. Le bruit continue dans la
maison. Il nous a tous les deux gênés mais elle est surprise qu’il se soit
écoulé près d’une demi-heure.
À 21h56 cependant, assise et attendant de reprendre la transe, Jane dit :
« Ou bien je suis fatiguée ce soir, ou bien la maison m’énerve ; mais c’est
plus dur que d’habitude de m’y remettre… » Reprise à 21h58.)
Les différents environnements sont des créations mentales de la
conscience, précipitées dans diverses formes. J’ai, par exemple, un cabinet
de travail du XIVe siècle qui est ma pièce favorite et que j’aime beaucoup.
Selon vos critères physiques, cette pièce n’existe pas, et je sais très bien
qu’il s’agit de ma propre production mentale. J’y trouve pourtant du plaisir,
et je prends souvent forme physique pour venir m’y asseoir et regarder la
campagne par la fenêtre.
Or, vous ne vous en rendez pas compte, mais vous faites la même chose
lorsque vous vous trouvez dans votre salon ; et pour l’instant, vous êtes un
peu limités. Lorsque mes associés et moi-même nous retrouvons, nous
traduisons souvent les pensées des uns et des autres en formes variées, par
pur plaisir. Nous jouons à un jeu qui demande une certaine maîtrise, dans
lequel nous nous amusons à voir lequel d’entre nous traduira une pensée
donnée dans le plus grand nombre de formes. (Une pause.)
La pensée est modifiée par tant de qualités subtiles, par tant de degrés
dans l’émotion, que chacune est singulière (sourire) et, soit dit en passant,
aucun des objets physiques de votre système n’a de réplique exacte. Les
atomes et les molécules qui composent tout objet ont leur identité propre,
qui colore et qualifie l’objet en question.
Quand vous percevez des objets physiques, quels qu’ils soient, vous
percevez, vous acceptez des continuités et des ressemblances ; vous vous
focalisez sur elles et, d’une manière importante, vous refusez de voir, vous
ignorez les dissemblances contenues dans ce champ de réalisation. Vous
êtes extrêmement sélectifs : vous acceptez certaines caractéristiques et vous
en ignorez d’autres. Votre corps, par exemple, ne change pas seulement tous
les sept ans ; il change constamment, à chaque souffle.
(22h12.) Au sein de la chair, les molécules et les atomes meurent et sont
constamment remplacés. Les hormones sont en état de mobilité et de
transformation constante. Les propriétés électromagnétiques de vos cellules
et de votre peau ne cessent de bondir, de changer, et vont jusqu’à s’inverser.
La matière qui composait votre corps il y a un instant est différente, de
façon importante, de la matière qui le compose maintenant.
Si vous accordiez autant d’attention aux transformations qui se
produisent sans cesse dans votre corps qu’à son apparente permanence,
vous seriez stupéfaits d’avoir pu considérer le corps comme une entité à peu
près constante et douée de cohésion. Sur le plan subjectif, vous vous
focalisez aussi sur l’idée d’un moi relativement stable et permanent ; vous
fabriquez cette idée. Dans votre expérience « passée », vous mettez l’accent
sur les attitudes, les pensées et les idées que vous considérez comme vôtres,
et vous ignorez complètement celles qui étaient alors « caractéristiques » et
ont à présent disparu ; vous ignorez également le fait que vous ne pouvez
pas retenir les pensées. Selon vos termes, la pensée de l’instant précédent
s’évanouit.
Vous essayez de maintenir un moi physique et subjectif constant,
relativement permanent, pour maintenir un environnement constant et
relativement permanent. Cela vous permet de continuer à ignorer les
changements. Ceux que vous refusez de reconnaître sont précisément ceux
qui vous permettraient de mieux comprendre la nature véritable de la
réalité, de la subjectivité individuelle et de l’environnement physique qui
semble vous entourer.
(22h23. Ces paragraphes ont été donnés à un rythme beaucoup plus
rapide.)
Qu’advient-il d’une pensée lorsqu’elle quitte l’esprit conscient ? Elle ne
disparaît pas. Vous pouvez apprendre à la suivre, mais en général vous
craignez de relâcher votre focalisation intense sur l’existence en trois
dimensions. La pensée semble donc disparaître. On dirait que votre
subjectivité possède une étrange caractéristique, que votre vie mentale
rencontre un insidieux point de chute, une falaise subjective d’où les
pensées et les souvenirs tombent dans le néant. Pour vous protéger de cette
chute, pour empêcher votre subjectivité de partir à la dérive, vous élevez
des barrières psychologiques là où vous imaginez que se trouvent les zones
à risque. Au lieu de cela, vous pouvez suivre ces pensées et ces émotions ; il
suffit de reconnaître que votre réalité se poursuit dans une autre direction, à
côté de celle à laquelle vous vous identifiez. Car les pensées et les émotions
qui ont quitté votre esprit conscient vous conduiront dans d’autres
environnements.
(22h29.) Ces ouvertures subjectives à travers lesquelles les pensées
semblent disparaître sont en fait des torsions psychiques ; elles connectent
le moi que vous connaissez avec d’autres univers d’expérience, des réalités
où les symboles prennent vie et où le potentiel des pensées n’est pas nié.
Dans le rêve, il y a une communication entre ces autres réalités et la
vôtre, et l’interaction entre les systèmes est constante. S’il existe un point
où votre propre conscience semble vous échapper, ou vous abandonner, s’il
existe un point où votre conscience semble prendre fin, ces points indiquent
justement les endroits où vous avez dressé des barrières psychologiques et
psychiques, et ce sont spécifiquement les zones que vous devriez explorer.
Sinon, vous avez l’impression que votre conscience est prisonnière de votre
crâne, entravée et immobile ; et toute pensée perdue, tout souvenir oublié
ressemble, au moins symboliquement, à une petite mort. Or tel n’est pas le
cas.
Je suggère que vous fassiez une pause.
(22h36. La transe de Jane a été plus profonde, cette fois ; aucun bruit ne
l’a dérangée. Reprise à 22h52.)
Maintenant. C’est la fin de la dictée pour ce soir.
(Seth commente brièvement certaines expériences de sortie du corps que
Jane a vécues hier après-midi.)
Je vais à présent mettre fin à notre session avec mes plus cordiales
salutations pour vous deux ; et puis-je rappeler de nouveau à Ruburt ma
suggestion concernant le lit.
Maintenant, bonsoir.
(« Bonne nuit, Seth. »
23h05. Voir la session 519, dans laquelle Seth suggère que Jane essaie
d’orienter notre lit dans une direction nord-sud. Nous ne l’avons toujours
pas fait.
Jane continue à lire ce livre. Je constate que son inquiétude a largement
diminué mais que son intérêt reste aussi vif.)
CHAPITRE 4

Le théâtre des réincarnations

SESSION 521
LUNDI 30 MARS 1970

(21h08. Jane commence à parler d’une voix ordinaire, à un bon rythme,


avec peu de pauses.)
Maintenant, bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Nous allons commencer notre prochain chapitre. C’est, je crois, le
chapitre 4.
(« Oui. »)
Votre environnement personnel contient sans doute beaucoup plus que
vous ne le supposez. J’ai déjà utilisé le mot « environnement » pour
désigner à la fois votre existence physique quotidienne et l’environnement
général auquel vous êtes actuellement liés. De fait, vous avez très peu
conscience de votre environnement étendu. Représentez-vous votre moi
actuel comme un comédien dans une pièce de théâtre ; la comparaison n’est
pas nouvelle, mais elle est exacte. La scène se déroule au XXe siècle. Vous
créez la scène et les décors de cette pièce, vous décidez les thèmes qui vont
y être abordés ; en fait, vous écrivez, vous jouez et vous produisez
l’ensemble de l’œuvre – vous, et tout autre individu qui y prend part.
Or vous êtes tellement focalisés sur votre rôle, tellement intrigués par la
réalité que vous créez, tellement hypnotisés par les espoirs, les défis, les
problèmes et les chagrins de vos rôles particuliers que vous finissez par
oublier que vous les avez créés. Cette pièce émouvante et intense, avec ses
bonheurs et ses tragédies, peut être comparée à votre vie actuelle, à votre
environnement présent, à la fois pour chacun d’entre vous et
collectivement.
Mais d’autres pièces se déroulent simultanément, dans lesquelles vous
jouez également un rôle. Elles ont toutes leur décor et leur structure
propres. Elles se déroulent à différentes époques. L’une d’entre elles peut
être nommée « La vie au XXe siècle », une autre « La vie au XVIIIe siècle »,
ou encore « En 500 av. J.-C. » et « En l’an 3000 ». Ces pièces-là aussi sont
créées par vous, et vous jouez dedans. Ces scènes constituent également
votre environnement, l’environnement qui entoure votre personnalité
globale.
Or je parle de la partie de vous-même qui prend part à la pièce d’époque
actuelle ; et cette portion de votre personnalité globale est tellement
focalisée sur cette pièce-là qu’elle ne se rend pas compte des autres pièces
dans lesquelles vous jouez aussi un rôle. Vous ne comprenez pas votre
réalité multidimensionnelle ; il vous paraît donc invraisemblable de vivre
plusieurs existences en même temps. Vous avez du mal à vous imaginer
dans deux endroits en même temps, et a fortiori dans deux époques – ou
même davantage – à la fois.
(Une pause à 21h24.) Pour dire les choses simplement, le temps n’est pas
une suite d’instants. Les mots que vous prononcez, les actes que vous
accomplissez semblent prendre place dans le temps, de même qu’un
fauteuil ou une table semblent occuper l’espace. Mais ces apparences sont
une partie des décors compliqués que vous avez mis en place « à
l’avance » ; au sein de la pièce, vous êtes obligés les accepter comme réels.
« Quatre heures de l’après-midi » est une indication très commode. Vous
pouvez proposer à un ami de vous retrouver à quatre heures dans la rue, ou
au café pour prendre un verre, pour discuter ou pour manger quelque chose,
et votre ami saura précisément où et quand vous retrouver. Cela en dépit du
fait que « quatre heures de l’après-midi » ne veut fondamentalement rien
dire, et qu’il s’agit uniquement d’une convention entre personnes civilisées.
Si vous êtes au théâtre à neuf heures du soir mais que l’action de la pièce se
déroule le matin, il vous semble tout naturel que les comédiens soient vus
en train de prendre leur petit déjeuner sur la scène ; vous acceptez l’heure
convenue dans la pièce. Vous prétendez, vous aussi, que c’est le matin.
Or chacun d’entre vous est impliqué dans une production beaucoup plus
vaste, pour laquelle vous vous êtes tous mis d’accord sur certaines
conventions fondamentales qui forment le cadre de la pièce. Selon ces
conventions, le temps est une série d’instants successifs, il existe un monde
objectif parfaitement indépendant de votre création et de votre perception,
et vous êtes limités au corps physique que vous avez endossé, tout comme
vous êtes limités par le temps et l’espace.
(21h35.) Vous vous êtes également mis d’accord sur l’idée que toute
perception vous parvient par le biais de vos sens physiques ; autrement dit,
que toute information doit provenir du dehors et non du dedans. Vous êtes
donc obligés d’accorder toute votre attention à l’action qui se déroule dans
cette pièce. Or ces différentes pièces, ces créations de différentes époques,
représentent ce que vous appelez des « vies réincarnationnelles ».
Fondamentalement, elles existent toutes en même temps. Ceux qui sont
encore impliqués dans ces séminaires très compliqués que sont les pièces-
passion, encore nommées existences réincarnationnelles, ont du mal à voir
au-delà. Il y en a qui se reposent, en quelque sorte, entre les pièces, et qui
essaient de communiquer avec ceux qui continuent à jouer un rôle ; mais ils
sont dans les coulisses et ne voient guère plus loin que les acteurs eux-
mêmes.
Ces pièces donnent l’impression de se dérouler l’une après l’autre ; elles
renforcent l’idée fausse selon laquelle le temps est une suite d’instants qui
se succèdent en une ligne unique, à partir d’un début inconcevable jusqu’à
une fin tout aussi inconcevable.
Vos doigts sont-ils fatigués ?
(« Non. » Il est 21h42.)
Cela vous conduit à penser en termes d’un progrès très limité, à la fois
individuellement et pour l’ensemble de votre espèce. Ceux d’entre vous qui
considèrent la réincarnation comme une possibilité se disent : « La race
humaine a certainement progressé depuis le Moyen Âge », tout en craignant
que ce ne soit pas vrai ; ou alors, vous considérez la technologie et vous
vous dites : « Au moins, on a progressé dans cette voie-là. »
Vous êtes peut-être en train de sourire et de vous dire qu’il est difficile
d’imaginer un sénateur romain s’adressant à la foule le micro à la main, ou
bien ses enfants en train de regarder son allocution à la télévision. Mais tout
cela porte à confusion. Le progrès n’existe pas selon les termes que vous
imaginez, et le temps non plus.
Dans chaque pièce, différents problèmes sont posés, à la fois
individuellement et collectivement. Le progrès peut se mesurer selon la
façon singulière dont ces problèmes sont résolus, s’ils le sont. De grandes
avancées ont été accomplies à certaines époques. De nouveaux
jaillissements sont apparus, par exemple, que vous ne considérez peut-être
pas du tout comme du progrès.
Vous pouvez faire une pause.
(21h51. Jane sort de transe rapidement. « Ouah ! dit-elle, Seth a un
paquet de choses à dire là-dessus, je le sens là – elle se touche le front. De
temps en temps, je reçois une grande vague de quelque chose que je
n’arrive pas à formuler ; tu vois ce que je veux dire ? Mais il va détailler
tout ça.
« C’est drôle, continue-t-elle, je ne me sentais pas particulièrement
médium ce soir, mais le matériau est bon. D’ailleurs, ce n’est pas la
première fois. Quand il y a quelqu’un que je n’aime pas ou que je
n’apprécie pas pour une raison ou pour une autre, nous n’avons pas de
session – le matériau ne passe pas. Mais je n’ai pas besoin de me sentir
médium quand nous sommes tous les deux ; le matériau passe facilement, et
il est toujours bon. »
Jane reprend à un rythme plus lent à 22h15.)
Maintenant. (Avec humour.) Vous n’avez d’ailleurs pas besoin de noter ce
mot. Mes « maintenant » en début de phrases sont de simples repères qui
vous sont destinés, vous n’avez pas forcément besoin de les intégrer à notre
manuscrit.
(« D’accord. »
Haussant la voix avec humour.) Maintenant. Dans certaines pièces,
chaque acteur travaille sur une partie apparemment minuscule d’un
problème beaucoup plus vaste que la pièce elle-même doit résoudre.
Bien que je fasse ici une comparaison avec le théâtre, ces « pièces » sont
des évènements tout à fait spontanés dans lesquels les acteurs évoluent en
toute liberté, tant qu’ils respectent le cadre donné. Les conventions
fondamentales sont posées, et il n’y a pas de répétition. Il existe des
observateurs, comme vous le verrez plus loin. Comme dans toute bonne
production théâtrale, il y a un thème principal pour chaque pièce. Les
grands artistes, par exemple, n’émergent pas d’une époque donnée
simplement parce qu’ils y sont nés ou que les conditions sont favorables.
(Selon Seth, chaque individu choisit le lieu et l’endroit de chaque « vie »
dans son cycle réincarnationnel.)
Ces pièces particulières s’attachent à la réalisation de la vérité intuitive
en ce que vous appelez la forme artistique ; la créativité y est si ample, si
stimulante qu’elle éveille les capacités latentes en chaque acteur et qu’elle
sert de modèle de comportement.
Les périodes de renaissance – artistique, spirituelle ou psychique –
surviennent parce que l’intense focalisation interne de ceux qui sont
impliqués dans la pièce en question est orientée vers ces objectifs. Le défi
peut être différent dans chaque pièce, mais les grands thèmes sont des
phares pour toutes les consciences. Ils servent de modèles.
(22h17.) Le progrès, voyez-vous, n’a rien à voir avec le temps ; c’est une
question de focalisation psychique et spirituelle. Chaque pièce est
complètement différente des autres. Il est donc faux de supposer que vos
actions dans cette vie sont causées par une existence précédente, ou que
vous êtes punis dans cette vie pour des crimes que vous avez commis dans
une autre vie. Les vies sont simultanées.
Votre personnalité multidimensionnelle a le don de pouvoir vivre ces
expériences tout en maintenant sa propre identité. Les différentes pièces
auxquelles elle participe ont bien sûr un effet sur elle. Il se produit une
communication instantanée ou, si vous préférez, une rétroaction
instantanée.
Ces pièces ont un but. La personnalité multidimensionnelle y apprend en
agissant. Elle essaie une variété infinie de poses, d’attitudes, de
comportements et, en conséquence, elle en modifie certains.
Le mot « conséquence » implique nécessairement un lien de cause à effet
– la cause puis l’effet ; bel exemple d’une déformation inhérente à la pensée
verbale, linéaire, et des difficultés qui en découlent.
(22h26.) Vous êtes le moi multidimensionnel qui vit ces différentes
existences, qui crée ces pièces-passion cosmiques, et qui y prend part. C’est
uniquement parce que vous êtes focalisés sur votre rôle actuel que vous le
prenez pour votre être entier. Vous vous donnez ces règles pour une bonne
raison. Et comme la conscience est en état de devenir, ce moi
multidimensionnel dont je parle n’est pas une structure psychologique
complète, achevée ; il est lui aussi en état de devenir.
Il apprend l’art de la réalisation. Il contient des sources infinies de
créativité, des possibilités illimitées de développement. Mais il lui faut
apprendre les moyens de la réalisation, et trouver en lui-même comment
amener dans l’existence les créations encore jamais contées qui sont en lui.
(22h32.) Le moi multidimensionnel crée donc une grande variété de
conditions dans lesquelles fonctionner ; il se donne des défis et rencontre
parfois l’échec, selon vos termes, du moins au début, parce qu’il doit
d’abord créer les conditions qui feront surgir ces créations nouvelles. Et tout
cela se fait avec une grande spontanéité et une joie sans limites. (Une
pause.)
Vous créez donc beaucoup plus d’environnements que vous ne le
supposez. D’ailleurs, chaque acteur focalisé sur sa pièce et en train de jouer
son rôle dispose d’une ligne de conduite intérieure. Il n’est donc pas
abandonné au sein d’une pièce de sa création qu’il ne se rappelle pas avoir
créée. Le savoir et la connaissance lui parviennent par le biais de ce que
j’appelle les « sens internes ».
(22h39. Longue pause.) Le moi multidimensionnel dispose donc d’autres
sources d’information que celles qui sont données dans le cadre strict de la
production. Chaque acteur sait cela d’instinct ; au sein de la pièce elle-
même, des périodes sont prévues pour que chaque acteur puisse se retirer et
récupérer. Pendant ces périodes, les sens internes l’informent de ses autres
rôles ; il comprend qu’il est davantage que le simple moi qui figure dans
chaque pièce.
Pendant ces périodes, il est libéré des conventions qui le limitent dans la
représentation et il comprend qu’il a participé à l’écriture de la pièce. Ces
périodes coïncident bien sûr avec vos phases de sommeil et avec les
conditions du rêve ; mais il y a d’autres moments où chaque acteur voit en
toute clarté qu’il est entouré de décors, et où sa vision perce soudain la
réalité apparente de la pièce de théâtre.
(22h44.) Cela ne veut pas dire que cette pièce n’est pas réelle ou qu’elle
ne devrait pas être prise au sérieux. Cela veut dire qu’il s’agit d’un rôle – un
rôle important. Or chaque acteur doit comprendre par lui-même la nature de
la pièce et le rôle qu’il y joue. Il doit se réaliser lui-même à partir du cadre
tridimensionnel de la scène théâtrale.
Il existe une grande coopération derrière ces productions décisives, et en
jouant son rôle, chaque acteur commence par se réaliser lui-même au sein
de la réalité en trois dimensions. Le moi multidimensionnel ne peut pas agir
dans cette réalité tant qu’il n’y matérialise pas une partie de lui-même. Vous
me suivez ?
(« Oui. »)
Dans cette réalité, il fait alors surgir toutes sortes de développements et
de capacités créatrices, qui ne pourraient pas apparaître autrement.
Mais le moi multidimensionnel doit s’élever au-dessus de ce système
par un autre acte, une autre réalisation accomplie par la partie de lui-
même qui est tridimensionnelle.
Au cours de son existence en trois dimensions, le moi multidimensionnel
apporte à d’autres une aide qu’il ne pourrait pas leur apporter autrement, et
lui-même en tire un bénéfice et se développe d’une manière qui serait sinon
impossible.
Je suggère que vous fassiez une pause.
(22h55. La transe de Jane a été profonde. Reprise à 23h02.)
La signification de la pièce se trouve donc en vous. C’est seulement la
partie consciente de vous-même qui joue si bien son rôle, et qui est si
fortement focalisée sur le décor de la pièce.
Le but de chacune de ces vies est à votre disposition, et la connaissance
en est juste sous la surface du moi conscient que vous connaissez. Toutes
sortes de signes et d’indices sont d’ailleurs disponibles. Vous pouvez
accéder à toute la connaissance de votre personnalité
multidimensionnelle. Quand vous le comprenez, cette connaissance vous
permet de faire face de manière plus rapide, selon vos termes, aux
problèmes et aux défis que vous avez mis en place ; elle ouvre également
des zones de créativité plus vastes, qui enrichissent la pièce ou la
production toute entière.
(23h08.) Par conséquent, plus vous permettez à l’intuition et à la
connaissance du moi multidimensionnel de se répandre dans le moi
conscient, mieux vous jouez votre rôle ; et lorsque vous le faites, vous
ajoutez à l’ensemble de cette dimension une énergie, une compréhension,
une créativité nouvelles.
Bien sûr, il vous semble à présent que vous êtes la seule partie consciente
de vous-même, car vous vous identifiez à l’acteur de cette production
particulière ; cependant, les autres parties de votre personnalité
multidimensionnelle dans les autres pièces sont également conscientes. Et
comme vous êtes une conscience multidimensionnelle, « vous » êtes
également conscient dans d’autres réalités que celles-ci.
Votre personnalité multidimensionnelle, votre identité véritable, le vous
réel, est conscient de lui-même, en tant que lui-même, dans n’importe
lequel de ces rôles.
Fin de la dictée. À présent, accordez-nous un instant.
(Après une pause, Seth nous donne des réponses à des questions
personnelles.)
Avez-vous d’autres questions ?
(« Non, je ne pense pas. Il commence à être tard. »)
Alors je vais terminer notre session, avec mes plus chaleureuses
salutations pour vous deux.
(« Bonne nuit, Seth, et merci. »
23h24. L’élaboration du livre de Seth fait maintenant partie de notre vie.
Seth dévie légèrement du plan qu’il a fourni dans la session 510, le 10
janvier 1970, mais ce n’est pas étonnant. Seth est livré à lui-même, comme
dit Jane. Beaucoup de gens sont maintenant au courant de l’existence du
livre.
Une note ajoutée plus tard : à partir de cette session, et à une seule
exception près, Seth va fournir de nombreux chapitres avant que Jane
regarde à nouveau le texte.)

SESSION 522
MERCREDI 8 AVRIL 1970

(21h13.) Maintenant, bonsoir.


(« Bonsoir, Seth. »)
Nous allons continuer.
Ces « pièces d’époque » ont, dans l’ensemble, un but particulier. Par sa
nature même, la conscience cherche à se matérialiser dans toutes les
dimensions possibles – à créer à partir d’elle-même de nouveaux niveaux de
conscience, de nouvelles ramifications. Ce faisant, elle crée toute réalité. La
réalité est donc toujours en état de devenir. Les pensées que vous avez, par
exemple, dans vos rôles d’acteur, sont totalement uniques et mènent à une
créativité nouvelle. Sinon, certains aspects de votre conscience ne
pourraient pas se réaliser.
Lorsque vous pensez à la réincarnation, vous supposez une progression.
Au lieu de cela, les différentes vies grandissent à partir de votre moi interne.
Elles ne vous sont pas imposées par un agent extérieur. Ces vies sont un
développement matériel qui se produit lorsque votre conscience s’ouvre et
s’exprime d’autant de manières qu’il est possible. Elle n’est pas restreinte à
la vie tridimensionnelle, ni à une seule existence tridimensionnelle.
Ainsi votre conscience prend plusieurs formes ; et ces formes n’ont pas
besoin de se ressembler davantage que, disons, une chenille ressemble à un
papillon. L’âme, l’entité, a une totale liberté d’expression. Elle change de
forme selon ce qu’elle a à exprimer, elle forme des environnements comme
on monte des décors de théâtre, et des mondes qui correspondent à ses
intentions. Chaque décor fait surgir de nouveaux développements.
(Jane fait davantage de pauses.) L’âme, l’entité, est de l’énergie
spirituelle individualisée. Elle forme le corps que vous portez maintenant,
quel qu’il soit ; elle est la force motrice derrière votre survie physique, car
c’est d’elle que vous tirez votre vitalité. La conscience ne peut jamais être
inerte, elle cherche toujours plus de créativité.
(21h28.) L’âme, l’entité, confère donc ses propriétés à la réalité et au moi
tridimensionnels. Les capacités de l’entité reposent dans le moi
tridimensionnel. Le moi tridimensionnel, l’acteur, a accès à ce savoir et à ce
potentiel. En apprenant à l’utiliser, en apprenant à redécouvrir sa relation
avec l’entité, le moi tridimensionnel s’élève à un plus haut niveau de
créativité, de compréhension et d’accomplissement. Le moi tridimensionnel
devient davantage que ce qu’il sait.
Non seulement l’entité s’en trouve renforcée, mais certaines de ses
parties, une fois réalisées dans l’existence tridimensionnelle, augmentent la
qualité et la nature même de l’existence. Sans cette créativité, la vie de la
planète serait, selon vos termes, stérile. L’âme, l’entité, donne souffle au
corps et au moi tridimensionnel qu’il contient. Le moi tridimensionnel
poursuit alors son but, qui est d’ouvrir de nouvelles zones de créativité.
Autrement dit, l’entité, ou âme, envoie à l’extérieur des parties d’elle-
même destinées à ouvrir des champs de réalité qui autrement n’existeraient
pas. (Une longue pause à 21h39.) Le moi tridimensionnel qui existe dans
cette réalité doit y focaliser son attention. La conscience interne lui donne
une source de force et d’énergie, mais il doit aussi comprendre son rôle
d’acteur et, à partir de ce rôle, par un autre acte de compréhension,
retourner « en dernier ressort » à l’entité.
Dans ces pièces, certaines personnalités paraissent d’emblée pleinement
conscientes. Elles prennent des rôles sachant que ce sont des rôles, dans le
but de mener les autres vers l’accomplissement et le développement
nécessaires. Elles conduisent les acteurs à voir au-delà des décors et des
moi qu’ils ont créés. Ces personnalités qui appartiennent à d’autres niveaux
d’existence supervisent la pièce, en quelque sorte, et apparaissent parmi les
acteurs. Leur but est d’ouvrir au sein du moi tridimensionnel les portes
psychologiques qui le libèrent et lui permettent d’aller vers de nouveaux
développement dans un autre système de réalité.
Maintenant, vous pouvez faire une pause, puis nous continuerons.
(21h50. La transe de Jane a été relativement légère. Reprise à 21h58.)
Vous apprenez à être des cocréateurs. Vous apprenez à être des dieux,
selon le sens que vous donnez à présent à ce terme. Vous apprenez la
responsabilité de toute conscience individualisée. Vous apprenez à maîtriser
l’énergie que vous êtes, dans le but de créer.
Vous êtes liés à ceux que vous aimez comme à ceux que vous détestez,
mais vous êtes en train d’apprendre à lâcher, à abandonner et à dissiper la
haine. Il vous faut apprendre à utiliser la haine elle-même de manière
créative, à l’orienter vers des fins plus hautes, à la transformer ultimement
en amour. J’éclaircirai ce point dans les chapitres à venir.
Le décor de votre environnement physique, cet attirail parfois charmant,
les aspects physiques de la vie que vous connaissez sont autant de
camouflages ; et je nomme donc camouflage votre réalité physique. Ces
camouflages sont pourtant constitués de la vitalité même de l’univers. Les
rochers, les pierres, les montagnes et la terre sont des camouflages vivants,
des réseaux psychiques imbriqués, formés de minuscules consciences que
vous ne percevez pas comme telles. Les atomes et les molécules qu’ils
contiennent ont leur propre conscience, comme les atomes et les molécules
de votre corps.
(22h07.) Comme vous participez tous à la formation du décor physique et
que vous êtes vous-mêmes installés dans une forme physique, les sens
physiques ne vous permettent de percevoir que ce décor fantastique. La
réalité qui existe à la fois en lui, et au-delà, vous échappe. Or, même
l’acteur n’est pas entièrement tridimensionnel. Il fait partie d’un moi
multidimensionnel.
Il y a en lui des méthodes de perception qui lui permettent de voir au-delà
du décor de camouflage, de voir au-delà de la scène. Il utilise ces sens
internes en permanence, mais le moi qui joue la pièce est si absorbé par elle
qu’il ne s’en rend pas compte. De fait, les sens physiques forment en grande
partie la réalité qu’ils donnent l’impression de percevoir. Ils font eux-
mêmes partie du camouflage. Ce sont des lentilles posées sur vos
perceptions internes ; ils vous obligent à « voir » un champ d’activité
disponible comme de la matière ; ils ne peuvent donc vous dire ce qui se
passe que de manière très superficielle. Les sens physiques vous diront, par
exemple, la position des autres acteurs, ou l’heure qu’il est. Mais ils ne vous
diront pas que le temps lui-même est un camouflage, que c’est la
conscience qui forme les autres acteurs, ou que des réalités que vous ne
percevez pas existent au-delà de la matière si apparente.
Or, en utilisant les sens internes, on perçoit la réalité qui existe
indépendamment de la pièce et du rôle qu’on y joue. Pour cela, on doit bien
sûr détourner l’attention, au moins temporairement, de l’activité constante
qui s’y déroule – éteindre les sens physiques, en quelques sorte – et
aiguiller l’attention sur les évènements qui lui ont jusque-là échappé.
(22h20.) Pour simplifier, cela fait à peu près le même effet que de
changer de lunettes, car fondamentalement les sens physiques sont aussi
artificiels pour le moi interne qu’une paire de lunettes ou un appareil auditif
pour le moi physique. Les sens internes sont donc rarement utilisés de
manière complètement consciente.
Vous seriez d’ailleurs tout à fait désorientés, et même terrifiés si, en un
instant, votre environnement familier disparaissait pour être remplacé par
d’autres bases de données que vous ne comprenez pas – aussi une bonne
partie de l’information provenant des sens internes doit-elle être traduite en
termes que vous puissiez comprendre. Autrement dit, il faut que cette
information fasse sens pour le moi tridimensionnel que vous êtes.
Or votre décor de camouflage n’est pas le seul. D’autres réalités ont des
systèmes entièrement différents, mais toutes les personnalités ont des sens
internes, qui sont des attributs de la conscience, et ces sens internes
entretiennent des communications dont le moi normalement conscient sait
peu de choses. Une partie de mon but est de faire connaître certaines de ces
communications.
(22h29.) L’âme, l’entité, n’est donc pas le moi qui lit ce livre. Votre
environnement n’est pas simplement le monde que vous connaissez autour
de vous ; il comprend également les environnements de vies passées sur
lesquels vous ne vous focalisez pas à présent. Votre environnement
véritable est composé de vos pensées et de vos émotions, car c’est à partir
d’elles que vous formez non seulement cette réalité, mais toutes les réalités
auxquelles vous participez. (Une longue pause.)
Votre environnement véritable ignore tout de l’espace et du temps que
vous connaissez. Dans votre environnement véritable, vous n’avez pas
besoin de mots, car la communication est instantanée ; dans votre
environnement véritable, vous formez le monde physique que vous
connaissez. Je vais donc vous proposer d’abandonner momentanément
votre rôle et de tenter un exercice simple.
Mais d’abord, vous pouvez faire une pause.
(22h36. La transe de Jane a été plus profonde. « Je sais que ce n’était
pas aussi profond la première fois, dit-elle, parce que j’avais cette sirène
dans les oreilles. » Une sirène d’incendie est passée à quelques pâtés de
maisons vers 21h30 ; Jane ne se rappelle que maintenant l’avoir entendue.
« Ça m’inquiète quand j’entends des choses comme ça pendant que Seth
écrit son livre. Je ne veux rien abîmer… »
Reprise à 22h53.)
Imaginez que vous vous trouvez sur une scène éclairée. Fermez les yeux
et imaginez que les lumières sont éteintes, que la scène a disparu et que
vous êtes seul.
Tout est noir. Vous êtes calme. Imaginez, de la manière la plus vive
possible, l’existence des sens internes. Pour l’instant, faites comme s’ils
correspondaient à vos sens physiques. Libérez votre esprit de toute pensée
et de tout souci. Soyez réceptif. Écoutez très délicatement non pas les sons
physiques mais ceux qui vous parviennent par les sens internes.
Des images peuvent commencer à apparaître. Accueillez-les comme des
visions tout aussi valides que celles que vous voyez par les sens physiques.
Imaginez qu’il existe un monde intérieur, et qu’il vous est révélé à mesure
que vous le percevez par ces sens internes.
(22h58.) Imaginez que vous avez été aveugle à ce monde toute votre vie,
et que vous recouvrez lentement la vue. Ne jugez pas le monde intérieur
dans son ensemble à partir des sons ou des images disjointes que vous allez
sans doute percevoir pour commencer, car vous utilisez ces sens de manière
encore imparfaite.
Faites cet exercice simple pendant quelques instants avant de vous
endormir, quand vous êtes au repos ou que vous faites quelque chose qui ne
demande pas toute votre attention.
Vous allez apprendre à vous focaliser sur une nouvelle dimension de
conscience, car vous allez en quelque sorte prendre des instantanés d’un
environnement que vous ne connaissez pas. Souvenez-vous que vous ne
percevrez que des bribes. Acceptez-les simplement et, à ce stade, ne tentez
pas le moindre jugement, pas la moindre interprétation d’ensemble.
Pour commencer, dix minutes par jour suffisent. Or les informations
contenues dans ce livre passent par les sens internes de la femme qui est en
transe pendant que je l’écris. Cet accomplissement résulte d’une précision
interne très organisée, combinée à une véritable formation. Ruburt ne
pouvait pas recevoir d’information de ma part, cette information ne pouvait
pas être traduite ou interprétée tant qu’elle (Jane) était intensément
focalisée sur l’environnement physique. Les sens internes sont donc des
canaux qui permettent une communication entre différentes dimensions
d’existence. Mais même ici, l’information doit être déformée, dans une
certaine mesure, pour être traduite en termes physiques. Sinon, elle ne serait
pas du tout perçue.
Fin de la dictée. Vous avez des questions ?
(« Non, rien de particulier. »)
Si jamais vous voulez une session moins formelle, ou si vous avez des
questions, dites-le-moi.
(« D’accord. »
Avec humour.) Je suis prêt à me détourner de mes devoirs d’écriture.
(« Je sais. »)
Mes pensées les plus cordiales, donc, et un chaleureux bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. Merci beaucoup. » 23h10.)
SESSION 523
LUNDI 13 AVRIL 1970

(21h13.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Nous allons finir le chapitre 4.
(« D’accord. »)
Maintenant. J’ai passé un certain temps à mettre l’accent sur le fait que
chacun de nous forme son propre environnement, pour que vous vous
rendiez bien compte que vous portez l’entière responsabilité de votre vie.
Si vous pensez que ce n’est pas le cas, vous vous limitez vous-mêmes ;
votre environnement représente une somme de savoir et d’expérience.
(C’est Seth qui demande le point-virgule dans cette phrase ; il donne
souvent ce genre de précision.) Tant que vous croyez que votre
environnement est objectif et indépendant de vous, vous vous sentez
largement impuissants à le changer, à voir au-delà ou à imaginer des
alternatives moins évidentes. J’indiquerai plus loin dans ce livre différentes
méthodes qui vous permettront de changer votre environnement de manière
aussi radicale que bénéfique.
(21h23.) J’ai également parlé de la réincarnation en termes
d’environnement personnel parce que de nombreuses écoles de pensée
accordent trop d’importance aux conséquences des existences
réincarnationnelles, allant jusqu’à dire que les circonstances de la vie
actuelle résultent de schémas inflexibles établis dans une vie passée. On se
sent relativement incompétent pour réagir à la réalité physique présente et
modifier son environnement, incapable d’avoir un effet sur le monde et de
le changer quand on a l’impression d’être à la merci de circonstances
incontrôlables.
En fin de compte, les raisons données à un tel assujettissement importent
peu, car elles varient selon les époques et les cultures. Vous n’êtes pas sous
le coup d’une sentence prononcée pour cause de péché originel,
d’évènements survenus quand vous étiez enfant ou dans des vies passées.
Votre vie est peut-être moins épanouie que vous le souhaiteriez. Vous êtes
peut-être moins alors que vous voudriez être plus ; mais vous n’êtes pas
recouverts d’un linceul jeté sur votre psyché par le péché originel, les
syndromes infantiles de Freud ou l’influence de vies passées. Je vais
essayer de vous expliquer un peu plus clairement l’influence des vies
passées. Elles ont un effet sur vous, comme toute expérience. Toutefois le
temps est ouvert : une vie n’est pas enterrée dans le passé, déconnectée du
moi présent comme de tout moi futur.
(Le débit de Jane est relativement lent.)
Comme je l’ai déjà expliqué, les pièces de théâtre, ou les vies, se
déroulent toutes en même temps. La créativité et la conscience ne sont
jamais des accomplissements linéaires. Dans chaque vie, vous choisissez et
vous créez votre propre décor ; dans celle-ci, vous avez choisi vos parents
et les évènements de votre enfance. C’est vous qui avez écrit le script.
(21h35.) Mais le moi conscient se comporte comme le proverbial
professeur distrait : il oublie tout cela. Aussi, lorsque des difficultés, des
défis ou des tragédies font leur apparition dans le script, le moi conscient
cherche quelqu’un ou quelque chose à blâmer. Avant la fin de ce livre,
j’espère vous montrer précisément comment vous créez chaque minute de
votre expérience, pour que vous puissiez commencer à exercer votre
responsabilité créatrice à un niveau conscient – ou presque.
Pendant que vous lisez ce livre, regardez de temps en temps autour de
vous dans la pièce où vous vous trouvez. Les chaises et les tables, le
plancher et le plafond ont peut-être l’air réels, solides, tout à fait
permanents, et vous vous sentez peut-être, par contraste, hautement
vulnérables, pris dans un instant situé entre la naissance et l’anéantissement.
Peut-être même vous sentez-vous jaloux en pensant que l’univers physique
continuera à exister bien après vous. D’ici à la fin de notre livre, cependant,
j’espère que vous comprendrez l’éternelle validité de votre propre
conscience et l’impermanence des aspects physiques de votre
environnement et de votre univers, qui vous semblent si solides en ce
moment. Vous avez tout noté ?
(« Oui. »)
C’est la fin du chapitre 4. Vous pouvez faire une pause.
(De 21h44 à 22h02.)
CHAPITRE 5

Comment les pensées forment la matière, les


points de coordination

Accordez-nous un instant.
(Suit une pause de deux minutes qui prend fin à 22h04.)
Chapitre 5. Quand vous lisez les mots qui se trouvent sur cette page, vous
vous rendez compte que les informations que vous recevez ne sont pas un
attribut des lettres ou des mots eux-mêmes. La ligne imprimée ne contient
pas l’information ; elle la transmet. Où se trouve donc l’information qui est
transmise, si elle n’est pas sur la page ? (Une pause.)
La même question se pose, bien entendu, quand vous lisez un journal ou
quand vous parlez à quelqu’un. Vos mots transmettent des informations, des
sentiments ou des pensées. Bien évidemment, les pensées et les sentiments
eux-mêmes sont autre chose que les mots. Les lettres sur la page sont des
symboles, et vous vous êtes mis d’accord sur les différentes significations
qui s’y rapportent. Sans même y penser, vous partez du principe que les
lettres, les symboles, ne sont pas la réalité, c’est-à-dire les informations ou
les pensées qu’ils visent à transmettre.
Or, de la même manière, je vous dis que les objets sont également des
symboles qui représentent une réalité, qu’ils la transmettent, tout comme les
lettres la transmettent. L’information véritable ne se trouve pas davantage
dans les objets que la pensée ne se trouve dans les lettres ou les mots. Les
mots sont des moyens d’expression. Il en va de même pour les objets
physiques, selon une méthode différente. Vous avez l’habitude de penser
que vous vous exprimez directement par les mots. Vous pouvez vous
entendre les prononcer. Vous sentez les muscles de votre gorge se contracter
et, peut-être, d’autres manifestations physiques pendant que vous parlez.
(22h29.) Les objets physiques sont le résultat d’un genre d’expression
différent. Vous les créez aussi sûrement que vous créez les mots. Je ne veux
pas dire que vous les créez avec vos seules mains ou en les fabriquant. Je
veux dire que ce sont des produits dérivés naturels de l’évolution de votre
espèce, exactement comme les mots. Examinez un instant ce que vous
savez de votre propre discours. Bien que vous entendiez les mots, que vous
reconnaissiez leur justesse et qu’ils puissent assez bien exprimer vos
sentiments, ils ne sont pas ces sentiments ; il y a toujours un fossé entre
votre pensée et son expression.
Votre discours vous paraît déjà moins familier lorsque vous vous rendez
compte que vous-même, quand vous commencez une phrase, ne savez pas
exactement comment vous allez la finir, ni même comment vous faites pour
en former les mots. Vous ne savez pas consciemment comment vous
manipulez une stupéfiante pyramide de symboles, comment vous piochez
dedans et choisissez exactement ceux dont vous avez besoin pour exprimer
une idée. D’ailleurs, vous ne savez pas comment vous pensez.
Vous ne savez pas comment vous traduisez les symboles sur cette page en
pensées, pour ensuite les conserver ou les faire vôtres. À un niveau
conscient, vous connaissez très mal les mécanismes du discours normal ; il
n’est donc pas étonnant que vous ne vous rendiez pas compte non plus
d’autres tâches encore plus compliquées que vous accomplissez également
– par exemple la création constante de votre environnement physique
comme méthode de communication et d’expression.
La nature véritable de la matière physique ne peut être comprise que de
ce point de vue-là. Il vous faut comprendre la nature de cette traduction
permanente de la pensée et des désirs non pas en mots, mais en objets
physiques, pour comprendre que vous êtes indépendants du temps, des
circonstances et de votre environnement.
Maintenant, vous pouvez faire une pause. (Sourire à 22h36.) Une
remarque : je suis très content…
(« De quoi, Seth ? »)
Je suis content du début de mon chapitre, car je pense avoir trouvé une
comparaison, une comparaison juste, qui libérera le lecteur de son lien
artificiel avec la forme physique. S’il la voit comme une méthode destinée à
son expression personnelle, il comprendra sa propre capacité de création.
(22h38. La transe de Jane a été bonne, son débit assez lent. Elle dit que
la pause de deux minutes du début s’est produite parce qu’elle était
consciemment « bloquée » sur la manière dont Seth allait commencer le
chapitre 5 – tout en se rendant compte que si elle « restait tranquillement
assise », Seth se débrouillerait très bien tout seul.
Jane a eu beaucoup d’images pendant que Seth parlait. Il a une idée très
claire de ce chapitre, dit-elle ; et, de manière très nette, il lui a « imprimé »
sa notion de la matière utilisée comme moyen de communication. Elle ne
peut pourtant pas décrire les images qu’elle a vues.
Subitement, Jane se rappelle aussi avoir eu, pendant une partie de la
dictée, l’impression de se trouver à côté de la large bibliothèque qui, du sol
au plafond, sépare notre salon de son bureau – et qui se trouve à une
distance d’environ deux mètres du fauteuil à bascule qu’elle utilise pendant
les sessions.
Jane a maintenant « le souvenir » de s’être trouvée près de la
bibliothèque pendant qu’elle fournissait une partie des données de Seth,
d’avoir vu le salon de cet endroit. Elle ne se rappelle pourtant pas être
sortie de son corps. « Ça revient comme un rêve », dit-elle. Elle ne se
souvient de rien d’autre concernant cet épisode. Elle ne se souvient pas de
s’être vue elle-même assise dans le fauteuil, par exemple, ni de m’avoir vu
sur le canapé, en train de prendre mes notes. Elle est très intriguée par
l’idée de se trouver en dehors de son corps et de pouvoir se voir elle-même
fournir le matériau de Seth.
Reprise à 22h56.)
Il est facile de voir que vous traduisez les sentiments en mots, en
expressions corporelles ou en gestes, mais il est plus difficile de
comprendre que vous formez votre corps physique avec aussi peu d’effort
et aussi peu de conscience de vous-même que vous traduisez des sentiments
en symboles qui deviennent des mots.
(Une longue pause à 23h01.) Vous avez déjà entendu dire, j’en suis sûr,
que l’environnement d’un individu exprime sa personnalité. Je vous dis que
c’est là une vérité littérale, et non pas symbolique. Les lettres sur la page
n’ont que la réalité de l’encre et du papier. L’information qu’elles
transmettent est invisible. En tant qu’objet, ce livre lui-même n’est qu’encre
et papier. C’est un porteur d’informations.
Vous répondrez peut-être que le livre a été fabriqué physiquement, qu’il
n’a pas brusquement surgi, tout imprimé et relié, du crâne de Ruburt. Vous
avez dû l’emprunter ou l’acheter, et vous pensez peut-être : « Une chose est
sûre : je n’ai pas créé ce livre comme je crée mes mots. » Mais avant que
nous ayons terminé, nous verrons que, fondamentalement, chacun de vous
crée le livre qu’il tient entre les mains, que l’ensemble de votre
environnement physique sort aussi naturellement de votre esprit que les
mots sortent de votre bouche, et que l’homme forme des objets physiques
aussi inconsciemment et aussi spontanément qu’il forme son propre souffle.
Fin de la dictée pour ce soir. (Sourire.
« Bonne nuit, Seth, et merci. » 23h14.)

SESSION 524
LUNDI 20 AVRIL 1970

(21h18. Jane ne se sent pas très bien ce soir, mais elle décide quand
même de prendre place pour une session et de voir ce qui se passe. Elle
commence à parler avec un débit assez lent et les yeux fermés la plupart du
temps.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant, pour notre livre. Les aspects particuliers et caractéristiques
de votre monde physique dépendent de votre existence et de la façon dont
vous vous focalisez sur lui. Par exemple, l’univers physique ne contient pas
d’objets physiques d’une certaine densité, largeur et profondeur pour ceux
qui n’y ont pas leur existence.
Des consciences d’un type tout à fait différent coexistent avec votre
monde, dans le même « espace ». Pourtant, elles ne perçoivent pas vos
objets physiques, car leur réalité est composée d’une structure de
camouflage différente. Vous ne les percevez pas et, en général, elles ne vous
perçoivent pas non plus. Il s’agit là d’une remarque générale, cependant, car
vos réalités coïncident en plusieurs points.
Ces points, qui n’ont pas été identifiés comme tels, peuvent être nommés
points « de double réalité » ; ce sont des points de coordonnée qui
contiennent un très grand potentiel d’énergie et où, effectivement, les
réalités se fondent les unes aux autres. Il existe des points de coordonnée
principaux, mathématiquement purs, sources de fantastique énergie, et de
très nombreux points subordonnés.
(Une longue pause à 21h29.) Quatre points de coordonnée absolus
entrecoupent toutes les réalités. Ces points de coordonnée agissent comme
des canaux par lesquels l’énergie s’écoule, et comme des torsions, des
chemins invisibles, d’une réalité à l’autre. Ils jouent aussi le rôle de
transformateurs et fournissent une bonne partie de l’énergie qui génère une
création permanente, selon vos termes. (Beaucoup de pauses.)
Votre espace est plein de ces points subordonnés et, comme vous le
verrez plus loin, ils jouent un rôle important dans le processus par lequel
vous transformez les idées et les émotions en matière physique. À chaque
fois qu’une pensée ou une émotion atteint une certaine intensité, elle attire
la puissance de l’un de ces points subordonnés, qui lui confère une charge
importante ; elle s’en trouve en quelque sorte magnifiée – mais pas en ce
qui concerne la taille.
Ces points font irruption dans ce que vous appelez le temps ou l’espace.
Il existe donc certains points, dans le temps et dans l’espace (une fois de
plus, selon vos termes), qui sont plus conducteurs que d’autres si bien que
les idées, aussi bien que la matière, y sont plus fortement chargées. Dans la
pratique, cela signifie que les constructions y durent plus longtemps ; et,
dans votre contexte, que les idées liées à la forme y sont relativement
éternelles. Les pyramides en sont un bon exemple.
(Lentement, à 21h43.) Ces points de coordonnée absolus, principaux et
subordonnés représentent une accumulation – ou de simples traces –
d’énergie pure ; pourtant, en termes de taille, ils sont minuscules à
l’extrême (plus petits, par exemple, que toutes les particules connues de vos
scientifiques). Cependant, si cette énergie n’est pas activée, elle demeure
latente. Or elle ne peut être activée physiquement.
(21h50.) Maintenant. Quelques éléments qui peuvent vous être utiles, ou
aider les mathématiciens. Il existe une modification absolument infime des
forces de gravité dans le voisinage de tous ces points, même subordonnés ;
et toutes les prétendues lois physiques manifestent, à un moment ou à un
autre, une fluctuation dans leur voisinage. Les points subordonnés servent
donc aussi, en quelque sorte, de support, d’intensification structurelle dans
la trame invisible de l’énergie qui forme toutes les réalités et toutes les
manifestations. Ce sont des traces – ou des accumulations – d’énergie pure,
mais il existe une grande différence entre la quantité d’énergie dans les
différents points subordonnés, et entre les points principaux et les points
absolus.
Vous pouvez faire une pause.
(21h57. Jane se sent mieux. Elle est étonnée quand je lui dis que la dictée
a été lente. En transe, elle ne se rend pas compte de ses pauses ou de leur
nombre. « Je n’ai plus aucun sens du temps. Mon espace est plein, c’est
tout ce que je peux dire… »
Reprise de la même manière, à 22h17.)
Ce sont donc des points d’énergie concentrée. Les points subordonnés
sont beaucoup plus communs et, d’un point de vue pratique, ils ont un effet
sur vos préoccupations quotidiennes. Ce sont des endroits qui conviennent
particulièrement bien à la construction de bâtiments ou d’infrastructures –
la santé et la vitalité s’y trouvent renforcées. Toutes choses égales, les
plantes y poussent mieux et s’y épanouissent ; les conditions y sont
bénéfiques.
Certaines personnes sentent intuitivement ce genre d’endroit. Ils se
produisent dans un certain type d’angle formé par des points de
coordonnée. Ces points ne sont évidemment pas physiques – c’est-à-dire
qu’ils ne sont pas visibles, bien qu’on puisse les trouver par déduction
mathématique. Ils sont en tout cas ressentis comme de l’énergie intensifiée.
(22h23.) À soin égal, les plantes grandissent mieux dans une certaine
partie d’une pièce donnée. Votre espace est entièrement imprégné de ces
points de coordination, et il en résulte certains angles invisibles.
(22h26.) Tout cela est largement simplifié, mais disons que certains
angles sont plus « sur la périphérie » que d’autres, et moins favorables à une
croissance active. Pour parler de ces angles, nous faisons comme s’ils
étaient tridimensionnels, alors qu’ils sont évidemment multidimensionnels.
La nature de ces angles n’est pas le sujet principal de mon livre, il n’est
donc pas possible de les expliquer ici en profondeur. Ils peuvent donner
l’impression d’être plus puissants à certains moments qu’à d’autres, mais
ces différences ne sont liées ni à la nature des points de coordonnée, ni à
celle du temps. D’autres éléments influent sur eux, qu’il n’est pas
nécessaire d’aborder pour l’instant.
(22h31.) Ces points d’énergie concentrée sont activés par des intensités
affectives qui sont tout à fait à votre échelle. Vos émotions et vos sentiments
eux-mêmes les activent, que vous le sachiez ou non. Ces coordonnées
apportent alors une énergie supplémentaire à la pensée ou à l’émotion
d’origine, et sa projection dans la matière physique s’en trouve accélérée
d’autant. C’est le cas quelle que soit la nature du sentiment ; seule compte
ici son intensité.
En d’autres termes, ces points sont d’invisibles générateurs d’énergie, et
ils sont activés à chaque fois qu’une pensée ou une émotion d’intensité
suffisante entre en contact avec eux. Les points de coordination intensifient
tout ce qui les active, de façon parfaitement neutre.
Nous sommes assez lents sur ce matériau car il est nouveau, et surtout
parce que je souhaite qu’il soit traduit en des termes aussi précis que
possible ; et comme Ruburt n’a pas de formation scientifique, je dois faire
preuve d’ingéniosité.
Vous pouvez faire une pause.
(De 22h39 à 23h14.)
Tout cela est très simplifié, mais l’expérience subjective de toute
conscience est automatiquement exprimée en unités d’énergie
électromagnétique. Ces dernières existent « en dessous » du champ de la
matière physique. Ce sont, si vous préférez, des particules en devenir qui
n’ont pas encore émergé dans la matière.
Ces unités sont des émanations naturelles de tous les types de conscience.
Ce sont des formations invisibles qui résultent d’une réaction à tout type de
stimuli. Elles existent très rarement de manière isolée ; elles s’unissent au
contraire selon certaines lois. Leur forme et leur rythme de pulsation
varient, mais leur « durée » relative dépend de l’intensité originelle qui les
sous-tend – qui se trouve à la source de l’idée, de l’émotion ou de la
réaction qui leur a donné naissance.
(23h21.) Pour expliquer tout cela de manière très simplifiée, on peut donc
dire que ces unités électromagnétiques coagulent en matière dans certaines
conditions. Celles qui sont suffisamment intenses activent automatiquement
les points de coordonnée subordonnés dont j’ai déjà parlé. Ces unités sont
donc accélérées et propulsées dans la matière beaucoup plus rapidement,
selon vos termes, que des unités moins intenses. Pour vous donner un ordre
de grandeur, les molécules paraîtraient grosses comme des planètes par
rapport à ces unités. Les planètes sont, tout comme les molécules ou les
atomes, des manifestations du même principe qui donne naissance à ces
unités d’énergie électromagnétique. C’est votre position relative, votre
focalisation sur un espace et un temps apparents, qui vous donne
l’impression que tout cela est si improbable.
Ainsi, chaque pensée ou émotion existe en tant qu’unité d’énergie
électromagnétique, ou comme une combinaison d’unités ; et souvent ces
unités émergent, avec l’aide des points de coordonnée, comme les blocs de
construction de la matière physique. Cette émergence dans la matière se
produit de façon tout à fait neutre, indépendamment de la nature des
pensées ou des émotions elles-mêmes. Les images mentales accompagnées
d’émotions fortes forment donc le schéma sur lequel vont apparaître, selon
vos termes, l’objet physique, la circonstance ou l’évènement correspondant.
Maintenant. Fin de la dictée. Avez-vous des questions ?
(« Non. »)
Nous nous sortons bien de ce chapitre 5. Mes pensées les plus
chaleureuses et un très cordial bonsoir.
(« Bonsoir, Seth, et merci beaucoup. » 23h32.)

SESSION 525
VENDREDI 22 AVRIL 1970

(21h14. La dictée du livre de Seth est précédée, ce soir, de quatre pages


de matériau personnel que nous avons supprimées. Reprise, après une
pause, à 22h03.)
L’intensité d’un sentiment, d’une pensée ou d’une image mentale est
donc l’élément qui détermine son éventuelle matérialisation.
L’intensité est le noyau autour duquel se forment les unités d’énergie
électromagnétique. Plus le noyau est intense, plus la matérialisation
physique est rapide, selon vos termes. Et cela, que l’image mentale soit
effrayante ou joyeuse. Il y a donc ici quelque chose de très important : si
l’activité de votre esprit est intense, si vous pensez sous forme d’images
mentales et affectives fortes, celles-ci vont rapidement se transformer en
évènements physiques. Si vous êtes d’une nature très pessimiste, que vos
pensées et vos émotions se tournent volontiers vers des désastres potentiels,
ces pensées vont être très fidèlement reproduites dans votre expérience.
Par conséquent, plus votre imagination et votre expérience intérieure sont
intenses, plus il est important pour vous de comprendre le processus par
lequel l’expérience intérieure devient physiquement réelle. Vos pensées et
vos émotions commencent leur trajet vers la matérialisation physique au
moment de leur conception. S’il se trouve que vous vivez dans une région
où l’environnement des coordonnées est puissant, l’un de ces endroits dont
j’ai dit qu’ils sont particulièrement conducteurs, alors vous aurez
l’impression d’être submergé par les maladies ou les catastrophes, si vos
pensées vont dans ce sens, car toute pensée est extrêmement fertile dans ce
genre d’environnement. Si, au contraire, vos sentiments et votre expérience
subjective sont équilibrés, relativement optimistes, si leur créativité se
déploie de manière constructive, alors vous aurez l’impression d’avoir une
chance exceptionnelle, vu la rapidité avec laquelle vos hypothèses agréables
se réaliseront.
Brièvement, dans votre propre pays, la côte Ouest, certaines parties de la
côte Est, l’Utah, la région des Grands Lacs, de Chicago, de Minneapolis et
quelques zones du sud-ouest sont d’excellentes zones d’activité
coordonnée, pour les raisons indiquées. La matérialisation s’y produit
rapidement et il existe dans ces régions un fort potentiel, aussi bien
destructeur que constructif.
(22h20.) Accordez-nous un instant. Ces points de coordonnée eux-
mêmes activent le comportement des atomes et des molécules, de la même
façon que le soleil favorise la croissance des plantes. Ces points activent le
comportement générateur des atomes et des molécules, ils renforcent leur
capacité à coopérer – leur tendance à se regrouper, en quelque sorte, en
organisations et en formations structurées.
Les points de coordonnée magnifient, intensifient le comportement de la
matière physique ; ils augmentent sa spontanéité latente. Ils agissent comme
des générateurs psychiques qui propulsent dans la forme physique ce qui
n’est pas encore physique.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(De 22h25 à 22h38.)
Ceci ne doit pas devenir un livre technique, ce n’est donc ni le lieu ni le
moment d’approfondir le comportement ou les effets de ces points de
coordonnée et des unités d’énergie électromagnétique – ces émanations
naturelles de la conscience dont je viens de parler. J’aimerais que l’on
sache, cependant, que les pensées et les émotions forment la matière
physique selon des processus bien définis et des lois parfaitement valides,
même si elles vous sont actuellement inconnues.
Ces processus seront clairement présentés ailleurs, pour ceux d’entre
vous qui souhaitent approfondir la question ou qui s’y intéressent d’un point
de vue scientifique. Nous abordons ces sujets ici uniquement dans la
mesure où ils touchent à l’aspect multidimensionnel de la personnalité. Ce
sont les processus qui vous permettent de matérialiser certaines expériences
subjectives en réalité tridimensionnelle. Avant de quitter ce sujet,
permettez-moi cependant de rappeler que ces émanations s’élèvent, à des
degrés divers, de toute conscience, pas seulement de la vôtre. Cela
comprend la conscience cellulaire, si bien qu’un réseau invisible d’unités
électromagnétiques imprègne l’ensemble de votre atmosphère ; et c’est sur
ce réseau, à partir de lui, que se forment les particules de matière.
Maintenant. On pourrait facilement écrire un livre entier sur le sujet.
Connaître, par exemple, la « localisation » des points de coordonnée
principaux et absolus pourrait vous être très utile. Vous vous félicitez de
votre technologie, de la construction de routes, de bâtiments et de biens
durables ; pourtant, une bonne partie d’entre eux sont tout à fait
insignifiants quand on les compare à certaines structures du « passé ».
Une compréhension véritable de la manière dont une idée devient de la
matière physique entraînerait une rénovation complète de votre technologie
dite moderne et donnerait naissance à des constructions, des routes et des
structures beaucoup plus durables que celles qui sont les vôtres à présent.
Tant que vous persistez à ignorer la réalité psychique présente derrière la
matière, vous ne pouvez pas tirer parti des processus existants. Et si vous ne
comprenez pas d’abord votre propre réalité psychique et votre
indépendance vis-à-vis des lois physiques, vous ne pouvez pas comprendre
la réalité psychique qui donne véritablement son impulsion à votre
existence physique.
Mon but premier est donc de vous faire prendre conscience de l’identité
intérieure dont vous êtes une partie, de vous libérer des superstitions et du
fatras intellectuel qui vous empêchent de reconnaître votre plein potentiel et
votre liberté. Peut-être pourrez-vous alors commencer à apprendre les
nombreuses façons d’utiliser cette liberté.
C’est la fin de la dictée. C’est peut-être bien la fin du chapitre 5. Vous
pouvez terminer la session ou faire une pause si vous préférez.
(« Faisons une pause. »
22h58. Il s’avère que c’est la fin de la session. Nous sommes tous les
deux fatigués. Le débit de Jane a été nettement plus rapide que la dernière
fois et ses yeux étaient fermés la plupart du temps.)
CHAPITRE 6

L’âme et la nature de ses perceptions

SESSION 526
LUNDI 4 MAI 1970

(22h00. La session commence tard parce que j’étais absorbé par la


peinture ; j’ai travaillé tard et j’avais besoin de me reposer. Jane se sent
bien. Son débit est rapide – je crois qu’il n’a jamais été aussi rapide depuis
que Seth a commencé son livre. Elle est calme et détendue, sa voix est
moyennement forte et ses yeux sont souvent fermés.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons faire une session courte et commencer à dicter
le nouveau chapitre.
Avec les quelques éléments donnés jusqu’à présent, nous pouvons
commencer à aborder le sujet de ce livre : l’éternelle validité de l’âme. Et
lorsque nous explorerons d’autres sujets, ce sera toujours en essayant
d’illustrer l’aspect multidimensionnel du moi intérieur. Il existe de
nombreuses idées fausses à ce sujet, et nous allons d’abord essayer de les
dissiper.
Tout d’abord, une âme n’est pas quelque chose que vous possédez. C’est
ce que vous êtes. J’utilise d’ordinaire le terme « entité » plutôt qu’« âme »,
pour la simple raison que ces idées fausses s’attachent moins au mot
« entité » et que ses connotations sont moins liées à la religion organisée.
Malheureusement, vous considérez fréquemment l’âme, l’entité, comme
une chose achevée et statique, qui vous appartient sans être vous. L’âme,
l’entité, autrement dit votre identité interne la plus intime et la plus
puissante, doit changer, et change, perpétuellement. Ce n’est donc pas un
héritage à chérir. L’âme est vivante, réactive et curieuse. Elle forme la chair
et le monde que vous connaissez, elle est en devenir.
Or, dans la réalité en trois dimensions sur laquelle votre ego se concentre
le plus, le devenir suppose une arrivée ou une destination, en tout cas une
fin à ce qui a été en devenir. Or l’âme, l’entité, existe fondamentalement
dans d’autres dimensions ; et dans celles-ci, l’accomplissement ne dépend
pas d’une destination, spirituelle ou autre.
L’âme, l’entité, est toujours en état de flux, toujours en train
d’apprendre, au milieu de développements qui sont liés à l’expérience
subjective plutôt qu’au temps et à l’espace. Cela n’est pas aussi mystérieux
qu’il y paraît. Chacun de mes lecteurs joue un jeu dans lequel le moi
conscient de l’ego fait semblant de ne pas savoir ce que le moi entier sait
parfaitement. Comme l’ego fait incontestablement partie du moi entier, il
doit nécessairement être au courant de cette connaissance. Cependant, dans
son intense focalisation sur la réalité physique, il fait semblant de ne pas
savoir, jusqu’à ce qu’il se sente capable d’utiliser cette information en
termes physiques.
Vous avez donc bien accès au moi interne. Vous n’êtes pas vraiment
coupés de votre âme, ou entité. Mais l’ego préfère se considérer comme le
capitaine à la barre, car c’est lui qui s’attaque le plus directement aux
océans parfois tumultueux de la réalité physique ; et il refuse de se laisser
distraire de cette tâche.
Il existe des canaux psychologiques et psychiques qui transmettent sans
cesse des informations aux différents niveaux du moi et qui en récoltent
d’autres ; et l’ego accepte sans discuter l’information et les données qui
proviennent des parties internes de la personnalité. En fait, sa position
dépend largement de cette acceptation sans condition des données internes.
En d’autres termes, si l’ego, le moi « extérieur » auquel vous pensez comme
étant votre moi, réussit à assurer sa sécurité et à maintenir sa maîtrise
apparente, c’est précisément parce que des couches intérieures de votre
personnalité lui apportent constamment leur soutien ; parce que ces couches
internes maintiennent le corps physique en activité ; qu’elles assurent la
communication des stimuli aussi bien intérieurs qu’extérieurs. L’âme,
l’entité, n’est pas diminuée, elle est au contraire augmentée par les
réincarnations et par l’expérience des réalités probables – comme je
l’expliquerai plus loin.
(22h19. Remarquez la quantité de matériau livrée depuis 22h00.)
Vous avez une conception si étroite de votre propre entité que vous allez
jusqu’à la déclarer quasi stérile tant vous insistez sur son unicité. Il y a des
millions de cellules dans votre corps, ce qui ne vous empêche pas de le
considérer comme une unité et de penser qu’il vous appartient. Vous le
formez de l’intérieur vers l’extérieur, mais vous le formez à partir d’une
substance vivante, et la plus petite de ses particules possède sa propre
conscience vivante. Il y a des agglomérations de matière, tout comme il y a
des agglomérations de conscience – et chaque conscience est individuelle,
elle a sa destinée, ses capacités et ses potentiels propres. Votre entité ne
connaît pas de limites ; comment votre entité, votre âme, pourrait-elle être
limitée par des barrières qui l’enfermeraient et la priveraient de sa liberté ?
Vous pouvez faire une pause.
(22h24. Jane reprend avec le même débit rapide à 22h33.)
Maintenant. L’âme est souvent perçue comme un joyau destiné à être
finalement présenté en cadeau à Dieu ; ou encore, comme certaines femmes
considéraient autrefois leur virginité : quelque chose qui a une grande
valeur et qui est destiné à être perdu, cette perte représentant un beau
cadeau pour celui qui le reçoit.
De nombreuses philosophies conservent cette notion : l’âme est restituée
à son donneur premier, ou bien elle se dissout dans un état nébuleux,
quelque part entre l’être et le non-être. Pourtant, l’âme est avant tout
créatrice. On peut la considérer de bien des points de vue, on peut, jusqu’à
un certain point, en décrire les caractéristiques ; et d’ailleurs, la plupart de
mes lecteurs pourraient les découvrir par eux-mêmes s’ils étaient
suffisamment motivés, si c’était là leur souci premier. L’âme, l’entité, est la
plus motivée, la plus énergisée et la plus puissante des unités de conscience
connues dans n’importe quel univers.
C’est de l’énergie concentrée à un point tout à fait incroyable pour vous.
Elle contient des potentiels illimités mais elle doit établir sa propre identité
et former ses propres mondes. Elle porte en elle le fardeau de tout être. En
elle se trouve un potentiel de personnalités qui dépasse votre entendement.
Souvenez-vous que c’est de votre âme, de votre entité, que je parle, aussi
bien que de l’âme, ou entité, en général. Vous êtes l’une des manifestations
de votre propre âme. Lequel d’entre vous souhaiterait limiter sa réalité, sa
réalité entière, à l’expérience qu’il connaît à présent ? C’est pourtant ce que
vous faites lorsque vous imaginez que votre moi présent est votre
personnalité entière, ou quand vous insistez pour que votre identité demeure
inchangée au cours d’une éternité sans fin.
(22h43.) Une telle éternité serait tout à fait morte. De bien des façons,
l’âme est un Dieu en devenir, et nous examinerons dans ce livre le
« concept de Dieu ». Pour l’instant, nous allons seulement nous intéresser à
l’entité, à l’âme, à ce moi plus vaste qui murmure en ce moment même dans
les recoins cachés de l’expérience propre à chaque lecteur. Dans ce livre,
j’espère non seulement vous assurer de l’éternelle validité de votre âme, de
votre entité, mais également vous aider à sentir la vitalité de sa réalité en
vous-même. Pour cela, il faut que vous ayez une idée correcte de votre
propre structure psychologique et psychique. Quand vous aurez mieux
compris qui vous êtes et ce que vous êtes, je pourrai expliquer plus
clairement qui je suis et ce que je suis. J’espère vous révéler les aspects
profondément créatifs de votre être, pour vous permettre d’élargir, de dilater
votre champ d’expérience.
(Avec humour.) C’est la fin de la dictée. Maintenant, accordez-nous un
instant. (Une pause.)
Je voulais démarrer ce chapitre, car Ruburt se sent toujours mieux
lorsqu’un chapitre est entamé. Cela met fin au suspense (sourire) sur le
contenu du chapitre à venir. Mais accordez-moi un instant. (Une pause.)
Maintenant. Souvenez-vous, dans le portrait que vous êtes en train de
faire, de garder le sens du jeu et d’avoir la main légère. Sinon, vous perdez
l’éclat de vos couleurs et vous vous retrouvez avec une lourdeur qui n’est
pas dans votre intention. Rappelez-vous que l’âme est à nu derrière la
façade que vous voyez – et que même le corps est dans un état constant
d’activité presque magique, bien qu’il soit physiquement immobile quand
vous le peignez dans son fauteuil.
(Ici, de manière inattendue, Seth fait allusion à un grand portrait sur
lequel je travaille depuis un mois et qui m’a donné beaucoup de mal
aujourd’hui. Ce tableau représente un patient à l’hôpital où se trouve mon
père. Le sujet est assis, raide et muet, dans son fauteuil roulant. Tout allait
bien jusqu’au moment où j’ai rencontré des difficultés avec la couleur des
vêtements. Cela m’a tellement énervé que j’ai fini par tout refaire.
Comme d’habitude, les observations de Seth sur la peinture sont
excellentes ; je l’ai déjà dit plusieurs fois. Et je n’ai jamais entendu Jane
parler peinture comme Seth le fait. Ces deux personnalités abordent le sujet
à partir de points de vue diamétralement opposés.)
Sous cette immobilité apparente, vous cherchez à donner l’impression
d’une activité rapide et contenue, qui ne peut s’exprimer physiquement et
qui doit irradier du tableau, en dépit de l’apparence trompeuse de votre
personnage.
Vous mettez peut-être trop l’accent sur certains aspects du fauteuil en tant
qu’élément maintenant votre personnage dans un état plus ou moins
stationnaire. Comme vous le savez, lui aussi crée le fauteuil, et par
conséquent ses propres limitations. Je crois qu’il y a, ou qu’il y a eu,
quelques difficultés (en effet !) avec le coin inférieur droit. Il a peut-être
besoin de lumières plus transparentes – mais qui ne soient pas appliquées de
manière trop évidente. Vous êtes en train de résoudre ces problèmes. Avez-
vous des questions ?
(« Je ne crois pas. Je n’arrive plus à penser. »)
Alors, je vais terminer notre session. Mes plus chaleureuses pensées et un
très cordial bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. C’était très bien. »)
Merci d’avoir noté la dictée malgré votre fatigue.
(« Je n’étais pas si fatigué que ça. »
22h58. Le débit de Jane a été bon jusqu’à la fin de la session.)

SESSION 527
LUNDI 11 MAI 1970

(21h12.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons continuer le chapitre que nous avons commencé.
De nombreuses personnes imaginent que l’âme est un ego immortalisé,
oubliant que l’ego, tel que vous le connaissez, n’est qu’une petite partie de
l’être ; cette portion de la personnalité est alors simplement projetée en
avant, à l’infini pour ainsi dire. Vous comprenez si mal les dimensions de
votre réalité que vos concepts sont forcément limités. Lorsque le genre
humain pense à « l’immortalité », il semble espérer un nouveau
développement de l’ego, tout en rejetant l’idée que ce développement
puisse impliquer un changement. Il affirme, par ses religions, qu’il a une
âme, sans demander ce qu’est une âme ; et, une fois encore, il semble
souvent la considérer comme un objet en sa possession.
Or même la personnalité que vous connaissez change constamment, et
pas toujours comme vous l’aviez imaginé – le plus souvent, de façon
imprévisible. Vous insistez pour focaliser votre attention sur les
ressemblances qui existent dans l’étoffe de votre comportement ; et à partir
de ces ressemblances, vous élaborez une théorie selon laquelle le moi est
conforme à un schéma donné, alors que c’est vous qui lui appliquez ce
schéma. Et le schéma appliqué vous empêche de voir le moi tel qu’il est
réellement. Par conséquent, vous projetez aussi ce point de vue déformé sur
votre concept de l’âme. Vous considérez l’âme à la lumière de vos
conceptions erronées sur la nature de votre moi mortel.
(21h25.) Même le moi mortel est pourtant bien plus merveilleux, bien
plus miraculeux que vous ne le percevez ; il possède beaucoup plus de
capacités que vous ne lui en accordez. Vous ne comprenez pas encore la
nature véritable de la perception, même en ce qui concerne le moi mortel, et
vous ne pouvez donc pas vraiment comprendre les perceptions de l’âme.
Car avant tout, l’âme perçoit et crée. Rappelez-vous, encore une fois, que
vous êtes une âme, en ce moment même. L’âme en vous est donc en train
de percevoir. Ses méthodes de perception sont ce qu’elles étaient avant
votre naissance physique et ce qu’elles seront après votre mort. La partie
interne de vous, l’étoffe de l’âme, ne va donc pas brusquement changer ses
méthodes de perception ou ses caractéristiques après votre mort physique.
Par conséquent, vous pouvez savoir maintenant ce qu’est l’âme. Ce n’est
pas quelque chose qui vous attend à votre mort, ni quelque chose que vous
devez sauver ou racheter, ni non plus quelque chose que vous pouvez
perdre. L’expression « perdre son âme » ou « sauver son âme » résulte
d’une grossière erreur d’interprétation ; elle est inappropriée, car l’âme est
la partie de vous-même qui est tout à fait indestructible. Nous entrerons
dans ce sujet particulier dans la partie du livre consacrée à la religion et au
concept de Dieu.
La personnalité que vous connaissez, cette partie de vous que vous
considérez comme la plus précieuse, la plus unique, ne sera, elle non plus,
jamais détruite ni perdue. C’est une partie de l’âme. Votre personnalité ne
sera pas avalée par l’âme, ni effacée ou assujettie par elle ; elle ne pourra
pas non plus en être séparée. Néanmoins, elle ne constitue qu’un aspect de
votre âme. Votre individualité, quelle que soit la manière dont vous voulez
la penser, continue à exister, selon vos termes.
Votre individualité continue à grandir et à se développer, mais sa
croissance et son développement dépendent largement de sa capacité à
comprendre que tout en étant distincte et individuelle, elle n’est que l’une
des manifestations de l’âme. Dans la mesure où elle le comprend, elle
apprend à déployer sa créativité et à utiliser les capacités intrinsèques qui
reposent en elle.
Il serait malheureusement beaucoup plus facile de vous dire que votre
individualité continue à exister, et de s’en tenir là. Cela ferait une parabole
passable, et qui a déjà été contée de cette manière ; mais la simplicité même
de ce conte comporte des dangers. La vérité est que la personnalité que
vous êtes maintenant, celle que vous avez été et celle que vous serez, selon
votre compréhension du temps, toutes ces personnalités sont des
manifestations de l’âme, de votre âme.
(21h42.) Par conséquent, votre âme, l’âme que vous êtes, l’âme dont
vous êtes une partie, est un phénomène bien plus créatif et bien plus
miraculeux que vous ne le supposez. Et, comme je l’ai dit précédemment, si
l’on ne comprend pas parfaitement ce concept, si on l’affaiblit par facilité,
on ne peut pas comprendre l’intense vitalité de l’âme. Votre âme possède
donc les informations, la connaissance et la sagesse qui font partie de
l’expérience de toutes ces autres personnalités ; vous pouvez accéder à ces
informations à l’intérieur de vous-même, mais seulement si vous
comprenez la nature véritable de votre réalité. Permettez-moi d’insister à
nouveau sur le fait que ces personnalités existent de manière autonome dans
l’âme, qu’elles en font partie, que chacune d’entre elles est libre de s’y
développer et de créer.
Il existe toutefois une communication interne, et la connaissance d’une
personnalité est à la portée de n’importe quelle autre – non pas après la
mort physique, mais maintenant, dans votre instant présent. Or l’âme elle-
même, nous l’avons vu, n’est pas statique. Elle grandit et se développe à
travers l’expérience même des personnalités qui la composent ; elle est,
pour dire les choses aussi simplement que possible, davantage que la
somme de ses parties.
(21h50.) Or il n’existe en réalité pas de système clos. À l’intérieur de
votre système physique, la nature même de vos perceptions limite votre
idée de la réalité, parce que vous vous focalisez délibérément sur un « lieu »
donné. Mais fondamentalement, la conscience ne peut pas être un système
clos, et toute barrière de cette nature est une illusion. L’âme elle-même n’est
donc pas un système clos. Pourtant, lorsque vous considérez l’âme, vous la
concevez en général sous ce jour-là – invariable, comme une citadelle
psychique ou spirituelle. Mais les citadelles ne font pas que maintenir les
ennemis à l’extérieur, elles imposent également une limite à leur propre
croissance et à leur développement.
Il y a ici de nombreux sujets difficiles à formuler, car vous craignez
tellement tout ce qui pourrait menacer le sentiment de votre propre identité
que vous résistez, par exemple, à l’idée que l’âme est un système spirituel
ouvert, un générateur de créativité qui fuse dans toutes les directions – ce
qui est pourtant bien le cas.
Tout en vous disant cela, je vous rappelle que votre personnalité présente
n’est jamais perdue. Un autre mot pour l’âme est « entité ». Il ne s’agit pas
seulement de vous donner une définition de l’âme, de l’entité ; car pour
obtenir une définition en termes logiques, il faudrait que vous la
compreniez en termes spirituels, psychiques et électromagnétiques, et que
vous compreniez aussi la nature essentielle de la conscience et de l’action.
Mais vous pouvez découvrir intuitivement la nature de l’âme, de l’entité ;
et, à bien des égards, la connaissance intuitive est supérieure à toute autre.
Pour comprendre l’âme de cette manière intuitive, il faut d’abord le
désirer. Si vous en avez un désir suffisant, vous serez automatiquement
conduit à des expériences qui résulteront en une connaissance subjective,
claire et indubitable. Il existe des méthodes pour y parvenir, et je vous en
indiquerai d’ici à la fin de ce livre.
(22h02.) Pour l’instant, voici un exercice simple mais très efficace. Ayant
lu ce chapitre jusqu’ici, fermez les yeux et essayez de sentir en vous-même
la source de pouvoir d’où proviennent votre souffle et votre force vitale.
Certains d’entre vous y parviendront dès la première tentative, d’autres
mettront plus longtemps. Quand vous sentez cette source en vous, essayez
de sentir son pouvoir couler vers l’extérieur à travers tout votre être
physique, par vos doigts et vos orteils, par tous les pores de votre peau, dans
toutes les directions, avec vous-même au centre. Imaginez ses rayons sans
limites traversant le feuillage et les nuages au-dessus de vous, passant par le
centre de la Terre en dessous, et s’étendant jusqu’aux plus lointains confins
de l’univers.
Or il ne s’agit pas là d’un exercice symbolique ; il s’appuie sur
l’imagination, mais il repose sur des faits. Les émanations de votre
conscience et la créativité de votre âme s’étendent effectivement hors de
vous de cette manière. Cet exercice vous donnera une idée de la nature, de
la vitalité et de la créativité véritables de l’âme, dans laquelle vous pouvez
puiser votre propre énergie et dont vous constituez une partie individuelle et
unique.
(Avec humour.) Vous pouvez faire une pause.
(« Merci. »
22h10. Jane était dans une transe profonde, avec un débit rapide et peu
de pauses. Seth, dit-elle, aurait pu continuer gaiement sans faiblir. Il fait
une pause uniquement parce que j’ai délibérément posé ma main fatiguée
sur le canapé. Jane se sent bien. Elle n’a pas du tout l’impression qu’une
heure est passée. Remarquez la quantité de matériau fourni.
Comme souvent, Jane dit qu’elle n’a aucun souvenir de la première
partie du chapitre, donnée le 4 mai. Reprise, de la même manière rapide, à
22h17.)
Maintenant. Ce développement n’est pas destiné à présenter un propos
ésotérique, vide de sens pratique pour votre vie quotidienne. Mais tant que
vous gardez une vision étroite de votre réalité, vous ne pouvez pas tirer
parti, dans la pratique, des capacités multiples qui sont les vôtres ; et tant
que vous gardez une conception limitée de l’âme, vous vous coupez de la
source de votre être et de votre propre créativité.
Or ces facultés fonctionnent que vous le sachiez ou non, mais elles
fonctionnent souvent malgré vous plutôt qu’avec votre coopération
consciente ; lorsque vous vous rendez compte que vous les employez, cela
vous trouble, cela vous désoriente et vous fait peur. Quoi qu’on ait pu vous
dire, vous devez par exemple comprendre que, fondamentalement, les
perceptions ne sont pas physiques, en tout cas pas dans le sens où ce mot est
employé d’ordinaire. Si vous vous surprenez à percevoir des données sans
utiliser vos sens physiques, vous devez admettre que la perception
fonctionne de cette manière.
Vous avez une perception si étroite de la réalité que vous prenez peur
quand vous percevez quelque chose qui ne correspond pas à l’idée que vous
vous en faites. Or je ne parle pas ici simplement de ce que l’on nomme
globalement les « perceptions extrasensorielles ». Si ces expériences vous
paraissent extraordinaires, c’est uniquement parce que vous avez nié
pendant si longtemps l’existence de toute perception qui ne vous arriverait
pas par vos sens physiques.
La notion de perception extrasensorielle ne donne qu’une grossière idée
du processus fondamental qui permet au moi interne de recevoir des
informations, mais les concepts qui entourent cette notion se rapprochent
davantage de la vérité ; ils représentent un progrès par rapport à l’idée que
toute perception est fondamentalement physique.
Or il est pratiquement impossible de séparer une réflexion sur la nature
de l’âme d’une réflexion sur la nature de la perception. Passons rapidement
en revue quelques points : vous formez la matière et le monde que vous
connaissez. On peut dire que les sens physiques créent le monde physique,
parce qu’ils vous obligent à percevoir un champ d’énergie disponible en
termes physiques, et parce qu’ils appliquent sur ce champ une grille très
spécifique. Si l’on utilise les sens physiques, on ne peut pas percevoir la
réalité de manière différente.
(22h44.) Cette perception physique ne modifie nullement la perception
originelle, essentielle et libre, du moi interne, qui est la partie de l’âme qui
se trouve en vous. Le moi interne connaît sa relation avec l’âme. C’est une
partie du moi qui agit, pourrait-on dire, comme un messager entre l’âme et
la personnalité présente. Vous devez aussi vous rendre compte que je parle
d’« âme », d’« entité », de « moi interne » et de « personnalité présente »
uniquement dans le but d’être compris ; il n’y a pas d’endroit où l’un finisse
et l’autre commence.
Voyez la manière dont les psychologues utilisent les termes « ego »,
« subconscient » et même « inconscient ». Ce qui semble subconscient à un
moment donné peut être conscient l’instant suivant. Une motivation
inconsciente peut se faire consciente. Même en ces termes, votre expérience
vous indique que les mots créent des divisions là où il n’en existe pas.
Vous croyez ne percevoir que par vos sens physiques ; mais il vous suffit
d’élargir l’idée que votre ego se fait de la réalité pour découvrir que le moi
de l’ego accepte volontiers l’existence d’informations non physiques.
(Une pause à 22h53.) Lorsqu’il le fait, cela transforme, cela élargit l’idée
qu’il se fait de lui-même car vous avez supprimé les limites qui
l’empêchaient de grandir. Or tout acte de perception change celui qui
perçoit, et donc l’âme, considérée comme ce qui perçoit, s’en trouve
également modifiée. Il n’y a pas de réelle division entre celui qui perçoit et
ce qui est perçu. De bien des façons, la chose perçue est une extension de
celui qui perçoit. Cela peut paraître étrange, mais tout acte est mental ou, si
vous préférez, psychique. C’est une explication extrêmement simple,
mais la pensée crée la réalité. Puis celui qui crée la pensée perçoit l’objet,
mais sans comprendre le lien qui existe entre lui et cette chose
apparemment séparée de lui.
Cette capacité de matérialiser les pensées et les émotions est un attribut
de l’âme. Or, dans votre réalité, ces pensées deviennent physiques. Dans
d’autres réalités, elles peuvent être « construites » d’une manière toute
différente. Ainsi votre âme, qui est ce que vous êtes, construit pour vous
votre réalité physique quotidienne à partir de la nature même de vos idées et
de votre attente.
Il est donc facile de voir l’importance de vos sentiments subjectifs. Cette
connaissance – le fait que votre univers soit de l’idée construite – peut vous
donner immédiatement des pistes pour améliorer votre environnement, et
les circonstances qui sont les vôtres. Si vous ne comprenez pas la nature de
l’âme, et le fait que les pensées et les sentiments forment la réalité
physique, vous vous sentez impuissants à la changer. Dans des chapitres
prochains, j’espère fournir certaines données pratiques qui vous permettront
de modifier concrètement la structure de votre vie quotidienne, et sa nature
même.
(Jane, en tant que Seth, se penche en souriant.) La fatigue est-elle en
train de vous gagner ?
(« Je ferais bien une pause. Une petite. » Toujours en transe et assez
amusée, Jane continue à m’observer. Ses yeux sont très sombres. « Ça va,
dis-je. Vous voulez continuer ? Moi, ça va. »)
Je ne voudrais pas avoir cela sur la conscience. Nous aurions besoin de
doigts supplémentaires pour vous. Mais faites une pause. (Avec humour.) Je
ne veux pas vous retenir trop longtemps.
(« Ça va. »
D’une voix soudain forte et puissante.) Je pourrais dicter toute une nuit,
une fois, et vous pourriez supprimer trois sessions.
(« Je n’en doute pas. »
23h09. La transe de Jane a de nouveau été bonne, et j’ai de nouveau la
crampe de l’écrivain. Seth pourrait parler toute la nuit, j’en suis sûr ; les
seules limites sont ici les nôtres. Jane ressent une énergie très forte.
De retour à 23h28, Seth annonce que cette pause marque la fin de la
dictée pour ce soir. Il donne ensuite une page de matériau personnel pour
Jane et moi, et termine la session d’humeur joviale, à 23h35.)

SESSION 528
MERCREDI 13 MAI 1970

(21h03.) Maintenant. Bonsoir.


(« Bonsoir, Seth. »
Sourire.) C’est l’heure de l’écrivain, et nous allons reprendre la dictée.
L’âme perçoit toute expérience directement. La plupart des expériences
dont vous avez conscience arrivent dans un emballage physique ; vous
prenez l’emballage pour l’expérience elle-même et vous ne pensez pas à
regarder à l’intérieur du paquet. Le monde que vous connaissez est l’une
des infinies matérialisations possibles de la conscience, et il est valide en
tant que tel.
Mais l’âme n’est pas obligée de suivre les lois et les principes qui font
partie de la réalité physique ; elle ne dépend pas de la perception physique.
L’âme perçoit des actes et des évènements qui sont mentaux, et qui
reposent, en quelque sorte, sous les évènements physiques que vous
connaissez. Les perceptions de l’âme ne dépendent pas du temps, car le
temps est un camouflage physique qui ne s’applique pas à la réalité non
physique.
Il est difficile de vous expliquer le fonctionnement de l’expérience
directe, mais elle existe – c’est un champ total de perception, dépourvu des
indices de couleur, de taille, de poids ou de sensation tactile qui habillent
vos perceptions physiques.
(21h19.) On emploie des mots pour décrire une expérience, mais ces
mots ne sont évidemment pas l’expérience qu’ils tentent de décrire. Votre
expérience physique subjective est si étroitement liée au langage qu’il vous
est presque impossible de concevoir une expérience qui ne soit pas orientée
par la pensée verbale.
Or chaque évènement dont vous avez conscience est déjà une traduction
d’un évènement interne, mental ou psychique, qui est perçu directement par
l’esprit mais qui est traduit en termes de sens physiques par la partie du moi
orientée sur le monde physique.
Il va sans dire que l’âme n’a pas besoin d’un corps physique pour
percevoir ; que la perception ne dépend pas des sens ; que l’expérience se
poursuit que vous soyez dans cette vie ou dans une autre ; et que l’âme
applique en ce moment même, en vous, ses propres méthodes de
perception. Il s’ensuit que l’expérience du système physique dépend d’une
forme et de sens physiques – car, une fois encore, ceux-ci interprètent la
réalité en données physiques. Il s’ensuit également que certains indices de
l’expérience directe de l’âme ne s’obtiennent que si l’on éteint les sens
physiques – si l’on refuse de les utiliser pour se consacrer à d’autres
méthodes. C’est ce qu’on fait dans le rêve mais, même lorsque vous rêvez,
vous gardez souvent une tendance à traduire l’expérience en termes
physiques hallucinatoires. La plupart des rêves dont vous vous souvenez
sont de cette nature.
Cependant, dans certaines profondeurs du sommeil, la perception de
l’âme fonctionne relativement sans restriction. Vous buvez, pour ainsi dire,
à la source pure de la perception. Vous communiquez avec les profondeurs
de votre être, avec la source de votre créativité. Ces expériences, n’étant pas
traduites physiquement, ne demeurent pas le lendemain matin. Vous ne vous
en souvenez pas comme de rêves. En revanche, la nuit suivante, les rêves
pourront venir de ce que j’appelle « l’expérience de la profondeur ». Ces
rêves ne sont pas des traductions proches ou exactes de l’expérience, mais
plutôt des paraboles oniriques, ce qui est tout à fait différent.
(21h35.) Or ce niveau de conscience particulier, qui apparaît dans le rêve,
n’a pas été repéré par vos scientifiques. C’est dans ce niveau qu’est générée
l’énergie qui rend le rêve possible. Il est vrai que les rêves permettent au
moi physiquement orienté de digérer l’expérience courante, mais il est vrai
aussi que l’expérience est alors ramenée à ses composantes initiales. Elle se
scinde, pour ainsi dire, et certaines parties en sont conservées comme des
données physiques « passées » mais l’expérience d’ensemble retourne à son
état initial.
Elle existe donc « éternellement », séparée du revêtement physique dont
vous avez besoin pour la comprendre. L’existence physique est l’une des
manières choisies par l’âme pour faire l’expérience de sa réalité. L’âme, en
d’autres termes, a créé un monde pour que vous y habitiez, pour que vous le
changiez ; elle a créé une sphère complète d’activité dans laquelle de
nouveaux développements, et même de nouvelles formes de conscience,
peuvent émerger.
D’une certaine manière, vous créez continuellement votre âme, comme
elle vous crée vous-même.
Vous pouvez faire une pause.
(21h43. Par moments, le débit de Jane a été presque aussi rapide que la
dernière fois. Reprise plus lente à 22h05.)
L’âme ne diminue jamais ; ni, fondamentalement, aucune partie du moi.
On peut considérer l’âme comme un champ d’énergie électromagnétique
dont vous faites partie, un champ d’action concentrée, un générateur de
probabilités ou d’actions probables qui cherchent à s’exprimer ; un
ensemble de consciences non physiques qui, néanmoins, se connaît en tant
qu’identité. Vous pouvez voir les choses comme cela : la jeune femme par
qui je parle a écrit un jour dans un poème, je cite : « Ces atomes parlent et
se donnent mon nom. »
Or votre corps physique est un champ d’énergie qui a une certaine forme,
et lorsqu’on vous demande votre nom, vos lèvres le prononcent ; le nom
n’appartient pourtant pas aux atomes et aux molécules des lèvres qui
prononcent les syllabes. Ce nom n’a de sens que pour vous. Au sein de
votre corps, vous ne pouvez pas mettre le doigt sur votre identité. Même en
voyageant à l’intérieur de votre corps, vous ne trouveriez pas de site où
réside votre identité, et pourtant vous dites : « C’est mon corps » et : « C’est
mon nom ».
(22h14.) Si vous-même ne pouvez pas vous trouver à l’intérieur de votre
corps, où se trouve donc cette identité, qui affirme que les cellules et les
organes sont à elle ? Votre identité a manifestement un rapport avec votre
corps, puisque vous n’avez aucun mal à distinguer votre corps de celui de
quelqu’un d’autre, et vous n’avez aucun mal non plus à le distinguer de la
chaise, par exemple, sur laquelle vous êtes assis.
On peut pratiquement considérer l’identité de l’âme de la même façon.
Elle sait qui elle est, et elle connaît son identité avec plus de certitude que
votre moi physique ne connaît la sienne. Et pourtant, où trouver, dans ce
champ d’énergie électromagnétique, l’identité de l’âme en tant que telle ?
Elle régénère toutes les parties d’elle-même et vous donne l’identité qui
est la vôtre. Et si on lui demandait : « Qui êtes-vous ? », elle répondrait
simplement : « Je suis moi » et, ce faisant, elle répondrait pour vous.
(Une pause à 22h20.) En termes de psychologie – telle que vous la
comprenez –, l’âme peut être considérée comme une identité première qui
est en elle-même un ensemble aux formes changeantes constitué de
nombreuses consciences individuelles réunies – un moi illimité, capable de
s’exprimer de nombreuses façons, sous de nombreuses formes, tout en
maintenant sa propre identité, son propre « Je suis », tout en ayant
conscience que son « Je suis » peut faire partie d’un autre « Je suis ». Or
tout cela doit vous paraître inconcevable, mais le fait est que ce « Je suis »
est conservé, bien qu’il puisse, pour employer une image, se fondre en
d’autres champs d’énergie, et voyager en eux. Autrement dit, il existe un
échange constant entre les âmes, ou entités, avec des possibilités sans fin de
développement et d’expansion. Encore une fois, l’âme n’est pas un système
clos.
C’est uniquement parce que votre existence présente est tellement
focalisée sur une zone étroite que vous posez des limites aussi strictes à vos
définitions et au moi, pour ensuite les étendre à votre concept de l’âme.
Vous craignez pour votre identité physique, vous limitez l’étendue de vos
perceptions, par peur de ne pas parvenir à les gérer, par peur de ne pas
réussir à maintenir votre individualité.
L’âme ne craint pas pour son identité. Sûre d’elle-même, elle cherche
sans fin. Elle n’a pas peur d’être submergée par l’expérience ou par ce
qu’elle perçoit. Si vous aviez une compréhension plus globale de l’identité,
vous ne craindriez pas la notion de télépathie, car ce qui vous inquiète dans
la télépathie, c’est l’idée que votre identité puisse être balayée par les
suggestions ou les pensées de quelqu’un d’autre.
Aucun système psychologique n’est clos ; aucune conscience n’est close,
en dépit des apparences dans votre propre système. L’âme est voyageuse,
comme on l’a souvent dit ; mais c’est elle qui crée le voyage, et la
destination, selon vos termes. Elle crée des mondes en chemin, pour ainsi
dire.
Or c’est là la nature véritable de l’être psychologique dont vous faites
partie. Comme je l’ai dit, je ferai dans ce livre des suggestions pratiques qui
vous permettront d’identifier certaines de vos capacités les plus profondes
et de les utiliser pour votre édification, pour votre développement et pour
votre plaisir.
La conscience n’est pas fondamentalement construite sur les concepts du
bien et du mal qui vous préoccupent tant à l’heure actuelle. Par conséquent,
l’âme non plus. Cela ne signifie pas que ces problèmes n’existent pas dans
votre système, ni dans certains autres, et que le bien ne soit pas préférable
au mal. Simplement, l’âme sait que le bien et le mal ne sont que des
manifestations d’une réalité bien plus vaste.
Vous pouvez faire une pause.
(De 22h37 à 22h44.)
Je veux encore insister sur le fait que si tout cela paraît difficile lorsqu’on
essaye de l’exprimer, tout devient intuitivement beaucoup plus clair quand
on apprend à faire l’expérience de ce que l’on est ; car si vous ne pouvez
pas voyager à l’intérieur de votre corps physique pour y chercher votre
identité, vous pouvez voyager dans votre moi psychologique.
Tant que vous n’avez pas entrepris ce voyage par vous-mêmes, vous ne
pouvez pas imaginer toutes les merveilles à y découvrir. Vous êtes une
âme ; vous êtes la manifestation particulière d’une âme, et il serait absurde
de penser que vous devez demeurer ignorants de la nature même de ce que
vous êtes. Vous ne serez peut-être pas capables de formuler en mots la
connaissance acquise, mais cela ne retire rien à la validité de
l’expérience qui sera vôtre dès que vous commencerez à regarder en vous.
On peut appeler cela de l’exploration psychologique, psychique ou
spirituelle. Vous n’allez pas essayer de trouver votre âme, car il n’y a rien à
trouver dans ce domaine ; elle n’est pas perdue et vous non plus. Les mots
que vous employez ne font aucune différence, c’est votre intention qui
compte.
Fin de la dictée. Et maintenant, accordez-nous un instant, s’il vous plaît.
(Une pause à 22h51. Comme la dernière fois, Seth termine la session en
livrant une page de matériau personnel pour Jane et pour moi. Fin à
23h01.
Jane n’a pas lu le livre de Seth depuis longtemps, mais quand je lui
décris cette session, elle me demande de lui en donner quelques pages
quand je les aurai dactylographiées, pour les lire pendant son cours de
perception extrasensorielle.)
CHAPITRE 7

Le potentiel de l’âme

SESSION 530
MERCREDI 20 MAI 1970

(21h19.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée et commencer le chapitre 8.
(Remarque : c’est apparemment un lapsus.)
Vous avez l’impression de n’avoir que la forme physique que vous
percevez, à l’exclusion de toute autre. Il vous semble également que votre
forme ne peut se trouver que dans un endroit à la fois. Vous avez pourtant
d’autres formes que vous ne percevez pas ; et vous créez des formes
différentes dans toutes sortes de buts, même si vous ne les percevez pas non
plus de façon physique.
Votre sentiment d’identité est entièrement lié à votre corps, et vous avez
beaucoup de mal à vous imaginer sans lui, hors de lui ou séparé de lui d’une
manière ou d’une autre. La forme résulte d’énergie concentrée, dirigée par
des idées ou des émotions intenses. L’intensité est ici essentielle. Par
exemple, si vous avez un désir très vif d’être dans un endroit particulier, une
forme pseudo-physique de vous peut apparaître à l’endroit en question, sans
que vous en ayez conscience. C’est le désir qui transporte l’empreinte de
votre personnalité et de votre image, même si vous n’avez pas conscience
de cette image, ou de son apparition dans un autre endroit.
Cette image-pensée n’est d’ordinaire pas vue par autrui, mais il est
parfaitement possible que les instruments scientifiques puissent la détecter
un jour. Elle peut être perçue par ceux qui ont développé l’usage de leurs
sens internes. Tout acte mental intense – qu’il s’agisse d’une pensée ou
d’une émotion – est non seulement construit d’une manière physique ou
pseudo-physique, mais porte également la marque de la personnalité qui l’a
conçue à l’origine.
(21h30.) Il y a donc beaucoup de ces formes latentes ou en devenir. Pour
vous aider à imaginer ce dont je parle, vous pouvez penser à ces formes
comme à des images fantômes ou des ombres d’images – des formes situées
juste en dessous de la réalité physique que vous connaissez, qui n’ont pas
encore émergé complètement mais qui sont tout de même suffisamment
intenses pour être construites. Si vous pouviez les voir, vous penseriez
qu’elles sont tout à fait réelles.
Chaque individu envoie fréquemment des répliques, des images de lui-
même, mais leur degré de matérialisation varie ; certaines formes se
rapprochent davantage de l’ombre que d’autres. En tout cas, ce ne sont pas
de simples projections – ce ne sont pas des images « plates ». Elles ont un
effet défini sur l’atmosphère. D’une manière assez difficile à expliquer,
elles se « font une place », bien qu’elles coexistent parfois avec des formes
ou des objets physiques, et qu’elles puissent même leur être superposées.
Dans ce cas, une interaction existe de façon certaine ; il se produit un
échange situé, une fois encore, en dessous de la perception physique.
Imaginez que vous souhaitiez soudain, et avec force, vous retrouver par
exemple sur une plage qui vous est chère. Ce désir intense joue alors le rôle
d’un noyau d’énergie projeté hors de votre esprit et doté d’une forme : la
vôtre. La plage que vous avez visualisée attire la forme, et celle-ci s’y
retrouve instantanément. Et cela se produit très souvent.
Dans les circonstances ordinaires, cette forme de vous-même ne sera pas
vue. Cependant, si le désir était encore plus intense, le noyau d’énergie
serait plus important et une partie de votre propre courant de conscience
serait impartie à la forme si bien que, dans la pièce où vous vous trouvez,
vous pourriez, l’espace d’un instant, sentir l’odeur de la mer ou percevoir
l’environnement dans lequel se tient votre pseudo-image.
(21h44.) Dans ce cas, l’ampleur de la perception est très variable. Pour
commencer, votre forme physique résulte elle-même d’une grande
concentration affective. L’énergie fantastique de votre psyché ne s’est pas
bornée à créer votre corps physique – elle l’entretient également. Celui-ci
n’est d’ailleurs pas une chose continue, bien qu’il vous paraisse tout à fait
permanent tant qu’il dure. Il est en état de pulsation constante et, vu la
nature de son énergie, le corps, en réalité, clignote.
Maintenant. Tout cela est difficile à expliquer, et il n’est pas vraiment
nécessaire pour l’instant que vous compreniez les raisons de cette
pulsation ; mais, même physiquement, vous êtes « pas là » aussi souvent
que vous êtes là. La concentration et l’intensité de vos émotions créent des
formes de vous-même, en plus de votre corps physique – la durée et la
puissance de ces formes variant avec l’intensité de l’émotion d’origine.
Votre espace est donc plein de formes en devenir plus ou moins intenses,
situées en dessous de la structure ordinaire de la matière que vous percevez.
(En tant que Seth, Jane se penche par-dessus la table basse qui nous
sépare pour prendre mon verre de bière à moitié plein. Je le note à cause de
ce qui suit.)
Ruburt vous remercie. Vous n’avez pas besoin de noter cela. Nous
ralentissons de temps en temps pour choisir un mot particulier, car une
partie de ce matériau est assez difficile à formuler.
(« Intéressant. » J’avais remarqué des variations presque régulières dans
le débit de Jane, depuis le début de la session. Chaque segment de ce
rythme alternativement lent puis rapide couvre à peine quelques
paragraphes, ce qui produit un effet beaucoup plus visible que d’habitude.)
Ces projections sont donc constamment envoyées vers l’extérieur. Des
instruments scientifiques plus sophistiqués que ceux dont vous disposez
actuellement montreraient l’existence de ces formes et les vibrations
d’intensité variable qui entourent les objets physiques que vous percevez.
(21h57.) Pour mieux comprendre, regardez une table dans la pièce où
vous vous trouvez. Cette table est physique, dense, vous la percevez
facilement. Imaginez que derrière la table s’en trouve une autre semblable,
mais pas tout à fait aussi physique, et derrière celle-ci une autre, et une
autre encore – chacune étant plus difficile à percevoir, s’effaçant dans
l’invisibilité. Et de même devant la table se trouve une table tout à fait
semblable, à peine un peu moins physique que la table « réelle » – et qui
décline, là aussi, une succession de tables de moins en moins physiques, qui
s’étendent vers l’extérieur. Et la même chose pour chaque côté de la table.
Or tout ce qui apparaît en termes physiques existe également en d’autres
termes que vous ne percevez pas. Vous ne percevez les réalités que
lorsqu’elles atteignent une certaine « tonalité », lorsqu’elles semblent se
concrétiser en matière. Mais elles existent réellement et de manière tout à
fait valide, à d’autres niveaux.
Maintenant, vous pouvez faire une pause et vous détendre à un autre
niveau.
(De 22h02 à 22h20.) Il existe aussi des réalités (Une pause) qui sont
« relativement plus valides » que la vôtre ; en comparaison, votre table
physique ressemblerait à une ombre par rapport à ces tables-là. Vous auriez
alors, dans ces termes, une sorte d’« hyper-table ». Votre système n’est donc
pas formé par la concentration d’énergie la plus intense possible. C’est
seulement celui vers lequel vous êtes orientés et dont vous faites partie
intégrante, et c’est la raison pour laquelle vous le percevez.
Certaines parties de vous-mêmes dont vous n’avez pas pleinement
conscience résident donc réellement dans ce que vous appelleriez un hyper-
système de réalité, dans lequel la conscience apprend à percevoir, à gérer
des concentrations d’énergie bien plus fortes, et à construire des « formes »
d’une nature tout à fait différente.
Votre idée de l’espace est donc très déformée, puisque pour vous l’espace
est simplement là où l’on ne perçoit rien. Il est évidemment rempli de toutes
sortes de phénomènes (Une pause) qui ne produisent aucune impression sur
vos mécanismes de perception. Cependant, en certaines occasions, vous
pouvez vous ouvrir jusqu’à un certain point à ces autres réalités – et vous le
faites, de façon intermittente, même si vous oubliez souvent l’expérience,
du fait qu’elle ne se manifeste pas physiquement.
(Une pause à 22h30.) Revenons à cette forme que vous avez envoyée sur
une plage. Bien qu’elle ne soit pas équipée de vos sens physiques, elle
possède cependant une certaine capacité à percevoir. Vous projetez cette
forme sans le savoir, mais selon des lois parfaitement naturelles. Elle se
construit à partir d’un sentiment de désir intense. (Une pause.) Et l’image
qui en résulte suit ses propres lois de réalité ; d’une certaine façon, et à un
moindre degré que vous, elle possède une conscience. (Une pause.)
Vous êtes envoyés, pour faire encore une comparaison, par un hyper-moi
qui désirait fortement exister dans une forme physique. Mais vous n’êtes
pas des marionnettes de cet hyper-moi. Vous suivez vos propres lignes de
développement ; par des moyens bien trop complexes pour les expliquer ici,
vous ajoutez à l’expérience de l’hyper-moi et vous étendez la nature de sa
réalité. Ce faisant, vous assurez votre propre développement et vous pouvez
puiser dans les capacités de cet hyper-moi.
Vous ne serez jamais avalés non plus par ce moi qui, selon ces termes, a
l’air si supérieur. Comme vous existez, vous envoyez à l’extérieur des
projections de vous-mêmes qui vous ressemblent, nous l’avons dit. Il n’y a
pas de fin à la réalité de la conscience, ni aux moyens de sa matérialisation.
Il n’y a pas non plus de fin aux développements possibles de chaque
identité.
Maintenant. Je voulais commencer ce chapitre ce soir pour que nous
ayons un bon départ. Mais cette session sera courte, et simple.
(« Tout va bien. »)
Vous bâillez souvent.
(« Ça ne fait rien. Je me sens bien. »)
Alors faites une courte pause et nous continuerons.
(22h43. La transe de Jane a été bonne. Le rythme régulier de la session a
continué. Reprise à un débit plus lent à 22h54.)
Permettez-moi de le dire encore une fois : votre personnalité présente,
telle que vous la concevez, est réellement « indélébile » et continue à
grandir et à se développer après la mort.
Je le mentionne à nouveau ici pour que vous ne vous sentiez pas
insignifiants, niés ou perdus. Il y a évidemment toutes sortes de degrés dans
les genres de formes dont nous avons parlé. L’énergie même qui est projetée
à partir de notre « hyper-moi », l’étincelle d’identité qui a résulté en votre
naissance physique, cette impulsion unique offre en un sens beaucoup de
ressemblances avec le vieux concept de l’âme – sauf que celui-ci ne
contient qu’une partie de l’histoire.
(Une longue pause à 23h01. Jane s’arrête maintenant de façon très
évidente entre de nombreux morceaux de phrases.)
Vous existez et vous vous développez en tant qu’individus, mais votre
moi entier – votre âme – a un potentiel si vaste qu’il ne peut jamais
s’exprimer pleinement dans une seule personnalité, comme nous l’avons vu
dans un chapitre précédent.
Or, en focalisant vos émotions de façon intense, vous pouvez créer une
forme et la projeter vers une autre personne qui peut la percevoir. Cela peut
être fait de façon consciente ou inconsciente ; ce qui a son importance.
Nous ne parlons pas ici de ce qu’on appelle parfois la forme astrale, qui est
entièrement différente. Le corps physique est la matérialisation de la forme
astrale.
(23h05.) Cette forme ne déserte cependant jamais le corps très
longtemps, et ce n’est pas elle qui est projetée dans le cas de la plage de tout
à l’heure. Vous êtes en ce moment focalisés non seulement sur votre corps
physique, mais également sur une fréquence particulière d’évènements que
vous interprétez comme du temps. D’autres périodes historiques existent
simultanément, dans des formes tout aussi valides ; et d’autres moi
réincarnationnels également. Encore une fois, vous n’êtes tout simplement
pas branchés sur ces fréquences-là.
Vous pouvez savoir ce qui s’est produit dans le passé, et vous pouvez
avoir une histoire parce que, selon les règles du jeu que vous avez
acceptées, vous croyez que le passé peut être connu, mais pas l’avenir. Vous
pourriez avoir une histoire du futur si les règles du jeu étaient différentes.
Vous me suivez ?
(« Oui. »
Longue pause à 23h11.) Dans d’autres niveaux de réalité, les règles du
jeu sont différentes. Après la mort, selon vos termes, vous êtes
parfaitement libres sur le plan de la perception. Le futur apparaît aussi
clairement que le passé. Même cela est toutefois très compliqué, car il
n’existe pas un seul passé. Vous acceptez comme réelles certaines
catégories d’évènements, à l’exclusion de toute autre. Nous avons parlé des
évènements – il existe donc aussi des passés probables, qui sont totalement
au-delà de votre entendement. Vous choisissez un groupe particulier
d’évènements et vous vous accrochez à ce groupe comme seul possible,
sans vous rendre compte que vous l’avez choisi parmi une variété infinie
d’évènements passés.
Il existe donc, évidemment, des futurs probables et des présents
probables. J’essaie de présenter tout cela selon vos termes puisque,
fondamentalement, vous le comprenez, les mots « passé », « présent » ou
« futur » ne sont pas plus signifiants, en ce qui concerne l’expérience
véritable, que les mots « ego », « conscient » ou « inconscient ».
Je vais terminer la dictée pour ce soir. Dans cette soirée probable (avec
humour), je choisis cette alternative probable. Mes pensées affectueuses à
vous deux.
(23h20. Seth donne ensuite deux pages très intéressantes au sujet de
quelqu’un qui écrit des romans policiers tout en étant médium, et de sa
femme ; ils ont assisté à la session 529 du lundi 18 mai dernier, que nous
avons supprimée. La session de ce soir se termine donc à 23h35.)

SESSION 531
LUNDI 25 MAI 1970

(21h22.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons poursuivre notre dictée.
Vous êtes donc l’un des moi, parmi d’autres moi indépendants, chacun
focalisé sur sa propre réalité ; et il existe entre tous une relation de
sympathie. Par exemple, du fait de cette relation, votre expérience n’a pas à
être limitée par les mécanismes de la perception physique. Vous pouvez
puiser dans le savoir qui appartient à ces autres moi indépendants. Vous
pouvez apprendre à concentrer votre attention en dehors de la réalité
physique, vous pouvez découvrir d’autres méthodes de perception qui vous
permettent d’étendre votre concept de la réalité, et d’élargir votre propre
expérience.
(21h28. Le débit de Jane s’accélère graduellement.)
C’est seulement parce que vous êtes convaincus que l’existence physique
est la seule valide qu’il ne vous vient pas à l’idée de voir si d’autres réalités
existent. La télépathie et les phénomènes extralucides peuvent vous
indiquer qu’il existe d’autres types de perception, mais vous-mêmes êtes
impliqués dans des expériences spécifiques, aussi bien quand vous êtes
réveillés que dans votre sommeil.
Ce que l’on appelle le courant de conscience n’est que cela : un petit
courant de pensées, d’images et d’impressions ; il fait partie d’une rivière
bien plus profonde qui représente votre existence et votre expérience plus
vastes. Vous passez tout votre temps à examiner ce petit courant, et vous
êtes hypnotisés par la façon dont il coule, fascinés par son mouvement.
Pendant ce temps, les autres courants de perception et de conscience
passent sans que vous les remarquiez, alors qu’ils font également partie de
vous et qu’ils représentent des émotions, des actions, des évènements qui
sont parfaitement valides, dans lesquels vous êtes vous-mêmes impliqués
dans d’autres couches de réalité.
(21h35.) Vous êtes aussi activement et intensément impliqués dans ces
réalités que vous l’êtes dans celle qui reçoit toute votre attention. Or,
comme vous êtes, en général, concernés surtout par votre corps et par votre
moi physique, vous accordez toute votre attention au courant de conscience
qui semble s’y rapporter. Les autres courants de conscience sont pourtant
connectés à d’autres formes de votre moi, que vous ne percevez pas. Le
corps, en d’autres termes, est seulement une manifestation particulière de ce
que vous êtes dans une réalité particulière ; dans ces autres réalités, vous
avez d’autres formes.
« Vous » n’êtes séparés de ces autres courants de conscience en aucune
manière essentielle ; c’est la façon dont vous concentrez votre attention qui
vous en sépare, et qui vous sépare de tous les évènements auxquels ils sont
liés. Cependant, si vous vous dites que votre courant de conscience est
transparent, vous pouvez apprendre à voir à travers lui ce qui repose en
dessous, sur d’autres lits de réalité. Vous pouvez aussi apprendre à vous
élever au-dessus de votre courant actuel et en percevoir d’autres, qui
courent en parallèle. Le fait est que vous n’êtes limités au moi que vous
connaissez que si vous pensez l’être, que si vous pensez que ce moi-là est
votre identité complète.
Or vous vous connectez souvent à ces autres courants de conscience sans
vous en rendre compte – car, encore une fois, ils font partie de cette même
rivière qui est votre identité. Ils sont donc tous reliés entre eux.
Tout travail créatif vous engage dans un processus de coopération qui
vous apprend à puiser dans ces autres courants de conscience, à y trouver
une perception beaucoup plus vaste que celle du courant de conscience
étroit que vous connaissez d’ordinaire. C’est la raison pour laquelle toute
créativité majeure est multidimensionnelle ; elle trouve sa source non pas
dans une seule réalité mais dans plusieurs, et elle est colorée par la
multiplicité de cette origine.
(21h49.) Une créativité forte donne toujours l’impression de sortir du
cadre de sa réalité, de sa dimension physique propre. Par contraste avec ce
qui est habituel, elle ressemble presque à une intrusion. Elle coupe le
souffle. Une créativité de ce genre rappelle automatiquement à chaque être
humain sa propre réalité multidimensionnelle. L’expression « Connais-toi
toi-même » a donc une signification beaucoup plus profonde que ce qu’on
suppose en général.
D’ailleurs, dans des moments où vous êtes seuls, vous pouvez découvrir
certains de ces autres courants de conscience. Vous pouvez par exemple
entendre des mots ou voir des images qui semblent sans rapport avec vos
propres pensées. Selon votre éducation, selon vos croyances et votre
histoire, vous pouvez les interpréter de différentes façons. Ils peuvent
d’ailleurs avoir des origines variées. Souvent, cependant, vous vous êtes
connectés par inadvertance à l’un de vos autres courants de conscience,
vous avez momentanément ouvert un canal vers ces autres niveaux de
réalité dans lesquels résident d’autres parties de vous-mêmes.
Certains de ces mots ou de ces images peuvent avoir un rapport avec les
pensées de ce que vous appelleriez un moi réincarnationnel, focalisé sur
une autre période de l’histoire, telle que vous la concevez. Ou bien, selon
votre inclination naturelle et votre souplesse psychique, selon votre
curiosité et votre désir d’apprendre, vous pouvez aussi « piocher » un
évènement impliquant l’un de vos moi probables. Autrement dit, vous
pouvez prendre conscience d’une réalité beaucoup plus étendue que celle
que vous connaissez à présent ; vous pouvez utiliser des facultés que vous
possédez sans vous en rendre compte et savoir, sans l’ombre d’un doute,
que votre conscience et votre identité sont indépendantes du monde sur
lequel toute votre attention porte à présent. Si ce n’était pas le cas, je ne
serais pas en train d’écrire ce livre, ni vous en train de le lire.
(Humour léger.) Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(« Merci. » De 22h01 à 22h10.)
Ces autres existences qui sont les vôtres se poursuivent tout à fait
joyeusement, que vous soyez réveillés ou endormis mais, en général, vous
les maintenez à distance tant que vous êtes réveillés. Dans le rêve, vous
vous en rendez bien mieux compte, même s’il se produit dans le rêve un
processus final qui masque souvent cette expérience psychologique et
psychique intense ; et malheureusement, c’est de la version finale du rêve
que vous vous souvenez d’habitude.
Dans cette version finale du rêve, l’expérience fondamentale est
convertie aussi fidèlement que possible en termes physiques. Elle est donc
déformée. Ce processus de retouche n’est cependant pas conduit par des
couches profondes du moi ; c’est un processus beaucoup plus proche de la
conscience que vous ne le pensez.
Un point particulier expliquera peut-être ce que je veux dire. Si vous ne
voulez pas vous souvenir d’un rêve particulier, vous en censurez le souvenir
à des niveaux très proches de la conscience. Vous pouvez même vous
surprendre en train de lâcher intentionnellement le souvenir d’un rêve. Le
processus de retouche se produit presque au même niveau, mais pas tout à
fait.
Ici, l’expérience fondamentale est habillée à la hâte et, autant que
possible, avec les vêtements du monde physique. Et cela, non pas parce que
vous voulez comprendre l’expérience, mais parce que vous la refusez
fondamentalement, car elle n’est pas physique. Tous les rêves ne sont pas de
cette nature : certains prennent place dans des zones psychiques ou
mentales reliées à vos activités quotidiennes, et dans ce cas aucun processus
d’habillage n’est nécessaire. Mais dans les très grandes profondeurs de
l’expérience du sommeil – celles qui, incidemment, n’ont pas encore été
détectées par les scientifiques qui étudient le rêve – vous êtes en
communication avec d’autres parties de votre propre identité et avec les
réalités dans lesquelles elles existent.
(22h20.) Dans cet état, vous menez à bien des tâches et des entreprises
qui peuvent être sans rapport avec ce que vous considérez comme vos
intérêts. Vous y étudiez, vous jouez, vous acquérez de l’expérience ; vous
êtes tout sauf endormis (sourire), selon le sens que vous donnez à ce terme.
Vous y êtes extrêmement actifs. (Avec humour.) Vous y prenez part au
travail souterrain, au fonctionnement fondamental de l’existence.
Permettez-moi d’ailleurs d’insister sur le fait que vous n’en êtes
absolument pas inconscients. C’est ce que vous croyez, parce qu’en général
vous ne vous souvenez pas de tout cela le lendemain matin. Dans une
certaine mesure, pourtant, certains se rendent compte de ces activités ; et il
y a des méthodes pour se les rappeler partiellement.
Je ne veux pas minimiser l’importance de l’état de conscience qui est le
vôtre, par exemple quand vous lisez ce livre. Je suppose que vous êtes
réveillés, mais de bien des façons, quand vous êtes réveillés, vous vous
reposez davantage que dans l’état prétendument inconscient de la nuit. Car
c’est la nuit que vous percevez amplement votre propre réalité, que vous
utilisez librement les facultés que vous ignorez ou que vous reniez pendant
la journée.
(22h26.) À un niveau très simple, par exemple, votre conscience quitte
fréquemment votre corps dans l’état de sommeil. Vous communiquez, dans
d’autres niveaux de réalité, avec des gens que vous avez connus ; mais
surtout, vous utilisez votre créativité pour entretenir votre image physique,
pour la régénérer. Vous traitez l’expérience quotidienne, vous la projetez
dans ce que vous pensez être le futur, vous choisissez parmi une infinité
d’évènements probables ceux que vous voulez rendre physiques, et vous
amorcez les processus mentaux et psychiques qui vont les amener dans le
monde de la substance.
Dans le même temps, vous mettez cette information à la disposition de
toutes les autres parties de votre identité, situées dans des réalités
totalement différentes, et elles font la même chose pour vous. Vous ne
perdez pas contact avec votre moi réveillé ordinaire ; c’est simplement que
vous ne vous focalisez pas sur lui, vous en détournez votre attention. Dans
la journée, le processus s’inverse. Si vous regardiez votre moi normal
quotidien de cet autre point de vue, vous trouveriez votre moi réveillé aussi
étrange que vous trouvez à présent le moi endormi. Mais la comparaison ne
tient pas, car votre moi endormi en sait beaucoup plus que le moi réveillé
dont vous êtes si fiers.
(22h35.) Cette division apparente n’est pas arbitraire, elle ne vous est pas
non plus imposée. Elle est simplement due à votre stade actuel de
développement, et d’ailleurs elle varie. Beaucoup de gens font des
excursions dans d’autres réalités – ils nagent pour ainsi dire dans d’autres
courants de conscience pendant leur vie réveillée normale. Et il arrive que
d’étranges poissons surgissent de ces eaux !
J’en suis un, bien évidemment, selon vos termes, moi qui monte d’autres
dimensions de réalité et qui observe une dimension d’existence qui est la
vôtre plutôt que la mienne. Il existe donc des canaux entre tous ces courants
de conscience, entre toutes ces rivières symboliques d’expériences
psychologique et psychique ; et on peut faire certains voyages en partant de
ma dimension aussi bien que de la vôtre.
Initialement, Ruburt, Joseph et moi faisions partie de la même entité, ou
identité globale ; ainsi, symboliquement parlant, nous sommes unis par des
courants psychiques. Tout cela se fond en ce qu’on a souvent comparé à un
océan de conscience, à une source d’où jaillit tout le réel. Partez de
n’importe quelle conscience et, théoriquement, vous trouverez toutes les
autres.
(Une pause à 22h43.) Or souvent l’ego fait barrage ; il essaie d’empêcher
d’autres perceptions de passer – non pas parce qu’il est censé le faire, ou
parce que c’est dans sa nature, ou même parce que c’est l’une de ses
fonctions principales, mais simplement parce qu’on vous a appris que la
fonction de l’ego est de nature restrictive plutôt qu’expansive. Vous vous
imaginez que l’ego est une partie faible du moi, qu’il doit se défendre
contre d’autres parties plus fortes, plus persuasives et même dangereuses ;
vous l’avez donc habitué à porter des œillères, tout à fait à l’encontre de son
inclination naturelle.
L’ego veut comprendre et interpréter la réalité physique ; il veut interagir
avec elle. Il veut vous aider à survivre au sein de l’existence physique, mais
comme vous lui mettez des œillères, vous entravez sa souplesse naturelle et
vous instituez une limite à ce qu’il peut percevoir. Puis, comme il se montre
inflexible, vous déclarez que c’est l’une de ses caractéristiques et sa
fonction naturelle.
Il ne peut pas interagir avec une réalité que vous ne lui permettez pas de
percevoir. Il ne peut pas vous aider correctement à survivre si vous ne le
laissez pas utiliser ses capacités pour découvrir les conditions véritables
dans lesquelles il doit fonctionner. Vous commencez par lui mettre des
œillères, puis vous dites qu’il ne voit rien.
Vous pouvez faire une pause.
(22h49. Jane a été parfaitement dissociée. « J’étais vraiment ailleurs, ce
soir, je peux te le dire… » Son débit a été bon, avec quelques courtes
pauses. Reprise à 23h02.)
C’était la fin de la dictée. Maintenant, accordez-nous un instant.
(Selon sa nouvelle habitude, Seth termine la session par deux pages de
matériau différent, au sujet cette fois des années de formation que Jane a
passées à écrire de la poésie et de la fiction. C’est très bien vu, me dis-je.
Seth explique comment la poésie de Jane a toujours été « une ramification
créatrice de sa soif de comprendre la nature de l’existence et de la réalité,
sa manière de sonder psychiquement d’autres réalités… une méthode
d’investigation et d’exploration des résultats ».
Ses œuvres de fiction, ajoute Seth, sont « sa manière de sonder des
probabilités et d’essayer de comprendre les autres. Tous ses écrits font
partie de sa vie créative, mais à présent son investigation sur la nature de
la réalité est bien plus directe. Il existe une grande unité dans les intérêts de
cette personnalité. Rien n’est laissé au hasard. Le moi créatif est
opérationnel : il va exactement là où il veut aller ».
Les expériences psychiques de Jane, dit Seth, ouvriront elles-mêmes
d’autres domaines de création, ce qui la conduira à creuser plus
profondément dans des fonds de créativité littéralement universels et infinis.
Fin à 23h21.)
CHAPITRE 8

Le sommeil, les rêves et la conscience

SESSION 532
MERCREDI 27 MAI 1970

(21h24.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
La quantité de sommeil dont les gens ont besoin varie énormément, et
aucune pilule ne permettra jamais de se passer entièrement du sommeil, car
un travail capital s’accomplit dans cet état. Mais le sommeil serait plus
efficace s’il était réparti sur deux périodes au lieu d’une seule.
Deux cycles de trois heures de sommeil suffisent amplement si l’on se
donne, avant de s’endormir, des suggestions adéquates pour assurer au
corps une récupération complète. La plupart du temps, dormir dix heures de
suite est contre-productif. Une si longue période de sommeil entraîne une
léthargie aussi bien physique que mentale. L’esprit est resté trop
longtemps loin du corps et la flexibilité musculaire s’en ressent.
(La dictée de Jane est plutôt rapide, jusqu’à la fin de la session.)
De même que plusieurs collations légères sont préférables à trois repas
par jour, de courtes siestes sont plus efficaces qu’une longue période de
sommeil. Ce système présenterait d’autres avantages. Le moi conscient se
souviendrait mieux de ses aventures dans le monde du rêve, et celles-ci
viendraient progressivement enrichir la totalité de l’expérience perçue par
l’ego.
Avec des périodes de sommeil plus courtes et plus fréquentes, votre
conscience atteindrait des sommets de concentration plus élevés, et votre
activité aussi bien physique que psychique serait régénérée plus
régulièrement. Il n’y aurait pas cette division radicale entre les différentes
zones, ou niveaux, du moi, ce qui entraînerait une meilleure utilisation des
nutriments et une meilleure gestion de l’énergie. La conscience, telle que
vous la connaissez, serait également plus souple et plus mobile.
Cela n’entraînerait pas un manque de clarté ou de focalisation de la
conscience. L’impression de clivage entre le moi qui dort et le moi réveillé
résulte en partie de cette division radicale entre leurs fonctions – les deux
moi étant séparés, avec une certaine durée attribuée à l’un et une durée plus
importante à l’autre. C’est votre façon d’utiliser le temps qui les maintient
séparés.
(21h36.) Au départ, votre vie consciente suivait le cycle de la lumière
solaire. Avec l’éclairage artificiel, cela n’a plus vraiment de raison d’être.
Or, pour l’instant, vous ne tirez pas pleinement parti des opportunités nées
de votre technologie. Il ne s’agit pas, bien sûr, de dormir toute la journée et
de travailler la nuit ; cela ne ferait qu’inverser les habitudes actuelles. En
revanche, il serait beaucoup plus efficace de diviser autrement la période de
vingt-quatre heures.
Toutes sortes de variations seraient préférables au système actuel. Dans
l’idéal, vous dormiriez cinq heures d’affilée et vous en tireriez le bénéfice
maximal ; le sommeil qui s’y ajoute n’apporte pas grand-chose. Ceux qui
ont besoin de davantage de sommeil peuvent faire une sieste de deux
heures. Pour d’autres, quatre heures de sommeil accompagnées de deux
siestes seraient idéales. Lorsqu’on lui donne les suggestions adéquates, le
corps peut récupérer dans la moitié du temps qui est à présent accordé au
sommeil. De toute façon, il est beaucoup plus vivifiant et bien plus efficace
de maintenir le corps physique actif pendant une période d’environ huit à
dix heures.
Vous avez donné à votre conscience certaines habitudes qui ne lui sont
pas forcément naturelles, et qui augmentent le sentiment d’aliénation entre
le moi réveillé et le moi qui rêve. D’une certaine manière, vous stupéfiez
votre corps à force de suggestions, si bien qu’il croit devoir dormir pendant
un certain nombre d’heures sans interruption. Les animaux dorment
lorsqu’ils sont fatigués, et se réveillent de manière beaucoup plus naturelle.
Vous vous souviendriez mieux de vos expériences subjectives et vous
seriez en meilleure santé si vous changiez vos habitudes de sommeil. Six à
huit heures en tout suffiraient, avec un programme de siestes adéquat. Et
même ceux qui croient avoir besoin de dormir beaucoup plus verraient que
ce n’est pas le cas si leur temps de sommeil était fractionné. Tout leur
système en bénéficierait, sur le plan physique aussi bien que mental ou
psychique.
Les divisions à l’intérieur du moi seraient moins importantes ; le travail
mental et physique serait facilité, et le corps régénéré plus régulièrement.
Pour l’instant, il doit souvent attendre – parfois pendant seize heures – quel
que soit l’état dans lequel il se trouve. Pour des raisons liées aux processus
chimiques qui se produisent pendant le rêve, la santé du corps s’en
trouverait améliorée ; ce programme spécifique serait également bénéfique
pour les schizophrènes, et pour tous ceux qui sont dépressifs ou
mentalement instables.
(21h52.) Votre sens du temps serait aussi moins rigide ; les capacités
créatrices seraient renforcées ; le grand problème de l’insomnie, qui
concerne tant de gens, serait largement vaincu – car ce qu’ils craignent, au
fond, c’est souvent la longue période pendant laquelle leur conscience, telle
qu’ils la conçoivent, semble éteinte.
Des collations ou des repas très légers seraient pris au réveil. Cette façon
de dormir et de se nourrir résoudrait un grand nombre de difficultés
métaboliques ; elle favoriserait également le développement des facultés
spirituelles et psychiques. Pour diverses raisons, l’activité physique a sur le
corps un effet différent selon qu’elle est pratiquée le jour ou la nuit ; et dans
l’idéal, les deux sont nécessaires.
À certains moments de la nuit, les ions négatifs de l’air sont beaucoup
plus nombreux, ou puissants, que pendant la journée ; et dans ces moments-
là, l’activité physique, en particulier la promenade ou toute activité
d’extérieur, est très profitable pour la santé.
Or les instants qui précèdent l’aube sont souvent un moment critique
pour les grands malades. La conscience a été loin du corps pendant si
longtemps qu’elle éprouve des difficultés à reprendre en charge les
mécanismes corporels déficients. Donner des somnifères aux patients pour
qu’ils dorment toute la nuit, comme on le fait d’ordinaire dans les hôpitaux,
est donc une pratique néfaste. Dans bien des cas, assumer de nouveau les
mécanismes défaillants est un effort trop important pour la conscience qui
revient au corps.
Qui plus est, ces médicaments font souvent obstacle à des cycles de rêves
qui aident le corps à se rétablir ; et la conscience s’en trouve sérieusement
désorientée. Certaines des divisions entre les différentes parties du moi ne
sont donc pas inéluctables ; elles résultent seulement de la coutume et de la
commodité.
Dans des périodes plus anciennes, avant même l’apparition de
l’électricité, le sommeil n’était pas constitué d’une longue période nocturne
ininterrompue, car les lieux où l’on dormait ne présentaient pas le même
degré de sécurité. L’homme des cavernes, par exemple, montait la garde
tout en dormant et demeurait attentif aux prédateurs. Les aspects mystérieux
de la nuit naturelle en extérieur le maintenaient partiellement en alerte. Il se
réveillait souvent pour surveiller son abri et les alentours.
(22h04.) Au lieu de dormir pendant une longue période ininterrompue
comme vous le faites, il dormait par phases de deux ou trois heures
réparties sur toute la période d’obscurité, du crépuscule à l’aube, en
alternance avec des phases où il était tout à fait réveillé et plein d’activité. Il
se glissait aussi à l’extérieur pour chercher à manger, quand il espérait que
les prédateurs qu’il craignait étaient endormis.
Tout cela avait pour résultat une mobilité de la conscience qui
garantissait effectivement sa survie physique ; il se souvenait des intuitions
qui lui étaient apparues en rêve et pouvait les mettre à profit lorsqu’il était
réveillé.
Or de nombreuses maladies sont tout simplement dues à la division que
vous pratiquez – à cette longue période d’inactivité corporelle, à cette
période de focalisation ininterrompue soit dans le rêve, soit dans l’état de
veille. Votre conscience normale bénéficie d’incursions et de périodes de
repos dans les champs de réalité dans lesquels vous pénétrez quand vous
dormez ; et la conscience prétendument endormie tire également profit de
fréquentes incursions dans l’état de veille.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(22h10. La transe de Jane a été profonde et son débit rapide. Elle se
souvient pourtant d’une partie du matériau, ce qui est inhabituel. Elle n’a
fait aucune lecture sur le sommeil ces temps-ci. « Tout ça me dépasse
complètement, dit-elle, je n’ai jamais eu d’idées de ce genre, en tout cas
consciemment. » Reprise de la même manière à 22h22.)
Maintenant. J’aborde ici ces sujets parce que changer vos habitudes de
cette manière entraînerait une meilleure compréhension de la nature du moi.
Si les parties internes de la personnalité en rapport avec le rêve vous
semblent si étranges, ce n’est pas seulement à cause de leur différence
fondamentale de focalisation ; c’est aussi parce que vous consacrez à ces
différentes zones du moi des périodes clairement opposées d’un cycle de
vingt-quatre heures.
Vous les séparez autant que possible. Et du coup vous séparez nettement
vos facultés de création intuitives, psychiques, de vos capacités de
fonctionnement physique, objectif. Peu importe le nombre d’heures de
sommeil dont vous pensez avoir besoin. Vous irez mieux en dormant sur
des périodes plus courtes, et vous aurez besoin de moins de sommeil. Le
bloc de sommeil le plus important doit se situer la nuit ; mais encore une
fois, le sommeil perd son efficacité au bout de six à huit heures, et toutes
sortes d’inconvénients se manifestent après six à huit heures d’inactivité
physique.
Il y aurait un meilleur fonctionnement des minéraux, des hormones, et en
particulier de la glande surrénale, avec les périodes d’activité alternées dont
je parle. L’usure du corps serait minimisée, alors que les pouvoirs de
régénération fonctionneraient à plein régime. Les différents métabolismes,
qu’ils soient rapides ou lents, en tireraient également profit.
Les centres psychiques seraient activés plus fréquemment et la
personnalité globale en serait renforcée. Il en résulterait une mobilité et une
souplesse de la conscience qui permettraient une meilleure concentration –
et les niveaux de fatigue resteraient toujours en dessous du seuil critique.
Cela aurait pour effet un meilleur équilibre, aussi bien sur le plan physique
que mental.
Ce genre d’horaire pourrait être facilement adopté. Ceux qui travaillent
aux heures ouvrables américaines pourraient faire une nuit de quatre à six
heures, selon les variations individuelles, et un somme après un repas pris
en fin d’après-midi. Je veux qu’il soit clair, en tout cas, que tout ce qui vient
s’ajouter à une période continue de six à huit heures de sommeil joue contre
vous ; et qu’une période de dix heures de sommeil, par exemple, peut être
absolument contre-productive. D’ailleurs, quand vous dormez si longtemps,
vous vous réveillez souvent non pas reposé mais vidé d’énergie : vous avez
négligé la boutique.
Si vous ne comprenez pas que votre conscience quitte vraiment votre
corps pendant les périodes de sommeil, ce que je viens de dire n’aura pas de
sens pour vous. Certes, votre conscience revient de temps en temps pour
vérifier le mécanisme physique, et la simple conscience des atomes et des
cellules – la conscience du corps – l’accompagne toujours, si bien qu’il
n’est pas vacant. Mais les parties profondément créatives du moi le quittent
réellement pendant de longues périodes.
(22h39.) Certains comportements vraiment névrotiques résultent de vos
habitudes de sommeil actuelles. D’une certaine façon, le somnambulisme
aussi. La conscience veut retourner au corps, mais on l’a hypnotisée avec
l’idée que le corps ne doit pas se réveiller. L’énergie nerveuse en surplus se
met aux commandes et pousse les muscles à l’activité, parce que le corps se
sait inactif depuis trop longtemps, il sait qu’il court le risque de fortes
crampes musculaires.
Il en va de même pour vos habitudes alimentaires. Tour à tour, vous
gavez puis vous affamez vos tissus. Cela a un effet sur la nature de votre
conscience, sur votre capacité de concentration et votre créativité. Avec vos
habitudes de sommeil, vous affamez littéralement votre corps la nuit, vous
accélérez son vieillissement en lui refusant toute nourriture pendant de si
longues heures. Tout cela se répercute sur la nature de votre conscience, et
sur sa force.
Votre consommation de nourriture devrait être répartie sur vingt-quatre
heures, et non pas seulement sur les heures de veille. En modifiant votre
rythme de sommeil comme je le suggère, vous vous nourririez pendant la
nuit et vous mangeriez beaucoup moins à « l’heure des repas ». De petites
quantités de nourriture prises plus fréquemment vous seraient beaucoup
plus bénéfiques que vos pratiques actuelles, sur le plan physique, aussi bien
que mental ou psychique.
Changer votre rythme de sommeil entraînerait automatiquement un
changement de rythme dans votre alimentation. Cela vous permettrait de
découvrir que vous êtes un tout beaucoup plus cohérent que vous ne
l’imaginez à présent. Vous vous rendriez compte, par exemple, que vous
êtes spontanément télépathes et extralucides ; et vous n’auriez plus le
sentiment qu’il existe une séparation profonde entre le moi du rêve et le moi
réveillé. Ce sentiment d’aliénation s’évanouirait largement.
Votre plaisir face à la nature serait également décuplé car, en règle
générale, vous ne connaissez pas la nature la nuit. Vous pourriez tirer
meilleur parti de la connaissance intuitive qui apparaît dans les rêves, et
votre humeur ne serait plus sujette aux larges variations qu’elle connaît à
présent. Vous vous sentiriez beaucoup plus à l’abri, beaucoup plus en
sécurité dans toutes les sphères d’existence.
Les problèmes de sénilité seraient diminués, car l’organisme ne serait pas
privé de stimuli pendant de si longues périodes. Grâce à cette souplesse
accrue, la conscience connaîtrait mieux son propre sentiment de joie.
Vous pouvez faire une pause. (Soudain plus fort.) Et si vous n’essayez
pas, comment pouvez-vous espérer que d’autres le fassent ?
(En plaisantant : « Je ne sais pas. »)
Vos périodes de travail créatif seraient plus efficaces et plus productives
si vous suiviez ces conseils.
(« On va voir ce qu’on peut faire. »
22h53. La transe de Jane a de nouveau été profonde et son débit rapide,
ce qui laisse ma main presque engourdie. Cette pause s’avère être la fin de
la prise de notes pour cette session.
À présent, pour la deuxième fois ces temps-ci, Seth et moi cédons au
plaisir d’une conversation sans prise de notes. Il m’explique en détail
comment modifier mes habitudes de sommeil pour améliorer ma peinture.
La conversation terminée, je regrette de ne pas l’avoir notée car elle
contenait de nombreuses informations applicables à la plupart des gens.
Jane termine la soirée en disant qu’elle n’était « même pas d’humeur pour
une session, ce soir. »
Depuis cette session – nous sommes le 1er juin au moment où je tape ces
notes – Jane et moi avons un peu essayé de modifier nos rythmes de
sommeil, et les idées de Seth nous semblent tout à fait réalisables. Après
une nuit de sommeil plus courte, nous n’avons aucune difficulté à nous
réveiller, alertes et en forme. Nous y ajoutons une ou deux périodes de
repos pendant la journée. Ce système nous apporte une acuité inhabituelle
et nous fait apprécier davantage toutes nos activités.)

SESSION 533
LUNDI 1er JUIN 1970
(21h20. Avant le matériau ci-dessous, Seth livre cinq pages de données
personnelles pour Jane et pour moi. Après une pause, il reprend la dictée
du chapitre 8 à 22h10.
Avec humour.) Dictée.
(« Très bien. »)
Maintenant. Il est bien connu que diverses fluctuations de la conscience
et de l’attention existent pendant le sommeil. Certaines périodes d’activité
dans le rêve surpassent en effet certains états réveillés. Mais il existe aussi
des fluctuations dans la conscience réveillée normale ; des rythmes
d’activité intense sont suivis de périodes moins actives.
Certains états réveillés sont bien sûr très proches du sommeil. Ces
rythmes se fondent si bien ensemble que cette alternance passe souvent
inaperçue. Les différents degrés de conscience s’accompagnent de
changements dans l’organisme physique. Les périodes les plus ralenties de
la conscience réveillée se caractérisent par un manque de concentration, une
fermeture plus ou moins importante aux stimuli, une augmentation du
nombre d’accidents et, de manière générale, une diminution du tonus
corporel.
(22h28.) L’habitude de dormir pendant une longue période, suivie d’une
longue période de veille, vous empêche de profiter pleinement de ces
rythmes de conscience. Les sommets en sont aplanis, ou passent même
inaperçus. La pleine acuité, la grande efficacité de la conscience réveillée
sont à peine utilisées.
Je donne ici tout ce matériau pour qu’il vous aide à comprendre vos
capacités actuelles, et à les utiliser. Vous en demandez trop à la conscience
réveillée normale ; vous aplatissez les hauts et les bas de son activité, et
vous ne profitez pas de la grande mobilité dont elle est capable ; vous lui
demandez à l’occasion de foncer à toute vitesse alors qu’elle se trouve dans
une période où ses capacités sont minimales.
(22h33.) Les suggestions données ici concernant les habitudes de
sommeil permettraient d’utiliser ces rythmes de façon naturelle. Vous en
ressentiriez mieux les sommets et vous vous concentreriez mieux, vous
apprendriez plus facilement et vous verriez les problèmes avec plus de
clarté.
(Aujourd’hui, j’ai fait remarquer à Jane que l’expression « beaucoup
plus » se rencontrait fréquemment dans la dictée. Maintenant, Jane-Seth se
penche et sourit avec une insistance feinte.)
J’allais dire : beaucoup plus de clarté.
(« Ah, oui ! »)
Maintenant. Pendant l’état de veille, il se produit une accumulation
d’éléments chimiques qui sont ensuite déblayés pendant le sommeil. Mais si
vous attribuez à l’état de veille une longue période ininterrompue, les
éléments accumulés finissent par entraîner une léthargie physique qui est un
obstacle à la concentration de la conscience. Si bien que, dans une sorte de
cercle vicieux, vous êtes alors obligés de recourir à la longue période de
sommeil à laquelle vous êtes habitués. Le corps doit fournir un surcroît de
travail pendant la nuit ; il est obligé de pratiquer en continu, sur une longue
période, une élimination physique qui, dans l’idéal, devrait être répartie sur
des périodes de repos plus courtes. L’ego se sent menacé par le « congé »
qu’on lui impose ; il finit par se méfier du sommeil et met en place des
barrières contre l’état de rêve. La plupart de ces barrières sont totalement
artificielles.
(22h42.) Tout cela entraîne une dualité apparente, une méfiance d’une
partie du moi envers l’autre. Une abondance de matériau créatif d’une
grande valeur pratique est ainsi perdue. Les procédures évoquées
permettraient d’accéder plus facilement à ce type d’information et le moi
réveillé serait mieux régénéré. Le symbolisme des rêves apparaîtrait
beaucoup plus clairement, au lieu de disparaître au cours des longues heures
que vous accordez au sommeil.
La force musculaire en serait améliorée. Le sang serait mieux nettoyé que
lorsque le corps est prostré pendant si longtemps. Surtout, il y aurait
beaucoup plus – pardonnez-moi l’expression – de communication entre les
couches subjectives du moi, avec un sentiment de sécurité plus important.
Les capacités de création des enfants se développeraient plus tôt.
Maintenant, vous pouvez faire une pause ou finir la session, comme vous
préférez.
(« Nous allons faire une pause. » De 22h50 à 23h04.)
Pour demeurer claire, dégagée, puissante, pour pouvoir interpréter
correctement la réalité, une conscience a besoin de fréquentes périodes de
repos. Sinon, elle déforme ce qu’elle perçoit.
Des cures de sommeil ou de repos – de très, très longues périodes de
sommeil – peuvent avoir une utilité thérapeutique dans certains cas, non
qu’elles soient en elles-mêmes bénéfiques, mais parce qu’il s’est accumulé
tellement de toxines dans le corps que ces périodes deviennent nécessaires.
Les processus d’apprentissage sont complètement entravés par vos
habitudes actuelles ; car il existe des périodes où la conscience est
naturellement ouverte à l’apprentissage, alors que vous essayez de la forcer
à apprendre pendant des périodes où, justement, vous ne vous rendez pas
compte que ses capacités sont minimales. Les capacités créatrices et
psychiques sont rejetées à l’arrière-plan du simple fait de cette division
artificielle. La dualité qui en résulte se répercute sur toutes vos activités.
Dans certains cas, vous vous forcez littéralement à dormir alors que votre
conscience pourrait fonctionner à son plus haut niveau. Cela se situe,
incidemment, dans la période qui précède l’aube. En revanche, pendant
certaines heures de l’après-midi, la conscience est diminuée et a besoin
d’un repos que vous lui refusez.
Si l’état de votre conscience lorsque vous êtes réveillés était étudié
comme on étudie actuellement le sommeil, on découvrirait qu’elle présente
des stades très divers, bien plus variés qu’on ne le suppose en général.
Certaines étapes de transition sont totalement ignorées. À bien des égards,
on peut dire que la conscience clignote et varie en intensité ; elle ne
ressemble certainement pas à un faisceau continu de lumière.
Je vais maintenant terminer notre dictée. Mes plus chaleureuses pensées à
vous deux.
(« Même chose pour vous, Seth. Merci. »
23h11. Une fois sortie de transe, Jane est étonnée de cette rapide fin de
session.)

SESSION 534
LUNDI 8 JUIN 1970

(Il n’y a pas eu de session mercredi dernier, le 3 juin.


À 20h30, Jane et moi discutons des progrès de Seth sur son livre. Jane est
un peu préoccupée. Bien qu’elle ne le lise pas, elle se rend compte que Seth
ne suit pas à la lettre le plan qu’il en avait donné. Je lui dis qu’il le présente
tout simplement comme il en a envie ; Jane reconnaît qu’elle ferait mieux
de ne pas s’inquiéter et de laisser le livre se faire.
J’aimerais à présent décrire deux phénomènes très particuliers qui se
sont produits presque en même temps, l’un chez Jane et l’autre chez moi,
quelques minutes avant le début de la session. De plus, la sensation que j’ai
ressentie s’est mêlée à une autre, apparue plus tard dans la session – mais
j’y reviendrai.
1. Alors que nous attendons, assis, que la session commence, Jane me dit
que le visage de Joseph, dans le portrait à l’huile que j’ai peint de Ruburt
et Joseph(2), lui a souri depuis l’endroit où il est accroché sur le mur du
salon. Quand Jane a pris conscience de ce sourire, elle a détourné les yeux
du tableau, pour y revenir très vite. Le sourire était toujours là, dit-elle ; il
a duré pendant peut-être deux minutes, jusqu’au début de la session, à 21h.
Assise dans son fauteuil à bascule, Jane fait face au tableau alors que, du
canapé où je me trouve, je lui tourne le dos. Je tourne plusieurs fois les
yeux vers le tableau sans rien remarquer de particulier. Jane me dit que
Joseph – qui représente ma propre entité – lui a adressé un large sourire, ce
qui n’est pas le cas du visage représenté dans le tableau. C’est l’expression
des yeux qui a changé en premier, puis le sourire est descendu vers la
bouche. Le front n’a pas bougé. C’est comme si le tableau était devenu
brusquement vivant, sans pourtant modifier le portrait de Ruburt.
Jane n’attache pas d’importance particulière à ce tableau et n’y a jamais
vu ce changement auparavant.
2. Le phénomène qui me concerne est un brouillage visuel que j’ai déjà
ressenti plusieurs fois au cours de ma vie. Ce brouillage, qui n’entraîne pas
de réelle perte de vision, a parfois pour effet secondaire un très léger mal
de tête, mais ce n’est pas le cas ce soir. Curieusement, je ne me suis jamais
inquiété de ce phénomène. Avec ma nature réservée, je n’ai jamais ressenti
le besoin d’en parler à mes parents quand j’étais enfant, ni d’aller voir un
médecin. L’absence d’effets secondaires et la cohérence de mes processus
mentaux ont dû me rassurer.
Ce phénomène, qui m’a toujours fait penser à un mirage, commence par
un très petit motif lumineux en dents de scie à droite de ma ligne de vision.
Maintenant, en me remémorant des épisodes presque oubliés, je sais que ce
motif brillant et miroitant peut s’étendre jusqu’à oblitérer l’objet que je
regarde, alors que ma vision périphérique demeure inchangée.
Il est arrivé que cette interférence atteigne une zone suffisamment large
pour que j’aie du mal à voir, par exemple, le papier en face de moi ou le
crayon que je sens dans ma main. Le miroitement varie en intensité. Il m’est
arrivé une fois de m’allonger et de fermer les yeux, parce que c’était ce
qu’il y avait de plus facile à faire. Ce genre de manifestation dure une demi-
heure tout au plus, moins en général.
Aujourd’hui, je m’étonne une fois encore de la réaction sereine que j’ai
conservée, en grandissant, face à ce phénomène dont j’ignorais pourtant
totalement l’origine. Quand l’interférence est forte et couvre la quasi-
totalité de mon champ de vision, j’éprouve une sensation particulière,
d’ombre et de lumière à la fois ; le monde objectif est indéchiffrable, dans
ce que je ne peux que décrire comme un champ de lumière et d’ombre
alternées, d’une profondeur veloutée.
L’expérience de ce soir n’est pas aussi intense. Vers 20h50, je me rends
compte qu’elle est en train de se produire, et je commence immédiatement à
faire de l’autosuggestion dans le but de la minimiser, pour ne pas retarder
la session et ne pas inquiéter Jane. Dans le même temps, Jane commence à
décrire le sourire qu’elle perçoit dans le tableau ; je vois très bien le
tableau quand elle me demande de le regarder, bien que mon phénomène
visuel soit en train de s’accentuer. Mon autosuggestion fonctionne pourtant
et, quand la session commence à 21h05, je me rends compte que le
brouillage a atteint son point culminant, qu’il commence à se résorber. Vers
21h15, les dernières traces en ont disparu et ma vision est claire.
Mais ce n’est pas tout ; car en s’estompant, cette impression est
remplacée par une autre expérience – ou la déclenche. Celle-ci est nouvelle
et très intéressante pour moi. Les notes qui suivent, et Seth lui-même,
expliquent ce qui se passe au fur et à mesure de la session. Je me
contenterai de dire pour l’instant que ce nouveau phénomène entraîne la
perte progressive de mes capacités d’abord à orthographier, puis à écrire…
Jane commence à parler pour Seth à un rythme plutôt lent, qui contraste
avec le débit rapide des sessions récentes. Au moment où la session
commence, je dois faire un léger effort pour visualiser la page et pour
écrire.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Juste avant la session, j’ai fait une remarque sur le côté paisible de cette
chaude soirée.)
J’espère ne pas troubler votre paix.
(« Pas du tout. »)
Nous allons reprendre la dictée. (Une pause, parmi beaucoup d’autres.)
La conscience a de nombreuses caractéristiques et, bien sûr, vous en
connaissez certaines. Cependant, il en existe d’autres qui sont moins
apparentes car, à présent, vous utilisez votre conscience de telle manière
que ses perceptions ne vous paraissent pas particulièrement « naturelles ».
En d’autres termes, vous vous rendez compte de votre conscience par le
biais de votre mécanisme physique. Vous ne vous en rendez pas compte, ou
à peine, lorsqu’elle ne passe pas principalement par le corps, comme c’est
le cas dans les états de sortie du corps ou dans les conditions de dissociation
entre la conscience et le corps.
(En écrivant la dernière phrase, je me rends compte – encore une fois,
sans en éprouver d’inquiétude – que je mets un peu plus longtemps que
d’habitude à trouver mes abréviations habituelles pour des mots aussi
communs que « comme », ce qui se fait d’habitude automatiquement ; mais
le brouillage visuel est nettement en train de disparaître.
Vers 21h12, je commence à faire quelques fautes d’orthographe. Pour
montrer ce qui se passe, j’inclus entre parenthèses, après le mot correct,
certaines des fautes contenues dans mes notes.)
Les caractéristiques de la conscience sont les mêmes (mâmes), que vous
vous trouviez à l’intérieur d’un corps ou en dehors de lui. Les hauts et les
bas de la conscience dont j’ai parlé existent à un certain degré dans toute
conscience, quelle que soit la forme adoptée après la mort. La nature de
votre conscience n’est alors pas fondamentalement (fondamentlament)
différente de ce qu’elle est maintenant, bien que vous puissiez ne pas vous
rendre compte de certaines de ses caractéristiques.
(Je m’aperçois que j’ai oublié les mots « ne pas » dans la dernière
phrase, et je commence à avoir l’impression qu’il se passe quelque chose
de vraiment bizarre. Je dois faire un effort de plus en plus résolu pour
prendre mes notes correctement. Pour le matériau ci-dessous, je ne réussis
pas à trouver certains de mes symboles et je dois écrire le mot en entier.)
Or votre conscience est, par exemple, extralucide et télépathe, même si
vous ne vous en rendez pas compte. Souvent, dans le sommeil, alors que
vous vous croyez inconscients, il arrive que vous soyez beaucoup plus
conscients que vous ne l’êtes à présent, mais vous utilisez alors des
capacités de conscience que vous ne reconnaissez pas comme réelles ou
valides lorsque vous êtes réveillés. Si bien que vous les excluez de votre
expérience consciente. La conscience, la vôtre comme la mienne, est tout à
fait indépendante à la fois du temps et de l’espace. Et après la mort, vous
comprenez tout simplement les pleins pouvoirs de la conscience, qui
existent en vous à tout moment.
(21h21. J’ai beaucoup de mal à noter les phrases suivantes. De
nombreux mots sont mal orthographiés, si mal pour certains que je me
dépêche de les barrer pour essayer à nouveau – mais, résultat cocasse, les
corrections elles-mêmes contiennent des fautes. Ma vision est maintenant
très claire.
Je commence à reconnaître que je devrais peut-être demander à Seth de
ralentir, tout en me rendant compte que son rythme est déjà lent. Je ne lui
demande pas ce qui se passe. Il me regarde par les yeux de Jane, sans le
moindre signe indiquant qu’il se passe quoi que ce soit d’inhabituel…)
Puisque ces pouvoirs existent, vous pouvez bien entendu les découvrir
maintenant et apprendre à les utiliser. Cela vous sera très utile dans
l’expérience qui suit immédiatement la mort. Vous serez moins stupéfaits
par la nature de vos propres réactions si vous comprenez à l’avance que non
seulement votre conscience n’est pas prisonnière de votre corps physique,
mais qu’elle peut en créer d’autres à volonté. Ceux qui « suridentifient »
leur conscience à leur corps peuvent souffrir d’un tourment qu’ils créent
sans aucune nécessité, et rester dans la proximité du corps, comme une âme
malheureuse qui pense n’avoir aucun autre endroit où aller.
(Je barre certains mots à deux reprises. Je fais maintenant un effort
délibéré pour orthographier correctement et pour écrire lisiblement, et ça
va mieux. C’est comme de sortir d’un sommeil profond et de faire
immédiatement un gros effort pour se concentrer sur la réalité physique.)
Vous êtes en ce moment, je l’ai dit, un esprit ; et cet esprit a une
conscience. La conscience appartient donc à l’esprit, mais les deux ne sont
pas identiques. L’esprit peut brancher sa conscience ou la débrancher. Par
nature, la conscience peut osciller et fluctuer, mais pas l’esprit.
Je n’aime pas particulièrement le mot « esprit », à cause de certaines
connotations qui s’y attachent, mais il convient ici dans la mesure où ce mot
implique une indépendance par rapport à la forme physique.
La conscience ne se repose pas pendant le sommeil. Elle est simplement
tournée dans une autre direction. En ces termes, la conscience ne dort donc
pas ; et bien qu’elle puisse être débranchée, elle n’est pas comparable à une
lumière.
(21h28. Ma difficulté à orthographier revient brusquement de manière
encore plus marquée. En plus de faire des fautes et de barrer des mots, j’ai
du mal à suivre le rythme pourtant plutôt lent de Seth. Je commence à me
dire que je vais demander une pause, sans m’inquiéter pour autant. J’ai du
mal tout au long du paragraphe.)
On ne l’éteint pas comme une lumière s’éteint quand on actionne
l’interrupteur. Pour poursuivre la comparaison, si la conscience était comme
une lumière que vous possédiez, il resterait une sorte de lueur, et non pas
l’obscurité complète, quand vous actionnez l’interrupteur.
(Je suis assis, tendu, au bord du canapé, et penché sur le carnet de notes
posé sur la table basse devant moi. Je suis rarement dans cette position – je
pense peut-être qu’elle va m’aider. Je demande à Seth d’attendre une
minute.)
L’esprit n’est jamais dans un état de néant, avec sa conscience éteinte. Il
est très important que cela soit compris, car…
(Le reste de la phrase est illisible dans mes notes. Voici en effet la
manière dont je l’ai écrit : « Il ost tros important qua soit comprend, cr ol st
chque fs n tr dattr un sctich il est… »
Extrêmement surpris, je redemande à Seth d’attendre. J’ai raté deux
phrases et je suis tout près de renoncer à prendre des notes. Mais je veux
faire une dernière tentative. En tant que Seth, Jane attend sans expression
particulière, les yeux ouverts.)
Il est très important de comprendre que la conscience n’est jamais
éteinte…
(21h35. De nouveau totalement dépassé, j’abandonne et je demande à
Seth de faire une pause, qui arrive enfin. Je suis perplexe : j’ai les idées
claires mais je suis littéralement incapable de continuer à prendre des
notes. Pourtant, je ne m’inquiète toujours pas.
Je commence à expliquer à Jane pourquoi j’ai dû m’arrêter, et je
découvre qu’en plus j’ai du mal à parler de manière cohérente. Seth revient
alors brièvement en affichant un large sourire. Je note ce qu’il dit de
mémoire.)
Vous jouez le matériau, ce soir, Joseph…
(À ces mots, je comprends vite ce qui s’est passé, bien que le phénomène
ne s’estompe pas aussi vite. Je fais beaucoup de fautes en parlant avec
Jane, mais j’ai moins de mal qu’avec l’orthographe ou l’écriture. Jane est
d’abord très inquiète quand je lui raconte ce qui m’est arrivé avant et
pendant la session ; elle me dira plus tard qu’à ce moment-là elle a presque
décidé d’arrêter la session. Mais je la rassure et elle se rend compte que je
vais bien physiquement.
Seth interrompt la dictée à ma demande et, au cours d’un échange
rapide, suggère que je demande à Jane d’allumer toutes les lumières de la
pièce lorsqu’elle sortira de transe. Puis je suis censé imaginer que ma
conscience brille de plus en plus et remplit la pièce de lumière ; je verrai
alors toutes mes facultés revenir très vite. Je n’arrive pas à me souvenir des
autres informations qui ont suivi.
Ainsi, j’ai vécu ce soir des états modifiés de vision, d’écriture,
d’orthographe et de prononciation qui sont tous, bien sûr, différentes
facettes de mes moyens physiques de communication. Assis dans la lumière
très vive qui emplit la pièce, je décris tout cela en détail à Jane, y compris
les manifestations visuelles ressenties au cours des années précédentes. Elle
se demande si la perte de mes capacités de communication est liée à la
sénilité de mon père et à son dénuement physique. Je n’ai pas d’opinion sur
la question. Je n’ai rien ressenti de particulier en ce qui le concerne, ces
temps-ci.
Lentement, je reprends mes notes. J’attends avec impatience que Seth
explique tout cela. Et il a raison : vers 22h30, je suis à peu près remis. Je
finis par rattraper mes notes et je dis à Jane que je suis prêt pour reprendre
la session. Nous recevons alors l’information la plus intéressante de toutes
– celle qui concerne mon étrange absence d’inquiétude quant aux
évènements de la soirée. Reprise à un rythme plus rapide à 22h47.)
Maintenant. Dans cette démonstration, pour laquelle Joseph nous a si
aimablement apporté son concours, plusieurs points étaient destinés à
renforcer le matériau transmis.
J’ai dit plus haut que les seules caractéristiques de la conscience qui vous
soient familières sont celles que vous utilisez par le biais du corps. Vous
vous en remettez au corps pour exprimer les perceptions de votre
conscience. Vous avez tendance, encore une fois, à identifier l’expression
de votre conscience à votre corps.
Dans notre démonstration, à laquelle Joseph avait bien sûr donné son
accord, il a autorisé sa conscience à se retirer et il a, dans une certaine
mesure, commencé à en interrompre l’expression physique. Il ne s’est pas
rendu compte de façon consciente qu’il avait donné cette autorisation, tout
simplement parce que ce genre de démonstration ne pourrait pas être faite si
la conscience réveillée normale le savait. Elle en aurait automatiquement
peur. Tandis que je parlais de l’obscurcissement de la conscience, Joseph en
faisait l’expérience.
(22h55. Je ne sais pas si c’est un point important – Seth emploie le mot
« obscurcissement ». À l’évidence, certaines de mes capacités d’expression
physique se sont considérablement retirées ; pourtant j’ai gardé les idées
claires et, par habitude, je suis resté alerte, entièrement occupé à essayer de
les utiliser… Je n’ai pas non plus eu l’impression d’une quelconque
intensification de ma conscience, de brusques pouvoirs de télépathie ou
d’extralucidité.
Je n’ai plus aucun problème pour prendre mes notes.)
Accordez-nous un instant. C’était, en fait, un exercice de maniement de
la conscience. À l’approche de la mort, le même genre de phénomène se
produit, à divers degrés, lorsque la conscience comprend qu’elle ne peut
plus s’exprimer par le moyen du corps. Si le mourant se suridentifie au
corps, il peut facilement paniquer en pensant que toute expression est alors
interrompue et que, d’ailleurs, sa conscience est en train de s’anéantir.
Croire ainsi en l’anéantissement, être certain que l’identité est sur le point
d’être effacée d’un moment à l’autre, est une rude expérience
psychologique, qui peut entraîner des réactions malheureuses. Ce qui se
produit, au contraire, c’est que la conscience est parfaitement intacte et que
son expression est bien moins limitée qu’auparavant. Joseph a choisi, de
façon subconsciente, de suspendre les méthodes d’expression qu’il utilisait
à ce moment-là, simplement pour mettre le brouillage en évidence.
Nous allons maintenant aborder, sur cette toile de fond que j’espère
adéquate, des chapitres concernant l’existence après la mort physique, au
moment de la mort elle-même et au moment de la dernière mort physique, à
la fin du cycle réincarnationnel. Il était important que vous compreniez un
peu la nature et le comportement de votre propre conscience avant
d’aborder ces sujets.
Vous pouvez faire une pause.
(23h06. Cette fois, le débit de Jane a été beaucoup plus rapide. Dans le
dernier paragraphe, seuls deux mots m’ont posé problème. Reprise plus
lentement à 23h20.)
Maintenant. Vous avez aussi fait appel, dans notre démonstration, à
certaines connaissances provenant de votre expérience passée, Joseph –
quand, au cours de votre dernière maladie, la fonction motrice s’est trouvée
détériorée. C’était au Danemark. Cette dernière remarque est un à-côté
plutôt que de la dictée stricte.
(Selon Seth, nous avons tous les trois vécu dans le Danemark du
XVIe siècle. J’étais propriétaire terrien, Jane était mon fils et Seth était
marchand d’épices. Voir le chapitre 22.)
Je termine à présent ce chapitre, et avec lui la première partie de mon
livre. Accordez-nous un instant – et fin de la dictée.
(Mais Seth n’a pas encore fini. Le matériau qui suit montre le lien entre
les manifestations concernant ma vision et les évènements de la session
elle-même. Il est très intéressant que j’aie choisi ce soir pour tester des
données visuelles alors que justement je cherche ces jours-ci des sujets
pour mes prochaines peintures à l’huile. Je n’en avais rien dit à Jane.)
Les expériences visuelles qui ont précédé étaient, à un niveau
inconscient, des tentatives ratées pour trouver des sujets de tableaux. Les
sujets pouvaient apparaître dans la partie sombre et brouillée. Vous me
suivez ?
(« Oui. »)
Les zones floues représentent un mélange confus de vibrations. Vous
n’avez pas réussi à obtenir le matériau visuellement, en termes physiques,
mais vous ne pouviez pas non plus le recevoir en tant que vision interne, à
ce stade. Au lieu de cela, vous vous êtes pratiquement retrouvé avec un
déplacement. Il y avait une impression de mouvement à l’arrière-plan,
interprétée visuellement comme un manque de stabilité, comme un amas
flou.
En parlant avec Ruburt, pendant le dîner, vous avez accepté de prendre
part à notre expérience de ce soir. Ruburt avait été informé de cet
arrangement par télépathie, mais elle n’était pas au courant à un niveau
conscient. Le sourire que Jane a vu dans le portrait était votre œuvre, en un
sens. Bien qu’au courant des dispositions prévues, Ruburt était un peu
inquiet de la façon dont vous alliez interpréter l’expérience. Le sourire du
portrait était destiné à la rassurer – Jane, en fait, plutôt que Ruburt. Vous
avez envoyé ce message rassurant, et Ruburt l’a reçu de Joseph. Vous me
suivez ?
(« Oui. » Et quelle méthode efficace, me dis-je !)
Maintenant. Je vais m’arrêter pour ce soir.
(« C’était très intéressant. »)
Merci pour votre aide. Un cordial bonsoir à vous deux.
(23h36. « Bonne nuit, Seth. » De nouveau, j’ai un peu de mal à
orthographier quelques mots après la dernière pause. C’est tout.)

(2) Pour des reproductions de ce tableau, cf. The Seth Material, Prentice Hall, Inc., 1970.
CHAPITRE 9

L’expérience de la « mort »

SESSION 535
MERCREDI 17 JUIN 1970

(21h00. Les sessions prévues pour le 10 et le 15 juin n’ont pas eu lieu,


pour que Jane puisse se reposer. Mais nous avons mené de notre côté une
expérience d’hypnose très réussie, pendant l’une de mes visites chez le
dentiste. Jane a donné son cours de perception extrasensorielle hier soir,
mais il n’y a pas eu de session.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Nous allons commencer la deuxième partie et le chapitre 9, que nous
intitulerons : « L’expérience de la “mort” ».
Que se passe-t-il au moment de la mort ? Il est plus facile de poser la
question que d’y répondre. Fondamentalement, il n’existe pas de moment
spécifique de la mort, même dans le cas d’un accident brutal. Je vais
pourtant tenter de donner une réponse pratique à ce que vous considérez
comme une question pratique. Pour la plupart des gens, cette question
signifie en réalité : que se passera-t-il quand je ne serai plus vivant en
termes physiques ? Que ressentirai-je ? Serai-je toujours moi-même ? Les
émotions qui m’ont animé pendant ma vie continueront-elles à le faire ? Y
a-t-il un paradis ou un enfer ? Serai-je accueilli par des dieux ou des
démons, des ennemis ou des êtres chers ? Pour l’essentiel, tout cela peut se
résumer ainsi : quand je serai mort, serai-je toujours celui que je suis
maintenant, et me souviendrai-je de ceux qui, à présent, me sont chers ?
Je vais donc répondre à ces questions en ces termes ; mais auparavant, il
nous faut examiner quelques points qui n’ont apparemment aucun aspect
pratique, concernant la nature de la vie et de la mort.
Pour commencer, considérons le fait dont je viens de parler : il n’existe
pas de moment isolé, indivisible, spécifique de la mort. La vie est un état de
devenir et la mort fait partie de ce processus. Vous êtes vivants maintenant,
vous êtes une conscience qui se connaît elle-même, qui étincelle de
cognition au milieu d’un amas de cellules mortes et mourantes ; vivants,
tandis que les atomes et les molécules de votre corps meurent et renaissent.
Vous êtes donc vivants au sein de petites morts ; des morceaux de votre
propre image s’effritent et sont remplacés à chaque instant, sans que vous
accordiez la moindre attention à ce phénomène. Ainsi êtes-vous, dans une
certaine mesure, vivants au milieu de la mort de vous-mêmes – vivants en
dépit des multiples morts et renaissances qui surviennent dans votre corps
en termes physiques, et grâce à elles.
Si les cellules ne mouraient pas et n’étaient pas renouvelées, votre image
physique ne continuerait pas d’exister ; ainsi, dans le présent que vous
connaissez, votre conscience clignote auprès de votre image corporelle en
perpétuelle transformation.
À de nombreux égards, vous pouvez comparer votre conscience, telle que
vous la connaissez maintenant, à une luciole : elle a beau vous paraître
continue, elle ne l’est pas. Elle clignote entre ombre et lumière bien que,
comme nous l’avons vu, elle ne soit jamais complètement éteinte. Mais son
point de focalisation n’est pas du tout aussi constant que vous le supposez.
Ainsi, vivant comme vous l’êtes au sein de vos multiples petites morts, et
sans vous en rendre compte, vous êtes souvent « mort » au milieu même de
la vie étincelante de votre conscience.
J’emploie ici vos propres termes. Par « mort », j’entends donc
« entièrement non focalisé sur la réalité physique ». Mais en réalité, votre
conscience n’est pas physiquement vivante, physiquement orientée, pendant
tout le temps où elle est physiquement vivante et orientée. (En
dactylographiant cela, le 22 juin, je me demande si j’ai correctement
transcrit les propos de Seth. Jane et moi décidons que c’est bien le cas – et
cela a du sens.) Ces propos peuvent semer le trouble, mais j’espère parvenir
à les clarifier. Il existe des pulsations de la conscience, bien qu’encore une
fois vous ne vous en rendiez pas compte.
Considérez la comparaison suivante. Pendant un instant, votre consience
est « vivante », focalisée sur la réalité physique. Puis, l’instant suivant, elle
est entièrement focalisée ailleurs, dans un système de réalité différent. Elle
est non-vivante, ou « morte » selon votre manière de penser. L’instant
suivant, elle est « vivante » à nouveau, focalisée sur votre réalité, et vous ne
vous rendez pas compte de l’instant intermédiaire de non-vie. Votre
sentiment de continuité de la conscience est donc entièrement soutenu par
une pulsation sur deux. Cela vous paraît-il clair ?
(« Oui. » Pause à 21h25.)
Rappelez-vous que c’est une comparaison : le mot « instant » ne doit pas
être compris de façon trop littérale. La conscience présente donc ce que
nous pourrions appeler un côté sous-jacent. De même, les molécules et les
atomes existent de telle manière au sein de votre système qu’ils sont
« morts » ou inactifs, puis vivants ou actifs ; mais vous ne percevez pas
l’instant où ils n’existent pas. Votre corps, comme l’ensemble de votre
univers physique, est composé d’atomes et de molécules. Autrement dit,
l’ensemble de la structure clignote selon un certain rythme, comparable par
exemple à celui de la respiration.
Il existe des rythmes généraux soumis à de multiples variations
individuelles – cela ressemble presque à un métabolisme cosmique. En ces
termes, ce que vous appelez « mort » est simplement l’insertion, dans cette
pulsation que vous ne pouvez pas percevoir, d’une durée plus longue, d’une
sorte de longue pause dans cette autre dimension.
La mort des tissus physiques est simplement une partie du processus vital
que vous connaissez dans votre système, une partie du processus de devenir.
De ces tissus, comme vous le savez, jaillit la vie nouvelle.
La conscience – la conscience humaine – ne dépend pas de ces tissus, et
pourtant toute matière physique est amenée à être par une portion de la
conscience. Ainsi, lorsque la conscience individuelle quitte le corps, d’une
manière que je vais bientôt expliquer, la conscience simple des atomes et
des molécules demeure et n’est pas anéantie.
Vous pouvez faire une pause et nous continuerons.
(« Avez-vous un titre pour la première partie de votre livre ? »)
Je n’en ai pas encore. Le titre que je vous ai donné est seulement pour le
chapitre 9. Et puisque nous en sommes aux précisions, je donnerai
individuellement leurs titres aux chapitres à venir.
(21h40. La dissociation de Jane a été bonne. Reprise à 21h57.)
Maintenant. Dans votre situation présente, vous considérez arbitrairement
que vous dépendez d’une image physique donnée. Vous vous identifiez à
votre corps.
Tout au long de votre vie, nous l’avons vu, une portion de votre corps
meurt, si bien que le corps que vous avez maintenant ne contient pas une
seule des particules de matière physique qu’ « il » avait, disons, il y a dix
ans. Le corps est donc complètement différent maintenant de ce qu’il était il
y a dix ans. Le corps que vous aviez il y a dix ans, mes chers lecteurs, est
mort. Pourtant, vous ne vous sentez pas morts du tout, et vous êtes
parfaitement capables de lire ce livre avec des yeux composés de matière
entièrement nouvelle. Les pupilles, les pupilles « identiques » que vous
avez maintenant, n’existaient pas il y a dix ans, et pourtant il n’y a eu
aucune lacune dans votre vision.
Ce processus, voyez-vous, se produit de manière si continue que vous ne
vous en rendez pas compte. Les pulsations dont j’ai parlé sont de si courte
durée que votre conscience les franchit joyeusement, mais votre perception
physique semble ne pas pouvoir franchir cet espace quand survient un
rythme de pulsation plus long. C’est donc le moment que vous percevez
comme la mort. Ce que vous voulez savoir, c’est donc ce qui se passe
lorsque la conscience est détournée de la réalité physique et qu’elle semble
momentanément n’avoir aucune image à endosser.
En termes très pragmatiques, il n’existe pas de réponse unique, car
chacun de vous est individuel. De manière générale, il existe bien sûr une
réponse qui permet de couvrir les aspects principaux de cette expérience,
mais les différents types de mort sont liés à l’expérience par laquelle passe
la conscience. Le degré de développement de la conscience et sa façon
globale d’appréhender l’expérience entrent en ligne de compte.
Vos idées sur la nature de la réalité colorent fortement votre expérience
de la mort, car vous interprétez cette dernière à la lumière de vos croyances,
exactement comme vous interprétez maintenant votre vie quotidienne selon
votre idée de ce qui est possible et de ce qui ne l’est pas. Votre conscience
peut quitter votre corps lentement ou rapidement, en fonction de plusieurs
variables.
(Une pause à 22h11.) Dans de nombreux cas de sénilité, par exemple, les
parties les plus organisées de la personnalité ont déjà quitté le corps et, au
moment de la mort, elles sont en train de rencontrer des circonstances
nouvelles. La crainte même de la mort peut causer une telle panique
psychologique que, pour vous en protéger, vous abaissez votre niveau de
conscience jusqu’à vous retrouver dans le coma, et vous pouvez avoir
besoin d’un certain temps pour vous en remettre.
Le fait de croire aux flammes de l’enfer peut faire halluciner les
conditions du règne d’Hadès. Le fait de croire en un paradis conventionnel
peut faire halluciner des conditions paradisiaques. On forme toujours sa
propre réalité en fonction de ses idées et de son attente. C’est la nature
même de la conscience, quelle que soit la réalité dans laquelle elle se
trouve. De telles hallucinations sont toutefois temporaires, je vous le
garantis.
La conscience doit utiliser ses capacités. L’ennui et l’immobilité d’un
paradis stéréotypé ne réussissent pas longtemps à entraver ses efforts. Il y a
des enseignants pour expliquer les conditions et les circonstances
rencontrées. Vous n’êtes donc pas perdu, seul, dans un labyrinthe
d’hallucinations. D’ailleurs, vous ne comprenez pas toujours
immédiatement que vous êtes physiquement mort.
(22h20.) Vous allez vous retrouver dans une autre forme, dans une image
qui vous paraîtra physique tant que vous ne tenterez pas de l’utiliser pour
manœuvrer au sein du système physique. Sa différence avec votre corps
actuel vous apparaîtrait alors de façon évidente.
Si vous croyez fermement que votre conscience est le produit de votre
corps, il se peut que vous tentiez de vous y accrocher. Mais il y a une sorte
de garde d’honneur, un ordre de personnalités toujours prêtes à porter
secours et assistance.
Cette garde d’honneur est constituée de personnes qui sont à la fois
vivantes et mortes, selon vos termes. Celles qui vivent dans votre système
de réalité accomplissent ces activités dans une expérience de « sortie du
corps » pendant que leur corps physique dort. La projection de la
conscience et les sensations qu’elle entraîne leur sont familières, ce qui les
aide à orienter ceux qui ne vont pas retourner au corps.
(22h26.) L’aide de ces personnes est particulièrement précieuse parce
qu’elles sont encore engagées dans la réalité physique et qu’elles ont une
compréhension plus immédiate de vos émotions. Ces aides peuvent garder
le souvenir de leur activité nocturne ou l’oublier complètement. Les
expériences de projection de la conscience, et une bonne connaissance de sa
mobilité, sont donc d’une grande aide en tant que préparation à la mort.
Elles permettent de faire à l’avance, pour ainsi dire, l’expérience de
l’environnement qui succède à la mort, et de découvrir les conditions qui y
règnent.
Il ne s’agit d’ailleurs pas nécessairement d’une activité sinistre, et les
environnements d’après la mort ne sont pas lugubres. Au contraire, ils sont
généralement beaucoup plus intenses et joyeux que la réalité que vous
connaissez maintenant.
Vous allez simplement apprendre à fonctionner dans un environnement
nouveau, avec des lois différentes ; et ces lois sont moins limitatives que les
lois physiques selon lesquelles vous fonctionnez maintenant. En d’autres
termes, il faut comprendre de nouvelles libertés, et apprendre à les utiliser.
Cependant, ces expériences elles-mêmes sont variables, et cet état lui-
même est un état de devenir, car nombreux sont ceux qui vont continuer à
exister dans d’autres vies physiques. D’autres vont exister et développer
leurs capacités dans des systèmes de réalité tout à fait différents, et doivent
donc demeurer pour un temps dans un état « intermédiaire ».
Vous pouvez faire une pause.
(De 22h35 à 22h48.)
Maintenant. (Humour léger.) Pour ceux d’entre vous qui sont paresseux,
je n’ai aucun espoir à offrir ; la mort n’apporte pas le repos éternel. Vous
pouvez vous reposer, si tel est votre souhait, pendant un temps. Après la
mort, cependant, vous devez non seulement utiliser vos facultés, mais aussi
répondre de celles que vous n’avez pas utilisées au cours de l’existence qui
vient de s’achever.
Ceux qui ont foi en la vie après la mort s’accoutument beaucoup plus
facilement aux conditions nouvelles. Ceux qui n’ont pas cette foi peuvent
l’acquérir en pratiquant des exercices que j’indiquerai plus loin dans ce
livre ; ils vous permettront d’étendre vos perceptions à ces autres couches
de réalité, si vous le souhaitez, si vous êtes déterminés et persévérants.
La conscience que vous connaissez a l’habitude des brefs intervalles de
non-existence physique mentionnés plus haut. Des intervalles plus
importants la désorientent, mais ils ne sont pas inhabituels. Quand le corps
dort, la conscience quitte souvent le système physique pour des périodes
assez longues, selon vos termes. Mais comme la conscience n’est pas dans
l’état physique, elle ne se rend pas compte de ces manques, et ne s’en
soucie pas.
(22h50.) Si la conscience évacuait le corps pendant la même durée dans
l’état physique réveillé, elle se considérerait comme morte, car elle ne
saurait pas expliquer autrement l’absence de dimension et d’expérience.
Donc chacun de vous connaît dans le sommeil la perte de conscience de la
réalité physique qu’il connaîtra dans la mort.
Dans le cas du sommeil, vous retournez au corps, mais comme vous
passez souvent le seuil de ces autres existences, l’expérience de la mort
vous paraîtra sans doute plus familière que vous ne le supposez à présent.
L’expérience de rappel des rêves et d’autres disciplines mentales qui seront
mentionnées plus loin éclairciront ces points pour ceux d’entre vous qui
veulent s’embarquer dans les exercices suggérés.
Vous ne serez pas forcément accueillis par des amis ou des parents
immédiatement après la mort. C’est une question personnelle, comme
toujours. D’une manière générale, vous serez peut-être beaucoup plus
intéressés par des gens que vous avez connus dans des vies passées que par
ceux qui vous sont proches dans cette vie-ci.
(23h03.) Ce que vous ressentez réellement à l’égard des membres de
votre famille qui sont morts sera aussi clair pour eux que pour vous-mêmes.
Il n’y a pas d’hypocrisie. On ne fait pas semblant d’aimer un parent qui n’a
pas mérité le respect et l’amour. La télépathie fonctionne sans obstacle
après la mort ; vous devez donc faire face aux relations qui existent
véritablement entre vous et tous les parents et amis qui vous attendent.
Vous pouvez ainsi découvrir qu’une personne que vous considériez
comme un ennemi méritait votre amour et votre respect, et vous la traiterez
alors comme elle le mérite. Vos propres motifs seront clairs comme du
cristal. Vous réagirez cependant à cette clarté à votre manière. Vous ne serez
pas automatiquement sages si vous ne l’étiez pas auparavant ; mais il ne
vous sera pas non plus possible d’ignorer vos sentiments, vos émotions et
vos motivations véritables. Que vous acceptiez ou non vos motivations les
moins nobles, qu’elles vous soient ou non l’occasion d’apprendre – c’est
une décision qui continuera à dépendre de vous. Il y a toutes sortes de
possibilités de croissance et d’accomplissement, et des méthodes
d’apprentissage très efficaces.
Vous examinez l’étoffe de l’existence que vous venez de quitter, et vous
apprenez à comprendre comment votre expérience résultait de vos pensées
et de vos émotions, et l’effet que celles-ci avaient sur les autres. Tant que
cet examen n’est pas achevé, on n’est pas encore conscient des parties plus
vastes de sa propre identité. Lorsqu’on comprend la signification de la vie
qu’on vient de quitter, on est prêts à prendre conscience de ses autres
existences.
On se connecte alors avec une conscience plus large. Ce qu’on est
commence à inclure ce qu’on a été dans d’autres vies, et on commence à
faire des projets pour sa prochaine existence physique, si l’on décide d’en
avoir une. Il est également possible d’entrer dans un nouveau niveau de
réalité, et de retourner ensuite à une existence physique, si on le souhaite.
(23h11.) C’est maintenant la fin de la dictée. Vous pouvez me poser des
questions ou terminer la session, comme vous préférez.
(J’ai des questions sur la peinture, et la session ne s’achève qu’à 23h26.)

SESSION 536
LUNDI 22 JUIN 1970

(21h18.) Bonsoir
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons continuer la dictée.
La conscience, telle que vous la concevez, peut bien sûr quitter
entièrement le corps avant la mort physique. Comme nous l’avons vu plus
haut, il n’y a pas de moment précis de la mort, et c’est pour vous faciliter
les choses que je fais comme s’il en existait un.
Votre moi conscient – vous pouvez faire une pause et vous en occuper…
(J’ai déjà posé mon carnet de notes. Notre chat noir, Rooney, gratte à la
porte du salon. Jane, assise, attend à moitié en transe – une sensation
qu’elle décrira plus tard comme « bizarre » – tandis que j’emporte le chat
dans le hall. Notre livreur de journaux arrive avant que je rentre dans
l’appartement ; le temps que je le paie, Jane est sortie de transe. Reprise,
finalement, à 21h27.)
Maintenant. La conscience quitte l’organisme physique de différentes
façons, selon les conditions particulières. Dans certains cas, l’organisme lui-
même demeure capable de fonctionner, bien qu’il soit dépourvu de la
direction ou de l’organisation d’ensemble qui existait auparavant. La simple
conscience des atomes, des cellules et des organes continue à exister
pendant un certain temps, après le départ de la conscience principale.
On peut être désorienté, ou non, selon ses croyances et son
développement. Et je ne parle pas forcément de développement intellectuel.
L’intellect doit aller de pair avec l’intuition et les émotions ; s’ils s’opposent
trop fortement, des difficultés peuvent surgir après la mort, quand la
conscience fraîchement libérée s’accroche à son idée de la réalité plutôt que
de prendre en compte la réalité particulière dans laquelle elle se trouve.
Autrement dit, elle peut nier ce qu’elle ressent, et même essayer de se
convaincre elle-même qu’elle continue à dépendre du corps.
(21h32.) Encore une fois, nous l’avons vu, un individu peut être si
convaincu de ne rien trouver après la mort qu’il s’enfonce dans un oubli
total – mais temporaire – lorsqu’il meurt. Dans bien des cas, il y a,
lorsqu’on vient de quitter le corps, un étonnement accompagné d’une
compréhension de la situation. Il est possible que l’on revienne examiner
son propre corps, et nombre de funérailles ont un invité d’honneur qui
dévisage le cadavre avec plus de curiosité et d’étonnement que les autres.
À ce moment-là, de nombreuses variations de comportement
apparaissent, chacune résultant de l’histoire, de la connaissance et des
habitudes de chacun. L’environnement dans lequel se trouvent les morts
varie. Des hallucinations intenses peuvent créer une expérience tout aussi
réelle que la vie mortelle. Or, comme je vous l’ai dit, les pensées et les
émotions forment la réalité physique et l’expérience après la mort. Cela
n’ôte rien à la validité de l’expérience, ni à la validité de la vie physique.
Certaines images ont été utilisées pour symboliser ce passage d’une
existence à une autre ; elles sont extrêmement précieuses car elles
fournissent un cadre de référence facile à comprendre. La traversée du
fleuve Styx est l’une de ces images. Les mourants s’attendaient à certaines
procédures, dans un ordre plus ou moins attendu. La cartographie était
connue d’avance. Au moment de la mort, la conscience produisait de très
intenses hallucinations du fleuve ; les parents et amis déjà morts entraient
dans le rituel et en faisaient eux aussi une cérémonie riche de signification.
La rivière était aussi réelle que n’importe laquelle de celles que vous
connaissez, aussi périlleuse pour le voyageur solitaire dépourvu des
connaissances adéquates. Des guides étaient toujours présents au bord du
fleuve pour aider ces voyageurs à le traverser.
On ne peut pas dire que ce fleuve soit une illusion. Le symbole est
réalité, voyez-vous. Le chemin était planifié. Cependant, cette cartographie
particulière n’est plus en usage aujourd’hui : les vivants ne savent plus la
lire. La chrétienté croit en un paradis et un enfer, un purgatoire et un
Jugement ; aussi, pour ceux qui croient en ces symboles, un autre type de
cérémonie a lieu au moment de la mort, et les guides revêtent l’apparence
chérie des saints et des héros chrétiens.
(Une pause à 21h48.) Puis, dans ce cadre, et dans des termes qu’ils
peuvent comprendre, on révèle à ces individus la situation véritable.
Pendant des siècles, les mouvements religieux de masse ont joué le rôle de
donner à l’homme un plan à suivre. Que ce plan soit vu plus tard comme un
dessin d’enfant, comme un livre rempli de belles images, n’avait aucune
importance : le but était atteint, et la désorientation minimisée.
Dans les périodes où aucune de ces idées de masse n’a cours, il y a
davantage de désorientation, et lorsque la vie après la mort est totalement
niée, le problème est encore plus important. Bien sûr, nombreux sont ceux
qui sont enchantés de se découvrir encore conscients. D’autres doivent
complètement réapprendre certaines lois de comportement, car ils ne
comprennent pas du tout le potentiel de création de leurs pensées et de leurs
émotions.
Ce type d’individu peut, par exemple, se retrouver dans dix
environnements différents en un clin d’œil, sans la moindre idée du
pourquoi de cette situation. Il ne verra absolument aucune continuité et se
sentira ballotté d’une expérience à l’autre, sans jamais se rendre compte que
ce sont littéralement ses pensées qui le propulsent.
(21h55.) Je parle des évènements qui suivent immédiatement la mort,
mais il existe d’autres stades. Des guides prennent volontiers part à vos
hallucinations pour vous aider à en sortir, mais il faut d’abord que vous leur
accordiez votre confiance.
En un temps – selon vos termes – j’ai moi-même joué ce rôle de guide ;
dans son sommeil, Ruburt suit à présent le même chemin. La situation est
assez délicate du point de vue du guide car, psychologiquement, il doit faire
appel au plus grand tact. Le Moïse d’un homme, ai-je découvert, n’est pas
forcément celui d’un autre. J’ai servi moi-même de Moïse plutôt honorable
en certaines occasions – dont l’une, aussi improbable que cela puisse
paraître, pour un Arabe.
(22h00.) Cet Arabe était d’ailleurs un personnage intéressant et, pour
illustrer certaines des difficultés rencontrées, je vais vous parler de lui. Il
détestait les Juifs mais il était obsédé par l’idée que Moïse était plus
puissant qu’Allah. Pendant des années, ce fut le péché secret qui pesait sur
sa conscience. Il passa un certain temps à Constantinople au temps des
croisades, puis fut capturé et se retrouva finalement dans un groupe de
Turcs qui devaient être exécutés par les chrétiens, en l’occurrence d’une
manière vraiment horrible. Pour commencer, ils le forcèrent à ouvrir la
bouche et la remplirent de braises. Il appela Allah puis, dans un désespoir
encore plus grand, Moïse, et au moment où sa conscience quittait son corps,
Moïse apparut.
Il croyait plus en Moïse qu’en Allah, et je n’ai su qu’au dernier moment
quelle forme je devais prendre. C’était un type sympathique et, dans ces
circonstances, cela ne m’a pas posé de problème quand il a eu l’air
d’attendre un combat pour son âme. Moïse et Allah devaient se battre pour
lui. Il ne pouvait pas dépasser l’idée de la violence, bien qu’il soit mort par
elle, et rien ne pouvait le persuader d’accepter la moindre paix, le moindre
repos tant qu’un combat n’avait pas eu lieu.
Un ami et moi, et quelques autres, avons mis en scène la cérémonie ; à
partir de nuages opposés dans le ciel, Allah et moi avons revendiqué son
âme – tandis que lui, le pauvre, était recroquevillé sur le sol entre nous. Or,
bien que je raconte cette histoire avec humour, vous devez comprendre
qu’elle résultait directement de la croyance de cet homme et que c’est pour
l’en délivrer que nous y avons pris part.
Je fis appel à Jéhovah, mais sans succès, car notre Arabe ne connaissait
pas Jéhovah ; il ne connaissait que Moïse, et c’est en lui qu’il avait mis sa
foi. Allah tira une épée cosmique, que j’enflammais ; il la lâcha, elle tomba
sur le sol et y mit feu. Notre Arabe cria de nouveau. Il vit des cohortes
derrière Allah, et des cohortes derrière moi. Notre ami était convaincu que
l’un de nous trois allait être détruit, et il avait très peur que ce soit lui.
Finalement, les nuages opposés dans lesquels nous étions apparus se sont
rapprochés. Dans ma main, je tenais une tablette qui disait : « Tu ne tueras
point. » Allah tenait une épée. En nous rapprochant l’un de l’autre, nous
avons échangé ces objets et nos suivants se sont mêlés. Nous nous sommes
réunis en formant l’image d’un soleil et en disant : « Nous sommes un. »
Il fallait que ces deux idées diamétralement opposées s’unissent pour que
notre homme connaisse la paix, et une fois ces opposés réunis, nous avons
pu commencer à lui expliquer la situation.
Vous pouvez faire une pause.
(22h20. La transe de Jane a été profonde, mais elle se rappelle certaines
parties de l’aventure de Seth. Elle dit avoir eu une série d’images en
parallèle au contenu, mais elle n’arrive pas à les décrire.
Les croisades furent des expéditions militaires dépêchées par les
pouvoirs chrétiens, du XIe au XIIIe siècle, pour reprendre la Terre sainte aux
musulmans. Pendant que Seth présentait ces données, dit Jane, elle s’est
demandé ce qu’un Arabe venait faire dans la Constantinople turque de
l’époque. Je lui explique la géographie de la région. On peut supposer que
ce voyageur ait atteint Constantinople en traversant la Turquie ou en
passant par l’est de la Méditerranée et par les Dardanelles. Dans le
Proche-Orient, les distances sont courtes.
Jane n’a littéralement aucun sens de la géographie ou des distances, ce
qui, paradoxalement, joue à son avantage pendant les sessions. Elle a
pourtant un sens infaillible de l’orientation dans un environnement familier,
et elle indique le nord bien mieux que moi. Reprise à 22h43.)
Être un guide de ce type demande beaucoup de discipline et une longue
formation.
Avant l’évènement que je viens de mentionner, j’avais passé de
nombreuses vies à jouer le rôle de guide sous la tutelle d’un autre, pendant
mon sommeil quotidien.
On peut se perdre momentanément dans les hallucinations qui sont
formées et, dans ce cas, il faut qu’un autre enseignant vous en sorte. Un
examen délicat des processus psychologiques en jeu est nécessaire, et la
diversité des hallucinations dans lesquelles on peut être plongé est infinie.
On peut, par exemple, être amené à prendre la forme du chien disparu qui a
été tendrement aimé par quelqu’un.
Toutes ces activités hallucinatoires ont lieu d’ordinaire dans les moments
qui suivent immédiatement la mort. Cependant, certains individus, qui ont
reçu une formation préliminaire et atteint un stade de développement plus
avancé, se rendent parfaitement compte des circonstances ; après s’être
reposés, ils sont prêts à avancer vers d’autres stades.
Ils peuvent par exemple prendre connaissance de leurs moi
réincarnationnels et reconnaître des personnalités qu’ils ont connues dans
d’autres vies, si ces personnalités ne sont pas occupées ailleurs. Ils peuvent
choisir d’halluciner, délibérément cette fois, ou s’ils le souhaitent,
« revivre » certains épisodes de vies passées. Vient ensuite une période
d’autoexamen – en quelque sorte le moment de rendre des comptes –
pendant laquelle ils peuvent visualiser ce qu’ils ont accompli, leurs forces
aussi bien que leurs faiblesses, et décider s’ils vont retourner à l’existence
physique.
(22h55.) Tout individu peut faire l’expérience de n’importe lequel de ces
stades ; et, à part celui de l’autoexamen, il est également possible de les
laisser tous de côté. Vu l’importance des émotions, il est tout à fait
bénéfique que des amis vous attendent. Dans de nombreux cas, cependant,
vos amis ont progressé vers d’autres stades d’activité, et souvent un guide
prendra temporairement les traits d’un ami pour vous donner de l’assurance.
C’est bien sûr parce que la plupart des gens croient qu’il est impossible
de quitter son corps que vous ne faites pas plus souvent l’expérience de le
quitter durant votre vie. Ce type d’expérience donne, beaucoup mieux que
les mots, un sentiment de familiarité avec les conditions que l’on rencontre
après la mort.
Souvenez-vous que, d’une certaine manière, votre existence physique
résulte d’une hallucination collective. Il existe un abîme entre la réalité de
deux personnes. Après la mort, l’expérience est tout aussi complexe,
intriquée et organisée que votre existence actuelle. Vous avez vos
hallucinations privées en ce moment, mais vous ne comprenez pas qu’elles
le sont. Le type d’hallucinations dont je viens de parler, ces rencontres
symboliques intenses, peuvent également se produire pendant le sommeil,
quand la personnalité passe par des changements importants, lorsque des
idées opposées doivent s’unir, ou que l’une doit céder le pas à l’autre. Ce
sont là des évènements psychologiques et psychiques signifiants, très
chargés, qu’ils se produisent avant ou après la mort.
(23h05.) Lorsqu’ils se produisent dans le rêve, ils peuvent changer le
cours d’une civilisation. Après la mort, un individu peut visualiser la vie
physique qu’il vient de quitter comme un animal avec lequel il doit parvenir
à s’entendre, et ce face-à-face, ou ce combat, est lourd de conséquences, car
cet individu doit accepter toutes les parties de lui-même. Dans ce cas, toutes
les alternatives sont pesées avec soin, car son développement futur en
dépend – que son hallucination se termine parce qu’il a sympathisé avec la
bête et la monte, qu’il la dompte, ou au contraire qu’il la tue ou soit tué par
elle… (Jane tousse, s’arrête et prend une gorgée de bière.)
Vous devriez faire une pause, pour Ruburt.
(« Très bien. » La voix de Jane est faible et enrouée ; je crois qu’elle
aurait été obligée de s’arrêter de toute façon. C’est l’une des rares
occasions, en sept ans de sessions, où elle a un problème avec sa voix.
À 23h11, je lui lis les deux derniers paragraphes du matériau, mais elle
n’y voit aucune association affective qui puisse expliquer son problème de
voix, et moi non plus d’ailleurs. Jane adore les animaux. Peut-être
l’exemple de Seth a-t-il causé cette réaction, mais ça n’en a pas trop l’air.
Reprise à 23h20, d’une voix plus forte mais un peu rauque.)
Nous allons bientôt terminer la session.
Cette façon de « symboliser sa vie » peut être une méthode choisie par
ceux qui ont accordé peu d’importance à l’autoexamen dans leur vie. C’est
donc une partie du processus d’autoexamen au cours duquel un individu
forme une image qui représente sa vie, pour s’y confronter. Cette méthode
n’est pas suivie par tout le monde. Il faut parfois une série d’épisodes de ce
genre…
C’est la fin de la dictée ; mes pensées les plus chaleureuses à vous deux,
et au monstre adoré qui est à vos côtés.
(« Bonne nuit, Seth, et merci. » Notre chat, Willy, sommeille à côté de moi
sur le canapé. 23h25. Jane retrouve vite sa voix ordinaire.)

SESSION 537
MERCREDI 24 JUIN 1970

(21h24. John Barclay, un homme d’affaires de passage, assiste à la


session. Comme convenu, John a apporté un magnétophone. Il y a consigné
les données que Seth lui a fournies au cours des années sur son activité
professionnelle, et sa propre évaluation de leur pertinence. Les résultats
sont probants.
Comme c’est souvent le cas en présence de témoins, Jane commence à
parler à un rythme rapide et animé. Ses yeux sont grands ouverts et très
sombres, sa voix plus forte que d’habitude. C’est comme si elle puisait en
John un surplus d’énergie et l’utilisait sur-le-champ.)
Maintenant. Bonsoir.
(John et moi : « Bonsoir, Seth. »)
Bonsoir à notre ami ici présent. J’espère que vous me pardonnerez si je
fais un peu de dictée pour mon livre. Il faut que (pointant le doigt vers moi)
je profite de sa présence, si je veux que mon livre avance.
(De très bonne humeur.) Nous écrivons une sorte de saga. Reprise de la
dictée, donc.
L’un des étudiants de Ruburt se demandait s’il existe un ordre dans les
expériences qui suivent immédiatement la mort. C’est une question qui
vient à beaucoup d’esprits, et je vais y répondre ici.
Avant toute chose, il doit être évident d’après ce que nous avons vu qu’il
n’y a pas de réalité unique après la mort, et que chaque expérience est
différente. Il y a cependant des catégories qui regroupent les expériences
individuelles. Par exemple, il existe un stade immédiat pour ceux qui sont
encore très focalisés sur la réalité physique et qui ont besoin d’une période
de rétablissement et de repos. Il y a pour eux, à ce niveau, des hôpitaux et
des maisons de repos ; car les patients ne se rendent pas encore compte
qu’ils vont bien.
L’idée de la maladie est parfois si forte que certains ont construit leur vie
terrestre autour d’elle. Ils projettent donc les conditions de la maladie sur le
nouveau corps comme ils l’ont fait sur l’ancien. Ils reçoivent divers
traitements de nature psychique, et on leur explique que la condition de leur
corps résulte de leurs croyances.
(21h32.) Tout le monde n’a pas besoin de passer par cette phase
particulière. Il va sans dire que ces hôpitaux et ces centres de formation ne
sont pas physiques, selon vos termes. Ils sont souvent établis collectivement
par les guides qui s’en occupent. Vous pouvez, si vous le souhaitez, appeler
cela de l’hallucination de masse. Mais le fait est que, pour ceux qui
rencontrent cette réalité, ces évènements sont bien réels.
Il existe aussi des centres de formation. La réalité y est expliquée selon la
faculté de chacun à la comprendre et à la percevoir. Des paraboles connues
sont encore utilisées dans certains cas, au moins pour commencer, puis les
individus en sont progressivement sevrés. Dans ces centres, il y a aussi des
cours pour aider ceux qui ont choisi de retourner à l’environnement
physique.
Autrement dit, on leur enseigne les méthodes qui permettent de traduire
l’émotion et la pensée en réalité physique. Il n’y a pas de décalage, comme
il en existe nécessairement dans le système en trois dimensions, entre
l’amorce d’une pensée et sa matérialisation.
Tout cela intervient plus ou moins au même niveau, mais vous devez
comprendre que je simplifie le sujet. Certains individus ne passent par
aucune de ces périodes, car le développement et les progrès réalisés dans
leur vie passée leur permettent d’attaquer des programmes plus ambitieux.
J’ai déjà parlé de ce type de développement. Certains de mes lecteurs,
convaincus de ne pas avoir la moindre capacité psychique, pensent peut-être
qu’ils vont devoir passer par une longue période de formation après la mort.
Je me hâte de dire qu’une telle capacité n’est pas forcément consciente et
qu’elle se manifeste en grande partie dans le sommeil, lorsqu’on ne s’en
rend pas compte.
Je suggère maintenant que vous fassiez une pause, et nous reviendrons.
(« Je l’espère », dis-je en plaisantant.)
Je reviens toujours. Comme une pièce de petite monnaie dont on ne
parvient pas à se débarrasser.
(« D’accord. » De 21h42 à 21h58.) Il est possible qu’après la mort vous
refusiez catégoriquement de croire que vous êtes mort, et que vous
continuiez à focaliser votre énergie émotionnelle vers ceux que vous avez
connus dans votre vie.
Si vous avez été obsédé par un projet particulier, par exemple, vous
pouvez tenter de l’achever. Il existe toujours des guides pour vous aider à
comprendre votre situation, mais vous serez peut-être trop absorbé pour leur
prêter la moindre attention.
J’examinerai séparément, plutôt que dans ce chapitre, le sujet des
fantômes. Il suffit de dire ici que si vous focalisez de larges champs
affectifs vers la réalité physique, cela peut faire obstacle à votre
développement.
Lorsque la conscience quitte le corps et reste à distance pendant un
certain temps, la connexion est bien sûr rompue. Dans les états de sortie du
corps, la connexion demeure. Il peut arriver qu’un individu mort interprète
mal l’expérience et tente de réintégrer le cadavre. Cela peut se produire
lorsque la personnalité s’est identifiée presque exclusivement à son image
physique.
Cela se produit rarement mais dans certaines circonstances, ces individus
peuvent tenter de réactiver le mécanisme physique et sentir monter la
panique lorsqu’ils découvrent la condition de leur corps. Dans le cas où le
corps ou les organes sont atteints de façon irréparable, il peut arriver que
certains pleurent sur le cadavre bien après le départ du cortège funéraire,
sans se rendre compte qu’ils sont tout à fait entiers.
Ils sont comme un chien qui ne veut pas lâcher un os. Ceux qui n’ont pas
aussi complètement identifié leur conscience à leur corps ont beaucoup plus
de facilité à le quitter. Ceux qui ont détesté leur corps découvrent, assez
étrangement, qu’ils sont attirés par lui après la mort.
(22h07.) Selon l’individu en question, toutes ces circonstances peuvent
intervenir ou non. Mais après avoir quitté votre corps physique, vous allez
immédiatement vous retrouver dans un autre corps. C’est le même type de
forme que celle dans laquelle vous voyagez dans les états de sortie du
corps, et encore une fois permettez-moi de rappeler à mes lecteurs que
chacun d’entre eux quitte le corps un certain temps, chaque nuit, pendant le
sommeil.
Cette forme a l’air tout à fait physique, mais en général elle est invisible
pour ceux qui sont toujours dans un corps physique. Elle peut faire tout ce
que vous faites à présent dans vos rêves. C’est-à-dire qu’elle vole, qu’elle
traverse les objets solides et qu’elle est mue par votre volonté ; elle vous
mène directement d’un endroit à un autre à l’instant où vous y pensez.
Si vous vous demandez, par exemple, ce que peut bien faire la tante Sally
à Poughkeepsie, dans l’État de New York, vous vous retrouvez
immédiatement là-bas. Cependant, en règle générale, vous ne pouvez pas
manipuler les objets physiques. Vous ne pouvez pas saisir une lampe ou
jeter une assiette. Ce corps est instantanément le vôtre, mais ce n’est pas la
seule forme que vous ayez. D’ailleurs, cette image n’est pas nouvelle. Elle
s’entremêle à présent à votre corps physique, mais vous ne la percevez pas.
Après la mort, ce sera le seul corps dont vous vous rendiez compte pendant
un certain temps.
(Une pause à 22h15.) Bien plus tard, et à bien des niveaux, vous
apprendrez finalement à adopter plusieurs formes, selon votre choix, et de
manière consciente. D’une certaine façon, vous le faites déjà lorsque vous
traduisez fidèlement, mais inconsciemment, votre expérience
psychologique – vos pensées et vos émotions – en objets physiques. Vous
découvrirez peut-être après la mort que lorsque vous vous imaginez enfant,
vous prenez soudain la forme de l’enfant que vous avez été. Pendant un
certain temps, on peut donc manipuler sa forme de façon à lui faire prendre
toutes les apparences qu’elle avait dans la vie qu’on vient de quitter. On
peut mourir à l’âge de quatre-vingts ans et découvrir après la mort que,
quand on pense à la vitalité qu’on avait à vingt ans, la forme qu’on a change
pour s’aligner sur cette image interne.
La plupart des individus choisissent après la mort une image plus mature,
qui correspond en général à l’âge qu’ils avaient au moment où ils ont atteint
le sommet de leurs capacités physiques. D’autres, au contraire, choisissent
de prendre la forme qu’ils avaient quand leurs capacités mentales ou
affectives étaient à leur apogée, indépendamment de leur âge ou de leur
beauté à ce moment-là. Vous me suivez ?
(« Oui. »)
Quoi qu’il en soit, on se sent à l’aise dans la forme que l’on a choisie et
on l’utilise en général quand on veut communiquer avec des personnes
qu’on a connues ; bien que, pour ces communications avec les vivants, on
puisse au contraire choisir la forme que l’on avait lorsque l’on connaissait
ceux qu’on veut contacter.
Maintenant, vous pouvez faire une pause, et je vous contacterai de
nouveau.
(En tant que Seth, Jane montre du doigt John Barclay, assis à côté de moi
sur le canapé. Cet après-midi, John a participé à une réunion d’affaires au
cours de laquelle on a servi du champagne ; à présent, il somnole…)
Il est dans l’état de rêve.
(« Il en a l’air. »
John, souriant : « J’essaie simplement de vous suivre, Seth. Lentement. »
De 22h25 à 22h37. Seth interrompt finalement la longue conversation
que nous avons, Jane, John et moi, pendant notre pause.)
Maintenant. Puis-je poursuivre la dictée ?
Ces environnements d’après la mort ne se trouvent pas nécessairement
sur d’autres planètes. Ils n’occupent aucun espace, si bien que la question
« Où tout cela se passe-t-il ? » n’a fondamentalement aucun sens.
Elle résulte de vos erreurs d’interprétation concernant la nature de la
réalité. Il n’existe pas d’endroit unique, de lieu particulier. Ces
environnements existent sans que vous les perceviez, au milieu du monde
physique que vous connaissez. Vos mécanismes perceptifs ne vous
permettent tout simplement pas de vous connecter avec leur fréquence.
Vous réagissez à un champ très spécifique et très limité. Ainsi, comme je
l’ai dit, d’autres réalités coexistent avec la vôtre, au moment de la mort par
exemple. Il s’agit simplement de se délester de tout l’attirail physique, de se
connecter avec des champs différents et de réagir à d’autres ensembles
d’hypothèses.
(22h43.) De cet autre point de vue, vous pouvez plus ou moins
apercevoir la réalité physique. Mais des champs d’énergie vous en séparent.
Votre concept de l’espace est si erroné que toute explication véritable est
extrêmement difficile. Accordez-nous un instant. (Une pause.)
Vos mécanismes perceptifs insistent, par exemple, sur le fait que les
objets sont solides ; ils insistent de même sur le fait qu’une chose comme
l’espace existe. Ce que vos sens vous disent sur la matière est entièrement
faux, et ce qu’ils vous disent sur l’espace aussi – faux en termes de réalité
fondamentale, mais évidemment en conformité avec les concepts
tridimensionnels. (Avec humour.) Dans les expériences de sortie du corps à
partir de l’état vivant, on rencontre, en termes d’espace, largement les
mêmes problèmes qu’après la mort. Et dans ces épisodes, la nature véritable
du temps et de l’espace se fait évidente. Ainsi, après la mort, se déplacer
dans l’espace ne prend pas de temps. L’espace n’existe pas en termes de
distance. C’est une illusion. Il y a des barrières, mais elles sont mentales ou
psychiques. Il y a des intensités d’expérience qui, dans votre réalité, sont
interprétées comme des distances en kilomètres.
Après la mort, vous pouvez aussi vous retrouver dans un centre de
formation. En théorie, ce centre pourrait se trouver au milieu de votre salon
actuel, dans l’espace physique, mais la distance entre vous et les membres
de votre famille encore vivants – assis peut-être, en train de penser à vous
ou de lire le journal – n’aurait rien à voir avec l’espace que vous
connaissez. Vous seriez encore plus séparé d’eux que si vous étiez, disons,
sur la lune.
Vous pourriez peut-être diriger votre attention loin du centre et,
théoriquement, voir la pièce et ceux qui l’habitent ; néanmoins cette
distance, qui n’a rien à voir avec les kilomètres, serait toujours entre vous.
(22h55.) Fin de la dictée. J’ai peur d’endormir mon ami ici présent. (En
tant que Seth, Jane montre John du doigt. Il rit.
John : « Désolé de vous donner cette impression, Seth. »)
C’est une impression réelle.
(« Je vais rattraper ça ce soir. »)
Avez-vous des questions ?
(John : « Seulement générales. Rien de spécifique… » John et Seth
engagent alors une brève conversation et la session s’achève à 23h04.
Mes notes d’origine pour cette session contenaient un long exposé donné
par Seth pendant le cours de perception extrasensorielle de Jane hier soir,
le 23 juin 1970. Seth y parle aussi de l’organisation – celle de notre propre
réalité aussi bien que dans d’autres. Comme cette session répond à des
questions que l’on nous pose souvent, nous l’avons incluse presque
intégralement dans l’appendice.)
CHAPITRE 10

Les conditions de la « mort » dans la vie

SESSION 538
LUNDI 29 JUIN 1970

(21h07.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Avec humour.) Maintenant. Chapitre 10, « Les conditions de la “mort”
dans la vie ». (Seth répète le titre pour s’assurer que je le ponctue
correctement.)
Les expériences qui se produisent après la mort seront moins difficiles à
comprendre si vous vous rendez compte que vous êtes confrontés à des
situations tout à fait semblables dans ce que vous considérez comme une
partie normale de votre existence présente.
En effet, dans le sommeil et dans le rêve, vous plongez dans une
dimension d’existence identique à celle que vous connaîtrez après la mort.
En général, vous oubliez la majeure partie de ces aventures nocturnes ; et
celles dont vous vous souvenez vous paraissent bizarres et chaotiques. C’est
simplement parce que, dans votre état de développement actuel, vous n’êtes
capables de manœuvrer consciemment que dans un environnement à la fois.
Mais pendant que votre corps physique dort, vous existez réellement de
manière consciente, dans un état cohérent, motivé et créatif, et vous vous
livrez à de nombreuses activités identiques à celles que vous rencontrerez
après la mort. Vous orientez alors l’essentiel de votre attention vers une
dimension d’activité tout simplement différente, une dimension que
d’ailleurs vous ne cessez jamais d’habiter.
(21h15.) Vous vous souvenez de votre vie réveillée, et vous gardez le
souvenir d’un bon nombre de vos rencontres physiques quotidiennes, ce qui
vous donne un sentiment de continuité ; mais votre moi du rêve possède lui
aussi un vaste ensemble de souvenirs, et votre vie endormie présente la
même continuité que votre vie quotidienne.
Une partie de vous est donc consciente de toutes les rencontres et
expériences de votre vie onirique. Les rêves ne sont pas plus hallucinatoires
que la vie physique. Du point de vue de votre moi qui rêve, c’est votre moi
physique réveillé qui est le rêveur : vous êtes le rêveur qu’il propulse. Vos
expériences quotidiennes sont les rêves qu’il fait ; mais quand vous
considérez votre moi qui rêve, vous partez de l’idée préconçue selon
laquelle votre « réalité » est réelle et la sienne illusoire.
(21h20.) Pourtant, sa réalité à lui est encore plus inhérente à votre être. Si
vous ne voyez pas la cohérence qui existe au sein de votre état de rêve, c’est
parce que vous êtes hypnotisés par l’idée qu’il n’en existe aucune.
Naturellement, au réveil, vous essayez de traduire vos aventures nocturnes
en termes physiques, de les faire entrer dans votre idée limitée et
déformante de la réalité.
Dans une certaine mesure, tout cela est naturel. Vous êtes focalisés sur
une vie quotidienne pour une bonne raison : c’est le défi que vous vous êtes
fixé. Mais à l’intérieur de ce cadre, vous êtes censés grandir, vous
développer et élargir les limites de votre conscience. Vous avez beaucoup
de mal à admettre que vous êtes, de bien des manières, plus efficaces et plus
créatifs quand vous dormez que quand vous êtes réveillés ; et il est
extrêmement dérangeant pour vous d’admettre que le corps du rêve peut
réellement voler, défiant à la fois le temps et l’espace. Il est bien plus facile
de prétendre que toutes ces expériences sont symboliques et non pas
littérales, et d’élaborer, par exemple, des théories psychologiques
complexes pour expliquer les rêves où l’on vole.
Le fait est que, quand vous rêvez que vous volez, c’est souvent le cas.
Dans le rêve, vous fonctionnez à peu près dans les conditions propres à une
conscience non focalisée sur la réalité physique. Vous y faites donc des
expériences exactement du même type que celles que vous pouvez
rencontrer après la mort. Vous pouvez parler avec des amis ou avec des
parents morts, revisiter le passé, saluer de vieux camarades de classe,
marcher dans des rues qui existaient cinquante ans auparavant dans le temps
physique, traverser l’espace sans que cela prenne aucun temps physique,
vous pouvez être accueillis par des guides, recevoir un enseignement ou le
dispenser vous-même, accomplir un travail significatif, résoudre des
problèmes ou avoir des hallucinations.
Dans la vie physique, il existe un délai entre la conception d’une idée et
sa construction physique. Dans la réalité du rêve, ce n’est pas le cas. La
meilleure façon de se familiariser d’avance, pour ainsi dire, avec la réalité
d’après la mort, est donc d’explorer et de comprendre la nature de votre moi
qui rêve. Mais très peu de gens sont prêts à y mettre le temps ou l’énergie
nécessaires.
Des méthodes sont cependant disponibles, et ceux qui les appliquent ne
se trouveront pas aliénés quand leur attention se focalisera dans cette
direction après la mort.
Vous pouvez faire une pause.
(De 21h34 à 21h47.)
Vos souvenirs conscients sont tellement liés à la conscience au sein du
corps qu’en général vous ne vous souvenez pas de passer chaque nuit du
temps hors de lui.
Lorsque vous dormez, vous vous souvenez de tous ceux que vous avez
pu rencontrer dans vos rêves, que vous les ayez ou non rencontrés dans
votre expérience diurne. Dans le sommeil, il est tout à fait possible d’avoir,
au fil des années, une relation suivie avec des partenaires proches qui vivent
dans une autre partie du monde et qui sont de parfaits inconnus pour vous
quand vous êtes réveillés.
Votre démarche quotidienne a un sens et un but ; il en va de même pour
vos aventures oniriques ; là aussi vous poursuivez des buts qui vous sont
propres. Et vous continuerez à le faire dans l’expérience d’après la mort.
C’est dans cette autre dimension que sont générées la vitalité, la force, la
vie, la créativité qui se trouvent derrière votre existence physique. En
d’autres termes, vous êtes, de bien des manières, une projection charnelle
de votre moi onirique.
Tel que vous le concevez, cependant, le moi onirique n’est que l’ombre
de sa propre réalité ; car le moi onirique est un élément de référence
psychologique et, selon vos termes, un élément de continuité qui réunit
toutes les portions de votre identité. Seuls ceux dont le développement est le
plus achevé perçoivent sa nature profonde. Il représente, autrement dit, une
facette forte et unifiante de votre identité entière. Dans leur contexte, ses
expériences sont aussi vives et sa « personnalité » aussi riche – plus riche,
en fait – que la personnalité physique que vous connaissez.
Imaginez un instant que vous soyez un enfant, que j’essaie de vous
expliquer à quoi ressemblera votre moi adulte et que, dans mon explication,
je dise que ce moi adulte fait déjà un peu partie de vous-même, qu’il sera un
agrandissement, une projection de ce que vous êtes. L’enfant dit : « Mais
que va-t-il m’arriver ? Dois-je mourir pour devenir cet autre moi ? Je ne
veux pas changer. Comment puis-je devenir ce moi adulte sans mourir à ce
que je suis, puisque ce n’est pas ce que je suis maintenant ? »
Je me trouve un peu dans la même situation quand j’essaie de vous
expliquer la nature de ce moi interne, car bien que vous puissiez en avoir
conscience dans les rêves, vous ne pouvez pas vraiment apprécier sa
maturité ou ses facultés ; ce sont pourtant les vôtres, de la même manière
que les facultés de l’homme appartiennent déjà à l’enfant. Dans le rêve,
vous apprenez, entre autres choses, à construire votre propre réalité
physique jour après jour, exactement comme, après la mort, vous apprenez
à construire votre prochaine existence physique.
(22h07.) Dans le rêve, vous trouvez des solutions aux problèmes. Dans la
journée, vous êtes seulement conscients des solutions apportées dans le
sommeil. Dans les rêves, vous vous fixez des objectifs, de la même manière
qu’après la mort vous vous fixez des objectifs pour une autre incarnation.
Aucune structure psychologique n’est facile à décrire par les mots. Ne
serait-ce que pour expliquer la nature généralement connue de la
personnalité, toutes sortes de termes sont employés – ça, subconscient, ego,
surmoi – dans le but de différencier les actions enchevêtrées qui constituent
la personnalité physique. Le moi qui rêve est tout aussi complexe : certaines
de ses parties s’occupent de la réalité physique, du maniement physique, et
d’établir des plans ; d’autres parties s’occupent de niveaux de créativité plus
profonds et d’accomplissements nécessaires à la survie physique ; d’autres
s’occupent de communiquer avec des éléments de la personnalité encore
plus étendus et qu’en général vous ne connaissez pas ; d’autres encore
s’occupent de l’expérience et de l’existence continue de ce qu’on peut
appeler l’âme, ou l’entité individuelle dans son ensemble, le moi
multidimensionnel véritable.
L’âme crée la chair. Le créateur ne dédaigne pas sa création. L’âme crée
la chair et l’existence physique pour une bonne raison ; et tout cela n’a pas
pour but de vous amener à un dégoût de la vie physique, ni à un manque
d’appréciation des joies sensuelles qui vous entourent. Tout voyage
intérieur devrait vous permettre de trouver davantage de signification, de
beauté, de sens à la vie que vous connaissez à présent ; mais le plein
développement et la pleine jouissance supposent également que vous
utilisiez toutes vos capacités, que vous exploriez vos dimensions internes
avec un émerveillement et un enthousiasme sans borne. À condition de les
comprendre correctement, il vous est donc tout à fait possible de vous
familiariser maintenant avec les paysages, les expériences et les
environnements d’après la mort. Vous les trouverez tout aussi intenses que
ceux que vous connaissez. Cette exploration modifiera tous les sombres
préjugés que vous pouvez avoir sur l’existence après la mort. Il est très
important que vous vous allégiez d’un maximum d’idées préconçues, car
celles-ci vous empêchent de progresser.
Vous pouvez faire une courte pause.
(De 22h23 à 22h39.)
D’une manière générale, si vous êtes plutôt satisfaits de la réalité
physique, vous êtes bien placés pour étudier ces environnements internes.
Si vous voyez le mal tout autour de vous, ou s’il vous semble que le mal
l’emporte sur le bien, c’est que vous n’êtes pas prêts. Ne vous embarquez
pas dans une exploration de ces aventures nocturnes si vous êtes dépressifs,
car vous êtes alors prédisposés aux expériences déprimantes, que vous
soyez réveillés ou endormis. Ne vous embarquez pas non plus dans cette
étude si vous espérez remplacer l’expérience physique par l’expérience
intérieure.
Si vous avez une conception rigide et intransigeante du bien et du mal,
vous n’avez pas la compréhension nécessaire pour manier la conscience
dans cette autre dimension. En d’autres termes, vous devez être aussi
flexibles que possible mentalement, psychologiquement et spirituellement,
aussi ouverts que possible aux idées nouvelles et créatrices, et ne pas trop
vous appuyer sur les organisations ou les dogmes.
Il faut que vous soyez compétents, bienveillants, suffisamment ouverts
dans votre environnement physique pour faire face à votre vie telle qu’elle
est. Vous avez besoin de toutes vos ressources. Il s’agit d’une exploration et
d’une entreprise actives, non pas d’un recul passif, et encore moins d’une
retraite peureuse. Vers la fin de ce livre, des méthodes seront données pour
ceux qui s’y intéressent, pour qu’ils puissent explorer consciemment les
conditions d’après la mort tout en gardant le contrôle de leur expérience et
de leur progression.
Je veux cependant décrire ici ces conditions de façon un peu plus
approfondie. Or dans la vie physique, vous voyez ce que vous voulez voir.
À partir du champ de réalité disponible, vous percevez certaines données –
des données soigneusement sélectionnées par vous, en accord avec vos
idées sur la réalité. C’est vous qui créez ces données dès le départ.
Si vous croyez que les hommes sont mauvais, vous ne ferez tout
simplement pas l’expérience de la bonté de l’homme. Vous y serez
complètement hermétiques. Eux, en retour, vous montreront toujours leur
pire côté. Vous projetterez votre aversion sur les autres et vous veillerez
télépathiquement à ce qu’ils aient pour vous de l’aversion.
(22h54.) Votre expérience, autrement dit, se conforme à votre attente.
D’ailleurs, la même chose s’applique à ce qui se passe après la mort, au
rêve et à toute rencontre hors du corps. Si vous êtes obsédés par l’idée du
mal, vous rencontrerez les conditions du mal. Si vous croyez aux démons,
vous vous trouverez face à eux. Comme je l’ai dit, il y a davantage de
liberté quand la conscience n’est pas orientée physiquement. Encore une
fois, les pensées et les émotions sont construites dans la réalité sans délai
dans le temps. Ainsi, si vous croyez que vous allez rencontrer un démon,
vous en créez une forme-pensée sans vous rendre compte que c’est vous qui
la créez.
Par conséquent, si vous constatez que vous vous concentrez sur les
manifestations du mal dans l’existence physique, vous n’êtes pas prêts pour
ce type d’exploration. Il est bien sûr possible, dans ces conditions, de
rencontrer une forme-pensée appartenant à quelqu’un d’autre, mais si vous
ne croyez pas aux démons, vous reconnaîtrez toujours la nature du
phénomène et il ne vous fera aucun mal.
S’il s’agit de votre propre forme-pensée, elle peut vous aider à
progresser, à condition que vous vous demandiez ce qu’elle représente –
quel problème vous avez ainsi matérialisé. Or vous pouvez halluciner le
même genre de choses après la mort, l’utiliser comme un symbole et livrer
un combat spirituel qui n’aurait pas lieu d’être si vous en aviez une
meilleure compréhension. Vous allez faire face à vos idées, à vos problèmes
et à vos dilemmes à votre propre niveau de compréhension.
Maintenant. Fin de la dictée pour ce soir. À moins que vous n’ayez des
questions, je vais terminer la session.
(« Savez-vous ce que j’ai dit à Jane hier – à propos d’une tournée de
promotion de The Seth Material ? Avez-vous des idées sur la question ? »)
J’en parlerai plus tard.
(« D’accord. »)
Dans pas trop longtemps. Mes pensées les plus chaleureuses, donc, et un
cordial bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. C’était très intéressant. »)
J’espère continuer à vous intéresser à ma saga.
(23h02. La transe de Jane a été bonne. « Il a le plan de tout le reste du
chapitre, dit-elle alors qu’elle en sort. Je sens des pans entiers de matériau
tout prêt. Mais là, ça commence à s’effacer, ça s’en va… »
En fait, nous n’avons plus interrogé Seth sur ce travail de promotion, et il
n’y est pas revenu. The Seth Material a été publié en septembre 1970, et
nous sommes effectivement partis en tournée.)

SESSION 539
MERCREDI 1er JUILLET 1970

(21h18. Avant-hier, à la fin de la dernière session, Jane m’a dit que Seth
avait le plan du chapitre 10 ; mais ce soir, elle dit ne pas avoir la moindre
idée de la manière dont Seth va poursuivre.
La journée a été chaude et lourde. L’orage menace depuis plusieurs
heures. Finalement, vers 21h, il se met à pleuvoir très fort, avec des éclairs
et du tonnerre. Nous nous demandons si la session va avoir lieu, car Seth
nous a dit il y a quelques temps que les manifestations électriques
interféraient avec les états de transe. La session débute néanmoins comme
d’habitude ; Seth, en tout cas, n’a pas l’air de s’en préoccuper.)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée.
Les environnements que vous rencontrerez après la mort existent tout
autour de vous, maintenant. Point.
C’est comme si votre situation présente, avec tous ses phénomènes
physiques, était projetée de l’intérieur de vous-mêmes vers l’extérieur, ce
qui vous donne un film en continu et vous oblige à ne percevoir que les
images qui y sont transposées. Celles-ci paraissent si réelles que vous êtes
obligés d’y réagir en permanence.
(Une pause à 21h23. L’orage est si violent à présent que Seth doit parler
plus fort.)
Mais ces images servent à masquer d’autres réalités parfaitement valides
qui existent en même temps ; en fait, c’est dans ces autres réalités que vous
obtenez le pouvoir et le savoir qui vous permettent d’effectuer les
projections matérielles. Vous pouvez « mettre la machine en panne », pour
ainsi dire, arrêter le mouvement apparent et tourner votre attention vers ces
réalités.
Il faut d’abord que vous compreniez qu’elles existent. En guise de
préliminaire aux méthodes que je donnerai plus loin, il est bon de vous
demander de temps à autre : « De quoi ai-je réellement conscience en ce
moment ? » Faites cela les yeux ouverts, et faites-le à nouveau les yeux
fermés.
Quand vos yeux sont ouverts, ne partez pas du principe que seuls existent
les objets immédiatement perceptibles. Regardez là où l’espace semble
vide, écoutez au milieu du silence. Il existe des structures moléculaires dans
chaque centimètre d’espace vide, mais vous vous êtes appris à ne pas les
percevoir. Il existe d’autres voix, mais vous avez conditionné vos oreilles à
ne pas les entendre. Vous utilisez vos sens internes quand vous êtes dans le
rêve, et vous les ignorez quand vous êtes réveillés.
(La lumière baisse par deux fois.)
Les sens internes sont équipés pour percevoir des données qui ne sont pas
physiques. Ils ne sont pas dupes des images que vous projetez dans la
réalité en trois dimensions. Ils peuvent toutefois percevoir les objets
physiques. Vos sens physiques sont une extension de ces méthodes internes
de perception, et après la mort, c’est à elles que vous vous en remettrez.
Elles sont utilisées dans les expériences de sortie du corps. Elles
fonctionnent constamment en dessous de la conscience normale éveillée…
(Il s’est produit dans le quartier un accident ou un incendie – ou les deux
– quand l’orage s’est déchaîné. Sirènes hurlantes, des voitures et des
camions passent en trombe sur Walnut Street, à deux maisons de chez nous.
Je m’attends à ce que tout ce vacarme interrompe la transe de Jane, mais il
n’en est rien ; elle fait une pause de quelques instants, puis poursuit.)
… si bien que vous pouvez vous familiariser dès maintenant avec la
nature de la perception après la mort. Point.
En d’autres termes, l’environnement, les conditions et les méthodes de
perception qui y règnent ne vous seront pas étrangers. Vous ne serez pas
subitement jetés dans l’inconnu ; cet inconnu fait partie de vous maintenant.
Il faisait déjà partie de vous avant votre naissance physique et il en fera
encore partie après la mort. Cependant, pour l’essentiel, ces conditions sont
effacées de votre conscience pendant la durée de votre histoire. Le genre
humain a eu diverses conceptions de sa propre réalité, mais il s’est
intentionnellement détourné de cette question, semble-t-il, au cours du
siècle dernier. Il existe à cela de nombreuses raisons, et nous essaierons
d’en aborder quelques-unes.
Faites votre pause.
(21h37. La pause arrive tôt, par rapport au début de la session. « Il y a
de l’instabilité dans l’air, dit Jane. Ça m’a dérangée par moments. » Elle
s’est particulièrement rendu compte des sirènes. Elle dit que sa transe a
contenu des « pulsations », ou des vagues ; elle « y va » pour de bon, puis
dévie et se rapproche de son état de conscience ordinaire. Mais le matériau
me semble aussi bon que d’habitude, et la manière dont elle parle reste
inchangée.
La pluie, le tonnerre et les éclairs continuent sans faiblir, le vacarme
enfle sur la ville. C’est le genre d’orage qui, par instants, fait même
trembler notre vieille et solide maison. La voix de Jane continue à être plus
forte que d’habitude quand elle reprend, moins rapidement, à 21h52.)
D’une certaine façon, vous êtes donc « morts » maintenant – aussi morts
que vous le serez jamais.
Tandis que vous vous préoccupez de vos entreprises et de votre routine
quotidienne, vous demeurez, en dessous de la conscience normale,
constamment focalisé sur d’autres réalités ; vous réagissez à des stimuli
dont votre moi physique conscient ne se rend pas compte ; vous percevez
les conditions par le biais des sens internes et vous vivez des évènements
qui ne sont même pas repérés par le cerveau physique. Toute cette
dernière partie de la phrase doit être soulignée.
Après la mort, vous vous rendrez tout simplement compte de dimensions
d’activité que vous refusez à présent. Maintenant, l’existence physique
prédomine. Ce ne sera plus le cas. Mais celle-ci ne sera pas non plus perdue
pour vous ; vos souvenirs, par exemple, se maintiendront. Vous sortirez
simplement d’un cadre de référence particulier. Dans certaines conditions,
vous serez même libres d’employer les années qui vous sont apparemment
données d’une façon différente.
(22h01.) Par exemple, je vous ai dit que le temps ne consiste pas en une
série de moments qui se suivent l’un après l’autre, même si c’est ainsi que
vous le percevez. Les évènements ne sont pas des choses qui vous arrivent.
Ce sont des expériences matérialisées, formées par vous selon votre attente
et vos croyances. Les parties internes de votre personnalité le comprennent
maintenant. Après la mort, vous ne vous concentrerez pas sur la forme
physique que prennent le temps et les évènements. Vous aurez la possibilité
d’utiliser ces mêmes éléments comme un peintre utilise ses couleurs.
(22h07. Il tombe une pluie battante.)
Supposons que votre durée de vie soit de soixante-dix-sept ans. Après la
mort, vous pouvez, si vous le souhaitez et sous certaines conditions,
ressentir les évènements de ces soixante-dix-sept années à loisir – mais pas
nécessairement en termes de continuité. Vous pouvez modifier ces
évènements. Vous pouvez manœuvrer au sein de la dimension d’activité
particulière représentée par vos soixante-dix-sept ans.
Si vous y trouvez de graves erreurs de jugement, vous pouvez les
corriger. Autrement dit, vous pouvez en améliorer certains aspects, mais
vous ne pouvez pas entrer dans ce plan de référence une nouvelle fois en
tant que conscience pleinement participante, qui pourrait suivre par
exemple les courants historiques de l’époque, et vous joindre de nouveau à
l’existence hallucinée de masse résultant de votre conscience et de celle de
vos « contemporains ».
Certains préfèrent cette approche à la réincarnation, ou plutôt l’utilisent
comme une étude avant une nouvelle incarnation. Ces gens sont souvent
des perfectionnistes. Il leur faut retourner en arrière et créer. Ils veulent
corriger leurs erreurs. Ils utilisent la vie qu’ils viennent d’achever comme
un canevas sur lequel ils essaient d’obtenir une meilleure image. Beaucoup
de gens se lancent dans cet exercice mental et psychique, qui exige une
grande concentration et n’est pas plus hallucinatoire que n’importe quelle
existence.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(22h14. La transe de Jane a été plus profonde, mais elle s’étonne que la
dictée ait été si courte ; elle pensait être partie plus longtemps. La pluie a
un peu diminué et il fait plus frais. « C’est quand même une soirée
bizarre », dit-elle. Reprise à 22h31.)
Vous pouvez ressentir le désir de « revivre » certains épisodes de votre
vie pour mieux les comprendre. L’expérience de votre vie vous appartient
donc. Ce type de situation ne vous est d’ailleurs pas étranger. Dans la vie
ordinaire, vous imaginez souvent que vous vous comportez autrement que
vous ne l’avez fait, ou vous revivez mentalement certains évènements pour
mieux les comprendre. Votre vie est votre propre perspective d’expérience
et quand, une fois mort, vous l’extrayez du contexte physique et temporel
de masse, vous pouvez la ressentir de bien des manières. Rappelez-vous que
les évènements et les objets ne sont pas absolus, mais plastiques. Ils ne sont
jamais stables ou permanents, même s’ils en ont l’air dans le contexte de la
réalité en trois dimensions.
Tout ce que vous percevez dans l’existence tridimensionnelle y est
projeté à partir d’une réalité plus vaste. Les évènements dont vous avez
conscience ne sont que des fragments d’activité qui font intrusion, qui
apparaissent dans votre conscience réveillée. D’autres parties de ces
évènements vous apparaissent très clairement, aussi bien dans le rêve qu’en
dessous de la conscience réveillée, pendant la journée.
(22h42. Le débit de Jane est assez lent.) Si vous voulez savoir à quoi
ressemble la mort, connectez-vous à votre propre conscience telle qu’elle
est en elle-même, séparée des activités physiques. Vous découvrirez qu’elle
est très active. Avec la pratique, vous découvrirez que votre conscience
normale réveillée est très limitée, et que ce que vous pensiez être les
conditions de la mort ressemble beaucoup plus aux conditions de la vie que
vous ne l’imaginiez. Fin de la dictée.
Il y a une certaine instabilité atmosphérique, ce soir, mais nous avons
quand même eu une session.
(« C’était bien. »)
Nous allons la terminer. Les circonstances de ce type demandent à
Ruburt un effort supplémentaire, qu’il n’est pas nécessaire de prolonger. Un
très chaleureux bonsoir.
(« Même chose, Seth. » 22h46. Jane dit qu’elle se sent bien. Même si ses
transes ont été un peu variables, ce soir, le seul « effort supplémentaire »
dont elle se soit rendu compte a été une certaine difficulté à retrouver la
transe après les pauses.
Par la suite, nous discutons une idée récente de Jane – avoir une session
par jour pendant six jours de suite, par exemple, pour voir comment Seth
avancerait sur son livre pendant une période arbitraire comme celle-ci. Il
serait intéressant d’en voir une partie élaborée de cette façon. L’idée ne
s’est jamais concrétisée, cependant, bien que Seth ait exprimé son accord
pour tenter quelque chose de ce genre, au cours du chapitre 3, au mois de
mars. Voir les notes de 22h31, session 519, ainsi que les remarques
suivantes de Seth. Jane a arrêté de regarder le livre à la session 521, le 30
mars ; nous sommes maintenant le 1er juillet.)

SESSION 540
LUNDI 6 JUILLET 1970

(21h29. « Bonsoir, Seth. »)


Maintenant. Nous allons reprendre la dictée. (Une pause.) Les existences
et les réalités qui viennent d’être décrites coexistent avec la vôtre, et vous
ne vous en rendez pas compte quand vous êtes réveillés. Vous êtes souvent
capables, dans vos rêves, de percevoir ces situations, mais vous les
travestissez si bien dans l’attirail du rêve qui est le vôtre que vous en gardez
peu de souvenirs clairs au réveil.
De la même façon, dans votre vie, vous habitez avec des apparitions et de
prétendus fantômes, et d’ailleurs vous êtes vous-mêmes des apparitions
pour d’autres, en particulier lorsque vous envoyez de fortes formes-pensées
de vous-mêmes pendant le sommeil, ou lorsque vous voyagez hors de votre
corps physique sans en avoir conscience.
Il existe évidemment autant de types d’apparitions ou de fantômes que de
personnes. Ils peuvent percevoir ou non leur situation, tout comme vous.
Cependant, ils ne sont pleinement focalisés sur la réalité physique ni dans
leur personnalité ni dans leur forme, et c’est là leur particularité principale.
Certaines apparitions sont des formes-pensées envoyées par des
personnalités qui survivent parce que persiste une anxiété profonde. Elles
représentent le même comportement compulsif que l’on voit dans bien des
cas de votre expérience ordinaire.
Le même processus qui pousse une femme dérangée à accomplir une
action répétitive, comme de se laver et se relaver constamment les mains,
pousse aussi un type particulier d’apparition à revenir encore et toujours au
même endroit. Dans ce cas-là, le comportement consiste souvent en actions
répétitives.
Pour différentes raisons, ce type de personnalité n’a pas appris à assimiler
sa propre expérience. Les caractéristiques de ces apparitions sont celles
d’une personnalité dérangée – à quelques exceptions près. La conscience
n’est pas intégralement présente. La personnalité elle-même a l’impression
de faire un cauchemar, ou des rêves récurrents, durant lesquels elle revient
dans l’environnement physique ; elle est « saine et sauve » mais certaines
de ses parties travaillent à des problèmes irrésolus et déchargent de
l’énergie de cette façon.
(21h44.) Ces personnalités sont en elles-mêmes tout à fait inoffensives.
C’est la façon dont vous interprétez leurs actions qui peut entraîner des
difficultés. Au milieu de la vie, des conditions mêmes de la vie, vous-
mêmes apparaissez également, en certaines occasions, comme des fantômes
dans d’autres niveaux de réalité, où votre « pseudo-apparence » entraîne
certains commentaires et fournit le terrain à de nombreux mythes – et vous
n’en avez pas du tout conscience.
Bien sûr, je parle ici de manière générale. Encore une fois, il existe des
exceptions, des cas où le souvenir est maintenu, mais la plupart du temps,
les fantômes et les apparitions ne se rendent pas plus compte de leur effet
sur les autres que vous quand vous apparaissez, de manière parfaitement
inconsciente, comme fantômes dans des mondes qui vous sembleraient bien
étranges.
La combinaison de la pensée, de l’émotion et du désir crée la forme,
possède de l’énergie, est faite d’énergie. Elle se manifeste de toutes les
façons possibles. Vous ne reconnaissez que les matérialisations physiques
mais, comme nous l’avons vu, vous envoyez des pseudo-formes de vous-
mêmes sans vous en rendre compte ; et ceci est tout à fait différent des
voyages astraux ou des projections, qui sont des histoires beaucoup plus
complexes.
Vous apparaissez sous une forme astrale dans des réalités relativement
plus avancées que la vôtre. On vous y reconnaît en général à votre aspect
désorienté. Vous ne savez pas y manœuvrer. (Avec humour.) Vous n’en
connaissez pas les coutumes. Mais, que vous ayez ou non une forme
physique, si vous avez des émotions ou des sentiments, ceux-ci prennent
forme. Ils ont une réalité. Si vous pensez fortement à un objet, il apparaît
quelque part.
Si vous vous imaginez fortement dans un endroit, une pseudo-image y est
projetée à partir de vous, qu’elle soit ou non perçue, que vous en ayez
conscience ou non, que vous soyez ou non conscient en elle. Cela
s’applique aussi bien à ceux qui ont quitté votre système physique qu’à
ceux qui s’y trouvent.
(21h55.) Toutes ces formes sont appelées constructions secondaires car,
en règle générale, la pleine conscience de la personnalité ne s’y trouve pas.
Ce sont des projections automatiques.
Dans les constructions primaires, en revanche, une conscience,
d’ordinaire pleinement alerte, adopte une forme – qui n’est pas sa forme
« native » – et la projette consciemment, souvent dans un autre système de
réalité. Cela représente une entreprise assez complexe, rarement utilisée
dans le but de communiquer.
Il existe d’autres méthodes beaucoup plus simples. J’ai expliqué jusqu’à
un certain point comment les images sont construites à partir d’un champ
d’énergie disponible. Vous ne percevez que vos propres constructions. Si
un « fantôme » veut vous contacter, il peut donc le faire par télépathie, et si
vous le désirez, vous pouvez construire vous-mêmes l’image qui lui
correspond. Ou bien l’individu peut vous envoyer une forme-pensée en
même temps qu’il communique avec vous par télépathie. Vos habitations
sont maintenant pleines de formes-pensées que vous ne percevez pas ; et
encore une fois, vous êtes aussi fantomatiques maintenant que vous le serez
après la mort. Mais vous ne vous en rendez pas compte.
Vous choisissez d’ignorer certaines variations de température et certains
mouvements d’air, ou de les considérer comme des produits de
l’imagination, alors que ce sont des indices de ces formes-pensées. Vous
rejetez les communications télépathiques qui accompagnent souvent ces
formes, vous vous détournez de tout indice indiquant que d’autres réalités
existent avec la vôtre de manière parfaitement valide, et qu’au sein d’une
existence vous êtes entourés de preuves intangibles mais tout à fait valides.
Les mots mêmes de « vie » et de « mort » contribuent à limiter votre
compréhension, à mettre en place des barrières là où, intrinsèquement, il
n’en existe aucune.
Vous pouvez faire une pause.
(22h07. Jane sort facilement de transe. Ce soir, son élocution sort un peu
de l’ordinaire. Sa voix calme, son rythme et sa façon de parler rappellent
presque la conversation ordinaire, même si la vitesse en est variable.
Reprise à l’identique à 22h18.)
Certains amis et parents morts vous rendent réellement visite en se
projetant de leur propre niveau de réalité dans le vôtre, mais en général
vous ne pouvez pas percevoir leurs formes. Ils ne sont cependant pas plus
fantomatiques ou « morts » que vous ne l’êtes quand vous vous projetez
dans leur réalité – comme vous le faites dans le sommeil.
En général, cependant, ils peuvent vous percevoir en ces occasions. Ce
que vous oubliez souvent, c’est que ces individus sont à des stades variables
de développement. Certains ont davantage de connexions que les autres
avec le monde physique. Ce qui détermine le fait qu’un individu vous rende
visite ou non, ce n’est pas depuis combien de temps il est mort, selon vos
critères, mais l’intensité de la relation qui vous unit.
Cependant, comme nous l’avons vu, il arrive que vous aidiez pendant
votre sommeil des personnes récemment mortes, et qui vous sont
parfaitement étrangères, à s’acclimater aux conditions d’après la mort,
même si vous ne pouvez plus accéder à ce savoir le lendemain matin. De la
même façon, des personnes parfaitement étrangères peuvent communiquer
avec vous quand vous dormez, et même vous guider dans différentes
périodes de votre vie.
Il n’est pas facile d’expliquer les conditions de vie que vous connaissez ;
il est donc extrêmement difficile d’aborder des subtilités dont vous ne vous
rendez pas compte.
Le point essentiel que je veux préciser dans ce chapitre est que vous êtes
déjà familiarisés avec les conditions que vous rencontrerez après la mort et
que, dans une certaine mesure, vous pouvez en prendre pleinement
conscience. (Une pause, sourire à 22h29.) Fin du chapitre.
Maintenant. Accordez-nous un instant.
CHAPITRE 11

Les choix d’après la vie et les mécanismes de


transition

Une infinie variété d’expériences possibles s’ouvrent à vous après la


mort ; elles sont toutes possibles, mais certaines sont plus probables que
d’autres, selon le degré de développement qui est le vôtre. D’une manière
générale, il y a trois zones principales, bien qu’il y ait des exceptions et que
des cas extraordinaires puissent toujours se produire.
Vous pouvez décider de vous réincarner. Ou bien vous pouvez au
contraire décider de vous focaliser sur la vie qui vient de s’achever et
l’utiliser, nous l’avons vu, comme le matériau de base d’une nouvelle
expérience en créant des variations sur les évènements que vous avez
connus, en les corrigeant à loisir. On peut aussi entrer dans un système de
probabilités entièrement nouveau, ce qui est complètement différent d’une
existence réincarnationnelle. Car dans ce cas on abandonne toute idée de
continuité temporelle.
Certaines personnalités préfèrent une vie organisée autour du passé, du
présent et du futur, dans une structure apparemment logique, et en général
ces personnes choisissent la réincarnation. D’autres préfèrent vivre
naïvement, d’une manière extraordinairement intuitive, les évènements
s’organisant selon des processus associatifs. Ceux-là choisissent un système
de probabilités pour leur prochaine entreprise principale.
Certains ne trouvent pas le système physique à leur goût, et s’en
détachent. Mais une fois que le cycle réincarnationnel a été choisi, il doit
être complété ; ce choix ne concerne donc que ceux qui ont été aussi loin
qu’il est possible dans le développement de leurs facultés par la
réincarnation.
D’autres encore en ont fini avec la réincarnation et choisissent de
réintégrer le cycle en tant qu’enseignants ; ce cas suppose toujours la
reconnaissance d’une identité supérieure. Or il y a aussi une étape
intermédiaire de relative indécision, un entre-niveau d’existence ; une zone
de repos relatif. C’est de cette zone que proviennent la plupart des
communications provenant de parents. C’est le niveau que visitent en
général les vivants dans les perceptions à partir de l’état de rêve.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(De 22h45 à 22h54.)
Avant le moment du choix, il y a cependant une période d’autoexamen
pendant laquelle on a accès à son « histoire » entière. On comprend alors la
nature de l’entité, et l’on est conseillés par d’autres portions plus
« avancées » de cette entité.
On prend ainsi connaissance de ses autres moi réincarnationnels. Il y a
aussi des liens affectifs avec des personnalités que l’on a connues dans des
vies antérieures – et ces personnalités peuvent être plus importantes pour
vous que les relations établies dans la vie immédiatement achevée. Mais
c’est aussi un lieu de rencontre pour les individus issus de votre système.
On donne toutes les explications nécessaires à ceux qui sont désorientés.
On explique leur condition véritable à ceux qui ne comprennent pas qu’ils
sont morts, et on fait tout ce qui est possible pour régénérer leur énergie et
leur esprit. C’est un moment d’étude et de compréhension. C’est à partir de
cette zone que certaines personnalités troublées font les rêves de retour à
l’environnement physique dont nous avons parlé.
C’est une sorte de lieu d’échanges entre les systèmes. Les conditions qui
y règnent et le développement qui s’y accomplit sont plus importants que la
durée pendant laquelle on y séjourne. C’est une étape intermédiaire, mais
elle est importante. Dans vos rêves, vous y allez.
Maintenant. Fin de la dictée. Je voulais finir un chapitre et en commencer
un autre. Je vais terminer cette session, à moins que vous ayez des
questions.
(« Je n’en ai pas. »)
Mes pensées les plus cordiales, et un chaleureux bonsoir.
(« Bonne nuit, Seth, et merci beaucoup. » 23h05.)
SESSION 541
LUNDI 13 JUILLET

(20h40. La session prévue pour le 8 juillet n’a pas eu lieu. Tam


Mossman, l’éditeur de Jane à Prentice Hall, a appelé ce matin pour dire
que les premiers exemplaires de son livre, The Seth Material, étaient arrivés
de l’imprimerie. Il en envoie un à Jane aujourd’hui.
En m’allongeant cet après-midi, je me suis suggéré – sans succès – de
faire l’expérience d’une projection. Puis, un peu après le dîner, j’ai eu le
problème visuel qui est décrit dans les notes de la session 543, chapitre 8.
J’en parle à Jane au fur et à mesure qu’il évolue. Une fois encore, cela la
préoccupe et moi pas. Le phénomène dure à peu près une demi-heure.
Dans le chapitre 8, Seth a dit que c’était ma façon d’essayer de voir des
sujets pour mes prochains tableaux. J’espérais voir quelque chose de
vraiment bien ce soir, maintenant que je suis prévenu, mais rien ne s’est
produit. Cette fois encore, le seul effet secondaire est un léger mal de tête
qui passe rapidement.
Je me dis que cette expérience est peut-être une réaction tardive à mes
suggestions de projection. Juste avant la session, j’interroge mon pendule –
sans être certain que ce soit une technique appropriée pour explorer des
données non physiques. En général, j’obtiens d’excellents résultats avec le
pendule ; j’apprends ici que le phénomène visuel est dû à l’échec de mes
tentatives pour percevoir une forme-pensée envoyée par une personnalité
survivante. Ce qui confirme l’explication de Seth. Nous utilisons d’habitude
le pendule pour obtenir des informations situées en dessous de la
conscience.
J’apprends également qu’aucun de mes tableaux n’est concerné, ni mes
efforts de projection de cet après-midi ; que la personnalité survivante
m’est inconnue, et que le pendule ne peut pas me dire de qui il s’agit.
Nanti de cette explication, je ne ressens pas le besoin d’interroger Seth
sur cette expérience. J’espérais qu’il allait la commenter, mais il ne le fait
pas.
Jane et moi sommes prêts pour la session avant l’heure, ce qui n’est pas
courant.)
Maintenant, je vous dis bonsoir de bonne heure.
(« Bonsoir, Seth. »)
Reprenons la dictée : la réincarnation suppose beaucoup plus que la
simple décision de se soumettre à une nouvelle existence physique. Dans la
période intermédiaire dont je parle, de nombreux sujets sont abordés.
Quand les gens pensent à la réincarnation, ils imaginent en général une
progression linéaire dans laquelle l’âme se perfectionne à chaque vie
successive. C’est une simplification grossière. Il y a d’infinies variations sur
ce thème ; des variations individuelles. Le processus de la réincarnation
peut être utilisé de toutes sortes de manières et, dans ce moment de repos,
les individus doivent décider de la manière unique dont ils vont le faire.
(20h45.) Certains choisissent, par exemple, d’isoler certaines
caractéristiques dans une vie donnée et de travailler presque exclusivement
sur elles, fondant une existence spécifique sur ce qu’on pourrait appeler un
thème principal. Considéré d’un point de vue physique, un individu de ce
type ne donne pas l’impression d’être harmonieusement développé, et sa
personnalité semble incomplète.
Dans une vie particulière, on peut choisir délibérément un intellect très
développé, et pousser les pouvoirs de l’esprit aussi loin que l’individu peut
le faire. Ces facultés sont alors étudiées en profondeur par la personnalité
dans son ensemble ; elle en mesure précisément les aspects positifs aussi
bien que négatifs. Dans une autre vie, ce même individu peut se spécialiser
dans le développement affectif et choisir de mettre délibérément en
sourdine ses capacités intellectuelles.
Encore une fois, d’un point de vue physique, cela ne donne pas
nécessairement l’impression d’un développement harmonieux ou d’une
personnalité équilibrée. On peut spécialiser les capacités de création de la
même manière. Si l’on considère ces vies comme une série de progressions,
selon les termes habituels, on se retrouve avec de nombreuses questions
sans réponse. Pourtant, le développement se produit réellement ; mais c’est
l’individu qui choisit la manière dont il se produit.
(20h51.) C’est, par exemple, en se refusant le développement intellectuel
dans une vie donnée qu’une personnalité va découvrir la valeur – et le but –
de ce qu’elle ne possède pas. Ainsi en vient-elle à le désirer. Au moment du
choix, les personnalités décident donc elles-mêmes de la manière dont elles
vont se développer dans l’incarnation suivante.
Certains choisissent d’avancer à un rythme plus facile, d’une façon plus
équilibrée. Ils font travailler tous les fils de la personnalité en même temps,
en quelque sorte, et retrouvent fréquemment des gens qu’ils ont connus
dans d’autres vies. Ils traitent leurs problèmes de façon tranquille plutôt que
de manière, disons, explosive. Ils avancent à pas mesurés, comme des
danseurs.
Dans cette période de repos et de choix, on reçoit tous les conseils
nécessaires. Certaines personnalités se réincarnent plus tôt qu’on le leur a
conseillé, pour différentes raisons. À court terme, c’est en général une
décision fâcheuse, car la planification nécessaire n’a pas eu lieu. À long
terme, on peut tout de même tirer de grandes leçons de cette « erreur ». Il
n’existe pas d’horaire établi, mais il est très rare qu’un individu attende plus
de trois siècles entre des vies, car cela rend l’orientation très difficile, et les
liens affectifs avec la Terre se sont beaucoup affaiblis.
Les relations familiales ou autres doivent être décidées pour la vie à
venir, ce qui suppose une communication télépathique avec toutes les
personnes concernées. C’est donc un temps de projections multiples.
Certains sont tout simplement des solitaires qui se réincarnent sans
éprouver de grands sentiments pour les périodes historiques de la Terre.
D’autres aiment à revenir quand leurs contemporains d’une époque
historique donnée reviennent également ; certains cycles réincarnationnels
impliquent donc de nombreux individus – mais ce n’est pas toujours le cas.
(S’adressant à moi, à 21h02.) Vous, par exemple, vous n’avez pas
fonctionné dans un cycle de ce genre. Mais il y a des cycles personnels dans
lesquels des familles entières se réincarnent, leurs membres adoptant à
chaque fois des liens de parenté différents, et vous avez vécu dans plusieurs
de ces cycles.
On peut explorer différentes profondeurs dans les existences
réincarnationnelles. Certains choisissent d’ « y aller à fond ». Ils se
spécialisent dans l’existence physique et ils ont une connaissance très
complète de ce système. Pour eux, il existe un passage obligé par chacun de
vos types raciaux – condition qui n’est pas requise pour la plupart des
personnalités. Ils ressentent également un intérêt intense pour les différentes
époques de l’histoire. Ces personnalités vivent souvent des vies
relativement courtes mais très intenses, et elles ont davantage de vies que
la plupart des individus. Elles reviennent, autrement dit, dans le plus grand
nombre possible d’époques historiques et contribuent finalement à former le
monde que vous connaissez.
Vous pouvez faire une pause.
(21h08. Le débit de Jane a été assez rapide et sa voix pas très forte. Alors
qu’elle sort de transe, nous entendons le livreur de journaux qui monte
l’escalier. Je le paie.
Il y a quelques années, peu de temps après le début de ces sessions, Seth
nous avait dit que nous avions tous les trois vécu des vies au Danemark au
XVIIe siècle. Depuis, je me suis dit que mon intérêt pour l’art de cette
période en Europe occidentale, notamment pour les œuvres de Rembrandt,
Vermeer, Van Dyke, Rubens, etc., n’était pas une coïncidence. Je dis à Jane
que je suis curieux de savoir si ma carrière artistique a le moindre lien avec
ma vie au Danemark. J’aimerais aussi savoir jusqu’à quel âge j’ai vécu.
Reprise, à un rythme plus lent, à 21h20.)
Maintenant. Dictée. D’une manière ou d’une autre, vous êtes tous des
voyageurs avant même de commencer votre premier cycle réincarnationnel.
Pour simplifier autant que possible, je dirais que vous n’avez pas
nécessairement la même origine lorsque vous intégrez le système physique.
Nous l’avons vu, l’existence terrestre est une période de formation ;
pourtant j’aimerais que vous oubliiez autant que possible vos idées
habituelles sur la progression.
Par exemple, vos notions de ce qui est bien, ce qui est mieux, ce qui est
meilleur, peuvent vous égarer. Vous apprenez à être, aussi complètement
que possible. D’une certaine façon, vous apprenez à vous créer vous-
mêmes. Tout en apprenant à vous créer vous-mêmes, au cours du cycle
réincarnationnel, vous focalisez vos facultés principales sur la vie physique,
vous développez des caractéristiques humaines et vous ouvrez de nouvelles
dimensions d’activité. Cela ne veut pas dire que le bien n’existe pas ou que
vous ne « progressez » pas, selon vos termes ; mais votre concept du bien,
et du progrès, est extrêmement déformé.
Or de nombreuses personnalités ont des talents extraordinaires dans des
domaines spécifiques, et ces talents peuvent se manifester de manière
répétée dans des existences successives ; ils peuvent aussi être tempérés,
utilisés dans des combinaisons diverses, tout en demeurant la plus forte
marque d’individualité et d’unicité d’une personnalité donnée. La plupart
des gens ont des intérêts, des occupations, des métiers différents tout au
long du cycle réincarnationnel, mais on trouve chez certains une ligne de
continuité très marquée, qui peut s’interrompre par moments mais demeure
présente. Certains, par exemple, seront presque exclusivement prêtres, ou
enseignants.
Il y aura dans ce livre davantage de matériau spécifique sur la
réincarnation ; mais je veux signaler ici que, dans ce moment du choix entre
les vies, de nombreuses questions sont en jeu, outre une simple proposition
de renaissance.
À l’occasion, certaines personnalités peuvent obtenir une exception à la
règle et prendre un congé sabbatique (avec humour) dans leurs
réincarnations ; elles peuvent faire en quelque sorte une excursion dans une
autre couche de réalité, avant de revenir. Ce cas n’est cependant pas
fréquent. Ce genre de décision est elle aussi prise à ce moment. Ceux qui
choisissent de quitter ce système, et dont le cycle réincarnationnel est
terminé, ont davantage de décisions à prendre.
Entrer dans le champ des probabilités, c’est un peu comme entrer dans le
cycle réincarnationnel. Cela suppose une focalisation soutenue de la
conscience et de l’existence sur une sorte de réalité entièrement différente.
Ce choix fait appel à des pouvoirs qui sont latents, mais que vous percevez
à peine, au sein de la personnalité multidimensionnelle.
Cette expérience psychologique diffère considérablement de ce que vous
connaissez, mais il en existe des traces dans votre propre psyché. Là, la
personnalité doit apprendre à regrouper les évènements d’une manière
entièrement différente, en l’absence de la structure temporelle que vous
connaissez.
(21h40.) Dans cette réalité, plus que dans toute autre, les capacités
intellectuelles et intuitives œuvrent finalement si bien ensemble qu’il est
difficile de les distinguer. Le moi qui décide d’une existence
réincarnationnelle est le même moi qui fait le choix de l’expérience au sein
du système de probabilités. La structure de la personnalité au sein de ce
système est cependant tout à fait différente. Celle qui vous est familière
n’est que l’une des multiples formes de conscience qui vous sont
accessibles.
Le système de probabilités est donc aussi complexe que le système
réincarnationnel. Or je vous ai dit que toute action est simultanée ; par
conséquent, vous existez, en quelque sorte, dans les deux systèmes à la fois.
Pourtant, pour vous montrer que cela suppose certaines décisions, et pour
séparer ces évènements, je dois simplifier les choses. Disons-le ainsi : une
partie du moi entier se focalise sur les cycles réincarnationnels et se charge
de ce qui se passe dans ce cadre-ci ; une autre se focalise sur les probabilités
et se charge de ce qui se passe dans ce cadre-là.
Entre parenthèses : (Il y a aussi, bien sûr, un système de probabilités dans
lequel il n’existe pas de cycle réincarnationnel, et un cycle réincarnationnel
dans lequel il n’existe pas de système de probabilités.) L’ouverture et la
souplesse de la personnalité comptent beaucoup. Une personnalité refuse
parfois de voir les portes qui sont ouvertes sur certaines existences.
D’un autre côté, toute existence probable est ouverte, et la conscience
peut ouvrir une porte là où il n’en existait pas en ces termes. Dans ce
moment de décision et de choix, il y a des guides et des enseignants pour
indiquer les alternatives et expliquer la nature de l’existence. Comme toutes
les personnalités ne sont pas au même niveau de développement, il y a des
enseignants avancés et des enseignants à des niveaux « plus bas ».
(21h51.) Mais ce n’est nullement un temps de confusion ; bien au
contraire, c’est un moment d’illumination et de défi incroyable. Il y aura
davantage de matériau dans ce livre sur le concept de Dieu, et cela vous
aidera à comprendre certaines choses qui demeurent non dites dans ce
chapitre.
Quant à ceux qui choisissent de recombiner en « assortis ou disparates »
les évènements tirés de la vie immédiatement achevée, ceux qui réessayent
les choses d’une façon différente, ils reçoivent également un enseignement.
Dans ce type de situation, on trouve souvent un grave problème à résoudre,
et une certaine rigidité, associée au perfectionnisme déjà mentionné.
Les années terrestres sont revécues, mais pas nécessairement dans la
continuité. C’est l’individu qui choisit comment utiliser les évènements ; il
les rejoue tels qu’ils se sont produits, ou les modifie pour un effet de
contraste, un peu comme un acteur jouerait à nouveau dans un vieux film
dans le but de l’étudier. Mais dans ce cas, l’acteur peut bien entendu
changer de comportement ou modifier le dénouement. Il a toute liberté en
ce qui concerne les évènements de ces années-là.
Les autres acteurs, quant à eux, sont des formes-pensées, à moins que
quelques contemporains se joignent à l’aventure.
Vous pouvez faire une pause.
(22h00. Pendant cette dernière section, quelqu’un commence à
emménager dans l’appartement du dessus. Une fois sortie de transe, Jane
dit qu’elle a été dérangée par le vacarme, mais qu’elle « s’est accrochée à
la transe » jusqu’à la pause. Reprise, au même rythme lent, à 22h12.)
Maintenant. Dans ces conditions, la personnalité manipule consciemment
les évènements, bien entendu, et étudie leurs différents effets. Cela exige
une focalisation assez intense.
On lui explique la nature de ceux qui y participent avec elle. La
personnalité comprend que ce sont des formes-pensées, et elle comprend sa
propre nature ; mais, encore une fois, les formes-pensées possèdent une
certaine réalité et une certaine conscience. Ce ne sont pas de simples acteurs
en carton qu’on peut actionner en toute liberté. La personnalité doit donc les
prendre en considération et elle a une certaine responsabilité envers elles.
Les formes-pensées grandiront en conscience et poursuivront leur propre
ligne de développement à d’autres niveaux. En un sens, nous sommes tous
des formes-pensées, comme on le verra plus longuement dans le matériau
sur le concept de Dieu. Je veux dire par là que nous ne manquons pas
d’initiative personnelle, d’individualité ou de buts – et souvenez-vous aussi
que vous vivez de l’intérieur vers l’extérieur. Cela vous aidera peut-être à
comprendre cette affirmation.
Dans ce moment de choix, toutes ces questions sont donc examinées, et
les préparatifs nécessaires sont accomplis ; or cette planification fait partie
intégrante de l’expérience et du développement. L’existence intermédiaire
est donc, de tout point de vue, aussi importante que la période choisie. En
d’autres termes, on apprend à planifier ses existences. Pendant ces périodes
de repos, on se fait aussi des amis et des connaissances que l’on rencontre
de façon répétée – et peut-être seulement durant les existences
intermédiaires.
On peut discuter avec eux de son expérience au cours des cycles
réincarnationnels. Ce sont comme de vieux amis. Les enseignants, par
exemple, sont eux-mêmes dans un cycle. Les plus avancés ont déjà
rencontré les systèmes de réincarnation et de probabilités et sont en train de
prendre des décisions sur la nature de leur expérience « future ». Les choix
qu’il leur faut faire ne sont cependant pas les mêmes que les vôtres. Dans
un chapitre ultérieur, je mentionnerai peut-être les domaines d’existence qui
leur sont ouverts, mais nous ne nous en occuperons pas ici.
Maintenant, accordez-nous un instant. Fin de la dictée.
(Une pause à 22h27. Je bâille.
Amusé) : Êtes-vous bien réveillé ?
(« Oui. »)
Maintenant, accordez-nous un instant… Nous avons deux périodes
interrompues pour vous. L’une, très brève, de 1611 à 1635. C’est au
Danemark. L’autre de 1638 à 1674. Pour l’une de ces périodes, les
informations sont celles que je vous ai données il y a plusieurs années.
J’étais marchand d’épices et je voyageais beaucoup. Je transportais aussi
des pigments pour la peinture, ou ce qui en tenait lieu. Accordez-nous un
instant. (Une pause.)
Il y avait un groupe de trois hommes, des peintres. Nous allons voir ce
que nous pouvons obtenir. La prononciation est mauvaise. Nous sommes à
la recherche d’un nom comme M.A. puis Daimer (selon mon interprétation
phonétique.) Je ne sais pas si le nom est Madaimeer. (Avec des gestes.) Il
existe un lien, ici, avec la musique et une suite de Peer Gynt. Vous me
suivez ?
(« Oui. »)
Du bois en train de brûler. Du charbon de bois. Vous, je crois, en train de
travailler sur le sol d’une hutte, plongé dans le processus final de la
fabrication du charbon pour le fusain. (Une longue pause.)
Un lien avec Van Elver, mais je ne suis pas sûr de son importance.
(J’ai peint un portrait de Van Elver, l’artiste du XIVe siècle [danois ou
norvégien] dont Seth reçoit des informations sur les techniques de
peinture(1).)
Le nom de Wedoor (phonétique), une entreprise germanique qui
fournissait alors du matériel aux artistes, et qui était également réputée pour
la teinture de la toile et des vêtements.
Ce matériau est facile à obtenir ; c’est l’assembler qui est difficile.
Van Elver le jeune. Les villes étaient une sorte de bureau central pour les
artistes des campagnes, mais la plupart des peintres faisaient des portraits
de fermiers fortunés, de leurs terres et de leurs bâtisses. Ces tableaux étaient
bien sûr accrochés à la place d’honneur.
Même les paysans et fermiers moins riches faisaient faire leur portrait,
par des artistes peut-être moins talentueux, et beaucoup d’inconnus étaient
logés et nourris en échange de ces portraits, qu’ils peignaient d’autant plus
lentement.
(En tant que Seth, Jane sourit et se penche en avant.) Or vous étiez un
artiste mineur de ce type, à cette époque. Non pas, donc, pendant toute votre
vie. Vous avez fait mieux que d’être simplement logé et nourri ; vous avez
acheté une terre où vous avez décidé de vous installer.
Deux de vos amis ont continué à voyager et à peindre ; ils vous rendaient
visite de temps en temps et vous faisaient envie, en un sens. L’un est devenu
assez connu à son époque. Son nom était Van Dyke, mais ce n’est pas celui
qui est célèbre. Vous aimiez votre terre mais vous lui en vouliez également,
pensant que vous auriez peut-être été connu en tant qu’artiste si vous n’en
aviez pas fait l’acquisition.
Vous aviez l’intention de vous installer pour peindre sur votre belle
ferme, et au lieu de cela vous êtes devenu fermier, et un fermier
concupiscent. On peut trouver là un lien avec les sentiments ambigus que
vous éprouvez maintenant à l’égard de l’argent et de la propriété.
Le nom de famille, autant que je puisse m’en approcher : Raminkin, ou
Ra-man-ken (tous deux selon mon interprétation phonétique). Les lettres h,
e, i, m. Elles forment le prénom, ou elles s’ajoutent au nom que je viens de
donner. (Avec une certaine insistance.) Vous avez fait mon portrait à cette
époque-là également.
(« Voilà qui est intéressant. » En tant que Seth, Jane indique le portrait
de lui que j’ai peint ; il est accroché au mur derrière moi, face à Jane, dans
son fauteuil à bascule.)
Vous l’avez mieux réussi cette fois-ci.
(« Tant mieux. »)
Accordez-nous un instant. C’était ma dernière réincarnation complète,
adoptée à ce moment-là parce que j’adorais la mer, et elle a servi une cause
forte en répandant des idées d’un pays à l’autre. Les hommes qui
voyageaient avec moi prenaient également part à la dissémination de ces
idées. Nous les avons répandues dans le monde de l’époque.
Frank Withers était une personnalité fragmentaire de la mienne. Il
continuera lui-même à se réincarner et à suivre son propre chemin.
Nombreux sont ceux d’entre nous qui laissent derrière eux des personnalités
fragmentaires comme on laisse des enfants. Vous me suivez ?
(« Oui. » Frank Withers est le nom original qui nous a été donné quand
les sessions ont commencé, fin 1963.)
Et maintenant, je vous souhaite une très bonne soirée.
(« Bonne soirée à vous, Seth. Merci beaucoup. »)
Vous devriez faire mon portrait au fusain un de ces jours.
(« D’accord. »)
Je pourrais même apparaître et poser brièvement pour vous.
(« D’accord. »
22h57. La transe de Jane a été profonde. Nous avons jusqu’à présent
reçu peu d’informations sur nos vies passées, préférant attendre, pour
différentes raisons. Nous sommes intrigués par les données concernant le
Danemark ; nous ne savons pas, en fin de compte, si j’ai vécu deux vies
courtes ou une seule, divisée en deux sphères d’activité.
Cela m’amène ensuite à me demander si la session de ce soir en
contredit une autre, il y a plusieurs années, dans laquelle Seth déclarait que
j’avais vécu jusqu’à un âge avancé dans ma vie au Danemark. Jane était
mon fils. En réalité, il n’y a pas de contradiction – seulement une mauvaise
interprétation de notre part. Seth donne plus de détails à ce propos dans la
session 595, dans l’appendice.
Je fais beaucoup de dessins au fusain dans cette vie également.)

SESSION 546
MERCREDI 19 AOÛT 1970

(21h20. Seth a interrompu la dictée pendant cinq semaines. Nous avons


pris deux semaines de vacances, mais nous avons surtout été très occupés.
Sur les quatre sessions habituelles, de longs passages traitent de questions
nées de la publication, le 4 septembre, du livre de Jane, The Seth Material,
et d’une tournée prévue pour la radio et la télévision.
À présent que nous sommes un peu plus au calme, nous sommes certains
que Seth n’aura aucune difficulté à reprendre son livre, même si Jane ne l’a
pas regardé depuis longtemps.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée.
Le moment du choix dépend donc de la condition et des circonstances
dans lesquelles se trouve l’individu après la période de transition qui suit sa
vie physique. Certains ont besoin d’un peu de temps pour comprendre leur
situation véritable.
D’autres, nous l’avons vu, doivent être délestés d’une foule d’idées et de
symboles qui les freinent. Le moment du choix peut intervenir presque
immédiatement, selon vos termes ; il peut aussi être différé pendant une
période plus longue au cours de laquelle la formation se poursuit. Au
moment du choix, les obstacles principaux sont bien sûr les idées fausses de
l’individu en question.
Dans certaines conditions, croire au paradis ou à l’enfer peut être
également nuisible. Certains refusent l’idée de travail, de développement,
de défi à venir, car ils sont convaincus que l’idée conventionnelle du paradis
est la seule possible. Pendant un certain temps, ils peuvent effectivement
demeurer dans un environnement de ce genre, jusqu’à ce qu’ils apprennent
par l’expérience que l’existence exige un développement et qu’un paradis
comme celui-là serait stérile, ennuyeux, et « mortel ». Ils sont alors prêts
pour le moment du choix.
D’autres ont la certitude que, vu leurs transgressions, ils vont être
envoyés en enfer, et la force de leur conviction peut effectivement les
amener à rencontrer ce type de conditions pendant un certain temps. Dans
les deux cas, cependant, des enseignants sont disponibles ; ils essaient de
débarrasser les individus en question de leurs idées fausses.
Lorsqu’ils subissent le règne d’Hadès, les individus reviennent plus vite à
la raison. Leur propre peur déclenche la réponse. Leur besoin, autrement
dit, ouvre plus rapidement les portes internes de la connaissance. En
général, l’état de l’enfer ne dure donc pas aussi longtemps que celui du
paradis.
Mais l’un comme l’autre retardent l’instant du choix et de l’existence
prochaine. Je voudrais faire ici une remarque : dans tous les cas, l’individu
crée son expérience. Je le dis à nouveau, au risque de me répéter, parce que
c’est un fait essentiel de toute conscience et de toute existence. Il n’existe
pas, après la mort physique, de « lieu », de situation ou de condition dont
toute personnalité fasse nécessairement l’expérience.
Par exemple, les gens qui se suicident, considérés en tant que groupe, ne
reçoivent pas de « châtiment » particulier, et leur situation n’est a priori pas
pire qu’une autre. Ils sont traités comme n’importe qui. Tout problème qui
n’a pas été affronté dans cette vie-ci devra l’être dans une autre. Mais cela
ne s’applique pas qu’à ceux qui se sont suicidés.
On peut se donner la mort parce qu’on rejette toute existence ne
correspondant pas à des critères bien spécifiques. Si c’est le cas, il faudra
bien sûr apprendre à se comporter autrement. De nombreuses personnes
refusent toutefois d’accepter l’expérience au sein du système physique et se
suicident efficacement, tout en restant physiquement en vie.
(21h38.) Les conditions qui entourent un suicide sont importantes, ainsi
que la réalité intérieure et le degré de réalisation de la personne en question.
J’en parle ici, car selon de nombreuses philosophies, les suicidés reçoivent
un sort spécial, une sorte de punition ; or ce n’est pas le cas. Mais si une
personne se tue en pensant qu’elle va anéantir sa conscience à jamais, cette
idée fausse peut sérieusement retarder son développement car elle est
renforcée par un sentiment de culpabilité.
Encore une fois, des enseignants sont là pour expliquer la situation
véritable. Différentes thérapies sont utilisées. Par exemple, la personnalité
peut être ramenée aux évènements antérieurs à sa décision, de façon à
pouvoir la modifier. Un effet d’amnésie intervient, si bien que le suicide lui-
même est oublié. L’individu n’est informé de son acte que plus tard,
lorsqu’il est apte à le comprendre et à y faire face.
Mais toutes ces conditions retardent l’instant du choix. Il va sans dire
qu’être obsédé par les affaires terrestres agit dans le même sens. Dans ce
cas, la personnalité insiste souvent pour focaliser ses facultés et ses
perceptions sur l’existence physique. C’est un refus psychique de
reconnaître la mort. L’individu sait parfaitement qu’il est mort, selon vos
termes, mais il refuse de mener à bien la séparation psychique.
Maintenant. Il y a bien sûr des cas où l’individu concerné ne se rend pas
compte qu’il est mort. Il ne s’agit pas d’une dénégation, mais d’un manque
de perception. L’individu dans cet état est obsédé par les préoccupations
terrestres, et il peut errer, déconcerté, dans la maison et dans
l’environnement qui étaient les siens, ce qui retarde évidemment l’instant
du choix.
Les mécanismes de transition sont donc extrêmement variables, tout
comme les mécanismes de la vie physique. Nombre des obstacles dont j’ai
parlé freinent le développement non seulement après la mort, mais
également au cours de l’existence physique. Il faut en tenir compte. Une
trop forte identification avec les caractéristiques sexuelles ralentit aussi le
développement. Un individu qui définit son identité presque entièrement en
termes de masculinité ou de féminité peut refuser d’accepter les
changements sexuels qui se produisent dans les existences
réincarnationnelles. Mais, encore une fois, ce type d’identification sexuelle
entrave également le développement de la personnalité au cours de la vie
physique.
Vous pouvez faire une pause et nous poursuivrons.
(21h53. La transe de Jane a été bonne, son débit plutôt rapide et sa voix
calme. Jane n’est cependant pas aussi active, ou en forme, qu’elle l’était
hier soir, pendant la session de son cours de perception extrasensorielle.
Reprise à 22h11.)
Maintenant. Si, de manière générale, les points que je viens de
mentionner fonctionnent comme des obstacles, il peut y avoir des
exceptions. Une croyance au paradis qui n’est pas obsessionnelle peut
constituer une toile de fond utile, une base d’opération à partir de laquelle
l’individu accepte facilement les explications qui lui sont données.
Le fait de s’attendre à un jugement peut jouer le même rôle car, même
s’il n’existe pas de châtiment selon vos termes, l’individu est prêt pour une
sorte d’examen spirituel.
Ceux qui comprennent vraiment qu’ils créent eux-mêmes leur réalité sont
ceux qui ont le moins de difficulté ; ceux qui ont appris à comprendre et à
manier les mécanismes du rêve possèdent un réel avantage. Croire aux
démons constitue un obstacle aussi bien après la mort qu’au cours de
l’existence. Une théologie systématique des contraires est également un
obstacle. Si vous croyez, par exemple, que le bien est toujours équilibré par
le mal, vous vous enfermez dans un système de réalité très étroit, qui porte
en lui les germes d’une grande souffrance.
Dans un système de ce type, même le bien devient suspect, puisqu’on
suppose qu’un mal équivalent doit lui succéder. Dieu contre diable, anges
contre démons – le gouffre entre les animaux et les anges – toutes ces
déformations sont des obstacles. Dans votre système de réalité, vous
établissez maintenant des contrastes importants et des facteurs d’opposition.
Ils fonctionnent comme des croyances-racines à l’intérieur de votre
système.
Ces croyances-racines sont extrêmement artificielles et résultent de
facultés intellectuelles mal utilisées. L’intellect seul ne peut pas comprendre
ce que l’intuition sait avec certitude. En essayant de comprendre l’existence
physique en ces termes, l’intellect a mis en place ces facteurs d’opposition.
L’intellect dit : « Si le bien existe, le mal doit exister », car il veut que les
choses soient expliquées de façon carrée. S’il y a un haut, il doit y avoir un
bas. Il doit exister un équilibre. Cependant, le moi interne se rend compte,
en des termes bien plus vastes, que le mal est simplement de l’ignorance,
que le « haut » et le « bas » sont des termes commodes appliqués à l’espace,
qui ne connaît pas ces directions.
(22h25.) Croire fortement en des forces contraires de ce type est très
préjudiciable, car cela fait obstacle à la compréhension des faits – le fait de
l’unité interne et de l’unicité, de la coopération et de l’interconnexion.
Croire de façon obsessionnelle en ces facteurs d’opposition est peut-être
l’élément le plus nuisible qui soit, non seulement après la mort mais
pendant l’existence même.
Certains n’ont jamais ressenti, au cours de leur vie physique, ce
sentiment d’unité et d’harmonie dans lequel les facteurs d’opposition
s’unissent. Ceux-là ont de nombreuses étapes à franchir après la transition ;
ils ont en général de nombreuses vies « devant » eux.
Vous formez votre existence physique de façon individuelle, et collective,
tout comme, ayant fait votre choix, vous vous joignez à d’autres
personnalités qui ont fait le même genre de choix. Une fois les préparatifs
terminés, une forte aventure collective commence donc. Ces préparatifs
varient en fonction du type d’existence choisi, mais ils suivent des schémas
généraux. Chaque réalité individuelle est unique, mais il y a des
configurations d’ensemble.
Vous pouvez faire une pause.
(22h34. Cette pause me paraît d’abord due à notre chat Willy, qui a
bondi sur les genoux de Jane pendant qu’elle parlait. Elle tressaille, ce qui
me fait croire qu’il l’a interrompue, mais en sortant de transe Jane dit
qu’elle se souvient à peine de l’incident. Son débit a continué à bonne
allure. Reprise de la même manière à 22h44.)
Croire au bien sans croire au mal peut vous sembler extrêmement
irréaliste. Cette conviction est cependant votre meilleure assurance, dans la
vie physique aussi bien qu’après.
Cette idée insulte peut-être votre intelligence, et le témoignage de vos
sens peut vous faire hurler qu’elle est fausse ; mais croire au bien sans
croire au mal est parfaitement réaliste car, dans la vie physique, cette
croyance contribue à maintenir votre corps en bonne santé, elle vous
protège psychologiquement de toutes sortes de peurs et de difficultés
mentales, et elle vous apporte un sentiment d’aisance et de spontanéité
propice à l’épanouissement de vos facultés. Après la mort, cette idée vous
protège de la croyance au châtiment imposé, aux démons et à l’enfer. Elle
vous dispose à comprendre la nature de la réalité. Je comprends que ce
concept offense effectivement votre intellect et que vos sens vous donnent
l’impression du contraire. Mais vous avez sûrement déjà compris que vos
sens vous disent bien des choses qui ne sont pas vraies ; et je vous dis que la
réalité perçue par vos sens résulte de vos croyances.
Si vous croyez aux démons, vous allez bien sûr les percevoir. Votre
monde n’a toujours pas tenté l’expérience qui vous en libérerait. La
chrétienté – ou plutôt la chrétienté organisée que vous connaissez – n’a fait
que déformer cette vérité première. Je ne parle pas ici des préceptes
d’origine, auxquels on a à peine donné leur chance, nous le verrons plus
loin.
L’expérience qui transformerait votre monde fonctionnerait sur l’idée que
vous créez votre propre réalité en fonction de vos croyances, que toute
existence est bénie et que le mal n’existe pas. Si ces idées étaient appliquées
individuellement, et collectivement, le témoignage de vos sens n’apporterait
aucun démenti. Ils percevraient le bien dans le monde et au sein de
l’existence.
Cette expérience n’a pas été tentée ; et ce sont là les vérités que vous
devez apprendre après la mort physique. Certains, comprenant ces vérités
après la mort, choisissent de revenir pour les expliquer. Cela s’est produit
tout au long des siècles. Dans le système de probabilités qui prend
naissance au sein de la réalité physique, c’est également le cas.
Il y a des systèmes de probabilités qui ne sont pas du tout liés à votre
propre système et qui sont beaucoup plus avancés que ceux que vous
pouvez imaginer actuellement. Dans ces systèmes, ces vérités sont bien
connues ; les individus y créent les réalités de façon intentionnelle, en
donnant toute liberté aux capacités de création de la conscience.
(22h59.) J’en parle ici pour montrer qu’il existe après la mort de
nombreuses conditions qui ne sont pas liées à votre système. Quand vous
avez appris ce que vos capacités vous permettent d’apprendre dans cette
période intermédiaire, vous êtes prêts à aller de l’avant. Mais la période
intermédiaire elle-même possède de multiples dimensions d’activité et des
types d’expérience variés. Comme vous pouvez le voir, et pour formuler les
choses aussi simplement que possible, tout le monde ne « connaît » pas tout
le monde.
Au lieu de pays et de divisions physiques, vous avez des états
psychologiques. Pour un individu qui se situe dans l’un, les autres peuvent
sembler tout à fait étrangers. Dans les communications avec ceux qui sont
dans ces états transitionnels, les messages qui passent par des médiums
peuvent paraître contradictoires. C’est que tous les « morts » n’ont pas la
même expérience. Leur condition et leur situation varient énormément. Un
individu qui décrit sa réalité ne décrit que ce qu’il connaît. Une fois de plus,
ces propos offensent souvent l’intellect, qui exige des réponses et des
descriptions simples, carrées, et qui se recoupent.
La plupart des individus qui communiquent, depuis ces stades, avec des
parents « vivants » n’ont pas encore atteint le moment du choix, ni achevé
leur formation.
(23h06.) Ils perçoivent peut-être encore la réalité selon leurs anciennes
croyances. Presque toutes les communications, en particulier lorsqu’il y a
un lien avec un proche dans une vie immédiatement précédente,
proviennent de ce niveau. Ces messages ont leur validité. Ils permettent à
ceux qui communiquent de faire savoir à des parents vivants que l’existence
continue, et ils peuvent le faire selon des termes compréhensibles pour les
vivants.
Ils peuvent d’autant mieux communiquer avec eux que, souvent, leurs
croyances sont encore identiques ; dans le meilleur des cas, ils peuvent
communiquer leur connaissance au fur et à mesure qu’ils l’acquièrent. Mais
progressivement, leur intérêt se modifie. Ils engagent des relations avec des
individus situés dans leur nouvelle existence.
Au moment du choix, la personnalité se prépare donc à partir pour une
autre existence. Selon votre idée du temps, cette période intermédiaire peut
durer des siècles, ou seulement quelques années. Mais, encore une fois, il
existe des exceptions. Il y a des cas où une personnalité intègre très vite –
en quelques heures – une autre vie physique. C’est en général un choix
fâcheux, qui résulte d’un désir obsessionnel de revenir à la vie physique.
Mais un retour aussi rapide peut être le fait d’une personnalité chargée
d’une mission, qui néglige ou écarte un vieux corps physique pour renaître
presque immédiatement, afin de mener à bien un projet entamé, à la fois
important et nécessaire.
Maintenant, nous allons terminer notre session, à moins que vous ayez
des questions.
(« Je n’en ai pas. »)
Un chaleureux bonsoir à vous deux.
(« Bonne nuit, Seth. »)
Vous auriez dû venir à la session du cours de perception extrasensorielle
d’hier soir. Elle vous aurait plu…
(« Je vais la lire. » Je dactylographiais une session dans mon atelier
pendant que la classe était réunie dans le salon. Comme d’habitude, la
session a été enregistrée par un membre du cours et nous en aurons la
transcription dans quelques jours.)
… et vous n’auriez pas eu besoin de prendre des notes. (Une pause.) Je
suis fortement ici avec vous, ce soir, et si vous vous en faites la suggestion,
je peux vous aider à sortir de votre corps. Souvenez-vous-en.
(« D’accord. J’aimerais bien me projeter. »)
À plus tard, alors.
(« Bonne nuit, Seth, et merci. » 23h18. La transe de Jane a été assez
profonde et il lui faut plus de temps que d’habitude pour en sortir. Dans la
dernière partie de la session, j’ai pu sentir la présence immédiate de Seth.
Jane me dit que, « tout à la fin de la session », elle a reçu cette idée de
Seth : si j’enregistrais une session, je serais libre, pendant qu’elle se
déroulerait, de faire une série de croquis de Jane parlant pour Seth, et je
pourrais utiliser ces croquis pour faire un portrait à l’huile. Jane est
certaine que cette idée vient de Seth. Elle ne l’a jamais eue ; moi non plus,
d’ailleurs.
En me couchant, je tente la suggestion de projection dont m’a parlé Seth
mais, au matin, je n’ai rien à signaler. Quand je suis couché, j’ai souvent
du mal à me faire des suggestions ; je m’endors trop vite. Jane glisse plus
doucement dans le sommeil.)
SESSION 547
LUNDI 24 AOÛT 1970

(21h10.) Maintenant. Bonsoir.


(« Bonsoir, Seth. »)
Nous allons reprendre la dictée. (Jane, en tant que Seth, me regarde avec
une expression interrogatrice.) À moins que vous ayez des questions
préliminaires…
(« Non. »)
Je voudrais ajouter ici quelques précisions. Le moment du choix est un
peu plus complexe si le dernier cycle réincarnationnel, selon vos termes, est
achevé.
Encore une fois, il faut que vous compreniez que vous n’avez pas
conscience à présent de votre identité véritable. Comme vous vous
identifiez exclusivement à votre moi présent, vous imaginez la vie après la
mort comme la vie future du moi que vous connaissez. À la fin du cycle
réincarnationnel, vous comprenez parfaitement que vous, l’identité
fondamentale, le noyau interne de votre être, êtes davantage que la somme
de vos personnalités réincarnées.
On pourrait donc dire que les personnalités ne sont que des divisions de
votre moi ici. Il n’existe aucune compétition entre elles. Il n’y a pas de
division réelle mais seulement une division apparente, dans laquelle
vous jouez différents rôles, vous développez différentes facultés, et vous
apprenez à créer de différentes manières. Ces personnalités
réincarnationnelles continuent à se développer, tout en comprenant que leur
identité principale est aussi la vôtre.
Quand le cycle est achevé, vous avez donc une connaissance complète de
vos vies passées. Vous disposez de l’information, de l’expérience et des
facultés qui en sont issues. Cela signifie simplement que vous comprenez
votre réalité multidimensionnelle en termes pratiques. J’ai souvent employé
le mot multidimensionnel et vous voyez que je l’emploie de façon littérale,
car votre réalité existe non seulement en termes d’existences
réincarnationnelles, mais également dans les réalités probables dont il a déjà
été question.
À la fin du cycle, il y a beaucoup plus de choix possibles pour les
personnalités qui n’ont plus à se réincarner. Il y a toujours la possibilité
d’enseigner, si on en a le goût et la capacité, mais l’enseignement
multidimensionnel est bien différent de l’enseignement que vous
connaissez, et il exige une formation très rigoureuse.
Un enseignant de ce type doit pouvoir instruire les différentes parties
d’une entité en même temps, selon vos termes. Mettons, par exemple,
qu’une entité particulière ait des réincarnations au XIVe siècle, en l’an 3
avant J.-C., en l’an 260 de notre ère et à l’époque de l’Atlantide. Un
enseignant est simultanément en contact avec ces différentes personnalités,
et il lui faut communiquer avec chacune d’entre elles en des termes qu’elles
puissent comprendre. Ce genre de communication exige une connaissance
complète des croyances-racines, du climat de pensée philosophique et
scientifique de ces époques.
(21h26.) Si l’entité explore plusieurs systèmes probables, il lui faut
atteindre et contacter ces personnalités. La carrière d’enseignant
communicant est extrêmement exigeante en termes de connaissances et de
formation, mais c’est l’un des parcours possibles. L’acquisition des
connaissances nécessaires améliore les compétences de l’enseignant. Tout
cela exige une manipulation délicate de l’énergie et un voyage constant à
travers les dimensions. Une fois que ce choix est fait, la formation
commence immédiatement, toujours sous la direction d’un praticien expert.
Cette vocation, car c’en est une, entraîne l’enseignant jusque dans des
champs de réalité dont il ignorait l’existence.
Maintenant. D’autres, qui ont achevé leurs réincarnations et dont la
nature générale est différente, peuvent commencer le long voyage qui mène
à la vocation de créateur. Sur un plan très différent, on peut les comparer
aux génies de la création dans votre réalité.
Au lieu de peinture, de pigments, de mots, de notes de musique, les
créateurs commencent à faire l’expérience des différentes dimensions de
réalisation en impulsant de la connaissance dans le plus grand nombre de
formes possible – et je ne parle pas de formes physiques. Ce que vous
appelez temps est manipulé comme un artiste manipule des pigments. Ce
que vous appelez espace est assemblé de différentes manières.
On crée donc de l’art en utilisant du temps comme structure. Selon vos
termes, le temps et l’espace peuvent être mélangés. La beauté naturelle,
celle de différentes périodes, de tableaux ou de constructions – tout cela est
recréé par les débutants et cela leur sert de méthode d’apprentissage. Leur
préoccupation principale est de créer de la beauté dans le plus grand
nombre possible de réalités.
Ce travail peut être perçu d’une certaine façon dans votre système, et
d’une manière entièrement différente dans les réalités probables ; il s’agit
d’un art multidimensionnel, si libre et si élémentaire qu’il apparaît
simultanément dans de multiples réalités.
Cet art est impossible à décrire en mots. Ce concept n’a pas d’équivalent
verbal. Mais ces créateurs ont pour fonction d’inspirer ceux qui se trouvent
dans tous les niveaux de réalité auxquels ils ont accès. L’inspiration, dans
votre système, est donc souvent l’œuvre de ces créateurs.
Vous pouvez faire une pause et nous poursuivrons.
(De 21h44 à 22h00.)
Ces « formes d’art » sont souvent des représentations symboliques de la
réalité. Elles sont interprétées de diverses manières en fonction de ceux qui
les perçoivent.
Selon vos termes, il peut s’agir de pièces de théâtre vivantes. Ce sont
toujours des structures psychiques qui existent indépendamment de tout
système de réalité, mais qui sont perçues, au moins partiellement, dans
nombre d’entre eux. Certaines existent dans ce que l’on peut appeler le plan
astral, et vous les percevez pendant le sommeil.
(22h03. Notre chat Willy bondit soudain sur les genoux de Jane –
exactement comme la dernière fois. D’instinct, je le réprimande un peu
fort, craignant qu’il fasse sortir Jane de sa transe. Elle bat des paupières
au son de ma voix mais continue à parler. Willy saute par terre.)
Des bribes de ces formes peuvent être aperçues par votre esprit temporel
quand vous n’êtes pas tout à fait endormis ni tout à fait réveillés, ou dans
d’autres moments de dissociation. Il y a différentes sortes d’art
multidimensionnel et les créateurs œuvrent donc à de nombreux niveaux.
Toute l’histoire du Christ était une création de ce type.
(Une pause à 22h06. J’éternue. Ce n’est pas la première fois que
j’éternue depuis le début de la session.)
Il y en a aussi qui choisissent d’être guérisseurs, et cela ne concerne
évidemment pas seulement la guérison que vous connaissez. Ces
guérisseurs doivent travailler à tous les niveaux d’expérience de l’entité, et
aider directement les personnalités qui en font partie. À nouveau, cela
suppose une manipulation dans les configurations réincarnationnelles et une
grande diversification. Un guérisseur commence par des moi
réincarnationnels qui connaissent diverses difficultés…
(J’éternue trois fois de suite.) Voulez-vous faire une pause ?
(« Je ne crois pas. » Mais je me pose quand même la question.)
La guérison en question est toujours psychique et spirituelle, et ces
guérisseurs sont prêts à aider toute personnalité dans votre système, tel que
vous le connaissez dans le temps présent, et dans d’autres systèmes.
Dans un contexte plus large, et avec une formation plus importante, les
guérisseurs avancés traitent les maladies spirituelles d’un grand nombre de
personnalités. Certains combinent les qualités d’enseignant, de créateur et
de guérisseur. D’autres choisissent des lignes de développement qui
conviennent plus particulièrement à leurs caractéristiques.
Je suggère que vous fassiez une pause.
(22h15. Willy recommence à s’agiter, je le porte donc dans une autre
pièce et je ferme la porte. Jane dit qu’il l’a gênée, et mes éternuements
aussi. Elle a le vague souvenir que j’ai presque crié. Mon énergie, dit-elle,
est très éparpillée ce soir, elle le sent. C’est vrai que je ne suis pas au mieux
de ma forme. Je continue à éternuer après la reprise à 22h25.)
Je ne veux toutefois pas aborder dans ce chapitre le but de l’existence
continue d’une conscience ou de son développement. Je veux simplement
indiquer que les possibilités de progression sont très vastes et souligner le
fait que chaque personnalité est absolument libre.
Les développements de la conscience sont des attributs naturels, des
étapes naturelles. Il n’y a là aucune contrainte. Tous les développements qui
se produisent par la suite sont inhérents à la personnalité que vous
connaissez, tout comme l’adulte est inhérent à l’enfant.
Cette description des évènements d’après la mort peut paraître très
complexe, en particulier si vous êtes habitués au conte simpliste du paradis
et du repos éternel. Malheureusement, les mots échouent à décrire les
nombreux fondamentaux que j’aimerais que vous compreniez. Mais vous
portez en vous la faculté de libérer votre intuition et de recevoir la
connaissance interne.
Pendant que vous lisez ce livre, les mots sont censés libérer vos propres
capacités intuitives ; et vos rêves vous apportent des informations
supplémentaires que vous saisissez au réveil, si vous y êtes attentifs. Il n’y a
pas de fin simple à la vie que vous connaissez, comme dans l’histoire du
paradis. En revanche, vous êtes libres de comprendre votre réalité, de
développer vos facultés et de sentir plus profondément la nature de votre
existence en tant que partie de Tout-ce-qui-est.
(22h34.) C’est la fin du chapitre et la fin de notre session, sauf si vous
avez des questions.
(« Non, je ne pense pas. » Je suis trop fatigué ; je ne me sens pas assez
bien.)
Mes pensées les plus cordiales à vous deux, et un chaleureux bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Une petite remarque. Une partie de vous a été projetée tout à
l’heure à l’hôpital où se trouve votre père. Ruburt a senti l’absence de cette
partie de vous. Vous essayiez simplement de lui rendre visite. Au fond de
votre esprit, vous vous demandiez s’il avait jamais eu le rhume des foins, et
c’est cela qui a déclenché la projection inconsciente.
Votre moi inconscient est une partie importante de nos sessions, et c’est
pour cette raison que Ruburt a senti son absence. Et maintenant, bonne
soirée.
(« Bonne soirée, Seth. Merci. »
22h39. La session s’achève relativement tôt, pour des raisons évidentes.
L’information de Seth sur ma projection inconsciente est très intéressante.
Un évènement de ce genre peut en effet être la cause de mes éternuements.
Il y a de fortes connexions entre mon père, le rhume des foins et moi-même.
C’est la saison du rhume des foins ; le mien n’est pas très fort en ce
moment, mais j’en ai beaucoup souffert les années précédentes. J’ai eu ma
première crise à l’âge de trois ans. À peu près au même moment, mon père
s’en est débarrassé pour de bon. Seth m’a dit il y a quelque temps que mon
père m’avait donné son rhume des foins et que, pour des raisons qui me
sont propres, j’avais accepté ce « don ».
Mes symptômes diminuent au cours de la soirée.)
CHAPITRE 12

Les rapports réincarnationnels

SESSION 550
LUNDI 28 SEPTEMBRE 1970

(21h35. Du 7 au 19 septembre, Jane et moi avons fait une tournée de


radio et de télévision dans sept villes, afin de promouvoir le livre de Jane,
The Seth Material. L’expérience a été stimulante et instructive ; Seth a
parlé à la télévision de Boston et y a été bien accueilli.
Deux sessions ont eu lieu depuis notre retour – pour répondre à des
questions et aussi par rapport à des interrogations nées de notre tournée.
Ce travail accompli, Jane est impatiente que Seth reprenne son livre.
Carl et Sue Watkins assistent à la session. Sue a apporté une liste de
questions qui viennent s’ajouter à celles que nous avions prévues.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Et bonsoir à mes amis voyageurs. Nous allons commencer notre prochain
chapitre, intitulé : « Les rapports réincarnationnels ».
Maintenant. Tout au long de vos existences réincarnationnelles, vous
élargissez votre conscience, vos idées, vos perceptions, votre système de
valeurs. Vous dépassez les limitations que vous aviez pu adopter et vous
grandissez spirituellement, tout en apprenant à prendre de la distance par
rapport aux concepts et aux dogmes restrictifs.
Le rythme de votre apprentissage ne dépend que de vous. Une conception
dogmatique ou rigide du bien et du mal peut vous ralentir. Si vous ne faites
pas le choix de la souplesse psychique et spirituelle, des idées trop étroites
sur la nature de l’existence peuvent vous poursuivre dans plusieurs vies.
Cette rigidité d’esprit peut agir comme la laisse qui attache un chiot et
l’oblige à tourner en rond. Dans ce genre de situation, vous risquez de vous
retrouver aux prises avec le concept du bien et du mal sur un ensemble
d’existences, et de tourner à l’intérieur d’un cercle de confusion, de doute et
d’anxiété.
Vos amis et vos connaissances se débattront avec les mêmes problèmes,
car vous attirerez à vous des gens ayant des préoccupations identiques. Je
vous le répète donc, nombre de vos idées sur le bien et le mal sont
erronées ; elles font obstacle à votre compréhension de la réalité.
Si un sentiment de culpabilité prend forme dans votre esprit, il devient
une réalité pour vous et vous devez vous en occuper. Mais vous êtes
nombreux à former un sentiment de culpabilité sans raison véritable, et ce
sentiment vous alourdit inutilement. Dans votre dimension d’activité, le mal
semble exister sous une multitude de formes. Permettez-moi de vous dire
que celui qui déteste un mal en crée tout simplement un autre.
(21h45.) Maintenant. De votre point de vue, il est souvent difficile de
percevoir que tous les évènements œuvrent dans le sens de la créativité, ou
de vous fier à la créativité spontanée de votre propre nature. Tuer est
évidemment un crime moral dans votre système ; mais tuer par châtiment
ne fait que multiplier l’erreur originale. Quelqu’un de très célèbre, qui a
fondé une église – ou si vous voulez, une civilisation – a dit un jour : « Si
on te frappe, tends l’autre joue. » Mais il faut comprendre correctement le
sens originel de ce précepte. Il s’agit de tendre l’autre joue parce que l’on
comprend que, fondamentalement, celui qui attaque s’attaque lui-même.
Si vous le comprenez, vous conservez votre liberté, et la réaction est
bonne. Mais si on tend l’autre joue sans l’avoir compris et avec du
ressentiment, ou avec un sentiment de supériorité pseudo-morale, alors la
réaction est inappropriée.
Or tout cela, qui s’applique à vos rapports dans les existences
réincarnationnelles, est bien sûr également pertinent dans votre expérience
quotidienne. Si vous détestez une personne, ce sentiment peut vous lier à
elle pendant autant de vies que vous permettrez à la haine de vous
consumer. Vous attirez à vous, dans cette existence et dans toutes les autres,
les caractéristiques sur lesquelles vous focalisez votre attention. Si vous
vous concentrez sur les injustices dont vous pensez être victime, vous
attirez ce genre d’expérience ; et si ce genre d’expérience persiste, cela se
reflète dans votre existence suivante. Il est vrai qu’il existe entre les vies du
« temps » pour la contemplation et la compréhension.
Ceux qui ne profitent pas de cette possibilité dans cette vie-ci ne le font
souvent pas non plus lorsqu’elle est achevée. La conscience doit s’étendre.
Elle doit créer. Elle doit se retourner de l’intérieur vers l’extérieur pour le
faire. Rien, en dehors de vous-mêmes, ne peut vous obliger à comprendre
ces questions ou à affronter ces problèmes.
Il est inutile de dire : « Quand cette vie sera finie, je reviendrai sur mon
expérience et je corrigerai mes erreurs. » C’est comme un jeune homme qui
dirait : « Quand je serai vieux et à la retraite, j’utiliserai toutes les facultés
que je ne développe pas pour l’instant. » C’est maintenant que vous
préparez la scène de votre « prochaine » vie. Les pensées que vous avez
aujourd’hui constitueront, d’une manière ou d’une autre, l’étoffe de votre
prochaine existence. Il n’existe pas de formule magique capable de vous
donner la sagesse, de vous apporter la compréhension et la compassion,
d’élargir votre conscience.
(21h58.) Vos pensées et votre expérience de tous les jours contiennent
toutes les réponses dont vous avez besoin. Toutes vos facultés, tous vos
succès en cette vie ont été élaborés dans des expériences passées. Ils vous
reviennent de droit. Vous avez fait ce qu’il fallait pour les développer. Si
vous regardez vos connaissances, vos collègues de travail, vos amis et vos
parents, vous verrez le genre de personne que vous êtes, car vous êtes attiré
par eux comme ils le sont par vous, par le biais de ressemblances internes
absolument essentielles.
Si vous examinez vos pensées pendant cinq minutes, à différents
moments de la journée et plusieurs fois par mois, vous obtiendrez une
impression exacte du genre de vie que vous avez jusqu’ici préparé pour
vous-même dans votre prochaine existence. Si vous n’êtes pas satisfait de
ce que vous découvrez, vous feriez bien de commencer à modifier vos
pensées et vos sentiments.
Comme vous le verrez dans ce livre, vous pouvez le faire. Rien ne vous
oblige à retrouver dans chaque vie ceux que vous connaissez déjà ; et
pourtant, la nature même de l’attraction fait que c’est souvent le cas.
Vous pouvez faire une pause.
(« Merci », dis-je en plaisantant.
Avec humour.) Je ne vous fais pas travailler tout le temps parce que vous
êtes un ami cher.
(« Merci beaucoup. »
22h04. Le débit de Jane a été bon, avec très peu d’interruptions. Pendant
la pause, nous discutons tous les quatre de notre activité de samedi soir :
nous sommes allés danser et nous avons continué la soirée avec des
sandwichs à la saucisse chaude et au piment au Toby’s Bar & Grill. Reprise
à 23h15.)
Maintenant. Je ne peux pas rivaliser avec un sandwich à la saucisse –
mais il n’y en a pas ce soir, de toute façon. Nous allons donc poursuivre la
dictée.
Le fait que vous soyez né dans votre famille actuelle peut avoir toutes
sortes de raisons. Après la mort, vous découvrirez peut-être que vous avez
avec une personnalité d’une vie passée un rapport affectif bien plus fort que
ceux que vous connaissez à présent. Par exemple, si vous êtes marié mais
que vous n’avez pas un rapport véritable avec votre conjoint, vous
trouverez peut-être une épouse ou un mari passé qui vous attend.
Les membres de différents collectifs – militaire, d’église, de chasse –
poursuivent fréquemment dans une autre vie des relations familiales dans
lesquelles ils abordent d’anciens problèmes d’une manière nouvelle. La
famille doit être considérée comme un ensemble changeant d’activité
psychique ; elle a une identité subjective dont les membres n’ont souvent
pas conscience.
Les familles ont des objectifs subconscients, et les membres d’une
famille peuvent poursuivre ces buts sans s’en rendre compte. Ces
formations sont établies à l’avance, en quelque sorte, entre les existences
physiques. Il est fréquent que quatre ou cinq individus se donnent un défi et
s’attribuent à chacun un rôle ; puis ils jouent ces rôles dans l’existence
physique.
Le moi interne est toujours conscient des mécanismes cachés dans ces
ensembles familiaux. Ceux qui ont noué des liens affectifs étroits préfèrent
souvent poursuivre ces relations de façon plus ou moins fortes sur de
nombreuses vies. Les relations nouvelles sont cependant toujours
encouragées, car les « familles » réincarnationnelles peuvent devenir trop
fermées sur elles-mêmes. Nombre d’entre elles forment des organisations
physiques qui sont la manifestation de groupements internes.
J’ai parlé du concept rigide du bien et du mal. Il n’y a qu’une façon
d’éviter ce problème. L’amour et la compassion véritables mènent seuls à
une compréhension de la nature du bien, et ces qualités permettent seules
d’anéantir les conceptions mal fondées et erronées du mal.
(22h28.) Le fait est que, tant que vous croyez au mal, celui-ci est une
réalité dans votre système et vous le voyez se manifester. Votre croyance en
lui semble donc totalement justifiée. Si vous maintenez ce concept sur
plusieurs générations, sur plusieurs réincarnations, vous en augmentez
encore la réalité.
Permettez-moi d’expliquer un peu ce que j’essaie de vous dire. D’abord,
l’amour suppose toujours la liberté. Si un homme vous dit qu’il vous aime
tout en vous refusant la liberté, vous en venez souvent à le détester. Mais du
fait de ses paroles, vous avez peut-être l’impression que votre sentiment
envers lui n’est pas justifié. Ce type de brouillage affectif peut mener à des
situations enchevêtrées qui se poursuivent sur plusieurs vies.
Si vous haïssez le mal, méfiez-vous de l’idée que vous vous en faites. La
haine est réductrice. Elle restreint votre perception. C’est un verre sombre
qui obscurcit l’ensemble de votre expérience. Vous allez trouver de plus en
plus de choses à détester et vous amènerez des éléments de haine dans votre
propre expérience.
Si, par exemple, on déteste un parent, il devient facile de détester tous les
parents, car on voit, on projette le visage de l’offenseur originel sur tous les
parents. Dans les vies suivantes, on risque également d’être attirés par une
famille dans laquelle on retrouve ce sentiment, car c’est le sentiment qui
pose problème, et non ce qui semble le susciter.
Si vous haïssez la maladie, vous attirerez peut-être sur vous la maladie
dans une vie prochaine, et ce sera la haine qui l’aura attirée. Si, au contraire,
vous ressentez…
(22h35. En tant que Seth, Jane s’interrompt. Notre chat Willy, qui se
réveille d’un somme, a sauté sur ses genoux. Je le prends, mais ses griffes
sortent Jane de sa transe. Je mets Willy dans le cagibi. Jane est assise
calmement ; elle reprend la dictée.)
Maintenant. Si vous donnez davantage d’ampleur à l’amour, au sentiment
de votre propre existence et de votre santé, vous êtes attirés par ces qualités
dans cette vie et dans les autres car vous vous concentrez sur elles. Une
génération qui déteste la guerre (Jane regarde Carl) n’apporte pas la paix.
Une génération qui aime la paix apporte la paix.
Mourir en haïssant quoi que ce soit, une cause ou des gens, est un vrai
handicap. Vous disposez, en ce moment même, de toutes sortes d’occasions
de réorienter votre expérience dans des directions plus favorables, et donc
de changer votre monde.
Dans votre prochaine vie, vous travaillerez sur des attitudes qui sont déjà
les vôtres. Si vous persistez à accueillir la haine, vous continuerez très
certainement à le faire. D’autre part, les étincelles de vérité, d’intuition,
d’amour, de joie, de créativité et d’épanouissement que vous avez obtenues
jusqu’à présent continueront à travailler pour vous comme elles le font à
présent.
Ce sont là les seules réalités véritables ; ce sont les seules fondations
réelles de l’existence. Il est insensé, a dit Ruburt un jour, de haïr la tempête,
de lui tendre le poing ou de l’insulter. Vous riez quand vous pensez aux
enfants ou aux indigènes qui se comportent de cette manière. Il est vain de
personnifier une tempête et de la traiter comme un démon, de se focaliser
sur ses éléments destructeurs, ou plutôt sur les éléments qui vous semblent
l’être.
Le changement de forme n’est pas la destruction. L’énergie d’une
tempête qui explose est fortement créatrice. La tempête n’anéantit pas la
conscience. Elle fait partie de la créativité même. Vous la voyez de votre
point de vue ; mais, la même tempête peut être vue comme l’œuvre du
diable ou comme le cycle infini de la créativité.
Dans toutes vos vies, vous interprétez la réalité que vous voyez, et la
façon dont vous le faites a un effet sur vous-mêmes et sur les autres. Celui
qui ressent vraiment la haine se piège lui-même : il préjuge de la nature de
la réalité à partir de sa propre compréhension limitée.
J’insiste sur cette question de la haine, dans ce chapitre concernant la
réincarnation, parce que ses conséquences peuvent être particulièrement
désastreuses. Celui qui hait se croit toujours justifié. Il ne hait jamais rien
qu’il croie bon. Il s’estime donc juste dans sa haine ; mais la haine elle-
même forme une revendication très forte, qui le suivra tout au long de ses
vies, jusqu’à ce qu’il apprenne que c’est la haine elle-même qui est
destructrice.
Maintenant, vous pouvez faire une pause. Commencez à bavarder et je
vais vous écouter.
(« D’accord. »)
Vous me suivez dans ce matériau ?
(« Bien sûr. Pourquoi cette question ? »
Avec humour, en se penchant en avant.) Vous êtes mon premier lecteur.
(22h51. La pause arrive, accompagnée du rire de Sue et de Carl. Le débit
de Jane a été rapide la plupart du temps. Reprise de la même manière à
23h08.)
Maintenant. Loin de moi l’idée d’interrompre votre passionnante
conversation. Sur quoi vous vous concentrez, c’est cela qu’il faut vous
rappeler, et nous en resterons là. Maintenant, nous allons reprendre la
dictée.
Je voudrais insister sur le fait qu’on ne gagne rien non plus à haïr la
haine. On ne fait que retomber dans le même piège.
Ce qu’il faut, c’est avoir une confiance fondamentale dans la nature de la
vitalité, avoir foi dans le fait que tous les éléments de l’expérience
travaillent pour le plus grand bien, même si l’on ne perçoit pas la manière
dont le « mal » se transmue en créativité. Ce que vous aimez fait partie de
votre expérience dans cette vie comme dans les autres.
La chose la plus importante à retenir ici, c’est que personne ne jette sur
vous l’expérience d’aucune vie. Celle-ci se forme en accord fidèle avec vos
émotions et avec vos croyances. (En tant que Seth, Jane dicte ce matériau
vigoureusement, avec un débit rapide.) L’immense pouvoir, l’immense
énergie de l’amour et de la créativité sont apparents dans le simple fait de
votre existence. C’est une vérité que vous oubliez bien souvent – le fait que
la conscience et l’existence continuent et qu’elles absorbent les éléments
qui vous paraissent si destructeurs.
(Une pause à 23h13.) La haine est puissante si vous croyez en elle ;
pourtant vous continuez d’exister même si vous haïssez la vie. Vous avez
tous pris des rendez-vous que vous avez oubliés. Vous vous êtes engagés,
pourrait-on dire, avant de naître à cette existence. Dans bien des cas, vous
étiez déjà proches de vos amis avant de les rencontrer dans cette vie.
Cela ne veut pas dire que chacun de ceux que vous connaissez à présent
était connu de vous, et cela ne veut certainement pas dire que le même
disque se répète sans cesse de façon ennuyeuse, car chaque rencontre est
nouvelle à sa manière. Concernant ce que j’ai dit à propos des familles,
dites-vous que les villes et les villages peuvent également être composés
des habitants passés d’autres villes et d’autres villages, transposés dans de
nouveaux contextes et de nouvelles expériences qui permettent au groupe
de rencontrer des situations inédites.
Les habitants d’une ville actuelle peuvent être les habitants, nés à
nouveau, qui vivaient, disons en 1632, dans un petit village irlandais,
transposés aujourd’hui dans une ville de l’Idaho.
Certains, qui souhaitaient quitter l’Ancien Monde pour le Nouveau, y
renaissent. Vous devez aussi vous souvenir que les facultés de vos vies
passées sont à votre disposition pour une utilisation présente. Vous récoltez
vos propres récompenses. Les informations concernant vos vies passées
vous sont souvent données pendant le sommeil, et il existe un type de rêve
de groupe, un rêve-racine par lequel ceux qui se sont connus dans des vies
passées communiquent maintenant.
Les informations de masse sont données dans ces rêves et les individus
les utilisent ensuite à leur convenance. Des plans de développement
d’ensemble sont établis, par exemple, quand les membres d’une ville
décident de leur destinée. Certains individus choisissent toujours de naître
en tant que membres d’un groupe – de renaître, autrement dit, avec des
contemporains passés – tandis que d’autres dédaignent ce type d’entreprise
et reviennent dans une situation plus isolée.
(23h25.) C’est une question de ressenti psychologique. Certains individus
sont plus à l’aise, plus sûrs d’eux et plus doués lorsqu’ils travaillent avec les
autres dans ce genre de situation. Vous pouvez comparer cela à une
personne donnée restant dans le même groupe de la maternelle à la fin de
ses études. Dans une situation réincarnationnelle, elle choisirait de revenir
toujours avec les mêmes partenaires. D’autres préfèrent au contraire aller
d’école en école et réapparaître relativement seuls, avec davantage de
liberté et de défis, mais sans la toile de fond sécurisante choisie par les
autres.
Dans tous les cas, c’est l’individu qui décide non seulement de chaque
vie successive, de sa durée, de l’époque historique et de l’environnement
dans lequel elle se déroule, mais aussi de son caractère général et de ses
méthodes d’accomplissement. Il y a donc autant de manières de se
réincarner que de moi internes, et chaque moi interne choisit ses propres
méthodes.
Je vais terminer notre session, maintenant que ce chapitre est commencé.
J’ai le sentiment que, de toute façon, nous aurons quelques sessions
supplémentaires. Je souhaite à mes amis une très bonne soirée ; quand vous
repartirez en voyage (Seth a aidé Carl et Sue dans le voyage astral),
j’espère que vous rapporterez vos souvenirs avec vous – et (s’adressant à
moi) vous aussi.
(« D’accord. Bonsoir, Seth, et merci. »
23h34. La transe de Jane a été profonde, ses yeux étaient grands ouverts
et très noirs. « Seth est encore par ici », dit-elle.
Nous sommes engagés dans une discussion animée. Sue a soulevé la
question de la surpopulation. Si un nombre déterminé d’entités est
responsable de la création de notre monde physique, d’où viennent les êtres
humains qui s’y ajoutent ? Je lui dis que, selon Seth, chacune des
personnalités qui fait partie d’une entité peut se manifester physiquement
aussi souvent qu’elle le choisit. Seth nous interrompt à 23h40.)
Maintenant. Accordez-moi un instant. (Une pause.) Tout d’abord, en tant
qu’espèce, dans le contexte de l’usage ordinaire, vous vous considérez
comme une espèce séparée du reste de la nature et de la conscience.
Votre propre survie en tant qu’espèce a été votre préoccupation
principale. Vous avez considéré les autres espèces uniquement du point de
vue de leur utilité pour vous. Vous n’avez pas vraiment eu la notion du
caractère sacré de toute conscience, ni de votre relation en elle. Vous étiez
en train de perdre de vue cette grande vérité.
Dans les circonstances actuelles, vous maintenez cette idée – l’idée de la
survie de l’espèce quelles qu’en soient les conséquences, l’idée de modifier
l’environnement en fonction de vos buts spécifiques ; et cela vous a
conduits à négliger les vérités spirituelles.
Dans la réalité physique, vous en voyez donc le résultat. Or les
personnalités qui y reviennent le font pour différentes raisons. Certaines
d’entre elles sont de nouveau attirées vers la vie physique par cette attitude
même. Ce sont des personnalités qui dans le passé, selon vos termes, ont
lutté pour l’existence physique sans considérer le droit des autres espèces.
Elles sont amenées à y revenir en raison de ces désirs mêmes.
L’espèce humaine doit apprendre la valeur de l’homme individuel. Elle
commence aussi à découvrir qu’elle dépend des autres espèces ; elle
commence à comprendre son rôle dans la trame d’ensemble de la réalité
physique.
Maintenant. Certains individus renaissent à cette époque tout simplement
pour vous aider à comprendre. Ils vous obligent à vous positionner sur le
sujet, et sur la crise, car vous avez encore le temps de changer de voie. Vous
travaillez sur deux problèmes principaux, qui impliquent tous deux le
caractère sacré de l’individu ainsi que sa relation avec les autres et avec
toute conscience physiquement orientée.
Le problème de la guerre vous enseignera tôt ou tard que, lorsqu’on tue
quelqu’un, on finit fondamentalement par se tuer soi-même. Le problème
de la surpopulation vous apprendra que si vous n’avez pas un rapport de
soin et d’amour avec l’environnement que vous habitez, celui-ci ne peut pas
continuer à vous maintenir en vie – vous n’en êtes pas dignes. Vous ne
détruirez pas la planète, voyez-vous. Vous ne détruirez ni les oiseaux, ni les
fleurs, ni les graines, ni les animaux. Vous ne serez pas dignes d’eux, et ce
sont eux qui vous détruiront.
Vous avez posé le problème pour vous-mêmes, dans votre cadre de
référence. Vous ne comprendrez votre rôle dans la trame de la nature que
quand vous verrez que vous prenez le risque de la mettre en pièces. Vous ne
détruirez pas la conscience. Vous n’anéantirez pas la conscience de la
moindre des feuilles mais, dans votre contexte, si les problèmes n’étaient
pas résolus, elles s’effaceraient de votre existence.
Cependant, cette crise est une sorte de thérapie. C’est une méthode
d’enseignement que vous vous êtes donnée parce que vous en avez besoin.
Et vous en avez besoin maintenant, avant que votre espèce s’embarque
dans des voyages vers d’autres réalités physiques. Vous devez apprendre
vos leçons maintenant, dans votre propre jardin, avant de voyager vers
d’autres mondes. C’est dans ce but que vous avez créé cette situation, et
grâce à elle vous allez apprendre. (Fin de la session à 23h55.)

SESSION 551
MERCREDI 30 SEPTEMBRE 1970

(21h17.) Maintenant, bonsoir.


(« Bonsoir, Seth. »)
Nous allons reprendre la dictée.
Dans chaque vie, vous êtes censés examiner votre environnement
extérieur pour découvrir votre condition intérieure. L’extérieur reflète
l’intérieur.
Vous êtes censés comprendre la nature de votre moi interne et le
manifester à l’extérieur. Au cours de ce processus, les circonstances
extérieures s’améliorent, au fur et à mesure que le moi interne prend
davantage conscience de sa nature et de ses facultés propres. En théorie,
vous devriez donc devenir plus forts, en meilleure santé, plus riches et plus
sages dans chacune de vos vies ; mais les choses ne fonctionnent pas de
cette façon, pour plusieurs raisons. Comme nous l’avons vu, certaines
personnalités choisissent un autre type d’expérience ; elles se développent
dans certaines zones spécifiques et ignorent les autres pendant une série de
vies.
Chaque conscience est unique et interprète son expérience à sa façon,
chaque individu utilise les opportunités réincarnationnelles comme il
l’entend. Les changements de sexe, par exemple, sont nécessaires. La trame
réincarnationnelle doit inclure l’expérience des deux sexes, mais certains
individus changent de sexe dans chaque vie alors que d’autres ont une série
de vies féminines suivie d’une série de vies masculines, ou vice versa.
Les facultés ne peuvent pas se développer pleinement sur une ligne
sexuelle unique. Il doit exister des expériences de maternité aussi bien que
de paternité. Quand vous vous rendez compte que vous formez votre
existence quotidienne et la vie que vous connaissez, vous êtes prêts à
modifier vos schémas mentaux et psychiques, et donc à changer votre
environnement quotidien.
(21h25.) Cette prise de conscience doit toutefois s’accompagner d’une
profonde connaissance intuitive des capacités du moi interne. Ensemble, ces
deux facteurs peuvent vous libérer de toute difficulté surgie dans des vies
passées. Ces prises de conscience changent la structure même de votre
existence ; elles accélèrent votre croissance spirituelle et psychique.
Il existe une logique interne à votre attitude et à votre expérience
présentes, à vos rapports avec les autres. Par exemple, si vous détestez les
femmes dans une vie, vous risquez d’être une femme dans la vie suivante.
Ainsi, vous vous rapprochez de l’expérience de la féminité et vous êtes
confrontées, en tant que femmes, aux attitudes que vous avez pu avoir vous-
mêmes vis-à-vis des femmes, dans le passé.
Si vous n’avez aucune compassion pour les malades, vous risquez de
naître avec une maladie grave, encore une fois choisie par vous, et ainsi de
faire l’expérience des attitudes qui étaient les vôtres. Mais ce genre
d’existence inclut d’ordinaire d’autres questions. Une existence n’est jamais
choisie pour une raison unique ; elle est au service de différentes
expériences psychologiques.
Par exemple, une existence de malade chronique peut aussi être une
mesure de discipline qui vous permet d’employer des facultés plus
profondes, que vous ignoriez dans une vie en bonne santé. Une vie
parfaitement heureuse en surface peut sembler magnifique tout en étant
superficielle et peu productive pour le développement de la personnalité.
Car l’existence véritablement heureuse est une vie satisfaisante en
profondeur, qui comprend une sagesse spontanée et une joie spirituelle.
Je ne suis donc pas en train de dire que la souffrance mène
nécessairement à l’épanouissement spirituel, ni que toute maladie est
acceptée ou choisie dans ce but, car ce n’est pas le cas.
(21h35.) La maladie est souvent le résultat de l’ignorance et de la paresse
mentale. Une telle discipline peut cependant être adoptée par certaines
personnalités qui doivent prendre de fortes mesures envers elles-mêmes, en
raison d’autres caractéristiques. Il existe une configuration générale des
rapports dans les vies, ce qui pourtant ne signifie pas que vous voyagiez
dans différentes existences en compagnie d’un nombre restreint d’amis et
de connaissances, légèrement modifiés à chaque fois comme des acteurs
peuvent changer de visage ou de costume.
Des ensembles d’individus se constituent dans diverses vies avec
certaines intentions, puis se séparent et peuvent ou non s’assembler à
nouveau dans un temps ou un lieu différent. Encore une fois, il n’existe pas
de règle rigide. Certaines familles sont littéralement la réincarnation de
leurs ancêtres mais, en tout état de cause, ce n’est pas le cas le plus
fréquent. Certaines relations profondes se poursuivent d’une manière ou
d’une autre. D’autres disparaissent.
Ce que je veux dire clairement, c’est que la possibilité
d’accomplissement et de connaissance est aussi présente en cet instant, dans
cette vie, qu’elle le sera jamais. Si vous ignorez maintenant les opportunités
de développement qui se présentent jour après jour, personne ne vous
obligera à mieux utiliser vos facultés après la mort, ou entre les vies. Il y a
des enseignants dans l’expérience d’après la mort, mais il y en a aussi dans
votre existence présente.
Il arrive aussi que des familles se constituent dans une vie particulière
non pas parce que ses membres ont ressenti une attirance ou un amour
particulier les uns envers les autres dans une existence passée, mais pour la
raison inverse. Certaines familles sont composées d’individus qui ne
s’aimaient pas dans le passé et qui s’assemblent dans une relation proche
afin de travailler à un objectif commun : résoudre des problèmes dans un
contexte différent et mieux se comprendre.
Conjointement, chaque génération a son but propre : perfectionner la
connaissance intérieure et la matérialiser aussi fidèlement que possible dans
le monde extérieur. La scène physique changeant au fil de vos siècles
représente les images internes qui ont scintillé dans l’esprit des individus
ayant vécu dans le monde à travers les âges.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(21h48. La dictée de Jane a été rapide et néanmoins, dit-elle, sa transe
n’a pas été aussi profonde que d’habitude. Elle a été gênée par du bruit
dans le couloir devant l’appartement. Normalement, elle ne remarque pas
ce genre de chose. Reprise à 22h05.)
Maintenant. Vous n’avez pas besoin de connaître vos vies passées, mais il
est important que vous compreniez que vous avez choisi les circonstances
de cette naissance-ci.
Si vous examinez avec soin votre vie présente, les défis que vous vous
êtes fixés vous apparaîtront. Ce n’est pas facile, mais c’est à la portée de
chacun. Si vous vous affranchissez de la haine, vous vous affranchissez
automatiquement de tout rapport de ce type dans le futur – et de toute
expérience fondée sur la haine.
Connaître son contexte réincarnationnel sans connaître la vraie nature de
son moi présent ne sert à rien. Vous ne pouvez justifier ou rationaliser les
circonstances présentes en disant : « C’est à cause de quelque chose que j’ai
fait dans une vie passée », car la faculté de changer les influences négatives
se trouve en vous maintenant. Vous avez peut-être apporté des influences
négatives dans votre vie pour une raison donnée, mais cette raison est liée à
la compréhension, et la compréhension supprime ces influences.
On ne peut pas dire : « Les pauvres sont pauvres parce qu’ils ont choisi la
pauvreté, je n’ai donc pas besoin de les aider. » Cette attitude peut
facilement vous attirer la pauvreté dans la prochaine existence.
(22h13. Encore une fois, la transe de Jane est interrompue par notre chat
Willy qui saute sur ses genoux. Je le mets de nouveau dans le cagibi
pendant que Jane me lance un regard qui signifie « oh, tant pis ». En fait,
Willy ne nous interrompt pas très souvent ; mais je me dis que nous allons
revenir à notre ancienne habitude et le mettre dans une autre pièce avant
l’heure de la session. Willy réagissait fortement à ces sessions quand elles
ont commencé en 1963. Reprise à 22h15.)
Tous les individus ne se trouvent pas au même niveau
d’accomplissement, même à la fin du cycle réincarnationnel. Certains
possèdent des caractéristiques qui n’ont pas d’équivalent au sein de
l’expérience humaine. L’existence physique elle-même a un effet différent
selon les individus. Certains y trouvent un excellent moyen d’expression et
de développement. Elle leur convient. Ils ont le don de s’exprimer de
manière physique et d’objectiver fidèlement leurs sentiments internes.
D’autres trouvent cela difficile, et ces mêmes individus s’en tirent peut-être
beaucoup mieux dans d’autres systèmes de réalité.
Il existe des « âmes robustes » qui prospèrent dans la réalité physique, et
qui peuvent avoir du mal à s’acclimater dans des zones d’activité non
physiques. Dans toutes ces zones, cependant, les contextes spirituels ou
affectifs profonds ne sont jamais niés. De très proches amis de vies passées
qui sont en mesure de communiquer avec vous le font souvent quand vous
rêvez ; et ces relations se poursuivent, bien que vous n’en ayez pas
conscience.
De manière inconsciente, vous vous rendez compte de la naissance dans
la vie physique de quelqu’un que vous avez connu dans le passé. Les
étrangers que vous rencontrez dans vos rêves sont souvent, bien entendu,
des personnes actuellement vivantes – des contemporains que vous avez
également connus dans des vies passées.
Il y a aussi des rapports passagers, des contacts qui s’établissent puis sont
abandonnés. Par exemple, un conjoint de n’importe quelle vie donnée peut
représenter quelqu’un avec qui vous gardez un lien profond et persistant,
mais ce n’est pas forcément le cas ; encore une fois, vous pouvez épouser
quelqu’un du fait de sentiments très ambigus dans une vie passée et choisir
une relation maritale qui n’est pas fondée sur l’amour, même si l’amour
peut y émerger.
Les jumeaux, soit dit en passant, supposent presque toujours des relations
psychiques très profondes et persistantes, d’une nature forte et parfois
obsessionnelle. Je parle des vrais jumeaux.
Je suggère que vous fassiez une pause.
(22h29. À l’évidence, ce n’est pas notre soir. En sortant de transe, Jane
dit à nouveau qu’elle a entendu des allées et venues dans l’entrée.
J’espérais que sa transe serait plus profonde cette fois-ci. Reprise à 22h37.)
Les objectifs réincarnationnels varient également. Je veux souligner le
fait que la réincarnation est un outil à la disposition des personnalités. Elles
l’utilisent à leur manière. Certains apprécient les existences féminines,
d’autres ont un profond attachement pour les vies masculines. Les deux
types d’expérience doivent être rencontrés, et il existe un grand éventail de
choix et d’activités. Certaines personnalités éprouvent des difficultés dans
des domaines particuliers et se développent facilement dans d’autres.
La prédétermination n’intervient jamais car les circonstances et les défis
sont choisis. Par exemple, certains problèmes peuvent être remis à plus tard,
sur plusieurs existences. Au contraire, certains veulent résoudre rapidement
leurs plus gros problèmes et en finir, dans une série d’existences ardues aux
circonstances très marquées.
D’autres, de nature plus tranquille, traiteront leurs problèmes l’un après
l’autre. On peut également prendre des périodes de repos ; elles ont une
grande valeur thérapeutique. Ainsi, on peut choisir une vie excellente, une
vie satisfaisante, avec un minimum de problèmes, soit en prélude à une vie
de défi concentré, soit en récompense après une vie difficile. Ceux qui
profitent du milieu physique sans en être obsédés se débrouillent très bien.
Les « lois » de la réincarnation sont adaptées par les personnalités
individuelles, à leur convenance.
Je suggère que nous terminions notre session, à moins que vous ayez des
questions.
(« Non. »)
Mes plus chaleureuses pensées.
(« Bonne nuit, Seth. »
22h47. Finalement, la transe de Jane s’est améliorée. « Je commençais
juste à sentir que j’entrais dans un état plus profond, dit-elle. En tout cas, je
n’avais conscience de rien – mais maintenant, c’est fini… »)
CHAPITRE 13

La réincarnation, les rêves, le masculin et le


féminin cachés au sein du moi

SESSION 555
MERCREDI 21 OCTOBRE 1970

(21h30. Depuis le 30 septembre, Seth a fait deux sessions pendant les


cours de perception extrasensorielle de Jane ; une autre pour notre ami
John Barclay, qui part habiter dans le Nevada ; et deux sur le travail dans
lequel Jane et moi sommes embarqués avec ce matériau ; et il a parlé une
nouvelle fois par Jane à la télévision – cette fois pendant notre retour, sur
une chaîne de Washington D.C.
Au début du mois, Jane et moi avons acheté une anthologie contenant
une longue section de Carl Jung, le psychanalyste suisse mort en 1961.
Jane était en train de lire cette partie du livre lorsque Seth a suggéré, dans
la session 554 du 19 octobre, qu’elle mette le livre de côté : « Laissez Jung
pour le moment. » Il n’en a pas dit plus. Ce n’est de toute façon pas le
premier contact de Jane avec les écrits de Jung.
Il est cependant intéressant de voir, dans ce chapitre, la façon dont Seth
« décolle » sur un matériau comme celui de Jung, comment il le développe
de manière à y inclure son interprétation et ses idées propres.
Il a plu toute la journée. Jane est allée chez le chiropraticien. Elle est
très détendue – si détendue que je lui demande si elle veut faire une session.
Elle dit que oui. Quand la session commence, ses yeux sont à moitié fermés
et sa voix est très tranquille, presque comme s’il s’agissait d’une
conversation ordinaire.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons commencer la dictée.
(Je me dis que je vais demander l’opinion de Seth sur l’état physique de
Jane. « Comment vous sentez-vous ? »)
Je me sens très bien. Concernant notre ami Ruburt : c’est mieux qu’il
n’aille pas chez le chiropraticien quand il pleut.
(« Pourquoi ? »)
En partie à cause de la réaction musculaire dont a parlé le chiropraticien,
et en partie parce que les mécanismes de guérison du corps fonctionnent
mieux quand il fait beau. Il se remettra plus rapidement après le traitement.
Mais cela a eu un avantage : il s’est reposé pendant tout le temps indiqué
(une heure) parce qu’il sentait qu’il en avait besoin.
(« Voulez-vous sauter la session de ce soir ? »)
Nous sommes parfaitement en forme pour une session. Elle sera assez
courte, vu les circonstances, mais bonne. J’aimerais cependant développer
quelques-uns de ces propos.
Le traitement (du chiropraticien) entraîne une manipulation de la
structure atomique qui compose les vertèbres. Les réactions électriques
varient selon les conditions atmosphériques. Par temps de pluie, il y a une
résistance électrique supplémentaire au sein des structures atomiques elles-
mêmes – une sorte de réaction différée, à peine perceptible en termes
physiques –, un délai supplémentaire avant que les vertèbres soient de
nouveau au repos, pour ainsi dire, dans la position souhaitée.
Lorsqu’elles prennent cette position, il y a encore de l’activité. Par beau
temps, cette réaction différée est moins importante et les atomes activés et
bousculés reviennent plus vite au repos.
Maintenant. Notre prochain chapitre sera intitulé : « La réincarnation, les
rêves, le masculin et le féminin cachés au sein du moi ».
(Le débit de Jane s’est accéléré.)
Comme nous l’avons vu, chaque personne vit des vies masculines et des
vies féminines. En général, il n’en reste aucun souvenir conscient. Pour
prévenir une suridentification de l’individu à son sexe actuel, il existe chez
le mâle une personnification interne de la féminité. Cette personnification
de la féminité dans le mâle est la signification véritable de ce que Jung
appelle l’ « anima ».
L’anima de l’individu masculin correspond donc au souvenir de toutes les
existences féminines dans lesquelles le moi interne a été impliqué, et à
l’identification psychique avec elles. L’anima contient la connaissance des
histoires féminines passées de l’homme présent, et la compréhension
intuitive de toutes les qualités féminines que cette personnalité possède de
manière innée.
L’anima est donc un garde-fou important ; elle empêche l’homme de se
suridentifier aux caractéristiques culturelles masculines qui lui ont été
imposées par le contexte, par son éducation et par son environnement
présents. L’anima sert d’influence civilisatrice non seulement personnelle
mais aussi générale : elle adoucit les tendances fortement agressives et sert
de pont dans la communication avec les femmes, à l’intérieur de la famille
aussi bien que dans la verbalisation et les arts.
L’homme rêve donc souvent de lui-même en femme. Ces rêves peuvent
lui en dire long sur le contexte réincarnationnel dans lequel il a vécu en tant
que femme. La masculinité et la féminité ne sont évidemment pas des
contraires, mais des tendances qui fusionnent. La prêtresse, la mère, la
jeune sorcière, l’épouse, la vieille femme sage – ces archétypes sont les
« éléments-racines » qui représentent symboliquement les différentes
caractéristiques réputées féminines et les différents types de vies féminines
qui ont été vécues par les hommes.
Bien entendu, elles ont aussi été vécues par les femmes. Mais les femmes
n’ont pas besoin qu’on leur rappelle leur féminité ; d’ailleurs, pour éviter
qu’elles se suridentifient à leur sexe actuel, il existe, ici aussi, ce que Jung
appelle l’ « animus », ou le mâle caché au sein de la femme.
Là encore, l’animus représente les vies masculines dans lesquelles le moi
a été impliqué – le jeune garçon, le prêtre, l’« homme de la jungle »
agressif, le vieil homme sage. Ce sont les types qui représentent de manière
générale et symbolique les vies masculines passées vécues par les femmes
présentes. Les femmes peuvent donc en apprendre autant que les hommes
sur leur passé réincarnationnel en étudiant les rêves dans lesquels ces types
apparaissent ou dans lesquels elles-mêmes apparaissent en hommes.
Par le biais de ce qu’on appelle l’anima et l’animus, les personnalités
présentes peuvent puiser intuition et connaissance dans les situations
d’existences passées où elles avaient le sexe opposé. Si les femmes en font
trop et exagèrent leurs caractéristiques féminines, l’animus, ou le mâle en
elles, leur vient en aide et leur apporte, par l’expérience onirique, un afflux
de connaissance qui va entraîner une réaction compensatoire de caractère
masculin.
La même chose s’applique à un homme qui se suridentifie à ce qu’il
considère, pour différentes raisons, comme les caractéristiques masculines.
L’anima, la femme en lui, va le pousser à effectuer des actes
compensatoires qui vont faire surgir ses facultés intuitives et apporter un
élément créatif de nature à neutraliser son agressivité.
Dans l’idéal, ces opérations s’équilibreraient, individuellement et
collectivement, si bien que l’agressivité serait toujours utilisée de manière
créatrice, comme elle peut l’être et doit l’être.
Vous pouvez faire une pause.
(22h02. « C’est très bon, dis-je à Jane quand elle sort de transe. Oui, dit-
elle, je me rends compte que c’était super, vu tout ce qu’il lui reste à dire. »
Mais elle a l’air si alanguie, ses paupières sont si lourdes et son regard si
vague que je me demande si elle va réussir à rester réveillée pour continuer.
Reprise de la même manière à 22h21.)
Maintenant. L’animus et l’anima sont, bien entendu, très chargés
psychiquement ; mais cette charge psychique et la fascination interne
qu’elle entraîne résultent d’une identification parfaitement légitime aux
caractéristiques personnifiées de l’autre sexe.
(Débit plus lent.) La réalité de l’anima et de l’animus ne se borne
cependant pas à la psyché ; elle est inscrite dans les données génétiques du
moi interne – la mémoire génétique des évènements psychiques passés ; elle
est transposée dans le souvenir génétique des cellules qui composent le
corps.
Chaque moi interne, en adoptant un nouveau corps, impose à ce corps et
à toute sa configuration génétique le souvenir des formes physiques passées
dans lesquelles il a été impliqué. Or les caractéristiques présentes cachent
en général celles qui sont passées ; elles sont dominantes. Mais les autres
caractéristiques sont bien là, latentes, gravées dans le schéma. Le schéma
physique du corps présent est donc un souvenir génétique des formes
physiques passées du moi, un souvenir de leurs forces et de leurs faiblesses.
(22h29. Jane se frotte les yeux ; elle parle lentement, avec beaucoup de
pauses.)
Je vais essayer de formuler cela le plus simplement possible. Il existe des
couches invisibles au sein du corps ; la couche extérieure, celle que vous
voyez, représente bien sûr la forme physique présente. Mais, imbriquées
dans celle-ci, existent ce que l’on pourrait décrire comme des couches
invisibles « en ombre », des couches latentes qui représentent des images
physiques antérieures ayant appartenu à la personnalité.
Celles-ci sont maintenues, pour ainsi dire, en suspens, et connectées de
manière électromagnétique à la structure atomique du corps présent. Selon
votre manière de penser, elles sont non focalisées. Elles font néanmoins
partie de votre héritage psychique. Vous pouvez souvent faire appel à la
force passée d’un corps antérieur pour compenser une faiblesse actuelle. Le
corps ne fait pas que se souvenir de ses différentes conditions biologiques
au cours de cette vie ; il porte physiquement, de manière indélébile, le
souvenir des autres corps que la personnalité a formés dans les
réincarnations précédentes.
L’anima et l’animus sont intimement liés à ces images intérieures du
corps. Ces images sont très chargées psychiquement et apparaissent aussi en
rêve. Elles fonctionnent comme des compensations et des rappels qui vous
empêchent de vous suridentifier à votre corps physique actuel.
Ces images intérieures du corps sont évidemment masculines et
féminines. Quand vous êtes malades, il arrive souvent que vous ayez
l’impression, dans l’état de rêve, d’être quelqu’un d’autre, dans un corps en
parfaite santé. Ce genre de rêve est souvent thérapeutique. Un corps
réincarnationnel « plus ancien » vous est venu en aide, et vous tirez de la
force du souvenir de sa bonne santé.
(22h44.) Nous allons terminer la session et poursuivre notre matériau la
prochaine fois, sauf si vous avez des questions.
(« Non. »)
Mes plus chaleureuses pensées à vous deux, alors, et une très bonne
soirée.
(« Bonsoir, Seth. Merci beaucoup. »
22h45. Une fois sortie de transe, Jane dit qu’elle se sent aussi bien, ou
mieux, qu’avant le début de la session. Elle est étonnée de cette fin
soudaine. Elle s’est sentie « vraiment passive » au cours de la session ; et
j’ai entendu son débit ralentir.)
SESSION 556
LUNDI 26 OCTOBRE 1970

(21h08.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée.
Les expériences réincarnationnelles font partie du schéma du moi, elles
forment une facette de cette réalité multidimensionnelle qu’est la psyché
vivante. Ces expériences sont donc reflétées non seulement dans les rêves
mais également dans d’autres couches d’activité.
L’étoffe du moi présent est tissée de ces « passés » réincarnationnels ; le
moi présent tire inconsciemment des caractéristiques, des activités et des
constats de sa propre banque de personnalités. Les souvenirs de vies
passées refont souvent surface sans être reconnus comme tels, car ils
apparaissent sous forme de fantasmes ou sont projetés dans des créations
artistiques.
De nombreux auteurs d’œuvres historiques, par exemple, écrivent à partir
de leur expérience directe de certaines époques. On a là un rapport qui
fonctionne parfaitement bien entre le moi présent et l’inconscient ; ces
souvenirs remontent à la surface d’une manière qui enrichit la vie actuelle.
La saisie véritable de la situation se fait souvent presque consciente et, juste
en dessous de cette saisie, l’individu se rend presque compte de la source
authentique de son matériau.
Dans les rêves, ce matériau réincarnationnel est aussi fréquemment coulé
dans une histoire. Derrière tout cela, l’anima et l’animus travaillent
ensemble, encore une fois – non pas en opposition, mais en mêlant leurs
caractéristiques. Ensemble, ils représentent bien sûr la source de la
créativité, aussi bien psychique que physique.
L’anima représente la nécessaire « intériorité » initiale, les
caractéristiques tournées vers l’intérieur, qui vont de pair avec l’intuition, le
soin et la couvaison. C’est la focalisation vers l’intérieur d’où naît la
créativité.
Le mot « passif » est pauvre pour décrire les caractéristiques de l’anima
car il suggère une absence de mouvement, ce qui n’est pas le cas. Il est vrai
que l’anima permet qu’on agisse sur elle, mais le motif en est le désir et la
nécessité de se connecter avec d’autres forces, suprêmement puissantes. Le
désir d’être emporté par le mouvement est donc aussi fort chez l’anima que
le désir opposé de repos. Les caractéristiques de l’animus produisent la
poussée agressive qui ramène la personnalité vers l’extérieur dans l’activité
physique, saisissant triomphalement les produits de la créativité que les
caractéristiques de l’anima ont rendus possibles.
L’ensemble du moi est évidemment la somme de ces caractéristiques, et
plus encore. Après la dernière incarnation, la créativité de type physique et
sexuel n’est tout simplement plus nécessaire. Autrement dit, vous n’avez
pas besoin de vous reproduire physiquement. Pour dire les choses
simplement, l’ensemble du moi contient les caractéristiques masculines et
féminines, finement accordées, fondues de façon à ce que l’identité
véritable puisse surgir – ce qu’elle ne peut pas faire quand l’un des deux
groupes de caractéristiques doit prendre le pas sur l’autre, ce qui est
obligatoirement le cas au cours de votre existence présente.
(21h30.) Les raisons pour lesquelles cette séparation a été adoptée dans
votre dimension sont nombreuses. Elles tiennent à la manière particulière
dont le genre humain a choisi d’évoluer et d’employer ses facultés ; j’aurai
plus à en dire sur ce sujet, mais pas dans ce chapitre.
La projection de l’anima, le moi féminin caché en l’homme, sur les
relations qu’il entretient avec les autres est parfaitement naturelle et lui
permet non seulement de mieux les comprendre, mais également de se
relier à ses autres existences féminines. L’équivalent est vrai pour la
projection de l’animus de la femme sur ses parents et amis masculins. La
réalité de l’anima et de l’animus est donc bien plus profonde que ce que
supposait Jung. Symboliquement parlant, les deux réunis représentent
l’ensemble du moi, avec ses désirs, ses facultés et ses caractéristiques
particulières.
Ensemble, ils agissent comme un facteur de stabilisation inconsciente qui
fonctionne derrière les visages de votre civilisation, non seulement au
niveau individuel mais aussi au niveau culturel.
On ne peut pas comprendre la personnalité, telle que vous la connaissez,
sans prendre en compte la signification véritable de l’anima et de l’animus.
Le modèle réincarnationnel est, de manière générale, un modèle ouvert qui
permet une grande diversité. Chaque moi a ses caractéristiques
individuelles propres. Il peut vivre ses vies comme il l’entend, à l’intérieur
du cadre imposé. Il peut choisir une série ininterrompue d’existences
masculines ou féminines. Un tel choix a ses inconvénients.
Il n’y a pas de règle concernant le développement sexuel dans différentes
incarnations, sinon que l’expérience des deux sexes doit être vécue et que
les caractéristiques des deux sexes doivent être développées. Cela ne veut
pas dire qu’on soit obligés de vivre un nombre égal de vies masculines et de
vies féminines. Certains trouvent plus facile de se développer dans l’un ou
l’autre sexe ; ils auront besoin d’un plus grand nombre d’expériences pour
le sexe qui leur donne des difficultés.
L’animus et l’anima prennent encore plus d’importance dans le cas où
l’on choisit une série de vies du même sexe. Le schéma originel de l’animus
et de l’anima vient de l’ensemble du moi, avant les réincarnations.
L’animus et l’anima naissent dans l’individu avec la première vie physique,
et servent de configuration interne rappelant à la personnalité son unité
fondamentale. Voilà une autre raison à la forte charge psychique qui se
trouve derrière ces symboles, et pour la qualité quasi divine qu’ils peuvent
transmettre et projeter.
(21h48.) Le mâle aspire à l’anima parce qu’elle représente pour
l’inconscient profond ces autres caractéristiques de l’ensemble du moi qui,
d’une part, reposent de façon latente, et d’autre part luttent pour se libérer.
La tension entre les deux le conduit à tempérer l’agressivité par la
créativité, ou à employer l’agressivité de manière créatrice.
Or il existe de profondes corrélations entre ces symboles et la lutte dans
laquelle est plongé le genre humain. Votre conscience, telle que vous la
connaissez, votre type de conscience présent et particulier résulte d’un type
particulier de tension, d’une focalisation spécifique qui surgit de
l’inconscient véritable de l’ensemble du moi.
(Jane, parlant pour Seth, n’a pas pris de pause depuis le début de la
session à 21h08. Il est maintenant 21h54.)
Je sais que vous êtes fatigué.
(« Ça va. »)
Le véritable inconscient n’est pas inconscient. Au contraire, il est si
profondément et si indiciblement conscient qu’il bouillonne et déborde.
La vie que vous connaissez est simplement l’une des nombreuses zones
dans lesquelles il est conscient. Dans chaque facette de sa conscience, un
pouvoir et un équilibre littéralement immenses doivent être maintenus pour
que cette expérience de conscience particulière demeure séparée de toutes
les autres.
(21h58.) Votre réalité existe dans une zone particulière d’activité où les
qualités agressives, les caractéristiques de poussée vers l’extérieur sont
suprêmement nécessaires pour empêcher une rechute vers les possibilités
infinies d’où vous n’avez émergé que récemment. Pourtant, c’est de ce
champ inconscient de possibilités que vous tirez votre force, votre créativité
et le genre de conscience individuelle, fragile mais puissante, qui est la
vôtre.
La division en deux sexes a été adoptée ; elle sépare et équilibre ces
tendances. Seule la conscience à ses débuts a besoin de ce genre de
contrôle. L’anima et l’animus sont donc profondément incrustés, avec leurs
tendances nécessaires, complémentaires et apparemment opposées ; ils
jouent un rôle très important pour maintenir la nature même de votre
conscience humaine.
Reposez-vous un instant.
(22h03. Jane, toujours en transe, reste tranquillement assise pendant
quelques instants. Ma main se repose. Reprise à 22h04.)
Il existe donc aussi une tension naturelle entre les sexes qui repose sur
une base beaucoup plus profonde que les raisons physiques. Cette tension
résulte de la nature de votre conscience, qui jaillit de l’anima, mais qui
dépend pour se maintenir de l’ « agressivité » de l’animus. J’ai, dans une
certaine mesure, expliqué la fascination de l’un sur l’autre comme résultant
du savoir interne de l’ensemble du moi, qui s’efforce d’atteindre l’identité
véritable en combinant ces tendances apparemment opposées.
À la fin du cycle réincarnationnel, l’ensemble du moi s’est développé. Il
s’est réalisé et a fait l’expérience de lui-même dans une dimension de
réalité inconnue de lui auparavant ; et, ce faisant, il a bien sûr augmenté son
être. Ce n’est donc pas une question de moi entier qui se couperait en deux
puis reviendrait à lui-même.
(Une longue pause à 22h12.) Concernant la nature de la conception, il y a
de nombreuses questions que nous pourrions examiner ici. Mais encore une
fois, la souplesse est de mise et il existe quantité de variations. D’ordinaire,
entre les vies, vous choisissez à l’avance vos enfants, et eux vous
choisissent comme parents.
(22h15.) Si vous devez naître mâle, votre mère sert de stimulus pour
activer le symbole de l’anima en vous, si bien que le schéma de vos propres
vies féminines devient une partie de votre prochaine existence. Si vous avez
connue votre mère dans le passé, elle aura, lors de votre naissance, un afflux
de rêves impliquant des existences où vous vous êtes côtoyés.
Ceux-ci ne seront peut-être pas enregistrés consciemment, mais ils le
sont, dans bien des cas, avant d’être oubliés. Les vies masculines passées de
votre mère l’aident à se relier à vous, son fils. Dans certains cas, de
nouvelles mères peuvent se sentir agressives et nerveuses. Ces sentiments
peuvent être dus au fait que l’enfant masculin provoque en elles une
activation de l’animus, d’où une charge de sentiments agressifs.
Vous pouvez faire une pause. Je voulais aller jusqu’au bout de tout cela,
puisque nous progressons si bien.
(« C’est très intéressant. »
22h22. « Ouah, je suis partie… Je n’arrive pas à rouvrir les yeux », dit
Jane en essayant de le faire. Après quelques vaines tentatives, elle se laisse
aller dans son fauteuil. Je me dis qu’elle est proche du sommeil. Je
l’appelle plusieurs fois et lui suggère de se lever et de bouger ; elle finit par
regarder autour d’elle. Elle remet ses lunettes, se lève et fait quelques pas.
Son débit a été plutôt rapide, sauf note contraire. Elle n’a qu’une vague
idée du matériau livré. Je lui dis que je le trouve excellent, du début à la fin,
et plus particulièrement dans les dernières pages.
Il s’avère que cette pause marque la fin de la dictée du livre pour ce soir.
Seth fournit ensuite quatre pages de matériau pour moi. Là encore, le débit
de Jane est bon. Cette session produit beaucoup plus de données que
d’habitude et s’achève à 23h11 – avec une bonne journée de travail
accomplie.)

SESSION 557
MERCREDI 28 OCTOBRE 1970

(21h19. J’ai deux questions que j’expose à Jane, sans attendre


nécessairement que Seth les aborde ce soir.
1. Dans la session 556, Seth dit que de nombreux auteurs d’ouvrages
historiques écrivent à partir d’une expérience de vie passée. J’imagine une
étude dans laquelle cent auteurs seraient hypnotisés sans connaître l’objet
de la recherche ; sous hypnose, on leur demanderait de fournir des
souvenirs de vies passées. Je me demande quel pourcentage d’entre eux en
aurait, et si ce genre de test pourrait servir de preuve à la réincarnation.
2. De quelles procédures la personnalité non physique dispose-t-elle
lorsqu’elle décide de s’incarner physiquement pour la première fois ? À
quoi ressemble la première vie ? A-t-elle tendance à être sauvage ou, d’une
certaine façon, plus « cultivée » ? Et une configuration prédéterminée
entre-t-elle en jeu ?
Comme ces questions m’intéressent depuis un certain temps, je me dis
que les lecteurs du livre de Seth s’y intéressent peut-être également. Il
s’avère que Seth n’accorde aucune attention à la première, mais décolle sur
la seconde d’une manière très intéressante.
Juste avant la session de ce soir, je me demande à voix haute ce qu’aurait
été ce chapitre 13 si Jane n’avait pas commencé à lire, ce mois-ci,
l’anthologie comprenant la longue section de Carl Jung, le psychanalyste
suisse. Comme je l’ai noté, Seth a suggéré le 19 octobre que Jane mette le
livre de côté, avant qu’elle ait eu le temps de le finir. Voir les notes du début
de la session 555 du 21 octobre. Aucun de nous deux n’a rouvert le livre
depuis.
L’influence de Jung est intervenue dans ce chapitre, bien entendu – mais
prise en charge par Seth, à sa manière. De la même façon, les évènements
de nos vies influent sur les autres chapitres du livre. La forme particulière
d’un chapitre peut être affectée, d’une certaine façon, par le moment exact
où ces sessions se tiennent, aussi bien que par le sujet lui-même. Même les
interruptions y jouent alors un rôle…)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth.
Content et amusé.) Je suis content que mon livre vous plaise.
(« Je le trouve formidable. »)
Il y a encore beaucoup de choses en réserve.
(« Très bien. »)
C’est une entreprise vivante pour laquelle nous mettons à profit ce qui
intervient dans vos vies ; et c’est moi-même qui ai d’abord suggéré à
Ruburt de choisir le livre (incluant Jung).
(« Je n’avais pas pensé à ça. » Jane non plus, j’en suis sûr.)
Puis j’ai souhaité qu’il le mette de côté pour plus tard, après en avoir lu
une partie. (Une pause.) Nous allons reprendre la dictée.
(Mais à ce moment-là, Seth demande que je pose un instant mon carnet
de notes, ajoutant qu’il regrette que je sois si occupé à écrire pendant les
sessions. Nous avons une brève discussion, un échange très agréable. Les
yeux de Jane sont grands ouverts et très sombres, son débit est animé ; il est
facile de sentir la présence immédiate de Seth. L’interlude dure moins d’une
minute. Reprise de la dictée à 21h20.)
Les atomes qui composent le fœtus ont leur propre type de conscience.
Cette conscience volatile, qui existe indépendamment de la matière, forme
la matière selon ses facultés et selon le degré qui est le sien. Le fœtus a
donc sa propre conscience, la conscience simple inhérente au composant
constitué par les atomes. Elle existe avant que toute personnalité réincarnée
la pénètre. La conscience propre à la matière est de toute façon présente –
dans un fœtus, dans une pierre, dans un brin d’herbe, dans un clou.
La personnalité qui se réincarne intègre le nouveau fœtus en fonction de
ses propres inclinations, de ses désirs et de ses caractéristiques, avec
certains garde-fous inhérents. Rien n’oblige cependant la personnalité qui
se réincarne à endosser la forme nouvellement préparée pour elle à l’instant
de la conception, dans les tout premiers mois de la croissance du fœtus, ou
même à l’instant de la naissance.
Le processus est graduel, individuel et déterminé par l’expérience dans
d’autres vies. Il dépend en particulier de caractéristiques affectives – pas
nécessairement celles du dernier moi incarné, mais des tensions
émotionnelles qui résultent d’un groupe d’existences passées.
(Une pause à 21h32.) Différentes méthodes d’entrée sont possibles. S’il
existe une relation forte entre les parents et l’enfant à venir et si ce dernier
est extrêmement impatient de les rejoindre, la personnalité peut intégrer le
nouveau corps à l’instant même de la conception. Mais même dans ce cas,
de larges portions de conscience de soi continuent à fonctionner dans la
dimension intermédiaire d’entre les vies.
Au début, l’état intra-utérin dans ces conditions est semblable à celui du
rêve ; la personnalité est encore focalisée principalement sur l’existence
entre les vies. La situation s’inverse progressivement, jusqu’à ce qu’il lui
devienne plus difficile de rester pleinement concentrée sur cette position
intermédiaire entre les vies.
Lorsque la personnalité s’attache ainsi à l’instant de la conception, il
existe presque toujours de forts liens de vie passée entre parents et enfant,
ou bien un désir incessant et presque obsessionnel de revenir à la situation
terrestre – soit dans un but précis, soit parce que la personnalité qui se
réincarne est actuellement obsédée par l’existence terrestre. Ce n’est pas
forcément nuisible. La personnalité peut tout simplement se rendre compte
qu’elle s’accommode bien de l’expérience physique, qu’elle est à présent
orientée vers la Terre et qu’elle trouve dans l’atmosphère physique une
dimension favorable à la croissance de ses facultés.
Certaines personnalités sont poussées à intégrer le corps au moment de la
conception pour des motifs apparemment moins nobles – l’avidité, par
exemple, ou un désir obsessionnel résultant de problèmes irrésolus.
D’autres, qui ne se sentent jamais vraiment à l’aise dans l’existence
terrestre, peuvent repousser pendant un certain temps l’entrée complète
dans le corps, et même garder toujours une certaine distance vis-à-vis de
celui-ci. À l’autre bout de l’échelle, la même chose peut se produire avant la
mort, et certains individus détournent leur attention de la vie physique,
abandonnant à elle-même la conscience du corps ; d’autres restent avec le
corps jusqu’au dernier instant. Quoi qu’il en soit, dans les premiers jours de
la vie, il n’existe pas de focalisation assidue de la personnalité sur le corps.
Faites votre pause et nous poursuivrons.
(De 21h47 à 22h00.)
Dans tous les cas, les décisions ont été prises à l’avance, comme je vous
l’ai dit. La personnalité qui se réincarne se rend donc compte que la
conception qu’elle attendait s’est produite. Elle peut ou non intégrer le
corps à cet instant, mais elle est irrésistiblement attirée vers ce temps et
ce point dans l’espace et dans la chair.
Occasionnellement, bien avant que la conception se produise, la
personnalité qui deviendra le futur enfant rend visite à l’environnement des
futurs parents, vers lequel elle est aussi attirée, ce qui est tout à fait naturel.
Entre les vies, un individu peut avoir des fulgurances d’existence future –
pas nécessairement d’évènements particuliers, mais ressentir l’essence de
la nouvelle relation et se rappeler, dans l’expectative, les défis qu’il s’est
fixés. En ces termes, les fantômes peuvent provenir aussi bien du passé que
du futur.
Il n’y a pas de coque de matière absolument vide, sur le point d’être
remplie, car la nouvelle personnalité voltige dans les environs, en
particulier après la conception, et avec une fréquence et une intensité de
plus en plus grandes par la suite. En général, cependant, le choc de la
naissance a pour conséquence de propulser la personnalité à toute vitesse,
pourrait-on dire, dans la réalité physique. Auparavant, les conditions sont
assez uniformes. La conscience du corps est nourrie presque
automatiquement ; elle réagit avec force mais dans des conditions très
contrôlées.
À la naissance, soudain, tout cela prend fin, et des stimuli apparaissent
avec une rapidité que la conscience du corps n’a encore jamais connue.
(22h10.) Elle a grand besoin d’un élément de stabilisation. Auparavant, la
conscience du corps a été enrichie et portée par une profonde identification
biologique et télépathique à la mère. La communication des cellules
vivantes est beaucoup plus importante que vous ne l’imaginez. En ce qui
concerne la seule conscience du corps, l’identification est presque complète
avant la naissance.
Tant que la nouvelle personnalité n’a pas intégré le corps, le fœtus se
considère comme faisant partie de l’organisme de la mère. Ce soutien est
soudain refusé à la naissance. Si la nouvelle personnalité n’a pas pleinement
pénétré le corps auparavant, elle le fait en général à ce moment, de manière
à stabiliser le nouvel organisme. Elle le conforte, autrement dit. La nouvelle
personnalité vivra donc la naissance de différentes façons, selon le moment
où elle entre dans cette dimension.
Si elle y entre à l’instant de la naissance, elle est assez indépendante,
n’étant pas encore identifiée à la forme qu’elle vient d’intégrer et à laquelle
elle apporte son soutien. Si, en revanche, elle y est entrée lors de la
conception ou avant la naissance, elle s’est, dans une certaine mesure, déjà
identifiée à la conscience du corps, au fœtus. Elle a déjà commencé à
diriger la perception – qui a de toute façon débuté, qu’elle soit ou non
dirigée de cette manière – et elle ressent le choc de la naissance en termes
immédiats et directs.
(22h19.) Dans ce cas, il n’existe aucune distance entre la personnalité et
l’expérience de la naissance. En tant que conscience, la personnalité
nouvellement entrée clignote, car il se passe un certain temps avant que la
stabilisation ait lieu. Lorsque l’enfant dort, en particulier le jeune enfant, la
personnalité quitte souvent le corps. Progressivement, l’identification à la
situation intermédiaire entre les vies diminue, jusqu’à ce qu’une
focalisation pratiquement complète s’installe dans le corps physique.
Certains s’identifient au corps bien plus complètement que d’autres. En
général, il existe un moment de focalisation optimale sur la réalité physique,
une période d’intensification qui n’a rien à voir avec la durée. Cette
focalisation optimale peut durer une semaine ou trente ans ; puis elle
commence à diminuer et passe imperceptiblement à d’autres couches de
réalité.
Or une crise, en particulier au tout début ou à la toute fin de l’existence,
peut faire éclater l’identification de la personnalité au corps, au point
qu’elle le déserte temporairement. Plusieurs choses peuvent se passer. La
personnalité peut partir complètement, et le corps entrer dans le coma, en
particulier si la conscience du corps a elle aussi subi un choc. Si le choc est
psychologique et que la conscience du corps continue à fonctionner plus ou
moins normalement, la personnalité peut retourner à une personnalité
réincarnationnelle antérieure.
Dans ce cas, il s’agit d’une simple régression qui en général ne dure pas.
Nous voici de nouveau en présence de l’animus et de l’anima. Si une
personnalité croit qu’elle s’en sort mal dans une vie masculine, elle pourra
activer les qualités de l’anima et prendre les caractéristiques d’une
existence féminine passée dans laquelle elle a bien fonctionné. Inversement,
la même chose peut se produire pour une femme.
(22h30.) D’un autre côté, si la personnalité constate qu’elle s’est
suridentifiée à son sexe présent au point que son individualité en est
menacée, elle peut également mettre en avant l’image opposée, allant
jusqu’à s’identifier à nouveau à une personnalité passée du sexe opposé.
La prise de la personnalité sur le corps est ténue dans les premières
années, puis elle augmente. Celle-ci peut décider, pour des raisons qui lui
sont propres, de choisir un corps qui n’est pas esthétiquement attirant. Elle
peut ne jamais s’y associer complètement et, tandis que cette existence
accomplit les intentions qu’elle s’était fixées, elle peut garder le sentiment
d’une distance fondamentale par rapport au corps.
Ceux qui, comme nous l’avons vu, intègrent le corps à l’instant de la
conception sont d’ordinaire impatients d’entrer dans la vie physique. Ils
sont donc plus pleinement développés et présentent très tôt des
caractéristiques individuelles. Ils se saisissent du nouveau corps et déjà le
forment. Leur contrôle sur la matière est vigoureux et d’ordinaire ils restent
dans le corps ; ils meurent soit dans un accident où la mort est immédiate,
soit dans le sommeil, soit d’une maladie foudroyante. Ce sont, en règle
générale, des manipulateurs de matière.
(22h40.) Ces individus sont émotifs. Ils résolvent leurs problèmes de
manière immédiate, tangible, et parfois impatiente. Ils travaillent bien avec
les matériaux terrestres et traduisent leurs idées en termes physiques avec
force. Ils construisent des villes, des monuments. Ce sont des architectes. Ils
se préoccupent de former la matière, de la couler dans le moule de leur
désir.
Or, en général, ceux qui n’intègrent pas votre plan d’existence avant
l’instant de la naissance sont des manipulateurs moins doués, en ces termes
particuliers. Ils sont le moyen, si un tel terme peut être employé, le moyen
ou la moyenne.
Il y en a qui résistent aussi longtemps que possible à la nouvelle
existence, qu’ils ont pourtant choisie. Ils doivent être présents à la
naissance, mais ils peuvent encore échapper à l’identification complète avec
le nouveau-né. Ils voltigent dans la forme et autour d’elle, avec une certaine
réticence. Il peut y avoir toutes sortes de raisons à ce type de comportement.
Certaines personnalités préfèrent tout simplement l’existence entre les vies
et se sentent bien plus concernées par la solution théorique des problèmes
que par leur nécessaire application pratique. D’autres ont découvert que
l’existence physique ne répond pas à leurs besoins comme ils l’espéraient ;
ils progressent beaucoup mieux dans d’autres champs de réalité et
d’existence.
(22h48.) En raison de caractéristiques qui leur sont propres, certains
préfèrent établir une distance entre eux-mêmes et leurs existences
physiques. Ils s’intéressent davantage aux symboles et considèrent la vie
terrestre comme tout à fait expérimentale. Ils la voient d’un mauvais œil, en
quelque sorte. Ils ne s’intéressent pas tant au maniement de la matière qu’à
la façon dont les idées apparaissent dans la matière.
En général, encore une fois, ils se sentent plus à l’aise avec les idées, les
philosophies, les réalités non tangibles. Ce sont des penseurs toujours un
peu à part, et leur corps présente un manque de développement musculaire.
C’est un peu le cas des poètes et des artistes, qui présentent certaines de ces
caractéristiques mais qui ont, en général, davantage d’appréciation pour les
valeurs physiques de l’existence terrestre.
L’attitude envers le corps varie donc énormément. On peut choisir
différents types de corps ; mais il y a toujours des caractéristiques et des
préférences générales qui mènent le moi entier, si bien que les différentes
vies ont toutes leur saveur individuelle.
Il est presque impossible de parler du moment où la personnalité intègre
le corps physique sans examiner la manière dont elle le quitte, car tout cela
dépend largement de caractéristiques et d’attitudes personnelles vis-à-vis de
la réalité physique. Des décisions sur les vies futures peuvent être prises
non seulement dans les conditions d’entre les vies mais également dans les
rêves de toute vie donnée.
Par exemple, vous avez peut-être d’ores et déjà choisi les circonstances
de votre prochaine incarnation. Ces préparatifs peuvent être déjà accomplis
même si, selon vos termes, vos nouveaux parents sont en ce moment des
enfants, ou si, selon votre échelle de temps, ils ne sont pas encore nés.
À présent, vous pouvez faire une pause.
(« C’était très bien. »
23h00. La transe de Jane a été profonde. Elle a eu du mal à garder les
yeux ouverts. « J’aime bien quand il fait comme ça – quand je suis
complètement ailleurs, dit-elle. Mais quand je reviens, je ne sais plus du
tout où j’en suis… J’étais vraiment partie. »
Cette pause marque la fin de la dictée du livre pour ce soir. Seth finit la
session en donnant plusieurs pages de matériau personnel pour Jane et
moi.)
CHAPITRE 14

Les histoires de commencement et le Dieu


multidimensionnel

SESSION 559
LUNDI 9 NOVEMBRE 1970

(21h18. Des extraits de la session 558 sont inclus dans l’appendice.)


Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant, dictée. Nous allons commencer le chapitre suivant. Il
s’intitule : « Les histoires de commencement et le Dieu
multidimensionnel ». (Se penchant en avant, souriant mais concentré.)
Qu’est-ce que vous dites de cela ?
(« C’est très bien. »)
L’univers physique que vous connaissez jaillit de dimensions cachées,
tout comme la vie présente de tout individu s’élève de dimensions moins
évidentes que celles auxquelles vous accédez facilement en termes
physiques ; tout comme votre vie tire son énergie et son pouvoir d’agir de
sources inconscientes, l’univers physique tire sa source et son énergie de
réalités plus profondes.
L’Histoire que vous connaissez ne représente qu’une lumière isolée sur
laquelle vous êtes focalisés. Vous voyez des évènements dans cette lueur,
vous les interprétez, et vous projetez cette interprétation sur les évènements
qui se produisent. Votre concentration est si intense que, quand vous vous
interrogez sur la nature de la réalité, vous restreignez automatiquement
votre questionnement à ce seul petit instant clignotant que vous nommez la
réalité physique. Quand vous réfléchissez aux aspects de Dieu, vous parlez
inconsidérément du créateur de cette seule lumière. Cette lumière est
unique et si vous compreniez ce qu’elle est, vous comprendriez
effectivement la nature de la réalité véritable.
L’Histoire, telle que vous la concevez, ne représente qu’une mince ligne
de probabilités, dans laquelle vous êtes en ce moment immergés. Elle ne
représente pas l’ensemble de la durée de vie de votre espèce, ni le catalogue
complet des activités physiques ; elle n’esquisse qu’à peine l’histoire des
créatures physiques, de leurs civilisations, de leurs guerres, de leurs joies,
de leurs technologies ou de leurs triomphes. La réalité est beaucoup plus
diversifiée, beaucoup plus riche que vous ne pouvez actuellement le
concevoir. L’évolution, telle que vous la pensez et telle qu’elle est décrite
par vos scientifiques, ne présente qu’une ligne d’évolution probable, celle
dans laquelle, encore une fois, vous êtes en ce moment immergés.
(21h35.) Du point de vue de l’évolution, de nombreux autres
développements tout aussi valides, tout aussi réels, se sont produits, se
produisent et se produiront, tous inclus dans d’autres systèmes probables de
réalité physique. Les différentes, les infinies possibilités de développement
ne pourraient jamais apparaître au sein d’une seule trame de réalité.
Débordants d’une innocence splendide et d’une fierté exubérante, vous
imaginez que le schéma de l’évolution que vous connaissez est le seul, qu’il
ne peut physiquement en exister aucun autre. Or, au sein de la réalité
physique que vous connaissez, il y a des signes que d’autres réalités
physiques existent. Il y a, latents dans vos formes physiques, d’autres sens
que vous n’utilisez pas, qui auraient pu être prépondérants mais ne le sont
pas devenus dans votre probabilité. Je parle de développements terrestres,
donc de réalités agglomérées autour des aspects terrestres que vous
connaissez.
Aucune ligne d’évolution n’est une impasse : si l’une d’entre elles
disparaît de votre système, elle émerge dans un autre. Toutes les
matérialisations probables de vie et de conscience voient le jour et
créent les conditions dans lesquelles elles peuvent s’épanouir ; et, selon
vos termes, c’est éternellement leur jour.
Je parle ici surtout de votre planète et de votre système solaire, mais cela
s’applique à tous les aspects de votre univers physique. Vous n’accordez
votre attention qu’à une partie délicatement équilibrée, et unique, de
l’existence physique. Vous n’êtes pas que des créatures d’être corporel qui
forment des images de chair et de sang, incrustées dans un type particulier
d’espace et de temps ; vous êtes aussi des créatures qui s’élèvent à partir
d’une dimension particularisée de probabilités. Vous êtes des créatures nées
de dimensions de réalisation qui se prêtent magnifiquement à votre
développement et à votre croissance, ou à votre perfectionnement.
(21h53.) Si vous avez acquis la moindre compréhension intuitive
concernant la nature de l’entité ou du moi entier, vous devez constater que
celui-ci vous a placés dans une situation où vous pouvez réaliser certaines
capacités, ou certaines illuminations, certaines expériences possibles, et où
votre genre de conscience unique peut être alimenté. La plus légère de vos
expériences a davantage de répercussions dans cet environnement
multidimensionnel que le cerveau physique ne peut le concevoir. Vous
semblez intensément préoccupés par ce qui pourrait paraître un aspect tout à
fait infinitésimal de la réalité, vous semblez y être complètement incrustés,
mais seuls les éléments les plus « à la surface » du moi sont ainsi absorbés.
Je n’aime pas le mot « surface », dans ce contexte, mais je l’utilise pour
évoquer les multiples portions du moi qui sont orientées différemment – et
certaines d’entre elles sont tout aussi exclusivement absorbées par leur
réalité que vous l’êtes par la vôtre.
L’entité, le moi multidimensionnel véritable, connaît toutes ses
expériences et, dans une certaine mesure, cette connaissance est
disponible à toutes les portions du moi, y compris bien sûr le moi physique
que vous connaissez. En fait, ces différentes portions du moi finiront (selon
vos termes) par être pleinement conscientes. Point. Cette conscience
modifiera automatiquement ce qui semble maintenant leur nature et
augmentera la multiplicité de l’existence.
Vous pouvez faire une pause.
(22h03. Le débit de Jane a été plutôt lent sur de longs passages. Je bâille
plusieurs fois pendant la pause. Reprise à 22h15.)
Nous allons faire une courte session…
(« Moi, ça va. »)
… maintenant que j’ai commencé notre chapitre suivant. Mais j’ai
quelques commentaires. Accordez-nous un instant.
(Seth poursuit avec du matériau personnel pour Jane et pour l’un des
étudiants de son cours de perception extrasensorielle.)
Avez-vous d’autres questions ?
(« Non, je ne pense pas. »)
Nous avons vraiment commencé là un excellent matériau. Un cordial
bonsoir.
(« Même chose, Seth. »)
Et mes salutations les plus affectueuses à vous deux.
(« Merci. Bonne nuit. » 22h34.)

SESSION 560
LUNDI 23 NOVEMBRE 1970

(21h10. Dernièrement, Jane a pris un peu de vacances par rapport aux


sessions ; elle n’en a fait que deux, pour son cours de perception
extrasensorielle.)
Maintenant, bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Nous allons reprendre la dictée.
Il y a donc de nombreux systèmes de réalités probables dans lesquels les
données physiques prédominent, mais ces probabilités physiques ne
constituent qu’une petite partie de l’ensemble. Chacun de vous existe aussi
dans des systèmes non physiques, et j’ai déjà mentionné le fait que vos
moindres pensées ou émotions se manifestent de bien des manières en
dehors de votre propre domaine d’existence.
Seule une partie de votre identité entière vous est « à présent » familière,
comme vous le savez. Par conséquent, lorsque vous considérez la question
d’un être suprême, vous imaginez une personnalité masculine dotée des
facultés que vous possédez vous-mêmes, l’accent étant mis sur les
caractéristiques que vous admirez le plus. Ce Dieu imaginaire a changé au
cours des siècles, reflétant l’idée changeante que l’homme se fait de lui-
même.
Dieu a été vu comme cruel et puissant quand l’homme croyait que c’était
là des attributs désirables, particulièrement nécessaires dans sa lutte pour la
survie physique. Il projetait ces caractéristiques sur son idée de Dieu parce
qu’il les convoitait et les craignait. Vous avez donc conçu votre idée de
Dieu à votre image.
Dans une réalité qui est inconcevablement multidimensionnelle, le vieux
concept de Dieu est relativement dépourvu de signification. Même le terme
d’être suprême contient une déformation, car vous y projetez naturellement
les caractéristiques humaines. Si je vous disais que Dieu est une idée, vous
ne comprendriez pas ce que je veux dire, car vous ne comprenez pas les
dimensions de réalité d’une idée, ni l’énergie qu’elle peut générer, ce
qu’elle peut impulser. Vous ne croyez pas aux idées comme vous croyez
aux objets physiques ; ainsi, si je vous dis que Dieu est une idée, vous
pensez à tort que cela signifie que Dieu a moins de réalité – qu’il est
nébuleux, sans but et sans action motivée.
Or votre propre image physique est la matérialisation de votre idée de
vous-même. Sans cette idée de vous-même, votre image physique
n’existerait pas ; pourtant, cette dernière est souvent la seule chose dont
vous vous rendiez compte. L’énergie initiale, le pouvoir originel de cette
idée de vous-même, maintient votre image en vie. Les idées sont donc
beaucoup plus importantes que vous ne le croyez. Si vous voulez bien tenter
d’accepter l’idée que votre propre existence est multidimensionnelle, que
vous êtes situés au centre de possibilités infinies, alors vous pourrez avoir
un petit aperçu de la réalité qui se trouve derrière le mot « Dieu », et vous
comprendrez peut-être pourquoi il est presque impossible de saisir dans les
mots une compréhension véritable de ce concept.
Dieu est donc avant tout le créateur non pas d’un univers physique
unique, mais d’une infinie variété d’existences probables, bien plus vastes
que les aspects de l’univers physique qui sont familiers à vos scientifiques.
Il n’a pas simplement envoyé un fils vivre et mourir sur une petite planète.
Il fait partie de toutes les probabilités.
On a raconté des paraboles, des histoires de commencements. Elles
représentaient toujours des tentatives de transmission de la connaissance en
termes aussi simples que possible. On a souvent donné des réponses à des
questions qui n’ont littéralement aucun sens en dehors de votre propre
système de réalité.
Par exemple : il n’y a pas de commencement, et il n’y aura pas de fin, et
pourtant des paraboles vous ont été transmises qui parlent d’un
commencement et d’une fin, tout simplement parce qu’avec vos idées
déformées du temps, ces commencements et ces fins semblent être des
évènements valides et inséparables. Vous commencez à ne plus vous
focaliser exclusivement sur la réalité physique et à ressentir certains signes
ténus indiquant d’autres réalités, mais votre conscience s’accroche à de
vieilles idées qui vous empêchent de comprendre l’explication véritable.
Pourtant, l’ouverture multidimensionnelle de la conscience vous est
accessible dans les rêves, dans certains états de transe, et souvent même
juste en dessous de la conscience ordinaire, pendant que vous allez votre
chemin dans la journée.
Cette ouverture de la conscience permet une expérience personnelle de la
richesse multidimensionnelle qui existe non pas séparée de votre monde
physique de sensations, mais au contraire mêlée à lui, et en lui. Dire que la
vie physique n’est pas réelle, c’est nier que la réalité fait partie de toute
apparence, qu’elle imbibe toute apparence. De la même manière, Dieu
n’existe pas à part, il n’est pas séparé de la réalité physique, il existe en elle
et il en fait partie, de même qu’il existe dans tout autre système d’existence
et en fait partie.
(21h46.) Votre figure du Christ représente symboliquement votre idée de
Dieu et de son entourage. Il y a eu trois individus séparés, dont les histoires
se sont mêlées et qu’on a fini par connaître collectivement sous le nom de
Christ – d’où de nombreuses incohérences dans vos archives. Ils étaient
tous trois des êtres masculins parce qu’à cette époque de votre
développement vous n’auriez pas accepté un équivalent féminin.
Ces individus faisaient partie d’une même entité. Vous ne pouvez pas
imaginer Dieu autrement que comme un père. Il ne vous serait jamais venu
à l’esprit d’imaginer un Dieu en des termes autres qu’humains. En
composants terrestres. Ces trois figures ont joué un drame hautement
symbolique, propulsé par une énergie concentrée extrêmement forte.
(Une longue pause à 21h52.) Les évènements, cependant, tels qu’ils sont
consignés dans l’Histoire, n’ont pas eu lieu. La crucifixion du Christ a été
un évènement psychique, et non pas physique. Des idées d’une ampleur
presque inimaginable ont été jouées.
(Une pause à 21h55.) Ainsi, Judas n’était pas un homme, selon vos
termes. C’était – comme tous les apôtres – une « personnalité fragment »
bénie, créée, formée par la personnalité du Christ. Il représentait celui qui
se trahit lui-même. Il dramatisait la partie de la personnalité individuelle qui
se focalise sur la réalité physique de manière convulsive, et qui nie le moi
interne par avidité.
Chacun des douze apôtres représentait un trait de personnalité propre à
l’individu, et le Christ, tel que vous le connaissez, représentait le moi
interne. Les douze apôtres, donc, plus le Christ que vous connaissez (cette
figure unique composée de trois individus) représentent une personnalité
terrestre individuelle – le moi interne – et douze caractéristiques principales
liées à l’ego. Le Christ était entouré par les apôtres, tout comme le moi
interne est entouré de caractéristiques orientées sur le monde physique, dont
chacune est à la fois poussée vers la réalité quotidienne et en orbite autour
du moi interne.
(22h03.) Les apôtres ont donc reçu du moi interne leur réalité physique,
de même que toutes vos caractéristiques terrestres proviennent de votre
nature interne. C’était une parabole vivante, qui a pris chair parmi vous –
une pièce cosmique jouée pour votre profit et formulée en termes que vous
puissiez comprendre.
La leçon était explicitée, car toutes les idées en étaient personnifiées. Si
vous me pardonnez ces termes, c’était une pièce à portée morale, montée
dans votre coin de l’univers. Cela n’en fait pas une histoire moins réelle que
vous ne l’aviez imaginée. En fait, les implications de ce que je dis là
devraient clairement vous indiquer les aspects les plus puissants de la
divinité.
(22h07.) Quand j’avance lentement, vous pouvez vous reposer entre les
lignes.
(« D’accord. » Remarquez que Seth n’a pas encore fait de pause. Le débit
de Jane est parfois très lent.)
Les trois personnalités du Christ sont nées sur votre planète et ont pris
chair parmi vous. Aucun d’eux n’a été crucifié. Les douze apôtres étaient la
matérialisation de l’énergie de ces trois personnalités – de leur énergie
combinée. Ils étaient donc pleinement dotés d’individualité mais leur tâche
principale était de manifester clairement certaines facultés inhérentes à tous
les hommes.
(22h12.) Le même genre de drame a été joué de bien des manières et,
bien qu’il soit toujours différent, c’est toujours le même. Ce qui ne veut pas
dire qu’un Christ est apparu au sein de chaque système de réalité, mais que
l’idée de Dieu s’est manifestée dans chaque système d’une manière
compréhensible pour ceux qui y habitent.
Cette pièce continue à exister. Elle n’appartient pas à votre passé. C’est
vous qui l’avez placée là. Cela ne signifie pas qu’elle se reproduise
constamment. En tout cas, ce drame était loin d’être dénué de sens, et
l’esprit du Christ, selon vos termes, est légitime. C’est le drame probable
que vous avez choisi de percevoir à partir de votre concept de Dieu.
D’autres ont été perçus, mais pas par vous, et d’autres pièces de ce type
existent maintenant.
Vous pouvez faire une pause.
(22h16. La transe de Jane a été profonde. Durant la pause, ses paupières
sont lourdes et s’ouvrent lentement. « Je me suis rendu compte qu’il me
gardait en transe jusqu’à ce que j’aie livré une bonne partie du matériau »,
dit-elle. Une heure six minutes ; c’est l’une de ses plus longues transes. Je
lui dis que je trouve ce matériau excellent.
Pendant que nous discutons, il lui revient une image qu’elle a eue
pendant la dictée. Elle a du mal à l’expliquer, même par gestes. « Comme si
le Christ était un pôle autour duquel tournaient douze boules, qui
irradiaient vers l’extérieur, dit-elle. Le Christ a créé les douze… »
Jusqu’à présent, Seth a nommé deux des trois personnalités qui
composent l’entité du Christ : le Christ lui-même, manifestement, et Jean-
Baptiste(2). Reprise à 22h37.)
Que la crucifixion ait eu lieu physiquement ou non, elle a été un
évènement psychique et elle existe comme existent tous les autres
évènements relatifs à ce drame.
Nombre de ces évènements ont été physiques, mais certains ne l’ont pas
été. L’évènement psychique, on le voit, a affecté votre monde tout autant
que l’évènement physique. L’ensemble de ce drame résultait des besoins du
genre humain. Il a été créé par ce besoin, c’est à partir de lui qu’il s’est
forgé, mais son origine ne se situe pas dans votre système de réalité.
(Une pause à 22h41.) D’autres religions ont été fondées sur des drames
différents, dans lesquels les idées se sont manifestées d’une manière
compréhensible pour diverses cultures. Malheureusement, les différences
entre ces drames ont souvent entraîné des malentendus, qui ont servi de
prétextes à la guerre. Ces pièces se déroulent aussi de manière privée dans
le rêve. Les figures personnifiées de Dieu ont d’abord été présentées à
l’homme dans le rêve, qui a ouvert la voie.
Par le biais de visions et d’inspirations, les hommes ont su que le drame
du Christ allait être joué ; c’est pourquoi ils l’ont reconnu pour ce qu’il était
quand il s’est produit physiquement. Puis son pouvoir et sa force sont
retournés à l’univers du rêve. La matérialisation avait augmenté sa vigueur
et son intensité. Dans les rêves privés, les hommes se reliaient aux
personnages principaux du drame et, dans le rêve, reconnaissaient son
importance véritable.
Maintenant. Dieu est plus que la somme de tous les systèmes probables
de réalité qu’il a créés ; pourtant il est en chacun d’entre eux, sans
exception. Il est donc en tout homme et en toute femme. Il est également en
toute araignée, en toute ombre, en toute grenouille, et c’est cela que
l’homme a du mal à admettre.
Dieu ne peut qu’être ressenti, et vous le ressentez tout au long de votre
existence, que vous le sachiez ou non. Il n’est cependant ni masculin ni
féminin, et je n’emploie ces termes que par commodité. Selon la stricte
vérité, il n’est pas du tout humain, en vos termes ; ce n’est pas non plus une
personnalité. Vos idées sur la personnalité sont trop limitées pour contenir
les multiples facettes de son existence multidimensionnelle.
(22h55.) Mais il est humain en ce qu’il fait partie de chaque individu ; et
dans l’immensité de son expérience, il garde une « forme-idée » de lui-
même en tant qu’humain, à laquelle vous pouvez vous rattacher. Il a
littéralement pris chair pour demeurer parmi vous, car il forme votre chair :
il est responsable de l’énergie qui donne vitalité et validité à votre moi
multidimensionnel, lequel, à son tour, forme votre image conformément à
vos idées.
Ce moi multidimensionnel privé, ou âme, a donc une validité éternelle. Il
est soutenu, aidé, maintenu par l’énergie, par l’inconcevable vitalité de
Tout-ce-qui-est.
(23h00.) Ce moi interne en vous ne peut donc pas être détruit ou diminué.
Il partage les capacités inhérentes à Tout-ce-qui-est. Il doit donc créer tout
comme il est créé, car c’est là le vaste don qui se trouve derrière toutes les
dimensions d’existence, la source débordante de Tout-ce-qui-est.
À présent, nous allons terminer notre session.
(« D’accord. C’était très bien. »)
Cet ensemble de matériau se présente comme un ensemble et nous lui en
ajouterons d’autres. J’ai terminé la dictée. Je vais terminer la session, à
moins que vous ayez des questions…
(J’avais effectivement deux questions concernant Jane et ses rêves. Seth y
répond puis termine la session à 23h09.)

SESSION 561
MERCREDI 25 NOVEMBRE 1970

(21h55. Juste au moment où la session va commencer, à 21h15, Jane dit


qu’elle pense que nous allons être interrompus, ou avoir de la visite. À
peine quinze secondes plus tard, on frappe à la porte. C’est Carl Jones, un
professeur dans le secondaire qui donne un cours intitulé « Espace interne
et externe » dans une petite ville du Connecticut ; il utilise le livre de Jane,
The Seth Material, pour son cours. Carl se rend dans l’État de New York,
non loin des chutes du Niagara, pour Thanksgiving.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Bonsoir à notre ami ici présent ; et je prends note du fait que vous (Carl)
souriez ce soir. Maintenant. Nous allons reprendre la dictée de notre livre
pour que (avec humour, à Carl) vous puissiez voir un auteur au travail – ou,
si vous préférez, un authentique écrivain fantôme.
J’identifierai en temps voulu la figure de la troisième personnalité du
Christ. Pour l’instant, je m’intéresse aux aspects multidimensionnels de
Tout-ce-qui-est. Une telle réalité ne peut être que ressentie. On ne peut
fournir aucun fait qui puisse décrire fidèlement les attributs de Tout-ce-qui-
est.
Cette réalité et ces attributs apparaissent, dans différents systèmes de
réalité, en accord avec les données de camouflage de tout système donné.
En ce qui concerne le Dieu multidimensionnel, l’expérience interne peut se
produire dans deux domaines principaux. L’un est la prise de conscience du
fait que cette force motrice première se trouve dans tout ce que vous pouvez
percevoir par vos sens. L’autre consiste à se rendre compte que cette force
motrice primaire a une réalité indépendante du monde des apparences.
Tout contact personnel avec le Dieu multidimensionnel, tous les moments
légitimes de conscience mystique ont un effet unificateur. Ils n’isolent pas
l’individu impliqué ; ils élargissent au contraire ses perceptions jusqu’à ce
qu’il ressente la réalité et l’unicité de tous les aspects de réalité qu’il a la
capacité de ressentir.
(22h05.) L’individu se sent donc moins isolé, moins à part. Cette
expérience ne lui donne pas l’impression d’être supérieur aux autres. Au
contraire, il est pris dans un mouvement de compréhension où il ressent sa
propre unicité dans Tout-ce-qui-est.
Il existe des aspects de divinité primaire que vous ne pouvez pas
concevoir en ce moment, tout comme il existe des portions de réalité,
d’autres systèmes de probabilités, que vous ne percevez pas consciemment.
Il existe donc des dieux probables, chacun reflétant à sa manière les aspects
multidimensionnels d’une identité première si vaste et si éblouissante
qu’aucune réalité ou existence particulière ne pourrait la contenir.
(22h10.) J’ai essayé de vous donner une idée des conséquences créatrices
lointaines de vos pensées. Si on les a présentes à l’esprit, on voit qu’il est
impossible d’imaginer les capacités de création multidimensionnelle qui
peuvent être attribuées à Tout-ce-qui-est. L’expression « Tout-ce-qui-est »
peut être utilisée comme un terme comprenant tous les dieux probables,
dans toutes leurs manifestations.
Or il est peut-être plus facile, pour certains d’entre vous, de comprendre
les histoires simples et les paraboles dont j’ai parlé. Mais le moment est
venu pour l’humanité de faire quelques grands pas en avant, et d’élargir la
nature de sa conscience en essayant de comprendre une version approfondie
de la réalité. Vous avez passé l’âge des contes pour enfants. Si vos propres
pensées ont une forme et une réalité, si elles ont une validité, y compris
dans d’autres systèmes de réalité dont vous n’avez pas conscience, il n’est
pas difficile de comprendre pourquoi d’autres systèmes de probabilités sont
affectés par vos pensées et par vos émotions – et pourquoi les actions des
dieux probables ne sont pas affectées par ce qui se passe dans d’autres
dimensions d’existence.
À présent, vous pouvez faire une pause.
(22h15. Le débit de Jane a été bon. Après une pause d’une durée
moyenne, un intervalle de matériau non transcrit intervient, dans lequel
Seth répond principalement aux questions de Carl. Quelques points sont
abordés que je regrette par la suite de ne pas avoir notés, comme à chaque
fois que je ne prends pas de notes. Un de ces points concerne l’affirmation
de Seth selon laquelle dès qu’une personne pense fortement à une autre,
une portion du « penseur » va au « sujet pensé ».
Suit une nouvelle pause, pendant laquelle Carl nous quitte pour
poursuivre son trajet vers l’ouest… Je me suis demandé, ces derniers
temps, si Jane ne faisait pas trop de travail médiumnique le week-end, y
compris les sessions pour des visiteurs. Nous en discutons – nous ne nous
attendons pas à ce que Seth en parle – et nous en arrivons à la conclusion
qu’elle doit modérer ces aventures extra-professionnelles, quel que soit
l’intérêt de ce qui les motive.
Reprise à 23h10.)
Maintenant. J’ai quelque chose à dire. Votre suggestion concernant les
week-ends est bonne ; Ruburt est prêt à la suivre. Quand vous avez des
sessions régulières, un visiteur occasionnel ne pose pas de problème, mais
ces visites doivent être annoncées à l’avance.
Ruburt est subconsciemment au courant de ces visites, la plupart du
temps, mais sans aller jusqu’à porter cette connaissance à la conscience ; il
en résulte un vague sentiment de malaise. Il sent qu’il va être interrompu,
mais il n’en est pas pleinement conscient.
Je suggère que nos sessions régulières aient lieu pour un temps dans
l’une de vos pièces du fond (où se trouve mon atelier), pour deux raisons.
Avec les deux portes fermées, vous saurez que vous ne serez pas
interrompus par le téléphone. Ignorez-le, tout simplement. Faites savoir que
toute personne qui veut assister à des sessions privées doit prévenir à
l’avance. Sinon, vous ne les entendrez pas lorsqu’ils seront à la porte.
La pièce du fond aura l’utilité de renforcer dans votre esprit la nature
privée de ces sessions. Tout travail concernant d’autres personnes se fera
dans n’importe laquelle des pièces où se tiennent les sessions pendant les
cours.
La pièce du fond vous aidera aussi à vous extraire des soucis quotidiens
et des rapports avec les autres. Je ne dis pas que vous ne devriez pas
permettre à certains individus spécifiques d’assister à l’occasion à des
sessions privées. Mais je souligne que les deux sessions régulières doivent
avoir lieu, et je le dis en sachant que Ruburt est en mesure de suivre mes
suggestions, et qu’il est tout à fait prêt à le faire.
Pendant l’été, les pièces du fond peuvent être bénéfiques, mais elles ne le
sont pas forcément. Des changements naturels sont intervenus dans notre
travail et, globalement, Ruburt les a très bien gérés. L’irrégularité dans la
tenue de nos sessions résulte du fait que, bien souvent, on attend de lui trois
sessions plutôt que deux.
Nous avons souvent eu des sessions spontanées pendant les cours et,
comme vous l’avez remarqué, quand c’est le cas, il saute notre session
suivante. Il pense que deux sessions sont suffisantes. Nos sessions
régulières seront toujours la source première du matériau, et l’accent doit
toujours être mis sur elles. Les sessions du cours ont une fonction
importante, mais elles sont secondaires ; elles ne doivent pas se substituer à
notre travail.
À aucun moment, à partir de maintenant et jusqu’à ce que j’y revienne, il
ne doit y avoir plus de trois sessions par semaine. Or vous pensez peut-être
qu’il s’agit simplement d’une non-disponibilité de ma part. (Je ne le pense
pas du tout.) Souvenez-vous cependant de ce que je vous ai dit il y a bien
longtemps. Je suis parfois très directement impliqué dans une session ; et
parfois vous en recevez une qui a été programmée d’avance. C’est là une
manière simpliste de dire les choses, mais vous me comprenez.
Donc, en empruntant le pont psychologique à de tels moments, Ruburt
peut avoir une session. Je pense avoir été clair. Maintenant. Le travail qu’il
fait à partir de ses impressions est une chose entièrement différente. Cela ne
fait pas appel au même type d’énergie. Ce n’est pas qu’une session épuise
les ressources de Ruburt. Mais il s’agit de se connecter avec le genre
d’énergie propre à nos sessions ; et, en raison des circonstances et du
développement actuel, trois fois par semaine suffisent.
Nos deux sessions doivent toujours être maintenues ; il peut s’y ajouter
les sessions du cours tant qu’elles n’épuisent pas les ressources de Ruburt.
Mais il ne faut pas répondre au téléphone. Les étrangers qui écrivent
peuvent être invités aux cours du mardi. À l’occasion, et si vous le
souhaitez, vous pouvez avoir des invités pendant nos sessions, mais ils
doivent être très occasionnels et ils ne poseront pas de problème si vous
suivez la procédure que je viens d’indiquer.
Avez-vous des questions ?
(« Non. »)
Nous allons terminer la session, ou bien faites une pause, si vous
préférez.
(« Terminons-la, alors. »
23h30. En fait, ce n’est pas la fin de la session. Seth revient après une
courte pause et nous discutons, entre autres, des sessions pendant les cours
jusqu’à 23h50.
Seth fait une prédiction : Jane va écrire un excellent livre sur les sessions
qui ont lieu pendant les cours, ce qui amènera beaucoup de gens à lire le
matériau ordinaire de Seth. Il ajoute que le matériau lui-même sera un jour
publié dans son intégralité, tout en gardant la forme des sessions. C’est l’un
de mes objectifs personnels.)
CHAPITRE 15

Les civilisations réincarnationnelles, les


probabilités et quelques précisions sur le
Dieu multidimensionnel

SESSION 562
LUNDI 7 DÉCEMBRE 1970

(21h05. Comme Seth l’a suggéré le 25 novembre, nous tenons la session


dans mon atelier, au fond de l’appartement. C’est plus intime, mais il n’y
fait pas aussi chaud, surtout avec les portes fermées.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée et commencer le chapitre
suivant. Il s’intitule : « Les civilisations réincarnationnelles, les probabilités
et quelques précisions sur le Dieu multidimensionnel ».
D’une certaine façon, on peut dire qu’il existe des civilisations
réincarnationnelles, tout comme il existe des individus réincarnationnels.
Chaque entité née dans la chair travaille au développement des facultés les
mieux à même de s’épanouir dans l’environnement physique ; elle est
responsable de la civilisation dans laquelle elle vit, car ses pensées, ses
émotions et ses actions contribuent à la former.
Elle tire, de ses échecs comme de ses succès, les leçons nécessaires. Dans
votre esprit, l’histoire physique commence avec l’homme des cavernes et se
continue jusqu’au moment présent, mais il y a eu d’autres grandes
civilisations scientifiques ; l’existence de certaines d’entre elles transparaît
dans vos légendes, d’autres sont absolument inconnues – mais toutes, selon
vos termes, sont à présent disparues.
Vous avez peut-être le sentiment que votre espèce n’a qu’une maigre
chance de parvenir à résoudre ses problèmes – que votre propre agressivité,
votre manque de bienveillance et de spiritualité, risque de vous détruire.
Mais il en va pour l’espèce humaine comme pour vous ; vous disposez de
plusieurs vies pour vous accomplir et, en ces termes, l’espèce aussi. Elle
n’est pas restreinte à la seule ligne de développement historique qui vous
est familière. La structure réincarnationnelle n’est que l’une des facettes du
tableau des probabilités. À l’intérieur de cette facette, vous disposez
littéralement de tout le temps dont vous avez besoin pour développer les
potentiels que vous devez développer, avant de la quitter. Au cours de
différents cycles réincarnationnels, des groupes entiers ont été confrontés à
des crises répétées avant de parvenir à votre stade de développement – puis,
finalement, ont dépassé leurs problèmes ou au contraire ont anéanti leur
civilisation particulière.
Lorsqu’ils ont détruit leur civilsation, ils ont eu une seconde chance, avec
cette fois la connaissance inconsciente de leur échec et de ce qui l’avait
causé. Ils ont ainsi pu démarrer de nouveaux regroupements primitifs tout
en disposant d’un réel avantage. D’autres, ayant résolu leurs problèmes, ont
quitté votre planète pour d’autres points de l’univers physique. Lorsqu’ils
ont atteint ce niveau de développement, ils avaient une maturité psychique
et spirituelle et étaient capables d’utiliser des énergies dont vous n’avez
aucune connaissance pratique.
(Une pause à 21h22.) La Terre est maintenant pour eux une demeure
légendaire. Ils ont formé des races et des espèces nouvelles, qui ne
pouvaient pas s’acclimater à vos conditions atmosphériques. Ils ont
toutefois perduré sur le plan réincarnationnel tant qu’ils ont habité la réalité
physique. Mais certains d’entre eux ont connu une mutation et ont quitté le
cycle réincarnationnel depuis longtemps.
Ceux-là ont évolué jusqu’à devenir les entités mentales qu’ils avaient
toujours été. Ils se sont dépouillés de la forme matérielle. Ce groupe
d’entités est toujours fortement intéressé par ce qui se passe sur la Terre. Ils
lui apportent leur énergie et leur soutien. En un sens, on pourrait maintenant
penser à eux comme aux dieux de la Terre.
(21h28.) Sur votre planète, ils ont pris part à trois grandes civilisations
bien avant l’époque de l’Atlantide ; alors que, de fait, votre planète elle-
même était dans une position légèrement différente.
(« Vous voulez dire sur une “orbite” différente ? »)
Pour l’instant, laissez le mot « position » ; en particulier par rapport à
trois des planètes que vous connaissez. Les pôles étaient inversés – comme
ils l’ont été, d’ailleurs, durant trois longues périodes de l’histoire de votre
planète. Ces civilisations étaient hautement technologiques – et la
deuxième, bien supérieure à la vôtre sur ce plan.
Le son était utilisé beaucoup plus efficacement, aussi bien pour soigner
que pour faire la guerre, ou encore comme carburant pour les véhicules ou
pour déplacer la matière. Le son était un convoyeur de poids et de masse.
(21h34. En prononçant le mot « guerre », le ton de Jane et l’expression
de son visage traduisent l’idée : « comme par hasard ».)
La force de cette deuxième civilisation était surtout présente dans les
zones aujourd’hui connues sous le nom d’Afrique et d’Australie ; mais à
cette époque, le territoire et le climat étaient entièrement différents. La
position inversée des pôles entraînait une attraction différente sur les sols.
Cependant, cette civilisation était relativement concentrée sur le plan
géographique ; elle ne cherchait pas à s’étendre. Elle était tournée sur elle-
même et vivait sur la planète en même temps qu’une vaste culture
primitive, dispersée et non organisée.
Loin de tenter de « civiliser » le reste du monde, elle faisait au contraire
tout ce qui était en son pouvoir – un pouvoir considérable, durant une
longue période – pour empêcher ce genre de progrès.
Les membres de cette civilisation étaient, pour la plupart, un groupe
marginal détaché de la précédente civilisation qui avait réussie et qui avait,
dans l’ensemble, décidé de continuer l’existence dans d’autres zones de
votre univers physique. Bien que libres d’aller vers d’autres couches
d’existence, ceux-ci étaient amoureux de l’existence terrestre et pensaient
en outre pouvoir progresser par rapport à leur précédente expérience.
(21h42.) Cela ne les intéressait pas de donner naissance à une nouvelle
civilisation dans d’autres zones, à partir de rien. Une bonne partie de leur
savoir était instinctif, et ce groupe particulier a progressé de manière très
rapide dans ce que vous appelleriez différentes étapes technologiques.
Ils se préoccupaient particulièrement, au début, de développer un être
humain doté de garde-fous contre la violence. Le désir de paix était
pratiquement chez eux l’équivalent d’un instinct. Des modifications se sont
produites dans leur mécanisme physique. Quand leur esprit leur signalait
une forte agression, leur corps ne réagissait pas. Or on peut maintenant voir
des vestiges psychologiques de ce comportement chez certains individus
qui s’évanouissent plutôt que de recourir à ce qu’ils considèrent comme de
la violence envers autrui (ou qui peuvent même aller jusqu’à porter atteinte
à leur propre système physique).
Cette civilisation a donc laissé en paix les indigènes qui l’entouraient.
Elle a cependant envoyé certains de ses membres vivre avec les indigènes
pour qu’ils se marient avec eux, dans l’espoir de faire évoluer la
physiologie de l’espèce de façon pacifique.
L’énergie qui, à votre époque, est souvent consacrée à la violence,
poursuivait alors d’autres objectifs ; mais elle a commencé à se retourner
contre eux. Cette civilisation n’apprenait pas à composer avec la violence
ou l’agression ; elle tentait de la court-circuiter physiquement, et ses
membres ont découvert que cela entraînait des complications.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 21h52 à 22h05.)
Maintenant. L’énergie – contrôlée, dirigée mentalement, ou
psychiquement si vous préférez – doit être autorisée à se répandre librement
dans le système physique.
Cette transformation physique constituait donc une difficulté pour
l’ensemble du système. Ce peuple ne comprenait pas l’urgence d’agir –
fondement et fonction des capacités créatrices – qui, déformée, a donné
l’idée d’agression. D’une certaine manière, le fait même de respirer est une
violence. Cette inhibition constitutive entraînait un système de contrôles
réciproques paralysant, dans lequel la nécessaire poussée de l’action vers
l’extérieur devenait littéralement impossible.
Un état physique et mental trop consciencieux, trop restrictif, est apparu,
dans lequel le besoin de survie physique naturel à l’organisme était entravé
de toutes les façons possibles. Mentalement, la civilisation progressait. Sa
technologie était extrêmement active ; elle avançait dans la recherche, par
exemple, d’une nourriture artificielle qui la libérerait de la nécessité de tuer
pour survivre.
(22h13.) En même temps, cette civilisation tentait de maintenir l’intégrité
de l’environnement. Elle n’a pas connu votre étape de l’automobile et des
véhicules à vapeur car elle s’est concentrée très tôt sur le son – un son ne
pouvant pas être perçu par des oreilles physiques.
Cette civilisation avait pour nom la Lumanie (épelé) ; ce nom est passé
dans la légende et a été réutilisé par la suite.
Les Lumaniens étaient très minces et physiquement faibles ;
psychiquement, ils étaient soit brillants, soit complètement dénués de talent.
Chez certains d’entre eux, les mécanismes de contrôle inhérents à leur
constitution causaient de tels blocages d’énergie dans tellement de
directions que même leurs capacités télépathiques naturellement élevées en
souffraient.
Les Lumaniens formaient des champs d’énergie autour de leur propre
civilisation. Ils étaient donc isolés des autres groupes. Ils n’ont toutefois pas
laissé la technologie les détruire. Ils étaient de plus en plus nombreux à se
rendre compte que leur expérience n’était pas un succès. Après la mort
physique, certains partaient rejoindre la précédente civilisation, celle qui
avait réussi à résoudre ses problèmes et qui avait migré vers d’autres
systèmes planétaires.
De larges groupes quittèrent tout simplement leurs cités, détruisirent les
champs de force qui les entouraient et rejoignirent les nombreux groupes de
personnes relativement non civilisées, s’accouplèrent avec elles et eurent
des enfants. Ces Lumaniens mouraient vite, car ils ne supportaient pas la
violence et ne pouvaient pas réagir violemment. Ils espéraient que leurs
enfants mutants hériteraient de leur répugnance à la violence mais seraient
dépourvus du système du contrôle nerveux qui les empêchaient de réagir.
(Une pause d’une minute à 22h24.) Physiquement, cette civilisation s’est
tout simplement éteinte. Quelques-uns des enfants mutants ont formé un
petit groupe tardif qui a parcouru la zone en nomade, au siècle suivant,
accompagné de grandes troupes d’animaux. Ils s’entraidaient et c’est le
souvenir de cette association qui a donné naissance aux légendes d’êtres mi-
hommes mi-bêtes.
Ce peuple, qui était littéralement un vestige de la première grande
civilisation, a toujours porté en lui le souvenir profond et subconscient de
ses origines. Je parle ici des Lumaniens. C’est ce qui explique leur rapide
ascension technologique. Cependant, leur attention était à ce point
concentrée sur un but précis – éviter la violence – et non pas, par exemple,
sur le développement constructif et pacifique de leur potentiel de création,
que leur expérience était déséquilibrée. Ils craignaient tellement la violence
qu’ils n’osaient pas accorder au système physique la liberté de l’exprimer.
(22h33.) La vitalité de cette civilisation était donc faible – non parce que
la violence n’existait pas, mais parce que l’énergie et l’expression étaient
physiquement bloquées selon des lignes précises, et de l’extérieur. Ils
comprenaient parfaitement les ravages de la violence en termes terrestres,
mais ils refusaient à l’individu le droit d’apprendre à sa manière ; ils
l’empêchaient d’employer ses propres méthodes et ses facultés de création
pour transformer la violence en éléments constructifs. Le libre arbitre
n’avait plus cours.
Un enfant qui sort du ventre de sa mère est physiquement protégé
pendant un temps contre certaines maladies ; de même, pendant une courte
période, il est préservé de certaines catastrophes psychiques ; il porte en lui,
pour son bien-être, le souvenir des existences et des lieux passés. De même,
les Lumaniens furent soutenus, pendant plusieurs générations, par les
profonds souvenirs subconscients de la civilisation qui les avait précédés.
Mais ces souvenirs ont fini par s’estomper. Les Lumaniens étaient protégés
de la violence mais pas de la peur.
Ils étaient donc sujets à toutes les peurs humaines ordinaires, mais en pire
puisqu’ils ne pouvaient pas réagir physiquement par la violence, même face
à la nature. En cas d’attaque, ils étaient obligés de fuir. Le choix entre
« prendre la fuite ou se battre » n’était pas applicable. Ils n’avaient qu’un
seul recours.
(22h41.) Leur symbole divin était masculin – une figure masculine forte
et physiquement puissante, capable de les protéger, puisqu’ils ne pouvaient
pas se protéger eux-mêmes. Ce Dieu a évolué au cours des âges, tout
comme leurs croyances, et ils ont projeté en lui les caractéristiques qu’ils ne
pouvaient exprimer par eux-mêmes.
Bien plus tard, celui-ci devait réapparaître sous le nom de Jéhovah, le
dieu de la Colère, qui protégeait le peuple élu. Au départ, la crainte des
forces de la nature était donc extrêmement marquée chez les Lumaniens, et
cette crainte a fini par entraîner un sentiment de rupture entre l’homme et
les forces naturelles qui le nourrissent. Ils ne pouvaient pas faire pleinement
confiance à la Terre et n’étaient pas non plus autorisés à se protéger des
forces violentes qui existent en elle.
Leur vaste civilisation technologique était en grande partie souterraine.
En ces termes, ils étaient les hommes des cavernes d’origine ; et ils
sortaient d’ailleurs de leurs cités par des cavernes. Les cavernes n’étaient
pas simplement des abris occupés par des indigènes sans savoir-faire. Elles
étaient souvent l’entrée de passages menant aux cités des Lumaniens. Bien
après la désertion des cités, les indigènes non civilisés qui ont suivi ont
découvert ces entrées.
Durant la période que vous appelez maintenant l’âge de pierre, les
hommes que vous considérez comme vos ancêtres, les hommes des
cavernes, trouvaient souvent refuge non pas dans des cavernes
naturellement formées dans la roche, mais dans des tunnels creusés
mécaniquement, qui se prolongeaient en profondeur et aboutissaient aux
cités désertées que les Lumaniens avaient autrefois habitées. Certains des
outils fabriqués par les hommes des cavernes étaient une version déformée
de ceux qu’ils y avaient trouvés.
À présent, vous pouvez faire une pause – et avoir bien chaud.
(22h44. Le débit de Jane a été plutôt tranquille tout du long. L’atelier
s’est beaucoup refroidi à présent – d’où la remarque de Seth. Trois pages de
matériau supprimées suivent la pause et la session prend fin à 23h25.)

SESSION 563
MERCREDI 9 DÉCEMBRE 1970

(21h15. La session a de nouveau lieu dans mon atelier. Nous sommes


assis et prêts vers 21h00, comme d’habitude, mais Jane « ne sent pas
immédiatement Seth dans les parages ». Elle n’est pourtant pas
particulièrement fatiguée ou gênée par quoi que ce soit.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Nous allons reprendre la dictée.
La civilisation des Lumaniens était concentrée, en ce sens qu’ils ne firent
aucune tentative de conquête ou d’expansion ; mais au cours des siècles, ils
installèrent des avant-postes d’où ils pouvaient sortir à la surface et garder
un œil sur les autres peuplades indigènes.
Ces avant-postes étaient construits sous terre. Il existait, à partir des cités
et des grandes colonies d’origine, un réseau de tunnels et de connexions
souterraines très intriqué et brillamment conçu. Comme c’était un peuple
d’esthètes, les murs étaient couverts de peintures et de dessins, et des
sculptures étaient exposées le long de ces chemins intérieurs.
Il existait différents systèmes d’acheminement pour les personnes ou
pour les biens. Mais il n’était pas pratique de prolonger ce genre de tunnel
jusqu’aux nombreux avant-postes, constitués de communautés assez petites
et relativement indépendantes, dont certaines situées à bonne distance des
principales zones de commerce et d’activité.
(21h21.) Ces avant-postes se trouvaient dans de nombreuses zones
dispersées, mais il en existait un assez grand nombre dans ce qui est
maintenant l’Espagne, et dans les Pyrénées. Il y avait à cela plusieurs
raisons, dont l’existence, dans ces régions de montagne, d’hommes ayant
pratiquement la taille de géants. Avec leur nature craintive, les Lumaniens
n’aimaient guère occuper ces avant-postes, et seuls les plus braves et les
plus assurés d’entre eux recevaient ce type de mission, qui était de toute
façon temporaire.
(Une note, ajoutée plus tard : Seth ne donne pas de dates pour situer la
civilisation des Lumaniens. Il est cependant intéressant de remarquer que,
fin juillet 1971, environ huit mois après cette session, les journaux
présentent l’histoire – avec photos – d’un crâne pré-humain « massif »,
déterré dans une caverne des Pyrénées françaises, tout près de la frontière
espagnole.
Ce crâne a au moins deux cent mille ans et représente une race non
identifiée. On incline maintenant à penser que plusieurs races primitives
existaient en Europe à cette époque. Cette période est antérieure à l’homme
de Néandertal et marque le début de l’avant-dernier âge de glace. Cette
région du sud de la France est connue pour ses nombreuses cavernes
creusées dans la roche calcaire par l’eau courante. Jane n’a pas de
connaissances en paléontologie.)
Les cavernes, encore une fois, servaient d’ouvertures sur l’extérieur, et
souvent ce qui semblait être le fond d’une caverne était, en réalité, construit
en une matière opaque de l’extérieur mais transparente de l’intérieur. Les
indigènes des environs, qui se servaient de ces cavernes comme d’abris
naturels, pouvaient donc être observés sans danger. Les Lumaniens
réagissaient à des sons inaudibles à vos oreilles. Leur peur particulière de la
violence intensifiait leurs mécanismes à un degré étonnant. Ils étaient
perpétuellement en alerte.
(21h29.) Cela est difficile à expliquer : ils pouvaient placer mentalement
une pensée sur certaines fréquences – un art très raffiné – puis la traduire, à
une destination donnée, de toutes sortes de manières, par exemple en forme
et en couleur, ou même en certaines images. Leur langage était d’une
précision que vous ne pourriez pas comprendre, pour la simple raison qu’il
y existait des graduations de tonalité et de fréquence extrêmement
complexes.
La communication était l’une de leurs grandes forces ; elle était
développée au plus haut point car, par crainte de la violence, ils étaient
constamment sur leur garde. Ils s’unissaient en grands ensembles familiaux,
encore une fois par besoin de protection mutuelle. Le lien entre parents et
enfants était extrêmement fort, et les enfants étaient très mal à l’aise s’ils se
trouvaient hors de vue de leurs parents.
(21h34.) Pour toutes ces raisons, les individus qui dirigeaient les avant-
postes se sentaient dans une situation très inconfortable. Ils étaient limités
en nombre et coupés des zones principales de leur propre civilisation. Ils
ont donc développé une activité télépathique encore plus grande, et un tel
rapport avec la terre au-dessus de leur tête que le plus léger frémissement
ou bruit de pas, le mouvement le plus infime sortant de l’ordinaire était
aussitôt remarqué.
Il existait de nombreux points d’observation vers la surface, et des
caméras y étaient situées, qui prenaient des images très précises non
seulement de la Terre mais aussi des étoiles.
Bien sûr, ils avaient toutes les coordonnées des nappes de gaz souterrain
et connaissaient avec précision les couches internes du sol ; ils gardaient un
œil attentif sur les anomalies et les tremblements de terre, et les
anticipaient. Ils avaient, par rapport à leur descente sous terre, le même
sentiment de triomphe que n’importe laquelle des races qui ont quitté la
Terre.
(21h44.) C’était là, je vous l’ai dit, la deuxième et peut-être la plus
intéressante des trois civilisations. La première, quant à elle, a suivi en gros
la même ligne de développement que vous ; elle a rencontré nombre des
problèmes qui sont maintenant les vôtres. Ces gens étaient situés pour
l’essentiel dans ce que vous appelez l’Asie Mineure, mais ils étaient
expansionnistes et voyageaient vers d’autres zones. Ce sont les gens dont
j’ai parlé plus tôt, dont descendait le peuple des Lumaniens et qui sont
finalement partis vers d’autres planètes, dans d’autres galaxies.
À présent, je suggère que vous fassiez une pause.
(21h43. Jane dit que sa transe a été très bonne. Elle a fumé, et l’atelier
sent le renfermé ; nous ouvrons donc la porte qui donne sur le reste de
l’appartement. En général, nous fermons les fenêtres parce que la voix de
Seth a la particularité de porter loin ; et il fait froid ce soir. Reprise à
21h55.)
Maintenant. Avant que nous parlions de la troisième civilisation,
j’aimerais aborder quelques points concernant la deuxième. Il s’agit de la
communication telle qu’elle se présentait dans leurs dessins et leurs
peintures, et des canaux spécifiques empruntés par leur communication
créatrice. Leur art était supérieur au vôtre à bien des égards, et moins isolé.
Les différentes formes d’art étaient liées entre elles d’une manière inconnue
de vous, ce qui rend la chose difficile à expliquer.
(22h00.) Prenez, par exemple, quelque chose de très simple – mettons le
dessin d’un animal. Vous le percevez comme un simple objet visuel, mais
ces gens étaient de grands synthétiseurs. Une ligne n’était pas seulement
une ligne visuelle mais, en fonction d’une variété presque infinie de
distinctions et de divisions, elle représentait également certains sons qui
étaient perçus automatiquement.
S’il le voulait, un observateur pouvait en percevoir les sons avant même
de s’intéresser à l’image visuelle. Ce qui se présentait comme le dessin d’un
animal pouvait également indiquer toute son histoire, ou son cadre de vie.
Les courbes, les lignes, les angles représentaient tous, en plus de leur
fonction objective dans le dessin, une série très complexe de variations en
timbre, en tonalité et en valeur ; ou si vous préférez, des mots invisibles.
(22h07.) Les distances entre les lignes étaient traduites en pauses sonores
et quelquefois aussi en distances dans le temps. La couleur servait de
langage dans la communication, dans le dessin et dans la peinture ; elle
représentait, un peu à la manière de vos propres couleurs, des graduations
émotionnelles. Mais la valeur d’intensification des couleurs apportait des
précisions – elle renforçait, par exemple, le message déjà donné par la
valeur objective des lignes, des angles et des courbes, par les messages
verbaux invisibles dont j’ai parlé, ou les modifiait de toutes sortes de
façons. Vous me suivez là-dessus ?
(« Oui. » Pause à 22h12.)
La taille de ces dessins formulait aussi son propre message. C’était un art
très stylisé, qui permettait pourtant une grande précision dans le détail et
une grande liberté d’expression. À l’évidence, c’était un art très concentré.
Cette technique a été plus tard découverte par la troisième civilisation ;
certaines traces de dessins exécutés par imitation existent encore. Mais les
clés d’interprétation ont été complètement perdues ; tout ce qu’on peut voir
est un dessin dénué des éléments multidimensionnels qui lui donnaient une
telle richesse. Il existe, mais vous ne pouvez pas lui donner vie.
Je devrais peut-être mentionner ici que certaines de ces cavernes, en
particulier dans certaines zones d’Espagne et des Pyrénées, et quelques-
unes plus anciennes en Afrique, étaient des constructions artificielles. Je
vous l’ai dit, ces gens déplaçaient la matière grâce à leur maîtrise du son.
C’est ainsi que leurs tunnels ont été formés à l’origine, et c’est également la
méthode qui a permis de former des cavernes là où il en existait peu au
départ. Souvent, les dessins sur les murs des cavernes étaient des
informations très stylisées, un peu, selon vos termes, comme des panneaux
devant des bâtiments publics, décrivant le type d’animaux et d’êtres
présents dans une zone donnée.
Ces dessins ont été plus tard utilisés comme modèles par vos premiers
hommes des cavernes, dans le temps historique auquel vous vous référez
habituellement.
Voulez-vous une pause ?
(« Oui, je veux bien. »
22h20. J’ai commencé à tousser pendant la dictée de Jane à cause de la
fumée de sa cigarette. Elle dit qu’elle s’en est rendu compte, mais que sa
transe a quand même été meilleure cette fois-ci. Nous aérons l’atelier,
malgré la température extérieure. Reprise à 22h33.)
Maintenant. Leurs facultés de communication, et par conséquent leurs
facultés de création, avaient davantage de vitalité, de vie, de réactivité que
les vôtres. Quand vous entendez un mot, il peut évoquer une image dans
votre esprit. Pour ces gens, les sons fabriquaient instantanément une image
incroyablement vive qui n’était nullement tridimensionnelle, puisqu’elle
était intériorisée, mais qui était incroyablement plus vivante que vos images
mentales ordinaires.
Certains sons, encore une fois, étaient utilisés pour indiquer d’étonnantes
distinctions de taille, de forme, de direction et de durée. Autrement dit, les
sons produisaient automatiquement de brillantes images. Pour cette raison,
ils faisaient une nette distinction entre ce qu’ils appelaient la vue intérieure
et la vue extérieure ; et il leur était parfaitement naturel de fermer les yeux
en pleine conversation pour communiquer plus clairement et prendre plaisir
à contempler les images internes, immédiates et changeantes, qui
accompagnaient tout échange verbal.
(22h41.) Ils apprenaient vite, et l’éducation était un processus stimulant,
parce que cette facilité multisensuelle imprimait automatiquement
l’information sur eux, non pas par le canal d’un seul sens à la fois, mais par
plusieurs en même temps. En dépit de l’immédiateté de leurs perceptions, il
existait chez eux une faiblesse intrinsèque. Leur incapacité à faire face à la
violence et à la conquérir entravait leur poussée vers l’extérieur. L’énergie
était bloquée dans ces zones, si bien qu’il leur manquait une qualité de
force, ainsi que le sentiment de leur propre puissance.
Je ne parle pas nécessairement d’une puissance physique ; mais ils
utilisaient tellement d’énergie pour éviter la moindre confrontation à la
violence qu’ils n’étaient pas capables de canaliser les sentiments agressifs
ordinaires vers d’autres zones.
Je vais maintenant terminer cette session, ou vous pouvez faire une
pause, si vous préférez. Je suggère cependant que vous y mettiez fin.
(Je hoche la tête en signe d’assentiment.) Mes plus chaleureuses
salutations et un cordial bonsoir.
(« Même chose, Seth, et merci beaucoup. Bonne nuit. »
22h48. La transe de Jane a été assez variable cette fois-ci, et j’ai
continué à tousser. Elle dit que Seth a finalement terminé la session parce
que sa transe suivait ma toux. Ce type de matériau, ajoute-t-elle, est
particulièrement difficile à obtenir quand il y a des distractions.)

SESSION 565
LUNDI 1er FÉVRIER 1971
(21h05. Au cours des dernières semaines, Jane n’a tenu que quelques
sessions pour son cours de perception extrasensorielle, et deux sessions
personnelles pour nous. Rien de plus, même s’il m’est arrivé de souhaiter
que le travail sur le livre de Seth puisse avancer. Nous l’avons mis de côté
pour différentes raisons : d’autres travaux, les vacances, le simple besoin
de changer de rythme, un voyage, et l’imminence de la mort de mon père.
Jane dit que l’idée de reprendre la dictée après cette interruption la
trouble un peu. Elle ressent la même chose qu’avant de commencer le livre.
Elle l’a seulement lu jusqu’à la première partie du chapitre 4, à l’exception
d’un court extrait du chapitre 6 que je lui ai donné pour son cours. Je suis
certain qu’il sera impossible de repérer la moindre trace d’interruption
lorsque Seth aura repris la dictée.
Incidemment, nous sommes de retour dans le salon pour les sessions.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons revenir à notre livre ce soir et mercredi, et les
lundis et mercredis suivants, jusqu’à ce qu’il soit fini.
Alors, dictée.
Si j’ai parlé des Lumaniens en détail, c’est parce qu’ils font partie de
votre héritage psychique. Les deux autres civilisations ont mieux réussi à
bien des égards ; mais la forte intention sous-jacente à l’expérience des
Lumaniens était extrêmement instable. Ils n’ont pas su résoudre le problème
de la violence telle qu’ils la comprenaient dans votre réalité, mais leur désir
passionné d’y parvenir résonne encore dans votre environnement
psychique.
En raison de la nature véritable du « temps », les Lumaniens existent
encore tels qu’ils existaient, selon vos termes. Il y a souvent des fuites dans
l’atmosphère psychique ; elles ne se produisent pas par hasard, mais lorsque
certaines causes entraînent un saut entre des systèmes qui autrement
paraissent absolument étanches. Ainsi y a-t-il des fuites entre votre propre
civilisation et celle des Lumaniens.
(21h13.) Différentes religions anciennes ont repris, par exemple, l’idée
du Dieu farouche des Lumaniens, dans laquelle ils ont projeté leurs
concepts de force, de pouvoir et de violence – ce Dieu qui avait pour
mission de les protéger puisque la non-violence leur interdisait de le faire
eux-mêmes.
Une fuite est pour ainsi dire en train de se constituer en ce moment
même, dans laquelle les concepts multidimensionnels d’art et de
communication des Lumaniens vont être entraperçus par les vôtres, mais de
façon rudimentaire.
La nature des probabilités étant ce qu’elle est, il existe également, bien
entendu, un système de réalité dans lequel les Lumaniens ont réussi leur
expérience de non-violence, et dans lequel un genre complètement différent
d’être humain a émergé.
(21h19.) Si tout cela vous paraît très étrange, c’est simplement que votre
conception de l’existence est trop spécifique, et trop limitée. Les notions de
réalités probables, d’hommes et de dieux probables, peuvent paraître
complètement absurdes à certains d’entre vous et pourtant, lorsque vous
lisez ce livre, vous n’êtes que l’un des vous probables. Bien entendu,
d’autres vous probables ne vous considéreraient pas comme réels, et
seraient même indignés à l’idée que vous puissiez exister. Néanmoins, le
système probable de réalité n’est pas une simple interrogation
philosophique. Si vous vous intéressez à la nature de votre propre réalité, la
question devient personnelle et pertinente en tant que telle.
Les différentes caractéristiques des Lumaniens demeurent dans votre
atmosphère psychique ; leurs cités continuent à coexister dans des zones
géographiques que vous appelez vôtres ; de même, d’autres identités
probables coexistent avec les identités qu’à présent vous appelez vôtres.
Dans le chapitre suivant, nous parlerons de vous et de vos moi probables.
(Une remarque : selon Seth, les Lumaniens étaient les deuxièmes d’une
série de trois civilisations qui ont existé sur notre planète, bien avant
l’époque de l’Atlantide. Dans la session 563, Seth indique qu’il va bientôt
aborder la troisième de ces cultures. Ce matériau-là n’a jamais été abordé.
Il aurait pu l’être, mais vu la longue pause entre les deux dernières sessions
du livre, nous avons tout simplement oublié de le lui demander.)
CHAPITRE 16

Les systèmes, les hommes et les dieux


probables

(21h24.) Et maintenant, nous commençons le chapitre suivant : « Les


systèmes, les hommes et les dieux probables ».
Dans votre vie quotidienne, à n’importe quel instant de votre temps, vous
disposez d’un choix multiple d’actions dont certaines sont triviales et
d’autres, d’une importance capitale. Vous pouvez éternuer ou ne pas
éternuer, tousser ou non, vous diriger vers la fenêtre ou vers la porte, vous
gratter le coude, sauver un enfant de la noyade, étudier, vous suicider,
blesser quelqu’un ou tendre l’autre joue.
La réalité vous semble composée des actions que vous choisissez de
faire ; vous ne prenez pas en compte celles que vous décidez de ne pas
faire. La route non prise a l’air d’un non-acte ; pourtant, toute pensée se
réalise, toute possibilité est explorée. La réalité physique a l’air construite à
partir d’une suite d’actes physiques ; comme c’est à vos yeux le critère
même de la réalité, les actes non physiques échappent en général à votre
attention aussi bien qu’à votre perspicacité, à votre compréhension.
(21h30.) Imaginons que vous êtes en train de lire ce livre quand le
téléphone sonne. Un ami vous propose un rendez-vous à cinq heures. Vous
réfléchissez. En esprit, vous vous voyez : a) refuser l’invitation et rester
chez vous, b) la refuser et sortir quand même, c) l’accepter et vous rendre
au rendez-vous. Toutes ces actions possibles ont, à cet instant, une réalité.
Elles ont toutes la capacité d’être réalisées en termes physiques. Avant que
vous preniez votre décision, chacune de ces actions probables est également
valide. Vous faites le choix de l’une d’elles, et cela a pour effet de la rendre
physique. Cet évènement est accepté comme faisant dûment partie des
évènements sériels qui composent votre existence normale.
Les autres actions probables demeurent pourtant tout aussi valides
qu’elles l’ont toujours été, même si vous n’avez pas choisi de les réaliser
physiquement. Elles sont accomplies tout aussi fidèlement que celle que
vous avez choisie. S’il y a une forte charge affective derrière l’une des
actions probables que vous avez rejetées, elle peut même avoir plus de
validité, en tant qu’acte, que celle que vous avez choisie.
Tout acte est d’abord mental. C’est là la nature de la réalité ; cette
phrase ne saurait être assez soulignée. Tout acte mental est donc valide,
indéniable.
Comme vous n’acceptez pas tous les actes mentaux en tant
qu’évènements physiques, vous avez du mal à percevoir leur force ou leur
pérennité. Le fait que vous ne les perceviez pas ne détruit en rien leur
validité. Si vous vouliez être médecin et que vous avez finalement une autre
profession, vous êtes médecin dans une autre réalité probable. S’il y a des
facultés que vous n’employez pas ici, elles sont employées ailleurs.
Or, une fois encore, ces idées peuvent vous sembler trop riches pour
votre sang mental, vu votre penchant pour la pensée sérielle et les attitudes
tridimensionnelles.
(Sur le ton de l’humour.) Vous pouvez faire une pause en trois
dimensions.
(« Merci. » De 21h43 à 21h55.)
Or ces faits ne nient pas la validité de l’âme ; ils augmentent au contraire
son immesurabilité.
On peut d’ailleurs décrire l’âme comme un acte multidimensionnel infini,
dont chaque infime probabilité est, quelque part, conduite jusqu’à
l’existence et la réalisation – comme un acte de création infini qui crée les
dimensions infinies lui permettant de s’accomplir.
Votre intellect tridimensionnel ne parvient tout simplement pas à saisir la
très riche tapisserie de votre existence. Vos moi probables font partie de
votre identité, ou âme, et si vous n’êtes pas en contact avec eux, c’est parce
que vous vous focalisez exclusivement sur les évènements physiques et que
vous n’acceptez aucun autre critère de réalité.
(22h01.) À partir de n’importe quel instant de votre existence, vous
pouvez cependant apercevoir d’autres réalités probables et sentir, sous les
décisions physiques, la réverbération des actions probables. Certains le font
spontanément, en particulier dans le rêve. Là, les hypothèses rigides de la
conscience réveillée s’évanouissent, et l’on se retrouve parfois en train
d’accomplir physiquement les activités qu’on a rejetées, sans jamais se
rendre compte que l’on aperçoit l’une de ses existences probables.
S’il existe des moi individuels probables, il existe évidemment aussi des
Terres probables, qui toutes empruntent des chemins que vous n’avez pas
pris. En commençant, à l’état réveillé, par un acte d’imagination, vous faites
parfois un petit bout de chemin sur la « route non prise ».
Revenons à notre homme au téléphone. Mettons qu’il dise à son ami qu’il
ne viendra pas. Si, au même instant, il s’imagine accepter le rendez-vous, il
peut soudain avoir le sentiment d’une rupture de dimensions. S’il a de la
chance et si les circonstances sont favorables, il peut se voir en train
d’accepter le rendez-vous et percevoir cet acte avec la même validité que
s’il en avait réellement fait le choix. Avant qu’il ait compris ce qui se passe,
il peut se sentir quittant la maison et s’embarquant dans des actions
probables qu’il a pourtant choisi de ne pas faire.
(22h12.) Dans cet instant, l’expérience tout entière fond sur lui. C’est
l’imagination qui lui aura ouvert cette porte et donné cette liberté de
perception ; mais il ne s’agit pas d’hallucinations. C’est là un exercice
simple, qui peut être pratiqué en toutes circonstances, ou presque – mais il
est important d’être seul.
Ce genre d’expérience ne vous mènera pourtant pas très loin. Le moi
probable qui a choisi de faire l’action que vous avez refusée est, de manière
importante, différent du moi que vous connaissez. Chaque acte mental
ouvre une nouvelle dimension de réalisation. D’une certaine manière, vos
plus infimes pensées donnent naissance à des mondes.
Ce constat métaphysique ne doit pas vous paraître sec ; il doit au
contraire vous inspirer un vaste sentiment de potentialité, de créativité. Il est
impossible qu’un être soit stérile, qu’une idée meurt ou qu’une capacité ne
s’accomplisse pas.
(22h19.) Bien sûr, chaque système probable de réalité crée, de la même
façon, d’autres systèmes, et tout acte, une fois accompli, entraîne un
nombre infini d’actes « non réalisés » qui trouvent également leur
réalisation. Or tous les systèmes de réalité sont ouverts. Les divisions qui
sont indiquées le sont de façon arbitraire, pour des raisons purement
pratiques, mais ils existent tous simultanément, et chacun d’entre eux aide
les autres et leur ajoute quelque chose. Ce que vous faites est donc
partiellement reflété dans l’expérience de vos moi probables ; et vice versa.
Dans la mesure où vous êtes ouverts et réceptifs, vous pouvez bénéficier
pleinement de l’expérience de vos moi probables ; vous pouvez vous
enrichir de leur savoir et de leurs facultés. C’est ce que vous faites souvent,
de manière tout à fait spontanée, dans le rêve ; et souvent ce que vous
ressentez comme une inspiration est une pensée qu’une autre partie de
vous-mêmes a eu sans la réaliser. Vous la captez et la réalisez à sa place.
Les possibilités que vous envisagez sans les utiliser peuvent être captées
de la même manière par d’autres vous probables. Chacun de ces moi
probables se considère, bien sûr, comme le vous réel, et pour n’importe
lequel d’entre eux vous êtes le moi probable ; mais, par le biais des sens
internes, vous êtes tous conscients de votre rôle dans cet ensemble aux
formes changeantes.
Vous pouvez faire une pause.
(De 22h26 à 22h41.)
Maintenant. L’âme n’est pas un produit fini.
D’ailleurs, en ces termes, ce n’est pas un produit du tout ; c’est un
processus de devenir. Tout-ce-qui-est n’est pas non plus un produit, fini ou
pas. Il y a des dieux probables, tout comme il y a des humains probables ; et
ces dieux probables font tous partie de ce que vous pourriez appeler l’âme,
ou identité, de Tout-ce-qui-est ; exactement comme vos moi probables font
partie de votre âme, ou entité.
Les dimensions de réalisation qui s’offrent à Tout-ce-qui-est dépassent
naturellement de loin celles dont vous disposez actuellement. D’une
certaine manière, vous avez créé de nombreux dieux probables par vos
pensées et par vos désirs. Ils deviennent des entités psychiques parfaitement
indépendantes, valides dans d’autres niveaux d’existence. L’unique Tout-ce-
qui-est a conscience non seulement de sa propre nature et de la nature de
toute conscience, mais aussi de ses moi probables infinis. Nous abordons là
des sujets pour lesquels les mots n’ont plus de sens.
La nature de Tout-ce-qui-est ne peut être ressentie que directement par
les sens internes ; ou, dans une communication moins forte, par l’inspiration
ou par l’intuition. La complexité miraculeuse d’une telle réalité ne peut pas
être transmise verbalement.
À présent, accordez-nous un instant. Fin de la dictée.
(Une pause à 22h49. Le débit de Jane a été plus lent depuis la pause.
Seth poursuit en donnant quelques précisions sur l’écriture de Jane.
« Merci. »)
Et nous ferons une dictée pour le livre mercredi, avec éventuellement du
matériau personnel à la fin.
(« Très bien. Bonne nuit, Seth. » Fin à 23h02.)

SESSION 566
LUNDI 15 FÉVRIER 1971

(21h19. Nous avons été occupés pendant les deux dernières semaines par
des affaires liées au décès récent de mon père.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Pour changer, nous allons faire un peu de dictée, mais je
ferai peut-être quelques remarques pour vous deux à la fin de notre session.
Dictée, donc : les probabilités sont une partie toujours présente de votre
environnement psychologique invisible. Vous existez au milieu du système
probable de réalité. Il n’est pas séparé de vous. En ce sens, c’est comme une
mer dans laquelle se trouve votre être présent. Vous êtes dans la mer et elle
est en vous. Par moments, dans les niveaux de surface de la conscience,
vous pouvez vous demander ce qui se serait passé si vous aviez pris
d’autres décisions que celles que vous avez prises ; si vous aviez choisi un
autre conjoint, par exemple, ou si vous habitiez dans une région différente.
Vous pouvez vous demander ce qui se serait passé si vous aviez posté une
lettre importante que vous avez finalement décidé de ne pas envoyer ; et
c’est uniquement par ces petites réflexions que vous vous interrogez sur la
nature des probabilités. Mais il existe des liens profonds entre vous-mêmes
et tous les individus avec qui vous avez eu des rapports, avec qui vous avez
été impliqués dans des décisions importantes.
(21h28.) Ces connexions ne sont pas nébuleuses. Elles sont
psychologiques et, plus spécifiquement, télépathiques ; elles vous relient les
uns aux autres, même si tout cela se situe en dessous de la conscience
normale. Les connexions physiques non réalisées, qui auraient pu se
produire et qui ne se sont pas produites, se produisent dans d’autres couches
de réalité.
L’environnement invisible à l’intérieur de votre esprit n’est pas aussi
solitaire que vous le croyez ; votre sentiment d’isolement est dû au contrôle
persistant exercé par votre ego. Celui-ci ne voit pas pourquoi vous devriez
être tenus au courant d’informations qu’il ne considère pas comme
pertinentes pour votre activité quotidienne.
(21h31.) Je n’aime pas le mot « progresser » mais, selon vos termes,
progresser en tant que conscience consiste à s’ouvrir toujours davantage
aux diverses matérialisations de votre identité. Les moi probables doivent
prendre conscience des autres moi probables et accepter le fait qu’il sont
tous des manifestations de l’identité véritable.
Ils ne s’évanouissent pas, ils ne sont pas enterrés ou niés dans une sorte
d’hyper-moi, ni privés de leur plein gré, de leur libre arbitre ou de leur
individualité. Au contraire, l’identité est ce qu’ils sont, dans l’entière liberté
d’exprimer toutes les actions et tous les développements probables, à la fois
dans cette réalité et dans d’autres que vous ne connaissez pas.
Assis comme vous l’êtes en train de lire ce livre, dans votre instant
présent du temps, vous vous trouvez au centre d’une toile cosmique de
probabilités qui réagit au plus infime de vos actes mentaux ou affectifs.
(Une pause à 21h36.) Vos pensées et vos émotions partent donc de vous
non seulement dans toutes les directions physiques, mais également dans
des directions qui vous sont parfaitement invisibles ; elles apparaissent dans
des dimensions qu’à présent vous ne pourriez pas comprendre. D’ailleurs,
vous recevez aussi ce genre de signaux en provenance de probabilités qui
sont liées à la vôtre, mais vous choisissez parmi ces actions probables celles
que vous voulez rendre réelles, ou physiques, dans votre système ; et les
autres ont la liberté de choisir à l’intérieur de leurs systèmes.
Vous générez donc des idées et vous en recevez d’autres, mais vous
n’êtes pas obligés de réaliser les actes probables provenant d’autres moi. Or
il existe une attraction naturelle entre vous et vos moi probables – des
connexions électromagnétiques liées à la propulsion simultanée d’énergie.
Je veux dire par là de l’énergie qui se manifeste simultanément pour vous et
pour vos moi probables dans d’autres réalités ; des connexions psychiques
liées à cet effet unificateur, porteur d’émotion et d’empathie ; et cette
connexion se manifeste très fortement lorsque vous rêvez.
Pendant le rêve, les fonctions de l’ego sont en quelque sorte
immobilisées, et il y a une communication considérable entre les différentes
parties de l’identité entière. Dans les rêves, vous pouvez apercevoir des
routes probables que vous n’avez pas prises. Vous pensez qu’il s’agit de
fantasmes, mais vous êtes peut-être en train d’apercevoir l’image légitime
d’évènements qui se sont réellement produits au sein d’un autre système de
probabilités.
À présent, vous pouvez faire une pause.
(21h45. Jane s’étonne du « peu de matériau dicté ». Elle a l’impression
d’avoir « vraiment volé », dit-elle, en ce qui concerne ce matériau nouveau
et impressionnant. Reprise à 22h00.)
Un évènement peut être réalisé par plusieurs moi probables ; et vous
ressemblez à certains moi probables plus qu’à d’autres. Comme vous faites
partie de cet ensemble psychologique complexe, comme ces connexions
existent réellement, vous pouvez en quelque sorte profiter des facultés et de
la connaissance des autres parties probables de votre personnalité.
Ces connexions entraînent des « points de fuite » absolument constants.
Une fois que vous vous rendez compte de l’existence du système probable,
vous pouvez apprendre à être vigilants sur ce que j’appelle les « impulsions
intrusives bénignes ». Ces impulsions ont l’air de n’avoir aucun rapport
avec vos activités ou vos intérêts habituels ; elles sont intrusives en ce sens
qu’elles surgissent brusquement dans la conscience, avec une saveur
d’étrangeté, comme si elles n’étaient pas de vous. Il arrive qu’elles
présentent différents indices. Vous ne connaissez rien à la musique, par
exemple, et en plein milieu d’une activité banale, vous êtes assailli par
l’impulsion soudaine d’acheter un violon.
(Une pause à 22h06.) Une impulsion de ce type peut indiquer qu’une
partie probable de votre identité a des dons pour cet instrument. Je ne vous
dis pas de courir acheter un violon, mais vous pouvez suivre cette impulsion
dans les limites du raisonnable – explorer les concertos pour violon, en
louer un, etc.
Vous apprendrez beaucoup plus vite à en jouer si l’impulsion provient
d’un moi probable. Il va sans dire que les moi probables existent dans votre
« futur » aussi bien que dans votre passé. S’attarder sur les aspects
malheureux du passé que vous connaissez est une mauvaise politique, car
certaines parties du moi probable peuvent être encore impliquées dans ce
passé. Se concentrer sur ces aspects peut entraîner une augmentation des
points de fuite, et une identification néfaste, car ces aspects constituent une
toile de fond que vous partagez avec tous les moi probables qui ont jailli de
cette source particulière.
(22h12.) S’attarder sur l’éventualité d’une maladie ou d’une catastrophe
est également une mauvaise politique, car lorsque vous le faites vous tissez
un réseau négatif de probabilités qui n’ont pas besoin de se produire. Vous
pouvez théoriquement modifier le passé que vous avez connu, car le temps
n’est pas plus séparé de vous que les probabilités.
Le passé a existé de multiples manières. Vous n’avez vécu qu’un seul
passé probable. En changeant ce passé dans votre esprit, maintenant, dans
votre présent, vous pouvez changer non seulement sa nature mais son effet ;
et son effet non seulement sur vous-même mais sur les autres.
Mettons qu’un évènement particulier se soit produit, et qu’il vous ait
fortement perturbé. Vous pouvez maintenant imaginer non pas qu’il soit
simplement effacé, mais qu’il soit remplacé par un autre, de nature plus
bénéfique. Or il faut le faire avec une grande validité affective, de façon très
vive et à plusieurs reprises. Ce n’est pas s’illusionner soi-même.
L’évènement que vous choisissez deviendra automatiquement un
évènement probable, qui s’est réellement produit, bien que ce ne soit pas
l’évènement que vous avez choisi de percevoir dans votre passé probable
donné.
(22h24.) Si le procédé est accompli correctement, votre idée affectera
également, par un phénomène de télépathie, toutes les personnes liées à
l’évènement originel – qui ont alors le choix d’accepter ou de rejeter votre
version.
Ceci n’est pas un livre technique, je ne vais donc pas entrer en
profondeur dans cette méthode particulière ; je ne fais que la mentionner en
passant. Souvenez-vous néanmoins que, d’une manière tout à fait légitime,
de nombreux évènements qui ne sont pas perçus ou vécus physiquement
sont tout aussi valides que ceux qui le sont ; qu’ils sont tout aussi réels au
sein de votre propre environnement psychologique invisible.
Il y a donc dans le futur, selon vos termes, un nombre illimité
d’évènements probables dont vous êtes en train de poser les fondations. Les
pensées et les sentiments que vous générez, et ceux que vous recevez de
façon habituelle et caractéristique, établissent un schéma ; c’est ainsi que
vous choisissez, parmi les futurs probables, les évènements qui deviendront
votre expérience physique. (Une pause.)
Comme il existe de nombreuses fuites et connexions, il peut arriver que
vous captiez un « évènement futur », de nature fâcheuse par exemple, qui
soit l’aboutissement de votre trajectoire actuelle. Vous pouvez faire à ce
sujet un rêve qui vous effraie au point de vous faire éviter l’évènement en
question. Ce genre de rêve est un message de la part d’un moi probable qui,
lui, l’a vécu.
(22h30.) De la même façon, un enfant peut recevoir en rêve, de la part
d’un moi futur, des communications de nature à changer toute sa vie.
L’ensemble de l’identité est, maintenant. Toute division est illusoire ; si
bien qu’un moi probable peut tendre la main à un autre et, par
l’intermédiaire de ces communications internes, les différents moi
probables, selon vos termes, commencent à comprendre la nature de leur
identité.
Or cela conduit à d’autres aventures qui peuvent englober des
civilisations entières ; car, tout comme les individus ont leurs destinées
probables, les nations, les civilisations et les systèmes planétaires habités
ont également les leurs. Votre Terre historique, telle que vous la connaissez,
s’est développée de multiples manières ; et un lien profondément non
conscient unit toutes ces manifestations.
À leur façon, les molécules et les atomes eux-mêmes gardent une
connaissance des formes par lesquelles ils sont passés ; de la même
manière, les individus qui composent une civilisation donnée gardent au
fond d’eux-mêmes la connaissance interne des expériences et des tentatives,
des succès et des échecs dans lesquels la race humaine a été impliquée à
d’autres niveaux de réalité. Vous pouvez faire une pause.
(De 22h39 à 22h55.)
Dans certaines réalités probables, la chrétienté, telle que vous la
connaissez, n’a pas prospéré. Dans d’autres, les mâles n’ont pas exercé de
domination. Dans d’autres encore, la composition de la matière a tout
simplement suivi des lignes différentes. Or toutes ces probabilités sont en
quelque sorte dans l’air autour de vous, et je les décris aussi fidèlement que
possible, mais je dois les rattacher à des concepts qui vous soient un peu
familiers. Dans une certaine mesure, la « vérité » doit passer par le tamis de
vos schémas conceptuels pour que vous puissiez la comprendre.
Il suffit de dire ici que vous êtes entourés d’influences et d’évènements
que, d’ordinaire, vous ne percevez pas. Vous percevez certains d’entre eux
dans votre réalité en trois dimensions. Vous les acceptez comme réels sans
vous rendre compte qu’il s’agit seulement d’une partie d’évènements plus
vastes. Là où s’arrête votre vision, vous pensez que cesse la réalité ; encore
une fois, il faut que vous appreniez à regarder entre les évènements, entre
les objets, et en vous-mêmes, quand vous avez l’impression de ne rien faire.
Soyez attentifs aux évènements qui semblent n’avoir aucun sens, car ce sont
souvent les traces d’évènements invisibles plus vastes.
Fin de la dictée.
(Seth répond ensuite brièvement à deux questions personnelles.)
Donc, si vous n’avez pas de questions ou de commentaires… (Je fais
« non » de la tête.) Je compte finir ce chapitre mercredi. Mes plus
chaleureuses pensées et un cordial bonsoir, et quand nous serons prêts, nous
commencerons par vous.
(« D’accord. Merci beaucoup, Seth. Bonne nuit. » 23h06.)

SESSION 567
MERCREDI 17 FÉVRIER 1971

(21h14.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée.
La nature de la matière n’est pas comprise, elle non plus. Vous la
percevez à un « stade » donné. Or, pour employer vos termes et parler aussi
simplement que possible, il y a d’autres formes de matière au-delà de celle
que vous voyez. Ces formes sont tout à fait intenses et réelles, parfaitement
« physiques » pour ceux qui réagissent à cette sphère particulière d’activité.
En termes de probabilités, vous choisissez donc certains actes, vous les
transformez inconsciemment en évènements ou en objets physiques, puis
vous les percevez. Mais les évènements non choisis sortent eux aussi de
vous et sont projetés dans ces autres formes. Le comportement des atomes
et des molécules joue ici un rôle car, une fois encore, ils ne sont présents
dans votre univers qu’à des stades donnés. Vous percevez leur activité
uniquement dans une zone particulière de rythme vibratoire. Quand vos
scientifiques croient observer l’atome, ils n’examinent pas sa nature. Ils
explorent les caractéristiques de l’atome tel qu’il agit, tel qu’il se manifeste
à l’intérieur de votre système. Sa réalité supérieure leur échappe totalement.
(21h24.) Vous comprenez qu’il existe des spectres de lumière. Il existe de
la même manière des spectres de matière. Votre système de réalité physique
n’est pas très dense par rapport à d’autres. La dimension que vous accordez
à la matière physique évoque à peine la variété des dimensions possibles.
Certains systèmes sont beaucoup plus lourds, ou beaucoup plus légers,
que le vôtre, bien qu’il ne s’agisse pas forcément de poids dans les termes
qui vous sont familiers. Les actions probables émergent donc dans des
systèmes de matière tout aussi valides et sûrs que le vôtre. Vous avez
l’habitude de penser de manière linéaire, si bien que vous pensez aux
évènements que vous connaissez comme à des choses ou à des actions
complètes, sans vous rendre compte que ce que vous percevez n’est qu’une
fraction de leur existence multidimensionnelle globale.
(21h30.) En termes plus vastes, il est impossible de séparer un évènement
physique des évènements probables, car ils constituent tous des dimensions
différentes d’une même action. Pour les mêmes raisons, il est
fondamentalement impossible de séparer le « vous » que vous connaissez
des vous probables dont vous n’avez pas conscience. Il y a cependant
toujours des voies internes entre les évènements probables ; comme ils sont
tous des manifestations d’un acte dans son devenir, les dimensions qui les
séparent sont une illusion.
Le cerveau physique seul ne parvient pas à distinguer ces connexions.
L’esprit, qui est l’équivalent interne du cerveau, perçoit parfois les
dimensions plus vastes d’un évènement donné par l’irruption soudaine
d’une intuition, d’une compréhension, qui ne peut pas être décrite par les
mots de façon adéquate.
(Une pause à 21h35.) Comme je l’ai souvent dit, le temps, tel que vous le
pensez, n’existe pas mais vous pourriez comprendre la nature véritable du
temps, selon vos termes, si vous compreniez la nature fondamentale de
l’atome. En un sens, on pourrait comparer un atome à une microseconde.
Un atome semble « exister » continuellement pendant un certain laps de
temps. Au lieu de cela, il s’allume et s’éteint, en quelque sorte. Il fluctue
selon un schéma et un rythme tout à fait prévisibles. Il n’est perçu dans
votre système qu’à certains moments de cette fluctuation ; ainsi, pour les
scientifiques, l’atome semble continuellement présent. Ils n’ont pas
conscience de la moindre période d’absence en ce qui le concerne.
(21h41.) Dans ces périodes de projection non physique, dans les périodes
éteintes de cette fluctuation, les atomes « apparaissent » dans un autre
système de réalité. Dans ce système, ils sont perçus dans les portions
« allumées » de la fluctuation, si bien que les atomes paraissent continus
dans ce système également. Il existe de nombreux points de fluctuation de
ce genre, mais bien entendu, votre système ne s’en rend pas compte ; il ne
se rend pas compte non plus des actions, des univers et des systèmes
ultimes qui existent en eux.
Or le même type de comportement se produit à un niveau psychologique
profond, essentiel, secret et inexploré. La conscience physiquement orientée
réagit à l’une des phases de l’activité de l’atome, et s’éveille, bien vivante,
dans son existence particulière ; mais dans l’intervalle se trouvent d’autres
fluctuations pendant lesquelles la conscience est focalisée sur des systèmes
de réalité entièrement différents ; chacun de ces systèmes s’éveille et réagit,
sans avoir le moindre sentiment d’absence ; chacun garde exclusivement le
souvenir des fluctuations particulières auxquelles il réagit.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(De 21h47 à 22h06.)
Reprenons la dictée. En réalité, ces fluctuations sont simultanées. Vous
devez penser qu’il y a du vide entre les fluctuations ; je les ai décrites le
mieux possible pour notre propos, mais les systèmes probables existent tous
en même temps, et si l’on suit ce raisonnement, l’atome se trouve
fondamentalement dans tous ces systèmes en même temps.
Nous avons parlé en termes de fluctuations, ou de pulsations
fantastiquement rapides, si « brèves » et si bien enchaînées que vous ne les
percevez pas. Mais il existe également, de votre côté, des fluctuations « plus
lentes », « plus amples » et « plus longues ».
(22h14.) Celles-ci affectent des systèmes d’existence entièrement
différents de tous ceux qui sont proches du vôtre. L’expérience de ce type
de conscience vous est complètement étrangère. L’une de ces fluctuations
pourrait, par exemple, durer plusieurs milliers de vos années. Ces milliers
d’années seraient ressentis comme une seconde de votre temps, les
évènements qui s’y produisent étant simplement perçus comme « période
présente ».
Or la conscience de ces êtres contient également la conscience d’un
grand nombre de moi et de systèmes probables, vécus en toute clarté, en
toute intensité, comme des présents multiples. Ces présents multiples
peuvent être modifiés à n’importe lequel d’un nombre infini de points,
sachant que l’infini n’existe pas comme une ligne indéterminée, mais en
fonction des probabilités et des combinaisons innombrables qui s’élèvent de
tout acte de conscience.
(22h25.) Ces êtres, avec leurs présents multiples, n’ont pas forcément
conscience de votre système particulier. Leur présent multiple peut
l’inclure ; vous pouvez appartenir à leur présent multiple sans même vous
en rendre compte. En termes beaucoup plus limités, vos réalités probables
sont des présents multiples. (Une longue pause.) L’image d’un œil dans un
œil dans un œil, répétée à l’infini, peut avoir ici son utilité métaphorique.
Fin de ce chapitre.
(Une pause à 22h29. La dictée de Jane a été régulière et paisible,
apparemment sans effort. Je lui dis que le matériau est excellent. Je trouve
particulièrement évocatrice une déclaration comme : « En un sens, on
pourrait comparer un atome à une microseconde. »
Après une très courte pause, Jane donne plusieurs pages de matériau
nous concernant. La session se termine vers 23h25.)
CHAPITRE 17

Les probabilités, la nature du bien et du mal,


le symbolisme religieux

SESSION 568
LUNDI 22 FÉVRIER 1971

(21h19. Jane est très détendue et elle a sommeil à l’heure de la session,


mais elle ne veut pas la rater. Elle commence à parler à un rythme plutôt
lent.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée.
Titre du chapitre : « Les probabilités, la nature du bien et du mal, le
symbolisme religieux ».
Le dogme chrétien parle de l’ascension du Christ, ce qui suppose, bien
entendu, une montée verticale vers les cieux ; et le développement de l’âme
est souvent abordé en termes de direction. Progresser suppose s’élever,
tandis que l’horreur du châtiment religieux, l’enfer, est situé en bas de toute
chose.
Selon les termes chrétiens, le développement est donc considéré dans une
direction linéaire unique. Il est rarement pensé en termes horizontaux.
L’idée de l’évolution, dans son sens populaire, a contribué à répandre cette
théorie puisqu’elle fait descendre l’homme du singe dans une progression
graduelle et linéaire. (Avec humour.) Le Christ aurait aussi bien pu
disparaître sur le côté.
(Une pause à 21h26.) La réalité intérieure du message a été formulée en
des termes qui pouvaient être compris par l’homme de l’époque, qui étaient
en accord avec ses croyances-racines. Le développement s’étend dans
toutes les directions. L’âme ne monte pas une série de paliers dont chacun
est un stade de développement supérieur aux précédents.
Au contraire, l’âme se trouve au centre d’elle-même et elle étend ses
capacités dans toutes les directions, explorant des questions de créativité qui
ont toutes leur légitimité. Le système de réalité probable élargit l’idée que
vous vous faites de la nature de l’âme. Cela devrait considérablement
modifier les religions actuelles. C’est pourquoi la nature du bien et du mal
est un point extrêmement important.
(21h30.) D’abord, très simplement et d’une manière que vous ne pouvez
pas comprendre à présent, le mal n’existe pas. Vous êtes certes confrontés à
ce qui paraît être l’effet du mal. On a souvent dit également que s’il y a un
Dieu, il doit y avoir un diable – que si le bien existe, le mal doit exister
aussi. Cela revient à dire que si une pomme a un haut, elle doit avoir un bas
– mais sans comprendre que le haut et le bas font partie de la même
pomme. (Une pause, entre beaucoup d’autres.)
Nous en revenons à notre point fondamental : vous créez la réalité par
vos pensées, par vos actes mentaux et par vos sentiments. Certains de ceux-
ci sont matérialisés physiquement, d’autres sont réalisés dans des systèmes
probables. À tout moment, vous vous trouvez confrontés, semble-t-il, à une
suite sans fin de choix dont certains sont plus à votre avantage que d’autres.
Il faut que vous compreniez que tout acte mental est une réalité dont vous
êtes responsables. C’est exactement la raison pour laquelle vous vous
trouvez dans ce système de réalité particulier. Par conséquent, tant que vous
croyez au diable, vous en créez un, qui est bien réel pour vous et pour tous
ceux qui continuent à le créer.
(21h35.) L’énergie qu’il reçoit de ceux-là lui confère une certaine
conscience propre, mais ce diable de pacotille n’a aucun pouvoir sur ceux
qui ne croient pas en son existence et qui ne lui apportent pas d’énergie par
leurs croyances. En d’autres termes, c’est une hallucination superlative.
Comme je l’ai dit, ceux qui croient en un enfer et s’y assignent par leur
propre croyance peuvent effectivement en faire l’expérience, mais
certainement pas en termes éternels. Aucune âme ne demeure ignorante à
jamais.
Or, ce qui manque à ceux qui ont ces croyances, c’est l’indispensable foi
en la nature de la conscience, de l’âme et de Tout-ce-qui-est. Au lieu de se
concentrer sur ce qu’ils pensent être le pouvoir du bien, ils fixent avec
crainte ce qu’ils pensent être le pouvoir du mal.
(21h40.) C’est donc une peur, un sentiment de restriction, qui crée cette
hallucination. La figure du diable est simplement la projection en masse de
certaines peurs – en masse, parce que produite par beaucoup de gens, mais
limitée, parce qu’il y en a toujours eu pour rejeter cette notion.
Certaines religions très anciennes comprenaient la nature hallucinatoire
de la figure du diable ; mais, même à l’époque égyptienne, les idées les plus
simplistes et les plus déformées ont fini par prédominer, en particulier pour
le peuple. En un sens, les hommes de cette époque ne pouvaient pas
comprendre le concept de Dieu sans recourir au concept de diable.
Les tempêtes sont des évènements naturels extrêmement créatifs, même
si leur pouvoir de destruction est énorme. L’homme primitif n’y voyait que
la destruction. Certains comprenaient intuitivement que tout effet est
fondamentalement créatif, en dépit des apparences, mais rares étaient ceux
qui parvenaient à en convaincre leurs contemporains.
(Une pause à 21h47.) Le contraste entre la lumière et l’obscurité offre le
même type d’image. Le bien était identifié à la lumière, car les hommes se
sentaient plus en sécurité pendant le jour. Le mal était donc assimilé à la
nuit. Cependant, au milieu des déformations, il a toujours été suggéré, en
dessous du dogme, que toute manifestation est créative.
Il n’existe donc aucun diable qui attendrait d’emporter qui que ce soit, à
moins que vous ne le créiez vous-mêmes ; dans ce cas, son pouvoir réside
en vous. Les drames liés à la crucifixion avaient du sens dans la réalité de
cette époque. La crucifixion a surgi dans le monde de la réalisation
physique à partir de la réalité interne d’où jaillissent également vos
intuitions et vos illuminations les plus profondes.
(21h52.) L’espèce humaine a donc fait naître les évènements les mieux à
même de traduire en termes physiques la connaissance profonde, non
physique, de l’indestructibilité de l’âme. Ce drame particulier n’aurait eu
aucun sens dans des systèmes où les croyances-racines sont différentes des
vôtres.
Vous pouvez faire une pause.
(21h54. La transe de Jane a été bonne. Sa dictée s’est beaucoup
accélérée. Je l’ai souvent vue réagir à cette infusion d’énergie et de vitalité
qui semble provenir d’une source située au-delà de la Jane que je connais.
Mais cette transformation est encore plus frappante quand elle n’est pas en
forme au début de la session. Reprise à 22h07.)
Le symbolisme de l’ascension et de la descente, ou de la lumière et de
l’obscurité, n’aurait aucun sens dans des réalités ayant des mécanismes de
perception différents des vôtres. Vos religions sont bâties sur un noyau de
vérité persistante, mais le symbolisme qu’elles utilisent a été habilement
sélectionné par le moi interne en accord avec les croyances-racines propres
à l’univers physique. D’autres informations vous sont d’ailleurs données
par le biais du même symbolisme, dans les rêves par exemple. Ce
symbolisme est utilisé par le moi interne, mais il ne fait pas partie
intégrante de la réalité interne.
(22h13.) De nombreux systèmes probables ont des mécanismes de
perception très différents du vôtre. Certains sont fondés sur des ensembles
changeants de conscience qui vous sont totalement étrangers. Par exemple,
vous ne vous en rendez pas compte mais votre ego résulte d’une conscience
de groupe ; la conscience qui est en prise directe avec le monde extérieur
dépend de la minuscule conscience présente dans chacune des cellules
vivantes de votre corps ; mais en général, vous n’avez conscience que d’un
seul ego – un seul à la fois, en tout cas.
Dans certains systèmes, l’ « individu » se rend parfaitement compte qu’il
n’a pas qu’un seul ego, selon vos termes. (Son organisation psychologique
est en un sens plus riche que la vôtre.) Un Christ qui ne s’en rendrait pas
compte n’apparaîtrait pas dans un système de ce type. Il y a des perceptions
qui ne vous sont pas familières, des mondes où votre idée de ce qu’est la
lumière n’existe pas, où des graduations presque infinies de propriétés
thermiques sont absorbées en termes de sensation et non pas de lumière.
(22h21.) Le drame du Christ n’aurait pu apparaître dans aucun de ces
mondes comme il est apparu dans le vôtre. Il en va de même pour chacune
de vos grandes religions – même si, comme je l’ai dit ailleurs, les
bouddhistes se rapprochent davantage de la nature de la réalité. Cependant,
les bouddhistes ne comprennent pas l’éternelle validité de l’âme, dans son
exquise invulnérabilité ; ils n’ont pas non plus réussi à maintenir le
sentiment de son caractère unique. Mais Bouddha, tout comme le Christ, a
mis en termes propres à la réalité physique tout ce dont il avait presque
connaissance – et pas seulement dans votre réalité physique, mais dans
votre réalité physique probable.
(22h28.) Les méthodes, les méthodes secrètes qui se trouvent derrière
toutes les religions, avaient pour but de conduire l’homme à un domaine de
compréhension indépendant des symboles et des histoires, de le faire
accéder à des réalisations internes qui le mènent à la fois à l’intérieur et à
l’extérieur du monde physique connu de lui. Il y a beaucoup de documents
qui n’ont pas encore été découverts, provenant d’anciens monastères, en
particulier en Espagne ; ces manuscrits parlent de groupes qui, au sein des
ordres religieux, maintenaient ces secrets vivants pendant que d’autres
moines étaient occupés à recopier de vieux manuscrits latins.
En Afrique et en Australie, il y a eu des tribus qui n’ont jamais appris à
écrire et qui connaissaient aussi ces secrets ; et des hommes qu’on
appelait « Parleurs », qui mémorisaient ces secrets et les transmettaient
jusqu’aux régions du nord de l’Europe, avant l’époque du Christ.
(« Pourriez-vous donner l’un de ces manuscrits en dictée ? »)
Ce serait possible, mais cela prendrait très longtemps et il faudrait que les
circonstances soient excellentes.
(« Évidemment, j’aimerais beaucoup voir ça un jour. »)
Ce travail pourrait prendre dans les cinq ans, car il en existait plusieurs
versions ; et il y avait un groupe de meneurs allant chacun dans une
direction différente, qui instruisaient leur peuple. En raison de l’existence
de ces groupes, le monde était beaucoup plus mûr pour le christianisme
qu’on ne le pense en général. Ces idées avaient déjà été « enterrées » à
travers toute l’Europe.
(Une pause à 22h36. « Enterrées » est le terme souhaité par Seth ; je le
lui demande pour m’en assurer.
Une remarque : Seth n’a parlé qu’une fois des Parleurs, de manière tout
à fait inattendue, lors de la session 558 du 5 novembre 1970. La partie qui
s’y rapporte, dans cette session dédiée à des amis cherchant à résoudre des
problèmes privés, est présentée dans l’appendice, avec des notes. Jane et
moi sommes très intéressés par cette idée de « Parleurs ». Nous aimerions
en savoir davantage, et nous en ferons peut-être un sujet de recherche.)
Cependant, de nombreux concepts importants furent perdus. L’accent
était mis sur des méthodes de vie pratique – de façon très simple – avec des
règles qui pouvaient être comprises par tous, mais la raison de ces règles fut
oubliée.
Les Druides, de même que les Égyptiens, reçurent certains de leurs
concepts des Parleurs. Ceux-ci étaient antérieurs à l’émergence de toutes les
religions que vous connaissez, et les religions des Parleurs se sont élevées
spontanément dans plusieurs zones dispersées, puis se sont répandues
comme un feu de forêt à partir du cœur de l’Afrique et de l’Australie. Il en a
existé un groupe séparé dans une région qui a été peuplée plus tard par les
Aztèques, mais la répartition des terres était alors légèrement différente ;
pendant certaines périodes, les cavernes habitées les plus basses étaient
immergées.
(22h41.) Différents groupes de Parleurs se sont perpétués au cours des
siècles. Comme leur formation était excellente, leur message gardait toute
son authenticité. Ils croyaient, cependant, qu’il était mal de graver les mots
dans la forme écrite ; ils ne les ont donc pas consignés. Ils employaient
également les symboles terrestres naturels, et en comprenaient clairement la
raison. Les Parleurs, pris isolément, ont existé pendant votre période de
l’âge de pierre et ont été des meneurs. Leurs facultés ont aidé les hommes
des cavernes à survivre. Il existait cependant peu de communications
physiques en ce temps-là entre les Parleurs dans leur ensemble et,
individuellement, ils ne se rendaient pas forcément compte qu’il en existait
d’autres.
Leur message était aussi « pur » et non déformé que possible. C’est
d’ailleurs pour cette raison que ceux qui l’entendaient l’ont souvent traduit
en paraboles et en contes au cours des siècles. Une grande partie des
écritures juives porte la trace du message des premiers Parleurs mais, là
aussi, les déformations ont fini par dissimuler le message.
Faites votre pause.
(22h44. Jane dit qu’après ma question, elle s’est sentie « retourner loin,
loin, loin en arrière » en mentionnant les Parleurs.
Il est intéressant de noter ici qu’un ouvrage de référence sur la Bible et
sur l’histoire primitive d’Israël a beaucoup à dire sur les « traditions
orales » qui ont précédé la parole écrite de plusieurs siècles – et qui ont
donc contribué à la former. Au cours de cette longue période orale, de
nombreuses déformations, omissions, etc., se sont produites, pour
différentes raisons. Les recherches récentes montrent que la réunion et la
rédaction primitive des traditions datent à peu près du XIIe siècle avant J.-
C. Ce qui a ensuite amené aux textes bibliques. Reprise à 23h02.)
Puisque c’est la conscience qui forme la matière, et non l’inverse, la
pensée existe avant le cerveau, et après lui. Un enfant peut penser de façon
cohérente avant d’acquérir du vocabulaire – mais il ne peut pas avoir un
impact sur l’univers physique dans les termes qui sont propres à ce dernier.
Ainsi, cette connaissance interne est toujours disponible, mais elle doit se
manifester physiquement – elle doit prendre chair, littéralement. Les
Parleurs ont été les premiers à imprimer leur connaissance interne dans le
système physique, à rendre cette connaissance physiquement visible. Il est
arrivé que seuls un ou deux Parleurs soient vivants pendant plusieurs
siècles. Parfois, ils étaient nombreux. Ils regardaient autour d’eux et
comprenaient que le monde surgissait de leur réalité intérieure. Ils en
parlaient. Ils savaient (Une pause) que les objets naturels d’apparence
solide autour d’eux étaient composés d’une multitude de minuscules
consciences.
Ils comprenaient que leur propre créativité formait l’idée dans la matière,
et que l’étoffe de la matière est elle-même consciente et vivante. Ils avaient
une connaissance intime de leur rapport naturel avec l’environnement ; ils
savaient qu’ils pouvaient le modifier par leurs actes.
Je vais m’arrêter pour ce soir ; je continuerai sur les Parleurs la prochaine
fois.
(« Est-ce que Jane – Ruburt – a été un Parleur ?)
Ruburt, oui.
(« Et vous ?)
Moi aussi, en effet. Vous en connaissez deux autres. Le premier est
mentionné dans le matériau du cours (dans la session 558) et le second
n’est autre que vous-même. (C’est là une réelle surprise pour moi.) Mais au
cours du processus réincarnationnel, les Parleurs n’utilisent pas forcément
leurs capacités dans chacune de leurs vies, et ils ne se rendent pas
forcément compte qu’ils sont Parleurs. Je vous adresse un chaleureux
bonsoir.
(« Même chose, Seth. Merci beaucoup. »
Pause.) Je dois vous dire, en post-scriptum, qu’il y a eu des millions de
Parleurs.
(« D’accord. » 23h13. Jane dit qu’elle se souvient de Seth disant que
nous avons tous deux été Parleurs. Elle a eu une réaction immédiate de
quasi-incrédulité. « C’est quand même un peu gros. » Puis elle a senti Seth
revenir avec, en réponse, la précision sur les millions qui atténue toute
singularité au fait que nous ayons tous deux été Parleurs et que nous
produisions à présent le matériau de Seth.
Après la session, je me demande s’il est possible que le matériau de Seth
soit lui-même une version déformée du message des Parleurs. Jane dit que
ça se pourrait, mais que le matériau des Parleurs était probablement « plus
poétique ».)

SESSION 569
MERCREDI 24 FÉVRIER 1971

Maintenant…
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée : de manière générale (sourire), Parleur un jour, Parleur toujours,
selon vos termes. Dans certaines incarnations, ces facultés peuvent être
employées de façon si puissante que tous les autres aspects de la
personnalité demeurent au second plan. D’autres fois, ces facultés peuvent
n’être employées que timidement. Les Parleurs possèdent une rare intensité
dans le sentiment et dans la projection de la pensée.
Ils ont la faculté de transmettre des messages aux autres et de circuler
entre la réalité intérieure et la réalité extérieure avec une grande facilité, en
sachant d’instinct comment employer le symbolisme. Les Parleurs sont
doués d’une grande créativité au niveau inconscient ; ils forment
constamment, en dessous de la conscience normale, des trames psychiques
qui peuvent être utilisées aussi bien par eux-mêmes que par d’autres, dans
la transe ou dans le rêve. Ils apparaissent souvent dans les rêves et aident
ceux qui rêvent à manier la réalité interne. Ils forment des images
auxquelles les rêveurs peuvent se rattacher, des images qui peuvent servir
de ponts, de portails, vers des types de conscience différents de la vôtre.
(21h30.) Le symbolisme des dieux, les idées liées aux dieux de l’Olympe
par exemple, ou la traversée du Styx – ce genre de phénomène a été généré
par les Parleurs. Le symbolisme, la trame des religions ne pouvait pas
exister que dans le monde physique ; elle devait exister aussi dans le monde
inconscient. En dehors de votre propre cadre de référence, les maisons ou
les habitations en tant que telles ne sont pas une nécessité ; on rencontre
pourtant ce genre de structures dans des réalités toutes différentes, dans la
transe ou dans le rêve. C’est une conversion de données en termes
signifiants pour vous.
Après la mort, par exemple, un individu – ou une foule – peut continuer à
créer ces symboles jusqu’à se rendre compte que ces cadres de référence ne
sont plus nécessaires. L’activité des Parleurs ne se limite donc pas à la
conscience réveillée. À toute période de votre temps, ils ont accompli leur
tâche aussi bien dans l’état de veille que dans le sommeil. Une bonne partie
de l’information la plus pertinente était mémorisée par des apprentis
pendant des rêves, puis transmise de la même façon. Ces manuscrits non
écrits étaient aussi illustrés, en quelque sorte, par des voyages dans le rêve
ou par des excursions dans d’autres types de réalité. Ce type
d’apprentissage continue. Le cadre psychique, le cadre de l’histoire
particulière, varie. Par exemple, les images conventionnelles du Dieu et des
saints chrétiens peuvent être utilisées par les Parleurs, et cela de manière
très vive. Le rêveur peut aussi se retrouver dans un magnifique sérail, ou au
milieu d’un ciel éclatant de lumière. Certains Parleurs limitent leurs facultés
au rêve ; une fois réveillés, ils sont largement inconscients de leurs
capacités ou de leur expérience propre.
(Une pause à 21h40.) Or il serait absurde de qualifier d’hallucinations
ces rêves ou ces lieux qui existent dans le rêve, car ils représentent des
réalités « objectives » certaines, que vous ne pouvez pas encore percevoir
sous leur propre aspect. La religion égyptienne était largement fondée sur le
travail des Parleurs et on accordait beaucoup de soin à leur formation.
Pourtant, les manifestations extérieures présentées aux foules se sont
tellement déformées que l’unité originelle de la religion a fini par se
dégrader.
Les tentatives qui eurent lieu alors pour établir une cartographie de la
réalité n’ont pourtant pas eu d’équivalent depuis. Il est vrai que dans le
rêve, et dans quelques autres niveaux d’existence proches du vôtre, il existe
un jeu individuel très fort de création d’images et une utilisation magnifique
du symbolisme, mais tout cela se produit, encore une fois, dans un
environnement « objectif » déterminé, un environnement dont les
caractéristiques mêmes permettent ces phénomènes – un champ d’activité,
donc, qui a ses règles spécifiques. Ces règles sont connues des Parleurs, qui
servent souvent de guides. Ils ont parfois travaillé dans le cadre
d’organisations, comme dans les temples en Égypte, où ils se sont retrouvés
impliqués dans les structures du pouvoir. En général, ils sont cependant
beaucoup plus solitaires.
En raison de la nature simultanée du temps, ils parlent bien sûr à chacune
de vos époques en même temps, dans leurs différentes manifestations. Il
arrive aussi qu’ils servent de médiateurs, par exemple en présentant l’une à
l’autre deux incarnations d’une même personnalité.
Vous pouvez faire une pause.
(De 21h51 à 22h04.)
Selon les règles en vigueur dans la réalité physique, les objets paraissent
stationnaires et permanents. Mais dans d’autres réalités, d’autres règles
prédominent. La nature des activités mentales y suit des lignes différentes,
et la « continuité » n’y existe pas en termes de temps. Il y a en revanche une
organisation de la perception, selon la façon dont elle opère les
groupements psychologiques. (Une pause.)
De l’extérieur, ces systèmes vous paraîtraient dénués de sens, même si
vous pouviez les percevoir. Vous ne pourriez pas observer les pivots autour
desquels les actions s’articulent. Les règles très précises de ces systèmes
vous sembleraient tout à fait obscures.
Or les Parleurs connaissent les règles en vigueur dans de nombreux
systèmes. D’ailleurs, en termes plus larges, la plupart de ces systèmes sont
plus ou moins connectés à votre propre type de réalité. Il existe un nombre
infini d’univers internes. L’ensemble de consciences le plus élevé, le plus
développé, peut seul prendre en compte quelque chose qui s’approche de
leur totalité. Dans ce contexte plus vaste, les Parleurs sont les gens du coin.
Il y a quelque chose comme une carte établissant le plan de nombreux
systèmes de réalité de proximité ; j’espère les rendre accessibles un jour,
selon vos termes. Pour cela, il faudrait que Ruburt reçoive une formation un
peu plus approfondie. Il y a des points de coïncidence où, dans certaines
conditions, on peut passer de l’un à l’autre de ces systèmes. Il n’est bien sûr
pas nécessaire que ceux-ci existent de manière séparée dans l’espace tel que
vous le connaissez.
(22h19.) Dans ces points, que l’on appelle points de coordination, les
camouflages de l’un et de l’autre se confondent. Dans votre système,
certains de ces points sont géographiques mais, dans tous les cas, la
condition préliminaire pour y accéder est une orientation de la conscience.
Passer ainsi d’un système à un autre ne peut être accompli que dans un état
de sortie du corps. Lorsqu’il rêve, tout individu a accès aux informations
détenues par les Parleurs. Il existe des états de conscience adjacents, qui se
produisent au sein des rythmes du sommeil et que vos EEG ne savent pas
détecter – des « corridors » adjacents dans lesquels votre conscience
voyage.
(Un électroencéphalogramme, ou EEG, trace le schéma des ondes
cérébrales.)
Des centres d’intuition plus élevés sont alors activés tandis que les parties
physiquement orientées de la conscience demeurent avec le corps. La partie
« absente » du moi n’est pas repérée dans les tracés, bien que son point de
départ et son point de retour puissent être indiqués par un schéma
particulier. Mais la période « d’absence » elle-même n’est pas détectée et
les tracés n’indiquent que le schéma caractéristique fourni immédiatement
avant le départ.
Or cela se produit chaque nuit, pendant le sommeil. Deux zones
d’activité sont concernées, l’une très passive et l’autre extrêmement active.
Dans le premier stade, cette partie de la conscience est passive ; elle reçoit
l’information. Dans le stade suivant, elle est active et participe par l’action
– les concepts qui lui sont donnés sont perçus de manière très vive par la
participation et par l’exemple. C’est la zone la plus protégée du sommeil.
Les phénomènes de régénération interviennent à ce stade, et c’est au cours
de cette période que les Parleurs agissent comme instructeurs et comme
guides.
(Une pause.) Fréquemment, cette information est ensuite interprétée, au
moment du retour, par d’autres couches du moi, comme la conscience du
corps et le subconscient, où elle est formée en rêves signifiants pour ces
zones, et où l’enseignement général peut être traduit en conseils pratiques
sur un sujet particulier.
Vous pouvez faire une pause.
(De 22h34 à 22h45.)
Il y a plusieurs stades bien distincts dans le sommeil, et ils jouent tous un
rôle particulier pour la personnalité. Ce sont aussi des signaux pour
différentes couches de conscience, de réalisation et d’activité. Ces stades
s’accompagnent de certaines réactions physiques, dont certaines sont liées à
l’âge.
Dans notre prochain chapitre, j’en parlerai plus en détail. Pour le
moment, il suffit de comprendre que des transformations précises,
spécifiques, se produisent lorsque la conscience passe de la réalité
extérieure à la réalité intérieure. Ces changements ne sont pas laissés au
hasard ; la conscience part vers ses nombreuses destinations en empruntant
une route tout à fait prévisible. Au cours des époques, les Parleurs ont
appris aux rêveurs à fonctionner dans ces autres environnements. Ils leur
ont appris à rapporter de l’information qui puisse être utilisée par la
personnalité présente. Un individu peut acquérir une certaine conscience de
ces voyages selon l’intention, le but actuel et le degré de développement qui
sont les siens. Certains s’en souviennent très bien tout en ayant du mal à
interpréter l’expérience, du fait de leurs idées conscientes.
Il est tout à fait possible, pour un rêveur qui est un Parleur, d’aller assister
quelqu’un qui se trouve en difficulté dans une réalité interne au sein du
rêve. L’idée d’ange gardien est bien sûr liée à ce phénomène. Un bon
Parleur est également efficace dans différentes réalités ; il crée des trames
psychiques aussi bien au sein de la réalité physique que dans les
environnements intérieurs. Nombre d’artistes, de poètes et de musiciens
sont des Parleurs qui traduisent un monde en des termes compréhensibles
pour un autre – ils forment des structures psychiques existant avec une
grande vitalité dans les deux à la fois, des structures qui peuvent être
perçues à partir de plusieurs réalités en même temps.
(Une pause à 22h57.) Fin de la dictée. Vous pouvez maintenant terminer
la session, ou poser des questions si vous préférez.
(« Vous voulez dire quelque chose ? »)
Non, rien de particulier.
(« Alors, on va peut-être arrêter là. »)
Mes plus chaleureuses pensées à vous deux, et un cordial bonsoir.
(« Même chose pour vous, Seth. Merci beaucoup. »)
Il faudrait que Ruburt se prépare des plats qu’il aime. Qu’il se donne un
peu de mal pour sa table. Dites-lui de penser à la nourriture et à sa
préparation de façon créative. Se nourrir vient après tout le reste. Il mange
parce qu’il le faut. Faites en sorte qu’il pense davantage à la cuisine en
termes de création d’aliments qu’il aime ; qu’il retrouve une façon de faire
oubliée. Il aime faire la cuisine quand il y pense de cette façon.
Qu’il se laisse tenter par les bonnes choses. Ainsi, il n’aura pas
l’impression de se forcer. Il aime les sauces et les pommes de terre, mais il
ne s’en donne pas la peine, à cause de vous. Il aime la crème. Il existe ici
des configurations à explorer.
Un passe-temps mineur. Dans des circonstances différentes, faire la
cuisine pourrait être un de ses passe-temps : misez là-dessus. L’accent doit
être ici d’ordre physique, comme pour les exercices. Et maintenant, bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. » 23h03.)

SESSION 570
LUNDI 1er MARS 1971

(21h10. Comme dans la session précédente, Jane commence à parler


d’une manière tranquille mais concentrée.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée : il y a également, dans la vie réveillée, différents états de
conscience sur lesquels vous ne vous focalisez pas et dont, le plus
souvent, vous ne vous rendez pas compte. Chaque état connaît des
conditions spécifiques et un type de réalité différent.
« Vous » avez à présent une conscience unicentrée, du fait que « vous »
séparez de votre expérience des stades de conscience dans lesquels d’autres
parties de votre identité globale sont intimement impliquées. Ces autres
stades de conscience créent leurs propres réalités, tout comme vous créez la
vôtre. Ces réalités sont donc des dérivés de la conscience elle-même. Si
vous vous rendiez compte de leur existence, elles vous apparaîtraient
comme des endroits différents, plutôt que comme des champs différents
d’activité. Si vous explorez ces champs, vous êtes obligés de les percevoir
selon les croyances-racines de son système, en traduisant par exemple la
sensation de chaleur ou de confort en images d’abris douillets, ou le
sentiment de peur en images de démons.
À l’occasion, même dans la vie réveillée, une personnalité peut
spontanément changer de vitesse, en quelque sorte, et se retrouver soudain,
pendant une seconde ou quelques instants, dans un autre champ de réalité. Il
en résulte en général un sentiment de désorientation. Certains s’entraînent à
le faire et le font de manière tout à fait délibérée, mais sans se rendre
compte qu’ils interprètent ces expériences selon les valeurs de la conscience
en rigueur « chez eux ».
(Une pause à 21h23.) Tout cela n’est pas aussi ésotérique qu’il y paraît.
Presque tout individu a connu des expériences de conscience bizarres et sait
intuitivement qu’il existe une expérience plus vaste, qui ne se limite pas à la
réalité physique. La plupart des rêves ressemblent à des cartes postales
animées rapportées d’un voyage que l’on a oublié. Votre conscience s’est
déjà réorientée sur la réalité physique et le rêve tente de traduire une
expérience plus profonde en formes reconnaissables. Les images à
l’intérieur du rêve sont elles-mêmes codées ; elles signalent des évènements
sous-jacents qui, fondamentalement, ne sont pas déchiffrables.
Les Parleurs vous aident dans la formation de rêves qui sont réellement
une sorte de production artistique multidimensionnelle ; des rêves qui
existent dans plus d’une réalité à la fois et dont les effets recoupent
différents stades de conscience, qui sont aussi réels, selon vos termes, pour
les vivants que pour les morts, et auxquels ils participent les uns comme les
autres. C’est pour cette raison que l’inspiration et les révélations sont si
souvent inhérentes au rêve.
Lorsque vous ne concentrez pas votre attention sur le monde, il vous est
plus facile d’entendre les Parleurs, de traduire leurs instructions, de vous
entraîner à la création d’images et de vous laisser guider dans les méthodes
qui permettent de maintenir la santé du corps physique. Dans les zones de
sommeil les plus protégées, les barrières apparentes entre de nombreuses
couches de réalité s’évanouissent. Vous y avez connaissance, par exemple,
de certaines réalités probables. Vous choisissez quels actes probables vous
voulez rendre réels dans votre système ; et vous en accomplissez d’autres
dans le rêve. Vous le faites individuellement, mais aussi collectivement, à
l’échelle nationale ou globale.
Vous pouvez faire une pause.
(21h34. La pause vient un peu tôt. Jane est étonnée, elle pensait qu’il
s’était passé plus de temps. Je lui dis que le matériau est extrêmement
intéressant. Reprise, sur le même mode résolu, à 21h40.)
À différents niveaux, ou stades, la conscience perçoit différents types
d’évènements. Pour en percevoir certains, il vous suffit d’apprendre à
focaliser différemment votre attention, à la faire passer d’un niveau à un
autre. Ces stades de conscience s’accompagnent de minuscules
modifications chimiques et électromagnétiques ainsi que de certains
changements, dans le corps lui-même, au niveau de la production
d’hormones et de l’activité de la glande pinéale.
Vous glissez le plus souvent de la veille au sommeil sans remarquer les
différentes conditions de conscience que vous traversez, et qui sont pourtant
nombreuses. D’abord, bien entendu, la conscience se détourne avec plus ou
moins de spontanéité des données physiques, des soucis et des
préoccupations de la journée, elle se tourne vers l’intérieur. Puis il y a un
niveau indifférencié, entre la veille et le sommeil, dans lequel vous agissez
comme un récepteur – un niveau passif mais ouvert, dans lequel les
messages de nature télépathique ou extralucide vous parviennent
facilement.
Vous pouvez avoir l’impression que votre conscience flotte. Il y a
différentes sensations physiques, comme l’impression de prendre du
volume ou de tomber. Ce sont des sensations caractéristiques de ces
moments où vous vous saisissez presque vous-mêmes, où vous vous rendez
presque compte de cette zone indifférenciée dans laquelle vous vous
trouvez, et où vous traduisez certaines de ces expériences en termes
physiques. La sensation de prendre du volume, par exemple, est
l’interprétation physique de l’expansion psychique. Le sentiment de chute
est l’interprétation d’un brusque retour de la conscience dans le corps.
(Une pause à 21h50.) Cette période peut ne durer que quelques instants,
ou une demi-heure ; et on peut y revenir. À ce stade, la conscience protège,
apporte un soutien et s’élargit. Les suggestions que l’on se donne pendant
cette période sont particulièrement efficaces. Puis il peut se produire un état
actif de pseudo-rêve, où l’esprit se consacre aux préoccupations physiques
qui ont réussi à traverser les deux premiers stades.
Si ces préoccupations sont trop vives, l’individu peut se réveiller. C’est
un stade clair et intense, mais généralement bref. Suit une autre couche
indifférenciée, marquée, celle-là, de manière évidente, par des voix, des
conversations ou des images, tandis que la conscience s’oriente plus
fermement vers d’autres communications. Plusieurs d’entre elles peuvent se
disputer l’attention de l’individu. À ce stade, le corps est plutôt calme.
L’individu suit l’un ou l’autre de ces stimuli internes vers un niveau plus
profond de la conscience et forme des rêves légers à partir des
communications qu’il reçoit.
Quelque part au cours de cette période, l’individu part dans une zone de
sommeil profondément protégée, où il se trouve au seuil d’autres couches
de réalités et de probabilités. À ce moment-là, ses expériences sont
complètement dégagées du contexte temporel que vous connaissez. Il peut
avoir l’impression que des années ont passé alors qu’il ne s’est écoulé que
quelques minutes. Puis il revient à la réalité physique, dans une zone
identifiée par vos scientifiques comme la phase REM(3) du sommeil,
pendant laquelle se produisent les rêves physiquement orientés qui mettent
en pratique la connaissance acquise.
(22h00.) Le même cycle se répète. D’ailleurs, le même genre de stades et
de fluctuations apparaissent quand vous êtes réveillés, mais vous vous en
rendez encore moins compte, car le moi de l’ego agit délibérément pour
dissimuler ces zones d’expérience.
Ces stades précis sont cependant présents sous la conscience réveillée,
avec les mêmes fluctuations chimiques, électromagnétiques et hormonales.
Vous ne vous rendez tout simplement pas compte de ce que fait votre
conscience. Vous ne parvenez pas à la suivre pendant cinq instants entiers
de votre temps. Ses différentes dimensions ne peuvent être ressenties que
par ceux qui sont suffisamment déterminés pour faire l’effort – et prendre le
temps – de voyager dans leurs propres réalités subjectives. Pourtant,
intuitivement, chaque individu sait qu’une partie de son expérience lui
échappe constamment. De façon subconsciente, vous avez constamment la
même sensation que quelqu’un qui n’arrive pas à se souvenir d’un mot qu’il
connaît.
Le but des Parleurs est de vous aider à établir des corrélations, à
comprendre cette existence multidimensionnelle, et d’en faire parvenir le
plus possible jusqu’à votre attention consciente. Ce n’est qu’en apprenant à
pressentir, à ressentir, à percevoir intuitivement les profondeurs de votre
propre expérience que vous pouvez avoir un aperçu de Tout-ce-qui-est. En
devenant davantage conscient du fonctionnement de votre conscience dans
la vie physique, vous pouvez apprendre à la voir manœuvrer dans ces zones
moins familières. Si les réalités probables sont seulement probables en ce
qui vous concerne, c’est parce que vous ne vous rendez pas compte de leur
existence.
À présent, vous pouvez faire une pause.
(22h11. La transe de Jane a été bonne. Ce soir, on a l’impression que son
débit, sans effets de voix, aux pauses plutôt courtes, avec un minimum de
gestes, pourrait se poursuivre indéfiniment. Je me demande si Seth va
donner leur titre aux huit premiers chapitres, comme il a commencé à le
faire à partir du chapitre 9. Reprise de la même manière à 22h26.)
Ces stades de conscience font tous partie de votre réalité. Il peut être
extrêmement utile d’en avoir connaissance. Vous pouvez apprendre à
« changer de vitesse », à vous tenir à côté de votre propre expérience et à
l’examiner dans une bien meilleure perspective. Vous pouvez préparer des
questions, ou des problèmes, et suggérer qu’ils soient résolus pour vous
dans le rêve. Vous pouvez suggérer qu’intervienne une discussion avec des
amis lointains, ou leur faire parvenir des messages importants que vous ne
pouvez pas transmettre verbalement. Vous pouvez, par exemple, faire
advenir des réconciliations dans une autre couche de réalité, même si vous
ne pouvez pas le faire dans celle-ci.
Vous pouvez diriger votre guérison corporelle en vous disant de
l’accomplir à l’un des autres niveaux de conscience du sommeil, et vous
pouvez demander qu’un Parleur vous aide et vous donne toutes les
indications psychologiques dont vous avez besoin pour rester en bonne
santé. Si vous avez des buts conscients spécifiques et si vous êtes
raisonnablement certains que ces buts sont bénéfiques, vous pouvez vous
faire la suggestion de faire des rêves dans lesquels ils se produisent, car les
rêves eux-mêmes en hâteront la réalisation physique.
Or vous faites quantité de ces choses inconsciemment. Vous retournez
souvent en arrière dans le temps, pourrait-on dire, et vous « revivez » un
évènement précis pour qu’il ait un dénouement différent, ou vous dites des
choses que vous auriez aimé dire. Connaître l’un des stades de conscience
peut vous être utile dans les autres. Si, dans une transe légère, vous
demandez la signification des symboles du rêve, elle peut vous être donnée.
Vous pouvez alors utiliser ces symboles comme des outils de suggestion
faits sur mesure pour vous. Si vous découvrez, par exemple, que dans vos
rêves une fontaine représente la régénération, alors pensez à une fontaine
quand vous vous sentez fatigués ou déprimés. Car, dans une autre couche de
réalité, vous en créerez une.
(22h35.) Dans les zones les plus protégées du sommeil, l’expérience est
pur sentiment, ou pure connaissance ; elle est déconnectée aussi bien des
mots que des images. Nous l’avons vu, ces expériences sont ensuite
traduites en rêves, ce qui nécessite un retour à des zones de conscience plus
habituées aux données physiques. Il se produit là une vaste synthèse et une
grande diversification créatrice, dans lesquelles toute image onirique a un
sens pour différentes couches du moi ; toute image onirique représente, à un
certain niveau, une vérité que vous avez vécue, et à d’autres niveaux cette
vérité telle qu’elle s’applique spécifiquement à différentes zones
d’expérience ou à différents problèmes. Il y a donc métamorphose d’un
symbole unique en une quantité de symboles ; et il est possible que l’esprit
conscient ne perçoive qu’un chaos d’images oniriques parce que
l’organisation interne, l’unité interne sous-jacente est partiellement cachée
dans des zones de conscience où l’esprit pensant ne peut pas pénétrer.
Les zones inconscientes et subconscientes sont cependant beaucoup plus
au courant de ce type d’information que l’ego, qui ne reçoit en général
qu’un infime résidu du matériau onirique. Les Parleurs peuvent donc
apparaître dans les rêves sous la forme de personnages historiques, de
prophètes, ou de vieux amis qui ont toute votre confiance ; ils peuvent
revêtir toute apparence qui fera une impression sur la personnalité en
question.
(Une pause.) Dans l’expérience originale, cependant, la nature véritable
du Parleur est apparente. La production de rêves est une entreprise aussi
« sophistiquée » que la production de vie objective d’un individu donné.
C’est tout simplement vivre, en termes différents.
C’est la fin de la dictée, et pratiquement la fin de notre chapitre, mais pas
tout à fait.
(Une pause.) Ne vous inquiétez pas pour le titre des huit premiers
chapitres, nous y viendrons. Nous allons terminer la session ou répondre à
des questions, comme vous préférez.
(« Je n’en ai pas, Seth. »)
Alors, mes pensées les plus chaleureuses à vous deux – et dites à notre
ami Ruburt d’essayer les suggestions données dans le matériau de ce soir.
(« J’y avais pensé. »)
Pendant trois soirs de suite. Et maintenant, un affectueux bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. Merci beaucoup. »)
Je suis content que mon livre vous plaise.
(« C’est le cas. » Fin à 22h45.)

