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Littérature du XVIIIe siècle

Le Jeu de l’Amour et du Hasard, Marivaux


Leçon littéraire : Le hasard
Travail réalisé par : ABDELKRIMI Imane

Le Hasard dans Le Jeu de l’Amour et du Hasard, Marivaux.

Le Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) définit le hasard


comme « Cause, jugée objectivement non nécessaire et imprévisible, d'événements qui
peuvent cependant être subjectivement ressentis comme intentionnels. » Ce terme a pour
origine étymologique le jeu de dés. C’est le sens du mot arabe populaire az-zahr. La réflexion
moderne sur le hasard commence au XVIIIe siècle. Dans leur réfutation de la Providence et
leur souci de rationalité, les philosophes des Lumières ont cherché une réduction rationnelle
du hasard, en faisant appel à l’intelligence supérieure d’un dieu horloger, architecte ou
géomètre.

Le terme se lie étroitement à la philosophie, hasard ou contingence, est souvent


considéré comme une force indépendante de la volonté humaine et de la raison, qui peut
influencer les événements de manière imprévisible. Le concept de hasard est étroitement lié à
celui de liberté, car il implique que certains événements ne sont pas déterminés par des causes
préexistantes et peuvent donc être considérés comme libres. Cependant, le hasard est
également souvent perçu comme une force incontrôlable et imprévisible, qui peut causer des
problèmes ou des difficultés.

Dans la philosophie occidentale, le hasard a été étudié par de nombreux penseurs,


notamment Epicure, qui a développé une doctrine selon laquelle le hasard jouait un rôle
important dans la vie et dans l'univers. D'autres philosophes, tels que Leibniz, ont rejeté l'idée
selon laquelle le hasard pourrait avoir une influence significative sur le monde, affirmant que
tout événement était déterminé par des causes préexistantes. En dépit de ces différences de
point de vue, le hasard continue d'être un sujet de débat et de réflexion pour les philosophes
de tous les temps. « Le hasard est un mot vide de sens. Ce que nous appelons hasard n’est et
ne peut être que la cause ignorée d’un effet connu », écrit Voltaire dans son Dictionnaire
philosophique (1860 : 361).

Lié ainsi à la littérature, au topos littéraire de la première rencontre et aux


machinations mises en œuvre de l’intrigue, nous allons nous intéresser davantage à ce concept
dans Le Jeu de l’Amour et du Hasard de Marivaux. Ce dernier a déjà fait l'objet de plusieurs
études tant à son époque que plus tard, et aujourd'hui encore, il continue à attirer l'attention du
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public et des critiques. Cet intérêt toujours aussi vif pour Marivaux incite à chercher comment
ce qui a servi le goût du XVIII siècle peut encore passionner le public du XXI°. Le Jeu de
l'amour et du hasard, comédie écrite par Marivaux et représentée pour la première fois en
1730, remporta un succès remarquable. Cette pièce, considérée comme le chef-d'œuvre de
Marivaux, marque avec éclat l'originalité de son art dramatique.

Dans cette pièce, Marivaux nous présente une jeune fille, moderne, qui ne veut pas que
sa vie soit bouleversée par un mariage malheureux. Son père lui laisse la liberté de choisir son
mari. D’où se produit un certain débat entre le cœur et la raison. Nous allons voir comment
Silvia et Dorante, personnages principaux de la pièce, sont déchirés entre leur amour et la
raison qui leur interdit une pareille mésalliance.

Le titre de la pièce dit assez sur cette dernière et explique son enjeu principal : le jeu
n'est qu'un simple travestissement devenant un ballet des personnages déguisés. Ce jeu
devient, pour Silvia et Dorante, un jeu sérieux, et pour Orgon et Mario, un divertissement
léger. Ceux-ci se réjouissent de mener le jeu, tandis que les valets sont contents de prendre la
place des maîtres. Le jeu permet un désordre du hasard favorable à la révélation de l'amour.
Nous pouvons bien dire que le hasard est l'origine de l'intrigue. Car c’est lui qui permet le jeu
et qui fait naître l'amour. Et Donc le rôle du hasard est primordial au déroulement de
l'intrigue.

