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TEXTE 2 : explication linéaire Acte II scène 8

De « ARGAN – Voici qui vous apprendra à mentir. »


Jusqu’à la réplique de « Louison – Non, mon papa »
SITUATION DU PASSAGE

DANS L’ACTE I Argan apparaît comme un père tyrannique et un malade hypocondriaque. Il veut
imposer à sa fille Angélique un mariage de convenance avec un médecin Thomas Diafoirus, fils de
Diafoirus, lui-même médecin. Angélique est amoureuse de Cléante, qui veut l’épouser. Toinette,
servante dévouée et complice d’Angélique s’oppose violemment au choix d’Argan. Ce dernier en
informe sa femme, Béline qui compatit au sort de son mari. Mais en réalité, elle n’envisage que
l’héritage et veut envoyer Angélique au couvent. Elle manipule Argan avec l’aide du notaire M. de
Bonnefoy. Toinette, aidée de son amant Polichinelle, fait alerter Cléante de la situation.

INTERMEDE MUSICAL – Fin acte I

Polichinelle chante une sérénade sous les fenêtres de Toinette. Cela vire à la bastonnade car il dispute
les violonistes, les hommes du Guet, qui le rouent de coups de bâton pour le faire fuir.

DANS L’ACTE II les projets de mariage avancent. Cléante, par ruse, se fait passer pour le maître de
musique d’Angélique et se présente à Argan sous cette fausse identité. Toinette et Angélique
deviennent complices de son stratagème. Argan assiste au cours de musique entre Angélique et son
« professeur ». Les Diafoirus arrivent (père et fils) ; Thomas flatte maladroitement Angélique et son
père, M. Diafoirus fait l’éloge de son fils. Cléante et Angélique se mettent à chanter ensemble mais
cela s’apparente à un récital amoureux ; ce qui agace Argan qui congédie Cléante.

Angélique repousse les avances de Thomas. Béline lui en fait le reproche. Elles se disputent et
Angélique accuse sa belle-mère d’être intéressée. Ensuite, Argan est ausculté par les médecins
Diafoirus qui cherchent la nature de sa maladie. Béline va raconter à son mari qu’elle a vu quelqu’un
sortir de la chambre d’Angélique et que sa fille Louison était présente.

DANS LA SCENE ETUDIEE ; Argan interroge Louison (sœur d’Angélique) sur l’entrevue entre Angélique
et Cléante. Au début de cette scène, il veut battre Louison afin qu’elle lui révèle avoir vu Angélique
avec un homme.

Enjeu de l’extrait :

En quoi cette scène d’interrogatoire père-fille relève-t-elle à la fois du comique


et du tragique ?
I- Louison, fille cadette d’Argan, fragile et innocente, affronte avec détermination
la violence de son père.
De « Voici qui vous apprendra à mentir » à « ma pauvre petite Louison »
CITATIONS PROCEDES INTERPRETATIONS

« Voici qui vous apprendra à Phrase emphatique avec le Argan est tyrannique envers
mentir.» présentatif « voici » + vb sa petite fille, fragile et naïve,
« apprendre » qui renvoie au il se montre dur dans ses
vocabulaire de principes éducatifs
l’apprentissage
L- se jette à genoux Didascalie L implore son père, position
de faiblesse
« Ah ! mon papa, je vous Vocabulaire du pardon, Elle le supplie d’arrêter d’être
demande pardon. C’est ma interjection, lexique affectif, violent et va lui dire la vérité =
sœur qui m’avait dit de ne pas antithèse, phrase complexe est semble sincère et résolue à
vous le dire ; mais je m’en vais avec des propositions se conduire en fille
vous dire tout » coordonnées « modèle », elle est faible
comme une enfant qui ne
peut garder un secret
A-« Il faut premièrement que Lexique qui relève du Image du père tyrannique qui
vous ayez le fouet… » didactique, vb à la forme campe sur des principes
impersonnelle, allusion au éducatifs rigides = A se montre
fouet insensible et froid car la
punition est maintenant
inutile
« pardon mon papa » « mon Anaphores du mot « papa », Image d’une jeune Louison
papa » « mon pauvre papa »… terme affectif, langage désemparée et innocente
familier et enfantin « pauvre face à l’attitude du père ; elle
papa », allitération en « p » cherche à l’attendrir / relation
«a» père-fille
« Pardon mon papa ! non, Répliques brèves qui Indifférence du père qui reste
non, mon pauvre papa … » s’enchainent, phrases inflexible et puissant / sa fille,
exclamatives scène rythmée d’oppositions
« nous verrons » « vous Futur simple de l’indicatif et Détermination d’Argan
l’aurez » + didascalie « la didascalie / gestes d’A
prenant pour la fouetter »
« Ah ! mon papa, vous m’avez Didascalie, comique de Louison prétend être blessée
blessée. Attendez je suis gestes, de situation + puis morte alors qu’elle n’a
morte » elle contrefait la impératif présent et présent pas été frappée = elle se révèle
morte de l’indicatif = lamentations maligne, elle joue sur les peurs
tragiques de L d’A ; elle sait qu’il a peur de la
mort, elle est rusée
Situation comique car
absurde = parodie de la
tragédie classique
A-« Holà ! Qu’est-ce là ? … Types de phrases variées, Ce stratagème de L suscite la
petite Louison » interjections, anaphores du pitié et le désespoir d’A =
« Qu’ai-je fait, misérable ! » nom propre Louison registre pathétique, A panique
+ lamentations tragiques du et change d’attitude il
père, il s’auto-insulte redevient un père aimant
« je » « ma fille » « ma pauvre Pronoms personnels de la A culpabilise = est naïf et croit
fille » « ma pauvre petite première personne + que sa fille est morte = cela le
Louison » répétitions d’adjectifs rend ridicule
laudatifs « pauvre » La situation s’inverse = scène
de mise en abyme (du théâtre
dans le théâtre) L joue la
comédie = scène comique
comprise par le spectateur /
double énonciation
BILAN du I