SESSION 571
MERCREDI 3 MARS 1971

(21h17. La rapidité de la dictée de Seth-Jane m’oblige à écrire à très


vive allure.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée.
(« Très bien. »)
Ces fluctuations d’activité psychique et ces différents stades de
conscience peuvent également être observés par l’expérience directe
pendant l’état de veille. Dans le chapitre suivant, vous allez pouvoir mieux
vous rendre compte de ces parties sans cesse actives de votre propre réalité.
Fin du chapitre.
(Seth nous a dit la dernière fois que la fin du chapitre était proche, mais
nous ne nous rendions pas compte qu’il allait le finir en une ou deux
phrases. Nous ignorons pourquoi il choisit cette méthode ; l’interruption
entre les sessions n’a pas l’air d’exister pour lui.
Je voulais l’interroger à ce sujet, mais je ne l’ai jamais fait et c’est
dommage. Comme Jane ne regarde pas le livre, elle ne peut pas me
rappeler ce genre de choses, sauf si j’en discute avec elle, ce que j’ai aussi
oublié de faire.)
CHAPITRE 18

Les différents stades de conscience, le


symbolisme et la focalisation multiple

Le chapitre suivant s’intitule : « Les différents stades de conscience, le


symbolisme et la focalisation multiple ».
Toutes les facettes de votre conscience convergent au sein de votre
personnalité, que vous vous en rendiez compte ou non.
(Une longue pause ; le débit est encore lent.) La conscience peut
évidemment se tourner dans toutes sortes de directions, aussi bien vers
l’intérieur que vers l’extérieur. Vous vous rendez compte de fluctuations
dans votre conscience normale et cela pourrait vous apparaître encore plus
clairement si vous accordiez plus d’attention à ce phénomène. Vous êtes
constamment en train d’élargir ou de réduire le champ de votre attention. Il
vous arrive de vous focaliser sur un objet au point d’exclure tout le reste, au
point de n’avoir plus conscience, par exemple, de la pièce dans laquelle
vous vous trouvez.
Vous pouvez être tout à fait « conscient » mais réagir si fort à un souvenir
que vous en oubliez ce qui se passe autour de vous. Vous trouvez ces
fluctuations normales ; elles ne vous troublent pas. Si vous êtes perdu dans
la lecture au point d’oublier ce qui vous entoure, vous ne craignez pas que
tout cela ait disparu pour de bon lorsque vous serez prêt à y revenir. Quand
vous dérivez dans la rêverie, vous ne vous préoccupez pas non plus du
chemin du retour.
Ce sont là de menus exemples de la mobilité de votre conscience et de la
facilité avec laquelle vous pouvez la manier. Étrangement, on peut
considérer les symboles comme des échantillons de votre mode de
perception à différents niveaux de conscience. Leur apparence changeante
peut jouer le rôle de panneau indicateur. Le feu, par exemple, est un
symbole physique ; un vrai feu vous indique tout de suite que votre
conscience est orientée vers la réalité physique.
(21h33.) L’image mentale d’un feu vous indique qu’il s’agit d’un autre
type de conscience. Un feu vu mentalement, qui donne de la chaleur mais
dont la flamme n’est pas destructrice, a évidemment une autre signification.
Tous les symboles ont pour but d’exprimer des sentiments qui ne peuvent
pas être exprimés correctement par le langage. Les symboles représentent
l’infinie nuance des sentiments ; ils apparaissent différemment selon les
stades de la conscience, mais ils vous accompagnent toujours.
Il y a toutefois des exceptions ; parfois, la connaissance ou le sentiment à
l’état brut sont présents sans que des symboles soient nécessaires. Ces
stades de conscience, qui sont peu fréquents, sont rarement traduits en
termes conscients normaux.
Prenons un sentiment et suivons la façon dont il s’exprime à différents
niveaux de la conscience. (Une pause.) Un sentiment de joie, par exemple.
Quelqu’un qui est joyeux perçoit son environnement immédiat d’une
manière tout à fait différente de quelqu’un qui est déprimé. Le sentiment de
joie change les objets eux-mêmes, car celui qui les perçoit les saisit dans
une lumière beaucoup plus intense. Il crée des objets plus clairs, plus
brillants. De manière circulaire, cet environnement même augmente sa joie.
(21h41.) Ce qu’il voit reste cependant physique ; ce sont les objets du
monde matériel. Disons à présent qu’il songe éveillé, qu’il parte dans la
rêverie. Dans son esprit surgissent des images ou des symboles d’objets
matériels, des gens ou des évènements venus du passé ou du présent, ou
d’un avenir imaginaire ; la joie s’exprime alors en toute liberté mentale,
mais par des symboles.
La joie s’étend, en quelque sorte, jusqu’au futur, elle répand sa lumière
sur le passé et peut couvrir des zones plus vastes que ce qui pourrait être
montré en termes physiques à cet instant. Imaginons à présent que notre
personnage passe de la rêverie à un état de transe, ou au sommeil profond.
(Une longue pause.) Peut-être voit-il alors des images qui sont pour lui tout
à fait symboliques de la joie ou de l’exubérance. Il peut ne pas y avoir de
lien logique entre elles, mais le lien intuitif est clair. À présent, l’expérience
mentale est beaucoup plus profonde que pendant la rêverie ; il peut y avoir
une série de rêves pour exprimer la joie et pour la partager.
Suivons notre exemple ; notre individu est toujours dans des symboles
physiquement orientés. Il peut former des images de cités de rêve ou de
personnes naturellement joyeuses, traduire cette émotion en symboles
pertinents pour lui. L’exubérance peut être traduite par des images
d’animaux en train de jouer, par des gens en train de voler, par des animaux
ou des paysages de grande beauté. Encore une fois, le lien logique est
absent, mais tout l’épisode est lié par cette émotion.
(21h51.) Tout du long, le corps physique en bénéficie grandement, car les
sentiments joyeux renouvellent automatiquement ses capacités de
récupération. Ils peuvent ensuite mener à des images du Christ, de Bouddha
ou des prophètes. Ces symboles sont les scènes changeantes qui
caractérisent la conscience à divers stades. Ces expériences doivent être
vues comme des créations, comme des actes de création qui naissent à
différents stades de la conscience.
Au-delà, il y a des états dans lesquels les symboles eux-mêmes
commencent à pâlir, à devenir lointains, indistincts. On commence là à
puiser dans des régions de la conscience où les symboles sont de moins en
moins nécessaires, et c’est en effet une zone très peu peuplée. Les
représentations clignotent, puis disparaissent. La conscience est de moins en
moins orientée vers le monde physique. À ce stade, l’âme se retrouve seule
avec ses propres sentiments, dépouillée de symbolisme et de
représentations, et elle commence à percevoir la gigantesque réalité de sa
propre connaissance.
Elle ressent l’expérience directement. Si nous gardons la joie comme
exemple, toutes les images et tous les symboles mentaux de joie finissent
par disparaître. Ils en étaient issus et ils s’en détachent, n’étant pas
l’expérience originelle mais ses produits dérivés. L’âme commence alors à
explorer la réalité de la joie dans des termes qui peuvent à peine être
expliqués, et elle découvre ainsi des méthodes de perception, d’expression
et de réalisation qui lui auraient été absolument incompréhensibles
auparavant.
(22h01. Le débit de Jane a été bon tout du long. Je lui dis que je trouve la
session excellente.
Pendant la pause, chacun de nous mentionne une question. Je veux être
certain que le matériau donné jusqu’ici sur les Parleurs traite correctement
les méthodes qui leur permettent d’entrer en contact avec les autres, que ce
soit dans l’état de veille ou dans le rêve. Je voudrais en savoir plus sur la
formation des Parleurs, sur ceux qui s’en chargent, sur leurs intuitions et
leurs expériences oniriques.
La question de Jane est liée au matériau de la session 560, chapitre 14 :
elle voudrait savoir le nom de la troisième personnalité qui complète
l’entité en trois parties du Christ, telle que décrite par Seth. Dans le
chapitre 18 du livre de Jane, The Seth Material, Seth a indiqué, comme
membres de cette entité, le Christ, bien sûr, et Jean-Baptiste. Je dis à Jane
que Seth va sûrement approfondir le sujet.
Reprise à un débit plus rapide à 22h19.)
Les objets physiques sont les plus évidents de vos symboles, et c’est
précisément la raison pour laquelle vous ne vous rendez pas compte que ce
sont des symboles.
La conscience travaille avec différents types de symboles à différents
niveaux. Les symboles sont une façon d’exprimer la réalité intérieure. En
allant dans une direction, l’âme utilise la conscience pour exprimer la
réalité intérieure à travers le plus grand nombre possible de symboles, dans
un symbolisme vivant, changeant. Chaque symbole devient alors lui-même,
à sa propre mesure, conscient et individuel.
Ce faisant, l’âme crée continuellement de nouvelles réalités internes à
explorer. En allant dans le sens opposé, en quelque sorte, l’âme se dépouille
de tout symbole, de toute représentation et, utilisant la conscience de
manière différente, elle apprend à sonder directement sa propre expérience.
Sans symboles pour s’interposer entre elle et l’expérience, elle se
perfectionne dans un accomplissement de ses propres valeurs qu’à présent
vous ne pouvez comprendre que symboliquement.
Or tout cela se produit que vous soyez réveillés ou que vous dormiez.
Une fois que vous prenez conscience de ces activités, vous pouvez
cependant vous saisir vous-mêmes à différents stades de conscience et
même suivre votre propre progression, en particulier dans le rêve. Pour
l’instant, votre corps est votre symbole le plus intime et, encore une fois, le
plus évident.
(22h23.) L’idée de corps est utilisée dans la plupart des stades de
conscience. Dans toute expérience de sortie du corps, vous quittez votre
corps physique pour un autre qui n’est que légèrement moins physique.
Celui-ci est à son tour abandonné « plus tard » pour un autre, encore moins
physique ; mais la forme est un symbole si important que vous le maintenez
dans vos histoires de l’au-delà et dans toute votre littérature religieuse.
À un certain point, l’idée de forme s’évanouit avec les autres symboles.
Or il fut un temps, pour utiliser vos termes, avant la création des symboles ;
un temps si différent de votre réalité que son souvenir ne demeure que dans
les zones les plus protégées du sommeil. Il vous semble que, sans symbole,
ce serait le non-être ; et c’est une déduction bien naturelle vu que vous êtes
si orientés vers le symbole.
(Le débit de Jane est rapide depuis la pause et se poursuit de la même
manière.)
Les stades de conscience qui apparaissent après la mort impliquent
encore les symboles, mais il y a davantage de liberté dans leur utilisation, et
leur signification est mieux comprise. À des stades plus élevés de la
conscience, les symboles ne sont cependant plus nécessaires ; la créativité
s’exerce sans eux.
Évidemment, vous ne pouvez pas percevoir maintenant ce stade de
conscience, mais vous pouvez être attentifs à la manière dont les symboles
vous apparaissent aussi bien quand vous êtes réveillés que quand vous
rêvez, et apprendre à les relier aux sentiments qu’ils représentent. Vous
découvrirez que certains symboles vous apparaissent personnellement dans
plusieurs stades de conscience, et ceux-ci peuvent à leur tour vous servir de
point de repère dans votre exploration personnelle. Par exemple, lorsque
Ruburt est sur le point de quitter son corps dans le rêve, il se trouve souvent
dans un appartement inconnu ou dans une maison qui s’offre à son
exploration.
Les appartements ou les maisons sont chaque fois différents, mais ce
symbole indique toujours qu’il a atteint un point de conscience particulier,
et qu’il est prêt à passer dans un autre stade. Chacun de vous possède
certains symboles qui jouent le même rôle et qui vous sont tout à fait
personnels. Mais à moins que vous vous donniez la peine de faire un peu
d’exploration, ces panneaux de signalisation symbolique n’auront aucune
signification consciente.
(22h36.) Certains de ces symboles demeurent avec vous tout au long de
votre vie. Dans les périodes de changement important, il leur arrive de se
modifier, ce qui peut entraîner un sentiment de désorientation. La même
chose se produit dans votre vie physique. Un chien peut par exemple
symboliser la joie naturelle, la liberté. Mais si vous voyez un chien se faire
tuer dans un accident, les chiens peuvent prendre une signification toute
différente.
C’est bien sûr évident, mais le même type de changement de symbole
peut se produire dans les rêves. L’accident du chien peut d’ailleurs très bien
s’être produit dans un rêve ; et ce rêve peut changer votre sentiment
symbolique conscient à l’égard des chiens quand vous êtes réveillé. Une
personne peut symboliser la crainte par un démon, par un animal hostile, ou
même par un objet tout à fait banal et inoffensif ; mais si vous savez ce que
signifient vos symboles, vous pouvez non seulement utiliser cette
connaissance pour interpréter vos rêves, mais aussi comme panneau
indicateur du stade de conscience dans lequel vous vous trouvez.
Ces symboles sont donc différents selon les stades de conscience. Encore
une fois, ce n’est pas un enchaînement logique mais la création intuitive
qui change les symboles, de la même façon qu’un peintre modifie ses
couleurs.
Vous pouvez faire une pause.
(22h44. Reprise au même rythme rapide à 22h58.)
Tous les symboles représentent donc des réalités intérieures, et lorsque
vous jonglez avec les symboles, vous jonglez avec des réalités intérieures.
N’importe lequel de vos mouvements extérieurs se fait au sein de
l’environnement intérieur, au sein de tous les environnements intérieurs
dans lesquels vous êtes impliqué.
Les symboles sont des particules psychiques très chargées, et cela
s’applique aux objets physiques, qui ont de fortes caractéristiques
d’attraction et d’expansion, et qui représentent des réalisations internes, des
réalités qui n’ont pas été perçues par la connaissance directe. (Par
connaissance directe, j’entends ici la cognition et la compréhension
immédiate, sans symbolisation.)
Ainsi, à différents stades de conscience, les symboles eux-mêmes
apparaissent différemment : certains cherchent à acquérir stabilité et
permanence en tant qu’objets physiques selon les principes ou les
croyances-racines de la réalité corporelle ; d’autres changent beaucoup plus
vite, comme dans le rêve, et sont des indicateurs plus immédiats et plus
délicats des sentiments. Différents stades de conscience semblent avoir leur
propre environnement, dans lequel ces symboles apparaissent, encore une
fois, tout comme les objets apparaissent dans un environnement physique.
Des objets mentaux apparemment instables apparaissent à certains
niveaux dans l’environnement du rêve. Les symboles suivent donc des
règles dans les deux cas. Comme nous l’avons vu, l’univers du rêve est
aussi « objectif » que l’univers corporel. Les objets et les symboles qui s’y
trouvent sont des représentations tout aussi fidèles de la vie onirique que les
objets physiques le sont de la vie réveillée.
La nature du symbole peut donc servir à indiquer non seulement dans
quel environnement on se trouve, mais aussi dans quel stade de conscience
à l’intérieur de celui-ci. Lorsque vous rêvez, dans le contexte d’une
représentation onirique ordinaire, les objets semblent relativement
permanents. Ils semblent aller de soi. Vous êtes toujours physiquement
orientés. Vous projetez sur les images du rêve le symbolisme de vos heures
réveillées.
(23h10.) Dans d’autres stades de conscience onirique, cependant, les
édifices peuvent disparaître d’un seul coup. Un immeuble moderne peut
remplacer une cabane. Un enfant peut se transformer en tulipe. À
l’évidence, les symboles se comportent de manière différente. Dans cet
environnement, la permanence n’est pas une croyance-racine.
L’enchaînement logique n’est pas applicable.
Les symboles qui se comportent de cette manière peuvent vous indiquer
que vous vous trouvez à présent dans un autre stade de conscience, et au
sein d’un environnement intérieur entièrement différent. L’expression des
sentiments et des expériences n’est plus limitée par le cadre rigide des
objets enfermés dans des instants successifs. Les sentiments sont aussitôt
transformés et exprimés d’une manière nouvelle, mobile et immédiate.
D’une certaine façon, le rythme de la conscience est accéléré.
Cette activation n’a pas besoin de mettre des heures ou des jours.
L’expérience est libre de tout contexte temporel. Dans ce champ de
conscience, on peut écrire un livre entier, ou examiner scrupuleusement les
plans de toute une vie. Votre temps présent est l’une des multiples
dimensions qui permettent de former ce stade particulier de conscience.
Votre passé, votre présent et votre futur y existent donc, mais seulement en
tant que portions de cet environnement intérieur. Vous devez apprendre à
vous y orienter, car les états de conscience et leur environnement s’étendent
à leur manière, tout comme votre monde s’étend, par exemple, dans
l’espace. Mais il n’est pas difficile de prendre conscience de soi-même dans
ce stade si l’on se donne les suggestions adéquates avant de s’endormir.
(Une pause.) Fin de la dictée. Nous avons un bon début…
(« Je pense que c’est très bon. Extrêmement évocateur. »)
À moins que vous ayez des questions, je vais terminer la session.
(« Et ma question sur les Parleurs ? »)
Il me semble que nous l’avons traitée.
(« Et l’information sur le troisième Christ ? »)
Nous y répondrons. (Avec humour.) Et s’il y a des points que vous voulez
aborder avec moi, n’hésitez pas à le faire. (Plus fort, avec une certaine
insistance.) Mes pensées les plus chaleureuses ; et je regrette que vous
n’ayez pas été présent à notre cours de sensibilité (perception
extrasensorielle) hier soir.
(« Je le regrette aussi, Seth, mais vous savez que j’étais occupé. Merci et
bonne nuit. »
23h24. Cette fois encore, le débit a été rapide. La main avec laquelle
j’écris l’a bien senti.)

SESSION 572
LUNDI 8 MARS 1971

(21h40. La session commence en retard parce que nous sommes allés au


Bureau des impôts après le dîner. Mais Jane est contente d’être sortie de la
maison et d’avoir croisé des gens. Elle commence la session à un bon
rythme.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée, et j’aurai quelques mots
pour vous par la suite.
Dans une certaine mesure, on peut aussi observer cette transmutation du
symbole dans la conscience éveillée. Quand vous vous reposez, quand vos
yeux sont fermés sans que vous dormiez, des images et des représentations
mentales apparaissent souvent à votre œil intérieur. Certaines ressemblent à
une matérialisation physique – l’image de gens, de maisons, d’arbres ;
d’autres sont de simples formes changeantes qui se fondent les unes aux
autres. En général, même si vous arrivez à les reconnaître, ces images sont
très vite remplacées, dans un kaléidoscope de formes en perpétuel
mouvement.
Ces images intérieures peuvent donner l’impression qu’il n’existe aucun
lien entre elles et ce à quoi vous pensiez l’instant d’avant, ou une heure plus
tôt. Ces images ont l’air détachées de vous, comme si elles ne venaient pas
de vous. Pourtant, elles présentent souvent les caractéristiques de la
conscience lorsque celle-ci est légèrement détournée des stimuli physiques.
La forme des symboles change lorsque les états de conscience changent.
(Une pause à 21h48.) Les images que vous voyez dans ce cas
représentent les pensées et les sentiments que vous éprouviez juste avant de
fermer les yeux, ou un peu avant. À l’instant où vos yeux se ferment, les
pensées et les sentiments s’expriment par ce symbolisme. Comme ces
images semblent n’avoir aucun lien logique avec ces pensées et ces
émotions, vous ne vous rendez pas compte qu’elles viennent de vous, et
vous ne voyez pas non plus leur lien avec ce qu’elles représentent.
Je formule ici les choses assez simplement. (Une pause.) Vous avez plus
de liberté pour exprimer vos sentiments en imagination que dans la
pratique. Une crainte particulière ressentie dans la journée, par exemple la
crainte de perdre un emploi, peut se traduire, une fois les yeux fermés, par
une série de symboles apparemment sans rapport avec cette crainte, et
cependant tous liés à elle.
On peut voir défiler en images un trou béant dans le sol, un gamin
misérable surgi d’un autre siècle, un cercueil, un portefeuille noir traversant
les airs, une austère scène d’hiver. Un personnage sorti d’un vieux livre que
vous avez oublié depuis longtemps peut faire son apparition. Il peut aussi y
avoir des symboles opposés, dans lesquels votre espoir est représenté par
une fleur printanière, par un festin disposé sur une table, par de beaux
vêtements ou par n’importe quel signe d’abondance signifiant pour vous. La
crainte de perdre votre emploi n’intervient à aucun moment. Vous croyez
l’avoir oubliée.
(21h57.) À travers l’utilisation de symboles, cependant, vos sentiments
s’expriment librement, chaque image s’élevant et retombant au rythme de
sentiments situés tellement en dessous de la conscience – comme des lacs
d’émotion – que vous ne les imaginez pas. Pourtant, ce sont ces sentiments
qui font automatiquement naître ces images. En y réfléchissant, vous
pourriez relier ces images à leur origine ; mais en général vous passez à
côté.
Si vous restez allongé plus longtemps, toujours les yeux fermés, le
symbolisme change de caractère ; il perd peut-être certaines de ses
caractéristiques visuelles pour prendre de l’intensité dans d’autres
directions. En poursuivant avec la même situation, on peut avoir
l’impression de sentir une mauvaise odeur, ou traduire peut-être cette
crainte en une sensation de peur physique, avec l’impression soudaine de
tomber ou d’être frôlé par quelque chose de désagréable.
N’importe laquelle de ces caractéristiques changeantes des symboles
vous signale que l’état de votre conscience est modifié. Si vous vous laissez
glisser dans le sommeil à ce stade, vous allez probablement fabriquer deux
ou trois rêves symbolisant la peur – des rêves dans lesquels vous passez en
revue différentes solutions et vous les essayez. Bien entendu, la question de
votre emploi peut ne jamais se manifester en tant que telle.
Pourtant, pour l’inconscient, le problème est posé. Dans les zones
profondément protégées qui interviennent ensuite dans le sommeil, les
centres plus élevés du moi interne peuvent fonctionner et venir en aide à la
partie de la personnalité qui est orientée sur la réalité tridimensionnelle. Ce
moi plus libre voit la situation plus clairement, il propose une ligne d’action
(sans l’imposer), et il en informe le moi qui rêve. Celui-ci fabrique alors un
ensemble de rêves dans lesquels la solution est exprimée par la symbolique
propre au rêve.
(22h11.) L’interprétation finale se fait dans des zones de rêve proches du
moi réveillé, où ces symboles se font de plus en plus spécifiques. Il y a donc
un aspect plus étroit du symbolisme : plus vous vous rapprochez de la
conscience réveillée, plus le symbole se fait étroit et limité. Plus il est utile
dans une circonstance physique donnée, moins il a de valeur comme
symbole caractéristique pour la vie réveillée.
D’une certaine manière, plus le symbole est précis, moins il contient de
sens. Dans le travail le plus important du rêve, qui se fait dans les périodes
de sommeil profondément protégées, les symboles sont à la fois
suffisamment puissants et suffisamment condensés pour pouvoir être
décomposés et servir de connecteurs à une série de rêves apparemment sans
rapport les uns avec les autres ; ils peuvent garder leur force d’origine tout
en apparaissant sous différents aspects et en devenant de plus en plus
spécifiques à chaque nouvelle couche de rêve.
Or, même pendant que vous vaquez à vos affaires quotidiennes, votre
conscience fluctue et vous pouvez vous surprendre en train de
« symboliser » de ces différentes manières si vous prenez l’habitude
d’observer – sans interpréter – l’état de votre esprit. Chaque évènement
physique qui vous est arrivé est consigné au sein de votre psyché sous la
forme d’un groupe précis de symboles. Ceux-ci ne représentent pas
l’expérience, ils la contiennent. Ils représentent votre banque personnelle de
symboles en ce qui concerne votre vie présente.
(Une pause à 22h20.) Il existe une grande unité entre les symboles de
votre journée et ceux de vos rêves. Dans une sténographie miraculeuse, de
nombreux symboles contiennent beaucoup plus qu’une seule expérience, si
bien qu’un seul symbole évoque non seulement une expérience donnée,
mais toutes les expériences similaires. L’association personnelle est donc à
l’œuvre dans votre banque personnelle de symboles, et elle fonctionne dans
les rêves exactement comme quand vous êtes réveillés – mais avec
davantage de liberté, et en partant aussi bien du futur, selon vos termes, que
du passé.
Vous utilisez donc le symbolisme de manière plus large dans le rêve, car
vous y connaissez les symboles du passé aussi bien que ceux du futur. Ils
sont d’intensité variable ; souvent, ils se regroupent. Ces symboles
multidimensionnels apparaissent donc de toutes sortes de manières, pas
seulement visuelle. Ils modifient non seulement votre réalité physique, mais
toutes les réalités dans lesquelles vous êtes impliqués. Les symboles que
vous connaissez ne sont que la partie émergée de l’iceberg, pourrait-on dire,
car ils ne constituent qu’une petite partie de symboles plus importants.
Vous pouvez faire une pause.
(22h28. La transe de Jane a été profonde. Elle est extrêmement détendue.
Elle remarque qu’en général, lorsqu’elle est en transe, elle ne sait pas si ses
yeux sont ouverts ou fermés. Je lui dis qu’elle regarde presque toujours
celui à qui Seth s’adresse, et qu’elle a un très large éventail de mouvements
physiques et d’effets de voix. Reprise à 22h43.)
Maintenant. Reprise de la dictée. À propos de votre banque personnelle
de symboles, je voulais préciser que cette banque est la vôtre depuis le jour
de votre naissance, et même avant. Elle contient les symboles de vos
existences passées, selon vos termes (et, toujours selon vos termes, vous en
ajoutez d’autres au cours de cette vie-ci). Cette banque de symboles doit
toutefois être activée. Par exemple, vous avez des images visuelles au
moment de votre naissance, des images visuelles internes, des symboles qui
sont activés à l’instant où vous ouvrez les yeux pour la première fois.
Ces images vous servent de mécanisme d’apprentissage. Vous cherchez à
utiliser vos yeux correctement, jusqu’au moment où les images extérieures
se conforment aux modèles internes. Il y a là quelque chose de très
important, que vos scientifiques ne comprennent pas.
C’est d’ouvrir l’œil qui active le mécanisme interne. S’il y a un problème
physique, si les yeux sont aveugles par exemple, ce mécanisme particulier
n’est pas activé à ce moment-là. La personnalité a pu choisir de naître
aveugle pour ses propres raisons. Si ces raisons changent, ou si des
développements psychiques intérieurs se produisent (Une pause), alors les
yeux physiques guérissent et le mécanisme interne est activé. Il existe de ce
point de vue une variété infinie de comportements. Mais la banque interne
de symboles fonctionne comme un compte dans lequel on peut puiser, et
qui demeure dormant tant qu’on ne l’utilise pas. Vous pensez avant d’avoir
appris le langage, comme nous l’avons vu, mais vous avez déjà à votre
portée psychique les expériences passées issues d’autres vies pour vous
guider.
(Une pause à 22h49.) Ceux qui naissent deux fois de suite avec la même
nationalité, par exemple, apprennent beaucoup plus vite à parler la
deuxième fois. Certains bébés pensent dans la langue d’une vie passée
avant d’apprendre la nouvelle langue. Tout cela est lié à l’usage des
symboles.
Le son lui-même est un symbole. Vous comprenez bien qu’à partir d’un
certain point de silence le son naît et s’amplifie. Ce que vous ne comprenez
pas, c’est qu’à partir de ce point de silence, qui est votre point de non-
perception, des sons naissent et s’enfoncent de plus en plus profondément
dans le silence ; pourtant, ils ont un sens et autant de variations que les sons
que vous connaissez, et ces sons-là aussi sont des symboles. La pensée non
exprimée a un « son » que vous n’entendez pas, mais qui est parfaitement
audible à un autre niveau de réalité et de perception.
(23h00.) Les arbres, tels qu’ils se dressent, sont un son, une fois encore,
que vous ne percevez pas. Dans vos rêves, et en particulier au-delà des
rêves dont vous vous souvenez, il existe des zones de conscience dans
lesquelles ces sons sont automatiquement perçus et traduits en images
visuelles. Ils fonctionnent comme une sorte de sténographie. À partir de
certains sons, vous pourriez recréer votre univers tel que vous le connaissez
inconsciemment, et n’importe quel symbole multidimensionnel peut
contenir toute la réalité que vous connaissez. Fin de la dictée. (Une pause.)
À présent, quelques remarques.
(Suit ici une page de données personnelles. Fin à 23h06.)

SESSION 573
MERCREDI 10 MARS 1971

(21h37. Patty Middleton est venue en voiture d’Ottawa, au Canada,


jusqu’à Elmira pour assister hier au cours de perception extrasensorielle
de Jane. Elle est présente ce soir. Nous avons rencontré Patty à
Philadelphie en septembre 1970, quand nous étions en tournée pour le livre
de Jane, The Seth Material.
Aujourd’hui, Patty a raconté à Jane ses travaux sur le conditionnement
instrumental ; comment, à l’aide d’un électroencéphalogramme et d’une
technique simple ressemblant au yoga, elle a appris à « activer » ses ondes
cérébrales alpha. Elle réussit ainsi à atteindre un état de lucidité détendue
où les perceptions et les émotions gardent un équilibre idéal.
On pense que la technique alpha présente un grand potentiel médical,
bien qu’on ne sache pas vraiment ce qui produit cet état. Chaque praticien
a son explication et son « sentiment » sur la question. Seth fait un bref
commentaire sur la technique alpha au début de la session.
Patty nous dit avec enthousiasme que le matériau de Seth sur les
différents stades de conscience, dans les sessions 569 et 570 du chapitre 17,
concorde parfaitement avec ses recherches récentes. En outre, ses
remarques et ses informations s’accordent tellement bien au chapitre
présent que je commence à me demander si seule la coïncidence l’a amenée
à nous rendre visite maintenant. Nous n’avons pas échangé le moindre
courrier.
Une remarque : Patty a lu les derniers chapitres, mais pas Jane. Elles
discutent cependant du matériau.)
Maintenant.
(« Bonsoir, Seth. »
S’adressant à Patty, amusé.) Je trouve que vous ne m’avez pas très bien
imité. Je n’ai sûrement pas une voix aussi épouvantable… J’ai quelques
remarques à faire.
Maintenant. L’état alpha est un seuil, c’est un état intermédiaire entre les
parties de la personnalité orientées sur le monde physique et le moi interne.
Ruburt se propulse souvent à travers cet état vers des états plus profonds, si
bien qu’il ne lui est pas vraiment familier.
Typiquement, c’est la même chose lorsqu’il quitte son corps : il s’arrête à
peine dans l’alpha, qui est plutôt le seuil d’où il décolle.
Je veux faire un peu de dictée, mais j’aurai peut-être quelques remarques
à faire plus tard ; accordez-nous donc un instant.
(Une pause à 21h42.) Physiquement, les odeurs, les sons et les images se
combinent et représentent vos principales données sensibles. À d’autres
niveaux, cependant, ceux-ci sont séparés. Les odeurs ont donc une réalité
visuelle et, comme vous le savez, les données visuelles peuvent également
être perçues par un autre sens.
Ces symboles peuvent s’assembler ou voler en éclats, être perçus
séparément ou en tant qu’unité. De même que vous avez pour chaque
évènement un symbole qui vous est propre, vous avez également votre
manière caractéristique de les combiner. Ces symboles peuvent être traduits
et perçus de multiples façons ; par exemple, comme une série de notes,
comme une combinaison de sens ou comme une suite d’images. Selon les
stades de conscience, vous percevez les symboles différemment. Le
symbole multidimensionnel dans son intégralité a donc une réalité dans
d’autres stades de conscience, mais également dans des niveaux de réalité
tout à fait différents.
(21h45.) Vous agissez comme si vos pensées étaient secrètes alors que,
vous devriez le savoir à présent, elles ne le sont pas. Non seulement vos
pensées se manifestent, dans des communications télépathiques par
exemple, mais elles forment également, sans que vous vous en rendiez
compte consciemment, ce qu’on pourrait appeler des pseudo-images « en
dessous » du champ de matière physique que vous percevez normalement,
ou « au-dessus » de ce champ.
Par conséquent, c’est comme si vos pensées apparaissaient en tant
qu’objets au sein d’autres réalités – des objets vivants et vitaux en eux-
mêmes, qui grandissent dans d’autres systèmes, tout comme les fleurs ou
les arbres grandissent, apparemment de nulle part, au sein de la réalité
physique. Ces pensées peuvent être utilisées comme matériau brut, pour
ainsi dire, dans certains systèmes. Ce sont les « données naturelles » de
base, c’est le matériau pur de la créativité dans des réalités que vous
contribuez à ensemencer sans les percevoir.
En ce sens, vos pensées suivent donc des lois. Leur comportement et leur
activité suivent des lois qui échappent à votre compréhension, bien que ces
pensées soient les vôtres. Elles sont alors manipulées, indépendamment de
vous, par d’autres types de conscience, et traitées comme un phénomène
naturel toujours changeant. La conscience propre à ces systèmes ne se rend
pas compte de l’origine du phénomène, ni de votre réalité. Ceux qui sont
dans ces systèmes acceptent que ce qui leur est donné par leurs sens est la
réalité, comme c’est le cas pour la plupart d’entre vous. Il ne leur viendrait
pas à l’idée que ce phénomène ait pu prendre naissance en dehors de leur
système.
Si je faisais la même déclaration à mes lecteurs, on m’accuserait de dire
que la réalité physique est composée des rejets de l’univers.
Ce n’est pas ce que je dis, et ce n’est pas non plus sous-entendu dans le
cas dont je viens de parler. Dans votre système, vous exercez une action
directe sur la formation de la réalité physique. Vos données naturelles de
base sont le résultat matérialisé des pensées, des sentiments et des émotions
individuelles, collectives et de masse. À cet égard, votre système est plus
créateur que les systèmes dont je viens de parler. D’un autre côté, une
conscience de groupe novatrice et forte est en train de se développer au sein
de ces autres systèmes ; l’identité y est maintenue, tout en favorisant le jeu
interne entre les individus ; il y existe un large échange créatif entre les
réservoirs de symboles, avec plus de facilité à utiliser les symboles mentaux
et psychiques. Pour cette raison, ces individus ont davantage conscience du
lien entre les images créatrices et les données provenant des sens. Ils
modifient intentionnellement les données sensorielles et expérimentent avec
elles.
(Une pause à 22h00.) Tout cela implique de travailler avec les symboles
d’une manière particulièrement intime. À certains niveaux de votre
personnalité, vous connaissez les différentes façons dont les symboles sont
utilisés, aussi bien dans votre système que dans d’autres. Comme nous
l’avons vu, aucun système de réalité n’est clos. Les pensées, les images et
les sentiments que vous avez modifient donc les données sensorielles dans
d’autres systèmes.
Les schémas innovants qui se sont développés dans ces systèmes peuvent
toutefois être aperçus dans le vôtre. Il existe des fuites constantes entre les
systèmes. Dans vos différents stades de conscience, vous passez par des
zones qui peuvent être mises en relation avec nombre de ces systèmes.
Certains des stades par lesquels vous passez sont natifs à d’autres types de
conscience et quand vous passez par eux, vous utilisez les symboles selon la
manière caractéristique de ces niveaux-là.
Maintenant, vous pouvez faire une pause et reposer vos doigts.
(S’adressant à Patty.) Si vous concevez une belle pensée, vous pouvez
peut-être faire pousser une fleur là (indiquant le salon), quelque part.
(22h03. La transe de Jane a été bonne, son débit rapide, sa voix calme.
Pendant la pause, nous essayons tous les trois d’atteindre l’état alpha, et
Jane se sent tout à coup en pleine projection.
Un magnifique poirier de Seckel qui dépassait le deuxième étage
poussait dans la propriété à l’ouest de notre appartement. Nous l’admirions
souvent des fenêtres du salon. L’année dernière, le propriétaire de la
maison d’à côté, qui travaille chez lui, a abattu l’arbre pour construire un
parking. Jane a l’impression, dit-elle, d’avoir utilisé l’état alpha comme la
base d’une projection dans le passé, et dans cet arbre : elle s’est retrouvée,
l’espace d’un instant, au milieu d’une masse de verdure, en train de
regarder à travers les feuilles…
Reprise à 22h24.)
Les symboles devraient être fluides, et leur forme en transformation
constante. Certains d’entre eux peuvent être utilisés comme une enveloppe
abritant l’expérience originale, donc comme une façon de créer l’illusion
plutôt que l’illumination. Lorsque cela se produit, la peur est toujours
présente.
La peur emmenée dans différents stades de conscience agit comme une
lentille déformante qui dissimule les dimensions naturelles de tous les
symboles, et qui pose une barrière, un obstacle à leur libre circulation. Les
symboles de nature explosive servent d’agents de libération et délivrent ce
qui a été mis en cage. Sans tempêtes physiques, vous deviendriez tous fous.
La nature agressive des symboles est mal comprise, tout comme la
relation entre l’agression et la créativité. Ces deux caractéristiques sont loin
d’être opposées ; sans un élan agressif, il manquerait aux symboles la
grande mobilité qui est la leur. Ils existeraient dans un type
d’environnement permanent.
Ce sont les aspects à la fois créateurs et agressifs de la conscience qui lui
permettent d’utiliser des symboles, de se déplacer à travers différents
niveaux d’expérience ; et c’est la nature agressive de la pensée qui propulse
ainsi la conscience, sans que vous le sachiez, dans des réalités que vous ne
comprenez pas.
L’agressivité et la passivité se trouvent derrière les symboles de
naissance, car elles lui sont toutes deux nécessaires. Elles se trouvent
également derrière les symboles de mort, chose qui n’est pas comprise.
C’est l’inertie qui domine quand l’agressivité et la passivité sont mal
équilibrées, quand la conscience penche trop nettement d’un côté ou de
l’autre, quand le flux de symboles est trop rapide ou trop lent pour
l’environnement psychologique particulier dans lequel vous habitez.
(22h32.) Des pauses se produisent alors. Pour dire les choses aussi
simplement que possible, il existe un moment presque inconcevable
pendant lequel se produit une non-réalité, un moment pendant lequel un
symbole est pris entre le mouvement et le non-mouvement, un temps
d’incertitude. Bien entendu, cela se traduit et se reflète de multiples façons.
Durant ces périodes, certains symboles peuvent être perdus de tous points
de vue, ils peuvent tomber de l’expérience d’un individu et laisser des vides
d’inertie.
Ces vides existent littéralement, dans de nombreux systèmes. Vous les
rencontrez à bien des niveaux. Vous pouvez par exemple éprouver un état
de conscience où rien ne semble se produire, où n’apparaît aucun paysage
psychologique, aucun symbole identifiable. Ces stades existent non
seulement psychologiquement ou psychiquement, mais comme des blancs
en termes d’espace. Ces blancs peuvent finalement être remplis par de
nouveaux symboles. Si vous êtes suffisamment attentifs, vous pouvez
parfois vous surprendre à rencontrer de tels états de réalité où rien
n’apparaît, où nul signe de la moindre conscience ne se manifeste, à part la
vôtre.
Ces endroits vides peuvent être ensemencés par de nouveaux symboles et
servent souvent de canaux par lesquels sont insérées de nouvelles idées ou
découvertes créatrices. Ces vides sont donc reconnus par d’autres, et vus
comme des espaces sombres. Ils représentent également des zones de non-
résistance pour les voyageurs de l’esprit qui explorent les réalités internes.
Ils représentent des zones dégagées, mais également des canaux ouverts,
inactifs en eux-mêmes, mais attendant passivement. Or certains symboles
attendent eux aussi, de la même manière passive, d’être activés.
Ils représentent l’expérience à venir, selon vos termes, qui est pour
l’instant latente. Ces vides, ces points d’inertie sont donc créatifs, dans une
certaine mesure, car d’autres symboles peuvent nager jusqu’à eux et y
devenir visibles.
Maintenant, vous pouvez faire une pause, et nous reviendrons.
(22h43. Le débit de Jane a été rapide la plupart du temps. Ma main
commence à fatiguer. Reprise, de la même manière, à 23h11.)
Nous allons achever la dictée ; accordez-nous un instant. (Une pause.)
Le niveau alpha est indifférencié. L’énergie qui s’y trouve est disponible
pour être utilisée comme vous le souhaitez. C’est la source, ou plutôt le lac,
dans lequel des réserves d’énergie sont accumulées à la fois par le moi
intérieur et par le moi extérieur. Dans cette zone surgissent des signes et des
présages issus de niveaux plus profonds de la personnalité.
En raison de cette localisation, l’état alpha est aussi très utile dans le
maniement de l’organisme physique. Comme vous êtes en train de
l’apprendre, la spontanéité est ici extrêmement importante. L’intention qui
est la vôtre avant d’entrer dans l’état alpha prédétermine largement le type
d’expérience que vous allez y vivre ; elle focalise automatiquement votre
attention sur ces zones spécifiées.
Il est également utile de faire des percées dans ces zones sans intention
particulière, car toutes les informations dont vous avez besoin sans le savoir
consciemment y sont à votre disposition. Lorsque vous apprenez à explorer
cette région, vous pouvez l’utiliser comme rampe de lancement pour
d’autres activités. Vous laissez alors votre corps physique en de bonnes
mains.
Lorsque votre conscience quitte votre corps, c’est l’état alpha qui
s’occupe de le maintenir en bonne condition. Il le fait dans tous les cas, bien
entendu. La réponse aux vies passées se trouve cependant à un niveau plus
profond. Vous pouvez tenter de l’y pêcher à partir de l’état alpha, si vous
préférez.
(Patty : « Au hasard ? Comme on jette une ligne dans l’eau ? Ou est-ce
qu’on peut suivre une certaine direction ?)
Vous pouvez suivre une direction, mais vous devez la trouver à partir de
l’état alpha, en la demandant aux couches plus profondes. Ou alors, vous
pouvez entrer vous-même dans ces zones, avec un peu d’entraînement.
C’est plus direct.
(Patty : « Est-ce que je vais me découvrir moi-même rien qu’en essayant
ces différents états ? »
Sourire.) Vous savez bien que oui, sinon vous ne me poseriez pas la
question.
(Patty : « Jolie réponse. »
Suivent plus de deux pages de matériau pour Patty. Puis, la main
engourdie, je pose mon carnet de notes et je me joins à Patty et Seth pour
une conversation impromptue. L’énergie et la vitalité de Seth semblent
inépuisables – son débit s’accélère encore. La session s’achève à 23h37.
Nous sommes tous fatigués.)
CHAPITRE 19

Les présents alternatifs et la focalisation


multiple

SESSION 574
MERCREDI 17 MARS 1971

(21h26. Il n’y a pas eu de session lundi car Jane avait besoin de se


reposer. Ce soir, elle est de nouveau très détendue et a sommeil avant la
session, mais elle tient à la faire. Une fois qu’elle commence à parler pour
Seth, ses manières se font plus actives ; sa voix devient claire, précise et un
peu forte.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée et commencer notre prochain
chapitre, qui s’intitule : « Les présents alternatifs et la focalisation
multiple ».
Prenons pour commencer la conscience réveillée que vous connaissez. À
peine un pas plus loin se trouve un autre niveau de conscience, dans lequel
vous glissez sans vous en rendre compte. Nous l’appellerons « A1 ». Ce
niveau est voisin de votre conscience normale ; il n’en est que très
légèrement séparé ; il y apparaît pourtant des manifestations qui ne sont pas
présentes dans votre état habituel.
Dans ce niveau, on peut utiliser toutes sortes de capacités et ressentir le
moment présent de différentes façons tout en utilisant comme base les
données physiques qui vous sont familières. Dans votre état normal, vous
voyez les corps de l’extérieur. Dans A1, la conscience peut entrer dans le
corps de quelqu’un et le soigner. On peut percevoir de la même façon l’état
de sa propre enveloppe physique ; selon ses capacités, on peut manier
consciemment la matière de l’intérieur, en toute concentration et en toute
lucidité.
A1 peut donc être utilisé comme une sorte de plate-forme latérale d’où
l’on peut examiner les évènements physiques dans une perspective
beaucoup plus claire. On est alors momentanément libérés des pressions
corporelles et on peut en profiter pour les alléger. Des problèmes qui
semblaient insolubles y trouvent souvent – mais pas toujours – une solution.
Les suggestions que l’on s’y donne sont beaucoup plus efficaces. Il est plus
facile d’y former des images, et elles ont plus de mobilité. A1 est donc à un
pas de la conscience ordinaire, mais c’est un pas important.
(Une pause à 21h33. Jane sait qu’elle a une très grande facilité à utiliser
A1 comme « plate-forme latérale ». C’est pour elle une méthode naturelle.
« Juste à droite de ma joue, dit-elle, il y a une petite silhouette, un tout petit
moi que je peux envoyer en différents endroits et qui agit à ma place. » Elle
est capable d’entrer dans le corps de quelqu’un sur commande grâce à ce
moi miniature et d’examiner diverses maladies, leurs causes, etc. En
essayant ma propre version de cette technique, j’ai réussi à entrer dans le
genou de Jane.
L’intérêt de Jane pour ces phénomènes a commencé à naître quand je lui
ai décrit la session 570, chapitre 17 – comme Seth le suggérait – et mes
propres progrès ont été accélérés, une semaine plus tard, par la visite de
Patty Middleton, avec ses informations sur les états alpha.)
Or A1 peut être utilisé comme le premier d’une série de pas qui mènent à
des états de conscience « plus profonds ». Il peut également être utilisé
comme le premier d’une série de pas de côté. Chacune des couches de
conscience plus profondes peut elle-même servir de premier pas vers
d’autres niveaux voisins. A1 est facile à pénétrer. Quand vous écoutez de la
musique que vous aimez, quand vous vous laissez aller à une activité
agréable et paisible, vous sentez bien la différence. Ce sentiment différent
peut être accompagné d’indices physiques qui vous sont spécifiques. Peut-
être regardez-vous dans le vide, ou toujours du même côté ; vous avez peut-
être un geste particulier, comme de taper du doigt.
N’importe lequel de ces petits signes peut vous aider à faire la différence
entre cet état de conscience et celui qui prédomine d’ordinaire. Il faut
simplement le reconnaître et apprendre à le retenir pour commencer à
explorer la façon dont on peut l’utiliser. En général, cet état est encore
orienté sur le monde physique, et les facultés sont dirigées vers la
perception interne et le maniement de la matière ou de l’environnement. Il
permet donc de percevoir le moment présent à partir d’une diversité de
points de vue d’habitude inaccessibles.
On peut par exemple percevoir la réalité telle qu’elle existe en cet instant
pour son intestin ou pour sa main et, avec de la pratique, ressentir la paix et
l’agitation internes qui existent simultanément au sein du corps physique.
Cela génère une satisfaction et un émerveillement profonds, un sentiment
d’unité avec le matériau corporel vivant dont on est fait. Avec de la
pratique, il est possible d’arriver à percevoir intuitivement l’environnement
interne avec la même clarté que l’environnement externe.
(Une pause à 21h43.) Avec une pratique encore plus poussée, le contenu
de votre esprit peut vous devenir tout aussi accessible. Vous voyez alors vos
pensées aussi clairement que vos organes internes. Dans ce cas, vous les
percevez peut-être par le biais de symboles signifiants pour vous – vous
pouvez par exemple voir vos pensées embrouillées comme des mauvaises
herbes dont il est facile de se débarrasser.
On peut demander spécifiquement que le contenu de son esprit soit
traduit en une image intense, représentant symboliquement les pensées
individuelles et le paysage mental global ; il est alors facile d’enlever ce qui
ne vous plaît pas et de le remplacer par une image plus positive. Cela ne
signifie pas que le paysage intérieur doive toujours être inondé de soleil,
mais il faut qu’il soit équilibré.
Un paysage intérieur sombre et maussade doit être un signal d’alarme ; il
doit vous inciter à le modifier immédiatement. Tous ces exploits sont à la
portée de mes lecteurs, même si certaines de ces prouesses sont plus faciles
aux uns qu’aux autres. Je parle ici en termes tout à fait pratiques : il est
possible, en suivant cette méthode, de guérir des problèmes de santé. On
peut, dans ce cas également, découvrir l’origine du trouble en examinant le
paysage intérieur des pensées. (Une pause.)
Les sentiments peuvent être examinés de la même façon. Leur apparence
est différente, beaucoup plus mobile. Les pensées peuvent prendre
l’apparence de structures stationnaires, de fleurs ou d’arbres, de maisons ou
de paysages. Les sentiments revêtent le plus souvent la mobilité de l’eau, du
vent, du temps qu’il fait, du ciel et de ses couleurs changeantes. Dans cet
état, on peut percevoir n’importe quel trouble physique, simplement en
regardant à l’intérieur de l’organisme et en le cherchant ; puis, alors qu’on
change ce qui ne va pas, on peut se retrouver en train d’entrer dans le corps
– le sien ou un autre – sous une forme miniature, ou comme un point de
lumière, ou même en l’absence de toute substance mais avec la pleine
conscience de l’environnement interne du corps.
(21h54.) Ainsi, on modifie ce qui a besoin de l’être, de la manière qui
paraît bonne : en orientant l’énergie du corps dans cette direction, en entrant
dans la chair pour relier entre elles des parties qui ont besoin de ce genre
d’ajustement, en manipulant certaines zones de la colonne vertébrale. À
partir de cette plate-forme adjacente qu’est la conscience A1, vous percevez
donc les schémas mentaux, les vôtres comme ceux d’autrui, d’une façon qui
vous caractérise.
Les schémas de pensée peuvent être perçus comme des phrases surgissant
soudain, comme des mots qui sont souvent présents dans l’esprit en
question, ou comme des lettres noires formant des mots. On peut entendre
les mots et les phrases s’exprimer, ou les voir s’ordonner symboliquement
en images dans le « paysage » dont nous avons parlé.
Cela vous montre comment les pensées ont généré la maladie en
question, et de quelles pensées il s’agit. Il faut alors répéter le processus
avec le schéma des sentiments. Ceux-ci peuvent être perçus comme des
mouvements de couleurs soit claires soit sombres ; il est possible aussi de
ne ressentir qu’une forte émotion. Si elle est vraiment très forte, on peut la
ressentir de toutes ces façons à la fois. Qu’il s’agisse d’émotions ou de
pensées, on enlève avec détermination toutes celles qui sont en rapport avec
la maladie. On a alors accompli des réglages sur trois niveaux. On peut
aussi utiliser A1 comme une vaste toile de fond, propice à la concentration,
à l’apprentissage et à la créativité, aussi bien qu’au repos, à la méditation, à
la régénération. Si cela vous aide, vous pouvez élaborer votre propre image
de cet état, vous pouvez l’imaginer comme un quai, comme une pièce,
comme un paysage agréable. Vous trouverez spontanément votre propre
symbole pour cet état.
Vous pouvez faire une pause.
(22h02. La transe de Jane a été profonde, et ma main sent que son débit
a été rapide. Bien que Jane ait été un peu endormie avant la session, elle a
« perçu Seth aussi clairement qu’une cloche qui tinte ». Elle a en effet parlé
avec une clarté particulière. Elle se rendait également compte de ce que
disait Seth, ce qui est inhabituel.
Ce matériau est un nouvel exemple de la façon originale dont Seth
développe une idée. Je me suis d’abord demandé si A1 allait seulement
reprendre les données de Patty Middleton au sujet de l’état alpha ; mais il
s’est vite avéré que ce n’était qu’un point de départ. Il était déjà bien au-
delà.
Reprise, de la même manière rapide, à 22h21.)
On peut également utiliser A1 comme un pas vers l’état de conscience
voisin, qui mène à une transe plus profonde, mais qui est encore rattaché au
système de réalité que vous comprenez.
On peut aussi l’utiliser pour passer à un niveau de conscience adjacent –
à deux pas de la réalité normale, donc, et sur le même niveau. Dans ce cas,
A1 ne vous amène pas à une perception ou à un examen approfondi du
moment présent, mais plutôt à une conscience ou à une reconnaissance de
ce que j’appellerais les moments présents alternatifs.
On s’écarte alors de plusieurs pas du présent connu. Cela mène à une
exploration déjà évoquée dans ce livre : celle des probabilités. Cet état peut
être extrêmement avantageux quand on veut trouver des solutions ou
prendre des dispositions concernant le futur – en fait, pour toute décision
importante liée au futur. Car dans cet état, on peut faire l’essai de diverses
décisions alternatives et de leurs conséquences probables, non pas de façon
imaginaire, mais en termes tout à fait pratiques. (Une pause.)
Ces probabilités sont des réalités, quelles que soient les décisions que
l’on prenne. Mettons par exemple qu’il soit impératif de choisir entre trois
possibilités. Grâce à cet état, on commence par en choisir une. Le présent
alternatif est le moment où l’on fait ce choix, et ce choix change le présent.
De manière tout à fait claire, on perçoit exactement la façon dont il est
changé, les actions et les évènements qui vont découler de ce choix dans le
futur qui appartient à ce présent alternatif particulier.
(22h30.) Toujours dans ce même état de conscience, on fait la même
chose avec les deux autres possibilités, l’une après l’autre. La méthode reste
la même. On perçoit les effets physiques qui résultent d’un choix donné
pour le corps, selon la décision qui est prise. On le pénètre comme on l’a
déjà fait, en suivant la méthode indiquée pour guérir les problèmes de santé.
On peut voir avec beaucoup de sensibilité l’effet physique de chaque choix
– on voit si le corps s’en trouve modifié, s’il déborde d’un sentiment de
bonne santé ou si, au contraire, il y a là le germe de graves difficultés.
On explore ainsi tous les aspects mentaux et affectifs liés à ces choix,
puis on oriente son attention vers « l’extérieur », vers l’environnement qui
découle de ce présent alternatif. Les évènements apparaissent mentalement.
On peut les ressentir avec beaucoup de force, ou seulement les survoler. Ils
se font parfois si intenses qu’on s’oublie momentanément, mais cela se
passe rarement si l’on maintient le contact avec ce niveau de conscience. En
général, on se rend parfaitement compte de ce qu’on fait.
En fonction de la situation, on peut éventuellement faire la même chose
pour découvrir l’effet précis que cette décision aura sur les autres. On
retourne ensuite à l’état de conscience normal, en repassant par l’état A1.
On se repose un peu, et on repart pour prendre la deuxième, puis la
troisième décision, en suivant toujours la même méthode. À partir de
l’expérience et des informations reçues, on peut alors prendre
naturellement, dans l’état de conscience normal, la décision qui convient.
(22h36.) Les noms importent peu. Par commodité, appelez ce niveau de
conscience A1.a.
Car il existe un A1.b, lui-même encore adjacent à celui-ci, et partant d’un
présent alternatif qui peut être utilisé dans toutes sortes de buts différents.
(Une pause.) Il n’est pas facile pour un individu ordinaire d’entrer dans
cet état, qui concerne les présents de groupe, les probabilités collectives, les
questions raciales, les mouvements de civilisation. C’est un état qui serait
très utiles aux politiciens et aux hommes d’État, et qu’on peut aussi utiliser
pour explorer des passés probables. Il serait très utile pour en savoir plus
sur des ruines anciennes et les civilisations disparues, à condition d’explorer
le passé probable dans lequel elles ont existé.
Le niveau suivant est A1.c – lui-même une extension de celui que je
viens de décrire – dans lequel il existe une plus grande liberté d’action, de
mouvement et d’expérience. On peut, dans une certaine mesure, participer
aux évènements perçus. Il n’est pas nécessaire d’avancer au-delà de ce
point car, en général, vous n’êtes pas impliqués dans les niveaux suivants ;
ils conduisent à des réalités qui ont très peu de rapports avec la vôtre. Ce
sont des états de conscience trop éloignés du vôtre ; dans les circonstances
ordinaires, votre conscience présente ne peut pas aller plus loin dans cette
direction.
Le premier état, A1.a, est le plus pratique et le plus facile d’accès, mais il
faut en général avoir clairement la sensation du niveau A1 pour se sentir
prêt à se lancer dans ce pas voisin. Il permet en tout cas une grande
expansion, à l’intérieur même de ses limites. En l’utilisant, on découvre ce
qui se serait passé « si on avait fait telle ou telle chose ». Rappelez-vous que
ces niveaux sont tous voisins, qu’ils se développent à l’horizontale.
(22h47.) En revanche, directement en dessous de A1 se trouve A2, qui
est un état légèrement plus profond, si l’on utilise l’analogie du mouvement
vers le haut et vers le bas. C’est un état moins orienté sur le monde
physique que A1. La lucidité et la conscience de soi y sont toujours
excellentes. On peut utiliser cet état pour explorer le passé, selon vos termes
de référence, au sein du système probable que vous connaissez.
Les passés réincarnationnels y sont connus, et si l’on n’arrive pas à
résoudre une maladie personnelle à partir de A1, il faut peut-être aller en
A2 pour découvrir qu’elle a son origine dans une autre existence. Cet état se
distingue par un rythme respiratoire plus lent et, à moins que l’on se soit
donné des consignes particulières, une température un peu inférieure et des
ondes alpha plus longues ; c’est une fréquence plus lente.
On y demeure toutefois relié à l’environnement extérieur, on en a
conscience. On peut décider de ne pas lui prêter attention pour être plus
efficace, mais ce n’est pas indispensable. Par exemple, les yeux peuvent
rester ouverts, bien qu’il soit peut-être plus facile de les fermer. La
sensibilité augmente. L’aspect mental, physique ou affectif des
personnalités passées apparaît sans qu’il soit nécessaire de suivre les
méthodes données pour A1.
(22h55.) Ces personnalités sont perçues de façons différentes selon les
caractéristiques de l’individu qui se trouve dans cet état. On l’utilise pour
découvrir l’origine d’une idée dans le passé, ou pour retrouver une chose
qui a été perdue, si toutefois cette chose se trouve bien dans votre système
de probabilités.
Directement en dessous se trouve A3. C’est une autre extension qui traite
des questions de masse – les mouvements de terrain, l’histoire de votre
planète telle que vous la connaissez, la connaissance des races qui l’ont
peuplée, l’histoire des animaux, les gisements de gaz ou de charbon, et les
différentes ères qui ont balayé la planète et qui l’ont modifiée.
Vous pouvez faire une pause.
(22h59. La transe de Jane est demeurée très bonne. Elle a vu de
nombreuses images mais n’arrive pas à les mettre en mots. Ma main n’en
peut plus, si bien que nous ne reprenons pas la session, malgré l’envie que
j’en ai.
Seth, dit Jane, a déjà d’autres « directions » à l’esprit, en rapport avec la
droite et la gauche ; il n’a pas encore utilisé de comparaisons à ce propos,
mais il a déjà tout planifié. Elle a pu « voir » ces directions, qui concernent
les probabilités.
Si la session s’était poursuivie, me dit Jane, Seth aurait dit que la visite
de Patty Middleton la semaine dernière avait commencé à se profiler dès
l’instant où nous l’avions rencontrée à Philadelphie, en septembre 1970.
Seth savait qu’il existait une forte probabilité qu’elle soit là quand il serait
en train de travailler à la section de son livre concernant les stades de
conscience. Cela confirme mes suppositions sur le moment où elle nous
rend visite ; voir les notes qui ouvrent la session 573, chapitre 18.
Cela ne veut pas dire que le voyage de Patty Middleton était prédestiné.
Le libre arbitre entre toujours en ligne de compte. Elle a seulement « senti »
que c’était un bon moment pour venir nous voir, et elle a décidé de faire le
voyage. Seth a ensuite utilisé ses informations concernant l’état alpha
comme moteur pour son matériau sur A1, A1.a, A2, etc.)

SESSION 575
MERCREDI 24 MARS 1971

(21h05. Jane dicte ce soir de longs passages de façon calme et paisible,


contrairement à l’intensité des sessions récentes.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée.
A4 amène à un niveau situé en dessous de la formation de la matière ;
c’est un niveau dans lequel on perçoit les idées et les concepts, bien que
leur représentation n’apparaisse pas dans la réalité physique présente que
vous connaissez.
Les sentiments d’inspiration les plus profonds viennent souvent de cette
couche. Les idées et les concepts en question ont leur propre identité
électromagnétique, si bien qu’ils apparaissent comme un « paysage
symbolique » à ce niveau de conscience. Ce n’est pas facile à expliquer. Les
pensées n’apparaissent pas sous la forme de pseudo-images, par exemple ;
elles n’effectuent pas de pseudo-matérialisation ; pourtant, elles sont
perçues et ressenties avec intensité, et enregistrées par le cerveau – par ces
parties du cerveau apparemment inutilisées, pour lesquelles la science n’a
pas d’explication à proposer.
Ces idées et ces concepts proviennent évidemment de la conscience.
Mais ils représentent l’embryon de développements latents, qui peuvent se
produire dans la réalité physique mais qui ne se produiront pas forcément.
Ils ne sont pas perçus par tous les individus. Selon son intérêt et ses
capacités, la personnalité en question reconnaît ou non les réalités
contenues dans cette couche de conscience.
(Une pause à 21h16. Jane fait – en tant que Seth – une pause prolongée
pendant qu’un camion de pompiers passe devant la maison avec sa sirène
hurlante.)
Le matériau disponible représente en tout cas des bases de construction
pour un grand nombre de systèmes probables. C’est une zone ouverte, sur
laquelle débouchent de nombreuses autres dimensions. On y a souvent
accès dans le sommeil. Les innovations révolutionnaires, les inventions qui
ébranlent le monde – tout cela attend, en quelque sorte, dans cet immense
réservoir. Les fortes « conversions » personnelles se produisent souvent à
partir de ce niveau. (Une pause.)
Or tout individu peut passer par ces niveaux, y demeurer insensible, ne se
rendre compte de rien ; il peut les traverser sans les percevoir. Les
intentions et les caractéristiques d’ensemble d’une personnalité déterminent
ce qu’elle perçoit et comment elle le comprend. Le matériau en question est
disponible dans chacun des niveaux de conscience, mais on doit le
poursuivre consciemment, ou être poussé par un désir inconscient. Sinon,
les dons et les potentiels disponibles demeurent latents et inutilisés.
(21h25.) Les états de conscience se fondent aussi les uns dans les autres,
et j’utilise évidemment le terme de profondeur pour simplifier l’explication.
Si l’on part de l’ego ou de la conscience réveillée, en tant que moi externe
focalisé sur la réalité extérieure, ces états sont amples, comme des plaines à
explorer. Chacun d’entre eux s’ouvre donc également sur de vastes zones
adjacentes, et on peut y emprunter de nombreux « chemins », selon son
intérêt et son désir.
Tout comme votre état de veille ordinaire perçoit un univers entier de
données physiques, chacun de ces autres états de conscience perçoit des
réalités complexes, variées et intenses. C’est pourquoi il est si difficile
d’expliquer les expériences possibles au sein de l’un d’entre eux. (Une
longue pause.)
A5 ouvre une dimension dans laquelle la conscience vitale de n’importe
quelle personnalité peut, du moins en théorie, être contactée. Cela suppose
de communiquer non seulement avec les personnalités du passé, selon vos
termes, mais également avec celles du futur. C’est un niveau de conscience
très rarement atteint. Ce n’est pas, par exemple, la couche utilisée par la
plupart des médiums. C’est un espace de rencontre dans lequel des
personnalités de toutes les époques, de tous les lieux et de tous les systèmes
probables peuvent communiquer les unes avec les autres, en termes clairs et
compréhensibles par tous.
Comme passé, présent et futur n’existent pas, c’est un niveau où les
communications de la conscience sont claires comme du cristal. Ceux qui y
sont impliqués ont bien sûr une excellente connaissance de leur origine et
de leur histoire, mais ils possèdent également dans cet état une perspective
beaucoup plus large, dans laquelle la toile de fond privée et la toile de fond
historique font partie d’un ensemble plus vaste, qui est perçu.
(21h35.) À ce niveau, les messages jaillissent littéralement à travers les
siècles, d’un homme ou d’une femme d’envergure à l’autre. Le futur
converse avec le passé. Les grands artistes ont toujours su communiquer à
ce niveau et, leur vie durant, ils fonctionnent littéralement de cette manière
une bonne partie du temps. Seules les parties les plus extérieures de leur
personnalité se plient aux diktats de la période historique.
Pour ceux qui atteignent cet état, et qui s’en servent, c’est là que se
trouve la communication la plus claire. Il faut bien comprendre que cette
communication fonctionne dans les deux sens. Léonard de Vinci connaissait
l’existence de Picasso, par exemple. Homme ou femme, les grands peuvent
rester inconnus. Leurs contemporains les ignorent. Ce qu’ils ont accompli
peut ne pas être compris, ou avoir physiquement disparu mais, à ce niveau
de conscience, ils participent à ces communications, et ce qu’ils ont
accompli y est reconnu.
Je ne veux toutefois pas suggérer que seuls les grands participent à ce
type de communication. (Une pause.) Une grande simplicité est nécessaire
et, de ce fait, nombreux sont les participants les plus modestes en termes
humains. Une conversation sans fin se poursuit à travers l’univers, et c’est
une conversation des plus signifiantes. (Une longue pause.) Ceux qui
viennent aussi bien de votre passé que de votre futur y participent à votre
monde présent ; et les problèmes qui ont déjà été rencontrés, comme ceux
qui vont l’être, y sont des sujets de discussion. C’est le cœur de la
communication. On la rencontre le plus souvent dans un niveau de sommeil
profond, protégé, ou dans un état de transe aussi soudain que spontané. Une
grande énergie est alors générée.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(21h47. Jane se rend compte que son débit a été assez lent. Reprise, à un
rythme plus rapide, à 22h05.)
Les informations recueillies dans n’importe lequel de ces états de
conscience doivent être interprétées pour que la conscience normale puisse
en garder un souvenir physique.
Dans bien des cas, le souvenir demeure inconscient pour le moi réveillé,
mais l’expérience elle-même peut radicalement changer la structure d’une
vie particulière. Des parcours désastreux peuvent être évités grâce à ces
communications intérieures, ces illuminations, que l’ego en ait conscience
ou non.
L’expérience de ces différents niveaux est parfois interprétée
symboliquement. Elle prend la forme d’une fantasmagorie, d’une fiction ou
d’une œuvre d’art, sans que le moi conscient se rende compte de son
origine. Or, dans n’importe lequel de ces stades de conscience, on peut aussi
percevoir d’autres phénomènes – des formes-pensées, des manifestations
d’énergie, des projections du subconscient individuel ou collectif. Ces
manifestations peuvent prendre une forme symbolique et avoir l’air
bienfaisantes ou menaçantes selon l’attitude de la personnalité concernée. Il
faut les considérer comme des phénomènes tout à fait naturels, souvent
neutres d’intention.
Ce sont fréquemment des formes naissantes, mises en activité par la
personnalité qui les rencontre. La personnalité projette la nature de cette
activité sur une matérialisation relativement passive. Il suffit à la personne
qui les rencontre de détourner son attention pour « désactiver » le
phénomène ; ce qui ne veut pas dire que le phénomène n’est pas réel. Sa
nature est simplement d’un type et d’un degré différents.
Ce phénomène a une énergie propre, mais il doit recevoir de l’énergie
supplémentaire de celui qui le perçoit pour qu’un échange ait lieu. Si cette
matérialisation semble menaçante, on lui souhaite simplement la paix et on
s’en détourne. C’est l’attention qu’on y met qui l’active, et l’énergie qu’il
reçoit est proportionnelle à l’intensité de cette attention. Il est important de
ne pas emporter avec soi les croyances-racines de l’existence physique
quand on voyage dans ces niveaux de conscience. Il faut s’en affranchir
autant que possible, car elles entraînent une mauvaise interprétation. (Une
pause.)
Il existe d’autres couches de conscience en dessous de celle-là, mais elles
ont une forte tendance à se confondre les unes aux autres. Dans le niveau
suivant, par exemple, la communication est possible avec différents types
de conscience qui n’ont jamais été manifestées physiquement, selon vos
critères – des personnalités qui n’ont de réalité physique ni dans votre
présent ni dans votre futur, et qui sont pourtant connectées à votre système
de réalité, à la fois comme gardiens et comme tuteurs.
Presque toutes les expériences issues de ce niveau sont représentées
symboliquement ; sinon, elles n’auraient aucun sens pour vous. Ces
expériences sont toutes liées, d’une manière ou d’une autre, à la vie non
physique, à la forme et à la conscience non corporelles, à l’indépendance de
la conscience par rapport à la matière. Ces expériences représentent
toujours un soutien. On retrouve souvent ici les expériences de sortie du
corps dans lesquelles celui qui se projette se retrouve dans un
environnement qui n’a plus rien de terrestre, et qui est à la fois splendide et
majestueux.
« L’étoffe » de l’environnement trouve son origine dans l’esprit de celui
qui projette ; elle peut, par exemple, symboliser l’idée qu’il se fait de la vie
après la mort. Un ou plusieurs Parleurs apparaissent sous la forme la plus
acceptable pour celui qui projette – que ce soit celle d’un disciple, d’un
ange ou d’un Dieu. C’est l’expérience la plus caractéristique de ce niveau.
(Une pause.)
Cependant, selon les facultés et le niveau de compréhension de celui qui
projette, des messages plus complets peuvent être reçus, et il est alors tout à
fait évident que les Parleurs ne sont eux-mêmes que les symboles d’entités
plus vastes. Certains ont plus de facilité pour comprendre ces
communications. La nature véritable des Parleurs non physiques peut alors
se faire connaître.
Des projections plus profondes sont possibles dans cet environnement.
On peut y voir de grands panoramas des passés et des futurs historiques.
Tous ces niveaux de conscience regorgent d’un tissu de communications
que l’on peut choisir de suivre, en fonction du but poursuivi par la
personnalité.
(22h33.) Les structures moléculaires envoient leurs propres messages et,
si l’on n’est pas sur la bonne fréquence, on peut les prendre pour des
parasites ou des bruits dénués de sens. On peut survoler tous ces niveaux de
conscience en un clin d’œil, et ne rien remarquer ; ou bien, en principe du
moins, passer toute une vie à en explorer un seul.
Il est tout à fait possible de vivre plusieurs expériences tout à fait valides
dans le niveau 4, par exemple, sans se rendre compte du tout de l’existence
des trois premiers niveaux. Ces stades sont là pour ceux qui les connaissent
et qui savent les utiliser. Nombreux sont ceux qui en trouvent le chemin de
façon tout à fait spontanée. Quant aux autres niveaux adjacents, sur un plan
horizontal cette fois, ils mènent à des réalités alternatives de plus en plus
éloignées de la vôtre. Dans nombre de ces systèmes, la vie et la mort que
vous connaissez n’interviennent pas, et le temps est ressenti comme du
poids ; les croyances-racines y sont tellement différentes des vôtres que ces
expériences ne peuvent être acceptées que comme des fantasmes.
Vous êtes, pour cette raison, beaucoup moins enclins à voyager dans ces
directions. Certaines d’entre elles contiennent des obstacles constitutifs. Se
projeter de votre univers dans un univers d’antimatière est extrêmement
difficile. La composition électromagnétique même de vos pensées s’en
trouverait modifiée de façon défavorable ; mais cette projection est
théoriquement possible à partir de l’un de ces niveaux de conscience.
Je vous suggère de faire une pause.
(22h42. La transe de Jane a été excellente, et son débit encore plus
rapide. Reprise à 22h55.)
Souvent, dans l’état de rêve, vous visitez ces zones de conscience, vous
tombez dedans spontanément, et le matin venu vous ne vous souvenez que
d’un rêve fantastique. La conscience doit utiliser chacune des activités qui
lui sont possibles, tout comme le corps. Lorsque vous rêvez, par
conséquent, votre conscience se tourne dans certaines de ces directions, et
elle perçoit souvent, bon gré mal gré, des fragments de réalité qui lui sont
accessibles lorsqu’elle est dans ses différents stades. Cela se produit
également, dans une certaine mesure, en dessous de la focalisation physique
normale, alors même que vous vaquez à vos activités à l’état de veille. Les
présents alternatifs dont je parle ne sont pas des méthodes alternatives pour
percevoir un présent objectif unique. Il y a de nombreux présents alternatifs,
et vous ne vous focalisez que sur l’un d’entre eux.
Lorsque vous laissez votre attention dériver, d’ailleurs, vous tombez
souvent dans un état où vous percevez des images fugitives d’un autre
présent alternatif. L’ensemble du moi, l’âme, a connaissance de sa réalité
dans tous ces systèmes et, en tant que partie de cette âme, vous tendez vers
le même état de développement et de conscience de soi.
Avec de la pratique, on n’est plus jetés bon gré mal gré dans d’autres
stades de conscience pendant son sommeil ; on devient au contraire
capables de comprendre et de diriger ces activités. La conscience est un
attribut de l’âme, un outil que l’on peut orienter dans de multiples
directions. Vous n’êtes pas votre conscience. C’est quelque chose qui vous
appartient et qui appartient à l’âme. Vous êtes en train d’apprendre à
l’utiliser. Dans la mesure où l’on comprend les différents aspects de la
conscience, et où on les utilise, on apprend à comprendre sa propre réalité,
et le moi conscient devient véritablement conscient.
On perçoit la réalité physique parce qu’on souhaite la percevoir, tout en
sachant que c’est l’une des réalités multiples. On n’est plus forcés de ne
percevoir qu’elle, par ignorance.
(23h02.) Fin de la dictée. Maintenant, vous pouvez me poser n’importe
quelle question ou terminer la session, comme vous préférez.
(« J’espère que vous aborderez le sujet dont Jane et moi parlions ce soir
pendant le dîner – ce que vous voyez quand vous parlez à un groupe de
personnes, en vous focalisant sur chacun de nous en tant qu’individu en ce
point du temps et de l’espace. »)
Je veillerai à aborder la question. Mes perceptions ont été traitées dans
les premiers chapitres, mais pas exactement comme cela…
(Dans la session du cours de perception extrasensorielle du 9 février
1971, Seth a donné une excellente description de l’aspect particulier de ses
perceptions. Depuis, j’ai toujours voulu lui demander d’en dire plus pour
son livre. Voici un extrait de la session de cours qui, comme d’habitude, a
été enregistrée :
« Maintenant. (Avec humour.) Personne ne m’a demandé ce qui se passe
pour moi quand je suis en transe. Entrer en transe consiste simplement à se
focaliser intensément sur une zone spécifique de la réalité. Par conséquent,
je projette ici une partie de ce que je suis, car je suis capable d’utiliser des
zones de ma personnalité qui sont plus importantes que celles que vous
connaissez en vous-mêmes. Je peux faire cela de manière consciente ; et
cependant, je l’ai dit, quand je suis ici, je ressens une difficulté à voir le moi
que vous pensez être dans votre moment précis du temps ; car je vois un
composé. Vous repérer dans le temps et dans l’espace que vous connaissez
demande un certain entraînement de ma part.
« Vous avez conscience des moi qui se trouvent dans cette pièce, tel soir
précis, pendant une tempête de neige, alors que certains membres du cours
sont présents et d’autres absents, et que d’autres encore sont nouveaux.
Cependant, les parties internes de votre moi, que vous connaissez aussi
mais que l’ego vous cache, me sont familières ; ainsi, je dois constamment
me dire à moi-même : “Ah, oui, notre Dame de Venise (terme affectueux de
Seth pour l’un des membres du cours) pense qu’elle est dans cette pièce
spécifique, à cette heure précise, et qu’elle porte une tenue bleue.”
« Mais j’ai connaissance, voyez-vous, d’une Dame de Venise dans les
manifestations différentes de diverses existences qui se produisent toutes en
même temps. Je dois me rappeler qu’elle ne s’en rend pas compte et,
lorsque je m’adresse à elle, je dois le faire d’une façon qui aura un sens
pour elle dans ce moment particulier.
« Dans une certaine mesure, je sers de communicant entre différents
niveaux de vos moi, car je vous rappelle ce que vous êtes. Vous avez
beaucoup pensé à la mort, ce soir. Or j’ai été un cadavre bien vivant à de
nombreuses reprises ; mais vous aussi. Les parties internes de votre moi le
savent. Vous avez quitté bien des tombes dont vous ne vous souvenez pas –
et beaucoup d’entre vous vont continuer à les quitter. Pourquoi, alors, vous
souciez-vous de justifier votre existence à cette heure-ci ? »
La dictée de Seth s’accélère de façon marquée, et nous échangeons
quelques propos animés sur le sujet, sans que je fasse l’effort de noter la
conversation.)
Je suis sûr que vous allez aimer mon livre quand vous le lirez.
(« Je l’aime déjà. » Suit un autre échange bref.)
Maintenant, je vous dis un chaleureux bonsoir.
(« Bonne nuit, Seth, et merci beaucoup. » 23h05.)

SESSION 576
LUNDI 29 MARS 1971

(21h17. Du 26 au 28 mars, Jane a passé une annonce dans les


« Messages personnels » de l’Elmira Star Gazette pour signaler son
intention de former un cours d’écriture créative. C’est quelque chose
qu’elle voulait faire depuis longtemps. Aujourd’hui, elle a reçu des appels ;
elle en a pris un ce soir, juste avant que nous installions pour la session, à
21h00.
Seth a quelques remarques à faire, sans que nous le lui ayons demandé.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dans la perspective d’aider les autres, Ruburt peut apporter beaucoup
plus dans son cours de perception extrasensorielle, en le dédoublant par
exemple. Je ne lui dis pas de ne pas faire le cours d’écriture créative ; il fait
ce qu’il veut. De toute façon, il utilisera les mêmes idées, avec des
méthodes différentes. Les gens qui ont appelé pour ce cours d’écriture s’en
servent comme d’un prétexte : ils ressentent un besoin de développement
dans de nombreux domaines.
(De manière assez curieuse, l’annonce concernant le cours d’écriture a
donné lieu à des appels pour le cours de perception extrasensorielle. Jane
s’inquiète de l’afflux de nouveaux venus pour ce dernier, car il n’y a plus
beaucoup de place dans l’appartement. Quand elle pense à ces problèmes,
me dit-elle, elle est « soucieuse mais contente. »)
Accordez-nous un instant. (Une pause.) Ces idées sont bonnes – les
vôtres, au sujet des sessions, et celles de Ruburt concernant de nouvelles
expériences.
Son cours habituel ne peut pas s’agrandir. Il y a des limites physiques – et
aussi des limites moins tangibles, liées à l’interaction de ceux qui y
participent. Mais il y a d’autres possibilités auxquelles vous n’avez pas
pensé.
(Une longue pause à 21h27.) Accordez-nous un instant et nous
reprendrons la dictée. Vous pourrez poser des questions sur ce matériau plus
tard.
Les divers niveaux de conscience dont il est question ici peuvent paraître
très éloignés des niveaux de veille ordinaires. Les divisions sont
parfaitement arbitraires. Ces stades représentent tous des directions et des
attributs propres à l’âme ; même la conscience que vous connaissez en
perçoit des indices, des ombres et des reflets. Même la conscience réveillée
n’est donc pas tout à fait dépourvue de traces de ces autres existences, ou
ignorante de ces autres types de conscience. C’est seulement parce que vous
utilisez d’habitude votre conscience réveillée de manière limitée que vous
ne rencontrez pas ces indices plus souvent.
Ils sont toujours présents. Les suivre peut vous donner une idée de ces
directions, de ces autres niveaux dont nous avons parlé. Par exemple, des
images ou des symboles apparemment isolés peuvent vous venir à l’esprit.
En général, vous les ignorez. Quand au contraire vous les reconnaissez,
quand vous leur prêtez attention, vous pouvez les suivre au moins dans
quelques couches, par exemple dans A1 et A2.
(21h35.) Ces symboles ou images peuvent changer comme vous le faites,
si bien que vous ne percevez guère de ressemblance entre, par exemple,
l’image initiale et la suivante. Le lien peut pourtant être tout à fait intuitif,
associatif et plein de créativité. Il suffit parfois de quelques instants de
réflexion pour comprendre après coup pourquoi une image s’est fondue en
une autre. Une image unique peut s’ouvrir tout à coup en un paysage mental
entier, mais vous ne connaîtrez rien de tout cela si vous ne reconnaissez pas
les premiers indices, juste en dessous de la conscience présente, qui sont
presque transparents si on veut bien les regarder.
La focalisation alternative est simplement l’état dans lequel on se trouve
lorsqu’on oriente sa conscience de façon inhabituelle, pour percevoir des
réalités parfaitement légitimes, qui existent simultanément à la vôtre. Vous
devez modifier votre perception pour percevoir toute réalité qui, dans la
pratique, n’est pas orientée vers la forme matérielle. C’est un peu comme
regarder du coin de l’œil, ou du coin de l’esprit, plutôt que droit devant.
(Une pause.)
En utilisant une focalisation alternative, on peut, avec de la pratique,
percevoir les différentes formations physiques qui ont rempli tout espace
donné, ou qui vont le remplir, selon vos critères. Dans certains états de
rêve, il arrive que l’on se rende dans un endroit particulier et qu’on le
perçoive tel qu’il était, mettons, il y a trois siècles, ou tel qu’il sera dans
cinq ans, sans jamais comprendre ce que ce rêve signifie. Vous avez
l’impression que l’espace ne peut contenir qu’un objet à la fois, qu’il faut
en ôter un pour le remplacer par un autre.
Vous ne percevez que de cette façon. Dans la focalisation alternative,
vous pouvez vous dispenser des croyances-racines qui d’habitude limitent
vos perceptions, qui les surveillent et les dirigent à la fois. Vous pouvez
vous placer en dehors de l’instant que vous connaissez, puis y revenir et le
trouver là. La conscience fait seulement semblant de s’incliner devant l’idée
de temps. À d’autres niveaux, elle aime jouer avec ces concepts et percevoir
l’unité qui existe entre des évènements qui se produisent hors du contexte
temporel – mélanger, par exemple, les évènements de différents siècles, les
extraire du cadre temporel pour trouver de l’harmonie et des points
communs entre des environnements aussi bien historiques que privés.
Encore une fois, c’est ce que vous faites dans votre sommeil. Si vous ne
le faites pas quand vous êtes réveillé, c’est parce que vous n’avez pas lâché
la bride de votre conscience. Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(21h48. Le débit a été rapide. Reprise à 22h05.)
Je l’ai dit plus tôt dans ce livre, votre conscience quand vous êtes réveillé
vous semble continue, vous avez l’impression qu’elle ne contient pas
d’espaces vides, mais elle connaît d’importantes fluctuations. Dans une
large mesure, elle ne se souvient que d’elle-même et de ses propres
perceptions. Dans l’état de conscience normal, il semble donc qu’il n’existe
aucun autre type de conscience, aucune autre zone, aucun autre niveau.
Lorsque la conscience rencontre des « espace vides » et qu’elle « revient »,
elle occulte le sentiment qu’un moment de non-fonctionnement s’est
produit.
Elle oublie ce faux-pas. Elle ne peut pas accepter des types alternatifs de
conscience tout en étant elle-même, sauf si l’on fait ce qu’il faut pour la
guérir de cette amnésie.
(22h13. Nous avons oublié de mettre notre chat Willy dans une autre
pièce avant la session. Le voilà qui saute sur les genoux de Jane ; je pose
mon carnet de notes. Il ronronne pendant que je l’emporte dans l’atelier.
Jane, assise, attend patiemment, en transe.)
Elle joue à cache-cache avec la réalité. Parfois, elle n’est plus là et l’on
ne s’en rend pas compte. Dans ces occasions, l’attention se focalise ailleurs,
dans ce que l’on pourrait appeler des mini-rêves ou des hallucinations, ou
encore des processus de pensée associatifs et intuitifs qui vont bien au-delà
de la focalisation normale.
Dans ces intervalles, on perçoit d’autres types de réalité – avec une
conscience différente de la conscience normale réveillée. Lorsqu’on en
revient, on perd le fil. La conscience normale réveillée fait comme s’il n’y
avait jamais eu de rupture. Cela se produit assez régulièrement, à divers
degrés – entre quinze et cinquante fois par heure, selon vos activités.
À différents moments, les gens se surprennent eux-mêmes à le faire, car
l’impression est perçue si intensément qu’elle saute par-dessus le fossé, en
quelque sorte, si bien que même la conscience réveillée s’en rend compte.
La conscience physique a absolument besoin de ces intervalles. Ils font
partie de l’étoffe même de la conscience de manière si savante et si intime
qu’ils colorent son atmosphère psychique et affective. (Une pause.)
La conscience réveillée tisse sa toile sur ce réseau infini, qui lui apporte
son soutien. L’expérience intérieure est si complexe qu’elle est presque
impossible à décrire verbalement. La conscience réveillée normale, tout en
se souvenant d’elle-même, ne se souvient pas de tout tout le temps. On dit
que le souvenir des évènements passés tombe dans le subconscient. Ce
souvenir est toujours intensément vivant, et par vivant, j’entends en vie et
actif, même si l’on ne se focalise pas sur lui.
Les portions internes de la personnalité gardent également le souvenir de
tous vos rêves. Ceux-ci existent simultanément, suspendus comme des
lumières au-dessus d’une ville obscure, illuminant différentes parties de la
psyché. Ces systèmes de mémoire sont tous connectés les uns aux autres.
Or, de la même façon, vous avez la mémoire de vos vies passées,
absolument complètes, et fonctionnant dans tout le système de mémoire.
(Une pause à 22h23.) Dans les moments d’« espaces vides » conscients,
ou dans certaines fluctuations, on perçoit souvent ces systèmes de
souvenirs. En général, l’esprit conscient, avec son système de souvenirs
propre, ne les accepte pas. Lorsqu’une personnalité se rend compte que ces
autres réalités existent et que d’autres expériences de conscience sont
possibles, elle active certains potentiels en elle-même. Ceux-ci modifient
les connexions électromagnétiques à la fois dans l’esprit et dans le cerveau,
et jusque dans les mécanismes perceptifs ; ils unissent des réservoirs
d’énergie et mettent en place des voies d’activité qui permettent à l’esprit
conscient d’augmenter sa sensibilité à ces données. L’esprit conscient est
libéré de lui-même. D’une certaine façon, il subit une métamorphose et
prend en charge davantage de fonctions. Petit à petit, il parvient à percevoir
une partie du contenu qui lui était auparavant fermé. Il n’a plus besoin
d’avoir peur des « espaces vides » comme s’ils étaient des preuves de non-
existence.
Les fluctuations dont j’ai parlé sont souvent tout à fait minuscules, et
cependant hautement significatives. L’esprit conscient connaît bien son
propre état de fluctuation. Lorsqu’il est obligé d’y faire face, il ne trouve
pas le chaos, ou pire, la non-existence, mais la source même de sa force et
de ses capacités. La personnalité commence alors à utiliser son potentiel.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(22h35. La transe de Jane a été profonde, mais elle s’est rendu compte
qu’elle allait lentement. C’est, dit-elle, parce que Seth voulait qu’elle utilise
exactement le mot adéquat. Elle a aussi eu beaucoup d’images, qu’elle ne
peut pas verbaliser. Elle peut tout juste dire des choses comme « des
systèmes de lumière pour les souvenirs », etc. Je lui dis que je trouve le
matériau très riche et très évocateur. Reprise à 22h47.)
Maintenant. Les périodes de rêverie et les moments de conscience
créatrice représentent d’excellentes voies d’accès à ces zones. Dans l’état
habituel de conscience créatrice, la conscience réveillée est tout à coup
soutenue par l’énergie provenant de ces autres zones. La conscience de
veille seule ne donne pas l’état créatif ; elle peut même avoir aussi peur des
états créatifs que des espaces vides, car elle a l’impression que le je est
rejeté, et elle sent monter une énergie qu’elle ne comprend pas.
C’est précisément aux points les plus bas de cette fluctuation que ces
expériences prennent naissance, car la conscience normale est
temporairement affaiblie et au repos. Encore une fois, l’ensemble de
l’organisme subit ces fluctuations qui, d’habitude, passent totalement
inaperçues. Ces périodes fluctuent elles aussi, selon les rythmes propres à
une personnalité particulière. Chez certains, les vagues de mouvement sont
comparativement longues et lentes, les vallées qui s’y trouvent ont de longs
versants ; chez d’autres, c’est le contraire.
Chez certains, les absences sont plus évidentes, hors normes. Si la
personnalité ne comprend pas la situation, elle peut avoir du mal à se relier
aux évènements physiques. Si elle peut percevoir d’autres zones de
conscience, la situation est encore plus délicate dans le cas où elle ne se
rend pas compte que les deux systèmes de réalité sont valides.
(22h55.) Les fluctuations suivent également les changements saisonniers.
Les évènements issus de n’importe quelle couche de conscience se reflètent
dans toutes les autres zones, chacun d’entre eux se matérialisant selon les
caractéristiques d’une couche donnée. De même qu’un rêve ressemble à une
pierre jetée dans le lac de la conscience onirique, tout acte se manifeste
également dans ce lac sous son apparence particulière. La focalisation
alternative permet de percevoir les multiples manifestations de n’importe
quel acte, la réalité multidimensionnelle véritable de toute pensée, et elle
enrichit la conscience normale.
Vous êtes actifs dans ces autres couches, que vous vous en rendiez
compte ou non. Vous apprenez non seulement par la vie physique et par le
rêve, mais encore par ces existences intérieures dont vous n’avez aucun
souvenir. Les capacités créatives de nature spécifique, ou les capacités de
guérison, s’exercent souvent ainsi, n’émergeant que plus tard dans la
matérialisation.
Vos pensées et vos actes futurs sont aussi réels dans ces dimensions que
s’ils s’étaient déjà produits, et ils font tout autant partie de votre
développement. Vous êtes formés non seulement par votre passé mais par
votre futur et par les existences alternatives. Cette vaste interaction n’est
qu’une partie du cadre de l’âme. Vous pouvez donc changer la réalité
présente, telle que vous la comprenez, à partir de n’importe laquelle de ces
autres couches de conscience.
Fin de la dictée, et très bientôt, fin du chapitre.
(Une pause à 23h04. Seth donne ensuite du matériau personnel pour
Jane, concernant son cours d’écriture et d’autres sujets. Fin à 23h12.)
SESSION 577
MERCREDI 31 MARS 1971

(21h13. Cet après-midi, Jane a donné son premier cours d’écriture


créative.)
Maintenant, bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Nous allons commencer la dictée.
On peut utiliser n’importe laquelle de ces différentes couches de
conscience comme conscience agissante, la réalité étant alors considérée à
partir de ce point de vue spécifique.
La réalité physique est donc entrevue par d’autres types de personnalités
dans d’autres systèmes, de leur point de vue singulier. Si vous l’observiez
sous cet angle, vous ne reconnaîtriez pas votre propre système. À partir de
certains de ces points de vue, votre matière physique semble avoir peu de
permanence, ou même n’en a pas du tout, tandis que selon d’autres points
de vue, vos pensées prennent une forme et une apparence qui sont perçues
par des observateurs, mais pas par vous.
En voyageant dans ces états de conscience, ces autres personnalités
essaient d’atteindre une certaine focalisation et de percevoir votre
environnement, elles tentent de donner un sens à des données qui ne leur
sont pas familières. Comme beaucoup d’entre elles ne connaissent pas votre
notion de temps, elles ont du mal à comprendre que vous percevez les
évènements séparés par des intervalles, et elles ne perçoivent pas
l’organisation interne que vous posez sur votre environnement. Votre
système est bien sûr un système probable pour les autres champs qui sont
touchés par les probabilités.
(21h20.) De même que ces systèmes sont adjacents pour vous, le vôtre
est adjacent pour eux ; la focalisation alternative permet aux personnalités
issues d’autres réalités de percevoir la vôtre, de même qu’elle peut, en
théorie du moins, vous donner un aperçu de leur existence.
Fin du chapitre.
Et maintenant, j’ai une mission pour vous, qui va vous donner l’occasion
de participer à mon livre. Prenez le reste de la session pour constituer une
excellente – souligné (avec humour) – liste de questions pour le prochain
chapitre, qui sera un chapitre de questions-réponses.
Si vous avez des questions qui ont déjà été formulées par d’autres,
incluez-les bien sûr. Mais il vaut mieux que ces questions viennent de vous
que de moi. Elles seront plus pertinentes pour le lecteur.
Présentez-les-moi dans notre prochaine session, soit l’une après l’autre,
soit deux par deux, comme vous préférez, et j’y répondrai. Vous pouvez
organiser les questions en sections, mais vous n’êtes pas obligés de le faire.
S’il se trouve que plusieurs questions sont regroupées sous un même
intitulé, ce sera un moyen commode de les traiter.
(« Est-ce que Ruburt aussi peut poser des questions ? »)
Vous pouvez faire la liste tous les deux. Vous n’êtes pas obligés de l’avoir
terminée pour la prochaine session. Une réponse peut prendre un certain
temps.
(« C’est ce que j’allais demander. »)
Je suggère donc que vous vous mettiez tous les deux au travail.
(Le téléphone sonne pendant que j’écris. Jane est encore en transe mais
ne semble pas dérangée. Non sans une certaine irritation, je laisse sonner.)
Je serai dans les parages pour vous inspirer.
(21h30. C’est la session la plus courte en plusieurs années. Je suis
étonné de cette fin rapide ; je n’ai même pas dit bonsoir à Seth. Je me
demande déjà si nous devons poser des questions qui nous semblent
intéressantes pour les autres, ou seulement celles qui nous viennent
spontanément.
Jane reprend le plan que Seth nous a donné pour son livre, dans la
session 510, le 19 janvier 1970. Un chapitre de questions-réponses y est
bien entendu inclus. Je l’avais oublié. Sans savoir pourquoi, cela me met
mal à l’aise ; je me dis peut-être que ce n’est pas une bonne idée
d’interrompre le rythme du livre de cette façon.
Jane a cessé de lire le livre de Seth depuis la session 521, chapitre 4 ;
malgré quelques tentations, elle a toujours eu le sentiment qu’il valait
mieux qu’elle ne s’en occupe pas. Il nous semble que le fait qu’elle ne l’ait
pas lu ne l’empêche pas de formuler des questions. Elle a bien sûr eu des
contacts avec le livre, en plus des souvenirs imparfaits qu’elle en garde. Je
lui ai donné deux brefs passages à lire pour son cours de perception
extrasensorielle. Récemment, elle a discuté du livre avec Patty Middleton ;
et je lui en ai parlé de temps en temps, mais sans me reporter aux pages
dactylographiées.
Une heure après la fin de la session, nous avons une liste de quinze
questions. Nous en ferons une plus longue pour la session du lundi 5 avril.)
CHAPITRE 20

Questions et réponses

SESSION 578
LUNDI 5 AVRIL 1971

(Comme Seth nous l’a demandé la dernière fois, j’ai rédigé une liste de
questions pour ce chapitre. Elle n’est pas complète mais comprend tout de
même cinquante-deux questions sur cinq pages dactylographiées. Une
bonne partie vient de moi mais j’en ai aussi parlé avec Jane. La liste
comprend des questions très intéressantes posées par Sue Watkins ; nous les
avions mises de côté avec des questions nées de sessions plus anciennes. Il
nous semble que toutes ces questions ont en commun une qualité
intemporelle.
Dans la journée, j’ai dit à Jane que je craignais que les questions ne
soient pas représentatives du livre ; il faudrait faire une étude approfondie
de chaque chapitre pour en établir une liste vraiment pertinente. Bien sûr,
nous ne l’avons pas fait – par manque de temps, mais aussi parce Jane
préfère ne pas s’impliquer au niveau conscient. Il ne nous reste qu’à
espérer que cette liste intuitive soit adéquate.
Nous nous installons pour la session à 21h00, comme presque toujours,
mais Seth n’apparaît pas avec sa ponctualité habituelle. Comme le temps
passe, Jane dit qu’elle est un peu tendue à cause des questions ; elle les a
lues après le dîner. La session se tient dans mon atelier, pour plus
d’intimité. Enfin, Jane enlève ses lunettes.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Avec humour.) Commencez donc votre fameuse liste de questions.
(« D’abord, je vais vous lire le petit paragraphe d’introduction :
“Certaines des questions renvoient peut-être à des sujets que vous avez
l’intention d’aborder dans les chapitres à venir. Si c’est le cas, dites-le-nous
et nous les mettrons de côté.” »)
Je n’y manquerai pas.
(« D’accord. Voici la première question : vous avez dit que vous nous
parleriez du troisième Christ. Et aussi, avons-nous besoin d’en savoir plus
sur les deux autres personnalités qui appartiennent à l’entité du Christ : le
Christ lui-même, et Jean-Baptiste ? »)
Laissez de côté les questions religieuses pour l’instant.
(« Est-ce que cela inclut également les données concernant les
Parleurs ? » J’ai l’intention de poser plusieurs questions sur les Parleurs.)
Non – seulement les questions sur les religions du monde, et celles qui
concernent le troisième Christ ou autres sujets du même ordre.
(« Très bien. Deuxième question : est-ce que Jane disait vrai lorsqu’elle
a déclaré, en parlant pour vous, qu’il y a eu des millions de Parleurs ? Ou
est-ce que c’est une information erronée ? » Voir la session 568, chapitre
17.)
Ce n’était pas erroné. Les dons des Parleurs sont en rapport avec leur
caractère ; certains ont plus de facultés que d’autres, mais ils jouent tous un
rôle dans la communication des données internes. Certains Parleurs sont
beaucoup plus accomplis que d’autres, selon vos critères. Aussi le nombre
de Parleurs véritablement majeurs est-il bien inférieur à ce nombre.
Il a existé moins de trente grands Parleurs. Accordez-nous un peu de
temps.
(Une pause à 21h35. Le débit de Jane est assez lent.) L’entité du Christ
en était un. Le Bouddha en était un autre. Ces Parleurs sont aussi actifs
lorsqu’ils sont non physiques que lorsqu’ils sont physiques. L’entité du
Christ a eu de nombreuses réincarnations avant l’émergence de la
« personnalité » du Christ telle que vous la connaissez ; même chose pour le
Bouddha.
Les plus grands Parleurs ne font pas que traduire et communiquer des
données internes : ils vont également beaucoup plus loin dans ces champs
internes de réalité que ceux qui sont connectés à votre système physique. Ils
enrichissent donc les données internes de base. Les plus grands Parleurs
n’ont pas eu besoin de la formation intensive qui est nécessaire pour la
plupart d’entre eux. Leurs caractéristiques se combinent d’une façon unique
qui rend cette formation superflue. (Une pause, parmi beaucoup d’autres.)
À un autre niveau, Emerson était un Parleur.
Un homme nommé Marbundu… (Selon mon interprétation phonétique.
« Pouvez-vous épeler ? »)
M-A-U-B-U-N-D-U, en Afrique, en 14 avant J.-C. Les Parleurs sont
particulièrement actifs dans tous les aspects de l’existence, qu’elle soit
physique ou non, durant le sommeil ou l’état de veille, entre les vies ou à
d’autres niveaux de réalité. Tout comme certaines données physiques
s’accrochent à la structure génétique, ce savoir interne est codifié, quelles
que soient les structures psychologiques habitées par les Parleurs ; mais il
leur est beaucoup plus accessible qu’à d’autres personnalités. Pourtant, il
faut souvent des points de déclenchement pour libérer ce savoir. Ceux-ci
peuvent intervenir dans l’état réveillé comme dans le rêve ; ils ouvrent les
réservoirs de la connaissance et donnent accès à la formation passée.
Je sais que l’une de vos questions concerne un premier Parleur.
(« En effet. Quatrième question : est-il possible de nommer ou de décrire
un premier Parleur ? »)
Maintenant. À proprement parler, il n’y a pas eu de premier Parleur.
Imaginez que vous vouliez être dans dix endroits en même temps, et que
vous envoyiez réellement une portion de vous-même à chacun de ces dix
endroits. Imaginez que vous puissiez vous éparpiller dans ces dix
directions, et que chacune des dix portions demeure consciente et alerte.
Vous – qui êtes les dix vous – auriez connaissance de l’existence dans
chacun de ces dix endroits. Il serait impossible de dire lequel des dix est
arrivé le premier ; on pourrait seulement dire que tout a commencé avec le
premier qui a décidé de visiter ces dix lieux. Il en va de même avec les
Parleurs qui, de la même façon, ne tirent pas leur origine des lieux ou des
époques dans lesquels ils peuvent apparaître.
Avez-vous d’autres questions sur les Parleurs ?
(« Cela m’amène à la troisième question, à laquelle vous avez commencé
à répondre : quelle est la source des données des Parleurs, de quand
datent-elles ? »)
La source originelle des données des Parleurs est la connaissance interne
de la nature de la réalité, qui se trouve dans chaque individu. Les Parleurs
doivent conserver ce savoir vivant, en termes physiques, pour que les
hommes ne l’enterrent pas en eux, pour qu’il soit au contraire porté à
l’attention du moi conscient.
En d’autres termes, ils disent les secrets intérieurs. Dans certaines
civilisations, nous l’avons vu, ils ont joué un rôle pratique important. Par
moments, ils avaient un accès continu à ce savoir, et leur ego en avait
conscience. C’est à ce moment-là qu’il était mémorisé, et les Parleurs
comprenaient que ce savoir était toujours disponible au niveau inconscient.
Ils l’ont toutefois imprimé dans le cerveau physique à l’aide de la
mémoire. Mais il y a toujours eu pour eux, comme c’est le cas aujourd’hui,
une grande interaction entre l’existence intérieure et l’existence extérieure.
Le savoir valide obtenu dans l’état de rêve était mémorisé le matin venu.
Un Parleur pouvait entendre en rêve les leçons d’un autre Parleur ; ils se
communiquaient aussi les données physiques pertinentes par le rêve ; et ces
deux états étaient largement utilisés. (Une pause.)
Avez-vous d’autres questions sur les Parleurs ?
(« Cinquième question : est-ce que certains des apôtres étaient des
Parleurs ? »)
Je réserve cette question pour le chapitre religieux. Elle sera plus facile à
traiter.
(Sixième question : est-ce que les Parleurs peuvent travailler avec nous
quand ils sont entre des vies physiques ? »)
Je crois avoir déjà répondu.
(« Effectivement. » Voir les données de 21h35. J’étais tellement occupé à
écrire que je ne me suis pas rendu compte que la question était déjà
traitée.)
Ils le peuvent – et ils le font. Vous êtes tous les deux formés par d’autres
Parleurs, qui se trouvent eux-mêmes entre les vies ; cela se produit dans vos
rêves. Les Parleurs eux-mêmes atteignent évidemment différents degrés
d’efficacité.
(Bien entendu, les données ci-dessus font naître d’autres questions ; par
exemple, qui s’occupe de notre formation ? Avons-nous connu ces
personnalités dans des vies passées ? etc. Ne sachant que demander, je ne
pose aucune question.)
La majeure partie de leur travail se fait à partir d’un état non physique ;
les existences terrestres sont un peu comme d’importantes expéditions sur
le terrain.
(« Septième question : allez-vous parler de Seth 2 dans ce livre ? »)
Absolument. Mais nous allons laisser cela pour l’instant.
(Ici se produit entre Seth et moi un échange pour lequel je n’ai pas à
prendre de notes. Seth dit que ce chapitre sert à changer le rythme des
longs passages contenus dans le livre. Il est aussi conçu pour que le lecteur
pense à ses propres questions. « Alors, je suppose que vous voudrez
attendre également pour la huitième question : êtes-vous un médium pour
Seth 2 ?)
Plus tard également.
(« Onzième question : dans le chapitre 17, vous avez dit que Jane aurait
besoin d’une formation plus importante pour pouvoir fournir le manuscrit
d’un Parleur et que, de toute façon, le travail nécessaire pourrait prendre
cinq ans. De quel type de formation s’agit-il ? »)
Je parlais spécifiquement de ce que vous appelleriez un ancien manuscrit
de Parleur, et je pensais que c’était à cela que vous faisiez allusion.
(« En effet. »)
Une grande partie des expressions et des mots employés ne serait pas
familière à Ruburt, même si on en faisait une traduction à partir des langues
d’origine. Il y a même une différence dans certains concepts de base. Pour
conserver une pureté de traduction, il faudrait une formation dans différents
types de perceptions internes. Quelques-unes de ces langues se fondaient
davantage sur les images que sur les mots. Pour certaines d’entre elles, les
symboles avaient des significations multidimensionnelles. Livrer ces
informations par le biais de Ruburt représenterait une tâche énorme, mais
réalisable. Des mots étaient fréquemment dissimulés derrière des images, et
des images derrière des mots. Nous parlons de manuscrits, mais la plupart
d’entre eux n’étaient pas écrits.
Certains l’ont été, mais à des dates bien postérieures, et il en existe des
fragments sous terre et dans des cavernes – en Australie, dans certaines
parties de l’Afrique et dans une région des Pyrénées.
Maintenant, je vous suggère de faire une pause.
(22h12. Le rythme de Jane s’est beaucoup accéléré, comme si elle avait
perdu une sorte de nervosité. Elle dit qu’à présent le format question-
réponse ne lui pose plus de problème. Moi non plus. L’atelier s’est
nettement refroidi. Jane dit qu’elle ne l’a pas senti pendant la transe mais
que maintenant elle a froid.
Je lui dis que la question suivante est la neuvième. Il s’agit des
perceptions de Seth lorsqu’il parle à travers elle ; c’est une question
inspirée par la session du cours de perception extrasensorielle du 9 février
1971 ; des passages en sont donnés dans la session 575, chapitre 19. Entre-
temps, je pense à une autre question concernant les Parleurs, et je l’écris.
Reprise à 22h40.)
Maintenant, à laquelle des deux questions voulez-vous que je réponde en
premier ?
(« Appelons-la onze-a. Ne pourrait-on pas dire que ces sessions sont des
formations de Parleurs pour Jane et pour moi, à un niveau conscient ? »)
En effet, il s’agit de reconnaître consciemment le savoir interne. Au
moment de la mort, lorsqu’un individu en arrive à sa dernière vie physique,
selon vos termes (Une pause), toutes les parties de sa personnalité le
connaissent. La personnalité n’est pas jetée, bon gré mal gré, dans une autre
existence terrestre, comme cela peut être le cas autrement.
Les parties conscientes du moi, celles qui sont orientées vers le monde
physique, prennent connaissance du savoir interne. Dans une certaine
mesure, la réalité de la pensée est perçue de façon consciente comme
l’élément novateur derrière la matière physique. Un individu de ce type
peut alors comprendre la nature des hallucinations au moment de la mort et
entrer, de manière pleinement consciente, dans le plan d’existence suivant.
Le savoir devenu conscient est alors transmis à d’autres, là où il peut être
reconnu et appliqué de manière physique.
Maintenant, passons à la question suivante.
(« Neuvième question : vous nous avez dit que vous alliez préciser ce que
vous percevez lorsque vous parlez par Jane dans une pièce pleine de gens.
Dans une session du cours, vous nous avez dit que vous entriez vous-même
en transe, et vous avez parlé de l’effort que vous devez fournir pour nous
voir spécifiquement dans notre temps et notre espace. »)
Je perçois les gens dans une pièce autrement que comme ils se perçoivent
eux-mêmes ; leurs différentes personnalités réincarnées, passées et futures,
me sont perceptibles (mais pas leurs moi probables).
Je « vois » les aspects réincarnés, les différentes manifestations saisies de
ce point de vue. Selon vos termes, c’est comme voir des images qui défilent
rapidement et qui représentent différentes poses d’une seule personnalité. Je
dois me souvenir, dans toutes les communications avec ceux qui se trouvent
dans la pièce, de me focaliser sur le « moi présent » réincarné spécifique, et
de limiter mes remarques à cet aspect.
C’est moi qui voit cette image composite. Elle n’est pas enregistrée par
les yeux de Ruburt (Une pause), qui n’ont pas la profondeur de perception
multidimensionnelle nécessaire. Je vois cette image composite clairement,
que je regarde ou non par les yeux de Ruburt. J’utilise ses yeux parce qu’ils
réduisent pour moi le champ focal au seul moi « présent » dont l’individu se
rend compte.
Communiquer avec votre système de cette manière exige beaucoup de
soin et encore plus de discernement, selon la « distance » entre le
communicant et le système physique. En ce qui me concerne, par exemple,
ma base se trouve en dehors du système physique. Il faut du discernement
et de la précision pour entrer dans votre réalité au moment adéquat, au point
exact du temps et de l’espace sur lequel vous êtes concentrés.
L’expérience passée et future de ceux qui se trouvent dans la pièce m’est
accessible, et elle est aussi réelle que leur expérience présente. Je dois donc
me souvenir de ce qui, selon eux, s’est déjà passé ou ne s’est pas encore
passé, car pour moi, c’est tout un. Cependant, ces schémas d’activité sont
aussi en perpétuel changement. Je dis, par exemple, que je perçois leurs
actions ou leurs pensées passées et futures ; mais en réalité, je perçois des
schémas constamment changeants, à la fois dans le futur et dans le passé.
(23h00.) Certains des évènements que je vois très clairement liés à ces
personnes dans le futur peuvent ne pas se produire dans votre système
physique. Ils existent comme probabilités, comme potentiels réalisés en
pensées, mais non comme forme physique définitive. Je vous ai dit
qu’aucun évènement n’est prédéterminé. Il faudrait que je me connecte
avec une date future, selon vos termes, et que j’explore toutes ses
ramifications pour voir, parmi toutes les actions probables que j’ai vues
plus tôt chez vous, lesquelles se réalisent chez vous plus tard.
Les méthodes de communication peuvent varier considérablement. À
bien des égards, une personnalité fondée sur la réalité physique – entre les
vies par exemple – trouverait l’entrée plus facile. Mais le savoir qu’elle
pourrait donner serait également limité en raison de son expérience. Or je
me souviens de l’existence physique, ce qui m’aide à traduire
automatiquement vos données mentales en forme physique. Je perçois les
objets, par exemple. Utiliser les mécanismes de Ruburt m’aide aussi
beaucoup. Par moments, je vois la pièce et les gens comme il les voit, ou
plutôt comme ses mécanismes perceptifs les voient.
Dans ce cas, je lis ou je traduis ces données, et je les utilise comme vous
pourriez utiliser les données d’un ordinateur. Est-ce que cela répond à votre
question ?
(« Tout à fait. »)
Je suis prêt pour la suivante.
(« Dixième question : allez-vous nous parler de la façon dont vous avez
contacté Jane avant que ces sessions commencent ? »)
J’en ai déjà un peu parlé dans un chapitre précédent. Une bonne partie de
sa formation, en tant que Jane, s’est produite dans l’état de rêve. Il y a eu de
fréquentes projections hors du corps, pendant lesquelles elle assistait à des
cours donnés initialement par différents Parleurs. Le savoir obtenu a
souvent été transmis aux couches conscientes par le biais de la poésie. (Une
longue pause à 23h15.)
Il y a eu une formation concentrée qui lui a permis de se focaliser vers
l’intérieur ; et un environnement extérieur qui l’a obligée à chercher des
réponses intérieures, ainsi qu’une forte structure religieuse dans laquelle la
croissance initiale a pu se produire. Cela suffit.
(Une longue pause, pendant que je relis les trois questions suivantes :
douze, treize et quatorze.)
S’il s’agit du matériau réincarnationnel, laissez-les de côté pour l’instant.
(C’est le cas. Je passe à la question dix-neuf, que je n’ai presque pas pris
la peine d’écrire. « Est-ce que vous vous intéressez à la perception de nos
vies quotidiennes lorsque vous ne parlez pas par Jane ? Cela vous est-il
possible ? »)
Je ne fais pas une pratique de l’observation. Nous sommes cependant
connectés dans un ensemble psychologique changeant, et je me rends donc
compte de n’importe lequel de vos sentiments intenses ou de toute réaction
forte de votre part. Cela ne veut pas dire que je me rende nécessairement
compte de tous les évènements de vos vies, ni que j’entre toujours dans le
détail des sentiments que je reçois de vous.
(Une pause à 23h25.) En général, j’ai conscience de la condition dans
laquelle vous vous trouvez. Si quelque chose énerve Ruburt, il m’envoie
automatiquement des messages à ce sujet. J’ai connaissance, dans les
limites indiquées, des évènements futurs dans vos vies. (Une pause.) Je me
préoccupe beaucoup plus de votre vitalité spirituelle d’ensemble que de ce
que vous avez pris au petit déjeuner.
Je pense que cela suffit pour cette question.
(« D’accord. C’était très intéressant. Je ne sais pas s’il faut faire une
pause ou finir la session. »)
Je traiterai probablement ensemble les questions sur l’évolution et sur les
fragments ; et je suggère de les garder pour la prochaine fois. Vous pouvez
terminer la session ou faire une pause, comme vous préférez.
(« Je le regrette, mais je pense qu’on ferait mieux d’arrêter. »)
Il y a eu de bonnes questions, comme je savais qu’il y en aurait.
(« Elles m’inquiétaient un peu. »)
J’espère que vous êtes rassuré.
(« Oui, je suis content. »)
Mes pensées les plus cordiales, et un très chaleureux bonsoir.
(« Merci beaucoup, Seth, et bonne nuit. » 23h30.)

SESSION 580
LUNDI 12 AVRIL 1971

(21h13. La session 579, mercredi dernier, a été consacrée à un couple


qui a un gros problème avec l’un de ses enfants. Ils vivent dans un autre
État et nous ne nous sommes jamais vus. Nous avons appris par la suite que
le matériau de Seth leur a été très utile.
Avant la session, j’aborde avec Jane deux questions auxquelles j’espère
que Seth va répondre. Nous voudrions aussi du matériau personnel. La
session se déroule à nouveau dans mon atelier.
« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Voulez-vous commencer par des questions ou par du
matériau personnel ?
(« Par une question ? »)
Alors donnez-la-moi.
(« Question numéro vingt : si tout existe maintenant, ou en même temps,
comment peut-il y avoir ajout par création et expansion constante ? Ou,
pour dire les choses autrement : si nous sommes constamment en train de
créer, comment Tout-ce-qui-est peut-il exister de façon complète
maintenant ? »)
Tout-ce-qui-est n’est ni fait ni achevé.
(Une longue pause. Le débit de Jane est tour à tour rapide et lent.)
Toute ce qui existe dans votre système tridimensionnel se produit
simultanément. Chaque action crée d’autres possibilités ou d’autres actions
issues de l’énergie infinie de l’univers, qui n’est lui-même jamais en repos.
La réponse, c’est que le tout est davantage que la somme de ses parties.
(Une pause.)
Tout-ce-qui-est se crée lui-même simultanément et sans fin. C’est
seulement dans votre cadre de référence particulier qu’il semble y avoir
contradiction entre une action simultanée et une action sans fin. Cela tient
principalement aux déformations nécessairement issues de votre concept de
temps et de l’idée de durée ; car la durée présuppose pour vous l’existence
continue au sein d’un cadre temporel – ce qui prédispose aux
commencements et aux fins.
L’expérience qui existe en dehors de ce cadre de référence ne dépend pas
de la durée, selon vos termes. Il n’existe pas de « fin parfaite », ou de
perfection complète, au-delà de laquelle la poursuite de l’expérience serait
impossible ou non signifiante. (Une longue pause.) Tout-ce-qui-est est une
source d’action simultanée, inachevée et infinie. Tout se passe en même
temps, et il n’y a pourtant ni début ni fin, selon vos termes ; rien n’est donc
achevé, en vos termes, à aucun moment.
(21h25.) Votre idée de développement et de croissance, encore une fois,
implique une marche linéaire vers la perfection ; il vous est donc difficile
d’imaginer le type d’ordre qui règne. En définitive, un Dieu – ou Tout-ce-
qui-est – complet ou achevé finirait par étouffer sa création. Car la
perfection présuppose un point au-delà duquel le développement est
impossible, où la créativité arrive à son terme.
Ce serait un ordre dans lequel régnerait la prédestination, où chaque
partie s’imbriquerait dans les autres selon un ordre précis, sans liberté de
changer le schéma donné. Il y a un ordre mais, au sein de cet ordre, il y a
aussi une liberté – la liberté de créer, caractéristique de Tout-ce-qui-est, qui
garantit son devenir infini.
Or il y a, dans ce devenir infini, des états que vous appelleriez accomplis,
mais si la capacité de création reposait en eux, toute l’expérience serait
destinée à s’immobiliser. Cette grande complexité n’a cependant rien de
compliqué ; elle a la simplicité d’une graine.
(21h32.) Tout-ce-qui-est est inépuisable. L’infini repose au sein de
l’action simultanée, d’une façon que vous ne pouvez pas comprendre à
présent.
Accordez-nous un instant. (Une longue pause.) Tout-ce-qui-est est vivant
dans la plus petite partie de soi-même, conscient par exemple au sein de la
molécule. Il confère à chacune de ses parties – de ses créations – ses
propres facultés, qui agissent ensuite comme l’inspiration, l’impulsion, le
principe selon lequel ces parties cherchent alors à se créer elles-mêmes, à
créer leurs propres mondes, leurs propres systèmes. Tout cela est donné
librement.
(Une longue pause à 21h37.) Ces facultés et ces pouvoirs sont utilisés par
ces créations de différentes manières. Dans votre cas, le genre humain
utilise ses dons pour former sa réalité. Il est en train d’apprendre à les
utiliser efficacement et à bon escient. Il les utilise pour exister. Ils forment
la base de sa réalité. Au sein de ce cadre, individuellement et dans
l’ensemble, le genre humain peut donner l’impression de faire des erreurs,
de s’infliger la maladie, la mort ou la désolation, mais il utilise néanmoins
ces facultés pour créer un monde.
Il apprend à mieux utiliser ces facultés en observant ses créations. Il juge
sa progression interne en voyant la matérialisation physique de son
travail. Ce travail, cette réalité, est un accomplissement créatif, même s’il
peut à tout instant, selon vos termes, représenter une tragédie ou une terreur
indicible.
(« Justement, vous m’amenez à la question numéro vingt et un : comment
expliquez-vous la douleur et la souffrance dans le monde ? » Beaucoup de
gens ont posé cette question.
21h43.) Je l’explique, en effet. Un grand tableau représentant une
bataille, par exemple, démontre les capacités du peintre alors même qu’il
projette dans tout leur drame les conditions inhumaines – et pourtant
tellement humaines – de la guerre. L’artiste utilise ses facultés. De la même
manière, l’homme utilise ses facultés, et elles sont manifestes lorsqu’il crée
une vraie guerre.
L’artiste qui peint ce genre de scène peut le faire pour plusieurs raisons :
en représentant cette inhumanité, il espère peut-être éveiller l’esprit des
gens et les faire changer ; c’est peut-être parce qu’il ressent lui-même un tel
malaise et un tel trouble qu’il oriente ses facultés de cette manière ; ou il
peut aussi être fasciné par la question de la destruction et de la créativité –
par le fait d’utiliser la créativité pour représenter la destruction.
Dans le cas de vos guerres, vous utilisez la créativité pour créer de la
destruction, mais vous ne pouvez pas vous empêcher d’être créatifs.
(21h48.) La maladie et la souffrance ne vous sont pas infligées par Dieu,
par Tout-ce-qui-est, ou par un agent extérieur. Ce sont les produits dérivés
d’un processus d’apprentissage que vous avez créé, et qui est parfaitement
neutre en lui-même. D’ailleurs, votre existence elle-même, votre planète,
l’ensemble de l’existence dans laquelle vous faites ces expériences, c’est
encore vous qui les créez, en utilisant ces mêmes facultés.
La maladie et la souffrance se produisent lorsque l’énergie créative est
mal dirigée. Elles font toutefois partie de la force de création. Elles
proviennent de la même source que la santé et la vitalité. La souffrance
n’est pas bonne pour l’âme, sauf si elle apprend à ne plus souffrir. C’est là
son but.
Au sein de votre plan d’activité particulier, et pour parler de façon
pratique, personne ne peut utiliser pleinement ou complètement toute
l’énergie qui est disponible, ou matérialiser complètement l’identité interne,
qui est multidimensionnelle. Mais au bout du compte, l’identité interne est
la référence qui vous permet de juger vos actions physiques. Vous aspirez à
exprimer le mieux possible le potentiel entier qui est en vous.
(21h58.) Dans ce cadre, il est possible d’avoir un esprit sain et sensé dans
un corps sain, sur une planète sensée. La quantité d’énergie créatrice mise
en œuvre simplement pour maintenir votre planète et votre existence est
impossible à concevoir. L’immense énergie dont vous disposez vous donne
une grande liberté d’action.
J’ai déjà dit que, dans votre système, chacun apprend à gérer cette
énergie créative ; et comme vous êtes encore dans ce processus
d’apprentissage, cette énergie est souvent mal dirigée. Les nœuds qui en
résultent dans différentes activités vous renvoient automatiquement aux
questions internes.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(22h02. C’est la fin du matériau sur le livre de Seth. Le reste de la
session est pris par du matériau personnel. Fin à 23h06.)
SESSION 581
MERCREDI 14 AVRIL 1971

(21h16. Mardi soir, le 8 avril, Jane et moi avons reçu la visite de trois
femmes venues de Rochester, dans l’État de New York. Elles voulaient
parler du livre de Jane, The Seth Material. Elles m’ont aussi donné
plusieurs questions pour Seth, s’il veut bien y répondre. Jane et moi les
parcourons rapidement avant la session. )
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous pourrions commencer par la première question dont
vous parliez.
(De la part de M. H. Sa question s’appuie sur une théorie dont j’ai
entendu parler par ailleurs : une équipe de scientifiques a postulé
l’existence d’une classe de particules subatomiques appelées tachyons ou
métaparticules, qui se déplacent toujours plus vite que la lumière.
Selon la théorie de la relativité, aucune particule ne peut être accélérée à
la vitesse de la lumière, parce que sa masse deviendrait infiniment grande à
l’approche de cette vitesse ; mais on contourne cet obstacle en affirmant
que les particules en question ont une masse propre imaginaire – et non une
masse de repos – qui n’est jamais inférieure à la vitesse de la lumière. M.
H. demande donc : « Ces particules plus rapides que la lumière sont-elles
apparentées ou identiques à l’énergie électromagnétique ou aux unités EE
dont Seth parle dans l’appendice de The Seth Material ? »)
Nous avons vu qu’il existe de nombreux degrés de la matière ou de la
forme que vous ne percevez pas. Une bonne partie des particules qui
appartiennent à ces constructions se déplacent plus vite, selon vos termes,
que votre lumière.
Votre lumière, encore une fois, ne représente qu’une partie d’un spectre
beaucoup plus large ; et lorsque vos scientifiques étudient les propriétés de
la lumière, ils ne peuvent que l’examiner telle qu’elle s’introduit dans le
système tridimensionnel. La même chose s’applique bien sûr à la structure
de la matière et de la forme.
Il existe en effet des univers composés de ces molécules plus rapides que
la lumière. Certains d’entre eux partagent le même espace, selon vos
termes, que votre univers. Vous ne percevez tout simplement pas ces
particules en tant que masse. Si elles sont suffisamment ralenties, vous les
percevez en tant que matière.
Certaines de ces particules modifient leur vitesse de manière radicale ;
elles apparaissent parfois à votre vitesse relativement lente, en général de
façon cyclique. Le vortex interne de certaines de ces particules a une
vélocité beaucoup plus grande que les parties en orbite. Quant aux unités
EE, elles sont formées spontanément à partir de la réalité électromagnétique
des sentiments émis par toute conscience, de la même façon que, par
exemple, le souffle sort automatiquement du corps physique.
(21h27.) Les unités EE sont donc des émanations de la conscience.
L’intensité de la pensée ou de l’émotion détermine les caractéristiques de
ces unités. Lorsque certains niveaux sont atteints, elles sont propulsées dans
la réalisation physique. Que cela se produise ou non, selon vos termes, elles
existent en tant que petites particules de matière – comme, disons, de la
matière latente ou de la pseudo-matière.
Certaines de ces particules tombent dans la catégorie « plus rapides que
la lumière » et ont une vitalité perceptible dans ce cadre. Ces particules plus
rapides que la lumière existent donc, bien sûr, dans leur propre type de
forme. Il existe une grande variété d’unités de ce genre à de nombreux
niveaux, toutes au-delà de votre perception. Mais amalgamer ainsi ces
particules donne une idée fausse, car il règne dans tout ceci un grand ordre.
(21h33.) Vous n’ignorez pas totalement l’existence de certaines de ces
unités, bien que vous n’en fassiez pas l’expérience en tant que masse. Vous
en interprétez certaines comme des évènements, des évènements oniriques,
ou de prétendues hallucinations ; et parfois, vous interprétez certains
niveaux de ces unités comme mouvement dans le temps.
Elles émettent toutes des reflets, des « conditions atmosphériques » qui
colorent les évènements physiques que vous connaissez. Certains de vos
sentiments sont projetés dans une réalité au sein de ces systèmes et, dans ce
cadre, ils adoptent leur masse et leur forme propres. Pour créer et entretenir
votre réalité normale, vous focalisez votre conscience réveillée quotidienne
de manière à ce qu’elle soit efficace dans les niveaux concernés. Les idées
et les sentiments que vous voulez rendre physiques portent en eux les
mécanismes qui les mettent au niveau adéquat, à l’intérieur du champ
électromagnétique nécessaire au développement physique.
(Une pause à 21h40.) Cependant votre conscience est également équipée
pour créer des réalités dans d’autres champs. Or, dans certaines expériences
du rêve ou de sortie du corps, votre conscience elle-même se déplace plus
vite que la lumière et, dans certaines conditions, vous percevez certaines de
ces formes de « masse ou matière. »
Les unités EE sont tout simplement des formes naissantes de réalité : des
semences nées automatiquement, adaptées à différents environnements,
dont certaines apparaissent dans le cadre physique et d’autres ne se
conforment pas du tout à ses conditions préalables. Or certains systèmes de
réalité sont « liés » à des centres de particules plus rapides que la lumière.
Ces particules commencent à ralentir de façon rythmique à proximité de la
périphérie, sur de vastes étendues, selon vos termes, jusqu’à ce qu’en réalité
les particules extérieures plus lentes emprisonnent, en quelque sorte, les
masses du centre, qui se déplacent beaucoup plus vite, mais dans une zone
restreinte.
(21h45.) Le comportement de ces unités, comme vous pouvez maintenant
le voir, forme le camouflage particulier à n’importe quel système, tandis
que l’activité périphérique crée effectivement l’identité interne et la limite
externe. Ce sont là des variations, de manière générale et pour simplifier, de
la matière que vous connaissez. La même chose s’applique cependant à la
matière négative, ou antimatière, que vous ne percevez pas. Mais les
graduations d’activité dans ces systèmes sont tout aussi diversifiées.
Fondamentalement, toutefois, aucun système n’est clos. L’énergie coule
librement de l’un à l’autre, ou plutôt les imbibe tous. C’est seulement la
structure du camouflage qui donne l’impression de système clos ; et la loi
de l’inertie n’est pas applicable. C’est seulement à l’intérieur de votre cadre
qu’elle semble une réalité, en raison de votre focalisation restreinte.
Or la durée et la relative stabilité de cette « matière » dans d’autres
systèmes varient considérablement, et c’est l’intensité qui détermine la
force de toutes ces manifestations. Les unités EE invisibles forment votre
matière physique et représentent les unités essentielles, fondamentales, d’où
surgit n’importe quelle particule physique.
(21h52.) Cela n’est pas perçu physiquement. Vous n’en voyez que le
résultat. Comme la conscience peut voyager plus vite que la lumière, elle
peut, quand elle n’est pas emprisonnée par les particules plus lentes du
corps, percevoir certaines de ces autres réalités. Sans formation, elle ne
saura cependant pas comment interpréter ce qu’elle voit. Le cerveau
physique est le mécanisme par lequel la pensée ou l’émotion se forme
automatiquement en unités EE, d’intensité et de niveau adéquats pour être
utilisés par l’organisme physique.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(21h56. Le débit de Jane a été tour à tour rapide et lent, mais sa transe a
été profonde. Quand je lui dis que ce matériau répond parfaitement à la
question, elle dit : « Tout ce que je sais, c’est que j’étais très loin… »
Une remarque au sujet des phénomènes plus rapides que la lumière. Le
dimanche suivant, un grand journal new-yorkais rapporte que des
astronomes ont observé deux éléments d’un quasar s’éloignant
apparemment l’un de l’autre, à une vitesse dix fois supérieure à celle de la
lumière. C’est une découverte stupéfiante, impossible selon les lois de la
physique.
Les quasars – sources radiales quasi stellaires – sont des sources de
lumière et d’ondes radio extraordinairement puissantes. La plupart des
scientifiques pensent qu’ils existent aux confins de notre univers
observable. Si c’est le cas, ils sont si éloignés que leur énergie met des
milliards d’années à nous parvenir. Reprise à 22h20.)
Ces unités EE sont donc le matériau de construction de la matière. Vous
pouvez continuer avec une autre question.
(« Question vingt-trois : êtes-vous en contact avec d’autres humains, ou
parlez-vous par eux, comme vous le faites avec Jane ? »)
Non. Mais comme je l’ai déjà mentionné dans ce livre, j’ai certains
contacts dans d’autres niveaux de réalité.
(Seth fait une pause, et je lui pose une deuxième question de M. H. : « La
sensation du toucher vibratoire interne est-elle apparentée à la lecture de
l’aura(4) ? »)
Non. Le toucher vibratoire interne est une expérience beaucoup plus
personnelle, qui se rapproche plus de la sensation de « devenir une partie »
de ce que vous percevez que de la lecture d’une aura. (Une pause.
« Prêt pour la question suivante ? »)
Je l’attends.
(« Question vingt-quatre : arrive-t-il que Jane vous empêche de
communiquer ? »)
À plusieurs reprises, j’ai indiqué ma disponibilité, dans des circonstances
particulières. J’en savais plus que Ruburt sur ces circonstances. Certaines
de ces occasions sont intervenues assez tôt dans nos sessions, lorsque
Ruburt s’inquiétait des transes spontanées ; après lui avoir manifesté ma
présence, j’ai donc acquiescé à sa décision de l’époque. Il est arrivé en
quelques occasions que les conditions soient mauvaises. En général, Ruburt
y réagissait négativement de son côté – c’est-à-dire que l’interférence
représentait une difficulté dans sa situation plutôt que dans la mienne.
(Seth nous a dit, il y a longtemps, qu’il avait une personnalité-fragment
de chien encore sur Terre. Il ne nous a cependant pas dit où il se trouvait.
« Question vingt-cinq : avez-vous encore des fragments physiques de
quelque type que ce soit ici sur Terre ? »)
Plus maintenant. Mon chien est mort.
(« Question vingt-six : les animaux sont-ils des fragments d’êtres
humains ? »
Sourire.) C’est une bonne question, et vous feriez bien de m’accorder un
instant pour que j’y réponde clairement.
(22h30.) D’une certaine façon, vous êtes des fragments de votre propre
entité. Vous vous considérez pourtant comme tout à fait autonomes, et non
comme des moi rejetés, de seconde main ; de la même façon, les chiens et
les autres animaux ne sont pas simplement des manifestations de l’énergie
psychique errante des êtres humains.
Le degré de conscience de soi des animaux varie, tout comme celui des
gens. Mais la conscience qui est en eux est aussi valide et éternelle que la
vôtre. Rien n’empêche une personnalité d’investir une partie de sa propre
énergie dans une forme animale. Ce n’est pas une transmigration d’âmes.
Cela ne signifie pas qu’un homme puisse être réincarné en animal. Cela
signifie que les personnalités peuvent envoyer une partie de leur énergie
dans différents types de forme.
(22h35.) Mettons que les réincarnations soient terminées pour un
individu donné, mais qu’il ressente encore un désir pour la Terre naturelle
dans laquelle il a été si souvent impliqué. Il peut alors projeter un fragment
de sa conscience dans une forme animale. Lorsque cela se produit, il perçoit
la Terre comme la forme en question a l’habitude de la percevoir. Un
homme n’est donc pas un animal, et il n’envahit pas non plus le corps d’un
animal.
Il ne fait qu’ajouter une partie de son énergie à celle qui est présente dans
l’animal, il mêle cette vitalité à celle de l’animal. Cela ne veut pas dire que
tous les animaux sont des fragments de ce type. Les animaux, comme le
savent ceux qui ont des animaux domestiques, ont leur personnalité et leurs
caractéristiques, leur manière individuelle de percevoir la réalité qui leur est
accessible. Certains dévorent l’expérience. Leur conscience peut être
démesurément renforcée au contact d’humains bienveillants, et leur
implication affective dans la vie est alors fortement développée.
Les mécanismes de la conscience sont les mêmes ; ils ne sont pas
différents pour les animaux ou pour les hommes. Il n’y a donc pas de
limites au développement de la conscience individuelle, ni à la croissance
d’une identité. Dans le corps aussi bien qu’en dehors de lui, la conscience
trouve son rang, son niveau. Un chien n’est donc pas contraint d’être un
chien dans d’autres existences.
Encore une fois, pour qu’une identité puisse manier un organisme
physique complexe, il lui faut un certain niveau de conscience, un certain
type de connaissance, une compréhension de la façon dont l’énergie
s’organise.
(22h45.) Comme vous le savez, la conscience a une forte tendance à
maintenir son individualité tout en se joignant à des ensembles aux formes
changeantes. Après la mort, la conscience d’un animal peut former ce genre
d’ensembles avec d’autres consciences du même type ; les facultés sont
mises en commun et cette coopération permet, par exemple, un changement
d’espèce.
Dans ce cas comme dans d’autres, l’individualité innée n’est cependant
pas perdue ; elle demeure imprimée de façon indélébile. Par sa nature
même, la conscience doit changer et les identités doivent donc changer
aussi – non pas en s’effaçant mutuellement, mais en s’appuyant les unes
aux autres, chaque pas étant maintenu et non pas rejeté.
Dans cette interrelation, chaque pas, c’est-à-dire chaque identité, est
démesurément enrichi par la perception des autres, qui s’ajoute à la sienne.
Comme je l’ai dit, les pensées contiennent leur propre réalité
électromagnétique ; elles ont une forme, que vous la perceviez ou non. Avec
chaque pensée, vous envoyez donc à l’extérieur de vous-mêmes des
silhouettes et des images qui peuvent être des réalités tout à fait légitimes
pour ceux qui se trouvent dans le système de réalité où elles sont
propulsées.
De la même façon, les personnalités d’autres systèmes peuvent envoyer
leur énergie dans le vôtre. Comme ces évènements ne prennent pas
naissance dans votre système, vous ne comprenez pas leur sens.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(22h54. La transe de Jane a de nouveau été bonne, et son débit variable.
C’est la fin du matériau du livre de Seth pour ce soir. Le reste de la session
est consacré à d’autres personnes ou à nous-mêmes. Fin à 23h20.)

SESSION 582
LUNDI 19 AVRIL 1971

(21h20. Avant la session, nous lisons une lettre reçue par Jane le 16 mars
1971, en provenance de Mme R., dont le fils a disparu le 28 juin 1970. Jane
lui a écrit le 4 avril en promettant de lui donner bientôt des informations.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Commencez votre programme. Qu’avez-vous pour moi en
premier ?
(« Si vous répondiez d’abord à la lettre de Mme R. ? » En tant que Seth,
Jane se penche pour prendre la lettre.)
Donnez-la-moi. Maintenant. Accordez-nous un instant.
(Les yeux fermés, Jane se penche en arrière dans son fauteuil à bascule,
la lettre pliée dans la main.)
Ce garçon a été dans différents endroits. Il a fait un séjour, un court
séjour, dans un hôpital. Il semble avoir eu quelques difficultés avec un
poumon, ou avec les deux. Je pense qu’il a été à Detroit. (Une pause.) Ainsi
que dans l’Etat de Floride, non loin d’une petite ville dont le nom
commence par un P, un nom assez long.
La Californie était également très présente dans son esprit. Trente-six.
(Une pause.) Il a eu un travail, dans ce qui semble être une usine, dans un
cadre assez sombre, avec des rangées de ce que je suppose être des
machines, et de grandes fenêtres traitées de manière à ce que la lumière du
jour n’y pénètre pas.
Cette usine, ou cet endroit, était situé à moitié en dessous du niveau du
sol. Le prénom Georges y est attaché. Un ami, peut-être. De plus, il a
envoyé un télégramme à quelqu’un, me semble-t-il, ou il va en envoyer un à
sa mère.
Il y a un lien avec deux jeunes femmes. (Une longue pause.) Mais sa
mère va recevoir de ses nouvelles. C’est tout ce que j’ai pour l’instant.
(Ces données sont livrées avec un débit rapide. Nous n’avons aucun
moyen de connaître la longueur de la réponse de Seth à une question
comme celle de Mme R. Quelle que soit sa longueur – une, cinq ou dix
pages – nous en envoyons une copie au correspondant dès que j’ai
dactylographié la session. Nous demandons une réponse, pour voir s’il est
possible de corroborer le matériau. Dans ce cas précis, nous n’avons pas
eu de nouvelles de Mme R.)
Nous allons essayer de donner une explication à votre question
concernant la nature de l’évolution.
(Question vingt-sept : l’évolution, telle qu’elle est communément conçue,
est-elle un fait ou représente-t-elle une déformation complète ?
Concernant cette question, voici ce que Seth avait à dire sur Charles
Darwin et sa théorie de l’évolution, huit jours plus tard, pendant le cours
de perception extrasensorielle :
« Il a passé ses dernières années à en apporter la preuve, et pourtant elle
n’a aucune validité réelle. Elle n’a de validité que dans des perspectives très
limitées ; c’est la conscience, en effet, qui fait évoluer la forme. La forme
ne fait pas évoluer la conscience. Toutes les consciences existent en même
temps ; la conscience n’a donc pas évolué de cette façon. Tout dépend du
moment où vous arrivez dans l’image, de la partie de la pièce que vous
choisissez d’observer et du rôle que vous décidez d’y jouer. Mais c’est
plutôt le phénomène inverse, car la conscience évoluée se forme elle-même
en de multiples schémas et retombe en pluie sur la réalité. La conscience
n’est pas issue de molécules et d’atomes éparpillés au hasard dans l’univers,
ou dans plusieurs univers. La conscience n’est pas arrivée parce que la
matière inerte aurait tout à coup jailli en activité et en chant. La conscience
a existé en premier, et elle a fait évoluer la forme dans laquelle elle a
ensuite commencé à se manifester.
« D’ailleurs, si vous aviez tous fait vraiment attention à ce que j’ai dit
depuis un certain temps concernant la nature simultanée du temps et de
l’existence, vous sauriez que la théorie de l’évolution est un conte aussi
beau que la théorie de la création dans la Bible. Les deux sont tout à fait
commodes, ils permettent de raconter une histoire ; ils peuvent sembler
cohérents à l’intérieur de leur propre système mais, par des aspects
beaucoup plus importants, ils ne peuvent pas être des réalités… Non :
aucune forme de matière, si puissante soit-elle, et quelles que soient les
bribes de matière qui viennent s’y ajouter, ne peut évoluer d’elle-même vers
la conscience. Sans la conscience, la matière ne serait pas en train de flotter
dans l’univers, en attendant un autre composant qui lui donne réalité,
conscience, existence ou chant. »
Un membre du cours : « Tout morceau de matière a déjà de la
conscience ? »
« En effet, et la conscience est apparue en premier. Vous avez tout à fait
raison. (Sourire.) Il y a là matière à réflexion. »
(21h30.) Au risque de vraiment me répéter, permettez-moi d’affirmer
que, fondamentalement, le temps que vous connaissez n’existe pas, et que
toutes les créations sont simultanées. (Amusé.) Voilà qui doit répondre à
votre question.
(« J’y ai déjà pensé. » Comme je l’ai dit à Jane pendant notre première
pause, savoir que le temps est simultané est parfois confondant, en
particulier quand on se pose un certain type de questions ; le savoir répond
partiellement à la question, mais nous voulons que le reste de la question
soit envisagé.)
Nous allons développer.
(« Très bien. »)
Tous les âges de la Terre, à la fois passés et présents, selon vos termes,
existent, tout comme les âges futurs. Maintenant. Vous pouvez faire de ce
maintenant un MAINTENANT capital. Certaines formes de vie se
développent dans ce que vous concevez comme le temps présent. Elles
n’apparaîtront pas physiquement tant que vous n’aurez pas atteint votre
temps futur. Vous me suivez ?
(« Oui. »)
Cependant, elles existent maintenant, aussi certainement que, disons, les
dinosaures. C’est seulement que vous choisissez de focaliser votre attention
sur un champ très précis de coordonnées spatio-temporelles que vous
acceptez comme réalité présente, et que vous vous coupez de tous les
autres. Les formes physiques complexes ne résultent pas spécifiquement de
formes antérieures plus simples. Plus largement, elles existent toutes en
même temps.
D’un autre côté, des organisations de conscience plus complexes sont
nécessaires pour former des structures physiques plus complexes, pour
y pénétrer et pour leur donner vie. Toute structure est formée par la
conscience. Défini selon vos termes, un fragment est une conscience
moins développée que la vôtre. Les parties vivantes de la nature sont le
résultat de votre propre créativité, des projections et des fragments de
votre propre énergie ; l’énergie vient à vous à partir de Tout-ce-qui-est, et
repart de vous en formant ses propres manifestations en images, tout
comme vous formez les vôtres.
(Une pause à 21h42.) Comme vous ne percevez pas le futur et que vous
ne comprenez pas que la vie se répand dans toutes les directions, il semble
logique de supposer que les formes présentes doivent se fonder sur les
formes passées. Vous fermez les yeux sur tout indice ne soutenant pas cette
théorie. (Chaleureusement, avec le sourire.) Et, bien sûr, je ne parle pas de
vous personnellement, Joseph.
Il n’existe pas de développement linéaire unique, autrement dit. Bien
entendu, les éléments fragmentaires dirigés par vous, en tant qu’espèce,
vers l’extérieur, enrichissent également votre réalité physique, car sans cette
coopération, sans le maintien de cet équilibre subtil, votre type particulier
d’environnement ne serait pas possible.
Je vous ai souvent dit que vous vous infligez une grave injustice dans
votre conception du moi. Votre identité et votre sentiment de liberté, de
pouvoir et d’amour seraient décuplés si vous arriviez à comprendre que ce
que vous êtes ne s’arrête pas à la frontière de votre peau, mais continue à
l’extérieur, dans l’environnement physique qui vous semble impersonnel.
Biologiquement, il devrait être facile de comprendre que vous êtes une
partie de la Terre et de tout ce qu’elle contient. Vous êtes faits des mêmes
éléments, vous respirez le même air. Vous ne pouvez pas garder l’air que
vous inspirez et dire : « Ceci est moi-même, rempli de cet air. Je ne le
laisserai pas s’échapper » ; vous vous rendriez bien vite compte que vous
n’avez pas cette indépendance.
Vous êtes biologiquement et chimiquement connectés à la Terre que vous
connaissez ; mais comme elle est également formée de façon naturelle et
spontanée à partir de votre propre énergie psychique projetée, comme vous
entretenez une interaction psychique avec les saisons mêmes, le moi doit
être compris dans un contexte beaucoup plus large. Ce contexte vous
permettrait de partager des expériences de vie avec d’autres formes, de
suivre des schémas d’énergie et d’émotion que vous concevez à peine, et de
ressentir une conscience du monde dans laquelle vous avez votre propre
rôle indépendant.
Vous pouvez faire une pause.
(21h54. Je dis à Jane qu’elle a donné cette excellente réponse à ma
question à un rythme beaucoup plus rapide. Reprise à 22h04.)
J’en ai terminé avec cette question, vous pouvez continuer.
(« Question vingt-huit : ai-je peint des portraits de Parleurs ? »)
Absolument. L’un d’eux est un tableau acheté par Carl et Sue Watkins (et
que nous appelons Moïse, à moitié par plaisanterie) ; mon portrait en est un
autre (Une pause) ; et il y en a encore un, que vous n’avez pas achevé, et
dont le Doyen (nom affectueux donné par Seth à Tom M., l’un des membre
du cours de perception extrasensorielle) s’est récemment enquis, un portrait
de femme. Et votre homme bleu. (Une pause.) Voilà votre réponse.
(Dans le chapitre 17, Seth nous a dit que nous avions tous les deux été
Parleurs. Comme je n’ai jamais peint d’autoportrait, je n’aurais de toute
façon pas été inclus dans la liste, mais Seth n’a pas mentionné le portrait
que j’ai fait de Jane. Je ne l’ai pas remarqué et ne lui ai donc pas posé la
question…
Quand Seth me dit que j’ai fait le portrait d’un Parleur, je traduis cela de
la manière suivante : je me suis connecté à l’une des nombreuses
personnalités qui constituent l’entité de ce Parleur.
Depuis le début de nos sessions, j’ai commencé une série de portraits de
personnes que je ne « connais » pas consciemment. J’ai d’abord mal
compris les sources possibles de mon inspiration ; j’ai simplement suivi
mon envie de les réaliser. Les sujets me « viennent » spontanément quand je
suis mentalement occupé à autre chose. J’en suis toujours étonné. J’en ai
parfois une vision nette, très clairement objectivée, toute en couleurs. Cette
vision est soit celle du tableau achevé, soit celle de l’individu à mettre en
portrait. À plusieurs occasions, j’ai « su » que le sujet était mort.
Naturellement, peu de tableaux sont des portraits de Parleurs ; je ne me
suis jamais rendu compte que je travaillais avec ce type de personnalité.
Je viens d’achever l’homme bleu dont parle Seth. J’ai peint un homme
habillé de vêtements modernes mais, selon un Seth amusé, le sujet est en
réalité une femme extralucide qui a vécu à Constantinople au XIVe siècle ;
des déformations inconscientes de mes propres perceptions m’ont amené à
une silhouette d’homme. Seth lui donne le nom d’Ianodiala. Cette peinture
à l’huile, très réussie, est en bleu et vert.
Je ne soupçonnais absolument pas l’existence de ces sources
d’inspiration au cours de mes premières années. Je crois maintenant
qu’elles sont en général présentes à des niveaux inconscients. J’aimerais
voir d’autres gens cultiver ce genre de visions et de perceptions, dans une
démarche volontaire et consciente, pour étendre autant que possible les
potentiels de l’acte de création. Il me semble que les avantages en seraient
nombreux. Il y a beaucoup à apprendre dans ce domaine.
« Voulez-vous à présent traiter la question des manuscrits de la mer
Morte et de Yahoshua ? » Cela renvoie à une lettre que Jane a reçue le 12
avril à propos des données de Seth sur le troisième Christ, dans The Seth
Material.)
Nous allons réserver cela à notre chapitre religieux. Nous y répondrons
également à vos autres questions relatives au sujet.
(« Question cinquante-deux : dans la session 429, le 14 août 1968, vous
avez dit : “De même, les minutes et les heures ont leur propre conscience.”
Vous n’avez pas développé. »
Sourire.) Et à présent, vous voulez que je développe.
(« Je ne sais pas. Je me demande si la question n’est pas trop complexe
pour une réponse brève. »)
Accordez-nous un instant. (Une pause.) Ce que vous percevez comme du
temps est une partie d’autres évènements qui font irruption dans votre
propre système, et qui sont souvent interprétés comme un déplacement dans
l’espace ou comme quelque chose qui sépare les évènements – sinon dans
l’espace, au moins d’une manière qu’il est impossible de définir sans
utiliser le concept de temps.
Ce qui sépare les évènements n’est pas le temps, mais votre perception.
Vous percevez les évènements « un à la fois ». Le temps, tel qu’il vous
apparaît, est en réalité une organisation psychique de l’expérience. La fin et
le début apparents d’un évènement, la naissance et la mort apparentes sont
simplement d’autres dimensions de l’expérience, tout comme, par exemple,
la hauteur, la largeur ou le poids. Vous avez l’impression d’avancer vers une
fin, alors qu’une fin fait partie d’une expérience particulière ou, si vous
préférez, d’un évènement-personne.
(22h26.) Nous parlons donc de réalité multidimensionnelle. L’ensemble
du moi – l’entité, l’âme – ne peut jamais être complètement matérialisé
dans une forme tridimensionnelle. Une partie de l’entité peut cependant être
projetée dans cette dimension, s’étendre ainsi sur plusieurs années dans le
temps, prendre une certaine quantité d’espace, etc.
L’entité voit l’évènement dans son ensemble, l’évènement-personne dans
son ensemble, et l’élément temporel, c’est-à-dire l’âge, selon vos termes,
n’en est qu’une caractéristique ou une dimension particulière. L’évènement-
personne n’est cependant pas séparé. C’est simplement que sa réalité plus
vaste ne peut pas apparaître en trois dimensions. Au contraire, elle est
composée d’atomes et de molécules que vous ne percevez pas, à la fois au-
dessus et en dessous du champ physique d’intensité – et tous, à leur
manière, possèdent la conscience.
En termes plus larges, les secondes et les instants n’existent pas non plus,
mais la réalité qui se trouve derrière le temps – ou derrière ce que vous
percevez comme du temps –, les évènements « hors du temps », sont
composés d’unités qui ont également leur propre type de conscience. Ces
unités forment ce qui vous apparaît comme du temps, de même que les
atomes et les molécules forment ce qui vous apparaît comme de l’espace.
(Une pause.)
Or ces unités se déplacent plus vite que la lumière ; ce sont d’excellentes
sources d’énergie qui font irruption dans la matière et influent sur elle sans
jamais se matérialiser. Elles sont interprétées différemment dans d’autres
systèmes. Voilà la fin. (Sourire.
22h35. C’est-à-dire la fin de la dictée. En fait, c’est une pause. Seth finit
la session par plusieurs pages de matériau traitant d’autres sujets. Fin à
23h10.)

SESSION 583
MERCREDI 21 AVRIL 1971
(21h30. Hier soir, mardi, je suis allé me coucher pendant que Jane tenait
son cours de perception extrasensorielle dans le salon. Il était environ
23h30. Tout en somnolant, je me suis fait la suggestion de me souvenir de
mes rêves au matin et de les écrire. Curieusement, je ne me suis pas
suggéré de « projection astrale ».
J’ai assez mal dormi et je me suis réveillé plusieurs fois pendant que le
cours se poursuivait. Finalement, je me suis confusément rendu compte que
j’entendais les voitures des membres du cours sortir du parking à côté de la
maison. Puis je me suis rendormi. Jane m’a dit plus tard qu’elle est venue
se coucher à 0h45.
D’un seul coup, je me suis retrouvé flottant dans l’air de notre salle de
bains, en pleine obscurité. J’étais sans corps, et cela ne me troublait pas le
moins du monde.
La salle de bains est située au milieu de notre appartement ; le salon se
trouve d’un côté, la chambre et l’atelier, de l’autre. Pour que notre chat
Willy ne vienne pas dans notre lit la nuit, nous le mettons dans le salon et
nous fermons la porte de ce côté-là de la salle de bains. Je me retrouve
maintenant en suspension devant cette porte fermée, incapable de la
franchir.
Je ne ressens aucune panique, aucune crainte. Mes yeux astraux
fonctionnent. Une faible lueur passe à travers une fenêtre entrouverte à ma
droite. La porte est dans l’ombre, mais je sais que je me trouve devant elle.
Bien que mon corps soit étendu, endormi à côté de Jane dans la chambre
« derrière » moi, je ne suis pas inquiet. Je ne me rends d’abord pas compte
que je suis en train de projeter, et je n’ai pas la présence d’esprit, disons, de
me donner l’ordre de passer dans le salon en traversant la porte. Mais le
fait que je suis hors de mon corps, dans cet état d’apesanteur agréable,
m’apparaît peu à peu de façon claire. Je ne me souviens pas d’avoir
réellement quitté mon corps ni d’être entré dans la salle de bains.
C’est la première fois qu’aucun élément de crainte n’est présent dans
l’une de mes projections, d’ailleurs assez rares. Je crois cependant que ma
conscience ordinaire, selon laquelle on ne peut pas passer à travers les
portes, me retient. Je m’endors à nouveau brièvement, après m’être heurté
à cette impasse de la porte fermée. À nouveau conscient, à l’évidence
quelques instants plus tard, je me retrouve en train de flotter juste au-dessus
de mon corps physique étendu sur le lit.
Il se trouve que je suis en train de dormir sur le dos, les bras le long du
corps. Mon corps astral se trouve à peu près dans la même position,
environ quinze centimètres plus haut. Mon état est remarquablement stable
et agréable : je me sens éveillé, conscient de ce qui m’arrive, tout à fait
libre et sans poids. Je m’entends ronfler, sans y faire particulièrement
attention. Je sais que je ne suis pas en train de rêver. Je me rappelle même
avoir lu que lorsqu’on se projette, on sent la différence entre cet état et
celui du rêve. Je peux immédiatement le confirmer. Je suis très content.
J’ai un autre type de vision, cette fois. J’ai particulièrement conscience
de mes jambes, suspendues au-dessus de mes jambes physiques. Je prends
un grand plaisir à les bouger, à les secouer, à éprouver l’incroyable
sentiment de liberté et de légèreté qu’elles possèdent. Je sais que mes
jambes physiques ne peuvent pas bouger aussi librement, bien qu’elles
aillent très bien. Mes jambes astrales sont aussi détendues et flexibles que
du caoutchouc et, de ma position étendue, je peux voir qu’elles ont la
couleur de la lumière, qu’elles sont translucides à partir des genoux !
Mon état de projection semble si fiable que je commence à me dire qu’il
offre toutes sortes de possibilités. Encore une fois, je ne ressens aucune
crainte, rien que de la confiance. Je me dis que c’est l’occasion de faire
quelque chose. C’est le moment de me lancer dans une aventure, et je suis
partant pour n’importe laquelle : visiter une autre réalité, plonger à travers
la porte du salon, aller me promener dans la rue devant la maison…
Pendant tout ce temps, Jane reste étendue à côté de moi. Elle me dira
plus tard que je ronflais fort quand elle est allée se coucher. Mon attention
commence maintenant à changer de direction ; pour la première fois, je
m’entends réellement moi-même. Je suis stupéfait de l’intensité des sons qui
sortent de ma bouche, juste en dessous de « moi ». Je ne pourrais pas en
faire autant si j’étais réveillé.
Je fais sans succès plusieurs tentatives tout à fait conscientes pour « me
mettre en route » et voyager loin de mon corps. Mes efforts ne mettent pas
un terme à la projection ; je continue simplement à flotter sur place. Puis
me vient une idée : je vais utiliser le son de mes ronflements comme une
impulsion pour m’envoyer moi-même voler dans d’autres dimensions, en
laissant mon corps loin derrière moi sur le lit.
Je commence délibérément à ronfler plus fort, si c’est possible. Je veux
lancer une forte impulsion sonore et l’utiliser comme propulsion, bien que
je ne sache pas vraiment comment cela peut marcher. Ce qui est étrange,
c’est que je profite à la fois du sentiment d’être étendu juste au-dessus de
mon corps physique et de ma capacité à lui faire produire du son. Cela
suppose une conscience duelle, puisque j’ai conscience des deux corps à la
fois.
Ou bien mon ronflement augmente vraiment, ou bien je me focalise sur
lui ; en tout cas, mon idée ne fonctionne pas. Je ne sais pas si j’aurais fini
par réussir à partir, car Jane me dit soudain : « Chéri, tu ronfles. Tourne-
toi », comme elle le fait d’habitude quand elle est fatiguée de m’entendre.
Je l’entends distinctement. J’arrête de ronfler d’un coup, mais sans bouger.
Je ne me souviens pas d’avoir rejoint mon corps physique. Je finis par la
secouer doucement et je lui raconte avec effort ce dont je me souviens. Elle
trouve que je parle comme si j’étais encore en transe.
J’ai l’impression de pouvoir projeter à nouveau, je continue donc à
essayer tandis que Jane reste étendue en silence à côté de moi. Je n’y
parviens pas, bien que l’aura très agréable qui entoure toute la scène
persiste de façon certaine. La projection, si modeste soit-elle, m’a semblé si
simple et si naturelle que je me demande pourquoi ce n’est pas une chose
courante. Je sais, durant tout ce temps, que toutes sortes de choses sont
possibles au-delà de ce que je réussis à accomplir – et que, juste au-delà de
mes capacités du moment, se trouvent des possibilités merveilleuses, si
seulement j’arrivais à briser cette… barrière. À aucun moment je n’éprouve
le moindre sentiment d’inquiétude ; à aucun moment je ne vois ni ne sens la
« corde astrale en argent ». Je finis par m’endormir.
Cette expérience fait surgir deux questions que j’ajoute à la liste du
chapitre 20 : 1) ma projection a été très plaisante, mais elle contenait
surtout des potentiels qui me font me demander pourquoi l’homme
occidental ne se rend pas davantage compte de ces facultés. 2) pourquoi ne
les cultive-t-il pas, pourquoi n’en fait-il pas usage ? J’espère que Seth en
parlera ce soir.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Et félicitations.
(« Merci. »)
Ceci pour vous : vous avez tenté l’expérience quand vous l’avez fait, car
vous aviez alors, pour ainsi dire, un joker dans votre manche ; au cas où
vous auriez pris peur, vous saviez très bien que Ruburt allait venir se
coucher. Mais vous étiez prêt à essayer, et vous avez choisi un
environnement plaisant, une méthode simple et tranquille pour faciliter
l’expérience et vous familiariser avec la sensation avant d’en faire quoi que
ce soit de trop aventureux.
(« Est-ce que j’ai essayé avant que Jane vienne se coucher ? »)
Non. Vous aviez commencé vos tentatives auparavant, mais vous n’avez
pas réussi avant que Jane vienne se coucher. Le sentiment du temps
lorsqu’on est hors du corps peut être tout à fait différent de celui ressenti par
le corps. Vous saviez qu’avec une expérience réussie vous seriez beaucoup
plus libre, et vous avez donc choisi les circonstances les plus favorables.
Vous auriez effectivement pu quitter l’appartement. Les ronflements
étaient également censés être un signal pour Ruburt. Vous saviez qu’il allait
vous réveiller. C’était là votre motivation initiale. Si l’expérience ne vous
avait pas plu, voyez-vous, elle se serait terminée. Dans le même temps,
néanmoins, vous étiez ravi et vous avez décidé que le bruit serait un
propulseur, mais la réaction habituelle de Ruburt aux ronflements s’est
interposée.
Un certain nombre d’expériences de ce type devrait maintenant vous
revenir.
(Nous sommes le samedi 25 avril au moment où je tape cette session à la
machine, à partir de mes notes. Depuis le 21 avril, j’attends en vain une
autre projection. Une autre fois, j’ai eu une assez courte sortie du corps qui
a été suivie, sur une période de près de deux semaines, par une série de
projections incomplètes ou d’expériences oniriques contenant des éléments
déformés de ce type. Étrangement, on pourrait employer ici l’image de
l’onde de choc qui suit un tremblement de terre…)
Maintenant, pour répondre à vos questions : l’homme occidental a choisi
de focaliser son énergie vers l’extérieur et d’ignorer largement les réalités
intérieures. Certains aspects socioculturels, et même religieux, inhibent
automatiquement ces expériences dès l’enfance. Il n’y a absolument aucun
bénéfice social à tirer de ces projections dans votre société, et beaucoup de
tabous leur sont attachés.
(21h40.) C’est, bien entendu, le choix de ceux qui vivent dans cette
civilisation. Il y a aussi des équilibres qui interviennent avant que la
modération et la compréhension soient atteintes. Certaines personnalités
choisissent d’être réincarnées dans des sociétés orientées vers l’extériorité
en compensation de vies vécues dans une grande concentration vers
l’intérieur, avec très peu de maniement physique. L’homme apprend, voyez-
vous, que la réalité interne et la réalité externe doivent toutes deux être
comprises et utilisées de façon constructive.
Les projections interviennent bien sûr constamment dans le rêve, qu’on
s’en souvienne ou non. On s’en souvient s’il y a une bonne raison de s’en
souvenir, s’il y a un mérite ou un accomplissement évident à en tirer,
comme c’est le cas dans les sociétés où l’on valorise le fait d’utiliser les
rêves et les projections.
Si vous êtes en train de vivre une vie dans laquelle vous avez choisi de
mettre l’accent sur le déplacement physique, par exemple, vous pouvez
recevoir, par de vagues souvenirs de rêves où vous volez, l’inspiration
nécessaire pour, mettons, inventer des avions ou des navettes spatiales ;
mais si vous comprenez effectivement le fait que votre propre conscience
peut réellement voyager hors du corps, l’impulsion vers les développements
physiques de la locomotion ne sera pas du tout aussi intense.
Maintenant. Quelles questions avez-vous ?
(« Question cinquante-trois : dans la session 429, le 14 août 1968, vous
avez dit que certaines personnalités peuvent faire partie de plus d’une
entité. »)
J’en ai parlé plusieurs fois. Il n’existe pas de frontières au moi, aucune
barrière à son développement. Une personnalité peut faire « initialement »
partie d’une entité donnée puis, de son propre chef, développer des intérêts
tout à fait différents. Elle peut prendre un chemin solitaire par elle-même,
ou au contraire s’attacher à d’autres entités dont les intérêts sont semblables
aux siens, ou graviter autour d’elles. Le lien initial n’est pas rompu, mais
d’autres se créent et se forment.
(Une pause à 21h47. « Question quarante-six. Dans le chapitre 19 de
The Seth Material, vous avez donné une liste des sens internes. Y en a-t-il
d’autres ? »)
Oui, en effet. Mais ils sont liés à des expériences que vous ne rencontrez
pas normalement dans votre système particulier, qui restent latentes. (Une
pause.)
À peu près toute cellule a la faculté de croître en n’importe quel organe
donné, ou de former n’importe quelle partie du corps. Elle a la capacité de
développer des organes sensoriels qui, dans la pratique, ne se développent
pas si cette cellule devient une partie d’une épaule ou d’un genou, mais la
capacité est là. Cela s’applique non seulement à votre propre espèce mais,
dans bien des cas, entre espèces, et il existe dans toute matière vivante des
unités fondamentales capables de former la vie aussi bien animale que
végétale, et de développer les mécanismes perceptifs inhérents à toutes ces
formes de vie.
Il vous est donc théoriquement possible de voir le monde par les yeux
d’une grenouille, d’un oiseau ou d’une fourmi. Nous parlons ici de sens
physiques. Le moi interne possède également des sens internes latents, en
plus de ceux qu’il utilise normalement lorsque la conscience est orientée sur
un système de camouflage particulier.
Mais certains de ces sens sont inexprimables en termes physiques et
seules des comparaisons permettent d’évoquer leur nature. Il n’est pas
nécessaire d’en parler dans ce livre. Ils auraient leur place dans un livre
consacré aux méthodes de perception interne.
(« Question cinquante-cinq : cette question naît de la réponse que vous
avez donnée à la onzième question, lorsque je vous ai demandé quelle
formation serait nécessaire pour que Jane puisse livrer le manuscrit d’un
ancien Parleur. Vous avez dit que certains de ces langages incluaient des
images et des symboles. Avec votre aide, pendant qu’elle est en transe, Jane
pourrait-elle faire des dessins de quelques mots-images ou symboles ? Je
suis juste curieux de voir si elle pourrait livrer une approximation de l’un
des langages des Parleurs. »)
Ce serait possible.
(« Ce serait très intéressant. » Seth fait une pause, et je demande :
« Peut-elle essayer maintenant ? »)
Ce n’est pas le moment. (Une pause.) Il existe entre ces images beaucoup
de connexions internes déformées. Certains hiéroglyphes et certains
symboles ont été utilisés par la civilisation Mû.
Je suggère une pause pendant que vous vous occupez de vos questions.
(« D’accord. »
22h00. Jane et moi passons en revue certaines des questions qui restent,
mais elle a l’air fatiguée et je suggère de terminer cette partie de la session.
La suite est consacrée à du matériau personnel. Fin à 22h58.)
SESSION 584
LUNDI 3 MAI 1971

(21h35. En dehors du cours de perception extrasensorielle, Jane s’est


reposée de son travail de médium la semaine dernière.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Je vais répondre aux questions qui ne concernent pas la réincarnation ou
la religion.
(Nous avons parlé de ces sujets juste avant la session, mais je n’avais
pas l’intention de les mentionner ce soir. « Question cinquante-huit : y a-t-il
d’autres lois de l’univers interne, à part celles que vous nous avez données
dans la session 50, le 4 mai 1964 ? »)
Il y en a d’autres, mais comme je ne les aborde pas dans ce livre, je vous
les donnerai une autre fois.
(Je pose la question parce qu’il me semble que la réponse de Seth à la
question quarante-six, dans la session précédente, se rapporte à l’une de
ces propositions : « La loi de la transmutation et du changement infini. » Vu
sa réponse, je ne poursuis pas.
« Question quarante-quatre : si vous n’aviez pas pu parler par Jane,
auriez-vous essayé de parler par quelqu’un d’autre – ou bien le faites-vous,
d’une manière ou d’une autre ? »)
J’ai parlé par d’autres. Les préparatifs « cette fois-ci » étaient déjà faits,
voyez-vous. Il est vrai que Ruburt n’était pas obligée d’accepter cet
arrangement. Dans ce cas, le matériau aurait été donné d’une autre façon.
Je n’aurais pas parlé comme je le fais, car ce travail requiert des
caractéristiques spécifiques et un certain rapport avec la personnalité
concernée. Le matériau aurait pu être fourni d’une manière beaucoup plus
simple à travers quelqu’un d’autre, mais je le voulais aussi peu déformé,
aussi dimensionnel que possible. Si Ruburt n’avait pas été disponible, le
matériau aurait été donné à un Parleur, vivant selon vos termes, et impliqué
lui aussi dans le champ de la création.
Il n’existe personne d’autre, vivant actuellement dans votre système, avec
qui j’aie eu un fort rapport dans le passé, à part vous-mêmes. Un Parleur de
ce type aurait reçu l’information en large partie dans l’état de rêve, et
l’aurait rédigée sous la forme d’une série de traités et de fictions.
Si Ruburt n’avait pas accepté, il est plus que probable qu’il aurait choisi
une autre vie pour poursuivre cette tâche, et dans ce cas, j’aurais attendu.
Mais la décision a toujours été de son ressort ; s’il n’avait pas accepté du
tout, d’autres dispositions auraient été prises.
(S’adressant à moi.) Or vous avez perçu très tôt votre rôle dans ces
sessions et dans notre travail. L’un des tableaux que vous avez faits il y a
des années augurait clairement le développement de vos capacités
psychiques. C’est celui que vous avez vendu, celui de l’homme qui a été
accroché un certain temps à l’endroit où se trouve maintenant mon portrait.
C’était un portrait de Joseph ; en d’autres termes, de votre propre identité
interne, telle que vous la perceviez intuitivement à cette époque. Vous ne
vous rendiez pas compte de ce lien de façon consciente, mais vous vous
rendiez bien compte de l’impact important de ce tableau.
(Je sais de quel tableau il s’agit, bien sûr. Je l’ai peint en Floride en
1954, avant notre mariage. J’en ai des photos, et j’ai l’intention de le
refaire un jour. Bien sûr, je ne ferai que peindre une nouvelle version du
sujet. Il serait impossible de le reproduire véritablement. Je n’ai pourtant
aucun regret de l’avoir vendu.)
Il représentait également votre insatisfaction créatrice, la portion de vous-
même qui est en quête, qui cherche une compréhension et une connaissance
plus abouties. La relation particulière qui existe entre vous et Ruburt était
elle aussi indispensable ; votre permission et votre accord ont donc
également été nécessaires.
Si vous étiez resté de votre côté, il n’y aurait pas eu de sessions. Vous
avez été connectés à la même entité, bien que vous vous en soyez détachés,
mais cette relation interne augmente le pouvoir disponible. Vous aidez le
circuit à se stabiliser, en quelque sorte. Vous avez également fourni une
énergie, une impulsion initiale qui ont aidé celle de Ruburt.
Ce travail ne nécessite pas seulement le choix d’un individu ; c’est une
entreprise dans laquelle de nombreux éléments entrent en ligne de compte.
Il était connu, par exemple, que Ruburt aurait besoin de votre soutien, tout
comme il était connu que ce travail lui-même serait bénéfique pour vos
capacités de création.
Tout cela a été décidé par vous deux et par moi, avant que vous
commenciez cette vie particulière. Même le questionnement intellectuel de
Jane et son hésitation parfois profonde étaient connus à l’avance ; ils ont été
adaptés pour faire avancer le travail en question.
Il ne fallait pas donner cette information à des « croyants-nés », mais à
des personnes intelligentes, et à un « médium » qui remette en question ces
informations non seulement pour lui-même, mais pour tous ceux qui
partagent le même type de questionnement. Au fur et à mesure qu’il
comprend davantage et qu’il continue à se développer, Ruburt triomphe
donc non seulement pour lui-même, mais pour tous ceux qui suivent son
entreprise. Mais nous voulions également un équilibre, et vous êtes
l’homme qui a intuitivement reconnu la valeur du savoir interne et
l’importance de ce matériau, alors que ces idées ne vous étaient pas
familières.
(22h00.) Il va sans dire qu’à des niveaux beaucoup plus profonds, il n’y a
aucune hésitation de la part de Ruburt, sinon ses facultés ne se seraient pas
développées de cette façon. Sa critique, au début, servait aussi à assurer à
l’ego, au cours de ses premières expériences, qu’il ne serait pas mis à l’écart
et ne souffrirait d’aucune manière.
Les caractéristiques requises pour la « médiumnité » sont très semblables
à celles dont a besoin toute personne douée d’une forte créativité. Un ego
qui apporte un soutien ferme est une nécessité, en particulier dans les stades
initiaux. Dans les périodes de graves perturbations de la personnalité qui
peuvent se produire en même temps que des périodes de grande créativité,
l’ego est terrifié par sa capacité de création et il craint d’être écrasé par elle.
Lorsque cela se produit, l’ego est trop rigide et ne grandit pas avec
l’expérience créatrice entière de la personnalité. Bien sûr, cela pourrait se
produire avec la médiumnité aussi bien qu’avec toute autre activité de ce
type. Dans ce cas précis, cependant, l’ego de Ruburt a progressivement
commencé à abandonner sa rigidité, dans un processus graduel qui a permis
à la personnalité tout entière, lui inclus, de s’étendre.
Fin de la dictée pour l’instant, et une remarque personnelle. Vous pouvez
voir en quoi les informations ci-dessus concordent avec Ruburt. L’idée de
relâcher l’armure musculaire, comme dans votre lecture actuelle, est bonne.
Vous pouvez faire une pause, puis nous reprendrons la session.
(22h09. La transe de Jane a été profonde et son débit rapide. Elle dit
qu’elle a pu voir très clairement le tableau de 1954 quand Seth en a parlé, y
compris son large cadre d’or vieilli. Elle avait oublié à quoi ressemblait le
cadre, me dit-elle, mais elle le décrit maintenant avec exactitude.
Naturellement, le tableau a été vendu avant que nous nous rendions compte
de son importance. C’était avant que les sessions commencent et avant
même que nous soupçonnions ce genre de possibilités. Le reste de la session
a été supprimé. Fin à 22h28.)
CHAPITRE 21

Le sens de la religion

SESSION 585
MERCREDI 12 MAI 1971

(21h35. Avant la session, Jane et moi revenons sur les questions qui
restent dans la liste préparée pour le chapitre 20. « J’espère que Seth va se
débarrasser des chapitres sur la religion et la réincarnation », dit-elle.
Nous savons depuis un certain temps que Jane est particulièrement sensible
à ces sujets, surtout la religion. Étant enfant, elle a reçu une éducation
rigoureuse dans ce domaine, puis a développé par elle-même un penchant
religieux très fort et très strict. Elle se rend bien compte que
l’environnement dans lequel on grandit laisse des traces, même si, en ce qui
la concerne, elle avait déjà tourné le dos à l’Église à l’âge de dix-neuf
ans…
Je suis un peu surpris que Seth commence le chapitre 21 ce soir, mais je
découvre vite qu’il ne met pas nos questions de côté. La session se déroule
à nouveau dans mon atelier ; comme il est petit, Jane décide de ne pas
fumer. Il a plu toute la journée, et il pleut encore.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Les questions portant sur la religion et la réincarnation vont
être traitées le moment venu, je l’ai dit. Je vais aussi m’occuper de
quelques-unes de vos autres questions au fil du texte. Nous allons donc
commencer le chapitre suivant, intitulé : « Le sens de la religion ».
Des prises de conscience intérieures ont toujours lieu au sein du moi
entier. Il existe en chaque personnalité une compréhension du sens de toute
existence. La connaissance de l’existence multidimensionnelle ne se situe
pas seulement à l’arrière-plan de votre activité consciente actuelle : chacun
sait en soi-même que sa vie consciente dépend d’une plus grande dimension
de réalisation. Cette dimension plus vaste ne peut pas se matérialiser dans
un système tridimensionnel ; mais la connaissance de cette dimension
déborde et s’écoule vers l’extérieur, à partir du cœur même de l’être ; elle
est projetée à l’extérieur et transforme tout ce qu’elle touche.
Ce débordement apporte à certains éléments du monde physique un éclat
et une intensité qui dépassent largement ce que l’on connaît d’ordinaire.
Ceux qui sont touchés par ce flot sont transformés, selon vos termes, en
quelque chose de supérieur à ce qu’ils étaient auparavant. La connaissance
intérieure tente de se faire une place dans le paysage physique, de se
traduire en termes physiques. Chacun possède donc ce savoir interne et,
dans une certaine mesure, chacun en cherche aussi la confirmation dans le
monde.
(Une pause à 21h45. Soit dit en passant, le paragraphe ci-dessus est une
excellente description des effets qui ont découlé de l’initiation médiumnique
de Jane en septembre 1963. Son expérience transcendantale l’a conduite à
écrire L’Univers physique en tant qu’idée construite – lequel, à son tour, l’a
mené à ces sessions. Voir son introduction à ce livre-ci.
Une remarque : je suis amusé à présent de voir Jane, en transe, allumer
une cigarette.)
Le monde extérieur est le reflet du monde intérieur, mais un reflet
imparfait. La connaissance interne peut être comparée à un livre sur sa
patrie d’origine qu’un voyageur emporterait avec lui dans un pays lointain.
Chacun naît avec le désir de faire en sorte que ces vérités deviennent réelles
pour lui ; et chacun voit pourtant une grande différence entre elles et
l’environnement dans lequel il vit.
Une pièce de théâtre se joue en chaque individu, une représentation
psychique qui finit par être projetée à l’extérieur, avec beaucoup de force,
dans le champ de l’histoire. La naissance des grands évènements religieux
émerge du drame religieux intérieur. D’une certaine manière, le drame est
un phénomène psychologique, car chaque moi orienté sur la réalité
physique se sent jeté seul dans un environnement étranger, dans l’ignorance
de ses origines, de sa destination, et des raisons mêmes de son existence.
C’est le dilemme de l’ego, en particulier dans ses premiers stades. Il
cherche des réponses à l’extérieur, parce que c’est là sa nature : manœuvrer
au sein de la réalité physique. Mais il sent également un lien profond et
constant, qu’il ne comprend pas, avec d’autres parties du moi qui ne
dépendent pas de lui. Il se rend compte que ce moi interne possède une
connaissance qui fonde sa propre existence.
En grandissant, selon vos termes, il cherche à l’extérieur la confirmation
de cette connaissance interne. Le moi interne apporte son soutien à l’ego. Il
forme ces vérités dans des données orientées sur le monde physique,
auxquelles l’ego peut réagir ; puis il les projette à l’extérieur, dans la zone
de la réalité physique. En voyant ces vérités se matérialiser, l’ego trouve
plus facile de les accepter.
Ainsi vous retrouvez-vous souvent avec des évènements dans lesquels
des individus sont tout à la fois touchés par l’illumination, isolés de la
masse de l’humanité et doués de grands pouvoirs – des périodes de
l’histoire qui semblent avoir un éclat quasi surnaturel par rapport à
d’autres ; avec des prophètes, des rois et des génies aux proportions plus
qu’humaines.
(22h00.) Or ces gens sont choisis par les autres pour manifester à
l’extérieur les vérités intérieures que tous connaissent intuitivement. Il y a
là plusieurs niveaux de signification. D’un côté, ces individus reçoivent de
leurs semblables ces pouvoirs et ces facultés surnaturelles, ils les
contiennent et les manifestent dans le monde physique pour que chacun
puisse les voir. Ils jouent le rôle du moi intérieur béni qui ne peut pas
fonctionner dans la réalité physique sans endosser la chair. Cependant, cette
énergie est une projection tout à fait valide du moi intérieur. (Une longue
pause.)
La personnalité touchée par ce pouvoir devient alors réellement, en
certains termes, ce qu’elle semble être. Elle émerge en héros éternel dans la
pièce religieuse extérieure, tout comme le moi interne est le héros éternel de
la pièce religieuse intérieure.
(22h08.) Cette projection mystique est une activité continue. Lorsque la
force d’une grande religion commence à décliner et que ses effets physiques
commencent à s’atténuer, la pièce interne recommence à s’accélérer. Les
plus grandes aspirations de l’homme sont donc projetées dans l’histoire
physique. Les pièces elles-mêmes diffèrent, mais souvenez-vous qu’elles se
construisent d’abord à l’intérieur.
Elles sont formées de façon à produire une impression sur les conditions
du monde à toute époque donnée ; elles s’expriment donc par les symboles
et les évènements les mieux à même d’impressionner les foules. Tout cela
est fait de façon très ingénieuse, car le moi interne sait exactement ce qui
impressionne l’ego, et quel type de personnalité est le mieux capable de
personnifier le message selon l’époque. Lorsqu’une personnalité de ce type
apparaît dans l’Histoire, elle est intuitivement reconnue, car la voie est
ouverte depuis longtemps, et dans bien des cas sa venue a été annoncée par
des prophéties.
Les individus ainsi choisis n’apparaissent pas de manière fortuite. Ils ne
sont pas choisis au hasard. Ils ont eux-mêmes choisi la responsabilité du
rôle en question. Une fois nés, ils se rendent plus ou moins compte de leur
destinée, et certaines expériences clés en font parfois remonter le plein
souvenir.
Ils jouent clairement le rôle de représentant humain de Tout-ce-qui-est.
Or, comme chaque individu fait partie de Tout-ce-qui-est, chacun d’entre
vous joue un peu ce rôle. Mais dans ces drames religieux (Une longue
pause), la personnalité principale a davantage conscience de sa
connaissance interne, elle se rend mieux compte de ses facultés et les utilise
mieux, elle exulte davantage dans le sentiment de sa familiarité avec
l’ensemble de la vie.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(22h25. Après cette pause, Jane-Seth livre cinq pages excellentes
concernant ma peinture et des sujets voisins. La session s’achève à 23h03.
Maintenant que Seth a commencé son chapitre sur la religion, Jane est à
la fois rassurée et très curieuse. J’ai fini par lui donner une copie du
matériau en réponse à ses questions. Cela lui a tellement plu qu’elle l’a lu
en cours de perception extrasensorielle, comme elle l’avait déjà fait avec
d’autres passages du livre.)

SESSION 586
SAMEDI 24 JUIN 1971
(21h01. C’est la première session ordinaire depuis le 12 mai. Il y a eu
différentes raisons à cette longue interruption : Jane avait besoin de se
reposer ; il fallait que nous nous occupions de questions et de problèmes
personnels que nous repoussions depuis longtemps ; nous avions du travail
à faire avec d’autres personnes ; nous avons pris des vacances et fait
l’acquisition de plusieurs pièces supplémentaires de l’autre côté du palier.
Jane a quand même tenu plusieurs fois son cours de perception
extrasensorielle et donné quelques sessions dans ce cadre-là.
Elle préférerait que Seth reprenne là où il s’est arrêté dans le chapitre –
il en est parfaitement capable, j’en suis sûr. « Mais peu importe ce qu’il
fait, dit-elle en riant, du moment que nous avons une session. » Elle est un
peu inquiète à cause de cette interruption dans la dictée, malgré mes
tentatives pour la rassurer. Voir Seth finir son livre l’intéresse vivement,
même si elle en a encore la plus grande partie à lire.
La session se déroule dans notre ancienne chambre qui, une fois vidée,
est devenue une annexe de mon atelier. L’espace supplémentaire que nous
avons acquis est extrêmement bienvenu.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Souriant.) Et content de vous revoir… Maintenant, accordez-nous un
instant ; pour commencer, nous allons reprendre notre chapitre sur la
religion. (Une pause.)
Les concepts du bien et du mal, de Dieu et du diable, du salut et de la
damnation sont simplement les symboles de valeurs religieuses plus
profondes ; des valeurs cosmiques, si vous voulez, qui ne peuvent pas se
traduire en termes physiques.
Ces concepts deviennent les thèmes moteurs des pièces religieuses dont
j’ai parlé. Les acteurs peuvent « revenir » sans cesse dans des rôles
différents. Dans tout drame religieux de l’histoire, il est donc possible que
les acteurs aient déjà fait leur apparition sur la scène historique, et le
prophète d’aujourd’hui peut avoir été le traître d’un drame passé.
Ces entités psychiques sont cependant réelles. Il est tout à fait vrai de
dire à la fois que leur réalité repose au cœur de leur identité, et qu’elle est
renforcée par les pensées et les émotions projetées par le public terrestre
pour lequel le drame se joue.
(21h05.) L’identification psychique ou psychologique est ici d’une
grande importance ; elle se trouve au cœur de toutes les pièces de ce type.
En un sens, on peut dire que l’homme s’identifie aux dieux qu’il a créés.
Mais l’homme ne comprend pas la qualité magnifique de son inventivité, de
son pouvoir de création. Disons que les dieux et les humains se créent les
uns les autres, et l’on se rapproche de la vérité ; mais uniquement si l’on
reste prudents dans ses définitions – car en quoi les dieux et les hommes
diffèrent-ils exactement ?
Les attributs des dieux sont inhérents aux hommes eux-mêmes, mais ils
sont magnifiés, puissamment activés. Les hommes croient que les dieux
sont éternels. Les hommes aussi sont éternels, mais l’ayant oublié, ils se
souviennent seulement d’attribuer cette qualité à leurs dieux. À l’évidence,
au-delà de ces drames historiques terrestres, au-delà des contes de dieux et
d’hommes apparemment récurrents, il y a des réalités spirituelles.
(21h10.) Derrière les acteurs de ces drames, il y a des entités plus
puissantes qui se situent bien au-delà des rôles à jouer. Les pièces elles-
mêmes, donc, les religions qui se répandent à travers les âges, ne sont que
des ombres, mais des ombres qui peuvent aider. Au-delà du cadre du bien et
du mal se trouve une valeur spirituelle plus profonde. Tout en cherchant à
saisir la « vérité », les religions sont donc condamnées à craindre qu’elle
leur échappe.
Le moi interne, lorsqu’il est seul, au repos ou en méditation, perçoit par
instants des parties de ces réalités internes qui ne peuvent pas être
exprimées physiquement. Ces valeurs, ces intuitions, ces illuminations sont
données à chacun selon sa capacité à les comprendre ; c’est pourquoi les
histoires que l’on raconte à leur sujet varient.
Ainsi, le personnage principal d’un drame religieux historique peut ne
pas se rendre pleinement compte de la manière dont ce savoir lui est donné.
Et pourtant, il peut lui sembler qu’il sait, car la nature du dogme, son
origine, lui est expliquée en des termes que ce personnage principal peut
comprendre. Le Jésus historique savait qui il était, mais il savait aussi qu’il
était l’une des trois personnalités composant une entité unique. Il partageait
largement la mémoire des deux autres.
La troisième personnalité, à laquelle j’ai souvent fait allusion, n’est pas
encore apparue, selon vos termes, bien que son existence ait été annoncée
comme le « second avènement » (Matthieu, 24). Or ces prophéties ont
été données selon les termes de la culture de l’époque ; par conséquent, bien
que la scène ait été préparée, des déformations désastreuses sont
intervenues, car ce Christ ne viendra pas à la fin de votre monde comme les
prophéties l’ont soutenu.
(21h20.) Il ne viendra pas récompenser le juste et envoyer le méchant à la
damnation éternelle. Il fera cependant débuter un nouveau drame religieux.
Une certaine continuité historique sera conservée. Mais, comme cela s’est
déjà passé une fois, il ne sera pas généralement reconnu pour ce qu’il est. Il
n’y aura pas de proclamation glorieuse devant laquelle le monde entier
s’inclinera. Il reviendra pour redresser la chrétienté, qui sera en pleine
pagaille à son arrivée, et pour établir un nouveau système de pensée à un
moment où le monde en aura grand besoin.
(21h25.) À ce moment-là, toutes les religions seront en pleine crise. Il
n’unira pas les organisations religieuses – au contraire, il les sapera. Son
message sera celui de l’individu dans sa relation avec Tout-ce-qui-est. Il
établira clairement les méthodes par lesquelles tout individu peut atteindre
un contact intime avec sa propre entité ; l’entité étant, dans une certaine
mesure, le médiateur entre l’homme et Tout-ce-qui-est.
Tout cela sera accompli en 2075.
On peut remarquer ici que Nostradamus voyait la dissolution de l’Église
catholique romaine comme la fin du monde. Il ne pouvait pas imaginer la
civilisation sans elle, et il faut l’avoir présent à l’esprit en lisant nombre de
ses prédictions ultérieures.
La troisième personnalité du Christ sera vraiment connue comme celle
d’un grand médium, car c’est lui qui apprendra à l’humanité à se servir des
sens internes qui seuls permettent la spiritualité véritable. Les meurtriers et
les victimes échangeront leurs rôles au fur et à mesure que les souvenirs
réincarnationnels remonteront à la surface de la conscience. Grâce au
développement de ces facultés, le caractère sacré de toute vie sera
intimement reconnu et apprécié.
Or, avant cette époque, plusieurs personnes vont naître qui, de différentes
façons, feront resurgir les espérances humaines. L’un de ces hommes est
déjà né, en Inde, dans une petite province proche de Calcutta, mais son
ministère semblera de portée relativement locale de son vivant.
Un autre naîtra en Afrique, un homme noir dont le travail majeur se fera
en Indonésie. Les espérances ont été mises en place il y a longtemps, selon
vos termes, et elles seront nourries par de nouveaux prophètes, jusqu’à ce
qu’émerge réellement la troisième personnalité du Christ.
Il conduira l’homme au-delà du symbolisme sur lequel la religion s’est
appuyée depuis tant de siècles. Il insistera sur l’expérience spirituelle de
l’individu, sur l’expansion de l’âme ; il apprendra à l’homme à reconnaître
les multiples aspects de sa propre réalité.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(« Merci. »
21h37. Seth a annoncé la pause avec humour, car l’allure a presque tout
le temps été rapide, avec peu de pauses. La transe de Jane a été bonne. J’ai
eu plus de mal que d’habitude à prendre des notes parce que j’en ai perdu
l’habitude ; j’ai oublié certaines des abréviations de ma sténo personnelle.
Pendant la pause, Jane parcourt des passages du chapitre 18 de The
Seth Material, puis annonce qu’elle pense avoir trouvé une contradiction
entre les informations données par Seth ce soir et ce matériau sur les trois
Christs – provenant de la session 491 du 2 juillet 1969. Voici les
paragraphes en question, aux pages 246-247 du chapitre « Le concept de
Dieu » :
« Il y a eu trois hommes dont les vies se sont mélangées et confondues
dans l’Histoire, et dont le récit composite est connu comme la vie du
Christ… Ils étaient tous trois très doués psychiquement, connaissaient leur
rôle et l’assumaient pleinement. Ces trois hommes, qui faisaient partie
d’une seule entité, ont eu accès à l’existence physique à la même époque.
Ils ne sont cependant pas nés à la même date. Cette entité n’est pas revenue
sous la forme d’une seule personne pour plusieurs raisons. D’abord, la
pleine conscience d’une entité serait trop forte pour un seul vecteur
physique. Ensuite, cette entité voulait un environnement plus diversifié, qui
n’aurait pas pu lui être fourni autrement.
« L’entité est née une fois en tant que Jean-Baptiste, puis sous deux
autres formes. L’une d’entre elles contenait la personnalité à laquelle la
plupart des histoires du Christ se réfèrent… Je vous parlerai plus tard de la
troisième personnalité. Une communication permanente a existé entre ces
trois parties d’une même entité, pourtant nées et enterrées à des dates
différentes. L’espèce humaine a fait surgir ces trois personnalités de sa
propre banque psychique, du fonds de conscience individualisée qui lui était
disponible. »
Je me mets moi aussi à me poser des questions. Nous avions toujours
pensé que les trois personnalités qui constituent l’entité du Christ avaient
déjà vécu et étaient mortes, or Seth nous dit ce soir que la troisième
personnalité va revenir au XXIe siècle. Quelle est l’explication ? Nous ne
sommes pas vraiment inquiets ; mais nous nous sentons quand même un
peu mal à l’aise quand la session reprend, à 21h57.)
Maintenant. Reprenons.
Le troisième personnage historique, déjà né selon vos termes, qui fait
partie de la personnalité entière du Christ, a choisi le rôle de zélote.
Cette personne était douée d’une énergie et d’un pouvoir supérieurs, de
grandes capacités d’organisation, mais les erreurs qu’elle a commises
involontairement ont entraîné de dangereuses altérations. Les documents de
cette période sont éparpillés et contradictoires.
Cet homme, historiquement maintenant, était Paul ou Saül. La tâche
d’élaborer un cadre lui a été confiée. Mais cela devait être un cadre d’idées
et non de règlements, d’individus et non de groupes. C’est là qu’il a échoué,
et il reviendra sous la forme de la troisième personnalité dont je viens de
parler, dans votre futur.
Cependant, il ne s’agit pas là de quatre personnalités.
(« Je comprends. »)
Saül s’est d’ailleurs donné beaucoup de mal pour se poser en identité
distincte. Ses caractéristiques étaient en apparence très différentes de celles
du Christ historique. Il s’est « converti » au cours d’une expérience
personnelle intense – expérience qui était destinée à imprimer en lui
l’importance des éléments personnels, par opposition avec ceux qui sont
liés à une organisation. Mais certains des exploits qu’il a accomplis tôt dans
sa vie ont été attribués au Christ – non pas à l’époque où il était un jeune
homme, mais plus tôt encore.
(22h05.) Toutes les personnalités disposent du libre arbitre et relèvent
leurs propres défis. Cela s’applique à Saül. Cependant, les « déformations »
liées à l’aspect organisationnel de la religion étaient également nécessaires à
l’intérieur du cadre historique, telles que les choses étaient comprises à
l’époque. Les tendances de Saül étaient donc connues, à un autre niveau.
Elles servaient un but. C’est pourtant pour cette raison qu’il émergera de
nouveau, cette fois pour détruire ces déformations.
Or il n’a pas créé ces déformations de lui-même, il ne les a pas plaquées
sur la réalité historique. (Jane fait une pause, la main sur les yeux.) Il les a
créées dans la mesure où il s’est trouvé contraint d’admettre certains faits :
dans ce monde-là, à cette époque-là, le pouvoir terrestre était indispensable
pour maintenir les idées chrétiennes à distance d’innombrables autres
théories, religions et factions guerrières. Son travail consistait à former un
cadre physique ; il craignait déjà que ce cadre étouffe les idées, mais il ne
voyait pas d’autre moyen.
(« Pourquoi ces deux noms, Paul et Saül ? »)
On lui donnait les deux. (Une pause.) Quand la troisième personnalité
émergera à nouveau dans l’histoire, on ne lui donnera plus l’ancien nom de
Paul : elle portera en elle les caractéristiques de ces trois personnalités.
(Jane fait encore une pause. « Est-ce que je peux poser une question
vraiment idiote ? »)
Allez-y.
(Suit un court échange entre Seth et moi, trop rapide pour être transcrit.
Je voudrais savoir si les trois personnalités de l’entité Christ se sont
rencontrées en tant qu’êtres physiques, et quand. Il me semble qu’une
interaction psychique supérieure a dû se produire entre eux, et je voudrais
en savoir plus sur ce sujet. Jane, en tant que Seth, écoute poliment mes
questions approximatives.)
Il est facile de constater que vous n’avez aucune connaissance de la
Bible…
(« C’est vrai. »)
… car tout cela est assez clair quand on en a une.
Paul a essayé de nier qu’il savait qui il était – jusqu’à son expérience de
conversion. Allégoriquement, il représentait une faction du moi qui se bat
contre sa propre connaissance et qui est orientée de manière très physique.
Il a donné l’impression de passer d’un extrême à l’autre, puisqu’il fut
d’abord contre le Christ, puis pour lui. Mais sa véhémence intérieure, son
feu intérieur étaient toujours présents, avec la reconnaissance interne qu’il
tenta si longtemps d’ignorer.
Son rôle était de traiter la réalité physique et son maniement ; aussi ces
qualités étaient-elles très fortes chez lui. D’une certaine façon, elles l’ont
dépassé. Lorsque le Christ historique est « mort », Paul devait implanter les
idées spirituelles en termes physiques, pour poursuivre la tâche. Ce faisant,
il a néanmoins semé les graines d’une organisation qui allait étouffer ces
idées. Il est demeuré après le Christ, tout comme Jean-Baptiste était venu
avant lui. À eux trois, ils ont couvert une certaine période.
Jean-Baptiste et le Christ historique ont tous deux joué leur rôle et en ont
été satisfaits. Seul Paul s’est retrouvé insatisfait à la fin ; c’est donc à partir
de sa personnalité que le Christ futur se formera.
L’entité à laquelle appartiennent ces personnalités, cette entité que vous
pouvez appeler l’entité Christ, avait connaissance de ces difficultés. En
revanche, les personnalités terrestres ne s’en rendaient pas compte, bien que
beaucoup de choses leur soient apparues dans des périodes d’exaltation et
de transe.
Paul représentait également la nature extrémiste de l’homme, qu’il fallait
prendre en considération, vu le développement de l’homme à cette époque.
Cet aspect extrémiste de l’homme va complètement changer de nature ; il
n’existera plus tel que vous le connaissez lorsque la prochaine personnalité
du Christ émergera. Il est donc approprié que Paul soit présent.
(22h27.) Au XXIe siècle, la nature interne de l’homme va se libérer, par le
biais de ces développements, d’une bonne partie des contraintes qui l’ont
limitée. Une nouvelle ère va réellement commencer – non pas, d’ailleurs,
un paradis sur Terre, mais un monde beaucoup plus sain, et plus juste, dans
lequel l’homme se rendra bien mieux compte de sa relation avec sa planète
et de sa liberté par rapport au temps.
Vous pouvez maintenant faire une pause dans le temps.
(22h30. Le débit de Jane a de nouveau été bon, pour l’essentiel, mais elle
sort facilement de transe. Elle est soulagée que Seth ait nommé la troisième
personnalité de l’entité Christ. Elle dit qu’elle n’en était pas inquiète mais
je sais qu’elle avait plus à cœur que d’habitude d’obtenir cette donnée.
Notre conversation pendant la pause concerne plusieurs points qui, à
mon sens, peuvent intéresser les lecteurs : d’une part, la désignation de
« zélote » que Seth applique à Paul. J’ai d’abord pensé qu’il allait parler
d’une connexion entre Paul, ou Saül, et les zélotes, l’une des sectes
religieuses qui divisaient le peuple juif dans la Judée du Ier siècle de notre
ère. La Terre sainte était alors occupée par les Romains, et Paul était juif et
citoyen romain. J’ai lu récemment un livre sur les manuscrits de la mer
Morte qui parle de ces sectes, et j’ai été intrigué par mon intérêt pour ces
sujets ; mais après avoir entendu Seth ce soir, je me dit qu’il ne va sans
doute plus en parler.
Une autre question porte sur le nom et le pays d’apparition du troisième
Christ au XXIe siècle. Seth va-t-il, ou peut-il, fournir des données sur la
personnalité religieuse déjà née en Inde, et sur l’homme noir qui doit naître
en Afrique ?
Pendant la pause, nous continuons à parler et Jane me dit qu’elle
connaît la réponse aux questions que je pose. Les réponses sont « venues »
à elle. Elle ne les obtient pas en termes exacts, dit-elle, mais elle les sent et
les traduit :
1) Seth emploie le mot « zélote », appliqué à Paul, pour décrire son
tempérament – et non pas en référence à la secte des zélotes. Une remarque
ajoutée plus tard : d’autres informations sur Paul et les zélotes allaient
pourtant être reçues.
2) Le pays – avec nom et dates – qui doit voir l’apparition du troisième
Christ au XXIe siècle ne va pas nous être donné maintenant, mais il le sera
peut-être dans les années à venir. Seth, dit-elle, s’est délibérément retenu
d’être plus précis ; cela dans le but de prévenir toute réaction excessive
envers un personnage, né dans un pays particulier, qui pourrait sembler
coïncider avec des descriptions et des dates données. Ce qui serait tout à
fait injuste et induirait en erreur.
3) Pour la même raison, Seth ne veut pas en dire plus pour l’instant sur
la personnalité religieuse indienne ou sur l’Africain qui œuvrera en
Indonésie.
Reprise à 22h50.)
Maintenant. Continuons.
Ruburt vient de vous donner des réponses exactes.
J’aimerais clarifier certains points. La « nouvelle religion » qui suivra le
second avènement ne sera pas chrétienne, selon vos termes, bien qu’elle soit
initiée par la troisième personnalité du Christ.
Cette personnalité se référera au Christ historique et reconnaîtra sa
relation avec la personnalité de celui-ci ; mais en son sein, le regroupement
des trois personnalités formera une nouvelle entité psychique, un ensemble
psychologique différent. Lorsque cette métamorphose se produira, elle
amorcera également une métamorphose humaine (avec une certaine
insistance), et les facultés internes de l’homme commenceront à être
acceptées et à se développer.
Il en résultera une existence d’un type différent. Une bonne partie de vos
problèmes actuels résulte d’une ignorance spirituelle. Aucun homme ne
méprisera plus un individu d’une autre race lorsqu’il aura reconnu que sa
propre existence inclut cette appartenance.
(22h55.) Aucun sexe, aucun rôle dans la société ne sera plus considéré
comme supérieur, lorsque chaque individu se rendra compte de sa propre
expérience à tous les niveaux de la société et dans toutes sortes de rôles.
Libérée de ses limitations, la conscience pourra ressentir ses connexions
avec tous les êtres vivants. (Une pause.) La continuité de la conscience
deviendra évidente ; il en résultera un changement de la structure des
sociétés et des gouvernements, car celle-ci est fondée sur vos croyances
actuelles.
La personnalité humaine en tirera des avantages qui sembleraient
maintenant impossibles. Une conscience libérée de ses limitations suppose
une liberté beaucoup plus grande. Dès la naissance, les enfants apprendront
que l’identité fondamentale est indépendante du corps et que le temps est
une illusion. L’enfant connaîtra nombre de ses existences passées et sera
capable d’un sentiment d’identification avec le vieil homme, ou avec la
vieille femme que, selon vos termes, il est appelé à devenir.
(23h02.) Nombre des leçons « qui viennent avec l’âge » seront alors
accessibles aux jeunes, et les gens âgés garderont l’élasticité spirituelle de
la jeunesse. Cela est important à soi seul. Mais pour des raisons pratiques,
les incarnations futures seront encore tenues cachées pendant un certain
temps.
Pendant que ces changements apparaissent, de nouvelles zones du
cerveau vont être activées pour s’en occuper physiquement. On pourra donc
disposer de cartes mentales qui évoqueront les souvenirs des vies passées.
Toutes ces modifications sont des changements spirituels au cours desquels
le sens de la religion va échapper aux limites imposées par les organisations
pour devenir une part vivante de l’existence individuelle ; les cadres
psychiques, plutôt que les cadres physiques, formeront les fondations de la
civilisation. (Une pause, les yeux fermés, à 23h05.)
L’expérience de l’homme sera tellement élargie que ce sera pour vous
comme si l’espèce humaine avait été remplacée par une autre espèce. Cela
ne veut pas dire qu’il n’existera pas de problèmes. Cela veut dire que
l’homme disposera de beaucoup plus de ressources. Cela suppose
également un cadre social beaucoup plus riche et plus diversifié. Les
hommes et les femmes se sentiront reliés à leurs semblables non seulement
pour les personnes qu’ils sont, mais également pour les personnes qu’ils ont
été.
C’est peut-être au sein de la famille que se produiront les plus grands
changements. Des interactions affectives qui sont impossibles aujourd’hui y
trouveront place. L’esprit conscient recevra plus facilement le matériau
inconscient.
J’inclus ces informations dans ce chapitre sur la religion pour que vous
compreniez que l’ignorance spirituelle est à l’origine d’une bonne partie de
vos problèmes, et qu’en fait vos seules limites sont d’ordre spirituel.
(23h14.) La métamorphose de la troisième personnalité dont j’ai parlé
tout à l’heure aura une telle force et un tel pouvoir qu’elle fera jaillir du
genre humain des qualités identiques aux siennes. Ces qualités ont toujours
été présentes. Mais elles vont finalement percer le voile de la perception
physique et élargir cette perception de façon nouvelle.
Or il manque au genre humain un point de focalisation de ce type. La
troisième personnalité représentera cette focalisation. Soit dit en passant, il
n’y aura pas de crucifixion dans cette pièce-là. Cette personnalité sera
réellement multidimensionnelle, elle aura connaissance de toutes ses
incarnations. Elle ne se définira pas en termes de sexe, de couleur ou de
race.
(23h20.) Pour la première fois, donc, elle dépassera les concepts
terrestres de personnalité, ce qui libérera la personnalité. Elle pourra faire la
démonstration de ces manifestations comme il lui plaira. Nombreux sont
ceux qui auront peur d’accepter la nature de leur propre réalité ou de
découvrir les véritables dimensions de l’identité.
Pour différentes raisons, comme l’a dit Ruburt, je ne veux pas donner
d’informations trop détaillées sur le nom qui sera utilisé par cette
personnalité, ou sur son pays de naissance. Trop de gens seraient tentés de
sauter prématurément dans cette image.
Les évènements ne sont pas prédestinés. Mais le cadre de cette
émergence est déjà en place dans votre système de probabilités.
L’émergence de cette troisième personnalité va directement modifier le
drame historique originel du Christ tel qu’on le connaît maintenant. Il y a
nécessairement interaction entre les deux.
Vous pouvez faire une pause ou terminer la session, comme vous
préférez.
(« Nous allons faire une pause. »
23h25. Je demande une pause au cas où d’autres informations
arriveraient pour ce chapitre. Jane dit qu’elle ne se souvient d’aucune des
données fournies depuis la pause précédente. Elle n’a eu aucune sensation
de durée.
Nous commençons tous les deux à être fatigués. Nous avons faim et nous
songeons à terminer la session et à manger en regardant un vieux film
d’horreur ou un policier à la télé. Puis je me souviens que Seth n’a pas
encore donné de titres aux huit premiers chapitres de son livre. Dans le
chapitre 17, il nous a dit de ne pas nous en préoccuper. Pourrait-il donner
ces titres maintenant, ou Jane doit-elle d’abord lire tout le matériau ? Aussi
incroyable que cela puisse paraître, il s’est passé plus d’un an depuis
qu’elle a arrêté de lire le livre session par session, au début du chapitre 4.
Reprise à 23h39.)
Maintenant. Je vais vous dire un chaleureux bonsoir, après quelques
remarques en réponse à votre question. Encore une fois, Ruburt a pris cette
information chez moi cet après-midi : quand je dévie du plan d’origine que
j’ai donné (dans la session 510, le 19 janvier 1970), je donne des titres aux
chapitres. Sinon, les titres annoncés dans le plan sont les bons. Vous pouvez
les ajouter, si vous préférez. J’ai inséré de nombreux chapitres là où aucun
n’était spécifié, et j’ai utilisé des titres à partir de là.
Donc, avez-vous des questions supplémentaires ?
(« Oui, mais je pense qu’on vous les posera plus tard. »
Avec humour, les yeux grands ouverts et très sombres.) Vous n’êtes pas
venu au cours de perception extrasensorielle, je ne devais pas beaucoup
vous manquer.
(« Vous m’avez beaucoup manqué. »)
Nous allons aussi avoir une session personnelle, puis nous continuerons
notre livre. Et nos sessions privées m’ont manqué.
(« Moi aussi. »)
Vous avez toujours la possibilité de faire un enregistrement un soir, et de
discuter avec moi sans prendre de notes, en toute liberté.
(« C’est pour cela que je fais réparer notre enregistreur. »)
Mes plus chaleureuses pensées, et bonsoir.
(« Merci beaucoup, Seth. C’était un plaisir. »)
C’est toujours un plaisir.
(Cette accentuation humoristique me fait rire. « Bonne nuit. » Fin à
23h45.)

SESSION 587
MERCREDI 28 JUILLET 1971

(21h17.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée.
Les drames religieux extérieurs sont bien sûr des représentations
imparfaites de réalités spirituelles intérieures qui se déploient sans cesse.
Les différents personnages, les prophètes et les dieux de l’histoire religieuse
absorbent les projections internes de masse lancées par ceux qui habitent
une époque donnée.
Les drames religieux de ce genre mettent en avant des aspects de la
réalité intérieure qui ont besoin d’être représentés physiquement ; ils leur
donnent une direction et, si tout va bien, ils les clarifient. (Une longue
pause, les yeux fermés.) Ces aspects n’apparaissent pas que dans votre
système. Nombre d’entre eux sont également projetés dans d’autres
systèmes de réalité. Mais la religion en soi est toujours la façade extérieure
de la réalité interne. L’existence spirituelle primordiale donne seule son
sens à l’existence physique. Dans les termes les plus réels, le concept de
religion devrait inclure toutes les entreprises de l’homme dans sa quête de
sens et de vérité. La spiritualité ne peut pas être une activité ou une
caractéristique spécialisée et isolée.
Les drames religieux extérieurs n’ont d’importance et de valeur que dans
la mesure où ils reflètent fidèlement l’existence spirituelle, intérieure et
privée. La religion semble fondée dans la mesure où elle exprime cette
expérience interne. Mais la plupart des religions admettent certaines
expériences et en refusent d’autres. Elles se limitent en n’appliquant le
principe du sacré de la vie qu’à la seule espèce humaine, et souvent, au sein
de cette espèce, à des groupes très restreints.
(Une pause à 21h30.) Aucune congrégation ne sera jamais capable
d’exprimer l’expérience interne de tous les individus. Elle ne réussira
jamais non plus à limiter l’expérience interne de ses membres, même si elle
en donne l’impression. Les expériences interdites sont exprimées de façon
inconsciente ; elles grandissent en force et en vitalité et surgissent pour
former une contre-projection, qui donne naissance à un nouveau drame
religieux.
Les drames eux-mêmes expriment réellement certaines réalités
intérieures ; ils servent de rappel pour ceux qui ne font pas confiance à
l’expérience directe du moi interne. Ceux-là prennent le symbole pour la
réalité. Lorsqu’ils s’en rendent compte, ils se sentent trahis. Pour parler de
la relation entre le moi intérieur et l’individu physique vivant, le Christ a
choisi de parler de père et de fils parce que, selon vos termes, c’était la
méthode employée à cette époque. Aucune religion nouvelle n’étonne
jamais vraiment personne, car la pièce a déjà été jouée subjectivement.
Ce que je dis s’applique bien sûr aussi bien à Bouddha qu’au Christ : tous
deux ont accepté les projections internes et ont ensuite essayé de les
représenter physiquement. Toutefois, chacun d’eux était davantage que la
somme de ces projections. Cela aussi doit être compris. Avec la religion de
Mahomet, on est allés beaucoup moins loin. Les projections violentes y ont
prédominé. L’amour et la fraternité étaient secondaires dans ce qui
correspondait réellement au baptême et à la communion par la violence et
par le sang.
Dans ces drames religieux continuellement manifestés à l’extérieur, les
Hébreux ont joué un rôle étrange. L’idée d’un Dieu unique n’était pas
nouvelle pour eux. Nombre de religions anciennes croyaient en un seul
Dieu, supérieur à tous les autres. Ce Dieu supérieur était cependant un Dieu
beaucoup plus clément que celui des Hébreux. De nombreuses tribus
croyaient, à juste titre, que l’esprit intérieur habite toute chose vivante. Ils
parlaient du Dieu dans l’arbre ou de l’esprit dans la fleur, ce qui ne les
empêchait pas d’accepter la réalité d’un esprit d’ensemble dont ces esprits
plus petits faisaient partie, le tout fonctionnant en harmonie.
Les Hébreux conçurent un Dieu de contrôle, un Dieu juste, coléreux et
parfois cruel ; et de nombreuses sectes se mirent à nier l’idée que d’autres
êtres vivants, en dehors de l’homme, possédaient un esprit intérieur. Les
croyances plus anciennes représentaient mieux la réalité interne ; l’homme,
observant la nature, la laissait parler et révéler ses secrets.
(21h45.) Le Dieu des Hébreux représentait cependant une projection d’un
genre tout à fait différent. L’homme prenait de plus en plus conscience de
son ego, d’un sentiment de pouvoir sur la nature ; nombre des miracles qui
ont suivi présentent la nature forcée de se conduire d’une façon qui ne lui
est pas naturelle. Dieu devient l’allié de l’homme contre la nature.
Le Dieu des premiers Hébreux est devenu le symbole de l’ego déchaîné
de l’homme. Dieu se comportait exactement comme un enfant plein de rage
se comporterait s’il avait les mêmes pouvoirs : il jetait le tonnerre, l’éclair
et le feu sur ses ennemis, et les détruisait. L’ego émergeant de l’homme
donnait donc naissance à des problèmes et à des défis affectifs et
psychologiques. Le sentiment de séparation par rapport à la nature
grandissait. La nature devenait un outil que l’on pouvait utiliser contre les
autres.
Ces tendances étaient déjà visibles avant l’émergence du Dieu des
Hébreux. Dans de nombreuses religions tribales anciennes, à présent
oubliées, on recourait aussi aux dieux pour retourner la nature contre
l’ennemi. Avant cette période, l’homme sentait pourtant qu’il faisait partie
de la nature ; il ne se percevait pas comme séparé d’elle. Il considérait la
nature comme une extension de son être et se sentait lui-même une
extension de la nature. Il n’était pas possible, en ces termes, de s’utiliser
comme une arme contre soi-même. (Une pause.)
En ce temps-là, les hommes parlaient avec l’esprit des oiseaux, des arbres
et des araignées ; il se confiaient à lui, sachant que, dans la réalité intérieure
sous-jacente, ces communications étaient connues et comprises. À cette
époque, on ne craignait pas la mort comme on la craint maintenant, car on
comprenait le cycle de la conscience.
D’une certaine manière, l’homme désirait sortir de lui-même, du cadre
dans lequel il vivait son expérience psychologique ; il voulait relever de
nouveaux défis, passer d’un mode de conscience à un autre. Il voulait
étudier le processus de sa propre conscience. En un sens, cela impliquait
une gigantesque séparation par rapport à la spontanéité interne qui lui avait
apporté la paix et la sécurité. Mais, selon ses termes, cela permettait une
créativité nouvelle.
Je vous suggère une pause avant d’entrer dans ce sujet.
(22h01. Le débit de Jane s’est accéléré de façon marquée, après un début
lent. Je lui dis que le matériau est excellent. La session de ce soir se déroule
dans notre salon car il n’y a personne d’autre dans l’immeuble. L’air
conditionné a été allumé avant la session, mais Jane a trop chaud quand
arrive la pause. Cela ne l’a pas gênée pendant sa transe.
Pendant la pause, je passe en revue différentes questions concernant les
relations entre les trois membres de l’entité Christ – Jean-Baptiste, Jésus-
Christ et Paul. Jane m’écoute un moment puis me demande d’arrêter ; elle
propose que je pose ces questions à la fin du chapitre si Seth n’y a pas
répondu spontanément. Reprise à 22h13.)
Maintenant. À ce stade, le Dieu de l’intérieur est devenu le Dieu de
l’extérieur.
L’homme a tenté de former un nouveau royaume, d’accéder à un type
différent de focalisation et de conscience. Sa conscience a passé un cap hors
d’elle-même. Il s’est donc concentré de moins en moins sur la réalité
intérieure, et c’est ainsi qu’a commencé le processus par lequel la réalité est
devenue uniquement ce qui était projeté dans le monde physique.
Auparavant, l’environnement était créé et perçu sans effort par l’homme
et par toutes les créatures vivantes, en pleine connaissance de leur unité
intérieure. Pour s’embarquer dans cette nouvelle aventure, il fallait faire
comme si cette unité intérieure n’existait pas. Car sinon ce nouveau type de
conscience retournerait toujours vers ses origines pour y trouver la sécurité
et le confort. On a fait comme s’il fallait couper les ponts, alors qu’il ne
s’agissait bien sûr que d’un jeu, puisque la réalité interne demeurait. Mais,
au début, la nouvelle conscience devait absolument s’en détourner pour
maintenir une focalisation indépendante.
Je parle ici pour vous en termes plus ou moins historiques. Mais vous
devez comprendre que ce processus n’a rien à voir avec le temps tel que
vous le connaissez. Ce type d’aventure dans la conscience (sourire) s’est
déjà produit et, selon vos termes, il se produira encore.
(Ici, Seth fait une petite plaisanterie, car Jane travaille ces temps-ci à un
texte qu’elle a provisoirement intitulé Aventures dans la conscience.)
Mais la perception de l’univers extérieur a changé à ce moment-là ; il a
commencé à sembler inconnu et séparé de l’individu qui le percevait.
(22h24.) Ainsi, Dieu est devenu une idée projetée à l’extérieur,
indépendante de l’individu et séparée de la nature. Il est devenu le reflet de
l’ego émergeant de l’homme, avec tout son éclat, sa sauvagerie, son pouvoir
et sa volonté de domination. Malgré ses inconvénients évidents, c’était une
aventure hautement créatrice ; elle représentait une « évolution » de la
conscience qui enrichissait l’expérience subjective de l’homme et qui
augmentait réellement les dimensions de la réalité même.
Mais pour que l’expérience interne et l’expérience externe puissent être
efficacement organisées, il fallait qu’elles aient l’air d’évènements séparés,
sans rapport l’une avec l’autre. En termes historiques, les caractéristiques
de Dieu ont changé quand l’ego de l’homme a changé. Mais ces
caractéristiques de l’ego ont été soutenues par d’importants changements
intérieurs.
(Jane, en tant que Seth, fait souvent des gestes pour insister sur un point
particulier. Son débit est rapide depuis la pause.)
On pourrait comparer cette propulsion originale des caractéristiques
internes vers l’extérieur, pour former l’ego, à la naissance d’innombrables
étoiles – un évènement aux conséquences incalculables, qui prend naissance
au niveau subjectif de la réalité interne.
Comme l’ego naît à l’intérieur, il se vante toujours de son indépendance,
malgré son irritante certitude concernant ses origines.
(Une pause à 22h30. Toujours en transe, Jane prend le temps de boire
quelques gorgées de bière et d’allumer une cigarette.)
Nous allons avoir un bon chapitre.
(« Parfait. »)
L’ego craignait pour sa position, il avait peur de disparaître dans le moi
intérieur d’où il venait. Pourtant, l’émergence de l’ego offrait au moi
intérieur une rétroaction critique, un point de vue différent, et pas seulement
sur lui-même ; par cette émergence, le moi intérieur découvrait la possibilité
de développements qu’il n’avait jamais pressentis. Selon vos termes, à
l’époque du Christ, l’ego se sentait assez sûr de sa position pour que
l’image projetée de Dieu puisse commencer à changer.
Le moi intérieur est en état de croissance permanente. La partie interne
de chaque homme projetait ce savoir à l’extérieur. Les besoins spirituels et
psychologiques de l’espèce humaine exigeaient des modifications
importantes, à l’intérieur comme à l’extérieur. Les qualités de bienveillance
et de compassion, qui avaient été enterrées, pouvaient refaire surface. Elles
surgirent non seulement sur le plan privé mais en masse(5), donnant une
« nouvelle » impulsion et une direction naturelle ; elles commencèrent à
appeler toutes les parties du moi, tel qu’il se connaissait, et à les réunir.
(22h38.) Ainsi, le concept de Dieu commença à changer quand l’ego
reconnut le lien qui le rattachait à la réalité interne, mais le drame devait se
dérouler dans le contexte de l’époque. C’est justement parce que le
christianisme était fondamentalement si doux que le mahométisme a été
fondamentalement si violent. Non pas que le christianisme ne soit pas mêlé
à la violence, ou que le mahométisme soit dépourvu d’amour. Mais pendant
que la psyché se transformait, bataillait avec elle-même, niant certains
sentiments et certaines caractéristiques pour en valoriser d’autres, les
drames religieux historiques extérieurs suivaient ces aspirations, ces luttes,
ces quêtes internes, et les représentaient.
(Plus lentement à présent.) Tout le matériau donné ici doit être vu en
rapport avec le fait qu’en dessous de ces développements, on trouve
l’aspect éternel, les marques créatrices d’une force aussi intime
qu’indéniable. Tout-ce-qui-est, autrement dit, représente la réalité d’où
surgit chacun de nous. (Une pause, parmi plusieurs autres.) Tout-ce-qui-est
transcende, par sa nature même, toutes les dimensions d’activité, de
conscience ou de réalité – tout en faisant partie de chacune d’entre elles.
(22h45.) Il y a un visage derrière tous les visages ; pourtant le visage de
chaque homme lui appartient en propre. Le développement de la pièce
religieuse dont j’ai parlé, et qui, selon vos termes, est encore à venir,
représente un nouveau stade dans les pièces à la fois intérieures et
extérieures qui permettent à l’ego émergent de découvrir une bonne part de
son héritage. L’ego aura alors beaucoup plus de contacts avec les autres
parties du moi, tout en offrant au moi interne des opportunités de prises de
conscience que le moi interne seul ne pourrait pas offrir.
Les tribulations des dieux représentent donc le cheminement de la
conscience humaine, projeté à l’extérieur. Cependant, Tout-ce-qui-est se
trouve dans chacune de ces aventures. Sa conscience, et sa réalité, est en
chaque homme, ainsi que dans chacun des dieux créés par l’homme. Le mot
« dieux » est à écrire toujours avec une minuscule ; en revanche « Tout-ce-
qui-est » prend une majuscule.
Les dieux accèdent bien sûr à une réalité psychique. Je ne suis donc pas
en train de dire qu’ils ne sont pas réels, mais de définir la nature de leur
réalité. On pourrait dire : « Choisissez vos dieux avec soin, car vous vous
renforcerez les uns les autres. »
Maintenant. Faites une pause.
(22h55. Le débit a été constamment rapide, ma main le sent. Comme Seth
l’avait promis, c’est un bon chapitre. Jane dit qu’elle le sentait s’arrêter
brièvement de temps en temps pour s’assurer qu’elle choisissait le mot
exact ; elle était encore en transe, en train de parler, dit-elle, et Seth
attendait. Mais elle ne se souvient d’aucun passage. Reprise à 23h08, avec
l’air conditionné toujours allumé.)
Maintenant. Pareille alliance établit certains champs d’attraction. Un
homme qui s’attache à l’un des dieux s’attache en grande partie à ses
propres projections. Selon vos termes, certaines de ces projections peuvent
être porteuses de créativité, mais d’autres de destruction – encore que
celles-ci ne soient pas toujours identifiées comme telles.
En revanche, le concept ouvert de Tout-ce-qui-est vous libère
partiellement de vos propres projections ; il permet un contact plus valide
avec l’esprit qui se trouve derrière la réalité que vous connaissez.
Dans ce chapitre, j’aimerais aussi mentionner quelques points
intéressants.
Certains contes anciens qui ont traversé les siècles parlent de différents
dieux ou démons qui gardent, pourrait-on dire, la porte des autres niveaux
de réalité, des autres stades de conscience. Les niveaux astraux y sont
clairement détaillés, catégorisés et numérotés.
Il faut surmonter certaines épreuves pour y être admis. Certains rituels
doivent être accomplis. Or tout cela contient beaucoup de déformations.
Toute tentative pour exprimer la réalité interne de façon aussi précise et
rigide est trompeuse, vouée à l’échec et parfois, selon vos termes,
dangereuse ; car on crée sa propre réalité, on la vit, selon ses croyances. Il
faut donc faire très attention à ce qu’on décide de croire.
Permettez-moi de saisir cette occasion pour affirmer à nouveau qu’il
n’existe ni diable ni démon, hormis ceux que vous créez vous-mêmes à
partir de vos propres croyances. Je l’ai dit, l’effet du bien et du mal est
fondamentalement illusoire. Tout acte, indépendamment de sa nature
apparente, fait partie, selon vos termes, d’un bien plus grand. Je ne suis pas
en train de dire qu’une fin louable justifie ce que vous considéreriez comme
une mauvaise action. Tant qu’on continue à penser en termes de
manifestation du bien et du mal, il est important de choisir le bien.
(23h25.) Je le dis le plus simplement possible. Mais il y a là des
implications profondes. Les contraires n’ont de validité que dans votre
propre système de réalité. Ils font partie de vos croyances-racines et, en tant
que tels, vous devez vous en soucier.
Mais les contraires représentent une unité profonde que vous ne
comprenez pas. Votre conception du bien et du mal résulte en grande partie
du type de conscience que vous adoptez dans le présent. Au lieu
d’ensembles, vous percevez des portions. L’esprit conscient fait le point
avec une lumière rapide, limitée mais intense ; ainsi, il ne perçoit, dans un
champ de réalité donné, que certains « stimuli », qu’il assemble ensuite par
lien de similitude. L’esprit ne perçoit que ce qu’il conçoit comme faisant
partie de la réalité.
L’impression de contraires résulte donc d’un manque de perception.
Comme vous devez fonctionner au sein du monde tel que vous le percevez,
les contraires semblent être une condition de l’existence. Cependant, il y a
une raison à cette séparation des éléments. Elle vous apprend – et vous vous
apprenez vous-mêmes – à gérer l’énergie, à devenir des cocréateurs
conscients de Tout-ce-qui-est ; or l’un de ces « stades de développement »,
l’un de ces processus d’apprentissage, consiste à traiter les contraires
comme des réalités.
L’idée du bien et du mal, selon vos termes, vous aide à reconnaître le
caractère sacré de l’existence, et la responsabilité de la conscience. L’idée
des contraires est également un cadre nécessaire au développement de
l’ego. Le moi interne connaît parfaitement l’unité qui existe.
Maintenant. Fin de la dictée, et très bientôt, fin du chapitre. Et à la fin du
chapitre, posez les questions que vous avez en tête.
(« D’accord. » Mais Seth a spontanément répondu à une bonne partie
des questions sur la religion qui faisaient partie de notre liste pour le
chapitre 20.)
Je vous dis un chaleureux bonsoir ; et (souriant avec une certaine
insistance) nous étions en grande forme, la dernière fois.
(« Vous l’étiez certainement. Merci, Seth, et bonne nuit. »
23h57. Seth fait allusion au cours de perception extrasensorielle de Jane.
Une longue session a été enregistrée, comme souvent. Et l’on peut dire que
Seth était également en grande forme ce soir.)

SESSION 588
LUNDI 2 AOÛT 1971

(21h01. Jane et moi avons noté des questions avant la session de ce soir.
Dans la session 586, Seth déclare que d’ici à l’année 2075, le troisième
Christ – Paul ou Saül – aura accompli son second avènement avec, bien
entendu, une influence profonde sur l’histoire de la religion et du monde.
Jane pense qu’une période de moins d’un siècle est beaucoup trop courte
pour contenir autant de changements majeurs. Elle veut que je demande à
Seth si elle a déformé cette donnée.
Quand, par exemple, cette personnalité naîtra-t-elle, pour avoir le temps
de provoquer des changements aussi énormes ? Nous pensons qu’une
erreur a pu intervenir.
Mes questions concernent les relations entre les trois personnalités de
l’entité Christ : Jean-Baptiste, Jésus-Christ et Paul. Des interactions
psychiques fortes ou exceptionnelles se sont-elles produites entre eux ? En
dehors des exemples connus, leurs expériences psychiques et leurs rêves
étaient-ils hors du commun pendant qu’ils vivaient leur vie au jour le jour ?
Les dates historiques qui suivent sont approximatives, mais elles
montrent sommairement la superposition des vies des trois personnalités
qui constituent l’entité Christ.
Jean-Baptiste est né entre 8 et 4, mort en 26 ou 27. Jésus-Christ est né
entre 8 et 5, mort en 29 ou 30. Paul (Saül) de Tarse est né entre 5 et 15
après J.-C., mort en 67 ou 68.
Élisabeth, la mère de Jean – dit « le Baptiste » – était une cousine de la
mère du Christ, Marie. Jean a baptisé Jésus au début de son ministère, en
26 ou 27, quand il avait environ trente ans. Jean était déjà actif dans sa
propre mission et se nommait souvent lui-même « précurseur d’un autre qui
sera plus noble et plus fort ». Peu après avoir baptisé Jésus, Jean a été
emprisonné par Hérode Antipas dans la forteresse de Machaerus, près de la
mer Morte.
On ne sait pas avec certitude si le Christ et Paul se sont rencontrés. Paul
s’est converti plusieurs années après la mort du Christ ; c’était auparavant
un persécuteur zélé des chrétiens. Il ne semble pas non plus que Paul et
Jean-Baptiste se soient rencontrés.
Selon l’Histoire, les trois membres de l’entité Christ ont connu des fins
violentes. Le Christ a été crucifié près de Jérusalem, sur l’ordre de Ponce
Pilate ; Jean-Baptiste a été décapité par Hérode ; et Paul a été décapité à
Rome, sous le règne de Néron.
Des lecteurs de The Seth Material ont demandé que Seth développe les
données concernant les trois Christs fournies au chapitre 18, « Le concept
de Dieu ». Certains voulaient savoir si l’un des trois Christs pouvait avoir
été le Maître de Justice, personnage qui était le meneur de la secte des
zélotes, en Judée, au début du Ier siècle de notre ère. Quatre grandes sectes
juives se développaient dans cette région au moment de la naissance du
christianisme.
D’autres questions concernent les divers noms du Christ. Jane et moi les
avions mises de côté, et nous les passons en revue avant la session. Le débit
de Jane au début de la session est un peu plus lent que d’habitude.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Accordez-nous un instant, nous allons reprendre.
Dans toute période de l’Histoire, un drame religieux peut finalement
émerger en tant que représentation extérieure, mais il existe aussi de
nombreux drames mineurs, des « projections » qui ne prennent pas
complètement. Celles-ci représentent, bien sûr, des évènements probables.
N’importe lequel d’entre eux aurait pu prendre la place du drame extérieur
effectif. Au temps du Christ, il a existé beaucoup de représentations de ce
type, car de nombreuses personnalités sentaient la force de la réalité
intérieure et y réagissaient.
Il a existé des Christs probables, autrement dit, qui ont vécu, selon vos
termes, à cette époque. Pour plusieurs raisons, dans lesquelles je n’entrerai
pas ici, ces projections ne reflétaient pas assez fidèlement les évènements
internes. Mais il y a eu, dans la même zone physique, un certain nombre
d’hommes qui ont réagi au climat psychique intérieur et ont senti passer sur
eux l’attraction et la responsabilité du rôle de héros religieux.
(Une pause à 21h09.) Certains de ces hommes étaient trop marqués, trop
pris dans le tourment et la ferveur de cette période pour s’élever
suffisamment au-dessus d’elle. Les différentes cultures les ont utilisés. Ils
n’ont pas réussi à utiliser ces cultures comme base de lancement pour les
nouvelles idées et se sont perdus dans l’histoire de l’époque.
Certains ont continué à suivre le chemin pris par le Christ ; ils ont
accompli des guérisons et des exploits psychiques, ils ont eu des groupes
d’adeptes, mais ils n’ont pas réussi à maintenir la puissante focalisation
psychique qui était nécessaire.
Le Maître de Justice, ainsi nommé, était l’une de ces personnes, mais sa
nature trop zélée l’a maintenu en arrière.
(Dans les livres que j’ai lus sur le sujet, le chef des zélotes est toujours
nommé le Maître de Justice. L’interprétation de maigres archives, dont les
manuscrits de la mer Morte, suscite le débat, mais il semble qu’il s’agisse
soit de Menahem Ben Judah, tué en 66 après J.-C. à Jérusalem, soit de l’un
de ses neveux, qui lui a survécu et lui a succédé.)
Sa rigidité l’a empêché d’avoir la spontanéité qui était indispensable pour
toute véritable libération religieuse. Au lieu de cela, il est tombé dans le
piège du provincialisme. S’il avait joué cet autre rôle, il aurait pu être d’un
grand secours pour Paul. C’était une personnalité probable de la partie Paul
de l’entité Christ.
(Une longue pause à 21h17. Le débit de Jane est toujours assez lent.)
Ces hommes comprenaient spontanément leur rôle dans ce drame, ainsi
que leur position au sein de Tout-ce-qui-est. Ils étaient tous hautement
extralucides et télépathes ; ils avaient des visions et entendaient des voix.
Dans leurs rêves, ils étaient en contact. Paul se souvenait consciemment
de beaucoup de ces rêves, jusqu’à ce qu’il se sente poursuivi par le Christ.
C’est à cause de rêves récurrents que Paul a persécuté les chrétiens. Il avait
l’impression que le Christ était une sorte de diable qui le poursuivait dans
son sommeil.
À un niveau inconscient, cependant, il connaissait le sens de ses rêves, et
sa « conversion » n’a bien sûr été qu’un évènement physique survenant
dans le sillage d’une expérience intérieure.
Jean-Baptiste, le Christ et Paul étaient reliés dans leurs rêves, et Jean-
Baptiste avait conscience de l’existence du Christ bien avant la naissance de
celui-ci.
C’est Paul qui avait besoin de l’ego le plus fort, en raison de sa tâche
particulière. C’est pourquoi il avait beaucoup moins conscience de son rôle.
La connaissance intérieure a bien sûr jailli dans l’expérience physique de la
conversion.
Ce matériau est donné en réponse à vos questions.
(« C’est très intéressant. »
Jane fait une longue pause à 21h25. Toujours en transe, elle allume une
cigarette et boit quelques gorgées.)
Maintenant, pour répondre à la question de Ruburt : la naissance se
produira à l’époque indiquée ; elle aura eu lieu à l’époque indiquée (l’année
2075). Les autres changements se produiront en gros sur un siècle, mais les
résultats vont commencer à en être visibles bien avant.
En raison de la plasticité du futur, selon vos termes, la date ne peut pas
être considérée comme définitive. Toutes les probabilités pointent
cependant dans ce sens, car l’impulsion interne est déjà en train de former
les évènements.
À moins que vous ayez d’autres questions, c’est la fin de ce chapitre.
(« Par simple curiosité : pouvez-vous dire comment le Maître de Justice a
fini ? » C’est l’une des questions posées par nos correspondants.)
Accordez-nous un instant.
Le nom qu’on lui a donné était exact, bien qu’il s’agisse là d’une
traduction. Il est mort avec un petit groupe d’hommes dans une caverne où
il s’était réfugié au cours d’une bataille ; il a été tué par les membres d’une
autre secte. Les meurtriers ont emporté avec eux certains manuscrits qu’ils
ont trouvés à cet endroit ; mais il y en avait d’autres qu’ils n’ont pas trouvé,
et qui n’ont pas encore été découverts.
Ce dernier lieu de refuge se situait près de Damas. Pendant quelques
temps, le Maître de Justice essaya de se cacher dans cette ville. Mais son
identité fut découverte, et il se réfugia avec un groupe d’hommes dans des
cavernes situées entre Damas et une ville voisine, beaucoup plus petite, qui
avait servi un temps de forteresse. C’est là qu’ils se rendaient.
Maintenant, vous pouvez faire une pause, puis je commencerai le
chapitre suivant.
(21h35. Mais, au lieu de faire une pause, Jane reste tranquillement
assise, toujours en transe.)
Une petite remarque pour ceux que cela intéresse. La secte des zélotes
était elle aussi divisée en deux groupes principaux, dont l’un a fini par se
détacher de l’autre. D’autres documents seront découverts plus tard, qui
éclairciront un certain nombre de points importants concernant ces époques
de l’Histoire. (Une pause.) Pendant une brève période de sa vie, Paul a fait
partie d’un groupe de zélotes. Ce fait n’est pas connu. Il ne figure dans
aucune archive.
(Jane reste assise en transe pendant si longtemps que je commence à lui
poser une question ; mais elle lève une main pour me faire signe
d’attendre.)
En fait, pendant une période, il a mené une double vie en tant que
membre des zélotes. Mais il s’est retourné contre eux avec véhémence,
comme il allait plus tard se retourner contre les Romains pour rejoindre les
chrétiens. Avant sa conversion, il savait déjà qu’il avait un but et une
mission, et il se jetait avec toute la passion de son être sur les réponses qu’il
pensait avoir trouvées.
Maintenant, faites une pause.
(21h40. Le débit de Jane a été lent, puis s’est accéléré. Sa transe a été
bonne. Elle dit qu’elle « est vraiment partie quand Seth a démarré sur les
données bibliques ».
Je trouve les informations de Seth extrêmement intéressantes. Ce n’est
pas toujours le cas, mais Jane dit qu’elle préfère nettement n’avoir aucune
connaissance de la période historique dont parle Seth. En l’occurrence, elle
n’a rien lu sur les manuscrits de la mer Morte, dont je lui ai pourtant parlé
plusieurs fois. Elle ne connaît pas non plus la Bible.
Nous ne savions pas, bien sûr, comment Seth allait présenter son
matériau dans le chapitre sur la religion, le troisième Christ et autres. Nous
sommes tous les deux surpris de l’entendre affirmer qu’il y a eu un lien
entre Paul et les zélotes. De nombreuses questions nous viennent à l’esprit ;
mais il faut bien s’arrêter quelque part et nous décidons à regret de ne pas
les poser.
L’attitude de Jane face à l’histoire biblique correspond à ses sentiments
sur d’autres facettes de ses capacités ; elle m’a souvent dit qu’elle se sent
beaucoup plus libre quand elle fait une session pour quelqu’un qu’elle ne
connaît pas. C’était pareil quand elle essayait de deviner le contenu
d’enveloppes scellées(6). Elle préférait ne pas savoir qui les avait préparées,
d’où elles provenaient, etc.)
CHAPITRE 22

Un au revoir et une présentation : aspects de


la personnalité multidimensionnelle vus à
travers ma propre expérience

(Reprise à 22h00. La voix de Jane en tant que Seth est un peu différente
de l’ordinaire. Plus contrôlée, peut-être ; pas tout à fait aussi joviale ou à
l’aise.)
Maintenant. Nous allons commencer le chapitre suivant, et nous allons
l’appeler « Un au revoir et une présentation : aspects de la personnalité
multidimensionnelle vus à travers ma propre expérience ».
(« Tout ça fait partie du titre ? »)
Oui, avec deux points pour séparer les deux parties de la phrase. Et
accordez-nous un instant. (Une pause.)
À l’époque historique du Christ, j’étais un homme nommé Millenius, à
Rome. Dans cette vie, mon activité principale était celle d’un marchand,
mais j’étais un personnage extrêmement curieux, et mes voyages me
faisaient rencontrer des groupes de gens très divers.
Physiquement, j’étais rond et corpulent, pas du tout patricien dans mon
apparence, et mes vêtements étaient souvent désordonnés. Nous avions
l’habitude de priser une certaine sorte de paille. J’en prenais tout le temps,
et j’en répandais souvent sur ma tunique.
Ma maison était située dans la partie la plus affairée de la ville, au nord-
ouest, juste au-delà de ce que vous appelleriez le cœur de la ville. Je
vendais différents articles, dont des cloches pour les ânes. Ce n’est pas un
produit très grandiose, mais les familles qui vivaient dans les fermes à
l’extérieur de Rome trouvaient mes cloches très utiles. Chacune avait un
son particulier, et chaque famille reconnaissait son âne, parmi la multitude
d’ânes semblables, au son de sa cloche.
(22h08.) Les ânes étaient également utilisés pour porter des charges dans
de multiples corps de métiers, à l’intérieur de Rome même, en particulier
pour les métiers les plus modestes. Le nombre des cloches, leur tonalité
particulière, leur couleur même, tout avait une signification. Au milieu de
l’agitation de la ville, ces cloches particulières étaient donc reconnues par le
pauvre ou par l’esclave qui venait acheter des produits – souvent des
aliments fanés provenant de chariots lourdement chargés.
Les cloches ne représentaient qu’une petite partie de mon commerce, qui
portait surtout sur la toile et la teinture, mais elles me fascinaient. Mon
intérêt pour elles me menait dans la campagne et la région voisine, me
faisant voyager plus loin qu’un homme prudent ne l’aurait fait. Les cloches
étaient devenues mon occupation favorite. Ma curiosité me poussait à aller
de plus en plus loin pour en trouver de nouvelles, me mettant ainsi en
contact avec des gens que je n’aurais pas rencontrés autrement.
(22h11.) Je n’avais pas d’instruction, mais j’étais astucieux et vif d’esprit.
J’avais découvert que diverses sectes juives, à la fois à Rome et en dehors,
utilisaient des cloches spéciales. J’étais Romain et j’étais un citoyen, mais
ma citoyenneté avait peu de signification, sinon qu’elle m’apportait une
sécurité minimale dans ma vie quotidienne ; dans mon commerce, je
rencontrais autant de Juifs que de Romains. Socialement, j’étais à peine au-
dessus d’eux. (Première touche d’humour de Seth dans ce chapitre.)
Les Romains ne savait pas précisément combien il y avait de Juifs à
Rome à cette époque. Ils se contentaient d’une estimation. Les cloches des
ânes qui appartenaient aux zélotes portaient le symbole d’un œil (Jane, en
tant que Seth, indique l’un de ses yeux). Ils s’introduisaient secrètement
dans la ville, en se cachant autant des Juifs que des Romains. C’étaient de
bons vendeurs, et ils m’ont souvent pris plus que je ne méritais de perdre.
J’ai entendu parler du Maître de Justice par l’un de ses cousins nommé
Sheraba…
(« Pouvez-vous épeler ? » Seth le fait, et nos orthographes concordent.
On voit par les paragraphes précédents que Seth change de lieu, passant
de Rome à la Judée sans dire comment ni quand. J’aimerais en savoir plus
sur les modalités du déplacement, mais je décide de ne pas l’interrompre
davantage pour l’instant.)
… qui était, d’après ce que je pus comprendre à l’époque, un assassin
« sacré ». Il était ivre le soir où je lui ai parlé, dans une écurie puante à
l’extérieur de Jérusalem. C’est lui qui m’a parlé du symbole de l’œil. Il m’a
dit aussi que cet homme, le Christ, avait été capturé par les esséniens. Je ne
l’ai pas cru. D’ailleurs, à cette époque-là, je ne savais pas qui était le Christ.
(Une pause à 22h28. Le débit de Jane a été lent. Les quatre grandes
sectes juives connues pour prospérer en Terre sainte au début du Ier siècle
étaient les sadducéens, les pharisiens, les zélotes et les esséniens.)
À l’époque du Christ, très peu de gens connaissaient son existence. Pour
dire les choses vulgairement (et avec humour), je savais que quelqu’un
avait le ballon, mais je ne savais pas qui. La situation s’est finalement
révélée à moi, et à beaucoup d’autres, par les rêves.
D’une façon générale, les chrétiens ne voulaient pas de convertis
romains. Plus tard, j’en ai été un, et on ne m’a jamais fait confiance à cause
de ma nationalité. Mon rôle dans ce drame a simplement consisté à me
familiariser avec sa fondation physique ; à participer, quoique discrètement,
à cette ère. Bien plus tard, selon vos termes, j’allais finalement devenir un
pape mineur, au IIIe siècle, et retrouver certains de ceux que j’avais connus –
et, si vous voulez bien excuser une note d’humour, j’allais me retrouver
encore une fois tout près du son des cloches.
(Seth a fait allusion pour la première fois à son incarnation en pape
mineur dans une session du cours de perception extrasensorielle de Jane, le
25 mai 1971. Environ dix-huit personnes étaient présentes. La session a été
enregistrée ; les citations suivantes sont donc mot pour mot. Seth était de
très bonne humeur, et presque un peu grivois :
« … Car j’ai été un pape en 300 après J.-C. Je n’étais pas un très bon
pape.
« J’avais deux enfants illégitimes (rires de la classe), une maîtresse qui
se glissait dans mon cabinet privé, un magicien que je gardais pour le cas où
je ne m’en sortirais pas tout seul, une servante qui est tombée enceinte
chaque année où je l’ai eue, et trois filles qui sont entrées au couvent parce
que je n’en voulais pas – mon portrait tient en trois maigres lignes, car mon
règne n’a pas duré très longtemps.
« Maintenant. J’avais une grande famille – ou plutôt, je venais d’une
grande famille, et j’étais ambitieux, comme tout jeune homme intelligent de
l’époque. Je n’étais pas tenté par la carrière militaire, il ne restait donc que
l’Église.
« Pendant une période, je n’étais pas à Rome même : je répondais ailleurs
à l’appel de la religion. J’ai écrit deux lois de l’Église, ce qui montre que
toute chose finit par avoir du bon. Je suis mort de problèmes digestifs, car
j’étais un vrai goinfre. Mon nom n’était pas Clément (en réponse à la
question d’un membre du cours), bien que Clément soit un beau prénom.
« Au départ, on m’appelait Protonius. Maintenant, accordez-moi un
instant. Le nom de famille n’est pas du tout aussi clair, et ce n’est pas mon
nom papal, mais – si vous vous voulez bien excuser ce terme – mon nom
commun : Meglemanius III. Originaire d’un petit village.
« À moins que je convoque le moi que j’étais à cette époque, le souvenir
des détails n’est pas très net. Mais je vous les donne tels que je m’en
souviens, sans aller les vérifier directement auprès de notre ami le pape qui,
vous devez le comprendre, a suivi son propre chemin. Nous n’avions pas
tellement de gardes à l’époque, mais nous avions beaucoup de tableaux et
de bijoux d’une grande valeur qui avaient été volés. Or certains de ces
bijoux, de même que l’argent, ont servi à l’époque à financer des
expéditions dont vous ignorez l’existence, qui avaient pour but d’envoyer
des bateaux en Afrique et d’y faire du commerce ; et cet intérêt avait un lien
avec la vie que j’ai vécue plus tard, quand je me suis occupé de l’origan (en
tant que marchand d’épices dans le Danemark du XVIe siècle). Pour moi,
priser remonte à des siècles.
« Deux frères très unis contrôlaient l’Italie de l’époque. Je devrais peut-
être dire deux hommes – l’un se trouvant à la plus haute fonction, l’autre
étant son chancelier – avec qui j’étais en relation en tant que pape ; et
j’envoyais également des troupes dans le nord.
« Nous n’avions pas encore commencé à insister lourdement sur les
indulgences ; je ne disposais donc pas de l’argent supplémentaire qu’elles
allaient rapporter. Je croyais et ne croyais pas, tout comme vous (à un
membre du cours) qui, plus tôt dans votre vie, avez cru tout en ne croyant
pas ; je réussissais très bien à me dissimuler à moi-même ce que je croyais
et ce que je ne croyais pas. Or, plus on accède au pouvoir, plus il est
difficile de se dissimuler ces choses.
« J’avais beaucoup d’affection pour ma première maîtresse, dont le nom
était Maria. Et il n’existait pas de lois sensées comparables à celles qui vous
entourent à présent : et on ne pouvait siéger dans aucun gouvernement aussi
établi que ceux dont vous bénéficiez à présent.
« Je croyais implicitement dans le Dieu avec lequel j’avais été élevé, et je
croyais à cette croyance. C’est seulement plus tard que je me suis demandé
comment un tel Dieu pouvait me choisir pour occuper pareille fonction – et
j’ai commencé à me poser des questions. Après cela, j’ai eu quatre vies aux
circonstances des plus défavorables, histoire de bien comprendre la
différence qui existe entre le luxe et la pauvreté, entre l’arrogance et la
compassion. Et il y eut des jours, en d’autres siècles, où j’arpentais les
mêmes rues que lorsque j’avais été pape. En tant que pape, je les effleurais
légèrement ; en tant que paysan, je marchais d’un pas traînant, en portant de
lourdes charges – jusqu’à ce que j’apprenne les leçons que j’avais à
apprendre, tout comme chacun d’entre vous va apprendre ses propres
leçons. »
Avec ce texte, nous ne savons pas de quel pape parle Seth. Lorsque j’ai
dactylographié cette session, je me suis demandé si la mention du IIIe siècle
par Jane-Seth pouvait être une erreur. Si c’est le cas, je n’ai pas été assez
rapide à la repérer pour poser la question immédiatement. Comme Seth
donne la date de 300 après J.-C. dans une session de cours en mai dernier,
je pense personnellement que son incarnation papale se situe plus
vraisemblablement à la suite de cette date, soit au cours du IVe siècle. Le
IVe siècle couvre les années 301 à 400, puisque notre calcul moderne du
temps se fonde sur la date supposée de la naissance du Christ.
L’Encyclopaedia Britannica fait la liste de onze papes et de deux antipapes
entre 296 et 401. Certains de ces règnes ont été très courts, et certaines
dates sont incertaines ou supposées.
Bien entendu, nous aimerions en savoir davantage sur l’incarnation en
question. Comme Seth l’a déjà indiqué, il existe ici une richesse
d’informations qui ne demande qu’à être exploitée. Ce qui amène à un
dilemme que Jane a souvent rencontré : sur quoi faire des recherches,
parmi les multiples possibilités qui s’offrent à tout moment ; et, une fois ce
choix fait, comment trouver le temps nécessaire.)
Mon but n’est pas de détailler ici mes existences passées, mais de les
utiliser pour établir certains points. Avant tout, j’ai été à de nombreuses
reprises aussi bien un homme qu’une femme, et je me suis plongé dans
différentes occupations, mais toujours avec l’idée d’apprendre, pour
pouvoir enseigner. J’ai donc eu une solide expérience physique, base
nécessaire à mon « travail » présent.
Je n’ai pas joué le rôle d’une personnalité impressionnante, d’importance
historique, mais j’ai fait l’expérience des détails intimes de la vie
quotidienne, de la lutte ordinaire pour réussir, du besoin d’amour. J’ai
appris l’inexprimable aspiration du père pour le fils, du fils pour le père, de
l’époux pour l’épouse, de l’épouse pour l’époux, et je suis tombé la tête la
première dans le réseau intime des rapports humains. Avant ce que vous
considérez comme l’Histoire, j’ai été un Lumanien, et je suis ensuite né
dans l’Atlantide.
Pour utiliser vos références historiques, je suis revenu au temps de
l’homme des cavernes en tant que Parleur. D’ailleurs, j’ai toujours été
Parleur, quel que soit mon métier physique. J’ai été marchand d’épices au
Danemark, et j’y ai connu Ruburt et Joseph. Dans plusieurs vies, j’ai été
noir – une fois dans ce qu’on appelle à présent l’Éthiopie, et une fois en
Turquie.
Mes vies en tant que moine ont suivi mon expérience de pape et, dans
l’une de ces vies, j’ai été victime de l’Inquisition espagnole. Mon
expérience dans les vies féminines va de celle d’une vieille fille hollandaise
sans beauté à celle d’une courtisane au temps du David de la Bible, en
passant par plusieurs existences en tant qu’humble mère de famille.
Or, lorsque j’ai commencé à entrer en contact avec Ruburt et Joseph, je
leur ai caché le fait de mes nombreuses vies. (Sourire.) Ruburt, en
particulier, n’acceptait pas la réincarnation ; l’idée d’une telle multitude de
vies lui aurait paru tout à fait scandaleuse.
Les époques, les dates et les noms sont beaucoup moins importants que
les expériences elles-mêmes, et elles sont trop nombreuses pour être toutes
répertoriées ici. Je veillerai cependant, à un certain moment, à ce qu’elles
soient pleinement accessibles. Certaines ont été données dans les sessions
du cours de Ruburt, et d’autres, en très petit nombre toutefois, sont parues
dans The Seth Material.
Dans un livre sur la réincarnation, j’aimerais que chacune de mes
personnalités précédentes parle pour elle-même, car elles devraient toutes
raconter leur propre histoire. Vous devez donc comprendre que ces
personnalités existent toujours et sont indépendantes. Ce que je suis
semblait alors être contenu dans ces personnalités, mais je n’en étais que la
graine. Selon vos termes, je peux me rappeler qui j’étais ; en termes plus
vastes, cependant, ces personnalités devraient parler pour elles-mêmes.
On pourrait faire ici une comparaison entre cette situation et l’état de
régression sous hypnose. Mais ces personnalités ne sont pas enfermées à
l’intérieur de ce que je suis. Elles ont évolué à leur façon. Elles ne sont pas
niées. Selon ma façon de voir, elles coexistent avec moi, mais dans une
autre couche de réalité.
Maintenant. Faites votre pause.
(22h56. Jane dit qu’elle était complètement ailleurs. Comme il arrive
parfois, des images et des souvenirs liés au matériau commencent à lui
revenir pendant que nous parlons. Elle a éprouvé un sentiment d’expansion,
une impression de grandes foules. Puis elle se rappelle une écurie puante
avec de la paille sale, et « trois hommes vêtus de tuniques brunes et sales,
en toile grossière ».
Jane reste assise, à moitié en transe, « en train de voir plus de choses
maintenant que pendant la session elle-même ». C’est comme si une lumière
en elle faisait le point sur une zone particulière. Elle voit de la graisse, ou
la cire d’une bougie tomber sur l’une des tuniques et la tacher. Dans
l’écurie, de longues bottes de paille de forme ovale sont empilées « presque
jusqu’au plafond, pour les garder au sec. Chaque botte est liée, mais pas
couverte ».
Puis elle sent une odeur très rance. « Seth a une sorte de savon parmi ses
articles – un mélange affreux de soude et d’eau de rose, dit-elle, stupéfaite,
en fronçant les narines. C’est dans une sorte de sac en toile ; un sac double,
comme la besace qu’on jette sur un cheval… Je le vois pratiquement en
face de moi. Je pourrais le dessiner, mais ça ne présente pas d’intérêt.
C’est tout – tout ça a surgi quand tu as commencé à en parler, dit-elle
finalement. Je n’ai pas eu de vision plus importante, et je ne savais pas
jusqu’où la suivre. Quand j’ai vu cette besace, c’est tout ce que j’ai vu… »
Jane est visiblement beaucoup plus détendue maintenant que lorsqu’elle
a commencé le chapitre. Elle bâille profondément à plusieurs reprises, et
elle a le regard mouillé. Je suggère de mettre fin à la session, mais elle veut
continuer. Reprise à 23h19.)
Dans plusieurs vies, j’ai eu conscience de mes « existences passées ».
Une fois, en tant que moine, je me suis retrouvé en train de copier un
manuscrit qui avait été écrit par moi-même dans une autre vie.
Je me suis souvent adonné à l’amour du poids, et je l’ai possédé. Deux
fois, je suis mort de faim. J’ai toujours trouvé mes morts hautement
éducatives – après coup, selon vos termes. C’était toujours une leçon, entre
les vies, de suivre à la trace les pensées et les évènements qui « avaient
mené à une fin donnée ».
Aucune de mes morts ne m’a surpris. Pendant le processus, j’en sentais le
caractère inévitable ; je le reconnaissais, et j’éprouvais même un sentiment
de familiarité : « Bien sûr, cette mort particulière est mienne et à personne
d’autre. » J’acceptais même les circonstances les plus saugrenues, j’en
éprouvais presque un sentiment de perfection. Telle vie ne pouvait pas
s’achever correctement sans cette mort-là.
Il y a un grand sentiment d’humilité, en même temps qu’un fort
sentiment d’exaltation, quand le moi interne ressent sa liberté au moment de
la mort. Toutes mes morts ont été le complément de mes vies, et il me
semblait qu’il n’aurait pas pu en être autrement.
(Une longue pause à 23h29.) Si je le souhaite, je peux revivre, selon vos
termes, n’importe quelle partie de ces existences, mais ces personnalités
font leur propre chemin. Vous me comprenez ?
(« Oui. »)
À un niveau subjectif, j’ai agi en tant qu’enseignant et Parleur dans
chacune de mes vies. Dans quelques existences tout à fait intuitives, je m’en
suis rendu compte. Vous ne comprenez pas encore la grande importance du
dessous de la conscience. À côté de votre rôle objectif dans chaque vie, vos
défis réincarnationnels concernent aussi vos états de rêve ; des flux de
créativité croissent et décroissent en dessous du monde quotidien que vous
connaissez. Je suis ainsi devenu très compétent en tant que Parleur et
enseignant dans plusieurs vies qui, vues de l’extérieur, semblaient sans
intérêt.
Dans ces cas-là, mon influence, mon travail et mes préoccupations
étaient beaucoup plus larges que mes tranquilles buts objectifs. Je vous
donne ces informations en espérant qu’elles puissent vous aider à
comprendre la nature véritable de votre propre réalité. Pourtant, mes
existences réincarnationnelles ne définissent pas ce que je suis, pas plus que
les vôtres ne vous définissent.
Maintenant, vous pouvez faire une pause ou terminer la session, comme
vous préférez.
(« Nous allons faire une pause. » 23h35. Quand j’ai l’impression que
Jane préfère continuer la session, je demande une pause au lieu d’y mettre
fin. Le débit a été lent, et Jane se rend compte qu’elle n’est pas partie très
longtemps.
« Je ne sais pas s’il faut continuer ou pas, dit-elle après un bref échange.
Je sais ce que Seth a prévu, mais je ne sais pas comment il va s’y prendre.
— Qu’est-ce que tu veux dire ? Je ne comprends pas…
— Il va laisser Seth 2 intervenir. »
Il est question de Seth 2 dans le chapitre 17 du livre de Jane, The Seth
Material. Cette personnalité parle occasionnellement pendant le cours de
perception extrasensorielle, mais rarement dans nos sessions personnelles.
Dans le plan du livre que Seth a donné avant de commencer la dictée, il
nous a dit que Seth 2 serait expliqué. Certaines de nos questions pour le
chapitre 20 concernaient également Seth 2. J’avais temporairement oublié
ces deux points – d’où ma surprise.
Mais maintenant, à 23h40, Jane ne sait pas si elle doit terminer la
session, comme je viens de le lui suggérer, ou la poursuivre. Elle décide
finalement de « rester simplement assise en silence pendant un instant ».
Puis : « Je ne sais pas si je dois arrêter ou pas – ça pourrait continuer
pendant une heure… » Je lui dis que je suis partant si elle l’est. Seth
reprend à 23h45.)
L’âme se connaît, elle ne se perd pas dans les termes et les définitions. En
vous montrant la nature de ma réalité, j’espère vous enseigner la nature de
la vôtre.
Vous n’êtes liés à aucune catégorie, à aucun coin de l’existence. Votre
réalité ne peut pas être mesurée ; pas plus que la mienne. En écrivant ce
livre, j’espère illustrer la fonction de la conscience et de la personnalité, et
élargir vos concepts.
Or je vous ai dit pour commencer que je dictais ce matériau par le biais
d’une femme pour qui j’ai de l’affection. Permettez-moi maintenant de vous
dire que d’autres réalités sont concernées. Les paragraphes suivants vont
être écrits par une autre personnalité, avec qui je suis lié à peu près de la
même façon que je suis lié à la femme par qui je parle.
(Une pause à 23h51. Je vois une transformation s’accomplir en Jane, au
moment où notre Seth familier se met en retrait et où Seth 2 commence à
occuper le premier plan. En même temps, je sais que, subjectivement, Jane
éprouve la sensation d’un « cône » ou d’une « pyramide » qui descend sur
sa tête. Jane m’a souvent dit qu’elle sent Seth venir à elle d’une manière
très chaleureuse, vivante et amicale, alors qu’elle sent sa propre conscience
sortir d’elle pour aller à la rencontre de Seth 2 – « en haut d’une pyramide
invisible, comme un courant d’air dans un conduit de cheminée ». Elle ne
sait pas où elle va, ni comment elle revient. Elle a l’impression que son
corps reste en arrière.
Jane est assise très droite dans son fauteuil à bascule, les avant-bras
posés sur les accoudoirs, les pieds à plat sur le tapis. C’est la nuit, il fait
chaud et humide ; les fenêtres de notre salon sont ouvertes, et je prends
conscience du bruit de la circulation. J’entends quelqu’un se déplacer dans
l’appartement du dessus.
Les yeux de Jane sont fermés mais s’entrouvrent de temps en temps. Elle
sourit légèrement en parlant pour Seth 2. La voix qui sort d’elle est très
haut placée, distante et formelle, avec peu de volume ou d’emphase.
Chaque mot est prononcé avec précaution, de façon délibérée, presque
délicate. C’est comme si Seth 2 n’était pas habitué aux cordes vocales et
aux mots, et prenait soin d’employer ces mécanismes exactement de la
bonne manière. Le contraste entre les deux Seth ne pourrait pas être plus
marqué.)
Nous sommes les voix qui parlent sans avoir de langue. Nous sommes les
sources de l’énergie dont vous êtes issus. Nous sommes des créateurs ;
pourtant nous avons été créés. Nous avons ensemencé votre univers comme
vous ensemencez d’autres réalités.
Nous n’existons pas en termes historiques, et nous n’avons pas connu
l’existence physique. Notre joie a créé l’exaltation d’où vient votre monde.
Notre existence est telle que la communication avec vous doit passer par
d’autres.
Les symboles verbaux n’ont pas de sens pour nous. Notre expérience
n’est pas traduisible. Nous espérons que notre intention l’est. Dans le
champ immense et infini de la conscience, tout est possible. Chaque pensée
a un sens. Nous percevons vos pensées comme des lumières. Elles forment
des schémas. (Chaque syllabe est prononcée séparément avec un grand
soin.)
À cause des difficultés de communication, il nous est presque impossible
d’expliquer notre réalité. Sachez simplement que nous existons. Nous vous
envoyons une vitalité sans mesure, et nous apportons notre soutien à toutes
les structures de conscience qui vous sont familières. Vous n’êtes jamais
seuls. (Une pause.) Nous vous avons toujours envoyé des émissaires qui
comprennent vos besoins. Bien que vous ne nous connaissiez pas, nous
vous chérissons.
Seth est un point de référence pour moi, un point de référence pour nous.
Il est une ancienne partie de nous. (Une pause.) Nous sommes séparés mais
unis. (Une longue pause.) Toujours, l’esprit forme la chair.
(0h06. C’est la fin de la session. Comme toujours quand c’est Seth 2 qui
parle, la fin n’est pas annoncée ; elle intervient sans l’échange chaleureux
et affectueux qui se produit souvent entre Seth, Jane et moi.
Les paupières de Jane sont lourdes. Pendant quelques minutes, elle a du
mal à garder les yeux ouverts. Elle n’a pas changé de position dans son
fauteuil pendant la durée de la dictée, et elle a ressenti l’effet habituel de
cône. J’ai dû demander que deux ou trois mots, couverts par le bruit de la
circulation, soient répétés.)

SESSION 589
MERCREDI 4 AOÛT 1971

(21h04. Contrairement à nos habitudes, nous sommes prêts assez tôt


pour la session, ce soir. J’espère, comme je le dis à Jane, que Seth va parler
d’un rêve qu’elle a fait cette nuit. C’était un rêve très optimiste qui nous
concernait tous les deux ; je suis sûr qu’il concerne notre travail, en termes
symboliques. Seth analyse ce rêve à la fin de la session, et ce matériau a été
supprimé de la dictée.
Aux alentours de 21h00, Jane commence à avoir une attitude
caractéristique. Elle se tait et reste assise à attendre, puis commence à jeter
des regards de côté, paupières baissées ; elle semble guetter un certain
signal subjectif. Puis elle me dit que Seth est « dans les parages » et que la
session va commencer. Lorsqu’elle enlève ses lunettes et les place sur la
table basse devant elle, elle est en transe. Son débit est plutôt lent au
début.)
Maintenant. Nous allons continuer. Il existe des types de conscience qui
ne peuvent pas être déchiffrés en termes physiques. La « personnalité » à
l’origine des paragraphes que vous venez de lire en est une.
Comme je l’ai dit, il existe le même type de connexion entre cette
personnalité et moi-même qu’entre Ruburt et moi. Mais, selon vos critères,
Seth 2 est beaucoup plus séparé de ma propre réalité que je ne le suis de
celle de Ruburt. Vous pouvez imaginer Seth 2 comme une partie future de
moi, si vous préférez ; mais c’est beaucoup plus complexe.
J’utilise moi-même ici des termes simples pour essayer de rendre ces
idées plus claires. Dans un état de transe, Ruburt peut entrer en contact avec
moi. Dans un état qui, par certains côtés, ressemble à la transe, je peux
entrer en contact avec Seth 2. Nous sommes reliés d’une façon difficile à
expliquer, unis par des réseaux de conscience. Ma réalité contient donc non
seulement des identités réincarnationnelles, mais également d’autres
ensembles d’êtres qui n’ont pas forcément de connexions physiques.
Cela s’applique à chaque lecteur de ce livre. L’âme est donc ouverte. Ce
n’est pas un système spirituel ou psychique clos. J’ai essayé de vous
montrer que l’âme n’est pas une chose séparée, détachée de vous. Elle n’est
pas plus séparée de vous que – majuscule – Dieu n’est séparé de vous.
Il n’y a pas besoin de créer un Dieu séparé, qui existe en dehors de votre
univers, de manière séparée, pas plus qu’il n’est besoin de concevoir l’âme
comme une entité éloignée. Dieu, ou Tout-ce-qui-est, fait intimement partie
de vous. « Son » énergie forme votre identité, et votre âme fait partie de
vous de la même manière.
(21h18.) Mes propres personnalités réincarnationnelles, mes moi
probables, et même Seth 2, existent en moi maintenant, tout comme j’existe
en eux. Selon vos termes, Seth 2 est plus avancé. Il vous est aussi plus
étranger, puisqu’il ne peut pas se relier à votre existence physique aussi bien
que moi, qui ai une histoire avec elle.
Pourtant, mon expérience enrichit Seth 2, et ses expériences
m’enrichissent dans la mesure où je suis capable de les percevoir et de les
traduire pour mon propre usage. De la même façon, la personnalité de
Ruburt est augmentée par sa relation avec moi, et je bénéficie de cette
expérience, car même le meilleur des enseignants apprend de chaque
dimension d’activité.
En termes plus larges, mon âme contient mes personnalités
réincarnationnelles, Seth 2 et mes moi probables. Je perçois d’ailleurs tout
autant mes moi probables que mes existences réincarnationnelles. Votre
concept de l’âme est tout simplement beaucoup trop étroit. Je ne parle pas
réellement ici en termes d’âmes de groupe, bien que l’on puisse également
faire cette interprétation.
Chaque « partie » de l’âme contient l’ensemble – concept qui, j’en suis
sûr, vous dérange. En vous rapprochant de votre propre réalité subjective,
vous vous familiarisez avec des parties plus vastes de votre âme. Quand
vous concevez l’âme comme un système clos, vous la percevez comme
telle, et vous vous coupez de sa créativité et de ses caractéristiques plus
vastes.
(21h27.) Seth 2 représente ce que je vais devenir, dans une certaine
mesure, et selon vos termes, mais quand je serai devenu ce qu’il est, il sera
autre chose. En ces termes, donc, et en ces termes uniquement, Ruburt
deviendra peut-être ce que je suis, mais je serai alors tout à fait différent.
Chacun de vous est impliqué dans le même type de relations, que vous
vous en rendiez compte ou non. Il vous semble que les existences
réincarnationnelles impliquent les évènements passés et futurs, mais ce sont
des existences parallèles ou adjacentes à votre vie et à votre conscience
présente. Des aspects de votre identité plus vaste existent, à proximité
relative de ces existences, ou autour d’elles.
(Jane parle en tant que Seth de façon intense, les yeux grands ouverts et
très sombres. Elle fait une série de larges mouvements circulaires.)
Les réponses que vous cherchez sur la nature de la réalité, aussi bien que
la connaissance intime de Tout-ce-qui-est, dont vous avez soif, se trouvent
dans votre expérience présente. Vous ne pouvez pas les trouver en
dehors de vous-mêmes, mais seulement par un voyage intérieur, en
vous-mêmes et dans le monde que vous connaissez.
Accordez-nous un instant. (Une pause d’une minute, les yeux fermés, à
21h32.)
Une fois, j’ai été la mère de douze enfants ; j’étais ignorante en termes
d’éducation, et loin d’être belle, en particulier sur le tard ; j’avais un
tempérament très coléreux et une voix perçante. C’était dans les environs de
Jérusalem, au VIe siècle. Mes enfants avaient des pères différents. Je faisais
de mon mieux pour subvenir à leurs besoins.
Mon nom était Marshaba. Nous vivions comme nous pouvions, en nous
abritant sous le porche des maisons, et nous avons tous fini par mendier.
Pourtant, dans cette existence, la vie physique avait une acuité et un relief
que je n’avais jamais connus auparavant. Une croûte de pain était bien plus
délicieuse que ne l’avait été, dans les vies précédentes, le plus raffiné des
gâteaux.
Quand mes enfants riaient, j’étais submergée de plaisir et, malgré nos
privations, chaque matin était une surprise triomphale car nous étions
encore vivants, nous n’étions pas morts de faim pendant la nuit. J’avais
choisi cette vie délibérément, comme chacun de vous choisit chacune des
siennes, et je l’avais choisie parce que mes vies précédentes m’avaient
laissé trop blasé. J’avais été trop protégé. Je ne me focalisais plus
clairement sur les expériences et les délices physiques véritablement
spectaculaires que la Terre peut offrir.
Je criais contre mes enfants, ou je hurlais parfois de rage contre les
éléments, mais j’étais transpercée par la magnificence de l’existence, et j’en
apprenais plus sur la vraie spiritualité que je n’en ai jamais appris en tant
que moine. Cela ne veut pas dire que la pauvreté mène à la vérité, ou que
souffrir est bon pour l’âme. Parmi ceux qui partageaient ces conditions avec
moi, nombreux sont ceux qui n’ont pas appris grand-chose. Cela veut dire
que chacun de vous choisit ses conditions de vie dans un but qui lui est
propre, en sachant à l’avance où reposent ses forces et ses faiblesses. (Une
pause.)
Dans l’ensemble aux formes mouvantes de ma personnalité, lorsque j’ai
vécu, par la suite, selon vos termes, des vies plus riches, cette femme était à
nouveau vivante en moi – tout comme l’enfant est vivant en l’adulte – et
elle était pleine de gratitude en comparant ces circonstances aux existences
qui avaient précédé. Elle me pressait de mieux profiter de mes avantages.
Ainsi, vos différentes existences réincarnationnelles se coproduisent en
vous dans une large mesure. Pour reprendre l’analogie de l’âge adulte, c’est
comme l’enfant en vous qui fait partie de vos souvenirs et de votre
expérience tout en vous ayant quitté, en s’étant séparé de vous comme si
vous n’étiez que l’adulte que l’enfant est « devenu ». Ainsi les personnes
que j’ai été ont fait leur propre chemin, et pourtant font partie de moi,
comme je fais partie d’elles.
Je suis vivant dans la mémoire de Seth 2, en tant qu’être dont il a surgi.
Pourtant, le moi que je suis maintenant n’est pas le moi dont il a surgi. C’est
la rigidité de vos idées sur le temps et la conscience qui vous donnent
l’impression que ces constats sont étranges ; car, dans un contexte plus
large, encore une fois, je peux me souvenir de Seth 2. Toutes ces
connexions sont donc ouvertes. Tout évènement psychologique modifie
tous les autres.
Vous pouvez faire une pause.
(S’adressant à moi d’une voix plus forte.) S’il y a quelque chose que vous
ne comprenez pas, dites-le – parce que si vous ne comprenez pas, le lecteur
ne comprendra pas non plus.
(« D’accord. » 21h55. Jane n’a eu aucune image de la femme dont Seth a
parlé. Elle se souvient que, dans les premières sessions, Seth parlait d’un
minimum de trois existences réincarnationnelle pour la plupart des entités –
elle avait été « scandalisée » de se rendre compte plus tard que Seth avait
vécu de nombreuses vies. Maintenant, elle trouve tout à fait acceptable
l’idée de la simultanéité des vies « réincarnationnelles » ; cela cadre avec
son tempérament affectif et intellectuel. Quand les sessions ont commencé,
Jane était particulièrement gênée par ce qu’elle appelait les « banalités
ordinaires » sur la réincarnation, mêlées comme elles le sont à la notion du
bien et du mal, à l’idée de châtiment, etc.
« Je suis tout à fait d’accord quand Seth dit que la réincarnation est à la
fois un mythe et un fait », dit-elle maintenant, faisant allusion à une session
de cours de perception extrasensorielle. Dans cette session, le 4 mai 1971,
Seth dit notamment : « Ainsi, ce que vous comprenez de la réincarnation, et
des critères temporels qu’elle implique, est réellement un conte très
simplifié… À sa manière, la réincarnation est également une parabole. Vous
avez beaucoup de mal à comprendre que vous vivez dans de nombreuses
réalités – et de nombreux siècles – en même temps… »
22h22. Reprise à un rythme lent.)
Toute existence et toute conscience s’entremêlent. C’est seulement quand
vous pensez à l’âme comme à une chose différente, séparée et donc fermée,
que vous êtes amenés à considérer un Dieu séparé – une personnalité qui
semble se situer en dehors de la création.
Tout-ce-qui-est fait partie de la création, tout en étant davantage que la
création. Il y a des pyramides d’êtres assemblés en des formes changeantes,
impossibles à décrire, dont la conscience contient la connaissance et
l’expérience de ce qui vous semblerait un nombre gigantesque de réalités.
Selon les termes que j’utilise pour votre bénéfice, leur présent peut, par
exemple, contenir la vie et la mort de votre planète en un seul instant de
leur « temps ». L’existence de Seth 2 se situe aux abords extérieurs de l’une
de ces galaxies de conscience.
(Une pause à 22h30.) Lorsque Seth 2 parle, Ruburt se rend d’abord
compte de ceci : sa conscience s’étire vers le haut en suivant un chemin
psychique interne, un entonnoir d’énergie, jusqu’à ce qu’il ne puisse tout
simplement pas aller plus loin. Il lui semble alors que sa conscience sort de
son corps à travers une pyramide invisible dont le sommet ouvert s’étend
très haut dans l’espace.
Là, il lui semble entrer en contact avec des symboles impersonnels dont
le message est, sans qu’il sache comment, automatiquement traduit en mots.
Ce point représente en réalité une torsion dans les dimensions, un endroit
entre les systèmes qui a beaucoup plus de rapports avec l’énergie et la
réalité psychologique qu’avec l’espace, car l’espace n’a pas de sens.
Je suis presque toujours présent comme traducteur dans ces moments-là.
La connaissance que j’ai des deux réalités est nécessaire pour la
communication.
(Une longue pause.) Seth 2 est habitué à un ensemble de symboles et de
significations entièrement différent ; si bien que, dans ce cas, deux
traductions sont données – l’une par moi, l’autre par Ruburt.
On peut espérer que certains concepts, impossibles à fournir autrement,
le soient de cette manière. Cette combinaison de réalités et d’expériences,
ces messages qui passent d’un système à un autre sont des phénomènes qui
se produisent continuellement, de différentes façons ; ils émergent dans
votre monde d’une manière ou d’une autre – sous formes d’inspirations en
tout genre. Autrement dit, vous recevez de l’aide.
Cependant, vous utilisez également vos capacités, car vos
caractéristiques déterminent largement la quantité d’aide que vous recevez.
Le symbolisme qui apparaît à Ruburt lorsque Seth 2 parle fonctionne bien,
mais l’extérieur est aussi l’intérieur, et la conscience voyage aussi loin à
l’intérieur qu’à l’extérieur.
Ces contacts et cette connaissance sont accessibles à chaque individu.
Tout-ce-qui-est parle à toutes ses parties, non pas avec du son, des
trompettes et une fanfare venue de l’extérieur, mais en communiquant ses
messages à l’étoffe vivante qui est l’âme de chaque conscience.
Maintenant. Si vous voulez quelque chose au sujet de votre rêve, je
suggère que nous arrêtions la dictée pour ce soir. Vous pouvez faire une
pause, ou je commence l’interprétation, comme vous préférez.
(22h45. « Vous pouvez commencer. »)
Accordez-nous un bon moment. (Une pause.
Seth livre alors deux excellentes pages qui expliquent le rêve de Jane. La
session finit à 23h05.)

SESSION 590
LUNDI 9 AOÛT 1971

(22h05. La session commence tard ce soir parce que Jane et moi sommes
allés à une fête surprise donnée pour les vingt-cinq ans de mariage d’un
membre du cours de perception extrasensorielle. L’évènement a été un
franc succès.
Pendant le dîner, nous parlons des dates que Seth a données par rapport
à sa vie de pape, à la fois dans la session du cours de perception
extrasensorielle du 25 mai 1971 et dans la session 588 de ce chapitre. Je
me demande si j’ai raison de penser que l’incarnation papale de Seth a eu
lieu au ive siècle ; Jane me dit qu’elle a « reçu » l’année 325, ce qui semble
une confirmation. Plus tard, dans la session de ce soir, à notre grande
surprise, Seth ajoute quelques données concernant cette vie.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
C’était dans les années 300.
(« Merci. »)
Quelques remarques pour éclairer votre lanterne. Les archives de cette
époque, et de celles qui ont suivi pendant un certain temps encore,
manquent souvent de fiabilité. Elles ont été modifiées. Parfois, on trouve le
nom d’un homme qui a régné pendant un certain nombre d’années.
Or il se peut que l’homme d’origine ait été assassiné, qu’un autre ait pris
sa place et fasse, par rapport au peuple, comme s’il n’y avait eu aucun
changement. Le poison était courant, et de toute façon, ceux qui
soupçonnaient la vérité n’osaient pas parler.
Les archives présentent par exemple le règne d’un seul pape pour une
période ; mais deux ou trois hommes ont pu occuper cette fonction. Dans ce
genre de cas, un vacillement, un changement de politique sert d’indice.
Maintenant, accordez-nous du temps. (Une pause à 22h11.) Il y avait
aussi des hommes que l’on appelait les « petits papes », qui suivaient une
formation ambitieuse et qui étaient suivis avec attention. S’ils avaient une
chance de gagner la course, la récompense risquait d’être importante pour
leurs partisans. Ces hommes n’étaient d’ailleurs pas particulièrement pires
dans leurs actions que le reste du peuple. Leur situation leur donnait
simplement plus de marge de manœuvre.
Les dates 325 et 375 viennent à l’esprit en rapport avec ma propre vie à
cette époque. Encore une fois, les noms et les dates ont peu de sens pour
moi maintenant. Dans cette vie-là, j’ai appris à comprendre l’interaction qui
existe entre l’homme et ses ambitions, le gouffre qui sépare souvent les
idéaux de l’action pratique.
Il faut aussi comprendre que la politique était un bras légitime de
l’Église, à cette époque ; on attendait d’un homme d’Église qu’il soit un
excellent politicien. Je crois avoir passé un certain temps dans un endroit
qui sonne comme Caprina, également durant cette vie.
(Une longue pause à 22h20.) Un cousin, ou un frère, a été important pour
moi. Il a fini dans de graves difficultés, pris dans des affaires de
contrebande avec les Espagnols.
Il y avait alors un groupe secret nommé les Adeptes de la maternité de
Dieu. On les considérait comme des hérétiques, et j’ai plusieurs fois reçu
des pétitions contre eux. Cela concernait la situation de la Vierge dans le
dogme de l’Église.
Nous en avons maintenant terminé avec ces remarques, vous pouvez faire
une pause.
(22h25. « Je savais que c’était ça qu’il faisait », dit Jane, ajoutant
qu’elle s’est juste laissée porter ; son débit a été plutôt lent, mais s’accélère
lorsqu’elle reprend à 22h32.)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée.
Vous n’êtes pas voués à vous dissoudre dans Tout-ce-qui-est. Les aspects
de votre personnalité, tels que vous les comprenez actuellement, seront
retenus. Tout-ce-qui-est est le créateur de l’individualité, et non le moyen de
sa destruction.
Mes propres personnalités « précédentes » ne sont pas dissoutes en moi,
pas plus que vos personnalités « passées ». Toutes sont vivantes et
essentielles. Toutes font leur propre chemin. Vos personnalités « futures »
sont aussi réelles que vos personnalités passées. Après un certain temps,
cela ne vous concernera plus. En dehors du cadre réincarnationnel, il n’y a
pas de mort, telle que vous la concevez.
Mon propre cadre de référence n’est cependant plus focalisé sur mes
existences réincarnationnelles. J’ai orienté mon attention dans d’autres
directions.
Comme toutes les vies sont simultanées et que toutes se produisent en
même temps, toute séparation est d’ordre psychologique. J’existe tel que je
suis pendant que mes vies réincarnationnelles continuent – selon vos
termes – à exister. Pourtant, maintenant, elles ne me concernent plus, et ma
concentration se dirige vers d’autres zones d’activité.
(22h41.) La personnalité change, qu’elle soit à l’intérieur d’un corps ou
en dehors ; ainsi, vous changerez après la mort, tout comme vous changez
avant elle. En ces termes, il serait ridicule de vouloir à tout prix demeurer,
après la mort, identique à ce que vous êtes maintenant. C’est comme un
enfant qui dirait : « Je vais grandir, mais je ne changerai jamais les idées qui
sont les miennes maintenant. » Les qualités multidimensionnelles de la
psyché lui permettent de connaître un domaine infini de dimensions.
L’expérience dans une dimension ne nie en aucune façon l’existence dans
une autre.
Vous avez essayé de coincer l’âme dans des concepts étroits sur la nature
de l’existence, et de faire en sorte qu’elle s’en tienne à vos croyances
limitées. La porte de l’âme est ouverte, et elle donne sur toutes les
dimensions de l’existence.
(22h50.) Cependant, si vous pensez que le moi que vous connaissez est la
fin ou la somme de vous-même, vous imaginez votre âme comme une entité
limitée, bornée par ses aventures actuelles dans une seule vie, et qui sera
jugée après la mort en fonction de ce qui aura été accompli en quelques
maigres années.
À bien des égards, c’est un concept confortable, même s’il peut aussi être
effrayant pour certains, avec ses connotations de damnation éternelle. Mais
c’est une idée bien trop ordonnée pour évoquer les splendides
enrichissements qui se trouvent au cœur de la créativité divine. L’âme se
tient à la fois au-dedans et en dehors de l’étoffe de la vie physique que vous
connaissez. Le fait de posséder une conscience interne éternelle ne vous
sépare pas des animaux et du reste de l’existence. Cette conscience est
présente en tout être vivant, et en toute forme.
Vous pouvez faire une pause.
(22h55. Cela s’avère être la fin de la session.)

SESSION 591
MERCREDI 11 AOÛT 1971

(21h03. C’est à nouveau une session courte. Jane et moi sommes


maintenant habitués à vivre avec l’élaboration du livre de Seth ; nous
sommes impatients de découvrir chaque nouveau développement. Mais
maintenant… « J’ai presque envie de ne pas faire de session, dit Jane
pendant que nous attendons, à 21h00. C’est un sentiment vraiment bizarre
– presque nostalgique. Je sens – je sais – que Seth va bientôt finir son livre,
probablement ce soir, et j’imagine que je n’ai pas envie que ça se passe. »
Elle a déjà évoqué, de temps à autre, ce genre de sentiments, depuis que
Seth travaille sur les deux derniers chapitres.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée. (À présent, le débit de Jane
est plutôt rapide et sa voix calme.)
J’ai intitulé ce chapitre « Un au revoir et une présentation ». L’au revoir
est le mien, puisque à présent je termine ce livre. La présentation s’applique
à chaque lecteur, car j’espère que vous êtes maintenant en mesure de vous
rencontrer vous-mêmes avec une meilleure compréhension de qui vous êtes
et de ce que vous êtes.
J’aimerais donc vous présenter à vous-mêmes.
Vous ne vous trouverez pas en vous précipitant de maître en maître ou de
livre en livre. Vous ne vous rencontrerez pas vous-mêmes en suivant une
méthode de méditation spécialisée. Ce n’est qu’en regardant tranquillement
au sein du moi que vous connaissez que votre propre réalité peut être
ressentie, avec les connexions qui existent entre le présent, ou le moi
immédiat, et l’identité interne, qui est multidimensionnelle.
Il faut qu’il y ait une volonté, un acquiescement, un désir. Si vous ne
prenez pas le temps d’examiner vos propres états subjectifs, vous ne
pourrez pas vous plaindre que tant de réponses vous échappent. Vous ne
pouvez pas espérer que quelqu’un d’autre vous apporte des preuves, ni
attendre qu’on vous prouve la validité de votre propre existence. Ce genre
de processus est voué à vous entraîner dans un piège subjectif après l’autre.
Tandis que vous êtes assis en train de lire ce livre, les portes sont
ouvertes à l’intérieur. Il vous suffit de ressentir l’instant, tel que vous le
connaissez, le plus pleinement possible – tel qu’il existe physiquement,
dans la pièce où vous vous trouvez, ou dehors, dans les rues de la ville où
vous habitez. Imaginez l’expérience qui est présente, en un seul instant, tout
autour du globe ; puis soupesez votre propre expérience subjective, qui
existe dans le moment et qui pourtant lui échappe – et cela, multiplié par
tous les individus vivants.
Ce simple exercice contribue à ouvrir les perceptions, à élargir la
conscience ; il fait que l’on apprécie mieux sa propre nature.
Le « vous » qui est capable d’une telle expansion est une personnalité
beaucoup plus créatrice et multidimensionnelle que vous ne l’imaginiez.
Certains des petits exercices suggérés dans ce livre peuvent eux aussi vous
aider à vous familiariser avec votre propre réalité ; ils vous donneront
l’expérience directe de votre âme, ou entité ; ils vous mettront en contact
avec les parties de votre être d’où jaillit votre vitalité. Peut-être
rencontrerez-vous des moi réincarnationnels passés, ou des moi probables –
mais pas forcément. Vous ne vous rendrez pas forcément compte que vous
changez de niveaux de conscience.
En tout cas, la plupart de mes lecteurs réussiront à faire certains des
exercices suggérés. Ils ne sont pas difficiles, ils sont à la portée de tout le
monde.
D’une façon ou d’une autre, tous les lecteurs ressentiront leur vitalité
d’une manière nouvelle ; ils sentiront s’ouvrir en eux des chemins
d’expansion qu’ils n’imaginaient pas. La nature même de ce livre, la façon
même dont il a été élaboré et créé, montre que les facultés de la personnalité
humaine sont beaucoup plus importantes qu’on ne le pense d’habitude.
Vous comprenez sans doute à présent que toutes les personnalités ne sont
pas matérialisées physiquement. De même que ce livre s’est fait physique
tout en étant écrit et conçu par une personnalité non physique, chacun
d’entre vous peut accéder à des capacités de communication plus vastes que
ce qui est admis d’ordinaire.
J’espère que, d’une façon ou d’une autre, ce livre vous aura présenté à
votre identité multidimensionnelle.
(D’une voix plus forte.) Et voici, mon cher ami, la fin de la dictée ; le
livre est fini.
(« Parfait, Seth. »)
Maintenant, vous pouvez faire une pause. Une pause bien méritée.
(21h30. La fin du livre semble arriver de façon abrupte, même si nous
nous y attendions. Une fois sortie de transe, Jane exprime à nouveau son
regret étrange que le livre de Seth soit achevé, même si c’est à cela que
nous avons travaillé. « Qu’est-ce qu’il va faire maintenant ? demande-t-
elle. Tu sais, je n’arrive pas à croire que c’est fini.
— Attendons de voir », dis-je. Nous tentons quelques plaisanteries sur ce
qui pourrait se passer dorénavant dans les sessions, mais je vois bien que
Jane n’est pas d’humeur à rire. En réalité, le livre de Seth contient
tellement de pistes d’exploration possibles pour des sessions futures que le
problème serait plutôt de savoir par où commencer – et nous aurions la
possibilité inhabituelle d’organiser notre étude à loisir.
Jane finit par dire : « J’essaie juste de me détendre… Il a quelque chose
pour toi, je crois, à propos de ces époques bibliques ; la crucifixion. En fait,
je sais ce que Seth va te dire en premier, mais ça m’embrouille. Quelque
chose ne va pas.
— Je suis content de voir qu’il te reste des mots », dis-je. Le matériau qui
suit est inclus parce qu’il s’ajoute aux données de Seth, au chapitre 21. Une
fois ce chapitre commencé, Jane et moi nous sommes rendu compte que
nous pourrions nous prendre d’un grand intérêt pour l’histoire biblique,
mais notre période d’apprentissage a été courte. Reprise à 21h50, à un
rythme plus lent.)
Maintenant, pour vous éclairer.
Le Christ historique n’a pas été crucifié… Il faut que vous m’accordiez
un peu de temps, ici. (Une pause.)
Il n’avait aucune intention de mourir de cette façon ; mais d’autres
pensaient qu’une crucifixion était nécessaire pour que les prophéties
s’accomplissent.
Le Christ n’y a pas pris part. (Une pause.) Il y a eu une conspiration,
dans laquelle Judas a joué un rôle – une tentative pour faire du Christ un
martyr. L’homme choisi a été drogué – d’où la nécessité de l’aider à porter
la croix (Luc, 23) – et on lui a dit qu’il était le Christ. Il l’a cru. Il faisait
partie des dupes, mais il croyait aussi que c’était lui, et non le Christ
historique, qui était destiné à accomplir les prophéties.
Marie est venue parce qu’elle était pleine de tristesse pour l’homme qui
croyait être son fils. Elle était présente par compassion. Le groupe qui était
responsable de cet évènement voulait donner l’impression qu’un groupe
particulier de Juifs avait crucifié le Christ ; ils n’auraient jamais imaginé
que le peuple juif allait en porter le « blâme ».
(Une pause à 22h00.) Tout cela est difficile à expliquer, à démêler, même
pour moi… Le tombeau était vide parce que ce même groupe avait emporté
le corps. Mais Marie-Madeleine a bien vu le Christ, immédiatement après
(Matthieu, 28). (Une longue pause.) Le Christ était un grand médium. Il a
fait apparaître les blessures sur son propre corps, et il est lui-même apparu à
ses disciples à la fois physiquement et en état de sortie du corps. Il a essayé
d’expliquer ce qui s’était passé, et quelle était sa situation, mais ceux qui ne
faisaient pas partie de la conspiration ne voulaient pas comprendre et ils ont
mal interprété ses déclarations.
Pierre a trois fois renié le Seigneur (Matthieu, 26) ; il a dit qu’il ne le
connaissait pas, parce qu’il voyait bien que cette personne n’était pas le
Christ.
La supplique : « Pierre, pourquoi m’as-tu abandonné ? » venait de
l’homme qui se croyait le Christ – celui qui était drogué. Judas a désigné cet
homme. Il était au courant de la conspiration, et il craignait que le vrai
Christ soit capturé. C’est pourquoi il a remis aux autorités un homme connu
pour être un messie autoproclamé – cela dans le but de sauver, et non pas de
détruire, la vie du Christ historique.
(22h05. Le débit de Jane s’est considérablement accéléré.)
Cependant, symboliquement, l’idée même de la crucifixion a incarné des
significations et des dilemmes profonds de la psyché humaine ; ainsi, la
crucifixion en soi est devenue une réalité plus importante que les
évènements physiques qui se sont réellement produits à cette époque.
Seuls ceux qui vivent dans l’illusion sont en danger de se sacrifier de
cette manière, ou capables de trouver ces sacrifices nécessaires et de les
accomplir. Seuls ceux qui sont encore enfermés dans les idées de crime et
de châtiment sont attirés par ce type de drame religieux et y trouvent de
profonds échos à leurs sentiments subjectifs.
Mais le Christ savait, de manière clairvoyante, que ces évènements
allaient se produire d’une façon ou d’une autre, et il connaissait les drames
probables qui pouvaient en découler. L’homme en question ne pouvait pas
être détourné de sa décision subjective. Il allait être sacrifié pour que se
réalisent les vieilles prophéties juives, et rien ne pouvait l’en dissuader.
(22h10.) Au cours de la Cène, quand le Christ a dit : « Ceci est mon
corps, ceci est mon sang », il voulait montrer que l’esprit se trouve en toute
matière, à la fois relié et séparé – que son propre esprit était indépendant de
son corps ; il voulait aussi suggérer, à sa manière, qu’il ne fallait plus
l’identifier à son corps. Car il savait que le cadavre ne serait pas le sien.
Tout cela fut compris de travers. Le Christ changea alors de
comportement ; il apparut très souvent à ses disciples en état de sortie du
corps (Jean, 20, 21 ; Matthieu, 28 ; Luc, 24), ce qu’il n’avait pas fait à ce
point auparavant. Il essaya néanmoins de leur dire qu’il n’était pas mort, et
ils choisirent de le comprendre symboliquement. (Une pause d’une minute.)
Sa présence physique n’était plus nécessaire ; elle était même
embarrassante, vu les circonstances. Il en est tout simplement sorti par la
volonté.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(« Merci. C’est très intéressant. »
22h17. « Ouh là, dit Jane une fois sortie de transe, ça ne va plaire
à personne. Mais j’ai essayé de me détendre et de laisser sortir tout ça,
parce que j’avais moi aussi tellement de questions sur cette époque… »
Je pose des questions à Jane, mais elle n’a retenu aucune image, et elle
n’a rien à ajouter au matériau fourni. La brève dictée qui suit répond à
certains des points dont nous discutons pendant la pause. Reprise à 22h28.)
Maintenant. Il savait que, sans les blessures, personne ne croirait qu’il
était lui-même, car ils étaient convaincus qu’il était mort avec ces blessures
(Jean, 20). Elles étaient censées être une méthode d’identification qu’il
supprimerait quand il expliquerait comment les choses s’étaient réellement
passées.
Il a mangé pour prouver qu’il était toujours vivant, par exemple (Jean,
21 ; Luc, 24 ; etc.), mais ils ont cru que cela voulait dire que l’esprit pouvait
absorber de la nourriture. Ils voulaient croire qu’il avait été crucifié et qu’il
était ressuscité.
Maintenant. Je vais terminer notre session pour ce soir. Je vous dis un
chaleureux bonsoir.
(« Très bien. Merci. »)
Dites à Ruburt qu’il y aura d’autres livres. Et je vous remercie pour votre
aide, votre coopération et votre patience.
(« J’étais content de le faire. »)
Nous aurons une session privée la prochaine fois.
(« D’accord. Bonne nuit et merci. » Fin à 22h30.
Dans les deux derniers chapitres, Seth a répondu à presque toutes les
questions qui restaient sur la liste préparée pour le chapitre 20.
Une remarque : sous une concordance d’ensemble, il y a de nombreuses
différences de détail entre les Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean.
Par exemple, il est dit en Jean, 19, que le Christ a porté sa croix ; en Luc,
23, Simon de Cyrène est désigné comme ayant porté la croix du Christ pour
lui. Des questions et des justifications complexes ont été avancées pour
traiter les différents aspects des Évangiles : leur fondation possible dans la
tradition orale, et d’autres sources plus anciennes, de nature littéraire ou
documentaire ; la possibilité que l’un de ces Évangiles présente le récit de
la vie du Christ vu par un témoin oculaire – très récemment, par exemple,
on a démontré que celui de Marc avait été écrit quelques années seulement
après la mort du Christ – ; la question de savoir si les Évangiles doivent
simplement être considérés comme l’expression d’une tradition unique ; le
fait même du Christ et l’atmosphère qui l’entoure, indépendamment de tout
autre chose, etc.
Avec une impatience et une nervosité certaines, Jane commence
maintenant à lire le livre de Seth à la première page. Elle est sidérée.)
APPENDICE

(Seth consacre trois sessions entières et une partie de deux autres à son
appendice. Celui-ci contient des informations supplémentaires sur plusieurs
sujets déjà abordés dans le corps du livre, comme les points de
coordination, les époques bibliques et leurs archives, les objets en tant que
symboles, la réincarnation ou l’expansion de la conscience. Les sessions
592 et 594 sont particulièrement troublantes, car les évènements qui
interviennent pendant ces sessions soulignent et illustrent le matériau dicté.
Nous avons également ajouté des fragments de six autres sessions. Cinq
sont des sessions de cours ; l’une est incluse parce qu’elle s’intègre aux
explications concernant l’organisation après la mort au chapitre 9. Une
autre contient une excellente description de la vraie spiritualité. Dans les
autres extraits de cours, Seth répond à des questions qui peuvent aussi
venir à l’esprit des lecteurs.
Ces sessions témoignent également du rapport personnel de Seth avec les
autres. Il explique les pulsations de l’atome à un ingénieur, discute santé
mentale avec une infirmière et agression avec un attaché ministériel – tous
membres du cours. Le sixième passage est tiré d’une session tenue pour un
étudiant ; Seth y aborde pour la première fois la question des Parleurs.)

SESSION 592
LUNDI 23 AOÛT 1971

(21h35. Comme je ne connais pas grand-chose à l’époque du Christ, il


m’a fallu un certain temps pour faire les lectures qui me permettent de
rédiger des notes de session correctes. Sue Watkins, qui participe au cours
de perception extrasensorielle de Jane et qui est également une amie
personnelle, m’a apporté une aide précieuse ; elle m’a prêté des livres sur
cette période, pour que je puisse être sûr des références historiques.
Nous sommes fatigués par nos activités récentes et nous aurions pu
sauter cette session, mais Jane ne veut pas rompre le rythme établi. Sue est
présente en tant que spectatrice. Nous nous attendons tous à une session
tranquille – sur les évènements courants qui nous sont communs à tous les
trois, et qui vont d’un chat très malade, par exemple, à nos « drames
réincarnationnels » impromptus de vendredi soir. Nous ne nous attendons
certainement pas à ce que Seth poursuive le matériau sur les époques
bibliques.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth.)
Je devrais vous effrayer en disant « Chapitre 1 », mais je ne vais pas le
faire. Et bonsoir à notre amie ici présente (Sue). Vous serez très bientôt en
mesure de lire mon livre dans son intégralité. (S’adressant à moi.) J’ai
quelques remarques à faire pour vous aider.
(« Très bien. » Le rythme de Seth est très rapide.)
Accordez-nous un instant. Maintenant. Les esséniens avaient de
profondes racines dans certaines des religions grecques à mystère. Certains
esséniens ont fondé des écoles qui n’étaient pas ce qu’elles semblaient être.
On avait recours à des subterfuges. Un initié devait surmonter différentes
épreuves avant de pouvoir s’approcher des doctrines intérieures. (Une
pause.) Il existait donc d’autres groupes d’esséniens parallèlement à celui
dont on parle en général.
(Les esséniens sont généralement connus comme étant une secte juive en
Terre sainte au temps du Christ, au début du Ier siècle. Historiquement, ils
sont considérés comme un groupe pacifique.)
Les esséniens, tels qu’on les connaît, étaient un groupe rescapé d’une
confrérie plus importante et plus ancienne. Certains vivaient en Asie
Mineure. Ils essayaient d’infiltrer des cultures nationales, ou de groupe.
Certaines idées fondamentales unissaient les esséniens, auxquels on donnait
toutefois des noms différents. (Une pause.) Il y en avait trois groupes
principaux : celui auquel on pense en général, une autre branche en Afrique,
et le groupe d’Asie Mineure dont j’ai parlé. Mais il existait peu de contacts
entre ces groupes, et les doctrines internes ont commencé à manifester des
divergences importantes.
Leurs écoles prétendaient souvent donner une éducation dans d’autres
domaines. On maintenait les étrangers dans ce groupe extérieur. Certains
fréquentaient ces écoles sans jamais connaître l’existence des initiés
internes, ni l’œuvre importante qui se poursuivait derrière ce camouflage.
Certains zélotes étaient originellement des esséniens. Les esséniens
étaient antérieurs aux zélotes. Jean-Baptiste était essénien dans tous les
aspects importants ; mais un homme qui avance de cette manière se place
automatiquement à l’écart de son groupe ; c’est ce qui est arrivé à votre ami
Jean.
(Seth fait ici une allusion humoristique à mon intérêt récent pour Jean-
Baptiste. Les zélotes étaient une secte juive semi-politique, beaucoup plus
agressive, qui existait également en Terre sainte au début du Ier siècle –
comme viennent de me le faire découvrir des lectures récentes.
21h46.) Il existait donc une sorte de jalousie, de la part de certains
esséniens, quant à la progression de Jean-Baptiste. À une époque, Jean-
Baptiste essaya de fusionner plusieurs groupes divergents en une seule
confrérie, mais il échoua. Cet échec lui pesait lourdement. Le feu est
rarement doux, et Jean-Baptiste était aussi plein de feu que Paul.
C’était un homme beaucoup plus doux mais tout aussi fanatique, à sa
manière, que n’importe lequel des personnages principaux de l’époque. Il
était beaucoup plus fortement contre ce qu’il combattait que pour ce qu’il
défendait. Le Christ, voyez-vous, devait apporter le message, et Jean-
Baptiste devait préparer le terrain.
Alors qu’il était encore jeune homme, Jean-Baptiste a eu une alliance
avec une cousine. Il a fui ce souvenir pendant le reste de sa vie parce qu’il
pensait que c’était un péché.
Or ces hommes étaient gonflés comme les voiles d’un navire par
l’énergie de leur rôle, mais il fallait bien qu’ils aient les caractéristiques de
leur temps. Il fallait qu’ils apparaissent comme des hommes devant les
hommes avant que le Christ puisse proclamer qu’il allait plus loin que
l’homme naturel.
Les enchevêtrements qui se sont produits sont ceux qui étaient
nécessaires dans le contexte de ce drame religieux particulier. Ils étaient
créatifs dans la mesure où ils portaient en eux les seules graines qui puissent
germer, selon vos termes, en ce lieu et en ce temps. (Chaleureusement.)
Bon, nous n’avons plus besoin d’être aussi formels. La dictée du livre est
terminée.
(« Vraiment ? »)
Vraiment.
(« D’accord. »)
Vous pouvez me poser une question ou faire une pause, comme vous
préférez.
(« Alors faisons une pause. »
S’adressant à Sue.) Je vous parle souvent quand vous rêvez. Je ne veux
pas prendre tout votre temps de veille en plus.
(De 21h56 à 22h00.)
Maintenant. Les archives étaient souvent falsifiées, complètement
contrefaites – ou on en mettait des fausses à la place des vraies. La religion
était politique. Elle supposait une manipulation des masses et un pouvoir
sur elles. C’était l’affaire de ceux qui régnaient de savoir dans quelle
direction soufflaient les vents religieux. À cette époque, et plus tard, les
falsifications délibérées étaient courantes. Certaines sectes maintenaient de
fausses archives comme couverture, pour que d’éventuels voleurs les
emportent, pensant avoir les vraies.
Dans certains cas, on a trouvé les archives falsifiées alors que les vraies
archives n’ont pas encore été découvertes.
(Une pause.) Vous feriez bien de vous souvenir de la session dans
laquelle cette information vous a été donnée.
(« Je ne comprends pas ce que vous voulez dire. »)
Vous aurez peut-être bientôt l’occasion de vérifier ce que je dis, parce
que des archives vont faire leur apparition, et elles sembleront en
contradiction complète avec celles qui sont connues – elles le seront en
effet – pour les raisons que je viens de donner.
Les esséniens conservaient un jeu d’archives pour égarer les zélotes, et
un autre pour égarer les Romains ; ils protégeaient jalousement les
documents originaux. Ils n’étaient pas aussi violents que les autres groupes,
mais ils étaient tout aussi rusés.
(22h06.) On faisait cependant différents signes pour distinguer les vrais
jeux d’archives des faux. (Jane, en tant que Seth, fait une pause, une main
sur les yeux.) Bon, je ne sais pas si nous pouvons faire passer cela
clairement… Donnez à Ruburt une feuille de papier, et nous allons voir
ensemble.
(La session se déroule dans notre salon. Jane est assise dans son fauteuil
à bascule, en face de Sue et moi qui sommes sur le canapé. Nous sommes
séparés par une table basse. Il y a une lampe à gauche de Jane, une autre à
côté de moi. Sue tend une feuille et un stylo à Jane pendant que je continue
à prendre des notes.
C’est la première fois que Jane écrit en transe. En fait, elle trace des
petits diagrammes, des symboles, en maniant le stylo de manière délibérée
et en plissant les yeux pour mieux voir.
Sue est juste en face de Jane et je lui fais signe de numéroter les
symboles quand Jane pose le stylo et commence à les décrire pour Seth. Il
s’est écoulé environ une minute. Les symboles sont reproduits ci-dessous,
selon l’ordre dans lequel Jane-Seth les a tracés.
Deux essais ont été faits pour le premier et le dernier.)

Donc, le numéro 1 est une approximation du numéro 2 – qui indique une


copie modifiée ou contrefaite. Celui du milieu (3) indique une copie moins
déformée, et le dernier (5), une copie non contrefaite.
Ce sont des versions très imparfaites. Cela ressemblait davantage à un
serpent.
(Parlant pour Seth, et non sans une certaine insistance, Jane montre du
doigt le dernier symbole sur la feuille qu’elle nous tend.
À propos de symboles… En 1947, des spécialistes ont commencé à
collecter les sept Manuscrits de la mer Morte, désormais célèbres. On les a
découverts dans une caverne située au-dessus du Wadi Qumran, c’est-à-
dire le lit du fleuve, en général à sec, qui conduit à la mer Morte, à un peu
plus d’un kilomètre de là. Des excavations dans le désert de Judée tout
proche ont bientôt révélé les ruines d’un monastère qui avait été occupé par
un groupe juif divergent, sur différentes périodes, entre 180 av. J.-C. et 68
ap. J.-C. La communauté du Qumran n’était qu’à une vingtaine de
kilomètres de Jérusalem et de Bethléhem. Certains spécialistes considèrent
qu’il s’agissait de la secte pacifique des esséniens, tandis que d’autres
l’associent de façon tout aussi ferme à celle, beaucoup plus agressive, des
zélotes.
Quelques semaines après cette session, Jane et moi lisons avec intérêt
que la marge des manuscrits d’Isaïe de Saint Marc, issus des découvertes
du Qumran, contient des symboles qui n’étaient toujours pas déchiffrés
dans les années 1960, quand fut édité l’ouvrage de référence que nous
consultons. Certains de ces symboles sont reproduits, et ressemblent à ceux
tracés par Jane-Seth – en particulier le dernier.)
À part pour ceux qui faisaient partie du cercle le plus restreint, il était
pratiquement impossible de faire la différence entre certaines des versions
présentées. Ces signes n’apparaissaient pas seuls, mais de telle façon que
seuls ceux qui savaient comment chercher puissent les trouver. Ils n’étaient
pas gravés en lettres d’or sur la couverture. (Avec humour.)
Il y avait aussi des indices, des marques dans les textes eux-mêmes, qui
étaient à mettre en rapport avec ces signes.
(22h17.) D’ailleurs, dans certaines de ces archives, la datation, par
exemple, était si légèrement décalée que seul quelqu’un de parfaitement au
courant pouvait s’en rendre compte. D’autres archives contenaient des
erreurs évidentes. Ceux qui étaient dans le secret constataient aussitôt que le
document était un faux.
Certains de ces documents falsifiés ont été pris pour les vrais, et il est
assez cocasse de penser que le Vatican en détient plusieurs. À l’époque,
l’Église croyait que ces archives pouvaient lui porter atteinte. Dans le cas de
ces erreurs spécifiques, les archives auraient au contraire pu aider les
hommes d’Église, mais ils n’étaient pas assez sensés pour différencier le
vrai du faux.
Maintenant, vous pouvez faire une pause. (Un geste en direction de Sue.)
Elle n’est pas habituée à ce que je parle si lentement.
(22h20. Sue a l’habitude d’entendre Seth parler plus rapidement pendant
les cours de perception extrasensorielle, qui sont enregistrés. En général, je
n’enregistre pas Seth, je prends des notes au mot près, en utilisant ma
propre méthode de sténo ; cela me fait gagner beaucoup de temps par la
suite, lorsque je tape le matériau à la machine. En tout cas, dans nos
sessions, Seth parle assez vite pour que je sois souvent obligé d’écrire à
toute vitesse.
Sans doute l’amusement de Seth concernant les archives falsifiées du
Vatican est-il lié à sa brève fonction de pape dans l’une de ses vies.
Seth revient au moment où Sue et moi commençons à parler des dessins
que Jane a faits en transe.)
Comme ils n’ont pas de signification pour Ruburt, il est difficile de lui en
transmettre clairement le symbolisme. Ils devraient être tracés de manière
beaucoup plus resserrée, pas aussi ouverts. Ces signes apparaissaient
comme des symboles concentrés, aux lignes épaisses.
(22h24. Pendant la pause, Jane nous dit qu’elle ne pourrait pas dessiner
les symboles à partir de ceux qu’elle a faits en transe. « Je les ai vus très
nettement, mentalement, au moment où je les faisais, dit-elle. Mais
maintenant, je ne vois rien. » En regardant le dernier dessin, le numéro 5,
Jane ajoute cependant que la courbe inférieure est censée représenter la
queue du serpent. Reprise à 22h45.)
Maintenant. Accordez-moi un instant. (Une pause.) Dans bien des cas,
les archives étaient reproduites fidèlement, mais en changeant les noms
pour protéger les innocents.
Pensez à la langue de bois utilisée à présent par les membres d’un
gouvernement ou par les diplomates. Pensez au fossé qui existe entre ce que
sait un gouvernement et ce qu’il déclare publiquement. Quand on entend un
homme politique nier quelque chose, on en tire aussitôt la conclusion qui
s’impose : le démenti suivra bientôt.
Les mots sont donc utilisés aussi bien pour masquer que pour révéler. De
grands efforts sont souvent déployés pour que la connaissance demeure le
privilège de quelques-uns. C’était encore plus vrai dans les temps bibliques.
Les procédés littéraires eux-mêmes étaient une façon de présenter des
données falsifiées tout en donnant l’impression de transmettre des
informations. À cette époque, une question ne recevait jamais une réponse
directe (avec une certaine insistance) – en tout cas pas de ceux qui avaient
un tant soit peu d’éducation.
Répondre directement à une question signifiait qu’on était simples
d’esprit et qu’on manquait totalement d’appréciation pour l’intelligence de
celui qui l’avait posée, car il ne posait jamais de question sur ce qu’il
voulait savoir. C’était un comportement très ritualisé et, en tant que tel,
parfaitement compris de tous.
Autrement dit, on ne sait pas comment traduire ces documents, même
quand ils n’ont pas été falsifiés.
On pourrait dire que des pages entières des manuscrits de la mer Morte
sont un énorme gag, car certaines d’entre elles sont, littéralement, fausses.
Mais il s’agit là des outrances, des embellissements qui précédaient les
informations elles-mêmes.
(22h55.) D’une manière ou d’une autre, toutes les professions
procédaient ainsi. Des archives découvertes au mauvais moment pouvaient
faire la différence entre la vie et la mort. On pratiquait souvent des
falsifications destinées à égarer le lecteur, au cas où les livres tomberaient
entre de mauvaises mains.
Encore une fois, ce n’était pas un problème pour ceux qui étaient dans le
secret. Ils ne risquaient pas de se tromper. Pour eux, les informations étaient
claires et les déformations évidentes. Or les manuscrits de la mer Morte
sont pleins de ces déformations protectrices. Les marques dont nous avons
parlé n’étaient qu’une partie des indices utilisés, qui apparaissaient de
toutes sortes de manières – par exemple entrelacés avec les signatures.
Ces gens aimaient les codes ; l’agencement même des lettres sur la page,
selon votre conception de la page, avait une signification. L’épaisseur ou la
largeur de certains traits avaient une signification en termes d’emphase.
Certaines façons d’écrire un mot indiquaient même que le suivant était
faux. Ceux qui étaient dans le secret étaient, bien entendu, les seuls à s’en
rendre compte ; les autres avalaient gaiement l’information dénaturée.
La description et l’origine des personnalités importantes étaient
modifiées de façon à les protéger. C’étaient des luttes à mort. Certaines
archives falsifiées contenaient du poison, ce qui en faisait une lecture tout à
fait mortelle.
(Malgré cette touche d’humour, Jane-Seth donne ce matériau avec
beaucoup de sérieux et une certaine insistance. Le débit est rapide. Pause à
23h00.)
Ces hommes vivaient souvent une double vie ; on les connaissait sous un
nom dans leur village et sous un autre dans leur confrérie, leur identité
réelle n’étant parfois connue que de quelques-uns. Plus tard, quand les
chrétiens ont été persécutés, de nombreux systèmes de sécurité ont été mis
en place – en particulier par ceux qui se sentaient la responsabilité de vivre
assez longtemps pour voir la nouvelle foi trouver un terrain fertile.
Paul, ou Saül, par exemple, donnait souvent l’impression de se trouver là
où il n’était pas. On lançait la rumeur qu’il allait à tel endroit ; et on faisait
circuler là-bas le récit de son arrivée, pendant qu’il se rendait ailleurs.
Maintenant, vous pouvez faire une pause ou terminer la session, comme
vous préférez.
(« Nous allons faire une pause, merci. »
23h05. Le débit de Jane a été rapide pendant toute la dictée. « Il a une
énergie ! dit-elle en sortant de transe. J’ai eu l’impression de passer à
travers le mur… » Reprise sur un ton léger à 23h15.)
Maintenant, je ne vais pas vous empêcher d’aller vous refaire dans le
sommeil.
(« Merci. J’en ai besoin… Non. Je suis assez bien fait comme ça ! »)
J’imagine que vous mettrez cela dans la session à l’usage des historiens
futurs.
(« Non, je ne le mets pas. » Bien que, manifestement, je continue à écrire,
par habitude.)
Vous pourriez obtenir davantage de matériau réincarnationnel de votre
côté.
(« Oui, j’ai l’impression que je peux y accéder, maintenant. »)
Vous pouvez y accéder facilement. Et cela déclenchera une plus grande
activité dans les expériences de sortie du corps.
(« Ça devrait être intéressant. »)
Je vais vous laisser. (S’adressant à Sue.) Je suis content que vous ayez
assisté à la session.
(Sue : « Moi aussi. »)
Vous êtes sûrement prête pour de nouvelles expériences avec les
probabilités. (D’une voix plus forte.) Il faut que j’économise ma voix car
nous aurons peut-être une session de cours demain soir. (S’adressant à moi
avec humour.) Vous voulez être sûr de m’entendre, n’est-ce pas ?
(« Bien sûr. Je vous entends, en général. »
Notre appartement est divisé par une longue entrée. Lorsque le cours de
perception extrasensorielle a lieu dans le salon, je suis en général en train
de taper à la machine dans l’une des pièces situées de l’autre côté de
l’entrée. J’entends parfois Seth à travers les deux portes fermées.
S’adressant à Sue.) Encore une fois, je suis content que vous soyez
venue ; un très chaleureux bonsoir à vous deux.
(Sue : « Merci. »
« Bonne nuit, Seth. Merci beaucoup. »
23h20. L’allusion de Seth au matériau réincarnationnel me concernant
est lié aux « drames réincarnationnels » que Jane, Sue, moi-même et
quelques autres avons entrepris, le plus souvent pendant nos réunions du
vendredi soir. C’est une activité assez nouvelle pour nous, aussi surprenante
que gratifiante – la suite logique des expériences que Seth a commencées
en cours de perception extrasensorielle.)

SESSION 593
LUNDI 30 AOÛT 1971

(21h06. La session qui aurait dû se tenir le mercredi 25 août n’a pas eu


lieu.
Ce matériau intervient après la deuxième pause de la session. Nous
avons d’abord reçu plusieurs pages d’un nouveau développement très
intéressant en rapport avec les facultés psychiques de Jane : son aptitude
croissante à percevoir un « aide » bienfaisant, comme elle l’appelle
maintenant… Il y a là beaucoup à apprendre.
Jane a reçu la semaine dernière une lettre de son éditeur lui demandant
de faire une introduction pour le livre de Seth, ainsi qu’un appendice. Elle
se demande si la session 592 conviendrait, et je lui dis qu’à mon avis, c’est
ce que Seth avait prévu. Elle s’en étonne d’abord, puis elle est d’accord.
Nous décidons de nous en remettre entièrement à Seth quant à l’élaboration
du matériau qu’il veut pour l’appendice.
Le débit de Jane, lorsqu’elle reprend cette session à 22h30, est vif et
rapide, animé d’une certaine insistance.)
Maintenant. Pour notre appendice.
Les grandes religions du monde sont toutes nées près des points de
coordination majeurs. (Voir le chapitre 5.)
Dans ces lieux, les changements ont tendance à se produire rapidement,
car les idées et les émotions sont projetées dans la réalisation physique avec
beaucoup de force. Les idées se répandent parmi les gens comme un feu de
forêt. L’atmosphère psychique est fertile.
La créativité bondit en avant, et bien que ces régions ne soient pas
forcément pacifiques, elles pourraient constituer le terreau le plus fertile qui
soit pour la paix. Toute idée, bonne ou mauvaise, se matérialise avec une
telle force près des points de coordination que les sentiments contradictoires
de l’humanité y sont plus visibles qu’ailleurs.
Il y a dans ces zones certaines manifestations qui n’ont pas encore été
mises en évidence par vos scientifiques ; des manifestations qui étaient
pourtant connues au temps de l’Atlantide et qui ont également été utilisées
par les Lumaniens. De façon étrange, l’espace se plisse, d’une manière qui
n’est pas observable par vos instruments, aux alentours des points de
coordination.
Certains de mes lecteurs connaissent peut-être les trous noirs et les trous
blancs de l’espace, que vos scientifiques ont découvert récemment.
(Certains théoriciens de la physique ont récemment postulé que, lorsque
la combustion nucléaire d’étoiles très massives finit par s’éteindre, leur
gravité énorme les oblige à s’effondrer si totalement qu’elles se compriment
littéralement elles-mêmes jusqu’à sortir de l’existence. Un trou noir est
ainsi laissé dans l’espace, dans lequel la matière environnante peut
disparaître.
Il a aussi été suggéré que la matière qui disparaît peut resurgir ailleurs,
dans notre univers ou dans d’autres, à travers des trous blancs. Il y aurait,
dans notre univers et entre les univers, un flux de matière maintenant un
équilibre.)
Ces points ont un peu les mêmes caractéristiques. L’aspect
électromagnétique des pensées et des émotions, leur animation, est attiré
dans des points que l’on peut comparer à des trous noirs miniatures. À
cet endroit, l’énergie disparaît momentanément de votre système, mais
elle est démesurément accélérée et revient par le biais de ce qu’on pourrait
appeler un trou blanc miniature ; elle revient alors, très concentrée et
fortement redirigée sur votre système de réalité.
Ce n’est qu’une comparaison, mais dans la pratique elle peut faire
l’affaire. Encore une fois, il existe autour de ces points une sorte de
plissement que vous ne pouvez pas encore observer, et où l’espace lui-
même semble vouloir disparaître. Les lois de la physique y sont encore
modifiées de diverses manières. Quelques-unes d’entres elles ont été
observées, mais on les a ignorées en tant qu’indices pertinents. (Avec des
gestes, les yeux grands ouverts.) L’activité des atomes et des molécules
s’accélère à l’approche de ces points, mais la distance entre les atomes et
les molécules reste la même. Cela est important.
(Une pause à 22h45.) Ces points de coordination apportent aussi à votre
système des sources d’énergie supplémentaires. La loi de l’entropie n’est
donc pas applicable ; les points de coordination sont réellement des sources
d’énergie supplémentaires. Mais ils ne s’ouvrent que lorsque la
concentration d’énergie augmente dans votre système. J’aimerais clarifier
cette idée. Un véhicule physique, un vaisseau spatial par exemple, ne
pourrait pas survivre à une sortie ou à une entrée de ce type dans votre
système.
(Une longue pause à 22h50. La dictée de Jane a été très animée.
Une remarque : d’après la deuxième loi de thermodynamique, l’énergie
totale d’un système clos comme notre univers demeure constante, alors que
la quantité d’énergie disponible à l’utilisation baisse constamment. Le
facteur mathématique qui mesure l’énergie non disponible est appelé
l’entropie. Seth a insisté, dès le tout début de nos sessions, sur le fait que la
loi de l’entropie n’est pas applicable, et qu’il n’existe aucun système clos.)
Cette connaissance était utilisée dans l’Atlantide : des individus
accéléraient certaines pensées par la concentration, ils amplifiaient certains
sentiments pour les envoyer dans ces points de coordination. Cela leur
permettait d’obtenir des routes, des bâtiments et autres d’une grande
stabilité. On attachait une grande attention à la localisation des points de
coordination dans la mise en œuvre de ces projets.
Cet effet de mise en poche de l’espace peut être perçu dans certains états
de transe.
(« Est-ce que Ruburt y arrive ? »
J’ai l’impression que Seth ne m’a pas entendu ; le bruit de la circulation
qui entre par la fenêtre du salon est particulièrement fort au moment où je
pose la question. Mais la réponse arrive facilement.)
On pourrait presque comparer cela à un entassement d’air.
Maintenant, installez-vous confortablement, fermez les yeux et essayez
de repérer dans quelle direction et à quelle distance se trouvent les points de
coordination principaux ou subordonnés. Voici quelques conseils pour vous
aider.
Avec cette intention en tête, votre vision interne va tendre vers une
direction particulière dans la pièce, et vos pensées elles-mêmes vont
sembler suivre cette direction. Une ligne imaginaire va vous aider à trouver,
dans n’importe quel lieu, l’endroit le plus proche d’un point de
coordination. Représentez-vous une ligne qui part de votre vision interne,
de l’œil interne que vous semblez utiliser, et qui va vers l’extérieur. Faites-
la rejoindre une ligne imaginaire qui part du haut de votre crâne et qui suit
la direction dans laquelle vos pensées semblent s’écouler.
Vous avez donc, dans ce cas, une ligne imaginaire qui part d’ici et de là.
Il y a un angle, puis les deux lignes s’unissent. Elles pointent infailliblement
dans la direction la plus proche d’un point de coordination.
(Parlant pour Seth, Jane se touche les yeux d’une main et le haut de la
tête de l’autre. Elle bouge les mains à partir de ces points et les fait se
rencontrer à bout de bras, un peu à sa droite. Je suis assis, en gros, au sud
de Jane, qui me fait face, et qui indique donc le coin ouest du salon.)
L’espace est imprégné de points subordonnés. Ruburt peut par exemple
vous dire quel est le point le plus proche dans cette pièce. L’angle est
parfois plus long, mais les deux lignes indiquent la bonne direction.
L’énergie est donc particulièrement efficace dans ces zones.
(Une longue pause.) Maintenant, vous pouvez faire une pause ou
terminer la session, comme vous préférez.
(« Nous allons faire une pause. »
23h02. Une fois sortie d’une transe profonde, Jane reste silencieuse. Je
me demande tout haut où le point de coordination le plus proche peut se
situer. Ce qui amène un torrent d’informations – qu’elle avait oubliées,
jusqu’à ce que ma remarque lui rappelle ce qui s’est passé.
Jane dit qu’en parlant pour Seth elle savait que les deux lignes qu’elle
indiquait se rejoignaient dans le coin sud-ouest de la pièce. Elle va à
l’endroit en question en toute assurance. Il est à l’intérieur du mur, entre les
deux fenêtres, derrière un vieux tuyau à vapeur apparent. L’endroit est
malheureusement coincé entre un radiateur et une bibliothèque, si bien
qu’il n’est pas facile à utiliser.
Tout en marchant dans la pièce, Jane dit qu’elle sent ses
pensées « pencher » précisément dans cette direction. Maintenant qu’elle
sait où se situe le point de coordination, il lui paraît incroyable de ne pas
l’avoir toujours su. Elle ne peut pas pencher mentalement dans une autre
direction, dit-elle. Elle tourne le dos à l’emplacement et annonce, l’air ravi,
qu’elle sent les « lignes » partir de sa nuque dans cette direction. Reprise à
23h10.)
Maintenant. Pour revenir sur cette comparaison des trous blancs et des
trous noirs – pour être plus clair, le trou blanc est au sein du trou noir. Vous
me suivez ?
(« Oui. »)
Certaines propriétés électromagnétiques sont attirées dans le trou noir et
accélérées au-delà de ce qui est imaginable. L’accélération et l’activité dans
le trou noir attirent d’incroyables proportions (je vérifie ce mot auprès de
Seth) d’énergie supplémentaire venue d’autres systèmes.
Cette accélération modifie la nature des unités concernées. Dans le même
temps, les caractéristiques du trou noir lui-même sont modifiées par cette
activité. Un trou noir est un trou blanc retourné sur lui-même, autrement dit.
La « matière » électromagnétique peut émerger à nouveau par le même
« trou », ou « point », qui est à présent un trou blanc.
Cette réémergence, cependant, modifie encore une fois les
caractéristiques du trou blanc. Il est à nouveau « affamé », et redevient un
trou noir. Le même type d’activité se poursuit dans tous les systèmes. Les
trous, ou points de coordination, sont donc réellement de grands
accélérateurs qui réénergisent l’énergie.
Nous allons terminer ce matériau pour ce soir.
(Fin brutale, donc, après une longue pause. Mais Seth revient.)
À la fin du matériau sur les points de coordination, mettez une note
renvoyant à l’appendice. Ceci n’est pas notre livre (avec humour), mais
l’appendice de notre livre.
(« D’accord. »)
Mes pensées les plus cordiales pour vous, et un chaleureux bonsoir.
(« Merci beaucoup, Seth. »)
Et quand vous trouverez du temps pour l’enregistreur, je trouverai du
temps pour vous.
(« D’accord. Bonne nuit alors. »
23h21. Après la session, Jane essaie une nouvelle fois la méthode de Seth
pour trouver les points de coordination. Elle se retrouve à nouveau en train
de pointer dans la direction du coin sud-ouest. « J’ai reçu un tas de choses,
cette fois », dit-elle – c’est-à-dire des informations supplémentaires après la
transe. « Ces lignes forment des triangles, ou des sortes d’entonnoirs qui
contiennent de l’énergie. C’est pour ça que les médiums parlent de formes
pyramidales – ces lignes concentrent l’énergie.
« Bien sûr ! C’est pour ça que j’obtiens cet effet de triangle avec Seth 2,
s’exclame-t-elle. Mais quand je suis dans une transe de type Seth 2, le point
de coordination est dans une direction différente. Il s’élève au-dessus de ma
tête, bien au-delà de la pièce et de la maison, jusqu’à une réalité
différente. »
Jane se dit ensuite qu’elle va faire essayer la méthode de Seth aux
membres de son cours de perception extrasensorielle. Elle veut voir s’ils
vont trouver le même endroit qu’elle.)

SESSION 594
LUNDI 13 SEPTEMBRE 1971

(21h40. Il n’y a eu qu’une session cette semaine, et elle était promise à


des amis depuis longtemps.
Sue Watkins assiste à la session de ce soir. Elle comptait partir avant la
session mais, à 20h50, Jane lui propose de rester. La présence inattendue
de Sue est un exemple de la façon créatrice dont les évènements spontanés
peuvent influer sur la session ; les notes de Sue, citées plus loin, le montrent
bien.
Comme d’habitude, Jane n’a aucune idée de ce que va contenir la
session de ce soir. « Des choses pour l’appendice, j’espère », dit-elle. Elle
est d’excellente humeur, pratiquement hilare. Cette humeur est également
manifeste, pendant la session, dans la façon drôle dont Seth insiste pour
que j’emploie la ponctuation et la mise en paragraphes correctes.
Nous commençons en retard à cause de mon travail dans l’atelier. Jane
et Sue parlent et rient en attendant que je les rejoigne dans le salon avec
mon carnet de notes. La dictée de Jane est assez vive, avec une brève pause
occasionnelle.)
Maintenant. Je vous dis bonsoir, ainsi qu’à notre amie (Sue). J’aurais
quelques remarques intéressantes à faire concernant vos relations, mais
nous devons avancer sur notre appendice, et nous allons donc continuer. Les
autres informations viendront en leur temps.
Les objets sont des symboles.
D’habitude, vous les considérez comme des réalités. Vous considérez
parfois les pensées, les images et les rêves comme symboliques d’autre
chose, mais la vérité, c’est que les objets physiques eux-mêmes sont des
symboles. Ce sont des symboles extérieurs qui représentent l’expérience
intérieure.
Il existe donc des symboles physiques de masse, sur lesquels vous vous
accordez tous, aussi bien que des symboles personnels et privés.
La nature, la structure, de la vie physique que vous connaissez est le
constat symbolique fait par des groupements d’entités qui ont choisi de
travailler avec le symbolisme physique. Le corps est donc le symbole de ce
que vous êtes – ou de ce que vous pensez être, ce qui peut être tout à fait
différent.
(Seth demande avec un humour élaboré que je marque le tiret dans la
dernière phrase ; penchée au-dessus de la table basse, les yeux très noirs,
Jane me parle d’une voix douce.)
Toute maladie est le symbole d’une affirmation ou d’une réalité
intérieure. Votre vie entière est une affirmation en termes physiques, écrite
sur le temps tel que vous le comprenez.
Nouveau paragraphe. (Très doucement.) Une fois que l’on comprend la
nature symbolique de la réalité physique, on ne se sent plus piégé par elle.
Puisqu’on a formé ces symboles, on peut les modifier. Il faut naturellement
apprendre ce que signifient les symboles de sa propre vie, et comment les
traduire.
Pour cela, il faut d’abord se rappeler fréquemment que la condition
physique est symbolique – qu’elle n’est pas permanente. Puis il faut
chercher en soi-même la réalité interne qui est représentée par ce symbole.
On peut suivre ce procédé quelle que soit la nature du problème – du défi –
rencontré.
(21h50.) Votre environnement physique interne est donc une affirmation
symbolique d’une situation interne. Cette situation interne est fluide, car on
est toujours en état de devenir. Laissés à vous-mêmes, vous traduisez
automatiquement les évènements intérieurs, spontanés et fluides, en réalité
physique, et ce faisant, vous changez de symboles et modifiez votre
environnement.
En revanche, si l’on croit que l’environnement ou les conditions
physiques sont la réalité, on peut se sentir pris au piège et se donner
beaucoup de mal pour combattre un dragon de papier. L’environnement est
toujours modifié de l’intérieur. Il y a une rétroaction instantanée entre les
conditions intérieures et extérieures ; mais la nécessité de changer
l’environnement physique, la façon de le changer et la mobilité même
viennent de l’intérieur.
Nouveau paragraphe. (À nouveau, une demande très douce, polie et
souriante. « Je suis en avance sur vous, pour une fois, Seth. »)
Nombre des idées données dans ce livre peuvent servir à résoudre des
problèmes personnels. Lorsqu’on comprend ces concepts, on se rend
compte de la liberté dont on dispose pour œuvrer intentionnellement à
l’intérieur du cadre de la vie physique. Vous avez tellement l’habitude de
regarder au-dehors – d’accepter le monde physique comme le critère de la
réalité – qu’il ne vous vient pas à l’esprit de regarder au-dedans. Le cadre
même de votre existence s’écoule donc en permanence du dedans vers le
dehors ; il est projeté dans des symboles physiques que vous prenez pour la
réalité.
(S’adressant à Sue, assise à côté de moi sur le canapé.) Moi aussi, je
peux être bon pour les détails. Nouveau paragraphe.
(Cette fois, Seth éclate d’un rire bruyant et appuyé, à cause du travail
que nous faisons, Jane et moi, depuis quelques semaines en relisant les
épreuves du livre, en vérifiant mes notes et ainsi de suite.)
Le drame intérieur est donc toujours celui qui compte. Chaque lecteur de
ce livre écrit « l’histoire de sa vie ». Vous en êtes l’auteur. Vous n’avez donc
aucune raison de vous sentir prisonnier de ce drame particulier. Vous avez
le pouvoir de changer votre condition. Il vous suffit d’exercer ce pouvoir.
D’autres types de conscience perçoivent parfaitement la forme
symbolique de votre réalité physique. Les objets, en tant que symboles,
construisent le cadre même de votre existence. Les objets peuvent ensuite
être maniés librement.
Vous pouvez faire une pause.
(« Merci. »
22h00. Le débit de Jane a été plutôt bon, mais ses yeux ont été souvent
fermés, ce qui est assez rare.
La première chose qu’elle demande en sortant de transe, c’est si la
session contient du matériau nouveau. Je dois lui avouer que je n’en sais
rien ; j’ai été trop pris par l’écriture. De même que je n’arrive pas à
mémoriser l’ensemble du livre de Seth, bien que je sois en train de
travailler sur le manuscrit. Jane dit qu’elle non plus – alors qu’elle vient de
finir de le lire en entier.
Une remarque : Jane est à mi-chemin de la version définitive de son
introduction à ce livre au moment où cette session a lieu.
Sue dit que le matériau est très signifiant pour elle ; elle comprend
maintenant que ce n’est pas « par hasard » qu’elle est passée ce soir. Elle a
beaucoup à dire, en particulier, sur son impression de Jane, de Seth et de la
grande énergie en jeu dans ces sessions. Sue a commencé à ressentir, et à
formuler, certaines impressions, avant et pendant la session.
Les remarques de Sue sont à ce point excellentes que je lui demande de
les écrire. Elle le fait pendant le reste de la pause, puis elle complète au fil
de la session. Ces notes sont présentées ici sous une forme légèrement
abrégée.
« Avant la session, écrit Sue, j’ai eu une impression sur Seth que je
n’avais jamais eue auparavant. C’est comme si Jane, Rob et moi étions en
train de voyager à une certaine vitesse familière tout en parlant, bien qu’il
ne s’agisse pas du tout de mouvement. Lorsque Seth arrive “dans les
parages”, juste avant la session, il semble que quelque chose en Jane
démarre, tourne et s’accélère de plus en plus, jusqu’à atteindre une vitesse
incroyablement autre – une partie de la conscience de Jane qui s’appelle
Seth.
« À ce moment-là, la vitesse est juste et les choses “cliquent” entre elles,
d’une certaine manière. Jane enlève ses lunettes, comme elle le fait
toujours. J’arrive presque à entendre cette action ; puis la personnalité de
Seth commence à communiquer. L’expérience de Seth 2 doit être une
accélération encore plus grande de cette vitesse, atteinte au sommet de
l’effet pyramidal décrit par Jane.
« En parlant avec Jane pendant la pause, j’ai senti cette accélération
reprendre, au moment où sa conscience se préparait à poursuivre la
communication. L’entrée en transe est presque un processus de
retournement vers l’extérieur et, lorsque je regarde Seth quelques minutes
plus tard, il me semble que la conscience de Jane passe à toute vitesse
devant ses yeux ouverts, au-delà de ce que je peux comprendre de la
vitesse. Je me demande alors simplement comment la communication
redescend en mots.
« Je ne veux pas dire que je pense que Seth et Jane sont la même
personnalité ; j’ai plutôt le sentiment que cette accélération relie des parties
de la même conscience qui sont normalement si différentes qu’elles
constituent, dans la pratique, deux personnalités séparées. J’identifie la
même impression d’accélération en moi-même lorsque j’écris bien, ou
même quand je parle avec enthousiasme ; mais la sensation de gigantesque
et incompréhensible vitesse, derrière les yeux de Seth, va bien au-delà. J’ai
très clairement ressenti la notion de deux vitesses différentes en Jane et en
Seth, et je me sens partiellement portée par elles.
« Lorsque Jane est sortie de transe, j’ai encore eu une impression
presque auditive – le sentiment d’un ralentissement, d’un sifflement aérien
aigu ralentissant jusqu’à notre vitesse ou notre “son” normal. Un sentiment
très fort de changement. Comme si cette accélération était liée à une
dimension où le son n’est pas seulement quelque chose qu’on entend. Un
sentiment fantastique, vital. Je le sens redémarrer à la fin de chaque
pause. »
Jane reprend, avec un débit plus lent, à 22h25.)
Maintenant. Les observations de notre amie Sue se rapprochent d’une
description parfaite des sentiments subjectifs de Ruburt, comme il vous l’a
dit pendant la pause.
Je renvoie le lecteur à l’introduction de Ruburt, dans laquelle il compare
sa propre expérience de création en tant qu’écrivain à celle qu’il ressent
pendant nos sessions. Il y a plusieurs points qu’il n’a pas saisis, et que
j’aimerais clarifier. (Une pause.) Nouveau paragraphe.
Dans nos sessions, il ne se rend pas compte, consciemment, du travail de
création qui se produit, précisément parce qu’il est hors du champ qui peut
être suivi par l’esprit conscient. Ruburt projette une partie de lui-même dans
un type entièrement différent de réalité subjective, une dimension
absolument différente d’activité.
Dans son introduction, il remarque qu’il ne ressent pas dans nos sessions
l’excitation de la chasse qu’il trouve dans son travail de création. C’est que
l’accélération est si rapide et si intense qu’il ne peut pas la suivre
consciemment. L’inconscient, comme on le nomme, n’a rien à voir avec ce
phénomène qui est, en revanche, lié à des qualités inhérentes à chaque
conscience. Cette capacité est rarement utilisée à plein rendement. Les
connexions sont si rapides que le cerveau physique ne s’en rend pas
compte.
(Une pause, parmi beaucoup d’autres, à 22h30.) De fait, Ruburt a
toujours possédé cette faculté à un point très poussé. Pour diverses
raisons, en termes de réincarnation, il a préféré rester dans l’ignorance
pendant la première partie de sa vie quant à la façon dont cette faculté
pouvait être utilisée. Pendant les sessions, cependant, toutes les
caractéristiques de l’être interne s’accélèrent ; les capacités de
connaissance, d’intuition, de création fonctionnent à un régime bien
supérieur à ce que vous appelleriez la norme.
C’est une dimension de l’existence qui naît néanmoins dans la
conscience quand celle-ci n’est pas physiquement orientée. Ruburt peut
apprendre – va apprendre – à explorer bien plus loin dans cette dimension.
C’est le manque de confiance en lui-même qui l’a retenu par le passé.
L’accélération le propulse dans un état dans lequel il fonctionne bien, tout
en allant au-delà des réalités psychologiques normales qu’il reconnaîtrait
comme siennes.
D’ailleurs, dans cet état, il utilise littéralement un pouvoir incroyable en
termes d’énergie ; et dans bien des cas, le volume de sa voix sert à utiliser
une partie de cette énergie, à s’en alléger tant qu’il ne sait pas l’utiliser, et
jusqu’à ce qu’il découvre d’autres objectifs pour l’utiliser. Le volume, bien
entendu, est aussi une excellente démonstration de la vitalité avec laquelle il
est en contact.
Maintenant, vous pouvez faire une pause. Terminez vos notes.
(« D’accord. »)
Et je vais donner un peu de repos à Super-Jane. (Une pause, en montrant
Sue du doigt.) Celle-ci attend qu’il revienne, pour sentir la différence.
(22h37. Sue, au bord du canapé, regarde attentivement Jane qui sort
d’une transe profonde. Une fois de plus, elle parle du changement de
« vitesse » de Jane. « Il y a un son qui va avec cette vitesse et que je
n’arrive pas à décrire, dit Sue. C’est comme être dans une dimension où la
réalité est musique – où le son n’est pas seulement quelque chose qu’on
entend. Et ensuite, quand on en sort… » Sue siffle en imitant l’effet Doppler
d’un train dont le son change en s’éloignant.
Sue et Jane m’interrogent à ce sujet, et je suis bien obligé de leur dire
que je n’ai rien ressenti de particulier, ce qui est d’ailleurs le cas pendant
la plupart des sessions. Le fait de me concentrer sur l’écriture contribue à
m’isoler d’autres manifestations. En fait, je suis tout le temps en train
d’écrire ; je viens d’ailleurs d’y passer la plus grande partie de cette pause.
À nouveau, Sue regarde Jane attentivement pendant que nous attendons
le retour de Seth. « Ouah, l’accélération est incroyable », s’exclame Sue ; et
juste avant de repartir en transe, Jane dit qu’elle sent la chaise vibrer sous
elle… Reprise avec des pauses à 22h57.)
Maintenant. Ruburt ne se souvient pas, la plupart du temps, de ce dont il
a fait l’expérience pendant nos sessions. De même que les objets physiques
sont des symboles qui existent en tant que réalité à certaines fréquences, il
existe bien sûr d’autres réalités sur d’autres fréquences ; mais là, les objets
ne sont pas les symboles principaux.
L’expérience de ce genre de dimensions est extrêmement difficile à
traduire quand Ruburt revient dans le système physique. De mon côté, je
dois également faire certains ajustements. Je descends de plusieurs niveaux,
par exemple, pour que le contact soit possible.
Je tente alors ce qui est réellement une entreprise de création, à laquelle
Ruburt participe – l’acte de traduire des données internes de ce type en
termes physiques, de façon à introduire dans votre réalité les indices que je
peux vous apporter concernant les autres réalités dont vous faites partie.
(Une pause à 23h00. D’une manière tranquillement amusée, maintenant,
Seth donne de fréquentes indications de ponctuation et autres. Les yeux de
Jane sont souvent fermés.)
Du point de vue qui m’est naturel, vos objets n’existent pas. Votre réalité
intérieure existe, bien entendu. D’ailleurs, le système de Ruburt subit
certaines modifications physiques, qui sont toutefois propres à sa
constitution. (Avec humour.) Il y a veillé avant le début de sa vie.
Il utilise les connexions nerveuses d’une façon inhabituelle, et qui
correspond à son but. Son rythme cardiaque est normal. L’accélération
commence cependant à un niveau physique, au niveau des hormones et des
substances chimiques, puis elle bondit à partir de là. Les deux parties du
cerveau font contact, et en termes physiques maintenant, l’accélération est
lancée à partir de ces connexions, et ses effets sur le corps sont interrompus.
De nombreuses disparitions de personnes peuvent s’expliquer d’une
façon à peu près semblable : lorsque l’accélération est suffisamment forte,
et inattendue, pour emporter toute la personnalité hors de votre système.
Maintenant, pour le bénéfice de notre amie, j’augmente l’accélération,
pour voir si elle peut la percevoir. Cela se produit souvent dans l’état de
rêve – et lorsque vous avez l’impression d’être entré brièvement dans une
nouvelle dimension surprenante, l’état de rêve lui-même suppose une
accélération de ce type.
(Tout en écrivant, je jette un coup d’œil à Sue, à côté de moi. Elle est
assise, très calme, et regarde Jane. Les yeux de Jane sont maintenant
ouverts, son débit est plus rapide et sa voix un peu plus forte.)
D’une façon ou d’une autre, toute création artistique repose sur le même
principe, bien qu’à un degré moindre. Bon, je ne peux pas maintenir cette
accélération, car la voix serait si rapide que notre ami n’arriverait plus à
prendre de notes…
(La voix de Jane devient soudain beaucoup plus forte sur la dernière
phrase – phénomène auquel Sue et moi avons souvent assisté. Ce volume
est cependant loin de ce qu’elle est capable de produire lorsqu’elle parle
pour Seth ; en quelques occasions, sa voix a été si forte qu’elle m’a fait
teinter les oreilles. J’ai déjà entendu Jane avoir une voix très forte, avec
des pics de ce genre, pendant plusieurs heures de suite et, incroyablement,
sans qu’elle montre par la suite le moindre signe de fatigue.)
Maintenant, ne prenez pas de notes…
(Sa voix forte et rapide se calme, et Seth m’explique qu’il va donner une
« bonne démonstration d’accélération » dans une session où nous
utiliserons notre enregistreur. Sue pourrait y assister et, avec un peu de
chance, je ressentirai l’accélération aussi nettement qu’elle. Cet interlude
se change en pause à 23h10.
Lorsque Jane sort de transe, à nouveau Sue « se rend absolument
compte » du ralentissement de Jane. Elle ressent aussi des manifestations
visuelles difficiles à décrire ; pour tenter de les cerner, elle commence à
compléter ses notes, citées à la fin de la session.
« Parfois, pendant le cours de perception extrasensorielle, je pourrais
entraîner toute la classe avec moi dans une vraie aventure d’accélération,
s’ils y arrivaient », dit Jane. Elle utilise par contraste l’exemple des arbres
d’une forêt, pour comparer leur état de passivité au sentiment
d’accélération qu’elle ressent, à ce sentiment qu’elle a parfois « de pouvoir
traverser le mur ». Elle en dit davantage mais je ne note pas tout.
Reprise à 23h20.)
Maintenant. Je vais bientôt terminer cette session. Ce n’est bien sûr pas
une coïncidence si notre amie est venue ici ce soir. Une partie de
l’information donnée sur les objets et sur le symbolisme était nécessaire
pour cet appendice, mais elle s’applique tout à fait à Sue.
(S’adressant à moi.) Je suis désolé pour vous…
(« Pourquoi ? »)
Parce que vous n’avez pas cessé d’écrire.
(« Mais ça va. »)
Il y a une chose que je peux ajouter ici, en rapport avec le drame
religieux du Christ et des disciples.
Comme l’a dit Ruburt après avoir lu l’ensemble de ce livre, le drame
intérieur est le drame « réel ». Le Christ est devenu le crucifié et Judas, le
traître, bien que le Christ n’ait pas été crucifié et que Judas ne l’ait pas trahi.
La réalité était donc dans le mythe. Le mythe était la réalité. Dans ce genre
de situation, les évènements intérieurs prédominent toujours, quels que
soient les faits physiques, qui ne sont que le symbole des évènements
internes.
Maintenant, je vous dis un chaleureux bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. C’était un plaisir. »
S’adressant à Sue.) Et je vais laisser mon ami Ruburt redescendre
jusqu’en bas.
(Sue : « D’accord. Bonne nuit. »
23h25. Une fois sortie de transe, Jane n’a pas grand-chose à dire. « Je
suis juste assise à vous regarder vous affairer comme deux abeilles en
pleine activité », dit-elle en souriant, pendant que Sue et moi travaillons à
nos notes respectives.
« Avant la pause de 23h10, écrit Sue, lorsque Seth m’a dit qu’il allait
augmenter l’accélération pour voir si je pouvais la percevoir, j’ai eu le
sentiment très net d’une vitesse plus grande et d’un changement visuel dans
le corps de Jane. Il avait l’air plus petit, comme si je le regardais par le
mauvais bout d’une paire de jumelles. C’était à nouveau lié au mouvement,
comme si la fréquence physique elle-même était modifiée, et que le corps de
Jane passait devant moi à toute vitesse, tout en restant à la même place.
« Puis, quand Jane est sortie de transe pendant la dernière pause, j’ai eu
l’impression qu’une force était libérée devant moi et que, si je ne faisais pas
attention, j’allais tomber en arrière. Et même chose encore après la
session. »)

SESSION 595
LUNDI 20 SEPTEMBRE 1971

(21h01. La première partie de la session est consacrée à une amie qui a


besoin d’aide pour un problème personnel. Elle enregistre les informations
de Seth, et s’en va au moment de la pause, à 21h45.
J’avais deux questions pour la suite de la session, et nous nous attendons
à ce que les réponses de Seth soient donc incluses dans l’appendice.
Première question : selon Seth, Jane, moi-même et lui avons vécu au
Danemark au XVIIe siècle. Je voudrais seulement des précisions sur la durée
de ma vie, telle qu’elle est donnée dans les notes de la fin de la session 541,
chapitre 11.
Deuxième question : Seth a-t-il l’intention de donner un titre à la
première et à la deuxième partie de son livre, comme il l’a fait pour les
chapitres ? Reprise à 22h05.)
Maintenant.
(« Bonsoir, Seth. »)
Il faut que je parle plus lentement.
Les informations sur la vie au Danemark, dans le chapitre 11, sont
exactes, à l’exception d’une erreur d’interprétation. Il s’agit d’une seule vie,
divisée en deux périodes distinctes – en termes d’intérêts, de capacités
utilisées et de style de vie.
En dehors des informations données dans ce chapitre-là, il y a eu
quelques déformations dans un matériau ancien concernant cette vie.
Celles-ci ne se sont pas produites à cause du sentiment de Ruburt à propos
de la réincarnation. C’est simplement une question de corréler de nombreux
détails en un schéma spécifique correct.
Certains des noms donnés, par exemple, désignent des amis plutôt que
vous-mêmes. Mais quoi qu’il en soit, le tableau d’ensemble de cette
existence, sa validité vont bien au-delà de ces déformations. J’étais un
marchand d’épices. Vous étiez peintre à l’origine et, de façon assez
spectaculaire, vous êtes devenu propriétaire foncier, et vous avez commencé
à vous opposer à ce que vous aviez été dans votre jeunesse.
Ruburt était également un artiste dilettante lorsqu’il était jeune et, quand
vous êtes devenu gras et prospère, vous lui en avez voulu pour cette raison
même. Vous vouliez qu’il s’oriente vers un travail plus acceptable, et vous
aviez honte de vos propres vagabondages de jeunesse, au temps où vous
étiez un artiste itinérant.
C’est de là que vient cette opposition entre l’idée de posséder une
propriété et celle de devenir peintre. Dans cette vie-ci, cela a entraîné chez
vous un malaise considérable.
(22h13. C’est vrai. Et quelles qu’en soient les raisons, j’ai persévéré à
être peintre dans cette vie-ci, malgré tous les obstacles.
Dans la session 223 du 16 janvier 1966, Seth a dit que mon nom dans la
vie au Danemark était Larns Devonsdorf. Ma femme s’appelait alors Letti
Cluse. Mon fils – qui est maintenant Jane – s’appelait Graton. Seth,
marchand prospère, voyageur et ami de la famille, s’appelait Brons
Martzens.)
L’itinéraire général de mes voyages tel qu’il a été donné par Ruburt dans
cette session est exact. Mais il y a quelques déformations dans d’autres
parties de cette session.
(Une longue pause à 22h15.) Les détails qui vous préoccupent tant à
présent sont bien sûr importants ; mais de façon plus large, c’est
l’expérience affective profonde de votre vie dont vous vous souvenez « plus
tard ». Fondamentalement, les noms et les dates n’ont aucun sens pour le
moi intérieur. Dans les données réincarnationnelles, ce sont donc les valeurs
affectives qui passent de façon vive et avec le moins de déformations.
Vous accordez actuellement aux noms et aux dates une importance
critique. Vous mettez l’accent dessus pour augmenter la validité des récits
concernant les vies passées ; ce sont pourtant ces choses-là, précisément,
que l’on oublie en premier et qui ont le moins de valeur psychologique.
(22h20.) Il y a donc certains noms qui jaillissent immédiatement. Vous
insistez pour que les noms soient rangés à leur place, alors que le moi
interne a souvent beaucoup de mal à le faire, car les noms n’ont tout
simplement aucune importance pour lui. Les personnes et les évènements
signifiants, qui portent de fortes charges affectives, passent beaucoup plus
clairement. On se souvient aussi des dates liées à des évènements affectifs.
La vie passée est (sourire) comme une grille de mots croisés qu’il faut
remplir, mais en son centre se trouve la réalité affective d’où jaillit cette
grille.
(Seth sourit car, depuis quelque temps, Jane s’intéresse beaucoup aux
mots croisés. Moi aussi, d’ailleurs. Nous nous sommes interrogés sur les
motifs symboliques cachés derrière cette occupation.)
Beaucoup de récits réincarnationnels sont généreusement saupoudrés de
noms et de dates, destinés à satisfaire ceux qui en ont besoin pour accepter
leur validité affective et psychologique. Cela s’applique à tout matériau
réincarnationnel, quelle que soit la manière dont on l’obtient.
Par ailleurs, si la vie en question est récente, selon vos termes, il est plus
facile de s’en rappeler les détails de façon simple et précise. Mais il est
possible d’être correct dans le moindre détail avec une vie qui s’est
déroulée il y a plusieurs siècle, si elle contient, par exemple, des batailles ou
autres évènements de grande importance qui ont imprimé ces dates sur la
personnalité.
(22h29.) Toute expérience chargée affectivement porte en elle un déluge
de détails, mais les dates et les noms usuels ne signifient pas grand-chose.
Ils ne signifient pas grand-chose dans votre réalité. Fondamentalement, les
relations entre individus sont ce qui est important, et on ne les oublie pas.
Cependant, ces vies existent simultanément sur l’échiquier. Il ne faut pas
que vous l’oubliiez. L’attirail inutile, en revanche, n’a aucune importance
pour les différentes personnalités, que ce soit « maintenant » ou « alors ».
Vous me suivez ?
(« Oui. »)
La structure réincarnationnelle est construite selon les lignes d’existence
que vous connaissez maintenant. Certains individus sont plus intrigués que
d’autres par le détail : une « personnalité antérieure » particulière peut avoir
eu un grand amour du détail, auquel cas vous en découvrez la richesse. Ce
qu’une personnalité particulière aime ou n’aime pas a également beaucoup
de rapports avec la description d’un épisode réincarnationnel particulier.
Il est inutile de poser des questions profondes sur l’histoire de l’époque à
une personnalité qui était dans la misère, ignorante et de compréhension
limitée. Elle ne connaîtrait tout simplement pas les réponses. Le tableau de
n’importe quelle vie passe donc par l’expérience de la personnalité qui l’a
vécue.
(Une pause à 22h35.) Encore une fois, les détails qui émergent sont ceux
qui étaient importants pour elle. Dans mon cas particulier, je suis si peu
focalisé sur mes propres moi réincarnationnels, et ils ont fait un tel chemin
de leur côté, que mon sentiment d’immédiateté avec eux est faible. Mais
comme nous (Seth, Jane et moi) avons été très fortement liés, ces relations
demeurent importantes et, selon vos termes, notre relation actuelle était
alors latente. La vie au Danemark existe tout autant que celle-ci existe pour
vous. C’est simplement que « vous » êtes focalisés sur cette image-ci de la
réalité.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(« Merci. »
De 22h37 à 22h50.)
La structure réincarnationnelle est une structure psychologique. On ne
peut la comprendre qu’en ces termes. Les interprétations et les déformations
auxquelles elle donne lieu sont tout à fait naturelles, vu votre expérience
pratique du temps.
La réalité, la validité et l’immédiateté de ces vies existent simultanément
à votre vie présente. La distance entre deux vies existe psychologiquement,
et non pas en termes d’années ou de siècles. Cette distance psychologique
peut être encore beaucoup plus importante. Il y a des vies auxquelles vous
n’avez pas envie de faire face, tout comme il y a dans cette vie-ci des
évènements auxquels vous n’avez pas envie d’être confrontés. Il y a parfois
de grandes différences de tempérament entre vos personnalités de telle et
telle vie donnée – au point que votre moi présent ne se sente aucun rapport
avec l’expérience d’un autre moi.
Vous vous sentez plus fortement attirés vers les « vies passées » qui,
d’une façon ou d’une autre, renforcent votre vie actuelle. Vous vous rendez
compte que vos souvenirs d’enfance sont rares. La plupart d’entre vous se
souviennent mal des années qu’ils ont passées comme bébé ou comme
jeune enfant. Vous utilisez pourtant la connaissance obtenue en ce temps-là,
et bien qu’elle fasse partie de vous, vous ne vous en rendez pas compte de
façon consciente ; de même, vous ne vous rendez pas compte
consciemment de vos autres existences réincarnationnelles. (Dans un
murmure, avec humour.) Nouveau paragraphe.
J’ai déjà parlé plusieurs fois dans ce livre des présents alternatifs ; or les
vies réincarnationnelles sont des présents alternatifs. Il existe une
interaction permanente entre vous et vos moi réincarnationnels. Il existe,
comme dit votre amie Sue Watkins, « une action constante sur tout
l’échiquier ».
(23h01.) Autrement dit, ces moi ne sont pas morts. Vous avez du mal à le
comprendre parce que vous pensez spontanément en termes d’une seule
expérience de vie à la fois, et à un schéma de développement linéaire. Selon
vos termes, un moi réincarnationnel peut avoir conscience de votre
environnement actuel et y avoir une interaction par le biais de votre propre
rapport avec les autres.
Certains « évènements présents » peuvent en effet déclencher ce type
d’interaction. Mais, en des termes tout à fait différents, la personnalité
réincarnée peut avoir d’autres types d’expériences à d’autres niveaux, tout
en ayant une interaction avec vous, ou à travers vous.
(La dictée de Jane est animée et délibérée, comme si Seth voulait que ses
gestes soulignent le matériau.)
Le temps est ouvert, si bien que vous pouvez avoir un effet sur des moi
réincarnationnels « passés », et même parfois réagir dans leur
environnement. Cela se passe en général dans le rêve, mais cela peut aussi
se produire juste en dessous du niveau de la conscience réveillée, et vous
l’occultez alors, tout en vaquant à vos affaires quotidiennes.
(23h07.) Une association affective forte peut déclencher ce type de
réaction. (Une pause.) La réincarnation, telle qu’on l’explique en général,
une vie succédant à une autre, est un mythe ; mais un mythe qui permet à
beaucoup de gens de comprendre partiellement des faits que sinon ils
n’accepteraient pas, car ils sont trop attachés au concept d’un temps
continu.
Maintenant, vous pouvez faire une pause ou terminer la session.
(« Nous allons faire une pause, Seth. »
23h10. Jane est « complètement partie », comme elle dit souvent. Elle ne
se souvient que de la première phrase du matériau. Ce soir, toutes ses
transes ont été profondes et il lui faut un peu plus de temps que d’habitude
pour en sortir ; ses yeux roulent un peu dans leur orbite.
Pendant la pause, je répète ma question quant à d’éventuels titres pour
la première et la deuxième partie. Reprise de la même manière, à 23h24.)
Maintenant. Nous n’avons pas besoin de nommer séparément les deux
parties. Je pensais traiter les environnements internes et externes immédiats
dans la première partie, puis me diriger dans la deuxième vers la réalité plus
large de l’âme et de sa perception. C’est ce que j’ai fait, mais comme le
matériau est très intriqué, il m’a semblé suffisant de le séparer en deux
parties, sans renforcer l’effet de division.
(En souriant.) Bien, je pourrais continuer pendant des heures, mais je
suggère que vous preniez du repos.
(« Ce n’est pas de refus – le repos, je veux dire. »
Je commence à me sentir fatigué, mais il est clair que Seth pourrait
facilement passer à un état où son énergie semblerait inépuisable.)
Je vous souhaite un très chaleureux bonsoir.
(« J’ai trouvé excellent le matériau personnel que vous avez donné pour
notre spectatrice, ce soir, avant la première pause. »)
En effet, c’était du sur mesure.
Maintenant. Quand nous aurons terminé l’appendice et que vous aurez
achevé votre travail sur ce livre, je vous donnerai toutes les sessions que
vous voudrez pour vous-mêmes, dans les limites du raisonnable. Et utilisez
l’enregistreur.
(« D’accord. Bonne nuit, Seth, et merci. »
23h27. « C’était bizarre, dit Jane, après quelques minutes de
repos. J’étais vraiment partie, à la fin, mais pendant si peu de temps que
j’ai vraiment senti la transition entre “ici” et “là-bas”, et pareil au retour.
Le mot qu’emploie Sue – “l’accélération” –, c’est un bon mot… » Voir la
session 594.)

SESSION 596
LUNDI 27 SEPTEMBRE 1971

(21h24. Après le dîner, Jane et moi avons travaillé pendant environ une
heure à la lecture des épreuves du livre, puis nous sommes allés faire une
promenade. C’est une soirée d’automne agréable, chaude et humide ; il fait
déjà nuit et il y a des feuilles mouillées un peu partout.
Nous sommes de retour à 20h30. Nous nous asseyons dans le salon sans
allumer la lumière, pour voir au-dehors. Jane a fini aujourd’hui son
introduction au livre de Seth. Cela lui a rappelé son propre manuscrit,
L’Univers physique comme idée construite, dont elle parle d’ailleurs dans
l’introduction. Elle l’a relu aujourd’hui, et ce texte continue à l’intriguer.
Elle me dit à nouveau qu’elle aimerait bien en faire quelque chose un jour.
Nous laissons passer 21h00 sans nous en rendre compte, absorbés par la
discussion. J’allume deux lampes quand nous nous préoccupons finalement
de tenir une session. Jane voudrait davantage de matériau pour
l’appendice. Elle dit que ce soir, le salon a l’air « différent », de façon
significative ; et que c’est une « bonne différence ». Elle commence à parler
pour Seth d’une voix très calme. Son débit est assez lent, ses yeux sont
souvent fermés.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. L’Univers physique comme idée construite, cité par Ruburt
dans son introduction, représente en effet le premier contact formel entre
nous, même si Ruburt ne s’en est pas rendu compte à l’époque.
Cette expérience est intervenue dans le cadre d’une inspiration fortement
accélérée. Sa conscience n’a quitté son corps que lorsqu’il s’est retrouvé en
plein milieu de ce qui était pour lui une inspiration d’une intensité presque
insupportable. Si, au lieu de cela, ses habitudes l’avaient conduit à prier
régulièrement, par exemple, ce cadre-là aurait pu être utilisé. Dans tous les
cas de ce genre, on trouve les mêmes qualités : la faculté de regarder à
l’intérieur de soi et de se concentrer profondément, de perdre, dans la
contemplation et le désir intense d’apprendre, les contours précis du moi
orienté sur le monde physique. Ces qualités doivent être accompagnées
d’une certaine confiance intérieure, de l’assurance que l’on peut recevoir
directement une connaissance pertinente. Ceux qui croient connaître toutes
les réponses n’ont pas de raison de les chercher.
Pour une personnalité donnée, ce type d’information, cette écriture
inspirée semblent en général faire partie d’un cadre déjà établi. Le contexte
où apparaît cette connaissance varie donc beaucoup. Dans certains cas, le
cadre lui-même est utilisé une dernière fois, et la connaissance inspirée – la
connaissance elle-même – échappe au cadre qui lui a donné naissance et
grandit dans un contexte plus large.
(Une pause à 21h35, parmi beaucoup d’autres. Mais la dictée de Jane est
plus vigoureuse à présent.)
Par-dessus tout, les individus qui reçoivent ainsi de l’informations dans
un état de conscience élargie sont ceux qui ressentent déjà profondément en
eux-mêmes des liens non seulement avec la Terre, mais avec des réalités
plus profondes. Ils ne se rendent souvent pas compte de façon consciente de
cette qualité fondamentale en eux-mêmes. Ce sont des gens qui n’acceptent
pas les réponses toutes faites, qui insistent pour trouver les leurs.
Il peuvent donner l’impression de chercher de façon désordonnée. Il y a
chez eux une belle impatience, une insatisfaction divine, qui les pousse en
avant jusqu’à ce que les frontières internes de leur propre personnalité
finissent par s’ouvrir. La connaissance acquise doit alors être intégrée par la
personnalité physique ; mais de par sa nature même, une connaissance
valide de ce type répand sa propre lumière et fait son chemin.
L’énergie générée par certaines de ces expériences suffit à changer une
vie en quelques instants ; elle peut avoir un effet sur la façon dont les autres
comprennent les choses. La connaissance fait intrusion d’une dimension
d’activité dans une autre. Ces intrusions sont éphémères et très chargées.
Sans qu’il le sache, l’individu qui reçoit ce savoir en fait lui-même partie.
Le timbre affectif de sa personnalité présente est modifié – et de façon
directe – par le savoir qu’il reçoit.
Dans la mesure où l’individu en question demeure fidèle à sa propre
vision, il accède à des possibilités d’expansion qu’il n’aurait pas pu
atteindre autrement. Mais le savoir qu’il reçoit est souvent en conflit avec
les idées et les croyances qui étaient les siennes auparavant. Si tel n’était
pas le cas, la qualité intrusive, et parfois explosive, de ces expériences ne
serait pas nécessaire, car il n’y aurait aucune barrière à franchir.
(Une longue pause à 21h45.) Ces personnalités doivent donc souvent
apprendre à trouver des corrélations avec leur propre connaissance intuitive,
à transformer les cadres intellectuels qui sont assez forts pour apporter leur
soutien à l’intuition. En général, ces personnalités ont également le don de
puiser des quantités inhabituelles d’énergie. Elles doivent souvent
apprendre assez jeunes à ne pas la gaspiller. Elles peuvent donner
l’impression de se disperser tant qu’elles n’ont pas assimilé cette leçon.
Cela se passe souvent à la fin de la trentaine ou au début de la
quarantaine, tout simplement parce que le besoin de connaissance atteint
souvent un pic à ce moment-là. Les schémas de comportement requis sont
suffisamment bien mis en place. L’énergie est dirigée, et l’individu a eu le
temps de constater que les réponses et les cadres communément admis
n’ont pas beaucoup de sens pour lui.
Dans sa manifestation la plus forte, ce type d’expérience peut propulser
une connaissance intuitive à partir d’un domaine privé et lui faire changer
une civilisation. Il y a toujours une charge incroyable dans l’expérience
originale. Elle contient l’énergie condensée d’où surgissent tous les
développements.
La personnalité en question réagit de différentes façons. Des ajustements
importants sont nécessaires, ainsi que, souvent, un changement de
comportement. L’individu se rend compte désormais qu’il est un réseau
vivant de réalité, et cela devient une connaissance consciente immédiate.
(C’est bien sûr ce qui est arrivé à Jane. Pause à 21h58.)
Pareille connaissance exige non seulement un comportement plus réactif
et plus responsable, mais aussi un sentiment d’affinité avec la vie qui
manquait peut-être auparavant. Ce sentiment apporte une sensibilité forte,
stimulante et intense. De nombreux individus ont connu des expansions de
conscience inhabituelles, intenses et parfaitement valides, sans toutefois
réussir à établir des corrélations entre cette connaissance nouvelle et leurs
vieilles croyances, sans parvenir à effectuer les changements nécessaires
pour maîtriser cette sensibilité. De fait, ils n’étaient pas assez forts pour
contenir l’expérience. Dans ce cas-là, ils tentent de la refermer, de la nier,
de l’oublier.
(22h05.) D’autres ne permettent pas à cette expérience de quitter le cadre
ou le contexte dans lequel elle a surgi. Ils ne réussissent donc pas à
s’échapper. Ils ne parviennent pas à se libérer. Si le savoir leur semble
provenir de leur Dieu, par exemple, ils continuent à penser à Dieu de la
même manière, alors que l’expérience et le savoir reçu devraient
justement les emmener bien au-delà.
(La voix de Jane parlant pour Seth est encore assez calme, mais sa dictée
est plus rapide et beaucoup plus intense à présent ; elle fait de nombreux
gestes.)
Ruburt, par exemple, aurait fait la même erreur s’il n’avait pas été mené
par son expérience au-delà de l’inspiration qui lui avait donné naissance.
(Une pause.) Il a donc été propulsé dans de nouveaux concepts parce qu’il a
eu le bon sens de rejeter ceux qu’il avait auparavant, et qu’il a eu le courage
d’aller de l’avant.
Le fait d’avancer l’a exposé (Une longue pause) à mes idées sur le
concept de Dieu. Avant nos sessions, il était si désenchanté par tous les
« sujets religieux » qu’il n’aurait pas pu considérer la moindre question s’y
rapportant.
(S’adressant à moi.) Êtes-vous fatigué ?
(Nous n’avons pas encore fait de pause, mais je fais non de la tête. Il
pleut fort à présent. En plus du bruit de la pluie, j’entends quelqu’un aller
et venir dans l’appartement du dessus.)
Or ces expériences, ces portes vers la connaissance, sont accessibles à
chacun d’entre vous, et dans une certaine mesure, chacun y participe. Elles
prennent la forme plus discrète de pressentiments, de décisions intuitives
soudaines, de changements bénéfiques. Souvent, au milieu de sa vie, un
individu voit soudain les choses clairement, de manière physique, et met ses
affaires en ordre. Ainsi, une vie qui semblait vouée au désastre devient
soudain victorieuse. Ce sont là des déclinaisons de la même expérience,
sous une forme mineure.
(Une pause à 22h15.) Vous disposez, dans la vie normale, dans
l’expérience quotidienne, de toute la connaissance dont vous avez besoin.
Mais il faut d’abord croire qu’elle est disponible et se mettre en position
de la recevoir, en regardant vers l’intérieur, en restant ouverts aux
intuitions et, plus important encore, en ayant le désir de la recevoir.
J’ai dit, quelques paragraphes plus haut, que les individus comme Ruburt
font eux-mêmes partie du savoir qu’ils reçoivent. Cela s’applique à chaque
personne, à chaque lecteur. (Une longue pause.) Il y a une grave idée
fausse. Les gens croient qu’il existe une grande vérité, qu’elle apparaîtra et
qu’ils sauront. Or une fleur est vérité. De même qu’une ampoule, un idiot
ou un génie, un verre ou une fourmi. Et pourtant ils ont peu de
ressemblance extérieure.
(22h24.) Toutes ces réalités apparemment distinctes, séparées,
différentes, sont la vérité. Ruburt fait donc partie de la vérité qu’il perçoit,
et chacun d’entre vous fait partie des vérités qu’il perçoit.
La « vérité », reflétée par Ruburt, devient en un sens une vérité nouvelle,
car elle est perçue de façon unique (comme elle l’est pour chacun de ceux
qui la perçoivent). En ces termes, ce n’est pas une vérité plus petite, ou plus
grande. C’est une vérité nouvelle.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(22h26. Jane met quelques minutes à sortir de cette transe très profonde.
Sa voix est restée modérée la plupart du temps, mais s’est faite très intense.
Elle n’a pas du tout conscience d’avoir parlé pendant plus d’une heure.
« Ouah ! il m’a vraiment fait partir, cette fois, dit-elle. Et je sais pourquoi.
Le bruit là-haut commençait vraiment à me déranger, alors Seth m’a fait
plonger encore plus profondément. »
« Je savais que j’allais obtenir quelque chose sur L’idée construite pour
l’appendice, poursuit-elle. Cette soirée est spécialement agréable. » Elle est
très contente de la session. Je me dis qu’elle a été particulièrement sensible
au bruit ce soir parce qu’elle ne voulait pas être interrompue pendant
qu’elle recevait ce matériau particulier. L’appartement du dessus est
maintenant silencieux.
Les effets de cette transe profonde persistent. Jane bâille à plusieurs
reprises. Elle marche de long en large tout en sirotant une bière et en
fumant une cigarette. Une pluie tiède continue à tomber. Je demande à Jane
si elle veut arrêter la session, mais elle choisit de continuer, malgré ses
bâillements.
Reprise, de la même manière, à 22h45.)
Maintenant. Ces « nouvelles vérités » peuvent bien sûr être très
anciennes, mais la vérité n’a pas toujours la même apparence, les mêmes
contours, la même forme ou la même dimension. Par conséquent, ceux qui
persistent à préserver leur vérité de tout questionnement risquent de détruire
la validité de leur propre connaissance.
Encore une fois, ceux qui sont tellement sûrs de leurs réponses manquent
du besoin de savoir qui pourrait les conduire vers des dimensions de
compréhension plus importantes. Toute expansion valide de la conscience
fait elle-même partie du message. La personnalité rencontre la vérité
vivante et sait que la vérité n’existe qu’en ces termes.
J’utilise l’expression « expansion de la conscience », plutôt que celle,
plus fréquente, de « conscience cosmique » (Une pause), parce que cette
dernière implique l’expérience de proportions inaccessibles au genre
humain pour le moment. (Une pause.) Certaines expansions de conscience
intenses peuvent sembler cosmiques, par contraste avec votre état normal,
mais elles indiquent à peine les possibilités de conscience qui vous sont
accessibles maintenant, et s’approchent encore moins de la conscience
cosmique véritable.
(22h55.) Les idées présentées dans ce livre devraient permettre à de
nombreux lecteurs d’élargir leur perception et leur conscience selon des
modes qu’ils ne croyaient peut-être pas possibles. Le livre lui-même est
écrit de façon à ce que ceux qui sont prêts à apprendre puissent en tirer
parti. Il y a une signification dans les mots écrits, mais il y a également
entre eux des connexions non visibles, mais signifiantes, pour différents
niveaux de la personnalité.
(Jane, en transe, essaie à plusieurs reprises d’enflammer une allumette,
mais la pochette est manifestement humide. Elle doit finalement reposer sa
cigarette non allumée.)
L’intégrité de toute information intuitive dépend de l’intégrité interne de
la personne qui la reçoit. L’expansion de la conscience exige donc une
évaluation honnête de soi-même, de ses propres croyances et de ses
préjugés. (Une longue pause à 23h01.) Elle apporte à la fois un don et une
responsabilité. Tous ceux qui souhaitent regarder en eux-mêmes, qui
souhaitent trouver leurs propres réponses, avoir leurs propres « rendez-vous
avec l’univers », doivent donc se familiariser avec le fonctionnement intime
de leur propre personnalité.
C’est tout. (En tant que Seth, Jane se penche en avant, les yeux ouverts et
sombres.
« D’accord. »)
Et c’est pour notre appendice. Vous pouvez poser des questions, faire une
pause ou terminer la session, comme vous préférez.
(« Nous allons faire une pause. » De 23h02 à 23h09.)
Cette connaissance de soi est en elle-même hautement bénéfique ; elle
constitue en un sens sa propre récompense. Il est toutefois impossible de
regarder avec clarté vers l’intérieur si l’on n’est pas prêts à changer
d’attitude, de comportement, de croyances, si l’on n’est pas prêts à
examiner les caractéristiques que l’on considère comme tout à fait
personnelles.
Autrement dit, on ne peut pas examiner la réalité sans s’examiner soi-
même. On ne peut pas faire de rencontres avec Tout-ce-qui-est en dehors de
soi-même, et on ne peut pas se séparer de son expérience. (Une pause.) On
ne peut pas utiliser la « vérité ». On ne peut pas la manipuler. Quiconque
pense manipuler la vérité se manipule lui-même. Vous êtes la vérité.
Découvrez-vous vous-même.
Et maintenant, je vous dis bonsoir. (En tant que Seth, Jane se tape la
cuisse en souriant.
« D’accord, Seth. Merci beaucoup. »)
Nous aurons encore nos sessions quand les circonstances le permettront.
(« Très bien. Parfait. Quand ce livre sera fini, j’imagine. »)
Mes pensées les plus cordiales.
(« Même chose, Seth. Merci. Bonne nuit. »
23h16. « Oh là, je me sens vraiment bien, dit Jane lorsqu’elle finit par
sortir de cette nouvelle transe profonde, mais je suis tout juste bonne à aller
me coucher. » Elle bâille encore, très détendue. Une pluie douce et
agréable continue de tomber.)

SESSION en cours de perception extrasensorielle


MARDI 23 JUIN 1970

(Seize membres du cours de perception extrasensorielle de Jane sont


présents lors de l’enregistrement de cette session, ici légèrement abrégée.
Seth y parle notamment de l’organisation de notre réalité présente. Voir la
session 537, chapitre 9, à propos de l’organisation qui règne après la
mort.)
Maintenant. Si vous voulez de l’organisation, vous allez en avoir. À tout
moment, vous structurez votre existence et vous choisissez les réalités qui
ont précisément le degré d’organisation que vous souhaitez.
Dans cette réalité-ci, vous prenez soin d’accentuer tous les points qui
ressemblent à l’idée que vous vous faites de vous-mêmes ; vous en faites un
schéma, et vous ignorez soigneusement tout ce qui ne colle pas. À partir
d’un vaste champ de perceptions possibles, vous choisissez de focaliser
votre attention sur une certaine zone très précise et d’ignorer toutes les
autres ; vous êtes donc tous d’accord en ce qui concerne cette petite zone.
Quant à la zone plus vaste que vous ne percevez pas, elle ne vous dérange
pas le moins du monde, vous ne vous posez pas de question à son sujet.
Pourtant, elle existe.
Je l’ai déjà dit : si vous arriviez à focaliser votre attention uniquement sur
les différences que vous pourriez percevoir mais ne percevez pas, vous
seriez stupéfaits que le genre humain réussisse à former la moindre idée
d’une réalité organisée. (En tant que Seth, Jane regarde vers le canapé, où
sont assis Mary et Art.) Je regarde maintenant entre vous deux. Quand les
autres personnes ici présentes regardent nos deux amis assis sur ce joli
canapé bleu, elles voient l’image d’une véritable organisation. Il y a un
individu ici (pointant du doigt), un autre là, et de l’espace entre les deux.
Tout a l’air parfaitement organisé.
Pourtant, l’espace entre nos deux amis n’est pas vide. Vous pensez qu’il
est vide parce que vous ne percevez pas ce qui s’y trouve. L’image paraît
très organisée. Mais dès que l’on se rend compte que l’image n’est pas
complète, on commence à se poser des questions, et l’ancienne idée d’une
organisation parfaite disparaît.
Maintenant. Comme vous le savez, vous ne percevez pas les atomes et
les molécules qui nagent dans la pièce, ni ceux qui remplissent l’espace
entre nos deux amis, ni les forces – les champs de force – qui existent. Le
canapé réunit nos amis, puisqu’ils sont assis dessus. Et sur quoi sont-ils
assis ? Sur du vide, que vous percevez comme solide.
Or, sans vos sens physiques particuliers, vous ne percevriez pas ce
canapé comme solide. Une conscience qui a des mécanismes perceptifs
différents des vôtres ne perçoit pas ce fameux canapé bleu. C’est vous qui
voyez cette organisation ; ce sont vos pensées qui la perçoivent. C’est vous
qui maintenez cette organisation, et d’ailleurs c’est vous qui la créez.
(Question d’un membre du cours : « Est-ce que nous créons tous la
même organisation, est-ce que nous voyons tous le même canapé ? »
S’adressant à Mary et Art.) Vous êtes tous les deux d’accord, j’en suis
sûr, pour dire que vous êtes assis sur un canapé. Mais vous ne percevez pas
le même canapé. Vous ne percevez que votre propre idée construite. Vous
ne pouvez pas voir celle de quelqu’un d’autre. Télépathiquement, vous
ajustez vos idées selon ce qui vous parvient des pensées de l’autre. Vous
vous accordez sur le fait que le canapé est là. Par ailleurs, il est vrai que,
dans votre système physique – je sais que c’est ce qui va venir ensuite –
vous pouvez le mesurer. Je m’attends à ce que quelqu’un prenne un mètre,
le mesure et me dise que le canapé mesure tant : comment puis-je dire que
ce n’est pas le même pour tout le monde ?
Mais dans votre système physique, les instruments eux-mêmes sont
déformés, et bien entendu ils sont d’accord avec ce qu’ils mesurent. Il n’y a
aucune raison qu’ils ne le soient pas. Par télépathie, vous vous mettez
d’accord sur l’emplacement des objets et sur leurs dimensions.
Maintenant. Vous utilisez les atomes et les molécules de façon étrange.
Vous transposez sur eux vos idées. Vous les percevez d’une certaine
manière. Je ne vous le reproche pas ; j’ai fait la même chose en mon temps ;
et il y a de bonnes raisons à cela. Mais le fait est que la matière physique
n’est solide que lorsque vous croyez qu’elle l’est ; et l’organisation est
transposée de l’intérieur vers l’extérieur ; elle ne vous est pas imposée du
dehors. Vous formez la réalité que vous connaissez, et même si vous pouvez
poser les bras sur la table et vous appuyer dessus pour écrire, je persiste à
dire que la table n’est pas solide.
Cela n’a aucune importance, tant que vous pouvez écrire dessus, tant que
vous pouvez vous asseoir sur votre canapé bleu. Mais quand vous quittez le
système physique, que la perception physique n’est plus la règle, il faut
apprendre de nouvelles croyances-racines.
Les croyances-racines sont les lois sur lesquelles on s’accorde dans un
système donné. Vous vous accordez, par exemple, pour reconnaître quels
objets sont physiques – cela fait peu de différence qu’ils le soient ou non,
tant que vous êtes d’accord. Votre conscience va avec un corps. Pour rien au
monde la conscience ne se laisserait surprendre en dehors du corps. C’est
tabou. Or le fait est que votre conscience n’est pas prisonnière de votre
corps ; mais tant que vous le croyez, encore une fois, la conscience ne se
laissera surprendre pour rien au monde en dehors de lui. Et lorsque vous
vous retrouvez sans corps, une fois mort, vous êtes stupéfaits.
Il y a d’autres croyances-racines que vous prenez pour le fondement de la
réalité. Et dans d’autres niveaux de réalité, il y a d’autres croyances-racines.
Ce sont les lois apparentes selon lesquelles vous menez votre expérience.
Nos preneurs de notes s’en sortent vraiment très bien, si l’on considère que
ni le papier ni le stylo ne sont solides. C’est incroyable ce qu’on arrive à
faire avec rien !
(Une pause et une discussion.)
Vous êtes véritablement des personnalités multidimensionnelles, comme
je l’ai déjà dit. À un certain stade de votre développement, vous allez vous
rendre compte de mieux en mieux de la nature véritable de votre identité. Il
y a, par exemple, une partie de vous-même qui se rend très bien compte des
pulsations dont vous venez de parler, et qui se rend compte de la nature
pulsative de la mémoire. Lorsque la pulsation se produit dans cette réalité
physique, vous, tel que vous vous connaissez, vous souvenez de cette
existence-ci. Lorsque la pulsation se produit dans une autre dimension, il
existe également une mémoire de cette existence-là. Or une partie de votre
identité globale garde le souvenir des deux. La structure de la personnalité
entière réside dans de multiples dimensions, et de façon simultanée.
Vous êtes au tout début de tout concept de psychologie. Vous ne vous
rendez absolument pas compte de ce que vous êtes maintenant ; et comme
je l’ai déjà dit, quand vous me posez des questions sur la vie après la mort,
vous transposez automatiquement – si vous voulez bien me pardonner – ce
manque de connaissances dans la dimension suivante. C’est pourquoi j’ai
parfois du mal à répondre à vos questions. Vous apprenez à vous connaître
vous-mêmes. Au rythme où vous allez, cela va prendre un certain temps.
Maintenant. Lorsque vous comprenez comment employer le temps
psychologique, vous pouvez apprendre, d’une certaine manière, à modifier
la nature et la focalisation de votre conscience. Vous pouvez l’orienter dans
toutes sortes de directions. Vous pouvez faire le point autrement, hors de la
réalité physique. Cela ne veut pas dire que vous allez vous retrouver
abandonnés à vous-mêmes ; mais cela veut dire que vous allez commencer
à explorer votre propre réalité et les diverses dimensions dans lesquelles se
déroule votre existence.
Pour cela, toutefois, il faut être prêt à admettre que vous existez dans
d’autres dimensions. Il faut aussi avoir foi en son moi physique – savoir
qu’il sera là quand vous reviendrez ; et je vous assure qu’il y sera. Il n’y a
qu’une façon, je le répète, d’obtenir des informations de première main sur
d’autres réalités, c’est d’explorer sa propre conscience, de la manipuler.
Or, quand je vous parle, j’utilise très rarement un mot comme « amour. »
Je ne vous dis pas qu’un Dieu vous attend de l’autre côté d’une porte dorée.
Je ne cherche pas à vous rassurer en vous disant que, lorsque vous mourrez,
Dieu vous attendra dans sa glorieuse miséricorde, et que ce sera la fin de
votre responsabilité. Ainsi, comme je l’ai dit l’autre soir, dans un chapitre
récent, je n’offre pas d’espoir aux paresseux, car ils ne vont pas trouver le
repos éternel.
En revanche, en voyageant à l’intérieur de soi-même, on peut découvrir
l’unité qui existe entre sa propre conscience et celle des autres, on peut
découvrir l’énergie et l’amour multidimensionnels qui donnent conscience à
toute chose. Cela ne conduit pas à vouloir se reposer sur le proverbial sein
béni. Au contraire, cela inspire à mieux accomplir le travail de la création,
et l’on y trouve le sentiment de la présence divine, on la ressent réellement,
car on la perçoit derrière la danse des molécules, en soi-même et dans ses
voisins. Tant de gens veulent un Dieu qui descende dans la rue en disant :
« Joyeux dimanche, Je suis Je, suivez-moi. » Mais Dieu est savamment
caché dans ses créations, si bien qu’il est ce qu’elles sont et qu’elles sont ce
qu’il est ; c’est en les reconnaissant qu’on le reconnaît.
(Une pause et une discussion.)
Maintenant. Il existe de nombreux mots pour désigner le temps
psychologique. Je ne pense pas seulement à ma méthode de méditation. Je
parle d’activité subjective, d’exploration de votre part. Vous me suivez ?
Très bien !
En réalité, vous êtes avec Dieu maintenant. C’est vous qui ne vous en
rendez pas compte. Voyez-vous, vous avez cru en de nombreux contes et,
symboliquement, ils avaient leur importance. Comme nous l’avons vu, ils
ont une place dans vos vies et dans votre développement, mais il faut savoir
les dépasser et, sans eux, il est possible que vous vous sentiez seuls pendant
un certain temps.
(Question : « Donc, nous avons besoin de ces croyances qui font partie
de notre développement, même si nous les rejetons plus tard ? »)
Oui, même si quelqu’un comme moi vient tôt ou tard ôter ces couvertures
confortables – car, à la longue, elles restreignent votre développement, alors
qu’au début elles vous ont aidés à grandir. Cependant, le fait demeure : vous
n’avez pas besoin de mourir pour trouver Dieu. Tout-ce-qui-est est
maintenant, et vous faites partie de Tout-ce-qui-est maintenant. Comme je
vous l’ai souvent dit, vous êtes un esprit maintenant. Ces voies de
développement sont ouvertes maintenant. Vous pouvez, maintenant, si
vous le voulez, entreprendre l’exploration d’environnements non physiques,
mais je ne vois pas une foule d’étudiants se précipiter vers cette porte
invisible !
Je vais maintenant terminer notre session, mais j’aimerais que vous lisiez
tous attentivement une copie de ce que j’ai dit. Et de temps en temps, quand
vous n’avez rien d’autre à faire – rien de mieux à faire –, essayez : essayez
de sentir cette absence dans la pulsation de votre conscience. Essayez de
sauter par-dessus ce fossé !
Je vous dis bonsoir à tous.
(23h25.)
SESSION EN COURS DE PERCEPTION EXTRASENSORIELLE
ANTÉRIEURE AU 23 JUIN 1970

(Ce fragment, conservé par l’un des étudiants de Jane, est tout ce qui
reste de l’une des sessions de cours qui ont été perdues ou qui n’ont pas été
enregistrées en entier. Voir le chapitre 9.)
La véritable spiritualité est une chose de la terre, une chose joyeuse, qui
n’a rien à voir avec la fausse dignité adulte. Elle n’a rien à voir avec les
mots compliqués et les visages maussades. Elle a tout à voir avec la danse
de la conscience qui est en vous, avec le sentiment d’aventure spirituel qui
est en votre cœur.
Voilà le sens de la spiritualité ; et, comme je vous l’ai déjà dit, si je le
pouvais, je ferais joyeusement le tour de la pièce en dansant pour vous
montrer que votre vitalité ne dépend en rien d’une quelconque image
physique. La vitalité n’a rien à voir avec la jeunesse, elle ne dépend pas du
corps. Elle résonne et chante à travers l’univers, et dans toute votre
personnalité. C’est le sentiment de joie qui rend toute créativité probable.
Ne pensez donc pas que vous êtes dans la spiritualité lorsque vous faites
une tête d’enterrement ou lorsque vous vous blâmez pour vos péchés. Dans
votre système, les saisons vont et viennent. Le soleil brille pour vous, que
vous vous considériez comme un pécheur ou comme un saint. La créativité,
la joie, l’amour sont la vitalité de l’univers : voilà la spiritualité. Et voilà ce
que je vais dire aux lecteurs de mon livre.
Et maintenant, faites la pause que je vous ai promise…

SESSION 558
JEUDI 5 NOVEMBRE 1970

(21h50. Cet extrait, qui contient la première mention par Seth des
Parleurs et de leur fonction dans le processus réincarnationnel, s’ajoute
aux données du chapitre 17.
Cette session a eu lieu parce que Ron B. et sa femme Grace, membres du
cours de perception extrasensorielle, demandaient de l’aide pour un
problème familial. Après avoir donné un matériau très intéressant
concernant cette situation, Seth se lance dans les données sur les Parleurs
vers 23h15. Le terme « Parleur », tel que Seth l’emploie, est à ce moment-là
tout aussi inconnu de Jane et de moi que de Ron et de sa famille.)
Nous avons connu plusieurs personnes qui ont été moines dans une
existence précédente. Donc… (S’adressant à Ron.) Au cours d’une vie en
Orient avant l’époque du Christ, en 1200 avant J.-C., vous étiez membre
d’un groupe d’hommes qui s’inscrivait dans une tradition ésotérique. Vous
étiez des voyageurs, et vous avez aussi traversé l’Asie Mineure.
Vous portiez en vous, dans vos têtes, des lois et des messages qui avaient
été donnés à l’un d’entre vous en un temps déjà presque oublié. C’était un
code d’éthique. Il provenait du temps de l’Atlantide. Auparavant, ce code
avait été transmis par une race issue d’une autre étoile. Cette race était liée
aux origines de l’Atlantide. Leur message avait été mis en mots et en
langage, il avait été écrit au temps de l’Atlantide mais, par la suite, il s’était
transmis par voie orale.
Votre peuple les avait appris de leurs anciens, que l’on appelait les
Parleurs. Vous étiez un Parleur. C’est pour cette raison qu’il vous est si
facile de considérer les autres comme vos frères. Maintenant. Trois
hommes, en particulier, qui travaillent sous vos ordres (dans l’usine où Ron
a un poste de surveillant), faisaient partie de ce groupe originel. Votre
femme, votre belle-fille et votre fils (tous présents ce soir) étaient
également membres de ce groupe. Mais votre femme et votre belle-fille
étaient frères. Maintenant, accordez-nous un instant. (Une pause.)
Vous avez voyagé en Asie Mineure en une époque très agitée et, partout
où vous passiez, vous parliez – c’est-à-dire que vous donniez voix à ce code
d’éthique. Il vous avait fallu douze ans de formation pour le mémoriser.
Plus tard, les esséniens ont été impliqués. Je ne suis pas sûr de ce mot.
(Les esséniens sont l’une des quatre sectes juives connues pour avoir été
actives en Terre sainte, à l’époque du Christ. C’était un groupe pacifique et
contemplatif. Ils ne sont pas mentionnés dans la Bible. Si Seth veut dire que
les esséniens promulguaient le code d’éthique des Parleurs, disons au
Ier siècle après J.-C., cela se situe évidemment bien des siècles après la vie
de Ron en 1200 avant J.-C.
La femme de Ron, Grace, demande : « Seth, avons-nous accompli notre
mission, à cette époque ? »)
Dans cette existence-là, oui. Donnez-moi du temps. Il y avait de
l’agitation au sein du groupe, des désaccords. Il y avait désaccord sur la
signification des mots gardés en mémoire. Le groupe a fini par se diviser.
Une partie du groupe s’est rendue dans la région que nous appelons
maintenant la Palestine, l’autre a migré, au siècle suivant, pour réapparaître
en Europe du Sud.
Il existait une déformation majeure au sujet de B-A-E-L (épelé). Un
groupe s’est constitué avec Bael comme idée de Dieu. Vous (Ron) étiez
avec l’autre groupe. Il y avait une cité dans la jungle, M-E-S-S-I-N-I
(épelé), autant que je puisse m’approcher d’une traduction ; en Asie
Mineure ; et des fragments d’une civilisation passée s’y trouvaient alors.
Une nouvelle cité a été bâtie, qui à son tour a disparu. Il y eut cependant des
inscriptions dans la pierre, car les anciens messages furent de nouveau mis
en symboles écrits. Mais votre peuple avait disparu, et c’est seulement
maintenant que vous le retrouvez.
(22h27. La transe de Jane a été très bonne. Elle a du mal à ouvrir les
yeux, puis à les garder ouverts. Elle a vu des images en livrant le matériau,
dit-elle, mais elle serait à présent incapable de nous les décrire.
Dix sessions plus tard, Seth nous a dit, à Jane et à moi, que nous avions
également été Parleurs, sans donner de dates ou de lieux, ni préciser si
Jane, Ron ou moi étions en train de renouer une connaissance mutuelle
acquise en des temps peut-être très anciens. Il me semble que, dans cette vie
en tout cas, Ron et moi nous sommes rencontrés d’une manière étrange :
nous sommes à peu près du même âge, nous avons grandi dans la même
petite ville voisine d’Elmira, il y a des années ; nous connaissions nos
familles réciproques – mais nous ne nous sommes rencontrés qu’en 1970…
Ron participe comme bénévole aux activités de son église, il connaît bien
la Bible et les sujets qui s’y rapportent ; il y a peut-être là un reflet de
pratiques antérieures en tant que Parleur – pratiques qui peut-être se
poursuivent à des niveaux subjectifs. Il développe certaines données de
Seth ; j’ai par la suite eu l’occasion de vérifier certains de ces éléments
dans des ouvrages de référence. Jane, qui ignore pratiquement tout des
périodes historiques en question, est très contente que les données de Seth
soient si évocatrices.
Jane-Seth a épelé le nom du dieu : Bael. La plupart des sources l’épellent
Baal, qui était peut-être prononcé Bael. La forme akkadienne, Bel, était
employée dans la Mésopotamie antique. Baal – seigneur – est le nom, ou le
titre, donné à un certain nombre de déités locales par d’anciens peuples
sémites. Le culte de Baal apparaît en Syrie et en Israël bien des siècles
avant la naissance du Christ – dès 1400 avant J.-C. selon les textes
cunéiformes syriens. Cette date est très intéressante par rapport à la date
de 1200 avant J.-C. que Seth a donnée à Ron et par rapport au conflit
interne dans son groupe au sujet de Baal. Baal a souvent été un dieu de la
Fertilité, et sa représentation dans la pierre était probablement phallique.
Selon la foi hébraïque orthodoxe, le culte de Baal, culte de la nature, était
idolâtre et reniait les valeurs morales.
Pendant que nous discutons de la cité de Messini, qui ne dit rien à aucun
d’entre nous, Seth revient brièvement.)
Maintenant. Écrivez R-A-M-A (épelé). C’est une autre cité. Accordez-
nous un instant, puis nous dirons réellement bonsoir.
(Ramah est le nom de plusieurs villes palestiniennes et signifie
« hauteur » en hébreu. Des allusions bibliques associent ce nom avec
certains des « hauts lieux » de culte. Ces sites, rejetés comme immoraux et
comme une menace pour la foi hébraïque, contenaient des objets de culte
illégitime – tel le pilier sacré de Baal. J’ai découvert toutes ces
informations en faisant des recherches, après la session. Nous n’en savions
rien à ce moment-là. Reprise à 23h48.)
En vos termes, et en vos termes uniquement, l’avènement du Christ était
le second avènement. (Une pause.) En ces termes, et encore une fois – c’est
important – en ces termes uniquement, il est apparu au temps de l’Atlantide,
mais les archives qui relatent ces faits ont été détruites et oubliées, sauf
dans la mémoire de quelques survivants.
Or, encore une fois en ces termes, il s’agit d’une entité qui réapparaît de
temps en temps dans votre système physique, mais qui n’a été reconnue
qu’en deux occasions. Une fois dans l’Atlantide, et une fois dans l’histoire
du Christ telle qu’elle vous est parvenue, avec toutes ses déformations. Il
apparaît et réapparaît donc, en se faisant parfois connaître, mais pas
toujours. Ce n’était pas une personnalité unique, comme je vous l’ai dit,
mais une entité hautement développée, apparaissant parfois comme un
fragment de lui-même.
En vos termes, il se mêle éternellement à l’étoffe de votre temps et de
votre espace, il renaît encore et toujours dans le monde de la chair, dont il
fait partie mais dont il est indépendant, de même que vous en faites partie et
que vous en êtes indépendants.
Maintenant. Puisque notre jeune amie (la belle-fille de Ron, Sherry)
craint que je dérange les voisins (d’une voix très forte), je vais sourire d’un
sourire que j’espère doux, et vous dire doucement bonsoir, avec toutes les
bénédictions que je peux vous donner.
(Fin à 23h55. La transe de Jane a de nouveau été profonde, et il lui faut
un moment pour en sortir. « Ouah, dit-elle, je sens tellement cette énergie
qui me traverse et qui me porte… »
Après la session, Ron explique ce qu’est le second avènement, tel qu’il
est donné dans la Bible en Matthieu, 24. Il nous dit également que Jésus a
prédit plusieurs fois sa propre mort et sa résurrection dans Matthieu, Marc
et Luc, et que cela a entraîné beaucoup d’incertitudes et de malentendus
parmi ses disciples. Même après sa crucifixion, le Jésus ressuscité n’a pas
été reconnu, en plusieurs occasions.)

SESSION DU COURS DE PERCEPTION EXTRASENSORIELLE


MARDI 5 JANVIER 1971

(Cette session suit une discussion sur la réincarnation et les probabilités.


Les commentaires de Seth et les questions des étudiants témoignent de
l’envergure et de la fluidité des cours.)
Maintenant. La Rome antique existe, de même que l’Égypte et
l’Atlantide. Vous ne formez pas seulement le futur, tel que vous le
concevez, mais vous formez aussi le passé. On vous a raconté des contes
simplistes et tout à fait charmants ; mais si vous n’étiez pas prêts à en
entendre davantage, vous ne vous trouveriez pas dans cette pièce.
Vous et vos moi réincarnationnels – ou vos personnalités – n’êtes pas
prisonniers du temps. Un échange permanent se produit entre ce que vous
concevez comme votre moi présent et vos moi passés et futurs. Si ce n’était
pas le cas, je ne serais pas en train de parler ici, car je ne suis pas le moi
passé de Ruburt. Chaque personnalité est libre. Le temps est ouvert dans
toutes les directions ; sinon, les probabilités n’existeraient pas. Par
conséquent, vos actions aujourd’hui peuvent aider ce que l’on appelle une
personnalité passée ; et ce que l’on appelle une personnalité future peut
intervenir et vous donner un coup de main lorsque vous vous sentez las.
Vos actions d’aujourd’hui peuvent donc avoir un effet sur une
personnalité future aussi bien que sur une personnalité passée. Il faut faire
un effort d’imagination pour ressentir ces réalités, car l’intellect seul ne peut
pas les comprendre. Le temps psychologique est la meilleure méthode dont
on dispose pour percevoir ces réalités.
Vous pouvez ressentir des choses que vous n’arrivez pas nécessairement
à décrire verbalement, car vous êtes davantage que votre cerveau physique.
Je ne suis pas poète mais, comme dans l’un des poèmes de Ruburt, pensez
au cerveau comme à un réseau que vous formez tout autour de votre moi
interne. Ce réseau vous aide à fonctionner dans un monde d’espace et de
temps ; il est aussi difficile à voir, aussi précaire et aussi délicat qu’une toile
d’araignée – et son équilibre est tout aussi fragile. Vous le formez, et vous
percevez le monde, mais votre point de vue est minuscule, vous ne percevez
qu’un jardin très intime. Vous avez pourtant de bien plus grandes capacités
de perception. Je voudrais que vous compreniez la nature de votre moi
interne, de votre âme, car c’est un point focal de réalité d’où jaillissent
toutes les autres réalités. Elle n’est pas prisonnière de cases, de jours, de
semaines, de mois ou même de siècles.
Maintenant je vais tous vous laisser faire une pause, et je reviendrai dans
quelques instants.
(Pendant la pause, une étudiante, Janice S., demande si Seth fait partie
de la personnalité de Jane.)
Maintenant. Ruburt ne peut pas vous répondre aussi facilement que moi.
Nous faisions, à l’origine, partie de la même entité. J’ai évolué selon mon
propre chemin, et lui selon le sien. Nous sommes donc tous deux
indépendants.
(Janice S. : « Autrement dit, toutes les parties de l’entité évoluent ? Est-
ce qu’elles se développent comme une unité ? »)
J’ai évolué et formé ma propre entité. Ce sera aussi le cas de Ruburt,
mais il n’en est pas encore à ce stade, en vos termes, sauf, bien sûr, dans un
autre cadre de référence. Il contient également des parties moins
développées que d’autres, car elles existent toutes comme une unité. Toutes
les parties de lui-même se rendent compte de cette correspondance. En vos
termes, et uniquement en vos termes, je pourrais être désigné – et je l’ai dit
à Ruburt – comme le sixième de ses moi futurs ; mais je ne dis cela que
pour vous faire comprendre l’idée générale, car il ne va pas devenir ce que
je suis. Cela n’est pas possible. Je suis moi-même.
Certaines réponses ne peuvent pas être données sur un mode verbal, il
faut les comprendre intuitivement. Mais le fait que j’existe et que je puisse
communiquer vous montre, en termes simples, que d’autres « aspects plus
développés » de votre personnalité peuvent vous venir en aide à l’occasion.
(Janice S. : « Votre enseignement a-t-il toujours porté sur la
réincarnation ? »)
Enseigner a toujours été mon but principal, mais je n’ai pas toujours été
enseignant. J’ai été marchand d’épices à une époque. Un marchand d’épices
gras, rond et lourd.
(Janice S. : « Mais beau. »
Souriant.) Je ne sais pas ce qu’il faut faire avec vous ! Nous avons appris
ce que les épices pouvaient faire bien avant que la génération actuelle
s’entiche de l’herbe. Nous avons plané sur les hautes mers en prisant de
l’origan. (Au XVIIe siècle.) Nous importions des épices au Danemark ; nous
avons connu des voyages vraiment délicieux. Nous sommes descendus
assez loin le long de la côte africaine. J’étais un vrai gourmet.
Maintenant. Tous vos moi prétendument passés existent en vous
maintenant ; vous pouvez rattraper vos souvenirs et les redécouvrir. Vous
n’êtes pas prisonniers du temps, sauf si vous croyez l’être ; ce qu’on croit
est plus important que tout. Si vous croyez n’exister que dans le contexte de
cette vie-ci, être né uniquement pour vous diriger vers la mort et
l’anéantissement, vous n’utilisez pas votre liberté dans cette existence. Vous
niez vos capacités lorsqu’elles se manifestent ; pourtant, personne ne vous
impose ces entraves. Comprendre son moi multidimensionnel, c’est s’en
servir.
(Janice S. remarque que Seth ne fait pas beaucoup de prédictions.)
Ce n’est pas que je sois prudent, je suis seulement réaliste. Quand on
comprend la nature de la réalité, on se rend compte que la prédiction
d’évènements futurs est fondamentalement dénuée de sens. On peut prédire
certains évènements et il est possible qu’ils se produisent, mais on crée le
futur à chaque instant.
Le temps, en vos termes, est flexible. La plupart des prédictions sont
faites d’une manière largement déformée ; elles peuvent induire le public en
erreur. Et en plus, lorsque ceux qui font des prédictions se trompent, cela
n’aide pas « la cause ». La réalité n’existe pas de cette façon. On peut se
connecter à certaines probabilités et prédire « qu’elles vont se produire »,
mais le libre arbitre est toujours opératoire. Aucun Dieu dans sa tour
d’ivoire ne dit : « Cela se produira le 15 février à 8h05. » Et si aucun Dieu
ne fait de prédiction, je ne vois pas l’intérêt d’en faire moi-même.
(Annie G. : « Et les rêves prémonitoires ? »)
Certains sont tout à fait légitimes. Mais c’est souvent la suggestion
présente dans le rêve qui amène l’évènement, si bien qu’on a l’impression,
quand le rêve se réalise, d’être allés voir dans un futur qui existait déjà.
Alors qu’au contraire on a formé l’évènement et l’on ne se rend pas compte
qu’il a son origine dans le moment où l’on dormait. Il est difficile de
répondre simplement à cette question, car les ramifications sont multiples,
mais à partir de cet instant de réalité, vous formez et modifiez non
seulement le futur, mais aussi le passé. Cela prend une signification
importante dans le fonctionnement des probabilités, car cela veut dire que
l’on change et que l’on modifie tous les évènements, que vos livres sont une
charmante fiction, qu’ils ne vous racontent que vos idées actuelles sur le
passé.
(Sally W. : « Comment puis-je changer ma manière de penser pour faire
du bien à ma famille, au lieu de la rendre malade ? »)
Nous avons donc ici une question de la tribune. (Sourire.) Vous devez
vous rendre compte que vous ne formez pas les évènements à vous seuls.
Vous faites partie d’une aventure de coopération. En général, vous n’êtes
donc pas seuls responsables d’un évènement, car d’autres participent à sa
création – pour leurs propres raisons. On ne peut pas répondre à cette
question de manière simple en une soirée, mais chaque conscience a son
propre système de défense et sa propre vitalité ; faites confiance à la vôtre.
Vous coopérez tous, par la télépathie et par d’autres moyens inconnus de
vous, pour former la réalité physique que vous connaissez. Vous tissez des
toiles de réalité psychique qui se concrétisent ensuite en réalité physique.
Vous ne les tissez pas nécessairement seuls, mais tous ensemble. Vos
pensées se mêlent les unes aux autres. Vous êtes responsables de vos
pensées. Il faut que vous appreniez le pouvoir de la pensée et de l’émotion,
et que cela vous emplisse de la joie de créer. Quand on a compris que ses
pensées forment la réalité, on n’est plus l’esclave des évènements. Il n’y a
plus qu’à apprendre les méthodes adéquates.
(Sally W. : « Mais je ne sais pas comment les apprendre. »)
Vous les apprenez ici. Vous les apprenez en lisant, et en écoutant votre
moi interne. Les méthodes sont connues depuis des siècles ; pas seulement
les siècles tels que vous les concevez, mais depuis que votre Terre existe,
telle que vous la connaissez, et même avant – lorsque les pôles étaient
inversés, lorsque d’autres étoiles brillaient dans le ciel et que les planètes
n’étaient pas celles que vous connaissez.
Vous pouvez faire une pause.
(Terry B. : « D’où venait l’origan, et sous quelle forme le prisiez-
vous ? »)
C’était aux Indes, et il était sec.
(L’un des sujets de discussion pendant la pause a porté sur le degré de
« permanence » de la forme physique humaine.)
Dans les sessions personnelles, j’ai expliqué quelque chose que je n’ai
pas évoqué en cours, et que voici : pour tout instant du temps ou vous
semblez exister dans cet univers, vous n’y existez pas. Les atomes et les
molécules ont une nature pulsative que vous ne percevez pas d’ordinaire ;
ce qui vous semble être une molécule ou un atome continu est donc, au
contraire, une série de pulsations que vous n’arrivez pas à suivre.
La matière physique n’est pas permanente. C’est vous qui la percevez
comme continue ; vos mécanismes perceptifs ne sont pas équipés pour
détecter ces pulsations. Or je m’adresse à présent à notre ami là-bas (Art O.,
un ingénieur) parce qu’il a peut-être une idée de ce que j’essaie d’expliquer,
à cause de son bagage.
(Art O. : « Ces pulsations sont-elles extrêmement rapides, en nos
termes ? »)
Elles le sont en effet. Mais, dans certaines conditions, le moi interne, au
lieu de s’appuyer comme d’habitude sur les sens physiques, perçoit ces
périodes qui vous sembleraient être des négations.
Votre conscience fluctue de la même manière. Elle est ici, puis elle n’y
est plus, mais le moi physique se focalise exclusivement sur les moments de
réalité physique. Cependant, comme la conscience fluctue, d’autres parties
du moi gardent le souvenir des moments où il n’est pas focalisé sur cette
« réalité », et cela fait aussi partie de votre existence entière.
Cela n’est pas du tout aussi compliqué qu’il y paraît. Que l’on se
souvienne ou non de ses rêves au réveil, par exemple, une certaine partie de
soi peut se souvenir sous hypnose de chacun des rêves que l’on a faits dans
sa vie. Si bien qu’une partie de soi se souvient de ces non-moments pendant
lesquels on n’est pas focalisés sur la réalité physique, pendant lesquels
l’existence se déroule entièrement dans une autre dimension de réalisation
et pendant lesquels l’on perçoit ce que j’appellerais, selon vos termes de
référence, des non-intervalles. Je préfère le terme “non-intervalle” à celui
de “non-moment”.
(Art O. : « Ce non-intervalle est-il un moment de cette existence-ci ? »)
En effet, il l’est dans cette existence-ci ; et ces non-intervalles sont aussi
des moments dans d’autres dimensions de réalité.
(Jim H. : « Est-ce qu’on pourrait comparer ça à la lumière d’un phare
giratoire ? »)
Oui, si cette comparaison vous plaît.
(Art O. : « Pour moi, l’image est celle d’une onde électromagnétique,
une onde porteuse, qui est rectifiée. Les intervalles sont les pulsations
positives et les non-intervalles les pulsations négatives. »)
Voilà pourquoi je m’adressais à vous.
(Art O. : « Est-ce qu’il y a plus de deux pulsations ? »)
Oui, et l’ensemble du moi a connaissance de toutes ces réalités. Et, je
vous le dis en toute gentillesse, vous vous connaissez vous-mêmes, vous
connaissez vos faiblesses et vos échecs ; pourquoi donc supposer que le moi
que vous connaissez est votre seul moi ? Il vous est sûrement déjà venu à
l’esprit que vous n’utilisez pas toutes vos capacités, que d’autres réalités
connectées à votre existence la plus intérieure ne sont pas exprimées dans
l’existence que vous connaissez.
(S’adressant à Art O.) Je veux que vous réfléchissiez aux implications de
ce que je viens de dire à propos des non-intervalles.
(Jim H. : « Est-ce qu’un non-intervalle peut être un intervalle positif
pour un autre aspect de notre existence ? »)
Oui, et eux ne perçoivent pas votre existence ici, car pour eux c’est un
non-intervalle.
(Jim H. : « Est-ce que c’est la clé de l’existence simultanée de toutes nos
vies, la clé du non-temps ? »)
En effet. Et un soir, je vous dirai que vous devriez changer votre
conception du mot « vie ». C’est la première fois que je fais allusion, aussi
bien dans nos sessions privées que pendant le cours, à un matériau
important. Mais pensez à ce qu’on entend par le mot vie, et vous verrez
combien ce terme est limité.
Je vais terminer notre session, mais je veux faire une remarque. Je l’ai
dit : vous êtes aussi morts maintenant que vous le serez jamais. Or, si vous
comprenez cette remarque, si vous y réfléchissez, vous comprendrez une
bonne partie de ce qui se trouve derrière ce que j’ai dit ce soir.
(Art O. : « Alors nous sommes aussi vivants maintenant que nous l’avons
toujours été ? »)
C’est exact – sauf que, dans la vie dans laquelle vous êtes maintenant
impliqués, vous ne vous focalisez pas sur le potentiel intégral de votre
vitalité.
(Janice S. : « Est-ce qu’il y a eu un continent de Mû ? »)
Il y en a eu un. Je vous demande maintenant de vous souvenir de vos
rêves. Dans votre contexte, je vous demande non seulement de vous en
souvenir, mais d’apprendre à vous réveiller au milieu de vos rêves et de
vous rendre compte que vous pouvez les manipuler. Vous les formez. Ils
sont à vous, ils ne sont pas jetés sur vous comme quelque chose que vous ne
pouvez pas contrôler.
(Janice S. : « Nous utilisons notre existence comme le rêve l’utilise ? »)
Ce que j’ai dit s’applique à ce que vous venez de dire. Dans un certain
contexte, ce que vous appelez la réalité physique est un rêve, mais – placé
dans un contexte plus large – c’est un rêve que vous créez. Lorsque vous
vous rendez compte que vous le formez, vous entrez dans la mémoire de
votre moi entier.
Et quand vous vous rendez compte que vous formez les évènements de
votre vie de la même manière, vous apprenez à saisir votre conscience dans
tous les aspects qu’elle présente dans cette vie. À travers tout cela, il faut
comprendre que l’on n’est pas impuissants ; et se souvenir également que
cette vie est une dimension d’expérience et de réalité, même si, par
contraste, c’est un rêve dans le niveau de réalité plus élevé où se trouve la
conscience plus vaste.
SESSION DE COURS DE PERCEPTION EXTRASENSORIELLE
MARDI 12 JANVIER 1971

(La première partie de la session concerne un membre du cours et sa


répugnance à regarder plus profondément en elle-même.)
Elle personnifie très joliment, dans le cours, le sentiment que chacun
d’entre vous éprouve, jusqu’à un certain point, concernant son moi
interne… Elle montre ses sentiments avec une certaine exagération pour
vous les faire bien voir, et lorsqu’elle parle, ce n’est donc pas seulement
pour elle-même, mais pour chacun dans cette pièce, Ruburt compris.
(À la personne en question.) Vous rendez donc service à ce cours, et je
pense que les choses vont changer pour vous. Car quand vous allez
commencer à regarder en vous-même, ce sera un bel exemple pour les
autres ; et c’est ce que vous allez faire.
(Pendant la pause, Jane lit des extraits d’un matériau concernant le
gnosticisme. S’ensuit une discussion sur les données présentées par Seth
dans la session du cours de la semaine dernière, sur la nature pulsative des
atomes et des molécules – ce qui amène des réflexions sur l’origine possible
du phénomène dit des « soucoupes volantes ».)
Une petite remarque : à certains égards, ces pulsations représentent ce qui
se produit dans certains phénomènes de soucoupes volantes, car il ne s’agit
pas de véhicules comme ceux que vous croyez percevoir. Je ne parle que de
certains épisodes, lorsque vous avez des visiteurs venus d’autres réalités.
Ce qui se passe, c’est qu’on se trouve en présence d’une tentative visant à
échanger des camouflages de réalité. Les êtres qui entrent dans votre plan
ne peuvent pas y apparaître en tant qu’eux-mêmes. Comme leur structure
atomique n’est pas la même que la vôtre, il doit se produire des
déformations pour que le contact soit possible. Ce qui vous dit bonjour est
donc un certain arrangement de données sensibles. Vous essayez alors de
comprendre ce qui se passe, mais voyez-vous, ces données sensibles
signifient que l’évènement lui-même est déjà en partie déformé. Les
véhicules physiques souvent perçus sont votre interprétation de l’évènement
qui est en train de se produire.
Notre ami ici présent (Paul W.) peut très bien apparaître comme un ovni
dans un autre aspect de la réalité, et y effrayer les habitants. Vous oubliez
que la conscience est le seul véhicule véritable. Aucune partie de votre
conscience n’est enfermée en vous. Elle se matérialise d’une façon ou d’une
autre. J’utilise le mot « matérialiser » parce que vous le comprenez, mais il
induit en erreur, car il suppose une apparition au sein de la matière. Or
toutes les réalités, comme vous le savez, ne sont pas physiques.
En théorie, chacun d’entre vous peut disperser sa conscience et devenir
une partie de n’importe quel objet de cette pièce – ou bien voler en
morceaux et se disperser dans l’espace – sans perdre le sentiment de sa
propre identité. Ce n’est pas une possibilité pratique, selon vos termes, et
pourtant vous êtes nombreux à le faire pour vous régénérer pendant le
sommeil. La conscience porte le fardeau de la perception, par ses
caractéristiques mêmes. C’est comme cela que vous avez l’habitude de
concevoir la conscience. Vous ne pouvez pas l’imaginer sans perception,
selon vos termes ; pourtant, la conscience peut être vivante et vitale tout en
étant dépourvue de l’idée que vous vous faites de la perception. La dernière
partie de cette phrase est importante.
(S’adressant à Art O.) Maintenant, cher ami scientifique là-bas : les
molécules et les atomes, si infimes qu’ils puissent vous paraître, portent eux
aussi leur fardeau de conscience et de responsabilité. Mais une partie de la
conscience peut percevoir joyeusement, d’une manière qui n’est pas dictée
par sa nature ; cette partie perçoit par jeu, par un aspect créatif de son être,
sans responsabilité. D’une certaine façon, l’air même qui vous entoure
chante de sa propre conscience joyeuse. Il ne connaît pas le poids de la
conscience qui souvent vous oppresse. (S’adressant à tout le monde.) Vous
avez tellement peur de la mort, selon vos termes, que vous n’osez pas
éteindre votre conscience une seule seconde ; car si vous le faites, qui sera
là pour la rallumer ?
(Art O. : « Est-ce que l’ensemble de l’entité est impliqué dans cette
dispersion de la conscience, ou seulement la partie que nous en
connaissons maintenant ? »)
C’est la façon dont se forment les galaxies, la façon dont s’étend
l’univers et dont se forment les entités. Voilà votre réponse. Vous pouvez la
ruminer un moment.
Je suis content parce que, tous, vous réfléchissez ce soir – et c’est ce que
je veux que vous fassiez. Les idées n’ont de réalité que si vous les faites
vôtres. Faites-en des amies ou des ennemies. Combattez-les ou aimez-les,
mais employez-les, ressentez-les non seulement avec votre intellect mais
également avec vos émotions.
(Bert C. parle des relations avec soi-même et les autres.)
Tant que vous n’êtes pas honnête avec vous-même et que vous ne prenez
pas conscience de vous-même, vous ne pouvez pas avoir de rapports
honnêtes avec les autres, car vous projetez sur eux vos peurs et vos
préjugés. Vous ne pouvez pas vous permettre de les aider parce qu’il y a en
vous trop d’insécurité. Or vous formez la réalité physique que vous
connaissez, individuellement et collectivement. Pour changer votre monde,
vous devez changer vos pensées. Vous devez prendre conscience de ce que
vous pensez être vrai à tout instant, car c’est la réalité que vous projetez à
l’extérieur de vous.
(Bert C. : « On a l’impression que s’occuper de la première moitié de ce
programme doit déjà prendre une vie entière, avant qu’on puisse
commencer à s’occuper du rapport avec les autres. »)
C’est le cas, en effet. Cependant, la télépathie existe : les autres se
rendent compte, dans une large mesure, de ce que vous pensez et de ce que
vous ressentez.
(Bert C. : « Ce que je ressens vraiment, malgré ce que je peux projeter
consciemment ? »)
Les sentiments véritables ne sont pas forcément violents ou agressifs. Ils
comprennent aussi l’amour et l’acceptation qui sont enfouis sous vos peurs,
et les sentiments que vous êtes terrifiés d’exprimer dans la réalité physique.
(Bert C. : « Je crois que je comprends : tous ces différents niveaux de ma
conscience communiquent – non seulement avec moi, de manière
consciente, mais aussi par télépathie. »)
Exactement. Quand vous projetez vos idées à l’extérieur, vous vous
comportez souvent comme si ce n’étaient pas les vôtres, comme si elles
appartenaient à quelqu’un d’autre. Il vous incombe donc de comprendre
quels sont vos sentiments et vos idées, et de ne pas en avoir peur.
(Jim H. raconte qu’il a trouvé un homme endormi à son travail. Jim
explique ses idées et ses émotions concernant cet incident, et il veut savoir
comment les modifier.)
Vous pouvez effectivement les modifier, mais ne reniez pas la part de
vous-même qui voulait tordre le cou à cet homme. C’est une idée qui vous
fait tellement peur que vous l’avez tout de suite inhibée. Voyons : vous êtes
terrifié à l’idée que le mal puisse être plus puissant que le bien, qu’une
unique pensée violente de votre part puisse être plus importante, plus
puissante que la vitalité du bien. Au moins, vous vous êtes rendu compte de
cette pensée. Maintenant, supposons que vous progressiez, selon vos
termes, jusqu’au point où vous ne vous rendiez plus compte de ce
sentiment…
(Jim H. : « On ne peut pas penser automatiquement des bonnes choses de
ce type et réprimer les pensées négatives sans se rendre compte de ce qu’on
a ressenti. »)
Bien entendu ; donc vos muscles se tendent et votre production
d’adrénaline augmente. Vous vouliez lui tordre le cou, mais vous avez dit :
« Dieu vous bénisse, excellent jeune homme. Puissiez-vous vivre une
longue et joyeuse vie. »
Par télépathie, notre excellent jeune homme savait parfaitement ce que
vous ressentiez. Vous n’étiez pas en contact avec vos sentiments. À ce point
de votre progression spirituelle, vous n’avez fait qu’imaginer que vous lui
souhaitiez du bien. Les muscles de votre corps se sont contractés parce que
vous n’avez pas admis vos sentiments véritables.
Or, trois semaines plus tard, supposons une nouvelle rencontre. Notre
pauvre travailleur incompétent tombe une nouvelle fois endormi sur son
travail. Notre bon pasteur vient à passer. Il voit l’oisif ronflant sur le sol, et
se dit : « J’aimerais te botter ce que tu sais. » Mais aussitôt : « Oh non, je ne
peux pas avoir une pensée aussi peu chrétienne. La violence est mauvaise. »
Ainsi, avant même d’admettre ce qu’il ressent, sans reconnaître la moindre
agression, il se penche et dit : « Mon cher, puissiez-vous vivre bien et
longtemps. Dieu bénisse votre vie. » Il se félicite en se disant : « Je suis un
peu plus spirituel chaque jour. »
Pendant ce temps, ses muscles, qui ne peuvent pas entrer en activité du
fait que la pensée en arrière-plan est niée, se contractent dix fois. Notre
pauvre travailleur se rend à nouveau compte subconsciemment de
l’intention, mais seulement jusqu’à un certain point.
Trois mois plus tard, vous passez une très mauvaise journée. Vous en
voulez à la vie en général, et voilà que vous trouvez à nouveau notre ami
sur le sol ; cette fois-ci, il s’est peut-être endormi sur une tâche un peu plus
importante, que vous vouliez vraiment voir faite. (Avec humour.) Or loin de
moi l’idée de vous accuser de pareil acte, même en rêve, mais cette fois-ci
vous êtes comme fou. Une fois encore, il vous incombe de nier vos
sentiments véritables par spiritualité – ce n’est pas la spiritualité véritable –
et vous dites à nouveau : « Dieu vous bénisse, allez en paix. »
Cette fois, la valve de sécurité psychique a été poussée trop loin. La
meilleure chose qui puisse se passer serait que vous perdiez votre calme et
que vous lui allongiez un coup de pied. La pire chose qui puisse se produire
serait qu’une fois de plus vous refusiez de reconnaître le sentiment
d’agression, réprimé mais parfaitement naturel, qui est maintenant prêt à
exploser – ce qui vous ferait envoyer à l’extérieur une forme-pensée
complètement disproportionnée par rapport à l’évènement. Cette forme-
pensée cause un grave préjudice à votre ami ; et cela parce que vous aviez
peur qu’une pensée agressive isolée de votre part soit plus puissante que la
vitalité qui réside en chacun de vous.
(Jim H. : « Au départ, avant d’accumuler la frustration et les charges
affectives, est-ce que vous recommanderiez par exemple de dire : “Allez, ça
n’est pas possible. J’ai peut-être fait moi-même des trucs pareils, mais ça
m’énerve. Levez-vous et mettez-vous au boulot.” Est-ce qu’être honnête
avec lui à ce niveau aurait empêché ces charges ? »)
Oui. Mais la chose la plus importante, c’est de reconnaître la légitimité
du sentiment, le reconnaître comme ayant son propre domaine d’existence ;
admettre qu’il fait partie de soi-même. On s’occupe ensuite de le gérer. On
ne fait pas porter aux autres le gros de sa colère ; la colère est simplement
un moyen de communication.
(Jim H. : « Je ne veux pas faire porter le gros de ma colère ni par lui ni
par moi. Premièrement, je ne veux pas le frapper, et deuxièmement, je ne
veux pas me faire de mal non plus. »)
Au départ, vous n’étiez pas assez en colère pour lui allonger un coup de
pied. La pensée existait, mais elle n’était pas assez forte pour entraîner la
réaction physique, même si elle avait été pleinement reconnue. Vous me
suivez ?
(Jim H. : « Oui. Je veux apprendre à faire face à ce type de sentiments
sans essayer de les réprimer. »)
Il faut d’abord reconnaître, au niveau de l’ego, que ces sentiments
existent et qu’ils font partie de vous. À chaque fois que vous vous coupez
de vos sentiments, vous êtes, selon vos termes, moins vivants. Ensuite,
communiquez autant que possible ces sentiments de façon verbale, de la
manière qui vous semble bonne. Utilisez la colère comme un moyen de
communication. Souvent, cela conduit à des résultats que vous n’imaginez
pas, et qui sont bénéfiques.
Vous comprenez certainement que je fais avec vous ce que j’ai fait avec
d’autres, ne vous en offensez donc pas. Je ne veux pas que vous utilisiez ces
idées comme un pansement superficiel sur vos psychés à vif… Donc,
d’accord, vous n’êtes pas aussi mauvais que je vous dépeins. Vous inclinez
peut-être dans ce sens, mais c’est le cas de chacun dans cette pièce, y
compris Ruburt.
(Jim H. : « Comment définiriez-vous “mauvais” dans ce contexte ? »)
Je ne définis pas « mauvais ». Si j’emploie le mot, c’est selon votre
propre définition. Vous avez l’idée que le bien est doux et que le mal est
violent. Parce que, dans votre esprit, violence et destruction reviennent au
même. Du coup, la voix douce est la voix sainte et la voix forte est la voix
méchante ; le désir fort est mauvais, le désir faible est bon. Vous craignez de
projeter des idées ou des désirs hors de vous car, au fond, vous pensez que
ce qui est puissant est mauvais.
Au lieu de cela, je vous dis que l’univers est bon. Il connaît sa propre
vitalité, et cette vitalité est en vous. Vous pouvez l’encourager librement.
Votre propre nature est bonne, vous pouvez lui faire confiance. Ce n’est pas
parce qu’une chose est difficile qu’elle est forcément bonne.
(Jim H. : « La première fois que je suis venu ici, vous avez dit : “Nous
allons vous revoir.” Vous en étiez absolument sûr. Je me suis souvent
demandé pourquoi cette certitude. »)
Parce que je savais pourquoi vous étiez venu, et je savais que votre
femme viendrait également. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de libre arbitre. Je
fais simplement un constat sur ce champ de probabilités.
(Jim H. : « Pour moi, cela suppose une connaissance préalable de nos
vies. »)
Selon vos termes, en effet ; mais cette connaissance vous est également
accessible. Nous ne pouvons pas faire le tour complet d’un sujet en une
soirée, et encore moins de mille et un sujets. Mais pour reprendre une
remarque que vous avez faite : vous avez été, dans presque toutes vos vies,
impliqué avec force dans ce que vous appelleriez des entreprises
religieuses. Vos autres vies étaient tout aussi religieusement impliquées
dans des entreprises de type opposé, selon vos termes, mais nous verrons
cela plus tard. L’âme sainte retournée sur elle-même est un lieu de plaisir,
disons-le comme cela.
Vous avez toujours été concerné par la question du bien et du mal. Vous
avez eu deux existences dans deux civilisations en Égypte ; votre ami ici
présent (Bert C.) était impliqué dans l’une d’entre elles. Il est trop tard pour
parler de cette incarnation ce soir, et d’ailleurs aucun de vous deux n’est
prêt à en tirer parti pour l’instant. Ce n’est pas simplement une histoire
fascinante que l’on raconte pour s’amuser ; elle vous aidera quand vous
serez en mesure de la comprendre.
Je suis beaucoup plus préoccupé par votre réaction unanime au matériau
lu par Ruburt ce soir (sur le gnosticisme). Et s’il vous semble que la session
est monopolisée par un membre du cours, souvenez-vous de ce que j’ai déjà
dit : les questions posées par les uns sont les questions non dites des autres.
Vous êtes nombreux à avoir eu le sentiment que vous aviez été touchés
par le mal, depuis votre naissance. (À Jim H.) Dans l’une de vos vies
passées, vous l’avez non seulement cru avec ferveur, mais vous l’avez
enseigné.
Comme dirait Ruburt, votre acolyte ici présent (la femme de Jim, Jean)
ne vous a pas du tout suivi dans vos idées pendant cette existence-là. C’était
d’ailleurs un homme à cette époque ; vous étiez une femme, une prêtresse,
tout comme votre ami (Bert C.). En tant qu’homme, dans cette vie-là, elle a
eu un effet d’expansion sur votre personnalité, mais vous étiez très attaché
aux rituels, vous mettiez votre foi dans des actes magiques et dans l’idée
que l’existence est mauvaise et démoniaque. Vous faisiez en effet partie de
la secte maintenant appelée « gnostique ».
(Le gnosticisme était un système religieux et philosophique qui réunissait
certaines caractéristiques du platonisme, des doctrines orientales, du
christianisme et du dualisme. Il s’est étendu au-delà des temps préchrétiens
et il a pris plusieurs formes. Dans toutes ces formes, la doctrine centrale
soutenait que la connaissance – la gnose – permet, mieux que la
philosophie ou la foi, de trouver le salut en échappant à la tyrannie de la
matière.
Jim H. : « Est-ce pour cela que je réagis si fortement contre le
gnosticisme maintenant, parce que j’ai dépassé ce stade ? »)
Non seulement cela, mais aussi parce que vous ressentez encore en vous-
même une certaine sympathie pour ces croyances. Vous êtes en train de
vous en libérer, mais vous reconnaissez dans votre psyché un penchant dans
cette direction, ce qui vous fait réagir violemment dès que vous entendez ce
genre d’idées, sans que vous vous rendiez compte que vous réagissez
violemment contre vous-même.
(Kathy B. : « Est-ce pour cela que j’ai la même réaction envers cette
littérature gnostique ? »)
À l’époque, vous étiez un homme, et l’un de ses amis. D’ailleurs, presque
tous ceux qui viennent à ce cours ont été engagés, à un moment ou à un
autre, dans ce type d’entreprise. Vous avez tous pris part à d’autres cours,
mais pas nécessairement avec moi. Certains aspects frappent
particulièrement certains d’entre vous, en raison de cet intérêt ancien. Les
processus associatifs fonctionnent non seulement à l’intérieur d’une vie,
mais également entre des vies différentes, selon vos termes. Les expressions
et les mots prononcés maintenant déclenchent vos souvenirs, et ces
souvenirs prennent vie, si vous le leur permettez.
(À Art O.) Même notre dieu africain ici présent peut se souvenir de ses
vies passées, lorsqu’il se le permet.
(Art O. : « Est-ce à cause de cette vie-là que j’aime la musique
africaine ? »)
C’est l’une des raisons. Il y en a une autre, en rapport avec une autre vie
dans laquelle vous aviez un penchant musical.
Maintenant, je vais vous dire à tous un chaleureux bonsoir.
(S’adressant à Mary M.) J’ai cependant un message pour notre amie ici
présente, un message tout simple. Quand vous ne savez pas quoi faire,
détendez-vous et dites-vous que d’autres parties de vous savent quoi faire ;
elles prendront le relais. Accordez-vous un peu de repos. Rappelez-vous
qu’à bien des égards vous êtes un beau succès telle que vous êtes. Le succès
n’est pas nécessairement lié à une intelligence hors pair, à une position
brillante ou à une grande fortune ; il s’agit d’intégrité intérieure. Souvenez-
vous-en.
Je vous dis à tous, maintenant, un chaleureux bonsoir.

SESSION DE COURS DE PERCEPTION EXTRASENSORIELLE


MARDI 9 FÉVRIER 1971
(Cette session contient également le matériau très intéressant que Seth a
donné concernant ses propres perceptions lorsqu’il s’adresse à un groupe ;
ces données sont citées dans la session 575, chapitre 19.)
Maintenant, j’ai quelque chose à vous dire (à Sue W.), et à vous aussi (à
Jim H.) et, dans une certaine mesure, à vous tous. Vous n’avez aucun besoin
de justifier votre existence. Vous n’avez pas besoin d’écrire, par exemple,
ou de prêcher, pour la justifier. Être se justifie soi-même. C’est seulement
quand vous l’avez compris que vous pouvez commencer à utiliser votre
liberté. Autrement, vous vous donnez beaucoup de mal pour rien.
Cela s’applique également à notre ami Ruburt. Quand on cherche à tout
prix à justifier son existence, on commence à fermer des zones de sa propre
vie. Seules les zones qui vous apportent une justification rassurante
semblent avoir un sens, et les autres commencent à disparaître. Vous n’avez
rien à justifier, en quelque terme que ce soit.
Or, si chacun de vous s’ouvrait à sa propre réalité pendant dix minutes
par jour, il ne serait plus question de se justifier, car vous vous rendriez
compte de la nature miraculeuse de votre propre identité. Je l’ai déjà dit
dans ce cours : vous êtes tout aussi morts maintenant, et tout aussi vivants,
que vous le serez jamais. Dans la vie, vous pouvez être aussi morts qu’un
cadavre l’est à vos yeux – et même encore plus.
Lorsque je viens ici pour parler, je focalise mon énergie, mais pas en
direction de cette pièce en tant que destination, car cette pièce – selon vos
termes – n’existe pas pour moi. Selon vos termes, cette pièce n’existe même
pas pour vous. Vous faites semblant d’être d’accord sur le fait qu’elle
existe ; mais nous ne nous rencontrons dans aucun lieu de l’espace ou du
temps. Les vraies rencontres qui se produisent ici n’ont rien à voir avec la
pièce ou avec les personnes que vous pensez être. Vous savez que vous
hallucinez la pièce, que vous n’êtes pas moins en transe ici que vous l’êtes
quand vous vous trouvez dans le temps psychologique. Je veux simplement
que vous compreniez que, si cette vie est une transe, vous pouvez orienter
votre conscience de façon à percevoir des réalités plus vastes, qui existent
en ce moment même. Vous pouvez vous rendre compte de votre identité
plus vaste, tout comme moi. Vous êtes assis au sein du miracle que vous
êtes, et vous réclamez des signes. Ce sont vos yeux internes que j’aimerais
ouvrir.
Vous n’acceptez que les suggestions, les idées ou les préjugés qui servent
vos intentions du moment, tels que vous vous connaissez vous-mêmes.
Vous n’êtes pas à la merci d’une quelconque névrose issue d’une vie passée,
et il n’existe pas non plus, dans votre vie présente, de peurs que vous ne
puissiez dominer. Je ne dis pas que vous allez nécessairement les dominer,
mais que vous avez la capacité de le faire.
La décision vous appartient, elle dépend de votre compréhension. Vous
ne pouvez pas être chassés d’un niveau de réalité dans un autre par une peur
que vous ne comprenez pas. Vous ne pouvez pas être menacés dans cette vie
par des peurs qui proviennent de votre petite enfance, ou de ce qu’on
appelle les existences passées, sauf si vous croyez à la nature de la peur au
point de vous autoriser à être conquis par elle. Chacune de vos personnalités
est libre d’accepter et de développer, à partir des miraculeuses banques de
réalité, les expériences et les émotions que vous voulez développer, et de
rejeter les autres.
Laissez-moi vous donner un exemple plus concret, que chacun d’entre
vous peut utiliser à sa manière. Imaginez le pire ; que vous ayez dans cette
vie le bagage suivant : vous êtes pauvre et issu d’une minorité raciale, vous
n’êtes pas un intellectuel, vous avez un grave défaut physique, vous êtes
une femme et vous n’êtes pas une beauté. En fait, vous avez préparé ces
défis pour vous-même dans ce qu’on appelle une vie passée. Cela ne veut
pas dire que vous ne puissiez pas employer tout votre courage, toute votre
détermination pour résoudre ces problèmes. Vous les avez justement
préparés dans l’espoir de les résoudre. Vous ne les avez pas préparés
comme des boulets à accrocher à vos pieds pour vous noyer.
Tout ce que vous avez à faire, c’est de vous rendre compte de la liberté
qui est la vôtre. Vous formez la réalité que vous connaissez, et non pas en
termes ésotériques, symboliques ou philosophiques. Aucune super-âme ne
la forme pour vous, et vous ne pouvez vous en prendre à personne. Par le
passé, vous avez, collectivement et individuellement, tenu Dieu ou le destin
pour responsable de votre réalité personnelle – pour les aspects de votre
réalité que vous n’aimiez pas.
La personnalité reçoit le plus grand don qui soit ; vous recevez
exactement ce que vous voulez recevoir. Vous créez à partir de rien
l’expérience qui est la vôtre. Si vous n’aimez pas votre expérience, regardez
à l’intérieur de vous-même et changez-la. Mais rendez-vous compte que
vous êtes aussi responsables de vos joies et de vos triomphes ; et que
l’énergie de créer n’importe laquelle de ces réalités provient du moi interne.
Ce que l’on en fait dépend de la personnalité individuelle.
(Pendant la pause, les membres du cours discutent du destin et de la
prédestination.)
J’aimerais qu’un soir notre dame ici présente me parle de la
prédestination.
(Bernice M. : « J’aimerais que vous m’en parliez. »)
Vous n’êtes pas « programmée ». Rien n’arrive parce que cela doit
arriver. Toute pensée que vous avez maintenant modifie la réalité. Non
seulement la réalité que vous connaissez, mais toute réalité. Aucun de
vos actes ne prédispose un moi futur à agir d’une façon particulière. Il
existe des banques d’activité dans lesquelles vous pouvez choisir de puiser
ou de ne pas puiser.
(Bernice M. : « Prenons-nous des décisions instantanées ? Par exemple,
je pensais aujourd’hui au tremblement de terre de Los Angeles. Un homme
est sorti dans la rue et a été tué par une brique. Qu’est-ce qui a fait que, de
tout l’immeuble, seule cette personne-là est sortie ? »)
Cet individu particulier se rendait compte de ce qui allait arriver, à un
niveau que vous appelleriez inconscient. Il n’était pas prédestiné à mourir.
Le moment, selon vos termes, et la méthode, ont été choisis par lui pour des
raisons qui lui sont propres.
(Bernice M. : « Indépendamment de qui en a pris la décision, il était
destiné à mourir. »)
Il n’était pas prédestiné. Il a fait ce choix. Personne n’a choisi à sa place.
(Bernice M. : « Mais il avait pris sa décision avant. »)
Avant quoi ?
(Bernice M. : « Avant d’être tué. »)
Il se savait prêt à passer à d’autres sphères d’activité. Inconsciemment, il
a cherché un moyen autour de lui, et il a pris celui qui était le plus
immédiatement accessible. Cet individu particulier avait fait ses plans trois
jours plus tôt. Il n’y a aucune prédestination là-dedans. Ce n’est pas parce
qu’une branche d’arbre tombe qu’elle était destinée à tomber de la manière
particulière dont elle tombe, ni au moment où elle tombe. Il existe une
grande différence entre le libre choix et la prédestination.
(Jim H. : « N’avez-vous pas dit, en parlant de cette femme née dans une
minorité raciale, que ses défis avaient été préparés par une personnalité
antérieure, selon nos termes ? »)
Par l’ensemble du moi.
(Jim H. : « La décision a été prise quand cette personnalité antérieure est
revenue à l’ensemble du moi pour une période de réévaluation ? »)
Vous devez comprendre, encore une fois, que nous parlons de divisions
par commodité : il n’en existe aucune en réalité. Au même « moment »,
pour ainsi dire, où cette personnalité naît d’une minorité raciale, elle peut
naître riche à une toute autre époque, dans un milieu aristocratique offrant
une grande sécurité. Elle explore différentes méthodes d’expérience et
d’expansion de soi. Vous me suivez ?
(Jim H. : « Je comprends. Je pensais bien que vous vouliez dire que les
défis sont préparés par l’ensemble du moi. »)
Effectivement. Souvenez-vous que nous parlons de votre identité entière.
C’est vous qui ne vous rendez compte actuellement que d’une partie de
cette identité, et qui insistez pour dire que cette portion est vous-même.
Vous êtes le moi qui prend ces décisions.
(Bert C. : « Quel recours peut avoir le pauvre individu qui naît avec tous
ces handicaps apparemment insurmontables, s’il se dit consciemment, au
niveau de l’ego : “Je ne veux pas de tout ça. J’aurais largement préféré
naître aristocrate” ? »)
Le moi interne se rend compte que certains potentiels n’existeraient pas
nécessairement dans d’autres circonstances – des facultés qui peuvent aider
non seulement la personnalité présente, mais d’autres individus, et même la
société en général.
L’essentiel de votre désaccord provient d’une barrière affective qui naît
au niveau des termes. C’est comme si vous décidiez de travailler pendant
une journée dans des taudis. Il serait ridicule, ayant fait ce choix, de dire
ensuite : « Pourquoi ai-je choisi de travailler dans des taudis ? J’aurais
préféré travailler sur la Cinquième Avenue. » On en connaît la raison, et
l’identité entière en connaît la raison. On la cache au moi présent, tout
simplement pour que la réalité présente ne soit pas un faux-semblant.
Un homme riche, qui essaye d’être pauvre pendant une journée pour
apprendre ce qu’est la pauvreté, n’apprend pas grand-chose parce qu’il ne
peut pas oublier la fortune qui lui est accessible. Même s’il mange la maigre
pitance de l’homme pauvre, même s’il vit dans la même maison délabrée
pendant une journée – ou pendant un an, ou cinq –, il sait que son manoir
l’attend. On se cache donc ces choses-là, de façon à pouvoir communiquer
avec les autres. On oublie sa maison pour pouvoir y revenir enrichi.
La conscience n’est pas faite d’équilibres mais de déséquilibres exquis, et
la focalisation de la conscience résulte, dans une certaine mesure, de cet état
d’excitabilité. Dans cet état, de nouveaux éléments sont sans cesse créés et
on ne les connaît jamais tous. Je ne parle pas d’éléments physiques, mais
des caractéristiques psychologiques de la conscience, car même ces
dernières s’unissent et se transforment continuellement.
Vous n’êtes pas maintenant ce que vous étiez il y a dix minutes. Vous
n’êtes pas le même être sur le plan physique, psychologique, spirituel ou
psychique ; et dans dix minutes vous serez encore différent. Nier cela, c’est
essayer de forcer la conscience dans un moule rigide dont elle ne pourrait
jamais se libérer, c’est lui appliquer des règles qui créent un paysage
psychologique parfaitement ordonné.
(La voix de Seth commence vraiment à tonner, à présent.)
Donc, j’aimerais encore une fois que vous vous rendiez compte de
l’énergie qui est disponible. Si Ruburt peut l’utiliser, chacun de vous
peut l’utiliser à sa façon. Je voudrais que vous fassiez sauter les
barrières que vous avez érigées en vous-mêmes ; cette voix n’est que le
symbole de l’énergie et de la force qui vous sont accessibles quand vous
utilisez les facultés qui sont votre héritage.
Vous devez entendre l’écho de ma voix en vous comme le symbole de
votre énergie et de votre joie propres. Oubliez les moi craintifs que vous
êtes parfois, et rappelez-vous au contraire l’essence magique de votre
propre être qui chante en ce moment même dans chacun de vos doigts.
Voilà la réalité que vous cherchez. Ressentez-la pleinement. Avez-vous
besoin d’une vieille chose morte comme moi pour vous dire ce qu’est la
vie ? Cela me ferait honte.
Maintenant, je vous dis un chaleureux bonsoir, et je vous donne toutes les
bénédictions que je peux vous donner. Voyagez en paix, dans la joie et la
sécurité, dans votre corps et en dehors de lui.
1 Une reproduction de ce tableau apparaît dans The Seth Material. Le nom de Van Elver n’est pas
donné en légende mais le tableau est facilement identifiable.
2 Voir le chapitre 18 de The Seth Material.
3 Rapid Eye Movement, ou sommeil paradoxal (N. d. l. T.).
4 Le toucher vibratoire interne est l’un de nos sens internes. Seth en fait la liste dans le chapitre 19
de The Seth Material. Pour le paraphraser, un observateur se trouvant dans une rue et utilisant ce
sens aurait la sensation d’être ce qu’il choisit dans son champ de perception : personne, arbre,
insecte, brin d’herbe. Il conserverait sa propre conscience tout en percevant ces sensations, un peu à
la manière dont nous sentons le chaud et le froid. Ce sens ressemble à l’empathie, mais en beaucoup
plus intense.
5 En français dans le texte (N. d. l. T.).
6 Voir Le Matériau de Seth, chapitre 8 (N. d. l. T.).
Ce livre, qui n’aurait pu paraître
dans sa forme actuelle sans le travail
et le dévouement de Robert Butts,
alias « Joseph », lui est dédié.
INTRODUCTION À L’ÉDITION ORIGINALE
par Jane Roberts

Je suis fière de publier ce texte en mon nom bien que je ne comprenne


pleinement ni le mécanisme par lequel il est produit ni la nature de la
personnalité que j’endosse lorsque je le livre. Je n’ai fait aucun travail
conscient sur ce texte. Je suis simplement entrée en transe deux fois par
semaine, j’ai parlé en ma capacité de médium pour Seth, ou en tant que
Seth, et j’en ai dicté les mots à mon mari, Robert Butts, qui les a écrits.
Je considère ce livre comme le mien dans le sens où je crois qu’il n’aurait
pas pu être écrit sans moi, sans mes facultés particulières. Cependant, je me
rends compte que quelque chose de bien plus vaste est à l’œuvre. Par
exemple, j’ai dû lire le manuscrit pour en connaître le contenu ; en ce sens,
ce livre ne semble pas être le mien. Mais que veut-on dire par là ?
Voilà brièvement ce que j’en pense : d’ordinaire, notre attention se
focalise de façon assez exclusive sur ce que nous pensons être le monde
« réel » – mais il existe de nombreuses réalités. En modifiant l’orientation
de notre conscience, nous pouvons entrapercevoir certaines de ces autres
réalités ; et chacune d’entre elles a l’apparence que revêt la réalité dans
certaines circonstances. Je ne pense pas qu’il soit nécessairement possible
d’en décrire une selon les termes d’une autre.
Pendant des années, je me suis efforcée, très troublée, de définir Seth
selon le vrai ou le faux du monde factuel ordinaire. Là, ceux qui croient aux
esprits le perçoivent comme un esprit indépendant – un esprit qui est aussi
un guide – alors que la communauté scientifique le perçoit comme une
partie déplacée de ma propre personnalité. Je ne pouvais accepter ni l’une ni
l’autre de ces explications – en tout cas pas dans leur forme brute.
Si je disais aux gens : « Écoutez, je ne pense pas que Seth soit un esprit,
dans le sens où vous l’entendez », ils en concluaient immédiatement que
j’admettais que Seth était uniquement une partie de ma personnalité. Ils
pensaient que j’essayais de minimiser Seth ou que je voulais leur ôter l’aide
d’un être supérieur, alors qu’ils venaient enfin de la trouver.
En fait, je pense que les moi que nous connaissons dans la vie normale ne
sont que la réalisation en trois dimensions d’autres moi-sources qui nous
donnent vie et énergie. Le cadre où nous existons ne peut pas contenir leur
réalité, bien que celle-ci soit constamment traduite par notre individualité
présente.
L’appellation « esprit-guide » est peut-être une représentation symbolique
commode de cette idée, et je ne dis pas que les esprits-guides n’existent pas.
Ce que je dis, c’est que cette notion mérite un examen approfondi, car
l’esprit qui guide est peut-être tout à fait différent de l’idée que nous nous
en faisons. Cette idée peut constituer une limitation si elle place
constamment hors de nous-mêmes la connaissance qui peut être révélée, si
elle essaye d’interpréter de façon littérale un phénomène extraordinaire qui
se situe peut-être au-delà de cette interprétation.
Tant que j’essayais de définir Seth de cette façon, tant que je me
demandais s’il était oui ou non un esprit-guide, je me fermais, d’une
certaine manière, à sa réalité plus large, qui existe en termes d’un pouvoir
imaginatif et créateur plus vaste que le monde des faits et qui ne peut le
contenir. Il est, par exemple, tout à fait possible d’observer la personnalité
de Seth pendant nos sessions, mais pas la source de cette personnalité.
D’ailleurs, l’origine de toute personnalité est mystérieuse et non visible
dans le monde objectif. Ma tâche consiste à élargir les dimensions de ce
monde et l’idée que les gens s’en font.
Les livres de Seth sont peut-être le produit d’un aspect de ma propre
conscience dans une dimension qui n’est pas focalisée sur cette réalité, plus
quelque chose d’autre, intraduisible en nos termes, Seth étant alors une
grande création psychique plus réelle qu’aucun « fait » ne saurait l’être. Son
existence repose peut-être tout simplement dans un ordre des choses
différent de celui auquel nous sommes habitués.
Je ne suis pas en train de dire qu’il ne faut pas appliquer ce que nous
apprenons au monde ordinaire. J’essaye en tout cas de le faire et Seth a écrit
ce livre pour aider les gens à être plus efficaces dans leur vie quotidienne.
Mais j’insiste sur le fait que nous devons faire très attention, dans nos
interprétations littérales, à ne pas limiter un phénomène multidimensionnel
en l’enfermant dans un système en trois dimensions.
Nous comprenons souvent davantage au niveau intuitif et affectif que
nous ne le savons au niveau intellectuel. Essayer de définir la connaissance
révélée, ou Seth, en termes de nos idées restreintes sur la personnalité
humaine, c’est un peu comme tenter d’expliquer une rose par le chiffre
trois, ou tenter de traduire l’un en l’autre.
Ce qui est drôle, c’est qu’une personnalité qui n’est pas focalisée sur
notre réalité puisse aider les gens à vivre de façon plus efficace et plus
joyeuse dans ce monde en leur montrant qu’il existe d’autres réalités. Dans
ce livre, Seth affirme que nous pouvons changer ce dont nous faisons
l’expérience en modifiant notre propre idée de nous-même et de l’existence
physique.
Pour moi, le matériau de Seth n’est pas qu’un manuscrit continu, plein de
théories passionnantes à comparer à la réalité. D’une manière étrange, il a
pris vie. Les concepts qui l’habitent sont vivants. J’en fais moi-même
l’expérience, si bien que ma réalité personnelle s’en trouve élargie. Je
commence à percevoir les dimensions intérieures plus vastes d’où émergent
nos vies habituelles et à me familiariser avec des méthodes alternatives de
perception qui peuvent servir non seulement à voir d’autres « mondes »
mais aussi nous aider à être plus efficaces dans celui-ci.
Pendant que Seth produisait ce livre, ma propre vie s’est trouvée
incroyablement enrichie, de façon imprévisible. Des expériences de type
psychédélique se sont produites fréquemment, en parallèle à la dictée du
matériau par Seth, et mes facultés médiumniques aussi bien que mes
facultés de création se sont développées dans des zones tout à fait
nouvelles.
Juste avant que Seth commence La Nature de la réalité personnelle, par
exemple, je me suis trouvée embarquée dans une nouvelle aventure que j’ai
appelée le « développement sumari ». Le sumari se réfère à une « famille »
de consciences qui partagent certaines caractéristiques générales. À cette
famille correspond un langage, qui n’en est pas un en termes ordinaires. Je
pense que celui-ci fonctionne comme un cadre psychologique et
médiumnique qui me libère de la référence verbale habituelle ; il me permet
d’exprimer, de communiquer des sentiments intérieurs et des faits qui se
trouvent juste en dessous des schémas verbaux.
Le phénomène sumari n’a pas cessé de se développer pendant toute la
période où Seth produisait son livre. Or différents états de conscience
modifiée sont concernés. Dans l’un d’eux, j’écris des poèmes en sumari,
dans un autre, je les traduis. À un niveau différent, je chante en sumari, et je
fais alors preuve d’un accomplissement et d’une connaissance musicale
bien supérieurs à mon niveau ou à mes talents habituels. On peut aussi
traduire les chants, mais une transmission se produit au niveau affectif, que
les mots soient compris ou non. Dans un autre état de conscience encore, je
reçois du matériau qui est censé représenter les restes d’anciens manuscrits
des Parleurs (qui sont également traduits par la suite). Seth définit les
Parleurs comme des enseignants, aussi bien physiques que non physiques
qui, au cours des âges, interprètent constamment la connaissance intérieure
et la communiquent. Mon mari aussi écrit en sumari, mais je dois traduire
pour lui.
Pendant que Seth continuait à dicter La Nature de la réalité personnelle,
j’ai écrit un livre de poésie, Dialogues of the Soul and Mortal Self in Time,
dans lequel j’ai démêlé nombre de mes propres croyances, selon les
suggestions données par Seth dans son livre. Cela m’a menée à un autre
groupe de poèmes, The Speakers. Pour moi, tout cela signifie qu’il y a une
riche veine de créativité et de connaissance, située juste sous la surface de
la conscience habituelle et disponible pour chacun, selon ses facultés. Je
pense qu’il s’agit là d’une partie de notre héritage d’être humain et qu’elle
est accessible, à des degrés divers, à toute personne qui explore les
dimensions intérieures de l’âme.
Les textes de Dialogues of the Soul and Mortal Self in Time et ceux de
The Speakers, ainsi qu’une partie des poèmes en sumari, ont été combinés
en un livre, bientôt publié par Prentice Hall, qui me semble un bon
compagnon pour celui-ci. Il indique ce qui se produisait dans ma réalité
personnelle pendant que Seth écrivait son livre sur le sujet et montre la
façon dont cet élan créatif déborde dans toutes les zones de ma personnalité.
Seth fait souvent allusion aux poèmes et aux expériences qui leur ont donné
naissance. Nombre de ces évènements ont eu lieu alors que j’essayais de
comprendre la relation qui existe entre son monde et le mien, et le lien entre
l’expérience extérieure et l’expérience intérieure.
En outre, pendant que Seth dictait ce livre, je me suis soudain retrouvée
en train d’écrire un roman, The Education of Oversoul 7, produit plus ou
moins automatiquement. Son personnage principal, Oversoul 7, a atteint
son propre type de réalité. Je me disais : « Bon, Seven, on veut le chapitre
suivant », et celui-ci m’arrivait aussi vite que je pouvais l’écrire. Certaines
parties du livre me sont aussi apparues en rêve.
Je sais que Seven et son professeur, Cyprus, existent en certains termes ;
pourtant leur réalité ne s’explique pas non plus dans le monde habituel des
faits. Le roman comprend de nombreux poèmes en sumari et des morceaux
de manuscrits des Parleurs ; et quand je chante en sumari, je m’identifie à
Cyprus, qui est censé être un personnage fictif. Je me suis aussi rendu
compte que je pouvais me connecter avec Cyprus quand j’avais besoin
d’aide face à un défi personnel.
J’adore foncer à toute vitesse en utilisant mes facultés aussi librement
que possible. Pourtant, les évènements qui m’intriguent sur le plan intuitif –
ou l’interprétation qu’on peut leur donner – me scandalisent parfois sur le
plan intellectuel. Il ne servirait à rien de prétendre le contraire, et je pense
qu’il y a une bonne raison à ce mélange parfois difficile d’intuition et
d’intellect.
J’apprends progressivement que les deux éléments sont importants dans
mon travail et dans celui de Seth. Et c’est peut-être parce que je refuse
d’accepter des réponses toutes faites que je cherche avec une telle intensité
et que je « ramène » un Seth plutôt qu’un Chapelier fou.1
Le phénomène sumari et les expériences liées à The Education of
Oversoul 7 et à La Nature de la réalité personnelle ont suscité tellement de
questions que j’ai été obligée de chercher un cadre de référence plus large
pour comprendre ce qui se passait. Du coup, je travaille à un livre intitulé
Aspect Psychology, qui présentera, je l’espère, une théorie de la personnalité
assez ample pour inclure la nature médiumnique de l’être humain et les
activités qui s’y rapportent. Dans ce livre-ci, Seth mentionne Aspects –
comme nous l’appelons – qui devrait être publié dans le courant de 1975.
Tout ce que je peux dire, en attendant, c’est ceci : nous vivons dans un
monde de faits physiques mais ceux-ci surgissent d’un champ de créativité
plus profond et, dans un sens très réel, les faits sont une fiction vivante qui
surgit dans notre expérience. Tous les faits. Seth est donc un fait aussi réel
que vous ou moi et, de façon étrange, il se trouve à cheval sur les deux
mondes. J’espère que Aspects fera aussi le lien entre le monde des faits et la
riche réalité intérieure d’où ils proviennent, car notre expérience les
comprend tous les deux.
La Nature de la réalité personnelle a donc tout à la fois enrichi ma
créativité et mis au défi mes idées et mes croyances. Je suis entièrement en
accord avec les concepts présentés par Seth, tout en me rendant compte
qu’ils vont à l’encontre d’une bonne partie des dogmes acceptés dans le
domaine religieux, social ou scientifique. Ce livre répond en tout cas à tous
ceux qui ont demandé de l’aide pour mettre les idées de Seth en pratique
dans la vie courante, et je suis sûre qu’il va les aider à gérer plus
efficacement les évènements et problèmes de la vie quotidienne.
La notion principale de Seth est que nous créons notre réalité personnelle
par le moyen de nos croyances conscientes concernant le monde, les autres
et nous-mêmes. Vient ensuite le concept selon lequel le « point de pouvoir »
se situe dans le présent et non pas dans le passé de notre vie actuelle, ou de
toute autre. Seth insiste sur notre capacité individuelle à agir consciemment
et fournit d’excellents exercices destinés à montrer comment chacun peut
mettre ces théories en pratique dans n’importe quelle situation de la vie
courante.
Le message est clair : nous ne sommes pas à la merci du subconscient, ou
impuissants face à des forces que nous ne pouvons pas comprendre. L’esprit
conscient dirige l’activité inconsciente et dirige tous les pouvoirs du moi
intérieur. Ceux-ci sont activés selon l’idée que nous nous faisons de la
réalité. « Nous sommes des dieux qui prenons la forme de créatures », dit
Seth, étant donné notre capacité à former notre expérience en réalisant nos
pensées et nos émotions.
Seth a parlé de La Nature de la réalité pour la première fois pendant la
session 608, le 5 avril 1972, alors que Rob et moi achevions de lire les
épreuves de son livre précédent, Seth parle, L’éternelle validité de l’âme. Il
a commencé à le dicter le 10 avril 1972, au moment où notre réalité
personnelle était soudain perturbée par les inondations résultant de
l’ouragan Agnès. De ce fait, comme vous le verrez dans les notes de Rob, la
suite du travail sur ce livre a été un peu retardée.
Seth utilise souvent des épisodes de notre vie comme exemples
spécifiques pour illustrer des questions plus vastes, et l’expérience de cette
inondation sert de point de départ à un exposé sur les croyances
personnelles et les catastrophes naturelles. Il utilise aussi d’autres exemples
de notre vie personnelle comme sources pour son matériau, ce qui constitue
un intrigant retournement.
Dès nos premières sessions, fin 1963, Seth m’a toujours appelée Ruburt
et il a toujours donné à Rob le nom de Joseph, en disant que ces noms
désignent le moi plus vaste d’où jaillit notre identité actuelle. Il en va de
même dans ce livre.
Comme d’habitude, Rob prend chaque session en notes au moyen de ses
abréviations personnelles et il la dactylographie plus tard. À intervalles
réguliers, Rob indique l’heure pour montrer combien de temps il faut à Seth
pour livrer un passage particulier. Seth lui-même précise les mots à
souligner2 ou à placer entre guillemets ou entre parenthèses. Il spécifie aussi
fréquemment l’emplacement des points-virgules ou autre ponctuation.
Ce livre devrait aider chacun de ses lecteurs à comprendre la nature de
l’expérience privée et lui permettre d’utiliser cette connaissance de manière
à ce que sa vie quotidienne soit plus créatrice et plus agréable.

Jane Roberts
Elmira, État de New York
Le 6 novembre 1973

1 Voir Alice au pays des merveilles (N. d. l. T.).


2 En gras dans la présente édition (N. d. É.).
PRÉFACE DE SETH

La production de la réalité personnelle

SESSION 609
LUNDI 10 AVRIL 1972

(Il y a une quinzaine de jours, Jane a dit pour la première fois que Seth,
sa personnalité de transe, allait bientôt commencer un nouveau livre. Cette
idée lui est simplement « venue » un soir après le dîner. Nous ne l’avions
pas prise très au sérieux du fait que nous venions de relire, à peine un mois
plus tôt, les épreuves du premier livre de Seth, Seth parle, L’éternelle
validité de l’âme3. Nous n’avions certainement pas imaginé qu’il puisse être
prêt à redémarrer si rapidement un projet de cette envergure. Jane n’avait
pas non plus la moindre idée consciente concernant le titre ou le sujet d’un
futur livre de Seth.
Pendant la session régulière de mercredi dernier, Seth a cependant
confirmé ce qu’elle avait deviné – mais sans donner de date : « Ruburt
(comme Seth nomme Jane) a vu juste. Nous préparons en effet un nouveau
livre et nous vous laissons prendre un peu de repos entre les deux.
Les volumes unissent automatiquement le matériau et le présentent dans
le cadre de certaines disciplines. Comme vous le savez maintenant, la
préparation des notes vous prend un temps considérable, c’est pourquoi j’ai
un peu attendu.
Ruburt l’a très clairement senti et, comme d’habitude, il ressent des
tiraillements et se demande sur quoi je vais écrire et quel genre de livre cela
va être. Un livre comme celui-ci peut être donné tout à fait normalement et
tranquillement au cours de vos sessions habituelles, de façon à augmenter
votre connaissance personnelle tout en aidant d’autres personnes. Je
suggère le cadre le plus simple possible – ce qu’il y a de moins compliqué
pour ce qui est du mécanisme de la chose. Vous me suivez ? »
(« Oui », ai-je répondu. Puis Seth a parlé d’autre chose pendant le reste
de la soirée.
Comme nous prenons place pour la session de ce soir, Jane dit : « Bon,
Seth est tout à fait prêt et j’ai très envie de démarrer. Il va peut-être
commencer son livre. » Elle n’a pas semblé particulièrement préoccupée
par le sujet – en tout cas je ne me souviens pas qu’elle en ait parlé.
L’énergie dont dispose Jane m’impressionne toujours, surtout lorsque je
pense qu’elle pèse dans les quarante-trois kilos. Lorsque Jane le lui permet,
Seth passe de façon extrêmement puissante. Son débit ce soir est ordinaire.
Je veux dire par là que lorsqu’elle parle pour Seth, sa voix se fait plus
grave, un peu plus forte, et qu’elle revêt l’accent délibéré et le rythme
unique de Seth.
21h29. Jane retire ses lunettes et les place sur la table basse entre nous.
L’instant d’après, ses yeux sont beaucoup plus sombres et elle est en pleine
transe.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Nous appellerons la dissertation de ce soir : « La production de la réalité
personnelle ».
Ce dont vous faites l’expérience est le produit de l’esprit et de l’âme, des
pensées et des sentiments, qu’ils soient conscients ou inconscients.
Ensemble, ils forment la réalité que vous connaissez. Vous n’êtes donc pas à
la merci d’une réalité qui existerait en dehors de vous-même ou qui vous
serait imposée. Vous êtes si intimement lié aux faits physiques qui
composent l’expérience de votre vie que souvent vous n’arrivez pas à faire
la différence entre les évènements apparemment matériels et les attentes, les
désirs et les pensées qui leur ont donné naissance.
Si vos pensées les plus intimes présentent de fortes caractéristiques
négatives, si celles-ci constituent des barreaux entre vous et une vie plus
pleine, vous avez tendance à regarder entre les barreaux sans les voir. Tant
que vous ne les avez pas reconnus comme tels, ils constituent des obstacles.
Mais il y a une raison à l’existence même de ces obstacles. Comme ce sont
les vôtres, il vous revient de les identifier et de découvrir les circonstances
qu’ils cachent.
Vos pensées conscientes peuvent vous servir d’indices pour localiser ces
barrages. Vos pensées ne vous sont peut-être pas aussi familières que vous
l’imaginez. Il arrive qu’elles s’échappent de vous comme de l’eau qui coule
entre les doigts, qu’elles emportent avec elles des nutriments vitaux qui se
répandent dans le paysage formé par votre psyché – et trop souvent elles
charrient une vase, une boue qui engorge les canaux d’expérience et de
créativité.
Un examen de vos pensées conscientes peut vous en dire long sur votre
état d’esprit intérieur, sur vos attentes et sur vos intentions ; cet examen
vous amène souvent à une confrontation directe avec différents défis et
problèmes. Si vous scrutez vos idées, vous verrez où vous allez. Elles
indiquent clairement la nature des évènements physiques. Ce qui existe
physiquement existe d’abord en pensées et en sentiments. Il n’y a pas
d’autre règle.
(21h40.) Il y a une bonne raison au fait que vous ayez un esprit conscient.
Vous n’êtes pas à la merci de désirs inconscients, à moins que vous les
acceptiez consciemment. Vous pouvez toujours utiliser vos attentes et vos
sentiments présents pour mesurer vos progrès. Si vous n’aimez pas
l’expérience qui est la vôtre, il vous faut changer la nature de vos attentes et
de vos pensées conscientes. Il vous faut modifier le message que vous
envoyez par vos pensées à votre propre corps, à vos amis et à vos
partenaires.
Chaque pensée a un résultat, selon vos termes. Le même type de pensée
souvent répété aura un effet qui vous semblera plus ou moins permanent.
Quand vous aimez l’effet d’une pensée, vous prenez rarement la peine de
l’examiner. Si vous vous trouvez assailli par des difficultés physiques,
cependant, vous commencez en général à vous demander ce qui ne va pas.
Dans ce cas, vous blâmez peut-être les autres, ou votre passé, ou une vie
précédente – si vous croyez en la réincarnation. Vous tenez peut-être Dieu
ou le diable pour responsables, ou pensez simplement « c’est la vie », en
acceptant qu’une expérience de vie négative fasse inévitablement partie de
votre lot.
Il arrive aussi que, parvenu à une compréhension partielle de la nature de
la réalité, vous vous lamentiez : « Je crois être la cause de ces circonstances
malheureuses, mais je ne sais pas comment les modifier. »
Si tel est le cas, c’est qu’en dépit de ce que vous vous dites vous ne
croyez toujours pas être réellement le créateur de votre propre expérience.
Car dès qu’on reconnaît ce fait, on commence instantanément à modifier les
conditions qui causent ce qui ne convient pas.
(Une pause d’une minute à 21h49.) Personne ne vous oblige à penser de
telle ou telle façon. Vous avez peut-être appris par le passé à considérer les
choses avec pessimisme. Vous pensez peut-être qu’il est plus réaliste d’être
pessimiste qu’optimiste. Peut-être même supposez-vous, comme beaucoup
de gens, que la douleur est noble, qu’elle est le signe d’une spiritualité
élevée, une marque de différence, l’indispensable habillage des saints et des
poètes. Rien n’est plus éloigné de la vérité. Toute conscience contient en
elle-même un élan profond et éternel à utiliser pleinement ses aptitudes, à
étendre ses capacités, à s’aventurer joyeusement au-delà des barrières
apparentes de sa propre expérience. La conscience de la plus petite
molécule hurle contre toute idée de limitation. Elle aspire à de nouvelles
formes et à de nouvelles expériences. Les atomes eux-mêmes cherchent
constamment à s’unir, à composer de nouvelles organisations de forme ou
de structure. Ils le font « instinctivement ».
L’homme a été doté, il s’est doté lui-même, d’un esprit conscient avec
lequel diriger la nature et la forme de ses créations. Toute aspiration
profonde, toute motivation inconsciente, toute pulsion inexprimée monte
jusqu’à l’esprit conscient pour y être approuvée ou rejetée, pour en attendre
les directives.
C’est seulement lorsque ce dernier abdique sa fonction qu’il s’autorise à
être emporté par l’expérience « négative ». C’est seulement quand il refuse
cette responsabilité qu’il se retrouve apparemment à la merci d’évènements
sur lesquels il semble n’avoir aucun contrôle.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(« Merci. »
22h00. Jane sort facilement de transe. « J’ai l’impression, dit-elle, que
c’est le début du premier chapitre. » Son impression tient au fait que Seth a
nommé « dissertation » son matériau de ce soir – chose qu’il n’a encore
jamais faite. Reprise à 22h07.)
Les livres qui ont trait à la seule pensée positive peuvent parfois s’avérer
bénéfiques, mais dans l’ensemble, ils ne tiennent pas compte de la nature
habituelle des sentiments négatifs, des sentiments de répression ou
d’agression. Tout cela est souvent glissé sous le tapis.
L’auteur vous dit d’être positif, fort, bienveillant et enthousiaste sans
vous indiquer comment vous extirper de la situation dans laquelle vous
vous trouvez et sans comprendre le cercle vicieux qui semble vous
maintenir prisonnier. Ces livres, encore une fois, sont parfois utiles, mais ils
n’expliquent pas comment les pensées et les émotions génèrent la réalité. Ils
ne prennent pas en considération l’aspect multidimensionnel du moi ou le
fait qu’en fin de compte chaque personnalité doit, tout en suivant des lois
générales bien définies, trouver sa propre façon de les adapter à ses
circonstances personnelles.
Si vous êtes en mauvaise santé, vous pouvez y remédier. Si vos rapports
personnels ne sont pas satisfaisants, vous pouvez les améliorer. Si vous êtes
pauvre, vous pouvez faire en sorte de vous retrouver dans l’abondance.
Que vous vous en rendiez compte ou non, vous avez poursuivi votre cap
actuel avec détermination ; vous avez utilisé vos ressources pour atteindre
certains buts, en accord avec des raisons qui, à un moment donné, avaient
un sens pour vous. Peut-être vous dites-vous : « Être en mauvaise santé n’a
aucun sens pour moi » ou « je n’avais vraiment pas envie d’une rupture
avec mon compagnon ou ma compagne », ou encore « j’ai travaillé avec
acharnement et ce n’était certainement pas pour rester pauvre ».
Si vous êtes né pauvre, ou malade, vous avez sûrement l’impression que
ces circonstances vous ont été imposées. Ce n’est pas pourtant pas le cas –
et il est toujours possible de les améliorer.
Cela ne veut pas dire que vous pouvez y parvenir sans détermination et
sans effort ; mais vous avez le pouvoir de modifier les évènements, et
chacun d’entre vous, quel que soit son statut, son état physique, sa situation
ou les circonstances dans lesquelles il se trouve, contrôle son expérience
personnelle.
Vous voyez et vous ressentez ce que vous vous attendez à voir et à
ressentir. Le monde que vous connaissez est à l’image de votre attente. Le
monde que connaît la race humaine est la matérialisation globale de vos
attentes individuelles. Le monde est votre création, tout comme les enfants
sont issus de vos tissus biologiques.
(22h26. Une pause. Puis, doucement, avec le sourire.) J’écris ce livre
pour aider chacun et chacune à résoudre ses problèmes personnels. J’espère
parvenir à vous montrer précisément la façon dont vous formez votre propre
réalité et vous expliquer les différentes manières dont vous pouvez la
modifier à votre avantage.
L’existence de ce que l’on appelle les pensées et les émotions négatives
ne sera pas passée sous silence, mais votre capacité à les maîtriser non
plus. Car vous les contrôlez tout à fait. Il y a des méthodes qui permettent
de les utiliser comme des tremplins pour la créativité. Je ne vous dirai
jamais de les refouler ou de les ignorer. J’aimerais au contraire vous
apprendre à les reconnaître au sein de votre expérience – vous montrer
comment découvrir celles qui vous ont mené et comment contrôler celles
qui vous semblent incontrôlables.
Les méthodes que je vais décrire exigent un effort et de la concentration.
Elles vont constituer un défi et apporter dans votre vie une expansion et des
modifications de la conscience extrêmement gratifiantes.
Je ne suis pas une personnalité physique – mais, fondamentalement, vous
non plus. Votre expérience présente est physique. Vous êtes un créateur qui
traduit son attente en forme physique. Le monde est censé vous servir de
point de référence. L’apparence extérieure est la réplique de votre désir
intérieur. Vous pouvez changer votre monde personnel ; et c’est ce que vous
faites, sans le savoir. Il vous suffit d’utiliser vos capacités consciemment,
d’examiner la nature de vos pensées et de vos sentiments, et de projeter
ceux avec lesquels vous êtes fondamentalement en accord.
Ceux-ci fusionnent en ces évènements qui vous semblent si intimement
familiers. J’espère vous enseigner des méthodes qui vous permettront de
comprendre la nature de votre propre réalité et vous indiquer une voie qui
vous permettra de changer cette réalité de la façon que vous souhaitez.
(Plus fort.) Fin de la dictée.
(« D’accord. C’est plutôt rusé de commencer votre livre comme ça. »
De façon agréable.) C’est ma façon. Je vous donnerai le titre et autres
indications pertinentes dans une autre session, ainsi que, si vous le
souhaitez, un aperçu de mes intentions.
(« J’imagine que Jane aimerait en avoir un. »)
Faisons-le aussi simple que possible… Accordez-nous un instant.
(Toujours en transe, Jane fait une longue pause à 22h37. Ses yeux sont
fermés. Elle se balance dans son fauteuil à bascule, un pied sur le bord de
la table basse.)
Le livre va vous expliquer comment se forme la réalité personnelle,
l’accent étant mis sur les différentes façons de changer les aspects
indésirables de votre expérience. Il évitera, je l’espère, l’optimisme béat de
nombreux livres de développement personnel et transmettra au lecteur un
désir passionné de comprendre les caractéristiques de la réalité, ne serait-ce
que pour résoudre ses problèmes personnels. Les méthodes indiquées sont
tout à fait pratiques, réalisables, et toute personne réellement concernée par
les problèmes inhérents à l’expérience humaine en est capable.
Il y sera expliqué que toute guérison résulte de l’acceptation d’un fait
fondamental : la matière est formée par les qualités internes mêmes qui lui
donnent vitalité ; la structure se conforme à l’attente ; la matière peut à tout
instant être transformée par l’activation des facultés créatrices inhérentes à
toute conscience.
Titrez s’il vous plaît ce que nous avons fait ce soir – la partie dictée –
comme étant ma préface. Je vous souhaite un affectueux bonsoir.
(« Merci beaucoup, Seth. Bonne nuit. »
Fin à 22h47. Jane a parlé pour Seth de façon tranquille mais assez
rapide par rapport à la vitesse modeste dont je suis capable quand je
prends des notes mot à mot dans ma sténo personnelle. « Je crois que j’ai la
moitié du titre, dit-elle dès qu’elle sort de transe. C’est La Nature de la
réalité personnelle, puis un trait, ou deux points, et quelque chose d’autre,
mais je ne sais pas quoi. D’un seul coup, je suis épuisée, ajoute-t-elle en
riant, mais ne l’écris pas. »
Une note ajoutée plus tard : six mois allaient s’écouler avant que nous
apprenions le reste du titre. Alors que Jane se reposait après le dîner, le 25
octobre 1972, celui-ci est apparu à son esprit conscient : La Nature de la
réalité personnelle, Un livre de Seth. Ce soir-là, nous avions tenu la session
623, qui lie les chapitres 4 et 5.
Nous n’avons jamais demandé à Seth un aperçu détaillé. Une fois le livre
commencé, nous nous sommes rendu compte que ce n’était pas nécessaire.
Cela a contribué à donner à Jane un maximum de liberté.)

3 The Seth Material a d’abord été publié par Prentice Hall en 1970. Seth Speaks a d’abord été
publié par Prentice Hall en 1972, puis par Amber-Allen Publishing/New Word Library en 1994.
CHAPITRE 1

L’image vivante du monde

SESSION 610
MERCREDI 7 JUIN 1972

(Seth a fini sa préface le 10 avril, mais divers évènements – dont la mort


de la mère de Jane, malade depuis des années – nous ont obligés à
interrompre les sessions. Jane a tout de même réussi à donner certains de
ses cours d’écriture et de perception extrasensorielle ; elle a également
travaillé au roman dont il est question dans sa préface, The Education of
Oversoul 7.
Pendant tout ce temps, nous avions hâte de reprendre notre participation
quotidienne au nouveau livre de Seth. Lors de la production de Seth parle,
Jane avait choisi de ne pas regarder le texte pendant de longues périodes ;
en revanche, elle a déclaré récemment, avec un sourire, qu’elle a l’intention
de lire celui-ci à mesure qu’elle le livrera et de le mettre en pratique. La
nervosité qu’elle a pu ressentir quant à la production de ce texte est à
présent minime.
Comme d’habitude, j’indiquerai les différents états de conscience de
Jane au cours des sessions, bien que ces notes ne puissent être que les
commentaires d’un observateur attentif. La variété et la profondeur des
personnalités, et des réalités, qu’elle atteint sont des qualités qui lui sont
propres, et qui défient souvent le mot écrit.
21h10.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant, la dictée. Le chapitre 1 s’intitule : « L’image vivante du
monde ».
L’image vivante du monde se développe à l’intérieur de l’esprit. Tel qu’il
vous apparaît, le monde est un tableau en trois dimensions auquel chaque
individu prête main. Chaque couleur, chaque trait qui y figure, a été peint à
l’intérieur d’un esprit avant de se matérialiser à l’extérieur.
Toutefois, les artistes eux-mêmes font partie du tableau et y figurent. Il
n’y a pas d’effet dans le monde extérieur qui ne jaillisse de cette source
intérieure. Il n’y a pas de mouvement qui ne se produise d’abord en esprit.
Vous avez reçu en héritage la grande créativité de la conscience.
Pourtant, celle-ci n’est pas le propre de l’espèce humaine. Chaque être
vivant la possède, et le monde vivant consiste en une gigantesque
coopération spontanée à laquelle chacun participe, du plus humble au plus
élevé, du plus petit jusqu’au plus grand ; les atomes et les molécules y
collaborent, ainsi que l’esprit conscient, raisonné.
Toutes sortes d’insectes, d’oiseaux et de bêtes coopèrent à cette aventure
et produisent l’environnement naturel. C’est là quelque chose d’aussi
normal, et d’aussi inévitable, que la buée qui se forme sur une vitre lorsque
l’on souffle dessus. Toute conscience crée le monde, qui s’élève à partir
d’une tonalité de sentiment. Il s’agit là d’un produit naturel de votre
conscience. Les sentiments et les émotions émergent dans la réalité de
manière très spécifique. Les pensées croissent sur un lit déjà préparé. Les
saisons surgissent, formées par d’anciennes tonalités de sentiment, en
accord avec des rythmes profonds et persistants. Elles résultent, une fois
encore, d’aspects créatifs innés qui font partie de toute vie.
Ces aspects anciens reposent, maintenant, profondément enfouis dans la
psyché de toutes les espèces, et c’est de là qu’émergent les plans
individuels, les schémas de nouvelles différenciations.
(21h29. Avec insistance.) On peut dire que le corps de la Terre a sa
propre âme, ou son propre esprit, comme vous préférez. Les montagnes et
les océans, les vallées, les rivières et tous les phénomènes naturels
surgissent de l’esprit de la Terre, de même que tous les évènements et tous
les objets manufacturés découlent de l’esprit intérieur, de l’âme de
l’humanité.
Le monde intérieur de chaque homme et de chaque femme est connecté
avec le monde intérieur de la Terre. L’esprit se fait chair. Une partie de
l’âme de chaque individu est intimement liée à ce que nous appellerons
l’âme du monde, ou l’âme de la Terre.
Le plus petit brin d’herbe et la plus petite fleur ont conscience de ce lien ;
ils comprennent leur situation sans le moindre raisonnement, ainsi que la
source de leur propre vitalité, et le fait qu’ils sont uniques.
Les atomes et les molécules qui composent tous les objets, qu’il s’agisse
d’un corps humain ou d’une table, d’une pierre ou d’une grenouille,
connaissent le grand élan passif de créativité qui repose sous leur existence
et au-dessus duquel flotte leur individualité, claire, distincte et imprenable.
De même l’individu humain surgit, dans sa victorieuse distinction, de la
fontaine toujours renouvelée de sa propre âme. Constamment, le moi
monte, passe de l’inconnu au connu, et se surprend lui-même. Quand vous
lisez ces phrases, par exemple, une partie de votre connaissance est
consciente et immédiatement disponible. Une partie est inconsciente, mais
même la connaissance inconsciente est connaissance, dans sa propre non-
connaissance.
Vous savez toujours ce que vous faites, même quand vous ne vous en
rendez pas compte. Votre œil sait qu’il voit, bien qu’il ne puisse se voir que
dans son propre reflet. De même, le monde que vous voyez est le reflet de
ce que vous êtes – reflété non pas sur du verre mais dans la réalité en trois
dimensions. Vous projetez vos attentes et vos sentiments à l’extérieur de
vous-même, puis vous les percevez comme la réalité extérieure. Quand il
vous semble que d’autres vous observent, vous vous observez vous-même
du point de vue de vos propres projections.
À présent, vous pouvez faire une pause.
(De 21h46 à 22h09.)
Maintenant. Vous êtes l’image vivante de vous-même. Vous projetez
dans la chair ce que vous pensez être. Vos sentiments, vos pensées
conscientes et inconscientes forment votre image physique et la modifient.
Voilà qui vous est relativement facile à comprendre.
Peut-être est-il plus difficile de comprendre que, de la même façon, vos
sentiments et vos pensées forment ce dont vous faites l’expérience ou que
les évènements qui semblent vous arriver sont créés par vous dans votre
milieu mental ou psychique.
Ce n’est pas par hasard que vous êtes grand ou petit, gros ou maigre,
malade ou en bonne santé. Ces caractéristiques sont d’abord mentales et
projetées par vous à l’extérieur sur votre propre image. Sans plaisanter le
moins du monde, je dois vous dire que vous n’êtes pas né d’hier. Votre âme
n’est pas née hier, selon vos termes, mais avant les annales du temps, tel
que vous l’entendez.
Les caractéristiques qui étaient les vôtres à la naissance l’étaient pour une
bonne raison. C’est qu’elles ont été choisies par votre moi intérieur.
D’ailleurs, votre moi intérieur peut encore en modifier un grand nombre.
Vous n’êtes pas arrivé à la naissance dépourvu d’histoire. Votre
individualité a toujours été latente dans votre âme, et « l’histoire » qui est
une partie de vous-même est écrite dans la mémoire inconsciente qui réside
non seulement dans votre psyché mais qui est aussi fidèlement décodée
dans vos gènes et vos chromosomes4, et qui se réalise dans le sang qui court
dans vos veines.
Pendant que votre âme s’exprime à travers vous, vous êtes attentif et
conscient dans des réalités beaucoup plus nombreuses que vous ne le
croyez, et vous y participez. La conscience de vos heures diurnes
habituelles, la conscience de l’ego, monte comme une fleur à partir du sol
« sous-jacent », à partir du lit inconscient de votre propre réalité. Bien que
vous ne vous en rendiez pas compte, cet ego même émerge puis retombe
dans l’inconscient, d’où monte un autre ego, comme une fleur sort de la
terre au printemps.
(22h27.) Votre ego n’est pas le même qu’il y a cinq ans, mais vous ne
vous rendez pas compte qu’il a changé. L’ego monte de ce que vous êtes, en
d’autres termes. Il constitue une partie de votre être et de votre
conscience ; mais, semblable en cela à l’œil qui ne peut pas voir ses
expressions et ses couleurs changeantes, qui ne se rend pas compte qu’il vit
et meurt constamment à mesure que sa structure atomique se modifie, vous
ne vous rendez pas compte que l’ego se modifie, qu’il meurt et renaît sans
cesse.
La structure de chaque cellule maintient sa propre identité physique, alors
même que la matière qui la compose change constamment. La cellule se
reconstruit selon son propre schéma d’identité ; elle fait pourtant toujours
partie d’une action émergente, elle est toujours réactive et vivante au sein
même de ses morts multiples.
Ainsi se forment des structures psychologiques qui reçoivent des noms
divers. Les noms n’ont pas d’importance, mais les structures qui se trouvent
derrière en ont une. Ces structures maintiennent elles aussi leur propre
identité, leur schéma d’unicité, alors même qu’elles se modifient, qu’elles
meurent et renaissent sans cesse.
L’œil s’élève à partir de la structure physique. L’ego s’élève à partir de la
structure de la psyché. Semblable en cela à l’œil, il ne peut pas se voir lui-
même. Tous deux sont tournés vers l’environnement extérieur, l’un à partir
du corps physique, l’autre à partir du psychisme interne.
La conscience créatrice du corps crée l’œil. La psyché créatrice crée
l’ego. Le corps forme l’œil dans la splendide sagesse de son immense
connaissance inconsciente. La psyché fait naître l’ego, qui perçoit
psychologiquement, tout comme l’œil perçoit physiquement. L’œil et l’ego
sont tous deux des formations qui se focalisent sur la perception de la réalité
extérieure.
Vous pouvez faire une pause.
(De 22h36 à 22h45.)
Maintenant. Ceci n’est pas de la dictée pour le livre.
L’intuition de Ruburt, il y a quelques instants (pendant la pause), était
tout à fait correcte. Dans mon livre, nous allons aller beaucoup plus loin
dans la nature de la psyché et de l’inconscient, et nous allons mettre en
évidence certains concepts très utiles.
Depuis que Ruburt a commencé son roman Oversoul 7 (fin mars 1972), il
ressent davantage de curiosité – de façon inconsciente mais aussi
partiellement consciente – pour les questions relatives à la conscience et à
la personnalité, comme par exemple le rôle de la conscience de l’ego.
Il y a là beaucoup à découvrir. Vos psychologues ne peuvent pas penser
en termes d’âmes, et vos dirigeants religieux ne peuvent pas comprendre –
ou refusent de comprendre – l’âme en termes de psychologie, même de la
façon la plus simple qui soit. En d’autres termes, la psychologie et la
métaphysique ne se rencontrent pas.
Maintenant. Comme je vous l’ai souvent dit, je suis indépendant de
Ruburt. Il existe, vous le savez, des connexions entre nous55. Ruburt ne
comprend pas encore la nature véritable de sa propre créativité. Peu de gens
la comprennent. Il y a toujours des raisons psychologiques à ces
phénomènes – à tous les phénomènes. Dans une certaine mesure, bien sûr,
les livres de Ruburt sont ses enfants. Sa psyché est extrêmement créatrice.
Une partie de ce que je semble être quand je parle par son intermédiaire est
un phénomène aussi profond et aussi inconscient que le serait la naissance
d’un enfant. D’une manière différente, Oversoul 7 l’est aussi, dans la façon
dont il y pense.
Il ne s’agit pas d’enfants physiques à la merci du temps et des éléments,
mais d’enfants éternels, qui ont davantage de connaissance que leur parent ;
ce sont des dieux qui surgissent de la psyché humaine, mi-humains, mi-
divins. Et à ce niveau, le parent est émerveillé, il est ravi par les
accomplissements supérieurs de ses propres enfants et il en est aussi un peu
jaloux.
Si ces livres sont symboliquement ses enfants, alors, dans les mêmes
termes, la représentation qu’il se fait de ma réalité est un aspect en trois
dimensions beaucoup plus vivant. Il s’est interrogé à plusieurs reprises sur
la schizophrénie. Il ne se rend pas compte qu’en fait, à ce niveau,
indépendamment de la question de mon indépendance et autres sujets de ce
type, il crée des personnalités libres du temps, qu’il les organise sous la
houlette de son esprit conscient et leur assigne des tâches d’une grande
importance et d’une grande validité, qu’ils accomplissent ensuite.
C’est une créativité d’une nature très spécialisée, qui lui permet, s’il le
souhaite, d’explorer la nature de la conscience, de la créativité et de la
psyché comme peu de gens réussissent à le faire.
Or, il instaure lui-même les conditions qui font qu’un tel résultat est
possible. Une certaine partie de ma réalité est une partie de sa réalité, et
c’est là que se produit la création de ce que je semble être.
Ma propre réalité indépendante se situe au-delà.
J’aurai d’autres choses à vous dire et j’ajouterai à ces notes, si bien
qu’elles vont croître d’elles-mêmes.
(« C’est très intéressant. »)
Si Ruburt considérait ses problèmes comme des défis, il obtiendrait de
bien meilleurs résultats. C’est tout pour ce soir, et je vous souhaite un
affectueux bonsoir.
(« Même chose pour vous, Seth. »)
Venez à notre cours, à l’occasion.
(« D’accord. » Fin à 23h00. Jane donne un cours de perception
extrasensorielle, le mardi soir. Comme je suis de nature plutôt solitaire,
c’est en général le moment où je dactylographie les notes de la session du
lundi précédent ; j’en profite aussi pour classer des documents et répondre
au courrier.
En réponse à de nombreuses questions, je vais expliquer ici pourquoi je
préfère prendre ces sessions en notes plutôt que de les enregistrer. Quand
Seth a commencé à parler par l’intermédiaire de Jane, fin 1963, nous avons
essayé d’enregistrer le matériau, mais je me suis vite rendu compte que je
dactylographie une session beaucoup plus rapidement à partir de mes notes
qu’à partir d’une bande magnétique.
Cela a son importance, vu que tout notre travail médiumnique a lieu le
soir, après une journée bien remplie par l’écriture, la peinture et tout ce qui
permet de vivre de façon organisée. Et encore, j’ai dû modifier mes horaires
de façon à trouver le temps nécessaire à l’élaboration de ce manuscrit ; je
peins le matin et je me consacre à ce travail l’après-midi.
Quand Jane me parle en tant que Seth, c’est à un rythme beaucoup plus
lent qu’elle ne le fait pendant une session de cours. Ajouté aux indications
de Seth, cela me facilite la ponctuation. Le texte est concis ; il n’y a plus
qu’à faire une correction occasionnelle, et il est prêt à être publié. De plus,
je pense que le fait qu’un travail d’une telle qualité soit obtenu de cette
façon est éloquent en soi.)

SESSION 613
LUNDI 11 SEPTEMBRE 1972

(Après la première session de ce chapitre, Jane s’est consacrée à


l’écriture de Oversoul 7 et elle a travaillé à un projet à long terme qu’elle
nomme pour l’instant Aspect Psychology. Puis, alors que nous allions
reprendre le travail sur le livre de Seth, la grande inondation du vendredi
23 juin 1972 s’est produite.
Cette inondation est la pire qui se soit jamais produite dans la région.
Elle est née de la tempête tropicale Agnès qui, paradoxalement, avait perdu
son statut d’ouragan quand elle a commencé à remonter la côte Est à partir
de la Floride. Agnès a été précédée par des jours entiers de très fortes
pluies, sur un front large de plusieurs centaines de kilomètres. De façon
imprévue, la tempête a viré à l’intérieur des terres après avoir repris de la
force au large des caps de Virginie ; quand elle s’est immobilisée au-dessus
de la Pennsylvanie et de l’État de New York, l’inondation est devenue
inévitable.
Lorsque la demande d’évacuation a finalement été faite, à la dernière
minute, juste avant le lever du jour, Jane et moi avons décidé de rester sur
place. Cette décision comporte bien sûr une dimension symbolique
profonde que nous ne comprenons d’ailleurs pas complètement. Dans son
trajet vers le centre-ville, la rivière Chemung passe à moins d’un pâté de
maisons de notre immeuble, mais comme nous habitons au deuxième étage,
nous pensions être à l’abri. Nous nous sommes dit que la maison était
solide. Tout le quartier s’est vidé et est devenu très calme.
L’eau – couverte d’une épaisse couche de terre et exhalant une
suffocante odeur de pétrole – a recouvert le jardin et son niveau a
commencé à monter, de trente centimètres, puis de soixante, puis d’un
mètre, puis d’un mètre cinquante… Jane et moi avons commencé à faire
l’expérience d’un monde radicalement nouveau ; et bien que Seth n’en ait
encore rien dit, je pense que c’est en partie pour cela que nous sommes
restés. Nous avons bu un peu de vin et nous avons eu recours à une
autohypnose légère pour essayer de nous détendre, mais l’eau continuait à
monter le long du mur de brique rouge de la vieille maison voisine, et notre
nouvelle réalité menaçait de prendre un tour terrifiant. Avions-nous pris la
bonne décision ?
Il n’était probablement plus possible de prendre la fuite. J’ai suggéré à
Jane qu’elle se « connecte » médiumniquement pour voir ce qu’elle pouvait
apprendre concernant notre situation. « Ce n’est pas facile d’être calme
quand on a peur », a-t-elle dit, mais elle a commencé à se concentrer. Elle
est graduellement parvenue à un état de grande relaxation. Elle m’a dit
que, dans le jardin, l’eau allait dépasser la hauteur incroyable de trois
mètres et qu’elle allait monter jusqu’à mi-hauteur des fenêtres du premier
étage de la maison voisine. Nous étions à l’abri tant que nous ne bougions
pas. Mais Jane parut extrêmement impressionnée en me disant que le pont
de Walnut Street n’allait pas tenir. Cela m’a beaucoup impressionné aussi,
vu que ce vieux pont d’acier traverse la rivière Chemung à moins d’un
demi-pâté de maisons de chez nous. Les immeubles de l’autre côté de la rue
nous empêchent de le voir.
Dès que Jane eut « saisi » ces informations, nous nous sommes senti
mieux ; nous avons mangé et joué aux cartes, tout en vérifiant
occasionnellement le niveau de l’eau. Plusieurs heures se sont écoulées.
L’inondation a atteint son point culminant à une dizaine de centimètres et à
moins de quinze minutes de ce qui avait été prévu par Jane. Nous nous
sommes endormis avec la certitude que l’eau baissait rapidement. Le
lendemain matin, j’ai été à pied jusqu’au pont de Walnut Street. Plusieurs
de ses pans avaient été emportés par les flots.
Nous nous en tirions bien par rapport à beaucoup de gens en ville. Nous
avions perdu notre voiture mais nous avions un toit sur nos têtes, et nos
tableaux, nos manuscrits et les cinquante-trois dossiers du matériau de Seth
étaient tous intacts. Comme nous occupons deux appartements pour
pouvoir vivre et travailler à l’aise, nous avons pu prendre chez nous un
couple dont le logement avait été inondé. Il faisait froid et il pleuvait. Nos
journées n’étaient plus qu’une suite d’actions consacrées à la survie, bien
que Jane ait tout de même terminé Oversoul 7 début juillet et qu’elle ait
recommencé ses cours. Ce livre-ci a été mis de côté pendant longtemps.
Au mois d’août, Jane a tenu une session sur l’inondation – au cours de
laquelle Seth a évoqué les raisons pour lesquelles nous y étions
personnellement impliqués. En août et en septembre, nous avons eu divers
visiteurs connectés au travail médiumnique, parmi lesquels Richard Bach,
auteur du livre à succès Jonathan Livingston le Goéland.
Quand Jane s’est dit que le moment était venu de reprendre le travail sur
le livre de Seth, elle s’est rendu compte avec surprise que cela suscitait en
elle une certaine anxiété. Pourtant, parlant pour Seth, elle reprit la dictée
avec une telle facilité qu’il était difficile de croire qu’une interruption de
trois mois s’était produite.
21h10.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Accordez-nous un instant (doucement), et nous allons
reprendre la dictée.
(« D’accord. »)
Votre expérience dans le monde de la matière physique dérive
directement du centre interne de votre psyché. C’est dans un deuxième
temps que vous la percevez. Les évènements, les circonstances et les
conditions extérieures sont censés fonctionner comme un système de rétro-
information vivant. Modifier l’état de la psyché modifie automatiquement
les circonstances physiques.
Il n’y a pas d’autre façon valide de changer les évènements physiques. Il
peut vous être utile d’imaginer une dimension vivante à l’intérieur de vous-
même, dans laquelle vous créez, en forme psychique miniature, toutes les
conditions extérieures que vous connaissez. Exprimé de façon un peu
simple, c’est exactement ce que vous faites. On peut dire de vos pensées, de
vos émotions et de vos images mentales que ce sont des évènements
intérieurs en devenir car, d’une manière ou d’une autre, chacune d’entre
elles se matérialise dans la réalité physique.
Vous transformez constamment jusqu’aux conditions qui vous semblent
les plus permanentes dans votre vie par les attitudes changeantes que vous
avez à leur égard. Il n’y a rien dans votre expérience extérieure qui n’ait son
origine en vous.
Il se produit bien sûr des interactions avec autrui, mais il n’en est aucune
que vous n’ayez d’abord acceptée ou qui ne soit attirée à vous par votre
attitude, par vos pensées ou par vos émotions. Cela s’applique à tous les
domaines de votre existence. En vos termes, il en va de même avant et
après la vie. De la façon la plus miraculeuse, vous avez reçu le don de créer
votre propre expérience.
Dans cette vie, vous apprenez à manipuler l’énergie inépuisable qui est à
votre disposition. La condition globale du monde et la situation de chaque
individu qui s’y trouve sont la matérialisation des progrès de l’humanité
dans le processus par lequel elle forme le monde qui est le sien.
(21h24.) La joie de la créativité coule en vous aussi facilement que votre
souffle même. C’est de là que jaillit jusqu’à la plus minuscule partie de
votre expérience extérieure. Vos sentiments ont une réalité
électromagnétique qui s’élève vers l’extérieur et qui a même un effet sur
l’atmosphère. Ils se regroupent par un processus d’attirance et composent
des zones où les circonstances finissent en quelque sorte par coaguler, soit
dans la matière en tant qu’objets, soit comme évènements dans le « temps ».
Certaines pensées et certains sentiments sont traduits en structures que
vous appelez des objets ; ceux-ci existent, selon vos termes, dans un milieu
que vous appelez l’espace. D’autres sont traduits en structures
psychologiques appelées évènements, qui semblent exister dans un milieu
que vous appelez le temps.
Le temps et l’espace sont des croyances-racines pour l’humanité, ce qui
veut simplement dire que celle-ci les accepte, qu’elle part du principe que
sa réalité s’inscrit dans une série de moments et dans une dimension de
l’espace. Votre expérience intérieure est donc traduite en ces termes.
La durée même d’un évènement ou d’un objet dans l’espace et le temps
est déterminée par l’intensité des pensées et des émotions qui lui ont donné
naissance. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la durée dans l’espace
n’est toutefois pas forcément la même chose que la durée dans le temps,
même si cela peut donner l’impression d’être le cas. Je parle maintenant en
vos termes. Un évènement ou un objet peut exister brièvement dans
l’espace et avoir une durée beaucoup plus longue dans le temps. Il peut
avoir une intensité qui le fait, par exemple, exister dans votre mémoire
longtemps après qu’il ait disparu dans l’espace. Un évènement ou un objet
n’existe pas seulement de façon symbolique dans votre mémoire ou dans
votre esprit – mais, en vos termes, sa réalité même continue comme un
événement dans le temps.
Sa réalité dans l’espace n’est d’ailleurs pas annihilée tant qu’il existe
dans votre esprit. Prenons un exemple très simple. On dit à un enfant de ne
pas jouer avec une poupée. Il désobéit et la casse, accidentellement ou à
dessein, et on la jette. La poupée existe dans le temps de façon vitale aussi
longtemps que l’enfant, ou le futur adulte, s’en souvient.
(21h40.) Si la poupée était assise sur un bureau et que l’on s’en
souvienne avec une certaine intensité, l’espace dans lequel elle était assise
continue à en être imprimé, bien que d’autres objets puissent également s’y
trouver. Vous réagissez donc non seulement à ce qui est visible pour votre
œil physique dans l’espace, ou à ce qui se trouve directement en face de
vous dans le temps, mais aussi à des objets ou à des évènements dont la
réalité demeure en vous, même s’ils semblent avoir disparu.
Fondamentalement, vous créez votre expérience selon l’idée que vous
vous faites de vous-même et de la nature de la réalité. Une autre façon de le
dire est que vous créez les expériences qui vous arrivent en conformité avec
vos attentes. Vos différentes tonalités de sentiment constituent votre attitude
affective envers vous-même et envers la vie en général, et elles gouvernent
de larges pans de votre expérience.
(Une pause.) Elles donnent la coloration affective globale caractéristique
de ce qui vous arrive. Vous êtes ce qui vous arrive. Vos sensations
affectives sont souvent temporaires, mais en dessous se trouvent certaines
qualités de sentiments qui sont vôtres exclusivement et qui sont comme de
profonds accords musicaux. Vos sentiments quotidiens peuvent monter et
descendre, mais ces tonalités de sentiments caractéristiques demeurent en
dessous.
Il arrive qu’elles montent à la surface, mais en rythmes longs et amples.
On ne peut pas dire qu’elles soient positives ou négatives. Ce sont plutôt les
tonalités de votre être. Elles représentent les parties les plus intérieures de
votre expérience. Elles ne vous sont pas cachées pour autant, et ne sont pas
censées l’être. Elles représentent simplement le noyau à partir duquel vous
formez votre expérience.
Si vous en êtes venu à craindre vos émotions, si vous avez peur
d’exprimer vos sentiments, si on vous a appris que l’être intérieur est un
ramassis d’impulsions barbares, vous avez peut-être pris l’habitude de nier
ce rythme profond. Vous essayez peut-être de fonctionner comme s’il
n’existait pas, ou même de le réfuter. Mais il constitue votre impulsion la
plus profonde et la plus créatrice ; lutter contre cette impulsion, c’est
comme essayer de nager contre un très fort courant.
Maintenant, vous pouvez faire votre pause.
(De 21h57 à 22h06.)
Ces tonalités de sentiment imprègnent donc votre être.
Elles sont la forme que prend votre esprit quand il se combine à la chair.
C’est à partir d’elles, à partir de ce noyau, que s’élève votre chair.
Tout ce dont vous faites l’expérience a de la conscience, et chaque
conscience est dotée de sa propre tonalité de sentiment. La formation de la
Terre, telle que vous concevez cette dernière, résulte d’une vaste
coopération et, de la même façon, les structures vivantes individuelles de la
planète s’élèvent à partir de la tonalité de sentiment de chaque atome et de
chaque molécule.
Votre chair s’élève autour de vous en réponse aux accords intérieurs de
votre être, et les arbres, les rochers, les mers et les montagnes s’élèvent en
tant que corps de la Terre à partir des accords profonds inhérents aux
molécules et aux atomes, qui sont également vivants. Il existe une
coopération créatrice telle que le miracle de la matérialisation physique
s’accomplit automatiquement avec la plus grande facilité, sans que vous
vous rendiez compte consciemment du rôle que vous y jouez.
(22h16.) La tonalité de sentiment est donc le mouvement et la fibre – le
bois –, la portion de votre énergie consacrée à votre expérience physique.
Elle coule maintenant dans ce que vous êtes en tant qu’être physique, elle
vous matérialise dans le monde des saisons, de l’espace, de la chair et du
temps. Sa source est pourtant tout à fait indépendante du monde que vous
connaissez.
Une fois que vous apprenez à ressentir votre tonalité intérieure, vous
vous rendez compte de sa puissance, de sa force et de sa durabilité ; vous
pouvez en quelque sorte la chevaucher dans des réalités d’expérience plus
profondes.
L’incroyable richesse affective, la variété et la splendeur de l’expérience
physique sont la réflexion matérielle de cette tonalité de sentiment intérieur.
Celle-ci imprègne les évènements de votre vie, sa direction intérieure
générale et la qualité de vos perceptions. Elle emplit et illumine les aspects
individuels de votre vie et détermine largement le climat affectif pénétrant
dans lequel vous demeurez.
C’est l’essence de vous-même. Mais elle ratisse très largement. Elle ne
détermine pas, par exemple, des évènements spécifiques. (Une pause.) Elle
peint les couleurs du grand « paysage » de votre expérience. C’est le
sentiment de vous-même et il est inépuisable.
Autrement dit, il représente l’expression de vous-même en énergie pure,
d’où votre individualité s’élève, le Vous qui est vous, l’identité unique qui
jamais ne peut avoir d’équivalent.
Cette énergie vient du noyau d’Être, de Tout-ce-qui-est, et elle représente
la source d’une vitalité sans fin. C’est Être ; Être tel qu’en vous. En tant que
tels, toute l’énergie et tout le pouvoir d’Être sont focalisés et reflétés à
travers vous dans la direction de l’existence en trois dimensions.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22h35 à 22h47.)
Votre tonalité de sentiment est exclusivement vôtre ; elle est cependant
exprimée d’une façon qui est partagée par toutes les consciences focalisées
sur la réalité physique. Et en ce sens, vous jaillissez de la Terre comme
toutes les autres créatures et toutes les autres structures vivantes naturelles.
Tant que vous êtes physique, vous faites donc partie de la nature, vous
n’êtes pas séparé d’elle.
Les arbres et les rochers possèdent leur propre conscience ; ils partagent
aussi la conscience d’un ensemble aux formes changeantes, exactement
comme les parties vivantes de votre corps. Les cellules et les organes ont
leur propre conscience, tout en participant à une conscience de groupe. De
même la race humaine a elle aussi une conscience individuelle et une
conscience de groupe, ou de masse, dont vous ne vous rendez pas vraiment
compte individuellement.
La conscience collective de l’humanité possède, en ses propres termes,
une identité. Vous faites partie de cette identité tout en étant individuel,
indépendant et unique. Vous n’êtes restreint que dans la mesure où vous
avez choisi la réalité physique, dans la mesure où vous vous êtes placé dans
le contexte de cette expérience. Tant que vous êtes physique, vous vous
conformez aux lois et aux théorèmes physiques. Ceux-ci constituent le
cadre de l’expression corporelle.
À l’intérieur de ce cadre, vous avez l’entière liberté de créer votre
expérience, votre vie personnelle dans chacun de ses aspects, l’image
vivante du monde. Votre vie personnelle et, dans une certaine mesure, votre
expérience vivante d’individu contribuent à créer le monde tel qu’on le
connaît à votre époque.
(23h00.) Dans ce livre, nous allons parler de votre propre monde
subjectif et de votre rôle dans la création d’évènements aussi bien privés
que partagés. Il vous faut toutefois réaliser, avant de continuer, que la
conscience est présente dans tous les phénomènes physiques. Il est vital que
vous réalisiez votre position dans la nature. La nature est créée de
l’intérieur. La vie personnelle que vous connaissez s’élève en vous de
l’intérieur, mais elle est donnée. Comme vous êtes une partie d’Être, on
peut dire que, dans une certaine mesure, vous vous donnez à vous-même la
vie qui est vécue à travers vous.
(Une pause.) Vous créez votre propre réalité. Il n’y a pas d’autre règle.
Le secret de la créativité consiste à le savoir.
J’ai parlé de « vous », mais il ne faut pas confondre ce vous avec celui
que vous pensez souvent être – l’ego seul. Car l’ego n’est qu’une partie de
Vous ; c’est la partie de votre personnalité qui dispose de l’expertise
nécessaire pour gérer directement le contenu de votre esprit conscient, qui
se consacre le plus directement aux pans matériels de votre expérience.
L’ego est une partie très spécialisée de votre identité plus vaste. C’est une
partie de vous qui s’élève pour gérer directement la vie qui est vécue par le
Vous plus vaste. Pourtant, l’ego peut se sentir solitaire, mis à l’écart, il peut
prendre peur si l’esprit conscient le laisse s’emballer. L’ego et l’esprit
conscient ne sont pas la même chose. L’ego est composé de différentes
parties de la personnalité ; c’est une combinaison de caractéristiques en
perpétuel changement qui agit de façon unitaire – la partie de la
personnalité qui s’occupe le plus directement du monde.
(Très lentement, à 23h18.) L’esprit conscient est un excellent outil de
perception, une fonction qui relève de la conscience interne tout en étant
tournée vers le monde des évènements extérieurs. L’âme regarde vers
l’extérieur par l’intermédiaire de l’esprit conscient. Si on le laisse faire,
celui-ci perçoit clairement.
On pourrait dire que l’ego est l’œil par lequel l’esprit conscient perçoit,
ou la lentille par laquelle il voit la réalité physique. Mais l’esprit conscient
change constamment et automatiquement de lentille tout au long de la vie.
L’ego change sans cesse, tout en se donnant à lui-même l’impression de
demeurer identique. C’est seulement lorsque l’esprit conscient se rigidifie
dans une direction particulière, ou lorsqu’il permet à l’ego d’assumer l’une
de ses fonctions à sa place, que les difficultés surgissent. Car alors l’ego
permet à l’esprit conscient de travailler dans des directions particulières,
tout en faisant en sorte qu’il ne se rende compte de rien dans d’autres
domaines.
C’est donc à partir de votre identité plus vaste que vous formez la réalité
que vous connaissez. Il ne dépend que de vous de le faire avec vigueur et
avec joie, en déblayant votre esprit conscient de façon à ce que la
connaissance profonde de votre identité plus vaste puisse s’exprimer
joyeusement dans le monde de la chair.
(23h25.) Fin du chapitre. Fin de la dictée.
Maintenant. Ce livre va permettre à d’autres personnes de s’aider elles-
mêmes ; il va atteindre un public plus large et aider plus de gens que Ruburt
ne pourrait en rencontrer par lui-même, plus de gens que je ne pourrais en
aider par le moyen des seules sessions individuelles. Il faudrait inscrire
ceux qui demandent de l’aide sur une liste, et s’assurer qu’ils connaissent
l’existence du livre.
(« Bonne idée. » Jane n’arrive pas à répondre à toutes les demandes
d’aide qu’elle reçoit par courrier ou par téléphone.)
Ruburt ne doit donc pas se sentir obligé de tenir des sessions
individuelles pour des gens qui doivent se débrouiller seuls. Et maintenant,
je vous souhaite un affectueux bonsoir.
(« Merci Seth, et bonsoir. C’est un plaisir de participer à nouveau à une
session. »)
Vous pouvez poser des questions si vous en avez.
(Je marque un temps d’arrêt en considérant l’heure tardive, puis je
demande à Seth son opinion sur la visite récente d’un jeune scientifique
venu de l’ouest du pays. Jane, à la fois en tant qu’elle-même et en tant que
Seth, a très bien commencé à se connecter avec certaines informations
techniques. J’ai malgré tout le sentiment qu’il faudrait beaucoup de temps
et de travail, avec des sessions régulières sur une période de plusieurs
années, pour qu’elle utilise pleinement ses capacités dans un domaine aussi
spécialisé.)
Cette visite a eu un effet favorable, sur Ruburt en particulier. Nous allons
voir ces questions. Je voulais avoir vraiment commencé ce livre pour que
Ruburt se sente rassuré. D’autres sessions peuvent remplacer la dictée à
l’occasion, mais le livre doit demeurer le projet principal.
Le matériau concernant l’inondation sera utilisé plus loin, comme
exemple, quand il sera question des désastres naturels ; ainsi vous recevrez
ce matériau et d’autres que vous pourront le comprendre et l’utiliser.
Et maintenant, un affectueux bonsoir.
(« Encore merci, Seth. »
Fin à 22h32. Jane sort rapidement de son état d’excellente dissociation.
« Je suis contente que Seth travaille à nouveau sur son livre, dit-elle. C’est
bête, mais je me sens mieux. Avec toutes ces interruptions, je commençais à
me demander si c’était mon attitude qui l’empêchait de reprendre. » Et de
même qu’avec Seth parle, il s’agit réellement de deux livres en un : il n’est
pas seulement question de la nature de la réalité personnelle, mais aussi
des circonstances qui entourent la production du matériau par Jane et des
différentes notions qu’elle entretient le concernant.
Je suis content de savoir que Seth prévoit d’incorporer les données
concernant l’inondation. Je craignais que le sujet soit mis de côté puis
oublié.)