Dès lors nous pouvons nous demander si le hasard est vraiment le seul
conducteur de l’action dans cette pièce. Afin de répondre à notre problématique et
d’aborder la thématique dans cette pièce de théâtre, nous allons tout d’abord étudier dans
quelle mesure le hasard favorise l’intrigue. Ensuite, nous allons aborder l’acceptation et le
refus du hasard comme décideur du sort des protagonistes. Et enfin nous allons décortiquer les
éléments de la fin heureuse que nous propose Marivaux dans sa comédie.
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Le Jeu de l’Amour et du Hasard, Marivaux
Leçon littéraire : Le hasard
Travail réalisé par : ABDELKRIMI Imane

Plan :

I. Le hasard en faveur de l’intrigue


1. Une décision réciproque
2. Deux valets maitres
3. Un divertissement assuré
II. Le hasard entre acceptation et refus
1. Un hasard qui unit
2. Un hasard auquel il faut subir
3. Un hasard qui perturbe
III. Un amour sincère ?
1. Quand le hasard est le maitre
2. Entre jeu et hasard
3. Une fin heureuse à l’épreuve du rang social

Développement :

I. Le hasard en faveur de l’intrigue :

Le hasard représente une composante primordiale dans l’exposition aussi que dans le
déroulement de cette pièce. Une composante qui se déclenche dès l’intitulé de la
comédie : Le Jeu de l’Amour et du Hasard notamment pour souligner son importance et sa
place. Il s’agit dans cette partie d’étudier les éléments qui permettent de comprendre
l’intérêt que porte la thématique étudiée à l’intrigue.

1. Une décision réciproque

Le hasard a donné à Silvia et Dorante la même idée de se déguiser en domestiques


pour mieux s’observer. « Silvia : Dorante arrive ici aujourd’hui, si je pouvais le voir
l’examiner un peu sans qu’il me connût ; Lisette a de l’esprit, Monsieur, elle pourrait prendre
ma place pour un peu de temps, et je prendrais la sienne. » (Acte I, Scène 2) Et « M. Orgon :
lui permettre de n’arriver chez vous que sous la figure de son valet, qui de son côté fera le
personnage de son maitre. » (Acte I, Scène 4). Le hasard se traduit d’abord dans cette décision
réciproque que Silvia et Dorante ont pris pour s’observer l’un l’autre. Il permet le jeu comme
il permet la naissance de l’amour, ces deux éléments rythment la progression de l’intrigue et
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constituent le fond de la pièce. Le hasard ne se limite pas dans Silvia et Dorante il impacte
ainsi la vie des autres personnages et surtout le valet Arlequin et la suivante Lisette.

2. Deux valets maîtres

Le hasard montre que le maître et la maîtresse décident de mener le même jeu en


échangeant leur rôle avec leur domestique. Ce qui nous permet de dire que le hasard vise en
même temps Arlequin et Lisette qui se trouvent du jour au lendemain travestis et incarnant
eux-mêmes les maîtres. Nous pouvons dire que pour Lisette sa réplique : « Si j’étais votre
égale nous verrions » (Acte I, Scène 1) est désormais au centre du jeu de déguisement et que
le hasard va lui accorder elle aussi sa part d’amour voulue et son désir d’épouser vu les
charmes que représente le mariage pour elle. Quant à Arlequin, le hasard va lui permettre
même déguisé de trouver l’amour réel qu’il méritait, un amour adapté en fonction de son rang
social même s’il était à l’encontre de ses aspirations. Les deux valets sont manipulés par leurs
maîtres eux aussi manipulés par leurs parents et subissant tous au hasard et à la distribution de
rôles qu’il fait.

