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TEXTES EAF 1ère STMG B ECOLE BIRD

Texte 1 : La rencontre

J'avais marqué le temps de mon départ d'Amiens. Hélas ! Que ne le marquais-je un jour
plus tôt ! J’aurais porté chez mon père toute mon innocence. La veille même de celui que je devais
quitter cette ville, étant à me promener avec mon ami, qui s'appelait Tiberge, nous vîmes arriver le
coche d'Arras, et nous le suivîmes jusqu'à l'hôtellerie où ces voitures descendent. Nous n'avions pas
d'autre motif que la curiosité. Il en sortit quelques femmes, qui se retirèrent aussitôt.
Mais il en resta une, fort jeune, qui s'arrêta seule dans la cour, pendant qu'un homme d'un âge
avancé, qui paraissait lui servir de conducteur, s'empressait pour faire tirer son équipage des paniers.
Elle me parut si charmante que moi, qui n'avais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une
fille avec un peu d'attention, moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue, je me
trouvai enflammé tout d'un coup jusqu'au transport. J'avais le défaut d'être excessivement timide et
facile à déconcerter ; mais loin d'être arrêté alors par cette faiblesse, je m'avançai vers la maîtresse de
mon cœur.
Quoiqu'elle fût encore moins âgée que moi, elle reçut mes politesses sans paraître embarrassée. Je lui
demandai ce qui l'amenait à Amiens et si elle y avait quelques personnes de connaissance. Elle me
répondit ingénument qu'elle y était envoyée par ses parents pour être religieuse. L'amour me rendait
déjà si éclairé, depuis un moment qu'il était dans mon cœur, que je regardai ce dessein comme un
coup mortel pour mes désirs. Je lui parlai d'une manière qui lui fit comprendre mes sentiments, car
elle était bien plus expérimentée que moi. C'était malgré elle qu'on l'envoyait au couvent, pour arrêter
sans doute son penchant au plaisir, qui s'était déjà déclaré et qui a causé, dans la suite, tous ses
malheurs et les miens.
Extrait de la première partie de Manon Lescaut - L'abbé Prévost, 1731

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Texte 2: La lettre de Manon

Enfin, n’étant plus le maître de mon inquiétude, je me promenai à grands pas dans nos appartements.
J’aperçus dans celui de Manon une lettre cachetée qui était sur sa table. L’adresse était à moi, et
l’écriture de sa main. Je l’ouvris avec un frisson mortel; elle était dans ces termes:
« Je te jure, mon cher chevalier, que tu es l’idole de mon cœur, et qu’il n’y a que toi au monde que je
puisse aimer de la façon dont je t’aime; mais ne vois-tu pas, ma pauvre chère âme, que, dans l’état où
nous sommes réduits, c’est une sotte vertu que la fidélité ? Crois-tu qu’on puisse être bien tendre
lorsqu’on manque de pain ? La faim me causerait quelque méprise fatale : je rendrais quelque jour le
dernier soupir en croyant en pousser un d’amour. Je t’adore, compte là-dessus ; mais laisse-moi pour
quelque temps le ménagement de notre fortune. Malheur à qui va tomber dans mes filets! Je travaille
pour rendre mon chevalier riche et heureux. Mon frère t’apprendra des nouvelles de ta Manon; il te
dira qu’elle a pleuré de la nécessité de te quitter.»
Je demeurai, après cette lecture, dans un état qui me serait difficile à décrire ; car j’ignore encore
aujourd’hui par quelle espèce de sentiments je fus alors agité. Ce fut une de ces situations uniques,
auxquelles on n’a rien éprouvé qui soit semblable : on ne saurait les expliquer aux autres, parce qu’ils
n’en ont pas l’idée ; et l’on a peine à se les bien démêler à soi-même, parce qu’étant seules de leur
espèce, cela ne se lie à rien dans la mémoire, et ne peut même être rapproché d’aucun sentiment
connu. Cependant, de quelque nature que fussent les miens, il est certain qu’il devait y entrer de la
douleur, du dépit, de la jalousie et de la honte. Heureux, s’il n’y fût pas entré encore plus d’amour!
Manon Lescaut, L’Abbé Prévost, 1731

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Texte 3 : L'adultère

L’extrait se situe dans le chapitre 9 de la 2e partie. Plus précisément c’est la suite de la scène de la
balade à cheval avec Rodolphe, au cours de laquelle Emma devient sa maîtresse.

D’abord, ce fut comme un étourdissement ; elle voyait les arbres, les chemins, les fossés, Rodolphe,
et elle sentait encore l’étreinte de ses bras, tandis que le feuillage frémissait et que les joncs sifflaient.

