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Le Malade Imaginaire Acte III Scã Ne 5 Lecture Linã©aire
Le Malade Imaginaire Acte III Scã Ne 5 Lecture Linã©aire
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Molière met le comique au service d’une satire sociale audacieuse et d’une dénonciation
des passions excessives. Sa dénonciation de l’Eglise et des médecins notamment lui valut
de nombreuses polémiques, autant que l’admiration de ses contemporains.
Dans la scène précédente, Béralde, le frère d’Argan, veut le « “guérir de la maladie des
médecins” » en empêchant Monsieur Fleurant, l’apothicaire, de lui administrer un lavement.
L’apothicaire se venge en dépêchant le médecin d’Argan : Monsieur Purgon.
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MONSIEUR PURGON.- Mépriser mon clystère ?
MONSIEUR PURGON.- Je vous aurais tiré d’affaire avant qu’il fût peu.
MONSIEUR PURGON.- Mais puisque vous n’avez pas voulu guérir par mes mains…
MONSIEUR PURGON.- Puisque vous vous êtes soustrait de l’obéissance que l’on doit
à son médecin…
MONSIEUR PURGON.- Puisque vous vous êtes déclaré rebelle aux remèdes que je
vous ordonnais…
MONSIEUR PURGON.- J’ai à vous dire que je vous abandonne à votre mauvaise
constitution, à l’intempérie de vos entrailles, à la corruption de votre sang, à l’âcreté de
votre bile, et à la féculence de vos humeurs.
MONSIEUR PURGON.- Et je veux qu’avant qu’il soit quatre jours, vous deveniez dans
un état incurable.
ARGAN.- Ah ! miséricorde.
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ARGAN.- Monsieur Purgon.
Problématique
Comment les menaces que Monsieur Purgon adresse à Argan, avec le soutien hypocrite de
Toinette, expriment-elles une satire comique de la médecine ?
Puis, dans une deuxième partie, de « “Je vous déclare” » à « “indigne de vos soins.” »,
Monsieur Purgon rompt le projet de mariage.
Enfin, dans une troisième partie, de « “Mais, puisque vous” » à la fin de la scène, Monsieur
Purgon annonce à Argan d’absurdes et tragiques maladies.
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Il se présente même en sauveur dont on n’a pas voulu : « “Et je ne voulais plus qu’une
douzaine de médecines pour vider le fond du sac.” » La tournure restrictive « ne…que »
contraste avec le nombre exorbitant de médecines nécessaires (évoquées par
l’approximation « une douzaine« )
L’expression « vider le fond du sac » joue sur un double sens comique : il peut s’agir
d’une métaphore scatologique pour évoquer les effets du lavement, mais elle désigne
également la bourse d’Argan que Monsieur Purgon vide se son argent. Monsieur Purgon
laisse entendre combien il voulait profiter de l’argent d’Argan en lui administrant de faux
remèdes.
(De « “Mais, puisque vous n’avez pas voulu guérir” » à la fin de la scène)
Mais les reproches de Monsieur Purgon révèlent la relation hiérarchisée entre le médecin
et le patient : « “vous vous êtes soustrait de l’obéissance que l’on doit à son médecin… ”»
Molière dénonce ici les médecins qui dissimulent leur incompétence sous un masque
d’autorité.
Toinette profite de la situation pour poursuivre une vengeance qu’elle n’a pas le pouvoir de
mener par elle-même : « “Cela crie vengeance.” »
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La sentence du médecin consiste à abandonner Argan aux inquiétants désordres de sa
santé : « “J’ai à vous dire que je vous abandonne à votre mauvaise constitution, à
l’intempérie de vos entrailles, à la corruption de votre sang, à l’âcreté de votre bile, et à la
féculence de vos humeurs.” »
La servante se réjouit d’une telle sentence (« “C’est fort bien fait.” »), tandis qu’Argan
s’afflige, comme le montre son exclamation paniquée qui souligne sa crédulité : « Mon
Dieu ! » .
Monsieur Purgon remplace le délai du mariage par le délai de la mort d’Argan : « “Et je
veux qu’avant qu’il soit quatre jours vous deveniez dans un état incurable” ». Ce
renversement comique met Argan à la place d’Angélique, qui devait subir un mariage
source pour elle d’un profond désespoir.
Monsieur Purgon assoit son autorité par le recours menaçant au subjonctif présent et à un
vocabulaire savant témoignant de son érudition médicale : «“ Que vous tombiez dans la
bradypepsie” ».
Ses répliques déploient, par anadiplose (=reprise du dernier mot d’une phrase comme
premier mot de la phrase suivante), une chaîne fatale de causes et de conséquences,
conduisant Argan à des maladies censées être de plus en plus graves : « “De la bradypepsie
dans la dyspepsie », « De la dyspepsie dans l’apepsie ”».
Cette terminologie médicale est porteuse d’un humour noir et scatologique, puisqu’il ne
s’agit que de troubles relatifs à la digestion. Molière parvient habilement à donner à
l’humour populaire des dehors savants.
On note que certains des termes médicaux, de par leurs sonorités curieuses, s’apparentent
à des néologismes farcesques : « “De l’apepsie dans la lienterie” ».
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La conséquence finale de ce processus de dégradation est la mort, désignée par une
périphrase : « “Et de l’hydropisie dans la privation de la vie, où vous aura conduit votre
folie.” »
La situation est ironique car ce sont en réalité les remèdes du faux médecin qui mettent en
péril la santé d’Argan.
Argan ne peut que crier « Monsieur Purgon ! ». Cette anaphore tente de susciter en vain la
pitié du médecin.
Notons le silence de Béralde. Celui qui a le rôle de raisonneur dans cette pièce demeure
passif face aux absurdes accusations du médecin.
La scène est également comique car Argan, personnage tyrannique, est complètement
dominé par un autre tyran, ce qui ne peut que réjouir les spectateurs.
La satire des médecins, déjà amorcée dans l’acte II scène 5 du Malade imaginaire avec la
présentation de Thomas Diafoirus à Argan et Angélique, atteint ici son paroxysme.
La scène est également importante car elle permet le dénouement favorable de cette
comédie de mœurs en faisant échec au mariage entre Angélique et Thomas Diafoirus.
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