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Parcours 2 : L’île des esclaves, « Maîtres et valets »

Problématique : En quoi le titre permet-il de comprendre les véritables enjeux de la pièce ?


Séance 1 : entrée dans l’œuvre

Marivaux : de son vrai nom Pierre Carlet est un dramaturge du XVIIIème siècle. Il appartient
au mouvement littéraire des Lumières. Il revendique une filiation avec le théâtre italien. Un
style d’écriture particulier lui est attribué : le marivaudage.

Œuvres principales : La double inconstance, Le jeu de l’amour et du hasard, Arlequin poli par
l’amour, L’île des esclaves, Les fausses confidences.

L’île des esclaves :

Leçon : le marivaudage.

« MARIVAUX a donné la dénomination à un genre, et son nom est devenu synonyme d’une
certaine manière : cela seul prouverait à quel point il y a insisté et réussi. » Sainte-Beuve.

I. Le choix des sujets, des psg et des circonstances :


a) Fantaisie romanesque et réalisme
Marivaux insère dans la dramaturgie : travestissements, parodie, psg comme Arlequin, Silvia
b) Un seul sujet : la naissance de l’amour
S’insinue entre des psg antagonistes (opposés) , valet intervient pour aider son maître
c) Les obstacles à l’amour
-l’amour-propre
- la hiérarchie supposée
- la peur d’aimer

II. Le jeu de masque :


Du jeu de l’amour et du hasard : on a des quiproquo mais dénouement heureux. Burlesque
plaisant naïveté
Séance 2 : comment analyser la scène d’exposition

I. Donner les premières indications au spectateur


- Le contexte : où et quand se déroule l’action ?
Le décor et les costumes permettent au spectateur de se situer, le lecteur lui, a besoin des
didascalies.
- la situation dramatique : il y a trois grandes techniques de présentation de la situation
dramatique : le prologue , le commencement in médias res , une conversation entre un personnage et
son confident, au cours de laquelle la situation est résumée.
Les personnages principaux : quelles sont leurs caractéristiques sociales et psychologiques ?
Le genre : tragédie, comédie
II.Susciter l’adhésion du spectateur
Créer une ambiance et susciter des émotions :
Installer des ressorts dramatiques : ce qui nous donne envie de savoir la suite. Ce ressort peut être
constitué de diverses manières :un conflit, un dilemme, un danger, une attente, une situation
d’incertitude.
III.Annoncer les thèmes et les enjeux
Les thèmes : ce sont des éléments qui reviennent tout au long de l’œuvre et créent son identité
Les enjeux : c’est ce pourquoi les personnages s’affrontent, ce qu’ils ont à gagner ou à perdre :
l’amour, le pouvoir, etc.

Séance 2 : comment analyser la scène d’exposition

I. Donner les premières indications au spectateur


- Le contexte : où et quand se déroule l’action ?
Le décor et les costumes permettent au spectateur de se situer, le lecteur lui, a besoin des
didascalies.
- la situation dramatique : il y a trois grandes techniques de présentation de la situation
dramatique : le prologue , le commencement in médias res , une conversation entre un personnage et
son confident, au cours de laquelle la situation est résumée.
Les personnages principaux : quelles sont leurs caractéristiques sociales et psychologiques ?
Le genre : tragédie, comédie
II.Susciter l’adhésion du spectateur
Créer une ambiance et susciter des émotions :
Installer des ressorts dramatiques : ce qui nous donne envie de savoir la suite. Ce ressort peut être
constitué de diverses manières :un conflit, un dilemme, un danger, une attente, une situation
d’incertitude.
III.Annoncer les thèmes et les enjeux
Les thèmes : ce sont des éléments qui reviennent tout au long de l’œuvre et créent son identité
Les enjeux : c’est ce pourquoi les personnages s’affrontent, ce qu’ils ont à gagner ou à perdre :
l’amour, le pouvoir, etc.
Mouvements du texte :
1er mouvement : du début à « mon cher Arlequin »
2nd mvt : « Mon cher patron à mon esclave ? »
Dernier mvt : « Arlequin, se reculant … (Il s’éloigne) »
Une scène d’exposition a pour fonctions de donner les informations nécessaires au
spectateur pour que ce dernier comprenne l’œuvre, de susciter son adhésion et d’annoncer les
enjeux de la pièce. Le dramaturge Marivaux ne fait pas exception dans sa comédie L’île des
esclaves, représentée la première fois en 1725. Au début de la pièce, nous découvrons
Iphicrate et Arlequin échoués sur l’île des esclaves. Dans quelle mesure l’auteur propose une
inversion des rôles maître/valet dès le début de sa comédie ? /En quoi la dispute comique
est-elle révélatrice d’un renversement des rôles ? (Attention on ne prend qu’une des deux
questions !)

Acte I, scène 1 Analyse linéaire

IPHICRATE, à part les premiers mots. − Le 1er mvt : début de l’inversion maître/valet
coquin abuse de ma situation : j'ai mal fait de lui Aparté= Ip prend conscience (cse) du pb et de
dire où nous sommes. l’erreur qu’il a faite. La périphrase + hyperbole
le confirment. L’adv exprime le regret du psg.
Arlequin, ta gaieté ne vient pas à propos; Le GN montre aussi qu’Ar a pleine cse. La
marchons de ce côté. politesse dont fait preuve le maître souligne son
inquiétude. L’impératif montre qu’il essaye de le
ramener à la raison en le mettant au même plan
que lui.

