Vous êtes sur la page 1sur 4

Acte III Scène 3

Tartuffe
Intro:
Jean-Baptiste Poquelin dit Molière, est l’un des plus célèbres dramaturges français du
17eme siècle. Il appartient au mouvement du Classicisme qui a pour but de plaire au
public et de l’instruire en dénonçant les vices et les travers humains. Tartuffe ou
l’imposteur, fait la satire des hypocrites religieux et la première version donnée en
1664 est censurée par le Roi. Après remaniement, Molière donne une nouvelle
version en 1669 qui est celle que nous connaissons aujourd’hui. Tartuffe est un faux
dévot qui s’introduit dans la maison d’Orgon pour lui spolier ses biens, sa femme et
sa fille. Les 2 premiers actes nous ont présenté la perturbation introduite dans la
famille d’Orgon par Tartuffe, que Mariane doit épouser contre son gré. Tartuffe
apparaît à l’acte III. Elmire a décidé de le retrouver pour qu’il renonce à ce mariage.
Mais face à elle celui-ci se fait alors pressant, puis, à mots voilés, lui déclare son
amour.

Problématique :
Comment Tartuffe se met-il en scène pour séduire Elmire ?

LECTURE DE LA SCÈNE
Plan :
Cette scène est composé en 3 mouvements. Le 1er est « Tartuffe se pose en victime »
de « ah pour être dévot » jusqu'à « charmants attraits ». Puis « Tartuffe utilise le
masque du héros tragique » à partir de « des que j’en vis » jusqu'à « j’emploie ici la
voix ». Et enfin il nous donne à voir une mascarade religieuse de « que si vous
contemplez » à « craindre de ma part »

I) Tartuffe se pose en victime

Tous d’abord, Tartuffe se pose en victime, il commence par faire son autoportrait, à la
fois « dévot », mais aussi « homme » pour prouver à Elmire qu’il est capable
d’humanité en dehors des apparence du dévot. L’interjection, la négation et
l’opposition entre « dévot » et « homme » souligne donc sa faiblesse vis à vis
d’Elmire. La religion lui offre un masque commode puisque l’homme a été crée par
Dieu avec une âme mais aussi un corps. Il utilise les tonalité lyriques et tragiques
pour mettre en valeur la puissance du charme d’Elmire. L’oxymore hyperbolique
« célestes appas » permet de diviniser Elmire. En associant un vocabulaire religieux
au vocabulaire du charme, de la chair, Tartuffe montre que c’est le Ciel lui-même qui
a crée les charmes d’Elmire, ce qui lui permet de garder encore une façade de dévot.
En même temps, il se dédouane du désir qu’il a pour Elmire en utilisant le pronom
impersonnel « on » associé au présent de vérité générale « vient » ce qui consiste à
dire que tous les hommes sont sensible à son charme, pas seulement lui. Au vers 3 il
revêt le masque de l’humilité.
La métonymie et la personnification « un coeur se laisse prendre » mettent en lumière
son impuissance face au charme d’Elmire. Encore une fois il se pose en victime en
n’étant jamais le sujet des verbes.
Il montre que la passion l’emporte sur la raison « mais ne raisonne pas », ce qui est le
contraire de l’homme bon, valorisé par le Classicisme. Il développe ensuite un
raisonnement pervers. Il anticipe dans la réfutation la réaction d’Elmire « je sais
qu’un tel discours de moi paraît étrange » et la litote « je ne suis pas un ange » révèle
son attirance pour les plaisirs charnels. Tartuffe développe un discours visant à
culpabiliser Elmire « et si vous condamnez l’aveu que je vous fait, vous devez vous
en prendre à vos charmants attraits ». Tartuffe rend Elmire responsable de son désir
pour elle.
Phrase d’intro:Tartuffe se fait donc passer pour une victime en se dédouanant de ses
pulsions charnelles. Il évite pour cela d’utiliser le pronom personnel « je » et rend
Elmire responsable de son propre désir envers elle. Tartuffe continue en revenant
ensuite le masque du héros tragique.