4 Pour ceux qui l’ont oublié : les chromosomes sont les corps microscopiques dans lesquels se
sépare la substance protoplasmique du noyau d’une cellule, au cours de la division cellulaire. Ils
portent les gènes, le « schéma » qui détermine les caractéristiques héréditaires. De temps en temps,
j’inclus une note de ce type pour mettre en lumière le matériau de Seth, qui décolle souvent à sa
manière à partir d’une définition standard comme celle-ci.
5 Une note ajoutée plus tard : Le Matériau de Seth et Seth parle contiennent différentes références
aux connexions réincarnationnelles postulées par Seth en ce qui nous concerne, Seth, Jane et moi-
même. Ces données personnelles sortent du cadre de ce livre. Mais au chapitre 19, Seth détaille de
façon moins personnelle ses idées concernant la réincarnation, le temps, etc.
CHAPITRE 2

Les croyances personnelles et la réalité

SESSION 614
MERCREDI 13 SEPTEMBRE 1972

(Jane est contente que le livre de Seth soit réellement commencé, après
avoir pris tellement de retard. Elle est pleine d’énergie, ces jours-ci. Après
la longue session de lundi soir, elle en a tenu une encore plus longue mardi,
pendant son cours de perception extrasensorielle – et avec du sumari* en
plus. À présent, nous sommes prêts pour une troisième session.
Jane dit qu’elle n’est pas fatiguée. Elle se plaint seulement de l’humidité
excessive, car elle est très sensible aux conditions atmosphériques. Il a fait
chaud aujourd’hui et il a plu après le dîner. Nous nous sommes promenés
autour du pâté de maisons, juste avant l’heure de la session.
21h36.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Reprenons la dictée. Chapitre 2 : « Les croyances personnelles et la
réalité ».
Vous formez l’étoffe de votre expérience par vos attentes et par vos
croyances. Ces idées personnelles vous concernant, et concernant la nature
de la réalité, déterminent vos pensées et vos émotions. Vous prenez vos
croyances concernant la réalité pour la vérité, si bien que vous ne les
remettez généralement pas en question. Il vous semble qu’elles vont de soi,
qu’elles sont l’affirmation de faits, et trop évidentes pour être soumises à
examen.
Aussi sont-elles trop souvent acceptées sans le moindre questionnement.
Au lieu d’être reconnues pour ce qu’elles sont – des croyances concernant
la réalité –, elles sont considérées comme les caractéristiques mêmes de la
réalité. (Une pause.) Ces idées vous semblent en général tout à fait
indiscutables ; elles font tellement partie de vous qu’il ne vous vient même
pas à l’idée de réfléchir à leur validité. Elles deviennent des suppositions
invisibles, qui donnent néanmoins forme et couleur à votre expérience
personnelle.
Certaines personnes, par exemple, ne se posent aucune question
concernant leurs croyances religieuses et les acceptent comme des faits.
D’autres identifient facilement ces suppositions lorsqu’elles se trouvent
dans un contexte religieux mais y demeurent absolument aveugles dans les
autres domaines.
(21h45.) Vous avez beaucoup plus de facilités à identifier vos convictions
personnelles quand elles touchent à la religion, la politique et autres sujets
de ce genre, que vos croyances plus profondes concernant qui vous êtes et
ce que vous êtes – en particulier là où elles touchent votre propre vie.
Beaucoup de gens sont absolument aveugles à leurs croyances
lorsqu’elles portent sur eux-mêmes ou sur la nature de la réalité. Dans ce
domaine, les pensées conscientes peuvent fournir d’excellents indices. On
peut souvent se voir refuser certaines pensées qui viennent spontanément à
l’esprit pour la simple raison qu’elles entrent en conflit avec des idées
couramment acceptées.
Votre esprit conscient essaye toujours de vous donner une image claire,
mais vous permettez souvent que des idées préconçues fassent obstacle à
cette intelligence. Il a été à la mode d’accuser le subconscient d’un certain
nombre de difficultés ou de problèmes de personnalité, l’idée étant qu’il
abrite des évènements liés aux débuts de l’existence et que ceux-ci sont à la
fois mystérieux et lourdement chargés. Dans ce pays, plusieurs générations
ont grandi dans la conviction que la partie subconsciente de la personnalité
n’est pas fiable, qu’elle est pleine d’énergie négative et qu’elle ne contient
que des épisodes désagréables que l’on fait bien d’oublier.
(21h54.) Ces gens ont grandi dans la conviction que l’esprit conscient est
à peu près dépourvu de pouvoir et que l’expérience de l’adulte est
déterminée par la petite enfance. Ces concepts mêmes mettent en place des
divisions artificielles. Les gens ont appris que l’on n’est pas censé avoir
connaissance du matériau « subconscient ».
Il fallait maintenir les portes du moi interne soigneusement fermées.
Seule une longue psychanalyse pouvait, ou devait, les ouvrir. L’individu
ordinaire avait l’impression qu’il valait mieux ne pas s’occuper de ces
zones ; or, isoler ces parties du moi, c’était aussi dresser des barrières contre
la joie spontanée du moi interne. Les gens se sentaient coupés du coeur
même de leur propre réalité.
Le concept de péché originel, aussi pauvre, aussi limité et déformé soit-il,
présentait au moins l’avantage d’être accompagné de procédures simples.
On pouvait être sauvé par le baptême, trouver la rédemption grâce à
certaines paroles, à des rituels ou à des sacrements adéquats. (Voir, par
exemple, l’Évangile selon saint Marc, 1,1-11.)
En revanche, l’idée d’un subconscient corrompu ne laissait à l’homme
aucune solution simple. Le seul rituel possible consistait en des années
d’analyse, et ce privilège était réservé aux gens fortunés.
À peu près au moment où l’idée d’un subconscient déplaisant s’élevait
avec force, l’idée de l’âme fut jetée par la fenêtre. Des millions de gens ont
donc cru en une réalité qui, tout en les privant du concept d’âme, les
accablait d’un subconscient auquel il ne pouvait pas se fier et qui pouvait
même s’avérer pervers. Ils se percevaient comme autant d’ego vulnérables
et solitaires, avançant périlleusement, sans la moindre protection, sur les
vagues tumultueuses de processus involontaires.
(Une pause à 22h05. Il est clair que ces sessions ne sont pas
« spirituelles » dans le sens que l’on donne habituellement à ce mot.
Toujours en transe, Jane allume une cigarette. Sa bière est terminée mais il
en reste un peu dans mon verre, aussi se penche-t-elle en avant pour se
servir.*)
À peu près au même moment, un certain nombre de gens intelligents
commençaient à réaliser que l’idée du Dieu des religions organisées, du
paradis et de l’enfer, était pleine de déformations, qu’elle était dépourvue de
justice et qu’elle ressemblait à un conte pour enfants. Pour ces personnes,
aucune aide n’était possible.
Il leur semblait téméraire de regarder à l’intérieur d’eux-mêmes
puisqu’on leur avait appris que cet intérieur était justement la source de
leurs problèmes. Ceux qui n’avaient pas les moyens de suivre une thérapie
essayaient d’inhiber les messages provenant du moi intérieur, de crainte
d’être emportés par des émotions infantiles et sauvages.
Or, pour commencer, le moi ne connaît aucune limite, aucune division,
même si, dans l’intérêt de la discussion, un mot comme « ego » peut être
utilisé ici, car vous comprenez ce que vous croyez qu’il veut dire. Vous
pouvez en effet accorder toute votre confiance à des parties de vous-même
apparemment inconscientes. Comme nous allons le voir, vous pouvez
devenir de plus en plus consciemment conscient, et par conséquent amener
dans votre conscience des parties de plus en plus importantes de vous-
même.
(22h12.) Vous accomplissez continuellement une multitude de tâches
précises et délicates, de même que vous respirez, vous grandissez, sans
vous rendre compte consciemment de la façon dont vous menez à bien
toutes ces opérations. Vous vivez sans savoir consciemment comment vous
maintenez le miracle de la conscience physique dans le monde du temps et
de la chair.
Les parties apparemment inconscientes de vous-même prélèvent des
atomes et des molécules dans l’air qui vous entoure, pour former votre
image. Vos lèvres bougent, votre langue prononce votre nom. Ce nom
appartient-il aux molécules et aux atomes à l’intérieur de votre langue et de
vos lèvres ? (Une pause.) Les molécules et les atomes se déplacent
constamment, ils forment des cellules, des tissus, des organes. Comment le
nom prononcé par la langue pourrait-il leur appartenir ?
Ils ne savent ni lire ni écrire, pourtant ils prononcent des syllabes
compliquées qui communiquent à des êtres tels que vous aussi bien de
simples sentiments que les informations les plus complexes. Comment le
font-ils ?
Les molécules et les atomes ne connaissent pas la syntaxe du langage
qu’ils parlent. Souvent, quand vous commencez une phrase, vous n’avez
pas la moindre idée de la façon dont vous allez la terminer ; pourtant vous
faites pleinement confiance au fait que les mots vont faire sens et que ce
que vous voulez dire va couler sans effort.
Tout cela se produit parce que la partie interne de votre être fonctionne
spontanément, joyeusement et en toute liberté ; tout cela se produit parce
que votre moi intérieur croit en vous, alors même que souvent vous ne
croyez pas en lui. Ces parties inconscientes de votre être fonctionnent
étonnamment bien, en dépit du fait que vous vous méprenez parfois
totalement quant à leur nature et leur fonction, et malgré les fortes
interférences venues de vous, du fait de vos croyances.
Chaque personne fait l’expérience d’une réalité unique, différente pour
chacun. Cette réalité surgit à l’extérieur à partir du paysage intérieur des
croyances, des pensées, des attentes et des émotions. Si vous croyez que le
moi interne travaille contre vous plutôt que pour vous, vous faites obstacle à
son bon fonctionnement – ou plutôt, votre croyance l’oblige à fonctionner
d’une certaine façon.
L’esprit conscient est censé porter un jugement clair sur votre situation
dans la réalité physique. Il est fréquent que des croyances erronées
l’empêchent de le faire et que les idées entretenues par l’ego obscurcissent
sa vision.
Je suggère que vous fassiez une pause.
(22h31. Jane a été dans une transe profonde. Elle se sent mieux, dit-elle,
car il ne fait plus aussi lourd. Je lui dis que, à mon avis, le matériau de ce
soir les représente, Seth et elle, dans ce qu’ils ont de meilleur – sous une
fausse apparence de simplicité. Jane est contente, elle dit qu’elle se sent
tout à fait libérée en ce qui concerne la production du livre.)
Êtes-vous prêt ?
(« Oui. » Je suis en train d’achever mes notes lorsque Jane ôte ses
lunettes et recommence à parler pour Seth. 22h53.)
Vos croyances peuvent jouer le rôle de barrières autour de vous. Il faut
d’abord que vous reconnaissiez leur existence, il faut que vous les voyiez,
pour réaliser que vous n’êtes pas libre, car sinon vous ne pouvez pas voir
plus loin qu’elles. (De façon très positive.) Elles constituent les limites de
votre expérience.
Il y a toutefois une croyance qui détruit les barrières artificielles
imposées à la perception, une croyance expansive qui brise
automatiquement l’entrave des idées fausses.
Maintenant, séparément :
Le moi n’est pas limité.
C’est là l’affirmation d’un fait. Il existe, que vous y croyiez ou non.
Derrière ce concept, il y en a un autre.
Le moi ne connaît ni frontière ni séparation.
Celles dont vous faites l’expérience résultent de croyances erronées. Puis
vient une idée que j’ai déjà mentionnée.
Vous façonnez votre propre réalité.
Pour vous comprendre, pour comprendre ce que vous êtes, vous pouvez
apprendre à faire l’expérience de vous-même directement, indépendamment
de vos croyances.
Ce que je voudrais, c’est que chaque lecteur s’asseye tranquillement, les
yeux fermés. Essayez de sentir en vous les profondes tonalités de
sentiments dont j’ai parlé (session 613, chapitre 1). Ce n’est pas difficile.
Le fait de connaître leur existence va vous aider à identifier leurs rythmes
profonds. Chaque individu va ressentir ces tonalités à sa façon. Ne vous
demandez donc pas ce que vous devez ressentir. Dites-vous simplement
qu’elles existent et qu’elles sont composées de l’ample énergie de votre être
fait chair.
Laissez-vous donc aller pour en faire l’expérience. Si vous avez
l’habitude de termes comme « méditation », essayez de les oublier le temps
de cet exercice. N’utilisez pas de nom. Libérez-vous des concepts ; faites
l’expérience de vous-même en train d’être, et du mouvement de votre
propre vitalité. Ne vous demandez pas si vous faites ce qu’il faut, si vous
ressentez ce que vous devriez. Ce premier exercice du livre vous est
destiné. N’utilisez pas les critères d’autrui. Il n’y a pas d’autres standards
que vos sentiments.
Aucune durée particulière n’est recommandée. L’expérience doit être
agréable. Acceptez ce qui vous arrive comme exclusivement vôtre.
L’exercice vous connecte avec vous-même. Il vous rend à vous-même. À
chaque fois que vous êtes tendu ou énervé, prenez le temps de ressentir
cette tonalité de sentiments, et vous vous retrouverez centré en vous-même,
en toute sécurité.
Quand vous aurez répété cet exercice plusieurs fois, sentez la façon dont
ces rythmes profonds émanent de vous dans toutes les directions ; ce qui est
en effet le cas. Ils rayonnent de façon électromagnétique à partir de votre
être physique ; et, d’une façon que j’espère expliquer plus tard, ils forment
l’environnement que vous connaissez, tout comme ils forment votre image
physique.
(23h14.) Je vous ai dit que le moi ne connaît pas de limite, mais vous
pensez sûrement que votre moi s’arrête là où votre peau rencontre l’espace,
que vous êtes à l’intérieur de votre peau. Pourtant, votre environnement est
une partie de vous-même. C’est le corps de votre expérience, coagulé en
forme physique. Le moi interne forme les objets que vous connaissez, aussi
sûrement et automatiquement qu’il forme votre œil ou votre doigt.
Votre environnement physique est l’image de vos croyances, de vos
émotions et de vos pensées rendues visibles. Comme celles-ci se déplacent
dans le temps et dans l’espace, vous avez un effet sur des conditions
physiques séparées de vous.
Considérez le cadre spectaculaire de votre corps du simple point de vue
physique. Vous le percevez comme solide, tout comme vous percevez le
reste de la matière physique ; pourtant, plus on explore la matière, plus il
devient évident que l’énergie y adopte des configurations spécifiques (sous
la forme d’organes, de cellules, de molécules, d’atomes, d’électrons) dont
chacune est moins physique que la précédente, chacune se combinant en de
mystérieux ensembles changeants pour former la matière.
(23h25.) Les atomes à l’intérieur du corps tournoient. C’est une activité
et un brouhaha continus. Il s’avère que la chair qui a l’air si dense est en fait
composée de particules animées d’un mouvement rapide – souvent en
orbite les unes par rapport aux autres – au sein duquel de grands échanges
d’énergie se produisent continuellement.
Les choses en dehors de votre corps et l’espace lui-même sont composés
des mêmes éléments mais en proportions différentes. Il se produit un
échange physique constant entre la structure que vous nommez votre corps
et l’espace en dehors de lui, des interactions chimiques, des échanges
fondamentaux sans lesquels la vie, telle que vous la connaissez, serait
impossible.
Retenir sa respiration, c’est mourir. La respiration, qui représente la plus
intime et la plus nécessaire de vos sensations physiques, doit couler hors de
ce que vous êtes et passer dans le monde qui semble ne pas être vous. Sur le
plan physique, des parties de vous quittent constamment votre corps et se
mélangent avec les éléments. Vous savez ce qui se produit quand de
l’adrénaline est relâchée dans le flot sanguin. Elle vous stimule et vous
prépare à l’action. Mais, d’un autre point de vue, cette adrénaline ne reste
pas dans votre corps. Elle est projetée dans l’air et, bien qu’elle y soit
transformée, elle a un effet sur l’atmosphère.
N’importe laquelle de vos émotions libère des hormones, et celles-ci
aussi vous quittent, tout comme votre souffle ; et, de ce point de vue, vous
pouvez dire que vous relâchez dans l’atmosphère des corps chimiques qui le
modifient.
Ces interactions causent donc les tempêtes physiques. Je vous dis une
fois de plus que vous créez votre propre réalité, et cela comprend les
conditions météorologiques qui, globalement, résultent de vos réactions
individuelles.
J’apporterai de nombreuses précisions sur ce point particulier dans ce
livre (une note ajoutée plus tard : Seth le fait, chapitre 18). Vous êtes dans
l’existence physique pour y apprendre que votre énergie, traduite en
pensées, en sentiments et en émotions, cause toute expérience. Il n’y a pas
d’exception.
Une fois que vous l’avez compris, il vous suffit d’examiner la nature de
vos croyances, car celles-ci ont automatiquement pour effet de vous faire
penser et ressentir de certaines façons. Vos émotions suivent vos croyances.
Et non l’inverse.
Je voudrais que vous parveniez à identifier vos propres croyances dans
différents domaines. Il faut pour cela que vous compreniez que toute idée
que vous considérez comme une vérité est en fait l’une de vos croyances.
Vous devez ensuite faire le pas suivant, qui consiste à se dire « ce n’est pas
forcément la vérité, même si je le crois ». Et j’espère que vous parviendrez
à vous défaire de toute croyance qui implique des limitations
fondamentales.
Vous pouvez faire votre pause.
(23h40. Jane est surprise de découvrir que près d’une cinquantaine de
minutes se sont écoulées. Son ton s’est fait de plus en plus énergique,
absorbé, et cette session est l’une de ces occasions où Seth et elle semblent
capables de continuer pendant la moitié de la nuit. J’ai moi-même reçu de
cette énergie. Comme je suis prêt à continuer, Jane décide finalement de ne
pas mettre un terme à la session. Reprise de la même manière à 23h56).
Maintenant. Nous verrons plus tard certaines des raisons qui motivent
vos croyances, mais pour l’instant je veux seulement que vous les
identifiez.
Je vais faire une liste d’idées fausses qui vous imposent des limitations.
Si vous voyez que vous êtes en accord avec certaines d’entre elles, sachez
qu’il y a là un domaine auquel vous devez travailler personnellement.
1. La vie est une vallée de larmes.
2. Le corps est inférieur. En tant que véhicule de l’âme, il est
nécessairement souillé, corrompu.
Vous avez peut-être l’impression que la chair est, par essence, mauvaise
ou diabolique, que ses appétits sont maléfiques. Les chrétiens peuvent
trouver le corps déplorable et considérer que l’esprit y est descendu – la
notion de descente signifiant le passage d’une condition meilleure, ou
supérieure, à une autre qui l’est moins.
Les adeptes des religions orientales ont parfois eux aussi le sentiment de
devoir renier la chair pour, en quelque sorte, s’élever au-dessus d’elle,
jusqu’à un état où ils ne désirent plus rien. (La « vacuité » dans le taoïsme,
par exemple.) Tout en utilisant un autre vocabulaire, ils considèrent
également que l’expérience terrestre n’est pas désirable en soi.
3. Je n’ai aucun pouvoir sur des circonstances que je ne peux pas
contrôler.
4. Je suis dépourvu de pouvoir car mon caractère et ma personnalité se
sont formés dans ma petite enfance et que je suis à la merci de mon passé.
5. Je suis dépourvu de pouvoir car je suis à la merci d’évènements qui se
sont produits pendant des vies passées, dans d’autres incarnations, et sur
lesquelles je n’ai maintenant aucun contrôle. Il faut que je sois puni, ou que
je me punisse moi-même, pour mes manquements face à autrui dans des
vies passées. Je dois accepter les aspects négatifs de ma vie actuelle à cause
de mon karma.6
6. Les gens sont fondamentalement mauvais ; ils essayent de m’avoir.
7. Je détiens la vérité, contrairement à tout autre. Ou : le groupe auquel
j’appartiens détient la vérité, contrairement à tout autre.
8. En vieillissant, je vais devenir frêle, ma santé va se détériorer et je vais
perdre mes facultés.
9. Mon existence est liée à mon expérience dans la chair. Lorsque mon
corps mourra, ma conscience mourra aussi.
Maintenant. C’était là une liste assez générale de croyances erronées.
Voici à présent une liste plus spécifique de croyances intimes que chacun
d’entre vous peut abriter.
1. Je suis en mauvaise santé et je l’ai toujours été.
2. Il y a quelque chose qui ne va pas avec l’argent. Ceux qui en ont sont
avides, ils ont moins de spiritualité que ceux qui sont pauvres. Ils sont
moins heureux, et snobs.
3. Je ne suis pas créatif. Je n’ai aucune imagination.
Ensuite : Je ne peux jamais faire ce que je veux.
Ensuite : Les gens ne m’aiment pas.
Ensuite : Je suis gros.
(« Ça doit être le numéro 6. »)
Alors, 7 : Je n’ai pas de chance.
(0h15.) Ce sont là des croyances très répandues. Ceux qui les ont en font
l’expérience. Par conséquent, les faits physiques semblent toujours
corroborer les croyances, mais ce sont les croyances mêmes qui ont formé
la réalité en question. Nous allons essayer de démolir ces concepts pleins de
limitations.
Il faut d’abord que vous réalisiez que personne ne peut changer vos
croyances à votre place, que personne ne peut vous les imposer de
l’extérieur. Vous pouvez cependant les changer vous-même, en utilisant
votre connaissance et avec de la persévérance.
Regardez autour de vous. Votre environnement physique tout entier est la
matérialisation de vos croyances. Vos sentiments de joie, de chagrin, de
bonne santé ou de maladie, tout cela résulte de vos croyances. Si vous
croyez qu’une situation donnée doit vous rendre malheureux, elle le fait ; et
le chagrin vient alors renforcer la condition initiale.
Vous avez en vous la capacité de changer les idées qui vous concernent
ou qui concernent la réalité en général ; vous avez la capacité de créer une
expérience de vie personnelle qui soit un accomplissement aussi bien pour
vous que pour les autres. J’aimerais que vous rédigiez une liste des
croyances qui vous concernent, au fur et à mesure que vous en prenez
conscience. Vous pourrez utiliser cette liste plus tard, d’une façon que vous
n’imaginez pas encore à présent.
Une pause ou fin de la session, comme vous préférez.
(« Je pense qu’il vaut mieux terminer, alors. »
Fin à 0h25. Nous nous sentons tous les deux beaucoup mieux qu’avant le
début de la session.)
SESSION 615
LUNDI 18 SEPTEMBRE 1972

(Jane a déjà eu une courte session aujourd’hui. Le courrier nous a


apporté de bonnes nouvelles cet après-midi. Nous les avons célébrées avec
un verre, et Seth s’est manifesté.
Pendant que nous dînions, Jane a reçu un appel longue distance de l’un
de nos visiteurs du mois d’août. Elle a dû lui dire qu’elle n’avait guère eu le
temps de travailler aux projets scientifiques évoqués alors, mais qu’elle
était toujours intéressée. Elle était en train d’y penser en faisant la vaisselle
quand elle a reçu de Seth un flash amusant : elle doit cesser de s’inquiéter
pour ces choses et « adopter une attitude de divine nonchalance ».
Jane est prête pour une session ordinaire à 21h00 ; du fait de cet appel,
nous ne savons pas sur quoi elle va porter. À 21h30, elle n’a toujours pas
démarré, et Jane commence à s’impatienter. Pourtant, lorsqu’elle retire ses
lunettes et se met à parler pour Seth, c’est avec une voix calme, une allure
tranquille et les yeux souvent fermés.
21h32.) Maintenant. Dictée.
(« Bonsoir, Seth. »)
Ce sont vos croyances conscientes qui régulent votre corps, et non
l’inverse.
Votre moi intérieur utilise l’esprit conscient, focalisé sur le monde
physique, comme outil lui permettant de fonctionner dans le monde que
vous connaissez. L’esprit conscient est spécialement équipé pour diriger
l’activité orientée vers le monde extérieur, pour faire face à l’expérience de
l’état de veille et pour superviser le travail physique.
Ses croyances concernant la nature de la réalité sont ensuite transmises à
des parties du moi intérieur. Celles-ci dépendent principalement de
l’interprétation de la réalité temporelle faite par l’esprit conscient. L’esprit
conscient détermine les buts ; le moi intérieur les atteint en utilisant toutes
ses capacités et son inépuisable énergie.
La grande valeur de l’esprit conscient tient justement dans sa capacité à
prendre des décisions et à donner des directions. Cependant, son rôle est
duel : il est censé estimer les conditions intérieures aussi bien
qu’extérieures, manier des données qui proviennent du monde physique
aussi bien que de parties internes du moi. Ce n’est pas un système fermé.
Être humain suppose un grand discernement dans l’utilisation d’une telle
conscience. Beaucoup de gens craignent leurs propres pensées. Ils ne les
examinent pas. Ils acceptent les croyances d’autrui. Ce type d’action
dénature les données venues aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur.
Il n’y a pas de conflit entre le moi intuitif et l’esprit conscient. Il semble
seulement qu’il y en ait un lorsque l’individu refuse de faire face à toutes
les informations disponibles pour son esprit conscient. (Une pause.) Il
semble parfois plus facile d’éviter le fréquent réajustement du
comportement qu’exige l’auto-examen. Dans ce cas, un individu accumule
de nombreuses croyances de seconde main. Certaines en contredisent
d’autres ; au lieu de couler en un flot clair et sans à-coups, les signaux
transmis au corps et au moi interne sont alors un ramassis confus d’ordres et
de contrordres.
Ceux-ci déclenchent immédiatement des signaux d’alarme de différentes
natures. Le corps ne peut pas fonctionner correctement ou c’est
l’environnement affectif global qui en souffre. Ces réactions sont en fait
d’excellents signaux, destinés à indiquer qu’un changement est nécessaire.
En même temps, le moi intérieur transmet à l’esprit conscient des
intuitions et des illuminations destinées à éclaircir sa vision. Mais si vous
croyez que le moi intérieur est dangereux et qu’on ne peut pas lui faire
confiance, si vous avez peur des rêves ou de l’irruption de tout autre
matériau psychique, vous refusez cette aide et vous vous en détournez.
(21h50.) Qui plus est, si vous croyez que vous devez accepter les
difficultés que vous rencontrez, cette croyance même vous empêche de les
dépasser.
Je le répète : vos idées et vos croyances forment la structure de votre
expérience. Vos croyances, et les raisons qui se trouvent derrière elles,
peuvent être localisées dans votre esprit conscient. Si vous pensez que les
causes de votre comportement sont à jamais enfouies dans le passé de cette
vie ou de toute autre, il vous faut d’abord changer cette croyance pour
pouvoir modifier votre expérience. Je parle à présent de l’expérience plus
ou moins normale. Nous verrons plus tard les cas particuliers où, par
exemple, la maladie est présente dès la naissance.
Réaliser que vous formez votre propre réalité doit vous apporter un
sentiment de libération. Vous êtes responsable de vos succès et de vos joies.
Vous pouvez modifier les zones de votre vie dont vous n’êtes pas réellement
satisfait mais vous devez endosser la responsabilité de votre être.
Votre esprit s’est mêlé à la chair pour faire l’expérience d’un monde
d’une richesse inouïe, pour participer à la création d’une dimension de
réalité en forme et en couleur. Votre esprit est né dans la chair pour enrichir
un merveilleux domaine d’appréciation sensuelle, pour sentir l’énergie faite
forme corporelle. Vous êtes ici pour utiliser votre corps, pour ressentir du
plaisir et vous exprimer à travers lui. Vous êtes ici pour participer à la
grande expansion de la conscience. Vous n’êtes pas ici pour pleurer sur les
misères de la condition humaine mais pour les changer quand elles ne sont
pas à votre goût, par la joie, par la force et par la vitalité qui sont en vous ;
pour créer l’esprit dans la chair avec toute la fidélité, toute la beauté dont
vous êtes capable.
L’esprit conscient vous permet de regarder l’univers physique et d’y voir
le reflet de votre activité spirituelle ; il vous permet de percevoir et
d’évaluer vos créations individuelles et collectives.
On pourrait dire que l’esprit conscient est une fenêtre par laquelle vous
regardez – et qu’en regardant au-dehors vous percevez le fruit de votre
esprit intérieur. Vous permettez souvent à des croyances erronées
d’obscurcir cette vision magnifique. Votre joie, votre vitalité, votre
accomplissement ne proviennent pas de l’extérieur, comme quelque chose
« qui vous arrive ». Ils jaillissent d’évènements intérieurs, qui résultent eux-
mêmes de vos croyances.
(22h06. Plongé dans ses pensées, Seth-Jane marque une pause.) On a
beaucoup écrit sur la nature de la suggestion, et sur son importance. L’une
des idées en vogue aujourd’hui est que l’on est constamment à sa merci.
Vos propres croyances conscientes constituent les suggestions conscientes
les plus importantes que vous receviez. Toutes les autres idées sont
acceptées ou rejetées selon que vous les croyez vraies ou pas, tout au long
de l’incessant bavardage conscient qui se produit dans votre esprit pendant
la plus grande partie de la journée – ce sont les suggestions que vous vous
donnez à vous-même.
Vous n’acceptez une suggestion faite par autrui que lorsqu’elle concorde
avec vos idées sur la nature de la réalité, et en particulier avec votre vision
de vous-même.
Pour utiliser votre esprit conscient correctement, il vous faut par
conséquent examiner les croyances qui viennent à vous. Vous ne pouvez pas
les accepter sans y faire attention. Si vous utilisez votre esprit conscient
correctement, vous prenez également connaissance des idées intuitives qui
vous arrivent de l’intérieur. Vous n’êtes qu’à moitié conscient si vous
n’examinez pas l’information qui vous arrive de l’extérieur ou si vous
ignorez les données qui vous arrivent de l’intérieur.
(22h13.) Vous acceptez donc sans discrimination de nombreuses idées
fausses parce que vous ne les examinez pas. Vous donnez au moi intérieur
une image faussée de la réalité. Comme c’est la fonction de l’esprit
conscient d’évaluer l’expérience physique, le moi intérieur ne peut pas faire
son travail correctement. Si les parties intérieures du moi étaient censées
porter cette responsabilité, vous n’auriez pas besoin d’un esprit conscient.
(Avec insistance.) Quand le moi intérieur est mis en alerte, il essaye
immédiatement de remédier à la situation par un flot de mesures
autocorrectives. Dans certains cas, s’il ne parvient plus à contrôler la
situation, il contourne les zones de l’esprit conscient qui comportent ces
restrictions et résout le problème en injectant de l’énergie dans d’autres
couches d’activité.
Ainsi réussit-il, par exemple, à contourner les points aveugles de l’esprit
raisonnant. Il va souvent repêcher, parmi le bombardement de croyances
conflictuelles, celles qui sont les plus propices à la vie, pour les envoyer
dans ce qui est alors perçu comme une explosion de révélations. Ces
révélations engendrent de nouveaux schémas qui changent le
comportement.
Il faut que vous ayez conscience du contenu de votre esprit raisonnant.
Localisez les ambivalences qui s’y trouvent. Quelle que soit la nature de
vos croyances, elles se font chair, elles se font matérielles. Le miracle de
votre être ne peut s’échapper à lui-même. Vos pensées s’épanouissent en
évènements. Si vous pensez que le monde est habité par le mal, vous allez
faire l’expérience d’évènements qui semblent l’incarner. Il n’y a pas
d’accidents, en termes cosmiques ou en termes du monde que vous
connaissez. Vos convictions fleurissent dans le temps et l’espace aussi
sûrement que les plantes. Une fois que vous le comprenez, vous pouvez
même les sentir pousser.
Vous pouvez faire une pause.
(De 22h29 à 22h44.)
Maintenant. Reprise de la dictée.
L’esprit conscient est fondamentalement curieux et ouvert. Il est
également équipé pour examiner son propre contenu. Du fait des théories
psychologiques en cours au siècle dernier, de nombreux Occidentaux
croient que la fonction première de l’esprit conscient est d’inhiber le
matériau « inconscient ».
Au contraire, nous l’avons vu (dans cette session), il est également
destiné à recevoir et à interpréter des données importantes qui lui arrivent
du moi intérieur. Lorsqu’on ne l’en empêche pas, il le fait parfaitement
bien. Il reçoit des impressions et les interprète. Ce qui s’est passé, toutefois,
c’est que l’homme lui a appris à n’accepter que les données provenant du
monde extérieur et à dresser des barrières contre la connaissance intérieure.
Cette situation empêche l’individu d’atteindre sa pleine force, et le coupe
– consciemment – des sources fondamentales de son être. Ces conditions
inhibent, en particulier, l’expression créatrice ; elles privent le moi
conscient du flot continu d’illuminations et d’intuitions dont il pourrait
disposer.
La pensée et le sentiment semblent alors être séparés. La créativité et
l’intellect semblent souvent étrangers l’un à l’autre, alors qu’ils sont frères.
L’esprit conscient perd son acuité. Il supprime de son expérience le vaste
ensemble de connaissances intérieures qui lui est disponible. Des divisions
imaginaires apparaissent dans le moi.
Lorsqu’on le laisse faire, le moi agit spontanément comme une unité,
mais comme une unité qui change constamment. Le moi conscient écoute
les voix provenant aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur, ce qui lui
permet de former des croyances qui concordent avec les connaissances du
moi, qu’elles soient reçues de source matérielle ou immatérielle. L’examen
de ces croyances se produit alors en même temps que d’autres activités,
naturellement et sans effort. En revanche, une fois que l’esprit conscient a
adopté un assortiment de croyances en conflit les unes avec les autres, un
effort délibéré doit être fait pour les démêler.
Souvenez-vous que même les idées fausses vous semblent justifiées en
termes de données physiques, puisque votre expérience dans le monde
extérieur est la matérialisation de ces croyances. Vous devez donc travailler
avec la matière brute de vos idées, même quand vos données sensorielles
vous disent qu’une croyance particulière est évidemment la vérité. Pour
modifier toute partie de votre expérience, vous devez modifier ces idées.
Comme c’est vous qui avez formé votre propre réalité, les résultats vont
suivre naturellement.
(Une pause.) Il faut que vous soyez convaincu que vous pouvez changer
vos croyances. Il faut que vous ayez envie de le faire. Représentez-vous une
idée limitante comme une couleur boueuse qui fait tache sur la toile
multidimensionnelle de votre vie. Vous pouvez modifier cette idée de la
même façon qu’un peintre modifie sa palette.
L’artiste ne s’identifie pas aux couleurs avec lesquelles il peint. Il sait
qu’il les choisit et les applique avec un pinceau. Vous peignez votre réalité
avec vos idées exactement de la même manière. Vous n’êtes pas vos idées,
ni même vos pensées. Vous êtes le moi qui en fait l’expérience. Lorsqu’un
peintre voit des taches de pigment sur ses doigts à la fin de la journée, il lui
est facile de les laver, car il en connaît la nature. Si vous croyez que les
pensées de nature limitante font partie de vous, qu’elles sont liées à vous
de façon permanente, vous ne pouvez pas penser à vous en laver. Vous avez
le même comportement qu’un artiste fou qui dirait : « Mes pigments font
partie de moi. Ils ont taché mes doigts mais je n’y peux rien. »
Contrairement aux apparences, il n’y a pas de contradiction entre le fait
de vous rendre compte spontanément de vos pensées et le fait de les
examiner. Vous n’avez pas à être aveugle pour être spontané. Vous n’êtes
pas spontané lorsque vous acceptez sans discrimination chaque donnée qui
vous parvient.
(23h10.) De nombreuses croyances se détacheraient de vous sans
dommage si vous étiez vraiment spontané. Au lieu de cela, vous avez
tendance à les protéger. Une fois acceptées, les idées comportant une
limitation forment une sorte de lit sur lequel s’accumule du matériau de
même nature, si bien que votre esprit s’emplit de toutes sortes de débris.
Quand vous êtes spontané, vous acceptez la libre nature de votre esprit, qui
prend spontanément des décisions quant à la validité ou la non-validité des
données qu’il reçoit. Quand vous refusez de lui accorder cette fonction, il
devient de plus en plus encombré.
Un pommier n’essaye pas de faire des violettes. Il sait automatiquement
ce qu’il est, il connaît le cadre de sa propre identité et de son existence.
(Une pause.) Vous avez un esprit conscient mais ce n’est que la partie
« émergée » de votre esprit. Il y « en » a beaucoup plus à votre disposition ;
une partie beaucoup plus importante de votre connaissance peut se faire
consciente. Mais une idée fausse de nature limitante représente la même
ambivalence quant à votre nature que pour un pommier l’idée de faire des
violettes.
Le pommier ne peut pas produire de violettes ; il ne peut pas non plus
produire de bonnes pommes tant qu’il essaye de faire des violettes. Une
croyance erronée est une croyance qui ne cadre pas avec les conditions
fondamentales de votre être intérieur. Si vous vous croyez à la merci des
évènements physiques, vous entretenez une croyance erronée.
Vous avez participé au développement de l’environnement qui était le
vôtre quand vous étiez enfant. Vous en avez choisi les circonstances. Cela
ne veut pas dire que vous êtes à la merci de ces circonstances. Cela veut
dire que vous avez mis en place des défis à relever, des buts à atteindre, un
cadre d’expérience dans lequel vous pouvez vous accomplir, dans lequel
vous pouvez comprendre et développer certaines facultés.
(23h29.) Le pouvoir de créer votre propre expérience est en vous
maintenant, comme il l’est depuis votre naissance et comme il l’était
auparavant. Il est possible que vous ayez choisi un thème particulier pour
cette existence, un certain ensemble de conditions, mais à l’intérieur de ce
cadre, vous avez toute liberté pour modifier les situations et les évènements
que vous rencontrez, pour explorer et pour créer.
Chaque personne choisit pour elle-même les schémas individuels à
l’intérieur desquels elle crée cette réalité personnelle. Mais à l’intérieur de
ces limites, elle dispose de ressources illimitées et d’une infinie variété
d’actions.
Le moi intérieur est embarqué dans une entreprise excitante qui lui
apprend à traduire sa réalité en termes physiques. L’esprit conscient est
donc brillamment accordé à la réalité physique ; il est souvent si ébloui par
ce qu’il perçoit qu’il a tendance à considérer les phénomènes physiques
comme une cause plutôt que comme un résultat. Les parties profondes du
moi sont toujours là pour lui rappeler que ce n’est pas le cas. Quand l’esprit
conscient accepte trop d’idées fausses, en particulier s’il croit que le moi
intérieur est un danger, il barre le chemin à ces rappels constants. Quand
cette situation se produit, l’esprit conscient lui-même se sent assailli par une
réalité qui semble plus vaste que lui et sur laquelle il n’a aucun contrôle. Il
perd le profond sentiment de sécurité dans lequel il devrait s’ancrer.
Les idées fausses doivent être ôtées une à une pour que l’esprit conscient
puisse retrouver le sentiment de sa propre source et s’ouvrir aux puissants et
splendides canaux intérieurs qui sont à sa disposition.
(23h40.) L’ego est en quelque sorte un rejeton de l’esprit conscient.
L’esprit conscient est comme une caméra gigantesque dirigée par l’ego, qui
l’oriente et fait le point. Lorsqu’on ne leur met pas d’entraves, différentes
parties de l’identité montent et forment l’ego, se séparent et se regroupent,
tout en maintenant à la fois un sentiment d’unité et une merveilleuse
spontanéité (voir les deux sessions du chapitre 1).
L’ego est l’idée que vous vous faites de votre image physique en rapport
avec le monde. L’image que vous avez de vous-même n’est donc pas
inconsciente. Vous vous en rendez parfaitement compte, même si vous
préférez parfois retenir certaines idées la concernant et en rejeter d’autres.
Des croyances erronées peuvent entraîner un ego rigide, qui insiste pour
utiliser l’esprit conscient dans une direction unique, ce qui déforme encore
plus ses perceptions.
Il vous arrive souvent de décider de façon tout à fait consciente d’enterrer
une idée ou une pensée qui pourrait changer votre comportement parce
qu’elle ne s’accorde pas avec les idées limitantes qui sont les vôtres.
Écoutez-vous penser, tout au long de la journée. Quelles idées, quelles
suggestions vous donnez-vous à vous-même ? Sachez qu’elles vont toutes
se matérialiser dans votre expérience personnelle.
Nombre d’idées limitantes peuvent être acceptées sans examen, sous
couvert de vertu. Par exemple, vous vous sentez peut-être très vertueux
dans votre détestation du mal, ou de ce qui vous semble être le mal ; mais
lorsque vous vous concentrez sur le mal ou sur la haine, vous les créez. Si
vous êtes pauvre, vous vous sentez peut-être très vertueux dans votre
situation financière, plein de dédain pour ceux qui sont fortunés ; vous vous
dites peut-être que l’argent est mauvais – ce qui renforce les conditions de
votre pauvreté. Si vous êtes malade, vous êtes peut-être imprégné du
sentiment de votre malheur, vous enviez peut-être avec amertume ceux qui
sont en bonne santé, en vous lamentant sur votre sort – si bien que vos
pensées le perpétuent.
Si vous vous concentrez sur des limitations, vous les rencontrez. Il faut
que vous créiez une nouvelle image dans votre esprit. Elle doit différer de
l’image que vos sens physiques peuvent vous donner, en particulier dans les
domaines où le changement est nécessaire.
Autre exemple : détester la guerre n’apporte pas la paix. Seul l’amour de
la paix peut en faire naître les conditions nécessaires.
Vous pouvez faire une pause ou terminer la session, comme vous
préférez.
(« On va arrêter, alors. »
23h56. Jane sort d’une transe excellente avant que j’aie fini d’écrire.
Elle ne se souvient pas du tout du matériau. « Mon Dieu, Rob, s’exclame-t-
elle, il est presque minuit ! » En fait, elle aurait pu continuer – elle est
extrêmement active sur le plan médiumnique, ces temps-ci – mais je me
demande si elle ne risque pas d’être fatiguée demain. Elle a son cours de
perception extrasensorielle demain soir, une session mercredi et son cours
d’écriture jeudi.)

SESSION 616
MERCREDI 20 SEPTEMBRE 1972

(Nous sommes assis et attendons que la session commence lorsque Jane


me dit qu’elle vient juste de « recevoir » le titre du troisième chapitre : « La
télépathie et l’acquisition des croyances », ou « L’acquisition des idées »,
elle ne sait pas lequel des deux. Nous verrons si elle a vu juste. À 21h25,
elle dit : « Je commence à être prête, maintenant, je le sens… » Elle allume
une cigarette, son regard s’oriente sur le côté et vers le bas, son attention
déjà tournée vers l’intérieur alors qu’elle se prépare à rejoindre
psychiquement une très familière « essence de l’énergie d’une
personnalité », comme Seth se définit lui-même.
21h28.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons reprendre la dictée.
Je me rends parfaitement compte que nombre de mes déclarations
contredisent les certitudes de ceux qui acceptent l’idée que l’esprit
conscient est relativement dénué de pouvoir et que la solution aux
problèmes se trouve cachée en dessous.
Bien évidemment, l’esprit conscient est un phénomène et non pas une
chose. Il se modifie sans cesse. L’ego peut le diriger dans un nombre
littéralement infini de directions, pour qu’il se concentre sur elles. L’esprit
conscient peut regarder la réalité extérieure ou bien se tourner vers
l’intérieur et observer son propre contenu.
Il y a des graduations et des fluctuations dans son activité. Il est
beaucoup plus souple que vous ne l’imaginez. (Une pause.) L’ego peut
utiliser l’esprit conscient presque entièrement comme une méthode de
perception des réalités intérieures et extérieures qui coïncident avec ses
propres croyances. Ce n’est donc pas que certaines réponses ne sont pas
disponibles mais plutôt que, souvent, vous avez choisi un plan d’action
auquel vous croyez, et vous ne voulez pas vous ouvrir à un matériau qui
risque de contredire vos croyances actuelles.
Si vous êtes malade, par exemple, il y a une raison à cela. Pour vous
remettre complètement sans développer de nouveaux symptômes, vous
devez découvrir cette raison. Peut-être n’aimez-vous pas être malade, mais
c’est néanmoins un chemin que vous avez choisi. Tant que vous êtes
convaincu que ce chemin est nécessaire, vous conservez ces symptômes.
Or ceux-ci peuvent résulter d’une croyance unique ou bien d’un
ensemble de croyances liées les unes aux autres.
Quoi qu’il en soit, vous êtes bien sûr convaincu que ces croyances ne
sont pas des croyances, mais la réalité même. Quand vous comprenez que
c’est vous qui formez votre réalité, vous pouvez commencer à les examiner
en permettant à l’esprit conscient d’examiner librement son contenu.
(21h40.) Nous reparlerons de la santé et de la maladie plus
spécifiquement dans ce livre. Je veux toutefois dire ici que la psychanalyse
est souvent un jeu de cache-cache dans lequel on continue à ne pas assumer
la responsabilité de ses actions et de sa propre réalité car on continue à en
assigner la cause fondamentale à une zone de la psyché perdue dans les
forêts profondes d’un obscur passé. On se donne pour tâche d’en dénicher
le secret. Ce faisant, on ne pense jamais à le chercher dans l’esprit conscient
puisqu’on est convaincu que toutes les causes profondes se trouvent en
dessous – et qu’en plus la conscience, qui est incapable de vous aider,
contribue souvent à les camoufler. C’est donc là le jeu qu’on joue.
Quand on réussit à ne plus croire à ce cadre trompeur – si l’on y réussit –,
tout évènement « oublié » adéquat peut servir de catalyseur. N’importe
lequel fait l’affaire.
(Une pause – parmi beaucoup d’autres – à 21h45. Du rock commence à
retentir dans un appartement du dessous. Je sens le sol vibrer mais Jane, en
transe, n’a pas l’air gênée.)
Les croyances fondamentales étaient toujours dans votre esprit conscient,
de même que les raisons de votre comportement. C’est simplement que
vous n’en aviez pas examiné le contenu tant que vous n’aviez pas réalisé
que les croyances en question n’étaient pas forcément la réalité, mais l’idée
que vous vous faisiez de cette dernière.
En même temps, la psychanalyse programme souvent à croire que l’on ne
peut pas faire confiance à « l’inconscient », source de ces sombres secrets,
comme lit pour l’inspiration ou la créativité, si bien que l’on se trouve privé
de l’aide que des parties intérieures du moi pourraient apporter à la
conscience.
(21h50.) En général, quand vous examinez votre esprit conscient, vous le
faites par le biais de vos propres croyances déjà structurées. Savoir que vos
croyances ne sont pas nécessairement la réalité vous permet de vous rendre
compte de toutes les données qui vous sont consciemment disponibles. Je
ne vous dis pas d’examiner vos pensées avec une fréquence et une vigueur
qui deviendraient gênantes, mais on n’est pas pleinement conscient tant que
l’on ne se rend pas compte du contenu de son esprit conscient. J’insiste
aussi sur le fait que ce dernier est équipé pour recevoir des informations en
provenance du moi intérieur aussi bien que de l’univers extérieur.
Je ne vous dis pas d’inhiber vos pensées ou vos sentiments ; je vous
demande de vous en rendre compte. Réalisez qu’ils forment votre réalité.
Concentrez-vous sur ceux qui vous apportent le résultat désiré.
Si vous trouvez tout cela difficile, vous pouvez aussi examiner tous les
aspects de votre réalité physique. Réalisez que votre expérience physique et
votre environnement sont la matérialisation de vos croyances. Si vous
trouvez une belle exubérance, une bonne santé, un travail fructueux,
l’abondance, le sourire sur les visages que vous rencontrez, vous pouvez
partir du principe que vos croyances sont bénéfiques. Si vous voyez un
monde bon, des gens qui vous apprécient, partez du principe, encore une
fois, que vos croyances sont bénéfiques. Mais si vous voyez la maladie, une
absence de travail signifiant, un manque d’abondance, un monde mauvais et
plein de larmes, dites-vous que vos croyances sont erronées et mettez-vous
à les examiner.
Nous verrons plus loin la nature de la réalité de masse mais pour l’instant
nous nous concentrons sur les aspects personnels. Ce que je voulais surtout
souligner dans ce chapitre, c’est l’extrême importance de vos croyances
conscientes et le fait que vous n’êtes pas à la merci d’évènements ou de
causes qui se situeraient en dessous de votre conscience.
C’est la fin du chapitre et vous pouvez faire une pause.
(« Merci. Très bien. »
22h01. Il se passe plusieurs choses pendant la pause et je vais essayer de
les mentionner dans l’ordre avant le troisième chapitre. Jane commence par
sortir de transe facilement et dit qu’elle a à peine entendu la musique, qui
continue à tonner plus bas. Cela ne l’intéresse pas, mais elle me dit en
revanche qu’elle se sent bizarre, sans pouvoir élaborer.
Pendant que nous grignotons quelque chose, je lui demande si elle pense
que l’étrange comportement récent de notre chat pourrait être lié à notre
propre état psychique. Au début du mois, Willy s’est mis à avoir des puces
résistant à tout traitement. Il a maigri et a commencé à passer toute la nuit
dehors, ainsi que la plus grande partie de la journée. Notre autre chat,
Rooney, n’a aucun de ces symptômes et continue à se comporter de sa
manière tranquille habituelle.
Willy est actuellement dehors, sous une pluie légère qui tombe depuis
deux heures. Au moment du dîner, il semblait considérer l’intérieur de
l’appartement comme un territoire interdit et il a refusé de rentrer. Je
descends à présent par l’escalier du fond et je fais le tour de l’immeuble en
l’appelant. Pas de Willy. Je rencontre Jane sur le palier. La musique, qui
provient du premier étage, y est encore plus forte.
De retour dans le salon, la musique m’amène à parler des groupes de
jeunes. Nous aimons le rock et le dansons souvent ; c’est une musique
vivante, pleine de vitalité. Je pense d’ailleurs que Jane utilise cette énergie
quand nous l’entendons pendant les sessions. Je fais aussi remarquer que,
dans leur non-conformisme, de nombreux jeunes semblent avoir besoin de
se conformer. Jane dit qu’elle a elle-même ressenti ce besoin avec force
quand elle était au lycée et à l’université. Pour ma part, j’ai évidemment
fait le choix de n’être pas trop influencé par ces facteurs ; j’ai toujours été
plutôt solitaire.
Je demande à Seth de faire un commentaire sur le comportement de
Willy, après la dictée, si cela lui convient. Jane dit alors : « Je savais bien
que je me sentais bizarre, ce soir. Maintenant, je comprends pourquoi. C’est
comme si j’avais trois canaux à la fois pour Seth… J’ai même leurs
directions. » Assise dans son fauteuil à bascule, elle pointe son doigt vers le
haut, à sa droite. « Pour son livre, Seth passe par ce canal-là. » Puis elle
indique le bas. « Et là, tout près, il y a Seth sur toi, moi et Willy. Et aussi
sur le portrait que tu as fini l’autre jour, celui sur lequel tu m’as posé des
questions. Là-haut, dit-elle en pointant vers la gauche, il y a Seth à propos
de ce que tu disais concernant les jeunes – les raisons pour lesquelles il
leur paraît si important d’être admis par leurs pairs. Et pourquoi j’ai eu ce
sentiment mais pas toi. J’ai même de l’histoire à raconter à ce sujet, toute
prête, qui ne demande qu’à être livrée, avec beaucoup de matériau sur
chaque idée… J’étais vraiment embrouillée au début, mais maintenant je
vois que chaque chose est séparée, déjà préparée par Seth. Tu ne vas pas
obtenir deux phrases sur un sujet, puis passer à un autre… » Jane rit.
« Quel canal veux-tu ? »
« Je préfère la fermer, dis-je, en plaisantant… Et si on revenait au
livre ? » Il me semble que cela pourrait l’aider à contrôler la prolifération
des canaux jusqu’à ce qu’on puisse en apprendre davantage sur leur
développement. Cette possibilité a souvent été indiquée, par exemple par la
capacité de Seth à discuter des sujets les plus variés avec les membres d’un
groupe, même si ce sont des étrangers pour Jane. Avoir conscience des
blocs de matériau prêts à être livrés est peut-être le pas suivant dans le
développement de ses facultés. Jane est tout de suite d’accord pour se
remettre au livre.
« Je n’ai jamais ressenti ça – c’est comme si j’étais programmée
d’avance. C’est comme si j’avais besoin de trois boîtes vocales. C’est
vraiment bizarre. En tout cas, ça m’arrive vraiment comme du son. Si je
pouvais parler trois fois à la fois, je pourrais livrer du matériau achevé sur
ces trois sujets. Maintenant, il faut que je choisisse le bon canal pour
remettre Seth sur son livre ; et j’ai même l’impression que si quelqu’un
d’autre arrivait avec un nouveau sujet, cette information-là serait prête
aussi.
Chaque canal est parfaitement clair. Il n’y a pas d’interférence, pas de
fuite de l’un à l’autre. Voilà ! Là, j’en ai un autre, qui explique tout ça, dit-
elle en pointant en bas à gauche. Tu peux m’appeler le canal J-A-N-E »,
dit-elle en riant.)

*Voir l’introduction de Jane pour le matériau concernant le développement de ses facultés par
rapport au sumari.
* Jane a découvert par elle-même, il y a un certain temps, qu’une quantité très modérée d’alcool va
bien avec les sessions. De même pour le tabac. Des lectures ultérieures nous ont appris que ces deux
substances dépriment le système nerveux central. Nous pensons que, pendant les sessions, Jane
combine la spontanéité qui en résulte avec ses dons médiumniques naturels. Elle ne boit rien tant que
la session n’a pas commencé.
6 Dans l’hindouisme et le bouddhisme, le karma représente la somme morale des actes d’un individu
dans une vie donnée. Il détermine par là même le destin d’une personne dans sa réincarnation
suivante. Pour Seth, toutes les réincarnations existent en même temps, si bien qu’une interaction
constante se produit entre chacune d’entre elles. Une vie « future » peut avoir un effet sur une vie
« passée », si bien que la notion habituelle de karma n’est pas applicable.
CHAPITRE 3

Le regroupement des croyances, la


suggestion et la télépathie

(Seth revient sur le ton de l’humour à 22h37.)


Maintenant. Reprenons la dictée. Troisième chapitre : « Le regroupement
des croyances, la suggestion et la télépathie ».
(Une pause. Remarquez la différence entre le titre de ce chapitre et celui
que Jane lui a donné avant la session.)
Les idées ont une réalité électromagnétique. Les croyances sont des idées
fortes concernant la nature de la réalité. Les idées génèrent de l’émotion.
Les semblables s’attirent, si bien que les idées similaires se regroupent, et
celles qui s’accordent avec votre « système » d’idées sont celles que vous
acceptez.
L’ego tente de maintenir un point de focalisation clair, un point de
stabilité, de façon à diriger la lumière de l’esprit conscient avec précision, à
la focaliser sur des zones d’existence qui semblent permanentes. Comme on
l’a vu (au chapitre 1), l’ego, qui fait partie du moi entier, peut être défini
comme une « structure » psychologique composée de caractéristiques
appartenant à la personnalité entière, organisées de façon à former une
identité de surface.
D’une façon générale, cela permet, tout au long d’une vie, à toutes sortes
de tendances et de facultés d’émerger facilement, qui sinon ne le pourraient
pas. Si tel n’était pas le cas, vos centres d’intérêts, par exemple,
demeureraient les mêmes tout au long de votre vie.
Ainsi, tout en donnant l’impression d’être permanent, l’ego change sans
cesse ; il s’adapte aux nouvelles caractéristiques du moi entier7, et permet à
d’autres de passer au second plan. Sinon, il ne pourrait pas répondre aux
besoins et aux désirs de la personnalité entière.
L’ego ne se sent pas fondamentalement seul, ou aliéné, car il est
intimement lié à d’autres parties du moi ; il dirige fièrement la focalisation
de l’esprit conscient. De ce point de vue, il est l’adjoint de l’esprit
conscient.
(22h51. Jane parle avec une grande concentration.)
Fondamentalement, l’ego comprend sa propre nature et sa source. Il est
donc la partie de l’esprit qui observe la réalité physique et l’étudie en
fonction des caractéristiques dont il est composé à tout instant. Il porte ses
jugements selon l’idée qu’il se fait de lui-même.
L’ego est la partie de votre moi intérieur la plus orientée sur le monde
physique ; il n’est toutefois pas séparé de votre moi intérieur. Il est assis sur
le rebord de la fenêtre, en quelque sorte, entre vous et le monde extérieur.
(La voix se fait plus forte pour insister.) Il peut aussi regarder dans les
deux directions. Il porte des jugements sur la nature de la réalité selon vos
besoins et selon les siens. Il accepte certaines croyances et en rejette
d’autres. Il ne peut pas empêcher les informations d’arriver à l’esprit
conscient – mais il peut refuser de leur accorder son attention.
Cela ne veut pas dire que cette information devienne inconsciente. Elle
est simplement remisée dans un coin du cerveau sans être assimilée ; elle ne
participe pas au faisceau de croyances sur lequel vous vous concentrez à
présent. Mais elle est là si vous la cherchez.
(23h00.) Elle n’est pas invisible, et il n’est pas non plus nécessaire que
vous sachiez exactement ce que vous cherchez, ce qui rendrait la situation
quasiment impossible. Tout ce que vous avez à faire, c’est de décider
d’examiner le contenu de votre esprit conscient en réalisant qu’il contient
des trésors auxquels vous n’avez pas prêté attention.
Une autre façon de faire est de réaliser, par l’examen, que les effets
physiques dont vous faites l’expérience existent en tant que données dans
votre esprit conscient – et les informations qui vous semblaient hors
d’atteinte vont alors vous sembler évidentes. Les idées apparemment
invisibles qui causent vos difficultés ont des effets physiques tout à fait
évidents, et ceux-ci vous mènent automatiquement à la zone consciente où
se trouve l’idée ou la croyance qui est à son origine.
Une fois encore, si vous vous rendez compte de vos propres pensées
conscientes, celles-ci vous fournissent des indices, car elles disent
clairement ce que vous croyez. Par exemple, si vous avez à peine assez
d’argent pour vivre, vous pouvez découvrir que vous êtes constamment en
train de penser : « Je ne vais jamais arriver à payer cette facture, je n’ai pas
de chance, je serai toujours pauvre. » Ou vous pouvez découvrir que vous
enviez ceux qui sont plus fortunés ; ou que vous niez la valeur de l’argent
en vous disant que ceux qui en ont sont malheureux ou qu’ils sont démunis
sur le plan spirituel.
(23h10.) Si vous trouvez ces pensées en vous-même, vous allez peut-être
vous indigner : « Mais c’est la stricte vérité. Je suis vraiment pauvre et je
n’arrive pas à payer mes factures. » Et ce faisant, voyez-vous, vous prenez
votre croyance concernant la réalité pour une caractéristique de la réalité
elle-même, si bien que cette croyance est transparente, qu’elle est invisible
pour vous. C’est pourtant elle qui cause l’expérience physique en question.
C’est cette croyance qu’il vous faut changer. Je vais vous indiquer des
méthodes pour vous aider à le faire. Ou bien, si vous suivez vos pensées
dans un autre domaine, vous allez peut-être vous découvrir en train de
penser que vos difficultés sont dues au fait que vous êtes trop sensible. En
trouvant cette pensée, vous vous dites sans doute : « Mais c’est vrai, je suis
trop sensible. Un rien m’émeut. » Pourtant il s’agit là d’une croyance, et
d’une croyance qui vous limite.
Si vous poursuivez cette pensée, vous allez peut-être découvrir que vous
vous dites : « Je suis fier de ma sensibilité. Elle me distingue du commun
des mortels » ou « je vaux mieux que ce monde ». Ce sont là des croyances
qui vous limitent. Elles déforment la vraie réalité – la vôtre.
(23h17.) Ce sont là quelques exemples de la façon dont vos propres idées
conscientes peuvent être invisibles pour vous, bien qu’elles vous soient tout
à fait accessibles et qu’elles limitent votre expérience.
Nous parlons ici de votre esprit conscient car c’est lui qui dirige votre
activité sur le plan physique. Je vous ai dit (au début du chapitre) qu’il est
important de réaliser que l’ego est la partie la plus « extérieure » du moi
intérieur, qu’il n’est pas aliéné mais tourné vers la réalité physique. En
poursuivant la comparaison, d’autres parties du moi, de l’autre côté de
l’esprit conscient, reçoivent constamment des données télépathiques.
Souvenez-vous, bien sûr, qu’il n’existe aucune division et que j’utilise ces
termes dans le seul but de vous aider à mieux comprendre.
L’ego essaye d’organiser tout le matériau qui arrive dans l’esprit
conscient, car les buts de l’ego sont ceux qui montent à la surface, à tout
moment donné, dans la rencontre globale du moi avec la réalité physique.
Comme je l’ai dit, l’ego ne peut pas empêcher l’information de parvenir à
l’esprit conscient mais il peut refuser de se focaliser sur elle.
(23h25.) Maintenant. Pour continuer notre comparaison, l’information
télépathique arrive par des parties plus profondes du moi. Celles-ci ont une
telle capacité à recevoir qu’un système de filtrage des données est
nécessaire. Car certaines d’entre elles sont sans importance pour vous. Elles
se rapportent à des gens que vous ne connaissez pas.
Vous émettez et vous recevez. Les idées ont une réalité
électromagnétique et, du fait de leur intensité, les croyances rayonnent
fortement. Étant donné que votre nature psychologique comporte une
structure organisante, les croyances semblables s’agglomèrent, et vous
acceptez spontanément celles avec lesquelles vous êtes déjà d’accord.
Ainsi les idées limitantes vous prédisposent-elles à en accepter d’autres
de même nature. Des idées libres, pleines d’exubérance, de spontanéité et
de joie en collectent automatiquement d’autres de même nature. Il se
produit un échange constant d’idées entre vous et les autres, à la fois sur le
plan conscient et au niveau télépathique.
Encore une fois, cet échange se produit en accord avec vos croyances
conscientes. Il est à la mode, dans certains cercles, de croire que vous
réagissez physiquement à des messages télépathiques qui vont à l’encontre
de vos idées et de vos convictions profondes. Ce n’est pas le cas. Vous ne
réagissez qu’aux messages télépathiques qui sont en accord avec vos idées
conscientes sur vous-même et sur la réalité (avec insistance).
Laissez-moi ajouter que l’esprit conscient est lui-même spontané. Il
prend plaisir à jouer avec son propre contenu, si bien que je ne suis donc
pas en train de vous recommander une austère discipline mentale consistant
à vous examiner vous-même à tout instant. Je vous parle de mesures
correctives que vous pouvez prendre dans les domaines où vous n’êtes pas
satisfait de votre propre expérience.
Voulez-vous faire une pause ?
(« Oui, je veux bien. »)
Eh bien, faisons-la.
(D’un ton humoristique : « Merci. »
23h37. Jane était vraiment partie. Elle ne se souvient pas du matériau et
elle est étonnée qu’une heure soit déjà passée. Je lui dis que j’ai choisi de
faire une pause parce que je m’inquiète pour Willy.
Jane dit que « Seth pourrait faire trois livres à la fois, un chapitre de
chacun à la fois, sans s’embrouiller. Là, j’ai l’impression que tout son livre
est disponible, prêt à être livré pour être écrit ». Elle ajoute que sa vie
onirique très active a évidemment dû comprendre une bonne dose de
préparation à tout cela mais je ne lui pose aucune question risquant
d’ouvrir de nouveaux canaux.
« Depuis que les sessions ont commencé [en 1963], je n’ai jamais eu
pareille impression de richesse dans la disponibilité du matériau de Seth. Je
n’étais pas assez ouverte. Je n’arrivais pas à accepter toutes sortes de
choses qui s’y trouvaient, parce qu’elles n’étaient pas en accord avec mes
croyances ». Jane indique sa gauche. « Hum, voilà que maintenant je
pourrais recevoir toutes sortes d’informations sur… l’archéologie !
Incroyable… »
Elle a cependant des doutes sur ses capacités à recevoir les données très
techniques destinées au jeune scientifique qui l’a appelée avant la dernière
session. Elle se sent un peu « éloignée » de ces questions tant qu’elle est à
ce point absorbée par la production de ce livre. Reprise à 23h55.)
Maintenant. Pour Willy, accordez-moi un instant.
Étrangement, il est lui-même un peu effrayé par son propre
comportement. Ruburt a décidé de quitter plus souvent la maison, de sortir
librement quand il en a envie8, au lieu de passer tout son temps à travailler à
l’intérieur. En fait, il a envoyé Willy dehors pour faire un test et le chat ne
sait pas exactement ce qui se passe.
Willy aime bien sortir mais il n’est pas habitué à être tout le temps
dehors. D’une certaine manière, il se sent banni. Il a simplement capté les
sentiments de Ruburt, qui sont forts, et la véhémence croissante de son
intention. D’une certaine façon, ceux-ci n’étaient pas destinés au chat, mais
Ruburt savait que le chat les capterait.
Willy a toujours été le chat qui passe beaucoup de temps à la maison ;
comme Jane, qui reste à la maison toute la journée pour écrire. C’est donc
ce chat-là qui change ses habitudes, plutôt que Rooney (notre autre chat).
D’une certaine façon, vous étiez tous les deux d’accord et vous avez
laissé les portes ouvertes. Il suffit évidemment de les fermer. Vous me
suivez ?
(« Oui. »
La chaudière, endommagée par les inondations du mois de juin, n’est
toujours pas réparée, faute de spécialistes disponibles dans la région. Tout
est humide et gonflé dans la maison. Les portes, en particulier, fonctionnent
mal et nous avons choisi la solution la plus simple.)
Accordez-moi un instant. Cela commence à démanger Ruburt de sortir ;
mais c’est le chat que cela démange.
(« C’est ce que je me demandais. »)
Votre Willy n’est pas du tout en danger mais montrez-lui que vous
l’aimez et contrôlez ses allées et venues. Non pas que Ruburt ait besoin de
contrôler les siennes mais sa distraction ou son impatience, font que le chat
réagit trop fort.
Maintenant. Le fait que Ruburt sente les autres canaux représente en effet
un nouveau développement, qui était disponible depuis un certain temps
mais qui entre à présent seulement dans son expérience. Rappelez-lui ses
succès dans ce domaine, et dans d’autres, car le sentiment de ces succès et
leur réalité s’étendront.
Je vais terminer cette session. Je vais faire en sorte de parler de votre
peinture avant ou après la dictée pour le livre. (Plus fort, sur un ton jovial.)
Je suis sur Canal 1 ce soir. Mes salutations les plus chaleureuses.
(« Merci. »)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Fin à 0h07. Une fois sortie de transe, Jane essaye de décrire un
phénomène qui, bien qu’invisible, « plane en ce moment au-dessus de nous
comme une espèce de truc ovale ». Ce phénomène est composé d’un groupe
d’énergies qui pourrait représenter une personnalité comme Seth, me dit
Jane, mais qui n’a pas de nom particulier. Il est juste là, sans lui donner
particulièrement le sentiment qu’il va l’aider d’une façon ou d’une autre.
Jane a du mal à être précise quant à ce phénomène ou ce qu’elle ressent
par rapport à lui, et j’ai du mal à transcrire ce qu’elle me dit. Je le signale
ici en cas de développement futur. Elle a déjà eu des perceptions de ce
genre.
Les membres du cours de perception extrasensorielle suivent à présent
les sessions destinées au livre et les mettent en pratique avant que le
chapitre en cours soit terminé. Jane et moi aussi. On dirait que nous allons
tous grandir en même temps que le livre.
Une note ajoutée quelques jours plus tard : cette session a eu lieu
mercredi. Le vendredi soir suivant, nous avons eu des visiteurs et, alors que
Jane leur décrivait l’effet des différents canaux, elle s’est rendu compte
qu’elle se branchait sur les données restées en suspens concernant les
groupes de jeunes et leur besoin de se conformer. Seth ne nous a finalement
pas transmis ce matériau mercredi, ni aujourd’hui – c’est Jane qui l’a mis
en mots elle-même. Le lendemain matin, je lui ai demandé d’écrire ce dont
elle se souvenait.
« En racontant à Rob et à nos amis les canaux dont j’ai pris conscience
pendant la dernière session, écrivit-elle, j’ai commencé à capter celui
contenant l’information sur le conformisme et le besoin d’expression
personnelle.
Je me suis rendu compte que Seth avait un tas d’informations toutes
prêtes, y compris sur les fondations biologiques de ces deux
caractéristiques. Si l’on prend par exemple l’amibe – cet animal formé
d’une seule cellule microscopique –, je savais que le protoplasme de
l’amibe, la matière vivante essentielle, représente chez l’individu la
caractéristique de ce-qui-a-besoin-d’aller-vers-l’extérieur. Pourtant, le
protoplasme doit se conformer à son environnement – dans ce cas, le corps
de l’amibe – qui ne peut bouger en tant qu’unité que lorsqu’il est dirigé par
le besoin individuel de réagir à une stimulation.
Tout en réagissant “seul”, le protoplasme doit prendre en considération
la forme de la cellule pour assurer l’intégrité de l’unité entière. Pour
bouger, le protoplasme doit forcément bouger l’ensemble.
C’est un exemple des implications de ce dont parlait Rob mercredi
dernier à propos des groupes de même génération. Le matériau lui-même
contient quantité d’informations portant sur des aspects biologiques,
culturels ou historiques de cette question. On pourrait aussi l’aborder du
point de vue de la croissance du corps humain et, par exemple, du
développement des cellules cancéreuses, qui se libèrent de ce schéma de
conformité et en superposent un “nouveau”, le leur, à la structure de
l’unité…
Voilà – je viens de recevoir la dernière phrase en écrivant cette
description. Cette idée est nouvelle pour moi aussi. »)

SESSION 617
LUNDI 25 SEPTEMBRE 1972

(Pendant que nous prenions le petit déjeuner, ce matin, Jane et moi avons
entendu un son étrange, un peu comme une multitude d’aboiements venus
du ciel. Je me suis penché par la fenêtre à temps pour apercevoir une large
formation d’oies sauvages volant manifestement vers le sud pour l’hiver.
Il m’a semblé qu’elles volaient bas ; leur formation n’était pas
symétrique, l’une des branches du V était beaucoup plus longue que l’autre.
À l’intérieur de ce V se trouvait un petit groupe qui, lui, n’était pas en
formation, comme s’il était protégé par les autres oies.
J’ai trouvé ce spectacle étonnamment touchant, et Jane aussi. Nous
sommes émerveillés par l’ordre inhérent à cette migration, les oies
cacardant avec bruit comme pour en affirmer fièrement la justesse. Nous ne
sommes pas les seuls dans ce cas : des hommes en train de réparer les
dégâts de l’inondation dans un appartement du rez-de-chaussée sortent
pour les voir voler. Je prends ce vol comme une manifestation de la vitalité,
de la variété étonnante de la nature – un rappel fort de valeurs dont je
crains que nous, les humains, les ayons souvent reniées.
Le rythme de Jane est rapide dès le début de la session.
21h21.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Nous allons reprendre la dictée… Vous réagissez donc à toutes les
informations que vous recevez en fonction de vos croyances sur la nature de
la réalité. Les parties les plus profondes du moi n’ont pas à prendre en
considération les idées de l’ego concernant le temps, si bien que ces parties
du moi manient aussi des données qui échapperaient normalement à la
perception de l’ego jusqu’à ce qu’un certain « point » du temps soit atteint.
L’ego, qui doit accomplir des manipulations très directes dans le monde
de tous les jours, prend le temps, le temps des pendules, très au sérieux.
L’ego lui-même réalise, jusqu’à un certain point, que le temps des pendules
est une convention ; mais il n’aime pas qu’on ignore ce type de convention.
Il néglige souvent du matériau de type prémonitoire ou extralucide qui
parvient au cerveau conscient à partir des parties profondes du moi. Il peut
arriver que l’ego reconnaisse la valeur pratique de ces données et qu’il les
accepte avec plus de souplesse – mais seulement si l’information en
question cadre avec ses concepts de ce qui est possible et de ce qui ne l’est
pas.
Or les concepts de l’ego sont les vôtres, puisqu’il fait partie de vous. Si
vous vous attardez sur des idées de danger ou de désastres potentiels, si
vous considérez principalement le monde en termes de votre survie
physique, si vous êtes attentif à toutes les circonstances qui semblent la
menacer, vous pouvez prendre soudain conscience de rêves de précognition
annonçant des incidents ou des accidents, des vols à main armée ou des
assassinats.
L’idée que vous vous faites de la nature périlleuse de l’existence prend
une telle force que l’ego permet à ces données d’émerger, bien qu’elles
soient « hors le temps », parce que la crainte inhérente à vos croyances le
convainc que vous devez vous tenir sur vos gardes. Il est même possible
que ces incidents ne vous concernent pas le moins du monde. À partir de
tout le matériau télépathique inconscient et extralucide disponible, c’est de
ce groupe-là que vous prenez conscience, ce qui renforce encore votre
sentiment que l’existence est avant tout périlleuse.
Si cette information vous arrive par la voie des rêves, vous pouvez en
venir à craindre ces derniers, vous dire que vos mauvais rêves se réalisent
trop souvent et essayer d’en inhiber le souvenir. Au lieu de cela, vous
devriez plutôt examiner vos croyances conscientes ; elles sont si fortes
qu’elles vous focalisent sur les calamités du monde physique et vous font
utiliser vos capacités intérieures de cette façon.
(21h37.) La communication télépathique est constante. Elle se produit
en général à un niveau inconscient pour la simple raison que votre esprit
conscient est en état de devenir. Il ne peut pas contenir toute l’information
que vous possédez. Si vos idées conscientes sont relativement positives,
vous allez réagir à de l’information télépathique de même nature, même si
vous le faites à un niveau inconscient.
Comme je l’ai déjà mentionné (session 616), vous envoyez aussi vos
propres pensées par télépathie. Les autres y réagissent selon l’idée qu’ils se
font de la réalité. Une famille peut renforcer constamment (plus fort) la
spontanéité et la gaîté en se concentrant sur des idées de vitalité, de
créativité et de force ; ou elle peut dilapider la moitié de son énergie (voix
plus grave) en renforçant le ressentiment, la colère et les pensées de doute
et d’échec.
(« Je comprends. »
Les accentuations fines et légèrement humoristiques de Seth dans ce
paragraphe sont destinées à me faire comprendre personnellement certains
points tout en avançant sur son livre. Cela concerne des discussions que
nous avons eues aujourd’hui, Jane et moi, et des choses que j’ai mal
perçues.)
Dans un cas comme dans l’autre, l’idée qu’on se fait de la réalité est
renforcée, aussi bien consciemment qu’inconsciemment, non seulement à
l’intérieur de la famille mais aussi pour tous ceux qui entrent en contact
avec elle.
Il vous arrive ce sur quoi vous vous concentrez. Il n’y a pas d’autre règle
principale.9
Il est possible qu’il vous soit facile de voir chez les autres des croyances
qui sont tout à fait invisibles pour eux. En lisant ce livre, vous pensez peut-
être à tel ami ou à telle connaissance dont vous voyez clairement que ses
idées sont des croyances invisibles qui limitent son expérience – tout en
demeurant absolument aveugle à vos propres croyances invisibles, que vous
prenez si facilement pour l’absolue vérité ou pour des caractéristiques de la
réalité.
Les données de vos sens, encore une fois, viennent toujours renforcer vos
idées. À un niveau inconscient, vous réagissez également de façon
extralucide et télépathique à de l’information intérieure, et cette dernière
est, encore une fois, « collectée » selon les concepts tout à fait conscients
qui sont les vôtres en ce qui concerne l’existence en général, et la vôtre en
particulier. Ainsi vous retrouvez-vous bloqué dans des situations physiques
qui sont largement corroborées par les données de vos sens ; ces situations
sont bien sûr convaincantes, puisqu’elles reflètent si bien vos propres
idées et croyances – que celles-ci soient positives ou négatives.
En termes plus vastes, les termes « positif » ou « négatif » ne signifient
pas grand-chose, car l’expérience physique a une fonction d’apprentissage.
Toutefois, si vous êtes malheureux, le mot « négatif » a un sens.
(Une pause parmi beaucoup d’autres, à 21h50.) Je suppose qu’à présent
mes lecteurs ont au moins commencé à examiner leurs croyances et qu’ils
en ont peut-être entrevu quelques-unes qu’ils acceptaient auparavant
comme des caractéristiques mêmes de la réalité.
Or, si vous êtes honnête lorsque vous rédigez vos listes, vous allez
finalement parvenir à ce que j’appelle des « croyances de fond », c’est-à-
dire des idées fortes concernant votre propre existence. Il doit maintenant
vous apparaître clairement que de nombreuses croyances subsidiaires, qui
vous semblaient n’avoir pas de lien entre elles, découlent en réalité d’une
croyance de fond. Elles ne semblent logiques qu’en fonction de leur lien
avec cette idée. Quand on perçoit que la croyance de fond est erronée, les
autres tombent d’elles-mêmes.
C’est parce que la croyance de fond est assez forte pour focaliser à ce
point votre attention que vous ne percevez du monde physique que les
évènements qui la corroborent. C’est aussi la force de la croyance de fond
qui attire exclusivement, à partir de la vaste banque de connaissance
intérieure, les évènements qui semblent cadrer avec ce système
d’organisation.
Laissez-moi vous donner un bref exemple d’une croyance de fond. C’est
une croyance globale : la nature humaine est intrinsèquement mauvaise.
Cette croyance fait jaillir autour d’elle des évènements qui ont pour effet de
la renforcer. Les expériences, aussi bien personnelles que globales, qui
parviennent à la perception d’une personne qui en est convaincue ont pour
effet de l’enraciner encore davantage.
Parmi toutes les données physiques disponibles dans les communications
privées, dans le courrier, dans les journaux ou à la télévision, elle va se
concentrer exclusivement sur les sujets qui « prouvent » son point de vue.
Sa méfiance vis-à-vis des autres va augmenter, sans parler du manque de
confiance dans sa vie personnelle. Cette croyance finit par atteindre les
zones les plus intimes de sa vie, jusqu’à ce qu’il semble que plus rien ne
puisse la contredire.
C’est là une croyance de fond dans ce qu’elle peut avoir de pire. Une
personne qui y souscrit n’accorde aucune confiance à son conjoint, à sa
famille, à ses amis, à ses collègues, à son pays ou au monde en général.
Autre croyance de fond : « Ma vie n’a aucun intérêt. Ce que je fais n’a
aucun sens. » En général, une personne qui a ce type de croyance de fond
ne se rend pas compte qu’il s’agit d’une croyance invisible. Au lieu de cela,
elle a le sentiment que la vie est futile, que toute action personnelle est
vaine et que la mort est un anéantissement ; à cela vient s’ajouter un
ensemble de croyances subsidiaires qui ont un effet profond sur la famille
concernée ainsi que sur tous ceux qui entrent en contact avec cette
personne.
Lorsque vous établissez votre liste de croyances personnelles, prenez
donc soin de ne rien omettre. Examinez-la comme si elle appartenait à
quelqu’un d’autre. Je ne veux cependant pas suggérer que vous fassiez
exclusivement une liste de croyances négatives. Il est d’une importance
capitale que vous reconnaissiez l’existence de vos croyances heureuses, et
que vous preniez en considération les éléments de votre expérience qui vous
ont apporté le succès.
Je voudrais que vous capturiez ce sentiment d’accomplissement et que
vous le traduisiez, que vous le transfériez aux domaines dans lesquels vous
rencontrez des difficultés. Mais vous devez vous souvenir que les idées
existent d’abord et que les expériences physiques suivent.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22h06 à 22h19.)
Vous fabriquez votre propre réalité. Je ne peux le répéter trop souvent.
Or, il y a des périodes où toutes vos croyances sont, en quelque sorte,
nivelées. Elles sont en accord les unes avec les autres.
Ces idées peuvent être très limitées ; elles peuvent être fausses, basées
sur des principes incorrects. Leur force et leur vitalité sont pourtant tout à
fait réelles et elles donnent l’impression de donner d’excellents résultats.
« La prospérité est la seule chose qui compte. » Cette idée est loin de la
vérité ; pourtant, une personne qui l’accepte complètement est prospère et
en bonne santé, et tout s’accorde parfaitement avec sa croyance. Pourtant,
cette idée n’est qu’une croyance concernant la réalité et il y a, dans
l’expérience de cette personne, des gouffres invisibles dont elle ne se rend
pas compte.
Vue de l’extérieur, sa situation semble tout à fait avantageuse et elle
donne l’impression d’être satisfaite ; mais elle est minée par le sentiment
d’un manque de complétude. C’est un équilibre de surface.
De la même façon, quand vos croyances se modifient, il survient des
modifications dans votre comportement et dans votre expérience, ainsi que
des moments de stress, de stress créatif, pendant que vous apprenez. Notre
homme riche peut se rendre compte que sa croyance est limitante, qu’il
s’est concentré exclusivement sur elle, si bien que l’argent et la santé sont
devenus ses seuls buts. Lorsque cette croyance vole en éclats, il peut se
trouver vulnérable à la maladie, ce qui peut donner l’impression qu’il s’agit
d’une expérience négative. Pourtant, la maladie en question peut l’enrichir
en lui permettant d’accéder à des zones de perception qu’il avait niées
jusque-là.
Cette modification de ses croyances peut l’amener à repenser d’autres
convictions et lui faire comprendre que, s’il a réussi en ce qui concerne la
prospérité, c’est justement à cause de ses croyances. Mais grâce à
l’expérience peut-être plus profonde que la maladie lui aura ouverte, il peut
découvrir que l’expérience humaine comprend des dimensions de réalité qui
lui étaient fermées auparavant ; et que celles-ci se trouvent à sa portée –
sans la maladie qui les a apportées. Un nouvel ensemble de croyances peut
alors émerger. Dans l’intervalle, il y a eu un stress, mais un stress créatif.
(22h31.) Prenons un autre exemple. Vos pensées conscientes régissent
votre santé. L’idée persistante de la maladie rend malade. Tant que vous
croyez que ce sont les virus, les infections ou les accidents qui vous rendent
malades, il vous faut aller chez le médecin, qui fonctionne à l’intérieur de
ce système de croyances. Et comme vous croyez en ses remèdes, avec un
peu de chance, vous allez être soulagé de votre problème.
Cependant, comme vous ne comprenez pas que ce sont vos pensées qui le
créent, vous allez continuer à le subir, et de nouveaux symptômes vont
apparaître. Vous allez retourner chez le médecin. Quand vos croyances sont
en train de se modifier – quand vous commencez à vous rendre compte que
ce sont vos pensées et vos émotions qui causent la maladie –, vous pouvez
être temporairement désorienté.
D’une manière générale, vous réalisez que le médecin peut tout au plus
vous apporter un soulagement temporaire, mais vous n’êtes peut-être pas
encore convaincu de votre capacité à changer vos idées ; ou vous êtes
tellement intimidé par leur pouvoir que vous en avez peur. Il existe alors, en
quelque sorte, une période de stress entre différentes croyances, pendant
que vous vous débarrassez de l’une et apprenez à en utiliser une autre.
Et c’est là que vous vous trouvez confronté à l’un des aspects les plus
signifiants de la réalité personnelle, car vous testez vos idées contre ce qui
semble être. Il vous faudra peut-être du temps pour apprendre à changer vos
pensées de façon efficace, mais vous serez engagé dans une entreprise
signifiante et fondamentale.
La vérité est donc que vous formez directement votre réalité. Vous
réagissez consciemment et inconsciemment à vos croyances. Vous
collectez, dans l’univers physique et dans l’univers intérieur, les données
qui semblent corroborer vos croyances.
Croyez, par conséquent, que vous êtes par nature un être illimité, né dans
la chair pour matérialiser autant que vous le pouvez l’immense spontanéité,
l’immense joie de votre nature.
Vous pouvez maintenant faire votre pause. Ce chapitre va être plus court
car le précédent était long.
(22h40. Le rythme de Jane pendant toute cette session est le plus rapide
depuis le début du livre. La pause est brève. À 22h45, Seth commence à
donner plusieurs pages de matériau pour moi. Je ne m’y attendais pas. Il
termine la session à 23h20, avec ce commentaire : « Dites à Ruburt qu’il y
aura des écoles de pensée construites sur le concept des croyances de fond.
Dites-le-lui. »)

SESSION 618
JEUDI 28 SEPTEMBRE 1972

(L’écrivain Richard Bach et son éditrice, Eleanor Friede, assistent à


cette session. Ils sont arrivés hier par avion à Elmira mais le mauvais
temps les a empêchés d’assister au cours de perception extrasensorielle de
mardi. Dick nous avait déjà rendu visite à la fin du mois d’août, quand Seth
venait de commencer le premier chapitre de ce livre.
Hier soir, alors que nous étions encore à table après un dîner tardif, Jane
a livré une session impromptue assez longue pour nos visiteurs. Dick l’a
enregistrée et doit nous en envoyer la transcription, si bien que nous
pourrons ajouter quelques extraits à cette session.
Plus tôt dans la soirée, Jane a chanté très spontanément en sumari mais
ses manières se font plus délibérées, à présent qu’elle commence à parler
pour Seth. »
21h45.) Maintenant. Bonsoir…
(« Bonsoir, Seth. »)
… et nous allons reprendre la dictée. Accordez-nous un instant. (Une
pause.) Les croyances de fond sont celles sur lesquelles vous construisez
votre vie. Vous vous en rendez compte consciemment, même s’il est
fréquent que vous ne leur accordiez aucune attention. Elles deviennent
donc invisibles, sauf si vous faites en sorte de vous rendre compte du
contenu de votre esprit conscient.
Pour faire connaissance avec vos idées et vos croyances, il faut vous
promener parmi elles, figurativement parlant, sans œillères. Il faut que vous
regardiez les structures que vous avez créées, l’organisation des idées qui a
servi à regrouper différents aspects de votre expérience.
Pour voir clairement à l’intérieur de votre propre esprit, vous devez
commencer par déstructurer vos pensées, par les suivre sans les juger, sans
les comparer au cadre de vos croyances.
Les croyances structurées réunissent et maintiennent les différents
aspects de votre expérience, elles en font en quelque sorte un paquet ; et
quand vous voyez une expérience qui ressemble à une autre, vous la placez
dans le même paquet sans prendre la peine, en général, de l’examiner. Ces
croyances peuvent contenir des surprises ; lorsque vous en soulevez le
couvercle, vous pouvez découvrir qu’il a servi à cacher des informations
précieuses qui ne sont pas à leur place. Des regroupements artificiels
d’idées peuvent s’amasser, comme autant de fleurs de papier, autour d’une
croyance de fond standard.
Du fait de son intensité – et du fait de vos habitudes –, une croyance de
fond en attire souvent d’autres de même nature. Elles s’y accrochent. Si
vous n’avez pas l’habitude d’examiner votre propre esprit, vous pouvez
permettre à des excroissances de ce genre d’entourer une croyance au point
que vous n’arriviez plus à les distinguer les unes des autres. Ce phénomène
peut se développer jusqu’à ce que vous ne puissiez plus voir votre
expérience que par rapport à cette excroissance autour d’une idée. Les
données qui semblent sans rapport avec cette croyance de fond ne sont pas
assimilées ; elles sont rejetées, inutilisées, dans un coin de votre esprit, et
vous ne pouvez pas en tirer parti.
Des parties séparées de votre esprit peuvent ainsi contenir des chambres
de matériau inactif. L’information en question ne fait pas partie de la
structure organisée de vos pensées habituelles : bien que ces données soient
disponibles de façon consciente, vous pouvez être relativement aveugle en
ce qui les concerne.
(22h00.) D’ordinaire, quand vous regardez à l’intérieur de votre esprit,
vous le faites pour une raison particulière, pour y trouver une information.
Mais si vous avez pris l’habitude de penser que ces données ne sont pas
consciemment disponibles, il ne vous vient pas à l’idée que vous pouvez les
trouver dans votre esprit conscient. Si, de plus, vos données conscientes
sont fortement organisées autour d’une croyance de fond, cela vous aveugle
automatiquement à toute expérience qui ne lui est pas liée.
Une croyance de fond n’est invisible que lorsque vous la prenez pour une
donnée fondamentale de l’existence, au lieu de voir qu’il s’agit de l’idée
que vous vous en faites ; lorsque vous vous identifiez si profondément avec
elle que vous focalisez automatiquement toutes vos perceptions dans ce
sens.
Prenons l’exemple d’une croyance de fond apparemment
inoffensive : « Je suis un parent responsable. »
En apparence, cette croyance ne pose pas l’ombre d’un problème. Si vous
y souscrivez sans l’examiner, vous pouvez pourtant découvrir que le mot
« responsable » est très chargé et qu’il peut attirer à lui d’autres idées que
vous n’examinez pas non plus. Que voulez-vous dire par « responsable » ?
Votre réponse à cette question va vous indiquer si cette croyance de fond
fonctionne à votre avantage.
Si, pour vous, « être responsable » signifie « je dois être un parent vingt-
quatre heures sur vingt-quatre, à l’exclusion de tout le reste », vous êtes
peut-être en difficulté, car cette croyance de fond risque de vous empêcher
d’utiliser les facultés qui existent en vous tout à fait indépendamment de
votre rôle de parent.
Vous allez peut-être vous mettre à percevoir toutes les données physiques
du seul point de vue de cette croyance de fond. Vous n’allez plus percevoir
la réalité physique avec l’émerveillement d’un enfant ou avec la curiosité
non structurée d’un individu mais uniquement d’un point de vue de parent.
Si bien que vous vous fermez à une bonne partie de l’expérience physique.
De plus, si vous vous attachez à cette idée avec force et entêtement (et
selon que vous êtes prêt ou non à en changer), vous attirez télépathiquement
des données inconscientes qui s’accordent avec ce schéma rigide. Vous
pouvez réduire votre vie davantage encore, jusqu’à ce que toute information
devienne relativement invisible pour vous si elle ne concorde pas avec votre
réalité de parent.
À présent, nous allons faire une pause.
(De 22h12 à 22h21.)
Maintenant. C’est là un certain type de croyance de fond.
Vous acceptez aussi certains principes qui sont des croyances de fond. Ils
vous semblent être de simples définitions. Ils font tellement partie de vous
qu’il ne vous vient pas à l’esprit de les remettre en question. Il en va ainsi
de l’idée que vous vous faites du temps.
Peut-être prenez-vous plaisir à manipuler mentalement des idées en
rapport avec la notion de temps ; peut-être vous surprenez-vous à penser
que le temps est fondamentalement différent de l’expérience que vous en
faites, mais au fond, vous croyez que vous existez dans les heures et les
années, que les semaines vous arrivent l’une après l’autre, que vous êtes
pris dans le déploiement des saisons.
Bien sûr, votre expérience physique renforce cette croyance. Vous
structurez donc votre perception en termes d’intervalles qui semblent
présents entre les évènements. Cela vous oblige à concentrer votre attention
dans une seule direction et vous gêne pour percevoir les évènements de
votre vie de façon différente.
Vous pratiquez peut-être à l’occasion l’association d’idées, une pensée
menant facilement à une autre. Quand vous le faites, vous recevez souvent
des illuminations. Lorsque, dans votre esprit, les évènements se détachent
de la continuité temporelle, ils peuvent acquérir une vitalité nouvelle. C’est
que vous les avez déstructurés par rapport à l’organisation habituelle.
En les appréhendant par le biais de la libre association, vous examinez
beaucoup plus librement le contenu de votre esprit. Mais si vous
abandonnez le concept de temps tout en continuant à appréhender le
contenu de votre esprit par le biais d’autres croyances de fond, vous êtes
encore en train de le structurer. Je ne suis pas en train de dire que vous ne
devriez jamais organiser ce contenu ; je dis que vous devez vous rendre
compte de vos propres structures. Construisez-les ou détruisez-les, mais ne
vous permettez pas d’être aveugle à ce qui meuble votre esprit.
Vous pouvez vous cogner les orteils sur une idée mal placée aussi bien
que sur une vieille chaise. De fait, il peut vous être très utile de considérer
vos propres croyances comme des meubles que vous pouvez transformer,
remplacer ou disposer autrement, et dont vous pouvez même vous
débarrasser. Vos idées vous appartiennent. Elles ne doivent pas vous
contrôler. C’est à vous de choisir celles que vous souhaitez accepter.
Imaginez-vous donc en train de modifier votre ameublement. Certains
éléments vont venir à vous spontanément. Demandez-vous quelles idées ces
éléments représentent. Voyez si les tables vont ensemble, ouvrez des tiroirs.
(22h35.)
Vous n’y trouverez aucun mystère. Vous connaissez vos propres
croyances. Vous pourrez voir comment elles se regroupent, mais il vous
appartient de regarder à l’intérieur de votre esprit et d’utiliser ces images à
votre façon. Débarrassez-vous des idées qui ne vous conviennent pas. Si,
lorsque vous lisez ces lignes, vous vous dites, devant une idée particulière :
« Celle-là, je ne peux pas la jeter », rendez-vous compte que cette remarque
est elle-même une croyance. Vous pouvez vous défaire de la deuxième idée
aussi bien que de la première.
Vous n’êtes pas démuni face aux idées. Pour poursuivre la comparaison,
vous allez certainement trouver des meubles auxquels vous ne vous
attendiez pas. Ne vous bornez pas à regarder au centre de la pièce de votre
conscience ; souvenez-vous d’être attentif à l’invisibilité dont nous avons
parlé (dans ce chapitre), qui fait qu’une idée tout à fait disponible semble
faire partie de la réalité même.
Les croyances sont structurées d’une façon tout à fait caractéristique et
individuelle, si bien que vous allez retrouver des schémas communs à
plusieurs regroupements, et l’un peut vous mener à l’autre.
L’idée du parent responsable, par exemple, peut facilement mener à
d’autres structures mentales en rapport avec la notion de responsabilité, qui
font que des données sont acceptées sans questionnement. Vous pouvez
même avoir l’impression qu’il est mal de ne pas voir toute situation sous
l’angle du rôle de parent.
Dans ce cas, la croyance en la culpabilité joue le rôle d’une structure qui
cimente d’autres croyances de fond de même type, et les renforce. Vous
devez comprendre que ce ne sont pas des idées mortes qui s’accumulent
comme des débris dans votre esprit. Il s’agit de matière mentale. En un
sens, elles sont vivantes. Elles se regroupent comme le font les cellules,
pour protéger leur validité et leur identité.
Vous les nourrissez, figurativement parlant, avec des idées de même
nature. Quand vous examinez l’une de ces croyances, vous menacez
évidemment l’ensemble de la structure ; c’est pourquoi il existe, en quelque
sorte, des méthodes pour vous aider à introduire de nouveaux supports, pour
vous faciliter la tâche. L’ensemble d’une croyance de fond n’a pas à
s’écrouler sur vous quand vous en examinez les fondations.
Je vais m’en tenir là pour l’instant et nous allons faire une pause. Nous
aurons bientôt terminé ce chapitre et nous allons commencer le suivant. (À
Eleanor et Dick.) Je parlerais plus vite pour vous, mais nous avons besoin
des notes pour le livre.
(22h46. La transe de Jane a été bonne. Nous sommes contents que
d’autres personnes aient pu assister à la dictée du livre. Le reste de la
session est consacré à nos invités ; les manières de Seth se font joviales et
sa vitesse augmente considérablement. Fin à 0h30.
Quelques notes ajoutées plus tard : Dick Bach a le sentiment qu’il n’a
pas écrit Le Goéland seul. L’histoire de la conception du livre est connue :
un soir, fin 1959, Dick marchait le long d’un canal près d’une plage de la
côte Ouest quand il entendit une voix qui disait : « Jonathan Livingston le
Goéland. » Il en fut très étonné car il était seul. Il fut encore plus étonné,
une fois rentré chez lui, quand la voix commença à lui transmettre des
images qui lui donnaient l’essentiel du livre en forme tridimensionnelle.
Puis elle s’arrêta. Dick essaya alors, sans succès, de terminer le manuscrit.
Il ne se passa plus rien pendant les huit années suivantes, jusqu’à ce qu’il
se réveille une nuit et entende à nouveau la voix – porteuse de la fin du
livre.
Qui a écrit ce livre ? Dick ne s’en prétend pas l’auteur. Quand il
découvrit Le Matériau de Seth, il vit des similitudes entre son expérience et
celle de Jane, et nous rendit visite pour voir si Jane ou Seth pouvaient
expliquer ce phénomène. Il existe, bien sûr, des similarités, même si Jane se
trouve en présence non pas d’une voix mais d’une personnalité entière,
Seth, qui écrit des livres pendant qu’elle est en état de conscience modifiée.
Ils étaient donc tous les deux très curieux de ce que Seth allait dire.
D’ailleurs, le roman de Jane The Education of Oversoul 7 a été écrit
dans des circonstances analogues – et différentes à la fois. Elle en décrit le
processus dans son introduction, ainsi que le mode de création d’une partie
de sa poésie.10
Pour Jane, tous ces états sont des aspects différents du même type de
créativité hautement accélérée qui « se dépasse elle-même » jusque dans
des niveaux – ou des aspects – de la réalité que nous ne comprenons pas
encore clairement. La question s’applique aussi à des cas d’écriture
automatique, de peinture, de chant, de composition musicale, etc.
Voici des citations, à peu près mot pour mot, de l’information donnée par
Seth à Dick et compagnie, le soir du 27 septembre 1972. « Aucune
information n’existe en elle-même. La conscience de tous ceux qui la
perçoivent, de tous ceux qui la comprennent ou qui se trouvent à sa source,
est liée à cette information. Il n’y a donc pas de banque de données
objective, éternellement disponible, à laquelle se connecter. C’est plutôt que
la conscience qui a détenu, qui détient ou qui détiendra cette information,
l’attire comme un aimant. L’information elle-même veut aller vers la
conscience. Elle n’est pas inerte ou morte. Ce n’est pas seulement quelque
chose que vous saisissez, c’est aussi quelque chose qui veut être saisi et qui,
par conséquent, gravite autour de ceux qui le cherchent.
Votre conscience attire la conscience déjà connectée à ce matériau. C’est
là l’une de mes friandises pour ce soir. L’information naît donc à nouveau,
elle est recréée quand elle est interprétée par une nouvelle conscience,
comme cela a été le cas pour Le Goéland.
Faisant appel à des facultés qui ont toujours été les vôtres, les parties
internes de votre être ont interprété cette information par le kaléidoscope de
votre propre être ; elles en ont utilisé les meilleures parties, si bien qu’elles
ont produit une vérité éclatante dans de nouveaux habits – mais des habits
que personne d’autre que vous n’aurait pu lui donner. Je vous le dis :
considérer que quelqu’un d’autre est l’auteur du Goéland, c’est renier ce
qu’il y a d’unique en votre propre moi.
La vérité est venue à vous et vous a été donnée, mais ses aspects
originaux et uniques ont été fournis par votre moi intérieur – qui est peut-
être maintenant suffisamment éloigné de votre être conscient pour vous
sembler séparé.
D’autres choses étaient en jeu : la naissance d’un livre, mais aussi
l’émergence du moi interne dans l’univers physique au moyen de l’art. Or
la force et la focalisation proviennent en partie de ces deux naissances, et
l’intensité qui les entoure fait que la naissance de ce livre frappe le monde
avec force. Elles se fondent l’une à l’autre. Vous cherchez l’auteur du
Goéland, et je vous dis que je suis en train de le regarder. Il n’a peut-être
pas le visage que vous voyez quand vous regardez dans le miroir, pour la
bonne raison que vous ne pouvez pas voir votre identité véritable dans un
miroir. Mais je suis en train de regarder tout ce que l’on peut voir de
l’auteur du Goéland, et vous devez le connaître mieux que personne. Je
vous dirai, au fil du temps, comment le connaître mieux et converser
davantage avec lui.
Ruburt a un peu d’avance dans ce domaine et je ne veux pas gâcher son
plaisir. Il existe en effet des « aspects » de votre propre conscience qui
fonctionnent dans des environnements très différents. Notamment dans des
environnements qui ne sont pas physiques. Il y a donc des aspects de vous
qui ont accès à une information tout à fait différente de ce qui vous est
maintenant disponible au niveau conscient… »
(Remarquez que Seth accrédite la théorie de Jane concernant Aspects.
Elle a commencé un livre sur ce sujet. Elle y explore, entre autres, la nature,
la validité et la source de personnalités telles que Seth, et « l’intrusion » du
matériau qui apparaît par le moyen de l’intuition ou de la révélation. Voir
son introduction.)

SESSION 619
LUNDI 9 OCTOBRE 1972

(Ma mère vit avec mon frère et sa famille dans une petite ville du nord de
l’État de New York, non loin de Rochester ; Jane et moi leur avons rendu
visite ce week-end. Sur la route du retour, ce matin, Jane a remarqué : « En
tout cas, quelqu’un est en train de travailler sur le livre de Seth. Je n’arrête
pas d’en recevoir des bribes. Je crois qu’il s’agit de l’imagination et des
croyances, de l’effet qu’elles ont l’une sur l’autre – mais c’est beaucoup
plus compliqué que ça. » Contente, elle a ajouté : « C’est agréable de
savoir que le travail est en train de se faire… »
21h06.) Maintenant. Je vous souhaite le bonsoir…
(« Bonsoir, Seth. »)
… et, si vous n’avez pas de question particulière à poser, nous allons
reprendre la dictée.
(« Non, allez-y. »)
Accordez-moi un instant… L’imagination joue elle aussi un rôle
important dans votre vie subjective, car elle donne de la mobilité à vos
croyances. C’est l’un des agents motivants qui vous aident à transformer
vos croyances en expérience physique. Il est donc vital que vous
compreniez le lien entre les idées et l’imagination. Afin de déloger les
croyances inappropriées et de les remplacer par d’autres, vous devez
apprendre à utiliser l’imagination pour faire entrer ou sortir des concepts de
votre esprit. En l’utilisant correctement, vous pouvez propulser les idées
dans les directions que vous souhaitez.
Fin du chapitre 3.

7 La conception du « moi entier » de Seth comprend beaucoup de choses, notamment les


réincarnations et les personnalités probables. On pourrait dire que chaque session contribue à notre
compréhension de ce que peut être un moi entier en constante expansion.
8 Rappel : en général, Seth donne à Jane le nom de son entité masculine, Ruburt – d’où « il »,
« lui », etc.
9 Ici Seth cite exactement la phrase prononcée au cours d’une session ne faisant pas partie des
sessions régulières, le 26 février 1972, pendant nos vacances à Marathon, en Floride.
10 On trouve dans ce livre de nombreux exemples d’états de conscience modifiée chez Jane. Ceux-ci
ont parfois donné naissance, en plus des livres de Seth, à des productions personnelles pleines de
créativité. Certaines des expériences médiumniques liées à son livre de poésie Dialogues of the Soul
and Mortal Self in Time, commencé en novembre 1972, sont décrites dans la session 639, chapitre
10. Et dans la session 653, chapitre 13, nous en voyons qui sont liées à l’écriture de son long poème,
Dialogues of the Speakers, le 2 avril 1973.
CHAPITRE 4

Votre imagination et vos croyances, plus


quelques mots sur l’origine de ces dernières

(Une pause à 21h12.) Quatrième chapitre : « Votre imagination et vos


croyances, plus quelques mots sur l’origine de ces dernières ».
Dans la vie physique, l’esprit conscient dépend largement du
fonctionnement du cerveau. Que vous soyez ou non dans la chair, vous avez
un esprit conscient, mais quand vous êtes orienté sur le monde physique, il
est connecté au cerveau physique.
C’est en partie le cerveau qui maintient l’esprit dans sa focalisation sur la
réalité en trois dimensions. Il vous oriente vers l’environnement dans lequel
vous devez fonctionner et c’est l’allégeance de l’esprit au cerveau temporel
qui fait que vous percevez, par exemple, le temps comme une série de
moments.
Le cerveau canalise vers votre structure physique l’information qui est
reçue par l’esprit, si bien que votre expérience passe par un filtre physique
et est automatiquement traduite en termes compréhensibles par l’organisme.
(Seth-Jane scande ces paroles en donnant de légers coups sur la table qui
nous sépare.) De ce fait, en termes physiques et dans la vie telle que vous la
concevez, l’esprit dépend en grande partie de la croissance et de l’activité
du cerveau. Certaines informations nécessaires à la survie physique doivent
être apprises et sont transmises de parent à enfant. Vous naissez avec
certains postulats de base, mais comme les conditions particulières de votre
environnement peuvent être extrêmement variées, ces postulats doivent être
renforcés. Il est donc nécessaire que l’enfant reçoive les croyances de ses
parents.
Ces dernières consolident le groupe familial à un moment où le jeune
enfant a besoin d’une protection maximale. Le fait d’accepter des croyances
joue donc un rôle capital dans son développement. Ce partage d’idées ne
fait d’ailleurs pas que protéger la progéniture des dangers qui sont évidents
pour les parents ; il fournit aussi un cadre pour la croissance de l’enfant.
(21h27.) Un périmètre de sécurité est ainsi mis en place jusqu’au moment
où l’esprit conscient commence à pouvoir raisonner par lui-même et à
former ses propres jugements de valeur. J’aborderai plus tard des aspects
plus vastes de l’origine des idées mais, pour l’instant, nous allons
simplement considérer cette vie-ci, celle que vous connaissez.
Vous recevez donc les croyances de vos parents concernant la nature de
la réalité. Elles vous sont transmises par l’exemple et par la communication
verbale, ainsi que par un renforcement télépathique constant. Vous recevez
des idées sur le monde en général et sur votre relation avec lui ; ce sont
aussi vos parents qui vous transmettent le concept de ce que vous êtes. Vous
absorbez leurs notions concernant votre propre réalité.
En dessous de tout cela, vous portez en vous la connaissance indélébile
de votre identité et de votre propre signification, de vos buts ; mais dans les
premiers stades de développement, l’attention se concentre largement sur la
nécessité d’une relation physique. Vous recevez de vos parents des
croyances directionnelles ; celles-ci vous orientent d’une manière qui leur
semble adéquate pour assurer votre sécurité. Protégé par ces croyances,
l’enfant peut satisfaire sa propre curiosité, développer ses facultés et mettre
toute son énergie dans des zones d’activité clairement délimitées.
(21h35.) Ce phénomène d’acceptation des croyances est donc très
important, en particulier au début de la vie. Mais il n’y a aucune raison pour
qu’un individu demeure limité par l’expérience ou les croyances qui sont
propres à l’enfance. Or, leur nature est telle que, si certaines sont faciles à
reconnaître comme absurdes ou dangereuses, d’autres, qui en découlent,
sont difficiles à identifier.
Il peut, par exemple, vous sembler bête d’avoir cru au péché originel.
Pourtant, vous ne voyez pas forcément que nombre de vos actions présentes
sont basées sur l’idée de faute. Nous aurons beaucoup à dire sur la façon
dont vos convictions sont liées les unes aux autres, du simple fait que vous
n’avez pas l’habitude de les examiner.
Peut-être pensez-vous : « Je suis gros parce que je me sens coupable de
quelque chose que j’ai fait dans le passé. » Vous essayez peut-être alors de
trouver de quel évènement il s’agit ; mais dans un cas comme celui-ci, c’est
la croyance en la culpabilité elle-même qui est le problème.
Vous n’avez pas à porter cette croyance. Je me rends bien compte que des
pans entiers de votre civilisation sont construits sur l’idée de faute et de
châtiment. Vous êtes nombreux à croire qu’en l’absence d’un sentiment de
culpabilité il n’y aurait aucune autodiscipline et que le monde deviendrait
fou. Il est assez fou à l’heure actuelle – non pas en dépit de vos notions de
faute et de châtiment, mais largement à cause d’elles. Mais nous
reviendrons là-dessus dans ce livre.
Les idées qui vous sont données par vos parents au début de la vie
structurent donc les expériences par lesquelles vous faites votre
apprentissage. Elles indiquent les limites à l’intérieur desquelles vous
pouvez fonctionner en sécurité pendant vos premières années. Sans même
que vous le sachiez consciemment – car votre esprit, qui est connecté à
votre cerveau, n’est pas encore très développé –, votre imagination est
consignée à certains chemins.
(21h46.) Dans une large mesure (mais pas entièrement), votre
imagination suit vos idées – comme le font vos émotions. Il existe certains
schémas généraux. Un enfant pleure quand il a mal. Il arrête de pleurer
quand il n’a plus mal, et l’émotion derrière les pleurs se transforme
automatiquement en autre chose. Mais si l’enfant découvre que continuer à
pleurer après l’incident lui vaut davantage d’attention et d’égards, il fait
durer cette émotion.
Dès le début, l’enfant compare automatiquement son interprétation de la
réalité à celle de ses parents. Comme ses parents sont grands et forts et
qu’ils satisfont une grande partie de ses besoins, il fait de son mieux pour
que son expérience s’accorde à leurs attentes et à leurs croyances. Il est en
général tout à fait naturel qu’un enfant pleure ou ne se sente pas bien
lorsqu’il s’est fait mal, mais la croyance que nous venons de voir peut
exagérer cette tendance jusqu’à ce que des sentiments prolongés de
désolation deviennent un schéma de comportement.
Ce qui se trouve derrière, c’est la croyance qu’avoir mal est une
catastrophe en soi. Ce type de croyance peut, par exemple, trouver son
origine dans une mère exagérément anxieuse. Comme l’imagination de
cette mère suit ses propres croyances, elle voit dans la moindre menace un
grave danger potentiel pour son enfant. L’enfant reçoit ce message, à la fois
par la réaction de la mère et de façon télépathique, si bien qu’il réagit en
accord avec les croyances qu’il a comprises.
Une bonne partie des croyances de ce type sont entièrement localisées
dans le cerveau conscient. Pourtant, l’adulte qui n’est pas habitué à
examiner ses propres convictions peut ne pas se rendre compte qu’il a ce
genre d’idée. Ce n’est pas que cette idée soit enfouie, ou inconsciente ;
c’est tout simplement qu’elle n’est pas examinée.
Ainsi, l’une des idées les plus limitantes de toutes, comme nous l’avons
déjà mentionné (par exemple, session 614, chapitre 2), est que les indices
qui permettent de comprendre le comportement présent sont enfouis et,
d’une manière générale, inaccessibles. Cette croyance même vous ferme le
contenu de votre propre esprit conscient et vous empêche d’y trouver les
réponses qui y sont disponibles.
Maintenant, vous pouvez faire votre pause.
(Jane dit qu’elle était vraiment partie pendant sa transe et qu’elle se sent
« ivre de jubilation ». Comme l’indique la notation de l’heure, elle a avancé
à bonne allure. « D’un côté, dit-elle, l’air un peu fatiguée, je pourrais
replonger et continuer à livrer du texte jusqu’à demain matin ; ou alors, je
pourrais aller me coucher et m’effondrer. » Elle s’interroge sur la raison de
ces sensations.
Je veux maintenant décrire un phénomène qui m’a gêné dès le début de
la session et qui constitue un bon exemple du fonctionnement de nos
croyances. Dès que Seth est apparu, j’ai ressenti une raideur inaccoutumée
dans le poignet de la main dont je me sers pour écrire – une tension qui
m’empêche de former les lettres automatiquement. J’ai continué à prendre
des notes en faisant un effort supplémentaire, mais cela me gênait d’être
obligé de penser au mécanisme de l’écriture alors que j’essayais de me
concentrer sur ce que disait Seth. Cette difficulté est encore présente
pendant la pause.
Je dis à Jane que je pense utiliser le pendule après la session pour
comprendre la cause de ce phénomène, car je ne veux pas interrompre la
dictée en interrogeant Seth. Brièvement, pour ceux qui me posent la
question : le pendule est une très ancienne technique ; je l’emploie, avec
d’excellents résultats, pour obtenir des réponses « subconscientes », issues
d’une connaissance qui se trouve juste en dehors de ma conscience
habituelle. J’utilise un objet petit et lourd, suspendu au bout d’un fil de
façon à ce qu’il puisse bouger librement. Je pose mentalement des
questions auxquelles le pendule répond par un oui ou par un non, selon
qu’il bouge d’avant en arrière ou de droite à gauche.
Nous discutons de nos difficultés personnelles et Jane me dit que nous
avons le choix : nous pouvons obtenir du matériau à ce sujet ou continuer
le travail sur le livre. Pour Seth, les deux canaux sont disponibles. Malgré
notre désir de continuer la dictée, nous avons envie d’avoir des réponses à
nos questions personnelles. C’est donc ce que nous choisissons, non sans
un certain sentiment de culpabilité – mais une fois que le matériau se
dévide, nous avons le sentiment d’avoir fait le bon choix. Reprise à 22h20.)
Maintenant. Ceci est votre information.
Premièrement, cela est dans votre esprit conscient. Le pendule vous
permet de voir du matériau conscient qui n’est pas structuré en croyances
reconnues. Je veux que vous le compreniez, car le lecteur n’a pas la
possibilité que je lui parle de cette manière personnelle.
La croyance est consciente, vous en avez connaissance mais vous ne
vous rendez pas compte de celles qui s’y rattachent. Cette croyance, c’est
que vous communiquez mal avec votre mère.
(Seth a tout à fait raison. J’ai l’impression de découvrir d’un seul coup
une lumière qui a toujours été là – souvenez-vous que Jane et moi venons
de rendre visite à ma mère, ainsi qu’à mon frère et à sa famille.)
À cela vient s’ajouter la croyance que c’est mal et qu’on doit être puni
quand on fait quelque chose de mal. Quand vous notez la dictée pour ce
livre, vous facilitez la communication avec un grand nombre de personnes,
tout en ayant le sentiment que vous ne parvenez pas à communiquer avec
votre propre mère.
Ces croyances combinées font naître une difficulté pour la main qui écrit.
À travers ces sessions, vous voulez exprimer des idées auxquelles vous
croyez avec force ; pourtant, vous vous sentez, ou plutôt vous vous croyez,
coupable de le faire alors que vous ne pouvez pas communiquer ces idées à
votre propre mère.
Ce conflit entre vos croyances entraîne des difficultés dans votre prise de
notes. Les mouvements de votre main n’ont pas leur fluidité habituelle.
Vous croyez également que vous communiquez mieux par écrit que
verbalement. Vous écrivez souvent des petits mots à Ruburt, dans lesquels
vous écrivez facilement et joliment des choses que vous avez du mal à dire,
à cause de cette croyance.
(Oui…)
Ainsi, ce soir, vous vous sentez coupable de communiquer avec d’autres
par ces notes alors que vous avez le sentiment de ne pas pouvoir
communiquer verbalement avec votre propre mère. Ainsi vos croyances ont
un effet sur votre méthode de transcription.
(Avec un sourire.) Je vous donne cela pour vous montrer comment
fonctionnent les croyances.
(« Mais j’ai aussi besoin d’aide. »)
Vous croyez aussi – (avec humour) si vous le souhaitez, vous pouvez
souligner le mot « croire » à chaque fois que je vous parle
personnellement – que votre moyen de communication premier est la
peinture ; et au lieu de cela, vous êtes ici en train de prendre des notes
comme moyen de dissémination.
Ce dernier point ne serait pas particulièrement important s’il n’existait
pas deux courants secondaires qui entrent en conflit l’un avec l’autre. Le
premier, c’est qu’il était bien que vous soyez à Rochester, comme vous y
étiez en effet, pour parler avec votre mère. Le second, c’est que vous auriez
dû être ici, en train de vous adresser au monde par le moyen de votre
peinture.
Au lieu de cela, à votre retour, vous communiquez avec le monde par des
notes – un choix que vous avez fait de façon consciente mais sans vous
rendre compte de ces autres aspects présents dans votre esprit conscient ni
de ces croyances conflictuelles. Vous me suivez ?
(« Oui. »)
Ces croyances sont assez évidentes pour vous quand je vous en parle ;
mais, du fait qu’elles sont opposées, elles ont donné des consignes
contradictoires à la conscience du corps : écris et n’écris pas.
(22h35.) L’idée de châtiment, la croyance en cette idée, entre aussi en
jeu. Vous faites ce que vous aviez décidé de faire – avoir une session – mais
vous le faites en vous punissant par vos interprétations personnelles.
Vous croyez que les problèmes de santé de votre mère sont liés à un
manque de communication. Votre frère vous a dit qu’elle a parfois des
difficultés à parler. Or votre interprétation tout à fait consciente d’une
punition adéquate à vous administrer est le manque de mouvement de votre
main. J’essaye de dire cela de façon simple pour que vous puissiez voir les
liens en jeu.
Comme vous croyez que votre moyen d’expression principal passe par la
main, avec la peinture, et comme vous croyez que celui de votre mère est
essentiellement verbal, vous faites obstacle au fonctionnement de votre
main et non pas, par exemple, à votre capacité à parler. Pouvez-vous suivre
cela consciemment ?
(« Oui. » Et, tout en écrivant, je me dis que c’est très bien exprimé.)
Or, vous avez fait ces choix consciemment, en diverses occasions. Ils ont
échappé à votre attention mais ils ont existé comme des éléments de choix
dont vous vous rendez tout à fait compte. Avez-vous des questions ?
(22h40. « Non. J’ai juste besoin de penser à tout ça. »)
Maintenant. Ruburt est en train d’identifier des croyances dont il veut se
débarrasser. Il les a si bien secouées qu’elles s’entrechoquent dans sa
conscience. Il commence à s’en rendre compte. Elles ne sont plus aussi
invisibles qu’avant. Il fait face à nombre d’entre elles pour la première fois.
Vous devriez tous les deux accorder la même attention, de façon alerte et
consciente, aux idées qui vous sont bénéfiques, à leur importance dans votre
vie – et cela fera partie du livre destiné à autrui.
D’une certaine façon, Ruburt était épuisé, ce soir, à force de comparer
vos croyances communes avec celles de votre frère et de sa famille ; à force
de comparer ses propres croyances concernant le corps (Jane se touche le
genou) avec les leurs, et de voir, parmi les siennes, lesquelles lui sont
préjudiciables – épuisé aussi à force de contraster ses facultés créatrices et
médiumniques avec les leurs, et cela a entraîné un sentiment de jubilation.
C’est pourquoi (sourire), il se sent à la fois épuisé et en pleine jubilation.
J’ai veillé à ce qu’il se rende compte que je travaillais sur notre livre (ce
matin). Des idées de ce type sont parvenues à sa conscience. Par le passé, il
lui semblait que les fuites de ce genre ne devaient pas se produire et, par
conséquent, elles n’émergeaient pas, en général, dans son expérience. Elles
étaient présentes mais, du fait de cette croyance, elles n’étaient pas
reconnues.
Je vais donner, de temps en temps, du matériau subsidiaire pour Ruburt et
pour vous, de façon à mettre chaque chapitre du livre en œuvre pour votre
bénéfice personnel. Il est vital que vous réalisiez que vous travaillez
réellement à partir des croyances qui se trouvent dans votre esprit – que le
vrai travail se fait là, dans l’esprit – et que vous ne cherchiez pas de
résultats physiques immédiats.
Ceux-ci vont se produire aussi sûrement, aussi certainement, que les
« mauvais » effets que vous constatez, et cela doit être une croyance : les
bons résultats vont arriver. Mais le vrai travail s’accomplit dans l’esprit. Si
vous faites ce travail, vous pouvez être certain que le résultat va suivre,
mais vous ne devez pas être constamment en train de vérifier qu’il est bien
en train de se produire. Vous voyez la différence ?
(« Oui. »)
Avez-vous des questions ?
(« Non. Je pense que ce matériau est excellent. » Jane, en tant que Seth,
fait à présent quelque chose d’inhabituel : elle se tourne dans son fauteuil à
bascule pour voir la pendule qui se trouve à sa gauche et légèrement
derrière elle, sur la bibliothèque qui sépare la pièce en deux.)
Maintenant. Faites une courte pause. J’ajouterai ensuite un peu de
matériau pour le livre afin de nous faire avancer sur ce chapitre mais je ne
vais pas vous garder longtemps.
(22h55. Jane sort « d’une transe super », comme elle dit ; je suis très
content de lui dire que ma main va beaucoup mieux et que Seth a également
répondu à ses questions. Je passe le texte dicté en revue avec elle. Reprise à
23h08.)
Dictée. (Une pause.) Jusqu’à un certain point, vos croyances se modifient
constamment. Une fois parvenu à l’âge adulte, vous accomplissez toutes
sortes de choses qui vous semblaient impossibles quand vous étiez enfant.
Par exemple, vous pensiez peut-être, quand vous aviez trois ans, qu’il était
dangereux de traverser une rue. À trente ans, vous vous êtes débarrassé, du
moins l’espère-t-on, d’une croyance qui était tout à fait appropriée, et
nécessaire, quand vous étiez enfant. Toutefois, si l’idée qu’il est dangereux
de traverser la rue a été renforcée en vous par votre mère, aussi bien par
télépathie que par la façon dont elle a peint une image épouvantable du
danger potentiel auquel on s’expose, vous portez sans doute cette crainte
affective et votre imagination vous dépeint peut-être des accidents
possibles.
Vos émotions, aussi bien que votre imagination, suivent vos croyances.
Quand une croyance disparaît, le contexte affectif se modifie et votre
imagination se tourne vers d’autres directions. Les croyances mobilisent
automatiquement le pouvoir de vos émotions et de votre imagination.
Il y a très peu de croyances qui soient uniquement intellectuelles. Quand
vous examinez le contenu de votre esprit conscient, vous devez apprendre à
reconnaître les connotations imaginaires et affectives qui s’attachent à une
idée particulière. Il existe différentes façons de modifier une croyance en lui
substituant son contraire. L’une d’elles comprend trois pans : on commence
par générer l’émotion opposée à celle qui naît de la croyance que l’on veut
changer, et on tourne son imagination vers cette direction. En même temps,
on s’assure consciemment que la croyance qui n’est pas satisfaisante est
bien une idée concernant la réalité et non un aspect de la réalité elle-même.
Rendez-vous compte que les idées ne sont pas stationnaires.
L’imagination et les émotions les poussent dans différentes directions, les
renforcent ou les suppriment.
(Une pause à 23h23.) Jouez avec votre esprit conscient de manière
délibérée. Faites comme les enfants : inventez un jeu dans lequel vous
ignorez temporairement ce qui semble être, en termes physiques, et « faites
semblant » que ce que vous voulez est réel.
Si vous êtes pauvre, faites semblant, exprès, d’avoir tout ce dont vous
avez besoin sur le plan financier. Imaginez comment vous dépensez votre
argent. Si vous êtes malade, jouez à imaginer que vous êtes guéri. Voyez-
vous en train de faire ce que vous feriez une fois guéri. Si vous avez des
difficultés de communication, imaginez-vous en train de communiquer avec
facilité. Si vous avez le sentiment d’avoir des journées sombres et
dépourvues de sens, imaginez-les pleines et joyeuses.
Cela peut vous sembler ne pas être très praticable ; pourtant, dans votre
vie quotidienne, vous mettez souvent votre imagination et vos émotions au
service de causes moins élevées ; et le résultat en est très clair – et
malheureusement praticable, dois-je ajouter.
Vos croyances non satisfaisantes ont mis un certain temps à se
matérialiser ; il est de même possible qu’il s’écoule du temps avant que
vous puissiez voir des résultats physiques ; mais les nouvelles idées vont
s’enraciner et changer votre expérience aussi clairement que l’ont fait les
anciennes. Utiliser votre imagination va aussi vous mettre nez à nez avec
des idées secondaires qui peuvent temporairement vous arrêter dans votre
élan. Vous pouvez découvrir que vous aviez deux croyances conflictuelles,
aussi vigoureuses l’une que l’autre. Dans ce cas vous vous êtes placé dans
une impasse.
Vous pouvez croire que la bonne santé vous revient de droit tout en
croyant avec une égale conviction que la condition humaine est par essence
corrompue. Si bien que vous essayez à la fois d’être en bonne santé et de ne
pas l’être, ou à la fois de réussir et de ne pas réussir, selon votre système de
pensée – car nous allons voir plus loin comment les croyances tombent en
général dans un système d’idées connectées les unes aux autres.
C’est la fin pour ce soir.
(« Très bien, Seth. »
Aimablement.) Je suis content que vous approuviez.
(« Bonne nuit. »)
Je vous souhaite une affectueuse bonne soirée, ainsi qu’une chaleureuse
et énergique introduction de bonnes croyances.
(« Merci. » Fin à 23h33. Une fois la session terminée, Jane se met à
bâiller de façon répétée, les yeux larmoyants. Ma main est pratiquement
débarrassée de toute tension.
Les membres du cours de perception extrasensorielle de Jane mettent en
pratique les idées de La Réalité personnelle. Étrangement, cela a pour effet
de faire naître chez elle une certaine impatience, car elle ne peut utiliser
que ce que Seth a donné pour l’instant. Elle se trouve dans la situation très
particulière d’envier les lecteurs futurs, qui pourront avancer dans
l’ouvrage terminé et le mettre en œuvre comme un ensemble.
Le lendemain matin, Jane me dit que Seth et/ou elle ont « travaillé au
livre toute la nuit. À chaque fois que je me réveillais, de la dictée, ou
quelque chose comme ça, était en train de se produire. C’était assez
insistant – presque trop, par moments. » Elle a déjà ressenti pareil
phénomène la nuit. Cela ne se produit pas toutes les nuits, loin de là, mais
je lui suggère de se dire à elle-même avant de s’endormir de ne pas avoir
conscience de cette activité pendant son sommeil. Nous voulons aussi poser
une question à Seth à ce sujet.)
SESSION 620
MERCREDI 11 OCTOBRE 1972

(En fin d’après-midi, Jane a reçu un appel d’un rédacteur en chef du


Time Magazine. Il souhaite lui parler cette semaine concernant un
reportage sur Richard Bach. Le livre de Dick est devenu un phénomène
national – voir la session 618, chapitre 3.
22h00.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Avec humour.) J’espère que vous avez du temps pour moi.11
(« Très drôle ! Oui. »)
Reprenons donc la dictée. (Une pause.) Vos croyances génèrent des
émotions. Il est assez à la mode de placer les sentiments au-dessus des
pensées conscientes, l’idée étant que les émotions sont plus naturelles et
plus fondamentales que le raisonnement conscient. Ils vont de pair, mais
c’est le raisonnement conscient qui détermine les émotions, et non
l’inverse. Vos croyances génèrent des émotions appropriées implicites. Une
longue période de dépression ne vous tombe pas dessus d’un seul coup. Vos
émotions ne vous trahissent pas. C’est plutôt que vous avez eu auparavant,
pendant une longue période, des pensées négatives conscientes, et que
celles-ci entraînent ensuite un fort sentiment d’abattement.
Si l’on pouvait accorder plus de confiance aux émotions qu’au
raisonnement conscient, la pensée qui se connaît elle-même n’aurait pas de
raison d’être. Vous n’en auriez pas besoin.
Vous n’êtes pas non plus à la merci de vos émotions, car elles sont
destinées à suivre le flot de votre raisonnement. Votre esprit est censé
percevoir l’environnement physique de façon claire et c’est son jugement
qui active les mécanismes du corps pour obtenir la réaction adéquate. Si vos
croyances concernant l’existence sont chargées de crainte, il en résulte des
réactions affectives qui mènent au stress. Dans ce cas, ce sont vos
jugements de valeur eux-mêmes qu’il faut examiner.
Bien sûr, l’imagination enflamme les émotions, et elle aussi découle
fidèlement de vos croyances. Vous sentez comme vous pensez, et non
l’inverse.
Nous ajouterons plus tard quelques commentaires concernant l’hypnose.
Laissez-moi seulement signaler ici qu’en ces termes, vous vous
autohypnotisez constamment par vos propres suggestions et pensées
conscientes. Le terme d’hypnose s’applique à un état tout à fait normal,
dans lequel on concentre son attention, on réduit sa focalisation, sur une
zone particulière de pensée ou de croyance.
On se concentre avec beaucoup de force sur une idée, en général à
l’exclusion de toute autre. Il s’agit d’un exercice tout à fait conscient. En
tant que tel, il démontre l’importance des croyances car, en utilisant
l’hypnose, on s’oblige à absorber une croyance, qu’on se l’administre soi-
même ou qu’elle soit donnée par quelqu’un d’autre – « l’hypnotiseur » –
mais on concentre toute son attention sur l’idée qui est présentée.
Là, comme dans la vie ordinaire, les émotions et les actions suivent des
croyances. Si vous croyez être malade, dans la pratique, vous êtes malade.
Si vous pensez être en bonne santé, vous l’êtes. On a beaucoup écrit sur la
nature de la guérison, et nous y reviendrons dans ce livre, mais il existe
aussi un phénomène de guérison inversée, par lequel un individu cesse de
croire en sa bonne santé et accepte l’idée de la maladie personnelle.
(Une pause à 22h22.) Ici, c’est la croyance elle-même qui génère
l’émotion négative, qui va, en effet, amener une maladie sur le plan
physique ou affectif. L’imagination suit et peint une image mentale
désastreuse d’un état de santé particulier. Assez rapidement, les données
physiques viennent confirmer la croyance négative – négative en ce sens
qu’elle est beaucoup moins désirable que la santé.
Je le mentionne ici car, dans le développement global d’un individu, une
maladie peut aussi être utilisée comme un moyen vers une fin constructive.
Dans ce cas, les croyances sont également concernées. Il s’agit d’une
personne convaincue que les problèmes de santé sont le meilleur moyen de
parvenir à un autre but.
Les autres moyens lui semblent fermés en raison de diverses croyances
personnelles qui forment un vide dans son expérience – c’est-à-dire que
cette personne ne voit pas d’autre façon de parvenir au but en question.
Nous y reviendrons plus à fond dans ce livre.
Une croyance peut bien sûr dépendre de plusieurs autres, chacune
générant sa propre réalité affective et imaginaire. La croyance en la maladie
repose, par exemple, sur la notion que l’humanité est dénuée de mérite,
imparfaite et coupable.
L’esprit ne contient pas que des croyances actives. Il en contient
beaucoup d’autres dans un état passif. Celles-ci demeurent latentes, prêtes à
devenir le point focal de l’attention et à être utilisées ; n’importe laquelle
d’entre elles peut venir occuper le devant de la scène lorsqu’une pensée
consciente vient la stimuler.
Par exemple, si vous focalisez votre attention sur les notions de pauvreté,
de maladie et de manque, votre esprit conscient contient aussi de façon
latente les concepts de bonne santé, de vigueur et d’abondance. Si vous
réorientez vos pensées, si vous les faites passer des idées négatives aux
idées positives, vous commencez à modifier cet équilibre au moyen de
votre concentration. Le vaste réservoir de potentiel et d’énergie qui se
trouve en vous entre en action, sous la houlette de l’esprit conscient.
Du fait que vous êtes des créatures qui raisonnez, du fait qu’une telle
variété d’expériences est à votre disposition, l’espèce humaine a développé
des pouvoirs de raisonnement qui sont censés évoluer et se développer
lorsqu’ils sont utilisés. Votre conscience s’étend quand vous l’employez.
Vous devenez « plus » conscient quand vous exercez ces facultés.
Une fleur ne peut pas écrire un poème à propos d’elle-même. Vous, si. Et
lorsque vous le faites, votre propre conscience se retourne sur elle-même ;
elle devient littéralement plus qu’elle n’était auparavant. La psyché
humaine, qui existe dans un environnement si diversifié, si riche en
possibilités, avait besoin de développer un esprit conscient capable de
porter un jugement concis, de faire une estimation exacte, « de minute en
minute ». Or, au fur et à mesure que l’esprit conscient se développait, la
portée de l’imagination faisait de même. De bien des façons, l’esprit
conscient sert de véhicule à l’imagination. Plus il a de connaissance, plus
l’imagination porte loin. En retour, l’imagination enrichit le raisonnement
conscient et l’expérience affective.
(Lentement.) Comme vous n’avez pas appris à utiliser votre conscience
correctement, ou pleinement, il vous semble que l’imagination, le
raisonnement et les émotions sont des facultés séparées, ou même opposées
les unes aux autres. L’esprit conscient mature, une fois encore, accepte les
données qui proviennent du monde extérieur et du monde intérieur. C’est
seulement lorsque vous croyez que l’esprit conscient doit être ouvert
exclusivement aux conditions extérieures que vous l’obligez à se couper de
la connaissance intérieure, des « voix » de l’intuition et des profondeurs
d’où il jaillit.
Vous pouvez faire votre pause.
(22h48. Jane a parlé pour Seth de façon délibérée, avec une voix peu
expressive. Sa transe a été bonne. Il s’avère que c’est la fin du travail pour
le livre ce soir. Seth donne cependant cinq pages supplémentaires de
matériau personnel pour Jane et moi, et la session se termine à 23h45.)

SESSION 621
LUNDI 16 OCTOBRE 1972

(Seth a parlé cinq fois par Jane la semaine dernière. Lundi et mercredi
soir, il a fourni du matériau pour son livre et des données personnelles pour
nous ; mardi soir, il s’est exprimé abondamment pendant le cours de
perception extrasensorielle ; vendredi après-midi, il a brièvement discouru
sur la psychologie freudienne pour un rédacteur du Time Magazine ; et
samedi soir, il a parlé de manière impromptue, pour un groupe de nos amis,
de la vie quotidienne en Italie au IVe siècle, alors qu’il était un pape mineur.
En matière de réincarnation, Seth a mentionné son expérience papale pour
la première fois pendant une session du cours de perception
extrasensorielle, en mai 1971. Voir le chapitre 22 de Seth parle.
Je n’ai pris que quelques notes concernant le matériau de samedi soir,
après le départ de nos amis. Nous étions en train de discuter des problèmes
de population actuels quand Seth s’est manifesté pour nous dire qu’au IVe
siècle, l’infanticide était une pratique assez fréquente – pour autant qu’il
sache. Tant qu’un enfant n’était pas baptisé, on le considérait comme la
propriété de ses parents, qui pouvaient en faire ce qu’ils voulaient sans que
cela soit mal vu.
Les enfants en trop, qui auraient été « un fardeau impossible » pour
l’économie de l’époque – en termes de logement, de nourriture, etc. –
étaient tout simplement tués avant d’avoir été baptisés. En revanche, une
fois baptisé, un enfant devenait un être sacré possédant une âme et le droit
de vivre.
Seth a ajouté que nos archives de ces premiers siècles sont confuses en ce
qui concerne l’Église, le baptême et les enfants. Il y avait d’autres
informations, mais je n’ai pas fait suffisamment confiance à ma mémoire
pour les noter.)
Bonsoir, une fois encore.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée : je ne minimise pas l’importance du moi intérieur. Toutes ses
ressources infinies sont toutefois à la disposition de l’esprit conscient, et au
service de vos buts conscients.
(Une pause.) Vous vous êtes trop appuyés sur l’esprit conscient (alors
même que ses caractéristiques et ses mécanismes étaient mal compris), si
bien que les défenseurs des théories de « l’esprit-conscient-et-raisonnant-
au-dessus-de-tout » prônent l’utilisation de l’intellect et des facultés de
raisonnement sans reconnaître pour autant que leur source se trouve dans le
moi intérieur.
L’esprit conscient était donc censé fonctionner seul, en quelque sorte –
dans l’ignorance des informations de nature intuitive qui lui sont également
disponibles. Il n’était pas supposé se rendre compte de ces données.
Pourtant, tout le monde sait très bien que l’intuition, l’inspiration et des
informations de type prémonitoire ou extralucide montent souvent jusqu’à
la connaissance consciente. En général, ces messages sont repoussés et
ignorés, car on vous a appris que l’esprit conscient ne doit pas prêter
attention à ces « balivernes ». On vous a donc incités à faire confiance à
l’esprit conscient tout en vous faisant croire qu’il ne se rend compte que des
stimuli qui lui parviennent du monde physique extérieur.
D’autres accordent au contraire une grande importance au moi intérieur, à
l’être affectif, aux dépens de l’esprit conscient. Selon ces théories, la
conscience ordinaire et l’intellect sont bien inférieurs aux parties
« inconscientes » de l’être ; et, de plus, toutes les réponses vous sont
cachées. (Une pause.) Les adeptes de ces théories dénigrent tellement
l’esprit conscient qu’on pourrait croire qu’il s’agit d’un cancer superflu,
d’une excroissance qui a poussé sur la psyché de l’espèce humaine – et qui
la gêne, plutôt que de l’aider dans sa compréhension et dans sa progression.
Les uns et les autres ignorent l’unité miraculeuse de la psyché, le bel
entrelacement naturel qui existe entre le soi-disant esprit conscient et le soi-
disant inconscient, l’incroyable richesse de l’interaction qui se produit
lorsque les deux parties donnent et reçoivent.
L’ « inconscient » contient réellement une partie importante de votre
propre expérience, en laquelle on vous a appris à ne pas croire. Encore une
fois, l’esprit conscient est destiné à se tourner vers le monde extérieur et
vers le monde intérieur ; c’est un véhicule pour l’expression de l’âme en
termes corporels.
(Une pause d’une minute à 21h59.) C’est le moyen par lequel vous
pouvez juger l’expérience temporelle, en accord avec les croyances de
l’esprit conscient concernant la nature de la réalité ; ce qui entraîne
automatiquement des réactions spécifiques du corps. Je ne peux le répéter
trop souvent : vos croyances forment votre réalité, votre corps ainsi que
l’état dans lequel il se trouve, vos rapports personnels, votre environnement
et, globalement, votre civilisation et votre monde.
Vos croyances attirent automatiquement les émotions appropriées.
L’imagination les renforce ; et, au risque de me répéter, car cela est
fondamental : l’imagination et les sentiments dépendent de vos croyances,
et non l’inverse.
Prenons un exemple rapide et inoffensif : si vous rencontrez souvent
quelqu’un et que vous vous dites à chaque fois « il me casse les pieds », il
ne faudra pas vous étonner si vous avez mal aux pieds la prochaine fois que
vous rencontrerez cette personne. C’est pourtant une suggestion tout à fait
consciente (avec insistance) que vous vous donnez à vous-même et qui
s’accomplit non pas symboliquement mais de la façon la plus pratique et la
plus littérale.
Dans cette existence, vous êtes orienté sur le monde physique. Cela
suppose sûrement que l’esprit conscient, qui est orienté sur le monde
physique, est celui qui doit se livrer à des déductions concernant la nature
de la réalité physique. Sinon vous n’auriez pas de libre arbitre.
(22h10.) Depuis la révolution industrielle (à partir de 1760 environ)12,
l’idée selon laquelle il n’y a pas de lien entre l’individu et les objets qui
l’entourent s’est développée dans la culture occidentale. Ceci n’est pas un
livre d’histoire, et je ne vais donc pas entrer dans les raisons qui se trouvent
derrière cette idée, mais je veux mentionner qu’il s’agissait d’une réaction
exagérée, dans vos termes en tout cas, aux concepts religieux qui l’avaient
précédée.
Avant cette époque, l’homme croyait pouvoir modifier la matière et son
environnement par la pensée. Cependant, avec la révolution industrielle, les
éléments de la nature elle-même ont perdu leur qualité vivante aux yeux de
l’homme. Ils sont devenus des objets à catégoriser, à nommer, à mettre en
pièces et à examiner.
On ne dissèque pas son chat ou son chien ; ainsi, quand l’homme a
commencé à disséquer l’Univers de cette façon, il avait déjà perdu le
sentiment de l’aimer. Pour lui, l’Univers n’avait plus d’âme. C’est alors
seulement, voyez-vous, qu’il a pu l’examiner sans scrupules et sans
entendre les voix vivantes qui protestaient (voix ponctuellement grave et
forte) ; et ainsi, dans sa grande fascination pour la façon dont les choses
fonctionnent, dans sa grande curiosité pour, disons, l’hérédité d’une fleur, il
oublia qu’il pouvait apprendre en humant son parfum, en la regardant, en la
voyant être elle-même.
Il examina donc la « nature morte ». Souvent, il lui sembla qu’il devait
tuer la vie pour découvrir sa réalité.
Vous ne pouvez pas comprendre ce qui fait vivre les choses quand vous
devez commencer par leur dérober la vie. Ainsi, lorsque l’homme apprit à
catégoriser, à numéroter et à disséquer la nature, il perdit sa qualité vivante
et cessa d’avoir le sentiment qu’il en faisait partie. De façon fondamentale,
il reniait son héritage, car l’esprit naît dans la nature et l’âme demeure pour
un temps dans la chair.
L’homme n’avait plus l’impression que ses pensées avaient un effet sur la
nature, car en esprit il se voyait comme séparé d’elle. De manière
paradoxale, il en vint à renier les pouvoirs conscients de son propre esprit
alors même qu’il se focalisait de façon très consciente sur les aspects
extérieurs de la nature. Il devint aveugle aux liens qui existent entre ses
pensées et son expérience ou son environnement physique.
Voulez-vous faire une pause ?
(« Non. »)
La nature devint donc un adversaire à maîtriser. Pourtant, il se sentait, au
fond, à la merci de la nature, car en se coupant de cette dernière, il se
coupait aussi d’une bonne partie de ses propres facultés.
C’est à partir de ce moment-là qu’on a commencé à méconnaître à ce
point la nature de l’esprit conscient et que les écoles de psychologie qui ont
suivi ont commencé à attribuer à des zones inconscientes de l’être les
pouvoirs qui étaient ignorés ou reniés. (Avec insistance.) Les fonctions les
plus naturelles de l’esprit conscient furent donc coupées de leur utilisation
normale et assignées à des zones « souterraines ».
Maintenant vous pouvez faire votre pause.
(22h29. La dissociation de Jane a été très bonne, son débit intense et
souvent rapide. En sortant de transe, elle secoue la tête. « Ouah, il y allait !
Je ne savais pas du tout de quoi il allait parler ce soir, mais je voyais bien
qu’il avait un paquet de choses à dire avant de nous accorder une pause. »
Reprise, de la même manière active, à 22h40.)
Maintenant. Reprenons la dictée. Puis, je ferai une remarque.
(« D’accord. »)
Accordez-nous un instant… L’accent a tellement été mis sur l’esprit
conscient (tout en le privant de certaines de ses caractéristiques), qu’on
assiste maintenant à une réaction exagérée, qui consiste à en dire du mal,
pour parler vulgairement.
On considère que l’imagination et les émotions lui sont largement
supérieures. On continue à assigner à l’inconscient les pouvoirs reniés de la
conscience et l’on se donne beaucoup de mal pour atteindre des zones qui
semblent inaccessibles. Les drogues sont utilisées dans ce but, des cultes
voient le jour, et les techniques ou instructions pour y parvenir abondent.
Pourtant, « la connaissance et l’expérience intérieures » n’ont rien
d’inaccessibles. Tout cela peut être tout à fait conscient, et utilisé pour
enrichir la réalité que vous connaissez. L’esprit conscient n’est pas une sorte
de fils prodigue ou de parent pauvre du moi. Il se focalise librement sur la
réalité intérieure lorsqu’on comprend qu’il peut le faire. Encore une fois,
vous avez un esprit conscient. Vous pouvez modifier la focalisation de votre
conscience.
Pour toutes sortes de raisons, l’espèce humaine s’est infligé bien des
tyrannies. Et l’une des pires est l’idée que l’esprit conscient n’est pas en
contact avec la source de son propre être, qu’il est coupé de la nature et que,
par conséquent, l’individu est à la merci de poussées inconscientes sur
lesquelles il n’a aucun contrôle.
Aussi l’homme se sent-il dénué de tout pouvoir. Si le but de la
civilisation est de permettre à l’individu de vivre dans la joie, dans la
sécurité et dans l’abondance, cette idée ne lui a pas été très utile.
(Une pause à 22h55.) Lorsqu’une personne a le sentiment qu’il n’existe
pas de lien entre son expérience, ou sa réalité personnelle, et le monde
alentour, elle perd jusqu’au sentiment d’appartenance, de pure compétence,
dont jouit l’animal. Une fois encore, vos croyances forment votre réalité et
façonnent votre vie dans chacun de ses aspects.
Ce sont vos croyances conscientes qui activent tous les pouvoirs de votre
moi intérieur. Vous avez perdu le sentiment d’être responsable de vos
pensées conscientes parce qu’on vous a appris que ce n’est pas ce qui forme
votre vie. On vous a dit que, quelles que soient vos croyances, vous
craignez le conditionnement inconscient.
Souligner la phrase suivante : Et tant que vous gardez cette croyance
consciente, vous en faites l’expérience comme d’une réalité.
(Tout au long de ces pages, Jane parle de façon très absorbée et très
énergique. Je sens le regard de Seth qui me fixe à travers ses yeux grands
ouverts.)
Certaines de vos croyances remontent à l’enfance, mais vous n’êtes pas à
leur merci pour autant, sauf si vous croyez l’être. Comme votre imagination
suit vos croyances, vous pouvez être pris dans un cercle vicieux par lequel
votre esprit vous peint constamment une image qui renforce les aspects
« négatifs » de votre vie.
Les évènements imaginés génèrent les émotions appropriées ; celles-ci
entraînent automatiquement des changements hormonaux13 dans votre corps
ou bien elles ont un effet sur vos rapports avec les autres, ou encore elles
vous font interpréter chaque évènement à la lumière de vos croyances. Si
bien que l’expérience quotidienne vous semble confirmer toujours
davantage votre vision du monde.
La seule façon d’en sortir est de vous rendre compte de vos propres
croyances, de vos propres pensées conscientes, et de modifier vos
croyances pour les accorder avec le genre de réalité dont vous voulez faire
l’expérience. L’imagination et les émotions viennent alors immédiatement
jouer leur rôle et renforcer ces nouvelles croyances.
Comme je l’ai dit (session 614, chapitre 2), le premier pas crucial est de
réaliser que vos croyances concernant la réalité ne sont que cela : des
croyances concernant la réalité, et pas nécessairement les caractéristiques
mêmes de la réalité. Il faut que vous fassiez bien la différence entre vous-
même et ce en quoi vous croyez. Ensuite, il faut que vous compreniez que
vos croyances se matérialisent physiquement. Ce que vous croyez vrai dans
votre expérience est vrai. Pour modifier un phénomène physique, vous
devez modifier la croyance initiale – tout en ayant conscience que, dans un
premier temps, la matérialisation de votre ancienne croyance va demeurer.
Si vous comprenez complètement ce que je dis, cependant, vos nouvelles
croyances vont commencer à se manifester – rapidement – dans votre
expérience. Mais il ne faut pas que vous vous préoccupiez de les voir
apparaître car cela fait naître la crainte que ces nouvelles idées ne se
matérialisent pas, ce qui nie votre intention.
J’ai évoqué (session 619) un jeu qui consiste à adopter de manière
ludique une idée que vous voulez voir se matérialiser, puis à imaginer
qu’elle se réalise. Sachez que tout évènement est d’abord mental et
psychique, et que cette idée va se matérialiser en termes physiques, mais ne
vous observez pas constamment. Continuez ce jeu.
(23h10.) Vous faites la même chose actuellement, de façon constante et
automatique, avec vos croyances, quelles qu’elles soient, et elles sont
traduites de façon tout aussi constante et automatique. Mais ce qui est
fondamental, pour commencer, c’est de bien séparer le moi des croyances.
Il ne s’agit pas de vous matraquer vous-même consciemment.
L’imagination et les émotions sont vos alliés. Votre direction consciente va
automatiquement les mettre en jeu. Vous voyez pourquoi il est si important
que vous examiniez toutes les croyances qui sont les vôtres en ce qui vous
concerne et en ce qui concerne la nature de votre réalité ; et, si vous la
laissez faire, une croyance va vous mener à une autre.
Maintenant. On a beaucoup écrit que, si l’imagination et la volonté
entrent en conflit, c’est l’imagination qui l’emporte. Or, je vous dis que si
vous vous observez, vous allez voir (voix plus forte et plus grave) que
l’imagination et la volonté n’entrent jamais, jamais, en conflit. Vos
croyances peuvent entrer en conflit les unes avec les autres, mais
l’imagination suit toujours la volonté, les pensées conscientes et les
croyances.
Si cela ne vous apparaît pas, c’est que vous n’avez pas encore fini
d’examiner vos croyances. Prenons un exemple simple. Vous êtes trop gros.
Vous avez essayé différents régimes, en vain. Vous vous dites que vous
voulez maigrir. Vous faites ce que je viens de dire : vous modifiez la
croyance en question. Vous vous dites : « Comme je crois que je suis gros,
je le suis, et je vais donc penser à moi-même comme étant à mon poids
idéal. »
Néanmoins, vous constatez que vous continuez à trop manger. Dans votre
esprit, vous continuez à vous voir comme trop gros, vous continuez à
imaginer des snacks et autres friandises et, en vos termes, vous
« succombez » à votre imagination ; vous vous dites donc que la volonté ne
vous est d’aucun secours et que les pensées conscientes n’ont aucun
pouvoir.
Mais supposons que vous alliez plus loin ; qu’en désespoir de cause vous
vous disiez : « D’accord, je vais examiner mes croyances plus à fond. » Il
s’agit ici d’un cas hypothétique, on peut donc déboucher sur toutes sortes de
croyances. Vous pouvez, par exemple, penser que vous n’avez guère de
mérite, que vous ne méritez pas d’être attirant. Ou que la bonne santé
s’exprime par le poids et qu’il est dangereux d’être mince. Ou vous pouvez
découvrir que vous vous sentez si vulnérable – et croire que vous l’êtes –
que vous croyez avoir besoin de ce poids pour que les gens hésitent à vous
bousculer. Dans tous les cas, ces idées sont conscientes. Vous les avez
souvent accueillies ; votre imagination et vos émotions sont en accord, et
non en conflit, avec elles.
(En tant que Seth, Jane regarde la pendule sur la biblio-thèque.)
Voulez-vous faire une pause ou terminer la session ?
(« Faisons une pause. »)
Comme vous voulez.
(23h26. La transe de Jane m’a paru tout à fait étanche et son débit,
animé d’une grande énergie. Elle confirme qu’il n’y a pas eu la moindre
distraction gênante et ajoute que Seth pourrait continuer jusqu’à l’aube. Ça
en a tout l’air, en effet.
Elle attend d’ailleurs que j’ai terminé mes notes pour que Seth puisse
revenir. Elle dit qu’il a des données personnelles pour nous, qui pourraient
être suivies de dictée pour le livre si nous le souhaitons.
Seth revient en effet à 23h35, avec des informations supprimées ici. À
l’occasion d’un échange plus libre avec moi, il donne aussi du matériau
que je ne prends pas en notes – je le rapporte à Jane après la session,
pendant que c’est encore frais dans mon esprit. À 23h52, Jane, encore en
transe, est tranquillement assise, pendant que j’écris quelques lignes. Elle
reprend la dictée à 23h55.)
Maintenant. Supposons que vous soyez pauvre. Vous suivez mes
suggestions et vous vous dites : « Mes besoins sont satisfaits et je vis dans
l’abondance. » Pourtant, vous ne parvenez toujours pas à régler vos
factures.
En imagination, vous voyez peut-être la prochaine facture arriver et vous
dans l’impossibilité de la payer. Vous pensez : « Je vais avoir l’argent
nécessaire ; c’est ma nouvelle croyance. » Mais rien ne change et vous
concluez : « Ce que je pense consciemment ne fait aucune différence. » Or,
si vous examinez vos croyances, vous allez peut-être découvrir, par
exemple, la conviction profonde que vous êtes dépourvu de mérite.
Vous pouvez vous voir en train de penser « je ne suis rien » ou « les
riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent » ou « tout le monde est
contre moi » ou « l’argent est mauvais ; ceux qui en ont n’ont aucune vie
spirituelle ». Vous pouvez découvrir, une fois de plus, n’importe laquelle
d’une série de croyances qui mènent toutes au fait que vous ne voulez pas
avoir d’argent, ou que vous en avez peur. En tout cas, votre imagination et
vos croyances vont de pair.
Autre exemple : vous essayez peut-être de vous souvenir de vos rêves.
Vous avez beau vous donner tous les soirs des suggestions appropriées,
vous n’en avez aucun souvenir au réveil. Vous dites : « Je veux me souvenir
consciemment de mes rêves mais mes suggestions ne marchent pas. Ce que
je souhaite au niveau conscient ne fait donc aucune différence. »
Pourtant, si vous examinez vos croyances plus soigneusement, vous allez
découvrir une croyance du genre « j’ai peur de me souvenir de mes rêves »
ou « mes rêves sont toujours désagréables » ou « je veux me souvenir de
mes rêves – mais j’ai peur qu’ils m’en disent trop ».
Dans ce cas également, votre réalité prend la couleur de vos croyances et
votre expérience résulte directement de votre attitude consciente. Avec le
genre d’attitude que nous venons de voir, vous verrouillez votre moi
intérieur, vous limitez à dessein votre expérience et vous renforcez votre
croyance dans les aspects négatifs de votre être.
C’est seulement en examinant des idées comme celle-ci que vous pouvez
découvrir où vous en êtes par rapport à vous-même. Cependant, je ne veux
surtout pas mettre l’accent sur le négatif et je vous suggère donc de regarder
les zones dont vous êtes satisfait et où vous avez obtenu de belles réussites.
Voyez comment vous avez personnellement renforcé les croyances
adéquates grâce à l’imagination et aux émotions ; voyez comment vous en
avez amené la réalisation physique – la facilité et le naturel avec lesquels
ces résultats sont apparus. Saisissez ce sentiment de réussite et comprenez
que vous pouvez utiliser les mêmes méthodes dans d’autres domaines.
Fin de la dictée.
(« D’accord. »)
Et, à moins que vous ayez des questions, fin de la session.
(« Non, je n’en ai pas. C’est très intéressant. »)
C’est toujours un plaisir.
(« Merci. Bonne nuit. »
0h07. Jane sort lentement de transe et annonce que le titre du prochain
chapitre – le cinquième – vient de lui parvenir : « Le futur et vos croyances
actuelles ». « Mais je crois qu’il reste encore un petit quelque chose pour
finir ce chapitre », dit-elle. Elle s’enfonce dans son fauteuil à bascule, les
yeux fermés. Elle doit faire un effort particulier pour se lever et aller se
coucher.
Une note ajoutée plus tard : « Je me suis trompée en pensant que c’était
le titre du chapitre suivant, écrivit Jane au mois de novembre, mais je sais
que ce sera le titre d’un chapitre. » Pourtant, Seth n’a jamais utilisé ce
titre ; et la fin du chapitre était encore loin.)

SESSION 622
MERCREDI 18 OCTOBRE 1972

(« C’est drôle, j’attends toujours la session », dit Jane à 21h35. Cela fait
vingt minutes que nous sommes prêts. Je ne m’attendais pas vraiment à ce
que Jane ait une session ce soir – mais ma croyance est-elle en train
d’influencer la réalité ? Lundi soir, Jane a eu une session longue et intense,
et mardi, pendant le cours de perception extrasensorielle, elle n’a pas cessé
d’« entrer et sortir de transe », selon sa propre description ; c’est-à-dire
pendant trois heures, et avec du sumari en plus. Jane a beaucoup d’énergie
ces temps-ci.
À 21h38, elle dit : « Ça y est, je sens que Seth est par ici. On va avoir une
session, finalement… »
21h40.) Maintenant. Bonsoir…
(« Bonsoir, Seth. »)
… et nous allons commencer la dictée (tranquillement).
Bien sûr, vous communiquez aussi vos croyances à autrui. Quand des
gens vous rendent visite, ils ne voient pas l’endroit où vous vivez de la
même façon que vous, car ils le voient à travers le filtre de leurs croyances.
Dans votre propre environnement, cependant, vos croyances personnelles
prédominent en général.
(Une pause.) Les croyances des gens qui ont des idées semblables se
renforcent entre elles. Votre entourage peut ne pas vous comprendre si vous
décidez d’un seul coup de modifier votre réalité en modifiant vos croyances
– cela risque de vous faire aller dans une direction opposée à celle du
groupe auquel vous appartenez. Ceux qui vous entourent peuvent avoir le
sentiment qu’ils doivent défendre les idées dont vous pensiez tous
auparavant qu’elles allaient de soi. Vos croyances se mêlaient les unes aux
autres. Chacun a sa propre vision de la réalité, pour des raisons qui lui
semblent tout à fait valables. Les besoins des uns et des autres sont
satisfaits. Quand vous changez abruptement de croyances, au sein d’un
groupe, vous n’êtes plus dans la même situation ; vous ne jouez plus le
même jeu.
Vous ne satisfaites peut-être plus les mêmes besoins dans le groupe. Les
rapports intimes et les liens sociaux s’en ressentent.
(Nous commençons justement à entendre parler de frictions de ce genre,
spécialement pour les membres du cours de perception extrasensorielle, qui
travaillent avec les idées contenues dans ce livre. D’autres personnes que
nous voyons régulièrement ont des épisodes semblables à raconter.)
Dans un premier temps, vous pouvez avoir un sentiment de perte quand
vous passez d’un groupe d’idées à un autre. Cependant, des gens qui
partagent vos nouvelles idées vont être attirés par vous, et vous par eux.
J’en reparlerai plus loin, mais ce sentiment de perte explique que quelqu’un
qui décide de se mettre au régime pour perdre un excès de poids puisse se
trouver confronté à une opposition voilée, ou même à une résistance
ouverte, de la part de ses amis et de sa famille ; qu’une personne qui prend
de nouvelles résolutions puisse se trouver tournée en ridicule par ses
proches ; que l’alcoolique qui essaye de ne plus boire découvre que certains
font exprès de le tenter et emploient des tactiques élaborées pour le faire
craquer.
Quand un malade s’engage sur la voie de la guérison en modifiant ses
croyances, il est parfois surpris de découvrir que ceux qui lui sont le plus
cher sont soudain troublés, et qu’ils ont à cœur de lui rappeler la « réalité »
de son état.
Comme les croyances forment la réalité – la structure de l’expérience –,
tout changement de croyances modifie cette structure et, bien sûr, entraîne
des changements. Le statu quo qui avait une fonction donnée n’est plus, de
nouveaux éléments sont introduits, un autre processus créatif démarre.
Comme vous partagez toutes vos croyances privées, comme il y a une
interaction, tout changement décidé par vous est ressenti par les autres, qui
réagissent à leur façon.
Vous cherchez à faire l’expérience de la réalité la plus accomplie
possible. Dans ce but, vous avez commencé, du moins je l’espère, à
examiner vos croyances. Vous pouvez souhaiter que d’autres changent
également. Pour cela, commencez par vous-même. Je vous ai dit (session
619) d’imaginer un jeu dans lequel vous vous voyez agir en accord avec la
croyance appropriée. Quand vous le faites, imaginez l’effet de cette
nouvelle attitude sur les autres.
(22h01.) Imaginez comment ils y réagissent. Cela est important, car vous
leur envoyez télépathiquement des messages intérieurs. Vous leur dites que
vous êtes en train de modifier votre comportement et les conditions de votre
relation. Vous diffusez la nouvelle de votre attitude modifiée.
Il y en a qui vont vous comprendre, à ce niveau. Mais certains peuvent
avoir besoin de l’ancien cadre et de quelqu’un (que ce soit vous ou un
autre) qui joue le rôle qui était le vôtre. Ou bien ces gens-là vont sortir de
votre expérience, ou bien c’est vous qui allez les en faire sortir.
Encore une fois, si vous pensez à votre vie quotidienne comme à un
tableau en trois dimensions qui se modifie constamment et dont vous êtes le
peintre, vous voyez que votre expérience change quand vos croyances se
modifient. Mais il faut que vous acceptiez complètement l’idée que vos
croyances forment votre expérience. Débarrassez-vous de celles qui ne vous
apportent pas l’effet désiré. En attendant, vous allez souvent vous trouver
dans la situation d’avoir à vous dire que quelque chose est vrai, malgré les
données physiques qui semblent indiquer le contraire. Vous pouvez être en
train de penser « je vis dans l’abondance et je ne manque de rien » alors que
vos yeux vous montrent une pile de factures impayées sur votre bureau.
Vous devez comprendre que vous êtes celui ou celle qui a fabriqué
« l’évidence tangible » qui vous entoure, et que vous l’avez fait au moyen
de vos croyances.
Si bien que, quand vous modifiez ces croyances, l’évidence tangible va
graduellement commencer à « prouver » ces nouvelles convictions aussi
fidèlement qu’elle prouvait les anciennes. Vous devez travailler avec vos
idées propres. On peut en général regrouper les croyances en catégories, et
elles ont des causes communes, mais vous devez vous rendre compte des
vôtres, car chaque personne est unique. Vos anciennes croyances avaient
une fonction et correspondaient à un besoin.
Comme on l’a vu, vous pensiez peut-être que la pauvreté était en elle-
même plus spirituelle que l’abondance, ou que vous étiez dépourvu de
mérite et qu’elle était une punition justifiée (session 614, chapitre 2, par
exemple).
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22h15 à 22h30.)
Bien sûr, vous pouvez contribuer à changer les croyances de nombreuses
personnes, en fonction de l’énergie, de la puissance et de l’intensité qui sont
les vôtres.
Dans votre vie physique quotidienne, vous vous préoccupez en général
surtout de changer vos croyances vous concernant, puis de changer les
croyances que d’autres peuvent avoir à votre égard. Vous allez trouver
certaines croyances qui entrent en conflit avec d’autres, et il faut que vous
vous en rendiez compte. Par exemple, vous pouvez croire que vous
souhaitez découvrir la nature de votre moi intérieur, vous dire que vous
souhaitez vous souvenir de vos rêves, tout en continuant à croire que le moi
intérieur ne présente pas grand intérêt et en ayant peur de ce que vous
risquez de trouver dans vos rêves si vous vous en souvenez.
Dans un cas comme celui-ci, cela ne sert à rien de se lamenter et de dire :
« Je veux me comprendre moi-même mais j’ai peur de ne pas aimer ce que
je vais trouver. » Vous devez modifier vos croyances et cesser de croire que
le moi intérieur est une place forte pleine d’émotions refoulées peu
recommandables. Il contient, en effet, quelques émotions refoulées, mais il
contient surtout beaucoup d’intuition, de connaissance et les réponses à
toutes vos questions.
Écoutez vos conversations avec vos amis. Voyez comment vous
renforcez leurs croyances et comment ils renforcent les vôtres. Voyez
comment votre imagination et la leur suivent souvent le même chemin. Tout
cela est bien visible, pour peu que vous vous en rendiez compte.
Presque tout le monde connaît la vieille suggestion : « Chaque jour, je
vais de mieux en mieux, de toutes les façons possibles. »14 Il s’agit là d’une
excellente suggestion, donnée par l’esprit conscient à d’autres portions du
moi. Cependant, le résultat de cette suggestion suit lui aussi les croyances
conscientes.
J’ai utilisé l’exemple de « je suis un parent responsable » (session 618,
chapitre 3). Si, pour vous, cela veut dire « je fais très attention à ce que mes
enfants se brossent les dents, mangent bien et se comportent correctement »,
vous allez interpréter le « de mieux en mieux » de cette manière.
Si cette croyance signifie que c’est, pour vous, la meilleure façon
d’exprimer votre amour pour vos enfants, si vous avez le sentiment qu’il est
embarrassant d’exprimer votre affection de façon directe, le « de mieux en
mieux » renforce simplement cette conviction.
Vous pouvez devenir de plus en plus efficace en ce sens. C’est pourquoi
il est crucial que vous examiniez vous-même vos croyances et que vous
compreniez ce qu’elles signifient personnellement pour vous. Pour
reprendre cet exemple, si vous réalisez soudain votre attitude et commencez
à exprimer votre amour pour vos enfants de façon directe, ils risquent d’être
très étonnés – ravis, mais troublés. Cela peut prendre un moment avant
qu’ils comprennent votre réaction, mais la nouvelle réalité va finir par avoir
une cohésion, tout comme l’ancienne en avait une.
Vous devez donc examiner vos croyances, comprendre qu’elles forment
votre expérience et changer consciemment celles qui n’amènent pas les
résultats souhaités. Au cours de cet examen, vous allez découvrir de
nombreuses croyances excellentes qui fonctionnent très bien pour vous.
Suivez leur cours. Voyez comment votre imagination et vos émotions leur
ont emboîté le pas. Si possible, observez votre propre passé pour localiser
les points où de nouvelles idées identifiables sont venues à vous et ont
changé votre expérience de façon bénéfique.
Les idées ne font pas que changer le monde, elles le construisent
constamment.
Maintenant. Nous sommes presque à la fin du chapitre 4. Je vais vous
laisser vous reposer tous les deux et nous reprendrons à la session suivante.
Mes salutations les plus chaleureuses à vous deux.
(« Merci beaucoup, Seth. » Fin à 22h54.)

SESSION 623
MERCREDI 25 OCTOBRE 1972

(Il n’y a pas eu de session lundi soir.


Cet après-midi, Jane a commencé à se sentir extrêmement détendue,
sensation qui s’est prolongée pendant la soirée. Elle était allongée, avant le
dîner, quand elle a reçu les trois derniers mots du titre de ce livre : La
Nature de la réalité personnelle, Un livre de Seth. Voir les notes à la fin de
la préface de Seth, reçue dans la session 609, le 10 avril 1972.
Jane dit qu’elle ne veut pas repousser la session, bien qu’elle se sente
« si bien » – comme quand on est trop bien pour faire quoi que ce soit.
Pendant que nous parlons de santé, je m’étonne que tellement de gens
portent des lunettes dans notre société. Je le mentionne car le sujet est
abordé de façon inattendue, dans cette session.
Un peu avant 21h45, Jane me dit que je peux avoir du matériau de Seth
concernant les lunettes, ou bien pour le livre. Les deux canaux sont ouverts.
Naturellement, je choisis le livre.
« C’est drôle, dit Jane, mais je sais que le prochain chapitre est là. C’est
sur la santé et le son, le son intérieur et le son extérieur. » Cette prédiction
va se révéler correcte, mais Jane est incapable d’en dire plus à ce stade.
Il y a brièvement du bruit dans un appartement du rez-de-chaussée : un
menuisier utilise une scie électrique pour réparer les dégâts causés par la
grande inondation du mois de juin. La voix de Jane en tant que Seth est
pourtant plutôt tranquille.
21h45.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée : nous allons poursuivre et voir les liens qui unissent le moi
intérieur, les croyances conscientes et votre création physique la plus
intime : votre image.
Fin du chapitre 4.

11 Jeu de mots portant sur le titre du magazine : time, le temps, en anglais (N. d. l. T.).
12 L’expression « révolution industrielle » désigne la transformation brutale d’une société agraire et
artisanale en société industrielle, au XIXe siècle. Certains auteurs considèrent cependant qu’il s’agit
d’un processus graduel, amorcé au xvie siècle (N. d. l. T.).
13 Les hormones sont des sécrétions produites par les glandes endocrines – les surrénales, la
thyroïde, le pancréas, etc. Ces composés complexes sont transportés par les fluides corporels jusqu’à
d’autres organes et tissus où ils ont certains effets. Ici, comme d’habitude, Seth maintient que nous
ne sommes pas à la merci de ce genre de processus involontaire.
14 Seth fait ici allusion au fameux système d’autosuggestion du Français Émile Coué. Coué fut un
pionnier dans l’étude de la suggestion et écrivit un livre sur le sujet dans les années 1920. À
l’époque, ses idées furent bien reçues en Europe mais pas aux États-Unis, où sa tournée de
conférences fut un fiasco en raison des réactions hostiles de la presse.
CHAPITRE 5

La création constante du corps physique

Chapitre 5. (Une pause.) « La création constante du corps physique ».


Comme nous l’avons vu (chapitre 4), l’esprit conscient fait partie du
moi intérieur ; c’est en quelque sorte la partie qui fait surface et rencontre
plus ou moins directement la réalité physique.
Vous êtes à présent principalement concerné par l’orientation physique et
la matérialisation corporelle de la réalité intérieure. L’esprit conscient tient
donc à votre disposition l’information dont vous avez besoin pour
fonctionner efficacement au quotidien. Vous n’avez pas besoin d’avoir
constamment conscience des données qui ne s’appliquent pas directement
à ce que vous considérez comme votre réalité physique à un « moment »
donné.
(Une pause, parmi beaucoup d’autres.) Aussitôt que le besoin de ce
genre de données se fait sentir – dès que vous avez besoin d’aide,
d’information ou de connaissance –, celles-ci apparaissent immédiatement,
sauf si votre propre croyance consciente y fait obstacle. L’exquise
focalisation, précise et concentrée, de votre esprit conscient est tout à fait
nécessaire dans la vie physique. C’est grâce à cette faculté très sélective que
vous pouvez « vous brancher » sur le champ particulier d’activité qui est
physique.
À leur façon, les animaux possèdent également cette conscience
sélective. Eux aussi focalisent leur attention dans des directions très
spécifiques, et perçoivent, à partir d’un vaste champ de perceptions, les
stimulations qui sont « reconnues » et acceptées de manière organisée.
C’est l’esprit conscient des animaux, connecté à leur cerveau physique,
qui permet cette nécessaire sélectivité. Sans elle, il y aurait un « flou » qui
rendrait la survie physique impossible ; certaines parties du moi intérieur
viennent donc au premier plan de l’être.
Nouvelle phrase. Dans la vie, comme votre esprit est connecté avec le
cerveau et l’organisme physique, il est automatiquement à l’unisson avec la
réalité corporelle et, dans une certaine mesure, il ignore les données non
physiques qui se trouvent dans tout champ de perception. Il ne les accepte
pas dans ses perceptions organisées. Ces données ne peuvent tout
simplement pas passer.
Encore une fois, ce phénomène est tout à fait nécessaire. Il y a des
données qui ne sont pas « applicables » à la réalité physique. Certaines
d’entre elles sont perçues par des entités non physiques qui l’intègrent à
leur propre système de réalité, où elles ont une signification, mais nous ne
nous en occuperons pas ici.
Tant que vous êtes des créatures physiques, vous vous concentrez sur
certaines données et vous en excluez d’autres. Dans d’autres types de
réalité, en revanche, vous ignorez peut-être entièrement le système physique
pour vous focaliser sur des systèmes d’existence qui ne sont pas reconnus
maintenant dans le vôtre.
Dans votre vie actuelle, l’esprit conscient évalue la réalité physique et
dispose de toute l’énergie, de tout le pouvoir et de toutes les capacités du
moi intérieur. Toutes les informations dont il a besoin sont accessibles. Sa
tâche consiste à évaluer la réalité de manière efficace, grâce à la
focalisation précise dont nous avons parlé. (Voir le chapitre 2.) De par sa
nature même, la conscience, ou l’esprit conscient, ne peut pas s’encombrer
de trop de détails, de trop d’informations. Le moi intérieur ne lui envoie que
l’information qu’il demande, ou qui lui semble nécessaire. Dans une très
large mesure, les croyances conscientes fonctionnent donc comme de
grands libérateurs, ou de grands inhibiteurs, de ces données internes. Vous
me suivez ?
(« Oui. » Seth pose la question à cause d’une série prolongée de coups
de marteau dans l’appartement du dessous. 22h16.)
L’esprit conscient lui-même est en train de se transformer et de s’étendre.
Ce n’est pas une chose. Il apprend par l’expérience, et par les conséquences
de son propre comportement. Le moi intérieur amène tout résultat souhaité
par l’esprit conscient.
Il n’abandonne pas l’esprit conscient, il ne l’isole pas non plus de la
source de son propre être. Comme l’esprit conscient fait partie du moi
intérieur, il est évidemment constitué de la même énergie, il est plein de la
même vitalité et il est revitalisé par les sources profondes de créativité d’où
émerge tout être.
Il faut que vous compreniez qu’il n’est pas coupé du moi intérieur. Le
moi intérieur maintient le corps physique, tout comme il l’a créé. La
traduction miraculeuse de l’esprit dans la chair par ces parties internes de
l’être se poursuit constamment, avec une énergie inépuisable ; et le moi
intérieur se tourne toujours vers l’esprit conscient pour évaluer la réalité du
corps et son état ; il en forme l’image selon les croyances de l’esprit
conscient.
Donc, une fois encore, vous formez votre réalité par vos croyances, et
votre corps physique est votre production la plus intime. Vos convictions à
son propos alimentent constamment votre banque de données intérieures. À
un niveau inconscient, vous organisez les atomes et les molécules qui
entrent dans la composition de vos cellules pour former votre corps. Mais le
schéma en est établi par vos croyances conscientes. Pour changer votre
corps, il faut changer vos croyances, même lorsque vous vous trouvez
confronté à des données physiques qui vous disent le contraire.
Chacun d’entre vous a un corps et une conscience. Vous pouvez vous
entraîner avec les idées décrites ici en les appliquant à votre corps. Pour
l’instant, nous prenons en considération le fait que, d’une manière générale,
vous n’allez pas grandir d’un mètre cinquante si vous êtes déjà adulte, car il
existe certaines lois physiques que vous devez accepter. Nous en
reparlerons plus loin.
Dans ce contexte, vous pouvez pourtant paraître plus grand, et donner
l’impression que vous l’êtes, ce qui est sans doute ce que l’on recherche
dans ce genre de situation. Mais, hormis certains cas très particuliers qui
seront mentionnés plus tard, vous pouvez acquérir la santé si vous êtes
malade, vous pouvez devenir mince si vous êtes gros, grossir si vous êtes
maigre ou, d’une manière générale, changer votre image physique de façon
profonde en maniant idées et croyances.
Ces dernières forment le schéma sur lequel vous construisez votre corps,
que vous le sachiez ou non. Votre corps est une création artistique,
constamment formée et entretenue à des niveaux inconscients, mais
toujours en accord avec vos croyances quant à ce que vous êtes et qui vous
êtes.
Vous pouvez faire une pause.
(De 22h37 à 22h55.)
Dictée. Vous vous donnez consciemment des suggestions concernant
votre corps et votre santé. Vous pensez souvent à votre corps. Vous envoyez
à votre moi intérieur un bombardement de croyances et d’instructions qui
ont un effet sur votre image physique.
Je l’ai dit, vos pensées ont un effet tout à fait vital sur la réalité. Les
croyances sont des idées sur la nature de votre réalité qui sont renforcées
par l’imagination et par les émotions.
Or les pensées ont une réalité électromagnétique ; et, que vous le sachiez
ou non, elles ont aussi une valeur de son interne.
Vous connaissez l’importance du son extérieur. Il sert de méthode de
communication mais il est aussi un effet second de toutes sortes
d’évènements et il a un effet sur l’atmosphère. Or, cela est tout aussi vrai de
ce que j’appelle le son interne, c’est-à-dire le son de vos propres pensées, à
l’intérieur de votre tête. Je ne parle pas ici des bruits du corps, qu’en
général vous n’entendez pas non plus.
Les sons internes ont encore plus d’effet sur votre corps que les sons
extérieurs. Ils ont un effet sur les atomes et les molécules qui composent
vos cellules. De bien des façons, on pourrait dire que vous parlez votre
corps, mais vous le parlez à l’intérieur.
Le même type de son, qui n’est pas perceptible par les oreilles, a
construit les pyramides. Ce son interne forme votre chair et vos os ; il est lié
aux mots que vous utilisez mentalement quand vous pensez, mais il en est
tout à fait séparé.
(Une pause à 23h05. De novembre à janvier dernier, Seth a consacré des
sessions aux différentes significations et utilisations des sons internes et
externes. Ce matériau, qui était nouveau pour nous, comprend des
informations sur l’utilisation par les Égyptiens de sons « inaudibles » pour
construire les pyramides. Selon Seth, les Romains utilisèrent également ce
type de son pour construire l’énorme et impressionnante cité d’Héliopolis,
à Baalbek, dans l’actuel Liban. Voir la suite de ces notes à la fin de la
session.)
La langue dans laquelle vous vous parlez à vous-même n’a aucune
importance. Le son est formé par votre intention – j’exprime cela
simplement – et une intention donnée aura le même effet sur le corps, quels
que soient les mots utilisés.
(En tant que Seth, Jane fait une pause et, très clairement, change d’avis
sur ce qu’elle va dire ou la façon dont elle va l’exprimer.)
Mais en général, vous pensez dans votre propre langue, si bien qu’en
termes pratiques, l’intention et les mots se confondent. De fait, les deux ne
font qu’un. Quand vous dites « je suis fatigué », vous ne faites pas que vous
donner des messages mentaux silencieux – je mets « messages » au pluriel
car cette affirmation générale est un assemblage ; il faut que de nombreuses
parties de votre corps soient affectées avant que vous vous sentiez fatigué –
mais au-delà de cette considération, les sons intérieurs du message ont le
même effet sur le corps.
Que faire, donc, s’il se trouve que vous vous sentez fatigué ? Il s’agit là
de votre évaluation consciente de l’état de votre corps, à un moment donné.
Comme vous voulez le modifier, ne le renforcez pas. Au lieu de cela, dites-
vous mentalement que votre corps peut maintenant commencer à se reposer
et à se régénérer. Acceptez votre évaluation initiale sans la réaffirmer et
suggérez plutôt qu’il y soit remédié (sur un ton positif).
Si les conditions s’y prêtent, vous pouvez vous reposer physiquement,
par exemple en vous allongeant ou en pratiquant les ajustements
nécessaires. Si cela n’est pas possible, répéter plusieurs fois cette
suggestion – que le corps se régénère – va vous être bénéfique. En
revanche, vous répéter encore et encore que vous êtes fatigué renforce votre
fatigue.
La valeur du son interne de la contre-suggestion commence
immédiatement à régénérer le corps. On pense beaucoup aujourd’hui en
termes de pollution sonore, or la même chose se produit avec le son
intérieur, en particulier lorsque vos pensées sont en contradiction les unes
avec les autres, lorsqu’elles sont aléatoires et embrouillées.
(23h23.) Des instructions hautement contradictoires sont alors données
au corps. Comme il faut que vous le sachiez, le milieu interne du corps se
modifie continuellement, et c’est vous qui le modifiez. Le changement est
tout à fait nécessaire et, en règle générale, l’équilibre global du corps est
maintenu. Mais les instructions que vous donnez ne sont pas toujours
claires ou à votre avantage, et vos croyances déterminent largement le genre
d’information que vous adressez à ce milieu.
Le moi intérieur essaye toujours de maintenir la santé et l’équilibre
interne du corps, mais il arrive fréquemment que vos croyances l’obligent à
ne vous porter secours qu’avec une fraction de l’énergie dont il dispose. Il
faut souvent que vous vous trouviez dans une situation critique, qu’il
devienne évident que vos croyances et comportements précédents n’ont pas
apporté les résultats espérés, pour que vous ouvriez grandes les portes à
cette vaste énergie.
Tous les moyens nécessaires pour être en bonne santé sont à votre
disposition. Avant notre session, mon ami Joseph (comme m’appelle Seth) a
évoqué un point se rapportant à cette question. Il se demandait pourquoi
tellement de gens portent des lunettes dans ce pays ; et si des gens ne
connaissant pas les lunettes et les découvrant se mettraient soudain à en
avoir besoin – ce qui serait effectivement le cas.
On met souvent des lunettes aux enfants pour corriger une difficulté
oculaire qui, dans de nombreux cas, se corrigerait d’elle-même si on ne
s’en occupait pas. Les lunettes peuvent empêcher que les yeux se corrigent
d’eux-mêmes, par exemple en fournissant une béquille qui affaiblit encore
les muscles oculaires et fixe cet état. Si vous croyez que seules les lunettes
peuvent corriger une vision défectueuse, seules les lunettes le peuvent.
Au lieu de cela, vous devez découvrir la croyance qui se trouve à
l’origine du fonctionnement défectueux et, lorsqu’on le fait, cet état
disparaît tout seul. Mais la plupart des gens trouvent plus simple de se
procurer des lunettes.
Nous allons terminer la dictée.
(« D’accord. »)
Nous allons parler de la profession médicale mais il est trop tard pour
commencer… Maintenant, Ruburt devrait se laisser aller à ces sessions de
relaxation, quand elles se produisent, et essayer de retrouver cet état mental
dans des moments ordinaires. Et je vous souhaite un affectueux bonsoir.
(« Bonne nuit, Seth. Merci beaucoup. »)
Dites-lui que mon énergie lui est toujours disponible. Il peut l’utiliser
pleinement, à sa guise. Cela ne niera pas mon existence ; cela ne l’effacera
pas. Mon énergie est disponible à tout instant, et elle lui revient de droit, de
même qu’elle me revient de droit. Elle appartient de droit à tous les êtres.
Elle est simplement manifestée de toutes sortes de façons, à toutes sortes de
moments. Et bonne nuit.
(« Bonne nuit. »
Fin à 23h37. Jane se sent encore assez détendue – « molle ». Elle rit.
« Je n’ai rien foutu depuis trois heures de l’après-midi, à part m’occuper du
dîner et avoir cette session. Et je me sens super bien. »
Cet état de relaxation a l’air de suivre assez naturellement la phase
prolongée d’activité médiumnique intense de Jane. Elle n’a pas eu de
session lundi soir, Seth ne s’est pas manifesté pendant le cours de
perception extrasensorielle d’hier soir et elle a déjà annulé le cours
d’écriture de jeudi prochain.
Une note sur le son, en plus de celle de 23h05 : les sessions de 1971 et de
1972 qui y sont mentionnées contiennent de nombreux éléments sur les
significations du son intérieur ainsi que sur le développement et
l’utilisation du sumari par Jane (voir son introduction à ce sujet). Comme
dit Seth : « Le sumari est efficace pour empêcher la traduction automatique
de l’expérience intérieure en stéréotypes verbaux quotidiens. » L’utilité
qu’il aura pour Jane sera, entre autres, de lui apprendre à libérer
suffisamment sa connaissance intérieure pour qu’elle puisse traduire des
manuscrits des Parleurs sans trop les déformer.
Nous supposons que des références aux Parleurs, ainsi qu’au sumari,
seront incluses dans ce livre. En termes de réincarnation, les Parleurs sont
des personnalités enseignantes qui se manifestent au cours des siècles.
Dans Seth parle, chapitre 20, Seth dit : « Les Parleurs sont particulièrement
actifs dans tous les aspects de l’existence, qu’elle soit physique ou non,
durant le sommeil ou l’état de veille, entre les vies ou à d’autres niveaux de
réalité… »
Ironiquement, une bonne partie des anciens « manuscrits » des Parleurs
sont entièrement verbaux. Ils n’ont pas été mis par écrit à cause des
croyances de l’époque.)

SESSION 624
LUNDI 30 OCTOBRE 1972
(21h45.) Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Nous allons continuer la dictée.
Pour être en bonne santé, vous devez avoir foi en la santé. Un bon
médecin est un médecin qui sait changer les croyances du patient, qui sait
remplacer l’idée de la maladie par celle de la santé. Quelles que soient les
méthodes ou les médicaments utilisés, ceux-ci n’auront d’effet que si ce
changement de croyance intervient.
Malheureusement, quand l’homme commença à mettre des étiquettes, il
établit aussi des cartographies d’une grande complexité et classifia les
maladies avec une efficacité nouvelle. Il étudia les tissus morts pour
découvrir la nature de la maladie qui les avaient tués. Les médecins
commencèrent à penser aux humains en termes de maladies et de porteurs
de maladies – qu’ils créaient parfois eux-mêmes par certaines de leurs
nouvelles procédures médicales.
Les anciens médecins étaient beaucoup plus en contact avec le patient
lui-même ; ils comprenaient la nature des croyances et l’importance capitale
de la suggestion. Leurs techniques avaient été adoptées en grande partie
pour leur valeur de choc psychologique, qui avait pour effet de laver
littéralement l’esprit du patient de l’idée de la maladie qu’il croyait avoir.
La profession médicale actuelle est tristement entravée par ses propres
croyances. Elle fonctionne souvent à l’intérieur d’un cadre qui non
seulement considère la mauvaise santé et la maladie comme normales, mais
qui, de plus, renforce les concepts qui se trouvent derrière. On a là, comme
avec la psychanalyse, un jeu de cache-cache auquel le médecin et le patient
participent (voir la session 616, chapitre 2).
Tous les deux croient, bien sûr, avoir besoin de l’autre. En arrière-plan,
on trouve souvent un schéma psychique dans lequel le patient attribue au
médecin les pouvoirs de la connaissance et de la sagesse dont il se croit lui-
même dépourvu. Même s’il sait que ce n’est pas le cas, le patient veut
quand même considérer le médecin comme tout-puissant.
Le médecin lui-même projette souvent sur le patient le sentiment
d’impuissance qu’il ressent, et contre lequel il combat. Dans cette
interaction, le patient tente de faire plaisir au médecin, dans le meilleur des
cas en échangeant un groupe de symptômes pour un autre. Trop souvent, le
médecin partage avec le patient une foi profonde en la mauvaise santé et en
la maladie.
Qui plus est, la profession médicale fournit souvent, pour différentes
maladies, une feuille de route à laquelle le patient essaye de se conformer.
La profession médicale peut parfois être d’un grand secours, et bénéfique,
mais une bonne partie de son effet positif est anéantie par le système de
valeurs dans lequel elle fonctionne.
Comme les médecins sont entourés d’un grand prestige, leurs suggestions
reçoivent une attention particulière. Le patient se trouve dans un état affectif
tel qu’il accueille les déclarations du médecin avec moins d’esprit critique
que d’ordinaire.
La pratique de donner un nom et une étiquette aux « maladies » est
néfaste car elle nie en grande partie la mobilité inhérente et la qualité
toujours changeante de la psyché, telles qu’elles s’expriment dans la chair.
On vous dit que vous avez « quelque chose ». Sans que l’on sache
pourquoi, « cela » vous a attaqué, vous et vos organes intimes. On vous dit
en général que vos croyances, vos émotions, votre système de valeurs n’ont
rien à voir avec les circonstances malheureuses qui vous assaillent.
(22h08.) En général, le patient se sent donc impuissant et à la merci du
premier virus venu. En réalité, vous choisissez même le type de maladie
que vous avez, en accord avec la nature de vos croyances. Vous êtes
immune aux maladies tant que vous croyez l’être.
Ce sont là des affirmations tout à fait pratiques. Votre corps a une
conscience corporelle globale pleine d’énergie et de vitalité. Il corrige
automatiquement tout déséquilibre ; mais vos croyances conscientes ont,
elles aussi, un effet sur la conscience du corps. Vos muscles croient ce que
vous leur dites sur eux-mêmes. Toutes les autres parties de votre corps
également.
Tant que vous croyez que seuls les médecins peuvent vous guérir, vous
faites bien d’avoir recours à eux car, à l’intérieur de votre cadre de
croyances, ils sont les seuls à pouvoir vous aider. Mais ce cadre même vous
limite ; et encore une fois, vous pouvez très bien guérir, mais une difficulté
en remplacera une autre tant que vos croyances continueront à être la source
de problèmes physiques.
La même chose s’applique d’ailleurs à ce qu’on appelle parfois la
« guérison spirituelle ». Si ce type de guérisseur réussit à guérir votre corps
en utilisant de l’énergie psychique concentrée, vous allez également
échanger ces symptômes pour d’autres, à moins de changer les croyances
concernées. Il arrive parfois qu’un guérisseur ou un médecin, en soignant
efficacement un état particulier, vous montre par déduction que l’énergie de
la guérison était en vous ; en prendre conscience peut suffire à transformer
vos croyances concernant la santé.
Dans ce cas, vous comprenez que vos difficultés de santé résultaient de
vos croyances. Si vous avez des problèmes d’ordre physique, concentrez-
vous plutôt sur les parties de votre corps qui sont en bonne santé et qui
fonctionnent bien. Dans ces parties-là, vos croyances travaillent à votre
avantage.
Comme nous l’avons vu (dans la session précédente), les sons intérieurs
sont extrêmement importants. Chacun des atomes, chacune des molécules
qui composent votre corps ont leur propre réalité dans des valeurs de son
que vous n’entendez pas physiquement. Chaque organe de votre corps a
donc aussi ses propres valeurs de son. Quand quelque chose ne va pas, les
sons intérieurs sont discordants.
À cause du son intérieur de vos pensées-croyances, les sons non
harmonieux font maintenant partie de cette région de votre corps. Voilà
pourquoi il est vital que vous ne renforciez pas ces sons intérieurs en vous
répétant à vous-même les suggestions négatives. Les suggestions verbales
sont traduites en sons. Ceux-ci traversent le corps un peu à la manière de la
lumière.
Vous pouvez faire une pause.
(De 22h25 à 22h35.)
Maintenant. Tant que vous êtes des créatures physiques, vos perceptions
sont surtout orientées vers le monde physique. Mais votre corps lui-même
existe en d’autres termes que ceux que vous supposez habituellement.
Vous le percevez comme un objet ayant une masse et composé de chair et
d’os. Il comporte aussi des « structures » de son, de lumière et de propriétés
électromagnétiques que vous ne percevez pas. Celles-ci sont connectées à
l’image physique que vous connaissez. Tout problème physique se
manifeste d’abord au niveau de ces structures.
Le son, la lumière et les schémas électromagnétiques donnent force et
vitalité à la forme physique que vous reconnaissez. Ils ont plus de mobilité
que le corps physique et sont encore plus sensibles aux aspects changeants
de vos pensées et de vos émotions.
Je vous ai dit que les pensées sont matérialisées en son interne, mais elles
essayent également de se matérialiser. En tant que tel, ce sont des images en
devenir, des amasseurs d’énergie. Elles construisent leur propre forme
embryonnaire, jusqu’à ce que celle-ci soit traduite physiquement, d’une
façon ou d’une autre.
Les représentations mentales sont donc extrêmement puissantes ; elles
combinent l’effet du son intérieur avec une image mentale claire qui
cherche une forme physique. Votre imagination apporte une motivation,
une force de propulsion à ces images ; aussi envisagez-vous fréquemment
vos croyances sous une forme visuelle. Des images mentales s’y rattachent.
Une image particulière peut représenter une seule croyance ou plusieurs.
En établissant la liste de vos croyances, vous allez vous rendre compte que
certaines de ces images vous viennent à l’esprit. Observez-les comme s’il
s’agissait d’un tableau peint par vous. Si vous n’aimez pas ce que vous
voyez, modifiez-le consciemment dans votre esprit.
Bien qu’il s’agisse d’images intérieures, elles font tellement partie de vos
croyances que vous allez les voir comme extérieures à votre expérience.
(22h48.) Prenons un exemple simple. Vous avez mal à un orteil. Vous le
voyez, de temps en temps, très clairement dans votre esprit. Vous l’observez
plus souvent que d’habitude, et peut-être remarquez-vous aussi, parmi la
foule, toute personne qui ne marche pas bien. D’ordinaire, vous ne faites
pas attention à ces gens mais, d’un seul coup, le monde vous semble plein
d’orteils douloureux.
Nous parlons ici d’une croyance déjà manifestée physiquement ; mais si
vous continuez à vous concentrer de cette manière sur votre orteil, il ne va
pas guérir, ou va même empirer. Derrière tout cela, bien sûr, se trouve la
croyance à la source de cette difficulté ; mais une fois que vous avez donné
naissance à un groupe de symptômes, vous devez faire très attention à ne
pas voir votre réalité sous cet angle-là. Car si c’est ce que vous faites, vous
y ajoutez à la fois une image intérieure et une image extérieure qui
renforcent cet état.
Il y a donc de la lumière que vous ne voyez pas avec vos yeux physiques,
tout comme il y a du son que vous n’entendez pas avec vos oreilles. Ceux-ci
se combinent pour créer l’image physique que vous connaissez, si bien que
vous devez travailler de l’intérieur vers l’extérieur. Pour reprendre
l’analogie du tableau, vos croyances sont votre palette.
Vos pensées esquissent les grandes lignes de la réalité physique dont vous
faites l’expérience. Vos émotions emplissent ces schémas de lumière. Votre
imagination soude le tout ensemble.
Le son de vos pensées intimes est réellement le matériau que vous
utilisez. Il ne s’agit pas là d’une comparaison, mais au contraire d’une
explication simple de la façon dont vos croyances forment votre réalité.
Dans des moments tranquilles, le mot « O-O-O-O-O-M-M-M-M-M »,
prononcé lentement, contribue à tonifier votre état physique générale. Ces
sons contiennent une sorte d’élan inhérent vers l’énergie et le bien-être,
comme nous allons le voir.
Maintenant – je vais terminer là pour ce soir. Mais je continuerai la
prochaine fois. Si vous avez des questions, je vais y répondre.
(« Non… »)
Alors, je vous souhaite un affectueux bonsoir.
(« Vous de même, Seth. »
Plus fort.) Et mes salutations les plus chaleureuses à vous deux.
(« Merci. Bonne nuit. » Fin à 23h05. Jane n’a aucun souvenir du
matériau qu’elle a livré depuis la pause.)

SESSION 625
MERCREDI 1ER NOVEMBRE 1972

(21h03. Le débit de Jane est tranquille et sa voix peu élevée en début de


session.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée : le corps ne réagit pas tant aux sons extérieurs qu’aux sons
intérieurs, qui constituent la traduction des sons physiques. Comme nous
l’avons vu (dans les deux sessions précédentes), il réagit aussi à des sons
qui n’ont pas d’équivalents physiques.
Il existe, dans la structure des chromosomes, certaines propriétés qui
doivent être activées par des valeurs spécifiques de son interne. Si cette
activation ne se produit pas, les « caractéristiques » qui sont latentes dans
les chromosomes le restent.
Il y a réellement des chaînes d’influence composées de valeurs de son
interne qui unissent, en quelque sorte, l’entremêlement complexe des gènes
et des chromosomes.
Je vais lentement, pour expliquer cela aussi simplement que possible.
(« Oui. » Voir la définition des gènes et des chromosomes, session 610,
chapitre 1.)
Ces valeurs de son sont littéralement entremêlées selon un schéma
électromagnétique. Les sons se faufilent à l’intérieur (avec des gestes) et
contribuent à créer ce schéma. L’activité des cellules à l’intérieur du corps
entraîne aussi ce qu’on pourrait appeler des « micro explosions » de son
intérieur. (Une longue pause.) Les schémas électromagnétiques et les
schémas de son interne sont affectés par certains types de lumière.
Ensemble, ils forment le prototype sur lequel, et à partir duquel, le corps
physique se construit.
Maintenant. Quand vous créez une image mentale dans votre esprit, elle
comporte toutes les propriétés que je viens de mentionner. Une image
mentale est donc aussi un schéma de son interne aux propriétés
électromagnétiques, imprégné de certaines valeurs de lumière. Dans un sens
très réel, l’image mentale est de la matière en devenir ; et toute structure
ainsi composée, qui combine des sons électromagnétiques et des valeurs de
lumière, va automatiquement tenter de se reproduire en existence physique,
de se matérialiser. (Une longue pause.) Il y a donc un rapport étroit entre
ces images et la façon dont votre corps est façonné.
(Une pause à 21h25.) Les électrons, les atomes et les molécules ont tous
leur valeur indépendante de son et de lumière.15 Des sons précis sont
produits quand les messages s’élancent au bout de vos terminaisons
nerveuses.16 Tout cela est vraiment difficile à expliquer, mais il y a donc de
la lumière « invisible » et des sons inaudibles qui ont un effet sur votre
corps et contribuent à former le schéma d’où il émerge constamment.
Le corps est bien évidemment créé en continu, selon vos termes, durant
votre vie actuelle. Il ne s’agit pas d’un mécanisme qui, une fois créé, est
abandonné à lui-même. Contrairement à ce qu’affirment certaines écoles de
pensée, vous n’avez pas reçu, à la naissance, une certaine quantité de
« force vitale » qui s’épuise graduellement.
(21h28.) En vous, les molécules et les atomes meurent et sont totalement
remplacés, littéralement sans arrêt. Vous êtes créé physiquement à chaque
instant. Point. Le corps réagit aux sons extérieurs et aux stimulations qui lui
arrivent par les sens physiques. Ces schémas de réaction peuvent être vus
très clairement. Mais ils sont toutefois tout ce qui peut être observé, pour le
moment, de la vaste interaction qui se produit.
Les atomes et les molécules qui composent vos cellules et votre chair, par
exemple, ne réagissent pas aux sons physiques que vous entendez, ou aux
schémas de lumière que vos yeux perçoivent. En cas de danger, tout votre
corps doit être capable de bouger instantanément. Le système hormonal doit
pouvoir répondre avec une très grande rapidité et totalement modifier son
équilibre en un instant. Les muscles doivent réagir immédiatement et le
corps tout entier doit être suffisamment souple pour répondre globalement.
Cela est vrai de chaque organe et de la plus petite partie de votre corps.
Disons que vous êtes au milieu d’une rue lorsque, soudain, une voiture
est sur le point de vous heurter. On dirait qu’elle est apparue de nulle part.
Les cellules qui composent vos muscles, votre cœur, vos intestins, bien
évidemment ne voient pas la voiture comme « vous » la voyez. Pourtant, il
faut que tout le système soit immédiatement activé et les données que
« vous » percevez doivent être immédiatement traduites en des termes qui
mobilisent toutes les parties de votre corps.
Cela est accompli par la traduction des stimulations extérieures en
stimulations intérieures, mais jusqu’à présent les scientifiques et les
médecins ont seulement réussi à suivre les porteurs physiques de ces
données. Cette vaste interaction n’est pas perçue, et l’histoire vraie du
décodage de ces messages (beaucoup plus fort d’un seul coup) n’est pas
comprise – et faites votre pause.
(21h40. La transe de Jane a été très profonde, mais elle en sort très vite,
comme d’habitude. « Ouah ! Il y va carrément, ce soir, s’exclame-t-elle. Il
me fait faire une pause maintenant parce qu’il a encore quelque chose à
dire et qu’il ne veut pas l’interrompre. Je ne pourrais pas te dire de quoi il
s’agissait, et en même temps, j’en ai une idée. Je crois que Seth aimerait
que j’aie plus de vocabulaire pour les choses du corps. »
Reprise de la même manière à 21h57.)
Maintenant. (Une pause.) Les nerfs sont eux aussi composés selon la
structure intérieure dont j’ai parlé plus tôt (dans ce chapitre) : la structure
autour de laquelle, ou plutôt à partir de laquelle les nerfs physiques se
forment. Ici, les données extérieures sont traduites et fragmentées en
données internes. C’est-à-dire qu’elles sont décodées en termes de sons et
de lumières intérieures, ainsi que de schémas électromagnétiques, dont j’ai
parlé.
Les données extérieures deviennent alors de l’information utilisable,
même pour les atomes et les molécules qui forment les cellules. Le délai
physique qui intervient entre le message entrant (une pause, sourcils
froncés) et sa destination prévue ne se produit pas à ces niveaux-là. Le
« message intérieur » parvient à sa destination avant le message physique.
À l’instant où l’organisme répond, les schémas internes ont déjà réagi, et
ils doivent toujours précéder, ils précèdent toujours la réponse physique,
quelle qu’elle soit. Les schémas corporels invisibles, composés de lumière,
de son interne et de propriétés électromagnétiques réagissent donc en
premier, et ce sont eux qui entraînent la réaction physique qui intervient
ensuite.
(Lentement.) Cette traduction des stimulations extérieures est constante.
Le délai observé par les scientifiques est bien sûr le délai physique (le corps
penché en avant, avec la main posée sur les yeux fermés) causé par le
« temps » que mettent les messages à passer d’une terminaison nerveuse à
une autre.17 La traduction intérieure, quant à elle, est simultanée.
Revenons maintenant à la situation de l’accident potentiel. Cet
évènement, avec la voiture, son conducteur et votre propre situation
précaire, existe sous la forme d’une structure différente de celle que vous
voyez. Il existe lui aussi – cet événement – dans les termes mentionnés plus
tôt ; c’est-à-dire dans une réalité composée de lumière invisible, de son
inaudible et de schémas électromagnétiques.
Vous réagissez consciemment aux données physiques – le bruit, le
crissement des freins, le choc de voir la voiture de si près –, mais la réalité
tout entière de cette scène, ou de cet évènement, est immédiatement
« reconnue » par ce que j’appelle vos sens internes (voir les notes en fin de
session). Ceux-ci réagissent aux schémas intérieurs dont j’ai parlé. Les
données physiques passent par les nerfs, avec le délai temporel qui doit
nécessairement se produire. Ils représentent le versant temporel du spectre
de la perception.
Comme vous êtes des créatures de sang et de chair, il faut bien que ces
aspects intérieurs de la perception ait leur équivalent physique. Mais vous
ne pourriez pas vous en rendre compte matériellement et votre corps ne
pourrait pas y réagir sans ces réseaux internes.
Donc, avant que vous voyiez quelque chose physiquement, vous le voyez
par ces réseaux internes. C’est la perception intérieure qui active la
perception extérieure. Lorsque vous faites l’expérience d’un mouvement,
d’une activité physique, de n’importe quel évènement ou phénomène, vous
vous rendez compte de la fin d’une longue suite de compréhensions
intérieures. Ce que je suis en train de dire, c’est que tout évènement
extérieur, y compris votre propre corps et ce qui se trouve en lui, tous les
objets, toutes les matérialisations physiques sont les structures extérieures
qui correspondent à des structures internes et que celles-ci sont composées
de son intérieur et de lumière invisible entremêlés en schémas
électromagnétiques.
(22h28.) En dessous de la perception temporelle, chaque objet, chaque
évènement existe donc en ces termes, en des schémas qui ont un effet les
uns sur les autres. Sur le plan physique, vous semblez séparé de tout ce qui
n’est pas vous-même. Ce n’est pas le cas, bien que cela semble l’être dans
votre existence quotidienne et bien que cela vous semble aller de soi.
(Une pause.) Sur ce niveau intérieur dont je vous parle, tous les objets et
tout ce qui se produit est lié. Un changement ou un mouvement chez l’un a
un effet sur les autres. Vous reconnaissez certaines de ces modifications, et
vous y réagissez physiquement, comme par exemple dans le cas de cet
accident potentiel. Mais que vous vous rendiez consciemment compte de
cette activité ou non, elle modifie le milieu interne de votre corps par ces
parcours intérieurs.
Comme vos pensées et vos croyances ont le même type de réalité interne,
elles transforment également le milieu intérieur d’autrui. L’accident
potentiel en question est un évènement physique, mais il a d’abord été un
évènement mental. Il a donc existé dans cette réalité non temporelle avant,
en vos termes, d’être matérialisé physiquement et perçu par vous, avant que
vous y réagissiez.
La croyance, l’émotion et l’imagination l’ont fait passer de la réalité
intérieure à la réalité extérieure. Comme vous ne voyez pas ces aspects,
vous pouvez avoir l’impression qu’ils ne sont pas aussi réels que, disons, un
objet. De manière physique, vous ne pouvez par exemple voir que le
résultat d’une émotion. Vous ne pouvez pas la tenir entre vos mains comme
vous tiendriez une pierre.
Les idées constituent votre intention psychique. Elles mettent en action
l’émotion et l’imagination. Ces dernières activent les schémas intérieurs. Ce
sont les forces motrices de l’action (une pause), le moyen par lequel tous
les évènements intérieurs sont extériorisés. Elles sont de l’énergie formée,
dirigée, des schémas de réalité intérieure et extérieure formulés. Elles font
partie de la force de création d’où jaillissent toutes les réalités. Une fois
encore, tout cela est difficile à expliquer car il y a si peu d’équivalents
verbaux pour ce que j’essaye de dire.
(De façon délibérée.) L’imagination et l’émotion constituent les formes
d’énergie les plus concentrées que vous possédiez en tant que créature
physique. Toute émotion forte est porteuse de bien plus d’énergie qu’il n’en
faut, par exemple, pour envoyer une fusée sur la lune.
(Avec beaucoup de force.) Au lieu d’envoyer des fusées sur la lune, par
exemple, les émotions font passer les pensées à travers la barrière qui
sépare le physique du non-physique ; elles les font passer de cette réalité
intérieure au monde « objectif » – ce n’est pas un mince exploit et il se
répète sans cesse.
Vous pouvez faire une pause.
(22h47. « Alors là, j’étais carrément, mais carrément partie, dit Jane. Je
crois que la maison aurait pu s’écrouler… Avec, cette fois encore,
l’impression qu’on y est tellement à fond qu’on en fait partie – qu’on est
dans le cœur du truc.
C’est vraiment bizarre, comme focalisation intérieure. Ça donne un
sentiment de triomphe vraiment réjouissant ; comme de réussir à ramener
des trucs qui appartiennent à la nature secrète des choses. Je ne sais pas
comment on s’y prend, ni où on le fait. Après tout ce temps, je suis encore
étonnée que [ce livre] apparaisse tout fait. En général, je n’ai pas envie
qu’il y ait du monde quand ça se passe. Il faut effacer tout le reste. Les gens
causent des interférences ou de la distraction… »
Récemment, Seth s’est exprimé sur ce point. Les notes qui suivent
proviennent de matériau personnel supprimé : « En général, il vaut mieux
faire la dictée pour le livre sans personne d’autre, ou en présence de gens
que vous connaissez, et avec qui vous vous sentez bien. Cela cause moins
de distraction psychique et il est plus facile pour Ruburt de se focaliser sur
un canal bien clair.
Les désirs et les besoins des autres ont naturellement un effet et il faut
utiliser une certaine énergie pour ne pas en tenir compte. Plus ils sont
intéressés et excités, plus leurs propres préoccupations résonnent. Il est
difficile pour Ruburt d’oblitérer ces distractions psychiques
supplémentaires. D’ailleurs, lorsqu’il y a des personnes extérieures, les
sessions sont en général de nature personnelle, vu que leurs propres
réactions affectives sont tellement vibrantes dans un premier temps. »
Quant aux sens internes mentionnés par Seth dans cette session : il en a
mentionné neuf pour l’instant, dont on peut trouver la liste dans Le
Matériau de Seth, chapitre 19. Mais il y en aura d’autres.
Finalement, cette pause marque la fin de la dictée. Seth revient avec un
matériau différent, et la session se termine à 23h45.)

SESSION 626
MERCREDI 8 NOVEMBRE 1972

(Il n’y a pas eu de session lundi soir.


Hier, Jane et moi avons lu l’article – qui va être annoncé en couverture –
du magazine Time du 13 novembre 1972 sur le livre de Richard Bach,
Jonathan Livingston le Goéland. Nous sommes très contents pour Dick. Il
est aussi question du matériau de Seth dans l’article – voir la session 618,
chapitre 3, pour la rencontre de Seth, Dick et de son éditrice, Eleanor
Friede.
Il n’est pas nécessaire d’entrer ici dans le détail des dates ou autres ;
mais plusieurs jours avant qu’on nous dise que la parution du magazine,
originalement prévue pour le mois d’octobre, avait été retardée, Jane a eu
un rêve très vif lui donnant cette information. Elle l’a écrit à Dick et l’a dit
à d’autres personnes. Son rêve était également correct en ce qui concerne
la couverture du magazine : un montage représentant « un oiseau qui fait
partie de la tête, ou du visage, d’un homme », comme elle l’a décrit. La
couverture du Time représente une mouette surimposée sur la tête de Dick
Bach et la cachant partiellement.
Dans la nuit de lundi, Jane a eu un autre rêve très vif concernant à la
fois le matériau de Seth, elle-même et un reportage dans un magazine. Elle
l’a noté et nous verrons bien ce qui va se passer.
21h06.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. (Une pause. Puis, sur le ton de l’humour.) En aparté, pour vous.
Maintenant, vous le voyez, je peux parler dans le Temps ou en-dehors de
lui.18
(« Oui. »)
L’état et l’activité du corps physique vivant dépendent des croyances de
l’esprit conscient. Comme nous l’avons vu dans ce chapitre, le corps a des
équivalents « invisibles » composés de propriétés électromagnétiques et de
qualités de lumière et de son intérieur.
Ces structures invisibles ont précédé l’émergence du corps physique.
Elles existent aussi après la mort du corps. Dans la vie, l’état du corps est
donc dirigé par l’esprit conscient mais l’idée, ou le schéma mental, du corps
existe avant que l’esprit conscient ne se connecte avec le cerveau physique.
Ce n’est pas simplement par hasard que les gènes et les chromosomes
contiennent exactement l’information codée spécifique qui va être
nécessaire. Les données y sont gravées de l’intérieur. L’identité existe avant
la forme. On pourrait dire que l’identité, qui existe dans une dimension tout
à fait différente, sème dans le milieu de la réalité physique la graine d’où va
jaillir sa propre existence matérielle.
Le moi interne forme donc d’abord la structure « invisible » du corps qui
va « plus tard » émerger dans la chair. Au moment où cette graine est semée
mentalement, l’esprit conscient, en vos termes, n’est évidemment pas
connecté avec le cerveau, qui n’existe pas encore dans la chair. L’idée du
corps est maintenue par un esprit conscient, qui la rend physique.
La conscience ne dépend donc pas de la perception physique, bien que
cette dernière ait besoin d’une sensibilité immergée dans une forme
matérielle. Tant que la conscience physique passe par le filtre des appareils
corporels, ce processus même vous empêche en général de vous rendre
compte de ce qui est non corporel. Le schéma général du corps, avec toutes
ses propriétés et ses caractéristiques, existe donc avant qu’il ne soit formé.
En termes simples, vous choisissez d’avance le genre de corps que vous
allez habiter et imprégner. Vous avez peut-être l’impression de n’avoir
aucun contrôle conscient sur l’état de votre corps dans la vie que vous
connaissez, et encore moins avant la naissance. On vous a appris qu’il n’y a
guère de connexion entre vos pensées et l’activité de votre corps.
(21h29.) Lorsqu’une personne pense avoir un problème de cœur, son
anxiété même finit par affecter le fonctionnement de ce système
« involontaire » et par l’endommager réellement si la croyance en question
n’est pas modifiée. C’est l’esprit conscient qui dirige ce que l’on appelle les
« systèmes involontaires » du corps, et non le contraire. Aucune idée ne
passe insidieusement votre attention pour affecter le système involontaire si
elle ne correspond pas à vos croyances conscientes. Encore une fois, vous
n’allez pas être malade si vous croyez être en bonne santé – mais il peut y
avoir toutes sortes d’idées qui vous font croire à la nécessité d’être en
mauvaise santé.
Vous ne vous rendez pas compte de la façon dont le corps accomplit ses
nombreuses fonctions involontaires. L’esprit conscient ne pourrait pas
manipuler toutes ces données mais ces fonctions reflètent parfaitement vos
idées et vos croyances conscientes.
Comme nous l’avons vu (session 614, chapitre 2), l’esprit conscient n’est
pas fondamentalement coupé du moi interne ou des sources profondes de
connaissance qui lui sont disponibles. L’esprit conscient n’est d’ailleurs pas
un évènement particulier ; il représente diverses parties du moi intérieur qui
« font surface » à des moments donnés.
À l’intérieur du cadre choisi pour le corps avant la naissance (en fonction
de raisons que nous allons voir plus loin), l’individu a toute liberté de créer
une forme physique en parfaite santé. Cependant, cette forme est un miroir
des croyances ; elle matérialise avec précision dans la chair les idées de
l’esprit conscient.
(La voix de Jane est très sérieuse, et forte. Les yeux sombres et grands
ouverts, elle se penche et donne de petits coups sur la table basse qui se
trouve entre nous.)
C’est là l’une des fonctions premières du corps. À sa façon, un corps
malade remplit cette fonction aussi bien qu’un corps en bonne santé.
C’est votre système de rétro-information le plus intime. Il change en
fonction de vos pensées et de votre expérience ; il vous donne dans la chair
l’équivalent physique de vos pensées. Il est donc futile d’être en colère à
cause d’un symptôme ou d’en vouloir au corps à cause de son état alors
qu’il vous présente une réplique corporelle de vos propres pensées, comme
il est censé le faire.
Votre environnement et votre expérience dans le monde physique vous
offrent le même genre de rétro-information. Les critiquer est aussi inutile
que d’en vouloir au corps, pour la même raison.
Quand on présente ce genre d’idées, cela donne souvent l’impression que
le résultat idéal, en vos termes, doit être la perfection, « le paradis sur
terre » – un état dans lequel chacun serait riche, sage et en bonne santé.
(Seth me demande d’ouvrir une bière pour Jane. « Je ne veux pas lui
faire faire une pause tout de suite », ajoute-t-il. Il est clair que Jane est
dans une transe très profonde. Il y a beaucoup de bruit dans l’immeuble
mais ça n’a pas du tout l’air de la gêner. Au contraire, elle attend
patiemment que je reprenne mon cahier de notes.)
Dans l’existence physique, cependant, vous utilisez votre corps comme
moyen d’expression et d’apprentissage. Chacun d’entre vous est unique.
(Une pause.) Pour toutes sortes de raisons, vous êtes nombreux à prendre
des chemins qui ne sont pas fondés sur un développement égal des facultés,
sur une image équilibrée par exemple, mais qui expriment plutôt certaines
qualités, qui expérimentent avec elles à l’exclusion des autres. Pareille voie
ne présente pas, dans la réalité physique, une image de perfection
équilibrée.
(21h50.) Nous allons voir dans ce livre d’autres types d’existences
auxquels vous prenez part ; et ces dernières donnent une certaine coloration
à vos buts, à vos intentions, dans la vie physique telle que vous la
comprenez maintenant.
Si toutes vos croyances (et pas seulement celles qui sont « heureuses »)
n’étaient pas matérialisées, vous ne comprendriez jamais pleinement, sur le
plan physique, que vos idées créent la réalité. Si seules vos croyances
« positives » étaient matérialisées, vous ne comprendriez jamais clairement
le pouvoir de vos pensées, car vous ne feriez pas l’expérience complète de
leurs résultats physiques.
L’esprit conscient existe avant la vie physique, et après elle. Dans
l’existence corporelle, il est lié au cerveau et, durant la vie physique, vos
perceptions terrestres – votre focalisation constante et précise sur votre
système d’espace et de temps donné – dépendent de cette belle alliance.
(Une pause.) Avant votre naissance physique, vous formez donc un
concept mental du corps que vous allez avoir. Voilà comment cette image
est imprimée dans la matière : vous vous branchez sur une dimension très
spécifique de la réalité. Vous formez une structure physique qui va exister
dans cette zone hautement concentrée, qui va avoir une validité et une
présence – qui va devenir vivante dans ces « fréquences » (de façon très
positive).
Or, c’est là que se produit la division apparente à l’intérieur du moi car,
dans la vie physique, l’esprit conscient doit être connecté au cerveau et, en
termes de temps, cet organe doit lui-même grandir et se développer. Si bien
que toute votre conscience ne peut pas être de type physique. La partie qui
« doit attendre » le développement du cerveau est la partie que, dans la vie,
vous nommez « l’esprit conscient ».
On peut donner aux autres parties le nom de « moi intérieur ». Or, même
connecté au cerveau, tout le moi intérieur ne peut pas être exprimé puisque
le cerveau doit filtrer les perceptions par l’appareil physique.
Vous pouvez faire votre pause. J’ai gardé Jane en transe plus longtemps à
cause de la distraction du bruit dans l’immeuble ; c’est plus facile comme
cela.
(22h06. La transe d’une heure de Jane a été extrêmement profonde.
« Qu’est-ce que j’étais partie ! », dit-elle en essayant de garder les yeux
ouverts. Elle y renonce finalement et se laisse aller dans son fauteuil à
bascule. « T’en as assez d’écrire ? » Je lui dis que non.
« Alors, j’imagine qu’on continue », dit-elle. Elle retire ses lunettes. Seth
revient au bout de quelques instants. Dès qu’il se manifeste à nouveau, les
yeux de Jane s’élargissent tout grand et ses manières se font à nouveau
animées et intenses. Reprise à 22h10.)
Le cerveau, avec ses connexions corporelles, doit gérer les délais
temporels qui vont avec la perception par les sens. Si le fonctionnement
intérieur du corps était conscient, la conscience connectée au monde
physique aurait à gérer des déductions mathématiques et des calculs
beaucoup trop nombreux pour les séquences temporelles. Il faudrait par
exemple qu’elle suive consciemment tous les muscles, tous les nerfs, tous
les organes, toutes les cellules, toutes les molécules, tous les atomes, sans
cesser de manœuvrer le corps dans le temps et l’espace.
Aussi une division apparente se manifeste-t-elle, dans laquelle une
partie de l’esprit conscient invisible est connectée au cerveau physique, et
une autre est libérée de cette connexion. Cette dernière forme ce que vous
considérez comme le système involontaire, ou autonome, du corps.
Une fois encore, il est important de comprendre que la réaction initiale
aux stimulations n’est pas d’ordre physique, et que c’est elle qui déclenche
toute réaction physique. Il y a une communication, une interaction
constante, entre les parties de la conscience qui sont connectées au cerveau
et celles qui ne le sont pas. Les buts les plus « profonds » de la conscience
en question « circulent » et apparaissent parfois dans la connaissance qui est
liée au cerveau. Quand l’information qui monte de ces sources plus
profondes du moi parvient dans les parties connectées au cerveau, elle est
interprétée en fonction des croyances de la partie du moi focalisée sur le
monde physique.
Ces données intérieures sont colorées, jusqu’à un certain point, par les
croyances actuelles de la partie du moi qui est la plus directement
confrontée au monde physique. Celles-ci sont aussi constamment
examinées par le moi intérieur.
Et maintenant, je suggère que vous terminiez cette session…
(« D’accord », dis-je, avec un certain étonnement.)
… mais nous avons fait passer une bonne partie du matériau. Donc (avec
le sourire), réjouissons-nous.
(Fin à 22h27. Jane émerge lentement d’un état de dissociation
extrêmement profond. La fin plutôt abrupte de la session s’est produite, dit-
elle finalement, parce qu’elle commençait à se fatiguer. Il s’avère que c’est
la fin du chapitre 5.)

15 Il y a aussi une progression en complexité. Les électrons sont des particules chargées
négativement, qui tournent autour d’un noyau sur lequel se trouve un nombre égal de charges
positives ; ensemble, ils constituent un atome. Des groupes d’atomes se combinent pour former les
molécules.
16 Dans Seth parle, chapitre 19, Seth nous dit : « Les structures moléculaires envoient leur propre
message, et à moins d’être branché sur la bonne longueur d’onde pour les percevoir, on croit qu’il
s’agit de sons sans signification particulière. »
17 Seth fait ici allusion à la façon dont l’influx nerveux passe d’un neurone à un autre, ou d’une
cellule nerveuse à une autre. Cette jonction entre deux neurones est nommée synapse.
18 Jeu de mots portant sur le titre du magazine : time, le temps, en anglais (N. d. l. T.).
CHAPITRE 6

Le corps de vos croyances et leurs structures


de pouvoir

SESSION 627
LUNDI 13 NOVEMBRE 1972

(En quelques jours, Jane a reçu plusieurs appels téléphoniques de


différentes parties du pays – et des lettres – de gens qui demandent qu’elle
et Seth leur viennent en aide. Certains des problèmes dont il est question
sont très sérieux, et dépassent largement toute thérapie que nous pourrions
offrir rapidement ou raisonnablement, Seth, Jane ou moi-même. Comme
nous avons de la sympathie pour eux, Jane et moi finissons souvent par en
ressentir de la frustration ; qui plus est, si nous aidions ne serait-ce que
quelques personnes de manière approfondie, nous n’aurions plus du tout de
temps pour les autres. En essayant de faire ce qu’elle peut personnellement,
Jane a récemment reçu quelqu’un qui semblait avoir un dédoublement de
personnalité.
Pendant que nous attendons, ce soir, Jane dit que Seth a deux canaux
ouverts : il peut parler des gens qui demandent de l’aide ou faire de la
dictée pour le livre. Elle choisit d’avancer sur le livre car, dit-elle, cela
aidera plus de gens que ce qu’elle pourrait faire seule.
21h21.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Chapitre 6 : « Le corps de vos croyances et leurs structures de
pouvoir ». C’est le titre.
De façon tout à fait littérale, vous vivez dans le corps de vos croyances.
Vous percevez par le corps de vos croyances. Elles ont le pouvoir
d’améliorer ou de diminuer votre vue, votre ouïe et toute autre activité liée
à la perception.
Si, par exemple, vous croyez que l’ouïe diminue au bout d’une certaine
durée de vie, c’est ce qui se produit. Vous utilisez de moins en moins cette
faculté ; vous transférez inconsciemment votre attention aux autres sens
pour compenser et vous vous reposez moins sur vos oreilles, jusqu’à ce que
cette fonction commence en effet à s’atrophier. Point.
De ce point de vue, les différentes fonctions sont des habitudes. En
accord avec votre croyance, vous oubliez tout simplement comment faire
pour entendre correctement. Toutes les minuscules manipulations
nécessaires pour entendre sont inconsciemment réprimées. La détérioration
physique se produit effectivement ; cependant, elle n’arrive pas en premier,
mais ensuite.
Le même genre de développement peut se produire avec à peu près
n’importe quelle catégorie physique. En général, plusieurs croyances
entrent en jeu. En plus de croire que votre ouïe va se détériorer, vous
pouvez être convaincu que votre vision va se dégrader ; à ces deux idées
peut s’ajouter la notion que l’âge va vous diminuer, que vous n’allez plus
être capable d’assumer le quotidien. Ces croyances, voyez-vous, ont pour
effet de matérialiser cet état.
(Une pause.) Vous pouvez au contraire être convaincu que la sagesse
augmente avec l’âge, que se connaître soi-même apporte une paix inconnue
auparavant, que l’esprit alerte est mieux équipé pour évaluer correctement
les circonstances et que les sens physiques ont une meilleure appréciation
des plaisirs sensuels. Et ces conditions sont alors celles dont vous faites
l’expérience. L’appareil physique lui-même demeure en bonne santé,
conformément à vos croyances.
Encore une fois, vous devez comprendre que vos idées et vos pensées
n’existent pas comme des images fantômes sans substance. Elles ont une
réalité électromagnétique. Elles ont un effet sur votre être physique ; votre
système nerveux les traduit automatiquement en l’étoffe de votre chair et de
votre expérience.
(21h36.) Votre esprit conscient est censé juger et évaluer la réalité
physique, il est censé vous aider à déterminer votre chemin dans l’univers
corporel dont vous faites actuellement partie. Nous l’avons vu (dans la
dernière session, notamment), d’autres parties de votre être s’en remettent à
vous pour cela. Toute l’énergie qui est à la disposition du moi intérieur est
alors concentrée, de façon à apporter les résultats demandés par l’esprit
conscient.
Votre pouvoir d’action effectif suit les lignes de vos croyances. Croire en
votre propre faiblesse, c’est vous priver du pouvoir d’agir. Accepter sans
esprit critique toutes les croyances qui viennent à vous, c’est, au mieux,
vous ouvrir à un bombardement de données conflictuelles qui obscurcissent
les lignes claires de l’action et du pouvoir. Des estimations et des demandes
contradictoires sont alors envoyées au moi intérieur, qui tente, par différents
moyens, de vous signifier que quelque chose ne va pas. Les croyances de
même nature s’attirent les unes les autres, car vous cherchez spontanément
une cohérence dans votre expérience et dans votre comportement.
(Une pause.) Il faut que vous appreniez à faire face à vos propres
croyances de façon directe, car sinon vous êtes obligé de vous en occuper
indirectement – en y réagissant sans le savoir dans votre expérience
physique. Fondamentalement, quand vous maudissez un environnement
physique, un état ou une situation qui vous sont défavorables, vous
n’agissez pas de façon indépendante, mais vous réagissez presque
aveuglément. Vous réagissez à des évènements qui ont l’air de vous
arriver, et toujours en réponse à une situation.
Pour agir de manière indépendante, il faut que vous preniez l’initiative
d’une action dont vous souhaitez qu’elle se produise physiquement (avec
insistance) en la créant dans votre propre être.
Cela s’accomplit en combinant les croyances, l’émotion et
l’imagination ; en les assemblant pour en faire l’image mentale de ce que
vous souhaitez comme résultat physique. Bien sûr, le résultat escompté
n’est pas encore physique, ou vous n’auriez pas besoin de le créer ; cela ne
sert donc à rien de dire que votre expérience physique semble contredire ce
que vous essayez de faire.
(Une pause.) Comme les idées et les croyances ont une réalité
électromagnétique, une interaction constante entre des croyances fortement
contradictoires peut créer de puissants blocages et faire obstacle au flot de
l’énergie vers l’extérieur. Une polarisation peut parfois se produire. Des
croyances non assimilées, des idées non examinées peuvent donner
l’impression de vivre leur propre vie. Elles peuvent très efficacement
dominer certaines parties de votre activité.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 21h50 à 22h10)
Maintenant. Dictée : Ruburt a récemment été confronté à un phénomène
qui démontrait la nature et la puissance des croyances.
Il a reçu un appel téléphonique d’un homme qui habite un autre État et
qui demandait une entrevue. Sans savoir pourquoi, Ruburt a ressenti
l’impulsion de le voir et de prendre rendez-vous. Le visiteur est arrivé de
l’aéroport, avec sa femme derrière lui.
Il s’agissait d’un cas d’école, d’un exemple vivant de l’effet de croyances
conflictuelles non examinées, une personnification terrible et douloureuse
de ce qui peut se passer quand un individu permet à son esprit conscient de
nier ses responsabilités – c’est-à-dire quand quelqu’un a peur de sa propre
conscience.
Les croyances de ce jeune homme mènent leur propre vie, alors qu’il est
lui-même relativement impuissant. Aucun effort n’a été fait pour réconcilier
ses croyances opposées jusqu’à ce que la personnalité soit littéralement
arrivée à un stade de polarisation.
(22h20.) Vous vous êtes donc trouvé confronté à ce qu’on pourrait
appeler un cas classique de dédoublement de personnalité. J’en parle ici
parce qu’il illustre si parfaitement la nature et le pouvoir des croyances, et
les conflits qui peuvent surgir lorsqu’un individu n’accepte pas la
responsabilité de ses propres pensées. Ce n’est pas un cas banal – mais, à un
degré ou à un autre, une division de ce type se produit toujours, sur le plan
physique ou mental, lorsque le contenu de l’esprit conscient n’est pas
examiné.
Dès son arrivée, cet homme débordait de belligérance et d’hostilité.
Ayant demandé de l’aide, il se détestait pour ce qu’il pensait être la
faiblesse qui l’avait poussé à le faire. Il envoyait des regards noirs à Ruburt,
projetant toute l’énergie dont il était capable pour bien montrer qu’il n’allait
pas se laisser impressionner ; et que, si quelqu’un devait dominer la
situation, ce serait lui. Il parla d’une autre personnalité beaucoup plus
puissante que lui – même si, dit-il, il pouvait obliger une assemblée de cent
cinquante personnes à lui obéir. L’autre personnalité était toutefois
originaire d’une autre galaxie et venait en ami, pour l’aider et le protéger.
Sur son ordre [dit-il], cet ami invisible avait tué un homme de loi. Celui-
ci, selon cette histoire, n’avait pas compris la situation et avait blessé les
sentiments de la personne dont nous parlons. Appelons-le Auguste.
Faites une pause pour Ruburt…
(22h30. Jane a des quintes de toux répétées depuis la dernière pause.
Elle tousse tellement à présent que Seth interrompt la dictée – évènement
tout à fait exceptionnel. Pendant que Jane se repose, je suggère que, si Seth
revient, ce serait mieux qu’il parle des raisons de cette toux. C’est ce qui se
passe. Étonnamment, le matériau reçu couvre plusieurs pages. La session
se termine à 23h43.)

SESSION 628
MERCREDI 15 NOVEMBRE 1972

(Lundi dernier, Seth a commencé à parler de la visite récente


d’ « Auguste », qui donnait tous les signes d’un dédoublement de
personnalité. Comme nous nous installons pour la session de ce soir, Jane
dit : « Je sais ce que Seth va dire à propos de la deuxième personnalité
d’Auguste, Auguste 2. » Cela nous amuse par rapport à Seth et Seth 2. Puis
Jane, en transe, commence à parler lentement.
21h29.) Bonsoir…
(« Bonsoir, Seth. »)
… et nous allons reprendre la dictée.
Pour commencer, Auguste a été élevé dans la croyance que le moi
intérieur est dangereux et que les individus réagissent en fonction de
conflits intérieurs sur lesquels ils n’ont aucun contrôle conscient. (Avec des
gestes.) Il croyait que la personnalité individuelle ne peut pas vraiment se
comprendre elle-même, qu’elle se trouve dans une situation précaire, seule
et sans défense, avec en dessous les abysses du mal et, au-dessus, un Bien
froid et impossible à atteindre, juste mais dépourvu de compassion (avec un
B majuscule).
Auguste se sentait perdu dans un monde fait de contraires. Il acceptait les
croyances conflictuelles sans les remettre en question. (Une pause.) L’esprit
conscient essaye toujours de faire sens à partir de ses croyances, de les
regrouper en séquences et en schémas. Il les organise, en général, de la
façon la plus rationnelle possible et se défait de celles qui semblent
contredire le système d’ensemble de ses croyances.
On avait appris à Auguste à craindre ses propres pensées, à éviter de
s’examiner lui-même. Au lieu de faire face aux pensées et aux croyances
qu’il craignait, il commença à les repousser dans un coin de l’esprit
conscient, où elles ne posaient pas trop de problème, au début.
Avec le temps, la quantité de croyances effrayantes non examinées
commença à augmenter. Les idées et les croyances se nourrissent d’elles-
mêmes. Il y a en elles un élan inhérent vers la croissance, vers le
développement et l’épanouissement. Au cours des années, deux systèmes
opposés de croyances se développèrent fortement, luttant chacun pour son
attention. En tant qu’individu, Auguste se croyait totalement impuissant ; il
était convaincu que, quels que soient ses efforts, il ne ferait jamais rien de
bon, qu’il n’arriverait à rien. Il avait l’impression que personne ne l’aimait,
et qu’il ne méritait pas qu’on l’aime. Dans le même temps, il laissait son
esprit conscient vagabonder et, en compensation, il se voyait comme un être
tout-puissant, méprisant ses semblables et capable de se venger de leur
manque de compréhension à son égard. Dans cette direction-là, il pouvait
tout faire – guérir les maux de l’humanité s’il le souhaitait, ou priver le
monde de cette connaissance pour le punir. Point.
Or, toutes ces idées étaient parfaitement conscientes mais il maintenait
chaque groupe à distance l’un de l’autre. Encore une fois, l’esprit conscient
essaye d’atteindre un tout, une unité, en organisant toutes ces croyances en
un système cohérent. Quand on entretient un certain temps des croyances
qui sont en contradiction totale les unes avec les autres, et qu’on n’essaye
pas de les réconcilier, une « bataille » s’engage à l’intérieur de l’esprit
conscient lui-même.
(Une pause à 21h50.) Comme ce sont les croyances qui régulent les
mouvements autonomes du corps et le système physique tout entier, des
croyances en opposition les unes avec les autres entraînent des
déséquilibres et des réactions physiques néfastes. Avant que les croyances
opposées d’Auguste ne s’installent, en quelques sorte, dans des camps
séparés, son corps était dans un état de remue-ménage permanent. Son cœur
et son système musculaire recevaient sans cesse des messages
contradictoires. Son système hormonal chancelait et sa température elle-
même enregistrait des écarts énormes.
Comme les idées semblables s’attirent, à la fois sur le plan
électromagnétique et sur le plan affectif, l’esprit conscient se retrouvait
nanti de deux systèmes contradictoires de croyances et de deux images de
soi. (Une pause.) Pour protéger l’intégrité de sa structure physique, l’esprit
conscient d’Auguste se divisa clairement en deux parties. Ainsi les
messages constamment envoyés au corps n’étaient plus embrouillés.
(Lentement.) La partie d’Auguste qui se sentait puissante et étrangère
s’est personnifiée. Quand Auguste se sentait menacé, l’esprit conscient se
branchait sur le système opérationnel de croyances dans lequel il se voyait
comme tout-puissant, protégé – mais étranger. Cette partie de ses croyances
et cette image de lui-même prenaient le contrôle de son esprit conscient et
devenaient ce que nous appellerons Auguste 2. Quand Auguste 2 était aux
commandes, le corps physique était fort, puissant et capable d’exploits
physiques dépassant largement ceux d’Auguste 1.
(22h01.) Auguste 2, voyez-vous, croit que son corps est pratiquement
invincible et, en accord avec cette croyance, son corps fonctionne
réellement de façon tout à fait supérieure. Auguste 2 se croit
fondamentalement étranger. Dans ce cas, l’explication – car il faut qu’il y
en ait une – est qu’il vient d’une autre planète, et même d’une autre galaxie.
Son but est très clair : il est là pour aider Auguste 1, pour mettre son
pouvoir à son service, pour récompenser ses amis et terrifier ses ennemis.
Auguste 1 est profondément convaincu qu’il a besoin de ce genre d’aide.
Or, il s’agit ici d’une division de l’esprit conscient. Elle n’a pas son
origine dans le moi profond. Quand Auguste 2 prend le contrôle, il est
parfaitement conscient. Il voit simplement la réalité physique par un
système rigide de croyances. Les messages envoyés au corps n’ont rien de
contradictoire. Le corps est parfaitement contrôlé.
L’humeur d’Auguste 1 est bien sûr le résultat direct de ses idées. Ce que
le corps ne pouvait plus supporter – à cause des modifications constantes
que cela entraînait –, c’était le passage incessant d’un état d’exaltation
accompagné d’un sentiment de puissance à un état de dépression
accompagné d’un sentiment d’impuissance. La plupart du temps, Auguste 1
prédomine, car l’idée qu’il ne vaut rien est plus ancienne, en vos termes ; et
pire, elle est renforcée par le contraste avec Auguste 2. Auguste 2 se
manifeste parfois pendant une semaine entière.
Il fait et dit toutes les choses qu’Auguste 1 adorerait faire et dire, avec
seulement quelques garde-fous. Pendant ce temps, Auguste 1 n’est pas
littéralement inconscient de ce qui se passe ; il se rend tout à fait compte des
activités et des accomplissements vécus « par procuration ». C’est, encore
une fois, un jeu de cache-cache dans lequel ce qu’on appelle l’esprit
inconscient est relativement innocent.
Par conséquent, Auguste 2 peut tempêter et fulminer, tricher et mentir, se
vanter, montrer son mépris pour ses semblables et dégager Auguste 1 de
toute responsabilité.
Vous pouvez faire une pause, puis nous continuerons.
(De 22h19 à 22h30.)
Maintenant. Il n’y a rien de maléfique dans la nature d’Auguste 2. Dans
les milieux spiritualistes, on le verrait pourtant comme un esprit maléfique.
Sa nature est d’être protecteur. Les idées et les croyances fondamentales
qui se sont personnifiées en lui, qui sont devenues lui, se sont formées pour
protéger Auguste 1 des idées destructrices qui lui avaient été données dans
l’enfance, pour combattre la croyance en sa propre impuissance et en sa
propre futilité. Elles sont donc venues s’ajouter aux idées originales, à un
âge encore très jeune. C’est donc à partir du concept enfantin d’un être
puissant qu’Auguste 2 a jailli.
Plus le sentiment de faiblesse est important, plus le sentiment
compensatoire de pouvoir doit être fort – mais, encore une fois, sans qu’il y
ait la moindre tentative de réconciliation consciente.
(Une pause.) La mère d’Auguste remarqua simplement que son fils
semblait avoir un caractère très changeant. Auguste 2 ne s’est présenté
comme une « autre personnalité » évidente qu’après le mariage d’Auguste,
quand il eut à assumer la paternité et à gagner sa vie – sans y parvenir.
La croyance qu’il n’était bon à rien l’empêchait d’utiliser ses facultés ou
même simplement de maintenir une ligne d’action simple avec régularité.
C’est alors qu’Auguste 2 commença à s’affirmer, y compris auprès de la
femme d’Auguste. À sa façon, Auguste 2 allait lui prouver qu’elle avait
épousé un homme d’exception, remarquablement puissant, viril et fort.
Mais pour cela, il fallait qu’Auguste 1 lui apparaisse comme Auguste 2.
C’est ce qui se produisit pendant quelque temps. Auguste 1 avait un mal de
tête terrible, et c’est alors qu’arrivait cet extraterrestre venu du cosmos : le
mâle plein d’autorité qu’Auguste 1 n’était pas.
(Une pause.) Ici, toutefois, la « tromperie » fit naître quelques difficultés.
Non seulement Auguste 2 faisait preuve d’une plus grande promiscuité
sexuelle mais, par contraste, Auguste 1 semblait extrêmement insipide. À
l’origine, Auguste 2 était destiné à venir en aide à Auguste 1. Il est vrai que
son exotisme débordait un peu, apportant quelque éclat à Auguste 1 quand
Auguste 2 disparaissait pour un temps ; mais le contraste était trop visible,
trop évident. Auguste 1, qui demeurait la personnalité principale, se mit à
avoir encore plus peur. Il savait qu’Auguste 2 était graduellement en train
de perdre son utilité, qu’il contribuait à dévoiler Auguste 1, et qu’il fallait
qu’il disparaisse.
(22h46.) En fait, une fois qu’Auguste 2 se fut « approprié » le corps
d’Auguste 1, tout fut déballé dans la famille. Sa femme commença à
prendre des notes de ce qui était dit et fait. Lorsqu’elle répéta ces choses à
Auguste 1, les tricheries et les mensonges devinrent évidents, de même que
la nature infantile de cette « personnalité » ; pourtant, Auguste 2 affirmait
détenir une connaissance sans bornes et provenir d’une galaxie bien
supérieure à la Terre. Il faisait, par la même occasion, des prédictions qui ne
se réalisaient jamais, se vantant et mentant comme un soudard.
Les croyances dont l’énergie générait cette « image de soi alternative »
apparurent alors en plein jour, amenant leur résultat naturel dans la réalité
physique. Auguste 1, maintenant à l’âge adulte, fut, dans une certaine
mesure, forcé de percevoir la nature de ces croyances ; toutefois, quand il
rendit visite à Ruburt, il n’était toujours pas prêt à le faire.
Voilà maintenant deux mois et demi qu’Auguste 2 n’a pas pris le
contrôle. Auguste est en plein dilemme, car il croit toujours n’avoir aucun
pouvoir, et les croyances opposées de toute puissance ne sont plus
exprimées par Auguste 2. Pourtant, il faut qu’elles le soient ; aussi, pendant
cette entrevue, Auguste 1 – que nous appellerons simplement Auguste – est
apparu, à un moment donné, avec cette belligérance monumentale, fusillant
Ruburt du regard et affirmant qu’il pouvait anéantir quiconque lui nuirait.
L’instant suivant, c’était un appel au secours qui transparaissait, ainsi que
son amour pour sa femme et son enfant. Auguste déclarait quelque chose,
puis affirmait le contraire dix minutes plus tard.
Ici, la polarité entre Auguste 1 et Auguste 2 avait disparu, et les deux
systèmes de croyances opposées fonctionnaient côte à côte. Pourtant,
Auguste refusait d’examiner ses paroles et ses pensées, ou de voir les
contradictions, si évidentes pour autrui.
La nature et l’importance des croyances apparaissaient de façon si
éloquente que Ruburt en fut stupéfait et qu’il se sentit contraint à des
manœuvres psychologiques complexes. Les deux « personnalités » n’étaient
plus séparées, mais en train de se mêler.
(Une pause à 23h00.) Auguste a dit : « Mon ami a tué l’un de mes
voisins qui ne m’aimait pas en lui donnant une pneumonie. Il me protège. »
Un autre voisin a un ulcère et Auguste a dit à Ruburt que, depuis qu’il a
touché ce voisin, l’ulcère en question semble avoir disparu. Il a ajouté :
« J’aimerais savoir quelle portion de ce grand talent m’appartient. » Et, en
regardant brièvement ailleurs : « Finalement, je n’ai peut-être pas besoin
que mon ami me protège. » C’était là une très bonne chose, dans la mesure
où Auguste commençait à se rendre compte qu’il n’était peut-être pas
totalement dénué de pouvoir. Sa personnalité se retrouve cependant à devoir
gérer les aspects peu engageants d’un Auguste 2 qui n’est plus personnifié.
Il doit répondre aux questions suivantes : « Si je suis si puissant,
comment se fait-il que je sois si faible et que je n’arrive même pas à
subvenir aux besoins de ma famille ? Si je suis si génial, pourquoi ne puis-
je pas utiliser mon énergie efficacement ? »
Car le corps d’Auguste est à nouveau exposé aux oscillations des
croyances contradictoires le concernant. Auparavant, il était physiquement
puissant quand il était Auguste 2, et faible quand il était Auguste 1.
Maintenant, en tant qu’Auguste, il est alternativement fort et faible, et le
stress du corps est visible. En tant qu’Auguste 2, il pouvait rester debout
jour et nuit, et accomplir des tâches physiques très difficiles pour l’être
humain ordinaire, car il fonctionnait à partir de l’idée invisible de pouvoir et
de force.
Il lui a fallu un certain courage pour permettre à Auguste 2 de disparaître.
Comme la division nette entre ses croyances ne fonctionne plus, il va
cependant paraître encore plus difficile à vivre à sa femme, du fait qu’il
existe une « fuite » des caractéristiques d’Auguste 2 vers les siennes. Il
ment, par exemple, alors qu’auparavant seul Auguste 2 mentait.
Voici donc un cas où des croyances radicalement opposées dominent
l’esprit conscient à différents moments, chacune manipulant le corps à sa
façon. Physiquement, le corps a la même force potentielle,
indépendamment du groupe d’idées qui prédomine ; mais, dans la pratique,
Auguste 1 était incapable d’accomplir les exploits d’Auguste 2.
Une fois, Auguste 2 a sauté par la fenêtre du deuxième étage, par colère,
et atterri sans dommage – un exploit tout à fait inhabituel. Auguste, en
revanche, est tellement épuisé qu’il a du mal à tenir toute une journée. C’est
une situation dans laquelle les croyances d’un individu lui font littéralement
placer son énergie et sa puissance à côté de lui-même ; si bien qu’il ne peut
les utiliser que lorsqu’il les échange pour d’autres croyances.
C’est seulement parce que les aspects enfantins d’Auguste 2 sont
finalement apparus de façon si manifeste qu’il a dû disparaître. Sa femme
fit la distinction, car il était évident qu’elle n’avait pas la même opinion de
cet « ami » que son mari. Ses croyances à elles furent la nouvelle fondation,
le point de changement qui permirent à Auguste de voir cette image
alternative de lui-même avec un peu de détachement.
(Avec humour.) Vous pouvez faire votre pause alternative.
(23h22. Jane ne se souvient de rien de ce qui a été dit par Seth. Mais dès
qu’elle sort de transe – très vite, comme d’habitude –, elle me dit : « Je sens
que Seth en a davantage là-dessus, qui attend, tout prêt. D’habitude, je ne
m’en rends pas compte, entre les sessions, bien que j’en rêve parfois. »
C’est la fin du travail sur le livre pour ce soir. Après la pause, Seth
revient avec deux pages de matériau sur un sujet que j’ai abordé plus tôt
dans la soirée ; et la session transcrite s’achève à 23h51.
La session reprend toutefois après que j’ai mis de côté mon carnet de
notes. Au cours d’un échange spontané, Seth livre quelques éclairages sur
sa propre origine et sur la façon dont la personnalité de Jane rend possible
l’émergence d’un Seth. Et plus encore. Je n’écris pas ce qui est dit et,
comme d’habitude, je finis par le regretter – peut-être prendrons-nous le
temps de récupérer tout cela pendant une session.
Le matériau semble toujours s’effacer s’il n’est pas consigné
immédiatement, d’une manière ou d’une autre. L’une des raisons en est,
selon moi, que Jane n’est pas la seule à être en transe durant ces sessions ;
celui ou celle qui reçoit – moi, en l’occurrence – l’est aussi, à sa façon.
Lorsque la connexion entre Seth et son auditoire est rompue, le matériau
« demeure », d’une certaine manière, sur ce terrain de rencontre.)
SESSION 629
MERCREDI 29 NOVEMBRE 1972

(Comme c’est souvent le cas en cette période de l’année, nous avons


commencé à rater certaines des sessions régulières prévues. Jane et moi
pensons qu’elles vont être irrégulières jusqu’au début du mois de janvier.
Parce que nous apprécions les activités de cette période de fêtes, mais aussi
parce que ce moment de l’année semble constituer pour nous un moment de
repos naturel. Mais Jane a l’intention de maintenir ses cours de perception
extrasensorielle et d’écriture.
La première partie de cette session, commencée à 21h28, est supprimée.
Seth reprend la dictée pour le chapitre 6 du livre à 21h59.)
Il n’y a pas, dans votre société, de cadre adéquat pour traiter efficacement
les gens comme Auguste.
Un analyste le considérerait probablement comme un schizophrène et lui
collerait cette étiquette commode ; mais ces termes sont fondamentalement
dépourvus de sens. Si, au cours d’une période de temps, l’analyste arrivait à
convaincre Auguste que sa condition présente résulte d’un évènement passé
spécifique qui a été refoulé, et si cet analyste était un homme compréhensif
et intuitif, Auguste pourrait modifier suffisamment ses croyances pour
qu’une sorte de « guérison » intervienne. Il se souviendrait alors docilement
de l’évènement en question et montrerait les émotions adéquates en le
revivant. Malheureusement, dans son état actuel d’impuissance en l’absence
d’Auguste 2, il pourrait tout aussi bien décider de faire appel à son alter ego
pour montrer au bon docteur qu’il ne faut pas le traiter à la légère.
Il y aurait alors la question d’aider Auguste à faire face au comportement
de son autre moi, de façon à ce qu’il puisse l’accepter comme une partie de
son identité entière.
Lorsqu’Auguste 2 contrôlait le corps, la constitution chimique de ce
dernier changeait. Elle différait de façon marquée de l’état hormonal
habituel d’Auguste. Les modifications chimiques étaient liées au
changement de croyances, et non l’inverse.
(Une pause à 22h08. Voir le matériau concernant les hormones et les
croyances, session 621, chapitre 4.)
Si l’on modifiait Auguste 2 par des moyens chimiques, il reviendrait en
effet à la personnalité d’Auguste 1, mais ce changement artificiel ne serait
pas permanent et pourrait même se révéler dangereux.
Les tendances chimiquement inhibées seraient, en quelque sorte,
étouffées de force par les médicaments. Le problème demeurerait
néanmoins et des tendances suicidaires ouvertes pourraient se manifester ;
ou des tendances suicidaires plus insidieuses, qui attaqueraient des organes
vitaux.
Il arrive aussi que des cas de ce type soient traités à l’intérieur d’un autre
cadre de référence, dans lequel on considérerait qu’Auguste est possédé par
une entité « démoniaque » indépendante quand Auguste 2 se manifeste. Or,
encore une fois, si Auguste changeait ses croyances, il serait possible
qu’une sorte de guérison intervienne dans ce cadre. Mais les difficultés et
les dangers qui s’y rattachent rendraient ce type de guérison pratiquement
impossible.
Si un praticien convaincu qu’Auguste était possédé réussissait à le
convaincre de ce « fait », leur croyance commune pourrait fonctionner
pendant un temps. Convaincre Auguste qu’il est sous la domination d’une
entité diabolique serait le premier pas. Ensuite, on pourrait au moins le
débarrasser de l’intrus. Le problème, c’est qu’à l’intérieur de ce cadre de
référence, la structure du moi serait encore affaiblie, car les caractéristiques
normalement refoulées d’Auguste 2 seraient niées à jamais. Auguste devrait
toujours être « bon », tout en se sentant perpétuellement vulnérable à une
autre invasion diabolique. Le résultat déjà mentionné risquerait de se
produire : l’apparition de tendances suicidaires ou de tout autre
comportement d’autodestruction.
Vous pouvez faire votre pause.
(22h23. « Quand toute cette histoire de parler en transe a commencé [fin
1963], dit Jane, j’avais l’impression qu’il y avait un mot disponible à la
fois, et rien avant ou après – mais maintenant, je sens des blocs entiers de
matériau qui attendent d’être donnés. Comme tout le truc sur les Parleurs,
ce soir. C’est comme ça de plus en plus souvent. » Avant la session de ce
soir, Jane a encore eu l’impression que plusieurs canaux d’information
étaient disponibles auprès de Seth.
Reprise à 22h45.)
Dictée : heureusement, le corps et l’esprit humain sont beaucoup plus
flexibles, beaucoup plus résilients et créatifs qu’on le croit. De nombreux
cas comme celui d’Auguste passent inaperçus. Les individus en question
guérissent d’eux-mêmes. Cela se produit parfois quand la personne
concernée choisit de vivre une expérience traumatisante – il arrive
fréquemment qu’une partie de la personnalité en ait le projet délibéré et que
l’autre choisisse de fermer les yeux. Ce type d’évènements peut sembler un
désastre total, ou peu s’en faut, mais mobiliser suffisamment l’ensemble de
la personnalité pour en assurer la survie. Dans un moment de tension
hautement critique, la personnalité peut se réunir.
En général, ces épisodes critiques de ré-union ne sont pas de longues
maladies, bien que cela puisse se produire ; il s’agit le plus souvent d’un
accident grave. La difficulté peut être extériorisée en un membre brisé, par
exemple, plutôt qu’un moi brisé ; et pendant que le corps se répare,
l’intégration nécessaire des croyances se produit.
Il y a toutes sortes de variétés et de niveaux différents dans ce genre de
cas. Chaque individu est unique. Il peut parfois s’agir d’un autre mode de
guérison, dans lequel des fractions se séparent de chacune des parties de la
personnalité qui sont en conflit et forment une structure psychologique plus
claire, qui peut communiquer avec les deux autres, jouer le rôle d’arbitre et
réconcilier leurs croyances contraires.
Cela se produit souvent sans que la personnalité principale se rende
compte de ce qui est en train de se produire. L’écriture automatique peut
être utilisée, ou une planchette Ouija. Ce sont deux méthodes qui permettent
de mettre à nu des croyances conscientes invisibles – c’est-à-dire des
croyances que vous acceptez consciemment à un moment donné et que vous
ignorez délibérément à un autre.
Lorsqu’on dit à des gens qui utilisent ces méthodes que ce qu’ils écrivent
provient d’un mauvais esprit, d’un diable ou d’un démon, ces croyances
invisibles sont repoussées encore plus loin. Alors, toute recherche à
l’intérieur de l’esprit fait peur et semble dangereuse, car elle risque de
donner lieu à d’autres « invasions » semblables.
Or, ce genre d’invasion consiste en général en l’apparence soudaine de
croyances auparavant inacceptables, tout à fait conscientes mais invisibles,
cachées. Elles apparaissent brusquement et semblent absolument étrangères.
La plupart du temps, le concept de possession les rend encore plus
effrayantes. Cette idée est quelquefois plus facile à accepter si elle semble
être l’entière responsabilité d’un autre être, d’une autre entité. Dans tous les
cas qui comportent des épisodes comme celui d’Auguste, le problème est
qu’il y a des croyances non assimilées. Ces croyances peuvent s’exprimer
au moyen de différentes parties du corps, plutôt que par un comportement
aussi extrême que le sien. Malheureusement, un système médical qui
s’occupe largement des symptômes ne fait qu’encourager le patient à
projeter ces croyances sur de nouveaux organes, par exemple, alors qu’il en
a déjà sacrifié à des opérations.
La solution se trouve dans l’esprit conscient – je ne peux trop insister sur
ce point. Elle se trouve dans les croyances que vous acceptez concernant la
nature de la réalité, et plus particulièrement concernant la nature de votre
propre être.
Le travail fondamental doit être fait par l’individu, mais de l’aide est
toujours disponible, à partir de différentes sources, aussi bien intérieures
qu’extérieures. Vous interprétez, vous utilisez littéralement toute donnée qui
vous arrive et qui vous semble utile ; et elle est très efficace – sauf si vos
croyances vous amènent, par exemple, à penser que tout le monde est
contre vous, que rien ne peut vous aider ou que vous ne le méritez pas. Des
idées de ce type peuvent bien sûr vous empêcher de recevoir de l’aide, mais
vous la cherchez instinctivement et vous l’utilisez à chaque fois que c’est
possible.
Vous pouvez faire une pause ou terminer la session, comme vous
préférez.
(« Faisons une pause. »
23h15. Je choisis la pause pour voir si Jane veut toujours que j’interroge
Seth sur les idées dont elle parlait avant la session. Elle était fatiguée mais
elle a beaucoup plus d’énergie à présent ; elle décide malgré tout de ne pas
poser ces questions et de terminer la session.)

SESSION 630
LUNDI 11 DÉCEMBRE 1972

(Jane et moi prenons place pour la session vers 21h15. À 21h25, elle me
dit soudain qu’elle vient de « recevoir » le titre d’un livre que je vais
écrire : Par mes yeux. Elle en est très étonnée – et moi aussi. Jane dit
qu’elle a d’abord cru que cette information (venue de Seth ?) signifiait que
j’allais écrire un chapitre ainsi nommé pour un de ses livres à elle, mais
qu’elle a vite réalisé qu’il s’agissait de mon propre travail.
Celui-ci est censé exprimer ma vision de l’expérience de Seth et la façon
dont elle a influencé, ou changé, mes idées sur l’art, sur la vie, etc. Puis,
alors que Jane est en train de me dire tout ça, elle annonce que Seth arrive
à l’instant – une procédure tout à fait inhabituelle dans nos sessions
régulières. Elle retire ses lunettes.
21h26.) Maintenant. Le titre du livre est Par mes yeux, et il faut que ce
soit votre propre livre, traitant à votre façon de plusieurs domaines
importants. Vous avez une aptitude pour l’écriture, vous le savez.
Ce livre devrait contenir votre version de notre expérience commune, les
questions qu’elle a fait naître dans votre esprit, vos explications
philosophiques personnelles, votre observation de Ruburt en tant que Jane
et de nos états de transe. D’autres parties devraient expliquer vos idées
concernant la créativité, telle que vous la sentez en vous – les différences et
les points communs entre votre expérience lorsque vous peignez à partir
d’une inspiration « ordinaire » et quand vous percevez d’abord une
impression psychique qui mène à un tableau. Vous devriez y inclure des
illustrations partant d’un croquis initial et allant jusqu’au tableau achevé.
Pensez à l’expérimentation, observez la couleur telle qu’elle est perçue
en état de conscience ordinaire et en état de conscience modifiée. Faites
attention, aussi, à la couleur dans vos rêves. Expliquez vos idées concernant
les gens que vous peignez, et pourquoi, alors que vous êtes fasciné par les
portraits, vous n’utilisez pratiquement pas de modèles.
Ce livre peut inclure du matériau que je vous ai donné sur l’art par
différents canaux, et la façon dont vous l’avez utilisé. Ce travail peut être
suivi d’un autre, qui utilise les sessions principalement consacrées à l’art
tout en couvrant d’autres domaines artistiques, comme la nature de
l’inspiration et son origine.
Je sais que vous pouvez suivre les grandes lignes que je vous indique. De
plus, ce livre devrait être agréable à écrire ; il combinerait votre aptitude
pour l’écriture et pour la peinture. Le titre est bon, et le livre se vendra.
Vous pourrez obtenir un contrat, avec une avance, et l’écrire servira aussi
d’aiguillon pour votre peinture. Là, je suis retors.
(« Vous l’êtes ? » J’essaye d’appâter Seth.)
En effet. Car cela va court-circuiter certains de vos blocages par rapport à
la peinture et vous mener vers un nouveau pouvoir spontané en tant que
peintre (avec humour). Ce sera un travail qui aura du mérite à vos yeux, et
ce sera le vôtre, réalisé à partir de votre propre expérience. Je sais que son
élan seul va automatiquement produire, sans que vous vous en rendiez
compte, des tableaux excellents. Vous voudrez les utiliser. Je ne vais pas
vous dire de quelle façon cela contourne certains de vos problèmes actuels,
ou desquels il s’agit. Je suggère que vous fassiez une description, un
synopsis et quelques pages de début – disons, un chapitre environ.
Maintenant, nous allons faire une pause ; et c’est là ma petite surprise
pour vous deux.
(« Eh bien ! Merci. »
21h42. « Je suis si étonnée que je n’ai pas encore remis mes lunettes »,
s’exclame Jane, une fois sortie de transe. Nous n’avions ni l’un ni l’autre
pensé à un tel projet, ce qui ne veut pas dire que l’idée de faire un livre
portant au moins partiellement sur Seth ne me soit jamais venue à l’esprit.
« Je suis vraiment étonnée quand il m’arrive quelque chose comme ça
pendant une session, dit Jane. C’est si différent de ce à quoi je pensais, ou
de ce que je faisais. À l’instant, je vois un cahier central, avec tes
illustrations. Et je vois le portrait de Seth en quatrième de couverture. »
Elle indique, par-dessus son épaule droite, l’emplacement où ce tableau –
reproduit dans Le Matériau de Seth – est accroché au mur, juste derrière
son fauteuil à bascule.
Reprise de la même manière active à 21h58.)
Maintenant. Ce livre sera une bonne publicité pour un autre que je ferai
plus tard – et si vous insérez ce que je viens de vous dire dans le livre que je
suis en train de faire maintenant, les gens vont déjà commencer à attendre le
vôtre.
(« Ça, c’est malin. »)
Incluez-le donc dans La Nature de la réalité personnelle, car c’est la
naissance de ce livre dans votre réalité personnelle.
J’avais plusieurs choses à l’esprit ce soir. Certaines des questions de
Ruburt trouveront une réponse dans le prochain chapitre, que nous allons
commencer. Puis, j’aurai d’autres remarques personnelles.
CHAPITRE 7

La chair vivante

(Une pause à 22h01. Le téléphone se met à sonner. Le son traverse les


deux portes qui se trouvent entre le bureau de Jane et le living-room, où
nous nous trouvons. Je n’aime pas interrompre une session et je laisse
sonner – bien que mal à l’aise. Jane, en transe, semble ne rien entendre.
Elle reçoit de plus en plus d’appels téléphoniques. Maintenant, lorsque
nous prenons un appel, nous nous attendons à des interlocuteurs situés
dans tout le pays. Ce soir, par exemple, nous avons reçu un appel du comté
de High Sierra, en Californie.)
Dictée. Chapitre 7 : « La chair vivante ».
Accordez-nous un instant… Souvent, les individus oublient
complètement que les idées ont leur propre vitalité ; ils créent des divisions
là où, fondamentalement, il n’en existe pas. Ils considèrent les idées comme
des caractéristiques purement mentales, complètement séparées de leur
concept du corps. Ils pensent que les idées résident dans la tête. Qui
imagine, par exemple, qu’il y a une idée vivante dans son coude, dans son
genou ou dans son orteil ?
En général, les gens considèrent que les idées n’ont pas grand-chose à
voir avec la chair vivante. Ils ont l’impression que la chair est physique et
que les idées ne le sont pas. Ceux qui ont l’amour de l’intellect créent
souvent une séparation qui n’a pas lieu d’être entre le monde des concepts
et celui de la chair.
S’il est vrai que le corps est la matérialisation vivante de l’idée, il est
également vrai que les idées forment un corps actif, réactif et vivant. Le
corps n’est pas qu’un outil. Ce n’est pas seulement un véhicule pour
l’esprit. Le corps est l’esprit fait chair. Vous lui imposez vos idées ; vos
croyances conscientes ont un effet sur son bien-être et sur sa santé. Mais le
corps est composé de molécules et d’atomes réactifs, vivants. Ceux-ci ont
leur propre conscience vivante dans la matière, leur élan à exister et à être,
dans le cadre de leur nature propre. Ils forment les cellules, et celles-ci se
combinent pour former les organes. Les organes possèdent la conscience
combinée de chacune des cellules qui les composent et, à leur façon, les
organes ressentent leur propre identité.
Ils ont un but – la fonction qu’ils accomplissent dans l’organisme entier.
Cette coopération de la conscience est continue, si bien que vous avez une
conscience du corps pleine de vitalité, qui fait en sorte de maintenir son
propre équilibre et sa santé.
L’étoffe du corps ne devrait donc pas être considérée comme un résultat
métaphysique, mais comme un ensemble changeant de chair vivante et
réactive. Autrement dit, votre corps est composé d’autres entités vivantes.
C’est vous qui organisez ce matériau vivant, mais il a son propre droit à
l’existence et à l’épanouissement. Vous n’êtes pas un esprit enchâssé dans
de l’argile inerte.
La « maison d’argile » ne se détériore pas tout de suite quand vous la
quittez. Elle se désintègre à son propre rythme. Elle n’est plus organisée par
votre propre domaine. La vie de ses atomes et de ses molécules, de ses
cellules, se transpose en d’autres formes de vie. Vos perceptions sont
simplement ce dont vous vous rendez compte. Les atomes et les molécules
eux-mêmes ont leur propre vision ; ils apprécient leur environnement, à leur
manière. Le pouvoir qui anime votre esprit est le même que celui qui forme
votre corps.
Il n’y a aucune différence entre l’énergie qui forme vos idées et celle qui
fait qu’une fleur pousse ou que votre doigt guérit quand vous vous êtes
brûlé. L’âme n’existe pas en dehors de la nature. Elle n’est pas jetée dans la
nature. La nature est l’âme en chair, quelles que soient ses matérialisations.
La chair est aussi spirituelle que l’âme, et l’âme est aussi naturelle que la
chair. En vos termes, le corps est l’âme vivante. Or l’âme peut vivre, l’âme
vit, dans de nombreuses formes, dont certaines sont matérielles et d’autres
pas ; mais tant que vous êtes matériel, le corps est l’âme vivante. Le corps
se guérit constamment, ce qui veut dire que l’âme dans la chair se guérit
elle-même. Le corps est souvent plus proche de l’âme que l’esprit ne l’est,
car il pousse automatiquement, comme le fait une fleur, confiant en sa
propre nature.
Vous pouvez faire votre pause.
(22h27. Le rythme de Jane a été soutenu. C’est la fin du travail sur le
livre. Après la pause, Seth livre deux pages de données pour Jane et moi, et
la session se termine à 23h01.)

SESSION 631
LUNDI 18 DÉCEMBRE 1972

(Nous avons passé la première partie de la soirée à préparer notre sapin


de Noël. Maintenant que c’est fait, avec les guirlandes et les lumières
colorées qui brillent entre les branches, nous nous préparons pour la
session. Au rez-de-chaussée, sous les fenêtres de notre living-room, un
menuisier répare un encadrement de porte abîmé par l’inondation du mois
de juin [voir session 631, chapitre 1]. En plus, le son d’autres coups de
marteau montent également par le plancher ; mais cela ne dure pas et ne
crée pas d’interférence avec la session.
21h37.) Maintenant…
(« Bonsoir, Seth. »)
… pour commencer la dictée : l’existence physique est précieuse pour de
nombreuses raisons, l’une d’entre elles étant que la chair réagit si fortement
à la pensée, tout en étant si résiliente. Grâce à certains garde-fous inhérents,
la conscience du corps, qui reflète à l’occasion vos images négatives, lutte
aussi automatiquement contre elles.
Vous devez vous souvenir que vous demeurez toujours dans un cadre
naturel – ce qui veut dire que vos pensées sont elles-mêmes aussi naturelles
que, disons, les mèches de vos cheveux. Dans ce qui risque de vous paraître
un rapprochement bizarre, je comparerais vos pensées à des virus, car elles
sont vivantes, toujours présentes, réactives, et possèdent leur propre type de
mobilité.19 Sur le plan physique, en tout cas, les pensées sont propulsées de
façon chimique et elles voyagent dans le corps universel tout comme les
virus voyagent dans votre forme temporelle.
Les pensées ont une interaction avec le corps, et elles viennent à en faire
partie, tout comme les virus. Certains virus ont une grande valeur
thérapeutique. Le corps physique choisit souvent d’abaisser ses propres
barrières pour en laisser pénétrer certains, dont il sait qu’ils vont en
contrebalancer d’autres qui ne sont pas bénéfiques à cet instant donné.
Les virus soi-disants dangereux sont toujours présents dans le corps.
Vous n’êtes en général vulnérables qu’à un très petit nombre d’entre eux,
bien que vous portiez toujours des traces de ceux qui sont parmi les plus
mortels. Les virus eux-mêmes se transforment d’une façon que les
médecins n’imaginent pas. Si un virus disparaît et qu’un autre fait son
apparition, il ne leur vient jamais à l’esprit que le premier ait pu se
transformer et devenir le second, ce qui est pourtant bien ce qui se passe, au
moyen de quelques modifications très naturelles.
Ainsi les virus peuvent être bénéfiques ou mortels selon l’état et les
besoins du corps à un moment donné. On sait pourtant qu’une maladie peut
en guérir une autre ; parfois, si on laisse faire les choses, une personne va
passer d’une maladie grave à une série de maladies moins sérieuses qui
semblent n’avoir aucun rapport avec le problème initial.
Or, dans le contexte du savoir occidental ordinaire et avec l’introduction
des médicaments modernes, vous êtes confronté à un dilemme. Le corps
sait comment réagir aux médicaments « naturels », qui viennent directement
de la terre, qu’ils soient réduits en poudre ou bouillis, coupés en morceaux
ou cuits à la vapeur. Un grand nombre de médicaments « manufacturés »
sont si peu familiers à la structure innée du corps qu’ils suscitent une forte
réaction de défense. Cette réaction cible souvent le médicament plutôt que
la maladie elle-même. Ce genre de situation signifie que vous devez alors
utiliser un nouveau médicament pour contrecarrer le précédent.
(Une pause à 21h58.) Tant que vous mettez votre foi dans la discipline
médicale développée par le monde occidental, je ne suggère pas que vous
ne rendiez pas visite au médecin ou que vous ne preniez pas ce genre de
médicaments. Votre corps est habitué à ces médicaments, employés depuis
votre naissance. Les victimes sont nombreuses, mais c’est néanmoins le
système que vous avez choisi et vos idées continuent à former votre réalité.
Personne ne meurt qui n’ait pris la décision de le faire – et aucune maladie
n’est acceptée aveuglément. En termes simples, vos pensées peuvent être
comparées à des virus invisibles, à des porteurs, à des étincelles qui
déclenchent des réactions non seulement dans le corps mais dans tout le
système du monde physique que vous connaissez.
Vos pensées sont aussi naturelles que les cellules de votre corps, et aussi
réelles. Il y a une interaction entre elles, exactement comme pour les virus.
Tant que vous êtes dans cette réalité, il n’y a aucune division entre le
mental, le spirituel et le physique. Si vous pensez qu’il y en a une, c’est que
vous ne comprenez pas réellement la spiritualité de la chair ou la réalité
physique de vos pensées.
Vous pouvez faire une pause.
(De 22h06 à 22h29.)
Maintenant. Nous l’avons vu, les pensées sont aussi naturelles que
n’importe quelle partie de votre corps. Elles font autant partie de la nature
que les émotions, mais si vous dressez une division arbitraire – si vous
considérez les pensées comme mentales en les distinguant du physique –,
votre corps risque alors d’être un reflet plus vrai de votre être que ne le sont
vos pensées.
On voit la mobilité facile de l’âme dans le fonctionnement spontané du
corps, dans la façon d’« aller avec ce que je suis », qui montre que l’âme est
libre tout en ayant un sens inné de sa direction. Toutes les parties de la
réalité du corps sont des versions dans la chair de la réalité de l’âme, de
même que toutes les parties de l’univers extérieur reflètent un univers
intérieur. Ce dernier est aussi vivant, aussi naturel et changeant que le
monde extérieur. Les phénomènes physiques ne sont qu’une partie de ce
qu’est la nature, et toutes les réalités sont naturelles.
En vos termes, les probabilités sont des variations, ou une extension du
principe de croissance qui est évident dans votre réalité quotidienne. Cette
croissance est une manifestation naturelle qui s’épanouit dans votre système
particulier de réalité observable par vos sens. Encore une fois, il existe
d’autres manifestations tout à fait naturelles de ce principe. Il en est dont
vous ne pouvez apercevoir qu’un aspect déformé, du fait que vous ne
pouvez pas percevoir d’autres conditions « naturelles ». Les probabilités
vous mêlent à une croissance, à un développement psychologique très riche,
présent mais non observable « chez vous ». Toute existence, quelle qu’elle
soit, se produit dans le contexte de la nature, et la nature inclut l’âme. C’est
seulement que votre définition de la nature est trop limitée.
Il est naturel de vivre après la mort ; il est naturel de rendre le corps à la
terre et d’en former un autre. Il est naturel que vos idées soient aussi
rapides, vivantes et réactives que des virus. Il est naturel que vous ayez des
moi probables et des existences réincarnationnelles.20
Quand vous considérez que les idées sont mentales et en dehors de la
nature, vous avez le sentiment d’être séparé de cette dernière. Quand vous
imaginez que la vie après la mort n’est pas naturelle, ou qu’elle est
surnaturelle, vous vous sentez perdu, isolé et seul. Vous devez essayer de
comprendre qu’il y a toutes sortes de natures dans la Nature – avec une
majuscule pour la dernière. Votre vie physique – votre nature humaine –
dépend, en vos termes, d’un temps où vous n’étiez pas. Vous devez
comprendre que ne pas être, dans ce contexte, est tout aussi naturel que
d’être physiquement. Votre existence avant et après la mort est un
phénomène tout aussi normal que votre vie actuelle.
Fin de la dictée. Maintenant, voulez-vous une pause ?
(« Oui. »)
Je continuerai donc sur un autre sujet.
(22h55. Jane a été très bien dissociée. Il y a longtemps que l’immeuble
est silencieux – ce qui est plutôt rare ces temps-ci, semble-t-il. Après la
pause, Seth parle de ma peinture et donne du matériau pour des gens qui
n’ont pas de rapport avec ce livre. La session s’achève à 23h35.)

SESSION 632
LUNDI 15 JANVIER 1973

(Nous avons eu, ce mois-ci, une succession de journées chaudes et


ensoleillées, et il n’y a pas de neige. Notre sapin de Noël n’est plus là, bien
que nous l’ayons gardé jusqu’à la semaine dernière. Les cours de Jane ont
repris. Nous avons eu quelques sessions courtes sur divers sujets pendant
les fêtes, mais c’est le premier matériau donné par Seth pour son livre
depuis le 18 décembre – et la facilité avec laquelle il reprend la dictée du
chapitre 7 nous rappelle à quel point il est imperméable à notre idée du
temps.
Le travail médiumnique de Jane a entraîné une augmentation modeste
mais régulière du courrier et nous avons pris du retard dans nos réponses.
Seth nous a dit récemment qu’il allait dicter une « bonne lettre » que nous
pourrons envoyer, accompagnée le cas échéant d’une note personnelle, à
ceux qui nous écrivent ; mais il ne nous l’a pas encore donnée.
21h00.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Et maintenant, dictée : comme vous le savez, les atomes qui composent
vos cellules, et ces cellules elles-mêmes, sont constamment en train de
mourir et d’être remplacés. L’étoffe de vos organes internes change ;
pourtant, ils gardent la même forme. Leur identité demeure intacte.
De même votre identité propre repose au sein de toutes ces morts et de
toutes ces naissances, dont votre moi conscient ne se rend pas compte. Le
souvenir de toute son expérience se maintient. Chaque cellule se souvient
de son passé, bien que toutes les parties qui la composent aient été
remplacées, et continuent à l’être constamment.21
De même que vos cellules ont leurs propres souvenirs, votre esprit
conscient a une mémoire, qui est plus évidente. Vos pensées conscientes
fonctionnent comme un déclic qui active les deux types de mémoire.
Chaque évènement « passé », qu’il soit joyeux et épanouissant, ou tragique
et traumatisant, est inscrit de manière indélébile dans votre être physique.
En vos termes, c’est votre matériau de travail, la mémoire de votre être
physique depuis l’instant de sa conception sous forme corporelle. Les
cadres associatifs et les organisations les plus complexes y existent, aussi
bien dans la profondeur de votre structure cellulaire que dans les hauteurs
les plus élevées de votre activité consciente.
Plus tôt (dans la dernière session), j’ai comparé vos idées à des virus.
Pensez-y maintenant comme à des cellules électromagnétiques vivantes, qui
ne diffèrent des cellules de votre corps que par la nature de leur
matérialisation. Vos pensées dirigent le fonctionnement général des cellules
de votre corps, bien que vous ne sachiez pas consciemment comment ces
cellules fonctionnent. Ce travail-là est inconscient.
À sa façon, chaque cellule physique est un cerveau miniature contenant
la mémoire de toute son expérience personnelle, de ses rapports avec les
autres cellules et avec l’ensemble du corps. En vos termes, cela veut dire
que chaque cellule fonctionne avec une image innée de l’histoire entière du
corps – son passé, son présent et son futur.
Or cette image est mobile, en perpétuelle transformation. La modification
d’une seule cellule est immédiatement enregistrée par la conscience du
corps (la conscience combinée de toutes les cellules) et son effet futur est
perçu. Cette information est utilisée avec toutes les autres données
provenant du corps, et une prédiction est faite.
(21h21.) Cette prédiction du corps est ensuite évaluée, et sur plus de
niveaux que je ne peux l’expliquer. Disons brièvement que cette image est
« montrée » dans l’arène invisible où l’esprit et la chair se rencontrent.
Cette arène n’est bien sûr pas un lieu mais un état intérieur de conscience
perpétuellement changeant. Cet état résulte de certaines interactions
profondes qui se produisent à l’intérieur du corps profond. Des structures
magnétiques se forment. Elles sont créées au niveau physique par une
certaine activation des nerfs dans lesquels les schémas normaux sont, en
quelque sorte, sautés, et des images se forment. À leurs extrémités, les nerfs
et les structures cellulaires prennent des photos. Celles-ci sont toutes
assemblées pour former une image plus vaste de la condition dans laquelle
se trouve le corps.
Il ne s’agit pas ici d’images telles que vous les entendez mais
d’informations hautement codées, sous forme électromagnétique, qui
n’apparaîtraient pas comme des images pour des yeux physiques. De toute
façon, elles ne peuvent être perçues que par le corps. Mais ce processus est
de fait si supérieur à tout ce que vous connaissez que le corps peut ainsi
avoir une image prémonitoire de sa condition à venir – comme si la
condition du corps était projetée dans le futur.
(Jane-Seth fait de nombreuses pauses en livrant cette dernière phrase,
cherchant clairement le mot exact.)
Cette image prédictive est alors comparée à deux modèles. Elle est
d’abord comparée aux standards de santé idéale du corps dans son cas
individuel – son plus grand épanouissement. Puis elle est comparée à
l’image du corps qui est envoyée par le moi conscient. Des rapprochements
sont immédiatement effectués. De l’information est échangée dans un sens
et dans l’autre à très grande vitesse, suivant un mode d’organisation
qu’envieraient certainement les technologies les plus avancées. Le corps
accomplit les modifications nécessaires pour aligner ces deux images avec
la condition corporelle présente.
Vous pouvez faire votre pause.
(21h35. « Seth nous a fait une pause juste pour en faire une, dit Jane. Il a
encore plein de choses toutes prêtes. Je pense qu’il va peut-être parler du
livre que nous avons acheté la semaine dernière – au moins un peu. »
Le livre en question est un compte rendu de différentes expériences sur
les rythmes biologiques des animaux et des humains. Nous ne l’avons pas
encore fini mais nous sommes déjà critiques quant à certaines de ses
conclusions. Il nous semble que Seth ouvre constamment des horizons plus
larges sur ces rythmes. Reprise à 21h42.)
Il y a, jusqu’à un certain point, un équilibre inhérent. Le corps réagit
tellement aux pensées conscientes qu’il a son propre système inné d’auto-
préservation, qu’il est guidé par l’image de son propre épanouissement.
Imaginons que vous ayez eu un grave accident à l’âge de quatre ans.
L’accident s’est produit l’après-midi, à trois heures vingt. Il neigeait. Votre
mère avait mis une dinde au four. Imaginons que vous vous êtes gravement
brûlé la main. Bien que les tissus de votre main aient été renouvelés
plusieurs fois quand vous atteignez l’âge de vingt-sept ans, l’identité
présente dans chacune de ces cellules se souvient de cette blessure.
Il vous est arrivé un nombre infini de choses l’après-midi à la même
heure, avant et après. Les cellules de votre main contiennent des souvenirs
que votre esprit conscient serait stupéfait de découvrir. Pourtant, souvenez-
vous-en, les cellules de votre main de vingt-sept ans ne sont pas, de manière
physique, celles qui ont fait l’expérience de cet évènement. Les traces
enfouies des stimuli et des réactions ressenties au cours de ces
innombrables après-midi « passés » continuent d’exister dans le monde
souterrain des sensations. Certains de ces souvenirs sont rejoués et ils ont
un effet sur ce que vous pensez être votre expérience actuelle, à l’âge de
vingt-sept ans. Vos habitudes et vos pensées conscientes décident des
souvenirs qui vont se mélanger au tourbillon du présent.
Vous donnez consciemment le signal pour telle ou telle réaction. Et non
l’inverse. Les évènements du passé ne font irruption de cette manière que
s’ils sont attirés par les pensées et les attentes conscientes qui se trouvent
dans votre esprit. (Une pause.) Ces souvenirs inconscients sont activés en
fonction de vos croyances actuelles. Vous êtes restauré, régénéré, lorsque
vos pensées déclenchent des sensations corporelles et des évènements
joyeux ; vous êtes déprimé lorsque vous accordez votre attention à des
évènements corporels passés désagréables.
À l’occasion, les bons comme les mauvais souvenirs peuvent être
extrêmement bénéfiques. La prise de conscience d’un danger appelle toute
l’information se rapportant à des situations semblables, si bien que le corps
peut y réagir instantanément, en utilisant son immense banque de mémoire
vivante. Mais des pensées désagréables constantes mettent le corps dans un
état de remue-ménage qui n’est pas « réaliste » et qui l’oblige à réactiver de
vieux schémas de ce type.
(Une longue pause à 22h01, les yeux fermés.) La chair vivante se rend
très bien compte de certains faits qui vous échappent sur le plan conscient.
Elle sait qu’elle meurt et qu’elle renaît constamment tout en restant elle-
même. J’utilise les termes « mourir » et « renaître » parce qu’ils ont un sens
pour vous mais ils n’en ont pas pour le corps. Tout en étant toujours lui-
même, le corps va et vient. Il ne se sent pas diminué ou amoindri lorsqu’une
cellule meurt, car il est également en train d’en former de nouvelles.
Pensez un instant à votre corps comme à une grande cellule à un moment
de son être. Vous, le moi plus vaste, avez plusieurs corps, dont chacun
devient l’autre au fur et à mesure que l’un meurt et qu’il est remplacé ;
pourtant Vous (V majuscule) maintenez votre identité et votre mémoire,
comme le fait jusqu’à la plus petite cellule de votre corps.
Ce n’est qu’une comparaison, mais elle vous montre l’idée que votre
corps se fait de lui-même ; car, en tant qu’ensemble, il sait qu’il « meurt »,
comme le font à présent certaines de ses parties, mais il se rend compte
aussi de ses transformations « à venir ». À l’intérieur de ce cadre, il protège,
il maintient sa propre stabilité et sa survie.
À un niveau de votre être, il y a un terrain commun où la conscience du
corps se fond avec la conscience plus haute d’où jaillit votre propre identité.
C’est le terrain de votre être où l’âme et la chair se rencontrent, aussi bien
dans le temps qu’en dehors de lui.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22h13 à 22h25.)
Maintenant. Du fait que vous avez conscience d’être, vous formez votre
réalité physique par vos pensées conscientes.
Je me rends très bien compte que je me répète encore et encore quand je
fais cette déclaration, mais vous avez besoin qu’on vous rappelle que vous
n’êtes pas à la merci d’évènements inconscients. Vous avez la conscience
innée du corps derrière vous et elle essaye toujours de corriger vos erreurs.
Ces suggestions du corps peuvent prendre toutes sortes de formes, dont
certaines sont très physiques, selon votre façon de voir les choses, et
d’autres très différentes. Votre corps peut, par exemple, se mettre à avoir
très envie de telle ou telle nourriture, ou d’air pur, ou d’exercice. Ce sont là
des exemples très simples et nous serons plus spécifiques par la suite.
Il se peut que vous ayez des rêves qui vous pressent d’aller dans telle ou
telle direction, ou qui vous signalent des zones dans lesquelles des
ajustements sont nécessaires. Ces rêves entraînent souvent des changements
de comportement, même si vous ne vous en souvenez pas au réveil. Vous
pouvez demander des rêves qui vous indiquent la bonne direction et les
recevoir. Toutefois, si vous le demandez sans croire à la nature
thérapeutique des rêves, vous court-circuitez toute activité de ce genre.
Dans ce cas, vous n’êtes pas honnête quant au contenu de votre esprit
conscient. Vous dites : « Je veux un rêve qui m’aide mais je ne crois pas
qu’il soit possible d’en avoir un. »
Dans tous les cas où vous êtes préoccupé par votre santé, il y a un choix
de directions possibles. La chair vivante est vôtre. Elle est la matérialisation
de votre âme et l’âme va vous donner, par le moyen du corps, les réponses
dont vous avez besoin. Dans le chapitre suivant, nous allons commencer à
voir les méthodes qu’on peut utiliser pour régénérer et guérir le corps, et
cela vous aidera à éveiller, à l’intérieur de votre forme physique, les
souvenirs et les expériences qui sont le plus à votre avantage. Pour obtenir
les meilleurs résultats, vous devez vous souvenir que les idées sont aussi
vivantes que les cellules de votre main.
Fin du chapitre. C’était un chapitre de transition. Nous allons faire une
courte pause et vous pourrez avoir le début du chapitre suivant ou du
matériau personnel, comme vous préférez.
(« Disons du matériau personnel, alors. »
22h40. Pendant la pause, Jane reçoit de Seth des lumières sur ce qui va
suivre au chapitre 8 – par exemple que, quand de bonnes pensées sont
activées dans la vie présente d’un individu, elles en attirent d’autres de
même type en provenance de ses personnalités réincarnationnelles.
C’est une idée très intéressante, en plus d’être réconfortante. Je n’ai pas
le souvenir que Seth ait présenté ce concept de cette façon auparavant.
[Une note ajoutée plus tard : dans la pratique, il ne commence à y faire
allusion qu’au chapitre 10.]
Comme c’est souvent le cas, le matériau « personnel » qui suit la pause a
de nombreuses applications pratiques, et Jane décide de s’en servir pour
son cours de perception extrasensorielle. Fin à 23h26.
Quand j’ai dactylographié la première page de cette session et que Jane
l’a lue, elle a dit : « On dirait que j’ai déformé cette histoire des atomes qui
“meurent”. J’ai l’impression que ça ne devrait pas être exprimé comme ça.
Seth doit en avoir beaucoup là-dessus. Tout ce dont je me souviens, c’est
que la matière ne peut être ni créée ni détruite. Toutes ces particules qui se
séparent des atomes sous forme de radiations ne “meurent” pas, me
semble-t-il – bien qu’elles “évoluent ” peut-être… ? »
Dans notre réalité, la première loi thermodynamique nous dit que
l’énergie [la matière] peut passer d’une forme à une autre mais qu’elle ne
peut pas être créée ou détruite. Bien qu’un changement chimique ait pour
résultat une substance différente, le poids total de ses composants demeure
pratiquement identique ; dans ces réactions banales, la quantité de matière
convertie en chaleur est infinitésimale. Einstein a révélé qu’en termes
mathématiques la masse et l’énergie sont équivalentes – lorsque l’une est
« détruite », l’autre est « créée ».
Nous sommes particulièrement intéressés par ce sujet depuis que Seth a
parlé de la « mort » des molécules et des atomes, session 625, chapitre 5,
mais nous n’avons pas demandé plus de détails dans la mesure où le sujet
sort du cadre de ce livre. En physique, par exemple, on « sait » que le
proton, particule élémentaire du noyau atomique, a une vie
exceptionnellement longue en termes d’années – le chiffre 1 étant suivi de
vingt-quatre zéros, ou même davantage. Quand Seth aura terminé La
Réalité personnelle, nous comptons lui demander de réconcilier ces
données de notre monde avec les hypothèses-racines sur lesquelles chacun
s’accorde dans sa propre réalité.
D’un autre côté, nous venons de lire, Jane et moi, que les physiciens sont
en train de reconsidérer le caractère immuable de ces « lois » rigides de la
thermodynamique, des causalités, etc. ; ils disent qu’elles sont fausses,
finalement, ou bien qu’elles doivent être modifiées.
Ceux qui le souhaitent peuvent voir ce que Seth dit des valeurs de
lumière et de sons électromagnétiques internes dans la session 625, dont il
a été question plus haut, de même que son matériau sur les EE [unités
d’énergie électromagnétique], au chapitre 20 de Seth parle.)
19 Selon les scientifiques, les virus sont des unités ultra-microscopiques qui peuvent causer des
maladies chez les plantes et les animaux. Ils se reproduisent uniquement en connexion avec des
cellules vivantes, et on peut les voir à la fois comme des organismes vivants et comme des protéines
complexes. Rares sont les scientifiques qui accorderaient la même validité aux pensées.
20 Note terminée en juin 1973 seulement : Seth aborde les probabilités aux chapitres 14et 15, et la
réincarnation au chapitre 19, mais ces sujets sont mentionnés ailleurs dans le livre. Voir aussi Le
Matériau de Seth et Seth parle.
21 Définissons la cellule en termes ordinaires comme une minuscule et très complexe unité de
protoplasme. Elle est ordinairement constituée d’un noyau, de matière vivante semi-liquide et d’une
membrane. Le concept de Seth d’une mémoire cellulaire lui ajoute toutefois une nouvelle dimension.
CHAPITRE 8

La santé, les bonnes et les mauvaises


pensées, la naissance des « démons »

SESSION 633
MERCREDI 17 JANVIER 1973

(Ce soir, j’ai demandé à Jane si Seth allait livrer la lettre promise pour
nos correspondants. Nous prenons place pour la session à 21h05. Au même
moment, la sirène des pompiers se fait entendre avec insistance ; puis
d’autres sirènes retentissent.
Une note : Jane a passé une bonne partie de son temps de travail
aujourd’hui à relire son manuscrit, The Physical Universe as Idea
Construction, et à en écrire davantage. Elle en a reçu la version originale
dans un état transcendant, le 9 septembre 1963 au soir. Cet évènement
marquait le début de son développement médiumnique ; près de dix ans
après sa conception, cette œuvre demeure une « borne » pour elle – et Jane
y a découvert aujourd’hui des concepts qu’elle n’avait pas perçus
auparavant. Pour en savoir plus sur The Physical Universe as Idea
Construction, voir Le Matériau de Seth et Seth parle.
21h14.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Nous allons commencer par une lettre.

Cher ami,
J’apprécie votre intérêt pour mon travail et pour les sessions. Je me rends
également compte de votre besoin tout à fait humain, et naturel, de traduire
la philosophie en actions et en vie quotidienne.
Toutefois, les idées qui vous y sont données sont des instruments destinés à
être utilisés par vous, à votre façon. Plus vous utilisez ces outils mentaux,
plus vous apprenez à développer et à épanouir les dons qui n’appartiennent
qu’à vous. Il y a en général, dans votre monde, des gens vers qui vous
pouvez vous tourner pour trouver de l’aide – que ce soit des confidents, des
amis, des médecins, des psychologues ou des médiums. Selon « où vous en
êtes », l’une ou l’autre de ces personnes peut vous apporter son aide.
Cette aide peut être très bienvenue ; cependant, la valeur de ce que j’ai à
offrir est d’une autre nature. En termes plus larges, l’un de mes messages
les plus importants est simplement ceci : « Vous êtes une personnalité
multidimensionnelle ; vous portez en vous toute la connaissance dont vous
aurez jamais besoin en ce qui concerne vos défis, vos problèmes et vous-
même. Les autres peuvent vous aider à leur façon et à certains niveaux de
développement, cette aide est bonne et nécessaire. Mais ma mission est de
vous rappeler le pouvoir incroyable qui se trouve en votre propre être, de
vous encourager à le reconnaître et à vous en servir.
Dans ce but, je produis en continu, par Ruburt, le corps du matériau de Seth
et des livres qui, chacun à sa façon, sont conçus en ce sens. Dans mon livre
actuel, La Nature de la réalité personnelle, Un livre de Seth, j’inclus des
techniques qui vont vous permettre, ainsi qu’à des milliers d’autres,
d’utiliser ces idées dans la vie quotidienne ordinaire, d’enrichir la vie que
vous connaissez et de résoudre vos problèmes.
Le plus beau cadeau que je puisse vous faire, même si cela n’en a pas l’air à
présent, c’est de réaffirmer l’intégrité de votre être. Si je dis cela, c’est aussi
parce que je me rends compte de votre statut actuel, tout comme d’autres
parties de votre propre identité s’en rendent compte.
Ruburt ne dispose que d’une quantité de temps limitée et toutes sortes de
choses doivent être prises en considération. J’ai personnellement
connaissance de votre lettre. Ruburt ne peut pas répondre à tout son courrier
car son travail et le mien en souffriraient. Je compose donc cette lettre pour
que vous sachiez que vous êtes présent dans mon esprit et que de l’énergie
est automatiquement dirigée vers vous quand votre lettre arrive et quand
cette réponse est envoyée. L’énergie en question va vous aider à libérer vos
propres capacités de compréhension et de guérison, ou vous apporter de
l’aide dans tout domaine particulier où vous en ressentez le besoin.
Cette énergie est toujours disponible, que vous m’écriviez ou non. Cette
énergie est toujours à vos ordres. Si vous me croyez, vous allez vous rendre
compte que les autres peuvent tout au plus servir d’intermédiaires ou
d’entremetteurs, et qu’en conséquence ils ne sont pas nécessaires car cette
énergie est toujours disponible dans votre vie. Je ne fais que vous donner ce
qui vous appartient en propre.
Seth

(« Merci. »)
Maintenant, accordez-nous un instant ; et c’est la fin de notre lettre. Vous
choisirez de l’envoyer à certaines personnes et pas à d’autres. Il y en a dont
vous vous occuperez vous-mêmes.
(Une pause à 21h36. Nous pensons qu’il est intéressant d’inclure cette
lettre dans ce livre, vu l’importance que Seth accorde aux croyances.)
Dictée : faites une expérience simple. Le résultat en sera éloquent. Pensez
à quelque chose de triste qui vous est arrivé. Des sentiments semblables ne
vont pas tarder à se manifester et avec eux le souvenir d’autres évènements
désagréables qui s’y rattachent par association. Des scènes, des odeurs, des
mots, peut-être à moitié oubliés, vont d’un seul coup ressurgir avec une
fraîcheur nouvelle.
Vos pensées activent les sentiments appropriés. Sans que vous vous en
rendiez compte, cependant, elles déclenchent aussi la mémoire toujours
présente dans les cellules, l’empreinte des stimulations reçues lorsque ces
évènements se sont produits. D’une certaine façon, la mémoire cellulaire
rejoue la scène – et tout le corps reconnaît l’état qui s’y rattachait à ce
moment-là.
Si vous poursuivez ces pensées tristes avec persévérance, vous réactivez
cette condition du corps. Pensez maintenant à l’une des choses les plus
agréables qui vous soient jamais arrivées ; c’est le contraire qui se produit,
mais le processus est identique. Cette fois-ci, les souvenirs qui surgissent
par association sont agréables et le corps change en conséquence.
Rappelez-vous que ces associations mentales sont des choses vivantes.
Ce sont des formations d’énergie assemblées en structures invisibles, par
des processus tout aussi valides et tout aussi complexes que l’organisation
de n’importe quel groupe de cellules. Comparées à des cellules, elles durent
en général moins longtemps, mais cela n’est vrai que dans certaines
circonstances. En tout cas, vos pensées forment des structures aussi réelles
que celles des cellules. Leur composition est différente dans le sens où elles
n’ont pas de densité, en vos termes.
Les pensées ont une structure, elles réagissent aux stimulations et
s’organisent selon leur propre système, exactement comme les cellules. Les
pensées se développent par association. Elles attirent magnétiquement
celles qui leur ressemblent et, comme d’étranges animaux microscopiques,
elles repoussent leurs « ennemis » ou les pensées qui menacent leur propre
survie.
(Deux voitures passent devant notre immeuble, sirènes hurlantes, mais
Jane ne semble pas gênée. Des sirènes moins fortes se font entendre depuis
le début de la session.)
Pour poursuivre cette comparaison, votre vie affective et mentale forme
un cadre composé de ce genre de structures et ces dernières ont une action
directe sur les cellules de votre corps physique.
Maintenant, revenons à Auguste ; car, une fois encore, on trouve là, dans
le même individu, un excellent exemple de la façon dont des pensées et des
croyances apparemment non physiques ont un effet sur l’image corporelle
et la modifient. Et vous pouvez faire une pause.
(22h55. Jane sort de transe rapidement. Elle répète quelque chose
qu’elle a dit plusieurs fois ces temps-ci – bien que Seth ait terminé les
données concernant Auguste, au chapitre 6, de façon assez abrupte, il
prévoit d’y revenir occasionnellement tout au long du livre.
Je demande quel est le titre du chapitre 8. Jane croyait qu’il avait été
donné. Bien qu’elle en capte quelques lueurs, elle est incapable d’en dire
plus. Les sirènes continuent ; elles me font penser à des animaux rôdant
dans les lointains. Tout en les écoutant, je prends un livre qu’un membre du
cours de perception extrasensorielle a laissé hier soir, sur la religion et la
philosophie en Inde. « Oh, pose ça ! dit Jane en me voyant le feuilleter.
C’est l’une de ces occasions où Seth pourrait donner des quantités de trucs
sur ce livre » – ce qui veut dire, bien sûr, que plusieurs canaux sont
disponibles.
Elle explique que, de son point de vue, ce livre est « plus insidieux que
des mensonges évidents, car on sent instinctivement qu’il contient une
vérité, et du coup on accepte les déformations encore plus importantes qui
s’y trouvent ».
Reprise à vive allure à 22h14.)
Maintenant. Pour commencer, on avait dit à Auguste, en de nombreuses
occasions, je cite : « Vous pensez trop. Vous devriez avoir une activité
physique, faire du sport, sortir davantage. » S’ajoutant à d’autres conditions
présentes dans son enfance, ces remarques ont contribué à lui faire craindre
sa propre activité mentale. Puisqu’il avait l’impression de ne valoir rien de
bon, comment ses pensées auraient-elles pu être bonnes ?
Des sentiments de violence se sont accumulés assez tôt mais il n’existait,
dans sa famille, aucune façon acceptable de libérer les sentiments agressifs
normaux. Quand ceux-ci s’accumulaient en ce qui était ressenti comme des
débordements violents, Auguste était encore plus convaincu que sa propre
nature était inacceptable. Pendant assez longtemps, dans son état normal en
tant qu’adolescent, il essaya encore et encore d’être « bien ». Cela signifiait
bannir les pensées ou les impulsions de nature sexuelle allant dans
différentes directions, qu’elles soient agressives ou même simplement non
conventionnelles. Il utilisa une énergie considérable pour inhiber ces parties
de son expérience intérieure. Pourtant, les évènements mentaux refusés ne
disparurent pas. Ils augmentèrent en intensité et furent maintenus à l’écart
de ses pensées habituelles, « moins dangereuses ».
Auguste créa de cette façon une structure mentale dont l’organisation
suivait les principes dont j’ai parlés avant votre pause. Dans d’autres
circonstances, un individu ayant des caractéristiques différentes pourrait
endommager l’un de ses organes physiques, l’attaquer littéralement et aussi
sûrement que le ferait un virus (avec insistance). Du fait de son
tempérament et de sa nature particulière, du fait de la créativité qui lui est
naturelle (même si elle n’est pas développée de façon conventionnelle),
Auguste forma une structure plutôt que d’en détruire une autre.
Dans son état normal, il acceptait seulement les croyances qu’on semblait
attendre de lui. Il y eut un temps, nous l’avons vu (dans la session 628,
chapitre 6), avant que sa condition évolue davantage, pendant lequel les
pensées de son « bon moi » luttaient avec les pensées de son « mauvais
moi » pour obtenir son attention et le corps essayait alors désespérément de
réagir à ces concepts souvent contradictoires qui se succédaient
constamment.
(Une pause.) Une situation s’installa finalement dans laquelle chaque
ensemble de pensées et de sentiments contradictoires prenait le dessus
alternativement, bien qu’Auguste maintienne sa propre intégrité la plupart
du temps. Mais, par un processus d’attraction, les croyances qu’il repoussait
étaient immédiatement attirées par l’autre structure mentale – composée,
une fois encore, d’idées et de sentiments, combinés en ce qu’on pourrait
considérer comme une organisation cellulaire invisible, avec toute sa
capacité de réaction.
Dans son état normal, Auguste, ayant son propre état d’impuissance
présent à l’esprit – car il s’était refusé toute action agressive normale –, se
sentait faible. Ces croyances activaient la mémoire cellulaire du corps,
affaiblissant le corps et entravant son fonctionnement. Pendant un certain
temps, son comportement fut ennuyeux mais régulier. Un équilibre se
maintenait, conforme à son intention.
Il en vint à craindre de perdre le contrôle de son corps et que celui-ci
commette une action violente car, naturellement, il se rendait compte de la
force des pensées et des sentiments qu’il reniait. Quand une crise se
présentait ou quand il était absolument désespéré, une accélération
commençait à se produire, qu’il faisait semblant de ne pas remarquer, et
Auguste 2 faisait son apparition.
(22h35.) Auguste 2 était plein d’un sentiment de puissance – car Auguste
considérait que le pouvoir était mauvais et le maintenait à l’écart de ce qu’il
considérait comme son moi normal. Pourtant, Auguste savait que son corps
avait besoin de la vitalité qu’il lui refusait. C’est pourquoi Auguste 2 fit son
apparition, avec ses grandes idées de pouvoir extraordinaire, de vigueur et
de supériorité – (plus fort et avec le sourire) je ne m’embrouille pas dans
mes Auguste, j’espère que vous non plus…
(« Ça va. ») – et avec ses fantasmes d’héroïsme exceptionnel et le
souvenir de tous ceux qu’Auguste lui-même refusait.
Auguste 2 se souvenait maintenant avec jubilation des actions agressives
qu’il convenait à Auguste d’oublier. Cela avait pour effet de revitaliser
immédiatement la nature chimique du corps. La tonicité musculaire était
grandement améliorée. Le taux de sucre dans le sang et le flot d’énergie
dans tout le corps en étaient modifiés.
J’ai su, quand Ruburt a vu Auguste, que le jeune homme identifiait
Auguste 2 au côté gauche de sa personne. Dans son état normal, ce côté de
son corps contenait plus de tension que le droit.
Avec Auguste 2, cette tension était libérée et le flot d’énergie s’en
trouvait augmenté, même après le premier élan d’activité. Cependant, plus
Auguste 2 restait longtemps, plus sa position s’affaiblissait – un fait
reconnu par Auguste et par Auguste 2. Il fallait, voyez-vous, qu’Auguste
accumule une quantité suffisante de pensées et d’émotions refoulées, dans
une situation qu’il ne parvenait pas à maîtriser. Cette menace faisait
apparaître Auguste 2. Le corps se comporte comme vous pensez qu’il doit
se comporter, si bien qu’Auguste et Auguste 2, avec leur schéma de
comportement alterné, entraînaient des comportements du corps tout à fait
différents.
Oubliez maintenant la séparation qui est intervenue dans ce cas, et
imaginez plutôt les idées et les sentiments successifs qui sont les vôtres.
Quand vous vous sentez faible, vous êtes faible. Quand vous êtes joyeux,
cela fait du bien à votre corps, qui devient plus fort. Le cas d’Auguste
montre simplement, dans une forme exagérée, l’effet de vos croyances sur
votre image physique. Si vous pensez : « Ah ! à partir de maintenant, je ne
vais plus avoir que de bonnes pensées – donc être en bonne santé – et
inhiber mes « mauvaises » pensées ; en faire n’importe quoi, sauf les
penser », vous faites, à votre façon, la même chose qu’Auguste. Il avait en
effet commencé par croire que certaines de ses pensées étaient si mauvaises
qu’il fallait, d’une façon ou d’une autre, faire en sorte qu’elles n’existent
pas. Inhiber ce que vous considérez comme des pensées négatives ou
supposer qu’elles sont si épouvantables n’est donc pas une réponse
adéquate.
Ce chapitre s’intitule : « La santé, les bonnes et les mauvaises pensées, la
naissance des « démons ». Et vous pouvez faire votre pause.
(22h55. La transe de Jane a été profonde et son rythme, soutenu, mais
elle se souvient d’avoir entendu les sirènes. Celles-ci continuent, bien que
nous ne puissions voir aucune lueur – comme celle d’un incendie – dans le
ciel au-dessus du côté ouest de la ville. Reprise de la même manière active
à 23h15.)
Maintenant. Vos croyances concernant ce qui est souhaitable et ce qui ne
l’est pas, ce qui est bien et ce qui est mal, ne peuvent pas être séparées de
l’état de votre corps. Votre propre notion des valeurs peut vous aider à être
en bonne santé ou vous apporter la maladie, vous amener le succès ou
l’échec, le bonheur ou la tristesse. Bien sûr, chacun d’entre vous interprète
cette remarque selon son propre système de valeurs. Vous avez des idées
arrêtées sur ce qui constitue le succès ou l’échec, le bien ou le mal.
Votre propre système de valeurs est donc construit à partir de vos
croyances concernant la réalité, et ces croyances forment ce dont vous faites
l’expérience. Supposons que vous croyiez que, pour être « bien », vous
devez essayer d’être parfait. Ayant lu ou entendu que l’esprit est parfait,
peut-être pensez-vous qu’il est de votre devoir de reproduire, autant que
faire se peut, cet esprit parfait dans la chair. Dans ce but, vous essayez de
nier toute émotion ou pensée imparfaite. Vous êtes horrifié par vos propres
pensées « négatives ». Si vous croyez ce que je vous ai dit – que vos
pensées créent votre réalité –, vous craignez peut-être encore plus
d’exprimer mentalement, ou dans les faits, tout ce qui est de nature
agressive. Vous pouvez avoir si peur de faire du mal à quelqu’un que vous
n’osez pratiquement plus bouger. Essayer d’être parfait tout le temps n’est
pas seulement gênant ; cela peut aussi s’avérer désastreux car il y a quelque
chose que vous n’avez pas compris.
Le mot « parfait » comprend de nombreux pièges. Pour commencer, il
suppose quelque chose de complet, d’achevé, au-delà de tout changement,
et donc au-delà de tout mouvement, de tout développement et de toute
créativité.
L’esprit est toujours en état de devenir, il est éternellement souple,
changeant, et, en vos termes, sans fin, de même qu’il a été, qu’il est, sans
commencement. Ruburt a dit récemment que s’il était sûr d’une chose
concernant la réalité physique, [c’était] qu’elle n’était pas si parfaite, en ces
termes. Mais selon le même sens de ce mot, l’esprit non plus, puisque pour
atteindre les exigences de la perfection, il devrait se trouver dans un état
d’accomplissement au-delà duquel tout épanouissement, toute créativité,
serait impossible.
Vos pensées sont. Vous pouvez les approuver ou les désapprouver,
exactement comme, par exemple, une tempête. Laissées à elles-mêmes, vos
pensées sont aussi variées, aussi magnifiques, aussi banales, terrifiantes ou
glorieuses qu’un ouragan ou qu’une fleur, qu’une inondation ou qu’un
crapaud, qu’une goutte de pluie ou qu’une grenouille. Vos pensées sont
parfaitement elles-mêmes. Laissées à elles-mêmes, elles vont et viennent.
Avec votre esprit conscient, vous devez choisir parmi ces pensées celles
que vous voulez intégrer dans votre système de croyances (avec intensité)
mais vous ne devez pas le faire comme si vous étiez aveugle. Il peut vous
arriver de souhaiter qu’un jour de pluie soit une journée ensoleillée, mais
vous n’allez pas pour autant nier, en regardant par la fenêtre, qu’il pleut ou
que l’air est froid et le ciel bouché.
Accepter que la pluie est la réalité présente ne signifie pas non plus qu’il
faut croire qu’il fait ce temps-là tous les jours et intégrer cette idée
évidemment fausse à votre système de croyances concernant la réalité. Vous
n’avez donc pas à prétendre qu’une idée « sombre » n’existe pas. Vous
n’avez pas à prendre pour un fait que, laissées à elles-mêmes, toutes vos
idées seraient noires, ni à essayer de les cacher.
Certaines personnes ont peur des serpents, même des plus inoffensifs, et
sont aveugles à leur beauté et à leur place dans l’Univers. D’autres ont peur
de certaines idées et ne voient pas leur beauté et leur place dans la vie
mentale.
Vous avez toutes sortes de pensées et il y a une raison à cela, tout comme
il y a toutes sortes de lieux géographiques. À l’intérieur de votre réalité, il
est aussi bête de nier l’existence de certaines pensées que de prétendre,
disons, que les déserts n’existent pas. En suivant cette voie, vous niez
certaines dimensions d’expérience et vous diminuez votre réalité. Cela ne
veut pas dire non plus que vous devez amasser les idées négatives, de même
que vous n’êtes pas obligé d’aller passer un mois dans le désert si vous
n’aimez pas ça. Cela veut dire que, dans la nature telle que vous la
comprenez, il n’y a rien qui n’ait un sens ou dont on doive faire comme si
cela n’existait pas.
Ce sera tout. Maintenant vous pouvez terminer la session ou faire une
pause, comme vous préférez.
(« Je le regrette, mais terminons-la. »
Sur un ton jovial.) Je vais ajouter ceci : je vous ai dit qu’il n’y aurait pas
de problème avec le livre. Rapportez à Ruburt que je l’ai dit – mais qui
m’écoute ? Bien qu’il écoute mieux ces temps-ci, et qu’il soit sur la bonne
voie… Je vous souhaite un cordial bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. Bonne nuit. »
23h44. Je mets fin à cette session parce que nous sommes fatigués ; je
sens bien que Seth pourrait continuer indéfiniment. Pour nous, la journée a
été longue. Même les sirènes se sont tues à présent.
La plaisanterie de Seth sur « le livre » concerne celui-ci. Dans du
matériau supprimé, il a récemment parlé de l’hésitation initiale de Jane à
signer un contrat pour la publication d’un travail médiumnique avant que
celui-ci ne soit accompli. Tam Mossmann, l’éditeur de Jane à Prentice Hall,
a lu les six premiers chapitres de La Réalité personnelle [comme nous
l’appelons], et lui a envoyé une lettre très encourageante.)

SESSION 634
LUNDI 22 JANVIER 1973

(Comme je n’ai pas encore fini de dactylographier la session 633, Jane


me demande de lui lire mes deux dernières pages de notes.
21h19.) Maintenant. Dictée : chaque individu a une définition légèrement
différente des émotions « négatives ». Une personne peut trouver que les
pensées sexuellement stimulantes sont délicieuses et constituent un
divertissement très appréciable. Quelqu’un d’autre peut les trouver
mauvaises, impures et maladives, nuisibles d’une façon ou d’une autre.
Certains individus peuvent s’imaginer, avec une exubérance facile, qu’ils
sont en pleine bagarre, en train de tabasser sans pitié un « diable »
d’adversaire. Ce genre de pensée peut emplir quelqu’un d’autre de terreur et
d’un terrible sentiment de culpabilité. Le même homme qui n’accueillerait
pas délibérément ce type de fantasme en temps ordinaire peut très bien, en
temps de guerre, s’imaginer en train de tuer l’ennemi avec les sentiments
les plus vertueux et avec une sainte joie.
(Une pause.) Ce qu’on oublie généralement, c’est la nature réelle de
l’agressivité qui, dans son sens le plus vrai, signifie simplement une action
forte. Cela ne suppose pas forcément la force physique, mais plutôt la
puissance de l’énergie dirigée dans une action matérielle.
La naissance est peut-être, en vos termes, la plus forte agression possible
dans votre système de réalité (avec insistance). De la même manière, la
croissance de toute idée jusque dans sa réalisation temporelle résulte d’une
agression créatrice. Il est impossible d’essayer d’effacer l’agressivité vraie.
Ce serait effacer la vie telle que vous la connaissez.
(Une pause à 21h34.) Toute tentative destinée à entraver le flot de
l’agression vraie résulte en une pseudo-agression déformée, déséquilibrée
et explosive, qui cause des névroses individuelles, des guerres et une grande
partie de vos problèmes dans tous les domaines.
L’agressivité normale s’écoule selon un schéma d’énergie fort, elle donne
une force motrice à toutes vos pensées, que vous les considériez
consciemment comme positives ou négatives, comme bonnes ou mauvaises.
(De façon très assurée.) C’est la même poussée d’élan créateur qui les fait
naître. Quand vous considérez une pensée comme bonne, vous ne la
remettez pas en question. Vous l’autorisez à être et vous l’accompagnez. En
général, quand vous considérez une pensée comme mauvaise, ou indigne de
vous, que vous en avez honte, vous essayez de la nier, de l’arrêter ou de la
retenir. On ne peut pas réfréner l’énergie, même si l’on croit que c’est
possible. On l’amasse simplement, et à partir de là, elle grandit et cherche à
s’épanouir.
Cela va sans doute vous faire dire : « Supposons que j’aie envie de tuer
mon patron ou de mettre du poison dans le thé de mon mari, ou pire encore,
de pendre mes cinq enfants sur la corde à linge à la place des serviettes –
êtes-vous en train de me dire que je devrais mettre mes idées à
exécution ? »
Je compatis avec la situation difficile qui est la vôtre. Mais le fait est
qu’avant d’être « assailli » par des idées qui peuvent vous sembler ne pas
être naturelles, et terrifiantes, vous avez bloqué une interminable suite
d’idées moins extrêmes et vous auriez pu exprimer chacune d’entre elles
naturellement et en toute sécurité, dans le cours de votre vie quotidienne.
Votre problème n’est donc pas comment faire face à l’agressivité normale,
mais que faire quand vous ne l’avez pas exprimée, quand vous l’avez
ignorée, niée, pendant une longue période de temps. Plus loin dans ce livre,
nous allons voir des méthodes spécifiques pour y remédier. Je veux
simplement souligner ici la différence entre l’agressivité saine, normale, et
l’apparition déformée, explosive, de l’agression refoulée.
Chacun d’entre vous doit découvrir par lui-même les domaines dans
lesquels il refoule fortement ses pensées, car il y trouvera de nombreux
blocages d’énergie. Tout cela sera couvert dans la prochaine section.
Pour l’instant, considérez simplement cette énergie bloquée. La plupart
des gens en ont peur – s’ils l’ont refoulée, c’est qu’ils ne la considéraient
pas comme bonne. Lorsque j’utilise le mot « refoulée », je ne veux pas dire
qu’elle est oubliée, repoussée dans l’inconscient ou hors d’atteinte. Vous
pouvez faire comme si ce matériau était caché mais vous vous rendez très
bien compte de sa présence. Il vous suffit de le chercher honnêtement et
d’organiser ce que vous trouvez.
Il est tout à fait possible de « voir » cette information sans la voir, pour la
simple raison que vous ne regroupez pas toutes les données. Personne ne
peut vous y obliger, bien sûr. Il faut du courage et le sens de l’aventure pour
le faire ; il faut se dire que l’on refuse de se laisser intimider par des idées
qui certes vous appartiennent, mais ne sont pas vous.
Maintenant. On dit souvent que l’homme croit aux démons parce qu’il
croit aux dieux. En réalité, l’homme a commencé à croire aux démons
quand il a commencé à avoir un sentiment de culpabilité. La culpabilité
elle-même s’est élevée avec la naissance de la compassion.
Les animaux ont un sens de la justice que vous ne comprenez pas et il y a
dans cette intégrité innocente une compassion biologique, située aux
niveaux cellulaires les plus profonds.
En vos termes, l’homme est un animal qui s’élève au-dessus de lui-
même ; qui, à partir de lui-même, fait évoluer certaines caractéristiques
animales à leur plus haut point ; qui ne forme plus de nouvelles
spécialisations du corps (en vos termes, encore une fois) mais qui crée, à
partir de ses désirs et de ses besoins, à partir de son agressivité naturelle
bénie, des structures intérieures en rapport avec le sens des valeurs, avec
l’espace et avec le temps. À des degrés divers, le même élan existe dans
toute la Création.
(Une pause à 22h02.) Voulez-vous faire une pause ? J’ai oublié.
(« Non, ça va. » Le rythme de Seth-Jane est assez lent.)
Pareille tâche signifiait que l’homme devait laisser derrière lui les aspects
précis et protecteurs de l’instinct, qui se régulaient eux-mêmes tout en étant
très limitants. La naissance d’un esprit conscient, tel que vous le concevez,
signifiait que l’espèce s’arrogeait le libre arbitre. Des procédures inhérentes
qui avaient parfaitement fonctionné, et qui suffisaient, pouvaient maintenant
être dépassées. Elles devenaient des suggestions plutôt que des règles.
La compassion « monta » de la structure biologique à la réalité affective.
La « nouvelle » conscience accepta son triomphe naissant – la liberté – et
elle dut faire face à la responsabilité de ses actes à un niveau conscient,
ainsi qu’à la naissance de la culpabilité.
Un chat qui tue une souris en jouant et qui la mange n’est pas mauvais. Il
ne souffre nullement de culpabilité. Il y a, chez les deux animaux, une
compréhension, au niveau biologique. Face à la connaissance innée de la
douleur sur le point de se produire, la conscience de la souris abandonne
son corps. Le chat utilise la chair chaude. La souris a elle-même été
chasseur aussi bien que proie et les deux animaux ont un sentiment de
compréhension, en des termes qui sont très difficiles à expliquer.
(Pendant que Jane-Seth livre ce matériau, mon esprit me ramène des
années en arrière, jusqu’à une journée d’été alors que je devais avoir dans
les onze ans. J’étais assis avec mes deux frères dans le jardin derrière la
maison où nous avons grandi, dans une petite ville voisine d’Elmira. Le
chat de nos voisins, Mitzi, venait de prendre une souris des champs et jouait
dans l’herbe avec elle. Animé de sentiments contradictoires, je regardais
Mitzi, que j’aimais beaucoup, bloquant chacune des tentatives de la souris
pour s’échapper, jusqu’au moment où, ayant eu assez de sport, il la
mangea.
L’épisode de Mitzi me rappelle à son tour une série de petits poèmes
écrits par Jane, il y a quelques années. De nombreuses personnes les
nomment haïkus, comme la version japonaise en vers, bien que leur parenté
soit assez lointaine. Nous en avons plusieurs, punaisés sur nos murs, dont
celui-ci :

Le chat mange la souris.


Aucun d’eux n’existe.
Il ne faut pas leur dire.

Il fait une chaleur inhabituelle depuis plusieurs jours. Une pluie fine
s’est mise à tomber à l’heure de la session ; il vient maintenant d’y avoir
des éclairs et le tonnerre résonne sur la ville.)
À un certain niveau, le chat et la souris comprennent tous les deux la
nature de l’énergie de vie qu’ils partagent, et – en ces termes – ils ne sont
pas jaloux de leur propre individualité. Cela ne veut pas dire qu’ils ne se
battent pas pour vivre, mais ils ont un sentiment inconscient inné de leur
unité avec la nature dans laquelle ils savent qu’il ne seront ni absorbés ni
perdus (avec une détermination tranquille.)
Poursuivant son propre chemin, l’homme a choisi – à un niveau
conscient – de sortir de ce schéma. La naissance de la compassion a pris la
place de la connaissance innée de l’animal ; la compassion biologique s’est
changée en réalisation affective.
Plus ou moins libéré de la courtoisie animale, le chasseur allait désormais
être obligé de s’identifier à sa proie. Tuer, c’est être tué. L’équilibre de la
vie nourrit l’ensemble. Il lui faut donc apprendre au niveau conscient ce
qu’il n’a jamais cessé de savoir. C’est là la signification intrinsèque, la seule
vraie signification de la culpabilité et de son cadre naturel.
(Une longue pause.) Vous devez donc préserver la vie de façon
consciente, tout comme les animaux la préservent de façon inconsciente.
Vous pouvez faire votre pause. Je suis désolé.
(« Pas de problème. C’est très intéressant. »
22h27. C’est l’une des plus longues transes de Jane. Cette transe a
également été profonde – pourtant, quand je lui pose la question, Jane se
souvient d’avoir entendu le tonnerre. Elle a très envie que je lui lise les
deux pages de matériau, mais : « Oh, attends une seconde… Il y en a
encore qui arrive et je veux d’abord me lever et bouger un peu. » Pour lui
permettre de faire une pause, je sors chercher notre vieux chat, Willy. Le
plus jeune, Rooney, est dans la maison. Reprise à 22h44.)
Maintenant. La façon dont cette culpabilité toute naturelle a été
interprétée, la façon dont elle a été utilisée est épouvantable.
La culpabilité est l’autre versant de la compassion. Sa fonction originale
était de vous permettre de ressentir de l’empathie consciente pour vous-
même et pour les autres membres de la Création, pour que vous puissiez
contrôler de façon consciente ce qui, auparavant, fonctionnait entièrement
sur un plan biologique. De ce point de vue, la culpabilité a une solide base
naturelle et lorsqu’elle est mal comprise, mal dirigée ou pervertie, elle
contient l’immense, la terrible énergie de tout phénomène fondamental
déchaîné.
(Une pause.) Si vous pensez que vous êtes coupable parce que vous lisez
tel ou tel livre ou parce que vous avez certaines pensées, vous courez un
risque particulier. Car si vous croyez que quelque chose est mauvais, vous
considérez cette chose comme négative, et il en va ainsi dans votre
expérience. Ainsi amassez-vous un sentiment de culpabilité « non
naturelle » que vous ne méritez pas mais que vous acceptez et que, par là
même, vous créez.
Vous n’allez pas, en règle générale, en faire une création dont vous êtes
fier. Si vous croyez fermement à la mauvaise santé, il est possible que vous
utilisiez cette énergie refoulée en attaquant un organe physique – la vésicule
biliaire peut devenir « mauvaise ». Selon votre propre système de
croyances, vous pouvez au contraire faire confiance à l’intégrité de votre
corps et projeter cette culpabilité sur autrui – sur un ennemi personnel, sur
une religion, sur une couleur de peau ou sur une race particulière.
Si vous êtes porté sur la religion et que vous êtes fondamentaliste dans
vos croyances, vous pouvez en rejeter la responsabilité sur un démon qui
vous fait vous comporter de telle ou telle manière. Tout comme le corps
crée des anticorps22 pour se réguler, vous pouvez créer des « anticorps »
mentaux et affectifs, c’est-à-dire des pensées qui sont « bonnes », pour vous
protéger des idées ou des fantasmes que vous considérez comme mauvais.
Si on laisse faire l’instinct inné du corps, fondamentalement, celui-ci
s’autorégule. S’il y a trop de globules rouges dans le sang à un moment
donné, le corps ne les tue pas tous pour autant. Il est beaucoup plus avisé.
Pourtant, dans votre crainte des pensées négatives, vous essayez souvent de
nier toute agressivité normale et il suffit que vous en aperceviez une pour
faire entrer en action tous vos anticorps mentaux. Ce faisant, vous tentez de
répudier la validité de votre propre expérience. Si vous ne ressentez pas
votre réalité individuelle, vous ne pouvez pas vous rendre compte que vous
la formez, et donc que vous pouvez la modifier. C’est le déni de
l’expérience et les blocages d’énergie qui en résultent qui entraînent
l’accumulation d’une culpabilité qui n’est ni « naturelle » ni nécessaire.
Quant au corps, il ne peut pas comprendre ces messages bloqués, et il
essaye désespérément d’exprimer sa propre connaissance corporelle du
moment, tel qu’il en fait l’expérience. (Avec intensité.) Dans ce genre de
situation, vous criez mentalement que vous ne ressentez pas ce que vous
ressentez.
La situation de l’esprit conscient est telle qu’il peut passer outre les
messages du corps pendant un certain temps. Toutefois, l’énergie refoulée
s’accumule et cherche une issue. Le plus innocent, le plus petit symbole de
ce matériau refoulé peut déclencher un comportement qui semble tout à fait
disproportionné par rapport à ce qui le déclenche.
Il y a peut-être eu dix occasions où vous avez eu l’envie tout à fait
justifiée de dire à quelqu’un de vous laisser tranquille, bien que vous vous
soyez retenu par crainte de blesser la personne en question ; où vous avez
craint de n’être pas poli, alors qu’en cette occasion particulière votre
remarque était susceptible d’être comprise et reçue calmement. Comme
vous n’avez pas accepté vos sentiments, comme vous ne les avez pas
exprimés, vous risquez d’exploser à la prochaine occasion, apparemment
sans raison, et de faire naître une dispute spectaculaire, complètement
injustifiée.
(23h10.) Dans ce cas, l’autre personne n’a pas la moindre idée de ce qui
cause votre réaction, si bien qu’elle est profondément blessée. Et votre
culpabilité augmente. L’ennui, c’est que votre sentiment de ce qui est bien
et de ce qui est mal est intimement lié à votre chimie interne et que vous ne
pouvez pas séparer vos valeurs morales de votre corps.
Quand vous croyez que vous vous comportez bien, votre corps
fonctionne bien. Je suis sûr que vous allez être nombreux à dire : « J’essaye
constamment de bien me comporter mais ma santé est très mauvaise,
comment est-ce possible ? » Examinez vos propres croyances et la réponse
va vous apparaître : si vous faites un tel effort pour bien vous comporter,
c’est justement parce que vous êtes convaincu d’être indigne et mauvais.
Les démons, quels qu’ils soient, résultent de vos croyances. Ils naissent
d’une croyance en la culpabilité « non naturelle ». Vous pouvez les
personnifier. Vous pouvez même les rencontrer dans votre propre
expérience ; si c’est le cas, cela n’empêche pas qu’ils soient le fruit de votre
immense créativité, même s’ils sont formés par votre culpabilité, par la
croyance en votre propre culpabilité.
Si vous vous débarrassiez des concepts non naturels de culpabilité et que
vous acceptiez plutôt l’ancienne sagesse pleine de bon sens de la culpabilité
naturelle, il n’y aurait pas de guerres. Vous ne vous tueriez pas bêtement les
uns les autres. Vous comprendriez l’intégrité vivante de chacun de vos
organes et vous ne ressentiriez pas le besoin de les attaquer.
Naturellement, cela ne veut pas dire que le moment de la mort du corps
n’arriverait pas. Cela veut dire que vous comprendriez que les saisons du
corps suivent celles de l’esprit, qu’elles sont fluctuantes et changeantes, que
leurs conditions vont et viennent mais qu’elles maintiennent toujours la
splendide unité intérieure du corps. Vous n’auriez pas de maladie
chronique. D’une façon générale, et dans l’idéal, le corps s’userait
graduellement tout en démontrant une endurance bien supérieure à celle qui
est la sienne aujourd’hui.
Il existe cependant bien d’autres conditions qui ont toutes un rapport avec
vos croyances conscientes. Vous pouvez par exemple croire qu’il vaut
mieux mourir rapidement d’une crise cardiaque. Vos buts individuels
diffèrent, et vous gérez donc votre expérience corporelle de toutes sortes de
façons.
D’une façon générale, vous êtes ici pour élargir votre conscience, pour
apprendre les chemins de la créativité, telle qu’elle est dirigée par la pensée
consciente. L’esprit qui s’en rend compte peut modifier ses croyances et,
dans une bonne mesure, modifier son expérience corporelle…
(Je suis assis, les yeux ponctuellement fermés, et Seth me surprend.
Avec le sourire.) Vous pouvez modifier votre expérience : vous pouvez
faire une pause ou terminer la session, comme vous préférez.
(« Faisons une pause. »
De 23h32 à 23h48.)
La culpabilité naturelle est donc la façon dont l’espèce manifeste
l’intégrité et le sens de la justice corporelle qui sont inconscients chez
l’animal. Elle signifie : tu ne tueras pas davantage que ce qui est nécessaire
à ta subsistance physique. Point.
Cela n’a rien à voir avec l’adultère ou avec le sexe. Cela concerne des
questions innées qui s’appliquent aux êtres humains et qui n’auraient aucun
sens pour d’autres animaux, dans le cadre de leur expérience. À strictement
parler, la traduction du langage biologique en votre propre langage est telle
qu’elle a été donnée dans cette session ; mais avec une distinction plus fine,
elle se lit comme suit : tu ne violeras pas.
Bien sûr, l’animal n’a pas besoin de ce message, qui ne peut d’ailleurs
pas être traduit littéralement, car votre conscience est souple et qu’il fallait
laisser de la marge à votre interprétation personnelle.
Un mensonge patent peut être, ou ne pas être, une violation. Même chose
pour un acte sexuel. Même chose pour une expédition scientifique. Ne pas
aller à l’église le dimanche n’est pas une violation ; avoir des pensées
agressives normales non plus. Faire violence à son propre corps, ou à un
autre, est une violation. Faire violence à l’esprit d’autrui aussi – mais une
fois encore, comme vous êtes des êtres conscients, c’est à vous qu’en
revient l’interprétation. Jurer n’est pas une violation. Si vous pensez que si,
cela le devient dans votre esprit.
(0h01.) Tuer un autre être humain est une violation. Tuer en protégeant
son propre corps de la mort qu’un autre essaye de lui infliger dans un
contact rapproché est une violation. Qu’une justification soit apparente ou
non, la violation existe.
(Une longue pause.) Comme vous croyez que l’autodéfense physique est
la seule méthode à opposer dans cette situation, vous allez demander :
« Êtes-vous en train de me dire que si je suis attaqué par quelqu’un, je ne
devrais pas contrer agressivement son intention évidente de me détruire ? »
Pas du tout. Mais vous pouvez contrer cette attaque de diverses manières
sans tuer pour autant. Pour commencer, vous ne vous trouveriez pas dans
cette situation hypothétique si des pensées violentes – que vous leur fassiez
face ou non – ne l’avaient pas attirée à vous. Mais une fois que c’est un fait,
et selon les circonstances, de nombreuses méthodes peuvent être utilisées.
Comme vous considérez que violence et agression sont synonymes, vous
aurez peut-être du mal à comprendre qu’un ordre agressif – c’est-à-dire un
ordre actif et fort, qu’il soit mental ou exprimé verbalement – de paix
puisse vous sauver la vie en pareille situation ; c’est pourtant le cas.
En général, il existe une variété d’actions physiques qui sont toutes
suffisantes, sans qu’il soit nécessaire de tuer. Tant que vous croyez qu’il
faut répondre à la violence par la violence, vous la courtisez, elle et ses
conséquences. En termes individuels, votre corps et votre esprit deviennent
un champ de bataille, tout comme le devient le corps physique de la Terre,
en termes de masses. Votre forme physique est vivante grâce à l’agression
naturelle, grâce à l’action posée, dirigée et forte qui porte la créativité.
(Une longue pause à 0h11, les yeux fermés.) Si vous vous coupez le
doigt, il saigne. Ce faisant, le sang nettoie tout poison qui aurait pu pénétrer
dans la plaie. Le saignement est bénéfique et le corps sait quand l’arrêter. Si
le sang continuait à couler, ce ne serait pas une bonne chose, ce serait
nuisible, en vos termes, mais le corps ne penserait pas que le sang est
mauvais parce qu’il continue à couler. Il n’essaierait pas de le supprimer
entièrement, en le considérant comme diabolique. Il ferait plutôt les
ajustements nécessaires pour amener naturellement cet écoulement à son
terme.
Pour poursuivre cette comparaison, quand vous considérez que les
pensées agressives sont mauvaises, vous ne permettez pas au système de se
nettoyer. Vous enfermez les « poisons » à l’intérieur.
De même que ceux-ci peuvent s’accumuler dans la chair, ils peuvent
s’accumuler dans votre expérience mentale. Sur le plan physique, vous
pourriez alors vous retrouver avec une maladie grave ; et sur le plan affectif
et mental, ce verrouillage des forces naturelles peut entraîner des
« maladies » au niveau de la structure des idées, qui se trouvent coupées de
concepts plus sains. Celles-ci peuvent alors se comporter comme des
excroissances – ne pas manquer d’oxygène, par exemple, mais du libre
accès, du libre flot vers d’autres parties de votre expérience consciente.
Nous allons maintenant terminer la session. Mes salutations les plus
chaleureuses à vous deux, et un affectueux bonsoir.
(« Merci beaucoup, Seth. Bonne nuit. »
Fin à 0h25. « Ouah, dit Jane en sortant, une fois encore, d’une transe
excellente. Je suis fatiguée, maintenant, mais Seth en a encore plein… »)

SESSION 635
MERCREDI 24 JANVIER 1973

(Nous allons bientôt pouvoir commencer à envoyer à certains de nos


correspondants la lettre que Seth a dictée pendant la session 633. J’en ai
préparé une version photo qui a exactement l’aspect que Jane et moi
voulions qu’elle ait et un imprimeur local nous en fait plusieurs centaines
d’exemplaires.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Maintenant. (Avec le sourire.) Vous n’avez pas besoin de noter
mes premiers « maintenant ». (Mais je l’ai déjà fait.)
La culpabilité naturelle est aussi largement liée à la mémoire ; elle est
apparue main dans la main avec les incursions de l’humanité dans
l’expérience du présent, du passé et du futur. La culpabilité naturelle était
destinée à être une mesure préventive. Elle avait besoin de l’existence d’un
système de mémoire élaboré, qui permette de juger les situations nouvelles
par rapport à d’autres ayant été mémorisées, de façon à accomplir une
évaluation, dans un instant de réflexion entre les deux.
Toute situation ayant fait naître des sentiments de culpabilité naturelle
devait être évitée dans le futur. Du fait de l’extrême diversité des voies
d’action possibles pour l’espèce humaine, toutes sortes d’instincts animaux
extrêmement spécialisés n’étaient plus applicables, mais un curieux
équilibre devait être maintenu. Vu les options conscientes qui s’ouvraient à
l’homme avec l’élargissement de son monde mental, il devenait impossible
qu’il ait, sur le seul plan biologique, à la fois suffisamment de liberté et les
contrôles nécessaires.
(Une longue pause à 21h56.) Des contrôles étaient donc nécessaires pour
que l’esprit conscient, privé de la pleine utilisation des tabous innés chez les
animaux, ne s’emballe pas. La culpabilité, la culpabilité naturelle, dépend
donc de la mémoire.
Elle ne comporte pas de lien inhérent avec le châtiment, tel que vous le
concevez. Une fois encore, elle était censée fonctionner comme une mesure
préventive. Toute violation de la nature devait amener un sentiment de
culpabilité afin que, par cet instant de réflexion, l’homme ne répète pas la
même action dans une situation semblable dans le futur.
J’ai utilisé plusieurs fois les termes « instant de réflexion », car c’est un
autre attribut propre à l’esprit conscient qui est, en vos termes, largement
refusé au reste de la Création. Sans cette pause – dans laquelle l’homme
peut se souvenir du passé dans le présent et envisager le futur –, la
culpabilité naturelle n’aurait aucun sens. L’homme ne serait pas capable de
se souvenir d’actions passées, de les juger par rapport à la situation présente
et d’imaginer le sentiment de culpabilité future qui pourrait en résulter.
Dans une certaine mesure, la culpabilité naturelle projetait l’homme dans
le futur. Il s’agit là, bien sûr, d’un processus d’apprentissage, naturel à
l’intérieur du système de temps qui a été adopté par l’espèce humaine.
Malheureusement, la culpabilité artificielle a les mêmes attributs, elle utilise
à la fois la mémoire et la projection. Les guerres se perpétuent elles-mêmes
car elles combinent la culpabilité naturelle et celle qui ne l’est pas, et celles-
ci sont multipliées et renforcées par la mémoire. Tuer consciemment au-
delà de ce qui est nécessaire à sa subsistance est une violation.
(Une longue pause à 22h08.) Nous avançons lentement avec cela…
(« Ça va. » Le rythme de Jane est tranquille depuis le début de la
session.)
L’amoncellement d’une culpabilité artificielle non identifiée, amassée au
cours des siècles, a causé une telle accumulation d’énergie refoulée que sa
libération s’exprime en actions violentes. Ainsi, la haine d’une génération
d’adultes dont les parents ont été tués au cours d’une guerre contribue-t-elle
à générer la suivante.
Tu ne violeras pas. Encore une fois, cette injonction devait être assez
souple pour couvrir toute situation dans laquelle l’espèce consciente pouvait
se trouver. L’instinct des animaux, de même que les situations naturelles
dans lesquelles ils se trouvent, ont maintenu leur nombre à l’intérieur de
certaines limites ; et, avec une courtoisie inconsciente ne se connaissant pas
elle-même, ils ont laissé de la place pour tous les autres.
Tu ne violeras pas la nature, la vie ou la Terre. En vos termes, l’ensemble
de la Création, qui aspire à la vie et lutte pour survivre, qui est abondante et
exubérante, n’est pas gloutonne. Elle suit l’ordre inconscient qui est en elle,
tout comme les chromosomes ont un ordre précis et qu’il existe un rapport
entre eux et une limite à leur nombre. Une cellule qui devient omnivore
peut détruire la vie du corps.
Tu ne violeras pas. Ce principe s’applique aussi bien à la vie qu’à la
mort. Vous pouvez faire votre pause.
(De 22h18 à 22h37.)
Il n’y a rien de mystérieux dans l’idée que la vie peut tuer. À un niveau
biologique, toute mort est cachée dans la vie, et toute vie dans la mort.
Les virus sont vivants, comme je l’ai mentionné dans un autre contexte
(session 631, chapitre 7) ; ils peuvent être bénéfiques ou nuisibles suivant
d’autres équilibres du corps. Avec les cellules cancéreuses, le principe de
croissance s’emballe ; dans la Création, chaque espèce a sa place, et si l’une
se multiplie au-delà de son ordre correct, toute la vie et le corps même de la
Terre sont mis en péril.
En ces termes, la surpopulation est une violation. En ce qui concerne la
guerre comme en ce qui concerne l’excès de croissance, l’espèce a ignoré sa
culpabilité naturelle. Quand un homme en tue un autre, quelles que soient
ses croyances, une certaine partie de son esprit conscient sait qu’il
accomplit une violation, même s’il se trouve une justification.
Quand les femmes font naître des enfants dans un monde surpeuplé, elles
savent aussi, avec une partie de leur esprit conscient, qu’il y a violation.
Quand votre espèce voit qu’elle détruit d’autres espèces et détruit
l’équilibre naturel, elle se rend compte consciemment de la violation qu’elle
accomplit. Lorsqu’elle ne fait pas face à cette culpabilité naturelle, d’autres
mécanismes doivent être utilisés. Encore une fois, au risque de me répéter :
nombre de vos problèmes résultent du fait que vous n’acceptez pas la
responsabilité de votre propre conscience. Celle-ci a pour but d’évaluer la
réalité que vous formez de façon inconsciente en réplique directe de vos
pensées et de vos attentes.
Quand vous n’embrassez pas cette connaissance consciente, quand vous
la refusez, vous n’utilisez pas l’un des « outils » les plus précieux qui aient
été créés par votre espèce et vous reniez en bonne partie votre héritage et
votre droit de naissance.
(Avec une grande intensité.) Quand cela se produit, l’espèce doit
retomber par défaut sur les vestiges d’anciens instincts – qui n’ont pas été
établis pour fonctionner avec un esprit raisonnant conscient et qui ne
comprennent pas votre expérience ; qui trouvent que votre « instant de
réflexion » est un impertinent déni d’impulsion. Ainsi l’homme perd-il la
pleine utilisation de l’instinct bien réglé et gracieux de l’animal, tout en
reniant la capacité de discernement affectif et conscient qui lui est donné à
la place.
(22h52.) Du coup, les messages envoyés sont tellement contradictoires
que vous êtes pris dans une situation où le véritable instinct ne peut pas
régner et la raison ne peut pas non plus se faire entendre. Il en résulte une
version déformée de l’instinct, avec une utilisation bâtarde du sens tandis
que l’espèce essaye désespérément de trouver sa voie.
À l’heure actuelle, vous connaissez une situation dans laquelle la
surpopulation est compensée par les guerres (une pause), et si ce n’est par
les guerres, par la maladie. Mais qui doit mourir ? Les jeunes, qui
deviendraient les parents d’enfants. Comprendre la nature, l’intégrité de la
culpabilité naturelle vous épargnerait ces situations difficiles.
Les « démons » – c’est-à-dire vos projections – sont alors plaqués sur un
ennemi national, ou sur le dirigeant d’une autre race ; parfois des masses
entières de populations projettent sur d’autres larges groupes l’image de
leurs propres frustrations auxquelles elles ne font pas face. Même chez
Auguste, le gentil et le méchant sont séparés, diversifiés. Si un homme peut
être ainsi divisé, a fortiori une nation ou un monde. Ou une espèce. Et faites
une courte pause.
(De 23h02 à 23h12.)
Maintenant, dictée : de même une famille peut être pareillement divisée,
l’un de ses membres apparaissant toujours comme le gentil et l’autre
comme le méchant, ou le démon.
Il peut y avoir deux enfants, dont l’un se comporte comme Auguste 1 et
l’autre comme Auguste 2. Comme l’un a l’air tellement docile et
accommodant, et l’autre tellement indiscipliné et violent, on peut ne jamais
voir le rapport qui existe entre leur comportement et penser qu’ils sont bien
différents. Pourtant, si être « bien », poli et accommodant, n’est pas l’état
habituel des enfants normaux, une activité violente constante ne l’est pas
non plus. Dans ce genre de situation, ce qui se passe en général, c’est que
l’un des enfants exprime le comportement agressif non reconnu de toute la
famille. Ces schémas discordants signifient aussi que l’amour n’est pas
exprimé librement.
Tout comme l’agressivité, l’amour va vers l’extérieur. On ne peut pas
inhiber l’un sans inhiber l’autre, et en général, dans ces conditions, l’enfant
docile et aimant projette et exprime l’amour réfréné de l’ensemble de la
famille. Le gentil et le méchant se trouvent cependant dans une situation
également délicate, car chacun d’eux nie des aspects légitimes de son
expérience.
La même chose s’applique aux nations. La culpabilité naturelle est un
mécanisme plein de créativité, destiné à servir d’aiguillon conscient pour
résoudre des problèmes que, en vos termes, aucun autre animal n’a jamais
eus à résoudre. En faire usage vous permet d’avancer encore davantage en
territoire inconnu et de vous retrouver dans des dimensions de connaissance
qui sont latentes depuis la naissance de l’esprit conscient.
La culpabilité naturelle est, lorsqu’on la suit, un guide plein de sagesse,
qui apporte non seulement l’intégrité biologique mais qui ouvre dans la
conscience des aspects d’activités qui doivent, sinon, rester fermés.
Accordez-nous un instant. (Une pause.) Fin du chapitre.

22 Les anticorps sont des protéines produites par le corps dans le but de neutraliser des substances
toxiques. Une fois de plus, Seth postule un équivalent mental interne à des phénomènes organiques.
CHAPITRE 9

La grâce naturelle, le cadre de la créativité, la


santé de votre corps et de votre esprit. La
naissance de la conscience

(23h30.) Chapitre 9 : « La grâce naturelle, le cadre de la créativité, la


santé de votre corps et de votre esprit. La naissance de la conscience ».
(Je dois demander à Seth de répéter pour être sûr d’avoir tout noté
correctement.)
Chez les animaux, la division entre l’action et le moi qui agit existe à des
degrés variables. Avec la naissance de l’esprit conscient chez l’homme,
cependant, le moi qui agit a eu besoin de pouvoir juger ses actes. Nous en
revenons à l’importance de cette période de réflexion pendant laquelle le
moi utilise la mémoire dans le présent pour regarder sa propre expérience
passée et en projeter le résultat dans le futur.
Voilà, c’est tout. Je voulais simplement commencer.
(« Très bien. »)
Je vous souhaite un affectueux bonsoir.
(« Merci. Bonne nuit. » 23h35. La fin de la session est abrupte.)

SESSION 636
LUNDI 29 JANVIER 1973

(Comme je n’ai pas fini de dactylographier la session 635, je lis à Jane


mes notes pour la fin du chapitre 8 et le début du chapitre 9. Jane est en
pleine « orgie » de création depuis le début du mois. Le matériau de Seth
est porteur d’une énergie débordante. Cette énergie intense est manifeste
aussi bien dans les sessions que dans le sumari de son cours de perception
extrasensorielle – ou dans ses poèmes.
Jane continue à écrire son livre de poésie, Dialogues of the Soul and
Mortal Self in Time23. La semaine dernière, elle a dactylographié une partie
de ce matériau-ci. Elle travaille aussi à son autobiographie, From This
Rich Bed, qu’elle a commencée il y a plusieurs mois.
De très légers sons de musique classique nous parviennent de l’un des
appartements du dessous. Ce soir, Seth commence de façon tranquille.
21h28.) Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée : l’état de grâce est un état dans lequel toute croissance se produit
sans effort (une pause) ; c’est une acceptation transparente et joyeuse qui
est la condition fondamentale de toute existence. Depuis votre naissance,
votre corps grandit naturellement et facilement ; il ne s’attend à aucune
résistance et son déploiement miraculeux lui semble aller de soi ; il s’utilise
entièrement, avec un vaste et gracieux abandon, agressivement créatif.
Vous naissez donc dans un état de grâce. Vous ne pouvez pas le quitter.
Vous mourez en état de grâce, que des paroles spéciales soient prononcées
ou non à cette occasion, que de l’eau ou de l’huile soit ou non versée sur
votre tête. Vous partagez cette bénédiction avec tous les animaux et toutes
les choses vivantes. Vous ne pouvez pas « tomber » hors de cette grâce et
elle ne peut pas non plus vous être dérobée.
Vous pouvez l’ignorer. Vous pouvez avoir des croyances qui vous
rendent aveugle à son existence. Vous l’aurez néanmoins, mais vous serez
incapable de percevoir votre propre intégrité, votre propre unicité ; vous
serez également aveugle à d’autres caractéristiques dont vous recevez
automatiquement le don.
L’amour fait percevoir la grâce de l’autre. Comme la culpabilité
naturelle, l’état de grâce est inconscient chez les animaux. Il est protégé. Ils
le prennent comme allant de soi, sans savoir de quoi il s’agit, ni ce qu’ils
font ; pourtant la grâce parle par leurs gestes et ils demeurent dans la
sagesse de ses manières anciennes. Encore une fois, ils n’ont pas de
mémoire consciente mais ils sont nourris par la mémoire instinctive des
cellules et des organes. Tout cela s’applique à des degrés divers selon les
espèces, et quand je parle de mémoire consciente, j’utilise des mots qui
vous sont familiers – je parle d’une mémoire qui peut, à tout instant,
chercher en elle-même.
Chez certains animaux, la montée de cette mémoire consciente est
visible, tout en étant très limitée et très spécialisée. Un chien peut se
souvenir du dernier endroit où il a vu son maître, mais sans pouvoir faire
appel à ce souvenir et en fonctionnant sans le type d’associations mentales
que vous utilisez. Pour lui, les connexions sont de nature biologique et
n’offrent pas la marge (une pause) que vous permettent vos conditions
mentales.
Le chien n’a pas le souvenir de la joyeuse appréciation de son propre état
de grâce dans le passé et il ne l’anticipe pas dans le futur. L’homme, avec la
vaste liberté qui lui est conférée par son esprit conscient, peut, au contraire,
s’aventurer loin de la grande joie d’être, il peut l’oublier, ne plus y croire et
utiliser son libre arbitre pour en nier l’existence.
La splendide acceptation biologique de la vie ne pouvait pas être imposée
à sa conscience émergente ; pour que la grâce puisse être réelle, efficace,
pour qu’elle puisse émerger dans la nouvelle focalisation de son attention, il
fallait qu’elle parte de la vie de ses tissus pour atteindre les sentiments, les
pensées et les processus mentaux. La grâce est donc devenue la servante de
la culpabilité naturelle.
L’homme prit conscience de son état de grâce alors qu’il vivait dans la
dimension de sa conscience qui s’était tournée vers son nouveau monde de
liberté. Quand il ne commettait pas de violation, il se rendait compte de son
propre état de grâce. Quand il en commettait, celui-ci redescendait dans la
conscience cellulaire, comme pour les animaux, mais il s’en sentait
consciemment coupé ; il avait le sentiment qu’elle lui était refusée.
La simplicité de la culpabilité naturelle ne mène pas à ce que la
conscience vous semble être, pourtant la conscience dépend elle aussi de ce
moment de réflexion qui, dans une large mesure, vous sépare des animaux.
La conscience, telle que vous la concevez, résulte d’un dilemme et d’une
non-compréhension des conditions imposées à votre existence physique. La
conscience est apparue avec l’émergence de la culpabilité artificielle.
Accordez-nous un instant…
Maintenant. La culpabilité artificielle demeure extrêmement créative, à
sa façon ; c’est un rejet façonné à l’image de l’homme alors que son esprit
conscient commençait à considérer l’innocente culpabilité naturelle, à jouer
avec elle – elle qui, à l’origine, ne supposait aucun châtiment.
Vous pouvez faire votre pause.
(22h04. Jane sort de transe rapidement. Étonnamment, le son, pourtant
très léger, de la musique montant d’en dessous l’a gênée ; elle a une ouïe
très fine. Son débit est intense mais plutôt lent. Reprise à une allure un peu
plus rapide à 22h20.)
L’esprit conscient est un faiseur de distinctions. Il fait monter à la surface
de vastes ensembles changeants de matériau jusque-là inconscient, puis les
assemble et les organise en une forme en perpétuelle transformation. Grâce
à une focalisation délibérée, il peut trier inconsciemment une quantité
littéralement infinie de ce type de données ; seuls les éléments désirés
émergent alors.
La créativité de l’esprit conscient est sans fin. Cela s’applique à tous les
domaines de la pensée de l’esprit conscient. L’esprit conscient est aussi
l’organisateur des données physiques, si bien que la culpabilité naturelle
sert de base à toutes sortes de variations. Celles-ci suivent largement les
regroupements sociaux et religieux de l’homme. Ces derniers résultent
également de la capacité de l’esprit conscient à jouer avec ses perceptions et
son expérience, à les mixer, à les mêler et à les réarranger.
L’homme est bon de manière innée. Son esprit conscient doit être libre,
tout comme sa volonté. Il peut donc se considérer comme mauvais. C’est
lui qui place ces critères sur sa propre image.
L’esprit est également équipé pour voir ses propres croyances, pour y
réfléchir et évaluer leurs résultats, si bien qu’utiliser cet outil comme il est
censé l’être aiderait automatiquement l’homme à identifier aussi bien ses
croyances que leurs conséquences. Cette grande permissivité est en partie
liée au fait que l’homme est censé réaliser qu’il crée sa propre réalité. Le
libre arbitre est une nécessité. La marge qui est donnée lui permet de
matérialiser ses idées, de les rencontrer dans l’expérience physique et
d’évaluer pour lui-même leur type particulier de validité.
(Une pause à 22h34.) L’animal n’a pas ce genre de besoin. Il repose à
l’abri des limites imposées par son instinct, tout en se rendant compte
d’autres aspects, qu’il explore d’une façon qui n’est pas familière à
l’homme. Pourtant, la culpabilité naturelle et la grâce naturelle vous sont
données, et celles-ci peuvent aussi se développer plus pleinement en
conscience consciente. Si vous pouvez rester tranquillement assis et vous
rendre compte que les composants de votre corps se remplacent
constamment – si vous tournez votre esprit conscient vers la considération
de cette activité –, vous pouvez vous rendre compte de votre propre état de
grâce. Si vous pouvez sentir vos pensées se remplacer graduellement, vous
pouvez aussi ressentir votre propre élégance.
Toutefois, vous ne pouvez pas ressentir la joie de cette réalisation si vous
vous sentez coupable ; pas à un niveau conscient. Si vous vous blâmez pour
quelque chose que vous avez fait hier, ou il y a dix ans, vous n’êtes pas
vertueux. Vous êtes très probablement aux prises avec la culpabilité
artificielle. Même si une violation a eu lieu, la culpabilité naturelle ne
suppose aucune pénitence. Elle est destinée à n’être qu’une mesure
préventive, un rappel avant un évènement.
« Ne refais pas cela » est le seul message postérieur. Je place ces
concepts dans votre notion du temps car, en vos termes, ils en sont issus.
Mais le fait est que tout le « temps » est simultané.
Dans un temps simultané, le concept de châtiment n’a aucun sens. Le
châtiment en tant qu’évènement et l’évènement pour lequel on est puni
existent en même temps ; et comme il n’y a ni présent ni futur ni passé, on
pourrait tout aussi bien dire que le châtiment s’est produit en premier.
Nous avons à peine mentionné la réincarnation (mais voir la session 631,
chapitre 7), pourtant laissez-moi affirmer ici que cette théorie est une
interprétation de l’esprit conscient en termes linéaires. D’un côté, elle
représente un vraie déformation ; de l’autre, c’est une interprétation
créatrice qui se produit quand l’esprit conscient joue avec la réalité, telle
qu’il la comprend. Mais dans les termes utilisés, il n’y a pas à payer pour
son karma, pas de châtiment, sauf si vous croyez qu’il y a des crimes pour
lesquels vous devez payer (comme indiqué dans la session 614, chapitre 2).
En termes plus larges, il n’y a pas non plus de causes et d’effets, bien que
ceux-ci soient des hypothèses-racines dans votre réalité.24
(Lentement.) J’utilise ces concepts, une fois encore, parce qu’ils vous
sont familiers. Dans le monde du temps, ils semblent réels. Nous revenons à
nouveau à cet instant de réflexion, car c’est là que la cause et l’effet
apparaissent en premier. On peut vaguement le discerner lorsqu’on observe
les animaux qui, aujourd’hui encore, circulent à la surface de la Terre car, à
des degrés différents – et beaucoup moins que pour vous –, chacun d’entre
eux montre cette réflexion. Chez certains, elle n’existe pas du tout, dans la
pratique. Pourtant elle est là, à l’état latent.
Vous pouvez faire votre pause.
(22h56. Jane n’a pas « la moindre notion de ce dont il s’agissait ».
Comme elle a très envie de le savoir, je lui lis les derniers paragraphes. Je
ne garde pas, moi non plus, tout le matériau en tête. En général, je me
concentre plutôt sur la prise de notes, je vérifie auprès de Seth si je ne suis
pas sûr d’un mot, je demande à l’auguste personnage de répéter une phrase
quand j’ai pris du retard.
Reprise à une allure plus rapide à 23h11.)
Maintenant. Plus votre « période » de réflexion est importante, plus vous
avez l’impression que du temps passe entre deux évènements.
Vous semblez croire qu’il y a une étendue de temps entre les existences
réincarnationnelles, que l’une suit l’autre comme un moment semble en
suivre un autre. Comme vous percevez une réalité de cause et d’effet, vous
supposez une réalité dans laquelle une vie a un effet sur la suivante. Avec
vos théories de faute et de châtiment, vous imaginez souvent que vous êtes
limité dans cette existence par la culpabilité accumulée dans une vie passée
– ou pire, accumulée au cours des siècles.
Pourtant, ces existences multiples sont ouvertes et simultanées. En vos
termes, l’esprit conscient est en train de grandir, d’aller vers la réalisation
du rôle qu’il doit jouer dans cette réalité multidimensionnelle. Il suffit que
vous compreniez votre rôle dans cette existence. Quand vous comprenez
pleinement que vous formez ce que vous considérez comme votre réalité
actuelle, tout le reste se met en place.
Vos croyances, vos pensées et vos émotions sont instantanément
matérialisées physiquement. Leur réalité terrienne se produit simultanément
à leur début, mais dans le monde du temps il semble qu’il se produise un
décalage entre les deux. C’est pourquoi je dis que l’un cause l’autre et
j’utilise ces termes pour faciliter votre compréhension, mais ils sont tous en
même temps. De même vos multiples vies se produisent comme la
réalisation immédiate de votre être dans l’extension naturelle des
nombreuses facettes de ses facultés.
« En même temps » ne signifie ni un état achevé de perfection ni une
situation cosmique dans laquelle tout est accompli, car tout est encore en
train de se produire. Vous êtes encore en train de vous produire – mais aussi
bien vos moi présents que futurs ; et votre moi passé vit encore ce que vous
considérez comme accompli. Qui plus est, il fait l’expérience d’évènements
dont vous ne vous souvenez pas, que votre conscience linéaire ne peut pas
percevoir à ce niveau.
Votre corps contient la force miraculeuse, la miraculeuse énergie
créatrice avec laquelle il est né, en vos termes. Vous allez probablement en
conclure que je veux dire qu’un état de jeunesse éternelle est possible. Bien
que la jeunesse puisse être prolongée bien au-delà de ce qui est le cas
actuellement, ce n’est pas ce que je suis en train de dire.
(23h32.) Sur le plan physique, votre corps doit suivre la nature dans
laquelle vous êtes né et, dans ce contexte, le cycle de la jeunesse et de l’âge
est très important. D’une certaine façon, le rythme de la naissance et de la
mort est comme les bouffées d’air que vous inspirez et que vous expirez.
Sentez la façon dont votre propre respiration va et vient. Vous n’êtes pas
elle et pourtant elle entre en vous et elle en sort, et vous ne pourriez pas
exister physiquement sans son flot continu. De la même façon, vos vies
entrent et sortent de vous – elles sont à la fois vous et pas vous. Et, tout en
les laissant partir, une partie de vous s’en souvient et connaît leur voyage.
Imaginez où va l’air que vous respirez quand il quitte votre corps, la
façon dont il passe peut-être par une fenêtre ouverte et devient une partie de
l’espace extérieur, où vous ne pourriez pas le reconnaître – et quand il vous
a quitté, il ne fait plus partie de ce que vous êtes, car vous êtes déjà
différent. De la même façon, les vies que vous avez vécues ne sont pas
vous, bien qu’elles soient de vous.
Fermez les yeux. Pensez à votre souffle qui va et vient comme à des vies,
et à vous-même comme à l’entité par laquelle elles passent et sont passées.
Vous allez alors sentir votre état de grâce et la culpabilité artificielle n’aura
plus aucun sens. Cela ne nie en rien votre profonde, votre suprême et
entière individualité, car vous êtes à la fois l’entité individuelle par qui ces
vies coulent et les vies uniques qui sont exprimées par vous.
Il n’y a pas un atome d’air qui soit semblable à un autre. Chacun est, à sa
façon, conscient et capable de participer à des transformations, à des
organisations plus importantes, pleines de potentiels infinis. De même que
votre souffle vous quitte et, en toute liberté, devient une partie du monde,
vos vies vous quittent et continuent à exister, en vos termes. Vous ne pouvez
pas confiner une personnalité que vous « avez été » à un siècle particulier,
achevé, et lui refuser de continuer à s’accomplir, car en cet instant même,
elle existe et son expérience est nouvelle. De même que votre moment de
réflexion a donné naissance à la conscience telle que vous la concevez – car
en réalité les deux sont arrivées ensemble –, un autre phénomène et une
autre sorte de réflexion peuvent donner naissance au sentiment très lointain
mais conscient de l’immense dimension de votre propre réalité.
L’animal se déplace, disons, dans une forêt. Vous vous déplacez de la
même façon dans des territoires psychologiques, mentaux ou
médiumniques. Grâce à ses sens, l’animal reçoit des messages de zones
lointaines qu’il ne peut pas percevoir directement et dont il se rend à peine
compte. Et vous de même.
Est-ce que je parle trop doucement ?
(« Non. » Même si j’ai dû demander à Seth de répéter plusieurs phrases.)
Fin de la dictée (plus fort), fin de la session…
(« C’était très intéressant. »)
… et mes vœux les plus chaleureux.
(« Merci. Bonne nuit. »
23h50. La transe de Jane a été très profonde, son allure, intense et
régulière. Elle bâille plusieurs fois. Elle dit que Seth est là, qu’il a
davantage de matériau ; « mais je suis fatiguée. J’ai envie d’être au lit tout
de suite ».)

SESSION 637
MERCREDI 31 JANVIER 1973

(21h05. Avant de commencer la dictée pour son livre, Seth passe un quart
d’heure à répondre à nos questions pour d’autres personnes.)
Maintenant, accordez-nous un instant, pour la dictée.
(Une pause à 21h20.) Le vous que vous considérez comme vous n’est
jamais anéanti. Votre conscience n’est pas une bougie qu’on peut éteindre ;
elle ne peut pas non plus être avalée, dans une béate inconscience d’elle-
même, par un quelconque nirvana25. Vous faites autant partie d’un nirvana à
présent que vous en ferez jamais partie.
Dans une certaine mesure, nous avons abordé la question de votre corps
et des cellules qui le composent (par exemple dans la session 632, chapitre
7). Toutes les cellules qui composent maintenant votre corps existent
évidemment en même temps. Imaginez que vous ayez plusieurs vies qui se
passent en même temps. Au lieu de cellules, vous avez donc des vies. Je
vous ai dit que chaque cellule a sa propre mémoire. La mémoire du moi est,
bien sûr, d’une dimension bien plus vaste.
Pensez au grand vous-même – vous pouvez l’appeler l’entité, si vous
voulez – comme formant une structure psychique tout aussi réelle que votre
structure physique, mais composée de nombreux moi. De même que chaque
cellule de votre corps a sa position à l’intérieur des frontières de votre
espace corporel, chaque moi de l’entité a connaissance de sa propre
dimension d’activité et de son propre « temps ». Le corps est une structure
temporelle. Les cellules, qui font pourtant partie du corps, ne réalisent
pourtant pas l’ensemble de la dimension dans laquelle demeure votre
conscience. Elles ne perçoivent pas tous les éléments qui sont disponibles
ne serait-ce que dans l’expérience tridimensionnelle, et pourtant votre
conscience présente – qui semble tellement plus sophistiquée – s’appuie
physiquement sur la conscience cellulaire.
De la même façon, l’entité, la structure psychique « plus vaste » dont
vous faites partie se rend compte d’une dimension d’activité beaucoup plus
importante que ce dont vous vous rendez compte, et pourtant, de la même
manière, sa conscience beaucoup plus sophistiquée repose sur la vôtre, et
elles ont besoin l’une de l’autre.
Dans la vie physique, il y a un laps de temps pendant qu’un message
saute d’une terminaison nerveuse à une autre. (Voir la session 625, chapitre
5.) En d’autres termes, et à d’autres niveaux, celui-ci est représenté par le
« moment de réflexion » qui s’est produit quand la conscience humaine a
émergé de la conscience animale. (Note : je n’ai pas dit que l’homme a
émergé des animaux.)
En d’autres termes encore et à des niveaux différents, ce délai se produit
– cet instant de réflexion s’étend – quand le moi se détache de la forme
physique (tout comme, à un moment donné, la cellule déserte le corps).
(21h39.) De ce point de vue, maintenant, et uniquement pour poursuivre
cette comparaison, pensez à la vie du moi comme à un message s’élançant
entre les cellules nerveuses d’une structure multidimensionnelle – encore
une fois, aussi réelle que votre corps – et considérez-la aussi comme un
moment de réflexion plus important de la part de cette personnalité aux
multiples facettes.
Je fais ces comparaisons car elles sont pertinentes, tout en me rendant
compte qu’elles peuvent avoir pour effet de vous faire sentir petit ou vous
faire craindre pour votre identité. Vous êtes plus que, disons, un message
traversant les étendues immenses d’un supermoi. Vous n’êtes pas perdu
dans l’Univers. Dans un livre, il nous faut utiliser des mots et, si vous leur
en donnez la possibilité, ces comparaisons peuvent faire naître dans votre
imagination le sentiment de votre relation intime avec toute réalité
différente. Dans une certaine mesure, le sentiment de grâce est votre
reconnaissance affective du but et de la nécessité de votre place dans
l’existence, de sa liberté et de son bien-fondé, l’appréciation innée que vous
en avez.
Voulez-vous une pause ?
(« Non. »)
Souvenez-vous aussi, en vos termes à présent, du gouffre gigantesque qui
vous sépare, en tant que moi, des cellules qui vous composent
physiquement. Votre identité présente contient la connaissance et la
« mémoire » de toutes ces existences simultanées, tout comme les cellules
gardent, à leur façon, le souvenir de toutes les structures physiques qu’elles
ont formées. Consciemment, du fait de votre concept de temps, vous
interprétez ces vies simultanées en termes réincarnationnels, l’une semblant
se produire après l’autre.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 21h52 à 22h07.)
Maintenant. Vos croyances, vos attentes et vos idées conscientes
gouvernent la santé et l’activité de ces cellules. Point.
Les cellules n’ont pas de libre arbitre, en vos termes. Elles ont la capacité
innée de participer à d’autres organisations, mais pas tant qu’elles vous sont
affiliées. Pour vous quitter, elles doivent changer de forme. Dans une
certaine mesure, vous déterminez leur « bonne santé », dans le cadre de leur
nature. Elles maintiennent aussi la vôtre. (Une pause.) En termes de
conscience, l’entité, ou votre grand moi, en sait autant par rapport à vous
que vous par rapport à vos cellules.
(Seth s’assure, avec humour, que je note cette dernière phrase
correctement.)
En revanche, vous disposez réellement du libre arbitre, car si la structure
psychique de l’entité peut être comparée au corps, elle fait partie de
dimensions beaucoup plus vastes, qu’elle habite. Tout cela peut sembler
n’avoir pas grand-chose à voir avec votre réalité personnelle. Pourtant votre
expérience quotidienne est aussi fortement liée à votre moi ou à votre entité
(soudain et ponctuellement plus fort) qu’aux cellules de votre forme
physique.
Il y a une relation intime évidente entre chaque cellule. Il y a un échange
ininterrompu et un regroupement de consciences à l’intérieur de la
miraculeuse structure corporelle. Votre idée de la réalité et la façon dont
vous en faites l’expérience est très différente de celle de n’importe quelle
cellule, pourtant les deux sont liées.
(Une pause à 22h20.) Un groupe de cellules forment un organe. Un
groupe de moi forment une âme. Je ne suis pas en train de vous dire que
vous n’avez pas une âme qui vous soit propre. (Plus fort, à nouveau, et avec
le sourire.) Vous êtes une partie de votre âme. Elle vous appartient et
vous lui appartenez. Vous demeurez dans sa réalité, tout comme une cellule
demeure dans la réalité d’un organe. L’organe est temporel, en vos termes.
L’âme ne l’est pas.
La cellule est matérielle, en vos termes. Le moi ne l’est pas. L’entité, le
grand moi, est donc composé d’âmes. (Une pause.) Comme le corps existe
dans le temps et l’espace, les organes ont des buts spécifiques. Ils
contribuent à maintenir le corps en vie et doivent demeurer « en place ».
L’entité a son existence dans des dimensions multiples, et ses âmes sont
libres de voyager à l’intérieur de limites qui vous sembleraient infinies.
Tout comme la plus petite cellule de votre corps participe, à son échelle, à
votre expérience quotidienne, l’âme, à un degré infiniment plus grand,
partage les évènements de l’entité.
Vous possédez en vous-même tous ces potentiels dans lesquels la
conscience joue un rôle créatif. La cellule n’a pas à se rendre compte de
vous consciemment pour s’accomplir, même si vos attentes concernant la
santé influencent grandement son existence, mais reconnaître l’existence de
l’âme et de l’entité peut vous aider à canaliser l’énergie de ces autres
dimensions dans votre vie quotidienne.
Vous êtes, cher lecteur, en train d’étendre votre structure psychique, en
train de devenir un participant conscient de l’âme et, en certains termes, de
devenir ce qu’est votre âme. Tout comme les cellules croissent et se
multiplient – à l’intérieur du cadre physique et selon leur propre nature –,
les moi « évoluent » en termes d’accomplissement de leurs valeurs.26
Les âmes sont aussi des structures psychiques créatives en perpétuel
changement, qui maintiennent néanmoins leur intégrité individuelle (une
pause) et qui dépendent toutes les unes des autres. Les âmes font la vie de
l’entité, en ces termes. Pourtant, l’entité est « plus » que l’âme. Faites une
pause.
(22h37. La transe de Jane a été très profonde. Elle a l’air d’en sortir
rapidement. Pourtant : « Je suis si loin… » Sa voix s’enroue. « J’ai
l’impression qu’on a fait passer une quantité phénoménale de matériau –
pas en termes de temps, mais de contenu. »
Reprise à 23h01.)
Maintenant. Quand vous vous rendez compte de l’existence de l’entité et
de l’âme, vous pouvez consciemment puiser dans leur vaste énergie, dans
leur force et leur compréhension.
Celles-ci vous sont disponibles de façon inhérente, mais votre intention
consciente déclenche en vous certains changements qui entraînent
automatiquement ces bénéfices. Le résultat s’en fait sentir jusque dans la
plus petite cellule de votre corps, jusque dans les évènements apparemment
les plus banals de votre vie quotidienne.
Votre conscience est en train de croître ; l’utiliser augmente donc ses
capacités. Il ne s’agit pas d’une chose mais d’un attribut, d’une
caractéristique. C’est pourquoi votre compréhension et votre désir sont si
importants. Normalement, vous ne pouvez pas vous rendre compte des
processus qui se mettent en route. Ils accompagnent automatiquement votre
intention, si vous n’y faites pas obstacle par la peur, par le doute ou par des
croyances opposées.
(Une longue pause.) Imaginez-vous comme faisant partie d’un univers
invisible, mais dans lequel toutes les étoiles et toutes les planètes sont
conscientes et pleines d’une énergie indescriptible. Vous vous en rendez
compte. Pensez à cet univers comme ayant la forme d’un corps. Si vous le
souhaitez, visualisez ses contours éclatants se détachant sur le ciel. Les
soleils et les planètes sont vos cellules, toutes pleines d’énergie et de
pouvoir, qui attendent vos instructions.
Voyez ensuite cette image exploser dans votre propre conscience, qui est
incroyablement brillante. Réalisez que c’est là une partie d’une structure
multidimensionnelle beaucoup plus vaste, s’étendant dans une dimension
encore plus riche. Sentez la façon dont l’entité vous envoie de l’énergie,
tout comme vous en envoyez à vos cellules. Laissez-la emplir votre être
puis dirigez-la physiquement vers toute partie de votre corps que vous
choisissez.
Si, au lieu de cela, il est un évènement physique que vous désirez
fortement, utilisez cette même énergie pour l’imaginer se produisant, de la
façon la plus vive possible. Si vous comprenez le sens de ces instructions et
que vous les suivez, le résultat va vous paraître incroyablement efficace. De
l’énergie peut être envoyée vers toute partie du corps et, si vous ne
permettez pas au doute d’entraver cette action, la partie du corps en
question va se trouver guérie. Mais attention : si vous entretenez la
croyance que vous êtes en mauvaise santé, cela peut constituer un obstacle.
Changer ce type de croyance particulière est la première chose à faire. (Une
pause.) L’un des buts de ce livre est de vous dire que personne ne naît
destiné à être en mauvaise santé, et le lire peut vous aider dans ce domaine.
En vos termes, si vous croyez que vous avez choisi la maladie pour
compenser des manquements dans des vies passées, cela peut vous aider de
réaliser que vous formez votre réalité maintenant, dans votre présent, et
que vous pouvez donc la modifier.
Nous discuterons plus loin de la question des malformations de
naissance. Nous parlons ici de conditions auxquelles il est possible de
remédier physiquement – mais pas de faire croître un bras s’il vous en
manquait un à la naissance, par exemple, ni de corriger d’autres lacunes
présentes dans le corps à la naissance.
(Une pause à 23h27.) Voulez-vous une pause ?
(« Non. »)
Votre corps est le produit fondamental de votre créativité sur le plan
physique. Au cours de votre vie, toutes les autres constructions reposent sur
son intégrité. Vos plus grandes entreprises artistiques doivent monter de
l’âme-dans-la-chair (avec des tirets). Vous vous créez chaque jour, vous
changez votre forme selon l’incalculable richesse de vos multiples facultés.
(De façon très positive.) Ainsi jaillissez-vous, avec votre désir et votre libre
arbitre, de la splendide richesse psychique de l’âme. À votre tour, vous
créez d’autres créatures vivantes. Vous produisez aussi des formes d’art –
des constructions vivantes et fluides que vous ne comprenez pas, en termes
de sociétés et de civilisations –, et tout cela passe par votre alliance avec la
chair et le sang.
Cette créativité, la plus grande force présente dans toute réalité, provient
de sources dont nous n’avons pas encore parlé dans ce livre et elle descend
jusqu’à la plus petite molécule, jusqu’au plus petit atome. Votre santé est
une extension de votre créativité. De même que votre relation avec votre
partenaire, avec votre patron ou avec le genre d’évènements personnels qui
vous sont familiers.
Maintenant, accordez-nous un instant ; et si vous le souhaitez, reposez
votre main.
(Une pause à 23h34.) Titre du prochain chapitre. Celui-ci est le chapitre
9, me semble-t-il.
(« Oui. »)
Bien. (Avec des pauses.) « Votre corps comme votre unique sculpture
vivante. Votre vie comme votre œuvre d’art la plus intime, et la nature de la
créativité telle qu’elle s’applique à votre expérience personnelle ».
(« Ça y est ? »)
C’est entièrement du titre. Vous l’avez clairement ?
(« Oui. » Une note ajoutée plus tard : ici, Seth se trompe, comme on va le
voir dans la session 639. Il s’agit là du titre de la deuxième partie du livre,
et non du chapitre 10. Cette erreur a entraîné une certaine confusion de
notre part pendant quelque temps.)
Vous pouvez terminer la session ou faire une pause, comme vous
préférez.
(À regret : « Il vaut mieux la terminer, je crois. »)
Alors, je vous souhaite une affectueuse bonne soirée…
(« Même chose pour vous. »)
… et Ruburt est sur la bonne piste, avec votre aide.
(« Très bien. » Seth fait ici allusion aux projets d’écriture auxquels Jane
travaille dans la journée.)
Mes salutations les plus affectueuses.
(« Merci. Bonne nuit, Seth. »
Fin à 23h40. Quand Jane s’est réveillée, le lendemain, elle avait en tête
cette phrase de Seth provenant de la session d’hier soir : « Un groupe de
moi forment une âme. » Voir le paragraphe de matériau qui suit la pause de
22h20. Nous avons l’habitude de penser, de façon très commode, que
chacun d’entre nous a son âme individuelle. Est-ce que Seth veut dire que
nous partageons une âme avec d’autres ?
Jane est sûre d’avoir livré le matériau correctement et, en vérifiant, nous
voyons que mes notes le confirment. Même après avoir vérifié le reste du
paragraphe en question, elle voudrait en savoir plus ; elle n’aime pas
beaucoup l’idée d’une âme de groupe ou d’en partager une. Nous décidons
de demander à Seth de développer – chose que nous faisons rarement.
Une relecture du chapitre 6 de Seth parle, « L’âme et la nature de ses
perceptions », nous rappelle que les attributs de l’âme sont réellement sans
limites.)

SESSION 638
MERCREDI 7 FÉVRIER 1973

(Une session s’imposait lundi soir, le 5 février, car elle était prévue
depuis un certain temps pour un visiteur venu d’un autre État, mais, le
moment venu, nous n’en avions plus très envie. Jane et moi avions eu la
tristesse de découvrir, lundi matin, que notre chat noir, Rooney, était mort
de façon inattendue pendant la nuit. C’était un chaton errant quand nous
l’avons recueilli, il y a quatre ans. Je l’ai enterré dans le jardin. Autant que
je sache, le voisinage avait été son territoire.
Le caractère particulier de Rooney en faisait un compagnon idéal pour
notre autre chat, Willy, plus âgé de quelques années, et nous nous sommes
souvent interrogés, Jane et moi, sur leur relation particulière. Willy avait
toujours été le chef. Incidemment, on peut voir Rooney et Jane en photo,
dans l’édition du Matériau de Seth qui a une couverture cartonnée.
La session de lundi soir concernait l’utilisation des drogues
hallucinogènes, dont le LSD, en thérapie ; il n’y a pas eu de dictée pour le
livre. En fait, une fois que Jane a commencé à parler pour Seth, la session
s’est très bien passée et elle a duré jusqu’à minuit. Notre visiteur doit nous
envoyer la transcription des cassettes enregistrées. À la fin de la journée,
Jane et moi étions épuisés.
Pourtant, son utilisation de l’énergie pendant le cours de perception
extrasensorielle de mardi soir était remarquable, une fois de plus. Elle est
passée de Seth à des chants en sumari pendant toute la soirée.
Seth a déjà donné le titre du chapitre 10, mais en m’asseyant pour la
session, je rappelle à Jane ses questions concernant les âmes de groupe,
décrites à la fin de la session 637. Ce soir, il fait à nouveau
inhabituellement chaud ; une fenêtre est ouverte et nous entendons le bruit
de la circulation. Le débit de Jane est relativement rapide au début.
21h09.) Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Accordez-nous un moment pour la dictée. ( À nouveau pour le chapitre
9.)
Je vois que ma comparaison de l’âme avec un organe à l’intérieur de la
structure psychique multidimensionnelle de l’entité vous embrouille. Nous
allons rectifier en comparant les mêmes propriétés mais en changeant le
mot « âme » pour « sur-âme »27.
Comme nous l’avons vu (à 22h20 dans la session 637), et en suivant
simplement cette comparaison, chaque moi a sa propre âme à l’intérieur de
la sur-âme et celle-ci fait elle-même partie de la structure
multidimensionnelle de l’entité.
La déclaration précédente est parfaitement claire pour moi, car chaque
moi appellerait son âme cette portion de sa réalité plus grande à l’intérieur
de l’unité entière. Maintenant, est-ce que cette explication éclaircit les
choses pour vous ?
(« Oui, je crois… »)
Si c’est clair pour vous, ça le sera aussi pour le lecteur.
(Bien que j’aie répondu par l’affirmative, je regarde dans le dictionnaire
la définition de sur-âme à la première pause, pour le cas où je voudrais
demander d’autres éclaircissements à Seth. Le dictionnaire décrit la sur-
âme comme l’esprit qui imbibe tout ce qui vit, résultant dans la réalisation
parfaite d’une nature idéale. C’est, au XIXe siècle, l’un des concepts de la
philosophie transcendentale de Ralph Waldo Emerson et d’autres.)
Je comprends bien que tout ce matériau est compliqué. Il est également
difficile à expliquer. Il devient pourtant tout à fait pertinent dans bien des
cas de votre vie et il a un effet sur votre expérience et sur votre existence
quotidienne. J’ai donné cette information à dessein au moment où je l’ai
fait, sachant que notre visiteur en provenance de la clinique psychiatrique
serait là.
Je veux parler de l’état de grâce de différentes manières, et en détail, au
cours de ce livre. (Une pause.) Le jeune homme qui est venu ici a décrit de
manière détaillée la façon dont on utilise le LSD dans un travail de thérapie
avec des patients. Les psychologues espèrent apporter un remède à
différentes difficultés affectives en introduisant, littéralement, un « état de
grâce ». Point.
Le matériau que je vous ai donné est nécessaire pour comprendre l’effet
que des doses massives de LSD peuvent avoir sur l’individu. Il s’agit ici
d’une technique artificielle, forcée, dont on espère qu’elle va amener une
illumination physique, mentale et spirituelle. Cette illumination est censée
apporter une meilleure santé, la connaissance de soi-même et un état de
paix intérieur. Grâce à cette thérapie, on doit rencontrer la conscience et la
conquérir une fois pour toutes.
(« Vous voulez dire la conscience elle-même ou le fait d’avoir
conscience ?)
La conscience. Est-ce que je parle assez clairement ?
(« Oui. » Même si j’ai besoin de demander de temps en temps qu’un mot
soit répété.)
Ici, l’idée est que le moi doit se défaire de l’ego, qu’il doit mourir
symboliquement pour que le moi intérieur puisse être libre.
(21h29.) Une discussion concernant le LSD, la conscience, « la mort et la
naissance du moi », la santé mentale et l’illumination spirituelle peut
donner l’impression de n’avoir aucune application pour ceux d’entre vous
qui n’ont jamais pris de drogues. Mais chacun d’entre vous espère trouver
l’illumination, la compréhension et une plus grande vitalité, d’une façon ou
d’une autre, et chacun se demande quelles méthodes peuvent l’aider à
atteindre ces buts. Une bonne partie de ce livre va être consacrée à diverses
techniques qui vont vous aider à transformer votre réalité pour le meilleur.
Le chapitre prochain va d’ailleurs traiter de certains des sujets dont il a
été question dans celui-ci : jusqu’à quel point pouvez-vous vous rendre
compte, en tant qu’individu, de votre propre réalité plus vaste ? Pouvez-
vous utiliser cette connaissance dans le but d’améliorer votre vie
quotidienne ? Si vous êtes sérieusement en difficulté, le LSD, accompagné
d’une thérapie, peut-il vous aider ? Une substance chimique peut-elle ouvrir
les portes de l’âme ?
Maintenant : fin du chapitre.
(Une pause à 21h35.) Vous ne perdiez pas votre temps, l’autre soir. Ceci
n’est pas pour la dictée.
(« D’accord ». Rétrospectivement, nous nous sommes demandé, Jane et
moi, si la session de lundi aurait dû être de la dictée pour le livre – mais
Seth a utilisé ce matériau ce soir.)

23 Une note ajoutée plus tard : pour en savoir plus sur les Dialogues, les états de conscience
modifiée, les processus créatifs, etc., voir les notes à la fin de la session 618, chapitre 3, et celles de
la session 639, chapitre 10.
24 Dans Seth parle, chapitre 3, Seth dit : « Les hypothèses-racines sont les idées préconstruites de la
réalité… les conventions sur lesquelles vous fondez votre idée de l’existence. L’espace et le temps
font partie de ces hypothèses-racines. Lorsque je communique à l’intérieur de votre système, je dois
comprendre et utiliser les hypothèses-racines sur lesquelles il repose. »
25 Pour le bouddhisme, on atteint le nirvana – état de perfection paradisiaque – par
l’anéantissement de la vie individuelle et l’absorption de l’âme dans l’esprit suprême.
Toutefois, pendant un cours de perception extrasensorielle récent, Seth a dit : « Il n’y a rien de plus
mortel que le nirvana. Les concepts chrétiens vous donnent au moins le vague espoir d’un paradis
ennuyeux et étouffant où votre individualité peut en tout cas s’exprimer, mais le nirvana n’apporte
pas ce genre de réconfort. Il vous propose au contraire l’anéantissement de votre personnalité, dans
une béatitude qui détruit l’intégrité de votre être. Fuyez cette béatitude ! »
26 J’ai toujours trouvé les termes de Seth « accomplissement des valeurs » particulièrement
évocateurs. Il a commencé à les utiliser peu de temps après le début des sessions. Dans la session 44,
le 15 avril 1964, il dit : « Dans votre univers [physique] de camouflage, la croissance est associée
avec le fait de prendre plus de place. En fait, dans notre univers intérieur (…) la croissance existe en
termes d’expansion de la valeur ou de la qualité dont j’ai parlé et ne suppose nullement – je répète –,
ne suppose nullement une expansion au niveau de l’espace. Contrairement à ce qui se passe dans
votre univers de camouflage, cela ne suppose pas non plus une sorte de projection dans le temps.
Je vous le donne en des termes aussi simples que possible. Si la croissance est l’une des lois
physiques les plus nécessaires dans votre univers de camouflage, l’accomplissement des valeurs lui
correspond dans l’univers de la réalité intérieure. »
27 Oversoul en anglais (N. d. l. T.).
CHAPITRE 10

La nature de l’illumination spontanée et la


nature de l’illumination forcée. L’âme en
vêtements chimiques.

Chapitre suivant.
(Jane, en tant que Seth, reste immobile pendant plus d’une minute, assise
dans son fauteuil à bascule. Ses yeux sont fermés. Elle m’a souvent dit
qu’elle ne se rend pas compte de ces longues pauses lorsqu’elle est en
transe.)
« La nature de l’illumination spontanée, et la nature de l’illumination
forcée. L’âme en vêtements chimiques. »
À présent, vous pouvez faire une pause, puis nous allons commencer.
(21 h 40. Je n’ai pas réalisé avant la fin de cette session qu’il s’agissait
là du second titre que Seth donne au chapitre 10. Lundi, nous n’avons pas
fait de dictée pour le livre – c’est peut-être pourquoi je ne m’en suis pas
rendu compte. [Voir le matériau à la fin de la session 637.] Reprise à
21 h 52.)
Maintenant. Ce jeune homme, qui est l’assistant d’un médecin renommé,
vous a écrit et a demandé une session (le 13 novembre 1972). Il y a
quelques jours, il est passé un soir (le lundi 5 février) et il a suivi le cours de
Ruburt le lendemain. Je lui ai parlé en ces deux occasions.
Depuis quelque temps, il travaille avec des drogues dans un cadre
thérapeutique. Avant cela, il avait parcouru l’Inde et fini par suivre un
gourou. Puis il quitta le gourou pour suivre le docteur. Comme beaucoup
d’hommes jeunes de toutes les époques, il suivait son chemin, en quête de
vérité, retournant chaque pierre dans l’espoir d’accéder aux méthodes qui
l’aideraient à découvrir – en majuscules – LA VOIE.
La méditation lui avait apporté un certain éclairement, mais le gourou [en
Inde] lui avait demandé une obéissance aveugle. Le docteur offrait
davantage de liberté et l’espoir que peut-être, grâce aux drogues
chimiques, les portes de la vérité pourraient s’ouvrir, du moins au sein de
son âme. Notre chercheur revint donc dans ce pays et s’associa à une
importante organisation.
Il vit des malades, des malheureux et des névrosés conduits dans ce
nouveau temple de la vérité, où l’absorption de drogues chimiques
remplaçait, pourrait-on dire, la communion du pain. Il eut le sentiment que
cela apportait un certain bienfait, mais il craignit aussi qu’on y procède à
d’inutiles et dangereuses manipulations.
À plusieurs reprises, et sous contrôle, il prit lui-même des drogues, par
petites doses au début, puis en plus grande quantité. Il rencontra quelque
chose de particulièrement effrayant. Le docteur suggéra alors qu’il se
confronte à lui-même en ingérant à nouveau une très forte dose et, bien que
ne le souhaitant pas, le jeune homme accepta.
L’expérience fut si dévastatrice qu’il supplia qu’on lui administre un
antidote, sachant, ce faisant, que c’était aller à l’encontre de toutes les
règles. De toute façon, on le lui refusa. Par la suite, il affirma qu’il était
heureux d’avoir été forcé d’aller jusqu’au bout ; ce sont pourtant de sérieux
doutes qui l’ont amené ici et qui, en fin de compte, vont le conduire vers
d’autres domaines très éloignés de ce genre de thérapie.
Nombreux sont ceux qui sont venus à moi ou qui m’ont écrit après de
« mauvais trips » ; les jeunes, en particulier, qui sont toujours de grands
chercheurs de vérité, très tentés de se tourner vers la chimie, le LSD
aujourd’hui1, comme dernier moyen en date pour y parvenir. Je ne parle pas
ici de la marijuana, qui est totalement différente, et un produit naturel de la
Terre. Je parle d’éléments chimiques nés de votre connaissance
technologique.
Lorsque vous êtes assez heureux et content de votre vie quotidienne, on
peut dire que vous êtes dans un état de grâce. Dans ces moments-là, quand
vous avez le sentiment de ne faire qu’un avec l’univers, ou quand vous
vivez une expérience exceptionnelle dans laquelle vous semblez vous
transcender, on peut dire que vous êtes en état d’illumination ; celle-ci
comporte de nombreux degrés et niveaux. D’une manière générale, votre
santé physique bénéficie de n’importe lequel de ces états, bien que certaines
croyances puissent y faire obstacle.
(22 h 14.) Ces états naturels activent dans vos cellules une mémoire
« passée » liée à une réponse cellulaire joyeuse, provoquée par des
évènements particuliers de votre vie, que vous vous en rendiez compte ou
pas.
Ce type personnel de mémoire cellulaire déclenche à son tour, à des
degrés divers, des réactions dans d’autres strates au sein des cellules. Une
fois encore, chaque molécule, chaque atome porte en lui la « mémoire » de
ses expériences « antérieures ». En fonction de l’état d’illumination ou de
grâce, cette mémoire collective qui n’implique pas nécessairement votre
expérience personnelle, peut être activée – même si votre propre rôle et les
évènements de votre vie peuvent y apparaître, dans un cadre totalement
différent de celui qui vous est familier.
Tout ce que vous vivez, par exemple, est inscrit dans la mémoire de
l’univers, tel que vous le concevez. (Une pause.) Dans un état
d’illumination, une mémoire cellulaire privée peut donc être activée et, au-
delà, un niveau plus profond de connaissance dans lequel votre propre
naissance et votre mort peuvent être expliquées – mais pas forcément.
Voulez-vous faire une pause ?
(« Non. »)
Bien sûr, vous faites spontanément, en diverses occasions, l’expérience
de ces états de grâce et d’illumination, même si vous n’employez sans doute
pas ces termes-là pour les décrire. Vous vous sentez en paix avec vous-
même et avec votre monde, ou bien vous vous surpassez ; vous avez
soudain le sentiment de faire partie d’évènements et de phénomènes dont
vous pensez d’ordinaire qu’ils n’ont rien à voir avec vous. Mais dans tous
les cas ces expériences sont naturelles et font partie de votre héritage.
Encore une fois, votre esprit conscient est une partie de votre moi
intérieur et il change constamment. En termes de conscience de l’espèce, il
s’agit là d’un développement de grande importance. L’esprit conscient puise
sa force à cette source de vitalité et de régénération, qui s’élève
naturellement jusqu’à la conscience. Les psychologues voient en général
des personnes qui sont déjà en difficulté. L’homme heureux n’a pas besoin
de consulter. Peu d’études ont été menées pour découvrir pourquoi l’homme
heureux est heureux ; pourtant ces réponses seraient hautement pertinentes.
Dans les thérapies qui utilisent des doses massives de LSD, les
conditions d’une aliénation mentale, chimiquement induite, sont mises en
place. Par aliénation mentale, j’entends une situation dans laquelle l’esprit
conscient est contraint à un état d’impuissance. La psyché est littéralement
prise d’assaut, de même que la structure organisationnelle qui vous permet
d’exister rationnellement dans le monde que vous connaissez. L’ego, bien
sûr, ne peut pas être annihilé dans la vie physique. Tuez-en un, et un autre
émergera obligatoirement du moi intérieur qui en est la source.
Faites votre pause.
(De 22 h 34 à 22 h 39.)
Maintenant. Dans ces conditions forcées, vous mettez littéralement la
conscience égotiste face à sa propre mort, dans une rencontre qui n’a pas
lieu de se produire – et cela alors même que le corps physique lutte pour sa
propre vie et sa vitalité. Vous occasionnez là une difficulté de grande
envergure.
Le paysage de la psyché se révèle réellement et fournit d’importantes
données au psychiatre. Mais pour les patients qui subissent ces expériences
– tout ceci s’applique à la prise de doses massives – cette terrible rencontre
rejoue la naissance de l’espèce au sein de la conscience, ainsi que sa mort
lorsque celle-ci se retire, annihilée ; ce qui est suivi par sa renaissance,
quand le patient, en tant qu’individu, lutte pour émerger à nouveau de
dimensions qui, dans ces conditions, ne sont pas naturelles.
Les structures biologiques et psychiques les plus profondes sont
modifiées. Je n’ai pas dit qu’elles étaient endommagées, bien que cela
puisse parfois être le cas. La conscience est attaquée à ses racines. Quand
on ressent des moments de transcendance dans ces conditions, ils
représentent la naissance psychique d’une personnalité nouvelle, issue des
sources de l’ancienne et de sa mort psychique. Dans certains cas, les
messages génétiques ont changé ; en cela, la nouvelle et l’ancienne sont
différentes. (Avec force.) C’est une mise à mort psychique dans un cadre
technologique.
Sous LSD, vous êtes très influençable. Si on vous dit que l’ego doit
mourir, vous allez le tuer. Même dans les meilleures conditions, vous allez
suivre télépathiquement les idées de votre guide. (Une longue pause.) La
« renaissance » psychique peut vous laisser avec un lot de problèmes
totalement nouveaux, qui se dressent sur le lit des anciens et qui sont pour
l’instant indéchiffrables.
Le nouvel ego se rend très bien compte des conditions de sa naissance. Il
sait qu’il est né de la mort de son prédécesseur et, malgré toutes les
sensations de joie transcendante, assez naturelles à sa naissance, il craint
cette annihilation dont il est issu.
L’intégrité naturelle de la condition de créature n’est plus la même. On
n’aura plus jamais la même confiance dans le monde physique. L’alliance
avec lui n’est plus aussi sûre. (D’un ton toujours ferme et positif.) Le
« moi » qui était né dans le corps, et qui avait grandi avec lui, a disparu et
un autre moi a émergé de l’organisation précédente.
Maintenant. De tels changements se produisent naturellement au cours de
la vie ; et quand le moi se modifie, il est différent de ce qu’il était. Lorsque
cela se produit « tout seul », il s’agit d’un reflet inné de la créativité de la
psyché et ce changement se produit à son propre rythme – en lien avec les
saisons de l’esprit, du sang, de la conscience et des cellules, selon des
modes que vous ne comprenez pas encore. Mais l’ensemble de la structure
et ses relations subsidiaires changent ensemble si bien que l’esprit conscient
est capable d’assimiler ce qui se passe.
Vous vous développez et vous vivez à travers des morts qui se produisent
constamment en vous et, au cours de votre vie, vous évoluez à travers des
naissances que vous ne comprenez pas. (Jane se penche en avant avec
insistance.) Ces doses massives de LSD activent chimiquement tous les
niveaux de mémoire cellulaire, au point que, d’une certaine manière, ces
cellules ne sont plus responsables d’elles-mêmes ; les souvenirs peuvent
alors surgir de façon imprévisible quand l’organisme est stressé. La délicate
alliance biologique et psychologique est affaiblie.
Faites une pause.
(De 23 h 02 à 23 h 24.)
Maintenant. C’est uniquement parce que vous croyez que l’ego est un
parent pauvre du moi que vous avez recours à de tels procédés pour faire
jaillir la connaissance intérieure.
C’est uniquement parce que certains ne se rendent pas compte de la
résilience de leur propre conscience qu’ils acceptent de tels procédés.
Patient et thérapeute partagent donc la croyance que l’esprit conscient
n’accède pas facilement à la connaissance dont il a besoin.
Ils partagent également d’autres croyances : par exemple, que le moi
intérieur est le dépositaire de toutes les peurs, de toutes les terreurs et de
toutes les barbaries inacceptables et refoulées ; qu’il faut d’abord
contraindre le moi intérieur à se débarrasser de ce matériau pour qu’il
puisse exprimer son pouvoir, son énergie, sa force en termes positifs et
créatifs ; et qu’en conséquence, le moi doit aller à la rencontre de toutes les
terreurs de son passé et y faire face pour se libérer des peurs du présent.
Il ne s’agit là que d’un système de croyances, dans lequel le patient et le
thérapeute fonctionnent tous deux. La spontanéité de ce type de séances
donne en effet l’impression d’offrir aux psychiatres et aux psychologues
une carte de la psyché. Statistiquement, les expériences individuelles, bien
que différentes, suivent bien sûr un schéma – le schéma des croyances
consciemment reconnues et auxquelles les individus réagissent par
télépathie.
En arrière-plan, il est possible d’entrevoir, sous forme de symboles, une
configuration précise, quoique déformée, de la psyché. Ces symboles sont
une tentative de la conscience pour représenter la mémoire cellulaire. Le
mouvement psychique excite toujours les molécules. La « connaissance »
latente, innée et fluide des molécules accroît la « connaissance » des
cellules (sourire). Elles œuvrent facilement ensemble. Sous l’assaut
psychique forcé de doses massives de LSD, la compréhension même des
molécules tente de s’ouvrir. Or ce n’est pas quelque chose que l’on peut
percevoir physiquement. L’intégrité cellulaire elle-même peut être
menacée. Ruburt a parfaitement raison de penser que ceci est beaucoup plus
néfaste que n’importe quelle thérapie de choc physique à laquelle le corps
serait soumis.
Et le pire, c’est que tout cela est inutile. Ce traitement repose sur l’idée
que l’esprit conscient est totalement incompétent, que les problèmes
profonds ne sont pas de son ressort, qu’il est uniquement destiné à être
analytique et qu’il est incapable de traiter le matériau d’ordre intuitif ou
psychique. Ce sont vos croyances seules qui créent cette situation.
(23 h 38.) Pareils assauts contre votre conscience constituent un défi pour
la stabilité de votre espèce, et une insulte pour l’intégrité de votre condition
de créature. On pourrait dire que ces substances chimiques sont naturelles
puisqu’elles existent au sein de la réalité que vous connaissez, mais le corps
est équipé pour gérer les ingrédients provenant de la Terre. De fortes doses
de drogues « artificielles » de ce type ne sont pas facilement assimilées et
provoquent une confusion biologique.
Dans leur cadre de vie naturel, certains Amérindiens utilisent le peyotl à
leur façon – mais pas comme des gloutons qui étourdissent et anéantissent
leur organisme. Ils le reçoivent comme un ingrédient naturel appartenant à
leur structure terrestre. Ils n’essayent pas de se projeter violemment hors de
leur existence. Ils l’utilisent pour accroître les perceptions innées qu’ils
possèdent.
Ils deviennent une partie de Tout-ce-qui-est – comme ils devraient
l’être – sans mourir à ce qu’ils sont. Ils sont capables d’assimiler leur
connaissance, de la diriger délibérément à la fois vers leur vie individuelle
et leur structure sociale. Ils l’utilisent aussi, bien sûr, à l’intérieur de leur
propre système de croyances, dans lequel leur condition de créature est
comprise et va de soi. L’esprit conscient est perçu comme un complément
de l’être biologique, plutôt que comme un handicap.
Comme il a déjà été mentionné (session 621, chapitre 4), il y a, pour
parler simplement, deux écoles de pensée en vogue actuellement.
L’une croit que l’esprit conscient et l’intellect ont toutes les réponses,
mais, pour elle, cela signifie que l’esprit conscient est avant tout analytique
et qu’il peut trouver toutes les réponses grâce à la raison seule. L’autre école
croit que les réponses se trouvent dans les sentiments et les émotions.
Toutes deux se trompent. L’intellect et les sentiments constituent ensemble
votre existence, mais il est particulièrement fallacieux de croire que l’esprit
conscient doit être avant tout analytique, par contraste avec la
compréhension ou l’assimilation d’une connaissance psychique intuitive.
Aucune de ces deux écoles ne perçoit la flexibilité de l’esprit conscient,
ni les possibilités qui lui sont inhérentes ; et le genre humain a tout juste
commencé à utiliser ses potentiels.
Maintenant. Je vais terminer la dictée. Avez-vous des questions ?
(« Non. »)
Le matériau concernant votre chat est disponible quand vous voulez.
(« Oui. Merci. » Il est trop tard ; nous sommes tous deux fatigués.
Pendant la session de lundi dernier, que nous avons supprimée, Seth avait
déjà dit que les données relatives à la vie et à la mort de Rooney étaient à
notre disposition.)
Et je suis heureux de notre contrat…
(« Nous aussi. » Tam Mossman, l’éditeur de Jane à Prentice Hall, lui a
annoncé au téléphone qu’elle va recevoir dans quelques jours un contrat
pour la publication de ce livre.)
… mais, en fait (avec un sourire), je le savais, voyez-vous.2
(« Oui. Bonne nuit, Seth. »
D’une voix plus forte et joviale.) Et ne vous inquiétez pas pour les délais.
Nous pouvons faire trois sessions par semaine, si vous le souhaitez.
(« D’accord. » Ce manuscrit doit, si possible, être remis en octobre.)
Je peux tout faire, sauf taper à la machine.
(Fin à 23 h 55. « Maintenant, il me reste toute cette énergie, dit Jane,
rapidement sortie de transe. Je la sens circuler en moi. Je pourrais faire
une grande promenade ou jouer au badminton – ou même avoir une
session », plaisante-t-elle.
Dire que Jane a de l’énergie tout en étant fatiguée n’est pas
contradictoire. À minuit, elle me chante une courte chanson en sumari. Ce
chant est très clair, lyrique et apaisant ; aujourd’hui, j’étais d’humeur
morose et elle tente de me remonter le moral. Comme toujours, elle me
paraît transportée quand elle chante si bien, assise dans son fauteuil à
bascule, la tête rejetée en arrière et les yeux clos. Par moments, elle fait
appel à une réelle puissance en sumari, qui contraste ensuite avec des
passages très délicats. Elle contrôle parfaitement sa respiration. Pourtant,
elle n’a reçu aucune éducation musicale.
Jane parle du sumari dans l’introduction de ce livre. Elle a inclus une
sélection de poèmes et de textes en prose, écrits en sumari, en appendice de
son roman, The Education of Oversoul 7, que Prentice-Hall doit publier cet
automne.)

SESSION 639
LUNDI 12 FÉVRIER 1973

(Après la dernière session, j’avais dit à Jane que j’étais très intrigué par
le fait que Seth avait donné deux titres au chapitre 10, mais il n’y avait rien
là de bien mystérieux.
21 h 05.)
Maintenant. Je vous souhaite le bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
La première partie du livre va s’intituler : « Là où vous et le monde vous
rencontrez ». Le titre sur lequel vous vous interrogiez est celui de la
seconde partie du livre (« Votre corps comme œuvre vivante unique sculptée
par vous, etc. » donné dans la session 637, chapitre 9). Le titre faisant
référence à l’âme en vêtements chimiques est destiné au chapitre suivant
(10), qui est le premier de la seconde partie.
(« D’accord. »)
Maintenant. Ces indications sont pour vous. (Une pause.) Dictée. Votre
corps, c’est vous en chair. Comme je l’ai mentionné dans d’autres livres,
l’âme ne peut à aucun « moment » s’affirmer totalement dans l’expérience
corporelle ; dans ces conditions, il y a donc toujours des parties de vous qui
demeurent inexprimées.
L’ensemble de votre expérience physique doit évidemment être ancré
dans la réalité matérielle du corps. L’énergie qui anime votre image vient de
votre âme. Par vos pensées, vous orientez l’expression du corps, qu’il
s’agisse de bonne santé ou de maladie. Grâce à une connaissance du
contenu de votre esprit conscient, vous pouvez certainement guérir la
plupart des maladies du corps, dans des conditions qui seront exposées plus
loin.
Vos idées elles-mêmes suivent certaines lois de créativité. Elles ont leur
propre rythme. Les processus associatifs de votre esprit, qui opèrent à
travers le cerveau, sont en étroite connexion avec le comportement
microscopique de vos cellules. Quand vous apprenez à utiliser vos pensées,
ou même lorsqu’elles évoluent naturellement, cela entraîne des
modifications à l’intérieur des cellules. Il y a une progression ordonnée, une
relation intime.
Quand on a recours à des doses massives de LSD, on crée artificiellement
une zone de sinistre d’où l’on espère sauver un moi fonctionnant
efficacement. Il est vrai que l’on peut ainsi briser les vieilles interactions
entre un schéma associatif de pensées et son mode d’action habituel, mais il
est également vrai que la structure intérieure, ordonnée, a subi un choc
physique et biologique.
(Une pause d’une minute à 21 h 21.) Dans la vie quotidienne normale,
une thérapie naturelle importante intervient souvent dans le rêve, alors
même qu’interviennent des cauchemars si effrayants qu’ils réveillent le
dormeur. L’esprit conscient de l’individu est alors obligé de faire face à la
situation émotionnellement chargée – mais après l’évènement,
rétrospectivement. Le cauchemar lui-même peut être un traitement de choc
qu’une partie du moi administre à une autre, et dans lequel la mémoire
cellulaire est profondément ébranlée, comme ce serait le cas avec une dose
massive de LSD.
Mais le moi est, pour lui-même, le meilleur des thérapeutes. Il sait
exactement combien de « chocs » de ce genre peuvent bénéficier à la
psyché, quelles associations animer au moyen de ces images et de ces
expériences intenses, et celles auxquelles il ne faut pas toucher.
Les cauchemars en série sont souvent une thérapie de choc orchestrée de
l’intérieur. Ils peuvent faire très peur au moi conscient, mais, au bout du
compte, celui-ci se réveille dans son monde normal, ébranlé peut-être, mais
en sécurité dans le cadre de la journée.
D’autres évènements vécus en rêves peuvent, bien qu’oubliés, aider
l’individu à amortir les effets de ces « thérapies par le cauchemar ». Tout
comme certains traitements au LSD débouchent finalement sur un
sentiment de renaissance (qui, cependant, n’est souvent que temporaire),
une période de cauchemars mène fréquemment, de façon très naturelle, à
des rêves dans lesquels le moi établit enfin des connexions nouvelles, et
plus vastes, avec la source de son être.
(21 h 32.) Si les scientifiques étudiaient les facultés naturelles de
guérison propres au corps et à l’esprit, ils pourraient apprendre à les
stimuler, car ces processus – et je n’en mentionne ici qu’un seul – se
déroulent continuellement tout au long de la vie.
Quand de larges doses de substances chimiques sont employées, l’esprit
conscient est confronté de plein fouet à des expériences très puissantes
auxquelles il n’était pas censé faire face, et qui sont utilisées délibérément
pour lui donner un sentiment d’impuissance. (Une pause.) Lorsqu’il est
confronté au cauchemar extérieur que sont les guerres et les catastrophes
naturelles, l’esprit conscient est toujours orienté vers l’extérieur, vers ce
monde pour lequel il sait avoir été formé, afin de pouvoir y faire face. Dans
les moments de stress physique important, ce même esprit puise dans les
pouvoirs du corps et du moi intérieur pour accomplir des prouesses
véritablement héroïques – qui, après coup, le laissent songeur quant au
pouvoir et à l’énergie du moi en temps de crise.
Sa propre stabilité et sa propre conscience peuvent s’en trouver
grandement approfondies, et renforcées. Dans les périodes où la rencontre
avec la nature est apparemment pleine de calamités, des individus peuvent
être surpris par leur propre aptitude à entrer en relation avec les autres. Mais
la situation est inversée dans le cas d’une catastrophe psychique
artificiellement induite par une thérapie fondée sur une prise massive de
LSD. La conscience se trouve alors dans une situation de crise ; non parce
que cette dernière provient du monde extérieur, mais parce qu’on force la
conscience à se battre sur un terrain pour lequel elle n’a pas été conçue et
qu’elle ne peut comprendre, un terrain où ses alliés les plus fondamentaux –
la mémoire, l’organisation et tous les pouvoirs du moi intérieur – se
transforment soudain en ennemis.
La conscience devient vulnérable à toutes ces forces qu’elle était censée
diriger, et elle se trouve en même temps dépouillée de ses capacités
logiques naturelles – en fait, du sentiment même de son identité. (Avec
insistance.) Il n’y a rien d’extérieur contre quoi elle puisse agir ni aucune
structure dans laquelle trouver son équilibre.
Ruburt a travaillé sur un livre de poèmes appelé The Dialogues et,
récemment, il y a écrit un texte sur les doubles mondes. Un soir, il était
debout devant la fenêtre de la cuisine et, sans la moindre drogue, il a vu en
bas une flaque d’eau de pluie se transformer soudain en une créature
vivante, merveilleusement fluide, qui s’est levée et s’est mise à marcher
tandis que la pluie ruisselait lentement le long de ses flancs liquides.
Pendant qu’il observait cette réalité, Ruburt était empli de joie. Il savait
que, dans le monde physique, la flaque était plate, mais qu’il percevait une
autre réalité tout aussi dense ; une réalité plus vaste, en fait, dans laquelle
cette créature-pluie avait son être.
Pendant un moment, Ruburt a vu des mondes doubles avec ses yeux
physiques. Bien que cette expérience soit exaltante, elle aurait pu tourner au
cauchemar si son esprit conscient n’avait pas clairement compris ce qui se
passait ; si, par exemple, en sortant dans la rue, Ruburt était tombé à
l’improviste sur des créatures vivantes émergeant de chaque flaque d’eau ;
et si, malgré tous ses efforts, il n’avait pas pu les faire disparaître. Telle
quelle, ce fut une expérience bénéfique.
Mais quand vous contraignez l’esprit conscient à des rencontres
beaucoup moins plaisantes, et que vous lui dérobez dans le même temps sa
faculté de raisonner, vous insultez alors le fondement même de son être.
Vous pouvez faire votre pause.
(21 h 51. La transe de Jane a été vraiment profonde, son débit parmi les
plus rapides depuis que Seth a commencé ce livre. À présent, elle bâille à
plusieurs reprises.
Quand elle a vécu cette expérience avec la flaque d’eau – ainsi qu’une
autre décrite juste après – je lui ai demandé de mettre par écrit ces deux
évènements, au cas où Seth y ferait référence. Son texte, ainsi qu’une
sélection appropriée de poèmes tirés de Dialogues, est présenté avec les
notes de la prochaine pause. Reprise à un rythme légèrement plus lent à
22 h 20.)
Dictée. (Murmuré avec humour.
Je murmure en retour : « D’accord. »)
Maintenant. Quelques instants après l’expérience de Ruburt avec la
créature-pluie, il y en a eu une autre. Debout dans la cuisine, qui est
extrêmement petite, il avait les yeux grand ouverts – quand soudain une
boule de lumière jaune et douce est apparue devant lui.
Il l’a vue physiquement, sans pourtant pouvoir y trouver une cause
matérielle. Elle a persisté plusieurs secondes puis a disparu. Dès que Ruburt
a vu cette lumière, il a fait un bond en arrière. Les derniers vers du poème
qu’il avait terminé juste avant le dîner parlaient d’une lumière qui
illuminerait les deux mondes, celui de l’âme et celui de la chair.
Consciemment, il a pensé que la lumière devait avoir été causée par un
éclair, alors même qu’une autre partie de lui savait que ce n’était pas le cas.
Un instant plus tard, il s’est souvenu de la fin de son poème et a fait le
lien. Pendant un moment, l’esprit conscient a été troublé, mais il a assimilé
la chose. Le sens de cette lumière s’éclaircira encore davantage grâce aux
rêves de Ruburt3, à la suite intuitive du poème et à l’exemple physique.
Sa signification va se révéler normalement quand Ruburt sera prêt à la
percevoir pleinement. L’évènement s’est produit, certes, mais, comme tout
évènement, il n’est pas achevé. Dans l’expérience de drogue dont nous
avons parlé précédemment (lors de la dernière session), des symboles et
des phénomènes surprenants sont soudain imposés à l’esprit conscient ; et
ce, dans un contexte où le temps, tel qu’il le connaît, ne signifie plus grand-
chose. Il [l’esprit conscient] ne peut réfléchir subjectivement à ce qui se
passe. Tout va trop vite.
Pendant que ces phénomènes se produisent, il peut sembler à l’esprit
conscient qu’ils ont une durée grotesque et déformée, qui rend l’action
impossible. Aucune séparation entre le moi et l’expérience n’est permise.
Même si celle-ci est exaltante, elle peut constituer une agression pour la
conscience dès lors qu’elle est imposée. Du point de vue de la personnalité
tout entière, le prix à payer est beaucoup trop élevé.
Les sentiments qui apparaissent souvent au cours de séances ultérieures
correspondent exactement à cela – le sentiment de renaissance, par
exemple. La vieille organisation du moi est tombée et la nouvelle structure
se réjouit en effet de son unité et de sa vitalité.
On trouve fréquemment, à ce stade, une forte tendance suicidaire. La
connaissance du fait que le « vieux moi » a échoué est présente – dès lors,
de quelle assurance dispose le prétendu nouveau moi ? (Une pause.)
Répétons-le, le corps est une sculpture vivante.
Vous êtes en lui et vous le formez, et, tant que vous avez une existence
physique, il est vous, dans la pratique. C’est à lui que doit s’identifier votre
être matériel. Sinon, vous vous sentez étranger à votre identité biologique.
Cette identité est le moi physique à travers lequel, en vos termes, toute
expression doit se manifester. Vous êtes plus que votre seul être temporel.
Votre vie en tant que créature dépend de votre alliance avec la chair. Vous
existerez réellement quand votre corps sera mort, mais en fait vous
fonctionnerez toujours par le biais d’une image de vous-même.
(22 h 42.) Si vous ne vous identifiez qu’à votre corps, vous avez peut-être
le sentiment que la vie après la mort est impossible. Si vous vous
considérez seulement comme un être mental, vous ne vous sentez pas
vivant dans la chair, mais séparé d’elle. Pensez à vous-même comme à une
créature physique maintenant. Sachez que, par la suite, vous opérerez à
travers une tout autre forme, mais que le corps et le monde matériel sont
votre mode d’expression présent.
Ces attitudes sont extrêmement importantes. Au cours d’une expérience
avec une dose massive de LSD, vous sortez la manifestation physique de
son cadre naturel ; vous la présentez de telle sorte que ses réactions
habituelles n’ont plus aucun sens. Un monde est peut-être en train de vous
tomber dessus et aucune riposte, aucune défense physique ne sont possibles.
Le psychiatre dira peut-être : « Accepte l’expérience. Sois anéanti s’il le
faut. » Mais tout cela insulte votre héritage biologique, ainsi que le sens
commun de l’esprit conscient.
(Avec un sourire.) Je me rends parfaitement compte des liens religieux
déformés qui s’établissent ici : Mourrez à vous-même et vous renaîtrez ;
vous ne vous tuerez pas. Ce que vous considérez comme le moi meurt et
renaît constamment, comme le font les cellules de votre corps.
Biologiquement et spirituellement, la vie nouvelle dépend de ces
innombrables transformations, de ces morts et renaissances qui se
produisent naturellement dans les saisons de la Terre et dans celles de la
psyché.
(Lentement à 22 h 54.) Changez avec souplesse, dans cette danse
gracieuse de tout être qui se reflète dans l’univers du corps et de l’esprit.
Cela n’inclut pas la crucifixion de l’ego.
C’est parce que vous ne faites pas confiance au moi naturel que vous
avez recours à ce type de thérapie par les drogues. Ceux qui recherchent ces
traitements ont surtout peur de la nature de leur propre identité. Ils ne
demandent donc pas mieux que de la sacrifier. (Une pause, puis avec un
sourire.) Vos pensées et vos croyances forment votre réalité. Comme l’a dit
Joseph (le nom que Seth me donne) pendant la pause, il n’existe pas de
thérapie magique – il ne peut y avoir que la compréhension de votre
immense créativité, et savoir que vous faites vous-même votre monde.
Dans la vie physique, l’âme est vêtue de chimie, et vous utilisez les
ingrédients que vous accueillez dans votre corps de manière à former une
image qui soit en accord avec vos croyances. Certaines idées proviennent
très certainement de votre culture. D’autres correspondent à votre
interprétation privée de vous-même dans la chair. Vos croyances concernant
toute substance chimique influent sur l’effet que celle-ci produit sur vous.
Lors d’une thérapie à base de LSD, vous vous attendez à une réaction
radicale et on vous dit de vous y préparer. L’expérience que vous allez vivre
dépend de vos croyances, et de celles de votre thérapeute – qui sont
communiquées verbalement et par télépathie.
Or, si vous croyez que les éléments chimiques que l’on trouve dans
certains aliments vont vous faire beaucoup de mal et entraîner des
conséquences désastreuses, même des quantités minimes peuvent vous
nuire.
Vous pouvez faire votre pause.
(23 h 05. Jane ne se souvient pas du matériau qu’elle a transmis depuis
la dernière pause.
Voici maintenant des extraits de ce qu’elle a écrit à propos de ses
expériences avec la créature-flaque et la lumière, le soir du 2 février. Ce
texte et les poèmes de Jane complètent les paroles de Seth et montrent
comment elle a pris pleine conscience de l’exceptionnelle transformation de
ses idées poétiques en réalité visuelle – et comment elle a ensuite porté plus
avant le processus créatif en convertissant ses nouvelles perceptions en
poésie. Nous pensons que ces fuites entre réalités sont fréquentes dans tous
les domaines de la « vie », même si elles demeurent largement
automatiques. Par rapport à l’art, on appelle souvent cela l’inspiration.
« Vendredi 2 février 1973
J’avais travaillé toute la journée, écrit Jane, sur mon livre de poésie,
Dialogues of the Soul and Mortal Self in Time. Je travaillais comme une
folle, réellement portée par l’inspiration. Juste avant le dîner, j’ai écrit
quelque chose sur l’univers à la fois unique et double du moi et de l’âme, et
les dernières lignes citaient le moi mortel :

Usant de notre double vision,


parcourons deux mondes en un et formons
un chant unique et double
qui éclate en ondes
de pensée et de sang
qui tourbillonnent, se rident et s’éveillent
à travers les doubles cieux
de notre univers unique
et se brisent en voyelles arc-en-ciel
qui chantent de douces berceuses
et tombent en lumière
dans nos deux mondes.

Après le dîner, Rob est sorti faire des courses. Je ne sais pas quelle heure
il était, mais il faisait noir et il pleuvait fort. Il y avait des éclairs sans
tonnerre. Pour un mois de février, il faisait plutôt chaud. J’ai pensé à aller
me promener, mais je ne l’ai pas fait… Immédiatement après les deux
expériences avec la créature-pluie et la lumière que Seth a décrites dans
cette session, j’ai ajouté ce passage aux Dialogues :

Un peu plus tard,


le moi mortel dit :
“Cette lumière saisissante,
qu’a-t-elle touché,
était-elle réelle ?”
Il y a un instant, je me tenais debout
près de la fenêtre ouverte de la cuisine,
regardant une nouvelle fois en bas la rue sous la pluie.
Mais à présent, il fait sombre.
J’avais écrit toute la journée,
accompli mes tâches ménagères,
et des invités allaient venir,
si bien que mon esprit était vide.

Je fus pourtant surprise, transpercée –


tout en bas,
les gouttes de pluie tombaient
en des milliers de points étincelants
formant une flaque
et, tandis que je l’observais,
celle-ci se leva, s’épaissit
en une étoffe épineuse,
comme un poumon empli d’air
ou un porc-épic de lumière.
Au dehors d’el le comme au dedans,
les gouttes de pluie grossissaient.
Elle buvait le reflet
des feux des voitures qui passaient
et ces reflets se précipitaient aveuglément en elle
jusqu’à ce que, tellement pleine,
elle palpite – entité vivante, fluide et luisante.
La pluie glissait doucement sur sa peau liquide, lisse,
et une créature se tenait là,
dont chaque partie bougeait, vivait, glissait, chatoyait,
une créature si mobile que je fermai les yeux.

Je les rouvris presque instantanément.


La créature était de nouveau aplatie,
puis commença à se redresser
au moment où tout ce que je voyais
traversa mon âme.
Nos mondes fusionnèrent et je poussai un cri ;
alors, une douce boule de lumière apparut
juste devant moi, nette, inattendue,
entre le réfrigérateur et la cuisinière.

Cela me surprit tellement


que je bondis en arrière –
dans les airs, à hauteur de ma taille
et jusqu’au-dessus de ma tête,
une lumière luisait doucement.
Pas une boule de feu, non,
mais une boule ronde, silencieuse,
immobile, sans aucune illumination sur ses bords,
laissant le reste de la pièce dans le noir.
Un éclair, bien sûr, mais aucune lumière ne bondit
du réfrigérateur ou de la cuisinière.
À l’intérieur de la pièce comme à l’extérieur,
il n’y avait pas le moindre rayon de lumière
d’où il aurait pu provenir.

Elle était là, suspendue soudain dans les airs,


plate comme une fleur de tournesol,
plus grande que nature,
mais sans graines ni tige.
Un présage ? La lumière dont vous parliez,
qui unirait notre monde unique et double,
apparaissant de votre univers dans le mien ?
Quelle qu’en soit la cause ou l’origine,
je sentis qu’elle n’apparaissait pas sans raison
et j’aimerais connaître
cette raison.

Je sais que, dans ce monde,


la flaque était naturelle et plate,
alors qu’avec une autre vision,
je voyais sa contrepartie
se dresser toute brillante
et presque marcher.
Et si cette lumière venait
du monde que je connais,
je dois admettre
que je ne sais comment.

Mais, chère âme,


je crains, dans l’immédiat, de ne pouvoir
attendre ta réponse.
J’entends mes invités
et je suis heureuse en ce soir d’orage
de simplement m’asseoir et bavarder
tandis que souffle ce vent porteur de pluie.

Avec la créature-flaque, j’ai vu deux réalités – la flaque, en termes


physiques, et la créature selon un mode qui dépasse la dimension
physique – et je pouvais, je crois, basculer à ma guise de l’une à l’autre.
Mais en ce qui concerne la lumière, il n’y avait pas de contrepartie
physique. Je pense qu’elle venait… de cette autre réalité directement
jusqu’à la nôtre, parce que j’avais mes “fenêtres” ouvertes. »
Reprise à 23 h 25.)
Maintenant. Dans le cycle normal de mort et de renaissance des cellules,
et dans le schéma habituel au sein duquel l’ego change constamment, il y a
un flux régulier, sans perte d’orientation. La mémoire cellulaire antérieure
est facilement transmise d’une génération de cellules à une autre.
Comme nous l’avons vu précédemment (session 610, chapitre 1), ce que
vous appelez l’ego est une partie de l’identité intérieure qui s’élève pour
faire face au monde de l’existence physique. Quand les choses suivent leur
cours normal, celui-ci change et devient autre mais, même s’il perd son
statut « dominant », cet ego ne meurt pas à lui-même. Il modifie son
organisation en tant que partie de la psyché vivante.
En cas d’anéantissement forcé, il y a une tentative frénétique de
réorganisation : le moi intérieur tente « d’envoyer » des moi de
remplacement pour qu’ils prennent la situation en main – et en ces termes,
plus vous tuez d’ego plus il en émerge de nouveaux.
Au milieu de tout cela, le corps se trouve dans une situation extrêmement
agitée et l’organisme physique est contraint de répondre du mieux qu’il peut
à une série d’évènements désastreux – dont il réalise pourtant qu’il ne peut
pas être en train d’en faire physiquement l’expérience. Il sait que la bataille
est un « simulacre », mais il ne peut s’empêcher de produire les hormones
et les substances chimiques qui seraient requises dans une situation
physique d’intensité comparable. Cela entraîne une usure du corps et un
épuisement inexcusable de son énergie innée.
Les idées forment la réalité ; le corps a donc l’habitude de réagir à
certaines situations « imaginaires » dans lesquelles, par exemple, l’esprit
fait apparaître des conditions extrêmes qui n’existent pas physiquement ;
mais ces dernières obligent malgré tout l’organisme à une suractivité et
créent un état de stress. Dans les thérapies faisant appel à des doses
massives de LSD, le corps se sent on ne peut plus menacé, car il est forcé
d’utiliser toutes ses ressources alors même que ses propres signaux lui
indiquent que les messages qu’il reçoit n’ont aucune cohérence – tout en
étant des plus urgents.
(23 h 40.) Dans une certaine mesure, il y a aussi une agression contre la
simple condition de créature. En outre, ces images et cette expérience sont
rarement oubliées et le prétendu nouvel ego naît avec ces empreintes en
mémoire. Certains psychologues aiment à dire que nous hurlons
inconsciemment contre la méthode naturelle de notre naissance4. Mais dans
le cas présent, il s’agit d’une situation dans laquelle un moi est confronté à
son propre anéantissement, tandis qu’apparaît un autre « moi » qui a
consciemment participé à la mise à mort du premier.
(Une longue pause.) Je me rends bien compte que de nombreux
psychologues et psychiatres ont le sentiment de dresser la carte de la psyché
grâce à ces méthodes. Disséquer une grenouille pour voir ce qui la faisait
vivre est une chose – bien regrettable d’ailleurs – mais il est trois fois plus
dangereux de disséquer une psyché en espérant pouvoir ensuite la remettre
en place.
C’est la fin de la dictée. Nous allons terminer la session, à moins que
vous vouliez poser des questions.
(« Vous avez dit que vous nous donneriez quelques informations sur
Rooney quand je vous le demanderais. »
Comme il est décrit au début de la session 638, notre chat Rooney est
mort la semaine dernière. Nous incluons ce matériau parce que de
nombreux correspondants nous ont interrogés sur le rôle que peuvent jouer
les animaux de compagnie dans les familles et leurs systèmes de croyances.
Les éléments fournis par Seth se révèlent d’une acuité et d’une intimité
inattendues – à tel point que ce qui suit n’est qu’une partie de ce que Seth
nous a communiqué. Il en reste néanmoins assez pour montrer que ces
relations peuvent être vraiment complexes.)
Accordez-nous un instant… Le chat serait mort cet hiver-là. C’était, en
vos termes, une mort probable. Dans une partie de sa réalité, il est
réellement mort cet hiver-là. Dans votre réalité, vous l’avez gardé en vie. Il
était enfermé, là-bas, dans cette maison, complètement terrorisé.
(La maison en question, un de ces édifices délabrés datant de l’époque
victorienne, se trouvait au coin de la rue, à l’angle diamétralement opposé
au nôtre. Depuis les fenêtres de notre salon, Jane l’a souvent dessinée.
Il y a quatre ans, un incendie s’y déclara pendant l’hiver. La famille qui y
vivait dut déménager et toutes les portes et fenêtres furent murées – avec
Rooney, qui était alors un chaton, prisonnier à l’intérieur. Quelques jours
plus tard, un passant entendit ses cris et le libéra. La maison a été détruite
depuis.)
Ruburt avait un peu peur du chat, le considérant, au départ, comme
enfermé et sauvage, tout comme sa propre mère l’avait été, selon son
interprétation. Il se sentit donc obligé de venir en aide à Rooney bien que
celui-ci n’ait aucun amour pour lui – tout comme il [Jane] s’était senti
obligé, dans ses jeunes années, d’aider sa mère.
À sa manière, le chat s’en rendait compte. Il devint gros, comme la mère
de Ruburt, mais il n’était plus menaçant. Vous l’avez finalement fait castrer.
Si la mère de Ruburt n’avait pas pu avoir d’enfant, il aurait eu une mère
différente et une origine différente, à supposer que Ruburt soit venu à la
vie.
Le chat était un mâle. Au début, Ruburt et vous l’aviez appelé Katherine,
alors qu’il n’était encore qu’un chaton et avant de parvenir à l’amadouer
suffisamment pour qu’il entre dans votre maison. Rooney avait des
accrochages avec le voisinage, comme auparavant le père de Ruburt dans
les bars de différentes régions. Le chat avait conscience de cette
identification, mais il voulait bien l’accepter en échange de plusieurs années
de vie physique supplémentaires, au cours desquelles il a aussi développé
pour la première fois un rapport avec la douceur.
Rooney a même appris à être en bons termes avec un autre chat ; à sa
manière, Willy, votre chat plus âgé lui servait de mentor.
La mère de Ruburt avait très peur des chats, en particulier de ceux qui
étaient noirs. Par moments, Rooney et Ruburt échangeaient des symptômes.
Le chat n’était pourtant pas un récepteur passif et il a aussi beaucoup appris
de ses rencontres avec votre voisin d’en dessous (qui a lui aussi un chat).
Bon nombre des sentiments de Ruburt à l’égard de sa mère sont enterrés
dans la tombe de Rooney. Rooney, lui, s’est libéré du manque de confiance
dont il était porteur au cours de cette vie, il s’est libéré de la méfiance qu’il
portait en lui cette fois-ci et qui était liée à son origine dans cette maison de
l’autre côté de la rue ; et il était reconnaissant pour les années
supplémentaires que vous lui avez données.
Il symbolisait également l’enfance difficile de Ruburt – qui, dans une
certaine mesure, a donc été surmontée par le seul cours naturel des
évènements.
L’année dernière, avec la mort de la mère de Ruburt, la mission de
Rooney était accomplie pour Ruburt. Ce chat a cependant rendu un dernier
service, car, à travers sa mort, Ruburt a fait face à la douleur et à la
condition de créature que la vie de sa mère lui avait tellement fait craindre.
Ce sera tout.
(« Merci. »)
Mes souhaits les plus chaleureux.
(« Même chose pour vous, Seth. Bonne nuit. »
0 h 08. Jane ne se souvient pas du tout du matériau. En parcourant mes
notes, je me rends compte que Seth a fait allusion aux probabilités et à la
réincarnation mais, avant que je puisse l’interroger sur ce genre de
relations, il est de retour avec une page d’informations pour Jane sur un
sujet différent. Puis, quand Jane sort à nouveau de transe, elle dit : « Il a
aussi quelque chose sur Willy » ; mais elle est fatiguée. La session se
termine à 0 h 21.)

SESSION 640
MERCREDI 14 FÉVRIER 1973

(Une neige humide a commencé à tomber après le dîner. À l’heure de la


session, on dirait que cette chute de neige risque d’être la plus importante
de l’année. Aux alentours, tout semble paisible, et dans un cocon ; la
circulation en bas de notre immeuble s’est ralentie et pour une fois les
voitures roulent au pas.
21 h 27.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée : à l’intérieur du corps et de la psyché, il existe des
systèmes naturels de retour d’informations permettant d’établir des
structures optimales d’équilibre, au sein desquelles votre croissance et votre
développement peuvent avoir lieu. Il y a à ce sujet une certaine différence,
déjà mentionnée (session 636, chapitre 9), entre les animaux et vous et
votre façon particulière de créer votre réalité.
(Une pause.) J’essaye de trouver le bon rythme pour que vous puissiez
prendre des notes…
(« Ça va, j’arrive à suivre. » Le rythme de Seth-Jane est inégal depuis le
début de la session et je commençais à me demander si je devais
l’interrompre pour lui demander ce qui se passait. Après cet échange, le
débit de Jane reprend son rythme mesuré habituel.)
Chez l’homme, les pensées conscientes sont extrêmement importantes
puisqu’elles gouvernent l’activité inconsciente. Vous avez donc davantage
de responsabilité pour des actions physiques qui, par comparaison, sont
« instinctives » chez l’animal. Cela vous procure un système, à la fois
conscient et inconscient, de retour d’informations qui vous permet de tester
votre expérience et d’en modifier la nature.
Les systèmes thérapeutiques constituent une partie importante de cette
interrelation, et ils opèrent constamment. En un sens, un état de grâce ou
d’illumination survient quand il y a le plus grand équilibre stable entre
l’esprit conscient et d’autres niveaux de la psyché et du corps – une
reconnaissance biologique et spirituelle de la complétude de l’individu lui-
même, et de sa relation avec l’univers dans son ensemble.
Ces états induisent une bonne santé et une grande efficacité, tant sur le
plan mental que psychique et physique. La grande souplesse de l’esprit
conscient, dans son lien avec l’intellect et les sens, donne à tout évènement,
même insignifiant, la possibilité de provoquer pareille expérience. La
focalisation intense est une caractéristique de l’esprit conscient, et l’on peut
dire qu’elle est étroite puisqu’elle ne comprend que la dimension physique ;
mais dans le cadre de ce domaine corporel, l’esprit conscient dispose d’une
grande liberté pour interpréter la dimension donnée de la manière qu’il
souhaite.
L’esprit conscient peut, par exemple, voir une rose comme un symbole de
vie ou de mort, de joie ou de tristesse, et, dans certaines conditions, son
interprétation d’une simple fleur peut susciter de profondes expériences qui
mobilisent le pouvoir et la force des ressources intérieures de l’être. Comme
les attributs de la conscience égotiste ont été si mal interprétés, vous avez
l’habitude de n’en considérer que les fonctions qui le rendent apte à
disséquer et à analyser. Celles-ci sont très importantes, car séparer de vastes
champs de perception en d’autres plus petits permet de les appréhender
physiquement. Mais l’esprit conscient a également une grande faculté de
synthèse. Rassemblant divers éléments de votre expérience, il les associe en
de nouveaux schémas.
Ces organisations servent alors à éveiller ou stimuler des parties
intérieures du moi, en lui fournissant constamment une expérience toute
fraîche. Le moi intérieur réagit avec la richesse de son propre tissu
psychique, et envoie, pourrait-on dire, des capacités toujours plus nouvelles
et précises à la rencontre des circonstances extérieures.
(21 h 45.) Quand votre corps et votre esprit œuvrent ensemble, leur
relation se passe en douceur et leurs systèmes thérapeutiques naturels vous
assurent une bonne santé et vous établissent dans un état de grâce. Vos
sentiments, je l’ai déjà dit (dans la session 614, chapitre 2, par exemple),
suivent le flot de vos croyances et, si cela vous semble inexact, c’est parce
que vous ne vous rendez pas compte du contenu de votre esprit conscient.
Vous pouvez fermer les yeux de votre esprit conscient, tout comme ceux de
votre corps, et prétendre ne pas voir ce qui s’y trouve. C’est parce que vous
ne faites pas confiance au fait que votre propre nature est fondamentalement
thérapeutique, et parce que vous ne comprenez pas vraiment l’esprit
conscient ou inconscient, que vous vous précipitez vers une multitude de
thérapies dont le point de départ se situe hors du moi.
Les technologies et inventions diverses donnent l’impression d’avoir
causé beaucoup de tort, ce qui est un fait. D’un autre côté, la technologie
vous apporte la thérapie majeure qu’est la musique. La musique active les
cellules vivantes à l’intérieur du corps ; elle stimule l’énergie du moi
intérieur et contribue à l’union de l’esprit conscient et des autres parties de
votre être.
La musique est une représentation extérieure, par ailleurs excellente, des
sons intérieurs vivifiants qui ont en permanence une action thérapeutique à
l’intérieur de votre corps. (Voir chapitre 5.) La musique est un rappel
conscient de ces profonds rythmes intérieurs qui sont à la fois son et
mouvement. Écouter la musique que vous aimez fait souvent naître dans
votre esprit des images qui vous montrent vos croyances conscientes sous
une forme différente.
Même lorsque vous faites une chose aussi simple qu’écouter la pluie,
l’action naturelle et salutaire du son est à l’œuvre. Vous n’avez pas besoin
de drogues, d’hypnose ni même de méditation. Vous avez simplement
besoin d’orienter votre esprit conscient, et de lui accorder sa pleine liberté.
Laissé à lui-même, il va flotter parmi des pensées et des images qui lui
fournissent leur propre thérapie.
Pourtant, vous évitez souvent ce traitement naturel ; vous fuyez les
pensées conscientes effrayantes qui pourraient à leur tour vous mener à la
source de croyances « négatives », là où vous pourriez leur faire face ; il
vous serait alors possible de les traverser, en quelque sorte, avec un
sentiment de joie et de victoire. Au lieu de cela, vous êtes nombreux à
accepter, par exemple, la voie des drogues, dans laquelle des sentiments et
des pensées du même ordre vous sont imposés ou vous sont arrachés, alors
que, dans le même temps, le réconfort stabilisateur de l’esprit conscient
vous est dénié.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22 h 01 à 22 h 16.) Les rêves sont l’une de vos meilleures thérapies
naturelles, et l’un des éléments les plus efficaces pour relier les univers
intérieurs et extérieurs.
En général, vous n’analysez pas vos rêves en fonction de vos croyances
du moment. On vous a appris à les interpréter en suivant des procédures très
ritualisées. On vous dit, par exemple, que certains objets ou certaines
images ont une signification précise – pas nécessairement celle que vous
leur auriez donnée, mais celle qui se trouve en accord avec l’école de
pensée – psychologique, mystique ou religieuse – à laquelle vous vous
intéressez.
Certains de ces systèmes abordent des domaines légitimes de la réalité,
mais tous négligent la nature hautement personnelle et individualiste des
rêves, ainsi que le fait que vous créez votre propre réalité.
Le feu signifie une chose s’il vous fait peur, et une autre si vous le
considérez comme une source de chaleur ; et chacune de ces significations
se teinte à son tour d’une infinie diversité d’évènements personnels que tout
individu peut avoir vécus en lien avec le feu. Si votre connaissance des
symboles du rêve et de leur signification personnelle est si peu claire, c’est
uniquement parce que vous n’avez pas l’habitude de les examiner avec
votre esprit conscient. On vous a dit qu’il n’est pas apte à les comprendre.
Dès lors, d’importantes interconnexions entre l’expérience à l’état de veille
et l’expérience onirique vous échappent. Vous ne réalisez pas le nombre de
problèmes physiques qui sont résolus pour vous, et par vous, dans vos
rêves.
Cela se produit très fréquemment quand vous regardez consciemment le
problème en face, quand vous le formulez clairement et que vous vous
laissez ensuite emporter par le sommeil. La même chose se passe,
cependant, même en l’absence d’une démarche consciente. Les rêves vous
donnent toutes sortes d’informations relatives à l’état de votre corps, au
monde en général et aux conditions extérieures probables que vos
croyances présentes vont engendrer.
L’état de rêve vous fournit un banc d’essai pour étudier des actions
probables et décider de celles que vous voulez matérialiser physiquement. Il
ne s’agit pas seulement des cauchemars, dont il a déjà été question
auparavant (dans la dernière session), car beaucoup d’autres rêves suivent
les rythmes d’une nature thérapeutique bien plus efficace que n’importe
quel état induit par une drogue. Les somnifères peuvent interférer avec cette
activité.
Dans ce livre, j’aurai pas mal de choses à dire à propos de la nature
créatrice des rêves, de leur capacité de guérison et des méthodes simples
auxquelles vous pouvez avoir recours pour vous aider à les utiliser plus
efficacement. Pour l’instant, je veux simplement indiquer certaines voies
d’accès naturelles à l’auto-illumination et aux états de grâce. Celles-ci
peuvent constituer des chemins alternatifs pour ceux qui croient qu’il n’y a
pas d’autre moyen que la persécution de l’ego – que ce soit en usant de
substances chimiques ou par d’autres méthodes destinées à le dépouiller, au
moins momentanément, de ses pouvoirs, au lieu de lui apprendre à se servir
des grandes facultés d’assimilation qui sont les siennes.
Outre ses capacités générales et naturelles de guérison, votre nature
possède ses propres dispositifs de déclenchement, uniques, spécifiques et
privés, fruits de votre expérience. Vous pouvez apprendre à les reconnaître
et à les employer.
Dans ce domaine, certains évènements ont vraiment de l’importance. Des
circonstances singulières, insignifiantes pour d’autres, peuvent vous servir à
ouvrir votre réserve d’énergie et de force intérieure. Ces évènements
peuvent se produire aussi bien dans les rêves qu’à l’état de veille. Si vous
vous souvenez avoir eu certaines expériences oniriques qui vous ont laissé
totalement rafraîchi au réveil, alors, avant de dormir, pensez consciemment
à ces rêves et dites-vous qu’ils vont revenir.
Si une activité, aussi étrange ou ridicule qu’elle puisse paraître, vous
procure un sentiment de satisfaction, poursuivez-la. Chacune de ces
méthodes naturelles de guérison peut vous mener, au-delà des sentiments de
bien-être, de force, de bonne santé physique et de vitalité, jusqu’à ces
expériences sublimes d’illumination et de grâce.
(22 h 42.) Le plaisir de pratiquer un art est également très thérapeutique
car ce type de création jaillit d’un mariage exquis de l’esprit conscient et
inconscient. J’essaierai par la suite d’expliquer comment les rêves, la
créativité et la nature de la réalité de votre expérience s’entremêlent.
L’idée la plus régénératrice de toutes, et le pas le plus important pour
toute illumination véritable, consiste à comprendre que votre vie extérieure
émerge du monde invisible de votre réalité, à travers vos pensées et vos
croyances conscientes, car vous réalisez alors le pouvoir de votre
individualité et de votre identité. Vous êtes immédiatement confronté à des
choix. Vous ne pouvez plus désormais vous percevoir comme une victime
des circonstances. L’esprit conscient est apparu précisément pour offrir des
choix, pour vous libérer d’une expérience à voie unique, pour vous
permettre d’user de votre créativité en donnant forme à des compréhensions
diverses et variées.
Faisons ici une nette distinction : vos croyances conscientes gouvernent
le flot des processus inconscients qui donnent à vos idées une réalité
physique ; donc, bien que vos pensées soient la cause de votre expérience,
vous ne vous rendez pas consciemment compte de la façon dont cela se
produit (avec force).
Vous ne pouvez pas, par exemple, vous dire avec véhémence « je veux
recevoir l’illumination », et attendre que cela se produise si toutes vos
croyances vont en fait dans la direction opposée.
Peut-être vous sentez-vous indigne d’un tel état ou vous croyez-vous
incapable de l’atteindre – dans ce cas vous êtes en train d’émettre des
messages contradictoires. Vous ne pouvez pas non plus vous préoccuper de
la façon dont vos buts conscients vont être inconsciemment produits, car les
mécanismes intérieurs ne sont pas des phénomènes dont on se rend compte.
La sexualité est un autre système thérapeutique naturel si vous n’entravez
pas son efficacité par des croyances contraires. L’expérience « mystique »
naturelle, libre de tout dogme, est la thérapie religieuse originelle qu’ont si
souvent déformée les institutions ecclésiastiques ; mais elle représente pour
l’homme la reconnaissance innée de son unité avec la source de son être, et
avec sa propre expérience.
Voulez-vous faire une pause ?
(22 h 56. « Non. »)
L’âme n’est pas seulement vêtue d’habits chimiques, elle porte aussi des
habits tissés à partir de tous les éléments de la terre. En tant que créature
physique, vous êtes changé par toute substance chimique, tout élément,
toute nourriture ou tout médicament – qui devient une partie de votre
système vivant – mais ces effets vont correspondre à la nature de vos
croyances.
Vos rêves et les évènements physiques de votre existence modifient
constamment l’équilibre chimique à l’intérieur de votre corps. Vous pouvez
à dessein faire l’expérience d’un rêve fournissant le type d’exutoire qui fait
défaut dans votre vie quotidienne. Ce rêve va mobiliser vos ressources et
emplir votre corps d’une nuée d’hormones dont vous aviez besoin : la
création d’un état de stress dans le rêve va mener les facultés curatives de
l’organisme au combat, ce qui, à terme, se traduira par des symptômes
physiques particuliers.
Un autre rêve peut vous procurer un intermède onirique paisible où tout
stress est réduit au minimum, ce qui a pour résultat de calmer la production
en excès de certaines hormones et substances chimiques.
Des rêves de ce genre sont très efficaces, mais seulement pour une courte
période de temps si l’esprit conscient ne se confronte pas aux croyances
ayant causé le déséquilibre initial. De fortes doses de substances chimiques
reçues de l’extérieur conduisent cependant à un type de situation totalement
différent et créent de nouvelles tensions. Ces dilemmes conditionnent la
conscience qui en arrive à croire que sa position est encore plus précaire
qu’avant ; son sentiment de puissance et son efficacité s’en trouvent
grandement réduits.
Les expériences d’une conscience soumise à une telle thérapie peuvent
être de l’ordre de l’allégresse, mais elle sent que chacune de ses aventures
repose sur des éléments qu’elle ne peut comprendre, et sa capacité à faire
face à la réalité physique est moins sûre qu’auparavant. Ce n’est pas le cas
avec les traitements internes naturels qui trouvent une continuité dans le
comportement de l’individu. Ce sont ceux-là qui devraient être compris et
encouragés par les psychologues, entre autres.
Faites votre pause.
(23 h 13. La transe de Jane a été bonne, son rythme régulier et très
déterminé. Il neige abondamment. Reprise au même rythme à 23 h 28.)
Maintenant. Votre corps est votre propre sculpture vivante – pas
seulement la forme, la structure et la nature de cette forme, mais la
miraculeuse connaissance sensorielle de son être et l’effet unique qu’il a sur
les autres. La sculpture est elle-même douée du pouvoir de créativité que
vous lui avez donné.
(Une longue pause.) Ces aptitudes corporelles innées vous soutiennent
également dans votre constante création de votre image. (Une pause.) La
source de toute cette créativité provient de votre identité intérieure, qui
n’est jamais totalement matérialisée dans la chair ; vous avez donc toujours
à disposition des parts de créativité inemployées. Vous réagissez au corps,
bien que vous le formiez. En ces termes, il y a une interaction constante
entre la création et le créateur, et, dans la réalité tridimensionnelle, le
créateur fait tellement partie de son œuvre qu’il est difficile de les
différencier.
Un peintre met une partie de lui-même dans ce qu’il peint, alors que vous
placez dans votre corps tout le vous que vous avez conscience d’être, de
sorte que ce dernier devient vous en chair. Un artiste aime son tableau. En
termes physiques, celui-ci est achevé – du moins du point de vue du
peintre – lorsque l’artiste pose son pinceau, même si l’œuvre continue à
faire son effet. Mais vous, tant que vous vivez, vous créez votre image
matérielle et vous vous manifestez en elle.
Un peintre ne regarde pas, par les yeux qu’il a lui-même peints, la pièce
où son tableau est accroché. Mais vous observez l’univers à travers vos
propres yeux. (Une pause.) Vous créez donc non seulement le corps, mais
son expérience tout entière, le contexte dans lequel il évolue. Vous vous
dotez d’une existence tridimensionnelle. C’est le cadre de votre expérience,
créé par vous comme le fait l’artiste lorsqu’il définit la dimension de ses
toiles.
Les arbres d’un tableau ne peuvent pas bouger physiquement sous l’effet
du courant d’air qui passe dans la salle où l’œuvre est exposée. Les yeux
d’un portrait ne peuvent pas se fermer s’ils sont ouverts, mais, vous, vous
évoluez à l’intérieur du cadre spatio-temporel que vous avez créé pour
vous-même.
(23 h 44.) Dans un portrait, les traits sont peints sur une toile ou un
support. Votre âme n’est pas peinte sur votre corps ; elle entre en lui et s’y
incorpore. Vous ne pouvez pas contenir physiquement la totalité de votre
identité et cette partie « libre » crée inconsciemment la chair, selon vos
termes. Répétons-le, vous dirigez la forme de votre corps par vos
croyances, mais c’est la partie inconsciente de votre être qui fait le
« travail » pour le produire.
C’est la fin de la session.
(« Merci. »
En réalité, ce n’est pas tout à fait la fin. Seth revient pour communiquer
une page de matériau dans lequel il est question du travail de Jane sur ses
propres croyances, sa poésie et ses idées récentes par rapport à ses facultés
médiumniques ; puis il passe à la relation que nous avons ensemble et à
celle que nous avons avec nos parents.
Rassemblant tous ces éléments en une globalité psychologique, il
conclut : « les sessions sont, entre autres, générées par votre propre
expérience en tant que créatures, et par votre désir d’obtenir des réponses
personnelles – mais, plus fondamentalement encore, par votre désir de
chercher la réponse [aux questions posées] pour l’espèce humaine toute
entière. » Fin à 23 h 50.)

SESSION 641
LUNDI 19 FÉVRIER 1973

(Ce soir, Jane a reçu deux longs appels téléphoniques venus de loin, dont
le premier à 20 h 30, – ce qui explique ce début de session tardif.
21 h 42.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
D’un ton amusé.) Êtes-vous prêt pour la dictée ?
(« Plus ou moins. » Je ne plaisante qu’à moitié. Pour je ne sais quelle
raison, j’ai du mal à me concentrer.)
Un homme qui fait une statue utilise son esprit conscient, son talent
créateur, son corps physique et les ressources intérieures de son être.
Il décide délibérément de créer une sculpture et concentre
automatiquement son énergie en ce sens. Quand vous formez la sculpture
vivante de votre corps, ce qui est bien plus important pour vous que toute
œuvre d’art, vous devriez bien sûr suivre la même démarche. En d’autres
termes, diriger votre énergie vers la création d’un corps sain et qui
fonctionne bien. Vous formez constamment votre image ; de même que
nombre de procédés artistiques demeurent cachés, les mécanismes
intérieurs qui vous permettent de créer votre moi matériel restent sous la
surface de votre esprit conscient. Ils sont néanmoins très efficaces.
Dans toute forme d’art, la création est intimement liée à l’état de rêve et
il en va de même pour l’art vivant de votre corps. Sa forme qui respire est
influencée par la grande thérapie des rêves. S’il y a des déséquilibres
chimiques, l’état de rêve y remédie souvent de façon quasi automatique
lorsque, pour ce faire, vous vous figurez des situations suscitant, disons, la
production d’hormones qui seraient requises à l’état de veille dans une
situation similaire. (Voir la note de bas de page concernant les hormones,
session 621, chapitre 4.)
Dans le scénario du rêve, vous jouez un rôle dans lequel vous résolvez de
manière créative les problèmes qui ont causé les déséquilibres en question.
Dans ce contexte, les rêves de nature fortement agressive peuvent être très
bénéfiques pour certains individus, en leur permettant de donner libre cours
à des sentiments habituellement inhibés et de relâcher les tensions. Grâce à
cette thérapie constante du rêve, le corps et l’esprit se régulent d’eux-
mêmes, pour une large part. Vos rêves ont donc un effet sur votre chair.
Dans un rêve, un objet peut bien sûr être symbolique, mais aucun
symbolisme du rêve n’a de valeur universelle. Il y a trop de diversité dans
l’expérience personnelle. S’il est vrai que, dans les rêves, vous accédez
parfois à certaines des sources les plus profondes de votre être, l’expression
de cet être demeure, même en ces circonstances, beaucoup trop
individualisée pour qu’il soit possible d’attribuer aux symboles dans leur
ensemble le même genre de signification « inconsciente ».
(21 h 54.) Nous pouvons, une fois encore, faire une analogie avec le
domaine de l’art. Bien que les artistes utilisent tous le même « matériau » –
l’expérience humaine – ce qui rend l’œuvre « grande », c’est encore la
brillante unicité, ou individualité, qui montre, et qui chevauche, cette
représentation humaine commune. Par la suite, les critiques peuvent mettre
des styles en évidence, classer l’œuvre dans telle école, associer les
représentations ou symboles qui s’y trouvent à ceux d’autres peintures –
puis commettre l’erreur de croire à la généralité de ces symboles, à leur
pertinence constante, à leur signification immuable, où qu’ils se trouvent.
Mais tout cela risque d’avoir peu de rapport avec l’interprétation de l’artiste
quant à ses propres symboles, ou avec son expérience personnelle – au
point qu’il peut lui arriver de se demander comment les critiques voient ce
qu’ils voient dans son œuvre.
(C’est si vrai. En tant que peintre, j’ai moi-même fait plus d’une fois
l’expérience de ce phénomène avec la « critique ». Les résultats étaient
parfois risibles – mais, la plupart du temps, ils étaient frustrants. On m’a
aussi critiqué ou fait des louanges pour des éléments dont je n’avais pas
réalisé l’existence dans un tableau, alors qu’on ignorait ou ne percevait pas
mon intention consciente. Cela peut laisser encore plus perplexe : « Est-ce
de mon tableau qu’ils parlent ? »)
Avec les rêves, c’est la même chose. Personne, à part vous, ne connaît
réellement leur signification. Si vous lisez des livres dans lesquels on vous
explique que tel objet représente toujours telle ou telle chose, vous êtes
comme l’artiste qui accepte l’idée du critique concernant les symboles qui
se trouvent dans ses tableaux. Vous vous sentez étranger à vos rêves
puisque vous essayez de leur faire suivre un schéma qui n’est pas le vôtre.
De toute manière, l’interprétation ne concerne qu’une partie du travail,
lorsqu’on tente de déterminer consciemment le sens d’un rêve. Le vrai
travail du rêve s’accomplit à des niveaux profonds, aussi bien psychiques
que biologiques, au moment même où l’évènement se produit.
Ce qui se passe dans le rêve a une influence sur l’ensemble de votre
condition physique et donc un effet thérapeutique constant. Ce résultat
découle de la situation psychique qui prend place à l’intérieur du rêve, quel
qu’en soit le scénario (une pause), et dans laquelle les problèmes ou défis
de votre existence sont résolus. De nombreuses actions probables sont
envisagées ; elles sont ensuite projetées dans un futur probable.
Quand vous parvenez à comprendre la nature de vos croyances, vous
pouvez apprendre à utiliser plus efficacement l’état de rêve pour vos
objectifs conscients. Il s’agit de l’une des thérapies naturelles les plus
efficaces et c’est le cadre intérieur dans lequel se produit réellement une
bonne partie de la construction de votre corps physique.
Vous pouvez faire une courte pause.
(22 h 14. Le rythme de Jane a été régulier. La référence aux probabilités
me rappelle le chapitre 16 de Seth parle. Dans ce chapitre, il énonçait l’une
de mes citations favorites : « Chaque acte mental ouvre une nouvelle
dimension de réalisation. D’une certaine manière, vos plus infimes pensées
donnent naissance à des mondes. » Reprise à 22 h 33.)
Maintenant. Je voudrais à présent faire une remarque. Certains des
médicaments administrés à des patients souffrant de troubles « mentaux »
entravent, à des degrés divers, le flot naturel de la thérapie du rêve.
Il y a une autre considération concernant la médecine ; comme je l’ai déjà
mentionné (session 624, chapitre 5), si vous adhérez aux croyances
médicales occidentales, je ne suis pas en train de vous suggérer de renoncer
soudain aux médecins. Mais tous les désordres chimiques du corps se
règlent d’eux-mêmes, et de façon naturelle, dès lors que les problèmes
intérieurs qui en sont la cause sont résolus grâce à l’une des diverses
méthodes innées de guérison.
Le nouvel équilibre signale à l’organisme qu’un problème intérieur a été
résolu. Le corps, l’esprit et la psyché opèrent alors plus ou moins ensemble.
Quand de nouveaux défis psychiques s’élèvent, un autre cycle de thérapie
naturelle commence selon une structure rythmée. Cependant, lorsqu’on
remédie à des déséquilibres d’ordre physique par l’absorption de
médicaments, les signaux du corps indiquent que le problème intérieur est
résolu – alors que ce n’est peut-être pas du tout le cas (avec force).
Dans de telles conditions, l’organisme dans son ensemble n’est pas en
accord avec lui-même. Le problème s’est manifesté d’une certaine façon,
puis les médicaments ont bloqué l’expression normale du désordre
psychique. Il va chercher d’autres voies pour se faire entendre.
Si, à leur tour, celles-ci sont bloquées, toute la relation corps-esprit
devient étrangère à elle-même. Les mécanismes internes sont perturbés.
Non seulement on ne fait pas face au défi fondamental, mais on refuse
constamment l’expression physique qui, laissée à elle-même, apporterait sa
solution naturelle.
Toutes sortes de choses entrent évidemment ici en ligne de compte et,
dans votre société, il faut également prendre en considération votre propre
système de croyances. Si vous ne croyez pas aux processus naturels de
guérison, vous allez simplement les bloquer. La peur qui résulterait du fait
de ne pas consulter un médecin ne fera alors qu’aggraver le problème. Si,
d’un autre côté, vous avez foi en l’acte médical, cela suffira à amener un
bienfait thérapeutique.
Cela ne fonctionne pourtant que jusqu’à un certain point si les problèmes
intérieurs ne sont pas traités. Il arrive d’ailleurs que ceux-ci trouvent leur
propre résolution indépendamment de ce que vous faites ou de ce que vous
croyez, du fait de la grande énergie créatrice qui est présente en votre être,
et du système de contrôle et d’ajustement dont vous avez pourvu votre
corps à la naissance.
(22 h 49.) Ceci est aussi valable pour les états mentaux, qui ont parfois
une façon de se résoudre d’eux-mêmes beaucoup mieux sans vos thérapies
professionnelles qu’avec elles ; des guérisons ont souvent lieu en dépit du
traitement – motivé par les meilleures intentions. L’une des idées récentes
est que certaines conditions mentales sont causées par des déséquilibres
chimiques. Apporter ce qui manque entraîne une certaine amélioration,
mais ces déséquilibres ne sont pas la cause de la maladie. Vos croyances
concernant la nature de votre propre réalité en sont l’origine. Si une
médication de ce type améliore la situation immédiate, le problème intérieur
des croyances reste encore à résoudre. Sinon, d’autres maladies viendront
se substituer à la première.
Il est extrêmement difficile de travailler sur vous-même de façon
naturelle quand vous êtes constamment cernés par la croyance que les
réponses se trouvent dans certains médicaments ou certains aliments, ou
auprès des médecins. Donc, face au barrage des idées dominantes qui vont
dans ce sens, ceux qui tentent de bénéficier de leur propre système de
guérison innée sont en général confrontés au stress de ne pas être sûrs
d’avoir raison de le faire.
Malheureusement, plus vous vous reposez sur des méthodes extérieures,
plus il paraît indispensable de le faire et moins vous faites confiance à vos
propres capacités naturelles. Vous devenez souvent « allergique » à un
médicament uniquement parce que le corps réalise que, s’il l’accepte, tout
recours à la solution d’une difficulté particulière lui sera impossible, ou que
masquer physiquement le problème peut générer une maladie plus grave.
Les thérapies naturelles sont donc difficiles à mener de la façon la plus
bénéfique dans votre société parce que, depuis votre naissance, elles ont
rencontré toutes sortes d’interférences. Pourtant, elles sont à l’œuvre,
malgré les interférences, et elles demeurent à votre disposition pour
procurer santé et vitalité à la sculpture vivante dans laquelle vous avez votre
expérience présente.
Faites votre pause.
(23 h 02. Durant la pause, des bruits sourds se font entendre dans un
appartement voisin. On dirait qu’on traîne des meubles. Le vacarme est si
fort et dure si longtemps que je suis surpris lorsque Jane entre à nouveau en
transe. Reprise à un rythme plus lent à 23 h 14.)
Maintenant. (Une pause.) Les « maladies » mentales indiquent souvent la
nature de vos croyances, qu’elles soient en accord ou en conflit avec celles
des autres. Ici, le système de croyances est si différent de celui de la société
que des répercussions évidentes apparaissent dans le comportement.
Comme dans de nombreuses maladies physiques, il y a des points de crise
et, laissé à lui-même, un individu peut très bien parvenir à sa propre
solution.
Même pour ce qu’on appelle les désordres mentaux, le positionnement
par rapport au corps est très important, de même que les croyances de
l’individu par rapport à sa propre forme, ainsi que la relation de cette
dernière avec les autres, et avec le temps et l’espace. (Une pause.) Dans une
situation de ce genre, il y a en effet des déséquilibres chimiques, produits
inconsciemment par l’individu, parfois pour lui permettre d’en finir avec
une série d’évènements « hallucinatoires ». Ces « rêves objectivés » ont
besoin, pour se maintenir de façon durable, d’un changement chimique par
rapport à la situation normale de la conscience à l’état de veille. Il est
important de noter que, quelle que soit la maladie mentale ou physique
adoptée, il y a une raison à ce choix, et qu’elle constitue une méthode
naturelle pour laquelle l’individu sait disposer des aptitudes physiques et
mentales adéquates.
(23 h 28. À présent, tout est calme.) Les différences de personnalité ont
évidemment beaucoup à voir avec le type de maladie adoptée, ou les
« dégâts » que vous pouvez infliger à votre propre sculpture vivante.
De fait, les problèmes intérieurs que vous rencontrez sont toujours
constructifs – des défis qui vous conduisent vers un plus grand
épanouissement.
Un problème causé par un sentiment de culpabilité, par exemple, et qui
se matérialise physiquement en une maladie, est destiné à vous amener à
regarder en face et à vaincre l’idée de culpabilité – la croyance en elle que
vous entretenez dans votre esprit conscient. Le corps est toujours en état de
devenir. Vous pensez qu’il atteint un certain apogée puis se détériore ou
s’amoindrit. C’est parce que vous ne le comprenez pas comme étant
l’expression de votre être dans la chair.
Il reflète les saisons de la terre et de la chair. Dans ce que vous pensez
être vous, il reflète une condition, avec grande fidélité et abandon. Au cours
de la vieillesse, il fait la même chose. Il vous montre à la fois tel que vous
entrez dans la chair et tel que vous en sortez et il y a là une large gamme.
Nombreux sont ceux qui cessent de créer leur corps et meurent jeune, pour
une foule de raisons bien sûr, mais certains meurent parce qu’ils croient
que la vieillesse est honteuse et que seul un corps jeune peut être beau.
Vos croyances par rapport à l’âge influent donc sur votre corps et sur
toutes ses capacités. Comme on l’a vu (session 627, chapitre 6), vous
pouvez devenir dur d’oreille parce que vous croyez fermement que cela doit
arriver avec l’âge. Au cours des différentes phases de votre vie, vous
modifiez la composition chimique de votre corps en fonction de vos
croyances concernant son activité.
Éléments, substances chimiques, cellules, atomes et molécules
composent partiellement votre sculpture vivante, mais vous êtes celui qui
dirige leur activité par vos croyances conscientes qui, à leur tour, font naître
tous les grands pouvoirs créateurs qui donnent vie à votre corps et lui
permettent de demeurer constamment le reflet du moi que vous croyez être.
(D’une voix plus forte et avec un sourire, après un débit intense.) Fin de
la session, et presque fin du chapitre. À moins bien sûr que vous ayez des
questions.
(« Je ne pense pas. »)
Alors, je vous souhaite un cordial bonsoir…
(« Merci beaucoup, Seth. »)
… et vous adresse à tous deux mes salutations les plus chaleureuses.
(« Bonne nuit. » 23 h 40.)

SESSION 642
MERCREDI 21 FÉVRIER 1973

(21 h 11.) Bonsoir.


(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée : On peut faire appel aux thérapies naturelles du corps avec une
grande efficacité comme vous allez le voir dans le chapitre suivant. Nous
verrons comment les encourager et aussi le rôle de l’esprit conscient en tant
que directeur de « l’âme en vêtements chimiques ».
Fin du chapitre.
CHAPITRE 11

L’esprit conscient en tant que porteur de


croyances.Vos croyances et leur rapport avec
la satisfaction et avec la santé.

(21 h 12.) Maintenant. Le chapitre suivant, le onzième, s’intitule :


« L’esprit conscient en tant que porteur de croyances. Vos croyances et leur
rapport avec la satisfaction et avec la santé. » C’est le titre.
(Une pause.) La nature de vos croyances personnelles détermine pour
une large part le type d’émotions qui sont les vôtres à tout instant. Vous
vous sentez agressif ou heureux, désespéré ou déterminé en fonction des
situations qui vous arrivent, de la façon dont vous vous positionnez par
rapport à elles, et des idées qui sont les vôtres à propos de vous-même et de
ce que vous êtes. Vous ne pourrez pas comprendre vos émotions tant que
vous n’aurez pas identifié vos croyances. Vous aurez l’impression d’être
agressif, bouleversé, ou que vos sentiments vous envahissent et vous
emportent sans la moindre raison, si vous n’apprenez pas à écouter les
croyances qui demeurent au sein de votre esprit conscient – car celles-ci
génèrent leurs propres émotions.
L’une des causes majeures de la dépression, par exemple, est le fait de
croire que votre esprit conscient est impuissant face à des circonstances qui
vous ont été imposées de l’extérieur, ou face à des émotions si intenses
qu’elles semblent vous submerger.
La psychologie, la religion, la science ont toutes contribué, d’une
manière ou d’une autre, à accroître la confusion en dépouillant l’esprit
conscient de ses qualités directrices, en le considérant comme le parent
pauvre du moi. (Une pause.) Les écoles de « pensée positive » essayent de
remédier à la situation, mais elles font souvent plus de mal que de bien
parce qu’elles tentent de vous imposer des croyances que vous souhaiteriez
avoir mais qui ne sont pas les vôtres dans votre état de confusion présent.
Souvent, ces philosophies vous font trembler à l’idée que vous pouvez
entretenir des pensées ou des émotions « négatives ». En tout cas, les clés
de votre expérience affective et de votre comportement résident dans votre
système de croyances ; certaines sont plus évidentes que d’autres pour vous,
mais toutes vous sont accessibles consciemment. Si vous croyez que vous
ne valez pas grand-chose, que vous êtes un être inférieur et si vous vous
sentez plein de culpabilité, vous réagirez différemment selon vos
antécédents et selon le cadre dans lequel vous avez accepté ces croyances.
Vous pouvez avoir terriblement peur des sentiments d’agressivité parce que
[vous semble-t-il] d’autres, qui sont beaucoup plus forts que vous,
pourraient contre-attaquer. Si vous croyez que toutes les pensées de ce type
sont mauvaises, vous allez les inhiber et vous sentir d’autant plus coupable
– ce qui va générer de l’agressivité envers vous-même et enraciner encore
davantage votre sentiment de ne rien valoir.
(21 h 34.) Maintenant, si dans cette situation vous lisez un livre qui vous
apprend à contempler la bonté, à tourner immédiatement vos pensées vers
l’amour et la lumière quand vous vous sentez irrité, vous allez au-devant de
problèmes. Ces pratiques auront pour seul résultat de vous amener à
craindre encore plus vos émotions naturelles. Vous n’allez pas comprendre
plus qu’avant pourquoi vous les avez. Vous risquez simplement de les
dissimuler avec plus d’ingéniosité et, peut-être, de tomber malade – si, vu la
situation, vous ne l’êtes pas déjà.
Dans un cas semblable, plus vous essayez d’être « bon » à tout prix, plus
le sentiment de votre infériorité va imprégner votre esprit. Quelle idée vous
faites-vous de vous-même, de votre vie quotidienne, de votre corps, de
votre relation aux autres ? Posez-vous ces questions. Écrivez les réponses
ou enregistrez-les. En tout cas, d’une manière ou d’une autre, objectivez-
les.
Quand vous sentez monter une émotion désagréable, accordez-vous un
instant et efforcez-vous d’en identifier la source. Les réponses sont
beaucoup plus accessibles que vous avez pu le croire. Acceptez ces
sentiments comme étant vôtres en cet instant. Ne les enfouissez pas, ne les
ignorez pas et n’essayez pas non plus de les remplacer par ce que vous
estimez être de bonnes pensées.
Soyez tout d’abord conscient de la réalité de vos sentiments. À mesure
qu’avec le temps vous devenez plus conscient de vos croyances, vous allez
voir comment elles produisent automatiquement certains sentiments. Un
homme qui est sûr de lui n’est pas en colère dès qu’on lui cause le moindre
ennui, pas plus qu’il ne garde rancune. En revanche, dans la même
situation, celui qui doute de sa propre valeur est furieux. La libre circulation
de vos émotions vous ramène toujours à vos croyances conscientes, si vous
les laissez faire.
Vos sentiments modifient constamment l’équilibre chimique de votre
corps et sa production hormonale, mais le danger apparaît uniquement
quand vous refusez de faire face au contenu de votre esprit conscient.
Même la simple intention de vous connaître vous-même, de regarder en
face la réalité de votre expérience, peut être déjà très bénéfique et générer
des émotions qui vous donneront une énergie, une impulsion qui vous
aidera à démarrer.
(Une pause.) Nul ne peut le faire à votre place. Peut-être pensez-vous
qu’une bonne santé mentale signifie être toujours de bonne humeur, résolu
et attentionné, ne jamais pleurer et ne jamais montrer qu’on est déçu. Cette
croyance peut suffire à vous faire refuser des dimensions tout à fait
naturelles de l’expérience humaine, et entraver le flot des émotions qui
pourrait sinon assainir à la fois votre corps et votre esprit. Si vous êtes
convaincu que les sentiments sont dangereux, cette croyance même va
générer une peur de tous les sentiments et vous risquez d’être pratiquement
pris de panique si vous manifestez autre chose qu’un comportement calme
et « raisonnable ».
Dès lors, vos émotions peuvent vous paraître hautement imprévisibles,
extrêmement puissantes, et devant être réprimées à tout prix. Or il y a
forcément un prix à payer quand on essaye d’étouffer ses sentiments
naturels ; mais c’est la croyance elle-même qui est en cause et non pas les
émotions. Toutes ces situations vous coupent de votre propre sens de
l’équilibre. La grâce naturelle de votre être en est perturbée.
Maintenant – faites une pause, puis nous poursuivrons.
(21 h 54. La transe de Jane est excellente, son débit rapide par rapport à
ma vitesse d’écriture. Le matériau de Seth, en particulier celui transmis
vers 21 h 34, est tout à fait approprié étant donné le drôle d’incident qui est
arrivé à Jane peu de temps avant la session. Elle avait pris machinalement,
aurait-on dit, un livre sur l’une de nos étagères. Il se trouve qu’il s’agissait
d’un traité d’automédication écrit par un médecin renommé. En le
feuilletant, Jane s’est tellement mise en colère contre ses suggestions
affligeantes qu’elle l’a jeté à travers la pièce.
Pendant la pause, je me demande à voix haute si elle a pu choisir ce livre
parce qu’elle savait intuitivement que Seth allait traiter de ce sujet ce soir –
à moins que Seth ne profite de ce qui s’est passé pour donner son point de
vue d’une nouvelle manière ? Jane dit qu’elle n’en sait rien, et ajoute
qu’elle n’a pas « regardé ce livre depuis quatre ou cinq ans ». Moi non
plus. Je me souviens pourtant à quel point nous l’avions accepté
implicitement lorsque nous l’avions acheté.
Reprise au même rythme rapide à 22 h 05.)
L’esprit conscient est destiné à aligner toutes vos capacités avec ses
croyances concernant la nature de la réalité. Ces ressources sont
considérables, car elles comprennent les aspects les plus profonds de votre
créativité, et des pouvoirs profondément enfouis sous votre conscience et
dont vous ne vous rendez que vaguement compte.
Vous ne pouvez espérer être heureux si vous croyez dans le même temps
que vous n’avez pas droit au bonheur ou que vous ne le méritez pas. Vous
ne pouvez vous dire de lâcher la bride à des pensées agressives si vous
considérez que c’est mal de les laisser en liberté. Dans tous les cas, vous
devez donc vous confronter à vos croyances.
Si l’on vous a dit que l’esprit est bon – et même parfait – et que vous
devez par conséquent être en tous points parfait, alors qu’en même temps
vous croyez en l’imperfection du corps, vous allez toujours être en conflit
avec vous-même.
S’il vous semble que l’âme est dégradée par son alliance avec la chair,
vous ne pouvez pas jouir de votre propre sentiment de grâce, car vous ne
pensez pas que cela soit possible. Vos croyances dictent la façon même dont
vous interprétez différentes émotions. De nombreuses personnes sont, par
exemple, convaincues que la colère est toujours négative. Dans certaines
circonstances, elle peut être la plus stimulante et la plus thérapeutique des
émotions. Vous pouvez alors réaliser que, pendant des années, vous avez
tremblé devant des croyances contradictoires et vous dresser contre elles
avec colère, entamant littéralement une vie nouvelle et libre.
Fondamentalement, l’agressivité normale est une forme naturelle de
communication, en particulier dans l’ordre social ; c’est une façon de faire
savoir à une autre personne que, selon vous, elle est allée trop loin. Il s’agit
donc d’un moyen de prévenir la violence – et non pas de la causer.
Chez l’animal, l’agressivité naturelle est employée avec la plus grande
intégrité biologique. Elle est à la fois ritualisée et parfaitement spontanée.
Ses signaux sont compris. Les différences d’intensité, les postures et les
indications diverses de cette agressivité animale naturelle représentent les
diverses étapes d’une suite de messages grâce auxquels les rencontres entre
animaux sont dénuées de toute ambiguïté.
En général, toute une série d’actes symboliques complexes intervient
bien avant le combat, si d’aventure celui-ci finit par avoir lieu. La plupart
du temps, l’étalage de comportement agressif évite toutefois le combat lui-
même. L’être humain, lui, entretient des attitudes chargées et très
contradictoires concernant l’agressivité, et ses croyances à ce sujet sont la
cause de nombreux problèmes aussi bien individuels que collectifs.
(Encore en transe, Jane marque un temps d’arrêt. Elle vient de prendre
une nouvelle cigarette et s’aperçoit soudain qu’elle n’a plus d’allumettes.
« Attends une seconde, dis-je, je vais te chercher du feu… » Je suis content
de cette occasion de bouger ; le rythme était rapide.)
Ruburt et moi vous remercions.
Dans une certaine mesure, nous allons aborder ces difficultés dans ce
livre. Dans votre société, et dans d’autres à des degrés divers, la
communication naturelle de l’agressivité s’est détériorée. Vous confondez
violence et agressivité et vous ne comprenez pas l’activité créatrice de cette
dernière ni sa raison d’être en tant que moyen de communication pour
prévenir la violence.
Vous faites délibérément beaucoup d’efforts pour limiter les éléments
communicatifs de l’agressivité, tout en ignorant ses nombreux aspects
positifs, si bien que son pouvoir naturel s’accumule et finit par exploser en
violence. La violence est une distorsion de l’agressivité.
(Une pause à 22 h 28.) Accordez-nous un instant…
La naissance est un acte agressif – la poussée vers l’extérieur, avec la
grande impulsion du moi, depuis l’intérieur d’un corps vers un nouvel
environnement. Toute idée créatrice est agressive. La violence n’est pas
agressive ; elle est au contraire l’abandon passif à une émotion qui n’est ni
comprise ni évaluée – mais qui est crainte et recherchée à la fois.
Fondamentalement, la violence est une capitulation écrasante, et toute
violence contient une bonne part d’émotion suicidaire, ce qui est l’antithèse
de la créativité. (Une pause.) Dans une guerre, par exemple, le tueur et la
victime sont tous deux pris dans le même type de passion, mais ce n’est pas
une passion agressive. Elle en est l’opposé – le désir de destruction.
Sachez que ce désir ardent est le fruit du désespoir causé par un
sentiment d’impuissance, et non pas de pouvoir. L’agressivité mène à
l’action, à la créativité et à la vie. Elle ne mène pas à la destruction, à la
violence ou à l’anéantissement.
Prenons l’exemple très simple d’un homme doux et bon, vivant dans un
environnement assez ordinaire au sein de votre société. (Une pause.) On lui
a appris qu’être agressif était signe de virilité, et il croit que cela signifie se
battre. En tant qu’adulte, il désapprouve les bagarres. Il est incapable de
frapper son patron, même s’il en a parfois envie. En même temps, son
Église lui enseigne peut-être de tendre l’autre joue lorsqu’il est contrarié, et
d’être gentil, doux et compréhensif.
La société dans laquelle il vit lui enseigne que de telles qualités sont
féminines. Il passe sa vie à essayer de cacher ce qu’il pense être un
comportement agressif – un comportement violent – et tente d’être au
contraire gentil et compréhensif. Bien entendu, ce stéréotype est irréaliste,
car il se base sur de faux concepts quant au masculin et au féminin, mais
nous allons simplement considérer ici ce qui relève de l’agressivité. Comme
notre homme cherche tellement à être compréhensif, il inhibe l’expression
de nombreuses irritations normales qui, sinon, serviraient de moyen naturel
de communication entre, disons, son supérieur et lui au travail, ou peut-être
avec sa famille à la maison.
Parallèlement, toutes ces réactions inhibées cherchent une échappatoire,
car la manifestation de sentiments agressifs induit un équilibre naturel à
l’intérieur du corps, en plus de servir de système de communication avec les
autres. Quand son organisme n’en pourra plus, notre ami risque de réagir
avec un comportement violent. Il peut soudain se retrouver mêlé à une
bagarre – ou en déclencher une – et le plus petit incident peut servir de
déclic. Il risque de se blesser, ou de blesser quelqu’un.
En règle générale, les animaux sont plus sensés. Votre esprit et votre
corps sont donc tout à fait équipés pour gérer l’agressivité. La violence ne
survient que lorsqu’on a court-circuité l’expression naturelle de
l’agressivité. La sensation de pouvoir ressentie à ce moment-là est due à la
libération soudaine d’une énergie réprimée, mais l’individu est à la merci de
cette énergie – qui le submerge et par laquelle il est passivement emporté.
La peur de vos propres émotions peut faire beaucoup plus de dégâts que
leur expression, car l’appréhension accumule une charge ; elle intensifie
l’énergie qui sous-tend ces émotions.
Vous pouvez maintenant faire votre pause.
(22 h 52. Jane était « bien partie… Je pense que nous allons recevoir
encore du matériau sur les animaux et l’agressivité… Oh ! Seth est encore
là. Je viens de recevoir la phrase suivante », dit-elle en riant. Mais j’ai la
main engourdie à force d’écrire et je lui demande d’attendre. « C’est drôle,
ajoute-t-elle, une partie de moi est déjà dans la session alors que le reste
est encore ici, en train de faire une pause… » Reprise dans les mêmes
conditions à 23 h 05.)
Maintenant. Puisque vous avez un esprit conscient, vous avez une grande
latitude dans votre façon d’exprimer l’agressivité, mais vous conservez
encore, d’une certaine manière, l’héritage animal. Un froncement de
sourcils est un moyen naturel de communication qui dit « vous m’avez
contrarié » ou « je suis contrarié ». Si vous vous efforcez de sourire alors
que vous avez envie de grogner, vous falsifiez votre expression naturelle et
refusez à autrui une communication légitime qui l’informerait de vos
sentiments.
Quand un homme ou une femme vous sourit constamment, ce sourire
peut tenir lieu de masque. Vous ne savez pas si vous êtes, oui ou non, en
train de communiquer avec cette personne. Le son de sa voix suit ses
propres schémas et l’agressivité naturelle doit par moments en colorer le
timbre ; et elle le fait.
Le corps manifeste de nombreux signes biologiques ; tous sont destinés à
communiquer avec les autres sur une base créative – en guise
d’avertissement à quelque niveau que ce soit. À sa façon, chacun de ces
signaux est automatique et pourtant ritualisé – la danse d’un muscle en
mouvement, qui a sa propre signification et qui est biologiquement
comprise. Tous ces signaux sont constructifs. Ils sont destinés à susciter des
réactions chez les autres pour parvenir à de nouveaux points de
compréhension, à un équilibre des droits. Quand vos pensées conscientes
interfèrent avec ces processus, vous avez de sérieux problèmes.
Le schéma de comportement animal est plus limité que le vôtre ; en un
sens, il s’exprime de manière plus libre et plus automatique, mais il est plus
restreint car les situations que les animaux rencontrent ne sont pas aussi
variées que les vôtres. (Une pause.) Vous ne pouvez pas apprécier votre
spiritualité si vous n’appréciez pas votre condition de créature. Il ne s’agit
pas de vous élever au-dessus de votre nature, mais d’évoluer sur la base de
sa pleine compréhension. Il y a une différence.
Vous ne parviendrez pas à la spiritualité, ni même simplement à une vie
heureuse, en déniant la sagesse et l’expérience de la chair. Vous pouvez
apprendre davantage en observant les animaux qu’auprès d’un gourou ou
d’un ministre – ou qu’en lisant mon livre. Mais vous devez tout d’abord
vous défaire de l’idée que votre condition de créature est suspecte. Votre
humanité ne s’est pas dressée sur le refus de votre héritage animal, mais en
l’élargissant.
(23 h 25.) Quand vous essayez de vous ouvrir à la spiritualité en
amputant votre état de créature, vous devenez moins que des créatures
joyeuses, épanouies, satisfaites et naturelles, tout en étant bien loin de
comprendre la vraie spiritualité. Nombre de ceux qui disent croire au
pouvoir des pensées en ont tellement peur qu’ils l’inhibent en eux-mêmes et
évitent toutes celles qui leur paraissent négatives ou mauvaises. Ils bloquent
la moindre expression « agressive ». Les pensées peuvent tuer, se disent-ils
– comme si l’individu contre lequel est dirigée une impulsion de ce genre
n’avait pas sa propre énergie protectrice et porteuse de vie, ainsi que des
défenses naturelles.
À ce stade, et pour des raisons diverses, il y a souvent un sentiment de
pouvoir, caché et dénaturé, qui dit : « Je suis si puissant que je pourrais te
tuer avec ma pensée et pourtant je refuse de le faire. » Personne ni aucune
pensée n’a un tel pouvoir. Si les pensées pouvaient tuer, vous n’auriez pas
de problème de surpopulation !
Chacun a, de manière innée, sa propre énergie et sa propre protection.
Vous n’acceptez que les idées et les pensées qui correspondent à votre
système de croyances et, même là, il existe plusieurs systèmes de
protection. Aucun homme ne meurt à moins de le vouloir et, s’il meurt,
c’est pour une raison bien meilleure que celle qui pourrait vous amener à
vouloir sa mort.
(Une pause.) Vous considérez parfois le suicide comme un acte passif et
honteux et la guerre comme un acte agressif et puissant. Le suicide et la
guerre sont tous deux le résultat de la passivité et d’une agressivité
dénaturée, de vecteurs naturels de communication mal compris et mal
utilisés. Vous pensez aux fleurs en termes de douceur, de beauté et de
« bonté » ; pourtant, à chaque fois qu’un nouveau bourgeon éclôt, il y a une
formidable poussée d’agressivité joyeuse qui n’est pas spécialement
passive, et une audace et un courage activement orientés vers l’extérieur.
Sans l’agressivité, la possibilité de grandir serait refusée à votre corps, ses
cellules seraient en proie à l’inertie. L’agressivité est à la base du splendide
jaillissement de la créativité.
Maintenant. C’est la fin de la dictée et la fin de notre session. Si vous
voulez quelque chose sur les probabilités, je vous le donnerai une autre fois,
brièvement, quand je fournirai certains éléments sur la réincarnation pour ce
livre.
(Récemment, j’ai demandé à Jane si elle pensait que, pour ce livre, Seth
allait donner ne serait-ce qu’un bref exposé sur les probabilités. Je suis
particulièrement intrigué par ce sujet depuis que Seth nous a fourni les
informations sur la mort de notre chat Rooney, au cours de la session 639.
[Note ajoutée par la suite : Seth a tenu parole. Voir les chapitres 14 et 15.]
À présent, Seth fait quelques suggestions sur la façon dont ceux qui
participent au cours de perception extrasensorielle pourraient, en suivant
les données de cette session, mettre par écrit leurs croyances individuelles
en vue d’une discussion de groupe.)
Par la suite, je fournirai un compte-rendu de leurs progrès.
(« D’accord. »)
Je vous souhaite un chaleureux bonsoir. Et demandez à Ruburt de vous
montrer son dernier texte.
(« Oui. Merci, Seth. Bonne nuit. »
23 h 40. Jane ne cesse de bâiller. « Je suis épuisée, dit-elle, et en même
temps pleine d’énergie. » Le texte auquel Seth fait référence concerne une
partie du travail de Jane sur les croyances. J’ai mal à la main qui écrit.)
SESSION 643
LUNDI 26 février 1973

(Nous avons tous deux été très occupés depuis la dernière session. Je
n’en ai tapé qu’une page à partir de mes notes et, maintenant, nous ne nous
souvenons ni l’un ni l’autre de la suite. « Bon, vu que j’étais en transe
lorsque c’était dicté, je peux dire que je ne l’ai pas entendu, plaisante Jane.
J’ai donc une excuse. Mais quelle est la tienne ? » Je n’en ai aucune.
Pendant que nous attendons le début de cette session, je lui lis quelques
pages de mes notes.
21 h 20.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Aujourd’hui, Ruburt a reçu un appel d’une jeune femme – une
jeune et belle blonde – que je nommerai Andrea. Celle-ci fournit un
excellent exemple de la façon dont les croyances conscientes influent sur
les sentiments et le comportement.
Andrea a une trentaine d’années ; elle est divorcée et a trois enfants. Elle
a téléphoné à Ruburt pour lui annoncer qu’elle avait perdu son travail ce
matin ; mais plus encore, elle lui a expliqué que sa semaine n’avait été
qu’une succession de circonstances très négatives et de rencontres à forte
teneur émotionnelle. Un jeune homme qu’elle fréquentait a commencé à
l’éviter. Un vendeur l’a mise dans une situation apparemment très
humiliante et l’a invectivé devant tout le monde. Toutes les rencontres qui
ont suivi semblaient du même ordre et, pour finir, à bout de nerfs, elle est
tombée malade. Elle a donc décidé de rester chez elle au lieu d’aller
travailler, et tout cela a culminé dans la perte de son emploi.
Au téléphone, Andrea a dit à Ruburt qu’elle avait le sentiment d’être
quelqu’un d’inférieur, incapable de se débrouiller, incapable de trouver sa
place parmi ses collègues ou dans le monde en général.
Elle avait bien sûr porté ces croyances pendant toute cette période, et elle
les exprimait inconsciemment par son corps – par ses gestes, par ses
expressions, par le ton de sa voix. Tout son être physique s’attendait à des
rebuffades. Quels qu’ils aient pu être, les évènements de cette période
doivent être interprétés à la lumière de cette disposition mentale (avec
insistance).
Toutes les données disponibles arrivant à l’organisme allaient être
passées au crible, soupesées et évaluées dans une recherche précise du
matériau qui pourrait donner une dimension concrète à ces croyances. Les
informations ou évènements allant en sens contraire étaient largement
ignorés, ou déformés, de manière qu’ils correspondent à ce que l’esprit
disait être la réalité.
Les croyances conscientes focalisent votre attention, la canalisent et
orientent votre énergie de façon à ce que vous puissiez rapidement intégrer
les idées dans votre expérience physique. Ces mêmes croyances servent
aussi d’œillères, en rejetant les données qui ne peuvent être assimilées tout
en préservant l’intégrité des croyances. Notre Andrea ne voyait donc pas,
ou ignorait, les sourires ou les encouragements qui croisaient son chemin ;
et dans certains cas, elle perçut même comme « négatifs » certains
évènements potentiellement bénéfiques – ce qui contribua à renforcer la
croyance en sa propre infériorité.
Au téléphone, Ruburt a rappelé à Andrea son unicité fondamentale, et
aussi le fait que, par ses croyances, elle crée sa réalité. Ruburt a redonné de
la vigueur à d’autres idées qu’Andrea avait temporairement oubliées – sa
véritable valeur entre autres ; et comme Ruburt croyait en la valeur
d’Andrea et que celle-ci le savait, cette croyance plus positive s’est élevée
et a balayé les autres.
Au cours de la journée, Andrea a pu examiner ces deux croyances et les
percevoir comme des idées opposées qu’elle avait eues d’elle-même. Elle se
croyait unique et bonne – mais aussi inférieure et mauvaise. À certains
moments, l’une des deux croyances colorait son expérience au point d’en
exclure pratiquement l’autre. Juste avant cette session, Andrea a téléphoné
une seconde fois. Elle avait réalisé qu’elle avait engendré cette situation en
n’étant pas honnête avec ses idées conscientes.
Elle voulait quitter ce travail pour un autre, mais elle avait peur de
franchir le pas et avait donc créé des circonstances dans lesquelles la
décision était apparemment extérieure – comme si elle était victime de
collègues impitoyables, jaloux, ne la comprenant pas, et d’un patron qui ne
lèverait pas le petit doigt pour la défendre.
(Une pause à 21 h 42.) Elle comprenait à présent qu’elle n’était pas la
victime mais l’instigatrice de cette situation. Durant tout ce temps, ses
sentiments avaient fidèlement reflété ses croyances conscientes. Elle s’était
apitoyée sur elle-même tout en se condamnant, ce qui l’avait affaiblie
physiquement. Au cours de leur seconde conversation, Ruburt a donné un
excellent conseil à Andrea en lui expliquant comment tirer parti de ce genre
de sentiments. Chaque lecteur peut, à sa manière, facilement utiliser cette
méthode.
Ruburt a conseillé à Andrea d’accepter la validité de ces sentiments en
tant que sentiments – sans les inhiber mais en suivant leur cours, tout en
comprenant qu’il s’agit de sentiments par rapport à la réalité. En tant que
tels, ils sont réels. Ils expriment des réactions émotionnelles à des
croyances. La prochaine fois qu’Andrea ne se sentira pas à la hauteur, par
exemple, elle devra activement faire l’expérience de ce sentiment, en
réalisant que, même si elle a l’impression d’être inférieure, cela ne signifie
pas qu’elle est inférieure. Elle doit se dire « je me sens inférieure » et
comprendre en même temps que le sentiment n’est pas l’affirmation d’un
fait mais d’une émotion. Il s’agit là d’une validité d’un autre ordre.
Ressentir vos émotions en tant que telles n’est pas la même chose que
de les prendre pour des affirmations factuelles concernant votre existence.
Andrea doit donc se demander : « Pourquoi est-ce que je me sens si
inférieure ? » Si vous niez la validité de l’émotion elle-même et prétendez
qu’elle n’est plus là, vous n’êtes jamais amené à vous interroger sur les
croyances qui sont derrière.
(Une longue pause à 21 h 56.) Je veille simplement à donner un peu de
répit à votre main… Vous n’êtes pas en train de la reposer.
(« Si ! », dis-je sur le ton de la plaisanterie au moment où je pose mon
stylo, ayant terminé ces notes. En tant que Seth, Jane me fixe posément.)
À ce stade, Andrea croit que sa vie doit être difficile. On lui a souvent dit
qu’il est très dur pour une femme de vivre seule, en particulier si elle a des
enfants. Elle pense qu’il va lui être pratiquement impossible de trouver un
nouveau compagnon. On lui a dit que les enfants ont absolument besoin
d’un père, et elle a le sentiment qu’aucun homme ne souhaite s’impliquer
dans une relation avec une femme ayant des enfants.
À trente et quelques années, elle a l’impression que la jeunesse s’enfuit
rapidement et, conformément à ses croyances, elle ne peut concevoir
qu’une femme plus âgée puisse être désirable. Ces idées la plongent donc
dans un état de crise. Il suffit de les changer pour que celle-ci disparaisse.
Le corps cesserait alors de réagir à ce genre de stress et, presque
immédiatement, la situation extérieure s’en trouverait modifiée.
Par ailleurs, toutes vos croyances sont communiquées aux autres, non
seulement par des mécanismes corporels totalement inconscients, mais
aussi par télépathie. Vous allez toujours essayer de mettre en corrélation vos
idées et l’expérience extérieure. (Une pause.) Toutes les facultés du moi
intérieur sont consacrées à la matérialisation de l’image de vos croyances,
sans souci de ce qu’elles devraient être. Les émotions « appropriées » vont
être générées, entraînant les états corporels qui existent dans votre esprit
conscient.
(D’une voix plus forte.) Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(« D’accord. »
22 h 03. Jane dit qu’elle était « vraiment partie, qu’elle ne se rendait
compte de rien » – mais Seth revient rapidement quand j’exprime quelques
doutes sur l’utilisation de ce matériau dans son livre.)
Maintenant. Ce qui précède était une façon d’aider la jeune femme en
question, ainsi que d’autres. Montrez-lui cette session. Il n’y aura aucun
problème. C’est une situation dans laquelle se trouvent de nombreuses
jeunes femmes, et ce matériau peut les aider à résoudre des dilemmes dont
elles ne se rendent peut-être pas compte. Elles ne connaissent pas quelqu’un
comme Ruburt, mais elles peuvent apprendre par ce livre. À présent, vous
pouvez faire votre pause.
(« D’accord. »
22 h 06. Jane rit quand je lui dis que j’avais espéré que Seth répondrait à
mon commentaire de cette manière. Reprise à un rythme plus lent à
22 h 33.)
Je me suis servi du cas d’Andrea parce que tant de croyances
typiquement occidentales se trouvent réunies dans sa réalité – l’idée que
vieillir est un désastre ; que, sans un homme auprès d’elles, les femmes sont
relativement impuissantes ; que, sur le plan pratique, la vie est très difficile
alors qu’idéalement elle devrait être simple. Si toutes ces idées ont un
certain poids, c’est parce qu’elles découlent d’une croyance de fond en
l’impuissance du moi conscient à former son expérience et à la réguler.
Heureusement, Andrea travaille sur son propre système de croyances.
Néanmoins, alors qu’elle se dit à présent que l’âge importe peu, elle
continue de se croire chaque jour moins désirable en tant que femme. Elle
se sent moins séduisante et se comporte donc d’une manière qui l’est peu –
quand elle est sous l’emprise de cette croyance. Elle a la chance d’être
capable de comparer son expérience physique avec ses croyances et elle est
suffisamment astucieuse pour voir les domaines dans lesquels elle a fait de
grands progrès. Mais examinons certaines de ces croyances et appliquons-
les aux autres en général.
Souvent, bien sûr, ceux qui s’efforcent le plus d’être « bons » agissent
ainsi parce qu’ils ont des craintes concernant leur propre valeur ; quant à
ceux qui se disent jeunes de corps et d’esprit, c’est parce qu’ils ont
terriblement peur de la vieillesse. De la même façon, nombre de ceux qui
clament leur indépendance craignent en fait d’être impuissants. Dans la
plupart des cas, ces personnes sont tout à fait conscientes de ces croyances
opposées, mais elles les gardent séparées les unes des autres. Si bien que
celles-ci ne sont jamais réconciliées.
(22 h 45.) Puisque vos sentiments arrivent dans le sillage de vos
croyances, certains d’entre eux vont parfois vous paraître insensés si vous
ne leur accordez pas la liberté de se relier aux idées opposées que vous avez
peut-être aussi.
Une personne peut donner l’impression d’être ouverte et réceptive. Ou
bien en lisant ce livre, un lecteur peut se dire « mon problème, c’est que je
suis trop émotif ». Pourtant, en s’analysant un peu, chacun ou presque
s’apercevra qu’il y a des domaines dans lesquels il n’exprime ses émotions
que jusqu’à un certain point. Il ne les accompagne pas jusqu’au bout.
(Une pause, parmi tant d’autres.) Un sentiment ne mène jamais à une
impasse. Il est en mouvement et conduit toujours à un autre sentiment. Ce
flot modifie votre condition physique tout entière et cet échange est destiné
à être accepté consciemment. Vos émotions vous conduiront toujours à une
compréhension de vos croyances, si vous ne faites pas obstruction. Les états
émotionnels sont des élans pour l’action, destinés à trouver une expression
physique. Chacun d’eux a pour base l’agressivité naturelle.
Les liens entre créativité et agressivité n’ont jamais été compris dans
votre société. Une mauvaise compréhension de la véritable agressivité peut
vous amener à craindre toute émotion et vous couper de l’une des
meilleures thérapies naturelles.
L’agressivité naturelle procure son élan à toute créativité. Cela va
déconcerter de nombreux lecteurs, qui croient que l’impulsion est due à
l’amour et que l’amour est l’opposé de l’agressivité. Cette division est
artificielle ; elle n’existe pas. L’agressivité naturelle est la poussée en avant,
aimante et créatrice, le moyen par lequel l’amour est activé, le combustible
par l’entremise duquel il se propulse. (Avec insistance.) L’agressivité, au
sens le plus fondamental du terme, n’a rien à voir avec la violence
physique, contrairement à ce que vous pensez, mais avec la force par
laquelle l’amour est perpétué et se renouvelle avec créativité.
(23 h 01.) Quand on pense différemment, on tombe dans une vision
déformée dans laquelle on donne le pouvoir à des éléments négatifs – ce
dernier est alors perçu comme une menace ou un mal, on va peut-être même
jusqu’à lui attribuer des connotations diaboliques. En revanche, la bonté est
perçue comme dénuée de force, démunie, passive, et l’on considère qu’elle
a besoin d’être défendue.
On craint donc toute émotion puissante ; on est effrayé par les
dimensions de sa propre réalité, on est amené à fuir, ou à refuser d’accepter
le pouvoir et l’énergie de son propre être. On est forcé de diluer sa propre
expérience. Les croyances de ce genre ont un aspect très déprimant ; elles
peuvent vous amener à vous fermer définitivement à tout sentiment intense,
immédiatement considéré comme négatif.
Vous commencez alors automatiquement à inhiber tout stimulus
susceptible d’occasionner des émotions fortes, ce qui vous prive d’un retour
d’information pourtant nécessaire. Vous êtes à la merci de vos émotions
uniquement quand vous en avez peur. Elles sont la dynamique de votre être.
Elles marchent main dans la main avec votre intellect. Mais quand vous ne
vous rendez pas compte du contenu de votre esprit conscient et que vous
n’êtes pas équitable avec vos émotions, vous vous heurtez à des difficultés.
Vous pouvez faire une pause.
(23 h 11. Jane sort rapidement de transe. « Je ne sais pas pourquoi, mais
je n’y étais pas vraiment », déclare-t-elle. Je lui dis que le matériau est
aussi pertinent que d’habitude. Comme cela arrive parfois, elle a été
comme moi dérangée pendant sa dictée par des bruits dans l’immeuble.
Pendant la pause, nous en sommes encore irrités.
Nous demeurons assis jusqu’à 23 h 26, puis Jane décide que ce n’est pas
la peine d’essayer de reprendre la session : « Ça ne me fait pas plaisir de le
dire, mais… au diable tout ça pour ce soir. »)
SESSION 644
MERCREDI 28 février 1973

(Pour une fois, la session se déroule dans le bureau de Jane.


