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RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

Paix-Travail-Patrie Peace-Work-Fatherland
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INSTITUT NATIONAL DE LA JEUNESSE NATIONAL INSTITUTE OF YOUTH
ET DES SPORTS AND SPORTS
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DIVISION DE LA COOPÉRATION, DIVISION OF COOPERATION, RESEARCH AND
DE LA RECHERCHE ET DES STAGES INTERNSHIPS
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COORDINATION TECHNIQUE DES ÉCOLES TECHNICAL COORDINATION OF SCHOOLS
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ÉCOLE DE DÉVELOPPEMENT ET DE MANAGEMENT DES SCHOOL OF DEVELOPMENT AND MANAGEMENT OF
COLLECTIVITÉS LOCALES LOCAL COLLECTIVITIES
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SÉANCE I : CADRAGE CONCEPTUEL

UNITÉ D’ENSEIGNEMENT :
FORMATION PROFESSIONNELLE

ÉLÉMENT CONSTITUTIF :
INGÉNIERIE DU CIVISME ET DE LA CITOYENNETÉ LOCALE

CODE : FP 102

CECT : 02 crédits

Niveau : Cycle II (Groupe A)

Année Académique : 2020-2021

Semestre 1

ENSEIGNANT :

André Siegfried MENGOUNG

Conseiller Principal de Jeunesse et d’Animation

Enseignant Permanent à l’INJS de Yaoundé

Tél. 693.214.612/674.662.999

andysieg82@gmail.com

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I- LE CIVISME
Le civisme, du mot latin civis, désigne le respect du citoyen pour la collectivité
dans laquelle il vit et de ses conventions, dont sa loi. Ce terme s'applique dans le cadre
d'un rapport à l'institution représentant la collectivité : il s'agit donc du respect de la «
chose publique » et de l'affirmation personnelle d'une conscience politique. Le civisme
implique donc la connaissance de ses droits comme de ses devoirs vis-à-vis de la société.
Apparu au cours des années 1990, l'emploi de citoyenneté au sens de civisme est
contesté.
On distingue également le civisme du savoir-vivre et de la civilité, qui relèvent
du respect d'autrui dans le cadre des rapports privés. Le respect dont il est question ici
est celui des principes collectifs sans que cela soit forcément en contradiction avec les
lois. En effet, dans certains cas, l'acte d'incivisme peut ne pas être légalement réprimé.
II- LA CITOYENNETÉ
D’une manière générale, la citoyenneté est le fait pour une personne d’être
reconnue comme membre d’une cité (aujourd’hui d’un État) nourrissant un projet
commun pour lequel il prend une part active. Étymologiquement, le mot citoyenneté
vient du latin civitas signifiant : droit de cité, droit d’un habitant d’un pays (Bouguerra,
1999).
La citoyenneté ainsi que le souligne Le Pors (1999), est le fruit de conflits et de
consensus, de valeurs partagées et de confrontations d'idées d'autant plus intégratrices
qu'elles s'opposent vigoureusement. Elle serait en outre un statut juridique et
simultanément un rôle (Coutu & Bosset, 1999; Boisvert, Hamel & Molgat, 2000;
Schnapper, 2000; Weinstock, 2000; Hébert & Sears, 2001; Sanchez, 2006). Le statut,
juridique, comme le souligne Vincent (2001), est conféré par l'État à tout individu d'un
territoire donné qui est égal aux autres. En tant que rôle, la citoyenneté se traduit par
la possibilité d'exercer des droits et des devoirs (civique, politique, social et économique)
qui trouvent leurs assises et leur légitimité dans la recherche du bien commun et dans le
souci de l'intérêt général (Vincent, 2001). Cette double lecture met donc en relief les
logiques de citoyenneté active et passive.
La citoyenneté rend aussi compte du mode d'appartenance à une société donnée,
mode basé sur l'intériorisation, puis l’implémentation d'un ensemble de valeurs, de
normes et sur l'exercice de pratiques orientées en fonction du bien-être et du

