Vous êtes sur la page 1sur 5

Auteur :Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, dit Marivaux, est né à Paris dans une famille de petite

noblesse. Il est inscrit à la Faculté de droit mais préfère fréquenter les salons où il découvre la préciosité.
Marivaux s'essaie à différents genres littéraires : romans, poèmes, journalisme,théâtre.
Il rencontre le succès avec l’Ile des Esclaves, le Jeu de l'amour et du hasard, Les fausses confidences. Il
s’intéresse particulièrement à l’analyse psychologique et au fonctionnement de la passion amoureuse.
C’est un témoin majeur de la vie de la société au XVIIIe siècle.
Marivaux est élu à l'Académie française.

contexte historique : Au XVIIIème siècle, c’est le siècle des Lumières. En France, Louis XV est au pouvoir
après « la Régence » de Philippe d’Orléans, marquée par une vogue de spectacles et une recherche de
plaisirs. L’époque est marquée par le début d’une évolution de la société française qui aboutira à la
Révolution. Des idées nouvelles se propagent dans les salons et ailleurs. Les philosophes (Montesquieu,
Voltaire, Rousseau) contestent la monarchie absolue, la religion, l’obscurantisme. Mais Marivaux se tient à
l'écart des philosophes du XVIII

Le mouvement des Lumières se fondent sur la raison.

L’oeuvre : Le Jeu de l’amour et du hasard est une pièce de théâtre comique (comédie : genre dramatique
visant à faire rire pour mieux corriger les vices), en trois actes et en prose. La pièce est représentée pour la
première fois en 1730 par les comédiens italiens à l’hôtel de Bourgogne.
RÉCEPTION DE L’ŒUVRE : la pièce est saluée par le public et la critique. Elle sera reprise tout au long de la
vie de Marivaux.
C'est la pièce de Marivaux la plus célèbre et la plus représentée, tant en France qu'à l'étranger.

RÉSUME - ORGANISATION DE L’ŒUVRE :

Silvia craint d’épouser sans le connaître Dorante, le jeune homme que son père, Monsieur Orgon, lui
destine. Elle décide alors d’échanger les rôles avec sa femme de chambre, Lisette, en espérant ainsi mieux
observer son prétendant. Mais Dorante a eu la même idée : il se présente chez Monsieur Orgon déguisé en
serviteur, nommé Bourguignon, et son valet, Arlequin, se fait passer pour lui. Seuls Monsieur Orgon et son
fils, Mario, sont informés du travestissement des jeunes gens. Ils choisissent de laisser libre cours au « jeu
de l’amour et du hasard » et d’en savourer le spectacle… .

📌 L’acte I met en place le thème du déguisement avec le double stratagème et la question de


l’émancipation féminine, introduite par Silvia.

📌 L’acte II dévoile l’amour naissant et une mise en abyme avec le jeu de rôle auquel se livrent les quatre
protagonistes.

📌 L’acte III illustre les conventions sociales puisque l’ordre établi n’est pas véritablement bouleversé.
Maîtres et domestiques retrouvent à la fin leur place dans la hiérarchie sociale.
III MOUVEMENT LITTÉRAIRE DE L’AUTEUR
Marivaux se tient à l'écart des philosophes du XVIII

entre tradition et modernité


✔ La pièce hérite de certaines règles du théâtre classique : elle respecte la règle des ‘trois unités » :
- unité de lieu : la maison d’Orgon à Paris.
- une unité de temps : l’action dure une journée.
- une unité d’action : Silvia et Dorante accepteront-ils leurs sentiments malgré leur travestissement.
Le dénouement est heureux, comme dans la tradition classique : l’amour triomphe.

✔ Mais le théâtre classique met en scène essentiellement des « grandes comédies » et des tragédies
en 5 actes. Le jeu des acteurs est peu naturel.
Marivaux nous propose une pièce en trois actes et en prose qui s’inspire de la commedia dell’arte, un
genre théâtral né en italie au XVIème siècle. Il travaille avec la troupe des Comédiens-Italiens : le jeu des
comédiens est vif, plein de fantaisie ; les comédiens peuvent improviser. On retrouve certains
personnages récurrents comme Arlequin, reconnaissable à son costume coloré.

Les personnages

• Silvia, fille de Monsieur Orgon, sœur de Mario et future amante de Dorante


• Dorante, prétendant de Silvia, qui se fait passer pour le valet Bourguignon
• Lisette, femme de chambre de Silvia
• Arlequin, valet de Dorante
• Monsieur Orgon, père de Silvia et de Mario
• Mario, fils de Monsieur Orgon et frère de Silvia

Spécificité d’écriture de l’auteur :


Le marivaudage désigne le style de l'auteur : il est caractérisé par un langage raffiné dans une conversation
amoureuse, légère. Acte 1 scène 7
Les mots ne sont jamais neutres : ils engagent et révèlent la personnalité,

Justification de mon choix


L’œuvre m’a plu car je suis sensible à l’humour et la pièce appartient au registre comique : Les dialogues ,
les jeux de mots et les quiproquos sont humoristiques.
Les laquais portent de belles tenues, mais ils ont un langage bien trop familier. Les nobles déguisés sont
habillés modestement alors qu’ils peuvent avoir un langage précieux.
La pièce est agréable à lire.

