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Jacques Van Melkebeke

Jacques Van Melkebeke, né le 12 décembre 1904 à Bruxelles


(province de Brabant) et mort le 8 juin 1983 à Bruxelles, est un Jacques Van Melkebeke
peintre, illustrateur, journaliste, écrivain, et scénariste de bande
dessinée belge.

Biographie

Jeunes années (1904-1916)

Naissance et origines familiales


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Jacques Alexandre Van Melkebeke naît le 12 décembre 1904 dans
l'appartement à l'étage du cabaret « Chez Jacques », situé dans la
rue des Alexiens, au cœur du quartier populaire des Marolles à
2, 3
Bruxelles . L'établissement est tenu par Jacques Olbrechts, marié Biographie
à Eulalie Thijs, une piqueuse de bottines ayant deux filles d'un
premier mariage. La cadette, Alphonsine, s'éprend d'Évrard Van Naissance 12 décembre 1904
Melkebeke, le fils d'un ébéniste de la même rue. De leur union naît Bruxelles
Jacques, surnommé « l'avorton » par sa grand-mère Eulalie, qui voit Décès 8 juin 1983 (à 78 ans)
2
ce mariage d'un mauvais œil . Ville de Bruxelles

Pour s'éloigner de sa belle-famille, Évrard Van Melkebeke s'établit Nom de Jacques Alexander Van
avec sa femme et son fils dans un magasin de papier peint de la rue naissance Melkebeke
du Parc Élisabeth, dans le quartier de Koekelberg, où il exerce la Pseudonymes George Jacquet, J.-P. Kime,
2
profession de tapissier . Quelques années plus tard, Alphonsine Jacques Alexander
Van Melkebeke quitte son mari et revient s'installer avec Jacques Nationalité belge
2
chez ses parents, rue des Alexiens .
Formation Académie royale des Beaux-
Jacques Van Melkebeke fréquente d'abord un établissement scolaire Arts (1919-1932)
tenu par les Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, avant de rejoindre à la Activités Journaliste, illustrateur,
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rentrée de 1910 l'école communale no 10 de la rue de Rollebeek . peintre, scénariste de bande
Ses camarades et son institutrice remarquent ses prédispositions dessinée, graveur
pour le dessin mais à la maison, l'enfant grandit dans l'indifférence
2 Enfant Chantal Van Melkebeke (d)
voire l'hostilité de ses grands-parents . Ses résultats scolaires
déclinent à partir de la clase de troisième. Élève peu rigoureux et Autres informations
manquant d'intérêt pour les mathématiques, Jacques Van Melkebeke
ne se satisfait pas non plus des cours dispensés en dessin, où les Genre artistique Bande dessinée franco-belge
2
travaux sont notés pour leur propreté et non pour leur originalité .
Placé en fond de classe, l'enfant doit également composé avec sa myopie, que des lunettes aux montures en acier bon
2
marché peinent à compenser .

Un « ketje » de Bruxelles épris de lecture

Jacques Van Melkebeke est décrit comme un enfant espiègle : « ses premières années ressemblent à un roman de Dickens
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ponctué de gags à la Quick et Flupke », selon l'expression de son biographe Benoît Mouchart . Amateur de farces et
attrapes, il fréquente régulièrement le « Palais des cotillons », un magasin de la rue du Lombard où il achète notamment de
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la poudre à éternuer qu'il se plaît à répandre dans les salles de spectacles . Dès son plus jeune âge, il est fasciné par le cirque
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et les projections cinématographiques en plein air de la place de Brouckère . L'enfant trouve ainsi refuge contre la misère de
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3
son enfance dans la littérature et le cinéma . Il affectionne particulièrement les westerns de Joë Hamman, les péplums
comme Quo vadis ?, Les Derniers Jours de Pompéi ou Marc-Antoine et Cléopâtre, mais également les adaptations
cinématographiques des aventures de Zigomar ou Fantômas. Un film le marque profondément, l'adaptation d'un roman de
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Jules Verne, Les Enfants du capitaine Grant, projeté à l'Excelsior .

Jacques Van Melkebeke s'évade également de son quotidien à travers la lecture, une activité qu'il pratique pendant des
heures entières comme cédant à une « boulimie de livres ». Sa mère lui achète une édition du Larousse des écoles mais son
choix se porte davantage sur des ouvrages de fiction. Délaissant les livres de la bibliothèque de son école, il se procure de
nombreux romans de la bibliothèque municipale par l'intermédiaire d'une locataire de son immeuble de la rue des Alexiens.
C'est ainsi qu'il se passionne pour Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas, L'Île du docteur Moreau d'H. G. Wells, les
aventures de Rouletabille ou L'Épouse du Soleil de Gaston Leroux, ou encore les Voyages extraordinaires de Jules Verne,
5
en particulier Les Enfants du capitaine Grant dont il apprend par cœur certains passages . Les fictions d'Arthur Conan
Doyle, Gustave Le Rouge, Paul Féval, Michel Zévaco, Émile Gaboriau, Thomas Mayne Reid, James Fenimore Cooper,
5
Charles Dickens et Erckmann-Chatrian complètent son imaginaire .

Il fréquente chaque dimanche le Vieux Marché de la place du Jeu de Balle pour dénicher à moindre coût de nouvelles
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lectures et découvre des ouvrages plus complexes comme ceux de Victor Hugo, Alfred de Vigny, William Shakespeare ou
encore la Divine Comédie de Dante, mais aussi des lectures pour enfants comme les aventures de Buffalo Bill, de Nat
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Pinkerton, des Pieds nickelés, ou les romans-feuilletons publiés dans L'Intrépide ou Le Petit Illustré .

Jacques Van Melkebeke se passionne également pour les jeux de rues, et fréquente certains garnements du quartier des
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Marolles. Profondément athée, il ressent néanmoins, dès son plus jeune âge, une certaine fascination pour le paranormal .

Études et formation (1916-1924)

Rencontre d'Edgar P. Jacobs et entrée à l'Académie des beaux-arts

En 1916, Jacques Van Melkebeke entre au 4e degré commercial de l'école no 1 de la rue des Sols, en vue d'obtenir un poste
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d'employé aux écritures . Il y rencontre Edgard Jacobs, amateur comme lui de dessin. D'abord rivaux, les deux hommes se
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retrouvent dans la même classe en 1917 et nouent alors des liens d'amitié indéfectibles . Bien que de caractères
dissemblables, Jacobs étant plutôt réservé quand Van Melkebeke se montre volontiers frondeur, voire insolent, les deux amis
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partagent leur passion pour les arts plastiques et la fiction fantastique . Quand ils ne sont pas à l'école, ils se plongent dans
les sept volumes du Nouveau Larousse, fréquentent les musées du parc du Cinquantenaire ou assistent à de nombreux
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opéras et projections cinématographiques .

