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MONNAIES PROVENANT

DE L,ARABIE DU NORD-EST (1)

Dès 1922, une étude exhaustive tout à fait remarquable sur les
monnaies de l'Arabie préislamique était publiée par George Francis
Hill (1). Malgré cela, dans les décennies_ qui suivirent la numisma­
tique ne retint guère l'attention des sudarabisants, alors qu'elle
est primordiale du fait des implications chronologiques qui
résultent du classement des monnaies (1).
Cette publication est toujours précieuse mais désormais incom­
plète ('). C'est ainsi que dans le domaine tout particulier des
imitations d'alexandres avec légende ou lettres sudarabiques (�),
alors que du temps de Hill on ne connaissait qu'une seule monnaie
de ce type, ce sont aujourd'hui cinq séries monétaires,
représentées par un nombre plus ou moins grand d'exemplaires,

(1) La matière de cet article a fait l'objet d'une commurùcation devant le


XXIXe Congrès des Orientalistes qui s'est tenu à Paris du 16 au 21 juillet 1973.
(2) G. F. HILL, Catalogue of the Greek Coins of Arabia, Mesopotamia and Per11ia
(A Catalogue of the Greek Coins in the British Museum), London, 1922 (réédition
anastntique, Bologna, 1965), pp. xliv-Ixxxvi, 45-80 et pl. VII-XI, XLVIII et L.
(3) Ce fait est mis en évidence par Jacqueline PIRENNE; Le Royaume Sud-AraOe
de Qatabân et sa Datation (Bibliothèque du Muséon, 48), Louvain, 1961, pp. 17 et suiv.,
61 et suiv.
(4) Je travaille actuellement à sa mise à jour, afin de tirer parti des progrès accomplis
depuis 1922 par la numismatique grecque, de l'accroissement sensible du nombre des
_ monnaies disponibles dans les médaillera et collections et enfin du renouvellement
complet de la chronologie sudarabique.
(5) Les expressions • nordarabique t et c sudarabique • doivent être comprises
avec un sens urùquement géographique• ce qui appartient, ce qui est relatif à l'Arabie
du Nord ou du Sud •· Ces termes sont préférables à ceux de • nord-arabe , et • sud­
arabe • qui ont une signification ethnique, ce qui préjuge de l'identité des peuples de
l'Arabie du Nord et ne correspond paà à ce qu'on sait des peuples de l'Arabie du Sud.

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MONNAIES PROVENANT DE L'ARABIE DU NORD-EST 85


84 CHRISTIAN ROBIN
Je me propose donc de faire une brève description des monnaies,
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de relever les indices qui permettent de les classer en deux séries
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issues d'ateliers dépendants l'un de l'autre et de les dater; puis
j'interrogerai les autres sources disponibles, surtout littéraires
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et épigraphiques, qui peuvent permettre de situer ces ateliers.


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DESCRIPTION DES MONNAIES

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:':':':':': Comme je l'ai dit ci-dessus, 5 groupes de monnaies, toutes
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monnaies d'Alexandre sont l'objet de cette étude. Avant de les

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décrire, je rappellerai que le conquérant macédonien a frappé

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culièrement d'argent, seul métal dont il sera question dans la
suite de cet exposé. Il a adopté pour ce monnayage l'étalon attique
dont la drachme pèse 4,30 g. Le tétradrachme, qui est le module
I0,'11{ :-::·.'.•, � :. ·.·;,::,• le plus courant, pèse donc idéalement 17,20 g mais en pratique
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s,-a.v·GÎÀT.H!Ï"' \) �p,.t'\P­ �\ toujours un peu moins. Les types les plus utilisés sont :
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au droit : la tête d'Héraclès imberbe coiffé de la peau de lion;
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au revers : Zeus tourné à gauche assis sur un trône et tenant sur
: �,-?- :;.• la main un aigle ou une victoire avec le nom du roi pour légende.
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C::> La frappe d'Alexandre a été si considérable, le poids des monnaies
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si régulier et la qualité de l'argent frappé si parfaite que ces
monnaies ont joui d'une immense popularité. Après la mort du
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roi, ses successeurs immédiats ont continué à frapper aux mêmes
f,1. -i Co..'l.te. types pendant quelques décennies (par exemple jusqu'en 294 en
Macédoine), puis ils ont adopté des types personnels ( 1). Malgré
cela, la frappe des alexandres se poursuit encore pendant plus
de deux siècles. Elle est le fait de cités libres qui trouvent ainsi
le moyen d'émettre une monnaie internationalement reconnue,
mais aussi de villes intégrées au royaume séleucide. Dans ce cas

le vérifier en comparant S. P. NoE, A Uibliography of Greek Coins Boards (The


que les fouilles et les trouvailles fortuites ont mises à jour ( 1). American Numismatic Society, Numismatic Notes and Monographs, n° 78), New York,
Aucune étude d'ensemble de ce monnayage n'ayant été faite, 1937, et l'ouvrage collectif tout récent : Margaret THOMPSON, O. M0RKHOLM and
son existence a échappé jusqu'à présent aux historiens de l'Arabie. C. KRAAY, An Inventory of Greek Coins Boards (International Numismatic Commission),
New York, 1973. Malgré une plus grande rigueur dans la définition des trésors et des
L'objet de cet article sera de remédier à cette lacune. limites chronologiques plus strictes, le nombre des not.ices a sensiblement plus que
doublé.
(1) Voir G. LE RIDER, Numismatique Grecque, dans Annuaire 1970-1971 (École
(1) Les fouilles conduites sur un nombre important de sites anciens et les progrès Pratique des Hautes Études, IV• section, Sciences historiques et philologiques),
des techniques de culture, en particulier la pratique de labours plus profonds, ont Paris, 1971, pp. 247-248.
multiplié pendant les quarante dernières années les découvertes de trésors. On pourra
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il s'agit d'une sorte de compromis entre un monnayage à types - un tétradrachme se trouve dans le trésor n° V de Gordion
propres, symbole de souveraineté, et un monnayage au nom et enfoui vers 200 av. n. è. (poids : 16,50 g) { 1),
aux types du roi, qui impliquerait une complète dépendance( 1). - 2 tétradrachmes proviennent du trésor de Mektepini, bour­
De ce fait jusqu'au milieu du n e siècle av. n. è., c'est-à-dire pendant gade de Phrygie, enfoui vers 190 au moment de la bataille de
les 160-170 ans qui suivent la mort du conquérant, les alexandres Magnésie du Sipyle au cours de laquelle les Romains écrasèrent
seront le numéraire le plus utilisé pour le commerce avec les troupes d'Antiochos III (poids : 16, 73 et 16, 33 g)(2),
l'Orient(1). Dans un tel contexte, on ne s'étonnera pas que ces - un tétradrachme a été trouvé à Tag, dans le l;Iasa, province
monnaies aient été imitées en Arabie. de l'Arabie Séoudite baignée par le Golfe Arabo-persique (poids
Dans la description de ces 5 groupes, je ne parlerai pas du inconnu) {8),
droit (ou avers) qui reprend sans changement le type de droit des - la seule drachme connue, enfin, a été trouvée à Faylaka,
alexandres sans autres variations que sty1istiques(8). Je m'en petite tle du Kuwayt, au cours des fouilles danoises (poids
tiendrai donc aux caractères distinctifs des revers. inconnu) (').
Peut-être est-il possible de joindre à ce groupe une monnaie
1) Les monnaies d'A byala' (voir pl. I, n°s 1-2). de bronze publiée par G. F. Hill(6) ; mais son origine incertaine,
Le Zeus barbu des alexandres est remplacé par un personnage l'absence de légende et l'aigle sur la main de Zeus invitent à tenir
de même allure mais imberbe. Au lieu de porter sur la main un cette attribution pour très douteuse.
aigle ou une victoire, il tient par le milieu un objet difficile à définir,
où on a proposé de reconnaître un chalumeau(') ou une fleur (1). 2) Les monnaies de IfiiriJal, roi de Hagar (voir pl. I, n ° 3).
Ses cheveux sont longs et bouclés à la manière arabe et ses pieds
reposent sur un tabouret. A gauche dans le champ se trouve Le type de revers de ces monnaies comparé à celui des précé­
un alif sudarabique (n)- La légende, qui se lit 'byl' (Abyata') dentes comporte plusieurs innovations. Le personnage assis sur
en caractères sudarabiques, court à droite parallèlement au sceptre le trône tient sur la main une protomé de cheval, au lieu de tendre
et est limitée à droite, sur 3 exemplaires au moins, par une ligne l'énigmatique chalumeau; dans le champ à gauche le 17 est
de grènetis(•). L'imitation est d'assez belle facture mais on notera remplacé par un palmier ; la légende disposée de la même manière
plusieurs maladresses, particulièrement dans le modelé de la se lit maintenant Ifrll(f)mlk(/)Hgr écrit en caractères sudara­
poitrine du personnage. biques; enfin l'ensemble est entouré par un cercle de grènetis.
De ces monnaies, on connaît 5 tétradrachmes et une drachme : Mais on retrouve plusieurs traits communs : le personnage,
- un tétradrachme d'origine inconnue est conservé au Cabinet même s'il est traité de manière beaucoup plus fruste, n'est pas sans
des Médailles de l'Université d'Aberdeen (poids : 16,72 g)(7), rappeler celui de la série précédente ; en outre il est imberbe et
ses pieds peuvent reposer sur un tabouret(6 ) ; enfin sur deux
(1) Sur la signification de la frappe prolongée des alexandres, voir G. LB RIDER, des trois émissions connues la légende est limitée à droite par
Numi,matique Grecque, dans Annuaire 1971-1972, etc., Paris, 1972, p. 239.
(2) Le trésor de Mektepini enfoui vers 190 compte sur un total de 753 tétradrachmes (1) Dorothy H. Cox, Gordion Hoards III, IV, V and VII, dans The American
2/3 environ d'alexandres dont seulement 14 frappés du vivant du roi : voir N. ÜLCAY Numi,matic Society - Museum Notu XII, 1966, n° 38, p. 39 et pl. XII. Les dates des
et H. SEYRIG, Le trésor de Mektepini en Phrygie (Trésors monétaires séleucides, I, trésors aont celles de C. BoBHRINGER, Zur Chronologie mittelhelleniltischer Manz-
Institut français d'archéologie de Beyrouth, Bibliothèque archéologique et historique, 1erien 220-160 v. Chr. (Deutsches Archiiologisches Institut, Antike Münzen und
t. LXXXII), Paris, 1963. geschnittene Steine, Bd V), Berlin, 1972, p. 190 suiv.
(3) Il suffit de noter que dans chacun de ces groupes, la plupart des exemplaires (2) N. ÜLCAY et H. SEYRIG, Le truor de Mektepini..., n°• 654-655, p. 24 et pl. 28.
présentent un cercle de grènetis au droit. (3) F. ALTHEIM et Ruth STll!:HL, Die Araber in der alten Welt, V/1, Berlin, 1968,
(4) N. ÜLCAY et H. SEYRIG, Le trésor de Mektepini... , p. 24. p. 95. F. Altheim a eu l'obligeance de m'envoyer une empreinte du revers de cette
(5) G. F. HILL, Catalogue of the Gruk Coin, of Arabia... , p. lxxxü. monnaie inédite ; je l'en remercie vivement. On verra la photographie du moulage
(6) Exemplaires publiés par G. F. Hill, D. H. Cox et F. Altheim : voir notes 7 qui en a été tiré pl. I, n. 2.
ci-dessous, et l et 3 p. 87. (4) O. M&RKHOLM, Gruk Coins /rom Failaka, dans Kuml, 1960, p. 207 et fig. f>
(7) G. F. HILL, Catalogue of the Gruk Coin, of Arabia..., p. lxxxii-lxxxüi et n ° 1 p. 204.
planche L, 5. Il est reproduit pl. I, n ° l. (6) Catalogue of lht Greek Coins of Arabia... , p. lxxxiii et pl. XI, 23.
Voir aussi SNG I, 2 (1936) : The Newnham Davi, Coin, in the Wiuon Collection (6) C'est clair sur l'exemplaire de Winterthur : voir pl. I, n° 3.
of Claa,Ecal and Eaatun Antiquitiu, Marischal College, Aberdeen, n• 4741 la pièce
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Mi;d,'. \�_'tl)'.;,,_�, .,.;\falH,it partie de la coll�tion l'lewnham Davis qui mo�rut en 187�. · . .
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une ligne verticale continue ou par une ligne verticale de grènetis( 1).,.. On connait à présent 82 tétradrachmes de cette monnaie :
On connaît 3 tétradrachmes de cette sorte dont 2 proviennent - 2 sont d'origine inconnue. Le premier qui est inédit est
du trésor n° 5 de Suse enfoui après 140 av. n. è. (poids : 16,70 conservé au British Museum (poids : 16,23 g; position des
et 16,85 g) ( 2). coins is;,J ( 1) ; du second, seule la photographie d'un moulage du
Le troisième encore inédit est reproduit pl. I, n° 3 (poids revers a été publié par J. Teixidor (poids inconnu)(2),
16,38 g; positions des coins ✓)(3). Sa provenance n'est pas - 2 proviennent du trésor n° 5 de Suse enfoui après 140 av. n. è.
connue. (poids : 16,72 et 16,77 g)(3),
- un a été trouvé sur le site de Tiig dans le I;:Iasà (poids
3) Les monnaies d'Abï'ël (voir pl. I, n°s 4-7). inconnu)('),
- 77 font partie d'un trésor encore inédit, trouvé récemment
Le revers des monnaies de ce groupe, de style tout aussi barbare, par les fouilleurs danois à Bal;irayn(11). Ce trésor ne comportant
est pour l'essentiel identique au précédent, mais la légende en que des monnaies des groupes 3, 4 et 5 qui sont traités dans cet
sudarabique est remplacée par- une légende en araméen (voir exposé, la date de son enfouissement sera fonction des datations
ci-dessous). qui seront retenues pour ces monnaies (poids : de 16,52 à 16,68 g
Les traits communs sont les suivants : le personnage assis sur pour celles qui ont été pesées).
le trône tient sur la main un protomé de cheval; on trouve dans La lecture de la légende araméenne fait encore difficulté. On
le champ à gauche un palmier; bien qu'écrite en araméen la légende y reconnaît aisément le mot br (bar) qui marque la filiation,
est disposée de la même manière; cette légende est limitée à droite séparant deux noms propres. Les quatre lettres qui précèdent
par une ligne verticale de grènetis sur 21 exemplaires sur un total le mot bar sont à lire 'b'l (Abï'ël). Ce nom n'avait pas encore été
de 24 exemplaires dont j'ai une reproduction; sur 20 exemplaires correctement déchiffré, car J. M. Unvala et R. Dussaud avaient
au moins l'ensemble est entouré par un cercle de grènetis; enfin pris le l de forme parfois singulière pour un z( 6) ou un n( 7), et
sur 2 exemplaires au moins les pieds du dieu reposent sur un J. Teixidor s'était mépris sur la valeur de la première lettre, qu'il
tabouret ('). lisait r( 8). Abï'ël est écrit une fois avec un y, de forme quelque peu
La seule innovation, en plus de la légende, est l'apparition sur étonnante, comme mater Lectionis ( 9). Après le mot bar, on ne
un certain nombre d'exemplaires, qui proviennent tous du trésor trouve pas sur toutes les monnaies la même séquence de lettres.
de Ba};irayn, de symboles ou de lettres dont voici le détail (5) :
- sin araméen .sous le palmier : 1 exemplaire,
- aleph araméen sous le palmier : 14 exemplaires( 6),
- tête de taureau de face sous le palmier : 6 exemplaires, (1) Voir pl. I, n• 4. Je suis redevable à G. K. Jenkins, que je remercie de son obli-
geance, d'un moulage de cette monnaie.
- tête de taureau de face sous le palmier et 11 à droite de la (2) Bulletin d'épigraphie sémitique 1970, dans Syria, XLVII, 1970, p. 366.
légende : 2 exemplaires(7). (3) G. LE RIDER, Suse ..., n•• 498/l et 2, p. 202 et pl. XLV.
(4) F. ALTHEIM et Ruth STIEHL, Die Araber in der alten Welt, V/1, Berlin, 1968,
p. 95 et fig. 38 p. 484.
(1) Winterthur et Suse 497/2. (5) Les revers de trois d'entre eux sont reproduits pl. I, n•• 5-7. Je désire remercier
(2) G. LE RIDER, Suse sous les Séleucides et les Parthes (Mémoires de la Mission tout particulièrement O. M0rkholm qui m'a informé de la découverte et de la compo­
Archéologique en Iran, t. XXXVIII), Paris, 1965, n°• 497/1 et 2, pp. 201-202 et sition de ce trésor qu'il publiera prochainement dans Kuml, et qui m'a envoyé des
pl. XLV. photographies des revers des 19 spécimens les plus caractéristiques.
(3) Il est conservé au Cabinet des Médailles de Winterthur (Suisse) ; que M. Bloesch (6) J. M. UNVALA, Notes de numismatique (fouilles de Suse, 1934), 1, Monnaies
qui m'en a aimablement envoyé un moulage trouve ici l'expression de mes remer­ à légendes sémitiques au type d'Alexandre le Grand, dans Revue Numismatique,
ciements. 4• série, tome 38, 1935, pp. 155-158 et pl. V ( l-4).
(4) Dont celui du British Museum; voir pl. I, n° 4 (même coin de droit que (7) R. DussAuo, Sur les chemin$ de Suse et de Babylone, dans itlélanges Franz
Suse 498/2). Cumont, Annuaire de l'Institut de Philologie et d'Histoire Orientales et Slaves, IV,
(5) Les chiffres donnés ci-dessous se rapportent aux 82 exemplaires qui sont connus 1936, fasc. 1, p. 150, n. l .
et non plus aux 23 dont j'ai une reproduction. (8) J. TEIXIDOR, Bulletin d'épigraphie sémitique 1970, dans Syria, XLVII, 1970,
(6) Voir pl. I, où 2 d'entre eux sont reproduits (n °• 5 et 6). p. 366.
(7) Voir pl. I, où l'un d'entre eux est reproduit (n• 7). (9) Sur un des exemplaires du trésor de Bal;irayn : voir pl. I, n• 6.