Ces derniers jours, elle a senti qu’elle recueillait auprès de Seth du
matériau « à l’avance » pour son livre. Elle a pris quelques notes à ce
propos. L’une des expressions qui nous semblent évocatrices est
« croyances-relais5 ».
Peu de temps avant la session, Jane me dit qu’elle perçoit la présence de
Seth, comme d’habitude. Mais elle ajoute : « Je sens une source d’énergie
juste au-dessus de ma tête – pas un cône, rien d’aussi défini, juste quelque
chose qui est là, à l’extérieur de moi. J’ai l’étrange impression de glisser
ou de planer, comme si j’avais bu deux ou trois verres de vin… Je crois
savoir de quoi Seth va parler. Mes mains aussi me semblent légères,
vraiment soyeuses, comme si elles tournoyaient dans une eau douce comme
de la soie. Ce n’est pas que je sois sortie de mon corps mais… »
Assise dans son fauteuil à bascule, Jane enlève ses lunettes et ferme les
yeux. Puis, à 21 h 05.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Ruburt a reçu de moi quelques informations par une autre
méthode. Un peu de matériau lui a été donné pour son propre usage, à
l’avance en quelque sorte.
Il a eu l’impression que l’information « arrivait tout simplement », mais
qu’elle n’était pas encore traduite en mots. Il a reçu à la place des idées
qu’il a ensuite interprétées, verbalisées et mises lui-même par écrit. Ce
matériau est pertinent et fait partie de ce chapitre. Je vais à présent vous le
donner à ma façon.
J’ai souvent affirmé que la relation corps-esprit formait un seul et même
système. Les pensées sont aussi nécessaires à l’ensemble de l’organisme
que les cellules du corps. Ruburt a très bien interprété une analogie que je
lui ai donnée, dans laquelle je compare les pensées aux cellules
individuelles, et les systèmes de croyances aux organes physiques qui sont
composés de cellules. Les organes continuent de fonctionner dans le corps
bien que les cellules qui les composent meurent et renaissent.
Les systèmes de croyances sont aussi nécessaires et naturels que les
organes physiques. En fait, leur raison d’être est de vous aider à diriger le
fonctionnement de votre être biologique. Vous n’accordez aucune pensée
consciente à l’apparition et à la disparition des cellules au sein de vos
organes. Laissées à elles-mêmes, vos pensées vont et viennent tout aussi
naturellement à l’intérieur de vos systèmes de croyances ; et idéalement,
elles s’équilibrent, vous maintiennent en bonne santé et gouvernent votre
corps de manière que ses thérapies innées puissent intervenir.
Vos systèmes de croyances attirent bien sûr certains types de pensées,
avec leur cortège d’expériences émotionnelles. Un bombardement constant
de pensées haineuses ou vindicatives doit vous amener à chercher les
croyances d’où elles tirent leur force.
Vous ne pouvez cependant (très intensément) pas le faire si vous ignorez
la validité de ces pensées dans votre expérience, si vous essayez de les
fourrer sous le tapis d’un optimisme de surface. Ces pensées malheureuses
récurrentes vont conduire au même type d’expériences physiques, mais
c’est votre système de croyances qu’il vous faut examiner.
(21 h 22. Pendant plus d’une minute, Jane demeure assise complètement
immobile, les yeux fermés.)
Les évènements « négatifs » que vous rencontrez, qu’ils soient subjectifs
ou objectifs, sont destinés à vous faire examiner le contenu de votre esprit
conscient. À leur façon, les pensées de détestation ou de vengeance sont des
moyens thérapeutiques naturels, car si vous suivez ces pensées, si vous les
acceptez avec la validité qui est la leur en tant que sentiments, elles vont
automatiquement vous conduire au-delà d’elles-mêmes ; elles vont se
transformer en d’autres sentiments, vous emporter de la haine vers ce qui
semble être les sables mouvants de la peur – laquelle se trouve toujours
derrière la haine.
En acceptant de suivre vos sentiments, vous unifiez votre état
émotionnel, mental et corporel. Quand vous tentez de lutter contre eux ou
de les nier, vous divorcez de la réalité de votre être. Si vous abordez les
pensées et les sentiments comme nous l’avons décrit, vous vous ancrez
fermement dans l’intégrité de votre expérience présente, et permettez à son
mouvement inné et à sa créativité naturelle de tendre vers une solution
thérapeutique.
Quand vous refusez ce type d’émotions ou quand elles vous terrifient,
vous entravez le cours des sentiments, d’un instant à l’autre. Vous dressez
des barrages. Chaque émotion se transforme en une autre si vous en faites
honnêtement l’expérience. Sinon, vous faites obstacle au mouvement
naturel de votre organisme tout entier.
La peur, regardée en face et ressentie avec les sensations corporelles et
les pensées qui l’accompagnent, apporte automatiquement sa propre forme
de résolution. Le système conscient de croyances à l’origine de l’obstacle
est illuminé, vous réalisez que vous vous sentez d’une certaine façon parce
que vous croyez en une idée qui entraîne cette réaction et lui donne une
justification.
(21 h 34.) Si vous avez l’habitude de refuser l’expression de toute
émotion, vous vous aliénez non seulement votre corps mais aussi vos idées
conscientes. Vous allez enterrer certaines pensées et revêtir une armure
biologique pour ne pas ressentir physiquement leur effet sur votre corps. La
réponse se trouve toujours dans votre système personnel de croyances, dans
ces puissants concepts que vous entretenez en votre for intérieur et qui ont
provoqué les inhibitions en question.
Si vous constatez que vous courez dans tous les sens, animé par une
frénésie spirituelle et essayant de refouler toute idée négative qui vous
viendrait, demandez-vous pourquoi vous croyez tant au pouvoir destructeur
de la plus infime de vos pensées « négatives ».
Le corps et l’esprit constituent ensemble un système unifié qui se régule,
se nettoie et se guérit de lui-même. En son sein, chaque problème contient
sa propre solution si l’on y fait face avec honnêteté. Chaque symptôme,
mental ou physique, est un indice pour la résolution du conflit qui se trouve
derrière ; il porte en lui les graines de sa propre guérison.
Vous pouvez faire une pause.
(21 h 44. Jane dit que, pendant cette dictée, sans se rendre compte de ce
que Seth disait, elle « savait » qu’il était en train de parler du matériau
qu’elle avait elle-même reçu un peu plus tôt dans la semaine. Reprise à un
rythme plus lent à 22 h 01.)
Maintenant. Il est vrai que des pensées habituelles d’amour, d’optimisme
et d’acceptation de soi sont meilleures pour vous que leur contraire ; mais,
une fois encore, les croyances qui sont les vôtres en ce qui vous concerne
attirent automatiquement des pensées qui s’accordent à vos idées. Il y a
autant d’agressivité naturelle dans l’amour qu’il y en a dans la haine. La
haine est une distorsion de cette force normale, le résultat de vos croyances.
Comme dans le matériau que Ruburt a reçu par avance pour son propre
compte, l’agressivité naturelle est purifiante et extrêmement créatrice – la
poussée sous-jacente à toute émotion.
Il y a deux façons de découvrir vos croyances conscientes. La plus
directe consiste en une série de discussions avec vous-même. Écrivez vos
croyances dans divers domaines et vous allez découvrir que vous croyez des
choses différentes à des moments différents. Souvent, les contradictions
apparaissent facilement. Elles correspondent à des croyances opposées qui
régulent vos émotions, aussi bien que votre condition corporelle et votre
expérience physique. Examinez les conflits. Des croyances invisibles vont
apparaître, qui unifient ces attitudes apparemment diverses. Les croyances
invisibles sont simplement des croyances dont vous êtes pleinement
conscient mais que vous préférez ignorer parce qu’elles représentent des
domaines conflictuels que, jusqu’à présent, vous ne souhaitiez pas traiter.
Elles vous sont totalement accessibles dès que vous êtes déterminé à
examiner le contenu complet de votre esprit conscient.
Si cette méthode vous paraît trop intellectuelle, vous pouvez aussi faire
ce travail en partant de vos émotions pour remonter jusqu’à vos croyances.
De toute façon, quelle que soit la méthode choisie, l’une vous mènera à
l’autre. Les deux approches exigent que vous soyez honnête avec vous-
même et que vous alliez vraiment à la rencontre des aspects mentaux,
psychiques et émotionnels de votre réalité présente.
(22 h 12.) Comme pour Andrea (voir la dernière session), vous devez
accepter la validité de vos sentiments tout en réalisant qu’ils se rapportent
à certaines questions ou conditions mais qu’ils ne sont pas nécessairement
une assertion factuelle de votre réalité. « J’ai l’impression d’être une
mauvaise mère » ou « j’ai le sentiment d’être un raté » sont là des
affirmations d’ordre émotionnel, qu’il faut accepter comme telles. Vous
devez cependant comprendre que, si les sentiments ont une intégrité qui
leur est propre en tant qu’émotions, ils ne sont pas forcément l’expression
de faits. Vous pouvez être une excellente mère et vous sentir totalement
incompétente. Vous pouvez très bien atteindre vos objectifs avec succès tout
en continuant de penser que vous êtes un raté.
En reconnaissant ces différences et en suivant les sentiments jusqu’au
bout, et honnêtement – en d’autres termes, en chevauchant les émotions –
vous serez amené aux croyances qui se trouvent derrière elles.
Inévitablement, vous enregistrerez une série de révélations vous concernant,
chacune d’entre elles vous menant plus loin dans une activité
psychologique créatrice. À chaque étape, vous serez plus proche que vous
ne l’avez jamais été de la réalité de votre expérience.
L’esprit conscient en bénéficiera grandement ; il se rendra de plus en plus
compte de son influence déterminante sur les évènements. Dès lors, il ne
percevra plus les émotions ni le corps comme menaçants ou imprévisibles ;
il n’en aura plus peur et ressentira l’unité plus vaste dans laquelle il est
impliqué.
Les émotions n’auront plus l’impression d’être des parents pauvres dont
seuls les mieux vêtus peuvent se montrer. Elles n’auront pas besoin de crier
pour s’exprimer, car elles seront complètement admises en tant que
membres de la famille du moi. Maintenant, une fois encore, certains d’entre
vous diront que leur problème est d’être trop émotif, trop sensible. Vous
pensez peut-être que vous êtes trop facilement déstabilisé, et dans ce cas
vous avez peur de vos émotions. Vous les estimez assez puissantes pour
engloutir toute raison.
(22 h 27.) Quel que soit votre degré d’ouverture apparente, vous acceptez
certaines émotions que vous croyez sûres et vous en ignorez ou bloquez
d’autres à un certain stade parce que vous craignez de les suivre plus avant.
(Une pause.) Ce comportement s’aligne évidemment sur vos croyances.
(Une longue pause.) Si vous avez plus de quarante ans, par exemple, vous
vous dites peut-être que l’âge importe peu, que vous vous sentez bien avec
les jeunes et que vos pensées sont celles de la jeunesse. Vous n’acceptez que
les émotions qui semblent conformes à l’idée que vous vous faites de cette
dernière et vous vous sentez concerné par ses problèmes. Vous acceptez ce
que vous pensez être des pensées saines et optimistes. Vous vous considérez
peut-être comme très émotif.
Derrière tout cela, vous êtes néanmoins très conscient, comme il faut
d’ailleurs l’être, de votre condition de créature. Pourtant, vous ignorez
fermement les changements survenus dans votre apparence à partir de,
disons, l’âge de trente ans – et, ce faisant, vous perdez de vue votre validité
en tant que créature dans l’espace et le temps.
Vous inhibez alors toute pensée concernant la mort, le fait de mourir ou
de vieillir et bannissez ainsi des sentiments parfaitement naturels, destinés à
vous conduire au-delà de vos jeunes années. Vous niez l’existence physique
du corps et sa focalisation sur le temps des saisons ; vous vous privez vous-
même de ces mouvements naturels, biologiques, psychiques et mentaux,
qui sont destinés à vous conduire au-delà d’eux-mêmes.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22 h 37 à 22 h 54.)
Maintenant. Dans ce contexte particulier, l’un des problèmes vient des
connotations associées au mot « vieux ». Dans votre culture, vous croyez
qu’être jeune signifie être souple, alerte et averti. En revanche, être vieux
est généralement considéré comme une disgrâce : on est rigide, démodé,
vieux jeu.
Si vous tentez désespérément de rester jeune, c’est d’habitude pour
cacher vos propres croyances à propos de l’âge, et pour nier toutes les
émotions qui y sont reliées. (Une pause.) Chaque fois que vous refusez
d’accepter la réalité de votre condition de créature, vous rejetez également
des aspects de votre esprit. Le corps existe dans le monde de l’espace et du
temps. Les expériences que vous pouvez rencontrer à soixante ans passés
sont aussi nécessaires que celles de vos vingt ans. Votre image qui change
est supposée vous dire quelque chose. Quand vous prétendez que ces
modifications n’ont pas lieu, vous bloquez des messages aussi bien
biologiques que spirituels.
Au cours de la vieillesse, l’organisme se prépare, pourrait-on dire, à une
nouvelle naissance. La conjugaison de ce qui se passe au niveau de l’esprit,
de la psyché et du corps ne concerne pas seulement l’achèvement d’une
saison mais aussi la préparation à l’émergence d’une autre. La situation
contient tous les éléments nécessaires pour vous soutenir dans cette
transition et vous permettre de la vivre non seulement avec acceptation,
mais avec le grand élan d’agressivité qui vous pousse vers une nouvelle
expérience.
Nier votre réalité temporelle a pour conséquence de vous enraciner dans
le temps et d’être obsédé par lui. Accepter votre intégrité dans le temps
permet au corps de fonctionner jusqu’à son terme naturel, en bon état et
libre de ces concepts invisibles et erronés à propos de l’âge. Si vous croyez
que l’idéal est d’être jeune et que vous vous battez pour le rester, tout en
étant convaincu que la vieillesse implique forcément des infirmités, vous
créez un dilemme qui n’a pas lieu d’être et vous précipitez le vieillissement,
conformément aux aspects négatifs de votre esprit.
Chaque individu doit examiner ses croyances individuelles, ou
commencer par les sentiments qui y conduisent inévitablement. En ce
domaine, comme dans tout autre, ceux d’entre vous qui sont à l’aise avec
les mots peuvent avoir recours à l’écriture. Écrivez vos croyances comme
elles viennent, ou faites des listes de vos hypothèses intellectuelles et
émotionnelles. Vous risquez de découvrir qu’elles sont assez différentes.
Si vous avez un symptôme physique, ne le fuyez pas. Prenez conscience
de sa réalité dans votre corps. Laissez toute liberté aux émotions qui
s’ensuivent. Si vous leur donnez libre cours, elles vous mèneront aux
croyances qui causent la difficulté. Elles vous guideront à travers de
nombreux aspects de votre réalité que vous devez regarder en face et
explorer. Ces méthodes libèrent l’agressivité naturelle que vous réfrénez.
Vous aurez peut-être l’impression d’être submergé par l’émotion, mais
faites-lui confiance – répétons-le, c’est la dynamique de votre être, et elle
stimule votre créativité. Si vous la suivez, elle cherchera les réponses à vos
problèmes.
Dans Dialogues, Ruburt donne un excellent exemple de la façon dont il a
permis à ses sentiments de s’élever, bien qu’au départ il en ait eu peur. Tout
le monde ne peut pas écrire de la poésie mais chacun est créatif à sa
manière et peut, comme Ruburt, suivre ses émotions, qu’un poème en
résulte ou non.
Ruburt sait à quel passage je fais référence. Utilisez-le.
Vous devez réaliser que votre esprit conscient est compétent, que ses
idées sont pertinentes et que vos propres croyances ont un effet sur votre
corps et votre expérience, qu’elles les forment.
Vous pouvez faire votre pause.
(23 h 17. Jane est très surprise d’apprendre que sa transe a duré
pratiquement une demi-heure ; elle pensait que quelques minutes seulement
s’étaient écoulées. Voici un extrait du passage auquel Seth fait référence
lorsqu’il évoque le livre de poésie de Jane. Dans ces pages, écrites il y a
cinq jours, le moi mortel dit à l’âme :

Mais à présent,
mon cœur tremble et respire profondément.
D’anciennes colères
ruminent sous mes pieds.
Un trou noir, terne et pesant,
monte de mon ventre jusqu’à ma gorge
et vide son fardeau sur ma langue
qui se transforme en plomb,
à cause de tant de choses non dites et non pleurées,
que mon esprit a depuis longtemps oubliées
mais qui ont coagulé dans mon sang.
Statues de cendre,
de voyelles et de syllabes non prononcées,
images que j’aurais dû évacuer,
toutes basculent de mes lèvres.

Les spécificités se mêlent,


la lourde masse glacée
s’anime, prend naissance,
et en hurlant se précipite
dehors vers l’Univers.
Formes et couleurs,
noirs et pourpres se mélangent
au grand tableau mouvant du ciel,
s’y perdent et y trouvent rédemption.

Et je te sens maintenant, même dans ma colère,


splendide et terrible,
émerger par ma chair
avec la droiture des vents tumultueux
et des nuages mugissants ;
tu dévastes le paysage
tout en le comblant de fraîcheur ;
tu envoies les débris voler au loin
et libères de nouvelles racines
qui reposaient cachées dessous,
et que ma colère, à juste titre, sert
en les élevant,
ainsi que toi et moi
au-dessus de la terre gelée de la répression ;
tu déferles en tourbillons immenses et libres
qui éclatent comme la foudre en été,
illuminant la campagne et filant comme l’éclair
avec une fureur joyeuse.

Après la pause, nous ne reprenons pas le travail sur le livre : Seth revient
donner une page de matériau pour Jane et la session s’achève à 23 h 34.)

SESSION 645
LUNDI 5 mars 1973

(Après le dîner, Jane manifeste les premiers signes d’un état modifié de
conscience. Elle commence à parler de sa peau « soyeuse » et de la
voluptueuse sensation que lui procure le pull contre son dos. Elle a eu le
même genre de sensations avant la session précédente, bien qu’à un degré
moindre ; voir les notes à ce sujet. Son ouïe déjà fine commence maintenant
à amplifier les sons – le froissement de la cellophane quand elle ouvre un
paquet de cigarettes, le timbre de ma voix lorsque je parle à notre chat
Willy, le bruit du journal entre mes mains. « Mais les mots sont si pauvres
pour décrire ces effets, dit-elle à plusieurs reprises. Ils sont trop
ordinaires… »
Comme cette situation me rappelle plusieurs états de transcendance
auxquels elle est parvenue l’année dernière, je lui suggère de s’y
abandonner mais Jane dit qu’elle préférerait avoir une session. Elle va
dans le salon pour lire et prend un magazine qu’elle trouve « plus lourd »
que la normale. Peu à peu, sa perception de la beauté des choses ordinaires
s’intensifie considérablement. Elle avait l’intention de tourner son fauteuil
de manière à regarder les lumières de la rue, mais elle se retrouve en train
d’admirer la bibliothèque qui lui fait face. Maintenant, sa voix a une texture
plus riche, difficile à définir, joyeuse mais contenue.
Pendant quelque temps, elle demeure là, assise, à s’exclamer sur tout ce
qui l’entoure. Willy, notre chat, saute sur ses genoux. Il est particulièrement
beau, dit-elle. Quand elle le caresse, sa fourrure semble merveilleusement
douce et vivante. Soudain inspirée, de son autre main, elle caresse
simultanément l’air à côté de Willy et trouve cette sensation presque aussi
riche.
Nous mangeons un en-cas, puis Jane se dirige vers son fauteuil à
bascule. Tandis que nous attendons que Seth se manifeste, elle regarde la
pièce avec émerveillement, les yeux beaucoup plus sombres qu’à
l’ordinaire. « Tout me paraît si beau : toi, le salon, Willy, mais je pense
pouvoir tenir une session. J’en ai envie… » Plus tard, au cours de la
session, Seth va faire un commentaire sur cet état de conscience élargie.
21 h 40.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Quand vous examinez le contenu de votre esprit conscient, vous
pouvez avoir l’impression d’entretenir tellement de croyances différentes à
différents moments qu’il vous est impossible de les faire coïncider. Elles
forment néanmoins des structures claires. Vous allez découvrir un ensemble
de croyances de fond autour duquel les autres s’assemblent.
Pensez à ces croyances de fond comme à des planètes, avec vos autres
idées en orbite autour d’elles. Il peut y avoir des croyances « invisibles » et,
parmi celles-ci, il peut y avoir une ou deux croyances de fond. C’est
qu’elles sont cachées – pour reprendre notre analogie – par des planètes
plus brillantes, plus évidentes ; leur existence est révélée par l’effet qu’elles
ont sur vos relations avec les croyances de fond visibles dans votre
« système planétaire ».
Des questions auxquelles il vous semble impossible de répondre lorsque
vous examinez vos propres idées peuvent, par exemple, vous amener à
suspecter l’existence de ces croyances de fond invisibles. Permettez-moi
d’insister sur le fait qu’elles sont consciemment accessibles. Vous pouvez
les découvrir grâce à l’approche déjà mentionnée (lors de la dernière
session), soit en partant de vos sentiments soit en commençant par les
croyances auxquelles vous avez le plus facilement accès.
(21 h 50.) Ce sujet nous amène à ce que je vais appeler les croyances-
relais et, encore une fois, Ruburt a reçu à l’avance et pour son propre usage
certaines informations sur ce sujet. (Voir les notes au début de la dernière
session.) Lorsque vous examinez vos idées, vous découvrez des similitudes,
même entre celles qui semblent contradictoires ; ces ressemblances peuvent
vous servir à jeter un pont sur le vide qui sépare vos croyances – même
celles qui paraissent les plus divergentes. Puisque vous êtes l’individu qui
détient ces croyances, vous les estampillez, en quelque sorte, de certaines
caractéristiques que vous reconnaîtrez. Ces aspects mêmes vont émerger en
tant que croyances-relais. Ce sont de grands porteurs de mouvement et
d’énergie. Quand vous les trouvez, vous découvrez en vous-même un point
d’unité à partir duquel il vous est possible de regarder avec un certain
détachement vos autres systèmes de croyances.
(Une longue pause.) Les émotions liées à ces croyances-relais peuvent
vraiment vous surprendre mais, en vous appuyant sur ces structures
unificatrices, vous pouvez également donner libre cours au flux émotionnel,
et le ressentir tout en vous rendant compte, pour la première fois peut-être,
que l’origine de ces émotions se trouve dans vos croyances, sans craindre
désormais qu’elles vous emportent.
Il est impossible de vous dire la réalité affective d’une telle expérience.
Vous devez la découvrir par vous-même. Ces croyances-relais permettent
souvent de percevoir les croyances « invisibles » évoquées ce soir, et celles-
ci peuvent alors vous apparaître comme une révélation. En y repensant,
vous réaliserez toutefois que, si telle croyance était invisible, c’est parce
qu’une autre vous en bouchait la vue, mais que vous vous rendiez compte
de sa présence ; vous comprendrez aussi, bizarrement, qu’elle était invisible
aussi parce que vous la preniez comme allant de soi. Vous ne la considériez
pas comme une croyance relative à la réalité, mais comme la réalité elle-
même, et ne l’aviez donc jamais remise en question.
Andrea n’avait jamais mis en doute le fait que la vie est plus difficile
pour une femme que pour un homme. (Voir la session 643.) Quand elle
examinait ses croyances, celle-ci lui échappait. Cette croyance invisible
influait cependant sur son comportement et sur son expérience. Maintenant,
elle le comprend et peut la gérer en tant que croyance et non comme une
donnée de la réalité sur laquelle elle n’a aucun contrôle.
(Une pause d’une minute à 22 h 05.) Il est possible d’accéder aux
croyances-relais par le rêve. Quand c’est le cas, la prise de conscience de
cette connaissance peut survenir en plein milieu de votre journée. À la suite
de cette compréhension consciente, le moi éprouve le sentiment d’une
réconciliation, bien que vous ne vous souveniez peut-être pas
consciemment du rêve lui-même. Au cours de celui-ci, divers symboles
peuvent entrer en jeu. Chaque personne est différente à cet égard. Quand on
se souvient de ce genre de rêve, on y trouve souvent des symboles
individuels, comme traverser sans encombre une rivière ou un océan, jeter
un pont au-dessus d’une brèche ou d’un abîme.
(Une pause.) Dans ces moments-là, il peut y avoir aussi un fort contenu
émotionnel, comme si vous triomphiez enfin d’un chaos psychologique, ou
comme si vous vous releviez de la mort. Vous pouvez contribuer à
l’émergence de ces croyances-relais par autosuggestion. Cette idée
consciente elle-même marque l’affirmation d’une intention. Diverses
croyances de fond mal assimilées vous donneront des images conflictuelles
de vous-même. Mais il y a une différence entre la libre expérimentation, le
plaisir d’essayer divers styles de vêtements, d’attitudes et de
comportements – et le fait de se « perdre » dans des changements
compulsifs. Dans le second cas, il s’agit en général de croyances de fond
opposées qui vous tiraillent alternativement d’un côté puis de l’autre.
En général, les émotions exagérément contraires sont, elles aussi,
visibles. Une fois que vous le comprenez, il n’est pas difficile d’observer
vos croyances pour identifier ces émotions et pour trouver un pont unissant
les contradictions apparentes.
Vous pouvez faire une pause.
(22 h 17. La transe de Jane était très profonde. Elle n’a pas entendu le
bruit sporadique des travaux de réparation au rez-de-chaussée, suite à
l’inondation.
Durant la pause, elle demeure dans un état modifié de conscience très
agréable. « C’est un vrai trésor de données sensorielles. Tout a une unité
fantastique… » Jane explique que le mouvement de ma main qui écrit est lié
au son des voitures qui passent en bas dans la rue ; le bruit rythmé de son
fauteuil à bascule est sensuellement relié à la sensation de sa main sur son
pantalon. Quand un de ses doigts suit un pli, un « long son amplifié » se
produit et lorsqu’elle se lève, le haut de son corps est particulièrement
détendu.
À présent, nous entendons Margaret, une locataire âgée qui habite à
l’étage en dessous, appeler son chat, Suzy. Jane dit que cela lui rappelle un
poisson en train de gober ; elle a l’image cocasse de Margaret, bouche
ouverte, émettant ses appels par ondes physiques à travers les airs pour
qu’elles enveloppent Suzy et la ramène à la maison.
Jane pense que ce qu’elle ressent est le fruit de son travail sur les
croyances-relais, depuis qu’elle en a reçu le matériau à l’avance. Je lui
demande donc si Seth va parler de ses réactions personnelles dans ce
chapitre. « D’accord. Maintenant, je l’attends », dit-elle avant de fermer les
yeux. Reprise à 22 h 43.)
Dictée. Depuis que nous avons commencé ce livre, Ruburt a travaillé sur
ses croyances et utilisé les méthodes à sa manière, comme chaque lecteur
doit le faire.
Au début, Ruburt avait du mal à croire que l’esprit conscient puisse
accéder à tant de réponses ; à mesure qu’il progressait, il a été stupéfait de
découvrir que c’était bien le cas. Je vais utiliser son exemple pour montrer
comment une croyance-relais est apparue pour assimiler des idées en
apparence diamétralement opposées. Les mêmes processus opèrent quelles
que soient les croyances.
(Une pause.) Ruburt est déterminé, persévérant, entêté, doué d’une
grande énergie ; il est créatif, intuitif et possède une très grande souplesse
d’esprit. Il a construit sa vie autour de la croyance de fond d’être un
écrivain.
Toute son expérience, il l’a vue à travers cette croyance et reliée à elle ; il
encourage toute impulsion qui la renforce, et fait obstacle à celles qui ne
vont pas dans ce sens. À cause de son tempérament particulier, il met en
quelque sorte tous ses œufs dans le même panier. Ceux d’entre vous qui
font de même se perçoivent d’une façon bien particulière, quelle que soit
cette manière. Ils organisent essentiellement leur expérience selon des
lignes bien définies – qui peuvent concerner, par exemple, la sexualité ou
l’activité professionnelle. Vous pouvez considérer que vous êtes avant tout
une mère ou un père, un enseignant, un éditeur, ou « un homme, un vrai ».
Quoi qu’il en soit, vous allez placer une certaine qualité au-dessus de toutes
les autres, votre nature athlétique, votre penchant spirituel ou autre.
Pareille concentration est excellente si le concept original continue à
prendre de l’ampleur au fur et à mesure de votre expérience et s’il n’est pas
lui-même trop restrictif. Si vous vous considérez avant tout comme une
mère, cela peut simplement impliquer au départ de rester à la maison pour
vous occuper de vos enfants. Mais si cette idée de vous-même reste limitée,
elle peut vous empêcher d’être, par exemple, une femme pour votre mari.
Elle peut vous fermer à une foule d’intérêts complémentaires et empêcher
votre personnalité de s’épanouir dans d’autres domaines.
De la même façon, si votre croyance de fond est tellement axée sur votre
spiritualité qu’elle coupe court à une sensualité pourtant nécessaire, elle
devient alors restrictive et finit par étouffer l’expérience spirituelle qu’elle
était censée exprimer à l’origine.
Pendant qu’il travaillait sur ses croyances, Ruburt s’est retrouvé face à
deux croyances de fond conflictuelles. Son « moi écrivain » suivait la
croyance selon laquelle il était permis et bon d’écrire certaines choses. Il
avait appris à refuser toute impulsion contraire et, dès son jeune âge, avait
construit sa vie en ce sens.
Lorsque ses expériences médiumniques ont commencé, Ruburt a voulu
écrire ce qui lui arrivait et utiliser ce matériau de manière créative. Ses
croyances antérieures concernant sa nature d’écrivain se sont heurtées à ces
envies nouvelles, car il considérait que, poésie mise à part, le travail
d’écrivain ne pouvait concerner que la fiction.
Il a commencé à partager sa vie en deux : d’un côté le « médium » et de
l’autre « l’écrivain ». Ce dernier portait un regard désapprobateur sur toute
matière créative qui ne proviendrait pas des formes d’inspiration auxquelles
il était habitué. Il insistait pour que toute création d’une autre nature jaillisse
en dehors des cinq heures que Ruburt passe chaque jour à écrire. Ces
croyances généraient leurs propres émotions, bien sûr, de sorte que Ruburt
se mettait en colère lorsque les autres le considéraient comme un
« médium ».
Le même genre de dilemme peut se produire pour chaque lecteur, dès lors
que deux croyances de fond fortement conflictuelles se rencontrent. Ruburt
croyait aussi en son travail médiumnique, voyez-vous, et s’y adonnait
pleinement. Certains symptômes physiques se sont développés et il s’en
occupe et y remédie en travaillant seul sur ses croyances. Il a vu comment
ses symptômes reflétaient parfaitement l’image intérieure qu’il a de lui-
même.
(23 h 12.) Je lui ai fourni certaines informations utiles, mais celles-ci ne
pouvaient être utilisées que s’il les ressentait par lui-même et s’il les laissait
parcourir son propre système de croyances. Quand vous comprenez la
nature de la réalité, et le fait que vous la formez, vous ne pouvez plus vous
tourner vers les autres pour qu’ils résolvent vos problèmes, et vous réalisez
que vos propres croyances sont les éléments créateurs pleins de richesse que
vous devez mélanger et assortir par vous-même. Si vous pensez que
certains aliments peuvent vous aider, ils seront efficaces dans ce système –
du fait de vos croyances. Si vous croyez aux médecins, alors ils vont vous
aider.
Si vous croyez aux guérisseurs, ils vont vous aider mais, même dans le
meilleur des cas, toutes ces aides ne sont que temporaires. Ruburt était dans
une situation où il a pu le réaliser. Il a accepté le fait qu’il forme sa réalité et
que certains aspects de celle-ci le dérangent profondément. Il a aussi
compris (une longue pause), qu’il ne peut pas se servir de moi comme
d’une béquille.
Dialogues (voir la session 639, chapitre 10) est à présent un livre, tout
juste terminé, mais il représente aussi un mouvement du moi sous forme de
questions-réponses grâce auxquelles Ruburt a reconnu de nombreuses
croyances divergentes et leur a fait face. Chaque lecteur peut utiliser la
même méthode et objectiver ses croyances personnelles sous forme de
dialogues, que cela prenne un tour artistique ou non. Cela se produit aussi,
fréquemment, dans le rêve, où vous accordez tellement de liberté à votre
créativité naturelle. Il y a souvent des rêves dans lesquels « vous » êtes deux
personnes distinctes, étrangères ou familières, chacune posant des questions
à l’autre.
Le jour où Ruburt a reçu l’information anticipée sur les croyances-relais
(voir la session précédente), l’évidence est soudain devenue claire. Le moi
écrivain était de plus en plus gêné, incapable d’utiliser un matériau
excellent à cause de ses croyances limitées. Il se focalisait sur son propre
matériau de manière tellement défensive qu’il entravait son courant
créateur, tandis que les aspects « inacceptables » de Ruburt continuaient
gaiement de créer d’autres livres, sans même parler du mien.
Ruburt s’est retrouvé en train de négocier avec l’ancien moi écrivain et
s’est soudain demandé : « Mais qu’est-ce que je suis en train de faire ? »
Il a vu que sa croyance quant à sa nature d’écrivain était vraiment très
contraignante, ce qu’il n’avait pas réalisé auparavant. Il le savait
consciemment, mais il avait permis à cette connaissance de demeurer
invisible. Il a compris à présent que le médium et l’écrivain voulaient tous
deux écrire, c’était cela la croyance-relais.
En s’en servant, il entame maintenant seulement le processus
d’assimilation de cette nouvelle énergie. Il comprend qu’il est le moi
détenteur de toutes ces croyances et ne s’identifie plus désormais de façon
aussi entière à une seule croyance de fond. C’est cette association-là qui
empêchait auparavant le mouvement et l’expansion naturelle du moi.
(Une pause.) À cause de sa croyance originale, il considérait sa réalité
d’un point de vue mental, identifiant en général un écrivain à des idées, et
utilisant son corps comme un véhicule au lieu d’y voir l’organisme vivant
par lequel doit s’élever l’expérience de sa condition de créature. Ce soir,
donc, les sens ont retrouvé leur liberté, mais l’expérience a été magnifiée
par sa sensibilité psychique.
Si vous vous considérez avant tout du point de vue physique, il est
possible que, dans la droite ligne de vos croyances, vous entraviez votre
aspect spirituel ou émotionnel. Dans ce cas, un travail sur vos croyances
vous conduira à une plus grande expérience des cheminements mentaux et
spirituels. Mais tout est interconnecté et il est impossible d’ignorer un
aspect sans que ce soit au détriment des autres.
Maintenant, vous pouvez faire une pause.
(23 h 37. Jane était partie loin, mais elle savait, dit-elle, que Seth parlait
d’elle. Durant la pause, son « sentiment d’extase » – elle ne sait pas
comment le nommer autrement – continue. Il monte en elle. Elle a une
conscience aiguë des sensations provoquées par ses vêtements contre sa
peau. « Mon corps est si vivant que, par moments, j’ai presque du mal à le
supporter. »
Le bruit d’une voiture qui passe fait vibrer ses jambes et lui parcourt le
corps jusqu’au bout des doigts. L’eau qui coule quelque part dans
l’immeuble l’emplit d’un délicieux frisson. Voulant poursuivre la session,
Jane fait de gros efforts pour calmer ses réactions. Elle allume une
cigarette, s’assied dans son fauteuil à bascule et ferme les yeux. Reprise à
23 h 55.)
Maintenant. Ruburt a également vu qu’il croyait devoir justifier son
existence par l’écriture. Cela parce qu’il ne se fie pas au droit fondamental
de son être à exister dans l’espace et le temps. Ces vieilles croyances ne
s’étaient pas alignées sur les nouvelles.
Nombreux sont les lecteurs qui éprouvent le même besoin artificiel de
justifier leur être et peuvent développer diverses croyances de fond pour
cacher cette insécurité intérieure. Vous pouvez « justifier votre existence »
par une créativité biologique et vous accrocher ensuite à vos enfants sans
jamais vouloir les laisser partir. Vous pouvez aussi utiliser votre carrière.
Mais de toute façon, vous devrez vous confronter à ces idées qui n’ont pas
de raison d’être, regarder en face la réalité de votre condition de créature et
voir que vous avez autant votre place dans l’univers qu’un écureuil, une
fourmi ou une feuille. Vous ne vous interrogez pas sur leur droit d’exister.
Pourquoi douter du vôtre ?
(D’une voix plus forte et avec un sourire.) Et ceci est la fin de notre
session passionnée, et vous pouvez effacer le dernier mot.
(« Merci, Seth. Bonne nuit. »
(0 h 02. « Ces sensations se sont même produites pendant que Seth
parlait », me dit Jane. Et ses riches impressions sensuelles se poursuivent.
Celle due aux draps du lit contre son corps est « presque trop » pendant
l’heure qui suit la session. Des traces de cette expérience subsistent le jour
suivant.
Une note ajoutée par la suite. Pour d’autres éléments du même ordre à
propos de la souplesse de perception de Jane, se reporter à nos notes
détaillées de la session 653, chapitre 13, ainsi qu’à la session 639, déjà
mentionnée.)

SESSION 646
MERCREDI 7 MARS 1973

(Hier, Jane a reçu une lettre d’une femme qui décrivait l’apparition
soudaine, il y a quelques années, d’extraordinaires sentiments d’amour
transcendant pour l’humanité. Ces émotions profondes perduraient, mais
elle savait les contrôler. Elle n’en avait parlé à personne et désirait savoir
si nous pouvions demander à Seth ce qu’ils signifiaient. On lui avait par
ailleurs annoncé une mort certaine d’ici un an ou deux.
En dehors de la sympathie qu’elle faisait naître, cette lettre rappelait à
Jane certaines de ses propres expériences psychiques et elle m’a demandé
de la placer dans mon carnet de notes pour interroger Seth – nous avons le
sentiment que sa réponse sera intéressante pour beaucoup de monde. Pour
la même raison, à la fin de la session [au chapitre 12], nous avons inséré
l’expérience de quelqu’un qui habite dans le voisinage et qui a un certain
éventail de croyances.
Après le dîner, Jane est fatiguée et je ne lui demande donc pas s’il y aura
une session. Puis, vers neuf heures, une voisine vient nous demander de
l’aide pour déverrouiller sa porte. Le temps de résoudre ce problème, Jane
est à nouveau alerte et me surprend en disant qu’elle veut tenir une session.
Elle commence à parler pour Seth d’une voix très calme.
22 h 28.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. Quand vous permettez à vos émotions de suivre leur
cours naturel et spontané, elles ne vous engloutissent jamais et vous
ramènent toujours rafraîchi à la pensée « logique » de l’esprit conscient.
C’est uniquement quand vous leur faites obstacle qu’elles paraissent
s’opposer à l’intellect ou vous submerger. Il est de la plus haute importance
que vous compreniez le pouvoir et la nature directrice de votre esprit
conscient, car, sinon, vous allez vous croire pour toujours à la merci de
circonstances et de situations sur lesquelles vous avez l’impression de
n’avoir aucun contrôle.
Encore une fois, si le rôle de l’esprit conscient est de diriger le flot de
votre expérience à travers vos croyances et de les matérialiser, ce sont
d’autres parties du moi qui prennent automatiquement soin de ce processus.
Vous devez vraiment avoir confiance dans le fait que vos nouvelles
croyances vont œuvrer pour vous aussi efficacement que les anciennes.
(Une longue pause.) Les croyances religieuses peuvent vous donner
l’impression d’avoir peu de rapport avec votre santé ou avec votre
expérience quotidienne. Ceux d’entre vous qui se sont détournés de la
religion organisée se sentent sans doute relativement libres de ce que vous
considérez comme les connotations négatives associées au péché originel
ou autre. Or, en ce domaine, personne n’est pourtant libre de toute
croyance. L’athéisme lui-même est encore une croyance.
Dans le chapitre suivant, nous allons considérer de plus près vos idées
par rapport au bien et au mal, à la moralité du moi, et examiner la façon
dont vos idées se reflètent dans vos vies.
Fin du chapitre.
(« D’accord. » Une pause à 22 h 38.)
Maintenant. Une note pour la femme dont vous avez ici la lettre.
Accordez-nous un instant…

Aucun homme ni aucune femme ne sait consciemment et avec certitude


quel sera son dernier jour dans cette vie particulière, que chacun nomme
l’existence présente. La vie, avec la naissance et la mort qui lui sont
propres, est la structure dans laquelle l’âme s’exprime pour le moment dans
la chair. Entre la naissance et la mort, il y a l’expérience terrestre que vous
percevez comme se déroulant durant une période de temps donné, de saison
en saison, et qui met en jeu des perceptions uniques dans une région de
l’espace – partagées avec d’autres humains qui tous, à un degré ou un autre,
vivent avec vous des évènements causés par l’intersection du moi, du temps
et de l’espace.
La naissance et la mort ont donc leur fonction : elles intensifient et
focalisent votre attention. Du fait de l’existence de la mort, la vie semble
plus précieuse, pour utiliser vos termes corporels. Il peut sembler plus facile
de ne pas avoir une idée consciente de l’année ou du moment où la mort
peut se produire. Inconsciemment, bien sûr, chaque homme et chaque
femme le sait, et pourtant occulte cette connaissance.
Cette connaissance est en général cachée, pour de nombreuses raisons,
bien qu’on n’oublie jamais le fait même de la mort, de la mort personnelle.
Cela paraît évident mais, sans cette connaissance, il serait impossible de
jouir pleinement de la vie dans le cadre qui est celui de la réalité terrestre.
Il vous a été donné une opportunité d’étudier la vie, et d’en faire
l’expérience plus pleinement que vous ne l’aviez jamais fait auparavant
dans cette existence. Son intensité, son éclat, ses contrastes et ses
similitudes, ses joies et ses peines sont là pour que vous les perceviez, vous
dont les propos d’un médecin ont ouvert les yeux.
Maintenant, je vous le dis : cette intensification, appréciée et comprise, et
l’expérience de la vie, et de vivre, acceptée sans condition, peuvent vous
conduire en cette vie à une autre naissance dans laquelle ce qu’a dit le
médecin n’a aucun sens. Spirituellement, la sentence de mort qui vous est
donnée est une autre chance de vie si, en toute liberté, vous êtes capable
d’accepter la vie avec toutes ses conditions et d’en ressentir pleinement la
dimension, car il y a là de quoi régénérer votre moi spirituel et physique.
L’expérience que vous décrivez dans votre lettre était chargée de sens à
plusieurs niveaux ; elle était bien sûr destinée à vous rassurer à l’avance, à
cause des évènements que vous pressentiez. L’expérience devait vous
informer, émotionnellement et spirituellement, de l’importance de chaque
individu, elle devait illustrer l’éclat merveilleux qui se trouve au cœur de
chaque être humain et vous faire savoir que l’intégrité du moi et de l’âme
existe par-delà la possibilité d’anéantissement, puisque, vous-même, vous
allez continuer d’exister quel que soit le chemin que vous choisissiez de
prendre – mourir dans les deux ans à venir ou vivre physiquement pendant
bien plus longtemps. En d’autres termes, vous allez continuer d’exister et de
vous épanouir dans cet amour que vous avez ressenti.
Vous sentiez auparavant de façon inconsciente que vous dériviez et que la
vie n’avait guère de sens. Sous la surface des évènements, vous vous
sentiez insatisfaite, vous aviez le sentiment d’avoir du courage et des
capacités mais jamais l’occasion de vous en servir ; aucun épisode
« héroïque » pour éveiller en vous une compréhension plus large, aucune
véritable impulsion pour vous apporter un peu d’excitation dans votre
quotidien. Inconsciemment, donc, vous avez choisi une situation précipitant
la crise, apte à réveiller les plus grands éléments du cœur et de l’âme, de
sorte qu’ils soient forcés de comprendre, de percevoir, de triompher. Et il en
sera ainsi, de la façon qui est pour vous la plus importante, et vous allez
apprendre davantage et être plus comblée que vous ne l’auriez été si ces
conditions n’avaient pas été mises en place.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y avait pas d’autres moyens que vous auriez
pu choisir. Vous avez opté pour cet ensemble particulier de conditions parce
que, dans des existences passées, la mort vous terrifiait tellement que vous
tentiez de vous cacher à vous-même la connaissance que vous en aviez ; et
cette fois, vous l’avez placée au premier plan de votre attention.
Dans l’étoffe globale de votre existence, cette vie est une portion –
brillante, à jamais unique et précieuse – mais une portion seulement, d’où
vous émergez avec joie et compréhension, que vous mourriez demain ou
dans les années à venir. Le choix de vivre ou de mourir est toujours vôtre.
La vie et la mort ne sont toutefois que deux faces de votre existence
éternelle, en constante transformation. Sentez et appréciez la joie de votre
être. Beaucoup vivent jusqu’à quatre-vingt-dix ans et plus sans jamais
apprécier vraiment la beauté de leur être. Vous avez déjà vécu, et vous
vivrez de nouveau ; et votre nouvelle vie, pour employer vos termes, jaillit
de l’ancienne – elle grandit dans l’ancienne et est contenue en elle comme
la graine est déjà contenue dans la fleur.
Nous sommes tous des voyageurs, quelle que soit notre situation et, d’un
voyageur à un autre, je vous salue. Fin de la réponse.

Vous pouvez faire votre pause.


(23 h 11. Mais, en définitive, ce n’est pas la pause. Au lieu de cela, Seth
décide de transmettre une page de matériau pour Jane et moi, avant de se
lancer dans le chapitre 12. La pause a ensuite duré de 23 h 22 à 23 h 40.)
CHAPITRE 12

La grâce, la conscience et votre expérience


quotidienne.

Maintenant. Accordez-nous un instant pour la dictée. Nous commençons


le chapitre suivant dont le titre est : « La grâce, la conscience et votre
expérience quotidienne ».
Jusqu’ici, j’ai assez souvent mentionné l’état de grâce (dans la
session 636, chapitre 9, par exemple) parce que, s’il possède de multiples
aspects, dans la pratique, c’est lui qui est à la base de votre sentiment de
bien-être et de plénitude. L’état de grâce est une condition de votre
existence. Chacun de vous peut décrire les choses en ses propres termes
mais, souvent, c’est comme si votre conscience vous disait que vous avez
« perdu la grâce » et qu’un certain sentiment mystérieux de joie intérieure
qui vous animait ne vous soutient plus. Malheureusement, la conscience,
telle que vous la concevez, est un guide indigne de confiance, car elle
s’adresse à vous par la bouche de vos mères, de vos pères, de vos
professeurs et de votre clergé – et depuis longtemps peut-être – chacun
d’entre eux ayant ses propres idées sur ce qui est bon ou mauvais pour vous
et pour l’humanité tout entière.
(23 h 45.) Bien sûr, ces personnes pouvaient, et peuvent, tout à fait se
tromper. Néanmoins, quand vous êtes enfant, vous avez l’impression que
les adultes sont des dieux. Ce qu’ils disent pèse très lourd, puisque vous
dépendez complètement de leur soutien. En tant qu’enfant, il fallait
absolument que vous acceptiez les croyances d’autrui, en attendant que
votre esprit conscient puisse forger les siennes.
Vous avez adhéré à leurs concepts pour des raisons qui vous sont propres.
Ces croyances qui vous ont été données représentent l’étoffe spirituelle et
mentale des idées – la matière brute, pourrait-on dire, sur laquelle vous
devez travailler. Au cours de l’adolescence, il est facile d’abandonner
certaines croyances ou de les changer pour les faire correspondre à une
gamme d’expérience plus étendue. D’autres demeurent, avec parfois
quelques modifications. Vos croyances peuvent être revues de façon à
cadrer, par exemple, avec votre nouvelle image, tout en laissant la structure
principale inchangée.
Prenons l’idée du péché originel et toutes les formes colorées qu’elle peut
prendre au sein de vos concepts, et la façon dont celles-ci vont influer sur
votre comportement et votre expérience.
(23 h 55.) Le concept du péché originel existait bien avant le début du
christianisme, et on l’a conté de diverses manières au cours des siècles et
dans toutes les civilisations. Du point de vue de la conscience, il s’agit
d’une légende qui représente symboliquement la naissance de l’esprit
conscient pour l’espèce dans son ensemble, ainsi que l’émergence d’une
faculté nouvelle, celle d’être responsable de soi-même. Elle incarne aussi la
séparation du moi qui perçoit – et donc juge, évalue – et de l’objet qui est
perçu et évalué. Elle raconte l’émergence de l’esprit conscient et du moi à
forte orientation individuelle, issus de cette base de l’être d’où provient
toute conscience.
Elle représente la nouvelle conscience se voyant unique et séparée, qui
évolue à partir de l’arbre de vie et devient donc capable d’en examiner les
fruits et de se voir pour la première fois comme différente des autres,
comme du serpent qui rampait à la surface de la terre. L’homme s’est
avancé en tant que créature distincte. Ce faisant, il s’est délibérément
détaché, pour employer vos termes à présent, du corps de sa planète de
façon inédite. Tout naturellement, une partie de son être se languit de cette
(d’une voix plus forte) inconnaissance connaissante primitive, qu’il fallut
abandonner et dans laquelle tout était donné – aucun jugement ni aucune
distinction n’étaient nécessaires, et toutes les responsabilités étaient
biologiquement préétablies.
Il s’est vu comme se dressant au-dessus du serpent, qui symbolisait la
connaissance inconsciente. Celui-ci allait toutefois constamment attirer
l’être humain, et le mystifier, bien que l’homme soit obligé de se tenir sur la
tête du serpent, symboliquement parlant, et de s’élever à partir du savoir de
ce dernier.
Avec l’apparition de cette conscience, la responsabilité consciente à
l’égard des fruits de la planète a vu le jour. L’homme en est devenu le
gardien.
Maintenant, ceci est la fin de la dictée. Vous pouvez, comme vous
préférez, inclure ou non ce qui va suivre dans le livre.
(0 h 07. Il y a deux mois, un ami proche a eu mal aux dents et des
problèmes de mâchoire – qui ont entraîné une perte de poids. Pour la
raison suivante.)
Dès que votre ami a commencé à lire son livre sur les aliments
diététiques, il a reçu, ou s’est offert à lui-même, un excellent exemple de la
façon dont les croyances fonctionnent. S’il le réalise à présent, cette
expérience peut se révéler inestimable.
Si certains aliments sont bons, d’autres doivent être mauvais. Si un
symptôme apparaissait alors qu’il avait mangé une denrée spécifique, il
évitait donc d’en reprendre. Avant de lire le livre en question, cette idée ne
lui serait pas venue dans ce contexte-là.
Ainsi, le refus de certaines nourritures est-il devenu symbole d’évitement
de certaines croyances – votre ami n’avait pas à faire face à ces croyances
tant qu’il ne touchait pas à ces aliments. C’est ce qui se passe avec nombre
de méthodes similaires, de façon régulière, pour beaucoup de gens. Dans le
cas présent, si votre ami réalise qu’il peut manger ces aliments, cela
signifie qu’il comprend qu’il peut rencontrer les croyances qui sont en lui,
comme il commence à le faire.
Son rejet de certaines nourritures a duré longtemps, symbolisant le fait
qu’il ne faisait toujours pas face à ses croyances. À chaque « victoire »
maintenant – et il y en a eu de nombreuses grâce à votre aide et à celle de
Ruburt –, il se prouve à lui-même que ce sont les croyances et non les
aliments qui sont importants, et il renforce son indépendance et sa liberté.
Il a lu un ouvrage portant sur le massage des pieds, en rapport avec
certains réflexes à l’intérieur du corps. L’attention naturelle accordée à la
personne physique dans une « thérapie » de ce genre est très bénéfique
parce que les droits du corps sont pris en considération, sans le jugement de
valeur – quant à ce qui est bon ou mauvais – auquel donne lieu la
diététique.
J’aurai plus à dire dans ce livre à propos des aliments diététiques. Moins
votre nourriture est contaminée, par exemple, mieux vous vous portez,
mais pas si vous croyez que, dans sa sagesse, votre organisme ne peut pas
s’accommoder des aliments ordinaires dont vous disposez. Le massage
naturel est très bénéfique, surtout lorsqu’il est accompli par un autre, dans
une intention thérapeutique. Cela ne va pas résoudre les problèmes
intérieurs. Ce n’est pas une réponse en soi, mais cela peut aider en
contribuant momentanément à la relaxation.
Les réflexes en question existent bien. Si l’on garde l’attitude intérieure
correcte, ces massages peuvent être très profitables. Ils permettent
simplement au corps de se familiariser avec les profondes sensations de
détente que l’esprit lui refusait, ce qui peut être un excellent processus
d’apprentissage.
Maintenant, vous pouvez terminer la session ou faire une pause, comme
vous préférez.
(« Alors, on va malheureusement devoir l’arrêter. »)
Je vous souhaite donc une soirée chaleureuse et agréable –
(« Vous de même. »)
— et toutes les bénédictions dont je dispose, je vous les donne.
(« Merci, Seth. Bonne nuit. »
0 h 25. Jane me dit que Seth était tout à fait disposé à continuer si nous
lui donnions le signal – la fin du chapitre « était là, toute prête ». Un autre
matériau qui nous était destiné n’attendait lui aussi que notre demande,
mais…)

SESSION 647
LUNDI 12 MARS 1973

(J’ai tapé seulement une partie de la dernière session, alors je lis le reste
à Jane à partir de mes notes. Juste avant que commence la session de ce
soir, elle a dit avec un humour involontaire : « Je commence à recevoir
quelque chose de Seth, mais c’est à propos de nous. Je n’en veux pas, je
veux du matériau pour le livre. » Mais à 21 h 37, Seth fournit quelques
pages concernant une discussion que nous avons eue aujourd’hui. Après
une pause à 21 h 50, il reprend la dictée du chapitre 12.)
Maintenant. Accordez-nous un instant… Dictée. Le serpent est le
symbole de la connaissance la plus profonde au sein de la condition de
créature ; il porte aussi en lui l’impulsion de s’élever au-dessus ou au-delà
de lui-même, à certains égards. Ève, et non Adam, croque par exemple
dans la pomme en premier, car ce sont les éléments intuitifs de l’espèce –
représentés par la femme dans cette histoire – qui allaient conduire à cette
initiation ; c’est seulement ensuite que l’ego, symbolisé par Adam, peut
accéder à sa nouvelle naissance et à l’aliénation nécessaire. L’arbre de la
connaissance a donc réellement offert ses fruits – et « le bien et le mal » –
car, pour la première fois, il y avait le libre arbitre, et tous les choix étaient
possibles.
Il a existé d’autres récits, dont certains ne sont pas parvenus jusqu’à
vous, dans lesquels Adam et Ève étaient créés ensemble et, au cours d’un
rêve, se scindaient en un masculin et un féminin séparés. Dans la légende
qui est la vôtre, Adam apparaît le premier. La femme créée à partir d’une de
ses côtes symbolise l’émergence nécessaire, même à partir d’une créature
nouvelle, des forces intuitives qui émergeront toujours – car sans cela, le
développement de la race humaine n’aurait pas atteint la conscience de soi,
selon vos termes.
Le bien et le mal représentaient donc simplement l’apparition du choix,
tout d’abord en termes de survie, là où, auparavant, l’instinct seul
pourvoyait à tout ce qui était nécessaire. En termes plus profonds, il y a
encore une autre signification, reflétant toutes les divisions apparentes qui
se produisent lorsque Tout-ce-qui-est semble se séparer de parties de lui-
même, dispersant sa toute-puissance en de nouveaux modes d’être ; et ceux-
ci se souviennent, en vos termes, de leur source et se tournent vers elle avec
nostalgie, tout en étant fiers de l’individualité unique qui est la leur.
(22 h 06. Jane est très concentrée.) L’histoire de la chute, des anges
rebelles, et de leur chef Satan qui devient le diable – tout cela fait référence
au même phénomène à des niveaux différents. Satan représente – du point
de vue de cette histoire – la partie de Tout-ce-qui-est, ou de Dieu, qui s’en
est allée à l’extérieur de Lui-même, pourrait-on dire, et qui est devenue
terrestre avec Ses créatures et leur a offert le libre arbitre et le choix qui
« auparavant » étaient inaccessibles.
(Une pause.) D’où les attributs majestueux et le pouvoir donnés à Satan.
Ses caractéristiques terrestres apparaissent quand on le représente sous une
forme animale, car les qualités intuitives terrestres d’où allait jaillir la
nouvelle conscience humaine ne lui étaient bien sûr pas non plus étrangères.
En termes de simple fonction biologique, on avait désormais une espèce
qui ne dépendait plus totalement de l’instinct mais qui avait encore tous les
désirs naturels innés de survie, avec l’apparition en son sein d’un esprit
capable de prendre des décisions et d’établir des distinctions.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22 h 16 à 22 h 30.) Maintenant. Ce nouveau type de conscience
s’accompagnait du miroir ouvert de la mémoire dans lequel il était possible
de rappeler les joies et les peines du passé, si bien que la réalisation de la
fatalité de la mort est devenue plus immédiate qu’elle ne l’est chez les
animaux.
Une association pouvait provoquer, dans le nouvel esprit perplexe, le
souvenir clair d’une souffrance passée. Au début, il a été difficile de séparer
l’image remémorée et le moment présent. L’esprit de l’homme luttait alors
pour contenir de nombreuses images – passées, présentes et celles du futur,
imaginées. Il était obligé de faire à tous moments la corrélation entre elles.
Les choses se sont alors accélérées.
Tout naturellement, certaines expériences semblaient meilleures que
d’autres mais, du fait des nouvelles capacités de l’espèce, il était devenu
nécessaire d’établir de nettes distinctions. Le bien et le mal, ce qui était
souhaitable et ce qui l’était moins, apportaient une aide estimable pour
établir la base de tels distinguos.
La naissance de l’imagination a engendré des possibilités innombrables
et a en même temps soumis à des tensions énormes la créature biologique
dont l’entière structure corporelle allait maintenant réagir non seulement
aux situations objectives présentes mais aussi à celles qui étaient imaginées.
Parallèlement, les membres de l’espèce devaient faire face à
l’environnement naturel, comme n’importe quel autre animal.
L’imagination était utile parce qu’un individu pouvait anticiper le
comportement d’autres créatures.
(22 h 41.) À leur manière, les animaux savent eux aussi anticiper
« inconsciemment », mais ils n’ont pas à faire face à cette anticipation de
façon consciente comme c’était le cas pour la nouvelle conscience.
Répétons-le, le bien et le mal, et la liberté de choix, sont venus à l’aide de
l’espèce. Par exemple, un prédateur naturel était un animal mauvais. Cela
aidera le lecteur s’il se souvient ici de ce qui a été mentionné dans ce livre
au sujet de la culpabilité naturelle. Cela lui permettra de comprendre les
mythes ultérieurs et les variations qui en dérivent. (Voir entre autres la
session 634, chapitre 8.)
À mesure que l’esprit se développait, l’espèce pouvait transmettre à sa
progéniture la sagesse et la loi des anciens. Ceci est encore vrai dans les
sociétés modernes bien sûr, car chaque enfant hérite des croyances de ses
parents concernant la nature de la réalité. En dehors de toute autre
considération, c’est également une caractéristique de la condition de
créature. Seuls les moyens diffèrent par rapport aux animaux.
L’accélération se poursuit, cependant. L’idée du bien et du mal est
toujours une ligne directrice que chacun interprète à sa façon. À cause du
lien avec la survie, déjà mentionné (au cours de la dernière session),
beaucoup de choses entrent ici en jeu. Pour commencer, il fallait par
exemple que l’enfant soit marqué par le fait qu’un animal prédateur était
« mauvais » parce qu’il pouvait tuer. De nos jours, sans s’en rendre compte,
une mère risque de faire la même chose avec une voiture.
L’adhésion première aux croyances est donc biologiquement importante
mais, lorsque l’esprit conscient atteint sa maturité, il va naturellement
s’interroger sur leur valeur et les juger en fonction de son environnement.
De nombreux lecteurs peuvent avoir certaines idées très handicapantes à
propos du bien et du mal. Il s’agit peut-être de vieilles croyances vêtues de
neuf. Vous pensez parfois être complètement libre, pour découvrir
finalement que vous entretenez de vieilles idées sur lesquelles vous avez
simplement posé des termes nouveaux, ou dont vous considérez d’autres
aspects.
Votre expérience quotidienne est intimement liée à l’idée que vous vous
faites de votre propre mérite et de votre valeur personnelle.
Vous pouvez faire une pause.
(« Merci. »)
Lisez à Ruburt mes remarques précédentes.
(« D’accord. »
22 h 55. Seth fait référence au matériau personnel qu’il nous a donné
avant de travailler sur le livre. J’en fais donc lecture à Jane. Cela traite des
moyens qui nous permettraient de développer au quotidien notre sentiment
de liberté, moyens que je pense excellents. Reprise à 23 h 23.)
Dictée. Vous êtes peut-être tout à fait capable de vous rendre compte des
distorsions présentes dans le christianisme conventionnel. Vos idées ont
parfois tellement changé que vous ne voyez pas le rapport entre celles que
vous avez maintenant et celles que vous aviez autrefois. Peut-être croyez-
vous maintenant aux théories bouddhiques par exemple, ou à une autre
philosophie orientale.
La différence entre ces systèmes de pensée et le christianisme peut
paraître si évidente que la ressemblance vous échappe. Vous pouvez par
exemple être adepte d’une école du bouddhisme dans laquelle on insiste
beaucoup sur le déni du corps, sur la nécessité de discipliner la chair et
d’éviter le désir ; ces éléments sont, bien sûr, tout à fait caractéristiques du
christianisme également, mais quand ils émanent d’une source étrangère à
l’éducation de votre enfance, ils peuvent paraître plus acceptables, plus
exotiques ou plus raisonnables. Vous passez donc d’un système à l’autre et
criez à l’émancipation, en vous sentant parfaitement libéré de vos vieilles
idées restrictives.
Les philosophies qui enseignent le déni de la chair finissent
nécessairement par prêcher un déni du moi et générer du mépris à son
égard. Pourtant si l’âme a élu domicile dans des muscles et des os, c’est
qu’elle est censée faire l’expérience de cette réalité et non pas la refuser.
Tous ces dogmes sont basés sur une culpabilité artificielle ; ils déforment
la culpabilité naturelle pour atteindre leur but. Quels que soient les termes
employés, on explique aux adeptes qu’il y a quelque chose qui ne va pas
dans l’expérience terrestre. Vous êtes donc considéré comme
fondamentalement mauvais, en tant que moi incarné, du fait de votre
existence même.
En vous amenant à rejeter ce qui constitue la base de votre champ
d’expérience, cette croyance seule suffit à causer l’adversité. Elle vous
amène à considérer le corps comme un objet, comme un beau véhicule,
mais pas comme l’expression naturelle vivante de votre être dans une
forme matérielle. De nombreuses écoles orientales de ce type – comme
beaucoup d’écoles spiritualistes, d’ailleurs – insistent également sur
l’importance « des niveaux inconscients du moi » et enseignent à se méfier
de l’esprit conscient.
Le concept de nirvana (voir la session 637, chapitre 9) et l’idée du
paradis sont deux versions du même tableau, la première étant celle où
l’individualité se perd dans la félicité d’une conscience indifférenciée, alors
que, dans la seconde, des individus encore doués de conscience s’adonnent
à une adoration béate. Ni l’une ni l’autre de ces théories ne contient une
compréhension des fonctions de l’esprit conscient ou de l’évolution de la
conscience – ou même de certains aspects de la physique. Aucune énergie
n’est jamais perdue. La théorie de l’expansion de l’univers6 s’applique aussi
bien à l’esprit qu’à l’univers.
(23 h 43.) Quoi qu’il en soit, ces philosophies peuvent vous amener à
une grande méfiance à l’égard du corps et de l’esprit. On vous explique que
l’âme est parfaite et vous essayez donc d’être à la hauteur d’une perfection
tout à fait impossible à atteindre. Cet échec augmente votre sentiment de
culpabilité.
Vous tentez alors de bannir encore plus le plaisir qui caractérise votre
condition de créature, en déniant la robuste spiritualité de votre chair et les
forts penchants corporels qui sont présents dans votre âme. Vous essayez de
vous défaire d’émotions très naturelles, ce qui vous prive de leur vaste
mouvement physique et spirituel. (Une pause.) D’autre part, certains
leaders qui ne se préoccupent pas de ce genre de questions peuvent être
profondément convaincus de la misère de l’homme et se focaliser sur les
éléments les plus « sombres », avec le sentiment que la destruction du
monde est de plus en plus proche sans jamais examiner les croyances qui
génèrent ce sentiment permanent.
Il peut leur être facile de hausser les sourcils face aux fanatiques évidents
qui réclament la vengeance de Dieu et parlent d’une fin du monde
apocalyptique. Ils peuvent cependant être tout aussi convaincus que l’être
humain n’a au fond aucune valeur, et par conséquent eux non plus. Au
quotidien, ces personnes se concentrent sur les évènements négatifs et les
accumulent, générant malheureusement une expérience personnelle qui
vient totalement renforcer leur idée première.
Bien que dans un contexte différent, il s’agit ici du même déni de la
valeur et de l’intégrité de l’expérience terrestre. Dans certains cas de ce
genre, tous les attributs humains désirables sont magnifiés et projetés à
l’extérieur, dans un dieu ou une conscience supérieure, tandis que toutes les
caractéristiques moins admirables sont laissées à l’espèce et à l’individu.
Ce dernier se prive donc de l’usage d’une bonne partie de ses capacités.
Il ne les considère pas comme siennes et s’étonne lorsqu’un individu de son
espèce manifeste des qualités supérieures.
Vous pouvez faire une pause ou terminer la session, comme vous
préférez.
(« Nous allons faire une pause. »
23 h 57. Je dis à Jane que cela ne me pose pas de problème si elle veut
mettre un terme à la session. Elle décide d’attendre et de voir. Reprise à
0 h 12.)
D’une certaine façon, ces croyances suivent certains rythmes à la fois
dans les civilisations et dans le temps.
L’esprit est un système d’équilibres, tout comme le corps, si bien qu’un
ensemble de croyances que l’on voit comme très négatives peuvent souvent
servir des fins bénéfiques en contrant d’autres croyances. Depuis
longtemps, par exemple, la civilisation occidentale a mis en valeur une
forme déformée du raisonnement intellectuel ; l’accent qu’elle porte
actuellement sur d’autres parties du moi a donc son utilité.
Les gens qui vivent en ce monde y arrivent avec leurs propres problèmes
et défis, et ces derniers sont liés au type de croyances qui sont générées et
qui prédominent tant au niveau national que mondial. Ces croyances sont
bien sûr le cadre dans lequel différents types d’expériences sont testés. Il en
va de même pour les religions et pour les situations politiques et sociales. Il
y a toujours un échange entre l’individu et le système global de croyances
dans lequel il a choisi son environnement.
Il existe une croyance selon laquelle, d’un point de vue moral, la maladie
est mauvaise ; et il y a également la croyance opposée, selon laquelle elle
ennoblit, élève et a une valeur spirituelle. Ces jugements de valeur sont très
importants, car ils se reflètent dans votre expérience de la maladie ou de
toute affection.
Maintenant. C’est la fin de la dictée et la fin de notre session. Une très
chaleureuse nuit à vous deux.
(« Merci, Seth. Bonne nuit. » 0 h 22.)

SESSION 648
MERCREDI 14 MARS 1973

(Le 25 septembre 1972, jour de la 617e session, j’ai écrit dans le


chapitre 3 une note décrivant la façon dont Jane et moi avions vu et
entendu des oies volant vers le sud, spectacle à la fois mystérieux et
émouvant. Hier soir, nous nous sommes souvenus que le rythme naturel de
ce cycle était de six mois. Quand nous sommes allés nous coucher, j’ai cru
entendre cacarder les oies migrant vers le nord, bien que Jane ne les ait pas
entendues. Vers quatre heures du matin, je me suis réveillé et, dans le
silence de la nuit, j’ai clairement perçu leur vol. Puis, en début de matinée,
alors que je peignais dans mon atelier, le même son cadencé m’est parvenu
à travers une pluie fine.
J’ai vu les oies pour la première fois, ce soir, juste avant le crépuscule. Je
travaillais sur ce livre quand j’ai entendu le son d’un autre vol qui se mêlait
au bruit de la circulation. J’ai ouvert une fenêtre de l’atelier. Il pleuvait
encore légèrement. Il y a un très grand poirier qui pousse si près qu’on peut
presque le toucher de la fenêtre. À travers ses branches, j’ai vu la formation
en V, filant vers le nord, juste en dessous des nuages, et cacardant tout du
long…
Hier soir, Jane a donné une très longue session pendant son cours de
perception extrasensorielle, avec du sumari. Je pensais qu’elle ne voulait
peut-être pas retourner en transe ce soir mais, à 21 h 30, elle dit qu’elle est
prête. Pour une fois, la session a lieu dans son bureau. « Tout à l’heure, je
me sentais euphorique, dit-elle. Mais maintenant, c’est fini, je suis
simplement détendue. »
La session de la nuit dernière a apporté de nouvelles informations sur le
rêve des animaux. Nous en aurons une copie pour le cours de la semaine
prochaine. Ces sessions-là sont enregistrées ; ensuite, pendant la semaine,
un étudiant dévoué se charge de tout retranscrire et de faire des copies.
Le rythme de Jane est tranquille ce soir.
21 h 51.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Il y a trop d’aspects dans ce que vous considérez comme la santé
ou la maladie pour qu’on puisse les étudier dans un livre qui traite pourtant
de la réalité personnelle, dans laquelle le corps joue un rôle si important.
La santé et la maladie témoignent toutes deux de la tentative du corps
pour maintenir une stabilité. Il y a une différence entre le schéma global de
santé des humains et celui des animaux, à cause de la nature divergente de
leur expérience physique. Nous y reviendrons. Dans l’ensemble néanmoins,
les maladies et affections diverses jouent un rôle vivifiant dans le règne
animal, en maintenant un équilibre à la fois au sein de chaque espèce et
entre elles, ce qui garantit l’existence future de tous.
À leur façon, les animaux s’en rendent très bien compte. Certains
contribuent à leur propre destruction en commettant ce que vous appelleriez
un suicide, un suicide collectif. À ce niveau, les animaux comprennent les
connexions biologiques profondes qui permettent d’assurer leur continuité
selon l’ordre naturel des choses.
L’homme reconnaît à son espèce une riche activité psychologique mais il
la dénie aux autres. Il y a pourtant autant de modes de fonctionnements
psychologiques, riches et divers, qu’il y a d’espèces. Les cycles de bonne
santé et de maladie sont perçus par la plupart des animaux comme des
rythmes du corps, et, même chez eux, maladies et affections ont des qualités
vitales à un autre niveau.
L’instinct des bêtes est assez précis, lorsqu’il les guide par exemple vers
des territoires où elles peuvent trouver des conditions appropriées ; même
pour elles, le bien-être du corps est la preuve physique qu’elles sont « au
bon endroit au bon moment ». Cela renforce chez l’animal le sentiment de
grâce, en des termes déjà mentionnés dans ce livre. (Voir la session 636,
chapitre 9.
Avec intensité.) Ils comprennent la qualité bénéfique et instructive de la
maladie et suivent leurs propres façons instinctives de la traiter. Dans une
situation naturelle, cela peut impliquer une migration massive d’un
territoire à un autre. Dans ce cas, la maladie de quelques animaux peut
amener tout un troupeau à se mettre en sécurité et à trouver une nouvelle
source de nourriture.
L’homme est tellement dans la verbalisation qu’il lui est difficile de
comprendre que d’autres espèces fonctionnent avec des conglomérats
d’idées d’une sorte différente, dans lesquels la pensée telle que vous la
considérez n’entre pas en ligne de compte. Mais il existe un équivalent ; si
l’on fait une analogie, c’est comme si les idées ne se développaient pas au
moyen d’une phrase structurée, renforcée par des images visuelles
intérieures, mais par des schémas « mentaux » identiques, basés sur l’odorat
et le toucher. En d’autres termes, il y a pensée, mais à l’intérieur d’un cadre
totalement différent et qui vous est étranger.
(22 h 15. Seth répète les deux dernières phrases pour être sûr que je les
ai notées correctement.)
En poursuivant l’analogie, une telle « pensée » existe à l’intérieur du
cadre instinctif alors que les vôtres, verbalisées, ont la possibilité d’aller au-
delà. C’est là l’une des principales différences entre les animaux et vous, et
l’une des plus signifiantes en termes de libre arbitre.
Les animaux comprennent donc les aspects bénéfiques et directeurs de la
maladie ; et aussi le fait que la pression est un stimulant nécessaire à
l’activité physique. Si vous observez un animal, même domestique, vous
constaterez sa merveilleuse et complète détente, mais aussi sa réaction
immédiate et totale au moindre stimulus. Ainsi les animaux en captivité se
battent-ils pour générer des facteurs de stress qui leur sont salutaires en
termes de santé.
(Une de nos fenêtres est ouverte à cause de la chaleur de la nuit.
J’incline maintenant ma tête dans cette direction et j’écoute. Malgré le
bruit de la pluie, faiblement, j’entends les oies une fois encore.)
Voulez-vous faire une pause et écouter vos oies ?
(« Non… De toute façon, dans une minute, elles seront parties. »)
Elles sont plus mélodieuses que moi.
(« C’est sûr qu’elles sont fascinantes. Mais vous aussi », dis-je en
plaisantant. Puis, d’un ton plutôt sérieux.) Merci du compliment.
Les animaux ne pensent donc pas à la maladie en termes de bien ou de
mal. En elle-même, celle-ci fait partie, à ce niveau-là, du processus de
préservation de la vie ; elle est un système de contrôle et d’ajustement. Avec
l’émergence de cette forme de conscience particulière qu’est celle de
l’homme, d’autres questions apparaissent. Le genre humain ressent sa
propre nature mortelle, encore plus que les bêtes.
(Une longue pause.) La croissance de cette forme de conscience de soi a
conduit à l’extériorisation, à l’amplification et à l’intensification d’éléments
précis qui demeuraient à l’état latent chez les autres animaux.
L’individuation nouvelle de l’activité émotionnelle en est un exemple.
L’apparition de « la pause de réflexion », déjà mentionnée (dans la
session 635, chapitre 8, par exemple), et l’épanouissement de la mémoire
associé à l’intensification émotionnelle, ont engendré une situation dans
laquelle les membres de la nouvelle espèce se souvenaient, dans le moment
présent, des individus morts et des maladies qui les avaient tués. Ils ont
commencé à avoir peur de la maladie, particulièrement dans le cas
d’épidémies.
L’homme en oublia les aspects instructifs et propices à la santé pour se
focaliser sur l’expérience déplaisante elle-même. Dans une certaine mesure,
c’était tout à fait naturel, car, si la nouvelle espèce se développait, c’était
pour changer la nature de sa conscience, pour suivre une réalité dans
laquelle on n’était plus désormais « aveuglément » emporté par l’instinct, et
pour individualiser dans une focalisation personnelle forte une expérience
corporelle qui, auparavant, avait pris un modèle différent.
Vous pouvez faire votre pause.
(22 h 36. Pendant la pause, Jane dit qu’elle se sent très détendue et
qu’elle a envie de dormir mais qu’elle n’est pas fatiguée. Quand elle était
en transe, elle a entendu les oies.
Comme il arrive parfois, elle se rend compte que, par Seth, elle peut
avoir accès à plusieurs canaux d’information. Nous n’avons qu’à décider
du sujet sur lequel nous voulons recevoir du matériau après la pause :
1. Comment fonctionnent les structures d’idées chez les animaux par
opposition aux humains.
2. L’utilisation d’animaux – de rats, par exemple – pour des expériences
concernant des produits injectables avant de les donner aux humains.
[Commentaire de Jane : la différence entre la réalité psychologique de
l’homme et celle des animaux est tellement gigantesque qu’il va forcément
manifester les réactions les plus diverses.]
3. Du matériau sur Jane et son état de relaxation.
Nous choisissons la première catégorie pour qu’elle continue le chapitre.
Pour une description des premières expériences de Jane avec les multiples
canaux d’information de Seth, voir les notes de la session 616, chapitre 2.
Reprise au même rythme paisible à 22 h 58.)
Maintenant. L’homme a une latitude beaucoup plus grande. Il forme sa
réalité par le biais de ses croyances conscientes, même si la base de celle-ci
demeure dans la nature inconsciente profonde de la terre, en termes
corporels. Le « je suis » [apparemment] séparé de la nature – une
caractéristique nécessaire à l’homme pour le développement de son type de
conscience – a amené l’être humain à avoir des jugements de valeur, et
entraîné une rupture nécessaire avec les profondes certitudes intérieures des
autres espèces.
La maladie a donc été vécue comme « mauvaise ». Une personne malade
pouvait mettre en danger une tribu tout entière. Parallèlement, à mesure que
l’esprit se développait, la débrouillardise et la mémoire devenaient des
moyens de survie efficaces. Dans certaines tribus ou sociétés, les infirmes et
les vieux étaient tués de peur qu’en prendre soin ne requière trop d’attention
de la part des individus valides et ne mette le groupe en danger.
Ailleurs, cependant, les vieux étaient respectés pour la sagesse qu’ils
avaient accumulée avec l’âge, ce qui correspondait à une nécessité pratique
dans des tribus où l’on mourait jeune en général. L’histoire et les
évènements du passé reposaient sur la mémoire des vieux, le sens de la
pérennité du groupe était également entre leurs mains puisqu’ils
transmettaient aux autres le souvenir des temps anciens.
L’individu qui avait lui-même survécu à de nombreuses maladies était
considéré comme un sage. Il s’agissait souvent d’une personne qui
observait les animaux et regardait comment la nature se soignait et se
guérissait d’elle-même.
Dans certaines régions, la frontière entre les espèces n’était pas
totalement définie et, durant de longues périodes, hommes et animaux se
sont mélangés et ont appris les uns des autres. L’imagination de l’être
humain l’a amené à créer de nombreux mythes. Ceux-ci, tels que vous les
connaissez, sont des relais d’activité psychologique qui indiquent très
clairement les schémas de perception et de comportement par lesquels la
race humaine est passée, pour employer vos termes, au cours du périple qui
l’a conduite jusqu’à son état présent. La mythologie établit un pont entre le
savoir instinctif et l’individualisation de l’idée.
Quand un animal est malade, il commence immédiatement à remédier à
la situation et sait inconsciemment ce qu’il doit faire. Il ne pense pas,
comme vous, en termes de bien et de mal. Il ne se demande pas ce qu’il a
fait pour se retrouver dans cette situation. Il ne se sent pas inférieur ; il
entame automatiquement sa propre thérapie.
Un être humain, lui, doit faire face à une autre dimension, à un nouveau
domaine de créativité, à un mélange de croyances diverses. Il doit examiner
les idées qu’il a sur lui-même, car elles se matérialisent dans la chair. Une
fois de plus, la situation est d’une grande complexité, car il s’agit encore
d’une tentative salutaire de la part du corps pour maintenir un équilibre. En
outre, il faut aussi prendre en considération l’état du monde – le statut de
l’espèce sur la planète, par exemple, où les problèmes de surpopulation
induisent la mort pour assurer une nouvelle croissance.
(23 h 21.) Les individus qui vivent dans ces époques participent aussi à
ces prises de décision. Encore une fois, puisque vous êtes des êtres
conscients de vous-mêmes, vos croyances régulent votre réalité. Un animal
sait inconsciemment qu’il est unique et qu’il a sa place dans l’ordre des
choses. Il a un sens inné de la grâce. Votre libre arbitre vous offre le libre
choix de vos croyances, y compris de celles qui affirment que vous ne valez
rien et n’avez aucun droit à l’existence.
Si vous interprétez mal les mythes, vous allez peut-être croire que
l’homme a perdu la grâce et que sa condition même de créature est
maudite ; dans ce cas, vous ne ferez pas confiance à votre corps et vous lui
refuserez son modèle « naturel » d’autoguérison.
Pour que la conscience se développe, pour employer vos termes, il faut
qu’il y ait la liberté d’explorer toutes les idées, aussi bien au niveau
individuel que collectif. Chacun de vous est une entité vivante qui tend vers
son propre développement. Chacune de vos croyances a donc son origine
unique et ses propres modèles de sensations ; aussi devez-vous remonter,
pour vous-même, à l’intérieur de vos croyances et de vos propres
sentiments jusqu’à ce que vous réalisiez intellectuellement et affectivement
votre légitimité, et la complète originalité de votre existence dans le temps
et l’espace, tels que vous les connaissez.
Savoir cela, c’est acquérir la connaissance consciente correspondant à la
compréhension inconsciente de l’animal.
Faites une courte pause.
(23 h 30. « Maintenant, je ressens un étrange mélange de fatigue et
d’excitation, comme si j’avais beaucoup bu, dit Jane. Je sais qu’un peu
d’alcool facilite ces sessions, mais ça ne serait pas le cas si j’allais trop
loin. » Elle a bu quelques gorgées de vin ce soir.
Selon elle, il y a encore beaucoup à dire sur la thérapie naturelle des
animaux. Elle commence à se mettre d’elle-même à l’écoute de ces
informations, sans l’intermédiaire de Seth. « Il y a très longtemps, les
humains ne se contentaient pas d’observer les animaux, mais ils se
tournaient vers eux pour trouver de l’aide. Cela s’apparentait à un
traitement de choc, dit-elle étonnée. Si, après une bataille, un humain était
en catatonie, par exemple, “l’animal guérisseur” provoquait délibérément
un choc chez le patient, il suscitait une réaction émotionnelle qui le sortait
de cet état. »
« Je pense, poursuit Jane, que ces animaux guérisseurs étaient une sorte
d’ancêtres simiesques. Pas des singes comme nous les concevons, mais un
pont entre les animaux et les hommes. Ils avaient à peu près la même taille
que nous. Ils ne marchaient pas à quatre pattes. J’ai vu des créatures qui se
déplaçaient debout – velues, les yeux brillant de compassion… »
Jane dit qu’elle peut donner beaucoup plus de détails sur ce sujet mais,
comme cela s’écarterait de notre chapitre, nous décidons à regret de nous
en tenir là. Je pense à la mémoire de l’espèce et à notre héritage ancien
concernant des dieux mi-hommes mi-bêtes, qu’il s’agisse d’oiseaux ou de
reptiles. Reprise à 23 h 50.)
Maintenant. Un animal n’a pas besoin de conscience, quels que soient les
termes choisis.
Du fait de la grande adaptabilité de sa nature, le genre humain a besoin
d’une structure dans laquelle les ramifications de ce que j’ai appelé la
culpabilité normale, et saine, peuvent être prises en considération.
Ce que vous nommez conscience est souvent un sens du bien et du mal,
plaqué de l’extérieur, que l’on vous a inculqué dans l’enfance. En général,
ces idées représentent la conception que se font vos parents de la culpabilité
naturelle, dénaturée par leurs propres croyances. (Voir la session 619,
chapitre 4, ainsi que la première session de ce chapitre.) Vous avez accepté
ces idées, de façon individuelle et collective, pour une bonne raison : en
tout « temps », le genre humain a une idée bien arrêtée du type d’expérience
du monde qu’il va créer.
Puisque vous avez le libre arbitre, vous avez la responsabilité et le don, la
joie et l’obligation de travailler sur vos croyances et de choisir la réalité
personnelle que vous désirez. Je vous ai déjà dit (dans la session 636,
chapitre 9) que vous ne pouviez pas perdre votre état de grâce. Chacun de
vous doit toutefois l’accepter, tant du point de vue intellectuel qu’affectif.
Bien que ceci puisse vous paraître d’un optimisme béat,
fondamentalement, le mal n’existe pas. Cela ne veut pas dire que vous
n’êtes pas confronté à des situations qui paraissent en être l’effet mais,
quand chacun de vous évoluera dans les divers plans de sa conscience, vous
finirez par comprendre que toutes les oppositions apparentes sont les
différentes facettes de la pulsion unique et suprême vers la créativité.
Fin de la dictée. Une dernière note personnelle…
(De manière assez inattendue, Seth fait ici une digression en nous
donnant une demi-page d’informations concernant une lettre et quelques
photos que nous avons reçues aujourd’hui. Puis, en souriant.)
Maintenant, je pourrais continuer encore quelque temps.
(« Alors, dites quelques mots au sujet des oies. »)
Très certainement, et accordez-moi un instant.
(Une pause.) Elles vous attirent à cause de leur connaissance instinctive
et parce qu’elles représentent la liberté intérieure que l’homme est en train
d’objectiver à un niveau conscient. Elles sont aussi pour vous un rappel de
la certitude profonde de votre condition de créature, et leurs vols évoquent
en vous la conscience que vous avez de passer de la condition de créature à
une dimension de réalité que vous pressentez à peine.
Leur migration est une perfection de simplicité et de complexité ;
pourtant, le parcours de votre espèce est beaucoup moins prévisible, il vous
ouvre de larges probabilités dans lesquelles votre conscience et votre libre
arbitre vous permettent de devenir des créateurs conscients dans des
mondes auxquels vous donnez naissance avant de les habiter.
(D’une voix amusée et plus forte.) Est-ce que cela fera l’affaire ?
(« Oui, c’était bien. »)
Maintenant, je vous souhaite une très agréable soirée et vous adresse à
tous deux mes salutations les plus chaleureuses.
(« Merci beaucoup, Seth. Bonne nuit. »)
(0 h 13. Bien que fatiguée, Jane se sent encore très euphorique. Une
note : dernièrement, elle a travaillé sur une suite pour son roman The
Education of Oversoul 7 qu’elle a terminé au début du mois de juillet 1972.
[Voir l’introduction de Jane, et le chapitre 1.] Le nouveau livre a pour titre,
de façon tout à fait appropriée : The Further Education of Oversoul 7.)

SESSION 649
LUNDI 19 MARS 1973

(21 h 37.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
C’est l’heure de l’écrivain.
(« Oui. »)
Dictée. (Une longue pause.) À tout moment, divers climats de croyances
imprègnent le monde. Certains se concentrent sur certaines régions, comme
des systèmes de basse pression atmosphérique. Il y en a qui se cantonnent
en général à une zone, alors que d’autres vont balayer les continents
comme le font les grandes tempêtes saisonnières.
N’oubliez pas que les idées sont aussi naturelles que le climat. Elles
évoluent selon des modèles et obéissent à certaines lois de façon encore
plus rigoureuse que les phénomènes physiques. Malheureusement, personne
n’examine la nature de la réalité mentale sous cet angle. Vous naissez au
sein de certaines croyances de masse et celles-ci peuvent varier selon le
pays où vous êtes né. De la même façon que vous arrivez dans votre corps,
entouré de tous ses aspects physiques, vous émergez à la naissance dans un
environnement psychologique naturel et riche, où les croyances et les idées
sont tout aussi réelles.
Quand vous commencez à savoir vous servir de votre esprit conscient,
vous examinez bien sûr les croyances qui vous entourent, tout comme vous
remettez en question, et parfois quittez, votre environnement initial. Vous
pouvez migrer vers un contexte où le climat ainsi que les idées qui
dominent vous correspondent davantage.
Quoi qu’il en soit, vous allez conserver à un degré ou un autre certaines
tendances et attitudes mentales par rapport à vous-même, à votre corps et à
votre vie. Nombre d’entre elles sont directement ou indirectement reliées
aux vieux mythes et croyances de vos ancêtres. Votre idée du bien et du
mal, telle que vous l’appliquez à la santé et à la maladie, par exemple, est
très importante. (Une pause.) Rares sont ceux qui réussissent à éviter de
porter des jugements de valeur en ce domaine. Si vous considérez la
maladie comme une sorte de stigmate d’ordre moral, vous ne ferez
qu’ajouter une composante inutile à tout état de santé déficient.
Les jugements de ce genre sont très simplistes ; ils ignorent la diversité
de la motivation et de l’expérience humaines. Si vous croyez dur comme fer
que « DIEU » (entre guillemets et en lettres capitales) crée uniquement le
« bien », alors toute déficience physique, maladie ou difformité devient un
affront à votre croyance ; elle la menace, vous emplit de ressentiment et de
colère. Quand vous tombez malade, vous risquez de vous détester de ne pas
être ce que vous pensez devoir être – une créature physique parfaite à
l’image d’un Dieu parfait.
Si, d’un autre côté, vous poussez trop loin l’idée que la maladie peut
aussi être un processus d’apprentissage, vous pouvez tomber dans l’autre
extrême et faire l’apologie de la maladie comme étant une expérience
nécessaire qui ennoblit le corps et le purge pour que l’âme puisse trouver
son salut.
(21 h 55.) Avec pareille croyance, vous allez confondre souffrance et
sainteté, affliction et pureté, et considérer le déni du corps comme un acte
spirituel et un gage de sainteté. Dans ces conditions, vous pouvez même
chercher à être malade pour vous prouver que votre spiritualité est forte – et
pour que les autres le comprennent. On peut avoir le même genre de
jugement moral dans pratiquement tous les domaines de l’activité humaine,
ce qui a évidemment des répercussions au niveau social. Ces réactions vont
venir s’ajouter aux croyances qui prédominent et, à leur tour, affecter
l’individu.
Si vous croyez que la richesse est le fruit d’une vertu morale et qu’elle
provient directement de la bienveillance de « Dieu », la pauvreté devient
une preuve d’absence de moralité. « Dieu » a fait tant de gens pauvres que
l’homme ne devrait pas oser changer cette situation – cette logique est
souvent utilisée. Si l’on adhère à ces croyances, on méprise les pauvres
comme les malades.
Quel péché a donc commis la personne pauvre ou malade ? Cette
question, souvent posée inconsciemment – et parfois consciemment –, vous
ramène à la notion de punition qui n’a rien à voir avec le concept de
culpabilité naturelle, mais qui est liée à sa version dénaturée, ainsi qu’à une
mauvaise interprétation de la Bible. Le Christ a simplement enseigné que
vous formez votre propre réalité. Il a tenté de s’élever au-dessus des
systèmes de pensée de son époque, mais il a bien fallu qu’il les utilise, d’où
les connotations de péché et de châtiment qui sont venues déformer son
message.
Certains d’entre vous croient au contraire que la pauvreté est une vertu et
que la richesse est un vice, un manque évident de spiritualité. (Voir la
session 614, chapitre 2.) Dans votre société, cette croyance trouve elle
aussi son origine dans la Bible et dans le fait que le Christ était plus proche
des pauvres que des riches.
Tous ces jugements moraux basés sur le sentiment de culpabilité font
oublier l’expérience individuelle.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22 h 10 à 22 h 19.)
Maintenant. Cette évaluation critique existe aussi vis-à-vis des couleurs.
On considère souvent que le blanc est pur et le noir impur, que le blanc est
bon et le noir mauvais.
Des considérations raciales en découlent évidemment. Vous devez
comprendre que votre race actuelle est celle dans laquelle vous êtes né, pour
employer vos termes, en ce temps et en ce lieu. Chacun de vous a appartenu
à différentes races, chacun de vous a connu sa part des avantages et des
ignominies associées à ces diverses conditions de naissance, en termes
historiques.
Je ne souhaite pas entrer ici dans une longue discussion sur la
signification des races, mais chacune d’elles a un sens bien précis et
représente un aspect différent de l’humanité prise dans son ensemble.
Chaque race a donc un sens symbolique pour la psyché du genre humain.
Le vécu et la structure extérieure de l’expérience d’une race, quelle qu’elle
soit, peuvent changer, mais le symbolisme intérieur demeure et il faut en
tenir compte avec créativité.
Votre expérience quotidienne est influencée par votre race, par les
croyances que vous avez la concernant, par celles que vous avez sur les
autres races et par le climat d’opinion en général. Très simplement : si vous
vous représentez Dieu en termes humains, vous allez l’imaginer comme
appartenant à votre race. Si vous appartenez à une minorité ou si vous êtes
noir, vous allez peut-être alors vous trouver confronté à des croyances
conflictuelles.
Il est impossible de séparer votre expérience quotidienne, en quelque
domaine que ce soit, de vos croyances et des jugements que vous portez.
Les croyances se résument à votre idée du bien et du mal et elles incluent
toutes vos attitudes à l’égard de la maladie et de la santé, de la richesse et de
la pauvreté, des relations entre les races, des conflits religieux, et, plus
important encore, à l’égard de votre réalité psychologique intime, jour après
jour.
Nous allons creuser ce sujet puisqu’il concerne chacun personnellement,
au niveau de sa propre existence et de sa relation aux autres.
(D’une voix chaleureuse.) Fin du chapitre.
CHAPITRE 13

Le bien et le mal, les croyances personnelles


et les croyances de masse ainsi que leur effet
sur votre expérience privée et sociale.

Accordez-nous un instant.
(« Oui. » Une pause à 22 h 31.)
Chapitre 13. Je veux que les choses soient disposées ainsi : l’en-tête, « État
de grâce », écrit ainsi (gestes horizontaux), ensuite un trait vertical, puis en
dessous « Santé »… et encore en dessous « Richesse »…
(En dessinant dans les airs, Seth-Jane termine la liste et m’explique que je
dois en placer une seconde, avec son en-tête, en vis-à-vis de la première.
J’avance comme je peux, sans avoir le temps de poser trop de questions.)

État de grâce Hors l’état de grâce


Santé Maladie
Richesse Pauvreté
Blanc Noir
Chrétien Non-chrétien

Est-ce que cette partie est claire ?


(« Oui », dis-je, bien que la liste des contraires ne soit pas aussi bien
disposée qu’elle l’est ici. J’éprouve un étrange sentiment de confusion,
n’étant pas encore sûr de ce que Seth veut faire.)
Ce n’est pas le titre du chapitre, il s’agit d’un schéma. En voici maintenant
un autre du même genre :
État de grâce Hors l’état de grâce
Indien ou Oriental Américain
Fierté d’être pauvre Richesse embarrassante
Peau brune Peau blanche
Grande compréhension mystique Manque de sensibilité
Compréhension cosmique Pauvreté spirituelle et désintégration

Une autre catégorie :

État de grâce Hors l’état de grâce


Jeunesse Vieillesse
Compréhension intuitive Rigidité, ignorance mentale et spirituelle
Connaissance Ignorance
Beauté Laideur
Capacité intellectuelle Désintégration des capacités mentales
Vigueur physique Perte de vigueur
La vie devant soi Fermeture de toutes les portes vers l’activité

Titre du chapitre : « Le bien et le mal, les croyances personnelles et les


croyances de masse ainsi que leur effet sur votre expérience privée et
sociale ». Vous avez tout ?
(« Oui. »)
Dans ce chapitre, nous allons voir certaines croyances courantes qui ont
une influence sur votre comportement le plus intime et sur les connotations
sociales.
Faites à présent votre pause.
(22 h 54. Je demande à Jane si quelque chose l’a dérangée, car ce soir la
maison est loin d’être calme. Elle répond que non, que sa transe a été assez
profonde. Il fallait qu’elle reçoive correctement les schémas et ce n’était pas
facile.
À présent, elle les regarde avec moi et vérifie la façon dont je les ai placés
sur la feuille. Notez que Seth a donné sous chaque en-tête une liste complète,
puis a fait correspondre un à un les éléments opposés – ce qui n’est pas rien,
me semble-t-il, compte tenu du nombre de points cités. Reprise à 23 h 03.)
Maintenant. J’ai regroupé un certain nombre d’idées opposées auxquelles
beaucoup de gens adhèrent – et qui font toutes entrer en jeu le concept du
bien et du mal en les appliquant à des domaines où ils n’ont pas lieu de l’être.
Les termes employés mettront en lumière certains contrastes. Je voulais
simplement amorcer le chapitre suivant et m’assurer que les données
visuelles étaient clairement posées. (Avec satisfaction.) Je vous donne congé
pour ce soir, car nous avançons vraiment très bien, et nous allons aborder
certaines croyances d’ordre social que nous n’avons pas encore vues.
Je vous souhaite donc un chaleureux bonsoir. D’autres sujets travaillent
Ruburt, raison de plus pour écourter la session.
(« Merci, Seth. Bonne nuit. »
23 h 06. Seth est parti avant que j’aie fini d’écrire. Ses derniers mots
faisaient référence à un autre travail que Jane et moi réalisons par nous-
mêmes. Jane dit que maintenant elle est fatiguée.)

SESSION 650
JEUDI 22 MARS 1973

(La session débute tard, car nous essayons d’enregistrer avec une nouvelle
chaîne stéréo d’excellente qualité que nous avons achetée hier. Jane voulait
cet appareil pour travailler sur le sumari. Sur une impulsion, pendant que
nous étions dans le magasin, j’ai acquis une montre qui donne non seulement
l’heure mais aussi la date. Cette double fonction m’amuse beaucoup.
21 h 50.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Je suis content que vous connaissiez à présent automatiquement le jour du
mois.
(« Moi aussi – je suppose. »)
Quant à l’autre nouveau gadget, vous allez l’utiliser souvent, et sans doute
d’une façon que vous n’imaginez pas encore.
Dictée. Les petits schémas représentent simplement quelques systèmes
généraux de croyances, vus sous l’angle des « valeurs morales ». Votre idée
du bien et du mal influe non seulement sur votre comportement à l’égard des
autres, mais aussi sur votre activité au sein de la communauté et dans le
monde en général.
Beaucoup croient – voir le premier schéma – qu’il est « bon » et
moralement préférable d’être chrétien, blanc, riche et en bonne santé. Et bien
que cela n’apparaisse pas dans la liste des attributs supérieurs, nous pourrions
aussi ajouter « de sexe masculin ».
La réalité est donc perçue à travers ce système de croyances. Si ce sont vos
valeurs, vous avez le sentiment que c’est Dieu qui a établi ces
caractéristiques. Si vous ne chérissez pas ces idées avec trop de ferveur, vous
allez vous rendre compte qu’elles peuvent vous enfermer car elles définissent
votre conception du bien et du mal de manière très limitée. Ceux qui
entretiennent ce genre de croyances sont souvent très religieux au sens
conventionnel du terme. Quant aux pays qui les mettent en avant, ils envoient
des missionnaires pour « convertir » ceux qui sont païens, et donc inférieurs.
Les individus qui voient les choses sous cet angle se sentent très mal à
l’aise quand ils se mélangent à des personnes d’une race, d’une religion ou
d’une couleur différentes ; ils peuvent parfois se montrer, malgré eux, d’un
conservatisme vindicatif lorsqu’ils traitent par exemple de problèmes de
nature communautaire. Ils vont considérer la pauvreté comme un signe du
mécontentement de Dieu et seront par là même enclins à laisser tout cela
entre « Ses mains ». Ils parleront peut-être avec une compassion apparente de
la situation critique d’autrui, tout en considérant dans le même temps que
cette difficulté résulte simplement d’une infériorité ou d’une inégalité.
Ceux qui pensent ainsi peuvent être de tout âge et appartenir à n’importe
quel environnement économique. Maintenant, si vous êtes protestant, de sexe
masculin, blanc, américain, riche et en bonne santé, vous pouvez sereinement
vous regarder en face, dans le cadre de ces croyances. La base sur laquelle
vous vous fondez est certes fragile, mais au moins vous cadrez avec elle pour
le moment. Vous noterez que j’ai ajouté « protestant » et « américain ». Si
vous adhérez à ce système de valeurs sans y satisfaire totalement – c’est-à-
dire si vous ne remplissez pas tous les critères –, alors, même en son sein,
vous avez des difficultés.
(22 h 05.) Certaines composantes ont plus de poids que d’autres. Un
catholique7 ou un juif qui a ces croyances est à l’évidence un peu déphasé par
rapport à elles et il éprouvera un sentiment de culpabilité s’il s’évalue sur ces
bases. (Avec insistance.) Un Noir qui accepte les mêmes croyances sera
réellement en difficulté. Et s’il se trouve que ce Noir est pauvre, ce sera deux
fois pire.
Dans ce schéma de valeurs, la maladie, la pauvreté, le fait d’être femme
dans une certaine mesure, les concepts non chrétiens et un héritage autre que
celui de la race blanche sont tous considérés comme mauvais à des degrés
divers.
Maintenant. Toute intrusion d’autres croyances est ici perçue comme une
menace. Les problèmes raciaux et les dissensions religieuses sont rationalisés
à partir de ce système de valeurs. Certains lecteurs peuvent croire par
exemple à la réincarnation, la percevoir comme un enchaînement de vies
successives, et se considérer comme des êtres éclairés. Mais il se peut que ce
concept leur serve à justifier leur croyance en l’infériorité des autres races. Ils
diront peut-être qu’en choisissant ses problèmes dans cette existence-ci – en
décidant par exemple d’être noir ou pauvre, ou bien les deux –, un individu
règle ses problèmes karmiques, et qu’il ne faut donc pas modifer ces données
en changeant les lois ou les coutumes.
(Pour du matériau sur le karma, la réincarnation et les idées de Seth sur le
temps « simultané », se reporter à la session 636, chapitre 9.)
Le côté gauche du deuxième tableau correspond aux personnes qui, dans
ce pays, ont un esprit plus « libéral ». Mais vous les trouverez moins
progressistes quand vous comprendrez qu’elles ont autant de préjugés que le
premier groupe, mais dans l’autre sens.
C’est un système de croyances qui considère que c’est mal d’être blanc,
américain ou riche, voire même simplement à l’aise financièrement ; ici,
toutes les distorsions du christianisme sont apparentes, alors que, bien sûr, le
premier groupe ne les voit pas. Dans le cas présent, la richesse et une peau
blanche ne sont pas seulement mauvaises en soi ; elles constituent des
symptômes de dégénérescence morale. Si le premier système de croyances
voit l’argent et les biens matériels comme un signe de la bénédiction divine,
le deuxième groupe considère les possessions matérielles comme une preuve
de décadence spirituelle.
Ici, l’exotique devient romanesque, l’étranger est porté aux nues, le
pittoresque est synonyme d’authenticité. La peau noire ou brune devient un
critère de perfection spirituelle et la pauvreté un signe honorifique que l’on
doit non seulement porter avec fierté mais même utiliser comme un outil
agressif. Les gens qui adhèrent à ces valeurs pensent que ce sont eux qui ont
raison. Leur style de vie, leurs affiliations communautaires et leurs tendances
politiques sont en totale opposition avec l’éthique du « Blanc riche ».
Maintenant, s’il se trouve que vous avez la peau noire ou foncée, si vous
êtes pauvre et croyez en ces valeurs, vous vous y sentez au moins en sécurité.
Si, au contraire, vous êtes blanc, riche et que vous avez ces croyances, vous
allez ressentir un vrai sentiment d’infériorité ; vous allez faire tout votre
possible pour montrer à quel point vous savez être pittoresque, libéral, ouvert
d’esprit, et noir tout en demeurant un Blanc aisé et peut-être encore
secrètement attaché à votre christianisme.
Vous aurez sans doute chez vous des bouddhas et des colliers indiens
disposés avec beaucoup de goût.
Nous allons faire une pause.
(De 22 h 27 à 22 h 45.)
Maintenant. Le troisième diagramme peut évidemment recouper les deux
précédents, qui laissent beaucoup de latitude ; ils peuvent par exemple
comprendre une, deux ou trois caractéristiques préférées correspondant à vos
idées. Mais vos concepts concernant l’âge ne vous laissent pas cette liberté ;
car, à un moment ou à un autre, si « vous avez de la chance », pour utiliser
vos termes, vous allez tous parvenir à la vieillesse.
Beaucoup pensent qu’il s’agit là d’une phase de dégénérescence spirituelle
et/ou physique, une période au cours de laquelle tous les attributs durement
acquis de la maturité s’effacent, où toutes les facultés de raisonnement
disparaissent comme des grains de sable trop longtemps retenus par les mains
pensantes de l’esprit.
Si, dans ce système de croyances, on considère que la vie est bonne, la
jeunesse en est alors le couronnement suprême, après lequel on ne peut que
redescendre. Dès lors, on n’attribue pas aux vieux des qualités de sagesse,
mais on les craint comme des êtres méchants, mauvais, indésirables ou
effrayants. Dans cette optique, la sénilité semble une fin naturelle et
inévitable.
Comme nous l’avons déjà mentionné (session 644, chapitre 11), nombre de
ceux qui ont ces croyances essayent de ne pas les voir et tentent
désespérément d’être jeunes. La jeunesse et la vieillesse ont toutes deux leur
raison d’être, et dans le cadre de votre espèce, chacune joue un rôle
important.
Vous avez l’habitude de penser en termes d’hérédité. En termes physiques,
et de façon différente de celle que vous imaginez, celle-ci a son importance.
Certaines expériences terrestres dépendent d’une durée dans le temps et
résultent du fait que l’esprit joue avec l’expérience acquise au fil de
nombreuses saisons.
Il y a des fonctions spécifiques qui entrent en action de façon tout à fait
naturelle, et que vos scientifiques perçoivent à peine et comprennent encore
moins. À mesure que l’esprit à l’intérieur du corps voit clairement son temps
sur terre arriver à terme, une accélération mentale et psychique se produit.
Par de nombreux aspects, cela ressemble aux expériences de l’adolescence,
avec son grand élan de créativité, les questionnements qui en découlent et la
préparation à une forme complètement nouvelle de croissance et
d’épanouissement de la personnalité.
(Jane s’exprime avec beaucoup d’insistance et de nombreux gestes.) Tout
cela serait clairement visible si vos systèmes de croyances habituels ne
contraignaient pas les vieux à interpréter leur expérience. De nombreux cas
d’expansion de la conscience et de croissance mentale et psychique sont
interprétés par vous comme de la sénilité. Aucune corrélation importante
n’a été établie entre les expériences subjectives de la vieillesse, en particulier
en cas de « sénilité », et celles d’autres périodes de la vie où se produisent des
expansions de conscience, qu’elles soient naturelles ou provoquées par des
drogues.
(23 h 06.) Toute sensation de cet ordre est immédiatement refoulée par les
vieux, de peur qu’ils ne soient diagnostiqués comme séniles. Ces expériences
ont néanmoins une influence sur l’hémisphère droit du cerveau, ce qui a pour
effet de libérer certaines facultés, à peu près comme cela se produit chez un
adolescent.
Quand l’heure est venue, l’individu commence à voir au-delà de la vie
temporelle ; il s’ouvre à des dimensions de conscience auxquelles, en vos
termes, il ne pouvait se permettre d’accéder tant qu’il s’impliquait de façon
aussi intense dans une vie corporelle d’adulte. Malheureusement, la
personnalité ne dispose en général d’aucun système de croyances qui vienne
soutenir cette expansion. Les thérapies naturelles, aussi bien physiques que
mentales, sont refusées et on utilise souvent des médicaments dépresseurs qui
obscurcissent la clarté de ce qui semble être une vision déformée. Alors qu’il
s’agit là de l’un des aspects les plus créatifs et les plus précieux de vos vies,
on amène les vieux à se sentir inutiles dans votre société. Bien sûr, ils
partagent souvent ce jugement de valeur et leur expérience au sein de vos
communautés ne les a en aucune façon préparés à faire face à cette
expérience subjective.
Personne n’est là pour les guider. La vieillesse est une partie de la vie très
riche en créativité. Ses liens avec l’enfance sont souvent mis en avant de
manière désobligeante, pourtant la personnalité est simplement dans le même
état de créativité. Je parle ici de façon générale, bien sûr, car vos conditions
d’existence déforment grandement la situation naturelle.
Les transformations chimiques et hormonales qui se produisent sont
réellement propices à la croissance spirituelle et psychique de cette phase de
la vie. À cause de votre système de croyances, vous refusez aux vieux la
possibilité de s’affirmer joyeusement.
Faites votre pause.
(23 h 17. Jane, dans une transe très profonde et active, était si concentrée
sur le matériau qu’elle ne s’est rendue compte de rien d’autre. « Alors là !,
dit-elle, j’ai senti que Seth abordait quelque chose de vraiment bien – tout un
nouveau système de gériatrie. Je ressentais directement ces sentiments. Les
animaux savent déjà tout cela inconsciemment. Mais c’est étrange, et drôle,
d’entrer dans ces aspects de la vieillesse, poursuit-elle, surprise. Notre
société n’en a pas la moindre idée. Je trouve ça passionnant. »
Jane et moi étions un peu préparés pour ces informations, au moins au
niveau émotionnel. Mon père est mort en février 1971, après avoir passé trois
ans dans une « maison » de retraite de la région. Diagnostic : sénilité. Il était
la plupart du temps sous sédatifs. À la lumière du matériau de ce soir, je ne
peux pas m’empêcher d’avoir le sentiment qu’il a perdu une partie de son
héritage naturel – qu’il ait opté de lui-même pour cette solution ou qu’on la
lui ait imposée, ou les deux. À mon avis, Seth dirait que mon père a choisi
toutes les circonstances de sa vie et qu’une telle privation dans sa vieillesse
est un résultat probable qui s’est matérialisé. Mais tout en étant d’accord,
j’aurais quand même préféré qu’il en aille autrement…
Une note à propos du matériau de 23 h 06 : le cerveau est formé de deux
hémisphères indépendants, côte à côte et reliés par une base commune. Il y a
en général un hémisphère dominant. Chacun est composé de zones, ou lobes,
qui ont des rôles spécifiques. Le schéma des ondes cérébrales de chaque
hémisphère varie souvent, tout comme celui des différents lobes qui
constituent chaque côté. Il n’y a pas deux cerveaux semblables.
Jane s’aperçoit maintenant qu’il ne lui reste plus qu’une cigarette. « Bien,
dit-elle pour alléger l’atmosphère, alors ce sera une session courte. » Reprise
à 23 h 35.)
Dictée. (Une pause d’une minute.) D’une certaine manière, il est
impossible d’expliquer « les expériences psychédéliques » dans le cadre
limité de vos systèmes de référence – non pas parce que ces illuminations
sont inexplicables mais parce que vos systèmes actuels de croyances sont trop
limitants.
Il est donc difficile, à tout âge, de raconter un épisode de révélation. Quand
il s’agit de vieillards, cela n’intéresse personne, et pourtant, comme chez les
adolescents, c’est le moment où la créativité la plus grande peut jaillir, même
si elle n’est pas reconnue. Cette période de l’existence pourrait être la plus
profitable de toutes pour l’individu et pour l’espèce, si on la reconnaissait et
la comprenait réellement.
Souvent, les modifications chimiques particulières qui se produisent sont
précisément celles qui conduisent à des conceptions et une expérience plus
larges, mais celles-ci sont libres d’applications pratiques, au sens où vous
l’entendez. Il y a donc un déclenchement, une impulsion amenant la
personnalité à tenter de se libérer de ses repères de temps et d’espace,
puisqu’elle n’a maintenant plus besoin d’y participer en termes « d’adulte ».
La personnalité regarde, répétons-le, la nature de l’expérience dans ses
termes les plus purs. Dans certaines civilisations anciennes, tout cela se
passait dans un contexte naturel (une pause) où l’on prenait matériellement
soin des vieux tandis que leurs paroles étaient écoutées avec la plus grande
attention.
Les notions de « vieux sage » et autres légendes de ce genre trouvent ici
leur place, tout comme le concept mystique de la vieille femme détentrice de
pouvoirs. Laissés à eux-mêmes et à leur progression naturelle, les vieux
comprennent très bien leurs « visions ». Le corps et l’esprit œuvrent
admirablement ensemble.
Maintenant. (D’une voix plus forte.) Fin de la session. Mes salutations les
plus chaleureuses à vous deux.
(« Merci. Bonne nuit, Seth. » 23 h 49.)

SESSION 651
LUNDI 26 MARS 1973
(La session se tient dans le bureau de Jane pour qu’elle puisse s’asseoir
devant les deux micros de son nouveau magnétophone. Jusqu’à présent, nous
ne sommes pourtant pas parvenus à de très bons résultats avec cet appareil.
21 h 46.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Nous allons reprendre la dictée… Comme pour le reste, vos croyances à
propos de l’âge forment votre expérience, et vos croyances de masse influent
sur votre civilisation. Avec les concepts actuels de votre société, les hommes
et les femmes ont peur de la vieillesse depuis leur enfance. Si l’âge de jeune
adulte est considéré comme le suc même de la vie, sa félicité et son
apothéose, la vieillesse, elle, est perçue comme son opposé – un moment
d’échec et de déliquescence.
Cela tient en partie à des idées fausses concernant l’esprit conscient et
l’esprit inconscient, pour utiliser vos termes à présent. D’une manière
générale, la société occidentale considère que l’esprit conscient arrive à
maturité au début de l’âge adulte, quand le moi émerge des profondeurs de
l’inconscient infantile pour parvenir à sa faculté de différenciation et de
conscience critique. Savoir apprécier les distinctions et les différences est
considéré comme l’une des caractéristiques principales de la conscience et
ces aspects sont donc très appréciés. D’un autre côté, les caractéristiques tout
aussi signifiantes d’assimilation, d’association et de corrélation sont
négligées. Dans les milieux érudits, et dans beaucoup d’autres qui sont loin
de l’être, on assimile l’intellect à ces seules facultés critiques, de sorte que
plus votre faculté d’analyse est grande, plus on vous considère comme un
intellectuel.
En Occident, lorsqu’on est adulte, on focalise avec la plus grande attention
sa conscience sur un domaine spécifique d’activité et de manipulation
physique. Dès l’enfance, l’esprit est entraîné à utiliser avant tout ses qualités
de raisonnement et d’analyse. La créativité a le droit de se manifester
uniquement dans certains domaines autorisés et très limités.
Quand un individu vieillit – qu’il est à la retraite par exemple –, l’objet
central de cette forme particulière de concentration ne lui est plus aussi
directement accessible. L’esprit devient en fait plus lui-même ; il est plus
libre d’utiliser ses autres facultés et a le droit de s’écarter de ces domaines
restreints, pour assimiler, reconnaître et créer.
C’est précisément à ce moment-là que l’on dit à l’individu de se méfier de
ce genre d’égarement et de considérer ce type de comportement comme un
symptôme de dégénérescence mentale. Ceux qui adhèrent à ces croyances de
masse trouvent que l’image qu’ils ont d’eux-mêmes a changé. Ils craignent
que leur âge même ou l’existence dans le temps les aient trahis. Ils se
perçoivent comme des laissés-pour-compte, de pauvres vestiges d’un moi
meilleur, et à l’intérieur de leur système de valeurs, ils se condamnent du fait
même qu’ils continuent à exister dans le temps. S’ils faisaient autrefois
confiance à l’intégrité de leur corps, ce n’est désormais plus le cas. Ils
commencent à interpréter un rôle dramatique dans un scénario écrit par
d’autres, mais qu’ils ont approuvé.
Cette situation peut paraître sans rapport avec vos croyances concernant la
couleur de la peau, et pourtant les deux sont intimement liées. Je vais vous
laisser faire une pause et écouter votre enregistrement.
(22 h 05. Nous écoutons la bande et effectuons quelques réglages. Reprise
à 22 h 23.)
Maintenant. Vous assimilez la couleur blanche à la conscience radieuse, au
bien et à la jeunesse, tandis que le noir est associé à l’inconscient, à la
vieillesse et à la mort.
Dans ce système de valeurs, on craint les races noires comme,
fondamentalement, on craint les personnes âgées. On considère que les Noirs
sont des êtres primitifs. On leur attribue, par exemple, des talents musicaux
mais pendant longtemps cette créativité est restée « underground » : ils
créaient une musique qui était acceptée mais eux-mêmes n’étaient pas admis
dans les salles de concert de la nation respectable.
Dans votre société, la race noire a donc représenté ce que vous pensez être
les parties chaotiques, primitives, spontanées, sauvages et inconscientes du
moi, l’envers du « bon citoyen américain ».
D’un côté, il fallait opprimer les Noirs et, de l’autre, les traiter avec
indulgence, comme des enfants. Il y a toujours eu la grande peur que les
Noirs, en tant que race, outrepassent les limites qui leur étaient fixées – vous
leur donnez un doigt, ils prennent la main –, uniquement parce que les Blancs
craignaient tant la nature du moi intérieur et reconnaissaient le pouvoir qu’ils
essayaient si désespérément de juguler en eux-mêmes.
Tout comme les individus, les nations peuvent connaître par moments des
dédoublements de personnalité. Il y avait donc une sorte d’équilibre : les
Noirs représentaient certaines tendances du pays dans son ensemble, tandis
que les Blancs exprimaient d’autres caractéristiques.
Les deux groupes acceptaient leur rôle. En termes plus larges, en d’autres
temps et d’autres lieux, chaque être a cependant appartenu à d’autres races ;
ou pour être plus précis, dans des existences simultanées, chacun joue le rôle
de l’autre.
Appliquée à la vieillesse, la couleur noire indique un retour à ces forces
inconscientes. Jusqu’à présent, tout ceci représente le point de vue de la
croyance américaine et occidentale. C’est la réalité dans laquelle se trouvent
nombre de mes lecteurs. Mais, dans d’autres systèmes de croyances
« underground », le noir est symbole de connaissance, de pouvoir et de force.
Poussé à l’extrême, cela débouche sur des cultes sataniques dans lesquels les
facultés mal comprises de créativité et d’exubérance se manifestent sous une
forme dénaturée ; les parties souterraines de la conscience sont alors
glorifiées, au détriment des autres valeurs, blanches, « conscientes et
objectives ».
Dans ces deux systèmes, pourtant, les vieux se voient dénié leur pouvoir,
leur force et leur sagesse uniques, ce qui lèse à la fois les individus et leur
civilisation.
(D’un ton amusé.) Mon ami Ruburt n’a plus de bière, alors je vais vous
laisser faire une courte pause.
(De 22 h 37 à 22 h 48.)
Tout ceci est également lié à vos croyances concernant l’état de veille et
celui du rêve : le blanc est associé au jour et le noir au monde onirique. On
retrouve ici encore le vieux lien entre le Dieu de Lumière et le Prince des
Ténèbres, ou Satan – toutes les distinctions qui sont faites à différents degrés
de développement et qui ont un rapport avec la nature originelle de la
conscience présente.
Au cours des âges, encore une fois, des philosophies occultes ont essayé de
concilier les deux concepts, tombant en général d’un extrême dans l’autre, en
combattant les idées qui avaient cours en termes historiques. Selon certaines
de ces philosophies, par exemple, la lumière du jour est perçue comme pâle,
comparée au véritable éclat de la connaissance qui illumine l’état de rêve ; le
noir, lui, est alors le symbole d’un savoir secret auquel une conscience
normale ne peut avoir accès et dont on ne peut scruter le mystère à la lumière
du jour.
Les histoires de magie noire trouvent ici leur place et, une fois de plus, la
vieillesse entre en jeu : les légendes du vieil homme – ou de la vieille
femme – sage apparaissent dans les traditions populaires. La mort est vue en
termes de bien et de mal, de blanc et de noir – selon ces jugements de valeur,
l’anéantissement de la conscience est perçu comme noir, tandis que sa
résurrection est blanche.
La lumière de l’illumination est ressentie comme blanche, bien qu’elle
apparaisse souvent pour souligner la noirceur de l’âme, ou pour briller dans le
noir de la nuit. Donc, selon vos termes de référence, le blanc et le noir
dépendent l’un de l’autre, et changent de connotations en fonction de vos
croyances.
Dans de nombreuses civilisations anciennes, on vénérait la nuit et sa
noirceur, et l’on explorait les secrets de la conscience nocturne. On établissait
des corrélations permettant d’utiliser consciemment durant le jour la
connaissance ainsi acquise. Ces deux aspects apparemment séparés de la
conscience fusionnaient, et il y avait un épanouissement de l’art et de la
civilisation qu’il vous est presque impossible de concevoir, dans les termes
qui sont les vôtres. Dans des civilisations de ce genre, toutes les races avaient
joyeusement droit de cité et, quel que soit son âge, chacun était respecté pour
sa contribution particulière.
Les jugements de valeurs limités dont nous parlons dans ce chapitre ne
s’appliquaient pas dans ces sociétés. Les individus – ou les races – n’avaient
pas à jouer certains rôles spécifiques correspondant à tel ou tel ensemble de
caractéristiques humaines ; on permettait à chacun d’être unique, avec tout ce
que cela implique.
Cela ne signifie pas que l’humanité a perdu cet état de grâce pour tomber
dans ce qui semble être une condition inférieure. Cela veut dire que vous
avez choisi de diversifier des fonctions ou des capacités, de les isoler,
pourrait-on dire, afin d’apprendre, de comprendre, et même de développer
leur nature singulière.
Il existe des moyens qui permettent d’assimiler votre connaissance
intérieure, vos valeurs opposées de l’ombre et de la lumière, du bien et du
mal, de la jeunesse et de la vieillesse, et d’utiliser ces critères pour enrichir
votre propre expérience de façon très concrète. En agissant ainsi, vous
contribuez à l’amélioration non seulement de vous-même et de votre société,
mais du monde en général. Vous reconnaissez aussi l’état de grâce dans
lequel vous devez exister. Voyons donc quelques-uns de ces moyens.
À présent, vous pouvez faire une pause pendant que Ruburt vérifie le
fonctionnement de cet engin.
(De 23 h 01 à 23 h 19.)
Il faut essayer de faire la corrélation entre des aspects apparemment
différents de votre expérience, pour que les idées de lumière et d’obscurité,
de conscience et d’inconscience, etc. se combinent, non seulement sur le plan
individuel mais aussi global.
Comme il est mentionné dans mon livre précédent, Seth parle, une grande
différence est faite entre le sommeil et l’état de veille. (Voir Seth parle,
session 532, chapitre 8.) Vous séparez nettement ces deux états, sans
vraiment essayer de les relier. À cause de leurs impératifs professionnels,
beaucoup d’entre vous ont du mal à modifier leurs heures de sommeil.
Certains le peuvent cependant, et ceux parmi vous qui s’intéressent
réellement à cette démarche d’assimilation de la connaissance intérieure
peuvent à l’occasion modifier au moins un peu leurs horaires. Cela leur
permettra de relier beaucoup plus efficacement leur activité de l’état de veille
et celle qui se produit pendant le sommeil.
Si vous procédez ainsi, vous découvrirez qu’un arrangement légèrement
modifié tourne largement à votre avantage. Je vous suggère de dormir six
heures d’affilée, pas plus. Si vous ressentez le besoin de vous reposer
davantage, vous pouvez vous autoriser une sieste, de deux heures au
maximum.
(Une pause.) Beaucoup de gens s’aperçoivent que cinq heures d’un
sommeil régulier, avec une sieste, suffisent amplement – l’idéal étant de
dormir quatre heures de suite et de compléter cela par toute sieste qui vous
semble naturelle.
Quand c’est le cas, il n’y a plus cette large division artificiellement créée
entre les deux états de conscience. L’esprit conscient est plus apte à se
souvenir et à assimiler son expérience onirique ; au cours du rêve, le moi peut
utiliser plus efficacement son expérience de l’état de veille.
Souvent, ces modifications se produisent naturellement chez les gens âgés,
mais ceux qui se réveillent spontanément après quatre heures de sommeil
considèrent, du fait de leurs croyances, qu’ils sont insomniaques, ce qui les
empêche de tirer parti de leur expérience. Quoi qu’il en soit, le conscient et
l’inconscient fonctionneraient tous deux de manière beaucoup plus efficace
avec un programme destiné à raccourcir la durée du sommeil ; quant à ceux
qui s’adonnent à des activités « créatrices », ce genre de programme leur
apporterait une plus grande intuition et leur connaissance serait plus
facilement applicable.
Les individus adoptant ce comportement naturel se sentiraient beaucoup
plus stables. Suivant ce modèle général, chacun doit bien sûr trouver le
rythme qui lui convient ; il faut expérimenter un peu jusqu’à parvenir à
l’équilibre optimal. Votre vitalité en serait grandement accrue.
Il est vrai qu’à chaque période de la vie correspond une dynamique
particulière. Si vous suivez votre propre rythme, des phases plus longues ou
plus courtes de sommeil et de veille vont naturellement prendre place. Grâce
à ces pratiques, votre conscience, telle que vous la concevez, se trouvera
élargie. D’une façon générale, dormir huit heures d’affilée ou plus n’est pas
bénéfique. En termes plus vastes, ce n’est d’ailleurs pas non plus naturel pour
l’espèce humaine.
(23 h 37.) Il y a une réaction d’échanges chimiques, ou plus précisément
des rythmes réactionnels chimiques, qui sont beaucoup plus efficaces quand
les phases de sommeil sont courtes. Beaucoup de gens dorment durant les
périodes qui devraient être celles de leur plus grande vivacité et créativité,
dans des moments où le conscient et l’inconscient sont merveilleusement
focalisés et ne font qu’un. L’esprit conscient est souvent stupéfié par le
sommeil alors même qu’il pourrait tirer les plus grands bienfaits de
l’inconscient et serait capable de s’établir de la manière la plus signifiante
dans la réalité que vous connaissez. Dans ces moments-là, l’esprit conscient
est capable de percevoir clairement la beauté et l’illumination de votre état de
rêve, et il peut les utiliser pour enrichir votre vie physique. Les contrastes de
votre expérience vont vous apparaître comme ayant une clarté unifiée.
Maintenant. (D’une voix chaleureuse.) C’est la fin de la dictée, et de notre
session, à moins que vous n’ayez des questions.
(« Eh bien… je n’en ai aucune pour l’instant. » En fait, je suis assez
fatigué.)
Alors, je vous souhaite un chaleureux bonsoir – et je vous suggère à tous
deux de tester au moins certaines des idées que nous proposons aux autres.
Vous risquez d’être assez surpris.
(« D’accord. »)
Mes salutations les plus chaleureuses à vous deux, et à votre machine.
(« Merci, Seth. Bonne nuit. »
Fin à 23 h 43. La dissociation de Jane était excellente. Elle a entendu le
magnétophone s’arrêter de lui-même il y a une dizaine de minutes, mais
aucun autre bruit.
D’ordinaire, nous dormons six heures par nuit, que nous complétons par
une demi-heure de sieste en fin d’après-midi. En outre, la nuit, Jane
interrompt assez souvent sa période de sommeil en se réveillant
spontanément et en se levant pendant une heure environ.)

SESSION 652
MERCREDI 28 MARS 1973

(21 h 13.)
Bonsoir
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. (Une pause.) Un changement de ce type dans votre
rythme de sommeil et de veille vous aide énormément pour rompre avec la
façon dont vous regardez habituellement la nature de votre univers personnel,
et donc pour modifier votre conception de la réalité en général.
Dans une certaine mesure, il y a là une fusion naturelle et spontanée de ce
que vous considérez comme l’activité consciente et l’activité inconsciente.
En elle-même, cette fusion conduit à une plus grande compréhension de
l’équilibre qui prévaut entre l’ego et d’autres parties du moi. L’inconscient
n’est plus assimilé aux ténèbres ou à d’effrayants facteurs inconnus. Son
caractère est transformé, de sorte que ses qualités « sombres » sont plutôt
perçues comme des éléments qui éclairent la vie consciente, et qui
fournissent aussi d’importantes sources de pouvoir et d’énergie à l’expérience
normale orientée par l’ego.
D’autre part, certaines formes de comportement ordinaire qui semblaient
opaques, nébuleuses ou obscures – un comportement personnel
caractéristique jusqu’à présent incompris par exemple – peuvent d’un seul
coup devenir parfaitement claires, du fait de cette transformation dans
laquelle les aspects ténébreux de l’inconscient sont perçus dans toute leur
brillance.
Des barrières sont brisées, ainsi que certaines croyances qui se fondaient
sur elles. Si l’on ne craint plus l’inconscient, on ne craint plus les races qui le
symbolisaient.
Les rythmes de sommeil et de veille que j’ai suggérés peuvent conduire
également à d’autres formes de compréhension naturelles et spontanées.
L’inconscient, la couleur noire et la mort ont tous des connotations fortement
négatives dans lesquelles on craint le moi intérieur ; on se méfie de l’état
onirique et celui-ci évoque souvent des pensées funestes et/ou maléfiques.
Mais le changement du rythme de sommeil et de veille peut, là encore,
conduire à une transformation où il devient évident que les rêves sont
porteurs d’une grande sagesse et de beaucoup de créativité, que l’inconscient
est d’ailleurs parfaitement conscient, et qu’il est en fait possible de
conserver dans le rêve le sentiment de son identité individuelle. La peur de
l’anéantissement du moi, perçue symboliquement comme la mort, n’a alors
plus lieu d’être.
Résultat, d’autres croyances que l’individu avait échafaudées et qui
reposaient sur l’existence de ces contraires s’effondrent aussi d’elles-mêmes.
(21 h 30. Je vois une grosse fourmi noire ailée en train de grimper sur le
dossier du fauteuil à bascule de Jane, près de sa tête. L’instant suivant, elle
est sur son cou. Jane se lève d’un bond au beau milieu de sa dictée ;
instinctivement, elle balaye quelque chose qu’elle ne peut avoir vu.
Stupéfaite, elle se rassied. « Un insecte suffit », dit-elle finalement. Après une
brève pause, elle allume une cigarette et entre à nouveau en transe.)
Vous l’avez ?
(Je lis la dernière phrase à voix haute, et Seth-Jane poursuit.)
Quand, dans l’état de rêve, vous devenez aussi alerte, réceptif et
intellectuel que vous l’êtes quand vous êtes éveillé, il vous est impossible de
fonctionner selon votre ancienne structure. Cela ne veut pas dire que vous
parvenez à ce type de conscience particulière dans tous vos rêves mais, dans
le cadre du schéma de sommeil et de veille que nous avons suggéré, cette
forme de conscience est souvent atteinte.
(Avec beaucoup de force.) On parvient à une situation bénéfique et
naturelle dans laquelle l’esprit conscient et l’esprit inconscient se rencontrent.
Cela se produit spontanément, quelles que soient vos habitudes de sommeil,
mais de façon très brève et vous en gardez rarement le souvenir. Si cet état
optimal est si court, c’est parce que l’esprit conscient est stupéfié pendant de
longues périodes.
Les animaux suivent leurs propres rythmes naturels de sommeil et de veille
et, à leur façon, ils tirent de ces deux états plus de bienfait que vous. Ils s’en
servent plus efficacement – en particulier en ce qui concerne les processus
thérapeutiques innés du corps. Ils savent exactement quand modifier leurs
habitudes pour prolonger ou raccourcir leurs phases de sommeil, et donc
ajuster leur production d’adrénaline et réguler leur système hormonal.
Chez les humains, l’idée de nutrition entre aussi en ligne de compte. Avec
vos habitudes, le corps est littéralement affamé pendant de longues périodes,
la nuit, et souvent suralimenté au cours de la journée. Les rêves vous
fournissent une information thérapeutique importante dont vous êtes censé
vous souvenir, mais que vous oubliez parce que votre façon habituelle de
dormir vous plonge beaucoup trop longtemps dans ce que vous croyez être
une absence de conscience.
Le corps, lui, peut être reposé et régénéré en bien moins de huit heures ; au
bout de cinq heures, les muscles eux-mêmes aspirent à l’activité. Ce besoin
est aussi le signal qu’il faut se réveiller afin d’assimiler consciemment du
matériau inconscient et de l’information provenant du rêve.
Faites votre pause.
(De 21 h 45 à 21 h 55.)
Nombre de vos conceptions erronées à propos de la nature de la réalité sont
directement liées à la séparation que vous établissez entre les expériences
vécues durant le sommeil et à l’état de veille, entre activités consciente et
inconsciente. Vous voyez des contraires là où en fait il n’y en a pas. Mythes,
symboles et rationalisations, tout cela devient nécessaire pour expliquer les
divergences et contradictions apparentes entre des réalités qui paraissent si
différentes.
Parfois, des mécanismes psychologiques individuels sont activés, en
termes de névrose ou d’autres problèmes mentaux ; ils révèlent au grand jour
des défis ou des dilemmes intérieurs qui seraient beaucoup plus facilement
résolus grâce à un échange ouvert entre réalité consciente et réalité
inconsciente.
(22 h 01. Nous sommes à nouveau interrompus – par le téléphone cette
fois. Je réponds, puis Jane prend la relève quand elle est sortie de transe.
Elle parle à peu près cinq minutes à une femme qui vit à deux heures de route
de chez nous et qui veut assister au cours de perception extrasensorielle.)
Dictée. (Dans un murmure.
« D’accord. »)
Dans la relation naturelle corps-esprit, le sommeil sert de grand
connecteur, d’interprète ; il permet la libre circulation du matériau conscient
et inconscient. Dans le type de rythme de sommeil que je propose, les
conditions optimales sont établies. Les névroses et les psychoses ne se
produiraient pas dans ces conditions. Dans la liberté naturelle du va-et-vient
de l’organisme, les dilemmes et les problèmes extérieurs sont résolus dans les
situations du rêve, et les difficultés intérieures peuvent elles aussi trouver
une résolution symbolique dans l’expérience physique.
Une illumination en rapport avec le moi intérieur peut se manifester
clairement dans la réalité de l’état de veille et, de la même manière, une
information très précieuse sur le moi conscient peut vous parvenir dans le
rêve. Dans les deux cas, il y a un flux spontané d’énergie psychique
accompagné d’une réaction hormonale appropriée. L’énergie n’est pas
bloquée par le refoulement, par exemple, et il n’y a aucune crainte des
émotions ou de la façon dont elles s’expriment.
Dans votre système de croyances actuel, et vu votre façon douteuse de
considérer l’inconscient, une peur des émotions est souvent générée. Non
seulement vous leur faites obstacle dans la vie éveillée, mais vous les
censurez le plus possible dans vos rêves. Il leur est très difficile de
s’exprimer, d’où l’apparition d’importants blocages d’énergie, qui peuvent
entraîner ce que vous appelez un comportement névrotique ou, pire encore,
psychotique.
L’inhibition de ces émotions interfère également avec le système nerveux
et ses moyens thérapeutiques. Ces émotions refoulées, et toute la charge qui
va avec cette conception erronée de l’inconscient, vont se traduire par une
projection vers l’extérieur, sur les autres. Dans votre environnement
personnel, il y aura des personnes sur lesquelles vous allez projeter toutes ces
émotions ou caractéristiques effrayantes et pesantes. Mais en même temps,
vous serez attiré vers ces individus, parce que les projections représentent
une partie de vous-même.
Au niveau d’un pays, ces caractéristiques ou ces traits seront projetés sur
un ennemi extérieur. À l’intérieur d’une nation, elles peuvent avoir pour cible
une race, une croyance ou une couleur de peau particulières.
(Une longue pause à 22 h 24.)
Vous n’avez pas adopté par hasard vos schémas de sommeil et de veille. Ils
ne résultent pas non plus d’habitudes d’ordre technologique ou industriel. Ils
correspondent au contraire à une partie des croyances qui sont la cause de
votre développement technologique et industriel. Ces schémas sont apparus
lorsque vous avez commencé à catégoriser de plus en plus ce dont vous
faisiez l’expérience, et à considérer que vous étiez distincts de la source ou de
l’origine de votre propre réalité psychologique. Dans les conditions
naturelles, les animaux, lorsqu’ils dorment la nuit, demeurent partiellement
vigilants à l’égard du danger et des prédateurs. L’une des caractéristiques
innées du cerveau des mammifères est ce grand équilibre qui permet une
détente complète du corps endormi, tandis que la conscience se maintient
dans un état « partiellement suspendu, passif et pourtant alerte » – ce qui rend
possible une participation consciente à l’activité « inconsciente » du rêve, et
son interprétation. Cette situation procure au corps une régénération sans
qu’il demeure inerte pendant de longues périodes.
(Une pause.) Les mammifères changent eux aussi leurs habitudes pour
s’adapter aux conditions que vous leur imposez ; le comportement étudié
dans un laboratoire n’est donc pas nécessairement celui du même animal dans
son état naturel.
Prise hors contexte, cette affirmation peut paraître trompeuse. Les
changements de comportement sont eux-mêmes naturels, évidemment.
La conscience animale est différente de la vôtre. La vôtre nécessite un
discernement plus fin pour que le matériau inconscient puisse être assimilé.
(Une longue pause.) Cependant, tous les développements de l’espèce
humaine sont latents dans le cerveau animal, et de nombreux attributs dont
vous n’avez pas conscience sont aussi à l’état latent dans le vôtre. Les circuits
biologiques existent déjà pour eux.
(Avec un débit très vif.) Selon vos croyances actuelles, la conscience est
assimilée, en termes très limités, à ce que vous concevez comme étant le
fonctionnement intellectuel : vous considérez qu’il s’agit là du summum de
l’accomplissement mental, évoluant à partir des perceptions
« indifférenciées » de l’enfance, pour y retomber ignominieusement lors de la
vieillesse. Le rythme de sommeil et de veille que je propose vous permettrait
de découvrir de grandes parties créatrices et énergétiques du comportement
psychologique – qui ne sont pas du tout indifférenciées, mais seulement
distinctes de vos concepts habituels de conscience ; et qui sont à l’œuvre tout
au long de votre vie.
L’expérience naturelle de ce que vous pensez être une distorsion du temps,
par exemple, qui se produit aussi bien dans l’enfance que dans la vieillesse,
est une expérience tout à fait normale de votre « environnement temporel »
fondamental – bien plus que ne l’est le temps de vos horloges, qui vous est si
familier.
Le programme que j’ai suggéré vous mène donc beaucoup plus près d’une
compréhension de la réalité de votre être, et il vous aide à mettre un terme
aux croyances qui causent des divisions à la fois personnelles et sociales.
Vous pouvez faire votre pause.
(22 h 46. « Eh bien ! C’était une bonne transe, dit Jane en riant, malgré
les insectes et le téléphone. » Puis à 22 h 56 : « Il est presque prêt… »)
Maintenant. La longue phase d’activité consciente éveillée et continue est
dans une certaine mesure en contradiction avec vos penchants naturels.
Cela vous coupe de l’échange spontané des matériaux conscients et
inconscients dont nous avons fait mention (au cours de cette session), et
entraîne par là même certains changements qui rendent alors nécessaire
votre période de sommeil prolongée (avec insistance). Vous refusez au corps
les repos fréquents qu’il requiert. Il y a un surcroît de stimuli conscients, ce
qui rend leur assimilation difficile et crée une tension dans la relation corps-
esprit.
La division entre les deux aspects de l’expérience ressemble de plus en
plus à des comportements totalement séparés. L’inconscient devient de plus
en plus étranger à la conscience. Les croyances le concernant s’accumulent et
les symbolismes qui lui sont associés prennent trop d’importance. L’inconnu
paraît menaçant et dégénéré. On a plus fortement tendance à relier la couleur
noire à ce qui est mauvais – à quelque chose qu’il faut éviter.
L’anéantissement du moi semble être une menace permanente pendant le
sommeil ou le rêve. On craint en même temps toutes ces vagues
émotionnelles, flamboyantes, créatrices et spontanées qui s’élèvent tout
naturellement de l’inconscient, et on les projette à l’extérieur, sur des
ennemis, sur d’autres races ou d’autres religions.
L’activité sexuelle est évidemment considérée comme une dépravation par
ceux qui ont le plus peur de leur nature sensuelle. Ils lui attribueront une
origine primitive, néfaste ou inconsciente, et tenteront même de censurer
leurs rêves à cet égard. Ils projetteront ensuite la plus grande licence sexuelle
sur des groupes qu’ils auront choisis pour incarner leur propre comportement
refoulé. Quand on assimile la sexualité au mal, on considère évidemment ces
autres groupes comme fondamentalement mauvais.
Si ces personnes rigides croient que la jeunesse est innocente, elles vont
nier que des expériences de nature sexuelle puissent se produire au cours de
l’enfance, et elles iront jusqu’à modifier leurs propres souvenirs pour que
ceux-ci correspondent à leurs croyances.
Si un jeune adulte pense que la sexualité est bonne mais que la vieillesse
est mauvaise, il lui sera impossible d’envisager qu’une sexualité exubérante
puisse faire partie de l’expérience d’une personne âgée. Dans l’état de rêve,
l’enfant et le vieil homme, ou la vieille femme, peuvent exister
simultanément, ce qui permet à l’individu de se rendre compte de toute la
gamme de la condition de créature.
(23 h 12.) La sagesse de l’enfant et celle du vieillard sont toutes deux
accessibles. Les leçons tirées de « l’expérience future » sont aussi à portée de
main. Il y a dans le corps des mécanismes physiques parfaitement naturels
qui pourvoient à de telles interactions. Pourtant, vous vous refusez un grand
nombre de ces avantages, du fait de l’aliénation artificielle que vous avez
créée par votre rythme actuel de sommeil et de veille – qui, répétons-le, est
étroitement liée à votre idée du bien et du mal.
Ceux d’entre vous qui, dans la pratique, sont dans l’impossibilité de
modifier leurs habitudes de sommeil peuvent néanmoins tirer un certain
bienfait d’une modification de leurs croyances en ce domaine. Ils doivent
apprendre à se souvenir de leurs rêves, s’accorder de courtes périodes de
repos quand ils le peuvent et, immédiatement après, noter les impressions
reçues.
Vous devez abandonner toutes vos idées quant au caractère peu
recommandable de l’activité inconsciente. Apprenez à croire en la bonté de
votre être. Sinon, vous n’explorerez pas les autres états de votre propre
réalité.
Quand vous avez confiance en vous, vous avez confiance en votre propre
interprétation des rêves – et cela vous amène à une meilleure compréhension
de vous-même. Vos croyances concernant le bien et le mal vous apparaissent
beaucoup plus clairement et vous n’avez plus besoin de projeter sur les
autres, de façon exagérée, des tendances réprimées.
Fin de la dictée et fin de la session.
(« Merci. »)
Mes salutations les plus chaleureuses à tous deux. Que Ruburt reprenne ses
notes.
(« D’accord. Bonne nuit, Seth. »
Fin à 23 h 24. Seth fait référence à ce que Jane a écrit aujourd’hui
concernant son projet à long terme, un ouvrage théorique intitulé Aspect
Psychology. Voir ce qu’elle a écrit en introduction de ce livre, et les notes de
la session 618, chapitre 3.)

SESSION 653
MERCREDI 4 AVRIL 1973

(Robert Monroe et sa femme Nancy nous ont rendu visite ce week-end ; ils
vivent dans une ferme en pleine Virginie. Bob Monroe est l’auteur de
Voyages hors du corps, livre que Jane et moi considérons comme l’œuvre de
référence sur le sujet. Il voulait entre autres parler à Jane du centre de
recherche qu’il construit dans sa ferme et qui pour l’instant porte le nom de
Mentronics Institute – ou System. Il servira « uniquement à une bande de
types » pour étudier différentes phases de l’activité psychique. Ces « types »
sont des médecins, des parapsychologues, des psychiatres et des scientifiques
spécialisés dans d’autres disciplines.
Seth s’est manifesté dimanche soir 1er avril. Il a eu une longue discussion
avec les Monroe, que nous avons enregistrée. Nous devions tous nous
retrouver lundi en fin de journée. Mais dès le matin, Jane a soudain senti
jaillir en elle un puissant élan d’inspiration créatrice – visiblement de l’ordre
de la transcendance – qui a duré plusieurs heures. Elle en avait eu des signes
annonciateurs dimanche après-midi, avant que nos invités arrivent. Je décris
le phénomène ici, et je joins aussi de larges extraits de ce qu’elle en a écrit
elle-même, pour montrer quelques-unes de ses autres activités psychiques au
moment où ce livre prend forme. Ces perceptions donnent en même temps des
éclairages sur le livre lui-même.
Jane me décrit son état modifié de conscience à mesure qu’il se produit,
lundi ; puis le matin suivant, elle en rend compte par écrit de façon aussi
complète que possible. C’est un récit de plus de six mille mots – en le tapant
à la machine, elle revit certaines parties de l’expérience, à un degré
moindre…
« Dimanche après-midi, avant que nos visiteurs arrivent, écrit-elle, j’avais
commencé à lire un livre de Ralph Waldo Emerson [le poète et philosophe
qui vécut de 1803 à 1882]. Je suis tombée sur son essai, The Poet, dans
lequel il décrit les “Parleurs”comme étant ceux qui utilisent leurs facultés
intérieures pour “dire les secrets intérieurs de la nature”. Cet essai m’a
fortement impressionnée ; il semble faire écho à des éléments de mes propres
écrits et caractéristiques psychiques. Et bien sûr, j’ai pensé aux “Parleurs”
de Seth, tels qu’il les décrit dans le chapitre 20 de Seth parle. [D’après Seth,
Emerson était lui-même un Parleur !] Puis Bob Monroe et sa femme sont
arrivés et nous avons eu une soirée animée. Seth s’est manifesté, etc.
Assise à mon bureau le lendemain matin, le 2 avril, j’ai soudain été emplie
de l’inspiration la plus forte et la plus vive que je pense avoir jamais connue.
Toute la journée, j’ai été emportée, écrivant avec fièvre, dans un état
d’agitation et de jubilation. Il en est résulté un poème de neuf pages, intitulé
Dialogues of the Speakers, qui peut, ou non, avoir une suite et donner un
livre. C’est de cette façon qu’a commencé le livre de poésie que j’ai terminé
en mars et qui a pour titre Dialogues of the Soul and Mortal Self in Time.
En arrivant à la fin de ce long poème, en milieu d’après-midi, j’avais de
plus en plus de difficultés à décrire mes sentiments et même à les taper à la
machine. Voici les deux dernières strophes :

Les Parleurs vivent-ils ?


Leurs vies massives chevauchent les nôtres,
et à travers la pupille de leurs yeux
nous jetons un regard sur un univers,
mais tout ce que nous savons ou voyons
n’est qu’un détail
dans un projet si impérieux
qu’en écrivant maintenant, je me sens faible
et pleure de voir ce que je ressens
s’échapper à travers mes mots
incapables de contenir
une telle évidence intérieure.
Je me retrouve avec des vides si énormes
que tout est dans le non-dit
et là
ce que je ne peux contenir
est ce que je suis et ce que vous êtes.
Mes pensées sont aussi impuissantes
que le creux de mes mains
à en saisir le sens,
mais nos vies sont
comme l’ombre du bout de mes doigts.
Ainsi sommes-nous
envoyés par d’autres,
parents gigantesques
dans une famille si vaste,
dans laquelle cependant
baigne chacun de ses membres.

Pendant que je me débattais au milieu de tout cela, mon état subjectif s’est
tellement transformé que j’ai à nouveau appelé Rob. J’ai commencé à sentir
les “vies massives” des Parleurs et réalisé que j’étais allé au-delà du poème.
L’inspiration orientait à présent ma perception si bien que, lorsque je
regardais autour de moi, le monde était changé. Quand cela m’arrive, cet
état que nous pensons être une vie subjective devient réel et objectif. Je le
perçois alors de la même façon que notre existence physique normale.
Il ne s’agit jamais d’un processus complet, mais la transformation vers
l’extérieur de données intérieures est une expérience splendide – même si elle
est parfois troublante.
À la table de travail de mon bureau, j’étais face aux fenêtres de notre
petite cuisine. Nous habitons au deuxième étage, et je pouvais voir la rue, en
bas, jusqu’au pâté de maisons voisin et, au loin, à travers la cime des arbres.
Pas en trois dimensions, mais d’une autre manière, plus vivante… j’ai… vu…
senti… des silhouettes massives positionnées sur le bord de cette vision
physique ; et sur les bords du monde. Mes yeux étaient bien sûr ouverts. Avec
ma perception intérieure, j’ai senti que l’une de ces formes, vigoureuse et
d’une masse impossible, pourrait se pencher et, avec son visage gigantesque,
jeter un coup d’œil par la fenêtre de ma cuisine… tout en me rendant compte
que tout cela était mon interprétation de ce que je recevais.
Dans le même temps, la perception que j’avais de mon bureau subissait
par contraste une transformation. À l’intérieur, bien que conservant à mes
yeux leurs propres dimensions, tous les objets devinrent microscopiques et
adorables, comme les modèles réduits d’un monde pour enfant – mais d’un
monde réel et vivant, avec mon appartement à l’intérieur de l’une des
innombrables maisonnettes. J’étais euphorique et cependant troublée. Je
tentais d’accepter ce qui se passait, tout en conservant une attitude de
“comme si”, au cas où, afin de ne pas complètement me perdre dans
l’expérience.
Rob m’a suggéré de faire une sieste, vu que les Monroe allaient arriver
une heure plus tard. Pendant que j’essayais de m’endormir, une idée parmi
tant d’autres a jailli en moi et m’a littéralement secouée : “Nous sommes EN
Dieu. Nous n’avons JAMAIS été extériorisés !” Ces mots sont bien pauvres
pour traduire les sensations affectives et subjectives avec lesquelles je pris
part à cette idée. Car soudain, j’eus le sentiment d’être-en-Dieu comme
d’être-dans-une-maison. Tout ce que nous imaginons et connaissons est à
l’intérieur. Il n’y a pas d’extérieur.
Pendant un moment, je me suis sentie claustrophobe… ma perception
visuelle s’est à nouveau modifiée, de manière étrange et plus douce : tout ce
que je voyais à présent était un intérieur qui était à l’intérieur de lui-même,
et ce à l’infini. J’avais l’impression d’être minuscule. Mais presque
immédiatement, le plus étrange sentiment de fantastique sécurité m’est venu
et j’ai réalisé qu’étant à l’intérieur de Dieu… nous étions littéralement
constitués de matière divine et étions donc éternels.
Puis un autre sentiment est apparu : cet intérieur si vaste qu’il en était
inconcevable contenait en lui tout “l’espace” possible en constante
expansion ; seul un intérieur pouvait posséder ces caractéristiques de
constante expansion.
Chacune de ces idées arrivait comme une révélation affective,
accompagnée de diverses sensations corporelles et modifications de
perception visuelle. C’est là que d’autres expériences ont commencé et qu’à
des degrés divers, je me suis perdue en elles. Dans l’une d’elles, mon corps
devenait massif – pas comme s’il paraissait massif, mais massif en soi.
Concrètement, j’étais allongée là, énorme. D’une certaine manière, je me
dilatais, et prenais de la hauteur… »
Jane a ensuite fait l’expérience de toute une série d’évènements mettant en
jeu différentes facettes du concept « massif ». Ce qui se produisait était pour
elle physiquement « réel » ; pourtant, elle savait également qu’il s’agissait
d’interprétations symboliques de réalités intérieures. Nous pensons que cela
concernait aussi la mémoire cellulaire décrite par Seth, comme en
témoignent ces extraits du récit de Jane :
« … puis j’ai su que j’étais de retour dans mon lit, mais j’étais à nouveau
massive et, pendant quelques instants, j’ai eu peur. Au-dessus de moi, sur
l’oreiller, ma main gauche s’était transformée en serre d’aigle. J’avais les
yeux fermés, mais la sensation physique était claire. Je ressentais cette force
fantastique dans ma main ; j’ai essayé de saisir comme la serre d’un aigle
l’aurait fait. J’ai senti… la plus étrange sorte d’armure, la serre étrangère,
dure et résistante à la place de la chair, selon nos termes. Puis mes épaules et
toute la partie supérieure de mon dos ont commencé à devenir aigle, un
grand aigle battant des ailes ; la force qui déferlait et les sensations
inconnues étaient stupéfiantes… »
« Selon un processus impossible à décrire, un autre changement s’est
produit. J’étais cette fois un dinosaure. Je dis bien, j’étais un dinosaure. Je
me tenais sur deux pattes, faisant grand bruit, des sons rauques et
gutturaux… d’exultation, debout au milieu d’une grande plaine. Il y avait
une similarité entre l’aigle et le dinosaure, dans cette armure corporelle,
cette dureté étrange… cela représentait toutes les étapes que j’avais
traversées – ou du moins dont certaines cellules de mon corps se
souvenaient – mais, pour ma part, le sentiment d’immédiateté était très
vif… »
« Rob m’a appelée, puis il est parti chercher les Monroe à leur hôtel. Je
me sentais très euphorique mais épuisée. J’ai commencé à m’habiller, tout en
éprouvant encore le sentiment d’être à l’intérieur de Dieu. Les oiseaux ont
commencé à chanter dehors et je me suis arrêtée, clouée sur place. Les
oiseaux étaient les dieux chantants ! Ce n’était pas une sensation symbolique
ni artistique – c’était un fait soudain reconnu !
L’incroyable douceur de leur chant m’a suivi, même quand je me suis mise
à rire… Car maintenant, je retouchais mon vernis à ongles – à force de taper
mon poème sur les Parleurs à la machine toute la journée, il avait disparu
sur les bords. Et, intérieure à Dieu ou pas, j’étais là, parfaitement capable de
penser à des choses aussi terre à terre. Je suis allée mettre de l’ordre dans le
salon pour les invités ; la pièce, elle aussi, était à l’intérieur d’un
intérieur… »
L’expérience transcendante de Jane a eu des échos qui ont persisté
pendant des jours. En outre, elle s’est souvenue de détails qu’elle avait omis
dans son compte-rendu – la plupart du temps, ce sont des faits ordinaires de
notre vie quotidienne qui ravivaient ces souvenirs.
Ceux que cela intéresse trouveront des références utiles dans les deux
paragraphes suivants.
1. Seth traite de la mémoire cellulaire dans la session 638, chapitre 10 ;
voir aussi les sessions 632 et 637. Parmi d’autres données fournies par Jane
et ayant trait aux états modifiés de conscience, se reporter à son introduction,
ainsi qu’aux notes de la session 639, chapitre 10 et à la session 645,
chapitre 11. On dirait que Jane va rencontrer d’autres situations de ce genre,
que nous pourrons ajouter à des chapitres ultérieurs. Elle projette d’étudier
dans son livre Aspect Psychology toutes ses expériences relatives aux
différents niveaux de conscience.
2. Il y a un lien évident entre les parties « massives » de la dernière
aventure psychique de Jane et ses premières rencontres avec Seth 2 en avril
1968 ; elle donne certains détails sur ces expériences dans le chapitre 17 de
Le Matériau de Seth. Il y a par ailleurs des informations sur Seth 2 dans le
chapitre 22 de Seth parle. Dans le premier chapitre du Matériau de Seth,
Jane décrit son premier « trip » dans un état modifié de conscience – et
explique comment cela a débouché sur l’écriture du manuscrit The Physical
Universe as Idea Construction. Voir les notes qui précèdent la session 633,
chapitre 8.
Il n’y a pas eu de session lundi soir. Au lieu de cela, Jane s’est servie de
ses « propres » facultés pour se focaliser sur le plan de la machine que Bob
Monroe avait dessiné ; il avait vu cet engin lors d’un de ses voyages hors du
corps. Des questions relevant de la physique se posaient – le trou de Fermi
[relatif au mouvement de certains électrons], etc. –, et Jane a fini par
dessiner elle-même des diagrammes. Elle aime employer ses capacités de
cette manière.
Elle a donné ses notes et ses dessins à Bob. Mardi, outre le récit de son
expérience transcendantale, elle a mis par écrit la discussion de lundi soir et
repris ses notes et ses esquisses pour ses propres archives.
« Bon ! Je sens que Seth n’est pas loin, dit Jane ce soir, à 21 h 22. Je serai
prête dans une minute. C’est drôle, mais pendant que je suis assise ici à
attendre, j’éprouve une grande sensation de couleur et d’expectative. Cela
m’arrive souvent – c’est presque le même sentiment planant que quand
j’écris un bon poème, comme lundi… » Ses lunettes quittent ses yeux.
21 h 23.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. (D’une voix calme.) Les croyances de votre société occidentale
concernant le bien et le mal déteignent sur votre attitude vis-à-vis du
sommeil, du rêve ou de toute modification de votre état de conscience.
Celles-ci découlent de la vieille éthique puritaine du travail : « L’oisiveté est
la mère de tous les vices.8 »
En elle-même, cette façon de penser conduit à se méfier du repos et à
considérer les rêves avec suspicion. La rêverie et les modifications de
conscience, même légères, prennent des connotations morales. Ces idées se
retrouvent dans votre société d’innombrables manières, et dans des domaines
où les valeurs du bien et du mal ne sont pas apparentes. Le sport est considéré
comme bon mais il est souvent opposé aux activités intuitives plus passives
qui, dès lors, sont perçues comme mauvaises.
Vous mettez l’accent sur les résultats concrets, sur les produits
physiquement visibles. Dans ce contexte, les rêves et la rêverie ne sont pas
considérés comme constructifs ou productifs.
Vous recommandez aux jeunes d’aborder la vie avec agressivité, de la
saisir à bras-le-corps, mais en fait cela veut dire dans un esprit de
compétition, ce qui implique, et favorise bien sûr, l’orientation de la
conscience individuelle uniquement vers un mode d’être extérieur. Non
seulement la conscience doit se focaliser sur la réalité extérieure mais, en
plus, à l’intérieur de ces limites, elle est encore contrainte de se concentrer
sur certains objectifs spécifiques. Les autres inclinations ne sont pas
acceptées.
On forme ces individus à considérer comme dangereux, à un degré ou à un
autre, toutes les modifications de conscience, tout comportement
apparemment « passif ». L’artiste est toléré – si son travail se vend bien, car
dans ce cas on pensera simplement qu’il est plus malin que d’autres dans sa
façon de gagner de l’argent.
On supporte l’écrivain si ses livres lui apportent la renommée ou la
fortune. Le poète, lui, est à peine toléré, car en général son talent ne mène ni
à l’une ni à l’autre.
Le rêveur est regardé avec beaucoup de suspicion, quel que soit son âge,
son travail ou ses antécédents familiaux, car il semble qu’il n’ait aucun talent
pour excuser sa paresse morale. Les personnes ayant ce genre de croyances
ont énormément de difficultés à comprendre la créativité de leur être. Le
travail accompli dans les rêves, les expériences innombrables qui y sont
vécues, leur sont invisibles. Ils ont peu de considération ou de respect pour
les rêveurs ou les visionnaires du monde, et sont les premiers à bondir sur
ceux qui, dans leur propre génération, manifestent ces tendances.
Néanmoins, chez toutes ces personnes, des zones profondes de l’être ne
sont pas touchées par ces croyances. Leurs idées vont certes se répercuter
dans leur vie quotidienne et paraîtront justifiées mais, en dessous, le moi
intérieur est parfaitement conscient du grand élan de créativité qui se produit
dans les rêves. Il réalise que la source de l’énergie individuelle n’a rien à voir
avec des concepts superficiels, tels que la nature du bien ou du mal.
Faites votre pause, car c’est la fin du chapitre 13.
(« D’accord. »)
CHAPITRE 14

Quel vous ? Quel monde ? Votre réalité


quotidienne comme l’expression
d’évènements probables spécifiques.

(21 h 43. Jane n’a aucune idée du contenu du chapitre 14 : « Je suis juste
en train d’attendre… » À 21 h 51, elle dit : « En fait, je n’ai pas la moindre
idée dans la tête, qu’il s’agisse de Seth ou d’autre chose. » Nous continuons
d’attendre. Il tombe une pluie légère ; les pneus des voitures chuintent sur
la chaussée. Nous entendons le son d’une télévision provenant de l’étage en
dessous, mais pas très fort. Finalement, la session reprend à 22 h 01.)
Dictée. Chapitre 14 : « Quel vous ? » En dessous (avec un geste
horizontal.) « Quel monde ? »
(En transe, les yeux fermés, Jane est assise, complètement immobile
pendant plus d’une minute.)
Suite du titre : « Votre réalité quotidienne comme l’expression
d’évènements probables spécifiques. » Tout ceci constitue le titre.
(Une longue pause à 22 h 06.) On peut dire que le cerveau est
simplement la contrepartie physique de l’esprit. Grâce à lui, les fonctions de
l’âme et de l’intellect sont reliées au corps. Ses caractéristiques permettent
aux évènements dont l’origine n’est pas physique de devenir physiquement
valides. Un filtrage précis et un effet de focalisation sont donc à l’œuvre.
Concrètement parlant, vous formez en effet l’apparence que prend la réalité
par le biais de vos croyances conscientes. Celles-ci servent d’agents de tri et
d’orientation ; elles sélectionnent certains évènements non physiques
probables parmi d’autres et leur donnent une réalité tridimensionnelle.
D’autres évènements probables auraient tout aussi bien pu devenir ceux
dont vous faites l’expérience physique. Les croyances que vous avez en ce
qui vous concerne donnent forme à votre propre image ; elles définissent
votre concept de ce qui est possible pour vous et de ce qui ne l’est pas.
Parmi tous les évènements probables, vous allez donc choisir uniquement
ceux avec lesquels vous vous sentez en accord.
Du fait de votre structure psychologique et psychique, il y a, au sein de la
riche constitution de votre être, une variété réellement infinie de ce qu’on
peut appeler des moi probables. Dans cette réalité ou dans une autre, ils
seront tous expérimentés. Néanmoins, au cours de votre existence présente,
vous allez utiliser uniquement les caractéristiques psychologiques que vous
croyez posséder. Si bien que, vous le voyez, la personnalité ne peut pas être
définie comme étant ceci ou cela.
La constitution physique de votre corps dépend de vos croyances, si bien
que l’ensemble des données sensorielles reflète fidèlement les croyances
qui dirigent son activité. D’une certaine manière, l’hypnose est simplement
un exercice qui les modifie et elle montre on ne peut plus clairement que
l’expérience sensorielle se conforme à l’attente qu’on en a.
Le « vous » que vous pensez être maintenant représente l’émergence
dans l’expérience physique d’un seul état probable de votre être, qui dirige
ensuite votre vie corporelle, « encadre » et définit toutes vos données
sensorielles. Quand vos idées à propos de vous-même changent, votre
expérience aussi.
Même l’expérience intime du corps se modifie. Vous pouvez dire que
vous êtes vous, mais quel vous êtes-vous ? Dans les termes les plus
personnels qui soient, chaque individu crée son propre monde. Les
mécanismes biologiques de votre condition de créature dirigent
suffisamment l’expérience de masse pour qu’un accord soit atteint, mais
seulement dans les grandes lignes.
(Une pause à 22 h 27.) L’ensemble de l’expérience privée que vous
percevez forme votre monde, point. Mais quel monde habitez-vous ? Car si
vous modifiiez vos croyances, et donc votre sentiment personnel de la
réalité, ce monde apparemment unique changerait lui aussi. Or vos
croyances se transforment constamment et votre perception du monde
change. On dirait que vous n’êtes plus la personne que vous étiez. Et c’est
tout à fait exact – vous n’êtes plus la personne que vous étiez, votre monde
a changé, et pas seulement de façon symbolique.
Il vous arrive souvent de tomber dans une phase pendant laquelle on
pourrait dire que vous repliez votre conscience, que vous ressentez la vie de
façon moins intense. Vous n’avez alors pas l’impression de faire
directement l’expérience de vous-même et, effectivement, au cours de ce
que vous pensez être l’état de veille, vous agissez de la façon la plus
mécanique, par habitude, en vous rendant moins compte des stimuli
sensoriels.
Dans ces moments-là, vos croyances perdent en général de leur acuité,
les instructions que vous donnez à votre corps ne sont pas claires et le
monde paraît confus. Il s’agit souvent là d’une période de profonde activité
inconsciente, pendant laquelle de nouvelles caractéristiques latentes
probables se préparent, attendant l’heure, pour ainsi dire, de leur
émergence.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22 h 37 à 22 h 55.)
Les évènements probables se matérialisent – selon vos termes – par
l’utilisation du système nerveux et de certaines intensités de volonté ou de
croyance consciente.
Ces croyances ont évidemment une autre réalité, en plus de celle qui vous
est familière. Elles attirent et engendrent certains évènements et non pas
d’autres. Parmi une variété infinie d’évènements probables, elles décident
donc de l’entrée de ceux dont vous faites l’expérience. Vous semblez être
au centre de votre monde, car, pour vous, votre monde commence à ce point
d’intersection où l’âme et la conscience physique se rencontrent.
(Une longue pause à 23 h 04.) Accordez-nous du temps…
En termes de surface, ce « je » que vous possédez est le résultat
d’identités probables qui émergent constamment, et auxquelles le système
physique du corps donne une continuité temporelle avec l’intervalle de
temps inhérent aux réactions nerveuses. Vous ne vous souvenez que de la
partie de votre identité qui est physiquement réalisée – de ces portions qui
se traduisent en schéma corporel. (Avec des gestes et beaucoup d’intensité.)
C’est là le résultat de l’activité à la fois de focalisation et de limitation du
cerveau physique, car un comportement efficace de survie dans votre réalité
dépend du temps de réaction. Le schéma d’activité nerveuse crée donc
l’illusion d’un présent dans lequel votre conscience paraît concentrée et
vive.
D’une certaine façon, les évènements « futurs » existent maintenant, mais
ils sont trop rapides. Ils sautent par-dessus les terminaisons nerveuses trop
vite pour que vous puissiez les percevoir physiquement ou en faire déjà
l’expérience.
Les impulsions ont une réalité très différente de ce qu’imaginent les
physiciens et les biologistes. Pendant que vous pensez maintenant, le
« passé » est encore en train de se produire. Sa « traîne » franchit encore les
synapses mais, encore une fois, cela n’est pas enregistré physiquement. Les
évènements passés continuent. Consciemment, avec votre structure
corporelle, vous ne faites l’expérience que de portions d’évènements ;
pourtant la structure elle-même les enregistre.
De cette manière, les cellules gardent leur mémoire, bien que vous ne la
perceviez pas, et le corps se rend compte des prétendus évènements futurs
même si, en règle générale, cela échappe à votre conscience. (D’une voix
soudain très intense et rapide.) À d’autres niveaux d’activité psychique
cependant, cette connaissance vous est également accessible, mais
seulement lorsque vous déconnectez votre expérience de la structure
neuronale activée par le temps – et cela, vous pouvez le faire par diverses
modifications de conscience, qui sont souvent adoptées de manière très
spontanée.
De nombreux états de ce genre peuvent vous conduire à une expérience
bien plus directe de la nature de votre réalité non corporelle que le
questionnement conscient ordinaire. Quel vous ? Quel monde ? Vous
pouvez, jusqu’à un certain point, découvrir par vous-même les autres vous
probables qui sont une portion de votre être.
Faites votre pause.
(23 h 20. Jane dit que pendant qu’elle était en transe, elle ne s’est pas
rendu compte que son débit était parfois lent – elle semble pourtant se
souvenir de ces fluctuations quand je l’interroge à ce sujet. Elle pense que
Seth « essayait de formuler les choses en des termes qui auraient un sens
pour quelqu’un ne connaissant pas le sujet, tout en restant intéressantes
pour un scientifique – ce qui n’était pas facile. Il y avait beaucoup plus de
matériau disponible à propos des synapses, des neurones et autres, mais il
n’en a pas parlé… »
On appelle synapse la jonction entre deux cellules nerveuses ou
neurones. Voir la session 637, chapitre 9. Ces jours-ci, Jane reçoit
davantage de lettres de scientifiques qui pour la plupart posent des
questions fascinantes sur le matériau qui fait l’objet de cette session.
Reprise à un rythme plus rapide à 23 h 45.)
Maintenant. Les évènements futurs sont aussi ceux que vous choisissez
parmi tous ceux qui sont probables, cependant, et de nombreux épisodes
dans lesquels vous êtes impliqué filent trop rapidement devant vous pour
votre système neuronal. Ils ne vous sont pas servis comme votre présent.
Ils représentent votre expérience sur des plans autres que physique. Mon
cher ami Ruburt (d’une voix ponctuellement plus forte) en a d’une certaine
façon fourni une analogie dans son roman, le premier livre d’Oversoul 7.
Vous percevez un certain évènement comme étant le présent. Vos croyances
lui permettent d’entrer par les synapses nerveuses, et l’attirent. Il semble
alors devenir le passé. Vous ne vous êtes pourtant branché physiquement
que sur une portion de cet évènement ; cet évènement passé continue
d’exister avec son propre « futur », que vous pouvez percevoir ou non,
selon l’action probable que vous amenez dans votre expérience suivante de
réalisation.
Le passé a donc bien ses propres passé, présent et futur. À partir d’un
évènement donné du passé, vous allez seulement matérialiser un futur
particulier, mais l’évènement lui-même continue ; il possède une dimension
qui lui est propre, ou plutôt un caractère multidimensionnel que vous
possédez également.
Vous pouvez par exemple plonger dans la mémoire cellulaire. Lorsque
vous utilisez votre mémoire, vous suivez à rebours la seule séquence
d’évènements dont vous vous rappelez. Il y a pourtant dans votre passé des
éléments qui sont tout aussi imprévisibles que ceux de votre futur semblent
l’être à présent (avec insistance). Il existe dans votre passé une créativité
qui vous attend, tout comme il y en a une dans votre futur ; mais pour tirer
parti de ce type d’expériences, vous devez apprendre à modifier vos
croyances et, d’une certaine façon, vous évader de la forme particulière de
focalisation consciente limitée à laquelle vous avez recours habituellement.
Maintenant. Nous pouvons continuer la session –
(« Allez-y. »)
— ou la terminer si vous préférez. Si vous continuez, faites une courte
pause… Certaines sessions peuvent durer plus longtemps que d’autres.
(23 h 55. « On ne vient pas de faire une pause ? », demande Jane
perplexe. Je lui explique la situation. Les sessions se déroulent rarement de
cette manière. Reprise à 0 h 05.)
Maintenant. Accordez-nous un instant. La structure physique elle-même
contient tout ce qui est nécessaire à ce que vous appelleriez l’évolution de la
conscience – et même, jusqu’à un certain point, à une organisation de votre
expérience qui, pour l’instant, peut vous paraître totalement étrangère.
Les données sensorielles peuvent être organisées de différentes façons. Il
existe des mécanismes et des circuits qui vous permettent tout à fait de voir
les sons ou d’entendre les couleurs, bien que ce ne soit pas actuellement
votre habitude première.
(Une pause.) En certains termes, vous sautez parfois par-dessus des
intervalles de temps, comme lorsqu’il vous arrive de percevoir soudain une
odeur ou une vision du « passé » avec l’acuité du présent, bien que selon
vous cela ait déjà eu lieu dans le passé. Dans des situations particulières, un
souvenir peut d’un seul coup devenir plus réel que ce qui se passe au
moment présent et investir à nouveau votre expérience actuelle avec autant
d’acuité qu’à l’époque où il a été vécu – et même éclipser les circonstances
présentes.
Cela ne pourrait pas se produire si votre organisme physique était dénué
de mécanismes innés le permettant, et si, sous certaines conditions,
l’intervalle normal entre les synapses des cellules nerveuses ne pouvait être
franchi d’une manière différente. De la même façon, une expérience future
peut elle aussi être physiquement perçue dans votre présent. Or, en dessous
de votre conscience habituelle, votre organisme physique est capable de
réagir, sans que vous le sachiez, à des évènements futurs comme il peut le
faire à ceux du passé. Dans ce cas-là, l’intensité de l’évènement, pourtant
non physique au départ, est suffisante pour se frayer un chemin à travers le
système neuronal.
Si vous vous rendez compte d’un épisode futur de ce genre, vous êtes
forcé d’y réagir en tant qu’être conscient. En tout cas, votre structure
temporelle y répondra, que vous soyez conscient ou non des raisons de
votre comportement. L’évènement futur peut alors se produire dans sa
séquence temporelle et votre mémoire le reconnaîtra, ce qui fait que vos
réactions dans ce présent à venir seront modifiées à cause de ce qui semble
être le souvenir du passé.
En vos termes, cet évènement peut cependant ne jamais se produire, car il
est possible qu’il provienne d’un passé probable qui a été autrefois votre
présent, mais par rapport auquel vous avez bifurqué. C’est l’une des raisons
pour lesquelles les prédictions des médiums semblent souvent ne pas se
réaliser, car, à chaque instant, vous avez en effet le libre choix de modifier
votre expérience par le biais de vos croyances.
Celles-ci constituent le pivot de votre expérience présente.
Maintenant. Fin de la dictée. Quelques remarques…
(0 h 20. Seth livre maintenant deux pages de matériau pour Jane et moi,
et la session s’achève à 0 h 37.
Les lecteurs intéressés par les probabilités peuvent aussi se reporter aux
chapitres 15, 16 et 17 de Seth parle.)

SESSION 654
LUNDI 9 AVRIL 1973

(21 h 45.)
Maintenant. Bonsoir et dictée.
(« Bonsoir, Seth. »)
En vos termes, et de façon concrète, les évènements probables semblent
avoir plus de sens pour vous quand vous les concevez comme un futur
latent.
Le fait est cependant que des évènements passés probables « peuvent
encore se produire » au sein de votre expérience personnelle précédente. Un
nouvel évènement peut littéralement naître dans le passé – « maintenant ».
À grande échelle, cela se produit rarement de façon qui vous soit
perceptible – et vous feriez bien de souligner toute la fin de cette phrase.
Quoi qu’il en soit, une nouvelle croyance dans le présent peut provoquer
des changements dans le passé au niveau neuronal. Vous devez comprendre
qu’à la base, le temps est simultané. Les croyances actuelles peuvent tout à
fait modifier le passé. Dans certains cas de guérison, la disparition
spontanée d’un cancer par exemple, ou de toute autre maladie, certaines
modifications se produisent qui ont un effet sur la mémoire cellulaire, les
codes génétiques ou les réseaux de neurones du passé.
Dans ce genre de situations, un retour s’opère – pour dire les choses de la
manière la plus simple – jusqu’à l’état particulier des profondes structures
biologiques qui existait à un moment donné ; et c’est en ce point que les
probabilités sont modifiées et que la condition de maladie est effacée dans
votre présent – mais également dans votre passé.
(Une pause à 22 h 01.) Croire de façon soudaine ou intense en la
guérison peut en effet « inverser » le cours d’une maladie mais,
concrètement, il s’agit là d’une inversion d’ordre temporel. Du point de
vue des cellules, de nouveaux souvenirs sont insérés à la place des anciens.
Cette forme de thérapie se produit très fréquemment de manière spontanée
lorsque les gens se débarrassent de maladies qu’ils ne savent même pas
avoir.
Ce qui est appris n’est pas simplement transmis d’un tissu vivant à un
autre – cela, les biologistes l’ont découvert –, ce savoir se transmet
également par la réalité corporelle présente du corps, en changeant parfois
totalement les messages destinés aux cellules du passé qui, en vos termes,
n’existent plus.
De façon assez similaire, générer dans le présent une forte croyance en
une faculté particulière va avoir une répercussion dans le passé ; cela aura
pour effet de modifier tout ce qui aurait dû se produire là (avec des gestes)
pour que cette aptitude soit maintenant apparente.
Ceci explique les résultats de certaines expérimentations menées à
l’étranger, au cours desquelles un apprentissage accéléré a lieu lorsque, sous
hypnose ou autrement, on convainc un individu qu’il est par exemple un
grand peintre, ou un linguiste. Cette croyance du moment active des
capacités « latentes » en chacun9.
(Une pause.) Cela a donc une influence sur la structure biologique telle
qu’elle existait dans le passé. Une expérience est créée dans un organisme
qui, en vos termes, ne la possédait pas auparavant. C’est une sorte de
reprogrammation. Il vous est évidemment impossible d’examiner
maintenant la structure cellulaire telle qu’elle existe dans le présent et
simultanément telle qu’elle existait dans le passé (de façon très positive).
Scientifiquement, vous pouvez seulement mesurer les effets constatés dans
votre présent. Quand vous modifiez vos croyances aujourd’hui, vous
reprogrammez également votre passé. En ce qui vous concerne, le présent
est votre point d’action, de focalisation et de pouvoir ; et c’est à partir de ce
point de volition que vous formez à la fois votre futur et votre passé. En le
comprenant, vous allez réaliser que vous n’êtes pas à la merci d’un passé
sur lequel vous n’avez aucun contrôle.
Faites votre pause.
(22 h 20. « Seth allait lentement pour que je saisisse bien, dit Jane. Mais
les biologistes ne vont pas accepter tout ça… C’est drôlement délicat. »
Reprise au même rythme à 22 h 35.)
Vos croyances conscientes dictent votre expérience actuelle et, pour vos
sens, votre corps physique revêt une densité uniquement dans le temps
présent mais, en dessous, aussi bien votre conscience que les éléments
constamment changeants de votre corps sont relativement libres par
rapport au temps. Ils existent dans une réalité multidimensionnelle à
laquelle la conscience rationnelle n’est pas encore équipée pour faire face.
Cela ne diminue en rien la fonction ou les capacités naturelles d’une
conscience douée de raison, car ses facultés vous permettent de focaliser
votre expérience de manière extrêmement spécifique et de diriger l’énergie
avec une attention très déterminée. (Une pause.) En vos termes, cette action
est en train de changer automatiquement la nature de la conscience
rationnelle – qui, telle que vous la concevez, est en évolution.
Votre conscience n’est pas quelque chose que vous possédez. Votre
individualité n’est pas quelque chose qui a des limites. Si vous vous
demandez « Qu’est-ce que mon individualité au milieu de tout ça ? » ou
« Quel “Je” suis-je ? », alors vous vous considérez automatiquement
comme étant une entité psychologique ayant des frontières bien définies
qu’il faut protéger à tout prix. Vous vous dites peut-être : « Je suis né dans
une maison, dans une certaine rue d’une certaine ville, et aucune croyance
actuelle du contraire ne peut changer ce fait. » Pourtant, si dans le présent
un évènement passé peut être modifié à l’intérieur de votre système
neuronal, fondamentalement aucun évènement n’est à l’abri de tels
changements.
Dans votre expérience pratique, les tables restent des tables, même si les
physiciens savent bien que l’apparence physique est d’une certaine façon un
mirage. À votre niveau d’expérience, de nombreux effets sont acceptés et
utilisés de manière très pragmatique, comme la densité des tables. Vous ne
percevez pas les atomes ou les molécules qui les composent ; de la même
manière, mais sur un autre plan, on peut dire que les évènements semblent
« denses », comme les tables.
Toutefois, à d’autres niveaux, cette densité apparente des évènements
s’effondre elle aussi. Quel vous ? Quel monde ? Une croyance subite en une
maladie va réellement remonter jusqu’au passé et affecter l’organisme en
conséquence, en insérant dans l’expérience de la cellule l’élément initiateur
des évènements biologiques qui sembleront par la suite donner naissance à
la maladie présente.
Dans l’orientation de son vécu, votre esprit conscient dirige donc non
seulement l’expérience présente, mais aussi celles, passée et future, de
profonds évènements neurologiques.
(Une longue pause à 22 h 59.) Accordez-nous du temps…
Il est possible de modifier la mémoire cellulaire en n’importe quel point.
Des croyances présentes peuvent s’insérer dans la nouvelle mémoire du
passé, tant au niveau psychologique que physique. Fondamentalement, le
futur n’est en aucune manière prédéterminé. Cela ne veut pas dire qu’on ne
peut pas parfois le prédire, car, en termes pratiques, vous allez souvent
continuer à progresser selon certaines lignes de probabilités qu’on peut voir
« à l’avance ».
Ces prédictions peuvent, bien sûr, avoir une incidence sur les
probabilités, et renforcer une ligne actuelle de croyances. Les médecins se
demandent souvent s’ils doivent annoncer à des patients en phase terminale
qu’ils vont bientôt mourir. Une grande controverse existe à ce sujet. Dans
certains cas, pareille prédiction entraîne la mort – alors que le contraire
peut régénérer la croyance du patient en sa capacité à vivre.
Pourtant, aucun homme ne meurt simplement parce qu’un médecin lui dit
qu’il va mourir. Nul n’est à ce point à la merci des croyances d’autrui.
D’une manière générale, chaque individu connaît ses défis, son programme
global et le moment de sa mort. Mais à tout instant, dans votre
« maintenant », vous pouvez modifier ces décisions – l’ensemble du corps
peut ainsi être régénéré d’une façon que la médecine actuelle est incapable
d’imaginer. (Voir la session 624, chapitre 5.)
Vous dirigez votre expérience à partir du point focal de votre présent,
point où vos croyances rencontrent directement le corps et le monde
physique d’une part, et de l’autre le monde invisible où vous puisez votre
énergie et votre force. Ceci est valable aussi bien pour les individus que
pour les sociétés, les races, les nations et les activités sociologiques,
biologiques et psychiques.
Dans la vie quotidienne, essayez de vous concentrer pendant quelque
temps sur des aptitudes apparemment secondaires, celles que vous jugez
latentes. Si vous le faites régulièrement, en faisant appel à votre imagination
et à votre volonté, ces facultés pourront prendre de l’importance dans votre
présent. Les croyances actuelles modifient et reprogramment l’expérience
passée. Ce n’est pas simplement que les évènements passés, oubliés ou
inconsciemment perçus, vont être ordonnés d’une nouvelle manière et sous
un nouveau label – c’est que, dans ce passé (à présent non perceptible), la
réponse corporelle tout entière à des évènements apparemment passés va
changer.
(Avec beaucoup de force et de nombreuses pauses.) Votre désir, ou
croyance, va littéralement remonter le temps et enseigner aux nerfs de
nouveaux tours. Des réorganisations précises dans ce passé auront lieu
dans votre présent et elles vont vous permettre de vous comporter de
manière totalement nouvelle.
(Une pause d’une minute à 23 h 21.) L’apprentissage d’un comportement
modifie donc non seulement le présent et le futur, mais aussi la conduite
passée. Votre pouvoir en tant que conscience rationnelle focalisée sur le
présent vous donne des opportunités de créativité que, pour l’instant, vous
commencez à peine à vaguement comprendre. Au cours de cet
apprentissage, vous allez automatiquement commencer à apprécier la
nature multidimensionnelle non seulement de votre propre espèce mais
également de toutes les autres. L’instant, tel que vous le concevez, est donc
le cadre créatif dans lequel vous, le moi non physique, donnez constamment
forme à une réalité corporelle ; et par cette fenêtre vers l’existence terrestre,
vous formez à la fois son futur et son passé.
Vous pouvez faire une pause.
(23 h 30. « Alors là !, dit Jane, une fois sortie d’une excellente transe,
j’ai eu l’impression que nous recevions quelque chose de nouveau. Je me
souviens avoir pensé : “C’est génial, Seth, mais j’espère que les gens vont
pouvoir lire ça et suivre…” » Reprise à 23 h 47.)
Maintenant. D’un point de vue purement physique, ce que vous
considérez comme la conscience du moi résulte d’un pic d’intensité atteint
par la conscience globale des atomes, des molécules, des cellules et des
organes qui composent le corps.
(Une pause.) Le moi que vous connaissez, tellement axé sur la dimension
physique, a sa réalité dans ce contexte mais, même en termes physiques,
celle-ci dépasse ce qui pourrait être montré par une analyse globale. Ce moi
dirige l’activité du corps et, en ce sens, dépend de l’activité neurologique.
Toutefois, la structure psychique de la conscience qui organise cet
ensemble corporel en est indépendante ; le vous dont vous faites
l’expérience n’est donc qu’une portion de cette identité plus grande.
Au cours de certaines phases du sommeil, vous court-circuitez les
structures neurologiques et percevez des expériences d’une nature
multidimensionnelle que vous tentez alors de traduire du mieux que vous
pouvez en stimuli physiquement assimilables. Vous les convertissez souvent
en images symboliques, aptes à être comprises par votre structure corporelle
qui peut alors, dans une certaine mesure, y réagir.
Ces constructions servent par exemple fréquemment de modèles visuels
intérieurs. Elles offrent souvent une similitude avec l’architecture intérieure
des cellules et avec les planètes. Les images rêvées sont alors
biologiquement structurées. Les expériences qui se trouvent derrière elles
vous mettent en contact avec les parties les plus profondes de votre réalité
non physique, et c’est l’inconscient qui les traduit pour vous en images et
en formes reconnaissables.
De la même manière, à partir d’un labyrinthe indifférencié de réalité,
votre inconscient transforme également pour vous des champs d’activation
en objets et en évènements reconnaissables dans votre vie quotidienne.
Ancrés maintenant dans votre condition de créature, vous êtes dotés de la
grâce de connaître à travers votre corps une expérience de vie unique. Donc
quand je fais mention de techniques vous permettant de percevoir d’autres
champs de réalité à côté du vôtre, je veux vous faire réaliser que cela doit
vous servir à accroître la joie de cette condition de créature et enrichir votre
expression aussi bien sensorielle que spirituelle.
Dans la splendeur de votre être physique, les deux s’entremêlent.
Fin de la dictée
(0 h 05. Mais pas tout à fait la fin de la session : Seth poursuit avec une
page de matériau pour Jane et moi. Elle concerne notre travail. Tout se
termine donc à 0 h 15.)
SESSION 655
MERCREDI 11 AVRIL 1973

(Aujourd’hui, Jane a écrit deux poèmes – dont l’un de plusieurs pages –


qui, dit-elle, s’intègrent à son projet de livre Dialogues of the Speakers. Voir
les notes au début de la session 653 du 4 avril, chapitre 13, qui décrivent
comment Jane a donné naissance à ce long poème original du Parleur,
alors qu’elle se trouvait dans un état modifié de conscience. L’inspiration
qu’elle a eue aujourd’hui avait pour contexte des éléments semblables.
21 h 36.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
L’activité de vos neurones structure donc votre expérience consciente.
L’ensemble des rythmes de votre condition de créature vous amène
automatiquement à des phases de repos et à d’autres de concentration
intense.
Le jour et la nuit constituent un cadre dans lequel votre expérience se
situe et qui fournit à l’esprit conscient les stimuli et la détente nécessaires,
lui permettant d’assimiler correctement les évènements. Comme il a déjà
été mentionné (sessions 651 et 652, chapitre 13), l’édifice corporel possède
néanmoins des mécanismes innés capables de modifier cet agencement
lorsque davantage de données peuvent être prises en compte.
En règle générale, vous avez assez de difficulté à vous occuper des
évènements de la journée, sans parler de ceux de la semaine à venir, si bien
que, dans le cours des choses, la réalité des actions probables vous demeure
habituellement cachée. (Une pause.) Cette réalité plus complexe est une
propriété permanente de votre condition de créature. Par ailleurs vous
existez, en vos termes, plus d’une fois en tant que créature. Dans chacune
de vos existences « réincarnationnelles », vous êtes confronté au même
rapport avec les probabilités. Dans chaque cas, la nature de l’esprit
conscient établit aussi un « territoire d’identité » qu’il estime être sien. Cela
lui procure une focalisation claire au sein de laquelle il peut considérer les
actions du « présent ». Toutes ces incarnations sont simultanées.
(Une longue pause à 21 h 50.) Une mort n’est qu’une nuit pour l’âme.
L’entité plus vaste dont vous faites partie suit votre parcours avec autant de
facilité que vous suivez le vôtre au fil des jours. En général, la plupart
d’entre vous se réveillent dans le même lit, dans la même maison et dans la
même ville, mais ce qui est sûr, c’est que vous vous réveillez en étant le
même individu dans le même siècle. En reprenant ces termes, l’entité, elle,
se réveille en étant chaque jour une personne différente dans un siècle
différent, chaque vie lui paraissant, à son niveau, n’être qu’un jour. Cette
entité est porteuse de la mémoire et de l’expérience simultanée de chacun
de ces moi.
(Une pause d’une minute à 21 h 55.) Accordez-nous du temps…
Fondamentalement, une forme n’est pas physique. Ce que vous en voyez
est uniquement la partie qui peut effectivement être active ou matérialisée
dans votre système de réalité. À sa façon, l’entité possède donc ce que
vous pouvez considérer comme des structures neuronales futures.
Soulignez toute cette phrase.
Au sein de cette vaste forme se trouve la vôtre, plus petite, mais qui n’est
pas pour autant perdue, limitée ou prédéterminée. Vous formez votre coin
de l’univers, qui lui-même fait partie d’un autre univers. À l’intérieur de
ceci, les actions et les croyances de l’une des parties modifient l’ensemble.
(Lentement à 22 h 03.) Chaque partie est vitale et il y a, d’une façon ou
d’une autre, une communication instantanée entre ce qu’il y a de plus petit
et ce qu’il y a de plus grand, entre la toile d’araignée et l’araignée, entre
l’homme, l’entité et l’étoile ; et chacun tisse sa propre toile de probabilités
d’où émergent continuellement d’autres univers.
Vous pouvez faire une pause.
(De 22 h 05 à 22 h 18.)
Quel vous ? Quel monde ?
Tout ceci peut sembler avoir peu de rapport avec votre expérience
quotidienne et pourtant le tout est intimement lié, car, de façon personnelle
et collective, vous pouvez réellement créer « le meilleur » de tous les
mondes possibles.
La performance d’un grand athlète met en évidence des capacités
inhérentes à la forme humaine mais peu exploitées. Par leur travail, les
grands artistes démontrent l’existence d’autres facultés latentes, présentes
dans l’ensemble du genre humain. Elles ne représentent cependant qu’une
présentation sur une ligne unique. L’expérience humaine, telle que vous la
connaissez, contient toutes les structures qui pointent vers un être
pleinement développé, qui saurait donner libre cours à toutes ses tendances
inhérentes pour qu’elles s’épanouissent.
L’individu manifesterait alors toutes les grandes aptitudes connues de
l’espèce humaine, qui fleuriraient en fonction du tempérament de chacun –
artiste, mathématicien, athlète, inventeur –, toutes ces qualités
extraordinaires de la condition de créature. Les réalités émotionnelles
seraient utilisées à leur pleine capacité et chacune des qualités raciales, ou
des caractéristiques de l’espèce, recevrait une totale liberté.
La bêtise et la sagesse seraient vues comme étant des aspects l’une de
l’autre. Pour une personne de ce type, la religion et la science ne seraient
entravées par aucun dogme. De la même façon, vous pouvez, en suivant les
« pistes » de vos propres expériences et caractéristiques, découvrir ces
facultés « probables » qui sont les vôtres, et identifier, jusqu’à un certain
point, la nature des actions probables qu’il vous est possible de concrétiser
physiquement.
Il y a, dans votre expérience présente, des traces de vos moi probables,
tout comme il y a chez chaque individu des signes de tous ces grands talents
que quelques-uns manifestent et cultivent de manière si flamboyante. Ces
traces peuvent venir enrichir votre expérience. Elles le font de toute
manière à des niveaux inconscients, où elles constituent la base à partir de
laquelle vous choisissez votre expérience actuelle.
Le prochain chapitre sera court et consacré aux méthodes qui peuvent
vous permettre de tirer parti d’options plus larges, et d’enrichir votre
quotidien d’expériences et d’évènements jusqu’à présent restés « latents ».
Pour chaque individu, les options seront différentes, bien sûr, mais vous
pouvez apporter à votre vie présente une certaine connaissance de vos
réalités probables et établir avec elles un lien intime.
Vous pouvez apprendre à approfondir les dimensions de votre existence
en y introduisant, sur une base consciente, le riche tissu des probabilités.
Point.
Fin du chapitre, et pause.
CHAPITRE 15

Quel vous ? Quel monde ? Vous seul pouvez


répondre. Comment vous libérer des
limitations.

(De 22 h 41 à 22 h 47.)
Maintenant. Je vais commencer le chapitre suivant, ou nous pouvons
arrêter tôt si vous préférez.
(« Non, continuez. Ça va », dis-je, bien que je sois un peu fatigué.)
Chapitre 15 : « Quel vous ? Quel monde ? Vous seul pouvez répondre.
Comment vous libérer des limitations. »
Accordez-nous un instant. (Une pause.) Puisque vos croyances
conscientes déterminent les fonctions inconscientes qui font naître votre
expérience personnelle, la première étape consiste à élargir ces croyances.
Les concepts proposés dans ce livre doivent vous avoir déjà aidé à le
faire en partie. À l’intérieur de votre réalité subjective, il y a des traces de
tous ces chemins non empruntés, de toutes ces aptitudes inemployées. Vous
vous considérez peut-être avant tout comme un parent, ou comme
quelqu’un d’essentiellement axé sur son travail ou sa profession. Pour
l’instant, oubliez autant que possible le regard habituel que vous portez sur
vous-même et considérez votre identité.
Écrivez, énumérez, toutes les aptitudes physiques et mentales que vous
vous connaissez – que vous les ayez développées ou non –, et toutes vos
inclinations pour des activités particulières – que vous les ayez seulement
envisagées de loin ou qu’elles vous viennent immédiatement à l’esprit.
Tout cela représente les diverses caractéristiques probables à partir
desquelles vous avez choisi d’activer ce qui constitue votre intérêt premier.
Parmi tous ces attributs, vous avez donc opté pour ce que vous considérez à
présent comme le fondement de votre réalité.
(22 h 59.) Suivre l’une de ces directions, quelle qu’elle soit, peut enrichir
votre existence, ce qui, à son tour, vous conduira vers d’autres probabilités
qui pour l’instant vous échappent. L’image principale que vous vous êtes
forgé de vous-même a, dans une large mesure, fermé votre esprit à ces
autres centres d’intérêt et identifications probables. Si vous raisonnez en
termes d’un moi multidimensionnel, vous comprendrez que vous disposez
de voies beaucoup plus nombreuses tout aussi ouvertes à l’expression et à
l’accomplissement que celles que vous utilisez. Ces réalisations probables
vont demeurer latentes tant que vous ne déciderez pas consciemment de les
actualiser.
Quels que soient les talents que vous avez le sentiment de posséder, ils ne
peuvent être développés que si vous décidez de le faire. Le simple fait de
prendre cette décision va activer des mécanismes inconscients. En tant que
personnalité, et indépendamment de votre santé, de votre richesse ou de
votre situation, vous pouvez choisir parmi une grande diversité
d’expériences probables. Il faut que vous le réalisiez et que vous preniez en
main consciemment la direction de votre vie. Même lorsque vous vous dites
« J’accepte tout ce que m’offre la vie », vous prenez une décision
consciente. Si vous dites « Je n’ai pas le pouvoir de diriger ma vie », c’est
encore un choix délibéré, et en l’occurrence un choix qui vous limite.
(Une pause.) Le chemin de la vie n’est en aucune façon préétabli. Il n’y a
pas de voie qui ne mène vers d’autres. À tout moment, vous avez accès à de
profonds filons d’actions probables. Votre imagination peut se révéler très
précieuse en vous permettant de vous ouvrir à de telles possibilités ; vous
pouvez ensuite l’utiliser pour vous aider à les concrétiser.
Si vous êtes pauvre, c’est que vous avez opté pour cette réalité-là parmi
de nombreuses autres qui n’impliquaient pas la pauvreté – et ces réalités
vous sont toujours ouvertes. Si vous avez choisi la maladie, là aussi, il
existe une réalité probable prête à être enclenchée, dans laquelle vous optez
pour la santé. Si vous avez un sentiment de solitude, il y a des amis
probables que vous avez refusé de rencontrer dans le passé et qui vous sont
facilement accessibles.
(23 h 14.) Voyez donc dans votre esprit les aptitudes ou évènements
probables se mettre en place. Ce faisant, l’intensité de votre désir les intègre
à votre expérience. Répétons-le, le moi ne connaît pas de limites. Il y a
littéralement beaucoup d’autres « vous » probables. Vous pouvez faire appel
à leurs facultés, et, à leurs façons, ils font de même avec vous, puisque vous
êtes tous intimement liés.
Vous devez réaliser que vous êtes en fait un vous probable. Ce que vous
vivez résulte de vos croyances. Votre système neuronal a besoin d’une
certaine focalisation pour que des expériences qui vont à l’encontre de vos a
priori conscients demeurent probables ou latentes. Modifiez les croyances,
et n’importe quel moi peut, dans certaines limites, voir le jour.
Maintenant – c’est la fin de la dictée et nous en avons fini pour ce soir.
(D’une voix plus forte et avec un sourire.) Mes salutations les plus
chaleureuses à vous deux et un cordial bonsoir.
(« Bonne nuit, Seth. Merci beaucoup. »
La fin brusque de la session survient donc à 23 h 22.)
SessioN 656
LUNDI 16 AVRIL 1973
(21 h 14.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Avec un sourire.) Dictée probable. Vous devez comprendre la chose
suivante : chacun des évènements de chacune de vos vies était
« auparavant » probable. À partir d’un champ d’action donné, vous
choisissez les faits qui vont se matérialiser.
Cela se produit aussi bien au niveau individuel que collectif. Supposez
qu’on cambriole votre maison aujourd’hui. Hier, le vol était l’un des
innombrables évènements probables. J’ai choisi cet exemple parce que
plusieurs personnes sont concernées : la victime et le cambrioleur. (Une
pause.) Pourquoi votre maison a-t-elle été dévalisée et pas celle de votre
voisin ? D’une façon ou d’une autre, par votre pensée consciente, vous avez
attiré ce genre d’évènement ; vous l’avez extrait de la probabilité pour
l’intégrer dans la réalisation. Il s’agit là d’une accumulation d’énergie –
transformée en acte – induite par des croyances corollaires.
Vous êtes peut-être convaincu que la nature humaine est mauvaise ou que
personne n’est à l’abri d’une agression, ou encore que les gens sont avant
tout motivés par la cupidité. Ces croyances attirent leur propre réalité. Si
vous avez des possessions de valeur, vous allez être automatiquement
convaincu que quelqu’un va vous les prendre, ou faire de son mieux pour y
parvenir. À votre façon, vous envoyez ainsi des messages précisément à ce
genre de personne. À la base, vous avez tous les deux des convictions très
similaires, mais l’un va se percevoir comme la victime et l’autre comme
l’agresseur – ce qui veut dire que chacun va réagir différemment au même
jeu de croyances. Il faut néanmoins deux personnes pour qu’un délit de
cette nature soit commis.
(21 h 25.) Les croyances de l’agresseur et celles de la victime trouvent
l’une comme l’autre leur justification dans la vie physique, et ne font que se
renforcer. La peur des voleurs attire les voleurs. Si vous pensez que les
hommes sont mauvais, vous êtes souvent incapable de voir qu’il s’agit là
d’une croyance, car vous la prenez pour un aspect de la réalité.
Toute votre expérience présente a été tirée d’une réalité probable. Au
cours de votre vie, chaque évènement doit se produire à travers votre
condition de créature et le sens inné du temps qui fait si largement partie de
votre système neurologique. Donc, il y a d’habitude un décalage, un laps de
temps durant lequel vos croyances génèrent une actualisation dans la
matière. Quand vous essayez de changer vos convictions afin de modifier
votre expérience, vous devez tout d’abord arrêter la dynamique que vous
avez déjà mise en place. Vous êtes en train de changer de message alors que
votre corps est habitué à réagir facilement, sans se poser de questions, à un
certain ensemble de croyances.
Il y a un courant stable et régulier, dans lequel l’activité consciente
produit les évènements à travers la structure neurologique, selon un mode
de réaction familier. Quand, par vos efforts, vous modifiez des croyances
conscientes, un certain temps est nécessaire pour que le système apprenne à
s’adapter à la nouvelle situation choisie. Cette durée est moindre si les
croyances changent du jour au lendemain.
On peut dire que chaque croyance est comme une puissante radio qui
capte uniquement, parmi des champs de probabilités, les signaux avec
lesquels elle est au diapason et qui rejette tous les autres. Quand vous
mettez en place une nouvelle fréquence, il peut y avoir pendant quelque
temps des infiltrations ou des interférences provenant de l’ancien réglage.
Chacune de vos capacités peut « être plus clairement diffusée »,
amplifiée et devenir concrète plutôt que probable. Mais dans ce cas, vous
devez vous concentrer sur cette qualité – et non pas sur le fait que vous ne
l’avez pas bien utilisée jusqu’à présent.
Vous pouvez faire une pause.
(De 21 h 44 à 22 h 01.)
Maintenant. Au cours de sa vie, un artiste produit un ensemble
d’œuvres ; et chaque tableau n’est qu’une matérialisation, une présentation
particulière parmi une variété infinie de peintures probables. Le réel travail
qui entre en jeu dans la sélection des données s’opère, là encore, en fonction
des croyances conscientes que l’artiste a par rapport à lui-même – celui
qu’il pense être, s’il considère avoir du talent ou pas, le genre d’artiste qu’il
est, l’« école » de croyances artistiques vers laquelle il se tourne, ce qu’il
pense de la société et de sa propre place en son sein, et ses valeurs
esthétiques ou économiques, pour ne mentionner que quelques points.
(Une longue pause.) Le même genre de choses se produit dans
l’actualisation de tout évènement dans lequel vous êtes impliqué. Vous
créez donc votre vie. Les images intérieures sont d’une grande importance
pour l’artiste. Il essaie de les projeter sur sa toile ou sa planche. Encore une
fois, chacun de vous est son propre artiste, et vos visualisations intérieures
deviennent des modèles pour d’autres situations et évènements. L’artiste se
sert de l’expérience acquise et mélange ses couleurs pour donner corps et
vie à sa peinture. Les images qui sont dans votre esprit attirent vers elles
toute l’énergie émotionnelle appropriée, tout le pouvoir nécessaire pour
s’étoffer jusqu’à devenir des évènements physiques.
Vous pouvez changer le tableau de votre vie à n’importe quel moment si
vous réalisez qu’il s’agit simplement du portrait de vous-même que vous
avez créé à partir d’une quantité illimitée d’images probables. L’aspect
particulier de vos autres portraits probables vous caractérisera tout autant,
vous et personne d’autre.
Les facultés, les forces et les variables que vous pouvez vouloir
manifester sont déjà latentes et, en vos termes, à votre disposition.
Supposez que vous soyez malade et désiriez être en bonne santé. Si vous
comprenez la nature des probabilités, vous n’avez pas besoin de prétendre
ignorer votre situation présente. Vous allez au contraire la reconnaître
comme une réalité probable que vous avez matérialisée physiquement. Une
fois cela clairement reconnu, vous allez ensuite enclencher le processus
nécessaire pour amener une probabilité différente dans votre expérience
physique.
(22 h 19.) Vous ferez cela en vous concentrant sur ce que vous désirez,
mais sans ressentir de conflit entre ce que vous souhaitez et ce que vous
avez, car les deux ne sont pas contradictoires ; chacun de ces états sera
perçu comme le reflet d’une croyance dans la vie quotidienne. De même
qu’il a fallu un certain temps pour construire votre image présente, avec sa
santé déficiente, il faudra sans doute un certain temps pour la transformer.
Mais vous concentrer sur votre état actuel de mauvaise santé ne fera que
prolonger la situation. Point.
Les deux conditions sont aussi réelles, ou irréelles, l’une que l’autre.
Quel vous ? Quel monde ? À vous de choisir, à l’intérieur de certains cadres
pour lesquels vous avez opté en tant que créature. Hormis les croyances que
vous entretenez à leur égard, le passé et le subconscient, tels que vous les
concevez, ont peu de rapport avec votre expérience présente. Pour chacun
de vous, le passé contient des moments de joie, de force, de créativité et de
splendeur, aussi bien que des périodes malheureuses, désespérées peut-être,
tourmentées et cruelles. Vos convictions actuelles agissent comme un
aimant, elles activent tous ces éléments du passé, qu’ils soient heureux ou
tristes. Vous choisissez dans votre expérience précédente tous les
évènements qui renforcent vos croyances conscientes et vous ignorez les
autres ; vous pouvez même avoir l’impression qu’ils n’existent pas.
Comme il a déjà été mentionné dans ce livre (dans le chapitre 4, par
exemple), les souvenirs qui émergent activent les mécanismes du corps,
mêlant présent et passé en une sorte de tableau harmonieux. Cela signifie
que les pièces s’ajustent les unes aux autres, qu’elles soient joyeuses ou
non.
Dans ce contexte, cette jonction du passé et du présent vous prédispose à
des évènements futurs similaires, car vous vous y préparez. Très
concrètement, un changement dans le présent modifie à la fois le passé et le
futur. Pour vous, du fait de votre structure neurologique, le présent est
évidemment le seul point à partir duquel le passé et le futur peuvent être
changés, et où l’action se produit.
Je ne parle pas symboliquement. Dans les termes les plus intimes, votre
passé et votre futur sont modifiés par vos réactions présentes. Des
changements s’opèrent dans le corps. À l’intérieur du système nerveux, des
circuits sont modifiés, et des énergies que vous ne comprenez pas cherchent
de nouvelles connexions à des niveaux beaucoup plus profonds, bien au-
delà de la conscience.
Vos croyances présentes régissent la concrétisation des évènements.
D’instant en instant, chaque individu donne forme à la créativité et à
l’expérience. Point, et pause.
(De 22 h 35 à 22 h 59.)
Maintenant. Vous devez comprendre que votre présent est le point où la
chair et la matière rencontrent l’esprit. Il constitue donc votre point de
pouvoir dans votre vie actuelle, telle que vous la concevez. Si vous
attribuez davantage de force au passé, vous allez vous sentir inefficace et
vous priver de votre propre énergie.
Faites l’exercice consistant à vous asseoir, les yeux grands ouverts, et à
regarder autour de vous, en réalisant que cet instant représente le point de
pouvoir à partir duquel vous pouvez modifier à la fois les évènements
passés et futurs.
Le présent qui est là devant vous, avec son expérience physique intime,
est le résultat d’actions accomplies dans d’autres présents semblables. Ne
soyez donc pas intimidé face au passé ou au futur. Il n’y a pas de raison
pour que les aspects indésirables de votre réalité actuelle soient projetés
dans le futur, à moins que vous n’utilisiez le pouvoir du présent pour le
faire.
Si vous apprenez à faire vôtre ce sentiment de pouvoir immédiat, il vous
sera possible de l’utiliser de façon très efficace pour modifier votre vie
actuelle selon vos souhaits – évidemment dans le cadre des limites fixées
par votre condition de créature. Si vous êtes né avec un membre en moins,
par exemple, ce pouvoir du présent ne peut pas automatiquement le
régénérer dans cette vie, même si, dans d’autres systèmes de réalité, vous
possédez cette jambe ou ce bras. (Voir la préface de Seth, ainsi que la
session 615, chapitre 2.)
Les conditions extérieures peuvent toujours être changées si vous
comprenez les principes dont je suis en train de parler. Vous pouvez faire
disparaître des maladies, même celles qui semblent vous condamner – mais
uniquement si vous êtes capable d’effacer les croyances qui sont derrière,
ou de les modifier suffisamment pour que leur impact sur le corps ne soit
plus assez puissant. En termes pratiques, le présent tel que vous le concevez
est le point où vous sélectionnez votre expérience physique parmi tous les
évènements qui peuvent être matérialisés. Votre situation concrète change
automatiquement à mesure que vos croyances se transforment et, plus votre
connaissance croît, plus votre expérience devient elle aussi épanouissante.
Cela ne veut pas nécessairement dire que toutes les difficultés s’aplanissent
ou qu’il n’y a pas des hauts et des bas. Chaque aspiration présuppose qu’on
admette un manque, chaque défi implique un obstacle à surmonter. Les plus
aventureux choisissent souvent les défis les plus grands et, de ce fait, l’écart
entre ce qu’ils veulent accomplir et leur situation présente peut leur sembler
insurmontable.
Dans tous les cas, le point de pouvoir est le présent, et c’est à partir de
lui que vous sélectionnez un « vous », et un monde. L’expérience d’un pays
est le résultat cumulé des choix de chacun des individus qui s’y trouvent ;
ce que vous choisissez pour vous-même a donc une influence sur ceux qui
vivent dans votre pays et dans votre monde.
(Une pause à 23 h 15.) Dans de nombreuses cultures « indigènes »,
l’individu n’est pas du tout considéré en fonction de son âge, et le compte
des années n’est pas important. Il se peut d’ailleurs qu’un homme ne
connaisse pas son âge, en vos termes. Que vous soyez vous-même vieux,
jeune ou entre les deux, cela vous ferait du bien d’oublier le nombre de vos
années, car, dans votre culture, tant de croyances restrictives sont associées
à l’âge. Vous déniez sa sagesse à la jeunesse, et vous refusez sa joie à la
vieillesse.
Prétendre ignorer le nombre de vos années, vous comporter comme un
jeune par peur de votre âge, n’est pas non plus une solution. (Voir la
session 644, chapitre 11.) En vos termes, votre point de réalité et de pouvoir
se situe, une fois encore, dans votre expérience actuelle. Si vous le réalisez
vous pouvez, quel que soit votre âge, compter sur des qualités et un savoir
qui « existaient » dans votre passé ou qui « vont exister » dans votre futur.
Vos âges sont probables.
Bien que, fondamentalement, le temps n’existe pas tel que vous le
« connaissez », vous êtes obligé, du fait de vos neurones, de percevoir votre
vie comme une succession d’instants qui passent. En tant que créature, vous
naissez jeune et vous vieillissez. Pourtant les animaux, qui sont comme
vous des créatures, n’ont pas une expérience aussi limitée à cet égard. Ils
n’ont pas la croyance que le vieillissement va automatiquement les priver
de leurs facultés. Laissés à eux-mêmes, ils meurent bien sûr physiquement,
comme le font nécessairement toutes les créatures, mais leur état ne
dégénère pas de la même façon.
Par ailleurs, vous ne comprenez pas la communication qui s’établit entre
vos animaux de compagnie et vous : à leurs façons, ils interprètent vos
croyances10 et y réagissent. Comme ils reflètent vos idées, ils développent
une vulnérabilité qu’ils n’auraient pas dans leur contexte naturel. En termes
plus larges, la relation des animaux de compagnie avec vous est naturelle
bien sûr, mais la réalisation innée que leur point de pouvoir, en tant que
créature, se situe dans le présent est dans une certaine mesure sapée par leur
réceptivité et leur interprétation de vos croyances. Vous traitez
différemment un jeune chat et un vieux matou. Le chat réagit à ce genre de
conditionnement. De la même manière, vos conclusions concernant l’âge se
traduisent par des faits dans votre propre expérience. Suivant la même
logique, si vous pouviez vous convaincre que vous avez dix ans de moins
ou dix ans de plus, cela se répercuterait fidèlement dans votre
environnement personnel.
À vingt ans, vous seriez capable de faire appel à la sagesse que, selon
vous, vous pourriez avoir à trente ans.
Si vous avez la soixantaine, vous pourriez bénéficier de la force physique
à laquelle vous imaginez ne plus avoir accès, mais dont vous disposez
pourtant. Tout cela se traduirait également à l’intérieur de votre corps de
manière physique et biologique.
Quel vous ? Quel monde ? Si vous vous sentez seul, c’est parce que, en
ce point présent que vous reconnaissez comme étant le temps, vous croyez
en votre solitude. Vous extrayez de ce qui vous semble être le passé
uniquement les souvenirs qui renforcent cette situation et vous les projetez
dans le futur. Physiquement, vous accablez votre corps, qui réagit au
sentiment de solitude par des réactions chimiques et hormonales. Vous
déniez également votre point d’action dans le présent.
Des vitamines, une meilleure alimentation ou un suivi médical peuvent
temporairement régénérer votre corps mais, à moins que vous ne changiez
de croyances, tout cela va être à nouveau rapidement balayé par un
sentiment d’abattement. Dans un cas de ce genre, vous devez réaliser que
vous créez votre propre solitude et vous décider à changer à la fois par la
pensée et par l’action. L’action est une pensée physiquement en marche,
perçue extérieurement.
Maintenant. Ceci est la fin de la dictée. Accordez-nous un instant, j’ai
quelques mots à votre intention…
(23 h 37. De manière assez inattendue, Seth se lance dans une page de
données qui me sont destinées. Il s’agit de quelques-unes des attitudes
limitantes que j’ai à l’égard de la peinture et de l’âge ; c’est très judicieux,
et je suis assez surpris de constater que ces idées étaient là sous mon nez
depuis longtemps. La session s’achève à 23 h 45.
« Je ne me souviens de rien depuis la dernière pause », dit Jane. À
mesure de la session, son débit et son attitude ont acquis de plus en plus de
force et d’autorité. Nous nous sentons maintenant détendus mais pleins
d’énergie. Je propose de sortir boire une bière, puis je dis qu’il est sans
doute trop tard. En un instant, Jane retourne en transe et transmet ce
commentaire amusé de Seth :
Je vous avais dit d’aller dans cet établissement (la semaine dernière),
mais personne ne m’a écouté.
(« ça, je l’ai entendu », dit Jane en riant.
Jane est séduite par l’expression « point de pouvoir ». Elle la trouve très
évocatrice. Après la session, elle remarque à plusieurs reprises qu’elle
aurait aimé que Seth l’utilise dans le titre du chapitre. Elle parle même de
l’ajouter au titre actuel, sans y croire vraiment…)

SESSION 657
MERCREDI 18 avril 1973

(Ces derniers temps, Jane a eu l’impression qu’elle recevait la nuit du


matériau pour le livre de Seth et qu’elle me le dictait. « Je me réveille
troublée, dit-elle. En général, il s’agit de trucs nouveaux que nous n’avons
pas encore vus et je me dis : “Eh ! Que se passe-t-il ?” De temps en temps,
c’est juste de l’information pour moi – mais de toute façon, je sais que de la
dictée s’est produite et que tu as pris des notes. Puis je réalise que c’est
impossible, car nous sommes encore au lit… » Elle a déjà eu ce genre
d’expériences. Voir par exemple les notes à la fin de la session 619,
chapitre 4.
21 h 05.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. J’aimerais que la phrase que je vais vous donner soit placée
séparément sur la page, soulignée et en caractères plus grands, de manière à
ce qu’elle ressorte bien.
(« D’accord. »)

Le présent est le point de pouvoir.

Il s’agit là d’une des phrases les plus importantes de ce livre, en termes


pratiques, et elle s’inscrit dans le cadre du temps tel que vous le comprenez.
Comme nous l’avons déjà mentionné (session 653, chapitre 14), vous
concrétisez les évènements à partir de l’intersection présente de l’esprit et
de la chair, en choisissant parmi les probabilités selon vos croyances.
Ensemble, toutes vos aptitudes physiques, mentales et spirituelles
convergent donc dans la concentration brillante de l’expérience du
« présent ». Vous n’êtes pas à la merci du passé ou de convictions
antérieures sauf si vous croyez l’être. Si vous comprenez pleinement votre
pouvoir dans le présent, vous allez réaliser qu’agir en ce point modifie
également le passé, ses croyances et vos réactions.
En d’autres termes, je suis en train de vous dire que vos croyances
actuelles sont, d’une certaine manière, comme des directives données à
votre personnalité tout entière, organisant et réorganisant simultanément
l’expérience passée en fonction de votre conception actuelle de la réalité.
Le futur – le futur probable – est évidemment modifié selon le même
processus. Regarder en arrière pour trouver la source de vos problèmes
actuels peut vous donner l’habitude de chercher exclusivement dans le
passé les épisodes négatifs, ce qui vous empêche de le ressentir comme une
source de plaisir, d’accomplissement ou de succès (avec beaucoup
d’insistance).
Vous structurez alors la partie précédente de votre vie à travers les
insatisfactions du présent, ce qui renforce vos problèmes.
C’est comme si vous lisiez un livre d’histoire uniquement consacré aux
échecs, aux cruautés et aux erreurs de l’espèce humaine, en ignorant toutes
ses réussites. Ce genre de pratique peut vous amener à utiliser votre propre
« histoire » de telle façon qu’elle vous donne une image très déformée de
qui vous êtes et de ce que vous êtes – une image qui colore ensuite votre
situation présente.
(Une pause à 21 h 21.) Ceux qui s’adonnent à ces pratiques – un examen
constant du passé afin de découvrir ce qui ne va pas dans le présent –
passent trop souvent à côté de l’essentiel. Ils renforcent en permanence
l’expérience négative à laquelle ils tentent d’échapper. Leurs problèmes
initiaux avaient précisément pour cause cette façon de penser. Bon nombre
de situations insatisfaisantes proviennent du fait qu’à certains moments de
leur vie, des individus prennent peur, doutent d’eux-mêmes et commencent
à se concentrer sur des aspects « négatifs ».
La situation peut être tout à fait différente par certains côtés. De larges
domaines de l’existence ne sont sans doute pas touchés par cette attitude,
même si certains le sont. Quelqu’un peut être physiquement libre et en
excellente santé et, à la suite de certaines expériences, commencer à douter
de sa capacité à s’entendre avec les autres. Il peut alors commencer à
regarder son passé – avec à l’esprit la croyance qu’il est asocial –, et
découvrir dans sa conduite passée toutes sortes de raisons qui viennent
étayer cette idée.
Si, au lieu de cela, il replongeait dans ses souvenirs en essayant de
trouver des preuves d’un autre ordre, il découvrirait dans ce même passé
des moments où il avait d’excellentes relations avec les autres. Vos
croyances présentes structurent les souvenirs qui défilent maintenant devant
vous – et ce dont vous vous souvenez semble donc justifier vos
croyances.
Quand vous essayez de les modifier, examinez votre passé à la lumière de
vos nouvelles conceptions. Si vous êtes malade, souvenez-vous de l’époque
où vous ne l’étiez pas. Cherchez dans votre vie des preuves de bonne santé.
Votre existence elle-même est le signe évident que la santé est en vous !
Dans pratiquement tous les cas de limitation présente, on retrouve le
même thème principal : quelle qu’en soit la raison, l’individu s’est mis à
considérer avant tout les aspects « négatifs ».
(Une pause à 21 h 40. Jane communique ce matériau avec une grande
énergie, sans que le volume de la voix de Seth augmente beaucoup.)
J’ai souvent dit que les croyances engendrent la réalité et qu’aucun
symptôme ne va s’effacer de lui-même si l’on n’en établit pas « la raison »
– mais ces raisons se situent bien au-delà de vos concepts actuels des liens
de cause à effet. Elles mettent en jeu, de la part de chaque individu, des
jugements de valeur philosophiques intimes. Sous ces raisons, sous ces
causes apparentes de limitations, il y a d’autres croyances d’une portée
beaucoup plus grande, et chaque individu va utiliser dans sa vie personnelle
tous les éléments qui les renforcent. Cela s’applique à tout manque ou
obstacle suffisamment grave pour constituer un problème.
On vous a appris que vous étiez à la merci des évènements précédents,
vous pensez donc que chercher l’origine d’une difficulté personnelle
consiste à examiner le passé – pour trouver ce que vous y avez mal fait,
quelles erreurs y ont été commises ou quelles interprétations en étaient
inadéquates. Une fois encore, quoi qu’on vous ait enseigné, le point de
pouvoir se situe dans le présent ; et une fois encore, vos croyances actuelles
structurent vos souvenirs.
Ceux-ci peuvent être utilisés pour parvenir à toute conclusion, comme
cela peut se faire avec les statistiques par exemple. Dans cette démarche,
vous pouvez vous arrêter à un ou deux évènements du passé et leur attribuer
les raisons de votre comportement présent. Si tel est le cas, c’est que vous
êtes prêt à changer vos croyances et votre façon d’agir actuelles, et que
vous utilisez les évènements et les habitudes du passé comme stimulation
ou comme motivation. (Voir session 616, chapitre 2.)
Vous demander ce qui ne va pas en vous a pour unique effet de créer
davantage de limitations, et de renforcer celles que vous avez déjà, en
exagérant ces activités dans le présent et en les projetant dans le futur.
Quel vous ? Quel monde ? Vous devez répondre à ces questions dans ce
que vous considérez être « maintenant », tel que vous le comprenez, en
réalisant que votre pouvoir d’action est dans le présent et non dans le passé.
Le seul point efficace dont vous disposiez pour changer n’importe quel
aspect de votre monde se situe dans cette miraculeuse connexion
instantanée de l’esprit et du moi, par l’impact neurologique.
Voulez-vous faire une pause ?
(« Non. » Une pause à 21 h 56. Puis, avec intensité.) Pour vous
débarrasser des restrictions qui vous ennuient, mon cher ami, vous devez
restructurer votre passé à partir du présent. Quelle que soit votre
situation, vous utilisez alors le passé comme une source abondante, vous y
cherchez vos succès, vous lui donnez une nouvelle structure. À chaque fois
que vous vous tournez vers lui pour trouver ce qui ne va pas, vous devenez
aveugle à ce qui allait bien, en ces termes, si bien que le passé reflète
uniquement les manques auxquels vous faites face à présent.
Toutes sortes d’évènements deviennent alors littéralement invisibles pour
vous. Puisque, fondamentalement, le passé et le futur existent en même
temps, vous êtes aussi en train de construire dangereusement votre futur
selon les mêmes lignes.
Certains vont aller de psychologue en psychologue, de thérapie en
thérapie, avec toujours cette même question : « Qu’est-ce qui ne va pas ? »
Cette interrogation elle-même devient le cadre dans lequel l’expérience est
perçue ; elle constitue l’une des principales raisons de toutes les limitations
physiques, psychiques ou spirituelles. (Voir la session 624, chapitre 5.)
À un moment ou à un autre, l’individu a cessé de se concentrer sur ce qui
allait bien dans certains domaines de sa vie personnelle ; il a commencé à
se focaliser sur des « manques » spécifiques et à les amplifier. Animé des
meilleures intentions, il cherche alors diverses solutions, mais celles-ci sont
toutes basées sur le principe que quelque chose va mal.
S’il continue de la même manière, cette concentration sur les aspects
négatifs peut, petit à petit, s’étendre à d’autres domaines qui auparavant ne
posaient aucun problème.
Faites votre pause – et prenez bonne note de cette session.
(« Oui. »
22 h 05. La transe de Jane est profonde. Je lui dis que je ne peux rien
ajouter à ma croyance selon laquelle ce matériau est excellent. Reprise à la
même vitesse, à 22 h 16.)
Vous n’êtes donc pas à la merci des croyances passées. D’un autre côté,
plus vite vous commencez à agir en fonction des nouvelles, mieux c’est.
Sinon, vous ne leur faites pas confiance dans le présent. Si vous êtes pauvre
et souhaitez avoir plus d’argent et si vous tentez d’entretenir une croyance
en l’abondance – tout en étant encore confronté au fait de votre pauvreté
actuelle –, vous devez accomplir dans votre réalité un geste symbolique
montrant que vous êtes disposé à accepter un changement.
Si irresponsable que cela puisse paraître, vous devez donner un peu
d’argent ou, de la façon qui vous conviendra, agir comme si vous aviez plus
d’argent que vous n’en avez réellement. Vous devez répondre à vos
nouvelles croyances, de sorte qu’au niveau des neurones, le nouveau
message soit transmis.
Vous vous comportez habituellement d’une certaine façon, du fait de vos
croyances. Si, à présent, vous modifiez volontairement quelques-unes de
vos habitudes, vous faites aussi passer le message. L’initiative doit venir de
vous, et dans le présent. D’une façon très réelle, cela signifie changer de
point de vue, modifier la perspective particulière selon laquelle vous
considérez votre passé et votre présent et imaginez votre futur.
Vous devez chercher en vous-même des signes de ce que vous souhaitez
en termes d’expérience positive. Examinez votre passé avec cette attitude.
Imaginez votre futur à partir du point de pouvoir du présent. Ainsi, au
moins, vous n’utilisez pas le passé pour renforcer vos limitations, ou pour
les projeter dans le futur. Il est tout à fait normal de comparer ce que vous
souhaitez avec ce que vous avez, et il est très facile de se décourager quand
on le fait ; chercher les erreurs du passé ne va pas vous aider. Cinq minutes
correctement employées peuvent toutefois être d’un grand bienfait :
concentrez-vous sur le fait que le point de pouvoir est maintenant.
Ressentez la certitude que vos facultés émotionnelles, spirituelles et
psychiques sont focalisées par la chair et, pendant cinq minutes seulement,
dirigez toute votre attention vers ce que vous voudriez. Ayez recours à une
visualisation ou à une pensée verbale – à ce qui vous vient de façon
naturelle. Mais durant tout ce temps, faites en sorte de ne vous concentrer
sur aucun manque, et uniquement sur ce que vous désirez.
(22 h 30.) Utilisez toute votre énergie et toute votre attention. Ensuite,
oubliez tout cela. Ne cherchez pas à savoir si ça marche. Assurez-vous
simplement que, durant ces cinq minutes, vos intentions sont claires. Puis,
en fonction de votre situation personnelle, accomplissez, d’une manière ou
d’une autre, un geste physique ou une action qui corresponde à votre
croyance ou à votre désir. Au moins une fois par jour, ayez un
comportement physique qui montre que vous avez confiance en ce que vous
faites. Il peut s’agir d’un acte très simple. Si vous avez un sentiment de
solitude et l’impression que personne ne s’intéresse à vous, cela peut
simplement consister à sourire à quelqu’un. Si vous êtes pauvre, vous
pouvez acheter quelque chose qui vous plaît et qui coûte quelques centimes
de plus que ce que vous auriez acheté normalement – un geste fondé sur la
confiance, si faible soit-elle, que, d’une façon ou d’une autre, cette somme
vous sera rendue ou reviendra dans votre expérience. En tout cas, agissez
comme si vous étiez plus riche que vous ne l’êtes.
En termes de santé, il s’agit de vous conduire, une fois par jour, comme si
vous n’étiez absolument pas malade. La croyance dans le présent, renforcée
pendant cinq minutes, plus un acte physique allant dans le même sens,
apporte parfois des résultats stupéfiants.
Ces effets ne peuvent toutefois se produire que si vous cessez de regarder
dans le passé pour voir « ce qui ne va pas », et si vous arrêtez de renforcer
votre expérience négative. Vous pouvez appliquer les mêmes principes à
tous les domaines de votre vie et, dans chacun d’eux, choisir parmi une
variété d’évènements probables.
Ceux d’entre vous qui croient en la réincarnation en termes plus ou
moins conventionnels peuvent commettre l’erreur de mal utiliser leurs vies
« passées », de les « blâmer » en les organisant en fonction de leurs
croyances actuelles. Croire que vous êtes à la merci d’un passé est déjà
suffisamment néfaste, mais considérer que vous êtes impuissant face à
d’innombrables erreurs commises dans des vies antérieures vous met dans
une situation impossible ; vous privez votre volonté consciente de son
pouvoir d’agir. Ces vies existent simultanément. Elles sont d’autres
expressions de vous-même, qui interagissent, mais chaque moi conscient
possède son point de pouvoir dans son propre présent.
(22 h 45.) C’est pour cette raison qu’une donnée relative à une vie passée
sert si souvent à renforcer la situation sociale personnelle de l’existence
présente – car, comme le passé dans cette vie, ces souvenirs s’élaborent à
partir d’une croyance actuelle.
Si cette information vous est communiquée par quelqu’un d’autre, par un
médium par exemple, celui-ci a de grandes chances de détecter les « vies »
qui ont un sens pour vous actuellement, et de les structurer –
inconsciemment bien sûr – précisément selon les grandes lignes de vos
croyances. Cela peut ne pas être évident. (Avec insistance.) Si un individu
croit qu’au fond il ne vaut rien, il va se souvenir – ou on lui rappellera – des
vies qui justifient cette idée. S’il pense qu’il doit payer pour ses péchés,
cette croyance va éveiller le souvenir de vies qui vont renforcer cette
conviction ; il s’agira là d’un souvenir très orchestré, laissant de côté tout ce
qui ne va pas dans le même sens.
Si un individu croit qu’on profite de lui, et s’il se sent pris dans une
existence banale où personne ne l’apprécie, il peut recevoir, de lui-même ou
d’autrui, une information lui indiquant que, dans d’autres vies, il était très
honoré – ce qui conforte sa croyance en son insignifiance actuelle, ou pire.
Ce ne sont là que des généralités, car chaque individu a sa propre façon
de renforcer ses croyances. Si vous pensez que vous êtes malade, une
information concernant une vie passée vous indiquera peut-être que vous y
avez commis des crimes pour lesquels vous devez maintenant faire
pénitence. Quel que soit le cadre que vous choisissez, vous trouverez
toujours de quoi renforcer votre croyance.
La vérité, pour autant qu’on puisse la formuler, est que VOUS FORMEZ
VOTRE RÉALITÉ MAINTENANT – en lettres capitales – par l’intersection de
l’âme dans la chair, et, en vos termes, le présent est votre point de pouvoir.
Voulez-vous faire une pause ?
(« Oui. »
22 h 55. La transe de Jane est excellente, son débit régulier et souvent
très emphatique. « Alors là ! J’ai tout ici, dit-elle avec enthousiasme.
J’aime quand le matériau m’arrive comme ça. Je sais exactement où il va
aller ensuite – dans les moi réincarnationnels et cette histoire de pouvoir.
Et puis là – précise-t-elle en indiquant la droite, pour montrer qu’à présent
plusieurs canaux de Seth lui sont accessibles –, il y a des informations sur
la façon dont tout ça peut s’appliquer à nous, si nous le demandons.
« Hum, ajoute-t-elle, je me rappelle maintenant que Seth a donné un
matériau assez proche hier soir, pendant le cours [de perception
extrasensorielle]… » Je l’avais oublié, moi aussi ; Jane m’en avait parlé
pendant que je l’aidais à mettre en ordre le salon vers une heure et quart du
matin. Mais nous ne verrons pas la transcription de l’enregistrement de ce
cours avant mardi soir.
Seth revient à 23 h 07.)
Maintenant. Chacun de vos moi réincarnationnels naît en tant que
créature dans la chair, tout comme vous. Chacun a son propre « point de
pouvoir », ou des moments successifs dans lesquels il matérialise lui aussi
une existence quotidienne, de façon linéaire, à partir des probabilités dont il
dispose.
D’une façon qui sera expliquée dans un autre livre pour ceux que ce sujet
intéresse, il existe une sorte de coïncidence entre vous et tous les points
présents de pouvoir de vos moi « réincarnationnels ». Il y a même des
connexions biologiques, en termes de « mémoire » cellulaire. (Voir la
session 653, chapitre 13.) Par le biais de vos croyances actuelles, vous
pouvez donc attirer dans votre propre espace et dans votre propre temps des
propensions pour certaines formes d’expérience partagées par ces autres
moi. Il existe une interaction constante, dans ce point de pouvoir
multidimensionnel, si bien qu’en vos termes, un moi incarné puise dans
tous les autres les capacités qu’il désire, en fonction de ses croyances
spécifiques et localisées.
(Une pause.) Ces moi sont différentes contreparties de vous-même dans
la condition de créature, qui font l’expérience d’une réalité corporelle ;
mais, en même temps, votre organisme est fermé à la nature simultanée de
l’expérience. Cela ne veut pas dire qu’à d’autres niveaux vous ne pouvez
pas la percevoir, mais que, en général, les évènements doivent vous paraître
se succéder.
Aussi bien d’un point de vue strictement personnel qu’au niveau de
l’espèce, le passé continue à se produire. Vous le créez à partir de votre
présent en fonction de vos croyances. Un appendice enlevé ne va pas
réapparaître physiquement. Il y a certains cadres acceptés, liés à votre
condition de créature. Une liberté beaucoup plus grande que vous ne
l’imaginez existe cependant, même au niveau cellulaire.
Fin de la dictée.
(23 h 21. Seth donne maintenant environ une page sur la façon dont Jane
et moi pouvons mettre ce matériau en pratique – pendant la dernière pause,
Jane disait qu’un canal était ouvert concernant des données personnelles.
Nous projetons aussi de parler de cette session au cours de notre réunion
du vendredi soir. Fin à 23 h 38.
Une note : j’ai le sentiment qu’il existe un lien entre les points de pouvoir
réincarnationnels, la mémoire cellulaire et les points de coordonnée
évoqués par Seth dans le chapitre 5 de Seth parle : « Ces points de
coordonnée agissent comme des canaux par lesquels l’énergie s’écoule, et
comme des torsions, des chemins invisibles, d’une réalité à l’autre. Ils
jouent aussi le rôle de transformateurs et fournissent une bonne partie de
l’énergie qui génère une création permanente, selon vos termes… Ces
points font irruption dans ce que vous appelez le temps et l’espace… » Voir
aussi la session 593 dans l’appendice de Seth parle.)
SESSION 658
LUNDI 23 AVRIL 1973

(Hier, Jane a commencé à écrire un poème assez long, en sumari, qu’elle


intitule The Song of the Silver Brothers11. Elle l’a commencé dans un état
de conscience « normal » et l’a terminé dans un état modifié – « plongée
dans une profonde concentration intérieure », dit-elle. À mesure que son
travail progressait, elle s’est en fait retrouvée en train d’écrire deux poèmes
en même temps, car après chaque vers en sumari venait sa contrepartie en
anglais. D’habitude, elle attend un certain temps avant de traduire ce
qu’elle a écrit en sumari. Des jours, des semaines, voire des mois peuvent
s’écouler avant qu’elle le fasse.
Quand Jane a repris son poème cet après-midi, ses sensations
exacerbées lui sont revenues sous une forme beaucoup plus intense. [Elles
ont presque atteint le niveau de celles décrites dans la session 639,
chapitre 10, et dans la session 653, chapitre 13, pour ne citer que deux
situations de ce type mentionnées dans ce livre.] Pour finir, à 15 h 30, elle
m’a appelé alors que j’étais en train de peindre dans mon atelier et m’a lu
son poème sur les Frères d’argent. Il n’était pas encore terminé. « Mais
maintenant, je ne sais plus quoi faire, dit-elle à plusieurs reprises, l’air
perplexe. Je reçois mentalement tout ça si vite, en sumari, que je n’ai pas le
temps de l’écrire – sans parler de le mettre en anglais – avant de plonger
dans le concept suivant…
Je vis ces idées en même temps. Ce ne sont plus de simples mots…
Ouah !… » Elle hoche la tête et se détend de plus en plus. « Parfois ce que
j’écris – même quand c’est un bon poème – reste tellement loin de ce que je
ressens – c’est trop faible. J’ai même de nouveaux mots qui me viennent à
partir des anciens, comme par exemple “fossilant”, de “fossile”… J’allais
continuer, mais je suis trop excitée et trop fatiguée à la fois… » En fin de
compte, elle n’a plus qu’une envie, c’est de dormir.
La nuit dernière, d’ailleurs, pendant son sommeil, Jane a encore été très
occupée par son travail sur le livre de Seth, dictant un matériau que nous
n’avons pas encore réellement reçu.
Une note : aujourd’hui, elle a reçu de son éditeur Prentice-Hall un
exemplaire de son roman The Education of Oversoul 7. Il vient tout juste de
sortir de presse. La parution « officielle » n’aura toutefois pas lieu avant le
10 septembre. Voir l’introduction de Jane.
21 h 43).
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Toute bonne démonstration d’hypnose montre clairement que le
point de pouvoir se situe dans le présent et que les croyances régissent votre
expérience.
L’hypnose n’a rien de magique. Chacun de vous l’utilise en permanence.
(Voir la session 620, chapitre 4.) C’est uniquement lorsqu’on l’entoure de
procédures particulières et qu’on la dissocie de la vie courante que la
suggestion hypnotique semble si ésotérique. L’hypnose structurée permet
simplement au sujet d’utiliser les pleins pouvoirs de la concentration, ce qui
active des mécanismes inconscients.
Cependant, avec les distorsions présentes dans certaines procédures
élaborées, auxquelles s’ajoute la mauvaise compréhension de ceux qui la
pratiquent, le phénomène donne effectivement une autre image. Le sujet est
d’accord pour accepter les croyances de l’hypnotiseur. Étant donné que la
télépathie existe (telle qu’elle est décrite dans le chapitre 3), le sujet va
réagir non seulement aux instructions verbales, mais également aux
croyances non formulées du praticien, « prouvant » bien sûr par là-même la
théorie de l’hypnotiseur concernant sa profession.
L’hypnose montre clairement, sous une forme concentrée, la façon dont
vos croyances influent sur votre comportement dans la vie courante. Les
différentes méthodes employées ont simplement pour effet de focaliser
toute votre attention sur un point précis, en éliminant toute distraction.
(Une longue pause à 21 h 54.) Vos croyances agissent donc comme un
hypnotiseur. Tant que les mêmes directives sont données, votre expérience
« automatique » va s’y conformer. La suggestion qui peut créer une brèche
est la suivante : « Je crée ma réalité, et le présent est mon point de
pouvoir. » Si vous n’aimez pas les conséquences d’une croyance, vous
devez la modifier, car aucune manipulation des conditions extérieures ne
réglera le problème. Si vous comprenez réellement votre pouvoir d’action
et de décision dans le présent, vous ne vous laisserez pas hypnotiser par les
évènements passés.
Pensez au présent comme à un bassin d’expérience alimenté par de
nombreuses sources – nourri, en vos termes, par des affluents venus du
passé et du futur. Ces affluents (ou probabilités) sont en nombre infini et,
par le biais de vos croyances, vous choisissez parmi eux, et réglez leur
débit. Si, par exemple, votre esprit est constamment focalisé sur la croyance
que votre enfance s’est déroulée dans un contexte négatif et préjudiciable,
alors seules des expériences de ce type vont affluer dans votre vie actuelle à
partir du passé. Cela ne sert à rien de dire « Mais ma vie a été
traumatisante » et donc de renforcer la croyance. Vous devez d’une façon
ou d’une autre modifier cette conviction ou, mieux encore, la transformer
complètement – sinon, vous n’échapperez jamais à ses effets.
Cela ne veut pas dire se « mentir » à soi-même. Mais si vous avez
l’impression que votre expérience ne comportait aucune joie, aucun projet
ni plaisir, alors là, vous vous mentez. Vous vous êtes tellement concentré
sur les choses négatives que tout le reste est devenu invisible. (Voir la
session 644, chapitre 11.) À partir du présent, vous vous êtes hypnotisé de
telle façon que vous voyez le passé non pas tel que vous l’avez vécu mais
tel qu’il apparaît maintenant à la lumière de vos croyances actuelles.
Vous l’avez reconstruit. Quand je vous propose de restructurer votre
passé, je ne vous demande donc pas de faire quelque chose que vous n’avez
jamais fait. L’hypnose, une fois encore, est simplement un état d’attention
concentrée, dans lequel vous vous focalisez sur des croyances. Diverses
démonstrations publiques ont fait croire que le sujet doit être endormi ou
parfaitement détendu, ce qui n’est pas le cas. La seule condition préalable
est une concentration intense sur les données reçues, à l’exclusion de toute
autre chose. C’est pourquoi les ordres donnés sont clairs et nets. Aucune
information contradictoire n’est reçue, aucun message n’interfère.
(22 h 12.) L’exclusion de données superflues et la réduction du champ de
focalisation sont les deux ingrédients les plus importants. La relaxation
aide, car les messages du corps sont eux aussi silencieux et l’esprit ne s’en
préoccupe pas.
De nombreuses croyances sont acceptées de cette manière, sans la
moindre induction formelle, quand les circonstances sont favorables. Un
moment de panique induit une concentration immédiate et accélérée. Toutes
les forces énergétiques sont mobilisées en un instant, bien que la détente
n’entre pas en jeu.
(Une pause.) Ces mêmes croyances peuvent aussi être acceptées alors
que l’esprit conscient est apparemment endormi ou engourdi, comme
lorsque la personne a subi un choc ou au cours d’une opération. La
focalisation de l’attention est alors réduite, mais intensifiée. L’une des
difficultés à surmonter est la distinction trop importante qui est faite entre
l’esprit conscient et l’esprit inconscient. Ils s’entremêlent. Employée
correctement, sans tout le charabia qui l’entoure habituellement, l’hypnose
est une excellente méthode pour introduire de nouvelles croyances et se
débarrasser des anciennes. Toutefois, ceci n’est vrai que si vous réalisez le
pouvoir de votre esprit conscient dans ce moment précis, et comprenez la
faculté de votre conscience à mobiliser des réactions inconscientes.
Vous pouvez faire une pause.
(De 22 h 20 à 22 h 29.)
Il est extrêmement important que vous réalisiez plusieurs choses avant
d’essayer la méthode que je vous propose.
Tout d’abord, l’inconscient n’est pas une éponge qui absorbe
aveuglément des données sans tenir compte des considérations de votre moi
conscient. Toutes les croyances ou suggestions sont d’abord passées au
crible de votre esprit conscient et seules celles que vous acceptez ont
ensuite la permission de pénétrer dans les autres parties du moi.
Aucune croyance négative ne vous est donc imposée contre votre
volonté. Point. Aucune ne peut vous être infligée sans que vous l’ayez
consciemment acceptée. Dans l’hypnose formelle, l’hypnotiseur et le sujet
jouent un jeu. Si l’hypnotiseur ordonne au sujet d’oublier ce qui s’est passé,
celui-ci va prétendre le faire. Dans ce contexte, tous deux croient en cet
oubli, ce qui démontre le pouvoir d’une croyance. Mais, au lieu de cela, on
prend cet oubli comme une preuve de l’impuissance de l’esprit conscient
lorsqu’il est soumis à ces conditions, ce qui n’est pas le cas.
En ce qui concerne toutes les croyances que vous avez, vous vous êtes
« hypnotisé » vous-même, sans la moindre induction. Cela signifie tout
simplement que vous les avez consciemment acceptées, que vous vous êtes
focalisé sur elles en excluant les données contraires, que vous avez réduit
vos centres d’intérêt à ces points particuliers, puis que vous avez activé les
mécanismes inconscients qui matérialisent ces convictions à travers votre
expérience physique.
(Une pause.) L’hypnose formelle entraîne simplement une version
accélérée de ce qui se passe tout le temps. C’est un parfait exemple des
résultats qu’il est, dans l’idéal, possible d’obtenir instantanément – ce qui,
dans la pratique, se produit rarement – lorsque de nouvelles croyances
annulent les anciennes.
(Une pause à 22 h 42.) Nous allons voir des méthodes pratiques qui vont
vous permettre de modifier vos croyances et de modifier votre expérience.
Plus loin, dans ce livre, nous montrerons comment vos croyances
individuelles vous font aller vers la joie ou la catastrophe. Nous parlerons
également des moyens par lesquels des croyances collectives conduisent
nombre d’entre vous à faire ensemble l’expérience de grandes périodes de
célébration, ou à se retrouver victimes, ou survivants, de désastres qui
semblent exister indépendamment de vous.
Mais voyons tout d’abord la nature de l’hypnose, de l’hypnose
parfaitement naturelle, et la façon dont vous l’utilisez maintenant. Puis vous
verrez comment vous pouvez l’utiliser très facilement, et de façon
délibérée, dans votre point de pouvoir présent.
Fin du chapitre. J’avais dit qu’il serait court.
CHAPITRE 16

L’hypnose naturelle : une transe est une


transe.

Et accordez-nous un moment.
(Une pause à 22 h 46.) Chapitre…
(« Seize », dis-je en voyant Seth-Jane hésiter.
Avec un sourire et d’une voix de plus en plus forte et profonde.) Seize,
intitulé : « L’hypnose naturelle : une transe est une transe. » Fin du titre.
Quelle réalité y a-t-il derrière la réalité ? La vie physique est-elle une
hallucination ? Existe-t-il une réalité concrète et définie, dont la vôtre n’est
que l’ombre ?
Votre réalité est le résultat d’une hallucination, si vous entendez par là
qu’elle est simplement l’image que vous montrent vos sens. Physiquement,
bien sûr, vous percevez l’existence à travers vos facultés sensorielles. Dans
ce contexte, la vie corporelle est une transe, dans laquelle l’attention se fixe
en grande partie sur la croyance qu’ont les sens en la réalité de leurs
sensations. Votre expérience de la vie est néanmoins l’image que cette
réalité prend pour vous maintenant : en d’autres termes, la vie terrestre est
donc l’une des versions de la réalité – pas la réalité tout entière, mais une
partie. Elle est une voie d’accès qui vous permet de percevoir ce qu’est la
réalité. Pour en faire l’expérience et l’explorer, vous dirigez toute votre
attention vers elle, et vous utilisez toutes vos autres facultés (non
physiques) comme des corollaires, des accessoires, des rajouts. Vous
hypnotisez vos nerfs eux-mêmes, et les cellules de votre corps, si bien
qu’ils réagissent comme vous l’entendez, et, à leur niveau, toutes les
portions du moi, jusqu’aux plus petits atomes et molécules, se conforment
aux croyances de votre esprit conscient. Les grands évènements de votre
vie, votre interaction avec les autres, et même les rouages habituels des plus
microscopiques évènements de votre corps – tous se conforment à votre
croyance consciente.
(23 h 04.) Encore une fois, si vous êtes malade, vous allez peut-être dire
que vous ne le souhaitiez nullement ; si vous êtes pauvre, que vous n’aviez
aucun désir de l’être ; et si vous n’êtes pas aimé, que vous ne vouliez pas
vivre dans la solitude. Pourtant, pour des raisons qui vous sont personnelles,
vous avez commencé à croire à la maladie plus qu’à la santé, à la pauvreté
plus qu’à l’abondance, et à la solitude plus qu’à l’affection.
Peut-être, ayant hérité certaines de ces idées de vos parents, vous êtes-
vous retrouvé entouré par leurs effets ; ou bien vous avez pu changer de
croyances dans un domaine particulier de votre vie – quoi qu’il en soit,
chacune de ces situations peut être changée si vous utilisez le pouvoir de
l’action dans le présent. Je ne dis pas que chacun de vous doit ou devrait
être riche, sage et en bonne santé. Je m’adresse uniquement à ceux qui, ici
et maintenant, vivent des conséquences dont ils ne sont pas satisfaits. D’une
certaine manière, donc, on peut dire que les suggestions que vous vous
faites constamment fonctionnent globalement comme des croyances qui se
reflètent dans votre expérience.
Pour certains d’entre vous, il s’agit simplement de paresse mentale. Vous
n’examinez pas consciemment les données que vous recevez. Nombre de
ceux qui ont pour habitude de « nier » les suggestions négatives d’autrui, et
de faire au contraire des affirmations positives, agissent ainsi parce qu’ils
sont convaincus que le pouvoir des croyances négatives est supérieur à celui
des croyances bénéfiques.
Vous pouvez tous trouver dans votre propre vie des schémas habituels de
pensée renforcés par les actes qui en découlent – un comportement
conditionné en quelque sorte –, par lesquels vous renforcez constamment
des aspects négatifs, sur lesquels vous vous concentrez jusqu’à exclure les
éléments contraires ; et ainsi les faites-vous apparaître dans votre
expérience par l’hypnose naturelle.
Faites votre pause.
(De 23 h 14 à 23 h 29.)
Beaucoup de gens attribuent un grand pouvoir aux hypnotiseurs ;
pourtant, chaque fois que vous avez pleinement l’attention de quelqu’un,
vous agissez largement comme un hypnotiseur.
Toutes les fois que vous vous accordez à vous-même une pleine
attention, vous agissez simultanément en tant qu’hypnotiseur et sujet. Vous
vous faites constamment des suggestions hypnotiques, en particulier quand
vous projetez dans le futur des conditions présentes. Je veux que vous
compreniez bien que tout cela découle simplement de la fonction naturelle
de l’esprit, et que vous remisiez aux oubliettes toutes les idées que vous
avez sur les aspects « magiques » de l’hypnose.
Pendant cinq ou dix minutes par jour au maximum, utilisez l’hypnose
naturelle comme méthode pour accepter les nouvelles croyances que vous
désirez. Concentrez votre attention aussi clairement que possible sur une
affirmation simple et répétez-la maintes et maintes fois en restant focalisé
sur elle durant tout ce temps. Essayez de ressentir ce que vous dites de
toutes les manières possibles – ne vous permettez pas la moindre
distraction, mais si votre esprit persiste à vouloir vagabonder, canalisez ses
images pour qu’elles aillent dans le sens de ce que vous exprimez.
La répétition verbale, ou mentale, est importante parce qu’elle active des
structures biologiques et les répercute. Ne forcez pas. Ne faites pas cet
exercice en même temps que celui sur le point de pouvoir, que nous avons
expliqué précédemment. (Voir la session 657, chapitre 15.) On ne doit pas
passer de l’un à l’autre, mais les pratiquer à des moments distincts de la
journée.
(23 h 40.) Durant cet exercice, souvenez-vous malgré tout que vous êtes
en train d’utiliser le présent comme moment de pouvoir pour intégrer de
nouvelles croyances, et que celles-ci vont effectivement se matérialiser.
L’exercice une fois terminé, passez à autre chose. Sortez-le de votre esprit.
Voilà comment utiliser l’hypnose naturelle sous une forme concentrée.
Vous aurez peut-être à tester plusieurs façons de formuler votre message
pour trouver la bonne. De toute manière, trois jours au moins sont
nécessaires avant de pouvoir dire, en fonction du résultat, s’il fonctionne.
Vous aurez peut-être à changer la formulation. Quand celle-ci vous
satisfera, continuez. Pour le reste, votre attention doit être complètement
détendue, car il faut du temps. Il se peut que vous fassiez immédiatement
l’expérience de résultats spectaculaires. Si cela se produit, poursuivez
quand même l’exercice.
Des canaux intérieurs doivent être restructurés. Vous en ressentirez une
sensation qui vous servira de ligne directrice personnelle. Inutile de
pratiquer plus de dix minutes. D’ailleurs beaucoup trouveraient cela
difficile. Passer plus de temps ne ferait que renforcer l’idée que l’on
rencontre des problèmes.
C’est la fin de la session.
(« D’accord. »)
Mes salutations les plus chaleureuses à vous deux.
(« Merci. À vous également. Bonne nuit. » Fin à 23 h 50.)

SESSION 659
MERCREDI 25 AVRIL 1973

(21 h 18.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. L’hypnose naturelle est l’adhésion de l’inconscient à une
croyance consciente. Dans des moments de grande concentration où toute
distraction est exclue, les idées désirées sont implantées (dans l’hypnose
formelle). Le même processus a lieu dans la vie courante ; des zones de
grande concentration régulent votre expérience sur le plan à la fois
biologique et mental et génèrent des conditions similaires.
Prenons l’exemple simple d’une croyance positive inculquée durant
l’enfance. On dit à quelqu’un qu’il est d’apparence agréable, bien bâti et
d’un caractère plaisant. L’idée s’installe et la personne en question se
comporte en tous points selon cette croyance ; mais toute une série de
croyances subsidiaires se développe aussi en rapport avec la principale.
La croyance de cet individu en sa valeur personnelle a le même effet sur
les autres ; elle les conduit à avoir une bonne opinion d’eux-mêmes, car ils
se montrent à notre heureux ami sous leur meilleur jour. Sa vie renforce
donc constamment ce concept et, même s’il se rend vaguement compte que
certaines personnes sont « plus plaisantes » que d’autres, pour l’essentiel,
son expérience intime lui permet de voir ce qu’il y a de meilleur en lui et en
autrui. Cela devient un élément important dans sa façon de regarder
l’existence.
Les données ou stimuli auxquels il n’adhère pas sont laissés de côté – ils
ne s’appliquent pas à lui, mais il sait que, pour d’autres, ce sont des faits
réels. N’ayant rien à prouver, il lui est plus facile d’accepter ses
contemporains avec équité.
Il y a peut-être des domaines où il réalise qu’il n’est pas à la hauteur
mais, du fait qu’il croit en sa valeur fondamentale, il sait accepter ces
manques comme faisant partie de lui, sans les ressentir comme une menace.
Il peut essayer d’améliorer sa condition sans se déprécier pour autant.
Maintenant. Il se peut que ses traits, pris un à un, ne soient pas aussi
séduisants que ceux d’autres individus qui, eux, ne se croient pas attirants.
Le fait de croire en sa bonne apparence est si important que les autres
réagissent à son égard de la même façon. Quelqu’un peut être doué d’une
grande beauté naturelle sans que ni lui-même ni les autres le perçoivent.
Quand on ne croit pas en sa propre beauté, elle ne transparaît pas dans les
traits et finit par devenir littéralement invisible.
Vos croyances ont donc des propriétés hypnotiques. Vous les renforcez en
permanence par le bavardage intérieur habituel auquel vous vous adonnez
tous.
(21 h 38.) Ce monologue intérieur agit comme la répétition constante
d’un hypnotiseur. Dans le cas présent, cependant, vous êtes votre propre
hypnotiseur. Peu de gens concentrent leur attention sur un seul domaine. En
général, il y en a plusieurs et ceux-ci représentent les différentes façons
dont vous utilisez votre énergie. L’individu qui prend pour un fait acquis
qu’il est digne d’intérêt n’a pas besoin de le prouver. Les choses lui
viennent naturellement. Dans de nombreux domaines de votre vie – ceux
dont vous êtes satisfait –, vous n’avez pas besoin de faire d’efforts. Vos
pensées et votre concentration consciente donnent des résultats qui vous
plaisent. Seuls les aspects de votre existence qui vous déconcertent vous
amènent soudain à vous demander ce qui se passe – mais, là encore,
l’hypnose naturelle est à l’œuvre, de façon tout aussi facile et spontanée, et
vos idées conscientes débouchent automatiquement sur un résultat concret.
C’est donc dans ces domaines que vous devez réaliser que vous êtes
l’hypnotiseur.
Faites une courte pause.
(De 21 h 43 à 21 h 50.)
Maintenant. L’inconscient accepte les ordres que l’esprit conscient lui
donne.
Dans l’expérience de chacun, il y a des domaines qui sont source de
contentement. Là où vous êtes insatisfait, cependant, demandez-vous quels
ordres vous donnez dans cette arène particulière de votre vie. Les résultats
ne vous donnent pas l’impression de suivre vos désirs conscients, mais vous
allez découvrir qu’ils sont réellement en accord avec vos croyances
conscientes, ce qui peut être totalement différent.
Vous pouvez désirer être en bonne santé mais croire implicitement que la
vôtre est fragile. Vous pouvez aspirer à une compréhension spirituelle, tout
en pensant ne pas le mériter ou être trop ignorant en la matière. (Une
pause.) Quand votre désir va à l’encontre d’une croyance profonde, il y a
toujours conflit. La croyance génère les sentiments et les entreprises
imaginaires qui lui correspondent. Si vous voulez être en bonne santé et que
vous constatez continuellement la différence entre votre souhait et votre
conviction actuelle d’être dans un piètre état, la croyance elle-même,
dressée contre le désir, entraîne un surcroît de difficultés. Dans cette
situation, vous semblez vouloir l’impossible. Le désir et la croyance ne sont
pas unis mais opposés.
Dans l’hypnose formelle, vous passez un accord avec l’hypnotiseur ;
vous allez accepter pendant un temps ses idées sur la réalité au lieu des
vôtres. S’il vous dit qu’il y a là un éléphant rose, vous le croyez et le voyez
devant vous. Vous agissez selon les suggestions qui vous sont données. Si
vous êtes un bon sujet et votre hypnotiseur un bon praticien, des cloques
peuvent apparaître sur votre peau s’il vous dit que vous vous êtes brûlé.
(Une pause à 22 h 03.) Vous êtes capable d’accomplir des prouesses
physiques que vous estimeriez impossibles autrement – tout cela parce que
vous mettez volontairement en suspens certaines croyances et que vous
vous autorisez à en accepter d’autres, pour l’instant. Malheureusement,
parce qu’on croit un certain schéma obligatoire, on pense que l’esprit
conscient est alors endormi et son activité suspendue. C’est exactement le
contraire. Il est focalisé, intensifié, concentré sur un point précis, et tous les
autres stimuli sont supprimés.
Cette intensité de concentration consciente fait tomber les barrières et
permet aux messages d’aller directement à l’inconscient, où ils sont mis à
exécution. L’hypnotiseur est toutefois important dans la mesure où il agit
comme un représentant direct de l’autorité.
Selon vos termes, vous acceptez initialement les croyances de vos parents
– ce qui, nous l’avons vu, a un rapport avec l’expérience des mammifères.
(Voir la session 619, chapitre 4.) L’hypnotiseur agit donc comme un parent
de substitution. Lorsqu’il s’agit d’une thérapie, le patient a déjà peur et, vu
les croyances de votre culture, il cherche de l’aide non pas en lui-même
mais auprès de quelqu’un faisant figure d’autorité.
(22 h 10.) Même dans les sociétés primitives, les sorciers guérisseurs et
autres thérapeutes naturels ont compris que le point de pouvoir se situe dans
le présent et ils emploient l’hypnose naturelle comme méthode pour aider
d’autres individus à concentrer leur propre énergie. Tous les gestes, toutes
les danses et autres procédures sont des traitements de choc qui sortent le
sujet de son mode de réaction habituel pour le forcer à se focaliser sur le
moment présent. La désorientation qui en résulte ébranle les croyances en
vigueur et déloge les schémas établis. L’hypnotiseur, le sorcier ou le
thérapeute introduit alors immédiatement les croyances dont, selon lui, le
sujet a besoin.
Au sein de ce contexte, des groupements subsidiaires viennent s’ajouter,
dans lesquels les idées du thérapeute entrent en ligne de compte. Dans votre
société, on fait souvent appel à la régression : le patient se souvient d’une
expérience traumatisante du passé et la revit. Celle-ci semble alors être la
cause de la difficulté présente. Si l’hypnotiseur et le sujet acceptent tous
deux cette idée, il y aura un progrès à ce niveau-là.
Dans le cas où le vaudou ou la sorcellerie font partie des concepts
culturels des personnes concernées, le processus thérapeutique est envisagé
dans ce contexte : on va découvrir une malédiction que le guérisseur va
rompre en utilisant le point de pouvoir du présent.
Hors du contexte de l’hypnose formelle, c’est cependant le même
processus qui entre en jeu. Permettez-moi de dire, avec la plus grande
compassion et beaucoup de sympathie, que la médecine occidentale est, à sa
façon, l’un des procédés hypnotiques les plus barbares. Les médecins
occidentaux les mieux éduqués considèrent avec consternation et avec
beaucoup de mépris l’idée que l’on puisse immoler un poulet dans la hutte
primitive d’un sorcier guérisseur ; ils trouvent pourtant parfaitement
scientifique et tout à fait inévitable qu’une femme sacrifie ses deux seins à
un cancer. Les médecins ne voient pas d’autres solutions, et
malheureusement la patiente non plus.
(Une pause.) Un praticien occidental moderne est capable d’informer un
patient – avec le plus grand embarras, il est vrai – qu’il est sur le point de
mourir, lui inculquant ainsi l’idée que sa situation est sans espoir, tout en
réagissant avec mépris et dégoût lorsqu’il lit qu’un adepte du vaudou a jeté
un sort sur une victime innocente.
Encore une fois, les médecins actuels observent les cultures primitives
avec beaucoup de supériorité et jugent sévèrement les villageois qui, selon
eux, sont maintenus sous l’emprise des sorciers guérisseurs ou vaudous ;
pourtant, à travers leurs communiqués et leurs organisations, vos services
de santé tentent de persuader chacun d’entre vous qu’il doit subir un
examen de contrôle tous les six mois, sinon il aura un cancer, et qu’il doit
absolument bénéficier d’une assurance médicale, car il va à coup sûr
tomber malade.
Dans bien des cas, les médecins modernes sont donc des sorciers
guérisseurs inadéquats, qui ont oublié leur art – des hypnotiseurs qui ne
croient plus désormais aux pouvoirs de guérison et dont les suggestions
provoquent d’autres maladies qui sont diagnostiquées à l’avance.
On vous dit ce que vous devez chercher ; vous êtes aussi ensorcelés –
beaucoup plus en fait – que n’importe quel indigène né dans un petit
village, la seule différence étant que vous y perdez vos seins, votre
appendice et d’autres parties de votre anatomie. Les médecins suivent leurs
propres idées, bien sûr, et, dans ce système, ils se sentent totalement
justifiés – et pleins d’humanité.
Dans le domaine médical plus qu’ailleurs, vous êtes directement
confronté au plein impact de vos croyances, car les médecins ne sont pas les
personnes qui se portent le mieux, bien au contraire. Ils deviennent la proie
des croyances auxquelles ils adhèrent de si bon cœur. Leur attention est
centrée sur la maladie, et non pas sur la santé.
Vous pouvez faire votre pause.
(« Merci. »
Avec humour.) Notre prochain livre fera partie de la liste des ouvrages
recommandés par l’AMA.
(« J’en fais le pari. » Seth fait ici référence à l’Association des médecins
américains.)
Incluez cette phrase.
(22 h 34. L’état de dissociation de Jane est excellent, son débit est rapide
et régulier. « Dis donc, il y est allé carrément, déclare-t-elle en parlant de
Seth. Et il y a encore plein de matériau à suivre. » En lien avec ce que Seth
communique depuis 22 h 10, nous aimerions que le lecteur se reporte aux
sessions 616, chapitre 2 ; 624, chapitre 5 ; 654, chapitre 14. Reprise à
22 h 48.)
Maintenant. Autrement dit, vos médecins sont eux aussi victimes de leur
propre système de croyances.
Ils s’entourent constamment de suggestions négatives. Quand la maladie
est vue comme un envahisseur qui s’attaque sans raison à l’intégrité du moi,
l’individu paraît impuissant et l’esprit conscient semble accessoire. Le
patient est parfois forcé de sacrifier à sa croyance, et à celle du médecin, un
organe après l’autre.
(Une pause.) Heureusement, vous possédez d’autres croyances sous-
jacentes – la chiropractie, les aliments diététiques et même les charlatans.
Ceux-ci vous donnent tous un autre cadre dans lequel résoudre vos
problèmes de santé. Dans ce cas-là au moins, vous n’ingurgitez pas des
médicaments nuisibles et vous ne portez pas atteinte à l’intégrité de votre
corps.
Les chiropraticiens12 sont eux aussi des hypnotiseurs. Ils tentent
malheureusement de gagner en respectabilité d’un point de vue médical, et
mettent donc l’accent sur les aspects « scientifiques » de leur métier, tout en
minimisant les éléments intuitifs et la guérison naturelle. Les « charlatans »
héritent de ceux qui sont sans espoir, qui comprennent l’inefficacité des
autres systèmes de croyances, trouvent qu’ils laissent tous à désirer et ne
savent donc plus vers qui se tourner. Certains de ces charlatans peuvent être
sans scrupules et malhonnêtes ; beaucoup d’entre eux, cependant, ont une
compréhension intuitive et sont capables d’opérer des « guérisons » grâce à
une modification instantanée des croyances. Le corps médical se plaît à dire
que ces individus empêchent les patients de rechercher un traitement
adéquat. Le fait est que les patients en question n’ont plus confiance dans le
système de croyances des médecins et que ceux-ci ne peuvent donc plus les
aider.
Pour les médecins, tout ceci semble pure hérésie, car ils perçoivent
toujours la maladie comme une chose objective qui se trouve dans le corps
et qui doit être objectivement traitée et enlevée. Mais un homme qui a
l’impression de « n’avoir pas de cœur » ne sera pas sauvé par une
transplantation cardiaque, aussi sophistiquée soit-elle – à moins que sa
croyance soit préalablement modifiée.
De la même façon, un individu qui pense être pauvre et qui reçoit de
l’argent – durement gagné ou simplement offert – va le perdre, mal
l’investir ou mal l’utiliser. Celui qui s’est hypnotisé lui-même jusqu’à un
état de solitude va se sentir isolé même s’il est entouré d’une centaine
d’admirateurs ou d’amis.
(23 h 02.) Qu’est-ce que tout cela peut bien signifier pour vous dans
votre vie quotidienne ? Et comment pouvez-vous faire appel à l’hypnose
naturelle pour améliorer votre expérience ?
Dans les domaines qui sont pour vous source d’insatisfaction, vous vous
sentez impuissant, vous avez l’impression que votre volonté est paralysée
ou que les situations se maintiennent en dépit de ce que vous considérez
comme vos intentions. Mais si vous prêtez attention à vos pensées tout à
fait conscientes, vous allez découvrir que vous vous concentrez précisément
sur ces aspects négatifs qui vous désespèrent tant. Vous vous hypnotisez très
efficacement et renforcez ainsi la situation. Vous pouvez vous demander,
horrifié : « Qu’est-ce que je peux faire ? Je m’hypnotise tout seul, je suis
obnubilé par mon embonpoint (ou ma solitude, ou ma mauvaise santé). »
Dans d’autres aspects de votre vie, vous êtes pourtant capable de vous
hypnotiser sur la richesse, l’accomplissement et la satisfaction – et là, vous
ne vous plaignez pas. Les mêmes éléments entrent en jeu. Les mêmes
principes sont à l’œuvre. Dans ces situations positives, vous êtes certain de
votre faculté d’initiative. Vous n’en doutez pas. Vos croyances deviennent
réalité.
Maintenant. En ce qui concerne les aspects non satisfaisants, vous devez
comprendre ceci : là non plus, vous n’avez aucun doute. Vous êtes
profondément convaincu d’être malade, pauvre, fermé spirituellement, ou
malheureux.
Les résultats suivent facilement et sans effort. L’hypnose naturelle, dans
les termes indiqués ici, fonctionne aussi bien dans un sens que dans l’autre.
Que faire alors ? Vous devez tout d’abord réaliser que vous êtes
l’hypnotiseur, puis prendre l’initiative dans les situations insatisfaisantes,
comme vous savez le faire en d’autres domaines. Quelles que soient les
raisons superficielles de vos croyances, dites-vous :

Pendant un certain temps, je vais momentanément mettre en suspens mes


convictions en ce domaine, et accepter volontairement la croyance que je
souhaite. Je vais prétendre être sous hypnose, et être à la fois l’hypnotiseur
et le sujet. Le désir et la croyance ne feront qu’un. Il n’y aura pas de conflit,
car je fais cela de mon plein gré. Durant tout ce temps, je vais
complètement modifier mes vieilles croyances. Assis(e) là sans bouger, je
vais agir en esprit comme si la croyance que je souhaite était totalement
mienne.

À ce stade, ne pensez pas au futur, mais seulement au présent. Si vous


êtes trop gros, intégrez, en faisant cet exercice, le poids que vous pensez
idéal. Imaginez que vous êtes en bonne santé si vous croyez ne pas l’être. Si
vous avez un sentiment de solitude, cultivez plutôt le sentiment de la
camaraderie et votre croyance en elle. Comprenez qu’il s’agit d’exercer
votre faculté d’initiative pour imaginer ces situations. Ici, vous ne devez
faire aucune comparaison avec votre situation ordinaire. Aidez-vous
d’éléments visuels ou de mots – ce qui vous vient le plus naturellement. Et
encore une fois, dix minutes suffisent.
Si vous pratiquez fidèlement cet exercice, vous verrez en un mois de
nouvelles conditions se concrétiser dans votre vie. Votre système
neurologique va réagir automatiquement. L’inconscient est sollicité, il offre
le soutien de son immense pouvoir et va vous apporter de nouveaux
résultats. N’essayez pas d’en faire trop, ne passez pas par exemple la
journée à vous inquiéter de vos croyances. Cela ne pourrait que vous
amener à comparer ce que vous avez avec ce que vous souhaitez. Une fois
terminé, oubliez l’exercice. Vous allez découvrir que vous éprouvez de
nouvelles impulsions allant dans le sens des croyances récemment
introduites et il ne dépendra que de vous de ne pas les ignorer et de les
suivre.
(Une pause.) L’initiative doit venir de vous. Tant que vous n’aurez pas
essayé cet exercice, vous ne saurez pas ce qu’il en est. Si, à présent, vous
êtes en mauvaise santé et que vous êtes suivi par un médecin, vous feriez
mieux de continuer à le consulter, car vous comptez encore sur ce système
de croyances. Dans ce cas, servez-vous de cet exercice comme d’un
complément pour construire le sentiment de votre santé intérieure, et pour
vous protéger contre toute suggestion négative de votre médecin. Utilisez
votre croyance en la médecine puisque vous l’avez.
Vous pouvez faire votre pause.
(23 h 26. La transe de Jane a été très bonne, son rythme rapide et précis.
Pendant la pause, elle commence à avoir sommeil, c’est donc la fin de la
session.)

SESSION 660
MERCREDI 2 mai 1973

(Quelques notes et références…


Il n’y a pas eu de session lundi soir. Jane et moi sommes partis en voyage
pour quelques jours de vacances.
Le matin qui a suivi la dernière session, mercredi dernier, Jane m’a dit :
« Honnêtement, je pense que j’ai passé la nuit à travailler sur le livre
pendant que je dormais – la seule différence est que j’entendais
constamment ma voix au lieu de celle de Seth. J’ai même pensé à me lever
pour essayer d’écrire le matériau, mais je me suis dit que ça ne marcherait
pas. J’espère simplement que nous allons avoir toutes ces belles choses
quand nous aurons réellement les sessions… » Cette activité pendant son
sommeil s’est répétée de façon étonnante ; bien qu’un peu réduite dans la
nuit de jeudi, elle n’a disparu totalement qu’au cours du week-end. À
propos d’obtenir à l’avance le matériau du livre, l’une des expériences de
Jane est décrite dans la session 644, chapitre 11 – celle relative aux
croyances-relais. Quant à son prochain travail nocturne sur le livre de Seth,
il est rapporté à la fin de cette session.
Je rappelle à Jane deux sujets dont j’espère que Seth va parler, comme il
a promis de le faire il y a quelque temps. Premièrement, la grande
inondation qui a eu lieu en juin 1972 dans la région, et le rôle que nous y
avons joué. Voir les notes de la session 613, chapitre 2. Deuxièmement, les
malformations de naissance, que Seth a parfois évoquées dans ce livre.
Hier soir, pendant le cours de perception extrasensorielle, Jane était très
vive, en particulier lorsqu’elle a parlé et chanté en sumari. Ces derniers
temps, ces chants révèlent une dimension nouvelle, plus complexe –
maintenant, les « paroles » et les notes sont souvent courtes et rapides,
comme si elles voltigeaient du haut en bas de la gamme avec agilité. Elles
me font penser à de la sténographie verbale. On a aussi l’impression que
Jane tente de communiquer plusieurs sons ou idées simultanément, avec un
seul jeu de cordes vocales.
Pendant ce cours, Seth a expliqué que ses derniers progrès en sumari
aideraient Jane à déchiffrer les très anciens « manuscrits » –
principalement oraux – des Parleurs dont elle fait mention dans son
introduction. Mais il n’a pas précisé comment cette traduction serait faite.
Pour d’autres notes sur les Parleurs et le sumari, se reporter à la
session 623, chapitre 5.
21 h 27.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Il existe une corrélation définie entre ce qu’on appelle le
conditionnement et l’acte compulsif.
Ici, la suggestion hypnotique agit également en tant que
« conditionnement » quotidien permanent. Maintenant. Prenez par exemple
une femme qui se sent obligée de se laver les mains vingt ou trente fois par
jour. On reconnaît facilement le fait que ce comportement sans cesse répété
est compulsif. Mais lorsqu’un homme est dérangé par son ulcère chaque
fois qu’il mange certains aliments, il est plus difficile de percevoir qu’il
s’agit là aussi d’un comportement compulsif et répétitif.
Voilà un excellent exemple de la manière dont l’hypnose naturelle peut
agir de façon préjudiciable sur votre organisme. On peut dire que les actes
répétitifs mettent intimement en jeu des croyances au niveau « magique ».
Le comportement consiste en général à s’efforcer d’écarter le « mal » que
l’individu ressent comme imminent. S’il est facile de comprendre la nature
des actions extérieures à tendance répétitive, il est beaucoup plus difficile
de voir sous le même jour bon nombre de symptômes physiques – mais là
aussi, toute une série de réactions récurrentes face à certains stimuli entre en
ligne de compte. Il y a fréquemment, en arrière-plan, le même type de
compulsion. Souvent, les symptômes agissent à leurs façons comme des
rituels neurologiques répétitifs, destinés à protéger celui qui en souffre de
quelque chose d’autre qu’il craint encore plus.
(Une pause à 21 h 42.) C’est la raison pour laquelle les systèmes de
croyances sont si importants quand il est question de santé et de maladie.
Chacun d’eux comprend tout un attirail – de gestes, de remèdes, de
traitements – qui correspond à la manifestation extérieure des croyances
partagées par le patient et par celui qui le soigne.
On retrouve le même genre de situation avec le rhume des foins, par
exemple, ainsi d’ailleurs que dans la plupart des autres « mal-aises » (avec
le tiret).
L’hypnose naturelle et les croyances conscientes donnent leurs propres
instructions à l’inconscient qui, ensuite, modifie soigneusement les
mécanismes du corps pour que celui-ci ait des réactions qui s’accordent
avec les croyances. Vous conditionnez donc votre corps pour qu’il réagisse
de certaines façons. Intervenir à ce niveau n’est évidemment pas chose
simple, car, au départ, la suggestion du mal-aise a elle-même été donnée à
cause d’une autre croyance. En recourant à l’hypnose formelle, et en
Occident, vous pouvez régresser et découvrir à quel stade cette suggestion
vous a été donnée pour la première fois. Si votre hypnotiseur et vous croyez
tous deux en la réincarnation, vous allez peut-être découvrir cette origine
dans une autre vie.
Dans un cas comme dans l’autre, si la thérapie est efficace, il se peut que
vous abandonniez vos symptômes si l’hypnotiseur et vous croyez ensemble,
de manière implicite, en ce travail et au cadre de ces convictions.
Mais derrière, il y a beaucoup plus ; car si vous ne croyez pas en votre
propre mérite en tant qu’être humain, vous allez simplement avoir d’autres
symptômes dont il va falloir vous débarrasser de la même manière, en
utilisant d’autres évènements du « passé » comme excuse pour cette
situation – si vous avez de la chance. Si vous n’êtes pas si chanceux et que
votre maladie concerne des organes internes, vous allez peut-être finir par
les sacrifier l’un après l’autre.
Tout ceci peut être évité en réalisant que votre point de pouvoir se situe
dans le présent, comme on l’a vu précédemment (dans la session 657,
chapitre 15). Vous êtes non seulement tributaire de vos croyances
personnelles, bien sûr, mais aussi d’un système global auquel vous
souscrivez à un degré ou à un autre. Au milieu de tout cela, une assurance-
maladie devient une nécessité pour la plupart d’entre vous, et je ne vous
suggère donc pas d’y renoncer.13 Voyons néanmoins la situation de plus
près.
Vous payez à l’avance pour une maladie qui, vous en êtes certain, vous
affectera un jour. Vous faites au moment présent tous les préparatifs pour un
futur marqué du sceau de la maladie. Vous misez sur la maladie et non sur
la santé. C’est la pire forme d’hypnose naturelle et, pourtant, dans le cadre
de votre système d’assurance, c’est une nécessité car votre environnement
mental est tellement imprégné de cette croyance en la maladie.
Nombreux sont ceux qui deviennent malades uniquement après avoir
souscrit ce genre d’« assurance » – et pour eux, l’acte lui-même représente
l’acceptation symbolique de la maladie. Les polices d’assurance
spécialement destinées aux personnes âgées sont encore plus regrettables :
elles détaillent à l’avance tous les concepts les plus stéréotypés et dénaturés
concernant la maladie et la vieillesse. Il y a une corrélation entre le type de
police choisi par un individu et les maladies auxquelles il est sujet par la
suite.
(22 h 02. Jane a transmis ce matériau sur un rythme rapide et très
énergique, en faisant de nombreux gestes.)
Toujours dans le domaine de la santé, les suggestions faites avec les
meilleures intentions en matière de prévention sont encore plus fâcheuses. Il
y a deux points en particulier que j’aimerais aborder ici.
Le premier concerne les annonces faites aussi bien dans les magazines
que par la télévision de « service public » pour les campagnes de lutte
contre le cancer. On y décrit les symptômes avant-coureurs de cette
maladie. Malheureusement, une fois encore, dans le cadre de vos
croyances, pour beaucoup d’entre vous, ces campagnes deviennent
pratiquement une nécessité – en particulier pour ceux qui, à cause de leur
expérience indirecte de cette maladie, en ont une peur irrationnelle. Ces
communiqués agissent comme de puissantes suggestions négatives qui
répondent aux critères de l’hypnose naturelle – ils instaurent un processus
de conditionnement dans lequel vous recherchez des symptômes
spécifiques et examinez votre corps sous l’impulsion de la peur.
Pour ceux qui sont conditionnés de cette façon, ces campagnes de
prévention peuvent causer des cancers qui, autrement, ne se seraient pas
déclarés.
Cela ne veut pas dire que ces personnes ne pourraient pas succomber à
une autre maladie, mais cela signifie que, par ces méthodes, la croyance en
la maladie est modélisée et focalisée sur certains symptômes. Il ne faut pas
s’étonner que vous ayez besoin d’une assurance-maladie ! La maladie n’est
pas un agent extérieur qui se jette sur vous mais, tant que vous le croyez,
vous acceptez qu’il en soit ainsi, et vous vous sentez donc impuissant à la
combattre.
Le second domaine de santé que je voudrais mentionner a trait aux
personnes âgées. L’idée de la retraite suit le même schéma, car elle contient
la croyance cachée qu’à un moment ou à un autre, à un certain âge, vos
facultés commencent à baisser. Ces idées sont en général acceptées aussi
bien par les vieux que par les jeunes. De ce fait, ceux-ci amorcent
automatiquement le conditionnement progressif de leur corps et de leur
esprit. Ils en récolteront le résultat.
Dans votre société si entièrement vouée à la poursuite de l’argent, de
telles croyances conduisent aux situations les plus humiliantes, surtout pour
les hommes à qui on a souvent dit que leur virilité était proportionnelle à
leur capacité à en gagner. Il est facile de comprendre que, lorsqu’on lui en
retire la possibilité, un homme se sente castré. Point. Pause.
(22 h 15. « J’ai l’impression qu’on y est allé carrément », dit Jane en
riant. Effectivement – mais elle sort de transe pratiquement en un instant.
Son rythme était bon. Reprise de la même façon à 22 h 29.)
Maintenant. En général, ceux qui conseillent les aliments diététiques ou
une alimentation naturelle souscrivent à certaines croyances globales qui
sont identiques à celles de vos médecins.
Ils croient que les maladies résultent de conditions extérieures. Très
simplement, leur credo se résume ainsi : « Vous êtes ce que vous mangez. »
Certains d’entre eux adhèrent aussi à des idées philosophiques qui nuancent
un peu ces concepts en reconnaissant l’importance de l’esprit. Souvent,
malgré tout, ils font certaines suggestions fortes à caractère très négatif, si
bien que tous les aliments, hormis ceux qui sont spécifiquement acceptés,
sont considérés comme mauvais pour le corps et cause de maladies. Les
gens commencent à avoir peur de ce qu’ils mangent et l’alimentation
devient un champ de bataille.
Des valeurs morales s’attachent alors à la nourriture ; certains aliments
sont jugés bons et d’autres mauvais. Des symptômes apparaissent, qui sont
directement considérés comme la conséquence normale de l’ingestion
d’aliments interdits. Dans ce système au moins, le corps n’est pas agressé
par un déroutant assortiment de médicaments. Mais il peut être privé d’une
nourriture dont il a vraiment besoin. En outre, l’ensemble des questions de
santé est traité de manière simpliste, et l’alimentation est passée au crible.
Vous êtes ce que vous pensez, et non pas ce que vous mangez – ce qui
compte le plus, c’est ce que vous pensez de ce que vous mangez.
Ce que vous pensez du corps, de la santé et de la maladie détermine la
façon dont votre nourriture est employée et comment votre chimie interne
gère par exemple les graisses ou les féculents. Votre attitude et votre état
d’esprit lorsque vous préparez un repas sont très importants.
D’une manière générale, il est vrai que le corps a un besoin physique de
certaines nourritures. Mais à l’intérieur de ce cadre, il existe une grande
latitude, et l’organisme a une étonnante capacité à utiliser des substituts et
des alternatives. Le meilleur régime au monde, quels que soient les critères
choisis, ne vous maintiendra pas à en bonne santé si vous croyez en la
maladie.
En revanche, croire en la santé peut vous permettre de tirer parti d’une
« mauvaise » alimentation, à un point étonnant. Si vous êtes convaincu que
telle nourriture va vous donner telle maladie, elle va le faire en effet.
Apparemment, certaines vitamines préviennent certaines maladies14. Bien
sûr, la croyance elle-même agit quand on se place dans ce contexte. Il arrive
qu’un médecin occidental donne des vitamines en comprimés à un enfant né
dans une autre culture, ou qu’il lui en injecte. Ce dernier n’a pas besoin de
savoir quel type de vitamines lui est administré ni le nom de sa maladie,
mais s’il croit à la médecine occidentale et au médecin, il va effectivement
aller mieux et, à partir de ce moment-là, il aura besoin de vitamines. Et ce
sera pareil pour tous les enfants qui l’entourent.
Une fois encore, je ne suis pas en train de dire qu’il ne faut pas donner de
vitamines aux enfants, car dans le contexte qui est le vôtre, cela devient
presque une nécessité. Vous allez découvrir de nouvelles vitamines pour
traiter davantage de maladies. Tant que le système fonctionnera, il sera
accepté – mais le problème, c’est qu’il ne marche pas très bien.
Si vous ne vous sentez pas en forme et lisez une publicité pour des
vitamines, ou un livre sur ce sujet, et que vous êtes convaincu, ces pilules
vous seront bénéfiques, au moins pour quelque temps. Votre croyance va
assurer leur efficacité, mais si vous persistez à croire que vous êtes en
mauvaise santé, la suggestion contraire que représentent les vitamines ne
sera pas longtemps efficace.
(22 h 53.) La même chose se passe avec les campagnes lancées par le
service public concernant le tabac et les drogues. Suggérer que le tabac
cause le cancer est beaucoup plus dangereux que les effets physiques de la
fumée et cela peut causer un cancer chez quelqu’un qui, autrement,
pourrait ne pas être affecté de cette manière (avec beaucoup d’insistance).
Les informations bien intentionnées concernant l’héroïne, la marijuana et
l’acide (LSD) peuvent aussi être néfastes, dans la mesure où elles
structurent à l’avance l’expérience que peuvent avoir les gens qui prennent
ces drogues. Vous avez, d’un côté, une culture qui dénonce les dangers,
souvent exagérés, que peuvent présenter les drogues, et de l’autre vous
brandissez les médicaments comme moyens thérapeutiques. Dans ce
domaine, le danger devient une sorte de rite initiatique où l’on doit se
confronter au risque de perdre la vie avant d’être pleinement accepté par la
communauté. Mais les indigènes qui se soumettaient à des rites d’initiation
savaient beaucoup mieux ce qu’ils faisaient ; ils adhéraient à un ensemble
de croyances à l’intérieur duquel le résultat – la réussite – était plutôt
assuré.
L’hypnose naturelle joue un rôle dans toutes ces situations.
Reprenons l’exemple du monsieur qui a un ulcère. Il croit implicitement
que certains aliments font que son estomac réagit d’une façon particulière.
Il existe toutefois un médicament capable d’arrêter sa douleur. Tant que
celui-ci est efficace, cela le convainc encore plus que c’est la seule façon de
remédier à son problème.
Il s’agit là d’une contre-suggestion, mais qui fait malgré tout partie du
même processus hypnotique basé sur sa croyance initiale en la maladie.
Même si ce remède donne des résultats temporaires, le fait que notre
homme en ait besoin renforce sa dépendance au médicament. S’il
n’examine pas sa croyance en une santé déficiente, le remède risque de
perdre son efficacité. S’abstenir de manger ce qui induit cette condition lui
semble relever du simple bon sens. Pourtant, à chaque fois qu’il le fait, cet
homme adhère un peu plus à sa suggestion hypnotique.
Il croit fermement qu’il va souffrir s’il absorbe la nourriture interdite, et
c’est bien sûr ce qui se produit. Il ne pense pas à se débarrasser de cette
croyance-là – à réaliser que c’est elle qui induit le processus de
conditionnement par autohypnose.
Le point de pouvoir se situe dans le présent. Vous devez absolument le
comprendre ; et vous pourrez alors prendre en main votre vie et
commencer à utiliser l’hypnose naturelle à votre avantage, dans tous les
domaines. Pour chacun d’entre vous, cela fonctionne déjà très bien dans les
domaines de votre existence dont vous êtes satisfait.
Faites votre pause.
(De 23 h 13 à 23 h 25.)
Dans toutes les situations de ce genre, il est crucial de ne pas concentrer
principalement votre attention sur l’aspect de votre vie qui vous plaît le
moins, car cela renforcerait la suggestion hypnotique. Le simple rappel de
vos réussites va de lui-même agir de manière constructive, même si vous
ne faites rien d’autre. Focaliser ainsi votre attention sur des aspects positifs
détourne automatiquement votre énergie du problème. Cela renforce
également le sentiment de votre propre valeur et de vos capacités, puisque
cela vous rappelle ce que vous accomplissez dans d’autres domaines.
Chaque fois que vous essayez de vous débarrasser d’un problème,
assurez-vous de ne pas focaliser votre attention sur lui. Cela aurait pour
effet d’effacer les autres données et renforcerait encore davantage votre
focalisation sur la difficulté. Quand vous cessez d’être obnubilé par lui, le
problème se résout.
(Une pause, puis un rythme rapide.) Prenons un autre exemple, un
exemple très simple. Vous êtes trop gros. C’est un fait concret. Cela vous
chagrine mais c’est une certitude. Vous commencez toute une série de
régimes basés sur l’idée que votre embonpoint est dû au fait que vous
mangez trop. En fait, vous mangez trop parce que vous croyez être gros.
L’image physique correspond toujours, puisque la croyance en votre
embonpoint conditionne votre corps pour qu’il se comporte exactement de
cette manière.
Le plus étrange, c’est que vos régimes ne font que renforcer la situation –
puisque si vous vous astreignez à les suivre, c’est parce que vous êtes si
profondément convaincu d’être gros.
Jusqu’à ce que vous changiez de croyance, vous allez continuer à utiliser
votre nourriture de la même façon – et en trop grande quantité. Les progrès
momentanés ne vont pas durer. Toute votre façon de vous comporter va
dans le sens de ces puissantes suggestions hypnotiques ; votre apparence et
votre expérience confortent bien sûr toujours votre croyance.
(23 h 39.) Vous devez donc volontairement mettre de côté la croyance
elle-même. En vous servant des exercices de ce chapitre, efforcez-vous
d’insérer consciemment dans votre esprit une croyance différente ; ayez
recours à l’hypnose naturelle de cette nouvelle manière. Si, après avoir lu ce
livre, vous avez conscience de votre propre valeur, cette compréhension
dans le présent peut annuler toutes les vieilles idées concernant votre
manque de valeur intrinsèque qui peuvent vous avoir attiré dans cette
situation.
Tout ceci est bien sûr également valable si vous êtes trop maigre. Vous
pouvez manger énormément pendant quelque temps et ne prendre que
quelques kilos, ou trouver toutes sortes d’excuses pour ne pas manger. On
peut vous proposer les régimes les plus riches sans que vous preniez du
poids. Vous n’êtes pas maigre parce que vous ne mangez pas assez ou
que cela ne vous profite pas. Au contraire, vous ne mangez pas
suffisamment parce que vous croyez être maigre.
Aucune quantité de nourriture ne suffira tant que vous ne modifierez pas
cette croyance. Utilisez les procédures qui viennent d’être décrites à propos
de l’embonpoint. Dans les deux cas, le conditionnement du corps s’opère
par hypnose naturelle. Le comportement quotidien et les mécanismes
chimiques se mettent parfaitement au diapason des croyances.
Ici aussi, l’idée que l’on se fait de sa propre valeur et le point de pouvoir
déjà mentionné entrent en ligne de compte. (Voir la session 657,
chapitre 15.) Dans tous les domaines, d’importants indices vous sont
donnés si vous prêtez simplement plus d’attention aux pensées conscientes
qui sont les vôtres au cours de la journée ; chacune d’entre elles sert de
petite suggestion qui modifie vos schémas de comportement et influe sur
vos mécanismes corporels.
Accordez-nous un instant.
(Une longue pause à 23 h 47.) Chapitre suivant.
CHAPITRE 17

L’hypnose naturelle, la guérison et le


transfert de symptômes physiques à d’autres
niveaux d’activité.

(Une autre longue pause à 23 h 49. Le rythme de Jane s’est d’un seul
coup fortement ralenti. Mystérieusement, il lui faut plus de six minutes pour
donner le titre du chapitre 17.)
« L’hypnose naturelle, la guérison et le transfert de symptômes physiques
à d’autres niveaux d’activité », c’est le titre.
(23 h 55. Maintenant, son rythme commence à reprendre.)
Certaines personnes qui ont été malades pendant des années guérissent
d’un seul coup, et se lancent dans une grande activité humanitaire dans
laquelle elles oublient leurs propres problèmes et trouvent une stabilité
nouvelle. Il s’agit souvent d’un transfert symbolique des symptômes du
corps vers la structure sociale.
Je vais conclure. Je souhaitais simplement donner le titre et la direction.
(23 h 57. « Oui. »)
J’ai juste quelques mots pour Ruburt, ce sera court mais important…
(Cela constitue à peu près une demi-page, puis la session s’achève à
0 h 03. Jane est très surprise par le temps qu’il a fallu pour transmettre le
titre du chapitre 17. Elle ne peut donner aucune explication ; dans sa
transe, elle a seulement eu l’impression d’« un bref moment d’attente ».
À propos des notes qui se trouvent au début de cette session concernant
le travail nocturne de Jane sur le livre de Seth, la semaine dernière : cette
nuit, ce phénomène s’est reproduit lorsqu’elle s’est endormie après cette
session. Mais cette fois, elle a décidé de tenter une expérience. « Quand je
me suis réveillée, écrit-elle le lendemain matin, j’ai eu l’impression que je
“tenais” quatre ou cinq chapitres complets si, d’une façon ou d’une autre,
je pouvais les transcrire instantanément. Je me suis levée à 3 h 15 avec
l’intention de tout mettre par écrit – et je me suis aperçue que la plus
grande partie venait tout simplement de s’évaporer.
Le temps de m’asseoir à mon bureau, tous les détails subtils et la prose
soignée s’étaient évanouis. Il ne me restait que quelques idées.
Apparemment ce matériau doit être transmis dans le cadre de nos sessions
– ce qui le traduit automatiquement… ? »
Jane se retrouve avec environ une page de notes éparses et quelques
éventuels titres de chapitre. C’est malgré tout évocateur, bien qu’elle ignore
si Seth l’utilisera dans son livre : « Pour un chapitre sur le pouvoir :
chacun dispose, écrit-elle, de son propre “territoire psychique de pouvoir”
auquel il fait en sorte de ne pas renoncer… Il n’autorise aucune maladie,
aucune circonstance, à le remettre en question… Il vaut beaucoup mieux
penser en termes de pouvoir qu’en termes de manque – le pouvoir de la vie,
du mouvement, de la parole, etc. Les gens confondent cela avec le pouvoir
sur ce qui les entoure ou sur les autres, et se demandent ensuite pourquoi le
pouvoir sur quoi que ce soit ne fonctionne pas…
Pourtant, chaque individu doit réaliser qu’en fin de compte, il ne peut
abandonner le pouvoir dans un domaine sans… menacer, jusqu’à un
certain point, l’essence même de son pouvoir ou territoire psychique…
Croire en sa propre impuissance dans un domaine quel qu’il soit ouvre une
possibilité de même ordre dans d’autres secteurs – car cela agit comme une
suggestion négative. »
Et : « Un chapitre sur la “réalité personnelle effective” de chacun – qui
traite des intimes raisons d’être de la vie de chacun, des limites établies par
le corps dans sa condition de créature, et des choix que l’on fait avant de
naître concernant la santé ou la maladie, la pauvreté ou la richesse, les
capacités, etc. »
Puis : « La croyance et la foi peuvent, comme on dit, déplacer des
montagnes – mais peuvent aussi entraîner des catastrophes naturelles. »
Le lendemain, au petit-déjeuner, Jane et moi discutons de ce qu’elle a
écrit. Cela m’amène à lui lire mes notes sur ce que Seth a dit, de 23 h 25 à
23 h 47, à propos du rapport entre les croyances et le poids. Après le
déjeuner, Jane écrit spontanément le texte reproduit au paragraphe suivant.
Elle considère qu’il s’agit là d’un complément aux informations transmises
par Seth sur ce sujet. « Pendant que j’écrivais, je n’ai entendu aucune voix,
dit-elle ensuite. Je sentais que ces idées étaient insérées en moi, mais c’était
moi qui écrivais. » Ce texte est proche de la façon dont Seth l’aurait
présenté ; nous pensons qu’il découle sans doute des efforts de Jane, la nuit
dernière, pour voir le « travail » qu’elle pouvait faire par elle-même sur le
livre. Voici ce qu’elle a écrit :
« Travail à mon bureau sur le livre de Seth, jeudi 3 mai 1973, dans
l’après-midi :
Les régimes servent momentanément de signes extérieurs montrant que
vous contrôlez les choses et que vous savez prendre l’initiative. En tant que
tels, ils peuvent être importants. Mais en général, les régimes se succèdent
sans apporter le résultat escompté ; ils fonctionnent comme une suite de
suggestions négatives. La résistance présente résulte d’un conflit de
croyances. Vous pensez être trop gros et vous acceptez cela comme une
réalité. Face à cette certitude, les dispositions prises pour perdre du poids
ne veulent rien dire. Elles sont “irréalistes”, voire même impossibles à
tenir.
Il en va de même pour la maigreur. Dans les deux cas, l’obsession de la
balance devient un autre stimulus négatif qui accentue le problème. La
maigreur chronique résistera aux efforts des maigres pour manger plus,
comme l’obésité résistera aux efforts des gros pour manger moins. Et en
plus, des tendances inverses vont se manifester. Se concentrer sur une
restriction alimentaire, et la tension qui en résulte, risquent au contraire de
faire manger plus. Quant au maigre qui tente de s’alimenter davantage, il
risque de moins manger – se suralimenter étant vu comme une chose
impossible au regard de la croyance en la maigreur qui prédomine.
La meilleure chose à faire est de cesser tous ces efforts et de commencer
immédiatement à changer vos croyances, comme il est indiqué dans ce
chapitre.
Certaines thérapies de groupe parviennent à faire perdre du poids, au
moins temporairement, pour la raison suivante : elles mettent l’accent sur
la croyance en la valeur du moi. Malheureusement, on combat l’excédent
de poids comme étant “mal”, ou “mauvais” ; des valeurs morales
symboliques entrent en jeu. La thérapie a rarement d’effets à long terme
car, à partir de ce moment-là, tout gain de poids a une charge encore plus
négative.
La nuit dernière, j’ai aussi eu le sentiment que dans l’appendice – s’il y
en a un –, Seth pourrait ajouter des notes sur certains chapitres ou sur des
façons d’utiliser l’hypnose naturelle dans certains cas, ou bien encore sur
la manière de travailler sur les croyances, etc. »)

SESSION 661
LUNDI 7 MAI 1973

(Demain, c’est l’anniversaire de Jane…)


Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Je ne veux pas dire que tous les travailleurs sociaux sont mus par
des problèmes personnels. Mais il est tout à fait exact que nombre de
difficultés de cet ordre se transforment en défis avec un changement
d’attitude, et constituent ensuite des impulsions qui ont une incidence sur
les changements sociaux.
Dans ce cas-là, le problème est projeté à l’extérieur du moi et perçu
comme une condition externe sur laquelle il devient possible d’agir. Une
transformation « magique » est vraiment à l’œuvre. On ne doit cependant
pas prendre cela pour une déclaration selon laquelle tous les actes de
création seraient le fruit de problèmes ou de névroses individuelles. En
réalité, c’est exactement le contraire. Projeté à l’extérieur, un problème de
ce genre ne peut bien sûr jamais être vraiment résolu par l’individu puisque
son origine reste incomprise.
(21 h 45. Le téléphone sonne. Seth-Jane fait un geste dans sa direction.)
Faites comme vous voulez.
(Mais il n’y a qu’une seule sonnerie. Nous attendons un instant, puis
reprenons la session.)
Puisque la véritable source en demeure inconnue, aucune intervention
extérieure au niveau social ne sera suffisamment efficace et la personne
concernée verra son problème personnifié dans chaque situation. Elle ne
percevra même pas les progrès qui se produiront sur le plan social – ils lui
seront « invisibles ». Ils lui paraîtront infimes par rapport au problème.
Le même type de réaction se produit si vous vous concentrez sur une
maladie et que vous trouvez toute amélioration insignifiante parce que votre
attention est tellement focalisée sur les aspects négatifs.
Une conversion soudaine peut complètement débarrasser un individu de
ses symptômes physiques – n’importe quelle sorte de conversion. Sous ce
terme général, j’inclus un fort élan émotionnel et un engagement affectif
récent, une affiliation nouvelle ou un sentiment d’appartenance. Cela peut
concerner la religion, la politique, l’art ou simplement le fait de tomber
amoureux.
(Une pause.) Ici, le problème, quelle que soit sa nature ou sa cause, est
d’une façon ou d’une autre « magiquement » transféré vers un autre secteur
d’activité ; il est projeté hors du moi. D’énormes blocs d’énergie se
déplacent. L’homme qui se croyait mauvais peut à présent regarder le
monde – ou les personnes d’autres confessions ou appartenances
politiques – comme mauvais à sa place. Il se sent libéré du problème, et prêt
à le combattre chez les autres avec le sentiment d’être complètement dans
son droit et parfaitement justifié.
(21 h 55.) Je fais ici une distinction entre ce genre de conversion et une
authentique révélation mystique15, qui peut aussi survenir en un éclair.
L’éveil mystique ne fait cependant pas percevoir d’ennemi, il ne
s’accompagne d’aucune arrogance ou attaque et ne cherche aucune
justification.
(Une pause.) L’amour, tel qu’il est souvent vécu, permet à un individu de
recevoir temporairement d’autrui le sentiment de sa propre valeur, et de
laisser cette croyance de l’autre supplanter pour un temps le manque
d’estime qu’il ressent pour lui-même. Je fais encore une fois une distinction
entre ceci et un amour plus vaste, dans lequel deux personnes qui
connaissent leur propre valeur sont capables de donner et de recevoir.
(22 h 01.) Vous pouvez faire une pause ou apporter une bière à Ruburt
pendant que je le laisse en transe. C’est comme vous voulez.
(« Je vais chercher la bière », dis-je, puisque Jane est en forme et que
j’ai envie de continuer. En tant que Seth, Jane est calmement assise et
attend que je revienne de la cuisine.)
Encore une fois, vous faites votre propre réalité. Quand vous regardez le
monde, les groupements sociaux, les partis politiques, vos amis, votre
expérience personnelle – tout cela est attiré par vos croyances dans votre
sphère d’activité. L’hypnose naturelle, telle qu’elle a été expliquée dans le
chapitre précédent, vous amène à rechercher les situations qui confirment
vos croyances, et à éviter celles qui les menacent.
Vous tentez souvent de projeter un problème à l’extérieur pour vous en
libérer. Si vous agissez ainsi, le problème en question vous paraîtra toujours
en dehors de vous, impossible à résoudre et de proportions énormes.
Voyons la situation d’une femme, que je vais nommer Dineen, qui vit dans
l’ouest du pays et qui a téléphoné à Ruburt aujourd’hui ; voyons l’une des
situations fâcheuses qui peut se produire.
(Une pause.) Dineen est une femme cultivée d’une quarantaine d’années,
qui a plusieurs enfants déjà grands. Elle est financièrement à l’aise et
possède tout ce que l’argent peut acheter. Elle a appelé Ruburt pour
demander de l’aide, dans un état quasi frénétique – désespérée, disait-elle.
Comme elle lui avait écrit plusieurs fois, Ruburt connaissait sa situation.
Dineen était convaincue qu’on lui avait jeté un sort, qu’on l’avait
hypnotisée et qu’elle était dominée par quelqu’un.
Elle était allée de médium en médium, s’était essayée à l’écriture
automatique, voyant peu son mari qui, lui, était pris par ses affaires. Divers
« médiums » lui avaient prédit qu’elle enseignerait un jour la voyance et lui
avaient donné nombre de formules et techniques pour la protéger de
l’influence du « mal ».
(22 h 13.) Ruburt a très bien perçu le grand besoin qu’avait cette femme
d’un peu de piquant, d’initiative et d’excitation dans sa vie. Il était clair que
Dineen passait son temps seule dans sa belle maison, assise à ne rien faire ;
elle n’accomplissait aucun effort pour réellement sortir de cette situation et
comptait sur les autres pour le faire à sa place – ce qui renforçait bien sûr
son sentiment d’impuissance. Elle avait l’impression de n’avoir aucun
pouvoir sur le présent.
Il s’agit là de la forme d’abdication la plus grave, qui met en jeu aussi
bien votre nature spirituelle que biologique ; vous vous sentez alors
beaucoup plus pris au piège qu’un animal dans une situation extrême, et
vous vous refusez toute aptitude à agir. Le pouvoir retenu est alors
transféré. Dans le cas de Dineen, il était remis à autrui. Elle était incapable
de prendre des décisions, mais cette autre personne pouvait, par une
hypnose à distance, la contraindre à agir, qu’elle le veuille ou non.
Pourtant l’autre personne n’a aucun pouvoir que Dineen ne possède
également. (Une pause.) Cette femme croit profondément au bien et au
mal ; donc, convaincue qu’elle était à la merci de forces démoniaques, elle a
commencé à prier. Cependant, comme l’a fait remarquer Ruburt, les prières
ne constituaient qu’une piètre capitulation face à l’idée que le mal est très
puissant. Elles ne s’appuyaient nullement sur une vraie croyance en la force
du bien, mais seulement sur l’espoir superstitieux que, si les forces du mal
existaient, celles du bien devaient exister aussi.
Quand Dineen lui a parlé des communications automatiques, Ruburt lui a
expliqué qu’il s’agissait simplement d’éléments refoulés du subconscient
qui trouvaient là un exutoire. Ruburt a donc suggéré à Dineen de se mettre
en quête d’un travail, de cesser de consulter des médiums et d’assumer sa
propre individualité et la responsabilité de ses actes. Dineen croyait que les
autres se comportaient bizarrement à son égard parce qu’ils avaient tous été
hypnotisés en ce sens. Si quelqu’un la regardait de travers, c’était à cause
d’une suggestion sous hypnose. Tout ceci peut paraître étrange à certains
d’entre vous, et bien trop réel à d’autres, mais chaque fois que vous
attribuez des causes extérieures à des éléments de votre expérience, vous
faites exactement la même chose que cette femme.
Elle pensait que certains rituels ou certains aliments la protégeaient de
cette suggestion hypnotique néfaste. Beaucoup d’entre vous prennent des
vitamines, convaincus que cela va les protéger d’un certain nombre de
maladies. À l’intérieur de son système de croyances, Dineen agissait de
façon tout à fait rationnelle – et dans votre système de croyances, vous
faites la même chose.
Vous êtes convaincu de la réalité de la maladie. Elle n’est peut-être pas
« prête à vous sauter dessus » aussi brutalement que le mal qui, selon
Dineen, était supposé la menacer, mais le problème est le même.
(22 h 29.) Si vous croyez que vous allez attraper un rhume chaque fois
que vous êtes exposé à un courant d’air, cela relève de l’hypnose naturelle.
Si vous pensez que vous devez aller et venir selon les directives de chacun,
vous êtes comme Dineen qui croit devoir se plier à tout ce que cet
« hypnotiseur » lui dit de faire. Cette femme a abandonné la responsabilité
de toute action ou initiative ; mais comme il faut bien agir, elle en a reporté
les raisons sur quelqu’un d’autre. Ruburt le lui a signalé aussi. Lorsque
Dineen lui demandait conseil, Ruburt a justement répondu : « Vous devez
apprendre à ne plus dépendre des autres et faire appel à votre bon sens.
Arrêtez de vous servir d’un symbole contre un autre et examinez votre vie
et vos croyances. »
Vous pouvez donc projeter vos dilemmes ou vos aptitudes vers
l’extérieur, vers d’autres secteurs d’activité, mais, tant que vous ne réalisez
pas que vous formez votre réalité et que votre pouvoir réside dans l’instant
présent, vous ne pourrez pas résoudre vos problèmes ni utiliser
convenablement vos forces.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22 h 36 à 22 h 49.)
Maintenant. Dineen a soigneusement choisi le territoire dans lequel ses
aventures se déroulent. Depuis quelque temps, comme ses enfants sont
grands, elle se sent seule, inutile et se voit dénié le cadre d’action vitale
dans lequel elle s’occupait jusqu’alors de sa famille. Toute l’énergie de son
être, qu’elle consacrait auparavant à ses enfants, n’a plus de débouché.
Bien que difficile, sa vie est à présent excitante. Elle est une héroïne qui
se bat au milieu des forces cosmiques du bien et du mal, et qui a
suffisamment d’importance pour que quelqu’un veuille la tenir en son
pouvoir. Les animaux eux-mêmes ont cet appétit de vivre et recherchent des
stimuli ; Dineen exprime donc ainsi, bien que de façon peu judicieuse, un
besoin certain de son être.
Ruburt lui a également suggéré d’aller voir un conseiller mais, tant que
Dineen n’est pas prête à changer ses croyances pour d’autres lui permettant
de tenir compte de ses propres aptitudes, elle sera en difficulté.
Physiquement, cette femme est en excellente santé et très séduisante. Elle
n’a pas opté pour une situation risquant de mettre sa santé ou sa beauté en
péril. Elle s’est aussi abstenue de toute relation sexuelle en dehors du
mariage. Elle a choisi l’univers psychique au départ parce qu’elle le
percevait comme un monde sortant de l’ordinaire et plein de mystères.
Toutes les difficultés qu’elle pourrait y rencontrer auraient automatiquement
un côté glamour et distingué. Plus ceux qui partageaient ses croyances la
rassuraient, plus elle s’est impliquée profondément.
(22 h 59. Remarquez à présent comment Seth commence à développer
une partie du matériau que Jane a reçu durant son sommeil, après la
dernière session. Voir les notes de Jane à la fin de la session 660.)
Chaque individu a ce que j’appellerais un territoire psychique de pouvoir.
Il s’agit d’un espace inviolé dans lequel chaque personne revendique sa
suprématie et est consciente de son caractère unique et de ses capacités.
Cette région psychique, qui doit être protégée à tout prix, bénéficie d’une
immunité contre toute forme de maladie ou de manque. D’autres zones de
la psyché peuvent servir de champ de bataille pour des problèmes, mais nul
ne va vraiment se sentir menacé de façon cruciale tant que ce territoire
primordial reste intact.
Dineen a beau parler de désespoir, elle a choisi sa zone de conflit. Elle
évite tout ce qui pourrait la défigurer ou entraîner un grave problème de
santé, ce qui représenterait pour elle un danger beaucoup plus grand. Une
personne ayant d’autres traits de caractère peut faire le choix de conserver –
disons – inviolées, les qualités de son esprit, et se créer des défis à travers
une maladie corporelle. Une autre peut opter pour le dénuement le plus
strict et projeter dans cette situation ses propres conflits non résolus. Une
autre encore peut choisir l’alcoolisme.
Toutes ces personnes risquent d’éprouver un sentiment de panique si un
analyste, ou un ami, tente de déplacer le conflit vers un autre domaine. Un
alcoolique, par exemple, est bien habitué au champ de bataille qu’il a
choisi. Un malade, soudain bien portant, doit faire face aux dilemmes qu’il
ignorait auparavant ou qu’il personnifiait sous les traits d’une maladie.
Privée du contexte qu’elle s’est donné, Dineen devrait faire face aux
questions qu’elle y a projetées. Mais toutes les difficultés intérieures
peuvent être résolues si vous comprenez que vous formez votre propre
réalité et que votre point de pouvoir se situe dans le présent (avec
insistance).
(23 h 09.) L’habitude de ne pas regarder en face les problèmes – les
défis – peut devenir une addiction. Un sentiment d’impuissance dans un
domaine peut être transféré à d’autres. Quand cela se produit avec
l’hypnose naturelle, alors même le territoire psychique de pouvoir peut être
assailli. L’individu est totalement ébranlé et menacé, et il réalise, pour la
première fois peut-être, la nature de sa croyance et sa situation fâcheuse. Ici,
la vie et la mort luttent avec créativité. Certaines guérisons miraculeuses, ou
des réorientations complètes à l’âge de la maturité, peuvent en résulter.
Tout ceci est intimement lié à votre structure biologique, dont le rôle est
de s’adapter aux interprétations de la réalité faites par l’esprit conscient.
Accordez-nous un instant…
(23 h 14. Pendant plus d’une minute, Jane reste tranquillement assise en
silence.)
Comme je l’ai déjà dit, vos pensées sont une réalité. Elles influent
directement sur votre corps. Vous semblez être des gens très civilisés car
vous placez vos malades dans des hôpitaux où ils peuvent être pris en
charge. Ce que vous faites, bien sûr, c’est d’isoler un groupe de personnes
pleines de croyances négatives à l’égard de la maladie. La contagion de ces
croyances se répand. Les patients sont évidemment à l’hôpital parce qu’ils
sont malades. Médecins et malades fonctionnent selon ce même principe.
(Voir la session 659, chapitre 16 ; elle contient d’autres références sur ce
sujet.
Avec beaucoup d’insistance, tout du long.) Les femmes qui mettent au
monde des enfants sont placées dans le même environnement. Cela peut
vous sembler très humain, et pourtant le système tout entier est structuré de
telle façon que l’enfantement ne semble pas être le fait de la bonne santé
mais de la maladie.
Ces organisations font obstacle aux stimuli liés à la santé. Les malades
sont regroupés et se voient refuser toutes les conditions habituelles et
naturelles qui étaient les leurs, y compris les motivations compensatrices
qui, à elles seules, suffiraient parfois à rétablir la santé si on leur en
donnait le temps.
Cet isolement serait déjà suffisamment regrettable si l’on n’y ajoutait en
plus l’absorption de médicaments qui sont censés apporter leur aide, mais
qui sont souvent administrés sans discernement. La visite des êtres aimés
est restreinte à certaines conditions spécifiques, si bien que ceux qui
souhaitent le plus que le malade se rétablisse, ceux qui l’aiment et sont le
plus proches de lui, se voient refuser très efficacement la possibilité
d’apporter toute contribution naturelle constructive.
(23 h 23.) Dans la pratique, les malades sont mis en prison. On les oblige
à se focaliser sur leur état. Tout cela sans compter les autres conditions
déshumanisantes telles que la surpopulation, le déni de toute intimité et
souvent de toute dignité.
On amène l’individu à se sentir impuissant, à la merci des médecins et
des infirmières qui ont rarement le temps ou l’énergie d’avoir un contact
vraiment humain ou d’expliquer son état au malade en des termes qu’il
puisse comprendre. Ce dernier est donc forcé de transférer aux autres le
sens de son propre pouvoir, ce qui accroît encore sa détresse et renforce le
sentiment d’impuissance à l’origine de sa situation.
En outre, les éléments naturels que sont le soleil, l’air et la terre lui sont
refusés, ainsi que les repères stables qui lui sont familiers. Cependant, avec
les croyances qui sont maintenant les vôtres, en cas de situation grave vous
êtes plus ou moins obligé d’aller à l’hôpital. Je ne suis pas en train de dire
ici que de nombreux docteurs et infirmières ne font pas de leur mieux pour
encourager la guérison, et d’ailleurs des guérisons se produisent – mais
elles surviennent malgré le système, et non pas grâce à lui. Dans bien des
cas, le fait qu’un médecin croit en un malade dynamise ce dernier et ravive
chez le patient la croyance qu’il a en lui-même. La confiance qu’il accorde
à son médecin va renforcer tout le processus médical et le malade va alors
avoir foi en son rétablissement. Mais de même qu’il existe un processus
naturel de guérison chez les animaux, il y en a un pour votre espèce.
(23 h 32.) En général, les maladies représentent des problèmes auxquels
on n’a pas fait face, en vos termes, et ces dilemmes concrétisent des défis
destinés à vous amener à une réalisation et à un accomplissement plus
grands. Comme le corps et l’esprit fonctionnent si bien ensemble, l’un va
tenter de soigner l’autre, et il va souvent y parvenir si on le laisse faire.
L’organisme a ses propres croyances en la santé, qui sont inconscientes
chez vous.
Vous faites partie de votre environnement. Vous le formez. L’énergie qui
vous forme ainsi que votre environnement jaillit en chacun de vous, pleine
de vie, à travers votre rencontre avec le monde physique. Le soleil vous fait
sourire. Ce sourire lui-même active des souvenirs agréables, des connexions
neurologiques, un mécanisme hormonal. Cela vous rappelle votre condition
de créature.
Les vieux sorciers guérisseurs opéraient au sein de la nature, en faisant
appel à sa grande capacité de guérison et en orientant de manière créative
ses qualités pratiques et symboliques.
(Une pause.) Dans vos hôpitaux cependant, vous sortez vos patients de
leur environnement naturel et vous leur refusez souvent le réconfort de leur
condition de créature. La dimension émotionnelle n’est pratiquement pas
prise en compte. (Une longue pause.) Dans leur effort pour s’enfuir des
chambres de sanatorium où elles sont cloîtrées, les personnes séniles font
souvent preuve, à leur manière, de beaucoup plus de bon sens que leurs
proches ou la société qui les y a emprisonnées. Car elles reconnaissent
intuitivement le besoin d’être libres et ressentent le manque de communion
mystique avec la terre, qu’on leur refuse. (Voir la session 650, chapitre 13.)
De petits hôpitaux, situés au milieu de grands espaces, où, mis à part les
personnes alitées, chacun pourrait avoir une activité physique, seraient bien
préférables à ce que vous avez actuellement. Mais dans votre société telle
qu’elle est organisée, ce type d’environnement n’est possible que pour les
plus fortunés.
Voulez-vous faire une pause ?
(« Oui, je crois. »
23 h 44. Cette pause a lieu uniquement pour que je puisse me reposer.
Pendant sa transe, Jane a réalisé que Seth était en train de développer
quelques-unes de ses « propres » données, que nous avons exposées à la fin
de la session précédente. C’est là l’une de ces occasions où Jane se trouve
dans un excellent état de dissociation, et où son énergie et le matériau
qu’elle transmet semblent inépuisables. Son débit est, dans l’ensemble, plus
rapide que d’habitude, très concentré et animé.
Je lui lis certains éléments. Nous avons de nombreuses questions mais
décidons de ne pas interférer avec le cours de la session. Reprise à
23 h 55.)
Chez de nombreuses espèces animales vivant en groupe, la bête malade
s’isole pour se reposer pendant un certain temps, durant lequel elle a aussi
tout le loisir de rechercher les conditions naturelles les plus propices à sa
guérison. L’animal se déplace afin de trouver certaines herbes, ou se couche
dans la boue ou l’argile au bord de certaines rivières. Souvent, ceux de son
clan lui viennent en aide, mais il est libre.
Il arrive qu’il soit tué par ses congénères et, lorsque cela se produit, ce
n’est pas par cruauté mais parce que ceux-ci comprennent de façon innée
que cette créature est incapable désormais de vivre sans grande souffrance.
Il s’agit là d’une euthanasie parfaitement naturelle qui a l’approbation du
« patient » également. Dans votre société, une mort naturelle de ce genre est
extrêmement difficile et, du fait des structures au pouvoir, elle est rarement
encouragée. Pourtant, nulle personne ayant décidé de mourir ne peut en être
empêchée par le corps médical. À des niveaux plus profonds, le désir tout à
fait normal de survivre exige que l’individu quitte son corps, en vos termes,
à un moment ou à un autre. Quand ce moment arrive, la personne le sait et
la grande vitalité de l’esprit ne veut plus être enfermée dans un corps qui
souffre.
Ici, pourtant, la profession médicale veille souvent à ce que tous les
progrès technologiques soient mis en œuvre pour obliger le moi à demeurer
dans sa chair, alors que l’âme et la chair se sépareraient tout naturellement.
Il y a des mécanismes naturels qui s’enclenchent pour préparer le moi à la
mort, et même des interactions chimiques qui la rendent physiquement plus
facile – des coups d’accélération, en vos termes, qui propulsent facilement
l’individu hors du corps. Les médicaments ne peuvent qu’entraver ces
processus.
Certaines formes de médication peuvent effectivement aider, mais les
traitements administrés dans vos hôpitaux ne font que stupéfier la
conscience, qui ne se comprend plus elle-même, et inhiber les mécanismes
du corps qui servent à faciliter la transition. Dans vos prisons, vous faites la
même chose bien sûr, en isolant des groupes de personnes qui ont des
croyances de même type – vous leur refusez tous les stimuli naturels, si bien
que la contagion des croyances semblables est encore plus importante. Vous
coupez ces personnes du contact normal avec ceux qu’elles aiment et de
toutes les conditions habituelles permettant d’évoluer et de croître.
Maintenant. C’est la fin de la session. Dites à Ruburt de continuer à
travailler sur ce livre pendant son cours, comme il le fait. Mes salutations
les plus chaleureuses à vous deux et je vous souhaite un cordial bonsoir.
(« Merci beaucoup, Seth. Bonne nuit. » 0 h 07.)

SESSION 662
MERCREDI 9 MAI 1973

(21 h 40.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. Qu’ils soient en prison ou au-dehors, la plupart des
criminels partagent un sentiment d’impuissance et, de ce fait, du
ressentiment. Ils cherchent donc à se rassurer sur leur propre force en
commettant des actes antisociaux, souvent violents.
Ils désirent être forts tout en se croyant faibles, et ils ont été conditionnés
– et se sont conditionnés eux-mêmes – à croire qu’ils doivent se battre pour
obtenir quelque chose. L’agression devient une méthode de survie. Comme
ils croient tellement à leur relative impuissance et au pouvoir des autres, ils
se sentent contraints de commettre des actes d’agression pour prévenir une
violence plus grande qu’on leur ferait subir.
Ils se sentent isolés et seuls, incompris et pleins d’une rage qu’ils
expriment constamment – dans de nombreux cas, mais pas dans tous – par
une succession régulière de délits mineurs contre la société. Et cela que des
crimes majeurs soient commis ou non ; la simple expression de l’agressivité
n’arrange donc rien si celle-ci n’est pas accompagnée de compréhension.
Dans le cas des criminels et de leurs systèmes de croyances, l’agression a
une valeur positive. Elle devient une condition de survie. D’autres traits de
caractère susceptibles d’atténuer ce type de comportement sont minimisés
et peuvent être perçus comme dangereux par ces individus. Ils croient…
(21 h 52. Le téléphone sonne.)
Faites comme vous voulez.
(Je réponds pendant que Jane sort de transe. L’appel est pour elle ; c’est
une de ses amies qui vit à New York. Elles parlent aussi de questions
professionnelles, et leur conversation se poursuit jusqu’à 22 h 47. Nous ne
reprenons pas la session, ce qui en fait l’une des plus courtes, bien que je
me souvienne [sans avoir vérifié] d’une session spontanée encore plus
brève, le jour de Noël, il y a plusieurs années…
C’est une bonne occasion pour décrire le dernier « truc psychédélique »
de Jane : c’est ainsi qu’elle nomme la dernière expérience qu’elle a eue
dans un état modifié de conscience. Heure : vendredi 11 mai vers minuit et
demi ; lieu : devant la porte de l’un des lieux où nous aimons le plus aller
danser, à quelques pâtés de maisons de chez nous, sur Water Street.
Dès que nous en sommes sortis, Jane s’est mise à parler de la beauté
surnaturelle de cette nuit chaude. Nous marchions vers la voiture, une pluie
fine venait de tomber et tout paraissait neuf et lavé. Il m’a donc fallu
quelques minutes avant de réaliser que ses perceptions allaient bien au-
delà de cette impression de fraîcheur. Elle a commencé à s’arrêter de temps
à autre, s’extasiant devant tout ce qui, dans cet environnement, nous est
bien sûr très familier : le mouvement des voitures, les lumières de la rue et
les enseignes au néon, les édifices eux-mêmes, et la rivière Chemung qui,
derrière sa digue, coulait discrètement près du centre commercial que nous
venions de quitter.
« J’ai soudain été emportée par une joie légère, écrivit Jane le matin
suivant. Les couleurs de la nuit m’ont quasiment clouée sur place. Elles
étaient si brillantes, si luisantes, si spectaculaires… C’était la première fois
que j’avais ce genre d’expérience dehors, en marchant. Je sentais mon
corps bouger plus vite, plus facilement, plus librement. Tout était immédiat.
J’étais si joyeuse que j’ai mis du temps à m’endormir. Plus tard, j’ai
regretté de ne pas avoir demandé à Rob de m’emmener faire un tour en
voiture pour prolonger ça, mais nous n’y avons pensé ni l’un ni l’autre sur
le moment… »
Pour d’autres notes relatives à des expériences que Jane a eues dans des
états modifiés de conscience, voir la session 645, chapitre 11, et la
session 653, chapitre 13.)

SESSION 663
LUNDI 14 MAI 1973

(21 h 09)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. (Une pause.) Je remets en place les boucles de
Ruburt…
(En tant que Seth, Jane replace ses cheveux derrière ses oreilles. Ils
tombaient en avant chaque fois qu’elle baissait la tête.)
Vous isolez donc les criminels dans un environnement où toute
compensation leur est refusée. Tout l’agencement d’une prison – avec ses
barreaux – est pour le détenu un rappel constant de sa situation et renforce
sa difficulté initiale.
Toute vie familiale normale lui est refusée ; non seulement tout est centré
sur le problème en question mais, en plus, les autres stimuli sont à dessein
réduits au minimum. À leur façon, gardiens et surveillants souscrivent au
même ensemble de croyances que les prisonniers – l’idée de force et de
pouvoir est accentuée des deux côtés et chacun croit que l’autre est son
ennemi.
Les gardiens sont convaincus que les personnes incarcérées sont la lie de
la terre et qu’il faut les soumettre à tout prix. Les deux camps acceptent
l’idée que l’agression et la violence sont un moyen de survie. On emploie
en général l’énergie des détenus à des tâches ennuyeuses et inoffensives,
même s’il existe des tentatives, dans certaines institutions carcérales, pour
pourvoir à des formations professionnelles et techniques.
Prisonniers et fonctionnaires sont néanmoins persuadés que la plupart de
ceux qui sont actuellement derrière les barreaux y reviendront à de
nombreuses reprises. Les détenus projettent leurs problèmes personnels sur
la société. La société leur rend la « politesse ». D’une manière semblable,
des individus considèrent souvent que certains traits de leur caractère
relèvent de l’animalité ou du mal et tentent de les isoler des autres domaines
de leur activité. Le pouvoir, ou le manque de pouvoir, et les attitudes qui en
découlent entrent souvent en ligne de compte.
Souvenez-vous du cas d’Auguste, dont nous avons déjà parlé dans ce
livre. (Voir chapitre 6 et la session 633, chapitre 8.) Cet homme se sentait
impuissant et n’envisageait le pouvoir qu’en termes d’agression et de
violence. Il avait donc dissocié cette partie de lui-même et l’avait projetée
dans un « second moi ». C’est seulement lorsque ce second moi entrait en
action qu’Auguste pouvait se montrer fort. Mais étant donné qu’à la base, il
concevait l’agressivité et le pouvoir comme ne faisant qu’un, la force d’agir
signifiait automatiquement la force d’être agressif. Et ici, l’agressivité était
synonyme de violence.
(21 h 24.) Il s’agissait, en quelque sorte, d’un transfert de problème,
opéré de façon très particulière. Le besoin d’agir et de contrôler l’action est
primordial chez les êtres conscients. Auguste créait donc réellement, à
partir de lui-même, une position de pouvoir d’où il pouvait, au moins pour
un temps, agir. Il lui fallait prétendre être amnésique pour se cacher à lui-
même ce mécanisme. Tant que vous assimilez le pouvoir à la violence, vous
allez éprouver le besoin de réguler l’agressivité normale de votre
comportement ; considérant le pouvoir comme de la violence, vous aurez
peur d’agir. Vous allez considérer que la bonté et l’impuissance sont en
quelque sorte synonymes, et assimiler la force au mal. Refusant de voir ce
« mal » en vous, vous allez peut-être le diriger vers l’extérieur et le
transférer à un autre domaine.
En tant que société, vous pouvez projeter ce mal sur les criminels, en tant
que nation sur un pays étranger. En tant qu’individu, vous pouvez attribuer
ce pouvoir à un employeur, à un syndicat, ou à une autre partie de la
société. Quel que soit le domaine que vous aurez choisi, vous vous y
sentirez en position de faiblesse par rapport à la force que vous avez
projetée à l’extérieur. Chaque fois que vous vous trouvez dans une situation
où vous vous sentez faible face à une autre personne ou à une situation qui
vous effraie, vous rencontrez, voyez-vous, votre propre pouvoir, celui que
vous vous êtes refusé.
(21 h 33. Cette fois encore, Seth développe le matériau que Jane a écrit
aux petites heures du matin, le 3 mai, après que celui-ci lui ait été transmis
durant son sommeil. Voir ses notes à la fin de la session 660 dans ce
chapitre.)
Fondamentalement, le pouvoir n’implique pas une supériorité sur quoi
que ce soit. Il y a par exemple le pouvoir de l’amour, et le pouvoir d’aimer
– qui supposent tous deux action et vitalité, ainsi qu’un élan agressif qui n’a
rien à voir avec la violence. Pourtant, nombreux sont ceux qui ressentent
des symptômes physiques ou qui supportent des situations déplaisantes
parce qu’ils ont peur d’utiliser leur pouvoir d’action, pouvoir qu’ils
assimilent à l’agressivité – ce qui pour eux signifie la violence. (Voir la
session 634, chapitre 8.)
De tels sentiments soulèvent une culpabilité artificielle. (Avec des gestes.)
L’individu qui défend le plus la peine de mort est celui qui a le sentiment
qu’en réalité, il devrait lui-même être condamné à mort pour toute
l’agressivité (la violence) qu’il porte en lui et qu’il n’a jamais osé exprimer.
Le criminel ou le meurtrier que l’on exécute meurt donc pour le « mal »
qui habite chacun des membres de sa société ; un transfert magique a lieu.
(Une pause.) L’amour est propulsé par tous les éléments de l’agressivité
naturelle et l’amour est puissant ; toutefois, comme vous avez établi ces
séparations entre le bien et le mal, il semble que l’amour soit faible et la
violence forte. Cela se répercute dans vos activités à de nombreux niveaux.
Le « diable » devient par exemple une puissante incarnation du mal. (Avec
insistance.) La haine est perçue comme étant beaucoup plus efficace que
l’amour. Dans votre société, on enseigne au mâle à personnifier
l’agressivité par toutes sortes d’attitudes antisociales que, d’ordinaire, il ne
peut manifester. L’esprit criminel les exprime à sa place, d’où l’attitude
ambiguë de la société qui a tendance à voir les renégats de façon
romanesque.
Le policier et le criminel portent des versions du même masque. En allant
plus loin dans ce sens, on en arrive à des ségrégations dans lesquelles les
malades, qui sont impuissants, sont isolés ; les criminels sont enfermés
ensemble ; et les vieux sont cloîtrés avec d’autres vieux dans des
institutions ou dans des ghettos culturels. Les transferts de problèmes
personnels entrent tous en ligne de compte ici, ainsi que les grappes de
croyances.
(Une longue pause à 21 h 46.) L’élément criminel représente l’agressivité
qui est propre à l’individu mais dont il a peur, et qu’il ne veut pas regarder
en face. Ces peurs, chaque individu les enferme au fond de lui, et ceux qui
les expriment dans la société sont emprisonnés. L’incarcération forcée des
hommes violents mène souvent à des émeutes, et l’enfermement individuel
de l’agressivité normale conduit fréquemment à des insurrections
psychologiques et des déchaînements de symptômes physiques.
Dans tous les cas, peu d’efforts sont faits pour comprendre les problèmes
de fond qui se trouvent en dessous, et les ségrégations d’ordre social ne font
qu’accroître la pression, si bien que ceux qui ont ce genre de croyances sont
maintenus dans des conditions qui ne font que perpétuer ces causes
fondamentales.
Sans le savoir, les malades abandonnent souvent à leurs médecins leur
pouvoir d’agir de façon propice à leur santé. Ces derniers acceptent ce
mandat puisqu’ils partagent le même schéma de croyances ; si bien que le
corps médical a évidemment autant besoin des patients que les malades ont
besoin des hôpitaux. Ne comprenant pas la vraie nature de l’agressivité, la
société, telle que vous la connaissez, la perçoit comme violente. Les prisons
et les services chargés de faire respecter la loi ont besoin des criminels, tout
comme les seconds ont besoin des premiers, car tous agissent à l’intérieur
du même système de croyances. Les uns et les autres acceptent la violence
comme mode de comportement et de survie (Une pause.) Si vous ne
comprenez pas que vous créez votre propre réalité, vous risquez d’attribuer
tout ce qui va bien à un dieu personnifié et d’avoir besoin de l’existence
d’un diable pour expliquer les évènements indésirables. De la même façon,
les Églises, telles qu’elles existent aujourd’hui dans la société occidentale,
ont autant besoin d’un diable que d’un dieu.
L’agression naturelle est simplement le pouvoir d’agir.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22 h 00 à 22 h 21.)
Votre propre attitude par rapport à ces problèmes vous en dit beaucoup
sur vous-même et influe sur votre réalité personnelle.
Si vous assimilez la force à la jeunesse, alors vous isolez les vieux et
rejetez sur eux le sentiment de votre propre impuissance, et ils vous
semblent constituer une menace pour votre bien-être. Si vous pensez que la
violence est synonyme de pouvoir, vous allez punir les criminels avec un
sentiment de vengeance, car vous allez voir la vie comme une lutte de
pouvoir et focaliser votre attention sur les actes de violence dont vous lisez
le compte-rendu. Cela peut amener ces comportements dans votre vie, de
sorte que vous vous retrouviez confronté à la violence – ce qui aura pour
effet de renforcer votre conviction. (Une pause.) Si vous acceptez l’idée
fondamentale que le mal est plus fort que le bien, vos actes bénéfiques ne
vont guère porter fruit, du fait même de ce schéma de pensée ; vous
accordez si peu de pouvoir à leur effet.
Il existe de nombreuses croyances subsidiaires reliées à ces convictions.
Elles peuvent toutes contribuer à ce que vous vous refusiez à vous-même
d’utiliser vos capacités – et cela va à son tour vous amener à les projeter à
l’extérieur, sur d’autres.
Si vous acceptez, par exemple, l’idée que la connaissance est
« mauvaise », alors conformément à cette croyance tous vos efforts pour
apprendre seront vains ou vous causeront des désagréments. Vous n’aurez
pas confiance dans le savoir facilement acquis, car vous aurez le sentiment
qu’il faut payer, qu’il faut faire pénitence pour obtenir un peu de sagesse.
Des interprétations fondamentalistes de la Bible conduisent souvent à
pareilles conclusions, si bien que la quête de la connaissance elle-même, qui
correspond à une impulsion biologique innée, devient une activité taboue.
Dès lors, vous devez projeter la sagesse sur d’autres et rejeter celle qui
est en vous, ou faire face à un dilemme de valeurs personnelles.
(Une longue pause à 22 h 36.) Au cours des âges, les moines, les prêtres
et les institutions religieuses ont été séparés du reste de l’humanité. On les a
tour à tour respectés et craints, aimés et haïs. On leur a envié leur
connaissance, tout en la considérant avec un respect mêlé de crainte
superstitieuse.
Sorcier vaudou, guérisseur, homme-médecine et prêtre sont tous honorés,
mais également considérés avec une certaine terreur du fait du pouvoir et de
la connaissance en jeu. Pour beaucoup, l’homme qui guérit et l’homme qui
jette un sort relèvent l’un et l’autre du pouvoir de la connaissance. Pour les
personnes qui sont séduites par les idées fondamentalistes en termes pieux,
le pouvoir religieux est effrayant. L’agressivité naturelle, perçue comme
relevant du mal, est enfermée à l’intérieur du moi – et vue, à l’extérieur,
tout autour de soi. Point.
(Une pause.) Certains individus compartimentent artificiellement leur vie
en différents secteurs : dans les uns, il leur est possible d’agir en toute
sécurité, alors que les autres sont considérés comme dangereux. Si vous
croyez par exemple que c’est mal d’être riche, vous vous privez
automatiquement de toute aptitude susceptible de vous apporter la richesse.
Vous pouvez inhiber des talents que vous jugez bons en eux-mêmes,
simplement parce que leur donner libre cours risquerait d’entraîner une
réussite financière.
(22 h 46.) Vos croyances ont donc une importance extrême dans la façon
dont vous gérez votre pouvoir d’action personnelle.
L’utilisation de votre énergie privée vous met en relation intime avec
votre propre source de pouvoir. La guérison exige de grandes poussées
naturelles et agressives d’énergie, une croissance et une focalisation sur la
vitalité. Plus vous vous sentez impuissant, moins vous êtes capable de faire
appel à vos propres facultés de guérison. Vous êtes alors obligé de les
projeter au-dehors, sur un médecin, un guérisseur ou n’importe quel
organisme extérieur. Si votre croyance dans le médecin « fonctionne » et
que vos symptômes disparaissent, vous êtes physiquement soulagé, mais
cela risque de réduire encore votre foi en vous-même. Si vous ne faites
aucun effort efficace pour prendre en main vos problèmes, les symptômes
vont simplement réapparaître sous une autre forme et le même processus va
recommencer. Vous pouvez ne plus avoir foi en votre docteur tout en
continuant à placer votre confiance dans les médecins en général, et passer
de l’un à l’autre.
Mais le corps a sa propre intégrité et, souvent, la maladie n’est qu’un
signe naturel de déséquilibre, un message physique que vous devez écouter
de façon à pouvoir procéder aux ajustements nécessaires.
Quand ces rééquilibrages sont toujours faits de l’extérieur, la cohérence
innée du corps est compromise et sa relation intime avec l’esprit devient
confuse. En outre, ses facultés naturelles de guérison s’émoussent. Le
déclenchement inné des réactions qui sont censées répondre aux stimuli
intérieurs est au lieu de cela activé par des moyens « extérieurs ».
La confiance de l’individu est de plus en plus transférée vers un système
extérieur. Cela signifie en général qu’aucun temps n’est accordé aux
nécessaires dialogues intérieurs où l’on s’interroge sur soi-même ;
l’autoguérison qui pourrait en résulter est plutôt amenée par la croyance en
quelqu’un d’autre. Cela ne peut évidemment durer qu’un temps.
(22 h 59.) Ce que je dis là concerne essentiellement la culture
occidentale. Dans certaines civilisations, et en particulier dans ce que vous
considérez comme le passé, les sorciers guérisseurs pratiquaient à
l’intérieur d’un cadre naturel accepté par tous. Tout en activant des forces
naturelles au nom des patients qui semblaient momentanément incapables
de le faire eux-mêmes, ils ramenaient ces derniers à leurs propres sources et
ravivaient le sentiment enfoui de leur propre pouvoir. Là se trouve la source
de la vie physique – le sentiment de pouvoir et d’action. Quand un homme
ou une femme a le sentiment d’être dépourvu(e) de pouvoir, au sens où
vous l’entendez, il ou elle va mourir.
Encore une fois, le point de pouvoir se situe dans le présent, quand votre
moi non physique fusionne avec votre réalité corporelle. La reconnaissance
de ce simple fait peut revitaliser votre vie.
Vous pouvez faire votre pause ou terminer la session, comme vous
préférez.
(« Alors, faisons une pause. »
De 23 h 05 à 23 h 19.) En vos termes, vous êtes une espèce en évolution.
Une partie de cette expérience comporte une fascination naturelle pour les
évènements extérieurs. Vous êtes en train de développer des propriétés de la
conscience qui, à leurs façons, sont uniquement vôtres, comme l’est votre
environnement. Une focalisation importante est une contrepartie nécessaire,
puisque vous êtes engagés dans un processus d’apprentissage dans lequel
tous les éléments inhérents à la situation sont explorés.
Tout au long de cette entreprise, vous restez cependant, dans le rêve,
toujours en contact avec les réalités d’où émerge votre expérience physique.
Avec le temps, tel que vous le concevez, vous serez un jour capable de faire
fusionner votre compréhension intérieure et votre moi physique, et de
former ainsi votre monde de façon consciente. Des manuscrits comme le
mien sont destinés à vous aider à faire précisément cela.
Plus vous vous impliquez dans des structures physiques complexes, plus
vous projetez d’énergie vers l’extérieur et plus les manifestations
« extérieures » vous envoûtent. En soi, il s’agissait là – il s’agit – d’une
méthode naturelle d’apprentissage. Votre vie intérieure est traduite en réalité
corporelle. En la percevant et en ayant des rapports avec elle, vous
commencez à vous interroger d’abord sur son origine, puis sur son sens.
(Une pause.) Cela vous ramène à vous-même et à une reconnaissance de
vos propres capacités. Ce que vous créez maintenant inconsciemment, votre
espèce le créera consciemment. Les facultés infinies de la conscience
s’individualisent et se focalisent sur une réalité particulière qui, ensuite,
s’élargit. Vos propres créations temporelles augmentent les capacités grâce
auxquelles vous les avez réalisées. Vous apprenez par vos créations.
L’esprit, tel qu’il est orienté physiquement, utilise les plus vastes sources de
pouvoir et d’énergie, ainsi que les aspects innombrables de la créativité, si
bien que chaque jour physique est en effet absolument unique. Vous ne
pouvez par conséquent attendre d’aucun élément de votre environnement
qu’il demeure statique, et votre corps est dans un état de fluctuation et de
changement constant.
(23 h 35.) Votre structure sociale, des plus grandes métropoles jusqu’à la
plus petite ferme, des quartiers les plus riches aux ghettos les plus pauvres,
des monastères aux prisons, reflète la situation intérieure du moi individuel
et les croyances personnelles de chacun.
Si vous utilisez correctement le point de pouvoir (tel que décrit dans la
session 657, chapitre 15), vous allez sentir l’énergie non physique se
traduire en pouvoir personnel dans votre croisement avec la chair. Vous
serez capable d’utiliser ce pouvoir, consciemment, intentionnellement, pour
changer votre expérience personnelle, et par conséquent modifier, au moins
partiellement, la structure sociale. Ces exercices aident votre conscience à
évoluer et vous servent aussi de manière insoupçonnée. L’acceptation de
votre propre pouvoir va automatiquement se répandre dans toute votre
expérience ; elle va dynamiser votre vie onirique et apporter une impulsion
bénéfique supplémentaire à votre réalité à l’état de veille. Vous n’aurez plus
besoin de transférer aux autres le sentiment de votre propre pouvoir. Tous
les exercices déjà indiqués dans ce livre constituent cependant un précédent
indispensable ; ils vous sont nécessaires pour comprendre comment le
point de pouvoir doit être utilisé. La reconnaissance de vos sentiments
personnels et le travail sur vos croyances, tout cela élargira la
compréhension que vous aurez de vous-même.
(23 h 44.) Si vous détestez l’un de vos parents, par exemple, vous ne
pouvez pas utiliser le point de pouvoir pour vous dire au lieu de cela que
vous l’aimez. Les exercices précédents vous auront aidé à comprendre les
raisons de cette détestation.
Vous ne pouvez pas utiliser le point de pouvoir pour étendre votre
emprise sur autrui, car vos propres croyances se retourneraient
automatiquement contre vous. Vous devez en tout cas vous rendre compte
de votre propre pouvoir et croire que vous le méritez. Plusieurs des
chapitres précédents ont été écrits précisément dans le but de vous
convaincre de votre propre mérite. On vous y a dit de ressentir vos
sentiments et de ne pas les refuser ; vous ne devez donc à aucun moment
utiliser le point de pouvoir pour tenter de nier la réalité de vos émotions.
Quand vous comprendrez le principe de l’hypnose naturelle, vous
n’éprouverez plus le besoin de générer de nouveaux sentiments négatifs. Le
poids de vos inhibitions va s’alléger. À mesure que vous aurez davantage
confiance en vous, vous exprimerez plus spontanément vos sentiments et
leur suppression ne donnera plus lieu à des réactions explosives. Ils
apparaîtront et disparaîtront naturellement. La voie du pouvoir sera plus
clairement ouverte. L’attention à votre propre courant de conscience est
extrêmement importante. À elle seule, celle-ci vous aidera à découvrir dans
quels domaines vous niez vos impulsions et vous vous donnez à vous-même
des directives conduisant à l’impuissance.
L’exercice portant sur le point de pouvoir a pour but de vous familiariser
avec votre propre énergie et votre aptitude à la diriger. Les exercices
d’hypnose naturelle (donnés dans le chapitre précédent) vous permettent
d’être plus efficace dans l’orientation et la focalisation de ce pouvoir.
Chacun de vous doit travailler à partir du point de sa propre réalité. Il n’y
a pas d’autres moyens. Point. Si vous vous sentez envahi par la rage, inutile
de dire « je suis parfaitement en paix » et d’attendre des résultats. Vous ne
ferez que recouvrir vos sentiments et inhiber votre énergie et votre pouvoir.
Si vous êtes furieux, tapez sur un oreiller et faites l’expérience de la rage,
mais sans violence envers autrui. Continuez à frapper jusqu’à ce que vous
soyez physiquement épuisé. Si vous le faites honnêtement, les raisons de
votre fureur vont vous apparaître, et elles sont souvent parfaitement
évidentes. Vous ne vouliez tout simplement pas les voir.
Dans presque tous les cas, ces sentiments représentent un sentiment
d’impuissance de votre part ; vous avez délégué votre force à une situation
ou à un individu, si bien que votre effort vous a semblé dérisoire par
comparaison. Servez-vous alors de votre point de pouvoir et sentez
l’énergie de votre être déferler dans toute votre expérience. La connaissance
de votre propre pouvoir vous libère de toute peur et, par conséquent, de
toute rage.
(D’une voix plus forte.) Fin de la session.
(« D’accord. »
Chaleureusement.) Une très cordiale soirée à vous deux – dans votre
point de pouvoir, et dans le nôtre.
(« Merci, Seth. Bonne nuit. »
23 h 59. La transe de Jane a été d’une profondeur égale tout au long de
la session, son débit fort, régulier et sérieux.
Elle me dit que Seth va bientôt aborder les conséquences de nos
croyances sur notre environnement, et expliquer comment le climat mental
de notre espèce est responsable de nos conditions climatiques extériorisées.
Il a l’intention d’utiliser des aspects locaux de la grande inondation de juin
1972 comme point de repère pour son matériau, puisque nous avons été
directement concernés par ce désastre ici, à Elmira. [Se reporter aux notes
de la session 613, chapitre 1]. Selon Jane, Seth dirait qu’en tant qu’espèce,
nous avons pris l’habitude de nous considérer comme extérieurs à la nature
– au point d’avoir oublié que nous en faisons partie.)

SESSION 664
LUNDI 21 MAI 1973

(Il n’y a pas eu de session mercredi dernier pour que Jane puisse se
reposer. Ce soir, Seth lui a consacré la première partie de son matériau à
partir de 21 h 30, puis, après une pause, le travail sur son livre commence à
22 h 07.)
Maintenant. Dictée. Il y a un échange constant entre l’individu et la
société qui est la sienne. Les divisions et spécificités de chaque civilisation
sont une parfaite représentation extérieure de ce qui, dans l’ensemble,
caractérise les personnes qui y vivent, tant du point de vue de leur mode
relationnel que de la façon dont elles se perçoivent elles-mêmes.
Les dimensions extérieures sont la réplique des dimensions intérieures
personnelles. Les réalisations, les guerres, les difficultés et les institutions
sont toutes des « post-évènements » – c’est-à-dire les actions extérieures
d’une existence intérieure. Dans certaines conditions, l’eau se transforme en
glace. De la même manière, les évènements intérieurs peuvent se manifester
dans la réalité physique sous une forme bien différente de l’original.
En tant que créatures, vous faites partie de la nature. La transformation
des pensées, des sentiments et des croyances en phénomènes physiques
objectivement perçus est aussi naturelle que l’eau se changeant en glace,
par exemple, ou la chenille en papillon. À travers ce transfert des croyances,
des pensées et des sentiments, vous ne vous bornez pas à former la structure
de vos civilisations et de vos institutions sociales : dans cet échange naturel,
vous apportez aussi votre aide, à des niveaux très subtils, à la « manufacture
psychique » de l’environnement lui-même, avec ses grands mouvements
variés et, malgré tout, sa régularité saisonnière.
Les hommes-médecine pratiquent parfois la danse de la pluie. Ils
comprennent la relation innée qui existe au sein de toutes les parties de la
nature. On vous apprend à croire que la foi peut déplacer des montagnes,
pourtant la plupart d’entre vous ont beaucoup de mal à accepter leur lien
avec l’environnement. Vos croyances (qui sont souvent à l’opposé de vos
désirs) engendrent des guerres. Vos sentiments représentent la réalité
intérieure qui se trouve derrière ce que vous considérez comme des
phénomènes purement naturels, par exemple le temps qu’il fait.
(22 h 25. Jane a évoqué ce thème dans ses notes du 3 mai, qui se trouvent
en partie dans la session 660 et également à la fin de la session
précédente.)
Les catastrophes comme les tremblements de terre ou les inondations ne
sont pas provoquées par certains éléments de la nature contre d’autres
parties d’elle-même. Vos sentiments ont une validité tout aussi naturelle que
les marées, et ils ont leur propre forme d’attraction – l’esprit meut
réellement la matière. Déplacer une bague comme cela se produit lors
d’expériences menées dans des conditions contrôlées n’est que la
démonstration la plus simple de la grande capacité de l’esprit à interagir
avec la matière. Chacun de vous participe à la création de chaque orage, de
chaque nouveau printemps, de chaque inondation, de chaque tremblement
de terre et de chaque averse d’été.
Une guerre est une sorte d’évènement naturel qui se produit lorsque
croyances et sentiments interagissent à un certain niveau. Une catastrophe
naturelle représente le même type de phénomène à un niveau différent. La
part de ces sentiments et de ces croyances qui vous revient vous place dans
votre position « naturelle » au sein de ces évènements.
Fin du chapitre.
CHAPITRE 18

Les tempêtes intérieures et les tempêtes


extérieures.La « destruction » créatrice. La
longueur de la journée et la portée naturelle
de la conscience qui a une base biologique.

(Une pause à 22 h 32.) Chapitre suivant [18] : « Les tempêtes intérieures


et les tempêtes extérieures. La “destruction” créatrice. La longueur de la
journée et la portée naturelle de la conscience qui a une base biologique. »
(« Tout ça est dans le titre ? »)
Première phrase : votre réalité existe indépendamment de votre
conscience axée sur le monde physique, mais tant que vous êtes une
créature, tout ce qui vous arrive doit être interprété par votre structure
neurologique et votre vie corporelle. Il existe réellement différents types de
mémoires, si bien que vous pouvez toujours avoir à portée de main
l’information dont vous avez besoin. Certaines données rarement requises
au niveau de la conscience demeurent à la disposition des parties
inconscientes du moi. Biologiquement, la portée et la capacité de la
conscience physiquement orientée sont directement liées à la durée du jour
et de la nuit, et aux saisons bien sûr. Du point de vue physique, quand une
pensée se produit des interactions chimiques s’accomplissent, et les
mémoires chevauchent le flot régulier de cette chimie interne. Avec
l’alternance précise des nuits et des jours qui régit votre planète, elle allait
forcément donner naissance, en ces termes, à la conscience d’une créature
lui correspondant de façon unique. En d’autres termes, le jour et la nuit
représentent les rythmes innés de votre conscience, physiquement
matérialisés dans les phénomènes naturels, car vous n’êtes pas encore
équipés pour percevoir des jours qui auraient une durée plus longue. Votre
système nerveux aurait beaucoup de difficultés par exemple à s’adapter à un
cycle dans lequel une journée durerait trois ou quatre fois plus longtemps.
(22 h 44.) Les rythmes de votre corps et de votre conscience suivent les
schémas de votre planète. La Terre elle-même est toutefois composée de
molécules et d’atomes, ayant chacun son propre type de conscience ; et
leur ensemble changeant, avec son organisation cumulative et sa
coopération, forme la structure physique – à partir de la conscience.
À mesure que cette formation s’effectuait, un échange constant se
produisait entre la réalité intérieure et la réalité extérieure, selon vos termes.
Le développement des sentiments, des sensations, du fait de savoir que l’on
est soi-même, ainsi que des concepts et des croyances, eut pour parallèle les
manifestations extérieures que sont les espèces animales, le monde minéral
et les végétaux ; des structures neurologiques complémentaires et des
formations physiques bien définies sont apparues – telles que les
montagnes, les vallées, les océans, etc. – dont ces dernières avaient besoin
comme support.
En termes plus vastes, tous ces évènements se produisent simultanément.
Cependant, pour que les choses soient plus faciles à comprendre, je
m’exprime en terme du temps qui est le vôtre.
Vos sentiments font partie de l’environnement de façon aussi naturelle
que les arbres, et ils ont une grande influence sur les conditions climatiques.
On peut même faire des connexions, par exemple, entre l’épilepsie et les
tremblements de terre, quand une puissante énergie et une grande
instabilité sont réunies et affectent les propriétés physiques de la terre.
Faites votre pause.
(22 h 55. Déjà dans la session 613 du premier chapitre, Seth faisait des
déclarations comme celle-ci : « Vos sentiments ont une réalité
électromagnétique qui s’élève vers l’extérieur et affecte l’atmosphère elle-
même ». Mais à ce moment-là, nous ne faisions pas vraiment attention à ce
que ces idées impliquaient. Reprise à 23 h 06.)
Les croyances sont les constructions de l’esprit conscient de lui-même,
tout comme, à un autre niveau, il bâtit des édifices.
Les croyances génèrent, dirigent, focalisent et canalisent les sentiments.
Dans ce contexte, ceux-ci sont donc comparables aux montagnes, aux lacs
et aux rivières. Les idées et les croyances donnent naissance aux structures
manifestement créées par l’homme, lesquelles supposent des esprits
conscients d’eux-mêmes et un océan d’évènements sociaux entremêlés.
(Lentement.) Les sentiments continuent à dépendre de votre structure
neurologique et de son impact sur la réalité physique. Un animal ressent
mais il ne croit pas. Vos sentiments, avec l’interaction chimique qui est la
leur, ont des propriétés électromagnétiques, tout à fait en dehors de la réalité
subjective qu’ils assument pour vous – comme c’est le cas pour vos
pensées. Mais vos corps doivent se débarrasser des substances chimiques en
excès, de la même manière que des terres doivent évacuer un excédent
d’eau. Il y a ce que j’appellerais ici des « fantômes » chimiques – des
aspects de composants chimiques normaux que vous n’avez pas perçus
jusqu’à présent et qui, lorsque certains seuils sont atteints, se transforment
en propriétés purement électromagnétiques. L’énergie qui est alors libérée
agit directement sur l’atmosphère physique.
(23 h 20.) Votre corps est dans un état de fluctuation constante et de
perpétuelle interaction chimique, et il en va de même avec l’atmosphère ;
elle reflète, à un autre niveau, toutes les propriétés psychiques, chimiques et
électromagnétiques qui existent à l’intérieur du corps.
Il y a peu de différence entre le flot de sang qui parcourt vos veines et le
courant du vent, mis à part le fait que l’un semble se situer à l’intérieur de
vous et l’autre à l’extérieur. Tous deux sont pourtant des manifestations de
la même interaction et du même mouvement. Votre planète a un corps,
comme vous. Votre sang répond à des règles bien définies, et le vent aussi.
En ce sens, vous êtes à l’intérieur du corps de la terre. Tout comme les
cellules qui constituent votre corps ont une influence sur lui, votre corps a
une incidence sur celui plus vaste de la terre. Les conditions
météorologiques d’une région traduisent fidèlement les sentiments des
individus qui y vivent. Les tendances climatiques plus globales reflètent des
rythmes intérieurs et émotionnels plus profonds.
(23 h 28.) Ceux qui vivent dans des régions sismiques sont attirés par
ces endroits parce qu’ils comprennent de façon innée la relation étonnante
qui existe entre les circonstances extérieures et leurs propres schémas
intimes, aussi bien mentaux qu’émotionnels.
On y trouve des individus qui ont beaucoup d’énergie, ou qui sont d’une
nature instable et d’un tempérament « excessif », doués de grandes
capacités créatrices et innovatrices. Ils ont besoin d’un puissant stimulus ou
d’un fort impact de la réalité, auquel ils puissent se mesurer. Ils font souvent
montre d’une vitalité inhabituelle, et d’une grande impatience à l’égard des
conditions sociales. Ils fonctionnent à plein rendement et, en masse,
émettent d’énormes excès de ce que j’ai appelé des fantômes chimiques.
Les qualités émotionnelles non physiques de cet ordre sont instables et
ont une incidence sur l’intégrité électromagnétique profonde de la structure
terrestre. À l’évidence, les tremblements de terre se produisent aussi dans
des régions où il n’y a personne, mais dans tous les cas, les causes trouvent
leur origine dans des propriétés mentales plutôt qu’extérieures. (Une
pause.) Les tremblements de terre sont souvent associés à des périodes
d’instabilité ou de grands changements sociaux ; les lignes de faille
trouvent leur origine dans ces lieux et sont projetées vers l’extérieur. Elles
peuvent ensuite toucher une partie non peuplée d’un autre continent, ou une
île, ou encore provoquer un raz-de-marée à l’autre bout du monde, tout
comme une attaque cérébrale peut endommager une partie du corps qui n’a
rien à voir avec le problème initial.
(Une pause à 23 h 38.) Vous n’avez pas besoin d’un esprit conscient de
lui-même pour ressentir et, dans le « passé », les tremblements de terre
représentaient le schéma émotionnel des espèces – des conditions instables
de la conscience qui généraient d’elles-mêmes des phénomènes naturels, et,
par là, modifiaient encore l’état de conscience et les conditions dans
lesquelles se trouvent les espèces.
En vos termes, la conscience est intimement liée à la matière, et tout ce
dont elle fait l’expérience se matérialise physiquement dans cette
interaction. Il existe de fortes corrélations entre les orages et les tempêtes
psychiques par exemple, et entre les propriétés électromagnétiques instables
du sentiment ou de la pensée, la faculté du cerveau à les gérer, et son besoin
d’évacuer les excès. Vous ne faites pas que réagir aux conditions
atmosphériques. Vous les formez, tout comme vous inspirez l’air puis le
rejetez. Le cerveau est un nid de relations électromagnétiques que vous ne
comprenez pas. En certains termes, il s’agit d’un orage contrôlé.
(23 h 45.) Des idées en jaillissent de façon tout aussi naturelle que les
éclairs. Quand la foudre frappe la terre, elle la modifie. L’impact de vos
pensées sur l’atmosphère induit lui aussi des changements. La vaste
confiance intérieure et globale avec laquelle vous êtes né constitue la base
de la fiabilité de la terre physique. Votre corps habite la terre comme vous
habitez votre corps. Vous êtes né avec une foi en votre existence qui a
automatiquement régi le bon fonctionnement de votre moi corporel,
assurant les qualités stabilisatrices nécessaires sur lesquelles votre
conscience pouvait jouer et grâce auxquelles elle avait la possibilité d’agir
de manière efficace et créative. Le plus petit atome a son propre type
d’intégrité innée, sur laquelle s’appuient toutes les structures et toutes les
transformations de l’ensemble ; si bien qu’il y a une sorte de permanence
globale à l’intérieur du corps de la terre.
(Une longue pause à 23 h 54.) Pourtant, en dépit de tout cela, le
changement est constant, comme, du fait de votre expérience linéaire du
temps, chaque situation doit en « remplacer » une autre. En termes de votre
focalisation, un évènement « prend du temps ». Vous savez qu’il se produit
toutes sortes de choses que vous ne percevez pas consciemment, mais vous
vous fiez à ce que d’autres en disent. Donc, en vos termes, le changement
est apparent. Le corps se modifie.
Je vous ai dit qu’une « maladie » pouvait avoir une source créative (dans
la session 620, chapitre 4). Il en va de même pour un tremblement de terre
ou une catastrophe naturelle.
Maintenant. Vous pouvez faire une pause ou terminer la session, comme
vous préférez.
(« Alors, faisons une pause. »
0 h 01. Au cours de la pause, nous spéculons sur ce qu’une étude globale
faite par ordinateur – qui remonterait aussi loin que nous avons gardé trace
de notre histoire – pourrait nous apprendre sur les corrélations possibles
entre les tremblements de terre et les périodes de grands bouleversements
émotionnels et sociaux à travers le monde… Reprise à 0 h 10.)
Maintenant. En tant que simple créature, vous percevez très bien, à des
niveaux non conscients, l’imminence des tempêtes, des inondations, des
tornades, des tremblements de terre, etc.
Le corps lui-même relève de nombreux indices et signes avant-coureurs :
modifications de la pression atmosphérique, fluctuations du champ
magnétique, infimes variations de l’électricité dans l’air auxquelles la peau
est sensible. Sur ce plan-là, le corps est souvent prêt pour les calamités
naturelles avant qu’elles se produisent. Il érige ses défenses.
De nombreuses questions interviennent cependant, qui sont liées aux
réactions personnelles, car d’autres conditions psychologiques entrent ici en
jeu. Les gens qui vivent dans des régions menacées par des séismes ont une
conscience claire du risque encouru. Quoi qu’ils puissent en dire, ils ont
besoin de ce stimulus constant et de cette excitation qu’ils apprécient. Le
caractère totalement imprévisible des évènements les pousse à l’action.
Étant donné la multitude d’attitudes et de caractéristiques différentes qui
entrent ici en ligne de compte, il est difficile de généraliser, mais il y a
toujours des raisons pour lesquelles tout individu se trouve impliqué dans
une catastrophe naturelle de ce genre.
(Une pause.) Dans de nombreux cas, une compréhension presque
consciente de ce qui va se passer se produit à l’avance. Pour d’autres, cette
connaissance de l’évènement à venir se manifeste dans des rêves, si bien
qu’ils modifient leur vie quotidienne et en réchappent. Certaines personnes
changent leurs projets et quittent la ville un jour avant que le désastre ait
lieu. D’autres restent.
Rien de tout cela n’est accidentel. Le matériau inconscient est admis dans
la conscience en fonction des croyances de l’individu par rapport à lui-
même, sa réalité et la place qu’il y occupe. Nul ne meurt dans une
catastrophe s’il ne l’a pas choisi. Il y a toujours une certaine part de
reconnaissance consciente, même si l’individu préfère se leurrer et
prétendre le contraire. Les animaux ressentent l’approche de la mort et, sur
ce point, les hommes ne sont pas différents.
(0 h 23.) Ceux qui choisissent d’utiliser leur précognition inconsciente
d’un tel évènement en bénéficient – elle leur permet de se sauver eux-
mêmes et de choisir de ne pas se retrouver impliqués. Ceux qui ne croient
pas en ces avertissements anticipés et refusent de les reconnaître
consciemment, mais qui croient en leur sécurité globale, vont agir
inconsciemment sans savoir pourquoi. Pour des raisons qui leur sont
propres, d’autres se retrouveront impliqués dans la catastrophe.
Psychiquement, mentalement et physiquement, ils feront autant partie du
drame que, disons, l’eau qui envahit une ville lors d’une inondation. Ils se
serviront de la catastrophe matérielle comme un individu peut avoir recours
à un symptôme physique pour relever un défi, évoluer ou comprendre –
mais ils choisiront leur désastre exactement comme ils choisiraient leurs
symptômes. Ils se rendent compte du contexte. Celui-ci ne leur est pas
imposé.
Ils peuvent ne pas accepter cette information consciemment mais, s’ils
savaient regarder en eux-mêmes, ils découvriraient que leurs croyances se
sont toutes conjuguées pour donner précisément cette situation. (Une
pause.) Une grave maladie peut être utilisée par un individu donné pour
entrer en contact intime avec les forces de vie et de mort, pour générer une
crise destinée à mobiliser un instinct de survie oublié, pour mettre
intensément en scène des contrastes importants, et pour mobiliser toute sa
force.
De la même manière, une catastrophe naturelle peut être utilisée de façon
consciente ou inconsciente, selon l’individu.
(Chaleureusement.) Fin de la session.
(« Merci. »)
Mes salutations les plus chaleureuses à vous deux ; nous allons en venir à
votre inondation.
(« Très bien. Bonne nuit, Seth. »
0 h 36. Ce soir, toutes les transes de Jane sont profondes et son rythme
est très régulier. « Seth s’est juste arrêté pour nous, dit-elle en remettant ses
lunettes. Je sens qu’il y a encore du matériau tout prêt. Je parie que je
pourrais dormir pendant une heure et entamer ensuite une autre session.
On ne va pas le faire, je sais, poursuit-elle en riant alors que j’envisage
d’essayer. Mais quand je sens l’information arriver, je déteste arrêter… »
À propos de l’allusion de Seth parlant de « votre inondation », se
reporter aux commentaires de Jane à la fin de la session précédente.)

SESSION 665
MERCREDI 23 MAI 1973

(21 h 41.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. Une fois encore, il n’y a pas d’accidents. Quelles que
soient les circonstances, personne ne meurt s’il n’est pas prêt à mourir. Ceci
est valable aussi bien pour la mort due à une catastrophe naturelle que pour
toute autre situation.
C’est votre propre choix qui va dicter la façon dont vous mourrez, ainsi
que le moment. Pour l’instant, nous sommes en train de parler des
croyances que vous avez dans cette vie-ci. Dans un chapitre ultérieur, nous
traiterons de celles qui, provenant d’autres existences, peuvent s’infiltrer
dans celle-ci. Mais quelles que soient les croyances que vous acceptez, pour
quelque raison que ce soit, votre point de pouvoir est dans le présent.
Comprendre cela est beaucoup plus important pour vous que de vous
préoccuper outre mesure du labyrinthe des « causes du passé », car vous
pouvez vous y égarer dans une approche négative et oublier que ces
croyances peuvent être modifiées dans le présent. Pour des motifs divers,
vous adhérez à certaines idées, que vous pouvez changer à tout moment.
Nombreux sont ceux qui meurent jeunes parce qu’ils croient si fermement
que la vieillesse représente une dégradation de l’esprit et une insulte à
l’égard du corps. Ils ne veulent pas vivre cette situation, telle qu’ils
l’imaginent. Certains préfèrent franchement mourir dans des circonstances
que d’autres qualifieraient de tragiques – emportés par les vagues d’un
océan déchaîné, écrasés sous les décombres d’un tremblement de terre ou
malmenés par les vents d’un ouragan.
Ces mêmes personnes jugeraient impensable de mourir à petit feu dans
un hôpital ou de faire l’expérience de la maladie. Cela dépend en partie du
tempérament de chacun, de différences et de préférences individuelles tout
à fait normales. Beaucoup plus d’êtres humains sont conscients de leur mort
imminente qu’on ne le pense en général. Ils savent mais font semblant
d’ignorer ; pourtant ceux qui meurent dans des catastrophes ont choisi cette
expérience – le drame, et même la terreur lorsque cela se produit. Ils
préfèrent quitter la vie physique dans un flamboiement sensoriel, en luttant
pour leur vie, en faisant face au défi, « combattant » plutôt que consentant.
(21 h 54.) Les catastrophes naturelles portent en elles la grande énergie
stimulante de forces déchaînées, de la nature échappant au contrôle
humain ; leurs caractéristiques mêmes rappellent aussi à l’homme sa propre
psyché, car, à leur manière, ces évènements profonds mettent toujours en
jeu la créativité naissante qui émerge des entrailles de la terre, qui remodèle
le paysage et la vie des hommes.
Les réactions individuelles découlent de cette connaissance innée car, si
l’homme craint le pouvoir débridé de la nature et tente de s’en protéger, il
s’en délecte en même temps et s’y identifie. (Une pause.) Plus l’être
humain devient « civilisé », plus ses structures et ses pratiques sociales le
coupent d’une relation intime avec la nature – et plus il y aura de
catastrophes naturelles, parce qu’en arrière-plan, l’homme ressent un grand
besoin de s’identifier à la nature. Il va lui-même l’appeler à se manifester
à travers des séismes, des tornades et des inondations, afin de pouvoir à
nouveau ressentir non seulement leur énergie mais aussi la sienne.
(Une pause.) Une grande rencontre avec la pleine énergie des éléments
met l’être humain face à l’incroyable puissance d’où il provient – comme
rien d’autre ne pourrait le faire.
Un désastre naturel constitue pour beaucoup de gens leur première
expérience personnelle de la réalité du lien qui unit les créatures à la
planète. Dans ces circonstances, ceux qui avaient le sentiment de ne faire
partie de rien, d’aucun pays, d’aucune structure, d’aucune famille, peuvent
comprendre en un éclair leur lien de fraternité avec la terre, son énergie et la
place qu’ils y occupent. En reconnaissant soudain cette relation, ils
prennent conscience de leur propre pouvoir d’action.
(22 h 09.) Sur un plan différent, les émeutes remplissent souvent la même
fonction ; quelles qu’en soient les causes, cette libération d’énergie amène
un groupe d’individus à la connaissance intime d’une vitalité extrêmement
concentrée, qu’ils n’avaient peut-être jamais connue auparavant.
Cette reconnaissance peut les conduire – c’est souvent le cas – à se saisir
de leur propre énergie et à l’employer de manière créative. Une catastrophe
naturelle ou une émeute sont des bains d’énergie, puissants et très positifs à
leur manière, en dépit de leurs connotations évidentes. En vos termes, cela
n’absout en rien ceux qui déclenchent des émeutes par exemple – ils
agissent à l’intérieur d’un système de croyances conscientes dans lequel la
violence engendre la violence. Pourtant, même ici, les différences
individuelles entrent en ligne de compte. Les incitateurs recherchent
souvent la manifestation d’une énergie qu’ils ne croient pas posséder par
eux-mêmes. Ils allument des feux psychologiques et sont tout aussi
médusés par ce qu’ils ont déclenché que n’importe quel incendiaire. S’ils
comprenaient le pouvoir et l’énergie qu’ils ont en eux-mêmes, s’ils les
ressentaient, ils n’auraient pas besoin d’user de telles tactiques.
(Une pause à 22 h 19.) Les problèmes raciaux peuvent trouver des
éléments de réponse à différents niveaux – dans une émeute, une
catastrophe naturelle, ou une combinaison des deux, selon l’intensité
psychique de la situation ; les symptômes physiques peuvent constituer des
appels à l’aide et à la reconnaissance ; et, de la même manière, le malheur
causé par la nature peut permettre aux habitants d’une partie d’un pays ou
d’une région du monde d’obtenir de l’aide de la part des autres.
Bien évidemment, l’incitation à l’émeute se fait souvent de façon
parfaitement consciente, alors que des milliers, voire des millions
d’individus ne décident sûrement pas consciemment de provoquer un
ouragan, une inondation ou un séisme. Tout d’abord parce que, à ce niveau,
ils ne croient pas une telle chose possible. Si les croyances conscientes
jouent un rôle en ce domaine, au niveau individuel, le « travail intérieur » se
produit cependant de façon tout aussi inconsciente que lorsque le corps
génère des symptômes physiques. Vous avez souvent l’impression que ces
derniers sont infligés au corps, tout comme un désastre naturel semble
venir visiter le corps de la terre. On considère que les maladies soudaines et
imprévisibles sont effrayantes, et que celui qui en est atteint en est victime –
victime d’un virus peut-être. Les tornades et les séismes sont, de la même
manière, perçus comme résultants, au lieu de virus, de courants
atmosphériques et de différences de température, ou de lignes de faille.
Dans les deux cas, les causes fondamentales sont pourtant les mêmes.
(22 h 27.) Il y a autant de raisons pour les « maladies de la terre » qu’il y
en a pour les maladies du corps. Dans une certaine mesure, on peut dire la
même chose des guerres, si vous considérez une guerre comme une petite
infection ; et dans le cas d’un conflit mondial, il s’agirait d’une infection
généralisée. La guerre vous enseigne en fin de compte à vénérer la vie. Les
catastrophes naturelles vous rappellent que vous ne pouvez pas ignorer
votre planète, ni votre condition de créature. Ces expériences vous mettent
aussi en contact avec l’énergie la plus profonde de votre être – même quand
elle est employée de manière « destructrice ».
Faites votre pause.
(22 h 31. Jane sort tout de suite d’une transe excellente. Son rythme était
vif et soutenu. La maison est exceptionnellement calme ce soir ; nous
entendons tomber une pluie fine. Reprise à un rythme un peu plus lent à
22 h 56.)
Maintenant. Les désastres naturels sont davantage causés par une
dimension affective que par les croyances, bien que celles-ci jouent malgré
tout un rôle important, car ce sont elles qui génèrent les émotions en
question.
La teinte émotionnelle globale, ou tonalité de sentiment de l’ensemble
d’une population engendre, à travers son lien corporel avec
l’environnement, les conditions physiques extérieures qui vont être à
l’origine d’un tel déferlement d’énergie naturelle. (Seth décrit les tonalités
de sentiment dans la session 613, chapitre 1.) En fonction de la situation
émotionnelle globale, divers excédents d’ordre physique s’accumulent ; ils
sont ensuite expulsés dans l’atmosphère sous différentes formes. Les
fantômes chimiques dont nous avons déjà parlé (lors de la dernière session)
et les propriétés électromagnétiques des émotions jouent ici un rôle. Un
rocher dans une rivière divise l’eau qui est obligée de contourner l’obstacle.
Vos émotions sont tout aussi réelles que la roche. Vos sentiments collectifs
influent sur la circulation de l’énergie, et leur force – en termes de
phénomènes naturels – peut être très clairement perçue dans un orage, qui
est une matérialisation locale, extériorisée, de l’état émotionnel intérieur
des personnes qui vivent cette tempête.
De même que vos croyances conscientes déterminent votre condition
physique, et de même que votre organisme est entretenu à un niveau
inconscient (en accord toutefois avec vos croyances), les catastrophes
naturelles résultent des croyances qui donnent naissance aux états
émotionnels – lesquels se transforment ensuite automatiquement en
conditions atmosphériques extérieures.
(23 h 09.) Vous traitez donc les problèmes physiques, tels qu’ils se
présentent en ces termes, en fonction de vos croyances. Vous réagissez
individuellement, en ayant à l’esprit vos propres motivations. Vos croyances
personnelles, uniques et intimes, contribuent à créer l’état émotionnel
général. Le fond commun d’énergie émotionnelle dans lequel vos émotions
se déversent se compose encore de charges dissemblables mais, d’une
manière générale, la contribution individuelle de tous ceux qui sont
impliqués va former un schéma cohérent qui donne à la tempête son
impulsion et son orientation, lui fournissant la charge et la puissance qui
vont la porter.
(Une pause.) Comme il est déjà mentionné dans ce livre, Ruburt et
Joseph ont tous deux vécu une inondation (en juin 1972) et je vais donc
prendre cet évènement pour exemple, et m’intéresser à ce lieu particulier,
bien que cette inondation ait touché une région beaucoup plus vaste.
Localement, quelques croyances étaient largement répandues.
Économiquement en déclin, la région d’Elmira était considérée comme une
zone de remous dans l’État de New York ; mais sa situation n’était
cependant pas suffisamment critique pour recevoir l’aide apportée aux
secteurs en crise. L’industrie avait été délocalisée et les gens n’avaient plus
de travail. Les vieux moyens habituels pour gagner sa vie n’existaient plus
et il n’y avait dans la région aucun leader convaincant. Bon nombre
d’individus de toutes sortes se sentaient mal à l’aise, déprimés et le dos au
mur.
Des projets de rénovation urbaine éventraient les maisons des pauvres et
détruisaient les quartiers les plus anciens. Des divisions sociales en
résultaient souvent, car les plus démunis étaient des Noirs, et des Blancs des
couches « inférieures » de la société. Ceux qui s’en sortaient le mieux
siégeaient dans les conseils municipaux, et les pauvres que l’on déplaçait
n’avaient pas les moyens de se loger dans les nouveaux bâtiments. Par des
manœuvres diverses, toutes en sous-main, on les empêchait d’avoir accès
aux « meilleurs » quartiers.
Les riches et les nantis se sentaient menacés, car, en insistant sur le
progrès et la modernité, ils avaient ébranlé le statu quo et donc réveillé
l’énergie des nécessiteux. Peu à peu, la classe moyenne s’est transférée de
la ville elle-même à ses faubourgs, ce qui a créé un déséquilibre fiscal et de
graves problèmes pour les commerces du centre. Il n’existait pas localement
de sentiment d’unité régionale, ni de fierté commune en une identité
naturelle ou culturelle.
(23 h 29.) Il existait aussi une certaine tension raciale, quelques
prémisses d’émeutes imminentes, qui ne se sont pas produites. Un maire
très compétent qui dirigeait la ville depuis plusieurs années a été battu aux
élections et, pour de nombreuses raisons qu’il n’est pas nécessaire de
développer ici, les politiques s’en sont mêlés. Mais ceux qui étaient orientés
par la politique ont eu le sentiment qu’ils n’avaient pas vraiment de prise et
qu’ils ne pouvaient compter sur aucun dialogue efficace avec le
gouvernement fédéral. Un sentiment d’impuissance s’est développé dans ce
domaine.
Culturellement, la région n’avait pas d’identité propre, bien qu’elle se
soit toujours efforcée d’avoir une certaine forme d’expression
caractéristique. Elle voyait les subventions du gouvernement lui passer sous
le nez et aller vers d’autres secteurs encore plus mal en point. Les gens
avaient chacun leurs rêves et leurs espoirs, et, collectivement, cela
représentait une vision d’amélioration de la région sur de nombreux plans.
Mais, dans le même temps, le sentiment de découragement grandissait. Les
jeunes et les vieux, les conformistes et les anticonformistes avaient de petits
accrochages ; certains parmi les anciens de la cité protestaient contre la
présence de jeunes aux cheveux longs dans l’un des parcs de la ville – des
incidents certes sans gravité, mais significatifs toutefois d’un éclatement
des valeurs et d’un manque de compréhension entre les générations.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 23 h 40 à 23 h 47.)
À un degré ou à un autre, les mêmes problèmes existaient dans toutes les
régions (de la côte est) qui allaient être directement touchées par
l’inondation en question.
Localement, on avait une région en déclin mais pas encore dans le genre
de crise qui aurait suscité un grand plan de financement fédéral, une
situation sociale et économique très instable à laquelle venait s’ajouter le
sentiment qu’il n’y avait aucun espoir.
(Une pause.) Au lieu d’une inondation, des soulèvements sociaux
désastreux auraient pu éclater. Toutefois, à cause des tonalités de sentiments
particulières, uniques et spécifiques qui entraient en jeu, les tensions
émotionnelles résultantes ont été libérées dans l’atmosphère, et
automatiquement transformées. Une catastrophe naturelle apportait de
nombreuses réponses. La rivière [Chemung] était toute proche, par
exemple, en plein cœur du quartier des affaires [d’Elmira].
Une fois encore, tout ceci s’appliquait aux autres régions touchées par
l’inondation. Dans certaines cultures primitives, on pratique la danse de la
pluie – on provoque consciemment sa venue en dirigeant délibérément des
forces inconscientes – et c’est ce qu’ont fait les gens dans ces différents
lieux, de façon totalement automatique, sans aucune conscience du
processus à l’œuvre.
Ils ont donc ensemencé les nuages, par une intention inconsciente et par
la libération spontanée d’états émotionnels à portée biologique, si bien que
des réactions hormonales et chimiques en excès ont influé directement sur
l’atmosphère.
Quelque temps auparavant, des organisations religieuses locales avaient
projeté un grand rassemblement de revival spirituel. Les adeptes d’un
groupe religieux populaire avaient apporté leur soutien et une énorme
publicité avait été faite autour de l’évènement. Une fois encore, ce n’était
pas un hasard. C’était là une tentative, de la part de confessions
fondamentalistes, pour résoudre les problèmes à un autre niveau, grâce à un
élan d’identification, de conversion et d’enthousiasme religieux.
Les croyances sur lesquelles se basaient ces projets n’étaient toutefois
pas en corrélation avec celles de la population dans son ensemble ; la
tentative a donc échoué. Ce programme était fondé sur une précognition de
l’inondation. Cette croisade n’a jamais eu lieu, car les organisateurs de ce
revival ont fui l’inondation.
(0 h 02.) Dans la communauté religieuse en question, nombreux sont
ceux qui ont dit que l’inondation était la volonté de Dieu et que les gens
étaient punis pour leurs péchés. À sa façon, l’inondation était un évènement
religieux, car elle a uni à la communauté divers groupes de personnes – qui
n’avaient pas toujours les intentions les plus humanistes. Bizarrement, cela
a aussi contribué à isoler certaines parties de la population et à mettre en
évidence leur situation précaire, comme aucune émeute n’aurait pu le faire.
L’inondation a aussi apporté de l’humilité à certains habitants,
momentanément privés de leurs biens et de leur confortable position sociale
et amenés à côtoyer des personnes issues des milieux les plus divers, dont
ils n’auraient jamais fait connaissance autrement.
Des crises comme celles-ci mettent en lumière certains aspects de la
réalité ; ce qui était caché devient soudain on ne peut plus visible. Dans
l’ensemble, les pauvres ont été épargnés, car la plupart des vieilles maisons
et des immeubles anciens ont résisté, alors que les résidences plus récentes,
construites comme des ranchs, n’ont pas tenu le coup face au déferlement
de l’eau. De nombreuses personnes totalement démunies se sont malgré tout
retrouvées sur le seuil du collège [d’Elmira]. Des femmes qui n’avaient pas
d’autre but que de jouer au bridge se sont retrouvées en train de lutter pour
leur vie aux côtés de leurs sœurs les plus démunies. Parmi les pauvres qui
avaient perdu leur logement, nombreux sont ceux qui se sont découverts, à
leur propre surprise, de réelles qualités de leader.
(0 h 11.) Le centre-ville a vu se matérialiser concrètement la situation
désastreuse, connue mais jusque-là cachée, qui était la sienne. Il était
pratiquement en ruine et avait énormément besoin d’aide. Les autorités
municipales ont d’un seul coup été confrontées à une réalité qui était loin de
celle des salles de conférences. La crise unissait les gens. Le sentiment de
désespoir se révélait au grand jour, où tout le monde pouvait le voir ; une
action pouvait donc être entreprise.
Des vieux, empêtrés dans leurs croyances négatives vis-à-vis de la
vieillesse, se sont découverts, une fois stimulés par une situation de survie,
une grande vitalité et une nouvelle raison d’être. D’autres, qui étaient
aveuglés et perdus par leur croyance en l’importance suprême des biens
matériels se retrouvaient sans rien ; ils ont réalisé que les possessions
présentaient un intérêt très relatif et ils ont senti au fond d’eux-mêmes le
frémissement d’une liberté qu’ils n’avaient pas ressentie depuis leur
jeunesse.
Voulez-vous faire une pause ?
(0 h 17. « Non. » Le rythme est pourtant soutenu.
Une pause.) La « maladie » cachée de la région était maintenant évidente
pour tout le monde. Les gens sont venus de partout pour aider. Pour une
fois, la camaraderie ignorait la structure sociale. Un seul jour avait suffi
pour arracher des schémas d’existence qui semblaient aller de soi. À des
degrés divers, chacun a clairement perçu la relation personnelle qui
l’unissait jusque-là à la nature de sa vie, ainsi que son lien de parenté avec
la communauté. Plus encore, chaque être humain a senti l’énergie
persistante de la nature et s’est vu rappelé, même dans l’apparente
impossibilité de prédire l’inondation, la grande stabilité permanente sur
laquelle repose la vie normale.
Le pouvoir de l’eau a mis chaque individu en contact avec la
reconnaissance intime de sa dépendance face à la nature et l’a poussé à
s’interroger sur des valeurs qui trop longtemps lui avaient semblé évidentes.
Ce genre de crise contraint automatiquement chaque personne à
reconsidérer ses valeurs, à faire des choix instantanés qui l’amènent à
reconnaître des choses qu’elle ne voyait pas auparavant.
Faites votre pause.
(De 0 h 26 à 0 h 40.)
L’inondation a donc matérialisé physiquement les problèmes intérieurs de
la région, en même temps, elle a libéré les énergies qui étaient prises dans le
piège du désespoir.
La région est devenue un centre d’attention, tant sur le plan physique que
psychique, ce qui a eu pour effet d’attirer une autre énergie. Tous les
individus impliqués dans l’évènement avaient leurs propres raisons d’y
participer ; chacun a pu atteindre ses objectifs personnels et résoudre ses
problèmes, dans le contexte créé collectivement.
Dans la réalité de l’instant, beaucoup de vieilles croyances ont volé en
éclats. Les facultés d’initiative et d’action longtemps enfouies ont été
libérées pour une foule de gens. Des fonds fédéraux ont immédiatement été
attribués à la région et les projecteurs ont été braqués sur cet endroit. (Une
pause.) Beaucoup de personnes solitaires ont été contraintes, ou plutôt se
sont contraintes elles-mêmes, à vivre une situation où il était impératif
d’entrer en relation avec autrui. Comme ce n’est pas le thème principal de
ce livre, je ne peux pas approfondir la façon et les moyens que cela
suppose.
En guise d’exemple, nous allons nous intéresser à l’expérience de Ruburt
et Joseph pendant cette inondation, car le rôle qu’ils y ont joué peut
s’appliquer à de nombreuses autres personnes.
Maintenant. (Avec un sourire et d’une voix plus forte.) Fin de la session.
Mes salutations les plus chaleureuses à vous deux, et un cordial bonsoir.
(« Merci, Seth. Très bien – nous serons contents d’avoir ces
renseignements. »
Fin à 0 h 48.
Avant que je transcrive ce matériau à partir de mes notes, nous nous
demandons, Jane et moi, si nous devons compléter par des noms, des dates
et des circonstances précises les données assez générales fournies par Seth
sur ce qui s’est passé à Elmira et dans le comté de Chemung. Ces
informations couvriraient une période d’au minimum plusieurs mois avant
et après l’inondation du 23 juin 1972. Nous décidons que ce n’est pas
nécessaire – Seth a dit ce qui lui paraît important pour ce livre.
Nous pensons néanmoins qu’une étude complète sur les relations entre
les états émotionnels et la météo dans notre comté serait très intéressante.
Cela poserait bien sûr des problèmes de limites géographiques, de temps et
d’argent, mais si cette recherche apportait des résultats lumineux, elle
pourrait être étendue à tout l’état de New York, par exemple, puis à la
Pennsylvanie – et pour finir à l’ensemble de la côte est des États-Unis. Car
la tempête tropicale Agnès, à l’origine de l’inondation, était vraiment
énorme.
En lien avec les informations concernant l’inondation, fournies dans
cette session et dans la suivante, nous renvoyons une fois encore le lecteur
aux notes de la session 613, chapitre 1.)

SESSION 666
LUNDI 28 MAI 1973

(21 h 31.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Avec un sourire.) À présent, voulez-vous savoir pourquoi vous êtes restés
(dans notre appartement) pendant l’inondation ?
(« Oui, tout à fait. »)
Rien de tout cela ne devrait être un mystère pour vous. Les raisons et les
habitudes qui entrent en jeu vous étaient consciemment accessibles.
Maintenant. Dictée. Ruburt et Joseph (c’est ainsi que Seth nous appelle
Jane et moi) se sont toujours perçus comme ayant une relation directe avec
la nature et avec l’univers. Leur démarche est individuelle, ce sont en un
sens des solitaires. Ils se tiennent à l’écart des grands groupes.
Beaucoup de gens ont malgré tout été surpris qu’ils restent là pendant
l’inondation. Certains ont trouvé que c’était très imprudent. Mais on peut
dire que, d’une certaine manière, Ruburt et Joseph étaient parfaitement
préparés. Depuis l’épisode de la baie des Cochons, ils gardaient toujours
dans un placard une petite réserve de nourriture, de l’eau potable dans de
vieux carafons de vin, des bougies et un transistor. Mais ils n’étaient pas
« en quête » d’un désastre16.
Avant de commencer son travail médiumnique, Ruburt a écrit un [court]
roman, Bundu17, dans lequel une destruction nucléaire s’était produite. Il
s’était documenté sur ce qui était nécessaire à la survie. Plus tard, à
l’époque de la baie des Cochons, il avait acheté avec Joseph les
marchandises en question. Leurs habitudes de vie étaient telles que ce stock
se renouvelait presque automatiquement. Il y avait toujours des bougies, de
la nourriture et de l’eau en réserve. Ces provisions ne posaient aucun
problème. Quand l’inondation a eu lieu, Ruburt et Joseph étaient prêts, de
ce point de vue en tout cas, à se passer au besoin de toute aide extérieure.
Tout cela était lié à des décisions et des réponses conscientes apportées à
des situations qui, en vos termes, n’existaient plus au moment de
l’inondation. Leur type de réaction était pourtant clair. Ils avaient décidé de
faire face à toute crise importante ensemble, et sur leur propre territoire.
(Une pause à 21 h 43.) Les croyances qui conduisaient à la décision de
rester n’avaient pas changé à cet égard. Le sentiment d’implication directe
avec la nature prend ici toute son importance : cette situation, ils allaient
l’aborder sur des bases individuelles. Ils avaient, de plus, l’habitude de
travailler seul, même en étant ensemble. Dans leurs activités artistiques et
leurs travaux médiumniques, ils avaient coutume de se faire confiance. Par
le passé, ils avaient campé et, une fois au moins, dans un environnement
très sauvage (en Basse-Californie).
Cela avait encore renforcé leur sentiment profond de lien avec la nature
et encouragé leur tendance à vivre en accord avec elle, à survivre en son
sein au lieu de la combattre. Avec cet ensemble de croyances, d’attitudes et
d’antécédents, leur décision de rester était totalement prévisible.
Sachant que leur maison avait un troisième étage, ils avaient prévu d’y
monter, au besoin, nos manuscrits, les textes de Ruburt et les peintures de
Joseph. D’autres éléments entraient aussi en ligne de compte. Tout d’abord,
ils habitaient (et habitent toujours) au deuxième étage. La crise les a
amenés à porter un regard lucide et critique sur nombre de leurs attitudes.
La situation est devenue si sérieuse que, pendant un temps, ils ont craint
pour leur vie.
(21 h 51.) Ils ont alors vu très clairement toute la symbolique de leur
situation. Ils étaient isolés, avec trois mètres d’eau tout autour d’eux, une
eau dont le niveau montait rapidement et qui s’accompagnait d’émanations
de produits sans doute inflammables. Ruburt et Joseph n’avaient dit à
aucune personne d’autorité qu’ils avaient décidé de rester ; au lieu de cela,
ils avaient tiré les rideaux pour que l’on ne se rende pas compte de leur
présence. Lorsqu’ils ont eu peur, toute aide extérieure était devenue
impossible.
Les hélicoptères ne pouvant atterrir, ils se sont retrouvés seuls avec le
matériau de Seth, d’autres manuscrits de Ruburt et leurs tableaux. Pour se
calmer, et pour prévenir toute panique, ils ont eu recours à une forme légère
d’autohypnose. Mais c’est Joseph qui a suggéré à Ruburt de se « brancher »
pour découvrir ce qu’il pourrait apprendre à propos de leur situation
personnelle.
Or, du fait de leur connaissance et de leur caractère, ils avaient déjà
commencé à jouer aux cartes pour distraire leur attention consciente, et à
boire du vin pour diminuer la tension. Ruburt est alors entré dans un état
modifié de conscience et a prévu très exactement ce qui allait se passer. Le
pont situé à moins d’un pâté de maison de chez eux allait s’écrouler, mais
ils étaient en sécurité tant qu’ils ne cédaient pas à la panique et ne tentaient
pas de sortir.
Vers cinq heures, le pire serait passé, même si les médias ne le
comprendraient pas tout de suite. Dès qu’ils reçurent cette information,
Joseph et Ruburt se sentirent plus à l’aise, et la panique qui les guettait
disparut.
(22 h 00.) Il ne leur restait plus qu’à observer le phénomène physique, à
surveiller la montée des eaux tout en se sachant en sécurité. Ruburt avait
besoin de cette expérience pour accorder plus de foi à ses facultés. Tous
deux avaient besoin que soit assuré le caractère naturel de ces facultés, et la
possibilité de les utiliser dans un rapport personnel avec la nature. Ruburt
s’est aussi rendu compte qu’il s’était mis dans une situation dans laquelle il
avait sous-estimé l’importance des manipulations physiques. Joseph et lui
sont tous deux très cérébraux ; ils ont donc recherché cette rencontre
physique avec des phénomènes concrets, et résolu le problème
conformément à leurs croyances.
En revanche, ceux qui accordent leur confiance aux groupes et qui
travaillent principalement avec les autres ont immédiatement quitté leur
maison pour trouver du réconfort dans la compagnie de leurs voisins.
Ruburt et Joseph ont découvert leur propre attitude en situation de crise, qui
illustrait clairement leur positionnement médiumnique. Cela les a amenés à
s’interroger sur les raisons qui les avaient conduits à choisir d’être seuls
pour faire face à l’inondation.
En d’autres termes, les eaux en crue sont devenues les eaux du temps, et
du monde phénoménal qui passe.
En dépit de tous les problèmes personnels naturels, ils avaient pris
position. Comme Ruburt l’avait prédit, les eaux ont baissé. Ils ont alors dû
faire face aux conséquences de la catastrophe. Joseph a apporté son aide
aux locataires qui rentraient chez eux, ce qui supposait un sérieux labeur
physique. Ruburt et Joseph ont ouvert leurs deux appartements ; ils ont
hébergé un couple dans l’un pendant qu’ils se cantonnaient dans l’autre, se
retrouvant ainsi en contact quotidien avec d’autres personnes, ce qui n’était
pas dans leurs habitudes. Cette situation particulière leur a apporté un
nouvel éclairage sur un certain nombre de choses très importantes ; elle leur
a aussi montré qu’à travers leur propre relation, ils interagissaient malgré
tout avec les autres. Point, et faites votre pause.
(22 h 17. « Je recevais aussi beaucoup d’autre matériau, mais qui ne
faisait pas partie du livre, me dit Jane. Seth n’en a donc pas parlé. Cela
concernait plusieurs personnes que nous avons rencontrées au cours de
cette histoire d’inondation. » Étant donné que Jane s’est exprimée de façon
très régulière tout au long de cette session, je commence à m’interroger sur
certains points intéressants : est-il possible pour Jane de percevoir de la
part de Seth deux canaux « en même temps » ? Dans ce cas, par quel
processus ? Et même si sa conscience passait successivement de l’un à
l’autre, pourquoi n’y a-t-il pas eu d’interférences dans le matériau qu’elle a
transmis ?
« Je ne sais pas comment je l’ai eu, dit-elle. C’était entre les deux, je
suppose, mais ça ne veut pas dire grand-chose. » Combien de canaux y
avait-il vraiment ? Car Jane a ajouté qu’elle avait aussi eu accès à des
informations la concernant – une fois encore « entre les deux… » Elle est
incapable d’être plus précise. Reprise à 22 h 40.)
Quand l’eau a reflué la radio a diffusé des consignes pendant quelque
temps : des dispensaires étaient mis en place et la population devait
impérativement s’y rendre pour se faire vacciner contre le tétanos.
Ruburt s’est à nouveau « mis à l’écoute » en modifiant son état de
conscience, et il lui a été dit de ne pas suivre ce conseil. Joseph non plus ne
devait pas y aller. Ils ont ainsi eu accès à un savoir inconscient et à une
information sur leur condition physique. Tous deux ne risquaient rien tant
que le vaccin ne leur était pas injecté. En l’occurrence, l’attitude de Ruburt
et de Joseph était en contradiction directe avec les déclarations officielles,
diffusées par la radio, et, bien que chacun dans leur entourage immédiat se
soit précipité vers les centres médicaux, ils ont tenu bon. Ils ont mis leur vie
en jeu. À peine une heure plus tard, les annonces radiophoniques avaient
complètement changé : on disait que les gens n’avaient pas besoin de se
faire vacciner et qu’en fait, le vaccin pouvait même entraîner de graves
réactions.
Pour Ruburt et Joseph, cela a encore renforcé leur confiance en eux-
mêmes, ce qui leur sera utile dans d’autres domaines. Par des aspects trop
nombreux et trop personnels pour qu’on les énumère ici, les conditions de
leur vie leur sont devenues plus claires. Ils n’ont eu aucun plaisir à vivre
pendant plusieurs semaines dans un environnement froid et détrempé. Ils ne
cherchaient pas tous les inconvénients que cela impliquait et, pourtant, pour
des raisons qui leur sont propres, ils ont choisi de prendre part à
l’inondation.
Quelques jours seulement avant que celle-ci ait lieu, on avait proposé à
Ruburt de passer à la télévision de Baltimore et elle avait refusé18. Leur
voiture était sous l’eau et les rentrées d’argent provenant des cours de
Ruburt ont évidemment cessé ; mais ces effets secondaires correspondaient
au choix qu’ils avaient fait tous deux, en accord avec leurs croyances
conscientes, leurs habitudes et leur mode de fonctionnement.
(22 h 50.) Il en va de même pour toutes les personnes concernées par
l’évènement. Au niveau symbolique, une inondation représente évidemment
un balayage complet du passé, l’énergie et le pouvoir décapant des forces
inconscientes, et l’émergence consécutive d’une nouvelle naissance. Le fait
est que votre société vous place souvent face à des désagréments et des
problèmes mineurs qui ne sollicitent pas pleinement vos forces. Les
désastres, eux, sont souvent l’occasion d’une rencontre avec la nature qui
vous permet de faire l’expérience du grand pouvoir de votre identité, et de
son étendue, dans une situation qui vous pousse jusqu’à vos ultimes
retranchements.
Dans une société hautement matérialiste, la perte d’une maison coûteuse
et autres biens matériels a une dimension à la fois très concrète et très
symbolique. De nombreux individus recherchaient donc ce genre
d’expérience. (Une longue pause.) Beaucoup ont aussi réagi avec un
héroïsme dont ils ne se croyaient pas capables. Un sentiment d’union
communautaire est né, un sens profond de solidarité qui n’existait pas
auparavant.
La guerre a souvent servi de stimulus émotionnel et d’échappatoire – en
termes de drame, d’excitation et d’appartenance – pour ceux qui se
sentaient seuls, impuissants et isolés.
À sa manière, un incendie de quartier joue le même rôle, entre autres,
tout comme une catastrophe locale ou régionale. La nature de votre esprit
conscient exige du changement et du spectaculaire, ainsi qu’un sentiment de
pouvoir, et des aspirations grâce auxquelles évaluer les orientations
individuelles. Idéalement, une société « parfaite » devrait offrir ces
possibilités, et encourager chaque individu à utiliser au maximum ses
potentiels, à se réjouir de relever des défis, à se laisser guider par la grande
excitation naturelle qui l’anime lorsqu’il essaye d’étendre le pouvoir de sa
force créatrice d’une manière qui lui est propre et unique.
(Lentement à 23 h 06.) Quand ces opportunités vous sont refusées, il y a
des émeutes, des guerres et des catastrophes naturelles. Le sentiment de
pouvoir est un droit pour toute créature. Une fois encore, j’entends ici par
pouvoir la faculté d’agir de façon créative et avec une certaine efficacité.
Un chien trop longtemps enchaîné devient souvent méchant. Un homme qui
croit que ce qu’il accomplit n’a aucune valeur recherche des situations dans
lesquelles utiliser son pouvoir d’agir, souvent sans se préoccuper de savoir
si son action aura un effet constructif ou négatif.
Vous ne pouvez pas agir de façon positive si vous n’avez pas la
possibilité d’agir.
(Une pause.) Vous ne comprenez donc pas la nature de votre propre
énergie ou votre aptitude à la diriger. Les tempêtes ou les tornades sont
provoquées par des hommes en colère, exactement comme les guerres. Ce
sont simplement des versions différentes du même phénomène.
L’inondation représentait un symptôme psychique collectif projeté sur la
terre. De façon tout à fait naturelle, toutes les personnes impliquées ont non
seulement choisi cette situation, mais contribué au processus de
« guérison » qui est encore à l’œuvre (onze mois plus tard). Mais vous ne
pouvez pas davantage vous couper du corps de la Terre et de ses conditions
que vous séparer de votre propre corps.
Bien que, pour vous, cela ne semble peut-être pas le cas, tous ces
processus sont créatifs et correcteurs. (Une longue pause.) Vous sentez
intuitivement le lien étroit qui existe entre votre humeur personnelle et
subjective et le temps qu’il fait ; vous pensez que cela signifie simplement
que vous réagissez à des conditions physiques extérieures existant
indépendamment de vous. Ce n’est pas du tout le cas.
Quand vous quittez une région pour une autre, c’est parce que vous avez
changé et que vous êtes attiré par d’autres individus ayant le même type de
croyances et de besoins que vous, attiré donc par des conditions naturelles
totalement différentes. Vous allez alors contribuer à perpétuer le climat
« caractéristique » vers lequel vous vous dirigez.
(D’une voix énergique et avec un sourire.) Faites une pause.
(23 h 23.)
CHAPITRE 19

La concentration de l’énergie, les croyances


et le point de pouvoir présent.

(23 h 36.) Chapitre suivant [19] : « La concentration de l’énergie, les


croyances et le point de pouvoir présent. »
La concentration de l’énergie suit vos croyances. Parmi celles-ci,
nombreuses sont celles qui ne sont pas négatives en elles-mêmes, mais
auxquelles vous accordez trop d’importance, ce qui conduit à ce qui paraît
certainement être des résultats négatifs.
Ce matériau est très important pour beaucoup d’entre vous, qui se
trouvent actuellement dans des situations qui leur déplaisent. Je vais
prendre Ruburt comme exemple pour plusieurs raisons. Vous êtes nombreux
à croire que quelqu’un qui a les aptitudes de Ruburt n’a aucun défi, ou
problème. Ruburt dit souvent à juste titre que certains de ses correspondants
s’attendent à ce qu’elle soit en parfaite santé, riche, sage, et bien au-delà des
sentiments humains.
Nombre d’entre vous sont en quête d’un état de « paix » dans lequel il y
aurait une sorte de félicité statique, où toutes les questions auraient à jamais
leurs réponses et les problèmes leurs solutions. Certains pensent que cela va
miraculeusement s’accomplir pour eux d’une façon ou d’une autre. Si vous
reconnaissiez le pouvoir de votre être, vous sauriez qu’il est constamment à
la recherche de plus vastes domaines de créativité et d’expérience,
auxquels de nouveaux défis sont inhérents – car tous les problèmes sont des
défis.
Au début, Ruburt avait des idées et des croyances qui ne sont devenues
contraignantes que lorsqu’elle les a poussées à l’extrême. (Voir la
session 645, chapitre 11.) Dans votre expérience, vous êtes nombreux à
vous concentrer sur certains domaines d’activité avec une telle énergie que
vous en négligez les autres et les considérez comme des limitations.
(Lentement à 23 h 46.) La condition de Ruburt est liée à une situation
dans cette vie. Certains d’entre vous se focalisent sur les aspects physiques
de l’existence, qui sont tout à fait légitimes, mais ils le font aux dépens
d’autres éléments importants. En termes plus larges, concentrer son
attention sur un domaine particulier peut avoir des répercussions sur une vie
tout entière – du point de vue des réincarnations – dans laquelle vous
choisissez, pour ainsi dire à l’avance, de vous intéresser à certaines choses
plutôt qu’à d’autres ; vous pouvez opter pour un corps qui ne fonctionne pas
normalement ou pour un esprit qui n’atteint pas les normes opérationnelles
habituelles.
Vous vous trouvez donc à la naissance dans une situation qui ne vous
permet pas de fonctionner adéquatement, quelle que soit la façon que vous
avez choisie. Si vous avez décidé de vivre une expérience dans laquelle l’un
de vos organes est fortement déficient, ou fonctionne mal, et que vous
naissez par exemple avec une maladie grave, ce sera donc là le contexte
particulier dans lequel vous allez faire l’expérience de la réalité corporelle.
Il y aura une raison à cela et cette raison réside dans les facultés que vous
avez gardées libres, et qui s’ouvrent à vous pour que vous les développiez.
Toutes les existences sont simultanées. À l’intérieur des limites de la
condition de créature, certaines choses sont possibles et d’autres non. Vous
ne pouvez régénérer un membre ou en faire pousser un nouveau. Vous
pouvez guérir d’une maladie « incurable » si vous réalisez que votre point
de pouvoir se situe dans le présent.
(Une pause.) Quelle que soit votre situation, vous l’avez choisie pour une
bonne raison. Si cela implique des circonstances physiquement impossibles
à transformer, cela veut dire que vous avez choisi ce contexte afin de mettre
en valeur d’autres aptitudes et de les utiliser sous une forme concentrée.
L’important est de ne pas vous focaliser sur ces déficiences mais
d’approfondir vos capacités propres, car la puissante énergie de votre
personnalité se manifestera à travers elles.
Maintenant. C’est la fin de la dictée. Une note personnelle…
(Seth ajoute quelques lignes pour Jane puis décrit une méthode qui me
permettra de l’aider dans son travail sur ses croyances.)
Est-ce que vous me suivez ?
(« Oui – si j’arrive à le faire. »
D’une voix plus forte et avec humour.) Vous le pouvez. Mes salutations
les plus chaleureuses pour vous deux et un cordial bonsoir.
(« Bonne nuit, Seth. » Fin à 0 h 05.)

SESSION 667
MERCREDI 30 MAI 1973

(Aux premières heures du 29 mai, après la dernière session, Jane a vécu


sa plus vive expérience de travail sur le livre pendant son sommeil.
Certains éléments étaient similaires à ceux décrits les fois précédentes,
mais de nouvelles idées et questions sont néanmoins apparues. [Voir par
exemple les notes de la session 619, chapitre 4, ou celles de la session 660,
à cheval sur les chapitres 16 et 17.]
« C’est déjà en train de s’effacer, écrit Jane le matin suivant. En tant que
Seth, je donnais l’introduction, ou le tout premier chapitre d’un livre.
C’était si réel et j’avais tellement l’impression d’être réveillée que ça m’a
fait un choc quand j’ai enfin commencé à réaliser que “je” dormais.
J’avais du mal à y croire. J’ai gigoté dans le lit et ça a réveillé Rob.
Puis je me suis dit que je ne voulais pas tenir de vraies sessions pour le
livre pendant que je dormais – car alors qui les mettrait par écrit ? À moins
que Rob aussi puisse le faire pendant qu’il dormait. Je savais que nous en
étions au chapitre 19 du livre de Seth, et cela m’a troublé. Comment se
faisait-il que je transmette un chapitre antérieur – ou s’agissait-il d’un
travail pour un autre livre ? »
Quand elle s’est réveillée, Jane m’a demandé plusieurs fois si elle avait
réellement dormi. Il m’était facile de le lui confirmer puisque je m’étais
réveillé le premier. Avant la session de ce soir, elle me dit qu’elle espère que
Seth va expliquer ce qui s’est passé, mais à notre surprise, il n’en parle pas
– bien qu’une grande quantité de matériau personnel nous soit transmise.
Je lis à Jane la dernière page de la session 666 à partir de mes notes
puisque je n’ai pas encore fini de les taper.
21 h 26.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Cet après-midi, pendant que Ruburt travaillait sur les
modifications de conscience, la radio était allumée. Le programme de
musique rock a été interrompu par une annonce qui concernait la course
d’Indianapolis (la 57e édition des 500 miles d’Indianapolis). Un pilote avait
déjà été grièvement blessé (lundi) ; la course, reportée à cause de cet
accident et du mauvais temps (mardi), a donc finalement débuté
aujourd’hui.
Pendant qu’elle se déroulait, la radio a continué ses annonces et Ruburt a
appris qu’un autre accident très grave venait de se produire. Par ailleurs,
quelqu’un a été tué par une voiture de secours qui se précipitait sur les
lieux. La victime, qui n’est pas un pilote, était cependant liée à la course.
(Il s’agit d’un mécanicien. Note ultérieure : le pilote impliqué dans cet
accident est mort un peu plus d’un mois plus tard.
21 h 32.) Revenue à son état de conscience « normal », Ruburt s’est
interrogé sur la violence de ces faits et sur l’ensemble de la situation dans
laquelle ces personnes se sont placées. (Au fait, Ruburt a souvent la radio
allumée lorsqu’il travaille sur des états modifiés de conscience ; cela lui sert
de point de référence.
Une partie du matériau du dernier chapitre devrait aider à comprendre la
raison de ces contextes auxquels la violence est quasiment inhérente et
devient même un contexte de défi à travers lequel la réalité est perçue.
C’est une situation de danger et, pourtant, ceux qui s’y trouvent impliqués
l’ont choisie, elle ne leur est pas imposée. De façon semblable, il arrive que
l’individu choisisse, pour une vie entière, un contexte qui peut paraître
incompréhensible, téméraire ou même insensé pour un observateur.
(21 h 38.) De très graves infirmités de naissance peuvent aussi faire
partie de ces programmations pour une vie. De l’extérieur, il semble
impossible que quiconque puisse choisir de telles conditions, un contexte
de vie aussi restrictif, ou même douloureux. De ce point de vue, les
malformations de naissance et les maladies qui durent toute la vie paraissent
n’avoir aucun sens.
Vous pouvez objecter que personne ne démarre une course avec un
handicap mais, à l’évidence, si. Les individus choisissent souvent ce genre
de situations précisément parce qu’elles sont stimulantes, et de nombreux
grands hommes ont fait ce choix. Cela ne signifie pas que les handicaps
soient nécessaires. Dès qu’un individu réalise que son point de pouvoir est
dans le présent, il n’a plus besoin d’obstacles auxquels se mesurer, ni de se
focaliser sur ce qu’il pense être la bonne direction.
Vous vivez de nombreuses vies simultanément. Vous les concevez
souvent comme des réincarnations successives, l’une après l’autre. Si vous
souffrez d’une grave maladie et si vous croyez que la cause de vos
symptômes se trouve dans une vie passée, et qu’il faut « en prendre son
parti », alors vous ne comprenez pas que votre point de pouvoir se situe
dans le présent et vous ne croyez pas en la possibilité de guérir.
Répétons-le, même les maladies dites « incurables » peuvent guérir tant
que cela n’implique pas des régénérations qui sont impossibles dans le
cadre de votre condition de créature.
Les anomalies de naissance, quelles qu’elles soient, sont, selon vos
termes, choisies avant cette vie, et ce pour diverses raisons (exactement
comme les gens choisissent d’être malades dans cette existence, quelle que
soit la durée de ces maladies). Cela signifie qu’un certain cadre psychique
est mis en place, dans lequel un individu décide « à l’avance » du type de
vie dont il va faire l’expérience. Dans d’autres écrits, j’ai déjà donné
certaines informations sur ce sujet19.
Quelqu’un qui a eu plusieurs existences axées sur la réussite
intellectuelle peut délibérément opter pour une vie laissant de côté ces
aptitudes mentales et donner au contraire libre cours aux émotions qu’il
avait « auparavant » refusées.
(21 h 54.) Puisque toutes les existences sont simultanées, cela signifie
simplement qu’il met dans cette vie l’accent sur certains aspects – aux
dépens des autres, diriez-vous –, et qu’il établit un cadre de référence qui
peut sembler limitant. De son côté, l’individu lui-même peut considérer
qu’il s’agit là d’une expérience gratifiante et épanouissante, où les émotions
ont enfin droit à une liberté qui leur était habituellement refusée. De façon
caractéristique, certaines personnes préfèrent des formes de vies dont
l’évolution et l’accomplissement suivent un cours régulier alors que
d’autres exigent d’importants contrastes. L’un de ces individus peut, par
exemple, être miséreux dans une vie et extrêmement riche dans une autre,
un intellectuel de génie, un parfait athlète ou un grand invalide dans une
autre encore. Les différences individuelles entrent donc en ligne de compte
dans les types d’existence choisis.
Le plus souvent, c’est la famille, plus que la personne handicapée, qui
s’interroge et ne comprend pas – comme, par exemple, dans le cas des
enfants mentalement arriérés. Quelle que soit la situation cependant, non
seulement les enfants choisissent leurs parents à l’avance, mais bien sûr les
parents choisissent aussi leurs enfants.
Pour les parents, cette situation comporte de grandes possibilités
d’accomplissement. Il y a, pour tous ceux qui se trouvent dans ces
conditions, des possibilités de croissance et de créativité hors du commun.
C’est la raison pour laquelle ce cadre a été choisi. Il en va de même pour
d’apparentes tragédies, comme les accidents ou les maladies graves.
(Avec beaucoup d’insistance, à 22 h 03.) Sur le plan individuel, une
maladie grave représente par exemple l’adoption d’une focalisation
extrêmement intense dans laquelle on supprime ou refuse délibérément un
aspect particulier de l’existence normale. Le contexte de la vie elle-même
doit alors être magnifié selon d’autres lignes. Naître dans une pauvreté
extrême ou dans un milieu familial apparemment très malheureux relève
d’une certaine manière de la même démarche. Le défi de ce type de vie est
inhérent au problème lui-même et en découle. Ce n’est pas toujours le cas,
mais en général une réalisation personnelle particulière en résulte,
précisément du fait de cette difficulté initiale (avec insistance).
Cet accomplissement n’a nullement besoin de se traduire par une grande
œuvre artistique ou par une découverte, ou par des succès en politique, par
exemple, bien que cela puisse aussi être le cas. La réussite dans l’activité en
question représente souvent un défi de la part de la personne qui l’a établi
en termes de créativité psychologique et d’enrichissement global de
l’expérience. Tous ceux qui sont impliqués, la famille entre autres, auront
« auparavant » donné leur accord à cette situation. Souvent, en particulier
lorsqu’il s’agit de malformations congénitales physiques ou mentales, la
personne handicapée n’accepte pas sa condition uniquement pour des
raisons personnelles : elle choisit aussi de jouer ce rôle pour sa famille
entière.
Des parents très intelligents peuvent donc se retrouver avec un enfant
attardé. S’ils accordent une grande valeur à l’intellect, et ce aux dépens des
émotions, leur enfant peut exprimer pour eux la spontanéité émotionnelle
dont eux-mêmes ont si peur.
Vous pouvez faire votre pause.
(22 h 15. Étrangement, malgré sa transe profonde et la quantité de
matériau qu’elle a transmis, Jane se souvient d’une phrase – la remarque
de Seth à propos de la radio qui lui sert de point de référence lorsqu’elle
travaille sur les états de conscience. Voir la présente session à 21 h 32.
C’est un fait évident que nous n’avions réalisé ni l’un ni l’autre.
Jane met aussi souvent la radio quand elle écrit. Elle plaisante
maintenant en disant qu’elle doit s’en servir comme « d’un fil conducteur
entre les réalités ».
Reprise avec la même intensité à 22 h 47.)
Une malformation de naissance est une évidence ; elle met en place
certaines conditions qu’on ne peut ignorer.
De nombreuses maladies ordinaires impliquent aussi le groupe familial à
un degré ou un autre. Les croyances prédominantes de la personne malade
restent cependant primordiales. La situation de groupe suppose une
acceptation de la part des autres membres de la famille.
Maintenant, comprenez que c’est exactement la même chose lorsqu’il
s’agit d’accomplissements sortant de l’ordinaire. Là encore, les croyances
qui prédominent sont celles de la personne directement concernée, mais
celle-ci peut aussi exprimer par son succès les aspirations non réalisées de
membres de sa famille ou du groupe dans lequel elle est intimement
impliquée. Il y a toujours des raisons à ce genre d’interaction.
(Une pause.) Beaucoup de grands contrastes d’ordre social ont le même
genre de signification intérieure. Ici, des groupes entiers d’individus
choisissent telle ou telle forme d’existence où règnent, par exemple, la
pauvreté et la maladie alors que d’autres parties du monde, ou du pays,
jouissent des plus grandes avancées technologiques, de la richesse et de la
prospérité. Séparément, chacun a une raison personnelle pour un tel choix
mais, à d’autres niveaux, cela met clairement les contraires en lumière par
la focalisation sur le contraste entre la richesse et la pauvreté, entre le
succès scientifique et son absence. Le progrès technologique, pris comme
focalisation principale, illustre automatiquement ses avantages et ses
inconvénients.
Une nation engagée dans cette voie est comme un individu qui suit
résolument un chemin « objectif et mâle », principalement orienté vers
l’extérieur, au sens où vous l’entendez en Occident. Certaines valeurs ont
été mises en avant dans votre pays, depuis quelque temps surtout. Ces
attributs ont été privilégiés au détriment d’autres, pour des raisons
individuelles aussi bien que collectives. Le reste de la planète a pourtant
donné son accord à ce genre d’action et diverses parties du monde ont suivi
des trajectoires totalement différentes, de sorte que, dans votre expérience,
la société dans son ensemble se présente comme un kaléidoscope de
différentes focalisations et de ce qui en résulte.
(Une pause à 23 h 05.) À une moindre échelle et à des degrés divers,
toute tribu, ville, famille ou communauté manifeste les mêmes tendances, et
c’est à partir de cette expérience partagée que chaque individu apprend et
évolue.
On peut choisir d’avoir plutôt un talent particulier, à travers lequel on
perçoit la réalité et qui concentre toute expérience. Ce talent représente une
formidable focalisation et pourtant, par sa nature même, il risque
d’empêcher d’autres expériences que beaucoup de gens trouvent tout à fait
normales. Il arrive que certains artistes doués d’un grand talent se ferment à
toute maturité intellectuelle et utilisent des qualités affectives innées avec
une intensité et une ampleur telles que leurs facultés de raisonnement sont
largement mises de côté. (Une pause.) Privés d’un éclairage rationnel, les
éléments émotionnels peuvent se révéler si ingérables que l’artiste en
question, malgré toute la spontanéité avec laquelle il s’exprime, est
incapable de s’installer dans une relation intime permanente, de quelque
nature qu’elle soit. Car la raison et l’émotion sont des contreparties
naturelles.
Un autre peut, quant à lui, choisir de se focaliser sur la réussite
intellectuelle au point de se fermer à toute proximité affective réelle –
même s’il accepte une relation stable, il n’en tirera pas la richesse
d’émotion que d’autres peuvent trouver dans une rencontre beaucoup plus
brève. Chacun de vous choisit donc – à l’avance, selon vos termes – le type
de contexte dans lequel vous allez aborder les situations de la vie. Ceci
s’applique aussi bien du point de vue personnel que collectif.
Ceux qui croient en la réincarnation vont demander : « Qu’en est-il des
croyances des vies passées ? Et si j’oublie l’idée de culpabilité, suis-je
encore sous l’emprise des lois du karma ? » (Voir la session 614,
chapitre 2.)
Puisque tout est simultané, vos croyances actuelles peuvent modifier
celles du « passé », à partir de cette vie ou d’une autre qui lui est
« antérieure ». Les existences sont ouvertes. Avec votre conception de
temps progressif, et les croyances de cause à effet qui en résultent, je réalise
que ceci doit être difficile à comprendre pour vous. Pourtant, au sein des
aptitudes de votre condition de créature, vos croyances actuelles peuvent
modifier votre expérience ; vous pouvez restructurer votre « passé
réincarnationnel » comme vous pouvez le faire avec celui de votre existence
présente (comme il est expliqué dans les sessions 657 et 658, chapitre 15.)
(Avec des gestes.) Au milieu de la page :

Le point de pouvoir est dans le présent.

Ce présent dont vous faites l’expérience constitue aussi la pierre de


touche psychique de toutes vos autres existences. Vous vous rendez compte
consciemment de certains évènements et inconsciemment de beaucoup
d’autres choses que, d’une façon ou d’une autre, vous apprenez à amener au
niveau de l’attention consciente.
Et il en va de même pour vos autres « moi réincarnationnels ». Ils se
rendent inconsciemment compte de votre expérience consciente, tout
comme vous êtes inconsciemment réceptif à la leur.
L’interaction est constante et, dans tous vos présents, elle est créatrice.
Vous puisez dans leur connaissance comme ils puisent dans la vôtre et cela
s’applique aussi, bien sûr, aux personnalités que vous diriez futures. Vous
avez à votre disposition une gigantesque source d’informations et
d’expériences, mais vous allez l’utiliser en fonction de vos croyances
conscientes actuelles. Si vous comprenez que le point de pouvoir se situe
dans le présent, un univers inépuisable de capacité et d’énergie s’ouvre à
vous.
Vous pouvez faire une pause.
(23 h 27. Jane repart en transe à 23 h 41 ; elle transmet plusieurs pages
de matériau destinées à d’autres personnes ainsi qu’à nous-mêmes. Ce soir,
notre travail prend fin à 0 h 17.
J’ajoute que Seth a brièvement évoqué la réincarnation au cours de la
session 631, chapitre 7, lorsqu’il parlait des probabilités ; puis dans la
session 636, chapitre 9, en lien avec l’instant de réflexion ; et dans la
session 657, chapitre 15, quand il était question des croyances présentes.)

SESSION 668
MERCREDI 6 JUIN 1973

( Il n’y a pas eu de dictée pour le livre au cours de la session du lundi 4


juin, qui était consacrée à un scientifique venu de la côte ouest pour rendre
visite à Jane. Certaines de ses questions se rapportaient à la prévision des
séismes, domaine qu’il étudie à l’aide d’ordinateurs. Il est intéressant de
noter que Seth a terminé le chapitre 18, qui a trait à notre création
psychique de l’environnement [y compris les tremblements de terre, bien
sûr], une semaine avant l’arrivée de notre hôte. Cette visite était pourtant
programmée depuis le 9 mai.
21 h 12.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. (Lentement.) Vous devez vous souvenir que les débuts et les fins
n’ont de réalité que dans le cadre de votre système de vie tridimensionnelle.
L’énergie de votre être existe à l’extérieur de ce système, mais elle s’y
manifeste pour devenir physiquement « vivante » en certains points de
l’espace et du temps. L’énergie plus vaste qui est la vôtre entre – et sort –
continuellement du continuum spatio-temporel, tel que vous le concevez.
Ce faisant, son expérience devient physique. À l’intérieur de ce système,
elle laisse une trace de vie. Quand vous pensez en termes de réincarnation,
vous avez l’impression que l’une de ces traces existe avant l’autre, mais
elles existent toutes en même temps et forment le « diagramme » entier.
(Une longue pause.) Puisque votre entité est à l’origine de toutes ces
ramifications, de toutes ces traces de vie, elles sont toutes reliées
psychologiquement et en termes d’énergie électromagnétique. Faisons une
analogie : tout en tenant pour acquis que vous êtes réellement
multidimensionnel, vous ne pouvez percevoir qu’une partie de votre
expérience à la fois, du fait des caractéristiques de la condition de créature.
Le système tridimensionnel se spécialise automatiquement dans l’effet d’un
avant et d’un après.
Vous existez dans, disons, sept siècles différents à la fois. Néanmoins, les
modèles d’expérience normaux de votre être temporel interdisent la vision
d’ensemble de toutes ces vies en termes de créature.
(21 h 26.) Encore une fois, ce qui se passe, c’est que l’énergie de votre
être entre en contact avec le système tridimensionnel dans sept points
[instants]20 différents. En chacun de ces points est perçu ce qui semble être
une vie isolée. Un peu au-delà de ces intersections, il y a cependant une
reconnaissance plus ou moins unitaire et globale du tout qui les
« chevauche ». Celui-ci représente l’entité multidimensionnelle qui, tout à
la fois, fait partie de ces traces de vie, et en est séparée. Vous pouvez avoir
une existence au XVIIe siècle par exemple ; vous considérez peut-être que
cette vie est terminée et qu’elle fait partie du passé. Vous croyez peut-être
que votre existence actuelle, avec tous ses potentiels et tous ses défis,
résulte de ce vécu antérieur, et pourtant les deux existent simultanément. Le
XVIIe siècle n’est pas mort. Vous percevez l’histoire selon un schéma
unilinéaire ; vous accomplissez certaines actions que vous considérez
comme la réalité, vous identifiant tellement à elles que vous ne percevez
rien d’autre. D’autres actions probables se déroulent pourtant constamment,
qui sont tout aussi valides que celles dont vous décidez de faire
l’expérience.
Vos moi réincarnationnels ont autant de vies probables que vous en avez.
Vos croyances et actions présentes modifient « leur » expérience, tout
comme chacune des leurs, dans leur propre présent, modifient la vôtre. Si
vous considérez ces moi réincarnationnels comme une seule et unique
identité, ces interactions deviennent alors tout à fait naturelles. Le moi
global est transformé par toutes ses compréhensions.
À présent, faites votre pause.
(De 21 h 49 à 21 h 55.)
Chaque portion de l’identité est unique et indépendante ; elle détermine
par ses propres croyances ce qu’elle va accepter en termes d’influences
dans le cadre de sa situation immédiate. Le grand miracle, en fait, est que
chaque conscience, quel que soit son niveau, est elle-même, et uniquement
elle-même, alors qu’au sein de champs illimités d’interactions, elle n’est
peut-être qu’une partie d’une autre conscience – tout comme une ville fait
partie d’un état ou un individu d’une famille.
En ce qui concerne la personnalité, telle que vous l’entendez, chacun
choisit les aptitudes qui seront les siennes, ainsi que les défis auxquels il
devra faire face dans une vie. Chaque personne a ensuite au présent une
opportunité illimitée de puiser dans l’énergie de l’entité, dans la
compréhension et les pouvoirs de toutes ses parties. (Une longue pause.) Il
va sans dire que tout être humain possède les capacités latentes mises en
évidence par un grand artiste, un athlète, un homme d’État ou un
philosophe. Il existe au sein de la condition de créature une large gamme de
facultés ; elles sont peut-être rarement utilisées mais elles sont là en tant
qu’idéaux réalisables, qui peuvent être exprimés à l’intérieur de ce
système. De la même manière, chaque individu possède sous une forme
latente les capacités de son entité. Celles-ci constituent également des
idéaux réalisables, mais dans un contexte d’un genre différent, car vous
disposez non pas d’une occasion unique mais de différents siècles et de
nombreuses existences pour vous y exercer.
Vous excellez souvent dans des situations qui vous échappent totalement
au niveau physique. Une fois de plus, ces réussites s’accomplissent tout de
même par une focalisation sur votre instant présent puisque, physiquement,
vous ne vous rendez compte que d’une seule suite d’évènements probables
– si bien que la signification de nombreux évènements du rêve vous
échappe. Mais vous accomplissez parfois quand vous rêvez un travail au
moins aussi valide que celui que vous faites dans la journée ; et, dans l’état
onirique, vous rencontrez vos moi réincarnationnels et interagissez avec
eux.
(22 h 11.) En fait, je préfère que vous les considériez comme simultanés.
Lors du rêve, il y a d’importants échanges d’information avec ces autres
moi. Votre cerveau convertit automatiquement ces données en termes
temporels de sorte que bon nombre des expériences significatives que vous
avez rêvées sont déjà des traductions au moment où vous vous en souvenez.
Autrement, elles n’auraient aucun sens pour vous.
Quand vous rêvez, il vous arrive souvent de voyager hors de la réalité
tridimensionnelle, mais vous devez ensuite vous souvenir de ces
expériences en termes physiques, ou vous ne vous en souviendriez pas.
Même vos rêves, voyez-vous, doivent passer par ce point dans le présent – à
l’intersection de l’esprit et de la chair. Le rêve est un canal ouvert à travers
lequel vous transcendez votre environnement matériel. D’étranges
modifications, que vous n’avez pas encore découvertes, se produisent dans
le cerveau au cours de certains états de rêve, une accélération qui propulse
littéralement la conscience hors de son continuum espace-temps habituel et
dans les autres réalités dont elle est issue.
Cela constitue des points d’unité où se rencontrent les divers moi
simultanés ; et certains rythmes saisonniers sont ici concernés, en termes
physiques.
(22 h 20.) Voulez-vous faire une pause maintenant ?
(« Non, je ne crois pas. » Ce soir, je n’ai pourtant pas l’esprit très vif.)
Tout comme vos vaisseaux spatiaux partant vers la lune doivent attendre
les conditions les plus propices pour décoller, il existe en des termes
différents des rythmes liés à l’énergie. Concrètement, cela signifie que
certains moments sont plus propices que d’autres à ces communications
pendant le rêve. Au niveau individuel, ces dernières représentent souvent
une illumination ou une décision soudaine et bénéfique. Collectivement,
elles entraînent de grands changements historiques.
Faites votre pause.
(De 22 h 24 à 22 h 35.)
Ces échanges mutuels correspondent à des périodes durant lesquelles
l’âme et la chair se rencontrent dans des conditions optimales. Il existe des
variations individuelles, et aussi des schémas collectifs. L’énergie du moi
individuel provient constamment de l’entité. Il n’y a donc pas seulement
une intersection de l’âme et de la chair, mais au moins une série constante,
pour employer vos termes. Du fait des caractéristiques de l’énergie, telle
qu’elle se manifeste dans le système tridimensionnel, il y a des fluctuations
– qui concernent toujours votre présent.
Ces cycles se confondent en plusieurs points, de sorte que, dans tous les
domaines, des changements majeurs se produisent à la fin d’une période de
deux mille ans. Pour d’autres raisons et à une moindre échelle, le mois
d’août est hautement signifiant sur une séquence de vingt-cinq ans. À
l’intérieur de ces cycles, une période de sept ans est importante pour
l’individu. Ce ne sont là que des rythmes qui signalent le plus fort impact de
l’esprit dans son intersection avec la chair et le temps.
En termes physiques, cela concerne les marées et certaines données
géographiques, mais il s’agit là d’« effets » liés aux courbes de l’énergie qui
compose la conscience. Ces rythmes se reflètent à la perfection, et jusqu’au
moindre détail, d’autres façons encore. Au cours de n’importe quelle nuit,
le septième rêve est le plus important – bien que (d’une voix plus forte et
avec un sourire) personne ne les compte, et mentionnez que j’ai dit cela
avec humour.
Les plus grandes facultés d’une personne peuvent parfois trouver leur
expression physique en fonction de certains rythmes qui demeurent
incompris. D’une certaine manière, on peut dire que l’énergie d’une entité
se disperse et qu’elle frappe le continuum de l’espace-temps selon certains
angles, avant de rebondir en arrière. Mais même lorsqu’elle fait irruption
dans l’existence physique, cette énergie est toujours en contact avec elle-
même.
(22 h 47.) En vos termes, cette énergie rebondit vers sa source dans l’état
de rêve, mais elle doit toujours passer par ce que vous considérez comme la
fenêtre du présent.
(Une pause.) Ce retour de l’énergie à elle-même est la raison d’être de
l’état de rêve, dans lequel on s’embarque dans une expérience qui, à la base,
n’est pas d’ordre physique et qui est alors traduite en rêve par le cerveau.
Vos rêves les plus profonds concernent pourtant des compréhensions non
matérielles. Même si vous vous en souvenez clairement, votre rêve est déjà
une traduction effectuée par le cerveau. L’information acquise pénètre
ensuite dans votre présent, où elle colore votre vie, à la fois sur le plan
mental et biologique.
L’information en question est aussi automatiquement transformée en
fonction de vos croyances, pour qu’elle ait au moins un peu de sens pour
vous. En termes d’énergie, considérez vos moi comme des particules, vos
expériences étant les ondes qui les traversent et procurent à chacun d’eux
ses sensations. Quand vous êtes physique, vous êtes une particule. La
forme de celle-ci définit ce que vous vivez quand les ondes la pénètrent,
mais votre réalité plus vaste ne peut s’exprimer en des termes aussi limités.
Faites votre pause.
(22 h 55. Une fois encore, le rythme de Jane parlant pour Seth est fort et
régulier. « Je ne me souviens pas vraiment de ce que j’ai dit, affirme-t-elle,
mais j’ai l’impression qu’avec ce matériau, on est allé encore plus loin. Ça
va révolutionner la science si les physiciens peuvent le comprendre. Aussi
limités que nous le soyons en tant qu’êtres humains, je pense que nous
saisissons tout de même, grâce à Seth, quelques idées d’une importance
vitale… »
Il vient juste d’arrêter de pleuvoir et il y a beaucoup d’humidité. Jane
sort prendre un peu l’air et faire quelques pas pendant la pause. Reprise à
23 h 24.)
Maintenant. Lorsque vous voulez envoyer des fusées ou des vaisseaux
spatiaux vers la lune, il y a des moments plus favorables que d’autres et
c’est la même chose pour l’âme et le moi : il y a également des périodes où
ils coïncident mieux – où la communication est optimale.
Tout cela se produit à travers la fenêtre de votre présent. En termes
d’énergie, une fois encore, lorsque la vitalité de votre entité fait irruption
dans la réalité tridimensionnelle, cela donne lieu à une particule qui
constitue votre être actuel. Mais cette particule est aussi régulièrement
rejetée par la terre selon un certain rythme. La même chose se produit pour
les autres portions de votre moi en d’autres points du continuum espace-
temps ; mais à certains intervalles, vous vous rencontrez, pourrait-on dire.
Chacun de vos « présents » se charge, s’emplit de potentiels ; et votre entité,
qui est elle-même énergie consciente, s’enrichit de vos expériences
diverses, par le pouvoir combiné et amplifié de son propre « passé ».
À l’intérieur de chaque moi se forment donc des pics qui servent de
points d’attraction, maintenant ouverts, par lesquels la puissance magnifiée
de l’entité peut s’écouler. Cette énergie peut toutefois sembler erratique –
exactement comme les taches solaires. Au niveau psychologique, une
grande effervescence se produit, et souvent les personnalités individuelles
concernées se restructurent selon de nouvelles orientations.
Sur le plan privé, c’est le moment où les êtres humains ont le sentiment
de recevoir des illuminations, où ils prennent des décisions soudaines et
ressentent des forces nouvelles. Cela a aussi des répercussions sociales qui
peuvent se traduire par des phases d’agitation apparente pendant lesquelles
une nouvelle forme de créativité se dessine. Il y a alors de grands
changements planétaires au niveau de vos institutions, en termes
d’organisation, mais ceux-cic ne sont que le reflet d’illuminations
personnelles internes qui se matérialisent. (D’une voix plus puissante.)
Vous ne faites pas suffisamment confiance à vos moi intérieurs et vous ne
réalisez pas la présence de ce ferment créatif en effervescence. Pourtant,
cela vous épargnerait bien des problèmes.
Je m’adresse à présent à la fois à vous deux et aux lecteurs : tout point du
présent est un point potentiel de grand changement créatif mais, du fait des
rythmes dont nous venons de parler, ces changements se produisent plus
facilement selon certains cycles(Brusquement.) Fin de la dictée et de la
session. Je vous adresse mes salutations les plus chaleureuses.
(« Bonne nuit, Seth. Merci beaucoup. » 23 h 40.)

SESSION 669
LUNDI 11 JUIN 1973

(La nuit est très chaude et d’une humidité gênante, mais Jane ne veut pas
manquer une session. Pour une fois, celle-ci a lieu dans son bureau, avec
toutes les portes et fenêtres ouvertes.
Avant la session, nous avons une fois de plus exprimé l’espoir que Seth
commente au moins la dernière expérience de Jane travaillant sur le livre
durant son sommeil. Cela s’est passé aux premières heures du 29 mai et a
été très intense ; voir à ce propos les notes au début de la session 667 du
présent chapitre. Mais, une fois encore et quelle qu’en soit la raison, Seth
n’en fait pas mention. J’oublie aussi de le lui rappeler. Pendant une session,
il est facile d’oublier de poser des questions spécifiques – cela m’est déjà
arrivé alors même que j’en avais une liste sous les yeux.
Mais à présent, comme pour nous laisser encore plus perplexes, Seth
parle du matériau que Jane a reçu la nuit dernière en rêve. Il s’avère que
cela a un rapport avec le chapitre 20.
Le rythme de Jane est assez lent ce soir ; sa voix est calme.
21 h 40.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Puisque le point de pouvoir et d’action est dans votre présent, au
sens où vous l’entendez, chaque jour est donc comme une fenêtre qui vous
offre des perspectives différentes à travers chacun de ses panneaux vitrés.
Chaque jour, la fenêtre peut être ouverte ou fermée, mais elle s’inscrit
dans le cadre formé par votre expérience psychologique actuelle. Même
lorsqu’elle est fermée, elle laisse passer la lumière et illumine votre
quotidien. À sa façon, chaque jour contient sous une forme mineure des
indices se rapportant à toutes vos existences simultanées. Le moi présent
n’existe pas de manière isolée.
Au cours de n’importe quelle période de vingt-quatre heures, des traces
et des aspects de toutes vos autres expériences se manifestent à leur façon.
Chacun de vous est à chaque instant porteur d’éléments appartenant à ses
autres identités – dont certains peuvent être parfaitement évidents alors que
d’autres passeront quasiment inaperçus. Vous allez peut-être reconnaître
comme étant vôtres certaines aptitudes qui font l’objet de toute votre
attention dans une autre vie mais que vous n’utilisez pas beaucoup dans
celle-ci.
De vagues aspirations vers certaines réussites peuvent indiquer que les
éléments nécessaires pour y parvenir vous sont inhérents, mais que le moi
que vous connaissez ne les développe pas. À sa façon, une période de vingt-
quatre heures représente à la fois une existence entière et plusieurs vies en
une. Elle comporte symboliquement la « mort » lorsque votre conscience
physiquement orientée arrive au terme de la quantité de stimuli qu’elle peut
facilement traiter sans prendre de repos. Lors de votre mort physique
naturelle, vous parvenez aussi à un stade où votre conscience orientée vers
cette planète ne peut plus traiter de nouvelles données sans prendre un
« plus long repos » et organiser tout cela en un ensemble créateur ayant un
sens – en termes temporels.
(21 h 56.) Chaque jour est donc pour ainsi dire une incarnation – et pas
seulement sur le plan symbolique, car à l’intersection de l’âme et de la
chair, chaque moi reflète quotidiennement ses moi « réincarnationnels », ou
simultanés.
Ceci est également valable pour ce qui peut vous sembler être d’un
niveau plus pratique, dans le sens où chaque jour porte aussi en lui des
réponses aux problèmes courants. Si vous vous rendez compte d’un
problème (un défi) particulier, vous pouvez être sûr que sa solution est tout
aussi présente que lui et qu’elle vous accompagne comme lui. (Avec
insistance.) La solution est simplement l’autre face du problème, sur
laquelle vous ne focalisez sans doute pas votre attention. Il y a pourtant des
signes clairs qui vous indiquent la direction à prendre – ils existent déjà au
sein de votre expérience mais vous ne les reconnaissez pas parce que vous
êtes trop concentré sur le problème.
Cela s’applique à toutes les formes de dilemmes.
(Une pause.) Bien que vous soyez un individu et que vous ayez votre
libre arbitre, vous faites aussi partie d’un autre vous, un moi plus grand
auquel vous ne vous identifiez pas maintenant. Vous
avez vos propres caractéristiques, qui sont uniques. Votre être plus vaste
possède lui aussi sa propre originalité ; il y a pourtant ce qu’on pourrait
appeler un air de famille entre vous, si bien qu’en général, votre autre moi
et vous choisissez souvent le même type de défis, même si ceux-ci prennent
des formes différentes.
À leur façon, d’autres portions de votre être multidimensionnel vivent
des expériences assez semblables aux vôtres, même si extérieurement la
situation peut paraître totalement différente. Leur progrès demeure latent à
l’intérieur de la fenêtre du point-instant – le point-instant étant simplement
votre intersection actuelle avec la réalité que vous connaissez.
Encore une fois, les aventures de vos moi simultanés apparaissent dans
votre conscience sous forme de traces : des idées, une rêverie, des images
décousues, ou parfois même des intuitions soudaines. Vous pouvez leur
faire appel, en tirer parti pour qu’elles vous aident à comprendre les
problèmes que vous rencontrez.
Vous pouvez faire votre pause.
(22 h 10. « C’est l’une des rares fois au cours de toutes ces sessions, dit
Jane, où je n’étais même pas en transe. » Elle n’a pas cessé de se tortiller
sur sa chaise mais son élocution s’est accélérée jusqu’à trouver son rythme
normal et régulier. Pour plus de données sur les points-instants, voir le
matériau transmis lors de la dernière session à 21 h 26. Reprise à 22 h 28.)
Maintenant. Cela ne veut pas dire que vous allez forcément recevoir un
flot d’informations réincarnationnelles, une reconnaissance intuitive
instantanée de vies « passées » ou faire l’expérience de données
envahissantes de ce genre. Cela signifie simplement que ces informations
apparaissent automatiquement dans votre vie, de façon intime, mais
exprimées cependant selon une formulation qui s’inscrit dans votre schéma
de compréhension, allant même jusqu’à franchir sans obstruction vos
pensées conscientes. De nombreux artistes peignent sans le savoir des
portraits de leurs moi simultanés21. De nombreuses mères se sentent par
instants plus jeunes que leurs enfants ou ont envie de les appeler par un
autre prénom. L’impulsion d’entreprendre des activités que vous n’avez
jamais essayées peut réellement correspondre à des messages venant
d’autres portions de votre être.
C’est simple – le temps, tel que vous le concevez, n’existe pas ; il n’y a
qu’un présent au sein duquel toutes choses se produisent. Les cellules elles-
mêmes contiennent des miracles d’information condensée que les
scientifiques ne peuvent percevoir, car ils se trouvent hors du champ
d’investigation de leurs instruments. À sa façon, la compréhension
cellulaire comporte une vaste reconnaissance des probabilités, auxquelles
elle réagit par des manifestations aussi rapides que l’éclair – ce qui a pour
effet de modifier les probabilités en question.
(22 h 42.) L’esprit conscient physiquement orienté ne peut pas dans
votre maintenant traiter ces stupéfiantes probabilités tout en maintenant le
sentiment de sa propre identité ; il y a pourtant, au sein de vos pensées
quotidiennes, des traces conscientes qui sont la représentation
psychologique de cette connaissance.
Souvent vous ne faites pas confiance à votre imagination, considérant
qu’elle est liée à des phénomènes que l’on ne peut pas considérer comme
des faits. Vous créez donc artificiellement une situation dans laquelle les
traces doivent nécessairement être globales. Car si vous êtes trop
imaginatif, par exemple, vous pouvez avoir des difficultés à faire
correctement face à la vie physique. Ceci n’est pourtant vrai que dans le
contexte culturel dans lequel vous fonctionnez à présent. À l’origine, en vos
termes de temps, c’est précisément l’imagination qui, à sa façon, vous a
distingués des autres créatures et vous a rendus capables de former dans
votre esprit des réalités que vous alliez pouvoir extérioriser « plus tard ».
Du fait de votre présent manque de confiance envers l’imagination,
vous ne comprenez pas les indices qu’elle vous donne, aussi bien pour
résoudre des problèmes que pour exprimer votre créativité. Beaucoup de
souvenirs réincarnationnels parfaitement valides vous parviennent à travers
votre imaginaire, mais vous ne leur faites pas confiance. Vous pouvez
pourtant résoudre facilement une bonne partie de vos problèmes en faisant
appel à votre imagination.
(Une pause à 22 h 50.) Souvent, vous l’utilisez par inadvertance d’une
façon qui prolonge les circonstances « négatives », en pensant à tout ce qui
pourrait mal tourner. Vous avez pourtant la possibilité d’en faire usage de
façon très constructive, en modifiant le passé, le présent et le futur. Pour ce
faire, imaginez librement une situation dans laquelle vous êtes heureux. Au
départ, ces rêveries pourront vous sembler stupides. Si vous êtes vieux,
pauvre et solitaire, il peut vous paraître parfaitement ridicule d’imaginer
que vous avez vingt ans, que vous êtes riche et entouré d’amis et
d’admirateurs.
Effectivement, si, après un exercice aussi agréable, vous considérez votre
situation et la comparez à ce que vous avez visualisé, vous risquez de vous
sentir encore plus mal qu’avant. Vous devez réaliser que ce monde
imaginaire existe réellement – mais pas dans l’univers des faits que vous
connaissez. Toutefois, selon la liberté avec laquelle vous en usez, cet
exercice peut dans une certaine mesure régénérer automatiquement votre
corps et votre esprit, et commencer à attirer vers vous toute situation
équivalente à laquelle il vous est possible d’accéder au sein du monde
factuel que vous connaissez. (Avec insistance.)
Prenons l’âge comme exemple : vous avez peut-être l’impression d’avoir
un certain nombre d’années et que, dans votre expérience subjective, c’est
cet âge qui compte et qu’il vous empêche de vivre l’expérience d’une autre
période de la vie. Pourtant, dans certaines existences simultanées, vous êtes
très jeune et dans d’autres très vieux. Certaines cellules de votre corps sont
pour ainsi dire toutes neuves – le pouvoir de régénérer la vie est
physiquement en vous. En vos termes, ceci est vrai non seulement jusqu’à
la mort mais même au-delà, puisque vos ongles et vos cheveux continuent
de pousser. Identifiez-vous donc à cette énergie toujours nouvelle qui vit en
vous dans ce maintenant de votre être (avec beaucoup d’insistance) et
réalisez qu’à tous les niveaux, vous êtes biologiquement et
psychologiquement relié avec l’identité plus vaste qui est la vôtre.
Vous pouvez faire une pause.
(De 23 h 04 à 23 h 24.)
Maintenant. Quelle que soit votre situation actuelle, les réponses se
trouvent dans vos aptitudes et vos aspirations. Souvent, vous tempérez ou
inhibez certains aspects de votre expérience pour en favoriser d’autres –
utiliser ceux dont vous disposez vous libère automatiquement
d’inhibitions présentes dans d’autres domaines.
Il y a peut-être des malformations congénitales auxquelles il est
impossible de remédier concrètement ; l’expérience peut avoir à se
concentrer sur des approches inhabituelles ; pourtant, même dans ce cas-là,
les caractéristiques et talents dont l’individu dispose lui donnent accès à de
larges perspectives de vie et d’accomplissements.
Quand vous vous servez de votre imagination comme je le suggère,
faites-le délibérément comme un jeu, sachant qu’en termes prétendument
réalistes, il peut y avoir de grandes différences entre l’imaginaire et les faits.
Dites-vous que c’est ainsi dans votre réalité. Pourtant, votre imagination
vagabonde, « stupide » et apparemment irréaliste va souvent apporter des
solutions très pratiques à vos problèmes car, si vous pratiquez correctement
cet exercice, vous allez automatiquement vous libérer de restrictions que
vous pensiez inéluctables.
Même si une solution directe n’apparaît pas, une régénération va vous
orienter dans la bonne direction. Si vous êtes par exemple une femme, et
que vous n’êtes pas heureuse dans votre mariage, vous pouvez imaginer un
prétendant idéal. Galaad le Preux ne va peut-être pas apparaître, mais si
vous répétez convenablement cet exercice, vous allez automatiquement
commencer à vous sentir aimée, et donc digne d’être aimée, et aimable,
alors qu’auparavant, vous aviez le sentiment d’être rejetée, nulle et
dépourvue de mérites. Le sentiment même d’être aimée va modifier votre
réalité et attirer l’amour vers vous. Vos actes seront ceux d’une femme
aimée. Votre mari trouvera peut-être que vous faites preuve de qualités
agréables et changera peut-être lui aussi.
Il se peut également que vous attiriez un autre homme, mettant un terme
à un mariage qui, de toute manière, aura rempli son but, et que vous
trouviez maintenant l’impulsion de changer et les raisons de le faire.
Puisque votre imagination transcende le temps, elle constitue l’une des plus
importantes pierres de touche menant à votre identité.
Vous devez bien sûr être capable de faire la distinction entre le monde
imaginaire et celui des faits concrets pour parvenir à un maniement efficace.
Mais la réalité physique jaillit de l’imagination, qui suit la voie de vos
croyances.
Dans l’exercice dont nous venons de parler, vous utilisez la croyance en
un changement effectif dans un domaine quelconque et permettez à votre
imagination d’évoluer librement dans cette direction. Automatiquement, ce
genre d’exercice fait davantage encore : il ouvre la fenêtre des perceptions
et laisse entrer la connaissance et l’expérience d’autres portions du moi.
Lorsque cette lumière et cette énergie vous arrivent, elles prennent la teinte,
la couleur de votre propre réalité psychologique, comme les rayons du
soleil traversant un verre teinté. Cela signifie simplement que l’information
provenant d’une autre dimension apparaît souvent de façon banale, sous la
forme d’un pressentiment, d’une idée soudaine ou d’une solution qui vous
avait déjà traversé l’esprit mais que vous n’aviez pas retenue.
Voulez-vous faire une pause ?
(23 h 45. « Non. » Mais je vais chercher à boire pour Jane quand,
toujours en transe, elle me tend son verre vide.)
La connaissance multidimensionnelle de vos cellules n’est en général pas
consciemment disponible ; elles ne peuvent pas non plus la traduire pour
vous en termes psychologiques. Ce travail d’imagination agit toutefois
comme un déclic qui fait remonter vers vous l’information provenant de
niveaux plus vastes de votre réalité et qui la concentrent sur le problème en
question. Elle se présentera alors en des termes compréhensibles pour vous.
À lui seul, cet exercice modifie les probabilités de manière créative, car
vous ne vivez plus le problème comme une réalité concrète immuable. Il y a
désormais une impulsion psychologique et psychique qui modifie les
messages que vous transmettez habituellement à votre corps et à sa
structure cellulaire. Vous êtes donc en train d’agir créativement à différents
niveaux de votre expérience.
Reprenons les deux exemples précédents. En s’imaginant plus jeune, la
personne âgée va, au cours de cet exercice, réactiver certaines
transformations chimiques et hormonales, et ainsi rajeunir. Quant à la
femme qui se sent rejetée, elle enclenche les mêmes processus en imaginant
qu’elle est aimée.
Ces pratiques activent également à l’intérieur du moi toutes ses
expériences inconscientes mais parfaitement valides, et puisent dans les
vies simultanées des évènements similaires. Dans l’une de ces existences, la
personne âgée est jeune ; la femme mal aimée est réellement aimée. Ces
réalités inconscientes sont activées grâce à l’imagination. Chaque jour est
une fenêtre sur chaque vie.
Vous pouvez faire votre pause ou terminer la session, comme vous
préférez.
(« Alors, faisons une pause. »
23 h 59. La soirée est maintenant un peu plus fraîche et Jane se sent
mieux, mais elle dit que le bruit de l’immeuble l’a gênée dans sa transe, ce
qui est rare.
Pendant la pause, je lui rappelle que nous souhaitions que Seth parle du
rêve qu’elle a eu le 29 mai, dans lequel elle travaillait sur le livre ; mais à
peine y ai-je fait allusion qu’elle commence à décrire ses rêves de la nuit
dernière. Je les avais oubliés pour l’instant.
Hier soir aussi, il faisait très chaud et Jane a mal dormi. Elle s’est
réveillée de nombreuses fois la tête pleine de données concernant des
paysages imaginaires qui étaient « juste devant elle » en se demandant si
elle pouvait passer de l’un à l’autre « comme on franchit la barrière entre
deux jardins ». Elle savait en même temps que tous ces lieux faisaient partie
d’un paysage rêvé collectivement. Elle avait l’impression que ce matériau
ne provenait pas de Seth. Mais avec le recul, il semble évident qu’il
s’agissait d’une préparation au chapitre 20.
« Seth est prêt à continuer », ajoute-t-elle à présent, alors que nous
discutons de son rêve. La session reprend donc à 0 h 03.)
CHAPITRE 20

Le paysage des rêves, le monde physique, les


probabilités et votre expérience quotidienne.

Maintenant. Accordez-nous un instant…


(En murmurant.) Chapitre 20 : « Le paysage des rêves, le monde
physique, les probabilités et votre expérience quotidienne. »
(Une longue pause à 0 h 06.) Étant donné que vous êtes des créatures
physiques, même les rêves doivent être traduits dans la réalité de votre
chair. En masse22, et par les méthodes que j’ai décrites, vous contribuez à
donner forme à une réalité physique dans laquelle chaque expérience est
cependant unique. Point.
De la même manière, chacun d’entre vous forme un monde rêvé, global,
pour lequel il existe un certain accord général, virgule, mais où chaque
expérience est originale. Comme le monde physique, le monde du rêve a
ses propres dimensions. Dans la réalité de l’état de veille, il faut un certain
temps avant que les croyances se matérialisent de façon visible. En règle
générale, parmi une quantité infinie d’actes probables, virgule, un seul peut
être physiquement expérimenté. Point.
Le monde onirique fonctionne comme une situation créative dans
laquelle des actes probables, se présentant sous une forme factuelle ou
symbolique, se matérialisent instantanément. Vous choisissez alors parmi
eux celui qui est le plus approprié pour une expression physique. Il y a
d’autres raisons importantes pour lesquelles vous rêvez, mais nous allons
nous limiter ici à cet aspect particulier et au paysage onirique lui-même.
Point.
(D’une voix plus forte et avec humour.) J’espère que vous appréciez la
ponctuation.
(0 h 15. « Elle est splendide. »)
Si de nombreux rêves vous semblent chaotiques, c’est uniquement parce
que vous vous attendez à ce que l’expérience du rêve ressemble à la vie
quotidienne. Normalement, un arbre ne se transforme pas en paon par
exemple. Si vous vous souvenez d’un rêve de ce genre, virgule, il paraît
n’avoir aucun sens le lendemain matin.
Voilà, cela suffit. Nous allons terminer la session.
(« D’accord. Bonne nuit, Seth. » Fin à 0 h 23.
Depuis la pause, Seth indique les points, les virgules et autres signes de
ponctuation plus fréquemment que d’habitude, c’est pourquoi j’en ai
mentionné quelques-uns. Tout au long du livre, il donne des indications sur
la ponctuation mais, en général, il veille surtout aux mots qui doivent être
soulignés, mis entre parenthèses ou guillemets. Voir les notes à la fin de la
session 610, chapitre 1.
Pour d’autres éléments fournis par Seth concernant les rêves, leurs
symboles, leurs pouvoirs de guérison, les cauchemars thérapeutiques, etc.
voir les sessions 639, 640 et 641, chapitre 10.)

SESSION 670
MERCREDI 13 JUIN 1973

(Jane et moi attendons avec impatience quelques éléments nous


concernant que nous avons demandés plus tôt dans la journée ; Jane
« sait » déjà que Seth va nous fournir ce matériau ce soir, mais elle
souhaite qu’il dicte d’abord une partie du chapitre 20. Son débit est calme
et régulier.
21 h 25.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
La dictée, pour commencer. Dans le rêve, vos humeurs et vos émotions
ont une plus grande mobilité. Vous pouvez avoir l’impression d’être
enraciné comme un arbre à un moment et, celui d’après, avoir le sentiment
d’être un paon magnifique et dans ce cas vous percevez la transformation
de l’arbre en oiseau.
Déconnectées de l’attirance qu’elles ressentent pendant le jour pour les
évènements physiques, vos émotions forment souvent leurs propres
paysages en utilisant les rêves comme médium créatif. J’ai expliqué la
grande corrélation qui existe entre vos sentiments, vos croyances, et des
conditions physiques comme le temps qu’il fait, par exemple. (Voir le
chapitre 18.) De manière similaire, vous avez individuellement un rôle à
jouer dans la création du paysage onirique. Sur un autre plan, le paysage
résulte aussi de vos sentiments et de vos croyances ; et, bien qu’il ne soit
pas visible physiquement et qu’il ne présente ni montagnes ni continents
susceptibles d’être examinés par vos instruments, contrairement à votre
planète, son existence est tout aussi valide.
(Une pause.) Cela ne signifie pas que les rêves peuvent être déchiffrés en
utilisant n’importe quels symboles donnés [généraux]. Vous créez, et vivez,
votre quotidien à travers vos croyances et sentiments personnels, et c’est la
même chose pour la réalité du rêve.
Ici, toutefois, vos pensées et sentiments deviennent « instantanément »
vivants ; ils jaillissent les uns par-dessus les autres, arrivant avec leur pleine
envergure en quelque sorte. Le monde onirique existe aussi en termes
d’énergie, bien sûr, mais à des échelles qui ne sont pas physiquement
évidentes. Une grande part de votre travail créatif intérieur et de ce que
vous planifiez se passe à ce niveau. Il faut bien qu’il y ait une certaine
différenciation entre ce que vous vivez à l’état de rêve et à l’état de veille
pour que vous puissiez agir dans la vie quotidienne, dont la focalisation est
plus restreinte.
(21 h 35.) Il n’y a cependant pas de raison de séparer aussi largement que
vous le faites actuellement votre vie à l’état de veille de celle qui est la
vôtre pendant que vous dormez. Comme je l’ai déjà mentionné (dans la
session 652, chapitre 13, par exemple), cette division résulte en grande
partie de vos croyances collectives et personnelles quant à la nature de la
réalité ; elle est aussi le fruit de l’habitude acquise par l’espèce humaine de
séparer les données « objectives » des données subjectives.
Quand vous êtes déterminé à agir sur votre environnement, vous vous
placez dans une position séparée par rapport à lui. Comme vous en faites
partie, cela vous conduit également à essayer de vous tenir à l’écart de votre
propre réalité subjective. Il est tout à fait possible, et cela vous serait
profitable, d’amener dans l’état de rêve votre « je » habituellement
conscient. Quand vous le faites, vous découvrez que le « je » du rêve et
celui de l’état de veille ne font qu’un, mais qu’ils opèrent dans des
environnements totalement différents. Vous vous familiarisez ainsi avec des
formes d’expérience et de connaissance dont la profondeur vous était
inconnue auparavant. Vous acquérez alors une véritable flexibilité et une
conscience élargie de votre propre être ; vous ouvrez des canaux de
communication entre la réalité de votre état de veille et celle de vos rêves.
Cela veut dire que vous êtes beaucoup plus apte à utiliser une connaissance
inconsciente et à informer votre inconscient de votre situation physique
présente.
En procédant ainsi, vous pouvez entrer en contact avec une sagesse que
vous vous étiez refusée, faire en sorte d’unifier l’ensemble de votre vie et
libérer votre énergie pour des buts pratiques relevant du quotidien. La
décision de tenter une telle aventure est à elle seule bénéfique puisque,
automatiquement, elle présuppose une souplesse d’attitude de la part du moi
conscient.
Si vous avez peur de vos rêves, vous avez peur de vous-même.
Votre situation actuelle, avec tous ses défis, ses problèmes et ses joies, est
contenue sous une forme condensée dans chacune de vos journées, et il en
va de même avec votre vie. Les rêves de chaque nuit vous offrent donc un
riche gisement de créativité. Vous pouvez y découvrir, éparpillés devant
vous dans une grande profusion, non seulement les problèmes, mais aussi
leurs solutions.
Or, en termes physiques, il vous faut parfois quelque temps avant que
votre esprit conscient accepte ou reconnaisse un diagnostic donné au cours
d’un rêve. Ce diagnostic peut vous parvenir plus tard, sous la forme d’un
pressentiment, d’une intuition ou d’un besoin pressant d’agir. Si vous ne
vous faites pas confiance, vous risquez d’ignorer ces impulsions et de ne
pas tirer parti des réponses.
L’esprit conscient éclairé est toujours très attentif à de tels messages.
Dans l’état de rêve lui-même, vous pouvez aussi aller beaucoup plus loin :
vous pouvez demander certains rêves, certaines solutions, et donc
raccourcir, pour ainsi dire, le temps que cela prendrait autrement.
Faites votre pause.
(21 h 53. Le reste de la session est consacré au matériau que Jane et moi
avions demandé. La séance prend fin à 23 h 35.)
SESSION 671
JEUDI 21 JUIN 1973

(Cette semaine nous avons manqué deux sessions régulières ; Jane


décide donc d’en faire une ce soir en remplacement ; elle veut maintenir
autant que possible son élan sur le livre. Ce soir encore, il fait chaud. Le
débit de Jane est paisible.
20 h 58.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Une note : je peux terminer le livre en autant de sessions consécutives
que vous le désirez.
(« D’accord. » Seth veut dire par là que nous pourrions avoir des
sessions quotidiennes. Jane et moi en avons discuté plus tôt dans la soirée,
sans y croire sérieusement. En fait, nous ne disposons pas de beaucoup de
temps ; nous devons donner à Prentice-Hall le manuscrit achevé de ce livre
en octobre, et il y aura encore bien du travail avant de pouvoir le remettre.)
Dictée. D’une manière générale, si vous ne vous croyez pas capable de
devenir conscient dans le rêve, cet exploit sera alors quasiment impossible ;
il ira à l’encontre de votre conception de la réalité, ce qui empêchera
l’ouverture et l’acceptation nécessaires.
Nouveau paragraphe. Vos croyances structurent une bonne partie de votre
activité onirique, mais d’autres éléments peuvent aussi entrer en jeu, tout
simplement parce que votre attention, au lieu d’être intensément focalisée
sur la réalité physique, n’est que vaguement concernée par elle.
(21 h 04.) Une fois encore, les pensées et les idées ont aussi leur propre
validité électromagnétique. À l’état de veille, vous testez vos idées dans le
monde factuel. Les faits sont seulement une fiction consensuelle bien sûr,
mais les idées doivent avoir un sens et correspondre à « l’histoire »
acceptée.
(« Fiction » est bien le mot que Seth souhaite ici, comme il me le
confirme quand j’interromps la session pour le lui demander.)
Dans le rêve, vous vous autorisez une liberté plus grande, vous testez
certaines idées et croyances dans ce cadre plus malléable. Vous pouvez
donc accepter de nouvelles croyances d’abord dans le rêve, leur réalisation
intellectuelle et émotionnelle n’arrivant que « plus tard ». Quand vous
rêvez, l’esprit conscient lui-même est beaucoup plus souple et beaucoup
plus joueur. Il peut s’autoriser cette permissivité plus grande parce qu’il sait
bien qu’il n’a pas besoin de tester immédiatement ces nouvelles idées dans
son quotidien. Il regarde très volontiers en dedans, vers ces champs
d’expérience du moi intérieur, pour voir ce qu’il peut y puiser pour son
propre usage, exactement comme un explorateur cherche des ressources
dans un territoire vierge.
(21 h 15.) La conscience tournée vers le monde terrestre doit opérer à
l’intérieur du contexte spatio-temporel, car c’est seulement au sein de cette
structure qu’elle peut percevoir clairement les évènements. Dans le rêve, la
conscience ignore largement les relations spatio-temporelles, tout en
continuant pourtant à se baser fermement sur le mécanisme physique du
corps. Vous faites donc l’expérience physique des rêves : vous avez la
sensation de courir, de parler, de manger, d’avoir des activités très
physiques – mis à part le fait qu’elles ne sont pas accomplies par le corps
qui est allongé dans son lit.
L’orientation est celle de données sensorielles vécues avec grande acuité
et pourtant, encore une fois, sous un angle opaque. Autrement dit, dans la
plupart des rêves, les données sont encore reçues et interprétées à la lumière
d’une existence corporelle. Ces rêves sont aussi ceux dont vous vous
souvenez le mieux.
Mais au-delà, il y a des expériences dont vous vous rappelez rarement, au
cours desquelles disparaît l’identification habituelle de votre conscience à
une dimension de vie physique. (Une pause.) Les images, telles que vous
les concevez, sont basées sur votre structure neurologique et sur votre façon
de les interpréter. Quand vous considérez la vie après la mort, par exemple,
vous imaginez tous vos sens fonctionnant parfaitement, bien qu’ils soient
peut-être dans un corps non physique. Percevoir sans images paraît
impossible dans ce contexte-là. Pourtant, dans certains rêves, il vous arrive
d’entrer dans des états de conscience qui sont très éloignés de ce type de
données sensorielles. Les images en tant que telles ne sont pas concernées,
même si, par la suite, elles peuvent être inconsciemment fabriquées pour les
besoins de la traduction. Dans ces conditions, vous êtes à deux doigts de
comprendre ce qu’est votre conscience lorsqu’elle n’est pas du tout
physiquement orientée.
(21 h 27.) Dans votre vie quotidienne, vous pouvez soudain connaître
quelque chose sans savoir comment vous le savez, sans être conscient de la
moindre image ou impression sensorielle particulière. La connaissance est
simplement « là ». Ce type d’activité est proche de la forme de
connaissance que possède votre conscience lorsqu’elle se désintéresse de
toutes les formes de stimuli sensoriels ordinaires. Elle sait, tout simplement.
Dans certains de ces états de rêve aussi, vous savez, tout simplement. Vous
faites l’expérience de votre être sans qu’il soit apparenté à la chair.
Ce type de conscience onirique peut littéralement régénérer votre vie,
même si vous en oubliez l’impact initial et si l’évènement tout entier est
généralement traduit en images avant votre réveil. On peut dire de ces
évènements rêvés qu’ils sont l’expérience de votre être fondamental.
Pendant qu’ils ont lieu, le moi, ou la conscience, voyage littéralement
jusqu’à la source de sa propre énergie. À un autre niveau, les atomes
possèdent ce même type de connaissance.
(Lentement.) Ces modes de compréhension peuvent donner l’impression
d’avoir peu de rapport avec votre vie quotidienne, en particulier parce que
vous vous en souvenez si rarement – et, en plus, uniquement sous forme de
traduction ; ils vous apportent pourtant un complément d’énergie – et ce,
quand vous en avez le plus besoin.
Pendant des périodes de stress, la conscience physiquement orientée
délaisse souvent pour un temps son orientation habituelle pour retomber, en
quelque sorte, dans la source de son être, là où elle sait qu’elle va se
régénérer et effectivement renaître.
Vous pouvez faire votre pause.
(21 h 40. Jane dit qu’elle a employé la phrase prononcée par Seth à
21 h 04 – « les faits sont seulement une fiction consensuelle » – cet après-
midi même dans son ouvrage théorique, Aspect Psychology ; elle y a aussi
développé des idées très proches de celles exposées par Seth à 21 h 15.
Reprise à 21 h 56.)
Tant que vous êtes relié à la dimension physique, vous devez interpréter
en termes sensoriels tout ce dont vous faites l’expérience, même dans les
rêves. Par moments, votre conscience peut vagabonder dans d’autres plans,
mais les évènements doivent ensuite être traduits physiquement d’une façon
ou d’une autre.
À l’état de veille, vous ne percevez que certaines portions d’évènements,
celles qui s’inscrivent dans le cadre de votre continuum spatio-temporel. Au
cours des rêves, vous pouvez disposer d’un aperçu plus large. Il vous est par
exemple possible de voir, dans le passé, le présent et le futur, des objets qui,
dans votre temps, occupent un espace donné. Vous considérez souvent que
ce genre de rêve n’a aucun sens puisque, à votre « niveau factuel », des
objets du passé, du présent et du futur ne peuvent apparaître en même temps
à la même place.
(Avec beaucoup d’intensité.) L’espace en question n’est pas le même,
ou identique. Il vous paraît seulement l’être.
L’espace lui-même connaît des accélérations selon des modes que vous
ne comprenez pas. Vous n’êtes pas réglé sur ces fréquences. Tout point de
l’espace est aussi un point de ce que vous considérez comme le temps, une
porte que vous n’avez pas appris à ouvrir23.
Nouveau paragraphe. De façon assez semblable, votre cerveau physique
est une porte qui déclenche une activité dans votre esprit. Vos croyances
sont largement responsables des régions cérébrales que vous activez et de
l’action non physique qui en résulte.
La focalisation sur la dimension physique vous fait accéder à une réalité
intense, spécialisée et splendide. Toutefois, s’il n’y avait pas l’activité
onirique, vous y seriez pour ainsi dire enfermé et, face à ce qui semble une
réalité tellement dense, vous auriez peur de mettre à l’essai de nouveaux
concepts et des réalisations intuitives.
(22 h 10.) L’état de rêve vous fournit une phase préliminaire dans
laquelle vous pouvez effectuer un travail créatif sur des hypothèses, et les
tester dans un contexte ludique. Les rêves que vous faites et dont vous vous
souvenez, et la résolution de nombreux problèmes qui en découle, ne
représentent cependant que la couche superficielle de l’activité onirique.
Suivre votre cheminement au sein de vos propres rêves est une activité
fascinante, et là, dans le contexte du rêve, vous pouvez vous rendre compte
du fonctionnement de votre conscience. Pour y parvenir, vous devez croire
en l’intégrité de votre être. Si vous ne faites pas confiance à votre moi
éveillé, vous ne pourrez pas avoir confiance en votre moi rêvant et le
paysage de vos rêves paraîtra menaçant. Croire que les rêves sont
désagréables peut faire qu’ils le deviennent ; dans le meilleur des cas, vous
allez peut-être vous souvenir seulement des scènes effrayantes que vous
aurez rêvées.
(Une longue pause à 22 h 20.) Si vous croyez que vous ne rêvez pas,
vous allez inhiber le souvenir de vos rêves – mais vous continuerez à rêver.
Du fait de votre croyance, cette richesse d’expérience ne pourra pas faire
partie de votre vie consciente.
Vos rêves sont personnels, tout comme votre vie éveillée ; il existe
pourtant une expérience collective éveillée et une expérience collective
onirique dans lesquelles chaque individu trouve sa propre place et accepte
ou refuse certains évènements. À tout moment – selon vos termes –,
l’espèce humaine dans son ensemble résout simultanément des problèmes
dans l’état de rêve, et ces solutions sont ensuite matérialisées physiquement.
Comme l’état onirique offre plus de liberté par rapport à l’espace et au
temps, il permet une perspective globale plus vaste ; des solutions qui
peuvent paraître médiocres à court terme – lorsqu’elles sont concrètement
mises en œuvre – se révèlent pleines de créativité à plus longue échéance.
De façon aussi bien personnelle que collective, le genre humain utilise
donc le monde du rêve comme terrain d’expérimentation préliminaire. À
partir de ces réalités « fantasmées » et de ces évènements probables rêvés se
manifestent tous les « faits » physiquement acceptés dans votre monde axé
sur le vrai et le faux.
(Une pause à 22 h 29. Pour certaines données fournies par Seth sur les
probabilités, voir le chapitre 14.)
Des évènements probables dont vous faites l’expérience dans le rêve, et
qui sont tout à fait valides dans d’autres sphères de réalité, deviennent faux
dans votre monde, alors que d’autres du même genre, matérialisés
physiquement, seront vrais.
Nouveau paragraphe. Vos guerres se déroulent d’abord dans le monde du
rêve, où elles sont gagnées ou perdues ; et la traduction concrète que vous
en faites dans l’Histoire suit le fil ténu d’une seule suite de probabilités.
Pour vous, une guerre est soit perdue soit gagnée par l’un des belligérants.
Dans votre maigre (murmuré avec humour) compréhension des
évènements, un combat, par exemple, ne peut avoir qu’une seule issue bien
définie. Il y a certains faits tangibles : une bataille se déroule tel jour à tel
endroit avec tel nombre de combattants et se termine par telle victoire.
Historiquement, des traités sont signés, et pourtant, au sein d’un contexte
beaucoup plus vaste, vous ne percevez qu’une toute petite dimension, ou un
coin, d’un évènement beaucoup plus vaste qui transcende complètement les
concepts de temps ou de lieux que vous y associez.
(22 h 35.) La bataille initiale, pour ainsi dire, a eu lieu au niveau du rêve,
puis, individuellement et collectivement, l’espèce humaine a décidé quelles
portions de l’évènement concrétiser physiquement. Même en ces termes
admis, il est parfaitement clair que le vainqueur est souvent le perdant.
L’évènement dans son ensemble transcende tout jugement de vrai ou de
faux. Votre cadre de référence actuel ne peut évidemment pas contenir un
évènement entier incluant toutes ses probabilités.
Une fois encore, dans vos rêves, vous travaillez sur des probabilités et
décidez quelles sont celles qui vont devenir vos « vrais faits » physiques.
Vous disposez là d’une grande liberté tant au niveau individuel que de
l’espèce en général. Chaque individu y élabore sa propre destinée ; en
utilisant l’information qu’il trouve dans le rêve, il choisit en toute
conscience quels épisodes matérialiser et expérimenter physiquement.
Vous acceptez de vos rêves les informations qui sont largement en accord
avec les croyances conscientes que vous avez à l’état de veille. Comme déjà
mentionné, il existe une interaction dans laquelle de nouvelles croyances
sont pour ainsi dire testées. Vous n’êtes donc en aucune façon à la merci de
vos rêves.
Vous n’avez pas compris l’importance des échanges qui ont lieu entre ce
qui est vécu dans le rêve et ce qui est vécu à l’état de veille. On vous a
appris à croire en l’existence d’une barrière artificielle entre les deux, qui de
fait n’existe pas. En vous suggérant à vous-même avant de dormir que la
solution à un problème vous soit donnée, vous commencez
automatiquement à utiliser davantage la connaissance onirique et vous
ouvrez les portes vers une créativité plus grande, qui est la vôtre.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22 h 47 à 23 h 05.)
Maintenant. J’ai une note pour vous. Ou je peux continuer la dictée.
(« D’accord pour la note… »
Seth me prend par surprise. Je veux poursuivre le travail sur le livre mais
je suis sûr que sa digression inattendue va être tout aussi intéressante. Elle
l’est – et comment ! Dans un matériau de plusieurs pages, il parle de ma
mère et de sa récente expérience avec les probabilités à son âge avancé. La
situation familiale complexe de Mère Butts ne va pas être décrite ici, mais
Jane et moi décidons d’inclure la partie la plus générale des informations
données par Seth ; nous pensons que cela va aider d’autres gens dans leurs
relations avec les gens âgés.
Pour des données concernant l’accélération psychique dont il est
question plus bas, voir la session 650, chapitre 13. Seth y parle également
des hémisphères cérébraux.)
(…) votre mère vit une accélération mentale et intuitive, un flot de stimuli
jusqu’ici retenus. Elle perçoit très clairement des probabilités mais elle les
confond avec le monde physique factuel. Ceci ne se produit que lorsqu’elle
a fini son travail physique ; et non pas quand la désorientation risquerait de
perturber des tâches physiques qui sont importantes et nécessaires pour
elle.
Des changements matériels bien définis se produisent. Des parties du
cerveau inemployées lorsque la vie est totalement centrée sur la vie
physique sont activées, comme c’est le cas pendant la petite enfance et à
certaines périodes de l’adolescence. Ces transformations se déclenchent en
chaque personne individuellement.
J’ai dit que des probabilités se réalisaient (voir dans la session 653,
chapitre 14) (…) et votre mère s’est soudain ouverte aux évènements
qu’elle a imaginés comme à des réalités. Puisque vous avez une orientation
spatio-temporelle, les réalisations qu’elle accepte momentanément comme
une réalité physique causent des brèches dans ce que vous pensez être un
vécu normal. Elle doit faire l’expérience de ces évènements dans votre
séquence temporelle, ce qui, pour autrui, ne cadre pas. Je vous communique
ce matériau non seulement parce que vous êtes directement concerné mais
aussi pour sa portée générale. Se confronter aux probabilités rend votre
mère plus apte à évaluer les circonstances de sa vie physique et à se
programmer en quelque sorte à l’avance pour sa prochaine aventure.
Ses actes eux-mêmes servent de schémas d’apprentissage pour
l’ensemble de la famille. En dépit des apparences, il ne s’agit pas d’un
engourdissement de ses impressions sensorielles, mais d’une infusion. Sa
difficulté à se concentrer provient de cela mais, à ce moment-là, elle se
concentre ailleurs.
(Une longue pause à 23 h 25.) Ses sentiments d’indépendance sont à
nouveau stimulés et vont enfin l’amener à vouloir quitter sa famille en
général – à ne pas s’accrocher à ses « garçons » (mes deux frères et moi) –
et ils lui serviront aussi d’impulsion pour développer une partie d’elle-
même non réalisée jusqu’alors.
Votre mère va finalement vouloir être indépendante de son corps, mais
elle ne se replie pas sur elle-même ; elle lutte pour se libérer. Il y a bien
davantage encore… D’une certaine façon, elle accepte que sa famille la
traite comme une enfant, car cela lui donne le même élan d’indépendance
qu’un enfant qui veut grandir et quitter la maison. L’indépendance de votre
mère est stimulée. En un certain sens, elle veut être libre de la maison de la
vie qu’elle a littéralement formée, pour se tourner vers une nouvelle
entreprise… pour commencer à nouveau. Chez un adolescent, ses
remarques paraîtraient légitimes. Elle aussi veut entamer une nouvelle vie.
(Avec vivacité.) Maintenant. J’en ai fini avec ce sujet. J’espère que votre
esprit est un peu apaisé. Vous pouvez finir la session ou faire une pause,
comme vous préférez.
(« Je pense que nous allons arrêter, alors. »)
Mes salutations les plus chaleureuses à vous deux, et un cordial bonsoir.
(« Merci, Seth. Bonne nuit. » 23 h 33.)

SESSION 672
LUNDI 25 JUIN 1973

(Le samedi 23 juin 1973 était le premier anniversaire de l’inondation


causée par la tempête tropicale Agnès – ou, comme le formule le journal
local dans un supplément consacré à l’inondation : Il y a un an : Agnès.
Notre région est encore convalescente. Jane et moi sommes bien sûr très
conscients de la façon dont notre implication dans cet évènement a
interrompu la rédaction de ce livre au milieu du premier chapitre. Voir les
notes de la session 613. [Incidemment, il y est fait mention de la destruction
du pont de Walnut Street à Elmira ; la vieille travée en acier franchissait la
rivière Chemung à moins d’un pâté de maisons de chez nous. Des travaux –
très bruyants et qui doivent durer encore un an – sont en cours pour le
remplacer.] Dans le chapitre 18, Seth explique les origines émotionnelles de
l’ouragan Agnès en général, et notre comportement personnel au milieu de
ces circonstances.
Le débit de Jane est assez lent et elle a les yeux fermés pendant la plus
grande partie de la session.
21 h 27.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Actuellement, l’humanité dispose de peu de connaissances sur le
monde intérieur du rêve, sur la place qu’elle-même y occupe et sur les effets
de celui-ci sur sa vie quotidienne consciente.
Nombre des aspects les plus puissants de la conscience sont à l’œuvre
précisément quand vous avez l’impression d’être endormi et quasiment
inconscient de la réalité physique. Dans le contexte de temps tel que vous le
vivez à présent, il vous serait impossible de gérer la grande quantité de
matériau disponible. Pour agir de façon adéquate dans le domaine très
spécifique qui est le vôtre (une pause), un nombre pratiquement infini
d’informations doivent être assimilées instantanément ; il y a des
probabilités à calculer et certains équilibres à maintenir dont vous ne vous
rendez même pas compte.
De manière latente, votre conscience est capable d’accomplir ces
prouesses, mais la partie d’elle-même qui est fortement attachée à la
relation espace-temps ne peut pas faire ce travail. Ce que vous considérez
comme votre esprit conscient se voit, lui, assigner la tâche d’évaluer les
« faits » du quotidien. Puis il élabore des croyances par rapport à la réalité
et celles-ci sont utilisées dans l’état de rêve où elles deviennent l’un des
principaux critères qui déclenchent l’émergence de certains évènements
probables plutôt que d’autres.
(21 h 37.) Dans le rêve, vous utilisez vos croyances comme des
projecteurs pour vous aider à trouver d’autres évènements qui
correspondent à l’idée que vous vous faites de la réalité. Vos convictions
vous aident à passer au crible les actions probables qui apparaissent sous
forme de rêve – et à mettre à l’écart celles qui ne vous concernent pas.
(Lentement.) Puisque vous n’êtes pas uniquement une créature focalisée
sur la dimension physique, d’autres aspects interviennent également. Vous
portez en vous, sous une forme condensée, la connaissance de votre être
tout entier. Ces informations ne peuvent pas apparaître de façon complète
au sein d’une conscience liée à un cerveau physique. La réalité
multidimensionnelle ne peut tout simplement pas être exprimée. Quand
vous rêvez, quand le lien entre la conscience et le monde concret est plus
opaque, de brèves visions du moi multidimensionnel peuvent apparaître
dans l’imagerie et la fantaisie du rêve et exprimer symboliquement votre
existence plus large.
Si vos croyances conscientes sont pour vous cause de détresse, vous
pouvez recevoir de cette source des croyances bénéfiques qui jouent le rôle
inverse. Votre être, la conscience plus grande qui est vous, rencontre
l’espace et le temps ; il naît dans la chair en de nombreux « points »
simultanément. (Voir la session 668, chapitre 19.) Vous nommez vie
chacune de ces immersions dans l’existence tridimensionnelle, avec son
propre moi. Et vous êtes l’un d’eux.
(Lentement à 21 h 53.) Chaque moi doit faire l’expérience de lui-même
en termes temporels. Mais chaque moi est aussi une partie de son être plus
vaste, une partie de l’énergie d’où il provient continuellement. Au cours des
rêves, votre énergie vibre à rebours en direction de l’être que vous êtes.
(21 h 56.) On peut dire d’une certaine manière que vous faites chaque
nuit des allées et venues à travers des atmosphères et des points d’entrée
dont vous ne vous rendez pas compte. Dans votre sommeil, vous parcourez
réellement ces vastes distances entre la naissance et la mort. Votre
conscience, telle que vous la concevez, transcende ces bonds et maintient
son propre sens de la continuité. Tout ceci est en rapport avec des pulsations
d’énergie et de conscience ; et d’une certaine façon, ce que vous
considérez comme votre vie est la « longueur » apparente d’un rayon de
lumière vu selon une autre perspective.
(22 h.) Derrière les rêves dont vous vous souvenez, des expériences de
conscience apparaissent, de temps à autre seulement, et de manière
déformée. Elles expriment de manière non physique votre relation avec
votre propre être. Là, vous êtes régénéré et totalement libre de toute
croyance consciente. C’est à ce niveau que se forment les idéaux
individuels et collectifs.
(22 h 05.) Cette activité se produit souvent en dessous du rêve ordinaire.
De façon bien moindre, elle se déroule constamment, car elle représente la
base sur laquelle s’appuie votre conscience présente.
Vous pouvez faire une pause.
(22 h 09. Reprise au même rythme lent à 22 h 28.)
La réalité physique dans laquelle vous êtes né est loin d’être aussi dense,
prédéterminée ou définie qu’elle semble l’être. Il s’agit plutôt d’un riche
champ d’interactions. Votre conscience doit se focaliser sur une gamme de
fréquences particulière avant de pouvoir percevoir la matière, et plus
encore la densité. Pendant le sommeil, elle oscille entre différentes gammes
d’intensité ; elle se coule littéralement dans et hors de celles qui
correspondent à la matière physique et donne, à partir des stades de « pré-
matière » plus malléables, la forme finale que la matière va prendre dans
votre monde. Il en va de même pour les évènements, dont certains vont être
cristallisés en termes physiques et d’autres non. Les parties profondes de
votre être se rendent compte de tenants et d’aboutissants qui sont
uniquement vôtres. Inconsciemment, vous portez en vous ce qu’on pourrait
décrire comme des plans pour le type particulier de réalité physique que
vous voulez matérialiser. C’est vous qui êtes l’architecte.
Un système de contrôle et d’ajustement existe cependant, de manière à ce
que, dans certains rêves, vous vous rendiez compte de ces plans. Ils peuvent
vous apparaître tout au long de votre vie sous forme de rêves récurrents
d’une certaine nature – des rêves d’illumination ; et même si vous ne vous
en souvenez pas au réveil, vos objectifs s’en trouvent fortifiés ou
deviennent soudain plus clairs.
(Posément à 22 h 42.) Quand vous travaillez sur vos croyances, faites en
sorte de découvrir ce que vous pensez réellement de l’état de rêve, car si
vous lui faites confiance, il peut devenir un allié encore plus important,
grâce à votre coopération consciente.
Si vous voulez mettre un terme à une dispute, dites-vous que vous allez
le faire dans le rêve. Là, vous pouvez parler librement à ceux qui,
autrement, vous évitent peut-être. De nombreuses réconciliations ont lieu à
ce niveau-là. Demandez la réponse à un problème, quel qu’il soit, et elle
vous sera donnée ; mais vous devez vous faire confiance et apprendre à
interpréter vos propres rêves. La seule façon de le faire, c’est de vous mettre
à travailler sur eux, car cela va éveiller vos facultés intuitives et vous
procurer la connaissance dont vous avez besoin.
Votre croyance en la valeur des rêves peut donc accroître leur efficacité
pratique.
Fin du chapitre.
(Une note : les lecteurs intéressés par le matériau portant sur les
fluctuations de la conscience peuvent se référer au livre Seth parle : pour le
phasage et le déphasage des atomes avec notre système, voir session 567,
chapitre 16 ; pour les présents alternés, voir session 576, chapitre 19 ; et
pour l’organisation de notre réalité présente, se reporter à la session du
cours de perception extrasensorielle, le 23 juin 1970, qui se trouve dans
l’appendice. Seth y affirme : « Mais le fait est que la matière physique n’est
dense que lorsque vous croyez qu’elle l’est… »)
CHAPITRE 21

L’affirmation, l’amour, l’acceptation et le


déni.

À présent, accordez-nous un moment bien long.


(22 h 45. En tant que Seth, Jane s’accorde une pause de durée moyenne.
Elle allume une cigarette et boit quelques gorgées de bière. Assise, les yeux
fermés, elle se balance d’avant en arrière, un pied posé sur le coin de la
table basse qui se trouve entre nous.)
Chapitre 21 : « L’affirmation, l’amour, l’acceptation et le déni. » C’est le
titre.
Maintenant. L’affirmation signifie dire « oui » à vous-même, « oui » à la
vie que vous menez, et accepter votre condition de personne unique.
(Une pause.) Cette affirmation signifie que vous déclarez votre
individualité. Affirmer veut dire embrasser la vie qui est la vôtre et qui
circule en vous. L’affirmation de soi est l’une des plus grandes forces de
l’individu. Vous pouvez parfois refuser fort à propos une partie de ce dont
vous faites l’expérience, tout en continuant à confirmer votre vitalité. Vous
n’avez pas à dire « oui » aux personnes, aux problèmes ou aux situations
qui vous dérangent profondément. L’affirmation n’est pas une molle et fade
acceptation de tout ce qui se présente à vous, indépendamment de ce que
vous ressentez. Biologiquement, l’affirmation signifie la santé. Vous êtes en
accord avec votre vie : vous comprenez que vous formez ce dont vous
faites l’expérience et vous mettez l’accent sur votre aptitude à le faire.
(23 h.) Affirmer, ce n’est pas s’asseoir en disant : « Je n’y peux rien. Tout
est aux mains du destin, advienne que pourra. » L’affirmation repose sur la
réalisation qu’aucune conscience n’est identique à la vôtre, que vos facultés
sont uniquement vôtres et semblables à nulle autre. C’est l’acceptation de
votre individualité dans la chair. Fondamentalement, c’est une nécessité
spirituelle, psychique et biologique ; cela représente votre appréciation de
l’intégrité singulière qui est la vôtre.
(D’un air amusé.) Un atome peut prendre soin de lui-même, mais les
atomes sont un peu comme des animaux domestiques ; quand ils se joignent
à la famille biologique de votre corps, ils deviennent presque comme un
chat ou un chien amical à l’intérieur de votre domaine.
Les animaux adoptent les caractéristiques de leur propriétaire. Les
cellules sont fortement influencées par votre comportement et par vos
croyances. Si vous affirmez la légitimité de votre être physique, vous aidez
les cellules et les organes de votre corps et, sans le savoir, vous les traitez
avec gentillesse. Si vous vous méfiez de votre nature physique, vous
rayonnez également ce sentiment, quelles que soient les procédures
médicales que vous adoptiez. Les cellules et les organes savent que vous ne
leur faites pas confiance, exactement comme des animaux le sauraient.
D’une certaine façon, vous créez des anticorps contre vous-même, tout
simplement parce que vous ne confirmez pas la légitimité de votre être
physique tel qu’il existe dans l’espace et dans le temps.
Maintenant. Vous pouvez faire une pause ou terminer la session, comme
vous préférez. (« Alors, faisons une pause. »
De 23 h 10 à 23 h 29.)
Vous pouvez parfois affirmer votre caractère unique de manière tout à fait
appropriée en disant « non ».
L’individualité vous accorde le droit de prendre des décisions. En vos
termes, cela signifie dire « oui » ou « non ». En conséquence, acquiescer
constamment peut très bien signifier que vous vous niez en tant que
personne.
« Je déteste. » Celui qui dit cela est au moins en train de déclarer qu’il a
un « je » capable de « détester ». Celui qui dit « je n’ai pas le droit de
détester » n’assume pas son individualité.
Un homme ou une femme qui connaît la haine comprend aussi la
différence entre cette émotion et l’amour. La reconnaissance des
ambiguïtés, des contrastes, des similitudes et l’affirmation du moi créature
permettent au flot émotionnel de s’écouler librement. (Une pause.)
Nombreux sont ceux qui renient des sentiments qu’ils considèrent comme
négatifs. Ils tentent d’« affirmer » ce qu’ils considèrent comme des
émotions positives. Ils ne s’autorisent pas à vivre les dimensions de leur
condition de créature et, en prétendant ne pas éprouver ce qu’ils ressentent,
ils refusent l’intégrité de ce dont ils font l’expérience.
(23 h 37.) Les émotions suivent les croyances. Ce sont des états naturels
de sentiments qui changent en permanence et chacun mène à un autre, dans
un libre flux d’énergie et d’activité – riche, haut en couleur, chacun d’entre
eux rayonnant de teintes qui apportent de la diversité à la qualité de
conscience. Ces états de la personnalité ne peuvent être comparés qu’à des
couleurs ; qu’ils soient lumineux ou sombres, ces puissants schémas
énergétiques représentent toujours le mouvement, la vie et la diversité.
Il est futile de les refuser. Ils sont l’un des moyens par lesquels la
conscience centrée sur la dimension physique se connaît elle-même. Les
émotions ne sont pas destructrices. Aucune n’est bonne ou mauvaise.
Les émotions sont, tout simplement. Elles sont pleines d’énergie et
constituent des éléments du pouvoir de la conscience. Laissées à elles-
mêmes, elles se fondent en un puissant océan d’être. Vous ne pouvez
affirmer une émotion et en nier une autre sans ériger des barrières. Vous
essayez de dissimuler dans un recoin de votre esprit ce que vous considérez
comme des sentiments négatifs, exactement comme il arrivait autrefois
qu’une famille enferme l’un de ses membres atteint de folie. Tout cela parce
que vous ne faites pas confiance aux aspects de votre individualité dans la
chair.
Affirmer signifie accepter votre âme telle qu’elle transparaît dans votre
condition de créature. Je l’ai déjà dit (dans les chapitres 7, 9, etc.), mais
vous ne pouvez pas renier votre condition de créature sans renier votre âme,
et vous ne pouvez pas renier votre âme sans renier votre condition de
créature.
C’est la fin de notre session.
(23 h 43. « Merci beaucoup. » Seth nous transmet à présent une demi-
page de matériau portant sur certaines croyances de Jane dont nous avons
discuté cet après-midi. Nous n’avions pas pensé à lui demander de les
commenter. Fin à 23 h 56.)
SESSION 673
MERCREDI 27 JUIN 1973

(21 h 38.)
Maintenant. Dictée. (Lentement, pour commencer.) Laissée à elle-même,
la haine ne dure pas. Elle s’apparente souvent à l’amour, car celui qui hait
est attiré par l’objet de sa haine, du fait de liens profonds. Elle peut aussi
être une méthode de communication, mais ce n’est jamais un état stable et
permanent : elle se transforme automatiquement si l’on ne s’en mêle pas.
Si vous croyez que la haine, c’est le Mal, et qu’il vous arrive de haïr
quelqu’un, vous risquez d’essayer d’inhiber cette émotion ou de la retourner
vers vous – rager contre vous-même plutôt que contre autrui. Ou bien vous
pouvez faire comme si vous ne vous rendiez pas compte de sa présence,
dans l’espoir de la faire disparaître – dans ce cas, vous faites barrage à cette
immense énergie et vous ne pouvez donc pas l’utiliser à d’autres fins.
Dans son état naturel, la haine a un caractère fortement stimulant, qui
engendre le changement et l’action. Contrairement à ce qu’on a pu vous
dire, la haine ne génère pas vraiment la violence. Comme déjà mentionné
dans ce livre, l’explosion de violence résulte souvent d’un profond
sentiment d’impuissance. (Voir les sessions 662 et 663, chapitre 17.)
Bon nombre de ceux qui commettent subitement de grands crimes, des
meurtres ou qui sont même les instigateurs de massacres collectifs, étaient
jusque-là des personnes dociles au comportement conventionnel,
considérées comme des modèles de conduite. Refusant tous les éléments
agressifs naturels présents en eux, ils considéraient le moindre signe de
haine passagère comme le Mal incarné. De ce fait, il est souvent difficile,
pour ce type d’individu, d’exprimer le rejet le plus normal ou d’aller à
l’encontre d’un code de respect et de convention donné. Ils sont incapables
d’exprimer à leurs semblables le moindre désaccord, contrairement aux
animaux qui, eux, savent le faire.
(21 h 50.) Psychologiquement, seule une énorme explosion peut les
libérer. Ils se sentent tellement impuissants que cela accroît leurs difficultés
– ils tentent donc de se libérer en manifestant une très grande puissance, en
termes de violence. Certains de ces individus, des enfants modèles par
exemple, qui souvent n’osaient même pas répondre à leurs parents, ont été
envoyés à la guerre où ils ont soudain reçu carte blanche pour libérer ces
sentiments au combat ; je fais ici référence en particulier aux deux dernières
guerres (celle de Corée de 1950 à 1953, et celle du Vietnam de 1964 à
1973), et non pas à la Seconde Guerre mondiale.
Pendant ces deux guerres, il était possible de donner libre cours à
l’agressivité tout en continuant à respecter les codes en vigueur. Ces
individus n’en étaient pas moins confrontés à l’horreur de leur haine et de
leur agressivité réprimées, soudain libérées. À la vue des résultats sanglants,
ils furent encore plus impressionnés, plus terrifiés, par ce qu’ils
considéraient comme une énergie terrible qui parfois les poussait à tuer.
De retour au pays, le code de conduite adapté à la vie civile a repris le
dessus, et ils se sont à nouveau contenus de toutes leurs forces. Certains ont
fait preuve d’un conformisme extrême. Le « luxe » d’exprimer une
émotion, même sous une forme exagérée, leur étant soudain refusé, ils ont
éprouvé par contraste un sentiment grandissant d’impuissance.
(Une pause à 21 h 59.) Accordez-nous un instant… Nous n’allons pas
consacrer ce chapitre à la guerre, mais je tiens néanmoins à faire quelques
remarques. C’est également un sentiment d’impuissance qui conduit les
nations à déclencher des conflits armés. Ce sentiment n’a pas grand-chose à
voir avec la situation « factuelle » de ces pays dans le monde ou avec la
puissance que d’autres peuvent leur attribuer ; il s’agit d’un sentiment
général d’impuissance – qui peut exister indépendamment de la situation de
suprématie mondiale.
En un sens, je regrette que ce ne soit pas ici le lieu pour parler de la
Seconde Guerre mondiale (1939-1945), car elle aussi a été le résultat d’un
sentiment d’impuissance qui a explosé en un gigantesque bain de sang
collectif. Le même processus était à l’œuvre de façon privée dans le cas des
individus dont nous venons de parler.
Accordez-nous un instant… Sans entrer dans les détails, je veux
simplement indiquer qu’aux États-Unis, d’immenses efforts ont été faits au
niveau national, après la Seconde Guerre mondiale, pour canaliser vers
d’autres secteurs l’énergie des soldats qui rentraient au pays. Nombre de
ceux qui étaient partis à la guerre avec un sentiment d’impuissance se sont
vus accorder des avantages à leur retour – des objectifs, une formation, des
privilèges qu’ils n’avaient pas auparavant. On leur a donné les moyens de
se sentir puissants. Ils ont été reçus comme des héros, et bien que beaucoup
aient perdu leurs illusions, dans l’atmosphère générale qui régnait dans le
pays, les vétérans étaient les bienvenus.
(Une pause à 22 h 11.) Je parle à présent de cette guerre de façon
générale, car il y a eu des exceptions, mais la plupart des hommes qui y ont
participé en ont appris quelque chose. Ils se sont élevés contre l’idée de
violence et chacun a reconnu à sa manière les ambiguïtés psychologiques
personnelles de ses sentiments au cours des combats.
Les politiciens leur ont dit que cette guerre devait être la dernière et
l’ironie veut que la majorité de ceux qui portaient l’uniforme y ait cru.
(Moi-même, Robert Butts, j’y ai cru.) Le mensonge n’est certes pas devenu
vérité mais il s’en est rapproché, car, en dépit de leurs échecs, les anciens
combattants ont réussi à élever des enfants qui n’allaient pas partir à la
guerre de leur plein gré et qui allaient remettre en question son principe
même.
Curieusement, cela a rendu les choses encore plus difficiles pour ceux qui
se sont retrouvés engagés dans les deux conflits suivants – de moins grande
ampleur –, car la nation ne soutenait ni l’un ni l’autre. Comme
précédemment, ceux qui se battaient ont pu exprimer librement tout
sentiment d’impuissance, dans un bain de sang plus restreint cette fois ;
mais le code lui-même vacillait. Même parmi les troupes, cette libération
des émotions n’était plus acceptée comme auparavant. Quant à la dernière
guerre [du Vietnam], la moitié du peuple américain lui était favorable et
l’autre moitié lui était opposée ; ce qui, le conflit terminé, a encore renforcé
le sentiment d’impuissance des anciens combattants. C’est la raison pour
laquelle des soldats rentrés au pays ont commis des actes de violence24.