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développement de la personne et de la société tout entière. Le citoyen serait donc cet
individu autonome, responsable, un membre actif de la communauté politique et de la
société civile.
De tout ce qui précède, il est d’intérêt de rappeler avec Le Pors (1999), Schnapper
(2000), Boisvert & al. (2000) et Beck (2000), que le concept de citoyenneté est
généralement associé à l'État-Nation.
De manière plus spécifique, il est loisible de lire la citoyenneté à l’aune de quatre
principaux axes : politique, civil, culturel ou collectif et socio-économique.
 Le domaine politique est relatif aux droits et devoirs de chaque citoyen au sein
d’un système politique. De ce fait, il met en lumière la participation de tous et de chacun
à la gestion de la chose publique, avec pour principal cadre d’application le droit de
vote et le devoir de contrôle.
 Le domaine civil quant à lui fait référence au modus vivendi à l’aune duquel sont
construits les objectifs poursuivis par l’ensemble de la société. Y faisant référence,
Bogdanor (1991) y voit une définition des valeurs fondamentales collectives, des limites
du pouvoir décisionnel gouvernemental par rapport au citoyen individuel, ainsi que des
associations et groupes d’intérêt privé. Comme éléments constitutifs, l’on y retrouve
l’accès à l’information, la liberté d’association, le droit de parole ainsi que l’égalité aux
yeux de la loi.
 Le domaine culturel ou collectif qui a trait à la prise en compte par chaque société
de sa diversité culturelle croissante au travers de la construction et de l’exaltation d’un
patrimoine culturel commun. Cette démarche constructive ne s’accommode pas du rejet
des identités culturelles des minorités. La relation État-culture se fonde sur la
reconnaissance de la dimension anthropologique des droits humains ainsi que le respect
de la dignité de tous les citoyens par l’entité gouvernante. Tout ce qui précède induit
donc une égalité de tous aux yeux de la loi ainsi qu’un droit à la protection contre toute
forme de discrimination relative aux appartenances ou convictions respectives.
 Le domaine socio-économique qui traite des relations entre acteurs appartenant
au même cadre de vie ainsi qu’aux éléments normatifs relatifs à la participation à la
sphère politique. Comme éléments de cette composante citoyenne, l’on retrouve un
ensemble de droits liés au travail, à la sécurité sociale, à l’aspect sécuritaire du cadre de
vie, au bien-être économique ou du moins à des moyens basiques de subsistance.

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Fort de ce qui précède, Veldhuis (1997) affirme que ces domaines ont des
conséquences sur le processus de citoyenneté. En effet, le citoyen moderne est donc
d’abord le sujet de droits et de devoirs : droits de l’homme ; droits civils ; droits
politiques ; droits sociaux. Les devoirs sont accomplis par les citoyens pour le bien de la
collectivité (impôts, service militaire, etc.) et définis par les lois des pays dans lesquels ils
vivent. La citoyenneté implique donc aussi la définition d’une commune appartenance
à une communauté politique (à ne pas confondre avec la nationalité).
Bien plus, la citoyenneté génère un lien social fondé sur le politique et non sur
une ou des appartenances singulières des individus. C’est, en particulier, l’égalité de
droits et de devoirs, associée à la citoyenneté qui fonde le lien social dans la société
démocratique moderne.
Cependant, si la citoyenneté suppose un ensemble de qualités morales
considérées comme indispensables au rôle de citoyen, chaque citoyen exerce à sa façon
la citoyenneté telle qu’elle est établie par les lois et intégrée dans l’ensemble des mœurs
de la société à laquelle il appartient. C’est dire qu’aujourd’hui, de nombreux citoyens
expriment leur méfiance par rapport aux politiques, par des engagements et des
socialisations sous d’autres modes, s’exprimant par des actions de solidarité ou de
sensibilisation à diverses causes autres que celles supposée commune.
III- LE CITOYEN
Le citoyen est un habitant de la cité qui est en règle vis-à-vis de ses devoirs civiques;
c'est-à-dire celui qui paye ses taxes et qui prend part aux votes. C’est aussi celui qui
participe pleinement aux actions de développement de sa commune. Dans ces
conditions, le citoyen n’est pas simplement celui qui dispose de sa pièce d’identité ou
qui réside dans une commune mais surtout celui qui a un comportement exemplaire et
participe activement à la vie de la société.
IV- ÉDUCATION CIVIQUE
Le mot « éducation » est directement issu du latin educatio de même sens, lui-même
dérivé de ex-ducere (ducere signifie conduire, guider, commander et ex, « hors de ») :
"faire sortir de". Il s’agit donc de conduire, de tenir la main pour amener quelqu’un vers
un lieu, de faire se développer.
Il est souvent courant de confondre éducation et enseignement. Enseigner, c'est
transmettre un corpus de connaissances (savoir et savoir-faire) et de valeurs considérées