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CHRISTIAN ROBIN

Sur un groupe, bar est suivi de quatre lettres qui se lisent sans 4) Les monnaies au nom de Sams (voir pl. I, n° 8).
hésitation Tlbs ( 1). Le revers de ces monnaies est une imitation de belle qualité
Sur l'autre groupe, bar est suivi par cinq ou six signes dont les de celui des alexandres, mais avec trois innovations : le personnage
trois premiers se lisent certainement ils ; peut-être doit-on lire assis sur le trône de Zeus est imberbe, il porte un diadème dont les
les deux suivants l et l et le sixième qui n'apparaît que sur un fanons sont visibles, et on lit dans le champ à gauche, écrit en
exemplaire (voir pl. I, n° 7) ' (aleph), ce qui donnerait Tlsll(') (1); caractères sudarabiques, Sms (Sams).
mais il faut considérer cette dernière lecture comme très hypo­ Quatre exemplaires de cette monnaie sont connus, tous des
thétique, d'autant plus qu'elle ne donne aucun nom propre tétradrachmes :
satisfaisant; sans doute sera-t-elle à réviser quand seront dispo­ - L'un, encore inédit, est conservé au Cabinet des Médailles
nibles des photographies de toutes les monnaies du trésor de de la Bibliothèque Nationale (Paris), sa provenance est inconnue
Ba}.irayn. Est-ce que Tlbs et Tlsll(') (?) franscrivent un même (poids : 16,30 g) ( 1).
nom propre qui ne serait pas sémitique (8) ? C'est la seule hypothèse - Les trois autres proviennent du trésor inédit de Ba}.irayn
qui me semble possible, puisqu'on imagine difficilement que deux déjà mentionné (poids inconnus).
Abi'ël, l'un fils de Tlbs et l'autre fils de Tlsll(') (?) aient pu frapper
des monnaies aussi semblables.
5) Les monnaies au sin (voir pl. I, n°8 9-10).
Les monnaies de ce groupe sont toutes des tétradrachmes,
seul module attesté à ce jour. Mais il paraîtrait que de petits Elles ont le même type de revers que celles du groupe 4, mais la
bronzes du même type ont été trouvés dans la Fédération des légende Sams est remplacée par un simple sin sudarabique. On peut
Emirats Arabes. Si ce fait devait se confirmer, on aurait ainsi une les répartir en un sous-groupe (a) où le sin est écrit verticalement
indication précieuse sur l'origine de ces monnaies pui::,que le bronze et un sous-groupe (b) où le sin est couché.
circule beaucoup moins que l'argent ('). Du sous-groupe (a), on connaît 4 tétradrachmes qui proviennent
du trésor n° 5 de Suse, enfoui après 140 av. n. è. (poids : 16,55;
16,70; 16,85 et 16,80 g) (1) et surtout 212 tétradrachmes découverts
(1) C'est particulièrement clair sur la monnaie illustrée pl. I, n° 6; on retrouve cette dans le trésor de Ba}.irayn (poids: de 16,43 à 16,75 g). Ces monnaies
même légende sur la monnaie illustrée pl. I, n° 5 et sur celle publiée par J. Teixidor;
ce dernier avait proposé la lecture Tlmy.
ne sont pas d'aussi belle facture que les précédentes mais leur
(2) J. M. UNVALA, Notes.... , lisait Td, ce que R. DussAuo, Sur lu chemin, de Suse..• , style n'est pas mauvais.
p. 150 n. l, corrigeait en Tanshin. Ce second type de légende sous sa forme courte Le sous-groupe (b) n'est encore représenté que par un nombre
(5 lettres) ae trouve sur l'exemplaire du British Museum, les deux exemplaires du trésor limité de tétradrachmes : les seuls que j'ai pu étudier proviennent
de Suse et l'exemplaire publié par F. Altheim. M. Sznycer et J. Starcky m'ont apporté
un secours précieux dans le déchiffrement de ces légendes ; je les en remercie l'un et
des trésors Gordion I enfoui vers 200 av. n. è. (2 exemplaires
l'autre. pesant 15,89 et 16 g) (8) et Gordion V (même date; un exemplaire
(3) Aucun de ces deux noms n'est attesté dans les langues sémitiques. pesant 16,15 g) (') et du trésor de Faylaka enfoui à une date indé­
(4) La valeur libératoire des monnaies de bronze ou de tout autre métal non terminée après 220 av. n. è., mais sans doute voisine de 210-200
précieux .est négligeable comparée à celle des monnaies d'or, d'électrum ou d'argent.
Il est donc logique qu'elles soient réservées aux petits échanges locaux alors que seules
les secondes servent de moyen de paiement dans les échanges internationaux. Il est
notable, en outre, que pour les trois groupes de monnaies déjà étudiés, et il en sera de
même pour les deux autres, le nombre des monnaies d'un gros module (tétradrachmes)
soit supérieur de manière écrasante à celui des monnaies de petit module (drachmes (1) Il est illustré pl. I, n° 8. Je dois à l'obligeance de G. Le Rider d'avoir pu
et sous-divisions) : 90 tétradrachmes contre une drachme. Ce phénomène est général étudier et mouler cette monnaie. Je l'en remercie ainsi que de ses conseils et encoura­
en numismatique. Pour l'expliquer on peut invoquer que les monnaies de gros module gements qui m'ont guidé en numismatique.
se thésaurisent plus volontiers que les autres pour deux raisons : 1) elles ont un moindre (2) G. LE RIDER, Suse..., n°• 495/1 à 4, p. 201 et pl. XLV (le n ° 495/2 est reproduit
encombrement, 2) il a été démontré que l'usure des monnaies (le frai) n'est pas porpor­ pl. I, n° 10).
tionnelle à leur poids, mais est absolue: la perte de poids d'un tétradrachme est ainsi, (3) Dorothy H. Cox, A Third Century Hoard of Tetradrachms from Gordion (Univer­
à circulation égale, quatre fois inférieure à celle de quatre drachmes. En proportion, sity Museum, Philadelphie-Museum Monographs), 1953, n °• 49 et 50, p. 7 et pl. IV.
les monnaies de gros modules s'usent donc moins et restent plus proches de leur poids (4) Dorothy H. Cox, Gordion Hoards 111..., n° 35, p. 38 et pl. XII.
idéal. Au sujet du frai, voir H. DE NANTEUIL, Le frai du monnaie& d'or et d'argent,
dans Courrier Numilmalique, 16, 1928.
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92 CHRISTIAN ROBIN 93
(12 exemplaires de poids inconnus) (1). Ces monnaies sont d'un
MONNAIES PROVENANT DE L'ARABIE DU NORD-EST

2) La deuxième série qu'on peut dégager rassemble les groupes 4


style très médiocre et, semble-t-il, d'un poids particulièrement et 5. Le personnage du revers est encore imberbe et il est coiffé
faible (2). d'un diadème (dont les fanons sont visibles sur la plupart des
exemplaires), ce qui ne saurait s'appliquer à Zeus dans l'icono­
graphie grecque. Le drapé de son vêtement tombe devant le trône
à distance égale des deux pieds de celui-ci, etc. La parenté de style
évidente, qu'il est inutile de détailler davantage, et le fait que le
ATELIERS QUI ONT FRAPPÉ CES MONNAIES

sïn des monnaies du groupe 5 est sans doute une abréviation


Des descriptions faites ci-dessus, il se dégage immédiatement du mot Saros permettent de considérer que là aussi ces deux groupes
que ces cinq groupes s'ordonnent en deux séries : proviennent d'un même atelier.
1) Une première avec nom de souverain écrit en sudarabique Les deux séries ainsi définies ont également entre elles de grandes
ou en araméen qui comprend les groupes 1, 2 et 3. Ces groupes affinités. On a déjà noté que le personnage du revers ne porte pas
ont en commun une représentation insolite du Zeus des monnaies de barbe. Il faut ajouter à cela qu'elles présentent des parentés
qu'ils imitent; le personnage n'a pas de barbe, l'aigle ou la victoire de style très frappantes : au droit, dans le traitement du profil
qu'on lui trouve toujours sur la main est remplacé par un autre d'Héraclès, et dans celui de la gueule et de la crinière de la tête
symbole; en outre la légende est bordée, le plus souvent, par une de lion qui le coiffe; au revers, dans le modelé de la poitrine du
ligne verticale de grènetis. Tous ces caractères sont inconnus de personnage assis et dans la représentation de son trône. On pourrait
la numismatique grecque; ce sont donc des innovations qui même aller plus loin en constatant que dans chaque série, d'un
suggèrent fortement d'attribuer à ces imitations une même origine. groupe à l'autre, il y a altération continue et parallèle des types;
Ces trois groupes sont encore reliés par le tabouret qui apparaît les monnaies qui ont la plus belle facture sont celles au nom de
(pour une proportion plus ou moins grande de monnaies) sous les Saros : elles n'ont rien à envier aux plus belles monnaies hellé­
pieds du personnage et par la facture des monnaies. Au droit, nistiques; toutes les autres semblent en dériver par imitations
le graveur a traité de la même manière la tête d'Héraclès et la successives selon le schéma :
tête de lion qui le coiffe; on notera tout particulièrement le tracé monnaies au nom de Saros
très caractéristique de la gueule du lion et la crinière faite de trois
rangées de mèches parallèles. Au revers, la ressemblance est monnaies d'Abyaia• 1 Jonnaies au sïn vertical
surtout frappante dans le traitement de la poitrine du personnage 1
et dans celui du trône. Dernier détail, le groupe 1 est encore relié monnaies de Harïtat monnaies au sin couché
au groupe 3 par l'a/if sudarabique. 1
Tous ces indices permettent de conclure avec vraisemblance monnaies d'Abï'ël
que ces trois groupes de monnaies proviennent d'un même atelier,
celui des rois de Hagar : on peut le déduire du titre de J.laritat Les monnaies des deux séries sortent donc d'un même atelier
<<roi de Hagar>>, titre qu'Abyata• et Abi'ël ont vraisemblablement ou de deux ateliers dont l'un a imité les monnaies de l'autre.
porté aussi. Il est possible de préciser davantage en analysant la liste des
sites où ces monnaies ont été découvertes et la nature des trésors
qui en contiennent. Les sites tout d'abord sont les suivants :

Gordion 1 Abyata' ; 3 sin


(1) O. M0rkholm, Greek Coins {rom Failaka, dans Kuml, 1960, pp. 205-206 et
Mektepini 2 Abyata'
Suse 2 J.laritat; 2 Abï'ël ; 4 sin
fig. 3. L'une de ces monnaies est reproduite pl. I, n• 9.

Tag ( J.lasa) 1 Abyata' ; 1 Abï'ël


(2) Les monnaies publiées par G. LE RIDER, Suse... , n• 496, p. 201 et pl. XLV

le M du fait de sa position et de sa forme n'est probablement pas un Ain sudara­ Faylaka (Kuwayt) 1 Abyata' ; 12 sïn
ne me semblent pas appartenir à ce groupe: elles sont d'un style tout à fait différent;

bique; elles s'en distinguent enfin par le symbole de la gazelle. Bal).rayn 77 Abi'ël; 3 Saros; 212 sin

