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Texte 4 : Tartuffe,

Scène 5 Acte 4

Introduction :
- Auteur : Molière→ auteur reconnu et pensionné par le roi
- Tartuffe (ou l’imposteur) : est une grande comédie en 5 actes et en vers, jouée pour la première fois en
1664, immédiatement interdite sous la pression du parti des dévots. Version définitive en 1669
- Personnage principaux : Tartuffe, Elmire (et Orgon qui est caché sous la table)
- intrigue : La pièce raconte l'irruption de Tartuffe, un dévot hypocrite et manipulateur, dans la famille
d'Orgon et d'Elmire, dont il va bouleverser le quotidien.
- scène 5 de l’Acte 4 ; Moment culminant de la piéce → Dans la scène 5 de l'acte IV, Elmire, qui a percé à
jour la malhonnêteté de Tartuffe, entreprend de lui tendre un piège pour prouver à son mari Orgon qu'il
s'agit en fait d'un imposteur, et empêcher le mariage entre Tartuffe et leur fille Marianne. L’enjeu est
comique mais aussi dramatique car Elmire se met en danger en acceptant de jouer un rôle. Nous allons
étudier la fin de la scène.

Problématique : Comment le stratagème d'Elmire manque de se retourner contre elle ?

Plan : - Signal d’alerte d’Elvire : vers 1497-1501


- Nouvel et dernier argument de Tartuffe : le secret : vers 1502-1506
- Détresse d’Elvire : vers 1507-1520
- Dernière échappatoire : la porte : vers 1521 à la fin

*parti des dévots : un « dévot » est quelqu’un qui affiche ses pratiques religieuses. Le mot a le plus souvent
une connotation négative, désignant une personne qui affiche sa religion sans être nécessairement croyant,
de façon exagérée et fausse. Le parti des dévots désigne la confrérie religieuse des Jésuites qui avait acquis
beaucoup d’influence sur le roi et était réputée pour « arranger » la morale en fonction de l’intérêt.

I - La toux d’Elmire

Argument Analyse
2eme fois indication « plus fort » (cette didascalie n’apparait pas nécessairement) « fort » (didascalie
qu’Elmire interne) : gradation
tousse Ici réponse à l’expression brutale et directe du désir de T (« contentez mon désir »);
=>fonction de la toux = signal, avertir Orgon et créer un obstacle physique de
protection avec Tartuffe
Parole « supplice » expression hyperbolique
accompagnan + double langage : sens propre qui est celui que comprend Tartuffe et sens figuré qui est
t le geste celui qui s’adresse à Orgon et au spectateur
disproportion Texte qui joue sur une triple énonciation : Tartuffe, Orgon, spectateur
née Complicité avec le spectateur qui est dans l’attente, ne sait ce qui va se passer
Répliques suivantes d’E qui fonctionnent de la même façon , relèvent du même double
langage :
«rhume obstiné » : personnification =>vise le caractère d’Orgon – ici désigne Orgon
attaché à Tartuffe + « tous » et pluriel « les jus » hyperbolique + futur de certitude qui
renforce l’idée d’« obstination »
Paroles de Le jus de réglisse proposé par Tart produit un effet comique car il met l’accent sur son
Tartuffe aveuglement,
montrent bien =>ici (comique de situation +) comique de geste, + comique de caractère + comique de
que celui-ci en mots reposant sur le double langage : le plaisir du spectateur vient ainsi aussi de ce que
reste à Tartuffe l’imposteur est ici abusé, trompé à son tour ; il ne se doute pas du tout du piège
l’évidence « cela certes est fâcheux » vers 1501 => contexte immédiat : toux et rhume d’Elmire qui
première des sont un obstacle à la réalisation de son désir
mots « ne peux le dire » : la parole d’Elmire est ici une parole contrainte, parole contrainte par
deux hommes qui ont pouvoir sur elle Tartuffe et son mari Orgon => comique et
pathétique à la fois, double registre de la scène + silence et manque de réaction d’Orgon :
présent mais totalement absent !

II -Nouvel et dernier argument de Tartuffe : le secret

Après cet échange de courtes répliques qui est une stratégie d’Elvire pour se dérober à T et prévenir son
mari, réplique plus longue de Tartuffe qui en revient à son objectif principal et énonce ici son dernier
argument pour convaincre Elvire
Argument Analyse
Il élimine l’objection de Élimine le problème moral : détruire le « scrupule » = petit caillou en latin
Elmire puis explique ensuite => inquiétude de la conscience, hésitation morale qui fait douter sur la
façon d’agir
Puis explique par le recours au secret (1503) et justifie :
2 affirmations alternant avec 2 négations :
les 2 négations « le mal n’est jamais » / « ce n’est pas pécher »
(restrictive – totale) redéfinissent la morale, ce qui est « mal » (récurrence
du verbe être « n’est » « est « « n’est pas »)
=>le mal n’est pas dans l’acte, mais dans la connaissance publique de l’acte
=> l’être et le paraître peuvent complètement différents
Association de mots mal – éclat – scandale – offense encadré par des mots
en fin de vers qui se répondent : secret / silence

