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‎Sujet flottant

‎ n prologue, comme les chœurs antiques qui


u
‎vient signifier aux spectateurs le drame à
‎venir, l’issue fatale et inéluctable «ma mort
‎prochaine et irrémédiable»

l‎'intermède rappelle le stasimon qui est un


‎moment de la tragédie grecque antique dans
‎lequel le chœur commente et analyse la
‎situation dramatique
‎Sur la forme

‎ ’épilogue rappelle l'exodos qui est la


L
‎dernière partie de la tragédie grecque
‎antique

‎ es deux parties de la pièce jouent le rôle


L
‎des épisodes, même si dans la tragédie
‎grecque antique, la règle veut qu’il y ait trois
‎épisodes ‎Le tragique
‎ a peur de mal dire, de se déconsidérer aux
L
‎yeux de l’intellectuel, entraîne Antoine, qui s' "‎ Pourquoi est-ce que tu me racontes ça.
‎ a mort du père annonçant celle du fils qui
L
‎est toujours senti en infériorité sur le plan du ‎Pourquoi est-ce que tu me dis ça? Qu'est-ce
‎porte le même nom et faisant peser sur le ‎Scène 11, I partie
‎langage et l'usage de la parole à refuser de ‎que je dois répondre, je dois répondre
‎petit-fils, lui aussi nommé Louis, une fatalité
‎rentrer dans un jeu de rôles préétablis et ‎quelque chose ?"
‎tragique
‎imposés.
‎ ’inefficacité de la parole et l’équivocité (
L
"‎ Tu dois être devenu ce genre d'hommes qui
‎JLFM s’articule autour d’une parole attendue,
‎Sur le fond ‎lisent les journaux, des journaux que je ne lis
‎mais qui n’adviendra pas dans l’espace du
‎jamais [...] j'essaie de lire à l'envers et puis
‎dialogue.)
‎aussitôt j'abandonne et je m'en fiche, je fais
‎Scène 11, partie I ‎ce que je veux !"
‎ a tension et la conflictualité entre les
L
‎personnages
"‎ Une "recommandation" que tu t'es fait,
‎ omplexe d’infériorité face au fantasme de
C ‎faite ?"
‎La mort inéluctable du protagoniste ‎l’écrivain
"‎ et nous éprouvons les uns et les autres, ici,
‎Scène 3, partie I ‎tu le sais, tu ne peux pas ne pas le savoir,
‎ "Mieux encore […] je renonce à tout,
« ‎une certaine forme d'admiration"
‎j’épouse ma sœur, nous vivons très heureux."
"‎ Cette peur que j'avais que personne ne t'
‎ il est passionné, c’est un homme passionné
« ‎aime jamais, cette peur me rendait
‎par cette description de notre progéniture'
‎comique/ironie ‎malheureux à mon tour, comme toujours les
‎plus jeunes frères se croient obligés de l'être
"‎ bras d’honneur si nécessaire ! Voilà, bras ‎ ne rivalité fraternelle renvoyant
U ‎par imitation et inquiétude [...] coupable
‎d’honneur !” ‎au mythe de Caïn et Abel et la ‎aussi de ne pas être assez malheureux, de ne
‎l'être qu'en me forçant"
‎parabole du fils prodigue.
"‎ Je devais faire moins de bruit, te laisser la
‎ onalité apocalyptique: L’adverbe « juste »
T ‎place, ne pas te contrarier et jouir du
‎et l’ellipse dédramatise de façon ironique la ‎Thèmes de Juste la fin du monde ‎spectacle apaisant enfin de ta survie
‎brutalité de l’action qu’introduit le titre. Il ‎légèrement prolongée"
‎ ’hypothèse du mal d'Antoine dont le frère
L
‎annonce que ce n’est rien de grave, c’est ‎Le titre Juste la fin du Monde
‎prodigue ne serait pas la victime mais le
‎juste la fin du monde. Mais ce monde se ‎Scène 3, partie II
‎perpétrateur par l'adoption d'une figure "‎ On devait m'aimer trop puisque on ne t'
‎réduit à celui de Louis, à sa vie menacée par
‎doloriste ‎aimait pas assez et on voulut me reprendre
‎la mort, et non à celui de l’humanité.
‎alors ce qu'on ne me donnait pas, et ne me
‎donna plus rien"
"‎ Dire, seulement dire, ma mort prochaine et r‎ ôle de confidence inaugurale efficace car
‎irrémédiable, l'annoncer moi même, en être l' ‎constituée d’une seule longue phrase,
"‎ Moi, je suis la personne la plus heureuse de
‎unique messager [...] me donner, et donner ‎obligeant l’acteur qui la prononce à aller
‎Le prologue ‎la terre et il ne m'arrive jamais rien"
‎aux autres [...] l'illusion d'être responsable de ‎jusqu’au bout de son souffle, suspendant le
‎ ouis se fait messager de son destin fatal, de
L
‎moi même et d'être, jusqu'à cette extrémité, ‎public à cette épreuve physique, qui anticipe
‎sa condamnation par le langage, pour "‎ Je me dis que je ne peux rien reprocher à
‎mon propre maître. ‎le dernier souffle du personnage
‎regarder la mort en face et la dépouiller de ‎ma propre existence, qu'elle est paisible et
‎son pouvoir de terreur ‎douce"
"‎ Je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques
‎Epilogue
‎mois plus tard, une année tout au plus"
"‎ Suzanne et moi, nous devrions être toujours
‎ensemble, on ne devrait jamais se lâcher,
"‎ on l'espère [...] que le reste du monde
I‎nvitation de sa soeur à se dresser contre ‎serrer les coudes [...] s'épauler, on n'est pas
‎pourrait disparaître avec soi, s'éteindre, s' ‎Scène 2, partie II
‎Louis à ses côtés ‎trop de deux contre celui-là, tu n'as pas l'air
‎engloutir et ne plus me survivre. Tous partir
‎de te rendre compte, il faut être deux contre
‎avec moi et m'accompagner et ne plus
‎celui là"
‎jamais revenir. Que je les emporte et que je
‎ne sois pas seul"