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comme faisant partie d'une culture commune. Le terme enseignement se réfère à une
éducation bien précise, soit celle de la transmission de connaissances à l'aide de signes.
« Signes » et « enseignement » dérivent d'ailleurs de la même racine latine. Ces
signes utilisés pour la transmission de connaissances font, entre autres, référence au
langage parlé et écrit. Le mot latin « insignis » signifie avant tout : « remarquable, marqué
d'un signe, distingué ». Il y a ainsi un paradoxe étymologique à assigner à l'enseignement
la tâche de développer des « citoyens responsables et égaux ».
L’éducation, beaucoup plus généralement, correspond à la formation globale
d'un individu, à divers niveaux (aux niveaux religieux, moral, social, technique,
scientifique, médical, politique, relationnel, comportemental, etc.).
Enseigner est donc éduquer, mais éduquer n'est pas forcément enseigner. Il est du
devoir des parents d'éduquer leurs enfants et de l'enseignant d'instruire, du devoir de la
société d’éduquer les citoyens et de l’État non seulement d’instruire mais également
d’éduquer les citoyens.
L'éducation ne se limite pas à l'instruction stricto sensu qui serait relative
seulement aux purs savoir et savoir-faire (partie utile à l'élève : savoir se débrouiller dans
le contexte social et technique qui sera le sien). Elle vise également à assurer à chaque
individu le développement de toutes ses capacités (physiques, intellectuelles, morales et
religieuses…). Ainsi, cette éducation lui permettra d'affronter sa vie personnelle, de la
gérer en étant un citoyen responsable dans la société dans laquelle il évolue.
Le terme "civique" renvoie à ce qui concerne le citoyen. Étymologiquement, cet
adjectif vient du substantif latin "civitas" qui peut avoir plusieurs sens : la citoyenneté,
les droits des citoyens, le droit de cité ; l'ensemble des citoyens qui constituent une ville
ou un État ; le territoire occupé par cette communauté ; la ville principale de ce territoire
ou de cette communauté.
Pour ce qui est de l’éducation civique, le terme civique renvoie essentiellement à
la notion de citoyenneté, aux citoyens qui constituent un État, et à l’État (territoire
occupé par cette communauté).
Ainsi, l’éducation civique peut se définir comme étant le fait d’amener les citoyens
à développer par eux-mêmes le sens de la citoyenneté pour leur bien propre, celui de
la communauté à laquelle ils appartiennent, et celui de l’État dans lequel ils vivent.

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V- LA PARTICIPATION CITOYENNE
Il va s’agir ici de s’appesantir d’abord sur le concept de participation, avant de
lui joindre le qualificatif de citoyenneté tel qu’évoqué plus haut.
V.1- La participation
Le concept de participation naît du désir de satisfaire les besoins des populations
en milieu communal, face aux nombreux échecs des projets initiés par le haut. En effet
le constat a été fait que, les nombreuses stratégies de développement mises sur pied au
cours des deux premières décennies post indépendance présentent des limites et courent
presque toutes vers l’échec. Ceci en grande partie à cause de leur centralisation, et de la
prise des décisions du pouvoir central alors que selon Muller (1992 : 38), le seul moyen
de réussir une politique c’est d’en confier la réalisation à ceux qui ont intérêt qu’elle
réussisse.
Selon les usuels de la langue française, la participation s’appréhende comme
l’action de prendre part à quelque chose, son résultat. La participation a de ce fait un
sens passif et un sens actif. Pour Maiga cité par Bessan (2011), le sens passif renvoie au
fait que la population prend part, sans prendre de décision et au sens actif, elle s’engage
en prenant des responsabilités. La participation se rapporte au fait d’être intéressé. C’est
à ce titre que Boukhari (1994 : 42), énonce que Le principe fondamental de la
participation : c’est le partage de savoir et de pouvoir. Dans le même registre Yoda
(2004 : 85) cite Boukhari en disant que (…) la participation, c’est penser et faire avec
et non pour, c’est la responsabilisation, la concertation et la négociation.
La participation se révèle un phénomène influencé par un ensemble de facteurs
déterminants tels que : les facteurs socio-économiques, anthropologiques et
institutionnels. Par facteurs socio-économiques, il est question des facteurs liés à
l’éducation, au statut, aux attitudes et comportements.
La participation se détermine tant par des facteurs aussi bien endogènes
qu’exogènes d’après Lane cité par Ndouta (2013). Les facteurs endogènes mettent en
relief les variables individuels et collectifs, propres à une population et favorisants sa
participation. Les variables individuelles sont au nombre de trois : la volonté de
s’impliquer, la condition économique et le niveau d’éducation des individus. En d’autres
termes un individu qui manque de détermination, limité dans ses moyens matériels et
n’ayant pas le niveau d’instruction souhaité, ne pourra pas participer à un projet quel