Laissée à elle-même, la haine n’explose donc pas en violence. Elle


apporte une sensation de pouvoir et fait naître la communication et l’action.
En vos termes, c’est l’accumulation de la colère naturelle ; chez les
animaux, elle mènerait à la confrontation, à des positions de combat dans
lesquelles le langage corporel, le mouvement et le rituel de chaque créature
serviraient à communiquer le danger de la situation. L’un des deux animaux
se mettrait simplement à reculer. Cela pourrait s’accompagner de
grognements et de rugissements.
(22 h 25.) Il y aurait effectivement une démonstration de pouvoir, mais
symbolique. Ce genre de rencontre animale survient rarement, car elle
signifie que les animaux en question ont ignoré des rencontres
préliminaires de même type mais de moindre ampleur, et la colère
associée, destinées à éclaircir la situation et à éviter la violence.
Une autre petite remarque à présent : les paroles du Christ disant de
tendre l’autre joue (Matthieu 5 : 39, par exemple) constituaient un moyen
psychologique habile pour prévenir la violence – et non pour l’accepter.
Cela représentait symboliquement l’animal qui expose son ventre à
l’adversaire. (Seth-Jane se tapote le ventre.) Cette phrase était à prendre de
façon symbolique. À certains niveaux, il s’agissait du geste de défaite qui
apporte la victoire et la survie. Cela ne voulait pas dire l’acte pénible d’un
martyr qui demande qu’on le frappe encore ; c’était une déclaration
biologique pertinente, une communication en langage corporel. Accordez-
nous un instant… (Doucement.) Cela rappelait intelligemment à l’attaquant
les « anciennes » postures expressives des animaux sensés.
Maintenant. L’amour aussi incite vivement à l’action et utilise des
générateurs d’énergie.
Vous pouvez faire votre pause.
(22 h 35. La transe de Jane a été profonde, en cette soirée très humide.
Elle me dit à présent que, pendant qu’elle transmettait les données relatives
à la Seconde Guerre mondiale, elle se rendait très bien compte de la
présence d’un autre canal de Seth, sans paroles celui-là.
Ce dernier concernait exclusivement la Seconde Guerre mondiale,
m’explique-t-elle avec une certaine surprise, et contenait des informations
incroyablement complètes sur les origines de la guerre et sur ses aspects
individuels, raciaux et réincarnationnels, tels que les gens de différentes
nations les ont vécus, qu’il s’agisse de pays directement impliqués ou non.
L’information évoquait également les conséquences qui découlent de
l’usage intensif de la technologie par les sociétés après la guerre. « Tout
cela venait de cette direction », dit Jane en indiquant le bas vers la gauche.
Elle passe une dizaine de minutes à décrire certaines des catégories faisant
partie de ce matériau et répète à plusieurs reprises qu’elle aimerait que
nous en gardions la trace. Mais bien que ce matériau soit disponible, nous
ne voulons pas mettre ce livre de côté pour y accéder.
Ce canal « probable » que Jane perçoit me rappelle qu’elle a vécu un
phénomène semblable au cours de la session 666, chapitre 18. Mais
maintenant [comme alors], quand je lui demande comment elle pourrait
percevoir un courant d’information subjective de la part de Seth tout en
transmettant ce qu’il dicte pour le livre, elle ne peut pas l’expliquer. Pour
sa première rencontre avec de multiples canaux, voir la session 616,
chapitre 2.
Reprise à 23 h 01.)
Maintenant. L’amour et la haine se basent tous deux sur une
identification à ce dont vous faites l’expérience. Vous ne vous donnez pas la
peine d’aimer ou de détester des personnes auxquelles vous ne pouvez pas
vous identifier. Elles vous laissent relativement indifférent et n’éveillent pas
en vous d’émotions profondes.
La haine implique toujours un sentiment douloureux de séparation avec
l’amour – peut-être idéalisé. Une personne envers qui vous éprouvez à un
moment donné un fort ressentiment vous contrarie parce qu’elle n’est pas à
la hauteur de votre attente. Plus celle-ci est forte, plus l’écart va vous
paraître important, par contraste. Si vous détestez un parent, c’est
précisément parce que vous en attendez ce type d’amour. Quelqu’un dont
vous n’attendez rien n’attirera jamais votre amertume.
Bizarrement, la haine est donc un moyen de revenir vers l’amour ;
exprimée et laissée à elle-même, elle sert à communiquer une séparation qui
existe par rapport à ce que l’on attend.
L’amour peut donc parfaitement bien contenir de la haine. La haine peut
contenir de l’amour et être générée par lui, en particulier s’il est idéalisé.
(Une pause.) Vous « haïssez » quelque chose qui vous sépare de l’objet
aimé. C’est précisément parce que vous aimez cet objet qu’il vous déplaît
tant si votre attente n’est pas satisfaite. Vous pouvez aimer un parent et, si
celui-ci semble ne pas vous rendre cet amour et ne pas entendre votre
demande, le « haïr » du fait de l’amour qui vous pousse à en attendre
davantage. La haine est destinée à vous ramener l’amour. Elle est censée
conduire à une communication de votre part, par laquelle vous faites état de
vos sentiments – pour en quelque sorte éclaircir l’atmosphère et vous
rapprocher de l’objet aimé. La haine n’est pas la négation de l’amour mais
une tentative pour le reconquérir ; c’est une reconnaissance douloureuse des
circonstances qui vous en séparent.
Si vous compreniez la nature de l’amour, vous seriez capable d’accepter
des sentiments de haine. L’affirmation peut inclure l’expression d’émotions
aussi fortes. Accordez-nous un instant…
(Une pause. Je bâille et Seth s’en aperçoit.
L’air amusé.) Je pensais que c’était plus intéressant que ça !
(« Ça l’est. Vraiment. »)
Les dogmes ou systèmes de pensée qui vous disent de dépasser vos
émotions peuvent vous induire en erreur – et même se révéler, en vos
termes, presque dangereux. Ces théories se basent sur l’idée qu’il y a dans
la nature émotionnelle de l’être humain quelque chose de
fondamentalement perturbateur, indigne ou mauvais, alors que l’âme, elle,
est toujours décrite comme calme, « parfaite », passive et dénuée
d’émotions. Seule est autorisée la conscience bienheureuse, et noble.
Pourtant, l’âme est d’abord une source d’énergie, de créativité et d’action
qui manifeste ses caractéristiques dans la vie précisément par le moyen
d’émotions constamment changeantes.
(23 h 22.) Si vous leur faites confiance, vos sentiments vous conduisent à
des états psychologiques et spirituels de compréhension mystique, de calme
et de sérénité. Si vous suivez vos émotions, elles vous amènent à de
profondes compréhensions. Un moi physique dépourvu d’émotions est aussi
impossible qu’une journée sans conditions météorologiques.
Dans une relation personnelle, vous pouvez vous rendre parfaitement
compte de votre amour durable pour quelqu’un, tout en connaissant des
instants de haine lorsque certaines choses vous en séparent et que vous leur
en voulez à cause de l’amour impliqué.
(Comme je lève les yeux, Seth répond à l’avance à ma question.) Vous
pouvez ajouter le mot « qui est » à cette phrase (avant « impliqué ») si vous
voulez, mais ça va tel quel.
(Lentement.) De la même façon, il vous est possible d’aimer largement
les êtres humains, tout en les détestant parfois, précisément parce qu’ils
semblent si souvent ne pas être à la hauteur de cet amour. Quand vous
enragez contre l’humanité, c’est parce que vous l’aimez. Nier l’existence de
la haine, c’est donc nier l’amour. Ces émotions ne sont pas opposées ; ce
sont des aspects différents, et ressentis différemment. Dans une certaine
mesure, vous voulez vous identifier à ceux qui vous touchent
profondément. Vous n’aimez pas une personne uniquement parce que
vous lui associez des parties de vous-même. Souvent, vous aimez quelqu’un
parce qu’il évoque en vous des images de votre propre moi « idéalisé ».
(Une pause à 23 h 34.) La personne aimée tire le meilleur de vous-même.
Dans ses yeux, vous voyez ce que vous pouvez être. Dans l’amour de
l’autre, vous sentez votre potentiel. Cela ne veut pas dire que, quand vous
aimez quelqu’un, vous réagissez uniquement à votre moi idéalisé, car vous
êtes aussi capable de percevoir chez l’autre son moi potentiel idéalisé. Qu’il
s’agisse d’un époux et d’une épouse, ou d’un parent et d’un enfant, une
vision particulière est partagée. Dans cette vision, on peut percevoir la
différence entre l’idéal et le concret, mais, dans les périodes où l’amour
prédomine, on néglige ces divergences de comportement, on se dit qu’elles
n’ont pas d’importance.
L’amour, bien sûr, évolue constamment. Il n’existe pas d’état de profonde
attirance mutuelle dans lequel deux personnes demeurent à jamais. En tant
qu’émotion, l’amour est mobile et peut très facilement se transformer en
colère ou en haine et redevenir de l’amour.
Pourtant, sans être statique, l’amour peut prédominer dans l’étoffe de
l’expérience vécue ; et quand c’est le cas, il y a toujours une vision de
l’idéal, et de la contrariété quand des différences se produisent
naturellement entre cette vision et ce qui est actualisé. Certains adultes
blêmissent quand un de leurs enfants leur dit « Je te déteste ». Souvent
ceux-ci apprennent d’ailleurs rapidement à ne pas être aussi honnêtes. Ce
que l’enfant est réellement en train de dire, c’est : « Je t’aime tellement ;
pourquoi es-tu si méchant avec moi ? » ou « Qu’est-ce qui se dresse entre
nous et l’amour que je ressens pour toi ? »
L’antagonisme d’un enfant repose sur une ferme compréhension de son
amour. Les parents, qui ont appris que c’est mal de détester, ne savent pas
comment gérer ce genre de situation. Les punitions ne font qu’amplifier le
problème de l’enfant. Si ce dernier voit que le parent a peur, il apprend à
craindre cette colère ou cette haine qui fait flancher son parent tout puissant.
Le jeune est donc conditionné à oublier cette forme de compréhension
instinctive et à ignorer les connexions qui existent entre la haine et l’amour.
Vous pouvez faire une pause.
(De 23 h 49 à 0 h 06.)
Maintenant. Souvent, on vous apprend non seulement à réprimer
l’expression verbale de la haine, mais on vous dit également que les pensées
elles-mêmes sont aussi mauvaises que les actions du même ordre.
Vous êtes ainsi conditionné à vous sentir coupable même quand vous
envisagez seulement de détester quelqu’un. Vous essayez de vous cacher
pareilles pensées. Vous y parvenez parfois si bien que vous ne savez
littéralement plus ce que vous ressentez à un niveau conscient. Les
émotions sont là, mais elles vous sont invisibles parce que vous avez peur
de les regarder. À ce stade, il y a divorce entre vous et votre propre réalité ;
vous êtes déconnecté de vos propres sentiments d’amour. Ces états
émotionnels reniés sont parfois projetés à l’extérieur, sur les autres – sur un
ennemi au cours d’une guerre, ou sur un voisin. Même si vous vous
retrouvez en train de haïr l’ennemi symbolique, vous allez vous rendre
compte en même temps d’une forte attirance.
Un lien de haine vous unit mais, au départ, ce lien était fondé sur
l’amour. Dans ce cas-là, vous augmentez, vous exagérez toutes les
différences par rapport à l’idéal en vous focalisant essentiellement sur elles.
Vous pouvez accéder consciemment à ces informations ; il vous suffit pour
cela d’essayer honnêtement, et avec détermination, de vous rendre compte
de la nature de vos croyances et de vos sentiments. Si vous les laissez faire,
vos rêveries pleines de détestation vont elles-mêmes vous ramener à la
réconciliation et libérer l’amour.
Le fantasme de battre un enfant ou un parent, même jusqu’à la mort, va,
si on le suit jusqu’au bout, aboutir à des larmes de compréhension et
d’amour.
Maintenant. Je vais finir notre session. Mes salutations les plus
chaleureuses à vous deux et un cordial bonsoir.
(« Merci, Seth. Bonne nuit. » 0 h 17.
Une note ajoutée par la suite : après avoir comparé les informations de
cette session avec certaines parties du matériau fourni par Seth les années
précédentes, Jane a écrit une déclaration à insérer ici :
« Dans ces passages sur la haine et ailleurs dans ce livre, Seth
approfondit la nature de notre vie émotionnelle comme il ne l’avait encore
jamais fait. Dans ses commentaires antérieurs à propos de la haine, il avait
dû tenir compte du niveau de compréhension de ceux qui assistaient à la
session. C’est le cas entre autres dans Le Matériau de Seth25, lorsqu’en
réponse à ce qu’avait déclaré un étudiant de mon cours de perception
extrasensorielle, Seth, considérant que l’idée conventionnelle de la haine
allait de soi pour cet étudiant, avait répondu : « Il n’y a pas de justification
pour la haine… Quand vous maudissez quelqu’un, vous vous maudissez
vous-même et la malédiction se retourne contre vous. » Il faut examiner
cette réponse à la lumière de la discussion qui avait précédé, durant
laquelle l’étudiant avait tenté de justifier la violence comme moyen de
parvenir à la paix. La préoccupation essentielle de Seth avait alors été de
réfuter cette idée.
Dans ce livre-ci, Seth conduit le lecteur au-delà des idées
conventionnelles du bien et du mal, vers un nouveau système de
compréhension. Mais, même à ces niveaux plus profonds, la haine n’est pas
justifiée puisqu’une confrontation honnête avec elle va ramener l’individu à
l’amour sur lequel elle se base en réalité.
En utilisant le mot « maudire », Seth ne faisait pas référence aux jurons,
mais au fait de diriger la haine vers autrui. Tant que l’individu n’est pas en
accord avec lui-même et avec ses émotions, la haine va revenir, parce
qu’elle appartient à celui qui la ressent et à personne d’autre. Les
instructions antérieures sur la façon de gérer les émotions, dans le
chapitre 11, donnent le cadre dans lequel il est possible de regarder la
haine en face et de la comprendre. Autre chose également importante dans
ce contexte : Seth rappelle fréquemment que l’expression de l’agressivité
normale empêche que la colère s’intensifie et se transforme en haine. »)

SESSION 674
LUNDI 2 JUILLET 1973

(21 h 23.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Avec beaucoup d’humour, les yeux grand ouverts et sombres.) Votre
sympathique auteur cosmique va maintenant commencer la dictée.
(« Bien. »)
L’affirmation signifie l’acceptation de votre miraculeuse complexité
individuelle ; c’est dire « oui » à votre être. C’est consentir à la réalité qui
est la vôtre en tant qu’esprit dans la chair. Dans le cadre de votre propre
complexité, vous avez le droit de dire « non » à certaines situations,
d’exprimer vos désirs, de communiquer vos sentiments.
Si vous le faites, alors dans le flux, dans le grand mouvement de votre
réalité éternelle, vous serez porté par un courant global d’amour et de
créativité. L’affirmation est l’acceptation de vous-même, dans votre présent
– de la personne que vous êtes. Au sein de cette acceptation, vous pouvez
découvrir des qualités que vous souhaiteriez ne pas avoir ou des habitudes
qui vous dérangent. Vous ne devez pas vous attendre à être « parfait ».
Comme on l’a déjà mentionné, votre idée de perfection correspond à un état
d’accomplissement au-delà duquel il n’y a aucune croissance future, et
aucun état de ce genre n’existe. (Voir par exemple la session 626, chapitre
5.)
« Aime ton prochain comme toi-même. » Inversez cette phrase et dites
« Aime-toi comme tu aimes ton prochain », car souvent vous reconnaissez
ce qui est bien chez autrui et l’ignorez en vous-même. Certains croient que
ce qu’ils pensent être l’humilité relève d’un grand mérite et d’une sainte
vertu. Être fier de soi semble alors un péché et, dans ce schéma de
référence, une réelle affirmation de soi est impossible. La fierté authentique
est basée sur la reconnaissance pleine d’affection de votre propre intégrité
et de votre valeur. La véritable humilité se base sur ce regard affectueux que
vous portez sur vous-même, et sur la compréhension du fait que vous vivez
dans un univers où tous les êtres possèdent également une individualité et
un mérite qui ne peuvent être niés.
Une fausse humilité vous raconte que vous n’êtes rien. Elle cache
souvent un orgueil dénaturé, boursouflé, dénié, car aucun homme ni aucune
femme ne peuvent vraiment accepter une théorie qui nie la valeur
personnelle de l’être.
La fausse humilité peut vous amener à détruire les valeurs des autres,
parce que, si vous acceptez de n’avoir aucune valeur, vous ne pouvez pas en
voir chez autrui. La vraie fierté vous permet de percevoir l’intégrité de vos
semblables et de les aider à utiliser leur force. Beaucoup de gens font, par
exemple, étalage de l’aide qu’ils apportent aux autres, encourageant ces
derniers à s’appuyer sur eux. Ils croient que c’est là accomplir un acte
parfaitement saint et vertueux ; au lieu de cela, ils empêchent les autres de
reconnaître leurs forces, leurs aptitudes, et de les utiliser.
(21 h 40.) Quoi qu’on ait pu vous en dire, le sacrifice personnel n’a
aucun mérite. D’abord, c’est une chose impossible. Le moi grandit et se
développe. Il ne peut être annihilé. En général, se sacrifier signifie rejeter le
« fardeau » de soi-même sur quelqu’un d’autre et lui en faire porter la
responsabilité.
Une mère qui dit à son enfant « J’ai sacrifié ma vie pour toi » dit une
absurdité. En termes fondamentaux, quoi qu’elle dise, cette mère croit
qu’elle n’avait pas grand-chose à abandonner et cet « abandon » lui a
procuré la vie qu’elle souhaitait.
Un enfant qui affirme avoir renoncé à sa vie pour ses parents et consacré
son existence à prendre soin d’eux veut dire qu’il avait peur de vivre sa
propre vie et peur de leur laisser vivre la leur. Donc, en « renonçant » à sa
vie, il a obtenu la vie qu’il voulait.
L’amour ne demande aucun sacrifice. Ceux qui ont peur d’affirmer leur
être ont également peur de laisser les autres vivre par eux-mêmes. Vous
n’aidez pas vos enfants en les maintenant enchaînés à vous, et vous n’aidez
pas non plus vos parents âgés en les encourageant à se sentir impuissants. Si
vous suivez spontanément et honnêtement le sentiment normal de
communication qui vous est donné avec votre condition de créature, la
plupart de vos problèmes se résoudront d’eux-mêmes. C’est seulement la
communication réprimée qui mène à la violence. La force naturelle de
l’amour est partout en vous et les méthodes normales de communication
sont toujours destinées à amener davantage de contact avec vos semblables.
(Une pause.) Aimez-vous vous-même et faites-vous honneur comme il se
doit, vous vous comporterez alors équitablement envers les autres. Quand
vous dites « non », quand vous refusez, vous le faites parce que, dans votre
esprit et dans vos sentiments, une situation présente, ou éventuelle, n’est
pas à la hauteur de vos idéaux. Le refus intervient toujours par rapport à
quelque chose que vous considérez comme étant, au moins, un mieux. Si
vous n’avez pas des idées trop rigides de perfection, le refus ordinaire sert
un but très concret. Mais ne niez jamais votre réalité présente en la
comparant à une quelconque perfection idéalisée.
L’être n’est pas parfait, car tout être est en devenir. Cela ne veut pas dire
qu’il est en train de devenir parfait, mais qu’il est en train de devenir plus
lui-même. Toutes les autres émotions sont fondées sur l’amour et, d’une
façon ou d’une autre, elles sont toutes reliées à lui et toutes sont des moyens
pour y revenir et en étendre les capacités.
Or, tout au long de ce livre, j’ai évité à dessein d’employer le mot
« amour », à cause des multiples interprétations qu’on lui donne et des
erreurs fréquemment commises en son nom.
Voulez-vous faire une pause ?
(21 h 59. « Je crois que non. »)
Vous devez d’abord vous aimer vous-même avant d’aimer autrui.
En vous acceptant vous-même et en étant joyeusement qui vous êtes,
vous réalisez vos propres aptitudes et votre simple présence peut suffire à
rendre les gens heureux. Vous ne pouvez vous détester et aimer quelqu’un
d’autre. C’est impossible. Au lieu de cela, vous allez projeter sur autrui
toutes les qualités que vous pensez ne pas avoir, faire semblant de vous
intéresser aux autres et les détester parce qu’ils les possèdent. Bien que
vous affirmiez aimer les autres, vous allez tenter de saper les fondements
mêmes de leur être.
Quand vous aimez les autres, vous leur accordez la liberté innée qui leur
revient et n’insistez pas bassement pour qu’ils s’occupent constamment de
vous. Il n’y a pas de catégories dans l’amour. Il n’existe aucune différence
fondamentale entre l’amour d’un enfant pour ses parents, d’un parent pour
son enfant, d’une femme pour son mari, d’un frère pour une sœur. L’amour
a seulement des expressions et des caractéristiques diverses, mais tout
amour est affirmation. Il peut accepter, sans condamner, qu’il y ait des
déviations par rapport à la vision idéale. Il ne compare pas la situation
concrète de l’être aimé avec la vision idéalisée, qui est potentielle.
Dans cette vision, le potentiel est vu comme le présent et l’écart entre le
vécu et l’idéal ne constitue pas une contradiction puisque les deux
coexistent.
Maintenant. Il vous arrive peut-être parfois de penser que vous détestez
le genre humain. Vous pouvez trouver que les gens – ces créatures avec qui
vous partagez la planète – sont fous. Vous pouvez vous en prendre à ce que
vous considérez comme un comportement stupide, des habitudes
sanguinaires et les méthodes inadéquates et à court terme utilisées pour
résoudre les problèmes. Tout ceci est basé sur votre concept idéalisé de ce
que l’espèce humaine devrait être – en d’autres termes, sur votre amour
pour votre prochain. Mais si vous vous concentrez sur les différences, qui
sont loin d’être idylliques, votre amour peut se perdre.
Quand vous pensez que vous haïssez la race humaine au plus haut point,
en vérité, vous êtes pris dans un dilemme d’amour. Vous comparez l’espèce
à la conception aimante et idéalisée que vous en avez. Mais, en
l’occurrence, vous perdez de vue les véritables personnes qui la composent.
Vous placez l’amour sur un tel plan que vous vous coupez de vos vrais
sentiments et ne reconnaissez pas les émotions pleines d’amour qui sont à la
base de votre mécontentement. Votre affection retombe, dans votre
expérience, parce que vous avez nié l’impact de cette émotion, de crainte
que l’être aimé – dans le cas présent, toute l’espèce – ne soit pas à la
hauteur. Vous vous concentrez donc sur les différences par rapport à l’idéal.
Si, au lieu de cela, vous acceptiez de libérer le sentiment d’amour qui se
trouve derrière votre insatisfaction, ce simple fait vous permettrait de voir
dans l’espèce humaine les caractéristiques heureuses qui, dans une large
mesure, vous échappent à présent.
Vous pouvez faire votre pause.
(22 h 04. Pendant l’heure qui s’achève, le débit de Jane a été régulier et
énergique, sans qu’elle soit gênée par le temps très chaud et humide de ce
soir. Mais, à peine sortie de transe, elle commence à en être incommodée.
Reprise à 22 h 39.)
Maintenant. Rien n’est plus pompeux que la fausse humilité.
Bien des gens qui se considèrent comme des chercheurs de vérité et des
êtres spirituels en sont remplis. Pour s’exprimer, ils emploient souvent des
termes religieux. Ils disent : « Je ne suis rien mais l’esprit de Dieu est en
moi et le bien que je fais, si j’en fais, est dû à Dieu et non à moi. » Ou :
« Par moi-même, je ne peux rien. Seul le pouvoir de Dieu peut quoi que ce
soit. »
(Avec insistance.) Maintenant. En ces termes, vous êtes le pouvoir de
Dieu manifesté. Vous n’êtes pas impuissant. Au contraire. Le pouvoir de
Dieu est renforcé par votre être, car vous êtes une partie de ce qu’Il est.
Vous n’êtes pas une vulgaire motte d’argile par laquelle Il décide de Se
manifester.
Vous êtes Lui se manifestant en tant que vous. Vous êtes aussi légitime
qu’Il l’est.
Si vous êtes une partie de Dieu, alors Lui aussi est une partie de vous et,
en niant votre propre valeur, vous en arrivez à nier la Sienne. (Une pause.)
Je n’aime pas utiliser le terme « Lui » pour dire Dieu, puisque Tout-ce-qui-
est se trouve non seulement à l’origine de tous les sexes mais également de
toutes les réalités, dont certaines ne comportent pas d’identité sexuelle au
sens où vous l’entendez.
L’affirmation est le mouvement spontané du corps qui danse. Beaucoup
de ceux qui vont à l’église et se considèrent comme très religieux ne
comprennent pas aussi bien la nature de l’amour ou de l’affirmation que
certains autres qui fréquentent les bars, qui célèbrent la nature de leur corps
et jouissent d’une transcendance spontanée quand ils s’abandonnent au
mouvement de leur être.
(22 h 48.) La vraie religion n’est pas répressive ; et la vie non plus.
Quand le Christ a parlé, il l’a fait dans le contexte de son temps, en utilisant
le symbolisme et le vocabulaire qui avaient un sens pour un peuple
particulier à une époque particulière de l’Histoire, selon vos termes.
(On estime que Jésus-Christ est né entre l’an 8 et l’an 5 avant notre ère,
et qu’il est mort en l’an 29 ou 30.)
Il est parti de leurs croyances, il a utilisé leurs références pour tenter de
les mener vers des domaines de compréhension plus libres.
Avec chacune de ses traductions, la Bible a changé de sens, car elle a été
interprétée selon le langage de l’époque. Le Christ a parlé en termes de
bons et de mauvais esprits parce que cela correspondait aux croyances des
gens. (Pour du matériau en rapport avec celui-ci, voir la session 647,
chapitre 12.) En employant leurs termes, il leur a montré que les
« mauvais » esprits pouvaient être vaincus ; mais c’était là des symboles
acceptés par les gens comme des réalités – parfois pour des maladies ou des
conditions humaines tout à fait « normales ».
(Une longue pause, les yeux fermés, à 22 h 55.) L’expression même
« Aime ton prochain comme toi-même » (Matthieu 19 : 19, Marc 12 : 31)
était ironique, car, dans cette société-là, personne n’aimait son prochain et
chacun s’en méfiait profondément. Une bonne partie de l’humour du Christ
a donc été perdue.
Dans le Sermon sur la Montagne, la phrase « … les doux, car ils
posséderont la terre » (Matthieu 5 : 5) a été très mal interprétée.
Le Christ voulait dire « Vous formez votre propre réalité. Ceux qui ont
des pensées de paix se trouveront à l’abri de la guerre et des dissensions. Ils
ne seront pas touchés par elles. Ils y échapperont et posséderont réellement
la Terre. »
Les pensées de paix, en particulier au sein du chaos, exigent une grande
énergie. Les personnes capables d’ignorer les manifestations physiques de
la guerre et de formuler à dessein des pensées de paix triompheront – mais,
dans votre terminologie, le mot « doux » a fini par signifier mou, inadéquat,
manquant d’énergie. À l’époque du Christ, cette phrase affirmant que les
doux allaient posséder la Terre suggérait que l’on fasse énergiquement
usage de l’affirmation, de l’amour et de la paix.
(Une pause à 23 h 02. Jane, encore en transe, prend une nouvelle
cigarette. Découvrant qu’elle n’a plus d’allumettes, elle indique la table du
salon.)
Iriez-vous chercher le briquet de Ruburt ?
(« Oui. »)
Comme je l’ai mentionné dans Seth parle, l’entité du Christ était trop
vaste pour être contenue en un seul homme ou se limiter à une seule
époque. L’homme que vous pensez être le Christ n’a donc pas été crucifié.
(Voir les chapitres 21 et 22 de Seth parle.)
L’idée du sacrifice de soi n’était d’ailleurs pas en cause. Le mythe est
devenu plus « réel » que l’évènement physique, ce qui est bien sûr le cas
pour de nombreux évènements historiques prétendument importants. Mais
même le mythe a été déformé. Dieu n’a pas sacrifié son fils bien-aimé en lui
permettant de devenir physique. L’entité du Christ désirait naître dans le
temps et l’espace, pour chevaucher la condition de créature afin de servir
de guide et traduire certaines vérités en termes physiques.
Chacun d’entre vous survit à la mort. L’homme qui a été crucifié le
savait, sans l’ombre d’un doute, et il n’a rien sacrifié.
(« Dans Seth parle, vous disiez que Judas s’était arrangé pour que
quelqu’un d’autre soit crucifié à la place du Christ. »)
Celui qui l’a « remplacé » était un personnage apparemment victime
d’illusions, mais dans son illusion, il savait que chaque personne ressuscite.
Il a pris sur lui de devenir le symbole de cette connaissance.
L’homme appelé Christ n’a pas été crucifié. Dans cette histoire
spectaculaire, ce qui était un fait, selon vos termes, et ce qui ne l’était pas,
ne faisait pas vraiment de différence – car la réalité plus vaste transcende
les faits et les crée. Vous disposez du libre arbitre. Vous pouviez interpréter
cette histoire comme vous le vouliez. Elle vous était donnée. Son grand
pouvoir créateur demeure, et vous l’utilisez à votre façon en modifiant
même votre propre symbolisme à mesure que vos croyances se
transforment. Toutefois l’idée principale est l’affirmation que l’être
physique, le moi que vous connaissez, n’est pas anéanti par la mort. Cela
transparaît, même à travers les distorsions. Tout le concept de Dieu le Père,
tel qu’enseigné par le Christ, était réellement un « nouveau testament ». À
cause de l’orientation sexuelle de l’époque, c’est une image masculine de
Dieu qui a été donnée, mais, au-delà, le Christ a dit « … le Royaume de
Dieu est en vous » (Luc 17 : 21). D’une certaine façon, le personnage du
Christ était une manifestation de l’évolution de la conscience, conduisant
l’espèce au-delà des concepts violents de son temps, et modifiant le
comportement qui avait prévalu jusqu’alors.
Point. Faites votre pause.
(23 h 18. Jane se souvient seulement que Seth a parlé du Christ et donné
quelques citations bibliques. Elle sait peu de choses sur ces sujets – ou sur
la Bible elle-même. Par exemple, elle ne pensait pas que « le Royaume de
Dieu est en vous » soit une phrase tirée de la Bible. Mais par la suite j’ai
facilement localisé plusieurs versions de ces paroles de Jésus : « Car voici
que le Royaume… », « Car en vérité… », « Car voyez… »
Beaucoup de gens nous ont écrit ou téléphoné pour demander ce qu’il en
était des données non publiées de Seth sur le Christ, les évènements
bibliques et leur époque. Or quasiment tout ce matériau a été publié soit in
extenso soit sous forme de références. Outre ce livre-ci et Seth parle, voir
également le chapitre 18 du Matériau de Seth.
Une note ajoutée par la suite. D’autres informations sont toutefois
disponibles si l’on est prêt à investir le temps nécessaire à les recevoir. Seth
a terminé mi-juillet sa part de travail pour ce livre. Peu de temps après, je
suis tombé, dans un magazine de voyages, sur un article illustré parlant de
Jérusalem. Nous l’avons gardé pour une éventuelle référence ultérieure.
L’une des photographies qui accompagnent le texte est une double page,
une vue aérienne en couleur de la ville dans son cadre désertique ; Jane et
moi la trouvons si évocatrice que je l’ai montée sur un support pour
pouvoir mieux l’examiner. Le cadre aride de Jérusalem et son histoire
incroyablement riche et complexe nous ont à nouveau amenés à nous
interroger sur les forces mystérieuses de la créativité religieuse qui,
apparemment, a toujours émané de ce lieu, et qui continue de le faire.
Le 3 septembre, au cours d’une session privée, Seth a évoqué quelques-
unes des raisons pour lesquelles Jérusalem n’a jamais cessé de fasciner
certaines parties du genre humain. Il y était question de probabilités, de
géographie et d’inhabituelles interactions entre le passé, le présent et le
futur. Il y explique certains aspects du phénomène que constitue le Christ.
Puis, lors de la session suivante – qui concernait d’autres sujets –, Seth a
fait cet aparté inattendu : « Vous pouvez recevoir davantage de matériau
sur Jérusalem ou sur le Christ, maintenant ou quand vous voulez. Si vous le
souhaitez, vous pouvez recevoir Le livre du Christ… » Mais nous n’étions
pas prêts à ce moment-là à nous embarquer dans pareille entreprise.
Reprise de la même façon énergique à 23 h 33.)
En termes de temps – d’évolution telle que vous la concevez –, la
conscience émergente était parvenue à un stade où elle prenait tant de
plaisir à distinguer et à différencier que, même dans des régions
géographiques peu étendues, une multitude de groupes, de cultes et de
nationalités se rassemblaient, chacun affirmant avec fierté sa propre
individualité et sa valeur par rapport aux autres. Au début, en ces termes, la
conscience émergente de l’homme a eu besoin d’être libre de se disperser,
de se différencier, de créer les bases de différentes caractéristiques, et
d’affirmer son individuation. À l’époque du Christ, cependant, un certain
principe d’unité est devenu nécessaire afin que cette diversification puisse
s’accompagner d’un sentiment d’unité et qu’elle puisse percevoir son
unicité.
Le Christ était le symbole de la conscience émergente de l’homme, car il
portait en lui la connaissance du potentiel humain. Son message était
destiné à être transmis par-delà les siècles, mais ce n’est pas toujours
l’interprétation qui en est donnée.
Le Christ s’est servi des paraboles qui étaient applicables alors (comme
on le voit dans les quatre Évangiles). Il prenait les prêtres comme symboles
d’autorité (Matthieu 21 : 23-27). Il a transformé l’eau en vin (Jean 2 : 1-11)
et pourtant beaucoup de gens qui se considèrent comme des saints ne
tiennent aucun compte des noces de Cana et pensent que toute ingestion
d’alcool est dégradante.
Le Christ a « fréquenté » des prostituées (Luc 7 : 33-50) et des pauvres,
et ses disciples étaient loin d’être ceux qu’on pourrait appeler les pères de la
cité. Pourtant, nombre de ceux qui se considèrent comme des personnes
religieuses s’accrochent avant tout à la notion de respectabilité. Le Christ
employait la langue vernaculaire de son temps et, à sa façon, s’élevait aussi
bien contre les idées dogmatiques que contre les temples qui se prétendaient
les dépositaires de la sainte connaissance et ne s’intéressaient de fait qu’à
l’argent et au prestige. (Marc 11 : 15-18) Pourtant, nombreux sont ceux qui,
se disant disciples du Christ, s’en prennent à présent aux parias que lui-
même considérait comme ses frères et sœurs.
Il affirmait la réalité de l’individu au-dessus de toute organisation, en
réalisant cependant la nécessité d’un système. Tout son message consistait à
dire que le monde extérieur est la manifestation du monde intérieur, que le
« Royaume de Dieu » s’est fait chair.
Il y a d’ailleurs des Évangiles perdus, écrits à la même époque par des
hommes d’autres pays, qui relatent ce que l’on ignore de la vie du Christ,
des épisodes qui ne se trouvent pas dans la Bible. Ces évangiles
constituaient un cadre de connaissance totalement distinct qui pouvait être
accepté par les personnes ayant des croyances différentes de celle des Juifs
de l’époque. Les messages étaient formulés en d’autres termes, mais, une
fois encore, ils reflétaient l’affirmation du moi et la continuité de son
existence après la mort physique. L’amour était toujours mis en avant.
(23 h 52.) L’un des Évangiles est une contrefaçon – il a été écrit après les
autres et les évènements ont été déformés pour donner l’impression que
certains d’entre eux se sont déroulés dans un contexte complètement
différent de ce qui fut le cas. Quoi qu’il en soit, le message du Christ était
un message d’affirmation.
(Jane en transe marque une pause quand je lève les yeux d’un air
interrogateur. « J’allais demander quel était l’Évangile contrefait, parce
que nous allons sûrement recevoir du courrier à ce sujet. »)
Ce n’était pas celui de Marc ni celui de Jean. Il y a des raisons
particulières pour lesquelles je ne veux pas être plus précis maintenant.
(« D’accord », dis-je, avec malgré tout quelque réticence.
Une pause.) À l’époque, le Christ a unifié la conscience de l’être humain
d’une façon qui a perduré dans l’Histoire. La conscience du Christ n’était
pas isolée. Je parle maintenant en vos termes. La même conscience a donc
donné naissance à toutes vos religions : les diverses structures par lesquelles
les peuples d’époques différentes pouvaient s’exprimer et se développer.
Dans tous les cas, les religions ont débuté avec les croyances qui
prévalaient alors, elles ont utilisé les propositions de l’époque, puis se sont
élargies. Cela représente le côté spirituel de l’évolution humaine. Les
structures de pensée de la vie mentale et psychique devenaient beaucoup
plus importantes que les aspects physiques à mesure que l’espèce croissait
et se transformait.
(D’une voix soudain plus forte.) C’est la fin de la session. Mes
salutations les plus chaleureuses à vous deux et un cordial bonsoir.
(« Merci beaucoup, Seth. C’est vraiment très intéressant. Bonne nuit. »
Fin à 0 h 02.
Après la session, Jane tente une petite expérience. Je lui explique le peu
que je sais des Évangiles et lui suggère d’essayer de déterminer
médiumniquement si l’Évangile contrefait est celui de Matthieu ou de Luc.
Très rapidement et sans trop d’effort, elle dit que c’est celui de Matthieu.
Elle ignore pourquoi c’est cette réponse-là qui lui vient et ne cherche pas à
en savoir davantage – d’ailleurs, dit-elle, cela ne veut pas nécessairement
dire que cette réponse soit celle de Seth ou qu’elle soit arrivée par lui. On
considère en général que l’Évangile de Marc a été écrit en premier.
Toutes les dates données sont approximatives. De nombreux spécialistes
de la Bible pensent que les Évangiles ont été composés entre l’an 60 et
l’an 100, c’est-à-dire bien après la mort du Christ, en 29 ou 30. Récemment
des allégations diverses ont tendance à faire remonter, preuves à l’appui,
l’écriture de l’Évangile de Marc, dont Seth affirme l’authenticité, jusqu’en
l’an 35 – évidemment beaucoup plus proche de l’époque où vivait le
Christ.)

SESSION 675
MERCREDI 4 JUILLET 1973

(Cet après-midi, Jane et moi avons fait une promenade en voiture dans la
campagne vallonnée et luxuriante qui entoure Elmira ; c’était une journée
ensoleillée à peu près parfaite. Il fait encore très chaud dans le salon quand
nous nous y asseyons à 21 h 25 pour la session. Toutes les fenêtres sont
ouvertes. Nous pouvons entendre le bruit très évocateur des pétards qui
éclatent non loin de chez nous.26
Pendant que nous attendons, Jane commence à entrer dans un état de
conscience augmenté ou transcendant. Je commence à prendre des notes
pour décrire ce qu’elle ressent mais je rate certaines de ses descriptions vu
la vitesse à laquelle elle parle. Ses mains ont acquis une « douceur
intérieure » veloutée et voluptueuse. Puis elle sent ces « visages géants »
familiers penchés vers nous et observant notre univers – avec une certaine
nostalgie, dit-elle en riant. [Voir les notes détaillées de la session 653,
chapitre 13, qui décrivent les différents états de perception modifiée de
Jane, le 2 avril dernier. Dans l’un de ces intervalles, elle avait senti la
présence de géants debout au bord de notre monde.] Maintenant, de leur
point de vue massif, ces observateurs peuvent voir « d’un seul coup tout ce
qui se passe dans notre monde, dit Jane, de la Californie à la Russie –
comme si des astronautes nous regardaient…
Je ferais mieux de revenir à la session, mais je sens quelque chose »,
poursuit-elle, contente. Assise bien droite dans son fauteuil à bascule, elle
est à l’écoute et établit des connexions. « Quand j’entends les voitures
tourner au coin de la rue, je perçois ce son excitant dans mon estomac. Et
le bruit de ces pétards est comme des « plissements » dans l’air, qui se
répandent dans toutes les directions… Oh ! cette circulation est fascinante,
elle produit des effets à l’intérieur de ma tête et de mes oreilles, à
l’intérieur de moi. Et maintenant, en me versant de la bière, j’ai eu,
l’espace d’une seconde, le sentiment d’avoir moi-même une taille
gigantesque.
Quand je me mets à l’écoute de Seth 227, je deviens plus grande – mes
facultés de perception s’élargissent pour pouvoir absorber cette
expérience… Lorsque je ferme les yeux, j’ai maintenant l’impression que la
terre, la planète tout entière, est à l’intérieur de ma tête. Mais on ne le
comprend qu’en fermant les yeux. Je voudrais pouvoir le traduire en mots ;
mais il faut comprendre que les évènements extérieurs au corps sont les
mêmes évènements que ceux intérieurs au corps – le comportement de ses
neurones et toute son activité chimique… et puisque intérieur et extérieur
sont si merveilleusement synchronisés, tout s’accorde toujours.
Oh, évidemment !, s’exclame-t-elle, si quelque chose meurt dans ta tête,
une cellule peut-être, quelque chose meurt aussi dans le monde extérieur :
un insecte, une personne. Il y a une corrélation instantanée que je ne peux
expliquer. Il en va de même pour les nouvelles naissances. Le bruit des
pétards est le même que celui des évènements à l’intérieur du corps. Voilà
pourquoi Seth a raison : un évènement extérieur est un évènement intérieur.
Mais je dois revenir à la session…
Il y a là dehors une richesse fantastique, dit Jane en inclinant la tête vers
la fenêtre ouverte. Il y a une extraordinaire corrélation que personne ne
soupçonne entre les variations saisonnières et la longueur des pensées. Les
pensées laissent des traces à un niveau intérieur. Tu pourrais tracer le
graphique de tes pensées, elles correspondraient au changement des
saisons, aux marées et aux phases de la lune. Toutes ces choses qui
semblent extérieures sont simplement la manifestation des rythmes de notre
corps. »
22 h 05. « Je veux vraiment que nous ayons une session, seulement tout
ça est si joyeux et fait que tu te sens si bien ! Mais je vais fumer une
cigarette et devenir Seth. » Non sans un certain effort, Jane se calme. Elle
affirme en même temps que les révélations de ce soir n’ont pas eu lieu sans
raison – ce qui est vrai, comme nous allons bientôt l’apprendre.
« À présent, je sens un GRAND SETH alentour, dit-elle en souriant, et
j’essaye de le réduire à une taille de session. S’il arrivait comme il est
maintenant, sa voix serait tellement forte qu’elle couvrirait tout dans le
monde. Je sais que c’est une analogie, bien sûr. Maintenant je sens, de
façon assez nette pour le signaler, que mes jambes poussent à travers le
plancher et que ma tête grandit vers le plafond… »
Elle s’affale dans son fauteuil à bascule, les yeux fermés. Comme sur un
signal, un coup de vent agite les rideaux de la fenêtre ; des papiers se
froissent et s’envolent dans la pièce. Les petites explosions des pétards
deviennent soudain plus fortes. Le salon se rafraîchit agréablement – et
Jane ramène enfin Seth à une taille gérable. Elle ôte ses lunettes.
22 h 20.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. L’affirmation signifie donc que vous acceptez avec amour votre
individualité unique. Cela peut inclure le rejet, quand vous refusez la vision
ou le dogme d’autrui afin de percevoir plus clairement et de former les
vôtres.
Cette affirmation vous amène à faire vos propres découvertes intérieures
et attire, depuis les parties les plus profondes de votre être, le type
d’information, d’expérience ou de perception particulière dont vous avez
besoin. Vous accepter vous-même avec amour vous permet de chevaucher
parmi vos croyances comme vous le feriez dans un paysage aux
caractéristiques changeantes. Plus une croyance vous encourage à utiliser
vos facultés et votre vitalité, plus elle relève de l’affirmation.
La perception de Ruburt est fortement modifiée ce soir et c’est là un
exemple de certaines formes aussi bien d’affirmation que de rejet. Il a
toujours porté une attention particulière aux processus uniques de créativité
et d’intuition qui lui sont propres. En agissant ainsi, il a nié de nombreux
concepts auxquels d’autres croient. Il a accepté la croyance selon laquelle
toute conscience pouvait avoir un contact intime et direct avec des
expériences et des réalités qui, d’ordinaire, ne sont pas perçues, mais sont
ignorées.
Il savait qu’il y a différents moyens de faire l’expérience ne serait-ce que
du monde physique, et il a donc rejeté tous les concepts qui disent le
contraire. Cette croyance lui a permis d’utiliser ces facultés et, tout comme
un muscle devient plus résilient quand on s’en sert, il en va de même pour
les pouvoirs psychiques et intuitifs.
(Une pause à 22 h 32. La brise balaye encore la pièce par intermittence.)
Les jambes courent et franchissent des distances sur le terrain. Elles ne
peuvent pas interpréter elles-mêmes la réalité qui se trouve sous elles. Les
pieds ne se rendent pas compte qu’ils écrasent des fourmis. Ils peuvent
sentir l’herbe, le trottoir ou la route, mais la vie particulière, individuelle et
sensible, du brin d’herbe ou de la fourmi leur échappe, car, pris dans leur
propre réalité, les pieds se sentent concernés par ces autres choses
uniquement dans la mesure où elles ont un rapport avec leur condition de
pied.
L’esprit est capable d’interpréter l’expérience des jambes et des pieds et,
en utilisant ces données sensorielles avec imagination, il peut percevoir
jusqu’à un certain point la réalité des fourmis. Or, quand l’esprit court et se
hâte, il a parfois de grandes difficultés à interpréter ses activités pour le
cerveau qui, d’habitude, s’intéresse à d’autres réalités uniquement dans la
mesure où celles-ci font intrusion.
Maintenant. L’esprit de Ruburt se rend bien mieux compte d’autres
réalités que son cerveau ; mais Ruburt croit consciemment en la réalité plus
grande de son être et de ses perceptions. Son cerveau aussi possède cette
croyance et s’ouvre donc autant qu’il le peut aux activités de l’esprit. De ce
fait, certaines expériences psychiques intuitives et « intellectuellement
spacieuses » peuvent dans une certaine mesure être physiquement
ressenties. L’interprétation de la connaissance s’opère à travers une
modification des sensations corporelles, ce qui donne à cette connaissance
une importante validité physique. Une puissante activité mentale et
psychique se reflète alors dans l’expérience du corps, assurant une unité
salutaire.
J’ai employé le terme « spacieux » pour le fonctionnement de l’esprit et
les intuitions qui existent dans ce qu’on pourrait appeler une gamme
d’action accélérée. L’intellect normal est limité lorsqu’il est orienté, comme
il l’est par les croyances, de manière si précise vers l’inévitabilité d’une
forme unique de perception.
(22 h 45.) Un certain type d’affirmation du moi permet au cerveau de se
mettre à l’écoute de ces moyens de perception plus spacieux qui sont les
caractéristiques naturelles de l’esprit. Ce type d’affirmation doit d’abord se
produire et il y a de très bonnes raisons à cela. Le cerveau – et tout
l’organisme physique – est destiné à assurer la survie de votre corps et à
suivre vos croyances conscientes quant à la réalité. Il y a toujours un lien
unificateur harmonieux entre vos croyances et vos activités. Certaines
personnes se sentent totalement confiantes dans certains domaines et
timorées dans d’autres. Elles peuvent négliger certains aspects de
l’existence ou même les refuser pendant un certain temps, tout en se
focalisant sur d’autres. Souvent, lorsqu’il est en train de changer de
croyances, l’individu va, de manière intelligente et habile, aller de l’avant
dans les domaines où il se sent en sécurité. Vous n’utilisez pas votre esprit
spacieux tant que vous n’affirmez pas sa réalité à l’intérieur de vous, et tant
que vous n’êtes pas prêt à traiter les données supplémentaires qui vont alors
devenir consciemment accessibles d’une façon ou d’une autre. Mais l’esprit
spacieux opère à travers votre condition de créature ; en vos termes, il
représente des facultés de conscience latentes qui peuvent être des fonctions
plus ou moins normales.
Il y a des structures biologiques intrinsèques qui sont activées pour
recevoir de tels messages, et elles ont toujours fait partie de votre nature
physique en tant qu’espèce. Sur le plan individuel, elles ne se déclenchent
que lorsque vos croyances vous permettent de percevoir les couches
multidimensionnelles de votre propre expérience, ou du moins d’en
accepter les possibilités.
(Une pause.) Comme le montre ce que Ruburt a vécu ce soir, même des
données sensorielles normales acquièrent alors une forme de
multidimensionnalité, une richesse quasiment impossible à décrire. Cela
fournit automatiquement un processus d’apprentissage biologique dans
lequel les sens peuvent être utilisés de façon plus libre et plus profonde.
Bien que ces circonstances ne soient pas permanentes, elles sont
suffisamment fréquentes pour modifier l’expérience ordinaire. Leur richesse
déborde.
(23 h 00.) Vous n’avez pas besoin de connaître les sujets prétendument
paranormaux. De nombreux individus font appel à l’esprit spacieux et à ses
perceptions, considérant que cela va de soi, sans réaliser à quel point leur
perception est différente de celle de leurs congénères.
Ruburt s’interrogeait sur la question suivante qui n’est pas sans rapport :
physiologiquement, vous êtes porteurs des vestiges de votre évolution –
pour utiliser vos termes –, du vestige d’organes et autres attributs depuis
longtemps écartés. Vous me suivez ?
(« Oui. »)
De la même manière, vous portez aussi en vous des structures qui ne sont
pas encore pleinement employées : ces agencements pointent, en vos
termes, vers une évolution future. Ils entrent en jeu dans l’utilisation de
l’esprit spacieux. À toutes les époques, des individus ont fait l’expérience
de cet autre type de conscience, jamais cependant sous sa forme la plus
complète.
(Une longue pause à 23 h 05, les yeux fermés.) Faire l’expérience de cet
esprit spacieux dissout tous les conflits apparents qui naissent à d’autres
niveaux entre l’intellect et l’intuition. Dans la mesure du possible,
l’organisme physique interprète cette unité à travers un nouveau mélange de
données sensorielles, afin que les informations fassent sens sur le plan
matériel.
Un individu peut se mettre en phase avec cette activité de l’esprit
spacieux deux ou trois fois au cours de sa vie sans le réaliser, et vivre des
expériences qu’il a du mal à interpréter par la suite. L’affirmation qui entre
en jeu est de l’ordre de la transcendance – une personne affirme pour un
temps sa réalité dans la chair, tout en déclarant son indépendance par
rapport à celle-ci (un sourire) – elle réalise que ces deux conditions existent
simultanément. Une double perception prend place, dans laquelle l’esprit
spacieux est activé. Par « activé », je veux dire que l’organisme physique se
rend soudain compte de l’existence [de l’esprit spacieux].
Vous pouvez faire votre pause.
(23 h 14. Le débit de Jane a été assez rapide la plupart du temps. « Mais
j’ai vraiment eu du mal à entrer dans la session, dit-elle, parce que je
prenais tellement mon pied avec tous ces sons. Je suis contente d’y être
arrivée… » Son état modifié de conscience persiste. « À l’instant même, le
son de ma voix me paraît formidable, et mes mains ont une réalité liquide,
pratiquement comme de l’eau… »
Le vent s’est calmé. Nous n’entendons plus les pétards, juste le bruit
régulier de la circulation. Je prépare pour Jane un sandwich au pain
complet et au beurre de cacahuètes. Quand elle le prend, elle dit en le
regardant fixement : « C’est presque comme si on devait choisir entre
mordre dans le sandwich, la main qui le tient, ou le genou qui est en
dessous – non pas parce qu’on est désorienté mais parce que tout ne fait
qu’un. Quand on s’en rend compte, on est confronté au fait qu’on est obligé
de faire des choix conscients. »
Elle est maintenant complètement absorbée par la texture du pain et la
sensation dans sa bouche. « Quand je brise ce pain, dit-elle, je sais qu’il
produit des sons que je ne peux pas entendre, alors je les remplace par ceux
de la voiture qui tourne maintenant au coin de la rue. Je sens une forte
corrélation entre le pain qui descend dans ma gorge et la circulation… »
Reprise très calmement à 23 h 51.)
Maintenant. L’esprit spacieux, utilisé correctement et pleinement, va,
dans vos termes de temps, largement enrichir les capacités de l’espèce
humaine, en apportant au corps une harmonie plus grande que celle qui est
actuellement possible.
Sur le plan neurologique, il y a des dispositifs latents, non enclenchés,
qui peuvent être mis en route et, quand ce sera le cas, votre expérience
pratique du temps, telle que vous la connaissez, s’en trouvera modifiée. De
votre point de vue, l’espèce sera alors si différente que vous aurez
l’impression qu’il ne s’agit pas de la même. Comme Ruburt l’a suggéré un
jour, votre système [moderne] de communication a déjà étendu la gamme
des données accessibles à un esprit conscient en un temps donné, et ce à un
niveau purement physique.
Aujourd’hui, vous devez traiter et assimiler des informations concernant,
par exemple, des évènements qui se produisent ailleurs, qu’en d’autres
temps aucun individu ordinaire n’aurait pu connaître. Des situations
lointaines deviennent un savoir présent. L’intervalle de temps entre un
évènement et la connaissance que vous en avez est raccourci, même si ce
dernier se produit à l’autre bout du monde.
Les voyages en avion brouillent votre idée et votre expérience du temps
et, ce faisant, modifient la conception que vous en avez. Mais au sein du
mécanisme corporel, certains dispositifs que vous n’utilisez pas et ne
reconnaissez pas vous permettront, en tant qu’espèce, de gérer
consciemment de plus grandes perceptions du temps, tout comme vous
gérez actuellement de plus vastes perceptions de l’espace.
(0 h 02.) De manière limitée et brouillonne, vous en avez déjà une idée
quand vous utilisez des ordinateurs pour essayer de calculer « des
probabilités futures » et agir en fonction d’elles dans votre présent. L’esprit
peut le faire beaucoup mieux que n’importe quel ordinateur. Si le cerveau le
croyait, certaines de ses parties seraient activées. Il se rendrait compte de ce
que l’esprit connaît et vous auriez alors consciemment accès aux
probabilités d’évènements futurs.
Le cerveau aurait bien sûr à ordonner ces informations de manière à ce
que le mécanisme du corps soit parfaitement capable de maintenir son
présent temporel. Quand l’homme a commencé à s’accorder le temps de
réflexion mentionné dans ce livre (voir les sessions 635 et 636, chapitre 9),
il s’est senti tout d’abord désorienté, puis il a appris à faire la distinction
entre un évènement du passé clairement remémoré et ce dont il faisait
l’expérience au présent. La conscience grandissante a dû faire ces
distinctions pour des raisons pratiques. Pour utiliser de futurs évènements
probables, le cerveau physique serait forcé d’élargir ses fonctions tout en
maintenant l’individu dans une relation claire avec l’instant de pouvoir
présent, ou une efficacité du corps. L’affirmation implique toujours la
reconnaissance de votre pouvoir dans le présent. En termes plus vastes, le
déni est l’abdication de ce pouvoir. L’affirmation est donc le consentement
à votre aptitude, en tant qu’esprit dans la chair, à former la réalité physique
de votre condition de créature.
Or vous pouvez modifier votre présent en modifiant votre passé ou à
partir du futur. (Voir les sessions 653 et 654, chapitre 14.) Mais ces
manœuvres elles-mêmes doivent toutefois se produire dans le présent dont
vous faites l’expérience concrètement. De nombreuses personnes ont, à un
moment ou à un autre, changé leur comportement présent en réponse à un
conseil provenant d’un moi probable « futur », sans même s’en rendre
compte.
Supposez qu’enfant, vous ayez en tête un but particulier vers lequel vous
orientez vos efforts. Votre intention et votre détermination, vos désirs et vos
images forment une force psychique qui est en quelque sorte projetée en
avant : depuis votre présent, vous envoyez votre réalité dans ce que vous
considérez comme le futur.
Maintenant. Supposons qu’à un certain stade, vous ayez certaines
décisions à prendre et que vous ne sachiez pas quelle option choisir. Vous
pouvez avoir le sentiment que vous risquez de dévier par rapport à votre
objectif, tout en étant enclin à le faire pour d’autres raisons. Au cours d’un
rêve ou d’une rêverie, vous pouvez soudain entendre mentalement une voix
qui vous dit très clairement de poursuivre dans la direction initiale. Vous
pouvez aussi recevoir la même information d’une autre façon – à travers
une forte envie, une vision, ou en sachant tout à coup clairement ce qu’il
faut faire. Cela se passe dans votre présent.
(0 h 21.) En d’autres termes, le moi que vous avez projeté dans le futur
vous renvoie un encouragement à partir d’une réalité probable que vous
pouvez encore créer. Ce moi focalisé opère cependant depuis son présent, et
un jour, dans votre propre futur, vous vous retrouverez peut-être en train de
penser avec nostalgie à cet instant de votre passé où vous étiez indécis et
hésitant mais avez fait le bon choix.
Vous allez peut-être vous dire : « Je suis heureux d’avoir fait ça » ou
« Sachant ce que je sais maintenant, quelle chance j’ai eue d’avoir pris cette
décision. » Et à ce moment-là, vous êtes le moi futur qui, « autrefois » a
encouragé la personne du passé. Le futur probable a rattrapé le présent
concret.
Nouveau paragraphe. L’affirmation antérieure de vous-même projeté
dans le futur a rendu cette situation possible. De la même manière, votre
acceptation de vous-même et de votre intégrité peut à tout moment dans
votre présent modifier votre passé et votre futur.
(Avec force.) Fin du chapitre.
CHAPITRE 22

L’affirmation, l’amélioration pratique de


votre vie et la nouvelle structuration de vos
croyances.

(Immédiatement à 0 h 25.) Titre du nouveau chapitre [22] :


« L’affirmation, l’amélioration pratique de votre vie et la nouvelle
structuration de vos croyances. »
Fin de la session.
(« D’accord. »)
(L’air amusé.) J’essaie de vous donner le titre du chapitre suivant, même
à la fin d’une session, pour que Ruburt sache ce que je fais. Cela le rassure.
Un chaleureux et cordial bonsoir à vous deux.
(« Merci beaucoup, Seth. Bonne nuit. » Fin à 0 h 28. L’état de perception
modifié de Jane persiste.)

SESSION 676
LUNDI 9 JUILLET 1973

(À 21 h 15, nous sommes prêts pour la session. Ce soir encore, il fait très
chaud. Nous avons allumé notre ventilateur, mais à vitesse réduite pour
qu’il ne fasse pas trop de bruit ; en fait, nous l’utilisons rarement. Je lis à
Jane le titre du chapitre 22, avec l’impression que les sujets mentionnés
indiquent que Seth est sur le point de terminer son livre…)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Si vous avez de l’estime et de la tendresse pour vous-même, vous
faites confiance à votre propre direction.
Vous acceptez votre situation actuelle, quelle qu’elle soit, comme faisant
partie de cette orientation et vous réalisez que tous les éléments créatifs
dont vous avez besoin peuvent en découler. En étant vous-même et en
faisant confiance à votre intégrité, vous aidez automatiquement les autres. Il
est inutile de faire appel à l’autosuggestion et de se répéter qu’on est
quelqu’un de bien et qu’on a confiance en soi et en son intégrité si l’on est
en même temps effrayé par ses propres émotions, ou bouleversé chaque fois
que l’on se surprend à avoir un état d’esprit que l’on considère comme
négatif.
De même que les amants sont capables de voir « l’idéal » en l’être aimé
tout en se rendant compte de certaines insuffisances ou divergences par
rapport à cet idéal, vous pouvez aimer qui vous êtes et réaliser que ce que
vous considérez comme des imperfections sont au contraire des
tâtonnements allant dans le sens d’une plus grande réalisation. Vous ne
pouvez pas vous aimer vous-même et en même temps détester les émotions
qui vous traversent ; car, bien que vous ne soyez pas vos émotions, vous
vous identifiez si souvent à elles qu’en les détestant, vous vous détestez
vous-même.
Servez-vous de votre esprit conscient et de sa logique. Si vous découvrez
que vous vous sentez indigne, n’essayez pas simplement de plaquer une
croyance plus positive par-dessus celle-ci. Découvrez plutôt quelles sont les
raisons de cette croyance. Si vous ne l’avez pas encore fait, mettez par écrit
les sentiments que vous avez par rapport à vous-même. Soyez parfaitement
honnête. Que diriez-vous si quelqu’un d’autre pensait la même chose de
vous ?
Examinez ce que vous avez écrit. Réalisez qu’il s’agit là d’un ensemble
de croyances. Il y a une différence entre croire que l’on ne vaut rien et ne
rien valoir réellement.
(21 h 46.) Faites à présent par écrit une liste de vos aptitudes et de vos
réalisations. Celle-ci doit comprendre des éléments comme le fait de bien
s’entendre avec les autres, d’être séduisant, de bien se comporter vis-à-vis
des animaux et des plantes, d’être bon menuisier ou bon cuisinier. Tout
talent ou toute réussite doit être noté avec autant d’honnêteté que vous en
aviez auparavant quand vous notiez les « défauts » les plus infimes.
Aucun être humain n’est dépourvu de facultés créatrices et de réalisations
de qualité ; si vous suivez ces instructions, vous allez donc découvrir qu’en
fait vous êtes une personne de valeur.
Lorsque vous vous surprenez en train de sombrer dans un état d’esprit où
vous vous sentez inférieur, regardez la liste de vos aptitudes et de vos
réussites. Ayez ensuite recours à la suggestion positive de votre mérite,
étayée par votre examen personnel. Vous allez peut-être dire : « Je sais que
j’ai de grandes capacités mais je ne les utilise pas. Quand je me compare
aux autres, je ne suis pas à la hauteur. J’ai quelques réussites banales et sans
importance, qui n’ont absolument rien d’unique. À coup sûr, ma destinée
suppose davantage. J’ai des aspirations que je ne parviens pas à exprimer. »
Pour commencer, vous devez comprendre que, dans votre unicité, il est
futile de vous comparer aux autres, car, ce faisant, vous essayez d’imiter des
qualités qui sont les leurs, et déniez par là même votre propre vision et votre
être miraculeux. Dès que vous commencez à vous comparer à autrui, c’est
sans fin. Vous allez toujours trouver quelqu’un qui, sur un certain plan, sera
plus talentueux que vous et vous allez donc continuer à être insatisfait. Au
lieu de cela, grâce au travail sur vos croyances, tenez pour acquis que votre
vie est importante ; commencez par cela, là où vous en êtes. Ne vous
tournez pas vous-même en dérision sous prétexte que vous n’avez pas
atteint un grand idéal, mais commencez à employer au mieux les talents qui
sont les vôtres, sachant qu’en eux réside votre accomplissement unique.
(22 h 01.) Toute aide que vous apportez à autrui provient de l’utilisation
créative des caractéristiques qui vous sont propres, à vous et à personne
d’autre. Ne soyez pas irrité contre vous-même quand vous vous trouvez en
train de ressasser des aspects négatifs de votre vie. Demandez-vous plutôt,
de façon constructive, pourquoi vous le faites. La réponse viendra à vous.
Utilisez cette connaissance comme un pont. Laissez s’élever toutes les
émotions qui se présentent. Si vous le faites honnêtement, le sentiment de
ne rien valoir ou le découragement vont passer d’eux-mêmes ; ils vont
changer et disparaître. Vous allez peut-être vous montrer impatient à leur
égard, ou les trouver ennuyeux et les envoyer promener. Mais ne vous dites
pas automatiquement que ces sentiments sont mauvais tout en essayant de
les recouvrir d’une croyance positive, comme on pose un pansement.
Ayez le sens de l’humour envers vous-même – sans méchanceté mais en
portant sur vous-même un regard tendre et humoristique. Être très sérieux
est une bonne chose lorsque cela vient spontanément et sans contrainte.
Mais à la longue, cela peut devenir pompeux.
Si vous acceptez de vous rendre de plus en plus compte de vos
croyances, vous pouvez travailler avec elles. C’est bête d’essayer de
combattre ce que vous considérez comme des croyances négatives, ou d’en
avoir peur. Elles n’ont rien de mystérieux. Vous risquez de découvrir que
beaucoup d’entre elles ont eu leur utilité à un moment donné, mais que vous
leur avez simplement accordé trop d’importance. Il faut les restructurer,
plutôt que les rejeter.
Faites votre pause.
(De 22 h 11 à 22 h 28.)
Certaines croyances peuvent fonctionner pour vous de façon très positive
durant des périodes données de votre existence. Cependant, comme vous ne
les avez pas examinées, vous les gardez parfois longtemps après qu’elles
aient rempli leurs fonctions et elles peuvent alors se retourner contre vous.
Nouvelle phrase. Beaucoup de jeunes, par exemple, croient à un moment
ou à un autre que leurs parents sont omnipotents – une croyance très utile
aux enfants, à qui elle procure un sentiment de sécurité. Une fois
adolescents, les mêmes sont choqués lorsqu’ils découvrent que leurs parents
sont simplement humains et faillibles. Une autre conviction remplace alors
souvent la précédente : pour eux, les générations précédentes sont
inadaptées et inférieures et ceux qui dirigent le monde sont rigides et sans
scrupules.
En abordant l’âge adulte, beaucoup pensent que les générations qui les
ont précédés ont tout fait de travers. Cette croyance les libère du concept
enfantin selon lequel les personnes âgées avaient non seulement toujours
raison mais étaient infaillibles, et cela les met au défi de s’attaquer à leurs
problèmes personnels et à ceux du monde.
Pendant quelque temps, les jeunes adultes se sentent souvent invincibles,
au-delà même des limites de leur condition de créature ; cette croyance les
dote de la force et de l’énergie dont ils ont besoin pour construire leur
propre vie et donner forme au monde collectif. D’un point de vue matériel,
chacun doit cependant réaliser tôt ou tard non seulement les défis, mais
aussi les caractéristiques particulières de sa condition de créature, dans
laquelle, fondamentalement, aucune de ces croyances générales n’a de sens.
(22 h 39.) Si, à quarante ans, vous croyez encore à l’infaillibilité de vos
parents, vous entretenez cette idée bien au-delà de ce qui vous est
profitable. En utilisant les méthodes de ce livre, vous devriez découvrir les
raisons de cette croyance, car elle vous empêche d’exercer votre
indépendance et de créer votre propre monde. Si, à cinquante ans, vous êtes
encore convaincu que la génération qui vous précède est rigide, en train de
devenir sénile, mentalement incompétente et en pleine détérioration
physique, alors vous vous accrochez à une vieille croyance en l’inefficacité
des générations plus âgées et mettez en place des suggestions négatives
pour vous-même. Si, toujours à cinquante ans, vous continuez au contraire
de penser que la jeunesse est la seule période glorieuse et efficace de la vie,
vous êtes bien évidemment en train de faire la même chose.
Lorsqu’un jeune adulte doué dans un domaine particulier croit que ce
talent le rend supérieur aux autres, cela peut lui être très bénéfique à un
moment donné, en lui donnant l’élan pour se développer et l’indépendance
nécessaire pour que cette faculté grandisse. Des années plus tard, il va peut-
être s’apercevoir qu’il a entretenu cette croyance identitaire trop longtemps,
ce qui l’empêche d’avoir un échange affectif important avec ses
contemporains ou que cela le limite d’une manière générale.
(Une pause à 22 h 48.) Une jeune mère peut se dire que son enfant
compte plus que son mari, et, selon les circonstances, cette croyance peut
l’aider à accorder à l’enfant l’attention nécessaire – mais si le concept
persiste quand l’enfant grandit, il peut devenir étouffant. La vie tout entière
de cette femme risque de s’articuler autour de cette idée si elle n’apprend
pas à examiner le contenu de son esprit. Une croyance ayant un effet positif
pour une femme de vingt ans n’aura pas nécessairement les mêmes
conséquences pour celle de quarante ans qui continue, par exemple, à être
beaucoup plus attentive à ses enfants qu’à son mari.
Bon nombre de vos croyances sont bien sûr culturelles mais, là encore,
vous avez accepté celles qui servaient vos objectifs. En général, dans votre
société, les hommes se croient logiques, tandis que les femmes sont
considérées comme intuitives. En essayant à présent de faire valoir leurs
droits, celles-ci tombent souvent dans le même piège, mais à l’envers : elles
tentent de nier ce qu’elles pensent être des éléments inférieurs, intuitifs,
pour se tourner vers les éléments logiques, qu’elles considèrent comme
supérieurs.
Certaines croyances structurent donc vos vies, souvent pour une période
donnée. Beaucoup d’entre elles vont passer avec le temps. La structuration
intérieure va alors changer, mais, une fois que vous les avez reconnues,
vous ne devez pas lâchement accepter ces « restes » de croyances.
« Je me sens inférieur parce que ma mère me détestait » ou « J’ai
l’impression de valoir moins que rien parce qu’enfant, j’étais petit et
chétif. » En travaillant sur vos croyances, vous pouvez découvrir que votre
sentiment d’infériorité semble provenir de ce type d’épisode. Il ne dépend
que de vous, en tant qu’adulte, de surmonter ces croyances et de réaliser
qu’une mère qui déteste son enfant est déjà en difficulté et que cette haine
en dit plus long sur la mère que sur sa progéniture. Il vous appartient de
comprendre que vous êtes maintenant une grande personne et non un enfant
que l’on peut malmener.
(23 h 01.) À mettre à part :

Le point de pouvoir est dans le présent.

Ce point n’est pas dans le passé, à moins que vous ne décidiez


d’acquiescer servilement à des croyances éculées qui ne vous sont plus
d’aucune utilité.
Si vous pensiez être moins que rien parce que vous étiez malingre et
malmené, vous vous êtes sans aucun doute servi de cette croyance pour vos
propres desseins. Admettez-le. Découvrez quels étaient ces objectifs. Peut-
être avez-vous compensé : par la suite, vous êtes devenu athlétique, ou vous
avez utilisé cette impulsion pour aller de l’avant à votre façon. Si votre
mère vous détestait, vous pouvez vous être servi de cela pour affirmer votre
indépendance, pour vous donner une excuse ou une direction ; mais dans
tous les cas, vous formez votre réalité, et vous l’aviez donc accepté.
(Une pause.) Beaucoup de ceux qui nous écrivent ont le sentiment qu’ils
ont de rares facultés médiumniques, des talents pour l’écriture ou qu’ils
ressentent un besoin hors du commun d’aider les autres. Ils comparent en
permanence ce qu’ils font avec ce qu’ils pensent pouvoir accomplir, mais
souvent sans commencer à développer leurs propres facultés.
Ils veulent écrire de grands traités philosophiques par exemple, mais ne
posent jamais leur stylo sur une feuille, et n’ont pas assez confiance en
eux pour commencer. Certains veulent VENIR EN AIDE AU MONDE ENTIER – en
lettres majuscules –, mais la seule chose qu’ils font, c’est de penser à ce
désir, sans essayer de le mettre à exécution. Leur idéal atteint une telle
dimension dans leur esprit qu’ils sont toujours insatisfaits de leurs propres
performances, et qu’ils ont peur de se mettre à l’œuvre.
Le seul fait de reconnaître avec amour leur unicité leur montrerait
comment commencer à utiliser leurs aptitudes à leur manière et comment
faire confiance à la situation présente. L’idéal ne s’est pas encore
matérialisé. Il n’est que l’essence d’une direction. Or cette direction-là ne
peut être trouvée qu’en utilisant ce dont vous disposez dans le maintenant
que vous connaissez, en acceptant les opportunités et les facultés qui sont
les vôtres et en les utilisant à travers le pouvoir du présent.
Vous pouvez faire votre pause.
(23 h 13. Le débit de Jane a été régulier et plutôt calme, sauf pour les
mots et les phrases que Seth a demandé de souligner.
La nuit s’est agréablement rafraîchie. « Tu sais quoi ? demande Jane. Je
suis vraiment fatiguée maintenant… » Cette pause s’avère être la fin de la
session. Après s’être demandé si elle allait ou non retourner en transe, Jane
décide finalement que non.)

SESSION 667
MERCREDI 11 JUILLET 1973

(21 h 36.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Il n’y a aucun inconvénient à demander de l’aide quand vous
pensez en avoir besoin, et il y a parfois beaucoup à y gagner.
Il y a toutefois des gens qui en prennent l’habitude, et pour qui cela
devient le moyen d’éviter toute responsabilité. Pour des problèmes
physiques particuliers, vous devez chercher de l’aide dans des domaines
que vous connaissez peu. Mais beaucoup de gens se tournent vers
l’extérieur – vers des médiums, des médecins, des psychiatres, des prêtres,
des ministres du culte, des amis – pour des questions générales concernant
leur vie et, ce faisant, ils nient leur propre aptitude à se comprendre et à
croître.
La nature de l’éducation est telle que l’individu apprend à se méfier du
moi intérieur, comme nous l’avons vu (dans la session 614, chapitre 2, par
exemple), si bien que l’homme ou la femme ordinaire cherche
malheureusement la solution de ses problèmes personnels à l’extérieur du
moi, là où elle existe le moins. Si vous utilisez les méthodes indiquées dans
ce livre, vous allez vous connaître beaucoup plus intimement qu’avant et
vous serez mieux armé pour prendre en main votre réalité personnelle. Le
simple fait de savoir que vous formez votre réalité peut vous libérer de
certains concepts limitants qui vous ont freiné par le passé. Vous pouvez
alors examiner vos croyances de façon créative et trouver les corrélations
qui existent entre elles et votre expérience. La connaissance consciente va à
elle seule déclencher dans le moi intérieur des réponses intuitives, si bien
que vous allez recevoir des informations utiles sous forme de rêves,
d’impulsions et de pensées ordinaires.
(Une pause à 21 h 47.) Si vous affirmez la grâce fondamentale de votre
être, cela va automatiquement affaiblir celles de vos croyances qui sont
contraires à ce principe. Vous serez capable d’intégrer dans votre
expérience à la fois la vision d’un « moi idéal » et toutes les déviations
naturelles par rapport à lui.
(Très lentement.) Partant de là où vous êtes, vous allez commencer par
développer joyeusement les qualités que vous possédez maintenant, sans
vous attendre à ce qu’elles apparaissent déjà pleinement épanouies. Vous
allez vous aimer et vous n’aurez aucune difficulté à aimer votre prochain.
Cela ne veut pas dire que vous ne devez pas être conscient des divergences
par rapport à votre concept idéal de l’être aimé. Une fois encore, cela ne
veut pas dire non plus que vous devez sourire constamment ; cela signifie
que vous affirmez votre validité et votre grâce dans le cadre de votre
condition de créature.
Dès que vous commencez à comparer ce que vous êtes avec un concept
idéalisé de vous-même, vous vous sentez automatiquement coupable. Tant
que vous ne travaillez pas sur vos croyances, les situations et les
circonstances les plus anodines peuvent déclencher cette culpabilité. C’est
une bonne idée de dresser une liste écrite des actes ou des incidents
spécifiques qui font naître en vous un sentiment de culpabilité. Cela vous
fera souvent remonter avec facilité jusqu’aux croyances de votre petite
enfance – qui peuvent vous avoir été instillées par un de vos parents bien
intentionné dans le but de vous protéger, ou par un adulte ignorant.
Révélées au grand jour, nombre de ces croyances vont se dissoudre face à
votre compréhension.
Quand vous affirmez votre légitimité dans l’univers, vous coopérez
facilement et naturellement avec les autres, car cela fait partie de votre
nature. En étant vous-même, vous aidez les autres à être eux-mêmes.
Comme vous n’êtes pas jaloux des talents que vous ne possédez pas, vous
pouvez les encourager de bon cœur chez les autres. Comme vous
reconnaissez votre propre unicité, vous n’avez pas besoin de dominer les
autres ou de trembler devant eux.
(22 h 01.) Il faut, à un moment ou à un autre, que vous commenciez à
vous faire confiance. Je vous suggère de le faire maintenant. Sinon, vous
allez à jamais attendre des autres qu’ils vous prouvent votre propre mérite,
et vous ne serez jamais satisfait. Vous serez constamment en train de
demander aux autres ce qu’il faut faire, tout en éprouvant du ressentiment à
l’égard de ceux auprès desquels vous cherchez de l’aide. Vous aurez
l’impression que leur expérience est légitime et la vôtre fausse. Vous vous
sentirez floué.
(Une pause à 22 h 06. Notre chat, Willy, a été malade et nous l’avons
donc gardé avec nous pendant la session. Il se réveille maintenant et se
dirige avec nonchalance vers Jane, assise dans son fauteuil à bascule et
parlant au nom de Seth. J’appelle Willy au moment où il s’apprête à sauter
sur les genoux de Jane, et il choisit de venir plutôt se pelotonner contre moi
sur le divan.
Jane reste en transe. Par la suite, elle me dira que Seth a attendu avec
« un amusement plein d’affection » que l’épisode se règle de lui-même.)
Vous allez vous apercevoir que vous donnez trop d’importance aux
aspects négatifs de votre existence et aux aspects positifs de celles des
autres. Vous êtes une personnalité multidimensionnelle. Ayez confiance
dans le miracle de votre propre être. Ne séparez pas le physique du spirituel
dans vos vies, car le spirituel parle avec une voix physique et le corps
physique est la création de l’esprit.
Ne placez pas les paroles des gourous, des ministres du culte, des
prêtres, des scientifiques, des psychologues, des amis – ou les miennes –
au-dessus des sentiments de votre être.
Les autres peuvent beaucoup vous apprendre, mais la connaissance la
plus profonde doit venir de l’intérieur de vous-même. Votre conscience est
engagée dans une réalité dont, fondamentalement, vous êtes le seul à
pouvoir faire l’expérience, qui est unique et intraduisible, qui a sa propre
signification et suit ses propres voies de devenir.
Vous partagez une existence avec d’autres qui font l’expérience de leur
propre voyage à leur façon, et vous avez donc en commun le fait de
voyager. Soyez bon avec vous-même et avec vos compagnons.
Je suis, moi aussi, en voyage. Les informations et la connaissance dont je
dispose, j’essaye de vous les transmettre à travers Ruburt et Joseph (une
pause) qui sont des parties de moi dans votre espace-temps. Mais ils sont
eux-mêmes, tout comme je suis moi.
Vous pouvez faire votre pause.
(22 h 17. La transe de Jane est bonne, son débit régulier et plutôt
tranquille. « Tu sais, dit-elle, je pensais que ce livre allait être plus long,
mais j’ai un étrange sentiment nostalgique que Seth va le terminer très vite.
J’en ai des frissons. Je ne sais pas pour toi, ajoute-t-elle en riant, mais moi
j’aimerais que ça dure encore cinq chapitres… C’était la même chose avec
Seth parle ; la fin m’arrive toujours comme un choc. » Je lui réponds que
d’après moi Seth va finir le livre ce soir. En plaisantant, je dis que nous
pourrions lui demander le titre du prochain. « Oh !, il les a tous en piles
jusque-là », et Jane se donne une tape sur le haut du crâne.
Une note se rapportant au matériau transmis juste avant la pause : dans
le chapitre 19, Seth parle de la réincarnation de façon générale, mais il dit
peu de choses dans ce livre à propos des « connexions » psychiques qu’il a
avec Jane et moi. On trouve certaines références à ces liens de-ci de-là
dans Le Matériau de Seth et Seth parle [voir la session 595 dans
l’appendice de ce dernier]. Nous disposons aussi d’une quantité modeste
d’informations non publiées. Mais explorer les ramifications de la
réincarnation telle qu’elle nous concerne tous les trois, par exemple,
prendrait un livre entier.
Reprise à 22 h 37.)
Maintenant. Dictée. Les croyances de Ruburt lui-même concernant la
nature de sa conscience ont permis ces sessions.
Ruburt et Joseph ont tous deux travaillé sur la nature de la créativité et,
depuis leur jeune âge, chacun d’eux a cherché des réponses – mais, plus que
tout, ils avaient confiance en leur destinée et en la grâce de leur être.
Ils ont peut-être eu parfois le sentiment d’avoir perdu le sens de leur
direction. Pendant certaines périodes, ils ont pu avoir des problèmes qui
leur ont fait momentanément oublier leurs buts ; pourtant, la croyance qu’ils
ont eue en eux-mêmes, individuellement et ensemble, a été suffisamment
forte pour les amener à leur réalité présente.
Beaucoup de ceux qui nous écrivent veulent développer et utiliser les
mêmes aptitudes, mais il est évident d’après leurs lettres que leurs
croyances les empêchent de faire suffisamment confiance en leur moi
intérieur. Vous ne pouvez avoir peur de votre être tout en espérant le
parcourir et en explorer les dimensions. Vous devez d’abord faire le premier
pas, qui consiste à affirmer votre identité. Cette affirmation va libérer vos
attributs et vous ouvrir de nouveaux champs d’expérience. Ces attributs
sont les vôtres, et il doit en être ainsi. Quand vous demandez à quelqu’un
d’interpréter vos rêves, par exemple, vous vous écartez automatiquement de
l’accomplissement de votre potentiel. Quand vous interrogez autrui sur la
direction à donner à votre vie, vous vous cachez le fait que vous êtes la
personne qui possède cette réponse. Si vous ne vous en rendez pas compte,
aucune méthode ne pourra vous aider.
(22 h 49.) Maintenant. En termes ordinaires, ce livre ne contient aucune
instruction ésotérique vous permettant d’atteindre ce que vous considérez
peut-être comme un développement spirituel ou une compétence
médiumnique. Il s’agit néanmoins d’un préliminaire pour tous ceux qui
veulent utiliser leur condition de créature comme le cadre à partir duquel
percevoir d’autres réalités et en faire l’expérience.
Comme je l’ai déjà mentionné, vous n’allez pas devenir plus spirituel en
niant votre chair. (Voir chapitre 7.) Vous êtes en train de vivre cette vie !
Faites-lui confiance, telle qu’elle coule à travers vous. Ainsi, d’autres
réalités vont se révéler ; elles ajouteront de la dimension et de la profondeur
à celle qui est la vôtre à présent.
À mettre à part :

Vous créez votre propre réalité – où que vos voyages vous mènent, et
quelle que soit la dimension dans laquelle vous vous trouviez.
Avant de vous embarquer dans d’autres voyages de la conscience,
comprenez que vos croyances vont vous suivre et qu’elles vont former votre
expérience là-bas comme elles le font ici. Si vous croyez aux démons, vous
les rencontrerez – dans cette vie en tant qu’ennemis, et dans d’autres
royaumes de la conscience en tant que diables ou « mauvais esprits ».
Si vous avez peur de vos émotions et les croyez mauvaises, alors, quand
vous tenterez des expériences « psychiques », vous risquez de vous croire
possédé. Vos sentiments, ceux que vous réprimez, vous paraîtront
démoniaques. Vous n’oserez pas vous les attribuer et penserez qu’ils
appartiennent à un esprit désincarné. Il est donc crucial que vous
compreniez la réelle innocence de tous les sentiments, car chacun d’eux, si
vous le laissez à lui-même et si vous le suivez, vous ramène à la réalité de
l’amour.
(Une pause à 23 h 00.) Ne croyez personne ni aucun dogme qui vous
affirme que vous êtes mauvais ou coupable par nature, ou du fait de votre
existence physique. Ne faites confiance à personne qui vous détourne de la
réalité qui est la vôtre.
(Une longue pause, les yeux fermés.) Ne suivez pas ceux qui vous disent
que vous devez faire pénitence, de quelque façon que ce soit. Au lieu de
cela, faites confiance à la spontanéité de votre être et à la vie qui est la
vôtre. Si vous n’aimez pas la situation dans laquelle vous vous trouvez,
examinez vos croyances. Amenez-les au grand jour. Il n’y a rien à craindre
en vous.
Séparément :

Ma vie est mienne, et je la forme.

Dites-le vous souvent. Créez votre propre vie maintenant, en utilisant vos
croyances comme un peintre emploie les couleurs. Il n’y a aucune condition
que vous ne puissiez changer, hormis celles incontestablement acceptées
physiquement à la naissance dans la condition de créature, comme par
exemple un handicap dû à l’absence d’un organe ou à une déficience
fonctionnelle.
Si vous avez eu tendance à vous apitoyer sur votre sort à cause d’une
maladie ou de la vie qui est la vôtre, prenez donc l’initiative. Regardez
honnêtement vos croyances et trouvez la raison de vos difficultés.
(Avec plus d’insistance.) Je parle grâce à la vitalité intérieure qui est
inhérente à chacun de mes lecteurs, à la connaissance intérieure qui leur
appartient également.
Je vais conclure en répétant ce que j’ai déjà dit : vous avez reçu le don
des dieux ; vous créez votre réalité en fonction de vos croyances ; l’énergie
créatrice qui fait votre monde est vôtre ; il n’y a aucune limite au moi,
excepté celles auxquelles vous croyez.
Je suis Seth. Je le dis avec joie, bien que les noms importent peu. De la
même façon, prononcez votre nom avec affirmation tous les matins.
Vous créez votre vie grâce au pouvoir intérieur de votre être (une pause),
dont la source est en vous et pourtant au-delà du moi que vous connaissez.
Utilisez ces facultés créatrices avec un abandon compréhensif. Faites-vous
honneur et progressez à travers la divinité de votre être.
Fin du livre.
(23 h 14. « Merci. Je pense que c’est très bon. », dis-je. Seth-Jane me fixe
très calmement.)
Vous avez tous deux vos propres chemins à suivre – les rythmes de votre
être qui croissent et décroissent. Ruburt doit établir des connexions et il y
aura d’autres livres de moi – et de lui et de vous. Des siècles s’écouleront
avant que nous commencions réellement ce qui semble avoir débuté.
Fin de la session.
(« Merci beaucoup, Seth. Bonne nuit. »
23 h 16. Pour ce dernier matériau du livre, le débit de Jane était la
plupart du temps tranquille et régulier, comme d’habitude. Elle est à la fois
surprise – comme elle le remarque plusieurs fois – et un peu inconsolable
maintenant que Seth a terminé sa part de ce long projet. Il y a juste une
semaine, Jane a fini la première ébauche de son introduction, donc cela
aussi est en cours. Elle n’a plus l’impression que Seth va faire un
appendice, comme nous l’avions supposé.
« Mais je n’arrive pas à croire que c’est fini !, répète-t-elle une fois
encore. Pour moi, tout cela s’est passé si facilement. J’ai l’impression que
c’est sorti de moi pendant que je m’affairais à autre chose… » Ce qui, tout
en étant vrai, ne tient pas compte de sa profonde implication affective et
intellectuelle par rapport au livre durant ces dix derniers mois – ou depuis
que Seth s’est remis à le dicter régulièrement le 11 septembre 1972, après
l’arrêt prolongé dû à la tempête tropicale Agnès.
Jane et les membres de sa classe de perception extrasensorielle ont
travaillé sur le livre de Seth pratiquement chaque semaine pendant qu’il
s’écrivait et elle l’a également lu toute seule. Elle m’annonce pourtant :
« Je veux reprendre le livre en entier maintenant, pour le voir dans son
ensemble. » Je lui dis qu’à mon sens, elle a produit un bel ouvrage.
Une note ultérieure, avec quelques références : la dernière remarque de
Seth à propos des autres livres de Jane s’est révélée parfaitement exacte.
Alors même que nous préparions ce manuscrit pour l’éditeur, deux autres
de ses écrits, Dialogues of the Soul and the Mortal Self in Time et Aspect
Psychology, faisaient l’objet d’un contrat de publication avec Prentice-
Hall. Des parties de ces deux ouvrages – dont je dois faire les
illustrations – sont citées dans ce livre et Jane en parle également dans son
introduction.
Dialogues, un livre de poésie, est décrit dans la session 639, chapitre 10.
Aspect Psychology, l’ouvrage théorique de Jane en matière de médiumnité,
est cité entre autres dans la session 618, chapitre 3. Il est né de ce qu’elle a
écrit dans Adventures in Consciousness, comme il est indiqué dans le
chapitre 21 de Seth parle ; ce matériau y est d’ailleurs incorporé.)
1 Acide lysergique diéthylamide-25. Un « trip » peut durer de cinq à huit heures, voire plus. Mais
l’expérience est trop personnelle pour qu’il existe une expérience psychédélique commune à tous,
aussi bien en terme de durée que de contenu. Notons cependant que la remarque de Seth s’applique
uniquement au LSD, pris sous certaines conditions. Il existe d’autres hallucinogènes chimiques qui
ne sont pas mentionnés ici.
2 Cela me rappelle qu’avant même qu’il soit question de contrat pour Seth parle, Seth avait dit à Tam
que ce livre serait publié.
3 Plusieurs mois après, cependant, Jane ne se souvient d’aucun rêve concernant cette lumière.
4 Jane et moi ne sommes pas du tout d’accord avec ce point de vue.
5 Bridge-beliefs en anglais. (N.d.T.)
6 La théorie du « Big Bang » part du principe que, il y a dix ou quinze milliards d’années, toute la
matière – ou l’énergie – était concentrée en un grand « atome » primordial. Ce colosse a explosé, et
l’univers encore en expansion que nous voyons aujourd’hui est la conséquence de cet évènement.
Une variante de cette théorie envisage un univers en pulsation, résultant de l’expansion et de
l’effondrement répétés de toute la matière-énergie.
7 Aux États-Unis, le catholicisme est une religion de minorité. (N.d.T.)
8 En anglais : « The devil finds evil work for idle hands. » (N.d.T.)
9 Seth semble faire référence à la « réincarnation artificielle » pratiquée par les Soviétiques. Voir le
livre de Sheila Ostrander et Lynn Schroeder, Fantastiques recherches parapsychiques en URSS.
10 Pour du matériau concernant la vie et la mort de notre chat Rooney, voir la session 639,
chapitre 10. Seth fait aussi mention de probabilités en relation avec ce chat.
11 Le Chant des Frères d’argent
12 Aux États-Unis, la chiropratique est l’une des « médecines douces » les plus répandues. (N.d.T.)
13 Aux États-Unis, la décision de souscrire à une assurance-maladie est prise individuellement, à titre
privé. (N.d.T.)
14 De très nombreux Américains prennent quotidiennement des vitamines. (N.d.T.)
15 Le meilleur exemple étant celui de l’apôtre Paul (Saul de Tarse) dont la conversion a lieu sur le
chemin de Damas, en l’an 36 environ, quelques années après la « mort » du Christ.
16 Seth n’a pas dit que nous avions aussi dans notre réserve un fusil de petit calibre (qui n’a encore
jamais servi), et une trousse à pharmacie… En avril 1961, un groupe d’exilés cubains avaient
débarqué à Cuba dans la Bahia de Cochino (la baie des Cochons) pour une désastreuse tentative de
renverser le régime de Fidel Castro. La confrontation entre les États-Unis et la Russie à propos de
l’installation de missiles à Cuba avait suivi, en octobre 1962. Avoir des réserves à portée de main
avait donc paru une fois encore une bonne idée.
17 Publié dans The Magazine of Fantasy and Science Fiction, en mars 1958.
18 Jane avait dit au directeur des programmes qui l’avait appelée : « Je suis désolée, mais je ne peux
pas participer à votre émission, je ressens profondément la nécessité de rester à Elmira ces jours-
ci ». Lorsqu’elle s’était entendue répondre ainsi, cela l’avait rendue très perplexe…
19 Voir Seth parle et Le Matériau de Seth. Nous avons, nous aussi, rassemblé une documentation
considérable, et non publiée, sur la question.
20 Seth a tout d’abord exposé sa théorie des « points-instants » dans un cycle de quatre sessions en
avril et mai 1965, en lien avec la réincarnation et l’univers du rêve. Dans la session 152, il
affirmait : « Le moi complet dont Ruburt est une partie a une très grande élasticité. Les diverses
portions qui le constituent jaillissent et reviennent avec beaucoup plus de résilience que ce qui est
habituel. [Il] englobe simultanément beaucoup plus de points-instants… » À travers l’un d’eux,
ajoute Seth dans une explication très simplifiée, il peut pénétrer à l’intérieur des limites de la
« compréhension psychique » de Jane.
21 J’ai l’impression que c’est mon cas. Pour certains éléments se rapportant à ce sujet, voir mes
notes pour la session 525, chapitre 20 de Seth parle. Je vais me contenter de préciser ici que c’est
seulement après le début de ces sessions, en 1963, que j’ai réalisé que mes modèles intérieurs étaient
tout aussi valables que ceux réellement assis devant moi. En fait, j’ai souvent perçu les premiers avec
une plus grande clarté, mais ma formation, puis mon travail commercial à partir de 1939 à New
York, m’ont conditionné à croire que l’artiste était supposé travailler uniquement à partir de ce qu’il
pouvait « voir » objectivement. Pendant de nombreuses années, j’ai ignoré le fait qu’à l’école
primaire, je remplissais avec bonheur et liberté mes cahiers de dessins de personnes et de lieux
« imaginaires »…
22 En français dans le texte (N.d.T.)
23 Seth a fourni un peu de matériau analogue dans la session 582 du chapitre 20 de Seth parle : « Ce
que vous percevez comme du temps est une partie d’autres évènements qui font irruption dans votre
propre système, et qui sont souvent interprétés comme un déplacement dans l’espace… » Cette
session, comme la 581ème, contient aussi quelques données pratiques sur les unités d’énergie
électromagnétique (EE) de Seth, leurs vitesses diverses et notre façon de les interpréter comme des
évènements, des évènements rêvés, un mouvement à travers le temps, etc.
24 Selon Seth, donc, le sentiment d’impuissance expliquerait le taux particulièrement élevé d’actes
de violence – allant jusqu’à entraîner la mort – commis parmi des soldats américains anciens
prisonniers de guerre. Une étude faite par le gouvernement sur ceux qui avaient été captifs en
Extrême-Orient au cours de la Seconde Guerre mondiale et celle de Corée montre que 40 % des
décès survenus parmi eux entre 1945 et 1954 sont dus à un meurtre, un suicide ou un accident.
En ce qui concerne la guerre du Vietnam, plus de 500 soldats américains faits prisonniers ont été
relâchés par le Nord-Vietnam après le cessez-le-feu en janvier 1973. Les autorités craignent à
présent que nombre d’entre eux en viennent à croire que leurs souffrances ont été vaines du fait de
l’impopularité de cette guerre aux États-Unis. Il y a déjà eu des suicides (en date du mois de juillet)
et beaucoup ont eu au moins des réactions temporaires de stress depuis leur libération.
25 Page 248 de The Seth Material (N.d.T.)
26 Le 4 juillet est fête nationale aux États-Unis. (N.d.T.)
27 Jane parle parfois pour la personnalité de Seth 2 ; ce concept est lié aux phénomènes
gigantesques.
Le chapitre 22 de Seth parle contient un complément de matériau sur Seth 2. Dans la session 589,
Seth nous dit entre autres : « …il existe le même type de connexion entre cette personnalité et moi-
même que celle qui existe entre Ruburt et moi. Mais, en vos termes, Seth 2 est beaucoup plus éloigné
de ma propre réalité que je ne le suis de celle de Ruburt. Vous pouvez imaginer Seth 2 comme une
partie future de moi, si vous préférez ; mais c'est beaucoup plus complexe. »
NOTE DE L’ÉDITEUR

Tout au long de ce volume, seules les paroles reçues en transe sont en


caractères romains. Le reste est en italique.
À l’origine, La Réalité « inconnue » : un livre de Seth, a été publié en
anglais en deux tomes. Le second étant très volumineux, Mama Éditions a
choisi, par souci de commodité pour le lecteur, de présenter l’édition
française de ce texte en trois volumes. Les références et renvois donnés par
Robert Butts dans ses commentaires ont évidemment été modifiés en
conséquence.
Jane ROBERTS

LA RÉALITÉ « INCONNUE »

TOME I

Traduit de l’américain
par Dominique Thomas,
Michka Seeliger-Chatelain
& James Bryant

MAMA ÉDITIONS
L’été est hiver

(…)

Aujourd’hui est demain, et le présent passé,


Rien n’existe et tout va perdurer.
Il n’y a pas de début, il n’y a pas eu de fin,
Aucune profondeur où chuter, ni hauteur à gravir.
Il y a seulement cet instant, ce vacillement de lumière,
Qui n’illumine rien, mais ô combien radieux !
Car nous sommes l’étincelle qui virevolte dans l’espace,
Consumant une éternité de la grâce d’un instant,
Car aujourd’hui est demain, et le présent passé.
Rien n’existe, et tout va perdurer.

(Note de Robert F. Butts : cette strophe est la seconde et dernière d’un poème écrit par
Jane en avril 1952, quand elle avait vingt-trois ans. Dans ce texte manquant encore de
maturité, qu’elle a composé onze ans avant de se lancer dans le matériau de Seth, sa
nature mystique affirmait déjà sa connaissance innée.)
NOTES PRÉLIMINAIRES DE ROBERT F.
BUTTS

J’ai commencé à écrire la première ébauche de ces notes le 16 avril


1975. Bien que j’en sois l’auteur, leur version finale doit beaucoup à l’aide
que m’ont apportée ma femme, Jane Roberts, et Seth, l’entité non physique
qui s’exprime à travers elle lorsqu’elle est en transe. Ce sont d’ailleurs eux
deux qui vont si bien conclure ces quelques pages d’introduction — Jane
avec un excellent matériau sur sa relation avec Seth, et Seth lui-même, avec
sa nouvelle lettre adressée aux personnes qui nous écrivent. Précisons
toutefois que Jane ne s’intéresse pas particulièrement aux dates, à la
numérotation des sessions, aux notes de bas de page, ni à d’autres éléments
dont je vais parler ici.
Seth a commencé à dicter La Réalité « inconnue » dans la session 679
du 4 février 1974, et il en a terminé la dictée dans la session 744 du
23 avril 1975. Au départ, nous nous attendions à un autre livre fascinant de
Seth qui ferait suite à Seth parle et à La Nature de la réalité personnelle.
Nous pensions que ce nouvel ouvrage serait probablement long, mais étions
loin d’imaginer qu’un volume ne suffirait pas à sa publication.
La décision de procéder ainsi a été prise quand Tam Mossman, l’éditeur
de Jane chez Prentice-Hall, et un de ses collègues nous ont rendu visite. À
ce moment-là, il était évident que, d’ici une ou deux semaines, Seth en
aurait fini avec La Réalité « inconnue », comme nous avions pris l’habitude
de l’appeler. Depuis quelque temps, nous nous rendions tous compte que,
publié en un seul tome, cet ouvrage serait beaucoup plus volumineux que
nous le souhaitions. Jane et moi avons donc été très heureux de parvenir à
cette décision officielle. Non seulement le format plus large serait en lui-
même quelque chose sortant de l’ordinaire, mais cela signifiait aussi
qu’avec plusieurs volumes, je disposais de l’espace dont j’avais besoin
pour insérer des notes et des références ; pour des extraits de sessions
provenant du cours de perception extrasensorielle de Jane ou de séances
« régulières » mais antérieures ou postérieures à la dictée de La Réalité
« inconnue » ; pour quelques poèmes de Jane ; et pour des appendices.
Tout cela, me disais-je, donnerait aux livres des dimensions de conscience
supplémentaires. (Je ne pouvais bien sûr pas commencer ces notes tant que
cette décision n’avait pas été prise.)
Seth a donné ses sessions de La Réalité « inconnue » comme il le fait
d’habitude, mais il s’est dispensé de toute structure de chapitres. Il a
cependant regroupé son matériau en six parties, chacune d’elles ayant un
titre. Comme il nous l’a dit lors de la session 743, quelques jours après la
visite de Tam et de son associé : « Ce livre n’a pas de chapitres, de manière
à mieux rompre avec vos notions admises de ce que doit être un livre.
Différents types d’organisation sont toutefois présents et, dans chaque partie
du livre, il est fait appel à plusieurs niveaux de conscience en même
temps. » Comme Seth n’a pas fourni de titres pour chaque session, Jane
prévoit d’inclure, pour chacune d’elles, quelques mots indiquant certains
des sujets qui y sont abordés. Le lecteur pourra retrouver ces indications
dans le sommaire de chaque tome.
Pendant qu’il dictait La Réalité « inconnue », Seth n’a jamais rien dit
de sa publication en un ou plusieurs volumes. Il y a toujours fait référence
comme à une seule unité, jusqu’à la toute dernière session, la 744, lorsque,
pour répondre à une question que j’avais posée, il a expliqué : « Le
matériau de Seth est sans fin. Je l’organise pour vous. Si vous voulez le
diviser, très bien. Vous trouverez plusieurs points où cela peut être fait… »
Finalement, l’endroit évident, selon nous, pour diviser le texte est aussi le
meilleur : il revient à placer trois parties dans chaque tome. * J’en dirai un
peu plus sur ce point de séparation, dans l’épilogue de ce premier volume.
Étant donné que les six parties sont de longueur très inégale, j’ai
pendant un temps envisagé une répartition quatre/deux ; mais comme l’a
remarqué Jane : « Avec trois parties dans un livre, le lecteur a suffisamment
de choses à assimiler. » Nous pensons que la plupart des gens trouveront
plus pratique la présentation de La Réalité « inconnue » en plusieurs tomes
moins volumineux. Comme les différents tomes seront tous publiés en
l’espace d’un an environ, le lecteur n’aura donc pas à attendre pour lire ce
livre en totalité.
Je suis sûr que cette « essence de l’énergie d’une personnalité », comme
Seth se nomme lui-même, a observé avec un certain amusement nos
hésitations quant à la meilleure façon de publier son travail, à mesure que
les sessions s’accumulaient. Je pense qu’au fond, il ne se sentait pas
concerné par les idées de longueur ou de temps ; que seule l’ardeur que
nous avions, Jane et moi, à continuer à transmettre et retranscrire le
matériau a vraiment déterminé la longueur de celui-ci. En ce sens, les
processus de création qui sont entrés en jeu pour cet ouvrage étaient sans
fin — du moins jusqu’à ce que Jane et moi y mettions un terme pour des
raisons purement physiques. (Comme toute créativité, ces processus sont
encore sans fin, bien sûr.)
Nous pensons que La Réalité « inconnue » pourrait se poursuivre
pendant le restant de nos jours. À d’autres égards, plus vastes, cela pourrait
continuer pendant des siècles. Pour ce que nous en savons, en termes
d’esprit conscient ordinaire et au « temps » qui est le nôtre, d’autres
volumes pourraient venir s’ajouter (comme Jane elle-même en a émis
l’hypothèse dans la session 730 de la partie 6)…
J’aimerais à présent expliquer brièvement la façon dont les notes, les
extraits et autres éléments de ce genre sont agencés. Quand Jane a
commencé à transmettre ce livre, il est vite apparu que mes notes allaient
être plus longues qu’elles ne l’avaient été dans Seth parle et dans La
Réalité personnelle. La façon même dont Seth présentait son matériau
l’exigeait. Jane et moi en étions heureux parce qu’il s’agissait dès lors de
quelque chose de différent des deux précédents livres de Seth ; mais en
même temps, je craignais que les notes prennent une place trop importante
(bien que Seth m’ait dit au cours d’une session privée en juin 1974 : « Les
notes trouveront leur place d’elles-mêmes. Ne vous inquiétez pas. »)
Après avoir décidé de publier en plusieurs tomes, Jane, Tam et moi
sommes tombés d’accord pour ne pas mettre toutes les données
complémentaires à la fin de chaque livre, comme c’est souvent le cas. Non
seulement cela obligerait le lecteur à constamment aller y rechercher des
éléments spécifiques, mais nous avions en plus le sentiment que les notes
courtes, en particulier, se situeraient alors trop loin de leurs propos
d’origine ; nous souhaitions que ces notes apportent un complément utile
dans les sessions mêmes, sans constituer une gêne, et j’ai donc trouvé un
compromis permettant une présentation ordonnée sans être trop rigide.
Comme dans Seth parle et dans La Réalité personnelle, les notes
courantes se situent au moment des pauses. Celles relatives à une
explication plus spécifique sont regroupées à la fin de chaque session, afin
de pouvoir s’y référer rapidement ; elles sont indiquées dans le texte, à
l’endroit même où l’explication est nécessaire, par un petit chiffre. Toutes
ces notes sont écrites en plus petits caractères. Il y a en outre quelques
notes de bas de page lorsqu’il s’agit de se référer à un appendice spécifique
du même tome. Ce procédé évite au lecteur les interruptions du matériau
entre les pauses.
L’idée des appendices s’est révélée pertinente à la fois dans Le
Matériau de Seth et dans Seth parle. Dans La Réalité « inconnue », les
sessions et extraits qui se trouvent en appendice, éventuellement
accompagnés de leurs propres notes, se suffisent en général à eux-mêmes. Il
est donc possible de lire ces pages-là à n’importe quel moment, mais il
serait préférable, selon moi, que le lecteur s’y reporte directement lorsque
cela est mentionné en note de bas de page, exactement comme il devrait lire
tout autre matériau de référence.
J’ai conçu les notes et les appendices de telle sorte qu’ils se complètent
les uns les autres, comme le font les sessions. Dans le premier tome, je fais
référence de temps à autre à certaines sessions — la 681, par exemple —,
car Seth y a présenté des concepts clés sur lesquels il faut insister.
À mesure que les autres tomes de La Réalité « inconnue » progressent,
de plus en plus de notes viennent évidemment rappeler des sessions
antérieures à l’attention du lecteur. Quand celles-ci se trouvent dans le
tome 1, considérez ce livre comme une entité séparée, prise comme
référence exactement comme Seth parle, Adventures in Consciousness ou
tout autre livre de Jane. Afin d’établir des passerelles entre les différents
tomes de La Réalité « inconnue », il m’est aussi arrivé, à l’occasion,
d’extraire quelque chose d’un tome pour l’inclure dans un autre, ou pour en
inclure au moins la référence.
Dans les notes, j’ai essayé de m’exprimer avec précision en prenant
garde aux implications involontaires. Les choses se compliquent parfois et,
en préparant ces volumes, je me suis demandé comment éclaircir certains
points de référence sans que des dates, des numéros de session et d’autres
éléments ne sèment la confusion dans l’esprit du lecteur. Bien qu’il y ait, à
mon avis, un ordre dans mon système de présentation, il nécessite parfois
quelques moments de réflexion, et je ne peux que demander au lecteur de
bien vouloir l’accepter patiemment. Je ne crois pas que ces points-là soient
trop nombreux.
Durant chaque session, j’ai noté l’heure de temps à autre, pour montrer
combien de temps il faut à Jane pour transmettre tel ou tel passage (et je
vais bientôt examiner plus avant les éléments liés au temps qui entrent en
jeu dans la production de La Réalité « inconnue »). Pour des raisons
évidentes, j’ai enlevé la plupart des instructions de Seth concernant la
ponctuation de son matériau, n’en laissant que quelques exemples au début
de sa préface, ou occasionnellement dans une session. D’ailleurs, pour ces
indications-là, Seth est loin d’exagérer. Parfois, Jane ou moi, nous
reformulons la structure de sa phrase par souci de clarté, ou bien nous
supprimons la répétition d’une phrase — car tout ceci est un travail oral,
contrairement à une œuvre écrite que l’on peut facilement corriger sur-le-
champ. Mis à part ces quelques modifications, le matériau est présenté tel
qu’il a été reçu tout au long de ces volumes. Chaque fois que quoi que ce
soit a été retiré d’une session — une information personnelle, par
exemple —, c’est toujours signalé ; il arrive que ce type de matériau soit
alors résumé. Nos sessions consacrées à un livre sont presque toujours
privées — c’est-à-dire sans témoins — et, au cours d’elles, Seth parle à un
rythme suffisamment modéré pour que je puisse prendre mot à mot sa dictée
par écrit, avec des abréviations qui me sont personnelles. Bien que ce
travail soit souvent dur, je trouve cette approche plus intime et plus
porteuse de sens que si nous avions passivement recours à un appareil
enregistreur ; j’ai aussi le temps d’insérer mes propres commentaires au fur
et à mesure. Par la suite, je tape les sessions à la machine. Je peux faire
cela de façon beaucoup plus rapide et confortable à partir de mes propres
notes que je ne le ferais à partir d’un enregistrement sonore. Comme je l’ai
écrit dans La Réalité personnelle, je crois que l’aptitude de Jane à
transmettre le matériau de Seth avec si peu de changements à faire « est
éloquente en soi ». (Voir mes notes à la fin de la session 610, au chapitre 1
de ce livre-là.) Quant à mes observations objectives de Seth lui-même, je
laisserai les notes que j’ai prises au cours des sessions former toute image
composite que je suis capable d’en donner.
Comme les autres livres de Seth, chaque volume de La Réalité
« inconnue » contient donc non seulement les sessions de Seth, mais aussi
les idées que Jane et moi en avons, ainsi que nos notes sur les circonstances
qui entourent leur production.
Dans les quatre prochains paragraphes, je vais présenter, aussi
simplement que possible, quelques informations sur notre planning de
publication. À l’origine, je n’avais pas prévu d’en parler dans ces notes
mais, après en avoir discuté avec Jane, nous sommes tombés d’accord sur
le fait qu’il fallait évoquer le sujet ici. Il y a plusieurs titres, plusieurs
parties et plusieurs dates à garder présents à l’esprit, d’où peut-être la
nécessité de relire ce qui va suivre.
Comme je le note dans l’épilogue du présent volume, le lecteur verra
dans le tome 3, partie 6, comment et pourquoi nous avons déménagé dans
notre « maison de la colline », dans les environs immédiats d’Elmira, État
de New York, un mois avant que Seth ne termine cette sixième partie, et par
là même toute sa contribution à La Réalité « inconnue » — en avril 1975.
Mais, en octobre 1974, longtemps avant que nous quittions les deux
appartements que nous occupions dans le centre-ville à Elmira, Jane a
commencé son livre Psychic Politics : An Aspect Psychology Book. Ce
livre, qui est la suite d’Adventures in Consciousness, doit être publié cet
automne (en 1976), par Prentice-Hall. (J’en fais aussi mention dans
l’épilogue du tome 1 de La Réalité « inconnue », et les premières notes le
concernant se trouvent dans les sessions de la partie 4, tome 2.)
Au départ, nous avions l’intention de publier ce tome 1 avant Psychic
Politics, mais comme Jane avait fini son livre avant que j’aie terminé les
notes du livre de Seth (il me semblait nécessaire de rédiger bon nombre
d’entre elles pour les différents tomes en même temps), nous avons décidé
de publier au contraire Psychic Politics en premier. Notre déménagement
dans la maison de la colline avait aussi beaucoup empiété sur mon temps
de travail consacré aux manuscrits. Il est donc évident que Psychic Politics
est passé avant La Réalité « inconnue », du moins en ce qui concerne la
stricte chronologie des publications.
Dans Psychic Politics, Jane fait aussi référence à certains blocs de
matériau qui sont apparus d’abord dans La Réalité « inconnue ». J’ai donc
tenu compte de ce fait dans les notes de ce livre-ci. Intrinsèquement, il n’y a
pas de conflit entre le livre de Seth et celui de Jane. Chacun met l’autre en
valeur. Je veux simplement insister sur le fait que notre but global est la
publication des livres de Jane (y compris ceux produits avec Seth), et que
chaque ouvrage est en soi une entité complète, même s’il contient les
nécessaires références aux autres livres de la série.
Nous voulons que ces références aident le lecteur à situer chaque
ouvrage par rapport aux autres dans le temps, indépendamment du moment
où il a été publié pour la première fois. Car plus le temps passe, moins la
date de publication est importante. Quand je note, par exemple, que
Psychic Politics « doit être publié cet automne (en 1976) », je sais bien sûr
qu’au moment où le premier tome du livre de Seth sera imprimé, au
printemps 1977, Psychic Politics sera en fait déjà en vente depuis plusieurs
mois. À mes yeux, pourtant, c’est la façon la plus exacte de présenter cet
élément d’information dans ce tome 1.
On peut beaucoup jouer avec les nombres. On peut par exemple s’en
servir pour étudier différentes perspectives d’un même sujet — en
l’occurrence, le temps, cette qualité dont il vient tout juste d’être question.
Dans son ensemble, La Réalité « inconnue » contient soixante-cinq
sessions, réparties sur une période d’un peu plus de quatorze mois et demi.
Durant ce temps-là, il y a bien sûr eu quelques semaines où Jane n’a
transmis aucune dictée du livre, mais j’étais curieux d’avoir une idée
approximative du nombre d’heures qu’elle a réellement passées à produire
l’intégralité de cet ouvrage.
Pour quarante sessions, j’ai calculé le temps durant lequel Jane était
uniquement en transe et en train de dicter, et ce même temps auquel venait
s’ajouter la durée des pauses. J’ai obtenu une moyenne respectivement
d’une heure trente-neuf minutes et de deux heures deux minutes, que j’ai
ensuite multipliée par soixante-cinq. Le résultat est difficile à croire : il en
dit long sur la rapidité que la créativité — du moins celle de Jane — peut
avoir dans certaines conditions. Car elle a dicté toute La Réalité
« inconnue » en quatre-vingt-dix heures trente-cinq de transe, ou cent trente
et une heures trente si l’on inclut les pauses. Indépendamment du contexte
plus large dans lequel ces heures se sont déroulées, ce résultat est tout à fait
remarquable pour la réalisation d’un ouvrage aussi créatif que celui-ci.
Par comparaison, souvenez-vous qu’une semaine comporte cent soixante-
huit heures.
De temps à autre, il m’est arrivé de penser au temps moyen mis par
Jane pour dicter Seth parle et La Réalité personnelle, mais je n’ai pas fait le
calcul. Je suis toutefois étonné de constater que presque tout le monde
semble ignorer ou trouver normales ces très courtes durées de travail pour
les livres de Seth — à moins que ces facteurs ne soient pas compris en
termes de temps linéaire ordinaire. Peut-être suis-je le seul ici à
m’intéresser à cela, car même Jane ne manifeste pas une grande curiosité à
l’égard du temps qu’elle a investi dans le matériau de Seth ; elle transmet
simplement. Mais vu ses aptitudes, je pense que sa vitesse de production est
une approche, ou une traduction, physique fiable de l’idée de Seth selon
laquelle fondamentalement tout existe en même temps — qu’il n’y a pas
réellement de temps et que les livres de Seth, par exemple, sont « là » pour
être reçus dans une forme finale pour peu qu’on s’y relie. (Dans la Partie 3
de ce volume, la note 2 de la session 692 contient des informations sur une
autre façon d’approcher davantage, depuis notre réalité physique, l’idée de
Seth sur la simultanéité, mais parler ici de cette méthode serait hors de
propos.)
Depuis que Jane a commencé à publier le matériau de Seth en 1970,
elle a reçu plusieurs centaines d’appels téléphoniques et de lettres
concernant son travail. Nous en sommes très reconnaissants (même si nous
n’avons pas encore répondu à tout le monde), mais je n’ai pas souvenir que
ce fantastique élément du temps dont nous venons de parler ait jamais été
mentionné par un seul de nos correspondants.
Jane, en transe, pourrait-elle réellement transmettre le manuscrit
complet d’un livre en quarante-cinq heures d’affilée ? Ce n’est que pure
hypothèse, bien sûr, mais je suis certain qu’elle le pourrait, du moins en ce
qui concerne un matériau de Seth qui serait à sa disposition ; elle aurait
juste besoin de la force physique nécessaire. Même maintenant, lorsqu’elle
s’exprime pour Seth, elle peut parler bien plus longtemps que je ne peux
écrire. L’information de Seth serait là. L’ouvrage produit serait différent du
« même » ouvrage transmis sur une période plus longue. Seth n’aurait pas
nos activités quotidiennes courantes dans lesquelles puiser certaines de ses
analogies par exemple, mais je pense que, dans ce cas-là, il évoquerait des
situations similaires tirées de nos passés, ou formulerait son matériau de
façon différente, ce qui conduirait aux mêmes résultats.
Je pense que, tout au long de La Réalité « inconnue », il est important
de rappeler périodiquement au lecteur certaines des idées fondamentales de
Seth. En guise d’exemple, je vais poursuivre le sujet du temps — mais en
parlant du temps de Seth maintenant — et l’associer à sa notion de
durabilité qui est à la fois spontanée et simultanée, comme il nous l’a
expliqué plus d’une fois. La durabilité s’obtient grâce à une expansion
constante, en termes d’accomplissement de valeur. Une partie de mon
commentaire faisant suite à la session 724, dans le tome 3, s’intègre
parfaitement ici : « Dans la session 14, du 8 janvier 1964, Seth a commenté
avec un certain humour : “… car vous n’avez aucune idée des difficultés
que cela implique d’expliquer le temps à quelqu’un qui doit prendre du
temps pour comprendre l’explication.” Pourtant, le temps simultané de Seth
n’est pas un temps absolu, car, comme il nous l’a aussi dit dans cette même
session : “Bien que le temps sur votre plan n’ait pas d’incidence sur moi,
quelque chose qui ressemble au temps sur mon plan a une incidence sur
moi… Pour moi, le temps peut être manipulé, utilisé à loisir et examiné.
Pour moi, votre temps est un véhicule, l’un de ceux qui me permettent de
pénétrer dans votre conscience. C’est donc encore pour moi une réalité
d’un certain type [c’est moi qui ai souligné la phrase]. Autrement, je ne
pourrais en aucune manière l’utiliser.” »
Je pense que le concept de Seth sur le temps simultané nous échappera
toujours, en partie, tant que nous serons des créatures physiques ; il nous
fournit cependant des indications sur des mécanismes invisibles — nous
pouvons mieux comprendre le fait que Jane exprime sa version de ce qu’est
Seth. La mise en forme, elle-même, de l’idée en mots (du mieux que Jane le
peut) nous aide à saisir ce que Seth veut dire. Nous pouvons faire des
envolées ou des bonds, intuitifs et non verbaux, en direction d’une
compréhension qui, dans une certaine mesure, transcende nos banales
idées de cette qualité ou essence que nous appelons le temps ; un temps que
nous prenons tellement comme allant de soi dans nos sociétés occidentales
que même le fait de nous interroger sur son écoulement apparemment
unidirectionnel paraît tout à fait futile.
Je vais poursuivre ces notes en citant deux courts passages du matériau
de Seth, qui seront suivis d’une contribution plus longue de Jane.
Provenant lui aussi de la session 743, tome 3, le premier extrait reprend
l’idée de la création de passerelles entre les différents tomes de La Réalité
« inconnue » en extrayant quelque chose de l’un pour l’inclure dans
l’autre : « Aucun livre intitulé La Réalité “inconnue” ne peut espérer
rendre cette réalité totalement connue. Elle reste nébuleuse parce qu’elle
n’est pas réalisée consciemment. Le mieux que je puisse faire, c’est
d’indiquer des domaines qui ont été relativement invisibles, pour vous aider
à explorer ce qui constitue réellement différentes facettes de votre propre
conscience… Je me rends bien compte que le livre soulève beaucoup plus
de questions qu’il n’offre de réponses, et cela a été mon intention… »
Et l’intention de Jane et la mienne également. Les livres de Jane sont
des documents qui rendent compte de l’utilisation qu’elle a faite de
certaines aptitudes qui, selon nous, sont très créatrices ; les questions
qu’elle soulève nous proposent des domaines plus vastes à explorer.
D’ordinaire, nous ne considérons pas ces questions-là — ni ces défis —
comme étant d’origine mystique, selon le point de vue de notre société
occidentale. Dans la première session de ce volume (la 679), Seth parle des
antécédents religieux de Jane, de sa « nature profondément mystique » et,
pour ma part, j’ajoute en appendice quelques éléments sur le mysticisme.
Bien que ces informations-là aient un rapport avec ces notes préliminaires,
elles devaient toutefois en être distinctes.
Le travail que nous faisons porte sur des concepts auxquels nous
prêtions peu d’attention consciente auparavant dans nos vies. (J’avais 44
ans et Jane 34 quand elle a commencé le matériau de Seth fin 1963.)
Comme je le montre dans certaines notes, les poèmes écrits par Jane dans
sa jeunesse reflètent clairement sa compréhension intuitive de certains
concepts que Seth allait expliquer en détail beaucoup plus tard. (C’était le
cas même si Jane ne s’en rendait pas consciemment compte. Reportez-vous
à la strophe de son poème « L’été est hiver », au tout début du livre.) Tel
que je vois les choses, le travail qu’elle fait avec le matériau de Seth revient
à mettre ces idées artistiques fondamentales au service de notre conscience,
pour qu’en les utilisant dans nos vies quotidiennes, nos réalités
individuelles et collectives puissent s’améliorer. Par « idées artistiques »,
j’entends les plus profondes, les plus esthétiques, les plus pratiques — et,
oui, les plus mystiques — vérités et questions que les êtres humains sont
capables d’exprimer, puis de résoudre. Dans la plupart des réponses que
Jane reçoit par courrier et au téléphone, les réactions par rapport à son
travail montrent que c’est ce qui se produit. (Ces réponses, soit dit en
passant, nous en discuterons brièvement à la fin de ces notes, au moment où
je présenterai la lettre que Seth adresse à ces correspondants.)
Dans les livres de Seth, nous nous sommes délibérément abstenus de
commenter les similitudes qui existent entre ses idées et celles de diverses
doctrines religieuses, philosophiques et mystiques, issues du Proche, Moyen
ou Extrême-Orient. Ce choix correspond bien sûr à notre nature. Jane et
moi savons que de telles corrélations existent — nous serions d’ailleurs
surpris si ce n’était pas le cas. D’autres personnes nous ont souvent fait
part de ces similitudes et, nous-mêmes, nous avons lu certains ouvrages sur
le bouddhisme, l’hindouisme, le zen et le taoïsme, pour ne citer qu’eux,
sans oublier bien sûr le chamanisme, le vaudou et l’obeah. Selon nous, il
est évident qu’il serait possible d’écrire un livre comparant le matériau de
Seth avec d’autres systèmes de pensée, qu’ils soient religieux ou non, mais,
étant individualistes, Jane et moi avons choisi de ne pas nous concentrer
sur ces domaines. Ce que j’écris ici ne doit pas non plus être pris comme
une tentative de dénigrement d’autres approches de la réalité
« fondamentale ».
Même s’il y a des similitudes, il existe aussi, de notre point de vue, des
différences capitales entre la philosophie de Seth et celle de nombreux
autres systèmes institutionnalisés. Jane et moi préférons considérer les
unités qui se trouvent dans notre monde comme des religions incluantes,
sans pour autant que celles-ci nous délimitent, et nous pensons que Seth
insiste en ce sens. Avec entêtement, nous suivons notre propre cheminement,
sachant que nos points de vue sont enracinés dans les traditions
occidentales du monde, mais également conscients qu’il existe autour de
nous ces nombreux autres systèmes ou philosophies, dont certains sont
vieux de quelques millénaires, que l’espèce humaine a créés pour l’aider à
expliquer la réalité. Nous ne nous sentons toutefois nullement obligés de
connaître intimement les détails du soufisme ou du brahmanisme, par
exemple. (Pour comparer la vie et la pensée orientales à celles
occidentales, je prends souvent l’exemple des hémisphères droit et gauche
du cerveau ; ils sont séparés et pourtant unis. Chaque moitié remplit des
fonctions qui se complètent et dans une certaine mesure se recoupent avec
celles de l’autre moitié, et, ensemble, toutes deux opèrent comme un tout.)
Mais nous n’aimons pas l’idée de nirvana du bouddhisme et de
l’hindouisme, qui requiert l’extinction de la conscience individuelle, et son
absorption dans un esprit suprême, en général après une succession de
vies. Et nous élevons des objections contre l’idée que la « nature », en
termes de temps linéaire, ait arrangé les choses de telle sorte que l’individu
doive payer dans une vie une dette karmique qui serait le résultat d’actions
accomplies dans une existence antérieure. Pourquoi la nature devrait-elle
punir qui que ce soit si elle ne punit pas quoi que ce soit ? Les réalités de
nirvana et de karma ne sont pas celles que Jane et moi voulons créer.
Nous préférons à la place les concepts de Seth — ainsi que les nôtres —
sur la nature inviolée de la conscience individuelle avant, pendant et après
l’existence physique, en termes ordinaires, et ceci, qu’une théorie de
réincarnation entre en ligne de compte ou non. Il est sans doute assez
naturel pour nous, Occidentaux, de ne pas apprécier l’idée de devoir
abandonner notre nature individuelle au moment de la mort physique,
même si, intellectuellement, nous pouvons comprendre par exemple
l’enseignement bouddhiste affirmant qu’il est possible de trouver la
« parfaite » félicité dans le bienheureux abandon final du moi en un esprit
suprême — même si je note avec humour que, personnellement, je dois
encore déterminer comment le moi qui s’abandonne sait qu’il l’a fait, s’il a
été si totalement absorbé.
Je suis plus enclin à être d’accord avec ce que dit Seth dans la session
590 de Seth parle, chapitre 22 : « Vous n’êtes pas voués à vous dissoudre
dans Tout-ce-qui-est. Les aspects de votre personnalité, tels que vous les
comprenez actuellement, seront maintenus. Tout-ce-qui-est est le créateur
de l’individualité, et non pas le moyen de sa destruction. » Chaque fois que
je lis quelque chose sur les conceptions conventionnelles que les Orientaux
ont d’un esprit suprême, je me souviens de ce que Seth avait à dire dans la
session 596 qui se trouve dans l’Appendice de Seth parle : « J’utilise
l’expression “expansion de la conscience” plutôt que celle, plus fréquente,
de “conscience cosmique” parce que cette dernière implique l’expérience de
proportions inaccessibles au genre humain pour le moment. Certaines
expansions de conscience intenses peuvent sembler cosmiques, par
contraste avec votre état normal, mais elles indiquent à peine les possibilités
de conscience qui vous sont accessibles maintenant, et s’approchent encore
moins de la conscience cosmique véritable. »
Il est clair que de nombreux arguments allant, je suppose, à l’encontre
de tout ce que j’ai écrit dans les quatre derniers paragraphes peuvent être
avancés, mais ce qui y est dit résume approximativement la façon dont Jane
et moi considérons le matériau de Seth par rapport à d’autres philosophies.
J’apprécie en particulier le fait que le travail de Jane, sa contribution à
notre façon de penser, soit le fruit de sa seule psyché, sans l’aide de
laboratoires, de statistiques ou de tests. J’entends par là que, pour nous, le
vrai test consiste à observer comment le matériau de Seth peut nous aider
sur le plan pratique dans notre vie quotidienne. En 1965 et 1966, nous nous
sommes livrés à d’autres types de tests, plus formels, qui sont détaillés au
chapitre 8 du Matériau de Seth ; nous avons facilement tendance à oublier
aujourd’hui le fait qu’ils ont été en grande partie couronnés de succès et
qu’ils pourraient être repris à n’importe quel moment. Quand nous les
menions, je me demandais (et je me demande toujours) pourquoi, de toutes
les créatures terrestres, l’animal humain est celui qui a ressenti la nécessité
de construire des laboratoires destinés à « prouver » ce qu’il est réellement,
et ce que sont vraiment ses capacités — télépathiques, métaboliques ou
autres. À lui seul, ce sujet est si vaste que Jane et moi pourrions écrire sur
ce thème indéfiniment et je ne peux que l’évoquer ici.
Dans ses laboratoires, l’homme a de grandes chances d’obtenir des
réponses préprogrammées, basées sur ce qu’il pense déjà connaître ; son
équipement extériorisé peut difficilement produire quoi que ce soit d’autre.
(Un scientifique ne considère pas qu’un atome d’oxygène, ou tout autre
élément, est vivant, et encore moins conscient. Pourtant, un assortiment de
certains atomes, assemblés en une forme humaine, se dit lui-même
vivant — et refuse avec véhémence le même statut à des atomes identiques
qui ont la malchance d’exister en dehors de cette structure humaine.) Mais
dans le matériau qu’il nous donne depuis dix ans, Seth expose quelques-
unes des raisons pour lesquelles notre compréhension de l’état général
d’être humain est si réduite, et je suis sûr qu’il y a encore beaucoup à venir.
L’idée que Jane, en utilisant simplement son organisme physique et son
esprit non physique, fasse constamment la démonstration d’aptitudes que
les êtres humains ne sont pas censés avoir me réjouit énormément. Nous ne
sommes pas satisfaits des réponses que l’ordre social, qu’il soit oriental ou
occidental, donne à nos questions. Nous disons donc que, sur la base du
matériau que Seth propose, chaque lecteur peut se faire sa propre idée sur
des sujets tels que le sens de la vie, ses secrets et ses mystères, ses
possibilités infinies.
Voici à présent un extrait de la session 750, du 25 juin 1975, deux mois
après que Seth ait terminé de dicter La Réalité « inconnue ». Non seulement
il y rappelle brièvement les motifs l’ayant amené à produire ce livre, mais il
commente une autre de ses idées fondamentales, sur laquelle il est
important, à mon avis, d’insister ; il y est question de la perception : « La
Réalité “inconnue” a été écrite pour donner… des aperçus individuels sur
des structures alternatives de réalité. Ce livre est destiné à servir de carte
pouvant mener non pas à un autre univers objectivé en tant que tel, mais à
des chemins intérieurs de conscience. Ces chemins ou fils intérieurs de
conscience font entrer en jeu des éléments qui aident à comprendre que le
contenu d’un univers objectivé peut en fait être perçu très différemment.
Vous faites partie de ce que vous percevez. Quand vous modifiez la
focalisation de votre perception, vous changez automatiquement le monde
objectivé. Ce n’est pas que vous le percevez différemment alors qu’il reste
le même, indépendamment de votre expérience. L’acte de perception en lui-
même contribue à former l’évènement perçu, et fait partie de lui. »
Et quels sont les sentiments de Jane par rapport à sa relation avec
Seth ? Quels sont les mécanismes de sa médiumnité ? Nous pensions au
départ qu’elle écrirait sa propre introduction pour accompagner ces notes
préliminaires, mais elle a finalement décidé que ce n’était pas nécessaire ;
elle ne voulait pas non plus répéter une bonne partie du matériau qu’elle
avait déjà traité dans ses propres livres. Au lieu de cela, elle a écrit en
mars 1976 l’essai suivant, que je considère être une excellente
récapitulation de la combinaison des réalités intérieures et extérieures dont
elle fait l’expérience tandis qu’elle s’exprime pour Seth :
« Le livre La Réalité “intérieure” est bien sûr, en lui-même,
un produit de la réalité intérieure de l’esprit, puisque je l’ai
entièrement produit en état de transe, en tant que Seth. D’une
certaine façon, cet ouvrage est le produit d’une
“combustion” psychique intérieure — l’étincelle qui jaillit
dans notre monde quand la réalité de Seth frappe la mienne,
ou vice versa. Pour moi, c’est un état accéléré. Je le
comparerais à un état supérieur de veille, plutôt qu’au
sommeil habituellement associé à la transe — mais un état de
veille d’un genre différent, dans lequel le monde habituel
semble être celui qui dort. Mon attention n’est pas émoussée.
Elle est ailleurs.
« En tant que Jane, je ne suis pas tenue à l’écart, lorsque je
suis dans ce type de transe. Pourtant, je sors de mon moi-
Jane d’une façon impossible à décrire, et j’y rentre dès que la
session est terminée. Il doit donc y avoir un autre “Je” qui
quitte Jane et attend patiemment sur la rive, pendant que
“Je” plonge tête baissée dans ces autres dimensions
d’expérience et d’identité. Une fois que la transformation
quasiment instantanée est faite, “Je” deviens Seth ou Seth
devient ce que je suis. Et dans cet état-là, les conditions de
perception sont originaires d’autres champs de conscience
que les nôtres.
« Ces sessions ne me fatiguent jamais. Au contraire, je me
sens souvent plus en forme après qu’avant. En général, je ne
me rends pas compte du temps passé. Je peux, par exemple,
parler en tant que Seth pendant une heure et regarder ma
montre avec surprise quand je reviens, croyant qu’un quart
d’heure au maximum s’est écoulé. La transe n’est toutefois
pas statique. Elle a des graduations et des caractéristiques.
Celles-ci sont pratiquement impossibles à expliquer, mais
l’état n’est pas toujours le même — il a des pics et des
vallées, des colorations et des intensités psychologiques qui
marquent sa nature.
« L’état de transe se caractérise par une impression
d’énergie inépuisable, de plénitude émotionnelle et de liberté
subjective. Par moments, la voix de Seth est forte et très
puissante. Même en transe, je m’en rends compte, et je suis
emportée dans son énergie. Dans les premières années de ma
médiumnité, la voix et l’accent de Seth me semblaient très
étranges, que ce soit en m’entendant parler pour lui pendant
les sessions ou en écoutant les enregistrements. Mais en
transe, ce que l’on sait, on le sait. Quand je reviens dans mon
état normal, les mots que je viens de prononcer en tant que
Seth s’évanouissent comme un rêve. Bien que j’aie lu La
Réalité “inconnue” depuis que ce livre est terminé, et que
j’en aie lu des parties durant sa production, ce texte me
paraît étranger de façon on ne peut plus étrange.
« Il semble que mon esprit soit plus opaque qu’à l’ordinaire,
comme si une partie de moi refusait de prendre
consciemment en considération les manuscrits provenant de
mes transes ; peut-être pour m’éviter toute confusion. J’aime
maintenir séparées les frontières de mes états subjectifs ;
c’est sans doute un moyen économique et pratique de gérer
des conditions exotiques de façon aussi naturelle et simple
que possible. De cette manière, l’état de Seth reste inviolé. Et
celui de Jane également.
« Quand je suis Seth, je suis uniquement une petite partie de
sa réalité, peut-être seulement la partie que je peux saisir,
mais je me délecte de cette énergie personnifiée. Quand Seth
tourne son attention vers des gens, en s’adressant à eux ou
en répondant à leurs questions, je sens une appréciation
quasi multidimensionnelle de leur valeur et de leur
individualité. Il comprend la validité de chaque personne, ou
la salue, avec une approche des gens selon un éclairage qui
est totalement différent du nôtre. L’expérience de sa réaction
aux autres m’amène à soupçonner l’existence d’une
expérience émotionnelle beaucoup plus vive que celle que
nous connaissons.
« Je suis cependant certaine que Seth représente quelque
chose d’autre, une autre sorte de personne, que Seth
“survient” quand ce type d’être croise mon monde subjectif.
« À de nombreux égards, nous sommes une espèce solitaire.
Nous semblons rôder à jamais aux confins de notre propre
nature. Peut-être notre idée d’identité est-elle comme un
cercle magique que nous avons tracé autour de nos esprits,
de sorte que tout ce qui se trouve à l’extérieur paraît sombre
et étranger, pas comme nous. Il y a peut-être d’autres feux
psychiques qui éclairent ce paysage intérieur avec une
lumière beaucoup plus grande que la nôtre ; d’autres aspects
de conscience auxquels nous sommes connectés aussi
sûrement que nous le sommes avec les animaux, dans une
chaîne d’être que nous comprenons à peine.
« Nous aimons regarder “en arrière”, vers notre origine
animale. Nous prenons comme allant de soi que l’évolution
en ces termes est terminée, et que nous voici — ah, ah !,
nous, les rois de la montagne. Mais peut-être sommes-nous
juste au milieu, percevant de manière imparfaite l’existence
d’autres versions lointaines de nous-mêmes qui apparaîtront
dans un “futur” situé trop loin devant nous pour que nous le
connaissions. Peut-être, suis-je une lointaine ancêtre de Seth,
en ces termes, vivante dans la vie qui est la mienne, mais
juste un souvenir dans la sienne. Seth dit avec insistance
qu’il y a une action fraîche dans le passé ; alors, si c’est le
cas, je cherche encore mes propres voies.
« Quand je pousse ma réflexion aussi loin, une accélération
bizarre s’empare de moi. Mon corps se détend énormément,
mais mon esprit a une étrange impression de mouvement,
comme si quelque chose que j’essaye de comprendre passait
près de moi, trop vite pour que je puisse le suivre ; je tente
pourtant d’aller moi-même plus vite pour le rattraper. Si une
de mes cellules essayait de comprendre ma propre réalité
subjective, elle aurait sans doute la même impression. Je
pense que je suis vivante dans un “corps” subjectif de Seth,
tout comme l’est l’une de mes cellules dans mon corps
physique. Je continue juste à tâtonner… et à percevoir des
évènements que ma propre réalité ne peut pas réellement
comprendre.
« Il peut s’agir simplement de la réaction de l’esprit
conscient lorsqu’il essaye d’avoir un aperçu de sa propre
source. Peut-être, quand nous tentons de tels exploits, nous
posons-nous, métaphoriquement parlant, sur nos plates-
formes conscientes, regardant vers le haut et vers le bas en
même temps. Comme des cosmonautes en état d’apesanteur,
nous savons qui nous sommes, mais nous ne sommes pas sûrs
de notre position, qui se déplace psychologiquement dans un
espace intérieur. Nous sommes momentanément pris de
vertiges, éblouis par un cosmos intérieur de moi divers et de
versions de ces moi divers ; nous sentons que nous
voyageons à travers une psyché gigantesque qui engendre
des moi, comme l’espace engendre des étoiles. »

Et, pour finir, qu’en est-il de nos efforts pour gérer la quantité sans
cesse croissante de courrier que la publication des livres de Jane a
générée ? (Soit dit en passant, nous conservons dans un dossier la plupart
des lettres et des cartes que nous avons reçues au fil des ans.) Notre
dernière tentative pour faire face à cette situation a été la rédaction de trois
lettres préparées à l’intention de nos correspondants : une courte lettre type
de Jane et moi ; une plus longue, dictée par Seth en avril 1975, peu de
temps après avoir terminé La Réalité « inconnue » ; et une liste de toutes
les éditions des livres de Jane. (Nous l’avons préparée pour répondre à de
nombreuses requêtes, et nous la mettons bien sûr régulièrement à jour.) Les
lettres types ne sont pas vraiment satisfaisantes pour celles et ceux qui nous
écrivent et qui aimeraient une réponse personnelle de la part de Jane et/ou
Seth. C’est ce que nous pouvons faire de mieux dans le temps dont nous
disposons. Jane gère elle-même la plus grande partie du courrier ces
temps-ci, et elle essaye d’ajouter quelques lignes personnelles à chaque
réponse. Avec ce système, elle répond à plus de lettres qu’avant, mais nous
recevons de plus en plus de courrier.
En janvier 1973, Seth nous avait dicté une lettre à envoyer en réponse
aux personnes qui nous écrivaient, elle est reproduite au chapitre 8, session
633, de La Réalité personnelle. Beaucoup de gens ont aimé cette lettre (et
c’est encore le cas), certains y ont même répondu ! C’est pour cette raison
que Jane et moi suggérons au lecteur de lire cette lettre-là, conjointement à
celle qui suit, car, comme le dit Jane, elles se complètent et se renforcent
l’une l’autre. Nous avons le sentiment que ces deux messages de Seth
reflètent une bonne part de l’essentiel de son matériau, et de nos propres
situations et attitudes pendant sa production. Nous pensons que présenter
ici la nouvelle lettre de Seth est une façon idéale de conclure ces notes.
(Seth fait référence à Jane par son nom d’entité masculine, Ruburt ; et à
moi en tant que Joseph, pour la même raison.)

Cher correspondant,

Ruburt a lu votre lettre. Ainsi que Joseph. J’ai connaissance de son


contenu. Nous n’avons pas encore d’organisation externe quelle qu’elle
soit, il n’y a donc pas de secrétaires à qui dicter, pas d’intermédiaires
écrivant pour nous des réponses au langage fleuri, conditionnées à l’avance.
Ruburt et Joseph, ou Jane et Rob si vous préférez, sont des personnes
privées. Ils ont aussi une relation personnelle avec l’univers. Du fait de
cette qualité particulière, ils résistent à toute forme d’organisation, même si
un tel choix pourrait les aider à répondre au courrier. Je suis donc en train
de dicter cette lettre. Même si celle-ci va être envoyée à bon nombre d’entre
vous, elle est écrite à l’intention de chacun et de chacune, et je regrette
seulement de ne pas pouvoir traiter vos aspirations, défis et problèmes de
façon plus individuelle.
Certains d’entre vous ont écrit dans la joie, d’autres dans la tristesse.
Certains ont écrit pour parler des réponses qu’ils ont trouvées, et certains
pour demander des réponses. Dans tous les cas, une énergie vous est
envoyée avec cette lettre.
Cette énergie va stimuler en vous vos aptitudes propres. Elle vous
conduira à des visions et des solutions que vous seul pouvez avoir. Elle
vous mettra en contact avec le fondement de votre être — d’où finissent par
jaillir toutes les exultations et toutes les réponses. Mon but n’est pas de
résoudre pour vous vos problèmes, mais de vous mettre en contact avec
votre propre pouvoir. Mon but n’est pas de venir me placer entre votre
liberté et vous, en vous fournissant des « réponses », même pour les
problèmes les plus tragiques. Mon but est de renforcer votre propre force,
car, en définitive, la magie de votre être est bien équipée pour vous aider à
trouver l’épanouissement, la compréhension, l’exubérance et la paix.
Vos problèmes sont causés par vos propres doutes. Ceux-ci s’élèvent
parce que vous avez perdu le contact avec la validité de votre propre
existence. Laissez-moi renforcer ici cette validité. Laissez-moi renforcer ma
foi dans votre capacité innée à trouver un consentement joyeux et à
surmonter tous vos problèmes. Si je me permets de résoudre pour vous des
problèmes, je vous refuse alors votre propre pouvoir et renforce davantage
tous vos sentiments d’impuissance. Je sais toutefois que vous pouvez
ressentir de la fatigue, et que quelquefois un don d’énergie peut être un bon
stimulant ; alors, à nouveau, je vous envoie avec cette lettre ma joyeuse
reconnaissance de votre existence — et une énergie que vous pouvez
utiliser pour renforcer votre vitalité et votre force.
Tous les courriers n’arrivent pas par la poste, aussi chacun de vous
devrait avoir de ma part son propre type de réponse intérieure, quelle que
soit la lettre que vous avez envoyée. À de nombreux égards, je sers de
moyen d’expression à votre propre psyché, alors le message intérieur vous
viendra de votre être plus vaste ; et à ce niveau multidimensionnel là de
réalité, je vous salue.
Seth
PRÉFACE DE SETH

(Les circonstances qui entourent la transmission de la préface de Seth


par Jane, alors qu’elle était en transe, sont décrites dans la partie 1 de ce
tome, session 685 du 25 février 1974. Après une pause au milieu de cette
session-là, Seth a commencé à dicter le matériau ci-dessous à 22 h 57. Il
indique toujours les mots, expressions ou phrases qui doivent être
soulignés. Ce jour-là, il a aussi indiqué les débuts de paragraphe et
quelques autres ponctuations ; pour montrer ce sens qu’il a de
l’agencement d’un texte, j’ai laissé en place certaines de ses instructions
dans les trois premiers paragraphes.)
Maintenant. Préface : il y a une réalité « inconnue », entre guillemets
comme indiqué. J’en fais partie, et vous aussi.
Nouveau paragraphe. (Une longue pause.) Il y a quelque temps [1], je
suis soudain apparu dans votre espace et votre temps. Depuis lors, j’ai parlé
à de nombreuses personnes. Point. Ceci est mon troisième livre [2].
Personne ne trouverait rien d’étrange à cela si j’étais né dans votre monde et
dans un corps qui serait mien, en vos termes. Au lieu de cela, j’ai
commencé à m’exprimer à travers Jane Roberts. Point. Tout ceci avait un
but, et une partie de ce but réside en ce livre.
Nouveau paragraphe. Chaque individu est une partie de la réalité
inconnue. De par ma position, cependant, j’en fais évidemment davantage
partie que la plupart. Ma conscience psychologique sert de passerelle entre
des mondes dont vous vous rendez compte et d’autres qui semblent pour le
moins échapper à votre attention. La femme à travers laquelle je m’exprime
s’est retrouvée dans une situation inhabituelle, virgule, car aucune
théorie — métaphysique, psychologique ou autre — ne pouvait
correctement expliquer son expérience. Elle a donc été amenée à
développer sa propre explication, et ce livre est un élargissement de
certaines idées déjà mentionnées dans Adventures in Consciousness [3].
Pour écrire ce livre-là, Jane Roberts a puisé dans de profondes ressources
d’énergie.
(23 h 11.) La réalité inconnue est toutefois suffisamment inconnue pour
être hors de la portée habituelle de la conscience la plus flexible, en vos
termes, de sorte qu’elle ne peut être approchée que par une personnalité
aussi établie en elle que je le suis. Une fois exprimée, elle peut toutefois
être comprise. Un de mes buts a donc été de faire en sorte que cette réalité
inconnue devienne consciemment connue.
L’homme pensait autrefois, historiquement parlant, qu’il n’y avait qu’un
seul monde. Maintenant, il voit les choses différemment, mais il s’accroche
encore à l’idée d’un seul dieu, d’un seul moi, et d’un seul corps à travers
lequel l’exprimer.
Il y a un Dieu mais, à l’intérieur de ce Dieu, il y en a beaucoup. Il y a un
moi mais, à l’intérieur de ce moi, il y en a beaucoup. Il y a un corps, dans
un temps, mais le moi a d’autres corps dans d’autres temps. Tous les
« temps » existent en même temps. (Une longue pause.) Historiquement
parlant, le genre humain a choisi une certaine ligne de développement. Sa
conscience s’y est spécialisée, se focalisant sur des détails marquants de
l’expérience. Mais de façon inhérente, psychologiquement et
biologiquement, il y a toujours eu la possibilité d’un changement dans ce
schéma, d’une transformation qui élèverait efficacement l’espèce jusqu’à un
autre type de climat.
(23 h 22.) Toutefois, un tel développement nécessiterait d’abord une
extension des concepts concernant le moi, et une plus grande
compréhension du potentiel humain. La conscience humaine est maintenant
à un stade où un développement de ce type n’est pas seulement faisable,
mais nécessaire pour que l’espèce parvienne à son plus grand
accomplissement.
L’expérience de Jane Roberts laisse entrevoir, dans une certaine mesure,
la nature multidimensionnelle de la psyché humaine et donne des indices
sur les capacités que chaque individu possède au fond de lui. Elles font
partie de l’héritage de votre espèce. Elles indiquent l’existence de
passerelles psychiques reliant la réalité connue et celle « inconnue », dans
lesquelles vous demeurez.
Tant que vous avez des concepts extrêmement limités quant à la nature
du moi, il vous est impossible de commencer à concevoir un état divin
multidimensionnel, ou une réalité universelle dans laquelle toute conscience
est unique, inviolée — et pourtant encline à la formation d’une infinité
d’ensembles de formes changeantes d’organisation et de signification.
Dans mes autres livres, j’ai utilisé beaucoup d’idées admises comme
tremplin pour amener les lecteurs à d’autres niveaux de compréhension. Je
tiens à préciser ici que ce livre [4] va commencer un voyage dans lequel ce
qui est familier pourra sembler être laissé loin derrière. Pourtant, quand
j’aurai fini, j’espère que vous découvrirez que la réalité connue est encore
plus précieuse, plus « réelle », car vous la verrez illuminée, à la fois de
l’intérieur et de l’extérieur, par le riche tissu d’une réalité « inconnue » que
vous verrez à présent émerger des parties les plus intimes de la vie
quotidienne. Accordez-nous un instant. (Une pause à 23 h 35.) Votre
conception de ce qu’est une personne vous limite actuellement,
individuellement et en masse, et, pourtant, vos religions, vos
métaphysiques, vos histoires et même vos sciences sont articulées autour de
vos idées quant à qui vous êtes et ce que vous êtes. Vos psychologies ne
vous expliquent pas votre propre réalité. Elles ne peuvent contenir votre
expérience. Vos religions ne vous expliquent pas votre réalité plus vaste, et
vos sciences vous laissent [tout] aussi ignorants quant à la nature de
l’univers dans lequel vous vous trouvez.
Ces institutions et disciplines sont composées d’individus, tous
restreints par les idées limitées qu’ils ont de leur propre réalité personnelle ;
et c’est donc avec la réalité personnelle que nous allons débuter et à laquelle
nous allons toujours revenir. Point. Les idées de ce livre sont destinées à
étendre la réalité personnelle de chaque lecteur. Elles peuvent paraître
ésotériques ou compliquées, pourtant elles ne sont pas hors de portée pour
toute personne déterminée à comprendre la nature des éléments inconnus du
moi et de son monde plus vaste.
Le livre a donc eu un début privé. Le mari de Jane Roberts, Robert
Butts, s’interrogeait sur la mort de sa mère [le 19 novembre 1973]. Au
cours d’une session [la 679, du 4 février 1974], il a sorti quelques vieilles
photos. Maintenant : la vie après la mort a d’habitude été décrite en
conformité parfaite avec les vieilles idées admises de moi unique, et les
concepts limités de ce qu’est une personne. J’ai saisi toutefois cette
opportunité pour commencer ce livre.
(Une longue pause.) Le moi est multidimensionnel quand il est
physiquement vivant. C’est un triomphe de l’identité spirituelle et
psychologique, choisissant toujours, parmi une myriade de réalités
probables, sa propre focalisation claire inattaquable. (Avec intensité.)
Quand vous ne réalisez pas cela, vous projetez sur la vie après la mort
toutes les vieilles idées fausses. Vous vous attendez à ce que les morts
soient assez peu différents des vivants — si vous croyez à une vie après la
mort —, mais peut-être plus paisibles, plus compréhensifs et vous les
espérez plus sages.
(Une pause à 23 h 51. Puis, avec beaucoup d’insistance.) Le fait est
que, dans la vie, vous êtes juché, de façon délicate et cependant parfaite,
entre les réalités, et qu’après la mort, vous faites de même. J’ai donc utilisé
cette opportunité pour expliquer la grande liberté dont disposait la mère de
Robert Butts après sa mort — mais pour expliquer aussi les éléments de la
réalité de sa mère qui étaient présents durant sa vie, et qui sont restés fermés
à son fils, du moins pour ce qui est de sa conscience, à cause des concepts
du genre humain concernant la nature de la psyché. Je commente ici et là
les photos appartenant à la famille Butts [y compris des photos de Jane
Roberts], mais chaque lecteur peut regarder de vieilles photos et se poser
les mêmes questions, appliquant à son expérience personnelle ce qui est dit
ici. La réalité « inconnue » — vous êtes son équivalent connu (d’une voix à
nouveau plus forte). Alors, connaissez-vous vous-même ! Votre conscience
s’étendra à mesure que vous vous habituerez à ces idées.
Moi-même, je parle pour ces parties de votre être qui comprennent déjà.
Ma voix s’élève de strates de la psyché dans lesquelles vous avez déjà votre
expérience. Écoutez par conséquent votre propre connaissance. Point.
(Jovialement.) Fin de la préface.
(00 h 01.)

NOTES : PRÉFACE DE SETH

[1] Seth a d’abord fait part de sa présence, à Jane et à moi, par son nom,
dans la session 4, qui s’est déroulée le 8 décembre 1963. Voir le
chapitre 1 du Matériau de Seth.

[2] Les deux précédents livres de Seth sont Seth parle et La Nature de la
réalité personnelle — mais ils sont bien sûr aussi les livres de Jane.
Reportez-vous à la liste de ses ouvrages publiés par Prentice-Hall.
(Pour que ces informations soient complètes, notez que le premier livre
de Jane sur les phénomènes psychiques était How to Develop Your ESP
Power. Il a été publié en 1966, puis en livre de poche en 1974, par
Frederick Fell Publishers, à New York. Il est ressorti à nouveau en
1976, chez Pocket Books, sous le nom de The Coming of Seth.)

[3] En fait, Jane a commencé la version finale de son manuscrit pour


Adventures in Consciousness : An Introduction to Aspect Psychology,
au début de ce mois (février 1974). Elle en a déjà déterminé tous les
thèmes en détail.

[4] La décision de publier La Réalité « inconnue » en plusieurs tomes a


suivi de treize mois la réception de cette préface. Voir mes notes
préliminaires.
PARTIE 1

La réalité « inconnue » et vous


SESSION 679

Lundi 4 février 1974

(Avant la session, j’ai montré à Jane une photo d’elle lorsqu’elle était
enfant, et une de moi très jeune. Elles ont toutes les deux à peu près la
même taille, environ huit centimètres sur treize, et le même aspect fragile et
décoloré — comme si elles avaient été prises au même moment —, même si
la mienne est plus vieille de vingt ans.
Ma photo est restée cinquante-trois ans dans l’un des albums de la
famille Butts. Elle a été prise par mon père [Robert Senior] et elle est datée
du 1er juin 1921. J’avais presque deux ans. Mes cheveux sont blonds et
bouclés ; vêtu d’une barboteuse, de chaussettes blanches montantes et de
petites chaussures noires, je suis debout dans le jardin de la maison que
mes parents louaient à Mansfield, une petite ville universitaire dans le nord-
est de la Pennsylvanie. Je regarde, enchanté, une douzaine de poussins qui
sont dans l’herbe, à mes pieds. Derrière moi, floues, il y a une adolescente
inconnue, assise sur une balançoire accrochée à une branche d’arbre, et, à
côté d’elle, une poussette vide en osier [la mienne ?]. En arrière-plan, une
voiture décapotable est garée dans l’allée. Je pourrais ajouter que
Mansfield n’est qu’à une cinquantaine de kilomètres au sud d’Elmira, dans
l’État de New York, là où nous vivons actuellement, Jane et moi.
La photo de Jane, elle, a été prise il y a trente-trois ans, par une dame
plus âgée qui l’avait emmenée en excursion jusqu’à une source thermale
des environs de Saratoga Springs, lieu de villégiature de l’État de New
York, où Jane vivait avec sa mère Marie, alitée, et une gouvernante. De sa
petite main d’enfant, Jane avait griffonné à l’arrière de la photo le nom de
son amie et la date. Bien des années plus tard, elle devait me confier : « Ma
mère détestait cette femme. » Sur le cliché, c’est une belle journée
ensoleillée d’août 1941. Jane a douze ans. Elle est assise dans l’herbe
devant des arbustes à feuilles persistantes ; légèrement penchée en arrière,
appuyée sur sa main droite, elle a les jambes nues sagement repliées. Elle
porte une robe en tissu imprimé qui lui a été donnée par l’orphelinat
catholique de Troy, situé à cinquante kilomètres de Saratoga Springs ; elle
avait passé les dix-huit mois précédents dans cette institution, pendant que
sa mère était hospitalisée dans une autre ville pour suivre un traitement
contre la polyarthrite chronique évolutive. Jane porte aussi un pull à
manches courtes, que sa mère lui avait tricoté pendant qu’elle était à
l’hôpital.
Les cheveux blonds de Jane — qui allaient devenir complètement
noirs — sont soigneusement peignés, avec une barrette et une raie au
milieu. Son visage a une rondeur juvénile mais n’est pas vraiment souriant.
Elle n’a cependant pas l’air renfrognée. Assise ainsi dans l’herbe, elle
semble plutôt vous fixer à travers l’objectif, révélant un regard grave,
presque maîtrisé, qui détonne chez une personne de son âge.
Ces deux photos ont, pour moi, une qualité mystérieuse que j’ai souvent
trouvé intrigante — une aura due en partie au fait qu’elles sont anciennes,
personnelles et tellement irremplaçables, je suppose. Mais, depuis
longtemps, je m’étais rendu compte que d’autres sentiments étaient liés à
ces photos. Jane a commencé à transmettre le matériau de Seth fin 1963 et,
peu de temps après, celui-ci a développé ses idées sur les probabilités[1]. En
regardant ces clichés par la suite, j’ai spéculé à de nombreuses reprises sur
les réalités probables entourant ces deux jeunes sujets. Je dis maintenant à
Jane que je comprends le cours des actions que chacun de nous a choisi de
rendre physiques ou « réelles », en nos termes. Mais qu’en est-il de toutes
les autres voies dans lesquelles nos moi probables se sont embarqués depuis
que ces photos ont été prises ? Ces photos représentent-elles en fait des
images immatures de nous-mêmes, de la Jane et du Rob que nous
connaissons et que nous avons toujours été, ou montrent-elles, depuis notre
point de vue, une Jane et un Rob probables — deux individus qui, il y a
longtemps, ont entrepris leurs propres voyages à travers d’autres réalités ?
Je n’étais pas clair sur ce que je voulais savoir, et j’avais du mal à
l’exprimer à Jane. Je souhaitais peut-être simplement que Seth fasse des
commentaires sur les probabilités d’une façon plus personnelle. [Note
ajoutée plus tard : à ce moment-là, je ne me doutais pas que ces questions
allaient déclencher un nouveau livre de Seth [2].]
Les signes extérieurs de transe chez Jane en tant que Seth sont en eux-
mêmes très intéressants, et je ne veux pas les minimiser : je les décris
d’ailleurs de temps à autre. Toutefois, ma véritable fascination est pour ce
que je nomme la conscience, ou énergie, grandement accrue dont Jane fait
preuve au cours des sessions — et, dans ce qu’elle transmet, je sens
toujours de façon sous-jacente un flux encore plus puissant de cette qualité-
là. Je pense à cela tandis qu’elle est tranquillement assise dans son fauteuil
à bascule, attendant que Seth se manifeste. Au bout de quelques minutes, sa
main droite se lève vers ses lunettes et les enlève ; ses yeux sont maintenant
beaucoup plus sombres et lumineux qu’à l’ordinaire. Elle est dans un état
de dissociation, de transe. Seth est là — en train de me fixer.
21 h 41.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
En tant que Seth, Jane prend brièvement en main les deux photos que
j’ai posées sur la table basse entre nous.)
Je vais faire deux choses ici — mais vous pouvez avoir le matériau sur
n’importe quelle photo séparément, si vous le préférez.
(« Oui. »)
Chacun de vous, encore une fois, a choisi ses parents et son
environnement. Vous parliez dans vos notes [il y a deux jours] de
précognition en lien avec l’art — un point excellent. La précognition en ces
termes-là s’applique également à votre naissance, quand, à l’avance, vous
vous rendez assez bien compte, à des niveaux inconscients, des conditions
que vous allez rencontrer. Vous les avez choisies et projetées en avance, à
l’extérieur, dans le vecteur du temps.
Ces conditions, cependant, tout en étant « établies » d’une certaine
manière, sont par ailleurs extrêmement souples, de sorte que
d’innombrables variétés d’évènements probables peuvent en découler. De
façon précognitive, vous vous rendez bien compte inconsciemment — en
vos termes, une fois encore — des résultats de toute action ou cause
donnée. Quand celle-ci (la photo de Jane) a été prise, Ruburt [3] s’était déjà
rendu compte des intérêts et préoccupations qui, dans l’ensemble, seraient
dominants dans sa vie future, même si son cheminement particulier n’avait
pas encore été choisi.
Ceci jette une certaine lumière sur l’expérience actuelle. L’arrière-plan
religieux était là. Conformément à sa préférence et à sa demande, il a
changé d’établissement après son CM1, passant d’une école publique à une
catholique [4]. Cela allait à l’encontre de l’avis de sa mère qui avait le
sentiment que les écoles publiques étaient meilleures et socialement plus
bénéfiques. À cet âge-là — quand il a changé d’école —, Ruburt avait une
telle volonté qu’il a forcé sa mère à accepter ce changement. Il a fait un tel
tapage, Ruburt, et eu de telles crises de colère, que la permission lui a été
accordée. Même en ce temps-là, il était entêté.
Comme sa mère, il a toujours été très imaginatif. Socialement, sa mère
était audacieuse, affichant sa beauté auprès d’éléments peu
« recommandables » de la société. Beaucoup plus tard, Ruburt allait sortir
avec des hommes peu « recommandables » de son entourage, pourtant, ni la
mère ni la fille n’ont vu ce parallèle. À l’époque, la mère voulait que Ruburt
ait un mari respectable et si possible riche, et elle ne comprenait pas
pourquoi il choisissait des hommes non conformes.
Ruburt a choisi un contexte dans lequel il était pauvre, comme l’avait
fait sa mère. Celle-ci était aussi brillante, mais elle avait choisi de s’en
remettre à sa beauté pour s’échapper [de son environnement]. Ruburt a misé
sur son cerveau. Ce matériau a été donné [au fil des ans, dans une série de
sessions personnelles].
(« Oui. »)
Le non-conformisme de Ruburt a adopté le cadre plus large des idées
non conventionnelles. En arrière-plan, en tant qu’enfant pris en charge par
le Département d’aide sociale, se permettre des petits plaisirs ou du luxe,
avoir un comportement trop non conformiste, tout cela était dangereux dans
le contexte choisi — les voisins auraient pu rendre compte de toute
transgression à cet organisme. C’est à peu près à cette époque-là (en
tapotant la photo) que Ruburt s’est assis sur les genoux d’un homme adulte,
sous la véranda à l’avant de la maison ; des voisins l’ont dûment signalé —
l’idée étant qu’il pouvait s’agir d’une perversion sexuelle.
La mère de Ruburt savait que sa fille pouvait lui être enlevée s’il était
prouvé que, pour une raison ou pour une autre, elle était une mère incapable
de prendre convenablement soin de son enfant. Plus d’un an avant que cette
photo ne soit prise, Ruburt a été en effet envoyé dans un foyer
catholique [5]. Là-bas, on ne tolérait pas les idées non conventionnelles. On
faisait l’expérience de l’inflexibilité du dogme, consciencieusement mis en
application dans l’activité quotidienne, et, dans ce cadre-là, Ruburt a tenté
de s’appliquer et de focaliser sa nature profondément mystique.**
Il s’est souvenu des critiques constantes que lui faisait sa mère, mais il
se rappelle à peine de sa propre désapprobation scandalisée lorsqu’elle
jurait, par exemple, quand il revenait à la maison. Il s’est jeté la tête la
première dans la réalité catholique, l’a suivie avec une diligence entêtée,
l’utilisant comme une structure conventionnelle dans laquelle il pouvait
permettre à sa nature mystique de croître.
Quand cette nature a débordé de ce cadre-là, il l’a quitté. Toutes les
croyances qui semblaient autrefois si légitimes étaient maintenant perçues
comme gênantes, et tous leurs défauts devenaient évidents. Tant qu’il s’en
tenait à cette structure, rien ne pouvait l’en faire dévier et, ici (en touchant
la photo), dans cette photo d’enfant, vous avez déjà la nature inébranlable,
la grande spontanéité, cherchant une structure qui lui permettra de croître,
tout en donnant l’illusion de la sécurité.
L’enfant à l’air placide [sur la photo] était aussi dogmatique et
inflexible à certains égards que Ruburt l’a toujours été. Pourtant, en quittant
la structure de l’Église, Ruburt s’est fixé sur l’esprit en tant qu’opposé des
intuitions. L’enfant était convaincu que les statues du Christ bougeaient.
Sans une structure pour contenir ce type d’expérience, la fillette
grandissante a commencé à l’effacer. L’expérience mystique est devenue
acceptable uniquement à travers la poésie ou l’art, où il était possible de
l’accepter comme étant créative mais pas suffisamment réelle pour créer des
problèmes, ou pour déranger la « nouvelle » structure. La nouvelle structure
rejetait ces non-sens superstitieux. L’esprit allait être canalisé, et l’art
devenir le traducteur acceptable de l’expérience mystique, un tampon entre
cette expérience-là et le moi. Ruburt a jeté une partie du bébé avec l’eau du
bain.
Le mystique s’est fait clandestin, réapparaissant sous forme de science-
fiction[6]. Je le répète, dans le contexte social et religieux de l’enfant, les
actions mentales ou physiques non conventionnelles pouvaient être source
de sanctions. Pendant un temps, l’enfant a pu interpréter l’expérience
mystique au sein de l’Église, mais il y avait toujours, malgré tout, un conflit
avec les autorités de l’Église.
(22 h 19.) Cependant, sans cette expérience consistant à suivre avec
autant de ferveur une croyance en l’Église, Ruburt n’aurait pas compris le
besoin qu’ont des gens d’avoir ce type de croyances, ou il n’aurait pas été
capable de communiquer aussi bien avec eux. Son esprit toujours prêt à
s’interroger s’exerçait quand il a commencé à étudier les croyances
religieuses. Quand, beaucoup plus tard, il a été confronté à une expérience
médiumnique, il a craint que celle-ci puisse le conduire à un nouveau
dogme, et il était déterminé à ne pas s’en servir de cette façon-là.
Son « conservatisme », c’est-à-dire sa forte reconnaissance des idées
conservatrices, lui sert de tremplin. Sachant où sont les autres, il bondit vers
de nouveaux domaines. Il combat le dogme du spiritualisme autant qu’il a
combattu le dogme de l’Église.
Il a toutefois bondi du cadre de l’Église dans un autre, dans lequel le
mysticisme était une expérience de seconde main, sous le couvert d’une
production artistique. Idea Construction [7] a littéralement fracassé ce cadre-
là.
(Une pause.) Pour des raisons diverses déjà évoquées, concernant votre
relation commune et vos propres buts (en s’adressant à moi), il a fallu un
certain temps pour qu’un cadre plus neuf et approprié se forme — dans
lequel Ruburt est libre de poursuivre une expérience mystique dans une
structure concrète ; dans laquelle la pensée non conventionnelle a le droit de
suivre librement son cours. Ruburt a senti que cela pouvait sortir du cadre
de son art, comme cela avait été le cas avec l’Église. Les symptômes
physiques [8] ont servi très littéralement de cadre dans lequel une liberté
mentale et psychique était accordée à la spontanéité, dans une certaine
mesure au moins, jusqu’à ce qu’il se sente en sécurité.
Faites votre pause.
(22 h 31. Jane sort très facilement et très rapidement de transe, comme
c’est en général le cas. La vitesse de ce qu’elle a transmis pour Seth était
moyenne, ce qui pour moi signifie que j’ai pu assez facilement en prendre
note mot à mot, en abrégé. Jane se souvient peu de ce qu’elle a dit, elle sent
pourtant maintenant dans son estomac l’impact émotionnel du matériau —
réaction qu’elle a souvent, me dit-elle, quand l’information est d’une nature
personnelle ou « chargée ».
Je lui rappelle que j’espère que Seth va commenter la vieille photo
d’elle, en lien avec des réalités probables, même si je vois maintenant qu’il
lui faudra plus de temps que je le croyais pour développer les réponses. Je
ne pense pas que nous obtiendrons ce soir le moindre matériau sur ma
propre photo.
Reprise de la même façon à 22 h 42.)
Maintenant. Vous aviez raison. Les probabilités entrent bien sûr en jeu.
Souvenez-vous des toutes premières phrases de cette session. Les
conditions générales globales étaient choisies, mais elles permettaient de
nombreux parcours probables.
(En tant que Seth, Jane montre du doigt la photo d’elle, prise quand elle
avait 12 ans.)
Cet enfant-là a choisi un parcours différent de celui de cette femme
(Jane se désigne elle-même, assise dans son fauteuil à bascule). Le
dogmatisme a prévalu. La nature mystique de l’enfant, bien que forte, ne
l’était pas suffisamment pour défier la structure de l’Église, pour la quitter,
ou pour dépasser le symbolisme qu’elle offrait. Il fallait qu’il [le
mysticisme] s’exprime, même tronqué, relativement parlant. L’esprit serait
canalisé de sorte qu’il ne pose pas trop de questions. Cet enfant-là [sur la
photo] a rejoint un couvent où elle a appris à réguler l’expérience mystique
conformément à des préceptes acceptables — tout en l’exprimant
néanmoins avec une certaine régularité et de façon continue, dans un mode
de vie qui en reconnaissait au moins l’existence.
En vos termes, l’intersection des probabilités s’est produite un jour, lors
d’un entretien que l’enfant a eu avec un prêtre. L’évènement, en termes de
Ruburt, et son résultat dans votre probabilité, est mentionné dans son livre
Rich Bed [voir la note 4]. Alors qu’elle était en cinquième ou quatrième,
l’enfant a écrit un poème exprimant son désir d’être nonne et l’a apporté à
un curé. Dans votre probabilité, le prêtre a dit à l’enfant que sa mère avait
besoin d’elle ; mais, intuitivement, il a vu que le mysticisme de Ruburt ne
cadrerait pas avec l’institution de l’Église.
Dans l’autre probabilité, le désir de Ruburt l’a emporté. Il s’est arrangé
pour atténuer l’ampleur et les dimensions de son mysticisme de manière à
le rendre acceptable. Dans cette autre probabilité, il n’y aura pas de longue
période durant laquelle l’expérience mystique devra demeurer latente, et
absolument aucune nécessité de l’exprimer en termes nouveaux.
Le talent d’écriture allait suivre et lui tenir lieu de servante. Dans ce
monde-ci, les aptitudes artistiques ont été mises en avant, mais la nature
mystique avait plus de chances de s’étendre et de se développer. Dans les
deux cas, il y a eu l’opportunité et le défi de briser de vieux schémas
historiques et de les dépasser.
(Avec insistance.) Ruburt, ici, a choisi la structure de l’écriture, et il y a
adhéré sans jamais dévier, comme il avait adhéré autrefois à l’Église,
cherchant pourtant toujours un nouveau cadre. Pendant quelque temps, il
vous a idéalisé. Votre guidance et votre force étaient son cadre. Quand il est
apparu que vous étiez un humain et non un cadre, il a eu peur. Lorsque vous
avez encouragé l’émergence et l’expression de son mysticisme, il a eu le
sentiment que vous ne pouviez plus agir en tant que cadre pour le contenir.
À ce moment-là, cela a semblé menacer la structure commune de vos vies.
Ruburt savait intuitivement que vous utilisiez vous aussi la création
artistique comme un tampon entre l’expression mystique et vous-même.
Pour toutes les raisons données — et elles sont clairement données
[dans les sessions personnelles] —, Ruburt avait peur que la spontanéité,
mentale ou physique, ne menace le cadre de vos vies communes, accepté de
longue date. S’il allait spontanément de l’avant dans l’expérience mystique,
alors, étant donné ses idées, cela menaçait l’acceptation conventionnelle de
son art. Les idées conventionnelles de l’art et de l’écriture, dont dépendait à
présent la vieille structure, ne cadraient plus.
Une fois encore, Ruburt a senti que son expérience naturelle le
conduisait au-delà des structures qu’il avait considérées comme garantes de
sa sécurité.
(23 h 05.) Il devait tenir compte de vous. Dans sa façon de penser, cette
expérience qu’il vivait empiétait sur votre art ainsi que sur le sien. En même
temps, la nature mystique se réjouissait de cette opportunité et en percevait
le potentiel. Ruburt était déterminé à aller de l’avant (d’une voix plus
forte) — il était aussi déterminé à garder les vieilles structures et à en
ignorer les fissures. Ceci est en partie lié à sa loyauté envers vous et à sa
responsabilité, telle qu’il la voyait, de vous maintenir focalisé en tant
qu’artiste et de ne rien laisser vous distraire. Pourtant, ici, il vous distrayait.
Pendant un temps, votre système commun de communication a été
chancelant. Ruburt avait peur d’aller de l’avant. Les symptômes l’ont gardé
à la maison, à son travail, et lui ont permis de se concentrer sans
distractions extérieures ; ils l’ont gardé occupé à écrire, avec une expérience
mystique consciencieusement traduite en art.
Les symptômes ont aussi servi à focaliser cette énergie fantastique,
pendant que Ruburt découvrait comment il devait l’employer. Il ne pouvait
pas accepter un nouveau schéma psychique tant qu’y demeuraient des
interrogations sur vos idées communes concernant une activité
professionnelle et une loyauté divisée concernant l’écriture et la peinture ;
et aussi vos peurs personnelles, conjointement, à l’égard de la spontanéité
en général, et le besoin de protéger vos talents vis-à-vis à la fois de vos
natures sexuelles et des distractions d’autrui.
Ruburt ne pouvait pas accepter un nouveau cadre et il n’osait pas lâcher
l’ancien, de sorte que les symptômes sont devenus la matérialisation
physique de ces conflits et ont servi de nombreux buts. Cette enfant [sur la
photo], devenue adulte dans sa propre probabilité, n’a aucun de ces
problèmes. Les défis ne sont pas là non plus — uniquement sous une forme
latente.
Accordez-nous un instant… Ruburt a grandement besoin de comprendre
que vous l’aimez et l’acceptez, tel qu’il est maintenant, en vos termes. Il
reçoit de vous le sentiment d’acceptation de son état de créature, que vous
avez vous-même reçu de votre famille, dans vos jeunes années.
Votre questionnement, Joseph [voir la note 3], et votre profonde
méfiance à l’égard des théories actuelles du monde, sont partagés par
Ruburt avec la même intensité, et votre insistance commune à découvrir de
nouvelles réponses est responsable de ces sessions et de ce qui en
découlera.
Vous voyez le joyeux potentiel de Ruburt et il le sait. Il se sent pourtant
parfois perdu en tant qu’être humain émotionnel, allant à l’aveuglette vers
ce potentiel, et il a besoin d’être conforté. Comme vous le savez
maintenant, le conforter peut vous faire peur, car cela vous renvoie tous
deux à de profondes réalisations et sensations émotionnelles que vous
sublimez dans vos tableaux, et même à des expériences mystiques que vous
canalisez à travers votre travail.
Faites une pause.
(23 h 25. « J’ai eu à nouveau ce sentiment, dit Jane, après être sortie
d’une transe profonde. De vide à l’intérieur, tu sais, comme si tout cela
faisait mouche… »
De ce qu’a transmis Seth après la dernière pause, j’ai seulement
supprimé deux courtes phrases de matériau très personnel. À l’évidence,
Jane et moi avons choisi de faire face aux défis qu’a présentés l’émergence
de ses aptitudes médiumniques, il y a onze ans. Ces « nouvelles » aptitudes
offraient des possibilités créatrices si évidentes que, étant données nos
natures, nous n’avions aucun désir de faire autrement ; sous nos doutes et
nos questions, nous sentions intuitivement la justesse de nos décisions. J’ai
découvert que j’étais capable d’apporter une contribution psychique
autrement que par le simple fait de garder traces des sessions. Et avoir
amené à se révéler si clairement à nos consciences quelques-uns au moins
de nos profonds désirs et motivations, par des moyens psychiques ou de
toute autre manière, dépassait ce que nous avions cru possible au cours des
années précédentes. Nous trouvions ce type d’information particulièrement
précieux dans le contexte plus large de la société. J’étais également très
désireux d’acquérir toutes les formes de connaissance possibles relatives à
la philosophie et à l’art de la peinture.
J’espère que les informations [très légèrement remaniées] que Seth
donne sur ma propre famille vont aussi éclaircir certaines choses chez
d’autres. Reprise à 23 h 37.)
Maintenant. Pour le moment, occupons-nous brièvement de cela.
(Jane, en tant que Seth, s’empare de la photo prise quand j’avais deux
ans [9].)
Cet enfant-là jouit de grandes sensations de vigueur et de sécurité. Dans
votre relation avec votre famille jusque-là, tout va bien. Vous étiez
principalement entouré d’amour et d’affirmation. Vos parents étaient jeunes.
Votre mère avait donné naissance à deux beaux garçons ; elle était aussi
perfectionniste à sa façon, et dans sa structure — une structure que votre
père n’a jamais comprise.
Il s’agissait, en surface, d’une structure très conventionnelle, et
pourtant, en dessous, extrêmement pesante. Il y avait des dogmes. On
attendait d’une mère qu’elle mette au monde des enfants parfaits et qu’elle
soit soumise à l’homme, au moins en apparence.
Votre mère avait donc le sentiment que chacun jouait le rôle qui lui
revenait dans le mariage, car, à ses yeux, votre père avait de grandes
perspectives d’avenir, et elle lui avait donné deux fils. Ce n’est que plus tard
qu’elle a eu le sentiment qu’il n’avait pas rempli sa part du contrat, et que
vous avez commencé à avoir un sentiment d’insécurité. Elle s’était forcée à
focaliser toute sa grande puissance émotionnelle dans la structure du
mariage, tel que tous deux le concevaient ; mais votre père n’avait pas
concentré ses propres aptitudes dans la structure culturelle et financière,
comme il avait été d’accord pour le faire dans le contrat tacite.
Votre mère s’est efforcée de contenir sa propre réalité en termes
conventionnels — mais selon sa conception, votre père, lui, refusait
d’utiliser son énergie dans la structure sociale et financière, usuelle, qu’ils
avaient tous deux acceptée.
Des années plus tard, vous avez commencé à sentir, comme Ruburt, que
la créativité était dangereuse à sa façon, qu’elle vous conduirait hors des
structures sociales admises, et qu’il fallait absolument la protéger d’une vie
de famille normale.
(En prenant ma photo.) Pas dans cette photo-ci, mais parfaitement
vivant, il y avait votre frère Linden. Vous avez insisté pour vous servir de
vos aptitudes et tenté pendant des années de les faire cadrer avec le modèle
commercial, dans lequel elles étaient acceptées financièrement et
socialement, et aussi en termes de votre propre image de vous-même.
Finalement, vous avez fini par déborder de cette structure [10]. Ce faisant,
vous avez artificiellement établi une séparation selon laquelle le bon art ne
se vendait pas — mais ce serait de toute façon celui que vous pratiqueriez.
Vous rendriez votre créativité réelle, en termes sensoriels. Linden ne le
ferait pas. Il la garderait en sécurité, au sein d’une structure de « jeu » —
pas forcément de jeu au sens strict du terme, mais une structure dans
laquelle il travaillerait avec des modèles, de façon ingénieuse, sans jamais
mettre en application d’une manière ou d’une autre ses aptitudes créatrices
dans une réalité pratique. Elles seraient à l’extérieur en sécurité, dans ce
contexte-là.
Les capacités qu’il possédait, qui pouvaient être canalisées vers la
société telle qu’il la comprenait, l’ont été. Dans une telle éventualité, une
fragmentation s’est produite, de sorte que les aptitudes se sont dispersées,
certaines se sont orientées vers l’école, d’autres vers le dessin, d’autres
encore vers ses maquettes. Ces attributs créatifs étaient divisés de manière à
pouvoir être utilisés sans risque, exprimés malgré tout jusqu’à un certain
point, sans être totalement reniés.
À sa manière, votre propre caractère est plus direct, dans le sens où vous
avez maintenu une focalisation plus immédiate. Quand cette photo a été
prise, vos parents commençaient pourtant à prendre conscience de leurs
difficultés. Durant votre première année, votre père et votre mère étaient
pleins d’attentes. Linden a ressenti ce manque. Il était en sécurité, mais pas
autant que vous l’aviez été, puisque la division entre vos parents
commençait à devenir visible.
Linden se sert maintenant des mots comme d’un cadre pour contenir sa
créativité et sa communication, au lieu de les exprimer. Ici [sur la photo],
vous étiez plus aventureux comme enfant, car vous vous sentiez en sécurité
physiquement. Linden était beaucoup moins explorateur…
(Après une pause à 00 h 02, Seth transmet une page de matériau pour
Jane avant de terminer la session à 00 h 16. Tel que j’interprète ses
informations sur les photos, celle de Jane représente un individu qui allait
devenir une Jane probable pour celle que je connais, alors que ma propre
photo correspond plutôt à une version antérieure du moi qui a toujours
vécu dans cette réalité-ci…)

NOTES DE LA SESSION 679

[1] Seth nous dit que toutes les actions sont de nature mentale à l’origine.
Très simplement, les réalités probables découlent d’actions — ou
d’événements — innombrables que nous pouvons envisager, mais que
nous choisissons de ne pas actualiser physiquement. Chacun de nos
mouvements demeure toutefois parfaitement valide, une fois qu’il a été
conçu, et il est exécuté dans toutes ses variations par des moi probables,
dans d’autres réalités. Il peut y avoir une communication entre certains
de ces mondes au moins. Jane a eu un modeste succès en atteignant
quelques-uns de ses moi probables, et elle projette d’écrire sur ces
expériences-là et sur d’autres qu’elle espère mener. Dans son matériau
sur les systèmes probables, au chapitre 16 de Seth parle, il est dit : « On
peut d’ailleurs décrire l’âme comme un acte multidimensionnel infini,
dont chaque infime probabilité est, quelque part, conduite jusqu’à
l’existence et la réalisation — comme un acte de création infini qui crée
pour lui-même des dimensions infinies dans lesquelles
l’accomplissement est possible. » Reportez-vous ensuite au chapitre 15
du Matériau de Seth, intitulé Moi probables et systèmes probables de
réalité.

[2] Il nous a d’ailleurs fallu plusieurs sessions avant de comprendre, Jane


et moi, que Seth avait commencé un nouveau livre — voir la session 683
de cette partie 1. Seth avait terminé La Nature de la réalité personnelle
depuis plus de six mois. Nous avons suspendu nos sessions régulières
après cela, tout en étant toujours aussi occupés. Ma mère est morte en
novembre 1973. Depuis quelques mois, nous savions que sa mort allait
survenir, et nous avions donc organisé nos activités en fonction de cet
événement inéluctable. J’ai passé des semaines à préparer pour
l’éditeur le manuscrit final de La Réalité personnelle ; Jane donnait ses
cours de perception extrasensorielle à chaque fois qu’elle le pouvait, et
elle travaillait sur ses deux livres, Adventures in Consciousness et
Dialogues of the Soul and Mortal Self in Time. Elle a aussi donné pour
nous deux un certain nombre de sessions privées de Seth, sur des sujets
divers. Nous avons fini par appeler une partie de l’une d’entre elles
« session 678 » et l’avons jointe à nos dossiers, puisque ce matériau
que Jane avait reçu à ma demande traite des probabilités et de
Jérusalem. Nous espérons la publier un jour.

[3] Seth fait presque toujours référence à Jane par son nom d’entité
masculine, Ruburt — d’où les « il », « lui », « le ». Voici en résumé les
commentaires quelque peu amusés de Seth, lors de la session 12, du
2 janvier 1964 : « Le sexe, indépendamment de toutes vos histoires
charnelles, est un phénomène psychique, simplement certaines qualités
que vous appelez masculines ou féminines. Ces qualités sont cependant
réelles et elles imprègnent d’autres plans, tout autant que le vôtre. Ce
sont des opposés qui sont néanmoins complémentaires et qui fusionnent
pour ne faire qu’un. Quand je dis, comme je l’ai fait, que l’entité
globale, ou moi complet, n’est ni mâle ni femelle, et que je me réfère
pourtant à [certaines] entités par des noms tout à fait masculins, tels que
“Ruburt” ou “Joseph” [comme m’appelle Seth], je veux simplement
dire que, dans l’essence globale, l’entité [donnée] s’identifie plus aux
caractéristiques dites masculines que féminines. »

[4] Jane aborde les nombreux détails, souvent chaotiques, de sa vie dans
son autobiographie, From This Rich Bed. Pendant quelque temps, elle a
travaillé sur ce projet en parallèle avec d’autres livres, et il se peut que
celui-ci finisse par représenter plusieurs volumes.En résumant à
l’extrême ce qui est dit dans cet ouvrage, Jane était la fille unique de
Marie Burdo et de Delmer Roberts. Elle avait deux ans quand ses
parents ont divorcé en 1931. La jeune Marie est alors retournée avec sa
fille chez ses parents, dans le domicile que sa famille louait depuis de
nombreuses années : ils occupaient la moitié d’une maison, dans une
banlieue pauvre de Saratoga Springs, dans l’État de New York. Marie a
commencé à ressentir les premiers symptômes d’une polyarthrite
chronique évolutive, mais elle a travaillé autant qu’elle l’a pu. Comme
Joseph Burdo, le grand-père de Jane avec lequel elle partageait une
profonde identification mystique, était en fin de compte incapable de
subvenir aux besoins de deux personnes supplémentaires, la famille a
dû faire appel à l’Assistance publique. Puis, en 1936, la grand-mère est
morte dans un accident de voiture. L’année suivante, son grand-père a
quitté la maison. Marie était devenue partiellement handicapée, et le
Département d’aide sociale a commencé à fournir à la mère et à la fille
une aide à domicile occasionnelle (et souvent peu fiable). Jane avait
donc neuf ans en 1938, lorsqu’elle a changé d’école après son CM1.
Quand nous présentons, Jane et moi, un matériau personnel dans La
Réalité « inconnue », nous avons plusieurs choses à l’esprit. Nous ne
voulons pas simplement donner des informations utiles par rapport au
contexte relatif aux sessions elles-mêmes, mais donner un aperçu des
forces extrêmement complexes, émotionnelles et physiques, qui sous-
tendent d’étroites relations à long terme. Nous pensons que les
commentaires de Seth sur notre situation peuvent aider le lecteur à
mieux comprendre ses propres croyances, motivations et désirs.

[5] Voir les notes concernant Jane et les photos au début de cette session.

[6] Il a fallu un bon bout de temps pour que la nature mystique de Jane
apparaisse dans sa prose. Deux ans après notre mariage, elle a publié
sa première œuvre de fiction, une courte histoire sur la réincarnation,
intitulée « The Red Wagon », parue en décembre 1956 dans The
Magazine of Fantasy and Science Fiction. Elle avait alors vingt-sept ans
et était très heureuse de ce début de carrière professionnelle. Dans les
années qui ont suivi, elle a vendu plusieurs autres histoires à ce même
magazine, ainsi que deux courts romans, et elle a aussi publié de la
poésie et un peu de fiction. Jane considérait que tous ses ouvrages
relevaient plus de la « science-fantaisie » que de la science-fiction
proprement dite. Ses thèmes étaient des extensions de sa poésie
antérieure et ils contenaient la même forme de pensée qui l’avait
amenée à rompre avec l’église. Rien de conscient ne lui laissait
entendre que, d’ici dix ans, elle développerait le matériau de Seth.
« Mon esprit, dit-elle à propos de ses récits, fonctionnait comme ça. Je
m’intéressais à ces thèmes-là, alors j’écrivais sur ces sujets. » Je me
souviens avoir été un peu surpris par le thème de son « The Red
Wagon » — car il n’est pas contradictoire d’écrire ici que, même si elle
était très intéressée par la réincarnation en tant que théorie, nous en
parlions rarement. « The Red Wagon » fait partie de Ladies of
Fantasy/Two Centuries of Sinister Stories by The Gentle Sex, recueil de
textes choisis par Manley et Lewis et publié en 1975 par Lothrop, Lee &
Shepard Co.

[7] Pendant qu’elle écrivait de la poésie le soir du 9 septembre 1963, Jane


a eu sa première expérience médiumnique consciemment reconnue.
Celle-ci fut massive et dura au moins deux heures, stupéfiant Jane par
le « tir de barrage » d’idées nouvelles qu’elle découvrait. Durant une
partie de cette expérience, sa conscience a quitté son corps et, pendant
ce temps-là, elle a produit par écriture automatique un manuscrit
intitulé The Physical Universe As Idea Construction. Par la suite, Seth
nous a dit que cette modification de conscience de Jane correspondait à
la première tentative qu’il avait faite pour établir un contact « formel »
avec elle, même si elle ne s’en était pas rendu compte sur le moment.
Idea Construction a toutefois servi de déclencheur médiumnique ; il a
amené Jane à concevoir les grandes lignes de son ouvrage How to
Develop Your ESP Power (voir la note 2 de la préface de Seth dans ce
livre), puis à commencer les sessions avec Seth, deux mois plus tard.
« Ce soir-là, suffisamment d’énergie a été générée pour changer
l’orientation de ma vie et celle de mon mari », a-t-elle écrit dans le
premier chapitre du Matériau de Seth. Dans ce chapitre-là, elle étudie
cette expérience de façon assez détaillée et cite aussi des extraits du
livre Idea Construction. Pour plus de références sur ce manuscrit
original, voir dans Seth parle l’introduction de Jane et la session 596
dans l’Appendice. The Physical Universe As Idea Construction
enchante toujours Jane, chaque fois qu’elle le relit. Il n’a jamais été
publié, mais elle a le sentiment que tout son travail ultérieur y est
directement lié.

[8] En tant que Seth, Jane a transmis plusieurs excellentes pages de


matériau sur ses symptômes physiques, dans la session 645 du 5 mars
1973, au chapitre 11 de La Réalité personnelle. Il nous a fallu quelques
années pour comprendre que, derrière les symptômes de Jane, il y avait
les efforts qu’elle faisait pour comprendre et exprimer la très forte
énergie créatrice qu’elle ressentait à l’intérieur d’elle-même depuis
l’enfance. Comme l’a expliqué Seth dans La Réalité personnelle, le
conflit qui s’est développé entre son moi écrivain et son moi mystique
n’était pourtant qu’une facette de son inclination intuitive vers cette
forme d’expression : en mûrissant, Jane a compris qu’elle avait aussi à
faire face à d’autres défis. Il lui fallait entre autres résoudre certains
vieux problèmes relationnels d’ordre familial — et, dans cette note, je
ne parle pas du tout de vies passées ou de vies probables, mais
simplement de la résolution de questions difficiles, enracinées dans
cette réalité physique actuelle. À travers Seth et par nous-mêmes, nous
avons accumulé beaucoup de matériau non publié sur les symptômes de
Jane et tout ce qui s’y rapporte. Tout cela peut en grande partie
s’appliquer aux autres, et Jane finira un jour par écrire un livre sur le
sujet. Si elle le fait, ce sera certainement l’histoire des longs efforts
accomplis par une personne pour faire face du mieux possible — et pas
toujours avec succès — à ses propres qualités humaines. Mais je pense
aussi qu’à de nombreux égards, ce serait son travail le plus éclairant.
Elle accepte pleinement l’idée qu’elle crée sa propre réalité. En
attendant, Jane fait de bons progrès dans la gestion de ses défis
personnels ; son principal travail consiste à présent à dissoudre le jeu
de croyances corporelles, protectrices et symboliques, qu’elle a mis en
place autour de l’usage qu’elle fait de sa grande énergie.

[9] J’ai décrit la photo datant de mon enfance au début de la session. Mes
parents ont eu trois fils. Né le 20 juin 1919, je suis l’aîné. Linden est
venu treize mois plus tard et Richard, le plus jeune, a neuf ans de moins
que moi. (Ces deux prénoms ont été changés. Enfants, nous nous
entendions bien tous les trois, même si nos natures et centres d’intérêt
étaient très différents. Nous sommes tous trois allés à l’école primaire et
au lycée à Sayre, une ville ferroviaire dans le nord-est de la
Pennsylvanie. Notre père y avait établi sa famille en 1923, lorsqu’il a
ouvert un atelier de réparation automobile où il vendait aussi des
batteries. Les séparations ont commencé à se produire dans la famille
après que Linden et moi, ayant obtenu notre baccalauréat, avons quitté
Sayre et commencé à suivre nos voies respectives à l’université et aux
beaux-arts. Puis sont arrivées pour nous trois les longues périodes de
service militaire (la Seconde Guerre mondiale pour Linden et moi). Des
années ont passé avant que je comprenne à quel point mes parents
avaient été affectés par le départ de leurs trois enfants. Seth a par
moments parlé des membres de la famille Butts, évoquant certains de
leurs aspects réincarnationnels. Six mois avant de commencer La
Réalité « inconnue », il a cependant fait quelques remarques que j’ai
toujours mises en application depuis, dans la vie de notre réalité
physique : « Chaque personne choisit ses parents, acceptant en termes
d’environnement et d’hérédité une banque de caractéristiques,
d’attitudes et de capacités dans laquelle puiser au cours de la vie
physique. Il y a toujours une raison, et donc chaque parent va
représenter pour chaque enfant un symbole indicible, et souvent les
deux parents représentent des contrastes flagrants et des probabilités
différentes, de sorte que l’enfant peut comparer et contraster des réalités
divergentes… Vos deux frères ont eux aussi choisi la situation familiale.
Pour vos frères, vos parents [aujourd’hui décédés] représentaient des
opposés — mais de manière individuelle, et ils les ont donc vus
différemment de vous. Ne perdez pas contact avec eux… » Partant de
là, il s’ensuit que ma mère et mon père voyaient aussi leurs créations ou
versions individuelles de chacun de leurs enfants.

[10] J’ai cessé de me consacrer à l’art commercial en 1953, à l’âge de


trente-quatre ans. Mon désir intuitif d’y mettre fin avait lentement
grandi pendant plusieurs années. L’acte de séparation est finalement
devenu conscient et délibéré quand je suis allé habiter dans une petite
communauté près de Saratoga Springs (où vivait Jane), pour aider
temporairement un ami artiste écrivain à réaliser une bande dessinée
publiée dans plusieurs journaux en même temps. C’est la dernière
œuvre commerciale que je devais faire avant des années ; j’ai enfin
compris que peindre des tableaux m’intéressait plus que toute autre
chose. Comme je crois que chacun de nous crée sa propre réalité dans
les termes les plus précis, le fait qu’au moment de cette décision, mon
ami m’ait présenté Jane peut difficilement être une coïncidence — car
elle se consacrait autant à l’écriture que moi à la peinture.
SESSION 680

Mercredi 6 février 1974

(Dans la dernière session, Seth a commencé à parler de la photo de


Jane et de la mienne [prises respectivement à l’âge de douze et deux ans],
en lien avec ses idées sur les moi probables. Comme nous souhaitons qu’il
poursuive avec le même matériau, ce soir, nous regardons à nouveau les
photos en attendant qu’il se manifeste.
Puis, sans salutations, à 21 h 21.)
Maintenant. Quand je parle de moi probables, je ne parle pas bien sûr de
quelque partie symbolique de la structure de la personnalité, pas plus que je
n’utilise l’idée des probabilités en tant qu’analogie.
La conscience est composée d’énergie, avec tout ce que cela implique.
On peut donc penser à la psyché comme à un conglomérat de « particules »
d’énergie hautement chargées, se conformant à des règles et à des propriétés
qui, pour la plupart, vous sont tout simplement inconnues. À d’autres
niveaux, des lois de la dynamique s’appliquent aux sources d’énergie du
moi. Pensez à un « moi » donné comme à un noyau d’une forme changeante
d’énergie de conscience. Ce noyau, en fonction de son intensité, va attirer à
lui certaines masses de modèles complets d’énergie auxquels une entité
donnée a accès.
En ces termes-là, l’entité à la naissance se compose d’une variété de
« moi » de cette sorte, avec leur noyau, et la personnalité physique a toute
liberté de puiser dans cette banque. La nature mystique de Ruburt était une
partie tellement forte de l’entité entière que, dans sa réalité présente, et dans
la réalité probable choisie — comme nous l’avons mentionné quand j’ai
parlé de cette photo [de Jane] —, les impulsions et expressions mystiques
ont pu jouer. Des intersections avec des réalités probables ont lieu lorsqu’un
groupement psychique s’intensifie jusqu’au point où l’accomplissement
d’un moi en résulte.
Au sein de l’entité entière, il peut y avoir, par exemple, plusieurs moi
naissants, avec leurs noyaux autour desquels la personnalité physique peut
se former. Dans de nombreux cas, une personnalité principale se forme, et
les moi naissants sont attirés en elle, de sorte que leurs aptitudes et intérêts
deviennent subsidiaires, ou demeurent en grande partie latents. Ce sont des
moi traces.
Dans de nombreux cas, cependant, ces moi latents seront aussi
fortement énergisés que la personnalité « principale ». Puisque,
physiquement, une certaine structure de personnalité doit être maintenue,
des traces sont faites. C’est pourquoi, quand de telles situations se
produisent, un ou deux de ces autres moi énergisés vont littéralement bondir
hors de la structure espace-temps que vous connaissez.
De votre point de vue, ces rejetons d’énergie deviennent irréels. Ils
existent pourtant aussi sûrement que vous existez. En termes d’énergie,
cette multiplication des moi est un principe naturel. (S’adressant à moi.)
Votre « moi sportif »*** n’a jamais été doté du même type de force que
votre moi artiste ou écrivain. Devenu subsidiaire, il est toutefois présent
pour que vous y ayez recours, trouvant de la joie dans vos mouvements et
ajoutant sa vitalité à votre personnalité « principale ».
Si une force supplémentaire lui avait été donnée par votre
environnement, les circonstances ou votre propre intention, votre moi
artistique serait devenu soit asservi, soit complémentaire ; ou si les énergies
de ces moi avaient été d’intensité à peu près égale, l’un des deux serait
devenu un rejeton, propulsé par son propre besoin d’accomplissement, dans
une réalité probable. Est-ce que vous me suivez ?
(« Oui. »
21 h 44.) Accordez-nous un instant… Vos parents ne partageaient pas
du tout, au sens littéral du terme, la même réalité. Ce n’est pas aussi
inhabituel que vous pouvez le penser. Ils se sont rencontrés et ont eu une
relation quelque part entre leurs deux réalités. Ce n’est pas que chacun était
en désaccord avec l’interprétation que l’autre avait des évènements. Les
évènements étaient différents.
En termes d’énergie, l’intention est stabilisante. Une fois encore, le moi
a un centre qui agit comme un noyau. Le noyau peut changer, mais il sera
toujours le centre à partir duquel l’existence physique rayonnera.
Physiquement, l’intention, ou le but, forme ce centre-là, indépendamment
de sa réalité en termes d’énergie.
Dans la vie de votre famille, dans cette réalité-ci, vos parents agissaient
de façon opaque l’un envers l’autre. Il y avait de forts glissements
d’énergie, ce qui fait que les personnalités ne se rencontraient pas
directement. Accordez-nous un instant… Il y a là quelque chose de difficile
à expliquer. D’une certaine manière, ils n’étaient pas focalisés, chacun avait
pourtant de grandes capacités, mais dispersées. Il y avait une raison à cela.
Ils contenaient en eux-mêmes des talents intenses mais flous, qui étaient
utilisés comme sources d’énergie par leurs enfants. Ils s’étaient rencontrés
précisément pour donner naissance à la famille, et pour aucune autre raison
principale, du moins en ce qui concerne leur réalité commune. Ils ont donc
semé les graines d’une génération [1].
Votre mère aimait la réalité physique et, malgré toutes ses plaintes, elle
prenait grand plaisir à ses aspects les plus infimes. Votre père aimait aussi
cette réalité-là, mais il ne lui faisait pas confiance. Chacun de vos parents
avait sa plus forte réalité, cette fois-ci, et en vos termes, dans un système
probable de réalité — et, ici (dans cette réalité-ci), ils étaient des rejetons.
Ce système leur a toujours paru étrange [2].
Dans un autre système de réalité, votre père était — est encore, en
fait — un inventeur célèbre qui ne s’est jamais marié, mais qui a utilisé au
maximum ses aptitudes de créativité mécanique, tout en évitant un
engagement émotionnel. Il a rencontré Stella [ma mère]. Ils devaient se
marier — et en termes d’années, historiquement, il s’agit des mêmes
années. Puis, à un certain moment, dans le passé de votre père tel que vous
y pensez, ayant rencontré Stella, il ne s’est finalement pas marié. Son
amour allait aux machines, à la vitesse des motos, à mêler métal et
créativité. À ce point d’intersection, des désirs et intentions d’intensité
égale en lui sont devenus comme des noyaux jumeaux. Des regroupements
complets d’énergie se sont produits, des implosions psychologiques et
psychiques, de sorte que deux personnalités d’une validité égale étaient
conscientes dans un monde dans lequel une seule pouvait vivre à la fois.
La personnalité créatrice, inventive dans la mécanique, a de loin
commencé à surpasser l’autre. Le père que vous connaissiez était donc le
moi probable. Ce moi probable là avait toutefois affaire aux réalités
émotionnelles que l’autre évitait, et ceci était d’ailleurs son unique
intention.
(Une pause à 22 h 07.) Cela ne signifie pas qu’une personnalité de ce
type soit fondamentalement limitée, ou qu’elle ne collecte pas autour d’elle
des intérêts et des défis nouveaux, car elle est elle-même mobile. Ce moi a
même de nombreuses caractéristiques de l’autre moi, bien que celles-ci
soient évidemment latentes. Mais en ayant des enfants, votre père a
provoqué la naissance d’une existence émotionnelle, pleinement incarnée et
vivante, dans ses fils [3].
Cela a été un grand accomplissement de sa part, car pour ce qui était de
ressentir une forte émotion, et plus encore de donner naissance à des êtres
émotionnels, l’inventeur n’avait pas confiance en lui-même. Dans cette
autre probabilité où vos parents se sont rencontrés au départ, votre mère a
épousé un médecin, elle est devenue infirmière et a aidé son mari dans sa
pratique. Elle est devenue une femme indépendante, et — à nouveau, dans
votre contexte historique —, à une époque où il n’était pas facile pour une
femme de se distinguer.
Elle a eu un fils, puis a subi à dessein une hystérectomie. Avec rigueur,
elle s’est instruite toute seule, a évolué dans les sphères de la société,
dissimulant les aspects d’elle-même manquants d’instruction et naïfs. Dans
cette vie-là, par exemple, elle n’aurait certainement pas porté des nœuds
rouges dans les cheveux. Toute son énergie contrôlée la rendait un peu
amère, malgré son succès. Elle est morte à la cinquantaine — est-ce que
vous me suivez ?
(« Oui. »)
Son énergie était telle qu’elle a cependant débordé dans ce système-ci,
avec votre père. Un jour, j’essayerai de vous expliquer cela plus clairement,
en termes de schémas d’énergie. Historiquement, toutefois, de nombreuses
probabilités existent en même temps. Quand votre mère est morte à la
cinquantaine dans un système probable, elle a été, dans ce système-ci, le
réceptacle d’une énergie qui est revenue.
La plus grande vitalité de votre père se situait dans la réalité de
l’inventeur et, donc, en vos termes, celui-ci a souffert. Cela ne veut pas dire
que chaque personnalité, indépendamment des probabilités, n’est pas dotée
d’un libre arbitre, etc. Chacune naît, dans quelque système que ce soit, à
partir d’une forme changeante, source d’énergie, et se développe.
Quand votre photo a été prise, vos parents vivaient donc déjà dans une
réalité probable, mais pas Linden et vous. Maintenant, faites votre pause.
(22 h 25. La transe de Jane a été excellente. Elle dit que, pendant
qu’elle y était plongée, elle a trouvé le matériau « d’une complexité
fantastique… du genre : “Où es-tu au milieu de tout ça — où est ton
âme ?” »
Un calcul rapide montre que, pour ma mère, la cinquantaine a
correspondu aux années allant de 1942 à 1951. Depuis mon point de vue
actuel, je ne sais absolument pas si elle a, consciemment ou
inconsciemment, fait l’expérience d’un quelconque afflux d’énergie
résultant de la mort d’un moi probable durant ces dix années-là. D’abord,
les Butts ne pensaient pas en ces termes-là à l’époque et, en plus, je ne
vivais pas à Sayre avec ma famille pendant la plus grande partie de ces
années-là. En 1947, par exemple, quand ma mère avait cinquante-cinq ans,
j’en avais vingt-huit et habitais à New York. Je ne devais rencontrer Jane
que cinq ans plus tard. Et même si Stella Butts était encore vivante, je pense
qu’il serait difficile de l’interroger sur un évènement qui aurait eu lieu il y a
un quart de siècle environ.
Je dis maintenant à Jane que si ma mère a reçu un surplus d’énergie à
la cinquantaine, elle en a sans doute manifesté les bienfaits selon les mœurs
habituelles de notre société, en termes de changement plutôt qu’en termes
de probabilités, ce qui se traduirait par une phrase du genre : « À ce
moment-là, ma vie s’est beaucoup améliorée quand j’ai pris telle
décision. » J’ajoute que la chose importante pour nous, à présent, est peut-
être d’observer le déploiement de nos vies en ayant à l’esprit les idées de
Seth sur un moi plus vaste ou complet, et d’obtenir ainsi des perspectives
que nous pourrions interpréter en termes de probabilités. Nous avons donc
décidé de ne pas demander à Seth de revenir en arrière pour nous donner
du matériau sur le fils que le moi probable de ma mère a eu dans sa propre
réalité, même si ce fils-là est pour moi un moi probable.
Tandis que nous discutons, Jane décide de retourner en transe ; il y a
tellement d’éléments du matériau qui s’infiltrent en elle qu’elle commence à
ressentir de la confusion. Mais elle dit que Seth a toutes les données ici, si
elle a le temps de les transmettre. Reprise à 22 h 45.)
Maintenant. Il n’y a fondamentalement aucune limitation au moi, et
toutes les parties du moi sont connectées — ainsi, les moi probables se
rendent compte, inconsciemment, de leurs relations.
Puisqu’aucun système n’est fermé [4], il y a des circulations d’énergie
entre eux, et une interaction. Ceci est en partie extrêmement difficile à
verbaliser, étant donné que le mot « structure » lui-même n’est pas
seulement sériel-isé mais particul-isé.
(Une pause.) Vous pensez aux entités comme à des particules, par
exemple, plutôt que comme à des ondes d’énergie, conscientes et alertes, ou
comme à des schémas. (Une pause d’une minute.) Pensez à la zone de vie
de Ruburt dans Adventures [5], par exemple. Imaginez qu’à l’âge de treize
ans, trois puissants centres d’énergie viennent à la surface de sa
personnalité — fortement chargés, au point qu’une seule personne est
incapable de répondre aux désirs ou aux aptitudes qu’ils présentent. Vous
pouvez alors avoir une scission en trois parties à treize ans. À quarante
[ans], chacun des trois moi peut reconnaître l’âge de treize ans comme un
tournant décisif, et se demander ce qui se serait passé s’il avait choisi
d’autres voies.
Rien de tout ceci n’est prédéterminé. Un rejeton de moi probable peut
quitter votre réalité à l’âge de treize ans, disons, mais se croiser avec vous à
nouveau à trente, pour des raisons diverses — quand, pour vous, vous
changez soudain de profession ou prenez conscience d’un talent que vous
pensiez avoir oublié et que vous commencez à développer avec une aisance
étonnante.
(S’adressant de nouveau à moi.) Votre naissance [en 1919] a coïncidé
avec la naissance de l’enfant de votre mère dans cette autre réalité, d’où ses
sentiments plus forts à votre égard. Votre naissance, et celle de votre plus
jeune frère [Richard], ont été pour elle fortement chargées
émotionnellement — la vôtre pour les raisons que je viens d’évoquer, et
celle de votre frère parce qu’elle correspondait au moment de
l’hystérectomie de votre mère dans l’autre réalité. Dans celle-ci, la
naissance de Richard représentait la dernière tentative de votre père pour
accepter une réalité émotionnelle. Vos deux parents ont imprégné leur
troisième fils des plus fortes qualités émotionnelles de leurs natures. Votre
mère l’a eu avec défi après l’âge où l’on enfante habituellement [elle avait
trente-six ans], presque en réaction contre cette hystérectomie [probable].
Dans ce monde-ci, elle pouvait avoir un autre enfant, et elle l’aurait.
Linden était le seul enfant « naturel » de ce mariage. Faites attention à la
façon dont vous interprétez cela, mais c’était l’enfant le moins affecté par
d’autres réalités. Pour cette raison cependant, et à cause de la personnalité
de vos parents ici, il ne recevait pas psychiquement la même attention, et il
ressentait ce manque.
(23 h 02.) Accordez-nous un instant… Je vous ai dit [dans la dernière
session] que, dans une probabilité, Ruburt était une nonne, exprimant son
mysticisme dans un contexte extrêmement discipliné où il faut surveiller de
près ce mysticisme pour qu’il n’échappe pas au contrôle. Vu qu’il y a ici
une circulation inconsciente d’information et d’expérience, vous avez l’une
des raisons de la prudence de Ruburt dans certains domaines
médiumniques, et de sa peur d’emmener les gens dans une mauvaise
direction. Il y avait trois rejetons : la nonne, avec un mysticisme exprimé de
façon conventionnelle, mais dans des circonstances bien gardées ;
l’écrivaine dont l’art masquait l’expérience mystique ; et le Ruburt que vous
connaissez, qui a fait directement une expérience mystique, qui enseigne
aux autres à faire de même et qui, à travers ses écrits, réalise le mariage des
deux aspects. Vous avez donc connu deux de ces moi-là, et vous étiez
présent à la naissance de Ruburt avec Idea Construction.
Accordez-nous un instant… La naissance de Joseph a eu lieu à York
Beach avec l’épisode du dancing [6], vous avez donc dans votre propre
expérience des exemples en tant qu’adulte. Je ne peux pas tout vous donner
en un soir, bien sûr. Quelques aperçus avant un mot pour Ruburt. Les
sportifs gagnent beaucoup d’argent, c’est pour cela et pour d’autres raisons
que vous vous êtes orienté au départ vers l’art commercial publicitaire —
un domaine dans lequel le talent artistique peut être bien payé.
Il y avait d’autres connexions, apparemment insignifiantes et cependant
pertinentes. Vous aimiez faire des bandes dessinées dont les scènes se
déroulaient en plein air : des animaux en mouvement, le corps en action. De
la même façon qu’un public regarde la performance d’un sportif, les
lecteurs de vos bandes dessinées regardaient vos personnages accomplir des
actions au fil des pages. Tous ces schémas sont cachés, et pourtant chacun
d’eux a un sens. J’aborderai la naissance de Joseph, mais, à présent, un mot
pour Ruburt.
(23 h 15. Après avoir donné pour Jane deux pages de matériau non
retranscrit ici, Seth met un terme à la session à 23 h 33.)

NOTES DE LA SESSION 680

[1] Voir note 9 de la session précédente.


[2] Je pense que, dans mon enfance, j’ai souvent perçu le sentiment
d’étrangeté que mes parents avaient par rapport à cette réalité-ci,
même si j’étais totalement incapable de m’exprimer en ces termes.
Peut-être suis-je ici en train de réinterpréter de vieux souvenirs à la
lumière du matériau de Seth. Quoi qu’il en soit, au niveau conscient, je
ne savais rien des réalités probables ou du pouvoir des croyances ; je
me rendais simplement compte, de façon aiguë, des incessantes
divergences d’opinions entre ma mère et mon père, et des questions
vagues que je me posais sur les raisons de leur comportement. Dans le
même temps, je les voyais se démener pour vivre, comme d’autres que je
connaissais. Je ne pense pas avoir jamais discuté avec mes frères de
mes sentiments confus, même quand nous avons été plus âgés. À
plusieurs occasions, Seth a donné des interprétations très incisives et
perspicaces de la relation tumultueuse qu’avaient mes parents. Ce
matériau est trop long et trop complexe pour en donner ici un extrait,
mais j’aimerais, un jour, traiter ce sujet à part. Je ressens pour mes
parents une compassion plus profonde aujourd’hui qu’à l’époque où ils
étaient vivants. Pour paraphraser une remarque faite récemment par
l’un de mes frères, ils me manquent maintenant d’une façon que
j’aurais eu du mal à imaginer avant leur mort. Ils sont tous deux morts
à quatre-vingt-un ans, mon père en 1971 et ma mère en 1973. Pour ceux
que cela intéresse, j’ai réalisé le portrait de mon père pour l’une des
illustrations, faites à la plume, du livre de Jane, Dialogues, et j’ai
incorporé une image de ma mère dans une autre. Voir les pages 89
et 137 de Dialogues.

[3] Tout en faisant face aux réalités émotionnelles dans cette vie-ci, mon
père a aussi exercé ses grands talents en mécanique. Selon les idées de
Seth, ceux-ci représenteraient des fuites en provenance de sa réalité
probable d’inventeur.
Les albums de la famille Butts contiennent de nombreuses photos de
mon père quand il était jeune homme, dont beaucoup ont été prises par
lui à l’aide d’un retardateur ; datant des années précédant son mariage
avec ma mère en 1917, et plus tard également, on l’y voit prendre la
pose devant toutes sortes de voitures et de motos. Parfois, il assemblait
lui-même les véhicules ou il les modifiait à sa façon. En 1922, il a
emmené en voyage femme et enfants (j’avais trois ans et Linden presque
deux), pour un périple de six mois, de la côte Est jusqu’en Californie.
Quand l’essieu arrière de notre voiture s’est cassé, sur un chemin de
terre au fin fond du Montana, il en a fabriqué un de remplacement chez
un forgeron.De retour à Sayre, il a ouvert son atelier de réparation
automobile. (Voir à nouveau la note 9 de la session 679.) Durant nos
premières années d’école, Linden et moi avions un « travail » à mi-
temps dans cet atelier et nous avions donc souvent l’opportunité de le
regarder travailler. Je pense que ses exigeantes capacités en mécanique
transparaissent dans les maquettes très réalistes de Linden et se
transmutent dans ces méthodes dont je me sers pour « construire »
solidement mes tableaux et consigner le matériau de Seth.

[4] Dès le tout début des sessions (à la fin de l’année 1963), Seth a insisté
sur le fait qu’il n’y a pas de systèmes fermés et, ce faisant, il nous a
donné des indications sur sa propre capacité à voyager dans au moins
certains d’entre eux.
Extrait de la session 12, du 2 janvier 1964 : « J’ai plus de sens, pour
ainsi dire, en état de marche… que vous n’en avez, parce que je suis
non seulement conscient de mon propre plan [ou réalité], mais aussi du
vôtre et d’autres plans parallèles, même si je n’ai pas moi-même existé
dans certains d’entre eux… » Et : « Il y a certains environnements dont
je ne peux pas avoir un aperçu depuis mon point de vue, bien que j’aie
une plus grande compréhension de ces choses-là que vous. Je
comprends que les changements qui doivent se produire avant que je
puisse voir ces autres plans se produiront en moi, et non pas dans les
plans. »
Extrait de la session 13, du 6 janvier de la même année : « Si je parle
par analogie et par image, c’est parce que je dois établir un rapport avec
le monde qui vous est familier. »
Extrait de la session 14, du 8 janvier : « Tout, sur votre plan, est une
matérialisation de quelque chose qui existe indépendamment de lui. »
Extrait de la session 15, du 13 janvier : « L’imagination vous permet de
pénétrer dans ces plans… Faites comme si non seulement vous
compreniez dans une certaine mesure la conception que votre chat a du
temps, mais étiez aussi capable de faire l’expérience de son sens du
temps à travers le chat [Willy] lui-même. En faisant cela, vous ne
pourriez en aucune manière le déranger, l’inhiber ou l’ennuyer. Il ne se
rendrait pas compte de votre présence. Cela ne pourrait pas non plus
constituer la moindre forme d’invasion.
« Plus encore, imaginez que, de l’intérieur, simplement en tant que
spectateur, vous ressentiez ce pelage fourni et tous les autres attributs
d’un félin. Cela représenterait une vague analogie avec mon voyage à
travers d’autres plans. Cela veut dire aussi que je ne peux pas me rendre
dans des environnements « supérieurs » au mien, dans lesquels des sens
plus aiguisés me percevraient instantanément… Sur de nombreux plans,
nous sommes totalement visibles pour ceux qui y demeurent. Pour
d’autres, nous sommes invisibles, et certains sont pour nous invisibles.
« Comme je l’ai déjà mentionné, les sens changent en fonction du plan
de matérialisation. Si vous parlez de ma forme actuelle, je peux être de
nombreuses formes. C’est-à-dire qu’à l’intérieur de certaines limites, je
peux changer ma forme mais, en le faisant, je choisis de devenir une
partie de quelque chose d’autre plutôt que je ne change vraiment ma
forme.
« Ma forme naissante est une forme d’homme, si c’est ce que vous
voulez savoir, mais elle n’est pas matérialisée de la même façon que la
vôtre — c’est-à-dire, comme [l’est] votre forme —, et je peux la
dématérialiser à chaque fois que je le choisis. Elle n’est toutefois pas du
tout physique, en vos termes, et donc, ici, je suppose que nous allons
tomber sur un blocage [dans votre compréhension]… »
Dans le chapitre 3 du Matériau de Seth, Jane cite des extraits beaucoup
plus larges de cette session 12 ; voir notamment l’analogie de Seth
faisant entrer en jeu des cubes (ou réalités) à l’intérieur de cubes.

[5] Jane travaille actuellement sur le manuscrit final de son propre


ouvrage théorique traitant de sujets psychiques, Adventures in
Consciousness : An Introduction to Aspect Psychology. Elle l’a
commencé en juillet 1971 et il l’a accompagnée tout au long de ses
autres projets d’écriture. Il en est fait mention pour la première fois (en
tant qu’Adventures in Consciousness) dans le chapitre 21 de Seth parle,
au cours de la session 587. Dans son glossaire pour Adventures, Jane
définit la zone vivante comme étant « les “chemins” que suivent nos
vies de la naissance à la mort. »
Note ajoutée plus tard : le livre Adventures (ou Aspects comme nous le
nommons aussi) a été publié en septembre 1975 par Prentice-Hall. J’ai
dessiné pour lui, à la plume, seize illustrations schématiques, dont
beaucoup comportent des représentations de la « zone de vie » de Jane.

[6] Jane relate cet épisode du dancing de York Beach, dans le chapitre 2
du Matériau de Seth et elle cite aussi les informations que Seth a
données sur ce sujet dans des sessions ultérieures. Cet événement
intrigant s’est déroulé pendant nos vacances à York Beach, dans le
Maine, en août 1963. C’était quelques mois avant que Jane ne
commence à parler pour Seth. À l’époque, nous n’avons pas compris ce
qui se passait ; pourtant, cela a été un épisode-clé au tout début de
notre apprentissage médiumnique ; car, dans la salle bondée et enfumée
du bar d’un hôtel, nous avons physiquement créé sans le savoir, Jane et
moi, des fragments de nos propres personnalités, puis nous nous
sommes retrouvés face à face avec eux. Dans la session 9, du
18 décembre 1963, Seth a expliqué ce qui était alors en jeu, et il a
appelé nos créations des « fragments de nos moi, des matérialisations
rejetées de vos propres sentiments négatifs et agressifs ».
(Naturellement, plus Seth nous parlait de l’aptitude humaine à générer
de telles formes, plus nous avions de questions !)
Dans cette session 9, Seth a aussi employé son expression « moi
probable » pour la première fois.
Je peux ajouter que si l’aventure de York Beach a été pour nous un
signal fort d’un développement psychique à venir (même si nous
n’avons pas été capables de l’interpréter), un autre signe tout aussi fort
a été la réception que Jane a eue, un mois plus tard, de son manuscrit
Idea Construction ; et cette expérience-là contenait des éléments
médiumniques incontestables. Voir la note 7 de la dernière session.
SESSION 681

Lundi 11 février 1974

(« J’attends », dit Jane à 21 h 25. Nous nous sommes assis pour la


session il y a un quart d’heure. « Seth est dans le coin, je le sens. J’ai déjà
reçu quelque chose mais j’attends que ce soit prêt. Je perçois des concepts
dans ma tête, mais ils ne sont pas encore clairs, pas comme ils devraient
l’être. C’est comme si Seth allait avoir du mal à les expliquer. »
21 h 28.)
Maintenant. Bonsoir —
(« Bonsoir, Seth. »)
— et Ruburt a raison, alors accordez-nous un instant…
Ce que je vais expliquer est difficile. Aucun des livres n’en a encore
parlé, à dessein, car il faut se défaire de certaines croyances avant de
pouvoir commencer à accepter ces idées-là.
Ce n’est pas tant que je me retienne, c’est surtout le fait qu’en vos
termes, ce qui suit dépend d’une compréhension des concepts présentés
antérieurement. Les gens qui se préoccupent encore d’une âme unique, de
dieux et de démons, il faut les aider à se relier à des réalités plus larges à
partir du cadre qui est le leur, et doucement les en faire sortir si c’est
possible. Les probabilités ont été mentionnées de façon à présenter des
réalités alternatives, montrant ainsi à ces personnes-là que des choix sont
disponibles.
Les explications plus profondes demandent cependant un élargissement
supplémentaire des idées de conscience et une certaine réorientation. Il est
tout à fait essentiel que vous gardiez à l’esprit l’importance du libre arbitre
et la présence de votre propre identité, telle que vous la concevez. Ce
préambule étant fait, permettez-moi de continuer.
Soit dit en passant, le problème n’est pas tant le vocabulaire de Ruburt,
puisque même un langage scientifique spécialisé présenterait ces idées-là
selon son propre mode déformé. Le problème tient fondamentalement au
langage lui-même, tel que vous le connaissez. Il n’existe pas de mots, par
exemple, pour certaines des idées que j’espère communiquer. Ceci étant,
nous allons commencer.
Tous les mondes probables existent maintenant. Toutes les variations
probables sur l’aspect le plus infime dans n’importe quelle réalité existent
maintenant. Vous zigzaguez constamment entre des probabilités, piochant et
choisissant au fur et à mesure. Les cellules à l’intérieur de votre corps font
la même chose.
(Lentement.) Je vous ai dit, un jour, qu’il y avait des impulsions
d’activité au sein desquelles vous « clignotiez » — cela s’applique même
aux particules atomiques et subatomiques [1]. « Vous » assignez comme
étant réelle — présente ici et maintenant — uniquement l’activité qui est
votre signal. « Vous » ne vous rendez pas compte des autres. Quand des
personnes pensent en termes d’un seul moi, elles s’identifient évidemment à
un seul corps. Vous savez que la structure cellulaire de celui-ci change
constamment. À tout moment, le corps est aussi un conglomérat massif
d’énergie, formé à partir de cette riche banque d’activité probable. Le corps
n’est pas stable, au sens où vous le concevez d’ordinaire. À des niveaux
biologiques plus profonds, les cellules enfourchent des probabilités et
déclenchent des réponses. La conscience chevauche les impulsions
mentionnées précédemment, elle œuvre en elles et forme ses propres
organisations d’identité. Chaque probabilité — probable uniquement du
point de vue d’une autre probabilité et par rapport à elle — est cependant
inviolée, dans le sens où elle n’est pas détruite. Une fois formé, le schéma
va suivre sa propre nature.
(Une minute de pause à 21 h 50, la tête baissée et les yeux fermés.)
Les organisations de conscience « grandissent » comme les cellules
forment des organes. Des groupes de moi probables peuvent alors former
leur propre structure identitaire, qui se rend compte des moi probables
impliqués. Dans votre réalité, l’expérience dépend du temps, mais toutes les
expériences ne sont pas structurées de la sorte. Il y a, par exemple, des
évènements parallèles que l’on suit aussi facilement que vous suivez des
évènements consécutifs.
La structure des probabilités concerne l’expérience parallèle à tous les
niveaux. Votre conscience pioche, et choisit d’accepter comme étant réels,
les résultats et les ramifications de certains buts, désirs ou intentions
seulement. Vous les suivez à travers une structure temporelle. Votre
focalisation permet à une autre expérience, tout aussi légitime, de devenir
invisible ou non perçue.
Tout comme vous vous accrochez à une histoire biologique personnelle
unique, vous ne vous accrochez qu’à une seule histoire collective de la
Terre. D’autres se déroulent autour de vous tout le temps, et d’autres moi
probables de vous-même font l’expérience de leurs « histoires » parallèles à
la vôtre. En termes pratiques de données sensorielles, ces mondes ne se
rencontrent pas. En termes plus profonds, ils coïncident. Chacun des
évènements en nombre infini qui auraient pu vous arriver, à Ruburt et à
vous, se produit. Seulement, l’envergure de votre attention n’inclut pas ce
type d’activité.
(22 h 00.) Une créativité aussi infinie peut sembler tellement
éblouissante que l’individu y paraîtrait perdu [2], pourtant la conscience
forme ses propres organisations et interactions psychiques à tous les
niveaux. Toute conscience tente automatiquement de s’exprimer dans toutes
les directions probables, et elle le fait. En agissant ainsi, elle va faire
l’expérience de Tout-ce-qui-est à travers son propre être, bien qu’interprété,
bien sûr, à travers la réalité familière qui est la sienne. Il vous pousse des
moi probables, comme il pousse des pétales à une fleur. Chaque moi
probable poursuit cependant son cours dans sa propre réalité — c’est-à-dire
qu’il va faire au maximum l’expérience des dimensions qui lui sont
inhérentes. Vous piochez et choisissez une naissance et une mort, en vos
termes.
(En s’adressant à moi.) Vous êtes mort au cours d’une opération quand
vous étiez jeune homme dans cette vie-ci, telle que vous la concevez. Vous
êtes mort aussi pendant la guerre, quand vous étiez pilote — mais ce ne sont
pas là vos morts officielles, alors vous ne les reconnaissez pas [3].
La science aime penser qu’elle a affaire à une action prévisible.
Cependant, elle perçoit une si petite quantité de données, et dans un
domaine si limité, que la grande imprévisibilité inhérente à tout atome,
molécule, ou onde, n’est pas apparente. Les scientifiques ne perçoivent que
ce qui apparaît à l’intérieur de votre système, et cela semble souvent
prévisible.
Accordez-nous un instant… Un ordre et une organisation véritables,
même lorsqu’il s’agit d’une structure biologique, ne peuvent être atteints
qu’en accordant une imprévisibilité de base. Je me rends compte que cela
peut paraître surprenant. Quoi qu’il en soit, le mouvement de toute onde,
particule ou entité est fondamentalement imprévisible — il est libre et
indéterminé. La structure de votre vie résulte de cette imprévisibilité. Votre
structure psychologique aussi. Cependant, comme vous êtes confronté à une
image qui semble avoir une cohésion, et dans laquelle certaines lois
semblent s’appliquer, vous pensez que les lois viennent en premier et que la
réalité physique suit. L’image qui a une cohésion est au contraire le résultat
de la nature imprévisible qui est, et doit être, la base de toute énergie.
Les statistiques fournissent un cadre artificiel et prédéterminé, dans
lequel votre réalité est ensuite observée. Les mathématiques sont une
structure théorique organisée qui, d’elle-même, impose vos idées d’ordre et
de prévisibilité. Statistiquement, la position d’un atome peut être théorisée,
mais personne ne sait où se trouve un atome donné à un moment
donné [4].
(22 h 22.) Vous examinez des atomes probables. Vous êtes composés
d’atomes probables. (Une pause d’une minute.) Accordez-nous un instant…
(Une autre pause d’une minute.) La conscience, pour être totalement libre,
devait être dotée d’imprévisibilité. Tout-ce-qui-est devait constamment se
surprendre lui-même, ou elle-même, en s’accordant une pleine liberté,
sinon, il — ou elle — se répéterait éternellement. Cette imprévisibilité
fondamentale se poursuit à tous les niveaux de conscience et d’être. Une
certaine structure cellulaire peut sembler inévitable à l’intérieur de son
propre cadre de référence, uniquement parce que des probabilités opposées,
ou contradictoires, n’y apparaissent pas.
En vos termes, la conscience est capable de garder son propre sens
d’identité en acceptant une seule probabilité, une seule vie physique par
exemple, et en maintenant son identité tout au long d’une vie. Même dans
ce cas-là, on se souviendra de certains évènements tandis que d’autres
seront oubliés. La conscience apprend aussi à gérer des moments alternatifs
à mesure qu’elle « mûrit ». En mûrissant ainsi, elle forme un nouveau cadre
d’identité, plus large, tout comme la cellule qui devient organe, à un autre
niveau.
En vos termes — l’expression est nécessaire —, le point-instant, le
présent, est le point d’interaction entre toutes les existences et réalités.
Toutes les probabilités passent par lui, même si un seul de vos points-
instants peut être vécu comme s’il durait des siècles, ou le temps d’une
respiration, dans d’autres réalités probables dont vous êtes une partie. (Une
pause à 22 h 36.) En cet instant, Ruburt se sent massif. **** Il fait
l’expérience de plusieurs choses. La conscience cellulaire intérieure du
corps se sent elle-même massive, bien que, pour vous, les cellules soient
minuscules. Les sons du paquet, par exemple (en tant que Seth, Jane vient
de froisser un paquet de cigarettes vide) ou le crissement des ongles sur la
table (démonstration à l’appui) sont amplifiés, car, dans le monde
cellulaire, ils constituent un important évènement cosmique en-dehors-du-
moi — des messages de grande importance. La conscience cellulaire se
perçoit comme éternelle, même si, pour vous, les cellules ont une vie brève.
Mais ces cellules ont connaissance de l’histoire du corps, en vos termes, et
d’une façon beaucoup plus familière que la façon dont vous-mêmes êtes
conscients de l’histoire de la Terre.
Les cellules se rendent également compte des probabilités d’une façon
beaucoup plus familière que vous, car elles manipulent l’histoire passée et
future du corps. Encore une fois, Ruburt fait maintenant l’expérience d’un
état massif, alors que, dans votre idée de probabilités, la structure cellulaire
perçoit sa propre vaste endurance. En travaillant sur des évènements qui ne
sont même pas réels pour vous, elle produit une structure physique qui
maintient une identité et une prévisibilité, à partir d’une trame hautement
créative. Cette trame est imprévisible et, pourtant, à partir d’elle, Ruburt
peut de façon prévisible déposer des cendres dans ce coquillage (Jane
brandit son cendrier favori, la coquille d’abalone que nous avions trouvée
en Basse-Californie en 1958, et elle y fait tomber les cendres de sa
cigarette.) La prévisibilité de ce geste repose sur la base d’une
imprévisibilité dans laquelle une multitude d’autres actions auraient pu se
produire, et elles se produisent dans d’autres réalités. (22 h 46.) Vous feriez
mieux de nous accorder un instant et de laisser votre main se reposer.
(Dans sa transe, Jane a parlé à un rythme régulier, même s’il y a eu de
nombreuses pauses, soixante-dix-huit minutes au total. À présent, elle se
tient droite dans son fauteuil, buvant un peu de bière, les yeux clos. Une
minute passe.)
Maintenant. Du fait de vos croyances et de vos intentions, vous piochez
parmi un ensemble imprévisible d’actions celles que vous voulez voir se
produire. Vous faites l’expérience de ces évènements-là. (En s’adressant à
moi.) « Votre » désir de vivre a enjambé la mort de l’enfant lors d’une
opération. Le désir qu’avait l’enfant de mourir a choisi cet évènement-là.
Les gens sont aussi libres que les atomes. Accordez-nous un instant… En
aucune façon, vous ne pouviez prédire ce qui arriverait à l’enfant qui est sur
cette photo vous représentant [5]. En aucune façon, vous ne pouvez
« prédire » maintenant ce qui va vous arriver. Vous pouvez choisir
d’accepter comme étant votre réalité n’importe quel évènement parmi ceux
imprévisibles qui sont donnés. À cet égard, le choix vous revient, mais tous
les évènements que vous n’acceptez pas se produisent néanmoins.
Dans une infime mesure, vous pouvez voir comment ceci fonctionne
quand vous pensez à votre mère au cours de, disons, ses dernières années, et
que vous comparez l’idée que vous avez d’elle avec celles qu’ont vos
frères, Linden et Richard. Votre mère était une personne différente pour
chacun d’entre vous. Elle était elle-même ; mais, dans l’entrelacement des
probabilités, bien que certains évènements historiques aient été acceptés
d’un commun accord, elle a admis dans sa propre réalité les parties de votre
réalité probable qu’elle a choisies. Chacun de vous a eu une mère différente.
Les probabilités s’entrecroisent donc dans votre expérience, et vous
appelez leur intersection réalité. Biologiquement et psychiquement, ce sont
des intersections, des venues conjointes, la conscience adoptant une
focalisation.
Ruburt est donc en train de faire l’expérience d’un état massif… Tous
les atomes et toutes les molécules qui ont composé votre corps depuis votre
naissance, et qui le composeront jusqu’à votre mort, en vos termes, existent
maintenant ; donc, même votre connaissance du corps, vous en faites
l’expérience sous une forme temporelle — c’est-à-dire, morceau par
morceau.
(Une longue pause à 23 h 05.) Une partie des sensations qu’a Ruburt
d’un état massif vient de l’expérience de masse qu’a le corps en existant
tout en même temps. Pour Ruburt, le corps se sent donc plus large. Des
calculs impossibles à décrire ont lieu, de sorte que vous faites l’expérience,
depuis cette imprévisibilité de base, de ce qui semble être des actions
prévisibles. Ceci, uniquement parce que vous vous focalisez sur les actions
qui « ont un sens » dans votre réalité et que vous ignorez toutes les autres.
Je ne parle pas symboliquement, bien sûr, quand je dis que vous êtes mort
dans votre jeunesse. Il n’y avait pas non plus de dure réalité imposée à la
mère par l’enfant qui mourait, car cette partie-là de votre mère était la part
qui regrettait d’avoir eu l’enfant.
Maintenant. Les atomes peuvent se mouvoir dans plus d’une
direction à la fois [6]. Scientifiquement, vous ne percevez que le
mouvement probable qui vous intéresse. La même chose s’applique à
l’expérience subjective.
Maintenant, faites votre pause.
(23 h 10 : Jane sort lentement de l’une de ses plus longues transes ;
celle-ci a duré une heure et quarante-deux minutes. Je n’ai indiqué que
quelques-unes des nombreuses pauses qu’elle a faites.
Elle se sent encore massive. Elle roule les yeux, puis les referme. « Les
choses sont réellement bizarres, comme si le ciel se craquelait… En parlant
de cela, Seth le contrôlait, mais maintenant ma tête devient vraiment
grosse… » Je la réveille en l’appelant et elle dit : « Oui, c’est dingue… Je
ne sais pas si je dois interrompre cela ou continuer. J’ai l’impression que
ma tête est réellement grosse maintenant et qu’elle roule vers la droite en
pivotant — elle est énorme… »
23 h 15. « Et quand il n’y a aucun son à l’extérieur, tout se met à
tinter — comme le font les oreilles, juste en plus fort… Maintenant, tout
mon corps est vraiment gros. Massif. Je devrais peut-être arrêter. C’est
drôle. Ce n’est pas vraiment agréable. Mes dents paraissent immenses —
tout —, mes pieds… »
23 h 17. Jane sourit quand je l’appelle à nouveau. « Je viens juste de
me voir géante dans une pièce géante. Puis, quelque chose que je ne
comprends pas : une image de moi en gorille ou quelque chose comme ça.
Je suis aussi haute que le plafond, et j’essaye de faire tomber les murs… Je
ne comprends pas très bien ce qui se passe. Maintenant, je deviens encore
plus énorme. Je pense que je vais sortir de ça… Est-ce que mon visage fait
quelque chose ? Il n’est pas en train de changer ? » Je lui dis que non.
23 h 21. « J’avais la sensation d’avoir des cheveux longs et séparés au
milieu, comme si mes traits étaient devenus ceux d’une sorte d’humanoïde ;
tu sais, avec la chevelure qui pend de chaque côté de la tête, un peu comme
un animal — mais avec des yeux très intelligents, très chaleureux et
doux [7]. »Jane ouvre enfin les yeux. Ses oreilles tintent encore tellement
fort qu’elle me demande si je peux entendre le même son. Je lui dis que non.
Nous faisons quelques pas dans la pièce. Je lui prépare un demi-sandwich.
« C’était du genre frustrant, me dit-elle. Comme si je voyais ou sentais ce
dont je suis capable en cet instant, mais je sais qu’il y a bien plus derrière
tout cela. Je peux le sentir, mais je ne peux pas y accéder. »
En mangeant, elle m’explique : « Les bruits dans ma bouche sont
vraiment forts — on n’est pas habitué à ça. » Et quand elle boit sa bière,
elle sent le liquide froid descendre à l’intérieur de son corps, mais décalé
vers la droite de son œsophage. Elle énumère une série de sensations
opposées dans son propre corps, dont elle se rend simultanément compte
dans son « corps plus gros » : son pied droit est très froid, son dos très
chaud… Je lui apporte un tricot, car notre salon s’est bien rafraîchi. Cette
soirée de février est très froide.
Reprise à 23 h 47.)
Maintenant. C’est seulement à partir de l’imprévisibilité que peut
apparaître une infinité d’ordres ou de systèmes ordonnés.
Tout ce qui ne relève pas d’une complète imprévisibilité se traduira en
fin de compte par une stagnation, ou par des ordres d’existence qui, à long
terme, sont autodestructeurs. Ce n’est qu’à partir de l’imprévisibilité que
peut émerger un système pouvant être prévisible à l’intérieur de lui-même.
C’est uniquement au sein d’une complète liberté de mouvement qu’un
mouvement « ordonné » est vraiment possible.
Du lit « chaotique » de vos rêves s’élève votre action ordonnée,
quotidiennement organisée. Dans votre réalité, le comportement de votre
conscience et celui de vos molécules sont extrêmement liés. Votre type de
conscience présuppose une conscience moléculaire, et votre type de
conscience est inhérent à une conscience moléculaire — inhérent au sein de
votre système, mais pas fondamentalement prévisible. La prévisibilité est
juste une autre façon de dire « signifiant ». L’imprévisibilité, en se regardant
elle-même d’une multitude de façons, trouve certaines de ses propres
parties signifiantes, et elle forme certains ordres ou certaines séquences
ordonnées en ce qui la concerne. Dans l’une de nos toutes premières
sessions, je vous ai dit que vous ne percevez, à partir d’un vaste domaine,
que les quelques données qui pour vous ont un sens. Ces données-là ne
peuvent provenir que du lit de l’imprévisibilité. Seule l’imprévisibilité peut
fournir la plus grande source d’ordres probables.
Vos cellules sont tout à fait capables de gérer différents ordres
d’évènements ; dans l’état de rêve, elles sont donc capables, chacune à sa
manière, de percevoir votre expérience et, à partir d’elle, de choisir les
actualités que vous voulez rendre réelles, en vos termes.
Dans les rêves, vous prenez connaissance d’évènements probables, à
partir desquels vous choisissez ensuite. (En s’adressant à moi.) Ainsi, avant
de mourir en tant qu’enfant, vous saviez que vous pouviez piocher et choisir
cette mort-là. En termes plus larges, vous avez choisi à la fois la vie et la
mort, et votre photo à l’âge de 16 ans [8] n’a jamais été prise dans une
réalité unique.
(Une pause.) Nous avons presque tout ce que Ruburt peut traiter ce soir,
et ce n’est là qu’un début.
(Seth transmet maintenant une demi-page de matériau pour Jane, puis il
conclut le travail de ce soir par un commentaire sous forme de
plaisanterie.)
Son cerveau probable ne peut traduire que cette quantité-là de ce
matériau à la fois.
(« Oui. Bonne nuit. » 00 h 06. Jane se sent encore un peu massive.
Quelques notes ajoutées le lendemain. Le sommeil de Jane a été agité et
elle s’est retrouvée « à transmettre du matériau sur les probabilités »
pratiquement toute la nuit. Elle s’est souvent réveillée, soulagée de
constater qu’elle n’était pas en train de tenir une session que je
n’enregistrais pas. Comme ça, dit-elle en riant, le matériau demeure « en
sécurité » — nous l’aurons lors d’une session régulière.
Jane m’a souvent dit qu’en général, dans ce genre de circonstances, la
nuit, elle ne sent pas la présence de Seth et n’entend pas sa voix. Au lieu de
cela, elle se rend juste compte du matériau qui « coule à travers elle ».)

NOTES DE LA SESSION 681

[1] Dans plusieurs sessions qu’il a données en 1970 et 1971 pour Seth
parle, Seth explique comment les atomes et les molécules entrent
successivement en phase puis en déphasage avec notre système
physique. Voir en particulier la session 567 dans le chapitre 16 : « Or le
même type de comportement se produit à un niveau psychologique
profond, essentiel, secret et inexploré. » Certains des systèmes
probables résultant d’une telle activité nous seraient totalement
étrangers : « L’une de ces fluctuations pourrait, par exemple, durer
plusieurs milliers de vos années. Ces milliers d’années seraient ressentis
comme une seconde de votre temps… » À sa façon, Jane développe son
approche d’idées similaires dans le chapitre 10, entre autres, de son
livre Adventures in Consciousness.

[2] Longtemps avant cela, Seth se préoccupait du fait que, selon Jane, je
risquais peut-être de me sentir insignifiant si nous tentions de saisir les
ramifications sans fin de la conscience, telles qu’il nous les expliquait.
Comme il l’a dit dans la session 29, du 26 février 1964 : « Par la suite,
j’essayerai de vous montrer où sont les frontières — même si (en riant)
il n’y a pas réellement de frontières — qui forment une variété de ces
plans [réalités] en une sphère de relation où, dans une certaine mesure,
la cause et l’effet opèrent de la façon dont vous le comprenez. Au-delà
de cela, pendant longtemps, je n’aurai pas besoin d’approfondir
davantage. Je parlerai de l’entité, des personnalités, des réincarnations,
des divers groupements de personnalité fragment, des plans qui sont
semblables au vôtre ou que vous pouvez comprendre et, enfin, je
tenterai de traiter vos questions, implicites ou formulées, consistant à
savoir d’où viennent les entités à l’origine.
« … Inutile de dire que je voulais que vous sachiez qu’il y a même
encore beaucoup plus que cela, des complexités qui sont vraiment
stupéfiantes, des intelligences qui opèrent dans ce que vous appelleriez,
je suppose, un mode d’ensemble de formes changeantes, des blocs de
vitalités d’une maturité, d’une conscience et d’une compréhension
réellement incroyables. On touche là presque l’ultime [tel que je le
comprends].
« Ce matériau ne doit pas vous donner le sentiment que vous êtes sans
importance ou insignifiant. La structure est tellement entrelacée que
chaque particule [de conscience] dépend de toutes les autres. La force
de l’une contribue à la force de toutes. La faiblesse de l’une affaiblit
l’ensemble. L’énergie de l’une recrée l’ensemble. L’élan de l’une
accroît la potentialité de Tout-ce-qui-est, et, de ce fait, une grande
responsabilité incombe à chaque conscience.
« Je voudrais même conseiller une deuxième lecture de la phrase
précédente, car elle est une clé de voûte, une clé de voûte vitale. Se
montrer à la hauteur des défis est une base pour l’existence, dans tous
ses aspects. C’est ce qui développe toutes les aptitudes et, au risque
d’énoncer une banalité, même la particule de conscience la plus infime a
la responsabilité de faire au maximum usage de ses propres aptitudes, et
de toutes ses aptitudes. Le pouvoir et la cohérence de Tout-ce-qui-est
reposent sur l’intensité avec laquelle cela est fait. »
Voir aussi la session 453, du 4 décembre 1968, dans l’Appendice du
Matériau de Seth.

[3] Selon Seth, je n’ai donc pas survécu à l’opération de l’appendicite que
j’ai subie dans cette réalité-ci, quand j’avais onze ans. Ma seconde
mort probable a eu lieu durant la Seconde Guerre mondiale, pendant
mes années de service militaire (1943-1946). Il est intéressant de noter
que Seth dit que j’étais un pilote, et donc un officier, dans cette
probabilité-là. Dans la réalité que je connais, j’ai servi au rang de
sergent dans l’ATC — le Commandement du transport aérien —, en tant
que mécanicien spécialisé dans les instruments aéronautiques. Alors
que j’étais basé dans une des îles perdues au milieu du Pacifique, j’ai
pourtant réussi à voler de temps à autre, mais pas en tant que pilote.

[4] Je pensais que, dans sa dernière phrase en particulier, Seth flirtait avec
le principe d’incertitude, ou d’indétermination, tel que l’avait énoncé,
en 1927, le physicien allemand Werner Heisenberg. En mécanique
quantique, cet axiome affirme qu’il est impossible d’établir
simultanément avec certitude la vitesse et la position d’une onde-
particule subatomique, comme un électron par exemple — les électrons
étant l’une des qualités composant les atomes. Le lendemain de cette
session, j’ai demandé à Jane si elle avait entendu parler d’Heisenberg.
Ce n’était pas le cas ; elle n’a pas compris non plus le travail de ce
physicien, tel que je le lui ai expliqué en faisant de mon mieux.
Juste avant la pause à 23 h 10, Seth a donné une autre pichenette
concernant les atomes…

[5] Seth fait référence à la photo que mon père a prise de moi quand
j’avais à peu près deux ans ; voir la note correspondante du début de la
session 679.
Puisque Seth a mentionné les prédictions en lien avec cette
photographie, c’est le moment de présenter quelques-unes des choses
qu’il a dites lors d’une session antérieure, à propos de son aptitude à
prédire et de la prédiction en général. Jane et moi avons trouvé qu’il
s’agissait d’un matériau qu’il est très utile de garder à l’esprit. Extrait
de la session 234, du 16 février 1966 :
« Maintenant. Les informations relevant de la précognition vont souvent
paraître fausses. Dans certains cas, c’est parce qu’un moi a choisi pour
matérialisation physique un événement probable différent [de celui
prédit]. J’ai accès au champ des probabilités et pas vous, de façon
égotiste… Pour moi, votre passé, votre présent et votre futur se fondent
l’un dans l’autre.
« D’un autre côté, comme je vous l’ai dit, vous modifiez
continuellement votre passé. Pour vous, il ne paraît pas changer, car
vous changez avec lui… Vous modifiez votre futur de la même façon.
Dans des cas de ce genre, il est nécessaire de percevoir le canal correct
des événements probables — correct voulant dire le canal qui sera en
définitive choisi [pour une actualisation par le sujet].
« Ces choix, cependant, sont basés sur votre perception changeante du
passé et du présent. Comme j’ai une plus grande ampleur de perception
que vous, je peux prédire avec une plus grande facilité ce qui pourrait se
passer. Mais cela dépend de ma prédiction quant au choix
[d’événements probables] que vous ferez, et le choix est toujours
vôtre… Les prédictions, en elles-mêmes, ne contredisent pas la théorie
du libre arbitre, bien que le libre arbitre dépende de bien davantage que
de la seule liberté de l’ego. S’il était permis à l’ego de faire tous les
choix, sans aucun pouvoir de veto de la part des autres strates du moi,
vous seriez tous en très mauvaise posture.
« Je peux donc percevoir votre futur beaucoup plus que vous ne le
pouvez. Je suis pourtant loin d’être omnipotent. À proprement parler,
une telle omnipotence n’est pas non plus possible. »

[6] En tant qu’artiste, ma réaction intuitive à la remarque de Seth selon


laquelle un atome peut se mouvoir dans plus d’une direction à la fois, a
été d’associer cette capacité-là à ses notions de temps simultané et de
probabilités. L’artiste, vu qu’il n’est en aucune manière un scientifique
(même s’il peut s’intéresser à la science), tente de saisir l’assertion du
mieux qu’il peut, à la lumière du sentiment qu’il a pour ce que Seth
essaye de dire. En même temps, il se rend compte que, depuis son point
de vue artistique, il peut ne pas être capable de comprendre le paradoxe
de mouvements « contradictoires ».
Pour simplifier à l’extrême : en physique moderne, il est dit que les
atomes sont des processus, et non pas des choses ; que les atomes et/ou
leurs composants peuvent apparaître en tant que soit ondes soit
particules, selon la façon dont on les observe ; que ces qualités-là
existent en dehors de notre monde grossier de l’espace et du temps. Les
atomes sont des schémas de probabilités. Il est dit en outre que nos
tentatives pour décrire ou visualiser de telles qualités non physiques
nous amènent inévitablement à mal les interpréter ; l’artiste se
demande donc si le mouvement de l’atome dans plusieurs directions en
même temps ne peut pas être parfaitement « naturel » dans son propre
environnement — une sorte d’aptitude complètement séparée de tout jeu
dans lequel nous pouvons tomber avec les mots lorsque nous essayons
de la comprendre consciemment.

[7] Quand Jane a affirmé ce soir qu’elle percevait un aspect humanoïde


d’elle-même, cela m’a rappelé le matériau qu’elle avait transmis il y a
pratiquement un an, dans le chapitre 12 de La Réalité personnelle, à
propos de « l’idée d’une thérapie naturelle des animaux » et de
« l’animal-guérisseur ». Elle a aussi fourni elle-même cette information
au cours d’une pause, pendant une session. À cette occasion, elle était
plus qu’une observatrice. Il y a une grande différence de « taille
physique » entre les images qu’elle voyait alors et la vision qu’elle avait
d’elle-même ce soir ; il y a pourtant aussi des similitudes, car elle avait
dit de cette expérience antérieure : « J’ai vu des créatures qui se
déplaçaient debout — velues, les yeux brillant de compassion… » Voir
la session 648, à 23 h 30.

[8] Il y a dans notre album deux grandes photos assez formelles qui se font
face ; l’une est de Jane et l’autre de moi ; nous avons souvent plaisanté
en les voyant. Il se trouve que nous les avons regardées un peu plus tôt
dans la soirée. Elles ont toutes deux été prises en 1936 : Jane avait six
ans et demi et moi seize. C’était un an avant que je finisse le lycée. Plus
d’une fois, Jane m’a demandé ce que j’aurais pensé, à cet âge-là, si
j’avais eu conscience que ma future femme était « une petite fille au
visage rond, encore en train de jouer avec des poupées en papier… ».
SESSION 682

Mercredi 13 février 1974

(« Je pense que Seth se dirige vers quelque chose de nouveau, dit Jane à
21 h 20, tandis que nous sommes assis à attendre la session. « C’est
drôle — nous n’allons pas nous retrouver avec de nouveaux mots, mais
avec des idées nouvelles. Je me sens comme si j’avais bu trois ou quatre
verres, ou que j’étais déjà dans un état modifié de conscience — et je n’ai
rien pris si ce n’est ce jus d’abricot… »
En effet, nous n’avons plus de bière ; c’est ce que Jane boit
habituellement pendant les sessions, et elle n’avait pas envie de vin. « Je
sens qu’il — Seth — est dans le coin maintenant, dit-elle, mais c’est comme
la dernière fois : je reçois des choses mais j’attends qu’elles soient
claires… Je ne me sens pas vraiment dans la boucle, et le centre de
focalisation dont je me sers toujours dans les sessions me paraît étrange. Je
ne le trouve pas comme d’habitude. Je dirais, mais je n’en suis pas sûre,
que je suis déjà dans un état plus profond que d’ordinaire… »
Une note. Il fait très chaud ce soir alors que, jusqu’ici, tout le début du
mois a été vraiment froid. Une bonne partie de la neige a fondu
aujourd’hui. Ce changement de temps est assez grisant.
21 h 27.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Une pause.) La Nature de la réalité personnelle [1] est un excellent
manuel, un ouvrage qui donne aux gens la capacité de manœuvrer dans le
monde qu’ils connaissent, avec une plus grande efficacité. Peu importe
qu’ils comprennent ou non les éléments plus profonds sur lesquels repose la
nature de la réalité physique tout entière. Le matériau que je donne à
présent va tenter d’expliquer un peu ces aspects plus profonds.
Le développement de Ruburt rend cela possible, car il fallait qu’il
progresse jusqu’au stade qui était le sien dans Adventures [2], et qu’il
parvienne au niveau de certaines théories, pour que celles-ci puissent servir
de tremplins. Accordez-nous un instant…
Nous devons malheureusement faire souvent appel à des analogies, car
elles permettent de former des passerelles entre des concepts. Il y a donc
des unités de conscience [3], tout comme il y a des unités de matière. Je ne
veux pas que vous pensiez à ces unités comme à des particules. Il y a une
unité fondamentale de conscience qui, exprimée, ne sera pas rompue en
unités plus petites, tout comme on pensait autrefois qu’un atome était
l’unité la plus petite et qu’il ne pouvait être brisé. L’unité fondamentale de
conscience n’est évidemment pas physique. Elle comporte en elle-même, de
façon innée, des qualités infinies d’expansion, de développement et
d’organisation ; pourtant, elle maintient toujours au fond d’elle-même le
noyau de sa propre individualité. En dépit de toute organisation dont elle
devient une partie, et de la façon dont elle se mélange à d’autres unités
fondamentales de ce type, sa propre identité n’est pas annihilée.
C’est une énergie consciente, identifiée à l’intérieur d’elle-même en tant
qu’elle-même, non pas « personnifiée » mais conscientisée. C’est donc la
source de toutes les autres sortes de conscience, et les variétés de son
activité sont infinies. Cette unité fondamentale se combine avec d’autres du
même type, formant alors des unités de conscience — tout comme, et nous
l’avons souvent mentionné, les atomes et les molécules se combinent.
Cette unité de base est douée d’imprévisibilité. Cette imprévisibilité
même permet une infinité de structures et d’accomplissements. Le mot
« âme » a malheureusement été tellement employé pour ce qui concerne
votre espèce qu’il est devenu très difficile de dénouer les difficultés
conceptuelles. En utilisant les définitions usuelles, vous appelleriez « âme »
le résultat d’une certaine organisation de ce type d’unités.
(21 h 47.) Cela conduit aux vieilles questions inévitables : les animaux
ont-ils une âme — et les arbres ou les rochers ? Conformément à la
définition courante, alors, en vos termes, cette plus petite unité serait
« l’étoffe de l’âme ». Ce point de vue est cependant extrêmement limité, car
« au-dessus de vous », si l’on utilise cette échelle de référence, il y a
d’autres organisations, plus développées, de ces unités ; et, donc, depuis ce
« point de vue plus exalté », vous sembleriez être une âme tout à fait junior.
Je préfère donc, du moins ici, parler plutôt de ces unités de conscience.
(Une longue pause.) Leur nature est la force vivifiante qui est derrière tout
dans votre univers physique, et dans les autres également. Ces unités
peuvent d’ailleurs apparaître en plusieurs endroits en même temps, et sans
voyager à travers l’espace, en vos termes. Au sens littéral du terme,
maintenant, ces unités fondamentales de conscience peuvent être dans tous
les endroits en même temps. Elles sont dans tous les endroits en même
temps. On ne les reconnaît pas, car elles apparaissent toujours comme
quelque chose d’autre.
Bien sûr, elles se déplacent plus vite que la lumière. Il y en a des
millions dans un atome — beaucoup de millions. Chacune de ces unités se
rend compte de la réalité de toutes les autres, et elle influence toutes les
autres. En vos termes, ces unités peuvent avancer et reculer dans le temps,
mais elles peuvent aussi franchir des seuils de temps qui ne vous sont pas
familiers [4].
Toutes les probabilités sont sondées et expérimentées et tous les univers
possibles sont créés à partir de ces unités. Il y a donc des réalités dans
lesquelles un nombre infini de probabilités d’un évènement donné sont
explorées, et toute l’expérience se rassemble autour de cette entreprise.
Il existe des systèmes dans lesquels un instant [5], selon votre point de
vue, est fait pour durer toute la vie d’un univers. Je ne veux pas dire qu’un
instant est simplement étiré ou que le temps se ralentit seulement, mais que
toutes les expériences possibles en un instant deviennent des réalités à
l’intérieur de ce cadre-là. Les systèmes de ce genre n’ont pas grand-chose à
voir avec vous sur le plan pratique, et ces informations ne vous sont pas non
plus données pour diminuer l’idée que vous avez de ce qu’est votre propre
conscience. Il est toutefois important que vous compreniez le fait qu’il y a
plus de créativité et de variété dans une réalité intérieure que ce que vous
percevrez jamais physiquement.
(22 h 06.) Ces unités de conscience n’ont pas de caractéristiques
humaines, bien sûr. Elles possèdent cependant leurs propres
« inclinations », penchants, propensions — « propensions » étant peut-être
le mot qui s’approche le plus du terme que je souhaite. Je ne veux pas que
vous pensiez à ces unités comme à des personnes en miniature. Néanmoins,
ce ne sont pas des groupes d’énergie « oisive ». Elles sont vitalisées,
conscientes, chargées de toutes les qualifications du fait d’être.
Toutes les structures psychologiques sont donc composées
d’organisations de ce type, que leur vie soit, en vos termes, longue ou
éphémère. De façon innée, elles sont dotées du désir de croître et de
s’organiser, et de la propension à le faire de façon créative. Elles ne sont
donc pas seules, isolées. Puisque ces unités de conscience existent en même
temps, elles ont connaissance de toutes les autres structures organisées des
moi dont elles font partie. Dans cette mesure, toutes les réalités probables
sont ainsi reliées de manière fondamentale. Ces unités grandissent d’elles-
mêmes. Puisque je vous ai dit que, en vos termes, votre passé, votre présent
et votre futur existent en même temps, ces unités émergent constamment de
votre point-maintenant, provenant à la fois du futur et du passé.
(Une longue pause, parmi tant d’autres.)
Je ne veux pas démolir votre idée de stabilité et je ne veux pas créer en
vous de la confusion. Le fait demeure qu’en parlant de probabilités jusqu’à
présent, j’ai considérablement simplifié la question. (En s’adressant à moi.)
J’ai dit par exemple que, dans une probabilité, vous étiez mort enfant et,
dans une autre, durant votre service [militaire], et je vous ai donné un petit
échantillon de l’histoire probable de vos parents. [Voir les deux dernières
sessions.] Ce faisant, je me suis servi d’idées et de termes assez faciles à
saisir. Le tableau plus large est toutefois plus difficile — et de loin — à
exprimer.
(22 h 21. Je demande : « Êtes-vous en train de dire que vous devez
maintenir les choses à ce niveau de simplicité pour nous ? »)
Je dis que je suis maintenant prêt à vous amener au-delà de ces
préliminaires nécessaires.
Toute la matière est basée sur les unités mentionnées, avec leur
imprévisibilité et leur propension à explorer toutes les probabilités. Même
votre structure atomique est perchée entre des probabilités. Si cela est vrai,
alors, évidemment, « vous » ne vous rendez compte que d’une petite partie
probable de vous-même — et cette partie, vous la protégez comme étant
votre identité. Si vous y pensez comme à une simple focalisation prise par
« votre » identité plus grande, vous serez alors capable de suivre ce que je
dis sans vous sentir minuscule en comparaison, ou perdu [6]. La focalisation
que vous avez est en fait inviolée.
J’ai souvent dit que, même dans vos existences, toutes les variations
probables de n’importe quel évènement se produisent, mais je ne suis
jamais allé beaucoup plus loin. Avec votre focalisation, il semble que vous
ayez une ligne d’identité allant de la naissance à la mort. En regardant
n’importe quel point en arrière, vous êtes sûrs que le « moi » d’il y a dix ans
est le moi d’aujourd’hui, même si, à certains égards, il a changé.
Il n’y a bien sûr absolument aucune sorte de développement à une seule
voie. En premier lieu, comme vous le savez, votre vie est tout en un même
temps, bien que, dans la pratique, vous en fassiez l’expérience comme une
séquence allant de la vie à la mort — la zone de vie de Ruburt dans
Adventures [7]. Chaque évènement probable qui pourrait vous arriver arrive.
Je vous ai donné un ou deux petits échantillons des existences probables de
votre mère. Pensez en termes physiques de générations provenant d’une
graine à travers les âges.
Maintenant. À tout moment, la réalité de votre moi est comme cette
graine, elle suit des générations probables qui apparaissent dans d’autres
dimensions aussi bien que dans celle-ci. De la vaste banque des actions
imprévisibles, à chaque moment-maintenant, vous en puisez certaines qui
pour vous sont « signifiantes » ; et votre idée personnelle de la signifiance
conduira à ce qui paraît ensuite être une action prévisible.
(22 h 36.) La propension est une sélection de ce qui est signifiant, une
inclination vers la formation d’une expérience sélectionnée. Ceci s’applique
à tous les niveaux — atomiques et psychologiques — ainsi qu’au stimulus
biologique et à l’intention mentale.
Ces unités fondamentales se dirigent donc vers des organisations d’une
nature sélective. Devant puiser dans un champ imprévisible, elles
choisissent une activité en fonction de ces signifiances-là. Point. Les
différentes sortes de signifiances sont le résultat des natures individuelles
des unités. Le corps que vous avez est un corps probable. Il est le résultat
d’une ligne de « développement » que pouvait prendre votre personnalité
terrestre particulière dans la chair. Cependant, toutes les autres lignes de
développement possibles se produisent aussi. Elles ont toutes lieu en même
temps, mais chacune influence simultanément toutes les autres. Il y a en
fait, ici, une interaction beaucoup plus grande que vous ne le réalisez, car
vous n’avez pas l’habitude de la rechercher. Plus vous travaillez dur pour
maintenir l’idée admise et officielle du moi en termes conventionnels, plus
vous bloquez, bien sûr, toute forme d’imprévisibilité.
Étant donné la vaste nature organisatrice de ces unités fondamentales, il
existe également des structures psychologiques qui sont tout à fait capables
de garder leur propre identité tout en ayant connaissance d’un certain
nombre de moi probables. La vie après la mort a une grande signification
dans votre réalité, parce que la mort en fait partie. Votre réalité plus vaste
transcende évidemment à la fois vos naissances et vos morts. L’idée d’un
univers unique est fondamentalement un non-sens. Il faut voir votre
réalité dans sa relation aux autres [8]. Sinon, vous êtes toujours rattrapé par
des questions telles que : « Comment l’univers a-t-il commencé ? », ou
« quand prendra-t-il fin ? » Tous les systèmes sont constamment en train
d’être créés.
L’immortalité ne peut avoir un sens que dans un contexte de
probabilités. L’hérédité jaillit de la grande et inhérente imprévisibilité, qui
se décompose ensuite en spécifications à l’intérieur des chromosomes [9],
dont aucun n’est semblable à un autre. Ce que vous concevez comme étant
la vie quotidienne est donc une focalisation sur certains évènements
probables plutôt que sur d’autres, un choix de signifiances, une sélection de
schémas. D’autres parties du moi optent pour des sélections différentes.
Maintenant, vous pouvez faire votre pause.
(22 h 55. Jane sort rapidement d’une autre bonne transe ; une fois
encore, celle-ci a duré longtemps. Son élocution était rapide par moments.
« Je savais ce que je disais quand je le disais, mais j’ai tout oublié
maintenant… » Elle marque une pause, puis poursuit d’une façon que je
trouve pour elle un peu inhabituelle : « Nous faisons du mieux que nous
pouvons avec les aptitudes qui sont les nôtres. Tu te demandes quelle
application a ce matériau — à quoi cela peut bien servir d’en avoir
connaissance ? »
« Eh bien, dis-je, une fois qu’il est incorporé dans la conscience, on
s’en sert comme de n’importe quelle autre information. En tout cas, cela
élargit mes propres idées sur ce que sont les êtres humains, par exemple —
sur leurs motivations, leur comportement. »
Jane se demande comment le matériau de ce soir s’applique à ma mère
[qui est morte il y a trois mois] : «… et pour maman Butts — pas juste en
théorie… est-ce qu’elle est dans une autre probabilité maintenant ? »
« Je dirais que oui pour la partie d’elle qui était proche de nous. Mais
cette part-là peut aussi être en train de se reposer. » Pour des raisons qui
sont trop personnelles pour les détailler ici, nous n’avons pas encore tenté
de nous « brancher » sur ma mère dans son nouvel environnement. Je
suggère que le reste de la session soit consacré à Jane, mais Seth a d’autres
idées. Reprise à 23 h 15.)
Maintenant. Puisque votre identité plus large a connaissance de ses
existences probables, vous êtes en même temps dans la matière et en dehors
d’elle — dans le temps et en dehors de lui.
Vous avez une identité plus vaste à l’extérieur de votre contexte, une
partie d’elle est toutefois à l’intérieur de votre contexte, en tant que vous.
Votre vous-ité est votre signifiance, une focalisation de conscience qui a
conscience d’elle-même, qui cherche et voit l’expérience avec ses propres
propensions uniques. L’existence de réalités probables et de moi probables
ne nie en aucun cas la validité de votre propre expérience ou individualité.
Cette dernière poursuit son chemin en toute sécurité, choisissant parmi des
champs imprévisibles d’actualité ceux qui correspondent à sa nature
particulière.
(Avec des gestes et en insistant.) Cette dimension-là du moi saute
comme une grenouille par-dessus les évènements qu’elle ne veut pas
actualiser (une pause), et n’admet pas ce genre d’expérience dans la
dimension qui est la sienne. D’autres parties de votre identité plus large
acceptent cependant ces évènements que vous rejetez, et elles forment leurs
propres dimensions de moi.
Maintenant, certains de vos moi peuvent choisir des évènements
identiques et, dans ce cas, les probabilités vont se mêler. Ces points
d’intersection sont extrêmement chargés et créateurs. Ces intersections
peuvent se produire aussi bien sur le plan individuel qu’en termes de masse.
Un évènement historique peut être accepté simultanément dans plusieurs
réalités probables, par exemple, alors que d’autres se produiront dans une
seule, et pas dans une histoire alternative.
(Une longue pause à 23 h 29.) Encore une fois, bien que les mots soient
difficiles à employer ici, ce que je dis s’applique, de façons différentes peut-
être, au comportement des mondes, des atomes et des structures
psychologiques. Accordez-nous un instant… Dans la vie que vous
connaissez, telle que décrite dans La Réalité personnelle, vos croyances
agissent pour spécifier les évènements probables particuliers qui
deviendront « réels » [10]. Puisque vous êtes un moi probable, une
compréhension de votre propre nature vous montrera certaines des
aptitudes, non utilisées ici mais présentes, que vous pouvez en fait choisir
d’actualiser. Vous pouvez donc puiser dans votre propre banque d’aptitudes
probables, car il y en aura des traces en vous. Ces aptitudes sont
développées dans une autre réalité, et elles peuvent donc être utilisées dans
celle-ci beaucoup plus facilement que vous pouvez le supposer. Quand vous
exercez votre bras droit, votre bras gauche en bénéficie. Quand vous
développez des aptitudes dans un système, elles sont dans une certaine
mesure plus faciles à développer dans un autre. (S’adressant à moi.) En
décidant d’écrire un peu (pour les livres de Seth, par exemple), vous puisez
aussi dans des capacités sur lesquelles vous avez travaillé dans un autre
système et, par votre intention, vous mélangez dans une certaine mesure des
probabilités [11].
Une compréhension même simple de cela aiderait les gens à
comprendre qu’aucune existence ne s’achève en cul-de-sac.
Maintenant, accordez-nous un instant pour notre ami.
(Une pause à 23 h 36. Seth transmet à peu près une page de matériau
destiné à Jane, puis il termine la session à 23 h 48.
Je dirais que les informations que Seth a données après 23 h 29 laissent
percevoir une réponse, au moins partielle, aux questions que Jane se posait
pendant la pause. Et ce soir, juste après avoir relu la session de lundi
dernier, Jane comprend qu’elle a activement transmis un matériau sur les
probabilités, à la fois durant son sommeil et lorsqu’elle était partiellement
réveillée.)

NOTES DE LA SESSION 682

[1] Seth a fini de dicter La Réalité personnelle en juillet 1973, mais il m’a
fallu jusqu’au mois de novembre pour compléter mes notes et taper à la
machine le manuscrit final. Prentice-Hall le publiera en juillet 1974,
mais nous avons encore, Jane et moi, à en corriger les épreuves. Elles
doivent arriver de l’imprimerie le mois prochain.

[2] Voir la note 5 de la session 680.

[3] Une note ajoutée par la suite. Dès que Seth a mentionné les unités de
conscience dans La Réalité « inconnue », j’ai bien sûr pensé aux unités
d’énergie électromagnétique (unités EE, comme il les appelle) dont il
avait parlé en 1969 et 1971. Voir les sessions 504 à 506, dans
l’Appendice du Matériau de Seth et la session 581 du chapitre 20 de
Seth parle. Dans cette session 581, il utilise plusieurs analogies
évocatrices pour décrire ces unités EE : « … fondamentalement des
émanations montant de la conscience… le souffle invisible de la
conscience… Les émanations sont en fait des tonalités émotionnelles…
Les unités se situent juste en dessous du registre de la matière
physique. »
Au cours de cette session 682, Seth n’a cependant jamais fait référence
aux unités EE par leur nom — et ce, pour une raison que nous
découvrirons dans la session suivante. Dans son matériau précédent,
Seth s’est laissé beaucoup de place pour pouvoir compléter par la suite
ces données sur les unités de conscience. « Elles sont une forme [ici,
c’est moi qui souligne] que prend l’énergie émotionnelle », nous a-t-il
dit dans la session 504. Et dans la 581 : « Il existe une grande variété
d’unités EE de ce genre à de nombreux niveaux, toutes au-delà de votre
perception. Mais amalgamer ainsi ces particules donne une idée fausse,
car un grand ordre règne dans tout cela. »

[4] Pour un matériau sur les unités EE et les particules dont on postule
qu’elles vont plus vite que la lumière, comme le tachyon, se reporter à
nouveau à la session 581 du chapitre 20 de Seth parle. (Soit dit en
passant, la théorie assure que, même si les tachyons peuvent eux-mêmes
se déplacer plus vite que la lumière, ce n’est pas le cas de leur
radiation. Il nous serait donc possible d’observer cette radiation,
porteuse de toutes les informations que nous pourrions recueillir sur les
tachyons [ou d’autres particules similaires].)
À l’heure actuelle, de nombreux physiciens pensent que le point de vue
selon lequel tout événement ou condition dans l’univers représente le
même type de temps est indéfendable. Des physiciens et des
parapsychologues ont proposé différentes sortes d’entités minuscules et
non encore découvertes (mindons, psychons, psitrons, etc.) capables de
reculer dans le temps — le temps tel que nous le concevons — ou qui
sont au moins libres de l’idée que nous avons d’un temps s’écoulant
inévitablement vers l’avant. Ou prenons le positron, qui est un électron
ayant une charge positive, un petit morceau d’antimatière dont on dit
qu’il va temporairement à reculons dans le temps. (Les électrons
« normaux », tels que nous les concevons dans notre monde, sont
chargés négativement.)
L’électron est une particule-onde se déplaçant selon un mouvement
adjacent au noyau de l’atome. Comparé à l’unité fondamentale de
conscience dont parle Seth, il serait beaucoup plus gros, mais étant
donné qu’il est capable de « passer » de l’orbite d’un noyau à celle
d’un autre noyau sans traverser l’espace qui les sépare, il peut fournir
une sorte d’analogie à ces unités de conscience pouvant « apparaître en
plusieurs endroits en même temps, et sans voyager à travers l’espace ».

[5] Voir les notes 1 et 5 de la session 681.

[6] Pour la seconde fois au cours de la session, Seth fait référence au fait
qu’un individu puisse se sentir insignifiant au sein de l’immensité de
l’univers intérieur. Il mentionne aussi cette possibilité dans la session
681 à 22 h 00. (Voir la note 2 de cette session.)
Je suis très intrigué par ce que dit Seth à propos des probabilités et je
ne ressens là aucune menace physique ou émotionnelle. Jane a le même
sentiment que moi. « Ma préoccupation, quand je me rends compte de
cela, va aux lecteurs, me dit-elle après la session. Je ne veux pas qu’ils
se sentent désarçonnés. »

[7] Voir la note 5 de la session 680.

[8] Il n’est cependant peut-être pas si facile de voir notre réalité en la


resituant par rapport aux autres. Voir la note 1 de l’Appendice 3.

[9] Les chromosomes sont des corps microscopiques dans lesquels la


substance protoplasmique d’un noyau cellulaire se sépare pendant la
division cellulaire. Ils portent les gènes, les facteurs ou unités — les
« feuilles de route » — qui déterminent les caractéristiques héréditaires.

[10]La Réalité personnelle traite bien sûr largement du sujet des


croyances ; voir entre autres les chapitres 14 et 15. Les informations de
Seth sur le « point de pouvoir », dans la session 657, chapitre 15, sont
particulièrement appropriées ici.

[11] La description que fait Seth de la façon dont je mélange deux moi
probables me rappelle son matériau décrivant Jane faisant la même
chose. Voir la session 680 à 23 h 02. Le fait que Jane et moi utilisons
tous deux nos aptitudes individuelles à l’écriture comme moyen de
cohésion — ou « glue » — pour unir nos jeux respectifs de moi
probables ne peut pas être une coïncidence.
SESSION 683

Lundi 18 février 1974

(Dans la note 6 de la dernière session, j’ai écrit un peu à la légère que


Jane et moi ne ressentions « aucune menace physique ou émotionnelle »
quand nous considérions l’immensité de l’univers intérieur décrit par Seth.
En parlant après le dîner, ce soir, j’ai toutefois découvert, à ma grande
surprise, que Jane entretenait certains doutes quant à nos places à
l’intérieur de cette grande organisation des choses. Elle s’interrogeait aussi
sur la valeur émotionnelle du matériau portant sur les probabilités. Mais
elle a ensuite ajouté que ses sentiments provenaient du fait qu’elle avait le
cafard, aujourd’hui.
Puis elle a poursuivi en disant qu’en fait, elle trouvait ce matériau sur
les probabilités intellectuellement stimulant, tout en se posant des questions
sur ses connotations émotionnelles — le fait qu’elle n’était par voie de
conséquence rien qu’une créature parmi des milliards sans nombre,
« s’allumant et s’éteignant comme des lumières qui clignotent, dans tous
ces mondes probables… » Quelle valeur, se demandait-elle, avait donc ce
tout petit individu ?
Pour la rassurer, j’ai recherché ce que Seth disait dans le chapitre 9 de
La Nature de la réalité personnelle, et je le lui ai montré. Voir la session
637 : « Pensez maintenant à la vie du moi comme à un message s’élançant
entre les cellules nerveuses d’une structure multidimensionnelle — encore
une fois, aussi réelle que votre corps — et considérez-la aussi comme un
“moment de réflexion” plus important de la part de cette personnalité aux
multiples facettes… Je me rends compte que ces analogies peuvent avoir
pour effet de vous faire sentir petit ou vous faire craindre pour votre
identité. Vous êtes davantage que, disons, un message traversant les
étendues immenses d’un supermoi. Vous n’êtes pas perdu dans l’univers. »
(J’avais moi aussi quelques questions — des doutes, en réalité — que
j’avais gardées pour moi jusqu’à présent et dont je voulais parler, avec
Jane et/ou Seth pendant la session.
« Bon ! », dit Jane à 21 h 33, après que nous sommes restés assis
environ un quart d’heure, dans l’attente de la session. « Au moins, je sens
que Seth est vaguement dans le coin… »
Enfin, à 21 h 39.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Lentement.) Accordez-nous un instant… À travers ces unités, la
conscience pose sa marque et aucun gribouillage n’est jamais annihilé.
L’expérience d’une unité donnée change constamment et influe sur
toutes les autres unités… Accordez-nous du temps… C’est difficile à
expliquer parce que vos concepts du moi sont si limités… Ces unités
contiennent en elles, en vos termes, toutes les identités « latentes », mais
pas d’une façon prédéterminée. Les moi peuvent être tout à fait
indépendants dans le cadre de leur propre réalité, tout en faisant pourtant
partie d’une réalité plus vaste dans laquelle leur indépendance opère non
seulement pour leur propre bienfait, mais pour celui d’une structure plus
large.
Au sein de ces unités, il y a, je le répète, une propension à la croissance
et à l’organisation. Dans un champ d’activité littéralement infini, un ordre
est apparu à cause de la propension à la signifiance. En bref, certaines unités
optent pour différentes sortes d’organisation, les trouvent signifiantes, se
basent sur elles pour construire et en attirent d’autres de même nature.
Divers systèmes de réalité se sont formés ainsi. (Une pause.) Le type
particulier de signifiance choisi comme base agit à la fois en tant que
directive pour l’expérience et de méthode pour ériger des limites efficaces,
à l’intérieur desquelles le type de comportement choisi se poursuit. Les
unités peuvent s’entremêler et elles le font ; toutefois, à cause de la
propension à la sélectivité et à la signifiance, des groupements entiers
d’entre elles vont en « repousser » d’autres tout aussi complets, fournissant
ainsi un système intérieur d’interaction protectrice.
Les unités se constituent en divers systèmes qu’elles ont elles-mêmes
commencés. Elles se transforment donc en la réalité structurée qu’elles
deviennent ensuite. Ruburt a tout à fait raison lorsque, dans Adventures [1],
il suppose qu’il y a ce qu’il appelle une « multipersonnalité ».
Vous pensez à un Je-moi (Seth épelle ce mot.) comme à la fin première
et ultime de l’évolution. Cependant, il y a évidemment d’autres identités
ayant beaucoup de ces Je-moi, dont chacun est aussi conscient et
indépendant que le vôtre, tout en se rendant compte également de
l’existence d’une identité plus grande dans laquelle ils ont leur être. La
conscience s’accomplit en se connaissant elle-même. La connaissance la
transforme, en vos termes, en un ensemble de formes changeantes plus
vaste, qui essaye ensuite de s’épanouir et de se connaître, et ainsi de suite. Il
y a eu sur votre Terre des expérimentations faites [par la conscience] à la
fois avec des hommes et des animaux, à un niveau différent de celui que je
viens de mentionner, mais en ayant cela à l’esprit — des troupeaux de bêtes,
par exemple, dont chaque animal était tout à fait conscient de la
connaissance commune du troupeau, des dangers qui pouvaient être
rencontrés dans tout territoire particulier, et avec une structure
psychologique dans laquelle la conscience de masse du troupeau
reconnaissait la conscience individuelle de chaque animal, et la protégeait.
Il y avait une interaction constante entre la conscience de l’animal
individuel et celle de la masse du troupeau, nous ne parlons donc pas d’une
situation dans laquelle l’animal individuel était sous contrôle.
À quelques variantes près, la même chose s’est produite avec votre
propre espèce et, d’ailleurs, elle est en train de se produire. Dans le passé,
tel que vous le concevez historiquement, plusieurs groupes ont fait des
expériences en ce sens. À ces époques-là, la conscience individuelle est
devenue si absorbée par ses propres expériences que la communication
précise, régulière et consciente avec la conscience de masse s’est faite pour
ainsi dire souterraine. Elle est devenue accessible à ceux qui la
recherchaient, mais, à ces occasions-là, cela n’a pas donné les mêmes types
d’organisation psychologique [2].
(Une pause.) D’autres types d’ensembles de formes psychologiques
changeantes ont été et sont essayés — certains vous paraîtraient totalement
inconcevables ; et pourtant, ici et là, certaines de leurs versions
apparaissent dans votre système.
Il est tout à fait possible, par exemple, pour plusieurs moi d’occuper
un corps, et si cela était la norme, ce serait facilement accepté. Cela fait
toutefois entrer en jeu un autre type de multipersonnalité, un type
permettant l’accomplissement de nombreuses aptitudes de natures diverses,
qui restent habituellement inexprimées. Cela suppose aussi une liberté et
une organisation de conscience qui ne sont pas usuelles dans votre système
de réalité et qui n’ont pas été choisies ici.
(« Vous ne croyez pas que certaines personnes vont associer tout cela
au fait d’être possédé ? », ai-je demandé.
22 h 11.) Pas quand j’aurai terminé. La plupart des individus, par
exemple, se développent intellectuellement, ou émotionnellement ou
physiquement, en ignorant dans une large mesure le plein potentiel du corps
et de l’esprit. La structure-Je limitée, que vous identifiez actuellement à la
nature du moi, n’est simplement pas capable d’utiliser pleinement toutes ces
caractéristiques-là.
La structure-Je monte du moi intérieur qui s’est formée autour de divers
intérêts, aptitudes et directions. Des sélections sont faites quant aux
domaines de concentration. On trouve rarement une personne qui soit d’une
grande intelligence, un grand athlète et qui ait aussi une profonde
compréhension émotionnelle et spirituelle — le prototype idéal de ce que le
genre humain pourrait, semble-t-il, produire.
Dans certains systèmes d’existence physique, une multipersonnalité est
établie, dans laquelle trois ou quatre « personnes » émergent du même moi
intérieur, chacune utilisant au mieux de ses capacités les caractéristiques qui
lui sont propres. Cela présuppose toutefois un ensemble de formes
changeantes de conscience, où chacune connaît les activités des autres et y
participe ; et vous avez alors une version différente de la conscience de
masse. Voyez-vous la corrélation ?
(« Oui. »)
Dans les systèmes où l’évolution de la conscience s’est opérée de cette
manière, toutes les facultés du corps et de l’esprit au cours d’une vie sont
merveilleusement employées. Il n’y a pas non plus la moindre ambiguïté
quant à l’identité. L’individu dirait par exemple : « Je suis Jo, Jane, Jim et
Bob. » Il y a des variations physiques de nature sexuelle, de sorte qu’à tous
les niveaux, l’identité inclut le masculin et le féminin. Des ombres de ce
genre de probabilités apparaissent au sein de votre propre système, comme
des étrangetés. Tout-ce-qui-est apparent à un degré ou à un autre dans votre
système est développé dans un autre.
L’important dans tout cela, c’est que ces unités sont imprévisibles et
qu’elles accomplissent toutes les probabilités de la conscience. Tous les
concepts de dieux ou d’autres êtres qui se fondent sur des idées limitées de
la personnalité sont vains, en fin de compte. Votre façon de voir la
fantastique diversité de la vie physique — ses animaux, ses insectes, ses
oiseaux, ses poissons, l’être humain et toutes ses œuvres — ne suscite en
vous quasiment aucun doute ; il vous faut pourtant comprendre que la
nature de la conscience elle-même est beaucoup plus variée, et vous devez
apprendre à penser à une réalité intérieure qui est aussi infinie que
l’extérieure. Ces concepts seuls modifient votre conscience actuelle et la
transforment petit à petit. L’idée actuelle de l’âme, voyez-vous, est une idée
« primitive » qui peut à peine commencer à expliquer la créativité, ou la
réalité, d’où vient le genre humain. Vous êtes des multipersonnalités. (Avec
intensité.) Vous existez dans de nombreux temps et en de nombreux lieux
en même temps. Vous existez en tant que personne unique simultanément.
Cela ne nie pas l’indépendance des personnes, mais votre réalité intérieure
enjambe leur réalité, tout en servant aussi de monde psychique dans lequel
celles-ci peuvent grandir [3].
Je ne veux pas entrer dans une discussion à propos des « niveaux »
successifs par lesquels est censée passer une progression. Toutes les
discussions de ce genre sont basées sur votre idée d’une personnalité
unique, d’un temps consécutif, et de versions limitées de l’âme. Il y a des
fleurs rouges, des fleurs jaunes et des fleurs violettes. Aucune d’elles n’est
plus avancée que les autres, mais chacune est différente.
Ces unités se combinent en divers types d’ensembles de formes
changeantes de conscience. Fondamentalement, il n’est pas exact de dire
que l’un est plus avancé que l’autre. Le pétale d’une fleur, par exemple,
n’est pas plus développé que la racine. Une fourmi sur le sol peut voir que
ce pétale est bien au-dessus de la racine et de la tige, mais les fourmis sont
trop avisées pour penser que le pétale doit être meilleur que la racine.
Maintenant. La conscience fleurit dans toutes les directions
(À 22 h 37, nous sommes interrompus par un coup de téléphone. Un
producteur de télévision veut que Jane participe à son émission. Je lui
demande de nous écrire. Quand je raccroche, Jane dit : « Je suis encore à
moitié en transe. » Elle reste assise, silencieuse, pendant quelques instants,
puis la session reprend.)
Toutes les directions prises par la fleur de la conscience sont bonnes. La
fleur sait qu’elle est vivante dans le bulbe, mais il faut du « temps » pour
que le bulbe laisse émerger la tige, les feuilles et la fleur. La fleur n’est pas
mieux que le bulbe. Elle n’est même pas plus avancée que le bulbe. Elle est
le bulbe dans l’une de ses manifestations. Donc, en vos termes, il peut
sembler y avoir une progression ou des étapes consécutives de
développement, dans lesquelles des moi plus complets et matures
apparaissent. Vous êtes une partie de ces moi-là, maintenant, comme les
pétales sont une partie du bulbe. C’est uniquement dans votre système que
cette période de temps a un sens.
Votre idée d’âme unique, de moi unique, forme une signifiance et une
sélectivité qui vous rendent aveugle à ces autres réalités qui sont tout autant
« ici et maintenant » que votre moi présent. Seules les unités de conscience
qui composent votre être physique sont conscientes de ces signifiances plus
grandes, rendues pour vous opaques par vos idées limitées.
Dans un système comme celui-ci, les concepts peuvent aider à briser
ces barrières. Il y a donc des strates de conscience qui existent en même
temps. Celles dont vous ne vous rendez pas encore compte semblent plus
avancées, plus développées que la vôtre. Vous en faites pourtant partie
maintenant. Vous pouvez les connaître quand vous commencez à élargir vos
concepts de personnalité et de conscience. En termes de temps, vous avez
de nombreux corps, tandis que vous naissez et renaissez dans l’expérience
terrestre. Votre conscience enjambe ces existences, et même les atomes et
les molécules de votre corps actuel contiennent la connaissance codée de
ces autres formes [réellement simultanées]. Ces unités de conscience sont à
l’intérieur de toute matière physique, et elles contiennent leur propre
mémoire. Vous vous rendez donc compte de votre multipersonnalité à la
fois sur le plan psychique et biologique.
(22 h 45.) Maintenant. Votre système n’inclut pas le type d’expérience
mentionnée plus tôt [lors de cette session], dans laquelle le corps est
capable de contenir dans une seule vie l’expérience de nombreux moi. Il
utilise à la place un contexte temporel, où chaque moi est pourvu d’un corps
et d’un temps ; mais une connaissance de l’idée de multipersonnalité
pourrait vous aider à comprendre que vous disposez de nombreuses
aptitudes non utilisées, qui sont latentes pour vous mais néanmoins
importantes dans votre identité entière, et suffisamment signifiantes pour
vous personnellement pour être développées.
(Avec insistance.) La réincarnation représente simplement des
probabilités dans un contexte de temps (souligné !) — des parties du moi
qui sont matérialisées dans des contextes historiques. Point. Toutes sortes
de temps — en avançant ou en reculant — émergent de la nature
fondamentalement imprévisible de la conscience, et elles sont dues à des
« séries » de signifiances. Chaque moi né dans le temps poursuivra donc ses
propres réalités probables à partir de ce point de vue là. À nouveau, chaque
moi de ce type est immédiat.
(Une longue pause, parmi beaucoup d’autres.)
Toute conscience, dans toutes ses formes, existe en même temps. Ceci
est difficile à expliquer sans avoir l’air de me contredire. Revenons à notre
bulbe et notre fleur. En termes fondamentaux, ils existent en même temps.
En vos termes, cependant, c’est comme si la fleur à venir appelait vers
l’arrière le bulbe, depuis son « futur », et lui disait comment faire la fleur.
La mémoire opère en avançant et en reculant dans le temps. La fleur —
appelant le bulbe, le poussant « en avant » et lui rappelant son
développement (futur probable) — est comme un moi futur, en vos termes,
ou un moi plus avancé, qui connaît les réponses et sur lequel il est possible
de compter de façon tout à fait pratique. Les dieux peuvent être vus sous ce
même éclairage, mais à une échelle plus grande ; et, compris dans ce
contexte-là, on peut compter sur eux. C’est presque une tendance naturelle
que de personnifier les dieux tant que vous êtes empêtrés dans des idées
limitées de la personnalité. Une conception plus large de la personnalité
vous amènera certainement à avoir un aperçu des ensembles de formes
changeantes vraiment remarquables de la conscience d’où vous émergez
constamment.
Ce sont des êtres émotionnels et psychologiques d’une telle richesse que
vos concepts de moi vous obligent à les diluer jusqu’à un niveau que vous
pouvez comprendre [4]. Chacune de vos personnes est une partie de cette
personnalité plus vaste. À nouveau, ces idées seules peuvent vous aider de
façon à ce que, dans une certaine mesure, vous puissiez émotionnellement
et intellectuellement percevoir cette divinité plus vaste d’où émerge la
personnalité.
(23 h 10. Une longue pause au milieu d’une puissante transmission.)
Cette divinité se forme à partir de l’émergence et de la croissance, éternelles
et pourtant toujours nouvelles, de ces unités fondamentales de conscience.
La réalité de cette divinité englobe la réalité de chaque unité, et la réalité de
masse de toutes les unités.
Faites votre pause.
(23 h 13. Jane a vraiment eu une transe profonde pendant cette longue
transmission. Elle semble en sortir assez facilement, mais elle roule les
yeux à plusieurs reprises. Son fauteuil à bascule s’est déplacé de près d’un
mètre sur la gauche.
« J’ai quelques questions, dis-je après qu’elle a pris un peu de repos.
J’allais les poser pendant la transmission, mais j’ai peur d’entendre les
réponses — au moins pour les deux premières. » Je ne plaisante qu’à
moitié. La première question m’est venue à l’esprit il y a deux semaines,
lors de la session 679.
1) « Est-ce que ces dernières sessions sont censées être le début d’un
nouveau livre ? »
« Je ne sais pas, dit Jane. Le matériau ne ressemble pas à celui d’un
livre, mais quand j’ai commencé à recevoir quelque chose durant mon
sommeil, après les deux dernières sessions, je me suis interrogée… » Je
ris : elle ne m’avait pas fait part de ses propres soupçons. En même temps,
je me dis qu’elle dresse peut-être des barrières contre l’idée d’un autre livre
de Seth aussi rapidement, alors que nous avons encore un travail éditorial
à faire pour La Nature de la réalité personnelle [voir la note 1 de la session
682]. « Ces sessions sont peut-être pour tes propres écrits, a suggéré Jane.
Quoi qu’il en soit, je les adore — mais un autre livre ? Maintenant ? »
2) « Est-ce que ces unités de conscience dont Seth a commencé à parler
au cours de la dernière session sont identiques aux unités EE qu’il décrivait
dans Seth parle ? S’agit-il d’un développement de cette idée originale ou
pas ? » [Voir la note 3 de la session 682.]
Jane marque un temps, puis elle dit : « Je pense que Seth va bientôt
éclaircir ce point-là. »
3) « Ce serait bien si Seth disait quelque chose sur le rêve que j’ai eu la
nuit dernière, dans lequel je pense avoir contacté ma mère [défunte] pour
la deuxième fois. » Hier, j’ai écrit un compte rendu de cette expérience,
pour m’en servir dans le livre que j’ai commencé, intitulé Through My
Eyes. Dans le chapitre 6 de La Réalité personnelle, Seth avait évoqué l’idée
de ce projet. J’y travaille avec plaisir et ressens un besoin particulièrement
fort de le faire depuis la mort de ma mère, il y a trois mois. En y parlant de
mes parents, je me suis aperçu que j’écrivais sur ma propre enfance. Voir
les notes qui précèdent la session 679 ; les questions que j’ai posées alors
ont contribué au démarrage de cette série de sessions.
Reprise à 23 h 30.)
Maintenant. (D’une voix plus forte et plus profonde.) La Réalité
« inconnue » : (Seth indique les deux-points) un livre de Seth. Et écrivez
« inconnue » entre guillemets.
Il s’agit de deux choses : un livre de moi, et un livre source pour vous.
Est-ce que vous me suivez ?
(« Oui… Vous voulez dire que je peux utiliser votre livre en lien avec
mes propres écrits. »)
En effet. Maintenant. Nous appellerons ces unités fondamentales de
conscience les « UC » — la lettre U et la lettre C — pour unités de
conscience. À partir d’elles, les unités EE sont formées, et les premières
racines sont émises dans le monde de la matière physique. Point.
(Une pause, les yeux grands ouverts me fixant.) Maintenant, en ce qui
concerne votre rêve. Vous établissez évidemment un contact avec votre
mère. Elle commence à bouger, comme vous le supposiez. Les
commentaires [écrits] de Ruburt à propos du rêve sont aussi pertinents,
montrant votre propre prudence. Aucune de ces rencontres n’a été une
rencontre émotionnelle normale, par exemple, mais un simple aperçu dans
lequel il n’y avait pas de communication en termes ordinaires.
Il peut être intéressant pour vous de savoir que vos tendances
athlétiques sont liées à votre voyage hors du corps, dans le sens où, selon
vous, le corps doit être posé et équilibré, et avoir un support — d’où les
hallucinations que vous utilisez. Vous pouvez toutefois vous servir de ces
tendances pour vous aider, si vous pensez en termes d’un corps
complètement libre, capable de se mouvoir sans support dans l’espace,
capable, dans l’état de rêve, de manipulations qui lui sont déniées dans la
réalité physique. Le corps « intérieur » peut se comporter selon des modes
auxquels le corps physique n’a pas accès, et vous pouvez utiliser cela
comme un défi. Découvrez ce que vous pouvez faire avec votre corps
intérieur ; expérimentez.
Vous avez l’assurance que votre mère continue d’exister. Pour ce qui est
de votre relation, cependant, vous la regardez à distance. Votre mère
s’étonne encore — c’est-à-dire qu’elle peut s’identifier à des parties de
vous différentes de celles auxquelles elle s’identifiait durant sa vie. Elle ne
veut pas vous effrayer à présent par des manifestations émotionnelles, une
distance est donc utilisée des deux côtés [5].
(Une pause à 23 h 44.) Accordez-nous un instant…
(Seth transmet une demi-page de matériau sur un autre sujet. Puis :)
Je vous souhaite à tous deux un cordial bonsoir.
(« Merci. À vous de même. »)
Ce livre progressera à votre convenance.
(« D’accord. Bonne nuit, Seth. » 23 h 50. Puis, une minute plus tard,
alors que nous parlons de La Réalité « inconnue », Jane retombe
brièvement en transe.)
Gardez cela libre et sans contrat, pour l’instant.
(« D’accord. »
« Pour moi, ça ne commence vraiment pas comme un livre, dit Jane.
Cela n’a pas l’air simple, comme les autres. Cette fois-ci, il va peut-être se
lancer et le faire à sa façon… Je peux dire honnêtement que le titre m’était
complètement inconnu. » Elle sourit à son jeu de mots involontaire sur La
Réalité « inconnue ». « Es-tu prêt à commencer un nouveau livre, Rob ? »
« Euh… »
« Je me souviens que Seth a mentionné que c’était un livre source pour
toi. »
« Si c’est un livre source pour moi, il le sera aussi pour d’autres. »
J’ajoute que je ne me préoccupe pas de savoir combien un livre peut être
« dur » ou difficile — si c’est nécessaire pour faire passer les idées de Seth,
alors d’accord. Jane me fait rire à nouveau. Il est évident qu’elle est
heureuse de ce nouveau projet, que le succès de Seth parle et de La Réalité
personnelle lui a donné une grande confiance dans les capacités de Seth et
les siennes ; pourtant, elle commence directement avec des questions.
« Que diable y aura-t-il dedans ?, demande-t-elle. Vraiment, où peut-il
aller, vu là où il a commencé ? Oh !, oublie ça. Quand j’ai sorti ce truc-là,
j’ai reçu quelque chose de là-haut — Jane fait un geste vers la droite,
indiquant l’un des canaux d’information dont elle dispose, en provenance
de Seth — à propos de l’imprévisibilité de la conscience, de la précognition
et de l’hérédité : l’âme de la cellule et la cellule de l’âme… »
Comme je le fais toujours quand elle commence à transmettre chacun
des livres de Seth, je suggère à Jane de se détendre par rapport à tout ça et
de laisser Seth faire son travail. Nous arrêtons pour ce soir, à 00 h 03.)

NOTES DE LA SESSION 683

[1] Jane utilise le terme « multipersonnalité » à la dernière page du


chapitre 11 de son livre Adventures in Consciousness : An Introduction
to Aspect Psychology. « Mais en réalité, dit-elle, le chapitre entier est
construit pour déboucher sur cette définition ou idée. » De son point de
vue, la qualité appelée multipersonnalité englobe toutes les
personnifications intérieures, ou aspects, du moi source, qu’elle définit
dans le glossaire d’Adventures comme étant « la psyché, l’âme ou le
moi “inconnu” ; la source de notre être physique. » Dans ce cas, Seth
serait alors une personnification d’un aspect du moi source de Jane ;
mais il aurait aussi une existence propre, à d’autres niveaux de réalité.
Voir aussi la note 5 de la session 680.

[2] En lien avec ce que dit Seth ici, sur les animaux et les hommes,
reportez-vous à son excellent matériau dans le chapitre 12 de La Réalité
personnelle. Pour résumer très simplement une partie des informations
qu’il a données, la session 647 décrit les défis auxquels ont dû faire face
les premiers hommes quand leur conscience a pris son essor ; la session
648 traite de l’instinct animal, de la santé, de la maladie, du suicide, et
des ères au cours desquelles les hommes et les animaux se
mélangeaient. Lors de la même session, Jane a donné des impressions
personnelles sur les animaux hommes médecines.

[3] Une note ajoutée par la suite. Je trouve que la plus grande partie du
matériau transmis par Seth depuis 22 h 11, et ici en particulier, rappelle
un passage de la session 657 du chapitre 15 de La Réalité personnelle.
J’ai rassemblé des extraits de cette session : « Chacun de vos moi
réincarnationnels a son propre “point de pouvoir”, ou des moments
successifs dans lesquels il matérialise une existence quotidienne, de
façon linéaire, à partir des probabilités dont il dispose. D’une façon qui
sera expliquée dans un autre livre, il existe une sorte de coïncidence
entre vous et tous les points de pouvoir présents de vos moi
“réincarnationnels”. Il existe une interaction constante, dans ce point de
pouvoir multidimensionnel, si bien qu’en vos termes, un moi incarné
puise dans tous les autres les capacités qu’il désire. Ces moi sont
différentes contreparties (C’est moi qui souligne) de vous-même dans la
condition de créature, qui font l’expérience d’une réalité corporelle ;
mais, en même temps, votre organisme est fermé à la nature simultanée
de l’expérience. »
Jane et moi n’avons pas prêté une attention particulière à cette
information lorsque Seth l’a transmise mais, avec le recul, nous
comprenons qu’elle contenait deux points signifiants : Seth faisait
référence à un autre livre, qui, selon nous, est La Réalité « inconnue »,
et son emploi du mot « contreparties ». Dans son sens ordinaire, celui
du dictionnaire, ce terme est apparu quelquefois dans les sessions, mais
la façon dont Seth l’utilise dans le passage que je viens de citer a selon
moi une implication spécifique ; une implication que Jane et moi
n’avions pas remarquée à l’époque. Dans le second tome de La Réalité
« inconnue », le concept de Seth sur les contreparties revêt à l’évidence
une signification unique dans le cadre de l’étude qu’il fait de la
personnalité. (Même si Seth ne parle pas de la réincarnation ni des
points de pouvoir dans cette session 683, ces deux sujets y sont
largement sous-entendus.)
En écrivant cette note, je suis frappé par une curieuse connexion que je
ressens mais que je trouve pratiquement impossible à formuler : lorsque
Seth parle d’un « autre livre » dans la session 657, cela peut certes faire
référence à La Réalité « inconnue », mais cela fait aussi écho à la
première question que j’ai posée à Jane pendant la pause. Je me
demande comment c’est possible, étant donné qu’au moment où la
session 683 avait lieu, je ne pensais pas à la 657 ; et quand celle-ci
s’est déroulée, je n’avais aucun moyen ordinaire de savoir à l’avance
que j’aurais cette question à poser. Je ne veux pas imputer les notions
« conventionnelles » de précognition ou de rétrocognition à un lien
aussi ténu entre deux sessions. Il y a déjà eu auparavant d’étranges
connexions de ce genre dans le matériau de Seth. En général, je
reconnais simplement leur existence et mon incapacité à y penser
clairement, et je poursuis ma route.

[4] Voir la note 2 de la session 681.

[5] Le rêve que j’ai fait avant-hier illustre parfaitement cette « marge de
sécurité » entre ma mère et moi. Comme pour rassurer davantage mon
esprit conscient, j’ai vu ma mère avec des gens qui étaient encore
« vivants » ; cela a aussi été le cas dans d’autres rêves récents que j’ai
fait d’elle. Voici un extrait de la description que j’en ai fait pour
Through My Eyes : « Puis j’ai vu ma mère [Stella] entre mon frère
Linden et sa femme, tous légèrement séparés les uns des autres, tous
marchant vers moi en biais, à travers une plaine quelconque. Tout était
de couleur éclatante. Les trois silhouettes étaient coupées au niveau de
la taille, comme si je les voyais sur un écran. Ma mère ne me parlait
pas et ne me faisait pas directement face ; comme les autres, elle
regardait au-dessus de mon épaule gauche.
« Dans mon rêve, Linden et sa femme avaient à peu près leur âge
physique actuel, environ un an de moins que moi qui en ai cinquante-
quatre, mais Stella semblait être de quelques années plus jeune que ce
qu’elle aurait dû être [elle est morte à quatre-vingt-un ans]. Je sais que
j’ai créé en rêve mon image d’elle pour que notre communication me
soit compréhensible — pourtant, j’avais le sentiment qu’elle était
vivante, en nos termes comme dans les siens. Ma mère avait à
l’évidence le contrôle de ses facultés, même si elle paraissait un peu
égarée… Le fait qu’elle regardait à côté de moi indique qu’il y a une
certaine barrière ou distance entre nous, même dans l’état de rêve. Ce
pourrait être pour ma propre protection, je pense… »
Pour ce qui est de mes voyages hors du corps, j’ai souvent
l’hallucination de disposer d’un support quelconque dans de telles
aventures : la barre transversale d’un poteau téléphonique, la branche
fragile au sommet d’un arbre mort…
SESSION 684

Mercredi 20 février 1974

(Hier soir, Jane a annoncé à ses élèves du cours de perception


extrasensorielle que Seth avait commencé un nouveau livre. Seth avait, lui
aussi, quelque chose à dire à ce propos. Extrait de la transcription [reçue
une semaine plus tard], faite à partir d’un enregistrement : « Maintenant.
La réalité n’a pas de début ni de fin. Espérons — espérons — espérons
qu’en vos termes de temps, vous puissiez avoir un aperçu de ce que je veux
dire. Il y a effectivement un univers en expansion et il se forme dans
l’éternel présent. Dans mon livre, j’irai aussi loin que je le peux dans ces
préceptes, pourtant, certains [d’entre vous] ne suivront pas. Vous créez
votre propre réalité. Cela fonctionne ainsi et que vous suiviez ou pas, que
vous vouliez suivre ou pas, c’est vrai dans ces autres royaumes…
« À ceux parmi vous qui m’accompagnent, je promets une aventure, une
modification créatrice de la conscience, et des expériences allant au-delà de
celles que vous avez connues en vos termes. Vous regardez le monde qui
vous entoure et vous êtes stupéfaits par sa richesse et sa diversité. Pensez-
vous que le monde intérieur n’est pas aussi riche, ou même plus riche, plus
valide ? Pensez-vous qu’il n’y a qu’une seule sorte de conscience ?
« Votre monde se forme à partir de la vaste imprévisibilité de la
conscience. C’est à partir d’elle que vous formez vos propres idées de
signifiance et de vous-même… Vous devez arrêter de penser en termes de
progression ordinaire. Ce n’est déjà pas très bon quand vous vous
préoccupez de faire aussi bien que vos voisins. Mais c’est autre chose
quand vous commencez à vous préoccuper de savoir quel type de moi [ou
de conscience] est supérieur à un autre. »
(Une note : Jane a téléphoné aujourd’hui à Tam Mossman, son
éditeur — et elle a appris que celui-ci sentait que Seth pouvait avoir
commencé un autre livre : il s’est posé plusieurs fois la question, ces
derniers jours.
Pendant que nous sommes assis à attendre le début de la session, Jane
me dit à 21 h 30 : « Je me prépare — j’attends cette focalisation claire —
l’endroit le plus clair dans la conscience pour que le matériau
apparaisse… »
21 h 42.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Ces unités de conscience [les UC] se déplacent donc plus
vite que la vitesse de la lumière — mais cette déclaration même n’a d’une
certaine manière pas de sens, puisque les unités existent aussi bien à
l’extérieur qu’à l’intérieur du contexte dans lequel la lumière elle-même a
une signification.
(Une pause.) Cependant, lorsque ces unités approchent une structure
physique, elles ralentissent, en vos termes. Les électrons, par exemple, sont
de lents lourdauds comparés aux unités EE [1]. Cela va sans dire que les
unités de conscience sont « mentales » ou, si vous préférez, désincarnées,
bien que toutes les formes physiques émergent de leur organisation
intérieure. Certaines intensités sont un assemblage d’organisation d’unité,
créé avant même que la plus petite particule physique, ou même une
particule « physique » invisible, n’existe. Ces unités forment ce que vous
considérez comme l’esprit, autour duquel la structure du cerveau est
formulée. Ces unités sont omniprésentes dans le cerveau.
Le grand système de communication à l’intérieur du corps lui-même
dépend donc de la circulation et du flux intérieurs constants de ces unités. À
un certain niveau, la survie même du corps est largement déterminée par la
propension de ces unités à la sélectivité et à la signifiance. Toutefois, la
réalité physique du corps est aussi une constance apparente dans une
existence physique apparemment constante.
(Lentement.) C’est uniquement parce que ces unités ont leur source en
dehors de l’espace et du temps que la présente réalité corporelle est un
triomphe des probabilités. Point. Votre image actuelle, par exemple, vous
semble être la seule possible, vôtre de façon permanente pour toute la durée
de votre vie au moins ; et ce qui lui arrive semble pratiquement inévitable.
Si vous devenez, disons, malade, vous pouvez vous demander pourquoi, et
cependant, une fois que la maladie a lieu, elle devient une partie de la
réalité du corps, et semble pratiquement faire inévitablement partie de son
expérience.
Pourtant, les unités de conscience, étant indépendantes de l’espace et du
temps, forment votre structure cellulaire, et cette structure-là est donc liée,
de la façon la plus basique, à la nature des probabilités. Bien que le corps
paraisse être permanent et exister d’instant en instant, fondamentalement, il
émerge constamment du lit des probabilités, en suspension à votre point-
instant présent de perception et d’expérience ; son apparente stabilité
dépend de la connaissance des probabilités « futures » aussi bien que de
celles « passées ».
Votre présent est le résultat de votre conscience en équilibre, choisissant
sa perception et la nature de sa vie à partir d’un champ qui est prévisible
uniquement à cause du domaine plus vaste d’organisation qui lui est
accessible.
(Plus lentement à 22 h 07.) À tout moment, la condition de votre corps
ne résulte pas tant de la compréhension qu’il a de son « histoire passée »
que de sa compréhension des probabilités futures. Les cellules
préconnaissent. Pour le moment, tout ceci est simplifié. Je l’éclaircirai par
la suite dans le livre [2]. Mais vos idées limitées du temps créent des
barrières conceptuelles qui fonctionnent même lorsque vous considérez la
structure de la vie physique biologique.
Par exemple. Il est plus exact de dire que l’hérédité opère du futur en
remontant vers le passé, que de dire qu’elle opère du passé vers le présent.
Aucune de ces deux affirmations ne serait tout à fait correcte en tout cas, car
votre présent est un équilibre affecté par le futur probable aussi bien que par
celui passé.
En règle générale, il n’y a pas de moment où votre corps n’est pas ici
pour vous. Votre expérience semble centrée en lui, le reste du monde étant à
l’extérieur, en toute sécurité. Pourtant, la sélectivité particulière de votre
type de conscience saute des intervalles que vous ne reconnaissez pas. Pour
ainsi dire, vos corps apparaissent et disparaissent, comme des lumières qui
clignotent. Leur réalité fluctue, de votre point de vue. En fait, l’univers
physique fait de même [3].
Vous pouvez comprendre ce que cela signifie lorsque nous disons que
votre conscience fluctue — car chaque individu se rend compte de
variations d’intensité et de concentration. Vous êtes plus alerte ou, en vos
termes, plus conscient à certaines occasions qu’à d’autres. Maintenant, la
même chose s’applique à ces unités de conscience — et aux atomes, aux
molécules, aux électrons et aux autres phénomènes de ce genre. Le monde
clignote littéralement. La réalité de cette fluctuation ne dérange toutefois en
aucune manière votre propre sentiment de consistance. Les « trous (Seth
épelle.) de non-existence » sont bouchés par le processus de sélectivité. Ce
processus choisit donc des signifiances, à nouveau, autour desquelles
l’expérience se construit et autour desquelles la « vie » est ressentie. Les
sensations d’un type de vie dressent automatiquement des barrières contre
d’autres « agencements de monde » qui ne sont pas en corrélation avec le
leur.
Il vous est impossible d’examiner un atome, une cellule ou autre, si ce
n’est dans votre maintenant. Point. Comme votre expérience sensorielle suit
un schéma temporel que vous pouvez comprendre, vous prenez comme
allant de soi qu’une cellule, par exemple, est le résultat de son passé et que
sa condition présente découle du passé [4]. Le fœtus devient un adulte, non
pas parce que ceci est programmé depuis le passé, mais parce que, d’une
certaine manière, il se rend compte de façon précognitive de ses
probabilités, et que, depuis le « futur », il imprime alors cette information
dans la structure passée.
Depuis votre point de vue, cependant, l’examen d’une cellule ne va pas
vous montrer cela, mais seulement sa condition présente. Il devrait paraître
évident, au vu de ce que je dis, que ni le futur ni le passé ne sont
prédéterminés. À partir de votre plate-forme d’expérience d’un maintenant
en suspension, vous modifiez à la fois le passé et le futur, et cette
modification, ce changement, cette action, est la cause de votre point de vie
sensorielle immédiate [5].
(Une longue pause.) La précieuse intimité de votre existence, et
d’ailleurs de votre univers, est encore plus miraculeuse, pour ainsi dire,
précisément parce que sa réalité probable émerge d’un champ infini de
probabilités, dont chacune est à jamais inviolée. (Une longue pause.) Il est
important que ces idées soient prises en considération.
Faites votre pause.
(22 h 35. Le rythme de Jane est souvent lent, mais le ton toujours
insistant. Reprise de la même manière à 22 h 49.)
Maintenant. Accordez-nous un instant…
Vous ne pouvez pas séparer vos croyances concernant la réalité de la
réalité dont vous faites l’expérience. Cela signifie que vos croyances
concernant la réalité la forment. Vos idées quant à ce qui est possible et ce
qui ne l’est pas se reflètent dans tous les domaines.
Il est pratiquement impossible de partir des concepts d’univers unique et
isolé, de moi unique à la merci de son passé, et d’une séquence temporelle
unique, pour aboutir à la moindre théorie acceptable d’une âme ou divinité
multidimensionnelle qui soit autre chose qu’un vulgaire concept personnifié
de ce qu’est l’homme selon vous [6].
Non seulement vos métaphysiques et vos sciences en pâtissent, mais
votre expérience quotidienne en tant qu’être humain est bien inférieure à ce
qu’elle pourrait être. Il y a donc des probabilités parfaitement présentes, et
biologiquement concrètes, qui permettraient un si grand changement dans la
conscience individuelle qu’il propulserait littéralement l’espèce tout entière
dans un autre niveau d’expérience. Tout comme, en vos termes, l’homme
des cavernes s’est aventuré à la lumière du jour, sur la Terre, il y a aussi un
temps pour que l’homme s’aventure dans une connaissance plus vaste de sa
réalité subjective, virgule, explore les dimensions du moi et aille au-delà
des petits domaines de lui-même où il a jusqu’à présent trouvé refuge.
(23 h 11.) En termes d’histoire telle que vous l’entendez, l’homme s’est
senti en sécurité et à l’abri en tant qu’espèce principale vivant sous un
soleil, imaginant que tout le reste était centré sur son être. Dans ce contexte-
là, cela a procuré à l’homme une stabilité dont il s’est passé lorsqu’il a
accordé à sa conscience d’autres libertés. Il lui faut maintenant comprendre
qu’il choisit lui-même, parmi une myriade de probabilités, celle qu’il
rencontre à présent.
Le moi unique qu’il reconnaît n’est que la partie de lui-même dont il se
rend compte actuellement. D’autres facettes de sa conscience qui lui sont
accessibles et une partie de sa nature plus vaste lui paraissent étrangères, un
« non-moi » ou un « au-delà de moi », à cause de la focalisation de la
sélectivité, telle qu’elle opère pour l’instant.
Ceci ne veut évidemment pas dire qu’il n’y a pas des entités dont le moi
est complètement séparé du vôtre. Cela veut dire que vos concepts vous
obligent à mal interpréter et à déformer toute information ou expérience
« intruse » faisant partie de parties de votre être que vous ne reconnaissez
pas comme étant votre moi officiel.
(Une pause d’une minute à 23 h 22.) Ce comportement occasionne
même une certaine malhonnêteté corporelle, car la liberté qu’ont les cellules
par rapport au temps signifie qu’à certains niveaux, la structure cellulaire se
rend compte d’évènements futurs probables, comme nous l’avons
mentionné [juste avant la pause]. Le corps réagit donc aussi bien à une
activité future que passée, afin de maintenir son équilibre corporel actuel.
La connaissance innée du corps va donc souvent tenter de se traduire en
une activité psychologique qui peut avoir pour résultat des pressentiments,
des prémonitions, etc. Les sens peuvent être utilisés pour clarifier le
message. Vous pouvez, par exemple, entendre mentalement une voix, ou
avoir une vision soudaine. En fonction de vos croyances, vous pouvez
interpréter ces données de multiples façons, mais comme ces expériences ne
sont pas une partie admise d’une activité reconnue et officielle, elles
peuvent paraître effrayantes. Point. Vous pouvez les attribuer à des
« esprits » ou à des personnalités désincarnées, mais d’une façon telle que
ces expériences sont reléguées dans un fatras confus fait de dogmes et de
superstitions.
Si, pour commencer, vous compreniez que vous êtes un esprit, et que
vous êtes donc vous-même libre de l’espace et du temps, vous pourriez
alors au moins envisager la possibilité que certains de ces messages vous
viennent d’autres parties de votre propre réalité. Ces messages sont souvent
le moyen de vous éviter certaines actions probables.
Accordez-nous un instant — un bon moment.
(Jane marque une pause à 23 h 33 ; toujours en transe, elle allume une
cigarette. Depuis que les sessions de La Réalité « inconnue » ont
commencé, c’est devenu une habitude pour Jane de transmettre un peu de
matériau sur d’autres sujets, après la dictée du livre ; elle le fait
maintenant, et termine la session à 23 h 51.
Après la session précédente, Jane a commencé à penser à la façon de
diviser les chapitres de ce nouveau livre, et de leur attribuer un titre. Seth
n’en a bien sûr pas donné. Je dis à Jane que le livre n’aura peut-être pas de
chapitres, que Seth peut avoir prévu autre chose. [Note ajoutée par la
suite : la résolution finale de cette petite incertitude est donnée dans mes
notes préliminaires.])

NOTES DE LA SESSION 684

[1] Voir la note 4 de la session 682.


[2] Une note ajoutée par la suite. Seth complète son matériau sur la
précognition cellulaire dans plusieurs sessions ultérieures de La Réalité
« inconnue ». Voir entre autres, dans le tome 1, les sessions 690 et 691.

[3] Dans la note 1 de la session 681, j’ai traité très brièvement des
fluctuations de la conscience, ou de la réalité, et j’ai renvoyé le lecteur
à la session 567 du chapitre 16 de Seth parle. Pour un matériau
complémentaire sur le même sujet, voir la session 535 du chapitre 9 et
576 du chapitre 19 de ce même livre.
En lien avec l’affirmation de Seth, ce soir, selon laquelle « … vos corps
apparaissent et disparaissent, comme des lumières qui clignotent », voir
les commentaires de Jane sur ses propres sentiments à l’égard d’idées
s’y rapportant, dans les notes du début de la dernière session.

[4] Auparavant, nous pensions, Jane et moi, que la cellule était simplement
un résultat de son passé. Pourtant, dans le même temps, Jane essayait
dans ses poèmes de voir ce qu’il y avait au-delà de cette croyance
envahissante. Les quelques vers ci-dessous sont extraits de
« Pathetique », un long poème qu’elle a écrit en 1959. Elle avait trente
ans et son développement du matériau de Seth se situait dans son futur,
cinq ans plus tard.

Ces cellules se souviennent


De leurs morts passées et de toutes les morts passées,
Elles entendent, au sein du jaune murmure de leurs
atomes,
Le froid, la première gelée et le gel final…
Plus miraculeux que tout ce que l’on peut imaginer,
Le feu intérieur souffle.
Si je dois mourir, alors pourquoi
Une fois que ces atomes ont marché debout,
Se sont connus eux-mêmes, et ont dit mon nom,
Et chantant sont éternels.

[5] Voir le matériau de Seth sur la reprogrammation du passé dans les


sessions 654 et 657, des chapitres 14 et 15 de La Nature de la réalité
personnelle. Une partie de ses informations antérieures concernant le
fœtus se trouve dans les sessions 503 et 504 de l’Appendice du Matériau
de Seth.

[6] Seth parle d’un dieu multidimensionnel dans le chapitre 14 de Seth


parle et Jane donne son point de vue sur la question dans le chapitre 17
d’Adventures in Consciousness.
SESSION 685

Lundi 25 février 1974

(Quand Jane s’est allongée pour faire une sieste en fin d’après-midi,
elle a vécu une expérience assez inhabituelle. Extrait de ses notes : « Juste
avant de m’endormir, j’ai eu une sorte de projection mentale dans ce qui
semblait être le passé, mon passé. J’étais bébé dans ma ville natale,
Saratoga Springs. Au début, nous étions en 1931. Tout était brumeux, gris,
sans couleur. D’abord, en baissant le regard, “je” me suis vue “moi-même”
dans ma poussette. Puis, je me suis déplacée assez facilement à travers les
rues, pendant que je “vieillissais” au cours de la projection. Attends — en
écrivant cela, j’ai capté quelque chose [provenant d’une partie de ma
conscience qui n’est ni Ruburt ni Seth] m’indiquant que l’environnement de
la projection est aussi focalisé que le mien, vraiment, mais que c’est juste
une probabilité de mon environnement. Biologiquement, je n’étais pas au
diapason avec lui dans mon “présent”, j’étais dedans et pas dedans, entre
deux réalités focalisées… voyageant dans ou à travers ces fluctuations de
conscience dont Seth a parlé dans la dernière session. Il y a aussi fait
mention de types probables de conscience. Étais-je en train d’essayer de
développer l’un d’entre eux, ici, dans ma propre réalité physique ? Mais
c’était assurément un évènement de l’état de veille, ayant lieu juste avant
ma sieste. J’ai décrit tout cela à Rob dès que je me suis levée… »
Nous sommes tranquillement assis à attendre la session de ce soir
depuis 21 h 26, et Jane commence à s’impatienter. Comme elle l’avait déjà
fait remarquer avant la session 684 et à d’autres occasions, elle dit à
nouveau que maintenant « il y a quelque chose de différent » dans les
sessions. Pour ce livre, elle doit « parvenir à une focalisation claire
particulière… »
21 h 51.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Accordez-nous un instant… Le corps est aussi un schéma.
Point. Bien que le matériau qui le compose change constamment, le schéma
maintient sa propre intégrité. La forme est gravée dans l’espace et le temps
et, pourtant, le schéma lui-même existe également en dehors de ce cadre-
là — le corps est donc une projection dans le champ tridimensionnel.
La conscience des cellules, à l’intérieur de lui, est toutefois éternelle. Le
cadre physique lui-même est constitué de quelque chose d’immortel. La
projection dans le temps et l’espace peut disparaître, en vos termes, se flétrir
et mourir. L’identité principale continue d’exister, tout comme continue
d’exister la conscience des millions de cellules qui, à un certain moment,
faisaient partie du corps.
(Une pause d’une minute à 21 h 59.)
Pendant qu’il est habité par la conscience humaine ordinaire, le corps
vivant agit en tant qu’intense point de focalisation. Le conglomérat des
consciences, à l’intérieur de lui et à tous les niveaux, se focalise sur son
propre réseau de communication. Ce réseau privé est relié à tous les autres
qui lui sont semblables. Il y a donc des niveaux d’interaction simplement
entre tous les corps, de façon électromagnétique et biologique. Le réseau a
toutefois une portée beaucoup plus grande que cela. Non seulement toutes
les cellules peuvent se répondre entre elles, mais leur activité de masse
génère même des centres plus élevés de conscience qui répondent à un
ensemble donné de conditions d’un monde, plutôt qu’à d’autres conditions
d’un monde tout aussi légitime, mais qui ne correspondent pas au modèle
accepté. Dans une certaine mesure, les probabilités sont donc déterminées
en adéquation avec les cellules. Ceci doit être évident.
(Une longue pause parmi tant d’autres à 22 h 07.) La structure même
du corps va établir en elle des modèles pour les types de probabilités dont il
sera possible de faire l’expérience concrète. La réalité-source, d’où
proviennent toutes les autres, n’est jamais prédéterminée — c’est-à-dire
prédestinée ni même établie. L’univers, en quelques termes que ce soient,
est toujours en train d’être créé. Point.
Quand une conscience est spécifiée, elle se voit toujours au centre de
son monde. Toutes les spécifications de conscience et toutes les apparences
phénoménales se produisent quand les unités fondamentales de conscience,
les UC, émergent en unités EE et, de là, dans les dimensions d’une réalité
qui est en vos termes. La conscience principale que vous acceptez
normalement se trouve au sein de la matière de votre corps et, à travers
lui — le corps —, vous percevez votre monde. Rien ne vous empêche de
voir votre corps depuis un point de vue qui lui est extérieur, si ce n’est
qu’on vous a appris que la conscience est prisonnière de la chair.
Le corps est un organisme émetteur et récepteur ; votre centre
opérationnel, pour ainsi dire, et le point de focalisation pour votre activité.
Vous pouvez cependant sauter hors de lui de façon tout à fait consciente —
et vous le faites souvent, quand, pendant un temps, en particulier dans l’état
de rêve, vous observez le monde selon une autre perspective.
Accordez-nous un instant… Dans certaines aventures, vous visitez
d’autres réalités probables dans lesquelles vous avez une structure
corporelle tout aussi réelle que « la vôtre ». Votre propre construction
psychologique, soit dit en passant, parvient à sa merveilleuse complexité
parce qu’elle puise dans la riche banque de vos plus grandes existences
probables. Même une petite compréhension de ces idées-là peut vous aider
à entrevoir combien les concepts antérieurs de la psychologie ont été
limitants.
(Une pause de dix minutes à 22 h 25.) Le moi que vous connaissez et
reconnaissez porte en lui des indices et des traces de toutes vos
caractéristiques probables qui peuvent être actualisées à l’intérieur de votre
système de réalité. Votre corps est équipé pour mener n’importe laquelle
d’entre elles à l’épanouissement. Maintenant, du fait de la sélectivité déjà
mentionnée [1], certaines directions peuvent être plus faciles que d’autres, et
certaines peuvent paraître impossibles. Pourtant, à l’intérieur de la structure
psychologique et biologique de votre espèce, les chemins de probabilités
ont plus d’intersections que ce que vous en savez.
L’esprit conscient, tel que vous y pensez normalement, dirige
l’ensemble de votre action globale et ses idées déterminent le type de
sélectivité dont vous vous servez. C’est pour cette raison que j’essaye
d’étendre vos idées conscientes, de manière à ce que vous soyez mieux
équipés pour choisir votre ligne d’expérience physique parmi toutes celles
probables qui vous sont ouvertes.
Maintenant, faites votre pause.
(22 h 32. Je pensais que la transe de Jane était bonne, malgré ses
nombreuses pauses, mais elle me dit qu’elle n’était pas au mieux de sa
forme. Elle ne s’est pas rendu compte non plus de son élocution lente. Elle
a aussi le sentiment que notre dîner [à 19 h 30] était trop rapproché de la
session.
Je parle à Jane des questions auxquelles j’ai pensé quand Seth a
expliqué « combien les concepts antérieurs de la psychologie étaient
limitants ». Pourquoi, en tant que discipline, la psychologie a-t-elle été si
étroitement développée ? Pourquoi n’a-t-elle pas continué à s’étendre
jusqu’à englober des idées telles que celles transmises par Jane, ce soir ?
J’ajoute que le travail de Jane est unique, dans le sens où il se fait au
travers de sa personnalité individuelle — pourtant, pourquoi la théorie des
probabilités, ou son équivalent, n’est-elle pas plus largement connue, ou au
moins prise en considération dans la psychologie actuelle ? Je demande si
Seth voudra faire un commentaire.
Après avoir discuté encore quelques minutes, Jane me dit : « J’ai le
sentiment que tu vas obtenir des réponses à tes questions sur la
psychologie — mais elles seront présentées en tant que préface de ce
livre. » Nous n’avions pas du tout pensé à une préface. En plaisantant, je
demande à Jane ce qui va venir ensuite, dans la session. Je veux dire en
général, mais elle réplique : « La préface. » À ce moment-là, je pense que
nous ne nous attendons ni l’un ni l’autre à ce que Seth mène à bien un tel
projet ce soir. Il se manifeste à nouveau à 22 h 57.)
Maintenant. Préface : Il y a une réalité « inconnue », entre guillemets
comme indiqué. J’en fais partie et vous aussi…
(Seth termine la préface à minuit par un jovial :) Fin de la préface.
(« D’accord. »)
Fin de la session.
(« D’accord. Merci, Seth. Bonne nuit. » Il est 00 h 01 et Seth est parti
presque d’un seul coup. Voir la préface au début du livre. Jane dit que,
même si Seth n’a, en définitive, pas réellement tenu compte de mes
questions spécifiques sur la psychologie, celles-ci lui ont servi d’impulsion
pour la préface. Jane se sent bien. Je lui lis la préface, et elle se sent encore
mieux.
Bien que la session soit ostensiblement terminée, elle va induire en fait
plusieurs effets successifs — et continus. L’expérience de Saratoga qu’a eue
Jane va aussi jouer un rôle. Tout le matériau s’y rapportant se trouve dans
l’Appendice 4.

NOTES DE LA SESSION 685


[1] Seth parle de la sélectivité dans la session 682, à 22 h 36.
SESSION 686

Mercredi 27 février 1974

(Les effets qui ont suivi la séance de lundi dernier continuent. Jane est
très intriguée par le matériau qu’elle a produit « d’elle-même » après la
session, aussi bien durant son sommeil cette nuit-là que dans ce qu’elle a
écrit le lendemain. Voir l’Appendice 4. Il est maintenant 21 h 10 et, pendant
que nous nous préparons pour la session de ce soir en discutant des
informations qu’elle a reçues, elle commence à sentir que l’expérience
continue. Cette fois, cependant, celle-ci prend une forme verbale, sous
forme de dictée, bien que Seth ne soit pas impliqué. Je prends en note la
plus grande partie de ce qu’elle a à dire, qui constitue l’Appendice 5 et je
suggère au lecteur de s’y reporter avant de poursuivre la lecture de cette
session.
Jane finit de dicter à 21 h 40. Pendant quelques instants, elle reste
assise tranquillement, puis elle me dit : « À présent, j’attends simplement
Seth. C’est comme si je sentais tout un tas de concepts autour de moi, et je
laisse Seth les organiser… Mais, maintenant, je pense que je suis à peu près
prête… »
21 h 45.
Doucement :) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Fondamentalement, la compréhension de la cellule franchit
le temps, tel que vous y pensez. Point.
La conscience du genre humain a cependant expérimenté selon des
lignes de temps spécifiques. À mesure que l’être humain se développait
selon ces lignes, diverses méthodes de sélectivité et de discrimination, aussi
bien biologiques que mentales, étaient utilisées. Quand, en termes
d’histoire, le genre humain s’est rendu compte qu’il avait une mémoire et
s’est souvenu de son passé comme étant un passé en vos termes, il lui a été
possible de confondre le passé et le présent. Des souvenirs intenses, hors
contexte mais ayant une validité neurologique immédiate, pouvaient entrer
en concurrence avec la focalisation brillante qui était nécessaire dans son
présent.
Bien que le passé soit en fait tout aussi immédiat, vivant et créatif que le
présent, l’homme a fait certains ajustements, à plusieurs niveaux, pour se
focaliser sur des distinctions précises et bien séparer l’expérience passée de
celle présente. Pendant que votre type particulier de conscience se
développait, il a commencé à intensifier une sélectivité, pour se concentrer
spécifiquement sur un petit domaine d’activité, tout en repoussant d’autres
données. C’était nécessaire parce que le type particulier de manipulation
physique de l’existence corporelle exigeait une réponse physique
instantanée aux stimuli immédiatement présents.
(21 h 55.) Une telle sélectivité et une telle spécialisation représentaient
donc une méthode pertinente, au moment où la conscience se familiarisait
avec l’expérience terrestre. Les chasseurs devaient répondre immédiatement
à la situation présente. En termes de temps, l’animal « présent » devait être
tué pour la nourriture — pas l’animal « passé ». Cet animal-là — celui du
passé — existait aussi sûrement que celui perçu dans le présent, pourtant,
dans le contexte humain, l’action physique devait être orientée vers un
domaine extrêmement spécifique, car la survie physique en dépendait.
(Une pause, puis lentement.) L’innocence fondamentale des cellules
quant à une discrimination temporelle devait être contournée. À des niveaux
profondément inconscients, la structure neurologique est beaucoup plus
adaptable qu’il n’y paraît. Des ajustements ont donc été accomplis.
Fondamentalement, la structure neurologique répond aux données à la fois
passées et futures. Biologiquement, cette activité est innée. Le « nouveau »
type spécialisé de conscience dans un corps devait réagir de façon rapide et
précise. Alors, il s’est focalisé uniquement sur une seule série de messages
neurologiques.
(En tant que Seth, Jane formule le matériau avec grand soin, presque
syllabe par syllabe, comme pour me donner le temps de noter sans erreur.
Sa dictée en transe est en général excellente ; il est rare que je doive lui
demander de répéter un mot ou une expression.)
Ceux-ci sont devenus de plus en plus proéminents biologiquement, de
sorte que la conscience de l’homme les a chevauchés, ou a bondi sur eux.
Ces messages particuliers, ou impulsions, sont devenus ceux qui étaient
acceptés tant sur le plan biologique que mental. Leurs indications étaient
traduites en perceptions sensorielles. Ces impulsions ou messages sont
devenus les seules données officielles qui, traduites en perception
sensorielle, formaient la réalité physique. Cette sélectivité a fourni une ligne
de référence compréhensible, allant d’une existence intérieure vers une
existence extérieure.
(22 h 10. De façon posée mais intense.) D’autres messages tout aussi
valides étaient ignorés. Bien que présents, ils sont devenus biologiquement
invisibles. Les cellules réagissaient encore à ces impulsions négligées par
ailleurs, car elles avaient besoin de données provenant à la fois du passé et
du futur pour maintenir l’équilibre du corps dans « le présent ». La
nécessité d’une action extérieure immédiate et consciente à un point
« défini » d’intersection avec des évènements était laissée à la conscience
émergente de l’ego.
Alors que les cellules avaient besoin de données futures et passées, et
qu’elles s’en servaient pour former à partir de cette invisible tension la
réalité physique présente du corps, le même type d’information pouvait être
une menace pour la conscience de l’ego, qui risquait d’être submergée. Au
sein de la structure corporelle, pourtant, il y a des messages qui, de votre
point de vue, jaillissent trop vite ou trop lentement pour permettre une
réponse physique. De cette manière, rien n’empêche la compréhension
cellulaire de circuler librement ; mais la sélectivité déjà mentionnée [dans
les sessions 682 et 683] contourne ce type d’informations, afin qu’elles ne
soient pas en conflit avec les données sensorielles présentes requérant une
action physique au moment même.
D’autres impulsions porteuses de messages sont tout aussi valides que
celles que vous percevez et auxquelles vous réagissez physiquement.
Encore une fois, les cellules y répondent constamment. Le corps, nous
l’avons dit [dans la session 685], est un schéma électromagnétique,
suspendu dans un réseau de probabilités, dont vous faites l’expérience de
façon corporelle à un point d’intersection dans l’espace et le temps.
Quand l’homme, historiquement parlant, selon vos termes, a commencé
à expérimenter la mémoire, il y a eu d’innombrables cas où la conscience
émergente de l’ego ne faisait pas assez clairement la distinction entre le
passé et le présent, tels que vous les comprenez.
Le passé, dans le présent, apparaissait de façon si brillante que l’homme
était incapable de réagir de manière adéquate aux circonstances du moment
qu’il avait lui-même créées. Le futur était bloqué, concrètement parlant
(une longue pause), pour préserver la liberté d’action et pour encourager
l’exploration, la curiosité et la créativité physiques. Avec la mémoire,
cependant, des projections mentales dans le futur étaient aussi possibles,
bien sûr, si bien que l’homme pouvait planifier ses activités dans le temps,
et prévoir des résultats probables : des « images fantômes » des probabilités
futures ont toujours fait office de stimuli mentaux pour des explorations
physiques de toutes sortes et dans tous les domaines.
(« Vous voulez dire dans tous les domaines de la planète, par
exemple ? »)
Ces images fantômes ont fourni des stimuli pour une expérience
mentale, spirituelle et physique. Cela répond à votre question, je crois.
(« Oui. »)
La race humaine avait affaire à la création d’un nouveau monde
d’expérience physique. Pour ce type particulier d’expérimentation, il lui
fallait se concentrer sur la manipulation physique. Les images fantômes
provenant du futur étaient certes une chose qui inspirait le genre humain.
Toutefois, si de telles données étaient instantanément apparues devant les
hommes, ils auraient été privés des joies, tentatives et défis physiques qui
étaient si fondamentaux pour l’expérimentation elle-même. Voulez-vous
reposer un peu votre main ?
(De la tête, je fais signe que non. Jane vient de parler pour Seth
pendant trois quarts d’heure et ne manifeste aucune envie d’arrêter. Comme
lors des autres sessions consacrées à ce livre, je me rends compte qu’il y a,
chez Jane en tant que Seth, une charge ou un élan supplémentaire, une
détermination plus forte. Maintenant, en transe, Jane vient sans problème à
bout de ces phrases complexes, en indiquant même la ponctuation.)
Il vous aurait été tout à fait possible, en tant qu’espèce, de choisir
comme étant « réelle » n’importe quelle autre « série » d’impulsions
neurologiques, ou de messages, et de structurer votre expérience selon des
lignes différentes. La structure biologique et la conscience mentale ont
cependant choisi ensemble la séquence la plus confortable, dans laquelle un
domaine d’activité présent, occasionné par une reconnaissance
neurologique, allait être étayé par une connaissance mentale inconsciente et
d’autres connexions neurologiques biologiquement invisibles.
La psyché se connaît elle-même et a connaissance de ses parties. Quand
la conscience de l’ego a atteint un certain degré de compétence biologique
et mentale, quand l’expérience du présent est devenue suffisamment
étendue, la conscience de l’ego était au stade où elle pouvait commencer à
accepter des données plus larges. De fait, c’est le stade où elle en est
maintenant.
(Une pause à 22 h 37.) Sa focalisation dans le présent est maintenant
sûre. Cette focalisation-là a finalement mené, en vos termes, à une
expansion de la conscience, une expansion que les premiers hommes
n’avaient pas à gérer. En vos termes, le temps inclut maintenant plus
d’espace et, par là même, plus d’expérience et de stimuli. Encore une fois,
historiquement parlant, dans le passé, une personne donnée ne se rendait
compte, à tout instant, que de son environnement immédiat. Elle pouvait y
répondre sur-le-champ. Dans cette mesure-là, les évènements étaient
gérables. Et accordez du repos à votre main, si vous voulez.
(Je me sens bien, mais Jane, toujours en transe, lève son paquet de
cigarettes vide. Elle attend patiemment pendant que je vais lui en chercher
un neuf.)
L’ego s’est spécialisé dans l’expansion de l’espace et dans sa
manipulation physique. Il s’est spécialisé dans les objets. Le résultat est
que, maintenant, une personne se rend compte à toute heure d’évènements
qui se produisent à l’autre bout du monde. Aucune réponse physique
immédiate qu’il ou elle puisse faire ne semble adéquate ou pertinente dans
de nombreux cas. Dans cette mesure-là, l’action physique corporelle perd
donc son impeccable précision dans le temps. Vous ne pouvez pas donner
un coup de pied à un « ennemi » qui ne vit pas dans votre village ou votre
pays ; encore moins à un ennemi que vous ne connaissez même pas
personnellement. (Avec insistance.) À nouveau, dans cette mesure-là,
l’action physique instantanée dans le temps n’est pas un facteur de vie ou de
mort comme lorsqu’un homme faisait face à un animal enragé ou à un
ennemi, dans un combat corps-à-corps.
(« Puis-je poser une question ? » En tant que Seth, Jane acquiesce de la
tête. « Allez-vous nous donner une définition de ce que vous entendez par
“premiers hommes” ? Je pense que cela intéresserait les lecteurs. » J’avais
espéré que Seth aborderait ce sujet. Toujours en transe, Jane hoche la tête à
nouveau et j’ai la nette impression que je n’aurais pas dû interrompre sa
transmission.)
Maintenant. De la même façon, dans le passé, l’amour pouvait
immédiatement s’exprimer. En termes historiques, les premiers hommes,
j’utilise ici vos théories sur l’espèce — les premiers hommes — étaient en
contact intime avec leurs familles, leurs clans ou leurs tribus. L’expansion
de l’espace se développant, les êtres chers habitent loin les uns des autres, et
on ne peut exprimer d’un seul coup une réponse corporelle soudaine, à un
point particulier de contact immédiat.
(22 h 57.) Ces développements, et d’autres, déclenchent déjà des
changements de comportement chez l’homme, l’inspirant encore à
davantage de modifications de la conscience. Il a maintenant besoin d’un
point de vue plus étendu du passé et du futur, pour l’aider à traiter les
ramifications du présent tel qu’il a évolué à travers l’expérience.
Les concepts généralement reconnus de ce qu’est le moi sont
l’interprétation de l’ego quant à l’individualité. Ils sont projetés dans les
concepts de Dieu et de l’univers. Ils se voient accorder une certaine validité
biologique, du fait de la sélectivité déjà mentionnée, grâce à laquelle une
seule série d’impulsions neurologiques est acceptée — et ce sont ces
impulsions-là que chevauche la réalité du moi égotiste. Il fut un « temps »
où un dieu interprété en ces termes a servi de modèle pour le comportement
égotiste d’un moi à l’égard d’un autre moi.
(Je relis à Seth ce dernier paragraphe pour vérifier. J’ai tout retranscrit
correctement ; je ne m’étais pas égaré finalement.
Lentement.) Dans un monde dans lequel les individus étaient confinés
dans un espace correspondant à une tribu ou à un clan (une pause d’une
minute), l’action était immédiate. L’environnement offrait un cadre dans
lequel la conscience apprenait à gérer des stimuli de façon directe. Elle
apprenait à se focaliser. La spécialisation nécessaire signifiait que seule une
certaine quantité de données pouvait être gérée en même temps, sur un plan
émotionnel ou autre. La formation de tribus différentes permettait aux
hommes de fonctionner en coopération, par petits nombres. Cela signifiait
que ceux de l’extérieur étaient sélectivement ignorés, considérés comme
des étrangers.
(Avec insistance.) À ce stade, la conscience en ces termes-là ne pouvait
pas gérer une concentration focalisée, l’émergence de la conscience d’un
ego, et simultanément faire l’expérience de puissants sentiments d’unité
avec d’autres grands groupes. Elle luttait pour l’individuation.
L’individuation dépendait cependant de la coopération des individus. À
mesure que l’ego apprenait à se sentir plus sûr, les tendances à la
coopération se sont élargies de sorte que le développement de nations est
devenu possible. Il était toutefois inévitable que la conscience de l’ego
produise une réalité dans laquelle elle aurait finalement besoin, en ces
termes-là, d’accepter d’autres données et informations qu’elle avait dû
ignorer au début.
Jusqu’à présent, je parle en termes d’histoire, tels que vous les
comprenez. L’histoire, cependant, n’est rien d’autre que votre ligne
officielle de stimuli acceptés. Par la suite, dans ce livre, j’éclaircirai ce
point.
Nouveau paragraphe. (Et à un rythme plus rapide.) Comme la
conscience égotiste s’élargit pour inclure des données jusque-là largement
négligées, elle va faire l’expérience, concrètement parlant, d’un nouveau
type d’identité ; se connaître d’une façon différente. Ses concepts de
divinité vont se modifier de manière significative, tout comme les
dimensions de l’émotion. Il y a dans votre héritage des veines d’amour qui
sont beaucoup plus riches, mais vos concepts concernant le moi et la nature
divine les ont gravement limitées. Vous semblez souvent haïr ceux qui, par
exemple, ont des croyances différentes des vôtres, et vous avez perpétré des
atrocités à l’égard d’autrui, au nom de la religion et au nom de la science,
car vos idées limitées quant à la nature du moi vous ont amené à avoir peur
de vos émotions. Souvent, vous craignez par exemple que l’amour ne vous
submerge.
(Une pause d’une minute à 23 h 20.) Pendant que vous vous
préoccupiez tant de la protection de ce que vous considériez être les
frontières et l’intégrité d’une individualité, vous êtes arrivés en fait, en tant
qu’espèce, à un point où vous commenciez à nier votre propre réalité plus
grande. Mais tout cela fait partie de l’expérimentation dans laquelle votre
espèce s’est embarquée dans votre probabilité.
Là où, autrefois, votre survie physique, en ces termes-là, dépendait
d’une focalisation resserrée pendant que vous appreniez la manipulation
physique, le succès de cette manipulation rend maintenant nécessaire un
élargissement de la focalisation — un nouvel éveil dans une existence du
moi plus large, avec ce qui sera une re-reconnaissance correspondante
d’une activité neurologique qui est actuellement uniquement perçue, et de
façon brève, par certains [comme Jane], mais qui est présente dans
l’héritage de votre structure corporelle.
(D’une voix plus forte.) Maintenant, je ne pense pas que l’on puisse
raisonnablement s’attendre à ce que vous preniez d’autres notes sans avoir
fait une pause, et je vous en accorde donc une.
(« D’accord. Merci. »
23 h 26. En fait, c’est l’une des fois où j’ai l’impression que je pourrais
continuer à prendre des notes indéfiniment. Jane en tant que Seth semble
aussi parfaitement capable de continuer. La transe de Jane a duré une
heure et quarante et une minutes, mais elle en sort malgré tout rapidement.
« Depuis qu’il a commencé ce livre, me dit-elle, la transe s’est modifiée.
Une fois que je suis sur la bonne piste, Seth continue sans s’arrêter, et je ne
veux pas en changer ou arrêter… Je pense que c’est un développement
super. Mais tu sais : quand tu penses que tu as trouvé un truc que personne
n’a, tu as peur d’être traité de cinglé par les autres… Mais Seth est un
grand organisateur. On dirait qu’il y a une énorme masse de travail qui
s’accomplit en amont des sessions, pour que je puisse obtenir les
données — mais cela ne ressemble pas aux canaux provenant de Seth [tels
qu’ils sont décrits dans la session 616 du chapitre 2 de La Réalité
personnelle]. »
Jane dit que je ferais mieux de poser des questions uniquement durant
la pause, du moins pour l’instant. Ma demande concernant les « premiers
hommes » ne l’a pas « sérieusement » perturbée ; mais je ne me trompais
pas quand j’ai senti que je n’aurais pas dû l’interrompre. Elle me parle
aussi de confusions, ou de conflits, possibles dus au fait que Seth transmette
La Réalité « inconnue » pendant qu’elle-même écrit Adventures in
Consciousness. Elle ne rencontre pourtant aucun problème et son propre
livre l’enthousiasme toujours ; ces jours-ci, elle met la touche finale au
chapitre 4. Elle doit envoyer le manuscrit d’Adventures chez son éditeur,
Prentice-Hall, en septembre 1974.
Reprise à un rythme tranquille à 23 h 48.)
Maintenant. Ici, et tout au long de ce livre, il y aura des parties
consacrées à des Exercices Pratiques — avec des majuscules —, où vous
pourrez voir, dans une certaine mesure, comment il est possible de faire
l’expérience pratique de certains de ces concepts et de recevoir au minimum
un aperçu de leur mise en application.
Centré. (Avec des gestes.)
EXERCICE PRATIQUE 1

À l’état de veille, dans ce qui semble être une sorte de projection


mentale, Ruburt s’est retrouvé à Saratoga Springs, état de New York, là où
il a grandi. (Voir les notes de Jane au début de la session précédente.) Tout
était gris. La nature immédiate des données sensorielles dans toute leur
intensité était absente. La vision était claire mais tachetée, extrêmement
sélective. Le mouvement était toutefois l’élément sensoriel le plus fort.
D’un côté, Ruburt n’avait pas de corps et, de l’autre, il percevait une partie
de l’expérience à travers les yeux d’un nourrisson dans un landau.
Il a perçu avec acuité une bordure particulière à l’angle d’une
intersection bien précise [celle de York Avenue et de Warren Street], et son
attention a été retenue par la focalisation sur une bordure, une pente en
terre, puis le trottoir ; et aussi par le mouvement de la poussette qui montait.
L’enfant était lui-même d’une part dans le passé, tout en étant un moi
futur probable dans ce passé-là. (Une pause.) Du point de vue de la
focalisation mentale officielle de Ruburt, et du point de vue du présent
neurologiquement accepté, cet environnement passé devait rester décentré
ou flou. Ruburt ne pouvait en faire l’expérience qu’en se démarquant de
l’activité neurologique officiellement admise. Il s’est rendu dans un
magasin qui n’existe « plus » à cet endroit-là, et, ici, les données
sensorielles étaient un peu plus claires. Il n’avait pas de souvenirs
conscients de l’intérieur du magasin, pourtant celui-ci lui est apparu
instantanément — le sol sombre et huileux, couvert de sciure. Même les
odeurs étaient présentes.
Il a visité l’école primaire [publique] qu’il a fréquentée de la maternelle
jusqu’au CE2, il a vu les enfants sortir pour la récréation et a eu le
sentiment d’être l’un d’eux — tout en sachant, durant toute l’expérience,
qu’il était un adulte embarqué dans cette aventure.
Il est allé de place en place, flottant sans corps — une excursion de la
conscience. Le même environnement existe maintenant, de façon
alternative par rapport au présent de Ruburt, et de façon aussi vive que son
propre présent. C’était pourtant, de son point de vue, un passé probable.
Le bébé qu’il a momentanément identifié au moi qu’il est maintenant
n’a partagé que de façon opaque et indirecte une expérience commune. Il
ne s’agissait donc pas d’une simple régression. Cet enfant-là a grandi dans
cette probabilité-là et Ruburt a grandi dans celle-ci. (Une pause.) Il a
toutefois effleuré certaines coordonnées qu’ils partageaient
neurologiquement tous les deux. L’enfant et lui connaissaient bien le landau
et la bordure du trottoir, la mère qui poussait le landau, et la maison dans
laquelle Ruburt, en tant qu’enfant, sentait qu’on le portait.
Il a distinctement perçu l’intérieur de la maison et l’escalier. Il savait
que la mère descendait ensuite les marches pour rentrer la poussette mais,
quand il a essayé de le percevoir, le mouvement est devenu trop rapide. La
silhouette de la mère est devenue tellement floue qu’il n’a pas pu la suivre.
Il a eu un sentiment de confusion et s’est retrouvé en train de pénétrer dans
le magasin tout proche ; puis, il a consciemment fait le tour du pâté de
maisons et est entré dans l’école.
L’école et le magasin ne faisaient pas partie de l’expérience du bébé,
car, dans cette probabilité-là, la famille a déménagé. Le flou de l’activité,
avant cela, était le résultat d’une confusion neurologique, et Ruburt est
passé sans le savoir à un environnement, toujours situé dans le même pâté
de maisons, qui avait un sens pour lui mais que l’expérience future de ce
bébé ne partageait pas. Vous devez comprendre que votre propre passé
existe de façon aussi vitale que votre présent — mais vos passés et présents
probables existent de la même manière. Seulement, vous ne les acceptez
pas dans les fils d’expérience que « vous » reconnaissez.
(Une pause.) Sautez plusieurs lignes.

Comme part du travail sur ce livre, Ruburt commence juste à


expérimenter la reconnaissance consciente d’un matériau probable, et
l’acceptation consciente de types d’expériences qui, selon la sélectivité déjà
mentionnée, sont d’habitude tabous.
(00 h 19.) Dans son sommeil, après notre dernière session, il a permis à
sa conscience de s’étendre suffisamment pour que celle-ci se rende compte
d’une information et d’une expérience qui sont en général automatiquement
censurées par des habitudes mentales et neurologiques. Dans Adventures,
Ruburt emploie l’expression « perception préjugée » — une formulation
excellente — qui peut s’appliquer ici. Car vous avez des préjugés de nature
spirituelle, mentale et physique, en ces termes. Dans son sommeil, Ruburt
n’avait plus ces préjugés, jusqu’à un certain degré du moins, de sorte qu’il
est tombé sur des informations qui semblaient étrangères ou hors contexte
par rapport à l’expérience habituelle.
Vos théories sur le temps sont en lien avec vos impulsions
neurologiques habituelles. Jouer avec des concepts de multidimensionnalité
ou de probabilités est une chose, mais c’en est une autre que de se retrouver
pratiquement face à elles, même brièvement, quand vos modèles de pensée
et vos habitudes neurologiques vous disent que ces choses-là ne peuvent pas
être traduites. Ruburt se sentait donc frustré, et il m’a dit en des termes on
ne peut plus clairs (Voir l’Appendice 4) que sa conscience ne pouvait pas
contenir l’information qu’il recevait.
Comme un bon enseignant (dit sur un ton plein d’humour), j’ai pris ses
protestations en considération. Par la suite, il a écrit une déclaration qui lui
est venue. C’était son interprétation consciente de l’information qu’il avait
reçue la nuit précédente, traduite du mieux qu’il pouvait en termes linéaires.
J’ai ma propre existence, qui est très différente de celle de Ruburt et,
pourtant, j’ai aussi une réalité qui est connectée à sa psyché. Vous tous
également avez le même type de connexion avec votre identité plus grande,
ou d’autres parties de vous-même, « dotées de plus de connaissances », qui
sont elles-mêmes indépendantes et qui, cependant, sont aussi vivantes dans
vos psychés. Ce sont des parties de la réalité « inconnue ».
Maintenant, je suis capable d’obtenir des informations que Ruburt, en
ses termes, n’a pas. En d’autres termes, il les a, et vous aussi, mais
mentalement, spirituellement et biologiquement, vous avez eu des préjugés
contre elles. En tant qu’espèce, vous êtes toutefois prêts à vous rendre
davantage compte de votre réalité plus vaste et à en explorer les aspects
« inconnus ». Point. D’où ce livre.
Il se peut que vous vous sentiez un peu irrités par certains concepts qui
s’y trouvent, simplement parce que vous vous êtes tellement entraînés à les
ignorer. Vous devriez également faire l’expérience d’une accélération de la
conscience et, à mesure que vous le lisez, d’un sentiment croissant de
familiarité. La structure même de ce livre vous conduira, si vous le
permettez, dans d’autres strates de votre propre connaissance plus vaste.
(D’une voix forte.) Point. Fin de la session. J’aurai quelques
recommandations personnelles la prochaine fois. Les programmes télévisés
favoris de Ruburt sont bons pour lui et permettent à son esprit de se reposer.
Ils sont pour lui un jeu mental et, pour cette raison-là, ils sont importants.
(00 h 37. « Bonne nuit, Seth. Merci beaucoup. »
La transe de Jane était très profonde. Elle a maintenant le regard flou :
« J’ai l’impression de ne pas vouloir penser pendant deux semaines… »
Même si Seth n’a rien dit de tel pendant la session, Jane m’explique qu’elle
a « capté venant de lui » que, pendant quelque temps, elle devrait manger
un repas de plus par jour — en général tard le soir, comme, disons, après
une session. Elle doit aussi faire plus d’exercice chaque jour, bouger aussi
vite qu’elle le peut. Elle ajoute qu’en produisant ce livre, elle ne se soumet
pas à une tension supplémentaire, puisqu’elle veut le faire, mais que ces
actions simples vont l’aider à se rafraîchir. Depuis que nous avons
commencé ce livre, elle dépense énormément d’énergie. Les commentaires
de Jane avant la session de ce soir, à propos d’instructions possibles de la
part de Seth, se trouvent dans l’Appendice 5.
Après avoir terminé La Réalité personnelle en juillet 1973, Jane et moi
avions un peu délaissé le rythme habituel des sessions du lundi et du
mercredi soir, le temps de préparer ce livre-là pour sa publication. Nous
avions pris l’habitude de regarder certains programmes télévisés le
mercredi soir, mais comme nous avons repris les sessions régulières, nous
n’avons plus le temps de les voir. Je suggère à Jane de déplacer la session
du mercredi au jeudi.
À de nombreuses reprises durant la nuit qui suit cette session, Jane se
retrouve en train de dicter La Réalité « inconnue », à la fois dans et en
dehors de son sommeil.)

NOTES DE LA SESSION 686

[1] Voir à nouveau les sessions 647 et 648 dans le chapitre 12 de La


Réalité personnelle. J’ai déjà fait référence à ces sessions-là dans la
note 2 de la session 683.

[2] Voir le propre matériau de Jane dans l’Appendice 5. En étudiant cette


session 686 — ainsi que les notes au moment de la pause à 23 h 26 —,
il serait bon que le lecteur ait présents à l’esprit les Appendices 4 et 5.

[3] Voir la session 679 au niveau de la note 4, ainsi que la note 4 elle-
même.

[4] Rien que dans Seth parle, il y a déjà beaucoup de matériau sur les
probabilités que je pourrais citer en lien avec cette session. L’une de
mes sessions favorites est toutefois la 566 au chapitre 16 ; Seth y parle
des « profondes interconnexions psychologiques » faisant entrer en jeu
les passés et futurs probables, les rêves, la télépathie, les aptitudes
présentes, la suggestion et d’autres sujets qui y sont reliés. Il dit
également des choses telles que : « Assis comme vous l’êtes en train de
lire ce livre, dans votre instant présent du temps, vous vous trouvez au
centre d’une toile cosmique de probabilités qui réagit au plus infime de
vos actes mentaux ou affectifs. »

[5] Note ajoutée au cours de la même semaine. L’exercice spécifique


associé à ce premier Élément Pratique se trouve dans la prochaine
session.

[6] Note ajoutée par la suite. Nous continuons bien sûr à obtenir des
informations sur les connexions psychiques qu’il y a entre Jane et Seth.
Même maintenant, plus de dix ans après que Jane a commencé à parler
pour lui, on peut dire que chaque session représente une nouvelle étape
dans ce processus d’apprentissage ; nous nous attendons tout à fait à ce
que cela se poursuive aussi longtemps qu’il y aura des sessions.
SESSION 687

Lundi 4 mars 1974

(Pour le matériau sur l’homme parallèle, l’homme alternatif et l’homme


probable, voir l’Appendice 6 que Jane a commencé à me dicter hier soir, un
peu après minuit.
Dans les chapitres 3 et 12 de La Réalité personnelle, j’ai inséré des
notes décrivant comment Jane et moi avons vu des oies en train de migrer
vers le sud en 1972, et vers le nord en 1973. Aujourd’hui, ce phénomène
vraiment sublime et mystérieux se présente à nous à nouveau — et il a pour
nous plus de sens que jamais. En ce qui me concerne, je relie intuitivement
les voyages réguliers de ces oies à nos propres rythmes de travail pour
produire les livres de Seth.
Il y a de belles similitudes entre la vision que nous en avons eue
aujourd’hui et celle de mars dernier. Le temps est à nouveau très chaud
pour cette époque de l’année ; il tombait à nouveau une pluie fine. Quand
Jane a attiré mon attention sur ces cris familiers, j’ai ouvert la fenêtre de la
cuisine. Les oies arrivaient au-dessus de la rivière, volant bas sous les
nuages et la pluie — un grand « V » sauvage se dirigeant vers le nord.
Je n’en avais jamais vu autant en une seule volée, ou escadrille. À tout
moment, un certain nombre d’oiseaux faisaient la navette au sein de la
formation, changeant de position pour des raisons qui nous étaient
inconnues, « parlant » tout le temps. Une fois de plus, j’ai trouvé le
spectacle de leur vol très réconfortant. Ces oiseaux, me disais-je, savaient
où ils allaient — ils savaient ce qu’ils faisaient, d’une façon que les
humains pouvaient à peine comprendre. J’ai suivi des yeux la formation
jusqu’à ce qu’elle disparaisse dans le brouillard et les arbres à l’horizon.
Depuis 21 h 20, nous attendons que la session commence. À 21 h 37,
Jane s’impatiente : « Allez, Seth… Hmm ; j’ai beaucoup fait cela ces
derniers temps, non ? » Puis : « Je le sens vaguement autour… » Et Seth de
poursuivre son matériau sur l’Exercice pratique 2.
21 h 42.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Les expériences comme l’épisode de Ruburt à Saratoga
sont précieuses parce qu’elles sont le début d’un processus dans lequel
d’autres impulsions neurologiques sont reconnues jusqu’à un certain point.
Sur une certaine période de temps, cela peut amener une expérience
consciente de réalités probables. Au début, les aperçus peuvent être très
brefs, et l’expérience sensorielle nébuleuse. Néanmoins, de nouveaux
schémas et de nouvelles tentatives cognitives se mettent en place entre la
structure neurologique et la conscience que vous connaissez.
Ce qui suit est un excellent exercice préliminaire.

EXERCICE PRATIQUE 2

Prenez n’importe quelle scène dont vous vous souvenez, provenant de


votre passé. Faites-en l’expérience aussi clairement que possible, de façon
imaginaire mais avec l’idée de ses extensions probables. Parfois,
immédiatement ou après quelques essais, une partie particulière de la scène
devient grise ou ombrée. Ce n’est pas une partie du passé que vous
connaissez, mais un point d’intersection où ce passé-là a servi de rejeton
dans une suite de probabilités que vous n’avez pas suivie.
Au lieu d’un élément ombré, il se peut que vous vous sentiez vous-
même insubstantiel — « fantomatique » comme se sentait Ruburt. Point. Ou
bien encore, le dialogue imaginé — s’il y en a un — peut soudain dévier de
celui dont vous vous souvenez ; ou la scène tout entière et l’action peuvent
rapidement changer. Chacun de ces évènements peut indiquer que vous
commencez à avoir un aperçu des variations probables de la scène ou action
particulière. Toutefois, l’indice le plus important, ici, c’est le sentiment
subjectif, et une fois que vous en faites l’expérience, il n’y aura aucun doute
dans votre esprit.
Certaines personnes feront cet exercice quasiment sans problème et
d’autres auront besoin de persévérance avant de rencontrer le moindre
succès. (Une pause.) Cette méthode est encore plus efficace si vous
choisissez dans votre passé une scène dans laquelle entrait en jeu un choix
qui était pour vous important.
Dans ce cas-là, commencez en imagination à suivre jusqu’au bout
l’autre ou les autres décisions que vous auriez pu prendre. À un certain
point, un effet d’ombre — une teinte grise, ou une autre des caractéristiques
que je viens de mentionner — va se produire. Il peut y avoir un ou plusieurs
de ces effets mais, encore une fois, votre sentiment subjectif est l’indice le
plus important. L’imagination peut vous donner une image claire, par
exemple, qui peut ensuite devenir floue et, dans ce cas-là, l’aspect « flou »
sera pour vous l’indice d’une action probable.
Tant que vous n’aurez pas essayé de faire cet exercice et qu’il ne vous
sera pas devenu familier, vous ne comprendrez pas son efficacité. Par la
suite, vous saurez par exemple quand l’évènement dont vous vous souvenez
et votre imagination croisent une autre probabilité. Que vous le fassiez ou
non avec succès, l’exercice commencera une réorientation neurologique très
importante si vous espérez avoir un aperçu de réalités qui sont à l’extérieur
de votre réalité sensorielle présente, neurologiquement acceptée.
(Une pause à 22 h 01.) Cet exercice est une porte mentale et biologique
qui peut élargir les concepts que vous avez à la fois de vous-même et de la
réalité. Dans certains cas, il peut sembler que peu de progrès soient faits
pendant l’exercice lui-même. Cependant, au cours de la journée, ayant pris
une décision importante dans une direction, vous allez peut-être commencer
à percevoir la réalité de la décision opposée et de ses ramifications.
L’exercice peut aussi avoir pour résultat un type différent de rêve, un rêve
qui est reconnu au sein même de l’état de rêve comme une introduction, au
moins, à une réalité probable. En tout cas, vous avez directement affaire à
des probabilités futures dans l’état de rêve.
(Une pause.) Par exemple, dans une série de rêves, vous pouvez tester
diverses solutions à un problème donné et choisir l’une d’elles [1]. Ce choix
devient votre réalité physique.
En fonction de l’intensité de la situation, maintenant, une autre solution
tout aussi désirable peut être trouvée dans une réalité probable. À un niveau
inconscient, vous vous rendez compte de vos moi probables, et eux se
rendent compte de vous. Vous partagez les mêmes racines psychiques, et
vos rêves communs, et pourtant séparés, sont accessibles à « vous tous ».
Cela ne veut pas dire que vous rêvez le rêve de quelqu’un d’autre, pas plus
que cela signifie que des jumeaux, par exemple, le font. Cela veut dire que
vos moi probables et vous partagez un ensemble de symbolisme,
d’antécédents et d’aptitudes. La nature multistructurée de l’état de rêve
permet des scénarios rêvés dans lesquels des moi probables apparaissent. Ils
peuvent apparaître comme représentant symboliquement des
caractéristiques fortes sur lesquelles ils se sont focalisés, même si vous,
vous les avez ignorées.
(Lentement.) Quoi qu’il en soit, l’état de rêve opère comme une riche
toile de communication entre des moi probables et des existences probables.
Toutes les probabilités proviennent d’une réalité intérieure, des activité et
structure intérieures propres à la psyché. (Une longue pause.) La conscience
que vous connaissez peut en effet émerger maintenant dans une réalisation
encore plus grande d’elle-même, mais pas en défendant de façon
obsessionnelle sa vieille position. Elle doit au contraire reconnaître son
pouvoir en tant que directeur d’une action probable, et ne plus inhiber les
capacités plus grandes qui sont les siennes.
En vos termes, votre conscience s’est jusqu’à maintenant spécialisée
dans un conditionnement neurologique. Comme mentionné (dans la session
682), c’était extrêmement important pendant qu’elle apprenait l’art de la
focalisation spécialisée. À présent, cependant, elle doit commencer à
reconnaître qu’elle peut en fait s’élargir, et amener à sa connaissance
d’autres réalités tout à fait légitimes. La nature des probabilités doit être
comprise, car, dans le monde tel que vous en faites l’expérience, le temps
est venu où la sagesse et le discernement les plus grands sont nécessaires.
Votre conscience et vos préjugés neurologiques vous rendent aveugles à la
pleine dimension de l’activité physique. L’implication véritable de l’action
physique ne vous est pas encore apparente.
(Une pause d’une minute à 22 h 23.) Vous commencez à comprendre la
réalité de votre planète. Vous ne pouvez pas la piller, par exemple, chose
que vous commencez tout juste à apprendre. L’ouverture de votre
conscience aux messages que vous rejetiez auparavant vous mettrait en
contact direct avec d’autres formes de vie sur votre planète, d’une façon que
vous vous êtes refusée jusqu’à présent. Votre connaissance cellulaire des
probabilités passées et futures vous enseignerait, à elle seule, une courtoisie
spirituelle et corporelle.
(Une autre pause d’une minute.) Accordez-nous un instant… La réalité
« inconnue » vous soutient, vous et le tissu de la vie telle que vous le
comprenez. Vos concepts conscients doivent s’élargir de manière à ce que le
moi conscient puisse comprendre sa vraie nature. Telle que vous la pensez,
la conscience est à peine — à peine — à moitié développée. Elle a appris à
s’identifier exclusivement à un petit groupe de réponses neurologiquement
acceptées. Des parties non utilisées du cerveau demeurent latentes,
attendant la reconnaissance qui déclenchera leur activité. (Avec insistance.)
Quand cela se produira, l’esprit se rendra compte du riche lit de probabilités
que l’ego chevauche maintenant si aveuglément.
Les grandes dimensions latentes-mais-toujours-pressenties de l’état de
créature spiritualisée commenceront alors à fleurir. Quelques grands
hommes ont entraperçu ces aptitudes, virgule, leur amour de l’espèce et leur
intégrité les ont amenés à activer des parties inutilisées du cerveau [2]. À
leur façon, ils ont pressenti le grand futur probable et ses ramifications.
Dans les siècles passés, ils ont vu votre présent, mais à travers leur
propre vision ; ce n’était donc que partiellement le présent tel que vous le
connaissez. Votre réalité émotionnelle ne se révèle vraiment que de temps à
autre, car le concept même que vous avez de vous-même nie les aspects
multidimensionnels de votre être. Le besoin et le désir d’aimer et de
connaître sont tous deux biologiquement présents en vous. Ils sont présents
dans les animaux et dans un brin d’herbe.
Vos concepts de Dieu ont progressé main dans la main avec le
développement de votre conscience. L’ego émergeant avait besoin de sentir
sa dominance et son contrôle, et il a donc imaginé un dieu dominant, en
dehors de la nature. Les nations agissaient souvent comme des ego de
groupe — chacune avec sa propre représentation de Dieu, ses propres
concepts du pouvoir. À chaque fois qu’une tribu, un groupe ou une nation
décidait de partir en guerre, il se servait toujours du concept de son dieu
pour l’y conduire.
(À un rythme plus rapide à 22 h 45.) Le concept de Dieu a donc été une
aide, et une aide importante, pour l’ego émergent de l’homme. Pour
développer son sens de la spécialisation, l’ego a oublié la grande aventure
coopérative de la Terre. Si un chasseur connaît littéralement sa relation avec
un animal, il ne peut pas le tuer. À des niveaux plus profonds, l’homme et
l’animal comprennent tous deux les connexions. Biologiquement, l’homme
sait qu’il provient de la terre. Certaines de ses cellules ont été les cellules
d’animaux, et l’animal sait qu’il regardera à travers les yeux d’un
homme [3]. L’aventure de la Terre est coopérative. La bête tuée est le
chasseur de demain. En termes de conscience de l’ego, cependant, il y a eu
des étapes de croissance ; et les concepts de Dieu qui parlent d’unité avec la
nature n’étaient pas ceux qui servaient les buts de l’ego, dans la ligne de
développement que vous comprenez (de façon délibérée).
Pendant un temps, ces techniques ont fonctionné. Cependant,
l’indéniable moi intérieur était toujours en arrière-plan : les rêves de
l’homme, son intégrité biologique et spirituelle, tout cela était, d’une façon
ou d’une autre, toujours là devant lui.
Dans votre probabilité, vous avez permis une certaine liberté au moi
intérieur. La conscience prétendue égotiste n’a donc pas été totalement libre
de tout mouvement. Elle est restée suffisamment flexible pour que, même
cachés dans ses concepts de Dieu [4], il y ait des symboles d’une réalité plus
grande. Votre système, encore une fois, a affaire avec la capacité de
manipulation physique et la traduction de la créativité en une forme
physique. Pendant quelque temps, une séparation extérieure devait avoir
lieu, dans laquelle la conscience allait oublier, égotistement parlant, qu’elle
faisait partie de la nature, et prétendre en être au-dehors.
Il était clair cependant — et c’était inconsciemment écrit dans les
cellules, l’esprit et le cœur — que cette procédure n’irait que jusqu’à un
certain stade. Quand la conscience de l’homme serait sûre d’elle-même, elle
n’aurait plus besoin d’être aussi étroitement focalisée. Le véritable
épanouissement de la conscience de l’humanité pourrait alors commencer.
L’ego pourrait s’élargir et se rendre compte de réalités qu’il avait
« auparavant » ignoré. Point.
(Toujours en transe, Jane a posé une main sur ses yeux fermés et se
balance sur son fauteuil à bascule.)
Une courte pause.
(De 22 h 59 à 23 h 07.)
Vous vous êtes mis dans une position où votre conscience doit
maintenant se rendre compte des passés probables et des futurs probables,
afin de former pour vous-même un présent sain, épanouissant et créatif.
La conscience de l’ego doit maintenant se familiariser avec ses racines,
sinon elle va se transformer en autre chose. Vous êtes dans une situation où
l’expérience intime que vous avez de vous-même n’est pas en corrélation
avec ce que vous disent vos sociétés, vos Églises, vos sciences, votre
archéologie ou d’autres disciplines. La connaissance « inconsciente » de
l’homme devient de plus en plus consciemment apparente. Cela sera fait
sous, et avec, la direction d’une conscience égotiste éveillée et en
expansion (d’une voix beaucoup plus forte) qui peut organiser la
connaissance jusqu’à présent négligée — ou ce sera fait aux dépens de
l’intellect doué de raison (à nouveau d’une voix forte), ce qui conduira à la
renaissance de la superstition, du chaos et de la guerre inutile entre la
raison et la connaissance intuitive.
(Une pause.) Quand, à ce stade actuel de développement du genre
humain, cette connaissance inconsciente émergente est niée par les
institutions, elle se soulève alors malgré ces institutions, et elle les anéantit.
(Une pause.) Cultes après cultes vont émerger, aucun d’eux n’étant plus
restreint par l’usage de la raison, car celle-ci aura nié l’existence d’une
connaissance inconsciente et luxuriante, désorganisée et ne percevant plus
que son ancienne force.
Si cela se produit, toutes sortes de vieilles et de nouvelles
dénominations religieuses se feront la guerre, et toutes sortes d’idéologies
verront le jour. Ceci n’a pas besoin d’avoir lieu, car l’esprit conscient —
fondamentalement, maintenant —, ayant appris à se focaliser en termes
physiques, est censé s’élargir, accepter les intuitions et la connaissance
inconsciente, et organiser ces principes profondément créateurs en modèles
culturels.
La grande émotion qu’est l’amour a été jusqu’à présent piètrement
utilisée ; pourtant, elle représente même la force d’impulsion biologique
de votre être. Vos religions vous ont enseigné dans une large mesure à vous
détester vous-même, ainsi que l’existence physique. Elles vous ont dit
d’aimer Dieu, mais vous ont rarement appris à faire l’expérience des dieux
en vous-mêmes.
Maintenant. D’une façon ou d’une autre, les religions ont toujours suivi,
encore une fois, le développement de votre conscience, et elles ont donc
servi ses objectifs et les vôtres ; et elles ont toujours été le reflet, bien que
déformé, de ces réalités intérieures plus vastes de votre être. En termes
historiques, tels que vous les comprenez, la « progression » de la religion
vous donne une parfaite image du développement de la conscience
humaine, de la différenciation des peuples et des nations, et de l’expansion
de la notion d’« individu ».
En soi-même, le concept d’un être individuel égotistiquement fondé n’a
rien de mauvais : je ne suggère donc pas que votre individualité soit
quelque chose qu’il faudrait perdre, mettre de côté ou supplanter. Je ne dis
pas non plus qu’elle devrait être enterrée, submergée ou dissoute dans un
surmoi. Je ne suggère pas que ses contours soient rendus flous par un
inconscient puissant.
(Avec insistance.) Je dis que le moi individuel doit se rendre
consciemment compte de beaucoup plus de réalité ; qu’il doit permettre à
sa reconnaissance d’identité de s’étendre de manière à inclure une
connaissance auparavant inconsciente. Pour faire cela, vous devez
comprendre, encore une fois, que l’homme doit dépasser les concepts de
dieu unique, de moi unique, de corps unique, de monde unique, telles que
ces idées sont comprises actuellement [5]. Vous êtes maintenant en équilibre,
en vos termes, sur un seuil à partir duquel l’espèce peut suivre de
nombreuses voies. Il y a des espèces de conscience. La vôtre est dans une
période de changement. Il y a à l’intérieur des mécanismes du corps, en vos
termes, des potentiels qui ne sont pas encore utilisés. Développés, ceux-ci
peuvent enrichir infiniment l’espèce et l’amener à des niveaux
d’épanouissement spirituel, psychique et physique. Si certains changements
ne sont pas effectués, l’espèce en tant que telle ne durera pas.
(23 h 26.) Cela ne veut pas dire que vous n’allez pas durer ou que, dans
une autre probabilité, l’espèce ne durera pas — mais cela signifie qu’en
vos termes de séquence historique, la race humaine ne durera pas.
(Une pause.) Si nous parlons maintenant en ces termes historiques que
vous comprenez, permettez-moi de dire qu’il n’y a pas eu une ligne unique
de développement allant de l’animal à l’homme, mais des lignes parallèles
dans lesquelles, pendant des siècles, l’animal-homme et l’homme-animal
ont coexisté de façon coopérative. De la même manière, actuellement,
parmi vous et sans que vous le sachiez, de nombreuses espèces de ce que
vous pourriez appeler des hommes probables [6] demeurent sous une forme
embryonnaire.
Du fait de la ligne particulière de développement de l’ego, vous avez
fait des expérimentations à l’aide de drogues artificielles et de substances
chimiques, à la fois dans vos aliments et pour des raisons médicales, ainsi
que pour une illumination « religieuse ». Certains effets du LSD [7] et
d’autres drogues psychédéliques artificielles vous laissent entrevoir
d’autres directions probables que votre conscience aurait pu suivre, ou
pourrait encore suivre. Cependant, telles que sont menées les
expérimentations, et dans l’ignorance du contexte, l’esprit conscient adopte
une position subalterne. Au lieu de cela, en utilisant des méthodes autres
que les drogues, il est possible de lui apprendre à étendre sa connaissance
de façon beaucoup plus sûre, et à l’organiser selon un mode qui pourrait
être des plus avantageux. Quoi qu’il en soit, certaines de ces expériences
donnent des indices de quelques aspects de l’un des développements
probables de l’espèce.
Accordez-nous un instant. Reposez votre main…
(Avec beaucoup d’insistance.) Vous ne pouvez littéralement rien faire
qui ne soit pas naturel. Néanmoins, pendant une certaine période de temps,
les substances chimiques « artificielles » qui pénètrent dans le corps avec
des aliments vont former une nouvelle sorte de nature, en vos termes.
Vos corps sont merveilleusement équipés, et ils transforment pratiquement
tout à leur avantage. De nombreuses écoles de pensée voient d’un très
mauvais œil les drogues dites artificielles, ou les substances chimiques,
considérant qu'elles vous coupent de la nature. Pourtant, les
expérimentations de ce genre représentent une forte ligne de probabilités,
encore en « bas âge », dans laquelle l’homme pourrait se sustenter lui-
même sans épuiser la Terre, sans tuer d’animaux, en formant littéralement
un nouveau type de structure physique connectée à la Terre, tout en
n’épuisant pas sa substance.
Ce qui ne veut pas dire qu’entre-temps cela n’occasionnera pas un peu
de confusion biologique. Cela signifie que, même en ces termes-là, et sans
le savoir consciemment, le genre humain expérimente une espèce probable
et travaille à la résolution de problèmes spirituels. Vos futurs probables et
vos passés probables, en termes plus larges, existent en même temps. Je
vais commencer par vous expliquer votre histoire, du moins jusqu’à un
certain stade, dans les termes historiques que vous reconnaissez. À ce
niveau-là, j’espère rendre consciemment connue votre réalité inconnue.
Maintenant. Ceci est la fin de la Partie 1, qui doit se composer des
sessions telles qu’elles ont été données, exception faite de la Préface, qui
vient en premier. La Partie 1 doit être intitulée La Réalité « inconnue » et
vous, le mot « inconnue » étant entre guillemets. Accordez-nous un
instant…
(Une pause à 23 h 58.) En décrivant en partie le passé des premiers
hommes, en termes historiques, je montrerai également comment cet
« héritage » est vivant dans votre expérience quotidienne du monde tel que
vous le connaissez. Point.
L’archéologie de l’âme et du sang n’est pas enterrée, mais vivante dans
votre expérience. Une photographie n’est pas plus une relique que ne l’est
un fossile. Chacun d’eux est plein de l’énergie d’être. Ni la photo ni le
fossile ne sont enterrés dans un passé se situant au-delà de votre savoir. La
première vit dans le présent de votre psyché, et le second dans la vitalité
vivante de vos cellules.

NOTES DE LA SESSION 687

[1] Ce matériau de Seth sur les solutions dans les rêves me rappelle un
poème écrit par Jane quand elle avait dix-sept ans et dont il ne reste
que ces quelques vers :
J’ai trouvé des rêves et je les ai suivis,
Puis perdus.
J’ai trouvé des galets tachetés sur le rivage,
Et je les ai gardés,
Mais c’était les rêves que je voulais.
Le premier matériau publié par Jane concernant les rêves
(prémonitoires et autres) se trouve dans les chapitres 4 et 5 de The
Coming of Seth, dont le titre à l’origine était How to Developp Your
ESP Power. Elle cite aussi Seth à propos des rêves dans le chapitre 14
du Matériau de Seth et lui-même en parle directement dans Seth parle et
dans La Réalité personnelle. Nous avons toutefois rassemblé pas mal de
matériau non publié de Seth sur les rêves et je vais commencer à
chercher des opportunités de les insérer dans la suite de ce livre.

[2] Je dirais que, lorsqu’il parle des « parties inutilisées du cerveau »,


Seth ne fait pas uniquement référence à l’organe physique mais aussi
aux qualités de l’esprit non physique. Nous avons encore beaucoup à
apprendre sur le cerveau (sans parler de l’esprit) ; même si aujourd’hui
toutes les parties du cerveau ont été explorées jusqu’au niveau
moléculaire, aucune trace ni empreinte d’une pensée n’a jamais été
trouvée au sein de son tissu. En tant qu’analogie, la connaissance innée
des probabilités dont Seth fait ici le postulat peut sans doute être
associée au cerveau de la même façon que la mémoire qui, à l’évidence,
« se produit » dans toutes ses parties, au lieu d’être simplement
localisée dans l’une d’elles. Pour un matériau sur l’expansion mentale
et psychique au cours de la vieillesse, et sur les hémisphères du
cerveau, reportez-vous à la session 650 dans le chapitre 13 de La
Réalité personnelle. Et dans le chapitre 21 de Seth parle, il est
brièvement fait mention de l’activation finale de « nouvelles zones »
dans le cerveau pour « prendre soin physiquement » des souvenirs de
vies passées. Voir la session 586 à 23 h 02.

[3] Du fait de leur dissolution au moment de la mort de leur hôte, les


cellules de l’être humain ne vont pas devenir littéralement une partie de
la structure d’un animal mais, dans ces cellules, certaines composantes
moléculaires d’une grande longévité peuvent au moins le faire, et avec
toutes leurs mémoires intactes. Je pense cependant que l’idée
développée par Seth dépasse cette simple interprétation étroite ; il se
pourrait qu’un transfert de mémoire cellulaire (ou d’une qualité
équivalente) d’une créature à une autre entre en jeu. Nous n’avons pas
encore demandé à Seth d’approfondir cela. En 1965, Jane a traité en
poésie de concepts similaires.
Illumination

Muette comme une pierre,


Je me sentais
À l’intérieur de moi sans mots.
La compréhension m’a dévoré le pied
Engloutissant jusqu’à mon bras.
Le vent a décollé
Des strates de ma peau.
Mon cœur et mes entrailles sont étalés,
Séchant au soleil,
Déballés, exposés.
Des roitelets sont venus,
Des faucons et des vers,
Communiants innocents à un festin sacramentel.
Anatomie délicieuse —
morceau par morceau emportée.
Depuis l’aile inclinée d’un roitelet,
Je me suis vue dans le faucon
Tomber d’un ciel pur et limpide
Et dans le ver, j’ai senti se dérober
Les côtés lisses de la Terre.
Sans être sectionnée,
J’ai été distribuée parmi les étoiles,
Éparpillée, mélangée, gelée.
Mes cellules se sont disséminées librement
Dans le crâne des grenouilles.
« Qui suis-je ? », se sont écriés le ver et le faucon,
La grenouille, l’étoile et le rocher.
Mon cœur et mes entrailles ont chanté fort
Répondant dans une multitude de
Voix.

[4] Pour du matériau sur les probabilités, le concept de dieu et la religion,


se reporter aux chapitres 14, 15, 16, 17 et 21 de Seth parle, ainsi qu’au
chapitre 17 de Adventures in Consciousness.
[5] Une bonne part du matériau de Seth dans la Préface et dans la session
683 s’applique ici.

[6] Voir Appendice 6.

[7] Dans La Réalité personnelle, voir les sessions 638 et 639 dans les
chapitres 9 et 10. Ce chapitre 10 contient des extraits de Dialogues,
écrit par Jane. Ils illustrent à leur tour une partie de ses propres
« trips » — mais sans drogue.
PARTIE 2

L’homme parallèle, l’homme alternatif et l’homme


probable :
leur reflet dans la présente psyché personnelle

Votre réalité multidimensionnelle dans le maintenant


de votre être
SESSION 687 (SUITE)

Lundi 4 mars 1974

(00 h 01.) Maintenant. Partie 2 : « L’homme parallèle, l’homme


alternatif et l’homme probable, » deux points : « Leur reflet dans la présente
psyché personnelle. » C’est le titre.
(Une pause.) En dessous de cela et séparé — de ce premier titre — un
second : « Votre réalité multidimensionnelle dans le maintenant de votre
être. »
(D’une voix plus forte.) Fin de la session —
(« D’accord. »)
— Et mes salutations les plus chaleureuses à vous deux. Ruburt se
régénère. J’aurai bientôt davantage à lui dire. J’aimerais qu’il reçoive
d’abord quelques friandises [sur ce livre].
(« Merci, Seth. Bonne nuit. »
00 h 04. Jane sort vite de transe bien que celle-ci ait été excellente.
Assise dans son fauteuil à bascule, elle commence à battre rapidement des
pieds sur le sol. Je sens les vibrations. « Ces transes sont si profondes que
j’ai besoin de faire quelque chose quand j’en sors », dit-elle. Elle continue
à taper. « Elles sont différentes, c’est indiscutable… »
Le lendemain matin, Jane me dit qu’elle a une fois de plus « beaucoup
dicté du livre » après s’être couchée. Mais elle pense avoir été alerte, cette
fois-ci : quand elle a compris que le matériau « coulait à travers elle »,
comme elle le dit souvent [pour exprimer qu’elle n’a pas conscience de la
présence de Seth], elle s’est assise, a allumé sa lampe de chevet et a
commencé à noter les données sur le carnet qu’elle garde sur sa table de
nuit. Dormant à côté d’elle, cela ne m’a pas dérangé. « Ha ha !, s’était-elle
dit à la fin, quand les informations ont cessé d’affluer, cette fois, j’ai pu tout
mettre par écrit. » Elle s’est rallongée sur le lit — puis s’est réveillée. Elle
avait rêvé la partie prise de notes de l’expérience.)
SESSION 688

Mercredi 6 mars 1974

(Aujourd’hui, j’ai montré à Jane la version finale du portrait « image


fantôme » que j’ai fait d’elle en tant qu’homme dans une autre probabilité.
Ce tableau représente pour moi une nouvelle approche de l’art, et m’a
causé pas mal de perplexité pour commencer. Je l’ai démarré début février.
Je ne vais pas consacrer des pages aux tentatives infructueuses par
lesquelles je suis passé pour produire cette œuvre, sauf pour dire que je suis
finalement arrivé à une compréhension consciente assez simple du fait que
j’essayais de peindre une Jane probable. D’un seul coup, alors que je
l’observais en train de transmettre la session 684, celle du 20 février, j’ai
vu de fortes ressemblances entre mon tableau et certaines poses qu’elle
prenait de façon répétée quand elle était en transe.
Puis, il y a eu l’expérience que Jane a faite sur une probabilité-
projection mettant en scène sa ville natale de Saratoga Springs ; elle a elle-
même décrit cet épisode dans ses notes précédant la session 685, dans la
Partie 1, et Seth l’a beaucoup développé au cours de la session suivante.
Dans cet évènement, les qualités fantomatiques correspondent à ce que
j’essayais de faire en peinture. En laissant une épaisse sous-couche
uniquement grise et blanche à mon « portrait » de « Jane », j’ai compris
que je pouvais exprimer non seulement une interprétation probable d’elle,
mais aussi les qualités ternes de l’expérience même de Saratoga. Une fois
ces connexions conscientes établies, j’ai été capable de finir le tableau très
facilement. J’ai l’intention de travailler davantage en ce sens.
Une note humoristique : Jane a décidé qu’elle préférait poursuivre les
sessions du mercredi soir, plutôt que de les déplacer au jeudi. Les
programmes télévisés du mercredi ne sont finalement pas si attrayants que
cela. Elle dit par ailleurs que, ce soir, « elle sent quelque chose alentour, à
propos des cellules et de la prière, et autres sujets du même genre », et elle
annonce qu’elle veut tenir la session.
« Et maintenant que je suis assise ici, ajoute-t-elle, en tapotant les bras
de son fauteuil, je peux sentir le matériau en train de s’organiser. C’est une
grande aide… »
21 h 47.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Le début de la Partie 2. Vous avez déjà le titre. Accordez-
nous un instant…
Les UC, ou unités de conscience [1], sont littéralement en tout lieu et en
tout temps en même temps. Elles possèdent la plus grande adaptabilité et
une profonde propension « innée » à une organisation de toute sorte. Elles
agissent en tant qu’individus et, pourtant, chacune porte en elle une
connaissance de tous les autres types d’activité se produisant dans
n’importe quelle autre unité ou n’importe quel groupe d’unités.
En s’assemblant, les unités forment en fait les systèmes de réalité dans
lesquelles elles ont leur expérience. Dans votre système, par exemple, elles
sont à l’intérieur du monde phénoménal. Elles vont donc toujours se
présenter sous le couvert d’un modèle particulier de réalité. En vos termes,
elles peuvent avancer ou reculer dans le temps, mais elles possèdent aussi
un autre type de mobilité à l’intérieur du temps tel que vous le connaissez.
Puisque les pommes ont des parties internes, pensez au moment
ordinaire comme à une pomme. Dans l’expérience habituelle, vous tenez
cette pomme dans votre main ou bien vous la mangez. Toutefois, en
utilisant cette analogie, la pomme elle-même [comme le moment]
contiendrait en son sein d’infinies variations d’elle-même. Même à
l’intérieur du temps tel que vous le comprenez, ces UC peuvent donc opérer
de façons extrêmement difficiles à expliquer. Le temps ne va pas seulement
en avant et en arrière, mais vers l’intérieur et vers l’extérieur. J’utilise
encore ici votre idée du temps, jusqu’à un certain point. (Une pause.) Plus
tard, dans ce livre, j’espère vous amener totalement au-delà de cela. Mais
dans les termes que j’emploie actuellement, ce sont les directions du temps
vers l’intérieur et vers l’extérieur qui vous donnent un univers qui paraît
assez permanent, et qui pourtant est aussi en train d’être créé.
Cette poussée vers l’intérieur et vers l’extérieur permet plusieurs
conditions importantes, nécessaires à l’établissement de systèmes d’univers
« relativement » séparés et stables. Vu selon n’importe quel point de vue
qui lui est intérieur, un système de ce type peut sembler fermé [2]. Pourtant,
cette condition de poussée vers l’intérieur et l’extérieur met efficacement en
place les frontières et le caractère unique de chaque système universel, tout
en permettant un échange constant d’énergie entre eux.
(22 h 04.) Aucune énergie n’est jamais perdue. Elle peut sembler
disparaître d’un système mais, dans ce cas, elle va émerger dans un autre.
La poussée vers l’intérieur et l’extérieur qui n’est pas perçue est largement
responsable de ce que vous pensez être un temps ordinaire consécutif. (Une
pause [3].) Il est de la plus grande et de la plus haute importance, bien sûr,
que ces UC soient littéralement indestructibles. Elles peuvent prendre
n’importe quelle forme, s’organiser selon n’importe quel type de
comportement à l’égard du temps, virgule, et paraître former une réalité
complètement dépendante de sa forme et de sa structure apparentes.
Pourtant, en disparaissant à travers l’un des trous noirs [4] des physiciens,
par exemple, même si la structure et la forme sembleraient être anéanties et
le temps modifié de façon radicale, il y aurait à l’autre bout une émergence,
dans laquelle tout le « paquet d’un univers », qui avait été fermé dans le
trou noir, se rouvrirait.
Il y a le jaillissement constant d’une énergie nouvelle dans votre
univers, à travers une infinité de sources infimes. Ces sources sont les UC
elles-mêmes. À leur façon, et en utilisant maintenant une analogie, par
certains aspects au moins, les UC agissent en tant que minuscules mais
extrêmement puissants trous noirs et trous blancs, tels qu’ils sont
actuellement compris par vos physiciens. Accordez-nous un instant…
Les UC, en poursuivant cette analogie, servent de points sources ou de
« trous » à travers lesquels l’énergie tombe dans votre système, ou y est
attirée — et ce faisant, le forme. L’expérience du temps en progression,
l’apparence de la matière physique dans l’espace et le temps, ainsi que tout
le monde phénoménal en résultent. Lorsque les UC quittent votre système,
le temps est brisé. Ces effets ne sont plus vécus comme étant consécutifs et
la matière devient de plus en plus souple, jusqu’à ce que ses éléments
mentaux deviennent apparents. De nouveaux UC pénètrent et quittent
constamment votre système. Au sein du système en masse, cependant, à
travers leurs structures organisationnelles grandes et petites, les UC se
rendent compte de tout ce qui se passe — non seulement à l’apogée du
moment (avec un geste), mais en son sein, dans toutes ses probabilités.
Maintenant. Cela signifie que, biologiquement, la cellule se rend compte
de toutes ses variations probables, pendant que, dans votre temps et vos
structures, elle garde sa position unique en tant que partie, disons, d’un
organe dans votre corps. (Une pause.) En termes plus larges, la cellule est
un énorme univers physique, en orbite autour d’une UC invisible ; et, en
vos termes, l’UC sera toujours invisible — en deçà du plus petit phénomène
que vous pouvez percevoir avec n’importe quel type d’instrument. Il est
cependant possible, dans une certaine mesure, d’appréhender indirectement
son action par les effets qu’elle a sur le phénomène que vous pouvez
percevoir.
(Une pause à 22 h 26. Je vais chercher une bière pour Jane pendant
qu’elle attend, assise en transe.)
Les unités EE déjà mentionnées [5] représentent l’étape d’émergence, le
seuil qui active pratiquement les UC, en vos termes. Nous aurons plus à dire
sur ce sujet par la suite.
Il est toutefois vital que vous compreniez cette poussée du temps vers
l’intérieur et vers l’extérieur, et que vous saisissiez que l’apparence
consécutive de l’instant en découle. Cette poussée donne au temps des
dimensions que vous n’avez jusqu’à présent même pas commencé à
comprendre. Une fois encore, vous vivez à la surface de l’instant, sans
aucune compréhension des réalités non reconnues et non officielles qui
demeurent en dessous. Tout cela, je le redis, est lié à l’acceptation de la
reconnaissance neurologique que vous avez de certains messages plutôt
que d’autres, à vos préjugés mentaux qui vous aveuglent efficacement à
d’autres communications biologiques parfaitement valides, qui sont en fait
tout le « temps » présentes.
(Avec insistance.) J’essaye de vous dire quelque chose sur la réalité plus
vaste de votre espèce, mais pour faire cela justement, je dois vous
débarrasser, si possible, de certains concepts relatifs au début du temps, ou à
« l’histoire du début de l’humanité ».
Pour commencer, nous allons toutefois nous appuyer sur la vieille
terminologie, tout en espérant la laisser tomber peu à peu. Accordez-nous
un instant et laissez votre main se reposer…
(Je ne peux m’empêcher de sourire : au bout de trente secondes, Jane,
en tant que Seth, attend déjà de pouvoir continuer.)
Les UC forment tous les systèmes simultanément. Ayant formé les
vôtres, et s’étant elles-mêmes diversifiées en des formes physiques à partir
de leur énergie, elles se rendaient compte de toutes les variations probables
à partir d’une espèce biologique donnée. Il n’y a jamais eu de ligne droite
de développement, allant, par exemple, des reptiles aux mammifères, au
singe et à l’homme. Il y a eu au lieu de cela, et cela continue, de grandes
explosions, infiniment riches et parallèles, de formes de vie et de schémas
dans toutes les directions possibles. Il y a eu des hommes-animaux et des
animaux-hommes, pour employer vos termes, qui ont partagé à la fois le
temps et l’espace pendant de nombreux siècles [6]. Ceci est, comme vous le
savez tous, un système physique dans le temps. Ici, les cellules meurent et
sont remplacées. Connaissant leur propre indestructibilité, les UC qui sont
en elles changent simplement de forme, conservant toutefois l’identité de
toutes les cellules qu’elles ont été. (Avec insistance.) Bien que la cellule
meure physiquement, sa nature inviolée n’est pas trahie. Elle n’est
simplement plus physique.
Ce type de « mort » est donc naturel, d’une façon ou d’une autre, au
sein de votre système. Je vais parler ici selon de nombreux points de vue et,
par la suite, je discuterai pleinement de vos idées sur la mortalité. Ici,
cependant, permettez-moi d’affirmer que toute vie est coopérative. Elle sait
aussi qu’elle existe au-delà de sa forme.
Dans l’expérience de votre espèce, un certain type de développement de
la conscience, tout à fait vital, entre en jeu. (Une pause.) Cela a nécessité
un certain type de spécialisation, une identification particulière, à « long
terme », à la forme. La structure cellulaire maintient une efficacité brillante
dans la réalité présente du corps, mais elle sait qu’elle en est libre. Le type
particulier de la conscience humaine s’identifie au corps avec force. C’était
nécessaire pour focaliser l’énergie vers la manipulation physique. Dans une
importante mesure, cela s’applique aussi aux animaux. La cellule peut
mourir de son plein gré, mais la conscience spécifiquement orientée de
l’homme et de l’animal ne lâchera pas prise aussi volontiers.
La cellule est individuelle et lutte pour une survie légitime. Pourtant,
son temps est limité et la survie du corps dépend de la sagesse innée des
cellules. La cellule doit finalement mourir pour que le corps survive et ce
n’est qu’en mourant que la cellule peut prolonger son propre
développement et donc assurer sa propre survie plus large. La cellule sait
donc que mourir, c’est vivre.
(22 h 59. Jane a transmis tout ce matériau avec énormément de force.)
La conscience de l’homme, et jusqu’à un certain point celle des
animaux, s’identifie plus spécifiquement à la forme. Afin de développer son
propre type de conscience individualisée, l’homme a dû consciemment
ignorer pendant quelque temps sa propre place au sein de la structure de la
Terre. Son expérience du temps allait sembler être celle de son identité. Sa
conscience ne semblerait pas couler dans son corps avant la naissance et en
ressortir après la mort. Il allait « oublier » qu’il y avait un temps pour
mourir. Il oublierait que la mort signifiait une nouvelle vie. Un message
naturel devait remplacer la vieille connaissance.
Accordez-nous un instant… Dans le corps, certaines cellules en
« tuent » d’autres et, ce faisant, l’intégrité vivante du corps est maintenue.
Les cellules se rendent mutuellement ce service-là (avec des gestes). Dans
le monde extérieur, certains animaux en « tuent » d’autres. Vous avez donc
eu pendant des siècles, pour parler en vos termes limités, une situation dans
laquelle les hommes et les animaux étaient à la fois chasseurs et proies. Au
cours de ces ères nébuleuses [7] — de votre point de vue —, ces activités-là
étaient accomplies avec la compréhension la plus profonde et la plus
sacrée. À nouveau, l’animal qui était tué savait que, « plus tard », il
regarderait à travers les yeux de son meurtrier [8] — parvenant à un type de
conscience différent et plus neuf. L’homme, le tueur, comprenait le vaste
sentiment d’harmonie qui existait même dans l’acte de tuer, et il savait que
le matériau physique de son propre corps serait à son tour utilisé par la
Terre pour réapprovisionner le monde végétal comme le monde animal.
Même quand vous avez perdu de vue — comme vous saviez que cela se
produirait — ces connexions profondes, celles-ci allaient continuer à opérer
jusqu’à ce que, à sa façon, la conscience de l’homme soit capable de
redécouvrir la connaissance et de s’en servir — de manière délibérée et
volontaire, amenant ainsi cette conscience à s’épanouir. En vos termes, cela
représenterait un grand bond, car l’individu conscient égotiste comprendrait
alors pleinement la connaissance inconsciente et agirait de lui-même, par
choix. Il deviendrait un co-créateur conscient. À l’évidence, cela ne s’est
pas encore produit.
Je vous ai dit (après 22 h 26, dans cette session) que vous ne perceviez
pour l’instant que la surface de l’instant ; vous ne percevez donc aussi
qu’une seule ligne de développement de l’espèce. Pourtant, même à
l’intérieur de votre système, il y a des traces des autres réalités probables
qui coexistent. Les dauphins en sont un parfait exemple [9]. Dans votre ligne
de probabilités, ce sont des étrangetés, pourtant, déjà maintenant, vous
reconnaissez la grande capacité de leur cerveau et, dans une faible mesure,
vous avez un aperçu de l’étendue de leur propre communication.
À un certain moment sur votre Terre, selon votre façon de considérer le
temps, il y a eu beaucoup d’espèces de ce genre : des êtres aquatiques dont
le cerveau avait des capacités aussi bonnes ou meilleures que les vôtres. Vos
légendes de sirènes, par exemple, bien que largement romancées, sont en
fait des traces du développement de l’une de ces espèces. Il y avait
plusieurs espèces plus petites que les dauphins mais qui avaient en général
la même structure. Leur intelligence était incontestable, et les vieux mythes
de dieux des océans sont nés de ces espèces-là. Même maintenant, il y a une
vie émotionnelle extrêmement riche chez les dauphins, à laquelle vous êtes
relativement aveugles ; et plus encore, il y a de leur part une reconnaissance
des autres espèces qui est plus grande que la vôtre.
(Une pause d’une minute à 23 h 24. Puis, à un rythme plus lent.)
Les dauphins possèdent un sens aigu de loyauté personnelle et une
structure familiale intime, allant de pair avec un comportement et une
reconnaissance individuels et de groupe hautement développés. Ils
coopèrent les uns avec les autres, en d’autres termes. Ils dévient de leur
route pour venir en aide à d’autres espèces et, cependant, ils n’adoptent pas
de petits animaux de compagnie (dit en douceur, en me fixant). Il y avait
aussi de nombreuses variétés de mammifères marins — certains étant une
combinaison d’être humain et de poisson, même si cela correspondait en
gros à un genre de poisson-chimpanzé. C’étaient de petites créatures qui se
déplaçaient avec une incroyable rapidité et pouvaient émerger sur la terre
ferme pendant plusieurs jours d’affilée.
Dans d’autres probabilités, les mammifères marins prédominent. Ils
cultivent la terre comme vous cultivez les océans et apprennent seulement
maintenant comment opérer sur la terre ferme pendant le temps qu’ils
veulent, tout comme vous commencez seulement maintenant à apprendre à
le faire sous l’eau.
L’univers physique sert donc de seuil pour les probabilités, et toutes les
espèces possibles trouvent dans ce système leur plus grand épanouissement,
chacune d’elles étant neurologiquement accordée sur sa propre réalité et son
propre « temps ». Le corps lui-même, tel qu’il existe actuellement, est donc
équipé de façon innée d’autres réponses neurologiques qui vous
sembleraient biologiquement invisibles. Néanmoins, ce sont votre
conscience et vos croyances qui orientent cette reconnaissance
neurologique. À la naissance, et avant que commence un processus
d’apprentissage structuré, vous êtes beaucoup plus libres à cet égard.
Vous pourriez (souligné) vous promener dans « hier » aussi bien que
dans « demain » à ce moment de la naissance — si vous pouviez
marcher — et, d’ailleurs, votre perception vous rapporte des évènements
qui sont à la fois dans une séquence temporelle et en dehors d’elle. Les
réponses aux évènements qui en sont au-dehors n’apportent cependant pas
au nourrisson une reconnaissance, une approbation, ou une action. Il
commence alors immédiatement à apprendre à accepter certaines
impulsions neurologiques qui conduisent à des résultats, et pas les autres ;
les modèles neurologiques sont donc appris très tôt. Cela peut être un
processus effrayant, même si le nourrisson est rassuré. Il voit, hors de tout
contexte, à la fois le présent et le futur sans discernement, et (avec
insistance) je parle d’images perçues physiquement.
Les cauchemars que font les enfants servent souvent de libérations
biologiques et psychiques, au cours desquelles les perceptions enfouies et
hors du temps émergent de manière explosive — des évènements perçus
auxquels il est impossible de réagir avec efficacité, face au conditionnement
parental. Le corps est donc en fait un mécanisme beaucoup plus
merveilleux que ce que vous croyez. Ce sont les précognitions [10] du corps
lui-même qui permettent à l’enfant de se développer, de parler, de marcher
et de grandir.
De la même façon, l’espèce, telle que vous y pensez, se rend compte à
un certain niveau de ses propres probabilités et de ses lignes de
développement « futures ». L’enfant qui apprend à marcher peut tomber et
se faire mal et, pourtant, il apprend. De la même façon, l’espèce commet
des erreurs — et pourtant, en réponse à sa propre connaissance plus vaste,
elle continue d’explorer les domaines de son épanouissement probable.
(D’une voix plus forte, avec un sourire.) Soit une pause, soit la fin de la
session.
« Bon, nous allons faire une pause et voir ce qui se passe. »
23 h 50. La transe de Jane était profonde. Elle est stupéfaite
d’apprendre que celle-ci a duré plus de deux heures ; en fait, elle a transmis
toute la session sans une pause. « C’est encore un autre type de transe, dit-
elle, et une fois que tu y es, il vaut mieux y rester. Mais il m’est impossible
d’expliquer pourquoi c’est si jubilatoire. »
« C’est fou, poursuit-elle, mais je sais que tout ceci conduit à l’homme
alternatif, l’homme probable et l’homme parallèle. [Voir l’Appendice 6.] Je
pensais que tu étais fatigué ce soir, mais j’ai eu envie de faire la session au
lieu de regarder des rediffusions à la télévision… en particulier après avoir
reçu ces éléments sur les cellules et la prière biologique, pendant que je
faisais la vaisselle ce soir. »
Jane décide « d’attendre une seconde », à 23 h 55, pour voir si elle peut
reprendre la session. Puis, nous y mettons fin, à 00 h 05. En fait, c’est moi
qui suis fatigué. Jane se sent bien. Elle me dit qu’elle serait contente de
continuer la session pendant deux heures. Je suis tenté, mais…)

NOTES DE LA SESSION 688

[1] Voir les sessions 682 à 684, dans la Partie 1.

[2] En général, étant donné la nature des UC — les unités


« fondamentales », dont Seth a fait le postulat et qui constituent toutes
les réalités —, les systèmes fermés ne peuvent pas exister. Extrait de la
session 581 dans le chapitre 20 de Seth parle : « Fondamentalement,
toutefois, aucun système n’est clos. L’énergie coule librement de l’un à
l’autre, ou plutôt les imbibe tous. C’est seulement la structure du
camouflage [physique] qui donne l’impression de système clos ; et la loi
de l’inertie n’est pas applicable. C’est seulement à l’intérieur de votre
cadre qu’elle semble une réalité, en raison de votre focalisation
restreinte. »
Ensuite, pour quelques citations antérieures de Seth sur son aptitude à
se déplacer dans certains systèmes de réalité, voir la note 4 de la
session 680 de ce volume.
(Dans la session 512 du premier chapitre de Seth parle, il est écrit :
« J’utiliserai par moments le terme de “camouflage” pour faire
référence au monde physique auquel réagit l’ego externe, car la forme
physique est l’un des camouflages que prend la réalité. »)

[3] Deux raisons d’insérer ici cette petite note : la pause de Jane, et ce que
dit Seth de notre type de temps. Voici ce que j’ai écrit à 21 h 55 dans la
session 24 du 10 février 1964 : « Jane explique que, lorsqu’elle fait une
pause pour Seth pendant une transmission, elle peut percevoir le
concept global du sujet dont il est question. Il lui semble “suspendu au-
dessus d’elle”. Puisque, dans ces occasions, il y a trop de choses à
gérer d’un coup, elle sent que Seth le retire pour le livrer par petit
morceau à la fois, sous la forme de mots connectés. »
Complément ajouté par la suite. Dans cette session-là, Seth décrit
également comment il doit « démêler des concepts » de leurs structures
pour les communiquer à travers Jane. Ce matériau sera présenté dans
un appendice de la session 711, dans le tome 2 de La Réalité
« inconnue ». Dans cet appendice, je rassemble des informations qui
proviennent de plusieurs sessions et qui portent sur les relations
complexes existant entre Jane, Ruburt et Seth (et aussi entre Rob et
Joseph).

[4] Un trou noir type, selon ce qu’Einstein a prédit dans sa théorie sur la
gravitation, est censé être les restes effondrés d’une étoile géante ayant
épuisé toute son énergie nucléaire. Sa densité est incroyablement
grande, et sa force de gravité si puissante que même la lumière ne peut
s’en échapper. Un tel objet est par là même invisible, et forme un
« trou » dans l’espace.
(On a cependant émis l’hypothèse que quelques radiations lumineuses
pouvaient s’échapper de l’horizon des événements, situé juste au-dessus
du trou noir ou près de lui, et que, finalement, ces radiations pourraient
être détectées par des instruments satellites plus performants. Seth n’a
fait aucun commentaire sur de tels attributs théoriques concernant les
trous noirs.)
Voir la session 593 dans l’Appendice de Seth parle : il y évoque
brièvement les trous noirs et leurs contreparties suggérées, les trous
blancs.

[5] Voir la note 3 de la session 682 et la session 683 juste après 23 h 30.

[6] Voir l’Appendice 6.

[7] Il y a tout juste une semaine, dans la session 686, j’ai demandé à Seth
de faire un commentaire sur nos origines anciennes, mais je n’ai pas
obtenu de réponse. Au moment où j’écris ces lignes, nous ne savons
toujours pas à quelle période de notre passé il faisait référence. À
l’évidence, c’était il y a très longtemps ; même en termes de
paléontologie classique, de récentes découvertes en Afrique de l’Est
montrent que les hommes fabriquaient déjà des outils il y a trois
millions d’années et qu’il est même possible qu’une de leurs lignées
remonte jusqu’à quatorze millions d’années. Nous projetons maintenant
de demander à Seth de développer prochainement son matériau sur
l’homme-animal, en ajoutant plus de détails spécifiques et en incluant
les probabilités qui entrent en jeu.
Une note ajoutée par la suite. Avant que Seth ait terminé ce livre, nous
n’avons malheureusement pas reçu le type d’informations que nous
souhaitions, en particulier celles sur les origines de l’homme. La
principale raison est que j’ai été tellement occupé avec les sessions qui
se succèdent pour ce manuscrit que j’ai oublié d’en faire la demande.

[8] Voir la session 687 à 22 h 45, ainsi que la note 3.

[9] D’un seul coup, le matériau de Seth me rappelle un roman sur lequel
Jane avait travaillé en 1963 et où il était question de dauphins. Sa
première fiction faisant à elle seule l’objet d’un livre, The Rebellers, a
été publiée cet été-là. Elle y creusait plusieurs idées nouvelles.
Quelques mois avant que les sessions commencent, à la fin du mois de
novembre de cette année-là, elle a écrit les grandes lignes et cinq
chapitres d’un roman portant sur le développement des communications
entre les humains et les cétacés, qu’elle a intitulé To Hear A Dolphin.
Nous n’avons, bien sûr, pas réalisé à l’époque que cela incarnait
certaines idées que Seth allait développer dans son propre matériau.
Jane a eu le temps de montrer son manuscrit à un éditeur — qui l’a
refusé —, avant que commence la transmission du matériau de Seth. To
Hear A Dolphin a été mis de côté, apparemment pour de bon. Nous en
parlons encore de temps à autre ; nous continuons de penser que ses
prémisses sont bonnes mais, si elle devait faire ce livre maintenant,
Jane dit qu’elle le réécrirait totalement.

[10] À propos de ce genre de précognition corporelle, se reporter, dans la


Partie 1, au début de la session 679 et à la session 684 à 22 h 07.
SESSION 689

Lundi 18 mars 1974

(Pour un récit sur la façon dont, la semaine dernière, Jane a reçu, dans
un état de conscience modifiée, les grandes lignes d’un nouveau livre
potentiel, The Way Toward Health, voir l’Appendice 7.
Nous n’avons eu qu’une session la semaine dernière, et elle ne
concernait ni le travail sur La Réalité « inconnue » ni le livre sur la santé.
Le reste du temps, nous avons été occupés par un cours de perception
extrasensorielle, une émission télévisée, le courrier et d’autres activités. La
vitesse d’élocution de Jane, ce soir, va être assez lente.
21 h 55.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Maintenant. Dans une certaine mesure, le développement de la
conscience tel que vous le comprenez suit le développement des dieux à
travers les âges ; et les apparences que l’homme aurait pu adopter, ainsi que
celles qu’il a adoptées, apparaissent dans ces histoires.
Tous les dieux animaux sont des indices de diverses expérimentations et
espèces dans lesquelles la conscience a pris différentes formes, et où la
naissance d’une conscience égotiste, telle que vous la connaissez, a testé
plusieurs domaines d’exploration. Il y a eu par exemple différentes versions
de la compréhension et de l’activité de l’animal-homme.
(Une longue pause.) D’environ cinquante à trente millions d’années en
arrière [1], il y a eu d’innombrables espèces qui vous sembleraient
maintenant être des formes ayant muté. La distinction entre l’homme-
animal et l’animal-homme n’était pas aussi claire qu’elle l’est à votre
époque. D’une certaine manière, la conscience était plus mobile, moins
centrée, et plus expérimentale. Les mythes de dieux ayant une forme
animale allaient rappeler par la suite ce premier rapport, ce premier
mélange. Cette variété a existé il y a bien plus longtemps que ce que
réalisent vos paléontologues. De nombreuses espèces animales fabriquaient
des outils, et certains bien avant que l’homme plus ancien sache en
fabriquer. La conscience connaît toutes les probabilités d’accomplissement
qui lui sont ouvertes. Chaque espèce porte dans sa psyché individuelle et
collective les feuilles de route pour ces réalisations probables. Ces feuilles
de route sont biologiquement valides — c’est-à-dire qu’elles permettent la
connaissance précognitive des cellules, sur laquelle se base le
comportement présent. Ceci ne s’applique pas seulement au niveau
individuel, de manière à ce que la cellule connaisse son schéma futur, par
exemple ; mais, de la même façon, une espèce tout entière aura
inconsciemment connaissance de son propre accomplissement « idéal »
dans l’environnement global de son monde.
Comme cela a été spécifié [2], la conscience de l’ego a grandi. Ces
schémas intérieurs, originels à la psyché de n’importe quelle espèce, se
sont transformés en concepts, en images mentales — des projections
intuitives qui étaient toutes destinées à donner une direction consciente. Les
dieux servaient alors de stimulateurs de développement. Apparemment
extérieurs au moi, ils étaient censés amener celui-ci à son plus grand
domaine d’accomplissement. Les images de Dieu allaient changer au fur et
à mesure que la conscience changeait. Les différents concepts de Dieu qui
sont tombés en cours de route, dirons-nous, représentent des domaines de
développement qui n’ont pas été choisis, en vos termes, mais qui sont
encore latents. Le totem, par exemple, est une réminiscence d’une ère où la
communication entre l’homme et les animaux était beaucoup plus
grande — quand, en fait, les hommes allaient vers les animaux pour
apprendre, et c’est d’eux qu’ils ont d’abord acquis leur première
connaissance des herbes et du comportement médicinal curatif [3].
(Une longue pause.) Historiquement, il vous semble que le genre
humain est né du passage d’un type indifférencié de conscience animale à
une conscience de soi égotiste. Au lieu de cela, de nombreux types de
conscience existaient pendant la période dont je parle. Les animaux ont
choisi de développer leur propre type de conscience comme vous avez
choisi le vôtre. La conscience animale peut vous sembler indifférenciée.
Elle est toutefois hautement spécifique, en équilibre dans l’instant, mais de
façon si complète que, en vos termes, le passé et le futur lui sont largement
dénués de sens.
Sa concentration spécifique résulte cependant en une focalisation
exquise. En comparaison, la conscience de l’ego a perdu une partie de cette
focalisation. Le totem remonte au temps où les hommes et les animaux se
comprenaient les uns les autres, avant ce point de séparation. Les espèces
physiques qui existaient et s’épanouissaient à ces époques-là sont pour vous
devenues probables, car elles ne se sont pas développées dans votre système
mais ont connu l’extinction. Leurs reliques vivantes existent dans les
concepts de Dieu qui les incarnaient. Accordez-nous un instant…
(Une pause d’une minute à 22 h 28.) D’une façon ou d’une autre, toute
mythologie contient des descriptions d’autres espèces existant sur la Terre
sous des formes diverses. Cela inclut, par exemple, les histoires de fées et
de géants. La mythologie vous parle de l’archéologie de votre espèce tant
sur le plan psychique que physique. Il y avait alors des espèces humaines
plus petites et plus grandes [4], dont les connexions conscientes avec le reste
de la nature variaient. Les plus larges expérimentations concernaient la
production d’une espèce qui ferait partie de la Terre et qui en deviendrait
pourtant des co-créateurs conscients. Il y eut d’innombrables
expérimentations, d’innombrables choses à considérer, la taille, la capacité
du cerveau, la structure neurologique, un type de conscience suffisamment
souple pour changer avec son environnement et suffisamment vigoureux
pour explorer et modifier cet environnement. Est-ce que vous avez tout
noté ?
(« Oui. »)
La conscience émergente devait avoir, au moins de façon latente, la
capacité de se rendre compte des conditions du monde. Quand l’homme ne
connaissait rien de plus qu’une simple vie tribale, son cerveau avait déjà la
capacité d’apprendre tout ce qu’il avait à apprendre, car un jour il serait
responsable de la vie d’une planète.
Une telle latitude laissait de la place pour de nombreuses probabilités et
pour de nombreuses « erreurs », mais la conscience qui se développait
devait être libre de porter ses propres jugements. Elle n’allait pas être
programmée plus que nécessaire par un « instinct ». Elle était cependant
biologiquement enfermée dans une existence terrestre et donc destinée à
comprendre son héritage naturel. Elle ne pouvait pas trop se séparer ou
devenir excessivement arrogante. Sa survie était tellement liée au reste de
la nature qu’il lui fallait nécessairement toujours revenir à cette base-là. Elle
répond à un élan inné vers son plus grand épanouissement, et elle change
automatiquement de direction en réponse à ses propres expérimentations et
expériences. Il y a de par le monde, à votre époque, des changements
radicaux dans les concepts religieux, et ils représentent la connaissance
innée de l’homme. Sa conscience — sa psyché — projette des images plus
vastes de son propre accomplissement probable, et cela se reflète dans les
concepts changeants qu’elle a de Dieu.
Vous pouvez faire votre pause.
(22 h 47. La transe de Jane était excellente. Elle est tout à fait disposée
à continuer la session, mais je suis fatigué. Nous décidons de ne pas
poursuivre.)

NOTES DE LA SESSION 689

[1] Seth laisse son matériau répondre automatiquement à ma question sur


les premiers hommes ; voir l’Appendice 6 ainsi que la note 7 de la
session 688. Selon notre dictionnaire, la période géologique indiquée
par Seth ce soir se situe dans la période tertiaire de l’ère cénozoïque.
Cette période se décompose en plusieurs époques. Comme le fait
remarquer le dictionnaire, la chose importante ici est que de
nombreuses sortes de mammifères étaient là en ces temps lointains — y
compris des « singes anthropoïdes ».

[2] Voir la première transmission de Jane dans la session 686, Partie 1.

[3] Reportez-vous (une fois encore) à la session 648 du chapitre 12 de La


Réalité personnelle — et en particulier au matériau de Jane à 23 h 30.

[4] De nombreux lecteurs de la Bible se souviendront de la fameuse phrase


de la Genèse 6:4 : « Les géants étaient sur la terre, en ces jours-là. » En
lien avec le matériau de Seth ici, rappelons toutefois ceci : rien qu’aux
États-Unis, on a à maintes reprises découvert des empreintes humaines
(et/ou simili humaines), aussi bien grandes que petites, dans de très
vieilles formations rocheuses. Elles ont été trouvées en Pennsylvanie, au
Kentucky, dans le Missouri, au Texas, au Nouveau-Mexique, en
Californie et dans d’autres États. Elles sont incroyablement anciennes
et datent de l’ère carbonifère, il y a trois cents millions d’années. Au
Texas, des empreintes humaines très nettes, de taille géante, remontant
à la période crétacé, il y a cent quarante millions d’années, ont été
retrouvées imprimées dans la roche, mêlées à celles de plusieurs sortes
de grands dinosaures — une découverte qui va totalement à l’encontre
des idées scientifiques actuelles, selon lesquelles l’homme est au
maximum vieux d’à peine quelques millions d’années. (Voir l’Appendice
6 en lien avec la session 687 et la note 7 de la session 688.)
À coup sûr, les théories de l’évolution (le darwinisme) proscrivent l’idée
que les dinosaures et l’homme, ou n’importe quel type d’homme, aient
pu être contemporains. D’une manière générale, la science choisit de ne
pas accepter les découvertes mentionnées ici, car, si l’une d’elles était
officiellement reconnue, plusieurs disciplines éminentes — dont la
géologie et la biologie — se révéleraient être complètement dans
l’erreur.
De quelle façon les données dont nous disposons provenant d’un temps
si ancien s’accordent-elles avec les dates comparativement modestes —
de « seulement » cinquante ou trente millions d’années — fournies par
Seth au début de cette session pour ses formes ayant muté ? Nous
l’ignorons. Les informations que je viens de donner ici, Jane les
connaissait depuis plusieurs années, sans y prêter attention. En termes
de temps, nous nous intéressons tous deux à la question des origines.
Nous pensons que Seth peut nous aider à assembler tout cela, du moins
jusqu’à un certain point, si un jour nous le lui demandons.
SESSION 690

Jeudi 21 mars 1974

(Jane n’a pas « la moindre idée » du matériau de la dernière session.


Elle essaye maintenant de lire mes notes, mais comme je n’en ai tapé
qu’une page à la machine, elle ne parvient pas à déchiffrer le reste, écrit à
la main avec mon propre système d’abréviations. Comme elle n’avait pas
particulièrement envie d’avoir une session hier soir, nous sommes plutôt
allés faire des courses. Ce soir, Jane me dit qu’elle va essayer de laisser
Seth se manifester, même si elle pense ne pas être au mieux de sa forme. À
21 h 28, elle est assise « en train d’attendre que ce soit simplement clair ».
21 h 32.)
Maintenant. Bonsoir —
(« Bonsoir, Seth. »)
— et dictée… Pour être efficace dans votre système de réalité, la
conscience doit bien sûr s’occuper de spécialisations.
En sous-main, pour ainsi dire, les UC [ou unités de conscience] se
rendent compte des différents types de conscience dont elles font partie. De
par leur nature, certains types d’organisation, de comportement et
d’expérimentation excluent d’autres approches tout aussi valides mais
différentes. Les UC, dans leur nature en roue libre derrière toute matière,
connaissent ce genre d’organisations, si bien que certaines des leçons
apprises par une espèce sont en fait transférées à une autre.
(Une longue pause.) Une expérimentation particulière de conscience
peut être poursuivie par une espèce, par exemple, et cette connaissance
donnée ou transférée à une autre, où elle apparaît en tant qu’« instinct ».
Ici, elle sera utilisée comme base pour un type différent de
comportement, d’exploration ou d’expérimentation. J’ai dit que l’évolution
n’existe pas telle que vous la concevez ; il n’y a pas une ligne unique de
séquence temporelle allant du singe à l’homme [1]. Aucune autre espèce ne
s’est développée de cette manière-là non plus. Au lieu de cela, il y a des
développements parallèles. Votre perception du temps ne vous montre
qu’une tranche du gâteau.
Toutefois, si l’on pense en termes de temps consécutif, l’évolution ne va
pas du passé vers le futur. Au contraire, l’espèce se rend compte de manière
précognitive des changements qu’elle veut faire et c’est depuis le « futur »
qu’elle modifie l’état « présent » des chromosomes et des gènes [2], afin
d’apporter dans le futur probable les changements spécifiques qu’elle
désire. À la fois au-dessus et en dessous de votre focalisation consciente
habituelle, le temps est donc vécu de façon totalement différente, et il est
constamment manipulé [3], comme vous manipulez physiquement la
matière.
Les UC, formant par la suite la structure en son entier, forment tous les
atomes, molécules, cellules et organes qui composent votre monde. Les
modifications de l’environnement et la transformation des espèces sont des
conditions qui apparaissent en adéquation avec des schémas d’ensemble qui
font entrer en jeu toutes les espèces ou les masses de terre et d’eau, à tout
« moment » donné. Une grande organisation de conscience est impliquée
dans les situations de ce genre — qui sont parfois des cataclysmes créateurs
dans lesquels la nature, encore une fois à partir de ses propres informations
précognitives, provoque les évènements les plus adaptés à ses besoins.
Cette précognition biologique est profondément ancrée dans les
chromosomes et les gènes et elle se reflète dans les cellules. Comme je l’ai
déjà mentionné [dans la session 684], la structure corporelle actuelle de
n’importe quelle sorte de corps physique est maintenue uniquement grâce
aux facultés précognitives innées des cellules. Pour le moi, le futur n’est
bien sûr pas vécu en tant que futur. Il n’est que l’une des conditions
émergentes d’un Maintenant (vous feriez bien d’écrire ce mot avec une
majuscule) dont il fait l’expérience. Le « Maintenant » réellement perçu des
cellules inclut donc ce que vous considéreriez être le passé et le futur, en
tant que simples conditions de cet état de « Maintenant ». Dans votre temps
en suspension, elles maintiennent la structure du corps, simplement en se
manipulant elles-mêmes au sein d’un milieu riche en probabilités. Il y a un
constant échange de communication entre la cellule telle que vous la
connaissez dans le temps présent et la cellule telle qu’elle « était » dans le
passé ou telle qu’elle « sera ».
La compréhension de la cellule dépasse sa forme présente. La réalité, la
réalité physique d’une cellule donnée, est le résultat focalisé de son
existence avant et après elle-même dans le temps ; et à partir de sa
connaissance du passé et du futur, elle reçoit sa structure présente.
(Une longue pause.) Dans une plus large mesure, la même chose
s’applique à toute espèce donnée. Vous êtes vos moi dans le temps, grâce
aux moi qui existent avant et après vous dans le temps. Sur le plan
cellulaire, ceci est vrai. En termes psychiques, ceci l’est également. Vos
pensées et vos sentiments sont tout aussi réels que vos cellules. Eux aussi
forment des organisations. Vous émettez vos désirs dans le temps, mais
dans toutes les directions. D’un côté, en tant qu’espèce, votre présent forme
votre futur, mais en termes encore plus profonds, votre conscience
précognitive de vos propres possibilités, provenant du futur, contribue à
former le présent qui fera ensuite de ce futur probable votre réalité.
En termes physiques, vous voulez peut-être une ville nouvelle et vous
entreprenez alors maintenant un renouveau urbain : des architectes
dessinent des plans qui ont d’abord été des rêves, bien sûr. À l’intérieur de
leur esprit, des préparatifs ont commencé, des édifices sont démolis. En
termes très simples, le rêve de l’architecte peut être appelé un évènement
précognitif, inséré dans le présent depuis un futur probable. Le programme
physique mis en œuvre est en adéquation avec le futur visualisé et il
l’occasionne. En termes plus vastes, l’espèce a des projets pour elle-même ;
seulement ceux-ci sont basés sur une compréhension beaucoup plus large
des questions, des aptitudes et des conditions probables qui entrent en ligne
de compte. (Une pause.) Un dieu reconnu par un peuple représente un
projet psychique de ce genre, projeté à l’extérieur en tant qu’idéal. Il sera
suivi par des organisations physiques, des structures destinées à aider, à un
niveau différent, à parvenir à une telle évolution « spirituelle ».
Étant donné que vous demeurez dans le temps, l’image de dieu va
toutefois refléter également l’état de votre conscience telle qu’elle « est »,
tout en pointant vers le futur état désiré. Le concept de dieu opérera en tant
que feuille de route psychique et spirituelle, exactement comme le plan de
l’architecte, simplement à un niveau différent. Chaque espèce possède en
son sein de telles feuilles de route, à des degrés divers, et celles-ci sont
importantes, car elles portent en elles les probabilités idéalisées. Encore une
fois, elles sont psychiquement et biologiquement valides. Elles serviront de
modèles biologiques pour les cellules, ainsi bien que de stimuli psychiques
en termes de conscience.
Laissez votre main se reposer pendant un moment, et ouvrez une bière
pour notre amie.
(22 h 16. Jane allume une cigarette pendant que je m’exécute. Elle est
toujours en transe.)
Le spirituel et le biologique ne peuvent pas être séparés. Leurs buts et
leur réalité se mêlent. Accordez-nous un instant… (Une longue pause à
22 h 19.) J’aurai encore beaucoup plus à dire sur ce sujet par la suite dans
ce livre. Pour l’instant, permettez-moi de mentionner simplement que tous
les dieux qui apparaissent parmi vous doivent toujours être de votre temps,
tout en exprimant des idées et des concepts qui doivent viser au-delà de
votre temps dans le futur, et servir de stimuli psychiques suffisamment forts
pour entraîner des changements à venir. Quand, en termes d’histoire,
l’espèce était en train d’adopter une séparation nécessaire et artificielle
entre elle-même et le reste de la nature, quand elle a eu besoin de s’assurer
qu’elle avait les capacités de le faire, quand elle a pris sur elle la tâche d’un
type de spécialisation particulière et de focalisation individuelle, elle a eu
besoin d’une religion qui la rassure sur ses aptitudes.
Les tendances mâle et femelle en ce temps-là sont devenues
psychiquement aliénées l’une par rapport à l’autre. ***** Les différences
ont été exagérées. L’ancien concept de la déesse-mère est devenu
« inconscient » ; oubliant à dessein la grande poussée agressive naturelle de
la naissance, le mâle a fait de l’agression et la force physique ses
prérogatives — car ceci est venu représenter la qualité de la conscience de
l’ego dans son besoin de manipuler physiquement son environnement.
Tant qu’elle [la conscience de l’ego] reconnaissait sa profonde unité
avec la Terre et toutes les créatures, elle ne pouvait pas, dans le même
temps, développer ces aptitudes de spécialisation et sa focalisation
particulière unique.
La croissance de cultures tribales séparées, par exemple, et de nations
par la suite, n’a pu émerger qu’à travers un sentiment de séparation et un
certain type d’aliénation. Ceci a toutefois permis une diversité qui,
autrement, n’aurait pas pu être obtenue dans les conditions acceptées. (Une
pause.) Le dieu juif, apparemment local [Yahvé ou Jéhovah] a fini, d’une
manière ou d’une autre, par détruire l’Empire romain et, ce faisant, a
conduit à une complète réorganisation de la culture planétaire.
Accordez-nous un instant, et laissez votre main se reposer…
(22 h 35. Une fois de plus, Jane reste en transe pendant une courte
pause. Un peu plus d’une heure s’est écoulée.)
Le Christ, tel qu’il est connu historiquement, représentait
psychiquement les probabilités de l’homme. Ses théories et ses
enseignements pouvaient être interprétés de multiples façons ; ils tenaient
lieu de graines que l’homme pouvait planter comme il voulait. À cause du
Christ, il y a eu une Angleterre — et une révolution industrielle. Les aspects
masculins du Christ étaient ceux que la civilisation occidentale mettait en
avant. D’autres parties de ses enseignements ne suivaient pas la ligne
principale de la pensée chrétienne, et elles ont été enterrées.
L’Église a ignoré la naissance physique du Christ, par exemple, et a fait
de sa mère une vierge immaculée, ce qui signifiait que la conscience de
l’espèce allait, pendant un temps plus long, ignorer sa relation avec la
nature et ses aspects féminins. Je parle maintenant de la ligne principale de
la civilisation occidentale. Dieu le père serait reconnu et la Déesse Terre
oubliée. Il y aurait donc des seigneurs féodaux, et pas de prophétesses.
Point. L’homme croirait qu’il avait vraiment la suprématie sur la Terre, en
tant qu’espèce séparée, car Dieu le père la lui avait donnée.
La conscience croissante de l’ego allait alors avoir ses raisons
religieuses pour la domination et le contrôle. Le pape est devenu Dieu le
père personnifié, mais ce dieu-là avait en fait changé depuis le vieux
Jéhovah juif. Le Christ, historiquement parlant, avait suffisamment modifié
ce concept pour qu’au moins Dieu le père ne soit pas aussi capricieux que
Jéhovah. (Une pause.) Une certaine miséricorde a été mise en avant. La
conscience grandissante de l’ego ne pouvait plus régner en maître absolu
sur la nature. D’un autre côté, les guerres saintes et l’ignorance allaient
dominer la population. L’Église cependant — l’Église catholique
romaine — détenait encore en réserve des idées et des concepts religieux
servant de banque de probabilités dans laquelle l’espèce pouvait puiser. Les
idées religieuses servaient d’organisation sociale, tout à fait nécessaire, et
bon nombre de moines sont parvenus à préserver clandestinement de vieux
manuscrits et une connaissance ancienne. Ceux qui avaient fait alliance
avec les principes religieux étaient principalement ceux qui survivaient et
créaient des communautés et des descendants qui étaient protégés. Les idées
psychologiques et religieuses, en dépit de nombreux désavantages, ont donc
servi de méthode d’organisation de l’espèce. En termes « d’évolution »,
elles sont beaucoup plus importantes qu’on ne le reconnaît. Dès le début,
des concepts religieux ont maintenu ensemble les tribus, fourni des
structures sociales, et assuré une survie physique et la protection qui
rendaient très probables les descendances.
Faites votre pause (d’une voix plus forte), ou terminez la session si vous
préférez.
(« Alors, nous allons faire une pause. »
22 h 55. La transe de Jane était vraiment profonde et son rythme bon
d’une manière générale. Maintenant, elle se sent vraiment beaucoup mieux.
Elle me dit que le matériau était clair, provenant de ce « certain niveau
nécessaire » qu’elle doit atteindre pour faire ce livre.
Jane ajoute que le matériau « enterré » concernant le Christ et une
ligne importante de la pensée chrétienne concerne les enseignements
occultes et les Esséniens qui étaient l’une des quatre sectes juives majeures
connues pour avoir existé en Terre sainte au premier siècle de notre ère.
Voir à ce propos les chapitres 21 et 22 de Seth parle.
Jane ajoute qu’elle a peut-être lu certaines spéculations à propos du
Christ, de l’occulte et des Esséniens ; et nous pensons que de nombreux
« enseignements secrets » ont probablement été attribués au Christ.
Nous nous demandons ensuite si Seth faisait référence à des aspects de
la philosophie du Christ qui ont réellement été enterrés — et sont
totalement inconnus de nos jours. Je me retiens pratiquement toujours
d’interrompre par des questions le cours du matériau mais, maintenant, je
souhaiterais le lui avoir demandé. Jane et moi aimons aussi l’idée selon
laquelle, depuis les tout premiers temps, des forces religieuses ont été
agissantes dans le développement de l’espèce. Cela semble être un concept
très sensé — et assez évident une fois formulé.
Reprise à 23 h 25.)
Maintenant. Comprenez que pour le moment, je mets l’accent sur votre
civilisation occidentale.
La démocratie américaine provient directement de la naissance du
protestantisme, par exemple, et d’un nouveau type d’aventure. Luther [4] est
aussi responsable des États-Unis d’Amérique que George Washington.
(Une longue pause.) D’autres sociétés démocratiques ont existé dans le
passé mais, chez elles, la démocratie était encore basée sur un précepte
religieux, même si celui-ci pouvait être exprimé de manière différente —
comme, par exemple, dans les cités-États grecques [au sixième et
cinquième siècle avant Jésus-Christ]. Le Saint Empire romain a unifié une
civilisation sous une idée religieuse, mais la vraie fraternité de l’homme ne
peut s’exprimer qu’en autorisant la liberté de la pensée humaine sous la
bannière de la coopération ; cela seul aura pour résultat l’épanouissement de
l’espèce, avec des développements de conscience qui, en vos termes, étaient
latents dès le départ.
(23 h 29.) Je suis en train de vous dire que la prétendue évolution et la
religion sont étroitement liées. De plus amples développements au sein de
vos concepts conduiront à une activation plus grande dans des parties du
cerveau qui sont actuellement pratiquement inutilisées [5], et celles-ci
déclencheront à leur tour des expansions à la fois en termes psychiques et
biologiques.
La croissance des idées par rapport à l’espace était un prérequis. Les
hommes vivant d’un côté de la planète devaient savoir ce que pensaient
ceux qui étaient de l’autre côté. Tout ceci présupposait une manipulation
spatiale. Les incitations religieuses ont toujours servi à stimuler la curiosité
spatiale de l’homme (avec insistance) [6].
Un grand nombre d’espèces qui partagent votre monde portent en elles
des capacités latentes qui se développent même maintenant. Les hommes et
les animaux se rencontreront à nouveau sur la Terre, avec l’ancienne
compréhension mais dans une situation nouvelle [7]. Il n’y a pas de
systèmes fermés et, dans des ordres biologiques profonds, chaque espèce
sait ce qu’une autre est en train de faire, et quelle est sa place dans le
schéma global que chacune a choisi. Vous êtes perçus d’une façon ou d’une
autre par tous les habitants de la Terre que vous considérez peut-être comme
étant en dessous de vous. Un homme probable est en train d’émerger
maintenant, mais en relation avec son environnement naturel tout entier,
dans lequel la coopération est la force principale. Vous coopérez avec la
nature que vous le réalisiez ou non, car vous êtes une partie d’elle.
Fin de la dictée.
(Une pause à 23 h 42.) Accordez-nous un instant…
(Seth transmet maintenant un paragraphe de matériau pour Jane et
moi.)
Fin de la session, et mes salutations les plus chaleureuses. Un cordial
bonsoir.
(« Merci, Seth. Bonne nuit. » 23 h 44. Jane était vraiment bien partie.)
NOTES DE LA SESSION 690

[1] Dans la session 582 de Seth parle, j’ai cité ce qu’il avait dit en 1971
pendant un cours de perception extrasensorielle : « Toute forme de
conscience existe en même temps ; la conscience n’a donc pas évolué
en ces termes… la théorie de l’évolution est un conte aussi beau que la
théorie de la création dans la Bible… les deux peuvent sembler exister à
l’intérieur de leur propre système mais, par des aspects beaucoup plus
importants, ils ne peuvent pas être des réalités… »
Voir la note 4 de la session 689 (ainsi que la session elle-même), et
l’Appendice 8 en lien avec cette session.

[2] Voir la note 9 de la session 682.

[3] Et Seth prend part à l’action. Dès la session 14, du 8 janvier 1964, il
nous a dit : « Pour moi, le temps peut être manipulé, utilisé à loisir et
exploré. C’est un véhicule… il est donc encore pour moi une réalité
d’un certain type… »
Jane a développé quelques-uns de ses propres concepts relatifs au
temps —l’un d’entre eux, par exemple, est que le passé a ses propres
passé, présent et futur — dans son roman The Education of Oversoul
Seven, publié en 1973 par Prentice-Hall.

[4] Martin Luther, le théologien germanique, traducteur de la, a vécu


de 1483 à 1546. Il a été moine quand il était jeune, mais il a fini par se
rebeller contre l’Église catholique et est devenu le leader de la réforme
protestante en Allemagne.

[5] Voir la note 2 de la session 687.

[6] Voir la session 686 de 22 h 37 à 23 h 26.

[7] Se référer à l’Appendice 6 en lien avec la session 687 ; voir également


la session 689.
SESSION 691

Lundi 25 mars 1974

(Jane et moi sommes incapables de nous souvenir de ce dont il était


question dans la session de jeudi dernier, et je n’ai tapé à la machine
qu’une seule page de mes notes — comme avant la dernière session. Ce
soir, nous sommes prêts à 21 h 20. À 21 h 30, Jane dit qu’elle commence à
s’imprégner du matériau que Seth va nous donner.
21 h 35.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée — et pouvez-vous faire quelque chose pour ça ?
(Seth indique la frange de Jane qui lui tombe presque sur les yeux.
J’avais l’intention de la raccourcir.
« Oui. »
D’un ton amusé.) À bon entendeur, salut…
Votre société particulière a établi une telle division artificielle entre la
connaissance intuitive et celle de l’intellect que vous accordez du crédit
uniquement à ce qui est intellectuellement apparent. Malgré toutes leurs
fautes et déviations désastreuses, les religions ont au moins maintenu
vivante l’idée de mondes invisibles et valides, et elles ont permis d’affirmer
des concepts qui sont littéralement connus des cellules. Point.
L’esprit conscient s’est toujours rendu compte de la compréhension
des…
(À 21 h 39, le téléphone commence à sonner avec insistance. Je réponds
pendant que Jane sort de transe. L’appel fait suite à un autre que Jane a
reçu juste après le dîner, et il concerne une agence gouvernementale et une
personne ayant disparu. Il n’est pas nécessaire d’en dire plus long ici,
signalons simplement qu’il s’agit d’un cas complexe.
Bien que Jane ne fasse pas habituellement ce genre de travail, vu le
temps que cela exige et aussi du fait de ses propres attitudes émotionnelles,
elle a toutefois donné quelques impressions lors du premier appel. On lui
dit à présent que celles-ci se sont avérées. Au cours de ce nouvel échange,
qui dure trois quarts d’heure, elle fournit plus d’informations. Une fois
raccroché, elle me dit qu’il y aura sans doute un nouveau coup de fil vers
minuit, quand ils auront eu le temps de vérifier ses nouvelles impressions.
En riant, Jane m’explique que, si ses nouvelles données se révèlent « ne pas
être suffisamment bonnes », elle n’entendra probablement plus jamais
parler d’eux — mais, à ce moment-là, nous ne réalisons pas ce qui va
suivre.
Je lui lis le matériau que Seth a donné jusqu’à présent ce soir ; à
22 h 30, elle reprend la session comme s’il n’y avait eu aucune
interruption.)
… cellules. Point. La réalité invisible qui est à l’intérieur de la cellule
est ce qui lui donne sa structure. L’organisation remarquable du corps, en ce
qui concerne ses capacités d’apprentissage et d’adaptabilité, ne sera jamais
comprise tant que la compréhension précognitive des cellules ne sera pas
prise en considération [1].
Celle-ci [la capacité précognitive] guide la cellule à travers des dédales
de probabilités, tout en lui permettant de retenir une connaissance de son
plus grand accomplissement — l’idée d’elle-même, qui est toujours vivante
à toute période de votre temps. À une autre échelle, chaque individu a de
même une sorte de version idéalisée du moi, et il en est ainsi pour chaque
espèce. Ici, je dis bien chaque espèce, et je ne fais pas simplement
référence au genre humain. Évidemment, ces versions idéalisées ne sont pas
apparentes pour les sens physiques, mais ce sont pourtant de puissants
centres d’énergie qui stimulent jusqu’à un certain degré les sens physiques
en direction de l’activité. À ce degré-là, il y a en effet des « dieux-arbre »,
des dieux de la forêt, des « dieux de l’être », connectés avec chaque
personne.
Les anges ont été représentés exactement de cette façon.
Il fut un temps où il y avait aussi des espèces d’oiseaux d’une grande
intelligence — et cela avant la période mentionnée antérieurement [2]. Ces
espèces n’étaient pas humanoïdes ; il ne s’agissait pas de personnes ayant
des ailes, par exemple. C’étaient de grands oiseaux qui avaient la capacité
de traiter des concepts. Ils étaient sociaux, capables de bien nager (une
pause) et pouvaient vivre pendant quelque temps sur l’eau. Leurs chants
étaient d’une grande beauté et ils avaient un vocabulaire extrêmement
étendu. Ils étaient dotés de serres. (Les yeux grands ouverts et sombres,
Jane lève les mains, les doigts crochus comme s’ils étaient prêts à saisir, ou
à déchirer.) Quand il habitait dans des cavernes [3], l’homme voyait souvent
ces oiseaux, en particulier dans les falaises au bord de l’eau. De nombreuses
fois, ces oiseaux ont sauvé des enfants de la chute. Les hommes
s’identifiaient à leur vol facile, remontant le long des falaises, et ils
suivaient le son de leurs chants pour s’établir en lieu sûr. Ces souvenirs se
sont transformés en images d’anges. Dans chaque cas, en ces temps-là, la
plus grande coopération régnait à une échelle globale entre les espèces.
L’élan intérieur vers le développement provenait cependant de la
compréhension innée des probabilités futures. Dans ce tableau-là, à tout
moment, toutes les espèces vivantes étaient unies. Cela incluait les plantes
et la faune. Ceux qui coopéraient survivaient, mais ils ne pensaient pas en
termes de survie de leur propre espèce uniquement — mais, en termes de
temps, de la survie d’un tableau vivant plus vaste, ou d’un monde inviolé
dans lequel tous survivaient.
Il y a divers ordres d’existence, même à l’intérieur de votre propre
système. Vous vous focalisez simplement sur l’ordre vers lequel vous vous
êtes orientés. Il y a donc des « esprits » de toutes les choses naturelles —
mais malheureusement, même quand vous envisagez cette possibilité, vous
projetez sur elle vos propres idées religieuses de bien et de mal. Parfois,
vous rejetez simplement ce genre de concepts comme étant stupides, car ils
paraissent intellectuellement scandaleux à de nombreuses personnes. Si
vous entretenez vous-même ce genre d’idées, vous devez souvent
personnifier ces esprits-là, en projetant sur eux vos propres idées de ce
qu’est une personne. Au lieu de cela, vous devriez penser à eux comme à
des types ou ordres différents d’espèces qui sont en lien avec toutes les
choses naturelles vivantes.
Il est certain qu’ils ont une réalité au niveau de l’énergie et qu’ils aident
à convertir celle-ci en termes physiques. Ils sont donc plus actifs que
passifs. Vous voyez autour de vous des forces physiques et vous n’en
pensez rien. Par exemple, vous sentez le vent et ses effets, mais vous ne
pouvez pas le voir. Le vent lui-même est invisible. Ces autres forces sont
elles aussi invisibles. En termes fondamentaux, elles ne sont ni meilleures
ni pires que le vent. Je dis cela parce que vous imaginez d’habitude que, si
quelque chose est bon, il doit y avoir une force contraire qui est mauvaise.
Ce n’est pas le cas. En termes plus vastes, ces forces sont bonnes. Elles
sont protectrices. Elles nourrissent toute chose vivante. Elles ont été
l’impulsion pour ce que vous considérez comme l’évolution. Elles sont
biologiques dans le sens où, dans une certaine mesure, elles se composent
d’une connaissance cellulaire de masse — fondamentalement libre par
rapport au temps, mais dirigeant une activité physique dans le temps et, par
là même, maintenant un équilibre physique.
Encore une fois, il y a une grande coopération entre ces forces. De la
même manière, un arbre dans une forêt connaît l’environnement tout entier
et sa relation avec lui. Son état d’arbre peut fusionner avec l’état de terre,
par exemple.
(23 h 02. Le téléphone sonne à nouveau. Bien qu’un peu en avance,
c’est celui que nous attendions. Pendant que Jane sort une nouvelle fois de
transe, le correspondant me dit qu’il est « impressionné » par les capacités
de Jane — et, d’après moi, extrêmement surpris. Quand Jane prend le
relais, on l’informe que, jusqu’à présent, quasiment toutes les données
qu’elle a fournies et qui ont pu être vérifiées se sont révélées exactes.
Encouragée, elle donne maintenant des impressions complémentaires ;
celles-ci sont plus spécifiques et personnelles. Elle termine à 23 h 38.
Je suggère que nous mettions fin à la session, mais elle décide de rester
encore un peu assise pour « voir ce qui se passe ». Et une minute plus
tard :)
Maintenant. Un peu plus de dictée.
(Une pause.) Comme vous êtes des gens, vous personnifiez ce que vous
percevez, vous le « gentifiez ». Vous imaginez que de tels « esprits » sont
des petites personnes, dotées de votre propre type de caractéristiques. Au
lieu de cela, ce sont simplement des espèces de conscience, entièrement
différentes de la vôtre et qui ne sont pas perçues physiquement dans la
plupart des cas. Elles sont connectées à la flore et la faune, et aussi à vous-
mêmes. Ce sont les « dieux terrestres » que Ruburt imaginait quand il était
une jeune personne.
Chacun de vous a son propre dieu terrestre. Le terme n’est peut-être pas
le plus adéquat, mais il est censé exprimer cette partie de vous-même qui
est encore, pour le moment, inexprimée en vos termes — la version
terrestre idéalisée de vous-même, que vous êtes en train de devenir. Cette
version terrestre idéalisée n’est pas du tout censée signifier un moi parfait
dans la chair ; elle représente plutôt une réalité psychique dans laquelle vos
propres aptitudes s’épanouissent le plus possible en lien avec votre
environnement terrestre dans le temps et le lieu que vous avez déjà choisis.
La partie dieu terrestre de vous-même tente de vous diriger à travers les
probabilités. À nouveau, à des niveaux biologiques profonds, en dessous de
la conscience normale, et à des niveaux psychiques au-dessus de la
conscience normale, vous vous rendez compte de l’intégrité de votre être —
mais aussi de votre grande connexion, tant que vous vivez dans la chair,
avec l’environnement naturel du temps et de l’espace. Le concept de dieu
terrestre peut être utilisé consciemment, mais, pour votre plus grand
bienfait, uniquement si vous comprenez le but de votre esprit conscient et sa
relation avec votre nature biologique.
Votre esprit conscient vous dit où vous êtes dans le temps et l’espace, et
dirige votre activité dans un monde d’action humaine. Ce monde a son
propre type de riche complexité, qui est aussi inconnue pour les animaux
que l’est pour vous leur réalisation pointue. Comme vous avez un esprit
conscient, d’autres parties de votre être s’appuient sur lui pour qu’il leur
donne une représentation adéquate de votre situation et les ordres
conscients pour agir. Ces ordres sont ensuite exécutés. Pour faire cela, vous
devez utiliser cet esprit de façon aussi complète que possible. La
représentation, que vous donnez à vos cellules, de la réalité dans le temps
et l’espace doit être précise, car elles doivent agir sur une base de minute
par minute, seconde par seconde, microseconde par microseconde, même si
leur propre orientation n’est pas coutumière de votre concept de temps.
Fin de la dictée. (D’une voix chaleureuse.) Une courte pause, puis
quelques remarques, si vous les souhaitez.
(« D’accord. »
00 h 18. La transe de Jane a été excellente, son élocution forte et
assurée. Et comme nous décidons que nous les souhaitons, Seth revient
pendant un quart d’heure avec plus de deux pages de matériau pour Jane et
moi. La session se termine finalement à 00 h 50.)

NOTES DE LA SESSION 691

[1] « Les cellules sont douées de précognition. » Voir la session 684 avec
sa note 2, dans la Partie 1.
[2] L’époque à laquelle Seth fait référence ici s’étend d’il y a 30 à
50 millions d’années, nous a-t-il dit dans la session 689, ce qui
correspond à une partie de l’ère tertiaire. Combien de temps avant cette
période-là les oiseaux intelligents ont-ils vécu ? Je n’ai pas été assez
rapide pour le lui demander ; je ne me souvenais pas suffisamment bien
des détails de la session 689.

[3] Je n’ai pas non plus été assez rapide pour demander à Seth si le
matériau que Jane a ce soir n’était pas un peu en contradiction avec
celui de la session 689 ; car, dans cette dernière, il disait que l’homme-
animal et l’animal-homme avaient existé au cours du Tertiaire.
Vraisemblablement, ces « formes mutées » sous-entendaient les débuts
de l’homme, au sens ordinaire du terme, pourtant Seth parle maintenant
d’humains habitant dans des grottes et coexistant avec de grands
oiseaux à une période antérieure. Jane a-t-elle déformé l’information
dans l’une des deux sessions ? Est-il possible qu’au cours des rythmes
complexes de l’histoire, l’homme ait pu être un humain (du moins à peu
près tel que nous le connaissons) même avant l’ère tertiaire, puis qu’il
se soit transformé selon un long cycle de formes animal-homme avant
de redevenir à nouveau homme ? Dans la session de ce soir, Jane s’est-
elle par exemple branchée sur des données concernant une réalité
parallèle (ou probable) ? Nous avons trop à faire pour pouvoir
déterminer ce qu’il en est à partir d’un matériau restreint.
(Et comme je l’ai ajouté beaucoup plus tard, en complément à la note 7
de la session 688 : bien qu’intéressés par la question des origines de
l’homme, en ces termes-là, nous ne l’avons jamais résolue avant que
Seth ait fini La Réalité « inconnue ».)
SESSION 692

Mercredi 24 avril 1974

(Pour un résumé du travail médiumnique qu’a fait Jane en lien avec ce


que nous avons fini par appeler « l’affaire de la personne disparue », voir
l’Appendice 10. Jane a pris connaissance de cette affaire le soir de la
session 691. J’ai ajouté au matériau de l’appendice quelques extraits de ce
qu’en ont dit Jane et Seth.
Le mercredi 27 mars, nous avons reçu de l’éditeur les épreuves du
deuxième livre de Seth, La Nature de la réalité personnelle : un livre de
Seth. Il n’y a pas eu de session ce soir-là. En fait, la correction des
épreuves — scruter mot par mot plus de cinq cents pages imprimées,
vérifier et revérifier les notes, l’orthographe, la ponctuation, etc. — nous a
maintenus si occupés que nous avons suspendu les sessions pendant vingt-
six jours. Normalement, Seth aurait utilisé ces huit sessions déprogrammées
pour transmettre son travail sur La Réalité « inconnue ». Nous n’aimons
pas interrompre ainsi nos rythmes créatifs, même si, dans le même temps,
Jane a continué comme d’habitude ses cours de perception extrasensorielle,
en tant que Seth et en sumari. Nous nous disions que Seth était parfaitement
capable de reprendre le travail de ce livre dès que nous serions prêts à le
faire, que le laps de temps soit d’une semaine ou de six mois.
Cela a bien sûr été le cas. Et, une fois de plus, Seth s’est servi d’un
évènement « frais » comme base pour la dictée de ce soir — l’un de mes
rêves, survenu au cours de la troisième nuit ayant suivi la dernière dictée.
Le vendredi 29 mars au matin, j’ai dit à Jane qu’à un certain moment
de la nuit, je m’étais réveillé en sachant avec certitude que je venais
d’avoir deux rêves en même temps. J’avais gardé un souvenir conscient de
l’un d’entre eux pendant un instant, avant qu’il ne s’évanouisse
irrévocablement. Ni Jane ni moi ne nous rappelions avoir entendu parler de
ce que j’appelle un double rêve, ou en avoir fait l’expérience. J’avais rendu
compte par écrit de ce phénomène, tout en me demandant si je n’avais pas
simplement déformé un rêve parfaitement ordinaire — tout en sachant que
ce n’était pas le cas. J’avais donc décidé de demander à Seth de parler de
ces deux rêves quand nous reprendrions les sessions. Puis je l’avais oublié,
jusqu’à ce que je retombe la semaine dernière sur la première ébauche des
notes relatives à la présente session. (Quand Seth parle de mes « rêves »
dans cette session, il apparaît que, depuis sa perspective, il est capable
d’être plus précis que moi quant à la façon de les désigner.)
Avant de terminer ces notes, j’ai demandé à quelques personnes si elles
avaient entendu parler des doubles rêves ou en avaient déjà fait
l’expérience. La première à laquelle j’ai posé la question est notre amie Sue
Watkins, qui suit le cours de perception extrasensorielle pratiquement
depuis le début, en 1967. J’ai été passablement surpris quand elle m’a dit
qu’elle avait eu plusieurs fois le plaisir de le vivre. Jane et moi connaissons
Sue depuis 1965, pourtant, aussi loin que nous pouvons nous souvenir (et
pour quelque raison que ce soit), le sujet du double rêve n’avait jamais été
abordé entre nous.
Non seulement Sue a fait cette expérience plus d’une fois, mais elle dit
qu’elle peut se rappeler de parties des rêves simultanés qu’elle a eus, chose
que je suis loin de pouvoir revendiquer. J’ai été encore plus troublé lorsque,
en riant, elle a décrit les doubles rêves d’un autre membre de la classe —
puisqu’à l’évidence, l’individu en question avait lui aussi vécu dans ses
rêves certaines aventures dont Jane et moi n’avions pas connaissance. J’ai
fini par penser que ma petite expérience se résumait finalement à peu de
choses ; mais elle nous avait quand même permis, à Jane et à moi, de nous
rendre compte d’une autre facette de la vie onirique. Se reporter à la note
2 [2] pour d’autres informations que j’ai pu rassembler sur les doubles
rêves, ainsi que pour un extrait de la description que Sue a écrite à ma
demande, concernant l’un de ses propres multiples rêves.
Faire deux rêves en même temps m’a amené à mettre par écrit une
seconde question pour Seth. Je voudrais qu’il aille plus loin dans ce qu’il a
déclaré dans la session 690, à 23 h 29 : « De plus amples développements
au sein de vos concepts conduiront à une activation plus grande dans des
parties du cerveau qui sont pour l’instant pratiquement inutilisées, et celles-
ci déclencheront à leur tour des expansions à la fois en termes psychiques et
biologiques. » Je me demande quelle connexion, s’il y en a une, peut bien
exister entre la capacité d’avoir (et/ou de se souvenir) de plus d’un rêve en
même temps et ces « parties du cerveau qui sont actuellement pratiquement
inutilisées ».
Je lis mes deux questions à Jane pendant que nous attendons le début de
la session. Elle les écoute attentivement, puis me dit qu’« il y a là quelque
chose sur les rêves » — signifiant par-là que Seth est dans les environs,
qu’il se rend compte de notre conversation et qu’il va probablement la
commenter. En fait, Jane s’est beaucoup détendue depuis le dîner ; à un
point tel qu’elle a envisagé de sauter la session. Elle a finalement changé
d’avis, vu que nous n’avons pas eu de session depuis si longtemps. Nous
attendons. Jane sirote un peu de vin. Ensuite, elle enlève ses lunettes et elle
est en transe.
22 h 03.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Vos rêves, pour commencer : l’entité se rend compte des
expériences de toutes ses personnalités. Accordez-nous un instant…
Pour l’entité, votre conscience pourrait être comparée à un courant de
conscience, en vos termes. La partie plus vaste de votre identité se rend
donc complètement compte de tout votre matériau vivant, conscient et
inconscient. Elle se rend également compte du même type de données de la
part de toutes les parties (qui sont les siennes et les vôtres).
Comme vous identifiez votre expérience à la ligne habituelle de
conscience qui vous est familière, vous êtes rarement capables d’y « faire
entrer » tout matériau d’un « autre moi » et de le garder tout en conservant
votre propre sens d’identité. Ce type de matériau peut par moments
s’infiltrer ou s’introduire dans votre pensée, où il se mélange et n’est pas
reconnu. Dans ces cas-là, il adopte la coloration de vos propres schémas de
pensée. Il s’ajoute à l’atmosphère globale de votre être. Sans une
compréhension ou un entraînement, vous devriez « perdre » votre propre
conscience afin de percevoir la « conscience autre ».
Il y a ici une corrélation avec quelque chose que Ruburt a dit dans son
dernier cours [de perception extrasensorielle], hier soir. Il a dit que
l’écriture peut être, d’abord, une méthode pour se mettre un peu à l’écart de
la vie — afin de capturer la vie et de préserver le caractère unique et
indicible d’un jour donné. Mais, a-t-il ajouté, vous pouvez ensuite découvrir
que l’écriture elle-même devient l’expérience du jour. Vous êtes alors
« perdus » dans l’écriture tout autant que vous craigniez de l’être dans la vie
normale, sans aucun moyen de prendre du recul et de voir l’expérience.
J’ajouterai maintenant ceci à ces remarques : vous auriez alors besoin de la
création d’un autre « moi », qui se tiendrait à côté du moi qui écrit, afin de
préserver l’intention d’origine.
Maintenant. De la même façon, il vous serait impossible, d’un point de
vue pratique, de faire l’expérience de ce genre de conscience-autre (avec un
trait d’union), à moins d’avoir appris à vous tenir un peu à l’écart, comme
l’écrivain dans la remarque de Ruburt. Point. Mais même si vous le faisiez,
l’expérience même de la conscience-autre supplanterait votre espace vivant.
Vous auriez besoin d’un autre moi, capable de maintenir les deux lignes de
conscience en même temps, sans se perdre ni dans l’une ni dans l’autre, tout
en gardant un pied dans chacune d’elles. Ce serait dans la vie normale un
accomplissement très difficile en mode continu.
Maintenant. Dans l’état de rêve, votre focalisation spécialisée n’a pas
besoin d’être aussi précise ou orientée dans le temps qu’à l’état de veille.
(22 h 20.) Dans votre cas, vous avez réalisé un excellent
accomplissement. Vous vous êtes rendu compte des rêves simultanés,
chacun étant vécu dans des réalités alternatives. Vous ne pouviez pas à ce
stade vous souvenir des deux rêves, car l’équipement du cerveau physique
ne pouvait gérer les données simultanées. Ceci fait référence aux parties
non utilisées de l’esprit, dont il a été fait mention dans ce livre [3].
À certains niveaux, le cerveau peut gérer un matériau simultané, bien
sûr, même si vous pouvez n’en être que superficiellement conscient. Le
corps se rend compte d’une multitude de stimuli simultanés qui vous
échappent au niveau conscient, et il est capable d’agir en fonction de ces
informations. Cela inclut toutes sortes de données sensorielles qui ne sont
pas consciemment pertinentes. (Avec insistance.) À cause du type
particulier d’orientation de l’ego dont a décidé l’espèce, de nombreuses
probabilités de développement inhérent à l’espèce sont cependant restées
latentes. De manière inhérente, le cerveau physique est capable d’avoir
affaire à bien plus qu’une seule ligne principale de conscience. Notons que
cela ne signifie pas le développement d’une double personnalité. Cela
signifie l’expansion accrue du concept d’identité : « vous » ne seriez pas
seulement conscient du vous que vous avez toujours connu, comme c’est le
cas actuellement, mais un sens plus profond d’identité apparaîtrait
également.
Cette identité-là contiendrait le vous que vous avez toujours connu et ne
le menacerait en aucun cas. Le nouveau vous serait simplement plus que ce
que vous êtes à présent. Vous auriez simplement une autre expansion de
conscience, un autre moi conscient d’être, de la même manière que — en
reprenant notre analogie — l’écrivain qui est conscient du moi qui vit, en
ces termes-là, est le moi qui vit, tout en étant dans une position un peu à
part, capable de commenter la vie qui est vécue.
Maintenant. De manière infime, certes, cette analogie suggère le type
d’évènements plus profonds qui se produisent lorsque des moi naissent
d’autres moi pour opérer à divers niveaux d’activité. Dans le cas d’entités,
chacun de ces moi demeure entièrement dans la dimension ou le système
de réalité qui lui est propre.
(S’adressant à moi.) Vous êtes, de façon rudimentaire, en train de
commencer à ouvrir ces zones inutilisées du cerveau, sinon vous ne vous
seriez même pas rendu compte d’avoir fait ces deux rêves simultanés. Le
langage et vos schémas de pensée verbaux rendent cependant de telles
traductions très difficiles, même dans les circonstances les meilleures. Un
individu multilingue, à cet égard du moins, pourrait avoir une certaine idée
de la façon dont les concepts sont structurés par un schéma verbal et, de ce
fait, disposer d’un peu plus de liberté dans ces traductions-là, en admettant
bien sûr qu’il ou elle soit tout d’abord conscient des possibilités.
Maintenant. L’une des expériences était un rêve qui était vôtre, en
termes usuels. L’autre « rêve » simultané était au contraire votre
interprétation confuse d’une réalité vitale dont faisait l’expérience une autre
partie de vous-même, dans une réalité entièrement autre ; une infiltration
dimensionnelle. Maintenant que vous avez conscience d’une telle
expérience, vous en aurez très probablement d’autres, dans « votre » état de
rêve.
Maintenant. Faites une pause ou terminez la session si vous préférez.
(« Alors, faisons une pause. »
22 h 43. Il faut quelques instants à Jane pour sortir d’une transe
profonde. Son débit a été régulier, presque rapide. « J’ai une assez bonne
idée de ce qui a été dit, m’explique-t-elle. Et juste avant la session, je savais
ce que Seth allait dire de ton expérience du rêve. Je serais incapable de te
le formuler maintenant — mais pourtant, d’une certaine façon, cette
connaissance était en moi… » Elle sait aussi que l’évènement du rêve a un
rapport avec ma question sur les parties « inutilisées » du cerveau.
Jane est encore extrêmement détendue, alors je lui demande à nouveau
si elle veut que Seth parle de son état. Elle décide de simplement voir ce qui
va se passer. Sa tête ne cesse de s’incliner ; elle bâille en clignant des yeux.
Ses mains sont, dit-elle, « comme de l’eau ». Des signes de ce genre ont
parfois marqué chez elle le début d’un profond état modifié de conscience,
mais elle affirme qu’elle ne va pas entrer maintenant dans « une expérience
psychédélique ».
Reprise à 22 h 59.)
Maintenant. (D’une voix calme.) À l’état de veille et sans une certaine
préparation, vous trouveriez qu’une telle expérience constitue une réelle
menace — et je dois être très prudent dans mon traitement de vos concepts
du moi et de vos idées de personnalité unique [4].
Je ne parle pas de vous personnellement, Joseph, je mets surtout
l’accent sur le fait que, pour le moment, l’espèce identifie son être
individuel à des concepts très limités du moi. Ces idées-là sont
vigoureusement protégées et elles doivent d’ailleurs être comprises et
respectées, même lorsque des tentatives sont faites pour les élargir. Point. Il
est certain que la qualité de conscience a changé au fil des siècles, de
beaucoup de façons différentes, dont certaines sembleraient parfois
contradictoires ; mais dans votre présent, vous n’avez aucun élément pour
comparer votre conscience actuelle de l’expérience.
Dans une mesure très limitée, les différentes civilisations et cultures qui
vous étaient historiquement familières jettent une faible lueur sur les
diverses qualités de la conscience et leur variété d’expériences. Mais, tout
comme il y a des espèces physiques, il y a également ce que vous pouvez
appeler des espèces de conscience [5]. (Avec insistance.)
(23 h 08.) Il y a même maintenant dans votre espèce un certain nombre
de types différents de conscience ; différents dans le sens où la situation de
vie physique est qualitativement vécue selon des modes qui vous sont
étrangers dans votre culture ; différents dans le sens où l’étoffe entière du
sens, de l’interprétation, de l’expérience et de la vie elle-même est
« étrangère » au type d’expérience qui vous est familier. Cela ne veut pas
dire que de telles différences se produisent en tant que résultat de situations
ou d’arrière-plans culturels, car certains de ces individus existent au sein de
votre propre culture, et d’autres ayant votre type de conscience existent
dans des cultures où ils sont une minorité. Je dis simplement que, sur votre
Terre, aujourd’hui, il y a plusieurs espèces de conscience, même si ce terme
n’est probablement pas le meilleur. Vous avez été tellement obsédés par des
différences extérieures, en particulier de couleur et de nationalité, que vous
avez complètement ignoré ces variations beaucoup plus importantes quant à
la forme que prend la conscience en relation avec la vie physique au sein de
votre espèce — l’espèce humaine.
(Une pause à 23 h 15.) En termes de votre expérience personnelle, le
sumari [6] est un bon exemple. Les membres de chaque « espèce » — et
vous feriez mieux de mettre cela entre guillemets — de conscience sont en
lien avec l’expérience physique selon des modes qui leur sont
caractéristiques, si bien que même leurs façons de percevoir le temps,
l’espace et l’action diffèrent. Ils se tournent vers leur corps d’une manière
qui leur est spécifique. Chaque groupe possède une relation différente avec
le corps, la nature, et le monde en général.
Accordez-nous un instant… (Toujours en transe, Jane allume une
cigarette.) Vos concepts stratifiés de personnalité unique négligent
cependant toutes ces différences inhérentes et vous avez tendance à
transposer vos propres concepts chaque fois que vous entrez en contact avec
ceux dont vous ne pouvez pas comprendre les idées. Même actuellement,
dans certaines « sociétés tribales », par exemple, l’expérience que l’on fait
du moi est très différente ; ainsi, pendant qu’est maintenue la soi-disant
individualité telle que vous la comprenez, chaque moi est aussi vécu
comme une partie des autres dans la tribu, et une partie de l’environnement
naturel. Pour certains, cela semble signifier que l’individualité est mort-née
ou non développée. Vous protégez à tout prix vos idées quant au moi —
même face à l’évidence de la nature, qui vous montre que tout est relié.
Le caractère unique, l’expérience privée et l’individualité n’atteignent
leurs dimensions d’être et leur vraie grandeur que lorsque sont comprises
les relations inhérentes entre tous les éléments d’être. Vous luttez contre
votre propre individualité plus large, et les dimensions spacieuses de votre
être, quand vous surprotégez vos idées quant à la nature du moi en limitant
l’expérience que vous en faites.
Maintenant. Ceci est la fin de la session. Mes salutations les plus
chaleureuses à vous deux.
(« D’accord. Bonne nuit, Seth. »
23 h 29. Jane était vraiment partie. « Eh bien dis donc, déclare-t-elle, je
recevais ce matériau de façon parfaitement limpide. Mais ça s’est arrêté et
la session s’est terminée, d’un seul coup… » Son très agréable état de
relaxation se poursuit.)

NOTES DE LA SESSION 692

[1] Voir la note 1 de la session 682.

[2] Une note ajoutée un mois plus tard. Je continue d’être surpris par le
phénomène du double rêve, car je connais maintenant neuf personnes
(dont Sue Watkins et moi) ayant fait l’expérience de la même chose ou
de variantes du même ordre. Six parmi elles suivent le cours de
perception extrasensorielle ; une autre est une amie personnelle de Jane
et moi, quant aux deux derniers, nous ne les connaissons pas. Nous en
avons entendu parler mais ne les avons jamais rencontrés. Ils sont tous
deux écrivains de profession, et leur expérience des doubles rêves nous
a été rapportée par Tam Mossman, l’éditeur de Jane.
Il me semble qu’un chercheur pourrait déjà recueillir sans trop de
difficultés assez de matériau sur les doubles rêves pour en faire une
étude des plus intéressantes. Les variations mentionnées plus haut sont
intrigantes, et vont du simple compte rendu de « deux rêves se
chevauchant » — le second rêve débutant au milieu du premier et se
poursuivant au-delà de la fin de celui-ci — au cas de la personne
m’expliquant : « Je savais que je faisais deux rêves en même temps,
mais je me souviens d’eux pratiquement comme s’il n’y en avait
qu’un. »
Sue Watkins est douée aussi bien sur le plan psychique que comme
écrivain. (Voir le matériau qu’elle a écrit pour la session 594 dans
l’Appendice de Seth parle. Elle est aussi citée au chapitre 5 de
Adventures.) Dans les notes situées au début de cette session, j’ai
mentionné une expérience de rêves multiples qu’elle a vécue et j’ai
promis de présenter ici un extrait de la description qu’elle en a faite.
Plutôt qu’un matériau sur les rêves eux-mêmes, j’ai choisi les premiers
paragraphes, dans lesquels Sue donne les grandes lignes du contexte
subjectif de cet événement.
« Dans mon rêve, je suis assise dans mon salon avec un ami,
Stephen, quand, soudain, une connaissance de moi-même, des
connexions entre des événements, des symboles, la logique et
l’étoffe interne de ma vie et de mon expérience deviennent d’une
clarté cristalline. Tout cela commence à s’empiler de manière
étrange, comme une cellule sur une autre, ou des wagons de
marchandises se percutant les uns les autres juste à l’extérieur
de ma conscience. C’est comme si le moi de mon rêve ne pouvait
pas tout gérer à la fois et que les choses s’amoncelaient. Je me
lève et me dirige vers la cuisine. “Que se passe-t-il ?”, demande
Stephen, mais tout ce que je peux dire, c’est que je suis sur le
point “d’exploser”. Je n’ai pas le temps d’expliquer davantage.
« Pendant que je pénètre dans la cuisine, la tête du moi de mon
rêve s’emplit de scènes très nettes, comme d’autres rêves, des
interprétations de chaque cellule de cette nouvelle conscience.
Je projette tout cela à l’extérieur, autour de moi, dans
littéralement des centaines de scènes brillantes ; expressions, je
le sais, de probabilités, d’événements “passés” et “futurs”,
d’événements annexes que je ne peux même pas comprendre…
tout se passe en même temps, avec une compréhension parfaite
de cela par le moi “ancre” de mon rêve. Je sens que, alors que
tout ceci sort de ce moi ancre, les moi dans ces rêves-là sont tout
aussi focalisés — chacun d’eux étant des moi de rêve, existant
dans leur univers avec leurs propres connexions s’étendant vers
l’extérieur, exactement comme le fait le mien. Je deviens
littéralement l’expérience d’être moi-même contenue dans tous
ces moi, tandis que moi-même je les contiens. Pour au moins
l’un d’entre eux, la connaissance de cet événement tout entier
vient à sa conscience comme l’un de ses propres rêves dont il se
souvient à moitié, et l’expérience consistant à se souvenir et à
être ce dont on se souvient est comme une électricité liquide en
moi, le moi ancre.
« À mon réveil, je ne me souviens clairement que de trois de ces
rêves ; pourtant, le sentiment de contenir simultanément des
expériences de cette façon demeure en moi… »
Un des deux écrivains dont j’ai parlé au début de cette note s’appelle
Lee R. Gandee. En 1971, Tam Mossman a publié son autobiographie
intitulée Strange Experience. Dans le chapitre 9 de ce livre, Lee décrit
une expérience de double rêve qu’il a eue et qui comporte également de
forts aspects de précognition. Voici la version condensée de
l’événement, telle qu’il l’a envoyée à Tam après que j’ai demandé à ce
dernier s’il connaissait quelqu’un se souvenant d’avoir eu ce genre de
rêve.
« Et pour ce qui est des doubles rêves, oui, il m’arrive parfois
d’en faire deux en même temps. Si vous vous reportez à la
page 144 de Strange Experience, vous trouverez mon récit de
deux rêves simultanés. Dans l’un d’entre eux, je suis dans un
train, un convoi militaire [au cours de la Seconde Guerre
mondiale] se dirigeant vers Karachi, en Inde ; dans l’autre, je
suis endormi dans le baraquement froid d’une caserne. J’ai écrit
dans le livre que “j’étais conscient de chaque mouvement, de
chaque son et odeur dans le train, et pourtant conscient que
j’étais dans un baraquement très froid”. Je me rendais
également compte que le train et le baraquement étaient tous
deux des rêves, et que mon corps se trouvait dans une tente très
froide à Leesburg en Floride. »
« Puis, plus tard, alors que dans un de mes rêves, je descendais
du train puis y remontais pour me chercher, dans l’autre rêve, je
me levais, je jetais du charbon dans le poêle, et étendais ma
capote au-dessus des couvertures sur la couchette du
baraquement — et je me suis réveillé dans la tente. J’ai donc eu
ces doubles rêves, et celui de Karachi était un vrai rêve. Les
hommes à bord du train étaient des hommes de l’Air Corps que
je connaissais dans ma vie normale, et ils ont été envoyés là-bas
[moins d’un mois plus tard]. »
C’est le moment pour moi de mentionner une de ces heureuses
analogies qu’à l’occasion je suis capable de faire (même si dans le cas
présent, il m’a fallu plusieurs mois, après avoir fait mon propre petit
double rêve, pour arriver à cette association tout à fait évidente) — car,
dans notre réalité, les rêves doubles ou multiples offrent au minimum
une pâle vision des nombreuses vies dont, selon Seth, notre entité ou
moi complet fait l’expérience simultanément.
J’ai écrit dans les Notes préliminaires que, d’après moi, la vitesse à
laquelle Jane produit le matériau de Seth était « une approche, ou une
traduction, physique fiable de l’idée de Seth selon laquelle
fondamentalement tout existe en même temps — qu’il n’y a pas
réellement de temps… » J’ajouterai ici que le phénomène du double
rêve peut être une autre façon d’approcher l’idée de la simultanéité du
temps [ou des vies], éléments à propos desquels, en tant que créatures
physiques, nous avons toujours tellement de questions.

[3] Se référer à ma deuxième question dans les notes situées au début de


cette session, et à la note 2 de la session 687.

[4] Voir la session 683 jusqu’à la première pause.

[5] Seth utilise pour la première fois l’expression « espèces de


conscience » dans la session précédente peu après 23 h 38.
Complément ajouté par la suite. Il emploie une autre expression
évocatrice, « civilisations de la psyché », dans la session 715 du tome 2
de La Réalité « inconnue ». Une bonne partie de cette session-là peut
être considérée comme une extension de son matériau, ici, sur les
qualités de la conscience qui ont existé sur Terre. Dans la session 715,
Seth s’autorise aussi quelques commentaires pleins d’humour sur les
réactions mitigées de Jane lorsqu’elle a rencontré pour la première fois
des signes de « la multidimensionnalité de son être ».

[6] Voir l’Appendice 9, avec ses notes 2 et 3.


SESSION 693

Lundi 29 avril 1974

(Juste avant d’entrer en transe, Jane dit : « J’ai quelque chose de


fascinant pour toi… »
21 h 45.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Accordez-nous un instant… D’une façon ou d’une autre,
tout au long de ce livre, nous aurons affaire à l’histoire telle que vous la
connaissez et telle que vous ne la connaissez pas. Nous en parlerons en
termes du « passé » de votre espèce.
À de nombreux égards, l’histoire est le passé que vous avez intégré, les
évènements évidents qui sont signifiants. Toutes les variations qui peuvent
se jouer sur la base de la conscience humaine, toutes les probabilités
raciales, se produisent d’une certaine manière dans les âges du passé —
mais elles ont également lieu dans ce que vous considérez être votre
présent. Comme nous l’avons vu [dans les sessions 680 à 682], votre
conscience sélectionne certains évènements plutôt que d’autres et les amène
à une signifiance, et donc à la réalité officielle que vous connaissez.
Nouveau paragraphe. Cependant, même dans vos vies personnelles, il y
a des indices d’autres types de séquences dans lesquels des évènements
peuvent se produire — et se produisent. En général, vous ne vous rendez
pas compte de la signifiance de ces signes-là. Ils demeurent pour vous
inaperçus uniquement parce qu’ils ne correspondent pas à la séquence
ordonnée qui vous est familière. Dans votre idée de la réalité, de tels indices
paraissent insignifiants. Ils n’ont pas de sens, en particulier dans le plan
ordonné de réalité généralement reconnue.
Votre structure cellulaire est capable, de façon innée, de suivre de telles
séquences. L’esprit croit que ce genre d’indications n’a aucun sens, il ne les
perçoit donc pas, ou les nomme coïncidences. Regardés d’une façon
différente, ces indices dans votre vie quotidienne personnelle peuvent
toutefois beaucoup vous dire sur les potentiels de l’espèce et vous donner
des aperçus d’autres systèmes de réalité dans lesquels la conscience
humaine peut répondre. Je me sers ici d’un incident tiré de l’expérience de
Ruburt et de Joseph, mais le lecteur peut faire ses propres corrélations et
découvrir des évènements similaires d’où il pourra tirer les mêmes
conclusions.
Nouveau paragraphe. En traversant Sayre [1] en voiture, un dimanche
après-midi, Joseph a remarqué une maison à vendre dans un quartier qu’il
connaissait — et il s’est rappelé que cette demeure avait appartenu, d’après
ses souvenirs, à un homme que sa mère aimait bien. Sur une impulsion,
Joseph a demandé à Ruburt d’appeler l’agence dont le panneau était apposé
sur la maison. Celle-ci appartenait encore à l’homme en question. Joseph se
souvenait seulement de sa mère parlant de ce monsieur, dans le passé. Dans
la réalité reconnue et partagée par la famille Butts, il n’y avait eu aucun
contact intime entre la mère de Joseph et monsieur Markle [je vais
l’appeler ainsi]. Cet homme avait toutefois fait très forte impression sur la
mère de Joseph, et elle était convaincue qu’elle aurait pu l’épouser, au lieu
du mari qu’elle avait choisi. Au fil des ans, elle a fantasmé cette situation-
là. M. Markle était riche, et l’est toujours. Aujourd’hui, bien sûr, c’est un
vieil homme, désormais incapable de s’occuper de sa maison. Il est
maintenant dans une maison de retraite où l’on prend bien soin de lui.
Joseph ressentait de fortes inclinations pour la maison de M. Markle.
Bien que le prix ait été assez élevé, Ruburt et Joseph ont songé à l’acheter
et ils sont allés la visiter avec l’un des agents immobiliers. Simple tour du
destin, le fait que Joseph puisse marcher dans la maison du vieil homme [2]
et que M. Markle passe la fin de sa vie dans une maison de retraite, comme
la mère de Joseph — coïncidence dénuée de sens mais évocatrice, le fait
que cette maison soit à vendre, que le vieil homme insiste pour en retirer un
prix supérieur à sa valeur, tout comme le faisait la mère de Joseph pour sa
propre maison, et qu’il soit lui aussi déterminé à l’obtenir [3]. Point. Voilà à
quoi ressemblait cette situation, vue de l’extérieur. Elle paraissait être l’un
de ces curieux évènements de la vie.
(22 h 12.) Au lieu de cela, vous avez un riche entrecroisement de
probabilités ; car, dans une probabilité, les deux personnes se sont en fait
mariées, et cette Stella-là [Butts] voulait que la maison aille à son fils aîné
[moi-même]. Dans cette probabilité-ci, ce Joseph-ci tombe au lieu de cela
sur la maison de quelqu’un qui lui est relativement étranger, trouve qu’elle
est à vendre et peut ou ne peut pas l’acquérir, en fonction du nouveau jeu de
probabilités qui émerge alors. Il y a un entrecroisement d’« effets ». Dans
cette probabilité-ci, la mère de Joseph a peu laissé, financièrement parlant,
et sa maison a été vendue. La famille ne l’a pas eue.
(Avec humour.) Maintenant, toutes les probabilités sont reliées. La mère
de Joseph est morte, en vos termes, et elle se rend compte, dans une certaine
mesure, de la nature de sa propre réalité au-delà de la réalité physique. Elle
est capable, encore une fois dans une certaine mesure, de poursuivre ses
propres existences probables : cela veut dire qu’elle est consciente de son
propre être en dehors du cadre officiel [4].
Sa psychologie et ses modes caractéristiques de comportement sont
encore siens cependant, et ils opèrent, de sorte qu’« elle » « se branche sur »
les domaines de probabilités qui concernent ses propres désirs et intérêts.
Dans ce système-ci, elle voulait que Joseph ait sa maison [voir note 1] et,
pour de nombreuses raisons, les choses ne se sont pas déroulées ainsi.
(Une pause.) C’est donc en réponse à un fort souhait de sa mère que
Joseph est tombé sur la maison [de Markle] en question, qu’il a senti qu’en
effet, il la voulait et qu’il a entrepris les démarches qu’il a faites, dans sa
réalité.
(Les yeux sombres, Jane lève son verre vide.)
Maintenez-le en transe…
(Elle a siroté de la bière. Maintenant elle est assise et attend
tranquillement pendant que je vais lui chercher une autre bouteille dans le
réfrigérateur.)
Est-ce que vous voulez laisser vos doigts se reposer ?
(« Non. »)
Si votre mère n’a pas obtenu cet homme et cette richesse, alors — selon
sa façon de penser, maintenant — vous pouvez encore obtenir la maison
que, dans son fantasme, elle a faite sienne durant sa vie.
(Je ne peux m’empêcher de rire, car la description que fait Seth du
processus de pensée de ma mère lui correspond si bien.)
Elle a souvent rêvé d’y vivre. À un niveau mental et à un niveau
émotionnel, elle s’est servie de cette probabilité-là dans cette vie-ci pour
enrichir les heures qu’elle a vécues, grâce à la rêverie — mais, bien sûr,
sans comprendre du tout que ces rêves éveillés avaient leur propre réalité.
Même maintenant, elle veut que Joseph ait une maison plus belle que
celles de ses deux frères — (avec insistance et l’air amusé) vous pouvez
couper cela si vous voulez.
Nouveau paragraphe. Ceci est clairement un cas d’entrecroisement de
probabilités. Dans celle-ci, Joseph peut choisir d’acheter ou de ne pas
acheter, il n’y a donc pas de coercition [de la part de Stella], par exemple.
Joseph et Ruburt ont aussi visité une deuxième maison à Sayre — une
bonne affaire, moins chère, mais qui globalement ressemblait beaucoup
plus à celle dans laquelle vivait la mère de Joseph dans cette vie-ci. Ils ont
vu les deux maisons le même jour. La seconde, comme la première, était à
vendre pour cause de vieillesse : un couple âgé l’avait récemment quittée
pour partir en maison de retraite. À nouveau, l’esprit « officiel » dit :
« Coïncidence. Tout ceci est parfaitement naturel. Beaucoup de maisons
sont à vendre parce que des personnes âgées ne peuvent plus s’en
occuper. »
(Une pause à 22 h 33.) La deuxième maison n’avait pas de garage et ne
se trouvait pas dans un quartier aussi en vogue, mais elle avait sa propre
élégance. Avec ses étranges coins et recoins, elle a fait rire Ruburt.
Accordez-nous un instant… Le poids de l’intention de Stella ne pesait pas
sur cette maison-là et, pourtant, c’était aussi une demeure qu’elle avait
remarquée, trouvant qu’elle avait plus de prestige que la sienne — et qu’elle
aurait pu y être heureuse. C’était son deuxième choix [5].
Le couple de l’agence immobilière [les Johnson] avait lui aussi un
rapport avec tout cela. À nouveau, l’esprit officiel dit que c’est une
coïncidence si ce couple a, à sa façon, des inclinations artistiques, aime
peindre et écrire, travaille en free-lance et vit encore dans un appartement
après quelques années de mariage — et que l’homme est relativement
calme comparé à la femme (dit avec amusement). Pourtant, à nouveau, les
probabilités se mêlent, car la femme aurait bien pu être écrivain, et
l’homme artiste ; et, en voyant Ruburt et Joseph, ils se sont reliés à d’autres
probabilités inhérentes à leurs propres natures.
L’intention qu’avait la mère de Joseph vit par-delà le tombeau, en ces
termes-là. Elle veut encore que Joseph ait une maison, et que celle-ci soit
plus élégante et plus riche que la sienne. Maintenant, M. Markle, un homme
d’affaires fortuné, avait lui aussi de fortes aptitudes artistiques. Il faisait
commerce de pierres précieuses et d’antiquités. Ces qualités-là attiraient
Stella, la mère de Joseph, et avec la situation telle qu’elle l’avait établie
dans cette vie-là, elle était impressionnée, sachant que les talents de
l’homme lui apporteraient la richesse. Les tendances artistiques de cet
homme ont d’ailleurs amené ce dernier à choisir des agents immobiliers
ayant eux-mêmes des capacités artistiques.
Accordez-nous un instant… (Jane, en tant que Seth, prend le temps
d’allumer une cigarette.)
À mesure que les deux couples parlaient, il s’est avéré qu’il y avait
d’autres coïncidences : Ruburt et Joseph avaient récemment songé à passer
un week-end dans un certain complexe hôtelier de la région, mais pas
particulièrement proche. À cause du mauvais temps, les agents immobiliers
avaient été forcés de passer une nuit dans ce même hôtel, un jour où le
spectacle programmé était une séance avec un médium.
Ce médium avait interloqué le couple en identifiant correctement
certains éléments spécifiques de leurs existences ; il y avait donc une
certaine forme de connexion psychique également. À nouveau, bien sûr, une
coïncidence. C’est ce que dit l’esprit officiellement organisé. Les riches
entrecroisements de probabilités sont apparents dans toute votre vie, si
seulement vous arrêtez d’organiser vos perceptions et vos expériences selon
des modes préconditionnés. (Dit avec insistance.)
Les nombreuses directions possibles pour l’espèce existent maintenant.
Joseph a réagi à un niveau cellulaire à un égard. Les cellules ont reconnu la
réalité probable impliquée [6], et il, Joseph, s’est senti « chez lui » [dans la
maison de Markle] et pourtant, consciemment, il ne pouvait expliquer ce
sentiment. En certains termes, sa mère se sentira vengée si Joseph achète
cette maison, mais le choix demeure cependant celui de Ruburt et le sien. Si
vous prêtez plus d’attention à ce que vous considérez être des coïncidences,
vous allez découvrir un autre type d’ordre qui est sous-jacent à celui
reconnu que vous suivez. Cela a toutes sortes d’implications sur le plan
biologique en ce qui concerne l’espèce ; vous pouvez peut-être comprendre
alors qu’il y a aussi des histoires probables sous vos vies, individuellement
et en masse.
Les ordres neurologiquement non reconnus peuvent se révéler, une fois
que vous reconnaissez leur réalité. Vos données sensorielles commenceront
alors à confirmer ce qui ne l’a pas été jusqu’à présent.
Faites votre pause. (En souriant.) J’ai pitié de vos doigts.
(22 h 58. « Je me sens bizarre », dit Jane. Sa transe a été très profonde,
son élocution assez rapide la plupart du temps. Elle inspire maintenant
plusieurs fois, comme pour prendre davantage d’air. « J’étais vraiment
partie — il aurait pu me maintenir ainsi pendant quatre heures… » Elle
m’explique que, juste avant que la session commence, elle a reçu comme
des reflets du matériau à venir, mais qu’elle n’a pas eu le temps de m’en
parler. Il est certain que nous ne nous attendions ni l’un ni l’autre à ce que
Seth aborde cette histoire des deux maisons à Sayre.
Nous ne parlons pas beaucoup des ramifications probables inhérentes à
toute cette affaire de maison — nous attendons plutôt que de tels concepts
opèrent si le matériau de Seth a quelque validité. Notre façon de penser
s’est considérablement modifiée depuis que ces sessions ont débuté, il y a
plus de dix ans. De temps à autre, nous nous souvenons à quel point cela a
été un changement pour nous ; cela nous aide à mettre notre univers
personnel en corrélation avec celui des autres. Aucun de nous deux ne croit
au hasard ni aux coïncidences, tel qu’on l’entend habituellement — et
encore moins depuis que Seth a commencé à expliquer il y a quelques
années les éléments qui sont derrière ces aspects. Nous attribuons toujours
des raisons à toute action, même si elles sont parfois cachées. [Et nous
avons découvert que, souvent, une observation plus approfondie confirmait
ces raisons.] Cette façon de penser nous a amenés à considérer comme
allant pratiquement de soi le concours de circonstances concernant ces
deux maisons ; chaque élément semblait se mettre en place de façon si
naturelle qu’aucun questionnement profond n’a été nécessaire pour que
nous nous disions : « Oh, bien sûr — les choses devaient se passer ainsi. »
Aujourd’hui, nous pensons qu’il est peu probable que nous achetions
l’une de ces deux maisons. Nous n’avons pas demandé à Seth ce qu’il
fallait faire, et nous ne le ferons pas. Il y a davantage de « coïncidences »
qui entrent en ligne de compte que celles décrites par Seth ce soir ; nous
n’avions conscience d’aucune d’elles, Jane et moi, avant l’aventure de
Sayre : M. Markle est dans une maison de retraite à quelques kilomètres de
là où nous vivons à Elmira, et ma mère a vécu ses derniers jours dans le
même genre d’établissement, à moins de vingt-cinq kilomètres de chez
nous ; l’un des enfants de M. Markle vit à Elmira et il y a un lien entre lui et
un magasin dans lequel Jane et moi nous sommes rendus ; M. Johnson, de
l’agence immobilière, a peint, comme moi, des enseignes et des sigles sur
des camions quand il était jeune ; lui et moi avons plusieurs relations en
commun à Sayre, dont un artiste plus âgé assez réputé — et aujourd’hui
décédé — que nous avons tous deux connu quand nous étions étudiants ; et
ainsi de suite.
La pause prend fin à 23 h 24 et Seth parle d’une autre « connexion de
maison ».)
Accordez-nous un instant… La maison dans laquelle Ruburt et Joseph
ont actuellement leur appartement a une allée commune.
En certains termes, c’est le symbole, la connexion, entre les deux
systèmes de probabilité, car la maison de M. Markle a elle aussi une allée
commune. Ruburt et Joseph vivent dans un double appartement, dans une
vieille demeure réagencée en plusieurs lots. Vous partagez votre allée
commune avec une famille très riche, habitant la maison d’à côté, qui a la
même taille que la vôtre, mais dans laquelle vit une seule famille. La mère
de Joseph voulait que son fils soit très riche. Cette allée relie
symboliquement les deux réalités, et c’est un point où toutes deux se
rencontrent. Accordez-nous un instant…
(Une pause à 23 h 28. C’est la fin de la dictée du livre. Comme nous le
lui avons demandé juste avant la session, Seth transmet pour finir un autre
matériau concernant Jane et moi. Puis, il termine à minuit pile.
Une note ultérieure. Comme la session suivante a eu lieu avant que
j’aie fini de taper celle-ci à la machine, je peux préciser que, dans la
session 694, Seth va aborder quelques-unes des questions évidentes que
nous nous sommes posées à propos du rôle de ma mère dans cette affaire de
maisons.)

NOTES DE LA SESSION 693

[1] Jane et moi avons fait ce tour en voiture il y a trois semaines, le 7 avril.
La ville de Sayre n’est qu’à une trentaine de kilomètres d’Elmira où
nous vivons à présent, et elle est située dans les belles collines de
Pennsylvanie, entre deux bourgades plus petites — Athens au sud, et
Waverly au nord, dans l’État de New York. Localement, on appelle ces
trois lieux « La Vallée ». De temps à autre, nous allons à Sayre. Bien
que proche en kilomètres, cette ville est, par d’importants aspects selon
moi, loin de nous, en termes d’années.
L’importance de cette vieille agglomération ferroviaire où prédominent
les couches inférieures de la classe moyenne venait en grande partie du
fait qu’elle était le point de jonction de plusieurs grandes lignes de
chemin de fer. Mais on y trouve aussi un hôpital et une clinique bien
connus, en constant développement. La population de Sayre comptait
probablement moins de soixante-cinq mille habitants quand nous y
avons grandi, mes deux frères et moi, et cela n’a pas beaucoup
augmenté aujourd’hui. Ma famille a vécu de 1922 à 1931 [quand
j’avais de trois à douze ans] dans le quartier décrit par Seth, puis elle a
déménagé à l’autre bout de la ville. Je me souviens que j’étais très
réticent à ce changement : le jeune garçon ne voulait pas quitter ses
amis et l’environnement qu’il aimait. Les motivations qui avaient amené
mes parents à déménager n’avaient pour moi aucun sens à l’époque. Ils
avaient acheté une « nouvelle » maison, qui est restée dans la famille
jusqu’en 1972 — un an après la mort de mon père, un an avant celle de
ma mère.
Pour de plus amples détails, voir la note 9 de la session 679, et les notes
2 et 3 de la session 680.

[2] Les agents immobiliers qui nous ont montré la maison de Markle, jeudi
dernier, le 25 avril, sont mari et femme et ils tiennent une petite agence
d’immobilier et d’assurance à Sayre. Nous avons tout de suite aimé les
Johnson (ce n’est pas leur vrai nom). La visite de la maison de M.
Markle a été une expérience — je ne m’étais sûrement pas attendu à
m’y retrouver quarante-trois ans plus tard. Jane n’était pas, bien sûr,
aussi attirée que moi par cette maison et savoir cela m’a aidé à
relativiser mon propre enthousiasme. De l’époque où j’étais à l’école
primaire, je me souvenais surtout de la grande pièce principale ; les
Markle avaient élevé deux enfants qui avaient mon âge et celui de mon
plus jeune frère. Nous nous retrouvions parfois tous les quatre dans
cette maison avant d’aller ensemble à l’école.
La maison que la famille Butts occupait à ce moment-là se situait juste
à l’angle, à un pâté de maisons de là — on pouvait presque la voir de
chez les Markle. (Par la suite, j’en ai retrouvé plusieurs vieilles photos
dans un album de famille et cela m’a rappelé qu’à l’époque les rues
n’avaient pas de trottoir. Aujourd’hui encore, je me souviens de la
plupart des familles et des enfants qui vivaient dans les parages
immédiats. Ces quelques pâtés de maisons ont largement constitué le
monde de mon enfance.
Maintenant, quand Jane et moi passons en voiture dans ces rues
modestes, j’ai un sentiment de familiarité et d’étrangeté qui est difficile
à décrire. Trottoirs ou pas, le voisinage a incroyablement peu changé,
vu le nombre d’années. Je me dis que tous les arbres sont beaucoup plus
grands et fournis, et je suis étrangement surpris que les maisons en bois
soient toujours debout. Je me dis aussi que bien des gens doivent avoir
des sensations similaires vis-à-vis de l’environnement qui était
important pour eux autrefois — et qui l’est d’ailleurs encore. Mais,
depuis que je me familiarise avec les idées de Seth sur le temps, je suis
plus que jamais conscient que, lorsque nous voyageons, il y a plus en
jeu qu’un simple déplacement dans l’espace.

[3] Non seulement ma mère a insisté « sur un prix élevé pour sa maison »,
mais, à la surprise générale — membres de la famille, agents
immobiliers et autres —, elle est parvenue à l’obtenir.

[4] Dans sa préface, Seth parle de la relation qu’il y a entre la mort de ma


mère et le début de La Réalité « inconnue » ; dans les sessions 679 et
680, il évoque quelques-unes des vies probables de ma mère, et dans la
session 683, mes contacts avec elle dans l’état de rêve. Voir les notes
appropriées pour chaque session.

[5] Je dirais que l’affirmation de Seth ici, selon laquelle « c’était son
second choix » demande une interprétation minutieuse. Ses implications
possibles m’ont échappé au cours de la session, sinon j’aurais pu lui
demander quelques éclaircissements. Comme j’ai négligé de le faire, me
voici en train de réécrire cette note un an plus tard.
Au moment de la session, j’avais compris que Seth voulait dire que la
deuxième maison que Jane et moi avions visitée le 25 avril était aussi le
second choix que ma mère avait pour nous ce jour-là. Quelque temps
après, nous nous sommes demandé s’il n’avait pas voulu en fait nous
signifier que cette seconde maison avait été, après celle de Markle, le
meilleur second choix de Stella Butts pour elle-même, il y a des années.
Nous avons décidé que cela n’était pas plausible et avons opté pour
l’approche conventionnelle. Car il aurait fallu non seulement que ces
deux maisons soient en vente en même temps et que Jane et moi les
visitions le même jour — mais il aurait fallu aussi que, parmi les
centaines de maisons à Sayre, ces deux-là soient classées numéro un et
deux dans la liste des préférences de ma mère pendant des années. Il y
aurait peu de chance que ce dernier point coïncide avec les deux
premiers. Une série de coïncidences suffisamment remarquables, selon
nous, entraient déjà en jeu dans cette histoire de maisons.
Et pourtant — en dépit de toute logique, des possibilités infimes
existaient. Ma mère aurait pu avoir certains liens émotionnels avec cette
seconde maison.
Le lieu en question se trouve à quelques pâtés de maisons de l’endroit
où ma famille a emménagé en 1931, comme je l’ai décrit dans la note 1.
Comme elle se trouve sur l’une des rues principales de Sayre, à un
carrefour très fréquenté, j’ai dû passer devant de nombreuses fois par la
suite ; je ne l’avais pourtant jamais spécialement remarquée jusqu’à ce
que Jane et moi nous y rendions avec les Johnson. Quand ceux-ci nous
ont dit qui étaient les propriétaires, j’ai juste pu répondre que j’avais
entendu leur nom quand je vivais à Sayre ; le vieux couple était de la
génération de ma mère. Même si je ne me souviens pas qu’elle en ait
parlé, il se peut qu’elle les ait connus. Ils pourraient avoir eu des amis
communs. Dans une modeste mesure, nous pouvions donc nous amuser
à faire des suppositions à partir de ce qu’a dit Seth quant à cette maison
et au second choix de ma mère. Impossible d’interroger Stella
puisqu’elle est morte il y a cinq mois, mais elle aurait pu avoir connu
les propriétaires et être allée dans leur maison ; elle aurait pu l’avoir
aimée de façon particulière.

[6] Voir les sessions 684 et 685, dans la Partie 1.


SESSION 694

Mercredi 1er mai 1974

(« Bon, dit Jane en indiquant deux points devant elle, tandis qu’elle est
assise en attendant que la session commence. Il y a du matériau pour le
livre ici [sur la gauche] et du matériau sur moi là [à droite]. Mais c’est
bizarre : je ne pense pas que Seth soit là — juste l’information. C’est
comme si j’attendais que le matériau tombe dans une fente ; ensuite, Seth
qui est ici — elle touche son ventre — s’en occupe. »
« Je peux sentir l’information à l’extérieur de moi, disons, mais je ne
peux pas l’obtenir dans mon état de conscience habituel. Quand Seth se
manifeste, il est au même niveau que le matériau, et lui — ou moi — le fait
alors entrer… C’est comme s’il y avait là un entrepôt d’information et que
je doive traverser une porte de conscience pour l’atteindre. »
L’élocution de Jane est assez lente quand la session commence.
21 h 29.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. (En murmurant, les yeux clos.) Accordez-nous un
instant…
L’exemple relativement insignifiant d’évènements probables et de leur
interaction, qui vient juste d’être donné [dans la dernière session], fournit
quelques indices importants sur la nature des probabilités en général. Une
organisation est assurément présente, mais il ne s’agit pas du type d’ordre
que vous avez l’habitude de reconnaître. Cette petite expérience personnelle
se répète sans fin avec différentes variantes dans tous les domaines de la vie
quotidienne — c’est-à-dire que des évènements probables interagissent
constamment et (avec insistance) à travers leur interaction, vous vous
retrouvez avec une série reconnue d’épisodes que vous acceptez, appelée la
réalité physique.
En dessous de cet ordre reconnu d’évènements, il y a en fait un vaste
champ d’action se produisant constamment. Ces champs de probabilités
sont des sources d’action pour votre réalité ; mais les créations de votre
monde sont aussi une source pour ces autres probabilités.
Ceci s’applique à tous les niveaux, mentaux et biologiques. Les
probabilités concernent donc les atomes et les molécules, et les cellules.
Elles concernent aussi les pensées, ainsi que des évènements plus
évidemment physiques. Vos corps sont des constructions probables, dans le
sens où ils existent uniquement à cause de l’apparence d’atomes à certains
points de probabilité. À d’autres niveaux, les atomes n’existent pas à ces
mêmes points et, là (Jane se penche en avant pour insister), vos corps ne
sont pas les mêmes constructions physiques. Ils n’existent donc pas là.
Scientifiquement, avec tous vos instruments, vous êtes jusqu’à présent
capables de percevoir la présence d’un atome uniquement dans le champ de
votre propre système de probabilité. Comme vous percevez physiquement à
travers le corps, qui est structuré atomiquement, vos perceptions
sensorielles vous amènent bien sûr à bloquer la reconnaissance d’autres
stimuli ou réactions probables. Dans son livre, Adventures in
Consciousness, Ruburt fait mention de ce qu’il appelle une « perception
préjugée [1] ». C’est une excellente expression, à cet égard.
(Une longue pause.) Accordez-nous un instant… (Une autre longue
pause.)
Une partie de tout ceci est difficile à verbaliser. Les unités EE [2] au sein
de la matière, à l’intérieur des atomes et des molécules, se rendent compte
des champs probables d’action qui sont possibles. L’intégrité du corps doit
demeurer dans une réitération constante dans une seule et même probabilité
et maintenir à l’intérieur de ce système probable une certaine « constante »,
et, physiquement, la perception y est largement orientée, mais l’intégrité
fondamentale du système corporel et de la conscience provient de
l’extérieur de ce système. Point.
(Jane en tant que Seth termine cette phrase sur une note triomphale,
après avoir indiqué toute la ponctuation.)
En fait, les atomes, tout en se comportant correctement à l’intérieur du
système, et tout en semblant adhérer à ses règles et hypothèses,
chevauchent néanmoins des probabilités. Vos structures temporelles sont
donc intimement connectées à une action probable et à des champs
d’actualité. En vos termes, ce serait, par exemple, comme si Joseph ne
pouvait avoir vu cette maison à vendre qu’après qu’une série d’évènements
donnés ne se soient produits. En apparence, ce serait comme si tout ceci
dépendait d’évènements antérieurs : la rencontre préalable de la mère de
Joseph avec M. Markle, il y a des années, quand ils étaient jeunes tous les
deux ; ses rêveries et fantasmes, les années suivantes ; sa mort, la vieillesse
de M. Markle et le fait qu’il abandonne sa maison.
(22 h) En vos termes, il semble que tout ceci devait se passer avant que
la maison soit mise en vente, pour que, en passant par là il y a quelques
jours, Joseph puisse voir le panneau et décider de visiter la maison. En
termes beaucoup plus fondamentaux, tous les évènements existent en même
temps, tout comme les atomes et les molécules apparaissent en même temps
dans toutes les positions probables. Le corps, agissant dans le temps, utilise
une structure temporelle et agit naturellement en son sein, tandis que sa
structure « constante » dure dans le temps. Donc, dans ce contexte-là, une
expérience du temps a été faite — et en utilisant cette structure
organisationnelle là, le temps semble unir ces évènements.
Accordez-nous un instant… Ces évènements prennent alors une
signifiance [3] à cause du type particulier d’organisation choisie. D’autres
évènements tout aussi valides ne semblent pas signifiants — ils ne se
manifestent pas en une perception ou une réalité. Ils existent cependant.
Dans une réalité, par exemple, la mère de Joseph a épousé M. Markle.
Joseph a hérité de la maison. Dans cette réalité-là, M. Markle est mort avant
la mère de Joseph et, là, il n’était donc même pas nécessaire qu’un Joseph,
ici, cherche une maison ; il en avait une. Dans cette réalité-là, Joseph n’a
pas épousé Ruburt. Et dans cette réalité-ci (celle que Ruburt et vous
connaissez), Ruburt, instinctivement, se sent étrangère à cette maison.
(« Puis-je poser une question ? » Je n’aime pas interrompre le cours du
matériau, mais c’est le bon moment pour mentionner ce que j’ai à l’esprit
depuis lundi soir.)
Oui
(« Eh bien, je sais que vous avez dit dans la dernière session [juste
avant 22 h 33] qu’à partir de sa réalité non physique, ma mère n’essaye
pas de nous forcer, Jane et moi, à acheter la maison de M. Markle —
pourtant, je continue à me demander ce que d’autres vont penser de l’idée
d’une influence ressentie dans notre réalité et provenant de “l’autre côté”,
pourrait-on dire — »)
Écrivez votre question et j’y répondrai.
(« Continuez. Je peux l’écrire plus tard. » Et Seth se met à traiter la
question à sa manière.)
J’ai clairement mentionné que la décision revenait à Joseph et à Ruburt.
Mais en plus de cela, la question d’une maison de ce genre a introduit dans
leurs vies des questions de valeurs et de prérogatives qui étaient d’une
grande importance. Ils avaient besoin de voir clairement quelle était leur
propre position sur ces sujets-là. Joseph se rendait inconsciemment compte
de l’existence de la première maison [à Sayre] ; il aurait pu choisir de ne
pas emprunter cette rue-là, par exemple. Ruburt et lui ne réfléchissent pas
trop en termes d’argent et de statut social. Ils ont, au lieu de cela, vécu dans
un appartement, en se préoccupant peu des apparences. Il y a pourtant
toujours dans votre société une pression vous poussant à acquérir des
maisons chics, et les biens matériels sont souvent considérés comme un
gage de réussite.
Accordez-nous un instant… Financièrement, Ruburt et Joseph
commençaient à bien se débrouiller. C’est seulement alors que les idées
conventionnelles se sont mises en avant. Ces idées-là ont elles-mêmes attiré
émotionnellement certains aspects de la mère de Joseph. Très simplement,
en ses termes à elle, cette mère voulait que son enfant réussisse et, pour elle,
cela signifiait posséder une excellente maison. Point. De sa part, c’était une
ambition assez innocente.
Quand elle a senti que Joseph avait lui aussi envie d’une belle maison,
alors — en vos termes, à présent — elle a commencé, depuis son contexte
différent après la mort, à amener cette opportunité dans l’expérience de
Joseph. Ce n’est pas de la manipulation. Cela montre toutefois qu’une
partie de la mère de Joseph, celle connectée à son fils, est toujours en
relation avec lui d’une certaine manière. Cela montre aussi que le désir de
Joseph d’avoir une maison à Sayre (d’une voix plus forte et plus profonde)
a aidé à provoquer certains évènements : il pouvait avoir une maison de
ce genre s’il en voulait une.
L’épisode a aussi été le miroir de ses croyances, car, dans sa façon de
penser, il aurait eu à abandonner certaines libertés et, cela, il n’était pas prêt
à le faire. Fondamentalement, les évènements existent en même temps, bien
qu’à votre niveau, vous deviez les percevoir dans le temps. Tout comme
votre réalité quotidienne personnelle peut être concernée et colorée par des
probabilités amenées dans votre expérience par vos désirs et croyances, de
même votre culture de masse, votre histoire du monde et l’orientation de
l’espèce sont colorées par des évènements probables qui ne rentrent pas
dans votre idée officiellement reconnue de la réalité physique.
L’homme alternatif, l’homme probable, vos vous alternatifs, vos vous
probables — ces questions-là s’appliquent aussi bien individuellement
qu’en termes d’espèce, et elles s’appliquent aussi bien à votre futur qu’à
votre passé.
Accordez-nous un instant, et à vous aussi.
(Une pause d’une minute.) Les plus grandes découvertes scientifiques
sont toujours « accidentelles ». Elles proviennent d’une créativité intuitive,
quand soudain un nouveau type de signifiance est vu, qui n’était pas
prévisible « auparavant ». Vous acceptez toutes les données qui collent avec
vos théories et vous ignorez les indices contraires. Pourtant, en dessous de
tout cela, vous êtes des créatures sources de signifiance, des formeurs de
schémas immergés dans le temps mais fondamentalement indépendants de
lui et, donc, de nouvelles visions arrivent dans votre conscience et changent
littéralement la qualité de toute réalité donnée à tout moment donné.
Faites votre pause.
(22 h 34. Jane, dans une transe profonde, a parlé pendant plus d’une
heure. Je lui dis que, selon moi, le texte de La Réalité « inconnue » est
excellent. « Mais j’y suis totalement étrangère », me répond-elle, expliquant
qu’elle ne le connaît pas bien consciemment, qu’elle n’a qu’une vague idée
de sa structure et qu’elle ne peut en particulier pas dire à l’avance ce qu’il
contiendra. Comparativement, elle a eu une implication beaucoup plus
personnelle dans le dernier livre de Seth, La Réalité personnelle.
Nous parlons de ce que le matériau de ce soir implique de façon
générale par rapport à ma mère — le fait qu’elle soit non seulement
« vivante » après sa « mort », mais qu’une partie d’elle soit focalisée sur
Jane et moi. Jane a permis à Seth de parler de la situation de façon plus
personnelle qu’elle ne le fait habituellement ; en conséquence, nous avons
déjà plus de données sur Stella Butts que, par exemple, sur la mort des
parents de Jane [en 1971 et 1972] [4]. Nous savons que Seth ne va pas
continuer indéfiniment à décrire ma mère et sa réalité présente ; une telle
étude pourrait facilement se solder par un livre entier. En outre, Jane a des
convictions profondes par rapport au fait de fournir un matériau sur la
survie des personnalités. Les informations dans l’Appendice 10 ont ici leur
importance. Je pense aussi que Seth pourra en dire plus sur les croyances
qui se trouvent derrière ces sentiments de Jane, à mesure que le livre
avance.
Dans les trois paragraphes qui suivent, Seth transmet les informations
avec beaucoup de force. Reprise à 22 h 50.)
La mère de Joseph n’est pas seulement vivante dans un autre niveau de
réalité, mais elle continue à apprendre. Elle se rend donc très bien compte
de la décision prise par Joseph de ne pas acheter la maison [de Markle] [5].
À son niveau de réalité, elle se rendait compte qu’il avait envie de la
maison ; qu’une partie de lui songeait à posséder une grande maison, même
si cela exigeait une maintenance et une attention qu’une autre partie de lui
ne voulait pas fournir, parce qu’il avait l’impression que cela accaparerait
trop de temps par rapport à sa peinture et à notre travail.
La partie qui a momentanément désiré la maison a immédiatement attiré
le même type de désir que la mère de Joseph a toujours ressenti. Celui-ci,
à un autre niveau d’activité que celui physique, a réactivé de vieux
conflits entre eux. Pendant un temps, leurs désirs les ont unis. Maintenant,
cependant, Stella Butts est davantage capable de comprendre les réactions
de son fils. Grâce à la décision de Joseph dans cette réalité-ci, Stella
commence enfin à entrapercevoir les raisons d’actions passées de Joseph
qui, auparavant, lui étaient incompréhensibles.
Essayez de comprendre que toutes ces réactions se passent réellement
en même temps… Le désir de Joseph a attiré un désir semblable de sa mère.
(Une pause.) En vos termes, cependant, les réactions continuent.
Maintenant, accordez-nous un instant…
(23 h. Le travail sur le livre est terminé pour la soirée. Jane fait une
pause tout en restant en transe, puis elle transmet une bonne quantité de
matériau sur plusieurs autres sujets. La session prend fin à 23 h 43.)

NOTES DE LA SESSION 694

[1] Dans le glossaire d’Adventures, Jane définit une perception préjugée


comme étant « la propension à organiser des données indifférenciées en
termes sensoriels spécifiquement différenciés ». Voir aussi le chapitre 14
dans Adventures.
[2] Voir la note 3 de la session 682.

[3] Voir la session 682 après 22 h 21.

[4] Pour un peu de matériau sur les antécédents familiaux de Jane, voir la
note 4 de la session 679, ainsi que la première partie de cette même
session.

[5] Une note ajoutée dix mois plus tard. De nombreuses ramifications par
rapport à cette histoire de maison devaient apparaître, concernant non
seulement la demeure de M. Markle à Sayre, mais une autre ici, à
Elmira, où Jane et moi vivons. En termes ordinaires, nous aurions
difficilement pu nous attendre à ce qu’une telle masse de « connexion de
maisons » se développe. Les événements ont eu lieu quand Jane en tant
que Seth transmettait la Partie 6, dans le tome 3 de La Réalité
« inconnue » et ils y sont décrits avec quelques détails ; ces faits
fournissent aussi un lien quasiment idéal entre les deux tomes.
SESSION 695

Lundi 6 mai 1974

(Samedi soir, le 4 mai, Jane, en transe, a elle-même brièvement fourni


quelques informations. En tout cas, Seth n’était pas ouvertement présent.
La dernière fois qu’elle a fait cela, c’était le 4 mars ; le matériau d’alors
portait sur l’homme parallèle, l’homme alternatif et l’homme probable.
Seth en avait fait mention le soir même, dans la session 687, et cela a servi
de base à la Partie 2 de ce tome. [Le lecteur trouvera le matériau en
question à l’Appendice 6.]
Il n’est toutefois pas nécessaire de citer ce qu’a transmis Jane samedi
soir. Ce matériau lui est venu parce que nous avions parlé de nos parents
défunts et des probabilités, en faisant le lien avec les deux premières
sessions [679 et 680] de La Réalité « inconnue ». Pour démarrer son livre,
Seth s’était servi d’une photo de chacun de nous quand nous étions enfants.
Samedi soir, j’ai donc parlé à Jane de mon idée d’inviter Seth à commenter
les vieilles photos de ses parents, Marie et Delmer [1], pour voir quel
matériau en résulterait.
Nous discutons de tout cela en attendant que la session commence. Je
fais remarquer que « le livre de Seth me rappelle un journal intime
d’autrefois, mais avec une tournure nouvelle — celle des probabilités ». Je
poursuis en disant que je suis un peu préoccupé parce que les notes pour La
Réalité « inconnue » deviennent beaucoup plus longues que celles pour
Seth parle ou pour La Réalité personnelle. J’ai pourtant le sentiment qu’il y
a des raisons à cela, aussi ai-je choisi de continuer. Jane approuve. Elle dit
que les notes sont destinées à fournir un compte rendu ordinaire de nos
vies, qui serait en « parallèle » avec les données plus complexes de Seth sur
les probabilités et sur d’autres concepts. Elle pense qu’il aura plus à dire à
propos des notes, par la suite dans le livre.
Juste après la fin de cet échange, à 21 h 03, Jane me dit qu’elle va
dicter un matériau complémentaire venant d’« elle-même ». Elle me
demande de le transcrire.
« Ce que nous savons de l’espèce peut être comparé à ce que nous
savons de nous-mêmes en tant qu’individus. D’une certaine façon, les deux
concepts sont au même niveau et ont à voir avec des réalités dans des
séquences consécutives de temps. L’individu, comme l’espèce, existe en
termes multidimensionnels ; et il erre parmi des focalisations de
probabilités, se faufilant constamment d’une réalité alternative à une autre.
« Une photographie d’une personne donnée représente une identité
probable vécue, focalisée dans une séquence temporelle reconnue. Sa
validité dépend des autres clichés invisibles qui n’ont pas été pris, tout
comme les notes qui constituent une symphonie sont importantes du fait des
notes impliquées qui ne sont pas réellement utilisées.
De la même façon, une “représentation” de l’espèce ne constitue
qu’une version de l’espèce, un “instantané” pris dans une séquence de
temps particulière, valide à cause des réalités invisibles sur lesquelles il n’y
a pas de focalisation mais sur lesquelles chevauche la réalité. »
En quelques instants, Jane quitte son état modifié de conscience. « Je ne
sais pas d’où sortait tout ça, dit-elle en riant, mais tout ce que tu veux
savoir, il suffit de le demander… » Nous nous contentons de garder trace de
ces moments-là à mesure que la rédaction de La Réalité « inconnue »
progresse. La session de ce soir va un peu faire écho à l’expérience de
samedi soir, même si rien n’indique que le matériau aura les mêmes effets à
long terme que celui transmis par Jane le 4 mars.
À 21 h 15, je lis à Jane la dernière session à partir de mes notes,
puisque je ne les ai pas encore tapées à la machine. Elle écoute dans un
état très détendu, tout en se préparant pour la session. « J’attends
simplement de recevoir clairement… »
21 h 29.)
Maintenant. Bonsoir —
(« Bonsoir, Seth. »)
— et dictée.