"‎ Croire disparaître, courir devant la Mort,


‎prétendre la semer, qu'elle ne puisse jamais
‎Scène 10, partie I
‎m'atteindre ou qu'elle ne sache jamais où me
‎retrouver."

"‎ On vint doucement me tapoter l'épaule en


‎me disant avec un gentil sourire triste de ‎ a mort est l'ombre anxiogène de Louis qu'il
L
‎gamin égaré: "à quoi bon ?" ce "à quoi bon" ‎cherche dérisoirement semer
‎Dimension testamentaire
‎rabatteur de la Mort - elle m'avait enfin
‎retrouvé sans m'avoir cherché-"

"‎ Juste en tête l'idée de ma propre mort à


‎Scène 5, partie I
‎venir"

‎ à-haut: Dans le séjour supposé de Dieu et


L
"‎ Il y a plus chez moi, là-haut, je te
‎des âmes des morts. Ici-bas: Sur cette Terre,
‎montrerai [...] Il y a, plus de confort qu'il n'y ‎Scène 3, partie I
‎dans le monde des vivants, par opposition au
‎en a ici-bas"
‎Paradis

‎Espace indéterminé, où les personnages se


‎croisent, se cherchent. Cette mort annoncée
‎est aussi mise en avant lorsque tout le ‎ es expressions ambigües, à double entente
D
‎"Ce n'est rien, je croyais que tu étais parti." ‎Intermède, scène 2
‎monde l’appelle mais que Louis ne répond ‎qui rappelle constamment à Louis son sort.
‎pas. C’est comme s’il était là sans être là car
‎il est déjà mort.

‎ n personnage suspendu entre la vie et la


u
‎"A égale distance du ciel et de la terre" ‎Epilogue
‎mort.

‎ vocation dans son journal d’ « une longue


E
‎marche la nuit de Anduze à Saint Jean du
‎Gard » d’« un long moment sur la vieille voie
‎Epilogue
‎ferrée, à travers un long tunnel et ensuite
‎sous les étoiles, dominant la vallée dans la
‎nuit, sur un pont »

‎ vocation de la note « dimanche de Pâques


E
‎en famille. Effrayant. Les larmes aux yeux. Et ‎ xtériorisation du vécu de Lagarce et
E
‎eux qui ne veulent jamais rien voir. Et un ‎Scène 4, partie I ‎exhibition cathartique d’une intimité à des
‎jour, il faudra leur dire que je suis en train de ‎fins d’exorcisme personnel.
‎mourir. Me colleter ce malheur-là ? »

‎ e succès de Lagarce, relatif de son vivant,


L
‎se révélant après sa mort ne permet pas la
‎lecture de la pièce en occultant sa dimension
‎testamentaire

‎Jean-Luc Lagarce
‎ ès 1988, la maladie du Sida gagne du terrain
d
‎et devient pour Lagarce comme une épée de
‎Damoclès, une menace constante et une
‎condamnation à moyen terme. Si elle ne
‎ralentit pas sa frénésie d'activités théâtrales,
‎son influence s'y fait sentir

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