L’amusante ruse de l’enfant contraste avec la crédulité du père. Cette scène souligne que le père
tyrannique n’est pas, finalement, dénué de toute tendresse pour ses filles. Cette scène annonce
en fait, le dénouement où Argan finira par accepter le mariage entre Angélique et Cléante ; il a
tout de même bon cœur mais ce dote de l’image péjorative d’un père autoritaire (à cause de son
caractère d’hypocondriaque).

II- Finalement, Louison décrit à Argan le rendez-vous galant entre Angélique et


Cléante dans un interrogatoire à la fois comique et tendu.
De « LOUISON- Là, là, mon papa… » à « non, mon papa ».

CITATIONS PROCEDES INTERPRETATIONS


L- « Là, là, mon papa, ne Anaphore « là », registre Louison met fin à sa
pleurez point tant, je ne suis pathétique avec l’impératif mascarade ; elle reprend le
pas morte tout à fait » présent, la phrase négative et contrôle de la situation =
registre comique avec le semble faire preuve de
modalisateur (locution lucidité et est touchée par la
adverbiale) « tout à fait » ; L peine qu’elle a causée à son
s’apitoie sur le sort de son père père // image de la jeune
fille innocente.
Seul le public-lecteur
comprend le comique de
situation ; A joue peut-être
un rôle pour apparaître
comme un père désespéré ?
A- « Voyez-vous la petite Phrase interrogative + phrase non A reconnaît avec
rusée ? Oh, çà, çà ! je vous verbale exclamative tournures bienveillance le stratagème
pardonne… disiez bien tout » familières interjections + phrase de L, il adopte une réaction
complexe (PP- Prop Sub vive et spontanée puis avec
conjonctive de concession lucidité et détermination,
« pourvu que… » = relance son interrogatoire
=il devient à son tour
stratège / chantage (il lui
pardonne ne va pas la battre
mais elle doit parler)
A- « Prenez-y garde au moins, Allusions à un jeu d’enfant « le Mise en garde d’A qui
car voilà un petit doigt qui petit doigt » A s’amuse + image reprend la main dans ce
sait tout, et qui me dira si du père toujours menaçant dialogue
vous mentez » « si vous mentez » conjonction de Double identité d’A ; à la fois
subordination de condition = complice avec sa fille et père
allusions qui s’opposent autoritaire // image
populaire du « Père
Fouettard »
« Mais mon papa, ne dites Réplique claire de L qui opère L va avouer …mais elle
pas à ma sœur que je vous l’ai comme un effet d’annonce + prend qq précautions / sa
dit » impératif présent sœur ; effet de suspense et
elle ne veut pas perdre la
confiance de sa sœur
(thématique du drame
familial)
« C’est, mon papa qu’il est Présentatif qui annonce la suite, Jeu de la double
venu un homme ds la terme générique « un homme » énonciation ; spectateur
chambre de ma sœur comme est vague + article indéfini = assiste à cette scène d’aveu
j’y étais » mystère / identité de cet individu d’ordre familial et un effet
de suspense est ménagé
A-« Hé bien ? » répété 3 fois Anaphore, langage oral et A pousse plus loin
… « Hon, Hon » familier, onomatopées ; comique l’interrogatoire en se
de mots répétant comme un pantin
mécanique = personnage de
farce caricaturé
« Je lui ai demandé … son Identité levée, Cléante apparaît L donne qq détails / rendez-
maître à chanter » comme un personnage audacieux vous galant = cliché
« Elle a dit : sortez, sortez, Paroles rapportées d’Angélique Angélique a peur = sa
sortez, mon Dieu ! » en discours direct qui demande à réaction contraste avec
sa sœur de sortir (impératif l’attitude chevaleresque de
présent) C qui brave les interdictions
(clichés) ; elle craint son
père tyrannique et apparaît
obéissante
L- « Il lui disait je ne sais Vocabulaire enfantin de L qui Scène stéréotypée
combien de choses » « il lui rapporte les propos galants de C rapportée par L ; une scène
disait tout-ci, tout -ça qu’il Répétitions du vb de de galanterie où C courtise
l’aimait bien…» parole « dire » et parallélisme sa bien-aimée
« la plus belle du monde » Tournure hyperbolique et Molière semble se moquer
superlatif de l’amour galant avec des
paroles creuses = parodie
d’une scène d’amour
comme les propos des
Précieuses qui ont des
conversations « creuses »
L-… « il se mettait à genoux… Détails visuels rapportés par L Scène de galanterie est plus
il lui baisait les mains… » Imparfait descriptif et vbs précise pour qu’on s’en
d’action rende compte, elle devient
presque érotique = Molière
joue avec les codes de la
Bienséance (pas de
rapprochements physiques
sur scène) ici on vit la scène
par procuration
(Comique de situation)
A-« Et puis après ? » et Anaphores comiques + questions Comique de mots qui
questions d’A brèves d’A pousse L à poursuivre son
témoignage = jeu de
questions-réponses
échanges rythmés
L-« ma belle-maman est Référence précise à la belle-mère, L prétend que Béline est
venue à la porte, et il s’est détail plausible / situation arrivée ; est-ce la vérité ? ou
enfoui » souhaite-t-elle mettre fin à
cet interrogatoire
éprouvant pour elle ? On se
met à sa place / double
énonciation
A-« il n’y a point autre Question-réponse précises, Insistance inutile d’A = le
chose ? » négation « non » met fin à priori, personnage devient
L-« non, mon papa. » à l’échange ridicule ; il connait la vérité
mais insiste car ne croit pas
L ( C ne se serait peut-être
pas arrêter à ces
galanteries)

