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-Théâtre :Le théâtre désigne à la fois un texte, un lieu, et surtout leur rencontre : un spectacle.
-Stratagème :le stratègedésigne toute personne se distinguant par son aptitude et son habileté́ à concevoir
des plans qui vont lui permettre de maitriser une situation, et d’en tirer profit. Dans cette perspective, le
stratagème devient une ruse permettant à une personne de parvenir à ses fins.
⇒Le stratagème est un motif récurrent, il est l’un des rouages essentiels de la mécanique de la comédie et
assure incontestablement à l’intrigue une progression dramatique.
-Cette pièce met en oeuvre divers procédés et stratagèmes, qui rendent le véritable sens de cette dernière
difficile à saisir. En réalité, le masque n’est jamais totalement levé sur le réel et toutes les pistes de
lecture restent ouvertes. En ce sens, on peut affirmer que caractère fuyant, sans cesse en mouvement, de
la pièce tient à son ambiguïté fondamentale entre l’être et le paraître, car peut-être est-ce l’essence-
même du marivaudage : un art du trompe-l’œil, où, dans un jeu infini de reflets entre le vrai et le faux, la
réalité n’est plus discernable du mensonge.
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L’intrigue de la Fausse Confidence tourne donc autour d’un stratagème mis en place par Dubois, un génie
manipulateur. Ce stratagème est mis en œuvre sous forme de fausses confidences, des demi-vérités qui
vont permettre au développement de l’histoire. Ils sont ainsi utilisés comme moyen pour dévoiler les
sentiments des personnages et aboutir au mariage d’Araminte et de Dorante. Ce thème est récurant chez
Marivaux comme dans sa pièce Le Jeu de l’amour et du hasard, où Sylvie et Dorante, destinés à se marier,
mettent en œuvre séparément un stratagème pour dévoiler la vrai nature des sentiments de l’autre
Mais En fin de compte, le vrai stratagème est celui qu'utilise Marivaux pour concevoir une pièce complexe
dans laquelle la vérité se dérobe tout le temps.
-Citations
⇒Alain René Lesage, Crispal rival de son maitre (1707), Scène 1
Le stratagème est que Crispin demande conger a son maitre, Valère, pour convoiter Angelique soit la
femme que Valère aime=vengeance.
⇒Edmond Restand, Cyrano de Bergerac (1897)
Christian et Cyrano sont amis mais l’un à l'éloquence et l'autre la beauté. Roxane est la cousine de Cyrano :
sa laideur l'empêche d'avouer ses sentiments. Cependant il aide Christian à se rapprocher d'elle d’où le
stratagème : il écrit ses lettres à sa place.
⇒Madame Argante, I, 10, à Dorante : « C’est moi qui suis sa mère, et qui vous ordonnede la tromper à son
avantage. »
⇒ Marton : « monsieur le Comte me fait présent de mille écus le jour de la signature du contrat. »
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V-Représentation de la société dans les FC
-Une société hiérarchisée
L’œuvre dresse le portrait d’une société hiérarchisée représentée à travers des personnages (au temps de
Marivaux, la société était divisée en 3 classes, le clergé, la noblesse, et la troisième classe à laquelle
appartenait la bourgeoisie).
En effet à travers les fausses confidences il dresse la satire d’une société obnubilée par l’argent et les rangs
sociaux, les personnages sont systématiquement considérés selon leur rang et leurs fortunes
⇒Madame Argante, I, 10 : « Je serai charmée moi-même d’être la mère de madame la
Comtesse Dorimont. (...) [Araminte] ne sent pas le désagrément qu’il y a à n’êtrequ’une bourgeoise. »
⇒Le Comte, II, 4 : « s’il ne faut que de l’argent pour le mettre dans nos intérêts, je nel’épargnerai pas. »
⇒Dorante (I ,2) précise qu’Araminte « a plus de cinquante mille livres de rente »
⇒Géronte, Les Fourberies de Scapin, III,2 : « Tu en seras récompensé, je t’assure ; et je te promet cet habit-
ci, quand je l’aurai un peu usé » = Un habit contre un service, tirer de sa peine
-Relation maitre-valet
Dans les Fausses Confidences de Marivaux, les valets ont une relation particulière avec leurs maîtres.
Malgré le fait qu’ils soient parfois remis à leur place, ils entretiennent une amitié avec leur employeur.
⇒Dorante dans l’acte 1 scène 2 « Je l'aime avec passion, et c'est ce qui fait que je tremble !»
