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Synthèse de la feuille de route coton

Vers une culture cotonnière durable


[2023-2033]
2 • Vers une culture cotonnière durable [2023-2033]

Vers une culture Depuis cinq mille ans, le cotonnier est intimement lié à l’histoire
de l’humanité à travers sa culture, la valorisation de ses produits
et son commerce. Actuellement cultivé sur tous les continents, il
cotonnière fournit la première fibre naturelle au monde. Le changement
climatique, les questions sociales et la préservation de l’environ-
durable nement constituent de nouveaux enjeux de durabilité pour la filière.
Pour y répondre, le Cirad a défini quatre ambitions qui guideront
[2023-2033] ses recherches sur le cotonnier pour les dix années à venir. n

R De multiples défis à relever


eprésenté par quatre espèces culti- de constituer des lots de fibre de qualité
vées, le cotonnier (Gossypium sp.) homogène) et commerciaux, fournisseurs
est un arbuste pérenne essentielle- Les travaux du Cirad sur la filière cotonnière
d’intrants et de matériels agricoles, services
ment exploité comme une plante annuelle. sont conduits en partenariat, principale-
de recherche agronomique, etc. La fibre de
ment sur le continent africain. L’établisse-
Il est cultivé dans une soixantaine de pays, coton représente environ les trois quarts de
ment a identifié plusieurs défis que la filière
aussi bien dans de grandes exploitations, la valorisation financière de la production.
doit relever dans les prochaines années. Le
en agriculture intensive mécanisée, que C’est une matière première cotée sur les premier défi porte sur la réduction des
par de petits producteurs, en agriculture principales places boursières mondiales. impacts environnementaux et sanitaires,
familiale manuelle. Le produit de sa Avec une production annuelle de l’ordre de tant au niveau de la production cotonnière
récolte, le coton-graine, est constitué de 25 millions de tonnes, le coton est actuel- que de sa transformation industrielle. Le
graines portant des fibres. La transforma- lement, en volume, la première fibre natu- deuxième défi est d’adapter la culture du
tion primaire, ou égrenage, est réalisée relle et la deuxième fibre textile, derrière coton au changement climatique tout en
dans les zones de production : elle les fibres synthétiques issues de la pétro- limitant ses effets sur celui-ci. Améliorer la
consiste à séparer mécaniquement fibre chimie. Les principaux pays producteurs, la rentabilité économique de la filière, notam-
et graine. La fibre, cellulosique, est un Chine, l’Inde, les États-Unis et le Brésil, ment au niveau de la production, constitue
bioproduit majoritairement destiné à l’in- fournissent environ 70 % de la production un troisième défi. Il s’agit également –
dustrie textile. La graine, oléo-protéagi- mondiale, alors que l’ensemble du conti- quatrième défi – de mieux contribuer au
neuse, est valorisée dans les industries nent africain en fournit moins de 10 %. bien-être des acteurs de la filière et de
alimentaires et cosmétiques. L’Asie consomme 90 % de la fibre de coton leurs familles, car même si la culture coton-
nière joue un rôle important dans la réduc-
pour son industrie textile. Les flux sont
Une filière polarisée avec donc très polarisés. Le rendement moyen
tion de l’insécurité alimentaire, des progrès
restent à accomplir. Le cinquième défi vise,
de fortes disparités en fibre est de l’ordre de 775 kg/ha au
en Afrique, à renforcer les structures, les
La filière coton est caractérisée par de niveau mondial, mais avec de fortes dispa-
acteurs et les actions de recherche et de
nombreuses étapes et produits. Elle rités géographiques. Alors qu’il dépasse développement. Enfin, il importe d’amélio-
implique également de nombreux opéra- 1 000 kg/ha en Amérique du Sud et du rer l’image de la filière coton auprès du
teurs : producteurs et leurs organisations, Nord, Asie de l’Est, Australie et Europe, grand public, en communiquant mieux sur
services d’appui à la production, industries les plus bas rendements sont ceux les spécificités de la culture cotonnière en
de transformation (égrenage, filature, tis- d’Afrique de l’Ouest et du Centre (moins Afrique et en établissant les avantages
sage/tricotage, teinture, confection, tritu- de 500 kg/ha) et d’Afrique de l’Est et comparatifs de la production de fibre de
ration, etc.), services classement (chargés Australe (moins de 300 kg/ha). coton face à celle d’autres fibres textiles. n
© B. Bachelier, Cirad

© B. Bachelier, Cirad
© M. Giband, Cirad
Vers une culture cotonnière durable [2023-2033] • 3

