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Vers une culture Depuis cinq mille ans, le cotonnier est intimement lié à l’histoire
de l’humanité à travers sa culture, la valorisation de ses produits
et son commerce. Actuellement cultivé sur tous les continents, il
cotonnière fournit la première fibre naturelle au monde. Le changement
climatique, les questions sociales et la préservation de l’environ-
durable nement constituent de nouveaux enjeux de durabilité pour la filière.
Pour y répondre, le Cirad a défini quatre ambitions qui guideront
[2023-2033] ses recherches sur le cotonnier pour les dix années à venir. n
© B. Bachelier, Cirad
© M. Giband, Cirad
Vers une culture cotonnière durable [2023-2033] • 3
Assurer la durabilité
des systèmes cotonniers en Afrique :
quatre ambitions pour guider nos recherches
L
e Cirad est un acteur historique de de variétés plus résilientes. Pour en assu- aux niveaux national et régional. Il s’agit,
la recherche sur le coton et s’appuie rer l’adoption, cette évolution de pratiques à l’échelle des filières, de renforcer l’équité
sur des partenariats de long terme culturales doit être réalisée avec les pro- au service d’une meilleure compétitivité.
avec des acteurs de la recherche, du ducteurs en mobilisant les méthodes de Cette ambition se structure autour (i) de
développement et de l’agro-industrie. Ses production et de partage des connais- la promotion et mise en œuvre de
activités, allant de la production au champ sances. Cela implique de faciliter leur méthodes et outils d’accompagnement
aux premières étapes de transformation accès aux connaissances et innovations des approches concertées, (ii) du dévelop-
industrielle, s’appuient sur des compé- techniques. pement de cadres d’optimisation de la
tences reconnues dans les domaines de mutualisation des acquis et (iii) du renfor-
la génétique et de l’amélioration varié- Ambition 21 cement des capacités des acteurs et d’un
tale, de la gestion des cultures, de la appui-conseil différencié et inclusif.
transformation et la qualité des produits.
Améliorer la rentabilité et
Le Cirad est aussi impliqué dans l’accom- la compétitivité du coton africain Ambition 41
pagnement, la formation et l’encadre- Le maintien de l’attractivité de la culture
ment des acteurs de la filière. Sept unités cotonnière passe par l’augmentation et la Mieux positionner les filières
de recherche, réparties entre les trois stabilité des revenus issus des systèmes cotonnières africaines à
départements du Cirad (départements de production. Le développement de l’échelle des territoires
Systèmes biologiques (Bios), Perfor- variétés performantes et adaptées à des Il existe de fortes interactions entre la
mances des systèmes de production et de systèmes de production résilients est une culture cotonnière et les systèmes
transformation tropicaux (Persyst) et des approches qui seront mises en œuvre sociaux, productifs, environnementaux et
Environnements et sociétés (ES)), par le Cirad pour accroître la productivité économiques à l’échelle des exploitations
conduisent des activités en lien avec la des systèmes cotonniers. Cet accroisse- et des territoires. Il est important de mobi-
filière coton. Ces moyens sont mis à dis- ment bénéficiera également aux sociétés liser la connaissance de ces interactions
position de quatre ambitions. cotonnières dont la rentabilité et la com- pour proposer des solutions innovantes
pétitivité passent aussi par une diminution assurant la durabilité des systèmes coton-
Ambition 1` des coûts de production. La mécanisation niers. À travers cette ambition, le Cirad
des opérations peut apporter des solutions a pour objectif de contribuer à la
Adapter les pratiques culturales techniques. La valorisation de la qualité co-construction d’innovations du système
au changement climatique technologique des produits et des modes coton adaptées à différentes échelles. Il
et réduire leur impact sur de production des filières cotonnières afri- s’agit de faire face aux enjeux mondiaux
l’environnement caines, et le développement de filières à actuels et de renforcer les capacités de
Des leviers d’incitation à l’atténuation du identité sont également des leviers pour résilience et la sécurité alimentaire des
changement climatique et d’adaptation à accroître la compétitivité des filières et les exploitations, communautés et territoires
ses effets existent. Le Cirad propose de revenus des exploitations cotonnières. indispensables à des systèmes alimen-
renforcer le développement de méthodes taires et agricoles durables. n
innovantes et de mobiliser les processus Ambition 31
d’intensification écologique pour réduire
l’impact environnemental des systèmes de Renforcer les capacités
culture à base de coton, par le recours à des acteurs des filières
des techniques de conservation de l’eau et cotonnières africaines
du sol, de restauration de la fertilité des À travers cette ambition, le Cirad vise à
sols et de gestion des bioagresseurs. Il promouvoir une mise en œuvre collective
© B. Bachelier, Cirad
avec des effets sur la rétention d’eau, l’éro- Dans un contexte général de retrait des
territoires ?