3. Un divertissement assuré

Si le hasard a donné naissance à l’amour et a permis la rencontre des deux valets qu’ils
n’avaient pas planifié. Il est essentiel de mentionner qu’il a assuré à Monsieur Orgon et à
Mario une source de divertissement et d’enjouement. Le père qui se trouve à l’origine de la
manipulation des autres personnages ressent une certaine satisfaction d’être omniscient de ce
qui se passe sur scène, de l’état d’avancement des choses et surtout de connaitre que les
évènements qui se produisent sont au service de son dessein défini au préalable à savoir le
mariage de Silvia et Dorante. Quant à Mario, il n’hésite pas à avouer son enjouement dès le
début « C’est une aventure qui ne saurait manquer de nous divertir, je veux me trouver au
début, et les agacer tous les deux. » (Acte I, Scène 4)

Amour, travestissement, divertissement et jeu, Marivaux avance les enjeux majeurs de


cette comédie tout en les identifiant en tant que fruit du hasard et en soulignant le rôle de ce
dernier dans le déroulement de l’intrigue et plus particulièrement dans le premier acte de la
pièce.

II. Le hasard entre acceptation et refus


Marivaux nous met face à une pièce où il ne s’agit pas de souligner le rôle du hasard
seulement mais aussi de projeter la lumière sur les réactions des personnages face à ce que
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le hasard fait d’eux. Dans cette partie, nous allons nous intéresser à ses réactions pour en
dégager les différences.

1. Un hasard qui unit

Pour le cas de Lisette et Arlequin, ils s’acceptent et ils s’aiment sans aucun désir de
changer quelque chose. Le hasard les a unis et ils ont subi « Lisette : Souvenez-vous qu’on
n’est pas les maitres de son sort » (Acte II, Scène 5). « Jurons-nous de nous aimer toujours en
dépit de toutes les fautes d’orthographe que vous aurez faites sur mon compte. » (Acte II,
Scène 5). Le hasard a permis à ces deux personnages une union et un amour sincère qui a
demeuré le même après avoir avouer leurs véritables identités. Ils n’ont exprimé aucun
désespoir après leurs confessions même s’ils ont tous les deux projeter de faire une fortune :
Lisette en croyant qu’il épousera Dorante et Arlequin en voulant épouser Silvia. Et ils se sont
contentés de dire : « Arlequin : Pardi oui, en changeant de nom, tu n’as pas changé de visage,
et tu sais bien que nous nous sommes promis fidélité en dépit de toutes les fautes
d’orthographe » pour que Lisette lui répond par : « va le mal n’est pas grand, consolons-nous ;
ne faisons semblant de rien, et n’apprêtons point à rire » (Acte III, Scène 6)

2. Un hasard auquel il faut subir


Pour Dorante, il se trouve déchiré entre sa raison et son cœur, entre sa condition
sociale et celle de la femme qu’il aimait, entre la fortune dont il dispose et le risque de tout
perdre pour l’amour. A un certain moment donné, Dorante accepte son sort en dévoilant à
Silvia dans(Acte I, scène 7) « fais comme tu voudras, je n’y résiste point » puis dans (Acte II,
Scène 13) « Au point de renoncer à tout engagement, puisqu’il ne m’est pas permis d’unir
mon sort au tien. » Son amour est aussi sincère dans la mesure où conscient du risque qu’il
prend il continue à aimer Silvia et à la vouloir à tout prix. « Ah ma chère Lisette, que viens-je
d’entendre ! tes paroles ont un feu qui me pénètre, je t’adore, je te respecte, il n’est ni rang ; ni
naissance, ni fortune qui ne disparaisse devant une âme comme la tienne. » Dorante puissant
qu’il est se trouve fragile face à ses sentiments et au hasard. Il clame que le bonheur est
accessible pour tous ceux qui se soumettent volontairement à leur destin en acceptant le sort
qui leur est réservé.

3. Un hasard qui perturbe

Quant à Silvia, elle demeure perturbée et en un énorme besoin d’être continuellement