tv.,:., .,.....� ·.,,➔;i._ __


;.'.',•.:0:âii
94 CHRISTIAN ROBIN MONNAIES PROVENANT DE L'ARABIE DU NORD-EST 95

Il apparaît donc que toutes ces monnaies ont été trouvées dans nécessairement aux monnaies d'Abi'ël qui n'apparaissent que
le Golfe Arabo-persique ou sur des routes commerciales qui en dans un seul de ces deux trésors et avec un nombre sensiblement
partaient ( 1). Il est remarquable en outre qu'on ait trouvé sur la moindre d'identités de coin.
plupart de ces sites (à l'exception de Mektepini et de Tag) des Les monnaies de la seconde série (Saros et sïn) ont donc proba­
monnaies de l'une et l'autre série. Cette observation permet de blement été frappées dans un atelier à localiser sur la rive arabe
conclure que ces monnaies devaient circuler ensemble et pourraient du Golfe Arabo-persique. L'origine des monnaies de la première
provenir d'une même région. série (rois de Hagar) est moins assurée; mais les affinités qu'on
Quant à_ la nature des trésors, ceux de Bal),rayn et de Faylakà observe entre les deux séries (style des monnaies et présence sur
présentent deux caractères remarquables : ils sont pratiquement les mêmes sites) amèneraient à situer l'atelier des rois de Hagar
entièrement composés de monnaies indigènes (1) et celles-ci sont dans la même région ou dans une région ayant d'importants
liées entre elles par de nombreuses identités de coins. échanges avec elle.
On retrouve cette même localisation des monnaies au nom de
a) Trésor de Bal),rayn : on se souvient qu'il est composé de Saros par un raisonnement indépendant. Sur le revers de celles-ci,
77 monnaies d'Abi'ël, 3 au nom de Saros et 212 avec sïn vertical, le personnage assis sur le trône est soigneusement différencié
en majorité très bien conservées. Or si on s'en tient aux coins de du Zeus des monnaies grecques qui a servi de modèle
droit, on obserye que 2 ont servi pour les 3 monnaies au nom
de Saros, 15 pour 145 des 212 monnaies avec sïn (3) et 19 pour a) par l'absence de barbe
les 77 monnaies d'Abi'ël. Pour un coin de droit, en y trouve donc b) par le bandeau dont les fanons sont bien visibles.
en moyenne 4 monnaies d'Abi'ël et 10 avec sïn. L'artiste a donc cherché à représenter une divinité qui n'est pas
b) Trésor de Faylakà: les 12 monnaies avec sïn de ce trésor Zeus et que le mot Sams a pour but d'identifier ( 1). Ces monnaies
ont été frappées avec 4 coins de droit ( 4) et 8 coins de revers (6). proviennent donc d'une région où Saros est une divinité de sexe
Si dans un trésor, on observe un grand nombre d'identités de masculin, ce qui exclut l'Arabie du Sud. Or une enquête sur Saros
coin, on ne saurait conclure que l'atelier qui a confectionné ces montre que ce dieu a joui d'une faveur particulière 'à Gerrha
monnaies est proche du site d'enfouissement, du fait de la grande et peut-être plus généralement en Arabie du Nord. Un Gerrhéen
mobilité des monnaies de métal précieux (un lot de monnaies nommé Tèmallatos fait une offrande à Hèlios qui est mentionnée
peut avoir été emporté très loin aussitôt sorti de l'atelier). Mais dans un inventaire de !'Artémision de Délos daté de 141/140 (1).
avec deux trésors, une telle conclusion est vraisemblable, à moins Dans un texte de Cos daté d'environ 200 av. n. è., un certain
d'une coïncidencè extraordinaire. En conséq_uence, l'atelier des Kasmaios, sans doute gerrhéen bien que seules les trois premières
monnaies avec sïn et donc de celles au nom de Saros doit se trouver lettres de son ethnique subsistent, fait lui aussi une offrande
dans une région en contact avec les îles de Bal),rayn et de Faylakà, à Hèlios (8). D'autres textes encore, moins précis sur l'origine
c'est-à-dire probablement le I:Iasa. Ce résultat ne s'étend pas de leurs auteurs, attestent plus généralement la popularité de
Saros en Arabie du Nord, comme ce petit autel de Délos offert
par un arabe à Hèlios ou cette inscription sudarabique dédiée
(1) Il faut toutefois remarquer que toutes les monnaies dont la provenance est par des Nordarabiques à la déesse Saros et q_ui sur dix noms
connue, à l'exception de deux, ont été trouvées dans des trésors qui tous, sauf celui théophores en a cinq composés avec l'élément Saros (4).
de Mektepini, ont été le fruit de fouilles archéologiques, Le fait que dans certaines
régions peu accessibles, et c'est particulièrement le cas de l'Arabie du Nord, aucun
site n'ait encore été exploré interdit de tirer de cet argument des conclusions définitives. (1) Il me semble exclu que Sams soit le nom d'un souverain: c'est un nom propre
(2) Seule une monnaie du trésor de Faylakli est étrangère à l'Arabie. assez rare, et surtout les modifications non négligeables introduites dans le portrait
(3) Les 67 restantes n'ont pas encore été nettoyées. de Zeus me semblent impliquer une relation entre la légende et la figure.
(4) Un coin a servi pour la frappe de 8 monnaies et un autre pour celle de 2. (2) ID (=- Inscriptions de Délos) n° 1444 Aa, 45.
(5) Deux coins ont servi pour la frappe de 2 monnaies et un autre pour celle de 3. (3) Voir H. SEvaro, Antiquités syriennes, Sixième série (Institut Français d'Archéo­
Il est normal de trouver un nombre de coins de revers plus élevé que celui de coins logie de Beyrouth, Publication hors série n° 12), Paris, 1966, p. 142, n. 3.
de droit : le coin de droit, enchâssé dans l'enclume et immobile, fatigue beaucoup (4) ID 2321 et RES 3605 bia (republié sous Ry 547 : voir G. RvcKMANs, Inscriptions
moins lors de la frappe que le coin de revers serré dans le trousseau. aud-arabu, Quinzième série, dans Le Muséon, LXX, 1957, p. 113-117).

l{ ·-'/_
r
1 CARACTÉRISTIQUES DES CINQ GROUPES
tO
MONNAIES NORDARABIQUES 0:,

Éléments se trou- Éléments ne se Nombre total


Autres lieux
Groupe Pl. vant sur toutes trouvant que sur Trésor date total nombre de monnaies
de trouvaille
n•• les émissions certaines connues

-
émissions

l) Abyata' 1-2 Zeus imberbe Gordion V v. 200 100 1 6 Tiig { I;lasii)


chalumeau ('?) Mektepini t:cl
C")

tabouret (Phrygie) v. 190 753 2 Faylaka (Ku- ::l


grènetis vertical wayt) �
légende sudarabi- >
z
que r7
ê
z!!l
après 97 2
. 3
2) I;IAritat 3 Zeus imberbe tabouret Suse n• 5
protomé de cheval 140
palmier
ligne continue ou
de grènetis vert!-
cale (1)
légende sudarabi-
que
cercle de grènetis au
au revers
1
;r �
(,

,
-
-- 1111

---
3) Abl'i!l 4-7 id. (1) tabouret Suse n• 5 après 97 2 82 Tiig
aleph araméen 140
sin araméen Bal_lrayn v. 130 292 77
bucrane
r,
::i::
0
bucrane+'
--- 1:11
Cil

4) Sams 8 Zeus imberbe Bal)rayn v. 130 292 3 4


diadème et fanons
Sms en sudarabi-

-
que
0
1:11

t"'�
5) Avec sin 9-10 Zeus imberbe sin vertical (a) Suse n• 5
>
après 97 4 216
diadème et fanons 140
sin sudarabique Bal_lrayn V. 130 292 212
sin couché (b) FaylakA après 13 12 15 0
0
220
Gordion I v. 200 114 2 �
Gordion V v. 200 100 1 Ël

Cil
>,!

(1) Deux émissions sur trois.


..;i
(2) Ligne de grènetis verticale : 21 émissions sur 24 ; cercle de grènetis au revers : 20 émissions sur 24. tO
-..J

>'
98 CHRISTIAN ROBIN MONNAIES PROVENANT DE L'ARABIE DU NORD-EST 99
Ces données de l'épigraphie pourraient trouver une confirmation remplacement de l'écriture sudarabique par l'écriture araméenne
dans un texte d'Aristobule, repris par Arrien (Anabase d'Alexandre, que le contraire ( 1).
VII, 20, 1) ( 1), selon lequel les Arabes du Golfe Arabo-Persique L'ordre chronologique de ces souverains est donc selon toute
vénèrent deux grandes divinités, Dionysos et Ouranos, cette vraisemblance :
dernière parce qu'« ils la voient et qu'elle contient en elle toutes
les étoiles et particulièrement le soleil de qui vient à l'humanité 1. Abyala', dont le règne doit se situer vers 220-200 av. n. è. (2).
le plus grand et le plus évident des bienfaits. en toutes directions •· Si on peut identifier ce roi avec l'Abyata' des textes sudarabiques
Ja 1012 m et Ja 1013 j (8), au nom de qui un arabe du Nord et
un qatabanite nommés 'Abd'uzzayan et Zayd'il acheminent des
QUAND CES MONNAIES ONT-ELLES ÉTÉ FRAPPÉES ? caravanes à travers une passe non loin de Nagran, on aurait
La date approximative des monnaies• royales hagarites peut une intéressante confirmation chronologique ; en effet, selon
se dégager des trésors monétaires dont les dates d'enfouissement Jacqueline Pirenne, que je remercie pour cette indication, èes
fournissent des termini ante quem ( 11) ; on peut ainsi déduire textes pourraient se situer paléographiquement aux environs de
qu'Abyata' a commencé à frapper monnaie vers 200 av. n. è. 200 av. n. è.
au plus tard, mais probablement un peu plus tôt, peut-être vers 220- 2. J:Iâritat, vers 180-160 av. n. è. (').
210, et que les monnaies de J:Iaritat et Abi'ël sont antérieures
à une date qui se situe vers 140 av. n. è. ou peu après. 3. Abi'ël, vers 150-140 av. n. è. ( 6).
Afin de déterminer dans quel ordre se succèdent ces souverains, Pour O. M0rkholm, les monnaies de ce dernier roi sont à dater
on notera que les monnaies d'Abyata' et de J:Iaritat ont en commun vers 240-230 (•). Son raisonnement est le suivant : les monnaies
une légende écrite en caractères sudarabiques, ce qui interdit au sin couché sont d'un style beaucoup plus dégradé que celles
de les dissocier, et que les monnaies de J:Iaritat et d'Abi'ël sont au sin vertical ; elles leur sont donc certainement postérieures ;
liées par leurs symboles (palmier et protomé de cheval). Deux or puisqu'on trouve trois de ces monnaies au sin couché dans les
successions sont donc théoriquement possibles trésors Gordion I et V enfouis selon lui vers 210, le trésor de
Abyata' - J:Iaritat - Abi'ël Ba}.irayn qui contient des monnaies plus anciennes devrait avoir
ou été enfoui vers '230 av. n. è. avec une marge d'erreur de 15 ans;
les monnaies d'Abi'ël, bien conservées, ne devraient pas être
Abi'ël - J:Iaritat - Abyata' antérieures de beaucoup à cette date. Cette datation me semble
En fait, seule la première succession est acceptable pour diverses sensiblement trop haute pour deux raisons
raisons : - La succession Abyata'-1:Iaritat-Abi'ël me paraît vraisem­
a) le style des monnaies d'Abyata' est moins dégradé et la blable. Comme une date aux alentours de 220-200 pour le premier
graphie de la légende 'byf est plus archaïque que celle de Ifrll (/) de ces rois résulte des trésors de Mektepini et de Gordion V, Abi'ël
mlk (/) Hgr, devrait se situer sensiblement plus tard.
b) l'absence de grènetis sur le revers des monnaies d'Abyata'
(l) Voir ci-dessous, p. 1 18.
est une présomption d'antériorité, (2) G. F. HILL, Catalogue of the Greek Coin, of Arabia..., p. lxxxvii, datait la
c) enfin sur les sites du Golfe Arabo-persique, les inscriptions première monnaie connue de ce roi du 11• siècle av. n. è. O. M&RKH0LM, Greek Coins
découvertes à ce jour, et particulièrement la bilingue haséo­ /rom Failaka..., pp. 20 4 et 207 propose une date vers 150 av. n. è.
(3) A. JAMME, Sabaean and Qasaean Inscriptions /rom Saudi Arabia (Istituto
araméenne publiée par Ruth Stiehl (8) suggèrent davantage un di Studi del Vicino Oriente, Università di Roma, Studi semitici 23), Roma, 1966,
pp. 20-2 1 et 22-23, et pl. 11-111.
(1) Pour les textes d'Arrien, Strabon, Pline et Diodore, je me suis fondé sur le8 (4) Pour G. LE RIDER, Su,e..., p. 202, les deux monnaies de ce roi c appartiennent
éditions de la Loeb Classical Library. probablement au 111• siècle •·
(2) Voir le tableau récapitulatif, p. 96-97. (5) G. Le Rider les date implicitement comme les précédentes, sans préciser si
( 3) F. ALTBEIM et Ruth STIEBL, Die Araber in der alten Welt, Vf'},, Berlin, 1969, elles lui semblent antérieures ou postérieures.
p. 27-30 et fig. 6 (haut) p. 55 2. (6) Dans l'article à paraitre dans Kuml, où il éditera le trésor de BaJ.irayn.

- i��.· .......:.: ,,,.,,,,c:.i


100 CHRISTIAN ROBIN
MONNAIES PROVENANT DE L'ARABIE DU NORD-EST 101
Si même on optait en faveur d'une date plus haute pour 2) Monnaies au sïn vertical. Il faut encore interroger les trésors.
Abyata' (et c'est difficilement acceptable puisque G. F. Hill et Deux en ont produit, ceux de Suse n° 5 enfoui après 140 av. n. è.
O. Morkholm dataient à partir de critères stylistiques les monnaies (4 exemplaires) et de Bal_irayn enfoui à une date qu'il faut encore
de ce roi'du ne siècle), de sorte qu'Abi'ël ait pu régner durant le déterminer (212 exemplaires) (1). On se souvient que le trésor
troisième quart du me siècle, il me semble peu vraisemblable de Bal_irayn prêsente un grand nombre d'identités de coins: pour
qu'à une telle date, en Arabie, dans une région où l'araméen un coin de droit, on y trouve en moyenne 4 monnaies d'Abï'ël
ne semble pas avoir été la langue indigène, cette langue ait été et 10 avec sin (2). Ce dernier chiffre, qui est très élevé, permet
adoptée dans les usages officiels. L'araméen en effet semble alors de supposer que la frappe de ces monnaies avec sïn a eu lieu peu
pratiquement exclu de tout rôle public des rives de la Méditerranée de temps avant la thésaurisation et l'enfouissement du trésor et
aux frontières de l'Inde du fait de la domination séleucide. Au qu'elles ont moins circulé que les monnaies d'Abï'ël. Ces dernières
contraire, ce passage du sudarabique à t'araméen se comprend ayant été datées vers 150-140 av. n. è., les monnaies avec sïn
bien mieux au moment où l'empire séleucide se désagrège après vertical ont donc pu être frappées jusque vers 130 et le trésor
avoir perdu le contrôle de l'Iran puis de la Mésopotamie ( 1 ). enfoui aux alentours de cette date.
Bien des États successeurs adoptent alors l'araméen. Ainsi en Ces datations ne sont pas sans provoquer une anomalie : les
est-il en Perside, en Susiane (Élyméens), en Nabatène ou en monnaies au sïn vertical et au sïn couché dérivent certainement
Judée, etc. (2). de celles au nom de Saros (3) ; or il se trouve que les monnaies
La date des monnaies au nom de Sams ou avec sîn peut se déduire les plus dégradées paraissent les plus anciennes. Pourtant le
par un raisonnement de même type sur les trésors. classement établi ci-dessus : monnaies de Saros, puis monnaies
1) Monnaies au sïn couché : elles se trouvent dans les trésors au sïn couché et enfin monnaies au sïn vertical, me semble plus
de Faylaka enfoui après 220 av. n. è (vers 210-200 ?) et de Gordion 1 vraisemblable malgré cette difficulté car il est clair que ce sont
enfoui vers 200 av. n. è. Les 12 monnaies du trésor de Faylaka les monnaies au sïn couché qui imitent le plus fidèlement les
sont liées entre elles par un grand nombre d'identités de coins (3 ). monnaies au nom de Saros (position, du sïn et modelé du
Elles ont donc peu circulé. Une date aux alentours de 220-200 personnage). Je ne vois aucune explication satisfaisante à ce
av. n. è. répondrait assez bien à ces données. phénomène, sinon l'hypothèse souvent invoquée en pareil cas
mais peu convaincante d'un monnayage de nécessité, frappé
(1) La chronologie de la perte des provinces de l'est n'est pas solidement établie,
hâtivement et sans soin (4).
mais on sait de manière sôre qu'en 141 l'empire parthe s'étend déjà en, Babylonie.
Voir Ed. W1LL, Histoire politique du monde hellénistique (323-30 av. J.C.), t. Il (Annales
3) Quant aux monnaies avec Sams écrit en toutes lettres, seules
de l'Est, Mémoire n• 32), Nancy, 1967, p. 292-298, 336-340 et 342-344. des considérations de style peuvent aider à les dater. Elles ont
(2) On pourra avoir quelques indications sur l'usage de l'araméen à cette époque servi de modèle aux graveurs des monnaies royales et des monnaies
en se référant à A. DUPONT-SOMMER, Les Araméens (L'Orient ancien illustré, 2), avec sïn. Elles sont donc antérieures à ces deux séries, et il n'est pas
Paris, 1949, pp. 91 et suiv. et au choix d'inscriptions publié par H. DONNER und illogique de les dater vers 240-220 av. n. è. La graphie du mot
W. RôLLIG, Kanaanüische und aramüische Inschri{len, Bd II : Kommentar (Zweite,
durchgesehene und erweiterte Autlage), Wiesbaden, 1968. Sur les 79 inscriptions Saros va également dans le sens d'une datation assez haute.
araméennes retenues dans ce recueil, 6 seulement datent de l'époque hellénistique 11 apparaît donc que les deux séries qui ont été dégagées sont
(323-30 av. n. è.). Parmi celles-ci, 2 trouvées au Pakistan et en Afghanistan ont pour chronologiquement parallèles, les monnaies au nom de Saros
auteur le roi indien Asoka (268-233) (n°• 273 et 279). Les 4 autres, provenant de
Cappadoce, d'Arménie et de Géorgie, sont du 11• siècle (n °• 264, 274-5 et 276). L'ouvrage
ne comprend ni les inscriptions nabaté�nnes ni les palmyréniennes. Ce tableau est donc (1) J'ai remis en cause la date qu'O. M0rkholm lui assigne
à compléter pour le nabatéen par l'article de J. STARCKY, Pétra et la Nabatène, dans voir ci-dessus p. 99-100. (vers 230 av. n. è.)
le Supplément au Dictionnaire de la Bible, fasc. 39, Paris, 1964, selon lequel une seule (2) Voir ci-dessus p. 94.
inscription nabatéenne pourrait être antérieure au 11• siècle (figure 696, Il, sous les (3) Voir ci-dessus p. 93.
col. 927-8, et col. 904 et 929). Pour le palmyrénien, voir l'ouvrage du même auteur (4) -On ne saurait retenir l'hypothèse d'un recours à des artiste
intitulé Palmyre (L'Orient ancien illustré, 7), Paris, 1952, selon lequel la plus ancienne des coins des deux meilleurs groupes et à des s grecs pour la gravure
artistes indigènes pour le dernier : le