Hyperbole + modalité exclamative= Ar se moque


ARLEQUIN. − J'ai les jambes si engourdies !... de son maître. Les points de suspens° : Ip lui est
IPHICRATE. − Avançons, je t'en prie. pressé de mettre fin à la situation. L’impératif +
ARLEQUIN. − Je t'en prie, je t'en prie; comme la formule de politesse mettent en avant son
vous êtes civil et poli; c'est l'air du pays qui fait désir de partir au plus vite. La répétition
cela. exprime la moquerie d’Ar. L’antiphrase= Le GN
est aussi marqué par l’ironie et rappel aux
spectateurs le lieu de l’intrigue.

La peur d’Ip monte en intensité comme le


IPHICRATE. − Allons, hâtons-nous, faisons montre les trois impératifs. CCL = rappelle la
seulement une demi-lieue sur la côte pour cause de leur présence sur l’île. L’emploi du futur
chercher notre chaloupe, que nous trouverons et des modalisateurs montrent l’espoir qu’a Ip
peut-être avec une partie de nos gens; et, en ce de partir de l’île.

cas-là, nous nous rembarquerons avec eux.


Ar se moque de son maître comme l’indiquent la
ARLEQUIN, en badinant. − Badin, comme vous didascalie et le nom. (polyptote). Cela est
tournez cela ! (Il chante.) renforcé par la modalité exclamative
IPHICRATE, retenant sa colère. − Mais je ne te La didascalie = Ip prend sur lui car il sait qu’il
comprends point, mon cher Arlequin. aura besoin de l’indulgence d’Ar sur cette île.
L’apostrophe souligne sa volonté d’amadouer son
valet. Ainsi l’inversion des rôles est bien mise en
place.

2ème mvt : Arlequin prend l’ascendant.


ARLEQUIN. − Mon cher patron, vos Cela se voit avec la répartition de la parole tout
compliments me charment; vous avez coutume de d’abord. Ar n’est pas dupe de la stratégie d’Ip.
m'en faire à coups de gourdin qui ne valent pas Il se moque en reprenant l’apostrophe. Les
ceux-là; et le gourdin est dans la chaloupe. critiques suivent avec en premier la maltraitance
comme le montre le lexique de la violence. Le

IPHICRATE. − Eh ne sais-tu pas que je t'aime ? CCL permet de rappeler la situation à Ip. La

ARLEQUIN. − Oui; mais les marques de votre question montre qu’Ip tente d’atténuer la colère

amitié tombent toujours sur mes épaules, et cela d’Ar. Le jeu sur le sens figuré et l’adv prouvent

est mal placé. Ainsi, tenez, pour ce qui est de que l’esclave n’est pas dupe et qu’il joue avec le

nos gens, que le ciel les bénisse ! s'ils sont morts, désespoir de son maître. L’adv souligne la fin de
en voilà pour longtemps; s'ils sont en vie, cela se la première étape et permet à Ar de revenir

passera, et je m'en goberge. Familier, s’en moque « aux gens ». Le parallélisme antithétique

IPHICRATE, un peu ému. − Mais j'ai besoin exprime le désintérêt complet d’Ar pour les

d'eux, moi. autres.

ARLEQUIN, indifféremment. − Oh ! cela se peut Les didascalies antithétiques montrent la

bien, chacun a ses affaires : que je ne vous vulnérabilité d’Ip et le sentiment de victoire

dérange pas ! d’Ar.

IPHICRATE. − Esclave insolent ! Subj jussif/phrase injonctive = il envoie balader


son maître, sachant que ce dernier n’osera pas
s’aventurer tout seul.
Le GN marque la colère du maître, qui cesse son
hypocrisie.
La périphrase et le voc péjoratif renvoie au
ARLEQUIN, riant. − Ah ! ah ! vous parlez la cadre exotique et imaginaire de la scène censée
langue d'Athènes; mauvais jargon que je se passer dans l’antiquité. Le vb appartenant au
n'entends plus. comprendre langage soutenu montre bien le message de la
IPHICRATE. − Méconnais-tu ton maître, et pièce : dénoncer les injustices sociales.
n'es-tu plus mon esclave ? La double négation traduit la tonalité
pathétique : il essaye de le faire changer d’avis
une dernière fois.

ARLEQUIN, se reculant d'un air sérieux. − Je 3ème mvt la nouvelle liberté d’Arlequin
l'ai été, je le confesse à ta honte, mais va, je te L’emploi du passé composé montre qu’Ar lui
signifie la fin de l’esclavagisme. Le tutoiement
le pardonne; les hommes ne valent rien. Dans le
souligne le fait q’Ar ne respecte plus Ip. La
pays d'Athènes, j'étais ton esclave; tu me
négation souligne son mépris et permet
traitais comme un pauvre animal, et tu disais que d’introduire la critique de la cruauté et de la
cela était juste, parce que tu étais le plus fort. malveillance de certains maîtres, notamment
Eh bien ! Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort avec la comparaison et le paradoxe. L’emploi de
que toi; on va te faire esclave à ton tour; on te l’imparfait montre la fin de cette époque pour
dira aussi que cela est juste, et nous verrons ce Ip.
que tu penseras de cette justice-là; tu m'en L’utilisation du futur annonce la suite de la pièce
et confirme l’étendue de l’inversion des rôles,
diras ton sentiment, je t'attends là.
puisque désormais Ar est « plus fort » qu’Ip,
« esclave à [son] tour ». La polyptote met en
avant un des enjeux de l’œuvre : la fin des
privilèges de l’aristocratie.

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