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Chateaubriand de Stael Miserere
Chateaubriand de Stael Miserere
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II
15. Cf. l'édition Del Iitto du Journal littéraire (Cercle du Bibliophile, 1970, t. XXVm).
16. Voir dans YHistoire de la peinture {fJercle au ttWlwphile, ±yey, t. aavi;, i,
p. cxvra, la liste des personnalités à qui fut offert, en 1817, cet ouvrage.
17. Signalons en passant quun autre grand écrivain a pillé plusieurs passages ae ce
livre si peu connu : c'est Baudelaire (cf. J. Pommier, Dans les Chemins de Baudelaire,
p. 288-292).
III
20. Cette allégation qui a été souvent répétée, est erronée. Le musicien n'appartenait
pas à la famille du peintre.
21. Cf. Geneviève Gennari, Le Premier Voyage de M™ de Staël en Italie et la genèse
de « Corinne », 1947 ; l'auteur n'a pas recherché les sources livresques de ce roman.
Citons pour mémoire Gh. Dejob, M"" de Staël et l'Italie, 1890, et M. Marcabruni, La
Connaissance de l'Italie d'après « Corinne », 1910.
22. Avant elle, seul l'auteur anonyme du Voyage d'un Français en Italie fait dans
les années 1765 et 1766 a mentionné les chanteurs invisibles ; peut-être s'est-elle souvenue
de son texte. Il distingue deux Miserere, Tun d'un compositeur qu'il ne nomme pas et
qui se chantait à la Sixtine, l'autre d'Allegri qui aurait été exécuté à Monte-Cavallo
( = palais du Quirinal) : « Les Ténèbres du Mercredi saint sont chantées dans une petite
tribune de la chapelle de Monte-Cavallo... ; à la fin on exécute un beau Miserere d'Allegri,
dont on chante un verset en musique, et l'on psalmodie l'autre alternativement. La musi-
que de ce Miserere est la plus belle chose qu Ton puisse entendre ; quoique déjà
ancienne, on ne peut rien imaginer de si singulier et en même temps de si pathétique ;
il s'exécute par trois ou quatre Musiciens. Il y a des instans où l'on croiroit qu'une
orgue se mêle aux voix, quoiqu'il n'y en ait point du tout... [A la Sixtine, le Vendredi
saint] , on ne voit point les Musiciens pendant qu'ils chantent ; ils sont renfermées [sic]
dans la tribune, ce qui a un air plus mystérieux, et semble imprimer plus de recueille-
ment et de respect ■ (1769, t. V, p. 117 et 120). Elle ne doit rien à l'Allemand Archen-
holz, dont on a traduit en français en 1788 le Tableau de l'Italie ; nous y lisons au tome
II, page 49 : [A la chapelle Sixtine] a l'on chante pendant la semaine sainte ce miserere
sublime et inimitable, qui seroit bien digne d'être détaillé par un connoisseur allemand.
Il est assez singulier qu'on n'ait encore pu l'imiter nulle part, pas même à Rome : il
Entre ces six textes dus à trois écrivains français il existe des
concordances. Ces auteurs se gardent d'oublier le nom du peintr
qui est le principal décorateur des murs de la Sixtine ; on mentionne
aussi ses Prophètes (Staël et Beyle 2), ses Sibylles (Staël), et surtout
son Jugement dernier (Staël, Beyle 1 et Chateaubriand 3). Tous
citent les acteurs de la cérémonie : le pape et les cardinaux, et
décrivent l'extinction des cierges ; Mme de Staël et Chateaubrian
insistent sur les progrès de l'ombre. Tous, y compris Beyle qui n'
avait pas assisté, analysent les impressions ressenties par le publi
Mais ces textes présentent des différences et des nuances. Auss
bien proviennent-ils de trois personnalités très dissemblables, quoi-
qu'elles appartiennent à une même génération - Beyle étant le
plus jeune - et que toutes trois elles aient professé des idées libé
rales. Chateaubriand et Beyle n'ont presque aucun point commun
Bien qu'il y eût des relations amicales entre Mme de Staël et my
dear Francis, celui-ci a nettement souligné dans des lettres les
différences de leurs opinions.
La musique, - r Mme de Staël remarque que les chanteurs sont
dans une tribune élevée où l'on ne peut les voir : « la musiqu
semble planer dans les airs », et elle note l'alternance du chant
d'un verset à l'autre. Chateaubriand n'emploie aucun mot qu
caractérise spécialement la musique d'Allegri, qu'il ne nomme pas
Beyle a puisé je ne sais où des précisions sur la manière dont ell
était chantée ; aussi bien, parmi nos trois auteurs, était-il le seu
amateur de musique éclairé et fervent.
La religion. - Seul, Chateaubriand était catholique. Mme de Staël
déiste, avait reçu une éducation protestante. Beyle était foncièrement
incroyant. Le pressant et poignant appel du Psalmiste à la Grâc
divine inspire à Mme de Staël quelques réflexions sur l'alternanc
de l'espoir et du découragement. En 1815, Beyle résume éloquem
ment l'effet produit sur le chrétien : « Le pécheur, confondu devan
la majesté de son Dieu, et prosterné devant son trône, semble atten-
dre en silence la voix qui va le juger » ; mais, à cette date, c'est
surtout l'exécution du morceau de musique qui intéresse l'auteur
de la Vie de Mozart. Deux ans plus tard, dans l'Histoire de l
peinture, le voltairien dévoile sa pensée irréligieuse. Il développe
l'idée contenue dans la phrase de 1815 : le catholique pense avec
effroi au jugement de son âme que prononcera un Dieu de colère
Passant sous silence la doctrine du Nouveau Testament qui est, lu
aussi, représenté sur les murs de la Sixtine, il met l'accent sur le
« histoires de sang » de l'Ancien. Quant à Chateaubriand, au lie
d'évoquer le redoutable Justicier qui préside au Jugement dernie
il fait dans sa lettre à Mme Récamier un heureux rapprochement entr
est plus singulier encore qu'on ne sache point d'où vient que la chapelle Sixtine a
exclusivement le mérite de bien rendre ce morceau de musique. On l'attribue à la
construction de cette Chapelle [...] ».
irrité, il a utilisé Corinne pour ses écrits sur Tltajie : Dejob, Del
Litto, Carlo Pellegrini26 ont signalé cette influence.
Se souvenait-il de sa devancière quand il a, par deux fois, évoqué
ce Miserere de la Sixtine, auquel il n'avait pas assisté ? Comparons :
Corinne Vie de Mozart