Assurer la durabilité
des systèmes cotonniers en Afrique :
quatre ambitions pour guider nos recherches

L
e Cirad est un acteur historique de de variétés plus résilientes. Pour en assu- aux niveaux national et régional. Il s’agit,
la recherche sur le coton et s’appuie rer l’adoption, cette évolution de pratiques à l’échelle des filières, de renforcer l’équité
sur des partenariats de long terme culturales doit être réalisée avec les pro- au service d’une meilleure compétitivité.
avec des acteurs de la recherche, du ducteurs en mobilisant les méthodes de Cette ambition se structure autour (i) de
développement et de l’agro-industrie. Ses production et de partage des connais- la promotion et mise en œuvre de
activités, allant de la production au champ sances. Cela implique de faciliter leur méthodes et outils d’accompagnement
aux premières étapes de transformation accès aux connaissances et innovations des approches concertées, (ii) du dévelop-
industrielle, s’appuient sur des compé- techniques. pement de cadres d’optimisation de la
tences reconnues dans les domaines de mutualisation des acquis et (iii) du renfor-
la génétique et de l’amélioration varié- Ambition 21 cement des capacités des acteurs et d’un
tale, de la gestion des cultures, de la appui-conseil différencié et inclusif.
transformation et la qualité des produits.
Améliorer la rentabilité et
Le Cirad est aussi impliqué dans l’accom- la compétitivité du coton africain Ambition 41
pagnement, la formation et l’encadre- Le maintien de l’attractivité de la culture
ment des acteurs de la filière. Sept unités cotonnière passe par l’augmentation et la Mieux positionner les filières
de recherche, réparties entre les trois stabilité des revenus issus des systèmes cotonnières africaines à
départements du Cirad (départements de production. Le développement de l’échelle des territoires
Systèmes biologiques (Bios), Perfor- variétés performantes et adaptées à des Il existe de fortes interactions entre la
mances des systèmes de production et de systèmes de production résilients est une culture cotonnière et les systèmes
transformation tropicaux (Persyst) et des approches qui seront mises en œuvre sociaux, productifs, environnementaux et
Environnements et sociétés (ES)), par le Cirad pour accroître la productivité économiques à l’échelle des exploitations
conduisent des activités en lien avec la des systèmes cotonniers. Cet accroisse- et des territoires. Il est important de mobi-
filière coton. Ces moyens sont mis à dis- ment bénéficiera également aux sociétés liser la connaissance de ces interactions
position de quatre ambitions. cotonnières dont la rentabilité et la com- pour proposer des solutions innovantes
pétitivité passent aussi par une diminution assurant la durabilité des systèmes coton-
Ambition 1` des coûts de production. La mécanisation niers. À travers cette ambition, le Cirad
des opérations peut apporter des solutions a pour objectif de contribuer à la
Adapter les pratiques culturales techniques. La valorisation de la qualité co-construction d’innovations du système
au changement climatique technologique des produits et des modes coton adaptées à différentes échelles. Il
et réduire leur impact sur de production des filières cotonnières afri- s’agit de faire face aux enjeux mondiaux
l’environnement caines, et le développement de filières à actuels et de renforcer les capacités de
Des leviers d’incitation à l’atténuation du identité sont également des leviers pour résilience et la sécurité alimentaire des
changement climatique et d’adaptation à accroître la compétitivité des filières et les exploitations, communautés et territoires
ses effets existent. Le Cirad propose de revenus des exploitations cotonnières. indispensables à des systèmes alimen-
renforcer le développement de méthodes taires et agricoles durables. n
innovantes et de mobiliser les processus Ambition 31
d’intensification écologique pour réduire
l’impact environnemental des systèmes de Renforcer les capacités
culture à base de coton, par le recours à des acteurs des filières
des techniques de conservation de l’eau et cotonnières africaines
du sol, de restauration de la fertilité des À travers cette ambition, le Cirad vise à
sols et de gestion des bioagresseurs. Il promouvoir une mise en œuvre collective
© B. Bachelier, Cirad

s’agit notamment du recyclage des bio- et co-construite des actions globales au


masses végétales (biochar) et animales (en profit des filières cotonnières nationales,
lien avec l’élevage), de l’utilisation de dis- ainsi que la mutualisation des acquis pour
positifs « push-pull », de biopesticides ou le renforcement des capacités des acteurs

Accéder aux publications du Cirad : https://agritrop.cirad.fr


4 • Vers une culture cotonnière durable [2023-2033]

avec des effets sur la rétention d’eau, l’éro- Dans un contexte général de retrait des

