Vous êtes sur la page 1sur 4

User

à la façon d'une conclusion de dissertation, redige une conclusion de cette


analyse linéaire de l'ile des esclaves : "Analyse linéaire de l'extrait de la scène
6 de L'Île des esclaves

Introduction:

Au XVIIIème, la comédie continue à châtier les mœurs par le rire et Marivaux, dans
ses utopies sociales, La Colonie, L'Île de la raison,ou L'Île des esclaves, nous
offre un spectacle moral à travers des comédies souvent bouffonnes. Courte pièce en
un acte l'île des esclaves met en scène Iphicrate et son esclave Arlequin, bientôt
rejoints par Euphrosine et sa suivante Cléanthis. Tous les quatre sont accueillis
sur l'île par Trivelin "fonctionnaire" de cette petite république dans laquelle les
rôles sont inversés afin de faire vivre aux maîtres un "cours d'humanité". Ainsi,
les anciens esclaves se livrent-ils à des parodies des actions de leurs maîtres
pour mieux les ridiculiser afin de les rendre plus humains. Ce changement de rôle
assure le spectacle de cette comédie, et cela particulièrement dans la scène 6 au
cours de laquelle Arlequin et Cléanthis vont parodier une scène galante.

Lecture

Mouvements (voir ci-dessous)

Projet de lecture: En quoi cette scène de mise en abyme peut-elle se lire comme un
véritable portrait critique et déformant des habitudes galantes des maîtres ?

La scène, dans laquelle les rôles sont déjà inversés, installe une nouvelle mise en
abyme : la proposition d’une fausse discussion amoureuse.(l 1 à 18)

En effet, la scène commence in medias res comme le montre l’interrogative directe


évoquant l’action déjà en cours « puis-je vous demander de quoi vous riez?».

La réponse d’Arlequin confirme que le changement de rôles et donc la mise en abyme


a bien eu lieu puisqu’il parle « d’Iphicrate » comme « D’arlequin », l’emploi du
déterminant possessif « mon » explicite cette idée d’appartenance et donc
d’inversion des rôles. Cette réponse renvoie directement à la scène précédente avec
l’aveu du défaut et l’emploi du terme « ridicule ».

La réponse de Cléanthis, sous les traits de la maîtresse puisqu’elle emploie elle


aussi le déterminant de possession « ma » suivi du terme « suivante », ne sert qu’à
conforter l’idée que l’on se faisait déjà d’elle : c’est un être plus rancunier
qu’Arlequin comme en témoigne l’hypothétique « Si….. », par ailleurs notons qu'elle
se plaît à rappeler qu' Euphrosine est maintenant sa "suivante" . Arlequin, qui
oublie souvent qu'il est maintenant un maître répond avec un langage de valet qui
se perçoit à travers le juron "malepeste", puis il confirme les dires de Cléanthis
en regardant Euphrosine, l'expression "c'est bien son métier" montrant
effectivement qu' Euphrosine est réputée pour être coquette. A la manière d'un
acteur de commedia dell'arte il se questionne ensuite sur le canevas de la pièce
qu'ils vont maintenant pouvoir jouer.

Cléanthis lance alors un premier sujet en parlant de "belle conversation" le point


d'exclamation laisse transparaître son envie de jouer une dame du grand monde. Mais
Arlequin donne une autre orientation.

Nous percevons dans sa réplique la difficulté qu’il va avoir à rester dans son rôle
de maître comme en témoigne la répétition du terme assez familier « bailler » et le
souhait d’amusement. Son idée est de faire semblant d’être amoureux.
Une nouvelle scène de mise en abyme se met donc en place, Cléanthis donne le
canevas de la scène. En parlant de "grande manière", en employant l'adverbe de
manière "poliment" , le groupe nominal "le grand monde" elle exprime encore une
fois son désir de belle conversation , de plus elle se montre à la fois
dramaturge ,en indiquant le thème de la conversation " vous ferez tomber
l'entretien sur le penchant que mes yeux vous ont inspiré pour moi", et metteur en
scène grâce à l'injonction "promenons nous" qui sonne comme une didascalie .
Arlequin semble être également le metteur en scène puisque c’est lui qui ordonne
les déplacements avec la didascalie interne « qu’on se retire à dix pas ».
Didascalie au subjonctif présent à valeur d’impératif qui manifeste l’autorité
brutale de l’ancien esclave qui se venge ou au moins adopte le même ton que son
ancien maître. Notons également la critique contenue dans la réplique de Cléanthis
à l'aide d'une interrogative oratoire "Pouvons nous être sans eux". L'affirmation
"c'est notre suite" insiste sur le fait que les maîtres étaient incapables
d'exister sans leurs esclaves.