De plus, l’oeuvre reste très actuelle car il traite de l’amour véritable qui transcende les barrières sociales et
les préjugés de classe chez Marivaux. C’est toujours un thème d’actualité.

L’oeuvre cinématographique « L'esquive » d’Abdellatif Kechich raconte l’histoire de Krimo, collégien de 15


ans, vivant dans une banlieue ; il tombe amoureux de Lydia et il va tout mettre en œuvre pour jouer le rôle
d’Arlequin et donner la réplique à Lydia qui joue le rôle de Lisette dans une pièce de théâtre « le jeu de
l’amour et du hasard ». Dans ce film, la langue de Marivaux se mêle à celle des adolescents de banlieue.
Liens avec Molière
➢ C’est une comédie
Le comique de situation. Il est lié à l'échange des rôles et au travestissement. Les valets essaient avec plus
ou moins de succès d'imiter le langage, les postures et les gestes des maîtres ; de leur côté les maîtres
tentent de jouer le rôle des serviteurs, mais sans réel succès. Le comique est provoqué par l'exagération de
certains traits dans l'imitation (p. ex. le langage précieux, les postures, …).
Mario et M. Orgon connaissant la supercherie.

Comique de mots : Périphrases et métaphores qui suscitent le sourire.


Par exemple, dans la scène 6 de l’acte III, Arlequin et Linette tentent de révéler leur véritable identité.
Arlequin va utiliser une métaphore du voyageur qui ramène l'amour à quelque chose de matériel («
constitution bien robuste », « fatigue », « mauvais gîte », « loger petitement »).
Il fait des comparaisons liées à l’argent avec la « fausse monnaie » et le « louis d'or faux »
La périphrase « soldat d'antichambre » est burlesque car elle tente, en vain, de maintenir un semblant de
grandeur et de noblesse à la fonction domestique.
Ce qui est comique, c’est le mélange entre un style élevé et précieux (lié à la volonté
d'imiter les maîtres) et le style des valets qui transparaît parfois et trahit la véritable condition des
personnages :
- un comique du langage populaire des valets : injures « coquin » et « faquin » , expression familière « il y a
un peu à tirer ici ! » , terme « magot » , , …
– Imitation du style précieux comme le recours à l'hyperbole (« Il y a une heure que je lui demande grâce,
et que je m'épuise en humilités ... »
Comique de gestes : Dorante menace Arlequin de le bastonner.

➢ La mise en abyme
On a du théâtre… dans du théâtre. Les personnages travestis se mettent en scène devant d’autres
personnages et on a Orgon et Mario, qui sont spectateurs.
➢ une certaine impertinence et effronterie, une certaine liberté de parole et de pensée de la femme
de chambre ou du valet … Comme dans Molière
➢ Une différence : Molière écrit des pièces où les filles n’ont pas leur mot à dire et où les unions sont
forcées. Au XVIIIe siècle, les choses commencent à bouger un peu. Le père semble vouloir le
bonheur de sa fille.