BILAN du II

Cette scène souligne la tyrannie manipulatrice d’Argan qui finit par obtenir les aveux de sa fille
Louison. Pourtant, Louison s’est montrée rusée mais son père domine dans cet interrogatoire d’ordre
familial, même s’il apparaît toujours aussi ridicule.

REMARQUE

La fin de la scène (partie non étudiée) renforce l’aspect comique et ridicule d’Argan. En effet, il
utilise de nouveau le jeu absurde du « petit doigt » avec Louison ; il le détourne, se met à dialoguer
avec son propre doigt qu’il porte à son oreille pour savoir si sa fille lui a dit toute la vérité : « mettant
son doigt à son oreille, Attendez. Hé ! Ah, ah ! Oui ? Oh, oh ! Voilà mon petit doigt qui me dit quelque
chose … ». Mais Louison renverse comiquement l’accusation « votre petit doigt est un menteur. ».
Elle s’empare du jeu de son père et celui-ci finit par céder ; il demande à Louison de partir.

Il se retrouve alors seul et se lance dans un monologue pathétique et comique ; il se voit accablé par
sa famille et sa maladie « Ah ! il n’y a plus d’enfants ! Ah ! que d’affaires ! Je n’ai pas le loisir de
songer à ma maladie. En vérité, je n’en puis plus. Il se laisse tomber dans sa chaise. »

CONCLUSION

- Dans cette scène, les 2 personnages tentent de manipuler l’autre ; c’est une sorte de
surenchère théâtrale avec des répliques fondées sur un jeu enfantin et des mensonges. Ils
jouent un rôle, ils simulent ; Louison joue la morte pour se dérober aux coups, Argan le père
tantôt tyrannique, tantôt doux et sensible ou ridicule et enfantin. C’est donc un effet de mise
en abyme ; du théâtre dans le théâtre. = COMEDIE / utilisation du mensonge, de l’illusion
théâtrale …
- Ces multiples facettes des personnages renforcent le comique de la scène, même si l’enjeu
est capital ; Louison finit par tout avouer à son père, qui va devoir agir autrement pour que
son plan fonctionne car il connaît la vérité. = TRAGEDIE / utilisation de la vérité, retour à la
réalité … la situation se complique pour tous les personnages
- Ainsi cette scène relève à la fois du COMIQUE et du TRAGIQUE = UNE SCENE TRAGI-
COMIQUE

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