Pendant l'été 1918, son grand-père meurt et Jacques Van Melkebeke devient l'homme de la maison. Il reçoit une montre et
adopte la coiffure qu'il conserve toute sa vie, avec la raie sur le côté. Sa tenue vestimentaire est plus négligée, ce qui lui vaut
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les reproches de Jacobs qui déplore son absence de sens esthétique et son style bohème . Van Melkebeke affiche son goût
pour le romantisme et une certaine esthétique macabre jusque sur les murs de sa chambre : il acquiert de sinistres objets
décoratifs et recouvre son plafond de peinture noire constellée d'étoiles d'argent. Il se passionne alors pour les œuvres de
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Charles Baudelaire, Edgar Allan Poe et Rudyard Kipling . Jacobs et lui découvrent les premiers films du cinéma
expressionniste allemand, en particulier Le Cabinet du docteur Caligari dont l'atmosphère cauchemardesque les marquent
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durablement .

Les deux amis préparent l'examen d'entrée à l'Académie des beaux-arts de Bruxelles et sont reçus au mois d'octobre 1919 à
la section « Décoration », dirigée par Louis-Charles Crespin. Van Melkebeke choisit l'option « dessin linéaire » tandis que
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Jacobs opte pour la section « tête antique » . Les cours ne le passionnent guère et au début de l'année 1921, Jacques
Van Melkebeke quitte l'Académie pour entrer dans la vie active. Il est engagé à la « Compagnie des Indes » de la rue des
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Sablons en qualité d'apprenti dessinateur de dentelles .

Premiers travaux et cours à l'école de Saint-Josse-ten-Noode

Ce travail répétitif lui convient peu et le soir, il se consacre librement au dessin à la plume et à l'aquarelle en s'inspirant des
œuvres de l'illustrateur anglais Arthur Rackham. Il examine également les ouvrages d'art de la bibliothèque de l'Académie,
recopiant notamment des œuvres de Paul Cézanne, Albrecht Dürer et Gustave Doré. Il étudie par ailleurs pendant plusieurs
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semaines L'Histoire ancienne des peuples de l'Orient classique de l'égyptologue Gaston Maspero .
Jacques Van Melkebeke quitte la Compagnie des Indes au début de l'année 1923 et multiplie les expériences : il travaille
pendant deux semaines dans une agence de dessin publicitaire puis une semaine en tant qu'assistant de Cuyck, le
dessinateur-phare de la revue sportive Englebert Magazine. Il découvre ensuite la retouche de film négatif et propose ses
services aux photographes de la ville. Edgard Jacobs le rejoint dans cette activité qui leur octroie beaucoup de temps libre et
leur permet de se réinscrire aux cours de jour de l'Académie des beaux-arts désormais dirigé par l'architecte Victor Horta,
pionnier de l'Art nouveau. Le soir, ils assistent également aux cours de l'école de dessin de Saint-Josse-ten-Noode, sous la
direction du peintre symboliste Henri Ottevaere. Ce dernier repère vite le sens de la composition de Van Melkebeke et lui
propose de venir dessiner dans sa classe d'après des modèles vivants. Il s'initie alors au nu féminin qui demeure l'un de ses
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sujets de prédilection tout au long de sa carrière .

À la rentrée 1923, ses progrès lui permettent d'intégrer la classe « Faune et flore » du peintre animalier Frans van Damme. Il
y rencontre Jacques Laudy, fils du portraitiste officiel de la famille royale Jean Laudy. Grand admirateur de l'Écosse
médiévale, Jacques Laudy est un jeune homme excentrique qui joue de la cornemuse à partir d'un instrument qu'il a lui-
même fabriqué et qui refuse la technologie moderne. Les deux hommes nouent une solide amitié, partageant leur passion
pour l'étrange et la métaphysique. Van Melkebeke lui présente Jacobs et les trois hommes forment alors un groupe d'amis
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inséparables, s'adonnant parfois au spiritisme .

Peintre en quête de reconnaissance (1925-1940)

En février 1925, Jacques Van Melkebeke est appelé à effectuer son service militaire au 1er régiment de carabiniers établi à la
caserne Prince Baudouin de Schaerbeek. Il intègre la compagnie « Dépôts et parcs » et bénéficie d'un traitement de faveur
en sa qualité de peintre. Il réalise une série de tableaux paysagers pour décorer le mess des officiers puis reçoit la commande
d'une toile monumentale à la gloire des sous-officiers carabiniers morts pour la Belgique, qu'il achève à la veille de sa
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démobilisation, en février 1926 .

De retour à la vie civile, il reprend son travail de retouche photographique et exécute quelques travaux alimentaires, comme
la décoration de la vitrine d'un charcutier bruxellois. Il fréquente notamment le peintre Jacques Maes et prend l'habitude de
lire à voix haute des œuvres de Paul Morand et Georges Simenon pendant les dîners que ce dernier organise avec sa
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femme . À la fin de l'année 1926, Jacques Van Melkebeke présente pour la première fois ses tableaux lors de l'exposition
Jeune Peinture organisée à la galerie Giroux. Il expose l'année suivante à la galerie Kodak mais ne parvient pas encore à
vivre de son art. Un premier acheteur lui propose d'acquérir quelques tableaux en échange d'une somme modeste et de
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quelques vieux vêtements .

En parallèle de ses activités de peinture, Jacques Van Melkebeke s'initie au théâtre avec son ami Edgard Jacobs et campe
quelques rôles de figurants, notamment dans La Malédiction, la pièce en un acte écrite par ce dernier et dont l'action se
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déroule à bord d'un navire pirate . La troupe obtient quelques représentations dans l'agglomération bruxelloise mais son
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succès est très limité , aussi Van Melkebeke choisit d'abandonner la scène. En 1930, il effectue un voyage à Paris pour
visiter le musée du Louvre et admirer les chefs-d'œuvre des grands maîtres de la peinture. De retour à Bruxelles, il suit les
cours du peintre Alfred Bastien grâce au parrainage de l'aquafortiste Désiré Naeyaert. À la fin de l'année, il remporte le
concours de composition, ce qui lui permet pour la première fois de disposer d'un atelier et de disposer d'une bourse qui lui
permet d'engager un modèle pour une durée de cent-cinquante heures. Il travaille comme assistant d'Alfred Bastien qui doit
honorer de nombreuses commandes, et c'est ainsi qu'il réalise, avec l'aide de Jacobs, quatre dioramas sur le thème de la lutte
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contre le feu .

Pour compléter ses revenus, Jacques Van Melkebeke multiplie les tâches. Il travaille un temps avec son ami Jacques Laudy
pour un constructeur de modèles réduits puis donne des cours particuliers de dessin par l'intermédiaire d'un autre de ses
amis, Jean de Wouters (en). Il enseigne également l'histoire de l'art à l'école américaine Washington Hall de Bruxelles, un
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poste qu'il conserve jusqu'en 1940 .

Sur le plan artistique, il prépare une série d'illustrations des œuvres de François Rabelais. L'un de ses amis, l'avocat
anversois Bob Claessens l'encourage à présenter ses œuvres, et c'est chez la sœur de ce dernier qu'il rencontre Ginette
Duchesne, la fille du premier officier belge mort pendant la Première Guerre mondiale. Cette dernière accepte
immédiatement de poser pour lui, et leur relation devient amoureuse. Ils se marient le 8 janvier 1936 et s'installent à Ixelles,
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dans un appartement de l'immeuble situé au no 66 de la rue de Florence . Grâce à son épouse, Jacques Van Melkebeke
prend plus d'assurance en société. En 1937, il entre en franc-maçonnerie, initié à la loge mixte du « Droit humain », mais
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peu sensible aux rituels maçonniques, il démissionne dans le courant de l'année 1938 .
Sa carrière de peintre connaît une nouvelle évolution : en mars 1939, ses œuvres sont exposées dans trois salles du Palais
des Beaux-Arts et reçoivent un accueil favorable. Le critique d'art Richard Dupierreux en dresse un compte-rendu élogieux
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dans Le Soir . Dans le même temps, Van Melkebeke réalise quelques travaux pour la presse. Sous le pseudonyme de
Jack Obs, il assure ainsi la traduction du polar L'Homme insaisissable de l'auteur britannique Seamark, agrémenté
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d'illustrations, pour le journal Spirou .