La didascalie suivante confirme le changement de rôle mais aussi le désarroi dans


lequel se trouvent les anciens maîtres. Cette didascalie peut transformer la scène
en scène de comédie avec « les gestes de d’étonnement » (nous pourrions même parler
de pantomime) ou de moment plus sérieux avec l’emploi du terme « douleur »

La scène est à présent lancée et les deux personnages vont parodier plus ou moins
bien la discussion amoureuse typique des maitres (l 19 à 40)

De fait, Arlequin est entré dans son nouveau rôle comme en témoignent, à la fois,
la didascalie « se promenant sur le théâtre avec Cléanthis » mais aussi le niveau
de langue employé avec l’adresse respectueuse « madame », l’emploi de la 2ème
personne du pluriel « vous » et le sujet de la conversation qui évoque la poésie
courtoise du XVIème siècle et la préciosité du début du XVIIème toujours en cours à
cette époque avec l’expression « clarté du jour ».

Cléanthis, quant à elle, n'a aucune difficulté à rentrer dans le jeu et sait
employer le vocabulaire adéquat tout en montrant par l’emploi de termes indéfinis
ou de formules précieuses "jour tendre" qu'elle connaît la situation pour l'avoir
observée chez sa maîtresse.

La réponse d’Arlequin met en avant l’aspect superficiel et creux de cette


discussion qui tient de la préciosité avec la personnification répétée « jour
tendre ». Cependant nous comprenons qu’Arlequin ne sait pas bien y faire, il se
fait d'ailleurs des compliments à lui-même « je ressemble donc au jour » ce qui
choque Cléanthis et la fait s’exclamer « Comment ! » car elle est davantage rentrée
dans le jeu. ( Notons au passage la réflexion sur le théâtre et le jeu des
comédiens que semble nous livrer ici Marivaux, Cléanthis joue comme le préconisait
Molière en devenant véritablement Euphrosine comme le montre le fait qu'elle garde
un langage soutenu même quand elle parle en tant que Cléanthis. Alors que Arlequin
lui se contente d'imiter son personnage ,comme le préconisait Diderot )

La scène en devient aussi comique avec les nombreuses répétitions du mot « jour »
sous toutes ses formes.

La réaction d’Arlequin confirme le pressentiment que nous avions eu juste avant. Il


commence à ne plus respecter son rôle et son naturel revient : d’abord par le
langage avec l’emploi des interjections typiques des valets comme « palsambleu » ou
« Oh » mais aussi par les gestes indiqués par la didascalie et qui confirme le
caractère très comique de cette scène . De plus, même s’il essaye de continuer la
conversation, son manque de maîtrise langagière, due à sa position, ressort dans la
phrase interrogative sans pronom interrogatif « le moyen…. ». Arlequin n’arrive
donc pas à jouer la maîtrise et le calme censés être des traits de caractère des
aristocrates de l’époque.
Cléanthis, elle, fait tout pour rester dans le jeu et commence à s’agacer comme en
témoigne l’interrogative «Qu'avez-vous donc ? ». La discussion aristocrate est
montrée comme une comédie d’où la personnification de la conversation dans
l'expression " vous défigurez notre conversation"

Arlequin continue de « défigurer la conversation ». Mais sa réponse n’est pas sans


intérêt car à travers cette simple phrase "c'est que je m'applaudis", il peut
laisser comprendre que les maîtres sont eux aussi sans cesse en représentation et
cherchent à être remarqués, à être applaudis, comme le connote le terme employé par
Arlequin.

Cléanthis redevient alors, par l’emploi de l’impératif, la metteur en scène


rappelant à l'ordre ses acteurs. Puis la discussion reprend son cours à peu près
normalement. D’ailleurs Cléanthis semble simplement répondre à la dernière question
d’Arlequin qui portait sur ses « grâces ».

Elle fait en sorte que la discussion reprenne un ton galant avec l’adresse
respectueuse « monsieur » et le champ lexical de la galanterie (galant, «
promenez’, douceurs »…). Cependant, elle non plus n’arrive pas bien à maîtriser le
langage noble et, en voulant en faire trop avec l'anaphore pesante du pronom « vous
», elle rend la scène comique et lourde à l’inverse de la légèreté imposée par ce
type de discussion.