EXERCICE PRATIQUE 3
J’aimerais que chaque lecteur essaye deux exercices. Tout d’abord,
prenez un évènement qui vous est arrivé le jour même où vous lisez cette
page. Voyez ce fait particulier, que vous avez choisi, comme un évènement
dans votre expérience provenant de la vaste banque d’autres évènements
probables qui auraient pu se produire.
Examinez l’évènement tel que vous le connaissez. Ensuite, essayez de
retracer son émergence à partir du fil de votre propre vie passée, telle que
vous la comprenez, et projetez à l’extérieur, dans votre esprit, quels autres
évènements peuvent émerger de celui-ci pour devenir une action dans votre
futur probable. Cet exercice a une deuxième partie. Quand vous en avez fini
avec la procédure qui vient d’être donnée, changez alors votre point de
vue ; voyez l’évènement depuis la position de quelqu’un d’autre qui est
également concerné. Peu importe à quel point l’expérience semble être
d’ordre privé, quelqu’un d’autre a un lien avec elle. Voyez l’épisode à
travers ses yeux, et procédez comme avant, en ayant juste ce point de vue
modifié.
Personne ne peut faire cet exercice pour vous, mais les résultats
subjectifs peuvent être stupéfiants. Des aspects de l’évènement qui
n’apparaissaient pas avant peuvent soudain se révéler. Vous ferez plus
pleinement l’expérience de ces dimensions.
Accordez-nous un instant…
(Maintenant, Seth aborde un matériau que Jane a évoqué au cours de
notre conversation, samedi soir, après m’avoir dicté ses informations dont
j’ai parlé plus haut.)

EXERCICE PRATIQUE 4

Pour le deuxième exercice, prenez une photo de vous-même et placez-la


devant vous. Ce peut être une photo ancienne ou récente, mais essayez de la
voir comme un instantané d’un moi en équilibre dans une focalisation
parfaite, émergeant d’une dimension sous-jacente dans laquelle d’autres
photos probables auraient pu être prises. Ce moi-là, voyez-vous, émerge
triomphalement, unique et incontestable dans sa propre expérience ;
pourtant, dans les traits que vous voyez devant vous — dans ce maintien,
cette posture et cette expression —, il y a aussi des miroitements, des
colorations ou des nuances, qui sont des échos appartenant à d’autres
probabilités. Essayez de les percevoir.

EXERCICE PRATIQUE 5

Maintenant. Prenez une autre photo de vous, à un âge différent de celui


que vous aviez sur la première. Demandez-vous simplement : « Est-ce que
je regarde la même personne ? » En quoi cette seconde photo est-elle
familière ou étrange ? En quoi diffère-t-elle de la première que vous avez
choisie ce soir ? Quelles similitudes unissent les deux photos dans votre
esprit ? De quoi faisiez-vous l’expérience quand chaque photo a été prise ?
Quels chemins pensiez-vous suivre dans une photo, qui n’ont pas été suivis
dans l’autre ? Ces directions-là ont été suivies. Si elles ne l’ont pas été par
le moi que vous reconnaissez, alors elles l’ont été par un moi qui est
probable, en vos termes. Dans votre esprit, suivez les directions que ce moi-
là auraient prises, en fonction de votre façon de penser à des évènements de
ce genre. Si vous trouvez une ligne de développement que vous souhaiteriez
maintenant avoir suivie, bien que ne l’ayant pas fait, pensez alors
profondément à la façon dont ces activités-là pourraient aujourd’hui trouver
leur place dans le cadre de votre vie officiellement acceptée [2].
De telles rêveries, associées au désir — avec le soutien du bon sens —,
peuvent occasionner des points d’intersection dans les probabilités qui
provoquent un nouveau réalignement des éléments profonds de la psyché.
De cette façon-là, des évènements probables peuvent être attirés dans votre
structure de vie actuelle.
(21 h 40.) Nous avons parlé de l’homme probable, et avons l’intention
de traiter de manière plus approfondie de l’homme [ou de la femme]
probable, tel que cela s’applique à votre espèce. Les évènements de l’espèce
commencent toutefois avec l’individu. Tous les pouvoirs, aptitudes et
caractéristiques qui sont inhérents à l’espèce sont inhérents à chacun de ses
membres. En comprenant votre propre réalité inconnue, vous pouvez donc
beaucoup apprendre sur la réalité inconnue de l’espèce.

EXERCICE PRATIQUE 6
Maintenant. Choisissez une autre photo. Je veux que vous regardiez
celle-ci d’une manière un peu différente. Ce doit être là encore une photo de
vous. Voyez-la comme une image de vous-même en tant que représentant
de votre espèce, dans un temps et un espace particuliers. Observez-la
comme vous pourriez examiner la photo d’un animal dans son
environnement. Si la photo vous représente dans une pièce, par exemple,
alors pensez à celle-ci comme à un type particulier d’environnement, aussi
naturel que les forêts. Considérez votre personne de la façon suivante :
comment se fond-elle parmi les autres éléments de la photo, ou comment en
est-elle distincte ? Voyez ces autres éléments comme des caractéristiques de
l’image, considérez-les comme des traits plus vastes qui vous
appartiennent. Si la photographie est sombre, par exemple, et montre des
ombres, alors, dans cet exercice, voyez ces ombres comme appartenant au
moi dans la photo.
Avec votre imagination, examinez votre image depuis le point de vue
d’un autre endroit dans la photo. Voyez comment l’image peut être vue
comme une partie de la structure globale de l’environnement — la pièce,
l’ameublement, le jardin ou quoi que ce soit.
Quand vous voyez la photo d’un animal dans son environnement, vous
faites souvent des liens que vous ne faites pas lorsque vous voyez la photo
d’un être humain dans son environnement. Pourtant, chaque lieu est aussi
unique que l’habitat de n’importe quel animal — aussi personnel, aussi
partagé, aussi signifiant en termes d’individu et d’espèce dont ce dernier
fait partie. Juste pour élargir votre imagination : quand vous regardez votre
photo, imaginez que vous êtes un représentant d’une espèce, surpris là, dans
cette pose particulière, et que le cadre de la photo représente maintenant
« une cage de temps ». Vous qui regardez la photo de l’extérieur, vous êtes
maintenant hors de cette cage de temps dans laquelle votre spécimen a été
placé. Ce spécimen, cet individu, ce vous, vous représente, mais aussi un
aspect de votre espèce. Si vous maintenez ce sentiment, l’élément de temps
devient alors aussi réel que tous les autres objets à l’intérieur de la photo.
Bien qu’invisible, le temps est dans le cadre.
Maintenant. Levez les yeux. L’image, la photo, n’est rien qu’un petit
objet dans toute l’étendue de votre vision. Vous n’êtes pas seulement
extérieur à vous-même dans la photo, mais celle-ci représente maintenant
juste une petite partie de votre réalité. Pourtant la photo reste inviolée à
l’intérieur de son propre contexte ; à l’intérieur de celui-ci, vous ne pouvez
pas modifier la position d’un objet. Si vous détruisez la photo elle-même,
vous ne pouvez en aucune manière détruire la réalité qui était derrière. Vous
ne pouvez pas, par exemple, tuer l’arbre qui pouvait se trouver sur la photo.
Accordez-nous un instant…
(22 h 11. En transe, Jane sombre brusquement dans le silence pendant
plus d’une minute. Ses yeux restent clos tandis qu’elle se balance lentement
d’avant en arrière. Son débit était bon depuis le début de la session.)
La personne à l’intérieur de la photo est au-delà de votre portée. Le
vous que vous êtes peut apporter tous les changements que vous voulez
dans votre expérience : vous pouvez changer les probabilités en vue de vos
propres objectifs, mais vous ne pouvez pas changer le cours des autres moi
probables qui ont suivi leurs propres voies. Tous les moi probables sont
connectés. Chacun influence les autres. Il y a une interaction naturelle, mais
pas de coercition. Chaque moi probable a son propre libre arbitre et son
unicité. Vous pouvez changer votre propre expérience dans la probabilité
que vous connaissez — qui, elle-même chevauche une infinité d’autres
probabilités. Vous pouvez apporter dans votre propre expérience n’importe
quel nombre d’évènements probables, mais vous ne pouvez nier
l’expérience probable d’une autre partie de votre réalité. Ce qui revient à
dire que vous ne pouvez pas l’annihiler.
Quand vous regardez une photo de votre histoire personnelle, elle
représente votre émergence dans cette réalité particulière — ou la réalité
qui était acceptée comme étant officielle au moment où la photo était
prise —, vous regardez donc une photo d’un représentant de votre espèce,
prise dans un moment particulier de probabilités. Cette espèce a autant de
rejetons et de développements que vous en avez au niveau personnel. Tout
comme il y a des moi probables en termes personnels, il y a des moi
probables en termes d’espèce. Tout comme vous avez votre passé
personnel, officiel et reconnu, vous avez, dans votre système d’actualité,
une histoire officielle de masse plus ou moins acceptée. [Voir la note 2.]
Soumise à un examen, cette histoire de l’espèce présente toutefois de
nombreux vides et divergences, et laisse beaucoup de questions sans
réponse.
Maintenant, faites votre pause.
(22 h 23. Au moment de la pause, ni Jane ni moi ne réalisons que Seth
vient juste de terminer la Partie 2.)
NOTES DE LA SESSION 695

[1] Une fois encore, se reporter à la note 4 de la session 679.

[2] La « vie officiellement acceptée » dont il est question ici m’a rappelé
que, dans la dernière session (694), Seth a employé l’expression « votre
idée officiellement reconnue de la réalité physique » en parlant du rôle
que les événements probables jouaient dans l’histoire de notre monde.
Dans la session 686, il a fait référence aux « données officielles »
lorsqu’il a considéré la sélection de certaines impulsions mentales et
biologiques faite par les premiers hommes comme une réalité physique ;
plus tard, dans la même session, il a utilisé l’expression « d’histoire
officielle » qui s’explique d’elle-même. Dans la session 684, il a parlé
de notre « activité officielle », lorsqu’il a comparé notre réaction aux
pressentiments et aux prémonitions à notre façon d’accepter une réalité
psychologique normale.
Par ailleurs, dans la session 681, voir ce que Seth avait à dire à propos
de l’histoire biologique individuelle et de l’imprévisibilité fondamentale
de la conscience.
PARTIE 3

L’homme probable privé, la femme probable privée,


l’espèce dans les probabilités, et les feuilles de route
pour des réalités
SESSION 695 (SUITE)

6 mai 1974

(La pause prend fin à 22 h 45.)


Ceci est le début de la partie suivante —
(« 3. »)
— qui s’intitulera (une pause) : « L’homme probable privé, la femme
probable privée, l’espèce en probabilités, et les feuilles de route pour des
réalités. »
Accordez-nous un instant… Nous nous sommes servi ici de
l’expérience privée de Ruburt et de Joseph. À présent, j’aimerais cependant
que chaque lecteur considère les membres de sa propre famille, de manière
à ce qu’il puisse accéder de façon plus directe, dans son expérience
personnelle, à une compréhension de certaines idées que je veux présenter.

EXERCICE PRATIQUE 7

(Une pause.) En vos termes, pensez aux ancêtres dans votre histoire
familiale. Pensez maintenant à vous-même et à votre famille
contemporaine. Pour cela, essayez d’imaginer le temps comme quelque
chose de semblable à l’espace. Si vos ancêtres vivaient au xixe siècle,
considérez alors ce siècle comme un lieu qui existe aussi sûrement que
n’importe quelle région de la Terre que vous connaissez. Voyez votre propre
siècle comme un autre lieu. Si vous avez des enfants, imaginez leur
expérience dans cinquante ans comme un autre lieu encore.
Maintenant. Pensez à vos ancêtres, à vous-même et à vos enfants
comme à des membres d’une tribu, chacun voyageant dans un pays
différent, et non pas à des époques diverses. La culture est aussi réelle et
naturelle que le sont les arbres et les rochers, alors voyez les cultures
variées de ces trois groupes comme des environnements naturels de ces
lieux ou pays ; imaginez ensuite chaque groupe en train d’explorer
l’environnement unique du pays dans lequel il s’est rendu. Dites-vous bien
sûr que ces explorations se font toutes en même temps, même si la
communication est parfois défectueuse et que chaque groupe a du mal à
communiquer avec les autres. Imaginez toutefois qu’il y a une terre natale
d’où venaient tous ces groupes, à l’origine. Chaque expédition y envoie des
« lettres » à la maison, commentant le comportement, les coutumes,
l’environnement et l’histoire du pays dans lequel elle se trouve.
Ces lettres sont écrites dans la langue natale commune, qui a peu à voir
avec celle qui a été acquise dans tel ou tel pays. (Une pause, puis avec
humour :) Dans leur foyer, papa et maman savent où sont allés leurs
enfants ; ils lisent avec amusement, stupéfaction et émerveillement le
courrier de leur progéniture. Dans cette analogie simpliste, papa et maman
répondent à ces lettres — également dans la langue natale. À mesure que le
temps passe, cependant, le souvenir de cette langue se perd chez les enfants.
Papa et maman savent que les époques sont comme des lieux ou des pays,
mais leurs enfants commencent à l’oublier et à croire qu’ils sont beaucoup
plus séparés les uns des autres qu’ils ne le sont en réalité. Chacun a adopté
un « mode de vie indigène » différent. Papa et maman comprennent. Les
enfants ont oublié qu’ils peuvent se mouvoir à travers le temps aussi
facilement qu’à travers l’espace.
Accordez-nous un instant… Souvenez-vous que, dans cette analogie, les
divers enfants représentent vos ancêtres, vous-même et votre propre
progéniture. Ils explorent la contrée du temps. Maintenant, dans votre
monde physique, il est évident que la nature croît d’elle-même. Dans la
contrée du temps, celui-ci fait de même. Tout comme vous pouvez grimper
aux arbres et en descendre, en passant d’une branche à une autre en montant
et en descendant, vous pouvez de la même manière vous promener dans
diverses époques. À la maison, papa et maman le savent bien. Tout l’arbre
généalogique existe en même temps — mais ce n’est qu’un arbre unique
qui apparaît dans la contrée du temps. Il a des branches que vous
n’escaladez pas, que vous ne reconnaissez pas, et qui dès lors, ne sont pas
réelles pour vous. Il y a donc des arbres généalogiques probables. La même
chose est valable pour l’espèce.
(Une pause de près de deux minutes, commencée à 23 h 12.) Accordez-
nous un instant… Il y a des réalités alternatives et celles-ci existent
uniquement du fait de la nature des probabilités. Maintenant, accordez-nous
un instant…
Les potentiels du vrai moi sont tellement multidimensionnels qu’ils ne
peuvent être exprimés dans un seul espace ou temps. Toute personne qui en
aime une autre reconnaît le potentiel infini à l’intérieur de cette personne.
Ce potentiel a besoin d’opportunités infinies ; la vraie réalité du moi a
besoin d’une situation toujours nouvelle et changeante, car chaque
expérience l’enrichit et accroît donc ses possibilités. En masse, en vos
termes, la même chose est vraie de la race humaine. Papa et maman, dans
notre analogie, représentent le potentiel infini à l’intérieur d’une unité
fondamentale de conscience [UC].
Alors, pensez à vos ancêtres, à votre famille actuelle et à vos enfants, et
percevez en eux le vaste potentiel qui est là. Maintenant. Imaginez votre
espèce telle que vous la concevez, et ses capacités littéralement infinies
d’expression et de création, rien que dans les domaines dont vous êtes
conscients. Aucune dimension unique temporelle ou spatiale ne pourrait
contenir cette créativité. Aucun passé historique unique ne pourrait
expliquer ce que vous êtes maintenant en tant qu’individu ou en tant que
membre d’une espèce. Point.
Maintenant, accordez-nous un instant… Fin de la dictée.
(23 h 23. Une fois encore, Seth termine la soirée avec un peu de
matériau sur un autre sujet. Récemment, nous lui avons demandé de
conclure ainsi chaque session, jusqu’à ce que nous en ayons terminé avec
d’autres projets restés en attente. Fin à 23 h 33.)
SESSION 696

Mercredi 8 mai 1974

(C’est aujourd’hui l’anniversaire de Jane. Elle a 45 ans. Je ne lui


demande pas de tenir une session ce soir, mais elle la souhaite. En
attendant que Seth se manifeste, Jane parle de la mort de ses parents [1].
Son père, Delmer, est mort le 16 novembre 1971 à l’âge de 68 ans. Sa mère,
Marie, est morte le 10 mai 1972, au même âge.
Quand Jane était jeune, Marie l’avait souvent très sérieusement
avertie : « Quand je mourrai, je reviendrai te hanter. » À cette époque-là
Marie, qui avait autour de la trentaine était déjà handicapée par son
arthrite ; et, pour citer Seth lors d’une session datant de 1964, elle avait
« souvent affirmé avec véhémence que la naissance de Ruburt avait été
pour elle une source de maladie et de souffrance, de son arthrite en
l’occurrence… Elle disait que si c’était à recommencer, elle n’aurait pas
d’enfant — et l’enfant présent à l’intérieur de la Jane adulte a encore le
sentiment que sa mère a toujours le pouvoir, même maintenant, de le forcer
à retourner dans son ventre et de refuser de lui donner naissance… »
Ce soir, Jane dit qu’elle sent encore une forte charge émotionnelle à
l’idée qu’un « défunt » revienne, pour reprendre des termes stéréotypés et
banals. Pourtant, bien que Seth n’ait dit que très peu de choses pour
l’instant concernant les spectres, les apparitions et la possession [qui, selon
nous, sont liés], il ne semble pas que le passé familial de Jane l’ait amenée
à développer des blocages à l’égard de ce genre de sujet. « Seth n’en est
simplement pas encore à ces thèmes-là, dit-elle. Quand il les abordera, il en
fera toute une série de chapitres — ou peut-être un livre entier. »
21 h 58.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée… Chaque système de probabilités a son propre jeu
de « feuilles de route », définissant clairement ses libertés et ses limites, et
mettant en avant les structures les plus favorables, les plus aptes à
l’épanouissement.
Ce ne sont pas des « images intérieures de perfection » et, dans une
certaine mesure, les feuilles de route [2] elles-mêmes changent, car l’action
au sein de tout système de probabilités modifie automatiquement le tableau
dans son ensemble, en l’élargissant. Les feuilles de route sont en fait plutôt
comme des plans de travail internes qui peuvent être modifiés selon les
circonstances, mais ce sont, dans une certaine mesure, des idéalisations,
avec un trait d’union.
En tant qu’individu, vous êtes donc porteur de ce type de feuille de
route ; celle-ci contient toutes les informations dont vous avez besoin pour
produire la version la plus favorable de vous-même dans le système
probable que vous connaissez. Ces feuilles de route existent biologiquement
et à tous les niveaux — psychiquement, spirituellement et mentalement.
L’information est tissée dans les gènes et les chromosomes, mais elle existe
à part, et les structures physiques représentent simplement les porteurs
d’information [3]. De la même manière, l’espèce en masse détient au sein de
son vaste esprit intérieur de tels feuilles de route ou plans de travail. Ils
existent en dehors du monde physique et dans un monde intérieur, et c’est à
partir de celui-ci que vous puisez les théories, les idées, les civilisations et
les technologies que vous traduisez ensuite physiquement.
La pensée de Platon voyait ce monde intérieur comme parfait [4]. Telle
que vous la concevez, cependant, la perfection suggère toujours quelque
chose de fait, d’achevé, ou d’insurpassable, et ceci nie bien sûr les
caractéristiques inhérentes à la créativité qui, en fait, cherchent toujours à se
surpasser. Le monde intérieur idéalisé de Platon aboutirait en définitive à
un monde mort, car les modèles de toutes les extériorisations y sont
considérés comme étant déjà réalisés — achevés et parfaits.
Nombreux sont ceux qui ont vu ce monde intérieur là comme la source
du monde physique, mais ils ont imaginé que le but de l’homme était
simplement de construire physiquement ces images parfaites au mieux de
ses capacités. (Avec beaucoup de force.) Dans ce tableau-là, l’homme lui-
même n’a pas aidé à créer ce monde intérieur, ou n’a en rien contribué à
sa beauté. Il pouvait au mieux essayer de le dupliquer physiquement — sans
être jamais capable, cependant, d’égaler sa perfection, en ces termes. Dans
cette version d’une réalité intérieure-extérieure, le mouvement de va-et-
vient, l’échange mutuel entre l’intérieur et l’extérieur, est ignoré. Étant une
partie de ce monde intérieur là, du fait de la nature de sa propre psyché,
l’être humain joue automatiquement un rôle dans la création de ces feuilles
de route qu’il utilise, à un autre niveau, comme guides.
(Une longue pause, les yeux fermés.) Dans une certaine mesure, non
seulement les grands artistes captent une image physique d’une Idée
intérieure, avec une majuscule, mais ils contribuent aussi, au départ, à la
création de cette idée ou de ce modèle intérieur.
En vos termes, le monde intérieur représente un Potentiel-Idée non
encore réalisé — mais ces idées et ces potentiels n’existent pas en dehors
de la conscience. Ce sont des idéaux établis dans le cœur de l’homme [5] ;
pourtant, en d’autres termes, l’homme est aussi celui qui les établit là, grâce
à la connaissance plus profonde de son être qui chevauche le temps
physique. L’existence est sage et pleine de compassion ; donc, en certains
termes, la conscience se connaissant elle-même en tant qu’homme a émis
de futures extensions d’elle-même dans la structure temporelle que
l’homme allait connaître, et elle a planté avec amour des panneaux
indicateurs pour pouvoir les suivre « plus tard ».
Accordez-nous un instant… L’homme est lui-même fait autant d’étoffe
divine que d’étoffe terrestre, donc en ces termes-là maintenant, le dieu
qui est en l’homme aspirait à l’homme en dieu et à l’expérience terrestre.
Ne vous comprenant pas vous-mêmes [6], vous avez essayé de situer l’idée
de Dieu à l’extérieur de vous et de votre cadre de vie. Grâce à divers
exercices dans ce livre, j’espère amener chacun de vous à connaître l’unité
inhérente des réalités intérieure et extérieure, vous donner un aperçu de
votre propre nature infinie, même à l’intérieur des limites de votre état de
créature — vous aider à voir l’étoffe divine dans l’étoffe humaine. En
d’autres termes, ceci peut vous aider à voir les potentiels de votre espèce et
rompre la barrière des pensées limitantes. J’aimerais changer votre idée de
la nature humaine. Dans une certaine mesure, cela va impliquer
l’humanisation de votre idée de divinité. De façon assez étrange, si cela se
produit, vous finirez par voir la divinité dans l’homme.
Des idéaux qui auparavant semblaient hors de portée pour les individus
ou l’espèce changeront de nature et deviendront des modèles de travail
pouvant être utilisés avec joie et efficacité.
Maintenant, faites votre pause.
(22 h 35. Le débit de Jane a été moyen ; elle dit maintenant que la
session va être courte. C’est le cas. Quand Seth se manifeste à nouveau
quelques minutes plus tard, il dit avec humour : « Transmettez à Ruburt que
j’ai dit “Bon anniversaire” » — puis, il livre une page de matériau pour
Jane sur un autre sujet. Fin à 22 h 48.
Dans ce dernier matériau, non retranscrit ici, il y a cependant quelques
lignes que j’aimerais citer. Quand Jane en a eu terminé avec certains défis,
Seth a fait remarquer : «… il y aura une “naissance” de concepts
apparemment nouveaux, uniquement parce que ses vieilles barrières
mentales [celles de Jane] l’empêchaient de faire certaines connexions
importantes, et un développement du système de communication entre les
états de veille et de rêve. »
Ce dernier élément est peut-être déjà en cours : depuis quelques
semaines, le souvenir que Jane a de tels échanges entre ses moi de veille et
de rêve, sa participation et les bienfaits qu’elle en tire se sont
considérablement accrus. Cela apparaît dans les comptes rendus qu’elle en
fait, puisqu’elle garde une trace précise de toutes ses activités en rêve et de
leurs corrélations avec des évènements « conscients ». Toute cette activité
semble être plus que transitoire.)

NOTES DE LA SESSION 696

[1] Pour un matériau sur la famille de Jane, voir la session 679, y compris
les notes 4 et 8, ainsi que l’Appendice 1 en lien avec cette même
session.

[2] Seth a très brièvement parlé de ces feuilles de route dans le chapitre 20
de La Réalité personnelle — voir la session 672, après la pause de
22 h 28. Il avait conclu ce matériau en affirmant : « Un système de
contrôle et d’ajustement existe cependant, de manière à ce que, dans
certains rêves, vous vous rendiez compte de ces feuilles de route. Elles
peuvent vous apparaître, tout au long de votre vie, sous forme de rêves
récurrents d’une certaine nature — des rêves d’illumination ; et même
si vous ne vous en souvenez pas au réveil, vos objectifs s’en trouvent
fortifiés ou deviennent soudain plus clairs.
« Quand vous travaillez sur vos croyances, faites en sorte de découvrir
ce que vous pensez réellement de l’état de rêve, car si vous lui faites
confiance, il peut devenir un allié encore plus important, grâce à votre
coopération consciente. »

[3] Ce matériau de Seth m’a rappelé ce que Jane m’avait dit la semaine
dernière à propos de sa propre perception objectivée de l’information ;
voir ses notes citées dans la préface de la session 694 du 1er mai.

[4] Platon, le philosophe, poète et logicien grec, a vécu environ de 427 à


347 avant Jésus-Christ. Tout au long de sa vie adulte, il a traité de ce
qu’il considérait être les idées de l’homme données par Dieu, dans une
série de dialogues ou de discussions libres.

[5] Voir la note 3 de la session 679, à propos du nom masculin [Ruburt]


que Seth donne à Jane et de son commentaire selon lequel « le sexe,
indépendamment de toutes vos histoires charnelles, est un phénomène
psychique… »
De temps à autre, Jane reçoit du courrier de lectrices voulant savoir
pourquoi Seth emploie souvent le genre masculin dans ses livres, en
particulier dans des passages comme ceux de la session de ce soir. Si
l’on y réfléchit un peu, on voit bien que, malgré les implications
« sexistes » que cela pourrait sous-entendre, il serait difficile de
présenter ce matériau d’une autre manière, tellement l’emploi de mots
génériques tels que « homme », « lecteur », etc. est courant. En anglais,
il arrive fréquemment que nous ne disposions pas d’un mot précis,
indiquant de façon égale le caractère masculin et féminin, susceptible
de représenter l’espèce en son entier. Très souvent, d’ailleurs, le terme
« humanité » n’est pas adéquat. Y substituer un terme d’un genre
neutre, tel que « it » en anglais par exemple, ne serait pas non plus
satisfaisant. D’autre part, nous ne souhaitons pas reformuler le
matériau de Seth : nous sommes certains que, lorsqu’il transmet des
passages dans lesquels il utilise le genre masculin, il n’a en aucun cas
l’intention d’offenser les personnes de sexe féminin.
Tandis que Jane et moi évoquions ce problème-là, elle a produit
spontanément par écrit le matériau suivant :
« Seth utilise la langue anglaise [ma langue natale] pour traiter de
sujets qui font souvent entrer en jeu des concepts très difficiles à décrire
par le langage, quel qu’il soit.
« À l’évidence, le but de Seth est d’expliquer ce qu’il peut dans le cadre
de cette langue-là, plutôt que de changer la langue elle-même — comme
ce serait nécessaire par exemple pour échapper aux nombreux préjugés
qu’elle véhicule. Ces préjugés apparaissent de la façon la plus évidente
dans ses aspects sexuels : “l'Homme” (mankind en anglais) désigne
l’espèce en général et le pronom “il” fait référence au membre
individuel. Du point de vue linguistique, cela laisse les femmes à
l’écart — et de plus d’une manière —, car l’intention masculine est
claire.
« En utilisant ce langage-là, cependant, l’intention de Seth est claire,
elle aussi : l’identité individuelle vient avant l’affiliation sexuelle. Cette
affiliation est un mélange d’éléments mâles et femelles qui sont
complémentaires et non pas opposés. Ni les uns ni les autres ne sont
supérieurs. Mâle et femelle représentent aussi des aspects psychiques et
biologiques et un positionnement sexuel. Tous les livres de Seth ont en
commun un même fil conducteur : nos préjugés sexuels sont le résultat
de certains aspects de conscience que nous, en tant qu’espèce, avons
commencé, il y a longtemps, à mettre en avant par rapport à d’autres. »

[6] Voir, entre autres, dans la Partie 1, la session 684 après 23 h 11, et la
session 686 de 21 h 55 à 23 h 26.
SESSION 697

Lundi 13 mai 1974

(21 h 18.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée… Ces idéalisations [dont nous avons parlé dans la
dernière session] sont donc certains types de modèles psychiques,
apparaissant à des niveaux différents. En certains termes, elles deviennent
« l’idée » privée que la cellule a de sa propre croissance et de son
développement, une représentation vivante à l’intérieur de la cellule, en
termes d’informations physiques, une partie de sa structure. De telles
idéalisations procèdent de leur propre dynamique ; c’est-à-dire qu’elles se
développent dans le sens de leur plus grand épanouissement.
Les idéalisations elles-mêmes sont faites d’étoffe « consciente ». Ce ne
sont donc pas des données inertes [1]. La nature des probabilités détermine
le contexte dans lequel ces épanouissements peuvent prendre place, et
« structure » les développements vivants. La structure des probabilités
fournit d’une part un système de barrières, dans lequel une croissance
pratique n’est pas choisie ou pas signifiante, et d’autre part, elle assure un
environnement sûr, créatif et riche — une réalité — dans lequel
l’idéalisation peut choisir, parmi une variété pratiquement infinie d’actions
possibles, celles qui correspondent le mieux à son propre épanouissement.
Dans tout système, l’idéalisation a déjà accepté certains types
d’évènements comme étant signifiants et en a rejeté d’autres (tout aussi
probables) comme étant non signifiants. Ceci fournit simplement une
focalisation opérationnelle dans laquelle l’accomplissement et l’expérience
peuvent prendre place.
(21 h 27.) En termes simples, vous n’allez pas essayer d’accomplir
quelque chose que vous croyez impossible au sein de votre conception de la
réalité. L’esprit conscient, avec son intellect considéré comme normal, est
censé évaluer la faisabilité d’une action donnée, à l’intérieur de votre
monde. Vous ne voyez, littéralement, que ce que vous voulez voir [2]. Si
l’espèce avait cru que voyager dans l’espace était impossible, vous ne
voyageriez pas dans l’espace. Cela étant, si un individu croit qu’il lui est
littéralement impossible de voyager du bout d’un continent à l’autre, de
changer de travail, ou d’accomplir un acte quel qu’il soit, alors l’acte
devient impossible dans la pratique. Dans l’esprit de cette personne,
l’idéalisation d’un mouvement ou d’un changement peut certes être niée à
un moment donné — mais elle va néanmoins chercher à s’exprimer à
travers l’expérience. Ceci s’applique aussi bien à l’espèce qu’à l’individu.
Comme vous êtes maintenant une espèce consciente, en vos termes, il y a
des idéalisations raciales que vous pouvez accepter ou nier à tout moment.
Souvent, à votre niveau particulier de développement en tant qu’espèce,
elles apparaissent d’abord dans votre monde sous forme de fiction, d’art ou
de soi-disant pure théorie.
Les pensées ont leur propre type de structure, comme les cellules, et
elles cherchent leur propre accomplissement. Elles se développent en tant
que pensées, et vous, en tant qu’espèce, vous avez un corps massif intérieur
de pensées. Sur le plan personnel, vos pensées sont des expressions de vos
idéalisations ; et tout en exprimant ces modèles intérieurs, elles les
modifient aussi et les changent de façon créative.
Chaque cellule de votre corps est, dans une certaine mesure, modifiée
par chacune de vos pensées. Chaque réaction de vos cellules modifie votre
environnement. Le cerveau répond alors à la modification. Il y a un échange
constant. Tout comme les cellules répondent, à certains niveaux, aux
courants constamment changeants de probabilités, vos pensées font de
même. Votre corps réagit comme vous pensez qu’il le devrait, et vos
croyances conscientes concernant la réalité ont donc beaucoup à voir avec
les expériences probables que vous acceptez comme faisant partie de votre
vie intime.
La feuille de route personnelle qui est la vôtre à la naissance est en
certains termes beaucoup plus vaste que toute matérialisation physique
qu’elle serait susceptible de produire dans votre espace et votre temps. Ceci
vous offre des zones de choix, vous donne une capacité à manœuvrer, et
induit la « possibilité » de myriades d’activités probables. Vous êtes le juge
et vous avez le dernier mot à cet égard, de sorte que, à mesure que vos idées
changent, que vous avancez vers un moi probable et décidez qu’il est votre
moi officiel [3], vous disposez toujours d’une riche banque d’actions
probables parmi lesquelles choisir. Si ce n’était pas le cas, vous n’auriez
aucun choix. La même chose s’applique à l’espèce. Maintenant, accordez-
nous un instant…
(21 h 45. Une pause qui dure largement plus d’une minute.) Vos
décisions actuelles d’accepter une ligne spécifique de conscience comme
étant réelle, et d’en ignorer d’autres, rendent ces concepts difficiles à
comprendre. Vous vous exercez vous-même — même biologiquement — à
inhiber certains stimuli ; pourtant, votre corps répond souvent à ces stimuli
que vous ignorez consciemment. En ouvrant votre esprit à de nouveaux
types de signifiances, cependant, vous pouvez commencer à entrevoir
d’autres ordres d’évènements [4] qui vous concernent très intimement.
Souvent, par exemple, vous gérez très bien des probabilités, tout en y
restant consciemment aveugles à cause de vos concepts. Même alors, à
d’autres niveaux, votre réaction inconsciente va cependant suivre vos
propres intentions conscientes. Vous pouvez faire un geste dans la vie
physique, par exemple, apparemment sans raison. Vous pouvez aussi réagir
inconsciemment à des données tout à fait pertinentes à propos d’actions
probables d’autrui. Comme vous n’acceptez pas vraiment et totalement le
fait que vous pouvez réagir ainsi, vous risquez d’une part de bloquer cette
information non officielle, tout en la prenant d’autre part en considération.
Dans les domaines qui vous préoccupent, vous vous rendez beaucoup plus
compte du futur probable que vous ne le réalisez. Ceci est vrai à tous les
niveaux. Si vos objectifs n’impliquent pas d’être affecté par une maladie par
exemple, et si vous croyez pourtant à la contagion, vous allez
automatiquement éviter des circonstances susceptibles de vous exposer à
des épidémies. En termes de probabilités, ce type particulier de situation
n’entrera pas dans votre expérience.
Accordez-nous un instant… Tout ceci s’applique en masse, par exemple
en termes de maladies récurrentes dans l’espèce.
Faites votre pause.
(22 h. Jane dit qu’un bruit dans la maison a interféré avec sa transe
vers la fin de sa transmission, puis elle ajoute que, de toute façon, elle
n’était pas au mieux de sa forme, ce soir. Pour ce que je peux en dire,
cependant, ni le bruit ni ses sensations n’ont eu la moindre influence sur le
matériau. Reprise tranquillement à 22 h 14.)
J’aurai plus à dire sur les maladies, les épidémies et les désordres
collectifs, dans ce livre.
La conscience, de par sa nature, est en expansion continuelle. La nature
de la conscience, telle que vous la comprenez en tant qu’espèce va, d’une
façon ou d’une autre, vous conduire au-delà de vos idées limitées de la
réalité, car votre expérience va mettre en place des défis qui ne peuvent être
résolus dans votre contexte actuel. Ces problèmes mis en place par un
niveau de conscience vont automatiquement provoquer des percées dans
d’autres domaines de l’activité consciente, où des solutions peuvent être
trouvées.
Beaucoup de vos dilemmes globaux ne semblent si désespérés que
parce qu’en ces domaines-là, vous êtes allés aussi loin que vous pouviez
aller — sans évoluer. Les problèmes agissent comme des stimuli, à cet
égard. Cela ne veut pas dire que vous devez nécessairement faire
l’expérience de désastres. Ceux-ci ne sont pas préordonnés. Cela signifie
que vous avez opté pour certaines expériences, mais que celles-ci vont
automatiquement conduire à davantage de développement créatif si vous le
leur permettez. L’idéalisation est une idéalisation de fraternité, en termes de
votre espèce. Biologiquement, en vos termes, une telle « fraternité » opère
instinctivement dans la coopération des cellules du corps, lorsqu’elles
fonctionnent ensemble pour former la structure corporelle individuelle.
Depuis votre point de vue, vous ne pouvez apprécier la forte individualité
de chaque cellule. Vous prenez comme allant de soi que, puisque les
cellules fonctionnent si bien ensemble, elles n’ont pas d’unicité personnelle.
En d’autres termes cependant — en termes de société —, vous devez
encore parvenir au même type de fraternité spirituelle que celle de vos
cellules ; et donc, vous ne comprenez pas que l’expérience de votre monde
est intimement liée à votre propre expérience. Si vous vous brûlez les
doigts, cela vous fait mal immédiatement. Votre corps entame
instantanément une action coopérative, où des ajustements sont effectués
pour que la blessure commence à guérir. Si une partie de l’espèce a mal, il
faut peut-être un peu de temps avant que « vous » ressentiez la douleur,
mais tout le mécanisme inconscient de l’espèce va essayer de guérir la
blessure. Consciemment, vous pouvez faciliter ce développement-là et
accepter votre fraternité avec tous les autres êtres vivants. La guérison aura
lieu beaucoup plus rapidement si vous le faites. Une fraternité biologique
existe, une empathie intérieure à des niveaux cellulaires, reliant tous les
individus de l’espèce les uns aux autres. Ceci est le résultat d’une
idéalisation biologique. Elle existe dans toutes les espèces et les relie
toutes.
L’espèce souffre quand l’un de ses membres meurt de faim ou de
maladie, tout comme une plante entière souffre si un groupe de feuilles est
« malheureux ». De la même façon, tous les membres de l’espèce retirent
un bienfait du bonheur, de la bonne santé et de l’épanouissement de l’un des
individus qui la composent. L’homme peut se rendre compte du vaste
espace de probabilités dans lequel il existe, et donc choisir consciemment
celles qui conviennent le mieux aux idéalisations qui pointent vers son plus
grand épanouissement.
Une partie de l’espèce ne peut pas croître ou se développer pendant très
longtemps aux dépens des autres parties.
(22 h 36.) Accordez-nous un instant… Une photographie est, dans une
certaine mesure, la matérialisation d’une idéalisation portée à un certain
degré. À un autre niveau, votre corps et votre expérience sont un
accomplissement beaucoup plus riche, une matérialisation vivante
actuellement vécue. La représentation de votre monde en est encore une
autre.

EXERCICE PRATIQUE 8

Si vous le pouvez, trouvez une photo de vous-même, en tant que


membre d’un groupe — une photo de classe, de remise de diplôme peut-
être, ou une photo des membres d’un club. Examinez ce que vous y voyez.
Contemplez ensuite ce qui n’est pas vu. Imaginez la réalité émotionnelle de
chaque personne présente, au moment où cette photographie a été prise.
Puis, essayez de ressentir les interactions émotionnelles qui existaient entre
les différents individus. Prenez votre temps. Quand vous avez fini, essayez
d’avoir un aperçu de ces relations intimes que chaque personne avait avec
d’autres qui ne sont pas présentes sur la photo, mais qui étaient
contemporaines. Ensuite, laissez votre esprit suivre son cours en imaginant
des contacts qui font entrer en jeu des interactions familiales remontant à
des époques antérieures à celle où la photo a été prise. Ensuite, pensez à
toutes les actions probables qui ont été soit acceptées, soit rejetées, pour
que, en termes de temps, ces personnes se soient retrouvées rassemblées
[pour la photographie].
Biologiquement, des maladies ont été évitées, des morts qui auraient pu
survenir n’ont pas eu lieu. Il y avait dans l’espace d’infinies variétés de
probabilités et de décisions. Les personnes auraient pu avoir déménagé et
ne l’ont pas fait, ou d’autres l’ont fait et sont donc venues dans cet endroit
spécifique. Il y avait un nombre infini d’idées derrière toutes ces décisions.
Vous formez votre propre expérience. En termes plus vastes, donc, ces
gens-là ont décidé d’être à ce moment particulier en ce lieu particulier, de
sorte que la photographie est le résultat d’une multitude de décisions et
représente une focalisation d’expérience, s’élevant depuis des myriades de
probabilités. L’image du monde représente le même type de focalisation
dans un mode dimensionnel plus vaste. Votre décision la plus intime
modifie l’espèce. Vous êtes créateur de vous-même dans l’espace et dans le
temps. Vous jouez aussi votre rôle dans la créativité plus large de
l’expérience du genre humain.
Maintenant, accordez-nous un instant, et ceci est la fin de la dictée.
Faites votre pause.
(« D’accord. »
22 h 50. Jane dit que son état de transe était bien meilleur après la
pause de 22 h ; sa façon d’être était assurément plus énergique. Revenant à
23 h 03, Seth termine la session à 23 h 28, après avoir parlé d’autres
sujets.)

NOTES DE LA SESSION 697

[1] Jane faisait référence au concept d’information vivante, vu sous un


autre angle, dans son matériau cité au début de la session 694, dans la
Partie 2. Voir aussi le matériau de Seth sur les unités de conscience, à
22 h 06 dans la session 682, Partie 1.
Dans La Réalité personnelle également, Seth nous dit : « Aucune
information n’existe en elle-même. La conscience de tous ceux qui la
perçoivent, de tous ceux qui la comprennent ou qui se trouvent à sa
source, est liée à cette information. Il n’y a donc pas de banque de
données objective, éternellement disponible, à laquelle se connecter.
C’est plutôt que la conscience qui a détenu, qui détient ou qui détiendra
cette information, l’attire comme un aimant. L’information elle-même
veut aller vers la conscience. Elle n’est pas inerte ou morte. Ce n’est pas
seulement quelque chose que vous saisissez, c’est aussi quelque chose
qui veut être saisi et qui, par conséquent, gravite autour de ceux qui la
cherchent. Votre conscience attire la conscience déjà connectée à ce
matériau. » Voir les notes à la fin de la session 618, au chapitre 3 de La
Réalité personnelle.

[2] Voir entre autres le chapitre 2 de La Réalité personnelle ; de nombreux


autres pourraient également servir de référence ici.

[3] La note 2 de la session 695 énumère certaines des façons dont Seth
emploie les termes « officiel » et « officiellement », en lien avec nos
idées quant à la réalité physique.

[4] Dans Adventures, voir le chapitre 15, intitulé : L’ordre intérieur des
événements et perceptions « non officiels ».
SESSION 698

Lundi 20 mai 1974

(La session normalement prévue pour mercredi dernier n’a pas eu lieu
à cause de l’état très détendu de Jane. Depuis environ deux semaines, elle
apprécie souvent de se laisser ainsi aller. Vendredi, cependant, pendant
qu’elle était dans un état modifié de conscience, elle s’est branchée sur un
matériau à propos de Seth, des rêves et des autres espèces de conscience ;
elle appelle cela The Wonderworks****** et le lecteur en trouvera des
extraits à l’Appendice 11.
Jane a été d’humeur nonchalante pendant la plus grande partie de la
journée, pourtant après le dîner, elle me dit qu’elle veut tenir une session ce
soir. À 21 h 15, alors que nous sommes assis à attendre, elle reçoit de la
part de Seth le premier signe que la session va avoir lieu. « Et elle portera
sur le livre… Je n’ai pas l’habitude d’être si détendue avant de commencer,
néanmoins… » La session va être très courte et, contrairement aux attentes
de Jane, Seth en consacrera la moitié à Jane en personne. J’avais préparé
deux questions, suscitées par le matériau de La Réalité « inconnue », mais
il me faudra les remettre à la prochaine fois.
21 h 28.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Ces feuilles de route pour des réalités sont relativement
invisibles parce que vous vous êtes autorisés à oublier leur existence.
Pour poursuivre certains buts, vous avez prétendu qu’elles n’existaient
pas. Maintenant, cependant, votre situation globale en tant qu’espèce exige
de réacquérir certains « arts anciens ». Ceux-ci peuvent vous aider à vous
rendre compte à nouveau de ces idéalisations intérieures qui forment votre
réalité personnelle et votre monde collectif. Ils peuvent vous permettre de
vous familiariser avec d’autres ordres internes d’évènements et le riche
gisement de probabilités d’où émerge votre existence physique.
Ces arts sont inutiles s’ils ne sont pas pratiqués — inutiles en ce sens
qu’ils demeurent toujours latents et ne sont pas mis en valeur dans le
contexte extérieur de votre monde. Pour cultiver ces arts, vous devez
d’abord reconnaître le fait que, sous le monde que vous connaissez, il y en a
un autre ; que, parallèlement à la focalisation de conscience qui vous est
familière, il y a d’autres focalisations tout aussi légitimes.
Vous rêvez, chacun de vous rêve, mais il y a peu de grands artistes du
rêve. Bon nombre des vrais objectifs des rêves [1] ont été oubliés, même si
ces objectifs sont encore en train d’être réalisés. L’art conscient de créer, de
comprendre et d’utiliser les rêves a été largement perdu ; et la relation
intime entre la vie quotidienne, les évènements du monde et les rêves est
presque totalement ignorée. Le « futur » de l’espèce s’élabore dans les rêves
personnels et collectifs de ses membres, mais ceci n’est jamais pris en
considération non plus. Les membres de certaines civilisations anciennes,
dont les Égyptiens, savaient comment diriger consciemment leur activité
onirique, comment explorer plus à fond divers niveaux de réalité du rêve
jusqu’à parvenir aux sources de créativité, et ils étaient capables d’utiliser
ce matériau source dans leur monde physique [2].
(21 h 41.) Votre vie cellulaire est modifiée par vos rêves. Des guérisons
peuvent survenir dans l’état de rêve, où des évènements, dans un autre
ordre d’existence, modifient les cellules elles-mêmes. Ruburt a exploré la
réalité des niveaux de rêve [3], et ce faisant, il commence à entrapercevoir
leur signifiance. Jusqu’à un certain point, chaque lecteur peut entreprendre
de tels voyages personnels. Ces expéditions oniriques éclaireront vivement
la nature de son expérience personnelle quotidienne, et lui permettront de
connaître personnellement de quelles façons opèrent les probabilités.
Accordez-nous un instant… J’ai dit précédemment dans ce livre que le
monde que vous connaissez procède d’une imprévisibilité fondamentale, à
partir de laquelle des signifiances émergent ensuite [4]. Aucun système de
réalité n’est fermé. Le fil particulier d’actions probables que vous pouvez
appeler votre expérience officielle ne se contente pas de se balancer là, dans
l’espace et dans le temps — il s’entrecroise avec d’autres fils semblables
que vous ne reconnaissez pas. Dans l’état de veille, l’esprit conscient doit se
focaliser de façon plutôt exclusive sur ce point particulier de concentration
que vous appelez la réalité, simplement de manière à pouvoir diriger
correctement vos activités dans la vie temporelle. Il est cependant
parfaitement équipé aussi pour vous diriger jusqu’à un certain point dans
d’autres niveaux de réalité, quand il n’est pas requis pour des tâches
spécifiques visant à assurer votre survie.
Comme, dans le passé, vous vous êtes convaincus vous-mêmes que
l’esprit conscient devait par nécessité être coupé de la réalité intérieure,
vous pensez qu’il doit être étranger à l’état de rêve. En suivant de telles
croyances, vous êtes amenés à considérer le rêve comme quelque chose de
chaotique, de déraisonnable, et de complètement séparé de vos orientation,
fonction et objectif conscients et normaux. Il semble souvent que le
sommeil soit presque une petite mort, et les psychologues ont comparé le
rêve à une folie contrôlée [5]. Il y a un tel divorce entre votre expérience à
l’état de veille et celle du rêve qu’il vous semble avoir des vies
« séparées », et qu’il y a peu de connexions entre les heures où vous rêvez
et celles où vous êtes réveillés. La riche trame des actions probables à partir
desquelles vous choisissez votre vie officielle devient tout aussi invisible.
Ceci n’est pas du tout nécessaire.
Faites votre pause.
(21 h 56. Voir les notes au début de la session. Comme il a été dit, Seth
revient après la pause pour expliquer les raisons de l’excellent état de
relaxation de Jane. La plus grande partie de son matériau n’est pas
retranscrite ici, disons simplement que cela concerne le travail effectué par
Jane sur les défis que représentent ses symptômes physiques [décrits dans
la note 8 de la session 679 dans la Partie 1]. À mesure qu’elle commence à
comprendre de plus en plus ses propres systèmes de croyances, son état
physique continue de s’améliorer graduellement. Dans la partie
personnelle de cette session, Seth explique donc comment son état bénéfique
« actuel a commencé à l’état de rêve, la nuit dernière, puis s’est renforcé ce
matin et plus encore quand Ruburt se relaxait juste avant la session… Ses
rêves [récents] lui procurent aussi davantage d’assurance ; et pendant que
Ruburt rêve, ses états corporels sont modifiés — chose que les médecins ne
reconnaissent pas. »
Cette dernière affirmation de Seth a à voir avec l’argument qu’il a
avancé, selon lequel « des hormones sont aussi automatiquement libérées
dans le système, encourageant des périodes qui peuvent être d’activité ou
d’apaisement, en fonction des phases spécifiques du processus [global] de
guérison. Les rêves permettent un échange régulier entre l’activité
consciente et celle soi-disant inconsciente. C’est également un temps de
profonde créativité inconsciente… »
Fin à 22 h 43.)

NOTES DE LA SESSION 698

[1] Voir la note 1 de la session 687, dans la Partie 1. Dans le paragraphe


suivant, j’aimerais revoir sous un angle légèrement différent certaines
des informations présentées ici.
Seth a commencé à parler des rêves et des sujets s’y rapportant dès
l’époque des premières sessions, il y a plus de onze ans. Son matériau a
amené Jane à faire par elle-même un excellent travail sur les rêves.
Voir, par exemple, les chapitres 4 et 5 de The Coming of Seth et le
chapitre 14 du Matériau de Seth. En fait, les données de Seth et de Jane
sur les rêves sont constamment présentes dans tous les livres qu’ils ont
produits l’un et l’autre.
La session 92, du 28 septembre 1964, était fondamentale de ce point de
vue ; Jane en cite plusieurs extraits aux chapitres V et XIV, auxquels
nous venons de faire référence. Je suggère au lecteur de revoir ce
matériau en particulier (et dans les deux livres). En lien avec cette
session 92, voici quelques informations complémentaires sur les rêves,
fournies par Seth dans la session 97 :
« Le monde du rêve est en fait un produit dérivé naturel de la relation
entre le moi intérieur et l’être physique. Pas un reflet, donc, mais un
produit dérivé impliquant non seulement une réaction chimique mais la
transformation d’une énergie d’un état dans un autre.
« À certains égards, tous les plans ou champs d’existence sont en fait de
semblables produits dérivés. Par exemple, sans l’étincelle particulière
déclenchée par l’interrelation existant entre le moi intérieur et l’être
physique, le monde du rêve n’existerait pas. Mais à l’inverse, le monde
du rêve est une nécessité pour l’existence continue de l’individu
physique.
« Ce point est extrêmement important. Comme vous le savez, les
animaux rêvent. Ce que vous ignorez, c’est que toutes les consciences
rêvent. Nous avons dit qu’à un certain degré, même les atomes et les
molécules ont une conscience et chacune de ces consciences minuscules
forme ses propres rêves, tout comme, d’un autre côté, chacune forme sa
propre image physique. Maintenant, lorsque, dans le champ physique,
des atomes individuels se combinent pour leur propre bienfait en des
formes changeantes de structures plus complexes, ils se combinent
également pour former de telles formes changeantes, bien que d’une
nature quelque peu différente, dans le monde du rêve.
« J’ai dit que le monde du rêve a sa propre sorte de forme et de
permanence. Il est physiquement orienté, quoique à un degré moindre
que votre univers ordinaire. De la même manière que l’image physique
d’un individu est composée, l’image du rêve est elle aussi composée.
« Le monde du rêve n’est pas une similiconstruction dénuée de forme et
désordonnée. Il n’existe pas en vrac, mais il existe en tant que forme. Il
ne s’agit ni d’une contradiction ni d’une distorsion. La véritable
complexité du monde du rêve et son importance en tant que champ
indépendant d’existence ne vous ont pas encore marqués. Pourtant, alors
que votre monde et le monde du rêve sont essentiellement indépendants,
ils exercent l’un sur l’autre des pressions et des influences
« Il est essentiel que vous compreniez que le monde du rêve est un
produit dérivé de votre propre existence. Et comme il est relié à vous
par des réactions chimiques, cela laisse la porte ouverte à des
interactions, aussi bien chez les animaux que chez les hommes. Puisque
les rêves sont un produit dérivé de toute conscience impliquée dans la
matière, cela nous conduit à la conclusion logique — que les arbres ont
leurs rêves, que toute matière physique, étant formée à des degrés divers
d’unités individualisées de conscience, participe également à la
construction involontaire de l’univers du rêve. »

[2] Récemment, nous sommes tombés dans nos lectures sur un matériau
qui au moins donne un indice de ce que Seth nous dit ici.

[3] Voir les notes sur l’activité onirique croissante de Jane, à la fin de la
session 696. Sa vie onirique très active, avec les comptes rendus
quotidiens qu’elle en fait et ses interprétations, se poursuit. Elle a
accumulé une bonne quantité d’informations. (Je rappelle au lecteur
qu’il peut se reporter à l’Appendice 11.)
[4] Seth a parlé de l’imprévisibilité fondamentale d’où proviennent toutes
les signifiances, dans les sessions 681 et 682 de la Partie 1. Après la
pause à 23 h 47 dans la session 681, il a incorporé cette ligne dans son
matériau : « Du lit “chaotique” de vos rêves découle votre action
ordonnée quotidiennement organisée. »

[5] Cette affirmation de Seth m’a rappelé un article lu dans un magazine, il


y a quelques années. En fait, je ne l’avais jamais oublié à cause de
l’impression négative qu’il m’avait faite. Je me souviens en avoir fait
part à Jane à l’époque. Il était question d’un psychologue européen qui
considérait que « les rêves étaient les déchets de l’esprit ». Jane et moi
continuons de penser qu’il est stupéfiant qu’un homme ayant une telle
position puisse faire une déclaration faisant preuve d’aussi peu de
compréhension.
SESSION 699

Mercredi 22 mai 1974

(Les états de relaxation dont Jane faisait souvent l’expérience depuis le


début du mois semblent avoir cessé, du moins pour l’instant. Il fait très
chaud ce soir, pendant que nous attendons que débute la session. Je
rappelle à Jane les deux questions que j’ai mises de côté lors de la session
écourtée de lundi, mais Seth n’y fera que brièvement référence en fin de
session.
21 h 20.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. En vos termes, une photographie fige les mouvements, encadre
l’instant — ou tout ce que vous pouvez physiquement en percevoir.
Dans des circonstances normales, vous pouvez vous souvenir des
émotions que vous ressentiez au moment où une photo de vous a été prise
et, dans une certaine mesure, ces émotions peuvent se révéler dans les
gestes ou l’expression du visage. Mais la réalité subjective plus vaste de ce
moment n’apparaît pas physiquement dans la photographie. Son apparence
physique au sein de cette structure est complètement absente. Il en va de
même pour le passé ou le futur. La focalisation particulière qu’exige la
production d’une telle image nécessite l’exclusion d’autres données. Cette
évidence ne fait aucun doute. Comme vous devez manœuvrer à l’intérieur
de périodes de temps spécifiques, vous procédez de la même façon dans
votre vie quotidienne et, à un niveau conscient, vous ignorez ou excluez une
bonne part des informations qui sont par ailleurs accessibles.
D’une certaine manière, un rêve dont on se souvient peut être comparé à
une photographie psychologique, une image qui n’est pas physiquement
matérialisée, dont le mouvement n’est ni figé ni situé dans un cadre
temporel ou spatial ; y apparaissent donc bon nombre des ingrédients qui,
par nécessité, sont laissés de côté à tout moment de l’activité consciente de
l’état de veille.
Un rêve dont on se souvient est le produit de plusieurs choses, mais il
s’agit souvent de votre interprétation consciente d’évènements qui, au
départ, peuvent avoir été très différents du souvenir que vous en avez. En
ce sens, le rêve dont vous vous souvenez est un instantané d’un évènement
plus large, capté par votre esprit conscient. Il y a de nombreuses sortes ou
variétés de rêves, certains sont plus fidèles que d’autres aux souvenirs que
vous en avez — mais quand vous vous souvenez d’un rêve, vous vous
emparez automatiquement de certaines parties d’évènements subjectifs en
les isolant des autres, et tentez de les « faire cadrer » dans un espace et un
temps, de manière à ce qu’elles aient un sens pour votre orientation
habituelle. Mais les évènements du rêve sont tellement multidimensionnels
que cette tentative est souvent un échec. Il est peut-être plus facile ici de
comparer une scène provenant d’un rêve à une scène photographiée. Une
photo révélera certains évènements naturels du moment où elle a été prise,
mais elle ne montrera pas, par exemple, l’image d’un Turc au temps des
croisades. En revanche, une scène rêvée peut parfaitement le faire.
Cela vous aidera si, de temps à autre, vous vous représentez
l’imagerie [1] vivante des rêves comme si elle apparaissait sur une
photographie. Au cours de votre vie, vous collectionnez une série de photos
de vous-même prises à différents moments et endroits et, de la même
manière, vous « collectionnez » à l’état de rêve des photographies
subjectives d’un genre différent. Celles-ci n’apparaissent cependant pas
selon un ordre quelconque. Néanmoins, à un niveau conscient, elles peuvent
vous fournir des informations précieuses sur votre futur et votre passé.
En ces termes normaux et généralement acceptés, les images sur les
photographies ne changent pas, ne bougent pas, ou ne modifient pas leurs
relations entre elles. Par contre, la photographie vivante subjective des
rêves offre un contexte dans lequel ces « images » ont leur propre mobilité.
Elles représentent une créativité en termes très différents de ceux que vous
comprenez habituellement. Vous savez ce qu’est une descendance
physique (dit avec insistance) parce que vous voyez les enfants issus de
vos entrailles, mais vous ne faites pas l’expérience des enfants de vos rêves
de la même façon physique, et vous ne comprenez pas non plus que la vie
de vos rêves est continue. À des niveaux qui lui sont propres, elle a une
organisation que vous ne comprenez pas, et vous puisez de sa source
abondante une bonne part de l’énergie avec laquelle vous formez votre
expérience quotidienne. Votre esprit conscient est le directeur de cette
expérience.
En vos termes, cependant, que vous soyez vivants ou morts, vous
rêvez. Quand vous êtes vivants, corporellement parlant, ce que vous pensez
être un rêve se subordonne à ce que vous appelez votre vie éveillée
consciente. Vous examinez donc toujours vos rêves à partir d’un point de
vue « étranger », plein de préjugés en faveur de l’état ordinaire de veille.
Vous vivez par conséquent l’expérience de la condition du rêve sous une
forme déformée. Souvent, celui-ci ne semble pas clair. Comparé à la
conscience de l’état de veille, il peut sembler nébuleux, imprécis, mal
focalisé. Ce n’est pas toujours le cas, car, dans certains rêves, l’état de
vivacité est indéniable.
(21 h 50.) Pour de nombreuses raisons, dont certaines sont mentionnées
ici tandis que d’autres n’ont pas encore été abordées, vous avez dans une
large mesure tenu vos rêves à l’écart de vos vies. Vous devez bien sûr
conserver une focalisation correcte dans le temps et l’espace, mais il n’y a
aucune raison fondamentale pour entretenir un tel divorce entre
l’expérience du rêve et vous.
Accordez-nous un instant… Certains inventeurs, écrivains, scientifiques
et artistes, qui travaillent directement avec un matériau créatif, se rendent
parfaitement compte du fait que beaucoup de leurs idées fructueuses
proviennent de leur activité onirique. Ils en voient les résultats dans la vie
physique concrète. Beaucoup d’autres, bien que non entraînés, peuvent
clairement retrouver dans leurs rêves la trace de certaines décisions prises
dans leur vie. Peu comprennent toutefois que la réalité personnelle est
comme un produit fini, jaillissant de l’immense productivité qui s’opère
dans la condition du rêve. Ruburt appelle cela The Wonderworks [2], et à
juste titre. Dans l’état de veille, il y a des fluctuations dans votre
conscience, des périodes où vous êtes plus ou moins alertes, en vos termes,
quand votre attention est distraite des événements présents ; ou quand, à
l’inverse, vous êtes très clairement focalisé dans l’instant. Il y a donc des
graduations de conscience dans l’état de veille. En général, vous y prêtez
peu attention.
La ligne officielle [3] de conscience que vous acceptez ignore
allègrement toute déviation et, quand de tels évènements se produisent, elle
suit d’habitude son cours, comme si rien ne s’était passé. Dans l’état de
rêve, de telles situations se produisent également. Il devrait être évident
qu’il vous est possible, là, de sauter d’un temps dans un autre.
Il y a toutefois beaucoup plus de choses qui entrent en ligne de compte,
car des fils « séparés [4] » de conscience se poursuivent de façon naturelle
dans l’état de rêve et, avec de l’entraînement et de l’assiduité, il est possible
de les suivre. Ils font entrer en jeu des « séries » probables d’évènements.
Si, par exemple, un évènement particulier d’un rêve est choisi pour une
matérialisation physique, alors, dans votre réalité, une série d’autres
évènements vont apparaître en temps voulu.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22 h 05 à 22 h 25.)
Dictée. Vous avez vous-mêmes peint un assez beau tableau de ce que
vous pensez être votre réalité, en tant qu’individus et en tant qu’espèce.
Toutes vos institutions, vos croyances et vos activités semblent justifier
cette représentation, car tout ce qui est à l’intérieur du « cadre » global va
bien sûr sembler concorder.
Le tableau est relativement simple, tout compte fait — un tableau où
chaque conscience, bien installée dans un seul corps, est censée être
orientée vers une focalisation particulière, son existence étant bornée à une
extrémité par la naissance et à l’autre par la mort. (Une pause.)
Malheureusement, ce tableau est aussi limité que le sont vos photographies.
Vous avez l’habitude d’examiner votre état de rêve à partir du point de vue
de votre condition « de veille », mais essayez parfois d’examiner dans l’état
de rêve votre réalité de veille normale. Donnez-vous juste pour instruction
de le faire. Vous serez sans doute assez surpris des résultats. Pour
m’exprimer aussi simplement que possible, et en utilisant des concepts que
vous pouvez comprendre, laissez-moi le formuler ainsi : de l’autre côté —
dans ce qu’on peut appeler en gros l’état de rêve —, il y a une existence
tout aussi valide que la vôtre et, depuis ce point de vue là, vous pouvez être
considéré comme celui qui rêve. « Vous » êtes la partie de vous-même se
concentrant dans cette réalité-ci. Vous formez celle-ci au moyen
d’informations et grâce à une énergie qui, d’une part, a sa source à
l’extérieur de ce système et qui, d’autre part, y afflue constamment — et
donc, à cet égard, les deux systèmes sont unis.
Accordez-nous un instant… La même chose s’applique à tous les types
de conscience. Donc, vos cellules rêvent, pour ainsi dire. Il y a des
variations infimes de décharge électrique, non perceptibles actuellement,
qui pourraient révéler ce type de fluctuation de la part des cellules, ainsi que
de la part des atomes et des molécules.
En vos termes, évidemment, les atomes ne rêvent pas de chats
poursuivant des chiens ; pourtant (dit avec insistance), il y a en fait des
« intervalles » dans votre focalisation physique qui sont analogues à votre
état de rêve. Accordez-nous un instant… Dans ces conditions-là, les atomes
poursuivent leurs propres activités probables et exécutent d’ailleurs des
calculs stupéfiants, produisant dans votre actualité les actions probables
nécessaires pour garantir les formes de vie officielles. Mais, aucun d’entre
eux n’est limité par ailleurs, leurs autres directions probables sont elles
aussi actualisées. Point. À différents niveaux dans l’état de rêve, vous vous
rendez donc subjectivement compte d’autres réalités probables. Votre
intention consciente est inconsciemment amenée dans la condition de rêve,
et elle vous aide à trier les données. [Voir la note 4.]
Donc, à partir d’autres courants d’actualité, vous choisissez les
évènements que vous voulez voir physiquement matérialisés ; et vous le
faites en fonction de vos croyances concernant la nature de la réalité. Une
photographie est prise et vous avez alors devant vous une représentation
d’un évènement qui, en vos termes, a déjà eu lieu. Dans les rêves, vous
prenez beaucoup de « photos » subjectives et décidez quelles sont celles
que vous voulez matérialiser dans le temps. Jusqu’à un certain point, les
rêves sont donc des feuilles de route pour vos prises de vues ultérieures.
Maintenant, faites une courte pause et (avec humour) dites à Ruburt
qu’il sera stupéfait par la structuration de ce livre.
(22 h 50. L’état de dissociation de Jane était excellent. Au moment des
pauses, son élocution était assez rapide. Elle affirme que la dernière
remarque de Seth vient du fait que ce soir, au cours du dîner, elle m’avait
dit une nouvelle fois ne pas avoir encore lu ce livre de bout en bout et ne
pas en percevoir la structure [Voir à ce propos la note à 22 h 34 de la
session 694]. Puis, pendant que nous mangions, Jane m’avait encore
demandé si La Réalité « inconnue » suivait un plan quelconque ou un
objectif précis : « Où va Seth dans ce livre ? » Je lui avais suggéré
d’oublier ce genre d’inquiétude, et de laisser l’ouvrage suivre son propre
cours, en expliquant que ces notes avaient en partie pour but de rendre
compte des circonstances entourant cette procédure.
À 23 h 17, après la pause, Seth revient avec un matériau consistant,
portant sur un autre sujet. À 23 h 43, il termine la session par ces mots en
lien avec les questions que j’avais préparées : « Je vous souhaite un cordial
bonsoir — et je sais quand votre matériau trouvera sa place. » Comme je
suppose que cela signifie qu’un peu de temps va s’écouler avant que les
questions s’intègrent dans le schéma de ce livre, je vais brièvement noter ci-
dessous de quoi il est question.
1) Dans la session 697, après 21 h 27, Seth fait référence à notre race
humaine en tant qu’« espèce consciente ». Je voudrais qu’il commente la
façon dont, en nos termes du moins, nous pourrions être dans un état autre
que « conscient ». J’ai du mal à imaginer une telle situation [5].
2) À propos d’une photo de Jane et de ses parents, Marie et Delmer,
prise en été 1932, quand Jane avait trois ans, et qui, à notre connaissance,
est la seule photo existante de la famille Roberts. J’ai envie d’entendre ce
que Seth dirait sur certains chemins probables pris par les trois sujets
depuis l’époque de la photo. J’ai constamment eu cette question à l’esprit
depuis que Seth a parlé en ces termes-là de deux photos d’enfance de Jane
et de moi. [Voir la session 679, avec les notes correspondantes relatives au
passé familial de Jane. Dans cette session, Seth a expliqué que la Jane de
12 ans sur la photo devait devenir une Jane probable pour celle que j’allais
par la suite rencontrer et épouser.] Mis à part tout ce que Seth pourrait
nous dire sur les parents, je suis curieux de savoir si la Jane que l’on voyait
à l’âge de trois ans pouvait être — ou était destinée à devenir — une autre
Jane probable [6].)

NOTES DE LA SESSION 699

[1] Le matériau évocateur de Seth sur les images rêvées me rappelle un


poème tout aussi évocateur sur le moi rêvant, que Jane a écrit en 1965,
environ un an et demi après le début des sessions. J’ai toujours voulu
voir ce poème publié ; je pense qu’il est très riche, tant par le sujet
traité que par son contenu visuel.
Mon moi rêvant
Mon moi rêvant
a regardé par la fenêtre
et m’a vue sur le lit.
La lumière de la lune emplissait
mon crâne endormi.
J’étais étendue nue et immobile.
Mon moi rêvant
est entré
et s’est promené.
J’ai senti comme si des gonds tournaient,
ouvrant des pièces,
dans ma tête.

Mon moi rêvant


avait des yeux comme des clés
qui luisaient dans le noir.
Il n’y avait dans mes os aucun tiroir
qu’ils ne pouvaient ouvrir.
Mon moi rêvant
s’est promené
à travers la structure de mon âme.
En passant, il a allumé des lumières.
Dehors, la nuit
était noire et froide.
Mon moi rêvant
s’est étendu sur le lit.
Je me tenais debout, à côté, intimidée.
« Pourquoi, tous deux ne faisons-nous qu’un ? »,
ai-je demandé. Il a dit :
« Je pensais que tu le savais ».

[2] Voir l’Appendice 11 en lien avec la session 698.

[3] Voir la note 2 de la session 695.


[4] Dans l’Appendice 4, en lien avec la session 685, Jane explique qu’elle
a tenté, dans l’état de rêve, de mettre de l’ordre dans des données
multidimensionnelles probables sur elle-même et de clarifier la façon
dont celles-ci se rassemblaient pour être traitées dans des bassins
latéraux d’expérience « avant de passer dans le “réservoir officiel de la
conscience” ». Puis, elle ajoute un peu plus tard, qu’en contournant
l’activité neurologique directe et « en utilisant ces poches latérales, ou
bassins, dans lesquelles les données n’ont pas encore été traitées… vous
pouvez saisir plusieurs autres fils de votre propre conscience “en même
temps”, même s’il peut s’avérer difficile de les retenir. »
Et bien sûr, pendant que j’écris cette note, je m’aperçois que le
matériau de Seth dans la session de ce soir, ainsi que celui de Jane dans
tout l’Appendice 4, rappellent fortement ce que j’appelle le double rêve.
Voir la session 692 avec sa note 2.

[5] Une note ajoutée plus de cinq mois plus tard. Seth a répondu à la
question lors de la session 718, Partie 5 dans le tome 2.

[6] Autre note ajoutée une fois le livre complètement terminé, en


avril 1975. Il est intéressant de constater que je n’ai jamais renouvelé
cette question et que Seth n’a de lui-même proposé aucune information
sur ce sujet.
SESSION 700

Mercredi 29 mai 1974

(Il n’y a pas eu de session lundi soir.


21 h 28.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Vous devez tout d’abord comprendre ceci : que vous soyez
incarnés ou non, votre réalité plus grande existe et votre expérience
subjective a une envergure bien plus vaste que ce que permet le cerveau
physique.
Cette expérience subjective — indépendante d’une existence
corporelle — se poursuit bien sûr pendant que vous êtes une créature établie
dans l’espace et le temps. Elle mène une existence non corporelle, parallèle
pour ainsi dire, que votre cerveau n’enregistre pas. Durant le sommeil, vous
êtes dans une zone de connexion, où des infiltrations se produisent.
Nouveau paragraphe. Les feuilles de route pour des réalités ne se
trouvent pas dans l’univers extérieur. Certaines autres civilisations ont
expérimenté un type de science différent de celui qui vous est familier.
Leurs tentatives de comprendre la nature de la réalité ont connu des succès
divers et il est vrai que, dans l’ensemble, leurs objectifs étaient différents
des vôtres. Ces personnes-là focalisaient leur conscience dans une direction
complètement différente. Votre propre comportement, vos coutumes, vos
sciences, vos arts et vos disciplines vous sont d’une certaine manière
spécifiques, mais ils vous permettent d’entrapercevoir les façons dont
diverses combinaisons de capacités peuvent être utilisées pour explorer la
réalité « inconnue ».
L’art est tout autant une science — au sens le plus authentique du
terme — que l’est la biologie. La science, telle que vous la concevez, se
coupe du sujet qu’elle étudie. L’art s’identifie au sujet. En vos termes, donc,
d’autres civilisations considéraient l’art comme une science subtile, et le
pratiquaient de manière à brosser un tableau très précis de la nature de la
réalité — un tableau dans lequel l’émotion et la motivation humaines
jouaient un grand rôle.
Vos scientifiques passent de nombreuses années à se former. Si autant de
temps était consacré à l’apprentissage d’un genre de science différent, vous
pourriez vraiment en découvrir beaucoup plus sur les réalités connues et
inconnues. Certains individus se lancent dans l’étude des rêves et travaillent
dans les « laboratoires du rêve » ; mais là encore, il s’agit d’une perception
biaisée, avec des scientifiques qui étudient les rêves des autres de
l’extérieur, ou mettent en avant les changements physiques qui surviennent
dans l’état de rêve. Le problème est que de nombreux scientifiques ne
comprennent pas qu’il y a une réalité intérieure. (Avec insistance.) Celle-ci
est non seulement tout aussi valide que la réalité extérieure, mais elle en est
l’origine. C’est ce monde-là qui vous offre vos réponses, vos solutions, et
qui pourrait vous révéler bon nombre des feuilles de route existant derrière
le monde dont vous faites l’expérience.
(21 h 53.) Le véritable art du rêve est une science depuis longtemps
oubliée par votre monde [1]. La pratique d’un tel art entraîne l’esprit à un
nouveau type de conscience — une conscience qui se sent chez elle, bien
établie et assurée, dans les deux formes d’existences. Presque tout le monde
peut devenir un amateur comblé et productif dans cette science-art ; mais
pour s’y épanouir pleinement, il faut des années d’entraînement, une forte
motivation et du dévouement — c’est le cas de toute réelle vocation.
Dans une certaine mesure, un talent naturel est un prérequis pour un vrai
scientifique de l’art du rêve. Cela exige un sens de l’audace, de
l’exploration, de l’indépendance et de la spontanéité. Un travail de ce type
est une joie. Il y a quelques personnes qui s’y adonnent, mais elles ne sont
pratiquement pas reconnues par vos sociétés, car celles-ci n’accordent
aucune priorité aux dons particuliers que ce travail implique. Mais le talent
existe toujours.
Accordez-nous un instant et laissez votre main se reposer… Un
pratiquant de cet art ancien apprend tout d’abord comment devenir
conscient en termes normaux, pendant qu’il est dans l’état de sommeil.
Puis, il [2] devient sensible aux différentes modifications subjectives qui ont
lieu lorsque les rêves commencent, se déroulent et prennent fin. Il se
familiarise avec le symbolisme de ses propres rêves, et voit comment ceux-
ci sont en corrélation ou non avec les symboles extérieurs qui apparaissent à
l’état de veille, dans la vie qu’il partage avec d’autres. Par la suite, j’aurai
plus à dire à propos de ces symboles partagés, car ils peuvent devenir, d’un
commun accord, des sortes de poteaux indicateurs.
Il y a des lieux de rencontre intérieurs, des « places » intérieures servant
de points d’échange et de communication internes. Point. Dans un contexte
totalement différent, ils sont utilisés pratiquement comme n’importe quelle
ville ou n'importe quel marché dans le monde physique. Nous
développerons cela plus tard dans le livre [3]. Notre scientifique de l’art du
rêve apprend à reconnaître ces points de corrélation.
En fait, ce sont pour ainsi dire des centres d’apprentissage [4]. Beaucoup
de gens rêvent qu’ils suivent des cours, par exemple, dans un autre genre de
réalité. Que de tels rêves soient « déformés » ou non, la plupart d’entre eux
représentent une expérience intérieure valide. Tout ceci, cependant, n’est
qu’un début pour notre scientifique de l’art du rêve, car il commence alors à
reconnaître qu’il est impliqué dans de nombreux niveaux et types différents
de réalité et d’activité. Il doit apprendre à les isoler, les séparer les uns des
autres, et essayer ensuite de comprendre les lois qui les gouvernent. Ce
faisant, il apprend que certaines de ces réalités coïncident pratiquement
avec la réalité physique, et que, à certains niveaux, des évènements
deviennent physiques dans le futur, par exemple, alors que d’autres non. Il
commence alors à avoir un aperçu des feuilles de route du monde qu’il
connaît.
(Avec chaleur.) Faites votre pause.
(22 h 10. « Il s’est juste arrêté pour que tu puisses reposer tes doigts »,
dit Jane une fois sortie d’une excellente transe. Le rythme de son élocution
était moyen. « C’est vraiment drôle : je peux percevoir maintenant encore
tout un tas de choses qui sont là et attendent d’être transmises — mais
avant la session, rien. Ce livre est différent. Je dois y entrer d’une façon
délibérée, ce qui n’était pas le cas pour les autres (Seth parle et La Réalité
personnelle). » Jane fait claquer ses doigts plusieurs fois. « Dans le cours
de perception extrasensorielle, Seth se manifeste en un clin d’œil, comme il
l’a fait plusieurs fois, hier soir. Mais pas ici ; pourtant, une fois que ça a
démarré, je veux continuer… »
Reprise à 22 h 26.)
Maintenant. Vous manufacturez des objets. Il vous a fallu des siècles
pour parvenir à votre niveau de réalisation technologique. Il vous semble
donc que les objets viennent en général de l’extérieur — car, après tout, ne
les fabriquez-vous pas dans vos usines et vos laboratoires ?
D’une certaine manière, on dirait que les tissus « artificiels » ou
synthétiques ne sont pas naturels. Vous les produisez depuis l’extérieur.
Pourtant, votre monde est composé de produits parfaitement naturels,
d’objets qui émergent, presque miraculeusement quand vous y pensez, de
l’intérieur de la Terre.
Vous travaillez un matériau qui est déjà là, disponible. Vous mélangez,
transformez et réarrangez ce qui est déjà donné. L’univers physique entier
émerge d’un intérieur, et aucune de vos manufactures ne pourrait vous
fournir ne serait-ce qu’un seul objet, s’il n’y avait pas ces matériaux source
apparus bien avant. Le bois, les plantes, toutes les espèces de la Terre, les
saisons et la planète elle-même proviennent de cet intérieur non identifiable.
Les évènements physiques ont la même source.
(22 h 35.) Accordez-nous un instant… Le vrai scientifique comprend
qu’il doit explorer l’univers intérieur et non pas l’univers extérieur ; il
comprend qu’il ne peut pas s’isoler d’une réalité dont il fait nécessairement
partie et que procéder ainsi donne au mieux une représentation déformée.
En vérité, vos rêves et les arbres derrière votre fenêtre ont un dénominateur
commun : ils proviennent tous deux de l’intériorité de la conscience [5].
(22 h 39.) En guise d’analogie, regardez les choses ainsi : votre univers
présent est un rêve partagé par la masse, un rêve tout à fait valide — qui
présente la réalité sous une certaine lumière ; un rêve qui est avant tout
plein de sens, créatif, basé non pas sur le chaos (d’un air entendu), mais
sur un ordre spontané. Pour le comprendre, vous devez cependant accéder à
un autre niveau de conscience — un niveau où, peut-être, le rêve ne semble
momentanément plus aussi réel. Là, depuis un autre point de vue, vous
pouvez le voir encore plus clairement, comme si vous teniez une photo dans
vos mains ; vous pouvez voir en même temps, depuis cette perspective plus
large, qu’en fait vous vous tenez aussi à l’extérieur du contexte du rêve,
mais dans un « intérieur » qui n’est pas visible sur le cliché, du fait des
limitations de ce dernier.
Maintenant. C’est la fin de la dictée. Accordez-nous un instant et nous
poursuivrons.
Voici un matériau personnel. Tout d’abord, cependant, ce livre va
explorer de nombreux domaines très importants, et fournir les lignes
directrices de nombreux ouvrages à venir.
(En tant que Seth, Jane commence à transmettre trois pages
d’information la concernant. La session prend fin à 23 h 02.
La plus grande partie du matériau privé de ce soir correspond à ce qui
apparaît finalement dans les « propres » écrits de Jane, tels qu’Adventures,
ou bien sa poésie. Il contient également quelques allusions à certains
aspects plus généraux de ses aptitudes, que nous pouvons présenter ici.
« Ruburt, a commenté Seth, est au tout début de son travail sur les rêves ;
celui-ci ne pourra pas commencer sérieusement tant que Ruburt n’aura pas
appris à avoir foi en son propre être. » [L’Appendice 11 contient des extraits
de The Wonderworks, le texte que Jane a écrit il y a quinze jours à propos
de Seth, des rêves et de la création de notre réalité. Dans mes notes
relatives à ce texte, j’ai décrit sa récente série de rêves — qui, d’ailleurs, se
poursuivent encore.] « Dans notre cas, a dit Seth un peu plus tard, Ruburt
“devient” presque le matériau qu’il reçoit de moi. Si certaines autres
modifications bénéfiques ont lieu, ainsi qu’une meilleure compréhension de
sa part, nous serons peut-être capables de nous rencontrer à d’autres
niveaux de conscience — dans l’état de rêve, quand il n’est pas en train de
coopérer à la production du matériau de notre livre. » Car Jane n’a jamais
rencontré Seth, face à face pourrait-on dire, dans un rêve. Tout au plus lui
est-il arrivé de transmettre pour lui une session dans l’état de rêve, comme
elle le fait à l’état de veille.
Voici maintenant deux références en lien avec le matériau du livre
transmis ce soir. Ces exemples, comme l’information sur les rêves donnée
ci-dessus, prouvent combien La Réalité « inconnue » et les évènements de
la vie quotidienne de Jane s’entremêlent.
1) À la fin du matériau transmis à 22 h 35, Seth aborde « l’intériorité
de la conscience » ; je pense que ses informations font ici écho à celles de
Jane, telles qu’elle les a exprimées dans The Wonderworks.
2) Puis, juste après 22 h 39, Seth fait référence au « chaos » : l’air
entendu avec lequel il insiste sur ce mot ne m’a pas échappé. Nous lisons
actuellement, Jane et moi, un livre écrit par un biologiste. Il y explique
beaucoup de choses justes mais certains passages nous dérangent,
notamment lorsque l’auteur décrit la « vie » comme étant l’opposé de la
« non-vie » ou qu’il postule comme inévitable un chaos ultime —
l’effondrement de notre univers en une répartition finale hasardeuse de la
matière. Selon nous, de telles idées sont des projections d’une vision
humaine limitée et induisent en erreur. De même, bien qu’ayant grandi
chacun de notre côté, Jane et moi avons tous deux délaissé petit à petit les
idées scientifiques conventionnelles selon lesquelles la vie serait apparue
par hasard ; la nature émotionnelle de nos activités créatrices nous a
amenés à remettre cette théorie en question. Aujourd’hui, nous pensons
qu’elle n’est pas exacte, même selon les critères de la science ordinaire.
Le chaos du biologiste n’est pas non plus la même chose que
« l’imprévisibilité » dont parle Seth. Comme il l’a dit dans la session 681
de la partie 1 : « La science aime penser qu’elle a affaire à une action
prévisible. Cependant, elle perçoit une si faible quantité de données… que
la grande imprévisibilité intérieure de tout atome, molécule, ou onde, n’est
pas apparente… » À ce propos, nous suggérons au lecteur d’étudier en
particulier le matériau que Seth a donné dans la session 681, de 22 h 00 à
22 h 36.)

NOTES DE LA SESSION 700

[1] Voir la session 698 à 21 h 41.

[2] Puisqu’à partir d’ici, Seth emploie le masculin pour parler des
représentants de l’espèce humaine, je suggère au lecteur de se reporter
à la note 5 de la session 696, dans la partie 3.

[3] Note ajoutée par la suite : Seth n’a malheureusement pas tenu sa
promesse de développer cette idée des lieux de rencontre dans les rêves
et de leurs symboles.

[4] Les chapitres 9 et 10 de Seth parle contiennent beaucoup


d’informations sur les rêves. Pour un matériau sur les cours qui ont lieu
dans des centres de formation après la mort, voir en particulier la
session 537 au chapitre 9. Lorsqu’elles sortent de leur corps pendant
leur sommeil, certaines personnes, dont Jane, aident, depuis notre
réalité, ceux qui viennent de mourir à s’adapter à leurs nouveaux
environnements. Dans la session 536, Seth dit aussi : « … j’avais passé
de nombreuses vies à jouer le rôle de guide sous le tutorat d’un autre,
pendant mon sommeil quotidien. »
[5] Et les arbres rêvent également. Voir la note 1 de la session 698.
SESSION 701

Lundi 3 juin 1974

(Ce soir, après le dîner, j’ai fini de taper la session de mercredi dernier ;
Jane a eu juste le temps de la lire avant que nous nous préparions, à
20 h 50, pour la session de ce soir.
21 h 17.
À voix plutôt basse.) Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Accordez-nous un instant… Nous parlons doucement pour
maintenir Ruburt dans un état particulier — mais (avec humour et en se
penchant en avant) nous n’allons pas murmurer.
(Une longue pause.) L’extériorité du monde physique est donc reliée à
une « intériorité » multidimensionnelle. Le monde extérieur est projeté au-
dehors dans une réalité qui est en adéquation avec vos croyances, intentions
et désirs conscients. Il est important que vous vous souveniez de cette
position de l’esprit conscient quand vous y pensez. Chaque expérience
physique est unique, et bien que sa création et l’énergie qui l’anime
viennent de l’intérieur, la qualité originale, personnelle et cependant
partagée, de cette expérience ne pourrait pas exister de la même façon
(avec plus d’insistance) si elle n’était pas si extériorisée.
L’extériorisation a donc un but et une signification majeurs, et elle
induit une forme d’expression différente. C’est pourquoi, bien que, dans ce
livre, j’insiste sur l’importance de la réalité intérieure, je ne nie en aucune
manière la grande validité et le grand dessein de l’expérience terrestre.
Tous les exercices de ce livre devraient vous aider à enrichir cette
expérience et à en comprendre le cadre et la nature. Aucun d’entre eux ne
doit être utilisé pour essayer « d’échapper » aux implications afférentes à
votre réalité terrestre.
Nouveau paragraphe. Néanmoins, les feuilles de route demeurent à
l’intérieur. Accordez-nous un instant… Très prochainement, nous en aurons
plus à dire sur notre scientifique de l’art du rêve (voir la dernière session) ;
pourtant, il existe aussi d’autres moyens importants qui pourraient servir à
étudier la nature de la réalité. Il y en a un en particulier qui, en soi, ne fait
pas entrer en jeu l’état de rêve. Il implique cependant une manipulation de
la conscience. Dans une certaine mesure, il consiste à s’identifier à ce qui
est étudié au lieu d’en être séparé.
Accordez-nous un instant… Bien que connecté à votre civilisation,
l’homme Einstein [1] est peut-être celui qui a approché cela de plus près, car
il a été capable de s’identifier très naturellement aux diverses « fonctions »
de l’univers. Il a su écouter la voix intérieure de la matière. Il a été
intuitivement et émotionnellement conduit à ses découvertes. Il s’est arc-
bouté pour contrer le temps et l’a senti fléchir et vaciller.
Le vrai physicien [mental] [2] est un explorateur intrépide — qui ne
s’attaque pas à l’univers avec de petits outils, mais permet à sa conscience
de franchir les nombreuses portes ouvertes que l’on peut découvrir sans
instrument, mais avec l’esprit.
Votre propre conscience, telle que vous y pensez, telle qu’elle vous est
familière, peut en fait vous aider à accéder à une meilleure compréhension
de la nature simultanée du temps [3], si vous le lui permettez. Souvent, vous
utilisez des outils, des instruments et tout un attirail — mais ceux-ci ne
perçoivent pas le temps en ces termes-là. Vous, oui. Étudier votre propre
expérience consciente du temps vous en apprendra bien davantage. Point.
(Une pause à 21 h 40. La voix de Jane a peu à peu pris du volume,
jusqu’à atteindre un niveau à peu près normal.)

EXERCICE PRATIQUE 9

En vous servant de votre esprit conscient comme d’un seuil, vous


pouvez découvrir plus encore. Métaphoriquement parlant, soyez là où vous
êtes. Pensez à ce moment d’attention consciente comme à un chemin.
Imaginez de nombreux autres chemins semblables, tous convergents ; à
nouveau, avec votre imagination, empruntez l’un de ces chemins dans votre
esprit et suivez-le. Acceptez sans réserve ce dont vous faites l’expérience.
Vous êtes en train de « modifier » un peu votre conscience. (Mi-amusé.)
Vous n’êtes, bien sûr, pas du tout en train de la « modifier ». Vous
l’utilisez simplement d’une façon différente, et la focalisez — ne serait-ce
que brièvement — dans une autre direction. C’est le plus simple des
exercices.
Supposez que vous vous teniez debout au même endroit toute votre vie
durant, et que vous deviez faire ainsi parce qu’on vous a dit de le faire.
Dans ce cas-là, vous ne verriez que ce qui est directement devant vous.
Votre vision périphérique pourrait vous donner des indications sur ce qu’il y
a de chaque côté, ou vous pourriez entendre des sons provenant de l’arrière.
Des objets — des oiseaux par exemple — pourraient passer près de vous en
un éclair et vous vous interrogeriez sur leur mouvement, leur signification
et leur origine. Si vous vous tourniez soudain de quelques centimètres vers
la droite ou vers la gauche, vous ne modifieriez pas votre corps, mais
changeriez simplement sa position et élargiriez votre vue d’ensemble, en
pivotant consciencieusement depuis votre position initiale. Le petit exercice
précédent est du même ordre.
Accordez-nous un instant… Actuellement, vous ne vous rendez que très
peu compte des dimensions de la conscience — de la vôtre ou de celles qui
sont apparemment « en dessous » de la vôtre. Le vrai scientifique est celui
qui ose se retourner vers l’intérieur de sa conscience.
Accordez-nous un instant… Il existe des structures internes au sein de la
matière. Ce sont des tourbillons d’énergie. Ils ont plus d’une raison d’être.
Ces structures sont formées par des unités de conscience, ou UC. Vous
avez, par exemple, la connaissance la plus intime de la nature d’une cellule,
ou d’un atome. Ceux-ci composent votre chair. Il y a là, en certains
termes, un continuum de conscience dont votre vie physique actuelle est
une partie. Vous êtes dans certains types de communication et de
communion avec vos propres cellules et, à certains niveaux de conscience,
vous le savez. Un vrai physicien apprend à atteindre à volonté ces niveaux.
Des représentations de structures cellulaires ont été dessinées bien avant
que des moyens technologiques permettant de les voir soient disponibles, en
vos termes.
Accordez-nous un instant… Des formes et des formations apparaissent
quand vos yeux sont fermés : ce sont de parfaites répliques d’atomes, de
molécules et de cellules, mais vous ne les reconnaissez pas en tant que
telles. Certaines peintures aussi — soi-disant abstraites —, produites
inconsciemment et souvent par des amateurs, sont d’excellentes
représentations de ces organisations internes [4].
Ruburt a parfois été capable de projeter sa conscience dans de petits
instruments physiques [des composants d’ordinateur, par exemple] et de
percevoir leur activité interne au niveau, disons, des électrons. En vous en
donnant le temps, en vos termes, et en utilisant de telles techniques, vous
pourriez tout aussi clairement connaître la structure de ce que vous appelez
des particules. Votre terminologie ne serait toutefois plus adaptée. C’est
précisément elle qui vous emprisonne et vous amène à poser les
« mauvaises » questions.
(D’un ton amusé.) Les mauvaises questions sont pourtant les bonnes,
pour vous, dans votre civilisation, étant donné vos croyances, car
actuellement vous voulez rester à l’intérieur de cette structure-là. Ce n’est
que récemment que vous avez commencé à vous interroger sur vos
méthodes et même sur vos questions [5]. Le vrai physicien est capable de
poser ses questions à partir de son état habituel de conscience, puis de
tourner cette même conscience dans d’autres directions, où il est lui-même
amené à vivre des aventures-avec-la-réalité, dans lesquelles les questions
elles-mêmes sont transformées. Et les réponses sont alors ressenties.
(22 h 08. Avec beaucoup de force tout au long de ce qui va suivre.) Mais
la plupart des physiciens ne font pas confiance aux réponses ressenties. Le
ressenti est considéré comme étant beaucoup moins valide qu’un
diagramme. Vous avez l’impression que vous ne pourriez pas faire
fonctionner votre monde sur la base des ressentis — mais vous n’y
parvenez pas très bien non plus en essayant de le faire avec des
diagrammes !
Bien souvent, vos scientifiques ont d’étranges idées. Ils s’imaginent
pouvoir comprendre la réalité en la détruisant ; percevoir le mécanisme de
vie d’un animal en le tuant ; ou mieux étudier un phénomène en prenant de
la distance par rapport à lui. Souvent, vous essayez ainsi d’examiner la
nature du cerveau de l’homme en détruisant le cerveau des animaux, en
séparant ses composants, en les isolant, et en portant atteinte à l’intégrité
globale à la fois de l’animal en question et de vos propres processus
spirituels. Cela signifie que chaque tentative de ce genre vous déconnecte
davantage, pour ainsi dire, de vous-même, de votre environnement et des
autres espèces. Point. Bien que vous puissiez « apprendre » certains faits
prétendus, vous vous éloignez encore plus de toute connaissance majeure,
parce que ceux-ci y font obstacle. Vous ne comprenez pas encore le
caractère unique de la conscience.
(Avec beaucoup d’insistance.) Il est absurde de croire que vous pouvez
apprendre ce qui concerne la conscience en la détruisant. Il est absurde de
croire que vous pouvez apprendre un iota sur la réalité intérieure de la vie
quand votre recherche vous conduit à la détruire. La destruction, en vos
termes (à souligner) présuppose dès le départ, voyez-vous, une mauvaise
compréhension de la vie.
Vos mains sont-elles fatiguées ?
(« Non », dis-je, bien que le rythme soit un peu rapide. Mais Jane s’en
sort bien.)
Il existe des moyens de s’identifier aux animaux, aux atomes et aux
molécules. Il existe des moyens d’apprendre des animaux. Il existe des
méthodes permettant de découvrir comment migrent différentes espèces par
exemple, et de reproduire technologiquement de telles prouesses si on le
souhaite. La dissection ne fait pas partie de ces méthodes, car ce que vous
apprenez à travers elle, vous ne pourrez pas vous en servir. (D’une voix
plus profonde et beaucoup plus forte.)
D’une certaine manière, vous êtes simplement trop exubérants, comme
des enfants qui découvrent un nouveau jeu. Vous allez vous rendre compte
qu’au mieux, vous utilisez des cubes, comme les enfants. Certains d’entre
vous sont déjà parvenus à cette conclusion. À mesure que ce livre avance, je
vais d’ailleurs esquisser certaines propositions préliminaires sur des façons
d’utiliser votre conscience pour comprendre la nature de la réalité, et pour
rendre claires certaines de ces feuilles de route intérieures.
Faites une courte pause.
(De 22 h 28 à 22 h 45.)
Maintenant. Même en vos termes d’histoire et de temps séquentiel, vous
avez essayé, en tant qu’espèce, diverses méthodes pour aborder le monde
physique [6]. Dans votre toute dernière tentative, vous découvrez que la
manipulation extérieure ne suffit pas, que la technologie à elle seule n’est
pas « la solution ». Comprenez-moi bien, s’il vous plaît : il n’y a rien de
mal à faire usage d’une technologie bienveillante.
Si Einstein avait été un meilleur mathématicien [7], il n’aurait pas fait les
découvertes capitales qu’il a faites. Il aurait été trop effrayé. Pourtant, ses
équations l’ont quand même freiné et elles ont introduit quelques failles
dans ses intuitions. Vous êtes souvent convaincus que la connaissance
intuitive n’est pas d’ordre pratique, qu’elle ne fonctionnera pas ou qu’elle
ne vous fournira pas de diagrammes. Ces mêmes diagrammes dont la
science est si fière peuvent toutefois être aussi des barrières, en vous
fournissant une connaissance morte, et non pas vivante. Voilà en quoi, ils
peuvent être vraiment impratiques.
J’admets être un peu fourbe ici ; mais si vous ne ressentiez pas le besoin
de tuer des animaux pour accéder à la connaissance, vous n’auriez pas de
guerres non plus. Vous comprendriez beaucoup mieux les équilibres de la
nature.
Si vous n’éprouviez aucun besoin de détruire la réalité, en vos termes,
afin de la comprendre, vous n’auriez alors pas besoin de disséquer des
animaux dans l’espoir de découvrir les raisons de maladies humaines. Vous
auriez atteint depuis longtemps une connaissance vivante grâce à laquelle
les maladies, en tant que telles, ne se produiraient pas. Vous auriez compris
depuis longtemps les connexions qui existent entre l’esprit et le corps, les
sentiments, la santé et la maladie.
Je ne dis pas que vous auriez nécessairement eu un monde parfait, mais
que vous auriez eu plus directement affaire aux feuilles de route de réalité.
(De façon abrupte.) Fin de la dictée.
(22 h 56. Pratiquement sans faire de pause, Jane en tant que Seth passe
d’un seul coup à un matériau qui m’est destiné ; la session s’achève à
23 h 16. Tout au long de la soirée, les transes de Jane ont été excellentes.)

NOTES DE LA SESSION 701

[1] Aujourd’hui, Jane a regardé un livre d’Einstein intitulé La Théorie de


la relativité restreinte et générale. Elle l’a rapidement mis de côté, en me
disant qu’elle ne pouvait pas en comprendre grand-chose à moins de
faire un grand effort de volonté. Les mathématiques contenues dans ce
livre la dépassent totalement. J’ai commandé cet ouvrage le mois
dernier, car elle avait manifesté son envie de le consulter. Einstein est
mort en 1955 à l’âge de 76 ans.

[2] Deux semaines après cette session, j’ai ajouté le terme « [mental] » à
l’expression de Seth « le vrai physicien » parce que, dans les trois
sessions suivantes, il va faire référence aux « physiciens mentaux ».
[3] Note ajoutée cinq mois plus tard. Pour certaines remarques antérieures
de Seth à propos du temps, voir les extraits de la session 14 (du
8 janvier 1964), au chapitre 4 du Matériau de Seth. J’ai cité quelques
lignes de cette même session dans les Notes préliminaires de ce livre
(ainsi qu’à la fin de la session 724 du volume 3 de La Réalité
« inconnue ») et j’y ai évoqué également certaines idées en lien avec
nos tentatives pour comprendre le concept de temps simultané, tel que
Seth le présente. Les Notes préliminaires de ce premier tome
contiennent aussi un autre matériau pertinent, portant sur les temps de
transe durant lesquels Jane produit les livres de Seth.

[4] Étant moi-même peintre, je me suis parfois demandé si certaines


peintures abstraites pouvaient avoir de telles origines. Il se peut très
bien que j’en aie parlé avec Jane, même si je ne me souviens pas de
l’avoir fait.

[5] En physique, la remise en question est à la mode aujourd’hui, même si


elle le fait selon ses propres termes. Il y a deux mois, un grand journal
de la côte Est a publié un long article évoquant le « trouble » et la
« confusion » dans lesquels se trouve la physique moderne, à cause de
récentes découvertes aux niveaux atomique et subatomique. Beaucoup
de ces faits nouveaux contredisent d’autres données largement admises
jusqu’à présent et posent des questions inédites ou négligées, portant
sur la structure interne de processus n’ayant quasiment pas de
dimension, tels les électrons qui se meuvent autour du noyau atomique,
et les diverses particules plus « lourdes » qui constituent le noyau lui-
même.
On envisage maintenant que, dans de nombreux cas, certaines des lois
fondamentales de la nature ne nous soient pas directement
accessibles — car souvent notre monde ne nous offre qu’une
représentation approximative de ses qualités fondamentales. La science
a besoin de nouvelles théories pour unifier autant que possible les
quatre forces de la nature (la gravité, l’électromagnétisme, la force
nucléaire forte et la force nucléaire faible), au lieu de les séparer
comme par le passé. On nous dit aujourd’hui que la simplicité est de
règle.
(Et très simplement, l’idée que, pour un trou noir, « l’horizon des
événements » puisse émettre une lumière détectable pourrait être un pas
vers l’unification de certaines de ces forces — gravitationnelle et
électromagnétique —, telles qu’elles sont traitées dans la théorie de la
relativité et la théorie quantique. Voir la note 4 de la session 681, et la
note 4 de la session 688.)

[6] Dans la Partie 1, voir la session 683 jusqu’à 22 h 11.

[7] Albert Einstein n’était à l’évidence pas un grand mathématicien. Il a


souvent évoqué sa piètre mémoire et a accompli la plus grande partie de
son travail grâce à l’intuition et aux images. Peu de temps après que les
grandes lignes de sa Théorie spéciale de la relativité eurent été publiées
en 1905, on a dit qu’il devait, au moins partiellement, la réalisation de
cette œuvre au fait qu’il ne connaissait pas grand-chose des
mathématiques de l’espace et du temps.
Dans la session 45 du 20 avril 1964, Seth a dit : « Einstein a voyagé à
l’intérieur de ses propres intuitions, il leur a fait confiance et s’est servi
de ses sens intérieurs. Il aurait découvert bien davantage s’il avait été
capable de se fier encore plus à ses intuitions, laissant à d’autres le soin
de fournir la preuve soi-disant scientifique de ses théories, en se donnant
plus de liberté intérieure. »
Les sens intérieurs, tels que décrits par Seth, sont énumérés au
chapitre 19 du Matériau de Seth.
SESSION 702

Lundi 10 juin 1974

(Mardi dernier, durant l’après-midi, Jane et moi avons donné dans


notre salon une interview qui doit être diffusée par une chaîne de télévision
de New York. Le présentateur et son cameraman sont ensuite restés pour
filmer le cours de perception extrasensorielle que donnait Jane ce soir-là.
Seth s’y est manifesté, comme il le fait souvent, et il était on ne peut plus
jovial — et sérieux. Jane a également chanté en sumari, sa langue de
transe.
Ce sera la première fois que Seth paraîtra à la télévision depuis nos
entretiens lors de la promotion du Matériau de Seth à sa publication en
1970. À l’époque, Jane avait parlé pour Seth à deux occasions dans l’est
des États-Unis et les réactions avaient été excellentes ; elle reçoit encore de
temps à autre un appel téléphonique ou une lettre à propos de l’une de ces
émissions. Par ailleurs, depuis que Seth a démarré La Réalité « inconnue »
en février de cette année, Jane et moi avons tenu un autre engagement vis-
à-vis d’une chaîne de télévision et Jane a accordé une longue interview à
une radio. Mais les pressions dues au travail, et notre propre réticence à
l’égard de toute publicité personnelle, nous ont amenés à décliner d’autres
opportunités de ce genre.
La session régulière, normalement programmée pour hier soir,
mercredi, n’a pas eu lieu pour que Jane puisse se reposer.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Tout d’abord, la dictée. Accordez-nous un instant…
En fin de compte, votre utilisation d’instruments et votre obsession à
leur égard, en tant qu’outils pour étudier la nature plus vaste de la réalité,
vont vous enseigner une importante leçon : les instruments sont utiles
uniquement pour mesurer le niveau de réalité où ils existent eux-mêmes [1].
Point.
Ils vous aident à interpréter l’univers en termes horizontaux, pour ainsi
dire. Dans l’étude des réalités plus profondes à l’intérieur de cet univers-là
et « derrière » lui, les instruments sont non seulement inutiles, mais
trompeurs. Je n’insinue pas cependant que leur emploi soit futile —
j’indique simplement les limitations qui leur sont inhérentes.
La science soi-disant objective vous donne une représentation, un
modèle, qui vous a assez bien servi, à sa manière. Elle vous a rendus
capables d’aller jusque sur la Lune, par exemple, et de progresser dans une
technologie sur laquelle vous avez pour l’instant jeté votre dévolu.
Cependant, dans le cadre d’une science objective, telle qu’elle existe à
présent, la technologie va se heurter à un mur. Même en tant que moyen, la
science objective ne peut vous aider qu’un temps, car elle va constamment
buter sur des réalités intérieures plus profondes qui sont nécessairement
shuntées et ignorées, du fait de sa méthode et de son attitude [2]. Aucune
science objective ni aucune technologie merveilleuse ne peut à elle seule
maintenir ne serait-ce qu’un seul homme ou une seule femme en vie, par
exemple, si cet individu a décidé de quitter son incarnation ou ne trouve
aucune joie dans la vie quotidienne.
(Une pause.) Une technologie bienveillante, encore une fois,
contribuerait toujours à l’approfondissement qualitatif et spirituel de votre
expérience. L’ordre intérieur de l’existence et la vraie science vont de pair.
Le vrai scientifique n’a pas peur de s’identifier à la réalité qu’il choisit
d’étudier. Il sait qu’alors seulement il peut oser commencer à comprendre la
nature de celle-ci. Il y a aujourd’hui de nombreux scientifiques non
officiels, des vrais scientifiques à cet égard, mais ils demeurent inconnus.
Beaucoup d’entre eux sont des personnes tout à fait ordinaires,
extérieurement parlant, et exercent d’autres professions. Ce n’est pourtant
pas un hasard si de très grandes découvertes sont souvent faites par des
« amateurs » — ceux qui sont relativement libres par rapport aux dogmes
officiels et dispensés de l’obligation d’aller de l’avant dans un secteur
donné — dont la créativité circule librement et naturellement dans les
domaines où les porte leur intérêt naturel.
(21 h 42.) Accordez-nous un instant… Sans une identification à la Terre,
à la planète et aux saisons, toute votre technologie ne vous aidera pas à
comprendre la Terre, ni même à vous en servir de manière efficace, et
encore moins pleinement. Sans une identification à l’espèce en tant
qu’ensemble, aucune technologie ne peut sauver l’humanité. (Une pause au
milieu d’un débit intense.) Tant que l’homme ne s’identifie pas aux autres
formes de vie avec lesquelles il partage le monde, aucune technologie ne
pourra l’aider à comprendre ce dont il fait l’expérience. Je parle en termes
très concrets. Les gadgets ne vont en définitive rien vous enseigner sur les
dimensions de votre propre conscience. Quand vous les utilisez [le
biofeedback, ou rétroaction biologique, par exemple], même pour atteindre
des modifications de conscience, vous vous programmez, en prenant du
recul par rapport à vous-même.
Accordez-nous un instant… De tels gadgets ne peuvent être utiles que
dans la mesure où ils vous montrent que de telles modifications sont
possibles de façon naturelle. Sinon, avec vos idées de science et de
technologie appliquées, ce sont eux qui deviendront le point central et cela
favorisera les idées de manipulation. En d’autres termes, à moins de
changer les idées qui sont derrière la science objective, les états modifiés
produits par des gadgets serviront de façon certaine à manipuler la
conscience, au lieu de la libérer.
Je ne fais pas ici une prédiction. J’indique simplement une probabilité
qui existe. Sur votre planète [3], certaines civilisations ont compris aussi
bien que vous, et sans votre type de technologie, le mécanisme des
planètes, la position des étoiles — des personnes ont même prévu des
changements mondiaux « ultérieurs ». Elles se sont servies d’une physique
mentale. Il y a eu des hommes qui ont voyagé vers la Lune avant vous et
qui en ont rapporté des données tout aussi « scientifiques » et pertinentes.
Certains ont compris bien mieux que vous « l’origine » de votre système
solaire. Certaines civilisations n’avaient pas besoin de vaisseaux
spatiaux [4]. Des hommes très entraînés, combinant les aptitudes de
scientifiques de l’art du rêve et de physiciens mentaux, coopéraient pour
voyager non seulement à travers le temps, mais à travers l’espace. Il existe
des cartes anciennes dessinées depuis un point d’observation situé à trois
cents kilomètres d’altitude et plus encore — et qui ont été méticuleusement
complétées au retour de tels voyages.
Il y avait des croquis d’atomes et de molécules, eux aussi dessinés après
que des hommes et des femmes qualifiés aient appris l’art de s’identifier à
de tels phénomènes. Dans les archives de nombreuses réserves
archéologiques, on trouve des significations cachées, que vous ne
reconnaissez pas parce que vous n’avez pas établi les connexions
appropriées — et dans certains cas, vous n’êtes pas suffisamment avancés
pour comprendre cette information.
Accordez-nous un instant… La dynamique et l’orientation particulières
de votre propre science ont été diamétralement à l’opposé du
développement de ces sciences intérieures, si bien que, dans une certaine
mesure, chaque pas dans cette direction vous en a éloignés. Toutes les
sciences sont pourtant basées sur le désir de connaissance, et des
croisements ont donc lieu même entre les voies les plus diverses ; vous êtes
à l’un de ces croisements.
Votre science vous a conduits à son aboutissement logique. Elle n’est
pas suffisante, et certains se doutent que ses méthodes et ses attitudes
comportent un désavantage inhérent. Les physiciens se dépassent eux-
mêmes, pour ainsi dire, là où même leurs propres instruments ne peuvent
suivre et où toutes les règles ne s’appliquent pas. Même le prophète
Einstein ne les a pas menés assez loin. En vous tenant à l’écart d’une
réalité, vous ne pouvez rien faire de plus que des diagrammes la
représentant. Vous ne comprendrez pas son cœur vivant ni sa nature.
Le comportement des électrons, par exemple, échappe à votre
connaissance technologique — car, dans les termes les plus profonds, ce
que vous « percevez » est une façade, une apparence ou une illusion.
Jusqu’à présent, à l’intérieur des règles du jeu, vous avez été capables
d’établir vos « faits » concernant le rôle des électrons. Suivre leur activité
multidimensionnelle relève cependant d’une tout autre matière — (avec
humour) un jeu de mots — et vous avez besoin, pardonnez-moi, de moyens
plus rapides.
(Une pause.) Les feuilles de route pour une réalité sont même sous-
jacentes à l’activité des électrons. Tant que vous pensez en termes de
particules [subatomiques], vous faites fondamentalement fausse route — et
de même quand vous pensez en termes d’ondes. L’idée de champs en
interrelation est une meilleure approche, bien sûr ; pourtant, même dans ce
cas, vous êtes seulement en train de changer un terme pour un autre,
légèrement différent mais similaire. Dans tous les cas, vous ignorez la
réalité de la conscience, et ses formes changeantes de formations et de
manifestations. Tant que vous ne percevez pas la conscience innée derrière
toutes les manifestations « visibles » ou « invisibles », vous dressez une
barrière bien nette entre la connaissance et vous.
Faites votre pause.
(22 h 20. « Je ne sais pas ce qu’il a dit à propos des électrons et des
choses de ce genre, dit Jane dès qu’elle sort de sa transe qui a duré une
bonne heure, mais tout ceci est d’ordre général et va nous conduire à autre
chose. Je suis allée aussi loin que je le pouvais. Peut-être en saurons-nous
davantage après la pause… »
Je trouve très intéressant le fait que Seth ait parlé des ondes et des
particules subatomiques dans le dernier paragraphe qu’il vient de
transmettre. Ces idées rendent compte de la conception actuelle qu’ont les
physiciens d’une dualité naturelle. La lumière, par exemple, est-elle
constituée d’ondes ou de particules ? De nos jours, un compromis, appelé
complémentarité, conduit les expérimentateurs à accepter des résultats
montrant la véracité de l’un ou de l’autre de ces deux aspects. Comme nous
l’avons noté dans la dernière session, Jane a essayé l’autre jour de lire le
livre d’Einstein portant sur ses théories de la relativité. Avant la session de
ce soir, nous avons brièvement discuté de l’œuvre d’Einstein et de certains
sujets s’y rapportant, mais je n’avais pas demandé à Jane de fournir à
travers Seth un matériau sur la physique [5]. À sa façon, Jane s’intéresse à
ce domaine et a un peu travaillé le sujet avec des scientifiques. Nous en
aurons peut-être plus à dire sur ces efforts dans la suite de La Réalité
« inconnue ».
Pour le moment, à peine avons-nous eu le temps d’aborder les données
concernant les électrons que Jane me dit qu’elle est soudain consciente de
plus d’informations sur ce même sujet. Seth est prêt. « Je vais faire de mon
mieux avec tout ça », me dit-elle en enlevant ses lunettes. Reprise à
22 h 22.)
Ruburt n’utilise pas le vocabulaire scientifique officiel. Et pour nos
objectifs, nous ne devrions pas non plus, car ce vocabulaire est limitant.
Dans un langage aussi simple que possible et, dans une certaine mesure,
en vos termes, le spin de l’électron détermine des « séquences » de temps,
selon votre point de vue. En ces termes-là, un spin inversé est donc un
mouvement de temps inversé. Il y a de nombreuses choses que vous ne
pouvez pas observer et d’autres qui sont extrêmement difficiles à expliquer,
simplement parce que la structure-même de votre langage présuppose
certaines hypothèses. Quoi qu’il en soit, les électrons tournoient dans de
nombreuses directions en même temps [6], un effet qu’il vous est
impossible de percevoir. Vous pouvez seulement élaborer une théorie là-
dessus. Des « moments électromagnétiques sont ainsi atteints et se
maintiennent », certaines stabilités sont opérantes et conservent leur propre
intégrité, même si elles ne sont peut-être pas « égales » à toutes les parties
du spin. Il y a des égalités qui sont établies « entre » les inégalités.
Le temps, en vos termes donc, tournoie librement à rebours, aussi
sûrement qu’il tournoie librement (le téléphone se met à sonner) —
ignorez-le — vers le futur. Et il tournoie vers l’extérieur et vers l’intérieur
dans toutes les probabilités simultanément.
(22 h 34. La sonnerie persiste pendant près de deux minutes et je trouve
la situation très irritante — en particulier parce que j’ai oublié de
débrancher le téléphone avant la session. S’il y a bien un moment où nous
n’avons pas besoin d’être interrompus, me dis-je, c’est quand Jane a affaire
à ce type de matériau. Elle continue pourtant à parler pour Seth.)
Il y a néanmoins des poussées inégales dans toutes les directions, bien
que l’on puisse observer des « égalités » en se concentrant uniquement sur
certaines parties du spin.
Faites votre pause.
(22 h 36. « J’ai entendu le téléphone et essayé de maintenir la transe
pendant tout ce temps-là, me dit Jane. Mais je ne sais rien de ce livre ni des
personnes ordinaires qui le lisent. Je laisse simplement tout sortir… C’est
très amusant malgré tout. J’ai l’impression d’être au cœur des choses. Il est
à peine un peu plus de dix heures et demie, mais j’ai le sentiment d’avoir
parcouru un long chemin depuis que la session a commencé… »
En employant des termes réincarnationnels conventionnels, je demande
à Jane, en plaisantant à moitié, si elle n’a jamais été une scientifique de
l’art du rêve ou, disons, une physicienne mentale. Elle répond qu’elle
l’ignore. [Nous n’avons pratiquement jamais parlé d’une éventuelle
implication personnelle de notre part avec la réincarnation —
indépendamment de la question de savoir si de telles vies auraient été
basées sur les idées de Seth concernant le temps simultané et les
probabilités, ou sur un temps constitué de moments successifs.] Jane sait
cependant que le reste de la session lui sera consacré. Elle a raison ; Seth
se manifeste à 22 h 55 et nous souhaite bonne nuit à 23 h 30.
Une note. Pour Jane, la série de rêves très riches et marquants se
poursuit, et elle continue à les noter soigneusement. Parfois, ce travail
l’occupe près de deux heures par jour. Ainsi la nuit dernière, elle a décrit
cinq rêves. J’ai déjà mentionné ses rêves récents dans l’Appendice 11, qui
est en lien avec la session 698. Cet appendice contient des extraits de The
Wonderworks — un matériau qui était en partie inspiré par sa série de
rêves et que Jane a écrit le mois dernier alors qu’elle était dans un état
modifié de conscience. Dans certaines parties non retranscrites de ces
sessions, Seth a assez longuement parlé du travail de Jane sur les rêves et
de l’activité qui y est liée et il continue ce soir. Il est important de noter ici
que les expériences associées aux rêves de Jane incluent certains
développements médiumniques qui sont pour elle nouveaux et très
excitants.)

NOTES DE LA SESSION 702

[1] Comme dans la note 7 de la dernière session, je vais à nouveau citer ce


qu’a dit Seth dans la session 45 : « Toute exploration de l’univers
intérieur fondamental, qui est le seul univers réel, doit être menée autant
que possible à partir d’un point situé à l’extérieur de vos propres
distorsions… Pour atteindre l’extérieur de votre propre univers, vous
devez voyager vers l’intérieur… Vos expérimentations soi-disant
scientifiques, soi-disant objectives, peuvent se poursuivre pendant une
éternité, elles ne feront qu’explorer de plus en plus un univers
camouflage à l’aide d’instruments camouflages [physiques]… Le
subconscient a certes ses propres éléments de distorsions, mais il est
plus facile d’y échapper qu’aux tonnes d’atmosphère de camouflage
déformant qui pèsent sur vos expériences scientifiques. »

[2] (Pour voir comment Seth a employé le terme « camouflage » dans les
sessions antérieures, se reporter à la note 3 de l’Appendice 11.)
Le matériau de Seth portant sur une technologie et une science
conduisant aux réalités intérieures me rappelle deux exemples dont j’ai
récemment pris conscience à travers mes lectures. Le premier fait entrer
en jeu une réalité intérieure plus intime que le second, mais tous deux
soulèvent des questions intéressantes. Chaque lecteur peut
probablement citer des exemples similaires.
(Cependant, comme je l’écris dans l’Appendice 1, « ce qui m’intéresse,
ce n’est pas de dénigrer notre technologie, mais d’indiquer des facteurs
intérieurs coexistants qui, j’en suis sûr, sont tout aussi importants ».)
Mon premier exemple a trait au développement des appareils de
biofeedback dans les années 1960. Avec l’un d’entre eux, l’individu
devait apprendre à contrôler, lorsque c’était nécessaire, sa tension
artérielle, ou un certain nombre d’autres fonctions involontaires du
corps. Il ne fait aucun doute qu’un tel procédé est un exemple de la
« technologie bienveillante » mentionnée par Seth à la fin de la dernière
session ; nous comprenons aujourd’hui que les premiers éloges en
faveur du biofeedback étaient très exagérés. Dans un contexte plus
raisonnable, cette technique trouvera sûrement sa place dans nos
systèmes médicaux, mais, dans chaque cas, ce que nous apprendrons
nous montrera à coup sûr la nécessité de comprendre nos réalités
individuelles intérieures ; qu’est-ce qui, par exemple, a causé au départ
une tension élevée, ou tout autre symptôme ?
Mon deuxième exemple est tiré de la lecture d’un livre récent sur
l’astronomie. L’auteur y explique les diverses théories sur l’origine de
notre univers observable, avec ses planètes, galaxies, quasars, etc., et
les éléments qui confirment ou infirment chacune d’entre elles.
Pourtant, quand arrive la question de ce qu’il y avait avant l’avènement
de notre univers (ou de son existence « depuis toujours »), on nous dit
que la science ne s’occupe pas des origines et des fins ultimes ; on nous
renvoie aux domaines de la théologie et/ou de la philosophie pour y
trouver d’éventuelles réponses.
Il est étrange, mais inévitable selon moi, de constater que l’esprit
conscient, en développant des disciplines telles que le biofeedback et
l’astronomie (pour prendre les deux exemples cités) se trouve forcément
reconduit à ses propres sources intérieures.

[3] Quatre petites notes, dont les deux dernières ont été ajoutées par la
suite et sont des extraits puisés dans les tomes 2 et 3 de La Réalité
« inconnue ».

a. Pour un matériau sur l’art et la technologie de l’ancienne civilisation


de Lumina (ainsi que pour les références sur celles qui l’ont précédée et
suivie), voir le chapitre 15 de Seth parle. Même actuellement, nous dit
Seth, les attributs des Luminiens sont incorporés dans notre propre
héritage.
b. Seth parle de certaines « espèces de conscience » dans la session 692
du tome 1, à partir de 23 h 08.

c. Extrait de la session 715, dans la Partie 4 du tome 2 : « Il y a des


civilisations de la psyché et ce n’est qu’en les étudiant que vous
découvrirez la vérité à propos des civilisations “disparues” de votre
planète — car chaque culture matérielle de ce type a coïncidé avec une
partie correspondante de la psyché que vous-mêmes possédez
aujourd’hui, et en a émergé. »
d. Extrait de la session 742 dans la Partie 6 du tome 3 : « L’Atlantide est
une terre que vous voulez habiter et qui apparaît dans votre littérature,
vos rêves et vos fantasmes, et sert d’impulsion à un développement…
Cependant, elle est aussi porteuse de l’empreinte de vos peurs, car les
légendes racontent que l’Atlantide a été détruite. Vous situez cela dans
votre passé, alors que cela existe dans votre futur. Pas uniquement sa
destruction, mais le modèle entier, vu à travers le cadre de vos
croyances. Par ailleurs, de nombreuses civilisations sont apparues et ont
disparu à peu près de la même manière, et le mythe [de l’Atlantide] se
base un peu sur un fait physique, en vos termes. »
[4] Dans la session 40 du 1er avril 1964, Seth avait quelque chose à dire à
propos des défis que va représenter le voyage spatial pour notre
civilisation : « En ce qui concerne le voyage spatial, vous êtes
gravement handicapés par les éléments temporels que cela implique…
En vos termes, il vous faudra tout simplement trop longtemps pour aller
là où vous voulez. Les scientifiques commenceront à chercher des
méthodes plus simples. Même actuellement, ils sont forcés d’envisager
les ressources de la télépathie comme moyen de communication, et
seront de plus en plus contraints d’aller dans ce sens.
« Il est tout à fait possible que vous vous lanciez un jour dans ce que
vous considérez comme une aventure spatiale et découvriez que vous
avez “voyagé” jusqu’à un autre plan [ou probabilité]. Mais, au début,
vous ne verrez pas la différence. »
Et dans la session 45, vingt jours plus tard : « Votre théorie actuelle de
l’univers en expansion est erronée. Vous laisserez tomber les voyages
spatiaux quand vos scientifiques découvriront que l’espace, tel que vous
le connaissez, est une distorsion et que l’on peut voyager d’une
prétendue galaxie à une autre en se dépouillant du corps physique de
camouflage [la matière]. Le véhicule du prétendu voyage spatial est une
mobilité mentale et psychique, en termes de transformation psychique
d’énergie… »

[5] Dans la dernière session, voir le matériau sur Einstein, ainsi que les
notes 1, 5 et 7 ; se reporter à la session 684 pour le matériau sur les
activités et fluctuations multidimensionnelles des UC (ou unités de
conscience) de Seth, des électrons et des autres phénomènes de ce
genre ; et à propos de la science, des atomes probables et de
l’imprévisibilité fondamentale qui est sous-jacente à tous les systèmes
de réalité, voir la session 681 et la note 7 en particulier. Dans cette
même session, Seth offre également un commentaire sur le vocabulaire
qu’utilise Jane, comme il le fait après la pause de ce soir.

[6] Dans la session 681, Seth affirme : « Les atomes peuvent se mouvoir
dans plus d’une direction à la fois. » Dans la note 7 de cette session,
j’ai écrit qu’en tant qu’artiste peintre, ma réaction intuitive à cette
affirmation avait été d’associer la capacité multidirectionnelle de
l’atome aux notions de Seth concernant le temps simultané et les
probabilités. Puisque les électrons sont les particules ou processus en
mouvement autour du noyau de l’atome, je fais maintenant à leur égard
la même association. Ainsi, selon Seth, nous avons une danse
extrêmement complexe et profonde d’unités ou essences — un
comportement qu’il n’est pas vraiment aisé de traduire en mots.
Dans la session 688 de la Partie 2, voir le matériau sur le temps et le
mouvement des UC, ou unités de conscience, vers l’avant, l’arrière,
l’intérieur et l’extérieur.
Les physiciens ont commencé à parler du spin des électrons en 1925 ;
peu de temps après, ils ont envisagé le spin des composants du noyau
lui-même. Ce spin n’est pas le mouvement orbital de l’électron autour
d’un noyau mais, très brièvement, il s’agit davantage d’une mesure du
champ électromagnétique de l’électron.
L’inversion du temps, la symétrie des particules, l’équivalence de
l’espace et du temps sont des principes de la physique relativiste et de
la théorie quantique. Dans le matériau dont je dispose dans mes
dossiers, je n’ai jamais trouvé à propos du spin des électrons la moindre
évocation des idées de Seth concernant : a) un spin d’électron inversé et
une inversion résultante du temps ; b) des électrons tournoyant
simultanément dans une multitude de directions (à supposer que nous
puissions saisir une telle situation). Les concepts de ce type, en lien
avec le spin des électrons, sont peut-être traités dans les ouvrages de
physique, mais ils ne me sont pas familiers et demeurent hors de portée
de ma compréhension limitée. Je suis sûr aussi qu’en termes ordinaires,
Jane ne connaît rien de tout cela.
Disons plutôt qu’après la pause, le matériau de Seth s’est développé sur
la base de la compréhension intuitive et mystique de Jane,
compréhension selon laquelle l’espace et le temps s’entremêlent.
SESSION 703

Mercredi 12 juin 1974

(22 h 01. Dans un murmure.) Bonsoir.


(« Bonsoir, Seth. »)
Nous allons au moins commencer par la dictée. Accordez-nous un
instant…
Les aspects multidimensionnels de l’électron ne peuvent être perçus à
l’intérieur de votre système tridimensionnel en utilisant des instruments qui
sont déjà prédisposés ou préfocalisés pour mesurer uniquement certains
types d’effets.
Même si cela peut, scientifiquement, sembler totalement sacrilège, il est
possible de comprendre la nature et la réalité plus vaste de l’électron en
utilisant certaines focalisations de la conscience : en examinant l’électron,
par exemple, avec un « laser » [un faisceau] de conscience finement
focalisé et accordé — et nous y reviendrons dans ce livre. Jusqu’à
maintenant, dans toutes vos investigations, vous avez exploré les conditions
extérieures, en cherchant leur nature intérieure.
Pour parler clairement : quand vous disséquez un animal, par exemple,
vous avez encore affaire uniquement à « l’intérieur » d’une réalité
extérieure, ou à un autre niveau d’extériorité. (Une pause.) Quand vous
sondez les cieux avec vos instruments, vous faites pour ainsi dire la même
chose. Il y a une différence entre cette approche et « l’intériorité » d’où
émerge toute matière. C’est là que se trouvent les feuilles de route pour une
réalité. Il y a diverses façons d’étudier la réalité. Prenons un exemple très
simple.
Supposez qu’un scientifique fasse la découverte d’une orange et se
serve de tous les instruments dont il dispose pour l’examiner, mais refuse de
la toucher, de la goûter, de la sentir ou d’établir un rapport personnel avec
elle, de peur de perdre son objectivité scientifique.
En termes sensoriels, il apprendrait peu de choses à propos des oranges,
même s’il était capable d’en isoler les constituants, de prédire où en trouver
d’autres, et d’élaborer une théorie quant à son environnement — car
« l’intériorité » plus vaste de l’orange ne se trouve nulle part à l’intérieur
de sa chair. Les pépins sont les porteurs physiques de futures oranges, mais
ce sont les feuilles de route pour cette réalité qui ont formé les pépins. Face
à de tels dilemmes, vous êtes toujours ramenés à la question de savoir ce
qui est venu en premier, et vous entamez une drôle de poursuite. Comme
vous pensez au temps en termes séquentiels, il vous semble qu’il doit y
avoir eu un premier œuf ou une première graine [1]. Les feuilles de route
pour la réalité existent toutefois dans des dimensions dépourvues de
séquences temporelles.
Ce qui, pour vous, est le plus proche de l’intériorité dont je parle, c’est
votre propre conscience, bien que vous l’utilisiez comme un outil pour
examiner l’univers extérieur. Mais elle est fondamentalement libre de cette
réalité-là, elle n’est pas confinée à la saga de la vie et de la mort et, à
d’autres niveaux, elle se consacre à sa feuille de route concernant sa propre
existence physique.
Dans l’ensemble dynamique changeant qui va de la conscience
cellulaire à celle du « moi », il y a un vaste champ de connaissance — dont
une bonne partie est maintenant « inconsciemment » accessible — qui est
utilisé pour maintenir l’intégrité du corps dans l’espace et dans le temps.
Lorsque c’est l’esprit conscient qui dirige, il n’y a aucune raison pour
qu’une bonne partie de cette connaissance ne puisse devenir normalement
et naturellement disponible. Il y a donc une réalité intérieure tout à fait
valide, vitale, réelle et hautement créative, ainsi qu’un enchaînement
intérieur d’évènements d’où émergent votre univers présent et votre vie
actuelle. Tout vrai scientifique devra en définitive apprendre à pénétrer ce
royaume de réalité. Les approches prétendues objectives ne fonctionnent
vraiment que lorsque vous avez affaire à des effets prétendus objectifs, et
vos physiciens sont en train d’apprendre que, même dans ce contexte-là,
beaucoup de « faits » ne sont des faits qu’à l’intérieur de certaines
fréquences [2], ou sous certaines conditions. Vous vous retrouvez avec des
« faits exploitables » qui vous aident à manœuvrer dans votre petit monde,
mais ces faits deviennent des préjugés quand vous essayez de vous
aventurer au-delà de votre environnement cosmique et que vous vous
apercevez que vos idées indigènes et préconçues ne s’appliquent pas en
dehors de leur contexte.
Du fait de vos attitudes, les idées ne vous semblent pas aussi réelles que
les objets ni aussi pratiques. Vous n’accordez pas la même validité aux
pensées qu’aux rochers, aux arbres, aux cannettes de bière (dont deux sont
posées sur la table basse entre nous) ou aux automobiles. En vos termes,
une voiture vous mène quelque part. Vous ne comprenez pas la grande
mobilité de la pensée et ne saisissez pas sa nature pratique. Vous fabriquez
votre monde et, pour une grande part, vos pensées en sont vraiment les
feuilles de route personnelles immédiates. Quand vous manipulez des
objets, vous vous sentez efficaces. Mais le maniement des pensées est
beaucoup plus pratique. En voici un bref exemple.
(22 h 36.) Votre technologie médicale peut vous aider à « vaincre » une
maladie après l’autre — certaines étant en fait causées par cette même
technologie — et vous vous sentez très efficaces quand vous faites des
transplantations cardiaques, quand vous combattez un virus après l’autre.
Mais tout cela ne fera rien, si ce n’est de permettre aux gens de mourir,
peut-être, d’autres maladies encore « invaincues ». Les gens meurent quand
ils y sont prêts, en suivant leur dynamique et ordre intérieur. Une personne
prête à mourir va mourir en dépit de toute médication. (Avec insistance.)
Une personne qui veut vivre s’accrochera à l’espoir le plus infime et
réagira. Les dynamiques de santé n’ont rien à voir avec les inoculations.
Elles résident dans la conscience de chaque être. En vos termes, elles sont
régulées par les émotions, les désirs et les pensées. Un vrai médecin ne
peut pas être scientifiquement objectif. Il ne peut pas se tenir à distance de
la réalité de son patient. Pourtant, en général, le langage et les méthodes
mêmes du docteur le séparent littéralement de son patient. La maladie est
vue pratiquement comme une chose à part, différente du patient — mais qui
lui est infligée — et sur laquelle celui-ci a peu de contrôle [3].
On procède à des analyses, on prélève son sang, qui devient un
« échantillon sanguin » pour le médecin. Intérieurement, le patient crie
peut-être : « Ce n’est pas qu’un échantillon — c’est mon sang que vous
prélevez. » Mais on le dissuade de s’identifier au sang de son être physique,
de sorte que même son propre sang lui paraît étranger.
Les feuilles de route pour la réalité : en termes plus vastes, elles
demeurent en vous. En termes personnels, elles font partie de votre être.
Dans une certaine mesure, je propose une approche différente dans ce
livre. Jusqu’à présent, les feuilles de route sont restées largement inconnues.
Vos méthodes les rendent invisibles ; alors je suggère ici des moyens
permettant à la réalité inconnue de devenir connue. J’ai évoqué le
scientifique de l’art du rêve et le [vrai] physicien mental (dans les sessions
700 et 701). J’aimerais ajouter ici le « médecin complet ».
Accordez-nous un instant… Le médecin complet serait une personne
ayant appris à comprendre la dynamique de l’être, la relation âme-corps —
quelqu’un qui serait en bonne santé dans son propre corps. Les gens
malheureux ne peuvent pas vous apprendre à être heureux. Ceux qui sont
malades ne peuvent pas vous apprendre à bien vous porter. Les psychiatres
ont un taux élevé de suicide. Pourquoi pensez-vous qu’ils peuvent vous
aider à vivre de façon heureuse ou accroître votre vitalité ? Les médecins
sont loin d’être les hommes dont la santé est la meilleure [4]. Pourquoi
pensez-vous qu’ils peuvent vous soigner ?
(Avec insistance.) Maintenant, dans le cadre de vos croyances, les
psychiatres et les généralistes sont effectivement utiles. Ils en savent plus
que vous au sujet des techniques sur lesquelles tout le monde s’accorde.
Tant que la société accepte ces techniques, vous êtes donc, dans une
certaine mesure, dépendants d’elles, et vous feriez mieux d’y réfléchir à
deux fois avant de les abandonner. Mais pour des questions plus
importantes et plus vitales, un médecin malade en sait moins sur la santé
qu’une personne « sans formation et non qualifiée », mais en bonne
santé — et je parle en termes très pratiques. Une personne en bonne santé
comprend la dynamique de la bonne santé. Dans votre contexte, il semble
que sa compréhension ait peu de valeur pratique pour vous si vous êtes en
mauvaise santé. Mais une véritable profession médicale serait littéralement
une profession de santé. Elle rechercherait les gens en bonne santé et
apprendrait d’eux comment promouvoir la santé, et non pas comment tracer
le diagramme d’une maladie, ce qui reste à un niveau très superficiel. Une
vraie profession de santé guérirait le corps en se connectant intimement aux
pouvoirs de la psyché, à l’interrelation entre les désirs, les croyances et
l’activité de l’esprit conscient, et à leurs effets sur le comportement
cellulaire.
La Réalité « inconnue ». Que vous la connaissiez ou non, c’est avec elle
que vous travaillez.
Vous pouvez faire votre pause.
(23 h 09. Jane a été dans une transe profonde pendant plus d’une heure.
Pourtant, elle en sort avant même que j’aie fini de transcrire la dernière
phrase. Pendant qu’elle transmettait le matériau, elle a eu un aperçu global
du plan de La Réalité « inconnue », mais elle l’a perdu dès le début de la
pause. Nous avions parlé de l’organisation du livre avant la session.
Jane se demande à nouveau pourquoi les « qualités plus élaborées ou
plus complexes » de ses transes [elle ne peut pas vraiment expliquer ce
qu’elle entend par là] sont nécessaires pour qu’elle puisse transmettre ce
livre, contrairement aux qualités « plus faciles » dont elle faisait
l’expérience pour La Réalité personnelle. Je lui suggère de laisser tomber
ces comparaisons et de se dire que La Réalité « inconnue » exige
simplement une approche différente, pour quelque raison subjective que ce
soit, et que, peut-être, ses questions seront prises en compte à mesure que
son travail sur ce livre progressera [5].
Au cours de sa transmission, Jane a aussi « capté » le fait que Seth va
bientôt terminer cette troisième partie, et que les trois premières parties
constitueront le premier grand volet du livre. Jusqu’à maintenant, Seth n’en
a pas indiqué l’intitulé [6]. Jane a reçu d’autres indications à ce sujet, mais
elle reste vague : « Quelque chose qui évoque comment chacun de nous
pourrait être son propre scientifique de l’art du rêve, physicien mental et
médecin complet. Il y a plus encore à venir sur les trois classifications de
l’homme que Seth a donné dans cette session antérieure… Et autre chose
sur les terres de l’esprit, je pense, qui mène à nos civilisations anciennes et
à la façon dont elles sont gravées dans notre esprit maintenant… »
Cette « session antérieure » est la 687, dans la Partie 1. Seth y
mentionne l’homme parallèle, l’homme probable et l’homme alternatif.
Mais en fait, ce matériau-là [et une partie du titre de la Partie 2] est né du
discours tenu par Jane elle-même, la veille du jour où a eu lieu la session
687. Voir l’Appendice 6.
Seth revient à 23 h 40 et transmet un peu de matériau sur ma peinture,
entre autres. La session se termine à 00 h 15.)

NOTES DE LA SESSION 703

[1] Alors qu’il parlait des probabilités et des unités de conscience, dans la
session 682 de la Partie 1, Seth nous a dit : « L’idée d’un univers
unique est fondamentalement un non-sens. Il faut voir votre réalité
dans sa relation aux autres. Sinon, vous êtes toujours rattrapé par des
questions telles que : “Comment l’univers a-t-il commencé ?”, ou
“quand prendra-t-il fin ?” Tous les systèmes sont constamment en train
d’être créés. »
Voir aussi le matériau sur l’astronomie et les origines dans la note 2 de
la session 702.

[2] Les physiciens attribuent une fréquence, ou une vibration à mouvement


périodique, à tous les objets dans notre univers — galaxies, étoiles,
planètes, ondes/particules subatomiques, etc. On pense que la forme est
une expression d’une fréquence. Certains scientifiques disent
aujourd’hui que les fameuses « vibrations » dont parlent les médiums
correspondent à cette qualité-là ou en sont une approximation. Seth a
mentionné pour la première fois ces fréquences peu de temps après le
début des sessions.
Selon moi, il y a des connexions entre une activité périodique de ce type
et l’information que donne Seth dans la session 684 de la Partie 1 :
« Vos corps apparaissent et disparaissent comme des lumières qui
clignotent… À cet égard, l’univers physique fait de même. » Pour des
références complémentaires sur la façon dont les atomes et les
molécules — en d’autres termes, la conscience elle-même — peuvent
entrer en phase et en déphasage avec notre réalité probable, voir la
note 3 de la session 684.
Et pourtant, j’ai très rarement entendu Jane parler de vibrations (les
« vibes » dans le jargon populaire) ou de fréquences.

[3] Voir la session 661 au chapitre 17 de La Réalité personnelle. Dans ce


matériau, après 23 h 23 en particulier, Seth parle de la relation
médecin-patient et des sentiments d’impuissance qui peuvent assaillir
l’individu durant les périodes de maladie.

[4] Des statistiques actuelles montrent qu’aux États-Unis, le taux de


suicide chez les psychiatres, les médecins et les dentistes est de trois à
quatre fois supérieur à celui du reste de la population. On parle
beaucoup maintenant du stress et des frustrations supplémentaires qui
affectent les personnes travaillant dans le domaine médical, sans tenir
compte des traits de personnalité ou conflits pouvant conduire un
individu à s’ôter la vie ; le suicide d’un médecin, par exemple, peut être
provoqué par son incapacité à remplir le rôle que la société attend de
lui.
L’essentiel du matériau de La Réalité personnelle porte sur la nature
des croyances et des environnements physiques et mentaux qui sont
créés, à la fois de façon individuelle et en masse, et résultent de ces
croyances. Dans ce livre, un certain nombre de sessions sont donc
consacrées à la maladie et à la santé, ou à des sujets s’y rapportant
d’une manière ou d’une autre. Les chapitres 16 et 17 en particulier
contiennent un matériau sur ce que Seth appelle l’hypnose naturelle, sur
la médecine occidentale, les médecins, les suggestions associées à
l’assurance maladie, aux livres sur la « santé », aux régimes, à
l’accouchement, aux hôpitaux, à la mort naturelle, au bien et au mal,
etc.

[5] Voir dans la session 686 de la Partie 1 la note écrite à 23 h 26, et celle
située au début de la session 694 dans la Partie 2.

[6] Note ajoutée par la suite. Il s’avère, bien sûr, qu’il n’y a pas de premier
grand volet dans ce livre. Au lieu de cela et comme je l’ai expliqué dans
mes Notes préliminaires, Jane et moi avons décidé de publier les trois
premières parties sous la forme d’un premier tome.
SESSION 704

Lundi 17 juin 1974

(21 h 27.)
Maintenant — bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
Avec de nombreuses pauses.) Dictée… La réalité inconnue, l’homme
probable, les rêves, le spin des électrons, les feuilles de route pour la
réalité — toutes ces choses sont intimement liées.
Vos vies quotidiennes personnelles sont touchées, modifiées et créées à
partir des interrelations qui existent entre ces phénomènes. Alors, bien sûr,
votre monde collectif en est lui aussi transformé. Vous avez votre libre
arbitre et, d’une certaine manière, on peut dire que celui-ci dépend de la
nature des probabilités et du comportement multidimensionnel des
électrons [1].
L’imprévisibilité ne signifie pas le chaos. Tout ordre émerge des
éléments créatifs de l’imprévisibilité. En fait, le comportement de tout objet
dans votre univers est « prévisible » uniquement parce que vous vous
concentrez sur une partie infime de sa réalité [2]. L’imprévisibilité assure la
singularité, et elle est l’opposé d’un mouvement prédéterminé. La grande
saga de l’activité physique reconnue provient d’une dimension vaste, non
reconnue et non prévisible, où une complète liberté est accordée aux
probabilités.
Il faut bien saisir les implications pratiques de ce qui précède : aucun
cours n’est irrévocablement établi ou à l’abri d’un changement. Dans le
contexte limité de vos opérations habituelles, de soi-disant prévisions [3]
sont néanmoins possibles. Elles seront exploitables jusqu’à un certain
point. Toutefois, en termes plus profonds, toute action est susceptible de
voir son cours modifié. La réalité inconnue est la source de celle qui est
connue. Alors, si vous voulez « découvrir » comment les choses
fonctionnent, votre voyage doit à terme vous conduire dans les dimensions
qui se trouvent à l’intérieur du monde que vous connaissez.
Vous devez donc explorer la psyché, la conscience vivante. Cela vous
mènera à l’intériorité. Il ne s’agit pas d’une entreprise qui serait dépourvue
de tout aspect pratique, elle est au contraire extrêmement pratique, dans
tous les domaines. Scientifiquement, de telles études vous permettraient
d’élargir considérablement vos concepts, si bien qu’une technologie
bienveillante pourrait suivre les plus beaux contours de l’esprit, s’élevant
sur les sommets naturels des capacités humaines pour s’épanouir plus
facilement.
La médecine soutiendrait de manière douce et experte les processus de
guérison, car elle comprendrait pleinement le grand être émotionnel de la
psyché et ses besoins. L’apprentissage s’appuierait sur la connaissance
intérieure latente du moi subjectif, et l’aiderait à se concevoir lui-même en
termes de vie physique. L’état de rêve serait perçu comme une fontaine
intarissable d’informations. Des efforts pourraient alors être accomplis pour
comprendre et interpréter le symbolisme de l’individu, et chacun pourrait
apprendre à tirer parti de ses propres données intérieures pour enrichir sa
vie personnelle et aider la communauté.
Je me rends compte qu’une part de tout ceci semble « rétrograde », car
je vais jusqu’à suggérer une situation dans laquelle des politiciens ou des
hommes d’État apprendraient à « rêver avec sagesse » — et deviendraient
conscients de la psyché, la psyché collective, de leur peuple, et se mettraient
à l’écoute de leur « oracle personnel ».
Maintenant, pour beaucoup de gens, tout cela ne semble certainement
pas scientifique et, pourtant, la plupart de mes lecteurs ont déjà adopté une
version différente de la nature de la science, sinon ils ne seraient pas en
train de lire ce livre. L’oracle personnel : qu’est-ce que cela signifie ? Et
qu’est-ce que cela a à voir avec la réalité inconnue ? Plus encore, qu’est-ce
que cela a à voir avec le monde concret ? L’oracle privé est la voix du moi
intérieur multidimensionnel — la part de chaque personne qui n’est pas
totalement contenue dans sa personnalité, la part de la structure de soi,
inconnue, d’où jaillit la personnalité, avec son alliance physique.
Fondamentalement, cette partie de la psyché est extérieure à l’espace et au
temps, tout en vous permettant d’opérer en eux [4]. Elle a intimement à voir
avec les probabilités — (d’une voix plus forte) la source de toute action
prévisible.
Du fait de sa position, elle possède de grands pouvoirs de
communication, aussi bien en tant que récepteur qu’émetteur.
Malheureusement, la science telle qu’elle s’est développée à votre époque
se solde par une méfiance de l’individu et lui a inculqué un sentiment
subjectif d’impuissance, tout en lui donnant un prétendu sentiment de
pouvoir objectif. Je dis qu’elle a apporté un prétendu sentiment de pouvoir
objectif (avec insistance et une élocution rapide). Vos techniques
sophistiquées vous permettent, par exemple, de dire que les conditions sont
réunies pour qu’il se produise une tornade, et celle-ci sera sous surveillance
(comme cela a été le cas, il n’y a pas longtemps, dans notre région
d’Elmira) ; ou bien vos instruments capteront les légers frémissements d’un
séisme et, en suivant les lignes de faille, vous « prédirez » qu’un
tremblement de terre aura lieu dans une autre région. Vous avez donc
l’impression d’avoir un certain pouvoir sur votre environnement. Chaque
individu peut alors se préparer en vue d’un désastre potentiel. Il paraît que
vous êtes capables d’ensemencer des nuages avec des produits chimiques et
de faire tomber la pluie si nécessaire, exerçant ainsi un pouvoir tout à fait
concret sur l’environnement. Vous croyez avoir besoin d’un attirail
scientifique pour parvenir à ces fins — pourtant beaucoup d’animaux
détectent ces mêmes phénomènes sans instruments. Le genre humain lui-
même est équipé de façon innée pour « prévoir » de tels désastres
potentiels.
L’organisme physique lui-même l’est aussi. La pression sanguine
s’élève dans des populations entières — des signaux hormonaux de stress
sont activés, mais on ne vous a pas appris à reconnaître ces avertissements
naturels. Il y a un échange constant entre toutes les parties de la nature.
Vous êtes aussi naturels qu’un animal, et aussi « branchés » sur les rythmes
profonds de la terre — ceux que vous percevez consciemment et ceux qui
sont perçus par votre conscience corporelle, mais qui sont écartés par le
filtre de « l’esprit officiel ».
Je suis simplement en train de vous suggérer de devenir plus naturels.
Comme la science a dressé une barrière efficace contre cette approche, le
pouvoir semble résider dans des gadgets plutôt que dans l’homme.
L’homme ne s’identifie plus à une tempête, par exemple, il a perdu son sens
de la relation qu’il a avec elle, et donc son pouvoir naturel sur elle. Il en va
de même pour les tempêtes de la psyché. Le scientifique de l’art du rêve, le
vrai physicien mental, le médecin complet — ces désignations représentent
les types de formation qui pourraient vous permettre de comprendre la
réalité inconnue, et donc celle qui est connue, et de vous rendre ainsi
compte des feuilles de route qui existent derrière l’univers physique. Il faut
bien sûr goûter pour savoir. D’une façon générale, il semble que vos
techniques fonctionnent la plupart du temps. Prenons la médecine, par
exemple.
(22 h 16.) Vos médecins peuvent mettre en avant les vies sauvées par
une technologie sophistiquée. Vous pouvez citer des maladies enrayées
grâce à des injections ou d’autres moyens préventifs, comme la prise de
vitamines ou des mesures sanitaires. Suggérer que l’individu est
naturellement et efficacement protégé contre tous les types de maladies ou
d’affections relève, semble-t-il, de la plus grande stupidité. (Une longue
pause.) Pratiquement tout le monde peut nommer un membre de sa famille,
ou un ami, mort il y a trente ou quarante ans d’une maladie que vous
pouvez parfaitement vaincre aujourd’hui. Il semble que ces vies aient été
sauvées avec les procédures modernes. Dans votre société, un bilan de santé
est indispensable de temps à autre.
À nouveau, beaucoup de personnes peuvent faire avec gratitude l’éloge
d’un docteur qui a découvert « à temps » une condition propice à une
maladie, de sorte que les mesures efficaces ont été prises et que celle-ci a
été éliminée. Bien sûr, vous ne pouvez pas savoir avec certitude ce qui se
serait passé autrement. Vous ne pouvez pas savoir avec certitude ce qui se
serait passé pour des personnes qui voulaient mourir. Si elles n’étaient pas
mortes de la maladie, elles auraient peut-être succombé à un autre mal : un
accident, une guerre ou une catastrophe naturelle.
Elles auraient pu « guérir » avec ou sans traitement, et continuer à
mener des vies productives. Vous n’en savez rien. Si vous guérissez d’une
maladie un homme ou une femme qui est prêt(e) à mourir, il ou elle va
rapidement en contracter une autre, ou trouver un autre moyen de réaliser
son désir. La question dans ce cas-là est liée à son désir de vivre et à des
mécanismes de sa psyché. Le médecin complet s’efforcerait de comprendre
les mécanismes intérieurs de la vitalité et apprendrait à les stimuler le
mieux possible.
Il tenterait de déterminer les schémas de la psyché et de les suivre. Il
encouragerait le patient à se mettre à l’écoute de son oracle personnel afin
de s’assurer de ses propres buts dans la vie physique et de renforcer sa
puissance spirituelle. Le médecin complet serait un individu [homme ou
femme] en excellente santé, et qui comprendrait donc lui-même les
dynamiques particulières qui opèrent entre la vitalité spirituelle et le bien-
être physique. (Avec insistance.) Cela serait sa spécialité.
Nous parlons ici d’une situation quelque peu idéale, selon votre point de
vue. Pourtant, vous n’apprendrez pas les mécanismes de la santé en
séjournant dans un hôpital. Vous pourrez certes être soigné d’une maladie
particulière, mais tant que vous n’en apprendrez pas plus sur les
dynamiques de votre être, vous succomberez simplement à une autre
maladie. La même chose s’applique à tous les niveaux d’activité. Vous
pourriez découvrir comment être heureux en vous associant avec une
personne heureuse, mais sûrement pas avec des gens malheureux. Ils vous
apprendront seulement ce qu’est le malheur — si vous ne le savez pas déjà.
Chaque individu est un univers dans un petit paquet. (Une pause d’une
minute.) De même que les planètes physiques se déplacent selon un certain
ordre tout en étant individuelles, il pourrait exister un ordre social basé sur
l’intégrité de l’individu. Mais cet ordre-là reconnaîtrait la validité intérieure
qui est au sein du moi ; et l’ordre intérieur, non vu, qui forme l’intégrité du
corps physique, formerait de la même manière l’intégrité du corps social.
Le moi, l’individu, étant son moi épanoui, agirait automatiquement pour
son propre bien et celui de la société. Le bien de l’individu est donc le bien
de la société et il consiste en l’épanouissement spirituel et physique. Cela
présuppose cependant une compréhension du moi intérieur et une
exploration de la réalité inconnue de la psyché individuelle.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22 h 42 à 23 h 05.)
Dictée. Jusqu’à un certain point, chaque individu qui le souhaite peut se
rendre compte de la réalité « inconnue » — devenir son propre scientifique
de l’art du rêve, son propre physicien mental ou médecin complet, et
commencer à explorer en pionnier ces terres de la psyché.
Un tel voyage illumine non seulement les aspects personnels de la
réalité, mais aussi l’expérience de l’espèce. Point. Fin de la Partie 3.
(23 h 06. Et [ajouté par la suite] fin du tome 1 de La Réalité
« inconnue ». Cette session 704 se poursuit brièvement dans le deuxième
tome ; Seth lui donne le titre de Partie 4 [qui ouvre ce deuxième tome].
Puis, il ajoute un peu de matériau personnel destiné à Jane et à moi, avant
de nous souhaiter bonne nuit à 23 h 21. Les notes de cette session sont
présentées ci-après, puisqu’elles se rapportent toutes au matériau qui vient
d’être donné.
Les trois parties qui constitueront les tomes 2 et 3 sont énumérées dans
l’Épilogue de ce premier volume.)

NOTES DE LA SESSION 704

[1] Voir la session 702 après 22 h 22, ainsi que la note 2 de la session 703.
Le lecteur trouvera dans la note 3 de la session 684 d’autres références
pour les fluctuations des atomes entre les réalités.

[2] Voir la session 681 après 22 h 00.

[3] Dans la note 6 de la session 681, j’ai cité Seth à propos de sa faculté
de prédiction (qu’il utilise rarement), et sur ce sujet en général. Il a
aussi livré un commentaire plus amusant sur les prédictions, lors d’un
cours de perception extrasensorielle, le 5 janvier 1971. La transcription
de ce matériau est donnée dans l’Appendice de Seth parle : « Le temps,
en vos termes, est flexible. La plupart des prédictions sont faites d’une
manière très déformée ; elles peuvent induire le public en erreur. De
plus, lorsque ceux qui font des prédictions se trompent, cela ne fait pas
avancer “la cause”.
La réalité n’existe pas de cette façon. On peut se connecter à certaines
probabilités et prédire “qu’elles vont se produire”, mais le libre arbitre
est toujours opératoire. Aucun dieu dans sa tour d’ivoire ne dit : “Ceci
se produira le 15 février à 8 h 05.” Et si aucun dieu ne fait de
prédiction, je ne vois pas l’intérêt d’en faire moi-même. »

[4] Note ajoutée par la suite. Jane traite de ses « propres » idées sur le moi
multidimensionnel intérieur dans la Partie 2 d’Adventures in
Consciousness : An Introduction to Aspect Psychology. Voir, entre
autres, les chapitres 10 et 11. L’oracle personnel de Seth est analogue
au moi-source fondamental, non physique, de Jane, d’où émergent
simultanément de nombreux Aspects-moi dans diverses réalités. Tous les
Aspects d’un moi-source sont en communication les uns avec les autres,
ne serait-ce qu’inconsciemment. L’Aspect-moi qui apparaît dans notre
réalité est la personnalité focalisée, « terriennisée » dans une forme
physique. J’ai fait un certain nombre de croquis pour illustrer le
matériau de Jane dans la Partie 2 d’Adventures, et plusieurs d’entre
eux représentent un moi-source schématique, avec ses Aspects associés.
En termes très simplifiés, Jane considère Seth comme un
personagramme, « une personnification multidimensionnelle d’un autre
Aspect de l’entité ou moi-source, telle qu’elle est exprimée à travers le
médium. » Des Aspects tels que Seth, écrit-elle au chapitre 11, « doivent
communiquer à travers le tissu psychique de la personnalité focalisée.
Ils doivent apparaître en adéquation avec notre idée de personnalité,
bien que leur propre réalité puisse exister en termes très différents. Je
pense avoir toujours ressenti cela à propos de Seth. Non pas que je
manquais de confiance envers la personnalité Seth, mais je sentais
qu’elle était une personnification de quelque chose d’autre — et ce
“quelque chose d’autre” n’était pas, en nos termes, une personne…
Toutefois, je sentais étrangement qu’il était ou représentait plus que
cela ; et que sa réalité psychologique chevauchait les mondes… Je
percevais une multidimensionnalité de personnalité que je ne pouvais
pas définir. »
APPENDICE 1

Pour la session 679

(Avril 1976. Dans cet appendice, j’ai rassemblé un peu de matériau


produit par Jane, Seth ou moi, portant sur le mysticisme. J’ai écrit la
première ébauche de ces notes peu de temps après la session 679, en
février 1974, avec l’idée de les compléter plus tard, si nécessaire. Comme
les évènements l’ont montré par la suite, Seth était déjà au milieu du
premier volume de La Réalité « inconnue » quand j’ai compris que ces
notes complémentaires pourraient constituer un premier appendice du
tome 1. Si les notes ont certes leur agencement, elles ne sont pas pour
autant présentées selon un ordre chronologique, contrairement au matériau
généralement cité dans les appendices. Comme dans les Notes
préliminaires, je veux souligner le rôle de Jane en tant qu’artiste créatrice,
disséminant sa vision personnelle d’une réalité intérieure plus vaste, ainsi
que sa compréhension intuitive et consciente de certains aspects au moins
de cette réalité ; en effet, une telle compréhension peut facilement échapper
à notre conception occidentale matérialiste et technologique.
Ce qui m’intéresse, ce n’est pas de dénigrer notre technologie, mais
d’indiquer la coexistence de facteurs intérieurs qui, j’en suis sûr, sont tout
aussi importants. Après tout, c’est cette technologie qui permet à ce livre
d’exister et donc à Seth, Jane et moi, de communiquer avec de nombreuses
personnes.
Depuis que Jane a commencé à transmettre le matériau de Seth, je
m’intéresse de plus en plus à l’origine de l’activité créatrice [c’est-à-dire
artistique]. Quand nous en recherchons les points de départ, en termes
ordinaires, nous finissons en général par remonter jusqu’à l’enfance du
sujet. Mais paradoxalement, ce n’est pas là que l’on peut trouver les
véritables origines ni les appréhender correctement, car, selon Seth, elles
demeurent extérieures à la vie physique. Sans détailler les idées de Seth
traitant du temps simultané et du fait que toute activité est créatrice, le type
d’origines dont je parle ici n’aurait ni début ni fin. Il est plus que probable
qu’elles ont été choisies par la personnalité avant sa naissance, et dans un
état non physique.
(Dès que Seth a mentionné la nature profondément mystique de Jane
dans la session 679, j’ai pensé à un matériau personnel qu’il nous avait
transmis six mois auparavant. J’ai légèrement reformulé les extraits de
cette session pour les présenter ici.)
Même dans sa poésie, avant notre travail, l’énergie de Ruburt l’a parfois
mené largement au-delà de « lui-même ». Il a essayé de rester bien ancré
parce qu’il sentait que l’énergie était si forte qu’elle permettait une liberté
dans pratiquement toutes les directions, et qu’il risquait d’entrer en conflit
avec les mœurs et coutumes des autres gens.
Ruburt est littéralement un grand récepteur d’énergie. Il l’attire, et celle-
ci doit donc passer à travers lui, traduite en une expérience extérieure.
Ruburt est ce qu’il est. Il ne peut pas arrêter d’être lui-même ni brider ses
capacités… Quel que soit le niveau d’activité sur lequel il focaliserait son
énergie, ses actions seraient puissantes, comparées à celles des autres.
Ruburt est un grand mystique. Par nature, un grand mystique. Cela
transparaît aussi bien dans sa poésie que dans notre travail spécifique. Son
expérience « psychédélique » se retrouverait donc dans sa poésie,
indépendamment des sessions spécifiques…
(À peu près à l’époque où s’est tenue cette session, nous lisions un livre
sur la vie de quelques mystiques célèbres du passé. La plupart d’entre eux
pratiquaient dans le cadre de structures religieuses et Jane et moi avions vu
comment leurs divers environnements coloraient et façonnaient leurs
expériences transcendantes. [J’aimerais ajouter qu’évidemment, ces
expériences ont à leur tour enrichi ces environnements.] Malgré le
matériau de Seth, Jane m’a pourtant dit : « Je ne suis pas une mystique. Je
ne me considère pas du tout comme telle — pas comme ces gens d’Église.
Je n’ai pas une vision à chaque fois que je veux faire quelque chose
d’important », a-t-elle ajouté en souriant.
Puis elle a poursuivi : « En fait, cela m’embarrasse que Seth dise de
moi que je suis une mystique — une grande, je veux dire. Peu importe si
c’est naturel ou pas… » Avec pas mal de réticences, elle a accepté de me
laisser présenter ici ce matériau personnel ; selon moi, uniquement parce
qu’elle a compris mon désir de fournir ce que je considère être des données
contextuelles pertinentes comme arrière-plan aux livres de Seth. En même
temps, il lui arrivait pourtant de me dire aussi : « J’espère mener
l’exploration de la conscience plus loin que quiconque l’a jamais fait [1]. »
J’ai rappelé à Jane que, puisqu’elle n’appartenait maintenant à aucune
religion [ayant quitté l’Église catholique romaine quand elle avait 19 ans],
sa nature mystique allait choisir des voies d’expression autres que
religieuses ; comme dans ces sessions, par exemple. Il s’avérera peut-être,
ai-je suggéré, que l’une de ses principales activités sera d’élargir les
frontières de l’expérience mystique « ordinaire », pour montrer comment
elle se manifeste en dehors des structures religieuses admises. J’ai ajouté
qu’au sein de ces limites religieuses, des mystiques du monde entier et de
tous les temps ont exprimé les mêmes idées avec pratiquement les mêmes
mots, et qu’en tant que mystique « indépendante », Jane était en position
d’aborder la situation à partir d’un point de vue plus libre et plus
individuel. Elle serait capable de fournir des visions nouvelles de ce qui est
certainement l’un des états unificateurs communs à toute l’espèce. Car la
voie mystique parle sûrement de nos origines [2].
Pourtant, au départ et de façon quelque peu ironique, les capacités
inhérentes de Jane ont commencé à se manifester au sein même de la
structure très disciplinée du catholicisme, même si cela se passait à des
niveaux non compris ou « inconscients ». Et elle avait elle-même renforcé
ce cadre-là en demandant à être transférée d’une école primaire publique à
une école catholique.
Me basant sur la description que Seth avait donnée de la nature
mystique de Jane dans la session 679, je l’ai interrogée sur les sentiments
de son enfance. Elle m’a expliqué que, durant ces années-là, elle n’avait
aucune idée d’être quoi que ce soit d’aussi ésotérique qu’une « mystique ».
Elle était simplement elle-même, et son sentiment d’identité, ses capacités
personnelles et son appréciation du monde qu’elle créait et auquel elle
réagissait se sont développés tout à fait naturellement à mesure qu’elle
mûrissait. Son implication dans l’Église catholique lui a permis de prendre
conscience de la qualité nommée « mysticisme », en lien avec les saints de
l’Église — mais elle n’avait pas du tout l’idée de s’attribuer un tel
qualificatif. Son désir, son impulsion, était d’écrire.
Ce que je veux souligner ici, c’est que, sans qu’elle en ait conscience,
Jane était différente de ses contemporains à bien des égards. Dans sa
jeunesse, il était évident pour elle qu’aucun de ses amis n’écrivait de la
poésie ni ne parlait des sujets qu’évoquaient la plupart de ses poèmes [3].
Jane percevait sa propre nature intuitivement, sans essayer de la définir. En
tant qu’enfant, elle faisait de longues marches la nuit et priait, en
particulier quand elle avait été « mauvaise ». Pendant toute son éducation,
son grand-père — son « petit papa », comme elle l’appelait — a joué un
rôle important. Dans une certaine mesure, il a remplacé le père qu’elle
avait perdu à deux ans quand ses parents avaient divorcé. Joseph Adolphe
Burdo était de souche mi-indienne mi-canadienne, et il avait parlé le
français dans son enfance. À l’origine, le nom de ses ancêtres s’écrivait
« Bordeaux ». Par certains aspects, Jane s’identifiait beaucoup à lui,
comme l’a expliqué Seth dans les extraits qui suivent, tirés de la session 14,
du 8 janvier 1964.
Quand Seth nous a fourni cette information, les sessions venaient à
peine de commencer. Nous avons pourtant pu immédiatement faire des
liens ; dans cet exemple en particulier, les visions de Seth « correspondent »
à la connaissance consciente de Jane et elles l’ont élargie de façon on ne
peut plus intéressante.
Pour commencer la session 14, j’ai demandé à Seth : « Jane serait très
curieuse d’en savoir plus sur son grand-père. Pouvez-vous l’aider en ce
sens ? » Voici ce qu’il a répondu :)
Une partie d’une entité très forte. Cependant, totalement inexprimée
dans sa dernière vie, à cause d’une incapacité à synthétiser les acquis des
vies passées.
(« Pourquoi Jane était-elle si attachée à lui quand elle était enfant ? »)
Outre les raisons normales, parce qu’il avait des dispositions
psychiques, à un moment où Jane était jeune et proche d’une vie passée.
Elle percevait la conscience intérieure profonde et personnelle de Joseph.
Cela l’embrouillait et le hantait, car cette incapacité à exprimer s’appliquait
également aux pensées qui l’habitaient. Il ressentait fortement les choses,
mais ne pouvait pas les expliquer. Avec sa nature solitaire, il n’était pas loin
d’être un mystique, mais il était incapable d’établir un rapport entre sa
personnalité en tant que Joseph Burdo et le monde social en général, ou
même les autres membres de la famille. Il y avait un blocage, ce qui est
regrettable. Il ressentait fortement sa connexion avec l’univers dans son
ensemble et avec la nature telle qu’il la comprenait. Mais pour lui, la nature
n’incluait pas les êtres humains, ses semblables. La solitude qui
l’assiégeait — parce qu’elle l’assiégeait — est dangereuse pour toute
personnalité, à moins qu’elle ne vienne après une identification à l’espèce
humaine.
Dans son sentiment d’unité avec Tout-ce-qui-est, il excluait les autres
êtres humains ; or, sur votre plan, toute personnalité a besoin de se relier à
ses semblables. C’est seulement une fois que de telles relations se sont
établies qu’un isolement de cette nature est bénéfique. Jane percevait le
sentiment d’identification de son grand-père avec le reste de la nature et
comme, jeune enfant, elle n’avait pas encore développé une personnalité
dotée d’un fort ego, elle ne se sentait nullement rejetée par son grand-père,
contrairement aux autres membres de la famille. Quand il parlait du vent,
elle avait le sentiment d’être le vent, comme tout enfant s’identifie
inconsciemment aux éléments.
Son grand-père répondait à l’attirance qu’il avait pour elle, et il était
capable de s’ouvrir à elle, car elle n’était pas une adulte. Sur un certain
plan, il était en essence un enfant, sans avoir pourtant besoin de grand
monde. S’il avait vécu jusqu’à ce que Jane devienne adulte, le sentiment
entre eux aurait bien pu disparaître. Il ne pouvait pas entrer en relation avec
un autre adulte et quand, à ses yeux, Jane aurait rejoint cette catégorie-là, il
n’aurait pas été capable de conserver la même attirance pour elle.
Il n’a jamais pardonné à ses propres enfants de grandir… Pourtant, il
établissait un très bon rapport entre son propre corps et la nature, du moins
jusque dans ses tout derniers instants. Il considérait qu’il vieillissait comme
vieillit un arbre, mais paradoxalement, il avait la sensation que les autres
vieillissaient pour le contrarier… Depuis son tout jeune âge, Jane s’est
imprégnée des sentiments de complétude que vivait son grand-père avec la
nature, ce qui a beaucoup à voir avec son développement ultérieur…
(Joseph Burdo est mort en 1948 à l’âge de 68 ans. Jane avait alors 19
ans. Deux ans plus tard, elle a écrit le poème suivant.
Je mourrai au printemps
Je mourrai au printemps,
grand-père.
La terre, nourrissant son désir,
accueillera la chair encore chaude.

Il y aura des vents frais


qui seront mes pensées, grand-père.
À toute vitesse, ils traverseront mon crâne
comme des ombres ou des oiseaux gris.

Attends et écoute-moi, grand-père.


Comme jadis nous traversions des forêts,
Donne-moi la main.
Le vent de l’éternité souffle à travers mes cheveux,
et je sens son air glacé toucher mes paumes.

Je ferai partie de la terre et jaillirai à nouveau,


grand-père.
Je serai à nouveau vent. Je serai arbre et fleur.
Je serai libre du cycle à nouveau.
Grand-père, pourquoi cela me fait-il de la peine ?

Publié dans Patterns, A Verse Quarterly, en octobre 1954.

Malgré cela, au cours de sa scolarité, Jane n’a pas particulièrement


parlé de ses pensées, ou des capacités qu’elle ressentait en elle — ni avec
sa mère, ni avec les prêtres qu’elle a été amenée à bien connaître [et qui, en
tout cas, n’approuvaient pas qu’elle laisse sa dévotion religieuse, son
mysticisme, aller « trop loin »], ni même avec son grand-père. Jane a
préféré écrire sur son monde intérieur. Elle a eu des petits amis, mais aucun
rêve de mariage, d’enfants, ni de maisonnée à tenir. Elle se sentait
essentiellement « seule » dans son désir constant d’écrire.
Après avoir quitté l’Église, elle s’est méfiée de toute religion en tant
qu’institution ; elle ne se doutait nullement que ses écrits allaient la mener
à la moindre sorte « d’expérience mystique ». En fait, quand Seth s’est mis
à parler de l’immortalité, cela a perturbé Jane et elle a dit qu’elle voulait
que les sessions restent à l’écart de toute connotation religieuse.
Jane n’a pas opéré une conversion religieuse classique, du type de celle
décrite par William James dans son ouvrage Les Formes multiples de
l’expérience religieuse [4] ; pourtant, elle a connu plus d’une fois ses
propres formes d’extase ou de profonde modification de conscience, ou
d’illumination — quel que soit le nom que l’on choisit de donner à ces
états. Elle a brièvement décrit un épisode de ce genre, selon deux points de
vue, dans ses Dialogues et dans Adventures in Consciousness [5].
Jane aime souvent se lever et rester seule aux premières heures du jour.
Elle se réveille avant l’aube et se prépare « un petit-déjeuner rapide » — de
manière à pouvoir lire, prendre quelques notes et observer à travers la
fenêtre de la cuisine le ciel qui s’éclaircit. Elle écoute les premiers chants
d’oiseaux. Le téléphone reste silencieux. Et comme elle me l’a écrit le
3 avril 1976 : « Je ressens toujours une étrange satisfaction, assez forte et
légitime, comme si quelqu’un devait être debout pour assister à la venue du
jour, et ce quelqu’un, c’est moi. »
Le soir précédent, j’avais travaillé sur ces notes, et nous avions parlé,
entre autres choses, du mysticisme. À cause de notre discussion, Jane s’est
levée tôt ce matin-là et écrit plusieurs pages de matériau. Quand je me suis
levé à mon tour, j’ai trouvé parmi ces pages les paragraphes présentés ci-
dessous. Ils constituent une excellente conclusion pour cet appendice. Bien
que Jane commence une fois de plus par exprimer des doutes, ou du moins
des réserves, sur son statut de mystique, je pense que sa compréhension du
fait qu’elle fait partie du jour, de la terre et du temps est sûrement une façon
de parler de son cheminement mystique indépendant. Voici ce que Jane a
écrit.)
« Rob m’a interrogé à propos du mysticisme, mais il m’est très difficile
de penser à ce mot en lien avec moi-même, parce que je mélange les
différentes définitions ou implications associées à ce terme. Pour moi, il
s’agit d’une sorte de… oui, forte connexion d’une personne avec
l’univers… une relation en tête à tête ; un désir de participer au sens de
l’existence ; une impulsion à apprécier la nature et à la saluer tout en y
contribuant ; mais aussi la compréhension que cette nature est une pierre
de touche pour une essence plus profonde et inconnaissable, d’où jaillissent
le monde et nous-mêmes.
« Mais, selon la façon dont ce mot est interprété, je ne suis pas une
mystique. En termes habituels, cet état implique une compassion et une
bonté bien plus grandes que les miennes ; une grâce intérieure que je
ressens mais que j’atteins rarement ; une patience dont je manque à l’égard
des gens. Et aussi une piété, que je n’aime pas. Ce sont là les notions
chrétiennes ; mais elles s’accompagnent d’un certain fanatisme que je
trouve extrêmement déplaisant. Certaines formes de zen prônent les vertus
d’une bonne humeur exubérante, que j’apprécie, mais, pour autant que je
sache, les idées de renoncement encombrent les philosophies mystiques,
tant orientales qu’occidentales…
« L’idée de la prêtresse me fascinait avant que je m’implique dans nos
sessions. Mais je pensais à une prêtresse poétesse, que j’ai associée à l’idée
de maîtresse quand j’ai rencontré Rob. L’endroit où nous vivons, où qu’il
soit, est signifiant pour moi ; un lieu privilégié ; notre plate-forme
domestique dans l’univers.
«… J’ai maintenant davantage de sympathie et d’amour pour moi-
même. En devenant quelqu’un de meilleur, je peux réellement accomplir
quelque chose pour… changer une petite partie du monde. Peut-être est-ce
la seule chose dont je sois responsable — étrange pensée —, de quoi
d’autre me sentais-je responsable alors, et aujourd’hui ? Mais si les gens
aimaient la partie de la Terre qui constitue leur corps, ils se traiteraient
avec plus de douceur. Et la Terre le saurait. Tout comme je sens que le jour
sait quand je regarde l’aube se lever.
« J’allais retourner me coucher quand mes dernières lignes m’ont
soudain rappelé que je ressens encore la même chose que lorsque j’étais
petite fille ; qu’une partie de l’aube vient pour moi ; personnellement ; et
que, dans une certaine mesure, le temps n’existait pas avant que je naisse.
Ma naissance a introduit dans le monde un certain élément qui n’était pas
là avant. Et avec moi, j’ai apporté le temps. Cela se produit quand
quiconque naît, mais la plupart des gens ne le perçoivent pas — ou
semblent ne pas le percevoir… Ensemble, nous tous sur Terre, nous formons
le temps et contribuons à son style et à l’histoire. Ceci se produit chaque
fois que l’un de nous naît ou meurt. J’imagine que j’ai toujours ressenti les
choses ainsi.
« Je pensais que la vie était un don gracieux et que le monde naturel qui
va avec nous était aussi “donné”. J’ai toujours eu de la gratitude pour
cela. Je sentais que chaque personne avait un but, mais je ne pensais pas
qu’il fallait le chercher, car, très naturellement, je voulais écrire ; et c’était
cela mon but. Je ne me suis jamais posé de question à ce sujet. »

NOTES DE L’APPENDICE 1

[1] Jane a fait cette remarque pendant que nous parlions des « daemons »
ou esprits gardiens de Socrate. Le philosophe athénien (470 ? - 399
avant Jésus-Christ) croyait que le bonheur était le but, qu’il fallait être
« bien démonisé », et que la guidance pour la vie venait de Dieu.

[2]La voie mystique est l’un des systèmes naturels de retour d’information
qui opèrent entre le corps et la psyché, comme Seth nous le rappelle au
chapitre 10 de La Réalité personnelle. Voir la session 640 du 14 février
1973 : « L’expérience “mystique” naturelle, libre de tout dogme, est la
thérapie religieuse originelle qu’ont si souvent déformée les institutions
ecclésiastiques ; mais elle représente pour l’homme la reconnaissance
innée de son unité avec la source de son être, et avec sa propre
expérience. »
Deux ans plus tard, alors qu’elle travaillait sur le chapitre 22 de
Psychic Politics, Jane a elle-même écrit : « Personne n’a réellement
essayé de cartographier les contours naturels de la psyché. Peu de gens
même se demandent si c’est possible… Les visions qui ne sont pas en
accord avec les différents dogmes religieux et mystiques, qui ne sont pas
exprimées en termes de Christ, de Jéhovah ou de Bouddha, peuvent bien
représenter des brèches dans la représentation officielle, à travers
lesquelles filtre le miroitement d’une réalité intérieure… Mais là encore,
l’interprétation littérale [d’un événement psychique ou mystique] nous
poursuit. »

[3]Ainsi, quand elle avait 16 ans, Jane a écrit : « Les dieux ne se sont pas
égarés, et moi non plus ! » Et : « Je ne peux pas trouver le temps. J’ai
cherché partout… » Mais, à l’école, ses amis lui demandaient d’écrire
des poèmes d’amour pour leur « béguin » du moment.

[4]Publié en français par Exergue en 2001.


[5] Jane parle de sa profonde modification de conscience dans la partie 2
de Dialogues, intitulée « The Papers and Trips Through an Inner
Garden », et au chapitre 9 d’Adventures.
APPENDICE 2

Pour la session 680

(En mentionnant mon « moi sportif », Seth faisait référence à


l’information qu’il avait donnée sur trois de mes moi probables, lors d’une
session privée, le 30 janvier 1974 — quelques jours à peine avant de
commencer La Réalité « inconnue ». Cette session contient de nombreuses
visions me concernant, et qui, je le reconnais aujourd’hui, étaient
parfaitement exactes. Mais, même sans l’aide de Seth, d’intéressants
résultats peuvent découler d’une prise de conscience du concept de moi
probables : le lecteur peut commencer à envisager intuitivement ses propres
moi probables, ou ceux d’autres personnes avec lesquelles il est en étroite
relation psychique ou physique. Je ne parle pas ici de rationaliser
l’existence d’un ou plusieurs moi probables pour expliquer des
imperfections personnelles dans cette réalité-ci, mais de simplement nous
servir de cette idée pour élargir les notions fondamentales que nous avons
du potentiel humain. Voir la note 1 de la session 679.
Voici ce que me disait Seth au cours de cette session de janvier 1974 :)
Vous, par exemple, vous auriez pu exceller dans certains sports, alors
que Ruburt n’avait pas de tels penchants. En grandissant, vous avez choisi
de vous concentrer sur des activités artistiques alors que vous faisiez votre
apprentissage à des périodes et en des lieux divers — ainsi, vous avez
essayé et apprécié certains sports, ainsi que l’écriture ; et, au bout d’un
certain temps, vous avez opté pour le moi peintre en tant que focalisation
particulière sur laquelle vous alliez construire une vie.
Le sportif que vous auriez pu être aurait acquis, à partir des mêmes
antécédents disponibles, d’autres attitudes et idées qui auraient correspondu
à la conception qu’il avait de lui-même et à sa focalisation principale.
Avoir campé durant votre enfance est une expérience qui a constitué une
riche source de matériau que vous pouvez utiliser à votre guise. Le sportif,
l’écrivain ou l’artiste — chacun d’eux utiliserait cet antécédent-là
différemment mais à bon escient, d’une façon qui lui correspond
particulièrement.
Accordez-nous un instant… L’inventivité de votre père aurait aussi été
utilisée de la même manière, comme matériau source, quel que soit le moi
que vous auriez choisi de devenir. Il y a de nombreux choix. J’en examine
ici seulement trois pour vous montrer comment ces aspects premiers de
votre personnalité opèrent maintenant dans votre condition actuelle…
La peinture également, de façon innée maintenant, implique d’aller
dehors, même si vous peignez rarement d’après nature dans le paysage.
Néanmoins, vous seriez déterminé à être suffisamment libre pour le faire.
Ainsi, le sportif que vous auriez pu être vit encore suffisamment en vous
pour que vous restiez automatiquement svelte et agile.
La créativité de votre père, comme nous l’avons mentionné [dans des
sessions antérieures, non publiées], avait son côté secret, privé et
solitaire… vous vous êtes identifié de façon créative à sa nature privée. Le
moi écrivain est devenu latent, tout comme le moi sportif ; et pourtant, le
moi écrivain et l’artiste étaient étroitement liés. Vous avez parfois ressenti
des conflits. Il ne vous est jamais venu à l’esprit que les deux aspects
pouvaient se libérer mutuellement — s’illuminant l’un l’autre — et tous
deux s’épanouir. Au lieu de cela, vous les avez perçus comme étant
fondamentalement conflictuels. Le temps passé à écrire signifiait du temps
non consacré à peindre. Vous croyiez que le moi peintre devait être
protégé… tout comme vous sentiez que votre père devait protéger son moi
créateur dans la maisonnée…
Le temps est venu pour vous d’élargir votre focalisation. Vous devez
comprendre qu’il est futile de dire : « Pourquoi la compréhension prend-elle
tellement de temps ? » ou « Pourquoi avons-nous été dans une telle
opacité ? » ou bien encore, dans votre cas, « Pourquoi m’a-t-il fallu si
longtemps pour être un bon peintre ? »
Certaines prises de conscience ou illuminations, qui ne peuvent être
verbalisées, résultent de… la résolution de problèmes qui semblent ne rien à
voir avec les défis d’origine. Ces réalisations tout à fait imprévisibles
adviennent lorsque vous résolvez ce qui paraît être un problème principal.
Certains accomplissements découlent d’une situation donnée, même si, en
vos termes, le défi inhérent à cette situation peut sembler ne pas être résolu.
Il y a des niveaux imprévisibles de compréhension qui sont le résultat
créatif de certaines lignes d’action que vous adoptez. Ces résultats peuvent
exister, que la ligne elle-même paraisse avantageuse ou pas, et ils peuvent
même éclipser les bienfaits [qu’]une ligne couronnée de succès aurait pu
donner, en ces termes-là… Il semblerait alors que vous ayez fait des erreurs,
mais ces erreurs elles-mêmes sont créatrices et ont induit des probabilités
imprévues qui enrichissent — et changent — maintenant votre ligne de
conduite initiale.
Les capacités d’écriture de Ruburt se sont épanouies grâce à ses
expériences psychiques. Il en va de même pour vous en peinture… La
percée psychique ne s’est pas opérée à partir de rien. Vos natures les plus
profondes l’ont appelée dans votre réalité commune, depuis la séquence
probable — pour une raison, parce que chacun de vous savait qu’elle
pouvait vous aider à développer au maximum vos aptitudes respectives, et
aussi aider les autres.
APPENDICE 3

Pour la session 681

(Jane trouve ses sensations « massives », comme elle les qualifie, non
seulement psychiquement instructives mais, en fait, exaltantes lorsqu’elles
englobent des états de conscience révélateurs ou transcendants. Un jour
d’avril 1973, elle a vécu une belle série de rencontres avec cette dimension
massive, dont beaucoup incarnaient ces qualités supplémentaires ; voir son
propre compte rendu de cette aventure dans les notes de la session 653, au
chapitre 13 de La Réalité personnelle.
Dans mes propres notes précédant la session 39 du 30 mars 1964, j’ai
décrit le premier état massif dont Jane a fait l’expérience après le début des
sessions avec Seth. Ce matériau contient des passages qui présentent ici un
intérêt particulier, et je les ai rassemblés dans les extraits ci-dessous.
« À 20 h 45, je suis entré dans le salon afin de réveiller Jane pour la
session du soir. Elle est restée calmement allongée sur le canapé, les yeux
clos, mais au bout de quelques minutes, elle m’a dit qu’elle venait juste
d’être visitée par une sensation des plus étranges. D’après sa description,
j’ai pensé qu’elle avait pu explorer un potentiel lié aux sens intérieurs.
Jusqu’à présent, Seth n’en a expliqué que six. [Des années plus tard, Jane
allait énumérer neuf sens intérieurs, au chapitre 19 du Matériau de Seth.]
Jane m’a dit qu’en se réveillant lentement de sa sieste, elle avait eu la
sensation très bizarre de “se dilater”. L’expression amusante qu’elle a
employée était qu’elle se sentait “grosse comme un éléphant”. Les limites
de sa conscience semblaient s’être élargies. En écartant les mains au
niveau de sa tête, elle a indiqué une largeur de près d’un mètre ; sa tête lui
avait littéralement paru aussi large que cela.
« Jane a ajouté que, lorsque nous fermons les yeux, nous nous rendons
compte d’une certaine “zone noire” qui nous est familière. Pendant qu’elle
était dans cet état inhabituel, cette zone était beaucoup plus vaste — elle a
employé les mots “infiniment large” pour la décrire. Elle a précisé que
c’était comme si ses yeux s’étaient réellement écartés l’un de l’autre pour
créer ce champ élargi de conscience, d’un noir infini. Elle n’avait pas senti
quoi que ce soit se produire dans cette zone, mais elle pensait que cela lui
aurait été possible avec plus de connaissance et d’expérience. Elle n’avait
pas eu peur de cette sensation et l’avait suivie. Celle-ci avait disparu
lorsqu’elle avait ouvert les yeux, pourtant la sensation physique
d’élargissement avait été si forte qu’elle ne faisait aucun doute.
« Alors que nous discutions, Jane a soudain annoncé que son
expérience lui avait rappelé qu’elle avait déjà eu par deux fois des
sensations d’élargissement similaires. Cela s’était produit avant le début
des sessions, fin 1963 ; l’une, il y a six mois environ, disons en
octobre 1963, et l’autre plus d’un an auparavant, peut-être en mars 1962.
Elle ne pouvait pas se souvenir des dates avec certitude. Les deux fois, cela
s’était passé au moment où elle se réveillait d’une sieste, alors qu’elle avait
encore les yeux fermés. Aucun de ces deux évènements ne lui avait fait
autant d’impression que son expérience de ce soir, car elle n’avait pas
perçu alors l’étrange noir infini, à l’intérieur de la zone dilatée du crâne.
Comme elle était seule à chacune de ces occasions, elle avait oublié de
m’en parler. »
Dans cette session 39, Seth a confirmé que Jane avait expérimenté l’un
des sens intérieurs. De façon surprenante, elle s’était mise à l’écoute d’un
sens dont il ne nous avait pas encore beaucoup parlé :
L’expansion ou la contraction du Tissu-capsule.)
Je suis plutôt surpris que Ruburt soit tombé sur ce sens-là maintenant,
car c’est d’habitude une faculté à laquelle il est assez difficile d’accéder…
Ruburt en a fait l’expérience à un niveau physique, en essayant de traduire
des données intérieures en une sensation susceptible d’être reconnue par les
sens extérieurs. Ce septième sens intérieur représente une extension du moi,
un élargissement de sa compréhension consciente… ou une concentration
en… une minuscule capsule qui rend le moi capable de pénétrer d’autres
champs.
(Et voici un extrait de la session 40.) Le tissu-capsule est en fait une
limite de champ d’énergie… Il protège aussi le moi complet de certaines
radiations qui ne vous concernent pas ici. Aucune conscience vivante
n’existe sur aucun plan sans ce tissu-capsule qui l’enferme… Pour certains
habitants d’autres plans [réalités] qui ont accès au vôtre, tout ce qu’ils
peuvent voir de vous est cette capsule, puisque ces êtres n’ont eu aucune
expérience dans votre type particulier de construction [physique] de
camouflage. Vos modèles de camouflage leur sont donc invisibles, mais pas
les tissus-capsules [1].
Vous pouvez voir ces capsules dans certaines circonstances, et vous leur
avez donné le nom de corps astraux… une expression qui ne me plaît pas
vraiment…
(Jane a donc fait l’expérience d’une modeste série d’évènements
médiumniques inhabituels avant le début des sessions elles-mêmes ;
certains détails à leur sujet ont été fournis dans des notes antérieures. Ses
premières sensations massives en mars 1962 [environ] ont été suivies en
1963 par d’autres phénomènes, tels que nos expériences à York Beach en
août ; la réception par Jane de Idea Construction en septembre ; ses
sensations massives vers le mois d’octobre ; le plan qu’elle a élaboré pour
son livre ESP Power [ou The Coming of Seth], fruit de l’aventure de Idea
Construction ; et le début de ces sessions en novembre, quand nous avons
tenté certaines des expériences énumérées dans son plan [comme Jane
l’explique dans le chapitre 1 du Matériau de Seth]. Jusqu’à l’épisode de
Idea Construction, nous n’avions jamais pensé qualifier l’un de ces
évènements de « médiumnique ». Les énumérer comme je l’ai fait ici aurait
tendance à les séparer du flot de visions que l’on trouve dans les poèmes de
Jane depuis son enfance ; il est évident que, en fait, tout ceci est lié.
Et pour finir, je note que j’ai eu moi-même au cours de ces dernières
années certaines expériences en rapport avec le septième sens intérieur.
Elles ont été très agréables, mais pas aussi profondes que celles de Jane.
Pendant que j’étais plongé dans ces expériences, j’ai toujours été
exceptionnellement sensible aux sons.)

NOTES DE L’APPENDICE 3

[1] Seth avait plus à dire sur les perceptions entre diverses réalités, dans la
session 42 du 8 avril 1964 : « … les formes varient sur des plans
différents, elles sont visibles ou invisibles en fonction de votre propre
situation. Une forme que vous pouvez percevoir comme solide peut être
vue simplement comme une unité électrique sur un autre plan, ou
comme une couleur sur un troisième plan. Vous, par exemple… êtes
perçu par d’autres sur d’autres plans en ce moment, mais ils ne vous
voient pas sous la forme qui vous est familière.
« L’univers, tel que vous y pensez, contient d’innombrables plans, qui
occupent, en vos termes, la même quantité d’espace. Les formes à
l’intérieur de ces plans sont constamment en mouvement, comme les
planètes elles-mêmes. Il y a un continuel échange d’énergie et de
vitalité, en d’autres termes, de molécules et d’atomes réels entre un plan
et un autre… l’interaction et le mouvement ne serait-ce que d’un seul
plan au travers d’un autre produit des effets qui seront perçus de
différentes manières… du fait de frontières nécessairement déformantes,
qui ressemblent dans certains cas à un courant, comme si un plan était
entouré d’eau ou, dans d’autres cas, à une charge électrique. Mais sur
chaque plan, les effets… de cet échange d’énergie adopteront le
camouflage [l’apparence physique] de ce plan-là.
« En se servant des sens développés sur un plan particulier pour
percevoir ces modèles de camouflage caractéristiques, il est
pratiquement impossible de voir au-delà de ces effets frontaliers. Les
sens intérieurs sont naturellement équipés pour cela, mais pour de
nombreuses raisons, ils ne le font pas. L’apparence d’un univers en
expansion est donc aussi causée par l’effet déformant des frontières.
« Dans certains cas, la distorsion peut être comparée au reflet d’un arbre
solide dans l’eau. Les sens externes, en observant le reflet, peuvent
essayer d’estimer la profondeur de l’eau par la hauteur de l’arbre, en
supposant qu’elle est aussi profonde que l’arbre est haut… »
APPENDICE 4

Pour la session 685

(Comme cela lui est arrivé souvent ces derniers temps, Jane s’est
retrouvée, après la session 685, à transmettre un matériau de Seth pendant
son sommeil. Cette fois-ci, son implication était si vive et déterminée que je
lui ai demandé le lendemain matin d’en faire elle-même le compte rendu
afin de le présenter intégralement dans cet appendice. Cette requête a
conduit à des résultats très intéressants et créatifs. Voici ce qu’a écrit Jane.
« 26 février 1974. Depuis la première session avec Seth concernant ce
livre [la 679] — et avant que nous sachions qu’il s’agissait d’un livre —,
j’ai reçu, après chaque session, du matériau à ce sujet pendant mon
sommeil. Cela m’est arrivé aussi certains soirs où il n’y avait pas eu de
session. La nuit dernière, les choses se sont déroulées différemment, même
si, maintenant, je ne me souviens pratiquement de rien. Je sais simplement
que je “me suis réveillée” en me disant avec colère : “Ma conscience ne
peut tout simplement pas gérer… ce truc… cette façon-là” ou quelque
chose de ce genre. Je suis sûre de la première partie de cette phrase mais
pas de la fin. Le matériau portait sur les probabilités. Je pense en avoir vu
une partie écrite — étais-je en train de l’écrire ? En tout cas, je recevais
trop de matériau en même temps. Je ne savais pas… où le mettre… ou
comment l’exprimer avec mon type de conscience.
« À présent, je me souviens d’une chose : j’obtenais tout un paquet de
matériau et il était multidimensionnel. J’étais dans la confusion. Je pensais
qu’une partie du matériau m’arrivait mêlée à des éléments qui avaient déjà
été donnés… mais d’une… façon probable. À cause de cette dimension
supplémentaire, je ne voyais pas comment cela pourrait être inséré dans un
manuscrit normal. C’est à ce moment-là que je me suis mise en colère et
que je me suis réveillée. En ouvrant les yeux, j’ai compris que le matériau
n’avait pas encore été donné dans La Réalité “inconnue” — bien que, dans
mon sommeil, j’avais été certaine du contraire.
« Tout cela a duré un certain temps, jusqu’à ce que je me réveille enfin
avec mes objections. Plusieurs fois auparavant, je m’étais également
réveillée, puis m’étais assise et avais fumé une cigarette. À chaque fois que
je me rallongeais, le matériau commençait à venir. Alors ce coup-ci, j’ai
dit : “Maintenant écoutez, Seth. Si vous voulez m’emmener dans certaines
de ces probabilités, c’est bien ; c’est vous qui me montrez le chemin ; mais,
quelle que soit la chose que nous faisons, ma conscience a un mal de chien
à la gérer.” Puis, je me suis endormie et le matériau s’est arrêté. »
Moins d’un quart d’heure après que Jane eut fini d’écrire ces lignes,
elle a spontanément rédigé un second texte, plus long. Elle l’a écrit dans un
état modifié de conscience — malgré une certaine réticence de sa part,
comme le montreront des notes ultérieures. Mais voyons d’abord de quoi il
est question : Jane considère que la méthode de réception de ce matériau,
ainsi que son contenu, représentent pour elle des percées capitales et,
puisque cette réception et ce contenu ont un rapport avec La Réalité
« inconnue », nous allons présenter ici d’importantes parties de ce texte.
« 26 février 1974. Je reçois quelque chose comme ceci… Les données
nous arrivent de façon multidimensionnelle, avant d’être tamisées à travers
des connexions nerveuses, où elles sont transformées en une expérience
segmentée ou échelonnée dans le temps. Ensuite, elles pénètrent dans notre
réalité [physique] probable (qui elle-même change tout le “temps”). Nous
possédons de façon inhérente, des poches, ou zones séparées d’expérience
(biologiquement valides au sein des “caractéristiques” des cellules), des
bassins latéraux où les informations se rassemblent pour être traitées,
avant de passer dans le “réservoir officiel de la conscience”.
« Il existe des moyens permettant de contourner ce processus et de
plonger directement dans ces bassins latéraux.
« La mémoire habituelle est, entre autres, un processus de filtration où
l’intensité de l’expérience varie — qui peut être neurologiquement
“vivante” ou non — pour permettre à notre conscience de se focaliser sur
une action, ou une série, probable. (Au moment de taper ceci à la machine,
j’ajoute que nous oublions tout ce qui n’est pas pertinent pour la série
d’actions probables que nous avons choisie. La psyché connaît ses propres
parties. Seth l’affirme dans ses livres, mais nous posons à la psyché les
mauvaises questions.)
« Dans ces bassins latéraux, la mémoire, comme nous l’appelons, n’est
pas aussi structurée. Ses éléments vivants toujours présents sont apparents,
et se développent. Son matériau est toujours frais. Ici, le passé se produit
encore. D’ordinaire, nous en faisons l’expérience à travers des connexions
neurologiques ; c’est à ce moment-là qu’il semble net ou vivant mais, en
fait, il l’est tout le temps. Le mouvement et les actions passés se poursuivent
encore, ils ne se reproduisent pas — c’est difficile à expliquer —, mais ces
actes passés continuent d’explorer d’autres probabilités, pendant que notre
système nerveux nous focalise sur la réalité [physique] probable que nous
avons choisie. Pour nous, ces autres actions semblent terminées… mais
c’est seulement parce qu’en général, nous ne pouvons pas les suivre.
« L’écriture elle-même, en tant que forme linéaire, impose ici des
limites.
« Ces probabilités “passées” ne prennent pas corps, en nos termes,
mais elles sont brillamment focalisées sur leur propre vie. Dans
l’expérience de Saratoga [1], je me suis sentie fantomatique parce que, là-
bas, j’étais une probabilité future… À certains niveaux de conscience, en
contournant l’activité et l’impact neurologiques directs, vous pouvez avoir
un aperçu d’autres parties de votre propre expérience probable — à la fois
dans le futur et le passé.
« En utilisant ces poches latérales, ou bassins, dans lesquelles les
données n’ont pas encore été traitées, en nos termes, vous pouvez saisir
plusieurs autres fils de votre propre conscience “en même temps”, même
s’il peut s’avérer difficile de les retenir. Expliquer l’expérience à la
conscience normale aide automatiquement celle-ci à s’élargir, de sorte que,
à chaque fois, le processus devient plus facile. Jusqu’au stade où, avec de
la pratique, il est possible de maintenir simultanément l’expérience et les
données provenant de plusieurs zones. La difficulté ensuite est de traduire
cela en termes linéaires, d’où le problème qu’a rencontré Ruburt dans
l’épisode de Saratoga. »
Par la suite, Jane m’a dit qu’au moment où elle écrivait ce passage, elle
a commencé à entrer dans un autre état modifié de conscience, difficile à
définir, « étrange ». Elle s’est aussi mise à écrire en parlant d’elle-même à
la troisième personne. Les mots « Ruburt », « lui », « il » ont fait leur
apparition ; toutefois [comme elle l’a noté dans une note ultérieure], elle
n’était pas en train de capter Seth.
« Maintenant, physiquement, une action neurologique est un code pour
d’autres actions dont on ne peut pas en général faire l’expérience
simultanément, à cause de la sélectivité mentionnée précédemment [2].
« L’aventure fantomatique, décentrée, de Saratoga, a contourné et
brouillé les processus neurologiques habituels, permettant à Ruburt de se
faufiler à travers eux. Le brouillage est — était — également nécessaire
pour l’aider à distinguer une réalité autre que celle normalement acceptée,
en particulier au début d’une activité de ce type. Ruburt s’est branché sur
des matérialisations neurologiques probables… qui sont des images
fantômes inhérentes à la structure nerveuse normale… des connexions
latentes qui font biologiquement partie des réalités des cellules. Il est entré
dans d’autres sélectivités. Dans la plupart des circonstances, le réel impact
complet a bien peu de chances de se produire, bien que divers degrés
d’interception et d’entrecroisement puissent avoir lieu.
« La difficulté, la colère et l’impatience de Ruburt, la nuit dernière [3],
provenaient de problèmes initiaux de traduction d’une expérience
multidimensionnelle en termes linéaires et en schémas de pensée. Un
matériau frais était effectivement en train de naître à nouveau dans le
passé, mais Ruburt ne savait pas comment faire entrer cela dans son
schéma temporel. »
On trouve ici, dans le dernier paragraphe, une indication pertinente, à
laquelle Jane est parvenue sans interroger Seth : depuis le début de La
Réalité « inconnue », elle a souvent fait l’expérience de ce genre de défis de
traduction — d’où ces phrases qu’elle prononce souvent avant le début des
sessions [depuis la 679] quant au fait de parvenir à « cette focalisation
claire particulière » ou à « l’endroit le plus clair dans la conscience » avant
de commencer à parler pour Seth.
J’ai fait travailler Jane ! Cet après-midi-là, après avoir discuté de son
second texte de la journée, je lui ai demandé de rédiger une description des
circonstances entourant sa réception. Alors, pour la troisième fois, elle a
commencé une page avec la même date.
« 26 février 1974. À la demande de Rob, j’ai écrit ce matin un compte
rendu de l’expérience que j’ai faite en état de sommeil profond, la nuit
dernière. Aujourd’hui, mardi, je donne mon cours de perception
extrasensorielle, ce qui veut dire que je dispose d’un peu moins de temps
pour écrire ; donc, après avoir donné à Rob ma brève description, j’avais
l’intention de taper à la machine un chapitre d’Adventures in
Consciousness [4]. Dernièrement, j’ai eu moins de temps pour écrire à
cause de diverses activités d’ordre professionnel et également parce que
j’ai essayé de mettre à jour mon courrier. J’étais donc particulièrement
décidée à me remettre à mon livre Adventures.
« Au lieu de cela, j’ai senti que j’entrais dans un autre niveau de
conscience. J’ai maugréé pendant une minute, me demandant si j’acceptais
de me laisser emporter ou si je décidais de couper court et de taper à la
machine. Puis, je me suis dit que quelque chose d’important était peut-être
sur le point de se produire ; et je “savais” que, quelle que soit cette chose,
elle était liée à mes expériences de la nuit passée. Alors j’ai laissé faire et
écrit mon deuxième texte de la journée.
« Ce faisant, je me suis sentie légèrement exaltée. Dans des moments
pareils, ma conscience éprouve une sensation douce, une aisance. Pourtant,
je me rendais compte aussi que j’avais éprouvé le même type de réticence
durant mon sommeil, la nuit dernière ; comme si j’essayais de faire quelque
chose… de difficile ou de traduire une information qui était plus éloignée
que d’habitude de nos concepts ordinaires. Je me sentais presque
récalcitrante, comme un enfant sans enthousiasme qui désire entreprendre
quelque chose tout en refusant de faire un effort. L’aisance a toutefois pris
le dessus.
« Vers la fin du matériau [du second texte], j’ai brièvement pensé que le
niveau de Seth entrait peut-être en jeu, mais la formulation ne jaillissait pas
de façon aussi automatique et fluide qu’avec lui, et je ne percevais pas sa…
personnalité. L’information faisait pourtant référence à moi en tant que
Ruburt, ce qui signifie automatiquement qu’elle provenait d’un niveau
“supérieur” à celui de Ruburt ou différent du sien. Je n’aime cependant pas
les connotations suscitées par mon emploi, ici, du mot “supérieur”.
« En fait, je pense que l’expérience d’aujourd’hui était un type différent
d’approche de ce qui m’est arrivé quand je dormais la nuit dernière…
Après avoir relu tout ce matériau, je vois qu’à ces deux occasions, j’ai
expérimenté le processus qu’il décrit — en essayant de m’immerger
directement dans un “bassin latéral” de données et de contourner les
connexions neuronales habituelles. »
Pour conclure, Jane dit qu’il y a ici beaucoup à apprendre, à condition
qu’elle puisse trouver le temps de l’étudier. Une question intéressante se
pose : d’après les sensations dont elle a parlé vers la fin de son troisième
compte rendu, Seth lui-même n’est à l’évidence pas représenté [ni appelé]
par un tel réservoir de la conscience — alors quelle sorte de connexion
peut-il avoir ou a-t-il avec l’un d’eux ? Nous ne l’avons pas encore
demandé.

NOTES DE L’APPENDICE 4

[1] La description que donne Jane de son « expérience de Saratoga »,


comme elle l’appelle, se trouve dans les notes qui précèdent la session
685. Voir le premier paragraphe.

[2] Se reporter une fois encore à la session 682, à 22 h 36.

[3] Voir le second paragraphe des notes qui précèdent la session 685.

[4] Voir la note 5 de la session 680.


APPENDICE 5

Pour la session 686

(Cet appendice est une extension des notes situées au début de la


session 686.
21 h 10. Jane commence sa propre dictée avant la session de ce soir, en
disant qu’hier, lorsqu’elle tapait ses comptes rendus [pour l’Appendice 4],
elle « recevait des aperçus » de certains des concepts dont Seth allait parler
dans La Réalité « inconnue » —, mais que ceux-ci disparaissaient
immédiatement de sa conscience, de sorte que la seule chose qui lui est
restée est la connaissance du fait qu’elle a eu cette vision.
Elle a commencé à produire son propre matériau dès que nous nous
sommes assis pour la session et il m’a fallu quelques instants avant d’être
prêt avec mon stylo et mon bloc-notes. Mais ensuite, j’ai pu prendre en
notes la plupart des choses qu’elle a dites ; ce qui suit est donc assez
proche d’une transcription mot à mot.

« Maintenant, je reçois des idées de tant d’endroits en même


temps, si rapidement, que je ne peux pas les exprimer toutes. J’ai
besoin que tu me viennes en aide, que tu me demandes “qu’est-ce
qui se passe maintenant ?”, pour me maintenir focalisée sur un
canal… Étant donné que nos habitudes mentales bloquent
automatiquement ce genre de matériau, nous reconnaissons
uniquement une seule série d’évènements neurologiques — il faut
du temps au message pour franchir les terminaisons nerveuses [les
synapses]. Nous ne reconnaissons qu’une seule vitesse. D’autres
messages jaillissent trop vite ou trop lentement pour que nous nous
focalisions sur eux. En modifiant notre conscience comme
j’apprends à le faire maintenant, nous pouvons cependant aligner
nos focalisations sur ces autres messages “fantomatiques”, qui sont
tout aussi réels que la validité neurologique que nous avons
l’habitude d’accepter. »

À présent, Jane dicte de façon régulière, presque comme quand elle


parle pour Seth.

« Maintenant, tout ce que je viens de dire m’est venu en un éclair


pendant que j’attendais que tu écrives ce que tu viens d’écrire ;
mais ce que j’ai reçu à l’origine était comme une pelote de fil. Et à
mesure que j’expliquais, le fil se déroulait en mots…
« J’ai eu toutes sortes de flashs soudains du même ordre quand je
faisais la vaisselle [il y a moins d’une demi-heure] — à propos du
livre de Seth, et bizarrement, j’avais du mal à recevoir ce matériau
du livre. C’était nouveau, peut-être ; cela faisait entrer en jeu des
concepts qui, en eux-mêmes, allaient à l’encontre du fil de la pensée
consciente habituelle, laquelle veut avancer de manière consécutive.
C’était comme si ma conscience tentait d’utiliser une nouvelle
forme d’organisation — pour moi, pour le matériau — et cela ne
m’est donc pas familier. Aucun langage scientifique n’y serait
employé — non pas que j’en connaisse —, mais il structurerait ce
que j’essaye de faire ; et involontairement peut-être, cela pourrait
m’enfermer dans un dogme scientifique sans que je m’en aperçoive.
Par ailleurs, cela constituerait une difficulté inutile pour le lecteur,
qui pourrait penser qu’il lui faut connaître un vocabulaire
particulier. L’emploi d’un langage normal mettrait autant que
possible les idées à la portée d’une personne ordinaire. Bien que la
plupart des gens puissent avoir besoin de faire un certain travail
pour comprendre le matériau, ils ne rencontreraient pas les
inévitables difficultés dues au vocabulaire. »

21 h 24.

« Maintenant, pendant que je donne tout cela, je suis dans une


certaine forme d’état modifié de conscience, que je ne peux pas
vraiment identifier. Ce qu’il a de si étrange, j’imagine, c’est que je
ne semble pas capable de poser des mots dessus. » (Jane rit de sa
syntaxe embrouillée.) « Je ne peux pas le capter, et c’est la raison
pour laquelle ça peut être exaspérant d’en parler. Je sens cependant
que tout ceci fait partie de la session de ce soir. »

Elle rit à nouveau.

« J’ai aussi l’horrible sentiment que je vais recevoir de Seth


certaines instructions sur ce que je dois faire physiquement pour
obtenir ce matériau, et donc pour contrebalancer cette nouvelle
façon de recevoir les choses… mais ne mets pas cela dans les
notes…
« J’ai pratiquement le sentiment que si tu me demandais à
n’importe quel moment de la journée “Jane, qu’est-ce que tu reçois
maintenant ?”, je pourrais me brancher sur n’importe laquelle de
ces zones d’information et te le dire… Quand les messages
franchissent les terminaisons nerveuses, ils forment certaines
pulsations ; nous reconnaissons celles-ci comme des messages et
ignorons toutes les autres. J’ai l’impression d’être en train
d’apprendre à sauter entre les pulsations déjà identifiées et à capter
celles qui sont habituellement inaccessibles. Essayer de verbaliser
tout cela est très difficile. »

Une fois que de nouveaux développements dans les capacités


psychiques de Jane commencent à se manifester, on peut faire un retour en
arrière pour en trouver les origines possibles. Je dirais que sa prise de
conscience de canaux multiples est née de sa perception initiale des canaux
accessibles à partir de Seth, comme cela est décrit dans la session 616 du
chapitre 2 de La Réalité personnelle ; et que son matériau sur la vitesse des
connexions neurologiques est en lien avec les observations de Jane, notées
par Sue Watkins dans Seth parle ; voir la session 594 dans l’appendice de
cet ouvrage. Je pense également qu’une recherche approfondie dans les
sessions antérieures mettrait en lumière de nombreux autres indices,
laissant prévoir les deux éventualités.
J’aimerais ajouter ici que le flot de matériau provenant de Jane ces
derniers temps, qu’elle soit en transe ou non, est extraordinaire — et je suis
pourtant habitué à ses puissants élans d’activité créatrice. Cet afflux de
matériau semble être sans fin. Jane a été également très active dans ses
cours de perception extrasensorielle ce mois-ci, avec de longs chants en
sumari — qui est son propre langage musical de transe [1] — et de longues
sessions où elle parle pour Seth dans chaque classe ; les transcriptions de
certaines de ces sessions correspondent à cinq ou six pages
dactylographiées. Transmettre tout ce matériau nécessite pas mal de temps
et une grande énergie physique…)

NOTES DE L’APPENDICE 5

[1] Une grande partie du matériau en sumari se trouve dans le chapitre 7


du livre de Jane Adventures et dans l’appendice de son roman intitulé
The Education of Oversoul Seven.
APPENDICE 6

Pour la session 687

(Hier, dans la partie magazine d’un grand quotidien, Jane et moi avons
lu un long article sur l’évolution de l’homme ancien — « ancien » voulant
dire ici « homme véritable », apparu il y a environ 2,5 à 3 millions
d’années. En dehors de la question de savoir si « l’évolution » en termes
linéaires a été scientifiquement prouvée ou non [sujet à propos duquel Jane
et moi émettons de nombreuses réserves], cet article nous a attirés, car
nous pensions que ses informations « factuelles » pouvaient compléter
certains matériaux de Seth relatifs à La Réalité « inconnue ». Nous avons
cependant tous deux été plus énervés qu’informés ; il nous semblait que,
même dans ses propres termes, ce texte contenait de nombreuses
conclusions injustifiées, fondées au mieux sur des preuves très ténues — et
des suppositions.
Tout en regardant la télévision, hier soir, nous avons à plusieurs
reprises parlé de la banalité de pensée qui prévaut dans l’article. Puis,
alors que nous étions sur le point d’aller nous coucher, Jane a annoncé
qu’elle « recevait » une information au sujet de l’homme ancien — mais qui
ne provenait pas nécessairement de Seth. Elle m’a demandé si je voulais
qu’elle continue. Nous étions tous deux fatigués, mais je me suis dit que
cela pouvait peut-être déboucher sur un épisode similaire à celui dont elle
avait fait l’expérience avant la session précédente, lorsqu’elle avait dicté
un matériau sur les différentes actions ou vitesses neurologiques qu’elle
percevait [voir l’Appendice 5]. L’opportunité de ce soir, par rapport à un
sujet ayant pour nous un tel intérêt, mettait en jeu quelque chose de bien
trop précieux pour que nous la laissions passer sans l’examiner. J’ai trouvé
un stylo et du papier dans le bureau de Jane. Nous nous sommes assis à
00 h 10.
Dans ce livre, me dit Jane, il y aurait un matériau sur :
1. L’homme parallèle
2. L’homme alternatif
3. L’homme probable [1]
Elle a ajouté que sa situation, ce soir, ressemblait à celle qu’elle avait
mentionnée dans son texte présenté dans l’appendice 5. Elle était ouverte à
mes suggestions : si je l’y poussais, elle pouvait directement débuter une
session et obtenir l’information. Voici ce qu’elle a dit ensuite.
« Pendant longtemps, ces variétés d’hommes anciens ont partagé notre
Terre et notre histoire, en des termes qui ont varié. À notre époque, toutes
les différentes sortes de conscience auxquelles nous pouvons nous ouvrir
sont ici avec nous… certaines d’entre elles nous apparaissant comme des
états pathologiques…
« Tout ce qui ne ressemble pas à une conscience habituelle, nous le
considérons comme pathologique, d’une façon ou d’une autre. Beaucoup
d’individus présentent des variations qui correspondent à de futurs
développements de la conscience ; nous sommes en train d’expérimenter
ces probabilités… Il y a en fait des “espèces” de conscience, mais nous ne
les reconnaissons pas comme telles. Elles façonnent pourtant notre histoire
neurologique. »
00 h 19. « Certaines des expérimentations avec les hommes-animaux
n’ont pas réussi selon nos lignes historiques, mais des mémoires
fantomatiques de ces probabilités demeurent encore dans notre structure
biologique et, en nos termes, peuvent être activées selon les circonstances.
« La croissance de la conscience de l’ego a, quant à elle, fait surgir à la
fois des défis et des limitations. Elle signifiait nécessairement que l’homme
émergeant dans ce contexte-là devait abandonner une certaine forme de
compréhension animale qui, dans l’ensemble, était extrêmement précieuse,
mais risquait d’inhiber le développement de l’ego… Pendant de nombreux
siècles, il n’y a pas eu de différenciation nette entre diverses espèces
d’hommes et d’animaux… Il y a eu aussi, bien sûr, des développements
parallèles dans l’émergence de l’homme physique. Pendant de nombreux
siècles, il y a eu d’innombrables espèces d’homme-en-formation, en vos
termes ; diverses postures, et même divers types de manipulation, ainsi que
des modifications dans la taille du cerveau et son activité. Chez certaines de
ces espèces, différents types de facultés sensorielles prédominaient. Dans le
même temps, un grand échange avait lieu, à tous les niveaux — y compris
avec la végétation par exemple — de telle sorte qu’ensemble, les créatures
et la Terre atteignaient le type de stabilité le plus approprié à la forme
particulière des développements qui devaient émerger.
« Les races que vous connaissez sont un pâle rappel de ces différences
et activités plus vastes. »
00 h 27. Jane marque une pause. Elle dit qu’elle pourrait continuer,
mais nous décidons de terminer ici sa dictée, avec quelques regrets. Comme
je n’ai pas suggéré que Seth se manifeste, nous pouvons voir ce qu’elle a
produit sans lui. « Bien, commente-t-elle, j’ai livré le matériau alors que
j’étais dans un état modifié de conscience, mais je ne sais pas d’où il
provenait. Il ressemble à celui de Seth, mais il est aussi vraiment étrange.
C’est comme ce que j’ai reçu l’autre jour. Peut-être suis-je en train de
m’ouvrir maintenant, de sorte que je peux obtenir une partie des
informations de cette manière, ainsi qu’à travers Seth. Une expérience
étrange… »
Par « l’autre jour », Jane fait référence à la demi-heure qui a précédé
la session 686, mercredi dernier, lorsqu’elle a dicté ce qui se trouve dans
l’Appendice 5 [mais voir également l’Appendice 4 en lien avec la session
685].
Certaines parties de l’article dans le journal d’hier parlaient des
récentes découvertes de fragments de squelettes en Afrique de l’Est,
indiquant la coexistence de plusieurs variétés d’hommes anciens et de
préhominiens ; ces derniers étant des créatures qui ressemblaient beaucoup
à l’homme mais dont le cerveau, croyait-on, était similaire à celui des
grands singes. À peu de chose près, l’article va dans le sens du matériau
qu’a donné Jane quelques heures plus tard. Son matériau cependant n’était
pas influencé par ce qui était dit dans l’article, car, environ un an
auparavant, Jane en tant que Seth avait transmis une session pour La
Réalité personnelle, portant sur le mélange animal homme : la session 648
du 14 mars 1973, au chapitre 12. Selon moi, ce que Jane a développé ce
soir se basait sur cette session-là — en particulier sur les impressions
qu’elle avait données à l’époque, pendant la pause de 23 h 30, sur les
« animaux médecins, un pont entre les animaux et les êtres humains ». Mais
par la suite, pendant quelques années, Seth a réitéré le fait que, même en
nos termes, il n’y a pas de chemin d’évolution bien défini, conduisant de
notre ancien état à notre état actuel.)
NOTES DE L’APPENDICE 6

[1] On pourrait dire que Seth en personne a fourni ce matériau de Jane


quand, lors de la session 681, il a parlé des événements parallèles, des
réalités alternatives ainsi que des moi et mondes probables.
APPENDICE 7

Pour la session 689

(Le matériau qui suit traite notamment de ce qui découle de certains


effets décrits dans La Réalité personnelle ; voir mes notes de la session 616,
qui font le lien entre les chapitres 2 et 3 de ce livre. Cette session a eu lieu
le 20 septembre 1972, et les notes auxquelles je fais référence concernent
un nouveau développement dans les aptitudes de Jane : sa première
réalisation du fait qu’à certaines occasions au moins, elle avait accès à
plusieurs canaux d’information provenant de Seth, et non plus un seul. Elle
avait même dit qu’elle croyait que « Seth pourrait produire trois livres en
même temps, un chapitre de chacun d’eux à la fois, sans qu’il y ait la
moindre confusion entre eux ».
Après cette session [1], Jane a eu d’autres perceptions des multiples
canaux de Seth pendant qu’elle continuait à dicter La Réalité personnelle ;
nous avons cependant continué de considérer ce nouveau développement
comme ayant surtout un intérêt théorique. Près de dix-huit mois ont passé.
Puis, au matin du 10 mars — dimanche dernier —, nous avons appris que
nous devions peut-être reconsidérer l’idée que Jane en tant que Seth puisse
produire plus d’une œuvre majeure à la fois ; car ce jour-là, elle a reçu les
grandes lignes d’un autre livre, tout en apprenant qu’elle aurait besoin de
l’aide de Seth pour l’écrire. Le titre de cet ouvrage est La Voie de la santé.
Au moment même où cela s’est produit, Jane a écrit, puis m’a dit par la
suite, qu’elle avait pratiquement senti que « ce livre pourrait être La Réalité
personnelle numéro 2 ». Elle a ajouté que l’expérience qu’elle avait vécue
en « l’obtenant » était liée non seulement à sa faculté de percevoir que
plusieurs matériaux de Seth étaient parfois disponibles, mais aussi à sa
propre façon de capter l’information sur les vitesses neurologiques, à la fin
du mois dernier. Cet épisode avait eu lieu juste avant qu’elle transmette la
session 686 pour ce volume de La Réalité « inconnue » et il est décrit dans
l’Appendice 5.
Dès qu’elle a réalisé ce qui se passait ce dimanche-là, Jane a tapé à la
machine aussi vite qu’elle a pu trois pages de résumé ou de grandes lignes
de La Voie de la santé, en y incluant les têtes de chapitre ; puis, elle a
exposé très brièvement la façon dont tout cela lui était venu. Nous
présentons ci-dessous son témoignage et quelques-unes des grandes lignes
concernant la santé, afin de montrer quelques-unes des autres activités
qu’elle a menées pendant qu’elle produisait La Réalité « inconnue ». Tout
ce qu’elle a reçu jusqu’à maintenant à propos du livre sur la santé se trouve
dans un dossier prêt à servir, si elle choisit de donner suite à cette nouvelle
idée.
Pour l’instant, je dirais que ni elle ni moi n’y sommes très enclins. Nous
avons beau connaître les aptitudes créatives uniques de Jane, il se peut que
nous soyons tous deux quelque peu hantés par l’idée de ne pas être
consciemment capables de nous concentrer suffisamment sur deux projets
de ce type en même temps. Je la crois pourtant capable de transmettre à
travers Seth La Réalité « inconnue » et La Voie de la santé simultanément,
tout en poursuivant son propre travail « habituel » d’écriture. Je pense en
effet que nous devons encore apprendre où se situent les limites de ses
aptitudes [puisqu’à mesure qu’elle développe ses capacités, elle accroît
notre connaissance du potentiel humain]. Pour le moment, elle travaille sur
la version finale du chapitre 5 de son propre ouvrage théorique traitant des
phénomènes psychiques, Adventures in Consciousness.
Dans cet appendice, l’accent est mis avant tout sur les circonstances qui
ont entouré la réception par Jane des grandes lignes de ce nouveau livre
possible, plutôt que sur son contenu. Je vais donc présenter d’abord la
brève description qu’elle a faite du processus de réception, avant de revenir
à ces grandes lignes.
« Dimanche 10 mars 1974. 15 h 50.
« Après le petit-déjeuner, j’ai soudain tout le matériau pour un nouveau
livre. Lu quelque chose dans le journal à propos de la concentration sur la
maladie comme cause de douleur, et cela m’a rappelé certaines idées que
j’ai eues la nuit dernière. Ensuite, en faisant la vaisselle ce matin, j’ai eu le
sentiment qu’un livre entier sur la santé était dispersé çà et là. Je suis allée
dans mon bureau, j’ai trouvé les titres des chapitres et les grandes lignes,
plus ou moins, mais je ne sais pas encore comment obtenir le reste ; j’ai
presque le sentiment que c’est un livre de Seth, que j’ai besoin de lui pour
qu’il me parvienne. Mais Seth est déjà en train de produire un livre ! Je sais
que ce nouvel ouvrage a aussi pour moi une application très concrète : il
donne des méthodes pour me libérer de mes propres schémas [2]. Je pouvais
sentir la densité et l’immédiateté du livre, mais aussi la frustration d’avoir
si peu transmis et de façon si sommaire — ALORS QU’IL EST DÉJÀ ICI.
Pourtant, bien sûr, il doit être là-bas et je dois l’obtenir ici. Je me sens
tiraillée entre l’envie de me détendre — de m’allonger — et l’ambition
d’être à même, juste en m’asseyant ici, de laisser jaillir clairement ce livre,
d’une façon ou d’une autre. Rob s’est demandé s’il s’agissait d’une partie
de La Réalité “inconnue”, mais je ne pense pas que ce soit le cas. »

Voici maintenant, après un simple petit réagencement de ma part,


quelques échantillons des trente-cinq têtes de chapitre, tirés des grandes
lignes que Jane a données de La Voie de la santé. Le contenu des chapitres
est parfois indiqué.
Dimanche 10 mars 1974. 10 h 00.
Maladie et préjugé neurologique
Pensées et croyances en tant que stimulatrices et directrices de
réactions cellulaires probables.

Le corps en tant que planète


Son archéologie d’idées et de croyances. Son idée personnelle de
l’histoire en tant qu’élément vivant dans la mémoire cellulaire, sur
laquelle se base le corps actuel. Histoires officielles préconçues.

Attribuer un nom aux maladies, en tant qu’expérience structurante en des


états permanents et des organisations socialement reconnues.

La médecine et les thérapies, telles qu’elles sont employées pour perpétuer


la maladie.

La reconnaissance de la maladie par la communauté. L’hôpital en tant


qu’institution sociale.

La maladie comme moyen de focalisation — une organisatrice d’expérience


Conversion, amour, etc., en tant qu’organisateurs alternatifs.
La nécessité d’une structure organisée pour l’expérience
Si une structure disparaît, une maladie peut prendre sa place
pendant qu’une nouvelle se forme.

Les maladies excitantes, destinées à procurer un stress nécessaire


Le développement présent de la conscience de l’ego, et la raison pour
laquelle nous sommes à ce stade-là
Les liens avec la santé et la maladie.

Les points de crise, les mécanismes d’autoguérison et la psyché.


Fausse empathie
Souvent, le patient ne veut pas aller bien, et le médecin le sait.

Les aspects créatifs de la maladie


Les étapes qui entrent en jeu lorsque les symptômes remplacent le
problème.

Les maladies de l’enfance et de la vieillesse.


Les liens entre la schizophrénie chez les jeunes et la sénilité.
L’enfant essaye de projeter une réalité intérieure à l’extérieur, et il
trouve les structures extérieures trop étroites.

La voie pour sortir de la maladie ?


Un titre ou une tête de chapitre ? Non, c’est négatif. Je préférerais
être plus positive : La Voie de la santé. Un sentiment que ceci
pourrait être La Réalité personnelle numéro 2.

Après avoir fini d’écrire ces pages, Jane a dormi plusieurs heures. À
son réveil, elle m’a dit qu’elle se souvenait d’avoir reçu des indications à
propos du nouveau livre possible, lors de deux rêves qu’elle avait faits au
cours de la semaine précédente. Comme d’habitude, elle avait mis ceux-ci
par écrit, tout en s’interrogeant sur leur signification sans être capable de
les expliquer. « Mais ce matériau ne peut pas s’insérer dans Adventures »,
a-t-elle noté après l’un des rêves, puisqu’elle avait dans un premier temps
envisagé cette possibilité.
Jane a écrit ces pages si rapidement qu’après les avoir lues, plusieurs
questions me sont venues à l’esprit. J’ai pris note de notre conversation à
ce propos, le dimanche soir. Oui, elle était dans un état modifié de
conscience « très élevé » quand elle a reçu La Voie de la santé, ainsi que
lorsqu’elle en a décrit le processus de réception. Non, elle n’a pas entendu
Seth ni senti sa présence pendant que tout ceci se déroulait ; elle a juste
compris que son aide serait nécessaire si elle décidait de faire le livre. Non,
ce qu’elle avait reçu n’était pas en lien avec La Réalité « inconnue ». « J’ai
écrit, m’a-t-elle dit, ce que je pouvais saisir de l’ensemble du livre, mais je
savais que ce que j’obtenais n’était rien en comparaison avec ce qu’il y
avait là. Si j’avais pu immédiatement exprimer tout cela, le livre aurait été
fait d’un seul coup — voilà ce qui était si frustrant ! Pendant que j’étais
dans cet état modifié de conscience, je sentais non seulement la masse
physique du livre, mais aussi son contenu. Celui-ci était immédiatement
disponible. Je ne peux pas te dire à quel point je me suis sentie frustrée —
et bloquée —, sur le moment. »
Nous verrons bien ce qui va se passer avec La Voie de la santé, s’il se
passe quelque chose.)

NOTES DE L’APPENDICE 7

[1] Dans La Réalité personnelle, voir les sessions 648, 657 et 673 aux
chapitres 12, 15 et 21.

[2] Une relecture de la note 8 de la session 679 montrera au lecteur


pourquoi Jane a senti que La Voie vers la santé pourrait se révéler
précieuse pour elle également.
APPENDICE 8

Pour la session 690

(Peu de temps après le début des sessions, fin 1963, Seth a commencé à
parler du dilemme posé par la différence entre la théorie conventionnelle de
l’évolution et ses idées quant à la nature simultanée du temps et de
l’existence. Il a traité de cette dualité de façon très évocatrice dans la
session 45, le 20 avril 1964.)
Le climat de valeurs de la réalité psychologique peut être comparé à un
océan où toute conscience a son être. Il y a une multitude de niveaux dans
lesquels il est possible de plonger, avec diverses formes de vie, variées et
étrangères, mais néanmoins interconnectées et dépendantes les unes des
autres. J’aime l’analogie de l’océan parce qu’elle donne l’idée d’un flux et
d’un mouvement continus, sans division apparente.
Dans l’océan, la température change en fonction de la profondeur, tout
comme la couleur de l’eau, de la flore et de la faune ; il en va de même pour
notre climat de valeurs, les qualités peuvent changer et certains sens sont
équipés pour projeter et percevoir ces changements. Il y a des distorsions
dues aux limitations des sens externes, mais les sens internes [1] ne
déforment pas. Ils habitent directement l’atmosphère de notre climat de
valeurs ; ils voient à travers les structures [physiques] de camouflage, qui
varient constamment, et le flux et reflux du changement apparent. Dans une
faible mesure, au cours de nos sessions, vous plongez dans cet océan de
climat de valeurs, et si vous êtes capable de vous dépouiller des vêtements
de camouflage, vous pouvez être vraiment conscient de ce climat.
Cela exige toutefois plus que de se défaire de ses vêtements. Pour
plonger dans cet océan, vous laissez également le corps physique sur la
rive. Il sera là quand vous reviendrez. Vos schémas de camouflage peuvent
être comparés à ceux que le soleil et l’ombre projettent sur les vagues
toujours mouvantes. Tant que vous gardez le schéma à l’esprit, vous le
créez et il est là. Si vous détournez la tête pendant un moment puis regardez
rapidement à nouveau, vous ne voyez plus que la vague. Votre camouflage
et votre monde sont créés par une focalisation consciente et une
concentration inconsciente. Ce n’est qu’en tournant votre tête de côté que
vous pouvez voir momentanément ce qui est sous-jacent au schéma
apparemment solide. En vous enfonçant dans notre océan de climat de
valeurs, vous pouvez plonger sous votre système de camouflage et regarder
vers le haut pour le voir, pratiquement sans fondation, flottant au-dessus de
vous, mu, formé et régi par les illusions changeantes créées par le vent de la
volonté et la force de la concentration subconsciente et de vos attentes.
Pourtant, ces schémas de camouflage doivent aussi suivre les règles
fondamentales de l’univers intérieur et les refléter, même de manière
déformée. Ainsi, l’expansion des valeurs devient réincarnation, évolution et
croissance. Toutes les autres lois fondamentales de l’univers intérieur sont
suivies sur tous les plans et réfléchies depuis le spectre le plus infime
jusqu’au plus gigantesque.
En vous concentrant sur votre propre univers de camouflage, vous ne
pouvez distinguer que le schéma déformant et, à partir de celui-ci, vous
déduisez vos idées de cause et d’effet, de passé, de présent et de futur, ainsi
que vos idées d’un univers en expansion qui flotte…

NOTES DE L’APPENDICE 8

[1] Voir le chapitre 19 du Matériau de Seth.


APPENDICE 9

Pour la session 690

(Le contenu de cet appendice, y compris une brève description de


l’emploi que fait Jane du sumari, a été transmis pendant le mois qui a suivi
la session 690.
En cours de perception extrasensorielle, le 16 avril, une étudiante a
demandé à Seth de commenter « les différences entre les [êtres humains]
mâles et femelles, tels que nous les comprenons. » La réponse de Seth a été
longue. Elle a vivement éclairé le matériau livré dans cette session 690,
comme on peut le voir dans l’extrait ci-dessous. [Il arrive parfois que, dans
ces cours, Seth donne des détails sur des informations concernant un livre
ou les aborde depuis un point de vue différent ; ce qui nous amène, Jane et
moi, à vouloir inclure ces explications-là dans le livre.])
Tout temps est simultané (a dit Seth aux étudiants de ce cours) et vous
êtes donc en même temps mâle et femelle.
Parmi toutes les religions, celles que vous n’avez pas adoptées
officiellement dans votre société étaient pour la plupart celles que vous
considéreriez comme des religions féminines. Ces populations n’ont pas
progressé en termes industriels parce qu’elles connaissaient trop bien leur
appartenance à la nature. Elles ne pouvaient donc pas la disséquer.
Vos idées concernant la sexualité suivent à la fois vos religions et vos
sciences, car vous avez créé les deux. Mais vous savez toujours ce que vous
faites, et il y a des cycles dans la terre, dans votre être et dans votre âme.
Vous êtes donc dans le processus de réunification de vous-mêmes, et de
découverte de ce que le mot « humanité » signifie. Vous êtes en train de
comprendre le sens de l’individualité, terme beaucoup plus important que
vous ne le réalisez ; une fois ce sens compris, votre propre individualité
s’exprimera dans sa forme naturelle. Indépendamment des mots que vous
accolez à votre expérience en termes de rôles sexuels, vous serez un être
humain complet. Quand l’esprit conscient et l’esprit inconscient seront
compris, vous n’aurez plus de problèmes avec la sexualité.
Maintenant, je vous donne simplement une brève idée de ce qui entre en
jeu, et j’attends de chacun de vous qu’il l’approfondisse à sa façon, qu’il
perçoive les connexions et y réfléchisse. Et maintenant, devant vous, que
voyez-vous ? Une femme ou un homme ? Vous voyez une variété d’êtres
humains et de personnalités qui défie les idées conventionnelles de sexualité
ou de conscience — qui contredit toutes les idées qui vous ont été
transmises, et qui met chacun de vous au défi de chercher la réalité de son
propre être.
Votre sexualité est un point de focalisation, c’est tout. Pour ceux d’entre
vous qui ont besoin que ceci soit dit, je le dis : une femme est aussi
intellectuelle qu’un homme. Un homme est aussi intuitif qu’une femme.
Vous choisissez votre focalisation sexuelle pour une raison. Cette raison a
plus à voir avec la flexibilité de la conscience que vous ne le comprenez
actuellement. Elle a à voir avec la nature réelle de l’agressivité et de la
passivité [1], que vous vous êtes permis d’oublier… La naissance est une
expérience agressive. La passivité est basée sur la reconnaissance joyeuse
d’une agressivité naturelle. Pour l’assumer pleinement, chacun de vous doit
être très sûr de lui-même. Pour vous offrir, en vos termes, le luxe d’être
passif, vous devez avoir confiance dans la nature de votre propre réalité et
de votre propre force. Sinon, la passivité vous effrayera totalement.
Pensez à vos idées concernant votre propre sexualité en lien avec celles
qui ont trait à votre être et votre conscience. Rassemblez vos idées de
manière à penser automatiquement à la sexualité en relation avec vos
religions et vos sciences. Vous avez associé le mot « féminin » à
l’inconscient, pendant que vous œuvriez en direction de ce que considérez
maintenant comme une conscience fondée sur un ego. Ce que je dis
implique plus de choses que vous ne le réalisez actuellement. Vous ne
pouvez pas, chacun de vous, envisager le sens de votre propre sexualité, à
moins de comprendre votre propre histoire religieuse. Dans votre esprit,
allez jusqu’au bout de vos souvenirs. Essayez d’être honnête avec vous-
même quand vous pensez à ces expériences antérieures, dans lesquelles
vous vous êtes forcé de vous comporter d’une façon différente de ce que
vous étiez, parce que des adultes vous disaient que vous deviez le faire…
Vous feriez mieux de comprendre la beauté et la qualité uniques de votre
propre individualité afin d’éviter de projeter sur l’autre sexe — quel que
soit le vôtre — les aptitudes et qualités que vous craignez d’avoir vous-
même, ou celles que vous voudriez posséder et redoutez de ne pas avoir.
Chacun de vous doit découvrir ce qu’est la sexualité dans tous ses
aspects, et la relier à la nature de sa conscience et de son être. Les réponses
doivent venir de l’intérieur. Vous avez devant vous maintenant certains
indices et signes. Utilisez-les. Et tous ceux d’entre vous qui me regardent
comme une sorte panneau indicateur de puissante réflexion logique (dit
avec humour) et donc d’orientation masculine, en vos termes, écoutez donc
ceci…
(Sans faire de pause, Jane est passée de sa transe version Seth à un
autre mode de conscience très créatif. Pendant peut-être cinq minutes, elle
a chanté pour la classe en sumari [2], la langue de transe à laquelle elle
s’est initiée il y a quelques années. J’ai toujours trouvé que la qualité de
son expression en sumari relevait d’un ordre supérieur. Chaque chant est
unique et nous ravit, qu’il soit en sourdine, puissant, mélodieux ou rythmé ;
son phrasé particulier combine souvent ces attributs, comme c’était le cas
ce soir. Les membres de la classe ont brièvement discuté du chant. Puis,
Jane s’est à nouveau exprimée en sumari, mais cette fois en parlant sur le
ton de la conversation [3]. Dès qu’elle a terminé, Seth est revenu.)
Vous entendez et vous n’entendez pas ; et pourtant, vos moi intérieurs
écoutent et ils entendent. Ce qui vous a été dit ne vous a pas été donné en
un anglais précis, en termes intellectuels, en paragraphes, en phrases. Ce qui
vous a été donné vous a conduit à une rencontre avec vos propres
émotions — celles dont vous êtes conscients et celles que vous vous cachez
les uns aux autres. Et (avec une insistance pleine d’humour) je ne vous
donnerai pas plus d’indices intellectuels !
Les enseignants utilisent de nombreuses méthodes, et nous faisons de
même. Nous sommes masculins et féminins, anciens et à jamais nouveaux.
Et vous aussi !

NOTES DE L’APPENDICE 9

[1] Voir entre autres, parmi les sessions de La Réalité personnelle, la 634
au chapitre 8 et la 642 au chapitre 11.
[2] Le sumari est une « famille de conscience » que Jane a tout d’abord
contactée dans son cours de perception extrasensorielle, le 23 novembre
1971. Elle et moi sommes tous deux Sumaris. Aux chapitres 7 et 8
d’Adventures, Jane aborde cette question dans son ensemble. Plusieurs
exemples de sumari se trouvent au chapitre 20 et dans l’appendice de
son roman Oversoul Seven. (Et a posteriori, je peux écrire que Seth
développe considérablement son matériau sur les familles de
conscience, dans la session 732 de la Partie 6 du tome 3 de La Réalité
« inconnue ».)

[3] Jane écrit aussi de la poésie en sumari, qu’elle est capable de traduire
ensuite en anglais. Quand ses chants ont été enregistrés, elle peut aussi
les traduire, ainsi que ce que j’appelle sa prose verbale sumari. Un jour,
alors que nous évoquions l’usage qu’elle avait fait du sumari pour le
matériau de cet appendice, je lui ai demandé si elle pouvait décrire les
sentiments subjectifs qui entraient en jeu dans son habileté à passer si
rapidement de Seth au sumari et inversement.

[4] « Je ne peux rien en dire, a-t-elle répondu, si ce n’est que la


transformation est maintenant pour moi si douce et naturelle qu’il est
difficile — pratiquement impossible — d’indiquer après coup avec
précision ce que j’ai ressenti. Je pense que l’énergie de Seth me
propulse dans le sumari quand il commence un chant comme il l’a fait
ici. Je perçois juste une grande énergie, passant d’un “créneau” à un
autre. »
APPENDICE 10

Pour la session 692

(Pendant les deux semaines qui ont immédiatement suivi la session 691,
Jane n’a pas arrêté de travailler sur le projet concernant la personne
disparue ; voir les notes de cette session-là. Elle a, entre autres choses,
participé à une série d’échanges téléphoniques, en général tard le soir. Sur
le plan médiumnique, elle a remporté un certain nombre de succès
remarquables et fait quelques erreurs. Et pourtant, elle a fini par penser
que les facultés dont elle faisait preuve entraient souvent en conflit avec ce
que notre société considère comme possible dans l’activité humaine. Jane
m’a dit que, par moments, elle ressentait un fort désir de compréhension de
la part des autres personnes impliquées dans cette affaire ; sa participation
à cette recherche a toutefois considérablement renforcé sa confiance en ses
capacités. Seth, en commentant très brièvement la recherche qui était
encore en cours, a fait remarquer à un groupe de visiteurs de passage que
Jane s’efforçait de faire par elle-même usage de ses facultés psychiques ; et
que l’assurance qu’elle acquérait grâce à ses efforts lui serait beaucoup
plus précieuse que si Seth en personne « avait fait tout le travail ».
Pour en terminer avec cet épisode, j’aimerais éclairer, sous deux angles
complémentaires, les sentiments et inquiétudes de Jane à propos du besoin
de compréhension des autres.
1) « Parfois, m’a-t-elle dit récemment et sans le moindre soupçon de
suffisance, quand je m’adresse à un groupe de gens — comme vendredi
dernier par exemple, qu’un élément médiumnique entre en ligne de compte
ou non —, j’ai le sentiment étrange d’agir à neuf ou dix niveaux différents
en même temps. Les significations et compréhensions qui sont échangées,
du moins entre les autres individus qui sont dans la pièce et moi, sont toutes
si différentes. Il est impossible pour ces personnes de savoir comment
j’interprète certaines choses qu’elles disent. Je pense être beaucoup plus
consciente de cela qu’elles, de par la nature même de ce que je peux
faire — mais il m’est impossible d’expliquer cela à chaque personne avec
laquelle je parle. Je n’ai pas le temps. Et ce serait trop épuisant. »
2) Cette note a été ajoutée huit jours plus tard. Dans un matériau
personnel que nous avons reçu au terme de la session 694, le 1er mai 1974,
Seth a dit ceci.)
Il [Ruburt] était obligé d’explorer la nature de la réalité, et déterminé à
le faire… Il voulait se protéger jusqu’à ce qu’il ait suffisamment de
connaissance pour savoir ce qu’il faisait. Il craint la crédulité des gens et il
est à juste titre consterné par leurs superstitions, comme vous, Joseph [le
nom que Seth me donne]. D’ailleurs, à mesure que Ruburt s’est rendu
compte à quel point ce qui est connu est limité, il s’est étonné de sa propre
audace. Il n’avait personne vers qui se tourner pour recevoir des
instructions. J’aurais pu l’aider davantage, mais je faisais [partie de ce qu’il
explorait]…
… Il a aussi commencé à voir deux pôles dans la société : l’un
extrêmement conventionnel et fermé, au sein duquel il serait perçu comme
un charlatan ; et un autre plein d’aspirations mais crédule, disposé à croire
n’importe quoi pourvu que cela donne de l’espoir, où ses activités seraient
mal interprétées et [qui aurait été], pour lui, frauduleux… Il y avait un
espace entre les deux qu’il devait créer pour lui-même… pour établir un
pont vers les intellectuels qui doutaient, tout en maintenant une certaine
liberté et spontanéité afin d’atteindre aussi ceux qui étaient à l’autre
extrémité. Cela a exigé des manœuvres, qui sont extrêmement difficiles
pour n’importe quelle personnalité, et un système constant de contrôles et
d’ajustements.
(Je pense que, du fait de la nature même des aptitudes qu’elle a choisi
de développer dans cette vie-ci, Jane trouvera toujours de telles manœuvres
nécessaires. Et elles sont vraiment difficiles.)

NOTES DE L’APPENDICE 10

[1] Certaines confrontations de Jane avec la réalité sont examinées dans


différentes parties de mes Notes préliminaires et dans l’Appendice 1.
APPENDICE 11

Pour la session 698

(Le titre The Wonderworks est d’abord venu à Jane alors qu’elle était
assise à son bureau, le vendredi 17 mai au matin. Elle a immédiatement
compris qu’il était en rapport avec l’extraordinaire série de rêves qu’elle
avait commencé à avoir au début du mois. [Il s’agit jusqu’à présent de
trente-trois rêves et leur nombre s’accroît pratiquement chaque nuit. Je les
ai à peine mentionnés dans les notes récentes — uniquement dans les
sessions 696 et 698 —, mais Seth a eu beaucoup de choses à dire à leur
propos dans le matériau qui nous est personnellement destiné.] Beaucoup
de ces rêves étaient assez longs et complexes. Je dirais que certains d’entre
eux sont assez classiques ; le propre symbolisme de Jane illustre
merveilleusement la façon dont les rêves peuvent offrir des visions et des
solutions à des défis physiques très réels. Toute cette aventure nocturne est
des plus pratiques, et mérite d’être étudiée en profondeur par ailleurs.
Dès qu’elle a reçu le titre, Jane a rédigé un texte intuitif sur l’idée des
wonderworks. Cela correspond à deux pages dactylographiées. Elle était
dans un « état légèrement modifié de conscience » lorsqu’elle a transcrit les
données. Les extraits qui suivent, tirés de ces deux pages, montrent l’unité
sous-jacente à ses activités quotidiennes ; car elle pense que les
expériences qu’elle a en rêve, en relation avec La Réalité « inconnue » et
The Wonderworks — pour ne citer que ces deux exemples récents — sont si
étroitement liées que, concrètement, il serait vain de tenter de les séparer.
Nous voyons aussi des liens créatifs entre la façon dont Jane a produit
ce mois-ci The Wonderworks, et les grandes lignes du livre La Voie de la
santé en mars dernier, comme cela est expliqué dans l’Appendice 7. Elle
était, là encore, dans un état de dissociation quand elle a conçu et transmis
ces grandes lignes. Et comme pour La Voie de la santé, elle ne sait pas si
elle va un jour aller plus avant dans ce travail sur The Wonderworks.
Voici quelques extraits de The Wonderworks.
« L’expression créatrice, depuis son étincelle intuitive jusqu’à son
objectivation, reflète dans nos réalités personnelles la façon dont l’univers
a été [et est] constamment créé.
« Les wonderworks ou œuvres merveilleuses — des expériences
intérieures juste en dessous de la conscience habituelle — comprenant
différents ordres d’évènements. Littéralement, l’étoffe de toute créativité [en
miniature].
« Les façons dont le matériau du rêve devient réel, les processus qui
entrent en jeu, sont ceux par lesquels l’univers lui-même devient
objectivement visible et perceptible pour nous. L’univers est le résultat d’un
certain type de focalisation de la conscience ; son étoffe, sa matière,
provient des wonderworks intérieurs — dont font partie les œuvres
merveilleuses personnelles de chacun de nous.
« Si nous comprenions réellement comment les rêves œuvrent et si nous
nous autorisions à en explorer les niveaux divers, nous verrions comment
l’univers s’est formé. Il est le… produit créatif, en masse, de nos rêves
individuels et conjugués… Notre monde est un niveau de rêve pour certains
autres types de conscience ; il est partagé dans une certaine mesure et peut
donc servir de point de rencontre.
« Seth chevauche bon nombre de ces points et il apparaît dans les
niveaux de rêve des autres, à leur niveau symbolique personnel. Je ne suis
pas encore parvenue au niveau plus profond de l’expérience du rêve, là où
je pourrais le rencontrer directement. Aux niveaux de transe, nous nous
croisons, mais nous ne nous rencontrons pas. Ce croisement de Seth et de
Jane en transe se produit aussi dans les rêves, quand des sessions relatives
aux livres y ont lieu. Il y a parfois une certaine séparation, comme quand je
me rends compte d’un Seth en train de me donner du matériau… Seth est
toutefois une très vieille entité. Quand il vient dans mes rêves, le croisement
se produit automatiquement, et je ne prends donc pas conscience de lui
séparément.
« … pour le rencontrer personnellement, j’ai dû aller à un autre niveau.
J’ai essayé une fois, et j’ai été effrayée. On ne connaissait pas Seth à
l’endroit où je me suis rendue. Il pouvait très bien être dispersé dans
plusieurs “esprits-guides” ; voilà comment sa réalité serait interprétée ou
se manifesterait…
« D’autres espèces de conscience acquièrent leur expérience à
différents “niveaux” ; souvent, nous les rencontrons dans l’état de rêve,
puis nous interprétons leurs actions selon un ordre d’évènements qui n’est
pas le bon… en fonction de notre propre système de camouflage. Nos corps
sont des objets de focalisation uniquement pour la partie physique de notre
conscience… Mes derniers rêves me donnent une représentation des
wonderworks intérieurs non physiques… »

NOTES DE L’APPENDICE 11

[1] Voir le chapitre 15 d’Adventures in Consciousness.

[2] Jane doit encore publier son récit de ce qui s’est passé lorsqu’elle s’est
délibérément mise à la recherche de Seth. Aucune raison particulière ne
la retient de le faire et elle pense qu’elle finira sans doute par décrire
son voyage psychique dans un de ses propres livres.

[3] Dans la note 2 de la session 688, j’ai cité brièvement Seth à propos du
sens qu’il donnait au mot « camouflage » [en 1970]. L’utilisation que
Jane en fait ici, dans son propre matériau, est toutefois assez
inhabituelle ; cela nous a ramenés au jour où nous l’avons entendu de
Seth pour la première fois, lors de la session 16 du 15 janvier 1964.
La réalité fondamentale non physique, nous a-t-il dit alors, est « comme
un animal du type caméléon, constamment en train de camoufler sa
véritable apparence en adoptant les manifestations extérieures de
chaque territoire [ou monde] boisé environnant… » La vitalité primale
s’exprimait donc ainsi physiquement dans notre environnement.
« Camouflage » est devenu pour nous un mot familier dans ces
premières sessions et nous le trouvions excellent dans le contexte du
matériau de Seth — mais, chose étrange, au cours de ces dernières
années, Seth l’a largement supprimé de son vocabulaire, mis à part
quelques rares occasions où il a employé ce terme.
UN BREF ÉPILOGUE

J’ai commencé ce texte peu de temps après avoir fini les Notes
préliminaires du tome 1, au cours de l’été 1976.
Le « Volume 2******* » de La Réalité « inconnue » est aujourd’hui
presque terminé. Il y a plus d’un an que Seth a fini la part qui lui revenait
dans ce livre et, depuis ce temps-là, j’ai soigneusement révisé mes notes ; je
les ai pratiquement toutes réécrites (à plusieurs reprises parfois) dans un
souci de précision, de mon point de vue du moins. Les lecteurs intéressés
par une description plus détaillée du processus qui a permis à Jane, en tant
que Seth, de produire La Réalité « inconnue », et notamment par les notions
de temps que cela a impliqué, devraient relire les Notes préliminaires. Mais
personnellement, je pense que la partie la plus importante de ces Notes
préliminaires est la contribution de Jane où elle parle de sa relation
subjective avec Seth.
Ce volume 2 contient beaucoup de bonnes choses. Peut-être puis-je
susciter la curiosité du lecteur en citant les titres des trois Parties qui le
composent. Celles-ci sont un peu plus longues que les trois parties du
tome 1 ; elles sont également assez compliquées.
Partie 4. Explorations. Une étude de la psyché telle qu’elle est en lien
avec la vie personnelle et l’expérience de l’espèce. Réalités probables en
tant que cours d’expérience personnelle. L’expérience personnelle telle
qu’elle est en lien avec les civilisations « passées » et « futures » de
l’homme.
Partie 5. Comment voyager dans la réalité « inconnue » : petits pas et
pas de géant. Aperçus et rencontres directes.
Partie 6. Réincarnation et contreparties : le « passé » vu à travers les
mosaïques de conscience.
Les titres ne peuvent bien sûr que suggérer la teneur du matériau sous-
jacent. Mais comme l’a dit Jane avec enthousiasme quand nous nous
demandions à quel endroit diviser les six parties de La Réalité
« inconnue », « le volume 1 fournit l’arrière-plan général et les
informations sur lesquels se fondent les exercices et méthodes du volume
2 ». Puis, elle m’a rappelé les dernières lignes que Seth a transmises dans
le premier tome (après la pause qui s’est achevée à 23 h 05, dans la session
704). Je suggère au lecteur de revoir maintenant ce matériau.
Dans la Partie 4, Seth en dit plus sur les unités UC et EE, la conscience
cellulaire, l’homme ancien, l’évolution, les voyages dans l’espace, et
d’autres sujets apparemment disparates, en continuant à développer sa
thèse selon laquelle l’espèce est « biologiquement équipée pour traiter
différentes séquences de temps, tout en manœuvrant encore au sein d’un
système temporel particulier ». Le lecteur est invité à faire l’expérience de
sa propre « réalité inconnue », à travers l’étude des rêves et certaines
pratiques, et à tenter un voyage psychique dans d’autres réalités. Jane fait
ses propres voyages : la « bibliothèque psychique » qu’elle apprend à
visiter lorsqu’elle est dans un certain état modifié de conscience est décrite,
ainsi que le rapport existant entre cette bibliothèque et la naissance du livre
de Jane, Psychic Politics, [qui doit être publié à l’automne 1976].
L’un des premiers voyages de Jane dans un état modifié de conscience,
en septembre 1972, a donné lieu à la première session de Seth portant sur
les sons « lents » et « rapides », uniques, de Jane, ce qui a conduit aux
informations sur les particules plus rapides que la lumière, les trous noirs,
les trous blancs et les trous « morts ». L’épisode tout entier est présenté
dans un appendice à la Partie 4. Dans un autre appendice, j’étudie la
relation entre Jane et Seth, en faisant appel à de nombreux extraits de
sessions qui n’ont pas été publiés jusqu’à présent.
Dans la Partie 5, Seth livre, entre autres informations, un matériau
considérable destiné à aider le lecteur à accomplir un voyage psychique ;
ceci est en lien avec la session qu’il a donné concernant les rêves et la
photographie du rêve. Il énumère également d’autres éléments à pratiquer
et parle du langage, de la personnalité, de la physique et de certaines de
mes propres expériences réincarnationnelles. Jane aborde les informations
sur les « visions du monde », avec des exemples : Seth définit ce concept
comme étant « la vision de la réalité » qui est conservée dans l’esprit
immortel de chacun de nous, le « tableau vivant » qui existe hors du temps
ou de l’espace, et qui peut être perçu par d’autres. Seth présente aussi un
matériau très important sur ses théories faisant entrer en jeu des
« contreparties ». Il explique de façon assez détaillée comment nous vivons
plus d’une vie à la fois, comment « le moi plus vaste “se divise”, se
matérialisant dans la chair en des individus multiples, dans des
environnements totalement différents —, et pourtant tous engagés dans le
même type de défi créatif. » (Eh oui, je peux écrire ici que, parfois, des
contreparties se rencontrent.)
Dans la Partie 6, Seth développe une bonne part du matériau présenté
dans la Partie 5. Conformément à son intention, de nouvelles informations
apparaissent inévitablement. Il laisse, par exemple, ses idées sur la
réincarnation et les contreparties le conduire à un autre concept
important — celui des « familles de conscience » comme il les appelle. La
famille Sumari, à laquelle Jane et moi avons choisi de nous apparenter, en
est une. Seth nomme chaque famille, la décrit, et montre comment ses
caractéristiques s’entrecroisent avec celles des autres familles. Ainsi, les
actions combinées des familles de conscience créent notre monde tel que
nous le connaissons.
Dans la Partie 6, on trouve également le récit de la façon dont Jane et
moi avons recherché la « maison de la colline », que nous avons achetée et
dans laquelle nous avons emménagé avant que cette dernière partie de La
Réalité « inconnue » soit terminée. Ce matériau constitue une fin excellente
pour ce livre. Pour Jane et moi, cette aventure a été un voyage extrêmement
intéressant à travers un écheveau complexe de probabilités. Les
informations de Seth et mes propres notes détaillent les relations psychiques
et physiques, interdépendantes et cependant spontanées, à l’intérieur
desquelles chacun de nous a décidé de déménager. Tout ceci révèle
comment une compréhension consciente de tels facteurs, dont certains
peuvent remonter à l’enfance, peut grandement aider dans la vie pratique
au quotidien. Comme l’explique Seth dans la Partie 6, session 742 du
16 avril 1975 : « Il est évident que lorsque vous déménagez d’un endroit à
un autre, vous opérez une modification dans l’espace — mais vous modifiez
aussi le temps, et vous mettez en mouvement une impulsion psychologique
qui se propage et a une incidence sur tous ceux que vous connaissez…
C’est souvent dans l’état de rêve que l’on perçoit ce type de messages. Les
maisons vides sont des vides psychiques qui désirent être remplis. Quand
vous déménagez, vous vous installez dans d’autres parties de votre
individualité. »
Robert F. Butts
Septembre 1976
NOTES

* Par souci de commodité pour le lecteur, le second tome de l'édition


originale américaine comportant les trois dernières parties, ainsi que
les appendices associés, a été divisé en deux volumes dans l’édition
française, du fait de son grand nombre de pages. Les références
données par Robert Butts dans ses commentaires et renvois tiennent
évidemment compte de cette présentation en trois volumes. [N.d.E.]

** Voir Appendice 1.

*** Voir Appendice 2.

**** Voir Appendice 3.

***** Voir Appendice 9.

****** Les œuvres merveilleuses [N.d.T.].

******* Pour rappel, le volume 2 comportant les trois dernières parties,


ainsi que les appendices associés, a été divisé en deux tomes dans
l’édition française. Les références données par Robert Butts dans
ses commentaires et renvois tiennent évidemment compte de ce
choix éditorial. [N.d.E.]
Jane ROBERTS

LA RÉALITÉ « INCONNUE »

TOME II

Traduit de l’américain
par Dominique Thomas,
James Bryant
et Michka Seeliger-Chatelain

MAMA ÉDITIONS
« Sans la source de la nature, la nature ne durerait pas un seul instant. »

Seth
19 septembre 1977
Avec des ailes

Avec des cerveaux ailés,


nous plongeons et tournoyons
dans la cloche bleue
du monde extérieur.

Le poids d’os et de sang


du plafond
limite l’espace
des oiseaux aux dimensions incurvées.

Mais, pour nous, le temps et l’espace ne font qu’un.


Le crâne infini
ouvre des cieux, tous enroulés l’un dans l’autre,
monde miniature sur monde miniature.

(Note de Robert F. Butts : Jane a 32 ans quand elle écrit ce poème en


avril 1961. Il annonce clairement certaines idées du matériau de Seth,
qu’elle commencera à transmettre dix-neuf mois plus tard. Il est intéressant
de lire ce texte en lien avec celui intitulé « L’été est hiver », qu’elle a
composé bien des années auparavant et qui se trouve à la première page du
tome I de La Réalité « inconnue ».)
NOTES PRÉLIMINAIRES DE ROBERT F. BUTTS

Ce texte, La Réalité « inconnue » : un livre de Seth, a été dicté par ma


femme, Jane Roberts, en coopération avec Seth, « l’essence de l’énergie
d’une personnalité » non physique pour laquelle elle s’exprime lorsqu’elle
est en transe. Dans les Notes préliminaires du premier volume, j’ai indiqué
que Jane a commencé à transmettre La Réalité « inconnue » (comme nous
avons assez vite fini par appeler cet ouvrage) dans la session 679 du 4
février 1974 et qu’elle l’a terminé lors de la session 744 du 23 avril 1975. Il
lui a fallu en tout quatre-vingt-dix heures de transe environ pour
transmettre la totalité de ce livre — une prouesse qui, selon moi, est tout à
fait remarquable.
Permettez-moi de récapituler rapidement quelques faits concernant la
production de ce texte. Seth lui-même y a toujours fait référence comme à
un seul et unique ouvrage, jusqu’à ce que nous soyons parvenus à la
dernière session. Il a divisé le manuscrit en six parties de longueurs
différentes. Il n’y a pas de chapitres à proprement parler. Comme Seth l’a
expliqué dans la session 743 : « Ce livre n’a pas de chapitres afin de mieux
bousculer vos notions admises de ce que doit être un livre. Différents types
d’organisations sont toutefois présents et, dans chaque partie, il est fait
appel à plusieurs niveaux de conscience en même temps. »
Seth a également présenté l’ensemble de cet ouvrage d’une manière
telle que les évènements de nos vies quotidiennes ont été intimement liés à
son matériau, et ont servi d’exemples personnels quant à la façon dont ses
théories se traduisent réellement dans l’expérience de tous les jours. Peu de
temps après qu’il ait commencé à dicter La Réalité « inconnue », j’ai vite
compris qu’il me faudrait concevoir un système de présentation susceptible
d’intégrer à la fois le matériau de Seth, mes propres notes (qui, je le savais
déjà, allaient être beaucoup plus longues que celles incluses dans Seth
parle et dans La Nature de la réalité personnelle), des extraits provenant des
cours de perception extrasensorielle de Jane, des appendices, ainsi que
d’autres choses éventuelles.
Tout au long de la transmission de ce matériau, j’ai été enthousiasmé
par l’objectif de Seth consistant à rendre visibles, au moins partiellement,
les éléments inconnus de l’existence humaine — un but audacieux, me
disais-je —, et j’ai essayé de faire ma part en rendant compte de toutes ces
révélations telles qu’elles apparaissaient dans nos vies et se reflétaient dans
les expériences de nos amis et de nos étudiants.
Le matériau ainsi accumulé a encore augmenté la longueur déjà
considérable de cet ouvrage. Finalement, nous avons choisi de diviser La
Réalité « inconnue » en plusieurs volumes[I] : nos lecteurs pouvaient ainsi
avoir accès à une partie du manuscrit pendant que je préparais la suite.
Seth a approuvé notre décision.
Il n’est pas nécessaire ici d’en dire beaucoup plus sur les Notes
préliminaires du tome I, mais j’invite malgré tout le lecteur à les relire au
vu des éléments présentés ci-dessous. La chose la plus importante
concernant ces notes est, selon moi, le récit qu’a fait Jane de sa relation
subjective avec Seth.
La préface de Seth se trouve bien sûr dans le volume I, et il serait bon
de l’étudier à nouveau, elle aussi ; la relecture de ces deux textes va aider
le lecteur à faire mentalement le lien entre les différents volumes pour qu’ils
ne fassent plus qu’un.
Je vais maintenant aborder brièvement le contenu du premier tome,
avant de prendre la liberté d’exposer certains thèmes relatifs à ce qui nous
est arrivé, à Jane et moi, pendant que je finalisais la suite — thèmes qui
ont, par exemple, à voir avec le phénomène Seth lui-même. Je souhaite
également citer quelques passages tirés de sessions, aussi bien régulières
que privées (ou non encore publiées), qui se sont déroulées avant, pendant
ou après la transmission complète de La Réalité « inconnue » par Jane en
tant que Seth. De temps à autre, certains autres écrits de Jane seront
également mentionnés.
Seth expose souvent ses idées en entrecroisant plusieurs thèmes,
donnant ainsi à toute session, ou à tout matériau dans son ensemble, une
structure complexe. Ce procédé peut aussi induire une approche similaire
de ma part lorsque je parle de sa dictée ; je vais donc commencer par un
résumé du premier tome, en m’appuyant sur quatre sources provenant de
Seth lui-même : un passage clé, extrait de sa préface ; les titres qu’il a
donnés aux trois parties qui composent le volume I, accompagnés d’une
petite explication de ma part ; une brève description des appendices que
j’ai assemblés au fil du temps ; et un passage tiré de la session 762, dans
laquelle Seth, huit mois après avoir fini La Réalité « inconnue », exprime
encore davantage les objectifs qui étaient les siens en dictant ce livre.
Je tiens cependant à expliquer tout d’abord que, au cours des sessions,
Seth fait référence à Jane en l’appelant par son nom d’entité masculine,
Ruburt — et cela simplement parce que (comme il l’indique dans
l’Appendice 18) « l’entité en question s’identifie davantage aux
caractéristiques dites mâles plutôt que femelles. » Pour s’adresser à moi, il
utilise également mon nom d’entité, qui est Joseph.
Voici à présent les citations provenant de la préface de Seth (dans le
volume I). « L’expérience de Jane Roberts laisse entrevoir, dans une
certaine mesure, la nature multidimensionnelle de la psyché humaine et
donne des indices sur les capacités que chaque individu possède au fond de
lui. Elles font partie de l’héritage de votre espèce. Elles indiquent
l’existence de passerelles psychiques reliant la réalité connue et celle
“inconnue”, dans lesquelles vous demeurez. […]
Dans mes autres livres, j’ai utilisé beaucoup d’idées admises comme
tremplin pour amener les lecteurs à d’autres niveaux de compréhension. Je
tiens à préciser ici que ce livre [La Réalité “inconnue”] va être le début
d'un voyage dans lequel ce qui est familier pourra sembler être laissé loin
derrière. Pourtant, quand j’aurai fini, j’espère que vous découvrirez que la
réalité connue est encore plus précieuse, plus “réelle”, car vous la verrez
illuminée, à la fois intérieurement et extérieurement, par le riche tissu d’une
réalité “inconnue” que vous verrez émerger des parties les plus intimes de la
vie quotidienne. Votre conception de ce qu’est une personne vous limite
actuellement, individuellement et en masse, et, pourtant, vos religions, vos
métaphysiques, vos histoires et même vos sciences sont articulées autour de
vos idées quant à qui vous êtes et ce que vous êtes. Vos psychologies ne
vous expliquent pas votre propre réalité. Elles ne peuvent contenir votre
expérience. Vos religions ne vous expliquent pas votre réalité plus vaste, et
vos sciences vous laissent [tout] aussi ignorants quant à la nature de
l’univers dans lequel vous vous trouvez.
Ces institutions et ces disciplines sont composées d’individus, tous
restreints par les idées limitées qu’ils ont de leur propre réalité personnelle ;
et c’est donc avec une réalité personnelle que nous allons débuter et à
laquelle nous allons toujours revenir. Point. Dans ce livre, ces idées sont
destinées à élargir la réalité privée de chaque lecteur. Elles peuvent paraître
ésotériques ou compliquées, pourtant, elles ne sont pas hors de portée de
toute personne déterminée à comprendre la nature des éléments inconnus du
moi et de son monde plus vaste. »
Où commencent et où finissent les évènements de nos vies ? Quel rôle y
jouons-nous individuellement et en tant que membre de l’espèce ? Ces
questions, avec les explications de Seth, constituent le cœur du premier
tome. Étant donné que le fil conducteur de La Réalité « inconnue » est plus
d’ordre intuitif que séquentiel, il est difficile d’en faire un résumé.
Cependant, Jane a probablement décrit le tome I de la façon la plus simple
qui soit lorsqu’elle a dit : « Le volume I fournit l’arrière-plan général et les
informations sur lesquelles se fondent les exercices et méthodes des
volumes II et III. » J’ai déjà cité cette phrase dans l’épilogue du tome I et,
aujourd’hui, après avoir terminé mon travail sur le manuscrit complet, je
réalise à quel point elle est pertinente.
Toute description simple du premier tome, comme d’ailleurs de celui-ci,
représente donc un véritable défi puisqu’il déborde du cadre de nombreuses
définitions que nous considérons habituellement comme allant de soi ; par
son absence de division en chapitres, il désoriente même nos idées quant à
ce que doit être un livre. Il recèle pourtant à coup sûr une vision
multidimensionnelle absolument fascinante de la nature des probabilités,
une vision dans laquelle nos idées d’un « évènement simple et unique »
doivent s’effacer ; il nous est pour le moins impossible de considérer
désormais tout évènement comme étant concret, achevé ou absolu. Seth
insiste sur l’importance des probabilités telles qu’elles existent en relation à
une pensée, à un évènement physique ordinaire ou à l’avènement collectif
de l’Homo sapiens en tant qu’espèce, et il met l’accent sur l’existence de
réalités probables en tant que structure sous-jacente du libre arbitre.
Les titres qu’il a donnés aux trois parties du volume I donnent certaines
indications de leur contenu.
Partie 1 : « La réalité “inconnue” et vous » — neuf sessions décrivant
comment les probabilités se mêlent aux évènements de nos vies
personnelles.
Partie 2 : « L’homme parallèle, l’homme alternatif, et l’homme
probable : leur reflet dans la présente psyché personnelle. Votre réalité
multidimensionnelle dans le maintenant de votre être. » — huit sessions
traitant de la vaste origine inconnue de notre espèce dans un passé
psychologique par rapport auquel l’évolution semble dater d’hier.
Partie 3 : « L’homme privé probable, la femme privée probable,
l’espèce dans les probabilités, et les feuilles de route pour les réalités »
— neuf sessions consacrées à l’importance des rêves dans la création des
évènements « concrets » à partir de ceux probables. Dans cette partie-là, il
est aussi question du vrai scientifique de l’art du rêve, du vrai physicien
mental et du médecin complet, ainsi que des particules subatomiques et du
spin des électrons, en relation avec la réalité perçue.
Onze appendices viennent ensuite conclure le tome I de La Réalité
« inconnue » : ils ont été élaborés à partir de sessions de Seth ayant un
rapport avec le sujet du livre, auxquelles s’ajoutent des notes traitant de la
relation existant entre Seth, Jane et moi, ainsi que tout autre élément
pertinent, susceptible d’éclairer le contexte plus large entourant ces
sessions. En guise de compléments d’information, le lecteur trouvera
également un certain nombre de renvois permettant de se reporter à des
passages d’autres livres de Seth et/ou de Jane.
Une part du matériau le plus important selon moi, dans le volume I, ce
sont les informations que donne Jane sur sa perception d’autres pulsations
neurologiques, liées à des évènements probables, et sur sa façon de les
capter en contournant son impression neurologique directe ou ordinaire.
Voir ce qu’elle a écrit dans les Appendices 4 et 5. Seth a lui aussi parlé de
ces changements neurologiques, dans la session 685 entre autres. Je pense
que ce type de matériau est une riche source de données pour de futures
recherches scientifiques.
Partant de là, dans ce deuxième tome, après avoir tout d’abord créé un
contexte thématique pour le moins intrigant, Seth nous invite à « entrer
dans la danse », à participer et à découvrir par nous-mêmes la réalité
inconnue à travers une série d’exercices destinés à éclairer les structures
intérieures dont dépendent les structures extérieures.
Dans la session 762 du 15 décembre 1975, déjà mentionnée, Seth a
expliqué de quelle manière La Réalité « inconnue » s’intégrait au sein de
l’ensemble plus vaste de son matériau.
« Dans Seth parle, j’ai essayé de décrire certaines extensions de votre
propre réalité, en des termes que mes lecteurs pourraient comprendre. Dans
La Nature de la réalité personnelle, j’ai tenté d’élargir les limites de
l’existence individuelle telle qu’elle est habituellement vécue […] pour
donner au lecteur des indications qui allaient accroître le plaisir et
l’épanouissement matériels, spirituels et physiques dans sa vie quotidienne.
J’ai dicté ces livres-là dans un style narratif plus ou moins clair. Dans La
Réalité “inconnue”, je suis allé plus loin, en montrant comment les
expériences de la psyché rejaillissent, pour ainsi dire, à l’extérieur, à la
lumière du jour. J’espère qu’à travers ma dictée et les expériences de Ruburt
et de Joseph, le lecteur peut percevoir [dans ce livre] les dimensions plus
vastes qui touchent au vécu ordinaire, et sentir la plus grande magie de la
psyché. La Réalité “inconnue” a exigé beaucoup plus de travail de la part
de Joseph et cet effort supplémentaire a démontré en lui-même qu’il est très
difficile de fixer les évènements de la psyché dans le temps. Apparemment,
son action s’étend dans toutes les directions. […] À mesure que Joseph
rédigeait ses notes, il est clairement apparu que certains évènements […]
semblaient n’avoir ni début ni fin. »
Plus tard, dans ces notes, j’ai l’intention de revenir sur ce qu’a dit Seth
à propos des évènements de la psyché et du temps.
J’ai terminé la préparation du tome I en janvier 1977, et il a été publié
au cours de cette même année. Nous étions heureux que le public puisse
profiter ainsi d’une partie du matériau pendant que je finalisais les autres
tomes. Les jours et les semaines passés à travailler sur mes notes pour les
volumes II et III s’étant accumulés jusqu’à devenir des mois, je commençais
à m’inquiéter de plus en plus. Il me semblait que j’aurais dû avoir fini
depuis longtemps ma part de cet ouvrage, même si je travaillais
simultanément sur plusieurs autres projets avec Jane, tout en consacrant
chaque jour quelques heures à ma peinture. La différence entre le temps
que Jane en tant que Seth avait mis à transmettre le volume I (quarante-
cinq heures environ) et mon propre engagement, en termes de temps
ordinaire, est finalement devenue si grande à mes yeux que c’en était
presque accablant.
J’avais aussi le sentiment que, dans la présentation des livres de Seth et
de Jane, la chronologie était faussée : j’étais si lent à finir mon travail sur
les dernières parties de La Réalité « inconnue » que Jane avait déjà publié
son propre livre Psychic Politics, alors que l’ordre inverse de parution
aurait dû prévaloir. Mais je ne cessais de me dire qu’après tout, il s’agissait
des livres de Seth et de Jane, pas des miens. Je reconnaissais sans problème
le rôle que je jouais en contribuant à une présentation cohérente des
facultés psychiques de Jane (en concevant, par exemple, intuitivement la
présentation du matériau de Seth sous forme de sessions), mais reconnaître
cela ne m’aidait en aucune manière à me sentir mieux.
Jane insistait sur le fait que les notes étaient importantes, comme un
rappel constant au lecteur que des évènements psychiques ou intérieurs se
produisaient dans le contexte d’une vie quotidienne. Je pensais parfois que
c’était par gentillesse de sa part, pour me rassurer. Seth trouvait lui aussi
que les notes, les appendices et les autres compléments étaient pertinents. Il
a également insisté sur le fait que notre idée de diviser l’ouvrage en
plusieurs tomes était intuitivement correcte et fondée sur une connaissance
intérieure légitime. Cela m’a bien sûr considérablement réjoui. (La
décision d’une publication en plusieurs tomes, prise quand le livre entier
était pratiquement terminé, m’a toutefois obligé à réécrire la plupart de
mes notes initiales pour qu’elles tiennent compte de cette nouvelle
présentation.)
À coup sûr, toute cette aventure a été une expérience d’apprentissage,
une de celles qui exigent une forme de patience à laquelle nous ne nous
attendions, ni Jane ni moi. S’il m’a été difficile d’attendre d’en avoir fini
avec le dernier tome, ce l’était encore plus pour Jane puisque, par nature,
elle est beaucoup plus spontanée et rapide que moi. Mais l’attente elle-
même était créative. Comme je l’indique ci-après, la mise en forme de ces
volumes II et III a représenté pour moi un processus de découverte — tout
comme ce sera le cas pour le lecteur, je l’espère, lorsqu’il les étudiera.
Chaque fois que je recherchais parmi toutes nos sessions non publiées
(couvrant une période de plus de dix ans) le matériau complémentaire le
plus adapté, j’avais l’impression de découvrir quelque chose de nouveau.
La plupart du temps, cela m’obligeait à réécrire mes notes d’une façon
différente de ce que j’avais prévu — ce qui était toujours un défi créatif des
plus agréables et pourtant, paradoxalement, parfois très frustrant. Ainsi, je
mettais souvent plus de temps à finaliser mon travail. Je me suis découvert
une patience dont je ne me croyais pas capable. Car cette patience-là,
employée à mettre en mots des images et des pensées, était objectivement et
subjectivement très différente, sur le plan qualitatif, de celle dont j’avais
l’habitude de faire preuve en tant que peintre. Grâce à elle, je sentais que
mon esprit et mes capacités se déployaient, aussi bien en ce qui concernait
l’écriture que la peinture.
Seth m’a lui-même aidé plus d’une fois — et le matériau suivant pourra
aussi se révéler utile à d’autres dans de nombreuses situations. Voici ce que
Seth a dit dans la session 751 du 30 juin 1975, qui a eu lieu environ deux
mois après qu’il eut fini de dicter ce livre.
« Maintenant. Il est inutile de vous inquiéter au sujet de La Réalité
“inconnue”. Vous avez déjà fait des livres dans une autre réalité probable et
vous les avez très bien terminés.
Leur modèle et celui de vos notes existent déjà dans votre esprit. Lisez
attentivement un paragraphe de vos notes, puis détournez doucement votre
esprit, d’un demi-cran. En faisant cela, vous serez capable de percevoir
votre propre version finale, et chaque mot qui n’y correspond pas sera
instantanément perçu, pendant qu’un autre vous viendra d’un seul coup à
l’esprit.
Vos paragraphes achevés sont déjà là, maintenant, dans la probabilité
que vous avez choisie. Cette probabilité-là appartient au présent qui est le
vôtre maintenant — vous l’avez toutefois choisie parmi un nombre infini
d’autres réalités. Les livres proviennent de probabilités à la fois vôtres et
miennes, ainsi que de celles de Ruburt.
Dans certaines d’entre elles, nous ne nous sommes pas rencontrés.
Pourtant, même celles-là contiennent la probabilité que nous nous
rencontrions, puisque nous le faisons ici. »
Je me suis servi de cette information de Seth de nombreuses fois
pendant que je travaillais sur La Réalité « inconnue ». Mais même ainsi,
j’ai quand même appris que, pour un tel projet à long terme, on peut
facilement perdre le sens précis de ce que l’on veut réellement faire et
montrer — par ailleurs, j’ai aussi appris comment réactualiser
constamment ma focalisation.
Ce travail m’a mis face à ce qui semblait être une série de défis sans fin,
mais j’ai constamment découvert que cela me réjouissait. Chaque fois que
je me mettais au travail, qu’il s’agisse de rédiger une courte note des plus
banales ou un appendice des plus complexes, je recherchais ce sentiment
particulier et personnel d’intense concentration sur le sujet dont il était
question. Lorsque j’y parvenais, je faisais une fois de plus l’expérience de
cette complète implication, intérieure et extérieure, mentale et physique,
dans laquelle on perd souvent le sens du temps. C’étaient de vrais moments
vécus où je m’élevais au-dessus des frustrations que je viens d’évoquer. (Je
me suis souvent demandé combien les processus ordinaires de vieillissement
physique se ralentissent ou s’accélèrent pendant ces périodes de
focalisation intense.)
Aujourd’hui, Jane et moi, nous voyons beaucoup plus clairement
comment nos caractéristiques respectives contribuent à notre travail
commun. Sans la capacité médiumnique de Jane et sa spontanéité, il n’y
aurait ni sessions de Seth ni livres, comme je le lui dis souvent. Elle me
répond alors que, sans ma persistance et ma diligence, le matériau de Seth
ne serait sans doute ni consigné par écrit ni mis en corrélation, ou peut-être
existerait-il sous une forme totalement différente. Je m’interroge.
Des questions, des questions, des questions — pourquoi en avons-nous
autant, Jane et moi ? En premier lieu, la nature même des capacités de Jane
nous conduit à nous en poser des milliers, sous des formes que nous
n’aurions pas anticipées quelques années plus tôt. Un deuxième type de
questions découle de ce que dit Seth et de ce que nous avons été amenés à
croire de ses dires. D’autres interrogations proviennent des réactions
qu’ont les gens par rapport aux deux types d’interrogations précédentes,
réactions qui nous parviennent à travers les lettres et les appels
téléphoniques que nous recevons, ou encore les personnes qui frappent à
notre porte. Quoi qu’il en soit, nous trouvons que toutes ces questions se
complètent et s’enrichissent mutuellement — tout comme l’énergie se
régénère d’elle-même, les questions prolifèrent automatiquement. À de
nombreuses reprises, l’idée m’est venue que Seth a fourni sur ce sujet une
bonne analogie avec son concept de « point-instant ». Voici ce qu’il a dit
dans la session 681 du volume I de La Réalité « inconnue ».
« En vos termes — l’expression est nécessaire —, le point-instant, le
présent, est le point d’interaction entre toutes les existences et réalités.
Toutes les probabilités passent par lui, même si un seul de vos points-
instants peut être vécu comme s’il durait des siècles, ou le temps d’une
respiration, dans d’autres réalités probables dont vous faites partie. »
Ainsi, tout comme il est possible d’explorer un point-instant
indéfiniment, chaque nouvelle question qui apparaît mène à un domaine
d’investigation toujours plus vaste.
Dans mes notes préliminaires du volume I, j’ai évoqué le fait de mettre
les « idées artistiques » fondamentales exprimées dans le matériau de Seth
au service de notre vie quotidienne, tant sur le plan conscient qu’esthétique
ou pratique. À mon avis, c’est vraiment là l’objet de tout le travail de Seth.
Un tel effort exige essentiellement la poursuite d’un idéal et correspond à
nos tentatives de donner une forme physique et mentale au grand tumulte
intérieur créatif de l’univers que chaque personne ressent intuitivement.
Jane et moi souhaitons bien sûr que les idées de Seth et les nôtres touchent
des points sensibles chez autrui ; en permettant au matériau de stimuler ses
perceptions intérieures, chaque individu peut alors l’utiliser selon son
propre idéal bénéfique.
Dans le cas de Jane, au moins, le rôle de « médium » (ou de chercheuse
ou d’initiatrice) constitue un immense défi. C'est aussi une tâche ardue.
Dans nos sociétés occidentales, il est beaucoup plus confortable de traiter
de la chimie, de l’agriculture ou du commerce, ou de tout autre métier ou
discipline « concrète », que de se confronter aux sens intérieurs.
Ce que Jane a à offrir est le fruit de l’étude de la conscience elle-même,
telle que celle-ci s’est exprimée à travers sa propre expérience et ses
capacités. Par choix personnel, rien ne vient interférer entre le monde
extérieur et elle, aucun statut assuré, par exemple. Elle ne jouit pas de la
protection que peut avoir un scientifique qui explore à fond un sujet précis,
puis écrit un rapport savant à partir d’une position « objective » qui, en
toute sécurité, reste extérieure au domaine d’étude. Je sais par ailleurs que
Jane se sent le devoir, ou la responsabilité, de « publier ses résultats » et de
les rendre accessibles aux autres. Elle a une forme de ténacité que la
science, par exemple, ne comprend pas du tout.
Son travail est toutefois fort bien compris par de nombreuses personnes,
même si elle ne fait pas l’unanimité auprès de tous ceux qui en ont entendu
parler. Il est intéressant de voir comment, si elle s’appuyait sur des
références reconnues, elle ferait plus aisément face aux sentiments extrêmes
avec lesquels Seth et elle sont parfois accueillis : le rejet catégorique ou
l’adulation — ou les menaces qu’elle reçoit de temps à autre de la part de
ceux qui disent qu’ils vont se suicider si Seth ne se manifeste pas
immédiatement pour leur donner une session privée.
À d’importants égards, le travail de Jane se situe en dehors des
structures — scientifiques, « occultes », philosophiques ou autres —
reconnues par la société. Cet isolement relatif ne nous préoccupe pas, mais
nous en sommes conscients. Et je sais que Jane ressent parfois le manque
de cette forme de camaraderie dont jouissent les professionnels s’inscrivant
davantage dans le cadre des structures admises. Mais, à vrai dire, nous
considérons beaucoup de nos correspondants comme des amis, même si
nous n’avons jamais rencontré la plupart d’entre eux, et bien que Jane ne
puisse répondre à leurs messages encourageants que par une lettre dictée
par Seth (et une par nous-mêmes), ou par quelques mots rapidement écrits
sur une carte postale. Nous avons tout à fait conscience du soutien que
nous apportent ces personnes, envers lesquelles nous éprouvons beaucoup
de gratitude. Bon nombre d’entre elles sont un peu comme nous — refusant
d’accepter toute forme de dogme.
Or, d’après Seth, l’indépendance intellectuelle de Jane met mal à l’aise
certains individus. Lors d’une session personnelle qu’il nous a donnée en
1977, il a dit :
« Certains ne veulent pas que mon autorité soit mise en question. (Avec
humour.) Ils pensent que, s’ils avaient eux-mêmes leur propre sur-âme, ils
percevraient beaucoup mieux que Ruburt ; et ils se serviraient de moi
comme si j’étais un de ces génies qui apparaissent par magie. Ils craignent
que Ruburt puisse remettre en cause mon existence même. »
Puis il a poursuivi en disant que ce genre d’individus ne comprenaient
pas que c’était la nature curieuse de Jane qui avait tout d’abord servi
d’étincelle pour démarrer les sessions, et qui était en partie responsable du
travail et des livres produits aussi bien par lui-même que par Jane.
Et sous une forme ou sous une autre, ces livres-là, Jane les emporte
toujours avec elle, d’une réalité à une autre. Pendant un cours de
perception extrasensorielle, Seth a dit qu’ils étaient pour Jane son « attirail
chéri » ou ses symboles, avant d’ajouter :
« Ce sont toutefois plus que des symboles. Ce sont des moyens de
reconnaissance qui représentent autre chose, une réalité ; des signes qui
tiennent lieu de mots, exprimés avant que naissent les mots ; des mots
imprimés dans des molécules ; des mots qui étaient imprimés selon d’autres
modes avant que naissent les molécules ; et pourtant (s’adressant aux
membres de la classe), des mots qui font écho à l’intérieur de vos psychés
individuelles. D’une façon ou d’une autre, ces mots-là sont déposés comme
des galets le long de la plage de votre réalité [collective].
Certains vont les ramasser, dire “quels beaux galets”, les regarder et voir
ce qu’ils signifient ; d’autres vont les repousser d’un coup de pied. Mais
d’une manière ou d’une autre… ces mots continuent d’être exprimés, que
ce soit par vos lèvres, le bruit des feuilles ou l’invisible musique de vos
cellules. Ils existent donc. Et c’est là le sens qui se cache derrière les livres
et les symboles. »
Seth veut certainement dire par là que les livres de Jane (et les siens)
représentent pour elle sa reconnaissance et sa recherche d’un idéal. Il en va
de même pour mes propres efforts dans la vie. (Voir le matériau de Seth sur
les « idéaux établis dans le cœur de l’homme », dans les sessions 696 et 697
du volume I de La Réalité « inconnue ».) En lien avec ce type de concepts,
je vais conclure ces notes préliminaires en citant ce qu’a dit Seth lors d’une
session privée qu’il nous a consacrée, à Jane et moi, et dans laquelle il
réitère l’importance de l’individu et de la poursuite de son idéal. Dans les
passages qui vont suivre, Seth a commencé par me parler de « l’univers
sûr » que chaque personne peut créer et dans lequel il peut vivre. Même si
ses mots m’étaient destinés, ils peuvent très largement s’appliquer à
d’autres.
« Avec créativité, vous imaginez dans votre esprit l’idéal — la nature
saine d’une certaine culture à venir, à laquelle conduiront, vous l’espérez,
votre travail et [celui] d’autres êtres. Si ce n’est demain, du moins un jour.
Quand vous comprenez totalement ce que signifie le concept entier d’un
“univers sûr”, vous percevez alors le climat culturel physique comme un
milieu dans lequel peut s’exprimer l’idéal. L’idéal n’a aucun sens s’il n’est
pas physiquement manifesté à un degré ou un autre. L’idéal recherche
l’expression. Ce faisant, il semble souvent changer ou se modifier selon des
modes qui ne sont pas compris. Pourtant, ces distorsions peuvent être les
ouvertures mêmes qui permettent à d’autres de percevoir.
D’une certaine façon, avec ce livre-ci et votre art, votre objectif est
l’expression de l’idéal et cette expression-là doit évidemment être
matérialisée physiquement. Votre joie, votre défi, doit résider dans la
manifestation de l’idéal tel que vous le voyez, que vous puissiez en mesurer
ou non, en vos termes, les conséquences ou les obstacles — que
l’expression parvienne ou non à son parachèvement, en vos termes —,
même si cette manifestation semble tomber sur un sol où elle ne pourra
croître.
En tant qu’artiste seul, votre but est l’expression, ce qui implique la
divulgation, c’est la différence entre l’idéal et le réel. Soyez téméraire dans
l’expression de l’idéal et il ne vous trahira jamais. Prenez-le avec des gants
et vous serez en pleine bataille. »
Pour être vraiment « téméraire » au sens où l’entend Seth — il faut oser,
ô combien ! Je dirais que parvenir à un tel état représente un sacré
accomplissement. Pour la plupart d’entre nous, y compris moi-même, cela
signifie se débarrasser de nombreuses croyances personnelles, bien
incrustées et limitantes. J’ai quelques aperçus de cette condition de liberté
intérieure et extérieure ; juste assez pour comprendre une partie des
bienfaits, nombreux et concrets, qui peuvent en découler. Selon moi, il n’y a
pas de meilleur objectif.
J’espère que ces Notes préliminaires ont préparé le lecteur à aborder la
suite de La Réalité « inconnue », dont la partie 4 commence au milieu de la
session 705. Comme je l’ai écrit en présentant le tome I, tous les
commentaires que je fais au fil des pages ont pour but de décrire les
périodes de transe de Jane, du mieux que je le peux et selon la vision que
j’en ai : son comportement, sa façon variée d’utiliser sa voix lorsqu’elle
parle pour Seth, son endurance et son humour dans les sessions, la rapidité
ou la lenteur de son élocution. Mais par-dessus tout, j’essaye d’aider le
lecteur à apprécier l’étrange perception d’énergie et/ou d’intelligence — de
personnalité — dont Seth fait preuve en prenant une forme qui nous est au
moins un peu compréhensible, en nos termes de réalité, de manière à ce que
nous puissions comprendre ce qui se passe.
Comme dans le tome I, certaines notes sont présentées dans les sessions
au moment des pauses, alors que d’autres sont indiquées directement dans
le texte par un numéro de renvoi à la fin de la session. Les seules notes de
bas de page sont celles invitant le lecteur à se reporter à un appendice
spécifique situé à la fin de ce même tome. Cet agencement permet le plus
souvent d’éviter qu’il y ait des coupures dans le texte de Seth, en dehors
bien sûr de celles correspondant aux pauses.
Ce système d’appendices a bien fonctionné dans Le Matériau de Seth et
dans Seth parle. Dans les trois volumes de La Réalité « inconnue », chaque
extrait ou session qui se trouve dans un appendice, ainsi que les notes
éventuelles qu’il peut comporter, constitue en général un ensemble se
suffisant à lui-même. Ces textes peuvent donc être lus à n’importe quel
moment, mais il serait préférable selon moi que le lecteur se reporte à
chacun d’eux lorsqu’il est mentionné pour la première fois dans une note de
bas de page ; tout comme il devrait jeter un coup d’œil sur tout autre
matériau servant de référence en suivant l’ordre où cela est présenté dans
les différents tomes. Je crois également qu’il est particulièrement
enrichissant de comparer Psychic Politics avec les volumes 2 et 3 de La
Réalité « inconnue », car Jane a produit de larges parties de ces deux textes
en même temps ; il y a donc beaucoup d’échanges de point de vue
intéressants entre eux.
PARTIE 4

Explorations

Une étude de la psyché telle qu’elle est en lien avec la vie


personnelle et l’expérience de l’espèce

Réalités probables en tant que leçons d’expérience


personnelle

L’expérience personnelle telle qu’elle est en lien avec les


civilisations « passées » et « futures » de l’homme
SESSION 705

Lundi 24 juin 1974

(La session 704 a eu lieu la semaine dernière. Seth y a donné le titre de


la Partie 4, avant de terminer par quelques minutes d’informations
personnelles pour Jane et moi. Il a fait remarquer plus d’une fois qu’il
conclurait une session en dictant le titre du chapitre ou du thème suivant,
« pour que Ruburt [Jane] sache ce que je fais. Cela le met en confiance. »
Mais je dois dire que cette façon de procéder contribue aussi à satisfaire
l’impatience spontanée de Jane, toujours désireuse de savoir de quoi il va
être question dans la suite du matériau.
Dans le cas présent, cependant, trop de temps s’est écoulé entre les
sessions. Celle normalement programmée pour mercredi dernier n’a pas eu
lieu, car nous avions plusieurs évènements à préparer et, les jours passant,
Jane et moi avons tout simplement oublié où nous en étions arrivés dans La
Réalité « inconnue ». Je lui lis donc maintenant le titre de la Partie 4
pendant que nous attendons que Seth se manifeste, puis elle me dit : « Je
n’ai pas la moindre idée de ce que tout cela signifie ». En général, une
forme d’existence sereine constitue le meilleur contexte routinier pour ces
sessions et pour notre autre travail créatif, même si, au sein de cette
routine, il peut y avoir des situations suscitant un intérêt ou une excitation
sortant de l’ordinaire [comme c’est le cas pour le cours hebdomadaire de
perception extrasensorielle de Jane]. Mais avec ce type de régularité, le
temps — notre temps ordinaire — s’écoule sans heurt ; aussi, lorsque
périodiquement nous regardons en arrière, nous voyons que nous avons
accompli au moins une part de ce que nous voulions faire.
Un des évènements auxquels nous nous préparons est la visite de Tam
Mossman, l’éditeur de Jane à Prentice-Hall. Il a prévu d’assister demain
soir au cours de perception extrasensorielle et de rester jusqu’à mercredi
pour lire et discuter des deux ouvrages sur lesquels Jane travaille
actuellement, Adventures in Consciousness : An Introduction to Aspect
Psychology et La Réalité « inconnue ». Tam jettera aussi un œil sur mes
premières ébauches destinées au livre de poésie de Jane, Dialogues of the
Soul and Mortal Self in Time[1]. Il sera également présent à la session 706,
prévue mercredi soir. Si Seth se manifeste avec un matériau pour La Réalité
« inconnue », Tam sera le premier « étranger » à assister à une session
consacrée à cet ouvrage. Jane dicte presque toujours le matériau d’un livre
sans autre témoin que moi, et elle utilise le cadre de son cours de
perception extrasensorielle pour les interactions d’ordre émotionnel
impliquant Seth, d’autres personnes et elle-même. Cette séparation assez
formelle dans ses activités de transe nous convient bien ; quel que soit notre
travail, nous aimons en faire la plus grande partie par nous-mêmes.
Ce soir, l’atmosphère de notre salon, situé au premier étage, est très
agréable et détendue. À l’approche du crépuscule, nous avons allumé les
lumières. Par nos fenêtres ouvertes nous parvient le bruit de la circulation
au croisement situé juste à l’ouest de notre maison. En attendant que la
session commence, Jane fume une cigarette et boit quelques gorgées de
bière ; en fait, elle est en train de tourner sa conscience vers l’intérieur,
selon un processus qui lui permet de rencontrer Seth dans un voyage non
physique qui n’a rien à voir avec nos concepts ordinaires d’espace ou de
distance.
Quand cette rencontre a lieu, Jane est en transe ; elle enlève ses
lunettes ; elle a encore une fois rencontré Seth sur le pont psychologique
qu’ils ont tous deux établi entre eux quand les sessions ont débuté il y a
plus de dix ans. Ce type de conjonction, a expliqué Seth, est « de la part de
Ruburt comme de la mienne, une extension psychologique et une projection
des caractéristiques nécessaires à notre communication […] comparable à
une route qu’il faut maintenir dégagée[2]. »
Comme c’est généralement le cas lors de nos sessions privées, la voix
de Jane en tant que Seth est juste un peu plus grave que la normale.
L’accent, par contre, est tout à fait spécifique de Seth. Je pense souvent
qu’il conserve des traces d’un héritage européen — mais d’un pays qu’il
m’est impossible de localiser. Au cours des transes, les yeux de Jane sont
beaucoup plus sombres et apparemment sans éclat.
21 h 09.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Commençons cette partie par une brève discussion à propos de
« l’évolution ».
Pour l’instant, pensez-y comme vous le faites habituellement, dans un
contexte temporel. Dans le passé, la mode était de croire que chaque espèce
était égoïstement tournée vers sa propre survie. Point. Chacune était
considérée comme étant en compétition avec toutes les autres. Dans ce
contexte-là, la coopération était simplement un produit dérivé d’un instinct
primaire de survie. Une espèce peut se servir d’une autre, par exemple. On
pensait que les espèces se modifiaient et qu’à cause d’un changement
antérieur de l’environnement, des « mutants » prenaient forme, auxquels
une espèce donnée devait s’adapter, sinon elle disparaissait. La force
motivante était toujours projetée à l’extérieur[II].
Tout ceci donnait un tableau complètement erroné. Physiquement
parlant, la Terre elle-même a son propre type de forme changeante de
conscience. S’il le faut, considérez cette conscience de la Terre comme
s’élevant graduellement sur les grands versants de la conscience, à partir de
particules de poussière relativement « inertes » et passant par le règne
minéral, puis végétal et animal[3]. Souvenez-vous malgré tout que ces
règnes ne sont finalement pas séparés. Ils sont très reliés. Rien ne se produit
dans l’un d’eux sans que cela ait une incidence sur les autres. Une vaste
coopération bienveillante existe entre ces systèmes apparemment distincts.
Si vous vous souvenez que même les atomes et les molécules ont une
conscience, il vous sera plus facile de comprendre qu’un certain type de
conscience unit en effet ces mondes.
En vos termes, la conscience du moi ne s’est pas développée du fait de
circonstances extérieures d’où votre espèce serait sortie victorieuse, pour
ainsi dire. En réalité, dans toute personne, cette conscience du moi dépend
des coopérations constantes et miraculeuses qui existent entre les mondes
minéral, végétal et animal. C’est toujours l’intention intérieure qui forme
une modification extérieure. Ceci est valable à n’importe quelle échelle. La
conscience forme l’environnement. L’environnement lui-même est
conscient. (Dit avec force.) Les atomes eux-mêmes, et les molécules,
opèrent dans leurs propres champs de probabilités. À leur manière, ils
« aspirent » à tous les développements probables. Quand ils forment des
créatures vivantes, ils deviennent une base physique pour une modification
d’une espèce. L’adaptabilité du corps n’est pas simplement un mécanisme,
ou une qualité, d’ajustement. Les cellules ont des capacités internes que
vous n’avez pas encore découvertes. Elles portent en elles la mémoire de
toutes les formes « précédentes » auxquelles elles ont pris part.
J’aimerais faire ici un aparté. En certains termes, vous ne pouvez pas
détruire la vie par une catastrophe nucléaire. Vous détruiriez, bien sûr, la vie
telle que vous la connaissez ; et, en vos termes, vous mettriez fin, si les
conditions étaient bonnes (ou mauvaises), à des formes de vie qui vous sont
familières. En termes plus larges, cependant, une vie mutante — mutante
uniquement d’après vos critères —, mais une vie qui, pour elle-même,
serait parfaitement naturelle émergerait.
(21 h 38.) Pour revenir à notre sujet principal du moment : le fait est que
le prétendu processus d’évolution est largement dépendant des tendances
coopératives inhérentes à toutes les propriétés de la vie et à toutes les
espèces. Il n’y a pas de transmigration d’âmes, dans laquelle l’entière
personnalité d’une personne « revient » en tant qu’animal. Pourtant, dans le
contexte physique, il y a un entrecroisement incessant, de sorte que les
cellules d’un homme ou d’une femme peuvent devenir celles d’une plante
ou d’un animal[4], et vice versa, bien sûr. Les cellules qui ont fait partie
d’un cerveau humain savent cela à leur manière. Les cellules qui composent
maintenant vos propres corps se sont associées et dissociées de nombreuses
fois pour former d’autres parties de l’environnement naturel.
Cette transmigration, intérieure et cependant physique, de conscience a
toujours été extrêmement importante et elle représente une méthode
naturelle de communication, unissant toutes les espèces et toutes les vies
physiques. À l’intérieur de tous les organismes physiques, il y a donc une
poussée vers le développement et le changement, tout comme il y a aussi un
modèle de stabilité à l’intérieur duquel de telles modifications peuvent
prendre place.
Accordez-nous un instant… Historiquement, bien sûr, vous suivez un
schéma unilinéaire de pensée, alors vous voyez un tableau dans lequel les
poissons ont quitté les océans et sont devenus des reptiles ; à partir de là, les
mammifères ont fini par apparaître, puis les grands singes et les humains.
C’est, je l’admets, une formulation simpliste, mais c’est la façon dont la
plupart des gens pensent que l’évolution a eu lieu. Le terme de
« progression » est ambigu. Vous n’imaginez jamais la situation inversée,
par exemple. Peu d’entre vous imaginent un homme reptilien conscient. Il
vous semble que la direction que vous avez prise était la seule possible.
Accordez-nous un instant… Vous identifiez une conscience de soi
hautement évoluée au développement de votre propre espèce, et à votre
propre type de mécanismes de perception. Vous appliquez cela comme
normes ou conditions, chaque fois que vous étudiez toute autre forme de
vie. Dans votre système de probabilités, il n’y a ni hommes ni femmes
reptiliens, pourtant dans d’autres probabilités, ils existent vraiment. Je
mentionne cela uniquement pour vous montrer que le système
évolutionniste que vous reconnaissez n’est rien d’autre qu’un système
parmi d’autres. (Avec insistance.) La base physique réside cependant, de
façon latente, à l’intérieur de votre propre structure cellulaire. Vous
pensez que l’évolution est terminée. Son impulsion provient toutefois de
l’intérieur de la nature de la conscience elle-même. Cela a toujours été.
Dans certains milieux, il est de bon ton aujourd’hui de dire que la
conscience de l’homme est maintenant un élément dans un nouveau type
d’évolution — mais cette « nouvelle conscience » a toujours été présente.
Vous commencez seulement à reconnaître son existence. Chaque
conscience se rend compte d’elle-même en tant qu’elle-même[5]. Chaque
conscience est donc consciente d’elle-même. Il se peut toutefois qu’elle ne
le soit pas de la façon dont vous l’êtes. Il se peut qu’elle ne réfléchisse pas
sur sa propre condition. D’un autre côté, elle peut ne pas en avoir besoin.
(22 h 02.) Accordez-nous un instant… Les prétendus développements
futurs de votre espèce dépendent maintenant de vos idées et de vos
croyances. Génétiquement, ceci est valable en termes personnels. Si vous
croyez par exemple que vous pouvez vivre en bonne santé et heureux
jusqu’à un âge avancé, bien au-delà de 90 ans, alors ce sera le cas, même
dans une civilisation occidentale. Votre intention émotionnelle et votre
croyance vont diriger le fonctionnement de vos cellules et (avec insistance)
faire ressortir en elles les propriétés et aptitudes inhérentes qui assureront
cette situation-là. Dans des lieux retirés, il y a des groupes d’individus qui
ont ce genre de croyances et leur corps y répond. La même chose s’applique
à la race — ou à l’espèce, pour être plus exact. À l’intérieur des cellules
elles-mêmes, il y a une créativité inépuisable dont vous ne vous servez pas
en tant qu’espèce, parce que vos croyances sont si loin à la traîne derrière
votre spiritualité et votre sagesse biologiques innées. Vos idées
commencent à changer. Mais à moins de changer de structure, vous allez
continuer à mettre l’accent sur la manipulation médicale et technologique…
Dans des cas isolés, celle-ci vous montrera certains des résultats possibles
uniquement sur une base physique. Ces techniques-là ne vont cependant ni
fonctionner à une échelle collective, ni vous permettre, disons, de prolonger
une vie efficace et productive, à moins que vous ne changiez vos croyances
dans d’autres domaines également et appreniez la dynamique intérieure de
la psyché.
(Le téléphone se met à sonner. Je me lève rapidement. Une fois de plus,
j’ai oublié de le débrancher avant le début de la session. En tant que Seth,
Jane lève les yeux vers moi.)
Faites votre pause.
(22 h 14. L’appel vient de loin. Un jeune homme a fini de lire Le
Matériau de Seth ce soir. Il a de nombreuses questions — et est trop
impatient pour prendre le temps de terminer la lettre qu’il a commencé à
écrire à Jane. Nous avons déjà fait de nombreuses fois l’expérience de ce
type de réaction enthousiaste. Je lui parle quelques minutes pendant que
Jane se repose après être sortie de transe, et je lui suggère de la rappeler
plus tard dans la semaine. Reprise à 22 h 36.)
Maintenant. Il est donc vrai que les cellules opèrent d’une part en
dehors du temps et d’autre part avec une base ferme dans le temps — d’où
l’intégrité d’un corps en tant qu’organisme dans l’espace et le temps.
Il est vrai qu’à un niveau conscient, vous n’opérez pas encore en dehors
du temps, mais que celui-ci vous lie. Quand vous apprenez dans une
certaine mesure à vous libérer de ces dimensions-là, vous n’êtes pas juste en
train de dupliquer une condition plus vaste ou d’y « retourner », mais d’y
ajouter un nouvel élément. Le type de conscience de soi que vous avez est
unique, mais tous les types sont uniques. Chaque triomphe que vous
remportez en tant qu’individu se répercute dans votre espèce et dans sa
connaissance cellulaire.
Accordez-nous un instant… D’une certaine façon, vous êtes tous vos
propres mutants, modifiant de façon créative des formations cellulaires.
Point. Quand votre destin semble dépendre de l’hérédité, par exemple, la
transmission d’idées et de croyances s’opère ; celles-ci fournissent des
signaux aux chromosomes. Elles génèrent en miniature des images de soi,
pour ainsi dire, qui se réfléchissent dans les cellules. Dans de nombreux cas,
ces images peuvent être modifiées, mais pas avec votre technologie.
(Une longue pause à 22 h 48.) Accordez-nous un instant… (Plus d’une
minute de pause. Puis, tranquillement.) Fondamentalement, la
compréhension cellulaire chevauche le temps. Il y a donc une façon
d’introduire de « nouvelles » informations génétiques dans une cellule soi-
disant endommagée dans le présent[6]. Ceci fait entrer en jeu une
manipulation de conscience, essentiellement, et non pas celle de gadgets –
ainsi qu’un principe d’inversion du temps. L’information indésirable doit
tout d’abord être effacée. Elle doit être effacée dans le « passé », en vos
termes. Certains guérisseurs psychiques, très rares, font cela
automatiquement, sans réaliser ce qu’ils font. Le corps rend souvent de lui-
même ce service, quand il rectifie automatiquement certaines conditions,
même si elles étaient génétiquement imprimées. Ces empreintes deviennent
régressives. En vos termes, elles s’évanouissent dans une série probable
d’évènements qui ne vous affectent pas physiquement.
Fin de la dictée.
(Une pause à 22 h 57. Après avoir transmis un matériau sur plusieurs
autres sujets, Seth nous souhaite bonne nuit à 23 h 20.)

NOTES DE LA SESSION 705

[1] Note destinée aux lecteurs intéressés par des données concernant les
publications. Les livres de Jane, Dialogues et Adventures,
s’entrecroisent avec les livres de Seth comme pour leur servir de
contrepoints. Jane évoque d’ailleurs ses propres travaux dans son
introduction de La Réalité personnelle. Je fais aussi mention de ces
ouvrages dans plusieurs notes de ce livre-là, et on y trouve également,
aux chapitres 10 et 11, une sélection de poèmes tirés de Dialogues ;
dans ce même chapitre 11, Seth a utilisé un de ces extraits en lien avec
son propre matériau. Dans le volume I de La Réalité « inconnue », Seth
fait encore référence de temps à autre à Adventures, tandis que, pour
ma part, je fournis des informations sur cet ouvrage dans la note 3 de la
préface de Seth, et dans la note 5 de la session 680, entre autres.

Jane a terminé Dialogues l’année dernière (en mars 1973), et à présent


(en juin 1974), elle en est à la moitié du manuscrit final d’Adventures.
Je dois terminer si possible les illustrations pour ces deux livres d’ici la
fin de l’année, puisque Prentice-Hall les publiera en 1975. Il me reste
donc pas mal de travail à faire sur les quarante dessins à la plume pour
Dialogues, et sur une série de diagrammes destinés à Adventures.
Tout au long de ce volume, comme dans le premier, je ferai référence
aux autres livres de Jane.

[2] Les citations sont extraites de Seth parle : voir le chapitre 1 à 21 h 35.
Dans le présent volume, peut-être en appendice, j’espère ajouter des
extraits de certaines observations non publiées de Seth concernant le
pont psychologique qui relie Jane et lui. Mais pour l’instant, le lecteur
peut se reporter à ce qu’a écrit Jane sur sa relation avec Seth, dans les
Notes préliminaires du tome I de La Réalité « inconnue ».

[3] Une note ajoutée cinq mois plus tard. Le diagramme 11 qui se trouve au
chapitre 19 d’Adventures cadre bien ici avec le matériau de Seth. Il
montre de façon schématique la relation du cycle individuel de la
naissance et de la mort (en incluant les évènements probables) avec les
autres règnes ou réalités, moins différenciés, qui contribuent à former le
monde. Voir la note 1.

[4] Jane et moi comprenons ce que veut dire Seth lorsqu’il affirme que « les
cellules d’un homme ou d’une femme peuvent devenir celles d’une
plante ou d’un animal ». Toutefois, pour les raisons évoquées dans la
note 3 de la session 687 du tome I, nous pensions plutôt que c’étaient
les composants moléculaires des cellules qui prenaient part aux
structures d’une multitude de formes. (Et j’ajoute qu’une semaine plus
tard, au terme de la session 707, Seth a livré son propre commentaire à
propos des cellules survivant à des changements de forme.)

Pour un matériau complémentaire sur la vie et la mort des cellules,


avec pour intermédiaires les UC, ou unités de conscience, de Seth, voir
la session 688 entre 22 h 26 et 22 h 59. « Bien que la cellule meure
physiquement, sa nature inaltérable n’est pas trahie. Elle n’est
simplement plus physique. »

[5] L’affirmation de Seth me rappelle ici ma question sur la conscience de


notre espèce, telle que je l’ai formulée à la fin de la session 699, dans le
tome I.

[6] La session 654, dans le chapitre 14 de La Réalité personnelle, contient


des informations sur les changements possibles au sein de la mémoire
cellulaire, des codes génétiques et des structures neuronales. Pour un
matériau sur la précognition biologique, voir également dans le tome I
de La Réalité « inconnue » la session 690 à 22 h 16.
SESSION 707

Lundi 1er juillet 1974

(La session 706 a eu lieu comme prévu mercredi soir et notre hôte, Tam
Mossman, était présent — mais comme Seth n’a pas dicté de matériau
concernant La Réalité « inconnue », cette session n’est pas retranscrite ici.
Ce soir, j’ai rappelé à Jane notre conversation à propos des cellules et
de leurs composants, à la suite de ce qu’avait dit Seth à 21 h 38 lors de la
session 705. Une partie de la transmission de ce soir fait référence, je
pense, aux questions que nous avons soulevées pendant cette discussion, de
même que la brève clarification que Seth apporte vers la fin de la session.
21 h 21.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée… Les cellules changent évidemment. À l’intérieur d’elles, les
atomes et les molécules sont toujours dans un état de flux. Les UC[1] qui
sont au sein de toute matière ont une banque de mémoires qui dépasserait
de loin celle de n’importe quel ordinateur. En tant que composants
cellulaires, les atomes et les molécules sont donc porteurs de la mémoire de
toutes les formes dont ils ont fait partie.
À des niveaux profonds, les cellules travaillent toujours avec les
probabilités, et comparent des actions et des développements probables à la
lumière des informations génétiques. Un fonctionnement hautement élaboré
entre en jeu, des calculs sont faits instantanément avant que vous puissiez,
par exemple, faire un pas ou lever un doigt. L’activité de prédiction de
l’organisme physique n’est toutefois pas la seule à être impliquée. À ces
niveaux plus profonds, l’activité cellulaire inclut la mise en œuvre de
jugements prédictifs par rapport à l’environnement extérieur du corps. À
l’évidence, le corps n’opère pas seul, mais en relation avec tout ce qui
l’entoure. Quand vous voulez traverser une pièce en marchant, le corps doit
non seulement faire appel à la rétrospection et à la « prédiction » pour ce
qui concerne son propre comportement, mais il doit prendre en
considération l’activité prédictive de tous les autres éléments qui sont dans
cette pièce.
Accordez-nous un instant… À des niveaux fondamentaux, bien sûr, le
mouvement d’un muscle exige celui de cellules et de composants
cellulaires. J’affirme ici que les molécules et les atomes eux-mêmes, du fait
de leurs caractéristiques, ont non seulement affaire aux probabilités au sein
de la structure cellulaire du corps, mais aident également celui-ci à effectuer
des prédictions sur des entités ou objets qui lui sont extérieurs.
(Une pause, puis avec humour.) Vous « savez » par exemple qu’une
chaise ne va pas vous poursuivre tout autour de la pièce — c’est du moins
hautement improbable. Vous savez cela parce que vous avez un esprit doué
de raison, mais ce type particulier d’esprit doué de raison sait ce qu’il sait
parce qu’à des niveaux profonds, les cellules se rendent compte de la nature
d’une action probable. Ce sont cependant les croyances de l’esprit conscient
qui fixent vos buts et vos objectifs. « Vous » êtes celui qui décide de
traverser la salle, et tous ces calculs intérieurs ont alors lieu pour vous aider
à parvenir à votre but. L’intention consciente active donc les mécanismes
intérieurs et modifie le comportement des cellules et de leurs composants.
En termes beaucoup plus larges, les buts établis consciemment par votre
espèce mettent aussi en action le même type d’activité biologique
intérieure. Les buts de l’espèce n’existent pas séparément des buts
individuels. Donc, tandis que vous menez votre vie, vous prenez très
effectivement part aux développements « futurs » de votre espèce. Point.
Penchons-nous un instant sur la psyché personnelle.
(21 h 48.) La « psyché personnelle » est une expression qui sonne bien,
mais elle n’a aucun sens si vous ne l’appliquez pas à votre psyché
personnelle. Un peu d’examen de vous-même devrait vous montrer que, de
façon très simple, vous êtes constamment en train de penser à des
probabilités. Vous faites constamment des choix entre des actions probables
et des alternatives. Un choix présuppose des actes probables, dont chacun
est possible et susceptible d’être actualisé à l’intérieur de votre système de
réalité. Votre expérience personnelle est remplie de décisions de ce genre,
beaucoup plus que vous ne le réalisez généralement. Chaque jour, de petites
situations anodines se présentent : « Irai-je au cinéma ou au bowling ? »
« Est-ce que je vais me brosser les dents maintenant ou plus tard ? » « Dois-
je écrire à mon ami aujourd’hui ou demain ? » Il y a aussi des questions
plus pertinentes par rapport à une profession, un mode de vie ou d’autres
engagements plus profonds. En vos termes, chaque décision que vous
prenez modifie la réalité que vous connaissez à un degré ou un autre.

EXERCICE PRATIQUE 10

En guise d’exercice, pendant un jour ou deux, prenez note de toutes les


fois où vous vous surprenez en train de penser à des actions probables[2],
petites ou grandes. Essayez de suivre dans votre esprit ce qui « se serait
peut-être produit » si vous aviez suivi cette option-là. Imaginez ensuite quel
pourrait être le résultat de ce choix. Vous êtes un membre de l’espèce. Tous
les choix que vous faites personnellement modifient biologiquement et
physiquement l’espèce.
Vous pouvez littéralement choisir entre la santé et la maladie ; entre une
concentration plus orientée vers le mental que le physique, ou l’inverse. Les
décisions personnelles de ce genre modifient l’héritage génétique de
l’espèce. Votre intention est de la plus haute importance — car, jusqu’à un
certain point, vous pouvez changer vos propres messages génétiques[3].
Vous pouvez, par exemple, faire en sorte qu’une cellule — ou un groupe de
cellules — modifie l’image qu’elle a d’elle-même ; et, une fois encore, vous
le faites souvent — quand vous vous guérissez tout seul de maladies parce
que vous avez l’intention de bien vous porter. L’intention sera consciente,
même si les moyens peuvent ne pas l’être. Point. Dans ce cas-là, les qualités
d’autoguérison des cellules sont renforcées et les capacités d’autoguérison
de l’espèce sont elles aussi renforcées.
Faites votre pause.
(De 22 h 05 à 22 h 32.)
Maintenant. Votre psyché personnelle porte un intérêt intime à votre
existence terrestre ; dans l’état de rêve, vous avez affaire à des actions
probables et souvent, dans cette situation-là, vous trouvez les solutions à
des problèmes ou des questions qui se posent et qui ont un rapport avec des
séquences probables d’évènements[4].
À de nombreuses occasions, vous vous posez la question — « Dois-je
faire ceci ou cela ? » — et vous formez un rêve dans lequel vous suivez
jusqu’au bout les futurs probables qui « résulteraient » des diverses voies
disponibles. Pendant que vous dormez et rêvez, votre activité chimique et
hormonale suit fidèlement le déroulement de vos rêves. Même dans votre
réalité admise, vous réagissez en rêve à des évènements probables aussi
bien qu’aux évènements choisis pour l’expérience physique de l’état de
veille. Votre vie quotidienne en est modifiée, car, dans ce genre de rêve,
vous avez affaire à des prévisibilités probables. Vous êtes loin d’être seul,
chaque individu vivant a aussi ses propres rêves et ceux-ci contribuent à
former la séquence acceptée de probabilités du jour suivant ou du « temps
à venir ». Les décisions personnelles s’additionnent jusqu’à donner les
évènements globaux d’une journée.
Accordez-nous un instant… (Une longue pause, les yeux clos.) Il y a
des terres de l’esprit[5]. Cela signifie que l’esprit a ses propres
« civilisations », sa propre culture, sa géographie personnelle, sa propre
histoire et ses propres inclinations. Mais l’esprit est lié au cerveau physique
et, cachée dans les replis de ce dernier, il y a une mémoire archéologique.
Dans une certaine mesure, ce que vous savez maintenant dépend de ce qui
sera connu et de ce qui a été connu, en vos termes. De ce point de vue, les
espèces « passées » d’êtres humains vivent à l’intérieur de votre
Maintenant, tout comme celles qui semblent devoir venir après. Idéalement
parlant, il est donc possible de découvrir très clairement l’histoire de votre
espèce dans la psyché ; et les vrais évènements archéologiques ne se
découvrent pas uniquement en exhumant des pierres et des reliques, mais en
ramenant à la lumière du jour, pour ainsi dire, les mémoires qui reposent à
l’intérieur de la psyché.
Maintenant, ceci est la fin de la dictée.
(22 h 45. Seth transmet ensuite une page d’informations pour Jane et
moi. On y trouve ces lignes : « Soit dit en passant, je crois avoir éclairci le
sujet sur lequel vous vous interrogiez. En tant qu’entités, les cellules ne
tombent pas [de la forme physique] comme des pommes. J’ai utilisé, je
suppose, un raccourci qui me semblait clair dans le contexte donné. »
Fin à 23 h 01.)

NOTES DE LA SESSION 707

[1] Voir dans ce tome la note 3 de l’appendice 12.


[2] Six des huit exercices que Seth a conçus et transmis dans le volume I de
La Réalité « inconnue » ont pour but d’aider le lecteur à explorer
directement certains aspects de réalités probables — et les deux autres
exercices pratiques (le 6 et le 8) restent également très proches des
concepts de probabilités. C’est à la suite de la projection de Jane dans
un passé probable — dans sa ville natale de Saratoga Springs, État de
New York — que Seth a transmis le premier exercice pratique.

[3] Voir la session 705 à 22 h 48.

[4] Dans le volume I, voir la session 687 à 22 h 01. Seth y décrit comment
le rêveur et ses moi probables, ayant « les mêmes racines psychiques »,
peuvent résoudre ensemble un défi dans une réalité probable.

Je suggère également une relecture du matériau sur les rêves et les


réalités probables dans les chapitres 14 et 15 du Matériau de Seth.

[5] Jane a elle-même fait mention pour la première fois des « terres de
l’esprit » au cours d’une pause, lors de la session 703 qui a eu lieu il y
a environ trois semaines — mais elle avait « capté » cette expression de
Seth. Voir les notes à la fin de cette session-là, dans le tome I.
SESSION 708

Lundi 30 septembre 1974

(Jane et moi n’avons pas compris au début que nous allions marquer
une longue pause dans notre travail sur La Réalité « inconnue », après la
session 707 du 1er juillet. Pendant les quatorze semaines qui ont suivi, nous
avons bien sûr été très occupés. Voici donc quelques notes concernant
certaines de nos activités, regroupées par thèmes et non
chronologiquement.
Quelques sessions personnelles non publiées ont cependant eu lieu.
Jane a aussi continué son cours de perception extrasensorielle et, dans ce
contexte spontané, elle a souvent parlé pour Seth ou chanté en sumari[1], sa
langue de transe. L’interruption dans la dictée du livre m’a donné le temps
d’assister régulièrement à ce cours, et j’ai l’intention de continuer à le
faire. Cette pratique m’a permis de découvrir une nouvelle fois à quel point
la structure souple de ce cours agit comme un catalyseur pour certains
petits évènements psychiques que je trouve très agréables. Le cours a lieu le
mardi soir et ce genre d’expérience se produit souvent au moment où je me
repose une demi-heure en fin d’après-midi. J’en rends chaque fois compte
par écrit et j’y associe parfois un dessin qui me sert à compléter la
description que j’en fais en classe.
Suite à la réunion avec son éditeur, fin juin, Jane a consacré son temps
à finaliser le manuscrit d’Adventures, pendant que, de mon côté, je
travaillais sur les diagrammes qui lui sont destinés et sur les dessins pour
Dialogues. J’ai terminé cette semaine les esquisses détaillées, au crayon,
qui serviront de guides pour les deux séries d’illustrations. Pour finaliser ce
travail en vue de la publication, il me reste encore à poser un film d’acétate
sur chaque esquisse puis à réaliser sur cette surface vierge la version finale
au trait ou à la plume. Ce système m’est personnel ; le film d’acétate
chevauchant les contours tracés me donne la liberté de rechercher divers
effets spontanés qui seraient fortement inhibés si j’essayais de suivre trop
fidèlement ces images premières. Fin août, j’ai envoyé à Prentice-Hall le
manuscrit complet d’Adventures de Jane, bien avant d’en avoir terminé les
seize diagrammes [et deux autres œuvres artistiques]. Ce livre doit être
publié dans le courant de l’année 1975, mais je continuerai quand même à
y faire référence dans ces notes.
Le samedi 27 juillet au matin, Jane a reçu de son éditeur le premier
exemplaire de La Nature de la réalité personnelle : un livre de Seth. Elle
était contente et moi aussi. L’aspect physique du livre nous a beaucoup plu.
En tant qu’artiste, je me rends compte quand le contenant est à la hauteur
du contenu, même si ceci importe moins à Jane qui, elle, est plus sensible à
la dimension verbale.
La parution de La Réalité personnelle s’est par ailleurs traduite par un
accroissement conséquent de la quantité de lettres et d’appels
téléphoniques que nous recevons. Le nombre d’invitations à participer à
des émissions de radio ou de télévision a également augmenté. Pour des
raisons diverses, nous ne nous impliquons plus dans ce genre d’activité ;
pourtant, quand l’animateur d’une radio de Miami, en Floride, a appelé
Jane tôt ce matin [le 30 septembre], pour obtenir une interview enregistrée,
elle a spontanément suggéré, à la surprise de son interlocuteur, de la faire
immédiatement — et elle a ainsi dialogué avec lui pendant une demi-heure,
en parlant de son travail de façon libre et improvisée. Cet entretien sera
diffusé ultérieurement.
Pendant cette période d’interruption de notre travail sur La Réalité
« inconnue », nous avons vécu, Jane et moi, quelques petites expériences
psychiques. Celle que je vais mentionner ici a un rapport avec le matériau
publié. Durant la nuit qui a suivi l’arrivée du premier exemplaire de La
Réalité personnelle, alors qu’elle était tranquillement allongée à mes côtés
dans un état modifié de conscience, Jane a reçu une information sur la
façon dont « les anciens paralysaient l’air ». Il devenait alors possible de
marcher dessus et de le manipuler de diverses manières. Elle m’a réveillé
pour me parler de son expérience, et pour que je lui rappelle le lendemain
d’en écrire le compte rendu. Incapable d’identifier la source de cette
information, elle a juste affirmé qu’elle n’était pas en train de rêver. Au
cours du petit-déjeuner, je lui ai dit que, selon moi, ce matériau était en lien
avec les sessions de La Réalité personnelle portant sur le son interne, la
lumière interne et les valeurs électromagnétiques « autour desquelles et à
partir desquelles » se forme l’image physique. J’ai ajouté que certaines
idées de son roman The Education of Oversoul Seven entraient aussi en
ligne de compte[2].
Je n’ai pas lu La Réalité « inconnue » depuis que j’ai fini d’en taper la
dernière session il y a plus de trois mois. La semaine dernière, Jane en a
revu tout le matériau venant de Seth ; elle a pourtant eu besoin de se
remettre en mémoire aujourd’hui le contenu de la session 707. Pendant que
nous la relisions cet après-midi, j’ai pris conscience d’un son à la fois
familier et peu fréquent : le cri des oies. C’est le genre de vacarme
éphémère que je pourrais écouter indéfiniment. Leur vol en direction du sud
a vite disparu au milieu d’un ciel pluvieux et, quelques instants plus tard,
leurs cris n’étaient plus audibles.
J’ai considéré cette migration comme un signe de bon augure, car ces
circonstances me rappelaient fortement celles décrites au début de la
session 687 dans le volume I de La Réalité « inconnue ». Il pleuvait aussi ce
jour-là de la fin du mois de mars — et, comme je l’ai écrit à l’époque de
façon un peu romantique, j’avais associé le vol des oies au travail de Jane
et au mien sur les livres de Seth. Je suis encore surpris d’avoir fait ce
rapprochement, quelles qu’en soient les raisons ; mais nous étions fin prêts
à nous plonger dans un travail hivernal.
20 h 50. Tandis que nous sommes assis à attendre que la session
commence, Jane se sent un peu nerveuse ; c’est souvent le cas après une
interruption dans la dictée d’un livre. Mais comme à chaque fois, elle en
rit : « Je veux qu’on s’y mette enfin. »
À 20 h 55, se rapprochant encore de cet état familier de dissociation, de
ce pont psychologique qui sert de lieu de rencontre entre Seth et elle, Jane
annonce qu’elle a perçu « une idée assez générale de ce que Seth va dire à
propos de la teneur du livre ». Certaines données la concernant sont moins
claires, mais elle pense que Seth va développer tout cela en même temps
que son matériau sur La Réalité « inconnue ». « J’imagine, dit-elle, que
nous allons commencer par le livre… »
L’élocution de Jane en tant que Seth est bonne. Elle est d’ailleurs
souvent rapide et ne donne pas du tout le sentiment qu’il y a eu trois mois
de pause après la session 707.
20 h 58.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant, dictée. La conscience opère grâce à ce que vous pourriez
appeler des systèmes de codes. Leur nombre est incalculable. La conscience
se différencie donc en opérant au sein de certains systèmes de code qui
favorisent directement certains types particuliers de focalisation, en laissant
entrer certains types de signifiances[3] tout en bloquant d’autres données à
l’extérieur.
Ces autres données, bien sûr, peuvent être signifiantes dans des
systèmes de code différents. À leur façon, ces systèmes sont toutefois
interreliés, de sorte qu’à d’autres niveaux, il y a une communication entre
eux — des données secondaires, pourrait-on dire, qui servent de supports,
mais sur lesquelles ne porte pas la focalisation première.
Ces systèmes de code font entrer en jeu des constructions moléculaires
et des valeurs de lumière[4], et, dans certains cas, ces valeurs de lumière
offrent autant de précision et d’efficacité que les lettres de votre alphabet. Il
est manifeste que certaines formes de vie, par exemple, réagissent à des
spectres qui ne vous sont pas familiers — mais au-delà de cela, il y a des
gammes électromagnétiques, ou plutôt des extensions de gammes
électromagnétiques qui vous sont complètement inconnues et auxquelles
répondent d’autres formes de vie.
À nouveau, tous ces systèmes de code[5] sont interreliés. De la même
façon, la psyché personnelle contient en elle des traces et des aperçus de
réalités alternatives. Ceux-ci agissent en tant que codes secondaires, pour
ainsi dire, qui sont sous-jacents à l’existence que vous reconnaissez
officiellement. De tels systèmes secondaires peuvent beaucoup vous en dire
sur les potentiels de la réalité humaine, sur ceux qui sont latents, mais
peuvent à tout moment être activés et acquérir une importance primordiale.
Les systèmes secondaires de ce type indiquent aussi la direction des
développements probables qui sont possibles pour des individus ou des
espèces.
Toutes les probabilités concrètement possibles dans le développement
humain sont donc présentes en chaque individu, à un degré ou à un autre.
Tout progrès biologique ou spirituel que vous pouvez imaginer ne va bien
sûr pas provenir d’un agent extérieur, mais du sein de l’héritage d’une
conscience faite chair. D’une manière générale, ceux qui vivent dans ce
siècle ont opté pour un type particulier d’orientation. L’espèce a choisi de se
spécialiser dans certaines formes de manipulation physique, de concentrer
ses énergies dans certaines directions. Ces orientations ont donné le jour à
une réalité unique en son genre. En d’autres termes, l’être humain ne s’est
pas embarqué dans une impasse. Il a étudié la nature de sa conscience — en
l’utilisant comme si elle ne faisait pas partie du reste de la nature et en
percevant donc la nature et le monde sous une lumière particulière[6]. Cette
lumière l’a finalement conduit à se sentir isolé, seul et, dans une certaine
mesure, relativement impuissant. (Avec insistance.)
(À un rythme rapide.) L’être humain est en train d’apprendre comment
utiliser la lumière de sa propre conscience et de découvrir jusqu’à quel
point il peut compter sur une méthode particulière pour s’en servir. Il
étudie ce qu’il peut faire et ne pas faire avec cette focalisation. Il découvre à
présent qu’il a aussi besoin d’autres lumières, en d’autres termes — qu’il
s’était uniquement focalisé sur une partie réduite d’un éclairage intérieur
complet, susceptible d’être utilisé dans de nombreuses directions.
Examinons certaines de ces autres directions qui sont innées dans la
conscience de l’homme et attendent toujours d’être utilisées efficacement.
Je m’exprime en vos termes historiques, car, avant le système historique
que vous reconnaissez, l’homme a en fait expérimenté ces autres directions-
là, et avec un certain succès. Cela ne veut pas dire que l’homme
d’aujourd’hui soit tombé d’un quelconque accomplissement spirituel plus
élevé jusqu’à son état actuel.
(Une pause à 21 h 16.) Il y a des cycles au cours desquels la conscience
forme une expérience terrestre, et établit les grandes lignes de séquences
historiques. Il y a ainsi eu d’autres espèces du genre humain en dehors de la
vôtre, chacune gérant des données physiques à sa manière. Certaines ont
donc pris des directions autres que celle que vous avez choisie. Cependant,
même ces voies-là sont latentes ou secondaires au sein de votre expérience
personnelle et collective. Elles demeurent en vous et vous présentent des
réalités alternatives[7] que vous pouvez choisir ou non, de façon personnelle
ou en masse, comme vous préférez.
Chaque système produit bien sûr sa propre culture, sa « technologie »,
son art et sa science. À la base, le corps physique est équipé pour se
maintenir en tant qu’organisme sain, doté d’une longue vie qui dépasse
largement votre compréhension actuelle, médicalement parlant. La
compréhension cellulaire[8] fournit toutes sortes de thérapies internes, qui
opèrent de façon parfaitement naturelle. Il y a un échange mutuel physique
entre le corps et l’environnement, au-delà de celui que vous reconnaissez ;
une dynamique intérieure qui vous échappe ici, et qui unit la santé des
plantes, celle des animaux et celle des hommes. L’exemple le plus simple et
le plus terre à terre est le fait que, lorsque vous vivez dans un
environnement suffisamment équilibré et sain, les plantes de votre maison
et vos animaux se portent bien, eux aussi. Vous formez votre environnement
et vous en êtes une partie. Vous y réagissez, en oubliant souvent cette
relation-là. Idéalement, le corps a la capacité de rester en excellente santé
— et, en plus, de se maintenir au plus haut niveau d’accomplissement
physique. Les exploits de vos plus grands athlètes vous donnent une
indication de la vraie capacité du corps. Dans votre système de croyances,
cependant, ces athlètes doivent s’entraîner et focaliser toute leur attention
dans cette direction-là, souvent aux dépens d’autres aspects de leur
existence. Mais leurs performances vous montrent ce dont le corps est
capable.
Le corps est équipé, encore une fois idéalement, pour se débarrasser de
n’importe quelle maladie, et pour maintenir sa stabilité dans ce que vous
appelleriez un âge avancé, avec seulement un changement global graduel.
Dans le meilleur des cas, ce changement donnerait lieu à des
transformations spirituelles. Quand vous partez en vacances, par exemple,
vous fermez votre maison. En ces termes idéaux, la mort impliquerait la
fermeture de votre maison [physique] ; celle-ci ne se désagrégerait pas pour
autant autour de vous.
(Une pause à 21 h 34.) Or, certains individus entraperçoivent cette
grande capacité naturelle de guérison du corps et l’utilisent. Les médecins
en font parfois le constat lorsqu’un patient atteint d’une maladie prétendue
incurable guérit soudain. Les guérisons « miraculeuses » sont simplement
des exemples de ce qu’est la nature non entravée. Les médecins complets,
évoqués antérieurement[9], seraient des personnes ayant compris la vraie
nature du corps et ses potentiels — des personnes qui transmettraient donc
ces idées-là et encourageraient les autres à faire confiance à la validité du
corps. Certaines des capacités du corps vous semblent impossibles, parce
que vous n’avez aucune preuve venant les confirmer. De nombreux organes
peuvent complètement se régénérer eux-mêmes, les parties malades étant
remplacées par de nouveaux tissus.
(Une pause au milieu d’une transmission plus lente.) Beaucoup de
personnes développent un cancer sans le savoir et s’en débarrassent. Des
appendices enlevés par intervention chirurgicale repoussent. Ces pouvoirs
du corps sont biologiquement tout à fait réalisables en termes pratiques,
mais uniquement grâce à un changement complet de focalisation et de
croyance. Votre insistance à vous séparer de la nature vous a
automatiquement empêché de faire confiance aux aspects biologiques du
corps, et vos concepts religieux vous ont rendus encore plus étrangers à sa
spiritualité.
D’un autre côté, dans votre réalité, votre conscience est en général
identifiée au corps — c’est-à-dire que vous pensez que votre conscience a
toujours été à l’intérieur de votre chair. Pourtant, de nombreux individus
[dont Jane et moi] se sont retrouvés hors de leur corps, pleinement
conscients et lucides.
(21 h 45. Jane sort très facilement de son état de transe, comme elle le
fait d’habitude. « Alors, lui dis-je, comment te sens-tu à présent ? »
« C’est bon de reprendre les sessions pour le livre », répond-elle en
souriant.
Tranquillement assis, nous pouvons entendre le bruit des voitures
traversant le nouveau Walnut Street Bridge, qui enjambe avec grâce la
Chemung River juste à côté de chez nous ; un peu plus tôt dans la soirée, il
a plu et les sons en sont atténués. Soit dit en passant, cette construction à
quatre voies a été ouverte ce matin au public, après une brève cérémonie. Il
remplace le vieux pont détruit lors de la tempête tropicale Agnès en juin
1972 ; voir mes notes de la session 613 au chapitre 1 de La Réalité
personnelle.
Reprise à un rythme plus lent à 21 h 56.)
Dans certaines conditions, le corps peut donc se maintenir pendant que
la « conscience principale » est en dehors de lui. La conscience du corps est
tout à fait capable de pourvoir à l’équilibre global. À certains niveaux de
l’état de sommeil, c’est ce qui se produit. Dans le somnambulisme, le corps
est actif, mais la conscience principale n’est pas « réveillée ». Elle ne
manipule pas le corps. La conscience principale est ailleurs. Dans ces
conditions, le corps peut accomplir des tâches et il manœuvre souvent avec
un incroyable sens de l’équilibre. Cette finesse, à nouveau, laisse entrevoir
des aptitudes physiques qui d’ordinaire ne sont pas utilisées. La conscience
principale, à cause de ses croyances, entrave souvent cette capacité à
manœuvrer dans la vie normale de l’état de veille.
Intéressons-nous un instant à la conscience du corps.
Il est équipé, comme l’animal, pour fonctionner admirablement dans
son environnement. Vous le diriez dénué d’esprit, puisque vous avez
l’impression qu’il ne raisonne pas. Pour illustrer cette discussion, imaginez
un corps doué d’une conscience corporelle pleinement opérante, sans
maladie ou défaut de naissance, mais dépourvu de la conscience
prépondérante, égocentrée, qui est la vôtre. Il y a eu des espèces de cette
nature. En vos termes, ces êtres vous paraîtraient des somnambules,
pourtant leurs capacités physiques surpassaient les vôtres. Ils étaient en fait
aussi agiles que les animaux — et n’étaient pas inconscients[10]. Ils
utilisaient simplement un type différent de conscience.
En vos termes, ils n’avaient pas de but [global], leur objectif était
simplement d’être. Les principaux points d’intérêts de leur conscience
étaient ailleurs, dans un autre type de réalité, alors que leurs manifestations
physiques en étaient séparées. Les principales focalisations de leur
conscience se rendaient à peine compte des corps qu’ils avaient créés.
Toutefois, même ces corps apprenaient, écrivez maintenant entre
guillemets, « par l’expérience » et commençaient à « s’éveiller », à prendre
conscience d’eux-mêmes, à découvrir le temps, ou à le créer. Point.
(Une pause.) De leur point de vue, ces somnambules, comme nous
allons les appeler, n’étaient pas endormis, ils ne le paraîtraient que du vôtre.
Il y a eu plusieurs races d’êtres humains de ce type. Leur expérience
[globale] principale se situait en dehors du corps. L’existence corporelle
physique était un effet secondaire. Pour eux, le réel était la vie à l’état de
rêve, qui contenait les plus hauts stimuli, l’expérience la plus focalisée, le
but le plus soutenu, l’activité la plus sensée, et le comportement social et
culturel le plus organisé. Ceci est l’autre face de votre propre expérience,
pour ainsi dire. Ces races ont laissé la Terre physique pratiquement comme
elles l’ont trouvée. L’activité principale faisait appel à une conscience
distincte du corps. En vos termes, la culture physique était rudimentaire.
Maintenant, l’organisme physique en tant que tel est capable de vivre un
système de réalité de ce type. Celui-ci n’est ni meilleur ni pire que le vôtre.
Il s’agit simplement d’un comportement alternatif, biologiquement et
spirituellement possible. Aucun système compliqué de transport physique
n’était mis en place. Dans l’état physique, dans ce que vous appelleriez
l’état de veille, ces individus dormaient. Pour vous, comparativement, leurs
activités éveillées ressembleraient à un rêve et pourtant, ils agissaient
physiquement avec une grâce naturelle permettant à leur corps de
fonctionner au mieux de ses capacités. Ils ne l’encombraient pas avec des
croyances négatives de maladie ou de limitation. Ces corps ne vieillissaient
pas dans la même mesure que maintenant, comme les vôtres, et ils
jouissaient d’une grande aisance et d’un fort sentiment d’appartenance à
l’environnement.
(22 h 24.) Une conscience connectée à la chair a donc, spirituellement et
biologiquement, une grande latitude, et elle peut se focaliser de multiples
façons avec la chair et par elle, indépendamment de votre propre orientation
particulière. Il y a eu des civilisations hautement sophistiquées et
développées qui ne vous auraient pas été perceptibles, car leur principale
orientation était mentale ou psychique, alors que l’aspect physique lui-
même semblait extrêmement sous-développé.
Dans certains de leurs rêves, beaucoup de mes lecteurs ont découvert
une réalité tout aussi vive que la réalité normale, et parfois même
davantage. Ces expériences peuvent vous donner une vague idée du type
d’existence dont je parle[11]. Il y a aussi des dispositifs physiques, liés aux
capacités d’hibernation de certains animaux, qui peuvent fournir plus
d’indices sur les relations possibles de la conscience au corps. Dans
certaines conditions, par exemple, la conscience peut s’affranchir du
mécanisme corporel, alors que celui-ci reste intact — il fonctionne, mais à
un niveau de maintenance. Quand les conditions optimales reviennent, la
conscience réactive le corps. Un tel comportement est possible, et pas
seulement chez les animaux. Dans des systèmes différents du vôtre, il existe
des réalités où des organismes physiques sont réactivés — à nouveau,
quand les conditions sont bonnes —, après ce qui vous semblerait être des
siècles d’inactivité[12]. Dans une certaine mesure, vos cycles de vie et de
mort ne sont qu’un autre aspect du principe d’hibernation, tel que vous le
comprenez. Votre conscience quitte le corps pratiquement de la même façon
que les messages sautent d’une terminaison nerveuse à l’autre[13]. À ce
moment-là, la conscience n’est pas détruite.
Maintenant, dans le cas d’un animal qui hiberne, le corps se trouve dans
le même état. Mais dans l’hibernation plus profonde dont vous pouvez faire
l’expérience, votre corps en tant qu’ensemble est incapable d’être
opérationnel. Il est évident que les cellules qui sont en vous meurent
constamment. Le corps que vous avez aujourd’hui n’est pas celui que vous
aviez il y a dix ans ; ses composants physiques sont morts de nombreuses
fois depuis votre naissance, mais, à nouveau, votre conscience, tel un pont,
enjambe ces vides (avec des gestes). Ceux-ci pourraient au contraire être
acceptés, auquel cas vous auriez l’impression d’avoir été, disons, un moi
réincarné à l’âge de sept (avec insistance), quatorze ou vingt et un ans. La
séquence particulière de votre conscience se poursuit cependant. En termes
fondamentaux, le corps meurt souvent, et de façon aussi sûre que vous
pensez qu’il meurt dans la seule mort que vous reconnaissez. À de multiples
occasions, il se désagrège physiquement, mais votre conscience passe outre
ces « morts-là ». Vous ne les percevez pas. L’étoffe de votre corps sombre
littéralement dans la terre de nombreuses fois, alors que vous pensez
qu’elle le fait seulement à la « fin de votre vie ».
À nouveau, votre conscience enjambe triomphalement ces morts que
vous ne reconnaissez pas en tant que telles. Dans l’existence
tridimensionnelle que vous avez choisie, et en ces termes-là, votre
conscience reconnaît finalement une mort. Extérieurement, il est
pratiquement impossible de localiser avec précision ce carrefour de la
conscience et l’apparente séparation du corps. Il y a un moment où vous, en
tant que conscience, décidez que la mort va avoir lieu, quand, en vos
termes, vous n’enjambez plus le vide de ces morts infimes non admises.
(Une pause à 22 h 43, au cours d’une forte transmission.) Ici, la
conscience décide de quitter la chair, d’accepter une mort officielle[14].
Vous avez toutefois déjà choisi un contexte, et il semble que ce contexte-là
soit inévitable. Le corps paraît durer un temps donné et pas plus. Le fait
demeure que vous avez choisi le type de conscience qui s’identifie à la chair
pendant une certaine période de temps. Pour d’autres espèces de conscience
— d’un ordre totalement différent, et avec un rythme différent
d’expérience —, une vie en vos termes serait considérée comme une
journée, et franchir ce vide entre une vie apparente, la mort et une nouvelle
vie ne leur poserait aucun problème.
Certains individus se retrouvent avec des souvenirs d’autres vies, qui
sont des journées pour l’âme. Ces personnes se rendent alors compte d’une
conscience plus vaste dont la portée dépasse ces intervalles, et elles
comprennent que l’expérience terrestre peut inclure la connaissance d’une
existence dans plus d’un corps. La conscience affiliée à la chair peut donc
être porteuse de telles compréhensions, de façon inhérente. L’esprit de
l’homme, tel que vous le connaissez, est potentiellement apte à traiter un
type de mémoire dont vous n’avez généralement pas connaissance. Cela
signifie que, même biologiquement, l’espèce est équipée pour gérer
différentes séquences de temps, tout en manœuvrant à l’intérieur d’un
système de temps particulier. Cela implique aussi une richesse
psychologique beaucoup plus vaste — tout à fait possible, encore une fois,
au sein d’une réalité corporelle —, permettant de gérer de nombreux
niveaux de relations. Une telle connaissance intérieure est inhérente aux
cellules et, en termes ordinaires d’évolution, elle est tout à fait possible en
tant que développement « futur ».
Dans votre réalité, la connaissance se transmet d’habitude à travers les
âges par des livres et des documents historiques. Pourtant, chaque individu
porte en lui un gisement immense : une connaissance directe du passé, en
vos termes, grâce à une compréhension inconsciente.
La réalité inconnue : une bonne part de cette réalité est inconnue
uniquement parce que vos croyances vous maintiennent enfermés, à l’écart
de votre propre connaissance. L’étendue de votre conscience est sans
limites. Comme vous acceptez l’idée d’un mouvement du temps en ligne
droite, il vous est impossible de voir avant ou après ce que vous considérez
être votre naissance ou votre mort[III] ; pourtant, votre conscience plus large
se rend parfaitement compte de ce type d’expérience. Idéalement, il est non
seulement possible de se souvenir des vies « passées », mais aussi de
planifier maintenant des vies futures. En termes plus vastes, toutes ces vies
ont lieu en même temps. Votre structure neurologique actuelle fait que cela
semble impossible, pourtant votre conscience intérieure n’est pas entravée
de cette manière.
(D’une voix plus forte.) Faites votre pause ou terminez la session,
comme vous préférez.
(« Nous allons faire une pause. »
23 h 00. La transe de Jane est excellente. Elle se souvient vaguement
que Seth a parlé de « somnambules ». Je lui décris brièvement le matériau,
avant d’ajouter : « Ce serait drôle si cette information s’appliquait à nos
propres ancêtres, nos hommes des cavernes, comme nous les appelons. » Ce
à quoi Jane répond que, selon elle, c’est le cas, sans préciser davantage.
Elle veut que Seth réponde à deux ou trois de ses questions, maintenant
qu’il a repris la transmission de La Réalité « inconnue » ; je suggère donc
que nous lui demandions de livrer ce matériau maintenant. Jane hésite. « Je
perçois de la matière à la fois pour le livre et pour moi, dit-elle. Je ne sais
pas quoi faire. Attends — il y a un exercice pratique qui entre en jeu… »
Reprise à 23 h 25.)
Maintenant.
EXERCICE PRATIQUE 11

Votre attention consciente peut englober beaucoup plus de données que


vous ne le comprenez. Vous avez été hypnotisé par votre croyance en une
dimension extrêmement limitée de votre conscience.
Repensez à hier. Essayez de vous souvenir de ce que vous avez fait
quand vous vous êtes levé ; des vêtements que vous portiez. Tentez de
suivre la séquence de vos activités depuis le moment où vous vous êtes
réveillé jusqu’à ce que vous soyez allé dormir. Ensuite, entrez dans les
détails. Essayez de vous rappeler quels étaient vos sentiments dans tous ces
moments. La plupart d’entre vous peuvent s’estimer heureux d’arriver
jusque-là. Si c’est votre cas, allez encore plus loin et essayez de vous
souvenir des rêveries que vous avez eues au cours de la journée. Essayez de
vous rappeler les pensées vagabondes qui vous sont venues à l’esprit.
Au début, cet exercice va exiger toute votre attention. Vous pouvez le
pratiquer en étant tranquillement assis, dans un bus ou en attendant
quelqu’un dans un bureau. Certains d’entre vous sont peut-être capables
d’accomplir simultanément d’autres actions plus ou moins automatiques
— mais ne vous y exercez pas quand vous conduisez votre voiture, par
exemple.
À mesure que vous devenez plus expert en la matière, faites alors
délibérément quelque chose d’autre en même temps — une activité
physique par exemple. Quand la plupart d’entre vous commencent cet
exercice, ils ont presque l’impression d’avoir été des somnambules
auparavant. Le bel alignement précis des sens sur l’activité physique semble
tout simplement perdu ; pourtant, à mesure que vous progressez, les détails
vont devenir clairs, et vous allez découvrir que vous pouvez au moins
retenir dans votre esprit certains aspects de la réalité de la veille, tout en
restant en prise avec le jour présent.
En termes plus vastes, il y a d’autres vies entières qui, pour vous, sont
oubliées, essentiellement comme l’est hier. Ces vies aussi sont cependant
une série secondaire d’activités, qui se déroulent en dessous de votre
principal centre d’intérêt actuel. Inconsciemment, elles font partie de votre
présent et sont aussi reliées à lui que l’est hier.
Maintenant. La seconde partie de l’exercice.
Imaginez distinctement ce que vous ferez demain et planifiez en détail
un jour probable qui va naturellement découler de votre expérience, votre
comportement et vos buts actuels. Poursuivez cela jusqu’au bout, comme
vous l’avez fait dans la première partie de l’exercice. (Une pause.) La
réalité de ce jour-là est déjà anticipée par vos cellules. Votre corps s’y est
préparé, toutes ses fonctions y projetant de façon précognitive leurs propres
existences. Votre vie « future » existe de la même manière et, en vos
termes, elle se développe autant à partir de votre présent que demain à
partir d’aujourd’hui.
Cet exercice permet simplement à votre conscience normale de
s’accoutumer à sa propre flexibilité. Vous allez exercer les muscles
invisibles de votre conscience, aussi sûrement que vous pouvez entraîner
votre corps grâce à la gymnastique.
Pour d’autres parties de vous-même, vous semblerez être un
somnambule. Cependant, une pleine participation créative à n’importe quel
moment vous éveillera à vos propres potentiels et vous permettra donc de
faire l’expérience d’une unité entre votre conscience et la compréhension de
vos cellules physiques. Ces cellules sont aussi spirituelles que l’est votre
âme.
(23 h 40.) Maintenant, accordez-moi un moment. Un bon moment… Ce
n’est pas une dictée.
(Suivent trois pages et demie d’un matériau pour Jane et moi. En voici
quelques extraits condensés, plus généraux.)
À un degré ou à un autre, on vous enseigne dans votre société à ne pas
avoir confiance en vous. Diverses écoles et religions tentent d’exprimer la
validité du moi, mais leurs déformations ont étouffé l’authenticité
fondamentale de leurs enseignements.
En ces termes-là, Ruburt est parti de zéro, en tant que membre de votre
société qui a finalement rejeté, comme vous [Joseph], les schémas courants
de croyance. Il a simplement été pendant quelque temps entre plusieurs
systèmes de croyance, rejetant complètement certains d’entre eux, acceptant
en partie certains autres ; mais il était surtout un pionnier — et ce, bien
qu’étant porteur de la croyance, largement inconsciente et pourtant
fondamentale de la société, selon laquelle on ne peut se fier au moi. […]
Tant qu’on est porteur de cette croyance émotionnellement invisible,
tout ce que fait le moi doit être minutieusement examiné, mis à l’épreuve ;
pendant ce temps-là, des croyances qui ont soutenu d’autres êtres restent en
suspens. Le développement des aptitudes de Ruburt allait donc le tenir à
l’écart de structures réconfortantes tandis qu’il en cherchait d’autres pour le
soutenir. […]
Il a testé une bonne part de ce qu’il a appris. Sa personnalité s’est
épanouie à tous égards, en particulier en termes de relation aux autres et de
créativité personnelle. […]
Il a mis à l’épreuve nos informations dans le monde qu’il connaît. Il a
senti que c’était nécessaire. […] Car comment le moi, prétendument
mauvais, pouvait-il engendrer le bien ?
Certaines structures auraient pu lui offrir de l’aide, mais il voyait
qu’elles n’étaient pas intrinsèquement valides et il n’a donc pas compté sur
elles…
(Seth nous souhaite bonne nuit à 00 h 18. Tout au long de la session, les
transmissions de Jane étaient pleines d’énergie.
Dans le matériau ci-dessus, qui évoque la recherche de nouveaux
schémas de croyance, plus vastes, qu’a menée Jane lorsqu’elle a commencé
à abandonner ses vieilles idées « réconfortantes », Seth parle avec
beaucoup de lucidité de certains aspects du rôle que Jane s’est choisi pour
cette vie-ci. Je veux cependant insister ici sur les éléments émotionnels de
la recherche de Jane — et affirmer que, par moments, il lui a été très
difficile d’être confrontée à ces qualités-là. Dans une certaine mesure, ses
croyances se sont aussi souvent modifiées ; en ce qui me concerne, comme
je ne faisais que participer au développement du matériau de Seth, sans en
être à l’origine, les pressions et les défis n’étaient pas — ne sont pas
— aussi éprouvants. [Avec un humour acquis au prix de bien des luttes, je
note toutefois qu’il n’est pas facile d’abandonner certaines vieilles chères
croyances ; même lorsqu’elles sont manifestement erronées, elles peuvent si
bien correspondre à la personnalité.]
En lien avec ces notes et les extraits de ce que Seth a dit après 23 h 40,
je recommande au lecteur de relire dans le volume I les éléments suivants :
(a) Le matériau parlant de Jane, de la religion et du mysticisme,
dans les Notes préliminaires, la session 679 et l’appendice 1.
(b) La note 8 de la session 679, sur les croyances et les
symptômes physiques de Jane.
(c) L’appendice 10 évoquant les efforts de Jane pour établir un
« juste milieu » entre les réactions extrêmes que manifestait la
société à l’égard de ses aptitudes psychiques : d’une part, le rejet de
ceux qui ont un esprit conventionnel et fermé, d’autre part,
l’acceptation crédule.
Petite note ajoutée le lendemain : voir l’appendice 14 pour ce qui est
arrivé à Jane au moment d’aller se coucher après cette session.)

NOTES DE LA SESSION 708

[1] Voir les chapitres 7 et 8 d’Adventures.

[2] Dans La Réalité personnelle, voir les sessions 623, 624 et 625 au
chapitre 5. Dans Ouversoul Seven, voir au chapitre 12, par exemple, la
partie où Jane décrit non seulement le déplacement aérien d’objets
— de rochers —, mais aussi une « tension supplémentaire » dans l’air
lui-même, « comme si un million de voyelles et de syllabes s’élevaient
dans les airs, toutes scintillantes, toutes… vivantes ; comme des
animaux-sons… »

[3] Dans le volume I de La Réalité « inconnue », voir la session 681 à


partir de 23 h 47, et la session 682 à partir de 22 h 21.

[4] Les sessions du chapitre 5 de La Réalité personnelle, auxquelles il est


fait référence dans la note 2, contiennent des informations sur les
fonctions du son et de la lumière internes du corps, et les valeurs
électromagnétiques. La session 625 mentionne en particulier ces
attributs aux niveaux atomiques et moléculaires.

[5] Voir l’appendice 4 en lien avec la session 685, dans le tome I.

[6] Dans le tome I, tout le matériau de la session 686, y compris l’Exercice


pratique 1, peut s’appliquer ici.

[7] Dans le tome I : Seth fait référence à certaines variétés d’hommes des
temps anciens, dans la session 689 (voir aussi la note 4) ainsi que dans
la session 691 après 22 h 30 ; voir ensuite l’appendice 6 pour le
matériau de Jane sur l’homme parallèle, l’homme alternatif et l’homme
probable.
Le lecteur peut en outre revoir les informations de Seth sur d’anciennes
civilisations, au chapitre 15 de Seth parle.

[8] Voir la session 705 après 22 h 36.

[9] Voir les sessions 703 et 704 dans le volume I.

[10] Ce matériau m’a immédiatement rappelé qu’avant la session de ce


soir, nous avions discuté, Jane et moi, de la promesse faite par Seth de
répondre aux deux questions que j’avais posées avant les sessions 698
et 699 dans le volume I et qui sont toutes deux brièvement exposées
dans les notes situées à la fin de la session 699. Celle qui nous intéresse
ici concernait mon incapacité à comprendre ce que pouvait être une
espèce à l’état « inconscient ». Je ne pensais pas que Seth allait
s’écarter de son sujet pour aborder ces concepts-là ce soir, mais après
qu’il eut fini de parler des « somnambules », je m’étais dit qu’il
envisagerait peut-être de traiter au moins un élément de ma demande.

[11] Voir la note 4 de la session 707.

La session 699 dans le tome I traite en partie des images rêvées et des
« photographies » subjectives du rêve. En guise de première note de
cette session-là, j’ai inséré un de mes poèmes favoris, écrit par Jane et
intitulé Mon moi rêvant. Elle l’a écrit en 1965, environ un an et demi
après avoir commencé à transmettre le matériau de Seth. Je peux
aujourd’hui ajouter qu’à cette époque-là, elle avait en fait écrit deux
poèmes sur les rêves ; j’ai gardé le second pour le tome II.
Dans les maquis de minuit
Tandis que la lune
brille tranquillement,
les rêveurs plongent
dans les maquis de minuit.
La ville est endormie.
Les corps sont étendus,
côte à côte,
bien rangés et vides.

Mais chaque moi


s’éclipse seul au dehors,
dans l’obscurité,
dépourvu de toute image,
et il parcourt libre,
totalement éveillé,
des routes n’existant
sur aucune carte.

Nul homme ne peut découvrir


où il est allé
ni suivre en chair et en os
où se rend le moi,
ni même le garder à l’intérieur
bien que les portes soient closes,
car le moi traverse
le bois et la pierre.

Aucun homme ne peut trouver


le panneau ou signe
qui a guidé le moi
à travers une contrée si étrange.
La route a disparu.
Le moi revient
se glisser dans son image
à la peau douce.
[12] Une note ajoutée environ deux semaines plus tard. Je vois des liens
entre les « siècles d’inactivité » que Seth décrit dans cette session 708 et
certaines aptitudes psychiques uniques de Jane — à savoir celles
faisant entrer en jeu un « état massif » et un « son long ». Dans le tome
I, se reporter tout d’abord à la session 681 entre 22 h 22 et 23 h 47,
pour des données sur une des expériences que Jane a faites de l’état
massif ; voir également l’appendice 3 en lien avec cette session. Puis,
dans cette Partie 4 du volume II, voir la note 9 de la session 712 et
l’appendice 19 s’y rapportant ; il y est question des transes de Jane
associées au son long ; au cours de l’une d’elles, il pourrait
théoriquement lui falloir une semaine — ou un siècle — de notre temps
pour prononcer ne serait-ce qu’une seule syllabe d’un mot.

[13] Lorsque Seth parle de « terminaisons nerveuses », il fait référence aux


synapses, qui sont les points minuscules où les cellules nerveuses, ou
neurones, entrent en contact les uns avec les autres.

[14] Dans le tome I, voir la note 2 de la session 695.


SESSION 709

Mercredi 2 octobre 1974

(À 21 h 18, Jane dit : « Je le sens dans les parages… J’ai une idée de ce
dont il va parler — mais je ne reçois pas encore le matériau, je dois donc
attendre… »
Puis, très calmement, à 21 h 21.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. Tout ce qui est apparemment tridimensionnel a une
source intérieure, d’où jaillit son apparence. Encore une fois, ceci est
difficile à expliquer — non pas parce que Ruburt ne dispose pas du
vocabulaire, mais parce qu’un langage basé sur des séquences de mots
préconditionne automatiquement des idées selon certains schémas.
Échapper à ce préconditionnement peut être une tâche difficile. Nous allons
toutefois faire de notre mieux.
La cellule, telle que vous la comprenez, n’est rien d’autre que la face
tridimensionnelle d’une cellule. L’idée de tachyons[1], telle qu’elle est
actuellement comprise, est fondamentalement légitime, bien
qu’extrêmement déformée. Avant qu’une véritable cellule ne produise son
apparence physique, il y a des « perturbations » à l’endroit même où elle va
ensuite se manifester. Ces perturbations résultent d’un ralentissement des
effets antérieurs d’une activité plus rapide que la lumière et elles
représentent l’émergence dans votre système espace-temps d’une énergie
qui peut ensuite être efficacement utilisée et prendre la forme d’une
structure cellulaire.
Le processus même du ralentissement contribue à « geler » l’activité en
une forme. À la mort d’une cellule, un processus inverse se produit — la
mort est la fuite de cette énergie hors de la forme cellulaire, sa libération,
une libération qui elle-même déclenche certaines phases d’accélération. Il y
a ce que l’on peut appeler un résidu, ou un débris d’énergie, qui « enrobe »
la cellule et demeure à l’intérieur de ce système. Rien de tout cela ne peut
être vérifié depuis l’intérieur de ce système — ni l’activité initiale plus
rapide que la lumière ni la décélération ultérieure. Ce fonctionnement plus
rapide que la lumière contribue donc à former la base de l’univers physique.
Cette caractéristique est un attribut des UC, qui ont déjà quelque peu ralenti
lorsqu’elles forment les unités EE[2].
(Une pause parmi bien d’autres à 21 h 37.) Pendant qu’elles opèrent à
travers les structures du corps, les consciences comme la vôtre se focalisent
surtout sur l’orientation tridimensionnelle. Dans des états de sortie du corps,
cependant, la conscience peut voyager plus vite que la lumière — souvent
d’ailleurs instantanément.
Cela se produit fréquemment dans l’état de rêve, bien qu’il soit possible
d’accomplir une telle performance dans divers états modifiés de conscience.
Dans ces moments-là, la conscience établit simplement une relation
différente avec l’espace et le temps. Le corps physique ne peut cependant
pas suivre. C’est en modifiant sa propre relation avec l’univers physique
que la conscience peut mieux comprendre les propriétés qui sont les
siennes, et apercevoir l’univers physique à partir d’un autre point de vue, et
donc sous une lumière différente. En opérant hors du corps, la conscience
perçoit mieux les propriétés de la matière. Cependant, elle ne peut pas
(avec insistance) faire l’expérience de la matière de la même façon que
lorsqu’elle est physiquement orientée.
De votre point de vue ordinaire, la conscience qui voyage ainsi n’est pas
focalisée, pas enfermée dans des coordonnées physiques selon le mode
attitré. Il est toutefois possible, au moins théoriquement, d’explorer le
monde dit intérieur exactement de cette façon-là. La conscience
« s’affranchit » pendant un temps de ses coordonnées habituelles. Quand
cela se produit, le voyageur hors du corps n’est pas simplement hors de sa
forme corporelle. Il sort de son contexte habituel. Même si un individu
quitte son corps pour errer à travers la pièce à quelques mètres à peine de
l’endroit où se trouve son corps[3], il y a des modifications — la relation de
la conscience à la pièce est différente. La relation de l’individu au temps et
à l’espace s’est modifiée. Le temps hors du corps est un « temps libre »
selon vos critères. Ainsi, vous ne vieillissez pas, bien que cet effet varie en
fonction de certains principes. Je mentionnerai ceux-ci ultérieurement[4].
(21 h 48.) Une telle conscience voyageuse peut se déplacer à l’intérieur
de la réalité physique : bien que ne se rattachant pas à ce système selon le
mode habituel, elle peut encore y être associée. Depuis ce point de vue, la
matière elle-même apparaît d’une façon différente de l’ordinaire. D’un autre
côté, une conscience hors du corps peut aussi pénétrer d’autres réalités
physiquement orientées : celles qui opèrent « à des fréquences différentes
de la vôtre ». La nature fondamentalement indépendante de la conscience
permet ce genre de désengagement[5]. La conscience du corps maintient son
propre équilibre et agit un peu comme une station de maintenance.
Toute discussion sur la réalité inconnue doit nécessairement tenir
compte de certaines hypothèses, généralement écartées, sur les
caractéristiques de la conscience elle-même. Le monde tel que vous le
connaissez est le résultat d’un ensemble complexe de « codes » [comme
cela a été dit au début de la dernière session], enfermés les uns à l’intérieur
des autres, chacun dépendant des autres. L’univers précis que vous percevez
est donc, dans toutes ses parties, le résultat de modèles codés, dont chacun
s’insère parfaitement dans le suivant. Modifiez l’un d’eux et, dans une
certaine mesure, vous sortez de ce contexte-là. Tout évènement, de
quelque type qu’il soit, qui ne croise pas directement et de façon
impeccable votre continuum espace-temps, ne se produit pas en vos termes,
mais s’évanouit. Il devient probable dans votre système, mais cherche son
propre « niveau » et s’actualise lorsqu’il s’insère dans une autre réalité dont
la « séquence codée » correspond à la sienne. Point.
(Une pause à 22 h 10.) Quand la conscience quitte le corps, elle modifie
donc certaines coordonnées. Diverses questions impliquant la nature de la
perception se posent alors et nous en discuterons plus tard [voir la note 4].
La conscience est équipée pour focaliser sa principale énergie, en vos
termes du moins, généralement à l’intérieur du corps, ou pour s’en écarter
pendant des durées de temps variables. Théoriquement, votre conscience
humaine peut prendre beaucoup de routes différentes tout en maintenant sa
base physique. En des temps historiques remontant à un lointain passé,
divers types d’orientation ont été expérimentés [par les « somnambules »
décrits dans la dernière session par exemple]. Votre propre expérience
actuelle peut fournir des indices et des traces de ces autres cultures, car ces
aptitudes-là résident maintenant à l’intérieur de votre structure naturelle,
mais elles sont sous-développées.
À un degré ou à un autre, tous les potentiels de l’espèce sont maintenant
latents à l’intérieur de chaque individu. Ils jaillissent souvent à la surface
sous la forme d’évènements qui peuvent sembler bizarres. La réalité
« inconnue » est inconnue uniquement parce que vous n’en avez pas
cherché les aspects en vous. On vous a appris à prêter presque
exclusivement attention à votre comportement extérieur. Alors intimement,
une bonne part de votre vie intérieure vous échappe. Vous structurez
souvent votre vie en fonction de ce modèle extérieur d’évènements. Ces
derniers, bien qu’importants, sont le résultat de votre propre monde
intérieur d’activité. Ce monde-là est votre seule réelle connexion avec les
évènements extérieurs, et les détails objectifs prennent un sens uniquement
du fait de la subjectivité qui leur a donné naissance[6].
De la même manière, quand vous regardez l’état actuel du monde, ou
l’histoire, vous structurez souvent vos perceptions de telle sorte que seule la
surface des évènements est perçue. En utilisant le même type de
raisonnement, vous êtes enclins à juger le passé historique de votre espèce
en termes limités, et à négliger d’importants éléments dont vous êtes
redevables envers l’histoire, parce qu’ils ne semblent pas avoir de sens.
(Une longue pause, les yeux clos.) Tant que vous croyez, par exemple,
que seule la technologie telle que vous la comprenez signifie le progrès, et
que le progrès exige nécessairement la prépondérance d’une manipulation
physique de l’environnement, devant se poursuivre à jamais, vous jugerez
les civilisations passées sous cet éclairage-là. Cela vous rendra aveugles à
certains accomplissements et à d’autres orientations, au point que vous
serez incapables de voir la preuve d’un accomplissement, alors qu’il
apparaît sous vos yeux.
(Une bonne minute de pause à 22 h 30, les yeux clos.) Accordez-nous
un instant… Vous n’avez pas travaillé avec le pouvoir de la pensée ou du
sentiment, mais seulement avec ses effets physiques. Voilà pourquoi seuls
les évènements matérialisés physiquement sont pour vous évidents. Ainsi,
vous n’acceptez pas vos rêves comme étant réels, mais, en règle générale,
vous les considérez comme des fantasmes — des évènements imaginaires.
Jusque très récemment, vous croyiez communément que toutes les
informations parvenaient au corps à travers les sens extérieurs et ignoriez
toute preuve du contraire. Il vous était impossible d’imaginer des
civilisations fondées sur des données qui étaient reçues mentalement,
consciemment acceptées et utilisées de manière créative[7]. Dans de telles
circonstances, les scientifiques pouvaient difficilement rechercher une
précognition dans les cellules[8]. Dès le départ, ils ne croyaient pas à son
existence.
Le corps humain lui-même a un potentiel sans limites, et présente des
variantes qui permettent différents types d’orientation. L’homme probable
représente l’homme alternatif selon votre point de vue, des versions
alternatives de l’espèce. La même chose s’applique au niveau individuel.
Dans des états de sortie du corps, de nombreuses personnes ont rencontré
des moi probables et des réalités probables. Elles ont aussi voyagé dans le
passé et le futur, tels que vous les concevez. La psyché personnelle contient
la connaissance de ses propres probabilités, et elle possède un miroir dans
lequel l’expérience de l’espèce peut au moins être entrevue.
Vous êtes habitués à un type particulier d’orientation, accoutumés à
utiliser votre conscience d’une façon particulière. Pour étudier la réalité
« inconnue », vous devez toutefois essayer de voir ce que votre conscience
peut faire d’autre. Cela signifie que vous devez apprendre à retrouver la
vraie sensation de vous-même.
Pour essayer d’en savoir plus sur la nature de la réalité, il y a deux
moyens principaux — une méthode extérieure et une intérieure. Il est bien
sûr possible de les utiliser ensemble et, de votre point de vue, elles doivent
offrir la plus grande efficacité. Vous connaissez bien les moyens extérieurs
qui permettent d’étudier l’univers objectif et de collecter des faits à partir
desquels certaines déductions sont faites. Dans ce livre, nous allons donc
mettre l’accent sur les moyens intérieurs d’acquisition, pas nécessairement
de faits, mais de connaissance et de sagesse. Maintenant, les faits peuvent
vous procurer ou non de la sagesse. S’ils sont suivis aveuglément, ils
peuvent même vous éloigner de la vraie connaissance. La sagesse vous
montre l’intérieur des faits, pour ainsi dire, et les réalités d’où ils émergent.
Une bonne partie de la suite de La Réalité « inconnue » traitera donc du
regard intérieur que l’on peut porter sur la nature de la réalité, et certains
exercices vous permettront de vous voir, vous et votre monde, depuis une
autre perspective. Par la suite, j’ai l’intention d’en dire bien davantage sur
certaines civilisations qui, en vos termes, ont précédé la vôtre [voir pourtant
la dernière phrase de la note 4]. Avant que vous puissiez comprendre leur
orientation, nous devons parler de types alternatifs de conscience et
d’expérience de sortie du corps. Cela vous aidera à comprendre comment
d’autres formes de culture ont pu opérer selon des modes qui vous sont si
étrangers.
(D’une voix plus forte.) Vous pouvez faire une pause ou terminer la
session, comme vous préférez.
(« Nous allons faire une pause. »
22 h 55. Jane est devenue de plus en plus concentrée et son élocution
légèrement plus rapide au fur et à mesure de la transmission. Comme
c’était le cas avant nos trois mois d’interruption [après la session 707], les
transes de Jane pour La Réalité « inconnue » se révèlent plus « difficiles »
à démarrer que celles des précédents livres de Seth[9]. Souvent, même après
une pause, elle doit aussi attendre le bon moment pour reprendre la dictée ;
alors ce soir, après que nous avons partagé une pomme, la voilà qui
s’impatiente, attendant le retour de Seth. Reprise enfin à 23 h 25.)
Dictée. Nous allons discuter des méthodes alternatives d’orientation que
peut adopter la conscience quand elle s’allie à la chair, en essayant d’offrir
au lecteur une expérience personnelle de ce type de conditions modifiées,
ainsi qu’une brève histoire de certaines civilisations qui ont utilisé ces
orientations non officielles comme méthode prédominante de focalisation.
Pour vous familiariser avec la réalité « inconnue », vous devez, dans
une certaine mesure, admettre qu’elle existe et être disposé à mettre un peu
de côté votre comportement habituel. Toutes les méthodes données sont
naturelles, inhérentes à la structure du corps et même biologiquement
anticipées. Votre conscience ne pourrait pas quitter votre corps et y revenir
s’il n’y avait pas de mécanismes biologiques permettant une telle
performance.
J’ai dit [comme à 21 h 48] que le corps peut effectivement suivre son
cours, accomplir ses activités nécessaires de maintenance, pendant que la
conscience principale se détache de lui. Il peut même, jusqu’à un certain
point, accomplir des choses simples. (Une pause.) Durant le sommeil, en
fait, il n’est pas du tout nécessaire que la conscience principale reste
vigilante dans le corps. À ce propos, une telle relation étroite entre le corps
et la conscience principale est nécessaire uniquement dans certains types de
civilisations. Il y a d’autres situations dans lesquelles la conscience a
l’habitude de partir vagabonder beaucoup plus loin et de revenir dans le
corps comme à une station de base et à un centre opérationnel, comptant sur
lui pour certains types de perceptions uniquement, mais ne dépendant pas
de lui pour la représentation globale de la réalité. La vie physique seule
n’exige pas nécessairement le type d’identification qui est le vôtre, celui du
moi à la chair.
Cela ne veut pas dire que ces réalités-là résultent d’une aliénation — il
s’agit simplement d’une relation dans laquelle le corps et la conscience sont
en contact avec d’autres évènements. Seuls vos croyances, votre formation
et votre endoctrinement neurologique vous empêchent de reconnaître la
vraie nature de votre conscience pendant que vous dormez. Vous rejetez ces
données-là. Pendant ce temps-là, dans un ordre intérieur d’évènements,
vous êtes toutefois extrêmement actifs et accomplissez une bonne part du
travail mental intérieur qui, par la suite, se manifestera en tant
qu’expérience physique.
(Lentement à 23 h 43.) Tandis que votre conscience est ainsi engagée,
celle de votre corps remplit de nombreuses fonctions qu’il lui est impossible
d’accomplir à l’état de veille. La créativité biologique la plus intense a lieu
lorsque vous dormez par exemple, et certaines fonctions cellulaires[10] sont
accélérées. Un tel désengagement, de la part de votre conscience principale
et du corps, est donc évidemment nécessaire, sinon cela ne se produirait
pas. Dormir n’est pas un sous-produit de la vie éveillée.
D’un point de vue plus large, quand vous dormez, vous êtes tout aussi
éveillés, mais la focalisation de votre conscience est tournée dans d’autres
directions. Comme vous le savez, vous pouvez vivre pendant des années
dans le coma, mais vous ne pourriez pas vivre pendant des années sans
jamais dormir. Même dans le coma, il y a une activité mentale, bien qu’elle
puisse être impossible à vérifier de l’extérieur. Un certain type de
comportement conscient et libre est possible quand vous n’êtes pas
physiquement orientés comme vous l’êtes à l’état de veille, et cette activité-
là est nécessaire, même pour la survie physique.
Cela a aussi un rapport avec les pulsations d’énergie dans lesquelles la
conscience, telle que vous la connaissez maintenant, s’exerce en utilisant
des capacités qui lui sont naturelles, mais qui ne peuvent pas s’exprimer à
travers la seule orientation physique.
Votre conscience principale a la capacité de voyager plus vite que la
lumière [comme cela a été dit à 21 h 37], mais ces perceptions-là sont trop
rapides et les modèles neurologiques structurés que vous acceptez ne
peuvent pas les capter. Pour cette même raison, la compréhension et la
réaction cellulaires sont trop rapides pour que vous puissiez les suivre. Le
cadre équilibré d’une existence physique requiert une plate-forme
particulière d’expérience que vous acceptez comme valide et réelle. À ce
niveau-là seulement se trouve l’univers dont vous savez avoir fait
l’expérience. Cette plate-forme ou focalisation est le résultat d’une
coopération extrêmement fine. Votre propre conscience libre et votre
conscience corporelle forment une alliance qui rend cela possible.
(Avec de nombreuses pauses.) Accordez-nous un instant… Une telle
performance signifie en réalité que la réalité physique clignote[11]. En vos
termes, elle n’existe que durant vos heures de veille. Le travail intérieur qui
la rend possible se fait en grande partie dans le sommeil. La rencontre de la
conscience du corps et de votre conscience principale exige une focalisation
intense où les manipulations les plus importantes sont nécessaires. Les
perceptions doivent être précises en termes physiques. Dans une certaine
mesure cependant, cette concentration exquise signifie que des limitations
apparaissent. La compréhension cellulaire n’est pas captée par le moi
normalement conscient, qui ne se rend pas compte non plus de sa propre
nature libre à des niveaux « supérieurs ». Un processus de désengagement
doit donc avoir lieu, permettant à chacun de se régénérer. La conscience
quitte alors le corps. La conscience du corps reste avec lui.
Accordez-nous un instant… Nous sommes sur le point de terminer la
session, après quelques remarques.
(Une pause à 00 h 07. Les commentaires de Seth sont destinés à Jane et
ils correspondent à une page de notes. Fin à 00 h 19.
Après la session, nous mangeons un peu et nous détendons en jouant
avec notre chat Willy. Quand nous allons nous coucher, Jane s’endort
immédiatement. Allongé à ses côtés, j’ai la très agréable surprise
d’entendre dans l’air frais de la nuit le cri des oies volant vers le sud. À
moitié endormi, je me souviens du vol que j’ai écouté avant-hier lorsqu’il
pleuvait.)

NOTES DE LA SESSION 709

[1] Les tachyons, ou métaparticules, sont censés être des particules plus
rapides que la lumière ; on les croit possibles dans le contexte de la
théorie spéciale de la relativité d’Einstein. Les physiciens sont encore
en train d’essayer de les découvrir de façon expérimentale. Si
j’interprète ce que Seth dit ici, nous découvrirons un jour des tachyons
ou des choses très similaires.
Dans le volume I de La Réalité « inconnue », voir la note 4 de la session
682.

[2] Pour un matériau sur les unités UC et EE, voir dans le tome I les
sessions 682 (avec ses notes 3 et 4), 683, 684 et 688. Les deux dernières
contiennent également quelques commentaires de Seth sur la conscience
cellulaire.

[3] L’une des expériences les plus uniques de sortie du corps, ou de


projection, que j’ai vécues ressemble beaucoup à ce que Seth décrit ici.
Elle a eu lieu en avril 1971 et je l’ai relatée au chapitre 20 de Seth
parle. Voir les notes de la session 583. Ma conscience ne s’est pas
éloignée à plus de trois mètres de mon corps cette fois-là, mais ce petit
voyage, si intense et si plaisant, a contribué à renforcer la vision élargie
de la réalité que j’avais peu à peu commencé à adopter après que Jane
eut débuté la transmission du matériau de Seth, fin 1963. Je n’ai jamais
oublié le sentiment de liberté que cette modeste projection a généré en
moi — et, sur le moment, mes relations au temps étaient vraiment
différentes.

Dans la note 12 de l’appendice 12, j’ai écrit quelques lignes sur le


voyage hors du corps et le réalisme naïf.

[4] Une note ajoutée quelques huit mois plus tard. Il arrive parfois que Seth
fasse référence au rythme plus lent du vieillissement physique lors d’un
voyage hors du corps, et il fait allusion, comme ici, à « certains
principes » entrant en jeu. Jane et moi avons toujours senti qu’il
disposait là d’un matériau très intéressant sur le sujet et que nous
l’obtiendrions un jour. Mais cela n’a pas été le cas avant que La Réalité
« inconnue » soit achevé en avril 1975.

[5] Le terme « désengagement » m’a immédiatement rappelé les sens


intérieurs — ces qualités et aptitudes que la personnalité utilise pour
appréhender son monde physique (ou camouflage). Seth a commencé à
décrire les sens intérieurs début 1964. L’aptitude à « S’extraire du
camouflage » était le huitième sens intérieur d’une liste en comportant
neuf, même si l’ordre importe peu. Jane leur a consacré le chapitre 19
du Matériau de Seth.
« Avec ce désengagement, disait Seth dans la session 43, le moi
intérieur s’extrait d’un camouflage particulier, avant d’en adopter
doucement un autre ou de se dispenser de tout camouflage. Cela
s’accomplit grâce à ce que vous pouvez appeler un changement de
fréquences ou de vibrations… À certains égards, votre monde onirique
vous procure une expérience qui est plus proche de la réalité intérieure
fondamentale que ne le fait votre monde de l’état de veille, dans lequel
les sens intérieurs sont tellement soustraits à la vue de votre
conscience. »

Une note. Tout comme il nous rappelle périodiquement son matériau à


venir sur le vieillissement physique et les états de sortie du corps (voir
la note 4 ci-dessus), Seth signale aussi qu’il y a encore d’autres sens
intérieurs dont il nous parlera un jour — puis il ajoute que beaucoup
d’entre eux sont si éloignés de la réalité telle que nous la concevons,
qu’au mieux, notre compréhension en sera intellectuelle ; dans ces cas-
là, nous serons incapables de nous identifier à eux émotionnellement. Et
il y a encore d’autres groupes de sens intérieurs, poursuit Seth, qui sont
vraiment « au-delà de toute verbalisation ».

[6] Une bonne partie du matériau dans l’appendice 12 (y compris les


notes) parle des connexions existant entre notre monde intérieur et
notre monde extérieur.

[7] Dans le tome I, voir la session 689. Dans le tome II, voir les références
dans la note 7 de la session 708.

[8] Jusqu’à présent, dans La Réalité « inconnue », Seth a évoqué dans plus
d’une douzaine de sessions la liberté des cellules par rapport au temps,
ainsi qu’un certain nombre de leurs autres attributs. Dans la session
684 (tome I), il a dit à 22 h 57, « À tout moment, la condition de votre
corps ne résulte pas tant de la compréhension qu’il a de son “histoire
passée” que de sa compréhension des probabilités futures. Les cellules
pré-connaissent. »

[9] Les appendices 4 et 5 dans le volume I montrent ce que Jane a jusqu’à


maintenant perçu des transes plus complexes qu’elle vit lorsqu’elle
transmet La Réalité « inconnue ». Comme elle l’explique dans
l’appendice 4, elle attend cette « certaine focalisation claire » dont elle
a besoin avant de pouvoir relever les défis consistant à « traduire une
expérience multidimensionnelle en termes linéaires et en schémas de
pensée ». Et dans l’appendice 5 : « C’est comme si ma conscience
tentait d’utiliser une nouvelle forme d’organisation — pour moi, pour le
matériau — et cela ne m’est donc pas familier. »

[10] Peut-être aurais-je dû demander à Seth d’être plus précis par rapport
à ces « certaines fonctions cellulaires » qui sont accélérées dans l’état
de sommeil, mais je ne l’ai pas fait ; j’étais fatigué. Tout le monde sait,
par exemple, que des parties du cerveau sont beaucoup plus actives
lorsque nous dormons que lorsque nous sommes éveillés, mais je doute
que Seth ait fait ici référence à ces phénomènes-là.

Le cerveau lui-même ne dort bien sûr jamais, il est constamment en


train de gérer les fonctions physiologiques extrêmement complexes du
corps. Pour l’esprit conscient, le sommeil survient lorsque l’activité
neuronale du système d’activation réticulaire (le SAR), qui filtre
l’information sensorielle parvenant à la conscience, tombe en dessous
d’un niveau minimum.

[11] Dans le tome I, voir les sessions 681 et 684


SESSION 710

Lundi 7 octobre 1974

(Nous avons deux textes écrits par Jane à joindre à cette session. Elle a
rédigé hier le premier, qui est très court. Seth le mentionne brièvement dans
les extraits du matériau qu’il a donné à la fin de la session de ce soir,
promettant d’en dire davantage par la suite.
Ces extraits, quant à eux, proviennent de ses remarques à propos du
second texte de Jane, écrit en fin d’après-midi, après que nous avons fini de
lire un peu de matériau. Vu qu’il est beaucoup plus long que le premier, il
est présenté en tant qu’appendice 15. Je suggère au lecteur de le lire
maintenant, ou au moins avant de parvenir à la fin de cette session.
Voici donc un extrait du journal que Jane tient de ses rêves ; il est daté
du dimanche 6 octobre 1974.
« Hier soir [samedi], j’ai entendu la voix de Seth, très forte et
puissante, alors que je dormais dans mon lit. C’était la première fois que
j’avais pareille expérience. La voix provenait de la partie de la chambre
située près de la porte, ou juste au-delà, mais aussi d’en haut ; comme si
elle venait du ciel ou quelque chose de ce genre. Elle sortait de nulle part
— je veux dire par là qu’elle ne venait ni de l’intérieur de ma tête ni par
moi, comme cela avait toujours été le cas jusqu’à présent, même dans le
rêve. J’ai essayé de comprendre ce qui était dit. Les mots ne semblaient pas
m’être destinés, mais simplement se trouver là. On aurait dit que Seth
réprimandait quelqu’un. Au début, j’ai pensé qu’il était en colère, puis j’ai
compris que c’était la façon dont j’interprétais la puissance de sa voix.
Cela ne faisait pas partie d’un rêve, mais je me suis réveillée pratiquement
d’un seul coup quand j’ai tenté de distinguer les mots. Subjectivement, je
n’étais nullement consciente de la présence de Seth. Le son était comme une
super-voix ; peut-être comme la Nature en train de parler, ou quelque chose
de ce genre, pas comme une personne aurait parlé. »
21 h 31.)
Maintenant, bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. (D’une voix calme.) Pour explorer la réalité inconnue, vous
devez vous aventurer au sein de votre propre psyché, voyager vers
l’intérieur par des routes invisibles, comme vous voyagez à l’extérieur sur
des routes physiques.
Votre réalité matérielle est formée grâce à une coopération commune…
Vos propres idées, objectivées, deviennent une partie de l’environnement
physique. Dans cette vaste aventure coopérative, les pensées et les
sentiments de chaque être vivant prennent racine, pour ainsi dire, surgissant
sous forme de données objectivées. J’ai dit [dans la session 708] que
chaque système de réalité utilise son propre système codifié. Cela fournit en
effet une sorte de modèle. D’une manière générale, vous acceptez donc, à
un « temps » donné, d’objectiver certaines données intérieures de façon
personnelle et en masse. En ces termes, l’avion a objectivé l’idée intérieure
de voler, dans « votre » temps et non pas en l’an 1500 après Jésus-Christ,
par exemple.
Vous avez peut-être entendu des personnes dire d’une idée que « son
temps n’est pas encore venu ». Cela signifie simplement qu’il n’y a pas
suffisamment d’énergie reliée à cette idée pour la propulser à l’extérieur,
dans le monde de l’expérience physique, en tant qu’évènement objectif
vécu par la masse.
Dans l’état de rêve et à certains autres niveaux de réalité, on fait
immédiatement l’expérience des idées et de leurs symboles. Il n’y a donc
pas de décalage de temps entre un sentiment et sa condition « extériorisée ».
L’expérience en est faite automatiquement, sous une forme qui est familière
et naturelle à celui qui a ce sentiment. La psyché se présente avec ses
propres concepts, qui sont instantanément réfléchis dans des situations
rêvées et d’autres évènements qui seront bientôt expliqués. Si vous rêvez
par exemple d’une nouvelle maison, ou y aspirez dans la vie physique, il
faut peut-être un peu de temps avant que cet idéal se réalise, même si une
intention aussi forte va presque certainement amener à sa réalisation
physique. Le même désir dans l’état de rêve peut cependant conduire à la
création instantanée de cette maison, du moins en ce qui concerne votre
expérience au sein du rêve. À nouveau, il n’y a aucun décalage de temps
entre un désir et sa matérialisation.
(Une pause parmi d’autres, à 21 h 49.) Il y a des niveaux à l’intérieur
des rêves, très pertinents, mais essentiellement personnels, dans le sens où
ils reflètent vos intentions et buts personnels. Il existe d’autres niveaux, plus
lointains en vos termes, qui impliquent un comportement de masse à un
niveau psychique, où les habitants du monde physique préparent ensemble
les évènements futurs. Ici, les probabilités sont reconnues et utilisées. Le
symbolisme est utilisé. Il y a un tel entrecroisement d’intentions que cela est
difficile à expliquer. Les désirs personnels sont ici amplifiés dans la mesure
où ils sont ressentis par d’autres, ou minimisés si ce n’est pas le cas, de
sorte que, dans l’ensemble, des plans généraux de grande envergure sont
élaborés en fonction de l’espèce à un « temps » donné. Ici, à nouveau,
désirs et intentions doivent s’intégrer au système codifié, tel qu’il existe.
(Une pause au cours d’une transmission calme, mais intense.) À ces
niveaux-là, vous êtes encore près de chez vous. Au-delà, il y a des strates de
réalité où votre psyché est aussi extrêmement impliquée, et qui peuvent ou
non sembler n’avoir aucun rapport avec le monde que vous connaissez.
Quand vous voyagez dans ces mondes-là, vous le faites en général à
partir de l’état de rêve, en portant encore avec vous vos symboles
personnels. Même ici, ces symboles sont automatiquement traduits en
expérience. Toutefois, ce n’est pas votre propre système codifié. Vous
pouvez voyager à travers une telle réalité, en la percevant obscurément, en
y superposant vos propres symboles que vous prenez pour l’environnement
« réel ». En ces termes-là, l’environnement réel sera ce qui était
généralement perçu par les habitants naturels du système.
Au départ, vos symboles proviennent de niveaux profonds de la psyché
et, en certains termes, vous êtes une partie de toute réalité dont vous faites
l’expérience — mais vous pouvez avoir des difficultés dans l’interprétation
des évènements.
Si vous êtes dans un monde qui n’est pas le vôtre, avec votre conscience
partant à la dérive, vous êtes pour ainsi dire en roue libre ; vos sentiments et
pensées affluent dans l’expérience. Vous devez apprendre à faire la
distinction entre votre état psychologique et la réalité dans laquelle vous
vous trouvez si vous voulez maintenir votre vigilance et explorer cet
environnement. Beaucoup de mes lecteurs se retrouvent précisément dans
de ce type de situations quand ils dorment. Tout en continuant de rêver, ils
ont l’impression de se réveiller soudain dans un environnement qui semble
n’avoir aucun sens. Des démons peuvent les pourchasser. Le monde peut
avoir l’air sens dessus dessous. Les morts et les vivants peuvent se
rencontrer et se parler.
(22 h 16.) Maintenant. Dans pratiquement tous les cas, les démons dans
les rêves représentent la croyance au mal qu’a le rêveur, et qui est
instantanément matérialisée. Ils ne sont pas donc les habitants de quelque
monde infernal ou souterrain. Nous allons donner quelques instructions qui
vont rendre le lecteur capable d’expérimenter la projection de conscience,
au moins jusqu’à un certain point. Il est très important pour vous de
comprendre que, même dans les rêves, vous formez votre propre réalité.
Votre état d’esprit, libéré de son habituelle focalisation physique, s’exprime
de façon créative avec toute sa puissance et son éclat. L’état d’esprit lui-
même sert d’intention, vous propulsant dans des réalités dont les conditions
lui sont analogues.
(Une pause.) Dans votre monde, vous voyagez d’un pays à un autre, et
vous ne vous attendez pas à ce qu’ils se ressemblent tous. Vous visitez
diverses régions du monde précisément à cause de leurs différences — de
même, vos voyages hors du corps ne mènent pas tous au même endroit.
Instinctivement, vous quittez votre corps pour des durées de temps
variées, toutes les nuits, quand vous dormez ; mais ces voyages-là ne sont
pas « programmés ». Vous planifiez vos propres visites, en d’autres termes.
Comme beaucoup de gens ayant un intérêt commun peuvent décider de
visiter ensemble le même pays, en voyage organisé, vous pouvez de la
même manière voyager hors de votre corps, seul ou avec des compagnons.
Si vous êtes attentif, vous pouvez même prendre des photos — en ce qui
concerne les voyages intérieurs uniquement, les instantanés consistent en
des images claires de l’environnement, prises sur le moment, développées
dans l’inconscient et présentées ensuite à l’esprit réveillé.
Il existe des techniques pour utiliser un appareil photo[1] et, si vous le
laissez à la maison, il ne vous servira pas à grand-chose à l’étranger. C’est
donc l’esprit conscient et vigilant qui doit prendre ces photos si vous
espérez donner par la suite un sens à vos voyages intérieurs. Il vous faut
par conséquent emmener l’esprit conscient, doué de raison. Il y a de
nombreuses façons de le faire, des méthodes qui ne sont pas vraiment
difficiles à suivre. Certaines techniques vous aideront à inclure votre esprit
conscient dans vos bagages, tout comme vous le feriez avec votre appareil
photo. Il sera là quand vous en aurez besoin, pour prendre les clichés qui
seront vos souvenirs conscients du voyage.
Voulez-vous laisser votre main se reposer ?
(22 h 22. « Non », dis-je, même si cela fait presque une heure que
j’écris, pratiquement sans interruption. Jane en transe prend une nouvelle
bouteille de bière. Je la lui ouvre, puis…)
Vous devez vous souvenir que le monde objectif est aussi une
projection de la psyché[2]. Étant donné que vous vous focalisez
principalement sur lui, vous comprenez suffisamment bien ses règles pour
vous débrouiller. Un voyage dans le monde physique implique simplement
la décision de marcher ou de choisir un type particulier de véhicule — une
voiture ne va pas vous faire traverser l’océan, alors vous prenez un bateau
ou un avion. Vous n’êtes pas étonné de voir que la terre laisse d’un seul
coup place à l’eau. Vous trouvez ce changement naturel tout à fait normal.
Vous attendez pourtant du temps qu’il reste à sa place. La terre peut se
changer en eau, par exemple, mais aujourd’hui ne doit pas se changer en
hier de la même façon, ou le début de cet après-midi en demain.
En marchant le long d’une avenue, vous vous attendez à ce que les
arbres restent à leur place, et ne se transforment pas en bâtiments. Toutes
ces suppositions sont considérées comme allant de soi dans vos voyages
physiques. Vous pouvez découvrir des coutumes et des langues différentes,
et même celles-ci seront acceptées dans le cadre des suppositions globales
et fondamentales à l’intérieur desquelles se situent les limites de la vie
physique. Vous voyagez très certainement à travers la psyché personnelle et
collective quand vous marchez dans la rue. Le monde physique semble
cependant objectif et extérieur à vous. L’idée de cette extériorité est l’une
des suppositions sur laquelle vous construisez cette existence. Le voyage
intérieur n’est donc pas plus subjectif qu’un parcours de New York à San
Francisco. Vous êtes habitué à projeter toutes les destinations à l’extérieur
de vous-même. Point. L’idée de diverses destinations intérieures,
impliquant un mouvement à travers le temps et d’espace, vous paraît donc
étrange.
Maintenant, faites votre pause.
(22 h 36. L’élocution de Jane est restée calme et régulière. « Dis donc,
il y est allé fort, déclare-t-elle. Il m’a maintenue en transe pendant un bon
moment, à cause du bruit [dans l’appartement] au-dessus — et aussi à
cause des appels téléphoniques, je parie… » Jane fait référence aux
nombreux appels qu’elle a reçus ce soir, après le dîner. Elle en a trouvé
deux plutôt pénibles.
Reprise de la même manière à 22 h 58.)
D’une façon générale, vous avez suffisamment exploré la planète
physique pour avoir une bonne idée de ce à quoi vous attendre lorsque vous
voyagez d’un pays à l’autre.
Avant de partir, vous pouvez consulter des brochures de voyage qui
mettent en avant les attractions et les caractéristiques d’un endroit. Vous ne
voyagez donc pas à l’aveuglette et, bien que tout voyage puisse être
nouveau pour vous, vous n’êtes pas réellement un pionnier. La Terre a été
cartographiée et il y a peu de surprises fondamentales.
Les terres intérieures n’ont pas été aussi bien explorées. Le moins que
l’on puisse dire, c’est qu’elles restent un territoire vierge pour votre esprit
conscient. Des êtres se sont rendus dans certaines de ces régions intérieures,
mais comme c’étaient de vrais explorateurs, ils ont dû apprendre à mesure
qu’ils cheminaient. À leur retour, certains d’entre eux ont fourni des guides
touristiques ou des carnets de voyage nous disant à quoi nous pouvions
nous attendre. Vous faites votre propre réalité. Si vous étiez originaire d’un
pays étranger et que vous demandiez à quelqu’un de vous donner une
description de la ville de New York, vous pourriez prendre sa description
pour la réalité. La personne dirait peut-être : « New York est un lieu
effrayant où le crime est endémique, les gangs rôdent dans les rues, les
meurtres et les viols sont la norme, et les gens ne sont pas seulement
impolis, mais sans cesse prêts à vous attaquer. Il n’y a pas d’arbres, l’air est
pollué et vous ne pouvez vous attendre qu’à de la violence. » Si vous
demandiez à quelqu’un d’autre, celui-ci pourrait dire au contraire : « New
York a les plus beaux musées, des concerts en plein air dans certains parcs,
de belles sculptures, des théâtres et probablement la plus grande collection
de livres en dehors du Vatican. Le climat y est bon dans l’ensemble, et il y a
un grand mélange des cultures. Des millions de personnes y vivent leur vie
en toute liberté. » Les deux personnes parleraient du même endroit. Leurs
descriptions varieraient à cause de leurs croyances personnelles et seraient
colorées par la focalisation individuelle à partir de laquelle chacun
regarderait cette ville.
Une personne serait peut-être capable de vous donner la localisation
précise de la ville, en termes de latitude et de longitude. Une autre pourrait
ne pas disposer d’une telle connaissance et dirait plutôt : « J’achète un billet
à destination de New York pour tel jour à telle heure, et si je prends le bon
avion, j’arrive toujours là-bas. »
(Une pause à 23 h 13.) Les explorateurs voyageant dans une réalité
intérieure n’ont tout d’abord pas le même type de points de repère.
Beaucoup ont été tellement excités par leurs découvertes qu’ils ont écrit des
guides avant même d’avoir commencé à explorer le paysage intérieur. Ils
n’ont pas compris qu’ils trouvaient ce qu’ils voulaient trouver, ou que les
phénomènes apparemment objectifs avaient pour origine les reflets de la
psyché.
Vous pouvez par exemple avoir lu des livres énumérant les « royaumes
intérieurs » et vous disant ce que vous pouvez vous attendre à rencontrer
dans chacun d’eux. Beaucoup de ces ouvrages parlent de seigneurs du
royaume, de dieux ou de démons. De façon étrange, ces livres-là peuvent
vous rendre service, car, à certains niveaux, vous allez trouver vos propres
idées matérialisées ; et si vous croyez aux démons, alors, en ces termes-là,
vous allez les rencontrer. Les auteurs supposent cependant que les démons
ont une réalité extérieure et indépendante de votre croyance en eux, ce qui
n’est pas le cas. Les démons représentent simplement un état de votre
propre esprit, qui semble être là au-dehors, objectivé. Donc, quelles que
soient les méthodes utilisées par les auteurs pour triompher de ces démons,
elles sont souvent données comme preuves, non seulement de la réalité des
démons, mais de l’efficacité de chacune d’elles.
Maintenant, si vous lisez ce genre de livres, vous risquez souvent de
programmer votre activité conformément à eux, tout comme un visiteur de
New York peut programmer son expérience de la ville selon la description
qu’on lui en a faite.
Cependant, ce type de structuration présente également un
inconvénient : il vous empêche d’entrer en contact avec vos propres
concepts originaux. Il n’y a aucune raison par exemple de rencontrer le
moindre démon ou diable au cours d’une transe ou d’une sortie hors du
corps[3]. (Une pause.) Dans ces cas-là, vos propres hallucinations vous
rendent aveugle à l’environnement à l’intérieur duquel elles sont projetées.
Quand votre conscience n’est pas directement focalisée dans une réalité
physique, la grande créativité de la psyché peut jouer plus librement. Toutes
ses dimensions deviennent fidèlement et instantanément une expérience
vécue quand vous apprenez à emmener votre esprit conscient
« normalement vigilant » ; et quand vous êtes libre de ce genre d’idées
restrictives, à ces niveaux-là, vous pouvez avoir un aperçu des pouvoirs
intérieurs de votre psyché et observer l’interaction entre les croyances et les
symboles à mesure qu’ils se manifestent sous vos yeux. Tant que vous
n’apprenez pas à le faire, vous allez très certainement avoir des difficultés,
car vous ne serez pas capable de faire la différence entre vos projections et
ce qui se passe dans l’environnement intérieur.
Toute exploration de la réalité intérieure implique nécessairement un
voyage à travers la psyché et on peut penser à ces perturbations comme à
des conditions atmosphériques, naturelles à un certain niveau, que vous
rencontrez en chemin. (D’une voix plus forte à 23 h 31.) Maintenant,
accordez-nous un instant…
(« Je suis entre deux eaux », dit Jane après une pause et avec sa
« propre » voix. Je ne sais pas ce qui va arriver. Je suis en quelque sorte à
moitié en transe et à moitié en dehors… » Elle allume une cigarette.
« Veux-tu que je t’apporte une autre bière ? »
« Je ne pense pas que cela va durer très longtemps », ajoute-t-elle. Seth
revient — et reste probablement plus longtemps qu’elle l’avait prévu. Le
matériau est pour Jane et il y est question du texte qu’elle a écrit cet après-
midi, portant sur la pensée religieuse orientale [voir l’appendice 15]. Les
parties plus personnelles de ce qu’a dit Seth ne sont pas reproduites ici,
mais les extraits ci-dessous suffisent à montrer les principaux défis
auxquels Jane est confrontée, près de onze ans après avoir commencé à
parler pour lui.
Ces citations indiquent aussi à quel point la perception occidentale
courante de la « réalité » est omniprésente dans notre société, et quelle
sacrée entreprise cela représente de sortir de ce cadre-là ou de simplement
l’élargir. [Tout comme moi], Jane est encore dans ce processus d’évolution
objective, intellectuelle — et pourtant très émotionnelle — de sa psyché,
mais elle a fait des progrès considérables. Dans chacun de ses livres, elle
tente de communiquer plus clairement les détails et développements de son
parcours. [Je note également qu’aucun de nous deux n’essaye ni de se
débarrasser de son orientation occidentale, ni de la déserter — mais plutôt
de mieux la comprendre.]
Voici maintenant des extraits de ce que Seth a dit à partir de 23 h 33.)
Ruburt est en train de résoudre les problèmes philosophiques qui
n’étaient en fait que des questions incomplètement posées. Tout ce qu’il a
écrit aujourd’hui est important. Il s’apprête à aller de l’avant dans toutes les
directions.
Il y a de trop nombreux niveaux ici pour les évoquer tous en même
temps. […] L’un d’entre eux renforce la confiance que Ruburt a en lui-
même. La confiance est toutefois acceptée parce qu’il est enfin prêt à
s’attaquer aux questions et à les résoudre. Comme indiqué [à différentes
occasions au fil des ans, principalement dans le matériau qui nous est
personnellement destiné], elles ont à voir avec une formation culturelle et
des endoctrinements religieux[4]. Il défie finalement les vieilles croyances
qui affirment qu’on ne peut pas se fier à la spontanéité du moi. Il défie ces
idées-là émotionnellement et philosophiquement, en unissant une action
physique et une mobilité intérieure. Dans le passé, il avait encore peur
d’aborder ces croyances, si ce n’est de loin en les effleurant.
Accordez-nous un instant… Ce qu’il a écrit est pertinent. Avant de
pouvoir aller pleinement de l’avant, il a dû accepter les défis du passé et
cela signifie qu’il devait examiner ces vieilles croyances. Il commence à le
faire vraiment seulement maintenant. […]
Il ne s’agissait pas uniquement de ses croyances religieuses
personnelles, mais de celles de ses contemporains en général — et (d’une
voix forte) des fondations sur lesquelles votre civilisation actuelle a été
faite. Il a dû trouver le courage d’aller hardiment à la rencontre de ces
vieilles croyances, ce qu’il fait enfin. J’aurai davantage à lui dire dans l’état
de rêve, ce soir, et je lui expliquerai brièvement l’expérience qu’il a eue
avec ma voix.
D’une certaine façon, la session se poursuivra donc à un autre niveau de
communication. Tout ceci sera cependant mis pour vous noir sur blanc d’ici
peu.
Mes souhaits les plus chaleureux à vous deux et un cordial bonsoir.
(« Merci Seth, vous de même. Bonne nuit. »
23 h 46. Tout ce que Jane a pu dire le lendemain matin, c’est qu’elle
n’avait aucun souvenir conscient du moindre contact que Seth aurait établi
avec elle dans l’état de rêve. En anticipant un peu, disons que, dans la
session de demain soir, Seth va toutefois expliquer la rencontre que Jane a
eue avec sa voix, le week-end dernier durant son sommeil.)

NOTES DE LA SESSION 710

[1] Une note ajoutée six semaines après que Seth a « développé »
davantage son analogie de l’appareil photographique (pour la
photographie du rêve, par exemple), dans la Partie 5. Voir les sessions
719 et 720.

[2] Y a-t-il vraiment un monde objectif — « quelque chose là au-


dehors » — que chacun de nous peut percevoir ? Voir mon passage sur
le réalisme naïf, dans l’appendice 12, ainsi que le matériau de Seth sur
ce sujet, dans la note 13 de ce même appendice.

[3] Dans le chapitre 14 du Matériau de Seth, Jane et Seth donnent un


compte rendu à la fois humoristique et sérieux de la rencontre de Jane
avec un démon, ou une « chose noire », qu’elle avait elle-même créé un
jour où elle était sortie de son corps.

[4] Voir les notes à 00 h 18 qui concluent la session 708.


SESSION 711

Mercredi 9 octobre 1974

(Le cours de perception extrasensorielle a vraiment eu du succès hier


soir. Les trente-deux personnes entassées dans notre salon ont apprécié les
échanges riches, vifs, bruyants et même sacrilèges qu’elles ont eus entre
elles et avec Jane et Seth. « Va te faire foutre, Seth ! », a hurlé une fille
— que cette présence digne n’intimidait pas du tout ; il est rare que les
membres de la classe soient tout le temps d’accord avec Seth ou entre eux.
Comme d’habitude, Jane s’est retrouvée en train d’apprendre en même
temps que ses étudiants. Elle a aussi pris le temps de chanter avec
beaucoup de délicatesse en sumari, contrastant ainsi avec les puissantes
transmissions de Seth. Tout a été enregistré, bien sûr. Le cours a duré de 19
h 00 jusqu’à plus de minuit et, lorsqu’il s’est terminé, tous les participants
étaient, sinon épuisés, du moins secoués émotionnellement. Nous aurons la
transcription de ce matériau de Seth lors du prochain cours[IV].
21 h 17.)
Bonsoir. (En murmurant.
« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. (Toujours en murmurant.) Jamais aussi
spectaculaire que nos bruyantes sessions en classe.
Votre monde, à nouveau, est le résultat d’une certaine focalisation de la
conscience, sans laquelle il ne pourrait être perçu. Point. Le champ de la
conscience impliquée est évidemment physiquement orienté ; il y a pourtant
en elle de grandes variétés de conscience, dont chacune fait l’expérience de
ce monde, apparemment objectif, à partir d’une perspective personnelle.
L’environnement physique est réel en termes différents pour un animal, un
poisson, un homme ou un rocher par exemple, et différentes parties de cet
environnement sont, par conséquent, non réelles [pour chacune de ces
formes-là]. Cela est extrêmement important.
Si un habitant d’une autre réalité, totalement extérieure à votre propre
système physique, devait visiter ce monde-ci, et si « son » intelligence était
en gros du même niveau que la vôtre, il aurait encore à apprendre à
focaliser sa conscience plus ou moins de la même façon que vous, afin de
percevoir votre monde. Il devrait modifier sa focalisation d’origine et la
tourner dans une direction qui lui est étrangère. De cette manière, il pourrait
« capter votre station de base[1] ». Il y aurait des distorsions parce que,
même s’il parvenait à effectuer de telles manipulations, sa structure
physique d’origine pourrait ne pas être du même type que la vôtre, bien sûr,
et c’est à travers elle qu’il recevrait et interpréterait les données perçues par
sa conscience modifiée.
Votre visiteur serait alors forcé de traduire ces informations du mieux
qu’il le pourrait, à travers sa propre structure d’origine, pour qu’elles
puissent avoir le moindre sens pour sa conscience dans son orientation
habituelle. Toutes les réalités sont donc le résultat de certaines focalisations
uniques adoptées par la conscience. En ces termes-là, il n’y a pas
d’extérieur. Les effets d’objectivité se produisent lorsque la psyché projette
son expérience dans des dimensions intérieures qu’elle a elle-même créées.
(21 h 35.) À l’intérieur, ces structures sont en expansion constante, de
sorte qu’en vos termes au moins, il semble que des distances de plus en plus
grandes entrent en jeu. Le voyage vers n’importe quel autre lieu de la réalité
physique doit donc impliquer des modifications de conscience[2].
Nouveau paragraphe. Bien que toutes vos pensées et tous vos
sentiments soient matérialisés « quelque part », seuls certains d’entre eux
deviennent physiques en vos termes. Ils sont alors acceptés en tant que
réalité physique. Ils fournissent la base des évènements, objets et
phénomènes physiques sur lesquels vous vous accordez tous. C’est la raison
pour laquelle votre monde a une stabilité que vous acceptez, un certain
ordre et une certaine prévisibilité[3] qui fonctionnent suffisamment bien
pour les affaires quotidiennes. À ce stade-là, vous êtes précisément réglé sur
votre « station de base ». Vous ignorez les symboles ou voix fantomatiques,
les actions probables qui ont également lieu, mais qui sont étouffés dans les
tonalités claires de votre réalité admise. Quand vous commencez à vous
éloigner de cette station de base, vous vous rendez davantage compte des
autres fréquences[4] qui sont enfouies en elle. Vous vous déplacez à travers
d’autres fréquences, mais pour ce faire, vous devez modifier votre propre
conscience[V].
Les réalités probables connectées avec votre propre système sont
comme, disons, les banlieues qui entourent une grande ville. Si, pour
simplifier les choses, vous pensez aux autres réalités comme à différentes
villes, alors après avoir quitté la vôtre, vous devriez traverser sa banlieue,
puis la campagne et, au bout de quelque temps, pénétrer dans d’autres
banlieues et finalement parvenir à une autre métropole. Ici, chaque
métropole représenterait un conglomérat de consciences opérant au sein
d’une fréquence globale générale de focalisation très claire, un grand point
de communication psychique et de focalisation exquise dans un type donné
de réalité. À moins de vous accorder sur ces fréquences particulières, vous
ne pourrez toutefois pas capter cette réalité-là. Vous risquez de percevoir à
la place l’équivalent d’un son brouillé ou de parasites n’ayant aucun sens
[comme cela a été le cas pour Jane] ou encore d’images déstructurées [ce
qui était mon cas]. Vous allez peut-être simplement comprendre qu’il y a là
une certaine forme d’activité, mais sans être capable de la localiser
vraiment.
Maintenant, toute conscience, y compris la vôtre, est extrêmement
mobile. Pendant que vous focalisez principalement votre attention sur votre
monde, certaines parties de votre conscience sont toujours en train de
vagabonder. Quand vous dormez, votre conscience s’aventure souvent dans
d’autres réalités, en général de façon erratique, sans se brancher sur aucune
fréquence précise. Derrière de nombreux rêves apparemment chaotiques, il
y a souvent des expériences valides où votre conscience « tombe » sur une
autre réalité, sans y être accordée avec la précision nécessaire qui
permettrait une perception claire. L’information ne peut pas être passée au
crible ou utilisée efficacement et elle est traduite en images oniriques,
tandis que votre conscience retourne vers votre station de base. C’est pour
cela qu’il est difficile d’obtenir le moindre type d’image claire de ces autres
réalités.
(Une pause à 21 h 59.) Certaines focalisations particulières conduisent
donc à des mondes différents, mais tant que votre conscience ne se met pas
à leur écoute avec une précision minutieuse, vous ne serez pas capable de
les percevoir clairement. Vous allez capter au mieux les images
fantomatiques, probabilités et données personnelles qui ne sont pas
officiellement reconnues comme faisant partie de la structure officielle des
évènements de la réalité principale.
Nouveau paragraphe. Fondamentalement, la conscience est toutefois
libre. Ces réalités existent donc toujours — dans votre propre psyché — à
l’extérieur de votre « station de base », et une certaine partie de votre
conscience est toujours investie en elles. Point. Il y a des infiltrations, pour
ainsi dire, sous forme de perceptions non officielles qui se produisent
souvent, ou des évènements « impossibles » qui sont apparemment au-delà
de toute explication. (Une pause.) Pour l’instant, pensez à votre psyché, qui
est une identité conscientisée, comme à une sorte de « radio
supranaturelle ». Toutes les stations existent en même temps à l’intérieur de
la psyché. Elles ne se manifestent pas uniquement par des sons, mais avec
tout l’attirail vivant du monde. Le « vous » que vous reconnaissez n’est rien
qu’un signal unique sur une seule de ces stations, accordé sur une certaine
fréquence et faisant l’expérience de la réalité globale de cette station-là,
depuis votre propre point de vue — qui est unique et semblable à aucun
autre et qui, pourtant, contribue à toute la vie de la station.
(Un sourire.) La radio supranaturelle qu’est votre psyché entière
comporte toutefois beaucoup de stations de ce genre. Elles émettent toutes
en même temps. Dans cette analogie, les entendre toutes simultanément
créerait une grande confusion ; différentes parties de la psyché se règlent
donc sur différentes stations, se concentrent sur elles, et ne sont pas à
l’écoute des autres à des fins pratiques immédiates. Comme ces stations
opèrent toutes au sein de la même psyché ou radio supranaturelle, la qualité
globale des programmes aura beaucoup à voir avec la nature de la psyché
elle-même. Les radios sont branchées et contiennent des transformateurs et
des transistors. Toute la réception dépend des circuits électriques et des
mécanismes internes de la radio — et (avec insistance) ces mécanismes
existent en dehors des stations qu’elles sont destinées à capter. De la même
façon, la « psyché supranaturelle » existe en dehors des stations de
conscience qu’elle contient. Dans le cas présent, d’ailleurs, la psyché elle-
même fabrique la radio, ajoutant des connexions et des stations toujours
nouvelles.
(22 h 18.) Supposez que vous avez une radio avec laquelle vous pouvez
capter clairement dix stations. Imaginez d’abord que la programmation
journalière comporte trois feuilletons, quatre émissions d’information,
plusieurs excellentes pièces de théâtre, quelques opéras, un peu de musique
pop, quelques sermons religieux et programmes de sports. Chacune de ces
programmations a ses propres spots publicitaires ou messages, qui peuvent
avoir un rapport ou non avec les émissions.
D’abord, il vous serait pratiquement impossible de tester efficacement
tous ces programmes, tout en vaquant à vos propres occupations. Pour
compliquer encore plus les choses, à nouveau, ces programmes ne font pas
entrer en jeu uniquement des sons. Chacun a ses propres réalités
dimensionnelles. De plus, il y a un échange mutuel entre les programmes.
Par exemple : mettons qu’un certain Wilford Jones est un personnage de
l’un des feuilletons. Tout en y poursuivant sa propre histoire, par exemple
en tant qu’épicier en mauvaise santé dans l’Iowa, avec une maîtresse qu’il
ne peut pas entretenir et une femme aux besoins de laquelle il doit subvenir
(dit avec amusement), ce pauvre homme harcelé sur radio KYU est aussi
conscient de tous les autres programmes qui sont diffusés sur les autres
stations. Tous les autres personnages dans toutes les autres émissions ont
également conscience de notre épicier. Il y a un constant échange créatif
entre les différents programmes de la journée. Point.
Quand notre Wilford, l’air désespéré, dit à sa maîtresse « J’ai peur que
ma femme apprenne notre relation », la symphonie diffusée par une autre
station devient alors mélodramatique et, dans l’émission sportive, une idole
du football rate le ballon. Chaque personnage a pourtant son propre libre
arbitre. Ainsi, en captant inconsciemment le problème de l’épicier, le joueur
de football peut l’utiliser comme un défi et se dire : « Non, je ne vais pas
rater le ballon. » La foule alors applaudira et notre épicier dans son
feuilleton sourira peut-être en pensant : « Mais après tout, cela va
s’arranger. »
En d’autres termes, il y a dans la psyché une interaction constante entre
toutes les stations, et une merveilleuse créativité, littéralement illimitée
— dans laquelle, en vos termes, toutes les actions dans une station
modifient toutes celles qui se déroulent dans les autres stations.
Maintenant, faites une pause.
(22 h 34. La transe de Jane est excellente, son élocution est régulière et
assez calme la plupart du temps. « Je savais ce dont parlait Seth, me dit-
elle, parce que les images correspondantes me venaient en même temps que
je parlais. Mais je ne pourrais pas répéter maintenant mot par mot ce qu’il
a dit. »
Je rappelle à Jane qu’au cours de la session de lundi, la 710, Seth a
promis de nous « expliquer brièvement » l’expérience qu’elle a eue avec sa
voix retentissante, samedi dernier durant son sommeil. Voir au début de la
session 710 la description que Jane en a faite.
Reprise à 22 h 54.)
Maintenant. Dictée : toujours en utilisant la même analogie. Une nuit,
en s’endormant, notre épicier Wilford peut soudain entendre dans sa tête
tous les accords d’une symphonie, ou bien entrapercevoir rapidement
l’image d’un joueur de football ; il se peut aussi qu’un des musiciens de
l’orchestre symphonique se mette soudain à réfléchir à la difficulté que ce
serait d’avoir une maîtresse et une femme en même temps.
Du point de vue de celui qui perçoit, il s’agirait là d’évènements non
officiels, qui pourraient toutefois servir d’indices importants quant à la
nature de la réalité. Les programmes séparés existant en même temps ont
cependant chacun leur propre planning horaire et, depuis votre réalité, vous
ne pourriez pas les diffuser tous en même temps. Vous avez l’impression
d’être à l’extérieur de la psyché, alors vous imaginez que quelqu’un comme
vous fait fonctionner cette radio à partir d’une position extérieure. De votre
point de vue, si les frasques de l’épicier et la symphonie étaient transmises
le soir à la même heure, vous ne pourriez pas les capter sans basculer d’un
programme à l’autre : vous devriez choisir lequel vous voulez écouter.
Il est bien sûr très facile d’étendre notre analogie, et de changer la radio
en une télévision. Auquel cas, les projections sur l’écran seraient
pleinement dimensionnelles, conscientes de chaque téléspectateur dans
chaque salon. (Une pause.) En outre, les personnes sur l’écran
comprendraient la relation qui existe entre vous, le téléspectateur, et, disons,
les autres téléspectateurs habitant dans la même ville. En coulisses, non
seulement les acteurs, en tant qu’acteurs dans tous les programmes, se
connaîtraient tous les uns les autres, mais les personnages qu’ils
incarneraient, eux aussi, se connaîtraient, seraient conscients des rôles des
uns et des autres dans les programmes, et iraient faire un tour de temps à
autre dans des pièces qui ne sont pas les leurs.
À des niveaux qui dépassent la compréhension du spectateur, toutes les
histoires et émissions seraient reliées. À nouveau, à cause de l’équilibre
spécifique de votre conscience, vous avez l’impression d’être extérieur à
tous ces programmes. Vous vous mettez à leur écoute, en faisant par
exemple des choix si plusieurs de vos émissions favorites sont diffusées à la
même heure.
En termes plus vastes, vous êtes une partie du même « ensemble » et, à
un autre niveau, quelqu’un vous voit en tant que personnage en train
d’allumer une télévision dans un salon. De manière intrinsèque, la psyché,
la psyché personnelle, contient tous ces programmes et réalités. Certaines
de ses parties choisissent cependant d’adopter des focalisations différentes
afin d’intégrer ces aspects plus clairement.
(Une pause à 23 h 13.) Dans une certaine mesure, des signaux
provenant de toutes les autres stations sont toujours en arrière-plan de tout
programme donné et, en modifiant momentanément la direction de votre
attention, vous pouvez apprendre à vous focaliser sur ces autres stations.
Psychiquement et psychologiquement, ces autres stations, sur lesquelles
vous ne vous concentrez pas, forment la structure de la psyché telle que
vous la comprenez, structure à partir de laquelle s’opère la focalisation sur
votre expérience terrestre. En vous étudiant vous-même ainsi que la nature
de votre propre conscience, vous allez donc automatiquement parvenir,
jusqu’à un certain point, à une compréhension de la réalité « inconnue ». La
réalité inconnue est composée de ces parties de votre propre psyché qui sont
repoussées, et des structures d’expériences correspondantes qu’elles
forment.
(Une longue pause.) Pour vous donner une image, imaginez que votre
conscience normale est votre connexion avec cette planète que vous habitez
— la station familière sur laquelle vous vous branchez tous les jours. Quand
vous projetez votre conscience hors de celle-ci, vous allez rencontrer divers
types de conditions atmosphériques. Une fois que vous comprenez ce
qu’elles sont, et les effets auxquels vous pouvez vous attendre, vous pouvez
entreprendre ces voyages consciemment, avec l’esprit conscient que vous
connaissez en guise d’astronaute, par exemple, et le reste de votre
conscience servant de vaisseau. De tels voyages mènent à des réalités tout à
fait valides, mais tout comme un astronaute doit connaître les meilleures
conditions d’atterrissage, vous devez vous aussi apprendre comment
« entrer » au moment le plus favorable et dans les meilleures conditions.
Ces voyages vous emmènent à travers la nature de la psyché elle-même,
ainsi que vers ces autres réalités qui existent en tant que fruits de la
concentration de la psyché dans des fréquences particulières.
Projeter votre conscience hors de votre corps induit donc une
exploration intérieure de la conscience elle-même, en même temps qu’une
expérience de ses manifestations. Il y a des terres intérieures de l’esprit et
d’autres mondes tout aussi légitimes que le vôtre. Ils sont cependant
intimement liés à des états mentaux qui sont ensuite matérialisés ; vos
propres processus mentaux sont par conséquent fortement impliqués.
Faites votre pause.
(23 h 28. « Il y va, je te le dis, s’exclame Jane après avoir fait une
remarque sur la lenteur de la transmission. J’espère qu’il dit quelque chose
sur sa voix que j’ai entendue pendant mon sommeil. » Reprise à un rythme
plus rapide à 23 h 40.)
Maintenant. Tout d’abord, j’ai parlé de la psyché comme s’il s’agissait
de quelque chose d’achevé, avec des frontières définies. La psyché
personnelle est en fait toujours créative — en expansion et littéralement
sans début ni fin.
L’expérience que vous avez de vous-même marque les frontières
apparentes de votre moi. Je suis, pour ainsi dire, une personnalité et un
programme ou une station. Il en va de même pour Ruburt. Nous avons
appris à prendre conscience chacun l’un de l’autre[VI] pour communiquer de
station à station, pour mutuellement modifier nos programmes et changer
nos mondes respectifs. Je ne m’adresse pas uniquement à Ruburt et à
Joseph par exemple, mes paroles se répandent dans le monde que vous
connaissez. Pourtant, dans le cadre qui est le vôtre, Ruburt se met à l’écoute
d’une autre station, la traduit et diffuse l’information. Pour ce faire, il doit
toutefois modifier sa propre conscience, se retirer de la station officielle afin
de laisser entrer celle-ci. Cela signifie se mettre à l’écoute d’autres parties
de la psyché, et aussi d’un autre type de réalité. La traduction finale de mon
matériau doit cependant passer par son organisme, sinon il n’aurait pour
vous aucun sens.
À travers Ruburt, je me rends compte de la nature et de la condition de
votre monde et je propose, depuis mon point de vue, des commentaires
destinés à vous aider. À travers lui, il m’est ainsi permis de voir la Terre « à
nouveau », en vos termes. J’existe en dehors de lui, comme il existe en
dehors de moi ; nous sommes pourtant ensemble une partie de la même
entité — ce qui permet d’approfondir l’idée de ce qu’est la psyché.
L’autre soir [samedi], alors qu’il était dans son lit, Ruburt a eu une
expérience quelque peu surprenante. Il ne rêvait pas. Son corps était
endormi, mais sa conscience se laissait dériver. Ruburt a clairement entendu
ma voix. Elle semblait venir littéralement du ciel et descendre dans une
chambre adjacente à celle où son corps dormait. Pendant un moment, la
puissance de la voix l’a effrayé, car c’était comme si une radio était
allumée, le volume poussé jusqu’à un niveau incroyable — plus fort que le
tonnerre. Il était alors possible de clairement distinguer des mots, même si,
par la suite, Ruburt a oublié ce qu’ils disaient. Pendant un instant, il a été
tenté d’interpréter la puissance de la voix comme le signe d’une colère, car
dans votre monde, quand quelqu’un crie, c’est d’habitude parce qu’il est en
colère. Il a toutefois compris que quelque chose d’autre entrait en jeu. Il n’a
pas senti ma présence, mais seulement entendu le tonnerre de la voix. Cela
l’a choqué parce qu’il a l’habitude d’entendre mes mots provenir de
l’intérieur de sa tête — il ne s’était jamais rendu compte auparavant que ma
voix existait en dehors de lui. Dans l’état de rêve, il m’a entendu lui donner
des informations. À ces occasions-là, cependant, il était le canal à travers
lequel provenait ma voix. Il s’est souvent interrogé sur la nature de ma
propre indépendance, et sur le type de réalité dans lequel j’existe.
Il s’est aussi rendu compte sur le moment que, même si ma voix
explosait littéralement, personne d’autre ne pouvait l’entendre. Elle venait
pourtant vraiment de l’extérieur et il avait vraiment la sensation de
l’entendre avec ses oreilles physiques.
(« Pouvez-vous nous raconter ce que cette voix disait ? »
En chuchotant.) Laissez-moi continuer…
Ruburt agit en tant que récepteur quand je parle, et je dois donc
procéder à certains ajustements pour que mon message puisse être capté
dans des conditions qui font entrer en jeu son système nerveux et son
organisme, entre autres. Ce soir-là, en utilisant ce que j’appelle un son
intérieur[5], j’ai laissé Ruburt se familiariser avec la puissance dont je
dispose, de telle sorte qu’il puisse se rendre compte que, fondamentalement,
cette voix venait d’au-delà de sa personnalité, telle qu’il la comprend.
(00 h 02.) Dans les sessions régulières, comme à présent, lui et moi
faisons à nouveau tous deux des ajustements et donc, dans ces sessions, je
suis ce que j’appelle une personnalité relais, constituée d’un moi composite
— Ruburt et moi nous rencontrant et fusionnant pour former une
personnalité qui n’est en vérité ni lui ni moi, mais une personnalité existant
entre des dimensions. Mon identité réelle se situe au-delà de cela.
Ruburt s’en sort extrêmement bien avec le son intérieur et j’emploie
donc cette méthode, plutôt que, disons, une image pour faire connaître mon
existence indépendante. Maintenant, Ruburt m’a appelé, au départ [samedi
dernier], à des niveaux inconscients, parce que la « programmation
terrestre » le contrariait. Il pensait que vous aviez besoin d’une certaine aide
extérieure, pour ainsi dire. Cette intention a généré certains signaux qui sont
parvenus dans d’autres réalités ou stations, et j’ai répondu. Je ne parlais pas
à Ruburt personnellement lorsqu’il m’a entendu, mais je m’adressais au
monde en général dans un programme qui était d’ailleurs capté par d’autres.
Cette émission s’est propagée et a été traduite par d’autres dans l’état de
rêve. En termes physiques, cependant, le message donné ce soir-là doit
encore être présenté à travers ces livres.
Accordez-nous un instant… Fin de la dictée.
(00 h 09. Et donc, à sa façon, Seth vient de répondre à la question que
j’ai posée il y a quelques minutes. Jane marque maintenant une pause et
sort en partie de transe. « Je sais qu’il a dit que c’était la fin du travail sur
le livre, me dit-elle, mais je pense qu’il y a davantage à venir. Alors, si tu
veux bien m’apporter un autre paquet de cigarettes… » Puis :)
Continuons la dictée. Maintenant. Dans votre programmation locale,
vous avez des foules de personnages familiers et, à des moments différents,
en vos termes, vous leur faites jouer des rôles différents. Ils prennent
différents rôles. Ceux-ci représentent souvent de fortes idéalisations
présentes dans la psyché personnelle et collective. (Avec humour.) Laissez-
moi vous donner un court exemple qui vous montrera aussi comme j’ai bien
appris votre culture.
(Seth poursuit en nommant trois célèbres détectives de la télévision.)
À leur manière, ces héros représentent le détective qui est là pour
protéger le bien contre le mal, et arranger les choses. Maintenant, ces
personnages existent de façon plus vivante dans l’esprit des téléspectateurs
que les acteurs qui jouent ces rôles. Les acteurs savent qu’ils sont distincts
de leurs rôles. Les téléspectateurs, eux, s’identifient aux personnages. Ils
peuvent même en rêver. Ces personnages ont leur propre forme de super-vie
parce qu’ils représentent si clairement certains aspects vivants à l’intérieur
de chaque psyché.
Ces aspects sont personnifiés dans le personnage. À travers les siècles,
en vos termes, il y a eu différentes personnalités, certaines physiques et
d’autres non, auxquelles l’espèce s’est identifiée. Le Christ est l’une
d’elles : il est, à certains égards, le détective idéal — dans un contexte
différent cependant —, venu pour sauver le bien et protéger le monde du
mal. D’une certaine manière, et pour des raisons pratiquement identiques,
l’homme a aussi projeté au dehors l’idée d’un diable ou de démons, de
manière à pouvoir s’identifier à ce qu’il pensait être les aspects peu
recommandables de la psyché, tels qu’il les comprenait à un moment donné.
Entre les deux, il y a une multitude de personnalités de ce type, toutes
représentant de façon vivante des parties de la psyché.
(00 h 21) Ces personnages deviennent des éléments de la littérature
intérieure de l’esprit. Supposez qu’un habitant d’une autre réalité voit [un
de ces trois feuilletons dont nous avons parlé] et comprend que des gens le
regardent. Supposez qu’il veuille ajouter plus de profondeur au spectacle. Il
peut alors venir lui-même sous cette apparence [du héros détective], mais
en élargissant l’interprétation, en étoffant l’intrigue. Souvent, quand une
personnalité d’une autre station veut ainsi aider à changer la
programmation, il apparaît sous la forme d’une personnalité déjà connue,
existante ou fictive. Vous devez toutefois comprendre que cette personnalité
est plus vaste qu’un fait ou une fiction. « Elle » est indépendante à son
propre niveau, et cependant, c’est aussi un élément de la partie de la psyché
personnelle et collective qui est ainsi représentée.
Je suis Seth en ces termes-là.
Il y a de nombreux mythes liés à mon nom[6]. Ils représentent tous des
parties de la psyché, telles qu’elles étaient comprises à des temps divers de
l’histoire de l’homme. Ces parties étaient à l’origine projetées à l’extérieur
de la psyché, à mesure que celle-ci commençait à se comprendre elle-
même, et elles en personnifiaient les aptitudes et caractéristiques, formant
des personnages de super-héros d’un genre ou d’un autre, avec lesquels la
psyché pouvait ensuite correspondre et entretenir des rapports.
Fin de la dictée.
(00 h 29. Puis, après avoir transmis deux paragraphes sur un autre
sujet.)
Fin de la session —
(« D’accord. »)
— et un cordial bonsoir, j’arrête pour vous accorder du repos.
(« Je vais bien. »
Fort amusé.) Cela vous montre que j’ai de la sollicitude.
(« Oui. Bien, merci, Seth. Bonsoir. »
Fin à 00 h 35. Quelques heures plus tard, alors que nous prenons le
petit-déjeuner, Jane me dit qu’au cours de la nuit, elle n’a pas arrêté de se
réveiller avec des idées qui, selon elle, ont un rapport avec La Réalité
« inconnue ». Je lui demande alors de mettre par écrit ce dont elle peut se
souvenir. Voici ce qu’elle en dit, avec toutes les déformations qui ont pu se
produire.
1. « Certaines des images [hypnagogiques] que vous voyez dans votre
esprit avant de vous endormir, ainsi que celles qui apparaissent à
d’autres moments, sont des alternatives — c’est-à-dire que vous
pourriez les voir physiquement si vous ouvriez les yeux, à la place de
la réalité ordinaire que vous “savez” être ici. Votre vision intérieure
élabore une représentation physique, en organisant des données
extérieures en types d’images qui sont en corrélation. »
2. « Chaque réalité est entourée par ses probabilités, mais ceci est
évidemment relatif… »
3. « Notre expérience du présent est enrichie par notre mémoire de
perceptions passées. Dans certains systèmes, cela fonctionne dans
l’autre sens : les habitants sont conscients du futur comme nous le
sommes du passé. D’un autre côté, leur “mémoire” du passé
s’évanouit presque d’un seul coup. »
4. « À nouveau, j’ai reçu des informations sur l’Atlantide, que j’ai
oubliées immédiatement après. J’avais voulu parler de cela à Rob, ce
matin… »
Jane a aussi transmis un matériau sur l’Atlantide juste après la fin de la
session 708, il y a moins de deux semaines ; voir l’appendice 14. Nous
avions brièvement décrit cet épisode dans le cours de perception
extrasensorielle tenu la veille de cette session 711 — alors est-ce là la
cause de ces nouvelles données sur l’Atlantide ? Il est également très
intéressant de noter que les deux fois où Jane a recueilli des informations
sur l’Atlantide, c’était quelques heures après que Seth eut développé des
idées faisant entrer en jeu des réalités alternatives.)

NOTES DE LA SESSION 711

[1] Une note ajoutée par la suite. Seth se sert de l’analogie de la « station
de base de la conscience » dans plusieurs autres sessions de ce volume
II. Voir par exemple la session 716 dans la Partie 5.
[2] Voir la note 4 de la session 702, dans le tome I, où Seth parle
brièvement du « voyage spatial » dans une autre probabilité.

[3] Se référer au matériau de Seth sur l’imprévisibilité fondamentale de la


conscience et sur les probabilités, dans la session 681 du tome I de La
Réalité « inconnue ».

[4] Dans le tome I, voir les sessions 685 et 686, ainsi que l’appendice 4.

[5] Voir la note 4 de la session 708.

[6] À propos de la référence de Seth aux mythes associés à son nom : Set ou
Seth, était un dieu maléfique égyptien, doté d’une tête animale, dont les
origines complexes pourraient, dit-on, remonter loin dans l’Antiquité,
jusqu’à au moins 7500 ans avant Jésus-Christ. Dans le judaïsme, bien
sûr, Seth était le troisième fils d’Adam et Ève, après Caïn et Abel
(Genèse 4 et 5). (Comme nous l’a écrit un correspondant : « Seth est
aussi un nom hébreu signifiant “celui qui a été nommé” ou
“désigné”. ») Certaines des toutes premières généalogies sacerdotales
omettent cependant Caïn et Abel, et considèrent Seth comme le fils aîné
d’Adam ; au deuxième siècle de notre ère, par exemple, les Séthites,
membres d’une petite secte gnostique peu connue, pensaient que Seth, le
fils d’Adam, était le Messie. On retrouve aussi le nom de Seth dans les
textes de l’ancienne philosophie religieuse occulte, la Kabbale,
développée par certains rabbins qui cherchaient à interpréter les
écritures à travers les valeurs numériques ; l’âme de Seth est
considérée comme ayant été insufflée dans Moïse, qui allait
réapparaître comme étant le Messie…

Peut-être était-ce une négligence de notre part, mais Jane et moi, nous
ne nous sommes pas préoccupés d’éventuelles connexions que le Seth
de Jane pouvait avoir avec ceux du passé. Nous ne croyons pas que de
telles relations existent sur un plan personnalisé, quel qu’il soit, mais,
un jour ou l’autre, nous demanderons à Seth de faire un commentaire à
ce sujet. Nous pensons que le nom du Seth de Jane est apparu pour des
raisons beaucoup plus pragmatiques. Au chapitre 1 du Matériau de
Seth, Jane a cité le futur Seth lors de la session 4 du 8 décembre 1963,
lorsque cette personnalité s’est manifestée au moyen de la planche
Ouija dont nous nous servions dans les toutes premières sessions :
« Vous pouvez m’appeler comme vous voulez. Moi-même, je m’appelle
Seth. Cela correspond au moi de moi… » Il a été fait mention de la
réincarnation dès la deuxième session, mais, comme ce concept ne
signifiait pas grand-chose pour nous, nous avons à peine envisagé les
nombreux noms qui seraient entrés en ligne de compte. Une fois que
Seth nous a donné un nom par lequel l’appeler, nous avons simplement
commencé à l’utiliser. Je suis sûr qu’à ce moment-là, Jane n’avait pas
consciemment connaissance des origines et connotations égyptiennes,
hébraïques ou même chrétiennes de ce nom Seth.

Je vais maintenant présenter un peu Seth à partir de ce qu’il a répondu


aux questions des élèves du cours de perception extrasensorielle du 17
avril 1973.

« Alors, je vous demande : “Quel est votre nom, à chacun d’entre vous ?
” Mon nom est sans nom. Je n’ai pas de nom, je vous donne le nom de
Seth parce que c’est un nom et que vous voulez des noms. Vous vous
attribuez des noms… parce que vous pensez qu’ils sont importants.

Votre existence n’a pas de nom. Elle n’est pas sans voix, mais elle est
sans nom. Les noms que vous prenez sont des structures sur lesquelles
vous accrochez vos images. […] Ce que vous êtes ne peut être prononcé
et ni lettre ni alphabet ne peut le contenir. Mais maintenant, vous avez
besoin de mots et de lettres, et de noms et d’objets. Vous voulez une
magie qui vous dira ce que vous êtes.

« Vous croyez que vous ne pouvez pas me parler si je n’ai pas de nom,
alors je suis Seth. […] Lors de nos toutes premières sessions, j’ai dit à
Ruburt qu’il pouvait m’appeler Seth. Je n’ai jamais dit “Mon nom est
Seth” [mais “je m’appelle Seth” : c’est moi, Rob, qui insiste ici], car je
suis sans nom. J’ai eu de trop nombreuses identités pour m’accrocher à
un seul nom ! »

Bien que de façon assez brève, Seth évoque ses propres antécédents
réincarnationnels, à la fois de façon générale et spécifique, au chapitre
22 de Seth parle. Pour les noms de trois de ses personnalités passées,
tels qu’il les a donnés dans ce chapitre-là, voir les sessions 588 et 589.
Un quatrième nom (ainsi que des noms pour Jane et moi) apparaît lors
de la session 595, dans l’appendice de Seth parle.
SESSION 712

Mercredi 16 octobre 1974

(Comme Jane devait participer par téléphone à une émission en direct


pour une radio d’un État de l’Ouest, la session prévue le lundi 14 octobre
n’a pas eu lieu. Assise à son bureau, elle a été interviewée par le
présentateur du programme, puis a répondu aux questions des auditeurs.
L’émission s’est bien déroulée. Dans le tome I, voir les notes au début de la
session 702.
Ce soir, après le dîner, Jane a reçu de Seth [sans entendre
subjectivement sa voix] une information disant que la session contiendrait
un matériau sur les « grappes de probabilités ». Nous avons aimé cette
expression. Mais jusqu’à ce que Seth aborde ce sujet, je n’avais pas
compris que Jane s’était d’elle-même branchée sur ce thème après la
session de mercredi. Il correspond au deuxième point de la liste des
éléments qui lui sont venus à l’esprit durant son sommeil.
Hier soir, dans son cours de perception extrasensorielle, Jane a vécu
l’une de ses périodiques et inhabituelles « expériences de long son »,
comme nous les appelons. Il va en être question dans le matériau de Seth,
après la première pause.
21 h 13.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant, dictée. Comme l’affirment les notes de Ruburt, chaque
système de réalité est en fait entouré par ses réalités probables, même si
chacune de ces « réalités probables » peut servir de point central, ou de
réalité première ; auquel cas, toutes les autres seront alors perçues comme
probables. En d’autres termes, la relativité s’applique certainement ici.
La réalité de référence est celle sur laquelle se focalise celui qui perçoit.
À partir de ce point de vue, toutes les autres sembleront annexes. Ceci étant
admis, tout système de réalité va donc être entouré par ses grappes de
probabilités. On peut pratiquement les considérer comme des satellites. Le
temps et l’espace n’ont toutefois pas besoin d’entrer en ligne de compte
— j’entends par là que les attractions existant entre une réalité et n’importe
quelle grappe de probabilités n’ont absolument rien à voir avec le temps et
l’espace. Le plus proche satellite de probabilité pour une réalité donnée peut
par exemple se trouver dans un univers totalement différent. (Une pause.) À
cet égard, vous pouvez trouver des frères vous ressemblant plus ou moins,
en dehors de votre propre univers — tel que vous le concevez — plutôt
qu’en son sein. Vous imaginez que votre univers s’étend vers l’extérieur
dans l’espace (et en arrière dans le temps). Vous y pensez comme à une
manifestation extériorisée, en expansion certes, mais vers l’extérieur plutôt
que l’intérieur[1].
(Lentement.) Votre idée du voyage spatial, par exemple, consiste à vous
déplacer sur la « peau de votre univers ». Vous ne comprenez pas que votre
système est en expansion à l’intérieur de lui-même, suscitant une nouvelle
créativité et une nouvelle énergie.
Accordez-nous du temps… Votre univers n’en est qu’un parmi tant
d’autres. Chacun crée des versions probables de lui-même. Quand vous
voyagez sur la Terre, vous en parcourez l’extérieur. Jusqu’à présent, vos
idées de voyage dans l’espace impliquent ce type de navigation de surface.
Les excursions terrestres, cependant, sont accomplies avec la
reconnaissance de leur nature superficielle[2]. Quand vous réfléchissez en
termes de voyages vers d’autres planètes ou d’autres galaxies, c’est pour
vous le même type de voyage en surface qui entre en ligne de compte. Pour
donner une explication aussi exacte que possible en vos termes, votre
conception du voyage spatial vous fait aller autour de l’espace plutôt que
directement à travers lui.
(21 h 40.) Accordez-nous du temps… Vous voyez aussi votre système
solaire à travers votre propre perception du temps, qui est relative. Vous
« regardez en arrière dans le temps », dites-vous, quand vous vous tournez
vers l’extérieur et observez l’univers. Vous pourriez évidemment aussi bien
observer le futur. Vos propres coordonnées[3] vous ferment à toute
reconnaissance du fait qu’il y a effectivement d’autres intelligences
vivantes, même à l'intérieur de votre système solaire. Vous ne les
rencontrerez toutefois jamais dans votre réalité extérieure, car vous n’êtes
pas focalisés sur la période de temps de leur existence. Vous allez peut-être
visiter physiquement la « planète même » sur laquelle elles habitent, mais
celle-ci vous paraîtra stérile, ou incapable d’accueillir la vie.
De la même façon, d’autres peuvent visiter votre planète avec les
mêmes résultats. Même l’espace que vous connaissez a donc toute une
dimension intérieure que vous ne percevez pas. Il existe des êtres
intelligents en dehors de votre propre galaxie, qui vous sont « adjacents ».
Théoriquement, grâce à certaines avancées radicales de votre technologie,
vous pourriez leur rendre visite, mais cela impliquerait des durées de temps
considérables. D’autres ont visité votre planète en employant cette méthode
particulière. Votre technologie est encore linéaire. Certains êtres intelligents
ont visité votre planète, ils n’ont pas découvert le monde que vous
connaissez, mais un monde probable[4]. Il y a toujours des retours
d’information entre des systèmes probables. Une espèce dominante dans
l’un d’eux peut apparaître comme une trace d’espèce bizarre dans un autre.
Nous en dirons davantage sur ce sujet un peu plus tard dans le livre[5]. Il est
en fait possible de découvrir l’équivalent le plus proche de votre type
d’intelligence et d’être, non pas en suivant la peau extérieure de l’espace,
mais en la traversant, pour ainsi dire.
Accordez-nous du temps… Il y a, encore une fois, des coordonnées
intérieures qui ont à voir avec le comportement interne des électrons. Si
vous les compreniez, de tels voyages pourraient alors être relativement
instantanés. Les coordonnées vous reliant à d’autres êtres plus ou moins du
même type que vous ont à voir avec les intersections psychiques et
psychologiques qui donnent lieu à un cadre espace-temps similaire.
J’aimerais vous donner ici un exemple très simple et évocateur de ce
que je veux dire. L’autre jour, Ruburt a reçu un appel téléphonique d’une
femme en Californie qui avait des difficultés. Ruburt lui a promis de lui
envoyer de l’énergie [de guérison]. En raccrochant, il a fermé les yeux et
imaginé qu’une énergie provenant d’une source universelle était émise à
travers son corps et dirigée vers la personne en difficulté. Il a alors vu
mentalement un long rayon « lourd » s’étendre droit vers l’ouest, depuis un
point situé entre ses yeux. Ce rayon ne rencontrait aucun obstacle. Ruburt a
senti que cette extension était composée d’énergie, et qu’elle paraissait si
forte que quelqu’un aurait pu facilement marcher dessus. Subjectivement, il
a perçu que ce rayon d’énergie parvenait à destination. Et c’était le cas[6].
L’énergie a presque instantanément été transmise de l’autre côté du
continent, d’un individu particulier à un autre. Quand vous avez affaire à ce
type d’énergie, et en particulier quand vous y croyez, l’espace n’a aucune
importance. Les connexions émotionnelles sont établies et forment leur
propre jeu de coordonnées. (Une pause.) Ce rayon d’énergie est aussi fort et
réel qu’une poutre en acier, même s’il se déplace plus vite qu’un rayon de
lumière.
(22 h 09.) Si Ruburt avait tenté de rendre visite à la femme en avion, il
aurait dû suivre la courbure de la Terre, mais en ces termes-là, l’énergie est
passée par le chemin « le plus direct[7] ».
(Je demande alors : « Mais pas à travers la Terre ? » Seth répète alors
trois fois sa dernière phrase. C’est la réponse qu’il veut donner.)
La communication psychique et émotionnelle court-circuite les
coordonnées physiques. Ruburt a été momentanément allié à la femme.
Maintenant. De même, vous pouvez être allié à, et branché sur, d’autres
probabilités qui ne coïncident pas avec votre axe espace-temps. L’univers
extérieur avec ses galaxies — tel que vous le comprenez, et à ce niveau-là
d’activité — peut être rencontré sur certaines coordonnées rigides d’espace-
temps. Vous pouvez visiter d’autres planètes uniquement dans votre
présent. Votre présent peut être le passé ou le futur pour les habitants d’une
autre planète. Vos sens physiques n’opéreront que dans leur présent et dans
le vôtre.
Un voyage spatial « effectif », un voyage spatial créatif de votre part,
n’aura pas lieu tant que vous n’apprendrez pas que votre système espace-
temps est juste une focalisation. Autrement, vous aurez l’impression de
visiter un monde mort après l’autre, et serez aveugles aux civilisations qui
peuvent exister sur l’un d’entre eux. Certaines de ces difficultés pourraient
être transcendées si vous appreniez à comprendre la multidimensionnalité
de votre propre structure physique, et si vous accordiez à votre conscience
un peu de sa plus grande liberté.
Dans une certaine mesure, vous vous êtes aveuglés vous-mêmes
neurologiquement. Vous acceptez uniquement une certaine gamme
d’impulsions neurologiques comme étant la « réalité » [8]. Vous vous êtes
biologiquement limités. La structure physique se rend compte, de façon
innée, de bien plus de versions valides de réalité que vous n’en acceptez.
Théoriquement, un être de votre époque, parfaitement formé et
voyageant dans l’espace, serait capable en atterrissant sur une planète
inconnue d’ajuster sa conscience de façon à percevoir la planète selon
diverses « séquences » de temps. Si vous atterrissez sur une planète dans un
vaisseau spatial et que vous y trouvez des volcans, vous allez peut-être vous
dire que d’autres régions de cette planète peuvent présenter des visages
différents. Comme vous êtes confiants en votre aptitude à vous mouvoir à
travers l’espace, vous pouvez alors explorer le terrain qui n’était pas visible
depuis votre premier point d’atterrissage. Si vous n’avez pas conscience des
qualités changeantes de l’espace, vous pourriez imaginer que toute la
planète est un volcan géant.
Cependant, vous ne comprenez pas encore que, d’une certaine façon,
vous pouvez vous déplacer à travers le temps comme vous le faites à travers
l’espace — et tant que vous ne comprendrez pas cela, vous ne connaîtrez
pas le sens d’un vrai voyage ou vous ne serez pas capables d’explorer
totalement une planète — ou toute autre réalité, y compris la vôtre.
Vous imaginez que votre propre Terre est cartographiée et que toutes les
frontières sont connues, mais les aspects linéaires de la vie de votre planète
représentent une partie extrêmement infime de sa réalité.
Faites votre pause.
(22 h 24. Jane me dit que Seth était « vraiment là », même si sa
transmission ne m’a pas semblé plus longue ou plus rapide qu’elle ne l’est
d’habitude quand Jane est en transe. Elle ajoute que le matériau lui a paru
sans fin et que Seth vient de demander une pause uniquement pour que nous
puissions nous reposer avant qu’il se lance dans le prochain paquet de
données — qui, lui aussi, est déjà « là ».
Presque toute la journée, il est tombé une bruine fine et, de nos fenêtres
du salon au premier étage, je vois maintenant un épais brouillard flotter au
coin de la rue et envelopper le tout nouveau Walnut Street Bridge, un peu
plus au sud. Les lumières du pont répandent une agréable lueur sur toute la
zone alentour.
Reprise de la même façon à 22 h 45.)
Les parties de la psyché reflètent et créent les parties de l’univers, de la
plus minuscule jusqu’à la plus grande. Vous vous identifiez à une petite
partie de votre psyché et vous nommez donc réalité un petit aspect de
l’univers.
Dans le cours d’hier soir, Ruburt a « capté » des messages qui
semblaient trop lents pour sa structure neurologique. Il était convaincu
qu’il lui faudrait beaucoup d’heures de votre temps pour transmettre un seul
paragraphe clair de ce qu’il recevait. Il a fait l’expérience d’une certaine
tension, percevant que chaque voyelle et chaque syllabe étaient si étirées, en
vos termes de temps, qu’il lui fallait ralentir sa propre activité neurologique
pour essayer de procéder à quelques ajustements appropriés. C’est la
solution qu’il a choisie. Les messages, donc, les perceptions, apparaissaient
à une certaine vitesse, pour ainsi dire, et il se débrouillait pour les recevoir
tout en les traduisant à une vitesse plus confortable, neurologiquement
familière.
Une part de Ruburt acceptait les perceptions « lentes » [ou « longues »],
tandis qu’une autre part les accélérait et les transformait en une chose
ressemblant à des structures normales de langage. Il en est résulté une
certaine communication[9].
Ce qu’il percevait, néanmoins, était un genre de réalité totalement
différent. Il a commencé à reconnaître un autre modèle de synapse
[neuronale] non « indigène » ; il s’est familiarisé avec des perceptions dans
un ensemble différent de points de coordonnées. Une telle activité modifie
automatiquement la nature du temps dans votre expérience et elle révèle des
intersections de votre conscience avec un autre type de conscience. Ce type
particulier de conscience opère « à des vitesses différentes » de la vôtre.
Biologiquement, vos propres structures biologiques sont tout à fait capables
d’opérer à ces mêmes vitesses, même si, en tant qu’espèce, votre choix a été
de suivre un type différent de réaction neurologique. En modifiant un tel
conditionnement neurologique[10], vous pouvez toutefois vraiment
apprendre à devenir conscients d’autres réalités qui coïncident avec la vôtre.
Point.
Maintenant. Les électrons eux-mêmes opèrent à des « vitesses »
différentes. La structure de l’atome que vous reconnaissez et son activité
sont, en termes plus vastes, une version probable d’un atome[11]. Votre
conscience, telle qu’elle est alliée à la chair, suit l’activité des atomes dans
la mesure où celle-ci se reflète dans votre système de réalité.
Ruburt est en train d’apprendre à faire minutieusement l’expérience
— changez cela —, Ruburt est en train d’apprendre à modifier
minutieusement son expérience avec les corrélations atomiques probables,
qui existent de façon tout aussi valide que le type particulier d’intégrité
atomique que vous reconnaissez en général. Quand il le fait, en vos termes,
il modifie la réceptivité atomique. Ceci met automatiquement en lumière
des probabilités. Pour percevoir d’autres réalités, vous modifiez vos propres
coordonnées, les réglant sur d’autres systèmes et attirant ces derniers dans
votre champ de focalisation.
Maintenant, faites une pause ou terminez la session, comme vous
préférez.
(« Nous allons faire la pause. »
De 23 h 08 à 23 h 26.)
Maintenant. À un degré ou à un autre, il y a à l’intérieur de votre psyché
des contreparties[12] de toutes les réalités. Quand vous ralentissez ou
accélérez vos pensées ou perceptions, vous commencez automatiquement à
modifier votre focalisation, à vous décaler par rapport à votre existence
officiellement reconnue. C’est extrêmement important car, en certains
termes, vous transcendez le cadre du temps que vous imaginez si réel.
En d’autres termes, certaines parties de votre propre réalité ont depuis
longtemps « disparu » dans la mort non reconnue que votre propre sens de
la continuité a si bien chevauchée. Votre grappe personnelle de réalités
probables vous entoure, à nouveau, sur une base cellulaire ; biologiquement
votre corps physique suit son propre cap et trouve son équilibre en opérant
dans une grappe de probabilités tout en maintenant la focalisation qui est la
vôtre. Vous pouvez même apprendre à vous mettre à l’écoute de la
compréhension cellulaire. Cela vous aidera à comprendre que votre
conscience n’est pas aussi limitée que vous le supposez. Toutes les réalités
émergent de la psyché et des UC [les unités de conscience] qui la
composent.
(Avec chaleur.) Fin de la dictée. Accordez-nous un instant…
(23 h 38. Jane transmet maintenant plusieurs pages de matériau la
concernant, dont une partie est très personnelle. Mais le reste est une
réaction de Seth à une évaluation écrite par elle, ce soir après le dîner,
dans laquelle elle examine les progrès de ses aptitudes psychiques depuis
leur début, à la fin de l’année 1963. Seth élargit ici notre compréhension
des réactions de Jane à certains des défis qu’elle a relevés il y a onze ans.
Son matériau est également une extension d’une bonne partie de ce qu’il a
donné dans la session 679 du volume I de La Réalité « inconnue », lorsqu’il
a parlé des antécédents de la Jane probable qui avait choisi de vivre dans
cette réalité physique, et de la façon dont cette Jane-là a dû faire face à sa
nature fortement mystique. Voir en particulier la note 8 de la session 679 et
l’appendice 1.)
Le texte que Ruburt a écrit ce soir est pertinent et hautement signifiant.
Demandez-lui de vous le montrer. En effet, bien qu’il n’aime pas ce mot, il
est en train de finir la première partie de son « apprentissage » — où il s’est
familiarisé avec une forme différente de réalité et a dû apprendre comment
la placer au même niveau que la « normale ».
Cela a impliqué certaines tensions qui, d’une certaine façon, étaient
aussi naturelles que des douleurs de croissance. Cela n’a rien à voir avec les
phénomènes soi-disant psychiques, mais avec la croissance et le
développement naturels d’une personnalité, à chaque fois qu’elle essaye
d’aller au-delà de son contexte d’espace et de temps, et s’attaque à des défis
de cette nature-là.
D’une certaine manière et à un certain niveau, ce type de personnalité
semble agir « à l’aveuglette », alors que, sur un autre plan, il est conscient
de ses accomplissements et défis. Souvent, une situation de déséquilibre se
met en place, qui n’existerait pas si la personnalité n’avait pas accepté les
défis et, par conséquent, les potentiels pour un développement encore plus
poussé.
Les éléments plus prosaïques de la personnalité prennent donc toutes les
mesures qui leur semblent nécessaires sur le moment, lorsqu’une nouvelle
orientation est testée. Ces approches peuvent sembler mener à de grandes
distorsions, en particulier comparées aux possibilités de développement
pressenties. Toutefois, d’une façon ou d’une autre, elles offrent encore un
cadre où la personnalité se sent libre de poursuivre ses objectifs. Les
impulsions innées fournissent des points-clés. Quand la nouvelle réalité
pressentie est assez forte pour permettre non seulement d’acquérir une
meilleure compréhension, mais aussi de construire un nouveau cadre,
l’ancien est alors perçu comme limitant et il est rejeté.
Vous avez vécu certains éléments de vos vies comme négatifs
uniquement parce que Ruburt n’était pas sûr de lui. Des appels à l’aide
[adressés à Jane aussi bien qu’à Seth] étaient perçus comme des exigences
— et non comme des opportunités de se servir de ses aptitudes —, et
Ruburt se sentait donc harcelé. Il n’était pas assez sûr de son nouveau
monde ; il faisait encore assez partie de l’ancien et voyait donc souvent sa
vie et ses capacités à travers les yeux des « habitants du vieux monde »
— ceux qui étaient susceptibles de le mépriser ou de le ridiculiser[13]. Ils
représentaient des parties de sa propre psyché qui étaient encore à ce
niveau-là de conscience, n’ayant pas tout à fait assimilé la connaissance ou
expérience plus vaste ; il ressentait donc le besoin de protection — une
protection qui allait… intelligemment… servir tous ses objectifs, lui
permettant d’aller de l’avant comme il le souhaitait… qui lui permettrait de
rester travailler à la maison tout en lui servant de moyen de contrôle vis-à-
vis d’une spontanéité intérieure excessive, jusqu’à ce qu’il ait appris qu’il
pouvait vraiment faire confiance au nouveau monde d’expérience.
(Puis, un peu plus loin.) Je pourrais en dire encore bien davantage. Ce
soir, l’heure ne le permet pas, mais je peux parler tant que vous pouvez
écrire.
Normalement, ma conscience n’opère pas aux mêmes vitesses que la
vôtre, à l’un et à l’autre [voir la note 9], alors, en mes termes, ce que je dis
a depuis longtemps été dit, bien que, dans votre présent, cela soit neuf, ou
juste en train de vous parvenir.
(Et encore un peu plus loin.) Ruburt devrait avoir une autre expérience
m’impliquant moi ou ma voix…
Et maintenant (énergiquement, mais avec un sourire), je vous souhaite
un cordial — vraiment le plus cordial de tous les bonsoirs.
(« Merci, Seth. Bonne nuit. »
Fin à 00 h 01.
Une note ajoutée après que Seth a terminé sa dictée de La Réalité
« inconnue », en avril 1975. La session 712 a eu lieu le 16 octobre 1974.
Dans ses notes au début de la session 710, Jane décrivait comment elle
avait entendu la voix très puissante de Seth durant son sommeil, la nuit du 5
octobre. Je peux écrire aujourd’hui que le même type d’expérience avec
Seth ou sa voix ne s’est pas encore reproduit.)

NOTES DE LA SESSION 712.

[1] Jane a transmis ce matériau pour Seth dans la session 42 du 8 avril


1964 : « L’univers est continuellement créé… comme tous les
univers… et l’apparence d’une expansion, perçue par vos scientifiques,
est une source de distorsion, pour de nombreuses raisons.

« Leurs mesures du temps, basées d’abord sur [des informations


physiques qui constituent] un camouflage, son extrêmement inadéquates
et fournissent forcément des données faussées puisque l’univers ne peut
tout simplement pas être mesuré en ces termes-là. L’univers n’a pas été
créé à un moment particulier, mais il n’est pas non plus en expansion au
milieu de nulle part, comme un ballon gonflé qui ne cesse de se dilater
— du moins pas selon les critères actuellement admis. L’expansion est
une illusion basée, entre autres, sur des mesures du temps et des théories
sur les relations de cause à effet, toutes inadéquates ; et pourtant, par
certains aspects, on pourrait dire que l’univers est en expansion, mais
avec des connotations totalement différentes de celles habituellement
utilisées. »

Extrait de la session 43 : « L’univers est en expansion exactement de la


même façon que le rêve…, fondamentalement, cela ressemble plus au
développement d’une idée. »

Au début de l’appendice 12, voir la présentation plus longue, tirée de la


session 44, où Seth parle du « climat de valeur de la réalité
psychologique » — le « vecteur » qui contient spontanément en son sein
toutes nos constructions-camouflages d’espace, de temps, de croissance
et de durabilité. La note 2 de l’appendice 12 est également pertinente
ici, en particulier les références de Seth qui portent sur les questions
concernant le début et la fin de l’univers physique.

Dans la session 250 du 11 avril 1966, Seth dit : « Les atomes que vous
“voyez” n’augmentent pas de masse, et ne se dilatent pas vers
l’extérieur dans votre espace — votre univers non plus. »

Dans ces premières sessions, dont la plupart ont été données il y a plus
de dix ans, le matériau de Seth reflétait bien sûr ses réactions à la
théorie actuelle de nos astronomes quant à l’état — et au destin — de
notre univers (camouflage) physique. L’idée d’un univers en expansion
infinie, dont toutes ses étoiles finiraient par s’éteindre et où toute vie
serait vouée à l’extinction, est une vision encore largement partagée de
nos jours ; elle est basée sur le décalage vers le rouge que l’on observe
et mesure dans certaines galaxies censées s’éloigner, sur leurs
luminosités apparentes, sur la « masse manquante » de l’univers ainsi
que sur d’autres données très techniques. Je note pourtant, avec grand
intérêt, que certains astrophysiciens et mathématiciens croient à présent
que le destin de notre univers est peut-être en définitive de se contracter
— de s’effondrer en fait sur lui-même. Mais, là encore, ces idées ne sont
pas fondées sur le mode de pensée épousé par Seth (que la conscience
vient d’abord et que ses créations sont continues), mais sur d’autres
observations et mesures de camouflage assez complexes. L’une de
celles-ci est la découverte d’une partie au moins de cette masse
manquante, indiquant que des champs gravitationnels peuvent exister
entre les galaxies, et les amas de galaxies, et être suffisamment
puissants pour non seulement arrêter l’expansion de l’univers, mais
aussi ramener à nouveau toute la matière en un seul point.

En termes scientifiques, il paraît peu probable que le conflit entre les


deux points de vue soit un jour résolu, ou que l’on décide que notre
univers peut être un univers oscillant, se contractant et se dilatant
indéfiniment. Il y a de trop nombreuses variables dans les mesures et
l’interprétation, sans parler des difficultés de l’esprit humain à saisir
les immenses étendues de temps et d’espace qui entrent en jeu.

Je m’empresse d’ajouter que le fait que l’univers se disperse au gré de


l’éternité d’une expansion glaciale ou se contracte en une boule de feu
cosmique aux proportions incroyables ne présente pour nous qu’un
intérêt purement intellectuel. Nos scientifiques ont prévu que l’une ou
l’autre de ces fins surviendrait dans des milliards et des milliards
d’années, tandis qu’entre-temps, dans « seulement » cinq milliards
d’années, notre propre soleil vieillissant aura explosé et consumé les
planètes intérieures du système solaire, dont la Terre.

[2] Tout comme Seth explique ici que nous nous contentons de voyager en
surface, il fait, dans le volume I de La Réalité « inconnue », une
observation similaire à propos de nos idées relatives au temps ; voir la
session 688 après 22 h 26 : « À nouveau, vous vivez à la surface des
moments, sans aucune compréhension des réalités non reconnues et non
officielles qui demeurent en dessous. »

[3] Seth a commencé à parler des points de coordonnées au chapitre 5 de


Seth parle. Voir la session 524. « Des consciences d’un type tout à fait
différent coexistent avec votre monde, dans le même “espace”. Pourtant,
elles ne perçoivent pas vos objets physiques, car leur réalité est
composée d’une structure de camouflage différente. […] Il s’agit là
d’une remarque générale, cependant, car vos réalités coïncident en
plusieurs points… que vous pourriez nommer points “de double réalité”
qui contiennent un très grand potentiel d’énergie… où les réalités se
fondent les unes aux autres. »
[4] Par exemple, lorsque Seth parle de nos prochaines tentatives de voyage
spatial, voir la note 4 de la session 702 dans le volume I. Voici une
partie du matériau que j’y ai cité, provenant de la session 40 : « Il est
très probable que vous vous retrouviez un jour dans ce que vous vouliez
être une aventure spatiale et découvriez que vous avez simplement
“voyagé” jusqu’à un autre plan [ou probabilité]. Mais, au début, vous
ne verrez pas la différence. »

Voir par ailleurs, dans l’appendice de Seth parle, la transcription du


cours de perception extrasensorielle du 12 juin 1971. La vision d’ovnis
(objets volants non identifiés), a dit Seth aux élèves du cours,
correspond parfois à l’apparition de visiteurs venant d’autres réalités
plutôt que d’une autre région de notre propre univers.

[5] Mais ce n’est malheureusement pas le cas.

[6] Dans ce cas particulier, un courrier ultérieur semble confirmer que


l’énergie envoyée par Jane a effectivement atteint sa cible. La personne
qui l’a reçue a témoigné de ses effets fort bénéfiques. J’écris « semble
confirmer » parce que nous n’avons pas essayé de vérifier le moindre
résultat ici, mis à part les éléments temporels entrant en jeu. Jane et
moi faisons tout par nous-mêmes. Il nous faudrait une organisation
considérable de personnes formées pour enquêter et beaucoup de temps
pour étudier intégralement les résultats de telles projections d’énergie.
Si une personne retire un bienfait de ces tentatives d’apporter une aide
de ce type, il peut y avoir de nombreuses raisons à cela ; notamment le
simple fait que la personne sait que quelqu’un d’autre — « l’émetteur »,
Jane par exemple — se soucie vraiment de lui apporter de l’aide. Nous
pensons cependant qu’il y a bien davantage que la suggestion qui entre
en jeu.

[7] Parmi les livres que j’ai lus sur l’astronomie (et je suis évidemment loin
d’en avoir parcouru beaucoup), un seul mentionne brièvement une
notion similaire en lien avec le voyage spatial : le fait de voyager
presque instantanément en ligne droite entre des planètes, au lieu de
suivre la courbure relativiste de l’espace. Le savant qui a écrit cet
ouvrage traite cependant cette idée comme étant juste une idée, une
idée plutôt fantasque — alors qu’ici Jane expose sa version du même
principe sur un plan pratique. Voir la note 2 de la session 709.

(Un aparté. Au moment où j’écrivais cette note, j’ai demandé à Jane si


elle avait lu dans cet ouvrage d’astronomie le passage dont je viens de
parler. Elle n’en était pas sûre. Elle avait juste feuilleté le livre
récemment, sans vraiment essayer de le lire. « Bon, dis-je en
plaisantant, il te reste tout juste une chance de le faire. J’aurais déjà dû
le rapporter à la bibliothèque, et je vais le faire demain… » Mais elle ne
l’a pas regardé.)

Quelques jours après l’épisode décrit par Seth dans cette session 712,
Jane a eu une autre expérience avec ce genre de rayon d’énergie. Nous
étions allés nous coucher et elle était étendue sur le côté, face au nord,
car elle voulait envoyer de l’aide à une personne très malade, dans une
petite ville au Canada. Elle a senti la transmission sortir de son front et
se diriger en ligne droite vers sa destination. Comme sa position n’était
pas très confortable ainsi allongée sur le côté gauche, au bout d’un
moment, elle s’est retournée. Ce mouvement a interrompu le rayon. Une
fois installée sur le côté droit, elle l’a senti à nouveau — mais sortant
maintenant par l’arrière de sa tête et se propageant toujours vers le
nord, vers son objectif canadien.

Jane a souvent conscience de son « rayon d’énergie » ou des variations


de celui-ci, quand elle est tournée vers les autres. Il y a au moins ici une
analogie rappelant le comportement des neutrinos, qui sont des
« particules » fondamentales subatomiques. Générés par les réactions
nucléaires au coeur des étoiles, les neutrinos voyagent à la vitesse de la
lumière. Ils n’ont pratiquement aucune masse, aucune charge électrique
et n’interagissent presque jamais avec la matière. Non seulement ils
peuvent traverser la Terre, mais ils sont capables de traverser l’univers
entier sans perdre beaucoup de leur énergie.

[8] Voir l’appendice 4 dans le tome I.

[9] Avec un certain étonnement, je peux écrire que notre salon de taille
moyenne était plus que bondé hier soir. Plus de trente personnes
assistaient au cours de perception extrasensorielle. Très peu d’entre
elles avaient déjà été témoins d’une des rares sessions « son long » de
Jane, comme nous les nommons, même si un bon nombre nous avait
entendu décrire le phénomène à un moment ou à un autre. Seth y avait
aussi fait référence. Il est rare que je prenne des notes ou utilise un
appareil enregistreur durant cette classe ; je préfère avoir la liberté de
participer au développement spontané du cours. D’habitude, quelques
personnes enregistrent, mais, hier soir, deux seulement l’ont fait, avec
un piètre résultat, comme je l’expliquerai un peu plus tard.

Ces notes portent sur les expériences de Jane pendant le cours qu’elle a
donné cette semaine (en octobre 1974). J’ai transcrit mot à mot sa
première rencontre avec un son lent, ou long, lors de la session 612 du 6
septembre 1962, presque un an après qu’elle ait fini Seth parle. Comme
le matériau de cette session-là n’a pas été retranscrit dans La Réalité
personnelle ou dans Adventures, nous en publions la plus grande partie
en tant qu’appendice 19 dans ce volume II. Sa lecture va non seulement
éclairer les présentes notes, mais aussi établir un lien entre la réalité de
Seth, de Seth 2 et quelques autres effets « rapides ». Il y a beaucoup à
apprendre ici, et peut-être allons-nous un jour être capables de faire
quelque chose à ce sujet.

Le chapitre 2 de Seth parle contient deux courts passages qui, selon


moi, font tout à fait penser à ce que Jane appelle un son long. Voir la
session 514 du 9 février 1970. 1.) « Nous pouvons ainsi suivre une
conscience à travers toutes ses formes et cela, selon vos critères, en un
clin d’œil. » 2.) « … car nous pouvons passer un siècle à être un arbre
ou une forme de vie non complexe dans une autre réalité. »

Après s’être débattue hier soir avec la réception d’un matériau de « son
long », Jane a dit quelques mots pour Seth. C’est alors que nous avons
commencé à avoir un aperçu de ce que nous pourrions appeler une
« source » de matériau long — car Jane a dit à la classe que, pour elle,
depuis notre point de vue physique, « la réalité de Seth était comme une
montagne ». Elle était « si lente, si massive, si puissante. Je ralentis…
comme une montagne, et je sens des arbres pousser. » En faisant un
grand effort, elle avait accéléré ce qu’elle recevait de Seth, de sorte que
celui-ci se manifeste en ayant l’air d’être le Seth habituel. Elle avait
ainsi obtenu de nouvelles visions de Seth et de son environnement. Et
depuis cette réalité beaucoup plus vaste et plus englobante, Seth pouvait
suivre une conscience dans notre monde-camouflage, à travers toutes
ses formes « en un clin d’œil ».

Jane devait cependant fortement se contrôler à chaque fois qu’elle


essayait de transmettre une donnée longue ; je me rendais compte
qu’autrement, elle se serait laissée aller à transmettre de façon
extrêmement lente. Cela se produisait souvent. Ensuite, il aurait alors
fallu de nombreuses minutes pour s’en sortir avec une seule syllabe ; sa
langue ne cessait de s’attarder sur le « sel » du mot « universel », par
exemple, et la seule chose qui sortait était un son sifflant allongé, basé
sur le seul « s ».

Plus tard dans la soirée, Jane a dit à la classe qu’elle avait mis de côté,
sur sa gauche, le « véritable rythme de la réalité » de Seth et qu’elle
allait, espérait-elle, en donner, sur sa droite, une traduction accélérée,
compréhensible pour nous. « Mais je n’arrête pas d’être ramenée à une
expression plus authentique de la réalité de Seth… » Elle parvenait à
prononcer juste quelques mots à la fois, provenant du Seth qui nous
était familier.

Voici maintenant ce qu’il en est des piètres résultats des enregistrements


évoqués au début de cette note. L’un des deux appareils utilisés par les
étudiants a mal fonctionné tout au long de la soirée, sans que son
propriétaire s’en aperçoive, et n’a rien enregistré du tout. L’autre bande
magnétique s’est cassée nette, juste avant que Jane arrive enfin à
concilier de façon cohérente la réalité lente, ou longue, de Seth avec la
version accélérée que nous entendons habituellement. Pendant quelques
minutes, elle a pu ainsi parler pour Seth de son environnement habituel
— mais comme l’information n’a pas été enregistrée, je n’ai rien à citer
ici. À ce moment-là, la classe était pratiquement terminée. Je ne veux
pas essayer de répéter de mémoire ce qu’a dit Seth, mais je note juste
que ce matériau a eu pour point de départ une partie de ce qu’il avait
dit dans la session 612 (voir l’appendice 19).

Jane et moi avons quand même écouté le seul enregistrement,


incomplet, du cours. Comme nous nous y attendions, les expériences de
son long étaient très mal enregistrées. Les moments-clés avaient été
plus visuels que verbaux. Pendant que Jane s’efforçait de réduire une
longue syllabe en quelque chose de reconnaissable, la bande
magnétique n’avait pratiquement rien enregistré, si ce n’est quelques
bruits de fond : des élèves en train de tousser, de bouger ou de déplacer
des feuilles de papier ; les bruits de la circulation… Mais Jane et moi,
nous prenons les évènements du cours comme ils viennent. Autrement,
nous passerions notre temps à prendre des notes, enregistrer etc.

Une note ajoutée par la suite. À aucun moment, bien sûr, dans la
session 712, Seth ne vient directement dire que, dans le cours de la
veille, Jane a essayé d’exprimer sa version de la « vraie réalité » qui est
la sienne. Cela peut paraître étrange, mais je n’ai pas noté cela pendant
la session, et nous ne l’avons remarqué, Jane et moi, que bien
longtemps après. Mise à part une référence plutôt indirecte à la fin de
cette session 712, Seth lui-même a choisi de parler de tout cela de
manière assez détachée.

[10] Dans le chapitre 6 d’Adventures, voir ce qu’écrit Jane sur la


« perception préjugée », qui « dans notre réalité se caractérise autant
par le type d’évènements qu’elle exclut que par ceux qu’elle inclut ».

Dans le volume I de La Réalité « inconnue », voir la session 686 à 00 h


19 pour l’explication que donne Seth de « l’expérience à Saratoga » de
Jane, avec ses connotations neurologiques modifiées.

[11] Dans le tome I, voir les deux sessions suivantes : la 694 à 22 h 00 et la


702 avec sa note 6. Dans le volume II, voir la note 4 de l’appendice 18.

[12] Une note ajoutée par la suite : voir la session 721, ainsi que son
appendice 21.

[13] Voir l’appendice 10 dans le volume I. Dans le volume II, voir la


session 708 après 23 h 40 et (ajoutées quelques jours plus tard) les
notes d’ouverture de la session 713. Tous ces passages montrent les
tentatives de Jane visant à comprendre ses aptitudes et ses croyances, et
pour les relier à elle-même et au monde en général.
SESSION 713

Lundi 21 octobre 1974

(L’autre soir, Jane m’a dit : « La vérité est que je suis seule dans cette
affaire de médium. Je suis celle à qui il incombe de le faire… » Nous
parlions du matériau que Seth avait donné après 23 h 38 au cours de la
dernière session [712] ; il avait évoqué certaines tensions éprouvées par
Jane pendant qu’elle accomplissait « la première partie de son
apprentissage » dans le développement de ses aptitudes psychiques. Je
l’avais entendue dire la même chose auparavant, bien sûr ; voir la note 13
de la session 712. Fondamentalement, l’examen de ses dimensions
intérieures doit être quelque chose de solitaire. Lorsque les sessions ont
débuté, il y a plus de onze ans, nous avons demandé les conseils et l’aide de
quelques personnes[1], mais, quand nous avons peu à peu commencé à
comprendre la nature très personnelle de ses dons, nous avons compris
qu’elle devait trouver ses propres réponses au fur et à mesure, avec toute
l’aide que je pouvais apprendre à lui apporter.
Cette situation a peut-être agi comme agent de fermentation au cours
des premières années, et aidé dans une faible mesure à déterminer la
direction de certaines des explorations psychiques de Jane, avec et sans
Seth. Bien plus important est le fait qu’elle a toujours voulu faire ses
propres expériences. D’ailleurs, comment demanderait-elle un avis à
quelqu’un d’autre sur une question aussi intuitive et individuelle que, par
exemple, la prochaine étape à suivre dans son développement psychique ?
Ces notes font paraître sa quête beaucoup plus simple qu’elle ne l’était
vraiment — et qu’elle ne l’est encore[2].
Cet après-midi, Jane m’a dit que la nuit dernière, durant son sommeil,
certaines informations provenant de Seth et portant sur le matériau à venir
dans le livre avaient filtré en elle. Elle m’en fait la description — et ce soir,
Seth va aborder ce sujet-là en profondeur dans la première partie de la
session. Je suggère au lecteur de revoir la session 711, qui est en rapport
avec les données de ce soir à 23 h 26.
21 h 28.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Accordez-nous un instant…
(Une longue pause.) Cela peut vous aider ici d’imaginer à nouveau la
psyché comme une télévision multidimensionnelle vivante. Dans ce qui
paraît être le petit espace de l’écran, de nombreux programmes se déroulent,
bien que vous ne puissiez en capter qu’un seul à la fois.
Cependant, tous les autres programmes sont pour ainsi dire « latents »
dans celui que vous regardez. Il y a des coordonnées qui les unissent tous. Il
y a un échange mutuel, parfaitement invisible pour vous, entre un
programme et un autre, et, encore une fois, une action dans une émission
modifie celle qui se déroule à l’intérieur de chacune des autres.
Comme cette télévision multidimensionnelle imaginaire, la psyché
contient d’autres programmes que celui dans lequel vous agissez
— d’autres intrigues, environnements et situations mondiales.
Théoriquement, vous pouvez momentanément « sortir » de votre
programme pour vous rendre dans un autre, aussi facilement — quand vous
savez comment — que vous passez d’une pièce dans une autre. Vous devez
savoir que les autres programmes existent, sinon la possibilité d’une telle
action ne se présentera pas. En termes plus vastes, tous les programmes ne
sont que des parties d’un seul : les différents ensembles sont toutefois réels
et les personnages parfaitement vivants.
Maintenant. Les acteurs jouant les rôles sont évidemment vivants, en
tant qu’acteurs, mais dans une pièce de fiction, par exemple, les
personnages représentés par les acteurs ne sont pas, en vos termes, vivants
de la même façon que les acteurs eux-mêmes. Dans la psyché, cependant, et
dans sa réalité plus vaste, les personnages ont leur propre vie — tout aussi
réelle que celle des acteurs.
Pensez à nouveau à la psyché comme je viens de l’indiquer. Considérez
comme allant de soi que le programme présentement sur l’écran est une
réalité totalement dimensionnée, et que, cachés dans ses éléments eux-
mêmes, il y a tous les autres programmes non visibles. Ceux-ci ne sont pas
alignés dans l’espace, derrière le programme qui est « au premier rang »,
mais ils sont contenus en lui d’une façon complètement différente. À un
moment donné, l’image du film peut représenter un chapeau haut de forme
sur une table, par exemple. Tous ceux présents dans cette scène verraient le
chapeau et la table, et réagiraient en fonction de leurs propres
caractéristiques individuelles.
Accordez-nous un instant… Le chapeau sur la table, tout en possédant
tous les attributs nécessaires de réalité pour cette scène-là, pourrait aussi
constituer un type différent de point de référence pour l’un des autres
programmes qui ont lieu simultanément. Dans cette réalité-là, disons le
programme 2, la configuration du chapeau et de la table peut n’avoir aucun
sens, mais être tout de même interprétée d’une façon totalement différente à
partir d’une autre perspective. Là, dans le programme 2, la table sera peut-
être une plaine, naturelle et plate, et le chapeau une structure d’une forme
bizarre, posée en son milieu — une chose naturelle et non plus faite par la
main de l’homme. Les objets dans votre réalité ont un aspect totalement
différent dans une autre. Chaque objet qui apparaît dans le programme que
vous regardez peut ainsi servir de point de référence d’un autre type dans
une autre réalité, où ces objets-là semblent être autre chose.
(21 h 50.) Nous essayons de faire ici une analogie à deux niveaux, alors,
s’il vous plaît, je vous demande un peu de patience. En termes de votre
psyché, chacune de vos pensées et actions existe non seulement telle qu’elle
vous est familière, mais aussi sous de nombreuses autres formes que vous
ne percevez pas : ces formes peuvent apparaître comme des évènements
naturels dans une dimension différente de la vôtre, comme des images
oniriques, et même comme une énergie autopropulsée. Aucune énergie n’est
jamais perdue. L’énergie au sein de vos pensées ne se dissipe donc pas,
même quand vous en avez terminé avec celles-ci. Leur énergie a une réalité
dans d’autres mondes[3].
Imaginez, maintenant, que l’image sur l’écran de télévision vous montre
votre propre univers. Votre idée de voyage spatial serait d’envoyer au loin
un vaisseau à partir d’une planète, la Terre, vers une partie de l’espace que
vous percevez sur cet écran « plat ». Même avec votre technologie projetée,
cela exigerait des durées de temps considérables. Maintenant, imaginez
qu’ici, pour commencer, l’image de l’écran soit décentrée, de telle sorte que
tout est déformé et que voyager dans l’espace revient à remonter le temps.
(Une pause.) Si l’image était centrée comme par magie, on verrait tout
« temps » s’écouler du point-instant[4] de perception, du « maintenant »
personnel ; et à de nombreux égards, le maintenant collectif ou la
perception de masse représente le point-instant global de votre planète.
Depuis ce maintenant-là, le « temps » s’écoule au-dehors dans toutes les
directions probables. En fait, il s’écoule aussi vers l’intérieur, dans toutes
les directions probables.
(Lentement.) L’image de l’univers que vous voyez sur notre écran
représente donc une vue à partir de votre propre perspective actuelle
— mais chaque étoile, planète, galaxie, etc., est constituée d’autres points
de référence où, pour dire les choses simplement, les mêmes schémas ont
différents types de réalité. Un véritable voyage spatial serait bien sûr un
voyage dans le temps et l’espace[5], où vous auriez appris comment utiliser
des points dans votre propre univers comme « indications
dimensionnelles » vous servant de points d’entrée dans d’autres mondes.
Autrement, vous allez simplement voler comme un insecte autour du poste
de télévision, à l’extérieur, en essayant de vous poser, disons, sur le fruit
que montre l’écran — et en vous demandant, comme une pauvre mouche
perplexe, pourquoi vous n’y arrivez pas. Vous utilisez une focalisation
principale dans votre réalité. Dans le monde extérieur, cela signifie que
vous avez une « image claire ». (Avec humour) Il n’y a pas de neige
parasite ! Ce programme physique là est celui dans lequel vous agissez,
dans lequel vous êtes vivants, c’est celui qui s’affiche sur l’écran. L’écran
est la partie de votre psyché sur laquelle vous vous concentrez. Vous ne
vous branchez pas seulement sur l’image, mais vous créez aussi les
accessoires, l’histoire complète de la vie et ses différentes périodes — mais
en des termes tridimensionnels vivants, et « vous » êtes à l’intérieur de ce
film-là.
Le type de réalité ainsi créée par cette partie-là de votre conscience
forme un type donné d’expérience. Il est valide et réel. Quand vous voulez
voyager, vous le faites à l’intérieur des dimensions de la réalité ainsi créée.
Si vous allez d’une ville à une autre, en voiture ou en avion, vous ne
considérez pas que le voyage est imaginaire. Vous explorez les dimensions
données.
(22 h 18.) Maintenant. Si vous modifiez un peu cette projection, de sorte
que les images soient un peu brouillées — en modifiant la focalisation de
votre conscience — alors la coordination familière disparaît. Les objets
peuvent apparaître flous, les sons ordinaires déformés. C’est comme si vous
étiez à la périphérie de votre propre réalité. Dans cet état-là, cependant, il
est facile de voir que votre orientation habituelle n’est peut-être qu’un cadre
de références parmi tant d’autres. (Une pause.) Si vous changiez encore
plus la focalisation de votre conscience, vous pourriez alors « faire entrer »
un tout autre film. Extérieurement, cela vous donnerait une autre réalité.
(Avec insistance.) Votre « ancienne » réalité pourrait encore y être un peu
perceptible comme une image fantôme[6], si vous saviez quoi chercher et
que vous vous souveniez de vos coordonnées antérieures. Toutefois,
intérieurement, vous seriez en train de voyager non pas autour ou près de,
mais dans une partie de la psyché avec sa réalité, vers une autre partie de la
psyché avec sa réalité. Ce type de voyage ne serait pas plus imaginaire
qu’une excursion d’une ville à une autre.
Il y a des coordonnées espace-temps qui fonctionnent à partir de votre
point de vue — et un voyage spatial depuis le point de vue de votre temps,
accompli le long des axes de votre espace, serait une entreprise relativement
stérile. (Entre parenthèses : certains cas signalés d’ovnis ont eu lieu dans ce
qui est le passé pour ces visiteurs, qui sont apparus en tant qu’images ou
réalités dans votre présent. Cela concerne uniquement les visions de
vaisseaux[VII].)
Accordez-nous du temps… Quand, sur votre télévision ordinaire, vous
passez d’une chaîne à une autre, il arrive qu’il y ait de la neige parasite ou
une distorsion. Si quelque chose fonctionne mal dans votre appareil, vous
pouvez capter des structures qui semblent n’avoir aucun sens et ne
correspondre à aucun programme particulier. Vous pouvez avoir du son sans
image, et parfois même une image accompagnée d’un son provenant d’un
autre programme. Aussi, quand vous commencez à faire l’expérience
d’états modifiés de conscience, vous tombez souvent sur le même type de
phénomènes, où rien ne semble avoir de sens.
(22 h 32.) Actuellement, les physiciens ont fait d’importantes percées,
mais ils n’en reconnaissent pas la signification. L’univers que vous
connaissez est plein de trous noirs et de trous blancs[7] microscopiques, par
exemple. Puisque vos scientifiques eux-mêmes les ont appelés ainsi, alors,
en utilisant ces termes-là, je vais dire (avec beaucoup d’humour
bienveillant) qu’il y a des trous rouges, verts, oranges et mauves — cela
veut dire que ce que vous appelez les trous noirs, et les blancs, représentent
seulement des déductions faites jusqu’à maintenant par les physiciens quant
aux propriétés plus profondes de votre univers, et à la façon dont certains
points de coordonnées dans votre monde opèrent en tant que vecteurs
d’alimentation pour un autre.
Rien n’existe toutefois à l’extérieur de la psyché sans exister en son
sein, et il n’y a aucun monde inconnu qui n’ait sa contrepartie
psychologique ou psychique. L’homme a appris à voler quand il a tenté
d’extérioriser une expérience intérieure, car, dans les états de sortie du
corps, dans les rêves, voler lui était depuis longtemps familier. Toutes les
excursions dans une réalité extérieure ont lieu lorsque la psyché tente de
reproduire dans un monde « extérieur » donné la liberté intérieure de son
être.
Les hommes ont aussi visité d’autres mondes à travers les âges.
D’autres êtres ont visité votre monde. Dans des rêves, et dans des états
modifiés, au cours de l’histoire telle que vous l’acceptez, des hommes ont
entrepris de tels voyages. À leur retour, ils ont pratiquement toujours
interprété leurs expériences dans les termes de leurs programmes de base,
entrelaçant ce qui s’était passé dans ce qui finit par devenir de grandes
légendes et de grands mythes — réels, mais pas réels.
Faites votre pause.
(22 h 45. « Eh bien, dit Jane après être rapidement sortie d’un excellent
état de dissociation, il met le paquet. Il y a ici des tonnes de matériau tout
prêt, en attente… » Je peux dire que c’est le cas : son élocution a atteint un
rythme régulier, calme mais impérieux, qu’elle semble capable de maintenir
indéfiniment.
Jane fait ici une remarque à propos de quelque chose dont j’ai
commencé moi aussi à me rendre compte au cours des dernières sessions.
Depuis la 709, elle n’a pas eu à attendre que se développe ce type
particulier de transe plus « difficile », avant de se lancer dans le matériau
du livre ; voir la note de cette session-là à 22 h 55. D’une façon qu’elle ne
peut pas décrire, Jane est maintenant capable de parvenir beaucoup plus
facilement au « bon » état de transe. Pour des exemples de situations
inverses, voir dans le tome I les notes qui concluent les sessions 688 et 703,
ainsi que l’appendice 4 où j’évoque les défis de traduction auxquels Jane
est souvent confrontée, depuis qu’elle a commencé La Réalité
« inconnue » : « — quant au fait de parvenir à cette “certaine focalisation
claire” ou à “l’endroit le plus clair dans la conscience” avant de
commencer à parler pour Seth. »
« Pendant les sessions, j’ai le sentiment très étrange d’un temps
“replié”, poursuit Jane. Je suis coincée. Je peux en obtenir davantage sur
le livre et un peu sur moi. Je ne sais pas quoi faire. Je sais que le matériau
du livre est là, tout prêt — mais il faut du temps pour le recevoir. C’est
vraiment dommage que je ne puisse pas l’avoir instantanément[8]. Je veux
vraiment les deux matériaux, alors je crois que je vais attendre et voir ce
qui se passe… »
Reprise sur le même mode à 23 h 01.)
Bien que tout ceci puisse sembler assez ésotérique, il s’agit d’une
question tout à fait pratique, et nous traitons de la nature de la créativité
elle-même.
Vos pensées, par exemple, et vos intentions ont leur propre validité et
leur propre force. Vous les mettez en mouvement, mais ensuite elles suivent
leurs propres lois et réalités. Toute créativité vient de la psyché. J’ai suggéré
[récemment] un projet pour le cours de Ruburt — un projet qui va en
définitive éclairer de nombreux points que j’expose dans La Réalité
« inconnue ». J’ai suggéré aux étudiants de Ruburt de créer une « cité » [9] à
un autre niveau de réalité. Ni une sorte de chimère, ni un « paradis »
suspendu dans les airs, mais un lieu tout à fait valide de rencontre entre des
mondes. Une place du marché psychique, par exemple, où les idées sont
échangées, un lieu de commerce psychique, un environnement plaisant
ayant des coordonnées parfaitement définies, établi comme un « satellite en
orbite » à la périphérie de votre monde.
Au départ, tous les mondes sont créés exactement de cette manière-là.
En certains termes, cela n’implique donc que dans une faible mesure la
création et la colonisation d’un type différent de réalité — consciemment
accepté depuis votre perspective. À un niveau inconscient, le monde tel que
vous le connaissez est en expansion exactement de cette manière-là[10].
Plusieurs étudiants ont fait des rêves où ils participaient à un tel projet.
Ruburt s’est lui-même retrouvé dans un état hors du corps, en train de
regarder une veste. Celle-ci avait quatre poches rectangulaires et était de
taille gigantesque. Pendant qu’il la regardait, le rabat de devant s’est ouvert.
Dans le rêve, Ruburt a littéralement traversé ce rabat en volant et il est entré
dans une autre dimension, où le rabat était devenu une colline sur laquelle il
a atterri. À partir de cette seconde perspective, les poches de la veste sont
devenues les fenêtres d’un édifice qui existait dans une autre dimension,
une troisième, au-delà de la colline. Debout sur la colline, il savait que, dans
la perspective 1, les fenêtres de l’édifice visibles dans la perspective 3
étaient des poches de veste, mais il ne pouvait plus les percevoir en tant que
telles. En regardant depuis la colline de la perspective 2, la perspective 1,
derrière lui, était invisible et la perspective 3 était toujours « devant »,
séparée de lui par un gouffre qu’il ne comprenait pas.
(23 h 15.) Il savait cependant que si, dans la perspective 3, les stores des
fenêtres étaient tirés, les rabats des poches de la veste lui paraîtraient alors
fermés dans la perspective 1. Il comprenait aussi qu’il avait dirigé l’érection
de l’édifice dans la perspective 3 en « faisant » la veste [dans la perspective
1].
Quand il s’est approché de la colline dans la perspective 2, il a parlé à
l’entrepreneur en bâtiment qui était là devant lui. Ruburt lui a dit qu’il
voulait changer le plan. L’entrepreneur a accepté et a crié des ordres aux
gens qui travaillaient dans la perspective 3 où se trouvait l’édifice.
Maintenant. Ruburt était impliqué de façon valide dans la construction
de cet édifice, et il a en fait voyagé à travers diverses dimensions, où les
objets situés dans l’une d’elles représentaient quelque chose d’entièrement
différent dans une autre. Il s’est toutefois servi de symboles particuliers,
juste pour bien assimiler la théorie, mais ils indiquaient que tout objet
donné dans une dimension a sa propre réalité dans une autre. Vous ne
pouvez pas vous déplacer à travers le temps et l’espace sans modifier la
focalisation de votre psyché. (Avec insistance.) Cependant, quand vous
modifiez ainsi cette focalisation, vous changez aussi la réalité extérieure
dont vous faites l’expérience.
Accordez-nous un instant. Laissez votre main se reposer… Plus tard,
vous réaliserez la nature stupéfiante de ce qui a été donné ce soir.
(Toujours en transe, Jane se verse encore un peu de bière. En tant que
Seth, elle a transmis sans hésitation tout le matériau difficile et complexe en
rapport avec ses propres rêves.)
Ce qui suit est destiné à Ruburt, mais aussi aux autres, et peut servir de
court essai sur la nature de la volonté.
(23 h 26. Mais à notre avis, une bonne partie de ce que Seth avait à dire
était assez personnelle ; seuls certains passages sont donc retranscrits ci-
dessous, avec quelques ajouts de ma part, entre crochets, dans un souci de
cohérence. Ces extraits donnent cependant des aperçus singuliers sur
certains aspects de la personnalité de Jane, et de la mienne. J’ajouterais
que les parties non publiées sont encore plus signifiantes pour nous et que
nous faisons bon usage de tout ce matériau.)
La volonté de Ruburt s’est tournée vers certains domaines. Votre
volonté est votre intention. Tout le pouvoir de votre être est mobilisé par
votre volonté, qui fait ses déductions en fonction de vos croyances
concernant la réalité. Chacun de vous utilise sa volonté à sa manière.
Chacun de vous a sa propre façon de gérer les défis. Ruburt se sert de sa
volonté pour résoudre [une série de] défis.
Il était déterminé à trouver le genre de compagnon qui lui
correspondrait le mieux, à lui et à ses caractéristiques uniques. Cette
intention était dans son esprit. Quand il a relevé ce défi, il s’est servi de sa
volonté et a mobilisé toute sa puissance pour réaliser son potentiel, et créer
les conditions dans lesquelles il espérait que Joseph [comme m’appelle
Seth] pourrait aussi réaliser le sien. La volonté, à nouveau, opère en
fonction des croyances de la personnalité quant à la réalité ; les désirs sont
donc parfois tempérés à mesure que les croyances changent. À sa façon,
Ruburt s’est toujours concentré sur un défi à la fois — le creusant pour ainsi
dire, en ignorant tout ce qui aurait pu l’en distraire.
Il voulait écrire, utiliser au maximum ses aptitudes créatrices et
psychiques, et il a donc coupé court à toute distraction. Son esprit tout
entier l’a conduit à… un mode de vie riche en créativité et en expérience
psychique, et à une situation dans laquelle Joseph et lui ont pu enfin être
financièrement libres [jusqu’à un certain point], et ne pas courir de risques
sur ce plan-là.
Selon sa façon de voir les choses, il a supprimé tout excédent de
bagages, il a ainsi suivi un régime sobre, physiquement parlant. […] Le
pouvoir de sa volonté est d’une force incroyable. Ce n’est pas quelqu’un qui
travaille dans plusieurs domaines en même temps. Chaque personne vit
selon son intention, qui émerge en fonction de la force de son être.
Dans tout cela, des probabilités entrent en jeu, et à tout moment du
passé, Ruburt a donc touché des points de guérison probables[11]. Personne
ne peut être guéri contre sa volonté. Une telle coercition est impossible.
D’un côté, Ruburt n’aime pas [certains aspects personnels de] son plan.
De l’autre, celui-ci faisait partie de sa méthode : un moyen d’intensifier la
focalisation, d’accroître la perception dans un domaine limité, tout en
garantissant une sécurité, de telle sorte que les excursions intérieures
seraient contrebalancées par [les conditions de son environnement
extérieur]. […] Il voit que le défi a été gagné, et qu’il est temps à présent de
s’attaquer au suivant, d’appliquer le pouvoir de la volonté à certains
domaines physiques.
Maintenant, de nombreuses personnes n’apprennent jamais à appliquer
le pouvoir de la volonté dans quoi que ce soit.
Vous [Joseph] étiez déterminé à trouver le type de relation que vous
avez avec Ruburt, le type de lien que vos parents n’ont jamais eu[12], et
vous avez appliqué le pouvoir de votre volonté à cette fin. En même temps,
vous étiez déterminé à rester dans une certaine mesure à l’écart du monde,
tout en maintenant et en développant un contact émotionnel avec une
compagne, qui serait différent de vos expériences antérieures. Il vous fallait
faire preuve de créativité. Vous étiez aussi intrigué, déterminé à voyager au
sein de la nature de la réalité, et à entrapercevoir au moins une vague image
de ce qu’elle pouvait être. Dans cette probabilité, vous vous êtes doté d’un
contexte qui incluait le sport et l’amour du corps, sachant que [ces qualités-
là] vous soutiendraient.
Une des croyances fortes que vous aviez en commun était que vous
deviez à tout prix protéger votre énergie, et rejeter les distractions de ce
monde. Avec son esprit pratique, Ruburt interprétait cela plus au pied de la
lettre que vous, et une restriction physique a fait partie de son
environnement naturel antérieur [du fait de la maladie chronique de sa
mère], ce qui n’a pas été votre cas. Mais Ruburt est incroyablement
résilient. […] Le pouvoir de sa volonté est effectivement impressionnant, et
il commence juste maintenant à le ressentir. Avec cette vigilance, sa
volonté peut être déployée dans une nouvelle direction physiquement
orientée. Ce changement d’orientation est la seule chose nécessaire. Le
reste suivra inconsciemment. […] Le point de pouvoir est dans le
présent[13] ; ce type de matériau et sa compréhension [par Ruburt et par
d’autres] importent plus que les causes « passées ».
Il y a eu une série de défis que Ruburt a relevés en utilisant le pouvoir
de sa volonté, et celui-ci [ce défi physique] est simplement le suivant à
remporter. À nouveau, de nombreuses personnes ne connaissent pas
vraiment ce pouvoir.
Je vous souhaite un cordial bonsoir.
(Fin à 00 h 23. Au cours du petit-déjeuner, quelques heures plus tard,
Jane me dit qu’une fois de plus, elle a « travaillé sur le livre de Seth toute la
nuit ».
Note ajoutée un an plus tard : Seth a reparlé de la volonté lors d’une
session privée qui s’est déroulée juste six mois après qu’il ait fini de dicter
La Réalité « inconnue » en avril 1975. Dès que Jane s’est mise à
transmettre ce matériau, j’ai pensé à en ajouter ici certaines parties plus
générales. Voici ce que Seth a dit.)
Vous ne pouvez pas user de faux-fuyants. Vous avez une volonté pour
une raison. Quand vous naissez, cette volonté est orientée vers la croissance
et le développement. Vous voulez littéralement être vivant. Cette volonté
d’être déclenche toute l’activité corporelle, qui opère ensuite
automatiquement, avec la force même qui est à l’origine de la volonté.
Dans votre tout jeune âge et votre enfance, la volonté dirige de tout son
cœur le corps pour que, de tout son élan, il aille de l’avant et balaye les
obstacles dans votre impulsion à grandir et à vous développer. La volonté
fixe les conditions dans lesquelles l’organisme grandit — et cherche
également les meilleurs domaines d’expansion.
Il y a, dans l’histoire, des époques où l’espèce rencontre différents types
de défis. Dans une société programmée où « chaque homme ou femme
connaît la place qui est la sienne », la volonté sait alors quelles directions
suivre, bien que d’autres conditions et prérogatives puissent rester ignorées.
Dans votre propre société, il y a en fait de nombreuses prérogatives. […]
Ruburt voulait aller dans une direction particulière, mais sans connaître
de moyens précis pour y parvenir. Il voulait suivre un cheminement qui
n’était pas conventionnel. Il ressentait un besoin de protection pendant qu’il
apprenait, et jusqu’à ce qu’il ait acquis suffisamment de sagesse[14]. La
recherche elle-même allait conduire à un ensemble de valeurs
complètement différent et à un nouveau système de croyances.
Vous voyez autour de vous d’autres êtres faisant face aux défis de la vie
en suivant les vieilles croyances. Ils doivent constater par eux-mêmes que
ces croyances-là ne fonctionnent pas.
L’univers est avec vous et non pas contre vous. Vos compagnons
humains sont avec vous et non pas contre vous. Quand vous réalisez cela,
vous touchez chez vos semblables les parties qui vous sont communes.
Vous les rencontrez à un niveau différent qui les éclaire également et les
aide à se développer. […] Le pouvoir de la volonté est impressionnant et il
est « distribué » partout dans le corps. Le corps dépend de lui pour se
diriger. Une fois encore, les croyances de la volonté activent les ressources
automatiques du corps.
Fin de la session.

NOTES DE LA SESSION 713


[1] Voir les références du matériau sur le docteur Instream (entre 1965 et
1967), dans l’appendice 18 avec sa note 18. Dans les chapitres 5 et 6 du
Matériau de Seth, Jane a décrit d’autres contacts que nous avons établis
quand nous cherchions à comprendre son développement médiumnique.

[2] Une note ajoutée six mois plus tard. Les lignes suivantes proviennent
d’une session personnelle que Seth a donnée le 29 avril 1975, cinq jours
après avoir fini de dicter La Réalité « inconnue » (dans la session 744).
« Nos livres, et j’inclus ceux de Ruburt, ne rentrent dans aucune
catégorie précise… Au début, en particulier, mais aussi maintenant,
Ruburt n’avait pas de références. Il n’est pas docteur en quoi que ce
soit, car il n’y a aucune personne vivante qui pourrait lui donner un
diplôme correspondant à son cheminement particulier de recherche, ou
au vôtre… Il ne se cache derrière aucune référence, système social ou
dogme… »

[3] La session 453, du 4 décembre 1968, est intégralement retranscrite


dans l’appendice du Matériau de Seth. Seth y transmet, selon moi, l’une
de ses conceptions les plus évocatrices : « Vous ne comprenez pas les
dimensions dans lesquelles tombent vos propres pensées, car elles
poursuivent leur propre existence, et d’autres les admirent et les voient
comme des étoiles. Je vous dis que vos propres pensées et actions
mentales apparaissent aux habitants d’autres systèmes, comme les
étoiles et les planètes à l’intérieur du vôtre ; et ces habitants ne
perçoivent pas ce qui demeure à l’intérieur et derrière les étoiles de
leurs propres cieux. »

Seth a poursuivi la session en exprimant sa préoccupation : que ce type


de matériau ne conduise pas à ce que nous nous sentions insignifiants.
(Dans le volume I de La Réalité « inconnue », voir la session 681 à 22 h
00, ainsi que la note 2.) Dans un poème que Jane a écrit pour moi
quelques années plus tard — au moment de Noël 1973 —, elle a elle-
même traité cette idée des interactions simultanées entre des réalités :
Cher amour
Cher amour,
quel temps non manifeste
dans nos vies
réside derrière nos nuits et nos jours ?
Quelles contreparties percent
à l’intérieur de nos sourires,
quelles fissures apparaissent en d’autres cieux,
tandis que nous parlons et buvons du café
dans une douce grâce domestique ?

La ride la plus fine


qui s’étend sur mon visage
éclate-t-elle comme un tonnerre
pour des identités moléculaires
qui étudient leurs cieux, nos tissus,
d’un air inquiet
et demeurent dans des cellules,
chacune privée, et pourtant connectées ?

Et quand je fronce les sourcils —


ou quand tu lis les nouvelles
et jettes le journal par dégoût —
est-ce que des tempêtes éclatent
à l’intérieur, dans des mondes en miniature ?
En prenant des précautions
pour protéger leurs cieux cellulaires,
de minuscules habitants nous sauvent-ils
en se précipitant avec leurs petits anticorps
pour réparer des failles dans un univers
que nous partageons ?
Et quand nous faisons l’amour,
est-ce que leurs récoltes poussent ?

[4] Pour une définition du point-instant, voir la note 11 de l’appendice 12.


[5] Voir la session 712 jusqu’à la première pause, avec ses notes
appropriées.

[6] Dans le volume I, voir l’Exercice pratique 1 (à la session 686) pour la


description que fait Seth de la projection de Jane dans un de ses passés
probables — son « expérience de Saratoga », comme nous la nommons.

[7] Dans l’appendice 19, voir la session 612 après 22 h 50, et la note 11.

[8] Jane avait de fortes attentes avant de recevoir instantanément un


matériau du livre qui était « immédiatement disponible ». Voir les notes
de conclusion de l’appendice 7, dans le tome I, où elle décrit ses
sentiments d’intense frustration à cause de son incapacité à exprimer
d’un seul coup tous les contenus d’un livre potentiel, The Way Towards
Health.

[9] Voir l’appendice 16 en lien avec la session 711.

[10] Voir la note 1 de la session 712.