Activités de journalisme sous l'Occupation (1940-1944)

Premiers articles dans le « Soir volé »

L'invasion de la Belgique par les troupes allemandes le 10 mai 1940 plonge le pays dans le
chaos. Alors que sa femme Ginette et leur fille Chantal suivent l'exode et se réfugient à La
Panne puis Berck-Plage, en France, Jacques Van Melkebeke répond aux appels de
mobilisation générale et tente de rejoindre Ypres, en vain. Il regagne Bruxelles le 28 mai, le
jour de la capitulation belge. Le soir-même, il dîne chez son amie Suzanne Duchaîne, et
cette dernière intercède en sa faveur quelques jours plus tard en l'incitant à rejoindre la
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rédaction du Soir . Premier quotidien du pays en nombre d'exemplaires vendus, Le Soir
poursuit sa publication, malgré le départ de l'ensemble de sa rédaction, sous l'impulsion de
journalistes collaborateurs. La propagande nazie, contre la volonté des propriétaires du
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journal, en fait alors « un instrument privilégié de pénétration de l'opinion publique » , ce
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qui lui vaut d'être surnommé « Le Soir volé » par une partie de la population . Pour
Jacques Van Melkebeke, travailler au Soir est une opportunité car il ne dispose alors pour
vivre que d'une allocation hebdomadaire de 50 francs, versée par le Secours Civil, une
Le Soir, journal « volé »
somme d'autant plus insuffisante qu'il doit entretenir sa mère, trop faible pour quitter le sous l'Occupation.
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pays .

Il est engagé pour animer la page jeunesse du quotidien, contre une rémunération
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hebdomadaire de 600 francs . Il publie son premier article le 20 juin 1940, interpelant ses futurs lecteurs :

« Mes chers enfants, voici une page composée pour vous, dessinée pour vous. Chaque semaine, le jeudi,
vous trouverez ici des choses amusantes, des contes, des images, surtout des images ! Nous nous
promènerons ensemble dans le beau jardin des légendes, nous arrêtant de temps en temps plus longuement
pour une histoire particulièrement passionnante. […] Avez-vous lu mon nom ? Un peu long, un peu difficile
à prononcer, n'est-ce pas ? Eh bien appelez-moi Jacques, l'ami Jacques tout bonnement. Entendu ? »
20
— Le Soir, 20 juin 1940

Il choisit dans un premier temps d'illustrer Les Aventures du Baron de Crac, une adaptation du baron de Münchhausen par
l'humoriste Cami. À partir du 12 juillet suivant, il tient également une chronique hebdomadaire consacrée aux techniques
cinématographiques, intitulée « Du studio à l'écran ». En septembre, il remplace Le Baron de Crac par une adaptation de
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Gargantua, et assure l'illustration des chroniques théâtrales de Marcel Dehaye .

Le Soir-Jeunesse

La page jeunesse du Soir ne satisfait pas pleinement son rédacteur en chef


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Raymond De Becker , aussi ce dernier parvient-il à convaincre le dessinateur
Hergé de rejoindre la rédaction pour créer un nouveau supplément, Le Soir-
Jeunesse, sur le modèle du Petit Vingtième qui assurait la diffusion des Aventures de
Tintin jusqu'à l'invasion allemande. Jacques Van Melkebeke et Paul Jamin, dit
« Jam », assistent Hergé dans la réalisation de ce supplément dont le premier
Logo du Soir-Jeunesse. numéro paraît le 17 octobre. Il contient une nouvelle aventure de Tintin, Le Crabe
aux pinces d'or, mais également Hans le rude, un conte des frères Grimm illustré
23, 22
par Van Melkebeke et publié sur une double page . Le succès du Soir-Jeunesse
est immédiat, et Van Melkebeke y publie ensuite un long roman-feuilleton inspiré de la vie de Buffalo Bill, avant de
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reprendre les Aventures du Baron de Crac .

Entre Hergé et Van Melkebeke, l'entente est parfaite. Ensemble, les deux hommes écrivent deux pièces de théâtre adaptées
des Aventures de Tintin. La première, Tintin aux Indes ou le Mystère du diamant bleu, est jouée à partir du 15 avril 1941 au
Théâtre royal des Galeries de Bruxelles, et c'est lors de la première représentation que Van Melkebeke présente son ami
Edgar P. Jacobs au créateur de Tintin. L'intrigue, inspirée des romans à énigmes
anglais, conduit le héros sur la piste de voleurs d'un diamant entre l'Inde et la
Syldavie. La deuxième pièce, Monsieur Boullock a disparu, est jouée de
décembre 1941 à janvier 1942. Il s'agit alors pour Tintin de retrouver la trace de
l'inventeur d'une machine à détecter la vérité pour reconnaître lequel des deux
hommes prétendant être Monsieur Boullock, un milliardaire, dit vrai. La
collaboration entre Hergé et Van Melkebeke est efficace : il leur faut deux semaines
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pour écrire la première pièce et moins de dix jours pour concevoir la deuxième .

Aux côtés d'Hergé Hergé en 1962.

Entre-temps, la pénurie de papier conduit la rédaction du Soir à supprimer Le Soir-


Jeunesse. Hergé intercède auprès de Raymond De Becker pour que Jacques Van Melkebeke soit conservé. Ce dernier est
alors engagé comme rédacteur fixe, au salaire mensuel de 3 500 francs. Il s'occupe notamment des éphémérides, des
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programmes des spectacles, des faits divers ou encore de la chronique du cinéma, en collaboration avec Georges Pirsch .
En parallèle, Hergé sollicite Van Melkebeke pour qu'il lui fournisse des éléments de scénario afin de bâtir les intrigues de
ses albums. Ce dernier n'agit pas comme un véritable scénariste mais comme un interlocuteur privilégié qui permet au
dessinateur de mûrir ses propres idées. Alors que le contexte d'occupation allemande le pousse à éloigner son héros de
l'actualité et du « sol réaliste » sur lequel il construisait son récit, Hergé se tourne vers une œuvre plus littéraire. Van
25
Melkebeke, qui détient une culture littéraire véritablement encyclopédique, devient le « référent culturel » du dessinateur ,
26
notamment pour la période entre les albums Le Secret de la Licorne et Le Temple du Soleil .

Dans L'Étoile mystérieuse, sa contribution est anecdotique mais elle se reflète dans les nombreuses références aux romans
de Jules Verne qui ponctuent le récit, à savoir l'épisode de l'araignée qui passe sur l'objectif du télescope, inspiré de Hector
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Servadac, ou les champignons qui poussent à grande vitesse, qui rappelle Une fantaisie du docteur Ox .

