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Dans Dom Juan de Molière, le dénouement est préparé

pendant toute la pièce, ce qui donne sa dimension tragique :


Dom Juan le séducteur libertin est averti à plusieurs reprises
par son valet et sa femme Elvire qu’« une méchante vie
amène une méchante mort » (I, 2) et que « les libertins ne
font jamais une bonne fin » (I, 2). Le début de l’acte V
précipite le châtiment annoncé : Dom Juan joue le faux
dévot devant son père Dom Louis et devant les frères
d’Elvire. Cette hypocrisie, ultime affranchissement à la
morale, précède la mort de Dom Juan qui se joue aux scènes
5 et 6 de l’acte V
Le spectre annonce et fait voir à Dom Juan sa mort tout
comme Elvire lors de ses avertissements répétés. D’ailleurs
on peut rapprocher ce spectre d’Elvire. En effet le spectre
est une « femme voilée » (didascalie du début de la scène 5)
+ Dom Juan dit « Je crois connaître cette voix ». En plus on
sait que Elvire est à nouveau entrée au couvent, qu’elle a
pris le voile de bonne sœur : on a donc l’impression que cette
femme mise à mal par Dom Juan se venge. Il est puni par où
il a pêché (par les femmes).
Points communs et différences entre le Spectre et la
Statue : d’un côté une femme voilée et de l’autre un homme
tué en duel par Dom Juan. Mais même lien avec la mort :
métamorphose du spectre en allégorie de la mort et mort
donnée par la Statue à Dom Juan. Cependant on peut dire
que seule la Statue réussit proprement à arrêter Dom Juan
(« Arrêtez, Dom Juan »), à mettre un terme à sa fuite car
Dom Juan tout au long de la pièce ne cesse de se dérober,
aux femmes qu’il a séduites, aux frères de Dom Carlos, à son
père, à Monsieur Dimanche… Cet arrêt est synonyme de
mort.
→ La statue représente donc l’Enfer qui engloutit Dom
Juan et le punit ainsi de toutes ses fautes. Ses fautes, ses
actions libertines sont d’ailleurs à nouveau prouvées dans
ces deux scènes : Dom Juan apparaît comme le disait
Sganarelle dans le portrait qu’il faisait de lui à la scène 1 de
l’acte I comme un « méchant homme », « un hérétique […]
qui ferme l’oreille à toutes les remontrances chrétiennes
qu’on lui peut faire, et traite de billevesées tout ce que nous
croyons. »
b. L’ultime portrait de Don Juan : un libertin de l’extrême
Absence de peur devant ces apparitions : « Non, non, rien
n’est capable de m’imprimer de la terreur » dit-il devant le
spectre. Devant la Statue il ne montre pas de peur : « Oui,
où faut-il aller ? » et donne volontiers sa main. Une réaction
qui contraste avec la peur que l’on peut sentir chez
Sganarelle : « Ah ! », « Ah ! Monsieur, rendez-vous à tant de
preuves et jetez-vous vite dans le repentir ».
Refus de la religion basée sur le pardon et sur le repentir qui
est preuve de son athéisme : « Non, non, il ne sera pas dit,
quoiqu’il arrive, que je sois capable de me repentir » ; la
répétition de la négation renforce son entêtement.
c. Le sens du dénouement
La mort de Dom Juan et la morale
La mort de Dom Juan est spectaculaire avec
l’intervention de deux apparitions surnaturelles avec leur
cortège d’effets : apparition/disparition, tonnerre, foudre,
terre qui s’ouvre… Une mort à l’image de l’ampleur des
pêchés de Dom Juan.
Une mort qui est montrée : contrairement à la règle de la
bienséance (ne pas montrer sur scène de scènes choquantes
comme la mort d’un personnage) qu’aurait dû respecter
Molière, Dom Juan meurt sur scène sous les yeux du public.
Cela doit effrayer le spectateur qui découvre le châtiment
réservé aux pêcheurs : une dimension morale, réalisation
dans cette scène de la maxime « une méchante vie amène
une méchante mort » (acte I, scène 2).
La morale formulée par Sganarelle est entourée par la
répétition de « Mes gages, mes gages ». Ces formules ont
été, à l’époque de Molière, censurées. Pourquoi ? Parce que,
alors que le personnage énonce une morale, il se montre lui-
même seulement intéressé par son argent ! Ce qui est
comique ! Cette formule a donc été censurée parce que
l’attention du spectateur était détournée de la morale et le
public pouvait, de cette fin, ne retenir que le comique et le
ridicule de la réplique de Sganarelle et donc en oublier la
leçon morale

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