Arlequin quant à lui semble enfin être entré dans le jeu mais son langage le trahit
encore une fois puisqu’il se met en avant avec la mise en emphase du pronom « moi
».

Cette discussion sert donc aussi de critique sur l’aspect superficiel des
discussions amoureuses aristocrates. Tout semble être un jeu, un faux semblant et
Arlequin lui préfère la spontanéité même si Cléanthis insiste en relançant la
discussion avec le présent à valeur de futur proche" vous m'allez dire".Elle
ordonne d’ailleurs à Arlequin de continuer la discussion avec la répétition de
l’impératif « dites » ce qui en fait contribue au ridicule. Elle joue aussi à la
coquette « vous ne persuaderez pas » autre trait des aristocrates.

Arlequin s’exécute mais toujours de manière excessive en témoigne la didascalie «


l'arrêtant par le bras et se mettant à genoux ». Il utilise le langage amoureux
d’où le champ lexical marqué mais il ne sert en fait que de clichés : la métaphore
usitée des « feux de l’amour ». Ce n’est en fait qu’une parodie de discussion
amoureuse.

Comme prévu Cléanthis joue la coquette, la minaudière et feint de ne pas apprécier


les compliments alors que c’est elle qui les a demandés. La négation totale,
l’impératif « laissez moi, je ne veux point d’affaire » et les phrases courtes
marquent cet agacement. Elle joue ce qu’il faut qu’elle joue et se moque bien ainsi
de sa maîtresse qu'elle a souvent observée dans ses jeux de séduction.

A nouveau Arlequin ne tient pas et cela met définitivement fin à cette parodie ( l.
41/42)

En effet, à nouveau Arlequin va rompre la mise en abyme de la discussion, d’abord


par ses gestes mais aussi par ses paroles comme le laisse comprendre la didascalie
« riant à genoux » suivie des interjection « ah ».

Arlequin est ce personnage spontané qui n’arrive pas à prendre au sérieux cette
fausse discussion amoureuse.

Cette dernière prise de parole sonne paradoxalement comme la plus sérieuse du


passage du moins comme la critique contenue en filigrane dans la scène. L’antithèse
« bouffons/sages » inverse les valeurs traditionnelles et les personnages
intelligents ne sont pas forcément les maîtres. L’emploi du terme "bouffons »
confirme que pour Arlequin les mœurs des aristocrates ne sont que de faux
semblants. Et ici le rire d'Arlequin va donner à cette parodie de scène galante sa
portée morale.

Conclusion"
ChatGPT

En conclusion, cette analyse linéaire de l'extrait de la scène 6 de "L'Île des


esclaves" de Marivaux met en lumière la richesse de cette mise en abyme théâtrale
qui critique avec finesse les conventions sociales et les comportements galants de
l'époque. À travers le jeu des personnages, Marivaux dépeint une société où les
rôles sont inversés, où les anciens esclaves parodient les comportements de leurs
anciens maîtres pour mieux les ridiculiser et mettre en lumière leur
superficialité.

La scène étudiée nous plonge au cœur d'une fausse discussion amoureuse entre
Arlequin et Cléanthis, où les codes de la galanterie aristocratique sont tournés en
dérision. Arlequin, bien que tentant de jouer le jeu, trahit par son langage et ses
gestes sa véritable nature, mettant ainsi en avant la spontanéité face à
l'affectation des maîtres. Cléanthis, de son côté, s'efforce de rester dans le rôle
attendu, mais son jeu excessif la rend finalement comique.

Cette scène, à la fois drôle et critique, dévoile la vacuité des conventions


sociales et des comportements galants de l'époque. Elle souligne également
l'inversion des valeurs traditionnelles, où les prétendus "bouffons" comme Arlequin
révèlent une forme d'intelligence et de lucidité, tandis que les maîtres
apparaissent comme des pantins superficiels.

Ainsi, à travers cette analyse, on perçoit la finesse de Marivaux dans sa satire


sociale, utilisant le théâtre comme un miroir déformant pour mieux refléter les
travers de la société de son temps. "L'Île des esclaves" se révèle alors comme une
œuvre à la fois divertissante et profonde, invitant le spectateur à réfléchir sur
les normes et les valeurs de son propre milieu social.

Vous aimerez peut-être aussi