Le point de départ du Secret de La Licorne repose dans les conversations entre les
deux hommes sur le monde des collectionneurs et des antiquaires, Jacques Van
Melkebeke ayant l'habitude depuis de l'enfance de chiner au Vieux Marché de la
place du Jeu de Balle. Hergé le dessine d'ailleurs au tout début de l'album parmi les
visiteurs du marché, sous les traits d'un homme feuilletant un livre. À travers ce
récit, Van Melkebeke pousse Hergé vers une plus grande complexité narrative.
L'influence de Jules Verne se ressent une nouvelle fois dans l'intrigue, à travers les
trois parchemins délivrant l'emplacement de l'épave de La Licorne, une référence
aux Enfants du capitaine Grant. La séquence consacrée au chevalier de Hadoque,
Le Vieux Marché de la place du Jeu qui constitue une véritable récit enchâssé, est probablement une trouvaille de Van
de Balle aux Marolles, le quartier Melkebeke, inspirée tant par son sujet que par son caractère littéraire d'une séquence
28
d'enfance de Jacques Van du Maître de Ballantrae de Robert Louis Stevenson .
Melkebeke, accueille le début de
l'intrigue du Secret de La Licorne.
Les Sept Boules de cristal est considéré par certains spécialistes de la bande
dessinée comme une œuvre collective dans la mesure où Hergé s'appuie largement
29
sur Van Melkebeke et Jacobs pour composer son récit . Dans cet album, le
dessinateur verse plus franchement qu'il ne l'a jamais fait vers le fantastique, du fait notamment de sa collaboration avec les
30, 31
deux amis qui nourrissent l'œuvre d'abondantes références littéraires, picturales et cinématographiques . D'après Benoît
Peeters, spécialiste de l'œuvre d'Hergé, les références théologiques comme l'idée de la transformation de l'eau en vin par le
prestidigitateur dans la séquence du music-hall, qui évoque l'épisode des Noces de Cana du Nouveau Testament, est une
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idée fournie par Van Melkebeke . De même, la composition de l'intrigue qui court à la fois sur cet album et sur son
suivant, Le Temple du Soleil, doit beaucoup à la lecture de L'Épouse du Soleil, roman de Gaston Leroux paru en 1912, une
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des lectures préférées de Van Melkebeke pendant l'enfance .

Contributions diverses et Nouveau Journal

Dans le même temps, Jacques Van Melkebeke prépare l'exposition de ses peintures à la galerie Breughel, au début de
l'année 1942, qui rencontre un accueil favorable. À partir du mois de mars, il contribue à un nouveau magazine, Les
Hommes au travail, politiquement proche que mouvement rexiste de Léon Degrelle. Il y interroge des personnalités, rédige
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des articles de divertissement et propose quelques illustrations apolitiques . Il participe à un voyage de presse en
Allemagne et en Autriche dont il relate les évènements à son retour dans Les Hommes au travail, sous forme de chronique
34
hebdomadaire, notamment sa visite du Kunsthistorisches Museum de Vienne ou les spectacles berlinois .
En octobre 1942, Jacques Van Melkebeke est licencié par Raymond De Becker et quitte Le
Soir, mais ce dernier le recommande à l'agence propagandiste Belgapress qui l'engage
aussitôt pour un salaire mensuel de 3 700 francs. Il devient également chroniqueur artistique
à Radio Bruxelles tandis qu'en mars 1943, les éditions Maréchal réunissent ses articles
consacrés au folklore du quartier des Marolles, parus l'année précédente dans Le Soir, au
sein d'un ouvrage intitulé Imageries bruxelloises et dont Hergé supervise la maquette. Le
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livre, qui rencontre un grand succès, est édité une seconde fois en septembre . Bien qu'il
ait quitté Le Soir, Jacques Van Melkebeke y contribue épisodiquement : ainsi en
janvier 1943 est publié un court récit de Paul Kinnet et illustré par ses soins sous le
28
pseudonyme de J.-P. Kime, Juck et Jimbo explorent l'histoire . En avril, il quitte Les
Hommes au travail pour rejoindre la rédaction de l'hebdomadaire satirique Voilà, où il opère
35
comme critique de cinéma .

Au printemps 1943, recommandé par son confrère Georges Marlier, il est engagé pour tenir Quotidien collaborationniste,
la critique artistique du quotidien Le Nouveau Journal, dirigé par Paul Herten. Ce Le Nouveau Journal (ici du
quotidien, qui tire à 50 000 exemplaires, est l'une des journaux de référence des milieux 15 août 1941) accueille les
bourgeois et intellectuels francophones, ce qui représente une aubaine pour Jacques Van contributions de Van
36
Melkebeke en dépit de son caractère collaborationniste . Au Nouveau Journal, Van Melkebeke.
Melkebeke développe ses réflexions sur l'art de manière radicale et sans compromis. Il
rejette l'académisme mais s'attaque également à la peinture moderne belge, en particulier le
surréalisme qu'il juge comme un système conventionnel et non une révolution esthétique. Dans ses articles, il adopte un ton
polémiste et se montre sévère à l'égard de grandes figures comme René Magritte, Pablo Picasso, Georges Braque et Raoul
Dufy, tandis que quelques peintres trouvent grâce à ses yeux, notamment James Ensor qu'il considère comme le plus grand
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artiste de son temps, Edgard Tytgat, Alice Frey, Vincent van Gogh ou encore Henri Rousseau .

En janvier 1944, Jacques Van Melkebeke expose pour la deuxième fois ses œuvres à la galerie Breughel et cette
manifestation est un succès sur les plans critique et commercial. Au printemps suivant, L'Insoumis, un bulletin mensuel
diffusé clandestinement par des résistants belges, publie une « Galerie des traîtres » dans laquelle il figure en raison de sa
participation à des journaux collaborationnistes. Dès lors, craignant pour sa sécurité, Van Melkebeke se déplace
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constamment avec un petit revolver en poche . Il poursuit néanmoins son travail au Nouveau journal et accepte de couvrir
à la fin du mois de juin le procès d'une douzaine de résistants impliqués dans un attentat contre l'occupant à Liège. Son
compte-rendu est publié dans l'édition des 1er et 2 juillet 1944 sous le titre « Dix terroristes condamnés à mort » et soulève
contre lui la vindicte de nombreux résistants : c'est d'ailleurs principalement sur la base de cet article qu'il est condamné
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quelques mois plus tard .

Après la Libération (1944-1952)

Arrestation puis lancement de Tintin

Après la libération de la Belgique au début du mois de septembre 1944, Jacques Van Melkebeke est épargné par les
expéditions punitives menées contre les personnalités aux comportements jugés inciviques pendant l'occupation. Il est
toutefois interrogé sur ses activités par la sûreté de l'État, la police judiciaire et des membres du Mouvement national belge,
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avant d'entrer dans la clandestinité pour tenter de se soustraire à la justice . Il se cache un temps de le grenier de
l'appartement de son ami Edgar P. Jacobs, situé sur l'avenue du Couronnement à Bruxelles, avant d'être finalement arrêté et
placé en détention préventive au centre d'internement du Petit-Château à la fin du mois d'octobre. Il profite notamment de
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son incarcération pour rédiger en janvier 1945 un mémorandum intitulé Notes sur mon activité pendant l'Occupation .