L
inscription date de 44 av. n. è. (p. 20). tracé maladroit de la légende AAE:SANllPOl'
qui se constate sur toute la série ne
(3) Voir ci-dessus p. 94. s'expliquerait plus.
MONNAIES PROVENANT DE L'ARABIE DU NORD•EST 103
102 CHRISTIAN ROBIN

ou avec sïn étant frappées entre 240 e t 130 environ av. n. è., qui n'ont pas de correspondants précis ( 1) : notre quête des
et les monnaies royales entre 220 et 140 environ. Hagarites se changera donc ici en celle des Agréens (8).
a) Strabon, Géographie XVI, 4, 2 ( = 767) d'après Eratos­
thène (8) indique qu'en suivant une ligne qui va de Pétra de
LOCALISATION DES HAGARITES Nabatène vers Babylone, on longe le territoire des Nabatéens,
des Chaulatéens et en fin des Agréens CAypot(o�).
ies r oyales b) Pline. On trouve trois mentions d'Agréens dans l'Hisloire
Comme je l'ai dit, l'atelier qui a frappé les monna licite qui
est celui des H agar ites ( �). C'est
la d on né e la pl us exp naturelle de Pline. Les deux premières se trouvent dans le cours
d'elle que je
soit fournie p ar les monnaies : c'est donc à partir ries ont été de sa description détaillée de l'Arabie dont j'ai déjà signalé le
a t e lie rs o ù- l es d eux sé
chercherai à localiser le ou les caractère confus . La première prend place au début de l'énumé­
frappées. ration de s tri bus de la presqu'île a rabique qui résident à l'intérieur
disponibles
Pour cela, j e vais passer en revue les diverses sources ays portant des terres et la seconde tout à la fin (Pline, VI, XXXII, 154 et 159).
où se trouve mention d'une tr ibu,
d'une ville ou d'un p L'analyse de cette énumération donne l'impression qu'elle est
le nom de Hagar. composée de trois parties qui se répètent partiellement de l'une
à l'autre. L'auteur qui a dû puiser sa documentation dans plusieurs
e la seconde
1) Les textes accadiens. Une petite inscription d une tribu
so urces ne sa it pas reconnaître une même tribu quand il rencontre
moitié du ne millénaire trouvée à Ba}:irayn mentionne son nom sous des ortho graphes différentes .
ines gutturales,
Agarum (2). Mais comme l'accadien ne note pas certa lent à Hagar. Le paragraphe où se trouve la première mention semble énumérer
va
il n'est pas absolument sû r que ce nom soit équi les tribus qui contrôlent la culture et le commerce de l'encens . ,
On n'y trouve guère de précisions sur la localisation de chacune :
2) La littérature hébraïque ancienne. On y trouve
à deux reprises
nt d e l' a ctuelle Trans- L'énumération commence simplement par « encore au sud» et
mention de H agarites établis à l' or i e
se te rmine par l'indication que leur habitat s'éte nd << de mer
8
jordanie ( ). à mer». Les Agréens (Agraei) y apparaissent entre les Lexianae
tion difficile (Lihyanites ?) et les Cerbani (?). La deuxième mention est plus
3) La littérature gréco-romaine. Elle est d'utilisa nombreuses explicite dans la mesure où les Agréens (Agraei) sont cités immé­
té la mati èr e d e
car, si l'Arabie a été durant l'antiqui ces << orienta­ diatement après une rivière par laquelle !'Euphrate est supposé
études, malheureusement la plupart des œuvres de siste quelque
(q uan d il e n s ub
listes >> ne nous ont été transmi ses
longues ou de
chose) que sous forme de citations plus ou moins ai_n. Il semble (1) Une dernière difficulté n'est pas sans remède : il n'existe pas encore de corpus
des textes gréco-romains traitant de l'Arabie. Mais on pourra trouver des références
m
résumés intégrés dans des· ouvrages de seconde juxtaposer les à là plupart d'entre eux dans A. SPRENGER, Die aile Geographie Arabiens, Bern, 1875
même parfois que l'aute ur se s oit con t en té d e
nt il dispo sait : (réédition anastatique, Amsterdam, 1966) et dans D. H. MüLLER, article Arabia, 1,
diverses données, sans doute mal comprises, do la description Paulys Real-Encyclopiidie der classischen Altertumswissenschaft, Neue Bearbeitung,
c'est ainsi qu'il est très difficile de retrouver dans hrgg. von G. W1ssowA, vol. II, Stuttgart, 1896, col. 344-359 (pour ce dernier ouvrage,
ultés s'ajoutent
de Pline une quelconque cohérence. A ces diffic en l atin ou
j'emploierai désormais l'abréviation PW). Les textes latins et les textes grecs en
traduction latine qui traitent de l'Arabie du Sud ont été réunis par K. CONTI Ros 1N1,
bien entendu celles qui résultent de la trans c r ip tion
i n t a nt es d u sémitique Chrestomalhia arabica meridionalis epigraphica (Pubblicazioni dell'Istituto s per
ues et ch u
en grec des gutturales, emphatiq !'Oriente), Roma, 1931, p. 1-17.
(2) Je néglige bien entendu toutes les mentions de Agra (Egra, etc.) qui se
rapportent manifestement à la métropole du l:IigAz septentrional, aujourd'hui al-1:Iigr.
Voir TKAé, Egra, dans PW, vol. 5, Stuttgart, 1905, col. 2005-2006.
(3) �ratosthène vécut dans les trois· derniers quarts du me siècle : voir KNAACK,
Eratoslhenes, 4) Eratosthenes von Kyrene, dans PW, vol. 6/1, Stuttgart, 1907, col. 369.
(1) Voir ci-dessus p. 92.
Dilmun, dans Journal of Cuneiform Sea informations qui peuvent avoir été de première main se rapportent à l'Arabie
(2) Voir P. B. CORNWALL, Two Letters from de la deuxième moitié du m e siècle. Notons en outre que la mention des Agréena
Studies, VI, 1952, p. 141.
ï'ïm); Ps. LXXXIII/7 (Hagrïm). (•Aypœç) qu'on trouve dans Denis le Périégète, Périég�se, 956, est manifestement
(3) 1 Chr. V/10 (Hagri'ïm),· 19 et 20 (Hagr
d6pendante de ce texte d'�ratosthène.
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MONNAIES PROVENANT DE L'ARABIE DU NORD-EST 105
104 CHRISTIAN ROBIN
en effet toutes les tribus à qui un monnayage est attribué, à l'excep­
se jeter, ce qui pourrait suggérer une localisation dans la région tion peut-être des Qatabanites ( 1 ).
du Golfe Arabo-persique ( 1).
La troisième mention enfin (Pline, VI, XXXII, 161) se trouve c) Ptolémée, Géographie, V, 19, 2, est l'auteur qui localise
dans un passage présenté comm e une synthèse des informations le plus précisément les Agréens ('Aypoc.'i:ot) qu'il mentionne : ceux-ci
2
rapportées par Aelius Gallus ( ). Sept tribus, parmi lesquelles les sont une tribu de l'Arabie déserte (2) qu'on peut si tuer d'après le
Agréens (Agraei), y sont mentionnées avec pour chacune d'elle schéma suivant :
son activité principale. Ces tribus sont-elles toutes à localiser
sur l'itinéraire d'Aelius Gallus du nord au sud de l'Arabie, en
Arabie du Sud seulement, ou bien dans toute l'Arabie ? Il est
exclu, de prime abord, qu'elles soient toutes sudarabiques, hypo­
: (1) Outre les Hagarites, ce sont les Sabéens, les Hadramoutiques et les Himyarites.
thèse sous-jacente à la plupart des interprétations de ce texte Ce serait toutes les tribus, y compris les Qatabanites, si les Cerbanes désignent ces
soit Aelius Gallus rapporte tout ce qu'il a vu, soit au contra ire
dernier. Il y a en effet des arguments pour vocaliser Qtbn : Qitban (et non Qataban).
il fonde son rapport sur tous les renseignements qu'il a obtenus, Or si cette hypothèse était exacte, une déformation de ce nom en Cerbanes ne serait
te
et dans les deux cas il n'y a aucune raison pour qu'il se limi pas impossible.
L'identification des Agraei de Pline a fait l'objet d'avis assez divergents de la part
à l'Arabie du Sud. des auteurs qui en ont traité. Pour les uns les trois mentions se rapportent à une
D'ailleurs la matière même de la description laisse peu de doute : seule. et même tribu à localiser en Arabie du Sud : voir D. H. MüLLER, article Agraioi,
de
Aelius Gallus parle de tribus avec lesquelles il n'a pas eu 3, dans PW, vol. I, Stuttgart, 1894, col. 889; TxAc, article Hagarenoi, dans PW,
contacts, comme les Chatramotites (l:Ia4.ramoutiqu es) et donc vol. 7/2, Stuttgart, 1912, col. 2189 où il renvoie à l'article précédent; et Jacqueline
son récit dépasse le simple rapport oculaire ; en outre il consacre PIRENNE, Le Royaume Sud-Arabe de Qatabân ... , pp. 133, 149-150 et 157. D. H. Müller
ne
toute une série de remarques aux Arabes nomades et donc il et Jacqueline Pirenne précisent leur localisation en se référant aux inscriptions sudara­
biques, mais le premier retient l;lgr (suivant en cela J. H. Mordtmann) tandis que la
e donc que ce rappo rt
se limite pas à l'Arabie du Sud. Il sembl seconde préfère le Tiers dHgr m de la tribu de Sm'y. D'autres auteurs distinguent deux
entende être une description générale de l'Arab ie et que les sep t
tribus. A. SPRENGER, Die alte Geographie Arabiens...., p. 307-308 rapproche les Agréens
tribus qu'il mentionne sont celles qui domin ent non pas la seule de Pline VI, XXXII, 154 du Bilâd l;lagr au I:Iac;Iramawt, tandis que ceux de Pline,
de
Arabie du Sud mais l'ensemble de la péninsule au moment VI, XXXII, 159 seraient à rechercher du côté d'Aden (p. 80 : Agraei = 'Aqàrib,
tribu himyarite). H. von Wissmann retiendrait la première identification de
l'expédition ou peu aupar avant .
A. Sprenger, mais pour les Agréens de Pline VI, XXXII, 161 (article Uranios, dans PW,
Les données de Pline se résument donc ainsi : Supplementband XI, Stuttgart, 1968, col. 1281); quant à ceux de Pline, VI, XXXII,
- une tribu d'Agréens a sa part dans le contrôle de la produc­ 159, à partir d'une nouvelle lecture du texte, il les localiserait sur la rive arabe du Golfe
Arabo-persique (voir Zur Kenntnis von Oslarabien, besonders al-Qafif im Altertum,
tion ou du commerce de l'encens, dans Le Muséon, LXXX, 1967, p. 504; article Zamareni, dans PW, Supplement­
- une tribu d'Agréens a son habitat non loin du Bas-Euphrate, band XI, Stuttgart, 1968, col. 1334 et l'article Uranios cité ci-dessus, col. 1287) et
- une tribu d'Agréens se trouve parmi les sept principales les identifierait aux habitants de la ville de Hagar (voir ci-dessous, pp. 107-108).
(2) Voici la traduction du § 2 dont je suis redevable à Joëlle Beaucamp (Paris) :
tribus qui dominent l'Arabie. � l'Arabie déserte est occupée :
S'agit-il d'une seule et même tribu ? Il ne saurait y avoir, dans a) pour les régions situées près de !'Euphrate par les Kauchabènoi (Kocu)(IXÔl)VOl) ;
l'état actuel des connaissances, de certitude car trop de jalons b) pour celles situées près de la Syrie par les Batanaioi (Boc-rocvociot) ;
manquent pour bien comprendre la description de Pline. Je serais II,
c) pour celles situées près de l'Arabie Heureuse par les Agoubènoi (' AyouÔl)VO() ;
après eux les Rhaabènoi ('PococÔl)vol); et touchant au Golfe Persique le Orchènoi
simplement porté à identifier les Agréens de Pline VI, XXX ('Op)(l)VOl);
monn aie : parmi les sep t t ribus
161 aux Hagarites qui ont frappé ve d) pour les régions situées près de la Babylonie, au-dessous des Kauchabènoi,
auxquelles Pline reconnait la suprématie en Arabie on retrou par les Aiseitai (Alo-e:i-roc1),
au-dessus des Rhaabènoi, par les Masanoi (Moco-ocvo(),
et dans l'intervalle, par les Agraioi (' Aypocîo1) auprès des Batanaioi, et par les
(1) c Oppida Pallon, Murannimal iuxta tlumen per quod Euphraten emergere Martènoi (Mcxpnivo() auprès de la Babylonie •;
putant, gentes Agraei et Ammoni (Pline, VI, XXXII, 159). {d'après le texte établi par C. F. A. NoeeE, Claudii Ptolemaei Geographia, 3 vol.,
(2) Au sujet de l'expédition qu'il a menée depuis la Nabatène jusqu'a Marib, Leipzig, 1843-1845; réédition anastatique en un volume, Hildesheim, 1966, p. 75
capitale du royaume sabéen, en 25-24 av. n. è., voir Jacqueline PIRENNE, Le de la 118 partie).
Royaume Sud-Arabe de Qatabdn et sa Datation (Bibliothèque du Muséon, vol. 48),
Louvain {Université de Louvain, Institut. Orientaliste), 1961, pp. 93 et suiv.
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106 CHRISTIAN ROBIN MONNAIES PROVENANT DE L'ARABIE DU NORD-EST 107
RÉGION naire de Hgr (Hagar) ( 1). Le texte qui la mentionne est, selon
Kauchabènoi DE Jacqueline Pirenne paléographiquement antérieur à 150 av. n. è. (8).
L'EUPHRATE
SYRIE BABYLONIE Le contexte ne précise pas la localisation de Hagar ni s'il s'agit
Batanaioi Aiseitai d'une ville ou d'une tribu. Il y a une forte présomption cependant
Agraioi Martenoi que ce Hagar ne soit pas en Arabie du Sud : comme l'a montré
Masanoi GOLFE J. Ryckmans, aucune hiérodule ne provient du territoire minéen (3),
Agoubènoi Rhaabènoi Orchènoi PERSIQUE
ARABIE H EUR E U S E
et sur les 74 hiérodules dont l'origine est connue, 6 seulement
J>roviennent des établissements minéens installés dans les autres
Ceux-ci se trouvent donc à mi-chemin entre la Syrie et le Bas­ États de l'Arabie du Sud (4).
Euphrate, soit vraisemblablement dans la région de Du.mat Dans une autre inscription d'Arabie du Sud (5), il est question
al-Gandal, d'autant plus que Ptolémée émlmère à la suite de cette de deux femmes dont l'ethnique est Hgrylnhn (fém. duel). Mais
répartition des tribus : il peut très bien s'agir là d'un ethnique proprement sudarabique
au § 3 : les villes et villages situés dans la région proche de formé par exemple sur ,j,Hgr m Tiers de Sm'y ou sur l'un des
!'Euphrate, nombreux noms de lieu formé avec hgr (6).
au § 4 : les villes près de la région du Golfe Persique, 5) Les sources syriaques el arabes. Dans les listes des évêques
au § 5 : les villes de la région intérieure et parmi elles Dümat qui participent aux synodes de l'église nestorienne, on trouve
(âooµe8cx ou âouµcxl8cx) (1). deux fois mention d'un évêque de Hagar. La plus ancienne nous
Ils sont donc certainement à identifier aux Agréens de apprend que Mar Isaac, évêque de Hagar et Pît-Ardasir ne put
Strabon XVI, 4, 2 ( = 767) d'après Eratosthène (11 ) et peut-être se rendre au synode de Mar Ezéchiel (576) mais qu'il fit parvenir
à ceux de Pline VI, XXXII, 159. son adhésion par un diacre nommé Sergius (7). La seconde
d) Étienne de Byzance. On peut rappeler enfin que l'auteur
des Ethnika mentionne aussi les Agréens ('AypcxÏ:oL) mais ne nous
apprend rien de plus à leur sujet : << peuple arabe comme dans (1) Gl 1264+ 1265 : voir K. MLAKER, Die Hierodulenlisten von Ma:Ïn tSammlung