Mais, en s’apercevant dans la glace, elle s’étonna de son visage. Jamais elle n’avait eu les yeux si
grands, si noirs, ni d’une telle profondeur. Quelque chose de subtil épandu sur sa personne la
transfigurait.

Elle se répétait : J’ai un amant ! Un amant ! Se délectant à cette idée comme à celle d’une autre
puberté qui lui serait survenue. Elle allait donc posséder enfin ces joies de l’amour, cette fièvre du
bonheur dont elle avait désespéré. Elle entrait dans quelque chose de merveilleux où tout serait
passion, extase, délire ; une immensité bleuâtre l’entourait, les sommets du sentiment étincelaient
sous sa pensée, et l’existence ordinaire n’apparaissait qu’au loin, tout en bas, dans l’ombre, entre les
intervalles de ces hauteurs.

Alors elle se rappela les héroïnes des livres qu’elle avait lus, et la légion lyrique de ces femmes
adultères se mit à chanter dans sa mémoire avec des voix de sœurs qui la charmaient. Elle devenait
elle-même comme une partie véritable de ces imaginations et réalisait la longue rêverie de sa
jeunesse, en se considérant dans ce type d’amoureuse qu’elle avait tant envié. D’ailleurs, Emma
éprouvait une satisfaction de vengeance. N’avait-elle pas assez souffert ! Mais elle triomphait
maintenant, et l’amour, si longtemps contenu, jaillissait tout entier avec des bouillonnements joyeux.
Elle le savourait sans remords, sans inquiétude, sans trouble.

La journée du lendemain se passa dans une douceur nouvelle. Ils se firent des serments. Elle lui
raconta ses tristesses. Rodolphe l’interrompait par ses baisers ; et elle lui demandait, en le
contemplant les paupières à demi closes, de l’appeler encore par son nom et de répéter qu’il l’aimait.
C’était dans la forêt, comme la veille, sous une hutte de sabotiers. Les murs en étaient de paille et le
toit descendait si bas, qu’il fallait se tenir courbé. Ils étaient assis l’un contre l’autre, sur un lit de
feuilles sèches.

Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857.3

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TEXTE 4: Acte I Scène 5,


ARGAN.
Je lui commande absolument de se préparer à prendre le mari que je dis.

TOINETTE.
Et moi, je lui défends absolument d'en faire rien.

ARGAN.
Où est-ce donc que nous sommes ? Et quelle audace est-ce là à une coquine de servante, de parler de la sorte
devant son maître ?

TOINETTE.
5 Quand un maître ne songe pas à ce qu'il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser.

ARGAN, court après Toinette.


Ah ! Insolente, il faut que je t'assomme.

TOINETTE, se sauve de lui.


Il est de mon devoir de m'opposer aux choses qui vous peuvent déshonorer.

ARGAN, en colère, court après elle autour de sa chaise, son bâton à la main.
Viens, viens, que je t'apprenne à parler.

TOINETTE, courant et se sauvant du côté de la chaise où n'est pas Argan.


Je m'intéresse, comme je dois, à ne vous point laisser faire de folie.

ARGAN.
10 Chienne !

TOINETTE.
Non, je ne consentirai jamais à ce mariage.

ARGAN.
Pendarde1 !

TOINETTE.
Je ne veux point qu'elle épouse votre Thomas Diafoirus.

ARGAN.
Carogne !

TOINETTE.
1 5 Et elle m'obéira plutôt qu'à vous.

ARGAN.
Angélique, tu ne veux pas m'arrêter cette coquine-là ?

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ANGÉLIQUE.
Eh, mon père, ne vous faites point malade.

ARGAN.
Si tu ne me l'arrêtes, je te donnerai ma malédiction.

TOINETTE.
Et moi je la déshériterai, si elle vous obéit.

ARGAN, se jette dans sa chaise, étant las de courir après elle.


20 Ah ! Ah ! Je n'en puis plus. Voilà pour me faire mourir.
Molière, Le Malade imaginaire, 1673.
1
Pendard : Par exagération, celui, celle qui est digne de pendaison, qui ne vaut rien du tout.

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Texte 5 : La visite des Diafoirus

Acte II SCÈNE 5

Monsieur Diafoirus, Thomas Diafoirus, Argan, Angélique, Cléante, Toinette.

MONSIEUR DIAFOIRUS. Il se retourne vers son fils et lui dit.


Allons, Thomas, avancez. Faites vos compliments.