Libéré provisoirement au printemps 1945, il se consacre de nouveau à la peinture et répond


aux sollicitations d'Hergé qui lui demande notamment de conseiller un jeune dessinateur,
Paul Cuvelier. Jacques Van Melkebeke participe ensuite à la création du journal Tintin.
Interdit de publication pour avoir collaboré au Soir volé pendant l'occupation, Hergé est
Logo du journal Tintin lors finalement lavé de tout soupçon et autorisé à reprendre ses activités. Il fonde avec l'ancien
de sa création. résistant Raymond Leblanc ce nouveau magazine dont le premier numéro paraît le
26 septembre 1946. Rédacteur en chef du journal, Jacques Van Melkebeke conseille
Edgar P. Jacobs pour la création du Secret de l'Espadon, la première aventure de Blake et
Mortimer, mais contribue lui-même au contenu du magazine avec « Les Frères de la Côte », l'histoire des flibustiers du
e
xvii siècle, la publication en feuilleton de La Guerre des mondes, le roman de H.G. Wells, ainsi qu'un extrait de Zadig, le
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conte philosophique de Voltaire, rebaptisé pour l'occasion « La Chienne de la Reine et le Cheval du Roi » .
Dans les numéros suivants, Jacques Van Melkebeke publie des textes tirés de ses lectures de jeunesse, comme L'art de
planter un clou de Jerome K. Jerome, La Redoute d'Alfred de Vigny, La Pêche miraculeuse d'Erckmann-Chatrian ou
encore Pour guérir un rhume de Mark Twain. Son passé ressurgit néanmoins et, craignant que la présence à la rédaction
d'un « incivique » puisse compromettre la réputation du journal, Raymond Leblanc l'oblige à quitter son poste malgré les
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suppliques d'Hergé . Leblanc affirme d'ailleurs qu'il ignorait tout de la présence de Van Melkebeke au sein de la rédaction
jusqu'à ce que son ami Pierre Ugeux l'en informe, ce que Pierre Assouline et Benoît Peeters, biographes d'Hergé,
42
contestent .

Van Melkebeke poursuit néanmoins son activité clandestine pour le magazine : bien qu'il ne fréquente plus les bureaux de la
41
rue du Lombard, il poursuit ses travaux depuis son propre atelier ou bien au domicile d'Hergé à Boitsfort . C'est d'ailleurs
41
le dessinateur qui le rémunère lui-même, à hauteur de 8 000 francs de salaire mensuel .

Van Melkebeke, modèle de Mortimer

L'incidence de Jacques Van Melkebeke dans la création de Blake et Mortimer, la


série de son ami Edgar P. Jacobs, est essentielle. Pour la création du journal Tintin,
ce dernier envisage dans un premier temps de composer une histoire médiévale,
Roland le Hardi, mais Van Melkebeke l'incite à se tourner vers la science-fiction
dans la mesure où un autre dessinateur du magazine, Jacques Laudy, envisage déjà
43
une aventure se déroulant au Moyen Âge . C'est ainsi que naît Le Secret de
l'Espadon, auquel Van Melkebeke ne se contente pas d'apporter des éléments de
scénario. Tandis que Jacques Laudy inspire le physique du capitaine Francis Blake,
Jacobs s'appuie sur le visage de Jacques Van Melkebeke pour composer celui de
Philip Mortimer, tout en lui retirant ses lunettes et en lui ajoutant une barbe en
collier. Par ailleurs, craignant de ne pouvoir tenir les délais de livraison de ses
dessins, Jacobs confie l'encrage des 18 premières planches de l'aventure à son
43
ami .

L'élaboration méthodique des scénarios de Blake et Mortimer est le fruit des


échanges passionnés entre Jacobs et Van Melkebeke. Si le premier fournit le point
de départ, à partir d'un thème général, les deux amis élaborent ensemble l'intrigue en Edgar P. Jacobs s'inspire de son ami
puisant dans le répertoire de leurs références littéraires et cinématographiques Jacques Van Melkebeke pour
communes. Jacobs garde cependant le dernier mot et reste le seul metteur en scène dessiner les traits de Mortimer.
du scénario, tout en assurant le découpage graphique du récit, mais il consulte
régulièrement Van Melkebeke pour que celui-ci lui apporte un regard critique ou lui
44
fournisse de nouveaux éléments pour dynamiser son intrigue, à la manière d'un script-doctor .

Condamnation et incarcération

Peu après le lancement de Tintin, le procès de Jacques Van Melkebeke s'ouvre le 14 octobre 1946. Il est jugé avec dix-sept
autres prévenus, tous ayant participé à des journaux collaborationnistes sous l'Occupation. Van Melkebeke est finalement
condamné à quatre ans de prison, dix ans d'interdiction d'exposition et 50 000 francs de dommages et intérêts à l'État belge.
Il est toutefois remis en liberté en attendant son placement en détention. Hergé lui maintient sa confiance et le charge
notamment d'assurer la formation des deux dessinateurs qu'il a recrutés pour remplacer Edgar P. Jacobs dans la confection
des albums de Tintin, à savoir Frans Jageneau et Guy Dessicy. Van Melkebeke l'aide également à conclure Le Temple du
Soleil en lui fournissant des éléments de scénario, tout en préparant avec Bernard Heuvelmans le scénario d'une nouvelle
45
aventure qui doit conduire Tintin sur la Lune . Cette première version est finalement rejetée par Hergé qui en conserve
46
quelques éléments pour l'écriture de son propre scénario .

En octobre 1947, le député communiste Fernand Demany prend la parole à la tribune de la Chambre des représentants pour
dénoncer le fait que Van Melkebeke, condamné à une peine de prison, n'a pourtant jamais arrêté. Le peintre est finalement
incarcéré quelques jours plus tard à la prison du Petit-Château. Emprisonné pendant près de deux ans, il garde le soutien de
47
ses amis Edgar P. Jacobs et Hergé, ce dernier le rémunérant toujours pour les travaux qu'il continue d'exécuter . En prison,
Van Melkebeke passe de nombreuses heures à peindre, mais il se consacre également à l'écriture de scénarios complets pour
certains dessinateurs du Journal de Tintin. Il rédige ainsi le scénario des Nouvelles Aventures de Corentin pour Paul
48, 47 47
Cuvelier et Le Voleur de Bagdad, premier épisode des aventures de Hassan et Kaddour pour Jacques Laudy . Il
47
bénéficie finalement d'une libération anticipée et sort de prison au mois de novembre 1949 .