sation), du semis à l’épandage (engrais,
Quels sont les principaux leviers À l’échelle des exploitations, l’innovation
herbicides, insecticides) et aux sar-
d’adaptation des pratiques culturales au peut porter sur la diffusion de variétés
clages-binages, voire jusqu’à la récolte,
changement climatique ? adaptées aux évolutions environnemen-
peuvent apporter des solutions techniques
B.B. et M.G. : En Afrique, le changement tales biotiques et abiotiques, sur une meil-
et contribuer à maintenir l’attractivité de
climatique entraînera des perturbations de leure intégration des cultures associées
la culture cotonnière. Pour les sociétés
la température, de la teneur en CO2 atmos- cotonnières et les égreneurs, la rentabilité (céréales, légumineuses, plantes de ser-
phérique et des précipitations, avec des et la compétitivité passent par une aug- vice), en rotation ou en association, sur
impacts sur la culture du coton, notam- mentation de la production (en coton- l’écimage des cotonniers pour réduire le
ment en matière de rendement, de préco- graine et ses produits) en quantité et en recours aux pesticides, sur la culture moto-
cité et de pression des bioagresseurs, qualité, et une diminution des coûts de risée raisonnée, etc. À l’échelle des terri-
comme on le voit actuellement avec production. Pour les huileries, les sous- toires, l’innovation concerne le renforcement
l’émergence d’une nouvelle espèce de jas- produits issus de la graine de coton (huile, du rôle de l’élevage dans l’aménagement
side (Amrasca biguttula). Pour s’adapter à tourteaux, etc.) pourraient aussi être mieux des espaces agricoles et pastoraux, à la fois
ces perturbations et atténuer leurs impacts valorisés grâce à une meilleure organisa- en matière de gestion de la fertilité des sols
négatifs, la mise en œuvre de systèmes de tion des filières de commercialisation. et de disponibilité en eau, l’optimisation de
culture du coton durables doit contribuer l’aménagement des parcelles et le déve-
Pourquoi la mise en place de démarches loppement de zones de productions spé-
à la conservation des ressources et de la
de concertation et d’échange au sein du cialisées, agroécologiques ou biologiques.
biodiversité. Pour ce faire, plusieurs voies
secteur cotonnier en Afrique est-elle Cette échelle inclut également l’organisa-
sont possibles. La première voie concerne
une priorité ? tion et la concertation entre les parties
la gestion durable des terres, mobilisant les
processus d’intensification écologique des Les filières cotonnières incluent de nom- prenantes, à travers les groupements de
systèmes de culture et de production, pour breux acteurs, avec des objectifs et des producteurs, la plus grande place faite aux
encadrer les flux de biomasse au niveau intérêts parfois différents, voire diver- femmes productrices, les interrelations
territorial. La deuxième voie concerne la gents, chacun ayant une maîtrise différen- agriculteurs-éleveurs, etc. n
gestion de la matière organique du sol, ciée de la conduite de la concertation.
En savoir plus : cotton@cirad.fr
35 8
scientifiques disciplines mobilisées,
de 7 unités de recherche des sciences agronomiques
aux sciences sociales
Les plus faibles Une culture quasi-
rendements mondiaux exclusivement pluviale,
tributaire des aléas climatiques
165 1
publications des plus importantes
dans des revues scientifiques collections mondiales
De très faibles capacités de transformation entre 2018 et 2023 de ressources génétiques
sur place (> 90 % de la production sont exportés) sur le coton : le CRB GAMéT
6 • Vers une culture cotonnière durable [2023-2033]
Le partenariat,
au cœur des recherches du Cirad
L
a recherche cotonnière conduite par le
Cirad s’appuie sur une longue histoire. Si,
par le passé, ses activités au bénéfice de
la filière coton se sont déployées en Afrique,
en Amérique du Sud, en Asie Centrale et en
Asie du Sud-Est, elles se sont recentrées
depuis quelques années sur le continent afri-
cain. Ses travaux se sont toujours appuyés sur
des partenariats publics et privés, nationaux,
régionaux et internationaux, avec des struc-
tures de recherche, des organisations de pro-
ducteurs, des organismes de développement
et des industries de transformation, en lien
© K. Naudin, Cirad
avec divers types de bailleurs. Cette stratégie
géo-partenariale sera poursuivie dans les
années à venir. n
Entretien avec
Caroline Taco, de la sélection variétale du coton dans les pays francophones
responsable des questions d’Afrique de l’Ouest.
de développement, Comité
Que vous inspirent les ambitions de la feuille de route Cirad sur
consultatif international du
le coton, en particulier, les ambitions 2 (rentabilité) et 3 (renfor-
coton (ICAC)
cement de capacité des acteurs) ?
Elles sont clés dans le mandat que se donne l’ICAC pour les pro-
chaines années. Les rendements cotonniers d’Afrique, estimés à
DR
Le Cirad souhaite que ses quatre ambitions pour une culture durable
du coton soient discutées, partagées et soutenues par des partena-
riats et alliances multiacteurs.