II) Tartuffe utilise le masque du héros tragique

Tartuffe fait le récit de son coup de foudre d’ou l’utilisation du passé simple. On
assiste à un récit presque épique. Elmire apparaît comme l’idole de Tartuffe. Tartuffe
assimile Elmire à une déesse grâce à la métaphore hyperbolique « splendeur plus
qu’humaine ». Le champ lexical de la vue et de la lumière traduit la fascination de
Tartuffe pour Elmire. Au vers 9, le vocabulaire utilisé « souveraine » est celui de
l’amour courtois, tradition lyrique qui remonte au Moyen Age ou l’homme met la
femme sur un piédestal et devient son vassal. Mais Tartuffe emploie aussi le
vocabulaire de la préciosité « ineffable douceur », ce qui participe à la divinisation
encore une fois d’Elmire. Tartuffe entremêle le vocabulaire de la religion avec celui
du désir. Mais la religion apparaît ici comme une arme rhétorique. Il se sert de la
religion pour décrire et pour flatter le corps d’Elmire. Ce qui permet a Tartuffe de se
faire passer pour un héros épique combattant la force du désir au vers 11. Tartuffe
emploie les tonalités tragiques, épiques, et pathétiques afin de susciter la pitié dans le
corps d’Elmire « força la résistance ou s’obstinait mon coeur ». Puis il nous dit « elle
surmonta tous les jeunes prière larmes ». L'énumération sur un rythme ternaire
montre que Tartuffe a utilisé tous les remèdes religieux pour échapper à ce désir mais
que ses efforts ont été inutiles. Au vers 13, les mots « charmes » et « larmes » à la
rime sont associés pour mieux montrer que la souffrance de Tartuffe est directement
causée par les charmes d’Elmire. Tartuffe avoue qu’il renonce au divin « mes voeux »
pour se consacrer entièrement à son désir pour Elmire. On voit donc que la sincérité
de l’aveu amoureux n’est qu’un masque, celui du prédateur pour piéger sa proie.
C’est d'ailleurs un dévot étonnamment sensuel qui se révèle ici « mes yeux et mes
soupirs vous l’ont dit mille fois » son langage est saturé par l’évocation des sens,
soulignés par l’hyperbole « mille fois » au vers 14. Au vers 15, aucun doute, Tartuffe
dévoile clairement sa concupiscence.
Phrase d’intro: Au masque du héros tragique succède celui de la religion.
III) Une mascarade religieuse

Dans le dernier mouvement, Tartuffe se met en scène. Au vers 16 et 17, la diérèse sur
« tribulation », appartenant au vocabulaire religieux qui est un tourment moral
souvent considéré comme une épreuve permettant d’insister sur la souffrance de
dévot mais l’allitération en « s » rappelle le sifflement du serpent qui pousse Eve à
commettre le péché dans la Bible. Tartuffe joue aussi la comédie de la modesties, il se
nomme « esclave indigne » ce qui s’oppose à « d’une âme un peu bénigne ». Il place
Elmire en déesse compatissante et lui-même comme dévot « indigne », en dessous
d’elle. Elle doit le « contempler d’une âme un peu bénigne », c’est-à-dire se montrer
« bonne » et généreuse pour effacer les souffrances qu’elle a endurer. Le mot
« néant » au vers 19, qui sert à désigner Tartuffe, lui permet de susciter la pitié et
l’instinct maternel d’Elmire. Il serait donc logique qu’Elmire, fautive en quelque
sorte, répare cette faute en cédant aux avances de Tartuffe « que vos bontés veuillent
me consoler ». Ainsi, l’appel à l’amour charnel dans la bouche de ce faux dévot
devient un appel à une charité toute chrétienne. Au vers 20, il emploie le mot
« suave » ce qui dévoile son attirance pour les plaisirs charnels. Il utilise aussi le mot
« merveille » ce qui permet de comparer Elmire à une créature magique exerçant un
charme puissant. Le terme de « dévotion » exclut Dieu des préoccupations de
Tartuffe, il trahit sa foi au profit de son désir sexuel. Dans les 2 derniers vers, Tartuffe
propose un marché de dupe, l’hypocrite tombe le masque. La négation promet une
garantie de discrétion. Tartuffe est plus attaché à sa réputation qu’à l’amour véritable
comme le prouve l’utilisation du langage de la reconnaissance sociale
« honneur », « disgrâce ». Au fond, Tartuffe n’est qu’un vulgaire tentateur hypocrite.
La peur de Dieu devient seulement la peur du « qu’en dira-t-on ? ».
Conclusion du mouvement: Tartuffe est un « imposteur » dans un sens scandaleux ici,
puisqu’il met le langage de la religion au service de son désir purement sensuel.

Conclusion :
Pour conclure, chez Tartuffe, le « masque » est devenu une seconde nature, puisqu’il
imprègne même le langage du personnage. Il est incapable de parler sans recourir à
un lexique religieux. Mais comme s’y mêle l’expression sensuelle du désir,
l’hypocrisie de « l’imposteur » ressort avec plus de force. Molière touche à un sujet
grave, celui de la religion mise au service du vice. Tartuffe affirme que finalement,
tous est permis, il suffirait de savoir se taire. La comédie et le spectacle se retrouvent
ici dans la mise en scène de lui-même que nous jour Tartuffe qu’on peut rapprocher
du spectacle de la médecine opérée par les médecins Diafoirus et Purgon dans le
Malade Imaginaire. Mais Tartuffe apparaît aussi comme un personnage dangereux ce
qui nous amène à nous interroger s’il s’agit encore d’une comédie ?
Question Grammaire : Relevez et analyser une proposition subordonnée conjonctive
circonstancielle

Réponse Grammaire : « Dès que j’en vis briller la splendeur plus qu’humaine » qui
est une proposition subordonné conjonctive circonstancielle de temps, introduite par
la locution conjonctive « dès que ».

Vous aimerez peut-être aussi