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qu’il soit. Les facteurs collectifs quant à eux concernent la culture organisationnelle. La
participation exige une certaine organisation. Dans ce sens, l’absence de charpente
capable de coaliser les desseins collectifs explique que certaines populations ne
s’impliquent pas dans la résolution des problèmes de la communauté ou du groupe.
Pour Sills cité par Ndouta (2013), les facteurs exogènes sont des variables externes
qui échappent au contrôle des individus, mais qui sont déterminants dans le choix et la
décision de participer. Il s’agit de l’environnement politique et de la stratégie de
mobilisation adoptés par les acteurs d’un projet.
Les différents facteurs ainsi recensés expliquent tous, d’une façon ou d’une autre
la participation des populations aux projets de développement. Dans ce sens, la
participation est à la fois un droit et un devoir exercés par un citoyen dans un contexte
de démocratie. Il s’agit ici de participation citoyenne.
La participation connait cependant différentes formes relatives à la motivation
qui amène l’individu à prendre part à une activité pour Meister (1970). Les différentes
formes de participation sont :
- la participation de fait qui conduit l’individu à participer instinctivement parce
qu’il appartient à un système familial, religieux ou traditionnel qui l’incite à prendre part
par l’intermédiaire des relations affectives qui le lient au système. C’est une forme de
participation involontaire et caractéristique des sociétés fortement traditionnelle ;
- la participation provoquée est induite et stimulée de l’extérieur par des
organismes ou des institutions. Elle peut déclencher l’implication des populations dans
le processus de développement engagé à leur compte ;
- la participation volontaire est une initiative des membres du groupe, sans
intervention extérieure. Elle émanerait d’une hypothétique conversion des sociétés
traditionnelles en sociétés modernes ;
- la participation spontanée est une forme intermédiaire entre la participation de
fait et la participation volontaire ;
- la participation imposée peut émaner soit du groupe lui-même, soit de l’influence
extérieure ; dans le but de susciter à travers une prise de conscience une forme
d’organisation au sein du groupe.

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Tableau 1 : Participation selon Albert Meister
Type de Participation Origine et création Intérêts, activités,
fonctions
Participation de fait Origine dans la vie Conservation du
traditionnelle: groupe familial, patrimoine
religieux, métiers...
Participation Création par les participants, Satisfaction des besoins
spontanée elle reste fluide, sans vitaux
organisation formelle : groupes
de voisinage, amateurs
Participation imposée Création par des animateurs Groupement
extérieurs, mobilisation de la indispensable pour le
main d’œuvre pour des travaux fonctionnement du
collectifs programme
Participation Groupe provoqué et suscité Adoption d’un
provoquée dans le cadre de projet ou comportement collectif et
programme : coopérative… normes promues par
l’institution intervenante

Participation Création du groupe suite à une Satisfaction de besoins,


volontaire prise de conscience, initiative défense d’intérêts
propre au groupe communs, promotion
sociale
Source : NDO (2015 : 16)
Toutefois cette catégorisation de Meister n’empêche pas à d’autres auteurs
d’apporter un éclairage différent. C’est le cas de Goussaut cité par Mekoulou (2012),
qui a démontré qu’on dénombre trois types de participation, en fonction de
l’engagement d’un individu ; à savoir :
- la participation formelle où l’individu est motivé par la peur d’être sanctionné ;
- la participation par effet d’imitation à travers laquelle l’individu est entrainé dans
un courant d’habitude ;
- la participation responsable par laquelle l’individu s’engage de façon consciente
et volontaire.
Par ailleurs, Schawrz toujours cité par Mekoulou (2012), estime à son tour qu’il existe
plutôt cinq niveaux de participation : la participation par contribution, la participation
par intégration, la participation par insertion, la participation par engagement et la
participation par la prise en charge.
Dans le cadre de cet enseignement, ces différentes thèses sont complémentaires du
fait que la contribution et la mobilisation des populations à un processus de

