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Knock ou le triomphe de la médecine de Jules Romains (1923)

1) Présentez rapidement Jules Romains

Jules Romains, de son vrai nom Louis Henri Jean Farigoule, est un écrivain, poète,
dramaturge, essayiste et critique littéraire français né le 26 août 1885 à Saint-Julien-
Chapteuil en Haute-Loire.

Jules Romains, de son vrai nom Louis Henri Jean Farigoule, était un écrivain français qui a
vécu au début du XXème siècle. Il est surtout connu pour sa série de romans "Les Hommes
de bonne volonté" qui raconte la vie quotidienne des habitants d'un quartier de Paris sur
une période de 25 ans.

Jules Romains était également poète et dramaturge. Il a écrit plusieurs pièces de théâtre,
dont la plus célèbre est "Knock ou le triomphe de la médecine", une satire de la médecine
moderne. Cette pièce a été adaptée au cinéma et jouée dans le monde entier.

En plus de son travail d'écrivain, Jules Romains a été critique littéraire et membre de
l'Académie française. Il a reçu de nombreux prix tout au long de sa carrière, dont le
prestigieux prix Goncourt pour "Les Hommes de bonne volonté".

Jules Romains a été mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, une expérience qui a
fortement influencé son travail futur. Il est décédé en 1972 à l'âge de 86 ans à Paris, laissant
derrière lui une oeuvre variée et influente.

2) Présentez deux traits de caractère de Knock, illustrez chacun d’eux par


au moins un passage précis de la pièce. Commentez sa méthode en tant
que médecin : où l’expose-t-il quand en reparle-t-il ?

Knock, le personnage principal de la pièce "Knock ou le triomphe de la médecine" de Jules


Romains, est un médecin ambitieux et manipulateur. Deux de ses traits de caractère sont :

- La capacité à convaincre et manipuler : Knock est un personnage charismatique et


manipulateur, capable de convaincre les autres de la justesse de ses idées, même
lorsque celles-ci vont à l'encontre de leur intérêt personnel. Cela se voit notamment
dans la scène 2 de l'acte II, lorsque Knock parle à l’instituteur Bernard :

Knock : Je parie qu’il boivent de l’eau sans penser aux milliards de bactéries qu’il avalent à
chaque gorgée.
Bernard : Oh ! certainement.
Knock : Savent-ils même ce que c’est qu’un microbe ? (p 70)

Il convint l’instituteur Bernard d’organiser des conférences aux habitants sur des maladies.
Pour cela il déploie des pouvoirs de manipulation du langage médical pour les soumettre à
son idéal médical totalitaire. Il va même jusqu’à persuader l’instituteur qu’il pourrait être
porteur de germes.

Knock : […] Fort de la théorie et de l’expérience, j’ai le droit de soupçonner le premier venu
d’être un porteur de germes. Vous, par exemple, absolument rien ne prouve que vous n’en
êtes pas un. (p73)

- Un autre trait de caractère est l'intelligence de Knock. En effet, c'est grâce à son
intelligence et à sa ruse que Knock parvient à manipuler les habitants de Saint-
Maurice et à les convaincre de se faire examiner régulièrement, même s'ils ne sont
pas malades.

Ce trait de caractère est également mis en évidence dans la façon dont Knock manipule les
habitants de Saint-Maurice pour qu'ils se fassent examiner régulièrement, en leur faisant
croire qu'ils sont malades, alors qu'ils ne le sont pas. C'est un personnage intelligent et rusé,
qui sait comment tirer parti de la crédulité des gens pour atteindre ses objectifs.

C’est ainsi que dans l’acte 2 scène 4, Knock consulte la dame en noir en la persuadant qu’elle
était tombée d’une échelle étant petite et que depuis elle souffre.

Knock : […] Vous n’êtes jamais tombée d’une échelle, étant petite ?

La Dame : Je ne me souviens pas.

Knock : Vous n’avez jamais mal ici le soir en vous couchant ? Une espèce de courbature ?

La Dame : Oui, des fois.

Knock : Essayez de vous rappeler. Ça devait être une grande échelle.

