Vous êtes sur la page 1sur 4

Molière, Dom Juan, Acte V, scènes 4,5 et 6 = scènes de dénouement.

Introduction :
Molière est un dramaturge français du XVIIème siècle ainsi qu’un comédien, le comédien de sa
propre pièce : Le Malade imaginaire. Il est mort lors de la quatrième représentation de cette pièce le
17 février 1673.
Dom Juan est l’une de ses œuvres les plus connues, elle raconte les dernières heures d’un libertin, un
homme qui ne pense qu’à séduire et conquérir toutes les femmes qu’il croise. Il ne croit pas en Dieu
et n’est donc pas religieux. La première représentation de cette pièce a été faite le 15 février 1665.
C’est une pièce écrite en prose, contenant 5 actes.
Ces scènes de dénouement vont mettre en scène des personnages réels ainsi que des fantastiques
(femme voilée= allégorie de la mort ainsi que la statue).
Pbt : en quoi ce dénouement allie -t-il le comique et le spectaculaire ?

I. Avertissement de Sganarelle.

Sganarelle avertit Dom Juan. Il s’indigne du dernier acte de Dom Juan, de rentrer en
hypocrisie avec l’interrogation : « quel diable de style prenez-vous là ? ». Cela marque la
dernière offense. En changeant de temps et de mode, il s’indigne, il lui dit qu’il aimerait qu’il
soit comme auparavant : « je vous aimerais bien mieux encore comme vous étiez
auparavant » combiné au conditionnel parfait, maintenant « j’en désespère ». Dom Juan et
arrivé à un point de non-retour en commettant l’ultime faute qui va provoquer sa chute, sa
mort, amenant donc à l’avertissement. Sganarelle a toujours espéré, son contraire :
désespoir = négation par préfixation.
De la même manière, on a une répétition d’un même verbe : « souffrir » au temps du futur,
« souffert » au temps du passé composé qui va aboutir à l’avertissement.
Construire autour des temps et des modes.
Comédie de mœurs = Dom Juan va garder son caractère libertin en repoussant Sganarelle
avec « Va, va » = verbe aller : injonction. DJ Ironise sur le ciel, cependant, il essaye
d’argumenter et de repousser Sganarelle : « le ciel n’est pas si exact que ça […] », mais il se
fait couper la parole par son valet = preuve qu’il n’est plus le maître de la parole. Et « c’est
un avis qu’il vous donne » de la part de Sganarelle mais Dom Juan reste sourd à cet
avertissement avec un jeu de mot particulier : « parle un peu plus clairement, s’il veut que je
l’entende. » l6. Il ironise sur l’existence de Dieu, comme s’il ne se faisait pas entendre
comme s’il n’était pas raisonné ( syllogisme ) .

Dom Juan continue à souligner de manière ironique qu’il ne croit pas au


ciel contrairement à son valet qui y croit tout en étant terrifié. Il croit en
Dieu alors qu’il lui fait peur = il vit dans la crainte de dieu.

Les deux caractères du maître et du valet s’opposent encore :


superstition (courroux du ciel = colère de dieu) de Sganarelle vs calme et
logique de Dom Juan.
 Repetition de Ciel : religieux, salut… ( qui souligne bien la crainte
de Sganarelle )