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développement local passent par leur participation, qu’elle soit formelle ou par
insertion. Toutefois pour un développement qui se veut durable et local, en rapport
avec la décentralisation, la participation voulue ici est la participation par engagement
ou la participation responsable. Spécifiquement la participation doit ici recouvrir deux
acceptions : collecter l’information et obtenir l’adhésion de la population en échange
d’une certaine influence dans la prise de décisions.
V.2- La participation citoyenne
PIERRE ANDRÉ (2016 : 48) l’appréhende comme :
Un processus d’engagement obligatoire ou volontaire de personnes
ordinaires, agissant seules ou au sein d’une organisation, en vue
d’influer sur une décision portant sur des choix significatifs qui
toucheront leur communauté.
Il s’agit ici de la matérialisation de la citoyenneté dite active. En effet, dans un
contexte ou des individus partagent le même espace de vie et sont donc soumis aux
mêmes problèmes, les décisions qui sont prises et qui sont susceptibles d’avoir une
incidence significative sur leur quotidien, des décisions qui peuvent avoir une incidence
sur la cohésion sociale, ou encore toutes celles qui présentent un enjeu majeur pour
l’avenir de leur territoire doivent les intéresser au premier plan. Il y va non seulement
de leur intérêt personnel, mais aussi de l’intérêt de l’ensemble.
MURIEL DUBREUIL (2015 : 27) entendait par participation citoyenne, tout
mécanisme mis en place afin d’impliquer, de façon active ou passive, des citoyens ou
leurs représentants… . Cette définition semble mettre en avant les moyens ou les canaux
par lesquels la voix de la population peut être portée vers les instances de décisions. Ce
sont les instruments de la démocratie représentative avec les élus du peuple qui souvent
hélas, ne se souviennent pas du peuple de qui ils tiennent leur légitimité.
VADIM POPOWSKY (2010 : 2) la définie comme :
Un moyen pour les représentants d’une ville, d’une région ou d’un État
d’impliquer ses acteurs, c’est-à-dire les citoyens, dans leurs prises de
décisions et, plus généralement, dans leur gestion.
Cette définition fait ressortir le caractère dirigiste de la participation citoyenne, car ici
elle semble être tributaire de la volonté des représentants des citoyens, faisant
abstraction de leurs droits en tant que citoyens.

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Selon MATHIEU LAMBERT (2007 : 2), la participation citoyenne peut-être
définie au sens large comme leur contribution à la construction de réponses aux besoins
de la collectivité et/ou des différents groupes qui la composent. On comprend dès lors
qu’il s’agit de l’apport des citoyens dans la construction de la solution idoine pour pallier
les problèmes qui sont ceux de la communauté à laquelle ils appartiennent. C’est donc
une action concertée, adoptée d’un commun accord, ou tout au moins, qui a fait l’objet
d’un échange entre citoyens appartenant à une même communauté ou à un groupe
social déterminé. C’est cette dernière définition que nous privilégierons dans ce cours.
VI- LE DEVOIR ET LE DROIT
Le devoir désigne tout acte ou toute conduite attendue moralement ou
légalement d’un individu qui doit ainsi faire ou ne pas faire quelque chose. Exemples :
ne pas tuer, s’acquitter des taxes et impôts, respecter le bien public, ne pas détruire
l’environnement, ne pas semer sur les routes et les pistes à bétail, prendre soin des
écoles…
Le droit est la possibilité donnée à un individu de faire ou de ne pas faire quelque
chose et d’exiger d’autrui une prestation. La constitution camerounaise accorde aux
citoyens:
- des droits civils (avoir un acte de naissance, nationalité, exprimer librement sa religion
ou sa culture…),