La Dame : Ah oui ! (p84)

La méthode de Knock en tant que médecin est clairement très critiquable. En effet, il ne
cherche pas à soigner les maladies de ses patients, mais plutôt à construire l'idée de la
maladie dans leur esprit, afin de les convaincre de se faire examiner régulièrement, même
s'ils ne sont pas malades. Cela lui permet d'augmenter ses profits et son influence dans la
ville, mais cela n'a rien à voir avec une véritable pratique médicale.

Knock expose sa méthode en tant que médecin dans l'acte I, scène unique. (p34-38) C'est au
cours de cette scène que Knock rencontre M et Mme Parpalaid pour la première fois et
commence à décrire sa philosophie médicale.
Knock explique à Madame Parpalaid que la santé est une question d'équilibre et que toute
perturbation de cet équilibre peut conduire à la maladie. Il poursuit en expliquant que son
travail en tant que médecin est de détecter les déséquilibres et de les corriger avant qu'ils ne
conduisent à des maladies plus graves.
Knock reparle de sa méthode en tant que médecin dans l'acte II, scène 3. C'est au cours de
cette scène que Knock rencontre le pharmacien du village, Mousquet, et commence à
discuter de sa vision pour s’enrichir mutuellement.
Cette scène montre à nouveau l'engagement de Knock envers sa méthode et sa conviction
que la prévention est la clé pour maintenir la santé des patients.

3) Montrez que cette pièce est une comédie. Pour cela relevez un comique
de situation, un comique de caractère, un comique de geste, un comique
de mots, un comique de répétition et un passage qui révèle l’absurde.
Vous veillerez à vous référer à un passage précis et différent pour chaque
procédé comique et vous donnerez pour chacun une citation qui vous a
fait rire en expliquant pourquoi.

1- Un comique de situation particulièrement amusant se trouve à l'Acte II, Scène 5,


lorsque Knock, rencontre une vieille Dame, la dame en violet. Knock cherche à lui
faire comprendre qu'elle est malade en utilisant des termes médicaux complexes :

Knock : L’insomnie peut être due à un trouble essentiel de la circulation intracérébrale,


particulièrement à une altération des vaisseaux dite «  en tuyau de pipe ». Vous avez peut-
être, madame, les artères du cerveau en tuyau de pipe. (p 98)

Cette scène est comique car Knock utilise un raisonnement rhétorique pour convaincre La
Dame en violet de sa maladie. La façon dont Knock insiste en utilisant un vocabulaire
médical pour ensuite conclure qu'elle est malade, est ridicule et hilarante.

2- Un autre exemple de comique est le comique de caractère, qui provient des traits de
personnalité exagérés des personnages. Un personnage qui illustre ce type de
comique est le pharmacien Mousquet, qui est soumis et inquiet, et qui est facilement
manipulé par Knock.

Un passage comique de caractère se trouve à l'Acte II, Scène 3, où Knock discute avec le
pharmacien Mousquet. Au fil de la conversation, Knock se rend compte de la nature naïve de
Mousquet et commence à en jouer :

Knock : Asseyez-vous, cher monsieur Mousquet. Hier, j’ai eu à peine le temps de jeter un
coup d’œil sur l’intérieur de votre pharmacie. Mais il n’en faut pas davantage pour constater
l’excellence de votre installation, l’ordre méticuleux qui y règne et le modernisme du
moindre détail.
Mousquet : (tenue très simple, presque négligée) Docteur, vous êtes trop indulgent !
Knock : C’est une chose qui me tient au cœur. Pour moi, le médecin qui ne peut pas
s’appuyer sur un pharmacien de premier ordre est un général qui va à la bataille sans
artillerie. (p 75)

Cette scène est comique car elle met en avant la nature soumise et anxieuse de Mousquet,
qui est facilement manipulé par Knock. La façon dont Knock encourage Mousquet à être
affirmatif et dominant, alors que ce n'est pas dans sa nature, est ironique et amusante.
3- Un autre exemple de comique est le comique de geste, qui provient des mouvements
physiques et des actions des personnages. Un personnage qui illustre ce type de
comique est le tambour qui fait des annonces orales dans le village dans l’acte II,
scène 1 :

Le Tambour : Attendez que je réfléchisse ! (Il rit.) Voilà. Quand j’ai dîné, il y a des fois que
je sens une espèce de démangeaison ici. (Il montre le haut de son épigastre.) ça me
chatouille, ou plutôt, ça me grattouille.
Knock : (d’un air de profonde concentration) Ne confondons pas. Est-ce que ça vous
chatouille, ou est-ce que ça vous gratouille ?
[…]
Knock : ça vous fait mal quand j’enfonce mon doigt ? (p 63)
Le comique de geste dans "Knock" provient souvent des actions exagérées des personnages,
comme les gestes médicaux de Knock qui amène obligatoirement à un symptôme.

