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S7 : ET, LES BONNES, SYMBOLE DE LA VIOLENCE SOCIALE

Ex de plan de commentaire

Pbq : En quoi la cérémonie des bonnes est-elle ici révélatrice des rapports de force ds la société ?

I. Un jeu malsain
1. Du théâtre ds le th / Une mise en abyme
- Solange joue Claire et Claire joue Mme
- Ne sait que c’est un jeu que qd le reveil sonne + allusion à « Mme »
2. frontière trouble entre les bonnes et les rôles qu’elles jouent
- Solange sort de son rôle (erreur prénom + je connais la tirade)
- Difficile pr lecteur / spectateur de tjs bien comprendre qui est qui tt du long
3. une violence larvée entre elles
- même si c’est un jeu, des gestes violents, brusques
- allusions au laitier (enjeu pr les sœurs plus que pr Mme)
- ph ambiguës : quand dénigre Mme, pourrait croire que dénigre sa sœur (puisque c’est
elle qui est en face)
II. Qui traduit des rapports de force sociaux
1. Opposition entre monde des bonnes et celui de Mme
- fleurs, beauté # évier, cuisine, prosaïsme
- récurrence des « vous » pr montrer distance, qui s’oppose au « nous/je »
2. Le désir de violence des bonnes
- répété ds tt l’extrait
- envie / ce que possède Mme (beauté, vêtement, amant)
3. Une violence réelle mais inaboutie
- montée de la tension : violence vbale et physique, provocation
- « tentative » de meurtre à la fin (cou fragile)
- Le retour à la « réalité » : chgt de costume + union des deux sœurs + retour au tutoiement
=> retour à la soumission de leur condition

Ex d'étude linéaire

I. La brutalité déconcertante de Solange


Ø une violence exacerbée mais difficilement compréhensible au début
- entre directement dans un affrontement : premiers mots « Je vous hais » répété, début et
fin de la première réplique de l’extrait, amplifié par « je vous méprise » + « robe rouge » =
connotation sang, violence
- violence donc vbale (menace d’emblée puisqu’évoque la protection nécessaire de
l’amant « votre amant, qu’il vous protège ») et aussi physique : didascalie (« elle crache »)
- ne sait pas qui est qui : le vouvoiement montre la distance entre les deux femmes +
devine une opposition de classe et pas seult de personne (« ivoire, ambre, souffles
embaumés »= voc + qui renvoie au luxe)
Ø absence de réaction de Claire
- reste sans réaction dvt violence de S : souffle coupé « suffoquée » + phrase incomplète
(points de suspension, interjection)
- seul le « mais » connecteur montre son opposition à S
Ø violence qui redouble de Solange
- reprend les mêmes thèmes que réplique précédente : cherche à impressionner phys et
vbalement (« marche sur elle », sens propre et figuré de « sur » + terme grossier « vous
emmerde ») ; reproche le luxe de Claire (énumération « parfums, poudres… » avec même
pluriel au début pr renforcer ; ajoute qu’elle se sent déposséder (//lutte classes) : « dérober la
beauté du ciel » + hist du laitier « me prendre le laitier » => tjs agressive (anaphore « vous
croyez + avouez » + impératif « avouez »
- confrontation plus claire : « oui Madame, ma belle Madame » = notion de hiérarchie
avec apostrophe, majuscule, S est en situation d’infériorité mais ne l’accepte pas : »ma »
(idée d’appropriation psy m si situation dans la réalité est inversée)