[11] Dans la session 679 du tome I, voir ce que dit Seth à propos de Jane,
de sa volonté, de sa relation avec moi et de ses symptômes physiques.
J’ai évoqué ses symptômes dans la note 8 de cette session-là également.
Le lecteur pourra aussi se reporter au matériau sur ce même sujet, dans
La Réalité personnelle.

[12] Pour un matériau sur le type de relation qu’avaient mes parents (ce
qui implique évidemment leurs enfants de façon très étroite), voir les
deux premières sessions dans le tome I : la session 679 à partir de 23 h
37 ainsi que la note 9 ; et la session 680 à partir de 21 h 44, avec les
notes 1, 2 et 3.

[13] Dans La Réalité personnelle, voir en particulier la session 657 au


chapitre 15.

[14] Voir les notes d’introduction à cette session 713.


SESSION 714

Mercredi 23 octobre 1974

(Cet après-midi, Jane a téléphoné à Tam Mossman, son éditeur chez


Prentice-Hall, et lui a dit : « J’ai mon nouveau livre. » Elle l’a intitulé
Psychic Politics et le considère déjà comme un livre sur un autre aspect de
la psychologie, une suite d’Adventures in Consciousness[1].
Aujourd’hui, Jane, qui était manifestement dans un état modifié de
conscience ou de conscience accrue, a non seulement exposé les grandes
lignes de Politics, mais elle a aussi écrit quatre pages manuscrites qui
feront partie de son introduction ou du premier chapitre. Tout le matériau a
jailli d’elle d’une façon tout à fait remarquable et fluide — « … comme s’il
était déjà terminé quelque part, attendant simplement que je le mette par
écrit. Mais je devais l’écrire tel quel, jusqu’au dernier mot », m’a-t-elle dit
avant d’ajouter avec enthousiasme, « je pense que c’est un classique du
genre. » Politics fait entrer en jeu la perception qu’a Jane d’une autre
version d’elle-même dans une « bibliothèque » psychique, où elle va à
l’évidence puiser une partie significative de cet ouvrage.
Il y a des liens très nets entre son activité créatrice d’aujourd’hui et ce
qui lui est arrivé en mars dernier lorsqu’elle a reçu les grandes lignes de
La Voie vers la santé ; voir les notes à 22 h 45, ainsi que la note 8 de la
session 713 ; et dans le tome I, voir l’appendice 7. Mais beaucoup
d’expression créatrice est encore prête à se manifester ce soir à travers
Jane, non seulement pendant la session proprement dite, mais aussi après,
comme j’essayerai de l’expliquer dans les notes de conclusion.
Alors que nous sommes assis à attendre, à 21 h 32, Jane me signale
qu’elle ressent l’effet « pyramide » ou « cône ». Dans ces cas-là, elle a le
sentiment que, juste au-dessus de sa tête, une forme subjective descend
— dont la pointe est toujours dirigée vers le haut, symboliquement peut-
être, vers d’autres réalités. Elle pense également qu’à un moment ou à un
autre, elle va peut-être éprouver ses sensations « massives ». « Mais je ne
crois pas que cela ait à voir avec Seth 2[2] », dit-elle. Elle est encore
euphorique à cause de son travail sur Politics. « Je reçois deux choses : la
session va être une dictée du livre — ce qui me surprend —, mais aussi
porter sur ce qui m’arrive maintenant… Et je suis en train de recevoir cette
chose massive… »
Jane était un peu enrhumée, mais elle avait dit en début de soirée
qu’elle voulait que la session ait lieu. Elle m’assure que tout va bien et se
sent calme. La soirée est assez chaude. L’une de nos fenêtres est ouverte et
le bruit de la circulation parvient jusqu’au salon. Avec de nombreuses
pauses et de façon très douce, Jane commence à parler pour Seth[3].
21 h 36.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
C’est une soirée plutôt capitale pour Ruburt… Pendant que je parle, il
fait l’expérience de certaines sensations, dans lesquelles son corps se sent
considérablement étiré (une pause), la tête au-delà des étoiles, et l’ensemble
de son être à califourchon sur des réalités.
Maintenant, en un sens, le corps physique procède toujours ainsi
— c’est-à-dire, qu’il chevauche plusieurs réalités et contient en lui-même
des dimensions de temps et d’être qui ne peuvent même pas être décrites
verbalement. Les cellules elles-mêmes sont « éternelles », bien qu’elles
n’existent dans votre monde que « pour un temps ».
La réalité inconnue et l’existence plus vaste de la psyché ne peuvent
cependant pas être séparées de la connaissance intime de la chair, car la vie
de la chair se situe à l’intérieur de ce cadre-là. Comme mentionné
précédemment[4], le moi conscient ne se focalise en général que sur une
seule dimension réduite. Il fait aussi pleinement que possible l’expérience
de cette dimension-là dont le vif éclat et l’exquise focalisation sont
possibles uniquement parce que vous êtes à son écoute et l’avez placée au
premier plan de votre attention. En vos termes, quand vous comprenez
comment vous faites cela, vous pouvez alors commencer à vous mettre
également à l’écoute d’autres « stations ».
Vous savez où se trouve la réalité physique sur le bouton de réglage de
votre téléviseur multidimensionnel. Tout en étant focalisé à l’intérieur de
cette scène vivante, vous pouvez apprendre à voyager à travers elle, en
laissant intacte et entière l’image de « surface ». D’une certaine manière,
vous vous programmez, vaquant à vos activités quotidiennes de façon aussi
consciente et efficace qu’à l’ordinaire — mais en découvrant en même
temps une partie supplémentaire de votre propre réalité. Cela ne diminue
pas le moi physique. Au contraire, cela l’enrichit. Vous découvrez que la
psyché a de nombreux aspects. Tout en jouissant pleinement de vos
capacités physiques, vous découvrez qu’une partie de vous est délaissée,
pour ainsi dire ; et cette partie-là peut voyager dans d’autres réalités. Elle
peut aussi revenir, rapportant au moi physiquement orienté des
« instantanés » de ses voyages. Ces clichés sont habituellement interprétés
selon les termes de votre programme de base. Sinon, ils risqueraient de
n’avoir aucun sens pour le moi physique.
À toutes les époques, des gens ont entrepris de tels voyages. Les
instantanés[5] sont développés dans la « chambre noire » qui existe entre
votre monde et ceux que vous visitez. Ceux qui ont voyagé dans la réalité
inconnue ont toujours été des aventuriers. Pourtant, beaucoup avaient déjà
vu les clichés envoyés à votre monde par d’autres, et ils ont donc
commencé à habiller les visions originales de leurs propres voyages pour
qu’elles aient l’apparence des photos prises par autrui. Un ensemble
d’idées, de concepts et d’images pratiques s’est alors constitué. La vision
claire de ces explorateurs s’est perdue. Les voyageurs n’essayaient plus
désormais de faire leurs propres clichés originaux des environnements et
réalités étranges qu’ils traversaient. Il leur était plus facile d’interpréter
leurs expériences à travers des cartes postales psychiques à deux sous.
(Une pause à 21 h 59.) À un certain moment, ces cartes postales ont
représenté des visions initiales originales et des interprétations
individuelles. Par la suite cependant, elles ont commencé à servir de guides
touristiques consultés à l’avance. Par exemple : si vous projetez de vous
rendre dans un pays lointain, dans votre propre monde, il vous est possible
de trouver ce genre de publications qui vous disent à quoi vous attendre.
Quand vous voyagez dans d’autres réalités, ou quand votre conscience
quitte votre corps, vous pouvez aussi vous aider de ces guides qui
programment à l’avance vos activités.
Au lieu de vous dire de prendre un avion depuis tel aéroport à tel
moment pour telle destination terrestre, en quittant telle latitude et telle
longitude pour arriver à d’autres ; au lieu de vous dire que vous quittez
votre pays pour un autre, gouverné par un dictateur, un président ou
l’anarchie, ces guides vous diront de quitter ce plan astral pour un des
nombreux autres, où règnent des seigneurs ou des maîtres, des dieux et des
déesses. Au lieu de vous indiquer, comme dans les brochures de voyage
terrestre, les adresses de galeries d’art et de musées, ils vous dirigeront vers
les Mémoires akashiques[6]. Au lieu de vous guider vers les sites
archéologiques de votre monde (avec insistance), et les ruines grandioses de
ses précédentes civilisations, ils vous diront comment trouver l’Atlantide et
Mu[7], ainsi que d’autres époques dans votre passé.
Vous entreprenez donc une visite psychique guidée dans d’autres
réalités ; l’inconnu semble connu et, en fin de compte, vous n’êtes pas un
explorateur, mais un touriste emportant avec vous l’attirail de votre propre
civilisation, et des croyances très conventionnelles.
Il y a des conventions intérieures, comme il y en a d’extérieures. Tout
comme les mœurs extérieures essayent de vous forcer à vous conformer aux
idées généralement acceptées, les conventions intérieures essayent de vous
forcer à vous conformer à un modèle préconçu bien défini.
Les conventions ont de bonnes raisons d’être. D’une manière générale,
elles aident à organiser l’expérience. Si elles sont respectées et acceptées
facilement, elles peuvent être des directives utiles. Appliquées de façon
rigide, elles deviennent un dogme inutile qui limite l’expérience. Cela
concerne l’activité intérieure et extérieure. Les conventions sont les
résultats d’une « spontanéité » stratifiée et sclérosée. Il fut un temps, en vos
termes, où chaque coutume avait un sens. Chacune représentait un geste
naturel, une réaction individuelle. Toutefois, quand elles deviennent un
système ordonné, la spontanéité d’origine se perd, et vous projetez un ordre
artificiel qui sert à stratifier un comportement plutôt qu’à l’exprimer. Il
existe donc des coutumes psychiques comme il en existe des physiques :
des dogmes religieux et psychiques, des visites guidées de la conscience où
l’on vous dit de suivre un parcours ou un programme déterminé. Vous
commencez alors à avoir peur de votre interprétation personnelle de toute
réalité dont vous faites l’expérience.
Ruburt a jusqu’ici revendiqué sa vision personnelle et son expression
unique de la réalité inconnue, telle qu’il en fait l’expérience, et il en rend
compte d’une façon qui n’est pas en accord avec le discours psychique
conventionnel.
Faites votre pause.
(22 h 18. La transe de Jane est bonne, son élocution calme et assez
rapide ; sa voix est un peu rauque à cause de son rhume. Quand Seth a
parlé de la vision psychique personnelle de Jane, cela m’a rappelé les
remarques qu’elle-même avait faites sur le même sujet ; voir les notes
d’ouverture de la session 713.
Jane est maintenant consciente de la sensation qu’elle a d’être étirée et
d’avoir la taille d’un géant, comme c’était le cas juste avant le début de la
session. « Néanmoins, tout est proportionné, dit-elle. C’est fou, mais je sens
que, si je me levais, ma tête pourrait passer à travers le plafond. » Mais,
pour moi, elle a l’air normal et, évidemment, il ne se passe rien quand elle
se lève.
Reprise à 22 h 25.)
Les cartes postales psychiques et les brochures de voyage sont pratiques
et riches en couleurs. Elles induisent aussi énormément en erreur.
(Une longue pause.) Autrefois, des voyageurs individuels ont pris ces
instantanés qui représentaient des interprétations originales d’autres réalités.
C’étaient des versions individuelles de voyageurs qui avaient eu des
aperçus de mondes étranges et qui interprétaient leurs expériences au mieux
de leurs capacités. En tant que tels, ces instantanés étaient parfaitement
valides. (D’une voix plus forte.) Ils étaient tout aussi valables que n’importe
quelle photo que vous pouvez prendre de votre jardin le matin. Cette image,
cependant, varierait considérablement de celle prise par un individu
habitant sur votre planète dans une région différente et dans un
environnement différent.
Toutefois, quand il y avait des divergences entre les photos, les gens
s’inquiétaient. Bien que vous vous attendiez à ce que les images de votre
propre réalité soient diverses, ceux qui avaient voyagé dans la réalité
inconnue s’inquiétaient lorsque leurs instantanés ne concordaient pas, et ils
essayaient donc désespérément de faire en sorte que toutes les photos se
ressemblent. En d’autres termes, ils les ont retouchées.
Tout d’abord, ces voyageurs qui se rendaient dans des royaumes
inconnus étaient pour ainsi dire considérés dans votre propre monde comme
des parias, comme s’ils captaient des programmes télévisés que personne
d’autre ne voyait[8]. Si les récits de leurs expériences ne concordaient pas,
qui donc les croirait ? Ils se sentaient menacés. Ils avaient le sentiment de
devoir raconter la même histoire, sous peine d’être pris pour des fous ; ils
passaient donc un accord tacite, interprétant leurs expériences selon les
termes employés par ceux qui les avaient précédés.
Vous faites votre propre réalité. Ainsi programmés à l’avance, ces
voyageurs ont alors perçu [des données] en fonction des conventions
psychiques établies. Il y a des tigres en Asie, mais, si vous ne voulez pas en
voir, vous pouvez traverser l’Asie sans en voir un seul. Tout dépend de là
où vous allez. Dans la réalité inconnue, vos pensées deviennent
instantanément apparentes et réelles, matérialisées en fonction de vos
croyances. Là, si vous croyez aux démons, vous allez les voir — sans même
comprendre qu’ils sont une partie de l’environnement de votre psyché,
formée par vos croyances et projetée à l’extérieur, comme des mirages, sur
un environnement très réel que vous ne percevez pas. Vous croirez aux
guides touristiques de la psyché et irez chasser des démons au lieu de tigres.
Accordez-nous un instant… Individuellement et en masse, vous formez
le monde que vous connaissez ; pourtant celui-ci a une base globale
individuelle et collective permettant un commun accord sur certaines
choses. Ces choses, vous les percevez à travers votre propre vision qui est
unique. Vous formez la réalité. C’est une réalité valide. C’est une
expérience. Ce n’est donc pas irréel ; mais c’est une expérience des
apparences que prend la réalité. Elle a une base valide — un environnement
que vous acceptez tous, et où certaines expériences sont possibles.
La même chose s’applique aux autres réalités. Vous savez qu’il y a une
différence entre, disons, le tableau que vous avez devant les yeux et une
carte postale, « artificielle », qui en est la reproduction. Il y a de même une
différence entre la réalité inconnue et les cartes postales qui vous ont été
données pour la décrire.
En vos termes, Ruburt s’est mise en quête d’authenticité — de
l’expérience directe de la réalité inconnue à travers ses propres perceptions,
sans tenir compte des images que lui fournissaient les cartes postales.
Accordez-nous un instant.
(22 h 47. « Je ne suis plus dedans », dit brusquement Jane en toussant.
Puis : « Je perçois quelque chose. Attends une minute. Je ne sais pas si je
peux le capter ou pas… » Elle n’arrête pas de tousser ; depuis le début de
la pause, sa voix est très enrouée, à tel point qu’il y a quelques minutes, j’ai
failli lui dire de terminer la session. Maintenant, malgré mes protestations,
elle veut un nouveau paquet de cigarettes. Voir la note 3, en lien avec le
matériau ci-dessous.
« Si je peux le capter, ce sera un sacré truc, je te le dis, m’explique Jane
en allumant une cigarette. Elle boit un peu de bière. « Rob — ce que je
reçois, c’est quelque chose qui ressemblerait, à vitesse réelle, à de jolis
sons rapides que je ne peux pas reproduire — très rapides, très musicaux
— ayant un rapport avec le spin des électrons[9] et la composition
cellulaire.
« Le spin des électrons est plus rapide que la composition cellulaire.
D’une façon ou d’une autre, la vitesse plus élevée des électrons fixe une
limite aux cellules. Il y a quelque chose qui est en transe, disons, dans des
cristaux, qui est vivant dans les cellules.
« Attends une minute, s’exclame Jane à nouveau. Ce que je reçois, c’est
un son fantastique qui est emprisonné dans un cristal, qui s’exprime à
travers la lumière et qui est l’essence d’une personnalité. J’obtiens des sons
ayant pratiquement la couleur d’un joyau… Je vais voir ce que je peux faire
avec cela. Je veux le capter sous une forme verbale — et ce que je reçois est
rapide. » Une pause.
« — Et nous parlons maintenant de personnalité, poursuit Jane en
toussant à nouveau. Comme la graine tombe, emportée par le vent dans un
environnement ou un autre, il y a donc une graine de personnalité qui
chevauche ses propres ailes et tombe dans les mondes de temps et de lieux
multiples. Elle tombe avec un son qui est sa propre vraie tonalité, composée
de plusieurs accords. »
22 h 58. « Les sons sont conscients de leur propre état séparé,
glorieusement unique, et pourtant ils se fondent tous en une symphonie.
Chaque son se reconnaît comme étant lui-même, frappant le milieu
dimensionnel dans lequel il trouve son expression ; il se rend toutefois
compte des multitudes infinies d’autres sons qu’il produit dans d’autres
réalités — des instruments à travers lesquels il joue si majestueusement.
Chaque cellule, c-e-l-l-u-l-e, retentit de la même façon, et chaque moi fait
de même ; le m-o-i, dans un kaléidoscope où chaque variation, même la
plus légère, a un sens et modifie les notes individuelles émises par tous.
« Nous retentissons donc dans de nombreuses réalités, et non dans une
seule ; j’entends ces notes ensemble et pourtant séparément, peut-être
comme des gouttes de pluie. Je tente de les assembler, et pourtant, j’entends
chaque note distinctement…
« Seth — ou quelqu’un — ou peut-être est-ce juste moi — établit des
liens avec des gens de notre temps. J’ai essayé de faire la même chose, mais
j’ai soudain entendu ma propre vraie tonalité, que je suis obligée de
suivre… pour aller au-delà des cartes postales conventionnelles… J’en
peux plus, Bob. »
23 h 03. « Ouah, je suis lessivée, je te le dis, affirme Jane un peu
groggy, après quelques instants. Je ne sais pas comment tu vas associer
cela au matériau de Seth. C’est comme lorsqu’une note trouve sa bonne
tonalité : quand c’est le cas, rien d’autre n’a de sens. C’est tout ce que je
peux dire. Mais une fois que tu la frappes, cette note, tu sais que c’est la
bonne. »
Mis à part de rares endroits où j’ai supprimé les répétitions, tout le
matériau que Jane a donné après 22 h 45 est intégralement retranscrit. Par
moments, son élocution devenait tellement régulière et précise que je me
demandais si elle était entrée dans une transe version Seth, mais sans les
effets de voix habituels de celui-ci. Je craignais aussi qu’elle se mette à
parler trop vite pour que je puisse la suivre en écrivant, mais cela n’a pas
été le cas. Comme j’ai fini par le réaliser vers la fin, elle n’a pas non plus
parlé pour Seth. L’état de conscience accru était bien le sien.
« Je sais, dit Jane en se levant, qu’il y a un univers entre mon fauteuil
ici [dans le salon] et le sol de la cuisine, mais je peux parfaitement le
parcourir. Quand tu frappes ta vraie tonalité, tu la reconnais et tout est là.
Tu connais ta propre signification dans l’univers, même si tu ne peux pas la
verbaliser… »
Jane me dit que ses sensations d’état massif l’ont quittée au moment où
elle a commencé son propre exposé. Je suis surpris de remarquer soudain
que, rhume ou pas, sa voix est à présent beaucoup plus claire. Elle se sent
déstabilisée. Elle ne sait pas vraiment quoi faire. Elle laisse entrer notre
chat, Willy, dans le salon. Je lui suggère de manger quelque chose. « C’est
étrange, commente-t-elle, j’ai le sentiment que, quel que soit le chemin vers
lequel je me tourne, il y a une voie qui s’ouvre pour moi — je n’ai jamais
ressenti cela avant. » Puis, elle m’annonce qu’elle va se coucher. « Mais
dès que je parviendrai là-bas [dans l’autre pièce], je parie que je vais faire
demi-tour et revenir ici. » Elle sort. Je décide de manger un peu, et de
travailler sur ces notes en attendant de voir si elle va revenir.
Voici maintenant comment « j’associe cela au matériau de Seth » : en
parlant brièvement des divers états de conscience de Jane que j’ai pu
observer aujourd’hui, ainsi que de ses sensations massives et de sa
perception psychique des sons, en lien avec la session de ce soir. [La
session elle-même donnait lieu bien sûr à un autre état modifié.] Il se peut
que le lecteur établisse lui aussi ses propres liens intuitifs, ne serait-ce que
de manière inconsciente, en assemblant ces matériaux.
Une bonne partie de la journée de Jane a été une succession d’états
modifiés de conscience, parfois même proches de l’extase, dont chacun était
l’expression d’une facette unique et créative de sa nature essentiellement
mystique [10]. Bien que n’étant pas au mieux de sa forme, elle a été capable
de puiser dans d’énormes quantités d’énergie. Je pense que son expérience
avec le son intérieur après la session correspondait à son interprétation de
l’information que Seth a donnée sur les tonalités de sentiments, plus de
deux ans auparavant ; voir la session 613 du chapitre 1 de La Réalité
personnelle. Il y a certainement de profondes connexions entre la
perception par Jane de sa vraie tonalité et l’affirmation de Seth dans cette
session-là, selon laquelle chacun de nous possède certaines qualités de
sentiment qui lui sont propres, « …qui sont comme de profonds accords
musicaux ». Puis, il a poursuivi en disant à 22 h 06 : « Ces tonalités de
sentiment imprègnent donc votre être. Elles sont la forme que prend votre
esprit quand il se combine à la chair. » Je pense également que la
perception par Jane de sa vraie voie reflète sa compréhension de la
remarque ultérieure de Seth à 22 h 16 dans cette même session : « La
tonalité de sentiment est donc le mouvement et la fibre — le timbre —, la
partie de votre énergie consacrée à votre expérience physique.[11] »
Donc, étant donné les expressions satisfaisantes et euphoriques de la
conscience de Jane tout au long de la journée, je ne suis guère surpris de la
voir plonger ce soir dans d’autres excellents états modifiés.
Paradoxalement, la façon dont elle a reçu avec tant d’inspiration le
matériau de Psychic Politics n’est pas seulement due à sa connaissance
innée des tonalités de sentiment, mais au fait d’avoir donné libre cours
dans cet ouvrage à l’expression de ce phénomène créatif fondamental.
Jane est d’ailleurs tout à fait consciente que ses sensations massives
sont un des moyens par lesquels elle tente, comme elle l’a écrit, « de voir
notre existence tridimensionnelle et cet univers depuis l’extérieur de ce
cadre-là », ou de voyager au-delà des cartes postales psychiques
conventionnelles.
Une note pour conclure le travail de ce soir : Jane n’est pas revenue
dans le salon pendant que je mangeais et écrivais. Je l’ai retrouvée
profondément endormie.)
NOTES DE LA SESSION 714

[1] Adventures ne sera lui-même pas publié avant l’été prochain. Voir les
notes 1 et 3 de la session 705, ainsi que les notes d’ouverture de la
session 708. Je suis en train de terminer actuellement le onzième
diagramme parmi les seize prévus pour ce livre-là.

[2] Dans l’appendice 19, voir la session 612 pour un matériau sur Seth 2 et
les sensations que Jane a d’un état massif.

[3] Une note ajoutée par la suite. Jane s’est servie de certaines parties de
la session 714 dans le chapitre 1 de Politics, tout en exposant sa propre
vision. Comme cette session fait évidemment aussi partie de La Réalité
« inconnue », elle est quand même présentée intégralement dans ce
tome II. C’est aussi le cas pour nos propres contributions à la fin de la
session.

[4] Voir la session 712 par exemple.

[5] Seth a proposé une analogie faisant appel à un appareil


photographique et au voyage de l’esprit conscient, dans la session 710
après 22 h 16.

[6] Dans son travail actuel sur Politics, Jane a déjà évoqué la Mémoire
akashique. Son inspiration est le fruit de sa rencontre plutôt inattendue,
à la fois amusante et pénible — mais en définitive éclairante — avec un
visiteur, ce matin ; il avait assisté, hier soir, à son cours de perception
extrasensorielle.

En termes d’occultisme, les Annales, ou Mémoires, akashiques sont


supposées contenir le compte rendu cosmique complet de toutes les
actions, pensées et sensations qui se sont produites depuis le « début »
de la création.

« Je n’y crois pas, dit Jane en réponse à ma question. Du moins, pas de


cette façon-là — alors qu’est-ce que je suis en train de faire en me
branchant sur une bibliothèque psychique ? » Elle rit. « J’ai
suffisamment de mal à expliquer mes propres idées. Il faut que j’arrive
à comprendre tout ça. »
Mais voir la note 1 (avec ses références) de la session 697 dans le
volume I. On y trouve une petite partie du matériau que Seth a transmis
sur la conscience et son lien avec toute information donnée.

[7] Comme le dit la légende, l’Atlantide était un continent situé dans


l’océan Atlantique, entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques. Il est dit
également que Mu (la Grande Terre-Mère) se situait dans le vaste océan
Pacifique, entre les Amériques et l’Asie. Chacun de ces deux domaines
mythiques a finalement sombré sous les eaux au cours d’un grand
cataclysme ; ils ont tous deux péri il y a plus de dix mille ans. Pour un
matériau et des références sur l’Atlantide, voir dans le tome II de La
Réalité « inconnue » l’appendice 14.

Et ces « voyageurs qui se rendent dans des mondes inconnus » peuvent


encore être appelés des hors-castes, des gens étranges, bizarres — ou
pire encore. Jane (tout comme moi) a eu son lot de ce type de réactions
de la part des autres. Lorsque celles-ci se mêlent aux questions fort
naturelles que Jane se pose parfois sur ses capacités médiumniques, ce
genre d’épisode n’est vraiment pas drôle du tout. De façon fortuite, à
certaines occasions qui seraient assez amusantes si tout cela n’était pas
si personnel, nous avons aussi appris quelles idées négatives les autres
peuvent avoir de nous : une personne nous révèle par inadvertance,
dans une lettre, une conversation ou au téléphone, les opinions peu
flatteuses que son compagnon, ses parents ou ses amis ont réellement de
Jane et de moi, ainsi que du travail dans lequel nous sommes engagés
avec le matériau de Seth.

Il nous arrive même de rencontrer un ou plusieurs de nos détracteurs


occasionnels. À ce moment-là, bien sûr, nous sommes accueillis par des
sourires polis ; la conversation tourne par exemple autour du temps
qu’il fait et ne porte pratiquement jamais sur des sujets d’ordre
psychique. Nous découvrons parfois que ce que les sceptiques en
question « savent » de nous est si éloigné de nos vraies croyances et
activités qu’il nous faudrait un temps fou pour rétablir les choses — si
tant est que ce soit possible. Nous préférerons toujours nous passer de
ce genre « d’opportunités ».
Au moment même où je rédige cette note, Jane reçoit une lettre disant :
« Faites ce que je demande pour moi si vous n’êtes pas des
imposteurs… » Je jette la lettre. En même temps, je me souviens, comme
cela m’arrive souvent, des remarques prophétiques et amusées de Seth,
lors de la session 20 du 29 juillet 1964 : « Pour ce qui est de la
publication de ce matériau, je n’ai pas d’objections. Je ne l’ai pas donné
à vous deux, et je ne suis pas en train de vous le donner juste pour votre
édification. À cause de sa source, on va probablement vous traiter de
fêlés, mais j’imagine que vous le savez déjà. »

Oui… Et face à un tel scepticisme ou une telle incompréhension, Jane et


moi nous demandons même parfois pourquoi les attributs psychiques
existent par nature en ces termes, s’ils se voient déniés toute application
dans ce contexte-là. Au cours d’une session personnelle, Seth nous a dit
récemment : « Chacun de vous doit fondamentalement s’approuver lui-
même. Ceci est une information non seulement pour vous deux, bien
sûr, mais pour les autres : vous devez avoir confiance en votre être
fondamental, avec ses caractéristiques et ses aptitudes. Vous les
possédez pour une bonne raison, dans toutes leurs combinaisons
uniques. Vous devez aussi éviter de cataloguer, car les étiquettes
peuvent stéréotyper la perception que vous avez de vous-même. »

[8] Telles qu’elles sont présentées dans l’appendice 19, cette partie de la
session 612 et ses notes contiennent un matériau sur les types de sons
rapides (et lents) que Jane a pu percevoir jusqu’à maintenant. Voir en
particulier les notes 7 et 10. La chromesthésie, ou audition colorée, est
définie dans cette même note 10. Le lecteur trouvera également des
informations sur les électrons et le spin des électrons, dans les notes 8 et
9 de la session 612.

[9] Voir dans l’appendice 1 du volume I le matériau sur Jane et le


mysticisme.

[10] Quelques extraits provenant d’une session personnelle donnée en


octobre 1975, il y a tout juste un an, sont intéressants à cet égard. En
lien avec les symptômes physiques de Jane, Seth y parle du son
intérieur. (Par ailleurs, voir, dans le tome I de La Réalité « inconnue »,
la session 679 avant 22 h 31 ainsi que la note 8. Les citations ci-dessous
ont aussi un rapport avec le matériau du chapitre 5 de La Réalité
personnelle, portant sur le son et la lumière intérieurs, et les valeurs
électromagnétiques.) Voici ce que Seth disait en octobre 1975.

« Accordez-nous un instant… Le mouvement des articulations produit


un son. Les sons sont des messages. Quand des hormones sont
sécrétées, elles produisent des sons. Ces sons sont des messages.

« Je dis « sons » — pourtant ces sons intérieurs du corps peuvent


seulement être comparés à une situation intérieure corporelle où le son
opère en tant que lumière. Vous avez l’habitude de penser en termes de
couleur opaque ou transparente. En ces termes-là, il y a également une
lumière opaque et une lumière transparente. Le son a une valeur
lumineuse et la lumière une valeur sonore. Ces valeurs opèrent à
l’intérieur du corps.

« Chaque fréquence, pour ainsi dire, fonctionne comme un messager,


déclenchant une réponse corporelle avant qu’une vraie réaction soit
apparente… Dans toute difficulté corporelle, les fréquences lumineuses
et sonores se désaccordent, pourrait-on dire. La “vraie tonalité” globale
est ternie. Quand Ruburt a commencé Politics, il a fait mentalement et
psychiquement l’expérience de sa “vraie tonalité”. Bien qu’il ne le
réalise pas, cela lui a donné quelque chose à suivre, ce qui fait que
maintenant… il génère [encore] de façon inconsciente l’équivalent
physique de cette vraie tonalité. »
SESSION 715

Lundi 28 octobre 1974

(Pour la description des [deux] évènements mentaux insolites dont j’ai


fait l’expérience dimanche et aujourd’hui, voir la note 1 : je me suis vu
militaire, officier de l’armée romaine au premier siècle de notre ère.
Dans les notes d’introduction de la session de mercredi dernier, j’ai
décrit comment Jane avait commencé ce jour-là son nouveau livre, Psychic
Politics, alors qu’elle se trouvait dans un état de puissante créativité ;
j’avais ajouté qu’elle avait eu en même temps conscience d’une Jane
légèrement différente, se trouvant dans une bibliothèque psychique où elle
allait, semblait-il, obtenir une bonne partie du matériau de Politics. Jeudi,
elle a visité plusieurs fois cette bibliothèque, sans vraiment retranscrire
quoi que ce soit provenant de là. Puis, vendredi matin, elle a reçu de cette
même bibliothèque un autre bout de matériau, plus court, dont voici un
extrait : « Il y a, pour la réalité physique, des modèles toujours changeants
qui se transforment constamment en fonction de nouvelles équations
instantanément établies à chaque nouvelle stabilisation… Nous nous
accordons sur ces modèles et les intersections que nous formons avec eux
les modifient à tout moment, générant de nouvelles dimensions de réalité
qui se déploient alors à partir de cette nouvelle focalisation.[2] »
Jane ne comprend pas vraiment ce qu’elle a écrit. Sur le moment, aucun
de nous deux n’a compris qu’elle était sur le point de s’embarquer dans
l’un des épisodes clés[3] de sa vie médiumnique : « Mes dernières
expériences, ce jour-là, étaient une leçon pratique sur la façon dont les
modèles fonctionnent », a-t-elle écrit après-coup.
Ce vendredi-là, vers midi, Jane m’a dit qu’elle entrait dans un autre état
modifié de conscience. Nous étions en train de déjeuner. Elle a comparé ses
sensations avec les perceptions accrues qu’elle avait tellement appréciées
hier et mercredi, au moment où Politics commençait à voir le jour. Bien que
son état de conscience soit encore en train de s’accroître, Jane a décidé de
m’accompagner en ville après le repas ; j’avais prévu de récupérer une de
nos machines à écrire confiée à un atelier de réparation, et de faire ensuite
quelques courses. Elle était déjà si « relâchée » qu’elle se rendait compte
du manque de stabilité dans sa façon de marcher. « C’est comme si le sol
s’élevait sous mes pieds, supportant mon poids, mais d’une manière qui,
pour moi, est inhabituelle », m’a-t-elle dit, enchantée.
« Fais attention quand nous sortirons pour prendre la voiture, ai-je
plaisanté. Si des gens te voient tituber ainsi, ils vont penser que tu as bu. »
Pendant que nous roulions sur Water Street en direction du centre-ville
d’Elmira, Jane n’arrêtait pas de s’exclamer à propos de la beauté nouvelle
qu’elle découvrait dans son monde. Je citerai par la suite quelques-unes
des notes qu’elle a prises, détaillant ses perceptions transcendantes ; mais,
une fois arrivés au supermarché de Langon Plaza, après avoir récupéré la
machine à écrire, Jane m’a dit qu’elle se sentait incapable de sortir de la
voiture. Elle ne voulait pas non plus essayer de faire quoi que ce soit
susceptible d’interrompre la splendeur de son état fortement accru de
conscience. Car pendant tout ce temps-là, l’ensemble des expériences
qu’elle vivait, au niveau de la vision, de la sensation et de la connaissance
du monde physique ordinaire qui l’entourait, étaient d’une profondeur
extrême.
Nous avons cherché du papier et un stylo dans la boîte à gants de la
voiture, pour qu’elle puisse noter certains de ses changements de
perception, mais, à ma grande surprise, nous n’en avons pas trouvé, bien
que nous prenions soin de toujours laisser là de quoi écrire. Finalement,
j’ai mis la main sur un petit bout de papier et j’ai donné à Jane le stylo dont
je me sers habituellement en faisant les courses. Comme nous étions garés
devant un drugstore, je m’y suis précipité pour acheter un carnet et des
stylos. Puis, je suis allé faire les courses pendant que Jane, assise dans la
voiture, écrivait : elle avait l’air tout à fait normale, une petite femme aux
cheveux noirs, la tête penchée en avant… Une demi-heure plus tard, une
fois mes achats terminés, j’ai retrouvé Jane toujours en train d’écrire ; elle
avait rempli une demi-douzaine de pages.
Voici maintenant quelques extraits de ses notes que j’ai rassemblés. [Et,
ajouté par la suite : je rappelle au lecteur qu’il peut trouver un compte
rendu beaucoup plus long de toute cette expérience dans le chapitre 2 de
Politics.]
« Ensuite, l’espace d’un instant, le monde a littéralement changé pour
moi. Je le vois depuis une perspective totalement différente. C’est comme
l’ancien monde, mais infiniment plus riche, plus « maintenant », mieux
construit et bien plus profond.
« Les mots ne décrivent pas du tout cela. Chaque personne qui passe à
côté de la voiture est plus que tridimensionnelle, hyper-réelle dans ce
temps-ci, mais fait partie du “modèle” d’un moi plus grand… et la réalité
de chaque personne est à l’évidence clairement plus que tridimensionnelle.
Je sais que je me répète ici, mais c’est comme si auparavant je n’avais vu
qu’une partie des gens ou des choses. Le monde est tellement plus solide à
présent[4] et, en comparaison, mes expériences précédentes sont comme une
version de mauvaise qualité, faite de points discontinus ou à la focalisation
floue… »
Et : « Qualitativement, le parking du supermarché était si différent de
l’ordinaire que j’avais du mal à y croire. Pendant que Rob faisait les
courses, je n’ai pas arrêté de regarder — regarder — regarder. Je savais
que chaque personne que je voyais avait un libre arbitre ; pourtant chaque
mouvement était inévitable et, d’une certaine façon, ce n’était pas
contradictoire. Je pouvais observer chaque personne, percevoir son
« modèle » et toutes les variantes, et voir comment le modèle était ici et
maintenant dans la personne. Je voyais ces gens comme de Vraies
personnes, je veux dire comme des personnes entières. Elles étaient « plus
ici », plus pleines d’une certaine manière, plus complètes. Elles semblaient
être des archétypes d’elles-mêmes.
« J’étais face à une série de magasins que je voyais, eux aussi, comme
des modèles avec leurs variantes. C’était la même chose pour tout ce que je
regardais. J’ai pensé : “J’ai largement ma dose” ; pendant un moment, je
me suis demandé si on m’avait dotée d’une nouvelle paire de lunettes
extraordinaire. Ne serait-ce qu’écrire ces notes était un effort. Je voulais
juste rester là indéfiniment, à regarder. »
Pendant le trajet de retour à la maison, Jane était encore profondément
plongée dans cette grande expérience. « Ouah ! s’est-elle exclamée, pour
rien au monde je ne prendrais un acide (LSD) après ça. Quel besoin en a-t-
on ? » J’ai ri : « Un bon moyen d’avoir gratuitement son propre trip,
hein ? » Jane ne fait usage d’aucun produit hallucinogène de quelque sorte
que ce soit.
« Qu’est-ce qui se passerait si on ouvrait les yeux et on voyait
réellement le monde ? s’est interrogée Jane, songeuse. C’est
indescriptible… » Et aujourd’hui, elle a écrit : « En revenant avec Rob vers
la maison, j’ai senti la Terre soutenir la route qui soutenait les pneus et la
voiture. J’ai senti cela physiquement, de la même façon que nous sentons la
température par exemple ; un support tangible, ou une pression, qui
soutenait la route et semblait pratiquement, de son propre chef, la pousser
vers le haut, le long d’une grande arche puissante, comme sur le dos d’un
animal géant. »
Cette aventure de Jane dans la conscience était si riche[5], même de
mon point de vue d’observateur, que mes tentatives pour la décrire semblent
en comparaison terriblement inadéquates. Dans cette session-ci, Seth va
parler plus généralement du développement psychique de Jane.
21 h 25.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Accordez-nous un instant pour la dictée.
Lors de notre dernière session, j’ai dit que la soirée était pour Ruburt
d’une importance capitale, et ceci est vrai pour de nombreuses raisons. Ce
livre[6] traite de la réalité inconnue et Ruburt a entamé la semaine dernière
une excursion différente dans d’autres dimensions.
J’espère montrer dans ces sessions les connexions indivisibles qu’il y a
entre l’expérience de la psyché à des niveaux variés et l’expérience qui en
résulte en termes de systèmes qui eux-mêmes varient — chacun étant
valide, chacun ayant trait, à un degré ou un autre, à la vie que vous
connaissez.
Ruburt a permis à une partie de la conscience qu’il a de cette vie-ci de
prendre une tangente, pour ainsi dire, vers une autre voie dans un autre
système de réalité [à savoir, dans sa bibliothèque psychique]. Sa vie là-bas
est aussi valide que son existence dans votre monde. À l’état de veille, il est
capable maintenant de modifier la direction de sa focalisation de façon
suffisamment précise pour induire une condition où il perçoit les deux
réalités simultanément. Il ne fait que commencer, et il n’est donc pour
l’instant qu’occasionnellement conscient de cette autre expérience. Il s’en
rend cependant compte maintenant, de façon plus ou moins constante, à
l’arrière-plan de son esprit. Cela ne fait pas ingérence dans le monde qu’il
connaît, mais cela l’enrichit.
Les concepts dans La Réalité « inconnue » vont aider à élargir la
conscience de chacun de ses lecteurs, et le travail lui-même est présenté de
telle manière qu’il fait automatiquement sortir votre conscience de ses
sillons habituels, pour qu’elle fasse des allers-retours entre la version
standardisée du monde que vous acceptez et les versions non officielles[7]
perçues, mais qui vous sont en général inconnues.
Maintenant, à mesure que Ruburt transmet ce matériau, la même chose
se produit pour lui d’une façon différente, de sorte que, à certains égards, il
fait de brusques allées et venues entre des dimensions, exerçant la souplesse
de sa conscience ; et dans ce livre, plus encore que dans les précédents, sa
conscience a été propulsée plus loin, pour ainsi dire. La transmission du
matériau lui-même l’a aidé à développer la flexibilité nécessaire à ses toutes
dernières recherches.
Une compréhension claire ou une exploration efficace de la réalité
inconnue exigent que vous soyez capables de laisser derrière vous de
nombreux « faits » que vous avez acceptés comme critères d’expérience. La
Réalité « inconnue » est aussi écrite de manière à remettre en question, je
l’espère, beaucoup de vos chères croyances par rapport à l’existence. Vous
serez alors capables de regarder même cette existence-ci avec des yeux
neufs.
Ruburt est en train de faire ce nouveau pas à partir de votre perspective
et, de ce point de vue là, il accomplit deux choses.
(À un rythme plus lent.) Il entre consciemment dans une autre pièce de
la psyché, et il entre également dans la réalité qui y correspond. Ainsi, deux
expériences se rencontrent et coïncident. Elles sont toutefois vécues à la
fois séparément et selon une focalisation commune. En règle générale, vous
utilisez un seul niveau particulier de conscience, et celui-ci met en
corrélation toutes vos activités conscientes. Je vous ai dit que le corps
physique lui-même était capable de capter d’autres messages neurologiques,
outre ceux auxquels vous réagissez habituellement[8]. Maintenant,
permettez-moi d’ajouter que, lorsque vous atteignez un certain niveau de
compétence dans vos modifications de conscience, cela vous permet de
vous familiariser, sur le plan pratique, avec certains de ces autres messages
neurologiques. C’est ainsi que Ruburt est capable de percevoir
physiquement ce qu’il fait dans sa « bibliothèque ».
Il a tout d’abord vu cette bibliothèque de l’intérieur, mercredi dernier. Il
était simultanément lui-même, ici, dans ce salon, regardant son image dans
une salle de la bibliothèque, et il était le moi dans la bibliothèque. Point. Il
voyait devant lui un mur de livres, et le moi dans le salon a su tout à coup
que son but ici, dans cette réalité-ci, était de recréer certains de ces livres-là.
Il savait qu’il travaillait à ces deux niveaux. La réalité connue et la réalité
inconnue se sont mêlées, emboîtées, et ont été perçues comme étant
chacune la face opposée de l’autre.
Ruburt a travaillé avec moi pendant quelque temps, en vos termes ;
toutefois, je ne « contrôle » en aucune manière sa réalité subjective. J’ai
certainement été pour lui un enseignant[9]. Pourtant, ses progrès sont
toujours dus à son propre défi et à sa propre responsabilité, et,
fondamentalement, ce qu’il fait de mes enseignements ne dépend que de lui.
(Avec humour.) Entre parenthèses : pour l’instant, je lui donne la note très
bien.
(Une pause à 22 h 01.) Cependant, on lui a appris à croire, comme à
beaucoup d’entre vous, que la fonction de l’intellect consistait
principalement à disséquer, critiquer et analyser, plutôt que, par exemple, à
unir et à construire de façon créative : et l’analyse était considérée comme
un acte consistant à séparer les éléments d’un concept plutôt qu’à limiter les
concepts premiers. Les nouveaux concepts étaient considérés comme étant
d’ordre intuitif ou psychique, à l’opposé des fonctions conventionnelles de
l’intellect, ces deux choses semblant par conséquent séparées. C’est
pourquoi Ruburt sentait qu’il était de son devoir de remettre en question, de
la façon la plus vigoureuse, toute construction intuitive, c’était une question
de principe. Cela a en fait servi d’excellente méthode transitoire de travail,
car ce qu’il pensait être des intuitions allait d’emblée s’accompagner d’une
nouvelle construction psychique, en réaction à ce qu’il considérait être un
examen et un scepticisme intellectuels.
En réalité, l’intellect et l’intuition vont de pair. Dans l’expérience de
Ruburt[10], les deux ont finalement commencé à œuvrer ensemble, comme
ils le doivent. Ce que j’appelle l’intelligence supérieure a alors pris le relais,
un superbe mélange d’aptitudes intuitives et intellectuelles œuvrant
ensemble, au point de sembler pratiquement constituer une nouvelle faculté
(avec insistance).
Ce développement a libéré Ruburt de nombreuses vieilles limitations et
lui a permis d’avoir enfin une expérience pratique et intime de la réalité
inconnue. La bibliothèque de Ruburt existe de façon aussi certaine que cette
pièce. Elle existe également de façon aussi incertaine que cette pièce. Être
théoriquement convaincu que d’autres mondes existent et puiser dans cette
idée-là un certain confort et une certaine joie est une chose. C’en est une
toute différente que de vous retrouver vous-même dans un tel
environnement et de sentir coïncider les mondes. La réalité est avant tout
pratique, donc quand vous élargissez vos concepts concernant la nature de
la réalité, vous avez tendance à vous retrouver scandalisés, consternés ou
simplement désorientés. Alors, dans cet ouvrage, je ne vous présente pas
seulement les probabilités comme une conjecture, mais je vous montre
souvent comment elles ont une incidence sur votre vie quotidienne, en vous
fournissant des exemples de la façon dont elles ont influé sur les vies de
Ruburt et de Joseph.
Pendant quelque temps, beaucoup d’entre vous vont jouer avec les
concepts tout en évitant toute rencontre directe avec la moindre expérience
qui serait différente de celles déjà acceptables. Pourtant, les immensités de
vos propres aptitudes s’expriment déjà dans vos rêves, dans vos moments
intimes et même de façon inaudible dans la connaissance de vos propres
molécules.
Il y a des civilisations de la psyché[11], et ce n’est qu’en apprenant à les
connaître que vous découvrirez la vérité à propos des civilisations
« disparues » de votre planète, car chacune de ces cultures d’ordre physique
a coïncidé avec une partie correspondante de la psyché et en a émergé ;
cette partie de la psyché, vous la possédez encore maintenant.
Faites votre pause.
(De 22 h 19 à 22 h 43.)
Beaucoup parmi vous sont fascinés par des théories ou des concepts
faisant allusion à la multidimensionnalité de votre être, et vous êtes pourtant
scandalisés par toute preuve qui les étaye.
Souvent, vous interprétez ces preuves selon des dogmes qui vous sont
déjà familiers. Cela les rend plus acceptables. Ruburt était souvent presque
indigné face à des signes de ce genre, mais il refusait aussi de les réduire à
une apparence conventionnelle ; sa curiosité et ses facultés créatrices lui ont
permis d’être assez souple pour faire cet apprentissage tout en maintenant
un contact normal avec le monde que vous connaissez[12].
Il a vécu de nombreuses expériences dans lesquelles il entrapercevait
momentanément la riche altérité au sein de la réalité physique. Il a connu
des perceptions accrues d’une nature unique. Auparavant, il n’avait
toutefois jamais vraiment pénétré dans un autre niveau de réalité à l’état de
veille, en s’autorisant à sentir la connexion continuelle et très nette entre les
mondes. Comme beaucoup d’entre vous, il se cachait à lui-même son
propre but. Mais en même temps, bien sûr et comme vous tous, il le
poursuivait et œuvrait pour l’atteindre.
Toutefois, pour assumer son objectif et le révéler au grand jour, Ruburt
devait affirmer personnellement et publiquement une affiliation qu’il
n’avait pas été capable d’extérioriser avant. Les buts de chacun d’entre vous
diffèrent. Certains s’embarquent dans des aventures ayant à voir avec un
contact familial intime, une profonde implication personnelle à l’égard des
enfants ou d’autres vies où l’expérience physique est d’ordre « vertical ».
Les voyages dans des réalités inconnues peuvent donc être extrêmement
fascinants et offrir d’importants éclairages complémentaires pour vos
préoccupations courantes. Ces intérêts seront pour vous comme une
récréation et vous permettront de tirer de votre expérience une grande
compréhension et une grande profondeur.
Ruburt et Joseph ont choisi de se spécialiser, pour ainsi dire,
précisément dans ces excursions ou explorations qui, pour d’autres, sont
secondaires. La focalisation de leurs consciences respectives impliquait
donc un certain type de mélange qui rendait de telles probabilités, en vos
termes, possibles en tant que motivations premières.
(Une longue pause, les yeux clos, à 22 h 56.) Chaque personne est à sa
place. Vous êtes où vous êtes parce que votre conscience a formé ce type-là
de réalité. Toute votre situation physique y sera adaptée, et votre structure
neurologique suivra le schéma habituel. À mesure que vous apprendrez à
rejeter de vieux concepts, vous commencerez à faire l’expérience de la
preuve d’autres niveaux de réalité, et à prendre conscience d’autres
« messages » que vous bloquiez auparavant. Une certaine partie de la
période de formation de Ruburt est terminée. L’entière focalisation de sa
personnalité accepte maintenant la validité de mondes multiples — et ceci
en termes pratiques.
Je vous ai dit à de nombreuses reprises que votre conscience n’est pas
stationnaire, mais toujours en mouvement et créative, de sorte que chacun
de vous dans sa vie se meut dans sa psyché. Votre expérience physique en
est modifiée en conséquence.
Au cours de ces années, donc, la position de Ruburt à l’intérieur de sa
psyché s’est graduellement déplacée jusqu’à ce qu’il trouve un nouveau
point de base plus ferme, meilleur pour lui. Depuis ce nouveau cadre, il
peut gérer avec plus d’efficacité différents types de stimuli, et les assembler
pour construire un modèle compréhensible d’autres réalités. Je continuerai
à m’exprimer depuis mon propre point de vue unique, mais, en vos termes,
Ruburt est l’un d’entre vous et ses explorations, entreprises depuis votre
perspective, peuvent être très précieuses.
Accordez-nous un instant… Ces livres de Ruburt et de moi, ceux qui
sont écrits et ceux qui ne le sont pas encore, fourniront à d’autres des
structures à suivre, s’ils le veulent, comme ils le veulent.
Fin de la dictée.
(23 h 08.) Accordez-nous un instant…
(Seth parle d’un autre sujet concernant Jane ; après avoir transmis
environ une page de matériau, il termine la session à 23 h 19.)

NOTES DE LA SESSION 715

[1] Hier après-midi, dimanche, je me suis allongé pour une sieste. Juste
avant de sombrer dans le sommeil, j’ai eu trois petites expériences
faisant entrer en jeu une vision intérieure. Mes yeux étaient clos. Dans
l’épisode qui est intéressant ici, je me suis vu vivant au premier siècle
de notre ère : j’étais un officier d’assez haut rang dans une légion
romaine, et j’étais à bord d’une petite galère en Méditerranée. Je savais
que j’étais en mission militaire officielle pour une force armée terrestre,
même si j’étais sur un bateau. Je n’aimais pas beaucoup le « moi »
brutal et insensible que je voyais. Brièvement, à travers ces yeux-là, j’ai
regardé les deux rangées de galériens… J’ai décrit la scène à Jane,
ainsi que mes sentiments, et j’ai fait de petits dessins à la plume, de moi
en tant qu’officier, de face et de profil. Je n’avais aucun nom à donner à
cet autre moi. Selon le concept de Seth à propos du temps simultané, je
pensais que j’avais peut-être entraperçu une autre existence
— réincarnationnelle ou probable — que j’étais en train de vivre.

Cet après-midi, lundi, j’ai à nouveau décidé de faire une sieste et j’ai eu
à nouveau conscience d’être un officier romain ; du moins, je pensais
être cet individu-là. C’était une suite de la première vision : je me suis
senti flotter sur les eaux, les mains liées derrière le dos et le visage
tourné vers le bas. Je savais que j’avais été délibérément jeté à la mer.
J’ai immédiatement coupé court à ma conscience de l’expérience, sans
doute pour éviter d’endurer ma propre mort dans cette vie-là.
Bien en sécurité sur le petit lit de mon atelier, je n’ai pas paniqué alors
que cet autre moi se trouvait confronté à une situation qui mettait sa vie
en péril, mais cela m’a quand même perturbé — au point même de
refouler tout souvenir conscient de cet épisode jusqu’au soir, après cette
session 715. Je cite cela ici de manière à pouvoir présenter ensemble ce
que j’appelle « mon premier et mon second Romains ».

À peine avais-je décrit cette deuxième aventure à Jane qu’elle m’a


surpris en disant qu’elle pouvait utiliser ces deux expériences romaines
dans Politics. Elle pensait pouvoir les relier à son matériau sur les
« modèles toujours changeants de réalité physique » qu’elle avait
obtenu de sa bibliothèque psychique, vendredi dernier.

Après ma première expérience romaine, je me suis demandé si j’avais


été en contact avec un moi reincarnationnel ou un moi probable. Se
reporter donc au matériau de Seth sur la réincarnation dans le chapitre
4 (entre autres) de Seth parle ; voir ensuite son matériau sur les moi
probables dans le chapitre 16 du même livre, et dans la session 690,
volume I de La Réalité « inconnue ».

Personnellement, je pense que les moi réincarnationnels ont leurs


racines dans la réalité physique que nous connaissons (que ce soit en
termes de temps simultané ou linéaire), mais que les moi probables ont
des gammes d’existence beaucoup plus larges et complexes : je crois
que, même si nous les créons sur une base individuelle, nos moi
probables peuvent accéder à une multitude d’autres réalités, aussi bien
physiques que non physiques. Je ne me souviens pas que Seth ait parlé
de telles possibilités « probables » exactement de cette façon-là en
particulier. C’est un sujet beaucoup trop vaste pour être abordé ici,
mais j’ai souvent eu le sentiment que certains de nos moi probables
évoluent dans des royaumes qui sont pour nous littéralement
incompréhensibles, tant ces moi et leurs environnements sont différents
— étrangers à nos conceptions habituelles d’existence physique
« solide ».

[2] Dans le chapitre 2 de Psychic Politics, Jane présente non seulement son
matériau provenant de la bibliothèque, mais aussi des citations tirées de
la session 715 de La Réalité « inconnue ». J’écris cette note un mois
après que celle-ci eut lieu en octobre 1974. Nous sommes donc à la fin
du mois de novembre et, entre-temps, Jane a signé un contrat avec
Prentice-Hall pour la publication de Politics prévue en 1976 ; elle a
aussi eu le temps d’accomplir un travail considérable sur les premiers
chapitres de ce livre-là. Nous savions déjà qu’elle commencerait à
transposer dans Politics certains passages du volume II de La Réalité
« inconnue », puisqu’elle est impliquée, de façon si intime et
enthousiaste, dans la production simultanée de ces deux ouvrages. J’ai
déjà évoqué l’idée de cet échange dans la note 3 de la session 714
(lorsque j’ai indiqué qu’elle s’était servie d’une partie de cette session-
là dans le chapitre 1 de Politics).

Mais bien que, pour Politics, Jane ait utilisé comme exemple la même
expérience transcendante que celle que j’ai décrite dans les notes
d’introduction de la session 715, elle s’en est servie de la façon
subjective qui est la sienne ; dans La Réalité « inconnue », je présente
ma version de l’évènement depuis le point de vue d’un observateur. Le
lecteur que cela intéresse peut comparer les deux récits. Je pense qu’ils
sont tous deux dignes d’être retranscrits, étant donné que l’expérience
de Jane était vraiment profonde — et selon moi très révélatrice de la
façon dont nous voyons généralement notre réalité physique habituelle,
et des versions, ou « modèles », beaucoup plus puissants de la réalité
qui existe derrière elle.

[3] Dans Dialogues, son livre de poésie, Jane a exploré plusieurs autres
épisodes « clés » de son développement psychique ; voir sa préface,
puis les deux éléments suivants dans la Partie 2 : « The Paper and Trips
Through an Inner Garden[VIII] » et « Single – Double Worlds, the Rain
Creative, and the Light[IX] ». Dans Adventures, elle évoque aussi ses
expériences transcendantes ; voir le chapitre 9 pour ses perceptions
« papier » (en mars 1972), et le chapitre 15 pour ses rencontres avec la
créature-pluie et la lumière (en février 1973). Jane et Seth avaient tous
deux des choses à dire à propos de la créature-pluie et de la lumière
dans La Réalité personnelle : voir la session 639 au chapitre 10.

[4] Lorsque Jane a déclaré, à propos des aspects « hyper-réels » de son


état d’extase, que « le monde est beaucoup plus solide maintenant »,
cela m’a rapidement amené à rechercher un matériau que Seth avait
donné sur ce sujet, mais que j’étais incapable de resituer. J’ai
finalement trouvé deux sources dans Seth parle. Au chapitre 7, voir la
session 530 du 20 mai 1970 à 22 h 02 : « Il existe des réalités qui sont
“relativement plus valides” que la vôtre… votre table physique [par
exemple] ressemblerait à une ombre par rapport à ces tables-là… Vous
auriez, dans ces termes, une sorte d’“hyper-table”. Votre système n’est
donc pas formé par la concentration d’énergie la plus intense possible…
Certaines parties de vous-mêmes dont vous n’avez pas pleinement
conscience résident donc réellement dans ce que vous appelleriez un
hyper-système de réalité, dans lequel la conscience apprend à percevoir,
à gérer des concentrations d’énergie bien plus fortes… »

Au chapitre 16, voir la session 567 du 17 février 1971, à 21 h 24 :


« Vous comprenez qu’il existe des spectres de lumière. Il existe de la
même manière des spectres de matière. Votre système de réalité
physique n’est pas très dense par rapport à d’autres. La dimension que
vous accordez à la matière physique évoque à peine la variété des
dimensions possibles. Certains systèmes sont beaucoup plus lourds, ou
beaucoup plus légers, que le vôtre… »

[5] Jusqu’à maintenant, dans le volume II, j’ai mentionné les sens
intérieurs (tels que décrits par Seth) dans la note 5 de la session 709, et
dans la note 6 de l’appendice 18. Lors de la session 40, le 1er avril
1964, Seth a présenté le sens intérieur n° 6, La Connaissance innée
d’une réalité fondamentale : « C’est un sens extrêmement rudimentaire.
Il est en rapport avec la connaissance opérante innée que l’entité a de la
vitalité fondamentale de l’univers… Sans ce sixième sens et son
utilisation constante par le moi intérieur, vous ne pourriez pas construire
l’univers du camouflage physique. Bien que ce sens soit en rapport avec
la connaissance innée de l’univers entier, vous pouvez le comparer à
l’instinct, tel que vous le concevez. »

L’exploration par Jane, vendredi dernier, de ces modèles hyper-réels de


notre monde montre, jusqu’à un certain point au moins, son aptitude à
faire usage de ce sixième sens intérieur — celui-là même qui, comme
elle l’écrit au chapitre 19 du Matériau de Seth, « se manifeste aussi à
nous quand nous avons une inspiration ou un moment de “savoir”
spontané. Ce sens est certainement soudain entré en action au cours de
mon expérience avec “une conscience cosmique” et il a une part de
responsabilité dans mon manuscrit portant sur “L’idée construite” ».
Dans le volume I, voir aussi la note 5 de la session 679.

[6] Une note ajoutée six mois plus tard. Quand Seth faisait référence à « ce
livre » dans la session 715, il entendait par là, bien sûr, le texte de La
Réalité « inconnue » dans son intégralité. Jane et moi n’avions pas
encore décidé de publier cet ouvrage en plusieurs volumes. Cette
décision a été prise en avril 1975, au moment de la session 741 qui se
trouve dans la Partie 6. Voir les toutes premières Notes préliminaires du
volume II.

[7] Par contraste, voir dans la note 2 de la session 695, tome I, les
références à la réalité « officielle ».

[8] Voir la session 686 dans le tome I ; se reporter ensuite au matériau de


Jane sur les messages neurologiques autres que ceux habituels et sur les
vitesses, dans les appendices 4 et 5. J’ajoute ici, quelques mois plus
tard, un paragraphe tiré d’une session privée que Seth nous a consacrée
le 1er mai 1974 — 10 jours après avoir terminé son travail sur La
Réalité « inconnue » : « Il [Ruburt-Jane] a une aptitude à s’identifier
aux autres et à communiquer. Il a toujours été mentalement rapide et
intellectuellement agile. Quand il était jeune, il recevait les messages
des autres si rapidement qu’on avait diagnostiqué qu’il souffrait
d’hyperthyroïdie. En fait, il recevait des messages “non officiels” qui
sont d’habitude neurologiquement censurés. Il ne pouvait pas leur
permettre de devenir conscients dans ce monde-là… »

[9] Voir l’appendice 18.

Dans la session 4, du 8 décembre 1963, Seth a annoncé à Jane et moi sa


présence, à travers la planche Ouija. Dans la session 6, en réponse à
nos questions, il a dit à Jane : « Commencez à vous entraîner. » Dans la
session 12, du 2 janvier 1964, il nous a informés que nous étions « son
premier cours », avant d’ajouter : « À un moment ou à un autre, tous
ceux qui sont sur le même plan que moi donnent ce type de leçons, mais
des liens médiumniques entre l’enseignant et les élèves sont nécessaires.
Nous devons donc attendre que des personnalités dans votre réalité aient
suffisamment progressé pour que les cours commencent… mais la
raison est très importante, et je n’ai pas l’intention d’en minimiser la
valeur ; néanmoins, ce que vous appelez émotion ou sentiment constitue
la conjonction entre nous, et c’est cette conjonction qui illustre le plus
clairement la force de vie sur n’importe quel plan, quelles que soient les
circonstances. »

Par la suite, nous allions en apprendre davantage sur les distorsions


qui pouvaient se produire pendant que Jane relayait un matériau de
Seth ; étant donné la nature ouverte du temps, et considérant l’idée de
réalités probables, nous en sommes venus à réaliser que nous pouvions
simultanément être et ne pas être le « premier cours » de Seth. Mais
dans ces premières sessions, nous n’avions pas connaissance d’un
arrière-plan nous permettant de poser des questions sensées. Dans la
session 15, Seth nous a dit : « Je vous donne ce qui peut être considéré
comme un large canevas qu’il faut remplir. »

[10] Voir les notes d’ouverture de la session 713.

[11] Dans la note 5 de la session 692, dans le tome I, je fais référence au


terme de Seth « espèces de conscience », et aux liens existant entre le
matériau de cette session-là et celle-ci.

[12] La note 25 de l’appendice 18 contient des informations sur The


Coming of Seth, où Jane décrit l’éclosion de ses aptitudes
médiumniques.
PARTIE 5

Comment voyager dans la réalité « inconnue » :


petits pas et pas de géant

Aperçus et rencontres directes


SESSION 716

Mercredi 30 octobre 1974

(Dans la note 1, je décris mon troisième « Romain », une expérience


que j’ai vécue cet après-midi.
Tandis que nous attendons que la session commence, Jane dit : « Je
crois que je suis un peu désorientée. Je pense que Seth va entamer une
autre partie ce soir, mais je n’ai pas l’impression qu’il en a vraiment fini
avec la précédente… » La partie 4 était cependant bien terminée.
21 h 33.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. La prochaine partie [5] : « Comment voyager dans la réalité
“inconnue” », deux-points « Petits pas et pas de géant. Aperçus et
rencontres directes. »
Cette partie va traiter de diverses méthodes qui vous permettront
d’entrer en contact avec la réalité inconnue à un degré ou à un autre. Nous
avons parlé de l’homme probable, fait allusion à des civilisations probables,
et mentionné des systèmes alternatifs d’actualité[2]. Pourtant, ceux-ci
n’existent pas complètement séparés du monde que vous connaissez, ou
entièrement coupés de la psyché. Si vous n’avez aucune expérience de ces
réalités-là, alors leur existence reste une conjecture séduisante ou
spéculative.
(Une pause.) La réalité inconnue est une variante de celle que vous
connaissez, si bien que beaucoup de ses caractéristiques sont latentes plutôt
que prédominantes dans votre propre expérience individuelle et collective.
Toute rencontre avec un phénomène de ce genre inclura donc une mise au
point de votre focalisation sur des éléments sur lesquels vous ne vous
concentrez pas habituellement. Votre conscience doit apprendre à
s’organiser de plus d’une manière — ou plutôt, vous devez être disposé à
autoriser votre conscience à se déployer pleinement. Il ne s’agit pas
nécessairement de tenter d’ignorer les contenus du monde ou de nier votre
perception physique. L’astuce consiste au contraire à voir les contenus du
monde de différentes façons, à libérer vos sens physiques des restrictions
que vos conventions mentales leur ont imposées.
Chaque « station » particulière de conscience perçoit dans un type
différent de réalité et, comme mentionné précédemment [dans la session
711, par exemple], vous vous mettez la plupart du temps à l’écoute de votre
station de base. Si vous détournez ne serait-ce que légèrement votre
focalisation, le monde apparaît de façon différente ; et si cette focalisation
légèrement modifiée était prédominante, c’est ainsi que le monde vous
apparaîtrait. Chaque aspect de la psyché perçoit la réalité sur laquelle il se
focalise, et cette réalité-là est aussi la matérialisation d’un état particulier de
la psyché projeté vers l’extérieur. Vous pouvez apprendre à rencontrer
d’autres réalités en modifiant votre position à l’intérieur de votre propre
psyché.
Pour commencer, vous devez d’abord vous familiariser avec le
fonctionnement de votre conscience lorsqu’elle est dirigée vers le monde
physique. Vous ne pouvez pas savoir quand vous êtes focalisé sur une autre
réalité si vous ne comprenez même pas à quoi cela ressemble d’être
pleinement focalisé sur la vôtre. Beaucoup de gens entrent en phase — puis
en déphasage — avec cet état-là sans s’en rendre compte, et d’autres sont
capables de garder trace de leur propre « dérive intérieure ». Ici, une simple
rêverie représente un léger déplacement de conscience hors des données
sensorielles directement perçues.
Quand vous écoutez une station de radio FM, il y a un petit gadget
pratique, un dispositif de verrouillage, qui maintient automatiquement la
station dans une focalisation claire ; cela empêche le programme de
« dériver ». De la même manière, quand vous vous abandonnez à la rêverie,
vous dérivez par rapport à votre station de base, tout en restant rattaché à
elle. Vous avez, vous aussi, l’équivalent mental du mécanisme de
verrouillage de la FM. Pour ce qui vous concerne, c’est le résultat d’un
entraînement : si vos pensées ou votre expérience vagabondent trop loin, ce
gadget mental les fait rentrer dans le rang. Généralement, c’est automatique
— une réponse que vous avez apprise et qui, dès lors, paraît presque
instinctive.
Vous devez apprendre à utiliser consciemment ce mécanisme pour vos
propres objectifs, car il est extrêmement pratique. Pour la plupart, vous ne
prêtez pas attention à votre expérience, subjectivement parlant, et vous
dérivez ainsi dans une focalisation claire, et en dehors d’elle, par rapport à
cette réalité, en vous en rendant à peine compte. Souvent, votre programme
quotidien est loin d’être aussi clair ou aussi bien focalisé qu’il devrait l’être,
mais plein de parasites ; et bien que cela puisse vous gêner, vous vous en
accommodez souvent ou devenez même si habitués au manque d’harmonie
que vous oubliez à quoi ressemble une réception claire. Cependant, dans ce
monde, vous êtes entourés d’objets, de détails et d’idées qui vous sont
familiers et votre orientation principale est physique ; ainsi, vous pouvez
opérer juste par habitude, même quand vous n’êtes pas focalisés à
l’intérieur de votre réalité aussi bien que vous devriez l’être.
(21 h 56.) Quand vous partez voyager dans d’autres systèmes,
cependant, vous ne pouvez pas compter sur vos habitudes. Souvent, elles ne
peuvent en fait qu’ajouter à votre encombrement mental, se transformer en
« parasites » — vous devez donc apprendre avant tout ce qu’est une
focalisation claire.
Vous n’apprendrez pas cela en essayant de fuir votre propre réalité, ou
en tentant d’engourdir vos sens. Cela pourrait seulement vous enseigner ce
que ne pas se focaliser veut dire et, quelle que soit la réalité que vous
visitez, l’aptitude à vous focaliser bien clairement est une condition
indispensable. Quand vous apprendrez comment vous mettre réellement à
l’écoute, vous comprendrez ce que signifie changer la direction de votre
focalisation.
Voici un des exercices les plus simples pour ce faire. Il n’est guère
original, mais très utile.

EXERCICE PRATIQUE 12

Essayez de faire l’expérience de toutes vos données sensorielles


présentes aussi pleinement que vous le pouvez. Cela tonifie votre organisme
physique et psychique tout entier, rassemblant toutes vos perceptions de
telle sorte que votre conscience s’ouvre pleinement. Le corps et l’esprit
opèrent ensemble. Vous faites l’expérience d’un sens immédiat de puissance
parce que vos aptitudes sont orientées au mieux de leurs capacités. Dans un
moment physique, vous pouvez agir directement sur place, pour ainsi dire.
Asseyez-vous, les yeux ouverts de façon naturelle, laissez votre vision
accueillir ce qui est devant vous. Ne forcez rien. D’un autre côté, explorez
simultanément tout votre champ de vision. Écoutez tout. Identifiez tous les
sons si vous le pouvez, en les plaçant mentalement avec les objets auxquels
ils correspondent, même si ceux-ci ne sont pas forcément visibles. Asseyez-
vous confortablement, mais n’essayez pas trop de vous détendre. Sentez
plutôt votre corps de façon alerte — et non pas de manière distante et
somnolente. Soyez conscient de sa pression contre votre siège, par exemple,
de sa température et de ses variations : vos mains peuvent être chaudes et
vos pieds froids, ou votre ventre chaud et votre tête froide. Consciemment,
percevez ainsi les sensations de votre corps. Avez-vous un goût dans la
bouche ? Quelles odeurs sentez-vous ? Prenez autant de temps que vous
voulez pour faire cet exercice. Il vous situe clairement dans votre univers.
C’est un excellent exercice à pratiquer avant de commencer — et après
avoir fini — toute expérimentation impliquant une modification de
conscience.
Faites une courte pause.
(22 h 19. La transmission de Jane est un peu plus rapide que d’habitude
— ce qui signifie que je suis obligé d’écrire à un rythme soutenu, même si je
prends note du matériau avec ma « sténo » très personnelle. Jane dit avoir
le sentiment que, dans cette partie, Seth donnera sans doute une série
d’exercices liés à celui qui vient d’être transmis, et qui aideront les gens à
avoir au moins un aperçu de certaines des réalités alternatives ou
probables évoquées dans la partie 4.
La pause est loin d’être courte, reprise à 22 h 42.)
Maintenant. Rassemblez toutes ces sensations. Essayez d’être conscient
de toutes en même temps, de telle sorte que chacune accroisse les autres. Si
vous constatez qu’une perception retient plus particulièrement votre
attention, essayez alors de vous focaliser avec la même clarté sur celles que
vous ignorez. Laissez-les toutes ensemble former une claire conscience de
l’instant.
Quand vous pratiquez cet exercice après une expérience faisant entrer
en jeu une modification de conscience, arrêtez-vous et vaquez à vos autres
occupations. Vous pouvez aussi utiliser cet exercice comme une première
étape vous aidant à avoir le sentiment de votre propre mobilité intérieure.
Pour ce faire, procédez comme nous l’avons décrit et, quand vous êtes
parvenu à une perception de l’instant présent aussi claire que possible,
alors, délibérément, lâchez cette perception.
Laissez cette unité disparaître, du moins pour votre pensée consciente.
Cessez d’associer les sons que vous entendez aux objets qui leur
correspondent. N’essayez pas d’unifier l’ouïe et la vision. Lâcher
l’ensemble unifié de perceptions comme si vous laissiez tomber un paquet.
La clarté de cet instant se sera transformée en quelque chose d’autre. Prenez
un son, disons celui d’une voiture qui passe, et, les yeux fermés, suivez ce
son dans votre esprit. Gardez les yeux fermés. Devenez conscient de toutes
les perceptions qui vous arrivent, mais cette fois ne jugez pas, n’évaluez
pas. Puis, en un éclair, ouvrez les yeux, rendez votre corps alerte et essayez
de rassembler à nouveau toutes vos perceptions, de façon aussi claire et
vive que possible.
Quand vous avez le monde des sens devant vous, laissez-le cette fois
atteindre son apogée, en quelque sorte, puis fermez à nouveau les yeux et
laissez-le se dissiper. Ne focalisez pas. En fait, défocalisez.
Quand vous avez pratiqué suffisamment souvent cet exercice, jusqu’à
vous rendre intimement compte du contraste, vous allez avoir un sentiment
subjectif, un point de connaissance à l’intérieur de vous-même, qui vous
indiquera clairement comment votre conscience se sent lorsqu’elle est à son
point de focalisation la plus fine dans la réalité physique.
Pendant que vous vaquez à vos occupations quotidiennes, essayez de
temps à autre de retrouver ce point-là et d’amener toutes les données à une
clarté maximale. Vous constaterez que cet exercice, s’il est réitéré, enrichira
grandement votre expérience ordinaire. Vous trouverez qu’il vous est
beaucoup plus facile de vous concentrer, d’être présent. Être présent, c’est
prêter attention, et prendre soin. Cet exercice va donc vous permettre cela
— la focalisation de votre attention, de façon aussi claire et vive que
possible, sur la situation ou le problème du moment. La connaissance
subjective de votre point de focalisation la plus fine servira aussi de point
de référence pour beaucoup d’autres exercices.
(Une pause à 22 h 58.)

EXERCICE PRATIQUE 13
Deuxième exercice [de la session]. Pour vous être utile, Joseph, toute
cette partie sera constituée d’exercices pratiques, avec des commentaires et
des instructions.
Vous devez travailler à partir de votre propre expérience subjective :
quand vous trouvez votre point de focalisation la plus fine, c’est votre
réception la plus claire de votre propre station de base. Vous pouvez sentir
qu’il a une certaine position dans votre vision intérieure ou dans votre tête,
ou peut-être avez-vous votre propre symbole pour le représenter. Vous
pouvez l’imaginer, si vous voulez, comme une fréquence sur votre radio ou
votre télévision, mais la reconnaissance subjective que vous en avez est
votre propre signal.
Dans l’exercice précédent, quand je vous ai dit de lâcher votre
perception claire et de déconnecter la vision de l’ouïe, vous dériviez par
rapport à votre propre station de base. Votre conscience vagabondait. Cette
fois-ci, commencez par votre point de focalisation la plus fine, que vous
avez établi, et laissez ensuite votre conscience vagabonder comme nous
l’avons dit. Seulement, laissez-la vagabonder dans une direction particulière
— vers la droite ou la gauche, vers ce qui vous semble le plus naturel.
Ainsi, vous êtes encore en train de la diriger et vous apprenez à vous
orienter. Au début, exercez-vous ainsi pendant quinze minutes au
maximum ; mais laissez votre attention dériver dans la direction que vous
avez choisie.
Chaque personne aura ici sa propre expérience personnelle, mais, peu à
peu, certains types de données physiques sembleront disparaître, alors que
d’autres pourront devenir proéminentes. Vous pouvez, par exemple,
entendre mentalement des sons, tout en sachant qu’ils ne sont pas d’origine
physique. Vous ne verrez peut-être rien dans votre esprit ou vous verrez
peut-être des images qui semblent n’avoir aucune corrélation extérieure,
tout en n’entendant rien. Pendant quelque temps, des données physiques
ordinaires peuvent continuer à s’imposer. Quand c’est le cas, reconnaissez-
les comme étant votre station de base et, mentalement, laissez-vous dériver
encore plus loin d’elle. Ce qui est important, c’est votre sensation à mesure
que vous faites l’expérience de la mobilité de votre conscience. Si jamais
vous devenez inquiet, revenez simplement à votre station de base, vers la
gauche ou la droite en fonction de la direction que vous aviez choisie. Je ne
vous suggère pas d’utiliser des directions « plus hautes » ou « plus basses »,
à cause des interprétations que vous pouvez attribuer à ces termes, du fait
de vos croyances.
Ne soyez pas impatients. En poursuivant cet exercice pendant une
certaine période de temps, vous serez capables de vous éloigner davantage
en vous orientant, à mesure que vous vous familiarisez avec le ressenti de
votre esprit. Graduellement, vous allez découvrir que ces données
sensorielles intérieures vont devenir de plus en plus claires lorsque vous
vous dirigez vers une autre « station ». Elle représentera la réalité telle
qu’elle est perçue à partir d’un état de conscience différent.
Le premier voyage d’une station de base à une autre, qui n’est pas
familière, peut vous mettre en contact avec différents types d’infiltrations,
de distorsions ou de parasites. Il faut vous y attendre. Cela résulte
simplement du fait que vous n’avez pas encore appris comment accorder
clairement votre conscience sur d’autres types de focalisation. Avant de
pouvoir capter la station « suivante », par exemple, vous pouvez voir des
images fantômes dans votre esprit ou capter des versions déformées de
votre propre station de base. Vous vous êtes momentanément dispensés du
processus organisationnel usuel par lequel vous unissez les perceptions
sensorielles physiques habituelles ; de ce fait, pendant que vous êtes « entre
des stations », vous pouvez très bien rencontrer des signaux entremêlés,
provenant de chacune de ces stations. Quand vous modifiez ainsi votre
focalisation consciente, vous vous éloignez de la partie de votre psyché que
vous considérez comme son centre. Autrement dit, vous voyagez à travers
votre propre psyché, car différentes réalités sont différents états de la
psyché — matérialisés, projetés à l’extérieur et vécus. Cela s’applique aussi
à votre propre station de base, ou monde physique.
Êtes-vous fatigué ?
(23 h 20. « Non », dis-je. Le rythme de Jane en tant que Seth était
pourtant bon — calme, mais vigoureux.)
Même votre station de base compte de nombreux programmes et vous
vous êtes mis en général à l’écoute d’un programme principal, en ignorant
les autres. Les personnages dans votre « programme favori » peuvent
apparaître sous des formes très différentes lorsque vous êtes entre des
stations, et des éléments d’autres programmes que vous avez ignorés dans
votre station de base peuvent soudain vous devenir apparents.
(Une pause.) Je vais vous donner un exemple simple. Sur votre station
de base, vous pouvez écouter des programmes religieux. Cela signifie que
vous pouvez organiser votre existence quotidienne autour de principes
hautement idéalistes. Vous pouvez essayer d’ignorer d’autres programmes
que vous considérez trop axés sur la haine, la peur ou la violence. Vous
pouvez organiser si bien vos données physiques autour de votre idéal que
vous excluez toute émotion impliquant la peur, la violence ou la haine.
Quand vous modifiez votre conscience, à nouveau, vous commencez
automatiquement à laisser tomber vos vieilles organisations de données.
Vous vous êtes peut-être déconnectés de ce vous considérez comme des
programmations ou des sentiments négatifs. Ceux-ci peuvent cependant
avoir été présents mais ignorés, et quand vous vous passez de votre
méthode habituelle d’organisation des données physiques, ils peuvent
soudain devenir apparents.
Si vous vous dites qu’une sensation d’ordre sexuel est une chose
mauvaise, et que vous organisez votre programmation quotidienne en
conséquence, alors, quand vous « méditez », ou quand vous vous dispensez
de cette orientation-là, vous pouvez soudain vous retrouver face à un
matériau que vous estimez peu recommandable. Vous ne pouvez ni nier la
réalité de la psyché, ni les sensations naturelles dont vous faites
l’expérience dans votre chair. Quand vous commencez à modifier votre
perception, donc, et que votre représentation habituelle de la réalité
s’efface, vous pouvez fort bien rencontrer, de façon déformée, des éléments
de votre propre réalité que vous avez jusqu’alors niés ou ignorés.
Cela apparaît très nettement chez ceux qui se servent de la planche
Ouija ou de l’écriture automatique comme méthodes pour modifier la
conscience.
Voulez-vous faire une pause ?
(23 h 34. « Non », dis-je à nouveau, en réponse à la sollicitude évidente
de Jane en tant que Seth. Pour la fin octobre, la nuit est chaude et nos
fenêtres sont ouvertes ; c’est plutôt le bruit de la circulation provenant du
croisement très fréquenté, situé tout près d’ici, qui me dérange.)
Dans votre station de base, vous rencontrez clairement les évènements
dans l’espace et le temps. Quand vous vous en écartez, cependant, vous
pouvez rencontrer des évènements dans le temps, mais pas dans l’espace, et
une réalité que vous avez tenté de nier peut alors apparaître vivement. Si
vous comprenez cela, vous pouvez progresser considérablement, car à
mesure que vous éloignez votre focalisation de votre réalité organisée,
d’autres parties de celle-ci, sur lesquelles vous ne vous êtes pas concentrés,
apparaîtront.
Cela peut vous montrer ce qui manquait à votre station de base, si vous
savez comment lire les indices. Vous formez votre station de base en
fonction de vos croyances. Si vous croyez fermement, à nouveau, que la
sexualité est mauvaise, alors votre station de base peut vous entraîner dans
une « programmation » de vie où vous essayez constamment de nier la
vitalité de la chair. La vision d’un corps nu peut vous déranger. Vous allez
peut-être vous déshabiller dans le noir, ou penser, si vous êtes marié, à
l’acte sexuel comme à une chose sale. Si vous êtes un homme, vous pouvez
avoir honte de ce que vous considérez être votre besoin.
J’ai un exemple significatif. Un jeune homme que j’appellerai Joe a
écrit une lettre à Ruburt. Il a quitté sa maison de San Francisco pour aller
étudier en Inde auprès d’un gourou. Celui-ci lui a dit que le désir sexuel
allait à l’encontre de l’illumination spirituelle. Le programme de base de
Joe l’amène donc à s’abstenir de toute sexualité et Joe essaye
désespérément de rester chaste. En même temps, quand il médite et modifie
sa conscience, il se retrouve immédiatement avec une migraine fulgurante,
des images de femmes nues et des fantasmes de divinités féminines qui
viennent le tenter et l’amener à rompre son célibat.
Joe pense que de telles images sont très mauvaises. Au contraire, elles
lui disent quelque chose — que son programme de base est appauvri, car il
a nié la réalité de son être[3]. S’il ignore le conseil de sa psyché, alors son
voyage dans la réalité inconnue sera grandement déformé. Des déesses
séduisantes le suivront partout où il ira.
Faites votre pause ou terminez la session, comme vous préférez.
(23 h 46. La pause marque en fait la fin de la session. Jane est surprise
de constater qu’elle a été en transe pendant plus d’une heure. « Mon Dieu,
s’exclame-t-elle, toute cette chose, il l’avait là, déjà toute prête ! » Même en
transe, elle aussi a été gênée par le vacarme de la circulation, et nous
évoquons la possibilité de déménager vers un lieu plus calme, avant l’été
prochain[4].
Jane veut poursuivre la session, mais elle a faim. « Je me sens
coupable, dit-elle. J’ai envie d’un bon gros snack, mais je sens tout ce
matériau de Seth qui est prêt, directement là… Oh, au diable tout ça
— mangeons ! »)
NOTES DE LA SESSION 716

[1] Dans la note 1 de la session 715, j’ai décrit « mon premier et mon
deuxième Romains » — les visions ou perceptions intérieures qui me
sont venues alors que je m’étais allongé dimanche et lundi après-midi
pour faire la sieste. À chaque fois, je m’étais vu de toute évidence
officier romain au début du premier siècle de notre ère. Dans le premier
épisode, j’étais à bord d’un galion en Méditerranée ; dans le second, je
flottais au milieu de la mer, le visage tourné vers le bas et les mains
liées derrière mon dos.

Alors que je m’apprêtais à dormir cet après-midi, j’ai eu ma troisième


vision de la série. Vraisemblablement, celle-ci sera la dernière — car
cette fois-ci, faisant suite de près à ma situation précaire dans l’eau, je
me suis vu mort. Quand je me suis réveillé, j’ai fait un autre petit
dessin : j’ai représenté mon moi capitaine romain ayant toujours le
visage plongé dans l’eau, mais empêtré dans les branches d’un arbre
imprégné d’eau — et je suis resté accroché ainsi pendant quelque
temps, jusqu’à ce qu’un groupe de pêcheurs sur une plage d’Amérique
du Nord ne ramène vers le rivage le corps et l’arbre dans leurs filets.
Au moins, me disais-je tandis que je décrivais l’expérience à Jane, j’ai
osé faire face à ma mort dans cette vie-là après qu’elle soit survenue,
même si en subir le réel processus me laissait indifférent.

Et ajouté par la suite : Jane s’est servie de mes trois expériences


romaines dans Psychic Politics ; elle avait fait mention de cette
intention après ma deuxième expérience et, finalement, elle a cité au
chapitre 4 les comptes rendus que j’en ai faits. (En mettant par écrit ma
troisième vision, je me suis automatiquement nommé « capitaine »,
utilisant une terminologie actuelle pour indiquer un certain rang
militaire. Puis, je me suis demandé si une telle classification avait
jamais existé en ce temps-là, dans les forces armées romaines. J’ai
appris que c’était le cas : un capitaine était appelé un « centurion ».)

[2] À divers endroits du tome I, Seth parle de l’homme probable et des


civilisations probables et il fait aussi mention de systèmes alternatifs
d’actualité. Voir par exemple la session 687 (qui sert de pont entre les
parties 1 et 2), ainsi que l’appendice 6 en lien avec cette même session.
[3] Par la suite, dans le chapitre 10 de Politics, Jane a développé le
matériau de Seth concernant Joe. Elle a aussi relié le modèle limité de
la nature de Joe à certaines des idées qu’elle a pour discipliner son
propre « moi écrivain ».

[4] Une note ajoutée quatre mois et demi plus tard : et nous l’avons fait !
SESSION 718

Mercredi 6 novembre 1974

(Lundi 4 novembre, j’ai envoyé à l’éditeur de Jane tous les éléments


artistiques destinés à Adventures in Consciousness : An Introduction to
Aspect Psychology : les seize diagrammes que je viens juste de finir, et
deux autres œuvres plus anciennes. Ils sont tous exécutés au trait ou à la
plume. Je trouve intéressant le fait que, lorsque j’étais en train de terminer
mon travail pour le premier livre de Jane sur la psychologie des aspects,
elle commençait déjà le deuxième de la série, Psychic Politics. À présent, je
peux me remettre à mon projet plus long — les quarante dessins au trait
pour le livre de poésie de Jane, Dialogues of The Soul and Mortal Self in
Time. Adventures et Dialogues doivent être publiés par Prentice-Hall
respectivement au printemps et à l’automne 1975. Le lecteur pourra trouver
d’autres références à ces deux livres dans la note 1 de la session 714.
Notre dernière session, la 717, ne va pas faire partie de La Réalité
« inconnue » : c’était et ce n’était pas une session de Seth, c’était et ce
n’était pas une dictée du livre, comme le montrent les notes qui suivent.
Avant ce que nous pensions être notre session habituelle du lundi soir,
Jane m’a dit qu’elle s’était réveillée au milieu de la nuit avec des visions à
propos de deux exercices pratiques[1] dont Seth allait parler — mais nous
n’avons rien entendu de la part de Seth, bien que Jane l’ait senti « dans les
parages » pendant que nous nous préparions pour la session.
Par contre, nous avons eu droit à un développement qui nous a laissés
perplexes, intrigués et passablement troublés. Je note pourtant, en écrivant
ceci [immédiatement après la session 718], que nous avons été assez
soulagés par les évènements ultérieurs. Aujourd’hui, je suis plutôt d’avis
que la session de lundi soir a marqué une étape importante dans le nouveau
développement des aptitudes de Jane. Il se peut qu’elle utilise aussi une
partie de ce matériau-là dans Politics[2].
Une combinaison de facteurs a conduit, semble-t-il, à ces évènements
étrangement perturbants, et cependant stimulants, de la session 717. L’un
de ces facteurs est probablement la récente et exceptionnelle réceptivité
médiumnique de Jane. Un autre est l’intérêt de longue date que je porte au
psychologue et philosophe américain William James [1842-1910] ; il a
écrit Les Formes multiples de l’expérience religieuse, un ouvrage devenu
un classique[3]. Un troisième facteur est une lettre reçue la semaine
dernière, provenant d’un psychologue jungien inspiré par le matériau que
Seth a donné sur le psychologue et psychiatre suisse Carl Jung [1875-
1961], dans le chapitre 13 de Seth parle. Un quatrième facteur serait une
expérience fortement évocatrice que Jane a vécue lundi après-midi, où elle
s’est retrouvée ayant la conscience d’une mouche ordinaire[4] : depuis ce
point de vue minuscule mais fascinant, elle a eu conscience d’elle-même
grimpant le long d’un brin d’herbe d’une taille gigantesque. Elle a exploré
la « vision du monde » d’une mouche. Cette aventure était certainement une
préparation aux développements de la session 717.
D’autres raisons doivent entrer en ligne de compte, bien sûr. Mais pour
le moment, indiquons ce que Jane connaît de James et de son œuvre ; elle a
lu par exemple des passages de Formes multiples, mais cet ouvrage
semblait plutôt la rebuter, alors que pour ma part j’en relis fréquemment
des extraits.
Toutefois, c’est la lettre du psychologue jungien qui a servi d’impulsion
immédiate pour l’épisode de la mouche et les évènements de lundi soir. Son
auteur demandait un matériau complémentaire de la part de Seth sur Jung
et ses travaux. J’ai du mal à croire maintenant que cette demande soit
arrivée par hasard, juste au moment où les aptitudes de Jane semblaient
sur le point de mûrir précisément de la façon dont elles l’ont fait ce soir-là.
Nous étions en train de parler de la lettre et nous nous demandions en
plaisantant à moitié si Seth allait répondre d’une façon ou d’une autre,
quand Jane m’a dit soudain qu’elle était en train de capter un matériau sur
« l’essence » de William James. À cause de sa mélancolie persistante,
disait-elle, James avait été capable de comprendre d’autres personnes
ayant le même type de tempérament. Pendant qu’elle continuait à donner
ses impressions, je m’interrogeais : pourquoi James ? Il n’était pas
mentionné dans la lettre du psychologue, par exemple. Pourquoi se
brancher sur une célèbre personnalité défunte et s’y identifier ? Très
probablement, mon propre intérêt pour l’œuvre de James exerçait une
certaine forme d’influence sur les aptitudes de Jane qui étaient en train de
se développer, pensais-je ; mais quand même, cela ne répondait pas à mes
questions.
Qu’était-il arrivé à Seth ? Cet individu-là devrait attendre. « Je viens
tout juste de recevoir le fait que James appelait sa mélancolie “un trait de
l’âme” ». Ses yeux étaient clos. « Maintenant, je perçois un livre. Ça alors,
c’est un livre broché. Je vois ce matériau imprimé, mais il est très petit,
presque microscopique et, curieusement, l’ensemble est imprimé sur une
sorte de papier grisâtre. Je le vois vraiment petit, dans mon esprit. »
Et donc, dans un état modifié de conscience, Jane a commencé à
transmettre lundi soir le matériau provenant du livre qu’elle avait vu
mentalement. Avant même de réaliser vraiment ce qui était en train de se
passer, j’ai noté mot à mot ce qu’elle disait.
Le matériau lui-même était merveilleusement conçu, assez vieillot dans
son expression, mais d’une excellente qualité. Quand je l’ai dactylographié
le lendemain [hier], il couvrait plus de 10 pages, en double interligne. En
voici une courte citation en rapport avec une partie d’une vision que James
a eue après sa mort physique :
« Il y eut une procession, une procession des dieux, qui se déroula sous
mes yeux. Je m’étonnai et observai en silence. Chaque déesse ou dieu était
accompagné d’un poète, et les poètes chantaient qu’ils donnaient voix à la
raison. Ce qu’ils chantaient était du charabia et pourtant, à mesure que
j’écoutais, ce charabia se transforma en un dialogue philosophique. Les
mots frappèrent mon âme. Une action d’un genre étrange s’ensuivit, du type
image dans un miroir, car, quand je prononçai à l’envers les mots des
poètes, ils eurent parfaitement sens pour mon intellect. »
Au cours de l’une de nos pauses, Jane a dit qu’elle avait capté le titre
du livre de James qu’elle venait de lire : Les Formes multiples des états
religieux — seul le mot états [au lieu d’expériences] différait du titre du
livre de James dans notre réalité physique. Elle avait aussi senti Seth dans
les parages, comme un superviseur peut-être. Elle a ajouté que c’était pour
elle « comme si le matériau de James provenait d’une personne qui tentait
vraiment de dire quelque chose. »
Ce qui mettait l’accent sur notre dilemme, ai-je pensé sur le moment. Je
n’ai presque rien dit à Jane, mais j’étais très mal à l’aise parce qu’elle
transmettait un matériau supposé provenir d’un de ces morts célèbres. En
vérité, nous avions toujours pensé que de telles performances étaient assez
suspectes. Non pas que les médiums, ou d’autres, ne puissent pas
communiquer avec les « morts » — mais pour nous, d’une façon ou d’une
autre, les exhibitions faisant entrer en jeu des personnages célèbres nous
semblent en général… psychologiquement douteuses. À ce stade-là, nos
sentiments à l’égard de ce qui venait de se passer n’étaient donc pas des
meilleurs.
Les évènements suivants n’ont pas non plus arrangé les choses. À peine
Jane en avait-elle fini avec le très long matériau de James, qu’elle a
rapidement commencé à recevoir des impressions de « Carl Jung ». Cette
fois, elle se montrait presque contrite. Nous avons décidé de continuer,
même si Jane ne voyait aucun livre et n’avait pas la moindre donnée
visuelle. Les mots lui venaient simplement, accompagnés de fortes
sensations émotionnelles qu’elle reliait à Jung.
Le matériau semblait sans fin. Quelques minutes avant minuit, Jane
s’est arrêtée, en déclarant qu’elle avait plus ou moins « eu sa dose » pour
la soirée. Le matériau de Jung semblait beaucoup plus animé, a-t-elle
ajouté, avec beaucoup de vitalité et d’énergie : « Il semblait vraiment
excité. » Ni l’un ni l’autre n’avons toutefois trouvé les passages de Jung
aussi évocateurs que ceux du matériau de James. Voici un bref extrait
jungien :
« Les nombres ont un équivalent émotionnel, dans le sens où, à
l'origine, leurs symboles provenaient de la libido qui s’identifie toujours au
nombre 1, et qui a le sentiment que tous les autres nombres émanent d’elle-
même. La libido se connaît en tant que Dieu, et donc toutes les fractions
jaillissent de l’autostructure de sa propre réalité. »
Jane a dit qu’elle avait l’impression de quelqu’un de très compact,
chargé d’énergie, rageusement adolescent d’une certaine manière,
s’éparpillant dans trop de directions en même temps.
Tout de suite après, nous nous sommes tous deux demandé si Jane
partait dans trop de directions à la fois. Auparavant, elle avait toujours
refusé d’essayer de « contacter les morts » de cette façon-là. Nous étions,
elle et moi, passablement troublés — mais, comme d’habitude, nous étions
intrigués, alors même que nous nous interrogions sur nos propres réactions.
Nous nous rendions aussi très bien compte des aspects comiques de la
situation, puisque Jane parle effectivement pour au moins un des
« morts » : Seth. Et bien sûr, tandis que nous sommes assis en attente de la
session, nous nous demandons s’il parlera de ce qui s’est passé lundi soir.
Comme j’avais juste commencé à taper à la machine le « matériau de
James et de Jung », je lis le reste à Jane à partir de mes notes en attendant
que Seth se manifeste. Je pense aussi que Jane a eu une excellente idée
lorsqu’elle a dit qu’elle croyait que l’épisode James-Jung était en lui-même
un exercice destiné à faire connaître la réalité inconnue. Elle a déjà un peu
écrit en ce sens, hier, pour Psychic Politics[5]. Donc, quoique nous
apprenions de Seth ce soir, nous sentons déjà de façon relativement sûre
qu’en termes habituels, Jane n’a pas communiqué directement avec deux
personnalités aussi célèbres. Elle a été impliquée dans quelque chose
d’assez différent — et de bien plus vraisemblable.
21 h 50.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Cette partie [de La Réalité « inconnue »] traite des divers
exercices qui vous donneront, je l’espère, vos propres aperçus intimes dans
des réalités auparavant inconnues.
J’ai dit [dans les sessions 711 et 716 par exemple] que la focalisation
normale de votre conscience peut être comparée à votre station de base.
Jusqu’à maintenant, des exercices ont été décrits qui vont doucement vous
éloigner de votre concentration sur cette station de base, même si la
structure de celle-ci s’en trouve en même temps renforcée. Vous pouvez
aussi appeler cette station de base, ou ce programme local, votre vision du
monde, puisque c’est à partir d’elle que vous percevez votre réalité. Dans
une certaine mesure, elle représente votre focalisation personnelle, à travers
laquelle vous interprétez la plus grande partie de votre expérience. Comme
je l’ai mentionné [dans la session 715 par exemple], lorsque vous
commencez à vous écarter de cette organisation particulière, des choses
étranges peuvent commencer à se produire. Vous pouvez être fort étonné,
excité ou perplexe. Vous pouvez être enchanté ou consterné, selon que vos
nouvelles perceptions s’accordent ou non avec votre vision bien établie du
monde.
Au lieu d’une session régulière [lundi dernier], le cadre de la session a
été utilisé pour un nouveau type d’exercice. Celui-ci était destiné à servir
d’exemple de ce qui peut se produire dans les meilleures circonstances,
quand quelqu’un délaisse sa vision habituelle de son monde et s’accorde sur
une autre, très différente.
Vous formez toujours votre propre expérience. Ruburt a capté la vision
du monde d’un homme célèbre défunt. Il n’était pas directement en
communication avec William James.
(Lentement.) Il avait cependant conscience de l’univers à travers la
vision du monde de James. Tout comme vous pouvez sélectionner un
programme sur un téléviseur, Ruburt s’est accordé sur la vision de la réalité
adoptée par l’esprit de William James. Puisque cette vision implique
nécessairement des émotions, Ruburt a ressenti une forme de contact
émotionnel — mais uniquement avec la validité du fait émotionnel. Chaque
personne a ce genre de vision du monde, qu’elle soit vivante ou morte en
vos termes, et cette « image vivante » existe indépendamment du temps ou
de l’espace. Elle peut être perçue par d’autres.
(Une pause parmi d’autres.) Chaque vision du monde existe à une
fréquence particulière qui lui est propre, et seuls ceux qui se situent plus ou
moins dans la même gamme peuvent s’accorder sur elle. Toutefois, les
fréquences elles-mêmes doivent être ajustées correctement pour qu’il soit
possible de se focaliser sur elles, et ces ajustements nécessitent certaines
intentions et empathies. Il n’est pas possible d’accéder à une telle vision du
monde si vous êtes fondamentalement en désaccord avec elle. Vous ne serez
tout simplement pas capable de faire les ajustements appropriés.
Ruburt a travaillé sur les modifications de conscience [pour Psychic
Politics], et il s’est interrogé sur la validité fondamentale de la religion. Il a
essayé de réconcilier la connaissance intellectuelle et la connaissance
émotionnelle. James est loin d’être l’un de ses écrivains favoris ; pourtant,
les intérêts, l’intention et le désir de Ruburt étaient suffisamment proches
pour que, sous certaines conditions, il puisse faire l’expérience de la vision
du monde selon James. La réalité inconnue est inconnue uniquement parce
que vous croyez qu’elle est nécessairement cachée. Une fois cette croyance
annihilée, les autres visions de la réalité, tout aussi légitimes, peuvent
apparaître dans votre conscience, et des mondes tout aussi valides que le
vôtre se révèlent à la vue.
Pour cela, vous devez avoir foi en vous-même et en la structure de
votre réalité connue. Sinon, vous aurez trop peur d’abandonner ne serait-ce
que brièvement la vision habituelle et organisée du monde qui est le vôtre.
Même dans votre vie telle que vous la comprenez, si vous manquez
d’assurance ou si vous avez peur, vous ne pouvez pas voir correctement
votre famille ou vos voisins. Votre peur se dresse entre vous et les autres.
Vous n’osez pas vous quitter vous-même des yeux pendant une seconde.
Vous ne pouvez pas vous permettre d’être amical, par exemple, parce que
vous êtes terrifié à l’idée d’être rabroué.
De la même façon, si vous êtes trop fixé sur la nature de votre propre
réalité et avez besoin des autres pour justifier votre existence, vous ne
parviendrez pas à abandonner votre vision du monde, car vous vous sentirez
trop menacé. Ou bien quand, lors d’exercices médiumniques, vous vous
éloignerez un tant soit peu de votre station de base, vous essayerez encore
d’emporter avec vous votre attirail familier, et interpréterez des situations
totalement nouvelles de la conscience à la lumière de votre propre vision du
monde. Vous transposerez alors votre propre ensemble d’hypothèses dans
des conditions qui ne lui correspondront peut-être pas du tout.
(22 h 22.) Ruburt a capté la vision du monde de William James parce
que leurs intérêts coïncidaient. La lettre d’un psychologue jungien a servi
de stimulus. Le psychologue me demandait (d’une voix plus profonde et
avec humour) de faire un commentaire sur Jung. Ruburt se sentait peu
d’affinité avec Jung. En arrière-plan, il songeait à James, principalement
parce qu’il savait que Joseph [Rob] apprécie l’un des livres de James.
Il est parfaitement possible de capter la vision du monde de n’importe
quelle personne, vivante ou morte en vos termes. La vision du monde de
tout individu, même si, de votre point de vue, il n’est pas encore né, existe
néanmoins. L’expérience de Ruburt est simplement un exemple de ce qui
est possible.
À très juste titre, il n’a pas interprété l’évènement en termes
conventionnels, et Joseph n’a pas supposé que James en personne
communiquait selon le mode que l’on imagine habituellement [voir
toutefois les notes d’ouverture de cette session]. Joseph a reconnu
l’excellence du matériau. James ne s’est pas rendu compte de la situation.
En fait, James lui-même s’est lancé dans d’autres aventures. Ruburt a
cependant capté la vision du monde de James, telle que, en vos termes du
moins, elle « existait » il y a peut-être dix ans[6]. À l’époque, l’esprit de
James s’amusait à imaginer un livre qu’il écrirait s’il était « vivant »,
intitulé Les Multiples formes des états religieux — une version modifiée
d’un ouvrage qu’il a écrit de son vivant.
Il avait le sentiment que l’âme choisit des états émotionnels comme
vous choisissez, disons, un État pour y vivre. Il sentait que l’état émotionnel
choisi servait ensuite de cadre à travers lequel on perçoit l’expérience. Il a
commencé à voir un conglomérat de ce qu’il appelait vaguement des états
religieux, dont chacun était différent et servait pourtant à unifier
l’expérience à la lumière de ses « caractéristiques naturelles » particulières.
Ces caractéristiques naturelles apparaîtraient comme étant les tempéraments
et inclinations ordinaires de l’âme.
Ruburt s’est mis à l’écoute de ce livre non écrit. Il portait la marque de
l’état émotionnel de James en ce « temps-là », lorsqu’il voyait son
expérience terrestre, en vos termes, du point de vue de quelqu’un qui était
mort, qui pouvait regarder en arrière et percevoir où, selon lui, ses idées
étaient valides et où elles ne l’étaient pas. À ce point-là de son existence, il
y a eu des changements. Le plan du livre existait, et il existe toujours.
Ruburt, dans son propre « présent », a accédé à cette vision du monde, telle
qu’exprimée dans l’esprit immortel de James.
Pour ce faire, Ruburt devait être assez libre pour accepter la vision de la
réalité telle qu’elle était perçue par quelqu’un d’autre. Il a permis à une
partie de sa conscience de rester solidement ancrée dans sa propre réalité,
tout en laissant une autre partie absorber, pour ainsi dire, une réalité qui
n’était pas la sienne.
(Une pause.) La réalité inconnue : à nouveau, à cause de votre
orientation précise, vous êtes souvent intrigué, au niveau de la théorie, par
la contemplation de mondes qui ne sont pas le vôtre. Et bien que vous
puissiez souvent souhaiter avoir une preuve de ces autres réalités, vous
pouvez tout aussi bien être scandalisé[7] par cette même preuve que vous
avez si ardemment demandée.
Ruburt a entrepris ses propres voyages dans la réalité inconnue. Je ne
peux pas faire cela pour lui. Je peux simplement indiquer la voie, comme je
le fais pour chaque lecteur. Dans son nouveau livre [Politics], Ruburt a sa
façon personnelle d’expliquer ce dont il fait l’expérience et, puisqu’il
partage avec vous la même réalité, vous serez donc capable de vous relier à
ses explications — peut-être même plus qu’aux miennes.
Il lui est toutefois parfaitement possible de se mettre à l’écoute du livre
entier de James, s’il le désire, car cet ouvrage est en fait une réalité
psychique, un plan ou un modèle qui existe dans l’ordre intérieur de toute
activité [comme Jane me l’avait expliqué en des termes similaires, cet
après-midi].
De tels « plans d’architecte » créatifs sont souvent captés par d’autres à
leur insu ; ils sont modifiés ou transformés, et finissent par devenir des
sortes de productions entièrement nouvelles. La plupart des écrivains
n’examinent pas leurs sources d’aussi près. La même chose s’applique, bien
sûr, à tout domaine d’activité. Nombre de développements assez modernes
et sophistiqués ont existé dans ce que vous considérez maintenant comme
des civilisations passées. Les plans, en tant que modèles, ont été captés par
des inventeurs, des scientifiques ou d’autres personnes de ce genre, et
modifiés selon leurs propres orientations spécifiques, si bien qu’ils ont
émergé dans votre monde non pas comme des copies, mais comme des
choses nouvelles. De nombreuses découvertes soi-disant archéologiques ont
été faites quand des individus ont soudain capté la vision du monde d’une
personne qui n’était pas de votre espace ou de votre temps. Avant d’être
assez confiants pour quitter votre station de base particulière, vous devez
cependant y être en sûreté. Vous devez savoir qu’elle « sera là » quand vous
reviendrez.
Faites votre pause.
(22 h 52. La transe de Jane était profonde et la vitesse de son élocution,
la plupart du temps, pratiquement identique à celle de ma prise de notes. Je
lui dis que le matériau de Seth est excellent, qu’il confirme ses idées quant
à la nature des communications James-Jung, et fournit également des
données supplémentaires.
« Je n’avais pas du tout ce texte de James à l’esprit jusqu’à ce que tu
me le lises avant la session, me dit-elle ; ensuite, un tas d’aspects le
concernant me sont revenus. Nous n’allons pas nous donner la peine de
faire son livre, je sais, mais je pourrais l’obtenir — en entier. Il est là, dans
la bibliothèque… » Nous parlons du grand intérêt qu’aurait cet ouvrage sur
les multiples formes des états religieux, et des nombreuses implications qui
en résulteraient, sans pour autant avoir la moindre intention de creuser
davantage le sujet.
Nous discutons aussi des parallèles — et des différences — qui existent
entre la perception qu’a eue Jane du livre de James, cette semaine, et les
grandes lignes et têtes de chapitre qu’elle a envisagées, huit mois plus tôt,
pour un éventuel ouvrage qui s’intitulerait La voie vers la santé. Deux mois
plus tard, en mai, elle écrivait le résumé de The Wonderworks, qui serait un
exposé concis portant sur ses propres rêves, sur Seth et sur le rêve en tant
que formation de l’univers tel que nous le connaissons. [Voir les appendices
7 et 11 dans le tome I de La Réalité « inconnue ».] Jane n’a pas pris le
temps de se concentrer sur l’un ou l’autre de ces projets, si intéressants
soient-ils, mais elle pourrait bien le faire si son esprit « s’enflammait »
soudain pour l’un d’entre eux — ou les deux. Ni Jane ni Seth n’avaient
transmis leurs idées respectives quant à la vision du monde, lorsqu’elle a
parlé de La santé et de Wonderworks ; un autre aspect signifiant des
aptitudes de Jane est donc devenu conscient depuis cette époque-là. Ici
encore, d’autres questions se posent. Par exemple, sur quelle vision du
monde Jane s’est-elle accordée pour le livre sur la santé ? La sienne ? À
leur tour, bien sûr, les trois projets potentiels — Les États religieux, La
Santé et Wonderworks — doivent avoir des origines étroitement liées à la
source d’information qui se trouve derrière la « bibliothèque psychique »
que Jane dit avoir visitée dans Politics.
Reprise de la même manière, à 23 h 14.)
Maintenant. Ruburt s’est entraîné à faire usage des mots, en tant
qu’écrivain. Lorsqu’il capte une vision du monde qui appartient à quelqu’un
d’autre, il peut presque automatiquement la traduire de façon suffisamment
fidèle en cet idiome qu’est le langage. De nombreux artistes font la même
chose, traduisant des « modèles intérieurs » en peinture, lignes et formes.
Les scientifiques et les inventeurs captent, eux aussi, les visions du
monde qu’ont d’autres êtres — vivants ou morts, en vos termes —, visions
qui sont en corrélation avec leurs propres intentions, talents et objectifs[8].
Ces « autres » visions du monde, réinterprétées, forment une matrice
d’où émerge une nouvelle créativité. La même chose s’applique aux
activités plus courantes dans la vie ordinaire. Par exemple : vous pouvez
vous trouver dans une situation difficile qui semble insoluble. Elle peut être
extrêmement individuelle, puisque c’est la vôtre. Elle est unique et ne s’est
jamais produite en aucune manière auparavant. Personne d’autre n’a vu
votre dilemme particulier à travers vos yeux ; pourtant, d’autres se sont
trouvés dans des situations similaires, ont résolu les défis qui se
présentaient, et ont poursuivi leur route vers une plus grande créativité et un
plus grand épanouissement. Si vous pouvez momentanément abandonner
votre vision personnelle du monde, cette focalisation à partir de laquelle
vous faites l’expérience de la réalité, vous pouvez alors permettre à
l’expérience d’autres ayant rencontré des défis semblables de colorer votre
perception. Vous pouvez vous inspirer de leurs solutions et les appliquer à
vos circonstances particulières. Vous faites souvent cela inconsciemment. Je
ne veux donc pas que vous pensiez que de telles choses fonctionnent
uniquement en termes ésotériques.
De nombreuses personnes travaillant avec la planche Ouija ou l’écriture
automatique reçoivent des messages qui semblent ou prétendent venir de
personnages historiques. Pourtant, le matériau est souvent largement
inférieur à ce qui aurait pu être produit par la personne en question au cours
de son existence. Toute comparaison entre le matériau reçu et les livres, ou
autres écrits déjà existants, révélerait immédiatement des différences
flagrantes.
Pourtant, dans de nombreux cas de ce genre, celui qui utilise la planche
Ouija ou l’écriture automatique est, à un degré ou à un autre, à l’écoute
d’une vision du monde ; il lutte pour ouvrir des voies suffisamment
dégagées lui permettant de percevoir une version modifiée de la réalité,
mais il n’est pas suffisamment équipé sur le plan de l’entraînement, et du
tempérament peut-être, pour l’exprimer.
(Une longue pause à 23 h 30.) Les cas les plus légitimes de
communication entre les vivants et les morts se produisent dans un cadre
personnel et intime, où un parent défunt établit un contact avec sa
progéniture[9] : ou bien un mari ou une femme récemment sorti de la réalité
physique apparaît à sa compagne ou à son compagnon. Mais il est très rare
que des personnes historiques établissent un contact, si ce n’est avec leur
propre cercle intime.
(Avec insistance.) Il y a toutefois une grande énergie chez ceux qui ont
suffisamment persévéré pour devenir largement connus par leurs
contemporains, et la grande force d’impulsion de cette énergie psychique et
mentale ne disparaît pas au moment de la mort, mais se poursuit. À leur
façon, d’autres êtres peuvent se mettre à l’écoute de cette vision du monde
qui continue ; et, en la captant, ils peuvent être convaincus qu’ils sont en
contact avec la personnalité physique qui la détenait.
Accordez-nous un instant… Vous êtes tellement habitués à votre propre
interprétation personnelle de la réalité que, lorsque vous vous permettez de
vous en écarter, vous voulez immédiatement interpréter votre nouvelle
expérience en des termes ayant un sens pour votre orientation familière.
Vous êtes également très attachés aux symboles. Dans la vie courante, vous
entravez souvent votre créativité. Quand vous utilisez la planche Ouija ou
des méthodes de transe, vous libérez fréquemment des zones
philosophiques de votre esprit qui ont été figées. L’information résultante
semble alors indéniablement venir de l’extérieur et, comme vous manquez
d’imagination, vous essayez d’interpréter ces expériences à la lettre. Le
matériau doit provenir d’un philosophe donc (d’un ton amusé), et puisque
cette information semble profonde pour votre structure habituelle terre à
terre, vous pensez qu’elle doit avoir pour origine un esprit profond qui n’est
certainement pas le vôtre.
Vous pouvez interpréter cela symboliquement, si bien que la planche ou
l’écriture automatique désigne l’origine de ce matériau comme étant
Socrate[10] ou Platon. Si votre orientation est plutôt spiritualiste,
l’information peut venir d’un célèbre médium mort récemment. En fait,
vous vous êtes momentanément émancipé de votre vision du monde
coutumière, ou de votre programme de base ; vous tendez vers d’autres
niveaux de réalité, mais en interprétant encore votre expérience en termes
anciens. Voilà pourquoi une bonne part de sa créativité vous échappe.
Vous êtes chacun aussi valide que Socrate ou Platon. Vos influences
s’étendent à travers l’ensemble de la structure d’actualité selon des modes
que vous ne comprenez pas. Socrate et Platon — ainsi que William James
(j’ai souri) — se sont spécialisés dans certains modes. Vous connaissez ces
individus en tant que noms de personnes ayant existé — mais en vos
termes, et en vos termes seulement, ces existences-là représentaient les
aspects florissants de leur personnalité. (D’une voix plus forte.) Ils ont
souvent habité de façon anonyme la surface de la Terre, comme
beaucoup d’entre vous, en vos termes seulement maintenant, avant
d’atteindre ce que vous pensez être ces sommets.
Attendez un moment. Fin de la dictée — bien que j’aurai quelque chose
à dire à propos de l’expérience de Ruburt en tant que mouche.
(23 h 49. Jane se repose pendant environ une minute, toujours en
transe. Son expérience de mouche, lundi après-midi, est mentionnée dans
les notes d’ouverture de cette session. Lorsque Seth revient, il transmet une
demi-page de matériau pour Jane et moi, dont ce passage : « Il [Ruburt] a
fait un bond extraordinaire dans sa bibliothèque [psychique], et cela le
libère physiquement. Vous avez effectué un saut tout aussi vital et cela vous
libère artistiquement. La bibliothèque est valide, et en des termes
parfaitement légitimes, elle est beaucoup plus importante, par exemple,
qu’une bibliothèque physique… » Seth finit son matériau personnel à 00 h
10, et nous pensons alors que la session est terminée. Jane est très fatiguée,
beaucoup plus que d’habitude après une session. Elle veut juste dormir.
Nous gardons les transcriptions des sessions dans des classeurs à
anneaux. À chaque fois, je range évidemment la session en cours dans le
plus récent, mais j’y joins une ou deux pages de commentaires et de
questions, de manière à pouvoir de temps à autre demander à Seth
d’éclaircir certains points. En refermant mon carnet de notes, ce soir, je
remarque la question que j’avais écrite après la session 697, du 13 mai
1974, dans le tome I. Lors de cette session-là, Seth nous avait dit :
« Comme vous êtes maintenant une espèce consciente, en vos termes, il y a
des idéalisations raciales que vous pouvez accepter ou nier. »
Je n’ai jamais réellement oublié ni cette phrase prononcée il y a bientôt
six mois, ni le fait que Seth ait dit à la fin de la session 699 qu’il aborderait
ces questions « quand votre matériau aura sa place ».
Voici ce que j’avais écrit à l’époque : « Que serait un état autre que
celui conscient ? J’ai du mal à concevoir une telle situation — ce qui est
peut-être plus révélateur de ma façon de penser que d’autre chose. Mais
comment l’espèce, ou ses membres individuels, pourraient-ils ne pas être
“conscients” ? Puisque je pense que nos actions collectives et individuelles
sont volontairement destinées à assurer notre survie, au meilleur sens du
terme, je suis curieux de savoir dans quel autre état ces fonctions-là
pourraient être accomplies… Il y a ici de nombreuses ramifications, comme
je l’ai découvert quand j’ai commencé à prendre des notes sur ce sujet. Je
vais donc essayer de faire court. »
Quand Jane a lu ma question pour la première fois, après la session
697, elle m’a dit qu’elle « ne comprenait pas » — que peut-être je tirais du
matériau de Seth des conclusions qui n’avaient pas lieu d’être. À plusieurs
occasions, j’ai tenté de lui expliquer où était le problème et je me suis
aperçu à chaque fois que, bizarrement, celui-ci était impossible à définir
avec des mots.
À présent, pour passer le temps, sans aucune intention d’inciter Jane à
faire quoi que ce soit de plus ce soir, je lis ma question à voix haute. Elle
lève une main, consternée. « Je suis fatiguée, dit-elle, mais attends une
minute — j’ai la réponse. Seth est prêt. Apporte-moi un paquet de
cigarettes, et je vais m’y mettre… »
0 h 14.) Maintenant. J’ai employé vos termes, selon ma compréhension
du sens que vous leur donnez.
Il y a, dans ces termes, des nuances. Quand j’ai utilisé le mot
« conscient » (ou « conscience »), c’était dans le sens que je pensais être
celui que vous comprenez. Je pensais que vous vouliez dire : conscient
d’être conscient, ou vous situant vous-même en dehors d’une partie de votre
propre conscience — voyant celle-ci (avec insistance) et affirmant alors :
« Je suis conscient de ma conscience ».
La conscience est toujours consciente d’elle-même, de sa validité et de
son intégrité, et en ces termes-là, il n’y a pas d’inconscience.
Quand j’utilise le terme par rapport au temps, je fais référence à la
formation d’une structure à partir de laquelle un type de conscience se
perçoit lui-même comme étant unique, et tente alors de former d’autres
types de structures conscientes. Une mouche est consciente d’elle-même,
satisfaite au sein de cette réalité-là, et ne ressent pas le besoin de former une
« extension » de cette conscience à partir de laquelle elle pourrait voir sa
propre existence.
En vos termes, les considérations de temps ont impliqué des extensions
de ce type de conscience, où des séparations pouvaient se produire et des
divisions s’opérer. En termes de structure organique, on pourrait comparer
cela au développement d’un bras ou d’une jambe supplémentaire, d’une
protrusion ou d’un filament — d’un autre mode de locomotion à travers un
autre type de dimension.
La mouche est extrêmement consciente, à tout moment absorbée par
elle-même et par son environnement, accordée avec précision sur les
éléments dont vous êtes « inconscients ». Il existe simplement des types
différents de conscience, et vous ne pouvez pas fondamentalement
comparer, disons, un crapaud, une étoile, une pomme, une pensée, une
femme, un enfant, un indigène, un banlieusard, une araignée et un chat. Il a
des variétés de conscience, chacune focalisée sur sa propre vision de la
réalité, et induisant une expérience que les autres variétés excluent.
(D’une voix plus forte, avec humour.) Fin de l’explication.
(Avec un rire : « Merci beaucoup. » 00 h 19. Il s’avère donc que j’ai
évoqué mes questions à propos de la conscience de soi et que Seth y a
répondu, quand ce matériau-là a trouvé sa place.
Une note ajoutée en décembre 1977. La session 718 sur les visions du
monde s’est révélée être un élément-clé dans le développement de Jane
ainsi que dans la structure thématique de Seth. Le livre de Jane, The World
View of Paul Cézanne : A Psychic Interpretation, a été publié cette année
et, au moment où je tape le manuscrit final du tome II de La Réalité
« inconnue », je peux ajouter qu’elle a aussi terminé The Afterdeath
Journal of an American Philosopher : The World View of William James.
Ce livre est sorti en 1978.
En un sens, les deux livres sur des visions du monde sont « nés » lors de
la session 718 et de celle bien étrange qui a précédé, sous les auspices de
Seth. J’écris cela bien que Jane n’ait pas eu la moindre idée de produire de
tels ouvrages au moment de ces deux sessions [voir toutefois mes
spéculations dans la note 6]. Aucun matériau complémentaire portant sur
Carl Jung n’était néanmoins disponible et Jane n’a fait aucune tentative
pour en obtenir davantage.
Tout le concept de vision du monde est extrêmement intéressant, bien
sûr, et digne d’être creusé plus avant.
Curieusement, les pages originales du matériau de James que Jane a
vues mentalement au cours de la session 717 [et qu’elle a présentées par la
suite dans le chapitre 6 de Politics] n’apparaissent jamais dans Afterdeath
Journal. Il y avait, a dit Jane, deux livres de James différents dans sa
« bibliothèque psychique ». Elle n’en a retranscrit qu’un seul.)

NOTES DE LA SESSION 718

[1] Jane se souvient d’une partie d’un des deux exercices pratiques qu’elle
a captés dimanche soir ; peut-être les obtiendrons-nous plus tard. Elle
dit que Seth les a conçus pour faire suite à ceux qu’il a donnés dans la
session 716. Pour le moment, même le fragment dont elle se souvient
mérite bien d’être expérimenté : Seth donne pour instruction au lecteur
de s’immerger dans une vieille photographie de quelqu’un — puis de
regarder notre réalité physique actuelle à travers les yeux de cet
individu. Une façon intéressante d’obtenir une nouvelle perspective sur
notre époque actuelle.

[2] Une note ajoutée plusieurs mois plus tard. Je vois à présent qu’il me
faut développer la note 2 de la session 715, où j’écris que Jane « va
commencer à transposer dans Politics certains passages du volume II
de La Réalité “inconnue”, puisqu’elle est impliquée, de façon si intime
et enthousiaste, dans la production de ces deux ouvrages en même
temps. » Pour elle, travailler de cette façon est totalement conforme à
sa nature spontanée ; elle cherche intuitivement à utiliser toute source
d’information qu’elle a sous la main — y compris Seth lui-même —,
pour tout projet dans lequel elle s’est engagée. Dans les premiers
chapitres de Politics, en particulier, elle cite et paraphrase le matériau
provenant de ce tome II, à commencer par la session 714 qui contient
son propre récit de l’inspiration première qu’elle a eue pour cet
ouvrage-là.

Toutefois, cette utilisation du matériau est également tout à fait


naturelle, car Politics représente son exploration personnelle de la
réalité inconnue que Seth a décrite si clairement dans son propre
ouvrage.

J’indique toujours dans le tome II quand un tel transfert de matériau


dans Politics a eu lieu. Mais Jane ne copie pas aveuglément, et elle cite
pratiquement toujours un extrait de session plutôt qu’un passage
complet. Jane et Seth disent tous deux ce qu’ils veulent dire à partir de
leur point de vue respectif et unique : il est dès lors évident que le livre
de Jane doit être lu comme un complément de celui de Seth.

Par exemple, Jane commence Politics en décrivant combien elle était


impatiente, combien elle se sentait « déconnectée », parce qu’elle
n’avait pas été inspirée depuis qu’elle avait terminé Adventures, deux
mois auparavant. En fait, cela la contrariait vraiment et, comme elle l’a
écrit ensuite dans son nouveau livre, elle prenait très au sérieux le
sentiment qu’elle avait d’être abandonnée par son moi intérieur. Dans
le tome II, le lecteur peut noter les nombreux évènements dans lesquels
Jane était vraiment impliquée avant de commencer Politics (le 23
octobre), et il peut constater également à quel point la perception de ses
activités était objective — ou percevoir les critères exigeants de
créativité selon lesquels elle ne cesse de se juger.

Dans mes notes, bien sûr, je décris ces évènements vécus par Jane et
Seth, à partir de ma propre perspective, tels que je les voyais se
produire. « Dans La Réalité “inconnue”, le lecteur doit se focaliser sur
le matériau depuis le point de vue de Seth, a dit Jane. Toutefois, il peut
être amusant de temps à autre de regarder d’abord les évènements
quotidiens de nos vies tels que Rob les a décrits dans ses notes — et de
voir la dictée des sessions telle qu’elle émerge de ces humbles sources.
Ce que j’ai dit dans Psychics Politics devrait certainement apporter
beaucoup d’éclaircissement à ce sujet. »
[3] William James, Les Variétés de l’expérience religieuse, Éditions
Exergue, Chambéry, 2001.

[4] Seth fait mention de l’expérience « mouche », vécue par Jane dans cette
session 718 et Jane en parle plus en détail au chapitre 5 de Politics.
Puis, au chapitre 6 de son livre, elle présente de longs extraits
provenant du matériau de James-Jung, tel qu’il est apparu dans la
session 717.

[5] Voir le matériau de la « bibliothèque » de Jane, au début du chapitre 7


de Politics. Comme je l’ai déjà dit, Jane a cité dans le même chapitre,
pour ses propres raisons, le matériau correspondant de Seth, tiré de la
session 718.

[6] Puisque William James est mort en 1910, cela signifie qu’en nos termes,
Jane a capté sa vision du monde telle qu’elle existait cinquante-quatre
ans après sa mort physique. Nous pourrions facilement poser à Seth une
douzaine de questions concernant les idées qu’il a données dans ce seul
paragraphe. Il en résulterait sans doute de très longues réponses
conduisant à davantage de questions. Cela pourrait même donner lieu à
un livre sur les visions du monde. Mais les interrogations ne cessent de
s’accumuler devant nous ; souvent, elles ne sont jamais formulées, aussi
intéressantes soient-elles. Seth va-t-il ou non traiter un jour cette
dernière fournée de questions implicites ? C’est loin d’être sûr.

[7] Voir la session 715 après 22 h 43.

[8] L’information de Seth selon laquelle les scientifiques et les inventeurs


se mettent souvent à l’écoute des visions du monde d’autres individus,
m’a rappelé d’un seul coup qu’une situation semblable pourrait avoir
existé au sein de la famille Butts.

Dans le tome I, voir la session 680 avec les notes 1, 2 et 3. Mon père,
Robert Senior, mort en 1971, avait un grand talent pour la mécanique.
Selon Seth, un moi probable de Robert Butts Senior, encore en vie, est
« un inventeur célèbre qui ne s’est jamais marié, mais qui a utilisé au
maximum ses aptitudes créatrices en mécanique, en évitant tout
engagement émotionnel ». Bien que la seule et unique intention de mon
père ait été de relever le défi d’élever une famille dans cette réalité-ci, il
a peut-être souvent échangé des idées sur les automobiles, les motos, les
chalumeaux, les appareils photo, etc., avec cet autre moi inventeur.

Les moi probables communiquent-ils vraiment les uns avec les autres à
travers les cadres de leur vision respective du monde, ou un tel échange
d’idées ou d’émotions peut-il parfois avoir lieu « plus directement »
— simplement entre les personnalités probables impliquées ? Les deux
situations sont possibles, me semble-t-il, ou bien les deux méthodes
peuvent se combiner à un moment donné. Nous prévoyons de demander
à Seth de développer ce sujet.

[9] Il y a neuf mois, en février 1974, Seth a mentionné les quelques contacts
hésitants, qu’à l’évidence j’avais établis, à travers des rêves, avec ma
mère décédée ; voir la session 683 après 23 h 30, puis mon compte
rendu de l’un de mes rêves, dans la note 5 de cette même session. Deux
mois plus tard, dans la session 693, Seth a décrit comment je réagissais
(au niveau cellulaire ou « inconscient ») aux communications provenant
de ma mère, au moment où Jane et moi envisagions d’acheter une
maison dans le quartier de mon enfance à Sayre, en Pennsylvanie.
Jusqu’à maintenant, Jane ne m’a pas fait part de la moindre rencontre,
de quelque type que ce soit, avec sa mère ou son père, tous deux
défunts. (Tous nos parents sont morts entre février 1971 et novembre
1973.)

[10] J’aimerais m’arrêter un peu sur un point que j’ai évoqué dans les
notes d’ouverture de cette session 718, quand j’ai parlé des médiums,
ou d’autres personnes, qui entraient en contact avec des morts célèbres.
Je le dis gentiment — mais Jane et moi n’avons jamais cru qu’un
individu vivant pouvait être en contact avec une personne célèbre
décédée ; en particulier, à travers la planche Ouija ou l’écriture
automatique. Bien que nous ne nous soyons jamais moqués de tels cas
lorsque nous en entendions parler, nous avons certainement considéré
ces rencontres avec un grand scepticisme. La raison principale de notre
attitude est que nous avons énormément de mal à croire que « Socrate »
— où qu’il soit et quoi qu’il soit en train de faire, en nos termes — soit
disposé à tout laisser tomber pour donner une information très confuse
à une personne bien intentionnée et vraiment innocente, vivant, disons,
dans une petite ville de Virginie. Il doit y avoir bien d’autres choses
qu’il ait envie de faire ! Le concept de vision du monde de Seth, ainsi
que les propres expériences de Jane qui y sont associées rendent les
récits de tels évènements beaucoup plus compréhensibles.
SESSION 719

Lundi 11 novembre 1974

(Jane est si détendue et « ramollie » avant la session que je lui demande


si elle préfère l’annuler. Elle décide d’essayer. Ces derniers jours, elle a
senti de nombreux changements et relâchements musculaires. Je lui lis des
passages de la dernière session, pour nous rappeler à tous deux ce dont
Seth a parlé. À 21 h 30, Jane dit : « Là — je commence juste à le sentir
dans les parages… »
21 h 36.)
Maintenant. Bonsoir —
(« Bonsoir, Seth. »)
— et dictée. Je considère mon propre livre, La Nature de la réalité
personnelle : un livre de Seth, comme un prérequis pour les exercices
proposés ici, dans ce tome.
Dans ce précédent ouvrage, j’ai expliqué de quelles façons vous formez
votre expérience personnelle à travers vos croyances. Vous avez certaines
idées favorites et, par conséquent, vous vous en servez pour structurer votre
propre vision du monde de la réalité que vous connaissez. Il est important
que vous compreniez ce que sont vos croyances. Beaucoup d’entre elles
peuvent très bien fonctionner « à la maison », mais quand vous commencez
à vous éloigner de cette station de base, vous pouvez parfois constater que
ces mêmes idées entravent vos progrès.
D’autres concepts sont essentiellement non fonctionnels, même dans
votre propre réalité physique. Un concept rigide et dogmatique du bien et
du mal vous obligera à percevoir l’existence physique comme un champ de
bataille entre des forces opposées au milieu desquelles l’âme confiante se
retrouve coincée. Ou bien vous allez penser à cette pauvre âme comme à un
effaceur de tableau noir, tiraillé entre deux mains — une bonne et une
mauvaise.
Dans cette analogie simpliste, les expériences terrestres de l’âme
seraient écrites sur le tableau noir. Avec la gomme, la « mauvaise » main
essayerait d’effacer tout le bien et, dans le même temps, la « bonne » main
tenterait d’effacer tout le mal. Dans ce cas, la totalité de votre expérience
devient suspecte. Vous aurez tendance à considérer le corps avec ses
appétits naturels comme mauvais, et à les rejeter, alors que votre part
physique estimera que vos « bonnes intentions » sont mauvaises et portent
atteinte à son existence.
Si vous ne comprenez pas la grâce naturelle de votre être[1], vous
risquez, quand vous essayez de pratiquer certains des exercices qui sont
proposés ici, de les traduire automatiquement en un ensemble de croyances
tout à fait restrictives.
Vous êtes accoutumé à votre propre vision du monde. Cependant, quand
vous vous écartez de votre orientation habituelle, vous pouvez très bien
structurer votre nouvelle expérience tout comme vous structurez votre
expérience physique, en modifiant la focalisation de votre conscience. En
même temps, vous êtes plus libre. Vous avez une plus grande latitude. Vous
avez l’habitude de projeter vos croyances sur les objets et évènements
physiques. Quand vous quittez votre station de base, ces objets et
évènements ne se présentent plus de la même façon.
(Avec insistance.) Il vous arrive souvent de vous retrouver face à vos
propres structures, qui ne sont plus occultées comme dans le type
d’expérience qui vous est familier. Elles peuvent alors apparaître sous une
lumière très différente. Vous pouvez être convaincu que vous êtes mauvais
simplement parce que vous êtes physique. Vous pouvez croire que l’âme
« descend » dans le corps, et que le corps est donc plus bas, inférieur, et
représente une version dégradée de « ce que vous êtes réellement ». En
même temps, votre être physique a une connaissance supérieure et,
fondamentalement, il ne peut pas accepter un tel concept[2]. En
conséquence, dans la vie quotidienne, il se peut que vous projetiez cette
idée d’indignité sur une autre personne, qui semble alors être votre ennemi ;
ou sur une autre nation. En général, vous choisissez des animaux pour jouer
le rôle de l’ennemi, ou des membres d’autres religions ou partis politiques.
En tout cas, dans votre vie personnelle, il se peut que vous ne fassiez
presque jamais face à la croyance que vous êtes indigne ou mauvais. Vous
n’allez pas comprendre que vous vous considérez en fait comme l’ennemi.
Vous serez tellement convaincu que votre projection [sur les autres] est
l’ennemi qu’il n’y aura rien à régler en vous, puisque tous vos sentiments
de haine de soi et de peur de soi seront dirigés vers l’extérieur.
Néanmoins, quand vous commencez à quitter votre station de base et à
modifier votre focalisation, vous laissez derrière vous les récepteurs
habituels spécifiques à vos projections. En utilisant la planche Ouija ou
l’écriture automatique, vous pouvez être immédiatement confronté à ce
matériau que vous avez refoulé dans le passé. Lorsqu’il fait surface, vous
pouvez alors le projeter à nouveau à l’extérieur de vous-même, mais d’une
façon différente. Au lieu de penser que vous êtes en contact avec un grand
philosophe ou une « vieille âme », vous croirez peut-être que vous êtes en
visite chez un démon ou un diable, ou que vous êtes possédé par un
mauvais esprit.
Dans ce cas-là, vous aurez déjà été convaincu du pouvoir du mal. Vos
sensations naturelles, niées, seront aussi porteuses du poids du refoulement.
Le sentiment d’être au cœur d’une lutte cosmique entre les forces du bien et
du mal peut vous envahir — et, d’ailleurs, cela représente souvent une
image valide de votre propre vision du monde.
(Une longue pause.) Rien de cela n’est nécessaire. Il n’y a aucun danger
dans les exercices que je suggère. Vous êtes beaucoup plus en danger tant
que vous inhibez vos sentiments naturels ; les modifications de conscience
vous offrent souvent le cadre dans lequel ces sentiments-là peuvent se
révéler. S’ils ne se signalent pas d’une façon ou d’une autre à votre
attention, alors il est tout à fait possible que l’énergie niée qui est derrière
eux fasse irruption sous forme de ruptures relationnelles ou de maladies.
(Une longue pause à 22 h 11.) Les « explorations psychiques » ne
causent jamais ce genre de difficultés, pas plus qu’elles n’aggravent les
problèmes initiaux. Au contraire, elles sont souvent hautement
thérapeutiques, et elles offrent à la personnalité une alternative — une
alternative à un refoulement continu qui serait littéralement insupportable.
Si vous êtes normalement capable de gérer la réalité physique, vous
n’allez rencontrer aucune difficulté au cours des modifications de
conscience, ou en quittant votre station de base. Soyez toutefois
raisonnable : si vous avez des difficultés à New York, vous aurez fortement
tendance à les rencontrer sous une forme différente quel que soit l’endroit
où vous voyagez. Un changement d’environnement peut vous aider à
éclaircir vos idées en modifiant votre orientation habituelle, si bien que
vous pouvez vous voir vous-même plus clairement et en tirer profit. La
même chose s’applique quand vous quittez votre station de base. Ici, les
bienfaits possibles sont beaucoup plus grands que dans la vie et les voyages
habituels, mais vous êtes encore vous-même. Il est impossible de ne pas
structurer la réalité d’une façon ou d’une autre. La réalité implique une
structuration.
Si vous emportez constamment avec vous votre vision du monde quand
vous voyagez, même dans votre propre monde, alors vous ne voyez jamais
la « culture nue ». Vous êtes toujours un touriste qui emporte avec lui son
attirail habituel et craint de l’abandonner. Si vous êtes américain, anglais ou
européen, quand vous visitez d’autres régions du monde, vous logez alors
dans des hôtels cosmopolites. Vous voyez toujours les autres cultures à
travers vos propres yeux.
Quand vous quittez votre station de base et modifiez votre conscience,
vous êtes toujours un touriste si vous emportez avec vous votre propre
bagage d’idées et interprétez vos expériences à travers vos croyances
personnelles et culturelles. Les dieux et les démons, les bons et les mauvais
esprits n’ont rien de non conventionnel. Ce sont des interprétations
parfaitement conventionnelles d’une expérience, avec des connotations
religieuses. Les cultes représentent simplement des contre-conventions,
et ils sont aussi dogmatiques à leur façon que les systèmes qu’ils
rejettent. Soulignez cette phrase.
Accordez-nous un instant… Quand vous tentez de faire ces exercices,
essayez donc honnêtement de laisser derrière vous vos idées
conventionnelles. Sortez de votre propre vision du monde. Voici un exercice
qui vous aidera.

EXERCICE PRATIQUE 14

Fermez les yeux. Imaginez une photographie vous représentant (oui,


finalement, nous revenons aux photos) [3]. Voyez-la posée sur une table ou
un bureau. Si vous avez choisi un instantané spécifique, notez les objets qui
s’y trouvent. Si la photo est purement imaginaire, créez un environnement
autour de votre image.
Regardez l’image dans votre esprit, telle qu’elle apparaît dans
l’instantané, et considérez-la comme étant uniquement consciente des autres
objets qui l’entourent. Son monde est limité par les quatre côtés de la photo.
Essayez de placer votre conscience dans cette image de vous-même. Votre
vision du monde se limite à la photographie elle-même. Maintenant, dans
votre esprit, voyez cette image sortir de l’instantané, et marcher sur le
bureau ou la table. (Une pause.) L’environnement de la pièce physique
semblera gigantesque à ce petit moi. L’échelle et les proportions seules
seront très différentes. Imaginez cette image miniature naviguant à travers
la pièce physique, puis allant dehors. Il en résultera une vision du monde
dilaté. Faites votre pause.
(22 h 37. Mis à part une longue pause, la transmission de Jane a été
assez rapide tout du long. Elle se sent plus éveillée maintenant, dit-elle,
mais elle ne l’est pas encore autant que d’habitude. Elle a bu un peu de vin
pendant sa transe. À sa demande, je lui apporte un verre de lait — qu’elle
ne finira pas avant que Seth revienne.
Au cours de la pause, je vois un certain air passer sur le visage fatigué
de Jane. Je ne pourrais pas en décrire l’expression, mais il me rappelle la
« vision » intérieure que j’ai eue cet après-midi quand je me suis allongé
pour dormir : je me suis retrouvé en train de regarder une très vieille et très
probable future manifestation de moi dans cette vie-ci : elle reposait
tranquillement sur un lit. Ce soir, juste avant le dîner, j’ai fini de rendre
compte par écrit de ce que j’ai vu, et Jane l’a lu pendant que nous
mangions. Voir la note 4[4]. Maintenant, tandis que nous discutons de cet
évènement plus en détail, je fais une esquisse rapide de ce moi possible.
Reprise à 23 h 01.)
Dictée. Beaucoup parmi vous ne veulent pas vraiment sortir de la photo,
ou quitter leur vision du monde ; pourtant, dans l’état de rêve, vous êtes
beaucoup plus libres. Vous pouvez toutefois prétendre que les rêves ne sont
pas « réels », afin d’avoir le beurre et aussi l’argent du beurre, pourrait-on
dire.
Différentes variétés de rêves fournissent souvent des contextes qui vous
permettent de quitter votre vision du monde dans des « conditions
confortables ». Vous sortez hors de l’image normale que vous vous êtes
faite de la réalité.
(En tant que Seth, Jane boit une gorgée de lait. Elle fait aussitôt une
grimace de désapprobation. Ses traits se crispent, ses lèvres se rétractent
avec dégoût. Elle me tend le verre de lait à moitié plein, et la voix de Seth
retentit.)
C’est très différent de tous les laits que j’ai jamais bus ! On dirait de la
craie mélangée à des produits chimiques, à mille lieues d’une vache !
(Toujours en transe, Jane écarte le verre de lait. Elle n’y revient pas,
mais boit son vin pendant le reste de la session. Je suis tenté de demander à
Seth d’expliquer ce qu’il considère être un bon verre de lait, et dans quelle
vie [ou vies] il a dégusté une telle potion, mais je ne veux pas interrompre
le flot du matériau. Lorsqu’elle a goûté le lait pendant la pause, Jane
« elle-même » n’a toutefois pas eu ce genre de réaction.)
Vos modifications de conscience se produisent donc fréquemment dans
l’état de rêve, où il semble, à vous du moins, que vos expériences n’ont
aucune application pratique. Vous imaginez que seules des hallucinations
entrent en jeu. Et pourtant, bon nombre de vos meilleurs instantanés
d’autres réalités sont pris dans vos rêves[5]. Il se peut qu’ils aient été trop ou
insuffisamment développés et la mise au point peut être floue, mais vos
rêves vous offrent bien plus d’informations sur la réalité inconnue que vous
ne le supposez. De la manière la plus intime, votre corps est votre station de
base, alors quand vous le quittez, vous vous cachez souvent ce fait.
Dans votre sommeil, cependant, votre conscience se glisse hors de votre
corps et y revient fréquemment. Vous rêvez quand vous êtes hors de votre
corps, tout comme vous rêvez à l’intérieur de lui. Il vous est donc possible
de former en rêve des histoires à propos de votre voyage hors du corps,
tandis que votre image physique reste tranquillement au lit. La réalité
inconnue, voyez-vous, ne vous est pas vraiment si mystérieuse que cela.
Vous prétendez seulement qu’elle l’est. Parfois, vous avez des perceptions
parfaitement claires de vos voyages, mais les vrais territoires autochtones
que vous visitez sont si différents de votre monde que vous essayez de les
interpréter du mieux que vous pouvez à la lumière des conditions
habituelles. Si vous vous souvenez un tant soit peu de ce genre d’épisode, il
peut sembler source de confusion, car vous aurez surimposé votre propre
vision du monde là où elle n’a pas sa place.
(23 h 16.) Dans le voyage en rêve, il est tout à fait possible de se rendre
dans d’autres civilisations — celles qui sont dans votre passé ou votre futur,
ou même dans des mondes dont la réalité existe dans d’autres systèmes
probables. Il y a même une sorte de « métissage », car vous modifiez tout
système de réalité avec lequel vous avez une expérience. Il n’y a pas de
réalités fermées, seulement des frontières apparentes qui semblent les
séparer[6]. Cependant, plus votre vision du monde est sectaire, moins vous
allez vous souvenir des rêves ou activités dans ces réalités-là, ou plus vos
« instantanés de rêve » seront déformés.
Maintenant, voici un autre exercice, court mais puissant.

EXERCICE PRATIQUE 15

Avant d’aller dormir, dites-vous que vous allez mentalement prendre en


rêve un instantané[7] du rêve le plus signifiant de la nuit. Dites-vous que
vous allez même être conscient que vous le faites tout en dormant, et
imaginez que vous avez un appareil photo avec vous. Vous emportez
mentalement celui-ci dans l’état de rêve. Vous l’utiliserez là où vos
perceptions seront les plus claires, vous prendrez votre photo et
— mentalement à nouveau — la rapporterez avec vous, de sorte que ce sera
la première image mentale que vous verrez quand vous vous réveillerez.
Vous essayerez bien sûr de prendre la meilleure photo possible. Il faut
vous attendre à des résultats divers. Certains d’entre vous se réveilleront
avec une photo de rêve qui sera immédiatement présente. D’autres verront
cette photo leur apparaître soudain au cours de la journée, au milieu de leurs
activités ordinaires. Si vous accomplissez souvent cet exercice, vous allez,
pour la plupart, vous découvrir capables d’utiliser l’appareil photo
consciemment, même en dormant, si bien qu’il deviendra un élément de vos
voyages en rêve ; vous serez capables de rapporter de plus en plus de
photos.
Celles-ci auront toutefois relativement peu de sens si vous n’apprenez
pas comment les examiner. Elles ne doivent pas être simplement classées et
oubliées. Vous devez faire par écrit une description de chaque scène et de ce
dont vous vous souvenez, y compris vos sentiments aussi bien au moment
du rêve qu’au moment où vous vous en rendez compte. L’effort même
d’emporter avec vous cet appareil photo fait de vous un explorateur
conscient et vous aide automatiquement à élargir votre conscience pendant
que vous êtes dans l’état de rêve. Chaque photo vous fournira juste un
aperçu d’un type différent de réalité. Vous ne pouvez faire aucun jugement
valable sur la base d’une ou deux photos seulement.
Maintenant, c’est un appareil photo mental que nous utilisons. Il y a un
tour de main à prendre pour être un bon photographe des rêves et vous
devez apprendre à manier l’appareil. Dans la vie physique, par exemple, un
photographe sait que de nombreuses conditions ont une incidence sur la
photo qu’il prend. Les conditions extérieures sont donc importantes : vous
pouvez obtenir une piètre photo un jour où il fait sombre, par exemple.
Avec votre appareil photo onirique, cependant, les conditions elles-mêmes
sont mentales. Si vous êtes d’humeur maussade, votre photo d’une réalité
intérieure peut être sombre, avec des contours flous ou ne présager rien de
bon. Cela ne signifie pas nécessairement que le rêve lui-même avait des
connotations tragiques, mais simplement qu’il a été pris sous le « piètre
éclairage » de l’humeur de la psyché.
(Une pause à 23 h 40.) Les conditions météorologiques intérieures
changent constamment, comme celles du monde extérieur. Une photo d’un
rêve maussade n’est pas très différente d’une photo physique prise par un
après-midi pluvieux.
Beaucoup de gens cependant prennent peur en se souvenant d’un rêve
sombre. Vous structurez même vos rêves, bien sûr. À ce propos, votre
monde onirique est aussi varié que le monde physique. Chaque photographe
physique a une idée de ce qu’il veut capter comme image et, en
conséquence, il structure sa photo et sa vision. La même chose s’applique à
l’état de rêve. Vous faites toutes sortes de rêves. Vous pouvez prendre en
photo ce que vous voulez, pour ainsi dire, de la réalité du rêve, comme au
fond vous photographiez ce que vous voulez de la vie éveillée. Pour cette
raison-là, les instantanés de vos rêves vous montrent le type d’expérience
que vous choisissez à partir de votre réalité intérieure.
(Une pause à 23 h 46.) Accordez-nous un instant… Fin de la dictée.
(Seth passe les six minutes suivantes à donner un peu de matériau
personnel destiné à Jane. Puis, alors qu’il est sur le point de terminer la
session :
« Puis-je poser une question ? »)
Oui, vous le pouvez.
(« Qu’en est-il de la petite vision que j’ai eue de moi-même, cet après-
midi, en tant que très vieil homme ? »)
Maintenant : elle représente deux choses. Elle associe une sensation
nette d’une vieillesse du passé et celle d’un moment « précognitif » de ce
que vous n’avez pas encore rencontré dans cette vie-ci. Comme vous étiez
[psychiquement] ouvert, la position de votre corps et de votre tête a servi de
pont associatif entre les deux évènements. Dans un cas comme dans l’autre,
vous n’étiez pas sénile.
Mes salutations les plus chaleureuses et un cordial bonsoir.
(« Merci beaucoup, Seth. Bonne nuit. »
23 h 56. Dans une certaine mesure, les commentaires de Seth sur mon
expérience illustrent certainement ses notions de temps simultané, puisqu’à
partir de mon « présent », j’ai perçu des aspects de moi-même dans un
« passé » réincarnationnel, ainsi que dans le « futur » de cette vie-ci. Voir
la note 4.
En termes ordinaires, je ne peux qu’attendre, bien sûr, de voir si je
décide de créer ce moment lointain probable dans cette réalité-ci. En
attendant, je n’ai aucun souvenir conscient d’avoir été un vieil homme, et
encore moins dans la situation spécifique et dépendante dans laquelle je me
suis vu. Toutefois, mise à part l’idée de temps simultané, je crois qu’un
individu peut entrer en contact avec certaines de ses vies précédentes, à
condition qu’un effort suffisant soit consacré sur le long terme à cette
tentative. Puisqu’à travers ma vision intérieure, j’ai à l’évidence jeté un
regard sur une de mes vies passées, tout en n’ayant pas conscience de le
faire, la connaissance de cette existence-là n’est peut-être pas très
profondément enfouie à l’intérieur de ma psyché. Je peux essayer de
rafraîchir ma mémoire grâce à la suggestion, pour voir si je peux me
souvenir d’autres aspects de cette vie-là. Il serait aussi intéressant de voir
si la même technique pourrait m’aider à me brancher sur mon futur dans
cette vie-ci.
Mais, pour Jane et moi, le gros problème est de trouver le temps
matériel pour tenter tout ce que nous aimerions faire.

NOTES DE LA SESSION 719

[1] Dans La Réalité personnelle, voir la session 636 au chapitre 9, ainsi


qu’une bonne partie du matériau des quatre sessions constituant le
chapitre 12.

[2] Quand je tombe sur un texte qui dénigre le corps physique, j’essaye
parfois de contrer ce genre de projections négatives en me tournant vers
l’une des réalisations techniques accomplies par notre espèce
« dégénérée » : j’étudie des photos de minuscules parties du corps
humain, prises au microscope électronique. Je fais alors l’expérience
d’étapes successives de ma pensée — ces pensées ne sont pas toujours
bonnes, je le crains — que j’aimerais mentionner tour à tour.

Tout d’abord, un microscope électronique peut grossir de vingt à


soixante mille fois la surface d’échantillons de tissu. Les prises de vue
qui en résultent me laissent toujours pantois quand j’essaye d’apprécier
la beauté, l’ordre et la complexité de l’organisme humain, révélés par
de tels agrandissements. (Si nous pouvions plonger jusqu’aux niveaux
moléculaires et atomiques du corps, et les voir, nous découvririons des
complexités encore plus incroyables.)

Ensuite, je me demande comment un être aussi merveilleusement


structuré peut considérer l’image qu’il a de lui-même comme inférieure
à quoi que ce soit, d’autant plus que nous sommes loin de nous
comprendre, même sur une base purement physique, sans parler de
points de vue autres que physiques. Les aptitudes de Jane, par exemple,
soulèvent bien des questions par rapport à certains attributs
biologiques, et également mentaux ; pour l’instant, notre société
continue dans une large mesure à refuser de faire face à ce genre de
défi.

Pourtant, l’émerveillement que je ressens chaque fois que j’étudie la


photo d’un agrandissement de la rétine de l’oeil, grossie « à peine »
vingt mille fois, n’est pas juste une joie sans mélange. Car je me
demande ensuite comment la créature humaine, dont les composants
corporels possèdent chacun une intégrité continue et rationnelle, peut
souvent fonctionner collectivement de façon si irrationnelle, en créant
la guerre, la pauvreté, la pollution, la maladie, etc. Jane et moi
espérons que son travail avec Seth fournira des aperçus sur ces
questions majeures que pose le comportement individuel et collectif de
notre espèce. Nous ne pensons absolument pas que les atomes ou les
cellules, ou le foie ou le globe oculaire, soient irrationnels.

Enfin, l’assemblage physique, incroyablement complexe, de l’être


humain — ou de tout autre organisme, si nous nous limitons aux entités
« vivantes » — me rappelle toujours que, selon la théorie de l’évolution,
la vie sur Terre serait apparue par le simple jeu du hasard. N’oublions
pas qu’avec le darwinisme ou le néodarwinisme, la science nous dit
qu’il n’y a derrière la vie ni plan créatif ni le moindre but ; et qu’en
outre, ce phénomène ineffable que l’on nomme « vie » trouve son
origine (il y a plus de 3,4 milliards d’années) dans une combinaison
accidentelle et fortuite, unique, de certains atomes et molécules à
l’intérieur d’un trou d’eau laissé par la marée, quelque part à la
surface de la planète.

Malgré toutes les difficultés que je peux rencontrer en voulant concilier


les beautés intérieures de notre construction physique et notre
comportement extérieur, j’espère que mon profond scepticisme envers
ce petit scénario « officiel » sur l’évolution apparaît clairement ici. Voir
l’appendice 12.

[3] Dans le volume I de La Réalité « inconnue », Seth utilisait les


photographies comme supports dans les exercices pratiques 3, 4, 5 et 7.

Après la session de ce soir, Jane m’a dit que cet exercice pratique 13
était l’un des deux dont elle a eu un aperçu durant la nuit qui a précédé
la session 717 (non retranscrite) traitant de Jung et de James. Par
contre, l’exercice pratique 14 ne lui semble pas du tout familier. Voir la
note 1 de la session 718.

[4] Le lundi 11 novembre, vers 16 h 30, je me suis allongé comme


d’habitude pour une sieste. Au moment où je dérivais vers le sommeil,
je me suis rendu compte que je regardais ma propre tête ; l’image a
duré plusieurs secondes et était assez claire, sans être pour autant
extrêmement précise. Tout en étant allongé sur le dos, le visage tourné
vers le haut, je me voyais depuis le côté droit. C’est un peu difficile à
décrire, mais la vision que j’avais de ma propre tête provenait d’un
point que je ne peux pas voir habituellement — situé peut-être environ
cinq centimètres au-dessus et en arrière de mon oreille droite.

J’ai vu la tête d’un très vieil homme, qui avait près de 90 ans. Il ne
faisait pour moi aucun doute que c’était certainement une version
probable de moi dans cette réalité-ci. Jeter un coup d’œil sur la courbe
de mon propre crâne depuis ce point de vue inhabituel était ô combien
étrange ! Je voyais des cheveux presque blancs, courts et clairsemés,
mais je n’étais pas chauve. À travers ces cheveux, je pouvais voir pulser
les veines bleues sous la peau recouvrant la boîte crânienne — et d’une
certaine façon, cette vision était à elle seule on ne peut plus évocatrice
de l’extrême jeunesse et de l’extrême vieillesse. J’étais étendu, le visage
tourné vers le haut, mes bras décharnés croisés sur ma poitrine, tout
comme mon « moi » présent. Je savais que j’étais en train de me
reposer et que je n’étais pas sénile. Je ne crois pas que j’étais
grabataire, mais il me semble que, d’une façon ou d’une autre, on
prenait soin de moi.

Mes yeux étaient clos et quelque chose dans ma position ou mon


attitude me rappelait le moi présent de mon père dans sa vieillesse.
Début février 1971, alors qu’il était sur son lit de mort, et que je me
tenais debout à ses côtés, j’avais eu de lui une vision semblable à celle
que je venais d’avoir de moi-même. Pourtant, j’étais certain que ce vieil
homme, c’était moi et personne d’autre. J’étais très maigre sous la
couverture, qui était, je crois, couleur ivoire.

Toute l’expérience avait une qualité puérile ou naïve, difficile à définir,


comme l’ont fait remarquer, le lendemain, plusieurs élèves du cours de
perception extrasensorielle de Jane, quand je leur ai lu ce compte rendu
et montré le dessin que j’avais fait.

[5] Voir dans le tome I : la note 1 de la session 698 contient des citations du
matériau que Seth a donné sur le rêve lors de la session 92, le 28
septembre 1964 ; puis les informations tout aussi intéressantes sur les
rêves dans la session 699 — j’aime particulièrement l’affirmation de
Seth selon laquelle « d’une certaine façon, un rêve dont on se souvient
peut être comparé à une photographie psychologique… » Le poème de
Jane, « My Dreaming Self [X] », est présenté dans les notes qui suivent
cette session-là, en même temps que des références à d’autres matériaux
sur le rêve.

[6] Voir la note 2 de la session 688 dans le tome I.

[7] Voir la session 710 pour un matériau de Seth sur les rêves et les
« instantanés » que l’esprit conscient peut apprendre à capter pendant
un voyage hors du corps.
SESSION 720

Mercredi 13 novembre 1974

(Tout comme elle l’a fait cet après-midi, Jane capte un peu de matériau
provenant de Seth à 21 h 00 ce soir. Je parlerai de ces deux moments-là
dans les notes à la fin de la session.
21 h 55.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée (en murmurant). Maintenant, si vous emportez un appareil photo
physique et que vous prenez des clichés pendant que vous vaquez à vos
occupations quotidiennes, que vous marchez ou discutez avec des amis,
vous aurez conservé des scènes des activités de la journée.
Votre pellicule ne prendra toutefois aujourd’hui que des images
d’aujourd’hui. Aucun hier ni demain n’apparaîtra soudain sur les photos du
présent. Le photographe dans le monde du rêve découvrira cependant une
situation toute différente, car, là, la conscience peut capturer des images de
scènes provenant de périodes totalement différentes, avec la même facilité
qu’un appareil utilisé à l’état de veille prend des photos de différents lieux.
Tant que vous ne réalisez pas cela, une partie de vos « albums de photos
oniriques » n’auront pour vous aucun sens.
Dans la vie éveillée, vous vivez certains évènements comme étant réels
et, en général, ce sont les seuls qui peuvent être saisis par un photographe
ordinaire. Le monde du rêve[1] offre cependant une palette beaucoup plus
large d’évènements, dont bon nombre peuvent ensuite apparaître sous une
forme physique, ce qui ne sera pas le cas pour d’autres tout aussi valides.
L’appareil photo onirique permet donc également une capture d’images
d’évènements probables.
Quand vous vous réveillez avec une photo d’un rêve dans votre esprit, il
se peut qu’elle paraisse n’avoir aucun sens parce qu’elle ne semble pas en
corrélation avec l’ordre officiel des activités que vous reconnaissez. Vous
pouvez prendre une décision particulière avec votre conscience physique
éveillée, et cette décision peut générer certains évènements. En utilisant
votre appareil photo onirique, vous pouvez, avec de la pratique, découvrir
l’histoire de votre propre psyché, et retrouver les nombreuses décisions
probables dont vous avez fait l’expérience en rêve. Celles-ci ont servi de
base à vos décisions physiques. Une certaine finesse est requise quand vous
apprenez à interpréter les images individuelles à l’intérieur de votre album
de photos oniriques. Ceci devrait être facile à saisir : si vous tentiez de
comprendre la vie physique à partir d’une série d’instantanés pris à divers
endroits et à des époques différentes, il vous serait difficile de vous forger
une idée claire de la nature du monde physique.
La même chose s’applique à la réalité du rêve, car ceux dont vous vous
souvenez sont comme des photos prises rapidement dans des conditions
changeantes. Aucune photo ne peut à elle seule raconter une histoire en
entier. Vous devez donc mettre par écrit votre description de chaque image
du rêve, et prendre continuellement des notes, car chaque image contribue à
une meilleure connaissance de la nature de votre psyché et de la réalité
inconnue dans laquelle elle existe.
Accordez-nous un instant… Quand vous prenez une photo physique,
vous devez savoir comment fonctionne votre appareil. Vous devez
apprendre à effectuer la mise au point, à mettre en valeur les qualités
particulières dont vous voulez garder trace, et écarter les influences
gênantes. Vous connaissez la différence entre les ombres, par exemple, et
les objets solides. Parfois, les ombres elles-mêmes font l’objet de
fascinantes études photographiques. Vous pouvez les utiliser en arrière-plan,
mais, en tant que photographe, vous n’allez pas les confondre avec, disons,
des objets solides. Néanmoins, personne ne nie que les ombres sont réelles.
Maintenant, en utilisant une simple analogie, laissez-moi expliquer le
fait que vos pensées et vos sentiments projettent eux aussi des ombres (avec
insistance), qui seront ici appelées des hallucinations[2]. Elles sont
parfaitement valides. Le rôle joué par ces hallucinations dans la réalité du
rêve est aussi important que celui des ombres dans le monde physique. En
elles-mêmes, elles sont magnifiques. Elles sont un plus pour l’image tout
entière. L’ombre d’un arbre rafraîchit le sol. Elle affecte l’environnement.
Ainsi, les hallucinations modifient l’environnement, mais d’une façon
différente et à un autre niveau de réalité. Dans le monde du rêve, les
hallucinations sont comme des ombres conscientes. Elles ne sont pas
passives, et leur forme ne dépend pas non plus de leur origine. Elles ont
leurs propres facultés.
Physiquement, un chêne peut projeter une ombre généreuse et intense
sur le sol. Celle-ci va bouger, reflétant fidèlement le moindre déplacement
de la plus petite feuille, mais sa liberté de mouvement sera conditionnée par
le mouvement de l’arbre. Aucune ombre d’une feuille du chêne ne bouge à
moins que sa contrepartie ne le fasse.
En suivant notre analogie, dans le monde du rêve, l’ombre du chêne,
une fois projetée, serait libre de suivre son propre cours. Plus encore, il y
aurait un échange mutuel créatif entre l’ombre et l’arbre qui lui a donné
naissance. Tout individu pleinement accoutumé à la réalité intérieure
n’aurait aucune difficulté à faire la distinction entre le chêne du rêve et son
ombre mouvante, pas plus que n’en aurait un photographe à l’état de veille
pour distinguer l’arbre physique de sa contrepartie sur l’herbe.
Toutefois, quand vous, touriste du rêve, flânez au milieu de votre
paysage intérieur avec votre appareil photo mental, il vous faut peut-être un
peu de temps pour faire la différence entre les évènements du rêve et leurs
ombres ou hallucinations. Alors, il se peut que vous preniez des photos des
ombres au lieu des arbres, et que vous vous retrouviez avec une
composition qui est certes belle, mais qui vous donne une version quelque
peu déformée d’une réalité intérieure. Vous devez donc apprendre comment
orienter votre appareil photo onirique et faire sa mise au point.
(Une pause.) Dans votre monde quotidien, les objets ont des ombres,
tandis que les pensées et les sentiments n’en ont pas ; aussi quand vous
voyagez en rêve, souvenez-vous simplement que, là, les « objets » n’ont pas
d’ombre, mais que les pensées et les sentiments en ont.
Comme ces dernières sont beaucoup plus vivantes que les ombres
ordinaires, et vraiment plus colorées, elles peuvent être difficiles à
distinguer au départ. Vous devez vous souvenir que vous vous promenez
dans un paysage mental ou psychique. Dans la réalité de veille, vous
pouvez vous trouver en plein après-midi devant l’ombre d’un ami et claquer
des doigts autant que vous voulez, son ombre ne bougera pas d’un pouce.
Elle ne va certainement pas disparaître parce que vous lui en donnez
l’ordre. Dans le monde du rêve, cependant, toute hallucination va
disparaître immédiatement dès que vous la reconnaissez en tant que telle et
que vous lui dites de partir. Elle était à l’origine projetée par votre propre
pensée, ou sentiment, et quand vous retirez cette source-là, alors son
« ombre » disparaît automatiquement.
Voulez-vous faire une pause ?
(22 h 40. « Non », dis-je, bien que le rythme de Seth soit soutenu.)
Accordez-nous un instant… L’ombre physique d’une pierre va
fidèlement refléter sa forme. En ces termes-là, peu de créativité lui est
accordée. Mais lorsqu’une pensée ou un sentiment dans le monde du rêve
projette son ombre plus vaste sur le paysage de l’esprit, celle-ci jouit de
bien plus de liberté.
Votre humeur joue évidemment un rôle aussi bien quand vous rêvez que
lorsque vous êtes réveillé. Physiquement, la journée peut être radieuse, mais
si vous êtes d’humeur morose, vous risquez de vous fermer
automatiquement à la lumière naturelle du jour, de ne pas la remarquer
— ou même d’utiliser cette beauté naturelle comme un contrepoint qui vous
amène à vous sentir encore plus inconsolable. Vous percevez alors la
journée à travers votre humeur et voyez sa beauté comme une façade
n’ayant aucun sens, ou même cruelle. Par conséquent, votre humeur
modifie votre perception.
La même chose s’applique dans l’état de rêve ; mais là, les ombres de
vos pensées peuvent être projetées à l’extérieur, dans des scènes d’une
extrême désolation. Dans le monde physique, vous avez autour de vous des
données sensorielles collectives. Chaque individu contribue à la formation
de cet environnement extérieur. Peu importe si votre humeur est sombre par
une journée ensoleillée, vos pensées individuelles ne vont pas à elles seules
transformer soudain le ciel bleu en un ciel pluvieux. À vous seul, vous
n’avez pas ce type de contrôle sur l’environnement de vos semblables. Dans
le monde du rêve, cependant, de telles pensées vont vraiment former votre
environnement.
Les paysages mouvementés d’un rêve sont d’une part des hallucinations
projetées sur le monde intérieur par vos pensées et sentiments ; d’autre part,
des représentations valides de votre climat intérieur au moment de ce rêve.
Il est possible de modifier ces scènes dans l’état de rêve lui-même, si vous
reconnaissez leur origine. Vous pouvez, par ailleurs, choisir d’apprendre de
ces hallucinations, en leur permettant de continuer, tout en comprenant
qu’elles sont en fait des ombres projetées par votre propre esprit.
Faites votre pause.
(De 22 h 52 à 23 h 12.)
Maintenant. Si vous êtes honnête avec vos pensées et sentiments, vous
allez les exprimer dans votre vie éveillée, et ils ne vont pas projeter des
ombres perturbantes dans vos rêves.
Vous pouvez craindre qu’un enfant ou un compagnon bien-aimé ne
meure soudainement, sans jamais vouloir admettre cette peur. Ce sentiment
peut toutefois être dû à des doutes que vous entretenez par rapport à vous-
même. Vous êtes peut-être trop fortement dépendant d’une autre personne,
et tentez de vivre votre vie par procuration, à travers celle d’un autre. Votre
peur, une fois admise, va vous amener à d’autres sentiments qui se trouvent
derrière elle, et à une meilleure compréhension de vous-même.
Lorsqu’elle n’est pas reconnue dans la vie éveillée, la peur peut projeter
son ombre obscure, si bien que vous allez rêver de la mort de votre enfant,
ou d’un autre être qui vous est cher. L’expérience est alors projetée dans le
paysage du rêve et la rencontre a lieu là.
Si vous vous souvenez d’un tel rêve, vous allez peut-être penser qu’il
est prémonitoire, et que l’évènement va devenir physique. Au lieu de cela,
toute la portée de l’évènement du rêve pourrait être éducative, et vous
permettre de vous focaliser clairement sur votre peur. Dans de tels cas, vous
devez considérer la situation effroyable du rêve comme une ombre, et en
chercher la source à l’intérieur de votre esprit.
Les ombres peuvent être agréables et majestueuses et, par une chaude
journée ensoleillée, vous vous rendez certainement compte de leur nature
bénéfique. Certaines hallucinations du rêve sont ainsi belles, réconfortantes
et rafraîchissantes. Elles peuvent apporter une grande paix et on peut les
rechercher juste pour elles-mêmes. Peut-être croyez-vous que Dieu existe
comme un père bienveillant, ou le personnifiez-vous en tant que Christ ou
Bouddha. Dans vos rêves, vous pouvez alors rencontrer de tels personnages.
Ils sont tout à fait valides, mais sont aussi des hallucinations projetées par
vos propres pensées et sentiments. Les rêves de paradis et d’enfer entrent
dans la même catégorie, en ces termes-là, en tant qu’hallucinations.
Maintenant. L’ombre physique d’un arbre témoigne de l’existence d’un
arbre, même si vous ne voyez qu’elle ; de même, les hallucinations qui
apparaissent dans vos rêves témoignent de leur origine et attestent qu’il y a
là un objet onirique, valide et « objectif », qui est aussi « solide »
(lentement) dans cette réalité-là que l’arbre dans votre monde.
(Une longue pause à 23 h 32.) Dans la réalité physique, il y a un
décalage de temps entre la conception d’une idée, disons, et sa
matérialisation. Par ailleurs, d’autres conditions peuvent ralentir
l’actualisation physique d’une idée, ou même l’empêcher totalement. Si la
pensée n’est pas exprimée physiquement, elle sera actualisée dans une autre
réalité. Avant de se transformer en un évènement reconnaissable, une idée
doit, par exemple, avoir certaines caractéristiques qui concordent avec les
hypothèses physiques. Elle doit se manifester au sein de votre contexte
temporel.
Dans le monde du rêve, cependant, chaque idée ou sentiment peut être
immédiatement exprimé et vécu. Le monde physique contient des édifices
que vous construisez — ce qui veut dire qu’ils ne surgissent pas
naturellement du sol lui-même. De la même façon, vos pensées sont des
produits « manufacturés » dans le monde du rêve. Elles font partie de
l’environnement et apparaissent à l’intérieur de sa réalité, bien qu’elles
changent de silhouette et de forme constamment, chose que les objets
physiquement manufacturés ne font pas.
La Terre a toutefois ses propres données naturelles et vous devez utiliser
cette masse de matériaux pour fabriquer tous vos produits manufacturés. Le
monde du rêve possède également son propre environnement naturel. Vous
formez vos rêves à partir de lui (une longue pause), et utilisez ses produits
naturels pour manufacturer des images oniriques. Rares sont toutefois ceux
qui perçoivent cet environnement naturel intérieur.
Accordez-nous un instant… Fin de la dictée.
(23 h 44. Parlant en tant que Seth, Jane transmet à présent deux pages
de matériau pour elle et moi. On y trouve les lignes suivantes : « L’idée de
Ruburt venait de moi, en ce qui concerne vos épisodes réincarnationnels
impliquant l’officier romain, et votre expérience personnelle illustre ce que
je dis dans La Réalité “inconnue” — l’histoire de l’individu est écrite dans
la psyché et peut en fait être découverte. » Souvenez-vous du titre que Seth a
donné à cette partie 5, par exemple.
Par deux fois aujourd’hui, Jane s’est mise à l’écoute de concepts tout à
fait semblables, tout en vaquant à ses activités quotidiennes. « Je suis sûre
que j’ai obtenu ça de Seth, m’a-t-elle dit après la première fois, cet après-
midi. Pas seulement ton histoire réincarnationnelle, mais aussi ta vision en
tant que vieil homme [décrite dans la note 4 de la session 719]. Et l’histoire
de l’espèce est écrite dans la psyché de masse, exactement de la même
façon. »
Mes « trois Romains » sont présentés dans les premières notes des
sessions 715 et 716. Certaines questions soulevées par ces expériences
m’intéressent beaucoup — en particulier les possibles contradictions
temporelles avec certaines de mes autres prétendues vies passées. [Je
prévois d’expliquer bientôt ces références plutôt sibyllines.] En attendant,
mes petites aventures psychiques suivent leur cours. Je regrette de ne
trouver que rarement le temps de pouvoir faire plus que de rapides
esquisses s’y rapportant.
La session de ce soir se termine à 00 h 04.)

NOTES DE LA SESSION 720

[1] Le lecteur peut aussi se référer au matériau de Seth sur les rêves dans
les chapitres 8 et 10 de Seth parle et 10 et 20 de La Réalité personnelle.

[2] L’utilisation créative des « hallucinations », proposée ici par Seth, est
certainement en désaccord avec les concepts ordinairement associés à
ce terme. Dans un dictionnaire, par exemple, les hallucinations peuvent
être décrites comme des visions et des sons apparemment perçus. Les
hallucinations seraient liées à certains désordres mentaux ; à des objets
qui ne sont pas réellement présents. Il est dès lors assez logique que,
dans le dictionnaire, l’un des synonymes du mot « hallucination » soit
« délire » ou « illusion trompeuse » : une croyance qui n’est pas vraie,
une opinion persistante sans une preuve physique correspondante.
SESSION 721

Lundi 25 novembre 1974

(À la fin de la session 720, j’ai mentionné les visions du soldat romain


que j’ai eues vers la fin du mois d’octobre, et j’ai ajouté que j’allais bientôt
aborder les questions que je me pose à ce sujet. Toutefois, avant d’avoir eu
la possibilité de le faire, j’ai vécu une autre expérience de perceptions
psychiques trois jours plus tard, le 16 novembre, qui a soulevé davantage
de questions. Cette fois-là, il ne s’agissait pas d’un « Romain », mais d’une
suite d’impressions très vives de moi-même en tant que femme noire sur
l’île de la Jamaïque, dans les Caraïbes. C’était — c’est — au XIXe siècle.
Voir la note 1[1].
L’épisode de la Jamaïque a eu lieu un samedi et Seth y a fait brièvement
référence dans la session du lundi suivant. Cette session s’est révélée être
privée plutôt que consacrée à la dictée du livre. Le lendemain, le 19
novembre, Seth a reparlé de la Jamaïque dans le cours de perception
extrasensorielle de Jane ; ce soir-là, il a aussi commencé à évoquer son
concept des « contreparties », qu’il va introduire de façon formelle dans la
session de ce soir consacrée à La Réalité « inconnue ». Son matériau
éclaire mes visions romaines et jamaïcaines (et d’autres encore) — ce qui
m’épargne, évidemment, bien des efforts dans mes tentatives de les
comprendre par moi-même. Et, bien sûr, Seth fait le lien entre elles
beaucoup mieux que j’aurais pu le faire.
J’aimerais ajouter que j’ai toutefois beaucoup de mal à croire que c’est
pure coïncidence si, moins d’un mois après mon « premier Romain », Seth a
commencé à fournir un ensemble d’informations qui clarifient bon nombre
des questions que je me suis posées à propos de certaines de mes aventures
psychiques. Je ne crois pas que ces évènements aient directement amené
Seth à se lancer dans ce nouveau matériau, mais, rétrospectivement, Jane et
moi sommes d’accord pour penser qu’ils ont certainement joué un rôle
considérable comme base ou impulsion pour un tel développement.
Mercredi dernier, la session prévue n’a pas eu lieu, ce qui a permis à
Jane de se reposer un peu le lendemain de son cours. Puis hier, dimanche,
elle a donné une très longue session de son propre fait pour un scientifique
qui nous rendait visite. Quand j’écris « de son propre fait », je ne veux pas
seulement dire que Seth ne s’est pas manifesté, mais que Jane n’était pas
non plus consciente d’une éventuelle présence demeurée silencieuse.
Cette session de Jane paraissait suivre son cours hors du temps, tel que
nous le considérons d’ordinaire. Elle a duré de 14 h 00 à 00 h 30, avec
juste une interruption pour un petit dîner informel, constitué d’œufs
brouillés, et une courte pause de temps à autre. Nous estimons donc que,
dans un état légèrement modifié de conscience, Jane a exprimé des
impressions pendant environ neuf des dix heures et demie qu’a duré la
session.
Jane a beaucoup apprécié l’échange, elle a fait des croquis, tout en
parlant de sujets tels que les nombreuses facettes de l’électron et son
comportement ; le temps et ses variations ; la gravitation, ses changements
dus au mouvement, et ses attributs dans le passé, le présent et le futur ; les
vitesses de la lumière ; des équations mathématiques ; l’astronomie, y
compris les perceptions du futur ainsi que du passé, grâce au télescope ; la
structure du noyau de la Terre ; les séismes et le son-lumière « noir » ; le
langage, y compris la glossolalie et son propre sumari ; les pyramides, les
points de coordination, etc. Notre hôte a tout enregistré et va nous envoyer
une transcription [ce qu’il a fait]. Jane prévoit d’en citer des passages dans
Psychic Politics[2]. Il s’agit de parties de son matériau sur la gravitation et
l’âge. « Le type de gravitation qui entoure les objets plus vieux est différent
de celui qui entoure les plus jeunes, mais nous ne le percevons pas au
niveau de nos instruments. Nous pouvons le capter, cependant, si nous
savons où regarder. L’âge a une incidence sur la pesanteur… Les objets
plus vieux sont plus lourds. Il s’agit de la gravitation ordinaire — pas d’une
nouvelle sorte de pesanteur. »
J’ai demandé à Jane d’écrire un paragraphe sur le mode prédominant
de conscience dont elle a fait l’expérience au cours de cette longue session,
et voici ce qu’elle a écrit.
« Cela semble être un état naturel et facile à atteindre pour moi ; j’y
entre “comme un poisson dans l’eau”, j’imagine, mais c’est difficile à
expliquer. C’est un état dans lequel on ne rencontre pratiquement aucune
résistance ; les réponses sont “juste là”. Le seul problème est de
transmettre l’information à une autre personne en des termes faisant partie
de son vocabulaire. J’apprécie cette modification particulière de
conscience, même si je ne la reconnais pas vraiment comme étant étrangère
à mon état normal ; elle est juste différente. C’est une condition accélérée,
mais passive, posée. Toutefois, s’il (notre scientifique) avait eu une attitude
critique, je n’aurais probablement pas fait aussi bien. »
Pour en terminer avec mes références à la session d’hier, je vais citer
les commentaires que Seth a faits à la fin d’un matériau provenant de la
session 712 de la partie 4, et que nous n’avons pas retranscrits dans ce
livre. Il y a quelques semaines, par le biais d’un magazine auquel nous
nous sommes abonnés, Jane est devenue membre d’un club scientifique.
Elle reçoit à présent, chaque mois, un petit kit qu’il faut assembler ; il
permet ensuite de réaliser l’expérience scientifique du mois. Voici ce qu’a
dit Seth : « Le matériel scientifique de Ruburt est quelque chose qui a été
capté, en vos termes, à partir d’une autre probabilité — dans laquelle il a
appris tout ce qu’il y a à savoir à propos de la science telle que vous la
connaissez. C’est la raison pour laquelle il peut entrer dans la réalité des
électrons si facilement.[3] »
Autre chose : au cours du week-end, Jane a fait remarquer plus d’une
fois que La Réalité « inconnue » risque d’être si longue qu’elle ne pourra
pas être publiée en un seul tome — un développement probable que j’ai à
peine pris au sérieux. [Ses affirmations se sont révélées tout à fait
prophétiques, bien sûr, comme je le montrerai six mois plus tard, dans la
session 741. Voir aussi le début des notes préliminaires du tome I.]
21 h 14.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. Quand vous regardez dans un miroir, vous voyez
votre reflet, mais il ne vous répond pas. Dans l’état de rêve, vous regardez
dans le miroir de la psyché, pour ainsi dire, et vous voyez les reflets de vos
propres pensées, peurs et désirs.
Ici, cependant, les « reflets » parlent vraiment, et prennent leur propre
forme. D’un certain point de vue, ils sont en roue libre, dans le sens où ils
ont leur propre type de réalité. Dans l’état de rêve, vos joies et vos peurs
vous répondent, jouent et vivent le rôle dans lequel vous les avez projetés.
Si, par exemple, vous croyez posséder une grande richesse intérieure,
vous pouvez rêver d’un roi dans un palais. Le roi n’a pas besoin de vous
ressembler, pas plus que vous avez besoin de vous identifier à lui dans le
rêve. Symboliquement, cependant, cela représenterait une façon d’exprimer
vos sentiments. La richesse intérieure serait interprétée ici dans les mêmes
termes que le luxe matériel. Le rêve, une fois créé, suivrait son propre
cours. Si vous êtes en conflit avec les idées liées au bien et au mal, ou à la
richesse et à la pauvreté, il se peut que le roi perde ses terres ou ses biens,
ou qu’une catastrophe lui arrive.
Si vous soupçonnez l’abondance d’être d’une certaine manière
spirituellement dangereuse[4], alors le roi sera peut-être capturé et puni.
Toutes sortes d’autres évènements peuvent se produire : des groupes de
gens, par exemple, représentant des bandes de désirs « se déchaînent ». Le
drame tout entier traduirait « l’évolution » d’une émotion ou d’une
croyance. Dans l’état de rêve, vous libérez cette émotion ou croyance et
vous voyez ce qui lui arrive, comment elle se développe et où elle va.
Les reflets de vos idées et de vos émotions intimes sont alors projetés à
l’extérieur en un riche scénario. Vous pouvez observer la pièce qui se joue,
y prendre un rôle, entrer ou sortir de ses scènes à votre guise. Vous
utiliserez vos propres symboles personnels. Ils représentent votre
sténographie psychique. Ils sont en lien avec votre créativité personnelle ;
les livres sur les rêves ne vont donc pas vous aider à déchiffrer ces
significations s’ils attribuent un sens spécifique à tout symbole donné. Les
symboles eux-mêmes changent. Si vous aviez devant vous l’historique de
vos rêves et que vous puissiez lire — comme dans un livre — leur contenu
depuis votre naissance, vous découvririez que vous avez changé le sens de
vos symboles à mesure que vous grandissiez, ou de manière à ce qu’il
corresponde à vos objectifs. Le contenu même d’un rêve a beaucoup à voir
avec votre façon d’employer tel ou tel symbole.
Le roi, par exemple, peut être pendant un temps le symbole d’une
grande richesse intérieure. Il peut être royal mais pauvre, signifiant ainsi
l’idée que la richesse n’implique pas nécessairement des biens matériels. Il
se peut qu’à un autre moment, il apparaisse comme un dictateur, cruel et
dominateur : il représenterait alors une structure entièrement différente de
sentiments et de croyances. Il peut se manifester sous la forme d’un jeune
monarque, indiquant une croyance selon laquelle « la jeunesse est reine ».
À des moments divers de l’histoire, la même image a été utilisée de façons
très différentes. Quand les gens combattent des monarques dictatoriaux, les
rois apparaissent souvent dans les rêves comme des personnages abjects
qu’il faut débusquer et renverser.
Accordez-nous un instant… Que vous vous souveniez ou non de vos
rêves, vous êtes en train de vous éduquer lorsqu’ils se produisent. Il est
possible que vous vous « réveilliez » soudain, tout en étant encore dans
l’état du rêve, et que vous reconnaissiez le scénario que vous aviez vous-
même créé. À ce moment-là, vous allez comprendre le fait que la pièce
jouée, bien qu’elle semble très réelle, est dans une certaine mesure
hallucinatoire. Si vous le préférez, vous pouvez dégager la scène d’un seul
coup en disant : « Je n’aime pas cette pièce et je ne vais donc pas continuer
à la créer plus longtemps. » Vous pouvez alors vous retrouver face à une
scène vide, être momentanément désorienté par le brusque manque
d’activité, et commencer rapidement à créer une autre pièce onirique qui est
plus à votre goût.
Si toutefois vous marquez d’abord une pause et attendez un moment,
vous pouvez commencer à entrapercevoir l’environnement qui sert de
scène : le paysage naturel de la réalité du rêve. Dans la vie éveillée, si vous
voulez vous déconnecter d’un évènement ou d’un lieu, vous essayez de
vous en éloigner spatialement. Dans la réalité du rêve, les évènements se
produisent d’une façon différente et les lieux surgissent autour de vous. Si
vous rencontrez des gens ou des évènements qui ne vous plaisent pas, vous
devez simplement détourner d’eux votre attention et ils vont disparaître, au
moins du point de vue de votre expérience. Dans la réalité physique, vous
pouvez vous déplacer assez librement dans l’espace, mais vous ne voyagez
pas d’une ville à une autre, par exemple, à moins de le vouloir. L’intention
est invoquée. C’est tellement évident que sa signifiance vous échappe :
mais c’est l’intention qui vous déplace à travers l’espace, et qui est derrière
tout déplacement physique. Vous utilisez des bateaux, des automobiles, des
trains, des avions, parce que vous voulez vous rendre dans un autre lieu, et
que certains véhicules fonctionnent mieux dans telles ou telles conditions.
(21 h 53.) À l’état de veille, vous allez à un endroit. Il ne vient pas à
vous. Dans la réalité du rêve, cependant, votre intention fait que des lieux
surgissent autour de vous. Ils viennent à vous. Vous formez et attirez des
« lieux », ou un type d’espace intérieur dans lequel vous vivez ensuite
certaines expériences.
Cet espace intérieur ne « déplace » pas l’espace normal, pas plus qu’il
ne le met à l’écart. Pourtant, il y a bien création d’un environnement, ou
emplacement, intérieur.
Que ceux d’entre vous qui sont curieux tentent l’expérience suivante.

EXERCICE PRATIQUE 16

Dans un rêve, essayez d’étendre l’espace dans lequel vous vous trouvez,
quel qu’il soit. Si vous êtes dans une pièce, sortez-en pour aller dans une
autre. Si vous êtes dans une rue, suivez-la aussi loin que vous pouvez, ou
tournez à un angle. À moins que vous ne développiez des idées de
limitations pour des raisons qui vous sont propres, vous découvrirez que
vous pouvez effectivement étendre l’espace intérieur. Il n’existe aucun point
où une fin de cet espace doit apparaître.
(Une longue pause.) Les propriétés de l’espace intérieur sont par
conséquent illimitées. La plupart des gens n’ont pas cette compétence-là
dans la manipulation des rêves, mais certains de mes lecteurs seront
sûrement capables de se souvenir de mes paroles, lorsqu’ils seront en train
de rêver. À ces personnes-là, je dis : « Regardez autour de vous dans l’état
de rêve. Essayez d’étendre tout lieu dans lequel vous vous trouvez. Si vous
êtes dans une maison, souvenez-vous de regarder par la fenêtre. Et une fois
que vous parvenez à cette fenêtre, une scène va apparaître. Vous pouvez
sortir de cette maison du rêve et vous rendre dans un autre environnement.
Théoriquement, vous pouvez explorer ce monde-là, et l’espace à l’intérieur
de lui s’étendra. Il n’y aura aucun endroit dans le rêve où l’environnement
cessera. »
Maintenant. Ce que vous considérez comme un espace extérieur est en
expansion exactement de la même manière. À cet égard, la réalité du rêve
reflète fidèlement ce que vous appelez la nature du monde extérieur.
L’expérience terrestre, même en vos termes, est beaucoup plus variée
que vous ne l’imaginez consciemment. La vie intime d’une personne dans
un pays, avec sa culture, est très différente de celle d’un individu venant
d’un autre type de culture, avec ses propres idées sur l’art, l’histoire, la
politique ou la religion, ou bien encore la loi. Comme vous vous focalisez
sur les similitudes de vos besoins, le monde physique possède sa
cohérence[5].
Des abîmes séparent l’expérience personnelle d’un Indien pauvre, de
celle d’un Indien riche, d’un indigène de Nouvelle-Guinée, d’un tailleur
américain, d’un nationaliste africain, d’un aristocrate chinois, d’une femme
au foyer irlandaise. Ces différences ne peuvent pas être décrites
objectivement. Elles occasionnent cependant des différences qualitatives
dans l’expérience de l’espace et du temps.
Il y a des gens qui voyagent en jet et d’autres qui n’ont jamais vu un
train ; votre propre système de réalité présente donc de grands contrastes.
L’état de rêve implique toutefois un type de communication qui n’est pas
physiquement pratique, car, là (avec insistance), tout homme, toute femme
a un rôle donné ; dans l’état de rêve, aucune des idées d’un individu n’est
limitée par son expérience physique ou par son arrière-plan culturel.
Même ceux qui n’ont jamais vu un avion peuvent voyager d’un endroit
à un autre en un clin d’œil, et le pauvre est nourri, l’ignorant est sage, le
malade se porte bien. La créativité qui peut être entravée dans le monde
physique s’exprime ici. Il est vrai qu’au réveil, l’homme affamé est encore
affamé. Le malade se réveille sans être en meilleure santé qu’avant. En
termes plus profonds, cependant, dans l’état de rêve, chaque personne va
résoudre ses propres problèmes ou défis. Une personne peut s’y guérir
d’une maladie en résolvant des problèmes qui en étaient la cause. En rêvant,
l’individu affamé peut découvrir des moyens de trouver de la nourriture ou
de se procurer de l’argent pour en acheter. Rêver est une activité pratique.
Si le fait de rêver était compris comme tel, il serait même beaucoup plus
pratique, en vos termes.
Les animaux rêvent aussi, et des troupeaux entiers d’animaux
faméliques vont être guidés par leurs rêves pour trouver de meilleurs
pâturages. De la même façon, les rêves des personnes affamées indiquent
une direction conduisant à la résolution du problème. Ces données-là sont
cependant largement ignorées. (Avec beaucoup d’insistance.) Dans l’état de
rêve, tout individu peut trouver la solution à n’importe quel défi existant.
La coopération naturelle qui existe entre le moi éveillé et le moi rêvant
est en grande partie ignorée. Et pourtant, l’esprit conscient est parfaitement
équipé pour interpréter les informations du rêve.
Vous pouvez faire votre pause.
(De 22 h 26 à 22 h 39.
Avec humour.) Vous oubliez que rêver est une partie de la vie. En
pensée au moins, vous avez coupé le rêve de votre expérience quotidienne,
de sorte qu’il semble n’avoir aucune application pratique.
Vous vivez tantôt dans un environnement mental d’état de veille et
tantôt dans un environnement mental d’état de rêve. Et vous êtes conscient
dans les deux.
Accordez-nous un instant… Votre expérience dans le rêve représente
une réalité cruciale, comme le moyeu au centre d’une roue. Votre monde
physique en est l’un des rayons. Vous êtes uni à toutes vos autres existences
simultanées par la nature de l’état de rêve. La réalité inconnue est là, offerte
à votre vue, et il n’y a aucune raison biologique, mentale ou psychique pour
que vous ne puissiez apprendre à utiliser et à comprendre votre propre
réalité onirique.
Dans vos rêves, en vos termes, vous voyez votre passé personnel
apparaître dans le présent ; et, en ces termes-là, le passé de l’espèce se
présente aussi. (Une longue pause.) Des probabilités futures y sont aussi
envisagées, si bien qu’individuellement et en masse, l’espèce décide de son
futur probable. Beaucoup de gens ont le sentiment qu’une étude de la réalité
du rêve les éloignerait davantage du monde qu’ils connaissent. Cette étude,
au contraire, les relierait à ce monde de façon très pratique.
J’ai dit [en lien avec l’exercice pratique 15] que l’espace intérieur était
en expansion. Il en va de même pour le temps intérieur. Ceux d’entre vous
qui parviennent à s’en souvenir, tentez l’expérience suivante.

EXERCICE PRATIQUE 17

Quand vous vous trouvez à l’intérieur d’un rêve, dites-vous que vous
allez connaître ce qui se passait avant que vous y entriez, et le passé se
développera à partir de ce moment-là. À nouveau, il n’y aura nulle place où
le temps s’arrêtera. Le temps dans un rêve ne « déplace » pas le temps
physique. Il s’ouvre à partir de lui. Le temps extérieur, à nouveau, opère de
la même façon, bien que vous ne le réalisiez pas.
(Une pause à 22 h 52.) Accordez-nous un instant… Maintenant. (Avec
un sourire.)
Vous pouvez présenter le matériau qui suit dans notre livre ou dans le
vôtre[6]. Si vous ne l’insérez pas ici, la continuité du matériau de ce livre
n’en sera pas affectée[7].
Le temps est en expansion dans toutes les directions, et s’éloigne de tout
point donné[8]. Le passé n’est jamais fini ni achevé, et le futur n’est jamais
concrètement formé. Vous choisissez de faire l’expérience de certaines
versions des évènements. Puis vous les organisez, en en grignotant, pour
ainsi dire, un petit bout « à la fois ».
La créativité de toute entité donnée est infinie et, pourtant, toutes les
potentialités de l’expérience seront explorées. L’homme pauvre peut rêver
qu’il est un roi. Une reine, lassée de son rôle, peut rêver qu’elle est une
jeune paysanne. Dans le temps physique que vous reconnaissez, le roi reste
roi, et la reine reste reine. Néanmoins, contrairement aux apparences, leurs
rêves ne sont pas aussi coupés ou non caractéristiques de leurs vécus. En
termes plus vastes, le roi a été un indigent, et la reine une paysanne. Vous
suivez en termes de continuité une seule version de vous-même, à un
« temps » donné.
Beaucoup de gens comprennent intuitivement que le moi est multiple et
non pas singulier. Cette compréhension se traduit généralement en termes
réincarnationnels, si bien que le moi est perçu comme voyageant à travers
les siècles, franchissant les portes de la mort et de la vie pour se rendre en
d’autres temps et d’autres lieux.
Le fait est que la nature fondamentale de la réalité se manifeste tout à
fait clairement dans la nature de l’état de rêve, où chaque nuit vous pouvez
vous retrouver en train d’assumer de nombreux rôles simultanément. Vous
pouvez changer de sexe, de statut social, d’allégeance nationale ou
religieuse, d’âge, et vous connaître pourtant en tant que vous-même.
Dernièrement, Joseph s’est retrouvé embarqué dans une série d’épisodes
qui semblent impliquer des existences réincarnationnelles. Il y avait
toutefois un hic. Il s’est vu femme — noire. Le mois dernier, il s’est aussi
vu soldat romain, à bord d’une galère pleine d’esclaves. Il avait auparavant
vécu une expérience l’ayant convaincu qu’il était un homme répondant au
nom de Nebene[9]. Tout cela pouvait très facilement être accepté en termes
conventionnels de réincarnation, mais Joseph a eu le sentiment que Nebene
et le soldat romain avaient existé à peu près à la même époque, et il n’était
pas sûr de la période à laquelle avait vécu la femme. [Voir la note 1.]
À tous ces épisodes correspondait une expérience émotionnelle précise.
Doublé d’un sentiment, indéfinissable mais manifeste, de familiarité.
L’espace et le temps sont continuellement en expansion, et toutes les
probabilités d’une action donnée sont actualisées dans une réalité ou une
autre. Tous les potentiels de l’entité sont aussi actualisés.
(23 h 11.) Accordez-nous un instant… Très littéralement, vous vivez
plus d’une vie à la fois. Vous ne faites pas l’expérience de votre siècle
uniquement à partir d’un point de vue séparé, et les individus vivant à un
siècle donné ont des liens beaucoup plus profonds que vous ne le réalisez.
(Avec insistance.) Vous ne faites donc pas l’expérience de votre monde
espace-temps depuis un seul point de vue, mais depuis de nombreux points
de vue.
(Une pause à 23 h 13.) Si vous êtes repu — rassasié — après avoir dîné
d’un bon steak, par exemple, en Amérique ou en Europe, vous êtes aussi
affamé dans une autre partie du monde, tout en faisant l’expérience de la vie
depuis un point de vue totalement différent. Vous parlez de races
d’hommes. Vous ne comprenez pas comment, à cet égard, la conscience est
répartie. Vous avez des contreparties[10] de vous-même.
Accordez-nous un instant. En règle générale, les personnes qui vivent
dans un certain siècle ont un lien, en termes de conscience et d’identité.
Ceci est vrai biologiquement et spirituellement, du fait d’interrelations que
vous ne comprenez pas.
Joseph a « capté » des vies qu’il a vécues dans le même cadre temporel.
Ainsi, et en vos termes, il a commencé à reconnaître le lien de parenté qui
existe entre des individus partageant votre Terre à un moment donné.
(23 h 20.) Accordez-nous un instant… car ceci est difficile à
expliquer…
Chaque identité a son libre arbitre et choisit son environnement en tant
que position physique dans l’espace et le temps. Ceux qui sont engagés
dans un siècle donné travaillent sur des problèmes et des défis particuliers.
Diverses races et diverses cultures « n’adviennent » pas par hasard. Le moi
plus vaste se « divise » et se matérialise dans la chair en tant que plusieurs
individus, ayant des antécédents totalement différents — et pourtant chacun
d’entre eux est engagé dans le même type de défi créatif.
Quelque part, l’homme noir est un homme blanc ou une femme blanche.
Quelque part, l’homme blanc, ou la femme blanche, est une personne noire.
Quelque part, l’oppresseur est l’opprimé, et le conquérant le vaincu. Le
primitif est sophistiqué — et ceci, en vos termes, à la surface de cette même
Terre et dans ce même système de temps. Quelque part, l’assassin est la
victime, et vice versa — à nouveau, en vos termes d’espace et de temps.
Chacun va choisir son propre contexte en fonction des intentions de la
conscience dont chacun de vous est une part indépendante. De cette
manière, les opportunités et les défis inhérents à un « temps » donné sont
explorés.
Vous êtes des contreparties de vous-mêmes, mais, comme dirait Ruburt
(d’un ton amusé), des contreparties vivantes « excentriques[11] », chacune
ayant ses propres aptitudes. Ainsi, Joseph « était » Nebene, un homme
érudit, qui n’était pas aventureux, mais très porté sur la préservation des
vérités anciennes et craignant que la créativité soit une erreur. Il était en
outre autoritaire et exigeant, avait peur des rapports sexuels et enseignait à
de riches enfants romains.
En même temps, dans le même monde et au même siècle, Joseph était
un officier romain agressif, aventureux et relativement insensible, qui
n’aurait pas compris grand-chose aux manuscrits et aux mémoires — mais
obéissait à l’autorité sans poser de questions[12].
En vos termes, Joseph est maintenant un homme qui remet en question
l’autorité, la brocarde et la rejette, qui taille en pièces les structures mêmes
de l’idée qu’il soutenait et défendait « autrefois ».
En termes plus vastes, ces expériences se passent toutes en même
temps. La femme noire n’a fait que suivre ses propres instincts (très
distinctement). Je ne veux pas trop évoquer ici le contexte, pour ne pas
priver Joseph des découvertes qu’il va sûrement faire par lui-même — mais
(d’une voix plus forte) la femme ne s’inclinait que devant l’autorité de ses
propres émotions, et celles-ci la mettaient automatiquement en conflit avec
la politique [coloniale britannique] de l’époque.
Accordez-nous un instant… La focalisation identitaire de Joseph lui est
propre. Il la suivra. Il n’était ni Nebene, ni l’officier romain ou la femme.
Ceux-ci sont pourtant des versions de ce qu’il est ; il est une version de ce
qu’ils « étaient » et, à certains niveaux, chacun a conscience des autres. Il y
a une interaction constante[13].
Le soldat romain rêve de la femme noire et de Joseph. Il y a une
réminiscence qui apparaît même dans la connaissance cellulaire, ainsi
qu’une certaine correspondance[14]. Il y a donc des connexions, au moins en
ce qui concerne la mémoire cellulaire et les rêves. Maintenant, le soldat
romain, Nebene et la femme ont suivi des chemins séparés, après la mort.
Ils ont contribué au monde tel qu’il existait, en ces termes-là, et ont suivi
ensuite leurs propres lignes de développement, ailleurs dans d’autres
réalités. Ainsi, chacun de vous existe en de nombreux temps et lieux, et des
versions de vous-même existent dans le monde et le temps que vous
reconnaissez. De même que vous êtes une partie d’une espèce physique,
vous êtes aussi une partie d’une espèce de conscience. Cette espèce-là
forme les races du genre humain que vous reconnaissez.
Maintenant. Accordez-nous un instant… et nous terminerons bientôt.
Ce matériau est en réalité sans fin [comme Jane l’a fait remarquer à la
pause].
(23 h 44. Seth continue en transmettant un bloc de matériau pour Jane
et moi, qui n’est pas retranscrit ici. Puis, il met apparemment fin à la
session à 00 h 06, après avoir remarqué que j’ai eu accès à autant
d’énergie que lui. Je lui souhaite bonne nuit. Jane me dit ensuite que Seth
pourrait « continuer indéfiniment » — sur ce, il revient pour aborder
l’histoire réincarnationnelle de Jane et la mienne, sous un autre angle.)
Maintenant. En vos termes seulement, [aucun de vous deux] … n’a un
futur réincarnationnel. Accordez-nous un instant… Vous avez accepté ceci
comme étant votre point de rupture. En d’autres termes, il y a trois vies
futures, mais vos intentions supérieures, actuelles, vous séparent de ce
système de réalité, et vous êtes déjà parvenus, tous les deux, à une autre
réalité ; et c’est de là que je parle. En ces termes-là, je fais partie de vos
deux réalités. Pensez à cela en termes d’autres informations données ce soir,
et vous verrez peut-être ce que je veux dire[15].
(Fin à 00 h 08. La transe de Jane était excellente.
« Bon, dis-je après avoir parlé de la session, je comprends que notre
moi complet, ou entité complète, fait l’expérience d’un groupe de vies
physiques simultanées dans diverses périodes historiques, et qu’en termes
ordinaires, nous pensons à ces vies comme se suivant l’une après l’autre.
Cela inclut également les vies soi-disant futures. Mais chacune de ces
incarnations aura son essaim de vies de contreparties qui tournent autour
d’elle comme des planètes autour d’un soleil. À l’intérieur de ce contexte-
là, bien sûr, la personnalité de chaque contrepartie se considère elle-même
comme étant le soleil, ou le centre des choses…[16] » En bâillant, Jane
approuve.
Je m’endors presque d’un seul coup quand nous allons nous coucher.
Assise à côté de moi tout en fumant une cigarette, Jane obtient plus de
matériau sur la réincarnation et les contreparties. « En fait, me dit-elle le
lendemain matin, j’ai reçu des données sur La Réalité “inconnue”, chaque
fois que je me suis réveillée pendant la nuit. J’ai aussi lu dans l’état de rêve
un texte consistant. » Dans ces cas-là, elle reçoit « elle-même » le matériau,
tout en sachant qu’il vient de Seth.
Le propre matériau de Jane sur les contreparties contenait des
variations du concept fondamental de Seth. En voici un exemple, tel qu’elle
me l’a décrit : « Nous pouvons vraiment couvrir une période d’un siècle, si
nous ne le voulons. Nous pouvons être un enfant à un bout et un vieil
homme ou une vieille femme à l’autre… Michel-Ange [qui a vécu 89 ans, de
1475 à 1564] a décidé de couvrir lui-même un siècle au lieu d’être, disons,
trois contreparties. Puisque tout cela n’est régi par aucune loi, un grand
homme pourrait choisir de procéder ainsi afin d’avoir, grâce à ses talents,
davantage d’influence sur notre monde, à partir de ses propres points de
vue. Il ne voudrait pas forcément, et n’aurait pas nécessairement besoin, de
contreparties, du moins pour ces objectifs-là. Il aurait largement assez à
offrir par lui-même. »
Cette session sur les contreparties représente un point clé dans le
discours de Seth sur la réalité inconnue. Le lecteur est invité à lire
l’appendice 21 pour un matériau assez récent qui portait sur ce sujet et
anticipait le concept nouveau de ce soir. Certaines allusions que Seth avait
faites antérieurement à propos de son concept de contreparties sont
également brièvement évoquées dans ce même appendice.)

NOTES DE LA SESSION 721

[1] Les visions successives qui m’ont permis d’avoir une perception globale
de la femme noire en Jamaïque sont les plus nettes de toutes celles dont
j’ai fait l’expérience jusqu’à présent. Elles avaient une qualité
absolument unique, saisissante, immédiate, et une forte implication
émotionnelle. Alors que j’étais assis devant ma machine à écrire dans
mon atelier, j’ai été envahi par des perceptions de moi-même en tant
que cette femme. Poursuivie par un officier anglais armé, elle fuyait
pour sauver sa vie, dans la rue d’un village situé au milieu des collines.
Elle n’était pas spécialement jeune. Son — mon — nom ? Maumee ou
Mawmee, une très forte personnalité, illettrée mais astucieuse, entrée
en rébellion contre l’autorité coloniale britannique au début des années
1800. Elle s’était évadée et luttait souvent contre ces forces militaires
sur l’île.

Quand l’expérience s’est terminée, j’en ai fait une description par écrit,
ainsi que deux dessins à la plume — des portraits de moi, de face, qui
sont loin de me ressembler, tel que je me connais. L’un de ces dessins a
beaucoup de succès et je prévois d’en faire une peinture à huile.

Je suis très content que certaines de ces visions jamaïcaines aient été
extériorisées, et de ne pas les avoir toutes vues intérieurement comme
cela a été le cas pour la série romaine. Je veux dire par là que, les yeux
ouverts, j’ai vraiment vu des images fugitives, agitées, dans mon atelier.
J’ai vraiment senti des émotions. Tout cela m’a rendu euphorique.

Une note ajoutée par la suite : Jane présente mon compte rendu de
l’épisode de Maumee, ainsi que des passages de la session 721, dans le
chapitre 12 de Politics.

[2] Finalement, Jane a décrit son travail de la journée dans Politics. Voir
les pages d’introduction du chapitre 11.

[3] Nous pensons, Jane et moi, que l’affirmation de Seth selon laquelle
dans d’autres probabilités « Ruburt… a appris tout ce qu’il y a à savoir
à propos de la science… » est un peu forte, mais puisqu’elle a été
transmise de cette façon-là, nous la laissons telle quelle. Toutefois,
comme Jane l’a écrit par la suite, au chapitre 11 de Politics, « découvrir
ce qui se passe avec les électrons est une chose que j’apprécie vraiment.
J’admets que je me sens beaucoup plus libre que lorsque j’ai affaire aux
émotions des gens. Je préférerais “retrouver” un électron perdu, plutôt
qu’une personne perdue, par exemple. »

Dans le tome I de La Réalité « inconnue », voir son matériau sur le spin


de l’électron dans la session 702 après 22 h 22.

[4] Voir les deux premières sessions du chapitre 13 de La Réalité


personnelle.
[5] Voir l’appendice 12. J’y cite les paroles de Seth lors d’un cours de
perception extrasensorielle, le 23 juin 1970, telles qu’elles ont été
retranscrites dans l’appendice de Seth parle : « Dans cette réalité-ci,
vous prenez soin d’accentuer tous les points qui ressemblent à l’idée
que vous vous faites de vous-mêmes ; vous en faites un schéma, et vous
ignorez soigneusement tout ce qui ne colle pas… Si vous arriviez à
focaliser votre attention uniquement sur les différences que vous
pourriez percevoir, mais ne percevez pas, vous seriez stupéfaits que le
genre humain réussisse à former la moindre idée d’une réalité
organisée. »

[6] Seth fait référence à Through My Eyes — le livre qu’il m’a suggéré
d’écrire, en décembre 1972, sur le phénomène Seth et d’autres sujets.
Dans le tome I, voir l’exercice pratique 3, à 23 h 35, dans la session
683. Pour répondre à tous ceux qui ont posé la question : par manque
de temps, je n’ai rédigé, jusqu’à maintenant, que de courts essais sur
l’art, sur Seth, sur la mort assez récente de mes parents et sur quelques
autres sujets destinés à Through My Eyes. Je ne serai sûrement pas
capable de travailler régulièrement sur ce projet tant que le dernier
tome de La Réalité « inconnue » ne sera pas prêt à être publié.

[7] Une note ajoutée par la suite : vu ce qui restait à venir dans La Réalité
« inconnue », je suis toutefois très heureux d’avoir décidé de présenter
ici ce « matériau suivant ».

[8] Voir les citations de Seth à propos du point-instant dans la note 11 de


l’appendice 12. L’une des références également incluse dans cette note-
là renvoie le lecteur à la session 668 du chapitre 19 de La Réalité
personnelle, pour un matériau de Seth sur la réincarnation, les instants-
points et les rêves.

[9] En ces termes-là, la vie de mon supposé Nebene s’est déroulée en


Grèce, en Palestine, à Rome et dans d’autres régions du Moyen-Orient,
pendant la première moitié du premier siècle de notre ère. Voir le
chapitre 5 du livre de Jane, Adventures in Consciousness.

[10] Cette note est autant pour ma propre édification que pour celle
d’autrui. Les définitions suivantes proviennent du Webster’s New World
Dictionary of American Language, édition 1970.

contrepartie : 1. personne ou chose qui correspond ou ressemble de


près à une autre, dans sa forme ou sa fonction.
2. chose qui, ajoutée une autre, la complète ou en est le
complément.
3. une copie ou un duplicata, comme pour un bail.
[11] Avec un certain humour, Seth a emprunté le mot « excentrique » au
livre de Jane, Psychic Politics. Elle y utilise ce terme en lien avec le mot
« personnalité », pour signifier que chaque moi physique est une
version créative — et imprévisible — d’un modèle « héroïque »
intérieur.

[12] Mon moi soldat romain a peut-être « obéi à l’autorité sans poser de
questions », comme l’affirme ici Seth, mais il doit pourtant s’être
comporté avec une bonne dose de duplicité. Quelque temps après avoir
fini de dicter La Réalité « inconnue », Seth a à nouveau fait référence
au Romain, lors d’une session privée — à cause d’un matériau
supplémentaire que j’avais écrit sur cette personnalité du premier
siècle. Voici ce qu’a dit Seth :

« En tant que Romain, vous prétendiez être un simple exécutant alors


que vous étiez gradé dans l’armée. Vous n’aviez aucune foi dans les
dieux conventionnels, pourtant, vous étiez censé conquérir des
territoires en leurs noms. Vous êtes même allé jusqu’en Afrique. Vous
aviez du mépris pour les chefs, des menteurs, et pour les masses qui se
contentaient de suivre, et vous vous disputiez sans cesse pour une raison
ou une autre avec vos compagnons, et même avec les autorités. Vous
étiez d’une nature querelleuse, néanmoins très curieuse et, à nouveau,
très engagée physiquement.

« Votre curiosité ne concernait pas les philosophies, mais portait sur le


monde physique et, en particulier, sur les voies maritimes. »

J’ai aussi accumulé plus d’informations graphiques sur Nebene, mon


autre contrepartie du premier siècle. J’espère un jour parler de toutes
mes données réincarnationnelles dans Through My Eyes. (Voir la note
6.)

[13] L’interaction constante, mentionnée par Seth et qui m’implique moi-


même ainsi que Nebene, le soldat romain et la femme noire Maumee, a
évidemment lieu à des niveaux de conscience autres que ceux qui me
sont habituels. Car, pendant que je faisais mon expérience « romaine »,
par exemple, je ne percevais rien de Nebene ou de Maumee — et
n’avais aucune idée de réincarnation ou de contrepartie. Chaque fois
que je me branchais sur l’une de ces personnalités, j’étais trop pris
dans ce rôle particulier pour avoir conscience des autres. Maintenant,
cependant, en écrivant ces mots, je peux percevoir quelques idées les
concernant, en arrière-plan dans mon esprit…

[14] Pour un extrait de Jane et de Seth sur la mémoire cellulaire (entre


autres sujets), voir la session 653 qui fait le lien entre les chapitres 13 et
14 dans La Réalité personnelle. Jane a aussi parlé du matériau de cette
session-là dans le chapitre 17 d’Adventures.

[15] Dans l’appendice 18, j’expose les relations entre Jane, Seth, et moi.
J’ai choisi de ne pas y étudier ce paragraphe-là du matériau, car Seth y
mentionne ce que je comprends être des vies probables concernant Jane
et moi (lorsqu’il parle de nos vies futures), plutôt que des implications
réincarnationnelles que nous avons eues avec Seth et qui ont vraiment
eu lieu.

Cependant, Seth fait référence ici à des situations évocatrices — l’une


d’elles relevant peut-être d’une forme de relation entre contreparties,
qui existerait entre nous trois, dans une autre réalité.

[16] Comme Jane l’a écrit au chapitre 16 d’Adventures : « D’une certaine


façon, chaque personne est vraiment au centre de l’univers et au centre
de la psyché. »
APPENDICE 12

En lien avec la session 705

(À l’origine, j’avais prévu que cet appendice portant sur l’évolution ne


contienne que trois extraits bien distincts du matériau de Seth : le premier
tiré des toutes premières sessions, qui n’ont jamais été publiées ; le
deuxième constitué de quelques passages de Seth parle ; et le dernier tiré
du tome I de La Réalité « inconnue ». Mais, à mesure que j’y travaillais, il
n’a pas cessé de s’allonger ; j’y ai ajouté des citations d’autres sessions,
ainsi que des commentaires découlant de mes lectures et de conversations
avec Jane.
J’ai appris que le terme « évolution » peut signifier bien des choses[1].
À l’image de variations sur un même thème, l’évolution peut être
progressive ou relativement soudaine, convergente ou divergente. Je me
suis aussi aperçu qu’une fois que j’avais commencé à l’étudier, une grande
quantité de matériau se présentait à moi, apparemment sans effort de ma
part, l’éventail des informations allant des études en paléontologie aux
recherches biologiques actuelles sur l’ADN recombinant ; je trouvais toutes
ces données dans des journaux, des revues scientifiques, des magazines
destinés au grand public, et même à la télévision. [Je suis sûr que d’autres
ont vécu ce genre d’expérience : une fois que l’on se focalise sur un sujet,
les données s’y rapportant semblent jaillir de la pléthore d’évènements et
de faits quotidiens qui constituent l’arrière-plan de nos existences.] Presque
automatiquement, une bonne part des notes de cet appendice a fini par
porter sur la pensée scientifique concernant l’évolution, et j’ai compris que
je voulais que ces notes montrent les différences — ainsi que les éventuelles
similitudes — entre les concepts de Seth et ceux qui prévalent dans les
versions « officielles » en vigueur dans notre réalité physique.
Nos croyances et intentions nous amènent à « piocher parmi un
ensemble imprévisible d’actions [ou de probabilités] » celles que nous
voulons voir se produire, comme le dit Seth, dans la session 681 du tome I ;
par conséquent, depuis ma probabilité physiquement orientée, le travail
considérable que j’ai investi dans ce texte est un examen de l’évolution,
mené en lien avec un certain nombre de concepts de Seth. Les questions
religieuses liées à l’évolution ne sont pas autant prises en compte que
certains pourraient le souhaiter, sans être non plus ignorées — mais traiter
en profondeur l’histoire religieuse m’aurait éloigné de mon propos.
J’ai trouvé certains extraits, notes et commentaires, très difficiles à
assembler et à interpréter, alors que pour d’autres c’était facile. Le
matériau de Seth est bien sûr incomplet ; de nouvelles informations
viennent constamment faire « intrusion », entraînant souvent un thème
spécifique dans de nouvelles directions. Une part de ce processus est due au
caractère de Jane : elle aime les choses et les idées nouvelles. Pourtant, à
sa façon, elle — tout comme Seth — revient finalement à un matériau
antérieur. L’interprétation conjointe de l’ancien et du nouveau nécessite
donc un système de constantes corrélations, et je fais appel à cette
approche aussi souvent que possible.
Même ainsi, en travaillant sur cet appendice, je n’ai cessé de me
demander pourquoi j’y investissais tant de temps. Les réponses se sont
révélées simples une fois que j’ai compris que j’étais choqué de découvrir à
quel point les preuves réelles étayant l’idée d’évolution étaient rares, et que
j’étais fasciné par les limites de la pensée scientifique. J’ai été très surpris
par mes réactions. D’une certaine façon, Jane et moi avons toujours
compris, pour faire ici une analogie, que le type de réincarnations
« simultanées » proposé par Seth [ou tout autre type avancé par d’autres]
n’était pas acceptable dans notre société occidentale à cette période de
notre histoire ; nous pourrions trouver de nombreuses raisons à cela. Mais
il m’a fallu quelque temps avant de comprendre que, concernant
l’évolution, nos institutions intellectuelles dirigeantes mettaient en avant
des notions qui n’étaient pas scientifiquement prouvées — puis enseignaient
ces « faits » aux générations suivantes. Finalement, j’ai perçu l’humour de
toute la situation : comme certains l’ont très clairement noté, en particulier
dans les sciences biologiques et celles de la Terre, un raisonnement
circulaire prédomine souvent. On fait appel à la théorie de l’évolution pour
prouver la théorie de l’évolution.
Les premières citations que j’ai rassemblées proviennent donc de la
session 44 du 15 avril 1964. Au cours de celle-ci, Seth nous a donné ses
interprétations de certaines des lois fondamentales, ou attributs, de
l’univers intérieur, mais le lecteur verra rapidement qu’il parlait en réalité
de l’espace et du temps[2], tels qu’ils sont perçus dans sa réalité et dans la
nôtre. Dans notre monde, bien sûr, l’espace et le temps forment
l’environnement dans lequel existent les idées conventionnelles de
l’évolution. À ce sujet, tout le matériau dans cet appendice montre
l’interrelation entre nos idées de temps sériel et le temps simultané de Seth.
Il y a également ici un lien avec le concept philosophique de « réalisme
naïf » que nous évoquerons brièvement par la suite.
Cette présentation, tirée de la session 44, montre clairement quelle part
de sa philosophie Seth avait transmise, à Jane et moi, à ce moment-là. Il
s’exprimait avec beaucoup de force.)
J’ai dit que l’esprit ne pouvait pas être détecté par vos instruments à
présent. L’esprit n’occupe pas d’espace et, pourtant, l’esprit est la valeur
qui donne du pouvoir au cerveau. L’esprit est continuellement en expansion,
à la fois en termes individuels et en termes de l’espèce dans son ensemble,
et pourtant (avec amusement), l’esprit n’occupe ni plus ni moins d’espace,
qu’il s’agisse de celui d’une puce ou d’un homme.
J’ai aussi dit que, fondamentalement, l’univers n’a pas plus à voir avec
l’espace, en vos termes, que n’en a le monde du rêve.
Votre idée d’espace est une conception complètement erronée d’un vide
à remplir. Les choses — les planètes, les étoiles, les nébuleuses — prennent
naissance dans cet univers physique [de camouflage] qui est le vôtre, selon
vos théories les plus récentes, et cet univers s’étend — poussé de telle
manière que ses côtés enflent ; les galaxies extérieures se précipitent, pour
ainsi dire, littéralement vers nulle part. Le véritable espace intérieur est au
contraire une énergie vitale, il est lui-même vivant ; il possède des capacités
de transformation et forme toutes les existences, même la réalité de
camouflage qui vous est familière et que vous tentez d’explorer de façon si
inefficace.
Cet univers fondamental dont je parle est constamment en expansion en
termes d’intensité, de qualité et de valeur, selon un mode qui n’a rien à voir
avec votre idée d’espace. L’univers fondamental, qui sous-tend tout
camouflage, n’a aucune existence dans l’espace, tel que vous l’imaginez.
L’espace est un camouflage. […] La nuance du temps n’est qu’un attribut
de la forme de camouflage physique, et même là, la relation entre le temps
et les idées, ainsi qu’entre le temps et les rêves, est nébuleuse […] bien que,
dans certains cas, des parties de l’univers intérieur puissent être
entraperçues depuis la perspective de camouflage du temps ; juste une petite
partie cependant.
Si le monde du rêve, l’esprit, et l’univers intérieur existent, mais pas
dans l’espace, et s’ils n’existent pas fondamentalement dans le temps, ils
peuvent toutefois être entraperçus à travers le temps. Vos questions seront
alors : dans quelle dimension ou de quelle façon existent-ils ? Et sans le
temps, comment peut-on dire qu’ils existent dans la durée ? Je vous dis que
l’univers fondamental existe de la même manière derrière tous les univers
de camouflage, sans occuper le moindre espace, et que l’esprit existe
derrière le cerveau. Le cerveau est une structure de camouflage. Il occupe
de l’espace. Il existe dans le temps, mais l’esprit n’occupe aucun espace et
son existence fondamentale n’est pas dans le temps. Votre univers de
camouflage, en revanche, occupe de l’espace et existe dans le temps.
Néanmoins, le monde du rêve, l’esprit, et l’univers intérieur
fondamental existent… dans ce que nous appellerons le climat de valeur de
la réalité psychologique. Voilà quelle est la dimension, le vecteur. Il occupe
la place de ce que vous appelez l’espace. C’est une dimension qui rend
possibles toutes les existences et toutes les consciences. C’est l’un des
principes les plus puissants derrière, ou dans la vitalité qui compose tous les
autres phénomènes à partir d’elle-même[3].
L’un des principaux attributs de ce climat de valeur est la spontanéité
qui se manifeste dans l’existence de la seule sorte de temps qui ait une
réelle signification — celle du présent spacieux.
Le présent spacieux ne contredit pas l’existence d’un futur, tel que
vous le concevez. Maintenant, cette affirmation peut paraître contradictoire,
mais, par la suite, j’espère que vous comprendrez cela plus clairement. Le
présent spacieux, tout en existant spontanément, tout en ayant lieu dans la
simultanéité, contient pourtant en son sein des qualités de durée.
Dans votre univers de camouflage, la croissance est associée au fait de
prendre plus d’espace. En fait, dans notre univers intérieur… la croissance
existe en termes d’expansion de la valeur ou de la qualité dont j’ai parlé, et
ne suppose nullement — je répète — ne suppose nullement une expansion
dans l’espace. Contrairement à ce qui se passe dans votre univers de
camouflage, cela ne suppose pas non plus une sorte de projection dans le
temps.
Je vous le donne [ce matériau] en des termes aussi simples que
possible. Si la croissance est l’une des lois physiques les plus nécessaires
dans votre univers de camouflage, l’accomplissement des valeurs lui
correspond dans l’univers de la réalité intérieure[4].
Maintenant, les soi-disant lois de votre univers physique de camouflage
ne s’appliquent pas à l’univers intérieur. Elles ne s’appliquent même pas
aux autres plans de camouflage. Toutefois, les lois de l’univers intérieur
s’appliquent à toutes les réalités de camouflage. Certaines de ces lois
fondamentales ont des contreparties connues et acceptées dans diverses
réalités de camouflage. Elles se manifestent de diverses manières, et
différents noms leur sont donnés.
Ces lois fondamentales s’appliquent à de nombreux niveaux dans votre
propre univers. Jusqu’à maintenant, je ne vous en ai donné qu’une, celle de
l’accomplissement de valeur. Dans votre univers physique, cette règle régit
la croissance physique. L’entité la suit à travers le cycle des réincarnations
[simultanées]. L’espèce humaine et toutes les autres espèces qui se trouvent
dans votre univers, sur votre plan horizontal particulier, suivent cette loi [de
l’accomplissement de valeur] sous les auspices de l’évolution[5]. Dans
d’autres réalités de camouflage, cette loi se traduit de différentes manières,
mais elle n’est jamais absente.
La deuxième loi de l’univers intérieur est la transformation d’énergie[6].
Cela se produit constamment. La transformation d’énergie et
l’accomplissement de valeur existent tous deux à l’intérieur du présent
spacieux [ou au même instant], et contribuent à une durabilité qui est à la
fois spontanée… et simultanée.
Vous voyez peut-être à quoi cela nous mène, maintenant. Notre
troisième loi est la spontanéité et, en dépit de toutes les apparences de début
et de fin, de mort et de déclin, toutes les consciences existent dans le
présent spacieux, de manière spontanée, dans une harmonie simultanée ; et
pourtant, au sein du présent spacieux, il y a aussi une durabilité.
La durabilité est notre quatrième loi. Dans le cadre du présent spacieux,
la durabilité n’existerait pas s’il n’y avait pas les lois de l’accomplissement
de valeur et de la transformation d’énergie. Celles-ci rendent la durabilité au
sein du présent spacieux non seulement possible, mais nécessaire…
(Le « climat de valeur de la réalité psychologique » dont il vient d’être
fait mention dans la session 44, a aussi à voir avec une analogie suggérée
dans la session 45. Certains passages de ce matériau sont donnés en tant
qu’appendice 8 dans le tome I. Dans cette session-là, Seth a aussi déclaré
que « l’expansion de valeur devient réincarnation, évolution et croissance ».
[Le type de temps simultané de Seth s’accommode facilement, bien sûr, de
ces trois concepts, bien qu’il ne soit pas question de la réincarnation dans
cet appendice.]
Le matériau de Seth sur l’évolution est présenté à deux reprises dans la
session 582 du chapitre 20 de Seth parle — non seulement dans la session
elle-même, mais dans une transmission faite lors d’un cours de perception
extrasensorielle qui a eu lieu quelques jours plus tard, le 27 avril 1971.
Seth y a parlé de Charles Darwin et de sa théorie de l’évolution[7], et c’est
ce matériau, dont une partie n’a pas été publiée dans la session 582, qui est
la source de ma deuxième série d’extraits.)
Darwin a passé les dernières années de sa vie à prouver sa théorie, et
pourtant elle n’a aucune validité réelle. Elle n’a de validité que dans des
perspectives très limitées ; c’est la conscience, en effet, qui fait évoluer la
forme. La forme ne fait pas évoluer la conscience. Tout dépend du moment
où vous entrez en scène, et de ce que vous choisissez d’observer. […] La
conscience n’est pas née de molécules et d’atomes éparpillés au hasard dans
l’univers. […]
D’ailleurs, si vous avez tous fait vraiment attention à ce que je dis
depuis un certain temps concernant la nature simultanée du temps et de
l’existence, vous savez que la théorie de l’évolution est un conte aussi beau
que la théorie de la création dans la Bible. Les deux sont commodes, elles
permettent de raconter une histoire ; elles peuvent sembler cohérentes à
l’intérieur de leur propre système, mais, sous des aspects beaucoup plus
importants, elles ne peuvent pas être des réalités…
En vous, les concepts et les actions ne font qu’un. Vous reconnaissez
cela, mais vos vies mentales sont souvent construites autour de concepts
qui, jusqu’à récemment, étaient considérés comme très modernes et très à la
mode, comme l’idée de l’évolution. […] En réalité, la vie, comme la
conscience, explose dans toutes les directions. Il n’y a pas un courant
unique et régulier de progrès.
(À un étudiant.) Maintenant. La semaine dernière, quand Ruburt parlait
des Amérindiens qui sont de grands experts du rêve, vous avez demandé :
« Mais pourquoi ne sont-ils pas plus progressistes ? » Je veux cependant
que vous compreniez que votre propre progrès en tant que civilisation va,
en vos termes, arriver à un point d’arrêt, à moins que vous ne preniez
d’autres directions. Voilà ce que votre civilisation est en train d’apprendre :
que vous ne pouvez pas violer votre planète, que la vie n’a pas commencé
par une quelconque [substance] isolée rencontrant, parmi les grandes
probabilités de l’existence, une autre [substance semblable], puis une autre
et une autre, jusqu’à ce qu’une chaîne de molécules puisse se constituer et
que des moi se forment. Pour faire une analogie, la conscience non plus ne
consiste pas en de simples organismes séparés par de grandes distances,
mais est un ensemble dynamique complexe et changeant.
(Depuis le début, Seth a donc fait référence à l’évolution dans son
matériau. Comme je le montre dans cet appendice, les significations qu’il y
associe n’impliquent pas toutefois que toute vie que nous connaissons sur
cette planète ait évolué à partir d’une source primitive unique. [Voir les
notes 5 et 7.]
D’après moi, c’est loin d’être une simple coïncidence si, dans ces
extraits de Seth parle, Seth mentionne dans la même phrase la théorie de
l’évolution de Darwin et l’histoire de la création selon la Bible, car ces
systèmes de croyances représentent dans nos sociétés modernes
occidentales les deux pôles de la controverse sur les origines : la vision
darwinienne strictement mécanique, dans laquelle les espèces les plus
faibles sont impitoyablement éliminées à travers une sélection naturelle
opérée par prédation, et les visions des créationnistes qui maintiennent que
Dieu a créé la Terre et toutes ses créatures, tel que cela est décrit dans la
Bible.
De nombreux créationnistes croient que la Bible est vraie au sens
littéral. [Un certain nombre de scientifiques adhèrent d’ailleurs aussi aux
vues créationnistes, mais je ne dispose d’aucune statistique à ce sujet.] La
Bible défend, bien sûr, la thèse d’une certaine immutabilité, au moins
relative, plutôt que celle d’une ascendance commune, dans laquelle une
simple cellule aurait évolué en une variété de formes toujours plus
complexes et divergentes.
Entre ces deux opposés se situe toute une gamme de nuances de
significations et d’interprétations quant à l’évolution. Les évolutionnistes
théistes et les créationnistes progressistes, par exemple, tentent de mieux
concilier les deux extrêmes en postulant diverses méthodes par lesquelles
Dieu aurait d’abord créé le monde, puis, tout en restant caché, soit il
l’aurait aidé à évoluer selon la tradition darwinienne jusqu’à son état
actuel, soit il aurait produit, par une série d’actes créateurs, chaque forme
successive de vie, plus « élevée ».
Ironiquement, la sélection naturelle de Charles Darwin, « la survie du
plus apte » [une expression qui, d’ailleurs, n’est pas de Darwin à
l’origine], tient compte de toutes sortes de douleurs et de souffrances dans
le processus — les mêmes aspects malheureux de la vie, dans la vision de
Darwin, qui ont finalement amené celui-ci à devenir agnostique et à se
détourner d’un Dieu capable d’autoriser que de telles choses existent. Tel
que j’interprète mes lectures, Darwin n’a pas nié l’existence d’une certaine
forme de dieu, mais il en souhaitait un qui aurait aboli ce qu’il percevait
comme la lutte « ascensionnelle » pour exister. D’après les traces fossiles et
géologiques, cette lutte a occasionné la mort d’espèces entières. Darwin en
est arrivé à croire qu’il demandait l’impossible à Dieu. Alors, il a attribué
la douleur et la souffrance dans le monde au mécanisme impersonnel de la
sélection naturelle et des variations dues au hasard [ou mutations
génétiques]. Pour Darwin et ses adeptes —même ceux d’aujourd’hui —, les
effets de la nature semblaient résulter d’un dessein ou d’un plan dans
l’univers, sans qu’il soit nécessaire de croire en un concepteur ou un dieu ;
toutefois, comme je l’ai écrit dans la note 7, du point de vue scientifique,
cette croyance omet de traiter la question du dessein dans la matière
inanimée, qui est bien plus abondante dans l’univers « objectif » que la
matière vivante, et qui a dû la précéder.
En guise de contrepoint aux idées de Darwin, voici brièvement quelques
commentaires de Seth sur la condition humaine et sur celle des animaux.
Ce matériau est tiré de deux sessions. La première, la 580 du 12 avril 1971,
fait elle aussi partie du chapitre 20 de Seth parle. Seth y parlait de
l’aptitude créatrice innée des êtres humains — même lorsqu’ils créent la
guerre. Puis il a poursuivi.)
La maladie et la souffrance ne vous sont pas infligées par Dieu, par
Tout-ce-qui-est, ou par un agent extérieur. Ce sont les produits dérivés d’un
processus d’apprentissage que vous avez créé, et qui est parfaitement neutre
en lui-même. […]
La maladie et la souffrance se produisent lorsque l’énergie créatrice est
mal dirigée. Elles font toutefois partie de la force de création. Elles
proviennent de la même source que la santé et la vitalité. La souffrance
n’est pas bonne pour l’âme, sauf si elle vous apprend à ne plus souffrir.
C’est là sa raison d’être. […]
J’ai déjà dit que, dans votre système, chacun apprend à gérer cette
énergie créatrice ; et comme vous êtes encore dans ce processus
d’apprentissage, cette énergie est souvent mal dirigée. Les nœuds qui en
résultent dans différentes activités vous renvoient automatiquement à des
questions intérieures.
(La deuxième session citée, la 634 du 22 janvier 1973, se trouve au
chapitre 8 de La Réalité personnelle. Seth y parle du refoulement de
l’agressivité naturelle, et mentionne le sentiment de culpabilité qui est
apparu chez les premiers hommes lorsque la compassion est née.)
Les animaux ont un sens de la justice que vous ne comprenez pas et il y
a dans cette intégrité innocente une compassion biologique, comprise aux
niveaux cellulaires les plus profonds. […]
Un chat qui tue une souris en jouant et qui la mange n’est pas mauvais.
Il ne souffre nullement de culpabilité. Il y a, chez les deux animaux, une
compréhension au niveau biologique. Grâce à la connaissance innée de la
douleur sur le point de se produire, la conscience de la souris abandonne
son corps. Le chat utilise la chair chaude. La souris a elle-même été
chasseresse aussi bien que proie et les deux animaux comprennent la
situation, selon des modes qui sont très difficiles à expliquer.
À certains niveaux, le chat et la souris ont tous deux conscience de la
nature de l’énergie de vie qu’ils partagent, et — en ces termes — ils ne sont
pas soucieux de leur propre individualité. […] Poursuivant son propre
chemin, l’homme a choisi — à un niveau conscient — de sortir de ce
schéma.
(Ce type de matériau de Seth est plus compliqué qu’il n’y paraît et, à la
réflexion, on peut voir qu’il est très riche. Nous pensons, Jane et moi, que
ses implications échappent souvent à de nombreuses personnes qui nous
écrivent avec des questions concernant la douleur et la souffrance dans le
monde. Seth a sans aucun doute beaucoup plus à dire sur ce sujet, et nous
espérons obtenir un jour ou l’autre ces informations. Les croyances
individuelles et collectives entreront certainement en ligne de compte [ainsi
que la culpabilité naturelle et celle qui ne l’est pas, dont Seth a parlé lors
des sessions qui constituent le chapitre 8 de La Réalité personnelle]. Je
dirais que la simple compréhension des relations complexes entre les
croyances de masse et la maladie, par exemple, nécessitera à elle seule
beaucoup de matériau de la part de Seth et un très grand investissement de
temps de notre part.
Les idées de Seth sont pour la plupart assez éloignées des concepts de
duplication des gènes ou de la seconde loi de la thermodynamique. À
travers Jane, il aborde les mystères de l’existence en termes émotionnels, et
non pas à l’aide des concepts impersonnels, « scientifiques » et absolument
pas prouvés, selon lesquels la vie aurait débuté par accident [il y a plus de
3,4 milliards d’années[8], d’après une estimation récente], et se perpétue
grâce à des mutations dues au hasard. La pensée objective de Darwin lui a
coupé l’accès à des conceptions telles que celles avancées par Seth. La
même chose est arrivée à de nombreux scientifiques et penseurs théistes au
cours des générations successives et, à mon avis, c’est toujours le cas
aujourd’hui. Je suggère au lecteur de lire, en même temps que cet
appendice, toute la session 634 qui se trouve dans La Réalité personnelle.
Seth y explore certaines connexions entre l’animal et l’homme — y compris
le fait que l’homme ait fait évoluer « certaines capacités animales jusqu’à
leur maximum ». Presque en même temps, dans la session 637 du chapitre
9, il nous disait : « Note : je n’ai pas dit que l’homme a émergé des
animaux. »
Plus d’un an après, Jane a complété ces remarques faites par Seth, avec
un matériau qu’elle a produit elle-même en transe ; voir l’appendice 6 du
tome I de La Réalité « inconnue ». Selon elle, si l’homme n’a pas émergé
des animaux, des relations étroites sont certainement entrées en jeu — une
danse de probabilités entre les deux, en quelque sorte. Comme je l’ai noté
au début de cet appendice, le matériau de Seth est encore incomplet, et de
nouvelles informations rendent nécessaire une corrélation constante avec
celles qui précédaient. Le propre matériau de Jane — y compris tout ce
qu’elle produira dans le futur — devrait aussi être intégré à celui de Seth,
et nous espérons trouver un jour le temps de le faire. Bien qu’elle ne l’ait
pas terminé, l’appendice 6 contient cependant beaucoup d’idées qui
méritent d’être étudiées davantage. « Certaines des expérimentations avec
les hommes-animaux n’ont pas réussi dans nos lignées historiques, mais
des mémoires fantômes de ces probabilités-là demeurent encore dans notre
structure biologique… La croissance de la conscience de l’ego a par elle-
même créé à la fois des défis et des limitations… Pendant de nombreux
siècles, il n’y a pas eu de différenciation nette entre diverses espèces
d’hommes et d’animaux… Des développements parallèles se sont produits
dans l’émergence de l’homme physique… il y a eu d’innombrables espèces
d’homme-en-formation, en vos termes. » [Je peux ajouter que, tout comme
Jane a complété le matériau de Seth sur les premiers hommes, Seth à son
tour a complété le sien à travers une sorte d’échange informel ; ses
informations sont présentées dans la suite de cet appendice.]
Le troisième extrait, que j’avais prévu d’utiliser initialement, provient
de la session 690, dans le tome I ; il montre que, même lorsque Seth parle
de l'évolution en nos termes de temps ordinaire, il lui donne un sens assez
différent de la définition conventionnelle d’un changement linéaire. La
précognition est l’un des attributs de la croissance à travers
l’accomplissement de valeur, qu’il a décrit dans la session 44 déjà citée. Je
souhaite aussi utiliser ce matériau pour aborder rapidement le sujet du
« réalisme naïf », et celui de l’évolution au niveau de la biologie
moléculaire.)
J’ai dit que l’évolution n’existe pas telle que vous la concevez ; il n’y a
aucune sorte de ligne unique, de séquence temporelle allant du singe à
l’homme. D’ailleurs, aucune autre espèce ne s’est développée de cette
manière. Au lieu de cela, il y a des développements parallèles. Ainsi, votre
perception du temps ne vous montre qu’une tranche du gâteau entier.
Toutefois, si l’on pense en termes de temps consécutif, l’évolution ne va
pas du passé vers le futur. Au contraire, l’espèce se rend compte de manière
précognitive des changements qu’elle veut faire et c’est depuis le « futur »
qu’elle modifie l’état « présent » des chromosomes et des gènes, afin
d’opérer dans le futur probable les changements spécifiques qu’elle désire.
À la fois au-dessus et en dessous de votre focalisation consciente habituelle,
le temps est donc vécu de façon totalement différente, et il est constamment
manipulé, comme vous manipulez physiquement la matière[9].
(Sans même parler des idées de Seth pour le moment, notons que les
biologistes fidèles aux théories de Darwin ne veulent rien entendre des
aptitudes précognitives d’une espèce, pas plus qu’ils ne voient la moindre
preuve de celles-ci dans leurs travaux sur la théorie de l’évolution ; de tels
attributs contredisent non seulement l’idée de mutations dues au hasard et
de lutte pour l’existence, mais aussi nos idées d’un temps consécutif [qui est
associé au « réalisme naïf » — croyance selon laquelle les choses sont
réellement telles que nous les percevons]. Pourtant, scientifiquement, le
concept d’un temps beaucoup plus flexible — même celui d’un temps
remontant en arrière — n’est pas si nouveau que cela. En physique
atomique par exemple, aucune direction ou position particulière n’est
attribuée à un moment spécifique et, fondamentalement, le passé et le futur
fusionnent pratiquement dans les interactions de particules élémentaires
— ce qui, pour le moins, est très proche du temps simultané de Seth[10]. À
ce niveau-là, il y a changement, ou accomplissement de valeur, mais pas
évolution. Dans la façon de penser de Jane et la mienne, s’il y a un
accomplissement de valeur, il y a une conscience, exprimée à travers les
UC, ou unités de conscience.
Mais à un certain niveau, de nombreux scientifiques, non-physiciens,
considèrent que de telles relations ésotériques entre les particules ont un
intérêt purement théorique et concernent essentiellement la physique ; ces
concepts ne sont pas perçus comme une menace pour la biologie, la
zoologie ou la géologie, par exemple, pas plus qu’ils ne remettent en cause
le réalisme naïf. Les sciences biologiques peuvent adhérer aux théories
mécanistes de l’évolution en employant la physique classique, basée sur la
relation de cause à effet, pour étayer leurs conclusions, tout en ayant peut-
être conscience des principes de la physique des particules. Une telle
« analyse causale » devient sa propre preuve, indéfiniment — une situation,
je le note avec ironie, qui s’apparente à la critique que j’ai lue, affirmant
que la théorie de l’évolution sert à prouver la théorie de l’évolution. [J’ai
mentionné ce genre de raisonnement circulaire au début de cet appendice.]
Je trouve donc très intéressant de considérer que la théorie de
l’évolution est une créature de notre monde plus grossier de construction
« physique ». Les perceptions sensorielles ordinaires que nous avons
choisies nous font avancer à « l’intérieur du système de temps qui a été
adopté par l’espèce humaine », comme l’a souligné Seth dans le chapitre 8
de La Réalité personnelle. Son explication du point-instant[11] intègre le
paradoxe apparent dans lequel un temps consécutif peut trouver son
expression au sein d’un temps simultané.
C’est maintenant le moment de parler du concept philosophique appelé
réalisme naïf, déjà mentionné dans cet appendice. Nous pourrions toutefois
aborder ce sujet à tout moment, puisque ses adeptes croient qu’il entre
inconsciemment en jeu dans presque toutes nos activités quotidiennes. Pour
dire les choses simplement, le réalisme naïf enseigne que nos sens de la vue
et du toucher nous révèlent un monde extérieur tel qu’il est réellement — et
que nous « voyons » des objets physiques réels, par exemple. Ceux qui n’y
croient pas disent que des données neurologiques vont à l’encontre de cette
théorie ; que, du point de vue neurologique, les évènements dans nos vies et
à l’intérieur de nos corps dépendent de l’interprétation qu’en fait le
cerveau, et que nous ne pouvons rien connaître directement, si ce n’est
l’expérience transmise à travers le système nerveux central, et donc
« colorée » par lui. Le décalage temporel, dû à la vitesse limitée de la
lumière, fait aussi partie des objections formulées à l’encontre du réalisme
naïf. Je veux simplement rappeler au lecteur qu’en termes ordinaires, on
fait en général appel au réalisme naïf, ou à certaines idées tout à fait
similaires sur le cerveau-esprit, lorsqu’on considère l’évolution à
l’intérieur d’un univers de camouflage temporellement orienté, que l’on soit
en train de peindre un tableau ou de s’occuper de sa maison. Depuis des
siècles, le débat sur la relation entre l’esprit et le cerveau se poursuit, à
supposer déjà que l’on soit d’accord pour reconnaître l’existence de
l’esprit !
Y a-t-il réellement « quelque chose ici » ? C’est l’une des questions que
j’ai posées à Jane peu de temps après le début des sessions avec Seth, fin
1963. Je dois dire qu’encore maintenant, nous ne disposons que d’une
réponse partielle [ce qui est aussi le cas pour beaucoup de nos autres
questions], bien que Seth ait transmis ce que je considère comme un
passage-clé, dans la session 23, le 5 février 1964.)
Quand je dis que vous créez vous-mêmes les structures typiques de
camouflage de votre univers physique, en utilisant la vitalité intérieure de
l’univers de la même façon que vous formez une structure en soufflant sur
un morceau de verre, je ne veux pas nécessairement laisser entendre que
vous êtes les créateurs de l’univers. Je dis simplement que vous êtes les
créateurs du monde physique tel que vous le connaissez — et cela, mes
chers amis, c’est une longue histoire.
(Dix ans plus tard, nous sommes toujours en train de démêler cette
histoire, avec l’aide de Seth. Je vais faire ici une petite digression, le temps
de noter que nous nous attendons à être toujours aussi occupés pour le
restant de nos jours : les défis intellectuels et émotionnels que soulève le
matériau de Seth sont pratiquement illimités.
Toutefois, au vu de ce qu’il a dit dans le chapitre 5 de La Réalité
personnelle, Seth a été assez précis à propos de la réalité physique. Il a, me
semble-t-il, combiné certains aspects du réalisme naïf avec certaines des
objections allant dans le sens opposé ; voir la session 625 du 1er novembre
1972.)
Comme vous êtes des créatures de sang et de chair, il faut bien que ces
aspects intérieurs de la perception aient leurs contreparties physiques. Mais
vous ne pourriez pas vous en rendre compte matériellement et votre corps
ne pourrait pas y réagir sans ces réseaux internes… Ce que je suis en train
de dire, c’est que tout évènement extérieur, y compris votre propre corps et
ce qui se trouve en lui, tous les objets, toutes les matérialisations physiques
sont les structures extérieures qui correspondent à des structures internes et
que celles-ci sont composées de son intérieur et de lumière invisible
entremêlés en schémas électromagnétiques.
En dessous de la perception temporelle, chaque objet, chaque
évènement existe donc en ces termes, en des schémas qui ont un effet les
uns sur les autres. Sur le plan physique, vous semblez séparé de tout ce qui
n’est pas vous-même. Ce n’est pas le cas, bien que cela semble l’être dans
votre existence quotidienne et bien que cela vous semble aller de soi…[12]
Une fois encore, tout cela est difficile à expliquer, car il y a si peu
d’équivalents verbaux pour ce que j’essaye de dire[13].
(Au sein de ce cadre temporel, des chercheurs ont récemment découvert,
au niveau moléculaire, de grandes différences biochimiques parmi les êtres
humains. Les structures génétiques de nombreuses protéines [voir la note 5]
se sont révélées bien plus variées qu’on le supposait. D’une espèce à
l’autre, les différences entre les protéines sont encore plus prononcées. On
considère maintenant que chacun d’entre nous est vraiment unique — mais,
ceux qui étudient l’évolution biologique sont alors inquiets à l’idée que
leurs découvertes puissent aller à l’encontre des croyances darwiniennes.
Je pense, au contraire, que ce que l’on a appris jusqu’à présent correspond
seulement à des variations possibles à l’intérieur même de l’idée
d’évolution, car le discours porte toujours sur l’origine de la vie à partir du
non-vivant, puis sur la façon dont l’échelle de la complexité du vivant a été
gravie ; la plupart des évolutionnistes pensent encore que la sélection
naturelle, ou la survie du plus adapté, s’applique.
Tout rôle que la conscience est susceptible de jouer dans de tels
processus biochimiques n’est évidemment pas pris en considération, pas
plus qu’il n’y a la moindre sorte de compréhension mystique de ce que nous
sommes en tant que créatures. Quelle que soit la beauté des hypothèses ou
des théories émises par l’homme, il continue de les élaborer sans tenir
compte du fait que la conscience vient en premier. En se servant du
réalisme naïf habituel [et peut-être sans le savoir], il projette sa propre
créativité fondamentale à l'extérieur de lui-même ou de chacune de ses
parties. Il projette également sur les composants cellulaires, tels que les
gènes et l’ADN[14], les concepts de « protection » et d’ « égoïsme » : l’ADN
est donc censé se préoccuper uniquement de sa propre survie et de sa
« connaissance », et non pas de savoir si son hôte est un être humain, une
plante ou un animal. Seul l’homme peut penser à infliger de tels concepts
négatifs à des parties aussi omniprésentes de son propre être, et à celles
d’autres entités ! Jane et moi ne croyons pas à de telles allégations — car
comment la chose même qui contrôle l’héritage pourrait-elle ne pas
prendre soin de la nature de ce qu’elle a créé ? Je ne plaisante qu’à moitié
[existe-t-il un gène de l’humour ?] quand je proteste en affirmant que
l’ADN, par exemple, ne mérite pas d’être considéré de cette façon-là, quelle
que soit la manière dont nous le trafiquons avec des techniques de
recombinaison[15].
Je projette ici mes propres idées, mais je pense que, dans toute sa
complexité, l’existence physique de l’ADN a une raison d’être [en tant
qu’intermédiaire pour les UC, ou unités de conscience, de Seth] qui élargit
considérablement la fonction qu’on lui attribue de « molécule maîtresse »
de la vie telle que nous la connaissons. L’acide désoxyribonucléique peut
exister à l’intérieur de son hôte, que celui-ci soit homme, plante ou animal
— ou bactérie ou virus — dans des aventures coopératives altruistes avec
son porteur, qui sont loin d’être purement de l’ordre de la survie. Certains
de ces objectifs, par exemple l’exploration de concepts tels que le point-
instant [voir la note 11], ou les probabilités [et la réincarnation[16]], défient
réellement notre perception consciente ordinaire. En des termes que nous
pouvons plus facilement saisir, les relations sociales au sein d’une espèce et
entre les espèces peuvent être explorées en partant de ce niveau
biochimique, puis en « remontant ». Fondamentalement, une génétique
coopérative globale devient alors un concept plus judicieux à long terme
que le postulat d’une lutte à mort pour la survie du plus apte — que la lutte
soit, par exemple, entre l’homme et les molécules, ou parmi les membres
d’une même espèce. Une fois encore, nous avons une conscience qui
cherche à se connaître elle-même de toutes les manières possibles, tout en
se rendant tout le temps compte, en ces termes-là, de la mort prochaine de
son vecteur d’expression, l’ADN, et de la « machine physique » qui est
l’hôte de cet ADN.
Je poursuis mes projections : pour une molécule d’ADN, la notion
conventionnelle d’évolution — pour qu’une telle entité puisse, ou même
veuille, comprendre cette idée-là — pourrait être en fait hilarante, étant
donné son propre système de temps plus vaste[17]. En fait, il serait plus
judicieux d’essayer, à partir de nos points de vue de géants, de faire en
sorte que notre conscience entre en contact avec une conscience aussi
minuscule[18], peut-être à l’aide de l’hypnose et/ou d’une visualisation, et
d’étendre ainsi notre connaissance dans des directions inattendues.
Certaines réalités probables peuvent être atteintes — des prouesses
potentielles conscientes qui, selon moi, sont déjà à la portée de certains
individus talentueux, dont Jane[19]. Elle et moi dirions plutôt que la
variabilité parmi les humains [ou les membres de toute autre espèce] au
niveau moléculaire illustre l’affirmation de Seth selon laquelle nous créons
chacun notre propre réalité, avec tout ce que cela implique.
Je veux ajouter ici que notre vrai défi dans la connaissance de notre
espèce, et des autres, consiste peut-être à cultiver l’aptitude à comprendre
les consciences interagissantes qui entrent en jeu, au lieu de chercher
uniquement les relations physiques que les processus d’évolution sont
censés créer. Le défi est grand. Les consciences de nombreuses autres
espèces peuvent être si différentes des nôtres que nous ne saisissons
qu’approximativement les significations inhérentes à certaines d’entre elles,
tandis que les essences des autres nous échappent totalement. Juste deux
exemples : actuellement, nous ne percevons pas du tout la recherche
apparemment sans fin d’accomplissement de valeurs que la conscience
manifeste à travers les « modestes » dipneustes ou les peu séduisants
cafards. Pourtant, ces entités sont parfaitement insensibles à nos notions
d’évolution, et elles explorent des contextes selon des modes se situant bien
au-delà de notre compréhension humaine actuelle. Pour ce qu’en sait la
science, ces deux espèces ont existé pendant plus de 300 millions d’années
en changeant à peine.
Dès lors, il devrait être clair que, dans notre réalité de camouflage, le
concept ordinaire d’évolution devient très complexe si tel est notre choix. Il
est possible d’envisager le processus à partir de nombreux points de vue ;
Jane et moi pensons que de telles recherches pourraient facilement
« évoluer » [histoire de plaisanter] et devenir un livre, soit pour soutenir les
idées de Seth sur le sujet, soit pour les réfuter. J’ai dans mes dossiers des
documents qui étayent ou rejettent toute position que l’on souhaite adopter
vis-à-vis de l’évolution. Mais comme « on » dit, cela ne rate jamais : les
membres de chaque groupe de pression, quelle que soit son orientation,
veulent voir les choses à leur façon — une attitude très humaine, j’en ai
peur. Une fois créée, chaque école de pensée s’arroge, souvent avec une
grande arrogance intellectuelle et émotionnelle, le droit de mettre en avant
dans le monde ses propres systèmes de croyances, aux dépens de ses
rivales.
Récemment, j’ai demandé à Jane pourquoi nos sciences et religions
prenaient tout cela tellement au sérieux. Je n’étais moi-même pas si sérieux
que cela. Si nous devons vraiment notre existence physique à un
assemblage hasardeux de certains atomes et molécules dans l’écume
épaisse d’une mare ou d’un océan primordial [pour ne parler ici que du
genre humain], alors nous ne reviendrons certainement jamais de cette
façon-là dans l’univers ; de plus, nos attributs émotionnels et intellectuels
devraient alors avoir connu le même début douteux. Outre l’absence de
preuve étayant ce genre de spéculations « scientifiques », je me demande
quelles valeurs intellectuelles ou sentimentales peuvent rendre un tel
système de croyance si séduisant. Elles sont sûrement très limitées, en
termes linéaires, et condamnées à ne jamais dépasser les perpétuelles
questions concernant ce qui est arrivé avant le commencement. Pour
paraphraser un autre matériau que Jane a écrit récemment : « Mais la
Terre et tout ce qui est sur elle sont donnés. Imaginer qu’un tel
environnement tout entier est un accident est intellectuellement scandaleux
et émotionnellement stérile. »
C’est l’endroit idéal pour insérer ici le poème qu’elle a écrit peu de
temps après.
La science me convainc de la magie
La science me convainc de la magie
chaque jour davantage.
Penser que toi et moi,
le plus petit brin d’herbe
et la plus haute montagne,
la plus petite fourmi
et l’Empire State Building
(tous les magasins, toutes les rues,
Et tous les gens du Manhattan d’aujourd’hui)
Existent tous à cause
d’un premier dé
auquel il est simplement arrivé
de tomber sur la bonne face !
Un dé qu’aucune main n’a lancé
Qu’aucune intention n’a voulu,
parce que ni l’une ni l’autre
n’étaient encore inventées.

Jane et moi n’adhérons certainement pas aux vues créationnistes [voir


la note 1]. Comme je l’ai écrit au début de cet appendice, développer
davantage l’histoire religieuse nous écarterait du sujet que j’ai prévu de
traiter ; mais, pour nous, la science est aussi éloignée, dans une certaine
direction, de la philosophie de Seth que l’est la religion, dans la direction
opposée. Les élans religieux de notre espèce sont présents depuis bien plus
longtemps que les élans scientifiques ; me voilà donc en train de chercher
des corrélations entre les deux, étant donné que, derrière chaque système
de valeurs, l’individu est porteur d’un sentiment très conscient de
vulnérabilité personnelle. Avant le darwinisme, pour utiliser ce concept
comme exemple, l’être humain sentait au moins que Dieu l’avait placé sur
Terre à certaines fins, même si l’homme déformait ces buts par ignorance et
à travers la guerre. Selon le judaïsme et le christianisme, entre autres,
l’homme pouvait chercher le pardon et le salut ; il avait une âme. Après
Darwin, il a appris que même sa présence physique sur Terre était un
accident de la nature. On lui a enseigné — il s’est enseigné lui-même —
que les idées d’âme et de dieux étaient ridicules. Dans les deux cas, cette
créature très faillible s’est retrouvée vulnérable devant des forces qu’elle ne
pouvait pas comprendre consciemment — même si, selon la vision de Seth,
au long des millénaires, l’homme a choisi toutes ses expériences religieuses
et antireligieuses.
Pour autant que j’ai pu le constater, la science prête très peu attention
aux questions philosophiques cherchant à savoir pourquoi nous sommes ici,
même si elle nous dit de façon très catégorique ce qui est vrai et ce qui ne
l’est pas. Et tout en postulant que la vie est fondamentalement dénuée de
sens ou de but [ainsi l’ADN ne se préoccupe pas de savoir à quoi ressemble
son hôte], la science lutte de toutes ses forces pour convaincre tout le
monde qu’elle a raison — donnant ainsi à ses vues professionnelles des
significations et orientations extrêmement rigides ! [Si j’étais vraiment
cynique, j’ajouterais ici que, pour Jane et moi, la science semble souvent ne
désirer que ce qu’elle croit.] En même temps, à l’aide de détails
mathématiques et biologiques beaucoup trop complexes pour les
approfondir ici, les auteurs de nombreux travaux scientifiques en faveur de
l’évolution ont fini par saper involontairement, j’en suis sûr, les idées
mêmes auxquelles ils croyaient avec tant de dévotion. J’ai fait allusion à
certains de ces paradoxes dans plusieurs notes de cet appendice
[notamment celles de 5 à 8].
Je viens de lire dans un ouvrage récent qu’un scientifique réputé
— l’une des nombreuses sommités exprimant ces points de vue, à l’heure
actuelle — est très pessimiste en ce qui concerne l’état de l’espèce
humaine, étant donné ses nombreux dilemmes. Je note aussi qu’il semble
être extrêmement malheureux lorsqu’il souligne le fait qu’il est
agnostique[20], type de système de croyance qui perpétue les doctrines
évolutionnistes habituelles. Partant de ces hypothèses limitées, l’individu en
question nous dit qu’il est ironique de constater que les zones « nouvelles »
du cerveau humain, celles qui ont évolué au cours des deux derniers
millions d’années, sont responsables des problèmes moraux et
technologiques auxquels notre espèce est confrontée aujourd’hui. Le grand
néocortex créatif du cerveau serait particulièrement responsable des
problèmes qui peuvent conduire l’humanité à s’autodétruire. Aucun de ces
défis-là, comme Jane et moi avons coutume de les appeler, n’est perçu
comme étant l’expression déformée du type de créativité décrit par Seth à
de nombreuses reprises[21].
Dans un contexte aussi sombre, je pense qu’il est légitime de se
demander comment l’espèce peut consciemment affirmer que sa présence
dans le cosmos est accidentelle, tout en exigeant que ses membres soient
des créatures hautement « morales ». Si la science insiste sur le fait qu’il
n’y avait, et qu’il n’y a, ni dessein ni planificateur derrière l’apparition de
l’homme, comment peut-on attendre de lui qu’il agisse comme s’il y en
avait un ? Seth n’en a pas parlé jusqu’à présent, mais je pense que de telles
contradictions jouent un rôle négatif important dans les conditions
actuelles du monde. L’attitude consistant à penser que la vie est une réalité
dépourvue de dieu est tellement répandue — et pas seulement dans les
cultures occidentales — que, dans les termes de Seth, on peut dire qu’il
s’agit d’une croyance de masse, bien ancrée et invisible.
Je suis heureux de noter que les idées de Seth sont à l’opposé d’une
bonne partie de la pensée « moderne » selon laquelle nous sommes voués à
causer notre propre fin en tant qu’espèce, que ce soit par un conflit
nucléaire ou de toute autre façon tout aussi dévastatrice. Depuis son propre
point de vue, Seth a parlé de ces peurs-là dans une session récente donnée
lors d’un cours de perception extrasensorielle de Jane.)
En certains termes, la théorie de l’évolution, telle qu’elle est
conventionnellement admise, a été la cause de fâcheuses croyances. Car
comment pouvez-vous vous regarder avec respect, avec dignité ou avec
joie, si vous croyez que vous êtes le produit final d’un jeu de forces où seul
le plus adapté survit ? Être le plus adapté implique que l’on est le plus
enclin à développer une intention meurtrière — car vous devez survivre aux
dépens de vos semblables, que vous soyez une feuille, une grenouille, une
plante ou un animal.
Selon cette théorie, vous ne survivez pas grâce à la coopération, et la
nature ne se voit pas accorder une forme d’intention créatrice, mais
meurtrière. Et si vous vous voyez comme le résultat final d’une telle espèce,
alors comment pouvez-vous vous attendre à de la bonté, du mérite ou de la
créativité, de votre part ou de celle des autres ? Comment pouvez-vous
croire que vous vivez dans un univers sûr si chaque espèce survit grâce à
ses griffes, et qu’elle doit chasser et tuer du fait de son intention meurtrière,
comme l’impliquent les théories de l’évolution et de la réalité elle-même ?
Alors, quand vous pensez à vos croyances et à qui vous êtes, vous devez
aussi penser à votre espèce, et à la façon dont on vous a expliqué son
apparition. Car vos croyances personnelles sont aussi basées sur ces
théories-là, et sur les croyances culturelles de votre époque.
Il est rare que vous vous interrogiez vraiment sur vos origines
biologiques, sur ce qu’elles signifient et sur votre façon de les interpréter.
Êtes-vous physiquement constitués de cellules meurtrières, dont chacune
souhaite spontanément faire la peau aux autres ? Si c’est le cas, votre être
physique est un produit encore plus miraculeux que je ne vous le disais. Si
vos cellules ne coopéraient pas si bien, vous ne seriez pas en train d’écouter
cette voix, et celle-ci ne ferait aucun son. Tandis que vous m’écoutez,
l’aventure coopérative créative à l’intérieur de vos corps se poursuit et, en
termes de continuité, cette aventure va de la Préhistoire jusque dans le futur.
Comme votre conscience crée la forme avec joie, tout meurtre que vous
avez pu projeter l’a été par incompréhension et ignorance de la nature de
cette conscience.
Les racines ne luttent pas pour exister. Une espèce ne se bat pas contre
les autres pour vivre. Au lieu de cela, la créativité émerge et
l’environnement du monde est connu et planifié, de façon coopérative, par
toutes les espèces. Ce qui vous apparaît maintenant comme une lutte et une
mort ne le sont pas à ces niveaux-là, car l’expérience de la conscience elle-
même y est différente, tout comme l’est l’expérience de votre propre
constitution cellulaire.
(Peu de temps après, voici ce que Seth a dit dans une session privée.)
Votre corps sait comment marcher. La connaissance est innée et mise en
œuvre. Le corps sait comment se guérir lui-même, comment utiliser sa
nourriture, comment remplacer ses tissus — pourtant, en vos termes, le
corps lui-même n’a pas accès au type d’information que possède l’esprit.
S’il est si ignorant, comment fonctionne-t-il si bien ?
S’il était enclin à penser scientifiquement, le corps saurait qu’une telle
prouesse spontanée est impossible, car la science ne peut pas expliquer la
réalité de la vie elle-même dans sa forme présente, et encore moins ses
origines. La conscience à l’intérieur du corps sait que son existence est à
l’intérieur du contexte du corps et, en même temps, au dehors de lui.
(Je rappelle que lorsque Seth parle d’évolution, le sens qu’il lui donne
diffère considérablement de celui des scientifiques — qui, avec des
modifications diverses, est même accepté par bon nombre de penseurs
religieux. Comme je le montre à la fin de cet appendice, Seth prend en
compte une bien plus grande diversité d’origines simultanées ; dans notre
réalité, celles-ci impliquent une croissance et un développement à partir
principalement d’un groupe « de base » d’espèces, ayant des objectifs
multidimensionnels opérant à l’intérieur d’un système de temps élargi,
incluant les probabilités, la réincarnation, les contreparties[22], la
précognition et d’autres concepts, significations et croyances. Toutes ces
qualités sont des manifestations de Tout-ce-qui-est, d’une conscience, d’une
énergie ou autre. Probabilités mises à part, quand Seth parle – comme il l’a
fait dans la session 705 – de cellules [ou de leurs composants] se
recombinant en parties de plantes ou de formes animales, nous ne pensons
pas, Jane et moi, que cela signifie l’évolution, ou la transformation, d’une
espèce en une autre — mais qu’une unité de conscience imprègne tous les
éléments de notre environnement, qu’ils soient « vivants » ou « morts ». En
ayant à l’esprit le concept de probabilités, une bonne partie de
« l’impulsion au développement et au changement » qui, selon Seth, existe à
l’intérieur de tous les organismes pourrait tout aussi bien avoir lieu dans
ces autres réalités. Au début de cet appendice, j’ai décrit comment Seth
développe continuellement son matériau sur la base de celui qu’il a donné
avant, et comment il en résulte des processus de corrélations entre l’ancien
et le nouveau. Aujourd’hui, mes idées établissent une corrélation entre le
matériau sur l’évolution, transmis par Seth dans la session 705 [qui a
conduit à cet appendice], et ses déclarations ultérieures quant aux origines,
dans le texte cité plus haut. Nous espérons en apprendre beaucoup plus sur
toute cette affaire d’évolution. Et derrière tout cela, Seth insiste sur le fait
que chacun de nous a choisi de faire l’expérience de cette réalité de
camouflage dans ce contexte historique.
Je pense que, du fait de ce choix, il y a nécessairement des
dénominateurs communs sous-jacents à toutes ces croyances discordantes
concernant l’évolution. Et pour chercher de tels facteurs unificateurs, il
faut, selon moi, se situer à l’intérieur de la théorie, du cadre ou de l’idée,
du temps simultané — quels que soient les mots que l’on souhaite utiliser
pour exprimer cette qualité en termes sériels. La recherche en serait
complexe. En même temps, j’admets que ces idées me rappellent toujours
un commentaire de Seth, lors d’une session donnée pendant un cours, le 23
juin 1970. L’extrait suivant est tiré de l’appendice de Seth parle.)
Dans cette réalité-ci, vous prenez soin d’accentuer tous les points qui
ressemblent à l’idée que vous vous faites de vous-mêmes : vous en faites un
modèle, et vous ignorez soigneusement tout ce qui ne colle pas. […] Si
vous arriviez à focaliser votre attention uniquement sur les différences que
vous pourriez percevoir, mais ne percevez pas, vous seriez stupéfaits que le
genre humain réussisse à former la moindre idée d’une réalité organisée.
(Collectivement, nous partageons cependant une réalité sur laquelle
nous sommes tous d’accord, même si elle est sujette à de nombreuses
tensions. Les deux extraits suivants proviennent de deux sessions que Seth a
données peu de temps après avoir fini La Réalité « inconnue » et que j’ai
jointes ici pour en faciliter la lecture. C’est mon travail sur cet appendice et
les discussions sur l’évolution, que Jane et moi avons menées en cours de
perception extrasensorielle, qui ont inspiré à Seth ce matériau. Comme je
l’ai indiqué pour les citations présentées dans la note 13, ce matériau sera
intégralement publié un jour, en tant que partie d’un livre de Seth ; peut-
être servira-t-il alors de guide pour le type d’investigation que je viens
d’évoquer. En attendant, les pensées qui suivent peuvent au moins aider à
orienter une réflexion nouvelle sur le début de notre planète, celui de toutes
les espèces qui s’y trouvent et, finalement, le début de l’univers lui-même.)
Il y a des difficultés de langage qui ont à voir avec la définition de la
vie. À cause de la force psychologique des notions préconçues, je dois
contourner beaucoup de vos concepts. Votre propre type d’esprit conscient
est splendide et unique. Il vous amène néanmoins à interpréter tous les
autres types de vie en fonction de vos propres spécifications et expériences.
Il n’y a rien qui soit, en vos termes, de la matière inanimée. Il y a
simplement un stade que vous reconnaissez pourvu des caractéristiques que
vous avez arbitrairement attribuées à la vie ou aux conditions de vie. Mais il
n’y a aucun stade particulier où la vie a été insérée dans une matière
inanimée.
Si nous devons parler en termes de continuité, ce que je regrette, alors,
en ces termes-là, vous pourriez dire que la vie dans l’univers physique, sur
votre planète, a « débuté » spontanément dans un certain nombre d’espèces
en même temps. Les mots me font presque défaut, les différences
sémantiques sont si vastes. En ces termes-là, il y a eu un point où la
conscience, par intention, s’est imprimée en matière. Cette « percée » ne
peut pas être expliquée logiquement, mais seulement comparée à, disons,
une illumination — c’est-à-dire à une lumière se produisant partout au
même moment et qui devient un vecteur pour la vie telle que vous la
définissez. Cela n’avait rien à voir avec la propension de certains types de
cellules à se reproduire — [toutes les cellules sont] habitées par la
« pulsion » de l’accomplissement de valeur —, mais avec une illumination
globale qui a fourni les conditions où la vie telle que vous la concevez était
possible ; et à ce point imaginaire et hypothétique, toutes les espèces sont
devenues latentes. Les pulsations internes de l’univers invisible ont atteint
certaines intensités qui ont « imprégné » le système physique entier
simultanément. Cette illumination était donc partout, en tout point
consciente d’elle-même et des conditions formées par sa présence.
En même temps, les unités EE (voir la note 3) sont devenues
manifestes. J’ai dit par exemple que l’univers s’étend comme le fait une
idée, et l’univers visible est donc apparu de la même manière. La même
énergie qui a donné naissance à l’univers est, en ces termes-là, encore en
train d’être créée. Les unités EE contiennent en leur sein la connaissance
latente de toutes les espèces diverses qui peuvent émerger dans ces
conditions-là. Il en est ainsi selon votre position relative. Vous pouvez dire
qu’il a fallu un nombre incalculable de siècles pour que les unités EE se
combinent « initialement », en formant des catégories de matière et
d’espèces diverses, ou vous pouvez dire que ce processus a eu lieu d’un
seul coup. En vos termes, chaque espèce est consciente de la condition de
chacune des autres, et de l’environnement entier. En ces termes-là,
l’environnement forme les espèces et les espèces forment l’environnement.
Il y a eu des hommes pleinement développés — c’est-à-dire complets sur le
plan de l’intellect, de l’émotion et de la volonté — vivant en même temps,
en vos termes, que les créatures supposées être les ancêtres de l’homme, du
point de vue de l’évolution.
[Cependant, lorsque] vous commencez à vous interroger sur la nature
du temps lui-même, alors le « quand » de l’univers n’a rien à voir avec la
question. Le mouvement et l’énergie de l’univers viennent encore de
l’intérieur. Je me rends bien sûr compte que ceci est loin d’être une
affirmation scientifique — pourtant, le moment où Tout-ce-qui-est a conçu
un système physique, celui-ci a été créé de façon invisible, doté de
créativité et voué à émerger [dans la réalité physique].
Il y a effectivement un plan et un planificateur, mais ils se combinent
tellement l’un dans l’autre, l’un étant à l’intérieur et l’autre à l’extérieur,
qu’il est impossible de les séparer. Le créateur est à l’intérieur de ses
créations et les créations elles-mêmes sont douées de créativité. Le monde
arrive à se connaître lui-même, à se découvrir, car le planificateur a laissé
de l’espace pour une surprise divine, et le plan n’a été préordonné nulle
part. Il n’y a en outre rien en lui qui corresponde à vos théories de la
« survie du plus adapté ».
(Cette déclaration de Seth selon laquelle des hommes pleinement
développés ont coexisté avec leurs prétendus ancêtres nous a amenés à
demander à Seth d’approfondir le sujet, ce qu’il a fait jusqu’à un certain
point. Voici donc un matériau provenant d’une session ultérieure précisant
sa pensée. La théorie généralement admise de l’évolution est encore une
fois remise en cause. Comme d’habitude, les nouvelles données fournies par
Seth soulèvent de nouvelles questions que nous n’avons pas encore
abordées jusqu’à présent. Mais au moins, ai-je dit à Jane, il a parlé de
certaines choses sur lesquelles nous pouvons l’interroger, que ce soit du
point de vue de l’évolution, du temps, du langage, de la civilisation, ou de
bien d’autres aspects. Les extraits ci-dessous sont ceux auxquels je faisais
référence dans cet appendice, quand j’écrivais que les matériaux de Jane et
de Seth portant sur les premiers hommes se complétaient l’un l’autre.)
En vos termes d’histoire, l’homme est apparu à plusieurs époques
différentes — sans descendre d’un ancêtre animal comme on le suppose
généralement. Il y avait des hommes-animaux, mais ils n’étaient pas votre
souche. Ils n’ont pas « conduit » à quoi que ce soit. Ils étaient eux-mêmes
des espèces à part entière[23].
Il y avait des animaux-hommes. Il s’agit là de termes que j’emploie à
votre convenance. Dans certaines espèces, les tendances de genre animal
prédominaient, dans d’autres, c’étaient plutôt les tendances humaines :
certains ressemblaient plus à des humains, d’autres à des animaux. Dans les
steppes de Russie, il y avait une espèce particulière, de taille gigantesque.
Une autre aussi se trouvait, je crois, en Espagne — dans cette région-là.
Il y a à ce sujet beaucoup de confusion quant aux ères géologiques,
telles qu’elles sont comprises[24]. De telles espèces ont existé dans
beaucoup de ces périodes-là. L’homme, tel que vous le concevez, a partagé
la Terre avec ces autres créatures. En ces termes-là, le soi-disant homme
moderne, avec votre structure crânienne, etc., a existé en même temps que
les créatures qui sont censées maintenant être ses ancêtres.
Il y avait une certaine rivalité entre ces groupes, et une certaine
coopération. Plusieurs espèces, disons, de l’homme moderne se sont
éteintes. Des accouplements ont eu lieu entre ces groupes — c’est-à-dire
entre les groupes existant au même moment.
Les capacités du cerveau de votre espèce particulière ont toujours été les
mêmes. […] Beaucoup de groupes d’hommes-animaux avaient leurs
propres communautés. Vous pensez peut-être que ces êtres étaient limités,
pourtant ils combinaient admirablement les caractéristiques animales et
humaines, et utilisaient plutôt bien les outils. Pendant de nombreux siècles,
ces groupes ont eu pratiquement la Terre pour eux, puisque l’homme
moderne n’était pas en rivalité avec eux.
Les animaux-hommes tout comme les hommes-animaux naissaient avec
des instincts plus forts. Leurs nouveau-nés n’avaient pas besoin de longues
périodes de protection : comme chez les animaux, ils étaient physiquement
plus agiles à un âge plus précoce que les bébés, disons, humains.
La Terre a traversé des cycles entiers que vos scientifiques ne
soupçonnent même pas. L’homme moderne a donc existé avec d’autres
espèces semblables à l’homme, et il est apparu à de nombreux endroits
différents sur la Terre et à des époques différentes.
Les hommes-animaux et les animaux-hommes ont donc eu eux aussi
leurs propres types de civilisations, et des civilisations complètes d’homme
moderne ont existé [longtemps] avant l’époque que l’on considère
maintenant comme étant celle de la naissance de l’écriture [en 3100 avant
Jésus-Christ].
(Après avoir écrit cet appendice, mon point de vue est que, en termes
scientifiques et religieux, nous connaissons bien peu de notre monde [et de
l’univers], de ses origines et de son incroyable variété de formes, aussi bien
« vivantes » et que « non vivantes ». Nos propres limitations ont peut-être
ici quelque chose à voir avec nos attitudes ; pourtant, Jane et moi sommes
devenus très prudents quant au fait de croire en la science ou en la religion
quand elles prétendent pouvoir expliquer notre monde, car ces deux
disciplines ignorent trop de choses. Quelle que soit la source de cette réalité
de camouflage, nos faibles connaissances et notre compréhension limitée
lorsque nous manipulons au sein de cette réalité [à travers le réalisme naïf
ou tout autre système de croyance ou de perception] doivent en fait nous
rendre humbles ; toute arrogance doit être transcendée à mesure que nous
devenons plus conscients de la dimension illimitée de la beauté, de la
complexité et du mystère qui nous entourent et dont nous faisons partie.
Nous ne pensons pas, Jane et moi, que tout ceci soit simplement arrivé par
hasard. L’esprit se pose trop de questions pour se satisfaire d’explications
mécanistes et l’une des contributions les plus précieuses du matériau de
Seth est peut-être d’apporter de l’eau au moulin de cette insatisfaction.
Selon nous, même la connaissance linéaire « ordinaire » qui va
s’accumuler au cours des deux prochains siècles, sans parler de durées
plus longues, va certainement modifier considérablement ou rendre
obsolètes bon nombre des concepts portant sur les origines et l’évolution,
qui sont aujourd’hui dispensés par des personnes faisant autorité — et que
la plupart des gens acceptent sans réfléchir. Depuis un certain nombre
d’années, la religion institutionnelle dans son ensemble a souffert d’une
perte de foi et de pratiquants : elle a été dépouillée de ses mystères par la
science qui, avec les meilleures intentions, propose à la place un
humanisme séculier — la croyance qu’il n’est point besoin d’une foi
aveugle en un dieu pour se sentir moralement concerné par le bien
commun ; mais, paradoxalement, cette préoccupation s’exprime la plupart
du temps en des termes religieux, ou avec des sentiments religieux.
Pourtant, la science aussi a connu de nombreux échecs tant sur le plan
théorique que technologique, et elle connaît une nouvelle humilité ; en
partie au moins à cause de ces échecs, un anti-intellectualisme s’est
considérablement développé, ces dernières années.
De récentes études montrent une augmentation de la foi religieuse, et de
plus en plus de gens déclarent que la science ne peut prétendre révéler une
vérité absolue, et qu’une théorie scientifique n’est valide que tant
qu’aucune divergence n’a été montrée. Jane et moi ne nous réjouissons
certes pas de voir qu’une religion majeure enseigne par exemple le « fait »
que la nature de l’être humain est fondamentalement corrompue et entachée
de péchés ; une religion, au meilleur sens du terme, peut sûrement offrir des
croyances bien meilleures que celles-là ! Notons par ailleurs les tout
derniers efforts des chercheurs en biologie pour expliquer comment, il y a
des millions d’années, une molécule primitive d’ADN a pu commencer à
fabriquer la protéine sur laquelle repose la vie, et donc contourner la
contradiction exposée dans la note 8 : qu’est-ce qui a créé la protéine qui
est le support du processus de vie, avant que cette vie soit présente pour
créer la protéine ? Ces scientifiques espèrent que leur nouvelle hypothèse
va survivre à de nouveaux tests et devenir un « fait », fournissant des
indices pour résoudre l’énigme des origines et celle de l’évolution. Et pour
paraphraser brièvement le matériau transmis par Jane, il n’y a pas si
longtemps [et qui sera peut-être publié un jour] : « Comment traiter de
nouveaux faits qui sapent des faits anciens, dans n’importe quel domaine
d’activité ? Dit-on que la réalité a changé ? À l’examen, ce sont les faits qui
cèdent. »
Et pendant que je travaille sur cet appendice, voici ce que Seth a déjà
fait remarquer dans la session 709, juste avant la pause à 22 h 35.)
Vous connaissez bien l’approche extérieure, consistant à étudier
l’univers objectif et à collecter des faits à partir desquels certaines
déductions sont faites. Dans ce livre, nous mettons donc l’accent sur des
moyens intérieurs d’acquisition, pas nécessairement de faits, mais de
connaissance et de sagesse. Maintenant, les faits peuvent vous apporter ou
non de la sagesse. S’ils sont suivis aveuglément, ils risquent même vous
éloigner de la vraie connaissance. La sagesse vous montre l’intérieur des
faits, pour ainsi dire, et les réalités d’où ils émergent.
(La recherche se tourne donc vers de nouvelles unions et significations ;
une convergence, pourrait-on dire, des réalités de la science, de la nature et
de la religion — et bien sûr du mysticisme. Par mysticisme, j’entends
simplement la pénétration intuitive de notre réalité de camouflage pour
comprendre plus en profondeur notre environnement physique et mental —
et c’est à cette compréhension-là que Jane tente d’accéder à travers son
expression du matériau de Seth[25]. En ce sens-là, il n’est pas nécessaire ici
de parler d’acquisition d’une connaissance « ultime » — il suffit de noter
que Jane, en tant que personne isolée, peut utiliser ses aptitudes pour
contribuer à unifier plusieurs points de vue. Elle peut aussi nous amener à
intégrer le fait que, quelles que soient nos orientations individuelles, nous
avons collectivement des objectifs globaux dans le monde que nous avons
créé. À elle seule, cette prise de conscience peut être source de
transformation ; comme je le montre dans les notes préliminaires du tome I
de La Réalité « inconnue », cette prise de conscience peut être des plus
utiles également dans la vie pratique, au quotidien. Dans ce type de
schéma, l’évolution à laquelle Seth fait référence — quelle que soit sa façon
d’entrer en jeu dans le développement des idées, des planètes, des
créatures, etc. — a un sens.)

NOTES DE L’APPENDICE 12

[1] Les ouvrages que j’ai lus depuis des années sur l’évolution développent
des points de vue divers et souvent contradictoires. Qu’il s’agisse de
croyances fondées sur les principes de la biologie conventionnelle
(darwinienne) par exemple, ou reliées à celles des créationnistes (qui
maintiennent que Dieu a créé la Terre et toutes ses créatures, tel que
cela est décrit dans la Genèse), les défenseurs de ces théories rivales
m’ont donné l’impression d’avoir au moins une chose en commun :
quelle que soit l’ampleur de leurs désaccords, leurs querelles sont
dénuées de tout sens de l’humour. C’est une affaire sérieuse, les gars !
Qu’est-il donc arrivé à la spontanéité et à la joie de vivre ? En lisant
toutes ces idées antagonistes, je me disais que la spontanéité et la joie
étaient certainement les deux ingrédients que Seth privilégierait dans
toute théorie ou présentation des « débuts » de la vie, quel que soit
l’angle philosophique adopté.

[2] Comme je l’ai écrit dans les Notes préliminaires du tome I, « je pense
que, tout au long de La Réalité “inconnue”, il est important de rappeler
périodiquement au lecteur certaines des idées fondamentales de Seth. »
Son temps simultané, ou présent spacieux, fait certainement partie de
ces concepts. Néanmoins, dans le paragraphe suivant, j’avais ajouté
que, selon moi, « le concept de Seth sur le temps simultané nous
échappera toujours d’une façon ou d’une autre, tant que nous serons
des créatures physiques ». Cela vaut pourtant la peine, je crois, de se
confronter à cette idée, car, pour la saisir ne serait-ce que
partiellement, il nous faut forcément élargir notre vision de la réalité.

Le lecteur pourra trouver une approche similaire dans les remarques de


Seth dans la session 682 du tome I : « L’idée d’un univers unique est
fondamentalement un non-sens. Il faut voir votre réalité dans sa
relation aux autres. Sinon, vous êtes toujours rattrapé par des questions
telles que : “Comment l’univers a-t-il commencé ? ”, ou “quand
prendra-t-il fin ? ” Tous les systèmes sont constamment créés. »

Voir ensuite la session 688, où Seth parle des systèmes fermés et des
mouvements du temps vers l’avant, vers l’arrière, vers l’intérieur et vers
l’extérieur.

À la lumière des extraits à venir dans cet appendice, provenant de la


session 44, il faut noter que lorsque Seth utilise le terme
« camouflage », il fait référence non seulement à notre monde physique
comme étant l’une des formes (ou l’un des camouflages) que prend la
réalité fondamentale, mais également à un autre type de temps — le
vecteur de moments successifs, auquel l’ego extérieur est accoutumé, et
dans lequel notre monde ordinaire existe.

La première fois où Seth a fait mention du « camouflage » est décrite


dans le tome I ; voir la note 3 de l’appendice 11.

[3] Cette session datant de 1964 a eu lieu plusieurs années avant que Seth
ne tente d’expliciter la vitalité qui « compose tous les phénomènes à
partir d’elle-même ». En octobre 1969, il a commencé à livrer son
matériau sur les unités EE (d’énergie électromagnétique). Celles-ci,
déclarait-il, existent juste en dessous du champ de la matière physique
et s’accumulent en réponse à une intensité émotionnelle ; à terme, elles
forment les objets physiques. Voir les sessions 504 à 506, dans
l’appendice du Matériau de Seth, et la session 581, tenue en avril 1971,
au chapitre 20 de Seth parle.

Dans le tome I, Seth a approfondi ce sujet en décrivant ses UC ou


« unités » de conscience. « Je ne veux pas que vous pensiez à ces unités
comme à des particules, a-t-il dit dans la session 682, datant de février
1974. Il y a une unité fondamentale de conscience qui, une fois
exprimée, ne sera plus rompue… » Voir aussi les sessions 683 et 684.

[4] Ce paragraphe et le précédent ont servi de note de bas de page dans la


session 637 du chapitre 9 de La Réalité personnelle. Cette session, qui
s’est tenue il y a 18 mois, contient un matériau approprié pour cet
appendice : en tant qu’analogie, Seth compare « l’évolution » des âmes,
en termes d’accomplissement de valeur, à la croissance cellulaire dans
notre réalité physique.

[5] Tel que j’interprète cette phrase, Seth n’est pas loin de dire que, dans
notre réalité, toutes les espèces — humaines, animales et végétales
(ainsi que les virus et les bactéries) — se sont développées à partir
d’une unique source primordiale vivante. La théorie de l’évolution
maintient qu’une telle source est apparue spontanément, en s’appuyant
sur diverses molécules de protéines (ou certaines autres sortes de
molécules) qui avaient elles-mêmes évoluées chimiquement — et
miraculeusement — à partir d’une matière non vivante, faisant preuve
ensuite d’une capacité à se reproduire. (Quand Seth s’est manifesté
dans cette session 44, ni Jane ni moi ne disposions de suffisamment
d’informations sur les théories de l’évolution pour lui demander d’être
plus spécifique. Les protéines, par exemple, sont des chaînes très
complexes d’acides aminés, composés d’azote, d’oxygène, d’hydrogène,
de carbone et/ou de certains autres éléments. Elles existent en grande
variété dans toute matière animale et végétale ; dans le corps, chaque
protéine remplit une fonction bien définie.) Mais l’idée selon laquelle
toutes les vies auraient eu une origine commune, qui, par pur hasard,
serait apparue sur la Terre — autrefois — sans l’aide de Dieu, ou de
tout autre concepteur, est aujourd’hui acceptée par la plupart des
scientifiques spécialisés en biologie et autres disciplines s’y rapportant.
Cette vision-là découle du travail accompli au XIXe siècle par les
naturalistes anglais Charles Darwin et Alfred Wallace.

Nous croyons toutefois, Jane et moi, que les « faits de l’évolution » ne


constituent au mieux qu’une hypothèse de travail — ou une proposition
sans preuve —, car bon nombre des principes de l’évolution, notamment
ceux qui font entrer en jeu l’énergie/entropie (voir la note 6) suscitent
de sérieuses objections. Il y a beaucoup de preuves de changements se
produisant à l’intérieur d’une espèce, mais la transmutation « vers le
haut », d’une espèce dans une autre, n’a pas été scientifiquement
démontrée à partir de traces fossiles probantes et n’a pas non plus été
vérifiée expérimentalement. Comme les arguments concernant
l’évolution peuvent se révéler très techniques, je fais donc référence
dans mes notes à ces aspects-là de la question, dans les termes les plus
simples possible.

Dans le tome I, voir l’appendice 6 en lien avec la session 687, et la


session 689 avec ses notes.

[6] Depuis que Seth a livré ce matériau dans la session 44, il y a 10 ans,
cela m’a toujours intéressé de comparer sa seconde loi de l’univers
intérieur avec la seconde loi de la thermodynamique de nos sciences
physiques de « camouflage ». Les deux ont à voir avec l’énergie et,
pourtant, elles me semblent opposées. Je perçois aussi qu’à travers
notre perception déformée de cette réalité intérieure, il existe un lien
entre elles, ce qui rejoint la déclaration précédente de Seth : « Ce que
vous appelez les lois de votre univers physique de camouflage ne
s’appliquent pas à l’univers intérieur ». (Quand cette session a eu lieu,
Jane ne connaissait rien ni des trois lois de la thermodynamique ni de
la façon dont elles définissent les relations entre l’énergie et la chaleur
dans notre univers. Elle ne s’intéresse toujours pas à elles, en tant que
telles, aujourd’hui ; elles ne font simplement pas partie de ses centres
d’intérêt.)

Seth a toujours maintenu qu’il n’y a pas de systèmes fermés, qu’ils


s’échangent constamment de l’énergie entre eux, indépendamment du
fait que de tels transferts soient détectés ou non. (Dans le tome I, voir la
session 688 ainsi que sa note 2.) D’un autre côté, la deuxième loi de la
thermodynamique nous dit que notre univers est vraiment un système
fermé — et que, à terme, il est voué à s’éteindre parce que la quantité
d’énergie disponible pour un travail utile décroît constamment, même si
le stock d’énergie est constant. Une mesure de cette énergie non
disponible est appelée entropie.

Selon moi, il est évident que lorsque Seth parle de « transformation


d’énergie », il ne veut pas dire que l’énergie (ou la conscience, d’après
ma façon de penser) dans notre système est inévitablement en train de
décroître. Je peux mieux exprimer cela intuitivement : en physique, cette
deuxième loi bien connue de la thermodynamique nous semble
habituellement fiable, aussi déformée soit-elle, uniquement à cause de
notre interprétation physique limitée, obtenue via notre système nerveux
central.

Il convient de noter en même temps que certains théoriciens continuent


de remettre en question la deuxième loi de la thermodynamique
— l’idée étant qu’il est impossible de prouver une « vérité » scientifique
qui se vérifie dans tous les cas de figure quand ceux-ci sont infinis.

[7] Charles Darwin (1809 – 1881) a publié De l’Origine des espèces en


1859. Dans cet ouvrage, Darwin présentait ses idées de sélection
naturelle — le fait que toutes les espèces évoluent à partir de versions
antérieures, en héritant de légères variations (génétiques) au fil des
générations. (Voir la note 5.) Dans un processus appelé gradualisme, il
y aurait eu, pendant des millions et des millions d’années, le lent
développement d’une flore et d’une faune, allant du plus simple au plus
complexe, et dont les structures qui survivaient étaient celles qui étaient
les mieux adaptées à leur environnement — « la survie du plus fort », en
termes populaires.

Tout biologiste qui serait un vrai darwiniste considérerait comme


anathèmes les déclarations suivantes de Seth (provenant de la session
690 dans le tome I) : « Les idées psychologiques et religieuses, en dépit
de nombreux désavantages… sont bien plus importantes en termes
“d’évolution” qu’on ne le reconnaît. […] Je vous dis que ce qu’on
appelle l’évolution et la religion sont étroitement liées. » Ce même
scientifique aurait une réaction identique en entendant Seth affirmer
(dans la session 513 du chapitre 2 de Seth parle) que « la conscience
crée la forme, et non l’inverse ».

On a souvent prétendu que la sélection naturelle de Darwin, bien


qu’excluant toute idée de dessein ou de créateur — tel que Dieu —
existant derrière la matière vivante, ne donne aucune explication sur ce
même point quant à la structure de la matière non vivante, qui, en ces
termes-là, a forcément précédé la vie. Je préfère aborder ce sujet-là à
partir de ce que Seth a déclaré dans la session 582, au chapitre 20 de
Seth parle : « Vous êtes biologiquement et chimiquement connectés à la
Terre que vous connaissez… » Comment se fait-il qu’en tant que
créatures vivantes, nous soyons constitués d’ingrédients — atomes de
fer, molécules d’eau par exemple — provenant d’un monde soi-disant
mort ? Dans la vision scientifique, nous sommes totalement dépendants
de cette situation contradictoire. Personne ne nie l’incroyable structure
ou dessein de notre univers physique, depuis les particules
subatomiques jusqu’en « haut » de l’échelle (indépendamment du type
de théorie cosmologique utilisé pour expliquer le début de l’univers).
L’étude d’un dessein constituant l’un des liens entre le système du
« vivant » et celui du « non-vivant » représenterait certainement un
immense défi — très enrichissant, je pense — pour la science. Je ne sais
pas trop bien de quelle manière ce travail pourrait être fait. Partant de
la biologie, il mènerait évidemment à la physique en passant par la
microbiologie, et déboucherait finalement sur une recherche qui, au
minimum, aborderait les unités d’énergie électromagnétique (EE) et les
unités de conscience (UC) dont parle Seth. Cependant, selon lui, les
deux classes de « particules » sont en réalité non physiques : le mieux
que l’on puisse en dire avec des mots, c’est que leurs réalités se situent
à des échelles si infimes que nous ne pouvons pas espérer les détecter
avec notre technologie actuelle…

Toutefois, nous sommes face ici à un paradoxe plein d’ironie : tout


scientifique qui envisagerait l’existence des unités EE et UC de Seth
serait traité d’hérétique par ses collègues plus conventionnels, car il
reconnaîtrait alors la possibilité que toute la matière, constituée de
telles entités conscientes, soit vivante. De ce point de vue là, au moins,
il n’y aurait aucun lien à découvrir relatif à un quelconque dessein.

En connexion avec le matériau de cette note, je crois qu’il est assez


intéressant et révélateur de constater que, plusieurs millénaires avant
Darwin, l’homme a lui-même commencé à jouer le rôle d’un créateur
au sein de la structure de la nature, à travers la reproduction sélective
des animaux et son hybridation des plantes. Ces activités représentent
certainement une évolution intentionnelle et consciente, guidée par la
créature même qui insiste sur le fait qu’aucune sorte de conscience ne
pourrait avoir été responsable de l’origine ou du développement de la
« vie », et encore moins de la matière « morte » de sa planète. Et cela
va plus loin encore : nous lisons qu’à l’époque actuelle, dans ses
laboratoires, l’homme fait de grands efforts pour tenter de créer un peu
de cette vie-là. Il le fait toujours, évidemment, avec l’idée que la bonne
combinaison d’ingrédients simples (eau, méthane, ammoniac et autres)
dans une éprouvette, stimulée par le type approprié d’énergie et
exactement dans les conditions adéquates, va automatiquement produire
la vie. On prédit avec beaucoup d’assurance qu’un jour, au moins une
de ces expérimentations sera un succès. J’attends toujours de lire dans
ces comptes rendus quoi que ce soit concernant le rôle que la
conscience pourrait jouer dans cette conversion vraiment miraculeuse
d’une matière morte en une matière vivante. Ceux qui s’adonnent à ces
expériences craignent peut-être que l’idée d’une conscience ne porte
gravement atteinte à la « pureté » scientifique de leurs travaux.
Enfin, dans cet appendice, je n’ai pas employé le terme
« néodarwinisme », afin d’éviter toute confusion avec le mot familier
« darwinisme », que la plupart des gens utilisent encore, y compris les
scientifiques. Le néodarwinisme est simplement l’idée originelle d’une
sélection naturelle chez les plantes et les animaux, remise à jour pour
prendre en compte la génétique contemporaine.

[8] Très brièvement, pour ceux que cela intéresse : on a souvent démontré
mathématiquement que, contrairement à la croyance darwinienne, une
très longue période de temps (disons, des millions d’années) ne permet
même pas la formation due au hasard des précurseurs chimiques de la
vie — la protéine ou les molécules d’acide nucléique —, mais qu’au
contraire, elle rend leur création encore moins vraisemblable. Car avec
le temps, la répartition régulière, ou l’équilibre, de la matière, s’accroît,
l’écartant ainsi des séquences ordonnées nécessaires pour soutenir la
vie. Scientifiquement, dans le système fermé de notre univers, la
deuxième loi de la thermodynamique et l’entropie finissent par
triompher de tout. (Voir la note 6.)

L’énergie solaire ne peut pas non plus être considérée comme l’agent
ayant directement transformé la matière non vivante en sa contrepartie
vivante ; en ces termes-là, la vie exige des molécules intermédiaires,
que la lumière du soleil n’est pas capable de fabriquer. La vie a besoin
d’une protéine afin « d’être » et pour la soutenir grâce au métabolisme
— et ce n’est qu’ensuite qu’elle peut utiliser l’énergie solaire. La
théorie de Darwin selon laquelle la vie est née par hasard pose une
contradiction fondamentale : qu’est-ce qui a fait la protéine qui
soutenait le processus de vie, avant que cette vie ait été présente pour
faire la protéine ?

Dans les études en laboratoire, des substances appelées protéinoïdes


(souvent définies par erreur dans les dictionnaires comme des
« protéines primitives ») ont été souvent observées en train de se former
à partir d’acides aminés, qui sont des sous-unités de protéines. Certains
chercheurs considèrent les protéinoïdes comme les ancêtres de la
protéine dont la vie a forcément besoin, mais, pour des raisons
scientifiques assez complexes, celles-ci sont loin d’être de vraies
protéines biologiques et elles ne mènent pas à la vie. Jane et moi
refusons que l’on nous dise que la matière morte se transforme d’elle-
même en matière vivante. Comment cette transformation se produit-elle
au juste ?

La pensée évolutionniste n’est pas seulement remise en cause par le


problème de la synthèse des protéines et celui de l’énergie/entropie
(voir la note 5). Elle est aussi confrontée aux énigmes que pose
l’absence de formes intermédiaires dans les fossiles retrouvés : où sont
les restes de ces créatures faisant le lien entre les oiseaux, les reptiles,
les chats, les singes et les êtres humains ? L’arbre hypothétique de
l’évolution de la vie exige que de telles formes intermédiaires aient
existé ; les paléontologues devraient déjà avoir déterré suffisamment de
leurs traces pour disposer au minimum d’un petit élément en faveur de
leurs systèmes de croyance ; le manque de preuves scientifiques est
embarrassant. Puisque mon esprit fonctionne ainsi, je pourrais faire des
dessins minutieusement détaillés d’une série graduelle de telles entités
(le gradualisme étant une prémisse fondamentale dans la théorie de
Charles Darwin), mais ces créatures auraient-elles été viables ?
Auraient-elles vraiment pu exister pendant les millénaires nécessaires,
tout en évoluant en une espèce dont les restes fossiles ont bel et bien été
découverts, ou qui est encore vivante aujourd’hui ? Comme indiqué
dans la note 5, les évolutionnistes proposent bon nombre de
spéculations associées à une théorie inadaptée — ou vraiment
hypothétique.

[9] Seth préparait la voie pour ces déclarations lorsqu’il a affirmé dans la
session 684 du tome I : « Il est plus exact de dire que l’hérédité opère
du futur en remontant vers le passé, que de dire qu’elle opère du passé
vers le présent. Aucune de ces deux affirmations ne serait tout à fait
correcte en tout cas, car votre présent est une balance dont l’équilibre
peut être affecté aussi bien par le futur probable que par celui passé. »

[10] Voir la note 2 de cet appendice. Puis dans le tome I, voir le matériau
sur le temps inversé et la symétrie, dans la note 6 de la session 702.

[11] Les deux références suivantes proviennent du premier tome de cet


ouvrage. Tout d’abord, dans la session 681 : « En vos termes
— l’expression est nécessaire —, le point-instant, le présent, est le point
d’interaction entre toutes les existences et réalités. Toutes les
probabilités passent par lui, même si un seul de vos points-instant peut
être vécu comme un siècle, ou comme le temps d’une inspiration, dans
d’autres réalités probables dont vous êtes une partie. » Voir aussi les
notes 1 et 5 de cette même session.

Et dans la session 683 : « Toutes les sortes de temps — en avançant ou


en reculant — émergent de la nature fondamentale imprévisible de la
conscience, et elles sont dues à des “séries” de signifiances. »

[12] Je ne sais pas vraiment comment le réalisme naïf peut cadrer avec le
voyage hors du corps (ou la projection). Je n’ai rien lu à ce propos et,
pour l’instant, je n’ai pas non plus demandé à Seth ce qui constituerait
sûrement un matériau très intéressant sur la possibilité d’une telle
relation. Paradoxalement, lorsque nous sommes en dehors de notre
corps, nos perceptions peuvent être reliées à la réalité temporelle de
façon plus ténue que d’ordinaire, et en même temps, plus aiguë. J’étais
conscient du monde physique habituel au cours d’une projection décrite
dans Seth parle (voir la session 583 au chapitre 20), ainsi que dans
d’autres situations de sortie du corps au cours de rêves. Cependant,
notre utilisation du réalisme naïf doit souvent conditionner ce que nous
nous autorisons à vivre quand la conscience est séparée du corps. Je
pense aussi que certains voyages hors du corps, apparemment dans des
réalités non physiques qui nous sont « étrangères », peuvent se baser au
contraire sur des états ou évènements corporels intérieurs. Mais quand
la conscience se projette, libre des structures que crée le réalisme naïf,
elle peut parfois accéder à des réalités ou probabilités vraiment
différentes. Jane y est parvenue avec un certain succès ; dans le
chapitre 6 d’Adventures, voir son expérience de projection faisant
entrer en jeu « la maison du docteur Sam ».

[13] Une note ajoutée beaucoup plus tard. Parfois les choses évoluent de
façon inattendue : on peut dire que, des années plus tard, Seth a
développé le matériau qui vient d’être présenté. Il l’a fait après avoir
terminé La Réalité « inconnue » depuis pas mal de temps, mais j’étais
toujours en train de travailler sur les notes et les appendices des
derniers tomes. Alors que j’écrivais l’appendice 12 en particulier, j’ai
discuté avec Jane des passages sur le réalisme naïf ; peu de temps
après, Seth a commencé à se référer à ce sujet pendant nos sessions
régulières, et l’une d’entre elles contenait les excellentes informations
données ci-dessous. (Seule une partie de cette session est citée, mais
elle sera publiée un jour dans son intégralité, en tant que partie d’un
livre de Seth.) Très évocatrice, elle examine comment la conscience
choisit vraiment de se manifester physiquement, en contradiction
directe avec les croyances mécanistes auxquelles s’accrochent si
fortement — et avec si peu d’humour — ceux qui adhèrent à la théorie
de l’évolution de Charles Darwin. Voici donc des extraits de la session
803.

« Vous percevez votre corps comme solide. À nouveau, vos sens mêmes
qui font une telle déduction résultent d’une activité d’atomes et de
molécules qui se rassemblent littéralement pour former les organes,
remplissant une structure de chair. Tous les autres objets que vous
percevez sont formés à leur propre manière, de la même façon.

« Le monde physique que vous reconnaissez est constitué de structures


invisibles. Ces structures sont « plastiques », dans le sens où, bien
qu’elles existent, leur forme finale est une question de probabilités,
dirigées par la conscience. Vos sens perçoivent ces structures à leur
façon. Celles-ci peuvent elles-mêmes être « activées » d’innombrables
façons. (Avec humour.) Il y a là quelque chose à observer.

« Votre appareil sensoriel détermine cependant la forme qu’une chose


va prendre. Le monde massif se dresse devant vos yeux, mais vos yeux
sont une partie de ce monde massif. Vous ne pouvez pas voir vos
pensées, vous ne réalisez donc pas qu’elles ont une silhouette et une
forme, comme en ont, disons, les nuages. Il y a des courants de pensée
comme il y a des courants d’air, et les structures mentales des
sentiments et pensées de l’homme s’élèvent comme les flammes d’un
feu, ou la vapeur d’une eau chaude, pour tomber comme des cendres ou
de la pluie.

« …ces structures de probabilités elles-mêmes ne sont pas inactives.


Elles sont possédées par le désir d’être-actualisées (avec un trait
d’union). Derrière toutes les réalités, il y a des états mentaux. Ceux-ci
cherchent toujours une forme, même si, à nouveau, il existe d’autres
formes que celles que vous reconnaissez. »

[14] On fait souvent référence à l’acide désoxyribonucléique, ou ADN,


comme étant la « molécule maîtresse » ou la « brique de base » de la
vie. L’ADN est une composante essentielle de la substance
protoplasmique dont sont constitués les gènes et les chromosomes dans
le noyau cellulaire ; elle gouverne l’hérédité de toutes les choses
vivantes.

[15] En microbiologie, les premières étapes des excitantes et controversées


manipulations génétiques sont à portée de main. Ce but de la science,
longtemps recherché, implique la recombinaison très sophistiquée d’un
ADN, à partir de formes de vie aussi diverses que les plantes et les
mammifères, pour créer de nouvelles formes jamais vues auparavant
sur Terre. On dit que ce type de travail est vital pour la compréhension
de nombreuses choses — la génétique de toutes les espèces, le contrôle
de certaines maladies, de grandes améliorations dans la qualité de
plantes alimentaires, etc. On dit aussi qu’il permet de neutraliser les
contraintes de l’évolution qui empêchent le croisement des espèces.
Bien que la recherche sur l’ADN puisse comporter des risques, comme
la création imprévue de nouvelles maladies, il semble que, sous couvert
de garanties strictes, des techniques de recombinaison soient vouées à
durer.

Une fois de plus, cependant, il est évident que la science, dans son
ensemble, est bien loin de l’idée de Seth selon laquelle chacun de nous
— qu’il s’agisse de « nous » en tant qu’humains ou molécules d’ADN —
crée sa propre réalité. Et que se passera-t-il si nous pouvons apprendre
à assembler des sections d’ADN provenant de différentes formes de vie
pour en produire de nouvelles ? Jusqu’à un certain point au moins, ces
substances génétiques fondamentales coopéreraient dans ces tentatives
de recombinaison : car quel que soit le type de vie développé, il
représenterait un ensemble dynamique d’une myriade de consciences
s’embarquant dans des explorations uniques.
Dans la note 7 (voir aussi la note 5), j’ai écrit que, pendant des siècles
— dont la plupart étaient évidemment antérieurs à celui de Darwin —,
l’homme avait lui-même joué le rôle d’un créateur en créant certaines
races d’animaux et variétés de plantes hybrides. Mais nous voyons
aujourd’hui qu’il ne se contente plus d’apporter des modifications à
l’intérieur d’une espèce, comme avec le bétail : avec une passion
dévorante, il se lance dans le défi de « fabriquer » de nouvelles formes
de vie. Ces élans sont créatifs, même lorsque, en tant que créateur, il va
à l’encontre de ses propres concepts darwiniens selon lesquels il n’y a
pas de plan conscient entrant en jeu dans la conception de son monde.

[16] Dans cet appendice, j’ai constamment pensé aux probabilités et à la


réincarnation comme étant pratiquement synonymes, tout en
mentionnant à peine la réincarnation pour éviter de compliquer
inutilement le matériau. Comme Seth nous l’a dit lui-même, dans la
session 683 du tome I : « La réincarnation représente simplement des
probabilités dans un contexte de temps — des parties du moi qui sont
matérialisées dans des contextes historiques. »

[17] Les extraits suivants, tirés de la session 690 du tome I, offrent une
étroite analogie avec le type de « temps » auquel a accès la conscience
moléculaire : « Cette précognition biologique est profondément ancrée
dans les chromosomes et les gènes et elle se reflète dans les cellules.
[…] Le “Maintenant” réellement perçu des cellules inclut donc ce que
vous considéreriez être le passé et le futur, en tant que simples
conditions de cet état de “Maintenant”. Dans votre temps en
suspension, elles maintiennent la structure du corps, simplement en se
manipulant elles-mêmes au sein d’un milieu en probabilités. Il y a un
constant échange de communication entre la cellule telle que vous la
connaissez dans le temps présent et la cellule telle qu’elle “était” dans le
passé ou “sera”. »

[18] Voir les informations sur le « vrai physicien mental », dans la session
701 du tome I. Seth explique comment, dans notre futur, un scientifique
de ce type sera capable de permettre à « sa conscience de franchir les
nombreuses portes [ou réalités intérieures] ouvertes que l’on peut
découvrir sans instrument, mais avec l’esprit ».
Puis, dans la même session, il a fait le commentaire suivant : « Ruburt a
parfois été capable de projeter sa conscience dans de petits instruments
physiques [des composants d’ordinateur par exemple] et de percevoir
leur activité interne au niveau, disons, des électrons. »

[19] Jane a décrit une de ses aventures avec des réalités probables dans
l’appendice 4 du tome I : elle s’est mise à l’écoute de ses propres
« bassins latéraux de conscience », de ses propres « matérialisations
neurologiques probables ». (Même si nombreuses personnes peuvent
trouver difficile la lecture de cet appendice 4, il contient selon moi
certaines des informations les plus importantes du tome I.)

[20] Je rappelle au lecteur qu’un agnostique (comme l’était, je pense,


Charles Darwin) est quelqu’un qui croit que l’esprit ne peut connaître
que les phénomènes physiques, et ne peut déterminer si, ultimement, il
existe ou non des réalités, des causes ou des dieux. Un athée, pour sa
part, croit qu’il n’y a pas de Dieu.

Je dois ajouter que, dans cet appendice 12, les passages sur la science
et les scientifiques n’entendent pas mettre en accusation des tendances
culturelles très puissantes, mais visent plutôt à offrir des visions de « là
où nous en sommes » en ce moment, en termes d’histoire linéaire.
Beaucoup de scientifiques sont effectivement agnostiques ou athées.
Toutefois, nous avons le sentiment, Jane et moi, que, si la science
représente « la recherche de la vérité » comme elle nous le rappelle si
souvent, elle devra un jour ou l’autre faire face au type de talents dont
elle fait preuve. Des aptitudes subjectives et objectives oeuvrant de
concert peuvent créer un tout plus grand que la somme de ses parties.
Un bon nombre de scientifiques, représentant diverses disciplines, ont
écrit à Jane à propos du matériau de Seth, et beaucoup d’entre eux ont
exprimé des vues de ce genre.

Le matériau du tome I, portant sur le scientifique de l’art du rêve, le


vrai physicien mental et le médecin complet (ainsi que sur la science en
général), s’applique ici. Voir les sessions 700 à 704.

[21] Voir dans cet appendice, les passages précédemment cités, extraits du
matériau du chapitre 20 de Seth parle et du chapitre 8 de La Réalité
personnelle.

[22] Une note ajoutée par la suite. J’ai inséré ici le mot « contreparties »
parce que, dans la partie 5 de ce présent volume, Seth consacre
certaines parties de plusieurs sessions à ce concept : « Très
littéralement, vous vivez plus d’une vie à la fois. » Voir entre autres la
session 721, citée ici, et son appendice 21. En étudiant ces sessions
particulières, le lecteur comprendra vite comment l’idée des
contreparties est en adéquation avec le sujet de l’appendice 12.

[23] En lien avec tout ce matériau, je suggère au lecteur de revoir les


sessions 562 et 563 au chapitre 11 de Seth parle. Dans le tome I, voir la
note 4 de la session 689.

[24] Sans entrer encore dans les détails — et nous ne lui avons pas non
plus demandé de le faire —, Seth a insisté plus d’une fois sur le fait que
la Terre est « beaucoup, beaucoup » plus vieille que l’âge de 4,6
milliards d’années qu’on lui attribue actuellement.

[25] Dans le tome I, il est question de Jane et du mysticisme, dans les notes
préliminaires, la session 679, et l’appendice 1 en lien avec cette
session-là.
APPENDICE 13

En lien avec la session 708

(« Il vous est impossible de voir avant ou après ce que vous considérez


être votre naissance ou votre mort », cette phrase de Seth a déclenché en
moi tout un jeu d’associations, qui se sont révélées complexes. Je croyais
me souvenir d’une déclaration qu’il avait faite il y a longtemps, mais j’étais
incapable de la localiser au milieu de tout son matériau. L’une après
l’autre, mes connexions mentales se sont mises en place à mesure que je la
cherchais, mais j’ai été quand même assez frustré pendant un certain
temps, car j’ai mis longtemps à retrouver son emplacement.
J’ai d’abord pensé à l’affirmation de Seth dans la session 92 du 28
septembre 1964, selon laquelle « les arbres ont leurs rêves ». [Dans le tome
I, voir les citations dans la note 1 de la session 698.] Ensuite, je me suis
souvenu qu’il avait transmis un vaste matériau sur la conscience des
arbres, dans une session bien antérieure. Le lendemain, avec l’aide de
Jane, j’ai retrouvé cette information dans la session 18, du 22 janvier 1964.
Une bonne partie de cette session-là n’a jamais été publiée, bien que nous
souhaitions la faire paraître un jour dans son intégralité. Elle contient de
nombreuses idées fascinantes — par exemple : « Un arbre connaît aussi un
être humain… [pourtant il] ne construit même pas une image d’un homme,
c’est la raison pour laquelle cela est si difficile à expliquer… Et le même
arbre reconnaîtra le même homme qui passe à côté de lui tous les jours. »
Puis le sujet de la session 18 m’a amené à me souvenir que Seth avait
aussi parlé des arbres, plusieurs années après. Mais cette fois, en dépit de
ma méthode d’indexation de chaque session, selon un système assez adapté,
il m’a fallu plusieurs jours pour retrouver le passage souhaité. Pour le
découvrir, il m’a fallu patiemment passer au peigne fin de nombreuses
sessions et notes. [Si les index énuméraient tout en détail, ils finiraient par
être presque aussi longs que les sessions elles-mêmes.] La recherche en
valait toutefois la peine ; j’avais maintenant la phrase clé que j’avais
associée à la remarque de Seth dans la session 708. C’est celle qui est
soulignée dans le texte ci-dessous, provenant de la session 453, du 4
décembre 1968.)
Selon votre façon de penser, certaines vies sont vécues en un clin d’œil,
et d’autres durent des siècles, comme c’est le cas pour certains arbres
immenses. La perception de la conscience n’est pas limitée. […] Je vous ai
dit par exemple que la conscience de l’arbre n’est pas aussi spécifiquement
focalisée que la vôtre. Toutefois, l’arbre est pratiquement conscient des
cinquante années qui précèdent et des cinquante à venir.
Son sens de l’identité va spontanément au-delà du changement de sa
propre forme. Il n’a pas un ego qui coupe court à l’identification du
« moi ». Les créatures dépourvues d’un ego compartimenté peuvent
facilement suivre leurs propres identités au-delà de tous les changements de
forme. Le moi intérieur est conscient de cette intégrité de l’identité, mais
l’ego qui est si solidement focalisé sur la réalité physique ne peut pas se
permettre ce luxe.
APPENDICE 14

En lien avec la session 708

(Le lendemain de la session 708, du 30 septembre 1974, j’ai demandé à


Jane de mettre par écrit ce qu’elle m’avait dit vers 1 h 15 du matin. Bien
que passablement endormi à ce moment-là, je me souvenais quand même de
la description qu’elle m’avait faite, mais je voulais avoir sa propre version
pour l’utiliser ici. Voici ce qu’elle a écrit.
« Tandis que je m’apprêtais à me coucher, après notre dernière session
avec Seth, je me suis soudain interrogée à propos de l’Atlantide. Puis
mentalement j’ai reçu, de Seth, je pense, l’information suivante :
l’Atlantide, tel que nous le concevons à travers nos mythes et notre histoire,
était en fait un composé de trois civilisations. L’Atlantide serait donc un
mythe résultant d’une vérité. Ensuite, j’ai appris que Platon avait lui-même
reçu le matériau de l’Atlantide de façon médiumnique — alors qu’il disait
l’avoir reçu d’une autre manière. Je n’ai jamais interrogé Seth à propos de
l’Atlantide ; je crains de m’être depuis longtemps désintéressée de cela à
cause de l’engouement pseudo-mystique qui y est associé. »
Dans ses dialogues Timée et Critias, Platon, le philosophe grec [427 ?
-347 ? av. J.-C.], a décrit comment ce continent, cette île légendaire de
l’Atlantide, avait disparu sous l’océan, à l’ouest des Colonnes d’Hercule
— le détroit de Gibraltar —, 12 000 ans plus tôt. Cette histoire de
l’Atlantide, Platon disait l’avoir entendue de la bouche de son oncle
maternel, Critias le Jeune, qui lui-même l’avait reçue de son père, Critias
l’Ancien ; celui-ci en avait pris connaissance à travers les œuvres de Solon,
homme d’État et législateur athénien ayant vécu deux siècles auparavant
[env. 640-559 av. J.-C.], qui, à son tour, tenait cette histoire de l’Atlantide
de prêtres égyptiens qui l’avaient apprise de ? Que l’Atlantide ait
effectivement existé historiquement ou non, son emplacement, l’époque de
sa supposée disparition, etc., sont bien sûr des points fortement contestés
par des érudits, des scientifiques et d’autres.
Jane n’avait pas connaissance de quelque association spécifique que ce
soit, susceptible de lui avoir fourni des informations sur l’Atlantide, et nous
n’avions eu aucune lecture ou discussion portant sur ce sujet. Peut-être le
ton général du matériau de Seth au début de la session, en particulier
lorsqu’il se réfère à des idées telles que les « séquences historiques » et les
« réalités alternatives », a-t-il servi de déclencheur.
Une note ajoutée par la suite. Seth lui-même avait des choses à dire à
propos de l’Atlantide, dans la session 742 de la partie 6 ; la session
contient également des extraits du matériau sur l’Atlantique qu’il a
transmis environ un mois après avoir fini La Réalité « inconnue ». Sans
révéler des « secrets », je peux écrire qu’à deux occasions, Seth a parlé de
ce sujet en lien avec ses postulats concernant les idéaux, les mythes, la
religion, les probabilités et la nature simultanée du temps.)
APPENDICE 15

En lien avec la session 710

(Aujourd’hui, nous avons lu un long traité sur les « vérités » énoncées


par des « hommes saints » adeptes de diverses philosophies religieuses
orientales — hindouisme, bouddhisme, taoïsme, etc. La réponse rapide et
passionnée de Jane, dans le texte qu’elle a écrit et qui est présenté ci-
dessous, reflète les sentiments profondément enracinés dans sa nature
mystique, et éclaire également d’importants aspects de la teneur et de
l’orientation du matériau de Seth dans son ensemble. De ce fait, les
croyances de Jane comportent forcément des différences par rapport à
d’autres visions de la réalité.
Je crois toutefois que ce qui entre ici en jeu, ce n’est pas simplement le
choix que l’on fait parmi les systèmes de croyance que proposent par
exemple les cultures orientales et occidentales — mais le fait que, en termes
plus fondamentaux, chaque personnalité ferait ce type de choix avant sa
naissance physique, avec la pleine compréhension de la vaste influence
qu’une telle décision peut avoir sur l’œuvre d’une vie. Évidemment, en ces
termes de temps linéaire, Jane et moi avons chacun le sentiment d’avoir
choisi nos environnements présents.
Étant individualistes, comme je l’ai écrit dans les notes préliminaires du
tome I, nous ne nous concentrons pas sur les parallèles existant entre les
concepts de Seth et ceux des doctrines orientales religieuses,
philosophiques et mystiques ; bien que nous ayons connaissance de telles
similitudes, nous nous rendons tout aussi bien compte que ces doctrines
peuvent être radicalement différentes du point de vue de Seth. J’avais ajouté
que, même si dénigrer d’autres approches de la réalité intérieure nous
semble sans intérêt, nous croyons cependant fermement en la « nature
inviolée de la conscience individuelle, avant, pendant et après une existence
physique, en termes ordinaires[1] ». Nous laissons donc, ici, au lecteur le
soin d’établir les liens intuitifs et évidents entre la philosophie de Seth et le
matériau que Jane a écrit aujourd’hui. Le lecteur intéressé pourra aussi
comparer son texte à certains passages de son long poème, Dialogues of
the Soul and the Mortal Self in Time, quand cet ouvrage sera publié en
septembre 1975.
Cet après-midi-là, le 7 octobre 1974, Jane se demandait donc dans son
texte :
« Quelle est cette passion pour le non-être, ce déni d’une vie sensuelle,
qui anime tant de gourous et de prophètes autoproclamés ? Ils s’élèvent
contre le désir, tout en étant poussés par leur désir irrésistible de se perdre
eux-mêmes. Ils se livrent avec délice à une forme de masturbation
cosmique, titillant leur organisme psychique jusqu’à des niveaux
d’excitation hébétée, s’ébattant dans des orgasmes d’abandon de soi. Ils se
prélassent dans une sorte de bain de vapeur universel qui chasse de leur
âme toutes les impuretés d’individualité ou de créativité, les laissant
plongés, soi-disant à jamais, dans une félicité au-delà de toute description ;
dans laquelle, en fait, leur propre expérience disparaît.
« Dieu merci, un dieu est parvenu à s’extraire d’une telle unicité
psychique, si c’est vraiment ce que c’est censé être. Dieu merci, un dieu
s’est suffisamment aimé lui-même pour se diversifier, se créer sous un
million de formes différentes ; se multiplier, faire exploser son être vers
l’intérieur et l’extérieur. Dieu merci, un dieu a suffisamment aimé sa propre
individualité pour fonder, avec son propre être unique, le moins et le plus,
l’immense et l’infime.
« Les gourous disent : “Abandonnez tout.” L’un de ceux que nous avons
lus aujourd’hui recommande : “Quand vous voulez faire une chose, faites-
en une autre à la place. Ne faites pas ce que vous voulez faire, mais ce que
vous devez faire.” Ne faites jamais confiance au moi que vous êtes, disent
les gourous, mais au moi que vous devez être. Et ce moi-là est censé être
mort au désir, passé au-delà de vouloir ou se soucier ; pourtant,
paradoxalement, ce non-ressenti conduit à la félicité. Les gourous disent
que Tout-ce-qui-est est en vous, mais vous recommande cependant de ne
pas faire confiance à vous-même. Si Tout-ce-qui-est ne voulait pas qu’il y
ait des apparences, nous ne ferions l’expérience d’aucune d’elles !
Pourtant, les apparences sont des non-vérités, disent les gourous, elles sont
changeantes et donc fausses[2].
« Mon corps est-il une apparence, et donc une non-vérité au sein de la
vérité qui est immuable ? Ah, cher corps, combien ta non-vérité est belle et
bénie, elle qui perçoit et ressent le désir au plus profond de tes os. Corps ô
combien bénis, jaillissant vivants à partir de molécules microscopiques qui
se combinent pour marcher le long des rues en automne ; s’assemblent
pour former le doux discernement des sens, qui perçoit pour un temps la
joie et l’unité précises d’un simple après-midi qui passe. La non-vérité du
corps est plus sainte que toutes les vérités et, si le corps est une non-vérité,
alors je proclame ici même que la non-vérité, et la vérité et toutes les
vérités des gourous sont des mensonges.
« Dieu se connaît lui-même à travers la chair. Dieu peut se connaître à
travers un million ou mille millions d’autres mondes, tout comme je le peux
— mais puisque ce monde est, et puisque je vis en lui, il est plus qu’une
apparence, plus qu’une entrave qu’il faut rejeter. C’est un privilège d’être
ici, de regarder avec cette focalisation unique, avec ces yeux d’individu ; de
ne pas être aveuglé par une vision cosmique, mais de voir ce coin de réalité
que je forme à travers les connexions miraculeuses de l’âme et de la chair.
Chérissez les dons des dieux. Ne soyez pas si désireux de leur jeter au
visage votre individualité en disant : “J’en ai vraiment marre de moi et de
mon individualité ; cela me pèse.” Même la conscience d’un écureuil
soudain jetée dans le corps d’un de ses semblables éprouverait un
sentiment de perte, serait confrontée à une étrangeté et saurait dans la
dimension sacrée de son être que quelque chose ne va pas. Portez avec
fierté votre individualité. Elle est l’insigne de votre dimension divine. Vous
êtes un dieu vivant une vie — étant, désirant, créant. En vous honorant
vous-même, vous honorez tout ce que Dieu est, et vous devenez un co-
créateur conscient. »)

NOTES DE L’APPENDICE 15

[1] Dans le volume I de La Réalité « inconnue », voir le matériau sur Jane,


le mysticisme et la religion, dans les notes préliminaires, la session 679
et l’appendice 1. Dans ce premier appendice, les notes sur Jane en tant
que « mystique indépendante » (en dépit de son refus de se considérer
elle-même comme une mystique) sont particulièrement appropriées ici.

[2] À partir de n’importe quel livre de Seth — sans parler de ceux de


Jane —, je pourrais citer de nombreux commentaires qui remettent en
question une bonne part des idées sous-jacentes aux différents systèmes
de pensée des religions orientales. Dans la session 642 du chapitre 11
de La Réalité personnelle, Seth a dit par exemple : « Vous ne
parviendrez ni à la spiritualité, ni même simplement à une vie heureuse,
en déniant la sagesse et l’expérience de la chair. Vous pouvez apprendre
davantage en observant les animaux qu’auprès d’un gourou ou d’un
pasteur — ou qu’en lisant mon livre. Mais vous devez tout d’abord vous
défaire de l’idée que votre condition de créature est suspecte. Votre
humanité n’a pas émergé du refus de votre héritage animal, mais de son
élargissement. »

En ce qui nous concerne, et même en considérant le concept du


« camouflage » dont parle Seth (dans le tome I, voir la note 3 de
l’appendice 11), nous croyons certainement, Jane et moi, que nos
existences physiques et nos expériences mentales sont en elles-mêmes
tout à fait « réelles ». Nous pourrions facilement écrire un livre entier
pour présenter les raisons de nos croyances particulières, en les
examinant à la lumière de philosophies religieuses aussi bien
occidentales qu’orientales. Une bonne question d’ordre général, et que
nous aimerions voir aborder en ayant à l’esprit nos propres idées de la
nature inviolée de l’individu, concerne selon nous la prédominance de
la pensée et de la perception ordinaires et quotidiennes de l’esprit
conscient, dans la plupart des régions du monde. En termes historiques,
cette situation a toujours existé pour l’espèce humaine ; et nous pensons
qu’il en va pratiquement de même dans les pays orientaux, en
particulier parmi leurs leaders politiques et leurs classes dirigeantes.

Pourtant, la croyance bouddhiste, par exemple, maintient que notre


perception du monde n’est pas d’ordre fondamental, mais une illusion ;
notre « ignorance » de l’ « ainsité » fondamentale indifférenciée se
traduit par la division de la réalité en objets et idées. Mais pourquoi
appeler illusion notre conscience généralisée, au lieu de la considérer
comme l’une des innombrables manifestations de la réalité ? Personne
n’est exempt d’un minimum de besoins physiques ou d’une pensée
tournée vers soi, ai-je fait remarquer à Jane récemment, et chaque
nation, quelle que soit sa philosophie, s’efforce d’étendre sa base
technologique. Un usage largement répandu des doctrines religieuses
orientales serait-il plus pratique de nos jours sur notre Terre, ou bien le
type de connaissance de soi défendu par Seth ? Les pays orientaux ont
connu d’indéniables accomplissements certes, mais pourquoi n’ont-ils
pas créé dans le passé les sociétés immortelles qui auraient pu servir de
modèles aux sociétés occidentales — des cultures ou nations où toutes
les vicissitudes humaines habituelles (en ces termes-là) auraient été
depuis longtemps comprises et abolies : la guerre, le crime, la pauvreté,
l’ignorance et la maladie ?

À coup sûr, l’espèce doit cependant établir ses activités conscientes


dans le long terme, même si des conflits et des questions sans fin
découlent de ces efforts. Depuis de nombreux siècles de notre histoire
connue, ces conflits eux-mêmes servent au moins l’un des buts généraux
de la conscience, dans les limites de notre compréhension : se connaître
elle-même plus pleinement dans ces modes particuliers différenciés.
APPENDICE 16

En lien avec la session 711

(Dans les notes d’ouverture de la session 711, je me suis référé à ce


qu’a transmis Seth pendant le cours de perception extrasensorielle de la
veille, le 8 octobre 1974. Quand Jane et moi avons reçu la transcription de
ce matériau la semaine suivante, nous avons vu qu’il correspondait à cinq
pages dactylographiées. Seth y parlait de nombreuses choses, mais ses
remarques ci-dessous, telles que je les ai rassemblées, concernent
principalement un sujet dont il avait d’abord discuté avec les membres de la
classe, une semaine auparavant, le 1er octobre[1] — la « cité » que les
élèves pouvaient commencer à construire dans leurs rêves individuels et
collectifs.)
Il y a beaucoup de choses que je ne vous ai pas dites à propos de votre
cité, car vous devrez les découvrir par vous-mêmes. Je vous encourage
simplement à focaliser vos énergies jointes dans cette direction-là. […]
Vous aurez affaire à des symboles, vous apprendrez pourtant que les
symboles sont une réalité, car vous êtes des symboles de vous-mêmes, qui
vivent et parlent. Vous ne vous considérez pas comme des symboles, [mais]
il n’y a pas un seul symbole qui n’ait sa propre vie individuelle.
Je vous parle d’autres réalités théoriques. Je vous mets au défi
maintenant d’être aussi créatifs dans une autre réalité que vous l’êtes dans
celle-ci. Et si, à cause de vos croyances, il vous semble que vous êtes
limités ici, alors je mets joyeusement chacun de vous au défi de créer une
cité, un environnement et peut-être un monde, dans lequel de telles
limitations n’arrivent pas. Quel type de monde créeriez-vous ?
Je vous parle depuis le désir connu et inconnu qui vous fait naître et qui
vous parle en provenance de la pensée la plus fine et la moins reconnue qui
vole comme un pigeon à l’intérieur de votre crâne. […] Et en cet instant de
votre réalité, et dans le désir de votre être, vous créez même Tout-ce-qui-
est. Ne vous inclinez devant aucun homme, aucune femme et aucune
croyance — mais sachez que vous êtes vraiment les créateurs.
Pour certains d’entre vous, la cité aura un théâtre. Pour d’autres, elle
n’en aura pas. Pour ceux parmi vous qui aiment le théâtre, ce sera un théâtre
comme ils n’en ont jamais vu de semblable. Les acteurs et les actrices y
joueront les rôles de croyances — de croyances incarnées — et la moralité
de la pièce, pour ainsi dire, aura à voir avec la nature des croyances et la
façon dont elles ont été jouées à travers les siècles, aussi bien qu’au fil des
heures. Ce théâtre servira donc de nombreux buts, tout comme chacun de
vous est un interprète exquis et a choisi les rôles et les croyances que vous
avez adoptés.
Maintenant, il existe des livres programmant l’activité de sortie du
corps ; des millions d’entre vous ont entendu dire que, lorsque vous quittez
votre corps, vous allez rencontrer tel ou tel démon, ou tel ou tel dieu
courroucé. Alors, au lieu de cela, nous allons former une cité libre où ces
voyageurs peuvent venir, et où ceux qui y pénètrent peuvent lire des livres
sur le bouddhisme s’ils préfèrent, ou jouer le rôle d’un catholique. Il y aura
aussi des pièges appréciés, tendus autour de la cité, qui seront de nature
éclairante. […] Maintenant, écoutez : vous pensez qu’il n’y a rien
d’intrinsèquement impossible quand il s’agit de construire une plate-forme
dans l’espace [qui est le vôtre]. […] Je suggère donc une plate-forme dans
une réalité intérieure. Elle est tout aussi valide — beaucoup plus valide —
qu’une cité en orbite dans le ciel, en termes physiques, et elle est un bien
plus grand défi pour vos aptitudes créatrices. Vous avez besoin d’un bon
défi — c’est amusant ! Pas parce que vous devez le faire, mais parce que
vous le désirez. […] C’est un grand défi créatif que vous pouvez vous
lancer à vous-mêmes depuis vos moi futurs.
(En réponse à la question d’un étudiant.) Un piège apprécié est un piège
que vous vous tendez vous-même. Et votre cité en aura plein. Quand vous
en aurez assez de jouer un prêtre catholique, par exemple, vous tomberez
dans votre propre piège — où vos croyances seront soudain parvenues à
leur perfection logique, et vous verrez ce qu’elles signifient.
Maintenant, quand des enfants marchent dans la rue, certains comptent
les fissures du trottoir. Et donc, notre cité aura son propre type de trottoirs
problématiques ! Il y aura des trottoirs à l’intérieur, au-dessus et en dessous
des trottoirs. Mais ce sera à chaque individu de choisir celui qu’il suivra.
Quand Ruburt [comme Seth appelle Jane] était jeune fille, il a écrit un
poème dans lequel il déclarait :

Vous faites vos propres trottoirs,


et je fais mon propre trottoir[2].

Et nos villes auront donc simplement des trottoirs alternatifs, qui seront
des pièges appréciés, posés par chaque moi.
Je ne ressens une grande responsabilité pour aucun de vos êtres. [Sinon]
je vous dénierais votre propre pouvoir et semblerais construire le mien. […]
Je suis ici parce que cela me plaît. Je suis un enseignant et, puisque je suis
un enseignant, j’aime enseigner. Une personne qui aime enseigner a besoin
de personnes qui aiment apprendre. C’est la raison pour laquelle je suis ici
et pour laquelle vous êtes ici. […] Ma vision de la réalité est différente de la
vôtre, et c’est bien, et je peux donc enseigner. Un vrai enseignant vous
permet d’apprendre de vous-même. Je me réjouis de la grande vitalité et de
la grande exubérance de votre réalité, et notre cité possédera joie et
exubérance. La joie semble parfaitement admissible, mais (d’un air amusé)
dans notre cité, on s’amusera aussi — ce qui, dans de nombreux cercles
spirituels, n’est pas aussi acceptable !
(Dans cette session donnée en cours, Seth avait beaucoup plus à dire à
propos de la cité du rêve. Étant donné la liberté individuelle de création
entrant en jeu dans l’existence même de la cité, et dans le poème antérieur
de Jane cité dans la note 2, je vais clore cet appendice par d’autres vers de
Jane. Ils sont extraits d’un poème encore plus ancien, Lorrylo, qu’elle a
écrit quand elle avait quinze ans.

Je suis la fille du vent,


je suis la vagabonde du temps.
Je suis un esprit, détaché et libre,
Enfant adoptive de l’infini.)

NOTES DE L’APPENDICE 16

[1] « Vous pouvez coloniser un niveau intérieur entier de réalité, a dit Seth
dans cette classe du 1er octobre. Pour cela, vous devez donner le
meilleur de vous-même avec dévouement et une créativité joyeuse. Ce
ne sera pas une cité imaginaire. Elle aura une réalité plus grande que
toute cité physique que vous connaissez, et elle peut, à sa manière,
briller de lumières plus vives dans la réalité intérieure que n’importe
quelle ville la nuit. Là-bas, je l’espère, vous travaillerez au
développement de vos aptitudes, en tant que scientifiques de l’art du
rêve (voir la session 700 dans le tome I de La Réalité “inconnue”), et
apprendrez d’autres professions que celles que vous connaissez
actuellement. »

[2] Seth n’a pas précisément cité le petit poème que Jane a écrit il y a
vingt-six ans, mais il l’a paraphrasé. Il s’intitule Echo et elle l’a
composé en 1948 quand elle avait dix-neuf ans. Une fois de plus, dans
un de ses écrits anciens, nous voyons des signes clairs du futur matériau
de Seth en 1963. Écho commence ainsi :

Je me tiens debout,
sur un bloc d’immobilité.
Plus sécurisant
que n’importe quel trottoir,
J’emporte avec moi
mon propre trottoir…
APPENDICE 17

En lien avec la session 711

(J’ai commencé cet appendice 13 mois après que la session 711 a eu


lieu. Nous nous préoccupons rarement, Jane et moi, de donner des
définitions strictes de qualités telles que les « états modifiés de
conscience ». Nous faisons tous souvent l’expérience de ces états-là, tout au
long de la journée, cette expression ne devrait donc pas signifier quoi que
ce soit de mystérieux — bien qu’on nous regarde en général d’un air
interrogateur quand l’un de nous deux l’emploie.
Personne n’a par exemple jamais officiellement enregistré les ondes du
cerveau de Jane avec un EEG, ou électroencéphalogramme. Non pas
qu’elle soit contre cette procédure — simplement, elle s’intéresse beaucoup
plus à ce qu’elle ressent et fait réellement qu’à ce qu’elle est d’après les
enregistrements mécaniques effectués par une machine.
Il y a quatre types d’ondes cérébrales [électriques] reconnues, et leur
vitesse en unités hertziennes, ou cycles par seconde, va de 0 à 26 Hertz, ou
plus. Ces rythmes peuvent varier un peu et il vaut mieux les considérer
comme des zones d’activité. Les ondes cérébrales se chevauchent. En deux
mots, les ondes delta ont à voir avec le sommeil sans rêves, les ondes thêta
avec la créativité et les rêves, les ondes alpha avec une vigilance détendue
et une conscience changeante ; les ondes bêta — les plus rapides — sont en
lien avec la concentration et avec une intense focalisation sur tous les défis
[anxiétés et stress, diraient beaucoup] auxquels nous faisons face dans le
monde quotidien ordinaire.
Même si les ondes bêta semblent être le « pouls officiel » de notre
civilisation [pour utiliser l’expression employée par Seth dans une session
qui sera citée en partie ci-dessous], nous nous interrogeons tout de même,
Jane et moi : quand ne sommes-nous vraiment pas dans un état modifié de
conscience ? Car quel que soit le rythme du cerveau qui prédomine à tel ou
tel moment, cet état-là est certainement un état modifié par rapport aux
trois autres. Mais plus encore, pourquoi ne pas appeler toutes les actions du
cerveau « modifiées » lorsqu’on les compare au concept du moi complet
[ou entité] de la personnalité individuelle, décrit par Seth[1] ?
Nous avons lu que, en termes ordinaires, les personnes hautement
créatives [telles que Jane] génèrent en général de grandes quantités
d’ondes thêta et alpha basse, de façon pratiquement constante lorsqu’elles
vaquent à leurs occupations. Mesurer et enregistrer les ondes cérébrales est
toutefois une tâche compliquée ; non seulement il est important de savoir
quelles zones, ou lobes, du cerveau sont observées — si elles ne le sont pas
toutes —, mais, à cause des limitations mécaniques de l’EEG lui-même, une
bonne partie de ce qui se passe dans le cerveau nous échappe forcément.
En outre, les deux hémisphères du cerveau d’un individu présentent souvent
des variations dans leurs états d’énergie électrique. Mais le plus important,
selon nous, c’est que, même si l’électroencéphalogramme peut indiquer de
larges types d’activité du cerveau, il peut à peine explorer le contenu très
individuel et subjectif de l’esprit du sujet, à l’intérieur de cette réalité
[physique] de camouflage. Si l’on part du principe que le fait que Jane
parle pour Seth constitue une indication d’activité « paranormale », nous
ne pensons pas non plus que, de nos jours, sa performance pourrait en elle-
même être identifiée en tant que telle sur le relevé graphique de ses ondes
cérébrales. L’état de « l’art EEG » n’est pas encore aussi avancé [si
d’aventure il le devient un jour]. On peut toutefois supposer que, lorsque
Jane parle pour Seth, elle doit présenter des changements précis dans
toutes les gammes de fréquences des deux hémisphères, celles des ondes
thêta et delta étant les plus modifiées. Nous pensons aussi que la lecture de
son électroencéphalogramme doit encore être différente lorsqu’elle
s’exprime ou chante en sumari, son « langage » de transe.
Notre curiosité à l’égard de ces spéculations m’a conduit à prévoir cet
appendice peu de temps après la session 711, et j’ai demandé à Jane si Seth
pourrait un jour donner quelques éclairages sur la réalité électrique du
cerveau. Il a fini de dicter La Réalité « inconnue » en avril 1975 et nous
n’avons obtenu enfin le matériau souhaité que six mois et demi plus tard.
Seth a donné beaucoup d’informations inattendues sur le cerveau — et
incidemment sur sa propre réalité —, mais la session s’est révélée être si
longue et ses éléments si étroitement reliés qu’il m’a été très difficile d’en
tirer des extraits ; la plupart des passages que je choisissais restaient en
suspens ou étaient trop incomplets. Naturellement, Seth s’est exprimé à
partir de son propre point de vue. J’ai fini par opter pour les quelques
citations rassemblées ici, juste pour indiquer la direction de l’information,
tout en espérant que la session entière, ainsi que d’autres promises par Seth
sur ce sujet, sera publiée un jour.
Extrait de la session 760, du 10 novembre 1975.)
Les ondes bêta s’accélèrent. Elles semblent être le pouls officiel de
votre civilisation, donnant la priorité à la réalité officielle, mais vous ne
soupçonnez guère que la psyché est capable, de façon inhérente, de
rechercher son expérience consciente à partir de toutes les gammes de
fréquences connues, en fonction du type d’expérience choisie à un
« temps » donné.
Les ondes bêta n’étaient cependant pas destinées à porter tout le poids
de l’activité consciente, bien que leurs pouvoirs d’accélération puissent
conduire aux initiations dans des royaumes « supérieurs » de conscience, où
effectivement les ondes cérébrales s’accélèrent. Les autres schémas (delta,
thêta et alpha) sont extrêmement importants pour la stabilité physique et
mentale, étant très entrelacés avec la conscience cellulaire. Dans les cas
habituellement appelés schizophrénie, l’accélération bêta n’est pas soutenue
par les attributs stabilisants des autres fréquences connues.
Il est donc possible pour un cerveau de présenter tous les schémas
connus en même temps, même si vos machines ne notent que le rythme
prédominant.
Un type de schéma bêta inversé, difficile à décrire, apparaît souvent
d’un seul coup au milieu des autres gammes, circulant à travers elles,
accélérant la conscience jusqu’à un haut degré de créativité. Les ondes
cérébrales telles qu’elles sont connues sont des segments enregistrés
séparément d’un type « complet » plus vaste de conscience, et vos machines
sont tout aussi segmentées, percevant uniquement ces schémas-là [pour la
reconnaissance desquels elles ont été conçues]. Toute autre activité leur
échappe. Elles sont incapables de noter la rapidité avec laquelle vous vous
déplacez constamment à travers tous les schémas connus. Ce comportement
peut être appris par quiconque est prêt à y accorder du temps et de l’effort.
Un certain courage va aussi aider.
Je vous ai dit que vous entrez et sortez de la réalité que vous connaissez,
comme des lumières qui clignotent[2]. Entre un moment de votre journée de
veille et le suivant, il y a, en vos termes, de longues ondes delta et thêta que
vous ne pouvez pas reconnaître. Elles ne sont pas enregistrées par vos
machines parce que, très littéralement, elles vont dans une direction
différente, non « officielle ». Chaque onde cérébrale officielle de l’état de
veille est la crête, dans votre monde, d’une « vague » beaucoup plus
profonde d’une expérience autre, et cette onde représente vos points de
continuité.
Chaque onde bêta chevauche le sommet des autres schémas. Dans un
sommeil normal, l’onde « consciente » court en dessous des autres, avec la
face de la conscience tournée vers l’intérieur, pour ainsi dire. Toutes les
caractéristiques reconnues de la conscience sont inversées, explorant
d’autres réalités que celle que vous connaissez. Elles sont très efficaces et
rapides comme l’éclair. Dans le sommeil, les ondes bêta ne sont pas éteintes
— la part de vous qui est « consciente », avec ses rythmes bêta, est ailleurs.
Dans ces sessions, la gamme complète des ondes cérébrales est utilisée
lorsque vous les comprenez. Ici, lors d’une activité hautement créative,
disciplinée, et pourtant spontanée, une situation est mise en place dans
laquelle la connaissance est obtenue à partir des fréquences connues,
combinées de telle sorte que la conscience puisse s’utiliser plus pleinement,
parvenant dans de nombreuses zones fermées à toute gamme de conscience
lorsqu’elle est seule. Il est donné libre cours aux caractéristiques uniques,
variées et diverses, de chaque niveau de conscience. D’une certaine façon,
c’est comme l’aventure d’un rêve qui est accélérée, choisie, bien organisée,
consciente et dans laquelle Ruburt voyage à travers des dimensions de la
conscience jusqu’à ce qu’enfin, tout en étant encore lui-même, il n’est
malgré tout plus lui-même (avec humour), mais moi.
Il combine et fait alterner des fréquences, de telle sorte qu’il génère
littéralement une créature de conscience différente — qui, en vos termes,
n’est pas vivante et dont la réalité même est pourtant à cheval sur la vie que
vous connaissez. Les parties les plus élémentaires de ma réalité
commencent aux zones les plus éloignées de la vôtre.
Dans le sommeil, vos ondes cérébrales ordinaires, telles que vous les
comprenez, présentent une jungle chaotique d’expériences qui ne sont pas
traitées normalement. Biologiquement ou psychiquement, une telle
désorientation n’est pas vraiment nécessaire. La conscience normale de
veille, avec ces schémas caractéristiques, peut en fait vous suivre [dans le
sommeil]. Un mélange d’ondes cérébrales en résulterait. La conscience telle
que vous la concevez s’étend énormément dans de telles conditions. Vous
suivriez votre propre schéma de continuité et de compréhension en
l’intégrant dans les états de sommeil et de rêve, pour former un « nouveau »
schéma qui les combinerait tous triomphalement, comme cela se produit
dans une certaine mesure lors de nos sessions.
Dans une société idéale, chaque onde cérébrale serait utilisée à dessein.
Vous iriez dormir pour résoudre certains problèmes. […] Il y a une
différence globale générale, nationalement parlant : les gens de divers pays
diffèrent dans une certaine mesure en ce qui concerne les fréquences qui
prédominent dans leur cerveau. […] L’un dans l’autre, le bêta a toutefois
prédominé et on a attendu de lui qu’il résolve beaucoup de problèmes qui
ne correspondaient pas à ses caractéristiques.
Bien que vous ne vous appuyiez que sur une seule gamme, le monde de
votre conscience repose largement sur tous les schémas d’ondes connues,
ainsi que sur d’autres dont vous ne vous rendez pas compte. Pour le
moment, c’est la fin de ce matériau, mais je le développerai à n’importe
quel moment, quand vous le souhaiterez.

NOTES DE L’APPENDICE 17

[1] Dans le chapitre 5 du Matériau de Seth, voir comment celui-ci définit ce


qu’est une entité.

[2] Dans le tome I de La Réalité « inconnue », voir la session 684 après 22


h 07, ainsi que la note 3.
APPENDICE 18

En lien avec la session 711

(Je vais commencer cet appendice en me référant à deux courtes notes


que j’ai écrites dans le tome I de La Réalité « inconnue ». Tout d’abord, la
note 6 de la session 686 : « Nous obtenons encore des informations sur les
connexions médiumniques entre Jane et Seth. Même maintenant, plus de dix
ans après que Jane a commencé à parler pour lui, on peut dire que chaque
session représente une nouvelle étape dans ce processus d’apprentissage ;
nous nous attendons tout à fait à ce que cela se poursuive aussi longtemps
qu’il y aura des sessions. » Puis, la note 3 de la session 688, où je disais à
propos de l’appendice en lien avec la session 711 : « Dans cet appendice, je
rassemble des informations qui proviennent de plusieurs sessions et qui
portent sur les relations complexes existant entre Jane, Ruburt et Seth [et
aussi entre Rob et Joseph]. »
Je trouve cependant que prendre des extraits d’un certain nombre de
sessions pour en éclairer une autre constitue parfois un véritable défi. Je
veux que les passages choisis aient en eux-mêmes un sens hors de leur
contexte, et qu’ils soient clairement centrés sur le sujet ; en même temps, je
ne veux pas inclure trop ou trop peu de notes de ma part. Mais dans cet
appendice, je me suis aperçu qu’il n’est pas toujours possible de concilier
ces deux objectifs comme je le souhaiterais. Il m’a aussi été impossible de
ne pas prendre en considération au moins certains éléments de la réalité,
« séparée quoique connectée », de Seth. En outre, j’ai dû parfois
réarranger légèrement — très légèrement — les discussions citées, pour
plus de clarté et de concision. Alors voici ce que cela a donné.
Cet appendice a été inspiré par deux volets du matériau que Seth a
développé dans la session 711 : le fait que Jane ait récemment entendu sa
voix pendant son sommeil [voir ses propres notes au début de la session
710], et la personnalité relais que Seth et Jane ont créée entre eux ou
« entre des dimensions ».
J’ai finalement décidé que la meilleure façon de présenter la variété du
matériau désiré — que celui-ci provienne de Seth, de Jane ou de moi —
était de suivre l’ordre chronologique, permettant ainsi à une image
composite d’émerger au fur et à mesure du texte. Ce système laisse
automatiquement de la place pour toute référence au tome I. En réalité, la
chronologie débute longtemps avant que nous ayons commencé La Réalité
« inconnue », et elle se poursuit bien au-delà d’avril 1975, date de la fin du
livre. Toutefois, puisque les extraits sont malgré tout plus représentatifs que
complets, du fait de la masse d’informations disponibles accumulée, mes
propres choix ont joué un rôle : les données des cours de perception
extrasensorielle sont citées plusieurs fois ; il y a également un matériau
résumant les théories de Jane à propos du phénomène Seth, telles qu’elle
les a exposées dans son ouvrage récemment terminé, Adventures in
Consciousness ; mais la réincarnation, bien que souvent mentionnée, n’est
pas mise en avant en détail — si je fais référence aux déclarations de Seth
disant que Jane et moi avons mené des vies étroitement liées au XVIIe siècle
au Danemark, ces existences-là, à proprement parler, ne sont toutefois pas
étudiées. Même si, dans les termes de Seth, la réincarnation est vraiment un
phénomène simultané, je pense que, dans notre contexte ordinaire de temps
linéaire, elle nous est beaucoup plus lointaine ou séparée, à nous créatures
physiques, que ne le sont les connexions et mécanismes médiumniques plus
« immédiats » nous reliant Seth, Jane et moi, et que je souhaite décrire.
C’est aussi à cause de ce sentiment d’éloignement qu’il est à peine fait
mention de Seth 2 [1].
La façon dont j’ai agencé cet appendice a sans doute partiellement à
voir avec le fait que les concepts de réincarnation n’intéressent pas
beaucoup Jane, même si elle apprécie la manière dont Seth insiste sur les
attributs illimités de chaque personnalité ; et dans ce cadre « simultané », il
y a beaucoup de place pour des moi probables, des moi réincarnationnels,
et [ajouté par la suite], des moi contreparties[2].
Seth a commencé à parler de ses connexions avec Ruburt-Jane — et
donc de lui-même et de sa propre réalité — pratiquement dès le début de
ces sessions, fin 1963. Comme nous cherchions à comprendre
l’épanouissement des aptitudes médiumniques de Jane, les relations de ce
type avaient pour nous un grand intérêt. Elles l’ont encore. Chaque
morceau d’information nous aidait, bien que souvent, au début, je n’avais
pas suffisamment de connaissance pour donner suite aux réponses avec de
nouvelles questions. À mesure que les sessions se sont multipliées, c’est
devenu toutefois de plus en plus difficile à faire : la mine de matériau
suscitant nos interrogations s’élargissait régulièrement.
Je commencerai notre chronologie en rappelant au lecteur que la note 6
de la session 711 contient une description de la façon dont, à travers la
planche Ouija, Seth s’est présenté lui-même avec ce nom-là, dans la session
4 du 8 décembre. [La note 6 contient également le raisonnement que Seth
nous a fourni, dix ans plus tard, à propos des noms.]
Ensuite, dans la session 6, la réponse de Seth à ma question « est-ce
que vous avez un nom propre ? » était on ne peut plus précise : « Non. » Je
continue de penser que cette réponse a sa propre forme d’intelligence,
même si elle nous est parvenue à travers la planche[3].
Puisque nous parlons de noms, c’est le moment de rappeler que Seth
nous appelle Jane et moi par des noms masculins : Ruburt et Joseph.
Pourquoi parle-t-il de Jane en tant qu’être masculin — et donc en tant que
« lui » et « il » ? Dans la note 3 de la session 679, dans le tome I, j’ai cité
ce qu’a dit Seth dans la session 12, du 2 janvier 1964.)
Le sexe, indépendamment de toutes vos histoires charnelles, est un
phénomène psychique, simplement certaines qualités que vous appelez
masculines ou féminines. Les qualités sont cependant réelles et elles
imprègnent d’autres plans, tout autant que le vôtre. Ce sont des opposés qui
sont néanmoins complémentaires et qui fusionnent pour ne faire qu’un.
Quand je dis, comme je l’ai fait, que l’entité globale, ou moi complet, n’est
ni mâle ni femelle et que je me réfère pourtant à [certaines] entités par des
noms tout à fait masculins, tels que « Ruburt » ou « Joseph » [comme
m’appelle Seth], je veux simplement dire que, dans l’essence globale,
l’entité [donnée] s’identifie plus aux caractéristiques dites masculines que
féminines.
(Les sessions 12 à 15 sont brièvement citées dans la note 4 de la session
680, dans le tome I ; Seth y fait quelques remarques sur l’impossibilité de
systèmes fermés, sur ses propres sens [y compris sur leurs limites], sur son
aptitude à visiter d’autres « plans » de réalité, et sur sa forme
« émergente » d’homme.
Cependant, dans la session 14 [du 8 janvier 1964], il y a un matériau
que nous pouvons citer ici, ainsi qu’un autre qui constitue une note
intéressante à la fin de cet appendice[4]. Pour introduire ce passage, voici
ce que j’ai noté lors de la session, à 23 h 05 : « Jane a dit que Seth est assez
content de la nouvelle voix, et que, maintenant, elle sait parfois ce qu’il
pense, même si cette pensée, il ne la lui transmet pas, ou ne la communique
pas à travers elle, en tant que partie d’un message. »
Voici à présent ce que Seth lui-même a dit.)
En un sens, vous rencontrer me coûte peu d’énergie, c’est vrai. D’un
autre côté, l’effort de communiquer des explications implique une activité
très réelle de ma part. Et donc, à cet égard, vous n’êtes pas les seuls à
ressentir de la fatigue. Comme je l’ai dit, le ressenti est action, et dans mes
communications avec vous, il joue un grand rôle.
(Seth n’était pas d’accord avec le jugement que Jane portait sur ses
propres réactions vis-à-vis de sa voix en tant que Seth. Il ne mâche vraiment
pas ses mots — pourtant son matériau était transmis avec une touche bien
plus légère que ce que ces seuls mots imprimés peuvent suggérer.) La voix
de Ruburt semble assez terne dans cette phase de transition ; [pourtant], ce
qui me plaît énormément, c’est sa façon de traduire au moins quelques-unes
de mes remarques humoristiques et les inflexions naturelles de ma parole.
[…] En tant que voix masculine, je crains que Ruburt ne produise pas un
son très mélodieux. Ma voix n’est en aucune manière celle d’un ange, mais
elle ne ressemble pas non plus à celle d’un eunuque asexué, ce qui est la
seule voix que j’ai pu lui inspirer durant toute la soirée. Et, soit dit en
passant, Ruburt, vous étiez un bon frère, il fut un temps. L’aspect soi-disant
mâle de votre personnalité a toujours été fort, je veux dire par-là, puissant.
Sans la loyauté que vous êtes en train d’apprendre en tant que femme, votre
caractère avait de nombreux défauts — et là, j’ai dit que je n’aborderais rien
de sérieux.
(Puis s’adressant à moi par la suite, toujours dans cette session.) … et
vous, en tant que femme [quand je vous ai connu], vous feriez certainement
honte à votre femme actuelle pour ce qui est de la vanité !
(Extrait de la session 22, du 4 février 1975.) J’ai toujours beaucoup
moins fait confiance à un mot écrit qu’à un mot prononcé et, sur votre plan,
il est difficile de faire confiance aux deux. Mais je n’ai pas le sentiment que
je pourrais être aussi facilement moi-même à travers l’écriture automatique,
par exemple. Cela ne me dérange pas de m’exprimer par la bouche de
Ruburt — d’une certaine façon, la sonorité des mots est plutôt plaisante.
Mais me voir transformé plus ou moins en mots écrits noir sur blanc sur une
feuille de papier me semble fade et inintéressant. Et j’ai toujours apprécié la
conversation, qui est le plus vivant de tous les arts. […]
Comme Ruburt a affaire à des mots [en tant qu’écrivain], il m’est facile
de communiquer de cette manière. Cela veut dire qu’il traduit
automatiquement des données intérieures, fournies par moi, en des schémas
de camouflage[5] — en mots — cohérents, valides et fidèles. Mon
information n’est pas vraiment transmise en tant que son. Son transfert est
instantané de la part de Ruburt et il s’accomplit grâce aux rouages de
l’esprit, aux sens intérieurs[6] et au cerveau.
(Dans la note 3 de la session 688, tome I, j’ai cité la note que j’avais
prise lors de la session 24, du 10 février 1964. J’y décrivais comment Jane
était capable de percevoir la globalité de tout concept dont Seth parlait
— et comment, puisqu’une telle structure était trop vaste pour qu’elle la
traite d’un seul coup, elle pouvait sentir Seth « la retirer et la lui délivrer
petit à petit, sous la forme de mots connectés ».
Seth lui-même avait dit ensuite la chose suivante, lors de cette session
24.) Les concepts s’assemblent en structures. Pour qu’il y ait
communication entre nous, je dois démêler un concept de sa structure, ce
qui est assez difficile. C’est un peu comme devoir libérer un mot particulier
d’une forte association émotionnelle. Je fais l’expérience de structures
constituées de concepts, et vous utilisez des mots en associations.
Quand je parle à travers Ruburt, je dois démêler le concept. Cela me
laisse parfois pris de court, car il est pour moi naturel de faire l’expérience
des concepts dans leur intégralité ; et pourtant, je dois laisser de côté de très
importantes données parce que vous n’êtes pas capables de les traiter, si ce
n’est sous une forme consécutive. Je sens des structures de concepts[7].
(Extraits de la session 27, du 19 février 1964.) Il y a tant de choses que
je veux dire. Quand votre entraînement sera plus avancé, beaucoup plus
avancé, nous serons peut-être capables de prendre certains raccourcis. Il est
difficile pour moi de devoir déployer ce matériau en mots mis bout à bout,
et pour vous de le consigner. En théorie, voyez-vous, il vous est possible de
faire directement l’expérience de l’essence du concept d’un matériau lors de
n’importe quelle session[8].
Outre sa capacité à se passer de la planche Ouija, Ruburt a accompli un
autre progrès. Il a atteint un état dans lequel il peut recevoir plus facilement
de moi des données intérieures. Mais au-delà de cela, il est maintenant un
peu capable de me contacter. […]
Une raison du succès de nos communications, ce sont vos aptitudes
particulières, à vous deux, leur interaction entre elles, et l’usage que vous
m’autorisez à en faire. L’intellect de Ruburt devait être d’une grande
qualité. D’abord, son esprit conscient et inconscient devait être accoutumé à
certaines idées, pour que la complexité de ce matériau soit transmise.
Ainsi au début, il y a toujours une distorsion du matériau par la
personne qui le reçoit, au moins au niveau subconscient le plus élevé. Par
conséquent, un individu dont les préjugés personnels sont minimes est
excellent. S’il se trouve, par exemple, que les préjugés de Ruburt vont dans
un sens qui n’est pas en contradiction avec ce que je sais être vrai, alors
c’est encore mieux et il y a beaucoup moins de résistance.
Une information comme celle-là est filtrée par de nombreuses couches
conceptuelles subconscientes, et elle est colorée en conséquence. Les
personnes qui croient en vos religions institutionnalisées la colorent d’une
façon qui est très désavantageuse et qui, malheureusement, augmente les
superstitions existantes. L’esprit de Ruburt, croyez-le ou non, ressemble
beaucoup au mien — même si, pardonnez-moi, c’est de façon très limitée.
Par conséquent, les distorsions sont bien moins déformantes, bien moins
nuisibles et beaucoup plus facilement découvertes et clarifiées. […]
D’autres, moins perfectionnistes que moi, s’accommodent de davantage des
distorsions. Pas moi. L’idée construite[9] de Ruburt était un texte plutôt
étonnant. Les sens intérieurs lui ont beaucoup apporté, néanmoins, les idées
contenues dans ce texte représentaient une prouesse de l’esprit conscient.
Cela m’a amené à comprendre que Ruburt était prêt pour moi.
(Plus tard dans la session, en s’adressant à moi avec beaucoup
d’humour.) Vous n’avez eu aucun problème avec des parents dans le passé
— et, mon cher Yo-Yo, vous avez été un excellent père pour moi, jadis ; et
si je peux me permettre, il fut un temps où j’ai été un excellent père pour
vous. En tant que fils, vous étiez serviable, prévenant et gentil.
Pour moi, ceci [ce matériau réincarnationnel et familial] est si évident
que j’hésite presque à le mentionner, mais c’est parce que j’ai tendance à
oublier ce qu’implique réellement l’existence humaine sur votre plan. […]
Et maintenant, mes très dévoués amis, un cordial bonsoir. Je vous
aiderai toujours au mieux de mes aptitudes et, pour autant que je le sache, je
serai toujours accessible dans vos vies actuelles[10]. Et mon cher Joseph, si
vous m’avez frappé de nombreuses fois, j’ai moi aussi donné des coups. Et
j’ai été une charmante épouse pour Ruburt — voilà, mes jolis.
(Extraits de la session 28, du 24 février 1964.) Pour ce qui est de
Ruburt, il n’y a aucun danger [pour lui dans ces sessions]. D’abord, et vous
m’excuserez du terme, je suis un gentleman : extrêmement sensible mais
discipliné, sensé bien qu’un peu irascible. Aucune des communications
provenant de moi n’a conduit de quelque manière que ce soit à un
développement vers une instabilité mentale ou émotionnelle. (Avec un
sourire.) Si je peux me permettre, je ferais remarquer que je suis plus stable
que Ruburt ou vous, ou que votre fin psychologue [qui vient de vous écrire]
[11].

Je ne prends pas non plus ma responsabilité à la légère et, dans une


large mesure, je me sens responsable de vous, et de tout ce qui résulte de
vos communications avec moi. Les conseils personnels que je vous ai
donnés, à tous les deux, doivent plutôt accroître votre équilibre mental et
émotionnel, et se traduire par une relation plus forte avec le monde
extérieur.
Je dépends de la bonne volonté qu’a Ruburt à se dissocier[12]. Il ne fait
aucun doute que, par moments, il ne se rend pas compte de son
environnement pendant une session. Cependant, cela ne le contraint pas
plus que ne le ferait l’autosuggestion. C’est un phénomène auquel il donne
son consentement et il pourrait à tout moment, en une fraction de seconde,
rediriger son attention consciente vers son environnement physique.
Il n’y a aucun danger et je vais le répéter : il n’y a aucun danger qu’une
dissociation s’empare de lui comme un monstre noir, informe et velu,
l’emportant vers les enfers de l’hystérie, de la schizophrénie, ou de la
démence. […] Se replier dans une dissociation comme dans un endroit pour
se cacher du monde pourrait bien sûr avoir des conséquences désastreuses.
Certaines personnalités courent effectivement un tel risque, mais ce n’est
pas le cas en ce qui vous concerne, vous et Ruburt.
En outre, Ruburt a déjà vécu et utilisé la dissociation, bien qu’à un
degré moindre, avant nos communications — dans son travail — et il sait
gérer cet état.
Nous avons déjà abordé ce sujet auparavant, je ne doute pas un seul
instant que nous le ferons encore à de multiples occasions. Et si je réussis à
vous convaincre de ma réalité en tant que personnalité, je me serai
extrêmement bien débrouillé. […] Le subconscient de Ruburt a une
structure de camouflage qui est suffisante pour me permettre d’établir un
contact, mais pas excessive au point de me déformer et de me rendre
méconnaissable. Je ne suis pas son subconscient bien que je m’exprime à
travers lui. Il est l’atmosphère à travers laquelle je peux venir à vous,
comme l’air est l’atmosphère à travers laquelle l’oiseau vole. Un certain
réassemblage de moi-même est nécessaire quand j’entre dans votre plan, et
il est effectué en partie par moi et en partie par les efforts subconscients
combinés de Ruburt et les vôtres, Joseph. Est-ce que cela vous satisfait pour
le moment ?
(« Bien sûr, Seth », dis-je, puisque cela impliquait que, comme nous le
souhaitions Jane et moi, ce même sujet serait abordé encore — et
encore[13].)
Et Ruburt a reçu de moi un flash plutôt embarrassant, avant la session.
J’ai honte d’admettre le fait, mais, à une époque, je vous ai appelé Yo-Yo
(voir les extraits de la session 27).
(« Quand m’appeliez-vous ainsi, Seth ? »)
Je vous appelais Yo-Yo quand vous étiez mon père, et je ne vais pas
aborder le moindre matériau réincarnationnel, ce soir.
(Extrait de la session 33, du 9 mars 1964.) Je ne provoque pas l’état de
transe de la façon dont vous [Joseph] le dites. Ruburt bascule sur un autre
canal, à travers lequel mon essence peut entrer plus facilement. Cela
implique certainement de sa part un regard vers l’intérieur, mais ce n’est pas
de l’autohypnose en termes habituels — simplement une focalisation sur un
stimulus objectif intérieur. […] Tous ces signes [tels que la voix puissante
et plus profonde de Seth] font entrer en jeu des structures de camouflage, et
ils ne représentent pas en fait une expérience directe. Ce n’est pas ma voix,
par exemple. C’est une représentation ou une approximation de ma voix
pour votre édification. Plus encore, en vos termes, je n’ai pas de voix. Mais
c’est une représentation valide et cette voix ressemble beaucoup à celle que
j’utiliserais, si je le disais moi-même — façon de parler !
(Extrait de la session 49, du 29 avril 1964.) Sur le long terme, il vaut
beaucoup mieux avancer calmement et prudemment [dans ces sessions]. Je
ne suis pas le Saint-Esprit. Je ne réclame ni n’exige des vœux de pauvreté,
d’obéissance, et certainement pas de chasteté. Je demanderai à chaque
instant de l’intégrité et, somme toute, c’est peut-être ma seule exigence.
(Puis, à un ami d’une de nos connaissances — ils étaient tous deux présents
et faisaient partie des rares personnes qui, à l’époque, assistaient à une
session.) Un excès d’enthousiasme peut conduire au fanatisme, et cela doit
être évité à tout prix.
(Extrait de la session 54, du 18 mai 1964.) Votre Ruburt était en fait
Seth. […] J’ai promis de vous donner plus de matériau traitant de la
construction psychique de l’entité, et de sa relation avec ses diverses
personnalités [physiques]. Au début, je ne pouvais pas vous dire avec autant
d’explications que Ruburt est moi, parce que vous auriez immédiatement
conclu que j’étais l’esprit subconscient de Ruburt, et ce n’est pas le cas.
Ruburt n’est pas moi maintenant, dans sa vie présente. Il est
néanmoins une extension et une matérialisation du Seth que j’étais jadis.
Rien ne demeure immuable, et surtout pas les entités et les personnalités.
Vous ne pouvez pas les arrêter dans le temps. […] Je suis Seth aujourd’hui.
Je garde ma continuité, mais je change, et des rejetons tels des courants
explosent et viennent à être. Ruburt a été moi, Seth, il y a de nombreux
siècles, mais il a grandi, évolué et s’est étendu en termes d’un ensemble
particulier et personnel d’accomplissements de valeurs. Il est maintenant
une personnalité qui était l’une des personnalités probables[14] dans
lesquelles Seth pouvait grandir. J’en représente une autre. J’en suis une
autre.
Pour simplifier, nous nous sommes séparés — ce qui est toujours
nécessaire pour que des possibilités variées puissent être mises en œuvre.
[…] Nous sommes pourtant liés, et aucune invasion [de Ruburt] ne se
produit parce que, d’une certaine manière, notre territoire psychique est le
même.
(Extrait de la session 58, du 1er juin 1964.) Ruburt et moi sommes des
rejetons de la même entité. La différence de temps n’est qu’une distorsion
de camouflage. L’entité était particulièrement forte, et bon nombre de ses
ego ont pris la décision de se transformer en entités. […] Et maintenant,
mon cher et patient Joseph, puis-je vous dire que vous êtes aussi une partie
de cette même entité — et c’est l’une des raisons pour lesquelles je suis
capable de communiquer avec vous deux.
(Extrait de la session 82, du 27 août 1964.) Quand l’homme comprend
qu’il crée sa propre image maintenant, il ne va pas trouver si surprenant de
croire qu’il crée d’autres images dans d’autres temps. Ce n’est qu’après
[l’établissement d’] une telle base que l’idée de la réincarnation parvient à
sa validité naturelle, et c’est seulement lorsqu’on a compris que le
subconscient, certaines de ses couches, est un lien entre la personnalité
présente et celles passées, que la théorie de la réincarnation est acceptée
comme un fait.
(Extrait de la session 83, du 31 août 1964.) L’homme ne voit même pas
la moitié de l’entité complète qu’il est. Il est vrai que, dans son voyage
[avec les sessions], une discipline, une certaine prudence, une certaine
compréhension, et beaucoup de courage sont nécessaires. Il doit en être
ainsi. Je vous y aide. […] Vous convenez tous deux [c’est-à-dire Jane et
moi] particulièrement pour ce genre de recherche, avec votre combinaison
d’intuition, de facilité psychique essentielle et d’identités intérieures déjà
intégrées. […] Je veux également ajouter que je ne suis pas un contrôle, tel
que les médiums parlent de contrôles. Comme je crois l’avoir mentionné, je
ne suis pas une personnalité secondaire ou double de celle de Ruburt. Par
exemple, je ne suis pas un conglomérat des tendances masculines qui se
sont rassemblées en une personnalité subsidiaire qui s’efforce d’être
reconnue ou de se libérer. Je dis que je suis l’essence de l’énergie d’une
personnalité, puisque c’est ce que je suis. […] Le nom que je lui donne est
Ruburt[15], et il se trouve que c’est un nom masculin simplement parce que
c’est la traduction la plus proche, en vos termes, du nom du moi complet,
ou entité, dont il est maintenant une partie consciente d’elle-même.
(Extrait de la session 119, du 6 janvier 1965.) Ruburt devrait beaucoup
apprendre du livre de Jung [16] qu’il est en train de lire. Et j’aimerais
mentionner ici que je ne suis pas l’animus de Jane. […] Je ne pourrais sans
doute pas non plus me montrer à la hauteur de l’animus de Jane. J’emploie
ici le nom « Jane » plutôt que « Ruburt » parce que l’animus appartient à
Jane et à la personnalité présente. Parlons de reflets — parce que Ruburt a
une anima[17] !
Les scientifiques ont un aperçu des complexités du corps humain. Ils
ont à peine entraperçu les réalités complexes de l’esprit.
(Le compte rendu par Jane d’une « année passée à tester » les aptitudes
médiumniques de Seth [et les siennes] se trouve dans les chapitres 6, 7 et 8
du Matériau de Seth. Les tests ont commencé à la session 179, du 18 août
1965, et se sont terminés à la session 310, du 9 janvier 1967 — même si, en
fait, la plupart d’entre eux ont eu lieu durant les premiers douze mois. Il
n’est pas possible de décrire ici tout ce travail, mais nous avons atteint
notre objectif principal : explorer sous des angles nouveaux les relations
impliquant Jane, Seth, et notre réalité physique [de camouflage].
Les tests concernaient deux approches principales. La première,
destinée à notre propre étude, consistait à demander à Seth de décrire des
objets enfermés à l’intérieur de deux enveloppes totalement scellées, l’une à
l’intérieur de l’autre ; celles-ci étaient préparées par moi-même ou par
d’autres [à l’insu de Jane, bien sûr]. Pour la deuxième sorte de test, Seth
devait donner régulièrement des impressions à distance sur la réalité que
vivait un éminent et vieux psychologue travaillant dans une lointaine
université d’un État de l’Est. Nous avions rencontré le « Docteur
Instream », comme Jane l’a nommé dans le Matériau de Seth, mais une fois
seulement, quelques semaines après lui avoir écrit, au printemps 1965, à
propos des aptitudes médiumniques grandissantes de Jane. Seth a fait
quatre-vingt-trois tests d’enveloppe pour Jane et moi, et, sur une période de
neuf mois durant cette « année de tests », il a donné à soixante-quinze
occasions des impressions sur le vécu du docteur Instream ; celles-ci lui
étaient envoyées par courrier au fur et à mesure que Seth les exprimait[18].
Souvent, les deux types de tests se déroulaient pendant nos deux sessions
hebdomadaires.
Voici ce que Seth a dit après le premier test d’enveloppes, au succès
modéré, lors de la session 179.)
Nous avons affaire ici à quelque chose d’assez inhabituel [les tests],
dans le sens où nous tentons de permettre à deux personnalités d’exister
côte à côte, pour ainsi dire. Ruburt n’est pas dans un profond état de transe.
Je ne prends pas la place de sa propre personnalité. Il m’autorise, dans nos
sessions, à coexister avec lui.
Un état de transe plus profond nous permettrait d’obtenir des
informations moins déformées sur un test tel que celui-ci, au départ, mais
nos résultats vont s’améliorer, et de telles expérimentations seront utiles, car
elles permettront de voir les diverses couches des deux personnalités, celle
de Ruburt et la mienne, dans leurs modes de fonctionnement.
Ruburt va apprendre très rapidement grâce à une telle pratique. […] Les
distorsions qui sont apparues sont extrêmement utiles, dans le sens où elles
permettent à Ruburt de faire la différence entre mes communications et ses
propres pensées.
(Extrait de la session 180, du 23 août 1965.) : Le test des enveloppes de
ce soir [le deuxième test] a à voir avec la clairvoyance — il se trouve que
j’ai capté mon information de cette façon-là, bien qu’elle aurait pu être
obtenue tout aussi facilement grâce à une communication télépathique[19].
À l’avenir, nous résoudrons les tests de n’importe quelle manière jugée
utile.
Moi-même, je fonctionne bien de façon clairvoyante… pour des raisons
et des particularités qui me sont propres, et j’obtiens en général ce genre
d’information [de cette manière-là]. Nous aurons beaucoup à dire sur les
façons dont ce type de matériau est reçu et interprété, et cela est très
important.
(Extrait de la session 211, du 24 novembre 1965.) Tout d’abord, en ce
qui concerne les mains, le fait d’être droitier ou gaucher est lié aux
mécanismes internes et aux structures cérébrales qui précèdent les
mouvements des mains. De façon caractéristique, j’ai opéré selon des
modes qui impliquent l’usage principal de ma main gauche, quand j’étais
focalisé à l’intérieur de la matière physique.
De temps à autre avec Ruburt, quand il m’est permis de me manifester
dans une faible mesure ou à un degré minime, mes propres habitudes
apparaissent donc, car je manipule ses muscles d’une façon différente de la
sienne. Mais scientifiquement, ce ne serait pas là une preuve de mon
existence en tant que personnalité indépendante ayant survécu à une mort
physique. Non pas que cela me préoccupe, car ce n’est pas le cas. […] Ou si
vous pensez en termes de personnalités secondaires[20], vous ne pouvez rien
prouver dans un sens ou dans l’autre. Une personnalité secondaire pourrait
en fait effectuer des gestes qui seraient différents [de ceux de Ruburt]. Dans
les deux cas, ce ne serait pas une preuve de ma nature indépendante. (Avec
humour.) Je suis heureux de voir que cela vous a perturbé. Vous avez eu une
bonne session de réflexion !
(Seth s’est manifesté avec ce matériau, y compris ses plaisantes
remarques de conclusion, parce qu’un de nos bons amis qui assistait à la
session avait posé beaucoup de questions — dont l’une était de savoir
pourquoi Jane qui est droitière faisait des gestes principalement avec sa
main gauche lorsqu’elle parlait en transe. Je n’avais pas remarqué cette
particularité.
Il est intéressant d’ajouter que, pour autant qu’elle le sache, Jane est
née droitière ; elle se souvient pourtant que sa mère lui avait dit qu’au
départ, elle était gauchère et qu’on lui avait appris à changer de main
principale. Jane est sûre de ne pas y avoir été forcée à l’école, par exemple.
En même temps, elle se rappelle en riant qu’à l’école primaire, elle avait eu
beaucoup de mal à apprendre à saluer le drapeau avec la main droite, elle
ne cessait de le faire avec la main gauche jusqu’à ce qu’elle « ait mieux
appris ».
Soit dit en passant, de nombreuses années se sont écoulées depuis
qu’elle a montré le moindre signe de préférence pour une main quand elle
est en transe.
(Extrait de la session 242, du 16 mars 1966.) L’ego n’est pas la partie
du moi la plus puissante ou la plus apte à la connaissance. Il est simplement
une partie bien spécialisée de la personnalité, pleinement équipée pour
opérer dans certaines circonstances[21]. […] Quand ces conditions-là
n’existent plus [après la « mort »], d’autres couches du moi prennent à leur
tour la position dominante, et la personnalité réaligne ses composantes
psychologiques. Néanmoins, l’ego ne disparaît pas : il passe simplement
au second plan, à certains égards, comme le fait votre subconscient pendant
l’existence physique. L’ego est sous le contrôle de ce que l’on peut
vaguement appeler « le moi intérieur ». La personnalité qui survit, ou non
physique, entretient avec l’ego une relation du même ordre que celle
existant entre la personnalité qui rêve et ce même ego de la vie physique.
Quand une communication a lieu entre une personnalité qui survit et
une personnalité qui existe à l’intérieur du système physique, cela implique
un remaniement de la part de la personnalité qui survit, où l’ego se voit
momentanément accorder une prédominance plus grande. […] Sans cela,
dans la plupart des cas, la communication serait impossible : la personnalité
qui survit aurait tellement de difficulté à marquer de son empreinte la
personnalité qui est encore orientée vers l’ego à l’intérieur du système
physique.
La personnalité non physique ne pense pas en termes de mots, mais fait
l’expérience de concepts de façon beaucoup plus directe. Cette forme
d’expérience ne pourrait tout simplement pas être comprise par l’individu
focalisé physiquement. […] Le moi intérieur de la personnalité qui survit
donne des idées à cet ego réassemblé, de la même façon que le subconscient
donne souvent des concepts à l’ego dans l’existence physique. Cet ego
réassemblé tente alors de percevoir ces idées en termes de perceptions
sensorielles, qui sont envoyées à l’individu physique, à l’autre bout.
Parfois, les communications sont faites directement, bien qu’elles puissent
être filtrées par le subconscient de celui qui est physique. Toutefois, quand
cette personne est entraînée dans cette optique-là [comme Ruburt], elle aide
ce processus, et une structure psychologique est érigée, tel un pont[22],
servant à connecter les deux personnalités.
C’est mon moi complet qui vous parle… puisque ma structure de
personnalité est plus avancée que d’ordinaire pour des communications
provenant d’autres systèmes. Je n’ai donc pas besoin d’adopter un ego
passé [de moi-même]. Voilà sans doute pourquoi le pont psychologique est
requis pour rendre mes messages compréhensibles à Ruburt. Ce type de
connexion accomplit pour moi un peu du travail de traduction que ferait un
ego réassemblé. Il transmet l’information à Ruburt d’une façon que celui-ci
peut comprendre. À l’occasion [dans vos tests], j’ai directement fait
impression sur lui, de façon télépathique (voir la note 19), avec un concept.
Quand il reçoit des données sous forme d’images, cette structure de
connexion opère. Celle-ci, sous ma direction, utilise les associations
personnelles de Ruburt pour diriger ses impressions vers le point approprié.
Alors, quand nous réussissons, j’insère la bonne information[23].
Je suis un communicateur. Dans notre cas, la soi-disant personnalité de
contrôle, la structure psychologique dont je viens de parler, est entièrement
passive et doit rester ainsi.
(Dans la session 263 du 29 mai 1966, Seth a déclaré que Jane serait un
jour capable de se dispenser totalement du pont psychologique qui les relie,
mais elle n’est pas parvenue à ce stade, au moment où j’écris cet
appendice.
(Extrait de la session 398, du 11 mars 1968.) Les personnalités ne sont
pas des choses statiques. Les entités sont éternelles. Elles ne sont ni aussi
bien ni aussi soigneusement emballées, une par corps, que le croient vos
psychologues. Elles changent constamment. Elles grandissent. Elles
prennent des décisions. Elles utilisent pleinement le corps physique, ou
elles le quittent partiellement en fonction de leurs propres besoins et
développement intérieurs.
Quand des ensembles dynamiques psychiques se forment, ils ne sont
pas statiques. Ils nouent diverses alliances jusqu’à ce qu’ils trouvent leur
place dans une identité complète qui sert leurs buts, ou jusqu’à ce qu’ils
soient suffisamment forts pour devenir indestructibles. Ils sont toujours en
devenir. Ils ne sont pas des unités fermées.
(S’adressant à moi.) Maintenant, j’espère que vous me comprendrez
intuitivement, car ce que j’ai dit [ce soir] déconcerte l’intellect à un degré
extrême. Mais je parle à travers Ruburt, et Ruburt est lui-même et je suis
moi-même ; pourtant, sans votre soutien de Ruburt, je ne pourrais pas
parler. Cela ne minimise en aucune façon ni ma réalité, ni celle de Ruburt.
(Le phénomène Seth 2 a commencé à se manifester à travers Jane lors
de la session 406, du 22 avril 1968. Seth 2 existe en relation avec Seth à
peu près de la même façon que Seth existe en relation avec Jane, bien qu’il
ne faille pas pousser trop loin cette analogie. Même s’il existe de profondes
connexions entre eux trois, Seth 2 est en même temps trop « loin » de Jane
[et du thème de cet appendice] pour que j’aborde ce sujet ici, comme je l’ai
signalé au tout début de ce texte. Voir la note 1.
Je vais maintenant renvoyer le lecteur au chapitre 20 du Matériau de
Seth, écrit par Jane. Elle a intitulé ce chapitre-là « Évaluations
personnelles — qui est Seth ou qu’est-il ? » Elle y précise un certain
nombre de points très intéressants, notamment à propos de sa relation avec
Seth et Seth 2 : « Si la vie physique évolue [en termes ordinaires], pourquoi
la conscience elle-même ne le ferait-elle pas ? » Tout au long de ce chapitre
20, le lecteur trouvera les questions que nous nous posions à l’époque.
D’ailleurs, il nous en reste encore beaucoup — ou je devrais plutôt noter
que nous sommes encore intrigués par les dernières versions de ces
« vieilles » questions, car, comme la conscience elle-même, elles ont des
ramifications infinies. Mais je voudrais attirer principalement l’attention ici
sur l’extrait de la session 458 du 20 janvier 1969, que Jane a présenté au
chapitre 20. Seth y parle du pont psychologique que Jane et lui ont créé
entre eux dans le but de communiquer ; la plus grande partie de ce
matériau est pourtant venue en réponse à ma question quant à sa
disponibilité à notre égard. « Nous savons, Rob et moi, que certaines
sessions semblent plus “immédiates” que d’autres et nous avons vu
pourquoi, quand Seth a continué », a écrit Jane au chapitre 20. Voici
brièvement ce que Seth a répondu dans cette session 458.)
Je suis pourtant automatiquement une partie du message que je vous
apporte. Par moments, je suis « ici » de façon plus entière que dans d’autres
sessions. Les raisons ont souvent à voir avec des circonstances qui sont
habituellement au-delà d’un contrôle normal : des conditions
électromagnétiques, des circonstances psychologiques. On peut les
considérer comme des conditions atmosphériques à travers lesquelles je
dois voyager.
« Comme je vous l’ai dit, une projection entre en jeu, dans une certaine
mesure, à la fois de la part de Ruburt et de la mienne. Votre propre présence
[celle de Rob] est également importante, que vous soyez présent ou non à
une session. […] Maintenant, quand vous regardez, disons, une chaîne de
télévision éducative, vous voyez l’enseignant, et il parle. Il peut être
vraiment en train de parler à ce moment-là, ou pas, car il peut s’agir d’un
enregistrement. Mais, qu’il parle ou non à ce moment-là, l’enseignant existe
et son message est légitime. […] Cela ne fait aucune différence que je sois
ou non moi-même en train de parler à l’intérieur de Ruburt maintenant ou
que je l’aie fait la nuit dernière durant son sommeil et que, ce soir, il
s’agisse d’un film ou d’un play-back. Encore une fois (avec un sourire) : le
médium est le message. […]
Cela ne veut pas dire que je me sers de Ruburt comme d’une
marionnette, que je lui remplis la bouche de bandes magnétiques comme un
magnétophone, que vous êtes constamment en train d’écouter des
rediffusions, ou que je ne suis pas toujours émotionnellement avec vous
dans les sessions. Cela signifie que, dans ces communications
multidimensionnelles, plus de choses entrent en jeu que vous le supposez.
(Voici à présent un extrait de la session 458, qui n’a pas été donné dans
le chapitre 20. Il concerne des témoins qui ont posé des questions à Seth
pendant cette session-là.)
Il est dommage que je doive utiliser des termes temporels pour vous
expliquer tout cela, mais, comme je vous l’ai dit dans une session, il y a
longtemps, mon temps n’est pas votre temps (dit avec humour). […] Le fait
que vous posiez des questions spécifiques lors d’une session spécifique ne
veut pas nécessairement dire que le programme n’a pas été préparé, en vos
termes, auparavant. Car, à de nombreuses occasions, je verrai les questions
dans votre esprit, ou dans celui de vos témoins, et [à nouveau en vos
termes] j’y répondrai donc à l’avance.
Même dans ces cas-là, cependant, je vous examine de près… pour voir
si mon message vous parvient clairement ou non, et j’apprends moi aussi.
(Un peu plus loin dans le chapitre 20 du Matériau de Seth, Jane cite
Seth dans un passage de la session 463 du 3 février 1969. Tout en discutant
de l’impossibilité pour tout médium d’être un canal parfaitement clair pour
une connaissance paranormale, même lorsque ce médium est « dans une
transe aussi profonde que l’océan Atlantique », Seth avait certaines choses
extrêmement intéressantes à dire concernant la nature de la perception en
général. Présenter quelques lignes tirées de cette session-là répond ici à
deux objectifs : je peux rappeler au lecteur un matériau important et, dans
la note 24, je peux lui proposer certains compléments non publiés, fournis
par Seth lors de la session suivante.)
Une information doit être tamisée par les couches de la personnalité du
médium.
Toute perception modifie instantanément les systèmes
électromagnétiques et neurologiques de celui qui perçoit. […] C’est une
contradiction logistique d’imaginer, avec vos structures physiques, qu’une
perception peut être reçue sans que la situation intérieure de celui qui
perçoit soit modifiée. J’essaye de rendre cela aussi clair que possible — une
information se mélange automatiquement avec toute la structure
physiquement valide de la personnalité ; elle s’y emmêle et s’y empêtre.
Toute perception est action, et elle change ce sur quoi elle agit, et, ce
faisant, elle est elle-même changée. La perception la plus légère modifie
chaque atome de votre corps[24]. Cela, à son tour, déclenche des vagues, de
sorte que, comme vous le savez, l’action la plus infime est ressentie partout.
(À partir d’ici, je vais commencer à présenter de temps à autre des
extraits de quelques sessions que Jane a données lors de son cours de
perception extrasensorielle[25]. J’ai mis de côté une partie de ce matériau
pendant très longtemps. Le plus souvent, je n’étais pas présent quand Seth
transmettait son matériau en classe, mais, dans tous les cas, il était
enregistré par des étudiants ; Jane les rencontrait le mardi soir, quand je
suis en général occupé à taper à partir de mes notes la session privée du
lundi soir [ou souvent un matériau pour un livre].
Le cours offre un environnement d’apprentissage extrêmement riche,
pour Jane ainsi que pour ses étudiants. Puisque l’objet de cet appendice est
avant tout la relation entre Jane, Ruburt et Seth, je me permets juste
d’écrire ici que de nombreux autres développements, d’un grand intérêt
pour nous [comme les chants et les poèmes de Jane en sumari] trouvent
leur origine dans le cadre de cette classe.
Extrait de la session en cours de perception extrasensorielle, le 16
février 1971.)
Je [me manifeste avec tant de force] pour plusieurs raisons : parce que
c’est ma façon d’être, sous la forme que je choisis d’utiliser dans mes
communications, et pour amener tout le monde à dépasser l’idée que ceux
que vous appelez des esprits doivent avoir l’air doux, calme, sobre et digne.
C’est l’une de mes préoccupations premières. Je veux aussi que chacun de
vous comprenne qu’une énergie est utilisée — et que cette même énergie
qu’utilise Ruburt est disponible pour chacun de vous.
(Avec beaucoup de bonne humeur.) À tous ceux qui, dans leurs pensées
les plus profondes et les plus sacrées, imaginaient qu’être calme était bien et
qu’être digne était pieux, une performance comme la mienne devrait
certainement leur donner à réfléchir !
Malheureusement, le mécanisme de la voix est une chose avec laquelle
nous devons travailler, et pour faire passer ma propre personnalité à travers
l’image et les cordes vocales féminines, certains ajustements doivent être
faits. En outre, comme je l’ai mentionné avant en cours, ce n’est pas à partir
du sens intérieur de mon cœur invisible, mais des profondeurs de vos
propres psychologies, que vous faites de moi un vieil homme sage, et
projetez sur moi des images d’autorité qui se cachent dans votre esprit. J’ai
toujours essayé de vous empêcher de commettre cette erreur, et cherché à
libérer en vous-mêmes vos propres aptitudes.
(S’adressant à un étudiant en particulier.) Je reste spontané et vivant et
je ne me permets pas d’être étouffé par les projections que vous faites sur
moi. J’ai un accent cosmopolite — pas sophistiqué, mais cosmopolite. Pour
moi, vous avez un accent. (D’un air amusé.) J’ai parlé de nombreuses
langues, et dans la traduction, voilà ce que ça [cette voix] donne, et nous
devons tous nous en tenir à cela. Maintenant, continuons…
(Extrait du cours de perception extrasensorielle du 20 avril 1971.)
J’ai très peur de vous dire [à tous] que j’ai oublié ce que je considérais
comme des secrets pendant les vies que j’ai vécues. Je sais avec certitude
que, comme chacun de vous, je n’ai pas toujours été charitable dans le
passé. Je sais que j’ai détesté un parent ou un autre. Je sais avec certitude
qu’autrefois je me suis livré au pillage pendant des guerres. Je ne viens pas
à vous comme quelqu’un qui ne sait pas ce que c’est qu’être un humain[26],
et, dans les caractéristiques de personnalité dont je me sers quand je vous
parle, je vous montre que la vie émotionnelle continue. […]
Maintenant, ma relation avec vous [et avec Ruburt] est en fait une chose
étrange, puisque vous n’entretenez pas avec moi les mêmes rapports que
ceux que vous avez les uns avec les autres. Les caractéristiques égotistes
dont je fais montre, délicieusement humaines — je l’espère —, aident à
calmer vos peurs et vous montrent que le moi tel que vous le concevez
continue d’exister [après la vie physique]. J’ai en réserve une banque de
personnalité dans laquelle je peux puiser et, en tant qu’enseignant, j’utilise
celle qui est la plus efficace dans un système donné de réalité ; voilà celle
que j’utilise ici. C’est une partie de moi très étroitement connectée avec
l’existence terrestre, et c’est un moi que j’aimais d’ailleurs beaucoup.
Je vous parle très rarement de façon symbolique. Je m’exprime de façon
aussi littérale que possible, mais, pour que toute information puisse
apparaître à l’intérieur de votre système tridimensionnel, sa traduction [par
Ruburt] est automatiquement nécessaire, sinon vous ne la percevriez pas.
(En juillet 1971, Jane a commencé un livre, qui allait s’intituler
Adventures in Consciousness, basé sur les expériences de ses élèves du
cours de perception extrasensorielle. Quelques jours plus tard, Seth en a
fait mention pendant qu’il dictait le chapitre 21 de Seth parle : voir la
session 587. Le cours offrait alors un abondant matériau sur la
réincarnation, les divers états de conscience et le voyage hors du corps. Il
bombardait également Jane de questions auxquelles elle ne trouvait pas de
réponses satisfaisantes. Ses propres expériences intuitives s’accéléraient et
elle sentait que celles-ci débordaient de plus en plus du cadre des concepts
ordinaires de la psychologie.
Jane était particulièrement ennuyée par les attitudes des gens à l’égard
de Seth, car ils le considéraient souvent comme un « guide spirituel », au
sens spiritualiste conventionnel du terme. Près de huit ans s’étaient écoulés
depuis que Seth s’était manifesté pour la première fois, mais elle avait
quand même ressenti pendant quelque temps le désir d’explorer le
phénomène plus en profondeur. Jane croyait Seth lorsqu’il nous disait qu’il
était une « essence de l’énergie d’une personnalité qui n’était plus focalisée
dans la réalité physique » — elle souhaitait juste en savoir plus sur ce qu’il
voulait dire par là. Elle était certaine, écrivait-elle, que Seth était beaucoup
plus qu’un esprit guide, et que, « en termes plus larges, les aptitudes d’une
personnalité vivante sont connectées à… d’autres facettes de la conscience
créatrice ».
Je vais maintenant renvoyer le lecteur à la note 6 de la session 711 qui
est à l’origine de la chronologie que je présente. Dans cette note, j’expose
les liens historiques associés au nom Seth, puis j’ai cité Seth lui-même, à
propos des noms. Voici ce qu’il a dit, par exemple, dans le cours de
perception extrasensorielle du 17 avril 1973.)
Lors de nos toutes premières sessions, j’ai dit à Ruburt qu’il pouvait
m’appeler Seth. Je n’ai jamais dit « Mon nom est Seth » … car je suis sans
nom. J’ai eu de trop nombreuses identités pour m’accrocher à un seul nom !
(À la fin de la note 6, il y a quelques références à certains noms
réincarnationnels de Seth, tels qu’il les a donnés pendant la dictée de Seth
parle. Une référence qui n’a pas été donnée à ce moment-là est la session
541 du chapitre 11 de Seth parle. Cette session-là contient une information
et des notes concernant les vies concomitantes que Jane, Seth et moi avons
vécues au Danemark au XVIIe siècle. Comme mentionné au début de cet
appendice, bien que je traite ici de la relation entre Jane, Ruburt et Seth, je
souhaite éviter de trop m’empêtrer dans les liens entrecroisés que plusieurs
personnalités sont susceptibles de vivre dans un ensemble de vies donné ;
de telles particularités nous emmèneraient trop loin du sujet choisi ici.
Jane et moi préférerions explorer des informations réincarnationnelles
spécifiques dans un livre consacré à ce thème, et ce uniquement après avoir
acquis beaucoup plus de matériau personnel [et théorique]. Nous pensons
que, dans le détail, la réincarnation, qu’elle soit vue en termes ordinaires
ou dans le cadre de la simultanéité exposée par Seth, peut être un sujet sans
fin[27].
Extrait de mes notes à la fin de la session 700, du 29 mai 1974, dans le
tome I.) Dans notre cas, a dit Seth, Ruburt « devient » presque le matériau
qu’il reçoit de moi. Si certaines autres modifications bénéfiques se
produisent, ainsi qu’une plus grande compréhension de sa part, nous serons
peut-être capables de nous rencontrer à d’autres niveaux de conscience
— dans l’état de rêve, quand il n’est pas en train de coopérer à la
production du matériau de notre livre.
(Car Jane n’a jamais rencontré Seth, face à face pourrait-on dire
— dans un état de rêve. La situation qui s’en approche le plus est une
session qu’elle a donnée pour lui dans un état de rêve, comme elle le fait à
l’état de veille.
Extrait de session lors du cours de perception extrasensorielle du 16
juillet 1974.)
En certains termes, vous [de même que Ruburt] ne pouvez donc pas
vous séparer de moi, pas plus que je ne peux me séparer de vous. Car nous
sommes tous des parties d’un évènement qui se déroule au sein de l’univers,
et l’univers connaît toutes ses parties. Quand une partie de l’univers parle,
alors toutes les parties parlent. Quand une partie de l’univers meurt, alors
toutes les parties meurent — mais en vos termes, pour entrer à nouveau
dans le type de vie que vous connaissez, vous devez sortir de l’espace et du
temps, pour pouvoir y rentrer à nouveau.
Maintenant, je peux être taquin parce que je ne suis pas aussi sérieux et
mystique que vous. Je suis moi-même et si vous étiez vous-mêmes[28], vous
ne seriez pas ancrés de façon aussi déterminée sur vos croyances et la
nature de votre réalité. (S’adressant avec humour à un étudiant.) Vous
auriez confiance en votre moustache !
(Dans les notes situées au début de la session 708, dans ce tome II, j’ai
écrit que Jane avait terminé Adventures en août 1974. Elle avait commencé
ce livre en juillet 1971, mais n’avait jamais pu vraiment y travailler de
façon continue du début à la fin. Elle était en train de finir Seth parle et,
lors d’un cours, en novembre 1971, elle s’est pour la première fois
exprimée dans son langage de transe, le sumari ; outre le matériau du
cours, elle a donc dû présenter plusieurs autres stades de conscience dans
Adventures. Elle travaillait en même temps sur son autobiographie, From
This Rich Bed [qui n’est pas encore terminée]. Par moments, son rythme
créatif devenait encore plus complexe : de mars à juillet 1972, elle a
complètement laissé de côté Adventures pour écrire son roman, The
Education of Oversoul Seven, quand cette idée lui est venue spontanément.
Mais par-dessus tout, Jane s’est aperçue qu’elle était frustrée de s’occuper
des expériences du cours et des comptes rendus pour Adventures alors
qu’elle avait encore tant à apprendre sur ses propres connexions avec Seth.
Plus que jamais, elle avait besoin de concepts plus larges de la réalité pour
expliquer ses expériences, celles de ses étudiants et de certaines personnes
qui lui écrivaient.
Peu de temps après que Jane eut terminé Oversoul Seven, l’idée
complète de ce qu’elle appelle « Aspect Psychology » lui est venue — une
« construction intuitive » qu’elle pensait suffisamment vaste pour contenir
son expérience. En une seule séance, elle a écrit environ vingt pages de
matériau où elle explicitait sa relation avec Seth, Seth 2, le sumari, les
personnages dans Oversoul Seven, et d’autres concepts psychiques — tous
en tant qu’aspects d’un moi plus large qui était indépendant de l’espace et
du temps. Les aspects représentaient les dynamiques de la personnalité. À
mesure que Jane écrivait, elle comprenait que les questions avec lesquelles
elle s’était débattue dans Adventures lui avaient permis d’accélérer une
nouvelle approche psychologique, une nouvelle façon d’aborder les parties
créatrices de la personnalité humaine.
Le matériau lui-même provenait bien sûr d’un autre état de conscience,
que Jane a nommé « canal des aspects ». D’autres éléments ayant trait aux
aspects lui sont venus spontanément par intervalles, au cours des deux
années suivantes. Tout au long de cette période, elle a fait beaucoup
d’autres choses : outre les cours qu’elle donnait et l’écriture de Rich Bed,
elle a achevé Dialogues, La Réalité personnelle, le premier tome de La
Réalité « inconnue » et a commencé le deuxième. Vers la fin de cette
période, le canal des aspects a commencé à s’ouvrir régulièrement, lui
permettant d’affiner davantage ses inspirations premières. Et Jane
composait tout cela en même temps ; les expériences du cours, par
lesquelles elle avait commencé en 1971, et tout le matériau ultérieur sont
devenus Adventures in Consciousness : An Introduction to Aspect
Psychology. Pour la partie 2 de ce livre-là, j’ai dessiné seize diagrammes
qui illustrent ses théories.
En explorant la relation Jane, Ruburt et Seth dans Adventures, Jane a
dû développer sa propre nomenclature, distincte de celle de Seth, pour bon
nombre des concepts dont Seth et elle avaient fait l’expérience au fil des
ans. « Mais je ne l’avais pas prévu, disait-elle. C’est simplement sorti
comme cela. » Elle appelle le moi conscient « personnalité de
focalisation », par exemple, puisqu’il est focalisé dans cette réalité
physique [de camouflage]. La personnalité de focalisation est composée
d’aspects du « moi source » [ou entité]. Chaque aspect existe
indépendamment, dans sa propre dimension de réalité, mais les attributs
combinés des aspects forment les composants fondamentaux des moi que
nous connaissons. Pour Jane, Seth est un « personnagramme » — une
personnalité réelle formée dans la psyché au point d’intersection de la
personnalité de focalisation avec un autre aspect.
Seth serait alors un message du moi source, sauf que dans ce cas, le
messager est le message, formé en une structure psychologique richement
« verbalisée » au lieu d’être formulé en mots secs sur, disons, un
télégramme. Dans les sessions, Seth représenterait l’aspect Seth de Jane,
qui existe en fait dans un type de réalité différent du nôtre. Mais ce Seth
« invisible » émettrait une vraie structure psychologique qui prendrait la
place de celle de Jane, la sienne se plaçant volontairement de côté pendant
les sessions. Voir plus haut dans cet appendice les extraits provenant de la
session 242, à propos du pont psychologique.
Extrait de la session donnée lors du cours de perception
extrasensorielle du 24 septembre 1974.)
L’enthousiasme vital doit venir de chacun de vous et non pas de moi.
Vous venez ici pour vous connaître vous-même et cela doit toujours être
votre but. Je peux vous aider — je peux vous aider — mais je ne suis pas la
personne que vous cherchez. Vous êtes la personne que vous cherchez. Les
dimensions de votre réalité sont les points importants. […]
En certains termes, et uniquement en certains termes, je parle
maintenant en tant que personnalité formant un pont psychologique, ce que
vous percevez en moi et en ces aptitudes-là représente une partie de Ruburt
qui est totalement libre dans ces dimensions-là — une partie de l’esprit
humain, tel que vous le comprenez, va au-delà de ses propres limites, dans
d’autres dimensions de réalité ; ensuite, du mieux qu’elle peut, cette partie
traduit ce qu’elle apprend, ce qu’elle voit et ce dont elle fait l’expérience.
Elle va au-dehors d’elle-même — se lance sur des chemins qu’elle ne
comprend pas, entreprenant des voyages que même Ruburt ne comprend
pas ; et pourtant, cette partie-là de la personnalité humaine de Ruburt est
tellement libre. Et donc, vous pouvez voir ce qui se passe !
(L’extrait suivant provient d’une session que Seth a donnée lors d’un
cours de perception extrasensorielle, trois mois après la session 711 qui a
inspiré cet appendice. Elle a eu lieu le 9 octobre 1974. Comme nous l’avons
dit au début, la chronologie de notre étude de la relation Jane, Ruburt, Seth
a débuté « longtemps avant que nous commencions La Réalité “inconnue ”,
et elle se poursuit bien au-delà d’avril 1975, date de la fin du livre ».
Bientôt, les citations à venir seront postérieures à cette date : elles sont en
général courtes et proviennent d’un mélange de sessions données en cours,
régulières ou privées, ou encore « supprimées ». À une ou deux exceptions
près, elles contiennent un matériau qui normalement n’aurait pas dû être
publié avant des années — voire jamais. Mais tous ces extraits contribuent
à donner des aperçus du sujet en question.
Extrait de la session lors du cours de perception extrasensorielle du 7
janvier 1975.) Ruburt peut faire beaucoup de choses qui me surprennent
— que je n’ai pas faites dans mon passé, car souvenez-vous que la
créativité nouvelle émerge aussi du passé, comme dans le roman de Ruburt,
Oversoul Seven[29].
Ma mémoire n’inclut pas un passé prédéterminé dans lequel Ruburt
existe. Il peut faire des choses qui n’apparaissent pas dans mon souvenir de
cette existence-là, et qui en fait ne se sont pas produites. Maintenant, c’est
là une affirmation époustouflante, et elle s’applique à chacun de vous. Elle
est importante en termes de votre propre compréhension de vous-même et
de la nature du temps.
(L’échange suivant entre Seth et un étudiant — appelons-le Bill — s’est
déroulé pendant le cours de perception extrasensorielle du 18 février 1975.
Seth avait parlé de certains aspects psychiques d’une expérience assez
complexe impliquant Jane, une maison et moi. Voici ce qu’il a dit ensuite.)
Nous apprenons tous puisque chacun de nous fait des expériences. En
certains termes, à nouveau, et uniquement dans ma relation avec Ruburt et
Joseph (comme Seth nous appelle Jane et moi), je suis un Ruburt futur.
Mais seulement en termes de cette relation-là — comme je peux être un
oncle pour quelqu’un ici, et une tante pour quelqu’un d’autre ailleurs, un
ancêtre pour un autre encore, et un descendant pour encore une autre
personne. Ou, comme vous pouvez l’être.
(Bill : « Donc, en d’autres termes, vous aviez cette information [à
propos de la maison] et vous vous l’êtes en quelque sorte rappelée grâce à
l’expérience de Ruburt ? Parce que vous aviez eu cette expérience dans une
autre vie ? »)
Non, pas du tout de cette façon-là. Cette expérience de Ruburt et de
Joseph était complètement nouvelle. Je n’étais pas, en ces termes-là, le
Ruburt que Ruburt est. Mes expériences en tant que Ruburt étaient
différentes, et les expériences de Ruburt en tant que Seth, en ces termes-là,
seront différentes. Ruburt sera un Seth différent de ce que je suis[30].
(Bill : « Mais vous avez fait l’expérience de cet évènement de la maison,
pour pouvoir l’exprimer à travers Ruburt. »)
Je n’en ai pas fait l’expérience. Ruburt en a fait l’expérience. J’ai
commenté l’expérience de Ruburt. […] Dans son expérience, Ruburt aussi
est suffisamment libre pour pouvoir ouvrir certains canaux de son esprit qui
commentent ensuite son activité. Certains de ces canaux mènent à ma
réalité. Mais je ne suis pas une sorte de sinistre Big Brother qui fait pour lui
l’expérience de sa réalité !
(La session 768, du 22 mars 1976, a eu lieu onze mois après que Seth a
fini de dicter La Réalité « inconnue ». À l’origine, nous avions, Jane et moi,
supprimé de la session le matériau suivant assez personnel — pourtant,
nous le présentons ici parce que Seth y explore plus avant les connexions
nous impliquant tous les trois. Mes notes prises à l’époque montrent que
j’étais aussi passablement surpris par les commentaires de Seth sur son
comportement émotionnel à son propre « niveau d’activité », mais j’ai vite
compris ma réaction comme un signe indiquant que nous avions encore
bien des choses à apprendre sur lui, ainsi que sur nous-mêmes. Dans un
passage, Seth évoque des problèmes de santé, aujourd’hui résolus, qui
m’avaient ennuyé juste avant que nos sessions avec lui commencent.
Seth, en s’adressant à moi.) Vous avez souvent dit que les livres [de
Seth] étaient de Ruburt. C’est vrai. Pourtant, jusqu’à un certain point, c’est
aussi une simplification.
L’expérience de Ruburt était évidemment entrelacée avec la vôtre. Mes
caractéristiques, telles qu’elles sont affichées par la personnalité de Seth,
viennent par conséquent de vous ainsi que de Ruburt. […] Des
déclencheurs étaient nécessaires aussi pour initier mon émergence dans
votre monde à travers cette personnalité que j’affiche. Les antécédents et
questions de Ruburt étaient tout à fait cruciaux en tant que principes
initiateurs. Vos questions se sont mêlées aux siennes. C’est l’impulsion
pratique de votre besoin à l’époque qui a toutefois servi de déclencheur
émotionnel final — vous vous rappelez les circonstances[31].
Ruburt s’est lui-même pourvu d’un contexte où un parent [la mère de
Jane] était régulièrement malade de façon chronique[32] et où le corps
médical, avec ses croyances, était constamment présent. Médicalement, sa
mère n’était pas délaissée. Mais le bagage antérieur de Ruburt incluait bien
plus que la maladie et le corps médical et il savait que la structure médicale
conventionnelle n’était pas la réponse aux maladies des humains. À mesure
que vous devenez de plus en plus handicapés, le déclic se produit pour
trouver une autre solution. Les structures psychiques s’entremêlent, et les
réalités aussi [comme l’a écrit Jane quelques heures avant la session].
(Avec un sourire.) Ma personnalité, telle qu’elle se présente de façon si
riche, est (d’une voix plus forte) dans une certaine mesure une création
commune de vous deux. Cela ne signifie pas que je n’ai pas ma propre
réalité, car je l’ai, mais, dans ma relation avec Ruburt et vous, ainsi qu’avec
votre monde, j’adopte certaines caractéristiques qui proviennent de chacune
de vos réalités.
Vous deux ne comprenez pas combien vous êtes semblables. Ruburt est
aussi « minutieux » dans ses habitudes de travail que vous reconnaissez
tous deux l’être dans les vôtres. Vos façons d’être, minutieuses,
« perfectionnistes » et simples semblent lui inspirer le plus grand respect,
relativement parlant, tandis que vous-mêmes, dans une certaine mesure,
semblez avoir tout autant de respect pour son mode inspiré qui ne se soucie
pas des détails — un jeu que joue chacun de vous.
En vos termes, je suis relativement dépourvu d’émotions à mon propre
niveau d’activité. Ou plutôt, mon comportement émotionnel ne suit pas vos
schémas — ce qui est plus proche de « la vérité ». J’ai longtemps délégué
votre type d’activité émotionnelle à ce que vous pourriez appeler une
conduite inconsciente. Nos focalisations sont différentes, et pourtant la
coloration globale de vos expériences parvient jusqu’à moi et, à travers
cette personnalité délicieuse [Jane se désigne elle-même], je peux dans une
certaine mesure m’y relier.
Vous vous êtes lancés dans cette aventure, tous les deux. Cela n’a pas de
sens de dire que les livres sont de Ruburt. Vos idées de « perfection » et
d’amour du détail — ou, si vous préférez, votre inclination pour la
signifiance du détail qui apparaît extériorisée dans vos notes — sont tout
aussi présentes dans la consistance interne du matériau lui-même, tel que je
le donne.
Ruburt garde trace de détails intuitifs dont ni l’un ni l’autre n’avez
même conscience, ce qui témoigne d’une intégrité dont, parfois au moins, il
ne se rend pas compte. Vous-mêmes, vous adoptez des personnalités, même
si, en général, vous ne vous en rendez pas compte. Par conséquent, j’adopte
une personnalité qui peut communiquer avec la vôtre[33]. D’une certaine
façon, la mienne est pour ainsi dire héroïque, plus vaste et
multidimensionnelle. D’un autre côté, je ne peux opérer que mentalement
dans votre monde. C’est Ruburt qui doit marcher dans la rue.
(Extrait de la session 775, du 10 mai 1976.) Des fragments de vos
consciences[34], Joseph et Ruburt, passent à travers ces livres. Je ne suis pas
en train de parler symboliquement. Ces fragments vont se mélanger à la
conscience d’autrui. Des parts de votre intention et de votre but deviennent
les leurs. Ma propre réalité psychologique n’est pas « particulisée ». Mon
identité inclut les identités de beaucoup d’autres, et elles opèrent chacune à
sa façon. En ces termes-là, je suis une formation ondulatoire. Plus
spécifiquement cependant, et à un degré moindre, chaque personne
physique opère partiellement en tant qu’être particulisé, et partiellement en
termes d’onde[35]. Mais l’identité, étant elle-même inviolable, est par
ailleurs constamment changeante — et il n’y a, dans le cadre plus large de
la réalité, aucune contradiction.
(Début 1975, Jane a cessé de donner régulièrement son cours de
perception extrasensorielle ; le rythme de ces réunions hebdomadaires s’est
interrompu lorsque nous avons quitté notre appartement pour emménager
dans notre propre maison, en mars de cette année-là. En dépit de nos
bonnes intentions, le cours n’a jamais repris comme avant, car nous avons
été de plus en plus pris par la production des livres de Seth et de Jane, la
peinture, la correspondance, et toutes les autres activités qui ont constitué
notre vie quotidienne. Le matériau suivant a été transmis au cours d’une
session, le 11 mars 1977, quand un groupe d’anciens étudiants s’était
rassemblé pour entendre parler Seth « comme au bon vieux temps ».)
Maintenant, être non scientifique ne me dérange pas, pas plus que cela
ne dérange aucun de vous, car, si toutes vos réalités se confinaient à des
théories scientifiques, vous n’auriez pas de réalités du tout, et vos fins
scientifiques non plus[36]. Et en mon temps, j’ai été un scientifique plutôt
dogmatique. Les époques étaient toutefois différentes, et j’étais alors encore
plus intolérant dans mes croyances que ne le sont en général
— soulignez — vos scientifiques actuels !
Dans les termes de mon livre [La Réalité « inconnue »], j’étais un
scientifique de l’art du rêve[37], mais j’étais très dogmatique, et j’exigeais
que les autres suivent mes symboles et pas les leurs. Et c’est la raison pour
laquelle j’insiste tant maintenant pour que vous suiviez vos propres voies.
(Pour conclure cet appendice, voici deux citations de Seth auxquelles je
me reporte très souvent. [Elles conduisent à leur tour à une dernière note.]
Elles proviennent de la session 519, du 23 mars 1970, au chapitre 3 de Seth
parle.) Pour entrer dans votre système, je me déplace à travers une série
d’évènements mentaux et psychiques. Vous interpréteriez ces évènements
comme de l’espace et du temps, et je dois donc souvent employer ces
termes, car il faut bien que j’emploie votre langage plutôt que le mien. […]
En un sens, je traduis ce que je suis en un évènement qui vous soit
compréhensible[38].

NOTES DE L’APPENDICE 18

[1] Jane parle assez souvent de Seth 2 dans Adventures. Je prévois


toutefois d’écrire, ne serait-ce que brièvement, quelque chose sur lui
dans un autre appendice du tome II de La Réalité « inconnue », l’idée
étant qu’un tel matériau pourrait être pris comme une extension de
l’étude de la relation Jane-Ruburt-Seth présentée ici.

Une note ajoutée par la suite. Cette opportunité s’est présentée bien
plus vite que je le pensais — juste une semaine après la session 711.
Voir l’appendice 19 en lien avec la session 712.

[2] Seth a commencé son matériau sur les moi contreparties à la fin du
mois suivant, dans la session 721. C’est de cette session-là qu’est né
l’appendice 21. Le matériau dans l’appendice 18 est donc destiné à
enrichir les informations sur les contreparties, fournies par Seth lors la
session 721, ainsi que celles de l’appendice 21.

[3] Au chapitre 3 du Matériau de Seth, Jane décrit comment nous avons


utilisé la planche Ouija lors des toutes premières sessions. Dans la
huitième, celle du 15 décembre 1963, elle a commencé à dicter des
parties de chaque session ; dès la session 14, elle transmettait déjà
oralement tout le matériau de Seth, à l’exception d’une ou deux
remarques faites au début, obtenues au moyen de la planche. Un mois
plus tard, nous nous passions totalement de cette planche.

[4] Dans la session 14, Seth s’est manifesté avec quelques remarques très
précieuses à propos de ses concepts de temps — par exemple : « Par
conséquent, c’est quand même pour moi un certain type de réalité. »
Comme j’ai toujours pensé que ces idées méritent d’être répétées, je les
ai citées dans l’introduction du tome I et je les ai ajoutées par la suite, à
la fin de la session 724 dans le tome III. Permettez-moi à présent de
citer un autre extrait de ce qu’a dit Seth dans la session 14 :
« Précédemment, vous avez mentionné, Joseph, que vous aviez le
sentiment que je pourrais me référer à moi-même presque comme si,
dans un livre, je transformais une page à venir en une page précédente,
ce qui est évidemment le cas. (Avec un sourire.) En regardant un
moment historique avec votre merveilleuse télévision, vous pouvez
vous référer à beaucoup d’événements passés, [mais] une minute de ce
type de référence vous prend une minute de votre temps actuel. Vous y
perdez ainsi au change : vous délaissez votre précieux moment dans le
présent, mais vous n’avez pas en retour un moment complet dans le
passé. […] Quand je me réfère à moi-même dans le passé, je ne
consacre pas une durée de temps identique pour le faire. »

[5] Voir la note 2 de l’appendice 12.

[6] À l’époque de la session 22, Seth avait déjà à l’occasion évoqué les sens
intérieurs, mais il ne nous avait donné des détails que sur le premier
d’entre eux, le toucher vibratoire intérieur. Nous n’avions alors aucun
moyen d’apprécier consciemment quelles parts importantes et
intéressantes ces sens « conduisant à une réalité intérieure » allaient
jouer dans le matériau au fil des ans. Dans le chapitre 19 du Matériau
de Seth, Jane cite Seth à propos des neuf sens intérieurs qu’il a décrits
jusqu’à présent.

(Je dois noter que l’utilisation par Jane de ce premier sens intérieur,
décrite dans l’exemple qu’elle donne dans le chapitre 19, est le reflet
d’une facette très puissante de son aptitude psychique, à laquelle elle
s’adonne rarement. Sa réticence ici est étroitement liée à ses profonds
sentiments à l’égard de l’intimité personnelle.)

[7] Pour un matériau en lien avec les structures et les probabilités, voir la
note 13 de l’appendice 12.

[8] Même onze ans plus tard, je suis certainement très loin d’expérimenter
l’essence du concept d’une session donnée, comme Seth en suggère la
possibilité. J’exprime des croyances contradictoires, évidemment, mais
il semble improbable que je puisse utiliser mes aptitudes de cette façon-
là, même si je me dis que j’aimerais bien en être capable.

Je crois cependant que Jane a parfois atteint un état de conscience


accrue qui équivaut pratiquement à l’essence conceptuelle dont parle
Seth. Une situation de ce genre est décrite dans l’appendice 7 du tome
I : sa réception du matériau pour un livre appelé La Voie vers la santé.
À l’époque, elle se mettait à l’écoute d’une « vitesse neurologique »
différente, plus rapide, de sorte qu’une bonne partie du livre lui était
accessible d’un seul coup. Le plaisir qu’avait Jane à déployer cette
aptitude était toutefois fortement tempéré — car si elle « pouvait sentir
la masse et l’immédiateté du livre », comme elle le disait dans cet
appendice-là, elle ressentait aussi « la frustration d’avoir si peu
transmis et de façon si sommaire — ALORS QUE C’EST DÉJÀ ICI.
[…] Si j’avais pu immédiatement exprimer tout cela, le livre aurait été
fait d’un seul coup. […] Je ne peux pas te dire à quel point je me suis
sentie frustrée — et bloquée — sur le moment. »

Dans le tome I, voir le matériau sur les vitesses neurologiques dans la


session 686. Dans l’appendice 5, en lien avec cette session-là, voir les
notes de Jane sur ce sujet.

[9] Jane a produit son manuscrit The Physical Universe as Idea


Construction, trois mois avant le début des sessions. L’évènement clé est
brièvement décrit dans le tome I. Voir la note 7 de la session 679.

[10] À l’évidence, ceci est vrai jusqu’à maintenant : Seth nous est toujours
« accessible » dans nos vies actuelles.

[11] Dans cet appendice, je cite certaines parties de la session 28 pour


souligner certains points. Dans le chapitre 5 du Matériau de Seth, Jane
a toutefois présenté des extraits beaucoup plus longs de cette même
session, afin d’expliquer ses propres vues.

[12] Quand Jane a commencé à parler pour Seth, nous avons jeté un coup
d’œil sur les définitions de concepts tels que dissociation, transe, etc.,
sans être particulièrement influencés par ce que nous avons trouvé.
Nous pensions simplement que les significations données étaient assez
incomplètes, et avons donc décidé de suivre notre propre voie. À mesure
que les sessions progressaient, nous avons fini par comprendre que,
pour Jane, la dissociation signifiait simplement son aptitude à diriger
une intense concentration vers certains buts hautement créatifs — Seth
et les sessions — de telle sorte que nous puissions apprendre d’eux.

Ses talents « médiumniques » se sont accrus également en dehors du


cadre des sessions, bien sûr, comme on peut le voir dans une grande
partie du matériau donné en appendice dans le tome I (pour ne
mentionner que ces quelques exemples) ; à des degrés divers, la
dissociation, ou le fort pouvoir de concentration, jouait donc un rôle
dans ces activités.
[13] À la suite de ses commentaires à propos de son réassemblage dans
notre réalité, Seth a abordé un matériau un peu analogue (dans cette
session 28) que j’ai toujours voulu voir publié. En voici donc une
partie : « Le temps condensé est le temps ressenti par l’entité, ou dont
elle fait l’expérience, pendant que n’importe lesquelles de ses
personnalités données « vivent » — et vous feriez mieux de mettre cela
entre guillemets — sur un plan de matérialisations physiques. Pour
entrer un peu plus avant dans ce sujet, beaucoup d’hommes ont dit que
la vie était un rêve. À un certain égard, important, ils sont fidèles aux
faits, mais, pour ce qui est du point principal, ils en sont très loin.

« La vie individuelle, ou la vie de l’individu présent, pourrait


légitimement être comparée au rêve d’une entité. Tandis que l’individu
souffre et jouit d’un certain nombre d’années, celles-ci ne durent que le
temps d’un éclair pour l’entité. L’entité s’intéresse à ces années-là de la
même façon que vous vous intéressez à vos rêves. […] Et tout comme
vous êtes à l’origine de vos rêves, tout comme ils proviennent de vous,
atteignent une indépendance apparente et prennent fin en vous, les
personnalités d’une entité proviennent d’elle, atteignent divers degrés
d’indépendance et retournent à elle, tout en ne l’ayant jamais quittée
un seul instant.

« L’entité organise ses personnalités et, jusqu’à un certain point, dirige


leurs activités, tout en leur accordant ce que vous appelleriez un libre
arbitre. Les personnalités jouissent d’une infinie diversité et
d’innombrables opportunités.

« L’entité elle-même n’a pas besoin de maintenir un contrôle constant


sur ses personnalités, parce que dans chacune d’elle, il y a une partie
intérieure, consciente d’elle-même, qui connaît son origine. J’ai
mentionné précédemment qu’une partie de vous sait exactement
combien les poumons respirent d’oxygène et combien il faut d’énergie
pour arpenter une pièce, et c’est de cette partie-là de vous dont je parle.
C’est la partie consciente d’elle-même qui reçoit toutes les données
intérieures.

« … la partie qui traduit des données intérieures les passe au crible à


travers le subconscient, qui est une barrière et aussi un seuil pour la
présente personnalité de camouflage. J’ai dit que la partie la plus élevée
du subconscient contient les souvenirs personnels, qu’en dessous d’eux,
il y a les souvenirs de l’espèce, et ainsi de suite. Les choses ne sont pas
simplement étagées de cette façon, mais, en poursuivant l’analogie
nécessaire, de l’autre côté (ou en dessous, pour vous) des souvenirs de
l’espèce, vous n’existez plus à l’intérieur de votre plan ; vous en
regardez un autre avec le visage de cette autre partie de vous, consciente
d’elle-même. Cette partie reçoit des données intérieures, elle est plus
étroitement en contact avec l’entité que vous l’êtes avec vos rêves ; elle
dirige en fait toutes les fonctions importantes que vous pensez être
contrôlées automatiquement ou inconsciemment.

« Quand des aptitudes telles que la télépathie sont activées, cette


fonction télépathique est continuellement entretenue par cette partie de
vous qui est consciente d’elle-même ; mais, en règle générale, vous
vous conformez à ces données-là sans que le moi conscient qui vous est
familier en ait connaissance.

(En riant.) « Il y a bien sûr une contradiction apparente ici, mais elle
n’est qu’apparente — votre dilemme est le suivant : si vous avez un
autre moi conscient de lui-même, alors pourquoi n’êtes-vous pas
conscient de lui ?

« Supposez que vous soyez une étrange créature à deux visages. Un


visage regarde un monde et l’autre en regarde un autre. Imaginez, en
plus, que cette pauvre créature ait un cerveau associé à chaque visage et
que chaque cerveau interprète la réalité en termes du monde qu’il
regarde. Les mondes sont différents et les créatures sont des frères
siamois.

« En même temps, imaginez que ces créatures n’en fassent vraiment


qu’une seule, mais avec des parties précises équipées pour gérer deux
mondes entièrement différents. Dans cette analogie ridicule, le
subconscient existerait donc entre les deux cerveaux et permettrait à la
créature d’opérer comme une seule unité.

« En même temps — et c’est la partie difficile à expliquer —, aucun des


deux visages ne verrait jamais l’autre monde. Ils ne seraient [en
général] pas conscients l’un de l’autre, et pourtant chacun serait
pleinement conscient de lui-même. »

[14] Seth a bien sûr parlé des multiples facettes de son concept de
probabilités dans le tome I. Dans le tome II, voir la note 16 de
l’appendice 12.

[15] Dans le tome I, voir la note 3 de la session 679.

[16] C. G. Jung : Ma Vie, souvenirs, rêves et pensées, Gallimard, coll.


« Folio », 1991.

[17] Pour de nombreux lecteurs, les remarques de Seth concernant l’anima


et l’animus nécessitent quelques explications. Carl Jung (1875-1961),
psychologue et psychiatre suisse, a postulé que l’inconscient masculin
contient une figure archétypale (ou typique et instinctive) féminine,
appelée « anima », la forme corrélative masculine dans l’inconscient
féminin étant appelée « animus ». Dans la session 119, Seth commente
la façon dont Jane a elle-même un animus — le mâle caché à l’intérieur
— et comment Ruburt, cette entité « masculine » plus vaste dont elle est
une « partie consciente d’elle-même », contient une anima, ou une
figure féminine cachée. (Voir dans cet appendice, les extraits de la
session 83.) Les contrastes sont très intéressants. De cette information,
je déduis que l’entité ou le moi complet de chacun de nous,
indépendamment de notre notre actuelle orientation sexuelle
individuelle, contient sa propre qualité, mâle ou femelle selon le cas,
faisant contrepoids. Seth ne l’a pas encore dit — et nous ne le lui avons
pas demandé —, mais je soupçonne qu’une forme dynamique d’énergie,
telle que l’entité, se rend beaucoup plus compte que nous de sa forme
« cachée » de sexe opposé — ou de ses formes cachées, il y en a peut-
être beaucoup.

Je vais citer ci-dessous de très courts passages tirés des sessions 555 et
556 dans le chapitre 13 de Seth parle, tout en conseillant au lecteur de
se reporter à ce chapitre-là ; ensuite, je présenterai un matériau
complémentaire, provenant de la session 83, que j’ai gardé pour cette
note — puisque Seth y évoque à la fois les théories de Jung et celles de
son célèbre professeur, Sigmund Freud (1856-1939).
Dans Seth parle, Seth a développé les idées de Jung concernant l’anima
et l’animus, en affirmant que de telles qualités ou personnifications
d’un autre sexe, à l’intérieur de chacun de nous, représentent en fait des
mémoires de vies passées. (Jung lui-même pensait que les questions de
réincarnation et de karma [ou, en gros, de destin ou de sort] étaient
« obscures » — et il ne pouvait pas avoir de certitude quant à
l’existence de tels phénomènes.) Extrait de la session 555, du 21
octobre 1970 : « L’anima et l’animus… sont très chargées
psychiquement et apparaissent aussi en rêve. Elles fonctionnent comme
des compensations et des rappels qui vous empêchent de vous
suridentifier à votre corps physique actuel. » Et dans la session 556 :
« La réalité de l’anima et de l’animus est donc bien plus profonde que
ce que supposait Jung. Symboliquement parlant, les deux réunis
représentent l’ensemble du moi, avec ses désirs, ses facultés et ses
caractéristiques particulières. […] On ne peut pas comprendre la
personnalité, telle que vous la connaissez, sans prendre en compte la
signification véritable de l’anima et de l’animus. »

Deux notes en lien avec les extraits de la session 83 : A) La fameuse


rupture professionnelle entre Freud et Jung, qui était plus jeune a eu
lieu en 1931 : le matériau de Seth évoque les chemins psychologiques
divergents pris par chacun d’eux. B) La libido est considérée comme la
pulsion ou l’instinct sexuel — l’énergie psychique positive et aimante
qui se manifeste de manière changeante à mesure que l’individu mûrit.
Citons à nouveau Seth :

« Il y a quelques points d’ordre général que j’aimerais signaler. Ruburt a


lu Jung, bien que de façon décousue. La libido n’a pas pour origine le
subconscient de la personnalité présente. Elle commence dans l’énergie
de l’entité et du moi intérieur, et elle est dirigée par le biais des sens
intérieurs — vers l’extérieur, pour ainsi dire, à travers les couches plus
profondes du subconscient de l’esprit individuel, puis à travers les
domaines plus extérieurs ou personnels.

« Votre Freud et votre Jung ont exploré le subconscient personnel. Jung


a entraperçu d’autres profondeurs, mais c’est tout. Des distorsions assez
malheureuses apparaissent dans ses écrits, ainsi que dans ceux de Freud,
puisqu’ils n’ont pas compris la nature première, coopérative, de la
libido. […]

« Nous avons parlé de l’interdépendance biologique et de la coopération


entre les organismes dans votre univers physique. L’apparition d’un
individu dans le monde physique est soutenue par la collaboration
psychique des individus sur votre plan. Presque d’un seul coup, la
nouvelle libido accomplit la tâche qu’elle a adoptée, à savoir le maintien
de l’univers physique. Si elle ne le faisait pas, ce dernier n’existerait pas
longtemps. La coopération à tous les niveaux est nécessaire sur tous les
plans.

« J’ai été quelque peu préoccupé par ce que Ruburt a lu de Jung,


simplement parce que, même si Jung semble offrir plus que Freud à
certains égards, il a tenté beaucoup de choses et ses distorsions sont
assez importantes. En semblant fouiller plus en profondeur et en
proposant de nombreux résultats signifiants, Jung arrive néanmoins à
des conclusions… d’autant plus gênantes du fait de son envergure.

« Il est vrai que les manifestations extérieures de la libido sont dirigées


vers le monde physique, mais tant que sa source n’est perçue que dans
les couches supérieures du subconscient de l’individu et dans le
subconscient de l’espèce, et non à l’intérieur de l’entité elle-même,
l’homme ne se connaîtra pas lui-même.

« Au fond, Jung craignait un tel voyage parce qu’il avait le sentiment


que celui-ci menait uniquement à la source raciale… et que ce genre
d’étude finirait dans le goulet d’étranglement d’un premier utérus
— mais là, il y a une ouverture vers d’autres royaumes, à travers
laquelle la libido est passée aussi. Métaphoriquement parlant, elle s’est
faufilée à travers le goulet d’étranglement et, de l’autre côté, il n’y a pas
de limitation.

« Freud a courageusement exploré les couches supérieures du


subconscient et les a trouvées plus profondes qu’il ne le soupçonnait.
Ces niveaux sont en fait pleins de ce que l’on pourrait nommer des
impulsions dispensatrices de vie, différenciées et indifférenciées,
acquises dans la vie présente d’un individu, mais une fois ces niveaux
franchis, il y a encore de nombreuses découvertes à faire. Après ce
passage-là, le chercheur diligent, assidu, intuitif et flexible, en quête de
connaissance, découvrira des horizons dont Freud n’a jamais rêvé.
Freud a simplement touché les frontières extérieures. Jung, avec ses
yeux embués par l’agitation créée par Freud, a juste entraperçu certaines
régions plus reculées. »

[18] Comme Jane l’a décrit au chapitre 8 du Matériau de Seth, les tests
Instream ont été pour nous très insatisfaisants. Comme nous n’étions
jamais informés de leurs résultats, nous n’avons eu aucun moyen
d’estimer les pourcentages de réussites, de demi-succès et d’échecs des
impressions données par Seth. Les neuf mois passés à nous impliquer
ainsi dans ces tests ont révélé à la fois notre naïveté à l’époque et notre
acharnement à apprendre. Et nous avons appris, même si ce n’était pas
toujours de la façon que nous attendions ; car, outre les précieuses
visions que nous avons obtenues sur les aptitudes de Jane en tant que
Seth, grâce à nos propres tests des enveloppes, nous avons aussi
découvert beaucoup de choses sur certains types de personnes faisant
« autorité ». Globalement, l’histoire des tests a été très instructive.

[19] Seth a commenté certaines de ses aptitudes « médiumniques » quand


je lui ai demandé s’il avait obtenu de moi, par télépathie, une
quelconque information relative aux objets placés dans les enveloppes,
étant donné que c’était moi qui les choisissais, ou si l’information
provenait des objets eux-mêmes. Les résultats du deuxième test
d’enveloppes étaient à l’évidence beaucoup plus précis que ceux du
premier. Au cours de la pause, j’ai dit à Jane qu’elle s’était bien
débrouillée. Nous étions très encouragés.

Deux petits rappels : A) La clairvoyance (ou « vision claire ») est la


perception paranormale d’évènements ou d’objets, indépendamment de
la distance et sans l’aide d’un autre esprit. B) La télépathie est la
communication, d’esprit à esprit, de pensées ou d’émotions,
indépendamment de la distance. En réalité, il est souvent difficile de
dire si c’est la clairvoyance, la télépathie, ou les deux, qui interviennent
dans tel ou tel cas. Je ne parle pas non plus ici de la façon dont
l’utilisation de ces phénomènes peut être en lien avec la perception du
passé ou du futur.

[20] Dans cet appendice, les présentations provenant des sessions 28 et 83


contiennent des commentaires de Seth quant à la question de savoir s’il
est « une personnalité secondaire ou double de celle de Ruburt ». Dans
le chapitre 6 du Matériau de Seth, Jane a elle-même exprimé une
inquiétude par rapport aux personnalités secondaires ; voir son compte
rendu de nos rencontres avec le docteur Instream. Le lecteur trouvera
un matériau complémentaire sur ce sujet au chapitre 2 de The Coming
of Seth, et dans les sessions parlant d’Augustus, au chapitre 6 de La
Réalité personnelle.

[21] Dans le tome I, voir le matériau de Seth sur la conscience émergente


de l’ego de l’homme, dans les sessions 686 (après 22 h 37), 687, 689 et
l’appendice 6.

[22] J’ai noté au début de cet appendice que celui-ci était inspiré, en partie
du moins, par le matériau que Seth avait donné, lors de la session 711,
sur le pont, ou la structure, psychologique reliant Jane et lui-même. Je
renvoie maintenant le lecteur à ces passages-là ; ils débutent à 23 h 40.
Voir également les deux derniers paragraphes des notes d’ouverture de
la session 705 (dans ce volume II), ainsi que la note 2 de cette session-
là.

Seth a en fait démarré son matériau sur le pont psychologique dans la


session 241. J’ai toutefois choisi ici des extraits de la session 242 parce
que les informations qu’elle contient portent également, de façon plus
générale, sur l’ego et les personnalités qui survivent.

[23] La session 241, mentionnée dans la note 22, fait partie de celles que
nous espérons publier intégralement, car Seth y explique comment le
pont psychologique aide Jane à « traduire » son matériau télépathique.
L’information a été transmise en lien avec nos tests des enveloppes et
ceux destinés au docteur Instream, au moment où nous en avions déjà
effectué la moitié, en mars 1966. (Voir le compte rendu que Jane a fait
de cette année de tests et les extraits des sessions 179 et 180.)
Voici quelques aperçus du matériau de Seth provenant de la session
241.

« Cette structure psychologique est en elle-même capable de croître.


Elle représente de la part de Ruburt une expansion et, en fait, de ma part
également. Elle est en partie formée par des aptitudes inhérentes à
toutes les personnalités — des aptitudes psychiques — et elle est
constituée d’énergie. Ce n’est pas une personnalité secondaire, car elle
existe dans une dimension assez différente de celle des personnalités
secondaires. […]

« Voyez-vous, le pont psychologique peut transmettre et, jusqu’à un


certain point, traduire, mais pas interpréter. Je dépends dans une large
mesure de la connaissance de Ruburt, et de ses lacunes, car je ne peux
pas de force tirer de lui, de son mécanisme du langage, des concepts qui
lui sont entièrement inconnus. Je dois les introduire pas à pas… comme
je vous ai expliqué les points-instants (voir la note 11 de l’appendice
12). […] La chose n’est pas aussi simple qu’elle le paraît, car aucune
coercition n’entre ici en jeu : Ruburt consent toujours à me laisser lui
fournir des concepts qu’il interprète en mode langage, avec mon aide.

« Dans nos expériences, souvent, je lui donne une impression et il la


traduit automatiquement en termes visuels. […] Il y a parfois de son
côté quelques derniers petits tiraillements, pour que le mécanisme de sa
parole énonce enfin l’interprétation correcte. Évidemment, je me sers
des associations de Ruburt, jusqu’à un certain point, pour l’amener au
sujet approprié ou à l’image juste. […] Quand nous réussissons, il y a
une divergence par rapport à ses propres associations, de sorte qu’il
prononce le mot correct, même si pour lui, personnellement, il peut
s’agir d’un mauvais terme.

« Pour Ruburt, cela peut parfois être déconcertant. Nous devons


pourtant toujours travailler avec des schémas psychologiques. Les
émotions suivent toujours, à cet égard, des structures associatives.

« L’astuce consiste à permettre aux associations de Ruburt de prévaloir


librement jusqu’à un certain point, puis d’insérer habilement les
données correctes. C’est parfois difficile. Ses associations peuvent aller
par exemple de C vers D, E, F, mais précisément là où il dirait G, nous
devons insérer X ou Y, et le faire de façon si douce qu’il ne s’en rend
presque pas compte.

« Il y consent pour moi ; il consent de me laisser utiliser ses associations


de cette manière-là. »

[24] Au cours de la session 464, j’ai veillé à bien demander à Seth de


développer ce qu’il avait dit lors de la session précédente : « La plus
infime perception modifie chaque atome à l’intérieur de votre corps. »
En réponse, voici ce qu’il a transmis juste avant la première pause.

« Pour revenir au matériau sur la perception, il y a des changements


dans les charges positives et négatives des atomes, des modifications du
mouvement à l’intérieur des atomes pour les particules plus petites, et
un changement dans le rythme des pulsations. L’activité des atomes est
en fait causée par des qualités de perception. Tout d’abord, les
mouvements au sein des atomes ne sont pas dus au simple fait que ce
sont des atomes. Ils sont occasionnés par l’incessante nature perceptive
de toute conscience, si infime soit-elle en vos termes. Cela répond-il à
votre question ? »

(« Oui, ai-je dit, mais je pourrais en poser encore beaucoup. »

Seth a poursuivi.) « Chacune des particules à l’intérieur de l’atome


perçoit la présence de toutes les autres particules de ce même atome.
Chacune se meut en réponse aux stimuli qu’elle reçoit des autres, et aux
stimuli qui proviennent d’autres atomes. […] Chaque atome au sein
d’une cellule, par exemple, se rend compte de l’activité de tous les
autres atomes qui sont là et, dans une certaine mesure, des stimuli qui,
de l’extérieur, parviennent à la cellule.

« Les perceptions, en termes physiques généraux, semblent


habituellement faire entrer en jeu des informations captées, provenant
d’une structure arbitrairement désignée, ou d’un évènement se
produisant apparemment dans une autre structure, extérieure à celle qui
perçoit. Dans l’acte entier de perception, cependant, il y a une unicité et
une unité entre l’évènement apparemment perçu objectivement et ce qui
le perçoit.

« Le processus dans son ensemble a sa propre réalité électromagnétique,


et l’évènement est en fait un mouvement électromagnétique. Le
mouvement à l’intérieur des atomes, mentionné précédemment, est par
conséquent fondamentalement une partie de l’évènement entier qui est
perçu. Est-ce que cela rend les choses plus claires pour vous ? »

(« Oui… »)

« Du fait de votre ego, vous attribuez arbitrairement des étiquettes par


nécessité, en percevant uniquement des portions de ces actions : à
nouveau, l’ego tente de se séparer du processus global et de se voir
comme une structure complètement indépendante. » (Voir les extraits de
la session 242.)

« Vous pouvez faire votre pause. »

(Examiner la connaissance que nous avons actuellement des


composants de l’atome peut être une tâche très compliquée, je noterai
donc seulement que de telles particules sont considérées comme étant
en fait des paquets d’énergie, ou des « structures de probabilités », qui
peuvent aussi se manifester sous forme d’ondes ; les aspects ondulatoire
et corpusculaire sont tous deux légitimes dans l’espace-temps. Un
atome est donc composé d’un noyau « lourd », chargé positivement,
autour duquel orbitent des électrons, « plus légers », chargés
négativement. D’une façon générale, ces qualités positives et négatives
pourraient être celles évoquées par Seth au cours de la session 464.

Parmi les particules dont on sait qu’elles ont une masse et une charge,
l’électron est la plus légère, mais sa structure interne — quelle qu’elle
puisse être — nous est inconnue. Le noyau atomique est largement
constitué de protons et neutrons plus massifs, mais une recherche à
l’intérieur du noyau révèle aussi, à moins qu’elle ne produise elle-
même, de nombreuses autres particules subatomiques — plus de deux
cents, dont certaines, très instables, sont actuellement connues. D’après
Seth, bien sûr, toutes les particules, ou structures de probabilités, dont
nous parlons ici seraient composées d’unités de conscience [UC],
beaucoup, beaucoup plus petites.

Dans le tome I, voir la note 4 de la session 682 ; à la session 702, voir


le matériau sur le spin des électrons, ainsi que la note 6. La note 5 de
cette session-là contient également des références utiles ici.)

[25] Jane a donné son premier cours de perception extrasensorielle le soir


du 12 septembre 1967, mais elle n’a pas laissé Seth se manifester dans
sa classe avant le mois de décembre suivant, tellement elle était
prudente en abordant cette étape médiumnique. Elle n’avait ni
expérience personnelle ni aucun autre précédent auxquel se référer ;
son livre, How to Develop Your ESP Power, avait été publié en 1966,
mais elle était en train d’expérimenter ses propres aptitudes (comme
elle le fait encore maintenant). Il faut aussi ajouter que ce qui était en
jeu, c’était toute la question de l’interaction directe de Seth et de son
matériau avec le public, et de l’acceptation ou du rejet qui en
résulterait. Pendant quelque temps, les élèves ont été peu nombreux,
mais leur nombre a considérablement augmenté dès la fin de l’année
1969. Après la publication du Matériau de Seth, en 1970, son cours est
devenu suffisamment connu pour attirer des visiteurs venus de
différentes régions. Cela continue d’être le cas.

On peut bien sûr retrouver le matériau donné par Seth en classe, ainsi
que d’autres évènements, dans tous les livres de Jane et de Seth. Voir,
par exemple, le chapitre 13 du Matériau de Seth et l’appendice de Seth
parle, ainsi que plusieurs chapitres dans la partie 1 d’Adventures in
Consciousness.

Une note ajoutée par la suite. Le livre de Jane, How to Develop Your
ESP Power, était à l’origine publié par Frederick Fell Publisher, et
Pocket Books l’a réimprimé en 1967 sous le titre The Coming of Seth.
Dans le tome I, voir la note 2 de la préface de Seth.)

[26] Bien que, dans ce cours datant de 1971, Seth ait mis l’accent sur ses
expériences de la condition humaine à travers la réincarnation, voici ce
qu’il nous avait dit en 1964 : « Pour moi, ceci [ce matériau
réincarnationnel et familial] est tellement évident que j’hésite presque à
le mentionner, mais il est vrai que j’ai tendance à oublier ce qu’implique
réellement l’expérience humaine sur votre plan. » (Voir les extraits de la
session 27 dans cet appendice.) Dans cette session de 1964, Seth
s’adressait à moi seul ; en cours, il était face à un groupe. Je dirais que,
depuis sa position ou focalisation en tant qu’ « essence de l’énergie
d’une personnalité », les deux attitudes sont vraies, et non pas
contradictoires — et que l’une ou l’autre prédominait selon les
circonstances et le thème de la session. Je ne pense pas que l’intervalle
de temps entre les deux sessions — sept ans — a joué un rôle.

[27] En ce qui concerne la réincarnation, ainsi que les livres sur le sujet,
voici ce que Seth a dit, dans la session 588 au chapitre 22 de Seth
parle : « Or, lorsque j’ai commencé à entrer en contact avec Ruburt et
Joseph, je leur ai caché le fait de mes nombreuses vies. (Sourire.)
Ruburt, en particulier, n’acceptait pas la réincarnation ; l’idée d’une
telle multitude de vies lui aurait paru tout à fait scandaleuse.

« Les époques, les dates et les noms sont beaucoup moins importants
que les expériences elles-mêmes, et elles sont trop nombreuses pour être
toutes répertoriées ici. Je veillerai cependant, à un certain moment, à ce
qu’elles soient pleinement accessibles. […] Dans un livre sur la
réincarnation, j’aimerais que chacune de mes personnalités précédentes
parle pour elle-même, car elles devraient toutes raconter leur propre
histoire. »

Seth a dit beaucoup de choses dans cette dernière phrase, bien sûr, mais
cela signifie simplement que davantage de questions viennent à l’esprit.
Même si nous pensons, Jane et moi, que cette idée de livre est unique,
nous n’avons rien fait pour la mettre en œuvre, pas plus que nous ne lui
avons demandé davantage d’explications. Comment Seth proposerait-il
de laisser ses propres « personnalités précédentes parler pour elles-
mêmes… » ? Puisque Seth ne relaierait sans doute pas simplement de
tels messages, Jane devrait-elle laisser sa voix à d’autres hôtes,
masculins et féminins, jeunes et vieux, d’époques et de nationalités les
plus diverses ? Un long projet, un projet pour lequel elle devrait utiliser
ses aptitudes de façons nouvelles.
[28] Les remarques de Seth ici sont en fait une extension d’une longue
discussion sur les croyances individuelles et la spontanéité, discussion
qu’il a initiée il y a deux semaines, lors d’une session en classe :
« Maintenant, mes mots ne vont pas être utilisés, je l’espère, pour initier
un nouveau dogme. Mon dogme est la liberté de l’individu. Mon
dogme est celui du sacrilège — affirmant que chacun de vous est un
individu bon. Vos émotions, vos sentiments ou votre être n’ont rien de
mauvais. Quand vous vous connaissez vous-même, alors vous êtes
joyeusement — joyeusement — réceptif et, étant joyeusement réceptif,
vous pouvez amener votre société jusqu’aux confins de sa créativité. »

[29] Voir le chapitre 17 d’Oversoul Seven, par exemple. Dans La Réalité


personnelle, Seth a parlé d’une « sorte de reprogrammation » du passé ;
voir les sessions 653 et 654 au chapitre 14.

Une note ajoutée plus tard. Cette session lors d’une classe de janvier
1975 est excellente à de nombreux égards, et Jane en a présenté de
nombreux passages au chapitre 15 de son livre Psychic Politics. Même
si Seth a fini son travail sur La Réalité « inconnue » bien avant que
Jane ait terminé Politics, c’est ce dernier qui a été publié le premier
— et je parle de cette chronologie-là dans mes notes préliminaires du
tome I.

[30] Dans cet appendice, voir les extraits des sessions 54 et 58.

[31] Dans le chapitre 2 du Matériau de Seth, voici ce que Jane a écrit :


« Fin 1963, quelques mois avant que ne débutent nos sessions, nous
avions pris quelques vacances à York Beach, dans le Maine, en espérant
qu’un changement d’environnement améliorerait la santé de Rob. Le
médecin ignorait la cause de son mal de dos et il lui avait suggéré de se
mettre sous traction quelque temps à l’hôpital. Mais nous avions décidé
que c’était sa réaction au stress qui était au moins partiellement
responsable de son problème, d’où le séjour. »

À ce moment-là, j’avais perdu de nombreux mois de travail, en tant que


créateur publicitaire, activité à laquelle j’étais retourné plusieurs
années auparavant pour alléger nos contraintes financières. J’avais 44
ans — et, comme je l’ai reconnu après le début des sessions, j’étais à un
point de ma vie où j’avais grandement besoin de vues plus pénétrantes
sur le sens de l’existence. Bien qu’ayant pratiquement dix ans de moins
que moi, Jane ressentait la même chose. À mesure que les sessions ont
commencé à faire partie intégrante de notre réalité commune, nous
avons compris peu à peu que la maladie contre laquelle je luttais était
l’expression déguisée d’une rébellion de notre part. Nous étions très
insatisfaits de notre statu quo : après des années de travail, Jane était
seulement parvenue à publier quelques poèmes et quelques textes de
« science-fantaisie » (plusieurs histoires courtes et deux petits romans)
et, de mon côté, je n’avais pas le sentiment d’être le genre d’artiste que
j’aurais souhaité. Une impulsion nous poussait à en connaître
davantage — sur l’art, l’écriture, la condition humaine et tout. Mon
propre besoin, comme celui de Jane, trouvait des réponses profondes
dans sa psyché.

Pour un compte rendu de ce qui nous est arrivé à York Beach durant ce
voyage, se reporter au chapitre 2 du Matériau de Seth. Voir aussi la
note 6 de la session 680 dans le tome I.

[32] Dans le tome I, voir la session 679 (avec sa note 4, entre autres) pour
un matériau sur les premières années de Jane avec sa mère. Je me
souviens souvent que Jane, au cours de sa petite enfance, vivait dans
une atmosphère où la maladie était omniprésente, alors que ma propre
jeunesse était à cet égard beaucoup plus ordinaire. En grandissant, elle
était « la plupart du temps effrayée », m’a-t-elle dit quand j’ai préparé
cette note. Elle vivait souvent seule avec sa mère alitée, ces périodes-là
étant ponctuées par une succession d’aides ménagères appointées par
le service d’aide sociale. Elle a donc très tôt été marquée par la
fragilité et la vulnérabilité humaines.

Pourtant, nous sommes pleinement d’accord avec Seth — sur le fait


que, comme toute autre personnalité, Jane a choisi son environnement
physique avant sa naissance, en programmant de faire face à certains
défis dans ce cadre-là.

[33] Voir ce que dit Seth dans les extraits provenant de la session donnée en
cours de perception extrasensorielle, le 20 avril 1971 : « J’ai en réserve
une banque de personnalités dans laquelle je peux puiser… »
[34] Puisque Jane et moi assimilons les « fragments » de conscience,
mentionnés dans cet extrait, aux EE (unités d’énergie
électromagnétique) et UC (unités de conscience) de Seth, voir les
références données dans la note 3 de l’appendice 12.

[35] Dans cet extrait, le matériau de Seth me rappelle beaucoup certains


passages de la session 702 du tome I : « Tant que vous pensez en termes
de particules [subatomiques], vous faites fondamentalement fausse
route — et de même quand vous pensez en termes d’ondes. L’idée de
champs en interrelation est une meilleure approche, bien sûr, pourtant
même dans ce cas-là, vous êtes simplement en train de changer un terme
pour un autre semblable, juste légèrement différent. Dans tous les cas,
vous ignorez la réalité de la conscience, ainsi que ses formations et
manifestations dynamiques. Tant que vous ne percevez pas la
conscience innée derrière toutes les manifestations “visibles” ou
“invisibles”, vous limitez considérablement votre propre
connaissance. »

Et dans ma note à 22 h 20, j’avais écrit : « Je trouve très intéressant le


fait que Seth ait parlé d’ondes et des particules subatomiques dans le
dernier paragraphe qu’il vient de transmettre. Ces idées rendent compte
de la conception actuelle qu’ont les physiciens d’une dualité naturelle.
La lumière, par exemple, est-elle constituée d’ondes ou de particules ?
De nos jours, un compromis, appelé complémentarité, conduit les
expérimentateurs à accepter des résultats montrant la véracité de l’un
et l’autre de ces deux aspects. »

Puisqu’à l’évidence, Seth voit peu de réelles différences entre les


concepts de champs et d’ondes/particules, je dirais que, dans la session
775, il présente son matériau selon cette vision onde/particule afin que
ce soit le plus clair possible, pour nous qui sommes si attachés aux
notions d’espace et de temps : « En ces termes-là… » Mais dans
l’ensemble, les physiciens parlent d’énergie et Seth parle de conscience
— et, de mon point de vue, c’est là que réside le contraste fondamental
entre les deux approches de la réalité.

À propos de cette « réalité de la conscience » citée plus haut (dans


l’extrait de la session 702), Seth a aussi transmis le matériau suivant,
beaucoup plus général, dans la session 775 : « Vous vous êtes en fait
“réincarnés” de nombreuses fois au cours d’une vie que vous avez
acceptée. Il y a souvent de grands défis auxquels vous répondez. Vous
les choisissez pour des raisons qui vous sont propres. Ce faisant, vous
changez souvent d’affiliations.

« La conscience forme des structures d’identités. Celles-ci se meuvent


plus vite que la lumière. Elles peuvent être en plus d’un endroit à la fois.
(Voir les notes 5 et 6 de la session 702.) Elles peuvent fonctionner en
roue libre en tant qu’identités en elles-mêmes, ou en tant que “particules
psychologiques”. Elles peuvent aussi fonctionner comme des ondes,
circulant à travers d’autres particules de ce type. Elles peuvent former
ensemble des combinaisons illimitées et infinies, constituant des
ensembles psychologiques changeants. Certaines parties de ces
ensembles dynamiques peuvent alors opérer en tant que “particules
psychologiques” dans le temps et l’espace, tandis que d’autres portions
opèrent comme des ondes, en dehors du temps et de l’espace. Ces
dernières représentent les éléments inconscients de l’espèce, qui
deviennent “particulisés” dans l’existence physique. »

Bien que ces paragraphes de la fin de la session 775 contiennent de


nombreuses idées, je veux toutefois en souligner deux que je trouve
particulièrement évocatrices : la référence de Seth aux nombreuses
réincarnations au cours d’une vie reconnue, et les éléments inconscients
de l’espèce représentés par leurs caractéristiques ondulatoires.

Puisque cette session a eu lieu pratiquement treize mois après la fin de


La Réalité « inconnue », je peux noter, avec le recul, que Seth a
développé sa déclaration sur la réincarnation dans son matériau
traitant des contreparties ; tout d’abord dans la session 721 de la partie
5. L’appendice 21 est né de cette session-là. Dans cette même partie 5,
tome III, la session 725 (avec sa note 4) contient des informations
complémentaires sur les particules, les identités et les ensembles
psychologiques changeants.

[36] De nombreux passages dans l’appendice 12, et dans ses notes,


pourraient être cités ici pour éclairer les commentaires de Seth. Les
notes 13 et 20 en sont des exemples, et l’endroit où elles se situent dans
le texte indique également les paragraphes de l’appendice qui sont ici
les plus pertinents. Plus généralement, je suggère au lecteur de revoir
les dernières pages de l’appendice 12, en commençant là où j’ai écrit :
« Après avoir écrit cet appendice, mon point de vue est… »

[37] Dans le tome I, voir la session 700. À 21 h 53, Seth disait : « Le


véritable art du rêve est une science depuis longtemps oubliée par votre
monde. La pratique d’un tel art entraîne l’esprit à un nouveau type de
conscience — une conscience qui se sent chez elle, bien établie et
assurée dans les deux formes d’existence [intérieure ou extérieure]. »

Et dans la session 704 : « Le scientifique de l’art du rêve, le vrai


physicien mental, le médecin complet — ces désignations représentent
les types de formation qui pourraient vous permettre de comprendre la
réalité inconnue, et donc celle connue, et de vous rendre ainsi compte
des feuilles de route qui existent derrière l’univers physique. »

[38] À propos de cette citation tirée de Seth parle, voici ce que Seth avait à
dire par la suite, lors d’une session personnelle ultérieure : « Il y a des
rythmes qui existent pendant une période de temps, comme je l’ai
mentionné auparavant, et si vous aviez le loisir de vérifier vos archives,
vous verriez que, globalement, nous avons le même nombre de sessions
chaque année. De nombreux cycles entrent en jeu — certains liés à vous
deux, à moi ou à d’autres conditions totalement distinctes.

« On pourrait dire que certaines de ces conditions sont le résultat


d’atmosphères psychologiques qui, disons, entourent la Terre. Je ne
voyage pas physiquement dans un Ovni (d’un air amusé) et, pourtant,
mes voyages mentaux ou psychiques doivent avoir lieu dans un certain
type de vecteur. Il y a dans cette atmosphère des activités rythmiques
sur lesquelles je compte et que j’utilise, comme un capitaine de navire
peut par exemple utiliser le rythme des vagues quand il navigue. Ces
“vagues” atmosphériques intérieures ont une certaine régularité. Elles
sont plus intenses à certains moments qu’à d’autres. »
APPENDICE 19

En lien avec la session 712

(Puisque c’est l’endroit idéal, je vais préfacer avec les notes ci-dessous,
consacrées à Seth 2, la version abrégée de la première session de Jane sur
le « son long » ou lent. Celle-ci a eu lieu le 6 septembre 1972.
Nous n’avons pas parlé de Seth 2 dans le tome I de La Réalité
« inconnue ». Dans la note 1 de l’appendice 18, j’ai écrit que je voulais en
parler, au moins brièvement, dans un autre appendice, « l’idée étant qu’un
tel matériau pourrait être pris comme une extension de cette étude de la
relation Jane-Ruburt-Seth, présentée ici ». Les quelques références à Seth 2
dans l’appendice 18 étaient toutes destinées à être éclaircies ici, y compris
la note où je dis que « Seth 2 existe en relation avec Seth à peu près de la
même façon que Seth existe en relation avec Jane, bien qu’il ne faille pas
pousser trop loin cette analogie ».
Avec l’aide de Seth, Jane a tout d’abord eu l’idée d’un Seth 2 lors de la
session 406, du 22 avril 1968. Cet important développement dans ses
aptitudes a eu lieu quatre ans et demi après qu’elle a commencé à parler
pour Seth et, par la suite, Seth 2 s’est manifesté dans les sept sessions
bihebdomadaires qui ont suivi. La plus grande partie de ce matériau n’a
pas été publiée, même si, au chapitre 17 du Matériau de Seth, Jane a décrit
Seth 2, jusqu’à un certain point, y compris les liens intimes qu’il avait avec
Seth : la pyramide subjective ou l’effet de cône dont elle fait l’expérience
juste au-dessus de sa tête lorsqu’elle entre en contact avec Seth 2 ; et la
grande énergie qu’elle ressent dans ces moments-là. Au chapitre 17, elle a
cité Seth 2 à partir d’extraits provenant des sessions 406 et 407, et de
quelques autres qui ont eu lieu un peu plus tard la même année. Ces
passages révèlent en partie les connexions de Seth par rapport à « l’autre
côté » de Jane, mais aussi les violentes réactions de surprise et de panique
qu’elle a eues un jour, quand elle a tenté de traduire en termes de notre
monde de camouflage un peu de la réalité de Seth 2 : elle s’est retrouvée
profondément impliquée dans une expérience inattendue « d’état massif »
— l’un des sujets que je souhaite évoquer dans ces notes préliminaires. Et
Seth 2 — ou notre saisie imparfaite de ce qu’un tel ensemble changeant
d’énergie peut signifier ou représenter — constitue au moins une des
sources du matériau de Seth lui-même.
À la différence de Seth, Seth 2 n’a jamais été physique, en nos termes, et
il ne comprend que partiellement notre réalité, même lorsqu’il aide à la
former. Très brièvement, et peut-être en simplifiant beaucoup trop, voici
Seth 2 tel qu’il s’est exprimé dans la session 407, avec l’interprétation haut
perchée, distante, délibérée et asexuée, que Jane a faite de ce à quoi peut
ressembler la « voix » d’un ensemble changeant d’énergie.)
Seth est ce que je suis, pourtant je suis plus que ce qu’est Seth. Seth est
cependant indépendant, et il continue à se développer, tout comme je le fais.
[…]
Simplement en tant qu’analogie, et uniquement en tant qu’analogie, je
suis ce que vous pourriez considérer comme un Seth futur, un Seth dans un
état « plus élevé » de développement. Ceci ne doit pas cependant être pris
au sens littéral du terme, puisque nous sommes tous deux complètement
indépendants et existons simultanément.
(Après ces sessions préliminaires, Seth 2 s’est exprimé à des intervalles
de temps très espacés. En écrivant cela, je me dis que cela fait plus d’un an
que je n’ai pas entendu cette personnalité très complexe. De temps à autre,
Jane parle pour Seth 2 en classe. Je pense qu’elle pourrait entrer en
contact avec lui à ma demande. Elle doit toutefois entrer dans un « certain
climat mental » pour atteindre Seth 2, dit-elle, et tous ses autres
phénomènes de transe — le sumari, etc. — sont également liés à cet état[1].
J’ai déjà cité l’expérience de Jane, telle qu’elle est relatée au chapitre
17 du Matériau de Seth, en montrant qu’à de rares occasions, Seth 2 et le
sentiment qu’elle a d’être massive peuvent aller de pair ; mais elle peut
aussi être dans un état modifié de conscience, massif, en dehors des
sessions, ou également en parlant pour Seth évidemment — Seth ou Seth 2.
Quand l’un de ces traits-là se combine avec ses perceptions massives, Jane
connaît un état de transe à multiples facettes. Dans le tome I, Seth a
consacré une bonne partie de la session 681 à parler des probabilités ou,
en somme, de Tout-ce-qui-est, et il entrecroise les expériences psychiques et
physiques de Jane avec ce matériau-là.)
La conscience cellulaire se vit elle-même comme éternelle. […] Une
partie des sensations qu’a Ruburt d’un état massif[2] vient de l’expérience
de masse qu’a le corps en existant tout en même temps. Pour Ruburt, le
corps se sent donc plus large.
(Voir aussi dans cette session-là, à partir de 23 h 10, les commentaires
de Jane elle-même sur ses réactions massives.
Ces deux idées de Seth, qui sont apparues en lien avec ses données sur
les points-instants, sont pour moi très évocatrices du concept de « son
long ».
Extrait de la session 681.) En vos termes — l’expression est
nécessaire —, le point-instant, le présent, est le point d’interaction entre
toutes les existences et réalités. Toutes les probabilités passent par lui,
même si un seul de vos points-instants peut être vécu comme s’il durait des
siècles, ou le temps d’une respiration, dans d’autres réalités probables dont
vous êtes une partie.
(Extrait de la session 602.) Il existe des systèmes dans lesquels un
instant, selon votre point de vue, est fait pour durer toute la vie d’un
univers[3]…
(Lorsque Jane exprime ces sons longs ou ressent un état massif, c’est
bien sûr en lien direct avec l’activité neurologique multidimensionnelle, les
« bassins latéraux » de conscience qu’elle a décrit dans l’appendice 4 du
tome I. Seth a aussi mentionné les impulsions et/ou vitesses neurologiques
dans plusieurs sessions du tome I. Dans la transmission qui est au début de
la session 686, par exemple, voir ses informations sur la sélection par notre
espèce, d’une série « officielle » d’impulsions neurologiques pour la réalité
physique et, à 00 h 19, ses remarques sur la perception préjugée.
L’appendice 5, en lien avec cette même session, contient davantage de
matériau de Jane sur les vitesses neurologiques.
Enfin, l’extrait suivant de la session 612 est présentée telle qu’elle a été
reçue, mais j’ai remis à jour certaines notes [à commencer par la note 4],
pour que le lecteur puisse mieux tirer parti du matériau, y compris certains
passages publiés dans le tome I.)

SESSION 612
MERCREDI 6 SEPTEMBRE 1972
(La première partie de ce qui a été transmis lors de cette session[4],
jusqu’à la pause à 21 h 47, n’est pas retranscrite ici, car elle contient
beaucoup de matériau personnel. Jane y parlait pour Seth comme elle le
fait d’habitude. La dernière phrase avant la pause était : « Je vais avoir
quelque chose à dire à propos de l’expérience de Ruburt l’autre soir… »
Cela faisait référence à la session de lundi soir, qui avait été entièrement
personnelle. Juste avant de commencer, Jane avait eu l’idée de frotter d’un
mouvement circulaire la zone située entre ses deux yeux — « Tu sais, là où
serait le troisième œil[5]… » Au cours de la session, elle a transmis « d’elle-
même », sans Seth, un matériau la concernant, mais dans un état modifié de
conscience où elle faisait l’expérience de nombreuses images subjectives
très vives, associées à de fortes sensations de massivité. Certaines images
reflétaient des états intérieurs de son corps. J’ai pensé que sa façon très
intéressante d’acquérir des informations représentait une autre étape dans
le développement de ses aptitudes.
Quelques éléments à présent pour résumer la situation ayant conduit à
la session de ce soir [la 612]. Avant le dîner, Jane a ressenti certains effets
relaxants[6] — à tel point qu’elle a dû s’allonger un moment, alors qu’elle
était en train de préparer le repas. Puis, peu de temps avant le début de la
session, elle a pris conscience de sa sensation de pyramide, ce qui signifiait
que Seth 2, ou peut-être une variante de cette forme changeante de
personnalité, était dans les parages. À nouveau, elle a senti le besoin de se
frotter le front, là où se situerait le mythique troisième œil. De nombreuses
choses, semble-t-il, se produisaient en même temps ; nous nous attendions
donc à ce que, après la première pause, Seth les commente, ainsi que la
session de lundi soir. Mais les choses ne sont pas du tout déroulées ainsi :
Seth n’est pas revenu. Jane a conduit le reste de la session toute seule — et
celle-ci s’est révélée exceptionnelle…
22 h 09. « J’ai la sensation d’avoir tout un tas d’êtres ou de
personnalités loin derrière ma tête », dit Jane alors qu’elle est assise dans
son fauteuil à bascule. Elle a les yeux ouverts ; elle est très détendue. Elle
fume une cigarette en attendant que Seth revienne. Puis, après une pause :
« Je reçois du matériau, mais je ne sais pas comment je suis censée le
transmettre — il vient de Seth 2 ou quoi ? Alors j’attends… »
22 h 16. La tête de Jane s’est inclinée, mais je peux encore voir
différentes expressions de perplexité et d’interrogation se succéder sur son
visage. « J’ai eu à nouveau cette sensation de massivité », dit-elle enfin,
faisant référence à la session de lundi soir. Son état massif, entre autres
effets, avait alors été très prononcé ; elle avait eu le sentiment d’être
vraiment d’une taille gigantesque. Elle ouvre maintenant un peu les yeux.
Deux minutes plus tard, elle parle en bougeant à peine les lèvres : « Comme
dans ma tête, ce corps énorme remplit l’espace — tout l’espace tel que nous
y pensons — »
22 h 20. « Je ne peux pas le faire, dit-elle calmement. Je ne pense pas
pouvoir y arriver… » À plusieurs reprises, elle exprime cette incapacité de
diverses manières plus ou moins intelligibles. « Je ne comprends pas ce que
je reçois, et je ne sais pas quoi en faire. Cela… ne semble pas logique. »
Une pause. « Je ne sais pas… mais je vais essayer… »
22 h 22. D’une voix passablement plus profonde et plus forte que
d’habitude, mais pas aussi surpuissante que ce que j’ai pu entendre à
d’autres occasions, Jane commence à exprimer une suite de très
« longues » syllabes étirées. Je m’attends à tout, du murmure au hurlement.
Ce qui suit est mon interprétation phonétique des sons qu’elle prononce.
Ses yeux sont clos, sa tête toujours penchée. [Quand Jane lira ces notes
dactylographiées, elle ne sera peut-être pas d’accord avec certaines de mes
approximations.] Maintenant, d’une grosse voix, presque rocailleuse :)
Aaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhaaaaaaaaa……
Thhhhhhhhhheeeeeeeuuuuuu……
Mmmmmmmaaaaaaahhhhhhnnnnnnsssss……
Eeeeeehhhhhrrrruuuuuuuu…… Aaaaaahhhhhhhmmmmmmmnnnn……
Wwwwwhhhhhheeeeeeuuuuuuuu…… Jaaaaahhhhhhhhhhhuuuuuuuu……
Wwwwhhhhhheeeeeeeuuuuuuuuuu.
(Une pause à 22 h 26. Je ne peux pas distinguer des mots ou des
significations ici. Je me concentre simplement sur le fait d’essayer de
convertir les sons en lettres :)
Wwwwhhhheeeeeeeuuuuuuunnnnn……
Aaaahhhhhhmmmmmmnn…… Wwwwhhhheeeeeeee……
Baaaayyyyyyeeeeeeeuuuuu…… Sssseeeeeeeuuuuuuugggghhhheeeee.
(Une pause à 22 h 27. Je commence maintenant à discerner des mots
très étirés, « longs » ou lents. La voix de Jane garde la même profondeur et
le même aplomb.)
Wwwwhhhhheeeeeeennnnnnn…… Wwwweeeeeeeeee……
Ssssspeeeeeeeaaaaakkkkk…… Wwwoooorrrrrlllllldsssssss……
Ffffoooorrrrmmmm. [Mon interprétation : « When we speak worlds form. »
[XI]]
(22 h 28. Avec une très faible amplitude, la tête de Jane oscille
rapidement d’un côté à l’autre, ce qui ne la dérange pas du tout, car elle
continue :)
Wwwweeeeeeee…… Cooooooommmmmmmeeeee……
Wwwweeeeeeeeee…… Aaaahhhrrrrrrr…… Thhhheeeeeeee……
Iiiiinnnnneeeeerrrrr…… Mmmmooooossssshhhhhiiiiiooooonnnnnnnn……
Ssssoooooooooot. [« We come. We are the inner motion — » [XII] Je n’ai
pas pu déchiffrer la dernière syllabe.]
(22 h 30.) Wwwweeeeeeeee…… Aaaaaarrrrreeeee……
Thhhhheeeeee…… Sssssstrrrreeeeeennnnngthhhhh…… Iiiiinnnnnn……
Mmmmmaaaaaaateeeeeeeerrrrrr. [« We are the strength in matter. » [XIII]]
(22 h 32.) Wwwwiiiiillllliiiiinnnnnggllyyyy……
Fffffoooooorrrrmmmmmiiinnnggggg…… Sssssllllooowwwweeeerrrrrr……
Thhhhaaaaannnnnnn…… Lllllliiiiiiighhhhhhht……
Paaaaaarrrrrrtiiiiiclllleeeeeesssss…… Thhhhhiiiiissssss……
Iiiiiiiissssssss…… Ooooonnnnnnneeeee…… Aaaaassssspeeeect……
Ooooooffffff…… Ooooooooouuuuurrrrrr……
Aaaaaaactiiiiivvvviiiiiiitiiiiieeeeeessssss. [« Willingly forming slower-than-
light particles. This is one aspect of our activities. » [XIV]]
(22 h 35. Jane marque une courte pause, les yeux clos. Soudain, sa voix
devient haut perchée et, pour moi, tout à fait incompréhensible au début, à
cause de la rapidité de son élocution. L’effet est exactement celui d’une
bande enregistrée se déroulant trop vite. Sa voix monte dans les aigus,
sortant de ses lèvres crispées. Au bout d’un moment, je commence à
comprendre qu’elle dit : « — à un autre niveau, c’est complètement
inintelligible — à un autre niveau, les morceaux sont complètement
inintelligibles. »
Elle répète cette idée à maintes reprises, sous des formes variées, ce qui
me donne le temps d’en noter certaines. Son débit est aussi rapide qu’il
peut l’être tout en restant parfaitement explicite. Puis, plus lentement :
« Tout cela, ce sont des aspects d’une réalité… Les atomes sont des sons. Tu
ne les entends pas… »
22 h 36. À présent, l’élocution de Jane ralentit considérablement. Avec
la même voix haut perchée, elle commence à faire ressortir de nombreuses
syllabes des mots qu’elle prononce, comme s’il s’agissait d’unités séparées.
Cela me rappelle la façon de parler de Seth 2. Pourtant, subjectivement, je
perçois des différences : Seth 2 a aussi coutume de s’exprimer à la première
personne du singulier, alors que le matériau de ce soir emploie le pluriel
« nous ».)
Toute con-scien-ce a des as-pects qui sont act-i-vés et ex-primés dans
tous les idi-omes ou réal-i-tés. C’est tout ce que nous pouvons clairement
vous communiquer maintenant.
(23 h 38. Jane s’affaisse dans son fauteuil, les yeux clos. Elle a du mal à
les ouvrir. Elle se souvient avoir donné des variations de sons et de façons
de parler. Elle me dit que « quelque chose » voulait se manifester à travers
elle si lentement que c’était pratiquement inexprimable ; elle se sentait
traversée par des sons profonds qui déferlaient, aspirant à être traduits et à
avoir un sens en nos termes. « Il m’aurait fallu trois heures pour faire cela
correctement. » Le matériau lent sort simplement de cette façon-là quand
elle tente de l’exprimer. Elle ne peut pas réellement comprendre ce qu’
« ils » voulaient qu’elle fasse, si d’ailleurs ils voulaient quoi que ce soit.
Jane dit que l’élocution rapide et haut perchée lui rappelle celle de Seth
2, puis mentionne un élément que j’avais oublié : elle a déjà vécu un effet
similaire, mais uniquement de façon mentale, le mois dernier, pendant
qu’elle écrivait de la poésie. À ce moment-là, comme maintenant, elle
n’avait pas été capable de comprendre suffisamment bien ce qui se passait
pour le traduire, et encore moins pour mettre quoi que ce soit par écrit[7].
22 h 48. Après que nous nous sommes reposés quelques minutes, Jane
se met à parler avec sa voix normale. Je me suis retenu à dessein de
mentionner plus tôt le matériau assez complet qui va suivre ; il se peut
qu’un lecteur tombant dessus inopinément ressente un peu quelle a été ma
surprise quand Jane a commencé à l’élaborer à partir des effets lents et
rapides qu’elle a manifestés.
« Je reçois quelque chose, Rob. Quelque chose ayant à voir avec les
atomes. La chose lente, représentée par ces sons étirés, est dans le centre de
l’atome. Ensuite, c’est entouré par des particules plus rapides que la
lumière, représentées par les sons très rapides. Ainsi, le centre de cette
chose — quoi qu’elle puisse être — est massif en termes de masse[8]. Je ne
sais pas si cela signifie qu’elle est lourde ou pas, mais elle est immense en
termes de masse — bien qu’elle puisse être de très petite taille.
« Tout est conscient, bien sûr. Les atomes et les molécules, tout. La
partie massive est le noyau. Je crois que ce noyau n’a pas encore été
découvert [par les physiciens], et il est si lent pour nous qu’aucun
mouvement n’est apparent. Je ne sais pas si c’est un atome ou non. On peut
l’appeler un “trou mort”. [Une pause.] Son mouvement, en nos termes, est
si lent qu’il n’est pas observable, mais, en termes de temps, c’est un
mouvement rétrograde.[9] »
Une pause à 22 h 50. « Ce noyau est toujours entouré par ces particules
plus rapides que la lumière. C’est une structure… mais elle provoque un
effet d’attraction ou de contraction là où elle apparaît. Il y en a beaucoup,
je pense, dans notre galaxie, ainsi que dans d’autres. Rien ne peut
cependant être aspiré à travers le trou mort, comme ce serait le cas avec un
trou noir, à cause de la masse littéralement impénétrable [du trou mort].
Comme pour les atomes isolés, et toutes les autres structures de ce genre,
ces structures existent également en tant que sons[10]. C’est également vrai
pour les trous noirs et les trous blancs[11]. Les sons sont en fait des
caractéristiques qui agissent en tant que moyens de cohésion, des
caractéristiques qui sont automatiquement émises. Les parties centrales
plus lentes des trous morts ont un mouvement rétrograde : elles remontent
vers les origines, devenant de plus en plus lourdes. »
23 h 00. « On pourrait presque dire que ces centres tombent à travers
l’espace, mais, en réalité, ils tombent à travers l’espace d’eux-mêmes.
[Jane secoue la tête ; les yeux fermés.] Tandis qu’ils tombent à reculons à
travers eux-mêmes — je reçois cela — je ne sais pas comment le dire — les
particules plus rapides que la lumière viennent s’écrouler dessus. Les trous
morts semblent s’avaler eux-mêmes, tandis que les particules très rapides
forment comme un couvercle diminuant peu à peu… Depuis notre point de
vue, le trou est, disons, fermé, une fois que les particules plus rapides que la
lumière suivent le noyau plus lent et retournent aux origines. »
23 h 05. « Cependant, lorsque le noyau va à rebours — entre
guillemets — “du temps”, il commence à accélérer. Je ne sais pas comment
formuler cela. Quand il émerge dans un autre univers, les particules plus
rapides que la lumière ont ralenti, et le cœur devient plus rapide que la
lumière. Le trou mort se reproduit à une taille microscopique — ce qui est
petit, n’est-ce pas ? Avant l’émergence d’un atome… oh mon Dieu ! … en
guise d’analogie, on pourrait dire que le trou mort dont nous parlons
émerge en tant qu’atome dans un autre univers. Mais c’est l’étape avant
l’apparition, ou l’état à partir duquel un atome apparaît.
« En ce qui concerne le trou mort dans une galaxie, disons la nôtre, il
émerge dans ce qui serait pour nous un atome d’une taille fantastique,
mais, pour ce qui est de la création de la matière à l’intérieur de notre
propre système, la même chose se produit à une échelle différente. » [12]
23 h 12. « Comme mentionné, le son a aussi sa part ici, et chacun de ces
phénomènes est doté d’une conscience qui s’exprime, et il se rend compte
des étapes à travers lesquelles il passe. En certains termes, les trous morts
relient le passé et le présent ; et aussi le futur. En termes pratiques, ils ont à
voir avec la permanence apparente d’un objet. Ils sont les parties invisibles
de l’atome. Il existe des atomes de taille gigantesque, tout comme il y a
ceux que nous connaissons. »
23 h 17. « Je — je sais qu’il y a plus ici… Je veux en découvrir
davantage. Je ne perçois pas son but [celui de la “conscience” qui est
derrière le matériau de ce soir]. »
Jane semble à présent ébouriffée et fatiguée, je lui propose de terminer
la session. Toujours assise, les yeux clos, elle a du mal à énoncer la phrase
suivante, qu’elle doit répéter : « Les trous morts se transforment en trous
vivants… là où le mouvement et l’impulsion, en vos termes, seraient vers le
futur… Je ne peux rien obtenir de plus… » J’insiste à nouveau pour qu’elle
arrête. « J’ai presque fini. Dans ce cas, le noyau apparaît en tant que
matière-à-venir. Je crois que je vais arrêter. Je ne peux pas suivre. Toute
cette chose a à voir avec les voix de tout à l’heure… »
23 h 19. « J’obtenais des images pendant tout ce temps-là. J’essayais
d’expliquer ce qu’elles signifiaient. C’est dur quand tu ne sais pas ce que tu
essayes de dire… » Elle décrit un peu les images — des étoiles, une série de
cercles, de la matière qui se condense, des galaxies qui implosent et
d’autres effets de ce genre — mais tout cela a moins de signification pour
moi que le matériau qu’elle vient de donner. « Je me suis juste lassée de
recevoir tout ça. C’était vraiment une séance d’entraînement. Il y a là
beaucoup plus à obtenir… » Elle compare son exposé à la façon dont
souvent elle obtient des impressions concernant les gens. L’information
« vient tout simplement » et elle l’énonce.
J’ai affirmé que Jane a eu un regain de créativité depuis maintenant un
an. Durant tout ce temps, elle a fini Seth parle, m’a aidé à en relire les
épreuves, a écrit son roman, Oversoul Seven, a travaillé sur un autre livre
Seven, qui n’est pas encore terminé, ainsi que sur La Réalité personnelle et
sur Adventures. Ces activités nécessitaient de nous en tenir autant que
possible au programme régulier de deux sessions hebdomadaires, même si
c’est moi qui transcris son matériau de transe. Jane donnait aussi chaque
semaine ses cours de perception extrasensorielle et d’écriture, et elle
continuait à travailler à sa poésie et son autobiographie (qui n’est pas
terminée non plus). En plus, nous avons aussi eu à faire face à l’inondation
causée par la tempête tropicale Agnès, en juin 1972. Les prédictions
quotidiennes de Jane ont donné des résultats exceptionnels. Elle a appris
récemment que les impressions, vieilles de deux ans parfois, qu’elle avait
données à certaines personnes, s’étaient pour la plupart révélées exactes
— un développement très encourageant.
Le lendemain de cette session, Jane a grandement élargi sa première
estimation — de trois heures — du temps qu’il lui aurait fallu pour
interpréter les sons longs ou lents. Maintenant, elle sent que pour « les
traiter de façon adéquate, cela prendrait des années — peut-être des
siècles. » À cause de notre sens ordinaire du temps, les sons sont en fait si
lents pour nous qu’ils nous paraissent figés, ou « morts », me dit-elle, ce
qui nous amène à spéculer que c’est peut-être l’une des raisons pour
lesquelles, dans notre langage courant, nous disons que la matière
inanimée — les rochers, par exemple — est une matière « morte ». Mais
Jane ne peut pas vraiment définir les sources du matériau d’hier soir, si ce
n’est en les appelant des « consciences ou des êtres — mais peut-être pas
des personnalités, au sens où nous entendons ce terme. » Ensuite, en
augmentant encore son estimation, elle dit que si ces êtres tentent de
communiquer avec nous par le son, par nos organes sensoriels, « cela
prendra une éternité ».
Après avoir lu mes interprétations des sons longs qu’elle a commencé à
transmettre à 22 h 22, Jane a écrit : « Je savais quels étaient les mots étirés
du début et je pensais que Rob les avait compris. Maintenant, je n’ai pas la
moindre idée de ce qu’ils disaient. »
Je souhaite conclure cet appendice avec un poème que Jane a écrit
pendant l’été 1963, quelques mois avant le début des sessions. Pour moi,
son matériau des sons longs, donné neuf ans plus tard dans la session 612,
représente simplement sa façon médiumnique de « rattraper » et de
développer la connaissance profondément intuitive qu’elle possédait depuis
le début.)
Longue est la lumière
Longue est la lumière
du papillon de nuit et du saule.
Long est le voyage
de la racine et de la tige.
Profond est le cri
De l’écorce et de la fleur.
La feuille s’entend pousser,
et la vie chante sa vérité.

Douce est la profondeur


de l’air pour l’hirondelle.
Long est le souffle immobile
de la pierre et du galet.
Profonde est la transe
De la montagne et de la prairie.
La feuille s’entend pousser
et les pierres disent leur vérité.

NOTES DE L’APPENDICE 19

[1] Dans l’appendice 3 d’Adventures, Jane énumère et décrit les états


modifiés de conscience auxquels elle est parvenue jusqu’à maintenant
dans son développement psychique. Elle prend aussi en compte Seth 2,
dans plusieurs autres passages de ce livre-là. Dans le chapitre 2, par
exemple, les citations de Seth 2 décrivent comment cette forme
changeante d’énergie s’exprime souvent en tant que « nous » : « Nous
essayons d’apprécier la nature de votre existence présente. […] Il se
peut que vous éprouviez dans cet état une solitude insupportable, parce
que vous êtes tellement habitués à vous relier à la chaude victoire de la
chair et [ici] il n’y a pas d’être physique. […] Pourtant au-delà et au
sein de cet isolement, il y a un point de lumière qui est conscience. Il
vibre avec la force qui est derrière toutes les émotions que vous
connaissez. […] C’est la chaleur… qui naît de l’ardeur même de notre
isolement… qui crée la réalité que vous connaissez, sans en faire elle-
même l’expérience. »
Il est aussi fait mention de Seth 2 quelques rares fois, dans La Réalité
personnelle. Les lecteurs intéressés peuvent également se référer aux
descriptions et extraits de Seth 2, dans le chapitre 22 de Seth parle ;
voir la session 588, à partir de 23 h 35, et la session 589.

[2] Les toutes premières expériences de Jane avec le phénomène de


massivité sont décrites dans la session 39, du 30 mars 1964 ; dans le
tome I, en voir les extraits dans l’appendice 3 (en lien avec la session
681).

Je rappelle au lecteur que l’appendice 3 contient également une


référence à l’extraordinaire aventure qu’a vécue Jane avec — et dans —
un état massif, en avril 1973. Elle l’a elle-même décrite dans la session
653, au chapitre 13 de La Réalité personnelle.

[3] Dans la note 9 de la session 712, voir les deux analogies concernant les
sons longs, que j’ai extraites de la session 514 dans Seth parle.

[4] Au moment où la session 612 a eu lieu, nous étions finalement revenus à


notre ancien rythme de travail ; il avait été sérieusement perturbé par
l’inondation causée par la tempête Agnès, en juin 1972. Juste avant
qu’elle survienne, Jane en tant que Seth avait terminé la préface et le
chapitre 1 de La Réalité personnelle ; voir dans cet ouvrage-là les notes
du début de la session 613.

[5] J’ai été surpris d’entendre les références quelque peu embarrassées de
Jane à propos du troisième œil, parce que je ne me souvenais pas
l’avoir entendue parler de cela auparavant dans les sessions. Le
troisième œil (parfois appelé « oeil intérieur ») est l’organe légendaire
de la perception médiumnique, censé se trouver derrière le front. En
sciences occultes, on l’a associé à la glande pinéale, ce mystérieux
élément du système endocrinien qui est profondément enfoui à
l’intérieur du cerveau et qui, pendant des siècles, a été considéré par
beaucoup — y compris le philosophe et mathématicien René Descartes
(1596-1650) — comme étant le siège de l’âme.

Beaucoup de gens connaissent la discipline hindoue du yoga. Dans ce


système ascétique de respiration, de méditation et de postures, le
troisième oeil correspond au sixième chakra selon l’ordre dans lequel
sont positionnées ces sept roues, non physiques, d’énergie psychique,
depuis la base de la colonne vertébrale jusqu’à la partie du cerveau
nommée télencéphale.

De façon consciente, Jane sait très peu de choses sur ce qu’on appelle
le troisième œil. Je ne dirai pas que nous y croyons particulièrement,
l’un et l’autre, et il est donc intéressant de s’interroger sur la
connaissance intuitive que Jane peut en avoir et qui l’a amenée à en
parler maintenant.

[6] Dans le chapitre 6 d’Adventures, Jane a décrit comment nous avons


loué un second appartement, juste en face dans le couloir, pour disposer
de plus d’espace pour vivre et travailler. (Les deux appartements sont
au premier étage.) L’identification psychique de Jane avec les feuilles
du grand chêne, qui pousse très près des fenêtres de la cuisine du
deuxième appartement, a marqué pour elle le début d’une forme
différente de relaxation ; la cuisine est devenue sa « maison dans
l’arbre » inspiratrice. Des années plus tard, je lui ai demandé d’écrire
pour cette note son propre compte rendu des effets relaxants nés des
heures passées en contemplation devant ce gros arbre :

« Ce type particulier de relaxation semble m’arriver de temps à autre,


et de façon répétée sur une période de plusieurs mois, ou peut-être
même un an, puis disparaître pendant aussi longtemps. Je l’ai tout
d’abord ressenti juste après notre emménagement dans le nouvel
appartement, en juin 1971 et, dès le départ, j’ai su que c’était une
sensation d’un genre différent. Comme une sorte de super relaxation.
Profonde – mentale et physique à la fois. Une chose totalement
différente d’un simple bâillement, même s’il m’arrive de bâiller.

« La relaxation s’accompagne de la curieuse sensation de tomber


intérieurement, d’aller lentement en dessous des réalités que nous
connaissons habituellement. C’est une douce transition dans laquelle la
perception est ralentie en surface, mais approfondie de sorte que des
stimuli non perçus habituellement semblent s’élever d’un dessous de la
conscience et de la sensation corporelle. Dans ce type de relaxation, le
corps lui-même se perçoit différemment ; c’est ce que j’essaye de
souligner. En regardant une feuille d’arbre dans cet état-là, je me sens
facilement en faire partie intégrante, et je pense que c’est une
perception aussi bien biologique que psychique. À certains niveaux, le
corps ressent la même chose, même si d’ordinaire nous ne nous en
rendons pas compte. Une telle relaxation est donc pratiquement une
extension d’une vision biologique. »

[7] Extrait du carnet de notes de Jane : « Un jour, au début du mois d’août


1971, j’étais en train d’écrire de la poésie quand, soudain, j’ai entendu
mentalement les sons les plus étranges — incroyablement rapides, trop
rapides pour les suivre. Instantanément, j’ai “su” que ces sons plus
rapides étaient des objets en train d’accéder à une focalisation
matérielle. Ils ralentissaient pour devenir physiques. Je sentais cela de
façon neurologique, bien que je ne sache pas comment c’était
possible… »

Peut-être cet évènement mental était-il la façon pour Jane de


« s’entraîner » pour un autre, d’ordre physique, qui allait survenir un
mois plus tard, au cours de la session 612. Selon moi, elle offre ici une
vision importante, qui nous amène à comprendre la formation de notre
réalité physique terrestre. Outre le matériau de Jane dans les
appendices 4 et 5 du tome I de La Réalité « inconnue », voir les
transmissions de Seth sur le son intérieur, la lumière intérieure et les
structures électromagnétiques, dans les quatre sessions (623 à 626) qui
constituent le chapitre 5 de La Réalité personnelle.

[8] Puisque Jane vient juste de les évoquer, je vais aborder ici la question
des atomes (et des molécules), des particules plus rapides que la
lumière, et de la masse. Le lecteur peut se servir des définitions ci-
dessous pour faire ses propres associations d’idées avec le matériau de
Jane. (Les autres sources présentées contribueront aussi à donner des
dimensions supplémentaires à cette session 612.)

En termes conventionnels, les atomes sont considérés comme étant les


entités submicroscopiques — si petites qu’elles ne sont même pas
observables au microscope — qui composent tous les objets et toutes les
substances de notre monde. Chaque atome est constitué d’un noyau —
lui-même constitué de protons, de neutrons et d’autres particules
subatomiques —, autour duquel se meut un système complexe
d’électrons beaucoup plus légers. (Un atome d’hydrogène n’est
toutefois formé que d’un seul proton et d’un seul électron.) Tout est en
équilibre : le nombre de charges positives du noyau est égal au nombre
d’électrons chargés négativement. La note 24 de l’appendice 18
contient un bref exposé sur la dualité onde/particule qui caractérise les
composants de l’atome. Dans la note 35 du même appendice, j’ai cité ce
qu’a dit Seth dans la session 702 dans le tome I ; il nous faisait part de
sa propre idée de champs interreliés, par opposition à la théorie
onde/particule.

Les atomes se combinent pour former des molécules. Si les atomes


assemblés sont tous semblables, un élément en résulte ; si deux
différents types d’atomes, ou plus, se combinent en molécules, un
composé se crée.

Dans la note 1 de la session 709, j’ai écrit que « les tachyons… sont
censés être des particules plus rapides que la lumière ; on les croit
possibles dans le contexte de la théorie spéciale de la relativité
d’Einstein. » (Dans la session elle-même, Seth fait quelques références
fascinantes à des possibilités en rapport avec cela : « Dans des états de
sortie du corps, la conscience peut voyager plus vite que la lumière
— souvent d’ailleurs instantanément. » Voir aussi la note 2.)

Dans la session 682 du volume I, au moment où il parle de ses UC, ou


unités de conscience, Seth nous a dit : « Elles se déplacent bien sûr plus
vite que la lumière. » Voir ensuite les notes 3 et 4 de cette session-là.

La session 581 dans le chapitre 20 de Seth parle contient non seulement


des notes sur les tachyons, mais également un matériau de Seth sur les
éléments ou entités extrêmement rapides : « Certains d’entre eux
partagent le même espace, selon vos termes, que votre univers. Vous ne
percevez tout simplement pas ces particules en tant que masse. » Et :
« Il existe une grande variété d’unités de ce genre à de nombreux
niveaux, toutes au-delà de votre perception. »

Je rappelle au lecteur une remarque faite par Seth, dans la session 702
du tome I, alors que Jane transmettait pour lui un matériau sur le spin
de l’électron et sur les concepts s’y rapportant : « Le vocabulaire de
Ruburt n’est pas celui de la science officielle. Et pour nos objectifs, il
ne doit pas l’être non plus — car ce vocabulaire-là est limitant. » La
formation scientifique de Jane est des plus sommaires, mais elle a une
très forte compréhension intuitive des qualités qui entrent en jeu. Par
choix, même en transe, elle essaye de relayer les informations
spécialisées en des termes ordinaires, sans employer des formules, des
équations ou un langage technique. Le matériau dans cette session est
un bon exemple de son approche. Nous n’avons jamais essayé d’obtenir
d’elle — ou de Seth — la transmission de formules mathématiques ou
chimiques, au cours d’une session ; ce n’est pas son truc. Elle pense
cependant que, si elle devait se motiver, elle pourrait arriver à quelque
chose avec, disons, le langage formel des mathématiques, mais que, au
moins au début, il lui faudrait obtenir l’information visuellement ; elle
la mettrait ensuite par écrit, même pendant la session.

En général, nous considérons la masse comme étant le volume et/ou le


poids d’un objet. En physique classique, la quantité de matière dans un
objet donné est mesurée en fonction de sa relation à l’inertie, qui, à son
tour, est la tendance de la matière à continuer à se mouvoir dans la
même direction, si elle est en mouvement, ou à rester au repos, si elle
est au repos. On obtient la masse d’un objet en divisant son poids par
l’accélération causée par la gravité.

Dans sa théorie spéciale de la relativité, Albert Einstein a toutefois


montré que la masse est une forme hautement concentrée d’énergie.
Tout objet contient donc une énergie « en dépôt » dans sa masse. Les
masses des « particules » subatomiques qui entrent en collision, par
exemple, peuvent être transformées à la fois en énergie et en nouvelles
particules. Dans le tome I, voir le matériau portant sur Einstein, dans la
session 701 et ses notes.

[9] Dans la physique des particules élémentaires, l’inversion ou symétrie


du temps est un concept fondamental. Je vais faire deux fois référence
au volume I. Dans la session 682, après 21 h 47, Seth nous a dit qu’en
nos termes, ses unités de conscience, ou UC, « peuvent avancer et
reculer dans le temps, mais elles peuvent aussi franchir des seuils de
temps qui ne vous sont pas familiers. » Dans la session 702, il a parlé
des relations entre le spin des électrons et la direction, ou le flux, du
temps ; voir aussi la note 6 de cette session-là.

[10] Le son, et divers attributs symboliques de ce phénomène, sont des


facteurs unificateurs que l’on retrouve derrière une bonne partie du
matériau de Seth, et je pourrais en donner de nombreux exemples. Je ne
fais pas uniquement référence ici aux développements « extérieurs » tels
que la voix puissante de Jane quand elle parle pour Seth, sa façon de
s’exprimer en sumari, ou bien encore les sons lents ou rapides de cette
session par exemple, mais aussi aux manifestations et traductions de
sons intérieurs, audibles et inaudibles.

Dans la session 24, du 10 février 1964, Seth expliquait comment une


récente vision que j’avais eue — où des têtes superposées comme sur
une échelle ouvraient et fermaient leurs bouches silencieuses —
correspondait en fait à une tentative de ma part pour transposer des
données intérieures en un type de perception sensorielle extérieure plus
familier. « Vous ressentiez un son », m’a dit Seth. Après ma gêne
initiale, face à ce nouveau type d’expérience, j’ai été très intrigué ;
depuis, j’ai eu mes propres petites aventures de ressenti d’un son. Dans
cette session, Seth parlait de la même expérience vécue périodiquement
par Jane ; dans son cas, elle entend souvent de la musique
intérieurement.

Extrait de la session 154, du 12 mai 1965 : « Fondamentalement, le


corps physique a le potentiel de percevoir des stimuli sur une base
globale. Bien que les yeux soient destinés à voir, les oreilles à entendre,
et ainsi de suite, les potentiels du corps physique incluent la capacité à
entendre, par exemple, à travers n’importe quelle zone du corps. […] Le
son peut donc être ressenti aussi bien qu’entendu, même si, dans ce cas-
là, vous allez peut-être dire que le son est entendu dans les profondeurs
des tissus, ce qui est toutefois une analogie. […] En ressentant des sons,
Ruburt en fait simplement l’expérience à partir d’une perspective
différente.

« À l’intérieur de votre système, les couleurs peuvent être perçues


comme des sons [chromoesthésie ou “audition colorée”]. Leurs liens
avec les humeurs des êtres humains sont évidents. À propos de ce qu’a
souligné Joseph concernant le son : le son, seul, en pénétrant le corps, le
transforme instantanément. […] Toute perception change
instantanément celui qui perçoit. Elle change également la chose
perçue… »

Pour un autre matériau sur le son, voir par exemple la session 572 du
chapitre 18 de Seth parle, ou les sessions déjà mentionnées (dans la
note 7) qui constituent le chapitre 5 de La Réalité personnelle.

Une note ajoutée par la suite. De nombreuses personnes font


l’expérience d’une certaine forme de chromoesthésie — elles voient
certaines couleurs ou certaines structures colorées en entendant des
sons. De temps à autre, Jane fait l’expérience d’une variante de cette
aptitude. Le lecteur en trouvera un bon exemple dans ce qu’a décrit
Jane à 22 h 47 dans la session 714 : « Attends une minute… Ce que je
reçois, c’est un son fantastique qui est emprisonné dans un cristal, qui
s’exprime à travers la lumière et qui est l’essence d’une personnalité.
J’obtiens des sons ayant pratiquement la couleur d’un joyau… »

[11] Selon la cosmologie moderne, un trou noir se compose des restes


d’une très grosse étoile (beaucoup plus grande que notre soleil par
exemple) qui a subi un effondrement gravitationnel complet après la
mort de ses feux nucléaires. Un tel objet est très petit et incroyablement
dense ; à l’intérieur de lui, le temps et l’espace sont interchangeables. Il
est également pratiquement invisible, parce que la force de gravité à sa
surface est si énorme que même la lumière ne peut s’en échapper. (Voir
pourtant, dans le tome I, les commentaires de la note 4 de la session
688, quant à la possibilité de rayonnements lumineux provenant de
« l’horizon des évènements » du trou noir.) Jusqu’à présent, deux trous
noirs seulement ont été localisés, mais on pense qu’il en existe
beaucoup.

Puisque la matière entourant un trou noir est également attirée en lui,


certains astrophysiciens ont suggéré que celui-ci pouvait peut-être
émerger dans un autre univers, à travers son opposé — un trou blanc —
qui serait perçu comme un quasar, ou source de rayonnement quasi-
stellaire, extrêmement brillant. Il y aurait donc un échange d’énergie-
matière entre des univers ou des réalités.

Il est intéressant de noter qu’un lien a été établi entre plusieurs quasars
très éloignés et certains effets observés plus rapides que la lumière,
contredisant ainsi la théorie physique actuelle selon laquelle rien ne
peut dépasser la vitesse de la lumière. Pour la science, c’est une
situation très inconfortable qui doit pourtant être résolue. Mais je suis
sûr que, en termes scientifiques (complètement à part du matériau de
Seth cité dans la note 1 de la session 712), il y a de nombreuses
découvertes à faire en ce domaine. Les effets plus rapides que la
lumière sont peut-être le résultat d’observations qui ne sont simplement
pas comprises selon un mode encore inexpliqué.

En transe ou hors transe, Jane aime « s’envoler », à la façon créative


qui est la sienne, en partant de concepts tels que le tachyon, le trou noir
ou le trou blanc. Au cours de cette session, la voilà donc qui suggère
l’existence du « trou mort ». Dans Adventures, elle a exploré sous un
autre angle des idées s’y rapportant ; voir le chapitre 19 intitulé
« L’expérience terrestre en tant que trou blanc », dans lequel elle écrit :
« Quel type d’univers structuré pourrait expliquer à la fois le monde
intérieur et le monde extérieur ? Si nous considérons l’univers comme
un trou blanc — notre univers extérieur sensoriel —, nous avons au
moins un modèle théorique qui réconcilie notre activité intérieure et
extérieure, notre expérience physique et celle psychique ou spirituelle ;
et le dilemme apparent entre un présent simultané, où tous les
évènements se passent en même temps, et notre expérience quotidienne
où nous semblons progresser dans le temps, de la naissance à la mort. »

Pour conclure, voir la session 593 dans l’appendice de Seth parle, pour
un matériau de Seth sur les trous noirs, les trous blancs et les points de
coordination : « Un trou noir est un trou blanc retourné sur lui-même.
[…] Les trous, ou points de coordination [points de double réalité, là où
les réalités se mêlent], sont en fait de grands accélérateurs qui
réénergisent l’énergie elle-même. » Dans la session 688 du tome I, Seth
présente une analogie dans laquelle ses unités fondamentales de
conscience, ou UC, opèrent en tant que trous noirs et trous blancs,
minuscules et pourtant extrêmement puissants.