Liens avec le film "L'Esquive" réalisé par Abdellatif Kechiche en 2003


1. Thème de l'amour et des relations sociales : Les deux œuvres explorent les thèmes de l'amour et
des relations sociales. "Le Jeu de l'amour et du hasard" met en scène une comédie sur les classes
sociales, où les personnages échangent leurs rôles pour mieux comprendre l'autre.
De même, "L'Esquive" se déroule dans un contexte contemporain et explore les relations
amoureuses au sein d'un groupe de jeunes issus de milieux sociaux différents.
2. Les jeux de rôle : Dans "Le Jeu de l'amour et du hasard", les personnages principaux échangent
leurs identités sociales.
Dans "L'Esquive", les adolescents jouent des rôles dans leur vie quotidienne, et cela se reflète dans
leur manière de s'exprimer.
3. Les obstacles sociaux : Tant dans "Le Jeu de l'amour et du hasard" que dans "L'Esquive", les
obstacles sociaux jouent un rôle central dans l'intrigue. Les différences de classe sociale influent sur
les relations entre les personnages.
4. Influence du théâtre : "L'Esquive" tire son inspiration du théâtre de Marivaux. Le film intègre des
éléments de langage théâtral, de jeux de scène et de comédie, tout en étant ancré dans le contexte
contemporain des banlieues françaises.
Les grands thèmes de l’œuvre
• Suis-je aimée pour ce que je suis ?
Le sujet porte le mariage de deux jeunes gens. L’obstacle principal réside dans la décision des deux
jeunes gens eux-mêmes. Rendue socialement possible par l’évolution des mœurs XVIIIe siècle, c’est
l’émancipation de la femme qui entraîne un nouveau type de comédie : la comédie de sentiments. Nous
allons assister à la naissance de l’amour, à la prise de conscience de cet amour, et à la déclaration à l’autre
de cet amour. Finalement, l’intrigue porte sur « la surprise de l’amour ». Les obstacles sont donc ici
intériorisés, ils sont liés aux préjugés et à l’amour-propre des personnages.
La grande question du Jeu de l’amour et du hasard repose sur la sincérité. En effet, il s’agit de se demander
jusqu’où être sincère dans ses relations sociales et amoureuses. Doit-on duper les autres ou se duper soi-
même ?
• Le travestissement pour être intégré à un groupe social et la sincérité.
C’est un débat encore très actuel : jouer un rôle pour plaire à l’autre, être accepté dans un groupe. Parfois,
on opère un déguisement de la personnalité, voire un déguisement vestimentaire pour être accepté au
sein d’un groupe. Exemple : les rappeurs ont un style vestimentaire bien marqué, de même que les
squatters. Ils se reconnaissent au sein d’un même groupe : on se déguise pour appartenir à un même
groupe et on joue un rôle.
• Le langage comme révélateur de la personnalité.
Le langage sert à deux choses : il sert à la communication, mais il sert aussi à se connaître soi-même. Les
mots engagent et révèlent la personnalité. Tu n’utilises ainsi pas le même langage avec les copains qu’avec
les adultes…
• L’émancipation féminine.
Nous sommes au XVIIIe siècle. On n’est plus dans le cadre des comédies de Molière où le mariage est forcé
et les femmes n’ont pas leur mot à dire, dans la mesure où ici, Sylvia n’est pas forcée par son père à
épouser Dorante. Elle rêve d’un mariage d’amour.

scène d'exposition. La fonction d'une exposition est :


- d'informer : mise en place de l'intrigue, présentation des personnages, ancrage dans un lieu et une
époque)
- de séduire :
Lire l’œuvre aujourd’hui
Amour et discrimination sociale
Peut-on aimer et épouser quelqu’un qui n’est pas du même milieu que soi, qui n’a pas reçu la même
éducation ? Dans Le Jeu, Marivaux se montre plus sceptique. Dorante hésite douloureusement avant de se
résoudre à ce qu’il pense être une mésalliance et Silvia se reproche de s’intéresser à un valet. Certes,
l’amour triomphe. les conventions sociales retrouvent leurs droits : on se marie entre gens du même
milieu. Malgré l’évolution des mœurs et des mentalités intervenue depuis plus de deux siècles, est-il
vraiment certain que l’amour ignore les préjugés, toutes les formes de préjugés ?

Duper les autres ou se duper soi-même ?


Sous prétexte de mieux s’observer et se connaître, Dorante et Silvia se présentent l’un à l’autre sous de
fausses identités. Même si leurs intentions sont louables, leur quête de la vérité n’en passe pas moins par
un déguisement qui, de quelque façon qu’on le prenne, est masque et tromperie. Mais dans ce « jeu »,
chacun devient dupe de son propre piège. C’est par pitié, par justice, pour « sauver un domestique du tort
qu’on peut lui faire auprès de son maître » (II, 11), que Silvia dit défendre Dorante. En fait, elle se ment, de
peur de s’avouer qu’elle aime un homme portant « livrée ». Quant à Dorante, jamais il n’aurait imaginé
s’éprendre d’une soubrette. À trop vouloir duper autrui, on en arrive à se duper soi-même. « Tel est pris
qui croyait prendre », dit La Fontaine (Le Rat et l’Huître, VIII, 9) et, avec lui, la sagesse populaire. Jusqu’où
être sincère dans les relations sociales et amoureuses ? S’aperçoit-on qu’on ruse avec soi ? Voilà qui reste
d’une vive acuité, tant le déguisement peut être autre que vestimentaire.

À quoi sert le langage ?


S’il sert naturellement à communiquer avec autrui, le langage sert aussi à se connaître soi-même. « Ah! Je
vois clair dans mon cœur », s’exclame Silvia (II, 12). De mensonge en dénégation, d’indignation en surprise,
elle accède à la plus totale sincérité et transparence. Les mots ne sont jamais neutres : ils engagent et
révèlent la personnalité, même sans qu’on en ait toujours pleinement conscience. De là vient la nécessité
d’en connaître les sens et les subtilités. C’est l’un des aspects les plus profonds du « marivaudage ».

Les paroles lourdes du valet contrastent avec la parole aisée des maîtres.

De plus, Arlequin manque de goût.

Vous aimerez peut-être aussi