Décryptage sion ou la disponibilité des nutriments. La


troisième voie concerne la gestion agroé-
États de la gestion opérationnelle des
filières de production, le défi est donc
Adaptation des pratiques culturales au cologique des ravageurs et des maladies, souvent de mettre en place une gouver-
changement climatique, amélioration de à travers la préservation de la biodiversité nance interprofessionnelle, pour assurer
la rentabilité et la compétitivité du coton fonctionnelle. La quatrième voie concerne un meilleur pilotage et une planification
africain, renforcement de compétences et la composante variétale : sélection de prospective de ces filières. Cela inclut le
meilleur positionnement des filières variétés précoces, compactes et tolérantes renforcement des capacités des acteurs,
cotonnières à l’échelle des territoires… aux contraintes environnementales et aux et notamment des producteurs, à travers
décryptage de la feuille de route coton nouveaux systèmes de culture. des actions de formation et de profession-
avec Bruno Bachelier (g.) et Marc Giband nalisation. En Afrique, au-delà d’une vision
Comment améliorer la rentabilité du coton
(d.), généticiens et sélectionneurs, corres- africain ? nationale, se développe une échelle régio-
pondants de la filière coton au Cirad. nale de concertation et d’échanges. Des
La rentabilité se définit au niveau de instances de mutualisation des connais-
chaque acteur de la filière : chacun doit sances et des stratégies se développent au
pouvoir tirer, de manière durable, un béné-
niveau de la recherche (PR-Pica), des pro-
fice de son travail, en optimisant ses coûts
ducteurs (Aproca), de la coordination
et ses revenus. Pour les productrices et les
régionale (Uemoa, Ceeac), des instances
producteurs : le développement de variétés
de coordination techniques (ICAC) ou des
adaptées et la mise à disposition de
sociétés cotonnières.
semences de qualité, la mécanisation des
opérations culturales (y compris en valori- Qu’est-ce qu’une innovation du système
sant au mieux le potentiel de la culture coton adaptée aux exploitations et aux
attelée en traction animale ou la motori-
DR

territoires ?
sation), du semis à l’épandage (engrais,
Quels sont les principaux leviers À l’échelle des exploitations, l’innovation
herbicides, insecticides) et aux sar-
d’adaptation des pratiques culturales au peut porter sur la diffusion de variétés
clages-binages, voire jusqu’à la récolte,
changement climatique ? adaptées aux évolutions environnemen-
peuvent apporter des solutions techniques
B.B. et M.G. : En Afrique, le changement tales biotiques et abiotiques, sur une meil-
et contribuer à maintenir l’attractivité de
climatique entraînera des perturbations de leure intégration des cultures associées
la culture cotonnière. Pour les sociétés
la température, de la teneur en CO2 atmos- cotonnières et les égreneurs, la rentabilité (céréales, légumineuses, plantes de ser-
phérique et des précipitations, avec des et la compétitivité passent par une aug- vice), en rotation ou en association, sur
impacts sur la culture du coton, notam- mentation de la production (en coton- l’écimage des cotonniers pour réduire le
ment en matière de rendement, de préco- graine et ses produits) en quantité et en recours aux pesticides, sur la culture moto-
cité et de pression des bioagresseurs, qualité, et une diminution des coûts de risée raisonnée, etc. À l’échelle des terri-
comme on le voit actuellement avec production. Pour les huileries, les sous- toires, l’innovation concerne le renforcement
l’émergence d’une nouvelle espèce de jas- produits issus de la graine de coton (huile, du rôle de l’élevage dans l’aménagement
side (Amrasca biguttula). Pour s’adapter à tourteaux, etc.) pourraient aussi être mieux des espaces agricoles et pastoraux, à la fois
ces perturbations et atténuer leurs impacts valorisés grâce à une meilleure organisa- en matière de gestion de la fertilité des sols
négatifs, la mise en œuvre de systèmes de tion des filières de commercialisation. et de disponibilité en eau, l’optimisation de
culture du coton durables doit contribuer l’aménagement des parcelles et le déve-
Pourquoi la mise en place de démarches loppement de zones de productions spé-
à la conservation des ressources et de la
de concertation et d’échange au sein du cialisées, agroécologiques ou biologiques.
biodiversité. Pour ce faire, plusieurs voies
secteur cotonnier en Afrique est-elle Cette échelle inclut également l’organisa-
sont possibles. La première voie concerne
une priorité ? tion et la concertation entre les parties
la gestion durable des terres, mobilisant les
processus d’intensification écologique des Les filières cotonnières incluent de nom- prenantes, à travers les groupements de
systèmes de culture et de production, pour breux acteurs, avec des objectifs et des producteurs, la plus grande place faite aux
encadrer les flux de biomasse au niveau intérêts parfois différents, voire diver- femmes productrices, les interrelations
territorial. La deuxième voie concerne la gents, chacun ayant une maîtrise différen- agriculteurs-éleveurs, etc. n
gestion de la matière organique du sol, ciée de la conduite de la concertation.
En savoir plus : cotton@cirad.fr

