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Scène de l’ennui

Madame Bovary

Ce roman est publié en 1857 et son auteur traduit en justice la même année pour « offense à la
morale publique ». La publicité faite autour du procès garantis le succès de Mme Bovary, dont le
premier tirage est rapidement épuisé. S’il y a eu procès c’est parce que Flaubert met en scène les
rêves et les désillusions d’une jeune femme à qui sa vie d’épouse bourgeoise et de mère de famille
ne suffisent pas car elle veut d’avantage. Avec son personnage, Flaubert créer donc la première anti
héroïne de la littérature française.

Nous nous demanderons en quoi le paysage décrit par Flaubert est représentatif du personnage.
Pour cela, nous verrons:

I – L’évocation de l’ennui d’Emma

II- son enfermement dans un vide qu’elle juge médiocre.

→ LIRE LE TEXTE

I – L’évocation de l’ennuie:

Tout le passage décrit une promenade d’Emma en compagnie de la petite chienne que l’on vient de
lui donner. Son désir d’être « seule un instant » la conduit auprès d’un « pavillon abandonné ». Deux
verbes d’action évoquent ses déplacements : « elle sortait » et « elle allait ».

Après avoir planté le décors, on trouve l’évocation de ses sentiments. C’est par le regard, donc à
cause de ce qu’elle voit, que vont se manifester es sentiments. La nature apparaît là comme
éternellement semblable / immuable : « l’éternel jardin », « aux même places », « toujours », mais
aussi comme agressive, dangereuse : « saut-de-loup », « feuilles coupants », « bouquets d’orties », «
digitales et les ravenelles » (= plantes vénéneuses).

Les lieux sont décrits de manière négative par Flaubert ! « volets toujours clos », « pourriture », « fer
rouillé », « route poudreuse ». Impression de délabrement, d’abandon, de tristesse. L’idée de
Flaubert est donc de montrer que dans un paysage pareil, l’on ne peut éprouver que des sentiments
négatifs. C’est ce qu’on appelle « le paysage reflet de l’état d’âme » et cela correspond avec le
romantisme (a savoir que dans un paysage tourmenté, l’on peut se sentir exhalé, etc …).

Emma est à l’image du paysage qui l’entoure, elle est seule, sans entrain, et sans énergie, déprimée,
et à la fin du passage (« Ah ville […] s’épanouissent »), Emma suggère elle-même le cadre qui lui
conviendrait pour être heureuse (→ la ville) :

« Sa vie était froide […] au nord » → comparaison qui repose sur le rapprochement entre le froid
(nord) et l’humidité et un grenier (pièce sombre et abandonnée par excellence). Tout ceci suggère
une sensation de solitude, d’abandon et de mise à l’écart, renforcée par l’orientation de la lucarne.

« et l’ennui […] son coeur » → métaphore. L’ennui est ici comparé à une « araignée silencieuse », il
apparaît ici comme un piège (« filait sa toile ») dont Emma ne peut plus ‘échapper. Et que c’est ce
sentiment qui l’habite en permanence « à tous les coins de son coeur ».

On peut également relever des verbes qui sont à l’imparfait d’habitude et qui souligne la monotonie
du paysage et de la promenade en elle-même qui est toujours la même (« elle commençait », « elle
retrouvait », « sa pensée vagabondait », « ses idées de fixaient », « Emma se répétait »).

Comme sa petite chienne qui « faisait des cercles dans la campagne », Emma tourne en rond et
toutes ses tentatives pour échapper à l’ennui sont un échec .

II – L’allusion à une vie médiocre dont il est impossible de s’échapper:

→ voir métaphore toile d’araignée à la fin du passage

Elle est représentative de la condition de la femme de son époque, qui dépend d’abord de son père,
puis une fois mariée de son mari → si elle le quitte, elle n’aura plus d’argent.

A – La solitude

Cette solitude semble recherchée (« afin d’être seule un instant »). Cela suggère qu’elle supporte mal
son entourage (son mari, sa fille). Elle choisi également, pour se promener, des lieux déserts, à
l’abandon, qui vont encore accroître ce sentiment de solitude. Cela peut suggérer qu’il n’y a pas de
solution et que le problème est en elle.
B – Incapacité à se projeter dans l’avenir

Emma est dans une sorte de léthargie avec une incapacité à réfléchir et à fixer sa pensée (« sa
pensée, sans but, vagabondait au hasard »). On peut presque parler d’animalisation puisque la
pensée d’Emma est comparée à celle de sa chienne (« comme sa levrette »).

C – Lucidité du personnage qui ne se ment pas et énonce clairement son problème

« Pourquoi […] mariée » → Cette question est mise en valeur par un tiret et un alinéa. La ponctuation
y est forte (?!) qui traduit à la fois l’étonnement et le désespoir.

Mauvaise analyse de la situation de sa part puisque pour elle, la solution, c’est de trouver u, autre
homme (« rencontrer un autre homme », « tous, en effet […] celui-là »). Elle a des sentiments
méprisants pour son mari et le lecteur comprend grâce à l’énumération (→ « beau, spirituel,
distingué, attirant ») qu’il est tout le contraire.

Sa vie lui paraît d’autant plus médiocre puisqu’elle en fait la comparaison avec celle de ses anciennes
camarades du couvent qu’elle imagine beaucoup mieux lotis.

→ idéalisation de la vie urbaine (« bruit des rues, […] sens s’épanouissent », → contraire du lieu où
elle est).

Emma aime les plaisirs de la vie et ne s’en cache pas, c’est u, côté masculin qui ne se fait pas à
l’époque.

Cet extrait est représentatif de la situation d’Emma et de son impression d’être piégée par son
mariage et son environnement. Elle est profondément déçue. Elle ira donc de désillusions en
désillusions jusqu’à la fin où le bilan est sans appel.

Ouverture:

A mettre en rapport avec la scène du bal qui est l’apogée de la vie d’Emma. Placée en début de
roman car c’est à partir de ce moment là qu’elle va mesurer la médiocrité de sa vie provinciale. Ce
qu’elle veut c’est être au centre de l’attention (surtout des gommes), être admirée et vivre des
situations sublimes et extraordinaires.

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