Orientalistischer Arbeiten, 15. Heft), Leipzig, 1943, p. 25-26.
Strabon Livre XVI >> (3). (2) Voir Jacqueline PIRENNE, Paléographie des inscriptions sud-arabes, t. I, Des
4) L'épigraphie sudarabique : son apport n'est pas très explicite. origines jusqu'à l'époque himyarite (Verhandelingen van de Koninklijke Vlaamse
Une hiérodule consacrée à Qarnaw (aujourd'hui Ma'in) est origi- Academie voor ,vetenschappen, Lttteren en Schone Kunsten van België, Klasse
der Letteren. Verhandeling n r 26), Brussel (Paleis der Academiën), 1956, p. 212 et
n. 4 et 5. En dehors de 2 articles de graphie archaïque, les listes dont Gl 1264+ 1265
provient seraient à dater entre 290 et 150 av. n. è. J. RYCKMANS, Les • Hierodulen­
(1) L'ancienne Dümat al-Gandal, aujourd'hui al-Gawf. Pour une description listen , de JWa'ïn et la colonisation minéenne, dans Scrinium Lovaniense, Mélanges
récente du site, voir F. V. WINNETT and V•i. L. REED, Ancient Records (rom North historiques E. van Cauwenbergh (Université de Louvain, Recueil de travaux d'Histoire
Arabia (Near and Middle East Series, 6), University of Toronto Press, 1970, pp. 15 et de Philologie, 4• série, fasc. 24), Louvain, 1961, p. 51, reprend cette datation. Selon
et suiv. (avec références bibliographiques et 7 clichés). On peut consulter aussi l'article Jacqueline Pirenne qui a pu obtenir des reproductions des estampages (la plupart
de A. LEGENDRE, Duma, l, dans Dictionnaire de la Bible, fasc. XIII, Paris, 1898, inédites), l'article où Hagar est mentionné serait légèrement antérieur aux plus récents
col. 1514-1516, et pour l'époque musulmane seulement L. VECCIA VAGLIERI, Dümat (communication orale).
al-Qjandal, dans Encyclopédie de l'Islam (2• édition), t. II, Livraison 32, Leiden, (3) Les « Hierodulenlisten •···, p. 52.
1963, p. 640-640. Le palmier est une des principales ressources de l'oasis, ce qui (4) K. MLAKER, Die Hierodulenlisten ..., p. 43-44; H. von WISSMANN, article Ophir
justifierait assez bien le choix de cet arbre comme symbole monétaire. und I;lawïla, dans PW, Supplementband XII, Stuttgart, 1970, col. 957 et suiv.
(2) Ainsi que le reconnaissent A. SPRENGER, Die alte Geographie Arabiens... , p. 288, (5) CIH 715.
D. H. MüLLER, article Agraioi, 2, dans.PW, vol. l, Stuttgart, 1894, col. 889, et TKAè, (6) En sudarabique, ce mot désigne un cbef-lieu de tribu, avec différents caractères
article Hagarenoi, dans PW, vol. 7/2, Stuttgart, 1912, col. 2189. A. Sprenger les qui varient en fonction des conditions locales : voir A. F. L. BEESTON, Functional
identifierait aux l;Iaggàr, branche des 'Udrà, mais Tkal\ rejette cette hypothèse pour Signiflcance of the Old South Arabian • Town ,, dans Proceedings of the Seminar for
renvoyer à l'oasis de Hagar dans le l;Iasà (voir ci-dessous, p. 107 et suiv.) et aux Banu Arabian Studies Held at the Middle East Center, Cambridge, 22nd and 23rd June 1970,
Hagar (voir ci-dessous, p. 109). p. 26-28 (Comptes rendus ronéotés, 31/34 Gordon Square, London WCIH OPY).
(3) Voir Stephan von Byzanz, Ethnika : Stephani Byzantii Ethnicorum quae super­ (7) Voir Synodicon Orientale ou recueil des synodes nestoriens, publié, traduit
sunt ex recensione Augusti MEINEKII, Berlin, 1849 (réédition anastatique, Graz, et annoté par J. B. CHABOT, dans Notices el Extraits des Manuscrits de la Bibliothèque
1958), p. 20. Nationale et autres bibliothèques, t. 37, Paris, 1902, p. 128 pour le texte syriaque et
p...387 pour la traduction française.
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MONNAIES PROVENANT DE L'ARABIE DU NORD-EST 109
l08 CHRISTIAN ROBIN
H. von Wissmann croit pouvoir retrouver une mention de cette
mentionne Pousai, évêque de Hagar, parmi les évêques du Beit
ville chez Strabon (XVI, 3, 3 = 766) d'après Eratosthène. Le texte
Qatrayé qui se réunirent dans l'île de Darin en mai 676( 1) sous la
dit en effet qu'après avoir longé les côtes de l'Arabie, on parvient
présidence du patriarche Mar Georges Ier(2).
à Gerrha, ville située sur un golfe qui s'enfonce fort avant dans
Il n'est pas douteux que Hagar soit à identifier avec Hagar
les terres ; puis quelques lignes plus loin que « la ville est à 200 stades
ou al-Hagar des sources musulmanes(3). Cette ville qui se trouvait
de la mer>>. La plupart des auteurs ont estimé que << la ville »
dans la partie méridionale de l'actuel J:Iasa (celui-ci au Moyen Age
(� 1t6Àtç) désignait toujours Gerrha et que l'on avait là une indi­
s'appelait Bal;trayn, ou Hagar du nom de cette ville) fut pendant
cation précieuse pour rechercher son site (indication en contra­
plusieurs siècles la capitale du pays : ainsi vers la fin de la domi­
diction d'ailleurs avec la plupart des sources, qui situent Gerrha
nation sassanide, c'est là que résidait le gouverneur persan(').
au bord du Golfe). Selon H. von Wissmann au contraire, << la ville>>
La ville fut détruite durant la révolte des Qarmates et la capitale serait ici à entendre comme la Ville par excellence, ce qui serait
du Bal;trayn transférée ailleurs(6). Un détail à noter, c'est que
la traduction de Hagar en grec( 1). La contradiction apparente
Hagar était très célèbre pour ses palmiers : le proverbe arabe
des sources disparaîtrait de la sorte(11).
« transporter des dattes à Hagar>> est l'équivalent du français On sait enfin qu'une tribu appelée Banu Hagir nomadise de nos
<< porter de l'eau à la rivière>>. Or on se souvient que les monnaies
jours dans la région du Golfe Arabo-persique. Mais d'après l'ouvrage
de J:Iaritat et d'Abi'el ont un palmier comme symbole( 8).
sur les tribus de M. von Oppenheim, elle serait originaire de l'Arabie
Centrale qu'elle aurait quittée il y a quelques 170 ans( 8).
(1) Et non 696 comme on le lit en note 1 p. 482 de l'ouvrage cité ci-dessus.
Que peut-on conclure des informations tirées de ces diverses
(2) Synodicon Orientale, p. 216 pour le texte syriaque et 482 pour la traduction sources ? On peut remarquer qu'une série d'entre elles renvoie
française. Le Beit Qatrayé était une circonscription religieuse nestorienne qui englobait au Golfe Arabo-persique. Une tribu Agarum est attestée à Bal;trayn
la rive arabe du Golfe Arabo-persique et les Iles qui lui font face, dont l'île de Darin. au ne millénaire, des Agréens seraient établis à proximité du Bas­
Pour l'identification de ces noms de lieu, on pourra se reporter à E. SACHAU, Die Iraq selon une nouvelle lecture de Pline VI, XXXII, 159. Enfin
der
Chronik von Arbela, dans Abhandlungen der Kôniglich Preussischen Akademie
Wissenschaften, 1915, Philosophisch-historische Klasse, Nr 6, p. 22 et suiv.
Au sujet Hagar est le nom d'une oasis importante du J:Iasa aux époques
de Hagar, cet auteur propose avec réserve d'y voir la Gerrha de� textes classiques sassanide et musulmane('). Ces données pourraient suggérer
(p. 23). Peut-être est-il bon de remarquer qu'on tient désormais la chronique d'Arbèles
pour un faux, rédigé par A. Mingana : voir J. M. FIEY, Auteur et date de la chronique (1) Voir p. 107 et n. 6.
d'Arbèles, dans L'Orient Syrien, XII, 1967, pp. 265-302, car il n'est pas rare
que l'on
ons (2) Voir H. von W1ssMANN, Zur Geschichte und Landeskunde von All-Südarubien
y fasse référence (voir par exemple P. B. CORNWALL, Ancien! Arabia: Explorati (Sammlung Eduard Glaser III, Oestcrreichische Akademie der Wissenschaften,
in Hasa 191,0-1941, dans The Geographi cal Journal, vol. CVIl/1-2, Jan.-Feb. 1946,
Philologisch-historische Klasse, Sitzungsberichte, 246. Bd, Wien, 1964, p. 193 et
p. 44). n. 421 ; et Zur Kenntnis von Osturabien, besonders al-Qafif, im Altertum, dans Le
(3) Voir Fr. Bu11L, dans Encyclopédie de l' Islam (lr• éd.), t. II, Leyde, 1927, p. 208; Muséon, LXXX, 1967, p. 496 et p. 504 où il met Hagar en relation avec les Agréens
1971,
F. S. VIDAL, al-l;lasii, dans Encyclopédie de l'Islam (2• éd.), t. III, Leiden, (Agraei) de Pline VI, 159 et avec la tribu Agarum du texte akkadien de Bal;lrayn.
d
pp. 244-245; Kitiib mu'gam mii ista'gam, Das geographische Wôrterbuch des Abu'Obei On pourra consulter aussi les cartes, établies par cet auteur, où cette hypothése est
'Abd al-'Aziz el-Bekri, hrgg. von F. WuESTEN FELD, vol. Il, Gottingen ,
'Abdallah ben reprise : carte hors-texte en fin de volume de A. GROHMANN, Arabien (Kulturgeschichte
1877, p. 827 : article Hagar; J. G. LORIMER, Gazeeter of the Persian Gulf, 'Omii11 and des Alten Orients, 3. Abschnitt, 4. Unterabschnitt), dans Handbuch des Altertums­
Central Arabia, vol. II A, Geographical and Statistical, Calcutta, 1908 (rééd.
anast.
WÏBBenschaft, 3. Abteilung, 1. Teil, 3. Bd, München, 1963 et carte des noms de lieux
1970), p. 604. relevés dans Pline VI, 157-159 dans l'article Zamareni II, dans PW, Supplement­
(4) Voir entre autres, J. WELLHAUSEN, Skiz::en und Vorarbeiten, 4. Heft, Berlin, band XII, 1970, col. 1711-1712.
1889, p. 117-119 (§ 42) et 6. Heft, Berlin, 1899, pp. 19-24 (§ 5, Bahrain). (3) nie Beduinen, III, Wiesbaden, 1952, p. 154. C'est sans doute cette tribu dont
(5) Voir M. J. de GoEJE, lvlémoire sur les Carmathes du Bahrain (Mémoires d'Histoire Tkac orthographie le nom Beni Hagar (art. Hagarenoi, PW, vol. 7/2, Stuttgart, 1912,
de
et de Géographie Orientales, n ° 1), Leyde, 1862, pp. 12-13, et S. de SACY, Exposé col. 2189). La relation qu'il établit entre cette tribu et la ville de Hagar dans le l;lasa
la religion des Druzes, Paris, 1838, t. 1, pp. ccxv-ccx vu. perd désormais toute consistance. Au sujet de cette tribu, voir aussi J. G. L0RIMER,
poésie
On pourra compléter ces références avec les mentions de Hagar dans la Gazeeter of the Persian Gulf... , vol. II A, pp. 612-615.
arabe ancienne: voir U. TmLo, Die Ortsnamen in der altarabischen Poesie, Wiesbad
en,
(4) Reconnaitre comme H. von Wissmann la ville de Hagar, dont la première
1958, pp. 51-52. palmier attestation date de la fin du v1• siècle de n. è., dans le iJ 1t6Àtc;; de St.rabon XVI, 3, 3
(6) Il ne faut pas donner à ce rapprochement plus d'intérêt qu'il n'en a; le ( = 766) (voir ci-dessus) est sans doute ingénieux mais bien incertain. Je ne pense
est aussi le symbole du monnayage d'Arados, et on le trouve sur certaines émissions pas qu'on puisse retenir cette hypothèse, et donc que les Agréens de Pline VI, XXXII,
d'�phèse. 169, soient les habitants de eette ville. O. M0rkholm accepte au contraire l'argument
;de H. von Wissmann.
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110 CHRISTIAN ROBIN MONNAIES PROVENANT DE L'ARABIE DU NORD-EST 111
que Hagar était une tribu de l'Arabie orientale dont le nom aurait - le nom propre Abyata' est très rare ( 1),
fini par désigner le site de son principal établissement. Une telle - le royaume de Waite' et d'Abyate' est en étroit
e connexion
évolution sémantique n'est pas sans parallèle ; elle se retrouve avec Du.mat ( 1).
en Arabie du Sud où l'ancienne capitale des Minéens, Qarnaw,
est appelée aujourd'hui Ma'in. Mais cette hypothèse me semble Abyata' est donc attesté au vu e siècle comme nom
de roi dans
bien improbable. Le texte de Pline est d'interprétation difficile ; la région de Du.mat. Dans la mesure où les souv
erains aiment
la ville de Hagar porte un nom qui pourrait être persan selon à porter des noms qui ont été illustrés par leurs
prédécesseurs (8),
les auteurs arabes ( 1); il ne reste donc que la tribu Agarum, mais on aurait là une indication pour situer dans la
même région le
les gutturales n'étant pas notées dans les sources accadiennes, royaume de l'Abyata' qui a frappé monnaie.
on peut rien conclure de cette mention isolée. L'ensemble des données réunies conduit donc
à localiser en
Les sources qui renvoient à l'Arabie "du Nord semblent plus Arabie du Nord, probablement dans les environs
de l'oasis de
décisives. Les données les plus précises sur les Agréens dans les Dümat al-Gandal, la tribu de Hagar (4).
textes gréco-romains sont celles de Strabon (XVI, 4, 2 = 767) Avant de conclure sur l'ensemble des monnaies,
je crois qu'il
d'après Ératosthène et de Ptolémée (V, 19, 2) qui localisent une est utile d'étudier enfin la nature des document
s épigraphiques
tribu de ce nom dans le nord de l'Arabie, peut-être la région de Du.mat de ces r�gions à l'époque hellénistique et de relev
er les indices
al-Gandal. Ces Agréens sont vraisemblablement identiques aux qui les mettent en relation avec les monnaies.
Hagarites de la littérature hébraïque ancienne (1 Chr. V/10, 19 et
20; et Ps. LXXXIll/7), ce qui donne l'assurance que la consonne ini­
tiale de leur nom est bien unh (et non fi ou '). En conséquence, rien ne L'ÉPIGRAPHIE DU NORD ET DU NORD-EST DE L'ARABIE
s'oppose à les identifier avec la tribu de Hagar qui a frappé monnaie.
Peut-être trouve-t-on un argument supplémentaire en faveur C'est un domaine encore assez mal exploré et qui n'a pas fait
de cette locali sation avec l'attestation en 169 av. n. è. d'un roi l'objet de synthèses. Je tenterai donc d'en faire un tableau
des Arabes nommé Arétas (1) chez qui, selon II Macch. V, 8, d'ensemble pour l'époque qui nous concerne, à savoir les me­
Jason se réfugie. Il est frappant de remarquer que cet Arétas, n e siècle av. n. è., tout en poursuivant mon argumentation.
qui ne saurait résider très loin de la Palestine, est contemporain
du l;Hiritat, roi de Hagar, connu par les monnaies. 1) Les inscriptions en caractères sudarabiques.
Enfin on connaît par les sources assyriennes . un certain a) Inscriptions des oasis de l'Arabie du Nord (11).
Abiyate' (8), général de Wayte' ('), roi d'Aribi. Celui-ci, après
que son maître eut été vaincu par les armées d'Assurbanipal En dehors d'un petit nombre de graffites « thamoudéens •,
(668-626) lors de la neuvième de ses campagnes, fut fait roi d'Aribi dont on sait les problèmes de lecture et de datation qu'ils posent,
par les Assyriens à la place de Wayte' ( 1). Cette mention est on ne connaît à présent qu'une seule inscription de quelques
intéressante à deux titres :