THOMAS DIAFOIRUS est un grand benêt, nouvellement sorti des Écoles, qui fait toutes choses de
mauvaise grâce, et à contre-temps.

N'est-ce pas par le père qu'il convient commencer ?

MONSIEUR DIAFOIRUS.
Oui.

THOMAS DIAFOIRUS.
Monsieur, je viens saluer, reconnaître, chérir, et révérer en vous un second père ; mais un second père
auquel j'ose dire que je me trouve plus redevable qu'au premier. Le premier m'a engendré ; mais vous
m'avez choisi. Il m'a reçu par nécessité ; mais vous m'avez accepté par grâce. Ce que je tiens de lui
est un ouvrage de son corps ; mais ce que je tiens de vous est un ouvrage de votre volonté ; et d'autant
plus que les facultés spirituelles, sont au-dessus des corporelles, d'autant plus je vous dois, et d'autant
plus je tiens précieuse cette future filiation, dont je viens aujourd'hui vous rendre par avance les très
humbles et très respectueux hommages.

TOINETTE.
Vivent les collèges, d'où l'on sort si habile homme !

THOMAS DIAFOIRUS.
Cela a-t-il bien été, mon père ?

MONSIEUR DIAFOIRUS.
Optime.

ARGAN, à Angélique.
Allons, saluez Monsieur.

THOMAS DIAFOIRUS.
Baiserai-je ?

MONSIEUR DIAFOIRUS.
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Oui, oui.

THOMAS DIAFOIRUS, à Angélique.


Madame, c'est avec justice, que le Ciel vous a concédé le nom de belle-mère, puisque l'on...

ARGAN.
Ce n'est pas ma femme, c'est ma fille à qui vous parlez.

THOMAS DIAFOIRUS.
Où donc est-elle ?

ARGAN.
Elle va venir.

THOMAS DIAFOIRUS.
Attendrai-je, mon père, qu'elle soit venue ?

MONSIEUR DIAFOIRUS.
Faites toujours le compliment de Mademoiselle.

THOMAS DIAFOIRUS.
Mademoiselle, ne plus, ne moins que la statue de Memnon rendait un son harmonieux, lorsqu'elle
venait à être éclairée des rayons du soleil : tout de même me sens-je animé d'un doux transport à
l'apparition du soleil de vos beautés. Et comme les naturalistes remarquent que la fleur nommée
héliotrope1 tourne sans cesse vers cet astre du jour, aussi mon coeur dores-en-avant tournera-t-il
toujours vers les astres resplendissants de vos yeux adorables, ainsi que vers son pôle unique.
Souffrez donc, Mademoiselle, que j'appende2 aujourd'hui à l'autel de vos charmes l'offrande de ce
coeur, qui ne respire et n'ambitionne autre gloire, que d'être toute sa vie, Mademoiselle, votre très
humble, très obéissant, et très fidèle serviteur et mari.

TOINETTE, en le raillant.
Voilà ce que c'est que d'étudier, on apprend à dire de belles choses.

ARGAN.
Eh ! Que dites-vous de cela ?

CLÉANTE.
Que Monsieur fait merveilles, et que s'il est aussi bon médecin qu'il est bon orateur, il y aura plaisir à
être de ses malades.

TOINETTE.
Assurément. Ce sera quelque chose d'admirable s'il fait d'aussi belles cures qu'il fait de beaux
discours.

Le Malade imaginaire, MOLIERE, 1673

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Héliotrope1 : Nom de quelques plantes qui se tournent vers le soleil tant qu'il est sur l'horizon.
Appendre2 : Suspendre quelque chose, ordinairement avec une idée de solennité. Appendre des étendards à la voûte de
l'église.

TEXTE 6 : Le Mariage de Figaro, Acte I Scène 8

La veille de leurs noces, Figaro et sa fiancée Suzanne se préparent au mariage. Le Comte leur a offert
une belle chambre du château mais Suzanne refuse d’y loger. Elle insinue que le Comte lui fait la cour et a
choisi cette chambre pour pouvoir la retrouver plus facilement. Figaro est hors de lui et compte bien se
venger de son maître. Avant cette scène, Chérubin, le jeune page, annonce à Suzanne que le Comte le renvoie
après l’avoir surpris chez Fanchette. Tout en courtisant Suzanne, il lui dérobe un ruban appartenant à la
Comtesse, dont il est amoureux. Suzanne essaie de le récupérer, courant après le page qui tourne autour d’un
fauteuil. Chérubin incarne le Désir. C’est ensuite lui qui poursuit Suzanne, cherchant à l’embrasser. Puis,
apercevant le Comte, il se cache derrière le fauteuil.

