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03/12/2023 14:41 Madame Bovary, partie I, chapitre 7, Flaubert : analyse

♦ Dans quelle mesure cet extrait illustre le bovarysme ?

I – Les pensées d’une femme exaltée


A – L’accès aux pensées intimes d’Emma
Des lignes 1 à 49 ( « elle songeait quelquefois […] du bonheur même qu’elle lui
donnait » ), le lecteur pénètre dans les pensées intimes d’Emma grâce à l’emploi
du point de vue interne. On relève ainsi des verbes de perception : « elle
songeait » (l.1), « Il lui semblait que » , « les mots lui manquaient » , « il lui
semblait qu’une abondance subite » .

Cet accès aux pensées intimes de l’héroïne est renforcé par l’emploi du discours
indirect libre aux lignes 3 à 49 (à partir de « pour en goûter la douceur » jusqu’a
« du bonheur même qu’elle lui donnait » ). En supprimant les marques qui
annoncent un propos rapporté, la voix du narrateur et celle d’Emma se fondent
et permettent au lecteur de se plonger dans l’intériorité de l’héroïne.

B – Emma, une femme sensuelle


Emma apparaît comme une femme sensuelle à l’imagination débordante. Dès le
début de l’extrait, elle projette ses fantasmes de lune de miel.

Dans sa rêverie, tous les sens sont sollicités :

♦ l’ouïe : « noms sonores » (l.3), « la chanson du postillon » (l.6), « les


clochettes » (l.7), « le bruit sourd de la cascade » (l.7).
♦ La vue : « stores de soie bleue » (l.5), « le soleil » (l.7), « on regarde les
étoiles » (l.9)
♦ L’odorat : « on respire […] le parfum des citronniers » (l.8).
♦ Le goût : « pour en goûter la douceur » (l.3)
♦ Le toucher : « douceur » (l.4), « les doigts confondus » (l.9).

Elle imagine un décor exotique dans lequel on retrouve la présence des quatre
éléments :

♦ L’eau : « la cascade »
♦ La terre : « toutes escarpées » , « la montagne » , « la terre » , « sol »
♦ L’air : « on respire » , « le parfum » .
♦ Le feu : « le soleil »

Ce décor est teinté d’exotisme : « noms sonores » , « suaves paresses » , « au bord


des golfes » , « citronniers » . 
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03/12/2023 14:41 Madame Bovary, partie I, chapitre 7, Flaubert : analyse

Il s’agit d’un endroit fantasmé qu’Emma serait bien incapable de localiser. Elle
utilise ainsi des expressions vagues et des clichés pour nommer ces lieux
imaginaires : « ces pays à noms sonores » , « certains lieux sur la terre devaient
produire du bonheur. »

C – Une femme bercée d’illusions romanesques


Emma se berce d‘illusions romanesques.

Au fil de ses lectures, elle s’est créé une réserve d’images toutes faites à travers
laquelle elle se représente désormais la réalité. Elle juxtapose ainsi des images
sans lien ni cohérence : les « chalets suisses« (l.13) se juxtaposent avec le
« cottage écossais » .

A travers ces représentations romanesques, Flaubert critique les romans


sentimentaux mais également les romans historiques mis à la mode au début du
XIXème siècle par le romancier Walter Scott, avec le « cottage écossais » et un
mari fantasmé qui porte « bottes molles, chapeau pointu et des manchettes ».

Le pouvoir de ces illusions romanesques est tel qu’Emma finit par s’intégrer à sa
rêverie. On observe ainsi un glissement des pronoms personnels entre le premier
et le deuxième paragraphe. Le pronom personnel « on » répété tout au long du
premier paragraphe (« on monte » , « on respire » , « on regarde » ) se mue en
« elle » dans le deuxième paragraphe (« que ne pouvait-elle s’accouder » ). Emma
s’intègre à sa rêverie et s’imagine elle-même accoudée sur un balcon comme
une héroïne de roman.

Confondant les romans et la vie, Emma rêve sa vie au lieu de la vivre et se heurte
douloureusement à la platitude du réel.

II – La platitude du réel
A – L’absence de complicité entre Charles et Emma
Après ces descriptions d’une lune de miel idéale et d’un mari rêvé, la platitude du
réel prend un relief saisissant.

Alors qu’ils se sont tout juste mariés, la séparation entre Emma et Charles semble
déjà consommée. En témoigne le conditionnel passé : « Peut-être aurait-elle
souhaité » , « se serait détaché de son cœur » . Il n’y a déjà plus de retour en
arrière possible.


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Cette séparation au sein du couple est mise en valeur par le parallélisme


syntaxique : « Il la croyait heureuse; et elle lui en voulait de ce calme si bien
assis. »
Le croisement des pronoms sujets et objets dans ces deux propositions (il =>
elle ; la => lui), loin de faire croire à une communion entre Emma et Charles,
insiste sur la séparation des chemins de ces deux êtres qui se croisent.

B – Charles, un homme décevant


Charles apparaît à Emma comme un mari décevant qui ne correspond pas au mari
rêvé.

Elle ne lui trouve aucune qualité comme en témoigne l’abondance des négations :
« sans exciter d’émotion » , « il n‘avait jamais été » , « il ne savait ni nager, ni
faire des armes, ni tirer au pistolet, et il ne put […] » .

Le démonstratif « celui-là« (l.46) et l’épiphore en « rien« aux lignes 46 et 47


cantonne irrémédiablement Charles dans son rôle de repoussoir :
« Mais il n’enseignait rien, celui-là, ne savait rien, ne souhaitait rien » .
(Une épiphore est une figure de style symétrique à l’anaphore : la répétition se fait
en fin de groupe).

Charles manque de charisme. Il a les « idées de tout le monde » et Emma lui


reproche d’être « ordinaire ».

La comparaison péjorative entre « la conversation de Charles » et « un trottoir de


rue » marque le mépris d’Emma qui ne trouve aucune hauteur à son mari.

C – Charles, un homme béatement amoureux


Charles est présenté comme un homme naïf et profondément amoureux de sa
femme.

Inconscient de la rupture entamée avec Emma (« Il la croyait heureuse » ), il vit


depuis son mariage dans un état de bonheur quasi béat. On relève le champ
lexical du bonheur à la fin de l’extrait : « pesanteur sereine » , « bonheur » ,
« grand amusement » , « il s’émerveillait » .

Charles est un homme qui apprécie le « calme » et la sérénité. Il jouit de bonheurs


simples comme regarder sa femme dessiner ou jouer au piano. Ces moments lui
procurent tant de fierté qu’il finit « par s’estimer davantage ».


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03/12/2023 14:41 Madame Bovary, partie I, chapitre 7, Flaubert : analyse

A l’inverse d’Emma, son attitude mentale le pousse à apprécier leur vie. Ainsi, il
encadre les « deux petits croquis » de « cadres très larges » (l.61 à 62). L’antithèse
« petit » et « très larges » met en valeur l’attitude positive de Charles qui,
contrairement à Emma, ne trouve nullement sa vie étriquée.

Pour aller plus loin :


♦ Madame Bovary, chapitre 7 (le texte)
♦ Résumé détaillé de madame Bovary
♦ Incipit de Madame Bovary : commentaire
♦ Mme Bovary, Flaubert : La mort d’Emma
♦ Tous les commentaires composés / analyses du blog
♦ L’Education sentimentale, la rencontre : Flaubert

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Amélie Vioux

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