(1) Selon le Kilâb mu'gam mâ ista'gam..., Hagar serait la forme arabisée du nom (1) On ne le trouve que cinq fois dans des textes qui sont tous sudarabiques :
persan Hakar. Si c'était exact, Hagar ne pourrait donc pas être identifiée à Gerrha
Ja 192/1 (A. JAMME, Pièces tpigraphiquea de l;leid bin 'Aqtl, la ntcropole de Timna'
(Hagr Ko�ldn) , Bibliothèque du Muséon, vol. 30, Louvain, 1952, p. 80); Ja 872/1
comme le proposait E. Sachau (voir ci-dessus p. 108 n. 2). Une objection encore plus
(A. JAMME, Sorne Qatabanian Inscriptions Dedicaling • Daughter, of God •• dans
décisive à cette identification, c'est que Gerrha (ou les Gerrhéens) est mentionnée
concurremment avec les Agréens dans plusieurs sources : Eratosthène dans Strabon, BASOR, 138, April 1955, pp. 39-47); Ja 1012 m et 1013 j (voir ci-dessus p. 99);
et enfin RJIS 2687/1 (sous la forme l;la.;lramoutique 'byi!').
Ptolémée et �tienne de Byzance.
(2) Voir F. V. W1NNETT and W. L. REEn, Ancient Records... , pp. 71-72.
(2) On considère traditionnellement qu'il s'agit d'un des premiers rois nabatéens;
voir J. STARCKY, Pttra et la Nabatène..., col. 904-905. (3) C'est particulièrement vrai en Arabie du Sud où de nombreux rois portent les
mêmes noms.
(3) a-bi-ia-te-' : on reconnait sous cette graphie accadienne le nom propre arabique
Abyata'. (4) C'est la localisation que lui assigne R. DussAuo, Sur lu chemina de Suse et de
(4) li-a-a-te-' et li-a-a-te. Babylone.•., pp. 145-146.
(5) Il n'est pas question ici de l'abondante documentation en provenance du nord
(5) Trude WEISS RosMARIN, Aribi und A.rabien in dt.n Babr,lonisch-A111yri1chen·
Quellen, Inaugural-Di11Sertation, New York (The Society of Oriental Researeh), 1932, du l;lill'Az.
pp. 25-26.
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112 CHRISTIAN ROBIN MONNAIES PROVENANT DE L'ARABIE DU NORD-EST ll3
lettres( 1). Il n'est pas possible de dire si elle se rattache aux pas facile de déterminer en quelle langue elles sont écrites car
inscriptions minéennes plutôt qu'aux haséennes. Le seul trait ces textes sont d'une pauvreté désespérante. La plupart sont des
notable dans sa graphie est le m fermé( �). pierres tombales réd,igées selon un formulaire qui varie peu,
mentionnant le (ou les) défunt(s), son ascendance, son clan et sa
b) Les inscriptions haséennes. tribu. En dehors de ces pierres tombales, on connaît une inscription
Cette dénomination des inscriptions du Golfe Arabo-persique rupestre (?) (Ja 1049) publiée d'après une copie maladroite de
étant récente et encore peu employée il convient tout d'abord lecture incertaine, une formule Wd'bm (Ja 1054), une marque
d'en préciser le sens. sur le col d'une jarre indiquant certainement une contenance
Il est certainement impropre d'appeler ces inscriptions << sudara­ (Ja 1057) et deux petits fragments de nature incertaine (Ja 1051
biques >> puisque les quelques traits de langue qu'elles révèlent et 1062).
et l'onomastique ne sont pas sudarabiques. La graphie elle-même Les quelques traits de langue qu'on puisse dégager de ces textes
).
ne suit pas servilement les partis adoptés en Arabie du Sud mais sont les suivants :
au contraire innove sur de nombreux points. Comme ces inscriptions - système verbal : un seul mot a été compris comme un verbe,
ne se rattachent pas davantage à une autre catégorie de documents, fqdt (Winnett/4). L'éditeur y verrait un passif 3e p. fém. sing.
il faut accepter la conclusion de F. V. Winnett : << les inscriptions acc9mpli, faute de meilleure solution. On n'a donc aucune attes­
du Golfe Persique présentent un certain nombre de particularités tation de la préformante des verbes factitifs.
épigraphiques et dialectales qui montrent qu'on devrait les placer Peut-être peut-on analyser le n. pr. Hntsr (CIH 699/2 et 4)
dans une catégorie à part>> ( 2). A. Jamme a proposé par la suite comme l'article h- suivi d'un nom d'action à infixe t(VIIIe forme);
de les appeler << haséennes >>(3). Ce choix est judicieux car cette - pronoms suffixes : seul celui de la 3e p. fém. sing. est attesté :
dénomination géographique(') ne préjuge ni de la langue ni du -h (Ry 687/3 et Ja 2129/3). A. Jamme croit reconnaître celui de
nom que se donnaient les auteurs de ces textes. la 3e p. masc. sing. dans Ja 1052/4 sous la forme -sh, mais la lecture
On connaît à présent 27 inscriptions haséennes(5) dont il n'est de ce texte n'est pas suffisamment assurée;
- substantifs au duel ou au pluriel : une seule forme est attestée,
(1) F. V. WINNETT and W. L. REED, Ancient Records ..., Minean Inscriptions, bnl, duel ou pluriel de bnl (Ry 687/4 où il s'agit de deux sœurs);
n ° 1 p. 74 et pl. 2. - assimilation du n : selon G. Ryckmans, il faudrait décomposer
(2) F. V. WINNETT, A Himyaritic Inscription from the Persian Gulf Region, dans le n. pr. Bis" en bi (= bnl)+s(y)'+'; cependant seule la forme
BASOR, 102, April 1946, p. 6.
(3) A. JAMME, Sabaean and l;lasaean Inscriptions..., p. 66-67.
bni se trouve dans les inscriptions pour marquer la filiation
(4) Il en est de même des 'inscriptions • safaitiques • et • sudarabiques •· (Winnett/1; CIH 984 a/5; CIH 985/2-3 et 3; Ja 1043/1; 1045/3
,
(5) CIH 699, 984 a et b {A. JAMME, Sabaean and l;lasaean Inscriptions..., p. 65, n. 2, 1048/2 et 3 (que je lis bn[l]/Sbt/bnt ..• au lieu de bnfirbblf'lt
... ),
a certainement raison de considérer que les deux fragments ne proviennent pas de la 2125/2 et 2129/2;
même inscription) et 985, - apocope du ' : possible dans le n. pr. Yd'b (RES 4685/5-6);
RES 4685,
Cornwall! et 2: voir P. B. CoRNWALL, Ancient Arabia: Explorations in Hasa, 1940-41, - pronoms démonstratifs-relatifs
dans The Geographical Journal, CVII, 1-2, Jan.-Féb. 1946, p. 43-45 et pl.,
Ja 1043, 1044, 1045, 1048 à 1052, 1054 à 1058, 1062 dans A. JAMME, Sabaean and sing. pl.
l;lasaean Inscriptions... , · masc. <J, 'lwt( 1)
Ja 2125 et 2146 dans A. JAMME, The Pre-lslamic Inscriptions of the Riyâdh Museum, fém. <J,'t
dans Oriens Antiquus, IX, 1970, p. 124 et fs. p. 137,
Ja 2129 dans A. JAMME, New Safaitic.and Hasaean Inscriptions from Northern Arabia,
dans Sumer, 25, 1969, pp. 149-50 et fs. pl. 3, est entachée de doute ; la graphie, différente
de celle des inscriptions haséennes, et
Ry 687 et 688 dans G. RYCKMANS, Inscriptions sud-arabes, Vingt-et-unième série, la découverte d'un monument semblable (RES
4975) en Arabie du Sud invitent à
dans Le Muséon, LXXVI, 1963, pp. 419-423 et pl. VI, penser que ce brQle-parfum est sudarabique.
Winnett: voir F. V. W1NNETT, A Himyaritic Inscription from the Persian Gulf Region, Les lieux de trouvailles de ces 27 textes sont
tous situés dans le l;lasa, à l'exception
dans BASOR, 102, April 1946, pp. 4-6; d'un seul, Warka (l'ancienne Ourouk), où
fut découvert CIH 699.
l'origine du petit brûle-parfum publié par T. C. MITCHELL, A South Arabian Tripod (1) 'lwt n'apparait qu'une fois dans un contex
a cru lire •u dans Ja 1048/2, qu'il consid te mutilé (Ja 1053/3). A. Jamme
O(fering Saucer said to be (rom Ur, dans Iraq, XXXI, 1969, p. 112-114 et pl. X:XI ère comme une acriptio defectiva de 'lwt;
:. comm e Je l'ai déjà signalé, sa lecture est à corriger en bnt.

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CHRISTIAN ROBIN MONNAIES PROVENANT DE L'ARABIE DU NORD-EST 115
114
roduisant Ruth Stiehl en déduisent qu'on devait y p arler araméen ( 1).
Ils ne sont attestés que dans la formule g,'l (ou g,'tf'l) int Je ne crois p as que l'argument soit concluant. Par ailleurs, Polybe
arer avec l' b g,ü, fém. g,ât,
le nom de clan ou de tribu : comp
ara e
») ; indique qu'Antiochos III doit se faire traduire une l ettre reçue
pl. masc. ülü et fém. üliit suivi de ii.l « famil le
cas sont des Gerrhéens (1) ; malheureusement, la seule chose qu'on puisse
- absence de nounation et de mimation : seuls deux G(w)t m en conclure, c'est que cette lettre n'était pas en grec. Il n'est donc
diteu int rprèt en
ambigus, Gim (Winnett/4) que l' é
r e e
Wd'b, mais le m est partiellement p as possible de trancher définitivement, mais il est vraisemblable
et Wc.f bm (Ja 1054 : l' é diteur lit
onqu ée). Ces deux exemples de qu'on devait p arler à Gerrha la même langue que dans les régions
visible sur la photographie t r
immédiatement voisines à savoir le dialecte haséen, puis qu'on
mimation vraisemblable sont cert ainement des emprunts au
s'y araméisa.
sudarabique ;
ristiques : Sur la dat e des inscriptions h aséennes, les auteurs qui ont formulé
- onomastique : elle présente quelques traits caracté un avis ont considérablement divergé. C. Conti Rossini, inspiré
(Ry 687/3)
1) noms s e terminant par-' : Smt' (Ry.687/2); Bts" par une chronologie h aute des textes sudarabiques qui a été
et 'ly' (Cornwall 1/1-2) ( ), abandonnée depuis, avançait les v1e-1v e siècle a v. n. è. (8). Tout
1

(1 ), au contrai re, F. V. Winnett, à p artir d'arguments linguistiques


2) noms se terminant par -w : 'ysw (CIH 699/3) et onomastiques très fragiles, optait pour les v e-v1e de n. è. (').
3) noms se terminant par -h : Krlh (CIH 985/2) ( ),
1
S. Smith adoptait une solution voisine quoique moins tranchée :
4685/2-3) quelque part entre les m e et vi e siècle de n. è. ( 6). A. Jamme
4) noms composés de 3 éléments : 'wshn'lt (RES plet au fut le premier à proposer une date plus raisonnable mais à partir
et Rmhn'lt (Ja 1043/2 : le mot est peut-être incom d'argument paléographiques souvent peu convaincants: le ive siècle
début) (3), av. n. è. environ ou un peu plus tard si des traits anciens s 'étaient
et TrtJ,w ..
5) noms avec p réformante t- : Tfi,yw (Winnett/2) maintenus dans cette région excentrique ( 6). Jacqueline Pirenne,
(Ja 1043/1), enfin, dans un avis donné par lettre à F. Altheim au suj et de l a
fqd (être date de Ry 687 et 688, hésitait pour le premier de ces textes entre
- lexique : 'b,; 'b,t, 'fkl, 'l (famille), 'nit, bn, bnt, les environs de 280 ou au contraire de 150-100 av. n. è., et situait
regretté ?), qbr, nfs, wgr (monument), wsl (parent) .
ecte ar abe
le second vers 350-300 av. n. è. ( 7).
La langue de ces inscriptions est certainement un dial L a question peut être reprise grâce au nombre plus grand
sans qu'il soit possible d'être plus précis ('). d'inscriptions publiées. Je commencerai d'abord par quelques
Les sources
Était-ce ce dialecte qui était parlé par les Gerrhéens ? p arlée observations de paléographie :
sur la langu e qui était
littéraires ne nous renseignent pas
à G errha. D'après Strabon XVI, 3, 3 ( = 766), la ville au rait été