rassurée et de l’amour et du choix qu’elle doit effectuer. Le hasard lui a permis de rencontrer
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Dorante déguisé en Arlequin et d’observer Arlequin comme s’il était Dorante. Fascinée par
l’un et dégoutée par l’autre, Silvia demeure incertaine de ce qu’elle doit faire. Nous la
trouvons au début fascinée par Dorante « Quel homme pour un valet ! » (Acte I, Scène 7) et
dans la scène 8 « Que le sort est bizarre ! aucun de ces deux hommes n’est à sa place. » Puis
quasi rassurée après que Dorante dévoile son identité « Ah ! je vois clair dans mon cœur. » et
« Allons, j’avais grand besoin que ce fut là Dorante. » (Acte II, scène 13) Et finalement,
heureuse « c’est le coup de hasard le plus singulier, le plus heureux, le plus …) (Acte III,
scène 5) mais toujours envie d’être rassurée davantage au point de laisser durer son
déguisement afin de connaitre si Dorante l’aimer vraiment ou non « ce qui lui en coûte à se
déterminer, ne me le rend que plus estimable : il pense qu’il chagrinera son père en
m’épousant ; il croit trahir sa fortune et naissance, voilà de grands sujets de réflexion ; je serai
charmée de triompher ; mais il faut que j’arrache ma victoire, et non pas qu’il me la donne : je
veux un combat entre l’amour et la raison. »

Les personnages ont éprouvé des réactions différentes au hasard qui les a unis et
auquel ils ont fini par subir. Entre satisfaction, risque et perturbation, Marivaux inscrit sa
comédie dans la fameuse fin heureuse d’où il me parait opportun de se demander dans quelle
mesure nous pouvons considérer l’amour qui régnait vers la fin de la pièce un amour sincère.

III. Un amour sincère ?

Fruit d’un hasard la pièce finit par l’union d’un couple de domestiques et d’un autre
couple de maitres. L’enjeu que met Marivaux en scène réside dans le fait de chercher la
sincérité d’un amour qui se déclenche par un hasard et s’alimente par un jeu.

1. Quand le hasard est le maitre

Dès le début de sa comédie, Marivaux indique la place centrale qu’occupe le hasard


dans le déroulement de l’intrigue et comment tisse-t-il le dénouement de la pièce et
programme les événements à venir. Le hasard se présente sous forme des décisions
réciproques, des serments que les personnages ont faits, des jurons et des sentiments qui
naissent et grandissent au fil de l’intrigue. Il est le maitre et les personnages finissent par obéir
même s’ils réagissent différemment. Et là je me permets de rappeler une citation de
Démocrite ; philosophe grec ; “Tout ce qui existe dans l’univers est le fruit du hasard et de la
nécessité.” Peut être que Marivaux a voulu aussi nous faire part de cette pensée et nous
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expliquer par le biais de cette pièce que le hasard en est le maitre peu importe comment et qui
commande-t-il.

2. Entre jeu et hasard

Certes que le hasard a déclenché l’intrigue mais le jeu en étant aussi un fruit du hasard
la continuer à l’alimenter et à en rajouter d’autres éléments qui nous pousse à nous interroger
comment l’amour déguisé a servi l’amour vrai ? Jouer à aimer est un risque encouru par les
personnages qui s'y prêtent et dont les conséquences peuvent être fâcheuses. Dans les pièces
de Marivaux, ce jeu constitue la trame de l'action et installe un quiproquo qui sert à nourrir la
progression des événements. Le déguisement est défini par Pavis comme étant un «
Travestissement d'un personnage changeant d'identité, en même temps que de costume ou de
masque »1 ; sur un plan dramaturgique, « il est une technique fréquemment employée, en
particulier dans la comédie, pour produire toutes sortes de situations dramatiquement
intéressantes ». Se déguiser ce n'est pas seulement changer d'identité et/ou d'apparence, cela
peut être aussi un changement de condition. Si les moyens utilisés sont variés mais la finalité
reste la même puisqu'il s'agit de tromper l'autre ou les autres dans un but plus ou moins
louable.

Mais quelle que soit la forme adoptée, le déguisement qui est une dissimulation, fait
intervenir la dialectique de l'être et du paraitre puisque le personnage n'est pas perçu pour ce
qu'il est mais pour ce qu'il n'est pas ; c'est le jeu de l'illusion dont sont complices ou victimes
les autres personnages. Ainsi conçue, la structure de tout déguisement, physique ou verbal,
implique que le vrai soit du côté du paraitre : tout ce que dit le personnage déguisé est accepté
comme vrai, ou du moins comme possible, même si c'est un possible qui choque. Fondé donc
sur le hasard et le jeu dans quelle mesure cet amour pourrait être sincère ?