4- La pièce Knock est aussi une comédie, notamment grâce à son humour absurde et
son comique de mots. Un exemple de comique de mots est présent dans l'acte II,
scène 1, lorsque Knock pose la question au tambour de ville qui est devenue
légendaire :

Knock : (d’un air de profonde concentration) Ne confondons pas. Est-ce que ça vous
chatouille, ou est-ce que ça vous grattouille ? (p 62)

Le comique de mots réside dans l'utilisation de cette expression plutôt enfantine dans l’utilisation de
ces mots et très amusante.

5- En ce qui concerne le comique de répétition, il est présent dès l'acte I, scène unique, lorsque
les personnage répètent à plusieurs reprises la phrase "à la Saint-Michel" (p 24-25). Ce qui
crée un effet comique. L’expression répéter vient marquer le dialogue qui semble tourner en
rond.

6- Pour le passage qui révèle de l’absurde, dans l’acte II, scène 4 (p 82-91) où Knock doit
inverser l’affirmation de la dame, qui ne ressent que « de la fatigue » (p 84), bien
normale vu son activité, en un mal bien plus grave, d’où sa reprise qui l’annonce :
« Oui, vous appelez ça de la fatigue. » (p 84). Les maux suivants ressortent d’une
évidence : ne pas « avoir beaucoup d’appétit » est logique en cas de « fatigue », et
être « constipée » est physiquement visible. Mais cette consultation tourne à la
caricature quand est posée la cause du symptôme, d’abord sous forme
interrogative, « Vous n’êtes jamais tombée d’une échelle étant petite ? » (p 84), puis
sous forme affirmative : « Ça devait être une grande échelle. » (p 85). L’absurde est
atteint avec les précisions qui décrivent la chute présumée : « C’était une échelle
d’environ trois mètres cinquante, posée contre un mur. Vous êtes tombée à la
renverse. C’est la fesse gauche, heureusement, qui a porté. » (p 85).
4) Montrez que ce comique est au service de réflexion et de la dénonciation. Il s’agit
d’une pièce satirique qui utilise le rire pour dénoncer. Vous analyserez en
développant votre propos deux thèmes qui sont critiqués à travers le rire. Vous
illustrerez chacun des thèmes par un passage précis.

Bien que la pièce soit une comédie, il s’agit aussi d’une pièce satirique car elle aborde des
thèmes plus sérieux au service de la réflexion et de la dénonciation.
On peut distinguer deux thèmes qui sont critiqués à travers le rire : la médecine et la
manipulation.
- La profession médicale est dénoncée tout au long de cette pièce. Knock est un
imposteur devenu médecin et persuade les habitants qu’ils sont tous malades et
qu’ils ont besoin d’être soignés. Il va même jusqu’à diagnostiquer des maladies
imaginaires et gagner la confiance des habitants. Ce thème critique la profession et
met en lumière les pratiques frauduleuses ainsi que la naïveté des patients.
Dans l’acte III, scène 6 (p 128-141), en s’appuyant sur des statistiques, Knock démontre à son
prédécesseur le docteur Parpalaid que ses activités médicales n’ont fait qu’augmenter
durant ces trois derniers mois jusqu’à concerner tout le canton du village.
Le nombre de malades surprend le docteur Parpalaid. Il laisse alors entendre que Knock
donne plus d’importance à ses ambitions de médecin qu’à l’intérêt des malades. Cette
inquiétude est confirmée par la tirade de Knock (p136) :

Knock : […] Je vous accorderai qu’il faut des gens bien portants, ne serait-ce que pour
soigner les autres, ou former, à l’arrière des malades en activité, une espèce de réserve […]

- La manipulation est critiquée à travers cette pièce. Knock utilise son pouvoir de
persuasion et son intelligence pour faire croire aux habitants qu’ils sont tous
malades. D’après la méthode de Knock, il leur fait croire que la guérison est possible
même si les patients n’ont aucun symptôme de maladie. Cette critique dénonce des
manipulateurs qui influencent les gens et les amènent à faire des choses qui ne sont
pas dans leur intérêt.

