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TEXTE 4 : L'île des esclaves, Marivaux(scène 3)

Introduction :
- Marivaux = romancier et dramaturge du Siècle des Lumières. Ses comédies analysent le sentiment amoureux
(marivaudage) ou traitent de débats soulevés à son époque (esclavage, égalité homme/ femme).
- L'île des esclaves = pièce courte dans laquelle les rôles sont échangés entre maître et esclave.
- La scène 3 = Trivelin demande à Cléanthis de parler de sa maîtresse Euphrosine, une coquette.
Nous assistons à une mise en abyme.

Problématique : En quoi la mise en abyme permet-elle à Marivaux de nous faire rire et


de critiquer la société ?
Mouvement du texte :
-le texte = succession d'anecdotes de Cléanthis, qui suscite la même réaction chez Euphrosine et Trivelin = pas de
mouvement ou alors artificiellement une par anecdote.

Étude linéaire du texte :


-Trivelin se présente comme un arbitre, un chef d'orchestre, un metteur en scène.
-il distingue les rôles.
-Euphrosine va écouter Cléanthis à la parole = elle a les + larges répliques = le pouvoir "vaine(=vaniteuse), minaudière
et coquette" = 3 adjectifs péjoratifs repris par Cléanthis.
-"au hasard" = Trivelin ironise car son adjectif = porisser(interne).
-Cléanthis a dit du mal de sa maîtresse.
-elle s'approprie le ton ironique : "ma chère maîtresse".
-la comparaison permet d'insister.
-dès sa 1er réplique, Euphrosine commence à se plaindre = faire ressentir à Euphrosine un sentiment de honte
(Euphrosine "petit embarras") = "augure bien" = Trivelin espère qu'Euphrosine ayant honte de son comportement va
changer d'attitude.
-"mais" = Trivelin refuse de céder à la plainte + négation restrictive "ne...que" → il ordonne à Cléanthis de continuer
"détaillons".
-Trivelin juge déjà Euphrosine ("défauts") et laisse témoigner Cléanthis par exemple.
-1er attaque : même jeu : Cléanthis commence par reprendre la question, "en quoi ?".
-répétition de "tout(tous)".
-Euphrosine n'a selon son esclave aucune qualité = Cléanthis explique qu'il est difficile de choisir un seul exemple.
-"par où...perds" = insistance avec répétition de "tant".
-Cléanthis use de prétérition (= elle suggère qu'elle ne peut pas raconter, mais le fait quand même) = effet de suspense :
elle ménage ses effets pour le spectacle qu'elle va donner à Trivelin.
-"madame" → "elle" → "c'est madame" → "ce que c'est" : le respect de Cléanthis pour sa maîtresse disparaît peu à peu
= démonstratif péjoratif : Euphrosine = objet de dérision.
-nouvelle plainte d'Euphrosine, nouveau refus de Trivelin d'arrêter le supplice ; impératif + il lui annonce que sa
souffrance va se poursuivre.
-2ème attaque : présent de vérité générale : Cléanthis devient la porte-parole des esclaves qui observe leurs maîtresses
(et s'en moquent) "sur les armes", "glorieuse", "hardinant" : champ lexical de la guerre = Cléanthis est une séductrice
(comme Don Juan) qui use de son physique "belle" pour eppater les hommes.
-énumération de lieux au pluriel = lieux où les nobles se montrent au 18ème siècle.
-(cf Les liaisons dangereuses de S. Frears) : on s'y rend plus pour être vu que pour voir.
-"qu"on m'habille !" = Cléanthis ne se contente pas de détruire, elle joue le rôle d'Euphrosine en utilisant le style direct :
ordre autoritaire (" !") = subjonctif présent pour pouvoir utiliser le pronom personnel "on" qui suggère qu'Euphrosine
méprise son esclave en n'utilisant pas "tu" ou "vous" = Cléanthis offre une saynète (petite pièce de théâtre) à Trivelin
qui s'en amuse ("assez bien") et torture lui-même Euphrosine (didascalies).
-3ème attaque : Cléanthis va jouer la situation inverse comme elle l'avait annoncé dans la 1 er attaque par les antithèses et
