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Tartuffe ou l’imposteur

ACTE III scène 2

Rédigé par : Siham BOUHA


1 Année C.P.A

Introduction :
Tartuffe ou l’imposteur est une pièce théâtrale comique de Molière qui raconte comment ce
personnage éponyme hypocrite arrive à manipuler Orgon le père de famille, dans le but de
s’approprier ses biens, dans notre passage Acte III scène 2, Tartuffe apparait pour la première fois
après deux actes entiers où le spectateur n’entend parler que de lui, son premier échange fut avec
Dorine met en exergue le personnage faux dévot, manipulateur où son hypocrisie se révèle devant
le spectateur.
Alors comment Molière met-il en scène de façon comique cette première apparition de Tartuffe
pour dénoncer l’hypocrisie, qu’il estime dangereuse pour la société ?
D’abord, nous allons voir que Tartuffe apparait aussitôt comme un personnage faux dévot
ridicule ensuite nous verrons comment sont dénoncées les stratégies de l’hypocrisie, enfin cette
scène illustre comment Molière utilise le théâtre pour corriger implicitement la société.

I/Un faux dévot ridicule


1-La découverte de Tartuffe
Dés le premier coup d’œil on note que la scène est subdivisée entre deux personnage , Dorine et
Tartuffe, ce dernier monopolise la parole bien plus que la suivante parce que Tartuffe reste le
personnage mystère que le spectateur voudrait connaitre, cette répartition de la parole n’est pas
gratuite d’un coté puisqu’elle place en degrés d’importance de chacun des deux personnages sur
scène d’un autre coté elle les affronte de manière à ce que Dorine représente la vérité et Tartuffe
incarne le mensonge, ce contraste nous permet, nous spectateurs, de mieux découvrir le
personnage de Tartuffe sans omettre que les didascalies au début de la scène montrent
manifestement un personnage qui parle bas à son valet, ceci nous donne l’impression d’un Tartuffe
comploteur
2-Une dévotion ostentatoire
Incontestablement dévot, Tartuffe se révèle un religieux de grand calibre, cette image est
accentuée par l’usage d’un champ lexical religieux « haire, prier, illumine, discipline, dieu.. » ainsi
que la rime signifiante « Discipline-Illumine » qui allie la discipline qui est le fouet que se donnaient
les religieux en signe de repentance avec l’illumination qui parait excessive pour souhaiter bonne
journée à son valet, l’épisode de la « haire » expose monumentalement la dévotion du personnage
qui se manifeste par son vestimentaire.
II/les dessous de l’hypocrisie
1-Démasquer l’hypocrisie
la mission de Molière, à travers ses œuvres était toujours de dénoncer un fait social, dans le
cas de Tartuffe l’hypocrisie est à l’honneur, cette dénonciation se manifeste par l’oxymore qui
réunit un mot injurieux et un autre religieux , « forfanterie- prie » ce contraste met en exergue
l’hypocrisie de Tartuffe, d’autant plus on peut noter aussi le présent de vérité générale qu’utilise
Tartuffe dans sa réplique : « Par de pareils objets, les âmes sont blessées » cette phrase permet au
spectateur de démasquer le personnage , ce dernier qui fait semblant d’être dévot mais qui se
déclare sensible au charme féminin, un contraste révélateur, son jonglage avec les apparences à ce
stade est flagrant dans son langage, dans ses gestes et mimes, l’usage du conditionnel dans sa
réplique « couvrez moi ce sein que je ne saurai voir » montre que le personnage peut voir mais ne
veut pas voir vue son statut de dévot , le verbe « savoir » dans cette phrase s’accapare le sens de
pouvoir, chose qui démontre que le personnage contrôle ses facettes, ainsi qu’au début de la pièce
en s’adressant à son valet il évoque sa « Haire »qui doit normalement être dissimulée, Tartuffe
l’exhibe ostentatoirement devant le public, soulignant par ce geste qu’il investie son apparence
pour atteindre ses finalités.
2-Une indignation excessive
D’emblée on note que la pièce théâtrale avec des répliques versifiées construites en alexandrins, en
rimes plates « AA.BB.CC » l’usage d’une telle langue classique favorise beaucoup la condensation
des effets et surtout la mise en valeur des cassures de rythmes qui servent de près, dans la présente
pièce, les jeux de Tartuffe, Tartuffe dans sa réplique « Ah !mon dieu !je vous pris, couvrez moi ce
sein que je ne saurai voir » apparait offusqué par le décolté de Dorine, il s’indigne et lui tend un
mouchoir comme signe de pudeur, l’usage de la syllepse par le nombre en indiquant qu’un seul sein
alors que Dorine en a deux, marque un Euphémisme qui sert bel et bien son stratagème d’un
religieux heurté par une scène impudique .
III/Le théâtre pour corriger la société
1-Une Ellipse théâtrale
Dans cette scène Molière n’économise pas d’effort à annoncer la suite de la scène dés maintenant,
tantôt par la posture de Tartuffe qui monopolise la parole, se mets en valeur en utilisant
l’hémistiche en virgule au milieu des alexandrins, utilise démesurément le « je » et distribue les
rôles aux autres personnages « serrez » « priez » « couvrez » tantôt par l’usage de l’impératif pour
donner des ordres qui montre que Tartuffe se comporte déjà en maitre des lieux, ceci rapporte
préalablement la fin de la pièce où Tartuffe s’appropriera les biens d’Orgon.
2- Un Tartuffe hors du lien social
Molière honore les liens sociaux dans la plupart de ses œuvres, et les archétypes qu’il met en scène
sont souvent des exemples de personnes antipathiques, récluses comme « l’Avare » le
« misanthrope » et « l’hypocondriaque », Tartuffe en fait partie puisqu’il rompe la communication
avec Dorine dés les premières répliques, Il évite la suivante et se rends indisponible « je vais aux
prisonniers » évite de lui parler et s’adresse à son valet, toutefois Dorine essaie de lui parler il se
précipite à l’interrompre aussitôt et lui tend un mouchoir, tous ces éléments convergent à présenter
Tartuffe comme un cas social antisociable.

En guise de clore, l’œuvre moliéresque a été depuis la nuit des temps un miroir qui reflète les
maux de la société par les mots de la littérature, Molière a su critiquer, pointer du doigt, corriger, la
société tout en exploitant toutes les formes du comique et de la satire, son œil d’observateur
perspicace lui a valu à maintes reprises les coups de fouet de l’église ou les coups de grâce de la
cour, les thèmes abordés dans ses pièces sont atemporels, ce qui fait le génie de Molière.

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