« ce n’est pas pêcher que Dernier vers de la réplique avec une construction en chiasme du verbe
pêcher en silence » « pécher » de part et d’autre de l’hémistiche qui fonde une morale
particulière, individuelle, exprimé comme une forme de loi (présent de
vérité générale) => pour justifier l’adultère
La religion n’a aucune valeur pour Tartuffe qui pourtant vit en dévot :
vocabulaire religieux mais faussé. Tartuffe utilise la religion pour parvenir
à ses fins (vise les pratiques des jésuites qui arrangeaient la religion selon
leurs intérêts)

III- Détresse d’Elmire

Argument Analyse
Terme de En ne faisant pas sortir Orgon de dessous la table, Molière fait durer le plaisir du
« silence » qui spectateur, le comique de situation – et le supplice de d’Elmire car le désir de Tartuffe se
attire fait de plus en plus pressant. Molière pousse la scène jusqu'aux limites extrêmes de la
l’attention sur bienséance. L’absence de réaction permet de développer longuement la scène comique
celui d’Orgon et de montrer la vilenie de Tartuffe, la solitude d’Elmire
« encore toussé Elle accentue les signaux d’alerte sonores (Orgon est sous la table, il ne voit pas)
et frappé sur la  Metteur en scène et comédienne, théâtre dans le théâtre, mais elle est aussi
table » prise au piège : paroles de détresse ou encore comique accentué, comique de
répétition, selon l’interprétation donnée par la mise en scène
-que « faut-il ? » qu’est-ce qui lui demandé ?
« céder » ou « d’accorder » : verbes mis à la rime, euphémismes pour cacher une réalité violente
« à moins de cela » : elle est très lucide, évalue le prix, le coût, c’est-à-dire en fait elle-même =>Prix à
payer pour avoir un résultat
« en venir jusque là et …. franchi(r) cela » : métaphore et euphémisme : franchir une limite et un point
de non retour
« m’y réduire » «s’y resoudre » : à chaque fois elle emploie un pronom neutre et ce qu’il désigne n’est
formulé qu’à la fin de la tirade (y = pronom personnel ; cela : pronom démonstratif ; là : adverbe)
« me force à cette vi/olence » : cette fois, dernière expression directe et très brutale => réalité du viol et
diérèse
 progression dramatique de la tirade ; au début allusive, la tirade ne l’est plus à la fin
Elvire multiplie les signaux d’alerte, montre son trouble : répète certains mots pr insister (fâcheux, obstine),
des constructions syntaxiques parallèles (puisque, puisque 1514-1515)
Le vocabulaire met l’accent sur sa détresse, la contrainte :« malgré moi » « m’y vouloir réduire », « me
force » : en position d’objet
Argument Analyse
Les Tartuffe pour le viol, mais aussi bien sûr Orgon qui ne réagit pas
responsables =>désignés par « on » tout au long de la tirade
sont les deux Vers 1510 « on puisse être content et qu’on veuille se rendre » : deux hémistiches parallèles
hommes avec emploi du pronom « on » qui renvoie à la fois et successivement à Tartuffe et Orgon.
Les deux hommes ne la croiront que si elle cède à Tartuffe : l’amant veut la preuve charnelle
de son amour, Orgon la preuve matérielle de la trahison de Tartuffe
« on » dans les vers suivants fonctionnent de même « on s’obstine » « on ne veut point
croire » « on veut des témoins » + « qui me force » (mais attention « on peut dire » =
Elmire)
« contenter les gens » / « consentement » : « les gens » : pluriel qui désigne aussi les 2
hommes et paronymie => le consentement devrait contenter les deux hommes
Double langage et habileté de son discours qui établit à nouveau une complicité avec le public : Elmire dans
tte sa réplique s’adresse aux deux hommes sans que Tart s’en rende compte.
Tartuffe est totalement abusé , il reprend le « on » totalement à son compte : « on s’en charge, et la chose
va de soi » : on désigne « je » ici, tartuffe. Comique de mots

IV -Dernière échappatoire : la porte

Argument Analyse
Dernière étape de la Coupe la parole à Tartuffe
scène qui arrive à un  « ouvrir la porte » : éloignement physique de Tartuffe
point d’extrême  alerter encore Orgon
tension et dernière  ouvrir l’espace d’enfermement, ouvrir le piège qui s’est retourné contre
échappatoire d’Elmire Elmire (porte fermée au début pour les meilleures conditions du piège
contre Tartuffe vers 1386 : « tirez cette porte » « on a des secrets à vous
révéler »)
« ouvrez » et « voyez » montrant qu’elle veut réagir, reprendre le dessus et
échapper à l’emprise de Tartuffe

Ces paroles vont « si mon mari » = >Tartuffe réagit sur le mot « mari » et fait un portrait d’Orgon –
sauver Elmire – mais portrait très péjoratif :
pas de la façon dont - question rhétorique qui montre son mépris
elle s’y attendait - expression figurée qui montre la crédulité d’Orgon : « mener par le nez »
=>comment et - chiasme ds le second hémistiche voir-croire / rien- tout
pourquoi ? =>comique de mots et de situation : les paroles de Tartuffe se retournent
contre lui et vont faire réagir Orgon et l’amener à sortir de sa cachette
Dernière réplique d’Elmire montre qu’elle a repris le dessus : elle réitère ses ordres, impératifs X 2

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