la locution "au contraire" = nouveau réseau d'antithèses = Euphrosine semble versatile : sa beauté = ce qui garantit sa
vie sociale.
-Cléanthis ne se contente pas de raconter la situation opposée, elle en rajoute car elle se sent confortée dans son
spectacle par Trivelin.
-"cependant" = pendant ce temps = remède à tout = Cléanthis imagine les pensées d'Euphrosine qui utilise le mensonge
pour justifier sa "laideur" du mont : discourt direct => jeu de Cléanthis.
-Cléanthis dénonce l'hypocrisie d'Euphrosine mais aussi de la société puisque ses "bonnes amies" prendraient "plaisir" à
la vois enlandie.
-le "miroir" symbole de l'apparence régente la vie d'Euphrosine.
-attitude identique avec les hommes + insistance sur le champ lexical du regard = Euphrosine en tant que séductrice ne
peut laisser croire aux hommes qu'elle perd ses charmes.
-"et cela veut dire" : Cléanthis traduit pour Trivelin (et pour les spectateurs de la pièce = double énonciations).
-l'attitude et les propos d'Euphrosine => Marivaux critique à travers Cléanthis l'hypocrisie et les coquettes de son temps.
-"j'entendais cela" = polysémie du verbe → Cléanthis écoute aux portes/ elle n'est pas considérées comme une personne
par sa maîtresse qui parle devant elle. → Cléanthis comprend les mensonges "nous sommes doués jusqu'à pénétration".
-les esclaves sont très perspicaces quoi qu'en pensent leurs maîtres : généralisation passage de "moi" à "nous".
-"oh ! Pour nous" = ironie : Cléanthis fait semblant de plaindre les maîtres ("pauvres" = plan de défauts).
-"profitez de cette peinture-là" = Trivelin suggère à Euphrosine de prendre conscience de ses défauts pour mieux les
corriger ce qui est le but de la comédie et des saynètes de Cléanthis.
-Cléanthis veut aller au bout de sa démonstration : "j'achèterais" au futur.
-4ème attaque : une anecdote particulière ("un soir", "ce cavalier") : récit d'une entreprise de séduction.
-champ lexical de la séduction ; c'est-à-dire de manipulation, mensonge.
-"yeux petits mais très doux" → critique atténué par un compliment pour ne pas fâcher le cavalier ; "s'y prit" = il est
tombé de son piège.
-"il la vit, il la prit, il la baisa" = la main.
-les 3 verbes juxtaposés rappelant le "veni, vidi, vici" ("je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu") de Jules César et conformant
que la séduction est un combat.
-la coquette = celle qui par son apparence prend au piège les hommes sans pour autant les aimer => lieu de l'intimité
"chambre" + le"soir" + physique attrayant "bien fait".
-le combat est double : elle veut être préféré aux autres femmes.
-5ème attaque : répétition de "écoutez" : Cléanthis ne peut plus s'arrêter => impression d'urgence "voici le + plaisant"
= Cléanthis annonce que la comédie qu'elle donne atteint son point culminant (superlatif).
-nouvelle anecdote "un jour" + récit au passé.
-Cléanthis a tendu un piège à Euphrosine pour voir où se situe la vanité de sa maîtresse.
-"une des + belles femmes au monde" = hyperbole flatteuse ≠ "femme très raisonnable"
opposition apparence/ essence
-Cléanthis oppose aussi le résultat : "que de boutés" ≠ "je n'eus rien".
-la mise en situation révèle à nouveau la coquetterie d'Euphrosine.
-la plainte d'Euphrosine est cette fois prise en compte par Trivelin qui en bon metteur en scène met fin au spectacle.

Conclusion :
En utilisant la mise en abyme et en laissant l'esclave dénoncé les défauts de sa maîtresse, Marivaux critique les
coquettes de son temps. Elle ne pense, en effet, qu'à se montrer, à séduire et à se faire valoir. Les coquettes n'existent
plus en tant que groupe social aujourd'hui, pourtant la pièce de Marivaux garde une certaine actualité, elle critique la
comédie sociale, l'hipocrisie dans le but de nous amener à nous corriger.

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