II. Un jeu malsain qui s’intensifie


Ø confusion jeu et réalité
- spectateurs et personnages perdus : ne comprend pas forcément réplique de C « Claire !
Claire », suite de répliques rapides qui montrent que les deux femmes jouent à un jeu de
rôle => S est sortie de son rôle
- le th ds le th : Solange joue le rôle de Claire (sa sœur) et Claire joue le rôle de Madame ;
sauf que Solange l’oublie et parle d’elle en tant que S et non plus C « Claire, Solange,
Claire » = ph nominale qui n’explique pas clairement la situation, tt est ds l’implicite
Ø retour à l’affrontement
- tjs brutalité phys et vbale qui enfle : « C vous emmerde », « elle gifle » ; se met en valeur
/ à Madame (jeu de mot sur claire –prénom et adj-, termes positifs pr se désigner
« lumineuse » (seul mot de la ph, ! = mis en évidence)
- tjs incapacité à réagir de C/Mme : même principe qu’avant : interjection, ph entrecoupée
de …
- union des deux perso contre madame : « sans la révolte des bonnes » (complexifie la
situation puisque Claire devient à la fois la victime et le bourreau) => terme de « révolte »
utilisé pr première fois = projet collectif, qui va réussir « la voici qui monte ; elle va crever
et … »
- 1ère réaction de Madame : coupe la parole avant que prononce mot injurieux « et vous
une.. », la tutoie pr montrer hiérarchie et s’oppose « je t’interdis »
- Conduit à une opposition encore plus marquée : ph sans verbes , !, dénigrement de Mme
« son visage se décompose », provocation « vous désirez un miroir » # C/Mme reste ferme,
n’est pas décontenancée :se mire vraiment « se mirant avec complaisance » « j’y suis plus
belle » (hyperbole) une sainte « m’auréole » pr bien faire la distinction avec S lumière #
obscurité (ténèbres »)
- De nouveau, sortie du jeu : « oubli » du texte (« ténèbres… / …infernales ») = permet
aussi de montrer la dimension diabolique des bonnes ; rque de S « je connais la tirade » et
ph suivante mêle réalité et jeu
- Retour à l’affrontement : utilisation de l’ironie « les dévouées servantes » ; chgt de la
situation « nous ne vous craignons plus » (négation ne plus qui montre la rupture) + « nous
prenons forme » ; union qui fait la force (utilisation du « nous », sont une seule
« enveloppées, confondues ») ; pas menace en l’air « ne riez pas. .. Surtout ne riez pas … »
- Claire veut mettre fin à la discussion : « allez-vous en » chgt de personne « vous » mais
impératif
Ø Mise en évidence de l’opposition entre les deux mondes
- le monde des bonnes : elles servent « pour vous servir » « évier, cuisine », prosaïsme de
cert rques « le rot silencieux de l’évier » ; affirme son état « je suis la bonne »
- le monde de Madame « fleurs beauté »
- récurrence des « vous » pr montrer distance, qui s’oppose au « nous/je » + construction
des ph « vous avez vos fleurs, j’ai mon évier » bonnes envieuses (beauté, vêtement, amant)
Ø menace de mort
- prête à mourir pr arriver à ses fins « en paradis. J’aimerais mieux vous y suivre que de
…»
- annonce d’une mort probable « et priez vite, très vite » + « au bt du rouleau », violente
« protège sa gorge »+ « découvrez ce cou fragile », certaine (utilisation du présent
« j’opère vite et en silence » + « je termine ma besogne »

III. Le retour à la réalité


Ø rappel de la réalité : le réveil
- dérangée ds son crime « sur le point d’étrangler C » # « soudain un réveille-matin » de
manière subite (« soudain » + succession de ph ou de prop° courtes ds la didascalie +
« déjà ? »)
Ø retrouvent le rôle de bonnes et de sœurs
- se retrouve avec trois perso : les deux sœurs Claire, Solange et « Madame »
- chgt de costume « commence à dégrafer sa robe »
- retour au tutoiement : « tu n’as pas pu… »
Ø sensation d’inachèvement
- fin précipitée : « déjà fini », « pas pu », « dépêchons-nous » : peur de Madame
- idée de cérémonie inaboutie « tu n’as pas pu aller jusqu’au bout » => idée que cette
cérémonie funeste devra être recommencée ds suite de la pièce

