Vous êtes sur la page 1sur 3

Ne pas oublier de rajouter le numéro des lignes pour les citations du texte.

Commentaire rédigé de « Au bout de la rue Guénégaud…» à « … toute


couturée de cicatrices » Extrait de Thérèse Raquin, Chapitre I,
Emile Zola, 1867.

Plan:
I La description réaliste d’un endroit sinistre…
II … Pré gurant la n tragique des personnages

Le XIX ème siècle est celui de la modernité. Les visages des villes d’Europe
changent radicalement. A Paris, ce seront des quartiers entiers que le baron Hausmann
redessinera sous l’ordre de Napoléon III. Si le nord de Paris sera surtout concerné, le
cœur de la ville sera aussi touché par les grands travaux. Ces changements seront
analysés par les écrivains de l’époque, qui s’illustreront dans le mouvement réaliste. Ce
mouvement cherchera à dépeindre la réalité telle qu’elle est, sans rajouter quoique ce
soit, en étant le plus dèle à ce que l’oeil de l’auteur voit. Emile Zola, écrivain journaliste,
sera l’un de ceux qui montreront le plus dèlement possible ces changements urbains.
Plus que la ville en elle-même, ce seront aussi les Parisiens qui changeront et qui
intéresseront Zola. En e et, une nouvelle population arrive en ville. Dans sa fresque des
Rougon-Maquart, Emile Zola nous fait suivre la trajectoire d’une famille sous le Second
empire. Mais il y a eu des œuvres avant cette fresque, un Zola avant Zola. Dans Thérèse
Raquin, Emile Zola lance l’impulsion d’un roman montrant la vie d’une famille se
déchirant. Comment, sans tomber dans le fantastique, Zola nous plonge t-il tout de go
dans une atmosphère lugubre pré gurant la n tragique du roman? Avant de montrer
comment cet extrait nous permet-il de pré gurer la n tragique des personnages, nous
montrerons comment Zola nous donne-t-il une description réaliste d’un endroit
véritablement sinistre.

Dans cet incipit, l’auteur souhaite nous décrire de façon réaliste un endroit sinistre
de Paris dans lequel évoluent des artisans. C’est pour cela qu’il nous montre avec
beaucoup de précision le lieu qu’il décrit. Comme dans un guide de la ville souhaitant être
le plus dèle possible, les rues sont nommées selon leurs véritables noms. Nous sommes
« au bout de la rue Guénégaud », au « passage du Pont-Neuf », près de la « rue

©mes chesdefrancais.com Page 1 sur 3


fi
fi
fi
fi
fi
ff
fi
fi
fi
fi
fi
Mazarine" et de la « rue de Seine ». Les distances sont comptées au nombre près, ainsi
« ce passage a trente pas de long et deux de large ». « A gauche » et « à droite » sont des
indicateurs de lieu très précis: l’auteur souhaite nous emmener dans cet endroit et pas
dans un autre. L’indé ni « on » que l’on retrouve à plusieurs endroits du texte nous montre
que le narrateur est omniscient, il sait tout de l’histoire. Les présentatifs « Il y a »
renforcent cette idée.
De plus, les objets à vendre évoluent dans un endroit particulièrement sale et qui
n’invitent pas au commerce. L’auteur parle de réels métiers de l’époque. Ainsi, « les
bouquinistes, des marchands de jouets d’enfant, des cartonniers » faisaient commerce
dans ce passage. L’auteur parle aussi d’une « marchande de bijoux ». Ces métiers
forment l’ensemble des « boutiquiers ». Ces artisans vendent leurs marchandises dans un
endroit sale et peu accueillant. Dès les premières lignes, le passage est décrit comme
« étroit et sombre ». Les dalles du passage sont « usées, descellées ». Les boutiques sont
sales, le vitrage est « noir de crasse ». Les objets vendus (livres, jouets d’enfants, bijoux)
sont décrits par l’auteur comme le serait un tableau sous forme de nature morte. Ce style
de peinture est censé rappeler à celui qui le regarde sa propre nitude. Il ne sert à rien
d’être vaniteux: la mort nous guette tous, comme elle guette ces objets que l’auteur nous
fait voir.