SUZANNE, LE COMTE, CHÉRUBIN, caché.


SUZANNE aperçoit le Comte. Ah ! ...
Elle s'approche du fauteuil pour masquer Chérubin.
LE COMTE s'avance. Tu es émue, Suzon ! Tu parlais seule, et ton petit cœur paraît dans une
agitation... bien pardonnable, au reste, un jour comme celui-ci.
SUZANNE, troublée. Monseigneur, que me voulez-vous ? Si l'on vous trouvait avec moi...
LE COMTE. Je serais désolé qu'on m'y Surprît ; mais tu sais tout l'intérêt que je prends à toi.
BAZILE ne t'a pas laissé ignorer mon amour. Je n'ai rien qu'un instant pour t'expliquer mes vues ;
écoute.
Il s'assied dans le fauteuil.
SUZANNE, vivement. Je n'écoute rien.
LE COMTE lui prend la main. Un seul mot. Tu sais que le Roi m'a nommé son ambassadeur à
Londres. J'emmène avec moi Figaro ; je lui donne un excellent poste ; et, comme le devoir d'une
femme est de suivre son mari...
SUZANNE. Ah ! Si j'osais parler ! ...
LE COMTE la rapproche de lui. Parle, parle, ma Chère ; use aujourd'hui d'un droit que tu prends
sur moi pour la vie.
SUZANNE, effrayée. Je n'en veux point, Monseigneur, je n'en veux point. Quittez-moi, je vous prie.
LE COMTE. Mais dis auparavant.
SUZANNE, en colère. Je ne sais plus ce que je disais.
LE COMTE. Sur le devoir des femmes.
SUZANNE. Eh bien ! Lorsque Monseigneur enleva la sienne de chez le docteur, et qu'il l'épousa par
amour ; lorsqu'il abolit pour elle un certain affreux droit du seigneur...

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LE COMTE, gaiement. Qui faisait bien de la peine aux filles ! Ah ! Suzette ! Ce droit Charmant ! Si
tu venais en jaser sur la brune au jardin, je mettrais un tel prix à cette légère faveur...
BAZILE parle en dehors. Il n'est pas Chez lui, Monseigneur.
LE COMTE se lève. Quelle est cette voix ?
SUZANNE. Que je suis malheureuse !
LE COMTE. Sors, pour qu'on n'entre pas.
SUZANNE, troublée. Que je vous laisse ici ?
BAZILE crie en dehors. Monseigneur était chez Madame, il en est sorti ; je vais voir.
LE COMTE. Et pas un lieu pour se cacher ! Ah ! Derrière ce fauteuil... assez mal ; mais renvoie-le
bien vite.
Suzanne lui barre le chemin ; il la pousse doucement, elle recule, et se met ainsi entre lui et le petit
page ; mais, pendant que le Comte s'abaisse et prend sa place, Chérubin tourne et se jette effrayé sur
le fauteuil à genoux et s'y blottit. Suzanne prend la robe qu'elle apportait, en couvre le page, et se met
devant le fauteuil.

Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, 1784.

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TEXTE 7

Vénus Anadyomène
Comme d’un cercueil vert en fer blanc, une tête
De femme à cheveux bruns fortement pommadés
D’une vieille baignoire émerge, lente et bête,
Avec des déficits assez mal ravaudés ;

Puis le col gras et gris, les larges omoplates


Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort ;
Puis les rondeurs des reins semblent prendre l’essor ;
La graisse sous la peau paraît en feuilles plates ;

L’échine est un peu rouge, et le tout sent un goût


Horrible étrangement ; on remarque surtout
Des singularités qu’il faut voir à la loupe…

Les reins portent deux mots gravés : Clara Venus ;


– Et tout ce corps remue et tend sa large croupe
Belle hideusement d’un ulcère à l’anus.

Arthur Rimbaud, Cahier de Douai, 1870

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TEXTE 8

Ma Bohème
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal;
Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.


– Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
– Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,


Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,


Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !

Arthur Rimbaud, Cahier de Douai, 1870

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TEXTE 9

Parfum exotique

Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d’automne,


Je respire l’odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se dérouler des rivages heureux
Qu’éblouissent les feux d’un soleil monotone ;

Une île paresseuse où la nature donne


Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l’œil par sa franchise étonne.

Guidé par ton odeur vers de charmants climats,


Je vois un port rempli de voiles et de mâts
Encor tout fatigués par la vague marine,

Pendant que le parfum des verts tamariniers,


Qui circule dans l’air et m’enfle la narine,
Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857

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