Améliorer la résilience des petits producteurs de coton


en Afrique face au changement climatique – le projet AIRCoA
Environ 95 % des exploitations cotonnières africaines Ces innovations sont de trois types : i) des variétés d’augmenter le revenu des agriculteurs de manière
sont pluviales, ce qui rend les petits exploitants extrê- conventionnelles (non OGM) tolérantes aux aléas cli- substantielle et d’encourager l’esprit d’entreprise. Ce
mement vulnérables aux effets attendus du change- matiques et adaptées à des systèmes de culture à haute projet est financé par le ministère fédéral de la Coopé-
ment climatique. Le projet « Adaptation d’innovations densité, ii) la réjuvénation de la santé des sols grâce à ration économique et du Développement allemand
pour la résilience au changement climatique des petits la séquestration du carbone sous forme de biochar, à (BMZ) et mis en œuvre par l’ICAC et le
producteurs de coton en Afrique » (AIRCoA) vise à partir des biodéchets des résidus agricoles, et iii) le Cirad pour le compte de l’agence de
adapter trois innovations scientifiques ayant fait leurs développement local de biopesticides botaniques coopération internationale allemande
preuves dans d’autres régions du monde pour des encapsulés pour lutter contre les bioagresseurs. Ces pour le développement (GIZ).
systèmes de production durable de coton adaptés au innovations sont durables, respectueuses de la biodi-
climat dans les petites exploitations agricoles d’Afrique. versité et de l’environnement. Elles ont le potentiel En savoir plus :
Vers une culture cotonnière durable [2023-2033] • 5

Inventer la culture du coton de demain


Le Cirad face aux défis de la filière
Production et consommation mondiale Nos ambitions…
de coton brut : des flux polarisés

Adapter les pratiques Améliorer la rentabilité


culturales au changement et la compétitivité
climatique et réduire leur du coton africain
impact sur l’environnement

Renforcer les capacités Mieux positionner les filières


des acteurs des filières cotonnières africaines
Production cotonnières africaines à l’échelle des territoires
Volumes minimes / moyens / importants
Consommation

Flux des zones de production vers les zones de consommation … en partenariat


(hors flux régionaux)
Le Cirad est partenaire du Comité consultatif
international du coton (ICAC) et
Focus sur l’Afrique : une culture majeure… de nombreux Systèmes nationaux
de recherche agricole en Afrique,
Au Bénin, Burkina Faso, de sociétés cotonnières nationales et
Mali, Tchad et Togo, de groupes agro-industriels internationaux.
En Afrique de les exportations de
Il contribue au Programme régional de production
l’Ouest et du Centre, coton contribuent intégrée du cotonnier en Afrique (PR-Pica).
16 M de personnes fortement au PIB : Parmi ses autres partenaires, on trouve des
tirent des revenus de 5 à 15 %. interprofessions, des associations, etc.
du coton.

Nos moyens et ressources


… mais fragile

35 8
scientifiques disciplines mobilisées,
de 7 unités de recherche des sciences agronomiques
aux sciences sociales
Les plus faibles Une culture quasi-
rendements mondiaux exclusivement pluviale,
tributaire des aléas climatiques
165 1
publications des plus importantes
dans des revues scientifiques collections mondiales
De très faibles capacités de transformation entre 2018 et 2023 de ressources génétiques
sur place (> 90 % de la production sont exportés) sur le coton : le CRB GAMéT
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Le partenariat,
au cœur des recherches du Cirad

L
a recherche cotonnière conduite par le
Cirad s’appuie sur une longue histoire. Si,
par le passé, ses activités au bénéfice de
la filière coton se sont déployées en Afrique,
en Amérique du Sud, en Asie Centrale et en
Asie du Sud-Est, elles se sont recentrées
depuis quelques années sur le continent afri-
cain. Ses travaux se sont toujours appuyés sur
des partenariats publics et privés, nationaux,
régionaux et internationaux, avec des struc-
tures de recherche, des organisations de pro-
ducteurs, des organismes de développement
et des industries de transformation, en lien