⇒Le mariage de Figaro, Acte II, scène 1 : La comtesse « conte moi tout dans le plus grand détails »
Marton nous est présentée comme une femme fidèle àAraminte. Cette dernière s’adresse à elle comme à
une amie. Mais au final Marton se révèle comme étant un personnage relativement opportuniste. Elle aide
madame Argante à concrétiser le mariage d’Araminte avec le Conte Dorimont. Or une réelle amie aurait
plutôt pris le parti d’Araminte qui ne souhaite en aucun cas se marier avec le conte mais gagner ce procès.
Dubois est l'ancien valet de Dorante mais malgré le dézargantement de son ancien maître il reste fidèle à
lui Dorante et l’intendant d’Araminte nous pouvons donc considérer que ses deux personnage ont le
même statut social mais malgré cela Dubois continue d'utiliser du vocabulaire de respect envers son
ancien maître et on peut rajouter que Dubois continue de servirDorante malgré leur statut assez similaire
en l'aidant à conquérir le coeur d'Araminte mais nous pouvonssentire l'inversement maître valet (Acte I,
scène 2)
Ces dernières se sont faites manipuler a de nombreuses reprises. Prenons l'exemple de Marton. Celle-ci se
fait tromper dans un premier temps par Dorante qui lui a fait croire à un amour inexistant puis dans un
second temps manipuler par Madame Argente qui elle lui a promis une belle somme d’argent pour
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convaincre Araminte d’épouser le Compte. Ou encore l’exemple d'Araminte qui se fait manipuler tout au
long de la pièce par Dubois et Dorante.
⇒Monsieur Rémy, I,4 : « On ne prend pas garde à tout. Savez-vous ce qu'il me dit la première fois qu'il
vous vit ? Quelle est cette jolie fille-là ? (Marton sourit.) »
On constate également que durant cette pièce, presque tous les personnages usent de stratagème. Grand
nombre de ces stratagèmes ont échoués notamment ceux ayant à leurs tête une femme. Araminte ne
parvient pas à faire avouer Dorante ses sentiments en lui faisant écrire une lettre affirmant qu’elle allait
épouser le compte (Acte II, scène 13)ainsi que madame Argente qui quant à elle échoue dans son
stratagème ayant pour but de convaincre Araminte d’épouser le compte.
-L’image de l’homme
A cette époque, l’homme avait un statut social privilégié a la femme.Nous remarquons que cette pièce ne
reflète pas cette réalité et pouvons-nous appuyer sur le fait qu’Araminte soit plus ou moins une femme
d’affaires indépendante. On peut dire, alors, que les rôles sont inversés.
-Le marivaudage
Le marivaudageest alors l’alliance d’un thème – la naissance de l’amour – et d’un style : le mélange de
préciosité et de familiarité. Cette expression révèle aussi tous les obstacles qui se mettent en travers de
l’amour. On retrouve dans Les Fausses Confidences les formes traditionnelles du comique qui provoquent
chez le spectateur un rire franc, comme le comique de mots (sur le verbe « donner », mal compris par
Arlequin, I, 8) ou le comique de situation (Dorante se retrouve en un instant fiancé à Marton à cause de
Monsieur Remy.
Les dramaturges classiques à l’instar de Molière faisaient intervenir des personnages aux sentiments
déjà formés comme dans Les Fourberies de Scapin où Léandre est dès le départ amoureux de Hyacint, à
l’inverse des FC où Marivaux a développé l’idée novatrice que l’amour pouvait mûrir, mettre du temps à
éclore, et surprendre aussi bien le lecteur que le personnage.
Nous noterons ici que par le biais de madame Argante, Marivaux fait une mise en abîme de la querelle
entre anciens et modernes et retranscrit le contexte social de son époque. En effet, Marivaux s'en prend
à l'ambition nobiliaire d'une bourgeoisie qui se croit supérieure aux autres et dénigres Dorante à qui elle
attribue des "petites réflexions roturières" (I, 10). Elle représente la frange classique obsédée par les
réflexions archaïques et le mariage d’intérêt.
Marivaux scelle comiquement la défaite de la ridicule rigidité de la mère face à l'adaptabilité pétillante
et habile du valet qui a agi comme un père adoptif de Dorante, donnant au valet un rôle prédominant et
contrôlant. Marton a également une relation amicale avec Araminte, ce qui témoigne d’une relation
maître-valet renouvelée, par rapport à la supériorité des maîtres dans la comédie classique.