s de B bylon e, et F. Alth im et (1) Voir F. ALTHEIM und Ruth STIEHL, Omana und Gerrha, dans Die Araber in
fondée p ar des Chaldéens venu a e
der alten Welt, vol. I, Berlin, 1964, p. 111 et BalJrain und der Untergang Gerrha's,
dans Die Araber in der alten Welt, vol. V/1, Berli n, 1968, p. 165.
(2) Histoires, XIII, 2, 9.
pas r are dans les dialectes de (3) C. CONTI ROSSINI, Storia d'Etiopia, Parte prima (• Africa It aliana ., III),
(1) Forme qui tout comme l a désinence -h n'est
547 = RES 3605 bis (G. RYCKMANS, Bergamo (Istituto I taliano d'Arti Grafiche), 1928, p. 93.
l'Arabie du Nord : voir l'in troduction de Ry 1957, p. 113). Selon (4) F. V. WINNETT, A Himyaritic Inscription ... , p. 5. Voir aussi P. B. CORNWALL,
Quinz èm série, d ns Le Muséo n, LXX,
Inscriptions sud-arabes, i e a
Aramêi ische Inschriften Ancient Arabia... , p. 44 où cette opinion est adoptée.
tisieru ng der Emph aticae,
F. ALTHEIM und Ruth STIEHL, Spiran
r, 1, d ns Die Arabe r in der alten Weil, vol. III, Berlin, 1966, p. 59-61, on (5) Opinion rapportée par H. R. P. and V. P. D1cKSON, Thaj and Other Sites, dans
aus Simbâ a
Iraq, X, 1948, p. 1.
de l'araméen.
pourrait reconnaître dans ce -• l'é tat emphatique (6) Dans R. LeBARON BowEN Jr., The Early Arabian Necropolis of Ain Jawan
(2) Formation fréquente en nab atèen. voir l e
tion est de type lihyanite : {BASOR, Supplementary Studies, n•• 7-9), New Haven, Conn., 1950, p. 25; voi r
(3) G. Ryckmans considère que cette forma aussi A. JAMME, Sabaean Inscriptions from MalJram Bilqts (Mdrib) (Publications
commentaire de RES 4685/2 -3.
es text es (n. pr. se terminant
par-• ou of the American Foundation for the Study of Man, III), Ba ltimore, 1962, p. 267.
(4) On notera que cert ains des caractère s de c rédigées Cet.te opinion est r eproduite par A. GROHMANN, Arabien..., p. 257..
introd uit p r <fi ou 'lwt/'l ) s e retrouvent dans des inscriptions
-h, nom de cl an a
s proba bleme nt déd iées par des _ (7) Voir F. ALTHEIM und Ruth STIEHL, Die Araber in der alten Weil, vol. III,
s n Arabi du Sud, m
en dialecte sabéen et trouvée e e ai
RES 3605 bis).
nord-arabes (CIH 450; RES 4763 et Ry 547 =
116 CHRISTIAN ROBIN MONNAIES PROVENANT DE L'ARABIE DU NORD·EST 117
n, g,, appendice du ' et du l!, : les barres médianes sont toujours styles D-E définis par Jacqueline Pirenne, qu'elle date
obliques, 300 et 180 av. n. è·., si on retient comme traits caractéristentre
- r toujours en demi-cercle, l'ouverture du m et l'élargissement des hampes. Le stade iques
le
- li : la cupule est toujours de forme carrée lJl ( 1), ancien ne saurait être antérieur au style C qui remontera plus
- h et l!, : la cupule est toujours semi-circulaire y � ( 8), environs de 350 av. n. è. si on se fonde sur la médiane obliquit aux
- m : on distingue deux stades, le premier où le m est formé e du n
(suivie par la médiane dès appendices du ' et du l!,) ( 1).
de deux triangles isocèles � (1), le second où le m est ouvert avec Si on admet un certain décalage entre l'apparition d'un
la ligne interne en arc de cercle l] ('), graphique en Arabie du Sud et son imitation dans le I:Iasà style
- les w et' ont un diamètre égal à la hauteur des autres lettres compte tenu de ce qu'il faut abaisser de quelques dizaines et
dans les inscriptions où le m, q1,1and on en trouve un, est au premier d'années
les dates de Jacqueline Pirenne ( 1), les textes haséens doive
stade de son évolution (Cornwall 1; CfH 984 a; RES 4685; se répartir entre vers 300 et vers 130 av. n. è. soit approximatnt
Ja 2129 ?, voir note 4); vement pendant la période où sont attestées les monnaies hasée i­
quand au contraire le m est au deuxième stade de son évolution Si on analyse à son tour la graphie des légendes des monn nnes.
c'est-à-dire ouvert, il y a hésitation sur la grosseur du w dont on remarque : aies,
le diamètre oscille entre des mesures égales à la hauteur et à la
largeur des lettres. Le ' est alors sensiblement plus petit que le w - le li qui a une cupule rectangulaire alors que le h a une
(Winnett, CIH 699, Ry 687, Ja 1043), semi-circulaire ou en fourche (1) (monnaies de l:làritat), cupule
- renflement terminal des hampes : s'il se laisse deviner dans . le r en arc de cercle mais beaucoup plus étroit que le r hasée
(monnaies de l;Iàritat), n
quelques inscriptions, il est surtout particulièrement net dans
Winnett où il prend parfois l'apparence de véritables apex. - lem fermé et le sïn de forme symétrique à celle du m (mon
de l:làritat et de Saros), naies
On peut tirer deux conclusions de ces observations. La première,
c'est que la graphie des textes haséens subit une évolution parallèle - le ' relativement petit (monnaies d'Abyata'),
à celle des textes sudarabiques (ouverture du m, élargissement - le k avec hampe verticale ou légèrement inclinée qui rappe
des hampes) malgré certaines options différentes dans l'établisse­ assez bien ceux du I:Iasà (voir CIH 699/5 et Ja 1052/2) (mon lle
de l:làritat). naies
ment du canon des lettres. La seconde, c'est que la graphie a peu
évolué et donc que ces textes ne doivent pas s'étaler sur une longue On constate donc une parenté certaine entre les graph
période de temps. Deux stades seulement peuvent être distingués : monnaies hagarites et celles des inscriptions haséennes,ies des
aussi des différences non négligeables. Là aussi, on mais
- le plus ancien avec m fermé et w et ' de diamètre égal à la est amené
hauteur des lettres,
- le plus récent avec m ouvert, w tendant à devenir de taille (1) On remarquera que dès le stade ancien, le d. a
ses transversales obliques, le
plus réduite, • beaucoup plus petit et sporadiquement élargissement · parti adapté pour le n, le ' et le !J lui étant étendu
. C'est une innovation qui ne sera
des hampes. La comparaison de ces caractères graphiques avec reprise en Arable du Sud que beaucoup plus tard
: pendant toutes les périodes dont
il a été question, le 4 sudarabique a les transv
ceux qu'on observe en Arabie du Sud permet de suggérer une ersales horizontales. Les dates que j'ai
attribuée s aux différents styles sudarabiques
datation approximative. Le stade le plus récent s'apparente aux sont celles que Jacqueline Pirenne
adopta en 1956 (c'est-à-dire celles de Paléog
raphie... ). Mais il est établi désormais
que les dates des derniers styles doivent
être abaissées de quelques dizaines d'années
en raison du resse�ement intervenu dans
la chronologie des rois de Saba' et i;JO-Raydan
(1) CIH 984 a; Ja 1044, 1048, 2129 et 2146; Winnett. (un siècle selon J. RYCKMANs, La chrono
logie des rois de Saba et gü-Raydàn, Publi­
(2) h : CIH 699, 985; RES 4685;_ Ja 1043, 1044, 1045, 1052; Ry 687; cations de l'Institut historique et arché
ologique néerlandais de Stamboul, XVI),
!J : Ja 1052, 2129, 2146; Ry 687. Ista nbul, 1964, pp. 28-29, mais ce n'est
qu'une approximation provisoire dans l'attente
L'opposition de forme entre � d'une part et !J-h d'autre part permet de restituer d'une étude d'ensemble des graphies de
cette période intermédiaire).
avec sécurité la première lettre de Ry 688/3 : )tiymn. (2) En dehors de ces monnaies nordarabiqu
�aractère ne se retrouve qu'une fols, es et des inscriptions haséennes, ce
(3) CIH 984 a; Cornwall 1; Ja 1048 et 1052 et Ry 688. dans
(4) Wlnnett, Ry 687 et Ja 1045. Dans Ja 1043, 1051 et 2129 ('l), lem a une forme RES 3427, gravée sur un sarcophage trouvéune inscription tenue pour minéenne :
.particuliers. J. RYCKMANs, Les • Hierod en �gypte, de contenu et de graphie
de passage. d'un stade à l'autre (Ja 2129 n'est connu que par un fac-similé ce qui ulenlisten •..., p. 54, n. 2 la date du ne siècle
ne permet pas une analyse paléographique rigoureuse). ;•v;n. è.

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CHRISTIAN ROBIN
MONNAIES PROVENANT DE L'ARABIE DU NORD-EST 119
118
à admettre des influences réciproques mais à repousser l'hypothèse b) l'une de ces deux séries est le monnayage d'un royaume
d'une même origine. de Hagar que les sources littéraires invitent à situer en Arabie du
Quant aux monnaies au nom de Sams, les lettres du mot Sams Nord peut-être dans la ré�ion de Dümat al-�andal(I). La graphie
_,
ne sont pas assez caractérisées pour pouvoir formuler un avis. des legendes de ces monnaies ne permet d'ailleurs pas de localiser
Notons enfin, d'un point de vue chronologique, que les monnaies l'atelier qui les a frappées dans le l;lasà(l1),
de I:Iàritat et de Sams qui un un m fermé sont en relation avec c) la seconde série au contraire, celles des monnaies au nom
le stade le plus ancien des inscriptions haséennes ; celui-ci pourrait de Sams, n'est pas sans relation avec le l;lasà puisque le culte de
donc durer jusque vers 160 av. n. è(1). _
ce dieu est bien attesté à Gerrha(8).
Je crois que ces données ne sont pas contradictoires. Les
2) Les inscriptions araméennes. Hagarites occuperaient, à Dümat, une position clé sur l'une des
En dehors d'un petit monument portant trois lettres dont on peut deu� routes caravanières qui relient le Golfe Arabo-persique à la
douter qu'elles soient araméennes(1), on ne connaît encore que Méditerranée('). Ils ont pu exploiter cet avantage et contrôler
trois inscriptions toutes trouvées dans le l;lasa(3). Les vestiges quelque temps cette voie commerciale.
de l'une d'elles sont particulièrement intéressants car ils se trouvent Le départ de cette piste côté Golfe Arabo-persique est sans
sur la partie basse de la stèle qui porte le texte haséen Ja 1052. c?nteste à Gerrha(6). On ne connaît pas exactement le site de la
Ce texte, avec son m ouvert, appartient certainement au groupe ville(8), �ais. il est assuré que �•est un entrepôt important pour
le plus récent des inscriptions haséennes. On peut donc en conclure la redistribution des marchandises, sans rival jusqu'à la refon­
avec vraisemblance que l'écriture sudarabique a été en compétition dation d'Antioche en Spasinou Charax (7).
avec l'araméenne puis supplantée par elle. On retrouve donc dans _ de traiter à nouveau une question que les monnaies
A défaut
les inscriptions la même succession sudarabique-araméen que dans �� rdarab1ques ne permettent pas de renouveler, je ne rappellerai
les légendes des monnaies. 1c1 que quelques données de base. Tout d'abord il semble que

(1) Voir ci-dessus p. Ill.


ESSAI DE SYNTHESE (2) Voir ci-dessus p. 117-118.
(3) Voir ci-dessus p. 95.
(4) L'autre route étant celle qui remonte le cours de !'Euphrate.
L'ensemble des données réunies peut se résumer ainsi : (5) Voir TKAé, article Gerrha, 2, dans PW, vol. 7/1, Stuttgart, 1910, col. 1270-1272,
a) deux séries de monnaies étroitement apparentées proviennent où les sources gréco-romaines qui mentionnent cette ville sont discutées.
(6) W. E. JAMES, On the location of Gerrha, dans F. ALTHEIM et Ruth STIEHL
de la rive arabe du Golfe Arabo-persique ou d'une région proche Die Araber in der alten Welt, vol. V/2, Berlin, 1969, pp. 36-57, a tenté de faire Je point
ayant avec elle d'étroites relations('), sur cette question débattue. Sa bibliographie sera à compléter avec H. von W1ssMANN,
Zur �enntnia von Ostarabien... (spécialement p. 496 et suiv.). En tout état de cause,
on sait que Gerrha se trouve sur le continent en face de l'lle de Bahrayn.
si on se réfère à (7) La �ibliogra�hie sur les échanges commerciaux entre le �onde hellénistique
(1) Ce qui serait sensiblement plus tard qu'en Arabie du Sud et ses fourrusseurs orientaux et sur les voies que ces échanges empruntent est abondante,
nous avons vu
Jacqueline PIRENNE, Paléographie..., tableaux en fin de volume, mais et selon Ed. Will • on pourrait dire que son abondance est en proportion inverse de
des derniers styles définis dans cet ouvrage sont à abaisser de quelques
que les dates celle des sources anciennes• (voir Histoire politique du monde hellénistique I, p. 171,
dizaines d'années. n. 2 pour c�tte réflexion et la bibliographie; et I, pp. 171-172, II, pp. 54, 56 et 297
et pl. XX.
(2) Ja 1060, dans Sabaean and l;laaaean Inscriptions..., p. 80 pour les opinions personnelles de l'auteur). On complétera cette bibliographie avec
a été trouvée à al-Qatif : F. ALTHEIM und Ruth STIEHL, dans
(3) Une inscription F. ALT�EIM et Ruth STIEHL, Omana und Gerrha et Ba/;lrain und der Untergang Gerrha'a,
1968, p. 94 (mentio n) et vol. V/2, Berlin,
Die Araber in der alten Welt, vol. V/1, Berlin, dans Die Araber in d�r Allen Weil, Berlin, I, 1964, pp. 107-112 et V/1, 1968, pp. 163-169.
et fig. 7 (p. 553). Une Inscript ion araméen ne et deux bilingues haséo­
1969, p. 25-27 Enfin sur la mamère dont la Characène devient indépendante sur la refondation
s à Tiig par Ruth Stiehl, mais une des bilingue s n'est pas
araméennes ont été trouvée despasmou. Charax et sur le monnayage des rois de Characène qui est' en fait' la source
in der alten Welt,
encore publiée : voir F. ALTHEIM und Ruth STIEHL, Die Araber Princ1pa
' Ie, voir G. LE RIDER, Suse..., p. 40 et Monnaies de Characène, dans Syria,
1969, p. 27-30 et
vol. V/1, Berlin, 1968, p. 95 et fig. 37 (p. 483) et vol. V/2, Berlin, XXXVI, 1959, pp. 229-253 et pl. XIX-XXII (la plus ancienne monnaie date de
fig. 6 (p. 552). 124/3 av. n. è.).
(4) Voir ci-dessus p. 93 et suiv.
120 ,CHRISTIAN ROBIN MONNAIES PROVENANT DE L'ARABIE DU NORD-EST 121
l'encens et les aromates d'Arabie tinrent une place importante La série avec la légende Sams ne saurait s'interpréter de la
dans le commerce gerrhéen : La mention d'un dieu sur une monnaie a longtemps
?1- me ma_ �ière.
� ,
- on a mention dans les papyri de Zénon d'un <1 encens ete cons1deree �omme u:iie des preuves que les temples pouvaient
gerrhéen >> ( 1), frapper monnaie ( 1). Mais pour le monde grec cette idée est désor­
- dans le tribut que Gerrha verse à Antiochos III, on trouve mais rejetée par de nombreux auteurs (1). Dans le cas des monnaies
en plus de 500 talents d'argent (1), 1000 talents d'encens et portant un nom de dieu avec épithète, le tout au génitif (par
200 talents de myrrhe (8), e �e�ple 'A , ?1Jvœc; 'D,Lcx8oc; ou 'Ap-rlµ.L8oc; IlepyœC«c;), l'argument
- pour le commerce des encens et des autres denrées aroma­ ? �ec s1f a ete ap�orté par L?uis Robert (8 ). La légende 'A&tjvœc;
tiques, Agatharchide nous apprend que les Gerrhéens sont à Pétra l�L«3oc; �e s?urait se tradmre [monnaie] (du temple) d'Athéna
en concurrence avec les Minéens ('), lhas » : 11 existe en effet en Troade à l'époque hellénistique une
- enfin les Gerrhéens semblent avoir \m accès direct vers les p�issant� fédération de �i�és, placée sous le patronage d'Athéna
.
producteurs d'encens puisqu'on signale qu'ils se rendent en 40 jours Ihas, m�1s de caractere c1v1�, avec un président, des magistrats... ;
en Chatramotitis (l;ladramawt) ( 5). or par�1 les noms des magistrats monétaires qui se lisent sur les
En second lieu, si une partie du commerce gerrhéen se fait par monnaies, on retrouve le nom de présidents de la confédération.
mer à l'aide de radeaux et remonte l'Euphrate ('), il semble bien que C'est donc une preuve que les monnaies dites d'Athéna Ilias sont
le transport par caravanes ait joué le rôle principal ( 7). Or la en fait le, _ monnayage de la fédération, frappé sous la garantie de
voie qui se dirige vers Pétra ( Diodore III, 42, 5) passe nécessairement son pr�s1de �t. San� doute_ le sanct_uaire de la . déesse, promu
,
par Diimat. • sanctuan.·e federal, JOue-t-11 un rôle important, mais ce rôle est
La relation nécessaire ainsi établie entre les Hagarites et Gerrha de nat1!-re semblable _ à celui du temple dans la cité, ce qui exclut
(les Hagarites contrôlent une voie commerciale essentielle aux toute mtervention dans le m?nnayage. Cette argumentation,
.
Gerrhéens) a pu se traduire historiquement en termes de domination assuree dans le cas des monnaies d'Athéna Ilias, semble valide
ou d'association. Si aucune source écrite ne permet de trancher pour les monnayages analogues.
entre ces deux possibilités, je crois qu'il est possible de le faire Dans le monde sémitique ou dans les régions où son influence
grâce aux monnaies. a pu s'exercer, on n'est pas sans exemple de monnaies où un nom
La série des monnaies royales constitue bien évidemment le divin apparaisse dans la légende (4). Mais du fait que ces monnaies
monnayage officiel de l'État hagarite, réalisé sous l'autorité du n'ont guère été étudiées que par des numismates plus familiers
roi ou d'un magistrat qu'il a délégué à cet effet (8). Ces monnaies avec le monde grec qu'avec l'Orient, et qu'à l'inverse les sémi-
sont un symbole de sa souveraineté.