Nous avons montré qu’Emile Zola décrit avec grande précision une ruelle de Paris.
Pour ce faire, il utilise des procédés réalistes pour nous amener dans cet endroit sombre
dans lequel des artisans tentent de vendre des objets. Néanmoins, il est maintenant
temps de montrer comment la description de cette ruelle pré gure t-elle le destin tragique
des personnages.

Certains indices nous montrent en e et que cet environnement lugubre, se


transforme en un environnement fantastique pré gurant le destin tragique des
personnages. C’est bien le champ lexical de l’obscurité qui domine dans l’extrait, comme
on peut le voir dans les adjectifs « noir », « blanchâtre », « noire » à nouveau. L’attribut du
sujet quali ant les dalles, « jaunâtres » indique, avec la présence du su xe, une
connotation négative. L’humidité est « âcre », l’air est irrespirable. Les verbes de
description sont des verbes qui pourraient quali er des êtres vivants: « suants une
humidité âcre ». Le chiasme: « par les beaux jours d’été » et plus loin « par les vilains
jours d’hiver » montre l’opposition des deux états: le roman est placé sous le signe de
l’ambivalence, du jour et de la nuit, de la vie et de la mort. De la même manière, les
©mes chesdefrancais.com Page 2 sur 3
fi
fi
fi
ff
fi
fi
fi
fi
ffi
indicateurs de lieu s'opposent frontalement: « à gauche », puis « à droite ». Les vitres sont
personni ées lorsqu’elles « ne jettent que de la nuit sur les dalles gluantes ».
C’est bien de la mort dont il s’agit dans cet incipit. C’est pour cela que le champ
lexical de la nuit est si présent, notamment dans l’anaphore clôturant le deuxième
paragraphe: « les vitres ne jettent que de la nuit sur les dalles gluantes, de la nuit salie et
ignoble ». Le thème de la décrépitude est aussi prégnant dans le texte: « usées »,
« brûle », « ignoble », « creuse », « écrasées ». C’est dans une atmosphère lugubre que le
personnages du roman évolueront. Le champ lexical du cercueil est bien présent comme
on peut le avec le terme « creusent », « caveau » ou encore « dorment vaguement dans
l’ombre ». La mort elle même ne pourrait être qu’un « trou lugubre » où les personnages
que nous rencontrerons bientôt « s’agitent » tel des « formes bizarres ». De manière
métaphorique, leur cercueil pourra être aussi « ce lit de velours bleu », « au fond d’une
boîte en acajou ». En n, le terme « couturée de cicatrices » donne une indication sur la
suite de l’histoire. En e et, on sait que dans leur combat, Camille donnera un coup à
Laurent, coup qui lui laissera une cicatrice sur le corps. On sait aussi que cette cicatrice
continuera de faire sou rir Laurent, tout comme le fera le fantôme de Camille.

Dans cet incipit de Thérèse Raquin, Emile Zola pose le cadre d’un roman noir,
sinistre, qui frisera avec le fantastique et les histoires de fantôme. Pour ce faire, il nous
livre d’abord une description réaliste de la ruelle, avant de nous laisser comprendre la n
tragique des personnages. D’autres descriptions ponctueront le roman. En conclusion,
nous pouvons rappeler que Thérèse Raquin est la version longue d’une nouvelle parue
peu de temps avant le livre, alors qu’Emile Zola débutait sa carrière en tant que
journaliste. Cette nouvelle, Un mariage d’amour, nous laisse à voir un duo meurtrier et le
fantôme du premier mari revenant hanter le couple jusqu’à leur suicide nal.

©mes chesdefrancais.com Page 3 sur 3


fi
fi
fi
ff
ff
fi
fi

Vous aimerez peut-être aussi