Difficultés financières et rupture avec Hergé

Après sa libération, les liens entre Jacques Van Melkebeke et Hergé se distendent, ce dernier préférant consulter désormais
49
Albert Weinberg pour la construction narrative de ses récits . Par ailleurs, Van Melkebeke ne parvient pas à réunir la
somme réclamée par l'État belge pour s'acquitter de son amende et régler les intérêts qui doivent compenser ses retards de
paiement. Directeur de Tintin, Raymond Leblanc avance finalement la somme. Pour le rembourser, Jacques Van Melkebeke
commence à dessiner, en avril 1951, une histoire en images pour Ons Volkske, le supplément pour la jeunesse du quotidien
flamand Ons Volk Ontwaakt. Cette bande dessinée de 35 pages est une adaptation comique de la vie de l'empereur Charles
Quint, que l'auteur signe sous le pseudonyme de Jean Jacquet. Elle est reprise dans le magazine Chez nous, la version en
langue française d'Ons Volkske, dont Van Melkebeke est nommé rédacteur en chef dès son lancement. Parue sous le titre
50
Les Farces de l'Empereur, l'histoire est diffusée du 7 mai 1956 au 7 janvier 1954 .
50
Cette contribution ne suffit pas à résoudre ses difficultés financières, auxquelles s'ajoute la santé fragile de sa fille Chantal .
La direction éditoriale de Chez nous le laisse d'ailleurs quelque peu indifférent, Van Melkebeke n'hésitant pas à qualifier le
51
magazine, en privé, de « revue vaseuse pour demeurés analphabètes » . Il sollicite néanmoins l'auteur fantastique Jean
Ray, l'un de ses écrivains préférés qui vit alors dans un grand dénuement, pour lui commander une série de contes et
51
nouvelles dans un registre sentimental . Dans le même temps, Van Melkebeke réalise plusieurs maquettes pour le Club
51
international du livre, apportant à ces éditions luxueuses quelques illustrations en trichromie .

Un évènement paranormal entraîne sa rupture définitive avec Hergé : au cours de l'année 1952, dans la maison de
campagne de ce dernier, un portrait du créateur de Tintin peint par Van Melkebeke se décroche brusquement du mur. Une
amie du couple Remi, Bertje Jageneau, qui prétend avoir des dons de voyance et bénéficie d'une grande influence sur
Germaine, la femme d'Hergé, y voit un symbole de « l'aura maléfique » que le peintre exercerait sur le dessinateur. Le
52
tableau est remisé, de même que tous les objets offerts par Van Melkebeke à Hergé . La rupture entre les deux hommes
trouve également son origine dans la collaboration entre Jacques Van Melkebeke et Jacques Laudy pour Hassan et
Kaddour, une série burlesque et naïve à l'imaginaire débridé qui déplaît fortement à Hergé, ce dernier usant de son rôle de
51
directeur artistique pour l'écarter du sommaire de Tintin en 1952 . Au début des années 1960, le dessinateur tente de se
rapprocher de lui en recommandant sa fille Chantal auprès du producteur André Barret qui a pour projet de porter les
53
Aventures de Tintin à l'écran .

Un homme de l'ombre (1952-1972)

Pour contourner l'interdiction d'exposition qui le frappe en Belgique jusqu'en 1957, Jacques Van Melkebeke parvient à
exposer ses œuvres en France, notamment en octobre 1952 à la galerie des Palmes, place Saint-Sulpice à Paris. Ses
illustrations des contes d'Edgar Allan Poe retiennent particulièrement l'attention et reçoivent un accueil favorable dans Le
54
Parisien libéré, Arts et l'Actualité artistique internationale . En 1957, sa première exposition belge depuis la Libération est
55
boudée par une partie de la critique, en raison de son passé d'incivique .

L'un des visiteurs de l'exposition, Max Kleiter, est séduit par les œuvres du peintre, au point de lui commander un grand
nombre de travaux entre 1958 et 1983. Tout en continuant de peindre, Van Melkebeke gagne sa vie par l'écriture. À la
demande de Kleiter, il écrit notamment des scénarios publicitaires pour la firme cinématographique Vandam Kh, et travaille
comme rédacteur et scénariste pour l'agence de presse International Feature Service, qui fournit de nombreux journaux en
articles, dessins humoristiques et bandes dessinées. Dans les années 1960, Van Melkebeke conçoit le scénario de plusieurs
romans-photos pour les revues Libelle et Rosita, assurant à la fois l'écriture des dialogues et des récitatifs et la mise en
56
scène .

En 1967, toujours à la demande de Kleiter, il crée la bande dessinée humoristique Bi-Bip avec le dessinateur Jean-Pol. La
série, qui met en scène deux extraterrestres qui étudient le comportement humain, rencontre un succès international et paraît
simultanément en français dans Le Soir en en néerlandais dans Het Laatste Nieuws. Les sept aventures créées par le duo
sont également diffusées en Suisse dans L'illustré de Genève, aux Pays-Bas dans Sjors, en Espagne dans la revue DDT, en
Afrique du Sud dans Beeld et en Grèce dans Velos. En 1972, deux albums sont édités en Allemagne sous le titre Schlax +
57
Co . En 1971, par l'intermédiaire de l'agence Graph-Lit, Van Melkebeke reprend le scénario de la bande dessinée anglaise
The Wild Wonders de Mike Western, parue dans l'hebdomadaire Valiant. Elle met en scène deux enfants sauvages ayant
grandi sur l'île de Worrag à la suite d'un naufrage. Elle est traduite depuis 1967 dans le mensuel Safari sous le titre Klip et
Klop et parmi les vingt-deux épisodes inédits publiés par la revue, Jacques Van Melkebeke écrit une dizaine de récits
originaux mis en image par le dessinateur espagnol Tomas Porto. L'auteur est pourtant déçu du résultat paru dans la presse
dans la mesure où les éditions Aventures & Voyages, qui diffusent la série, réécrivent ses textes avant l'impression, effaçant
ainsi certaines subtilités humoristiques glissées par l'écrivain. Dans l'un des épisodes qu'il conçoit, L'Île aux maléfices,
Jacques Van Melkebeke reprend certains thèmes développés avec Hergé dans Les Sept Boules de cristal et Le Temple du
58
Soleil . Durant l'année 1972, il écrit également quelques aventures de Johnny Cougar pour le mensuel Captain Swing,
mises en images par le dessinateur espagnol Juan García Quiros, et des intrigues pour la série Belinda pour laquelle il met
58
en avant son goût de l'épouvante .

Avec Sérafine, Jacques Van Melkebeke répond à une nouvelle commande de Max Kleiter qui souhaite s'installer sur le
marché de la bande dessinée érotique. Il conçoit alors l'ensemble de l'aventure, texte et dessins, en puisant dans l'imaginaire
des contes orientaux. Le récit met en scène une femme homoncule dotée d'un grand pouvoir de séduction, attirant tour à
tour une sorcière alchimiste, un chevalier vénitien et un sultan. Cette œuvre ne rencontre pas le succès attendu par Kleiter
59
qui ne parvient à la diffuser que dans une revue néerlandaise des éditions Skorpioen .

Dernières années

Les commandes pour la bande dessinée ne détournent pas Jacques Van Melkebeke de sa passion pour la peinture. Vers
1970, sa fille Chantal lui permet d'éditer une série de 118 lithographies inspirées de la Bible, un travail mené pendant une
60
dizaine d'années à la lecture de l'Ancien Testament, bien que le peintre soit un athée convaincu . Dans un autre domaine, il
est désigné pour rédiger un ouvrage consacré aux phénomènes paranormaux pour la collection « Univers secrets » des
éditions Marabout. Dans cet essai, l'écrivain ne se contente pas de compiler les réflexions de nombreux auteurs sur le sujet,
il expose également ses propres convictions. Les Énigmes de la survivance, publié sous le pseudonyme de Jacques
Alexander en 1972, rencontre un grand succès : traduit dans plusieurs langues, il est vendu à 100 000 exemplaires. Dans la
foulée, il rédige Sans blague, un recueil de mémoires non édité dans lequel il relate les souvenirs de son enfance dans le
quartier des Marolles. Le texte est confié par Edgar P. Jacobs à une dactylographe qui en réalise quelques copies diffusées
61
aux proches de l'écrivain .