© K. Naudin, Cirad
avec divers types de bailleurs. Cette stratégie
géo-partenariale sera poursuivie dans les
années à venir. n

La parole aux partenaires

Entretien avec La requête visait la mise à disposition de quatre spécialistes


dans ces domaines. Une première Convention d’accueil et de
Emmanuel Sekloka,
collaboration a ainsi été signée entre l’IRC et le Cirad pour juil-
directeur général
let 2020 – juin 2023. Forte des succès de la première phase, la
de l’Institut de recherche
convention a été récemment renouvelée, en octobre 2023, pour
sur le coton du Bénin
une nouvelle période de trois ans.

Que vous inspirent les ambitions de la feuille de route Cirad sur


le coton ? En particulier les ambitions 1 et 2 ?
DR

Ces ambitions correspondent parfaitement aux enjeux actuels de


Quelle est l’histoire du partenariat entre l’Institut de recherche survie des filières cotonnières ouest et centre africaine. En effet,
sur le coton (IRC) et le Cirad ?
les pratiques culturales en vigueur jusqu’à présent ont été mises
L’IRC est un institut privé de recherche créé en 2019 par au point dans un contexte pédoclimatique caractérisé par des
l’Association interprofessionnelle du coton (AIC). Il a pris la sols moins dégradés et des conditions climatiques moins capri-
relève du Centre de recherches agricoles – Coton et fibre aupa- cieuses qu’aujourd’hui. Si ces itinéraires ont fait leurs preuves, ils
ravant en charge de la recherche cotonnière au Bénin, parte- ne correspondent plus à la situation actuelle. La collaboration
naire historique du Cirad. L’IRC dispose d’une délégation
IRC–Cirad vise à mettre au point des itinéraires agroécologiques
d’exécution d’une mission publique du ministère de l’Agricul-
plus adaptés, respectueux de l’environnement et améliorant la
ture, de l’Élevage et de la Pêche (MAEP). C’est dans ce cadre
que le MAEP a, en février 2020, sollicité l’expertise du Cirad pour productivité à l’échelle des parcelles et des exploitations. L’am-
faire avancer la recherche appliquée sur le coton en République bition 2 est également tout à fait pertinente, dans un contexte
du Bénin et contribuer au renforcement des capacités locales où la recherche de rentabilité et compétitivité est un impératif
dans les domaines de l’agronomie, de l’entomologie, de la de survie pour la filière cotonnière béninoise, du fait, notamment,
génétique du cotonnier et de la mise à échelle de technologies. de la concurrence de nouvelles filières émergentes. n
Vers une culture cotonnière durable [2023-2033] • 7

Entretien avec
Caroline Taco, de la sélection variétale du coton dans les pays francophones
responsable des questions d’Afrique de l’Ouest.
de développement, Comité
Que vous inspirent les ambitions de la feuille de route Cirad sur
consultatif international du
le coton, en particulier, les ambitions 2 (rentabilité) et 3 (renfor-
coton (ICAC)
cement de capacité des acteurs) ?
Elles sont clés dans le mandat que se donne l’ICAC pour les pro-
chaines années. Les rendements cotonniers d’Afrique, estimés à
DR

343 kg/ha en 2022/23, sont bien en dessous de la moyenne


mondiale de 764 kg/ha. L’ICAC aide activement ses pays membres
Pourriez-vous présenter le partenariat entre votre institution
et le Cirad ? en Afrique à rattraper cet écart. Le projet i4Ag-AirCoA financé
par le BMZ et mis en œuvre par l’ICAC et le Cirad pour le compte
Le Cirad et l’ICAC, c’est une longue histoire de partenariat. de la GIZ (cf. encadré p.4) est un exemple actuel de notre étroite
La France a été l’un des membres fondateurs de notre organi- collaboration. Il vise à démontrer la validité de l’adaptation
sation, en 1939, et c’est donc naturellement que l’ICAC a com- d’innovations durables et respectueuses de l’environnement dans
mencé à travailler avec la section « coton » du Cirad, qui a
deux pays d’Afrique de l’Ouest, dans le but d’augmenter les
d’ailleurs souvent participé activement à nos réunions plénières.
rendements et les revenus des cotonculteurs et favoriser l’entre-
À la fin des années 1990, l’ICAC et le Cirad ont collaboré dans
preneuriat. L’expérience du Cirad en Afrique en matière de sélec-
plusieurs projets du Fond commun pour les produits de base.
L’ICAC et le Cirad partagent les mêmes valeurs et objectifs de tion végétale, génétique, biologie moléculaire et de vulgarisation
développement autour de la durabilité et de l’autonomisation agricole, est incontestable. Au sein de l’ICAC, nous croyons fer-
des producteurs et des parties prenantes de la filière cotonnière. mement que par la formation et l’utilisation des ressources et
L’ICAC apporte son expertise sur les technologies en matière connaissances locales, les cotonculteurs pourront, en augmentant
de production cotonnière et le Cirad a l’expérience dans les leur rentabilité, améliorer leurs conditions de vie et permettre
démonstrations en milieu paysan, en particulier dans le domaine une prospérité globale en Afrique. n

