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Introduction
Situation
Début du livre XI
Reformulation
Irène est hypocondriaque = peur des maladies
Elle est comme Argan, le personnage de
Molière « une malade imaginaire »
En vérité => d’autres défauts dans ce défaut
ANALYSE de détail
Premier mouvement
▪ Irène présente 3 x « Irène », « se », « ses maux » , signe de son ego important.
▪ Effacement de l’individu : état civil (prénom) => pronom réfléchi « se » => ses maux
(=ses maladies) : la maladie prend la place de la personne (la chronologie des termes
est ici significative)
▪ Tempérament excessif « à grands frais », « tous ses maux » = hyperboles
▪ Ironie sur le prénom : l’étymologie est ici contredite par ce que le personnage donne
à voir (*iréné en grec = la tranquillité, la paix) : effet comique pour le lecteur lettré (elle
porte mal son prénom) (très probablement madame de Montespan, la favorite du Roi-
soleil)
D'après Pierre Mignard, Madame Montespan et ses enfants, vers 1677. Coll. du château de Versailles
Deuxième mouvement
▪ Série de plaintes : accumulation de points-virgules (une dizaine) = stress du personnage
▪ Verbes de parole : « dit », « ajoute », « continue-t-elle » + réponses d’Esculape
▪ = dialogue vivant (quasiment une saynète de théâtre) = décalage comique entre la léthargie,
langueur annoncée et la réalité de sa vivacité (Irène capable de soutenir un dialogue animé) :
écart entre le discours (« fatigue », « lasse ») et les actes (Irène est bien plus valide et vaillante
qu’elle ne dit).
▪ Discours d’Irène très négatif : « insomnies », « indigestion », « sans appétit » : négations
lexicales (préfixe privatif -in-) + négation grammaticale préposition suppressive « sans »
▪ Dialogue rapporté. On a du discours indirect « Elle se plaint que … », « Elle dit que … » La
phrase ainsi alourdie permet :
de traduire l’aspect pesant d’Irène
mais aussi de faire figurer son besoin de parler (logorrhée, flot de paroles) « dire »,
« demande ». La Bruyère sous-entend qu’elle est faussement malade mais vraiment
bavarde.
▪ « Ma vue s’affaiblit … je m’affaiblis moi-même … je ne suis plus si forte ni si saine que j’ai
été »
Synecdoque « ma vue » avec le déterminant possessif => je – m’ – moi-même (pronom sujet
+ pronom complément + pronom réfléchi de la première personne) => je + être
Ce qui se joue : l’image de soi, son identité (« être »)
Défaut : égocentrisme, narcissisme (je, moi, moi-même, ma)
Le dieu a beau répliquer par des arguments à la fois scientifiques, de logiques et de bon sens
- Boire de l’eau (vin nuisible)
- Marcher (jambes lourdes)
Divorce entre deux visions du rapport au corps, deux manières de voir la santé :
Irène (le ressenti) vs le médecin (raisonnement scientifique : vivre mieux => vivre longtemps)
, Irène dépassée vs médecin mesuré ; Irène subit sa propre existence vs « mens sana in
corpore sano » Juvénal
Troisième mouvement
A partir de « Le plus court, Irène, c’est de mourir » jusqu’à la fin du fragment.
Conclusion
Bilan
Texte faussement comique qui aborde la question :
- de l’inéluctabilité de la mort, du déni dont les esprits tourmentés sont capables pour repousser
la perspective ;
Ouverture
Irène a totalement oublié la sagesse stoïcienne dont MONTAIGNE se faisait le relais,
Cf. Essais, I, 20 : « Que philosopher, c’est apprendre à mourir » : « faites la place aux autres
comme d’autres vous l‘ont faite. […] L’utilité de vivre n’est pas dans l’espace [de temps], elle est
dans l’usage [..] Tous les jours vont à la mort, le dernier y arrive. […] »