II. Avertissement de la femme voilée.

Ce mouvement se matérialise par l’intrusion du fantastique et recourt à


une première machine : un spectre en femme voilée = annonce de la
mort à venir, (signe proleptique) du deuil . Elle est l’incarnation de
toutes les femmes que Dom Juan a trompé. Cette femme voilée utilise
un ton solennel, sérieux, c’est un moment grave : « Dom Juan n’a plus
qu’un moment à pouvoir profiter de la miséricorde du Ciel ». Le spectre
ne lui parle pas directement, comme s’il s’adressait à nous, spectateurs.
Vocabulaire religieux : miséricorde, repent, Ciel. L’idée que Dom Juan
doit vite changer d’attitude sinon, il court à sa mort. Sganarelle est
conscient de ce qui se passe et semble effrayé : tournures
interrogatives : « entendez-vous, Monsieur ? ». Il semble voir la
présence de Dieu et l’a craint : « Je la reconnais au marcher ». Au
contraire, Dom Juan ne peut pas le voir puisqu’il n’y croit pas mais en
même temps, il aimerait voir à qui il a affaire. De nombreuses
occurrences du verbe voir : « je veux voir ce que c’est. » ; « ce
changement de figure ». Ce qui montre bien que le théâtre est fait pour
être vu. Dom Juan reste têtu, incrédule. Le dialogue oppose donc la
terreur et les supplications du valet, sa protestation qu’on voit par les
interjections « Ah » « Ô Ciel ! » … à l’extrémisme cartésien du héros qui
ne veut croire en rien par la négation « Non, non, rien n’est capable de
m’imprimer de la terreur ». = il n’a peur de rien : négation totale par
l’adverbe non repété et Négation grammaticale partielle quant à la
religion ou superstition que peu développé Sganarelle : il ne croit ni en
dieu , ni en diable mais croit en « deux et deux sont quatre ». Appuyé
par un dernier acte viril qui sera cependant totalement inutile. Il reste ce
noble qui est prêt à combattre toutes choses. Nier les preuves + l’acte de
repentance.
Ce qui fait rire ici, c’est le côté obstiné de DJ, il est dans le déni total =
personnage tragique. C’est quelqu’un de très endurci qui ne vet pas
montrer qu’il est faillible par rapport à la philosophie de vie qu’il s’est
construit : libertin.

III. Sentence et châtiment spectaculaire.


Statue, deuxième machine deus ex machina , s’anime et parle, elle a
la première réplique de la scène 6. Puisqu’il avait donné sa parole à
cette dernière, Dom Juan va la suivre : « Oui, où faut-il aller ? », la
Statue ne lui répond pas er lui donne seulement l’ordre de lui donner la
main. C’est donc en homme d’honneur qu’il va suivre la Statue qui va
donner sa sentence dans un ton solennel. A la ligne 24, on comprend
que le repentir n’est plus possible et qu’il va être victime de dieu. C’est à
ce moment qu’il va changer très rapidement, il va dire comme
Sganarelle : Ô Ciel, suivi d’une question. Le doute s’installe en lui. CL du
feu : feu invisible me brûle, brasier ardent + points d’exclamation.
La didascalie va participer au côté spectaculaire de ce dénouement :
tonnerre, grands éclairs, grands feux, grands bruits, abime = fasciner le
public. « Où il est tombé » = en Enfer, il y a une chute, c’est sa mort.
L’Enfer est un endroit de souffrance éternel sans rachat possible et de
feux constants. Ces derniers ne sont pas explicitement dits mais sont
suggérés.
A partir de ce moment, il n’est plus question de statue ni de Dom Juan.
Sganarelle se retrouve tout seul sur scène, il a droit au mot de la fin. Il va
dresser le bilan de la vie et des actions repréhensibles de Dom Juan qui
ont aboutit à sa mort et au verdict final = le châtiment par mort de Dom
Juan. Enumération de choses qui rappellent les péchés de Dom Juan =
« Ciel offensé, lois violées, filles séduites, familles déshonorées, parents
outragés… » Les participes passés donnent une qualité oratoire à la
réplique de Sganarelle.
Tout le monde est contenté. Tous ceux qui ont subit les actes de Dom
Juan sont réparés par la mort de Dom Juan, le public est aussi contenté.
Exécuteur de la justice des Hommes et de la justice divine. La religion
est vu comme un rapport de peur. Ils craignent de ne pas aller au
Paradis, d’être victime de la colère de Dieu. C’est un côté de la foi que
Molière ne veut pas.
Le châtiment est exemplaire et spectaculaire et qu’il construit le
spectacle : « le plus épouvantable châtiment du monde ».

Conclusion :

Pour conclure, dans ce dénouement, Molière évoque le côté


Comique et Spectaculaire de la Comédie. Notamment par l’opposition
des caractères des deux personnages principaux ainsi que par la tonalité
fantastique du spectre et de la statue que Dom Juan s’efforce à ne pas
voir. Le côté comique est aussi mis en avant par Sganarelle qui a une
peur bleue de Dieu. Dans la dernière scène, le héros est donc chatié
pour les impiétés qu’il a commis tout au long de sa vie. Le côté
spectaculaire est lui, manifesté par le tonerre, les grands éclairs, tout ce
qui pourraît fasciner le spectateur.
Cet extrait de l’œuvre me fait penser au couronnement d’Argan dans le
Malade Imaginaire, dernière scène qui clôt la mascarade dans le pur
esprit du carnaval et de la comédie.

Vous aimerez peut-être aussi