Entretien avec producteurs villageois. Des producteurs volontaires ont mis à


Diallo Ali Badara, disposition des parcelles pour des expérimentations, notamment
chef du département
sur les culture fourragères, les associations de culture, la rota-
des services techniques
tion et sur la fertilité des sols.
de l’Union nationale
des sociétés coopératives
Que vous inspirent les ambitions de la feuille de route Cirad sur
des producteurs de coton
le coton, en particulier, les ambitions 1 et 2 ?
du Burkina Faso (UNPCB)
Ces thématiques s’inscrivent pleinement dans l’actualité de
DR

l’UNPCB. De nombreux facteurs limitent la production de coton,


Pourriez-vous présenter le partenariat entre votre institution notamment la pauvreté des sols, mais aussi la cherté des
et le Cirad ? intrants chimiques très utilisés en culture cotonnière. Réduire
les intrants et mettre l’accent sur la fumure organique permet-
En travaillant à l’UNPCB depuis 2009, je n’ai pas eu connaissance
de convention particulière entre le Cirad et mon organisation tra d’améliorer les sols, mais aussi de profiter davantage des
avant 2021. En revanche, dans cette période, de nombreux cultures vivrières, qui contribuent à la sécurité alimentaire des
étudiants et doctorants au Cirad sont venus à l’UNPCB dans le producteurs de coton. Mais l’ambition 2 est aussi très importante
cadre de leurs recherches. En 2021, une première convention a pour l’UNPCB. Nos membres, les producteurs de coton, sont
été signée qui lie l’UNPCB et le Cirad dans le cadre du projet soucieux de la qualité de leur coton. L’association interprofes-
FAIR–Sahel, dont nous sommes codemandeurs, au sein d’un sionnelle des producteurs de coton du Burkina Faso (AICB), qui
consortium réunissant des partenaires de recherche, des uni-
réunit producteurs et sociétés cotonnières, et dont l’UNPCB est
versités et des ONG. Ce projet, mis en œuvre au Burkina Faso,
membre, gère ces aspects. L’AICB a des projets de recherche
au Mali et au Sénégal, vise l’intensification agroécologique.
L’UNPCB intervient sur deux sites en zone humide, où des tests pour améliorer les variétés, grâce à des semences plus compé-
(essais) d’innovations ont été mis en place par des chercheurs titives, et des produits pour lutter contre les ravageurs, et tra-
de l’Inera et du Cirad à l’issue d’un diagnostic établi avec les vaille à l’amélioration du conseil agricole aux producteurs. n
Le Cirad est l’organisme français de recherche agronomique et
de coopération internationale pour le développement durable
des régions tropicales et méditerranéennes.

Avec ses partenaires, le Cirad coconstruit des connaissances et des solu-


tions pour contribuer à la résilience des agricultures dans un monde plus
durable et solidaire. Il mobilise la science, l’innovation et la formation afin
d’atteindre les objectifs de développement durable. Il met son expertise
au service de tous, des producteurs aux politiques publiques, pour favori-
ser la protection de la biodiversité, les transitions agroécologiques, la
durabilité des systèmes alimentaires, la santé des plantes, des animaux et
des écosystèmes, le développement durable des territoires ruraux et leur
résilience face au changement climatique.

Le Cirad est un établissement public à caractère industriel et commercial


(Épic), sous la double tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et
de la Recherche et du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

Le Cirad souhaite que ses quatre ambitions pour une culture durable
du coton soient discutées, partagées et soutenues par des partena-
riats et alliances multiacteurs.

Contactez-nous pour en discuter : cotton@cirad.fr

© Cirad. Réalisation : Délégation à la communication du Cirad. Novembre 2023


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