En 1977, les frères Daniel et Didier Pasamonik qui veulent éditer en album deux aventures d'Hassan et Kaddour, Les
Émeraudes du Conquistador et Le Voleur de Bagdad, cherchent à convaincre Van Melkebeke de revendiquer son rôle de
scénariste et d'apposer son nom à côté de celui de Jacques Laudy sur la couverture. D'abord réticent, il cède pour le premier
album mais se ravise et demande à ce que les albums suivants paraissent sous le pseudonyme de Jacques Alexander. Il
assure néanmoins la promotion de ces albums en accordant le 14 mars 1979 un entretien télévisé à Anne-Marie La Fère et
Daniel Fano, journalistes à la RTBF. Interrogé pour la première fois publiquement pour ses activités de scénariste, Jacques
Van Melkebeke évoque à l'écran ses participations aux grandes séries que sont devenues Les Aventures de Tintin et Blake et
62
Mortimer .

À la même époque, sa santé se dégrade. Victime d'une thrombose, Jacques Van Melkebeke éprouve dès lors des difficultés
à marcher et se montre incapable de peindre. Il se rend toutefois chaque matin dans son atelier de la rue du Président pour
déposer sur son chevalet une toile inachevée et se donner ainsi l'illusion de poursuivre son travail. Il meurt à Bruxelles le
8 juin 1983. Ses funérailles, discrètes, se déroulent au crématorium d'Uccle, en présence de ses amis Edgar P. Jacobs et
63
Jacques Laudy .

Profil et particularités

Artiste de talent aux origines modestes

Sa culture et ses talents de dessinateur impressionnent ses contemporains, d'autant plus en raison de son origine modeste.
Son ami Edgar P. Jacobs qui l'a connu pendant ses études déclare : « Dessinateur étonnamment doué, lecteur infatigable,
64
s'intéressant à tout, Jacques était le type même de l'autodidacte en culottes courtes » . Rien ne semble prédestiner cet
homme originaire d'un quartier pauvre de Bruxelles à embrasser une carrière artistique, une situation sociale qui le met
longtemps mal à l'aise. Son biographe Benoît Mouchart évoque à ce titre la « violence symbolique » qui s'abat sur Van
Melkebeke malgré les efforts qu'il fournit pour s'extraire du milieu défavorisé qui l'a vu naître : « Entre la trivialité des
Marolles et les mondanités de la bourgeoisie bohème bruxelloise, le fossé est si grand que Van Melk a le sentiment de mener
65
une double vie. Ballotté entre deux pôles sociaux, il n'arrive ni à rejeter l'un, ni à accepter l'autre » .

Jacques Van Melkebeke vit sa carrière artistique comme un échec, loin des rêves de gloire et de l'ambition qu'il formait dans
sa jeunesse. Dans les années 1950, ses œuvres sont d'autant moins reconnues que son passé d'incivique et ses activités au
sein de journaux collaborationnistes sous l'Occupation allemande le rejettent au ban de la société. Ainsi, comme l'explique
son biographe Benoît Mouchart, « alors qu'il devrait être au faîte de sa maturité artistique, il est encore un peintre ne vivant
pas de sa peinture, et un rédacteur anonyme n'éprouvant que de la répugnance pour les tâches subalternes qui lui permettent
66
de payer son loyer » . Cette situation est d'autant plus difficile pour lui que certains de ses proches bénéficient alors d'une
reconnaissance et d'un statut social largement supérieur, bien que certains aient été aussi compromis par les années de
66
guerre, comme Hergé . En 1986, le critique Thierry Groensteen, qui reconnaît en lui un « peintre de talent », affirme que
67
ce « scénariste qui fut toujours relégué dans l'ombre attend encore d'être réhabilité » .

Malgré son travail de scénariste dans l'ombre de grands créateurs, Jacques Van Melkebeke a toujours considéré la bande
dessinée comme un art mineur aux possibilités limitées, un « art hybride entre l'illustration et le roman, et non un moyen
d'expression à part entière ». Eu égard à ses talents de dessinateur, Benoît Mouchart regrette ainsi qu'il ne se soit pas engagé
plu fortement dans cette voie : « En songeant à ses qualités de conteur et à ses dons de graphiste, on se prend à rêver de ce
qu'il serait advenu s'il avait considéré la bande dessinée non comme une corvée alimentaire mais bien comme un art à part
entière. Qui sait ? Van Melk aurait peut-être pu donner à son pays une œuvre assez forte pour lui permettre d'occuper une
68
place de choix dans le Panthéon de la bande dessinée belge. »

Sources d'inspiration

Amateur de cirque depuis son plus jeune âge, ce spectacle vivant demeure l'une des principales sources d'inspiration pour
2
ses peintures : « Je n'aime pas le cirque pour lui-même mais pour son caractère féerique. Les acrobates, les trapézistes, les
chevaux galopants appartiennent pour moi à un monde qui n'est pas le nôtre. Il est permis d'y rêver bien à l'aise et
69
d'abandonner ses soucis lorsqu'on en franchit le seuil » .

Jacques Van Melkebeke est considéré comme l'« homme de l'ombre » de la bande dessinée franco-belge, aussi méconnu
que son influence fut grande à une certaine époque. [réf. nécessaire]

Autres activités

Il encre les premières planches du Secret de l'Espadon pour leur parution en 1946 dans le journal Tintin, mais Edgar P.
Jacobs redessine celles-ci pour la parution en album en 1950. Sa personnalité et sa physionomie auraient été l'une des
sources d'inspiration pour le personnage de Philip Mortimer.

Le peintre et graveur aime à représenter tant des paysages, des portraits, des natures mortes, des figures, des nus et des
70 70
marines . Il est attiré par le monde du spectacle, il évoque avec prédilection les scènes de cirque et les chevaux . Il
70
consacre également un cycle de plus de cent lithographies aux principaux épisodes de la Bible .

Travail pour la presse collaborationniste

Les activités de Jacques Van Melkebeke pendant les années d'occupation allemande au sein de plusieurs quotidiens
propagandistes et collaborationnistes comme Le Soir ou Le Nouveau Journal sont responsables de sa condamnation après la
1
Libération, ce qui l'oblige, jusqu'à la fin de sa vie, à poursuivre son travail sous couvert d'anonymat . Lors de sa première
incarcération à la prison du Petit-Château, il tente de se justifier en rédigeant janvier 1945 un mémorandum intitulé Notes
39
sur mon activité pendant l'Occupation . Il affirme avoir accepté de travailler pour la presse uniquement pour gagner sa vie
et non par adhésion à la politique menée par l'Occupant : « Je ne me suis jamais considéré comme un journaliste
professionnel. Le journalisme n'était pour moi qu'un métier que j'exerçais correctement, mais avec indifférence, parce que
71
mon art ne pouvait hélas ! pas me faire vivre » .