3. Un amour sincère

Dans les comédies de ses prédécesseurs, l'amour n'a jamais eu à lutter contre lui-
même, mais contre un obstacle extérieur. Marivaux rejette ce ressort traditionnel. Il écrit à ce
propos : « L'amour n'est en querelle qu'avec lui seul et finit par être heureux malgré lui.»
Ainsi l'hésitation naît elle des personnages eux-mêmes, jouets des préjugés sociaux. Si les
protagonistes du Jeu de l'amour et du hasard ont choisi à l'insu l'un de l'autre de se déguiser,
1
Pavis, Dictionnaire du théatre, Paris, Dunod, 1996 p : 83
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ce n'est pas pour leurrer le futur partenaire et construire ainsi une vie conjugale bâtie sur les
apparences. La motivation de chacun des deux est appelée à servir une cause bien plus
légitime : il s'agit, par le biais du déguisement, d'apprendre à connaitre et éventuellement à
aimer l'autre en faisant abstraction des attributs sociaux. En somme, c'est un déguisement qui
vise à éventer cet autre déguisement qu'est la dissimulation des âmes et qui était une pratique
courante au XVIII s i è c l e où les mariages étaient arrangés indépendamment de la volonté
des futurs époux. Silvia s'acharne contre une telle pratique et Dorante également aspire au
bonheur qu'assure un mariage bâti sur une sincérité et une transparence mutuelles. S'il recourt
au déguisement c'est parce qu'il sait « combien l'engagement qu'il va prendre est sérieux.

Evidemment, il y a paradoxe à se masquer pour démasquer, à mentir pour dénoncer le


mensonge. N'oublions pas qu'il s'agit avant tout d'une comédie à double titre puisque c'est un
jeu, celui de l'amour et du hasard, qui est un autre jeu qui ayant pour fonction de dénigrer
l'état d'esprit de l'époque.
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Conclusion :

Ainsi que nous l'avons vu, bien que Marivaux ait rompu avec ses prédécesseurs, li n'en
demeure pas moins vrai qu'il a su redonner à la comédie une fraicheur à l'image des
personnages qu'il met en scène. Certes, ses personnages ne se connaissent pas avant le lever
du rideau ce qui ne les empêche pas de se découvrir et de s'aimer. En fait il s'agit de cœurs qui
s'éveillent à l'amour et qui nous font participer à toutes les étapes de cette éclosion du
sentiment amoureux. Ici ils ont décidé de se déguiser non pas pour se leurrer l'un l'autre mais
pour mieux connaître la personne avec laquelle ils vont se lier.

Les deux protagonistes se jouent la comédie de l'amour se trouvent donc pris au piège
de l'amour vrai, celui qu'aucun des deux n'avait envisagé. Et le hasard a permis de
sauvegarder l'ordre social. Est-ce àdire que l'on ne peut être attiré que par quelqu'un de la
même condition sociale que soi, indépendamment de toute autre considération ?

Outre cet aspect, Marivaux a réussi à faire de deux personnages, comiques dans leur
conception, des personnages touchants dans leur conflit suscité par les contradictions qu'ils
vivent. Tous deux souffrent de cet amour représenté comme une lutte contre soi- même et qui
se manifeste de façon inconsciente avant de se muer en souffrance.

Silvia, en héroïne classique, ne supporte pas le trouble et la confusion où elle se


trouvait avant la révélation de Dorante; elle a le cœur trop haut pour que son penchant puisse
l'asservir à un titre indigne d'elle.

Cette épreuve d'humilité pour Silvia, mais surtout pour Dorante n'aura été en fin de
compte qu'un jeu, celui que Silvia définit comme « un combat entre l'amour et la raison. »

Marivaux offre ainsi un plaisir nouveau et subtil : celui d'assister aux détours
qu'emprunte la passion pour se faire reconnaitre et admettre. Ce n'est pas le spectateur qui est
surpris, mais les personnages eux-mêmes qui, faisant la découverte de l’amour, hésitent plus
ou moins longtemps avant de se l’avouer et de l’avouer à l’autre.

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