Un exemple concret de la manipulation est dans l’acte II, scène 6 (p 103-108) où Knock reçoit
deux villageois en même temps. Dans cette scène, Knock se retrouve face à deux gars qui
veulent le chahuter. Au début, Knock ne veut pas les recevoir ensemble, alors qu’ils insistent
pour entrer ; à la fin, Knock veut les retenir, tandis qu’ils cherchent à s’enfuir. En effet, Knock
les a effrayés pour faire taire leurs moqueries : ses sous-entendus suggèrent à l’un des deux
qu’il va mourir bientôt, ce qui les terrifie. Cette scène montre Knock qui apeure ses patients
pour les dominer ; il ne leur propose aucun traitement, alors qu’ils sont peut-être réellement
malades (alcoolisme).

5) Choisir le personnage qui vous a fait le plus rire dans la galerie des personnages
secondaires. Présentez-le et justifiez votre choix.

J’ai choisi le tambour de ville qui joue et donne la réplique à Knock dans l’acte II, scène 1 (p 53-65). Sa
fonction est de propager les nouvelles. Knock va donc l'utiliser, non seulement pour lire l'annonce
qu'il veut faire une consultation gratuite, le lundi (Knock : … il donnera tous les lundis, de neuf heures
trente à onze heures trente, une consultation entièrement gratuite…p 58) mais pour diffuser l'image
qu'il veut donner de lui, celle d'un "docteur", sans familiarité aucune, celle d'un homme lié aux plus
hautes autorités (histoire du préfet p 60, Knock : Et qu’alors M. le préfet a vu tout de suite à qui il
avait affaire…) mais discret, celle d'un scientifique précis (Knock : Est-ce que ça vous chatouille ou
est-ce que ça vous grattouille ? p 62).
Le tambour se voit ausculté gratuitement mais Knock lui découvre une maladie qui nécessite un
régime draconien. Le tambour sort passablement inquiet de la consultation, se croyant malade. C'est
le premier personnage à subir un diagnostic de la part de Knock. Et déjà l’issu est fatale pour le
tambour de ville. C’est échange nous montre le grand pouvoir de persuasion de Knock déjà de
manière très amusante.

6) Pourquoi la fin de la pièce fait-elle rire tout en faisant réfléchir ?

A la fin de la pièce, à partir de l’acte III, scène 6 (p 139), dès que le docteur Parpalaid qui
exerce sur Lyon, propose à Knock d’échanger leur poste qui accepte. Au fil des scènes
suivante, la nouvelle se répand et les différents personnages sont attristés de cette nouvelle.
Ce qui rend la pièce assez drôle mais aussi donne à réfléchir.
A la scène 7, le pharmacien Mousquet est triste d’apprendre le départ de Knock. Il pense que
le village à besoin des services du nouveau docteur. De plus, Mousquet explique au docteur
Parpalaid que les habitants du village pourraient se révolter en sachant la nouvelle.
A la scène 8, Madame Rémy est scandalisée d’apprendre le départ de Knock. Elle lui
demande même de quitter l’hôtel. Conscient de n’être plus le bienvenu au village, il annonce
son retour en accusant Knock de charlatan. L’hôtelière et le pharmacien prennent la défense
de Knock qui persuade le docteur Parpalaid qu’il lui faut du repos. Ainsi, dans la scène 9,
Parpalaid avoue à Knock qu’il l’admire car il incarne de manière très ingénieuse sa faculté
d’être médecin. Ce qui nous amène à réfléchir car la dernière réplique montre que Knock ne
rencontre plus aucune résistance, puisque même un médecin arrive à se croire malade et
demande des soins au manipulateur.
La fin de la pièce invite donc les spectateurs à réfléchir à la façon dont l'autorité peut être
utilisée pour manipuler les gens et à l'importance de remettre en question les pratiques
autoritaires qui ne sont pas basées sur des preuves scientifiques. Au terme de la
représentation, une question demeure dans les esprits : « Mais … comment en est-on arrivés
là ? » L’on s’aperçoit alors à quel point la pièce de Jules Romains reste d’une brûlante
actualité et d’une drôlerie assassine.

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