Œuvres
Imageries Bruxelloises, Marechal, 1941, 201 p., ouvrage réédité en 1991 sous le titre Bruxelles au bon
vieux temps : Imageries Bruxelloises, Libro-Sciences, 204 p..
Les Énigmes de la survivance, Marabout, coll. « Univers secrets » (no 397), 1972, 320 p., ouvrage signé
sous le pseudonyme Jacques Alexander.

Van Melkebeke représenté par Hergé


Comme une sorte de dédicace ou de récompense pour son apport dans l'élaboration du scénario de plusieurs Aventures de
72
Tintin, Jacques Van Melkebeke est dessiné à plusieurs reprises par Hergé qui l'insère parmi les figurants de ses albums .
Ainsi Van Melkebeke apparaît pour la première fois dans un strip du Secret de La Licorne publié dans Le Soir le
17 juin 1942 et repris dans la deuxième planche de l'album paru quelques mois plus tard. Il est représenté comme un homme
72
feuilletant un livre devant l'étal d'un brocanteur du Vieux Marché de la place du Jeu de Balle à Bruxelles .

Van Melkebeke est de nouveau représenté lors du travail de refonte et de mise en couleurs des premiers albums de la série,
opéré par Hergé et Edgar P. Jacobs. Il apparaît ainsi dans la première image de la première planche de Tintin au Congo,
72
parmi les journalistes recueillant les déclarations de Tintin avant son départ pour l'Afrique , puis dans la dernière image de
la 59e planche du Sceptre d'Ottokar, parmi les hauts dignitaires qui assistent à la décoration de Tintin par le roi Muskar XII.
73, 74
Sa femme Ginette figure d'ailleurs à ses côtés dans cette même image . Jacques Van Melkebeke est représenté une
dernière fois dans Les Sept Boules de cristal, un récit pour lequel il fournit de nombreux éléments de scénario. Il est dessiné
derrière le général Alcazar parmi les passagers prêts à embarquer pour l'Amérique du Sud. Cette case, présente dans la
72
57e planche de l'album, est prépubliée dans Tintin le 14 novembre 1946 .

Notes et références
1. Mouchart 2014, p. 7-11.
2. Mouchart 2014, p. 13-17.
3. (en) Bas Schuddeboom, « Jacques Van Melkebeke - Jacques Alexander, George Jacquet, J.-P. Kime (12
December 1904 - 8 June 1983, Belgium) (https://www.lambiek.net/artists/v/van-melkebeke_jacques.htm) »,
sur Lambiek, 14 octobre 2023 (consulté le 21 novembre 2023).
4. Mouchart 2014, p. 17.
5. Mouchart 2014, p. 17-20.
6. Mouchart 2014, p. 21-22.
7. Mouchart 2014, p. 25-28.
8. Mouchart et Rivière 2021, p. 27-29.
9. Mouchart et Rivière 2021, p. 31-35.
10. Mouchart 2014, p. 29-33.
11. Mouchart 2014, p. 33-35.
12. Mouchart et Rivière 2021, p. 41-49.
13. Mouchart 2014, p. 35-39.
14. Mouchart 2014, p. 41-42.
15. Mouchart 2014, p. 42-52.
16. Mouchart et Rivière 2021, p. 53-55.
17. Mouchart 2014, p. 52-55.
18. Mouchart 2014, p. 57-59.
19. Pierre Assouline, Hergé, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1996, 820 p. (ISBN 978-2-07-040235-9), p. 241-
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20. Mouchart 2014, p. 61.
21. Mouchart 2014, p. 61-67.
22. Mouchart 2014, p. 67-68.
23. Geoffroy Kursner, Hergé et la presse : Ses bandes dessinées dans les journaux du monde entier,
Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2021, 616 p. (ISBN 978-2-87449-921-0), p. 72-74.
24. Mouchart 2014, p. 68-71.
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30. Mouchart et Rivière 2021, p. 93-100.
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63. Mouchart 2014, p. 211-214.
64. Edgar P. Jacobs, Un opéra de papier : Les mémoires de Blake et Mortimer, Gallimard, 8 décembre 1981,
190 p. (ISBN 2-07-056090-2), p. 28.
65. Mouchart 2014, p. 38-39.
66. Mouchart 2014, p. 187-189.
67. Thierry Groensteen, « Jacques Van Melkebeke », Les Cahiers de la bande dessinée,‎mai 1986, p. 82.
68. Mouchart 2014, p. 205-208.
69. « 20 minutes avec Jacques Van Melkebeke, peintre, journaliste et ketje des Marolles », Voilà,‎
24 juillet 1942.
70. « Biographie d'artiste - Van Melkebeke Jaak (https://peintres.kikirpa.be/Detail_notice.php?id=5774) », sur
Dictionnaire des peintres belges (consulté le 21 novembre 2023).
71. Mouchart 2014, p. 81.
72. Mouchart 2014, p. 103.
73. « Une galerie de portraits tout à fait ressemblants », Géo, Paris « Hors-série », no 1H « Tintin, grand
voyageur du siècle »,‎novembre 2000, p. 36-39.
74. Peeters 2006, p. 262.
Annexes

Bibliographie
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(ISBN 978-2-9600681-0-8).
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Les Impressions Nouvelles, 2014, 221 p. (ISBN 978-2-87449-228-0).
édition revue et augmentée de l'ouvrage À l'ombre de la ligne claire : Jacques van Melkebeke, le
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OCLC 300741741 (https://worldcat.org/fr/title/300741741),
BNF 38912109 (https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb389121093.public), présentation en ligne (https://www.bedetheque.co
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Benoît Peeters, Hergé, fils de Tintin, Paris, Flammarion, coll. « Champs biographie », 2006, 629 p.
(ISBN 978-20812-6789-3, lire en ligne (https://books.google.com/books?id=cGLhkAMreEkC&printsec=frontcover)).
Histoire et fiction hors-série no 1, « BD une histoire française et belge ! », Paris, Oracom, s.d. (2019), p.
59.

Liens externes

Ressources relatives aux beaux-arts : Delarge (https://www.ledelarge.fr/6476_artiste_VAN_MELKEBE


KE_Jacques) · Dictionnaire des peintres belges (http://balat.kikirpa.be/peintres/Detail_notice.php?id=577
4) · MutualArt (https://www.mutualart.com/Artist/wd/2A5AC68A347AED1A) · RKDartists (https://rkd.nl/en/
explore/artists/101456)
Ressources relatives à la bande dessinée : BD Gest' (https://www.bedetheque.com/auteur-6539-BD-.ht
ml) · Lambiek Comiclopedia (https://www.lambiek.net/artists/v/van-melkebeke_jacques.htm)

Notices d'autorité : VIAF (http://viaf.org/viaf/190589936) ·


ISNI (https://isni.oclc.org/cbs/DB=1.2/CMD?ACT=SRCH&IKT=8006&TRM=ISN%3A0000000356735957) ·
BnF (https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb14474853m)
(données (https://data.bnf.fr/ark:/12148/cb14474853m)) · IdRef (http://www.idref.fr/070360979) ·
LCCN (http://id.loc.gov/authorities/n2015057540) ·
Belgique (https://opac.kbr.be/LIBRARY/doc/AUTHORITY/14771435) ·
NUKAT (http://nukat.edu.pl/aut/n%202016235059) ·
WorldCat (https://www.worldcat.org/identities/lccn-n2015057540)

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