- des droits socioculturels (droit à la santé, à l’éducation, au logement, à l’accès à l’eau


potable…).
VII- LE DÉVELOPPEMENT LOCAL ET LA GOUVERNANCE LOCALE
Le développement local aussi appelé développement à la base, est un processus
utilisant les initiatives locales au niveau des petites collectivités comme moteur du
développement économique. Il est prôné dans les pays en développement en
complément des mesures macroéconomiques et des grands projets. Ainsi le
développement local est une stratégie de développement utilisée dans plusieurs pays
orientés vers l’action qui valorise les potentialités locales et les acteurs locaux. Il réussit
souvent où l’État central a échoué dans la lutte contre la pauvreté. Le développement
local est aussi un processus de diversification et d’enrichissement des activités
économiques et sociales sur un territoire d’échelle locale à partir de la mobilisation et
de la coordination de ses ressources matérielles. Cette notion désigne à la fois une

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posture vis-à-vis de la question du développement, une méthode pour le
développement des territoires locaux ainsi qu’un cadre d’analyse de ses ressorts.

Owens NDIAYE (1999, 37) définit le développement local comme la


participation des différents acteurs à la libéralisation des initiatives, en particulier, celles
locales et communautaires. L’auteur privilégie une approche du développement centrée
sur la contribution effective des populations locales aux initiatives de développement.
La revalorisation de l’échelon local semble donc être le point de rupture par rapport
aux expériences antérieures du développement.
Pour Jean BONNAL (1995, 43):
Le développement local est une démarche globale de mise en mouvement
et en synergie des acteurs locaux pour la mise en valeur des ressources
humaines et matérielles d’un territoire donné, en relation négociée avec les
centres de décisions des ensembles économiques, sociaux et culturels dans
lesquels ils s’intègrent.
Cette définition semble mettre en exergue deux aspects fondamentaux du
développement local :
- il doit être intégré, c’est-à-dire que les facteurs économiques, sociaux et
culturels doivent être pris en compte ;
- il doit s’appuyer sur une collaboration et un compromis explicite entre les
populations locales et les instances de décisions auxquelles elles sont rattachées.
Pour Ahmadou Lamarana DIALLO (2003), le développement local désigne un
processus permanent de mobilisation des énergies de tous les acteurs locaux en vue de
la promotion économique, sociale et culturelle d’un territoire. Autrement dit, c’est un
processus qui vise à la participation des acteurs avec pour finalité l’amélioration des
conditions de vie d’une collectivité. Il peut désigner soit le processus d’amélioration des
conditions de vie d’une collectivité, soit le résultat de ce processus, ou les deux à la fois.
Cependant, pour les paysans, les jeunes et les femmes, le développement local
doit être un processus qui conduit à l’amélioration des conditions de vie de tous les
habitants de la collectivité. Ceux-ci ont une vision qualitative du développement local,
qui se mesure par des critères tels que : la diminution du chômage, la capacité des
familles paysannes à se nourrir, à satisfaire les besoins des enfants en âge de scolarité,

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etc. Donc les développements quantitatifs et qualitatifs constituent les deux faces du
développement local.
Dans le cadre de cet enseignement, le développement local est un processus grâce
auquel la communauté participe au fonctionnement de son propre environnement dans
le but d’améliorer la qualité de vie de ses résidents. Cette démarche nécessite une
intégration harmonieuse des composantes économiques, sociales, culturelles, politiques
et environnementales. Le développement local peut s’interpréter comme un processus
émergent endogène. Il fait émerger des initiatives et suscite le dynamisme des
communautés locales. Il valorise aussi parfois des pratiques très imaginatives, les
ressources humaines, financières et matérielles locales, et suscite des comportements
novateurs axés sur la prise en charge de la créativité en vue de l’amélioration des
conditions et cadres de vie des populations. Tout ceci devant s’exercer au sein d’une
Commune.
La gouvernance locale quant à elle porte sur la manière dont le pouvoir est exercé
c'est-à-dire dirigé, administré et géré au niveau local (régional, communal) pour assumer
un certain nombre de fonctions publiques. Une gouvernance locale démocratique
implique un partenariat entre les principaux acteurs de la société dans la conception, la
mise en œuvre de la politique publique et la résolution des problèmes.

FIN DE LA SÉANCE

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