SOLANGE – Je vous hais ! Je vous méprise. Vous ne m'intimidez plus. Réveillez le souvenir de
votre amant, qu'il vous protège. Je vous hais ! Je hais votre poitrine pleine de souffles embaumés.
Votre poitrine... d'ivoire ! Vos cuisses... d'or ! Vos pieds... d'ambre ! (elle crache sur la robe rouge) Je
vous hais !
CLAIRE, suffoquée – Oh ! Oh ! Mais...
SOLANGE, marchant sur elle – Oui madame, ma belle madame. Vous croyez que tout vous sera
permis jusqu'au bout ? Vous croyez pouvoir dérober la beauté du ciel et m'en priver ? Choisir vos
parfums, vos poudres, vos rouges à ongles, la soie, le velours, la dentelle et m'en priver ? Et me
prendre le laitier ? Avouez ! Avouez le laitier ! Sa jeunesse, sa fraîcheur vous troublent, n'est-ce
pas ? Avouez le laitier. Car Solange vous emmerde !
CLAIRE, affolée – Claire ! Claire !
SOLANGE – Hein ?
CLAIRE, dans un murmure – Claire, Solange, Claire.
SOLANGE – Ah ! Oui, Claire. Claire vous emmerde ! Claire est là, plus claire que jamais.
Lumineuse ! Elle gifle Claire.
CLAIRE – Oh ! Oh ! Claire . . . vous . . . oh !
SOLANGE – Madame se croyait protégée par ses barricades de fleurs, sauvée par un exceptionnel
destin, par le sacrifice. C'était compter sans la révolte des bonnes. La voici qui monte, madame.
Elle, va crever et dégonfler votre aventure. Ce monsieur n'était qu'un triste voleur et vous une...
CLAIRE – Je t’interdis !
SOLANGE – M'interdire ! Plaisanterie ! Madame est interdite. Son visage se décompose. Vous
désirez un miroir ? Elle tend à Claire un miroir à main.
CLAIRE, se mirant avec complaisance – J'y suis plus belle ! Le danger m'auréole, Claire, et toi tu
n'es que ténèbres . . .
SOLANGE – …infernales ! Je sais. Je connais la tirade. Je lis sur votre visage ce qu'il faut vous
répondre et j'irai jusqu'au bout. Les deux bonnes sont là, les dévouées servantes ! Devenez plus
belle pour les mépriser. Nous ne vous craignons plus. Nous sommes enveloppées, confondues dans
nos exhalaisons, dans nos fastes, dans notre haine pour vous. Nous prenons forme, madame. Ne riez
pas. Ah ! Surtout ne riez pas de ma grandiloquence . . .
CLAIRE – Allez-vous-en.
SOLANGE – Pour vous servir, encore, madame ! Je retourne à ma cuisine. J'y retrouve mes gants et
l'odeur de mes dents. Le rot silencieux de l'évier. Vous avez vos fleurs, j'ai mon évier. Je suis la
bonne. Vous au moins vous ne pouvez pas me souiller. Mais vous ne l'emporterez pas en paradis.
J'aimerais mieux vous y suivre que de lâcher ma haine à la porte. Riez un peu, riez et priez vite,
très vite ! Vous êtes au bout du rouleau ma chère ! (elle tape sur les mains de Claire qui protège sa
gorge) Bas les pattes et découvrez ce cou fragile. Allez, ne tremblez pas, ne frissonnez pas, j'opère
vite et en silence. Oui, je vais retourner à ma cuisine, mais avant je termine ma besogne. Elle
semble sur le point d'étrangler Claire. Soudain un réveille-matin sonne. Solange s'arrête. Les deux
actrices se rapprochent, émues, et écoutent, pressées l'une contre l'autre.
CLAIRE – Dépêchons-nous. Madame va rentrer. (elle commence à dégrafer sa robe) Aide-moi.
C'est déjà fini, et tu n'as pas pu aller jusqu'au bout.

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