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Au bonheur des dames » d’Emile Zola, publié en 1883 est le onzième


volume des Rougon-Macquart. Emile Zola romancier naturaliste, considère
qu’un écrivain doit être un expérimentateur et un observateur.
Le chapitre premier évoque l’arrivée de Denise avec ses deux frères à Paris.
Suite au décès de leur père, ils voulaient rejoindre leur oncle Baudu. Perdu, au
petit matin du mois d’octobre, dans les rues commerçantes, ils sont en pleine
contemplation.
De quelles manières l’auteur incite le lecteur à voyager dans le monde des
grands magasins parisiens ?
Après avoir étudié l’incipit naturaliste de ce chapitre, nous découvrirons le
Bonheur des Dames en étant particulièrement attentifs aux descriptions.

Cet incipit interne permet au lecteur une visite guidée des rues
commerçantes dans Paris à travers les yeux d’une jeune femme d’une vingtaine
d’année et de ses deux frères, Jean âgé de seize ans et Pépé âgé de cinq ans. Ils
arrivent en train de Valognes fatigués de leur voyage. Dès les premières lignes,
le lecteur partage l’angoisse des personnages «effarés et perdus, au milieu du
vaste Paris ».
La scène se déroule en plein Paris car le lecteur peut suivre les
personnages en partant de la gare Saint-Lazare vers la place Gaillon pour
découvrir « l’encoignure de la rue de la Michodière et de la rue Neuve-Saint
Augustin ». Cet itinéraire pédestre est très réaliste car Zola propose des
indications géographiques réelles.
Ainsi, ces trois jeunes personnages sont confrontés à un univers inconnu
et effrayant, «effarés et perdus, au milieu du vaste Paris » en dehors de leur
classe sociale (« après une nuit passée sur la dure banquette d'un wagon de
troisième classe »). A la fois émerveillés et désorientés, ils se retrouvent face à
un immense magasin, « Au bonheur des dames ». Celui-ci accentue la pauvreté
des personnages « tout en noir, achevant les vieux vêtements du deuil de leur
père ». Ils paraissent perdus « demandant à chaque carrefour » face à
l’agitation parisiennes « les mains ballantes ».
Tout au long de cet incipit, l’auteur présente les trois personnages
comme s’il les connaissait de manière expérimentale.
Il s’attache à décrire ses personnages de manière à ce que le lecteur ressente
de la pitié en utilisant un champ lexical sur la pauvreté : "venue à pied", "tous
les trois brisés du voyage", "effarés et perdus", "Elle est chétive pour ses vingt
ans", "portait un léger paquet".
En effet, l’incipit naturaliste de Zola est perçu à travers les yeux de
Denise comme si lui-même observait cet environnement urbain et le faisait
partager au lecteur.
Zola introduit cet immense magasin « Au bonheur des dames » vers la fin
du premier chapitre comme s’il voulait susciter la curiosité du lecteur. En effet,
un long descriptif des rues parisiennes ramène ces trois personnages à leurs
conditions sociales très précaires. Cependant, de manière progressive, le
rythme de la lecture s’intensifie lorsque Zola introduit des verbes d’actions qui
personnifient ce grand magasin comme un nouveau personnage. (« les vitrines
s’enfonçaient », la vie intérieure des comptoirs »).
Cette machine décrite de manière plus humaine par l’auteur à
travers les yeux de Denise arrive brusquement dans la vie des personnages
comme une rencontre amicale ou amoureuse « ce magasin, rencontré
brusquement ».
C’est ainsi que l’activité urbaine que le lecteur découvre à l’aide du regard de
Denise évoque toute l’énergie et le dynamisme du grand magasin.
(« bourdonnait à l’intérieur comme une ruche qui s’éveille », « les étalages
éclataient en notes vives ».
De plus, la beauté de ce magasin est amplifiée par la fascination des
personnages. Elle est exprimée par un étonnement brutal comme « s’arrêta net
de surprise », « restèrent plantés »). Parfois dans un langage courant pour
garder une certaine réalité du texte tel que « cette maison énorme pour elle,
lui gonflait le cœur », rend ce monument parisien plus accessible. Ainsi qu’un
langage familier lors des prises de parole entre les personnages lorsque Denise
exprime son étonnement face à l’immensité de ce magasin « Ah bien ! en voilà
un magasin » et lorsque Jean prononce une interjection familière « Fichtre ! ».
Ces niveaux de langage courant et familier apportent émotion affective que
peut ressentir le lecteur pour ces personnages.

Dans ce chapitre qui est l’essence même de l’incipit naturaliste, l’auteur


décrit de manière réaliste la puissance et l’attirance de ce grand magasin. Zola
permet donc au lecteur de s’informer sur les lieux et les personnages de
manière expérimentale à travers le regard de Denise. Ainsi, le lecteur peut
voyager en étant guider dans un cadre géographique très précis avec un
rapport familier des personnages. Mais cette tentation presque incontrôlable
décrite dans la dernière phrase de ce chapitre «la tentation de la porte »
amène le lecteur à poursuivre son voyage itinérant à travers cette famille
pauvre arrivant à Paris dans un contexte économique puissant opposé au
contexte social des personnges.

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