(1) Voir Claire PRÉAUX, L'économie royale des Lagides, Bruxelles, 1939, p. 362 (1) Les temples qui disposaient d'énormes quantités de métaux précieux Jouaient
et note 4. C'est sans doute la plus ancienne mention de la ville. souvent le rôle de banques; de là à supposer qu'ils pussent émettre monnaie il n'y avait
(2) Un talent attique pèse près de 36 kg. qu'un pas à franchir. Sur le rôle de banque joué par les temples, voir R. BoGAERT,
(3) Polybe, Histoires, XIII, II, 9. Banquu et banquiers daTl8 les cités grecques, Leyde, 1968.
Sur cette expédition d'Antiochos III, voir Ed. WILL, Histoire politique du monde ( �) Pour G. Le Rider, il faut souligner t que le droit de monnayage était le privilège
de l État souverain, _
hellénistique... , I, p. 172 n. 1 et pp. 54 et 56. que les temples faisaient partie de la cité et étaient administrés
Ce tribut illustre la richesse des Gerrhéens, d'ailleurs considérée par Artémldore par elle et qu'en conséquence il était peu probable qu'on pt1t trouver dans le monde
comme égale à celle des Sabéens (dans Strabon XVI, 4, 19 = 778). g ':c des e �empl�s non douteux de c monnaies de temple • ou c monnaie sacerdotale • ;
(4) Dans Diodore, Bibliothèque historique, III, 42, 5. vou- Numismatique grecque, dans Annuaire 1970-1971 (École Pratique des Hautes
(5) Strabon XVI, 4, 4 (= 768) d'aP.rès Eratosthène. Études, IV• section, Sciences historiques et philologiques), Paris 1971, p. 261. L'auteur
(6) Selon Aristobule, dans Strabon XVI, 3, 3 = 766. Cet auteur qui écrit au début dêvelpppe quelques exemples.
du 111• siècle reflète peut-être davantage l'objectif permanent de la politique des (3) Monnaiu anliq�es_ en Troade (Hautes Études numismatiques publiées par le
_
Centre de recherches d h1sto1re et de philologie de la IV• section de !'École Pratique
Séleucides dans cette région que la réalité. Sinon l'expédition d'Antiochos III en 205
qui semble avoir eu pour but principal non la conquête, mais la réorientation du des Hautes Études, 1), Genève-Paris, 1966.
commerce gerrhéen vers les territoires séleucides (c'est-à-dire la Babylonie, puisque (4) l;lac;lramawt (Syn), Tarse (Nergal), Hatra (l;ltr' d$ms) Hiérapolis ('tr'th Tr'th
la Coelé-Syrie est encore lagide) ne se comprendrait pas. ou Hdd w't�), etc. Dans certains cas, comme à Saba, un' symbole divin e,:plicite
_
(7) Strabon XVI, 3, 3 ( = 766) d'après Ératosthène. . pourrait avoir le même sens.
i . ·· ,. (8) Les lettres et symboles qui apparaissent sur les monnaies d'Abr'ël sont peut-être
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122 CHRISTIAN ROBIN MONNAIES PROVENANT DE L'ARABIE DU NORD-EST 123
tisants n'ont guère prêté d'attention à ces monnaies q ue pour fédération de tribu s réunies au to ur d'un culte et d'un sanct uaire
la lect ure des légendes, a ucune réponse s ur la signification de ces commun. Comme ces monnaies sont étroitement apparentées
monnayages ne sau rait être donnée avant une recherche systé­ à celles des Hagarites, Hagar appartient sans dou te à cette
matiq u e qu i reste à faire. féd�ration. On ne pe ut rien dire de sûr sur les autres participants,
Je limiterai donc mon investigation à l'Arabie. Po ur l'époq ue mais la prés�nce de Gerrha est vraisemblable pu isque le culte
ancienne, s'il est sûr q ue des temples ont pu jo u er u n rôle écono­ de Sams est bien attesté dans cette ville et q ue l'atelier des monnaies
mique, particulièrement en Arabie d u S ud en relation avec la avec Sams_ o u sïn se trou ve probablement dans cette région (1).
collecte de l'encens et la perception de. l'impôt ( 1), on ne sa urait Le schema d'ensemble serait donc celu i-ci : une fédération
en dire bea ucoup plus, car il est difficile de se prononcer su r la regroupant les principales trib us qui contrôlent la rou te cara­
nat ure théocratique ou non du pou voir. Par la suite, quand les vanière
_
d u Golfe Arabo-persiq ue à la Nabatène (dont celles de
États f urent affermis et que le ur organisation interne f ut deven u e Ge rrha et Hagar� a pu se former dans le courant du me siècle (•)
plus complexe, il me semble exclu que les temples aient p u y jo u er afin que l'achemmement des marchandises soit effect ué en toute
u n rôle prépondérant, et particu lièrement jo uir de cet attrib ut sécurité. Le ciment de cette fédération, comme il est nat urel
de so uveraineté qu'est le droit de frapper monnaie. Cette question à cette époq u e,. f�t, le choix d' un die u , so us le patronage de qu i
reste cependant o uverte, car elle mériterait une ét ude pl us po ussée. on plaça les activ1tes communes, et d, un sanct uaire commun.
Je retiendrai pl u tôt qu'aux origines de l'État sabéen, on observe La fédération de Sams fut amenée pour une raison indéterminée
u n effort po ur fédérer les trib us qu i le composent a u to u r d' u n c ulte à ��a�per monnaie et les �ypes monétaires qu'e!le se choisit, bien
_
comm un qui n'est pas sans rappeler les fédérations de cités qu u�1tant �eux d� !1u mera1re le plus populaire, portaient une
,
grecq ues auto ur d'un c ulte et d' un sanct uaire fédéral (1). mention claire d or1gme. P uis les rois de Hagar firent de même
Pou r l'Arabie du Nord les sources sont beaucou p plus pauvres. et ils
_ imitère�t tout nat urellement le monnayage de la fédération
Je crois cependant déceler ce même procédé d'association dans la mais en y aJoutant le ur nom et des symboles qui le ur étaient
mention par les textes assyriens d' une confédération d'Atasamain, pro�r�s ; �es monnayag�s se poursuivirent parallèlement tant que
contre laq uelle Ashu rbanipal (688-633) mène campagne (3). la !e?eration �ut des raisons d'exister. Les changements profonds
En se fondant s ur ces parallèles, je crois donc q u 'il est possible qm mtervena1ent dans les échanges internationa ux à la s uite
d'interpréter les monnaies au nom de Sams comme celles d' une
(1) Voir ci-dessus p. 9?. li au ait été possible d'avoir une autre
_ � approche pour
(1) Voir par exemple les citations de Théophraste reproduites par Jacqueline �udre le problème de I attribution de ces monnaies, et c'est pour l'essentiel celle
d �- M0rkholm : ces monnaies ont été frappées aux me-ua
PIRENNE, Le Royaume Sud-Arabe du Qatabdn ... , p. 71 et le compte rendu par siècles av. n. è. dans la
région du Golfe Arabo-persique. Puisqu'on ny connaît pas
J. Ryckmans de A. G. LuNDIN, Religija i organizacija obséestva v drevnej juinoj d'autre monnayage pour
la même époque (en dehors de celui d'un possible atelier
Aravii (Pis'mennye Pamja tniki i Problemy lstorii Kul'tury Narodov Vostoka, VIII séleucide à Antioche : voir
O, M!RKH?LM, :he Seleucid Mint al Antiochia on the Persian
godifnaja naufoaja sessija L. O. Instituta Vostokovedenija A. N., Moskva, 1972, Gulf, dans The American
Numis"!atic So ,e�y, Muse m Notes, 16, 1960, p. 31-34 et
pp. 98-102), dans Bi Or, XXX, 1973, pp. 193-194. � � pl. II; voir aussi G. LB RIDER,
Un �leliu monetaire séleucide dans la Province de la Mer
(2) Voir J. RYCKMANS, L'institution monarchique en Arabie Mtrîdionale avant Erythrée? dans Revue Numis­
m�tu!ue, VI• série, t. VII, 1965, p. 36-43), il est vraisem
l'Islam (Ma'în et Saba) (Bibliothèque du Muséon, vol. 28), Louvain (Université de blable q.;e l'atelier monétaire
Louvain, Institut Orientaliste), 1951, pp. 66-68; Jacqueline P1RBNNB 1 Paléographie ... , :�• l a frappé a appartenu à la principale puissance de la région, Gerrha. Mais il faut
•en noter que ce type de raisonnement est d'un maniem
p. 119 et suiv.; Mahmüd 'Ali GHuL, New Qatabâni Inscriptions, dans BSOAS, XXII, . ent déllcat : le volume et la
quahté des monnayages n'est pas toujours en rapport
1959, p. 13 et suiv. Ce dernier auteur fait aussi mention des sources arabes se rapportant _ avec le rôle économique que
à des pratiques préislamiques et musulmanes qui lui semblent ê tre de même nature ?•tés et royaumes semblent avoir joué. Plus précisément, si l'existence d'un mon
nayage
(p. 15 et suiv.). ����rt�nt implique une situation économique prospère, l'absence de monnayage
gnitle pas grand chose, car il a pu êtrt, fait usage d'un numéra
(3) Voir dans J. B. PRITCHARD, Ancient Near Eastern Tezts relating fo Old Testament, c1ter l'exemple des Minéens qui ont joué ire étranger On peut
2nd ed. corrected and enlarged, Princeton (Princeton University Press), New Jersey, un rôle important et Incontestabl� dans le
�mmerce de l'encens et des aromates mais à qui aucu
1955, A. L. ÛPPRNHBIM, Babylonian and Assyrian Historical Te:ds, p. 299 : • j'infligeai n monnayage n'est attribué
(2) 0� plus tôt, mais c'est moins vraisemblable, car
une défai te à Isamme', une confédération (des adorateurs) du dieu Atarsamain • commerciale se comprend mieux à l'époqu le développement de cette voi�
( traduction d'après A. L. Oppenheim). F. V. W1NNETT and W. L. RBBD, Ancient _ e hellénistique, caractérisée par un accrois­
Recorda ... , pp. 71-72 et 81, considèrent Atarsamain comme une déesse. On ne saurait :ment considérable de la consommation de produits orientaux et dans le contexte
e la riva,Uté séleucide-lagide pour le contrôle de la
exclure a priori toute relation entre cette divinité et Sams. Coelé-Syrie.
\'

124 CHRISTIAN ROBIN


MONNAIES PROVENANT DE L'ARABIE DU NORD-EST 125
de la désagrégation de l'empire séleucide et, dans le Golfe Arabo­ encore bien des lacunes dans la documentation disponible. Il ne
persique, de l'indépendance de la Characène avec le développement
du port de Spasinou Charax, purent entraîner sa disparition. reste qu'à souhaiter des investigations plus systématiques dans
tout le nord de l'Arabie.
Cette reconstruction hypothétique me semble bien répondre
aux données des sources. Elle rend compte des parentés entre Christian ROBIN.
la série des monnaies royales et la série au nom de Sams tout
comme des relations évidentes que ce monnayage a avec le
commerce du Golfe Arabo-persique et elle attribue indirectement
un monnayage à Gerrha dont le rôle économique important est ADDENDUM
bien attesté. Elle donne enfin une explication satisfaisante de la
(1) L'étude du trésor de Ba}.lrayn, annoncée p. 89, n. 5, est parue
mention des Agréens dans Pline VI, XXXII, 161 parmi les dans
Kuml, 1�7: : E� hellenistik mentaka! {ra Bahrain, pp. 183-202 (traduction anglaise
tribus qui jouent un rôle dominant en Arabie : les Hagarites ,
A Hellenullc Com Hoard {rom Bahram, p. 195-202) ; les monnaies de ce trésor dont
les
qui ne semblent plus avoir grande importance au moment où écrit revers sont reprodui ts aux n•• 5-7 de la pl. portent les n•• 221, 225, et 232 (voir pp. 188
Ptolémée ont pu jouir pendant un siècle d'une certaine prospérité et 197, et fig. 5, p. 189).
(2) Complé�er la liste des mentions du n. pr. 'byl (p. 111, n. I) par Ja
et par là d'un pouvoir plus étendu. (A. JAMME, M1acellanéu d'ancient -sic- arabe, III, Washington, publication personne
2445
lle,
En conclusion, si ce monnayage nordarabique n'est pas très 1972, p. !8 et �s. pl, 13) et TC 891 (Ray L. CLEVELAND, An Ancient South
Arabian
abondant, il n'en est pas moins riche en enseignements. Outre Necropolla, ObJects from the second campaign (1951) in the Timna'
Cemetery
Publications or the American Foundation for the Study or Man, IV, Baltimor
la lumière qu'il jette sur un épisode du commerce international, p. 150 et Pl. 9�, et A. JAMME, Notes on the Published lnscril)ed Objecta
e, 1965:
il met en évidence le développement d'un petit État encore mal _ 1 Excavated al
l;;leid bm Aqtl m 1950-1951, Washington, publication personnelle, 1965, p. 25).
connu et donne le nom de trois de ses rois. Mais son apport le (3) Compléter la liste des inscriptions haséennes (p. 112 n 5) par Ja
2123 (Ta"
' · e,
plus intéressant se trouve sans doute dans ces monnaies au nom rw,dr'l[b sur un tesson) et Ja 2124 (Qatlf, fragment
de stèle funéraire) : voir
de Sams qui illustrent la place considérable de ce dieu en Arabie A. JAMME, New l;;lasaean and Sabaean Inscriptions {rom Saudi Arabia,
dans Orien,
Anllquua, 6, 1967, pp. 183-186 et pl. XL VII-XLIX. On trouve dans
du Nord. Loin d'être une divinité secondaire comme on a pu le même article
la première publication de Ja 2125 (p. 186 et fig. 1, p. 185).
le penser, ce dieu semble avoir joui d'une place importante sinon Le total des inscriptions
haséennes publiées à ce jour est donc de 29.
de la première dans le panthéon de cette région à cette époque.
Si on admet que le personnage du revers des monnaies est une
représentation du dieu - ce qui est très vraisemblable - le diadème
qu'il porte pourrait illustrer cette prééminence. De même dans
le monnayage hagarite, si on considère le palmier et le protomé
de cheval comme des symboles solaires, le personnage du revers
pourrait être une image de Sams. Celui-ci serait donc aussi le dieu
principal de Hagar ( 1).
Le culte de Sams cependant ne semble que pauvrement attesté
chez les autres peuples d'Arabie du Nord. Ne serait-ce pas une
confirmation des hypothèses de ceux qui ont pensé retrouver
la divinité solaire sous d'autres appellations. Mais il subsistè

(1) A. Caquot pense que le culte de Sama� qui est diversement attesté à Hatra
pourrait être la survivance d'un ancien culte araméen (voir A. CAQUOT, Nouvelles
inscriptions araméennes de Hatra, dans Syria, XXIX, 1952, p. 114). Le culte de Sams
en Arabie du Nord pourrait donc résulter d'une influence araméenne dont on a d'autres
indices, par exemple dans l'onomastique (voir ci-dessus, p. 114 n. 1).

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