[12] Une note ajoutée plus d’un an après. Pendant quelque temps, j’ai
ressenti intuitivement des connexions entre le matériau de Jane dans ce
paragraphe et certaines idées que nous avons lues pour la première
fois, environ six mois après cette session 612, en septembre 1972,
expliquant que, pour des raisons diverses (ayant à voir avec les ondes
gravitationnelles, la masse, etc.), de nombreuses galaxies, y compris la
nôtre, pourraient avoir été formées à partir de matière s’accumulant
autour de trous noirs situés en leur centre.
APPENDICE 20

En lien avec la session 713

(Au cours des sessions, Seth n’a pas souvent parlé des ovnis — ces
objets volants non identifiés. Il pense qu’ils ont des origines diverses. De
temps à autre, il les mentionne en lien avec un autre sujet ; voir en guise
d’exemple ce qu’il a dit à propos des « soucoupes volantes » et de la nature
pulsatoire des atomes et des molécules, dans les deux paragraphes de la
session qu’il a donnée en cours de perception extrasensorielle, le 12 janvier
1971, et qui sont citées dans l’appendice de Seth parle. Ce matériau
découle en fait d’une session donnée sept ans plus tôt : la session 16 du 15
janvier 1964. Elle contient la transmission la plus longue que Jane a reçue
jusqu’à présent de Seth sur ces appareils volants. Nous trouvions ces
informations fascinantes, car, selon nous, elles proposaient une approche
nouvelle d’une énigme très controversée. Nous continuons de le penser.
[Soit dit en passant, dans les premières sessions, Seth a souvent utilisé le
mot « plan », mais, peu de temps après, il a commencé à parler plus
généralement de « réalité », un terme que nous préférons largement. À
noter cependant, à la fin de ces extraits de la session 16, les significations
et les descriptions qu’il a tirées du mot « plan » — même s’il le considérait
comme étant un terme nous appartenant.])
La chose étrange à propos de vos soucoupes volantes n’est pas qu’elles
apparaissent, mais que vous pouvez les voir. À mesure que la science
progresse sur des plans divers, les habitants apprennent à voyager de temps
à autre d’un plan à un autre, en emportant avec eux les manifestations [de
camouflage] de leur station de base. […]
Je suis tout à fait certain — je sais cela comme un fait — que des êtres
d’autres plans sont apparus parmi vous, parfois à dessein et parfois de façon
purement accidentelle. De même que, dans certains cas, des humains ont
traversé par mégarde le voile apparent entre votre présent et votre passé,
d’autres êtres se sont par inadvertance trouvés dans la division apparente
entre un plan et un autre. En général, dans ces cas-là, ils étaient invisibles
sur votre plan, comme ceux d’entre vous, peu nombreux, qui, tombés dans
le passé ou le passé apparent, étaient invisibles pour les personnes du passé.
Cette sorte d’expérience implique une prise de conscience psychique
soudaine, tout droit venue de l’entité, du fait que toutes les frontières
existent uniquement pour des raisons pratiques. Mais il y a en réalité de
nombreux types de sciences. Un certain nombre de sciences ont à voir avec
la locomotion. Si l’espèce humaine s’était lancée dans certaines disciplines
mentales aussi minutieusement qu’elle a exploré les disciplines
technologiques, son système de transport serait largement différent et
cependant encore plus pratique qu’il ne l’est aujourd’hui. (D’un air amusé.)
J’insiste sur ce point, car je veux qu’il soit clair — cher Joseph — que,
lorsque je parle de science sur un autre plan, je ne parle peut-être pas de la
bonne vieille science que vous connaissez.
Revenons maintenant au sujet. Quand la science progresse sur différents
plans, les visites deviennent moins accidentelles et plus planifiées. Une fois
que les habitants d’un plan ont appris les schémas de la science mentale, ils
sont alors dans une large mesure libérés des structures [physiques] plus
habituelles de camouflage. Cela s’applique aux plans « plus élevés » que le
mien, en règle générale, même si le mien est plus avancé dans ces sciences-
là que le vôtre.
Bon nombre d’apparitions de soucoupes volantes proviennent de ce type
de plan qui est beaucoup plus avancé en sciences technologiques que le
vôtre actuellement. Il ne s’agit pourtant pas encore d’un plan de science
mentale. Par conséquent, l’attirail de camouflage apparaît, plus ou moins
visible, à votre grand étonnement. Maintenant, cette tendance qu’a la
vitalité à changer d’une forme apparente en une autre est si forte que ce que
vous avez ici dans votre objet volant est quelque chose qui, tel que vous le
voyez, n’est en fait ni de votre plan ni de celui qui en est à l’origine. […]
Les atomes et les molécules qui composent structurellement l’ovni, et qui
sont eux-mêmes formés par la vitalité, sont plus ou moins alignés selon le
modèle de son propre territoire. Quand le vaisseau pénètre votre plan, une
distorsion se produit. Sa structure réelle est prise dans un dilemme
concernant sa forme… se transformer complètement en un schéma de
camouflage terrestre particulier ou garder son schéma originel.
L’observateur terrestre tente de mettre en corrélation ce qu’il voit avec ce
qu’il croit connaître ou imagine possible dans l’univers.
Il voit quelque chose qui se situerait entre le cheval et le chien et qui ne
ressemble ni à l’un ni à l’autre. La soucoupe volante garde ce qu’elle peut
de sa structure originelle et change ce qu’elle doit changer. Cela explique un
grand nombre des témoignages contradictoires quant à la forme, la taille et
la couleur. Les rares fois où le vaisseau part comme une flèche, à angle
droit, il a réussi à garder des fonctions qui lui sont habituelles dans son
habitat particulier.
Je ne crois pas que vous verrez des atterrissages de soucoupes volantes
avant un bon moment, en tout cas aucun atterrissage physique au sens
habituel du terme. Ces véhicules ne peuvent absolument pas rester sur votre
plan. Les pressions qui s’exercent sur le vaisseau sont énormes. […] La
lutte pour être une chose ou une autre sur un plan est très grande. Se
conformer aux lois d’un plan particulier est une nécessité pratique et, à ce
moment, la soucoupe volante ne peut simplement pas se permettre de rester
durablement entre deux plans.
Ce qu’ils font, c’est obtenir des aperçus de votre plan — et gardez à
l’esprit le fait que la soucoupe ou la forme de cigare souvent vue sur votre
planète est une forme bâtarde qui a peu de relations avec la structure telle
qu’elle est à sa station de base.
Par la suite, j’étudierai plus précisément les habitants [de ces plans-là],
mais le fait est que je ne les connais pas très bien moi-même[1].
Il y a tellement de choses que vous ne comprenez pas et que j’espère
vous expliquer. Il y en a d’autres que vous ne comprenez pas et que je ne
peux pas vous expliquer, simplement parce qu’elles seraient trop étrangères
maintenant à votre mode de pensée habituel. […]
Une note à ce propos. Un plan — et j’utilise votre terme ; je vais
essayer d’en trouver un meilleur — n’est pas nécessairement une planète.
Un plan peut être une planète, mais un plan peut aussi exister là où il n’y a
aucune planète. Une planète peut avoir plusieurs plans. Les plans peuvent
aussi faire entrer en jeu différents aspects du temps apparent — ce sujet
particulier est trop difficile à étudier maintenant, mais je le développerai
ultérieurement.
Les plans peuvent s’entremêler, et ils le font, sans que ceux qui y
résident en aient conscience. Ils peuvent parfois le savoir, mais ce n’est pas
toujours le cas. Je veux écarter l’idée qu’un plan est un lieu. Un plan peut
être un temps. Un plan, croyez-le ou non, peut être juste un iota de vitalité
qui semble exister par lui-même. Un plan peut être quelque chose
d’apparemment séparé du reste de l’univers pour un certain temps et pour
une certaine raison. Un plan peut cesser d’être. Un plan peut apparaître
soudain, là où il n’y en avait pas. Un plan est formé pour des entités en tant
que structures pour un accomplissement à des niveaux divers. Un plan est
un climat propice au développement de capacités et de réalisations uniques
et particulières. Un plan isole des éléments et donne à chacun d’eux le plus
d’espace possible pour fonctionner.
Des planètes ont été utilisées en tant que plans, et utilisées à nouveau en
tant qu’autres plans. Un plan n’est pas un lieu cosmique. Il est souvent utile
que des entités ou leurs diverses personnalités visitent un plan avant un
autre. Cela ne signifie pas nécessairement qu’un plan doit être visité avant
un autre. Une certaine succession est simplement plus utile pour l’entité
dans son ensemble.
En d’autres termes, on pourrait dire qu’une entité visite tous les plans
simultanément, comme il vous est possible de visiter un état, une province
et une ville en même temps. Vous pouvez aussi visiter les états de chagrin et
de joie presque simultanément, et vivre ces deux émotions très intensément,
à cause du contraste presque immédiat entre les deux.
En fait, l’analogie d’un plan avec un état émotionnel est beaucoup plus
valide que celui d’un plan avec un état géographique — en particulier parce
que les états émotionnels ne prennent pas de place.

NOTES DE L’APPENDICE 20

[1] Une note ajoutée une dizaine d’années plus tard. Jusqu’à maintenant,
Seth n’a fourni spontanément aucune information sur les passagers
d’une « soucoupe volante » — mais ni Jane ni moi ne lui avons
demandé le faire.
APPENDICE 21

En lien avec la session 721

(Jane et moi considérons que le concept de contreparties, présenté par


Seth, offre un cadre psychologique fascinant, assez vaste pour servir de
structure thématique opérationnelle, dans laquelle les caractéristiques
sociales et nationalistes de notre espèce peuvent être étudiées, de même que
les composants de la psyché individuelle. Cela signifie que la personne
privée est vue ici comme interagissant avec d’autres parce qu’il y a, sous
notre conscience, une relation intérieure « de personne à personne »
connectant chaque individu avec ses contreparties physiques, même si
celles-ci peuvent parfaitement vivre dans d’autres parties du globe, tout en
partageant la même période historique. Il s’ensuit que l’on peut rencontrer
ou ne jamais rencontrer une contrepartie « en chair et en os » — et que l’on
peut ou non ne serait-ce que soupçonner l’existence de telles relations.
Le matériau sur les contreparties est né du matériau de Seth traitant de
la réincarnation. Parallèlement à sa notion de temps simultané, le concept
de contreparties a vraiment permis une nouvelle approche de la
réincarnation ; la conscience que nous en avions tous deux a toujours été
latente dans le cadre réincarnationnel, que ce soit en termes linéaires ou de
simultanéité.
J’aimerais présenter maintenant un ensemble de notes, d’idées, et
d’extraits provenant de sessions portant sur la réincarnation, les
contreparties et les données qui s’y rapportent, et rassembler tout cela en
un tableau cohérent. Bien que Seth ait parlé de la réincarnation et de ses
variantes pratiquement depuis le début de nos sessions, ce sujet ne
représentait pas l’un de nos principaux centres d’intérêt. À ce propos, Jane
a résisté plus ou moins délibérément à ces informations-là dans le passé.
D’elle-même, Jane ne dit pas grand-chose sur la réincarnation, alors que
Seth ne se montre pas aussi réservé.
En fait, même si Seth n’avait pas utilisé le terme de contrepartie, deux
indices nous avaient laissé entendre qu’il allait initier quelque chose de ce
genre. Le premier est apparu lundi dernier [le 18 novembre 1974], dans
une session privée ; le second a été donné le lendemain, lors du cours de
perception extrasensorielle.
Dans notre session privée, Seth a fait un commentaire sur mes données
réincarnationnelles « tout à fait légitimes » concernant Maumee ou
Mawmee, la femme noire qui avait vécu aux Caraïbes, dans l’île de la
Jamaïque, au début du XIXe siècle. Il a poursuivi en disant :) Vous avez aidé
cette femme. Votre sentiment actuel de sécurité et de relatif détachement lui
a donné de la force. Elle savait qu’elle survivrait, parce qu’elle se rendait
compte de votre connaissance. J’en dirai plus sur ce sujet, mais, pour le
moment, c’est la fin de la session. Ruburt a eu sa dose pour la soirée.
(À la fin de la session, Jane était fatiguée. Sans réfléchir, j’ai fait
remarquer en passant que trois choses se produisaient actuellement pour
moi sur le plan réincarnationnel[1] — impliquant le soldat romain, la
femme noire et Nebene — et que, si je parvenais à démêler leurs séquences
de temps, je pourrais m’en servir comme une partie de la liste
chronologique de mes vies « passées ».
« J’aurais préféré que tu ne dises pas ça, a répondu Jane sur un ton
désabusé. Bon, j’ai reçu tout un paquet de choses sur la réincarnation et le
temps. Alors, mettons ça par écrit. »
J’ai protesté avec humour, sachant qu’elle était vraiment fatiguée, et je
lui ai dit de ne rien transmettre qu’elle pourrait ensuite regretter de ne pas
avoir enregistré. J’ai refusé de ressortir mon carnet de notes et mon stylo. Il
était évident que Jane avait besoin de dormir, même si elle était prête à
continuer la session après avoir tenté de se réveiller avec un café.
« D’accord, a-t-elle acquiescé enfin, je vais juste te dire ceci : toute
l’idée de la réincarnation est complètement mal fichue. Débrouiller tout ça
serait vraiment source de confusion. Ce que je reçois, c’est que l’idée d’une
seule vie à une époque donnée est de la foutaise — la psyché est si riche
qu’elle peut avoir plus d’une vie au même moment, comme ton Nebene et
ton soldat romain vivant tous deux au premier siècle. Mais, si tu dis ça aux
gens, tu vas juste les embrouiller. »
« Bon, ai-je répondu, à supposer que mes intuitions étaient exactes
quand je suis tombé sur ces deux personnalités, il doit y avoir des
explications. »
« Bien sûr, a répliqué Jane, il y en a tout un tas que je pourrais te
donner tout de suite — »
« D’accord. Je veux tout savoir là-dessus. Mais à un autre moment. »
Sur ce, nous sommes allés nous coucher. Dans le cours de perception
extrasensorielle du lendemain soir, Seth a indiqué qu’il était prêt à
développer ses concepts de personnalité — même si, à nouveau, il n’a pas
mentionné les contreparties à proprement parler. Il a commencé par
commenter une fois de plus mon expérience avec Maumee, puis il a
continué.)
Maintenant : une note de bas de page pour notre session [privée] d’hier
soir. Ruburt avait raison : les vies sont simultanées. Vous pouvez vivre plus
d’une vie en même temps — en vos termes maintenant — mais c’est une
phrase lourde de sens. Vous êtes neurologiquement à l’écoute d’un champ
particulier de réalité que vous reconnaissez[2]. En vos termes et de votre
point de vue seulement, des messages provenant d’autres existences vivent
en vous en tant qu’images fantômes à l’intérieur des cellules, car les
cellules reconnaissent plus que vous le faites à un niveau conscient. Cela
veut dire que, pendant un bref moment, Joseph [Rob] a été consciemment
capable de percevoir une partie d’une autre existence.
Vous ne pourriez pas être conscient de ces autres réalités tout le
temps, et avoir affaire avec le monde que vous connaissez. Vous avez
donc plusieurs pistes de temps et d’espace qui opèrent en même temps,
mais vous reconnaissez seulement certains messages neurologiques
physiquement. Pourtant, le corps est plus que ce que vous en percevez, et
c’est difficile à vous expliquer. […] Si vous êtes capables de penser à un
corps multidimensionnel existant simultanément dans diverses réalités, et
apparaissant de façon différente à l’intérieur de chacune d’elles tout en
conservant son intégrité, vous pouvez alors avoir un certain aperçu de ce
dont il est question[3].
Maintenant, notre ami Joseph a été ici capable de gérer une autre réalité,
tout en restant impliqué dans celle-ci. (S’adressant à moi.)
Neurologiquement, vous avez croisé vos messages. Vous aviez conscience
de la présence d’images fantômes que vous ne reconnaissez pas d’ordinaire,
et elles étaient traduites en données sensorielles fantômes. (S’adressant à la
classe.) Cela signifie qu’il savait que la femme noire n’était pas dans la
pièce physique avec lui, dans cet espace et dans ce temps, en train de se
déplacer à travers son atelier [où il a vécu cette expérience]. Mais en
d’autres termes, elle était en fait en train de courir dans un autre
environnement que notre ami était capable de voir et de superposer à la
réalité qu’il connaissait, tout en maintenant les deux intacts.
(Ici, j’ai demandé à Seth si les sensations fortes et exaltantes que je
n’avais cessé d’éprouver à ce moment-là avaient à voir avec ma perception
des images fantômes de Maumee et de son environnement. Seth a
répondu :)
Elles résultaient d’un changement neurologique et elles sont votre façon
particulière de symboliser le fait que cela se produit. D’autres auront leurs
propres symboles.
Mais des images de ce type sont là pour quiconque parmi vous veut les
voir. Quand vous êtes prêts à les voir, vous les voyez. Beaucoup d’entre
vous ne sont pas prêts à rencontrer ces types de données… car cela exige
une certaine forme de finesse — un équilibre que vous êtes en train
d’apprendre. Et chacun de vous sait intuitivement quand il est ouvert à de
telles rencontres.
Il y a, bien sûr, des souvenirs du futur comme il y en a du passé. […]
Comme le dit souvent Joseph : « Quand vous pensez à la réincarnation,
vous le faites en termes de vies passées. » Vous avez peur d’envisager des
vies futures parce qu’alors, vous devez faire face à la mort qu’il vous faut
d’abord rencontrer, en vos termes. Par conséquent, vous ne pensez jamais ni
aux moi futurs, ni à la façon dont en avoir connaissance pourrait vous être
bénéfique…
(Le matériau de ces récents extraits nous a un peu préparés à la
présentation des contreparties par Seth, lors de la session 721. Dans le
cours de perception extrasensorielle du lendemain, le 26 novembre, Seth a
commencé à s’attaquer à quelques-unes des questions qui ont
instantanément surgi, suite à son nouveau matériau. Je venais à peine de
lire quelques passages de la session 721 quand une étudiante que je
nommerai Florence a fait un commentaire disant qu’il « doit y avoir un
équilibre entre chacun de nous et nos contreparties ». Seth a
immédiatement repris la discussion, d’une voix forte et pleine d’humour.
S’adressant à Florence.) Loin de moi l’intention de perturber vos
vieilles idées de yin et de yang, ou de Jung, de bien et de mal, de vrai ou de
faux, ou de bonnes ou mauvaises vibrations ! Je commençais à livrer un
nouvel ensemble de matériau et nous sommes donc très loin d’en avoir fini
avec lui ! Ce que je souhaite exprimer, c’est que votre monde existe en des
termes différents de ceux que vous reconnaissez, et que la réincarnation est
en fait un mythe et une histoire qui représentent quelque chose de
totalement autre.
Chacun de vous prend part à votre monde — et, dans votre temps tel
que vous le comprenez et en vos termes, toutes les créatures de la terre
participent à ce siècle. Vous travaillez sur des possibilités et des défis
créatifs. Vous naissez dans des races différentes, dans des cultures
différentes, avec des désirs différents — mais identiques. […] Vous êtes en
train d’apprendre beaucoup de choses. Donc, si vous me pardonnez, chère
Florence, je vais vous prendre comme exemple.
Car il y a aussi une version de notre Florence, un jeune homme en
Chine, qui ne pèse même pas trente-cinq kilos et qui a vingt-six ans.
(Florence va bientôt en avoir cinquante.) Il a été affamé pendant des
années. Il se sent très vulnérable. Cela n’aide pas particulièrement ce jeune
homme quand notre Florence prend du poids parce qu’ensuite, elle se sent
moins vulnérable et plus protégée de son monde.
D’un autre côté, notre jeune homme rêve parfois qu’il a des kilos en
trop, et c’est l’un des rêves qui le comble le plus. Maintenant, ces rêves-là
vont l’aider, car il est déjà en train de travailler sur certains concepts
induisant la plantation de champs dont vont profiter les gens de son village.
Dans ce village, les aînés croient qu’il y a un certain mérite à être trop
maigre. Notre jeune homme déteste les Américains. Il croit que c’est une
société faite d’opulence, de luxure et de méchanceté, et pourtant il est très
attiré par elle.
Maintenant, notre Florence fonctionne avec ses propres idées de bien et
de mal, en quête de ce qu’elle pense être un code esthétique et moral sur
lequel pouvoir s’appuyer. Sa contrepartie avait ce même code, mais trouvait
qu’il ne pouvait pas compter dessus. Chacun travaille sur la même série de
défis. Il y a aussi deux autres contreparties. Entre elles quatre, cela couvre
le siècle. (S’adressant à Florence avec un sourire.) Je vous parlerai de cela
une autre fois. Ce n’est pas mon roman à suspense — c’est le vôtre[4] !
(Florence : « Ce que vous avez dit à propos de ma contrepartie en
Chine a incontestablement un sens pour moi. »
Seth s’est alors manifesté avec cet aparté, destiné à un invité.) Une
petite note pour notre astrologue spirituel, là-bas. Une toute petite allusion
malicieuse ! Chacun de vous a un jour de naissance que vous reconnaissez
— une date de naissance — mais il y a des variables cachées qui — à cause
de ce que je dis ici, ce soir — ne s’appliquent pas à ces thèmes-là, car vous
n’avez pas pensé à elles.
Maintenant, en vos termes seulement, ces autres contreparties sont
comme des structures latentes à l’intérieur de votre esprit. Des échos.
Combien d’entre vous ont réellement pensé à ce que peut être
l’inconscient ? Ou les voix que vous entendez dans votre esprit ou votre
cœur ? Sont-elles vôtres ? À quelles contreparties appartiennent-elles ? Et
pourtant chacun de vous, dans sa propre identité, a le droit d’agir
précisément comme il le souhaite, et de former sa propre réalité.
(Plus tard, au cours de la même session.) Je vais vous donner un
exemple. Un membre de la classe — et (l’air visiblement amusé) je vais
fermer mes yeux innocents de manière à ne pas révéler le secret —, mais un
membre de la classe est en fait un fin jésuite qui gère des problèmes très
pesants en rapport avec la nature de la religion. Il y a eu un prêtre renégat
dans cette classe qui a filé en Californie ; il aime flanquer des coups de pied
à la théologie et « faire à sa propre façon ». Il y a aussi une femme
extrêmement dévote qui vit en Angleterre. Toutes ces contreparties ont à
voir avec la nature de la religion. Elles font l’expérience de différentes
versions de la religion parce que celle-ci les intéresse.
Vous allez créer les attributs de réalité qui vous intéressent et vous
travaillerez avec eux à votre propre façon. Si vous voulez étudier la nature
de la religion, alors vous devez être, entre autres, un sceptique et un
croyant, un hindou et un juif, par exemple. Sinon, vous ne comprendrez rien
du tout et obtiendrez une représentation complètement biaisée. Et
(s’adressant à un étudiant noir) vous ne pouvez pas savoir ce que c’est
qu’être Noir dans cette culture-ci — vous ne serez peut-être pas d’accord —
à moins d’y être également Blanc. […] Maintenant, je vous renvoie toutes
et tous à vous-mêmes et à vos contreparties.
(« Bon, dis-je à Jane après le cours, alors que nous discutons de la
situation américano-chinoise évoquée par Seth, je ne sais rien des relations
des contreparties dans d’autres types de réalités, mais il est absolument
évident que certaines contreparties physiques au moins peuvent se détester
l’une l’autre… » Ainsi, me disais-je, le moi plus vaste serait tout à fait
capable de chercher à vivre à travers ses parties toutes les expériences
imaginables. Bien que cela puisse être pour nous difficile à comprendre, et
encore plus à accepter, le moi complet ou l’entité doit considérer toutes ses
contreparties comme des facettes sublimes de lui-même — peu importe
qu’elles aient aimé, fait souffrir[5], haï ou tué leurs propres contreparties ou
des « étrangers ». Au sein de sa vastitude, le moi complet transformerait les
actions de ses contreparties selon des modes qui seraient très probablement
au-delà de notre approche intellectuelle et émotionnelle. En même temps, le
moi apprendrait et serait transformé par les défis et les luttes de ses parties
humaines.
À des niveaux plus « pratiques », nous pensons que le comportement
entre les nations s’améliorerait si l’idée des contreparties était comprise ou
au moins prise en considération — si, par exemple, de nombreux individus
d’un même pays comprenaient qu’ils pourraient en fait être en train d’agir
contre des parties d’eux-mêmes [ou de leurs moi complets] que seraient les
personnes du pays « ennemi ». Cela diminuerait la virulence de leurs
sentiments. Les nations du monde bénéficieraient grandement de
l’amélioration, même modeste, de leurs relations. Et si un individu haïssait
vraiment une de ses contreparties dans un autre pays, cette émotion ne se
refléterait-elle pas de façon nuisible chez la personne qui ressent cette
haine ?
Jusqu’à maintenant, nous avons abordé l’idée des contreparties dans
notre propre réalité physique. Seth a cependant affirmé le mois dernier
dans la session 713 après 22 h 30 :) Rien n’existe toutefois à l’extérieur de
la psyché sans exister en son sein, et il n’y a aucun monde inconnu qui n’ait
sa contrepartie psychologique ou psychique. (Auparavant, dans la session
712 :) À un degré ou à un autre, il y a à l’intérieur de votre psyché des
contreparties de toutes les réalités.
(En continuant à remonter la piste des références de ce genre à travers
le matériau, j’aimerais que le lecteur relise plusieurs passages extraits de
la session 683 du tome I de La Réalité « inconnue » : Seth s’attaque à des
variations sur le thème des contreparties, telles qu’elles sont développées
dans certaines autres réalités probables :)
1.Il est tout à fait possible, par exemple, pour plusieurs moi d’occuper
un corps, et si cela était la norme, ce serait facilement accepté. Cela fait
toutefois entrer en jeu un autre type de multipersonnalité, un type
permettant l’accomplissement de nombreuses aptitudes de natures diverses,
habituellement laissées inexprimées. Cela implique aussi une liberté et une
organisation de conscience qui ne sont pas usuelles dans votre système de
réalité et qui n’ont pas été choisies ici.
2.Dans certains systèmes d’existence physique, une multipersonnalité
est établie, dans laquelle trois ou quatre « personnes » émergent du même
moi intérieur, chacune utilisant au mieux de ses capacités les
caractéristiques qui lui sont propres. Cela présuppose toutefois un ensemble
de formes changeantes de conscience, où chacune connaît les activités des
autres et y participe ; et vous avez une version différente de la conscience
de masse. Voyez-vous la corrélation ?
(« Oui. »)
Dans les systèmes où l’évolution de la conscience s’est opérée de cette
manière, toutes les facultés du corps et de l’esprit au cours d’une vie sont
merveilleusement employées. Il n’y a pas non plus la moindre ambiguïté
quant à l’identité. L’individu dirait par exemple : « Je suis Joe, Jane, Jim et
Bob[6]. » Il y a des variations physiques de nature sexuelle, de sorte qu’à
tous les niveaux, l’identité inclut le masculin et le féminin. Des ombres de
ce genre de probabilités apparaissent comme des étrangetés au sein de votre
propre système. Tout ce qui est apparent, à un degré ou à un autre, dans
votre système est développé dans un autre.

(Le matériau de Seth sur les contreparties nous a amenés à nous


interroger sur l’utilisation antérieure par Jane et lui de ce mot et de ses
concepts. En vérifiant dans les sessions précédentes et la poésie de Jane,
j’ai vite appris que sa compréhension intuitive du terme avait toujours été
plus exacte que la mienne, car j’attribuais aux « contreparties » une notion
d’opposition et non pas de complémentarité comme c’est vraiment le cas.
Seth aussi employait le terme dans son sens correct[7].
Le poème intitulé Cher amour, que Jane a écrit pour moi en décembre
1973 est intégralement cité dans la note 3 de la session 713. Je veux juste
reprendre ici les premiers vers, pour des raisons évidentes, bien que tout le
poème soit une excellente interprétation créative de l’idée de contrepartie.
Cher amour,
Quel temps non manifeste
dans nos vies
réside derrière nos nuits et nos jours ?
Quelles contreparties percent
dans nos sourires,
quelles fissures apparaissent en d’autres cieux,
tandis que nous parlons et buvons du café
dans une douce grâce domestique ?

Au chapitre 19 de La Réalité personnelle, j’ai trouvé cette phrase de


Seth dans la session 667, du 30 mai 1973 : « Car la raison et l’émotion sont
des contreparties naturelles. »
Dix sessions auparavant, dans la session 657 du 18 avril 1973, au
chapitre 15 de La Réalité personnelle, on trouve une référence aux
contreparties particulièrement évocatrice. Rétrospectivement, ce matériau
semble indiquer clairement le développement ultérieur du concept de
contrepartie — et un passage pourrait bien faire référence à La Réalité
« inconnue », bien avant que ce projet ne soit envisagé, du moins par Jane
et moi.)
D’une façon qui sera expliquée dans un autre livre pour ceux que ce
sujet intéresse, il existe une sorte de coïncidence entre vous et tous les
points présents de pouvoir[8] de vos moi « réincarnationnels ». Il y a même
des connexions biologiques, en termes de « mémoire » cellulaire. […]
Ces moi sont différentes contreparties de vous-même dans votre
condition de créature, faisant l’expérience d’une réalité corporelle ; mais, en
même temps, votre organisme est fermé à la nature simultanée de
l’expérience.
(Au cours de ce même mois de l’année 1973, Jane a écrit Apprentice
Gods, un long poème qui est inclus dans le chapitre 16 d’Adventures, où
elle cherche à découvrir les origines de nos dieux personnifiés et fait
référence aux contreparties de la façon suivante :
… comme ces dieux terrestres qui nous ressemblent,
bien que proches de nous et pourtant superstars,
plus grands que les contreparties de la vie,
ils nous théâtralisent à l’extrême
et s’envolent avec le spectacle
tandis que par procuration
nous les regardons jouer nos rôles[9].

Encore plus anciens, les deux extraits suivants, provenant de la session


520 du 20 mars 1970 au chapitre 3 de Seth parle, sont également à prendre
en considération ici.)
De la façon la plus littérale qui soit, le « moi intérieur » forme le corps
magiquement, en transformant les pensées et les émotions en contrepartie
physique. […]
À chaque fois que vous pensez à quelqu’un avec émotion, vous projetez
à l’extérieur une contrepartie de vous, qui se trouve en dessous du niveau de
matérialisation, mais qui possède tout de même une forme définie.
(Extrait d’une session encore plus ancienne, la session 44 du 15 avril
1964.)
Ce que vous appelez les lois de votre univers de camouflage physique
ne s’appliquent pas à l’univers intérieur. […] Toutefois, les lois de l’univers
intérieur s’appliquent à tous les univers de camouflage. […] Certaines de
ces lois fondamentales ont des contreparties connues et acceptées dans
diverses réalités de camouflage.
(L’appendice 12 contient de longues citations de cette session 44, y
compris le passage qui vient d’être cité.
Et qu’en est-il des toutes premières références aux contreparties, dans
nos sessions ? Au chapitre 1 du Matériau de Seth, Jane a décrit comment
nous avons commencé ces sessions, le 2 décembre 1963, en utilisant la
planche Ouija. Au cours des trois premières sessions, le matériau provenait
d’un certain Frank Withers — qui, dans la session 4, s’est révélé être l’un
des « fragments de personnalité » constituant l’entité, ou moi complet, de
Seth. Juste avant que Seth annonce sa présence, au cours de la même
session, Franck Withers a, par le biais de la planche, épelé une remarque
qui ne voulait pas dire grand-chose pour Jane et moi à l’époque : « Une
entité complète peut avoir besoin de plusieurs manifestations, même à des
époques soi-disant simultanées. »
Bien que Frank Withers n’ait jamais employé le mot « contrepartie »,
nous voyons maintenant qu’il pouvait faire référence au concept de
réincarnations simultanées, ou à celui des contreparties, ou bien encore aux
deux.
Seth lui-même a utilisé pour la première fois « contrepartie » dans la
session 6, du 11 décembre 1963. À l’époque — et pendant un bon moment
par la suite — l’utilisation qu’il faisait de ce mot ne signifiait pratiquement
rien pour Jane et moi. Les sessions nouvelles contenaient déjà bon nombre
de termes et d’idées qui ne nous étaient pas familiers. Trois jours plus tôt,
par exemple, dans la session 4, Seth venait tout juste de nous donner nos
noms d’entité [Ruburt pour Jane et Joseph pour moi] et d’aborder les liens
psychiques qui nous reliaient tous les trois. Toutes les subtilités que
pouvaient offrir des concepts tels que celui des contreparties nous
échappaient totalement. À ce propos, nous ne savions pas à l’époque si les
sessions allaient durer ou pas. Cette question ne nous préoccupait pas
particulièrement d’ailleurs.
Dans la session 6, cependant, j’ai fait une remarque assez intuitive : j’ai
dit à Jane que, selon moi, Ruburt avait un jour été Joseph. Il m’a fallu un
peu de temps pour reconnaître que cela avait simplement été ma façon
d’aller à tâtons vers la compréhension du fait que Seth, Jane et moi avons
une forte relation psychique. Nous avions commencé les sessions avec la
planche Ouija, mais Jane avait fait des progrès si rapides qu’elle donnait
déjà oralement une partie du matériau. Toutefois, nous utilisions encore la
planche pour obtenir des réponses à la plupart de nos questions. Après que
j’ai déclaré que Ruburt avait été Joseph, Seth a épelé sa réponse à l’aide de
la planche, dont le pointeur se déplaçait rapidement sous le bout de nos
doigts.)
Partie d’une même entité ou contrepartie.
(Onze ans devaient donc s’écouler avant que Seth ne traite directement
de son concept très provocateur de contreparties.)

NOTES DE L’APPENDICE 22

[1] Pour un matériau sur le soldat romain, voir les premières notes des
sessions 715 et 716 ; pour Maumee et Nebene, voir respectivement les
notes 1 et 9 de la session 721.
Je pourrais énumérer quelques autres vies passées que je suis censé
avoir connues, et Jane aussi. Certaines d’entre elles, nous les avons
perçues par nous-mêmes. Au fil des ans, Seth a aussi révélé un petit
nombre d’expériences réincarnationnelles nous concernant tous les
trois, ainsi que quelques autres relatives à deux d’entre nous. Des
exemples sont donnés dans l’appendice 18. Mais Jane et moi sommes
plus intrigués par certains passages de l’appendice 18, comme celui-ci,
tiré de la session 398 du 11 mars 1968 : « Les personnalités ne sont pas
des choses statiques. Les entités sont éternelles. Elles ne sont ni aussi
bien ni aussi soigneusement emballées, une par corps, que le croient vos
psychologues. »

Une relation impliquant Seth, Jane et moi, dans laquelle aucune


contrepartie n’intervenait, d’après ce qu’indique le matériau dont nous
disposons, a eu lieu au Danemark au XVIIe siècle. Voir dans Seth parle,
la session 541 du chapitre 11.

[2] Comme je l’ai déjà fait, je conseille au lecteur de se reporter au tome I


de La Réalité « inconnue » pour revoir les informations données par
Jane, dans les appendices 4 et 5, sur les vitesses neurologiques. Comme
je l’ai écrit dans la note 19 de l’appendice 12 : « Même si de
nombreuses personnes peuvent trouver difficile la lecture de cet
appendice 4, il contient selon moi certaines des informations les plus
importantes du tome I. » Dans cet appendice-là, Jane fait aussi
référence à son « aventure fantomatique de Saratoga » : par ailleurs,
Seth et elle traitent de ce sujet dans les sessions 685 et 686.

[3] Dans les notes d’ouverture de la session 718, j’ai écrit que je venais
juste de terminer une série de diagrammes pour le livre de Jane,
Adventures. Dans le diagramme 1 destiné au chapitre 10, j’ai essayé de
montrer schématiquement la même idée que celle mentionnée ici par
Seth, mais avec la terminologie que Jane emploie dans son propre livre.
Elle décrivait une série de moi-aspects en orbite autour d’un moi-
source non physique, et poursuivait : « Imaginez une grande roue
panoramique multidimensionnelle, dont chaque nacelle séparée est un
moi-aspect. Quand notre “siège” approche du niveau du sol, nous
sommes l’aspect qui intersecte le continuum espace-temps, et la vie
commence. Mais cette grande roue tourne dans toutes les directions
possibles, et ses rayons sont des vagues d’énergie constamment en
mouvement, reliant les aspects au centre source. Chaque autre “siège”
intersecte un type différent de réalité, dans lequel il est plongé, tour à
tour. »

[4] Seth n’a jamais rien dit de plus à Florence au sujet de ses autres
contreparties. Elle ne le lui a pas demandé non plus ; elle a tiré parti
des informations qu’il lui avait déjà données, et de celles qu’elle a pu
deviner par elle-même.

[5] Je pense au matériau de Seth sur la douleur et la souffrance, tel qu’il


est présenté dans l’appendice 12. Voir les extraits provenant de la
session 580 dans Seth parle, et de la session 634 dans La Réalité
personnelle.

[6] Peut-être aurais-je dû en parler brièvement dans le tome I, mais, depuis


que Seth a donné son matériau parlant de « Joe, Jane, Jim et Bob »
dans la session 683, je ne m’étais jamais interrogé sur des connexions
possibles entre les probabilités décrites lors de cette session-là et notre
propre réalité. Quelle part de la connaissance intuitive et déformée qu’a
notre espèce de ces réalités probables peut ainsi apparaître en tant que
mythe ou singularité dans notre univers de camouflage ? Je pense bien
sûr à l’androgynie, qui est le concept du mâle et de la femelle en un seul
être, ou à l’hermaphrodisme, où une personne ou un animal possède les
organes sexuels mâles et femelles. Vu notre manque personnel de
connaissance consciente à propos de l’androgynie et des concepts s’y
rapportant, nous trouvons très intéressant, Jane et moi, que Seth se soit
manifesté avec ce matériau particulier dans la session 683.

Une petite recherche nous a permis de nous apercevoir qu’assez


souvent, les dieux de nos mythes très anciens possédaient à la fois les
qualités masculines et féminines. Les mêmes principes d’androgynie se
retrouvent dans une bonne partie de notre littérature actuelle. Qu’ils
soient scientifiques ou non, les mythes peuvent contenir les vérités les
plus profondes pour toute notre espèce, au moins en termes
conventionnels : Jane et moi sommes intrigués par l’idée que les
sources de ces vérités-là puissent en partie provenir d’autres réalités.
Il y aurait beaucoup de choses à écrire ici — des volumes entiers.
J’ajouterai simplement qu’en termes religieux, seul le Christ peut être
vu comme androgyne, dans le sens où, à l’évidence, il est un symbole de
l’unification des opposés — que ce soit du conscient et de l’inconscient,
du féminin et du masculin, de cette réalité et des autres, du mystique et
du « pratique », etc. Et un certain nombre de disciplines anciennes
pensaient que, avant qu’Ève soit créée à partir du corps d’Adam, celui-
ci, le premier homme originel, était réellement mâle et femelle.

Tout cela me rappelle que, selon la plupart des gens qui ont vu les
« portraits » que je peins, il y a dans ces tableaux un équilibre entre le
masculin et le féminin, indépendamment du fait que le sujet soit un
homme ou une femme. Ces peintures sont celles de personnalités que je
vois mentalement plutôt que physiquement ; elles représentent, je crois,
mes efforts pour unifier dans toute image particulière mon appréciation
intuitive des qualités mâles et femelles incarnées en chacun de nous.

[7] Voir la note 10 de la session 721.

[8] Une version plus longue de ce matériau provenant de la session 657 est
présentée dans la note 3 de la session 683, au tome I ; je voulais, à ce
moment-là, dire quelques mots au lecteur à propos des contreparties
— non seulement pour qu’il soit intéressé par le tome II, même avant sa
publication, mais aussi pour montrer la direction que prenait le
matériau de Seth.

Cette même session 657 contient une déclaration de Seth extrêmement


utile : « Le présent est le point de pouvoir. » Partant de là, Seth
commence à montrer comment tout ce que nous sommes — quels que
puissent être nos systèmes de croyances individuelles — découle de la
focalisation brillante de nos aptitudes physiques, mentales et
spirituelles, sur l’expérience « présente ».

[9] Il est intéressant de voir comment Apprentice Gods, écrit par Jane, fait
écho aux vers suivants et les élargit ; ils sont tirés d’un autre long
poème, plein de fraîcheur et d’intensité, qu’elle a écrit en 1949 à l’âge
de dix-neuf ans.
Reviens, ô mon frère, contrepartie du ciel,
car il m’est permis de crier uniquement par ta voix…
NOTES

[I] Petit rappel : Par souci de commodité pour le lecteur, le deuxième


tome de l’édition originale, comportant les trois dernières parties
ainsi que les appendices associés, a été divisé en deux volumes dans
l’édition française, du fait de son grand nombre de pages. Les
références données par Robert Butts dans ses commentaires et
renvois tiennent évidemment compte de cette présentation en trois
tomes. [Note de l’éditeur]

[II] Voir l’appendice 12.

[III] Voir l’appendice 13.

[IV] Voir l’appendice 16.

[V] Voir l’appendice 17.

[VI] Voir l’appendice 18.

[VII] Voir l’appendice 20.

[VIII] Papier et voyages à travers un jardin intérieur.

[IX] Mondes simples-doubles, la créature-pluie, et la lumière.

[X] Mon moi rêvant.

[XI] Quand nous parlons, des mondes se forment.

[XII] Nous venons. Nous sommes le mouvement intérieur.


[XIII] Nous sommes la force dans la matière.

[XIV] Formant volontiers des particules plus lentes que la lumière. C’est
un aspect de nos activités.
SESSION 722

Mercredi 27 novembre 1974

(« Allez, Seth », dit Jane avec impatience à 21 h 15 ; depuis 21 h 00,


nous attendons que la session commence. « Je sens que le matériau est là,
mais je ne l’obtiens pas encore clairement. » Puis à 21 h 18.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »
D’une voix calme.) Je vous ai dit de vous accorder un moment, pendant
que vous êtes dans un rêve particulier, pour essayer de découvrir ce qui se
passait à l’intérieur de ce rêve avant que vous en fassiez l’expérience[1].
(Toujours calmement.) Il est vrai que vous créez vos propres rêves, mais
il est également vrai que vous vous focalisez uniquement sur certaines
parties de vos créations dans vos rêves. Même dans l’état de rêve, tout
instant présent est en expansion dans sa propre version du passé et du futur ;
donc en ces termes-là, le rêve possède son propre arrière-plan, son propre
type de passé historique, au moment où vous le construisez.
Vous n’avez pas besoin de faire l’expérience de ces évènements
oniriques passés, mais si vous tournez votre attention dans cette direction-
là, le passé du rêve deviendra apparent. Toutes les sortes d’impressions
mentales ne sont donc pas simplement imprimées ou écrites, en quelque
sorte, dans une dimension d’espace et de temps. Elles ont une
dimensionnalité plus grande. Le passé et le futur se développent par
ondulation à partir de tout évènement, le rendant « plus consistant » qu’il
n’y paraît.
En termes plus vastes, le passé est indéniablement créé à partir du
présent. Dans votre système de réalité, cela ne semble pas du tout être le
cas, puisque vos sens projettent sur les évènements un type de mouvement
vers l’avant et non vers l’extérieur. Des « particules subatomiques »
apparaissent cependant dans votre présent, ondulant dans les dimensions de
votre système, créant leurs propres « traces », que les scientifiques essayent
ensuite d’observer. Dans certains cas, sans le savoir, vos scientifiques sont à
deux doigts d’observer la naissance des effets du temps au sein de votre
système. (Une pause.) Puisque vos cerveaux sont composés de cellules,
faites d’atomes et de molécules, et puisque ceux-ci sont eux-mêmes
constitués de certaines invisibles particules[2], vos souvenirs sont donc déjà
structurés par les mécanismes biologiques qui les rendent possibles en vos
termes. (Entre parenthèses : après la mort, par exemple, vous possédez
encore une mémoire, bien que celle-ci n’opère pas à travers l’organisme
physique tel que vous le comprenez.)
Ainsi, psychologiquement, quand vous êtes vivants, vos souvenirs
suivent un schéma orienté du passé vers le présent. Par conséquent, il
semble tout à fait inconcevable qu’en certains termes, tout évènement
présent puisse conduire à un souvenir d’un évènement similaire s’étant
produit avant, alors qu’en fait, chacun se produit en même temps.
Accordez-nous un instant… Dans l’état de rêve, la liberté des
évènements par rapport au temps, tel que vous le comprenez, peut être plus
apparente. Si vous êtes vigilants et curieux pendant que vous rêvez (et vous
pouvez apprendre à l’être), vous pouvez vous surprendre en train de créer
en même temps un passé et un futur du rêve.
Accordez-nous un instant… Les physiciens savent que les ondes
peuvent apparaître en tant que particules sous certaines conditions, et que
les particules peuvent se comporter comme des ondes[3]. Ainsi, les instants
tels que vous les comprenez sont comme des ondes que vous vivez en tant
que « particules » — comme de petites bulles qui, tour à tour, se forment et
éclatent. Les particules subatomiques se comportent parfois aussi comme
des ondes ; en fait, elles ne sont en général vraiment perçues que
lorsqu’elles agissent comme des particules.
(21 h 42.) Les physiciens pensent aux atomes comme à des particules.
Leurs caractéristiques ondulatoires ne sont pas observées. À d’autres
niveaux de réalité, les atomes se comportent de façon ondulatoire…
Accordez-nous un instant… Subjectivement, vous considérez vos propres
pensées comme des ondes plutôt que des particules. Pourtant, au niveau de
la réalité du rêve, ces ondes « se brisent » en particules, pour ainsi dire. De
votre point de vue, elles forment des pseudo-objets. Quand vous rêvez, vous
acceptez cette réalité comme étant réelle. Ce n’est qu’une fois réveillé que
les objets du rêve vous semblent non réels ou imaginaires. Le système
nerveux lui-même est biologiquement équipé pour percevoir diverses
gradations de matière physique, et il y a « entre elles » des passages
d’impulsion qui sont utilisés au cours du rêve. De votre point de vue, ce
sont des passages alternatifs, mais, dans l’état onirique, ils vous permettent
de percevoir comme de la matière physique des objets qui, à l’état de veille,
ne seraient pas observables.
Une fois encore, depuis le point de vue de l’état de veille, ces autres
reconnaissances neurologiques pourraient être considérées comme des
modes de perception d’ordre fantomatique ou relevant de simples traces. À
l’état de veille, vous n’en faites généralement pas usage. Elles sont utilisées,
dans une certaine mesure, lors de vos rêveries et de certaines modifications
de conscience, quand vous percevez comme réels, ou quasiment réels, des
évènements qui ne se produisent pas immédiatement à l’intérieur de votre
structure espace-temps.
Accordez-nous un instant… Le monde du rêve est aussi organisé que le
vôtre, mais, à l’état de veille, vous ne vous focalisez pas sur cette
organisation intérieure. Les images de vos rêves existent. Elles sont tout
aussi réelles qu’une table ou une chaise. Elles sont construites à partir de
particules, et ne sont invisibles qu’à l’état de veille.
Les physiciens commencent à étudier les caractéristiques des particules
« invisibles » [4]. Elles semblent défier les principes de l’espace et du temps.
C’est précisément la raison pour laquelle elles forment la base de la réalité
du rêve ; la raison pour laquelle des objets oniriques peuvent apparaître et
disparaître.
Dans votre univers physique, de telles particules sont des éléments
invisibles, connus par déduction, mais jamais directement rencontrés. Elles
sont latentes, jusqu’à un certain point. Dans certaines autres réalités,
cependant, ce sont leurs caractéristiques qui gouvernent, plutôt que les
attributs des particules visibles que vous voyez. Les images des rêves
existent donc dans un registre différent de matière.
Vous pouvez faire votre pause.
(22 h 01. La transe de Jane est bonne, mais elle est encore dérangée par
les bruits de la circulation qui nous arrivent du grand carrefour situé à
proximité des fenêtres de notre salon. Quelqu’un a aussi fait beaucoup de
bruit en nettoyant les couloirs de l’immeuble — « … pendant tout ce temps-
là, Seth voulait que je reçoive ce matériau de façon parfaitement exacte, dit
Jane d’un air un peu contrit. Je peux peut-être faire mieux, mais il faut un
contrôle si fin… » Puis elle conclut en riant : « Je ne sais pas qui lira ce
livre, mais, à coup sûr, il y trouvera beaucoup de choses à étudier. »
Reprise de façon plus lente à 22 h 26.)
Maintenant. Beaucoup de ces particules invisibles [les UC] peuvent se
trouver dans plus d’un endroit en même temps — un fait qui déconcerte
complètement le cerveau physiquement orienté, qui perçoit un monde où les
objets restent là où ils sont supposés être.
(Une pause.) Fondamentalement toutefois, chaque « apparition » d’une
telle particule est une version de celle-ci, car elle est modifiée dans une
certaine mesure par son « emplacement ». Le moi humain peut ainsi
apparaître dans plusieurs lieux en même temps[5], chacune de ces
apparitions modifiant subtilement la « particule » humaine, de telle sorte
que chaque apparence est une version d’un moi « originel » qui, en propre,
n’apparaît jamais en ces termes-là[6]. Quand vous regardez un électron
— métaphoriquement parlant —, vous observez une trace ou une trajectoire
de quelque chose de complètement autre, et cette apparence-là est appelée
un électron. Ainsi, le moi que vous connaissez est une trace ou intrusion
physique, dans l’espace et le temps, d’un moi « originel » qui n’apparaît
jamais. D’une certaine façon, vous êtes aussi fantomatique qu’un électron.
Le moi inconnu, le « moi originel », chevauche des réalités ; il plonge
en elles et en ressort dans des versions créatives de lui-même, adoptant les
propriétés du système dans lequel il apparaît, et les caractéristiques
indigènes de cet environnement-là. Les ondes et les particules sont des
versions d’autres types de comportement adoptés par l’énergie. En utilisant
cette analogie, vous vous coulez de façon ondulatoire dans des versions
physiques particulisées, que vous appelez des existences corporelles.
Accordez-nous un instant… Je présente cela de façon aussi simple que
possible ; mais quand votre « moi originel » fait entrer, depuis une réalité
intérieure, [une partie de] lui-même dans la vie tridimensionnelle, les ondes
d’énergie qui le portent se brisent — pas uniquement en une seule particule,
pour suivre notre analogie, mais en un certain nombre de particules
conscientes. En certains termes, celles-ci sont créées en utilisant le vecteur
disponible — les propriétés biologiques de la Terre.
Elles se diffusent à partir du « point de contact », formant des vies
individuelles. Selon votre façon de concevoir des siècles, il y a ainsi
d’autres contreparties de vous-même, vivant au même moment et dans des
lieux différents — et elles sont toutes des versions créatives du moi
originel. Il y a une grande coopération intime biologique et spirituelle entre
tous les êtres sur votre planète « à tout moment donné ». Vous êtes tous
psychiquement connectés en termes de structures intérieures et extérieures.
Une certaine identité et une certaine cohésion sont également maintenues
du fait de ces connexions intérieures.
(22 h 51.) Il y a des structures psychiques tout aussi efficaces que les
structures physiques, et elles sous-tendent la réalité de votre monde objectif.
Elles fusionnent merveilleusement pour former une image intérieure du
monde, à un « temps » donné, même si cette image change constamment.
En termes plus vastes, à tout moment, l’image de votre monde peut être
comparée à la position, au comportement et aux caractéristiques d’une
particule invisible, au moment où elle est « surprise » en train de faire
intrusion dans votre réalité.
Vos aventures oniriques, si excitantes soient-elles, demeurent
« invisibles » depuis votre point de vue de veille. À l’intérieur des rêves,
l’espace et le temps sont en expansion, à nouveau, comme je l’ai
mentionné[7], mais d’une façon que vous ne pouvez pas localiser
physiquement. Votre propre espace extérieur existe exactement de la même
manière, depuis le point de vue de toute autre réalité (dit avec insistance).
À ce sujet, vous êtes vous-mêmes si richement créatifs que vos propres
pensées donnent naissance à d’autres systèmes tout aussi légitimes dont
vous n’avez pas connaissance.
Faites une pause.
(23 h 00. Les derniers mots de Seth, « vos propres pensées donnent… »,
m’ont rappelé l’un de mes passages favoris dans Seth parle. Alors que nous
discutions de probabilités, dans la session 565 du chapitre 16 de ce livre,
Seth avait dit : « Chaque acte mental ouvre une nouvelle dimension de
réalisation. D’une certaine manière, vos plus infimes pensées donnent
naissance à des mondes.[8] » J’ai également eu l’occasion de citer ces
mêmes lignes au chapitre 10 de La Réalité personnelle ; voir la session 641.
Reprise à 23 h 17.)
Maintenant. Chacun de vous est membre d’une race particulière et ne se
sent pas pour autant moins individualiste du fait de cette affiliation.
Plus encore, vous vous considérez comme des membres d’une espèce.
À tout moment donné, les races coexistent sur votre Terre selon des
proportions qui varient, de sorte qu’il y a, biologiquement parlant, des
organisations physiques que vous reconnaissez. Vous ne vous sentez pas
menacés de ne pas avoir votre propre race particulière. Il existe donc des
races psychiques « intérieures » auxquelles vous appartenez, ou des
souches psychiques, pour ainsi dire, qui fournissent chacune des variantes
physiques[9].
En ces termes-là, toute personne vivante a d’autres contreparties d’elle-
même qui vivent elles aussi, en règle générale, simultanément et partagent
la surface physique de la Terre. Il existe des fonds communs d’identité ; et
en général, ceux qui vivent dans un siècle donné font autant partie de ce
fond intérieur commun que de la race particulière à laquelle ils peuvent
appartenir. Chaque membre de l’espèce est un individu, et chaque membre
d’un fonds commun psychique d’identité est un individu.
À nouveau, votre notion de ce qu’est la personnalité vous limite quand
vous pensez à ces concepts-là. Vous imaginez que la personnalité est une
sorte de particule mentale qui doit avoir des frontières bien définies, sinon
elle perd son identité. L’identité de la conscience même la plus infime est
toujours maintenue — mais pas limitée. Si vous pouviez considérer que
votre idée actuelle de l’identité n’est qu’une simple forme ou un simple
mouvement d’une particule qui se déplace, une forme ou un mouvement qui
ne perd jamais son empreinte ou sa signification, vous pourriez découvrir
aussi qu’il vous serait possible de suivre cette identité en avançant ou en
reculant vers la forme ou le mouvement adopté « avant ou après ».
Vous pourriez conserver l’identité qui est la vôtre, tel que vous vous
connaissez, tout en vous coulant dans un champ ou une onde de réalité plus
large qui vous permettrait de percevoir vos autres mouvements, formes ou
versions. Vous pourriez vous rendre compte d’une structure plus large dans
laquelle vous avez aussi votre propre validité et, par conséquent, élargir
votre connaissance et les dimensions de votre expérience[10].
Vous pourriez procéder de la façon la plus simple, en vous observant
dans l’état de rêve, car, là, vous créez constamment des versions de vous-
même. Au matin, vous êtes enrichi, pas diminué.
Accordez-nous un instant… (Avec humour, en s’adressant à moi.) Vous
êtes la version vivante de vous-même dans l’espace et le temps, autour
desquels tourne votre monde[11]. Cependant, la grande potentialité qui
existe dans le moi inconnu donne aussi réalité à d’autres focalisations de ce
genre, et dans le même cadre espace-temps. Celles-ci ne sont pas vous, pas
plus que vous n’êtes l’homme noir, ou la femme blanche, la femme
indienne ou l’homme chinois.
(Avec insistance.) Tout comme certaines races possèdent leurs propres
caractéristiques et un bagage biologique spécifique, provenant pourtant du
même fond biologique commun, ces contreparties proviennent du même
fond psychique commun et ensemencent physiquement les membres des
races à toute époque donnée. Ainsi, les aptitudes et tendances mentales sont
réparties tout autour de la Terre et présentent un éventail plus large.
(Chaleureusement.) Fin la dictée. Et fin de la session, à moins que vous
ayez des questions.
(« Non, je crois que non. »)
J’ai répondu à certaines d’entre elles.
(« Oui. » Ici, Seth fait référence à quelques commentaires que j’ai faits
ce soir à Jane pendant le dîner, à propos de la réincarnation et des
contreparties.)
Je vous souhaite donc un cordial bonsoir. Mes souhaits les plus
chaleureux… Chaque jour, jusqu’à notre prochaine session, faites en sorte
qu’il [Jane] lise le tout dernier matériau que j’ai donné pour lui (celui que
nous n’avons pas retranscrit dans la dernière session, à 23 h 44).
(« D’accord, Seth. Merci beaucoup. Bonne nuit. »
23 h 43. Un aparté. Ces derniers temps, je remettais à plus tard la
retranscription des sessions à partir de mes notes, car j’étais trop occupé à
terminer les dessins à la plume pour le livre de Jane, Dialogues. En ce
moment, je travaille sur le douzième des quarante prévus. Jane n’a pas eu
de matériau du livre à lire depuis la session 718, celle du 6 novembre, il y a
près d’un mois. Elle me rappelle que cela lui manque de ne pas pouvoir
suivre de près la dictée de Seth — qu’elle a du mal à déchiffrer ma sténo
très personnelle et que cela la met mal à l’aise de ne pas savoir ce que Seth
a dit. Et ce malgré le fait qu’elle et Seth ont souvent prouvé jusqu’à
maintenant qu’ils formaient une équipe parfaitement capable de produire
une œuvre « à l’aveuglette », pour ainsi dire, et cela de façon continue.
Mais je m’étais tellement impliqué dans mon travail artistique que je
n’avais pas tenu compte de ses préoccupations.
Durant tout le mois dernier, Jane a dû aussi se passer de la lecture d'un
ensemble de sessions de la Partie 4 [les sessions 708 à 715] ; j’avais
employé le temps normalement consacré à la retranscription du matériau à
terminer les diagrammes d’Adventures. Ce soir, nous décidons donc que je
vais lui lire à partir de mes notes les quatre sessions faisant suite à la 718.
Une fois rattrapé ce retard, je lui lirai désormais, le samedi ou le dimanche,
tout le matériau reçu de Seth pendant la semaine, jusqu’à ce que je puisse
revenir à mon rythme normal de retranscription, deux fois par semaine.
J’espère terminer les dernières illustrations de Dialogues, pour la fin
janvier 1975.)

NOTES DE LA SESSION 722

[1] Voir l’Exercice pratique 16, dans la session 721 du tome II.

[2] Pour certaines informations sur les unités de base de la conscience (ou
UC), les cellules, les probabilités, les structures du temps et d’autres
matériaux dont parle Seth, en lien avec ce qu’il transmet ici, je suggère
au lecteur de revoir les sessions suivantes dans le tome I de La Réalité
« inconnue » : 682, 683, 684, 688 et 694.

[3] Le lecteur pourra trouver un certain nombre de sujets en lien avec la


discussion de Seth sur les ondes et les particules dans les sources
suivantes (dont certaines contiennent à leur tour leurs propres
références) : dans l’appendice 18 du tome II, les citations tirées de la
session 755 (Seth : « Ma propre réalité psychologique n’est pas
“particulisée” ») et les notes 24 et 35. Voir ensuite la note 9 de
l’appendice 19.

[4] Je doute que, par cette affirmation, Seth veuille dire que les physiciens
tentent d’étudier ses UC (voir la note 2) — ils ne le font certainement
pas encore, bien que quelques scientifiques qui nous ont écrit montrent
de fait que la pensée de Seth leur est ici familière. Certains physiciens
« modernes » cherchent plutôt des « particules » non matérielles qui,
selon certaines théories (l’une d’elles ayant à voir avec les « quarks »
par exemple), pourraient exister si les théories sont valables. De telles
pseudo-particules sont des entités mathématiques capables de modifier
les actions d’objets physiques.

[5] Dans le tome I, voir la première transmission de Seth lors de la session


681 : « Je vous ai dit, un jour, qu’il y avait des impulsions d’activité au
sein desquelles vous “clignotez” — ceci s’applique même aux particules
atomiques et subatomiques. » Il serait bon de relire la session dans son
ensemble, et en particulier les passages traitant de la « grande
imprévisibilité intérieure de tout atome, molécule ou onde ». Voir aussi
les notes 1 et 2.

[6] Plusieurs de mes dessins dans la partie 2 d’Adventures sont


visuellement en lien avec l’idée d’un « moi originel » (ou « moi
source », selon le vocabulaire de Jane) qui n’apparaît jamais dans une
réalité physique. Voir par exemple les diagrammes 1, 8 et 14.

[7] Voir les Exercices pratiques 15 et 16, plus le matériau s’y rapportant,
dans la session 721 du tome II.

[8] Voir aussi la note 3 de la session 713 dans le tome II.

[9] Une note ajoutée deux mois plus tard. Avec le recul, il est facile de voir
que, pendant que Seth parle ici de ses idées sur les contreparties, il est
en train de nous préparer au matériau sur les familles de conscience,
sujet qu’il commencera à développer en janvier 1975. Voir, par
exemple, la session 732 dans la partie 6. Dans cette session-là, Seth a
vite eu du mal à dire qu’appartenir à une certaine famille de conscience
n’était pas ce qui primait dans notre réalité : « Votre individualité passe
en premier. »

[10] Le matériau de nombreuses sessions de la Partie 1 du tome I traite du


contenu de ce paragraphe. Dans la session 687, Seth déclarait : « Je dis
que le moi individuel doit se rendre consciemment compte de beaucoup
plus de réalité ; qu’il doit permettre à sa reconnaissance d’identité de
s’étendre […] de dépasser les concepts de dieu unique, de moi unique,
de corps unique, de monde unique, tels que ces idées-là sont comprises
actuellement. »

Et dans sa préface du tome I, Seth disait : « Je tiens à préciser ici que ce


livre va commencer un voyage dans lequel ce qui est familier pourra
sembler être laissé loin derrière. Pourtant, quand j’aurai fini, j’espère
que vous découvrirez que la réalité connue est encore plus précieuse,
plus “réelle.” »

[11] En tant que Seth, Jane parle ici en me regardant fixement avec un
sourire, car j’avais prononcé la même phrase au cours de la dernière
classe de perception extrasensorielle.
SESSION 723

Lundi 2 décembre 1974

(21 h 42.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Votre vision du monde est votre interprétation personnalisée de
l’univers physique.
Votre station de base[1] ne présente pas simplement une programmation
pour que vous la voyiez. Elle vous aide plutôt à créer le programme, bien
sûr, même quand vous en faites partie. Pour un après-midi donné, certains
éléments de l’expérience seront « fournis », grossièrement esquissés. Il y a
certains signaux pour mettre en place la scène ; le temps peut par exemple
être neigeux, humide, ou sec et ensoleillé ; le lieu peut être une grande ville
ou une bourgade. Mais, à l’intérieur de ce contexte assez libre, vous créez le
programme de la journée en fonction de votre propre vision du monde.
Si cette vision est large, vous avez bien plus de latitude pour créer votre
expérience. Vous pouvez ajouter plus de profondeur, pour ainsi dire, à la
caractérisation. Vous pouvez, en d’autres termes, tirer parti de la réalité
inconnue en la laissant apporter un plus à votre station de base.
Dans l’état de rêve, votre portée va au-delà de votre vision du monde à
l’état de veille. Vous êtes capable d’inclure dans votre champ de
focalisation d’autres intérêts et activités. Ceux-ci peuvent demeurer à
l’arrière-plan dans votre vie éveillée — ou vous pouvez décider d’élargir
votre vision du monde en tirant parti de vos activités oniriques. Beaucoup
d’exercices proposés ici sont conçus dans ce sens.
Vous n’êtes pas seul dans la réalité physique. Alors, évidemment, votre
image du monde est aussi modifiée par les visions que les autres ont du
monde, et vous jouez un rôle dans leurs expériences. Il y a un constant
échange mutuel à l’état de veille. Toutefois, le même échange mutuel a lieu
dans l’état de rêve. Vous modifiez donc votre monde par vos rêves, tout
autant que vous le faites par vos activités à l’état de veille. En termes de
temps, des intervalles étaient nécessaires au moment où diverses espèces
mûrissaient physiquement et se développaient. Elles le faisaient en réponse
à une impulsion intérieure. Les nombreuses langues actuelles ont leur
origine dans ce que vous pouvez appeler, depuis votre point de vue, une
réalité non éveillée. Les mots, à nouveau, ont un rapport avec la structure
neurologique, et les langues suivent ce schéma. Dans l’état de rêve, de
nombreux types de communication entrent en jeu, et il y a des traductions
intérieures. Deux personnes de langues différentes peuvent se parler de
façon tout à fait claire dans certains rêves et se comprendre parfaitement.
Chacune peut traduire la communication dans son propre langage familier.
Il y a cependant des sons intérieurs fondamentaux sous-jacents, sur
lesquels se fonde tout langage : certaines images émettent leur propre son
et, ensemble, image et son véhiculent alors une signification claire et
précise[2]. Il y a longtemps, j’ai dit que le langage serait impossible s’il ne
se basait pas sur une communication télépathique[3] — et que la
communication était un assemblage d’images et sons microscopiques.
Ceux-ci sont traduits en différentes langues.
Consciemment, votre vision du monde est modifiée par la langue de
votre culture ou de votre pays. Certains sons, certaines inflexions et
expressions, pris ensemble, ont une signification plus ou moins précise. Le
sens est en général assez spécifique, et souvent directionnel. Dans une
langue, les mots opèrent non seulement en définissant ce qu’est un objet
spécifique, par exemple, mais aussi en définissant ce qu’il n’est pas[4].
(22 h 05.) Dans l’état de rêve, vous êtes dans une certaine mesure libéré
de ces tendances culturelles. Dans les rêves les plus marquants, l’expérience
est en fait plus directe, dans le sens où elle est moins limitée par les
concepts du langage. À l’état de veille, vos pensées vous deviennent
généralement familières à travers des mots qui sont mentaux, traduisant
automatiquement vos pensées en langage. Vos pensées tombent par
conséquent, ou se coulent, dans des formes préfabriquées. Dans l’état de
rêve, cependant, vous faites souvent l’expérience des pensées directement :
« vous les vivez ». Vous devenez ce qu’elles sont. Elles sont projetées
instantanément et d’une façon telle qu’elles échappent aux limites que vous
leur posez souvent. C’est la raison pour laquelle il vous est fréquemment
difficile de vous souvenir de vos rêves de façon verbale, ou de les réduire
en une expression de langage usuel. Point. Votre langage inhibe souvent la
signification à dessein.
Accordez-nous un instant… Jusqu’à un certain point, le langage rend
effectivement l’inconnu connu et reconnaissable. Il dresse des poteaux
indicateurs que chaque personne dans une culture reconnaît. Pour ce faire, il
s’empare de certaines significations et en ignore d’autres. Vous pouvez
connaître le mot « rocher » par exemple. Mais la connaissance du mot peut
en fait vous empêcher de voir clairement un rocher spécifique tel qu’il est,
ou de reconnaître en quoi il est différent de tous les autres rochers.
Le jeu de la lumière du soleil et de l’ombre sur un rocher peut
totalement vous échapper[5]. Vous le rangerez simplement dans la catégorie
« rocher ». Dans l’état de rêve, vous pouvez vous retrouver en train de
dormir sur un rocher chauffé par le soleil, ou d’en escalader un verglacé.
Vous pouvez vous sentir vous-même enfermé dans un rocher, avec votre
conscience dispersée. Vous pouvez avoir d’innombrables expériences
différentes faisant entrer en jeu des rochers, toutes très libératrices. Après
une expérience de ce genre, il se peut que vous regardiez les rochers de
façon entièrement différente et que vous les voyiez d’une manière qui
échappe à votre langage. Ainsi, les rochers émettent des sons que vous
n’entendez pas, par exemple, mais votre langage limite automatiquement
votre perception de ce qu’est un rocher. Dans une certaine mesure, les mots
viennent se mettre entre vous et votre expression directe, alors qu’ils
devraient et pourraient plutôt exprimer cette expérience-là.
Faites votre pause.
(22 h 22. Jane dit que sa transe n’était pas bonne. « J’étais inhibée par
toutes sortes de choses — principalement des bruits. J’espère qu’ils ne
m’ont pas fait interférer avec le matériau. Y avait-il plus de bruit que
d’habitude ? »
Jane a une ouïe excellente, et si sa transe n’était pas aussi profonde que
d’ordinaire, pour quelque raison que ce soit, même des sons normaux
peuvent l’avoir dérangée. Je lui dis que les informations de Seth sont aussi
pénétrantes que d’habitude. Je lui rappelle également que la maison est en
fait plus calme que d’ordinaire. Une neige humide s’est mise à tomber
après le dîner et nous avons fermé nos fenêtres, nous coupant du bruit de la
circulation automobile.
La remarque de Seth à propos des sons intérieurs est très intéressante,
au vu d’un évènement qui s’est déroulé environ dix minutes avant le début
de la session. Alors que nous nous y préparions dans notre salon, Jane s’est
rendu compte d’un léger bourdonnement — un son que je ne pouvais pas
entendre. Elle s’est exclamée à plusieurs reprises à propos de ce bruit ;
puis, après avoir cherché, nous en avons localisé la source près du plafond,
dans un angle éloigné : un petit insecte se déplaçait parmi les feuilles de
notre philodendron. Grâce à des tuteurs placés en haut d’une étagère, nous
incitons nos plantes à monter jusqu’au plafond. Cette structure permet de
faire écran entre l’entrée et le salon.
« Bon !, je pense que ce sera une courte session, dit Jane en riant. Je me
sens prête à bouger — comme pour aller marcher dans la neige ou quelque
chose de ce genre… » Mais la session va se révéler ne pas être courte du
tout. En lien avec l’exercice pratique que Seth nous donne ci-dessous, ainsi
que les deux paragraphes qui le suivent, j’aimerais que le lecteur se reporte
aux chapitres 7 et 8 du livre de Jane, Adventures in Consciousness. Elle y
parle du développement de sa langue « sumari ».
Reprise à 22 h 43.)

EXERCICE PRATIQUE 18

Une partie de la réalité inconnue est donc cachée sous le langage et le


schéma forcé des mots coutumiers — alors, comme exercice, regardez votre
environnement. Inventez des « mots » nouveaux et différents pour les objets
que vous voyez autour de vous. Prenez n’importe quel objet, par exemple.
Tenez-le pendant quelques secondes, sentez sa texture, regardez sa couleur
et, spontanément, donnez-lui un nouveau nom en prononçant les sons qui
vous viennent à l’esprit. Observez comment les sons font ressortir certains
aspects de l’objet que vous n’aviez peut-être pas remarqués avant.
Le nouveau mot conviendra tout autant que l’ancien. Il peut en fait
mieux lui correspondre. Faites cela avec de nombreux objets, en suivant la
même procédure. Vous pouvez aussi dire leur nom à l’envers[6]. En agissant
ainsi, vous brisez dans une certaine mesure le conditionnement inhérent à
votre langage habituel, si bien que vous pouvez percevoir l’individualité qui
est à l’intérieur de chaque objet.
Encore une fois, pour entrer en contact direct avec vos sensations telles
qu’elles sont, inventez parfois vos propres sons spontanés. Souvent, vos
émotions ne peuvent pas être clairement exprimées en termes de langage, et
un déconditionnement de ce genre peut leur permettre de circuler librement.
La fraîcheur d’une expérience en rêve réside dans sa nature directe.
Votre vision culturelle du monde n’a aucune compréhension claire de la
nature des rêves, ce qui fait qu’au matin, souvent, vous ne vous en souvenez
pas clairement. (Une pause.) La nuit, vous vous branchez sur la réalité du
rêve, simplement en occultant toute réalité soi-disant de veille, mais le
même type d’expérience onirique se poursuit en dessous de votre
focalisation dans la vie éveillée. En rêvant, vous êtes encore conscient de
votre expérience quotidienne, mais elle paraît périphérique. À l’état éveillé,
votre expérience en rêve est elle aussi périphérique, mais vous êtes moins
conscient de cette condition-là. Les deux représentent les dimensions de
votre conscience et elles existent simultanément. Vous pouvez résoudre
dans vos rêves, et vous le faites souvent, des problèmes de la vie
quotidienne. Dans la vie éveillée, vous relevez également certains défis qui
vous sont posés dans l’état de rêve. Évidemment, votre conscience est
équipée pour fonctionner dans la réalité connue ainsi que dans l’inconnue,
et les divisions que vous avez établies sont tout à fait arbitraires.
(Une pause à 23 h 01.) Vous pouvez comprendre que beaucoup de vos
rêves ont une signification symbolique. Il peut vous échapper cependant
que les objets dont vous vous entourez dans la vie physique ont eux aussi
des significations symboliques — seulement ceux-ci sont tridimensionnels.
Vous passez peut-être du temps à essayer de comprendre la nature des rêves
et leurs implications, sans jamais comprendre que votre vie physique est
dans une certaine mesure un rêve tridimensionnel. Elle va fidèlement
refléter vos images oniriques à tout instant donné.
Votre vie physique et votre vie onirique sont si intimement liées que ce
que je vais dire risque de vous induire en erreur : l’expérience de l’état de
veille découle de la réalité inconnue du rêve. D’un côté, l’affirmation est
effectivement vraie. D’un autre côté, du fait de votre mécanisme intérieur
complexe, il est impossible de séparer l’une de l’autre. La « réalité » opère
toutefois essentiellement d’une façon qui est plus clairement perçue dans
l’état de rêve. La liberté par rapport au temps et au lieu, le type plus large de
communication, la grande mobilité de la conscience — toutes ces
expériences-là dans les conditions du rêve — sont caractéristiques de la
nature fondamentale de la réalité, alors que votre expérience à l’état de
veille impose des limitations qui ne sont que des indicateurs de certaines
conditions.
Dans une certaine mesure, il est possible de faire l’expérience de
l’expression plus vaste de la conscience dans les conditions habituelles de
veille, mais uniquement quand une personne a suffisamment de flexibilité et
d’assurance pour modifier la focalisation de sa conscience. Ainsi, d’autres
données non perçues deviennent accessibles. Par conséquent, la réalité
inconnue n’est pas au-delà de votre expérience. Chacune de vos disciplines
scientifiques ou religieuses pourrait tirer profit d’une étude de la conscience
en train de rêver, car, là, la nature fondamentale d’une réalité existe aussi
clairement que vous pouvez la percevoir. La condition intérieure du rêve est
valide. Vous vous trouvez dans d’autres temps et lieux parce que,
fondamentalement, ni le temps ni l’espace n’existent tels que vous le
supposez[7].
Les modifications de conscience en l’absence de drogue n’entraînent
pas de dangers fondamentaux, mais des dangers artificiels peuvent survenir
à cause de vos croyances culturelles. Ceux-ci surviennent parce qu’un
individu se retrouve sans aucun contexte acceptable où mettre en
corrélation, ou comprendre, ses expériences. Il essaye d’avoir recours à des
explications religieuses, scientifiques ou pseudo-scientifiques[8].
D’une certaine façon, le type de conscience unilinéaire que vous avez
développé peut être mis en corrélation avec votre utilisation d’un seul
langage, quel qu’il soit. Une expérience est programmée, hautement
spécialisée, et elle parvient à une organisation qui paraît stricte, uniquement
parce qu’elle limite une si grande part de la réalité. En ces termes, si vous
êtes bilingue, votre situation est un peu meilleure, car vos pensées ont le
choix entre deux voies. Biologiquement, vous êtes physiquement capable de
parler n’importe quelle langue actuellement employée à la surface de la
Terre. Si vous appreniez à parler de nombreuses langues, vous considéreriez
cela comme un exploit. Vous ne trouveriez pas cela effrayant ou anormal,
même si, pour vous, cela impliquerait bien sûr un certain entraînement. De
la même façon, votre type de conscience unilinéaire n’est rien d’autre qu’un
« langage » parmi beaucoup d’autres qui sont tout aussi innés, aussi naturels
et aussi biologiquement possibles.
(23 h 18.) Ruburt a eu affaire à ce qu’il appelle la langue sumari [à
laquelle il a été fait référence dans les notes au moment de la pause]. C’est
une expression de la conscience dans une focalisation différente. C’est
l’expression innée d’un type d’expérience qui se produit juste en dehors de
la focalisation unilinéaire officielle de votre conscience. Tout d’abord, elle
brise le conditionnement verbal[9]. Elle se compose toutefois de sons et de
syllabes que Ruburt a entendus auparavant, constitués d’un mélange de
langues romanes[10]. Pour Ruburt, ce sont des langues « étrangères ». En
même temps, ces sons-là recèlent, en vos termes, une foule d’implications
relevant de l’Antiquité, et réactivent des connotations du passé de l’espèce
et de la psyché.
(Une pause.) Ils modifient votre réponse physique habituelle à un son
porteur de sens. Vous ne le réalisez peut-être pas, mais votre langage
structure en fait votre perception visuelle des objets. Le sumari brise le
conditionnement habituel, mais il libère également le système nerveux de sa
réponse structurée à tout stimulus particulier. Les sons, bien que spontanés,
ne sont cependant pas dénués de structures. Leurs sonorités expriment
directement et immédiatement l’émotion ou l’objet perçu. Il y a donc une
correspondance légitime avec l’objet ou l’émotion.
Cette forme d’expression, toute fraîche, établit un nouveau type de
relation entre ce qui soi-disant perçoit et ce qui est soi-disant perçu. Le
sumari devient donc un pont entre deux types de conscience différents ; et,
en revenant à son état habituel, Ruburt peut traduire du sumari en anglais.
L’anglais lui-même, cependant, devient alors chargé, rafraîchi par de
nouveaux concepts, portant en eux une étrangeté qui elle-même modifie la
relation aux mots. Le sumari est un langage de rêve ou de transe. Il est aussi
naturel à son propre niveau de conscience que l’est pour vous l’anglais
— ou l’hindi, le chinois ou toute autre langue. Les diverses focalisations de
la conscience ont leurs propres « langages ». Ruburt a découvert que,
derrière le sumari, se trouvent des significations plus profondes[11]. Il a
commencé à se rendre compte de ce qu’il appelle les sons longs et courts.
Certains arrivent si rapidement qu’il ne peut en suivre la trace, ou les
prononcer suffisamment vite. D’autres sont si lents qu’il a le sentiment qu’il
lui faudrait une semaine pour les prononcer[12]. Ce sont les signatures de
différentes focalisations de la conscience telles qu’elles sont transposées
dans votre système espace-temps.
(Une pause à 23 h 43.) Les langages expriment certains types de réalité,
en général en organisant l’expérience verbalement et mentalement. Dans
votre cas, à nouveau, un certain préjugé neurologique intervient. Si votre
conscience vivait, par exemple, des expériences plus importantes de
décorporation, vos expressions verbales de l’espace et du temps
changeraient automatiquement. Si vous vous rendiez davantage compte de
votre expérience en rêve, votre langage s’élargirait automatiquement.
Automatiquement aussi, vous prendriez également conscience de schémas
neurologiques autres que ceux que vous employez. Ceux-ci (avec
insistance), activés, seraient alors captés par vos instruments scientifiques et
changeraient vos idées en ces domaines-là.
(Une longue pause.) Beaucoup de gens se mettent à chanter du
« charabia » lorsqu’ils sont seuls, et tentent de se libérer d’un langage
structurant. Les enfants s’amusent souvent à fabriquer leurs propres
langues ; « parler en langues » [la glossolalie] est un très bel exemple de
tentative d’exprimer une réalité qui échappe à la tyrannie des mots trop
structurés.
La musique est un langage. La peinture est un langage. Les sens ont un
langage qui leur est propre — un langage qui s’infiltre dans les mots
structurés, mais faiblement.
Accordez-nous un instant… D’autres focalisations de la conscience que
la vôtre ont des concepts différents du temps et sont en fait biologiquement
plus correctes, dans le sens où elles ont une connaissance plus vaste de la
réalité cellulaire et de la réalité spirituelle. Votre type habituel de conscience
actuel n’a rien de « mauvais », et il n’y a rien de mal non plus à ne parler
qu’une seule langue. Cependant, il y a en vous l’impulsion à explorer, à
étendre, à créer, et cela va automatiquement vous conduire à explorer des
terres intérieures de la conscience ; comme, en vos termes, cela vous a
conduit à explorer d’autres pays du monde physique.
(D’une voix plus forte à 23 h 56.) Fin d’une très bonne session.
(« D’accord. »)
Un petit mot pour Ruburt. Il est en train de modifier sa vision du
monde…
(Seth remet à un peu plus tard la fin de la session pour faire quelques
commentaires sur les changements d’attitude de Jane vis-à-vis de son
environnement physique ; il ajoute aussi quelques remarques sur mes
dessins destinés à Dialogues, puis, d’excellente humeur, il termine la
session à 00 h 01. Jane dit que sa transe était considérablement plus
profonde après la pause ; il est certain que sa transmission était empreinte
de plus d’énergie. Et cette énergie persiste, car elle se sent beaucoup mieux
maintenant.)
NOTES DE LA SESSION 723

[1] Seth a commencé à parler de « station de base » et de « vision du


monde » respectivement dans les sessions 711 et 718 dans le tome II.

[2] Au chapitre 5 de La Réalité personnelle, les sessions 623, 624 et 625


contiennent un matériau de Seth sur le son intérieur, la lumière
intérieure et les structures électromagnétiques du corps, que nous ne
percevons pas d’habitude. Il expliquait, par exemple, dans cet extrait de
la session 624 : « Je vous ai dit que les pensées se traduisaient par des
sons internes, mais elles essayent également de se matérialiser. En tant
que tel, ce sont des images en devenir, des collecteurs d’énergie. »

[3] Seth pourrait se référer à sa remarque dans la session 34 du 11 mars


1964 : « Les communications télépathiques ont continuellement lieu en
dessous de la conscience et, sans l’aide de la télépathie et des sens
intérieurs, le langage lui-même n’aurait aucun sens. Les signaux cachés
sont les symboles qui rendent le langage intelligible. »

[4] Ce matériau me rappelle celui de Seth dans la session 681 du volume I :


« Les explications plus profondes [à propos des probabilités]
demandent cependant un élargissement supplémentaire des idées de
conscience… Soit dit en passant, le problème n’est pas tant le
vocabulaire de Ruburt, puisque même un langage scientifique spécialisé
présenterait ces idées-là selon son propre mode déformé. Le problème
tient plutôt au langage fondamental lui-même, tel que vous le
connaissez. Il n’existe pas de mots, par exemple, pour certaines idées
que j’espère communiquer. En tous cas, nous allons commencer. »

En termes conventionnels d’évolution linéaire :

De nombreuses théories ont été avancées tout au long de l’histoire pour


expliquer les origines de la parole. Avant le XVIIe siècle, de vastes
recherches et études ont été menées sur un langage « naturel » ou
adamique, une forme fondamentale de communication humaine qui était
censée être sous-jacente aux langues de toutes les races ; aucun
protolangage universel de ce genre n’a jamais été identifié. À mesure
que la science remonte maintenant jusqu’aux débuts de l’humanité, la
preuve qui était déjà bien maigre disparaît peu à peu, et il semble
finalement très improbable que l’espèce sache vraiment comment et
quand son langage et/ou sa parole ont commencé.

De nos jours, les linguistes considèrent que le développement de


l’aptitude à un langage « moderne » remonte à l’époque de l’homme de
Néandertal « classique », qui vivait dans le sud de l’Europe et dans
d’autres régions orientales de l’hémisphère nord, au cours de la
dernière ère glaciaire (de -70 000 à -10 000 ans environ). Il y a plus ou
moins 40 000 ans, en Europe au moins, l’homme de Néandertal a soit
évolué en l’homme de Cro-Magnon (Homo sapiens sapiens), notre
prédécesseur immédiat, soit a été supplanté par lui.

Il ne fait cependant aucun doute que de nombreuses formes de


communication vocale — qu’il s’agisse de « vraies » paroles ou non,
selon l’opinion actuelle — ont existé parmi les ancêtres de notre espèce
pendant de nombreux millénaires, avant l’apparition de l’homme de
Néandertal « classique » ; d’après des estimations conventionnelles, ces
moyens de communication pourraient avoir servi pendant plus de deux
millions d’années, en commençant peut-être même au stade des
préhumains ou des animaux. Jane et moi trouvons inconcevables les
affirmations de certains autres chercheurs : selon eux, à certaines
périodes de ces tout premiers temps, des échanges verbaux entre les
membres de l’espèce — que ceux-ci soient appelés pré-humains ou
humains — pourraient avoir été plus un obstacle qu’un atout. Pour
nous, même le potentiel pour une communication audible a toujours fait
partie de nos attributs de créature, au même titre que les bras et les
jambes. Je note simplement que ces capacités représentent une
ressource de plus, sur une grande échelle de temps, permettant à la
conscience de chercher inlassablement à se connaître elle-même dans
cette réalité de camouflage.

Seth nous dit, bien sûr, que la communication pré-humaine, le langage


et la parole des humains trouvent leur origine dans des structures
rythmiques, encore et encore, puisque, dans un lointain passé, notre
planète a vu se développer bon nombre de civilisations actuellement
inconnues. Voir par exemple son matériau sur les civilisations
réincarnationnelles et sur les Lumaniens au chapitre 15 de Seth parle.
Dans le tome I de La Réalité « inconnue », voir ce qu’il dit à propos de
l’homme ancien, lors de la session 702, ainsi que le matériau de Jane
sur les « innombrables espèces d’homme-en-formation » dans
l’appendice 6.

Dans l’appendice 18 du volume II, certains passages contiennent des


informations de Seth à propos des effets déformants causés par les mots,
lorsqu’il communique à travers Jane. Revoir ses extraits provenant de
la session 27, datant de février 1964 : « Il est difficile pour moi de
devoir déployer ce matériau en mots mis bout à bout… »

[5] En tant qu’artiste, j’ai tellement l’habitude d’observer notre monde


physique en termes de formes, couleurs, contours, ombres, espaces
négatifs — les structures formées par les zones situées entre ou autour
d’ombres ou d’objets —, que je dois parfois me rappeler une évidence :
chaque individu dans le monde perçoit celui-ci depuis son propre point
de vue. Je me suis surpris en train de penser à quel point il est étrange
que quelqu’un, disons Joe, puisse ne pas voir notre environnement en
termes artistiques, alors que c’est une telle évidence pour moi. Mais je
me suis dit que Joe a un mode cognitif qui, pour lui, est tout à fait
naturel. S’il aime les fleurs par exemple, il peut, en appréciant une rose,
jouir plus que moi d’une réaction purement émotionnelle.

[6] Lire à l’envers est une chose que j’ai pratiquée en dilettante pendant de
nombreuses années. Je ne pense pas que cela ait inspiré ici le propos de
Seth, bien que mes motivations inconscientes m’ayant poussé à le faire
aient pu coïncider avec ce qu’il dit. J’ai développé cette habitude quand
j’étais adolescent : je lisais à voix haute et à l’envers les panneaux de
signalisation et les plaques minéralogiques quand mon père nous
emmenait, ma mère, mes deux frères et moi, nous promener le dimanche
dans sa Chevrolet 1932. Je trouvais cela très amusant. Je m’entraînais
aussi à lire les textes en les tenant à l’envers — une activité tout aussi
fascinante. Des années plus tard, en travaillant quotidiennement avec
d’autres gens, il m’est arrivé de parler à l’envers pour plaisanter (alec
emmoc). La chose intéressante ici, c’est qu’au bout d’un certain temps,
mes collègues non seulement comprenaient ce que je disais, mais se
sont mis à faire de même.

[7] Bien sûr, Seth a dit tout cela de diverses façons auparavant, depuis qu’il
a commencé à se manifester à travers Jane il y a bientôt onze ans
— pourtant, selon moi, les quatre paragraphes qu’il vient juste de
transmettre contiennent une partie du matériau le plus important de La
Réalité « inconnue ». Cela étaye certainement toutes les informations
qu’il a fournies sur le rêve, dans le tome I.

[8] Le matériau de Seth ici peut s’appliquer aux « études de cas » que Jane
décrit dans les chapitres 15 et 16 d’Adventures.

[9] La première fois que Jane s’est exprimée en sumari, c’était pendant son
cours de perception extrasensorielle, le 23 novembre 1971. Seth a
ensuite consacré à ce développement une partie des cinq sessions
suivantes. Extrait de la session 600, du 13 décembre : « Dans un
alphabet, chaque lettre représente des symboles indicibles qui lui sont
sous-jacents. […] Le son à lui seul, même sans mots reconnaissables,
est porteur d’une signification. Curieusement, le sens donné du mot est
parfois en conflit avec le sens psychique et physique des sons qui le
composent. […] Le mot [sumari] “shambalina” connote les visages
changeants que le moi intérieur adopte à travers ses diverses
expériences. Maintenant, c’est un mot qui fait allusion à des relations
pour lesquelles vous n’avez aucun mot. » Extrait de la session 602, du 5
janvier 1972 : « Dans votre langue, il y a des mots dont la sonorité
correspond à la réalité qu’ils essayent de représenter. On les appelle
“onomatopées”. “Chut” en est un exemple. »

Je recommande la relecture du chapitre 8 d’Adventures en lien avec le


matériau de cette note.

[10] Ces langues seraient l’italien, l’espagnol, le français et toutes celles


dérivant du latin vulgaire.

[11] Au chapitre 8 d’Adventures, Jane se sert de son poème en sumari,


« Chant du poirier », pour présenter quelques exemples de ces
significations plus profondes ou stratifiées. Elle a par exemple traduit
tout d’abord « Le lo terume » par « Le poirier se tient debout ». Par la
suite, elle a fini par comprendre que ce vers en sumari avait un sens
plus littéral et évocateur : « La terre se développe en un arbre et devient
une terre-aux-visages-de-poire-se-tenant-debout. »

[12] Voir l’appendice 19.


SESSION 724

Mercredi 4 décembre 1974

(Hier après-midi, à ma grande surprise, j’ai encore eu une autre


expérience de vision intérieure avec une de mes contreparties romaines, au
premier siècle de notre ère ; cela m’a rappelé mes trois Romains du mois
d’octobre dernier, tout en me laissant aussi perplexe, car j’ai vu cette fois-ci
une contrepartie romaine différente. Voir dans l’appendice 22 mon propre
matériau à propos de cet évènement, ainsi que les commentaires de Seth à
ce sujet, hier soir, dans le cours de perception extrasensorielle, auxquels est
venue s’ajouter la « confirmation » assez inhabituelle de Sue Watkins, qui
assiste à ces cours. Une autre étudiante y parle également de mon
expérience jamaïcaine, vécue le 16 novembre.
« Je reçois tout ce matériau, dit Jane à 21 h 43 pendant que nous
attendons que Seth se manifeste, mais je ne peux pas encore le verbaliser.
C’est comme des concepts que je dois démêler. C’est un peu frustrant…
étrange… J’obtiens aussi des images, mais pas clairement. L’une d’elles a
à voir avec un théâtre du monde, du monde d’un siècle particulier. Je pense
que nous allons avoir un nouveau matériau formidable.
« C’est amusant, poursuit-elle assez surprise. On dirait que je peux
obtenir le matériau soit par moi-même soit à travers Seth. Bon, il est plus
facile de laisser faire Seth, alors je pense que je vais allumer une cigarette
et entrer dans la session… »
21 h 45.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Ceci n’est pas une dictée du livre, dans le sens où cela ne s’intègre pas à
notre partie consacrée aux exercices. Vous pouvez cependant inclure des
parties de cette session dans La Réalité « inconnue » si tel est votre choix. Il
y a bien sûr des connexions.
À nouveau, nous nous heurtons aux idées limitées de ce qu’est la
personnalité. Si je vous dis que vous êtes une partie d’une personnalité
beaucoup plus grande, alors vous prenez malheureusement cela comme
voulant dire que, par comparaison, vous êtes moins que ce que vous êtes. Je
ne fais pas ici référence à vous en particulier, Joseph, pas plus qu’à un
lecteur ou à un membre de la classe.
(Une pause.) Chaque individu reconnaît l’existence d’aptitudes ou de
talents, d’inclinations ou de propensions, qui sont largement inexprimés.
Dans votre système de réalité, vous devez opérer dans le temps. Pour vous
développer en tant qu’athlète par exemple, vous devez suivre un
entraînement rigoureux qui focalise automatiquement votre énergie et votre
activité, ce qui empêche une concentration aussi intense et profonde dans
un domaine différent. De façon similaire, un musicien, un artiste ou un
écrivain doit fournir un effort s’inscrivant dans le temps ; il focalise
automatiquement son attention dans des directions précises qui excluent le
même type de travail dans d’autres domaines.
Une personne dans le temps ne peut donc faire qu’un certain nombre de
choses et, en vos termes, les sources majeures de la psyché sont à peine
exploitées pendant une vie donnée. Cela au moins est évident. Auparavant
dans cet ouvrage, j’ai fait allusion à l’existence hypothétique d’une
personne terrienne vraiment épanouie[1]. Toutes les aptitudes spirituelles,
mentales et biologiques seraient réalisées dans toute la mesure du possible.
Chaque corps physique — à sa façon et selon ses propres spécificités
individuelles — choisirait de développer tous les talents qu’il souhaite et
trouverait cela aisé. Les capacités corporelles seraient cependant exprimées
librement : ainsi, une femme pourrait exceller dans la course à pied et un
homme en natation. Le type d’endurance physique considéré actuellement
comme extraordinaire serait la norme. Dans le même temps, toutes les
qualités latentes, spirituelles et mentales, s’épanouiraient de la même
manière, si bien que tous les potentiels de l’espèce se réaliseraient
pleinement dans l’expérience de chaque individu. Tous les aspects des
sciences et des arts seraient explorés.
(Une pause à 22 h 02.) À nouveau, en termes de durée d’une seule vie,
de tels accomplissements sont pratiquement impossibles. Cela ne signifie
pas qu’une forme différente d’éducation ne vous rapprocherait pas de ces
idéaux. Cela signifie que les individus choisissent de développer certaines
parties de leurs aptitudes et qu’un tel choix nécessite souvent d’ignorer
d’autres talents.
À sa façon, le monde est, à tout moment donné, une unité d’individus
ayant de profondes connexions psychiques et biologiques. Chacun de vous
ajoute sa propre touche au tableau d’une représentation combinée du
monde. Bien que chaque version soit légèrement différente et que certaines
paraissent étranges à l’intérieur du contexte global, une image du monde
émerge pourtant à tout « temps » donné.
Les gens vivant à un siècle donné sont embarqués dans des défis
globaux spécifiques. Ces derniers résultent de défis personnels qui peuvent
être mieux résolus dans un certain type de contexte. Le temps, tel que vous
le comprenez, est utilisé comme une méthode de focalisation, un élément
séparateur qui, telle une cloison, sépare des objectifs au lieu de meubles. Si
vous voulez un « salon victorien », vous ne le plantez pas au beau milieu
d’un agencement espagnol. Vous le situez et l’aménagez à part, avec son
propre décor, comme vous le feriez dans un musée ayant des salles séparées
illustrant la vie au cours des siècles passés. Dans le musée, les salles
existent simultanément. Vous devez peut-être parcourir un long couloir,
entrer dans une pièce et ressortir par la même porte, avant de pouvoir
accéder à la pièce suivante qui est attenante. La salle consacrée au XVIIIe
siècle peut être à côté d’une chapelle du XIIe siècle dans ce musée
hypothétique, mais vous ne pouvez pas aller de l’une dans l’autre. Vous
devez d’abord repasser par le couloir.
(Une pause.) Il est difficile d’essayer d’expliquer la créativité de la
psyché quand, en tant qu’espèce, vous avez des idées aussi arrêtées la
concernant, mais je vais essayer.
Physiquement, vous vous multipliez. Si vous avez un enfant, cela ne
vous diminue pas. Vous n’êtes pas moins vous-même. Vous acceptez des
parents et des grands-parents, et vous les voyez en tant qu’individus,
pendant que, vous-même, vous êtes aussi vous en tant qu’individu, tout en
provenant des mêmes semences biologiques.
Ces semences forment les races physiques, qui sont toutes des variations
sur un thème ou, comme dirait Ruburt, des excentricités[2] d’un modèle
toujours changeant. Vous acceptez le fait qu’il existe des connexions
biologiques en termes de famille, de pays et de race, entre vous-mêmes et
les autres individus sur votre planète. L’espèce se divise, pour ainsi dire, et,
à tout moment donné, les membres des différentes races se répartissent sur
les divers territoires et continents. Vous avez l’habitude de catégoriser. Vous
dites : « Cette race est comme ceci et comme cela, et nous pouvons en
retracer l’histoire à travers les âges.[I] » Ou : « Cette race est à l’origine du
langage. » D’une manière générale, vous voyez certaines races comme
ayant des caractéristiques qui leur sont propres. Ce faisant, vous ignorez
souvent d’autres tendances contradictoires qui ne sont pas aussi apparentes.
Nul n’a cependant le sentiment d’être moins une personne parce qu’il ne
constitue pas une race à lui seul.
(22 h 22.) Accordez-nous un instant… Les enfants qui naissent de vos
entrailles sont réels. Ils ont leur propre vie. Ils partagent une certaine partie
de votre expérience, mais ils utilisent celle-ci selon leur choix. En vos
termes, vous existez dans la vie physique avant vos enfants. Or, de la même
manière et en des termes autres, votre propre personnalité plus vaste existe
avant que vous existiez. Cette personnalité plus vaste donne naissance à de
nombreux « enfants psychiques », qui deviennent ensuite physiques en
naissant dans les races d’hommes et de femmes.
Chacun de ces enfants veut développer ses aptitudes d’une façon
particulière, les traduire en une expérience terrestre, de telle sorte que toutes
les autres parties de la terre en bénéficient également.
Accordez-nous un instant… Le monde est donc en fait comme un
théâtre, à tout moment donné, mais la pièce n’est ni conçue ni réglée à
l’avance. Il s’agit au contraire d’un évènement spontané dans lequel des
thèmes globaux sont acceptés à l’avance. Chaque « personnage plus vaste »
joue plusieurs rôles, ou génère plusieurs enfants psychiques, qui prennent
vie en tant qu’êtres humains individuels. Ces enfants psychiques ont autant
à dire en ce qui concerne leur naissance que vous en ce qui concerne la
vôtre, physiquement parlant, et c’est considérable.
Vous avez choisi à l’avance votre environnement et vos buts. Ce
personnage plus vaste a donc des contreparties terrestres, chaque individu
vivant prenant part au drame humain vital qui se joue à tout siècle donné.
Chaque contrepartie apprend des autres et elles se complètent comme les
éléments d’une mosaïque — à la différence près que ces éléments-là sont
pleinement dotés d’indépendance et de libre arbitre. Ainsi, les individus
vivant sur la Terre à une époque donnée se complètent de façon aussi
merveilleuse que les cellules à l’intérieur de votre corps individuel à un
moment donné (dit avec beaucoup d’insistance).
Faites votre pause.
(De 22 h 36 à 23 h 00.)
Maintenant. Je ne suis pas en train de dire que la personnalité humaine
est « aussi signifiante qu’une cellule — ni plus ni moins ». Je dis que, d’une
certaine façon, les personnes vivant sur le corps de la Terre ont le même
type de relation, les unes avec les autres, que celle qu’ont les cellules entre
elles.
Psychiquement, vous êtes constitués de contreparties, tout comme,
physiquement, vous provenez de races diverses. Il y a beaucoup plus de
regroupements de contreparties que de races. Cela dit, votre définition des
races est arbitraire. Les contreparties peuvent être mieux reliées à des
familles physiques, car vous pouvez bien avoir quatre ou cinq contreparties
vivant dans un même siècle, comme vous pouvez avoir quatre ou cinq
membres d’une famille vivant pendant la même durée de temps.
Fondamentalement, les contreparties ont toutefois à voir avec des
accomplissements et des développements qui transcendent les races ou les
pays.
Maintenant, souvenez-vous : vous êtes une version terrestre de votre
propre personnage plus vaste. Vous êtes totalement vous-même. Cette
identité plus vaste est cependant intrinsèquement la vôtre, mais elle est la
partie qui ne peut être exprimée physiquement. Vos expériences vous sont
propres. À travers vous, elles deviennent une partie de l’expérience de
l’identité plus vaste, mais c’est la réalité de cette dernière qui vous a aussi
donné « à l’origine » votre existence physique, comme vous avez donné une
vie physique à vos enfants. Vos enfants ne sont pas vous, pourtant ils étaient
autrefois contenus dans le ventre de la mère. Ils n’ont cependant pas non
plus pour origine ce ventre, mais la semence et l’ovule.
Accordez-nous un instant… Votre expérience individuelle devient ainsi
une partie de votre personnage plus vaste, mais, en même temps, vous
puisez inconsciemment dans la connaissance de ce personnage et utilisez ce
savoir pour vos buts : vous en devenez un rejeton, pour ainsi dire. Vous
vous rendez compte inconsciemment des expériences de « vos »
contreparties, comme elles se rendent compte des vôtres, et vous utilisez ces
informations pour étoffer les vôtres.
Accordez-nous un instant… Certaines aptitudes peuvent être
développées bien plus facilement à des époques particulières — dans une
technologie hautement industrialisée par exemple —, et ceux qui
s’intéressent à ce type d’environnement ne sont généralement pas apparus
aux époques des hommes des cavernes, simplement parce que ceux qui
vivaient à ce moment-là avaient affaire à des défis différents. Ainsi, cette
identité hypothétique plus vaste choisit aussi de naître à des périodes
diverses, historiquement parlant. Et le même schéma apparaît : des
contreparties naissent en tant qu’individus, tous biologiquement et
spirituellement reliés, mais avec de grands entrecroisements et de grandes
variations, comme dans le cas d’un arbre généalogique physique.
À sa façon, chaque siècle a ainsi sa propre intégrité à tous les niveaux.
L’identité de chaque personne vivante est toujours « toute neuve ».
Pourtant, son riche héritage psychique la relie, à travers la mémoire et
l’expérience, à ceux qui vont « venir après » ou ceux qui sont « partis
avant ». Vous êtes plus proches de certains membres de la famille que
d’autres, et vous êtes plus proches de certaines contreparties que d’autres.
Vos parents ont des représentations physiques de leurs souvenirs, sous
forme de photos et de lettres — mais faites votre pause.
(De 23 h 27 à 23 h 38.)
Maintenant. Ces souvenirs ne sont pas les vôtres, et ils constituent
pourtant une partie très précise de votre héritage. Dans certains cas, vos
parents peuvent vous parler d’évènements qui se sont passés dans votre
toute première enfance et que vous avez oubliés. Étrangement pourtant, ce
ne sont pas vos souvenirs, mais ceux de vos parents vous concernant. Vous
donnez foi au fait que ces évènements particuliers se sont produits, même si
vous ne vous les rappelez pas.
Nouveau paragraphe. Ces épisodes sont toutefois enregistrés
inconsciemment, s’ils s’appliquent à votre expérience directe ; et sous
hypnose, par exemple, vous pourriez les faire vôtres. Il y a donc différents
types de souvenirs. Vous partagez certaines similitudes biologiques avec
vos parents, mais il y a d’autres regroupements biologiques non compris,
unissant des contreparties dans un siècle donné.
Les transplantations d’organes, par exemple, pourraient être plus
facilement acceptées si ceux-ci provenaient de contreparties, si bien que
vous avez un type de sous-espèce intérieure, ou de sous-famille si vous
préférez, qui opère au sein des divisions physiques régulières que vous
reconnaissez.
Les messages télépathiques fusent plus vite d’une contrepartie à une
autre.
Accordez-nous un instant… Certains souvenirs de vos contreparties
peuvent vous apparaître à l’état de rêve, où ils se manifestent pour vous en
tant que fantasmes peut-être.
(Une minute de pause à 23 h 48.) Ces souvenirs sont comme des
instantanés psychiques, plutôt que physiques, faisant entrer en jeu des
circonstances qui sont une partie de votre héritage — qui sont vôtres, mais
pas vôtres. Ils augmentent ce que vous êtes. Ils peuvent vous donner des
informations correctes à propos du « passé », tout comme des
photographies de vos parents peuvent vous parler d’une époque à laquelle
vous ne participiez pas directement, en vos termes. Les vieilles photos font
toutefois vibrer une corde en vous, et il en va de même pour les souvenirs
psychiques.
(Une pause.) Vous êtes toujours au centre de votre vie. À nouveau, votre
être, tel que vous le comprenez, n’est jamais anéanti, mais continue à
développer sa propre existence, d’autres façons. Une partie de vous a vécu
de nombreuses vies sur cette planète, mais le « vous » que vous connaissez
ici est tout frais, et il ne rencontrera jamais à nouveau l’espace et le temps
exactement de la même manière. La même chose s’applique à toute vie
vécue avant ou après. Biologiquement, vous vous appuyez cependant sur un
héritage et, psychiquement, il en va de même. L’âme, ou ce personnage plus
vaste, ne se contente pas d’envoyer encore et toujours un vieux moi dans
des vêtements neufs (avec humour), mais, à chaque fois, un moi nouveau,
tout frais tout neuf, qui se développe ensuite et suit sa propre voie. (Avec
beaucoup d’insistance.) Le moi chevauche fermement le grand vol de
l’expérience, et perçoit en lui-même toutes ces autres versions pleinement
uniques qui tracent aussi leur voie dans l’existence.
Ainsi, vous, Joseph, étiez Nebene, et la femme noire, et le soldat
romain[3], et vous n’étiez pourtant aucun d’entre eux. Mais leurs réalités
sont aussi une partie de votre propre alliance supérieure.
Maintenant. Votre ami Peter [Smith] a partagé la même période
terrestre[4]. Vous n’étiez pas des contreparties — ou vous n’êtes pas des
contreparties, mais des alliés assez proches pour « partager », en certains
termes, certains souvenirs psychiques identiques, comme des cousins qui
parlent de vieux frères dont ils se souviennent vaguement.
Il n’y a toutefois pas de coïncidences dans aucun regroupement — qu’il
soit biologique, psychique ou social. Il est évident que des intérêts
communs rassemblent les gens dans des clubs ou assemblées. Il y a donc
des raisons pour lesquelles des personnes naissent dans un siècle donné, et
pour lesquelles elles se rencontrent dans l’espace et le temps. Il y a ainsi des
raisons pour lesquelles Peter et vous vous êtes rencontrés et pour lesquelles
certaines personnes viennent au cours de Ruburt.
Fin de ce matériau-là pour l’instant.
(00 h 05. Après avoir ajouté quelques informations personnelles pour
Jane, Seth met fin à la session à 00 h 07. Jane a fait l’expérience d’images
intérieures pendant qu’elle transmettait une partie du matériau du livre,
sans pourtant être capable de les percevoir clairement. L’une de ces images
avait à voir avec une analogie faisant entrer en jeu des plantes et des
contreparties, dit-elle ; les feuilles des plantes « émettaient » des messages
comme le faisaient les contreparties. Mais elle ne peut pas développer cela
verbalement.
Le lendemain matin, Jane me dit qu’elle a à nouveau « obtenu du
matériau pendant toute la nuit » à propos de La Réalité « inconnue ».
Comme cela a été le cas assez souvent ces derniers temps, les phénomènes
ont persisté sous des formes variées aussi bien pendant son sommeil qu’à
l’état de veille. Il s’agit de phénomènes très créatifs. Après le petit-
déjeuner, Jane se met au travail avec enthousiasme pour écrire un texte
portant sur ses nouvelles idées : elle prévoit de s’en servir dans Psychic
Politics. Je ne peux ici qu’évoquer deux exemples de ce dont Jane a fait
l’expérience cette nuit. Elle les a décrites aujourd’hui, mais il se peut
qu’elle revoie légèrement sa copie avant de l’inclure dans Politics ; je
préfère cependant citer ses notes originelles.
1) Alors qu’elle dormait, elle s’est vue recevoir à de nombreuses
reprises un matériau de Seth selon ce mode-là — dont une partie « à un
stade préliminaire, avant qu’il soit prêt ». Mais tout cela lui est venu de
façon étrange, « comme si, a dit Jane, j’étais équipée d’écouteurs
mentaux… Ce matériau est en quelque sorte transmis directement à mes
ondes cérébrales ; automatiquement ; de manière sauvage, sans pour
autant déranger ma propre pensée. Alors, est-ce une partie du cerveau
différente de celle avec laquelle je pense habituellement qui reçoit cette
impression ? Question intéressante… » Jane poursuit en développant une
analogie faisant entrer en jeu deux phrases musicales qui finissent par se
fondre en une seule mélodie[5].
2) Un jour, à son réveil, Jane a eu l’idée de « contreparties et de moi à
quatre faces ». Comme elle l’écrit aujourd’hui, « il peut y avoir quatre
contreparties vivant globalement au cours d’une même période globale
— un siècle par exemple. Elles forment un “bloc” psychique et chacune des
quatre peut puiser des informations dans ce fonds commun [d’identité].
Chaque personne est distincte, pourtant chacune est une dimension
complémentaire des autres, de sorte qu’à des niveaux différents, les quatre
en question créent une alliance et deviennent un moi-contrepartie à quatre
faces, couvrant un siècle donné… Il s’agit d’une “alliance fonctionnelle”
qui existe constamment sous une forme potentielle. Mais le sentiment de
continuité du moi-contrepartie à quatre faces n’est pas interrompu ; il
persiste hors de l’espace et du temps, tandis que ses parties ou moi
individuels, ou contreparties, vivent dans l’espace et le temps… » [6]
Voici à présent quelques commentaires et références pour clore ces
notes de fin de session. L’affirmation de Jane selon laquelle le moi-
contrepartie à quatre faces persiste en dehors de l’espace et du temps
implique, bien sûr, une contradiction — mais il s’agit d’une situation à
laquelle nous, en tant que créatures physiques, devrons d’une certaine
manière toujours nous confronter quand nous sommes face à certains
concepts de Jane et de Seth [y compris celui d’un moi-contrepartie à quatre
faces]. L’idée de Seth du « temps simultané », selon laquelle « tout existe
en même temps et où pourtant rien n’est terminé » est constamment
présente tout au long de son matériau, depuis son début, il y a plus de 10
ans. Comme il l’a fait remarquer avec beaucoup d’humour, dans la session
14 du 8 janvier 1964, « vous n’avez aucune idée des difficultés que cela
implique d’expliquer le temps à quelqu’un qui doit prendre du temps pour
comprendre l’explication. » Le temps simultané de Seth n’est toutefois pas
un absolu, car il nous a aussi dit dans cette session-là : « Bien que le temps
sur votre plan n’ait pas d’incidence sur moi, quelque chose qui ressemble au
temps sur mon plan a une incidence sur moi… Pour moi, le temps peut être
manipulé, utilisé à loisir et examiné. Pour moi, votre temps est un véhicule,
l’un de ceux qui me permettent de pénétrer dans votre conscience. C’est
donc encore pour moi une réalité d’un certain type [c’est moi, Robert
Butts, qui ai souligné cela]. Autrement, je ne pourrais en aucune manière
l’utiliser.[7] »
Et, dans la session 44 du 15 avril 1964, Seth a expliqué que, dans
l’univers intérieur, « la transformation d’énergie et l’accomplissement de
valeur existent tous deux à l’intérieur du présent spacieux [ou en même
temps], et contribuent à une durabilité qui est à la fois spontanée… et
simultanée. » La durabilité s’accomplit à travers une expansion constante
en termes d’accomplissement de valeur[8].)

NOTES DE LA SESSION 724

[1] Dans le volume I de La Réalité « inconnue », voir la session 683 juste


après 22 h 11. Seth y fait le commentaire suivant : « Vous trouvez
rarement une personne qui soit d’une grande intelligence, un grand
athlète et qui ait une profonde compréhension émotionnelle et spirituelle
— un prototype idéal de ce que le genre humain semblerait pouvoir
produire. »

[2] Voir entre autres le chapitre 3, « Models and Beloved Eccentrics », du


livre de Jane, Politics, ainsi que la note 11 de la session 721 dans le
tome II de La Réalité « inconnue ».

[3] Voir la session 721 dans le tome II de La Réalité « inconnue », ainsi que
la note 11 de l’appendice 22 dans ce tome III.

[4] Voir l’appendice 22.

[5] Jane a recours à une analogie musicale imaginaire pour décrire son
expérience avec les « écouteurs mentaux » dans son rêve — mais voici
deux évènements psychiques qu’elle a vécus et qui peuvent aussi servir
d’analogies, dans la vie réelle cette fois.

Il y a dix mois, pendant son sommeil, Jane a reçu des données


multidimensionnelles de la part de Seth, qu’elle a reprises le
lendemain avec son propre matériau sur les impulsions
neurologiques ; voir l’appendice 4 dans le tome I.

Également durant son sommeil, elle a entendu il y a deux mois la


voix tonitruante de Seth, comme cela est décrit dans les notes
d’ouverture de la session 710 du tome II.

[6] Une note ajoutée quelques jours plus tard. Dans la forme corrigée
publiée dans Politics, Jane aborde très tôt son matériau sur les « moi-
contreparties à quatre faces ». Voir le chapitre 12 de ce livre-là.
[7] Comme je pense que ces citations de la session 14 contiennent certaines
des informations les plus fondamentales de Seth, je les ai également
présentées dans mes notes préliminaires du tome I. Le lecteur pourra
trouver un matériau complémentaire, tiré de cette même session 14,
dans l’appendice 13 du tome II ; voir aussi sa note 4.

[8] Pour réfléchir plus avant sur ce sujet, je suggère au lecteur de se


reporter aux extraits plus longs de la session 44, donnés dans
l’appendice 12 du tome II, ainsi qu’au chapitre 18 du Matériau de Seth.
SESSION 725

Mercredi 11 décembre 1974

(La session régulière, programmée pour lundi dernier, n’a pas eu lieu
pour que nous puissions nous reposer.
Ce soir, Jane est tellement détendue[1] que je ne m’attends pas à ce
qu’elle tienne une session. Mais, à 20 h 45, elle veut essayer — en
particulier parce que nous n’avons rien fait lundi. « Il se peut qu’elle soit
courte, dit-elle. Peut-être que Seth parlera de choses nous concernant, à la
place de la dictée — du matériau sur ton père [que j’ai reçu dimanche
soir], ou de ce que tu as obtenu sur ta mère, cet après-midi. Ou bien parler
de ce que j’ai moi-même reçu à propos de ta mère, l’autre jour, ou de ce que
j’ai écrit sur les brins de conscience pour Psychic Politics. »
Jane a développé son matériau sur les brins de conscience[2] à la suite
de mon expérience impliquant mon père, pendant que je me trouvais dans
un état modifié de conscience. Cet épisode-là m’avait passablement troublé,
mais ce qu’en dit Jane dans Politics, ainsi que quelques commentaires de
Seth durant le cours de perception extrasensorielle d’hier soir, m’aident à
reconsidérer cet épisode sous une lumière plus objective.
Mes aventures psychiques et celles de Jane se sont nettement accélérées
ces derniers temps. En fait, nous avons du mal à suivre le rythme de nos
expériences et peu de temps pour les étudier. Je suis sûr d’une chose : je
suis en contact avec mes parents défunts, selon des modes relationnels qui
ne sont certainement pas ceux que j’avais établis avec eux quand ils étaient
des créatures physiques. Et la réciproque est également vraie. Utiliser ces
aptitudes intérieures — ou au moins en avoir conscience — pourrait
sûrement grandement améliorer la communication entre les membres d’une
famille « vivante ».
21 h 17.)
Maintenant. Une petite dictée tranquille. (Mais le rythme de Jane est
assez rapide.
« D’accord. »)
Ce livre traite de la nature de la réalité inconnue, et des moyens par
lesquels elle peut devenir connue.
Dans cette partie du livre, j’ai donc exposé les grandes lignes de divers
exercices et expériences pour le lecteur. Ceux-ci vous amèneront
certainement à former vos propres versions des exercices proposés, ou
ouvriront vos esprits de telle sorte que spontanément, à votre façon, vous
deveniez conscients d’évènements qui vous étaient littéralement invisibles
auparavant.
Vous trouverez peut-être, à la lumière de vos nouvelles expériences, que
certaines de vos conceptions les plus chères correspondent à une
mécompréhension. Puisque les explorations sont éminemment personnelles,
vous allez très probablement les commencer à partir du cadre de vos
croyances actuelles. Des symboles seront peut-être utilisés et ils peuvent
changer de sens pour vous, à mesure que vous progresserez. Les symboles
peuvent donc évoluer. Au début de ce travail, j’ai « averti » le lecteur qu’ici,
dans ces sessions, nous irions au-delà des idées d’un dieu unique et d’un
moi unique[3]. J’ai déclaré que vos idées de la personnalité seraient élargies.
À mesure que La Réalité « inconnue » est rédigée, Ruburt et Joseph font
leurs propres expériences et découvrent la nature de la réalité inconnue,
telle qu’elle s’applique à eux.
Joseph a récemment vécu une expérience qui l’a dérangé, simplement
parce qu’elle était difficile à interpréter, même à la lumière de sa
compréhension de la nature du moi. Vous ne pouvez pas explorer la nature
de la réalité en espérant découvrir ses aspects inconnus si vous insistez pour
que ces aspects-là correspondent à ceux que vous connaissez. Ainsi, Joseph
s’est accordé une certaine liberté — et a été ensuite presque scandalisé par
les résultats.
Son expérience semblait impliquer que l’identité de son père était si
mobile, recelait tant de possibilités de développement, que l’idée même
d’une identité paraissait perdre ses limites[4].
Tout d’abord, en vos termes, une « pure » identité n’a pas de forme.
Vous parlez d’un moi unique à l’intérieur d’un corps unique parce que seule
une partie de vous-même vous est familière. Vous supposez que toute
personnalité doit d’une façon ou d’une autre avoir un équivalent de forme
humaine, spirituelle ou autre, où « habiter ».
(21 h 34.) L’identité elle-même se compose de pure énergie. Elle
n’occupe aucun espace. Elle ne se situe dans aucun temps. J’ai dit qu’il y a
des particules invisibles qui peuvent apparaître simultanément en plus d’un
endroit[5]. Il en va de même pour l’identité. Les atomes et les molécules
construisent des blocs de matière, en vos termes, alors même que ces
atomes et ces molécules restent séparés. La table qui est entre Joseph et moi
(en transe, Jane est assise, les pieds posés sur notre longue et étroite table
basse) ne se sent pas envahie par les particules invisibles qui la composent.
Car en la matière (d’un air amusé), si vous voulez bien me pardonner pour
ce vieux jeu de mots, les atomes et les molécules qui formaient la table d’il
y a cinq ans n’ont rien à voir avec ceux de la table actuelle — même si la
table d’alors paraît identique à celle d’aujourd’hui.
(Une pause.) De la même façon, des entités tout à fait distinctes peuvent
se mêler à d’autres dans un ensemble dynamique d’échanges mutuels où
l’intention globale est aussi claire que la forme de la table. Dans une
certaine mesure, Joseph a perçu ce type d’organisation psychique intérieure.
En vos termes, la Terre, à tout moment, représente la coopération
physique, spirituelle et psychique la plus exquise, où toutes les consciences
sont reliées et contribuent à la réalité de l’ensemble. Au niveau physique,
cela est assez bien compris.
Accordez-nous un instant… (Puis, lentement.) Ceci est difficile à
expliquer à des niveaux spirituels et psychiques, sans parler en termes de
gradations d’identité par exemple, mais, en vos termes, même la plus petite
« particule » d’identité est inviolée. Elle peut grandir, se développer ou
s’étendre, changer d’alliances ou d’organisations, et elle se combine avec
d’autres comme le font les cellules. (Une longue pause.) Votre corps n’a pas
l’impression que vous l’envahissez. Votre conscience et la sienne se
mêlent ; pourtant, sa conscience est constituée de la multitude de
consciences individuelles que forment en son sein les particules physiques
les plus infimes. Ces particules vont et viennent, et votre corps reste
cependant lui-même. Ce qui était physiquement une partie de vous l’an
dernier ne l’est pas aujourd’hui. Physiquement, vous êtes une personne
différente. Pour dire les choses simplement, la substance du corps retourne
constamment à la terre[II], où elle se forme à nouveau dans une actualisation
physique — mais toujours différemment.
(Une longue pause, les yeux clos. L’élocution de Jane s’est
considérablement ralentie.) Un peu de la même façon, votre identité change
constamment, alors même que vous conservez votre sentiment de
permanence. Ce sentiment de permanence enjambe les changements sans
fin — il dépend en réalité de ces changements physiques, spirituels et
psychiques. En vos termes, par exemple, s’ils n’avaient pas lieu
constamment, votre corps mourrait. Les cellules, à nouveau, ne sont pas
simplement de minuscules particules agiles et invisibles auxquelles il arrive
de constituer vos organes. Elles possèdent également leurs propres
consciences. Cette [sorte de] conscience unit toute la matière physique.
Il existe en effet une communication qui relie toute la nature, un réseau
intérieur actif, si bien que chaque partie de la Terre connaît ce que font les
autres parties. Les cellules sont des organisations qui changent
constamment, se composent et se décomposent.
(22 h 00.)
Accordez-nous un instant… Les cellules composent des formes
naturelles. Une identité n’est pas une chose d’une certaine taille ou d’une
certaine forme devant toujours apparaître d’une seule et même façon. C’est
une unité de conscience qui est toujours elle-même et inviolée, tout en étant
libre de former d’autres organisations, d’entrer dans d’autres combinaisons
où toutes les autres unités décident elles aussi de jouer un rôle. De même
que les objets physiques peuvent avoir des formes différentes, l’identité
peut adopter elle aussi des formes différentes — et, fondamentalement, ces
formes-là sont beaucoup plus riches et diverses que la variété des objets
physiques.
(Une longue pause.) Vous parlez des chromosomes. Vos scientifiques
écrivent sur l’hérédité, enfouie et codée dans les gènes[6], ces feuilles de
route pour une identité non encore formée. Mais il y a des feuilles de route
psychiques[7], pour ainsi dire, où chaque identité connaît son « histoire » ;
et, adoptant une ligne donnée de développement, elle projette cette histoire.
Le potentiel d’une telle identité est toutefois beaucoup plus grand que ce
qui pourra jamais être exprimé par quelque type unilinéaire physique de
développement que ce soit. (Dit avec force.)
Les identités envoient donc des « brins de conscience » dans autant de
réalités que possible ; ainsi, toutes les versions d’une identité donnée ont le
potentiel de se développer d’autant de façons possibles.
Vous, tel que vous pensez être, pouvez avoir du mal à suivre ce genre de
concepts, tout comme vous auriez du mal à essayer de suivre la réalité
« future » des cellules qui sont en ce moment à l’intérieur de votre corps.
(Une longue pause.) Vous devez comprendre qu’en termes plus vastes, il
n’y a ni grand ni petit. Il n’y a pas une identité géante et une identité
pygmée. Chaque identité est inviolée. Chacune s’unit aussi avec d’autres
tout en maintenant son individualité et en développant son propre potentiel.
Une montagne existe. Elle est composée de rochers, d’arbres, d’herbe et
de collines et, en vos termes temporels, vous pouvez la regarder, la voir en
tant que telle, lui donner un nom et ignorer ses parties qui sont aussi
indépendantes. Sans ces parties-là, la montagne n’existerait pas. Elle n’est
pas envahie par les arbres ou les rochers qui la composent et, bien que les
arbres grandissent et meurent, la montagne elle-même, du moins en vos
termes de temps, existe en dépit des changements. Elle est aussi
dépendante des changements. Pour ainsi dire, vos propres identités, telles
que vous les concevez, dépendent des mêmes types d’organisations vivantes
de conscience.
(22 h 21.) Examinons cela différemment. Les gens qui lisent de la
littérature soi-disant « occulte » peuvent considérer que je suis « une vieille
âme », comme une montagne. Selon un mode grandiose et ancien, au-
dessus d’autres âmes plus modestes et « locales », j’ai ma propre identité.
Toutefois, cette identité-là est composée d’autres identités, chacune
indépendante, comme la montagne est composée de ses rochers et ne
pourrait pas exister sans eux, quand bien même elle se dresse si
majestueusement au-dessus de la plaine. Ma compréhension repose sur ce
que je suis, tout comme la hauteur de la montagne repose sur ce qu’elle est.
Je ne me sens pas envahi par les moi ou identités qui me composent, et
ceux-ci ne se sentent pas envahis par moi — pas plus que les arbres, les
rochers et l’herbe ne sont contrariés par la forme (avec insistance) de la
montagne sur laquelle ils ont poussé.
Le sommet de la montagne peut « voir davantage » ; sa perspective
embrasse la campagne tout entière. Ainsi, je peux étudier votre réalité,
comme le sommet de la montagne peut regarder en bas vers la plaine et le
village. Le sommet de la montagne et le village sont l’un et l’autre tout
aussi légitimes.
Examinons à nouveau cela d’une autre façon.
Votre esprit pensant, tel que vous le considérez, est le sommet de votre
montagne. En certains termes, vous pouvez voir « davantage » que ne le
peuvent vos cellules, même si celles-ci sont aussi conscientes de leurs
réalités. N’eussent été leurs vies, vous ne seriez pas au sommet de votre
montagne psychologique. Même les arbres situés tout en haut d’un coteau
plongent de vigoureuses racines dans le sol et reçoivent de lui nutriment et
vitalité — et il y a un intense échange mutuel entre l’arbre le plus jeune et
le plus frêle sur les contreforts et le pin le plus vieux. Aucun brin d’herbe ne
meurt sans que cela n’affecte la montagne tout entière. L’énergie à
l’intérieur de l’herbe s’infiltre dans la terre et, en vos termes, renaît à
nouveau. Les arbres, les rochers et l’herbe échangent constamment leurs
places quand l’énergie change de forme. (Dit avec beaucoup de force,
penchée en avant, les yeux grands ouverts et sombres.)
L’eau dévale le flanc de la montagne jusque dans la vallée, et il y a un
constant échange mutuel entre le village en dessous, disons, ou les prairies
et la montagne. Il y a donc le même type de transformation, de changement
et de coopération entre toutes les identités. Vous pouvez tracer des limites
où vous voulez par souci de commodité, mais chaque identité garde son
individualité et sa nature inviolée, même si elle change constamment.
Faites votre pause.
(22 h 37. La transe de Jane est excellente, et son élocution rapide la
plupart du temps. « Dire que je ne savais même pas si je pourrais avoir une
session, me rappelle-t-elle. J’ai reçu la plus grande partie du matériau de
la montagne en images pendant que je le transmettais. Je pense que c’est
un concept important et une belle analogie. Tout cela découle de ton
expérience avec ton père — l’épisode Miriam.
« À l’instant même, je pense être en train de recevoir le fait que, sur
Terre, tout est relié — que notre conscience est dans une fourmi, ou un
rocher[8] ou un arbre, mais que nous n’avons pas l’habitude de penser de
cette façon-là. Non pas qu’une chose soit supérieure à une autre — nous
sommes simplement tous reliés et il y a une sorte d’étrange familiarité, aux
niveaux biologique et psychique, que nous n’avons jamais perçue
consciemment… Ce que je capte, c’est que ton père pourrait faire n’importe
laquelle des choses que tu as écrites [dans la note 4], sans envahir
quiconque ou quoi que ce soit. C’est seulement notre concept de la
personnalité et de l’âme qui fait paraître cela terrible, jusqu’à ce qu’on
s’habitue à ces idées-là…
« Eh bien !, poursuit-elle avec enthousiasme, je suis heureuse d’avoir
décidé de tenir une session. » Reprise de la même manière, à 23 h 05.)
Maintenant. Les arbres portent des graines. Certaines tombent alentour.
D’autres sont emportées par le vent à une certaine distance, jusqu’à des
zones que l’arbre lui-même, malgré sa hauteur, ne pouvait pas percevoir.
L’arbre ne se sent pas amoindri parce qu’il produit ces graines. Les
identités sèment ainsi des graines d’elles-mêmes, pratiquement de la même
façon. Ces dernières peuvent grandir dans des environnements très
différents. Leurs réalités ne menacent en aucune manière l’identité du
« parent ». Les identités ont le libre choix, alors elles choisissent leur
environnement ou lieu de naissance.
(Une longue pause.) Puisqu’un arbre est physique, des propriétés
physiques vont entrer en jeu, et les graines vont mûrir suivant certains
principes généraux, ou certaines caractéristiques. Les atomes et les
molécules formeront parfois des arbres. Ils deviendront parfois les montants
d’un canapé. Ils formeront des personnes, des fourmis ou des brins
d’herbe ; dans chacune de ces aventures, ils conserveront toutefois leur
propre sens d’identité. Ils se combinent pour former des cellules et des
organes et, à travers tous ces évènements, ils acquièrent différents types
d’expérience.
Physiquement parlant et en règle générale, votre corps est composé
d’herbes, de fourmis, de rochers, de bêtes et d’oiseaux, car, d’une façon ou
d’une autre, toute la matière biologique est reliée[9]. En certains termes, à
travers votre expérience, des oiseaux et des rochers prononcent des
alphabets — et certaines parties de votre être volent ou rampent comme
des oiseaux ou des insectes[10], formant ainsi le grand ensemble dynamique
de l’expérience physique. Il est à la mode de dire : « Vous êtes ce que vous
mangez » ; et aussi par exemple : « Vous ne devez pas manger de viande
parce que vous tuez des animaux et c’est mal ». Mais en termes plus
profonds, physiquement et biologiquement, les animaux sont nés du corps
de la terre qui est composée des cadavres d’hommes et de femmes, ainsi
que d’autres matières. Les animaux vous consomment donc, aussi souvent
que vous les consommez, et ils sont autant une partie de votre humanité que
vous êtes une partie de leur nature soi-disant animale.
(Une longue pause à 23 h 21. Puis Jane, parlant pour Seth, transmet le
matériau suivant d’une façon très emphatique. Il est évident qu’elle est
dans une transe profonde.)
L’échange mutuel constant, qui existe biologiquement, signifie que la
même substance physique qui compose un homme ou une femme peut être
dispersée et former par la suite un crapaud, une étoile de mer, un chien ou
une fleur. Elle peut se répartir en d’innombrables formes différentes. Cette
arithmétique[11] de la conscience n’est pas réduite à néant. Elle est
multipliée et non pas divisée. À l’intérieur de chaque forme, il y a la
réminiscence de la conscience de toutes les autres combinaisons, de toutes
les autres alliances, tandis que l’identité forme continuellement de
nouvelles activités créatrices et de nouveaux ensembles relationnels
dynamiques. Il n’y a pas de discrimination, pas de préjugé.
Quand vous mangez, vous devez éliminer à travers vos intestins. La
matière qui en résulte retourne finalement à la terre, où elle aide à former
d’autres choses vivantes. La matière « morte » — les restes d’un oiseau, les
cellules dont il s’est débarrassé — ces éléments ne sont pas utilisés ensuite
par d’autres oiseaux (bien que cela puisse parfois être le cas), mais par des
hommes et des femmes. Il n’existe aucune règle disant que le matériau
cellulaire que vous rejetez ne peut être utilisé que par votre propre espèce.
Pourtant, en vos termes, toute identité, si « minuscule » soit-elle, se
conserve et se maintient à travers de nombreuses formes et alliances
organisationnelles.
Ces brins de conscience relient l’ensemble de votre monde. Votre propre
identité diffuse constamment des brins d’elle-même. Ceux-ci se mêlent
psychiquement à d’autres brins, comme le font physiquement les atomes et
les molécules. Il y a donc différentes organisations d’identité dans
lesquelles vous jouez un rôle.
C’est ainsi que Ruburt est lié à moi. Il est aussi relié de la même façon à
chaque fourmi se trouvant dans le jardin. Pourtant, je conserve mon
identité, la fourmi conserve son identité, et Ruburt conserve la sienne[12].
Mais aucun ne pourrait exister sans les deux autres — car, en termes plus
vastes, la réalité de chacun des trois présuppose l’existence des autres.
(23 h 35.) Accordez-nous un instant… Pas de dictée. Tout ceci doit vous
aider à comprendre votre propre expérience concernant votre père — et la
dernière avec votre mère ; ainsi, d’ailleurs, que celle de Ruburt avec votre
mère, car elle [Stella Butts] émettait des brins de conscience dans les
directions qui l’intéressaient.
(Après avoir donné une demi-page de matériau pour Jane, Seth conclut
la session par la remarque suivante.)
Ses étudiants [de Ruburt] sont importants, car quand il traduit à partir
de la bibliothèque, ils traduisent également.
Fin de la session. Un chaleureux bonsoir.
(« Merci, Seth. Bonsoir. »
Fin à 23 h 45. « Il a dit cela, sourit Jane, parce que je dois manger
quelque chose. Je suis affamée. »
La référence de Seth aux membres de la classe de perception
extrasensorielle concerne le rôle que beaucoup d’entre eux commencent à
jouer en nous aidant à répondre au courrier. Avec trois livres de Seth déjà
parus, le nombre de lettres que Jane reçoit chaque semaine a
considérablement augmenté, et va évidemment continuer de croître. Il y a
deux mois, elle a pensé à demander aux étudiants intéressés de répondre à
certaines lettres et cela fonctionne très bien. C’est le genre de choses qui
semblent évidentes une fois qu’on en a l’idée.
Il y a aussi un avantage assez inattendu : non seulement nous
répondons au courrier beaucoup plus rapidement, mais les étudiants qui le
font acquièrent de l’expérience dans la façon de traiter des questions
intellectuelles et émotionnelles posées par des personnes qu’ils n’ont
jamais rencontrées. Cela a créé pour chacun d’eux une série de défis très
bénéfiques[13].)

NOTES DE LA SESSION 725

[1] Bien que peu profonde ce soir, la relaxation de Jane a des effets
semblables à ceux qu’elle a décrits dans la note 6 de l’appendice 19.

[2] Jane est à l’origine de l’expression « brins de conscience » — qu’elle


aime beaucoup. Elle l’a employée pour la première fois il y a 10 mois,
lorsqu’elle a décrit sa réception d’un matériau multidimensionnel
provenant de Seth, alors qu’elle dormait. Voir l’appendice 4 du tome I
de La Réalité « inconnue ».

[3] Seth fait ici référence à son matériau de la session 687 du volume I.
Après 23 h 07, il avait dit : « Je dis que le moi individuel doit se rendre
consciemment compte de beaucoup plus de réalité ; qu’il doit permettre
à sa reconnaissance d’identité de s’étendre de manière à inclure une
connaissance auparavant inconsciente. Pour faire cela, vous devez
comprendre, encore une fois, que l’homme doit dépasser les concepts de
dieu unique, de moi unique, de corps unique, de monde unique, telles
que ces idées-là sont comprises actuellement. »

Voir également la préface du volume I.

[4] Dans cette session 725, Seth mentionne deux de mes récentes
expériences intérieures et une de Jane. Toutes trois ont à voir avec les
brins de conscience, même si dans cette note je vais mettre l’accent
uniquement sur l’expérience très troublante que j’ai eue concernant
mon père, au cours de la nuit de dimanche dernier, le 11 décembre.

Il se peut que cet évènement ait été déclenché par la perception


intérieure que j’ai eue, il y a tout juste un mois, le jour de la session
719. Dans la note 4 de cette session-là, j’ai décrit comment je m’étais
vu sous la forme d’un très vieil homme, et comment j’avais dessiné une
rapide esquisse de cette vision ; j’ai aussi ajouté que l’épisode m’avait
à son tour rappelé le moment où, en février 1971, j’étais en train
d’observer mon père mourant, à l’âge de 81 ans, allongé sur son lit.
Dans la session 719 elle-même, Seth faisait remarquer que ma vision
intérieure correspondait à un « moment précognitif » dans ma vie
actuelle, que je n’avais (évidemment !) pas encore rencontré.

Maintenant, dimanche dernier, alors que j’examinais ce « vieux » dessin


de moi-même, j’ai pensé une fois encore à mon père en fin de vie — et
tout un bloc d’informations m’est arrivé, concernant ses circonstances
et « plans » actuels, non physiques. J’ai mis immédiatement tout cela
par écrit, en lui donnant le nom « d’expérience Miriam ». Jane présente
ce texte au chapitre 12 de Politics.

Le matériau que j’ai capté à propos des intentions psychiques de mon


père était au départ très déroutant. Il suggérait une telle diffusion de la
conscience que, sur le moment, l’individualité semblait avoir peu de
sens. Car j’entrevoyais Robert Butts Senior à l’instant où il décidait de
« se » disperser en une série d’autres personnalités à la fois dans le
passé et dans un futur proche, si bien que je me demandais comment
— dans ce mélange d’identités — mon père allait bien pouvoir se
connaître lui-même. Les explications de Seth, lors du cours de
perception extrasensorielle d’hier soir et de la session de ce soir, m’ont
toutefois considérablement aidé à y voir clair : selon Seth, la
conscience n’a aucun mal à nouer de telles alliances tout en maintenant
une continuité d’identité, même si ses grandes aptitudes sont
certainement pour nous presque impossibles à saisir.

À 23 h 35, ce soir, Seth a brièvement fait référence à ma deuxième


expérience psychique récente et à celle de Jane. Toutes deux faisaient
entrer en jeu des idées plus « conventionnelles » et toutes deux avaient
à voir avec une perception de ma mère défunte, dans son état non
physique. L’expérience de Jane a eu lieu lundi après-midi, le 9
décembre, et la mienne cet après-midi. Celle de Jane était
particulièrement claire et concernait une communication provenant de
Stella Butts — qui était apparemment tout à fait « elle-même ». Il n’est
cependant pas nécessaire d’étudier ici en détail ces deux évènements.

Pendant le cours d’hier soir, Seth s’est d’abord manifesté avec un


matériau vraiment truculent, présenté en tant qu’appendice 24. Jane a
ensuite lu ses propres notes sur les brins de conscience — qui
trouveront place par la suite, au chapitre 12 de Politics. Seth est vite
revenu durant le cours et a livré les commentaires retranscrits ci-
dessous ; il se référait principalement aux idées de Jane, mais, à mesure
qu’il parlait, j’ai commencé à comprendre mon expérience avec mon
père et sa situation après la mort, telle que je la percevais.

« Il n’y a pas de limites supérieures pour le moi, et pas de barrières


établies autour de vous. Il n’y a pas d’endroit où l’identité — la vôtre
ou celle de quiconque — doive s’arrêter. Maintenant si vous voulez vous
reposer quelque temps dans l’intimité familière du moi que vous avez
adopté, il n’y a pas de problème. Mais si vous découvrez des chemins ou
des « brins de conscience » menant depuis votre moi à d’autres réalités,
alors suivez-les. (…)

« Quels moi rencontrez-vous dans le temps ? Et qu’est-ce qui vous fait


penser que ces moi-là existent uniquement dans le temps, tel que vous
le comprenez ? Pourquoi semble-t-il impossible que d’autres brins de
conscience viennent à vous et sortent de vous constamment ? »
(Un étudiant demande : « Quelle est la différence entre un brin de
conscience et une identité ? »)

« Cette différence existe pour que vous jouiez avec ! Pour jouer avec
quand vous effrayez l’univers qui en retour vous effraie. Pensez — mon
cher ami — aux positions des neurones comme à un très fin réseau à
l’intérieur de votre crâne. S’ils veulent vous trouver, où regardent-ils ?
Où trouvent-ils votre identité comme étant séparée de la leur ? Où
tracent-ils les limites d’une identité ? Et où s’arrêtent leurs « pensées »
qui les empêchent de suivre, alors que, pourtant, ils suivent ?

« Voilà ma réponse. C’est une de mes non-réponses — et elle est


beaucoup plus puissante que pourrait l’être toute autre réponse. »

Une note ajoutée un an plus tard : la note 35 de l’appendice 18 dans le


tome II contient des extraits de la session 775. Voir les commentaires de
Seth sur les modèles d’identité formés par la conscience, avec leurs
caractéristiques « particulisées » et apparemment « ondulatoires ».

[5] Seth entend bien sûr par là ses UC, ou unités fondamentales de
conscience, dont il a parlé dans les sessions 682, 683 et 684 du tome I.
Voir la session 682 après 21 h 47 : « Ces unités peuvent d’ailleurs
apparaître en plusieurs endroits en même temps… »

[6] Dans le tome I, voir les définitions des chromosomes et des gènes, dans
la note 9 de la session 682.

[7] Seth a évoqué pour la première fois les feuilles de route pour une
réalité, dans la session 696 du tome I : « Chaque système de
probabilités a son propre jeu de “feuilles de route”, définissant
clairement ses libertés et ses limites, et mettant en avant les structures
les plus favorables, aptes à l’épanouissement. (…) En tant qu’individu,
vous êtes porteur de ce type de feuille de route. (…) L’information est
tricotée dans les gènes et les chromosomes, mais elle existe à part. (…)
De la même manière, l’espèce en masse détient au sein de son vaste
esprit intérieur de tels plans de travail ou feuilles de route. »
[8] C’est étrange, mais je me suis récemment approché visuellement de
l’idée de consciences interreliées, dans deux de mes dessins à la plume
destinés au livre de poésie de Jane, Dialogues : j’ai incorporé des traits
humanoïdes à de grands rochers. Demeurant dans leur monde naturel
au grand air, ces entités sont sujettes aux changements même les plus
infimes dans leurs conditions atmosphériques objectives. Mais il en va
de même pour nous — et peut-être rochers et humains répondent-ils
également à un climat psychologique qui nous unit ?

J’ai complètement terminé quinze des quarante dessins prévus pour


Dialogues et, pour ceux qui restent, j’ai déjà fait une bonne partie du
travail. Je pense avoir tout bouclé à la fin du mois prochain (en
janvier). Voir la note 1 de la session 705 dans le tome II.

Une note ajoutée dix mois plus tard. Les dessins de rochers auxquels
j’ai fait référence sont reproduits aux pages 80 et 115 de Dialogues.

[9] Voir la note 3 de la session 687 dans le volume I. Dans cette note-là,
« Illumination », le poème de Jane, est particulièrement approprié au
matériau de Seth donné ici.

[10] Voir dans la session 718 du tome II les références à l’expérience


d’envol vécue par Jane, le mois dernier : j’en parle dans les notes
d’ouverture et la note 4, et Seth l’évoque vers la fin de la session.

[11] En 1959, environ quatre ans et demi avant le début des sessions, Jane
a écrit un petit poème sur l’arithmétique de son être. Elle avait 30 ans.

Mon cœur ne connaît aucune arithmétique


Mon cœur ne connaît aucune arithmétique,
pourtant un et un font deux,
et le cœur totalise des parts
qui murmurent des sommes à travers leurs fibres.
Mon cerveau est lent en calcul,
pourtant ses règles s’appliquent
à chaque cellule que mes pensées traversent,
et à tout ce que je pense ou fais.

Je n’ai jamais rien su des équations,


mais la chimie de mes atomes
par un calcul précis
donne une somme qui est moi.
[12] En lisant ces passages sur l’identité, le lecteur peut garder à l’esprit
l’objet de l’appendice 18 dans le volume II : les relations complexes
impliquant Jane, Ruburt et Seth.

[13] Note ajoutée quelques semaines plus tard. L’idée adoptée avec tant
d’enthousiasme par la plupart des membres de la classe n’a en
définitive pas fonctionné. Jane et moi avons fini par nous rendre compte
que les étudiants se lassaient eux aussi d’écrire des lettres, semaine
après semaine, même sur des sujets qui les intéressaient. « Cela fait trop
de travail », ont admis à regret plusieurs d’entre eux. Car le flot de
lettres est constant. Nous avons aussi découvert que certaines des
personnes qui écrivaient à Jane n’appréciaient pas de recevoir une
réponse venant de quelqu’un d’autre. Le résultat de l’expérience a été
qu’une fois de plus nous avons été renvoyés à nous-mêmes et à nos
propres ressources. Nous faisons ce que nous pouvons. Nos dernières
tentatives pour gérer le courrier sont décrites à la fin de mes notes
préliminaires dans le tome I. La lettre la plus récente de Seth
s’adressant à nos correspondants y est aussi présentée en guise de
conclusion.
SESSION 726

Lundi 16 décembre 1974

(« Je commence à recevoir un paquet d’images. Il s’agit d’îles, me dit


Jane à 21 h 40. Je ne sais pas pourquoi, mais les choses m’arrivent de cette
façon-là ces derniers temps. Ensuite, Seth utilise ce que j’obtiens dans le
matériau… Bon ! Je crois que je suis presque prête. » Elle allume une
cigarette.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. (D’une voix lente et douce.) La réalité inconnue :
elle ne peut pas être exprimée dans les termes confortables d’une
connaissance familière, et vous devez donc étendre votre imagination,
sortir de votre léthargie mentale, et être suffisamment hardi pour vous
débarrasser des vieilles et confortables couvertures dogmatiques.
Imaginez que vous êtes une petite île sablonneuse aux rivages en pente
douce (une pause), avec quelques palmiers (une pause), et un refuge pour
des oiseaux de passage. Imaginez aussi que vous êtes très content, bien que
solitaire. Une légère brume vous entoure, qui n’empêche pourtant pas le
soleil de briller directement. Vous vous sentez parfaitement indépendant, et
vous considérez la brume comme une sorte de cocon qui vous protège
gentiment de la grande étendue d’un océan sans fin.
Et puis, cependant, vous commencez à vous interroger sur les autres îles
qui, vous le savez, existent au-delà de votre vision. Sont-elles comme
vous ? Votre curiosité forme une petite fenêtre dans le brouillard, et vous
regardez à travers elle. Stupéfait, vous découvrez qu’un petit chemin
corallien vous unit à l’île voisine que vous entrapercevez maintenant
miroitant à travers la fenêtre, qui ne cesse de s’élargir au milieu de la
brume. Qui peut dire où finit votre île et où commence l’autre ?
Tandis que vous vous interrogez, encore plus stupéfait, vous découvrez
d’autres chemins coralliens partant de vous dans toutes les directions. Ils
mènent à d’autres îles. « Elles sont toutes moi », pensez-vous, même si
chacune est très différente. L’une peut ne pas avoir d’arbres du tout, et une
autre abriter un volcan. Certaines peuvent être couvertes de doux pâturages,
dépourvues de sable.
Maintenant, cette première île est très intelligente ; elle envoie donc son
esprit se promener du côté de sa contrepartie la plus proche et dit : « Vous
êtes moi, mais sans sable sans palmiers. »
Et sa voisine de répondre : « Je sais. Vous êtes moi sans mon imposant
volcan, ignorante de la magie tonitruante de la lave qui s’écoule, calme et
plutôt stupide (avec insistance), à vrai dire. »
Les esprits des deux îles partent ensemble en visiter une troisième et y
découvrent une terre au sommet surchargé, débordant d’étranges oiseaux,
d’insectes et d’animaux inconnus chez l’une comme chez l’autre. L’île 1 dit
à la 3 : « Vous êtes moi, mais tellement sociale que c’est insupportable.
Comment pouvez-vous accepter de nourrir tant de sortes de vies
différentes ? »
Et l’esprit de l’île 2 d’ajouter : « Vous êtes moi, mais ma passion, ma
joie et ma beauté sont concentrées dans la magie de mon volcan, et vous, au
contraire, vous représentez l’excitation jacassante de diverses espèces
— oiseaux, animaux et insectes — qui circulent de façon beaucoup moins
grandiose d’un bout à l’autre des versants de votre territoire
malcommode. »
(Une pause.) Très surprise, l’île 3 réplique : « Je suis moi et vous devez
être des versions imparfaites de ma réalité. Je ne voudrais pas plus être une
île ennuyeuse faite seulement de sable et de palmiers, ou un paysage
névrotique de lave brûlante, que je ne souhaiterais être un escargot. Ma vie
est bien meilleure, et vous n’êtes toutes deux que de pauvres et sombres
contreparties de moi. »
(Une pause à 22 h 09.) Dans notre dialogue hypothétique, l’île 1 dira
ensuite : « Je soupçonne (d’une voix soudain plus forte) que chacun de nous
dit assez vrai. En outre, je me demande si nous sommes vraiment des îles
finalement. »
L’île 2 va alors proposer : « Supposons que mon esprit visite votre île
pendant un temps, pour découvrir ce que c’est que de posséder des
palmiers, des oiseaux et un rivage paisible. Je vais abandonner mon volcan
pour quelque temps et tenter de faire une évaluation honnête, si vous
acceptez à votre tour de venir sur mon territoire et promettez de le regarder
sans préjugés. Peut-être comprendrez-vous alors la majesté grandiose et la
puissance explosive de mon monde exotique. »
Et l’île 3 de rétorquer : « Je suis pour ma part trop occupée pour écouter
de tels propos insensés. Les nombreuses espèces qui parcourent mon
domaine requièrent mon attention et, si vous deux voulez échanger vos
réalités, très bien — mais laissez-moi en dehors de tout ça, s’il vous plaît. »
L’esprit de la première île visite donc la seconde, et se retrouve surpris.
Il sent une force permanente, jaillissant de ses profondeurs et faisant
irruption sous une forme toujours changeante. Il reste pourtant lui-même et
compare cette expérience à ce qu’il a connu. Alors que le volcan en
éruption permanente aspire à la paix, l’esprit de l’île un pense à ses propres
rivages paisibles, chez lui. Le volcan apprend une nouvelle leçon : il peut
diriger sa puissance à son gré, la propulser à l’extérieur ou la laisser reposer
calmement. Il peut en fait rester endormi et rêver pendant des siècles.
(D’une voix lente, à présent.) Il peut, s’il le choisit, permettre à de douces
plages de venir gracieusement s’étendre sur ses coulées de lave qui
refroidissent.
Pendant ce temps-là, l’esprit de l’île volcanique visite la première île et
est enchanté par les eaux calmes qui bercent le rivage, les beaux oiseaux et
les palmiers. Il a toutefois l’impression que les palmiers, les oiseaux et le
sable ont rêvé pendant des siècles[1].
Un jour, un oiseau s’envole et s’éloigne, comme jamais auparavant, de
cette première île jusqu’à une autre et il en revient avec une graine étrange
qui tombe de son bec. La graine pousse. Elle donne naissance à une espèce
de plante totalement nouvelle et inconnue, du moins pour cette île ; la
plante produit à son tour des fleurs chargées de pollen, des fruits et des
senteurs, animés d’une forme de créativité différente — qui lui est encore
propre. L’esprit de l’île 2 fait ainsi apparaître dans l’île 1 des éléments qui
n’étaient pas actifs auparavant, mais il a le mal du pays, alors finalement il
retourne chez lui.
(Chaleureusement.) Quelle transformation ! Son volcan, découvre-t-il,
donne maintenant naissance à de la terre et à du pollen, son ardeur est
stimulée d’un million de façons différentes. Il rencontre l’esprit de la
première île qui a vécu ici et dit : « Quel changement ! J’aimerais voir un
paysage encore plus spectaculaire. Les fleurs sont loin d’être assez colorées
ou sauvages. C’est, pardonnez-moi, trop bien apprivoisé — pourtant, dans
l’ensemble, vous avez fait des merveilles. Maintenant, je souhaiterais
toutefois un échange interculturel avec d’autres îles encore inconnues ; et si
cela ne vous dérange pas, je souhaite que vous rentriez chez vous. (En
murmurant.) Après tout, ici, c’est moi, c’est ma terre. »
L’esprit de l’île 1 répond : « J’ai beaucoup apprécié mon aventure, et
j’ai appris que les grands élans explosifs de créativité sont bons — mais
oh !, je me languis de mes propres rivages calmes et paisibles ; alors, si
vous cela ne vous dérange pas, je crois que je vais retourner là-bas. » Et
c’est ce qu’il fait — pour y trouver une terre quelque peu transformée. Les
plages s’étendent toujours miroitantes, mais les brumes et le brouillard se
sont dissipés. Les chers oiseaux se sont multipliés et, dans la vieille routine
familière, un refrain nouveau mais délicieux se fait entendre en sourdine :
dans la continuité des anciennes espèces, mais plus vigoureuses, il y en a de
nouvelles. L’esprit de l’île 1 se rend compte qu’il trouverait à présent les
conditions antérieures fort ennuyeuses, et ces modifications l’excitent
agréablement et représentent pour lui un plaisant défi. Quel délicieux
échange ! Car l’esprit est convaincu qu’il a vraiment amélioré la condition
de l’île 2, et il ne fait aucun doute que l’esprit de l’île 2 a radicalement
amélioré l’île 1.
(22 h 39.) Entre-temps, l’esprit de l’île 3 a réfléchi. Les esprits des îles 1
et 2 ne lui ont pas plu du tout. Il était déterminé à conserver sa propre
identité. Mais il est devenu solitaire, et il a vu d’innombrables chemins
coralliens partir de son île.
Son esprit a suivi l’un d’eux et est tombé sur une île déserte où rien ne
poussait. Métaphoriquement parlant, cet esprit avait l’air consterné.
« Comment pouvez-vous supporter une telle aridité ? », demande-t-il à
l’esprit de cette quatrième île.
Celui-ci lui répond : « Même la vigueur de vos questions me rend
malade. Je sens que vous venez d’un endroit tellement surpeuplé et
tumultueux que mes plages en deviennent encore plus pâles, et que les
jointures de mes rochers blanchissent. »
L’esprit de l’île 3 poursuit : « Vous êtes moi, totalement vide de
sensation — mort et stérile. »
Ce à quoi l’esprit de l’île déserte réplique : « Je suis moi. Vous devez
être une contrepartie quelconque, ivre de sensations, ne réalisant pas la
pureté de mon propre néant dépouillé. »
Incapables de se regarder dans les yeux, les deux s’observent de biais.
Quels opposés, quels contrastes, quelles fascinations ! Alors, ils concluent
un marché. L’esprit de l’île déserte dit : « Vous vous trompez complètement.
Je vais aller sur votre île et le prouver. Vous pouvez rester ici et prendre part
aux joies de ma paisible existence — et apprendre, je l’espère, la valeur de
l’austérité. »
L’esprit de l’île 4 se met donc en route vers cette autre réalité où toutes
sortes de vie grouillent sur le rivage et la montagne, tandis que l’esprit de
l’île 3 visite un monde d’une telle paix que tout mouvement semble figé.
Quelle paix ! Et pourtant dans la paix, quelle puissance ! Petit à petit,
des cactus poussent là où il n’y en avait pas, des bourgeons délicats
s’ouvrent, gorgés d’eau. L’esprit de l’île 3 commence immédiatement à
transformer l’île déserte. De grands changements apparaissent, ainsi que de
puissants déluges — de vives rafales de pluie, d’explosives inondations
d’énergie.
Dans le même temps, l’esprit de l’île déserte est presque submergé par
les formes de vie qui grouillent sur l’île 3 ; il visite alors l’île volcanique et
quand le volcan commence à avoir peur de sa propre énergie, l’esprit de
l’île déserte lui dit : « Paix. Vous avez le droit de dormir, le droit de rêver.
Vous n’avez pas à vous inquiéter pour votre énergie. Elle peut circuler
rapidement, ou lentement, sous forme de vagues de rêves, qui peuvent durer
des siècles. Faites comme vous voulez. »
Alors, le volcan projette son énergie dans la formation d’encore plus
d’espèces nouvelles, pendant que l’esprit du désert exprime son calme par
un chant à travers leurs chairs. Mais cette vie nouvelle le déconcerte
également, et il aspire à revenir chez lui, à sa quiétude. Là-bas, l’esprit de
l’île 3 a accéléré les aptitudes du désert : celui-ci resplendit de fleurs
timides, qui n’étaient pas présentes auparavant. Les deux esprits se
rencontrent. Chaque île a changé. « Nous sommes des contreparties, l’une
de l’autre, néanmoins inviolées. »
Et l’esprit de l’île volcanique dit à l’esprit de la première île : « Mon
volcan sait maintenant comment utiliser au mieux son énergie. Elle peut se
projeter dans les cieux en des manifestations grandioses ou se glisser, tout
aussi puissante, dans de petites fissures de la Terre.
Et l’esprit de l’île 1 répond : « Vous avez appris à mon île que la vie
n’est pas quelque chose dont il faut avoir peur, même si cela se traduit
encore selon mes propres termes doux et familiers. »
Ici s’achève notre analogie. L’esprit de chacune des quatre îles est lui-
même intact, les échanges ont été choisis. Vous n’êtes pas des îles isolées
les unes par rapport aux autres, sauf quand vous choisissez de l’être.
Chaque contrepartie voit la réalité depuis son propre point de vue, et il n’y a
jamais d’invasion.
Faites votre pause.
(23 h 04. « Je savais que nous n’allions pas avoir de pause tant que
nous n’en aurions pas fini avec cette foutue analogie, dit Jane en riant,
après être sortie d’une bonne transe. Je pense toutefois que nous allons
perdre des lecteurs en cours de route — ce livre devient trop difficile à
suivre. Je pense aussi qu’il va paraître en plus d’un volume. Je n’ai pas eu
le cran de regarder combien de matériau nous avons reçu jusqu’à
maintenant. »
Moi non plus, je n’ai pas vérifié la masse que représente La Réalité
« inconnue ». C’est la deuxième fois en trois semaines que Jane fait
mention de plusieurs tomes : voir les notes d’ouverture de la session 721. Je
me demande à haute voix si elle n’est pas en train de s’habituer à cette
idée. J’ajoute que, selon moi, elle n’a pas besoin de s’inquiéter de la
difficulté que les lecteurs pourraient avoir à suivre le matériau de Seth, car
beaucoup d’entre eux sont certainement aussi curieux que nous de voir où
va La Réalité « inconnue ».
Un aparté. Jane dit que vers la fin de sa transmission, le bruit de la
circulation l’a dérangée. Malgré la neige, il fait chaud ce soir et nous
avons laissé la fenêtre de la cuisine ouverte pour avoir de l’air frais ; tout
au long de sa transmission, j’entendais bien sûr le trafic incessant des
voitures en train de tourner au croisement situé juste à l’ouest de notre
immeuble, et je lui avais demandé de répéter un certain nombre de mots.
Nous avons l’intention de quitter nos deux appartements au début de
l’année prochaine, dès que j’aurais fini les illustrations pour Dialogues, le
livre de Jane — ce qui veut dire que nous allons commencer à chercher une
maison à acheter.
Le matériau de Seth ci-dessous est présenté pour les raisons suivantes :
Il intègre non seulement l’analogie des îles, mais aussi les informations
de Jane et de Seth données lors de la dernière session [725] à propos
des brins de conscience.
Nous pensons que de nombreux lecteurs se relient plus facilement à des
données « personnalisées ».
Le matériau sur mes parents remonte aux deux premières sessions, 679
et 680, de La Réalité « inconnue ».
Les références aux contreparties sont un bon exemple de la façon dont
Seth incorpore ce genre de concepts dans une discussion.
Je pense que le dernier paragraphe de la session résume clairement la
façon dont le matériau de ce soir s’applique à Jane et moi.
Ce paragraphe-là contient des idées représentant de vrais défis : elles
me rappellent fortement le matériau « Miriam » que j’ai obtenu
concernant mon père, la semaine dernière.

Voir la dernière session, avec sa note 4.


Reprise d’une façon rapide à 23 h 40.)
Ceci n’est pas une dictée. Pour ce qui est de notre analogie, certains
esprits des îles sont des joueurs. Ruburt et vous aussi êtes des joueurs. Vous
misez par-dessus tout sur le fait que vos instincts vous conduisent dans la
bonne direction et que vous en « sortez vainqueurs » malgré les
« difficultés », telles que vous les comprenez[2].
Vous êtes disposés à être des contreparties l’un de l’autre [voir la
session 721], et vous l’avez été, en vos termes, auparavant — chacun
endossant des aspects « opposés » de l’autre, tout en vous rejoignant pour
des buts et des objectifs communs.
Ainsi, vous avez été autrefois Nebene et Ruburt était la prêtresse
« prostituée[3] ». Vous représentiez donc un défi l’un pour l’autre, comme
c’est le cas maintenant, d’une façon différente, avec des tendances qui
paraissent opposées, mais sont en fait des façons différentes d’aborder le
même type de défi. Si vous pouviez le comprendre, cela vous aiderait dans
de nombreux domaines que vous ne soupçonnez pas encore.
(S’adressant à moi.) Vous avez vu des aspects — des contreparties —
de la réalité de votre père. Cette réalité n’en envahit aucune autre. L’esprit
d’une île donnée n’en envahit pas une autre : il regarde temporairement,
avec sa permission, l’image que celle-ci a de la réalité.
Votre mère et votre père sont vivants, comme le sont les parents de
Ruburt[4], mais leurs réalités ne sont localisées sur aucune île donnée et
c’est toujours à partir du point de vue de leur identité unique qu’ils forment
des alliances. Vos propres identités personnelles n’ont pas besoin de
clôtures. Elles sont elles-mêmes. Elles peuvent se combiner et s’unir avec
d’autres, et pourtant conserver leur caractère unique et leur expérience.
Seuls vos concepts limitent votre compréhension de cette liberté première.
Un brin de la conscience de votre mère — celui qui est impliqué avec
vous — est entrelacé à votre réalité, du fait de l’intérêt qu’elle porte aux
maisons[5]. Un autre de ses brins entre également en jeu à cause de son
intérêt pour les liens familiaux — et donc pour les enfants de vos deux
frères, Linden et Richard.
Maintenant, d’une certaine façon, votre mère et Ruburt étaient des
contreparties ; car Ruburt vit dans une confiance envers des capacités
individuelles auxquelles votre mère aspirait ; et Ruburt vous porte un amour
que votre mère avait très envie de donner à un homme — tout en
conservant son identité. Votre mère comprenait la raison d’être de l’amour
et en percevait la présence chez Ruburt. En même temps, elle a été vraiment
ennuyée quand elle a senti que vous ne poursuiviez pas jusqu’au bout la
voie de votre talent artistique [commercial], malgré l’idée superficielle et
erronée qu’elle s’en faisait[6].
Elle s’est identifiée à vous jusqu’à un certain point et, selon sa
compréhension du pouvoir, elle était « maintenant uniquement masculine »
à un degré qu’elle ne reconnaissait pas. J’espère que vous allez voir ce que
je veux dire : à la lumière de sa compréhension à l’époque, les enfants
devaient être utilisés comme une force, comme un homme peut se servir
d’armes[7].
Stella Butts a changé et grandi. Mais, en certains termes, émotions ou
pas, elle était le centre masculin de la famille, le centre agressif ; et,
conventionnellement parlant, votre père [Robert senior] a accepté un rôle
plus passif et créatif. Cela a une signification en termes de vos informations
[non publiées] [8] à propos des aspects masculins et féminins qui unissaient
et séparaient vos parents. Votre père aurait été plus « à l’aise » en tant que
femme et votre mère en tant qu’homme. Néanmoins, pour leurs propres
buts, ils ont chacun choisi de faire l’expérience de l’autre face de la
médaille, pour ainsi dire.
Cela aura plus de sens pour vous par la suite.
(« Je pense que c’est une très bonne information. »)
La conscience n’est pas limitée. Les identités peuvent se mêler et se
fondre tout en conservant inviolés leur nature et leurs souvenirs. C’est tout
pour l’instant, mais, à nouveau, vous verrez par la suite à quoi cela se
rapporte, comment vous pouvez disperser vos propres caractéristiques dans
quelqu’un d’autre et comment les autres peuvent disperser les leurs en vous,
avec votre consentement et le leur, pour former de nouveaux aspects de
réalité et pour jeter une lumière nouvelle sur des buts et défis conjugués.
Fin de la session —
(« D’accord. »)
— et un cordial bonsoir.
(« Merci, Seth. » 00 h 01.)

NOTES DE LA SESSION 726

[1] La déclaration de Seth ici rappelle une partie de son matériau sur les
points-instants. Voir la note 11 de l’appendice 12, dans le tome II.

[2] Voir les lignes d’ouverture de la session 713.

[3] Pour un matériau et des références sur ma vie en tant que Nebene au
cours du premier siècle de notre ère, voir dans le tome II la session 721
ainsi que ses notes 9 et 12. La remarque de Seth ici, selon laquelle
« Ruburt était en fait une prêtresse “prostituée” », concerne un
matériau non publié que nous prévoyons d’étudier un jour plus en
détail.

[4] Au cours de cette dernière décennie de notre réalité de camouflage, nos


quatre parents sont morts en moins de trois ans. Dans le tome I de La
Réalité « inconnue », voir la note 2 de la session 680 et les notes au
début de la session 696.

[5] Dans le tome I, Seth décrivait le rôle qu’a joué une Stella Butts non
physique dans nos activités de recherche de maison à Sayre, en
Pennsylvanie, le mois d’avril dernier : voir la session 693 avec ses
notes.

[6] De son point de vue, ma mère a été en fait assez déçue quand j’ai
tourné le dos à une carrière bien rémunérée de créateur publicitaire
pour m’orienter vers une activité très risquée de peintre et de
« véritable artiste ». C’était en 1953 et je venais juste de rencontrer
Jane. Ma mère avait 61 ans, j’en avais 34 et Jane 24. Voir les quelques
détails complémentaires dans la note 10 de la session 679 dans le
volume I.

[7] Et à divers moments de mes jeunes années, j’ai compris comment ma


mère se servait de moi (et de mes deux frères) comme d’une « arme »,
d’un outil ou objet contre mon père. Je pense aujourd’hui que le mot
« arme » est peut-être est un peu trop fort, car je n’ai pas souvenir que
ma mère ait ouvertement encouragé « ses » enfants à défier leur père.
Pourtant, nous finissions souvent par être du côté de Stella. En
grandissant, j’en suis venu à sentir que mon père était à la fois
fortement surpris et déçu par la femme et les enfants avec qui il avait
choisi de s’impliquer.

J’aimerais ajouter que le matériau de Seth de ce soir, portant sur la


situation de la famille Butts est très pertinent, même s’il est bref.

[8] Le lecteur pourra trouver dans le tome I un matériau relatif à mes


parents. Voir la note 9 de la session 679 et les notes 2 et 3 de la session
680.
PARTIE 6

Réincarnation et contreparties :
le « passé » vu à travers les mosaïques de conscience
SESSION 727

Lundi 6 janvier 1975

(Jane a donné sa dernière session consacrée à La Réalité « inconnue »


il y a trois semaines. Elle a tenu une session privée deux jours plus tard, le
18 décembre, et depuis lors, nous avons fait une pause dans notre activité
psychique — y compris en ce qui concerne le cours de perception
extrasensorielle. Pendant tout ce temps-là, nous ne sommes pas rendu
compte que Seth avait fini la Partie 5.
Au début de cette même période, mes propres aventures intérieures ont
complètement cessé, comme cachées par un rideau sur une scène. Elles
doivent encore reprendre, et elles me manquent.
Aujourd’hui, j’ai fini le vingt-troisième des quarante dessins que je
réalise pour le livre de Jane, Dialogues.
21 h 11.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. La partie suivante [6] sera intitulée : « Réincarnation et
contreparties : le « passé » vu à travers les mosaïques de conscience.
Accordez-nous un instant… En vos termes, la Terre change à travers les
âges. Des montagnes et des îles apparaissent, puis disparaissent, pour
réémerger sous une nouvelle forme. Les océans s’élèvent et redescendent
aussi et, dans certains cas, le fond de l’océan devient la surface de la
planète, avant d’être à nouveau recouvert par l’eau. Pourtant, à travers tous
ces changements, la Terre conserve un paysage et, à toute époque donnée,
sa physionomie est assez fiable et permanente pour vos objectifs.
(Une pause.) Ainsi, les îles dont j’ai parlé lors de notre dernière session
ont émergé de l’océan. Même pendant qu’avait lieu le dialogue entre ces
îles, elles étaient en train de changer. D’une manière pratiquement similaire,
la psyché envoie des contreparties d’elle-même, chacune avec des traits ou
caractéristiques différents. Les propriétés physiques de la Terre se
répartissent d’une certaine façon autour de la surface de la planète, les
propriétés des psychés accordées sur la Terre aussi.
De la même façon que toute la matière physique est reliée, à toute
époque ou ère particulière, la conscience individuelle de chaque être est
aussi reliée à toutes les autres. Cela s’applique à toutes les consciences, tel
que vous comprenez ce terme.
Une montagne se compose de nombreuses couches de roches qui, selon
votre conception, lui servent de fondation. Le sommet de la montagne
représente pour vous le présent, et les couches de roches en dessous
correspondent au passé. La montagne elle-même n’est aucune de ces strates
qui paraissent cependant la composer. Il y a une relation entre la montagne
et ces strates, mais le terme « montagne » est celui que vous avez appliqué.
En termes plus vastes, la montagne et tous ses composants existent en
même temps, bien sûr. Vous pouvez examiner les différents niveaux de
structure rocheuse. Les géologues peuvent vous dire quand, en termes de
temps, certains dépôts sédimentaires se sont formés. Les rochers eux-
mêmes continuent d’exister dans le temps présent des géologues, sinon ils
ne pourraient pas faire ce genre d’examen. La montagne ne serait pas une
montagne sans cette « fondation ». À nouveau, cette montagne n’est
toutefois aucune de ces strates rocheuses.
Maintenant. De manière assez semblable, le moi que vous connaissez
est la montagne, et les couches rocheuses qui la forment sont les vies
passées.
Vous n’êtes aucun de ces moi passés, même s’ils sont une partie de
l’histoire de votre être. Ils sont eux-mêmes, dans leur propre espace et leur
propre temps. Ils existent simultanément à votre propre vie, comme les
strates rocheuses existent simultanément à la montagne.
Votre existence présente est néanmoins étroitement liée à ces autres
niveaux du moi. Or, ce qui se passe au sommet de la montagne a une
incidence sur tout ce qui se passe en dessous ; tout ce que vous faites a donc
une incidence sur ces autres domaines du moi, et un échange se produit
constamment. Les conditions physiques peuvent être très différentes dans la
vallée, sur les contreforts de la montagne et à son sommet. La végétation et
le climat peuvent eux-mêmes varier considérablement, et pourtant toute la
vie et toute la végétation de cette zone-là sont en interrelation. Chaque
strate de vie qui compose la montagne —
(« Est-ce bien le mot “vie” que vous voulez employer ici ? » C’est une
des rares fois où j’interromps Seth pendant sa présentation de La Réalité
« inconnue ».)
Oui… — chaque strate de vie qui compose la montagne a la même
validité et importance, et chacune se concentre sur sa propre réalité à son
propre niveau.
Comme la montagne, vous avez par conséquent, en termes du présent,
une histoire qui est la vôtre, et qui pourtant n’est pas la vôtre. Celle-ci ne
vous contrôle pas, car vous la modifiez avec chaque pensée et chaque
action, tout comme chaque mouvement au sommet de la montagne a une
influence sur sa base. Mais les strates du bas sont aussi constamment en
train de changer, si bien que toute la zone est un ensemble relationnel
changeant.
(Une pause à 21 h 43.) Dans le monde physique, les îles, les vallées, les
plateaux, les continents et les océans ont tous leur place, et servent à former
la base physique de votre réalité. Chaque brin d’herbe aide à former la vie
de la Terre. Ainsi, chaque conscience, si infime soit-elle, est indispensable
dans le lieu et le temps qui sont les siens.
Chaque fleur sur un coteau regarde alentour avec sa propre vision
unique du monde, et chaque conscience fait de même, assurant ainsi une
fonction qu’aucune autre conscience ne saurait accomplir.
(Avec beaucoup d’insistance.) En termes de temps seulement, il y a une
signification archéologique cachée à l’intérieur de votre propre nature. Pour
la découvrir, regardez « vers le bas », à travers les niveaux de votre être,
pour y trouver les strates du moi qui, dans votre monde, représentent votre
propre histoire passée, d’où vous avez émergé. Psychiquement, vous n’êtes
pourtant pas ces moi-là, pas plus que vous n’êtes le moi de votre mère ou de
votre père, en termes physiques. Vous êtes par conséquent aussi différent de
ces moi réincarnationnels que vous l’êtes de vos parents, même si vous
partagez certains antécédents et caractéristiques.
Il vous est facile de voir comment vous avez une influence sur vos
parents au cours de votre existence, bien qu’ils soient plus vieux que vous.
De la même manière, vous avez une influence sur votre famille
réincarnationnelle.
(Une pause.) Quand il pleut, l’eau se précipite en bouillonnant avec
exubérance le long des flancs de la montagne, apportant vie et vitalité à
toutes ses parties. De façon quelque peu similaire, vos propres expériences
se déversent dans les fentes et les fissures de tous les autres temps et siècles
qui composent votre vie présente.
(Avec un sourire.) J’ai toutefois une surprise pour vous, car j’ai parlé de
vous comme étant le sommet de notre montagne — puisque vous avez
certainement l’impression d’être au sommet, pour ainsi dire. Au lieu de
cela, votre point de vue et votre focalisation sont tels que vous ne pouvez
pas tourner la tête pour regarder plus haut. Peut-être êtes-vous comme un
bel escarpement ensoleillé sur le flanc de la montagne, en surplomb et
regardant vers le bas dans la vallée, sans comprendre que la montagne elle-
même se prolonge au-dessus de vous. Vous êtes ainsi dans la même position
que tous les autres niveaux « en dessous », dont bon nombre pensent être
eux aussi le sommet de la montagne et regardent uniquement vers le bas.
Vous êtes convaincu que vous ne pouvez pas voir le futur, et cela
signifie — du moins selon les termes de notre analogie — que vous ne
pouvez pas regarder vers le haut, au-delà de votre propre temps. Tant que ce
sera le cas, vous penserez toujours à la réincarnation comme ayant lieu dans
le passé.
(De façon catégorique, à 22 h 02.) Au lieu d’imaginer des strates qui se
succèdent dans le temps, pensez que tout se produit simultanément.
Physiquement, le fœtus humain est porteur d’une mémoire de son
« passé[1] ». En vos termes, il parcourt les stades de l’évolution avant
d’atteindre sa forme humaine. Il atteint cette forme cependant, parce qu’il
répond à un temps futur[2], à un moi futur non encore créé
physiquement.
Le fœtus lui-même, avant sa conception, répond à un moi qui n’est pas
encore apparent physiquement ; et le futur, en ces termes-là, tire du passé
une vie nouvelle. Une réalité du moi, une idée non encore matérialisée dans
le futur non formé, descend dans le passé et amène ce futur à se réaliser. Les
cellules sont empreintes d’informations physiques en termes d’espace et de
temps[3], mais ces données provenaient d’une réalité dans laquelle sont
formés l’espace et le temps.
(En réponse à ma deuxième question de ce soir, Seth me dit qu’il voulait
vraiment employer le mot « formés » dans la dernière phrase, comme il l’a
fait.)
La connaissance de probabilités[4] donne naissance au temps présent et à
la réalité présente. Des voix parlent à travers les gènes et les chromosomes
qui relient le futur et le passé dans un équilibre que vous appelez la forme
présente. L’histoire de la psyché personnelle et l’expérience collective de
l’espèce, à nouveau, résident dans chaque individu. L’archéologie du passé
comme du futur est vivante à l’intérieur des strates de conscience qui
composent votre être.
Faites votre pause.
(De 22 h 13 à 22 h 31.)
Maintenant… Accordez-nous un instant… Par de nombreux aspects,
votre langage[5] lui-même a une histoire que vous ne comprenez pas.
Le passé est à l’évidence intégré dans les mots, en termes de temps.
Quand vous prononcez un mot, vous ne connaissez peut-être pas l’histoire
de ses changements au fil des ans, pourtant vous le prononcez parfaitement.
Vous vous rendez rarement compte que l’état actuel de votre langage, quel
qu’il soit, semblera être pour d’autres, un jour, une version archaïque. En
quelques termes que ce soit, à nouveau, vous vous considérez comme étant
au sommet de la montagne. En vos termes, le langage présuppose un type
particulier de développement de l’esprit et, quand vous pensez au langage,
vous liez les deux ensemble.
Il existe des langages qui n’ont rien à voir avec les mots — ou avec les
pensées, telles que vous les comprenez. Pourtant, certains de ces langages
communiquent de façon beaucoup plus précise.
La transmission cellulaire, par exemple, est en effet beaucoup plus
précise que tout langage verbal : elle communique des données si
complexes que tous les autres langages rassemblés[6] seraient bien loin
d’égaler une telle complexité. Ce type de communication véhicule des
informations qu’un millier d’alphabets seraient incapables de traduire.
Grâce à cela, une partie du corps sait ce qui se passe dans chacune des
autres parties, et le corps en tant qu’ensemble connaît sa position précise à
la surface de la planète. Il est biologiquement conscient de toutes les autres
formes de vie qui l’entourent, jusqu’au dénominateur le plus infime.
Cela s’applique au futur aussi bien qu’au passé. Le corps lui-même sait
par exemple [où trouver] la source d’eau et de nourriture. Les indigènes,
coupés de votre technologie, font cela très bien, de même que les animaux
sauvages, en explorant la vie de la planète et leur position en son sein.
Un simple arbre a affaire avec la nature des probabilités, lorsqu’il se
développe en de nouvelles pousses. Des calculs ont lieu constamment en
lui, et cette communication implique une forme intérieure de langage,
vierge de tous symboles et voyelles. L’arbre connaît son histoire présente et
future[7], en vos termes, mais il comprend un futur qui n’est pas préordonné.
Il sent son propre pouvoir dans le présent tandis qu’il construit ce futur. En
termes plus profonds, les graines de l’arbre se rendent compte également
qu’il y a là un futur — une variété de futurs vers lesquels elles se dirigent à
tâtons.
Le fœtus comprend lui aussi qu’il peut répondre à un stimulus — quel
que soit celui qu’il choisit — parmi une variété de futurs probables.
Inconsciemment, vous avancez ainsi à l’aveuglette vers des futurs probables
qui, à un degré ou à un autre, vous attirent vers l’avenir.
(Une longue pause à 22 h 50.) Accordez-nous un instant…
(22 h 52.) Vous choisissez vos futurs, mais vous choisissez aussi vos
passés. C’est tout ce que je peux dire, puisque je me sers d’un langage
verbal qui, en lui-même, fait du temps un tyran. Ce livre est toutefois
rythmé de telle manière que, si vous le suivez, cela commencera un langage
intérieur. En lui-même, ce langage annihile vos concepts stéréotypés et vous
libère de la dictature du temps. Certains des exercices qui vont être donnés
dans cette partie sont conçus dans ce but.
Un archéologue ou un géologue qui examine une strate rocheuse
ancienne va trouver des fossiles, donc morts, tout comme, depuis votre
point de vue, vous allez découvrir des vies passées « mortes » quand vous
regardez « vers le bas » à l’intérieur de votre psyché. Vous aurez
l’impression de voir des existences réincarnationnelles terminées, tout
comme le géologue, dans son présent, ne découvrira que des fossiles
inanimés incrustés dans la roche. Ces fossiles sont pourtant encore vivants.
Le géologue n’est tout simplement pas à l’écoute de leur aire de vie. Les
vies réincarnationnelles continuent donc, mais elles sont une partie de votre
être. Elles ne sont pas vous, et vous n’êtes pas votre passé réincarnationnel.
Pour un moi futur qui n’est pas plus éclairé que vous, vous semblez
mort et sans vie — un vague souvenir. Quand vous regardez l’univers
depuis votre point de vue, vous avez l’impression de regarder dans le
passé[8]. Les scientifiques vous disent que lorsque la lumière provenant
d’une galaxie lointaine vous arrive, la galaxie est déjà morte. De la même
façon, quand vous regardez « en arrière » dans la psyché, la vie que vous
pouvez voir indistinctement — la vie passée — a déjà disparu. Comment se
fait-il que les instruments de vos scientifiques ne leur permettent pas de
regarder plutôt dans le futur, dans des mondes qui ne sont pas encore nés,
puisqu’ils fonctionnent si bien pour distinguer le passé ? Et pourquoi, avec
toutes vos idées sur la réincarnation, y a-t-il fort peu de choses qui sont
dites concernant les vies futures[9] ?
La réponse est que votre langage est limité. Il s’agit de votre langage
verbal — car votre communication biologique se rend tout à fait compte
des évènements futurs probables, et le corps se maintient constamment au
milieu d’un dédale de probabilités.
(23 h 05.) Accordez-nous un instant et laissez votre main se reposer.
(En fait, c’est la fin de la dictée du livre pour ce soir. Après avoir
transmis une demi-page d’information sur un autre sujet, Seth termine la
session à 23 h 12.)

NOTES DE LA SESSION 727

[1] Pour ce que dit Seth à propos du fœtus — ses attributs astraux et
réincarnationnels, son énergie, sa croissance, ses perceptions depuis
l’intérieur de la matrice —, voir les citations tirées des sessions 503 et
504 dans l’appendice du Matériau de Seth. Ces sessions datent de
septembre 1969.

[2] Voir la session 683 dans le volume I de La Réalité « inconnue ». Comme


nous le dit Seth : « Toutes sortes de temps — avançant ou reculant —
émergent de la nature fondamentale imprévisible de la conscience, et
elles sont dues à des “séries” de signifiances. […] La mémoire opère en
avançant et en reculant dans le temps. »

Dans l’appendice 12 du tome II, et ses notes, on trouve un certain


nombre de passages de Seth (ainsi que quelques-uns des miens) qui
complètent ses remarques dans cette session 727, sur la forme présente
répondant à un temps futur. Voir par exemple les citations extraites de
la session 690 au tome I ; Seth y parle de l’aptitude de notre espèce à
modifier de façon précognitive le présent à partir du futur. Il y est aussi
question de la biologie moléculaire et de la précognition. Voir ensuite la
note 17 de l’appendice 12, où il est question de la précognition
biologique et de la manipulation cellulaire des probabilités.

Le lecteur peut trouver un autre matériau sur la reprogrammation du


passé, au chapitre 14 de La Réalité personnelle ; voir les sessions 653,
654 et 655.
[3] Dans la session 684 du volume I, Seth se manifeste avec une de ses
affirmations que je préfère (même si elle est grammaticalement
incorrecte) : « les cellules pré-connaissent. » Une bonne partie du
matériau de cette session-là s’applique ici : « Il est plus exact de dire
que l’hérédité opère du futur en remontant vers le passé… »

À 22 h 48, dans la session 705 du volume II, voir les remarques de Seth
à propos de l’introduction de « nouvelles » informations génétiques
dans une cellule endommagée ; un principe d’inversion du temps entre
en jeu.

[4] Je suggère de revoir l’excellent matériau de Seth sur les probabilités, la


conscience cellulaire, le point-instant et les concepts s’y rapportant,
dans la session 681 du volume I.

[5] Seth a transmis beaucoup de matériau sur le langage, dans la session


723. Voir aussi la note 4 de cette même session.

[6] Près de six mille langues et dialectes sont actuellement utilisés à travers
le monde.

[7] Le matériau de Seth sur les arbres me rappelle sa session 18, du 22


janvier 1964. Elle m’a laissé une impression durable. Elle est remplie
de déclarations évocatrices qui étaient nouvelles pour nous à l’époque,
puisque les sessions venaient à peine de commencer : « Quant à la
sensation que Jane a du fait que les arbres ont une [certaine forme de]
conscience, c’est bien sûr le cas. […] L’arbre est dissocié d’une certaine
manière. Il est dans un état de somnolence d’une part et, d’autre part, il
consacre la partie utilisable de son énergie à être un arbre.

« Les sens intérieurs de l’arbre ont une forte affinité avec les propriétés
de la Terre elle-même. Ils sentent leur croissance, comme vous écoutez
battre votre cœur. […] Ils font aussi l’expérience de la douleur qui, bien
que précise, déplaisante et parfois atroce, n’est pas d’une nature
émotionnelle, telle que, vous, vous pouvez ressentir la douleur. C’est
comme si votre respiration s’interrompait soudain.
« Un arbre connaît aussi les êtres humains… par les vibrations qu’il y a
dans l’air quand ils passent et qu’elles heurtent son tronc, depuis des
distances plus ou moins longues, et même par des choses telles que les
voix. L’arbre ne construit pas une image d’un homme, mais une
sensation composite qui représente un individu. Et le même arbre
reconnaîtra la même personne qui passe chaque jour à côté de lui. »

Jane se souvient d’avoir écrit le poème suivant au début de l’année


1964, mais elle ne sait plus si elle l’a fait avant ou après avoir transmis
la session 18 de Seth. Cela importe peu, du moins en ce qui me
concerne ; j’aime le poème autant que la session.

Les arbres des forêts


Les arbres des forêts
se dressent secrets et silencieux,
leurs voix en suspens
dans les poumons de leurs feuilles
qui respirent juste une fois
tous les millions d’années
et ne peuvent que murmurer
à propos de rêves tenus endormis.

Profond est le sommeil


De la mousse et du caillou.
Longue est la transe
de l’herbe et de la prairie.
Des bruits de pas arrivent,
Des bruits de pas repartent,
mais aucun son ne peut rompre
cette transe aux yeux verts.

Seth a en quelque sorte poursuivi ses réflexions sur les arbres cinq ans
plus tard environ, dans la session 453 du 4 décembre 1968. Jane a
présenté l’intégralité de cette session assez brève dans l’appendice du
Matériau de Seth, mais j’aimerais ici en citer quelques lignes : « Dans
votre façon de penser, certaines vies sont vécues en un clin d’œil [dans
divers systèmes] et d’autres durent pendant des siècles. La perception
d’une conscience n’est toutefois pas limitée. Je vous ai dit, par exemple,
que les arbres avaient leur propre conscience. La conscience d’un arbre
n’est pas aussi spécifiquement focalisée que la vôtre, pourtant, l’arbre
est pratiquement conscient des cinquante années qui ont précédé son
existence et des cinquante à venir. Son sens de l’identité va
spontanément au-delà de son changement de forme. N’ayant pas d’ego,
il n’a pas à couper court à l’identification du “je”. Les créatures qui
n’ont pas le compartiment de l’ego peuvent facilement suivre leur
propre identité par-delà tout changement de forme. »

Les implications de cette dernière phrase sont évidemment énormes.

[8] Voir entre autres, dans le tome II, la première transmission de Seth lors
de la session 712, avec ses notes 1, 2 et 4.

[9] La remarque de Seth selon laquelle « fort peu de choses sont dites
concernant les vies futures » est très pertinente. Pour ce qui est des vies
futures, nous nous sentons assez seuls, Jane et moi : les autres
n’abordent pas cette question avec nous. J’essaye depuis peu de me
mettre de temps à autre à l’écoute d’une existence « future » pour
pouvoir faire quelques dessins et écrire quelques textes sur le sujet,
mais je n’ai établi aucun contact significatif jusqu’à présent.

Je m’y suis pas mal intéressé, vu les succès récents, mais très limités,
que j’ai obtenus en prenant conscience de plusieurs implications
personnelles « passées » : les deux soldats romains sans nom, et la
femme nommée Maumee. L’idée d’essayer d’atteindre un moi futur est
pourtant présente dans mon esprit depuis environ trois ans et demi,
depuis que j’ai rencontré pour la première fois Nebene, cette
personnalité masculine qui habite une niche lointaine de mon passé
psychique.

Dans l’appendice 21 du tome II, il est fait mention de l’un des soldats
romains ainsi que de Maumee et de Nebene : voir les extraits de la
session privée du 18 novembre 1974, ainsi que la note 1. Voir ensuite
les commentaires que Seth a faits le lendemain soir, lors du cours de
perception extrasensorielle : « Il y a bien sûr des souvenirs du futur
comme il y en a du passé. […] Comme le dit souvent Joseph : “Quand
vous pensez à la réincarnation, vous le faites en termes de vies passées.”
Vous avez peur de prendre en considération des vies futures parce
qu’alors, vous avez à faire face à la mort qu’il vous faut d’abord
rencontrer, en vos termes. Et donc, vous ne pensez jamais ni aux moi
futurs, ni à la façon dont le fait de les connaître pourrait vous être
profitable… »
SESSION 728

Mercredi 8 janvier 1975

(Hier soir pendant le cours de perception extrasensorielle, Jane a


transmis une session qui était longue, puissante, spectaculaire et pleine
d’humour. Son énergie était vive pendant toute la soirée. Après avoir
terminé la session, elle a aussi chanté, en sumari, son langage de transe.
Seth a abordé de nombreux points intéressants, et [ajouté par la suite] Jane
présente toute la session, sous une forme légèrement abrégée, au chapitre
15 de Politics. Je suggère au lecteur de revoir ce matériau-là maintenant.
En tout cas, voici quelques courtes citations de Seth, portant sur cinq
sujets parmi ceux qui, dit-il, sont d’un intérêt particulier pour nous. Tous
sont reliés, bien sûr.
1) « L’individu est plus fort que tout système, et l’individu vient toujours
en premier. »
2) « La chose principale concernant une existence ancienne [comme la
mienne], si vous me pardonnez le terme, est que les vieilles haines ne durent
pas, parce que vous apprenez à avoir le sens de l’humour. […] L’amour,
d’un autre côté, même avec le sens de l’humour, devient extrêmement
précieux et suffisamment vaste pour pouvoir contenir toutes les vieilles
haines. »
3) À propos de sa vie en tant que pape d’importance mineure, au
quatrième siècle de notre ère : « J’étais un politicien religieux sans
importance. » Et : « … notre cher vieux pape véreux, ayant le sens de la
politique… » Dans Seth parle, voir les sessions 588 et 590 du chapitre 22.
4) Seth a aussi dit qu’il serait « peu pratique » et « ennuyeux » pour lui
de revivre sa vie en tant que pape, puis il a ajouté : « En ces termes-là,
beaucoup de gens choisissent de refaire l’expérience de ce que vous
penseriez être une existence passée, afin de la changer à mesure qu’ils la
revivent. » Mais refaire l’expérience d’une vie est un vécu différent de celui
d’origine. Voir à nouveau, dans Seth parle, son matériau à 22 h 07, dans la
session 539 du chapitre 10 : « Autrement dit, vous pouvez améliorer
certains aspects [de cette vie passée], mais vous ne pouvez pas entrer dans
ce plan de référence une nouvelle fois en tant que conscience pleinement
participante, qui pourrait suivre par exemple les courants historiques de
l’époque, et vous joindre de nouveau à l’existence hallucinée de masse
résultant de votre conscience et de celle de vos “contemporains”. »
5) S’adressant aux membres de la classe : « Vous êtes vous-mêmes ; je
suis moi-même. Je ne suis pas Ruburt ; Ruburt n’est pas moi. Ruburt est
moi. Je suis moi-même. […] Vous êtes mort et vous êtes vie. […] Ruburt
peut faire beaucoup de choses qui me surprennent — que je n’ai pas
accomplies dans mon passé, car souvenez-vous que la créativité nouvelle
émerge aussi du passé, comme dans le roman de Ruburt, Oversoul Seven.
Ma mémoire n’inclut pas un passé prédéterminé dans lequel Ruburt existe.
Il peut faire des choses qui ne se sont pas produites dans mon souvenir de
cette existence-là, et qui en fait ne se sont pas produites. » J’ai cité ces
dernières lignes dans l’appendice 18 du volume II de La Réalité
« inconnue ».
Ce soir, nous discutons des points 4 et 5 pendant que nous attendons
que la session commence. Juste avant que Seth se manifeste, Jane dit
qu’elle a des informations sur ces points-là — mais elle n’a pas le temps de
me les communiquer. J’espère donc que ce matériau va apparaître sous une
forme ou une autre, au cours de la session.
21 h 16.)
Maintenant. Dictée.
(« Oui. »)
Tandis que les montagnes conservent en général une position plus ou
moins permanente, en vos termes, la végétation qui pousse à différentes
altitudes change. De nouvelles fleurs apparaissent chaque printemps.
Chaque année, vous pouvez toujours trouver un tapis de violettes au même
endroit sur les contreforts, par exemple ; ce ne sont pourtant pas les mêmes
violettes que celles qui ont poussé à la saison précédente, ou qui
apparaîtront à la suivante.
La structure de ces fleurs sert à ensemencer chaque nouvelle fournée.
Toutes sortes de modifications ont aussi lieu dans le sol, sous les strates de
la montagne. Ainsi, bien que certaines corniches puissent paraître plus ou
moins identiques, cette similitude est le résultat de changements infimes, de
nouvelles croissances et de variations saisonnières.
En guise d’analogie, maintenant, pensez aux divers niveaux et corniches
de la montagne comme à des périodes de temps différentes. Pour vous, ce
serait comme si les existences réincarnationnelles étaient superposées par
strate, les unes au-dessus des autres. Vous pourriez être capable de voir que
ces existences, comme la montagne, existent en même temps, et oublier
qu’une créativité et un changement incessant sont à l’œuvre à tous les
niveaux de la montagne. Une végétation nouvelle pousse sur les strates les
plus basses, par exemple, ainsi que sur les plus hautes.
(Une pause parmi beaucoup d’autres.) Les périodes de temps sont
naturelles et créatrices. Elles sont comme les niveaux de la montagne,
donnant naissance à une vie nouvelle. Elles ne disparaissent pas quand vous
en avez fini avec votre croissance là-bas, mais servent de moyens de
croissance pour d’autres personnalités.
Accordez-nous un instant… Les périodes de temps elles-mêmes sont
donc un peu comme des plates-formes — des plates-formes naturelles —
qui servent « maintes et maintes fois » à produire une vie nouvelle. Du fait
de votre point de vue, c’est [pour vous] très difficile à comprendre. Disons
que vous êtes né en 1940. Il vous semble que 1940 est passée, même si
c’était le moment de votre naissance. Toutefois, en reprenant notre analogie,
vous êtes comme une violette, née au cours d’un printemps, sur une
corniche que nous appellerons ici 1940. D’autres personnes naissent
maintenant en 1940, à une « saison » différente.
Vous êtes uniquement conscient de votre propre position à l’intérieur du
temps, ou de votre propre place sur la « plate-forme » ou corniche, telle que
vous la comprenez[1]. Non seulement ces corniches ou plates-formes de
temps existent simultanément, mais chacune d’elles produit ses propres
fournées de personnalités au cours de ses différentes saisons. Dans cette
mesure-là, vous êtes uniquement conscient de votre propre saison, que nous
appellerons la saison physique — la réalité probable particulière que vous
acceptez comme étant réelle.
(Avec insistance.) La corniche de 1940, cependant, est aussi immédiate,
actuelle et présente qu’elle l’était quand vous êtes né.
D’autres personnalités, à nouveau, naissent « là », mais leur saison ou
réalité est différente de la vôtre.
Psychiquement, vous êtes jusqu’à un certain point reliés, de la même
façon par exemple que les violettes qui poussent cette année à un endroit
sont en lien avec toutes les violettes qui ont poussé — ou qui pousseront —
à partir de (ou sur) ce même lieu. Chaque moment, chaque année, a par
conséquent d’autres dimensions, que vous ne comprenez pas encore. Pour
vous, d’autres personnes nées maintenant en 1940 seraient nées dans une
réalité probable. Pourtant, vous partagez le même socle, pour ainsi dire.
Quand vous regardez un objet, vous voyez son extérieur, et quand vous
faites l’expérience du temps, vous percevez son extérieur.
(21 h 43.) Accordez-nous un instant… L’année 1940 continue donc
d’exister comme la corniche de la montagne continue d’exister, et elle
donne naissance à une créativité nouvelle « chaque saison ». Les violettes
sur votre flanc de montagne hypothétique contribuent à la vie de la
montagne, tout en ayant leur propre réalité indépendante ; et le cycle global
des saisons régule la croissance et le développement de la montagne et de
toutes ses manifestations.
(Une pause.) Le temps se multiplie de l’intérieur de lui-même. Quand
vous pensez en termes de réincarnation, vous avez encore affaire à des
concepts de temps très simples. Si vous êtes né en 1940, vous acceptez une
séquence historique particulière : mais d’autres, nés en 1940 (à une saison
différente de la vôtre), naissent dans un contexte historique différent, un
1940 différent, avec ses propres évènements probables. Vous pensez
toujours être réincarné en termes de naissance remontant à une histoire que
vous avez lue. Mais chaque année a ses propres variations[2].
(D’un air catégorique.) D’une certaine façon, vous vous ensemencez
vous-même dans le temps. Mais vous pourriez choisir de naître à cinq
« moments » en 1940, et chaque existence serait totalement séparée,
tandis que vous exploreriez les réalités probables existant pour vous dans
les variations de cette période-là.
En tant qu’être physique, vos croyances et concepts forment votre
réalité. La psyché d’où découle votre identité est libre de l’image de la
réalité que vous avez choisie. Vous choisissez, en d’autres termes,
d’accepter une image donnée du monde, et vous utilisez cette image comme
un cadre à l’intérieur duquel vous formez une vie.
Si vous pensez à la réincarnation en termes conventionnels, il se peut
que vous examiniez un livre où chaque page est une vie. Vous lisez le livre
à partir du début et vous pensez donc qu’une vie ou une page en suit une
autre. Il vous faut voir que le livre tout entier existe en même temps. Mais
en termes plus larges, c’est seulement un volume que vous, la psyché plus
vaste, êtes en train de lire, exprimé en termes de temps sériel.
Toutefois, vous n’êtes pas simplement en train de lire, mais aussi
d’écrire beaucoup de ces livres d’expérience vivante que constituent les
existences. La créativité est sans fin et la psyché est la plus grande source
de créativité. Supposez que vous êtes un romancier et que vous créez un
personnage. Ce personnage est si indépendant, vivant et réel, qu’il forme à
son tour d’autres personnages — et chacun écrit son propre livre, ou forme
sa propre réalité. C’est là une image plus vraie de la position qui est la
vôtre.
Physiquement, les graines d’une plante tombent sur le sol. Le vent peut
les emporter jusqu’en un lieu éloigné, et les « graines » de la psyché
s’envolent, elles aussi, dans d’autres réalités. Dans tout cela, il y a
cependant un équilibre très subtil entre la spontanéité et l’ordre. Les
violettes ne poussent pas en hiver. Leurs caractéristiques apparaissent
uniquement quand certaines conditions sont remplies. Si vous êtes né en
1940, vous pouvez sans aucune difficulté suivre le fil de votre propre temps,
et vous construisez votre vie selon les mêmes conditions générales que
celles dans lesquelles vous êtes né.
Les cellules conservent leur forme, leur intégrité et plus ou moins leur
position au sein de vos organes, bien qu’en leur intérieur, les atomes et les
molécules changent. Le schéma global persiste cependant, de sorte que
votre corps garde son aspect familier, tout comme, en d’autres termes, la
montagne conserve sa forme. Les cellules servent, d’un certain côté, de
structures de développement, à travers lesquelles les atomes et les
molécules expriment leur être. Chaque catégorie est dépendante des autres.
Donc, votre propre conscience suit une certaine ligne de développement qui
est la sienne, et qui reconnaît ses propres « saisons ». D’autres rejetons de
vous-même, en vos termes, opèrent en suivant leurs propres ordres dans des
temps fort différents du vôtre.
Faites votre pause.
(22 h 10. La transe de Jane est excellente, sa transmission est souvent
puissante et rapide, et son comportement très animé. « Je pouvais le sentir
en train d’essayer de nous faire parvenir correctement ces idées-là, dit-elle,
en utilisant des concepts aussi familiers et quotidiens que possible pour
qu’ils soient clairs. Époustouflant… Je ne sais pas si ces idées ont déjà été
exprimées comme ça ou pas. Je n’avais aucune idée de ce matériau avant
la session. »
Tandis que nous attendons le retour de Seth, Jane dit finalement :
« Maintenant, je suis dans la confusion — je peux obtenir du matériau sur
trois sujets différents… » L’un d’entre eux est La Réalité « inconnue ». Les
deux autres correspondent aux points 4 et 5 de la liste présentée dans les
notes au début de cette session ; comme Jane prend conscience de ce
matériau juste avant que la session recommence, elle n’a pas le temps de le
transmettre. « Maintenant, je vais devoir attendre que les choses se mettent
en ordre d’elles-mêmes », dit-elle, songeuse. Cela ne prend pas longtemps :
parmi les très intéressantes idées que Seth a mentionnées en cours, hier
soir, c’est celle correspondant au cinquième point qu’il choisit de
développer.
Reprise à 22 h 35.)
Dictée : Les racines des plantes les plus petites connaissent les
meilleures conditions pour leur croissance, et elles s’étendent spontanément
vers les probabilités de développement les plus épanouissantes.
À chaque instant, elles sentent leur position. Le mouvement le plus
insignifiant de la terre autour d’elles leur est familier[3]. Elles poussent vers
le bas, alors même que la tige croît vers le haut — et que la fleur n’a pas
encore vu l’espace dans lequel elle grandira. Quelle connaissance et quelle
aptitude précognitive y a-t-il donc à l’intérieur de ces racines, pour que la
plante elle-même aspire à un épanouissement qui n’est pas encore achevé ?
[4]

La psyché serait-elle donc moins miraculeuse ? Et chacun de mes


lecteurs ne possède-t-il pas la même capacité innée ? Vous avez en vous la
même aspiration à vous épanouir complètement. Mais comme vous êtes
multidimensionnels, vous grandissez dans différents types de réalité, vous
envoyez des pétales de vous-même dans d’autres temps et d’autres lieux, et
vous êtes aptes à mûrir dans des environnements très différents les uns des
autres.
(Une pause.) Du point de vue de votre réalité seulement, vous semblez
cependant fleurir grâce aux saisons de la Terre et, en vos termes seulement,
à travers des périodes consécutives. Vous êtes comme un bulbe de fleur qui
donne naissance à une floraison chaque fois différente, tout en se
conformant à certains schémas globaux — mais chaque floraison est
entièrement nouvelle. Comme vous pensez en termes de séquences
temporelles, il vous est naturel de penser à votre lignée psychique de la
même façon. Chaque floraison du bulbe induit cependant une expression
différente. Vous n’étiez donc pas votre « moi » passé, même si vous
partagiez une certaine relation.
Vous voyez le bulbe d’une fleur tel qu’il existe depuis votre propre
perspective. Pourtant, étant multidimensionnel, vous fleurissez dans
beaucoup d’autres dimensions également. Vous devez tourner autour d’une
plante posée sur une table pour la voir de tous les côtés. Alors, au sens
figuré, tournez autour du « temps » pour vous voir sous tous les angles et
percevoir toutes vos manifestations.
(22 h 52.) Accordez-nous un instant… En certains termes, par exemple,
je suis un futur de Ruburt, mais le « passé » est toujours fraîchement créatif.
La vie de Ruburt, telle qu’il la connaît, n’est pas dans ma mémoire — car
j’ai fait des choses différentes quand j’étais Ruburt. Et il n’est pas limité
par cette réalité, qui était mienne.
(En se penchant en avant et en parlant avec insistance, mais avec une
pointe d’humour.) J’ai des souvenirs de quand j’étais Ruburt — mais le
Ruburt que j’étais n’est pas le Ruburt qu’il est dans sa réalité. Il me
surprend, et ses réactions modifient mon passé. En ses termes, je suis un
moi futur, avec une connaissance beaucoup plus vaste ; il utilise cependant
cette connaissance pour modifier sa réalité présente. Quand j’étais Ruburt,
je n’avais pas cette connaissance. Vous pouvez donc dire que je suis en train
de modifier mon propre passé, mais l’expérience présente de Ruburt
modifie également mon expérience présente — et il y a ainsi un échange
sans fin[5].
Le même type d’interrelation se produit avec chaque individu
actuellement vivant, en vos termes, qu’il s’en rende consciemment compte
ou non. Ruburt explore donc le temps lorsqu’il explore la réalité de sa
propre psyché.
Vous devez commencer toute étude à partir de votre propre point de
vue, depuis votre propre corniche, mais votre expérience vivante
personnelle est toujours votre principale source d’information. Il y a en
vous, tel que vous vous connaissez, tous les signes dont vous avez besoin, si
seulement vous êtes disposé à les suivre ; et ceux-ci ne détruiront pas le
tissu de la réalité physique, mais ils vous montreront, au contraire, plus
clairement la structure de ces processus miraculeux.
Accordez-nous un instant… Fin de la dictée.
(23 h 00. Mais c’est loin d’être la fin de la session. Une fois de plus,
suivant son habitude récente, Seth transmet plusieurs pages de matériau sur
des sujets qui ne sont pas en lien avec La Réalité « inconnue ». Fin à 23 h
30.)

NOTES DE LA SESSION 728

[1] Dans la session 13 du 6 janvier 1964, Seth nous disait : « À une date
ultérieure, j’essayerai de traiter de la question du temps. Chacune de ces
discussions est par nécessité d’une nature simple et sans complications.
Si je parle par analogies et images, c’est parce que je dois me relier au
monde qui vous est familier. » Et bien sûr, Seth a depuis lors pris le
temps de parler du temps. Dans le volume I de La Réalité « inconnue »,
voir par exemple ce qu’il a transmis au début de la session 688 :
« Même à l’intérieur du temps tel que vous le comprenez, ces UC [ou
unités de conscience] peuvent donc opérer de façons extrêmement
difficiles à expliquer. Le temps ne va pas seulement en avant et en
arrière, mais vers l’intérieur et vers l’extérieur. »

[2] Dans la session 683 du volume I, Seth disait : « La réincarnation


représente simplement des probabilités dans un contexte de temps
— des parties du moi qui sont matérialisées dans des contextes
historiques. »

Et dans la session 82 du 27 août 1964 : « Quand l’homme se rend


compte qu’il crée lui-même son environnement personnel et universel
en termes concrets, il commence à créer un environnement personnel et
universel bien supérieur à celui qui est le résultat de constructions à
l’aveuglette et non éveillées.

« C’est cela notre principal message au monde et c’est la prochaine


orientation dans le développement conceptuel de l’homme, qui va se
faire ressentir dans tous les domaines, et peut-être en psychiatrie autant
qu’ailleurs.

« Quand l’homme comprend qu’il crée sa propre image maintenant, il


ne va pas trouver si surprenant de croire qu’il crée d’autres images
dans d’autres temps. Ce n’est qu’après [l’établissement d’] une telle
base que l’idée de la réincarnation parvient à sa validité naturelle, et
c’est seulement lorsqu’on a compris que le subconscient — certaines de
ses couches — est un lien entre la personnalité présente et celles du
passé, que la théorie de la réincarnation est acceptée comme un fait.
J’ai été préparé à vous donner cette information présente, mais une
opportunité convenable ne semblait pas se présenter… »

[3] J’aime le passage de Seth après 22 h 31 dans la session 727 : « Une


partie du corps [humain] sait ce qui se passe dans chacune des autres
parties, et le corps en tant qu’ensemble connaît sa position précise à la
surface de la planète. Il est biologiquement conscient de toutes les
autres formes de vie qui l’entourent, jusqu’au dénominateur le plus
infime. »

[4] Dans la session 683 du volume I, voir les analogies de la fleur, du bulbe
et du temps, données après 22 h 37.

[5] Le cinquième point, au début de cette session, contient une note


indiquant que, dans l’appendice, j’ai ajouté quelques commentaires de
Seth, donnés pendant le cours de perception extrasensorielle d’hier soir,
à propos de ses connexions avec Jane. À l’évidence, il développe ce
matériau ici, mais j’ai trouvé préférable de laisser le lecteur le
découvrir ici, au lieu de citer également ce passage dans l’appendice
18 ; à un degré ou à un autre, cette information complémentaire modifie
maintenant la réalité présente de chaque lecteur, en changeant sa
conception de ce qu’est la relation Jane-Ruburt-Seth.
SESSION 729

Lundi 13 janvier 1975

(Je peux ajouter par la suite que c’est la seule session de toute La
Réalité « inconnue » à laquelle quelqu’un d’autre que moi a assisté. Notre
visiteur est un jeune homme que j’appellerai William Petrosky. Vivant à
New York, il suit les cours de perception extrasensorielle de Jane, et se
trouvait à Elmira la veille pour ses propres affaires.
Pour des raisons assez évidentes en ce qui nous concerne, Jane et moi
préférons que Seth donne en privé ses sessions consacrées au livre, même si
lui-même est moins strict que nous sur ce point. Mais comme l’a dit Jane,
les choses sont psychiquement « plus calmes » quand nous sommes juste
tous les deux. En transe ou hors transe, elle peut se concentrer sur le travail
en cours, sans la présence d’un tiers — qui émet forcément ses propres
caractéristiques psychiques. Il importe peu d’ailleurs que le témoin reste
silencieux ou non ; Jane capte de toute façon des éléments de cette
personnalité supplémentaire et elle y réagit.
Plus tôt, dans la soirée, Will a fait remarquer que, lors des sessions en
classe, Seth s’adressait rarement à lui par son nom.
21 h 16.)
Bonsoir —
(« Bonsoir, Seth », dis-je.)
— et bonsoir.
(Will : « Bonsoir, Seth. »
Se penchant en avant, d’un air amusé.) Je vous appellerai William et
vous ne pourrez pas dire que je n’ai pas utilisé votre nom.
(Will souriant : “D’accord.”
Une pause.) Dictée. Maintenant. Dès que vous vous collez vous-même
une étiquette, vous mettez en place des limitations, en dressant des
frontières et en définissant la réalité de votre psyché — généralement en
fonction de croyances très limitées.
Vous pensez que le moi doit commencer ou finir quelque part ; qu’il
doit y avoir une barrière autour de lui, un champ d’identité où vous pouvez
vous sentir en sécurité. J’ai dit à de nombreuses reprises qu’il n’y a pas de
limitations au moi. Vous semblez avoir peur que le moi se répande et se
perde dans un labyrinthe où toute identité est perdue. Pourtant, vous
reconnaissez que votre moi est une dimension beaucoup plus vaste que
vous ne le supposez d’habitude, alors vous parlez en termes de
réincarnation. Cela vous permet d’imaginer des royaumes d’identité plus
vastes tout en maintenant intacts vos concepts du moi. Vous pensez être un
moi après l’autre, chaque identité étant nettement séparée des autres par les
années qui passent, une mort incontestable et une naissance incontestable.
L’idée de contreparties[1] ébranle quelque peu ce vieux concept, mais
vous voulez encore des définitions pour le moi, de manière à savoir où vous
vous « tenez ». Vous êtes tellement obsédés par l’idée d’étiqueter que
beaucoup suivent aveuglément l’astrologie. Vous êtes né à un certain
moment, en un certain lieu, dans certaines conditions — mais c’est toujours
la conscience qui forme les conditions. Si elle est dans une certaine mesure
influencée par ces conditions, c’est parce que les effets s’ensuivent, tout
comme un peintre est influencé par le paysage qu’il a lui-même créé. Vous
décidez donc de naître, disons, un certain mois, quand les planètes sont
comme ceci et comme cela. Vous choisissez à l’avance la saison de votre
naissance.
En termes on ne peut plus simples, vous décidez de l’environnement.
Une violette vient à la vie dans le jardin, mais elle doit rester là. Toute sa
croissance dépend des conditions climatiques dans ce lieu particulier, même
si ces conditions elles-mêmes sont le résultat d’une activité planétaire
globale. Mais vous sortez du lieu et du temps de votre naissance, chose que
la fleur ne peut pas faire.
(21 h 29.) Maintenant. En termes plus vastes, des probabilités opèrent
dans une mesure que vous ne pouvez pas soupçonner. En premier lieu, tout
point de focalisation de la vie physique a pour cause une convergence de
probabilités. Notre session a pour témoin un étudiant, un jeune homme très
intelligent (dit avec humour). Il aide aussi Ruburt pour le courrier. En début
de soirée, il a écrit à une femme qui est née le même jour que Ruburt. Dans
notre dernière session, j’ai comparé une année à une corniche sur une
montagne. J’ai dit que les saisons arrivaient et s’en allaient, et que de
nombreux massifs de fleurs de printemps y poussaient pendant cette période
de temps. Alors, en ces termes-là, chaque année est comme une corniche.
Disons, à nouveau, qu’il s’agit de l’année 1940. Tous ceux qui naissent
à une date particulière de 1940 ne vont pas nécessairement naître « en
même temps ». Ce que vous considérez être l’année 1940 n’est qu’une
saison de cette corniche-là, juste celle que vous reconnaissez. Les fleurs
nées au printemps d’une année donnée « ne voient pas » les fleurs du
printemps suivant, ou celles du printemps précédent, et elles ne se
mélangent pas non plus avec elles. De la même manière, ceux nés en 1940
« à une certaine saison » ne se mélangent pas non plus, dans un contexte
plus large, avec tous ceux nés la même année.
Le mot « saison » ici peut être trompeur. Accordez-nous un instant…
Chaque année est comme une corniche, produisant d’innombrables
variations de la « flore » caractéristique qui y pousse. Chacune de ces
années séparées, disons, chacune de ces années 1940, ou 1920 ou 1950, suit
sa propre ligne de développement. Le temps se développe vers l’intérieur et
vers l’extérieur en ces termes-là — il ne se déploie pas simplement vers
l’avant.
À nouveau : votre réalité est comme une plate-forme brillante, une
surface reposant sur des probabilités. Vous suivez ces dernières de façon si
inconsciente et admirable, vous nagez parmi elles avec tant d’aisance, qu’il
ne vous vient pas à l’idée de vous interroger sur votre origine, ou le milieu
dans lequel votre expérience se déroule. Tous ceux qui partagent la même
date de naissance et qui partagent aussi le même lieu et le même temps,
n’ont pas cependant la même « destinée » ; plus encore, ils ne partagent pas
nécessairement les mêmes conditions. Ils sont tous influencés par leur
propre système de probabilités à la naissance, et ces conditions-là modifient
radicalement la nature de leur développement.
La pratique consistant à identifier précisément le moment de la
naissance physique à celui de la conception est elle-même une erreur. Il n’y
a pas un point à partir duquel vous pouvez dire en termes fondamentaux
(à souligner) qu’un individu est vivant[2], bien que vous puissiez trouver
plus pratique d’accepter certains points marquant la vie et la mort. Il est vrai
que vous émergez dans l’espace et le temps à un certain point, dans votre
perception. Votre conscience a toutefois été elle-même longtemps avant.
Dans un contexte encore plus large, difficile à suivre pour vous, je le
sais, le fils est le père de son père de façon tout aussi valide qu’il en est le
fils, et vice versa.
Une fois que vous libérez votre conscience de vos concepts limités
concernant le temps et le moi, vous pouvez commencer à explorer la réalité
inconnue qui est le moi non reconnu.
(D’une voix plus forte.) Maintenant, vous pouvez faire une pause — et
(à nouveau avec humour) je vais revenir, William.
(De 21 h 47 à 22 h 09.)
Maintenant. Dictée. Quand vous pensez à l’astrologie en termes
conventionnels, c’est comme si vous regardiez la couverture d’un livre,
sans vous rendre compte qu’il y a beaucoup de pages à l’intérieur.
La conscience, étant active à l’intérieur de toutes les structures
cellulaires, s’enclenche à l’avance, pour ainsi dire, afin de réagir à certaines
conditions et pas à d’autres. Beaucoup de gens naissent le même jour de la
même année, et en général vers les mêmes heures — mais,
individuellement, le déclenchement intérieur peut être très différent ;
même si les conditions globales à la naissance peuvent paraître plus ou
moins les mêmes, les réactions intérieures à leur égard varieront donc
largement.
Certaines personnes seront beaucoup plus sensibles et influencées par
d’autres probabilités — qui, par exemple, n’apparaissent pas du tout dans
les thèmes astraux conventionnels.
Ces cartes du ciel mettent l’accent sur une ligne de probabilités aux
dépens de toutes les autres. Les interprétations basées sur ces cartes auront
donc plus de sens pour ceux qui ont choisi les mêmes circonstances natales
probables — mais elles n’auront aucune valeur pour ceux qui sont nés en
même temps, en vos termes, mais qui suivent un ordre de probabilités
différent[3].
(22 h 17.) Maintenant, accordez-nous un instant… De même que les
cellules opèrent avec la connaissance des actions probables tout en
maintenant le corps physique dans le système que vous avez choisi, la
psyché, opérant de la même façon, « s’ensemence » elle-même dans de
nombreuses probabilités différentes. Dans ce cas spécifique, je parle
d’autres probabilités physiques — alternatives, en d’autres termes, du
monde tel que vous connaissez. Ceux qui vivent avec vous, vos
contemporains, n’appartiennent pas tous au même système probable. Vous
êtes, à cet égard, à un point de rencontre où des individus de nombreuses
réalités probables se rejoignent et se mélangent, momentanément d’accord
pour accepter certaines parties du même environnement espace-temps.
Comme, dans l’expérience, vous vous focalisez sur les similitudes et
minimisez les dissemblances, il arrive souvent que les divergences plus
prononcées[4], relatives à un soi-disant vécu, vous échappent complètement.
Vous supposez que c’est la mémoire qui est fautive si vous n’êtes pas
d’accord avec une autre personne à propos d’évènements qui se sont
produits à un certain moment et à un certain endroit — ceux d’un passé
historique récemment vécu, par exemple. Pour vous, il va de soi que les
interprétations des évènements changent, mais que certains évènements
bien définis se sont produits et ne sont plus modifiables. Mais les
évènements eux-mêmes sont loin d’être aussi concrets. Vous acceptez un
évènement probable. Quelqu’un d’autre peut faire au contraire l’expérience
d’une version de cet évènement, qui devient alors la réalité vécue par cet
individu.
Ces évènements peuvent en fait être assez différents, et les
interprétations séparées donnent des explications très valides de variations
séparées. En vos termes, un évènement peut se produire de nombreuses
façons différentes.
Tout cela est une belle théorie, ésotérique, mais guère pratique — à
moins que vous ne commenciez à remettre en cause la nature de vos propres
pensées et à explorer la réalité des évènements que vous semblez
rencontrer[5].
(22 h 25.) Accordez-nous un instant… (Une pause.) Revenons à nos
fleurs. Toute fleur sauvage sur notre corniche de montagne [voir la session
728] verra la vallée en bas depuis sa propre perspective et, autour d’elle,
l’environnement qui lui est familier. En règle générale, les autres fleurs nées
au même printemps mourront à peu près en même temps. L’année suivante,
les nouvelles fleurs verront un paysage légèrement différent, mais les
structures d’ensemble seront les mêmes. Des violettes grandiront là où il y
avait des violettes auparavant. Les maisons dans la vallée seront à la même
« place ». Si vous regardiez ce même paysage un été, puis l’été suivant,
vous diriez peut-être : « Ah !, les violettes poussent toujours là, et c’est bon
de voir du muguet à l’ombre du même rocher. » Vous vous rendriez sans
doute compte que les fleurs que vous cueillez ne sont pas les mêmes que
celles cueillies l’année précédente au même endroit, mais, de par la nature
même de votre focalisation, vous ne vous concentreriez sur ces différences
que si vous y étiez forcé. Sinon, vous penserez : « Les violettes sont les
violettes, et elles sont toujours ici au printemps. »
La grande différence inexplicable qui existe, en ce qui concerne les
fleurs, est quelque chose d’autre à nouveau — car à cette échelle-là, les
fleurs que vous cueillez sont totalement elles-mêmes dans leur propre
monde d’où, dans une certaine mesure, vous les avez prises.
Des différences inimaginables se présenteraient si ces petits bouquets
pouvaient voir leur environnement de l’année précédente, et toutes les
variations infimes que vous ignorez seraient gigantesques ; en fait,
suffisamment différentes pour qu’à leur niveau, les fleurs puissent penser
qu’il s’agit d’un type différent de réalité. Il y a ainsi des variations, et des
probabilités hautement signifiantes, qui opèrent même entre celles nées en
général le même mois de la même année — non seulement en termes de
conditions extérieures, mais également intérieures.
La conscience ne choisit pas simplement de naître à une certaine place
dans l’espace et le temps, mais elle dote également à l’avance son
organisme physique de certains déclencheurs intérieurs pour qu’il réponde
à ces conditions-là de façon très individualiste.
Je ne fais même pas allusion à la prédestination ou à la
prédétermination. Tentons une autre analogie simple. Une graine « sait »
qu’elle va venir à la vie au milieu d’un pot dans le salon de quelqu’un.
Disons qu’il s’agit d’une graine de tomate et que le propriétaire de la
maison décide de démarrer une culture à partir de zéro. Toute vie cellulaire
est douée de précognition, en vos termes. La graine sait donc que, dans ce
salon, le soleil vient, disons, de l’ouest. Elle commence à répondre à cela
avant que la pousse émerge.
La pousse ne réagit pas simplement à la direction où le soleil brille,
mais elle la perçoit à l’avance, et la graine se sensibilise à ces conditions-là
« en avance sur le temps ». Elle pourrait pousser tout aussi bien vers l’est.
Ce qui déclenche son orientation n’est pas la direction du soleil elle-même,
mais la connaissance innée qu’en a la plante. La plante n’est pas
prédestinée à pousser vers l’ouest, par exemple.
(Avec beaucoup d’insistance.) De la même manière, le moi connaît à
l’avance les meilleures conditions pour son développement, à la lumière du
temps et du lieu de la naissance qu’il a choisi. Pour épanouir ses aptitudes
tout en maintenant un moi viable, il doit toutefois choisir parmi des
probabilités littéralement innombrables[6]. La conscience opte pour les
meilleures conditions globales disponibles pour ses propres objectifs de
développement. Elle préconditionne ensuite son propre organisme pour
qu’il réponde ou non au temps et au lieu de la naissance, pour amplifier ou
minimiser, pour nier ou accepter.
L’émergence d’une conscience dans ces conditions physiques modifie
automatiquement ces dernières — un fait non reconnu par les astrologues.
Chaque enfant né modifie l’univers entier[7], et change le monde de son
temps et de sa naissance, en y introduisant une action qui n’était pas là
auparavant, en vos termes, et en marquant l’univers de l’empreinte
— l’empreinte indélébile — de sa réalité. Chaque enfant choisit sa propre
version probable d’une date de naissance donnée. Ces dates-là ne sont
évidemment pas simplement des points dans le temps, situés avec précision
dans l’espace. Tout d’abord, puisque tous les temps sont simultanés, vous
êtes toujours en train de mourir et de naître, et votre expérience ultérieure
modifie le temps de votre naissance.
J’admets qu’une date de naissance fait fonction de référence pratique. Et
si vous comprenez que votre conscience existait avant ce temps-là, votre
mémoire s’ouvrira, et votre date officielle de naissance paraîtra beaucoup
moins importante. « Sortir de l’utérus » est un évènement et correspond à
une expression bien meilleure à employer que le mot « naissance ». En
termes plus vastes — beaucoup plus vastes que vous l’imaginez —, vous
êtes conscient de « naissances » probables et de vos autres liens de parenté
[qui sont] tout aussi légitimes que l’histoire personnelle que vous acceptez
maintenant.
Le moi n’est pas limité. Le vrai sens de cette déclaration peut parfois
poindre. Votre idée de ce qu’est une personne vous empêche encore de voir
la multi-personnalité plus vaste qui est votre vraie réalité. Vos rêves laissent
souvent transparaître ce type d’existence.
Vous pouvez faire une pause.
(De 22 h 59 à 23 h 18.)
Dictée. Vous voyez les cieux et l’univers, les planètes et les étoiles
depuis votre propre focalisation — qui est très limitée en certains termes.
En premier lieu, vous regardez une seule version de l’univers, tel qu’il
semble exister au moment de votre perception. Dans ce contexte limité, la
nature entière d’une personnalité ne peut pas être considérée dans sa
totalité.
La personnalité elle-même n’est pas seulement indépendante de
l’espace et du temps, mais elle utilise à ses propres fins les illusions qui en
résultent. Toutes les choses sont reliées, mais elles n’agissent pas de telle ou
telle façon parce que les planètes étaient comme ceci ou comme cela à
votre naissance. Il existe une relation, mais elle n’est pas causale.
Il est tout aussi exact de dire que les planètes se comportent d’une
certaine manière parce que vous êtes ce que vous êtes, que d’affirmer
l’inverse, comme on le fait en général. Les positions mêmes des planètes et
des étoiles sont des effets des sens — des perceptions qui n’auraient aucune
signification si ce n’était pour votre propre type de conscience. Par
conséquent, ces perceptions ne peuvent pas être la cause du fait que vous
vous comportez de telle ou telle façon à cause de conditions qui n’ont
aucune signification en dehors de votre propre conscience.
(Une pause.) Maintenant. L’univers existe, mais il prend l’apparence et
la forme que vous reconnaissez uniquement dans vos propres perceptions.
Le mouvement des planètes, en fait leur véritable réalité perçue, existe en
des termes très différents.
Accordez-nous un instant… L’univers est ensemencé avec divers types
de consciences. Certaines d’entre elles vous apparaissent comme des
planètes ou des étoiles[8], lorsqu’elles font intrusion dans votre champ de
réalité. En tant que telles, elles paraissent se comporter d’une certaine
façon, prendre une certaine forme et avoir certains effets. Les étoiles et vous
êtes des évènements simultanés, chacun étant conscient et avisé, mais à des
« échelles » de réalité différentes — comme votre échelle de conscience
diffère de celle des violettes.
Bien sûr, pour ce qui est de la perception physique, l’image est
pertinente. Vous comprenez que quelqu’un — un observateur intéressé —,
regardant la Terre depuis une autre planète dans une autre galaxie, verrait ce
que vous pensez être le passé de la Terre. Mais comme je l’ai souligné,
« il » peut aussi voir le futur de la Terre[9], selon « son » point de vue. Cela
ne modifierait en aucune manière votre réalité. On ne peut cependant pas
dépendre des positions des étoiles et des planètes, et de votre schéma
temporel, pour donner une indication d’effets de « causalité ». La
personnalité existe simplement en termes plus vastes.
Accordez-nous un instant… En utilisant l’astrologie classique, vous
allez trouver certaines corrélations, du fait d’évènements particuliers se
produisant, qui sont en fait étroitement liés. Toutefois, beaucoup d’individus
ne découvriront aucun semblant d’eux-mêmes dans les thèmes astraux,
simplement parce que les probabilités qu’ils ont choisies sont,
qualitativement parlant, très différentes de la « norme ».
Quand l’astrologie fonctionne, elle fonctionne parce que l’astrologue
utilise ses aptitudes créatives et psychiques et qu’il projette ensuite cette
connaissance dans un modèle qui, en lui-même, est trop petit pour la
contenir. La carte devient alors simplement une aide.
Je comprends qu’une part de tout cela sera difficile à suivre. Cependant,
le seul autre recours consiste à répéter les mythes et les légendes qui sont
pour vous dépassés. Les étoiles et les planètes sont simplement en plus
d’un endroit en même temps. J’admets que la perception que vous en avez
les fait paraître relativement stables, et vous êtes biologiquement réglés sur
cette perception-là. Votre expérience du temps et du mouvement, tels que
vous les connaissez, est relative et, comparées à vos vies relativement
brèves, les planètes semblent durer des périodes presque infinies. C’est
votre point de vue, quand vous regardez depuis votre corniche.
(23 h 40.) Accordez-nous un instant… D’autres créatures minuscules
pourraient tout à fait ponctuer des parties de leurs vies grâce à vos allées et
venues, et s’imaginer que votre position à leur naissance a régulé leur
activité. Imaginez-les en train de dresser des thèmes astraux mettant leurs
vies en corrélation avec la vôtre. Avez-vous l’habitude d’arpenter une
pièce ? À une autre échelle de temps, combien d’années ou de siècles
peuvent sembler nécessaires pour que votre ombre traverse la pièce d’un
bout à l’autre ? L’analogie n’est pas aussi tirée par les cheveux qu’il y
paraît, car, à coup sûr, votre ombre va modifier très légèrement la
température de la pièce, et y changer d’autres conditions d’une façon que
vous ne comprendrez jamais, occasionnant souvent de gigantesques
variations pour une conscience se situant à une autre échelle.
Une fourmi imaginaire, une fourmi philosophe, pourrait être assise et
contempler à sa façon le nombre de fois où vous traversez la pièce pendant
une période qui, pour elle, semblera être une année. Elle pourrait essayer de
calculer à l’avance votre prochain passage, afin d’être capable — prudente
fourmi ! — de s’écarter à temps de votre chemin, pour éviter d’être écrasée.
Le grondement de vos pas peut faire trembler sa petite maison qui est
sous des lattes de plancher, ou dans leurs interstices. J’admets y aller un peu
fort ici avec notre histoire de fourmi, mais imaginez encore que notre petit
compagnon s’habitue à tous ceux qui sont, disons, dans un immeuble,
apprenant à reconnaître tous les pas montant et descendant les escaliers.
Notre philosophe reste en contact avec les autres fourmis, jusqu’à ce que,
avec du temps, du travail et de la patience, une carte soit établie et des
calculs effectués. Une fourmi née à trois heures de l’après-midi, quand
Mademoiselle X rentre chez elle avec son petit ami, aura tendance à
rencontrer des difficultés à ce moment-là — car le couple court dans tous
les sens avec exubérance, faisant tomber de la poussière dans les fissures.
Je ne suis pas en train de comparer les astrologues à des fourmis.
J’essaye cependant de montrer que vous n’êtes pas sous la domination des
étoiles — et que, lorsque vous vous comportez comme si vous l’étiez, vous
faites montre d’aussi peu de compréhension de votre vraie position que la
fourmi. Par rapport aux étoiles, vous êtes petits, mais quand vous cherchez
à placer votre destin entre leurs mains, métaphoriquement parlant, il semble
que vous ayez peu de contrôle sur votre propre destinée.
(Avec force.) Vous êtes des consciences à des points particuliers
d’expérience et, dans d’autres types de réalité, vous scintillez comme des
étoiles.
Accordez-nous un instant…
Maintenant. Nous allons bientôt terminer notre session. Je suis heureux
que vous soyez venu.
(Will : « Moi aussi. »)
Maintenant, je ne vais pas vous dire quoi que ce soit, et cela vous met
toujours en colère et vous rend heureux en même temps. Je vous donne
plutôt des méthodes que vous pouvez utiliser pour forger votre propre
réalité en suivant votre volonté[III] (avec une insistance pleine d’humour),
dans la mesure où vous le voulez ; et grâce à la session de ce soir et à
l’énergie impliquée, vous avez l’opportunité de déployer une activité
splendide en rêve. Vous l’aurez, que vous vous en souveniez ou non, mais
j’espère que vous pourrez vous en souvenir. Ne forcez rien.
(Will, en riant : « D’accord. »)
Maintenant, ceci est la fin de la session.
(« Bonne nuit, Seth », dis-je à 23 h 57.
Note ajoutée quelques jours plus tard, alors que je tapais la session à
partir de mes notes. Après la session, Will Petroski a passé la nuit chez des
amis, ici à Elmira. Lorsque nous l’avons vu le lendemain soir, pendant le
cours, il n’avait aucune activité onirique particulière à raconter.)
NOTES DE LA SESSION 729

[1] Voir dans le tome II la session 721 à 23 h 11.

[2] Voir la note 1 de la session 727 ; elle contient des références aux deux
sessions sur le fœtus, dont Jane a donné des extraits dans Le Matériau
de Seth. Voir maintenant la session 557 du chapitre 13 de Seth parle ;
Seth y présente des informations complémentaires sur les différentes
façons dont les personnalités se réincarnant s’associent au fœtus. Et
après 23 h 24, dans la session 688 du tome I de La Réalité
« inconnue », il parle des perceptions physiques présentes et futures du
nouveau-né.

[3] Jane et moi semblons faire partie de ces individus « qui suivent un ordre
différent de probabilités », du moins en ce qui concerne l’astrologie.
Au-delà de quelques ouvrages d’ordre général que nous avons lus sur le
sujet — pour ou contre l’astrologie —, nous connaissons peu de choses
en ce domaine. Toutefois, les horoscopes que certains lecteurs ont faits
pour nous, après que nous leur avions fourni les informations requises
concernant notre naissance, montrent rarement une forte corrélation
avec la Jane et le Rob que nous pensons connaître — et d’ailleurs ces
horoscopes ne s’accordent pas les uns avec les autres. Nous avons fini
par avoir le sentiment que l’astrologie, telle qu’elle est pratiquée
actuellement, est trop limitée dans sa conception.

Seth a brièvement fait référence à l’astrologie à quelques occasions au


fil des ans. L’appendice 21 dans le tome II, par exemple, contient les
remarques qu’il a faites pendant le cours de perception extrasensorielle
du 26 novembre 1974 à propos des « variables cachées » susceptibles
d’être associées à une date de naissance connue. Pour le moment, Jane
et moi pensons donc que le matériau de Seth sur l’astrologie dans cette
session 729 (et qui sera développé dans la 730) peut servir de réponse à
celles et ceux qui lui ont demandé son avis à ce sujet.

[4] Voir la note 5 de la session 721 dans le tome II.

[5] Je pense que, dans le matériau qu’il a transmis ici de 22 h 17 à 22 h 25,


Seth résume clairement une bonne partie de sa pensée quant à la façon
dont chacun de nous évolue constamment dans une multitude de réalités
probables, en rencontre d’autres dans tel ou tel environnement espace-
temps, et perçoit des versions individuelles de tout évènement donné…
Informations très utiles, que Jane et moi essayons de garder présentes à
l’esprit.

[6] Voir la session 565 au chapitre 16 de Seth parle. Il y est question de


myriades d’actions probables disponibles pour n’importe quel moi.
Après 22 h 19, il disait : « Dans la mesure où vous êtes ouvert et
réceptif, vous pouvez bénéficier pleinement de l’expérience de vos moi
probables […].

Souvent, ce que vous ressentez comme une inspiration est une pensée
dont un autre moi a fait l’expérience, mais qu’il n’a pas réalisée. […]
Les idées que vous avez entretenues sans les utiliser peuvent être
captées de la même manière par d’autres vous probables. Chacun de
ces moi probables se considère, bien sûr, comme le vous réel, et pour
n’importe lequel d’entre eux, vous êtes le moi probable ; mais, par le
biais des sens internes, chacun de vous se rend compte de sa part dans
cet ensemble changeant. »

[7] Pour un matériau analogue de Seth — sur la façon dont « la perception


la plus infime modifie chaque atome à l’intérieur de votre corps », voir
la note 24 de l’appendice 18, dans le tome II.

[8] Voir la note 3 de la session 718, dans le tome II.

[9] Voir, dans le tome II, la session 712 à 21 h 40. La première transmission
de Seth dans cette session-là peut entièrement servir de complément aux
données de celle-ci. Se reporter également aux paragraphes de
conclusion de la session 727, après 22 h 52.
SESSION 730

Mercredi 15 janvier 1975

(Alors que nous étions allongés sur notre lit après la session de lundi
dernier, Jane m’a dit : « J’ai reçu ça — de Seth, je pense : un thème astral
vraiment complet devrait inclure non seulement le temps de ta naissance,
mais celui de ta mort. » Ce qui poserait quelques problèmes, ai-je pensé en
m’endormant…
Ce soir, Jane a beaucoup de pensées et d’images avant que la session
débute. « C’est à propos de l’astrologie. En fait, je veux dire que c’est à
propos de la naissance de la conscience. »
21 h 17.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. D’habitude, vous pensez en termes d’une conscience, ou d’un
moi, complet, hypothétique, émergeant à la naissance et disparaissant à la
mort. Il y a cependant de savantes discussions au cours desquelles des
professeurs débattent de ces sujets. Certains astrologues utilisent dans leurs
calculs le moment de la conception, alors que d’autres préfèrent la date de
naissance. Diverses religions ont décidé que « l’âme » entrait dans le fœtus
au moment de sa conception, tandis que d’autres soutiennent que la
conscience ne peut être considérée comme une âme humaine qu’un peu plus
tard, juste avant la naissance.
Le même type de questions se pose à l’autre bout de l’échelle : quand la
mort survient-elle réellement ? Dans la plupart de ces débats, cette
conscience, ou ce moi, hypothétique, sert d’élément de mesure.
Accordez-nous un instant… En premier lieu, le moi ou l’âme dans ce
cas n’est pas un élément de mesure — et n’est pas non plus nécessairement
quelque chose qui arrive soudain, et disparaît ensuite.
Le moi physique tel que vous le connaissez est une focalisation de la
conscience qui forme une personnalité en réponse à cette focalisation-là. Il
est très difficile de faire ici des analogies, mais je suis suffisamment
téméraire pour essayer. (Une pause.) Il vous semble que tout fœtus ayant
avorté naturellement n’a pas du tout de vie physique, qu’une telle vie lui a
été déniée pour une certaine raison. Au lieu de cela, le fœtus fait
l’expérience d’un autre niveau : une vie physique à une échelle différente,
qui, en vos termes, s’appliquerait au passé lointain.
Dans les idées, je le répète, conventionnelles d’évolution[1], ce serait
une période où votre type de conscience faisait l’expérience d’un
environnement aqueux, et était dotée de nageoires à la place de poumons.
En certains termes, ce phénomène permet à la conscience de porter un
regard sur des périodes particulières du « passé » de l’espèce. Il procure
aussi à la conscience une connaissance de première main, psychiquement et
directement. Répétons-le — c’est très difficile à expliquer (et mettez un
point d’exclamation) ! Sans vouloir offenser vos idées concernant le moi
— chacun de vous « vivant » est pourtant mort exactement de cette
manière-là.
Bien qu’en termes conventionnels, vous conceviez une longue durée,
s’étendant sur des siècles et des siècles, au cours de laquelle des créatures à
nageoires sont sorties des océans, certaines « devenant » des reptiles et
finalement des mammifères, beaucoup n’ont toutefois pas fait ce parcours et
sont « tombées » en chemin. Ainsi, en ces termes-là et en suivant cette
analogie, la psyché opère le même type d’ajustements et de changements
vitaux. Vous avez chacun existé de nombreuses fois en tant que fœtus « qui
n’a pas réussi ». Pas nécessairement parce que vous ne vouliez pas naître,
mais plutôt parce que ces expériences étaient en elles-mêmes légitimes[2].
Et, dans votre état actuel, elles sont écrites dans la « mémoire » de votre
être physique.
(Avec insistance, à 21 h 36.) Maintenant, cela ne signifie pas que votre
personnalité telle que vous la connaissez a souvent été coincée dans un
utérus, destinée à y mourir, ou qu’un hypothétique moi complet ne serait
pas né. Cela signifie que l’archéologie de votre psyché, telle qu’elle est
physiquement focalisée, est porteuse de ces expériences. Le moi n’est pas…
(Une pause, les yeux clos) … accordez-nous un instant ; je cherche une
bonne analogie… le moi n’est pas comme une figure d’argile, sortant d’un
four de potier, dont vous pourriez dire : « Ah ! Voici un moi, et on ne peut
rien y ajouter. » Vous avez toujours existé en tant que moi probable, même
si vous n’étiez pas focalisé sur la connaissance de votre propre expérience.
(Entre parenthèses, il se peut que vous ayez été assez bien focalisé sur
d’autres réalités, mais je parle de votre existence terrestre, telle que vous la
comprenez.)
À tout moment, maintenant, vous pouvez littéralement devenir plus
vous-même. À cet égard, vous naissez par degrés. En certains termes, vous
avez mis à l’écart des parties de vous-même, et vous êtes donc mort par
degrés — mais les deux, la vie et la mort, ont lieu en même temps.
Jusqu’à un certain point, ce que vous êtes était latent dans le fœtus, mais
il n’y a pas un point précis où « la pleine conscience de l’âme entre dans la
chair ». Le processus est graduel. En termes physiques, il commence avant
la naissance de vos propres parents.
Accordez-nous un instant. (Une longue pause.) La carte des évènements
au moment de votre « naissance » est comme un petit instantané du jardin
de quelqu’un, un après-midi. Ici, dans cette analogie, la personnalité
terrestre entière pourrait être comparée au monde. Maintenant, tant que
vous faites vos déductions d’après cette seule photographie, il y a des
corrélations qui s’appliquent — mais uniquement à cette petite zone
spécifique.
En vos termes, à sa naissance, la personne est influencée par des
conditions multidimensionnelles, et la configuration d’ensemble des
planètes n’est qu’une faible indication des autres réalités entrant en jeu.
Ruburt a raison : même en termes conventionnels, un véritable horoscope
devrait faire entrer en ligne de compte le moment de la mort dans votre
réalité temporelle, tout autant [que celui de la naissance]. La focalisation de
votre attention forme des limites qui vous prédisposent à croire en un point
où votre conscience émerge, ainsi que vous le comprenez, et en un point où
elle n’est plus effective, ou meurt. Vos croyances en ce genre de concepts
limitent votre perception, car, en modifiant la focalisation de votre attention,
vous pouvez dans une certaine mesure vous rendre compte d’une perception
avant et après les points reconnus comme étant la naissance et la mort.
Vous n’accordez une dimension d’âme qu’à votre propre espèce, comme
si les âmes avaient une taille convenant exclusivement à votre nature. Vous
protégez ces idées en pensant que les animaux se situent en dessous de
vous. Toutefois vous devez alors vous demander à quel moment l’âme
pénètre dans la chair, ou quand le fœtus étranger devient un membre de
votre espèce, et qu’il est par conséquent béni par les dieux et se voit
accorder le droit de vivre.
Mais toute chose a une conscience et, en ces termes, possède une nature
d’âme. En ce qui concerne l’âme, il n’y a pas de gradations. Elle est la vie
au sein de toute chose qui est. Le fœtus « a une âme » bien sûr — mais de la
même façon, si vous pensez en ces termes-là, chaque cellule à l’intérieur du
fœtus doit alors se voir accorder une âme. (En se penchant en avant avec
une voix plus profonde, insistante et pleine d’humour.) Le parcours d’une
cellule n’est pas prédéterminé. Les cellules sont généralement très
coopératives, en particulier lorsqu’elles forment les structures du corps[3].
(22 h 02.) Accordez-nous un instant… Le corps est un contexte dont
elles ont choisi de faire l’expérience. En s’épanouissant, les cellules
contribuent à votre propre existence, mais dans un cadre qu’elles ont choisi.
Elles peuvent toutefois rejeter certains éléments au sein de leur existence,
changer leur parcours et même former de nouvelles alliances. Elles ont une
grande liberté à l’intérieur de ce que vous considérez être le cadre de votre
réalité. Si leurs trajectoires ne peuvent pas être planifiées et sont en fait
susceptibles de constamment vous surprendre, pourquoi penser alors que
votre parcours peut être tracé à l’avance, en étudiant les positions des
étoiles au moment de votre naissance ?
Par rapport à vous, les cellules ne sont pas inférieures, même si elles
forment une partie de la structure de votre être physique. Elles ne sont
même pas moins conscientes. (D’un ton catégorique.) Elles sont
conscientes d’une façon différente. Il est toutefois inutile de les idéaliser ou
de penser à elles comme à de petits êtres, mais chacune d’elles possède une
conscience extrêmement focalisée et une conscience d’un moi. Vous aimez
penser — à nouveau — que seule votre espèce a conscience de son propre
moi. Il existe différents types de moi et une variété infinie de façons de faire
l’expérience de la conscience de soi.
(Avec beaucoup d’animation.) Pour vous, les animaux, par exemple, ne
paraissent pas réfléchir sur leur propre réalité. Il vous semble évident
qu’une cellule n’a aucune connaissance « objective » de son être ; comme si
elle ne savait ni ce qu’elle est, et ni même qu’elle est. Vous vous trompez
lourdement en faisant de telles déductions. Il n’y a pas non plus forcément
de gradations où un type de conscience progresserait mécaniquement d’un
état inférieur à un autre supérieur. Toute cellule utilise par exemple des
aptitudes précognitives[4] qui vous échappent tout à fait et, pourtant,
beaucoup parmi vous attribuent de telles aptitudes à des âmes
« supérieures ». Chaque type de vie a ses propres qualités qui ne peuvent
être comparées à celles des autres, et qui souvent ne peuvent pas être
communiquées.
Maintenant : tout ceci peut sembler avoir peu de rapport avec la nature
de la réincarnation, telle que vous la concevez, ou avec les contreparties,
telles que je les ai expliquées. Il est pourtant vital que vous rejetiez vos
vieux concepts quant au moi et à l’âme, avant de pouvoir commencer à
comprendre la liberté de votre véritable moi.
Êtes-vous fatigué ?
(22 h 18. « Non. » En fait, je le suis, mais Jane se débrouille tellement
bien en tant que Seth que je déteste l’idée d’interrompre sa transmission du
matériau.)
Arrêtez-moi quand vous voulez.
Ce soir, Ruburt a lu un matériau [qui vient juste d’être publié] sur les
dauphins et les baleines. Il contenait de solides indices suggérant que ces
créatures sont des génies qui possèdent une très grande faculté de pensée
abstraite[5]. C’est effectivement le cas.
Les dauphins ont affaire à une dimension de réalité totalement
différente. Il n’existe pas encore de moyen de communication vous
permettant de percevoir leurs concepts du moi, ou leur vision [collective]
de l’existence. Ce sont des individus sensibles, conscients d’eux-mêmes. Ils
sont altruistes. Ils comprennent la nature de la relativité[6], et ont différentes
façons de transmettre des informations à leurs jeunes. Ils ne sont ni
supérieurs ni inférieurs à votre espèce. Ils représentent simplement un type
de moi différent.
Maintenant, il y a une certaine relation, du moins en termes de notre
discussion, entre la réalité des dauphins et la réalité du fœtus. En vos
termes, le fœtus vit dans des conditions primitives, qui rappellent des
périodes du passé de l’espèce. Il se relie à sa façon à son environnement.
Pour certaines consciences, c’est suffisant. En vos termes, à nouveau, pour
chacun de vous, ce fut suffisant.
Accordez-nous un instant, et laissez vos doigts se reposer.
(Une pause de 22 h 25 à 22 h 27.)
L’âme n’est pas une unité définissable. Elle est une qualité
indéfinissable. Elle ne peut être mise en pièces, assemblée, détruite ou
élargie ; et pourtant, elle peut changer d’affiliation et d’organisation, ainsi
que de caractéristiques, tout en restant toujours elle-même.
Ainsi, l’âme à l’intérieur du fœtus ne peut être détruite par aucune sorte
d’avortement. Sa progression ne peut être planifiée, car elle échappera
toujours à de tels calculs. Son histoire se trouve dans le futur, qui crée
toujours le passé.
Faites votre pause.
(22 h 31. Jane sort brusquement de cette transe excellente. « C’était
l’un de ces moments où le matériau me parvenait si bien, que j’aurais pu
continuer jusqu’au matin. Cette sensation de liberté est fantastique, dit-elle
avant de tenter une analogie. « Je suis aussi libre qu’un grand coureur en
train de battre un record du monde, au moment où sa poitrine franchit la
ligne d’arrivée… »
En outre, Jane dispose maintenant de plusieurs autres canaux de
données accessibles provenant de Seth. « Mon Dieu, je suis impatiente !,
s’exclame-t-elle. Mais dans la réalité physique, je ne peux en obtenir qu’un
seul à la fois, et tu ne peux écrire qu’une seule phrase à la fois[7]. Oh !
laissez tomber, Seth », ajoute-t-elle en riant à moitié, car cette « essence de
l’énergie d’une personnalité » est prête à commenter ce qu’elle vient de
dire. Jane se lève et fait le tour du salon, où se tient la session. Quand elle
entre dans la cuisine, elle capte encore d’autres données de Seth sur
l’astrologie.
Alors que la pause tire à sa fin, Jane dit que Seth va transmettre le
matériau disponible à travers l’un de ses autres canaux ouverts ce soir.
Cette décision est exclusivement celle de Jane, bien sûr, et elle est motivée
par le succès d’une expérience de sortie du corps qu’elle a eue hier soir,
après le cours de perception extrasensorielle. Aujourd’hui, Jane était
particulièrement heureuse d’avoir trouvé d’intéressantes corrélations avec
une partie de son aventure, grâce à son amie Mary, qui est aussi membre de
la classe.
De retour à 22 h 54, Seth ne se manifeste pas seulement avec le
matériau souhaité par Jane[8], il consacre aussi beaucoup de temps à
d’autres informations la concernant. Il termine la session à 23 h 45.)

NOTES DE LA SESSION 730


[1] L’appendice 12, au tome II, contient beaucoup de matériau sur les
théories classiques de l’évolution, ainsi que sur les visions qui sont en
désaccord avec elles - celles de Seth ainsi que les miennes.

[2] Pendant que Seth donnait son matériau sur le fœtus, je me suis souvenu
de certaines idées que j’avais mentionnées à Jane à divers moments, au
cours de ces deux dernières années. Je les avais aussi brièvement
développées par écrit.

« Selon moi, il est fort probable que les fœtus avortés et les nouveau-nés
qui quittent la “vie” très tôt — disons, notamment, quelques mois après
la naissance — n’ont jamais eu, au départ, l’intention de rester
longtemps à l’intérieur de la réalité (physique) de camouflage ; les
consciences à l’intérieur de ces petites structures humaines sont juste
venues tester momentanément notre monde de la matière, que ce soit
depuis l’intérieur de la matrice ou hors d’elle. De leurs points de vue, le
fait qu’ils “meurent” non nés, ou à un âge si jeune, n’est pas une chose
tragique, même si, en termes ordinaires, les parents concernés vont très
certainement pleurer profondément leur perte. » (Peut-être ces notions-
là pourront-elles apporter un réconfort limité, à celles et ceux qui nous
ont écrit à ce sujet.)

Mais pour ce type de consciences, la majeure partie de leurs activités se


situera ailleurs, peut-être dans d’autres réalités probables, peut-être
dans des réalités non physiques que nous pouvons difficilement
imaginer depuis nos propres points de vue. Ceux qui meurent avant de
naître ou jeunes choisissent d’avoir un contact avec la réalité physique
pour répondre à certains besoins ; ils en ont un aperçu comme on peut
entrapercevoir quelque chose par la fenêtre d’une voiture qui passe. Je
crois vraiment que ces « certains besoins » peuvent d’ailleurs avoir de
grandes implications, mais ce n’est pas ici le bon endroit pour entamer
une discussion sur ces aspects-là de la réalité.

Ces idées s’appliqueraient évidemment à toute forme de vie se trouvant


dans cette situation-là. Ce serait chose courante dans le monde animal :
il suffit de voir, par exemple, les morts précoces de certains chatons
dans une portée ou de penser au jeune chiot dans un refuge ou à la
fourrière, qui sera certainement tué au bout de quelques jours si
personne ne vient l’adopter. Il ne va pas vivre longtemps, mais je pense
qu’à sa façon, il doit comprendre la raison d’être de ce grand
« risque » ; pour des raisons spécifiques, sa conscience a pris la
décision de ce bref coup d’œil dans la réalité temporelle. (Ce genre de
pensée me rappelle en général une déclaration de Seth, faite il y a
environ six ans : voir la note 7 de la session 727 : « Les créatures qui
n’ont pas le compartiment de l’ego peuvent facilement suivre leur
propre identité par-delà tout changement de forme. »)

La discussion de Seth, ce soir, me rappelle également un article que


j’avais découpé dans un journal datant de 1974. Son information
principale était que chaque année, dans ce pays, on estimait à plusieurs
milliers les nouveau-nés gravement atteints de malformations qu’on
laissait mourir en paix, sans traitement, après mûre réflexion de la part
des parents et des médecins en charge.

À un niveau plus personnel, Jane a elle-même avorté d’un fœtus de trois


mois, de façon naturelle, moins d’un an après notre mariage en 1954
(soit neuf ans avant que les sessions commencent). Seth a dit très peu de
choses à propos de cet évènement, et nous ne lui avons rien demandé. Il
y a quelque temps, au cours d’une session privée, il a fait remarquer
qu’une fausse couche se produit spontanément lorsque la personnalité
résidant dans le fœtus « change d’idée » et se retire du monde physique.
À une date qui reste indéfinie, nous prévoyons d’inviter Seth à parler en
détail de cette situation dans son ensemble.

[3] Il y en a en tout environ deux cents milliards.

[4] « Les cellules pré-connaissent. » Voir la note 3 de la session 727.

[5] Les caractéristiques supérieures, intellectuelles et altruistes des


dauphins et des autres cétacés sont bien connues, même si, dans le
détail, nous les connaissons à peine. Seth a fait un commentaire sur les
dauphins, il y a 10 mois, lors de la dernière transmission de la session
688, dans le volume I de La Réalité « inconnue » ; il a dit d’eux qu’ils
étaient non seulement semblables à certaines espèces ayant vécu sur
notre propre planète dans un lointain passé, mais qu’ils représentaient
aussi des infiltrations provenant de réalités probables où les
mammifères marins prédominent.

La note 9 de la session 688 contient une description du travail de Jane


sur un nouveau roman, pas encore terminé, intitulé To Hear A Dolphin,
qu’elle a commencé deux mois avant que Seth ne se manifeste pour la
première fois, fin 1963.

[6] Je dirais que, dans un contexte tel que celui dont il se sert ici, Seth fait
automatiquement référence aux théories spéciales et générales de la
relativité d’Albert Einstein. Dans le cadre de la constance primordiale
de la vitesse de la lumière, tous les phénomènes de notre réalité de
camouflage — mouvement, vitesse, masse, matière, temps, espace,
gravitation, etc. — sont perçus comme étant relatifs les uns par rapport
aux autres. L’espace et le temps, par exemple, ne sont pas des entités
séparées ou uniformes, mais d’intuitives « constructions » de
conscience étroitement liées ; la masse est une forme d’énergie ; le
mouvement n’est pas absolu, mais relatif au mouvement d’une autre
chose ; deux observateurs, dont chacun se déplace à une vitesse
différente par rapport à une série commune d’évènements, percevront
ceux-ci dans des cours de temps différents.

Selon Seth, le dauphin (et bien sûr la baleine) comprend à sa façon ces
phénomènes-là — et sans l’aide des calculs très sophistiqués et des
instruments physiques que les humains utilisent.

[7] Jane a fait pour la première fois l’expérience de l’effet « canaux


multiples » avec Seth peu de temps après avoir commencé à transmettre
La Réalité personnelle ; voir la session 616 du chapitre 2.

[8] Je peux ajouter par la suite qu’au chapitre 17 de Psychic Politics, Jane
présente à la fois ses propres notes sur son expérience de sortie du
corps et le matériau que Seth a donné sur ce sujet, le lendemain soir,
dans cette session 730.

Comme je l’ai noté au moment de la dernière pause de cette session,


Jane s’est mise à l’écoute d’un matériau complémentaire de Seth sur
l’astrologie. J’ajoute maintenant, à regret, que ces informations n’ont
jamais été enregistrées.
SESSION 731

Lundi 20 janvier 1975

(21 h 38.)
Bonsoir
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. (D’une voix lente et calme.) Votre idée actuelle de l’identité se
perpétue uniquement parce que vous n’accordez une validité qu’à des
aspects si infimes de votre propre réalité.
En d’autres termes, les concepts que vous acceptez concernant le moi
disparaîtraient si vous permettiez à toute expérience subjective signifiante
d’entrer en ligne de compte. « Le moi absent » — pas absent ou inconnu —
est la partie de votre propre existence que vous ne percevez ou n’acceptez
pas d’habitude, bien qu’il y ait en vous une forte envie de le faire.
Une bonne partie de La Réalité « inconnue » a à voir avec le
démantèlement de théories qui ont été longtemps acceptées, mais qui vous
empêchent de percevoir la nature puissante de ces parties du moi qui sont
absentes. Quand vous vous focalisez sur certains détails provenant d’un
champ de réalité physique plus vaste, vous vous focalisez alors seulement
sur la petite partie de vous-même que vous considérez comme « réelle ».
Cependant, vous portez en vous la connaissance profonde d’une
expérience qui, en vos termes, serait antérieure ; pourtant, dans vos cellules
et dans votre esprit plus profond, cette information est actuelle.
Accordez-nous un instant… Le moi se répand en grandes vagues
généreuses, mais vous vous protégez jalousement contre une telle créativité.
Vous êtes dans une certaine mesure porteur de la connaissance de vos
ancêtres, à l’intérieur de vos chromosomes [dans vos cellules] [1], lesquels
présentent une structure qui n’est pas rigide mais souple — une structure
qui, de façon codifiée, vous dote de l’expérience subjective vivante de ceux
qui, en vos termes, vous ont précédé. Comme Ruburt s’en est douté
récemment, certaines très vieilles cultures en avaient conscience[2]. Tout en
étant des individus indépendants, leurs membres s’identifiaient également à
leurs ancêtres, jusqu’à un certain point, les acceptant comme des parties de
leur moi. Cela ne signifie pas que le moi individuel était moins conscient de
sa propre réalité, mais plus. Cela correspondait à un type de focalisation
totalement différent, dans lequel il était clairement compris que les ancêtres
contribuaient à l’expérience « nouvelle » des vivants ; une expérience où la
conscience focalisée physiquement se voyait clairement en train de
percevoir le monde pour elle-même, mais aussi pour toutes celles qui
l’avaient précédée — (d’une voix de plus en plus forte et insistante) tout en
comprenant qu’en ces termes-là, l’individu apportait sa contribution,
comme les générations du passé.
Les animaux étaient également acceptés dans cette philosophie naturelle
du moi, car l’individu voyait clairement la qualité vivante de toute
conscience. Il comprenait que les caractéristiques des animaux servaient à
perpétuer la « vie », ajoutant leurs qualités à une expérience nouvelle du
moi[3]. Vous feriez mieux de mettre le mot « vie » entre guillemets dans
cette dernière phrase.
(Une pause.) Le corps humain avait son utilité dans la grande gestion de
la Terre, car lorsqu’il mourait et se décomposait, de nouvelles formes en
émergeaient. C’était un échange mutuel dans lequel un environnement de
jungle était un véritable habitat, et où tout faisait partie du moi,
psychiquement, spirituellement et physiquement[4].
(Une pause à 21 h 57.) Laissons ceux qui le souhaitent rire des légendes
où des esprits se transforment en arbres[5] — une théorie simpliste, à coup
sûr, et pourtant, une affirmation symbolique dans les sociétés de ce type.
Les morts étaient enterrés chez eux, dans le même petit territoire, et ont
formé ultérieurement la composition du sol sur lequel se sont développées
les religions. À nouveau, du fait de vos concepts limités du moi, il vous est
difficile de saisir ce que je dis.
(Avec insistance.) Je ne dis pas, par exemple, que la conscience vivante
de chaque individu retournait littéralement à la terre, mais que le matériau
physique pénétré et marqué par cette conscience-là y retournait, et y
retourne. Encore une fois, même les cellules conservent la connaissance de
toutes leurs affiliations. En termes physiques, la conscience que vous
comprenez se base là-dessus.
Accordez-nous un instant… Le moi est plus pauvre lorsqu’il ne
comprend pas, au moins intuitivement, cet héritage.
Accordez-nous un instant… Ces prises de conscience intimes devaient
toutefois être contrebalancées, conformément à certains buts fixés par votre
espèce, et même être mises de côté temporairement pour que d’autres
attitudes et caractéristiques puissent apparaître. La curiosité de l’espèce ne
lui permettait pas de demeurer longtemps sur le même territoire[6] ; le
sentiment d’intimité était donc brisé à dessein. Il allait toutefois redevenir
très important quand la planète serait largement peuplée, comme c’est le cas
aujourd’hui — le sens originel de l’habitat devant simplement être étendu à
toute la surface de la Terre. Les parties « absentes » du moi sont prêtes à
émerger. Les autres lignes de conscience, qui pour vous sont probables,
peuvent maintenant entrer en jeu.
Ces différentes lignes de focalisation vont chacune vous révéler d’autres
aspects de votre propre réalité, en tant qu’individus et en tant qu’espèce.
Faites votre pause.
(De 22 h 13 à 22 h 29.)
J’ai dit un jour qu’il n’existe pas de connaissance en dehors de la
conscience[7].
En ces termes-là, les données neutres ne sont pas transmises par les
chromosomes. La conscience fait circuler les informations à travers des
véhicules « vivants ». Qu’elle soit matérialisée physiquement ou non, c’est
la conscience qui possède la connaissance. Celle-ci est toujours
« individualisée » (une pause), mais pas nécessairement en vos termes[8].
Accordez-nous un instant… Les informations portées par les
chromosomes ne sont pas générales, mais hautement spécifiques. Ce sont
des données codifiées (elles-mêmes vivantes) qui contiennent l’essence
d’une connaissance ancestrale — écrivez plutôt expérience ancestrale —
d’une expérience ancestrale spécifique. Biologiquement vous portez donc
vraiment en vous les souvenirs de vos ancêtres particuliers. Ces mémoires
forment une base partielle pour votre existence subjective et physique, et
lui fournissent le support dont elle a besoin.
Puisqu’une partie de votre héritage est physique, en ces termes, ces
souvenirs peuvent être retraduits en évènements émotionnels et
psychologiques, bien que ce ne soit en général pas le cas dans vos sociétés.
En ce sens, l’expérience supposément passée de vos ancêtres et de votre
espèce est concomitante à la vôtre, biologiquement parlant. Ce n’est
pourtant rien qu’une ligne correspondant aux chromosomes. Vous avez
« une autre ligne » d’existence qui sert aussi de support au moi que vous
reconnaissez actuellement. Elle inclut d’autres relations physiques
entremêlées qui vous lient à tous les autres qui sont sur votre planète et
vous sont temporellement adjacents. Cela veut dire qu’à un degré ou à un
autre, vous êtes relié à tous ceux qui sont vivants sur la planète.
Temporellement, vous êtes des contemporains. Vous avez une relation
beaucoup plus étroite avec certains qu’avec d’autres. Certains sont vos
contreparties.
(22 h 45.) Accordez-nous un instant… Celles-ci peuvent vous être, ou
non, plus proches que des relations familiales, mais, psychiquement parlant,
elles partageront avec vous un certain type d’histoire. Vous serez aussi
connectés à travers le cadre physique de la Terre, dans le vaste échange
mutuel de son système espace-temps.
Une troisième ligne servant de support à votre moi, tel que vous le
concevez, est réincarnationnelle[9]. Elle est un peu comme la ligne
ancestrale (une longue pause), et il y a aussi des reflets dans les gènes et les
chromosomes, qui ne sont pas détectés par vos scientifiques. Ces lignes,
ancestrale et réincarnationnelle, se mêlent jusqu’à un certain point pour
former ce que vous considérez comme vos schémas génétiques préétablis,
pour ainsi dire. Avant cette vie-ci, vous avez choisi ce que vous souhaitiez
de ces deux domaines principaux.
L’expérience réincarnationnelle est donc également transmise, et elle
peut être retraduite, à partir d’une empreinte biologique codée, en une
conscience émotionnelle. À nouveau, cependant, tout comme vous n’êtes
pas vos parents ou vos ancêtres, vous n’êtes pas non plus vos « moi
réincarnationnels ».
Ici aussi, les idées de temps vous entravent, car je dois expliquer tout
cela en termes temporels. Puisque le temps est simultané, à d’autres
niveaux, vos ancêtres connaissaient votre naissance même si, dans la
continuité que vous reconnaissez, ils sont morts il y a des siècles. La même
chose s’applique aux existences réincarnationnelles qui, selon vous, ont eu
lieu dans le passé.
Vous ne pouvez pas dire que vos ancêtres, comme certaines plantes
étranges, se sont développés en direction de ce que vous êtes, ou que vous
êtes la somme de leurs expériences. Ils étaient et ils sont eux-mêmes. Pour
les mêmes raisons, vous ne pouvez pas dire non plus que vous êtes la
somme de vos vies réincarnationnelles passées. Vous amputez la
connaissance que vous avez de vous-même, et des divisions semblent donc
se produire. Vous êtes un peu comme une plante qui reconnaîtrait seulement
une de ses feuilles à la fois. Une feuille sent sa réalité plus profonde en tant
que partie de la plante, ce qui contribue à son propre sens de continuité, et
même à son propre sens d’individualité. Mais vous prétendez souvent être
une étrange feuille qui se balance, dépourvue de racines et poussant sans le
support d’une plante.
(Jane en tant que Seth désigne le bégonia posé sur la petite table basse
qui nous sépare.)
On pourrait considérer toutes les feuilles qui poussent maintenant sur
cette plante comme des contreparties les unes des autres, chacune vivante et
individuelle en même temps, chacune apportant sa contribution et pourtant
orientée dans une direction différente. Lorsqu’une feuille tombe, une autre
prend sa place, jusqu’à ce que, l’année suivante, la plante tout entière,
toujours vivante, ait un feuillage totalement renouvelé — constitué de futurs
moi réincarnationnels du feuillage précédent.
Vous n’êtes pas des plantes, mais l’analogie est simple. Et si vous me
pardonnez — dans l’ensemble, elle tient la route.
Faire votre pause.
(De 23 h 06 à 23 h 25.)
Entre les parties de la plante, il y a une constante interaction que vous
ne percevez pas. Les feuilles qui sont présentes maintenant sont
biologiquement valides, en interrelation, selon vos termes. Pourtant, en
termes de temps, chaque feuille est également consciente de l’histoire
passée de la plante et, biologiquement, elle naît de ce « passé ».
Chaque feuille cherche à exprimer aussi pleinement que possible sa
nature de feuille. Les feuilles captent le soleil, ce qui aide la plante à grandir
[grâce à la photosynthèse]. Le développement des feuilles est donc très
important pour l’existence de la plante. Les expériences des feuilles
permettent à ses cellules de rester en contact avec l’environnement, et les
probabilités futures sont toujours prises en considération. Les moindres
données impliquant la lumière et l’obscurité sont connues. La vie de la
plante et celle de ses feuilles ne peuvent pas être séparées.
(Une longue pause.) La plante a sa propre « idée » d’elle-même, où
chacune de ses feuilles joue un rôle. Chaque feuille possède cependant les
capacités latentes de la plante entière. Plantez-en une, par exemple, et une
nouvelle plante poussera.
Les moi jouissent d’une liberté beaucoup plus grande que les feuilles,
mais ils peuvent aussi s’enraciner s’ils le choisissent — et ils le font. Les
moi réincarnationnels sont comme des feuilles qui ont quitté la plante et
choisi un nouveau milieu où exister. Dans cette analogie, les feuilles
tombées de la plante physique ont rempli leurs objectifs vis-à-vis d’elles-
mêmes, en tant que feuilles, et vis-à-vis de la plante. Ces moi, tombant
d’une branche de temps, prennent toutefois racine dans un autre temps et
deviennent de nouvelles plantes à partir desquelles d’autres vont pousser.
(« Vous voulez dire de “nouveaux moi” au lieu de “nouvelles plantes ?
” »)
C’est exact.
Le moi plus vaste s’ensemence lui-même dans le temps. Dans ce
processus, aucune identité n’est perdue et aucune identité n’est la même,
toutes sont pourtant interreliées. Vous pouvez donc théoriquement étendre
votre conscience jusqu’à inclure la connaissance de vos vies passées, bien
que ces vies-là aient été vôtres et pas vôtres. Elles ont une racine commune,
comme les feuilles de l’année prochaine ont une racine commune avec les
feuilles actuelles de cette plante (désignant à nouveau le bégonia).
Une telle connaissance, toutefois, modifierait automatiquement ces vies
passées. Les idées de cause et d’effet peuvent ici être une gêne pour vous,
parce que vous avez l’impression que l’apparition des feuilles de l’année
prochaine est un effet causé par les feuilles de cette année-ci[10]. Cependant,
pour la plante et son modèle créatif inné, toutes ses manifestations ne font
qu’une — et sont une expression d’elle-même, dont chaque partie est
différente. La connaissance de ses « futures » feuilles, en tant que modèle
potentiel, existe maintenant. Il en va de même pour la psyché. Dans ce
domaine plus vaste de la réalité, il y a une interaction créative, et des
interrelations entre tous les aspects du moi.
Fin de la dictée et de la session. Mes salutations les plus chaleureuses et
un cordial bonsoir.
(« Merci, Seth, et bonne nuit. » 23 h 49.)

NOTES DE LA SESSION 731


[1] Dans la note 9 de la session 682, au tome I de La Réalité « inconnue »,
les chromosomes sont définis comme « des corps microscopiques dans
lesquels la substance protoplasmique d’un noyau cellulaire se sépare
pendant la division cellulaire. Ils portent les gènes, les facteurs ou
unités — les “feuilles de route” — qui déterminent les caractéristiques
héréditaires. »

Dans le volume II, voir la note 14 de l’appendice 12.

[2] Après la session, Jane me dit qu’elle a eu cette pensée au début de la


semaine dernière, à un moment où elle ne faisait rien de spécial, et
qu’elle a oublié de m’en parler. Elle est incapable à présent de
développer son idée de départ.

[3] Seth a rassemblé de nombreuses informations dans la brève session 689


du tome I. Il y parlait des innombrables expérimentations de la
conscience avec les formes d’homme-animal et d’animal-homme ; de la
grande communication entre l’homme et l’animal dans les temps
anciens, et du rapport profond qu’ils avaient tous deux avec leur
héritage naturel ; des feuilles de route psychiques et biologiques et de la
précognition cellulaire ; du développement de la conscience de l’ego
chez l’homme ; des débuts de nos concepts de dieu et de la mythologie ;
et d’autres choses encore.

[4] Dans le tome I, voir la session 687 à 22 h 45, lorsque Seth dit :
« Biologiquement, l’homme sait qu’il provient de la terre. Certaines de
ses cellules ont été les cellules d’animaux, et l’animal sait qu’il
regardera à travers les yeux d’un homme. » Voir ensuite la note 3 de
cette session-là, en particulier le poème de Jane, Illumination.

[5] Pour un matériau concernant les arbres, voir la note 7 de la session


727.

[6] Dans le tome I, voir le matériau de la session 684, de 22 h 49 à 23 h


22 ; dans le tome II, voir par exemple la session 716.

[7] Seth fait évidemment référence au matériau qu’il a donné sur les
attributs conscients d’une information, au chapitre 3 de La Réalité
personnelle. La note 1 de la session 697, dans le volume I de La Réalité
« inconnue », contient quelques citations provenant de ces
commentaires, ainsi que quelques autres références.

En fait, depuis que Jane a commencé ces sessions il y a plus de dix ans,
Seth a décrit de différentes manières la relation indissoluble existant
entre la conscience et l’information (ou entre la conscience et toute
autre chose). J’ai tenté une petite expérience. Parmi les soixante-quatre
classeurs contenant la transcription dactylographiée de nos sessions,
j’ai pris au hasard le deuxième classeur. Il correspond aux sessions 16 à
23, couvrant la période du 15 janvier au 5 février 1964. Cinq de ces
huit sessions contiennent un matériau qui pourrait très bien être cité
dans cette note. Lors de la session 18, Seth disait par exemple :

« Comme vous le supposez probablement maintenant, il y a une


conscience en toute chose. Qu’il soit pour vous visible ou invisible,
chaque fragment de l’univers a une conscience qui lui est propre. La
douleur et le plaisir sont les aspects les plus forts éprouvés par toutes
consciences et chaque fragment en fait l’expérience en fonction de son
niveau. La différenciation est bien sûr variée, et c’est ce degré de
différenciation qui rend les consciences différentes. »

[8] J’aimerais que Seth développe un jour les implications fascinantes


d’une telle affirmation.

[9] Quand Seth mentionne la réincarnation maintenant, je pense


généralement à ce qu’il a transmis dans la session 683 du tome I. Voir
le paragraphe après 22 h 45, commençant par : « La réincarnation
représente simplement des probabilités dans un contexte de temps… »
Voir aussi la note 3 de cette session-là.

[10] Outre les citations tirées de la session 18, dans la note 7 ci-dessus, j’ai
présenté des extraits sur la conscience des arbres dans la note 7 de la
session 727. Voici maintenant une partie de la suite de ce matériau
ancien : « En dressant la liste des lois prétendument naturelles, j’ai dit
[dans la session 18] que l’homme a décidé que ce qui paraissait être à
ses yeux une cause et un effet était donc une loi naturelle de l’univers.
Non seulement ces prétendues lois, qui ne sont pas des lois, varient en
fonction de l’endroit où vous êtes dans l’univers, mais elles varient
aussi en fonction de ce que vous êtes dans l’univers. Un arbre reconnaît
donc un être humain, même s’il ne le voit pas en vos termes. Pour un
arbre, les lois sont simplement différentes. Et si l’arbre écrivait ses lois
de l’univers, vous verriez à quel point elles sont différentes. »

Et au chapitre 15 de Seth parle, il dit dans la session 521, après 22 h


17 : « Le mot “résultat”, voyez-vous, sous-entend automatiquement une
cause et un effet — la cause ayant lieu avant l’effet —, et ce n’est qu’un
petit exemple de la force de ce genre de déformations, et des difficultés
inhérentes qui entrent en jeu avec la pensée verbale, car celle-ci
implique toujours une description unilinéaire. »
SESSION 732

Mercredi 22 janvier 1975

(21 h 10.
Ni Jane ni moi ne sommes capables de nous souvenir de quoi parlait la
session de lundi soir, même si hier, pendant le cours de perception
extrasensorielle, j’ai lu une partie de mes notes prises en « sténo » aux
membres de la classe. Je dois encore taper la session à la machine.)
Dictée.
(« Bonsoir, Seth. »)
Bonsoir. Maintenant. J’ai parlé des contreparties dans le cours de
Ruburt[1]. Beaucoup d’étudiants sont devenus extrêmement sérieux en
essayant d’en comprendre le concept.
Certains voulaient que j’identifie pour eux leurs contreparties. Un
étudiant [Fred] qui est entrepreneur, a peu parlé. Mais au cours de la
semaine dernière, il a laissé son imagination créatrice aller là où elle
pouvait, tout en gardant à l’esprit l’idée générale. Il a donc joué avec le
concept. D’une certaine façon, ses expériences étaient comme celles d’un
enfant — ouvert, curieux, plein d’enthousiasme. Il a ainsi lui-même
découvert quelques-unes de ses contreparties[2].
La plupart des gens, cependant, sont si sérieux qu’ils trouvent suspecte
leur propre créativité. Ils s’attendent à ce que ses produits soient irréels ou
non valides dans le monde physique. Il y a pourtant une forte corrélation
entre ce que vous considérez être la créativité, les états modifiés de
conscience, le jeu et le développement « spirituel ».
Quand vous créez un poème, une chanson ou un tableau, vous êtes dans
un état de jeu, de jouissance et de liberté. Vous avez l’intention de faire
quelque chose de différent, de produire une version nouvelle de la réalité.
Vous créez par amour, pour l’expérience. Presque tout le monde vit ce type
d’expérience à un moment ou à un autre, et les enfants souvent. Ils
composent dans leur tête des chansons, de la musique et des tableaux. Ils
modifient fréquemment la focalisation de leur conscience. Ils ne s’arrêtent
pas pour se demander si, oui ou non, le jeu est réel ou pertinent.
Physiquement, le jeu développe leurs mécanismes corporels. Il exerce aussi
les grandes capacités de leur esprit.
(Une pause.) Quand vous vous dites « la vie, c’est sérieux » et que vous
décidez d’écarter tout ce qui est puéril, vous perdez souvent de vue votre
propre créativité et devenez si mortellement sérieux que vous êtes incapable
de jouer, même mentalement. Le développement spirituel devient un but qui
doit être atteint. Tant que vous croyez que, pour parvenir à ce but, il faut
travailler dur, vous ne comprenez pas ce qu’est l’esprit.
Je reviens sans cesse à des analogies naturelles — mais les plantes ne
travaillent pas au développement de leur potentiel. Elles ne sont pas belles
parce qu’elles croient qu’elles ont la responsabilité de satisfaire vos yeux.
Elles sont belles parce qu’elles s’aiment elles-mêmes et qu’elles aiment la
beauté. Quand vous êtes si sérieux, vous déformez presque toujours la
nature de votre esprit, ou du moins la compréhension que vous en avez.
Vous ne pouvez pas baisser votre garde suffisamment longtemps pour
découvrir ce qu’est cette nature. Vous n’arrêtez pas de chercher de
nouvelles règles, réglementations ou méthodes de discipline.
Accordez-nous un instant… Vous cherchez constamment un nouveau
« maître ascensionné », ou un gourou, qui vous garde sur le droit chemin et
vous indique LA VOIE — en lettres majuscules.
À leurs façons, les enfants sont tout à fait conscients de leurs
contreparties et des autres parties de leur réalité individuelle. Ils sont en
rapport avec leurs contreparties dans les rêves. Ils les voient parfois comme
des compagnons « invisibles ». Vous rêvez fréquemment de vos
contreparties, mais tant de crainte s’attache à préserver ce que vous
considérez être le moi adulte rationnel, que vous ignorez ce type de
communications.
Des personnes ont écrit ici et posé des questions à propos des âmes
sœurs[3]. Dans certains cercles, c’est la dernière mode. L’idée est ancienne ;
elle est basée sur la réalité des contreparties, et présente une autre version
de la théorie. Mais, à nouveau, elle est traitée avec un sérieux presque
pompeux. (Une pause.) Beaucoup de ceux qui utilisent ce terme le font
davantage pour cacher que pour libérer leurs propres aptitudes joyeuses. Ils
passent leur temps à chercher leur âme sœur — mais cette recherche les
entraîne dans un pèlerinage vers une forme de communication impossible
avec autrui, où toute division a disparu : les deux êtres essayent de se
rejoindre dans une unité qui les cimente, étouffant tout sens du jeu ou
créativité. Vous n’êtes pas une partie, ou une moitié, d’une autre âme[4],
cherchant votre partenaire à travers les annales du temps, et perdu tant que
votre âme sœur ne vous complétera pas.
(Une minute de pause, les yeux clos, à 21 h 42.)
Quand vous avez trop tendance à maintenir votre réalité, vous la
perdez, car vous niez la créativité sur laquelle elle repose.
(Une longue pause.) Je ne nie pas l’importance de la vraie raison. Je ne
vous dis certainement pas d’ignorer l’intellect. Mais vous ignorez souvent
la nature ludique de l’intellect, et vous le forcez à devenir quelque chose de
moins que ce qu’il est.
Faites votre pause.
(De 21 h 45 à 21 h 55.)
Dans la journée, beaucoup parmi vous ont des rêves éveillés dans
lesquels ils se voient en tant que contreparties, et des parties de leurs vies se
manifestent parfois à eux pendant qu’ils vaquent à leurs occupations
quotidiennes.
Vous en tenez bien peu compte, cependant. Vous pensez que c’est
seulement votre « imagination ». Or, la réalité inconnue est vivante dans
votre psyché. Dans toute votre expérience, il y en a des indices. Vous ne
seriez pas vivant, en vos termes, si en premier lieu vous ne vous imaginiez
pas tel que vous êtes. Le jeu est en fait une des méthodes de survie les plus
utiles, à la fois pour l’individu et pour l’espèce. Dans sa structure résident
les secrets de la créativité, et dans les secrets de la créativité résident les
secrets de l’être.
La vie que vous considérez comme réelle représente une strate étroite,
même du point de vue de votre expérience physique. Je ne parle pas ici
d’autres réalités qui pourraient s’ajouter à cette dimension-là. (Une pause.)
Le jeu vous apporte un repos nécessaire par rapport à vos concepts
déformés du moi. Une bonne part des inventions les plus belles ont eu lieu
quand l’inventeur n’était pas concentré sur son travail, mais s’adonnait à un
passe-temps ou à un jeu.
(Une pause.) Vous êtes en lien plus ou moins direct avec certaines de
vos contreparties, tandis que d’autres vivent dans d’autres pays et
présentent parfois des différences d’âge ou de culture — qualités auxquelles
vous auriez du mal à vous relier[5]. Intuitivement, vous savez qui sont vos
contreparties dans votre expérience quotidienne. Cela ne signifie pas que, si
vous vous rendez compte consciemment de telles affiliations, vous devez
avoir le sentiment qu’il y va de votre responsabilité de former un type de
culture de contreparties, ou de tenter de modifier les vies d’autres personnes
en leur rappelant votre lien relationnel. Chacun de vous est individuel.
Certaines des personnes qui vous déplaisent le plus profondément
peuvent être des contreparties[6]. Chacun de vous peut explorer des
aspects différents du même défi global.
Les familles n’ont rien d’ésotérique. Elles représentent le type de
relations que vous prenez comme allant de soi. La même chose s’applique
aux contreparties, si ce n’est que le terme ou concept ne vous est pas
familier.
Certains membres d’une famille remplissent toutefois souvent un rôle
particulier pour la famille dans son ensemble. L’un peut être un arriviste et
un autre du genre à entreprendre et réaliser. Actuellement, les psychologues
essayent souvent de traiter la famille comme un ensemble, en permettant
aux différents membres de voir comment ils peuvent exagérer certaines
tendances au détriment d’autres.
L’arriviste peut par exemple faire montre de tous les aspects audacieux
inhibés chez les autres membres de la famille. À travers cette personne, les
autres peuvent par procuration partager l’excitation ou le suspens de telles
expériences, qui sont bloquées par ailleurs. D’un autre côté, celui qui
entreprend et mène à bien des projets peut totalement cacher ce genre
d’impulsions, tout en exprimant fidèlement les désirs « d’excellence » et de
discipline des autres membres de la famille. Maintenant, la même chose
peut s’appliquer aux contreparties et celles-ci peuvent vous montrer dans
votre expérience, sous une forme exagérée, des aptitudes qui sont vôtres et
sur lesquelles vous n’avez pas choisi de vous concentrer. Vous pouvez par
conséquent beaucoup apprendre de vos contreparties, et elles de vous. Ces
contreparties que vous rencontrez travaillent, jouent et se trouvent plus ou
moins au sein de votre propre culture. Cela ne veut pas dire que vous êtes
des morceaux ou des pièces d’un certain moi hypothétique.
(Une pause à 22 h 20.) Imaginez que la psyché soit une plante diffusant
des graines d’elle-même dans de nombreuses directions, chaque graine
devenant une plante nouvelle dans des conditions différentes. Grandissant
jusqu’à l’état de plante, ces graines diffusent encore de nouvelles variations.
Une poignée de graines d’un arbre peut tomber dans le même jardin.
D’autres peuvent être emportées par le vent sur des kilomètres avant
d’atterrir.
Vous vivez d’habitude avec votre famille physique, bien que ce ne soit
pas toujours le cas ; vos ancêtres viennent parfois de pays différents : il
existe donc une lignée physique que vous comprenez. Il y a souvent des
retours au pays, lorsque des parents éloignés reviennent au bercail.
Maintenant, il en va de même psychiquement, en termes de contreparties. Si
vous appartenez à l’un de ces groupes particuliers, quel qu’il soit, vos
contreparties les plus proches y seront souvent aussi. De leur point de vue,
vous serez d’ailleurs une contrepartie. Beaucoup de groupes politiques,
civils, éducatifs ou religieux sont composés de contreparties.
(« Et les familles conventionnelles ? » Je pose cette question à Seth, car
je pense que de nombreux lecteurs vont s’interroger sur ce point, tout
comme moi.)
Nous y viendrons. C’est à dessein que je ne les ai pas ajoutées.
Ces contreparties forment des familles psychiques. Ce sont des
représentations familiales à d’autres niveaux. Tout d’abord, ces groupes ont
une focalisation innée — politique, civique, religieuse, sexuelle ou autres.
(Une pause.) Certains membres du groupe expriment les tendances
refoulées des autres. Pourtant, chacun est soutenu par un sens commun
d’appartenance, de sorte que le groupe semble parfois avoir sa propre
identité globale, où chaque membre joue un rôle. Tout lecteur peut
facilement découvrir cela en examinant les groupes auxquels il appartient.
(22 h 30.) Maintenant, physiquement parlant, il y a des races. Il y a
aussi des contreparties psychiques de races — des familles de conscience,
pour ainsi dire —, toutes reliées, ayant pourtant des caractéristiques ou
spécialités globales différentes.
La plupart des gens qui suivent les cours de Ruburt sont des Sumari[7],
par exemple. Il existe huit autres familles psychiques de ce type — donc
neuf en tout. Certains des étudiants de Ruburt sont des contreparties les uns
des autres. Beaucoup de ceux qui viennent ici viennent chez eux,
exactement comme les membres d’une famille physique se réunissent.
Vous pouvez changer les noms si vous préférez.
Peter Smith est une contrepartie de Joseph[8]. Sue [Watkins] et Zelda
sont des contreparties de Ruburt — ou Ruburt est une contrepartie de Sue et
de Zelda.
Alan Koch et Ruburt sont des contreparties. Carl Jones[9], Bill Herriman
et Bill Granger sont des contreparties. Norma Pryor est une contrepartie de
Joseph et vice versa. Le jeune homme de Pennsylvanie qui vient une
semaine sur deux est une contrepartie de Ruburt. Mais tout cela s’applique à
n’importe quel groupe.
Accordez-nous un instant… Les Sumari sont d’un naturel enjoué
— inventifs et relativement sans entraves. Ils sont toutefois impatients[10].
On les trouve dans les arts et dans les sciences moins conventionnelles.
La réalité inconnue. Vous avez des affiliations intérieures. Quelles sont-
elles ? Je vais donner les grandes lignes des espèces psychiques intérieures,
et c’est à vous de découvrir celle à laquelle vous appartenez.
(D’une voix forte et pleine d’humour.) Faites votre pause, ou terminez la
session si vous préférez.
(« D’accord pour la pause. »
22 h 45. À une exception près — Sue Watkins —, tous les noms donnés
par Seth et impliquant des relations de contreparties ont été changés. La
plupart des gens sont des membres du cours de Jane ; quelques-uns ont
rencontré certaines de leurs contreparties, d’autres non ; Jane, Sue et moi
sommes les seuls à connaître toutes les personnes que Seth a nommées. Au
cours de la pause, Jane fait part d’autres affiliations psychiques parmi ses
étudiants, mais il n’est pas nécessaire de les évoquer ici. Elle est incapable
de dire si Seth va indiquer d’autres contreparties après la pause.
Je lui dis que j’ai été assez surpris lorsque Seth a déclaré de façon aussi
abrupte qu’il y avait seulement neuf familles de conscience [humaine] sur
notre planète. Le nombre semble si petit, si arbitraire. Je fais aussi
remarquer qu’à mon sens, ni Seth ni elle n’aiment d’habitude classer de
façon aussi catégorique de nouvelles informations. Tout en étant d’accord,
Jane n’est pas capable d’en dire davantage, si ce n’est qu’elle a le
sentiment que chaque famille pourrait avoir des subdivisions, et/ou se
combiner avec d’autres, de sorte que, mathématiquement au moins, un
« grand nombre » d’entre elles pourraient exister. Je préfère de loin cette
idée-là. Bizarrement, aucun de nous deux n’avait jamais demandé à Seth de
nommer les autres familles de conscience, après que Jane s'est exprimée en
sumari il y a plus de trois ans — voir cependant à la fin de cette session le
matériau consacré à la famille de conscience sur laquelle Sue Watkins
s’était branchée.
Reprise à 23 h 02.)
Maintenant. Ce groupe de la classe de Ruburt me sert d’exemple, mais,
à nouveau, la même chose s’applique à n’importe quel groupe.
Les Sumari sont exubérants, en certains termes, contestataires, pleins
d’énergie. Ils sont en général individualistes, opposés aux systèmes, quels
qu’ils soient. Ce ne sont cependant pas des « réformateurs nés ». Ils
n’insistent pas pour que tout le monde croie en leurs idées, mais ils insistent
avec opiniâtreté sur leur droit à croire en leurs propres idées et ils évitent
toute coercition.
Dans la classe, Emma [Hariston] et Jack [Pierce] sont des
contreparties. (S’adressant à moi.) Jack et vous êtes des contreparties, mais
Emma et vous n’en êtes pas.
(Une pause.) Earl [Williams] et Sam [Garrett] sont des contreparties.
Ces noms ne signifient rien pour mes lecteurs. Pourtant, dans chaque cas,
les relations citées indiquent des réalisations et des connexions intérieures.
Les mêmes réalités apparaissent dans chacune de vos vies. Will Petrosky et
Ben [Fein] sont des contreparties. Will [qui, soit dit en passant, assistait à
la session 729] est un jeune homme très intellectuel — il en est fier, même
s’il doit faire de grands efforts pour montrer qu’il est un joyeux drille. D’un
autre côté, Ben Fein fait pleinement confiance à ses intuitions et compte sur
elles ; pourtant, dans une certaine mesure, il a peur de sa propre énergie qui
est grande. À de nombreux égards, il est un enfant, et totalement spontané.
Will rêve d’être spontané. Toutefois, même dans ce groupe ouvert [de la
classe], la spontanéité de Ben devient embarrassante pour des adultes assez
libres pour jouer avec l’idée de la spontanéité tout en n’ayant pas
complètement confiance en elle. Ben a peur de l’intellect. Il craint que
celui-ci ne le « diminue ».
Maintenant, tout groupe montre le même type d’interrelations[IV]. Vous
pouvez les voir par vous-même. Il y a une grande diversité au sein de la
famille de conscience nommée Sumari, ainsi qu’une grande variété à
l’intérieur des autres familles psychiques, comme il y en a au sein de toute
race physique.
(23 h 14.) Vous choisissez toutefois de naître dans une famille physique
particulière, avec vos frères et vos sœurs, ou en tant qu’enfant unique.
D’une façon générale, vos contreparties naissent ainsi dans la même famille
psychique de vos contemporains. Ces familles-là peuvent être appelées
Gramada —
(« Attendez, dis-je. Est-ce que vous voulez bien les épeler ? » Jane en
tant que Seth hoche la tête. Puis rapidement, presque en rythme comme si
elle chantait, elle épelle huit noms. J’ajoute Sumari à la liste. Là où cela
semble nécessaire, j’indique également l’accentuation et le découpage
syllabique, d’après la prononciation de Seth.)
1. Gra-ma’-da
2. Su-ma’-fi
3. Tu’-mold
4. Vold
5. Mil’- (une pause) u-met
6. Zu’-li
7. Bor-le’-dim, la plus proche de la famille Sumari
(Au moment où Jane épelle « Borledim », je me dis qu’elle va peut-
être se mettre à chanter.)
8. Il’-da
9. Et Su-mar’-i
Ces catégories ne viennent pas en premier. Votre individualité vient en
premier. Vous avez certaines caractéristiques qui vous sont propres. Celles-
ci vous placent dans une certaine position. Comme vous n’êtes ni un rocher
ni un minéral, mais une personne, votre individualité vous place donc dans
une famille, ou espèce, particulière de conscience. Elle représente votre
point de vue global de la réalité.
Vous aimez être un initiateur, un suiveur, ou jouer un rôle nourricier.
Vous aimez créer des variations sur de vieux systèmes, ou vous aimez en
créer de nouveaux. Vous aimez vous concentrer sur la guérison,
l’information ou des données physiques. Vous aimez avoir affaire à la vue,
au son, aux rêves ou à la traduction de données intérieures en un matériau
psychique utile pour votre société. Vous choisissez alors une certaine
focalisation, comme vous choisissez à l’avance votre famille physique[11].
(Une pause.) Fin de la session. Mes salutations les plus chaleureuses et
un cordial bonsoir.
(« Merci, Seth, à vous aussi. »
23 h 27. « Par moments, je m’y perds complètement », dit Jane en
sortant de son excellente transe, juste après la fin plutôt soudaine de la
session. « Je pense que le matériau ici est remarquable, mais je m’inquiète
de la façon dont le lecteur va le comprendre… Je savais que j’épelais ces
noms. »
Je me demande si les attributs ou vocations que Seth a énoncés
pourraient être directement reliés aux familles de conscience qu’il a
données juste avant, et Jane affirme que c’est le cas. Mais ni elle ni moi ne
sommes capables de dire ce qui va avec quoi ; peut-être obtiendrons-nous
des informations qui nous aideront à faire certaines associations ; je
pourrais peut-être alors présenter une liste de ces corrélations dans une
note.
Jane se souvient à présent que notre amie Sue Watkins a eu quelque
chose à voir avec le fait que Seth ait cité le nom d’une deuxième famille de
conscience, il y a plusieurs années, peu de temps après que Jane nous a
révélé le concept de sumari [voir la note 10]. Après réflexion, elle précise
toutefois que, selon elle, le nom de la « famille de Sue » n’est pas sur la
liste que Seth vient de donner : « C’est quelque chose comme Gramada,
mais ce n’était pas ce nom-là… » J’en prends note pour vérifier cela avec
Sue, qui n’assiste plus à tous les cours puisqu’elle n’habite plus à Elmira.
Je veux aussi voir ce que je peux retrouver dans les sessions, de manière à
pouvoir demander à Seth la raison de cette différence.
Pendant que nous prenons une collation, Jane « capte », sans doute de
Seth, l’idée que les familles psychiques sont « comme notre humeur
générale, celle qui prédomine et dont nous sommes porteurs durant toute
notre vie… » Puis elle ajoute un commentaire intéressant alors que nous
nous apprêtons à aller nous coucher ; cela concerne la question que j’ai
posée à Seth à propos des contreparties dans les familles : « Je pense que
l’unité familiale est peut-être davantage destinée à prendre en compte le
contexte réincarnationnel, plutôt que vouée à beaucoup s’occuper des
contreparties. » Je me demande comment tout cela cadre avec les
probabilités, mais nous avons trop sommeil pour réfléchir à quoi que ce
soit.
Enfin, et peut-être de façon prématurée, reste l’idée, inexploitée jusqu’à
présent, d’un matériau de Seth expliquant si oui ou non les mécanismes des
contreparties et des familles de conscience s’appliquent à d’autres espèces.
Si elles s’appliquent, fis-je remarquer à Jane le lendemain pendant que je
tape cette session à la machine, Seth doit alors avoir une foule
d’informations extrêmement intéressantes sur ces concepts-là, en relation
avec les animaux, les oiseaux, les insectes et la vie aquatique — sans
oublier les bactéries et les virus ; peut-être les entités submicroscopiques
allant jusqu’aux niveaux moléculaire et atomique, voire « en dessous »,
sont-elles aussi concernées. J’espère que nous commencerons bientôt à
recevoir le matériau que nous souhaitons obtenir sur toutes ces catégories-
là, et d’autres, et que le flux d’informations de Seth sur de tels sujets
continuera au fil des ans. Je prévois de lui rappeler souvent nos désirs
actuels.)

NOTES DE LA SESSION 732

[1] Rappelons que Seth a mentionné pour la première fois son concept de
contreparties pendant le cours de perception extrasensorielle du 18
novembre 1974, et non pas lors d’une session consacrée à la dictée de
La Réalité « inconnue » ; voir les notes d’ouverture de la session 721,
dans le tome II. J’y fais aussi référence aux expériences de mes
contreparties romaines et jamaïcaines — épisodes qui, comme je
l’écrivais, « ont certainement joué un rôle considérable dans
l’établissement d’une base, ou d’une impulsion, pour un tel
développement » [comme celui des contreparties]. Voir ensuite tout le
matériau de Seth sur les contreparties dans la session 721 elle-même.

[2] Fred a reçu ses informations sous la forme de plusieurs visions


extériorisées, des plus délicieuses. Il y a vu deux de ses contreparties
contemporaines. Elles étaient féminines. L’une était paysanne en
Turquie ; elle avait « soixante-deux ou soixante-trois ans ». L’autre était
une femme noire, très grande, belle, intelligente, d’un peu moins de
trente ans, vivant dans la haute société en Californie.

[3] Notre dictionnaire définit une âme sœur comme étant une personne du
sexe opposé avec laquelle un individu a « une relation profondément
personnelle » — une description assez terre à terre. Jane et moi
trouvions le terme, ainsi que ses implications, assez désuets jusqu’à ce
que Le Matériau de Seth soit publié en 1970. Puis nous avons
commencé à recevoir des lettres de lecteurs demandant à Seth soit de
les aider à trouver leur âme sœur, soit de vérifier que de telles
contreparties avaient en fait déjà été repérées.

[4] Voir les discussions très pointues de Seth à propos de l’âme (ou entité),
dans les sessions 526, 527 et 528 du chapitre 6 de Seth parle. Il a
communiqué de nombreux points excellents. La remarque qu’il a faite
juste avant 22 h 43 dans la session 526 m’a toujours intrigué : « Vous
êtes l’une des manifestations de votre propre âme. » Et au chapitre 9 de
La Réalité personnelle, voir la session 637 à 22 h 20 : « Un groupe de
cellules forment un organe. Un groupe de moi forment une âme. Je ne
suis pas en train de vous dire que vous n’avez pas une âme qui vous soit
propre. Vous êtes une partie de votre âme. Elle vous appartient et vous
lui appartenez. »

Comme je l’ai écrit à la fin de cette session-là, ce matériau dérangeait


Jane, parce qu’elle « n’aime pas beaucoup l’idée d’une âme de groupe
ou d’en partager une ». Pour la façon dont Seth a résolu ce petit
dilemme, voir la session 638 dans le même chapitre.

Mis à part toute relation qu’elle pourrait avoir avec une réalité de
contreparties, la croyance en une âme sœur correspond selon moi à des
versions très déformées des idées exposées dans les deux passages cités
ci-dessus.

[5] Seth a déjà évoqué les relations entre des contreparties très éloignées
les unes des autres et, dans une moindre mesure, entre celles ayant des
différences d’âge et de culture. Jane et moi pouvons illustrer ce qu’est
une relation directe entre des contreparties ; voir la session 726 après
23 h 40. Voir ensuite le matériau de Seth, dans l’appendice 21 du tome
II, sur l’association constituée par Florence, une étudiante du cours de
perception extrasensorielle et un jeune homme en Chine, sa
contrepartie. J’ai presque dix ans de plus que Jane ; Florence a
probablement vingt-cinq ans de plus que sa contrepartie chinoise.

[6] Cette affirmation de Seth quant à une possibilité d’antipathie entre des
contreparties est hilarante, et je ne plaisante pas en disant cela. En
prenant les membres du cours de perception extrasensorielle comme
exemple, nous avons souvent noté, Jane et moi, la diversité des
sentiments, allant des plus positifs aux plus négatifs, qu’éprouvent ses
élèves les uns envers les autres. Ce qui est intéressant dans la
déclaration de Seth, c’est qu’en ayant la théorie des contreparties à
l’esprit, on peut apprécier d’une nouvelle façon comment des émotions
et des motivations sous-jacentes circulent entre certains individus, et
font parfois surface, à un degré ou à un autre, sous forme de sentiments
d’antipathie, par exemple. Et ma pensée ici est clairement en
adéquation avec le matériau que Seth va bientôt donner un peu plus
tard, dans cette session-ci.

[7] Dans l’appendice 9, et ses notes 2 et 3, du tome I de La Réalité


« inconnue », voir le matériau sur le sumari et les références associées.
Dans ce volume III, Seth parle de la langue sumari lors de la session
723, à 23 h 18 ; voir aussi les notes 9 et 11.

[8] J’ai commencé ces notes plusieurs semaines après la session 732, si
bien que j’ai disposé d’un peu de temps de camouflage pour clarifier
certains évènements et en laisser d’autres se produire.

Au départ, j’ai senti une vague de malaise m’envahir dès que Seth a
affirmé que mon ami, l’artiste Peter Smith, est une de mes contreparties.
En vérifiant dans la session 724, j’ai trouvé la raison de cette réaction :
Seth y avait expliqué que Peter et moi n’étions pas des contreparties,
bien qu’ « alliés de façon suffisamment proche pour que, en certains
termes, vous “partagiez” certains souvenirs psychiques identiques… »
Pourquoi cette contradiction, me suis-je demandé, même si Seth l’avait
nuancée ? Ni Jane ni moi ne croyons que je me suis trompé en
transcrivant ce qu’a dit Seth dans la session 724 ou dans la session
732 ; nous prévoyons donc de lui demander bientôt un éclaircissement.

Sue Watkins, qui nous avait présenté Peter en 1973, est concernée par
la question du fait de son amitié avec nous trois. C’est elle qui a
confirmé que, plusieurs mois auparavant, Peter lui avait décrit ce qu’il
percevait maintenant comme étant le même évènement psychique que
j’avais capté il y a quelques semaines à peine, le 3 décembre 1974 ;
mais l’expérience de Peter avait eu lieu en 1967 ! J’ai appelé ma propre
version « mon quatrième Romain » et en ai donné un compte rendu
dans l’appendice 22. À travers des images intérieures, j’ai vu dans la
Jérusalem du premier siècle de notre ère la mort violente de ma
contrepartie traîtresse de soldat romain.

Avant que je parvienne à demander à Seth si, oui ou non, Peter Smith et
moi sommes des contreparties, Sue a eu le temps de réfléchir elle-même
à la question. Comme elle l’a déjà fait (voir dans le tome I les notes
d’ouverture de la session 692, ainsi que la note 2), elle a écrit
d’excellentes choses sur des sujets psychiques — notamment sur les
variations possibles au sein d’une relation entre des contreparties. Voici
quelques brefs extraits traitant de quelques-unes des idées qu’elle a
mises par écrit à ma demande.

« L’idée m’est venue que les remarques de Seth (dans les sessions 724 et
732) étaient peut-être plus pertinentes pour la situation que nous ne
l’imaginions. Et si, à un certain moment, Peter et Rob avaient été des
contreparties et qu’une fois leur objectif atteint, ils avaient cessé de
l’être ? Une fois que vous « avez tué votre ennemi » (et donc vous-
même) — comme le soldat romain à Jérusalem — et que vous vous en
êtes rendu compte, cela n’a-t-il pas changé votre connexion en tant que
contreparties ? Est-ce que les interconnexions de contreparties
apparaissent et disparaissent en fonction des besoins, des croyances et
de l’expérience des personnalités présentes impliquées ?

« Comme Seth l’a noté auparavant — et comme nous le sentons, je


pense —, il y a des connexions particulières entre Peter, Rob, Jane et
moi, en termes de différences d’âge, d’aptitudes créatrices, de schémas
de croyances, etc. Non pas que je pense que nous soyons tous les quatre
engagés dans une association de type contreparties maintenant — mais
simplement que nous l’avons peut-être été ou que notre amitié est un
rappel de ce type de connexion. Ou bien encore, que nous
reconnaissons certaines possibilités chez les uns et les autres et y
réagissons (avec pas mal d’humour, je crois).

« Une autre idée m’est venue il y a quelques jours, en pensant à ma


fascination pour l’époque d’Henri VIII (en Angleterre au XVIe siècle). Je
me demandais : qu’est-il arrivé à Henri ? Soudain, j’ai pensé que, en
termes linéaires, Henri est peut-être maintenant “beaucoup” de
personnes — qu’il a un certain nombre de rejetons ou de personnalités-
contreparties vivant simultanément. En théorie, on pourrait donc avoir
toutes les personnes d’Henri ensemble maintenant, les voir modifier
leur conscience jusqu’à un certain point, et dresser à partir d’elles un
étonnant portrait d’Henri VIII, à facettes et niveaux multiples — à
supposer bien sûr que chaque personne soit disposée à accepter comme
valides de telles expériences subjectives. Quelle merveilleuse et étrange
vision de l’Histoire ce serait — et elle serait probablement plus vraie
que celle à laquelle nous sommes habitués. »

Et à sa façon, Seth a confirmé l’une des projections de Sue. Lors d’une


session que nous n’avons pas retranscrite, et que je préfère ne pas dater
ici pour des raisons personnelles, il a dit : « Je peux m’être trompé ici,
mais je ne le pense pas : je ne crois pas avoir donné les informations sur
Peter et vous au cours d’une dictée de livre [La Réalité « inconnue »],
afin que le matériau reste suffisamment simple pour le lecteur — même
si vous choisissiez d’inclure cette session-là [724] dans le livre. Mais
Peter et vous êtes et n’êtes pas des contreparties. Vous partagez des
souvenirs psychiques et gardez en commun des souvenirs d’autres moi
ayant vécu à l’époque de l’incident de votre [quatrième] soldat romain.

« Ces souvenirs-là existent en tant que schémas. Dans cette vie-ci,


chacun de vous rencontre l’autre puis se sépare, revient rencontrer et se
sépare à nouveau, formant une relation de contreparties lorsque cela
convient à vos buts, comme des courants de conscience se mélangent et
fusionnent puis se séparent.

« Ces contreparties sont des relations psychiques, des formations qui,


en des termes extrêmement profonds, entrent dans le temps historique et
en ressortent. Certaines, en vos termes, durent toute une vie. D’autres
représentent des rencontres psychiques qui se produisent entre deux
individus à plusieurs points, disons, mais qui ne sont pas continues.
Elles peuvent toutefois ne pas être moins intenses pour autant. »

[9] Il est question de Carl Jones dans la session 561 du chapitre 14 de Seth
parle.

[10] Jane a commencé d’elle-même son développement du sumari, pendant


le cours de perception extrasensorielle du 23 novembre 1971. Le
lendemain soir, Seth a parlé de cet évènement psychique dans la session
598. À cette occasion, il a fait remarquer avec humour que les Sumari
« veulent que quelqu’un d’autre prenne soin de ce qu’ils ont créé… »,
qu’ils « ne passent pas leur temps à refaire les mêmes choses… » Jane a
cité de courts passages de cette session au chapitre 7 d’Adventures in
Consciousness.

[11] Dans Seth parle, voir les chapitres 11, 12 et 13. Seth a transmis
beaucoup de matériau sur la réincarnation, y compris « le temps du
choix » entre des vies, le fait de recréer et de changer des évènements
dans des vies passées, les relations passées et présentes, familiales
réincarnationnelles ; les probabilités, les rêves, le fœtus, etc.
SESSION 733

Lundi 27 janvier 1975

(21 h 25.)
Bonsoir. (Calmement.
« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Quand vous êtes en avion et que vous regardez la planète, vous
voyez les chaînes de montagnes, les vallées, les rivières, les plateaux, les
villes, les champs et les villages. Dans une certaine mesure, vous vous
rendez compte que le monde a des contenus physiques, existant
simultanément, mais dont les caractéristiques varient. En ces termes-là, le
monde est composé de ses ingrédients physiques. Cet « emballage » est
toutefois la seule partie de l’image que vous voyez.
Psychiquement, votre monde est composé des contenus de sa
conscience. Vous avez des cartes de continents et d’océans et, dans cette
vision globale, chaque partie est comme une pièce d’un puzzle, toutes
s’ajustant parfaitement les unes aux autres, s’insérant en douceur dans la
structure naturelle du monde. Ainsi, à tout moment donné, il y a une
conscience du monde, un véritable puzzle de conscience, où chaque
identité, grande ou petite, a son rôle.
Il y a des séismes qui se déclenchent physiquement, et des appareils les
enregistrent. Il y a aussi des séismes intérieurs de conscience, d’où
émergent les séismes physiques — des tempêtes de l’esprit ou de l’être, des
éruptions où un segment de la conscience du monde, qui est refoulé dans un
domaine, explose dans un autre.
Si vous pouviez être en orbite autour de votre planète dans un type de
vaisseau différent, vous pourriez voir les contenus psychiques du monde,
en regardant la conscience du monde briller d’un éclat bien plus vif que
n’importe quelle ville illuminée. Vous pourriez repérer le point d’intense
activité, voir la naissance de nouveaux mythes et la mort des anciens, de
façon aussi certaine qu’on peut voir un glissement de terrain en montagne
ou un raz-de-marée. Les parties physiques de la Terre sont toutes reliées. La
conscience forme aussi son propre type de structures intérieures d’où, à
nouveau, émergent les structures physiques. Vous êtes en fait des
contreparties les uns des autres. Toutefois, du fait de la grande variété de
formes physiques, les contreparties jouissent d’une liberté intérieure encore
plus étendue qui offre une diversité de caractéristiques encore plus grande.
Comme je l’ai certainement laissé entendre, le corps est un organisme
miraculeux, et vous en avez à peine appris les structures les plus simples[1].
Vous ne comprenez pas les propriétés de l’âme ou du corps et, pourtant, le
corps vous a été donné pour que vous puissiez apprendre de lui. Les
propriétés de la Terre sont destinées à vous permettre de pénétrer la nature
de l’âme. Vous créez une réalité physique, sans toutefois savoir comment,
de sorte que la merveilleuse structure de la Terre elle-même est configurée
en vue de vous amener à vous interroger sur votre propre source. La nature,
telle que vous la comprenez, est censée être votre enseignante. Vous n’êtes
pas son maître.
(D’une voix plus forte.) Le créateur n’est pas le maître de ses
créations. Il est simplement leur créateur, et il crée parce qu’il n’essaye pas
de contrôler.
(21 h 45.) Quand vous essayez de contrôler le pouvoir, ou les gens, vous
copiez toujours. Dans une certaine mesure, le monde se copie lui-même,
dans le sens où il y a des modèles[2]. Mais ces modèles sont toujours
modifiés à un degré ou à un autre, si bien qu’un objet n’est jamais la copie
d’un autre — même s’il peut sembler l’être.
(Avec beaucoup d’insistance et de joie.) En vos termes, le monde est
extrêmement différent d’un moment à l’autre, chaque partie la plus infime
de conscience choisissant sa réalité parmi un champ de probabilités
infinies[3]. D’immenses calculs, bien au-delà de vos décisions conscientes
telles que vous les concevez, ne sont possibles que grâce à l’indicible
liberté régnant à l’intérieur des mondes minuscules qui se trouvent dans
votre crâne — des modèles d’interrelations, des contreparties si
astucieusement entrelacées que chacune est unique, libre, et impliquée dans
une aventure coopérative infinie, si puissante que les atomes conservent
certaines formes et que les mêmes étoiles brillent dans le ciel.
Le familier et l’étrange sont intimement liés dans votre expression la
plus évidente et la plus simple. Vous êtes entourés de miracles. Alors
pourquoi le monde semble-t-il si austère et cruel ? Pourquoi vos semblables
ont-ils parfois l’air d’être des monstres dénués de sentiments — (d’une voix
plus forte) des Frankenstein non pas de corps mais d’esprit, des idiots
spirituels, ignorants de tout héritage d’amour ou de vérité, ou même de
gracieuse animalité ? Pourquoi beaucoup d’entre vous ont-ils l’impression
que la race, l’espèce, est condamnée ? (En murmurant.) Pourquoi certains
parmi vous sentent-ils, dans leurs moments de calme, qu’une telle phrase
est juste[4] ?
Vous faites votre propre réalité.
Cela doit être écrit en tant que paragraphe séparé.
(D’une voix plus forte.) En règle générale (à souligner), la plupart
d’entre vous vivent dans leur propre monde, avec leurs semblables. Ceux
qui ne croient pas à la guerre ne l’ont pas vécue. Il se peut qu’il y ait eu la
guerre autour d’eux, mais ils n’en ont pas fait l’expérience. Ceux qui parmi
vous ne croient pas à l’avidité n’ont pas eu à souffrir de ses
« conséquences ». Si vous la percevez quand même, c’est parce qu’elle est
une partie de votre réalité. Si vous n’êtes vraiment pas cupides et voyez
pourtant la cupidité, peut-être servez-vous alors d’exemple pour les autres
— mais vous formez votre propre réalité.
(22 h 01.) Il y a plus de mondes que vous le supposez et, dans sa propre
expérience personnelle, chacun de vous contribue au monde que vous
connaissez. Vos contreparties et vous, vous le formez ensemble. À lui seul,
votre corps physique est équipé pour percevoir beaucoup plus que vous ne
le lui permettez actuellement. Physiquement, vous êtes une partie de toute
autre personne sur la Terre et vous avez une connexion avec chaque feuille,
grenouille et escargot.
Vous choisissez la ville, l’état ou le pays dans lequel vous vivez.
Personne ne vous force à y rester, à moins que vous cherchiez une excuse
pour y demeurer. De même, vous choisissez aussi votre contrée psychique.
Vous pouvez voyager d’une contrée psychique à une autre, comme vous
pouvez vous rendre dans d’autres parties du monde physique. Certains
grands voyageurs n’ont jamais quitté leur terre natale.
(À nouveau d’une voix forte.) Michel-Ange[5] a parcouru les siècles en
captant des visions et des idées comme d’autres achètent des cartes postales
lorsqu’ils voyagent dans un pays étranger. Son génie vous montre ce que
vous êtes, et il ne fait pourtant que suggérer le potentiel dont est dotée
votre espèce.
À la lumière de tels idéaux, vous semblez sûrement déficients
— pourtant, votre réalité est celle qui offre les plus grandes libertés. Cela
signifie que vous vous êtes donné toute latitude pour explorer toutes les
probabilités, sans exclure aucune de celles qui étaient physiquement
faisables.
(D’une voix plus forte, à nouveau.) Cette espèce ne s’est imposé aucun
tabou « préordonné ».
Les registres infinis accessibles aux capacités humaines devaient être
explorés — et ceux qui ont choisi cette voie disaient : « Nous avons
confiance dans le fait que notre créativité trouvera sa propre voie et, s’il y a
des cauchemars, nous nous en réveillerons. Nous apprendrons même d’eux.
Nous oserons repousser les dimensions correspondant aux royaumes où
seuls les dieux sont allés jusqu’à présent — et, en étant totalement
vulnérables à l’expérience, nous découvrirons la divinité qui donne à notre
humanité son sens. De plus, (en murmurant) grâce à la compassion que
nous aurons apprise, nous serons capables de comprendre les erreurs
divines[6] qui ont présidé au don de notre naissance. Chacune des âmes et
des molécules est en apprentissage, chacune forme des réalités, chacune est
une partie d’une divinité dans laquelle chaque contrepartie a un rôle à
jouer. »
Pause.
(22 h 18. La transe de Jane était profonde, sa transmission souvent
rapide et passionnée. Elle sentait une grande énergie la traverser, me dit-
elle. Le volume de sa voix variait d’un extrême à l’autre — ce qui est très
inhabituel, du moins dans ces sessions consacrées à La Réalité
« inconnue » ; d’habitude, elle s’exprime en tant que Seth d’une manière
plutôt normale, professionnelle, d’une voix plus douce, moins précipitée.
Jane est parfaitement détendue. « Maintenant, je ne sais pas quoi faire
— je pourrais aller me coucher ou continuer la session pendant des
heures… » Elle a passé la plus grande partie de la journée à écrire des
paroles destinées à de la musique rock — pour des raisons qu’il n’est pas
nécessaire d’exposer ici — et cette activité lui rappelle maintenant un
poème qu’elle a écrit en mai 1963, plus de six mois avant de commencer à
parler pour Seth. Elle en récite les premiers vers :
Magie est mon deuxième prénom,
J’étais si brave et grande.
Personne ne savait alors qui j’étais,
Moi encore moins que les autres.

Jane n’avait jusqu’à maintenant jamais rien écrit pour de la musique, et


elle trouve cette activité créatrice très rafraîchissante.
Au lieu de terminer la session, elle prend le temps de manger un
sandwich au beurre de cacahuète et de boire un verre de lait. Puis à 23 h
15 : « J’attends, tout simplement… »
Un peu plus tard : « Je reçois maintenant différentes choses, mais elles
ne sont pas claires, alors je vais juste attendre… » Ensuite, à 23 h 20 : « Je
reçois une de ces choses frustrantes qui est trop grande — vraiment trop
massive — pour être verbalisée. Il y a une sensation de pression. J’essaye
d’aller au-delà de moi-même… Maintenant, j’y suis presque… » Perplexe,
elle secoue la tête en souriant à moitié. « Bon, je vais voir, Rob… Je vais
juste essayer… » Elle allume une cigarette et enlève ses lunettes.
Calmement à 23 h 50.)
Je demeure, d’une certaine façon, dans un royaume qui est plus direct
que le vôtre. C’est une image. Je m’autorise à reconnaître une plus grande
part de mon être. Je parle avec la sagesse qu’exprimeraient vos cellules si
elles étaient douées de la parole.
Je suis davantage conscient de ma réalité que vous de la vôtre, mais les
attributs de l’être sont les mêmes en tout lieu et en tout temps. Ils font naître
la compréhension plus grande de chaque moi, la compréhension de soi-
même. (Une longue pause.) Ruburt fait maintenant l’expérience de ce qu’il
appelle une qualité massive, une expansion physique et psychique de la
conscience, où le cher monde familier semble petit — et pourtant deux fois
plus précieux. Ainsi apparaît-il à ma conscience[7].
Les guerres mesquines, même celles qui doivent encore être livrées, ne
sont que de vagues souvenirs, autrefois vitaux, mais, tels des cauchemars,
perdus dans des éveils plus grands. Ainsi, même en cet instant, Ruburt
perçoit légèrement un souvenir nostalgique de vies qui sont venues et
parties, comme cela peut vous arriver pour des rêves agréables dont vous
vous souvenez à peine.
Ils représentent un présent unique qui est au-delà des mots, vivant dans
chaque conscience et plus important que vous ne le reconnaissez. Il n’y a
pas de véritables règles à suivre pour rencontrer ainsi l’instant présent de la
réalité — juste une confiance en la nature de votre être. Et cette confiance-
là est en vous, que vous la reconnaissiez ou non, car elle vous permet de
vivre votre expérience présente ; et peu importe de quelle façon votre esprit
s’interroge, il évolue en toute sécurité dans la grande créativité de l’âme.
L’âme crée constamment le corps et, à tout moment, chaque individu à
la surface de la Terre place sa confiance dans cette réalité-là. Chaque plante
connaît ce même sentiment de certitude. Toute idée, vision créatrice, ou
rêve, procède du même élan assuré.
Fin de la dictée. Fin de la session et un cordial bonsoir.
(« Merci, Seth, et de même pour vous. »
00 h 05. Jane dit que sa sensation « massive » a maintenant disparu.
Elle ajoute qu’elle ne pense pas avoir omis de transmettre quoi que ce soit ;
mais en même temps, elle a senti des informations pour lesquelles nous
n’étions pas encore prêts — ou qui, pour dire les choses autrement, se
situent dans notre futur.)

NOTES DE LA SESSION 733

[1] En 1964, dans la session 23 du 5 février, Seth disait déjà : « Moi non
plus, je ne connais pas toutes les réponses. Cependant, le fait est que
même l’homme, à sa façon maladroite, découvrira qu’il crée lui-même
son propre univers physique et que les mécanismes du corps physique
ont plus de fonctions et de variétés que ce qu’il connaît. »

[2] Presque au même moment où Seth produisait ce matériau sur les


modèles pour La Réalité « inconnue », Jane traitait du même concept
depuis son propre point de vue beaucoup plus personnel. Voir le
chapitre 18 de Politics : « C’est l’élément humain tout entier qui est si
mystérieux, vaste, plein d’humour et tragique à la fois. Dans une
certaine mesure, mon humour m’aide à éviter les pièges et me permet
d’aider les autres à voir leur vie sous un meilleur angle.

« Puis j’ai compris une autre chose : les appels téléphoniques, les
visites et les lettres correspondaient à des schémas, tout comme c’était
le cas pour les évènements subjectifs de ma vie. Ils arrivaient par
paquets, ayant à voir avec certaines questions et sujets particuliers.
Chaque appel me donnait l’opportunité de voir comment différentes
personnes organisaient la réalité extérieure en fonction de leur
politique intérieure. Je m’étonne de ne pas avoir vu plus tôt les
connexions. »

[3] Voir le matériau de Seth sur ses unités de conscience ou UC, dans les
sessions 682 et 683 du tome I de La Réalité « inconnue ». Dans la
session 682, après 21 h 47 par exemple, il parle des relations entre les
UC et les réalités probables.

[4] Je me suis senti particulièrement mal à l’aise au moment de mettre par


écrit les mots véhéments de Seth. Pour je ne sais quelles raisons, Seth
m’a beaucoup trop rappelé ma façon d’être, ce soir à table, juste après
avoir jeté un coup d’œil aux grands titres du journal.

[5] Voir les commentaires de Jane sur Michel-Ange (Buonarrotti), à la fin


de la session 721 dans le tome II.

[6] Une bonne partie du matériau de Seth dans cette session (et dans ce
paragraphe), ainsi que l’évidente intensité des sentiments qui
accompagnent ses paroles, me rappellent un ensemble de sessions qu’il
a données il y a plus de dix ans sur les trois dilemmes créatifs de Tout-
ce-qui-est. Il y évoquait longuement la « déchirante recherche » pour
l’expression des pouvoirs de créativité et d’existence, et la façon dont
les débuts de cette recherche peuvent avoir « représenté les affres de la
naissance de Tout-ce-qui-est, tel que nous le connaissons ».

Ces sessions 426, 427 et 428 ont eu lieu en août 1964 ; Jane en présente
des extraits au chapitre 18 du Matériau de Seth.

[7] Pour un matériau portant sur certaines expériences de Jane avec la


massivité, voir dans le tome II les pages d’ouverture de l’appendice 19,
ainsi que sa note 2. Il y est question non seulement de Seth 2, mais aussi
de références au tome I de La Réalité « inconnue » et à La Réalité
personnelle.

La remarque presque anodine de Seth, « ainsi, apparaît-il à ma


conscience », exprime pour nous une pensée nouvelle ayant un rapport
avec les aventures « massives » de Jane ; c’est le genre d’indice
concernant le phénomène Seth qu’il est toujours intéressant pour nous
d’obtenir. Je pense également que cette phrase représente une façon
pour Jane d’interpréter pour nous, au moment même où elle parle pour
Seth, la réalité de celui-ci en des termes que nous pouvons comprendre.
SESSION 734

Mercredi 29 janvier 1975

(Pour le matériau sur les familles de conscience que Jane a transmis


pour Seth pendant le cours de perception extrasensorielle d’hier soir, voir
l’appendice 26.
« J’en suis maintenant au stade où je sais ce dont Seth va parler, dit
Jane quelques minutes avant le début de la session. Je me sens toutefois
bizarre à attendre ainsi — crispée ou agitée. Peut-être est-ce le vent. Seth
est là, mais il ne parvient pas tout à fait à passer. »
Le temps a été très changeant pendant toute la journée. Ce soir, il y a
énormément de vent — à tel point que je pense aux tornades, même si la
radio n’a fait mention d’aucune alerte les concernant. Cet après-midi, la
température a dépassé les 10 °C ; et ce soir, il fait encore largement au-
dessus de zéro, même si l’impression de fraîcheur due au vent fait paraître
la nuit beaucoup plus froide. Finalement, à 21 h 10.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Il y a un lien entre les contreparties et les familles de
conscience.
De la même façon que vous et vos frères et vos sœurs appartenez à la
même famille physique, vos contreparties et vous faites en général partie du
même groupe psychique de conscience[1]. Rappelez-vous cependant que ces
groupes psychiques sont comme des formations naturelles dans lesquelles
les consciences semblent affluer. Vos propres intérêts, désirs et aptitudes ne
sont pas prédéterminés par votre appartenance à une famille psychique
donnée. Soulignez cette phrase.
Par exemple, vous n’êtes pas créativement joueur parce que vous êtes
sumari. Au contraire, vous avez rejoint le groupe sumari parce que vous
êtes créativement joueur. Les groupes de conscience ne doivent donc pas
être assimilés à, disons, des maisons astrologiques.
Si l’on prend pour exemple les Sumari, il peut y avoir des Sumari trop
obstinés, laborieux, ou simplement austères qui n’ont pas appris à utiliser
leur créativité avec grâce ou avec joie. Cette utilisation joyeuse de leur
aptitude sera toutefois leur intention. À des périodes particulières de
l’histoire, en vos termes, différentes familles peuvent prédominer.
(Une longue pause. De fortes rafales de vent frappent notre immeuble,
avec une puissance tout à fait inhabituelle pour la région. La maison
tremble par moments. Je me dis que parfois la banale expression
« mugissement du vent » serait parfaitement appropriée.)
Les groupes psychiques se recoupent cependant avec les groupes
physiques et nationaux. Ainsi, les Sumari sont extrêmement indépendants
et, en règle générale, ils ne naissent pas dans les pays où règne la dictature.
Quand ils s’y manifestent, leur travail peut créer une étincelle provoquant
des changements, mais ils prennent rarement part à une action politique.
Leur créativité est toutefois une grande menace pour ce type de société.
Les Sumari ont cependant un sens pratique, car ils traduisent des visions
créatrices en une réalité physique, et s’efforcent de vivre leur vie en
conséquence. Ils ne transgressent pas la loi de façon délibérée ou
intentionnelle. Ce ne sont pas des réformateurs au sens le plus strict du
terme, pourtant leur travail joyeux finit souvent par réformer une société ou
une culture. Ils se consacrent à l’art, mais, au sens le plus large du terme, en
essayant aussi de pratiquer un « art » de vivre, par exemple. Ils ont fait
partie de la plupart des civilisations, bien qu’ils soient apparus plus
rarement au Moyen Âge [de l’an 476 à 1450 environ]. Ils arrivent souvent
en force avant de grands changements sociaux. Ainsi, alors que d’autres
peuvent construire des structures sociales à partir de leur travail, les Sumari,
eux, lorsqu’ils sont satisfaits, sont habituellement incapables d’éprouver le
moindre sentiment intuitif d’appartenance à un groupe structuré, quel qu’il
soit[2].
(21 h 38. Le vent continue à se déchaîner contre la maison. Pendant
quelques instants, Jane marque une pause, en transe, les yeux clos, comme
pour repousser le bruit.)
Il n’y a pas de corrélation cependant entre les familles de conscience et
les caractéristiques corporelles. Beaucoup de Sumari choisissent de naître
au printemps[3], mais tous ceux qui naissent au printemps ne sont pas des
Sumari, et aucune règle générale ne s’applique ici. Ils ont aussi une
préférence pour certaines races, mais là encore, aucune règle générale ne
s’applique. Beaucoup d’Irlandais, de Juifs, d’Espagnols et, en nombre plus
limité, de Français, par exemple, sont des Sumari — mais on en trouve dans
toutes les races.
En règle générale, l’Amérique n’a pas été une nation sumari, pas plus
que les pays scandinaves ou l’Angleterre. Psychiquement parlant, les
Sumari organisent souvent fort bien leur existence, tout en constituant une
minorité — disons, dans une démocratie —, si bien qu’ils peuvent
s’adonner à leur art au sein d’une situation politique assez stable. Ils ne
montrent pas d’intérêt pour le gouvernement, mais comptent pourtant sur
lui. Ils ont tendance à être autonomes dans ce contexte-là. Leurs aptitudes
artistiques reconnues peuvent prédominer ou être assez minimes.
Le sumari est un état d’esprit, une manière d’être. Les Sumari ne sont
pas des combattants, et ils ne vont généralement pas préconiser un
renversement violent du gouvernement ou des mœurs. Ils croient en la
créativité d’un changement se produisant naturellement.
Néanmoins, ils font souvent partie de l’avant-garde culturelle,
simplement parce qu’ils sont rarement conformistes. Un Sumari est
vraiment mal à l’aise dans une grande entreprise commerciale, en
particulier si le travail implique une routine habituelle ou ennuyeuse. Il
n’est pas heureux sur une chaîne de montage. Il aime jouer avec les détails
— ou s’en servir à des fins créatives. Voilà pourquoi les Sumari passent
souvent d’un travail ou métier à un autre.
(21 h 55.) Si vous commencez à examiner votre propre nature, et sentez
intuitivement que vous êtes un Sumari, vous devriez chercher une situation
dans laquelle vous pouvez utiliser votre inventivité. Les Sumari aiment par
exemple les mathématiques théoriques, mais font pourtant de piètres
comptables.
Dans les arts, Picasso était un Sumari.
(21 h 57.) Accordez-nous un instant… Beaucoup d’animateurs publics
sont des Sumari. Vous en trouvez rarement en politique. Ils ne sont
habituellement pas historiens.
(Une longue pause.) Peu d’entre eux occupent une position au sein de
religions institutionnalisées. Du fait de leur tendance à être autonomes, vous
en trouvez toutefois qui sont paysans, travaillant leur terre de façon
intuitive. Ils se répartissent de façon égale entre les deux sexes. Dans votre
société cependant, les qualités sumari étaient jusqu’à récemment
désapprouvées à un degré ou à un autre chez les hommes.
Faites votre pause.
(22 h 00. Jane me dit que sa transe n’a pas été particulièrement
profonde ; elle en sous-estime pourtant de moitié la durée [qui est de
cinquante et une minutes]. Elle se sent encore déstabilisée et n’est toujours
pas sûre que son état étrange soit dû au mauvais temps.
J’écris deux questions destinées à Seth et les lui lis :
En admettant le concept de temps proposé par Seth : la personnalité
qui se réincarne choisit-elle d’habitude de faire l’expérience de ses
vies simultanées à travers différentes familles de conscience, ou est-il
plus probable qu’elle reste « loyale » à l’une d’entre elles ? Au début
de la session de ce soir, Seth faisait remarquer que les contreparties
appartiennent généralement à la même famille psychique, mais je
veux savoir si c’est aussi le cas pour les personnalités qui se
réincarnent.
Suite à mes commentaires à la fin de la session 732 : comment les
animaux, et d’autres formes de vie ou de « non-vie », trouvent-ils
leur place dans les idées de contreparties et de familles de
conscience ?
Après m’avoir entendu développer ma deuxième question pendant
quelques minutes, Jane dit qu’elle a une réponse, du moins partielle, à ce
sujet. Son matériau semble provenir de Seth, même si c’est elle qui le
donne. Juste au moment où elle commence à parler, elle est interrompue
par un coup violent — frappé tout d’abord à la porte du hall séparant les
deux appartements que nous occupons au premier étage, et puis à la porte
de nos deux appartements. Une voix féminine crie le nom de Jane. Nous
attendons. Le tapage persistant se mêle au bruit du vent, nous signifiant ce
que nous savons déjà : la fin de la session de ce soir. Quand j’ouvre la
porte, je me retrouve face à une femme avenante mais très agitée, que
j’appellerai Barbara. Elle a probablement une quarantaine d’années. Une
grosse valise est posée à côté d’elle.
« Vous m’attendiez, n’est-ce pas ? Seth m’a dit que ce serait le cas… »
Évidemment, ni Jane ni moi ne nous attendions à cette visiteuse
imprévue, provenant d’un autre État. Je note par la suite que Jane évoque
longuement cet épisode au chapitre 18 de Politics — [et qu’il est intéressant
de comparer nos récits respectifs du même évènement, même si mon texte
est bien plus court]. Permettez-moi juste de dire ici que nous nous
retrouvons face à une personne instruite ayant très peur de sa propre
énergie. À cause de cette peur, elle a développé certains problèmes
suffisamment graves pour l’empêcher d’exercer sa profession en rapport
avec la loi.
Barbara nous dit avec insistance qu’elle veut de l’aide, mais, comme
dans d’autres cas similaires que Jane et moi avons rencontrés, elle est
tellement focalisée sur sa détresse qu’il nous est impossible d’y créer la
moindre brèche ; et certainement pas dans le peu de temps dont nous
disposons. Seth n’y parvient pas non plus ; il a fini par se manifester
— chose que Jane ne permet pratiquement jamais de se produire dans ce
genre de circonstances. Barbara ne peut tout simplement pas comprendre
qu’elle crée sa propre réalité.
Après deux heures frustrantes, je la conduis à un motel. Le vent a
considérablement baissé, mais la nuit est beaucoup plus froide. De retour à
la maison, j’explique à Jane que Barbara a pris une décision. Demain, elle
prendra l’avion et traversera la moitié du continent — pour aller voir un
autre médium qui sera certainement capable de l’aider.
Jane a aussi quelque chose à me dire. Dès que Barbara est apparue,
Jane a pu expliquer les raisons de son étrange agitation ce soir, car elle
s’est rendu compte qu’elle avait « capté » le fait que cette session serait
interrompue. Nous nous disons maintenant que c’est « évident », une fois
que l’on fait appel à cet attribut très précieux que l’on nomme « le recul ».
Mais chaque fois que Jane reçoit ce type de confirmation de ses aptitudes,
nous sommes, semble-t-il, tous les deux à nouveau surpris.
Pour un matériau concernant les deux questions que j’ai notées à 22 h
01, voir à présent la note 4[4].)

NOTES DE LA SESSION 734

[1] Voir la session 732 à 23 h 14.

[2] Jane et moi sommes des Sumari (voir les notes 7 et 10 de la session
732). Je peux dire que bon nombre des caractéristiques mentionnées
par Seth ce soir s’appliquent à nous, comme nous l’avons appris au fil
des ans — en particulier celles concernant notre amour de l’art, le fait
que nous soyons des initiateurs, et notre désir d’être affranchis des
structures sociales. En même temps, nous sommes volontiers d’accord
sur le fait que des organisations sont indispensables dans les cultures
très complexes du monde. Nous nous intéressons beaucoup à la
politique nationale et mondiale. Toutefois, si notre travail doit un jour
se traduire par des changements sociaux, ils devront être apportés par
d’autres que nous, car Jane et moi travaillons principalement seuls.

D’une certaine façon, Seth est peut-être un peu injuste envers Jane et
moi quand il fait remarquer par exemple que les Sumari « ne passent
pas leur temps à faire les mêmes choses… » [Voir à nouveau la note 10
de la session 732]. Jane et moi sommes capables de nous impliquer
fortement dans les arts et de nous montrer impatients par moments,
mais nous sommes aussi extrêmement tenaces lorsque nous décidons de
faire quelque chose qui selon nous en vaut la peine. Sans doute le
matériau de Seth n’existerait-il pas dans sa forme retranscrite actuelle
si ce n’était pas le cas.

[3] Suite à l’affirmation de Seth selon laquelle « beaucoup de Sumari


choisissent de naître au printemps », j’ai décidé de demander aux
membres de la classe de Jane quel était leur mois de naissance. À divers
moments, et généralement en lien avec d’autres sujets, Seth a signalé
que beaucoup sont des Sumari. En fait, j’ai mené ma petite enquête le 4
février, le lendemain de la session 735 ; les résultats obtenus sont plutôt
ambigus puisque le matériau de cette session 734 concernait
principalement les Sumari. Voici la répartition des mois de naissance
des trente-sept personnes présentes ce jour-là (en incluant Jane et
moi) :

Janvier 2
Février 4
Mars 7
Avril 4
Mai 3
Juin 4
Juillet 3
Août 4
Septembre 2
Octobre 1
Novembre 1
Décembre 2

Total 37
Ces chiffres peuvent difficilement servir de référence, dans un sens ou
dans l’autre ; ils sont juste destinés à indiquer quelques directions
intéressantes à explorer, impliquant des groupes et les diverses familles
de conscience auxquelles les membres de ces groupes peuvent
appartenir. Je noterai donc simplement que vingt-quatre des trente-sept
étudiants du cours de Jane sont nés dans la première moitié de l’année.
Partant de là, les chiffres peuvent être assemblés et interprétés de
différentes façons. Évidemment, d’un cours à l’autre, ils changeraient
un peu, en fonction non seulement des étudiants présents ce jour-là,
mais aussi du nombre de ceux qui, parmi eux, seraient des Sumari. Seth
n’a d’ailleurs pas indiqué tous ceux qui l’étaient ; certains ont de forts
sentiments d’appartenance à cette famille-là de conscience, et d’autres
non.

La façon de définir le « printemps » entre aussi bien sûr en ligne de


compte. Du point de vue de l’astronomie, le printemps dans
l’hémisphère nord couvre la période allant du 21 mars au 21 ou 22 juin,
même si beaucoup de gens pensent simplement que le printemps
correspond aux mois de mars, avril et mai. (Jane est née le 8 mai, et
moi le 20 juin. Elle est moitié anglaise, un quart irlandaise et un quart
française et canadienne amérindienne. Mon ascendance anglaise est
pimentée par un petit côté irlandais et germanique.)

Nous ne sommes peut-être pas capables d’attribuer à Seth — comme


cette essence de l’énergie d’une personnalité se nomme elle-même —
une race physique bien définie, mais une chose est sûre ; il est un
Sumari : « Et en fait, un lieutenant très haut placé, je tiens à ce que vous
le sachiez », nous a-t-il dit avec beaucoup d’humour lors de sa première
session sur la famille de conscience Sumari, la session 598 du 24
novembre 1971. Un mois plus tard, il nous a donné d’autres aperçus de
sa propre réalité — le genre d’informations auxquelles nous sommes
toujours heureux d’accéder (comme je l’ai écrit dans la note 7 de la
session 733). Voici en outre ce qu’il a dit dans la session 601 du 22
décembre de cette année-là :

« Tout comme mon nom importe peu au fond, le nom sumari aussi a peu
d’importance. Mais les noms signifient un type indépendant et unique
de conscience qui utilise certaines limites.

« Votre conscience [sumari] est ce type de conscience là, et la mienne


aussi, si ce n’est que mes frontières sont beaucoup moins limitées que
les vôtres, et que je les identifie non pas comme des frontières, mais
comme des directions dans lesquelles doit croître la reconnaissance de
moi-même. La même chose s’applique aux Sumari en tant que tels. En
d’autres termes, ce n’est pas une conscience indifférenciée qui s’adresse
à vous maintenant, mais une conscience qui comprend la nature de sa
propre identité.

« C’est une conscience personnelle. Cependant, le degré de


reconnaissance que j’ai de mon identité et celui que vous avez de la
vôtre sont très différents. Est-ce que vous me suivez ?

(« Oui », ai-je dit. J’ai souligné la phrase de Seth ci-dessus, car je


pense qu’il exprimait là un aspect important et créatif de sa réalité.)

« L’important est que je ne suis pas plus impersonnel que vous, en ces
termes-là, et, en ces mêmes termes, les Sumari sont aussi individuels et,
dans cette mesure-là, personnels. Vous êtes une partie des Sumari. Vous
avez certaines caractéristiques, en termes simples, comme une famille
peut avoir certaines caractéristiques, ou les membres d’une nation. »

[4] Il est étrange de voir comment les choses peuvent se développer ou non
dans notre réalité de camouflage. Je vais expliquer ce que je veux dire
par là, en rappelant deux questions destinées à Seth, en commençant
par la seconde. À la fin de la session 732, j’avais exprimé l’espoir de
« bientôt commencer à obtenir le matériau que nous voulons » de lui
pour savoir si les mécanismes des contreparties ou des familles de
conscience s’appliquent ou non à d’autres espèces et formes que les
nôtres ; d’où ma deuxième question ce soir. Avec l’aide évidente de
Seth, Jane a commencé d’elle-même à répondre au moins partiellement
— avant d’être interrompue par notre visiteuse Barbara, frappant à
notre porte. Cela a coupé la focalisation et la concentration de Jane sur
le sujet et nous n’y sommes pas revenus ensuite. Je dois en plus noter
que, même des années plus tard, nous n’avons toujours pas reçu le
moindre matériau sur de tels rôles possibles de contreparties et de
familles de conscience. J’ai donc abandonné (bien que de façon non
consciente et non délibérée) l’idée de redemander souvent à Seth ce
genre d’information.

Si nous l’avions encouragé à répondre à la seconde question, nous


supposons, Jane et moi, qu’au fil du temps, cela aurait changé une
bonne partie de son travail ultérieur et en aurait élargi la portée de
façon notable. Seth aurait pu baser ses sessions futures sur la
connaissance consciente supplémentaire qu’il nous aurait déjà donnée ;
nous aurions possédé le cadre de référence plus large, nécessaire pour
recevoir encore plus de matériau nouveau.

Bien que, dans cette note, je mette l’accent sur les aspects, « qui
auraient pu être » de la seconde question, la même pensée peut
s’appliquer à la première également : je voulais savoir combien de
familles de conscience peuvent être choisies par la personnalité qui se
réincarne pendant son « cycle » de vies simultanées. Mes regrets ici ne
sont toutefois pas aussi vifs que mon sentiment d’avoir raté quelque
chose d’important avec la question numéro deux.
SESSION 735

Lundi 3 février 1975

(Jeudi dernier, j’ai terminé le dernier dessin à la plume des quarante


prévus pour le livre de poésie de Jane, Dialogues of the Soul and Mortal
Self in Time[1]. J’ai passé la journée de vendredi à les vérifier et, samedi
matin, j’ai tout envoyé à Tam Mossman, l’éditeur de Jane à Prentice-Hall.
L’après-midi, nous avons discuté avec une agente immobilière, Debbie [ce
n’est pas son vrai nom], que nous connaissons depuis quelque temps.
Dimanche, nous nous sommes reposés et, aujourd’hui, nous commençons
notre recherche de maison[2].
Jane et moi en avons vu plusieurs dans Elmira, de l’extérieur
seulement. La première que nous avons regardée — un bungalow sur Foster
Avenue — nous a beaucoup intrigués. Notre intérêt était toutefois loin
d’être fortuit. Debbie nous en avait montré une photo dans un catalogue de
son agence, et nous nous rendions parfaitement compte qu’elle ressemblait
beaucoup à la maison que nous avions envisagé d’acheter à Sayre, en
Pennsylvanie, au printemps de l’année 1974[3]. Outre le fait que les deux
constructions sont des bungalows, elles ont à peu près le même âge, et sont
aussi de couleurs semblables.
Jane et moi sommes aussi intéressés par le fait que nous sommes
rarement allés dans cette avenue Foster, bien que, même à pied, elle ne soit
pas très éloignée de la maison où nous vivons sur Water Street ; nous
sommes tous deux incapables de nous rappeler si nous avions déjà
remarqué cet endroit auparavant. Nous supposons donc que nous nous
« dirigions vers elle », comme si c’était pour la première fois, parce que
nous commencions tous deux à nous focaliser sur les maisons.
Se focaliser ainsi sur des lieux de vie nous rappelle bien sûr les familles
— aussi bien les familles « ordinaires » que les familles de conscience de
Seth. En revenant chez nous pour le dîner, nous discutons en voiture des
rôles et évènements incroyablement compliqués qui entourent ces différents
types d’organisations — ce qui amène Jane à formuler une expression des
plus pertinentes : « la généalogie des évènements… » Elle rit puis ajoute :
« Les familles de personnes ont leurs généalogies, et il en va de même pour
les familles d’évènements.[4] »
Pendant que nous attendons le début de la session, Jane reçoit soudain
une série d’impressions provenant de Seth. Elles concernent les façons
totalement opposées dont deux individus rencontrés la semaine dernière
utilisent leur pouvoir personnel : d’une part, une jeune femme, juriste, qui a
interrompu la session de mercredi dernier et qui a si peur de son propre
pouvoir ; d’autre part, un jeune joueur de guitare classique, qui nous a
rendu visite hier soir et adore faire usage de son pouvoir de façon positive.
« Les impressions que j’ai reçues peuvent être utilisées aussi bien dans La
Réalité “inconnue” que dans Psychic Politics[5], dit Jane avant d’ajouter en
souriant, merci, Seth. » Puis elle se lance dans la session alors que je n’ai
même pas terminé ces notes. J’y reviendrai après la première pause.
21 h 12.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Accordez-nous un instant…
Les caractéristiques sumari n’existent pas isolément, bien sûr. À un
degré ou un autre, chaque famille de conscience porte en elle les
caractéristiques inhérentes à toutes les familles. Il y a par conséquent une
grande diversité.
Les aptitudes sumari sont cependant extrêmement créatrices. Dans une
large mesure, elles ont été inhibées dans votre société. J’en ai parlé ici afin
que chaque individu puisse apprendre à reconnaître son propre degré de
« sumarité ». Les éléments créatifs et ludiques de la personnalité peuvent
alors être libérés. Ces qualités sont particulièrement importantes, car elles
complètent, tempèrent ou accroissent les caractéristiques premières des
autres familles de conscience.
(Une pause.) Si vous êtes un « réformateur », un « réformateur par
nature », alors les caractéristiques sumari, ramenées à la surface, pourraient
vous aider à tempérer votre sérieux grâce au jeu et à l’humour, et vous aider
en fait à accomplir vos réformes beaucoup plus facilement. Chaque
personnalité porte des traces d’autres caractéristiques, outre celles de la
famille de conscience à laquelle elle appartient. Les aspects créatifs des
Sumari peuvent être particulièrement utiles s’ils sont encouragés dans toute
personnalité, simplement parce que leur nature inventive jette une lumière
sur tous les éléments de l’expérience.
La psyché, telle que vous la connaissez, est donc composée d’un
mélange de ces familles de conscience. Aucune n’est supérieure aux autres.
Elles sont juste différentes et représentent différentes façons de regarder la
vie physique. (Une pause.) Un livre entier serait nécessaire pour expliquer
les dimensions de la psyché en relation avec les différentes familles de
conscience. Ici, dans ce manuscrit, je veux seulement amener le lecteur à se
rendre compte de l’existence de ces groupes psychiques. Je sais que
j’emploie de nombreux termes, et que comprendre les différences entre moi
probables et réincarnationnels, contreparties et familles de conscience peut
paraître difficile. Par moments, des contradictions peuvent sembler exister.
Vous vous demandez peut-être comment vous êtes vous, au milieu d’une
telle multitude de « variations » psychiques.
Une pomme peut être rouge, ronde, avoir tel poids, être bonne à manger,
être posée dans une corbeille, où être naturellement suspendue à un arbre.
Elle peut être acidulée ou douce. Vous pouvez en trouver une sur le sol, ou
sur une table, ou dans une tarte. Rien de tout cela n’est contradictoire avec
la nature d’une pomme. Vous ne vous demandez pas : « Comment une
pomme peut-elle en même temps avoir une couleur et être ronde ? »
(Une longue pause.) Vous pouvez regarder une pomme et la tenir dans
vos mains, il est donc évident que sa forme ne contredit pas sa couleur.
Vous voyez qu’une pomme peut être rouge ou verte, ou bien les deux. Si je
disais « les pommes sont tranquillement posées sur une table », vous
devriez m’accorder que cela est parfois le cas. Si je disais « les pommes
roulent le long des pentes herbeuses », vous devriez là aussi en convenir. Si
je disais « les pommes tombent à travers l’espace », là encore vous seriez
forcés de me concéder ce point. Il serait clair pour vous qu’aucune de ces
déclarations n’en contredit une autre, car, dans des circonstances
différentes, les pommes se comportent de façon différente.
(21 h 40.) Cependant, vous ne tenez pas votre conscience dans votre
main. Quand je parle du comportement de votre psyché, vous pouvez vous
demander : « Comment ma psyché peut-elle exister dans plusieurs temps à
la fois ? » Et pourtant elle le peut, exactement comme une pomme peut se
trouver sur une table, sur le sol ou sur un arbre.
(Puis.) Changez cette dernière phrase en : « tout comme des
pommes… »
(De temps à autre, Seth fait ce genre de correction dans son matériau.)
Les dimensions intérieures de la conscience ne peuvent cependant pas
être décrites aussi facilement. Si vous demandez « comment puis-je avoir
des moi réincarnationnels et probables en même temps ? », vous posez alors
une question comparable à celle que j’ai formulée antérieurement :
« Comment une pomme peut-elle avoir une couleur et être ronde en même
temps ? »
(21 h 45.) Accordez-nous un instant… Un jeune homme était ici hier
soir. Il avait une grande maîtrise de la guitare. Lorsqu’il jouait, il était
évident que n’importe quelle composition « se développait » à partir de la
première note et qu’elle avait toujours été latente à l’intérieur de celle-ci.
Un nombre infini d’autres compositions « alternatives » étaient toutefois
aussi latentes dans cette même note, mais elles n’ont pas été jouées hier
soir. Elles étaient tout aussi légitimes que les œuvres qui ont effectivement
été jouées. De façon inaudible, elles faisaient partie de chaque mélodie
entendue, et ces variations-là, non perçues, conféraient une structure et un
rythme silencieux à la musique physiquement actualisée.
En poursuivant cette analogie, chaque psyché contient en elle-même
une infinité de notes, dont chacune est capable d’une infinité de variations
créatives. De façon similaire, vous suivez une mélodie de vous-même et,
pour une raison quelconque, vous semblez penser que le véritable orchestre
de vous-même, au complet, va en quelque sorte couvrir votre petite mélodie
(dit avec insistance).
Alors, quand je parle en termes de contreparties, de moi
réincarnationnels ou de moi probables, je dis que, dans la vraie symphonie
de votre être, vous êtes des violons, des hautbois, des cymbales, des harpes
— en d’autres termes, vous êtes un instrument vivant à travers lequel vous
vous jouez vous-même. Vous n’êtes pas un instrument sur lequel on vous
joue. Vous êtes le compositeur et la symphonie. Vous jouez des ballades,
des morceaux classiques, de la musique lyrique et des opéras. Une
interprétation créative ne contredit pas les autres.
Faites votre pause.
(De 21 h 58 à 22 h 16.)
La vie telle que vous y pensez est loin d’être inflexible.
Pour revenir à nos commentaires sur les compositions alternatives, vous
pouvez à tout moment introduire dans la composition qu’est votre vie des
éléments provenant de n’importe quelles autres « alternatives ».
Certaines personnes structurent leur vie autour de leurs enfants, d’autres
autour d’une carrière ou d’un plaisir, ou même d’une douleur. À nouveau,
ce sont simplement certaines focalisations que vous choisissez et qui
dirigent votre expérience. Vous pouvez ajouter d’autres focalisations tout en
conservant votre propre identité — en l’enrichissant, en fait.
Parfois, vous agissez comme si une aptitude en contredisait une autre.
Vous pensez : « Je ne peux pas être en même temps un bon parent et un
partenaire sexuel pour mon compagnon ou ma compagne. » Pour ceux qui
perçoivent les choses ainsi, une nette contradiction semble entrer en jeu.
Une femme peut avoir le sentiment que les qualités de mère sont presque en
opposition avec celles d’amante exubérante. Un homme peut imaginer que
la paternité signifie procurer une belle maison et de bons revenus à sa
famille. Il peut penser que ce rôle requiert de « l’agressivité[6] », un esprit
de compétition et une distanciation émotionnelle. Tout cela serait considéré
comme étant à l’opposé des qualités d’amour, de compréhension, et de
soutien émotionnel, « requises » pour être un mari. En fait, aucune de ces
contradictions n’a évidemment de réalité. De la même façon, vous semblez
pourtant avoir souvent le sentiment que votre identité dépend d’un certain
rôle très spécifique, jusqu’à ce que d’autres qualités, tout à fait vôtres,
paraissent menaçantes. Elles semblent presque ne pas être vous[7].
Dans une certaine mesure, vous ressentez la même chose face au
concept de moi probables ou de contreparties. C’est comme si vous aviez
une banque illimitée d’aptitudes et de caractéristiques où puiser et que vous
ayez peur de le faire — de crainte que tout ajout ne vous diminue au lieu de
vous enrichir. Si tout cela se passe au niveau personnel quand vous
choisissez une mélodie et que vous l’intitulez « moi-même », vous pouvez
peut-être commencer à percevoir les aspects créatifs de masse, en termes de
civilisations qui semblent croître et décliner.
Vous regardez donc en arrière, dans votre passé historique. Toutes les
contreparties vivantes contemporaines forment ensemble une composition
musicale dans ce que vous pensez être un présent ; et une fois que ce chant
multidimensionnel est entonné, son passé se déploie, ondoyant pour ainsi
dire derrière lui, tandis que son futur chante « devant ». Mais le chant est
créé à partir de son début et de sa fin, simultanément. Dans ce cas-là,
cependant, c’est comme si chaque note avait sa propre conscience et était
libre de changer sa partie de la mélodie. Pourtant, toutes sont dans la même
composition globale, dans le « temps », de sorte que le temps lui-même sert
de gamme dans laquelle le morceau [musical] est écrit — choisi en tant que
trame d’organisation, de focalisation et de structure.
Maintenant, en musique, les silences sont aussi importants que les sons.
En fait, ils servent à mettre en valeur les sons, à les encadrer. Les sons sont
signifiants du fait de leur positionnement au sein des pauses ou des silences.
Les parties de votre psyché que vous reconnaissez comme étant vous-même
sont ainsi signifiantes, intimes et réelles, du fait des pauses ou silences
intérieurs qui ne sont pas actualisés, mais sont une partie de votre être plus
vaste.
Maintenant, imaginez une composition dans laquelle les pauses et les
silences que vous n’entendez pas retentissent — et où les notes que vous
entendez constituent au contraire la structure intérieure inaudible.
Dans ces dernières phrases, il y a une « définition » intuitive des moi
probables et réincarnationnels, et des contreparties, en rapport avec le moi
que vous connaissez. Dans votre cas, cependant, vous pouvez changer votre
propre rythme, ajouter des variations, ou même créer une composition
totalement nouvelle, si tel est votre choix. Beaucoup de gens ont fait cela de
façon très simple et terre à terre en décidant soudain d’utiliser des aptitudes
qu’ils avaient ignorées auparavant. Un homme de lettres, par exemple, se
souvient soudain, à quarante ans, de son vieil amour pour la menuiserie, lit
des manuels de bricolage et commence à retaper sa maison. Après avoir
dédaigné ce genre d’activités comme étant indigne de lui pendant des
années, il se découvre brusquement une relation intime avec la Terre et ses
richesses, et cette appréciation enrichit des mots qui auparavant étaient
peut-être aussi stériles que la cendre.
(22 h 48.) Dans ce cas-là, voyez-vous, il y aurait dans une autre réalité
un menuisier ou son équivalent, ayant un amour latent, inexprimé, pour les
mots — et cet individu-là commencerait alors à le révéler, en lisant peut-
être des livres sur l’art d’écrire et en s’adonnant à un passe-temps qui lui
permettrait d’exprimer en mots son amour de la terre et de ses richesses.
(Avec insistance.) La créativité de la psyché signifie qu’aucun monde ou
expérience unique ne pourra jamais la contenir. Elle crée donc les
dimensions où elle vit ensuite ses expériences.
Chaque partie, quel que soit son nom, contient en elle-même les
potentiels latents de l’ensemble. Si la réalité inconnue existe, c’est parce
que vous jouez et rejouez toujours une seule mélodie et que vous vous y
identifiez, tout en vous fermant, consciemment au moins, à toutes les autres
variations possibles que vous pourriez ajouter à cet air-là.
Accordez-nous un instant… Voulez-vous laisser votre main se reposer ?
(« Non. »)
Il y a de nombreux types de musique. Je pourrais dire : « La musique est
triomphale » ou « La musique est tragique ». Vous comprendriez que je ne
suis pas en train de me contredire. Vous ne diriez pas, ou du moins (avec
humour) j’espère que vous ne diriez pas : « Pourquoi quelqu’un
composerait-il une symphonie comme la Pathétique de Tchaïkovski ? [8] »
Pourquoi un compositeur opterait-il pour une humeur sombre ? La musique
elle-même aurait son propre dynamisme et son propre pouvoir, et serait en
fait belle au-delà de tout concept de bien et de mal.
(Tout ce qui suit est dit avec beaucoup d’insistance, le corps penché en
avant, les yeux sombres et grands ouverts.) D’une certaine manière, même
une composition tragique de qualité transcende la tragédie elle-même. Au
milieu des plus profondes émotions de tragédie ou même de défaite, le
compositeur exulte. Dans ces cas-là, la tragédie elle-même est choisie
comme cadre émotionnel sur lequel joue la psyché. Le cadre ne lui est pas
imposé, il est choisi précisément pour ses caractéristiques — même celles
qui peuvent exprimer l’abattement.
En goûtant au plus haut degré de telles qualités, la psyché explore à
partir de ce cadre les feux de la vitalité et de l’être, tels qu’ils sont vécus
depuis ce point de vue spécifique, et l’abattement peut être plus vivant
qu’une joie non explorée dont on fait à peine l’expérience. De la même
manière, certains individus peuvent choisir, et ils le font, des expériences de
vie faisant entrer en jeu de grandes tragédies. Ces vies tragiques servent
cependant de point de focalisation qui, par comparaison, confèrent à
l’expérience une grande vitalité d’être et une puissante dynamique.
(Avec toujours autant d’intensité.) Cela ne veut pas dire qu’une
existence tragique est plus vitale qu’une vie simple et heureuse. Cela
signifie simplement que chaque individu est impliqué dans un art de vivre.
Il y a différents thèmes, instruments, mélodies — mais l’existence, comme
tout grand art, ne peut être confinée dans de simples définitions.
De l’extérieur, par exemple, on peut avoir l’impression que, si une jeune
personne meurt, c’est parce que, d’une façon ou d’une autre, elle est
insatisfaite de la vie elle-même. En général, on considère comme allant de
soi que ceux qui se suicident ont peur de la vie. Toutefois, les suicidaires
avérés ou potentiels ont souvent tellement soif de vivre qu’ils mettent
constamment leur vie en péril, pour faire l’expérience de ce qu’elle est sous
une forme exacerbée. La même chose s’applique à de nombreuses
personnes exerçant des professions dangereuses. Il est à la mode de
supposer que ces personnes ont un désir de mort. Beaucoup d’entre elles ont
au contraire un désir de vivre plus intense, pour ainsi dire. Ce désir paraît
certainement destructeur pour les autres. Mais pour ces individus-là,
l’excitation supplémentaire vaut le risque. Le risque, en fait, leur procure
une version intensifiée de la vie[9].
Ce n’est évidemment ni le cas de tous les suicidés[10] ou suicidaires
potentiels, ni de tous ceux qui prennent des risques. Mais ces éléments sont
là. Une personne qui meurt à 17 ans peut avoir fait l’expérience de
dimensions de vie beaucoup plus vastes, en vos termes, que quelqu’un
vivant jusqu’à 82 ans. Ces personnes ne sont pas aussi inconscientes de leur
choix qu’il y paraît.
Vous pouvez faire une pause ou apporter à Ruburt ses cigarettes, comme
vous préférez.
(« Alors, nous allons faire la pause. »
De 23 h 15 à 23 h 31.)
Cela ne signifie pas que vous ne pouvez pas modifier votre expérience à
tout moment donné.
Prenez une jeune femme hypothétique du nom de Mary, qui est encline
aux types d’expériences que nous venons de mentionner. Par tempérament,
elle recherche les situations de crise. Elle peut se livrer à des tentatives de
suicide. D’un autre côté, elle peut ne pas entretenir ce genre d’idées, mais
être assassinée à l’âge de 17 ans.
(Avec beaucoup de force.) Nous n’acceptons pas le meurtre, bien sûr
— mais aucun assassin ne tue quelqu’un qui ne veut pas mourir.
Il choisit ses victimes de façon aussi intuitive que la victime cherche le
tueur. D’un autre côté, les expériences de Mary dans la vie peuvent lui faire
changer d’état d’esprit, pour ainsi dire, si bien qu’à 17 ans, elle va plutôt
être confrontée à une grave maladie dont elle guérira. Ou bien elle peut
manquer de peu d’être assassinée, lorsqu’une balle de revolver tirée par un
tueur atteint la personne qui est à côté d’elle. À un niveau totalement
différent et d’une autre manière, elle peut n’avoir aucune de ces
expériences-là, mais être écrivaine de romans policiers, ou infirmière en
chirurgie. Les variations particulières qu’une personne peut jouer sont
infinies. Cependant, vous ne pouvez pas commencer consciemment à
modifier la structure de votre vie tant que vous ne comprenez pas tout
d’abord que vous la formez. La mélodie est vôtre. Elle n’est pas inéluctable,
et elle n’est pas non plus le seul air que vous pouvez jouer.
Vous pouvez jusqu’à un certain point actualiser des parties de votre
réalité inconnue, et les introduire dans la zone de vie dont vous faites
l’expérience. Il y a une relation évidente entre une note et une autre dans
une composition musicale. Maintenant, en termes de familles physiques et
plus largement de pays, il existe une relation entre les réalités, qui, comme
les notes, changent constamment. Dans une certaine mesure, votre réalité
est captée par vos contemporains. Ils l’acceptent ou non, en fonction du
thème particulier, ou de la focalisation, de leurs vies.
(23 h 45.) Accordez-nous un instant…
(Posé à trois mètres de nous sur une étagère, le téléphone commence à
sonner — à bourdonner légèrement, en fait, puisque nous avons éteint sa
sonnerie avant la session. Je crains quand même que le bruit répétitif ne
dérange Jane qui est tranquillement assise, en transe. Elle a les yeux clos.)
En ces termes, vous ne faites partie d’aucune réalité qui ne soit pas
vôtre. Si vous la partagez avec d’autres, c’est parce qu’ils s’intéressent à
des variations sur le même thème. Cela s’applique en termes d’objectifs
mondiaux « à tout moment donné ».
(Toujours le bourdonnement du téléphone…) Accordez-nous un
instant… Par exemple : en certains termes, vous travaillez sur le défi
consistant à utiliser au mieux les ressources mondiales. Certains pays
produisent trop. D’autres pas assez. Il semble qu’il y ait des contradictions.
Certaines personnes sont suralimentées tandis que d’autres sont affamées ;
certaines disposent à profusion du confort matériel, d’autres ne le
connaissent pratiquement pas. Ce sont des variations du même thème,
voyez-vous. Dans l’ensemble, les personnes contemporaines travaillent sur
le même groupe de défis, bien qu’une surabondance ou une grande pénurie
puisse être présente à tel ou tel endroit particulier. Toutefois, les défis ne
pourraient peut-être pas être clairement définis sans ces différences
extravagantes.
(Le téléphone s’arrête enfin de sonner.) En tant que contemporaines, des
contreparties choisissent un cadre de temps particulier. Le format temporel
seul rend claires certaines focalisations, ce qui, en vos termes, ne saurait
être le cas dans un autre contexte. Ce que vous apprenez dans votre présent
à propos de l’industrie — du « progrès » — et du partage équitable des
produits de la Terre ne peut être acquis que dans un contexte où
l’industrialisation est vécue sous une forme excessive, où l’on perçoit et
comprend que la technologie est un péril grandissant.
(À nouveau avec force.) En des termes qui sont, je l’admets, difficiles à
décrire, les solutions créatives changeront le cours de l’histoire dans le
passé, de manière à ce que des variantes soient adoptées et que la
technologie ne progresse pas de la même façon qu’elle le « fait » dans
votre expérience.
J’ai dit auparavant que, personnellement, vous pouvez changer votre
passé à partir du présent[11]. La même chose s’applique aux civilisations.
Je vais terminer la session. Mes souhaits les plus chaleureux et un
cordial bonsoir.
(00 h 01. La fin est rapide. Les transes et transmissions de Jane étaient
excellentes — puissantes et énergiques. « Dans la prochaine session, Seth
va aborder les probabilités historiques, me dit-elle. Je pourrais accéder à
ce matériau dès maintenant, je me sens si bien. Je pourrais continuer
pendant une heure de plus, sans le moindre problème. Il y a là beaucoup de
choses aussi sur les contreparties nationales.[12] » Ensuite, tandis que
j’écris cette note, elle continue à m’en dire plus sur les intentions de Seth.
Je sais que, si je l’encourage, elle va reprendre la session. Cela me
tente, mais il est plus de minuit ; dans dix-neuf heures, nous avons un cours
de perception extrasensorielle et beaucoup de choses à faire entre-temps. Et
ma main commence à être fatiguée d’écrire.
« Ce soir, j’ai eu le sentiment — pour la première fois — que La Réalité
“inconnue” se dirige vers sa fin, dit Jane, que Seth va bientôt être prêt à
clore ce livre, et à boucler la boucle… Pas immédiatement ; mais c’est la
première fois que je ressens ça. »
En réalité, elle a maintenant de nombreux canaux ouverts provenant de
Seth. On dirait que chaque sujet que nous mentionnons en engendre un
autre. Seth a même un ensemble de matériau disponible, au sujet de Jane,
de moi-même et de la musique. Cela inclut des données sur mes débuts au
violon, quand j’ai commencé à prendre des leçons à l’âge de huit ans
— chose à laquelle je n’avais pas repensé depuis des dizaines d’années
[cela se passait en 1927], et dont je me souviens instantanément dès que
Jane en fait mention.

NOTES DE LA SESSION 735

[1] J’ai près d’un mois de retard sur le programme prévu pour terminer les
illustrations de Dialogues ; voir la note 1 de la session 705 du tome II.
Dans le cas présent, ce retard n’a pas d’importance. L’éditeur de Jane
dispose encore de pas mal de temps avant l’impression du livre, puisque
celui-ci ne sera pas mis en vente avant l’automne 1975.

[2] J’évoque parfois les inconvénients qu’il y a à vivre en appartement, en


particulier à cause du bruit incessant de la circulation toujours plus
dense. Lors de la session 726, du 16 décembre 1974, j’ai écrit au cours
de la pause que nous avions prévu de commencer à chercher une
maison à acheter, dès que j’aurais fini les illustrations de Dialogues.
Notre besoin d’intimité et de calme est de plus en plus pressant. En
même temps, nous voulons éviter le sentiment d’isolement qui pourrait
naître si nous allions vivre à la campagne. Cela me plairait sans doute,
mais j’ai compris il y a quelque temps que cela ennuierait
considérablement Jane.

La session 726 s’est tenue un lundi soir et c’était la dernière de l’année


en ce qui concerne La Réalité « inconnue ». Au cours d’une session
privée, le mercredi suivant, Seth avait quelques petites choses à dire à
propos de nos aventures imminentes de recherche d’une maison.

« Accordez-nous un instant… N’achetez pas une maison ayant une cave


en terre battue. N’achetez pas une maison chauffée au mazout. Les
vapeurs ne sont pas bonnes. Les maisons orientées à l’est sont bonnes
dans votre région. Servez-vous de vos aptitudes psychiques pour vérifier
l’atmosphère de la maison, par tous les moyens — peu importe combien
elle peut sembler belle, ne l’achetez pas si vous ne vous y sentez pas à
l’aise. Elle doit avoir une cheminée, cela vous rappellera les foyers
ancestraux. Elle ne doit pas être recouverte d’aluminium ou de tout
autre métal. Dans votre région, elle ne doit pas être orientée vers le sud.
Cela a aussi à voir avec les façons dont vous utilisez l’énergie, il ne
s’agit donc pas de préceptes généraux applicables à d’autres. Vérifiez
avec vos pendules.

« Même à la campagne, les maisons peuvent procurer une sensation


d’enfermement si les montagnes ou les arbres la serrent de trop près. Le
terrain que vous possédez a son importance, mais le terrain visible que
vous ne possédez pas en a aussi, et vous devez avoir une vue sur une
montagne ou une zone ouverte, tout en disposant également d’une zone
privée “secrète”. »

Il sera intéressant de voir combien des points mentionnés ainsi par Seth
correspondent au lieu que nous achèterons finalement.

Pour ceux qui seraient étonnés que Seth fasse référence aux
« pendules », je vais citer un paragraphe que j’ai écrit pour la session
619, à 22 h 01, au chapitre 4 de La Réalité personnelle.

« Le pendule est une très ancienne technique ; je l’emploie, avec


d’excellents résultats, pour obtenir des réponses “subconscientes”,
issues d’une connaissance à la périphérie de ma conscience habituelle.
J’utilise un objet petit et lourd, suspendu au bout d’un fil de façon à ce
qu’il puisse bouger librement. Je pose mentalement des questions
auxquelles le pendule répond par un oui ou par un non, selon qu’il
bouge d’avant en arrière ou de droite à gauche. »

[3] Dans le volume I de La Réalité « inconnue », voir les sessions 693 et


694, ainsi que leurs notes.

[4] Je note, par la suite, qu’au cours des quelques semaines qui ont suivi,
nous nous sommes souvenus plus d’une fois de cette vision créatrice.

[5] Avec beaucoup de délicatesse, Jane se sert finalement de certaines des


impressions de Seth sur ces deux personnes — mais en employant son
propre langage — au chapitre 18 de Politics. Elle commence aussi à y
présenter, encore une fois selon son propre point de vue, un matériau
sur nos activités de recherche de maison ; elle prévoit de continuer à le
faire dans les chapitres suivants.
[6] Pour un matériau de Seth sur la véritable agressivité, voir dans La
Réalité personnelle la session 634 du chapitre 8, et la session 642 du
chapitre 11.

[7] Dans l’appendice 2 du tome I, Seth évoque les conflits que je ressens
entre mes moi artistique, écrivain et sportif. J’ai passé de nombreuses
années à mettre de l’ordre dans ces sentiments. Lors de la session
privée du 30 janvier 1974, que j’ai citée dans l’appendice 2, il disait :
« La créativité de votre père […] avait son côté secret, privé et
solitaire… Vous vous êtes identifié de façon créative à sa nature privée.
Le moi écrivain est devenu latent, tout comme le sportif ; le moi
écrivain et l’artiste étaient cependant étroitement liés. Vous avez parfois
ressenti des conflits. Il ne vous est jamais venu à l’esprit que les deux
aspects pouvaient se libérer mutuellement — l’un illuminant l’autre —
et tous deux s’épanouir. Au lieu de cela, vous les avez vus comme étant
fondamentalement conflictuels. Vous croyiez que le moi peintre devait
être protégé… tout comme vous sentiez que votre père devait protéger
son moi créateur dans la maisonnée… »

Et dans une note de cette session-là, j’écrivais : « Il y a des années,


quand Jane et moi sommes venus vivre à Sayre, en Pennsylvanie, peu de
temps après notre mariage en 1954, j’ai commencé à me dire qu’avant
mes quarante ans, je saurais si je voulais me concentrer sur l’écriture
ou la peinture — mais que, si je n’y parvenais pas avant cette date-là,
j’opterais alors pour l’un ou l’autre de ces deux arts créatifs. J’ai eu
quarante ans en 1959 — et j’ai choisi la peinture.

[8] Ce n’est pas une coïncidence si Seth parle ici de la Symphonie


Pathétique dans son matériau. C’est sans doute notre œuvre musicale
favorite à Jane et moi. Nous avons « découvert » la Pathétique il y a 21
ans, à l’époque où je faisais la cour à Jane et, durant les mois qui ont
suivi, nous avons l’écoutée très souvent sur deux vieux disques un peu
rayés. Mais même ainsi, et bien au-delà des connotations émotionnelles
évidentes que cette œuvre suscitait en nous, nous étions impressionnés
— éblouis — par sa puissance créatrice.

[9] Une bonne partie du matériau de Seth au chapitre 18 de La Réalité


personnelle s’applique ici ; voir en particulier la session 665, puis la
session 667 au chapitre 19.

[10] Pour un matériau de Seth sur le suicide, voir la première transmission


de la session 546, au chapitre 11 de Seth parle. Dans la session 642 du
chapitre 11 de La Réalité personnelle, Seth déclare aussi que le suicide
peut être « le résultat de la passivité et d’une agressivité dénaturée, de
vecteurs naturels de communication mal compris et mal utilisés. »

[11] Voir la session 655 du chapitre 15 de La Réalité personnelle ; Seth y


parle de la façon dont il est possible de « restructurer votre passé à
partir du présent ».

[12] Une note ajoutée par la suite. Je suis désolé de devoir écrire que, dans
la session 736, Seth n’a parlé ni des probabilités historiques ni des
contreparties nationales. J’ai oublié de rappeler à Jane ces sujets-là
avant la session, tout comme j’ai omis d’interroger Seth sur ces thèmes
pendant qu’il parlait. Plusieurs autres sessions ont eu lieu avant que je
découvre cet oubli, causé en partie par le fait que je n’avais pas encore
dactylographié la session 735 et que j’avais négligé d’en faire mention
dans mes notes. Il faut dire aussi que Seth était revenu entre-temps à
son matériau sur les familles de conscience. C’est un oubli malheureux,
car j’ai le sentiment que cette information aurait été très originale, et
enrichissante pour de futures sessions.

Mon commentaire ici rappelle certainement celui de la note 4 de la


dernière session : j’y expliquais comment Jane et moi avions manqué ce
qui, je crois, aurait été un excellent matériau, parce que la session avait
été interrompue par une visiteuse au moment où Jane commençait à le
transmettre. Voir la note 2 de l’appendice 22, qui indique certaines des
raisons pour lesquelles nous avons souvent du mal à revenir sur une
session donnée pour étoffer un sujet qui y était évoqué.

(Je dois ajouter que ces raisons n’ont rien à voir avec une réticence
quelconque de la part de Seth ou le fait que les données que nous
souhaitons obtenir se soient évaporées de son esprit.)
SESSION 736

Mercredi 5 février 1975

(L’une des premières maisons que Jane et moi sommes allés voir hier
est située sur un coteau, dans la partie ouest d’Elmira. La parcelle est à
l’angle d’une rue dans laquelle nous n’étions jamais venus. Debbie, notre
amie de l’agence immobilière, nous en avait montré une photo dans le
catalogue dont elle s’était aussi servie pour nous indiquer la maison de
Foster Avenue, visitée lundi. En fait, les photos des deux maisons se
trouvent l’une au-dessus de l’autre sur la même page du catalogue. Voir les
notes d’ouverture de la dernière session.
La maison qui est à vendre — que nous appellerons « la maison de la
colline » — était vide et fermée. D’autres maisons l’entourent et chacune
d’elles, bien isolée au milieu de ses arbres, donne un sentiment d’intimité.
De notre voiture, nous jetons à tout hasard un coup d’œil à cet endroit. Sur
le moment, elle n’a rien « éveillé » en nous. Elle ne ressemble pas du tout ni
à celle de Sayre ni à celle de Foster Avenue à Elmira. C’est une demeure
style ranch, avec un bardage en cèdre, qui vient juste d’être peint en vert
foncé — une habitation classique de plain-pied, avec des volets blancs, une
cheminée, une baie vitrée, un grand garage attenant à l’arrière, et de
nombreux arbres et arbustes. Devant la façade, une partie de la pelouse est
en pente, et le petit chemin dallé menant à la véranda comporte quelques
marches. La maison est orientée au sud ; devant elle s’étend Elmira dans la
vallée, presque cachée par des arbres et, au-delà de la ville, une succession
de collines. À l’angle sud-ouest de la maison, deux rues se croisent,
chacune d’elles finissant en impasse un peu plus loin. À l’arrière, vers le
nord et l’est, des bois suivent la courbe harmonieuse de la colline jusqu’à
son sommet.
Les notes ci-dessus et mes spéculations à venir, toutes ajoutées par la
suite, anticipent les sessions 738 et 739 des 19 et 24 février. J’insère ce
matériau ici afin de poursuivre le compte rendu chronologique de notre
recherche de maison, et pour montrer également comment même une
perception importante [de la maison, dans le cas présent] peut au premier
abord produire juste une impression à peine consciente sur celui qui perçoit
— bien qu’ici, nous étions deux à percevoir : Jane et moi.
Mais je pense qu’en ces termes-là, il peut y avoir un décalage
appréciable avant que la perception initiale d’un évènement revête une
signification spéciale pour la ou les personnes concernées. Durant cet
intervalle, cette première impression est modifiée et renforcée au sein de la
psyché par des évènements et compréhensions ultérieurs ; elle commence
alors à prendre de l’importance. Puis, quand tout le « travail » intuitif
créatif a été fait, la perception première émerge — ou jaillit brusquement —
dans la conscience. Elle est mûre maintenant, elle a un sens : « Pourquoi
n’ai-je pas vu cela avant ? » Quelque chose de nouveau devient connu. Ces
données synthétisées sont disponibles pour de fraîches décisions
conscientes.
Pendant les seize jours suivant notre premier aperçu de la maison de la
colline, la psyché de Jane et la mienne étaient donc impliquées dans cette
activité non consciente concernant cette demeure. Au cours de cette
période-là, nous avons tenu la session 737, le 17 février, mais comme nous
ne nous sentions pas consciemment concernés par cet endroit particulier,
nous n’en avons pas parlé à Seth, et ne lui avons rien demandé à ce sujet.
Pourtant, durant la session, il a de lui-même évoqué la maison de Foster
Avenue en disant qu’elle représentait une probabilité, une probabilité assez
bonne, que nous pourrions choisir d’explorer. Seth n’a pas suggéré que
nous achetions cette demeure et, s’il l’avait fait, je suis à peu près sûr que
nous en aurions rejeté l’idée. Jane et moi étions libres de prendre notre
propre décision commune — et durant tout ce temps, nous traitions tous
deux au niveau inconscient le cas de la maison de la colline.
Nous avons visité des maisons aujourd’hui et Jane est excitée :
« Comment vais-je réussir à centrer mon esprit sur la session ? » Juste
avant que Seth se manifeste, elle relit la liste des familles de conscience que
celui-ci avait donnée lors de la session 732. Elle fait cela pour des raisons
à la fois pratiques et intuitives.
21 h 24.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. Des informations sur les maisons plus tard, si vous le souhaitez.
Il y a ici un rapport avec les caractéristiques sumari.
(« D’accord. »)
Dictée. En général, les Sumari ont la capacité de percevoir
émotionnellement et de ressentir de l’empathie. Jusqu’à un certain point,
ce sentiment pour l’humanité sert souvent d’impulsion pour un travail
créatif. Beaucoup de Sumari ont aussi un sens mystique de connexion avec
la nature. En même temps, ils peuvent être relativement isolationnistes, et
aiment travailler dans la solitude[1].
Divers types de caractéristiques apparemment contradictoires peuvent
donc apparaître. Un Sumari peut avoir beaucoup de relations personnelles
profondément enrichissantes. Un autre peut trouver que les amis sont une
distraction. Un Sumari peut aimer se produire devant un public, alors qu’un
autre ne peut même pas en supporter l’idée. Puisque chaque personne est
unique, les diverses caractéristiques sumari apparaîtront donc de façons très
différentes. Certains vivent en ville, savourant la proximité émotionnelle
des autres, se contentant de quelques pots de fleurs en guise de rappel de la
beauté de la nature. D’autres peuvent avoir une ferme. Dans la plupart des
cas cependant, le parti pris de la conscience est principalement créatif.
À nouveau, je ne vais pas entrer dans les détails concernant les autres
familles, mais je les évoquerai brièvement, parce que les contreparties
appartiennent en général à la même famille.
La première famille que j’ai mentionnée [Gramada[2]] est par exemple
spécialisée dans l’organisation. Parfois ses membres viennent juste après un
changement social révolutionnaire. Leurs tendances organisationnelles
s’expriment cependant dans tous les domaines de la vie. Ils gèrent par
exemple des écoles d’art, bien que n’étant pas forcément eux-mêmes
artistes. Ils peuvent créer des universités, tout en n’étant pas nécessairement
des érudits.
Les fondateurs de très grandes sociétés commerciales appartiennent
souvent à cette famille-là, ainsi que certains politiciens et hommes d’État.
Ils sont actifs, pleins de vitalité et créativement agressifs. Ils savent
comment rassembler les idées d’autrui. Ils réunissent souvent des écoles de
pensée aux vues contradictoires en une structure plus ou moins fédératrice.
Ils sont donc souvent les fondateurs de systèmes sociaux. Ainsi, dans la
plupart des cas, vos hôpitaux, vos écoles et vos religions, en tant
qu’organisations, sont dus à l’initiative de ce groupe, qui souvent en assure
aussi le fonctionnement.
(21 h 38.) Ces personnes [les Gramada] ont d’excellentes aptitudes à
rassembler des concepts isolés qui risqueraient autrement d’être abandonnés
en cours de route. Les Gramada sont des organisateurs d’énergie, orientés
vers des structures sociales efficaces. En général, ils mettent en place des
gouvernements, des écoles et des confréries assez stables et assez
raisonnables, bien qu’ils ne soient pas à l’origine des idées derrière ces
structures.
Le groupe suivant [les Sumafi] s’occupe principalement d’éducation. Là
encore, la relation aux autres est bonne, en règle générale. Les Sumafi
peuvent être talentueux dans n’importe quel domaine, mais leur intérêt
premier est de transmettre leurs connaissances ou celles des autres. Ils sont
par conséquent habituellement traditionalistes, bien qu’ils puissent être
brillants. D’une certaine façon, ils sont aussi liés aux Gramada et aux
Sumari, car ils se situent entre le système organisé et l’artiste créatif. À
travers les structures sociales, ils transmettent « l’originalité » sans l’altérer.
Je dis qu’ils [les Sumafi] n’altèrent pas l’originalité. Bien sûr, toute
interprétation d’un évènement le modifie, mais généralement ils enseignent
les disciplines sans en changer de façon créative le contenu. En tant
qu’historiens, par exemple, ils transmettent les dates des batailles, et ces
dates sont considérées pratiquement comme des faits intangibles, si bien
que, dans le contexte de leur formation, ils ne voient aucune raison de
remettre en question la validité de telles informations.
Au Moyen Âge, ils copiaient fidèlement les manuscrits. Ce sont des
gardiens, d’une certaine façon. Ici encore, il y a une infinité de variations.
De nombreux professeurs de musique ou des beaux-arts appartiennent à
cette catégorie-là, où les arts sont enseignés avec un amour de l’excellence,
une insistance sur la technique — et où l’artiste, qui est souvent un Sumari
(même si c’est loin d’être toujours le cas), peut exprimer sa créativité.
Avez-vous noté tout cela ?
(« Oui ». Mais le rythme est rapide.)
Accordez-nous un instant… La famille suivante [Tumold], selon l’ordre
que j’ai donné, se consacre principalement à la guérison. Cela ne veut pas
dire que ces personnes ne sont ni créatives, ni organisatrices ou
enseignantes, mais la tendance première de leur conscience est orientée vers
la guérison. Ils peuvent être médecins et infirmiers, mais habituellement ce
ne sont pas des administrateurs d’hôpitaux. Ils peuvent toutefois être
médiums, travailleurs sociaux, psychologues, artistes ou investis dans une
religion. Ils peuvent aussi travailler chez des fleuristes. Il arrive que certains
travaillent à la chaîne, mais, quand c’est le cas, ils sont guérisseurs par
intention ou tempérament.
Je mentionne diverses professions ou activités pour donner des
exemples clairs, mais un mécanicien peut aussi bien appartenir à ce groupe
[Tumold] qu’à tout autre. Si le garagiste est un Tumold, il aura un effet
guérisseur sur ses clients et réparera bien plus que des voitures.
(Une pause d’une minute à 21 h 59.) Accordez-nous un instant… Les
guérisseurs peuvent aussi apparaître en tant que politiciens, et soigner
psychiquement les blessures de la nation. Tout artiste dont le travail est
principalement destiné à aider appartient aussi à cette catégorie. Vous y
trouvez aussi certains chefs d’État et — en particulier dans le passé —
certains membres de familles royales appartiennent aussi à ce groupe.
(22 h 02.) Accordez-nous un instant… Ceux du groupe suivant [Vold]
sont principalement des réformateurs. Ils ont d’excellentes aptitudes
précognitives, ce qui signifie bien sûr qu’ils comprennent au moins
inconsciemment le mouvement des probabilités. Ils peuvent travailler dans
n’importe quel domaine. En vos termes, c’est comme si (d’une voix plus
forte) ils percevaient le mouvement futur, ou la direction, d’une idée, d’un
concept ou d’une structure. Ils travaillent alors avec toutes les facultés de
leur esprit pour faire de cette probabilité une réalité physique.
En termes conventionnels, ils peuvent sembler être de grands activistes
et révolutionnaires, ou des rêveurs manquant d’esprit pratique. Ils seront
animés par une idée de changement et de transformation et se sentiront
incités ou poussés à faire de cette idée une réalité. En règle générale, ils
remplissent une fonction très créative, car les organisations sociales et
politiques peuvent souvent stagner et ne plus servir les objectifs de la masse
des gens concernés. Les membres de cette famille [Vold] peuvent aussi
prendre l’initiative de révolutions religieuses, bien sûr. Généralement, ils
ont toutefois un seul but à l’esprit : changer le statu quo dans tout domaine
important.
Il est déjà facile de voir comment les buts de ces diverses familles
peuvent se recouper, se compléter les uns les autres et aussi entrer en
conflit. Pourtant, dans l’ensemble, elles opèrent pratiquement comme un
système créatif de contrôle et d’ajustement.
(Avec un sourire, les yeux grands ouverts.) Faites votre pause et
contrôlez votre ajustement.
(22 h 12. La transmission de Jane est un peu plus rapide que
d’ordinaire. Tandis que nous parlons maintenant, elle s’interrompt pour
dire qu’elle a « reçu en un éclair » les principales activités, les tendances
prédominantes de la conscience, des trois prochaines familles sur la liste de
Seth : les Milumet, les Zuli et les Borledim. Pourtant, quand elle essaye de
me décrire leurs attributs, elle a du mal à le faire ; les informations sont
singulièrement évanescentes, me dit-elle.
Elle se souvient qu’il y a de nombreux mystiques parmi les Milumet,
puis ajoute avec un peu d’humour qu’elle ne trouve pas que leur nom
corresponde à leur activité — selon elle, Zuli serait une bien meilleure
appellation mystique. Tout ceci, bien sûr, malgré le fait que Jane soit elle-
même une mystique sumari[3]. Mais certaines différences mystiques
commencent à émerger quand Seth reprend la dictée à 22 h 40.)
Maintenant. Dictée. La prochaine famille [Milumet] est composée de
mystiques. Presque toute leur énergie est orientée vers l’intérieur, sans
aucune considération pour le fait que l’expérience intérieure se traduise ou
non en termes usuels. Ces personnes peuvent par exemple être totalement
inconnues, et elles le sont d'ordinaire, car en général elles ne se préoccupent
nullement d’expliquer leurs activités intérieures aux autres — pas plus qu'à
elles-mêmes, d’ailleurs. Ce sont de vrais êtres innocents et spirituels. Ils
peuvent être intellectuellement sous-développés, selon les critères en usage,
mais cela tient simplement au fait qu’ils ne dirigent pas leur intellect vers la
focalisation physique.
D’une manière générale, ceux qui appartiennent à cette famille
[Milumet] ne seront pas en position d’autorité, car ils ne se concentrent pas
assez longtemps sur des données physiques spécifiques. On peut toutefois
les trouver dans votre pays, précisément là où vous ne les attendriez sans
doute pas : dans certaines chaînes de montage qui requièrent une action
simple et répétitive — dans des usines qui n’exigent cependant pas de
travailler vite. Ils choisissent habituellement des pays moins industrialisés,
ayant un rythme de vie plus lent. Les Milumet ont des façons de se
comporter simples, directes et puériles, et ils peuvent paraître stupides. Ils
ne se préoccupent pas des conventions.
(Une longue pause.) Chose toutefois assez étrange, ils peuvent être
d’excellents parents, en particulier dans des sociétés moins complexes que
la vôtre. En vos termes, ce sont des primitifs, où qu’ils apparaissent.
Pourtant, ils ont un lien profond avec la nature et, à cet égard, ils sont sur le
plan psychique plus fortement réceptifs que la plupart des gens.
Accordez-nous un instant… Leurs expériences personnelles sont
souvent très aventureuses et, à ce niveau-là, ils contribuent à nourrir la
psyché du genre humain.
Le groupe suivant [les Zuli] s’intéresse principalement à la pratique
d’une activité physique. Ce sont les athlètes. Dans quelque domaine que ce
soit, ils se consacrent au perfectionnement des capacités du corps qui, chez
d’autres, demeurent latentes.
Dans une certaine mesure, ils servent de modèles physiques. Leur
vitalité en tant que créatures apparaît à travers la beauté, la rapidité,
l’élégance et la performance du corps lui-même. À un degré ou à un autre,
ces personnes sont des perfectionnistes et, dans leurs activités, il y a
toujours une touche de « super » accomplissement, comme si, même
physiquement, l’espèce s’efforçait d’aller au-delà d’elle-même. Les
membres de cette famille servent en fait à indiquer le potentiel non encore
réalisé de la chair — tout comme de grands artistes sumari peuvent par
exemple donner des indices quant aux aptitudes artistiques qui lui sont
inhérentes, mais demeurent inutilisées par la plus grande partie de l’espèce.
Les membres de ce groupe ont donc à voir avec la performance. Ce sont des
faiseurs physiques. Ce sont aussi des amoureux de la beauté, telle qu’elle
s’exprime à travers le corps.
(Une longue pause à 23 h 01.) Les membres de cette famille [Zuli]
peuvent souvent servir de modèles pour l’artiste ou l’écrivain, mais, en
règle générale, ils transmettent eux-mêmes leur énergie à travers des
« arts » physiques et des performances. En vos termes seulement,
historiquement parlant, ils sont souvent apparus au début des civilisations,
lorsqu’une activité corporelle physique, directe, au sein de l’environnement
était d’une importance suprême. Les réactions physiques ordinaires étaient
alors simplement plus rapides que maintenant (avec insistance), même si la
détente normale du corps était plus profonde et plus complète.
Fin de la dictée. Faites une pause ou terminez la session, comme vous le
préférez. (« Nous allons faire une pause. »
23 h 05. Jane dit que les bruits de la circulation provenant du
croisement situé juste à l’angle de notre maison l’ont dérangée après la
dernière pause et que cela explique en partie la durée plus courte de la
transmission. Je suis capable de dire à quel moment cette gêne a commencé
selon moi, car son élocution, qui était rapide au départ, s’est ralentie puis
s’est mise à fluctuer.
Seth revient à 23 h 19. Il transmet l’équivalent de deux pages de notes
concernant la maison que nous avons visitée sur Foster Avenue, il y a deux
jours, alors même que nous avons jeté un premier coup d’œil hier à la
« maison de la colline » : voir les notes [ajoutées par la suite] au début de
la session de ce soir. Les informations de Seth sur Foster Avenue et les
relations présentes et potentielles que nous avons avec cet endroit sont très
éclairantes. Elles nous aident à comprendre les attirances psychiques que
Jane et moi ressentons à l’égard de cette maison, sans que cela implique en
aucune façon un engagement vis-à-vis d’elle [comme un achat, par
exemple]. Soit dit en passant, certaines de ces relations présentes et
potentielles proviennent en fait de notre enfance.
Voici l’un des points qui ressort de ce matériau non retranscrit ici.
Puisque Seth nous a dit il y a longtemps, à Jane et moi, que nous
appartenions tous les trois à la famille de conscience sumari[4], nous
sommes maintenant extrêmement curieux lorsqu’il nous déclare que la
femme qui est actuellement propriétaire de la maison de Foster Street est
elle aussi sumari : « Elle y a apporté, dit-il, des caractéristiques sumari
d’expansivité. » Mais pour aller encore plus loin : selon Seth, le
propriétaire précédent à qui la maison a appartenu pendant de nombreuses
années, un homme aujourd’hui décédé, était aussi un Sumari. Il est assez
fascinant d’observer le développement de telles connexions psychiques et
physiques.
Fin à 23 h 30.)

NOTES DE LA SESSION 736

[1] Naturellement, le matériau de Seth ici commence à rappeler fortement


les caractéristiques sumari que nous avons, Jane et moi — en
particulier celles concernant « le sens mystique de connexion avec la
nature » que chacun de nous ressent, ainsi que notre désir individuel de
« travailler dans la solitude ».

[2] Seth commence maintenant un récapitulatif des rôles joués par chacune
des familles de conscience qu’il a énumérées dans la session 732.
Notons qu’il n’en a nommé aucune ce soir, se contentant de dire « la
famille suivante ». Puisqu’avant la session, Jane s’était déjà rafraîchi
la mémoire par rapport à ces groupes psychiques et comme,
probablement elle transmettait le matériau de Seth dans le même ordre,
j’ai donc fait correspondre les noms aux ensembles de données
concernant chaque famille. J’aurais peut-être dû revérifier en
demandant à Seth de citer à nouveau les noms dans l’ordre, mais je n’ai
pas estimé que cela soit nécessaire.

[3] Voir l’appendice 1 du tome I de La Réalité « inconnue ».

[4] Voir les notes 2 et 3 de la session 734.


SESSION 737

Lundi 17 février 1975

(Nous avons sauté les deux sessions prévues la semaine dernière pour
que Jane puisse se reposer, et nous avons donc eu plus de temps à
consacrer à notre recherche de maison. Les notes et le matériau portant sur
les maisons sont présentés après la première pause. Jane a toutefois donné
son cours de perception extrasensorielle mardi soir, le 11 février.
Les notes qui suivent nous ramènent à la fin de la session 732, et
notamment au paragraphe que j’ai écrit à propos de Sue Watkins, notre
amie de longue date, qui vient assister au cours aussi souvent qu’elle le
peut maintenant qu’elle habite une petite ville située à trente-cinq
kilomètres au nord d’Elmira. Jane a donné la liste des familles de
conscience de Seth le mois dernier, dans la session 732 ; puis, en fin de
soirée, elle s’est souvenue qu’il y a plusieurs années, peu de temps après
qu’elle a elle-même commencé à s’exprimer en sumari, Sue s’était
psychiquement branchée sur le nom d’une deuxième famille de conscience
— que Seth n’a pas citée dans la session 732. Jane pensait que le nom de
cette famille ressemblait aux « Gramada » que Seth avait effectivement
décrits ; à la fin de la session, j’avais donc écrit mon intention de vérifier
dans nos archives le nom prononcé par Sue et d’interroger Seth sur ce point
— mais j’ai omis de faire ces deux choses. L’une des raisons pour
lesquelles je n’ai pas résolu le problème est l’absence d’urgence à le faire :
la dernière fois que nous avions vu Sue remonte à plus de cinq semaines,
avant la session 729. Très occupée par son travail dans un journal, elle n’a
pas souvent le temps de venir à Elmira.
Sue a toutefois participé au cours de mardi dernier, arrivant juste à
temps pour entendre la transcription de la session 732. Ensuite, pendant la
classe, elle m’a tendu une note que je vais paraphraser ici : « Dans une
session sur le sumari, à laquelle j’ai assisté en 1971 ou début 1972 — j’ai
capté le nom d’une famille de conscience et Seth a dit que c’était
“Grunaargh”. Il n’était pas sur la liste donnée le mois dernier. »
Le cours était très animé, avec plus de quarante personnes présentes.
Quand Seth s’est manifesté, Sue a juste eu le temps de poser une question :
est-ce que Grunaargh avait un lien avec l’une des familles de conscience
dont Seth avait donné le nom dans la session 732 ? « C’est en effet le cas, a
répondu Seth. C’est en lien avec une famille évoquée. »
La note de Sue m’intrigue à nouveau : après la classe, je lui ai promis
que j’allais chercher dans nos dossiers ce qui avait trait aux Grunaargh, et
qu’avec l’aide de Seth, Jane et moi finirions par obtenir plus
d’informations sur cette famille-là, et que nous présenterions ces données
dans des notes destinées à La Réalité « inconnue ». Ce sur quoi je veux
insister ici, c’est le fait que d’autres que Jane peuvent deviner intuitivement
des éléments portant sur les familles de conscience. Pour quelque raison
que ce soit, Sue a vraiment entraperçu avant Jane une famille autre que les
Sumari. En parcourant des sessions antérieures, je découvre, en fin de
soirée, ce que je cherchais. Sue avait capté des données sur les
Grunaargh[1] pendant la session 598, et elle les avait mises par écrit pour
moi, une fois que Jane s’était pleinement exprimée en sumari pendant le
cours de perception extrasensorielle du 23 novembre 1971.
Avant la session de ce soir, Jane me dit avoir le sentiment que les
Grunaargh représentent une variation de la famille de conscience Gramada
de Seth. « Mais, précise-t-elle, ce qui est important, ce sont les
caractéristiques des familles, quels que soient leurs noms. Les similitudes
entre les deux noms sont légitimes, je pense. Il y a aussi des combinaisons
de familles, et celles-ci auront leurs propres noms. » Puis elle me rappelle
qu’à plusieurs reprises, la semaine dernière, elle a senti que les Borledim,
la famille de conscience suivante sur la liste de Seth, étaient fortement
concernés par la parentalité et les rôles s’y rapportant.
21 h 26.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant. Dictée. (D’une voix calme.)
La famille suivante [Borledim] a principalement à voir avec la
parentalité. Ces personnes sont des « parents terrestres » naturels. C’est-à-
dire qu’elles ont la capacité d’engendrer des enfants qui, d’un certain point
de vue, possèdent certaines caractéristiques excellentes. Ils ont des esprits
brillants, des corps sains et des émotions intenses et claires.
Alors que beaucoup de gens travaillent dans des domaines spécifiques,
impliquant par exemple l’intellect, ou les émotions, ou le corps, ces parents
et leurs enfants donnent naissance à une progéniture où un équilibre subtil
est maintenu. Aucun aspect de l’esprit ou du corps n’est développé aux
dépens d’un autre aspect.
Ces personnalités possèdent une résistance vigoureuse à la fois du corps
et de l’esprit, et servent de puissante souche terrestre. Il va sans dire que les
membres d’une famille se marient souvent dans d’autres familles. Bien sûr,
c’est aussi le cas ici. Quand cela se produit, une nouvelle stabilité est
assurée, car cette famille particulière fonctionne en tant que souche source,
dotée d’une force physique et mentale. Physiquement parlant, ces personnes
ont souvent de nombreux enfants et, en général, leur progéniture réussit
bien dans la vie, quel que soit le domaine choisi. (Une pause.)
Biologiquement parlant, elles possèdent certaines qualités qui annulent les
codes « négatifs » dans les gènes[2]. Ce sont habituellement des gens en très
bonne santé, et un mariage dans ce groupe peut automatiquement mettre fin
à des générations de faiblesses prétendument héréditaires[3].
Ces personnes [les Borledim] croient donc aux bienfaits naturels de la
sexualité, du corps et de l’unité familiale — quelle que soit la façon dont
ces attributs sont compris dans la société physique à laquelle elles
appartiennent. En règle générale, elles ont une charmante spontanéité, et
toutes leurs aptitudes créatrices sont orientées vers le groupe familial et la
production d’enfants. Ce ne sont cependant pas des parents rigides, suivant
aveuglément des conventions, mais des gens qui voient la vie familiale
comme un bel art vivant et créatif, et les enfants comme des chefs-d’œuvre
de chair et de sang. Loin de dévorer leurs enfants par un excès d’attention
surprotectrice, ils envoient joyeusement leurs enfants de par le monde,
sachant qu’en leurs termes, les chefs-d’œuvre doivent se parfaire eux-
mêmes et qu’ils les y ont aidés en posant une sous-couche de peinture.
[Les Borledim] sont la souche qui jusqu’à présent a toujours veillé à ce
que votre espèce continue en dépit des catastrophes, et ils sont répartis de
façon plus ou moins égale autour de la planète et dans toutes les
nationalités. Ils ressemblent beaucoup aux Sumari. Ils ont le même amour
des arts, les mêmes attitudes générales. Ils recherchent habituellement des
situations politiques assez stables dans lesquelles donner naissance à leurs
enfants, comme le font les Sumari pour produire leur art. Ils revendiquent
cependant une certaine dose de liberté pour leurs enfants, et bien que,
comme les Sumari, ils ne soient pas des activistes politiques, leurs idées
jouent souvent un rôle important en amont des grands changements sociaux
et elles aident à les mettre en route. La grande différence avec les Sumari
est que ceux-ci s’occupent principalement de créativité et d’art et y
subordonnent la vie familiale [comme nous l’avons fait, Jane et moi], tandis
que la famille Borledim pense à sa progéniture en termes d’art vivant ; tout
le reste est subordonné à cet idéal-là.
Les Sumari fournissent souvent à l’espèce un héritage culturel, spirituel
ou artistique. La famille des Borledim fournit une souche terrestre bien
équilibrée — un héritage en termes d’individus. Ces personnes sont
gentilles, pleines d’humour, joueuses et emplies d’une vive compassion,
mais trop sages pour le type de compassion « pervertie » qui se nourrit des
faiblesses d’un autre individu.
Un artiste attend de ses tableaux qu’ils soient bons — ou, si vous me
pardonnez ce rappel en forme de conseil : du moins, il devrait. Ces
personnes-là attendent de leurs enfants qu’ils soient bien équilibrés, en
bonne santé, spirituellement vifs, et ils le sont. Vous trouvez des membres
de la famille Borledim dans presque toutes les activités, mais ce qu’ils
prennent principalement en considération, c’est l’unité physique familiale.
Ces parents ne se sacrifient pas pour leurs enfants. Ils comprennent trop
bien la charge qui incombe à une telle descendance. Au lieu de cela, les
parents gardent leur propre sens d’identité et leurs caractéristiques
individuelles, servant aux enfants d’exemples clairs d’adultes aimants et
indépendants.
La famille suivante [Ilda] est composée des « échangeurs ». Ils sont
principalement intéressés par le grand jeu de l’échange et de
l’entrecroisement des idées, des produits, des concepts sociaux et
politiques. Ce sont des voyageurs, amenant avec eux les idées d’un pays
dans un autre, mélangeant les cultures, les religions, les attitudes, les
structures politiques. Ce sont des explorateurs, des marchands, des soldats,
des missionnaires, des navigateurs. Ils participent souvent à des croisades.
(22 h 01.) Au fil des âges, ils ont servi de diffuseurs d’idées,
d’assimilateurs. On les trouve partout. Au cours de l’histoire, ils ont été des
pirates et aussi des esclaves. Ils sont souvent principalement impliqués dans
des transformations sociales. À votre époque, ils peuvent être des
diplomates, comme ils l’ont été dans le passé. Leurs caractéristiques sont
généralement celles d’un aventurier. Ils vivent très rarement longtemps au
même endroit, bien que cela puisse être le cas si leur occupation est liée à
des produits provenant d’un autre pays. Individuellement, ils peuvent
paraître de nature très diverse, mais, en règle générale, ce sont rarement des
enseignants d’universités. Vous pouvez cependant trouver parmi eux des
archéologues travaillant sur le terrain.
Une bonne partie des vendeurs appartiennent à cette catégorie. En vos
termes, ils peuvent être cosmopolites et souvent riches, si bien qu’ils sont
fréquemment amenés à voyager. D’un autre côté, dans certains contextes,
un humble marchand d’un petit pays, parcourant les provinces voisines,
peut aussi appartenir à cette famille. Ils forment un groupe de personnes
pleines d’entrain, loquaces, imaginatives et généralement sympathiques.
Les Ilda s’intéressent à l’extérieur des choses, aux mœurs sociales, au
marché, aux idées populaires courantes, religieuses ou politiques. Ils les
répandent de place en place. Ce sont des porteurs de graines, au sens à la
fois littéral et figuré du terme.
Ils peuvent être des « escrocs », vendant des produits censés avoir des
qualités miraculeuses, éblouissant la population locale avec leurs airs de
citadins. Pourtant, même dans ce cas-là, l’aura qui les entoure est porteuse
d’idées peu courantes qui permettent à des concepts déjà familiers dans
certains milieux de se frayer un chemin dans d’autres plus fermés.
Les membres de cette famille de conscience offrent fréquemment des
options nouvelles. Ils peuvent être des scientifiques ou faire partie de ces
missionnaires conventionnels extrêmement stricts, partis vers des terres
inconnues. À votre époque actuelle, il y a parfois des Indiens d’Inde, des
Africains ou des Arabes qui se rendent dans vos civilisations. Ils
contribuent au grand flux de communication. Ils peuvent être plus
émotionnels qu’intellectuels, au sens où vous comprenez ces termes (une
pause), et ils sont agités, toujours en mouvement. Ils peuvent aussi être des
acteurs.
Dans le passé, certains [Ilda] ont été de grandes courtisanes et, même si
elles n’avaient pas la possibilité de voyager physiquement, elles étaient au
cœur de la communication — c’est-à-dire qu’elles faisaient partie de la vie
à la cour, ou étaient en rapport avec des diplomates qui voyageaient.
(Une pause à 22 h 24.) Bon nombre des courtisanes qui régnaient sur
les salons d’Europe appartenaient à cette catégorie [Ilda]. Les croisades[4]
ont dynamisé cette famille, pour laquelle les affaires, le commerce et
l’échange d’idées politiques étaient beaucoup plus importants que les
aspects religieux. Dans le passé, certains membres de cette famille ont
instauré un ordre nouveau dans l’Église [catholique] — les jésuites
mondains par exemple, et certains des papes les plus raffinés[5] (d’un air
amusé), qui avaient du flair pour le commerce et les richesses. Ces
personnes peuvent apprécier les objets d’art, mais en général pour leur
valeur commerciale.
Maintenant, vous pouvez souvent les trouver dans les services
gouvernementaux, dans les secteurs liés aux voyages ou à la finance. Ils
aiment fréquemment les intrigues. Dans l’ensemble, ils font évoluer les
mœurs.
Faites votre pause.
(22 h 30. « J’ai eu le sentiment qu’il aimait cette dernière famille », dit
Jane dès qu’elle sort de transe. Puis elle ajoute en riant : « J’ai senti qu’il
les aime autant que les Sumari. Je captais toutes sortes de choses à leur
propos. » Pourtant, l’élocution de Jane n’a varié ni en rythme ni en
insistance. Voir à présent la note 6[6] pour plus de matériau sur les familles
de conscience.
Jusqu’à maintenant, Jane et moi n’avons pas pu trouver une maison que
nous sentions intuitivement être la bonne, bien que celle de Foster Avenue
nous ait considérablement intrigués depuis que nous l’avons vue pour la
première fois, le 3 février. [Depuis, nous en avons visité de nombreuses
autres.] Jeudi dernier [le 13 février], Jane préparait son cours d’écriture
créative, alors je suis parti seul à la recherche d’une maison. Sans grande
curiosité, j’ai refait un tour du côté d’une maison que nous avions déjà
vue : celle de la colline. Une fois de plus, j’ai pensé qu’elle ne nous
conviendrait pas. Jane était d’accord avec moi quand je lui en ai parlé
pendant le dîner[7].
Le lendemain, vendredi, Jane a eu une sorte d’expérience « psychique »
auditive concernant l’emplacement de Foster Avenue ; alors le samedi
matin, nous avons fait une proposition formelle d’achat de cette maison.
Pour des raisons personnelles, nous avons offert un prix bas, et il a vite été
refusé. Ce refus n’a pas complètement mis un terme à notre intérêt — et pas
non plus à celui de Seth — pour cet endroit, mais il nous a aidés à mettre
toute cette affaire en perspective. La note 8[8] rend compte de l’expérience
intérieure de Jane et des détails entourant notre offre pour la maison. [À 00
h 06, Seth fera lui aussi référence à l’intuition auditive de Jane.]
Cet après-midi [lundi 17], à Sayre en Pennsylvanie, nous nous sommes
retrouvés en train de participer à des développements liés à des maisons,
qui nous ont ramenés plus de neuf mois en arrière[9]. Jane et moi ne
croyons pas aux coïncidences. Nous avions considéré que les épisodes de
Sayre avaient pris fin l’année dernière ; pourtant aujourd’hui, les échos de
ces évènements antérieurs ont été si frappants que j’en suis venu à les
considérer comme de réelles projections du passé dans le présent, et donc
dans le futur, et ce de façon extrêmement concrète. Aujourd’hui, Jane et moi
avons clairement ressenti ces connexions — ou probabilités, si l’on
préfère — en train de se développer. Après la pause, Seth va faire quelques
remarques sur certaines d’entre elles, mais nous ne pouvons en offrir au
lecteur que quelques indices ; sinon les notes sur ces maisons seraient
beaucoup plus longues.
Avant le début de la session de ce soir, Jane avait déclaré que, selon
elle, Seth aborderait nos histoires de maisons en lien avec des réalités
probables, mais qu’un matériau de ce genre ne cadrerait pas avec sa dictée
du livre sur les familles de conscience. J’avais répondu en plaisantant que,
si l’information n’entrait pas dans le cadre de La Réalité « inconnue »,
nous « l’y forcerions ». Je la faisais à moitié marcher. Tout ce qui concerne
notre recherche de maison, me disais-je, serait ici bienvenu : cela aiderait à
faire le lien entre ces dernières sessions de La Réalité « inconnue » et
certaines, bien antérieures, se trouvant dans le tome I. On aurait presque
dit que nous avions tout planifié.
Reprise à 23 h 01.)
Maintenant. Accordez-nous un instant.
Vous pouvez utiliser ou non ceci dans le livre, comme vous préférez
— cela veut dire que la dictée peut très bien se poursuivre sans ce passage,
ou vous pouvez l’insérer ici même.
Il y a toutes sortes de Sumari, tout comme il y a une grande diversité au
sein de chaque famille de conscience.
Votre recherche de maison illustre cependant à merveille les façons dont
les Sumari sont attirés vers d’autres Sumari, même en ce qui concerne les
probabilités dans votre système. On pourrait observer les mêmes relations
avec d’autres interconnexions familiales. Vous avez déjà remarqué une
similitude entre les deux maisons qui ont jusqu’à présent attiré votre
attention.
La première [à Sayre], mentionnée il y a bien longtemps dans La
Réalité « inconnue », vous pensiez qu’elle était définitivement vendue et,
aujourd’hui, vous avez découvert que la vente n’était pas si arrêtée que
cela[10]. Pendant que vous discutiez de ces problèmes, un point principal
assez important vous a échappé : l’homme auquel appartenait la première
maison [M. Markle] était un marchand d’antiquités et de pierres précieuses,
entièrement consacré à son travail et absorbé par lui, le considérant comme
son art. La maison a d’un côté un jardin avec des arbres, et de l’autre une
cour, ce qui fait qu’elle est assez bien protégée. La famille de cet homme
occupait une place secondaire, dans une certaine mesure. La cuisine et
l’espace pour les repas étaient petits. Il avait son bureau au rez-de-chaussée
et travaillait souvent chez lui. Son art passait en premier[11].
La deuxième maison [sur Foster Avenue à Elmira] a appartenu pendant
des années à des gens qui lui ont donné son caractère. Le grand salon était
si spacieux qu’il pouvait accueillir un piano à queue. Le propriétaire
considérait les pianos comme son art [son travail consistait à les vendre],
et le salon était simplement destiné à mettre un piano en valeur.
À nouveau, vous avez là une petite cuisine, un jardin et une certaine
intimité protégée. Les deux maisons vous ont toutefois séduits parce que les
gens qui y vivaient organisaient leur habitat autour de leur travail. C’est ce
que vous avez capté et ce à quoi vous avez réagi. Vous n’avez pas réagi aux
attitudes des autres qui, dans ces familles-là, « devaient supporter ces
conditions », parce que pour vous celles-ci étaient naturelles.
Bien sûr, aucune des deux maisons n’exprime vos modes de vie
individualistes et particuliers, mais chacune s’en approche suffisamment
pour vous intriguer, et l’une comme l’autre pourrait assez facilement être
arrangée pour correspondre à vos objectifs. Vous étiez aussi attirés parce
que les gens qui ont laissé leur empreinte sur ces maisons partageaient
certaines de vos tendances. Dans la seconde maison, vos idées d’intimité
vous étaient montrées, poussées à l’extrême : les fenêtres ne s’ouvraient
même pas. Dans la première, l’escalier menant au premier étage était
intentionnellement raide et n’avait jamais été modifié, parce que personne
n’était invité à voir les pièces privées de la famille. Les escaliers étaient
malcommodes à dessein.
Maintenant, regardons vos agents immobiliers.
Comme mentionné il y a bien longtemps, le couple d’agents
immobiliers qui vous a montré la première maison, à Sayre [voir la note
11], avait de fortes tendances artistiques. La femme en particulier aimait la
maison et pensait que vous l’aimeriez aussi. Elle s’est identifiée à vos idées
sur l’art et le travail et a vu une variation probable d’elle-même
joyeusement installée dans ce type d’environnement.
Votre deuxième agente immobilière [Debbie], en vous amenant sans
hésiter à la maison de Foster Avenue, l’a fait pour les mêmes raisons. Elle a
la peinture pour hobby[12]. Vous n’avez pas choisi consciemment des agents
immobiliers qui avaient des connexions artistiques, mais vous avez été
conduits à eux et eux à vous. Vous reconnaissiez les uns les autres vos
caractéristiques.
(23 h 25.) Maintenant. Quand vous prenez une décision importante,
vous activez automatiquement toutes les parties de votre psyché. Vous
mettez en mouvement des probabilités. D’une certaine façon, le type de
décision que vous prenez détermine les schémas que vous adoptez. Ceci
doit être évident. Mais quand vous décidez de déménager, vous entrez en
association avec d’autres ayant pris la même décision. Quelqu’un qui
déménage va laisser une maison ou un appartement vacant pour que
quelqu’un d’autre y emménage. Inconsciemment, ceux qui déménagent sont
associés les uns avec les autres. Des probabilités bienveillantes se mettent
en place.
Les deux [autres] personnes également intéressées par la maison de
Foster Avenue sont un couple de musiciens — attirés pour les mêmes
raisons que vous. Vous trouveriez leur maison à Sayre intéressante. Ils sont
toutefois professeurs de musique avant tout. Leurs buts n’impliquent pas
nécessairement le même type d’intimité que celui que vous souhaitez,
même s’ils trouvent cela attirant[13].
Vous trouvez généralement les maisons de style ranch inconfortables
parce que — et cela doit être clair — elles sont principalement destinées à
une vie familiale d’un genre particulier ; un genre qui sépare nettement la
zone de travail des espaces de vie. Le travail se fait clairement en dehors de
la maison.
Puisque vous travaillez tous les deux chez vous, ces maisons-là ne vous
correspondent pas en général[14]. Le travail n’est pas intégré dans la vie
quotidienne familiale, mais existe complètement à part — une configuration
que chacun de vous trouve assez inconcevable. Il serait préférable que vous
visitiez des fermes bien que vous ne soyez pas des fermiers, simplement
parce que, là aussi, travail et vie de famille ne font qu’un.
Les deux maisons existent donc toujours dans votre présent concret en
tant qu’acquisitions probables, parce que vous ne les avez pas écartées. Il y
a des années [en 1964], vous étiez intéressés par une autre maison
[également à Elmira] ; là encore, elle appartenait à un artiste. Une
coïncidence ? Certainement pas !
Je vous ai suggéré de la prendre [mais voir ma note à la prochaine
pause]. Elle aurait été bien pour vous deux, mais elle vous faisait peur, et
vos sentiments avaient beaucoup à voir avec le fait que le contrat soit refusé
[par le ministère des anciens combattants]. Cette maison représentait ce
que vous considériez comme une créativité non bridée et non disciplinée.
Elle était sale et encombrée. L’artiste avait des enfants qui couraient partout
sans aucun contrôle. Il y avait là beaucoup de fantaisie qui aurait pu
tempérer quelque peu le grand sérieux que vous aviez en commun à
l’époque. Vous n’avez donc pas choisi d’accepter cette probabilité, pas plus
que vous ne pouviez accepter en tout point mes conseils. Les autorités ont
refusé le contrat — mais celles-ci représentaient les partisans intérieurs
d’une discipline stricte et vous ne vouliez pas partager votre chemin avec le
reste du monde ; plus tard, vous n’avez pas voulu non plus partager votre
voie d’accès [de la maison de Sayre] avec votre voisin.
Fin de la session, ou faites une pause si vous préférez.
(« Nous allons faire la pause. »
23 h 43. Je dis à Jane qu’une fois entendu le matériau de Seth, une
bonne partie semble si évidente que nous devions avoir l’esprit
passablement obscurci pour ne pas être parvenus de nous-mêmes à ces
conclusions. Après avoir réfléchi aux alternatives suggérées par Seth juste
après la dernière pause, je décide de laisser cette transmission telle quelle
dans la session, pour servir de guide au lecteur ; il est possible, selon moi,
de faire des parallèles avec beaucoup d’autres situations n’ayant rien à
voir avec l’art ou les maisons.
S’agissant de parallèles, voici une autre des nombreuses « connexions »
dont Jane et moi avons commencé à nous rendre compte depuis le début de
notre odyssée immobilière, l’an dernier [nous avons déjà établi une liste de
trente connexions semblables]. Trois des quatre demeures qui, d’une façon
ou d’une autre, avaient sérieusement retenu notre attention possèdent des
chemins d’accès, en communs avec les voisins — celle de M. Markle à
Sayre, la maison où nous vivons actuellement, et celle d’Elmira que nous
envisagions d’acheter en 1964 ; seule celle de Foster Avenue fait exception.
Je vois ce genre de connexions comme des symboles récurrents dans nos
expériences personnelles.
Une clarification : Seth n’a pas vraiment suggéré que Jane et moi
achetions la « maison de 1964 ». Ses déclarations juste avant la pause sont,
selon moi, des déformations provenant de Jane lorsqu’elle s’exprimait pour
lui ce soir ; même en transe, sa mémoire peut être erronée — à moins
qu’elle n’ait mis le doigt sur une autre réalité probable. Ce dont parlait
Seth, et à très juste titre, c’était des bienfaits que nous aurions retirés si
nous avions acquis cet endroit. Il a évoqué toute cette affaire dans la
session 65 du 28 juin 1964 : « Je ne vais certainement pas prendre la
moindre décision pour vous. La maison que vous avez regardée aujourd’hui
se révélerait un excellent achat. […] Si vous achetez la maison […] Vous
aurez à prendre vos propres décisions.[15] »
Reprise à 23 h 55 ; quelques brefs passages ne sont pas retranscrits.)
Maintenant. Vous avez choisi votre environnement présent en particulier
parce que, quand vous avez emménagé ici [venant de Sayre en 1960], il
était très professionnel. Le travail et la maison ne faisaient qu’un. Votre
voisin dentiste vivait et travaillait au même endroit. De même que l’autre
dentiste au coin de la rue, et son voisin, le chiropraticien. Il y avait un
aspect commun que vous reconnaissiez : le lieu de travail et le domicile se
trouvaient au même endroit.
Pour cette raison-là, certains emplacements dits urbains pourraient vous
convenir. Je veux dire par là qu’Elmira n’est pas une métropole, mais elle
comporte des zones où il y a de vieilles maisons avec jardin, au milieu
d’autres demeures transformées à présent en bureaux ou cabinets de toutes
sortes.
Les banlieues évidemment ne vous conviennent pas, à moins que vous
trouviez une maison séparée des autres tout en étant dans le même secteur.
Jusqu’à maintenant, vous préférez les deux maisons [de Sayre et de Foster
Avenue] parce que leurs terrains les tiennent à l’écart des voisins et leur
confèrent des limites clairement définies — ce qui est très important pour
vous deux.
Accordez-nous un instant… Du fait de ce type de connexions
intérieures, que nous avons mentionnées [à 23 h 25], vos intentions se
diffusent à l’extérieur pour être captées par les autres. (Avec insistance.) Il
faudrait un livre entier pour explorer uniquement les probabilités qui sont
activées en ce moment, notamment par toutes les personnes qui
s’intéressent à l’une ou l’autre de ces deux maisons.
L’actuelle propriétaire de la maison Foster pense à celle-ci comme à un
« lieu de travail », étant donné qu’elle est elle-même… une personne qui
travaille [dans une agence immobilière].
Ruburt trouve toutefois que les tapis n’y sont pas à leur place, car ils ne
correspondent pas aux idées qu’il se fait d’un lieu de travail. La propriétaire
en est pourtant assez fière. Elle travaille d’ailleurs comme décoratrice et les
tapis représentent son idée de ce qui sied à la maison.
Les indications que je vous ai données devraient vous aider…
(00 h 06.) La voix [intérieure] a dit : « Attendez quelques jours ». Car
Ruburt savait inconsciemment que la… propriétaire… avait déjà reçu une
offre supérieure qui pouvait très bien échouer — auquel cas elle serait plus
ouverte à une négociation[16].
Fin de la session, à moins que vous ayez quelque chose d’autre à me
demander.
(« Voulez-vous en dire un peu plus sur l’expérience auditive de
Jane ? »)
Je ne peux pas répondre à cela en deux secondes, bien sûr. Mais, disons
que l’information de Ruburt est exacte et qu’elle provient de « la
bibliothèque ». Je pourrai en parler plus longuement quand vous voudrez.
Un autre point, toutefois : les deux maisons ont aussi une bibliothèque
encastrée — une version physique, en d’autres termes, de la bibliothèque de
Ruburt. Si vous voulez l’explication complète maintenant, vous pouvez
l’avoir. Sinon…
(« En fait, j’ai peur que nous devions attendre… » Je viens juste de me
rendre compte à quel point je suis fatigué.) [17]
D’accord. (D’une voix plus forte.) Mes plus cordiales salutations à vous,
chasseurs de maison.
(« Bonne nuit, Seth. Merci beaucoup. »
00 h 13.)

NOTES DE LA SESSION 737

[1] Une note ajoutée deux semaines plus tard. La session 738 et
l’appendice 27 (en lien avec la session 739) contiennent un matériau
complémentaire montrant la signification particulière qu’ont les
Grunaargh pour Sue Watkins.

[2] Voir la note 1 de la session 731.

[3] Il serait sans doute possible de concevoir assez facilement une étude
par ordinateur pour les affirmations de Seth. Les résultats dépendraient
cependant de la capacité qu’aurait Jane en tant que Seth à identifier
suffisamment de membres de la famille Borledim mariés à des
personnes appartenant à d’autres familles de conscience.

[4] Les croisades ont principalement eu lieu au cours des XIIe et XIIIe
siècles ; il s’agissait d’expéditions militaires organisées par des
chrétiens pour reconquérir la Terre sainte qui était aux mains des
musulmans.

[5] Voir l’élément numéro 3 dans les notes d’ouverture de la session 728.

[6] J’ai dressé la liste des familles de conscience (avec des indications
simples de leur prononciation) quand Seth nous les a données pour la
première fois à 23 h 14 lors de la session 732. Dans cette note, je ne
vais pas me contenter de rappeler au lecteur dans quelles sessions Seth
a décrit les caractéristiques de chaque famille, mais essayer aussi de
résumer en quelques mots la fonction globale de chacune d’elles.
1) Gramada (736) Fonder des systèmes sociaux

2) Sumafi (736) Transmettre une « originalité » à travers


l’enseignement

3) Tumold (736) Guérir les gens, quel que soit le secteur d’activité de
l’individu

4) Vold (736) Réformer le statu quo

5) Milumet (736) Nourrir au niveau mystique la psyché du genre


humain

6) Zuli (736) Servir de modèles physiques, athlétiques

7) Borledim (737) Fournir une souche terrestre pour l’espèce, à travers


la parentalité

8) Ilda (737) Répandre et échanger des idées

9) Sumari (723, 732, Pourvoir à l’héritage culturel, spirituel et artistique


734, 735, 736) de l’espèce.
Voir les notes d’ouverture de cette session, plus la note 1, pour un
matériau et des références concernant la famille de conscience
Grunaargh, qui a un rapport avec celle des Gramada.

Mis à part les Sumari, avec lesquels Jane et moi avons choisi d’être
alliés, il y a beaucoup de choses que nous ignorons sur les familles de
conscience ; tout ce matériau est si nouveau. Pourtant, mon observation
peut même s’appliquer à certains aspects de notre lien avec les Sumari.
Nos parents par exemple, aujourd’hui décédés, étaient-ils Sumari ? Et
quelle que soit la famille à laquelle appartenait chacune de ces quatre
personnes, comment les prédilections de leurs familles respectives ont-
elles influencé leurs enfants sumari ? Dans ces dernières sessions, les
données de Seth nous fournissent des indices, mais nous avons besoin
de temps pour rassembler tout cela.

En termes plus généraux, comment les membres de chaque famille


s’arrangent-ils avec les mécanismes de la réincarnation ? Ou ceux des
probabilités ou des contreparties ? Il importe aussi d’avoir à l’esprit ce
que nous disait Seth au début de la session 735 : « Chaque personnalité
porte des traces d’autres caractéristiques, à côté de celles de la famille
de conscience à laquelle elle appartient. […] Un livre entier serait
nécessaire pour expliquer les dimensions de la psyché en relation avec
les différentes familles de conscience. »

Depuis qu’elle a transmis la session 732, il y a presque un mois, Jane a


elle-même réfléchi à toute cette question des interrelations psychiques.
Récemment, elle a écrit : « Nous considérons le matériau de Seth sur les
contreparties et les familles de conscience comme des explications
excellentes — comme des structures thématiques qui nous aident à
percevoir et à organiser des facettes de notre réalité plus vaste,
ignorées par les disciplines académiques conventionnelles. Les
explications de Seth éclairent des aspects de réalité qui habituellement
nous échappent.

« Or, il semble tellement évident qu’il doit y avoir des alliances, telles
que les familles de conscience de Seth, et qu’à tout moment, chacun de
nous qui sommes vivants faisons partie d’un ou de plusieurs de ces
groupes psychiques — tout comme nous formons, disons, des affiliations
nationales à des niveaux ordinaires.

« Mais les noms et les désignations ne doivent pas être pris trop au pied
de la lettre ; ils ne doivent pas être considérés comme des clubs ou des
fraternités ésotériques, mais comme des “conglomérats” psychiques
naturels auxquels nous appartenons tous. »

[7] Une note ajoutée par la suite. Voir les notes concernant la maison de la
colline, au début de la session 736. J’y évoquais le retard avec lequel
les perceptions de Jane et les miennes concernant cette demeure avaient
mûri et enfin pris sens dans nos esprits conscients ; les résultats de cette
métamorphose commune sont décrits dans les sessions 738 et 739. En
attendant, dans cette session-ci, la 737, le matériau de Seth traite
uniquement de la maison de Foster Avenue à Elmira et — de façon
brève — de celle de M. Markle, à Sayre en Pennsylvanie, puisque ces
deux endroits étaient ceux qui nous intéressaient à ce moment-là. Seth
n’a fait aucune prédiction sur la maison de la colline ou sur un autre
lieu, et nous ne le lui avons pas non plus demandé.
[8] Lorsqu’elle s’est allongée pour une sieste, vendredi dernier, Jane a
demandé à son moi intérieur de lui indiquer ce qu’il fallait faire
— précisément — vis-à-vis de cette maison sur Foster avenue. Elle s’est
endormie, puis s’est laissée emporter dans un rêve assez terne. Soudain
une voix masculine a fortement retenti à travers son rêve, d’une manière
très intrusive, disant seulement : « Attendez quelques jours. »

Jane s’est réveillée. « Ce n’était pas la voix de Seth, mais j’ai reconnu
qu’elle me donnait la réponse que je voulais, m’a-t-elle dit par la suite.
Je n’avais aucun doute. Cette voix était d’autant plus claire que le rêve,
dont je me souviens à peine, était si vague. D’ailleurs, je n’ai pas pu le
poursuivre après avoir obtenu la réponse, tellement celle-ci me
travaillait. Je voulais faire quelque chose, entreprendre une action. »
Par conséquent, le samedi, nous avons fait une offre — basse — pour la
maison de Foster Avenue, comme je l’ai décrit au cours de la première
pause. Nous avons agi ainsi principalement pour alléger le poids
psychique que nous nous étions créé à son sujet. Nous nous disions que,
si nous étions encore enclins à l’acheter, nous pourrions par la suite
renchérir.

Notre tactique est couronnée de succès, car elle nous libère ; et je


soupçonne que nous en avons terminé avec Foster Avenue. Puisque
nous sommes parvenus à notre objectif, nous ne faisons rien pour
essayer de découvrir si d’autres personnes ont fait de meilleures
propositions pour la maison.

Nous avons émis pendant tout le week-end l’hypothèse que trois


couches ou parties du moi de Jane étaient entrées en jeu dans son
expérience auditive.

Son moi rêvant, qui a fourni une structure ou cadre rassurant

Son moi « intrusif » ou moi de la bibliothèque — et non pas Seth.


(Il est fait brièvement référence ci-dessous aux connotations
relatives à la bibliothèque. Seth les aborde également à la fin de
la session.)
Son moi conscient, le réceptacle des informations, en termes
usuels, et la partie de sa psyché qui les rassemble toutes.

Vers la même période, Jane écrivait dans son manuscrit destiné à


Psychic Politics : « Ainsi, en cherchant une maison, je peux presque
sentir la forme de mes idées et croyances, elles aussi en quête de leur
propre demeure. » Mes notes d’ouverture des sessions 714 et 715, dans
le tome II, comportent chacune un matériau sur la bibliothèque
psychique de Jane, et Seth lui-même en parle dans la session 715.
Politics contient bien sûr un matériau portant sur le même sujet (ainsi
que sur nos aventures de recherche d’une maison).

Peut-être devrais-je ajouter ici que, dans les jours qui ont suivi, Jane a
eu plusieurs autres expériences de type auditif, toutes concernant des
sujets autres que des maisons ou La Réalité « inconnue ». Dans aucun
de ces épisodes-là, elle n’a cru entendre la voix de Seth lui-même, mais
nous remarquons malgré tout un lien entre ces expériences et le moment
où elle a vraiment entendu sa voix ; voir ma description de cet
évènement, au début de la session 710, dans le tome II.

[9] Dans le tome I de La Réalité « inconnue », voir les sessions 693 et 694,
du 29 avril et du 1er mai 1974.

[10] Cet après-midi, Jane et moi avons spontanément décidé de mettre de


côté notre travail et de sortir faire un tour en voiture. Nous avions
besoin d’un petit changement. Aucun de nous deux n’avait la moindre
intention consciente d’aller à Sayre, situé juste de l’autre côté de la
frontière séparant l’État de New York et la Pennsylvanie, à moins de
trente kilomètres au sud-est d’Elmira. Nous nous sommes pourtant
retrouvés en train de passer devant la maison que nous avions envisagé
d’acheter l’année dernière. Cela m’a fait un vrai choc quand j’ai vu le
panneau « À vendre » encore accroché sur le devant de la maison. Jane
aussi a été surprise, bien qu’elle n’ait jamais été attirée autant que moi
par cet endroit. Des mois auparavant, on nous avait informés que la
maison avait été vendue. Cette nouvelle perception commune a
déclenché un ensemble d’évènements — tous en lien avec ceux décrits
dans les sessions 693 et 694 (voir la note 9).
[11] Ce sont les Johnson, le couple d’agents immobiliers qui nous avait fait
visiter la maison de M. Markle en avril 1974, qui nous avaient fourni
toutes ces informations. Je pourrais les vérifier par moi-même et les
compléter, car même quarante-trois ans plus tard, je me souviens bien
de M. Markle et de sa famille. Avant 1931, les Butts et les Markle
vivaient à un pâté de maisons de distance ; dans le volume I, voir la
note 2 de la session 693.

Le matériau sur les sentiments que M. Markle avait pour son art est
vraiment celui de Seth. Je ne pourrais rien dire à ce sujet ; en tant
qu’enfant de moins de 12 ans, je n’avais pas vraiment conscience
d’états subjectifs autres que les miens. Même si je me souviens de mes
parents parlant de M. Markle, je n’ai pratiquement aucune idée de ce
qu’ils avaient compris — ou pas — de son style de vie.

[12] Seth ne mentionne pas le fait que, pendant plusieurs années, Debbie a
aussi enseigné l’art dans une école primaire publique d’Elmira.

[13] Ici, Seth aborde plusieurs ramifications liées à nos histoires de maison
— certaines choses que j’avais mises de côté pour les présenter toutes
d’un seul coup, ne serait-ce que brièvement. Cette note va donc élargir
le domaine fertile des connexions ou probabilités qui nous enveloppent,
Jane et moi, les maisons de Sayre et d’Elmira, les agents immobiliers
auxquels nous avons eu affaire (les Johnson et Debbie — qui ne se
connaissent pas), et quelques autres personnes.

Quand Debbie nous a emmenés visiter la maison de Foster Avenue, le 5


février, elle nous a dit qu’un autre couple — vivant à Sayre et que
j’appellerai les Stein — avait lui aussi inspecté la propriété et prévu de
faire une offre d’achat, en essayant dans le même temps de vendre leur
maison actuelle. Sans trop y penser, nous avons mentalement classé ce
petit bout d’information avec les connexions qu’avaient générées nos
recherches d’une maison, l’année dernière ; même à présent, nous ne
comprenons toujours pas comment les relations complexes entre ces
évènements d’avril 1974 et ceux d’aujourd’hui continuent à se
multiplier. Ainsi, quand Jane et moi avons « redécouvert », aujourd’hui
17 février, la maison de M. Markle à Sayre, et vu à notre immense
surprise qu’elle était peut-être encore à vendre, nous sommes
immédiatement allés voir les Johnson, qui nous l’avaient montrée
l’année dernière. Une autre surprise nous attendait : les Johnson sont
les agents immobiliers chargés de vendre la résidence des Stein à Sayre.

Je veux souligner ici que les Stein, qui enseignent la musique, ont été
attirés par une maison à Elmira qui a appartenu pendant de
nombreuses années à un marchand ayant de fortes connexions avec la
musique en général, et les pianos en particulier. M. Stein, soit dit en
passant, enseigne à Elmira — d’où la décision prise avec sa femme de
déménager dans cette ville pour en finir avec les allers-retours
quotidiens entre Sayre et Elmira.

Seth avait dit que Jane et moi serions intéressés par la maison des Stein
à Sayre. Ce n’est pas le cas. Nous sommes allés la voir aujourd’hui en
passant, une fois que les Johnson nous ont dit qu’elle était à vendre ; à
vrai dire, nous n’avons rien vu qui nous ait emballés.

(Je dois ajouter que les raisons pour lesquelles Jane et moi avons
proposé un prix bas pour la maison de Foster Avenue n’ont aucun lien
avec une quelconque offre des Stein ou d’autres personnes intéressées
par cet endroit. Voir les notes de la première pause ainsi que la note 8.)

[14] Quelques semaines plus tard, j’ai perçu le grand humour de Seth en
relisant ce qu’il déclarait ici. Voir les notes sur « la maison de la
colline », au début de la session 736.

[15] Une note ajoutée par la suite. Une autre connexion relative aux
maisons : l’endroit qui nous attirait Jane et moi en 1964 est perché sur
un coteau juste à l’ouest d’Elmira, tout comme la maison de la colline.
Onze ans séparent les expériences que nous avons de chacune d’elles,
mais leur existence physique est simultanée. On peut facilement aller à
pied de l’une à l’autre — il y a moins d’un kilomètre ; elles se situent
toutes les deux au nord de la même grande route.

[16]Mais à des niveaux conscients, Jane est trop impatiente de suivre son
propre conseil intérieur. Voir les notes à la première pause, ainsi que la
note 8.
[17] À coup sûr, les informations de Seth à propos de l’expérience auditive
de Jane auraient été très intéressantes — mais je dois noter, longtemps
après, que nous ne les avons jamais reçues.
SESSION 738

Mercredi 19 février 1975

(Aujourd’hui, Jane et moi avons passé plusieurs heures décourageantes


à circuler en voiture dans Elmira et ses environs, à la recherche de maisons
à vendre. Rien ne semblait convenir. Puis, alors que nous traversions la
banlieue ouest d’Elmira en fin d’après-midi, j’ai spontanément tourné dans
une avenue que nous avions déjà parcourue le 4 février.
Sur le moment, Jane a été surprise. « Eh ! Où allons-nous ? »
« Allons jeter un nouveau coup d’œil à cette maison là-haut sur la
colline », ai-je répondu, tandis que notre voiture s’engageait sur la longue
montée menant à une impasse… Nous avons donc regardé à nouveau la
maison de la colline — uniquement de l’extérieur, mais, cette fois-ci, nous
l’avons vraiment regardée. Nos cogitations intérieures à son sujet ont
commencé à se mûrir. J’ai pris conscience des miennes avant Jane, mais
elle m’a bien vite rejoint. [Voir les notes d’introduction de la session 736.]
Seth avait consacré plus de la moitié de la session de lundi à notre
recherche d’une maison, en se référant à celles de Sayre et de Foster
Avenue. Une partie de ce matériau était assez personnelle, mais nous
l’avions laissé tel quel à cause de sa portée générale. Ce soir, Seth va
ajouter la maison de la colline à sa liste, mais les informations qu’il va
fournir à ce propos sur Jane et moi sont si intimes que nous avons décidé
d’en supprimer des passages. Le reste, retranscrit dans l’ordre, est plus que
suffisant pour montrer à quel point des choses « objectives » telles que des
maisons peuvent être étroitement liées à des croyances et des émotions.
Après le dîner, je demande à Jane si Seth va faire un commentaire sur la
famille de conscience Grunaargh. C’est sur elle que Sue Watkins s’était
« branchée » il y a plusieurs années ; voir les notes au début de la session
précédente. Je finis par considérer ces notes qui apparaissent çà et là
concernant Sue et « sa » famille comme des contrepoints aux autres thèmes
dans cette sixième partie.
21 h 27.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Maintenant, d’abord la maison.
(« D’accord. »)
Puisque cette maison est sur une colline, elle a certains avantages.
Contempler la ville en contrebas offre le type de perspective que chacun de
vous apprécie — comme ici [dans l’appartement], vous regardez en bas,
depuis le premier étage.
L’environnement de la nature là-bas aura son importance et sera
extrêmement rafraîchissant. L’air lui-même est plus clair et plus propre.
Accordez-nous un instant… Vous ne semblez pas tous deux faire des
manières, mais votre absence de formalisme existe à l’intérieur de sa propre
structure qui, elle, est assez formelle. Jusqu’à présent, vos domiciles ont été
plutôt formels, et vous, à l’intérieur, y êtes en revanche sans formalisme. Le
côté formel de l’emplacement de la maison sur sa colline fournit une
structure en elle-même. La même maison sur un terrain en contrebas ne
serait pas suffisante, voyez-vous. C’est le tableau tout entier qui importe.
Vous ne comprenez pas vos propres mélanges d’ordre et de spontanéité, de
formalisme et d’absence de formalisme.
Les maisons elles-mêmes ont une qualité, une vie, qui est captée par les
acheteurs potentiels. Certaines maisons sont pour vous repoussantes. Elles
vont cependant attirer d’autres personnes, si bien que les qualités dans les
maisons qui vous plaisent, à Ruburt et vous, sont précisément celles qui ont
rebuté d’autres gens et empêché la vente.
Il est extrêmement important que vous déménagiez. Vous avez tous
deux besoin d’intimité pour votre travail et du fait de vos natures, mais cela
ne signifie pas que vous devez essayer de trouver un endroit où il n’y a
aucune [distraction] à des kilomètres à la ronde. Cela signifie que vous
acceptez un niveau raisonnable d’intimité, sans pousser cette idée-là à
l’extrême.
Dans les voisinages, il y a des alliances et des compréhensions, des
signes à décoder pour les autres. Sur Foster Avenue, l’entrée par la façade
avant de la maison n’était même pas utilisée. La maison de la colline est
située de façon surélevée. Quiconque monte les marches depuis la rue sait
qu’il fait un voyage. Votre environnement quotidien est très important pour
votre travail et pour celui de Ruburt.
Vous exigez certaines choses de votre art et vous voulez par conséquent
les mêmes dans votre environnement. À une certaine époque, vous les aviez
là où vous vivez actuellement, malgré vos critiques. Maintenant, ce n’est
plus le cas, et vous êtes différents.
(Chose inévitable, selon moi.)
À ce moment-ci de vos vies, il est important que vous agissiez. Je vous
dis que, parmi les maisons [d’Elmira] que vous avez en tête, peu importe
vraiment celle que vous choisissez. Aucune n’est parfaite. Vous vous
trouveriez assez gênés dans un environnement idéalement parfait, quel qu’il
soit. Vous avez besoin d’un échange mutuel. N’importe lequel des deux
endroits pourrait parfaitement être agencé pour correspondre à vos besoins
spécifiques, et chacun d’eux est le reflet d’éléments clés de vos
personnalités.
(22 h 15.) Accordez-nous un instant… J’essaye de vous donner la
meilleure information que je peux. La maison de la colline a son propre
type de lumière intérieure. Ce n’est pas le cas de celle de Sayre, et je vous
déconseille cette maison-là, quel que soit son prix. Elle a une obscurité
intrinsèque qu’aucune quantité de lumière ajoutée ne saurait dissiper.
Aucun de vous deux — et vous en particulier, Joseph — ne serait satisfait
de partager une allée commune[1]. La maison de la colline, du fait de son
emplacement, ajoute une dimension d’espace par rapport à l’intérieur de la
maison de Foster Avenue ; mais dans les deux cas, vous avez une sensation
d’ouverture, en termes d’expansion.
(De 22 h 28 à 22 h 32.)
Maintenant. Un jour, je vous ai fait une recommandation, et vous ne
l’avez pas vraiment suivie[2]. Je peux prévoir des probabilités, mais vous
faites votre propre réalité et je ne vais pas en prendre la responsabilité. Ce
fait étant acquis, et connaissant vos caractéristiques, j’ai davantage à dire.
Cela ne vous plaira peut-être pas.
La maison Foster représente bien des choses et, si elle n’est pas sur une
colline, elle correspond à votre goût de la discrétion et de l’intimité. Les
fenêtres ne s’ouvrent pas. Elle est vraiment sombre et pourtant vaste, et
élégante à sa façon. La maison de la colline offre une certaine intimité. Elle
n’est pas à l’abri des regards et, si elle vous offre une vue dégagée, elle ne
vous permet pas de vous y cacher. Elle est trop contemporaine.
La maison de Foster Avenue dégage une certaine impression de
décadence. Est-ce que vous me suivez ?
(« Oui. »)
Ce n’est pas le cas de la maison de la colline. Elle représente un type de
défi que vous n’avez pas accepté jusqu’à maintenant. Elle possède pourtant
des qualités qui s’accordent avec vos natures.
Accordez-nous du temps… La maison de la colline représente le futur et
ses qualités contemporaines. Je suggère — et je suggère seulement — que
vous la choisissiez parce qu’elle constitue pour vous le projet le plus
audacieux et parce que la colline vous offrira une vue riche de multiples
perspectives.
Accordez-nous du temps… Quand vous vivez dans une maison qui
appartient visiblement à un autre âge, vous évitez dans une certaine mesure
la nature contemporaine de la vie. Ruburt aura beau meubler l’endroit d’une
façon plus formelle que quelqu’un d’autre, son aspect largement ouvert ne
vous permettra cependant pas de vous y cacher.
(« Parlez-vous de la maison de la colline ? »)
Oui, en effet. Si certaines pièces sont petites, vous pouvez les agrandir.
Faites une pause.
(22 h 45. « Je me sens triste, dit Jane en sortant d’une très bonne
transe. Je me sens drôle — comme si une partie de moi voulait creuser son
terrier dans cette maison de Foster Avenue. Me promener dans ce jardin
toute seule, la nuit… »
« Je pense que Seth a donné un bon conseil », dis-je.
« Je suis choquée, réplique-t-elle. Pendant quelque temps, j’aimais
l’idée de cet endroit-là. Mais il est si sacrément intelligent — Seth. »
« Tu as eu ce que tu voulais : des réponses. »
« Je sais. J’ai dit avant la session que, si nous obtenions du matériau
sur les maisons, je voulais vraiment de bonnes réponses, et que
j’interférerais le moins possible. » Jane va chercher des allumettes dans la
cuisine. Globalement, je pense qu’elle « se remet » assez facilement des
données de Seth, et qu’elle a reçu ici de l’aide ; en effet, nous avons revisité
la maison de la colline aujourd’hui. De temps à autre, des gens nous
demandent jusqu’à quel point nous suivons les conseils ou les informations
de Seth ; je suppose qu’une réponse correcte est que nous pouvons décider
de nous y conformer si cela correspond à nos buts conscients. Parfois, nous
ne sommes pas d’accord avec ce que Seth nous dit, même lorsque nous
savons que c’est un bon conseil. [Toutefois, Jane et moi admettons
volontiers qu’à l’occasion, nous avons fait le mauvais choix en décidant
d’ignorer ce que Seth avait à dire ; avec le recul, nous avons vu qu’il
donnait un matériau très pertinent.]
« Zut ! Je reçois autre chose », s’esclaffe Jane en revenant dans le
salon. Elle s'assoit. « Je dois avouer que, lorsque je demande quelque chose
de direct, je l’obtiens. » Elle a l’air encore un peu chagrin, mais, en même
temps, je suis sûr maintenant que nous nous sommes détournés de toute
réalité probable impliquant Foster Avenue — et peut-être aussi Sayre, me
dis-je, vu le matériau de Seth à 22 h 15, ce soir[3].
Rappelons que certaines parties très personnelles de la transmission de
Seth ne sont pas retranscrites ici. Reprise à 23 h 02.)
Maintenant. L’environnement sur la colline est aussi important pour
votre peinture que l’est l’atelier déjà tout prêt dans la maison de Foster
Avenue. L’air même y est inspirant, si bien que vous peindrez davantage là-
bas, même si, pour l’instant, ce qui sera votre lieu de travail n’est pas aussi
bien. Quoiqu’en pense Ruburt maintenant, la nature ensoleillée [de cette
maison] l’aidera créativement et physiquement — mais la maison de la
colline représente aussi une décision de faire face au monde tout en
conservant certaines conditions nécessaires et parfaitement raisonnables.
Elle offre une intimité et en même temps une ouverture. Le coteau n’est pas
à vous, pourtant c’est votre vue, et elle a de fortes connexions évocatrices
avec vos vies créatrices. Un net changement dans vos schémas de vie et
votre attitude psychique en résultera, ce qui ne se produirait pas dans la
maison de Foster Avenue.
Cela signifie également qu’une plus grande adaptabilité est requise,
mais ce sera pour votre bien. Toute la différence ici est la qualité de
l’environnement naturel de ces deux endroits. L’un vous invite à vous
promener, l’autre à rester à l’intérieur. Les deux maisons ont des
caractéristiques sumari, mais dans des combinaisons différentes. Vous avez
tous deux besoin du soleil.
(Puis à 23 h 21, transcrit ici mot à mot.) Maintenant une note. Je ne
veux pas aborder les variations au sein des familles, mais Sue Watkins a
capté une variation de la famille de conscience Gramada [les Grunaargh]
— tout à fait légitime et c’était très bien de sa part[4]. Les gens aiment faire
des divisions. Il y a donc ce que vous pouvez appeler des sous-familles, des
combinaisons, hautement créatives. La seule raison de ces divisions relève
des organisations de la conscience. Les familles se mélangent et sont en
interrelation, si bien que vous pouvez effectivement les subdiviser, mais,
pour le propos qui est le mien, cela a peu d’intérêt.
Les races physiques se mélangent, et les races psychiques aussi. De
temps à autre, en vos termes, une nouvelle famille se forme à partir de ces
sous-groupes. Les familles doivent donc être comprises comme des
catégories générales dans lesquelles se répartissent de façon plus ou moins
naturelle les consciences branchées sur la Terre.
En lisant cette partie de La Réalité « inconnue », chaque personne doit
être capable de sentir une identification avec une famille particulière.
Cependant, elle peut aussi trouver en elle de fortes caractéristiques
correspondant à une autre famille, auquel cas cette personne est dans la
même position qu’un individu qui, disons, est en partie irlandais et en partie
français, en termes physiques.
Maintenant, il est assez inhabituel d’être moitié italien et moitié chinois,
bien que cela soit possible ; ainsi, certaines familles psychiques s’associent
plus facilement à certaines autres et des familles qui sont très bien disposées
l’une envers l’autre peuvent avoir beaucoup de mal à se mélanger. Les
« parents terrestres naturels » [les Borledim] et les Sumari par exemple sont
très proches et ont pourtant de grandes difficultés à fusionner, parce que les
uns considèrent la famille elle-même comme un art et les autres
subordonnent la famille à une forme d’art différente. Souvent, ces deux
familles ne reconnaissent même pas qu’elles ont beaucoup de
caractéristiques identiques.
(23 h 41. Voilà ce qu’a dit Seth ce soir à propos des familles de
conscience. Jane continue à transmettre pour lui quelques paragraphes de
matériau supplémentaire sur les maisons, non retranscrits ici, et la session
se termine par l’échange suivant.) C’est la fin de la session, à moins que
vous ayez des questions.
(« Non, je pense que vous avez déjà répondu à toutes pour le
moment. »)
Je pense l’avoir fait.
(« Et très bien aussi. »
Avec un sourire.) Je pense avoir fait un assez bon travail.
(Fin à 23 h 45.)

NOTES DE LA SESSION 738


[1] Voir les notes sur l’allée commune entre les deux maisons, présentées à
la pause de 23 h 43 dans la dernière session.

[2] Voir à nouveau les notes prises au cours de la pause à 23 h 43 lors de la


session 737 — celles qui se rapportent cette fois à la « maison de
1964 ».

[3] Le lendemain de cette session 738, j’ai écrit aux agents immobiliers de
Sayre, les Johnson, pour les informer que Jane et moi ne sommes plus
intéressés par la maison de M. Markle. Nous avons envoyé ce courrier
non seulement à cause de ce qu’a dit Seth dans cette session, mais aussi
parce que nous pensons avoir de notre côté intuitivement opté pour une
certaine action probable — comme nous l’avions fait pour la maison de
Foster Avenue. (Voir la note 8 de la session 737.)

Avec une certaine surprise, considérant les cinquante-trois années


durant lesquelles la maison de M. Markle avait fait partie de ma psyché
à un degré ou à un autre, j’ai donc refusé de renforcer ce lien. Ma
compréhension du fait que Jane n’était pas autant attirée que cela par
cet endroit a certainement joué dans ma décision, même si elle était
disposée à l’acheter — mais j’ai toutefois délibérément laissé passer
l’opportunité de vivre les dernières années de ma vie dans le principal
environnement que j’avais connu entre trois et douze ans. J’ai ressenti
du regret et une forte attirance, mais, d’une certaine façon, je me rends
compte que Sayre n’est pas la voie à suivre. Jane est d’accord et nous
avons pris la décision consciente d’aller ailleurs.

[4] Voir les notes d’ouverture de la dernière session.


SESSION 739

Lundi 24 février 1975

(Vendredi 21 février, Jane et moi avons non seulement vu l’intérieur de


la maison de la colline pour la première fois — mais décidé de l’acheter.
Nous avons pris cette décision très facilement pendant que nous la visitions
avec un agent immobilier. Évidemment, nous savions ce que Seth avait
suggéré au cours de la session de mercredi dernier, et son avis était
précieux ; en même temps, nous étions déjà très enclins à l’acheter après
être retournés y jeter un coup d’œil l’après-midi de ce même mercredi.
Deux jours plus tard, à l’agence immobilière, nous avons donc signé les
papiers préliminaires au contrat d’achat que nous devons confirmer dans
deux ou trois semaines.
Comme je l’ai écrit au début de la session 736, nous avons vu pour la
première fois la maison de la colline le 4 février, pendant notre deuxième
jour de recherche. Une période de gestation de plus de deux semaines
devait pourtant s’écouler avant que nous comprenions ce que nous avions
vu ; entre-temps, nous avons visité peut-être trente-cinq autres endroits[1].
Ces notes me donnent l’opportunité de faire allusion à un autre élément
dans la série des « connexions de maisons » dont nous avons pris
conscience, Jane et moi, ce mois-ci — car il y a une étroite relation
professionnelle entre le propriétaire de la maison de Foster Avenue et
l’agence immobilière qui sert d’intermédiaire pour l’achat de la maison de
la colline. Jane et moi avions vaguement entendu parler de cette
association, mais elle ne signifiait rien pour nous jusqu’à ce que nous nous
décidions pour la maison de la colline ; la société en charge de sa vente
n’est qu’une des nombreuses agences que nous avons contactées ; mais
notre amie Debbie, qui travaille pour une autre société immobilière, a eu
aussi son rôle à jouer, puisque c’est elle qui a tout d’abord attiré notre
attention sur cette maison. Il y a ainsi d’autres entrecroisements [y compris
certains éléments d’ordre artistique] qu’il est inutile de décrire ; mais juste
en étudiant cette connexion complexe de maisons et en voyant par la suite
comment elle se combine avec certaines autres dont nous sommes rendu
compte, nous sommes, Jane et moi, passablement perplexes face à cette
réalité enchevêtrée et que nous avons créée[2].
Dans la session relativement brève de ce soir, Seth parle de nos
aventures de recherche de maison de façon assez personnelle, tout en
faisant passer en même temps quelques concepts d’ordre plus général. J’ai
supprimé certaines parties de son matériau nous concernant, tout en en
conservant d’autres ici, puisqu’ils élargissent son récent travail sur La
Réalité « inconnue ».
21 h 25.)
Maintenant. Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Ceci n’est pas une dictée. Une fois votre décision prise de trouver une
maison, vous l’avez trouvée — avec une rapidité caractéristique, permettez-
moi d’ajouter, et vous avez évité plusieurs pièges.
Ruburt avait raison. La photo de vous sur la colline, prise [par un ami]
dans le jardin devant la maison, représente la façon dont vous vous
positionnez vis-à-vis de la maison de la colline et de son environnement.
Ruburt n’a jamais été porté sur l’athlétisme, mais a toujours aimé la nature.
La maison et le terrain vont lui permettre de raviver de vieux sentiments
qu’il avait mis à l’écart, en renouvelant dans une certaine mesure une image
« d’air frais » qu’il trouvait autrefois naturelle.
Le voisinage de la maison de la colline offre un équilibre plutôt
bénéfique : aucune famille de conscience particulière ne prédomine.
L’amour des bois et des arbres transcende de telles classifications. Le
quartier a rassemblé divers types de personnes, unies par un amour de la
nature, des espaces aérés et une certaine intimité… Ce sont aussi des gens
qui mènent toutes sortes d’activités et [bien que vos buts puissent être
différents] vous appréciez le fait qu’ils essayent de faire quelque chose de
leurs vies. Beaucoup se rendent compte de leurs limites. Beaucoup
s’essayent à l’art.
Certains sont des mécènes. Ils sont très curieux des artistes, des
écrivains, ou d’autres ayant opté pour une voie différente et ayant réussi de
cette façon-là. Ils avaient besoin de vous là-bas. Cela ne veut pas dire que
certaines de vos caractéristiques ne vont pas leur sembler étranges, comme
certaines des leurs vous le paraîtront.
(Une pause à 21 h 45.) Très simplement, peu d’entre eux ont connu des
personnes qui se consacraient à leur art. Ils ne les ont rencontrées qu’au
cours de réceptions (d’un air amusé). Ils ont pour ces domaines-là un
émerveillement et une curiosité presque puérils, et ils vous accorderont en
fait autant d’intimité que vous voulez.
Votre travail psychique les aidera aussi à s’interroger sur les valeurs de
leurs vies. En tout cas, des barrières vont tomber des deux côtés. La plupart
des enfants sont grands, et les adultes ont plus de temps pour réfléchir et
méditer. Ils ont aussi besoin de voir d’autres styles de vie. Le mélange de
familles de conscience vous permet aussi d’observer de près comment ces
tendances fusionnent pour former des communautés. Vous n’emménagez
donc pas dans une zone psychique fermée où tout un chacun voit le monde
tel que vous le voyez, même d’une façon globale.
Pour vous, Joseph [comme Seth m’appelle], cet endroit est un rappel.
Vous vous retrouvez aussi, que vous le sachiez ou non, avec certains défis
artistiques que le paysage lui-même va vous offrir, et que vous avez choisis.
J’ai mentionné que l’air était plus propre sur la colline. Vous aurez aussi
un autre genre de liberté : votre activité psychique et votre autre travail
créatif seront plus aisés, simplement parce que vous n’aurez pas juste à côté
de vous d’autres personnes auxquelles vous confronter, en termes de
schémas de pensée[3].
(Ce qui suit à présent est une retranscription intégrale.) La cheminée
dans la maison de la colline est un avantage, comme l’aurait été celle de la
maison de Foster Avenue, simplement parce que le foyer ouvert représente
une source intérieure de force et de stabilité. La flamme nue, source de
chaleur dans les grottes, est évocatrice et représente une proximité avec les
origines de la lumière et de la vie.
Maintenant. Un feu ouvert suscite certaines réponses de la part des
cellules[4], ce qui n’est pas le cas d’une chaudière, par exemple. L’effet de la
lumière associé à la chaleur sur la peau est extrêmement salutaire. Les
gens s’assoient près d’une cheminée en hiver parce qu’ils reconnaissent
inconsciemment que cela a un effet réparateur et thérapeutique. Pour dire
les choses simplement, les cellules réagissent à la lumière du feu à peu près
de la même manière que les fleurs à la lumière du soleil. Cette stimulation
pénètre toutefois bien au-delà des couches cutanées. Un feu ouvert est
vraiment purificateur. Il aide même à purifier le sang.
Les hommes des cavernes le reconnaissaient. Je ne vous suggère pas
d’utiliser votre cheminée à la place de la chaudière. Je dis qu’en hiver,
s’asseoir devant une cheminée a de précieux effets salutaires. Deux soirs
par semaine seraient très efficaces.
La proximité de tant d’arbres a aussi des vertus curatives considérables
et, pour ceux qui font un travail psychique ou d’ordre similaire, les effets
sont particulièrement propices à un état d’esprit apaisé. Les arbres sont de
grands utilisateurs, mais aussi de grands conservateurs d’énergie ; ils
diffusent automatiquement beaucoup de vitalité dans les zones où ils
abondent. C’est physiquement évident en termes scientifiques. Par ailleurs,
les consciences des arbres sont remarquablement bienveillantes et
durables[5].
Maintenant. Vous considérez les chiens comme des amis de l’homme, et
vous les personnifiez en termes humains. Vous y pensez parfois comme à
des gardiens. En ces termes-là, les arbres aussi sont des gardiens. Ils sont
attachés aux personnes qu’ils connaissent. Vous ne pouvez pas leur mettre
une laisse et les promener autour de votre pâté de maisons, et pourtant les
arbres forment une barrière protectrice autour d’une maison ou d’un
quartier. Ils sont activement concernés. Ils ont des personnalités
— certainement au même titre que les chiens, mais d’une nature
entièrement différente. Ils vous répondent. Les arbres dans ce quartier [celui
de la maison de la colline] sont particulièrement bienveillants, forts et
protecteurs et ils vous aideront à renouveler vos énergies.
L’air là-bas est plus sec, d’une certaine manière. L’air de l’océan est
humide, mais il est sain. L’air d’une rivière aussi est humide, mais il peut
être sain ou malsain, selon la nature de la rivière, de la terre et l’attitude des
gens. Après l’inondation [dans notre région], l’air autour de la rivière est
perçu comme une menace et, pour beaucoup de gens, il est donc malsain. À
un certain moment, je vous donnerai des informations sur les raisons pour
lesquelles certaines personnes, après avoir vécu une inondation,
déménagent ensuite dans un autre environnement tout aussi menaçant.
La propriété sur la colline représente donc un certain type de sécurité
— financière, spirituelle et artistique —, mais une sécurité ouverte, avec
une intimité relative, qui ne va pas jusqu’à relever du secret, qui est autre
chose.
Faites votre pause.
(22 h 17. La transmission de Jane était très régulière. Toutefois, elle me
dit maintenant qu’elle entre dans un état de relaxation. Cet état très
plaisant s’approfondissant, nous décidons d’abandonner le reste de la
session.
L’inondation à laquelle Seth fait référence a eu lieu le 23 juin 1972. Elle
a été causée par l’énorme tempête tropicale Agnès, qui a dévasté de
nombreuses régions de l’État de New York, entre autres. Les parties basses
de la ville d’Elmira ont été fortement endommagées. Jane et moi étions
concernés et, dans La Réalité personnelle, Seth a parlé de nos expériences
à ce moment-là ; voir le chapitre 1, par exemple.
C’est maintenant le bon moment pour renvoyer le lecteur à l’appendice
27, qui contient le compte rendu de Sue Watkins sur le lien qu’elle a eu avec
la famille de conscience Grunaargh pendant une de ses vies passées.)

NOTES DE LA SESSION 739

[1] Je veux noter ici qu’au moment où Jane et moi avons décidé d’acheter
la maison de la colline, nous avons appris que la maison juste à côté, à
l’ouest, serait bientôt en vente ; son propriétaire va déménager cet été
avec sa famille en Californie, pour cause de mutation professionnelle.
Aucun panneau « À vendre » n’a encore été posé devant la maison. Bien
que Jane et moi aimions assez cet endroit-là, il ne fait pour nous aucun
doute que la maison de la colline est bien celle qui nous convient.

Notre propre projet de déménager, plus celui de la famille d’à côté (que
nous ne connaîtrons jamais), me rappellent le matériau que Seth a
donné à 23 h 25 dans la session 737, quant au fait que toute décision
importante que nous prenons a pour effet d’organiser les schémas de
probabilités qui se mettent en mouvement : « Ceci, disait-il, doit être
évident. […] Inconsciemment, ceux qui déménagent sont associés les
uns avec les autres. Il y a une mise en place de probabilités
bienveillantes. »

Je dis donc à Jane que non seulement nous provoquons certaines choses
en quittant notre appartement, mais que nous entrons dans une situation
où nous nous installerons tandis que d’autres partiront. Chose évidente,
mais intrigante : nous allons nous joindre aux résidents actuels du
quartier de la colline et former une nouvelle entité psychique et
psychologique, différente de celle qui existait avant notre arrivée.
Pourtant, le tableau complet de notre déménagement ne doit pas
seulement inclure la myriade de probabilités qui découlent de nos
propres actions, mais aussi tous les développements probables liés à la
maison voisine. Quels que soient les évènements ayant lieu là-bas
— que nous aiderons à créer —, ils auront forcément des effets sur
nous.

J’ajoute que, si quelqu’un voulait décrire un évènement comme notre


déménagement à partir d’un début arbitraire jusqu’à une fin arbitraire,
il pourrait commencer au moment où nous avons vu pour la première
fois la maison de M. Markle à Sayre en avril 1974, jusqu’à ce qu’au
cours de l’été 1975, nous pensions que la situation de la maison d’à
côté se réglerait avec l’arrivée de « nouveaux » voisins. Il sera
intéressant de voir quelles connexions relatives aux maisons se
développent — s’il y en a.

[2] Voici une autre connexion relative aux maisons — elle est apparue jeudi
dernier, le lendemain de la session 738.

Dans la session 737, après 23 h 55, Seth mentionnait « l’autre


dentiste » qui vit et travaille au coin de la rue où se trouve
l’appartement où Jane et moi avons aménagé en 1960, quand nous
sommes arrivés à Elmira. Nous avions rapidement fait sa connaissance
ainsi que celle de sa famille, de façon tout à fait fortuite puisque
l’arrière de sa propriété est mitoyen avec la partie ouest de notre jardin.
Il y a plusieurs années, cet ami médecin a déménagé dans une zone plus
résidentielle d’Elmira — nous ne savions pas exactement où —, mais il
a gardé son cabinet dans son ancienne maison. Jeudi dernier, nous
avons appris qu’il avait acheté la propriété située juste en face de la
maison de la colline. La famille y vit encore.

(Nous avons aussi découvert que plusieurs autres personnes vivant


autour de la maison de la colline ont gardé leurs bureaux dans le vieux
centre-ville d’Elmira, très près de là où se trouvait notre appartement.)
[3] Je trouve fort à propos l’affirmation de Seth relative à une confrontation
avec les schémas de pensées de personnes du voisinage, étant donné
que Jane et moi avons vécu pendant de nombreuses années en
appartement (et que nous nous préparons seulement maintenant à
abandonner ce type de vie). Une question se pose : comment cet
échange psychique régulier influe-t-il sur tous ceux qui travaillent et/ou
vivent dans de grandes tours, par exemple ?

[4] Le matériau de Seth me rappelle ici une remarque qu’il a faite lors de la
session 504, présentée dans l’appendice du Matériau de Seth ; il parlait
des perceptions du fœtus et des unités d’énergie électromagnétique qui
leur servaient de vecteur : « Les cellules ne réagissent pas simplement à
la lumière parce que c’est dans l’ordre des choses, mais parce qu’un
désir émotionnel de percevoir la lumière est présent. »

[5] Voir la discussion de Seth sur la conscience des arbres, dans la session
727 ; la note 7 de cette session-là contient des extraits provenant de ses
données sur les arbres ; il a transmis ce matériau lors de la session 18,
du 22 janvier 1964, et de la session 453, du 4 décembre 1968. Voici un
peu de matériau complémentaire tiré de la session 18.

« Tout comme votre corps perçoit des changements de température, il


perçoit aussi la charge psychique non seulement des autres êtres
humains, mais aussi, croyez-le ou non, des animaux et dans une
moindre mesure… des plantes et de la matière végétale. Votre arbre crée
un composé de sensations de cette sorte, qui perçoit non pas les
dimensions physiques d’un objet matériel, quel qu’il soit, mais la
formation psychique vitale qui est à l’intérieur et autour de cet objet.

« La table à côté de Ruburt perçoit Ruburt, comme Ruburt perçoit la


table… Les aptitudes de l’arbre sont latentes dans l’homme comme,
cher Joseph, les aptitudes de l’homme sont latentes dans l’arbre. »
SESSION 740

Mercredi 26 février 1975

(Dans le cours de perception extrasensorielle d’hier soir, Jane a dit à


tous ses fidèles étudiants, dont certains suivent son enseignement depuis
pratiquement les toutes premières classes de l’été 1967, que les cours
seraient interrompus le temps que nous déménagions dans la maison de la
colline et que nous soyons un peu installés — nous prendrons le temps qu’il
faudra.
Cet après-midi, c’est la deuxième fois seulement que Jane et moi
sommes à l’intérieur de « notre » maison de la colline. Nous sommes à
nouveau accompagnés par un agent immobilier ; pour des questions
d’assurances, il ne nous est pas encore permis d’avoir une clé de la maison,
mais on nous a dit que ce problème sera vite résolu. Entre-temps, j’ai
entamé une tâche qui paraît terrifiante : emballer une bonne partie de nos
possessions dans une série sans fin de cartons ayant un jour contenu du vin,
de la mayonnaise, des céréales, des accessoires de plomberie, etc.
Juste avant la session, Jane commence à entrer dans un état modifié de
conscience autre que celui dont elle se sert pour sa « transe de Seth »,
comme elle l’appelle. Pendant quelques instants, elle est calmement assise
les yeux clos. Elle sent « l’idée, mentalement, de quelque chose ayant la
forme d’un écran de télévision », juste à sa droite. J’écris à présent ce que
je peux. « Et maintenant, ça s’approche. Je ne sais pas ce que c’est, ou quel
rapport cela a à voir avec la session, si d’ailleurs ça en a un. » Elle marque
une pause puis reprend, en s’exprimant à l’imparfait : « Ça venait assez
près de moi. Je le traversais et descendais un long toboggan. Il y avait
dedans des rouleaux qui me faisaient des choses — des choses curatives —
puis qui me redéposaient sur mon fauteuil.
« J’avais le sentiment que Seth était dans ce déversoir ou tunnel, en
miniature, et qu’il ressemblait au portrait que tu as fait de lui, si ce n’est
que je le voyais en entier.[1] »
Revenant au temps présent : « Oh ! — il avance puis bat en retraite, en
oscillant très vite. Mais d’une certaine façon, dans tout ça, l’élément Seth
est à l’arrière-plan. Maintenant, il se retourne, ce Seth en miniature. Il
s’éloigne, hors du tunnel et se fond dans cet énorme Seth, qui est comme
une statue.
« Ensuite, il y a dans les yeux de ce Seth deux petits Seth qui regardent
au-dehors. Ces deux images ressemblent à ton portrait. Maintenant, ils
sortent des yeux ; avec leurs corps, ils forment une guirlande autour de la
tête du grand Seth ; ils s’assoient dessus, dos à dos, comme des serre-
livres. » Une pause, les yeux clos. « Ouah ! — toute une bande de ces petits
Seth grimpe au sommet de la tête géante —, mais en prenant des poses
parfaites. Ils sont très stylisés, mais tous réels. Et Seth expliquera cela », dit
Jane brusquement, à l’évidence assez surprise. « Autour de la tête du grand
Seth, les petits personnages sont tournés dans toutes les directions. Je sais
que ce n’est pas juste, pas une bonne analogie, mais ils sont comme des
gargouilles sur un clocher…
« Tout cela est très éloigné à présent. Je n’ai jamais vu la forme géante
de Seth en entier. La tête et les bras étaient les plus distincts. L’ensemble se
trouvait à une distance incommensurable de moi. »
Après une autre pause : « Bon ! Je pense que nous pouvons maintenant
tenir une session. Mais avant que Seth ne le dise, je ne savais pas qu’il
expliquerait tout cela. »
21 h 35.)
Maintenant. Accordez-nous un instant.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée. (D’une voix calme.) Ruburt a vu les images d’une façon
particulière, si bien qu’il pouvait comprendre certaines informations quant à
la nature de la psyché.
L’image géante de moi-même, jamais clairement entraperçue par
Ruburt, représente ma propre réalité plus vaste. D’une façon particulière,
cette identité ne peut pas être pleinement exprimée dans les limites d’une
seule forme, pas plus que la vôtre. Ruburt a perçu beaucoup de versions
miniatures de moi. Dans sa vision intérieure, celles-ci semblaient
identiques, simplement pour qu’il puisse les identifier comme étant des
parties de moi-même. Elles sont en fait très différentes les unes des autres.
Chacune est impliquée dans son propre contexte de réalité et suit ses
propres directions pour atteindre ses propres buts. Un de ces « Seth » est né
dans votre espace et votre temps. Ce Seth-là s’est alors ensemencé lui-
même, pour ainsi dire, dans l’environnement d’espace et de temps que vous
reconnaissez — apparaissant à travers les siècles, diffusant des rejetons de
« lui-même », explorant l’expérience terrestre et développant aussi bien
qu’il le pouvait les potentiels de son identité plus vaste qui pouvaient les
mieux être réalisés dans un contexte de créature[2].
Ce Seth-là était doté de sa propre feuille de route intérieure. Celle-ci lui
donnait une idée de ses potentiels et de la façon dont ceux-ci pouvaient le
mieux s’épanouir en termes terrestres[3].
Accordez-nous un instant… Le moi, comme je l’ai déjà dit [à de
nombreuses reprises], n’est pas limité. Il peut donc se séparer de lui-même
sans être amoindri. Ce Seth peut naître deux ou trois fois dans un même
siècle — voire plus —, puis, en vos termes, ne pas apparaître pendant cinq
ou dix siècles. Chaque Seth serait toutefois complètement indépendant, et
chaque apparition signifierait la création d’une nouvelle personnalité — et
non pas simplement une nouvelle version d’une vieille personnalité.
Chacun se rendrait compte de façon inhérente de ses propres potentiels
et « antécédents », mais chacun se brancherait sur un point particulier de
ces prétendus antécédents.
Ce que je dis ici s’applique à l’identité plus vaste de chaque acteur.
Accordez-nous un instant… Puisqu’en général vous vous préoccupez tant
de préserver ce que vous considérez être votre identité, nous utilisons des
termes tels que moi réincarnationnels ou contreparties. Cependant, si vous
compreniez vraiment la nature de votre individualité, vous verriez
clairement qu’il n’y a pas de contradiction si je dis que vous êtes
uniquement vous-même, que votre individualité a une validité indestructible
qui n’est jamais menacée. Je dis également que vous êtes en même temps
relié à d’autres identités, chacune étant, de manière sacrée, aussi inviolée
que la vôtre.
(21 h 53.) Vous avez l’habitude de penser à des schémas
organisationnels extérieurs. Vous pouvez vivre dans une ville, dans un état
et dans un pays en même temps, sans pour autant penser que votre présence
dans une de ces catégories soit en contradiction avec les deux autres. De la
même manière, vous vivez au milieu d’organisations psychiques dont
chacune a ses propres caractéristiques. Vous pouvez vous considérer comme
un Indien bien que vous viviez en Amérique, ou comme un Américain bien
que vous viviez en Afrique, ou comme un Chinois bien que vous viviez en
France, et vous êtes tout à fait capable de conserver votre sens
d’individualité.
Les familles psychiques, ou les familles de conscience, peuvent ainsi
être considérées comme étant originaires des pays intérieurs de l’esprit,
partageant des héritages, des buts et des intentions qui ont peut-être peu de
choses à voir avec les pays physiques où vous vivez vos vies de surface.
Des gens naissent n’importe quel mois dans n’importe quel pays. Ceux qui
sont en Norvège ne sont pas tous nés en janvier ou en août. De la même
façon, les membres de n’importe quelle famille psychique sont répandus
partout sur la Terre, suivant des schémas intérieurs qui peuvent ou non être
en lien avec d’autres problématiques telles qu’elles sont habituellement
comprises.
Certaines familles ont un penchant pour certains mois de naissance,[4]
mais aucune règle spécifique ne s’applique. Il y a en fait un type d’ordre
intérieur qui unit tous ces points ; cet ordre intérieur n’est toutefois pas le
résultat de lois, mais d’une création spontanée, qui afflue dans ses propres
types de schémas. À tout moment donné, vous voyez les schémas et tentez
d’en faire des lois.
J’essaye d’élargir vos imaginations et de vous aider à rejeter des
concepts rigides qui vous rendent littéralement aveugles aux dimensions de
votre propre réalité. À nouveau — vous êtes biologiquement équipés pour
saisir bien davantage de cette réalité-là que ce que vous percevez[5].
Accordez-nous un instant… (Une minute de pause.) Vous n’êtes pas un
moi en miniature, un adjoint de quelque super-être, ne prenant jamais
pleinement part à sa réalité. (Une longue pause.) En ces termes-là, vous êtes
un super-moi — regardant uniquement d’un seul œil, ou ne se servant que
d’un seul doigt.
Une bonne part de tout cela est très difficile à verbaliser. (Une longue
pause.) Vous n’êtes pas subordonnés à une quelconque conscience
gigantesque. Cependant, tant que vous pensez en ces termes-là, je dois
parler de moi réincarnationnels et de contreparties, car vous craignez qu’en
vous hissant au-delà de ce que vous pensez être votre identité, vous alliez la
perdre.
Faites votre pause.
(22 h 11. Je pense que dans sa transmission, en particulier depuis 21 h
53, Seth a fait un bon travail en précisant très brièvement certains points
importants.
L’élocution énergique de Jane s’est nettement ralentie pendant les dix
dernières minutes. « Vers la fin, dit-elle, je recevais des choses que ni l’un
ni l’autre — Seth ou moi — n’étions capable de verbaliser. Il n’y avait rien
dans mes schémas de pensées d’où il aurait pu extraire des mots
susceptibles d’exprimer ce qu’il voulait dire. Je le percevais vaguement,
mais c’était assez étranger à mon expérience psychologique. » Jusqu’à
maintenant du moins, je ne me souviens pas avoir entendu Jane exprimer de
telles idées de cette façon-là, auparavant dans les sessions[6].
« Attends — je commence à obtenir quelque chose là-dessus, me dit-elle
soudain. Il a trouvé quelque chose dans mes schémas de pensée qu’il peut
utiliser… » Elle est assise, la tête inclinée. « Je reçois maintenant tout un
tas de choses. Ça m’embarrasse de le dire, dit-elle en riant, mais j’ai eu le
sentiment qu’en frottant ici, entre mes yeux — tu sais, ce truc du troisième
œil —, je pourrais obtenir beaucoup plus d’informations…[7] »
Jane ne le fait pas — et, sans quitter son fauteuil, elle reprend la session
quelques minutes plus tard. Ses yeux sont clos. Au début, son élocution est
si retenue que je me demande si c’est bien la voix de Seth. Reprise à 22 h
15.)
Maintenant. Nous allons voir si nous pouvons exprimer certains
concepts concernant le moi, d’une façon nouvelle. Dans son ouvrage,
Psychic Politics, Ruburt a présenté des informations provenant de sa
bibliothèque [psychique], à propos des nombres officiels et non officiels[8].
(Une pause, la main posée sur ses yeux fermés.) Entre chaque nombre
officiel dans une série donnée, il envisage un espace littéralement infini.
L’infinitésimal devient infini.
Maintenant. (Les yeux ouverts.) De la même façon, le moi le plus
infinitésimal est infini, et le moi le plus fini, porté à ses extrêmes, est infini.
Chacun de vous est une partie d’un moi infini. Ce moi infini apparaît en tant
que série de moi finis dans votre réalité.
Sous cette réalité perçue, cependant, chaque moi fini, porté au degré qui
est le sien, est lui-même infini. Maintenant, à marquer d’une pierre blanche
(d’un air amusé) : mais il y a différentes sortes d’infinités. Il y a
différentes variétés d’infinités psychologiques qui ne se rencontrent pas
— c’est-à-dire qui partent dans leurs propres directions infinies.
(D’un mouvement circulaire, Jane frotte à présent, pendant quelques
instants, la zone située entre ses yeux clos.)
Tant que vous croyez que, en tant qu’individus, vous êtes à votre place
dans une série donnée, vous apparaissez à vous-mêmes comme étant finis.
Vous pensez en termes de temps linéaire, et le mieux que vous puissiez
faire pour imaginer votre réalité plus profonde, c’est d’envisager une
réincarnation dans le temps. C’est une question de focalisation. Vous vous
identifiez habituellement à la partie extérieure de vous-même et à celle
extérieure du monde. Généralement, vous ne vous identifiez pas, par
exemple, à la partie interne de votre corps, avec ses organes, et encore
moins à ses cellules ou ses atomes — et pourtant, dans cette direction-là,
réside une certaine forme d’infinité. (Avec insistance.)
Si vous vous identifiiez à votre propre réalité psychologique, en suivant
la structure interne des pensées et des sentiments, vous découvririez une
infinité psychologique intérieure. De telles « infinités » s’étendraient bien
sûr jusque dans un passé et un futur infinis. Toutefois, la véritable infinité
va bien au-delà du passé et du futur, elle s’étend dans toutes les probabilités
— et pas seulement en avançant tout droit dans le temps ou en le remontant.
(22 h 29.) Il y a littéralement une infinité dans chaque instant[9] que
vous reconnaissez, comme il y a numériquement une « infinité » derrière ou
à l’intérieur de tout nombre premier[10] [3, 97, 863, etc.] que vous
reconnaissez.
Il y a une infinité de versions de vous-même, mais aucune ne nie les
autres ; chacune est reliée aux autres, les aide et les soutient. Il existe
d’autres systèmes numériques parfaitement légitimes que vous ne suivez
pas, ainsi que d’autres types d’organisations psychologiques également. En
ces termes-là, Ruburt a appris, ou plutôt Ruburt est en train d’apprendre, à
faire alterner des séries — à transférer une information provenant de l’une
[de ces séries neurologiques] dans une autre, pour ainsi dire.
Néanmoins, rien de tout cela n’est séparé de la vie normale. Qu’ils
souhaitent le mentionner ou non dans La Réalité « inconnue », Ruburt et
Joseph ont tous deux appris à mettre en corrélation des données, de sorte
que certaines des implications qui entrent en jeu dans un simple
déménagement d’une maison à une autre deviennent apparentes. Ils ne sont
pas des mathématiciens. Ils ne vont pas analyser statistiquement les
résultats. Pourtant, je vous dis que les mouvements que vous faites dans la
vie quotidienne ont vraiment une infinité d’effets — et je n’utilise pas le
terme à la légère.
Maintenant, faites votre pause.
(22 h 36. « Ouah !, s’exclame Jane en sortant de sa transmission, qui
était courte mais excellente. Avant la session, je ne sentais rien. J’étais juste
bien, comme à moitié assoupie — sans aucune idée. Mais j’ai vraiment eu
le déclic avant cette pause. Seth a finalement trouvé quelque chose qu’il
pouvait utiliser pour faire des analogies. Je ne me rendais pas compte du
bruit de la circulation ou de quoi que ce soit… Tout cela m’a surprise ;
regarde ce que j’aurais manqué si j’avais décidé de ne pas tenir une
session. Et je ne savais pas que Seth allait expliquer ces visions-là, jusqu’à
ce que je reçoive un flash de sa part juste avant qu’il se manifeste. J’ai le
sentiment d’avoir parcouru au sein de cette expérience une grande
distance… »
À propos de la remarque de Seth sur « un simple déménagement d’une
maison dans une autre » pour Jane et moi : cela inclut également toutes les
autres personnes concernées. Dans les cinq sessions précédentes, j’ai
inséré juste assez de « connexions relatives aux maisons » pour indiquer ce
qui se matérialise pour nous en ce domaine, sans faire de digression en
écrivant une histoire beaucoup plus longue. Notre liste de ces interrelations
contient jusqu’à présent plus de quarante éléments et elle continue de
s’allonger. Bon nombre de ces points sont toutefois constitués de plusieurs
évènements, personnes et données qui sont reliés, et qui pourraient donc
légitimement se subdiviser encore si nous le souhaitons[11].
Jane et moi n’attribuons pas, bien sûr, les éléments qui constituent notre
aventure de recherche d’une maison à ce bon vieux fourre-tout que l’on
nomme « coïncidence ». Par ailleurs, nous n’avons aucun projet visant à
essayer d’établir statistiquement quoi ce que ce soit à partir d’eux. Il y a
tellement de variables qui entrent en jeu que cela nécessiterait une analyse
séparée pour chaque individu impliqué — avec des « limites » quant au
nombre d’éléments à prendre en considération dans chaque cas. Et qu’en
serait-il des limites temporelles ? En vérité, toute cette histoire de maisons
a pour moi des origines remontant à ma plus tendre enfance, il y a plus
d’un demi-siècle. Mais pour Jane, qui est plus jeune, les limites de temps
seraient très différentes…
Question : les analyses individuelles étant faites, serait-il alors possible
de les incorporer toutes dans une œuvre maîtresse ? Un tel projet serait
formidable et prendrait au moins un livre à lui tout seul.
« Je suis juste en train d’attendre », dit enfin Jane une fois que nous
avons tous deux mangé un peu. « Je me sens déstabilisée. Je pense qu’il y a
un autre ensemble de matériau, là. Seth va le transmettre, si je peux le faire
— s’il peut encore trouver quelque autre schéma de pensée dont il puisse se
servir. » Une longue pause. « Maintenant, je vais essayer… »
Très calmement, à 23 h 06.)
Imaginez une guirlande aux lumières multicolores brillant sur un arbre
de Noël. Dans cette série de lumières, l’une d’entre elles peut s’éteindre
tandis que les autres continuent de briller. Ce type d’agencement vous est
familier.
Cependant, dans notre assortiment imaginaire, il y a de nombreuses
guirlandes et, quand une lumière disparaît sur un fil, « elle » apparaît
presque automatiquement sur un autre. Maintenant, en règle générale, les
lumières sont toutes allumées en même temps sur un fil donné, mis à part
celles qui s’éteignent de temps à autre.
Supposez que vous soyez tout petit et qu’en vous déplaçant lentement
autour de l’arbre, vous ne voyiez qu’une lumière à la fois. Vous avez alors
l’impression qu’une lumière existe avant l’autre, et que chacune est si
brillante pour votre focalisation qu’elle masque les lumières qui la
précèdent et la suivent. Vous pouvez toutefois avoir un vague souvenir de
celle que vous « avez vue » avant et penser : « Ha, ha ! L’ampoule que je
vois est ma vie, mais je suis sûr qu’il y a longtemps j’avais une vie
différente — et qu’il y en a peut-être une autre là devant moi. » Mais à
moins de reculer d’un pas par rapport à l’arbre, vous ne comprendrez pas
que toutes les lumières de la guirlande existent en même temps. Pas plus
que vous ne comprendrez que quand une lumière s’éteint sur un fil, elle
apparaît sur un autre.
Si vous étiez encore plus petit, chaque ampoule ne semblerait pas
émettre une lumière régulière, mais une série d’ondes, et vous pourriez
identifier votre vie à une onde donnée, si bien qu’une grande distance
pourrait être perçue entre une onde et la suivante[12].
(Une pause à 23 h 20.) Faire l’expérience de ce type de série pourrait
conduire à des types totalement différents de perception, où des infinités
(une pause) existeraient (une pause) au sein d’une échelle qui lui serait
propre. (La série aurait son propre type d’infinités.)
(Je demande à Jane : « “Propre type” est au singulier, mais “infinités”
au pluriel ? » En tant que Seth, Jane confirme en hochant la tête.)
Un arbre pourrait être équipé de lumières, chacune d’elles ayant sa
propre série particulière [d’ondes]. Les gens qui ont décoré l’arbre peuvent
vivre une veillée de Noël, tandis que d’autres consciences, accordées sur les
différentes séries pourraient faire l’expérience de générations sans fin[13]
— et leurs perceptions seraient tout aussi légitimes que celles des êtres
regardant les lumières de l’arbre qu’ils ont décoré.
Ce n’est pas forcément la meilleure analogie, mais je voulais insister sur
le fait que différentes échelles de conscience contiennent leurs propres
infinités, aussi finies ces échelles puissent-elles paraître.
Ce qui est appelé « âme » n’a aucun rapport avec la taille ou la durée
dans l’espace et le temps, si ce n’est dans la mesure où elle est étroitement
liée à l’expérience au sein de ces contextes-là.
Accordez-nous un instant… Ce sera la fin de la dictée. Faites une pause
ou terminez la session, comme vous préférez.
(« Nous allons faire la pause et voir ce qui se passe. »
23 h 29. « On ne peut pas aller plus loin ce soir », dit Jane en se
référant au matériau du livre. Elle n’est pas très sûre de vouloir terminer la
session proprement dite. Nous restons assis et attendons. Au bout de cinq
minutes, elle dit : « Bon, je pense que c’est tout. » Et la session prend fin.)

NOTES DE LA SESSION 740

[1] Une référence au portrait à l’huile que j’avais fait de Seth et qui est
reproduit en noir et blanc dans l’édition du Matériau de Seth, publié par
Prentice-Hall. Comme l’a écrit Jane au chapitre 8 de ce livre-là, Seth
est représenté « sous la forme qu’il a choisi d’adopter pour apparaître à
Rob ». Seth avait pour la première fois fait part de sa présence en
donnant son nom, lors de la session 4 du 8 décembre 1963. J’ai peint ce
tableau en 1966.

[2] Quelques-uns des diagrammes que j’ai dessinés pour Adventures in


Consciousness de Jane (livre qui doit être publié par Prentice-Hall au
printemps 1975) éclairent le matériau de ce paragraphe. Voir les notes
d’ouverture de la session 718 de La Réalité « inconnue ».
[3] Seth a parlé de ses « feuilles de route de réalité » plusieurs fois dans le
volume I de La Réalité « inconnue ». Voir la session 696 par exemple :
« Chaque système de probabilités a son propre jeu de « feuilles de
route », définissant clairement ses libertés et ses limites… Ce ne sont
pas « des “images intérieures de perfection” et, dans une certaine
mesure, les feuilles de routes elles-mêmes changent… En tant
qu’individu, vous êtes porteur de ce type de feuille de route ; celle-ci
contient toutes les informations requises par vous pour produire la
version la plus favorable de vous-même dans le système probable que
vous connaissez… De la même manière, l’espèce en masse détient au
sein de son vaste esprit intérieur de tels plans de travail ou feuilles de
route. »

[4] Dans la note 3 de la session 734, voir ma recherche sur les mois de
naissance de certains membres du cours de perception extrasensorielle
— beaucoup d’entre eux sont des Sumari.

[5] Dans la session 685 du tome I, Seth a affirmé que les consciences de
nos cellules sont éternelles et que, biologiquement, nous sommes
équipés pour explorer beaucoup plus de réalités probables que nous ne
l’imaginons. Lors de la session 686, il a parlé de la compréhension que
nos cellules ont du passé, du présent et du futur, ainsi que de leurs
réactions à toute une variété de pulsions neurologiques se situant hors
du registre sur lequel notre ego se focalise. Voir la première
transmission de cette session-là.

[6] Mais dans les appendices 4 et 5 du tome I, voir le matériau de Jane sur
les pulsations ou vitesses neurologiques inhabituelles. Seth se penche
sur nos pulsations — et habitudes — neurologiques, dans la session 686
à 00 h 19.

[7] Jusqu’à présent, Jane n’avait fait mention du troisième œil (ou œil
intérieur) des traditions occultes qu’une seule fois — dans la session
612 du 6 septembre 1972 —, et cela l’avait là aussi quelque peu
embarrassée. Voir, dans l’appendice 19 du tome II, les extraits de la
session 612 ainsi que la note 5. Dans cette note, j’ai émis des
hypothèses quant à « la connaissance intuitive que Jane peut avoir et
qui l’a amenée à parler » du troisième œil à ce moment-là. Nous avons
à nouveau les mêmes questions, sans pour autant vouloir les creuser
plus que nous ne l’avions fait jusqu’ici.

[8] Nous pensons qu’il est tout à fait probable que le matériau de Seth dans
cette transmission, ainsi qu’une partie de Politics de Jane, découle de
ce que nous avons lu ce mois-ci sur les « nouvelles » formes de
mathématiques — qui, entre autres, reprennent certaines idées vieilles
de plusieurs siècles. On y trouve de très intéressantes approches sortant
complètement de l’ordinaire : d’autres façons d’envisager le temps, la
théorie quantique, les nombres infinis et infinitésimaux, la théorie des
modèles, ainsi que d’autres outils mathématiques.

Sur la base de ces concepts, du moins tels que Jane les comprend, Jane
et Seth « ont pris leur envol », chacun avec sa propre créativité. Au
chapitre 19 de Politics, Jane a transcrit quelques passages de sa
bibliothèque. En voici deux extraits : « Si vous imaginez les nombres
officiels bien alignés de 1 à 10, il y aurait alors un nombre infini de 1
non officiels, cachés dans le 1 que vous voyez, ainsi qu’un nombre infini
d’espaces entre le 1 et le 2 officiels. La position du 1 sur le papier
représenterait notre monde des données sensorielles, tandis que les 1
invisibles suivants représenteraient les valeurs cachées et probabilités
infinies du 1 officiel. »

Et : « Le fait que nous appliquions des nombres au temps est


significatif, mais comme il y a des espaces non reconnus entre les
nombres, il y a des espaces non reconnus (psychologiquement
invisibles) à l’intérieur des instants et entre eux : certains évènements
de nos corps sont “trop petits” pour que nous les suivions, focalisés que
nous sommes sur notre série première. Ces évènements corporels sont
en fait “infinitésimaux mais infinis”, suivant leurs propres schémas qui
se fondent avec les nôtres. »

Il y a bien sûr d’étroites relations entre cette transmission de Seth lors


de la session 740, le matériau dans cette note, et les analogies
musicales que Seth a présentées dans la session 735, quand il a évoqué
les variations inaudibles inhérentes aux œuvres jouées par le jeune
guitariste qui nous avait rendu visite pendant le week-end du 2 février.
(J’avais gardé cette référence pour cette note particulière.) À 21 h 45,
par exemple, dans cette session 735, Seth disait : « Un nombre infini
d’autres compositions “alternatives” étaient toutefois aussi latentes dans
cette même note… Elles étaient tout aussi légitimes que les œuvres qui
ont effectivement été jouées… et… conféraient une structure et un
rythme silencieux à la musique physiquement actualisée. »

Dans la même session, Seth a aussi proposé des analogies évocatrices


impliquant, d’une part, des compositions musicales entendues et non
entendues et, d’autre part, les moi contreparties, probables et
réincarnationnels.

[9] Pour certaines citations (et références) sur le point-instant, dans le


tome I, voir la note 11 de l’appendice 12 du tome II.

[10] En termes mathématiques, un nombre premier est un nombre entier


(pas une fraction, par exemple) qui n’est pas divisible par un autre
nombre que lui-même et le chiffre 1.

[11] Cette connexion relative aux maisons est un bon exemple du fait que
des liens peuvent non seulement exister entre des évènements
concomitants, mais s’étendre sur de longues périodes de temps. Cette
combinaison d’éléments m’amène, six mois après que Seth a fini de
dicter La Réalité « inconnue », à ajouter cette note à la session 740.
Voici donc ce que j’ai écrit en octobre 1975 (les noms de toutes les
personnes ont été changés).

Dans la note 1 de la session 739, j’écrivais que, lorsque Jane et moi


avions décidé d’acheter la maison de la colline, le 21 février 1975, nous
avions appris que la maison voisine, côté ouest, serait bientôt à vendre.
En guise de commentaire, j’avais ajouté : « il sera intéressant de voir
quelles connexions relatives aux maisons se développent — s’il y en a. »

Peu de temps après que nous avons déménagé dans cette maison de la
colline [en mars], Franck Corio, notre voisin côté est, nous a dit qu’il
connaissait Louise Akins ; elle était l’une de nos premières étudiantes
ayant assisté au cours de perception extrasensorielle de Jane, en
septembre 1967. Un détail intéressant, selon nous, vu qu’Elmira est une
ville d’à peu près 50 000 habitants, population qui double si l’on
compte les faubourgs environnants. J’ai donc ajouté l’information de
Franck à notre liste de connexions liées aux maisons, puis je l’ai
oubliée.

Franck travaille lui aussi dans l’immobilier, même s’il n’a aucun lien
professionnel avec les Johnson ou Debbie, ou aucun rapport avec
l’agence qui nous a vendu la maison. La maison côté ouest a donc été
vacante à partir du début de l’été. En automne, Franck Corio a été
chargé de la vendre, ce qu’il a fait assez rapidement — à une famille,
les Miller, venue de loin pour s’installer à Elmira. Nous avons alors
découvert que Mme Miller connaissait elle aussi Louise Akins.

Les chances pour qu’une telle « coïncidence » ait lieu sont infimes — à
ceci près que les Miller avaient vécu il y a plusieurs années dans un
quartier proche de la colline (c’est à ce moment-là qu’ils avaient connu
Louise). Ils avaient ensuite quitté l’État de New York, avant d’y revenir
acheter la maison voisine de la nôtre. La connexion de maisons est
pourtant exceptionnelle : dans la maison de la colline, nous nous
retrouvons, Jane et moi, entourés à l’est comme à l’ouest par des
personnes connaissant l’une de nos premières élèves — qui d’ailleurs
leur avait parlé de nous. Chose intéressante, Franck Corio a joué un
rôle clé dans le retour des Miller dans leur quartier favori, lorsqu’on
sait que, dans une ville de la taille d’Elmira, il y a constamment des
maisons à vendre dans des quartiers « agréables », dont le « nôtre ».

Jane et moi ne pensons évidemment pas que le fait que Franck et Mme
Miller connaissaient Louise Akins ait été la raison pour laquelle les
Miller ont emménagé juste à côté de nous. C’est pourtant un facteur à
considérer parmi une myriade d’autres — l’argent, la disponibilité, etc.
Et d’abord, pourquoi Jane et moi avons-nous emménagé dans un
quartier où une connexion de ce type pouvait se développer ? Pourquoi
Franck Corio s’est-il vu assigner la tâche de vendre la maison juste à
côté de la nôtre ? Pourquoi les Miller l’ont-ils rencontré précisément à
ce moment-là, et pourquoi est-ce lui, parmi tous les agents immobiliers
d’Elmira, qui est parvenu à leur vendre cette maison ?
Des connexions et des questions de ce genre, quels que soient leur poids
et les motivations conscientes ou inconscientes qui les sous-tendent,
offrent un champ d’études fascinant. Une fois de plus, cela nous
rappelle le matériau de Seth à 23 h 25 dans la session 735, lorsqu’il
nous a dit que « ceux qui déménagent sont associés les uns aux autres ».

Pour conclure cette note, je dois ajouter que notre voisin Franck Corio
a aussi été impliqué dans d’autres connexions de maisons nous
concernant Jane et moi — dont certaines sont tout aussi intrigantes que
celle que je viens de décrire.

[12] Les idées de Seth dans ce paragraphe et le précédent sont cohérentes


avec son matériau dans un certain nombre de sessions du tome I. Lors
des sessions 681 et 684, par exemple, il parlait des fluctuations de notre
univers physique — apparaissant et disparaissant — et de tout ce qui
s’y trouvait : les points-instants, les probabilités, les sensations de
massivité de Jane, le mouvement fondamental imprévisible de toute
onde ou de tout atome, et bien d’autres choses encore. Dans les sessions
682 et 683, il insistait sur la nature de ses unités de conscience, ou UC.
Puis dans le tome II, Seth comparait sa propre identité à celle d’une
formation ondulatoire ; voir dans l’appendice 18, avec sa note 35, les
extraits provenant de la session 775.

Je pense également que l’expression « grande distance » qu’il emploie


ce soir, juste avant 23 h 20, a un certain rapport avec le sentiment de
« distance incommensurable » dont Jane a fait l’expérience dans sa
vision lorsqu’elle était assise en attendant la session.

[13] Rétrospectivement, nous pouvons voir comment la Jane mystique a


toujours essayé de pénétrer intuitivement la nature de la réalité à
travers son art ; tout au long de La Réalité « inconnue », à des moments
appropriés, j’ai illustré ce processus d’apprentissage en présentant des
sélections de ses premiers poèmes. J’ai aussi donné quelques
informations générales sur la nature de Jane (avec un poème), dans
l’appendice 1 du tome I.

La note 7 de la session 681 dans le tome I évoque l’une des étapes de la


recherche de connaissance, menée par Jane en autodidacte ; j’y ai cité
trois vers de son poème Plus que des hommes. Elle l’a composé à l’âge
de vingt-cinq ans, en 1954, l’année de notre mariage — soit neuf ans
avant que débute la transmission du matériau de Seth. Comme Jane l’a
dit récemment : « C’était là tout le temps, dans la poésie, seulement je
ne le comprenais pas. » Je souhaite à présent proposer au lecteur ce
poème en entier.

Plus que des hommes


Plus que des hommes
Ont marché sur ces rives au crépuscule.
Plus dieux que les nôtres, ils ont élevé des autels.
La terre regorge
De chants qui ne sont pas nôtres,
Il y a des mondes autour de nous,
Dans lesquels nous n’avons aucune part.

Entre chaque tic-tac de l’horloge,


De longs siècles s’écoulent
Dans des univers cachés au nôtre.
Et les éons de notre temps durent bien moins qu’un souffle
Ou que le vol d’une feuille emportée par le vent.
SESSION 741

Lundi 14 avril 1975

(« Tout ce que je sais, dit Jane ce soir à 20 h 50, c’est que je veux
reprendre les sessions. Que nous obtenions du matériau sur La Réalité
“inconnue”, des éléments personnels ou autre chose, importe peu. Je veux
juste que nous démarrions — je suis toujours nerveuse quand il s’agit de se
remettre en route après une longue interruption…[1] »
Elle fait cette remarque après que je lui ai lu en début de soirée la
dernière session de Seth [la 740 datant du 21 février] à partir de mes notes.
Je ne les ai pas encore dactylographiées. Six semaines se sont déjà écoulées
depuis cette session-là, c’est incroyable. Entre-temps, nous avons eu tant de
choses à faire qu’il m’est difficile de décider celles qui méritent d’être
évoquées dans ces notes et jusqu’à quel point. Mis à part les quelques
éléments cités ci-dessous, je crois qu’il suffit de dire simplement que depuis
un mois nous vivons dans notre maison de la colline et qu’après beaucoup
de travail physique acharné[2], nous sommes suffisamment installés pour
reprendre notre rythme naturel quotidien, fait de peinture, de sessions,
d’écriture et de jeux. Je suis en train de transformer une pièce en atelier et,
dans une autre, je travaille sur ce manuscrit. Pour la première fois depuis
que nous nous sommes mariés il y a vingt ans [en 1954], Jane a sa propre
pièce pour écrire — du moins si elle le souhaite. Jusqu’à présent, elle a
préféré s’installer dans le salon, devant la baie vitrée.
Nos connexions en rapport avec la maison ne cessent de s’accumuler,
souvent de façon inattendue. Jane a déjà écrit pour Psychic Politics un
matériau très pointu où elle expose son propre point de vue sur notre choix
de venir vivre ici : « Nous avons donc maintenant créé notre endroit bien à
nous, en termes plus ordinaires, en symbolisant cette maison particulière et
ce coin de rue, en les faisant nôtres, en les marquant de l’empreinte des
symboles vivants que nous avons transposés en ce lieu. Il possède
désormais une qualité magique.[3] »
Jane n’a pas encore repris ses cours de perception extrasensorielle.
Nous ne sommes pas sûrs de pouvoir les gérer. Il faudra peut-être attendre
que Seth ait terminé La Réalité « inconnue ».
Nous avons largement fini de corriger les épreuves du livre de Jane,
Adventures in Consciousness, celles du texte lui-même ainsi que des
légendes des illustrations ; il sera publié en juin. Nous avons aussi vu une
première épreuve couleur du projet de jaquette pour Dialogues, qui
paraîtra à l’automne prochain[4].
Comme pour fêter notre façon de vivre et de travailler dans la maison
de la colline, nous avons eu samedi dernier la visite de Tam Mossman,
l’éditeur de Jane à Prentice-Hall, accompagné de son collègue en charge
de la publication. L’un des fruits de notre rencontre a été [comme je l’ai
écrit au début des notes préliminaires du tome I] la décision de publier en
plusieurs volumes ce long manuscrit de La Réalité « inconnue » [5].
Pour dire les choses simplement, je pense que notre premier mois dans
cette nouvelle demeure a consisté avant tout à instaurer une ambiance
psychique fraîche, où nous pouvons nous sentir à l’aise — je crois
d’ailleurs que, dans la même situation, tout le monde fait cela intuitivement.
Tant qu’un premier pas n’a pas été fait en ce sens, personne ne peut sans
doute redémarrer certaines de ses activités dans un « nouvel » endroit. En
fait, nous cherchons à marier l’ancien environnement avec le nouveau, en
utilisant la psyché en guise de passerelle entre les deux mondes.
Maintenant, quand Jane et moi passons en voiture devant notre ancienne
maison sur Water Street, cela suscite en nous des sentiments mêlés,
d’étrangeté et de familiarité. Aux fenêtres des deux appartements où nous
vivions, aujourd’hui inoccupés, les stores pendent de travers. Des amis
nous ont dit que les deux appartements sont en train d’être refaits. « J’en
suis heureuse, m’a dit Jane l’autre jour avec une réaction étrangement
possessive. Cela veut dire que personne ne pourra pénétrer dans le monde
qui était le nôtre là-bas. »
Dans cette grande maison fascinante, tout le monde psychique de Jane
— et le mien — avait commencé à se révéler à la fin de l’année 1963 ; dans
plusieurs livres, Jane détaille divers aspects de cette évolution. Pourtant, en
quittant Water Street en mars, elle ne s’est pas retournée une seule fois :
quand elle en a fini avec une chose, c’est bel et bien terminé. Ainsi, elle est
totalement libre. Pour ma part, je suis plutôt du genre à m’attacher aux
vieilles choses, aux anciens endroits, et à regarder en arrière avec un peu
de nostalgie.
Ce soir, tandis que nous attendons que la session commence, notre chat
Willy, âgé maintenant de quatorze ans, se prélasse sur le canapé à côté de
moi. Pendant ce temps-là, notre chat noir Rooney, mort à l’âge de cinq ans,
gît dans sa tombe, creusée dans le petit jardin à l’arrière de la maison de
Water Street[6].
Jane allume une cigarette et boit une petite gorgée de bière. Puis elle
ôte ses lunettes. Avant même de les avoir posées sur la table basse qui est
entre nous, elle est en transe. Parlant en tant que Seth, elle commence à
transmettre, très facilement et avec aisance, la session suivante de La
Réalité « inconnue ».
21 h 21.)
Bonsoir.
(« Bonsoir, Seth. »)
Dictée (d’une voix calme et pleine d’humour). La réalité inconnue
semble [être] invisible uniquement parce que vous ne l’acceptez pas dans
votre principale série d’évènements. [Voir la dernière session.]
C’est comme si vous vous étiez entraînés à réagir aux lumières rouges
et à ignorer les vertes, par exemple — ou comme si vous lisiez uniquement
la troisième ou la quatrième ligne des pages d’un livre.
Vous avez tendance à accorder de l’importance à ce qui semble avoir
une valeur pratique. Que vous compreniez ou non ce qu’est l’espace, vous
vous déplacez facilement à travers lui. Vous ne calculez pas combien vous
devez faire de pas pour traverser une pièce, par exemple. Vous n’avez pas
besoin de comprendre les propriétés de l’espace en termes scientifiques
pour bien vous en servir. Vous pouvez cependant vous voir opérer dans
l’espace ; dans cette mesure-là, l’espace est une qualité connue, évidente
pour les sens. Votre locomotion concrète y est étroitement liée et par
conséquent vous le reconnaissez. Ses propriétés mystérieuses ou moins
connues vous concernent à peine.
Maintenant, vous évoluez à travers des probabilités pratiquement de la
même manière que vous vous déplacez dans l’espace. Vous ne vous
préoccupez pas consciemment de tous les calculs qui sont nécessaires au
processus de la marche quand vous parcourez une rue ; de la même
manière, vous ignorez les mécanismes qui entrent en jeu quand vous
évoluez à travers des réalités probables. En vérité, vous manœuvrez avec
tant d’habileté et de finesse au sein de ces probabilités que vous vous
surprenez rarement en train de changer de cap en passant d’une probabilité
à une autre.
(21 h 34.) Prenez une action très simple : vous êtes à un carrefour et
vous vous demandez quelle direction prendre. Il y a quatre rues. Vous
envisagez pendant un ins

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